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B£QU£ST
UNlVERSnY orMICHIGANi
1 GENERAL LIBl^ARY _^
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Ai
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MEMOIRES & DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR
L'ACADÉMIE GHABLAISIENNE
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IMPRIMÉ SUR LES PRESSES
DE
A. DUBOULOZ, A THONON-LES-BAINS
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MÉMOIRES & DOCUMENTS
PUBLIES PAR
FONDÉE A THONON LE 7 DÉCEMBRE 1886
TOME XI
M.D.CCC.XCVII
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L'Académie laisse à chaque auteur la responsabilité
de ses opinions et de ses assertions
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;
BULLETIN
DE
L'AGÀDÉMIË CHABLi^lSIENNE
1896-1897
I
TRAVAUX DE L'ACADÉMIE
Séance du 9 Novembre 1896
(présidence de m. JULES GUYOn)
M. le Président donne la parole à MM. Anthoinoz et
L. Gavillet pour l'exposition et la description de deux
appareils : le Solscope et le Gnomographe, découverts
par M. Anthoinoz, architecte, en vue de la résolution
de divers problèmes cosmographiques.
Sans entrer dans des explications qui trouveront leur
place ailleurs, nous pouvons dire que le Solscope sert
à indiquer en un endroit et un moment quelconques, la
position exacte du soleil relativement à l'observateur,
les heures du lever et du coucher du soleil, les points
où il se lève et se couche, etc, etc.
Le Onomographe peut servir comme horloge solaire
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— VIII —
et surtout il facilite et simplifie le tracé des horloges
solaires sur une surface quelconque.
Cette communication, qui rappelle celle faite par
MM. Anthoinoz et Gavillet au Congrès scientifique
d'Evian-les-Bains, intéresse vivement l'assemblée qui
remercie M. Anthoinoz et lui exprime ses vœux pour
la propagation et la divulgation de ses appareils.
M. Tabbé Piccard communique ensuite plusieurs
diplômes de docteur en droit et en théologie délivrés
au XVIIIc siècle, à Turin et à Valence, à divers mem-
bres de la famille Cayen, d'Evian-les- Bains.
L'assemblée adresse de chaleureux remercîments à
M. Engel-Gros, propriétaire du domaine de Ripailles,
et membre de l'Académie, pour le don de 250 fr. qu'il
a bien voulu destiner à l'achat d'une nouvelle biblio-
thèque de la Société.
M. A.-J. Vernaz, président de la Société d'agricul-
ture du Chablais, au nom de M. A. Rigaux, professeur
d'agriculture, demande à ce que l'Académie veuille bien
prendre connaissance de sa Géologie agronomique des
Alpes de Savoie.
MM. Van Muyden, président de la Société d'histoire
de la Suisse romande, A. Anthoinoz, architecte, et
André Dubouloz, imprimeur, sont reçus, le premier
comme membre d'honneur, les deux seconds comme
membres effectifs de l'Académie Chablaisienne.
M. Fontaine Borgel, secrétaire de l'Institut genevois,
est reçu membre correspondant de la Société.
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— IX —
Séance du 14 Décembre 1896
(présidence de m. DUPLAN;
M. Lek)n Quiblier est nommé Secrétaire-Adjoint aux
termes du Règlement.
Lecture est ensuite donnée d'une lettre du Ministre
de rinstruction publique invitant la Société à participer
au Congrès des Sociétés savantes qui aura lieu à Paris,
et en Sorbonne, du 20 au 24 avril 1897.
M. le Président communique à TassembkV» les remer-
ciments de M. A. Folliet, sénateur, et César Du val,
député, à Toccasion de leur réception comme membres
de l'Académie Chablaisienne.
M- Tabbé Piccard, Vice-Président, donne lecture d'une
lettre de M. Emile Vuarnet, de Messery, membre de
la Société, concernant des étymologies de noms de
lieux du Bas-Chablais.
M. Lucien Jacquot, substitut à Sétif (Algérie), mem-
bre correspondant, transmet un intéressant Mémoire
sur les tombeaux antiques trouvés dans les fouilles
de Sétif.
Séance du 11 Janvier 1897
(présidence de m. a. duplan)
Suivant l'ordre du jour, il est procédé au renouvelle-
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— X —
ment du bureau pour Tannée 1897. Le dépouillement
des bulletins donne le résultat suivant :
MM. Albert Duplan, Président.
TAbbéL.-E. Piccard, I
, Vice-Présidents.
Jules GuYON,
Frère Valfrid, Bibliothécaire,
Léon PiNGET, Trésorier.
Léon QuiBLiER, Secrétaire.
M. Tabbé Piccard communique ensuite, à l'assemblée,
un document concernant l'installation des dignitaires du
Conseil du Comte de Genevois, Philippe de Savoie, après
l'abdication à Ripaille d'Amédée VIII devenu Pape
sous le nom de Félix V.
x\près son abdication, dit-il, Amédée VIII, devenu le
Pape Félix V, céda à son lils Philippe, le Comté de
Genevois et la Seigneurie de Faucigny et créa son
fils aîné Louis duc de Savoie, Chablais et Aoste (1440).
Les 9 et 10 janvier de la même année, le nouveau
Comte de Genevois Philippe nomma, à Ripailles où
résidait la cour de Savoie, les dignitaires de son Conseil
et de son Comté. C'est cette importante pièce historique,
encore inédite, de l'installation de ces dignitaires que je
présente aujourd'hui à l'Académie Chablaisienne. On y
voit figurer les plus grands noms de la Savoie, tels que
Jean de Grolée, Antoine de Dragons, Pierre de Men-
thon, Jean du Clos de Bonne, Guillaume de la Forest,
Amédée do Viry, Jean do Chissé, Jean de Lornay, etc..
(1440 9 et 10 Janvier)
De mero facto gebennesij et ordinaciones.
Successive die nona januarii Thononii, presentibus
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— XI —
DomiQls h""**^''^de Sabaudia Comité rotondimontis. L.
Domino RacoQigiimariscalcochoutagnieCoudreeJohanne
de Grolea Montheolo Boiomyer Arnaudi et Guillelmo de
Forosta.
Prefatus dous Comes gobennesii coustituit Domioum
Anthooium de Draconibus eius presidentem gebonnij
sub stipendiis quatuor centorum floronorum parvi pou-
deris auDuatim soiuendorum per thesaurarium gebeo-
nensem quatuor termiuis cuiuslibet anni. Ita quod dno
Comité predicto présente vel absente libram in hospitio
non capiat.
Dominus Petrus de Menthone. Constituitur jn consilio
ciusdem Domini Comitis. Sub stipendiis tereentum flore-
norum parvi pouderis solvendorum ut supra. Ita quod
libram non accipiat.
Nycodus Festi, constituitur de consilio et magister
computorum sub stipendiis ducentum florenorum parvi
ponderis. Ita quod libram non accipiat ut supra.
Johanes Voteris constituitur thesaurarius et receptor
generalis gebennesij sub stipendiis ducentum floronorum
parvi ponderis. Ita quod libram non accipiat ut supra.
Johanes do Clause de Bona junior constituitur procu-
rator fiscal is consilij gobonnosij. Sub comoditatibus et
omnibus per consimilos fiscales procuratores percipero
assuetis.
Satis perprius ante Henricus mercerij ducalis secreta-
rius fuit decretus sigillifer et clauarius exactorque sigiili
et multorum emolumentorum dicti consilij. Sub comodi-
tatibus consimilibusjilis quas clauarius consilii Cham-
beriaci solitus est percipere.
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XII —
Die X Jaauarij Rippallie presentibus Dominis L. Do-
mino Raconigij Marescallo. P. Marchiandj. L. de
Montheolo présidente Chamberiacj et Bolorayeri.
Dominus Cornes gebennensis predictus, Gulllelmo do
Foresta eius magistro. Dédit in plenariam remunera-
tionem serniciorum per eum jam sibi impensorum et in
futuruoi jrapendendorura videlicet quingentos florenos
parvi ponderis pro semel. Et centum florenos annuales.
Eidem Guillelmo annis singulis jn quolibet festo natiui-
tatis duj quamdiu fuerit in humanis et post eius deces-
sum. Suis liberis et heredibus jnfallibiliter soluendos per
thesaurariura qui pro tempore fuerit quousque jdem
Guillelrnus vel sui predicti. De predictis quingentis flo-
renis obtinuerit solutionera.
Preterea quia Nycodus Festi pridem magister compu-
torum jpsius dni Comitis gebennensis constitutus offl-
ciarium sygilliferie gebennesij et foucigniaci comode
non potest obtinere quia ipse corani eodem de exitibus
dicti offlcij non débet computare. propterea et aliis bonis
respectibus. Etiam ad requisitionem dicti Domini ndstri
Ducis. Jdem Dominus Cornes constituit eius sigiiliferum
Franciscum Fabrj ducalem secretarium per unumannura
sub stipendiis et comoditatibus consuetis. Jta quod
possit aiium ydoneum loco sui subrogare.
Annodominj millésime quatercentesimoquadragesimo
primo et die vicosima octaua januarij mane post pro-
nunciationem et rehemissionem nnius Cestellety decre-
tibus dni Anthonius de Draconibus présidons gebennesij
urbanus Dominus Chivronis Petrus Dementhone Dominus
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— XIII —
Montistrocterij Dominus Amedeus de Viriaco Guillelmus
de Forestâ bailliuus fucigniaci Johannes de Chissiaco
aduocatus fiscalis Nycodas Festi magister computorum
Johannes Veteris thesaurarius et Johannes de Lornay
prestiterunt juramentum et secretarii omnes Domino
nostro Comiti juxta formamsubscriptam in suis manibus.
Videlicet omnes consiliarii debere essere fidèles et
fidelitatem sinceram semper seruare erga jllustrem Do-
minum nostrum personam honorem bona et jura sua
toto posse obseruando. Dampnum seu detrimentum per-
sone honoris bonorum et jurium suorum totis viribus
auctando et jmpediendo. Et ubi et quando hoc facere non
possent hoc sibi veraciter reuellando sou jntimando.
Jtem quod in omni casu eidem Domino nostro fidèle
consilium prebebunt, exprimentque et dicent vota sua
seu oppiniones suas secundumdeum veritatom justitiam
juxta dictamen etiam conscientiarum suarum non ex
aliquojure directe aflfectu Ipsi Domino nostro compla-
cendi aut alterius etiam complacendi vel displicendi
Neque amore odio timere neque respectu alicuius pre-
mii vel comodj sui vel alterius aut dampni alienique
corde puro omni sincero aflFectu fictione simulatione
dolo prece vel precio penitus Et cessantibus omnia dicta
jn consiliis sécréta tenebunt Nilique nec unquam reue-
labunt sine consensu Dbmini nuUas quascumque ligas vel
uniones particulares jllicitas publicas vel occultas jnter
se sumant vel tenebitur seu eis conficient Et si quis forte
sint nullomodo vertentur. Jtem quod eidem Domino
nostro jn consilio comuni vel priuato nihil jniquum
vel jniustum suadebunt vel requirent fierj seu concedi
jn fauorem vel odium seu dampnum alterius Quod cedere
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— XIV —
possit jn anime vel honoris dicti Dominj nostri detri-
ment'im, Dnus presidens et ceterj ad exercitium justitie
seciim deputati tamjnexpeditione supplicationum quara
auditione décisive et difflnitione causarum tam ciuilium
quam criminalium patrimonalium fiscalium et cetera-
rum quarumcumque clausulas predictas quantum con-
cernunt actus justitie penitus obseruabunt rectum judi-
cium tenebunt.
{Archives de la Chambre des Comptes
Protocole Declauso. N^ 46 ; page 6).
M. Duplan, Président, parle du droit de justice ac-
cordé au Seigneur du Châtelard, et fait don à la Société
de diverses gravures de princes de la Maison de Savoie.
Séance du 8 Février 1897
(présidence de m. a. duplan)
M. Léon Pinget, Trésorier, donne connaissance de
ses comptes pour Texercice 1896. L'Assemblée les ap-
prouve en entier et lui adresse ses plus vifs remercî-
ments.
M. A. Duplan dépose sur le bureau de nombreuses
publications dont quelques-unes très rares, intéressant la
Savoie ; il en fait don à la bibliothèque de l'Académie.
Au nom de M. Norbert Dunoyer, M. l'abbé Piccard
donne lecture de divers documents très importants
concernant la paroisse de Juvigny, pendant les XVI%
XVII« et XVIII« siècles, et il offre à l'Académie le
plus curieux de ces documents relatif au passage des
Espagnols (1620).
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— XV —
M. Duplan communique ensuite à l'Assemblée une
étude très intéressante do M. Lucien Jacquot, sur les
tombeaux de Mons, région de Sétif. Cette étude qui
doit servir de base à un travail considérable sur les
sépultures de la région de Sétif fait le plus grand hon-
neur à notre compatriote; aussi l'Académie Chablai-
sienne s'associo de tout cœur à ses nombreuses et
savantes recherches.
Séance du 8 Mars 1897
(présidence de m. l'abbé piccard)
M. E. Vuarnet parle du séjour de Lamartine en
Chablais, en Mai et Juin 1815.
Au retour de l'île d'Elbe, dit-il, Lamartine s'expatrie
pour échapper à la conscription ; il arrive parle Jura dans
le canton de Vaud, à Nyon. Il reçoit l'hospitalité chez une
famille noble de Borne, M. et M™« de Vincy qui habitent
un château voisin de Nyon. (Mai 1815), il y passe quel-
ques jours. Comme cotte famille a été ruinée par la
Révolution, il ne veut pas rester plus longtemps à leur
charge, il n'a emporté de chez ses parents que 25 louis
et est obligé de vivre modestement.
XI
Je pris, dit-il, le prétexte d'un voyage dans les mon-
tagnes méridionales de la Suisse. Je quittai le château, non
sans tristesse, dans les yeux de mes hôtes et dans les
miens (1). Je me retournai souvent pour le regretter et
(1) Voyage de Lamartine en Chablais, ra.conié par lui-même dans
son ouvrage intitulé La J^wn^ss^, édité en 1853. Paris, librairie
nouvelle, 15, boulevard des Italiens.
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— XVI —
pour le bénir des yeux. Je parcourus seul, à pied, et
dans le costume d'un ouvrier qui voyage, les plus belles
et les plus sauvages parties de THelvétie. Après trois
semaines de cette vie errante, je revins au bord du lac
de Genève, et je m'arrêtai dans la partie de la côte qui
fait face au pays de Vaud, et que J.-J. Rousseau a si
justement préféré au reste de ses bords.
Je me mis en pension, pour quelques sous par jour,
chez un batelier du Chablais, dont la maison un peu
isolée tenait à un petit village (1). Le métier de cet homme
était de passer une ou deux fois par semaine les paysans
d'une rive à l'autre rive, de pécher dans le lac et de
cultiver un peu de champs. 11 avait pour toute famille
une fille de vingt-cinq ans qui tenait son ménage, et qui
donnait à manger aux pêcheurs et aux passants. A en-
viron trois cents pas de la maison habitée par ce brave
homme et par sa fille, il y avait une autre maison inha-
bitée qui leur appartenait aussi, et qui servait seulement
de temps en temps à loger quelques voyageurs ou quel-
ques douaniers en observation.
La maison ne contenait qu'une chambre au-dessus
d'une cave. Je la louai. Elle était située dans un terrain
plat, à la lisière d'une longue forêt de châtaigners, et
bâtie sur la grève même du lac, dont les flots bruissaient
contre le mur.
Ma chambre avait pour tout meuble un lit sans ma-
telas, sur lequel on étendait du foin ou de la paille, des
draps, une couverture, une chaise et un banc. L'appui
de la fenêtre me servait de table à écrire. Je m'y ins-
tallai.
(1) Nernier.
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— XVII —
J'allais deux fois par jour, le matiu et le soir, preodre
mes repas au village chez le batelier et avec lui. Du
pain bis, des œufs, du poisson frit, du vin acide et âpre
du pays, composaient pour nous ce repas. Le batelier
était honnête, sa fllle était obligeante et attentive. Après
quelques jours de vie en commun, nous étions amis.
J'envoyais le batelier chercher une fois la semaine des
livres et des nouvelles au cabinet littéraire de Lausanne
ou de Nyon. J'avais de l'encre, des crayons, du papier.
Je passais les journées de pluie à lire et à écrire dans
ma chambre, les journées de soleil à suivre sur la grève
les longues sinuosités des bords du lac ou les sentiers
inconnus dans les bois de châtaigniers.
Le soir, je restais longtemps après souper à user les
heures de l'obscurité dans la maison du batelier, causant
avec lui, avec sa fille, quelquefois avec l'instituteur et le
curé du village, qui s'attardaient auprès de nous. Rentré
dans ma chambre, j'y retrouvais avant le sommeil, le
murmure assoupissant du lac qui roulait et reprenait les
cailloux à chaque lame.
Ma chambre était si près do l'eau, que les jours de
tempête, les vagues en se brisant, jetaient leur écume
jusque sur ma fenêtre. Je n'ai jamais tant étudié les
murmures, les plaintes, les colères, les tortures, les gé-
missements, et les ondulations des eaux que pendant
ces nuits et ces jours passés ainsi tout seul dans la société
monotone d'un lac.
J'aurais fait le poème des eaux sans en omettre la
moindre note. Jamais non plus je n'ai tant joui de la
solitude, ce linceul volontaire de l'homme où il s'enve-
loppe pour mourir voluptueusement à la terre. Je voyais
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— XVIII —
le matin briller de loin au soleil, à sept lieues de moi,
sur la rive opposée, le large et blanc château de Vincy ;
j'aurais pu y retourner si j'avais voulu abuser encore de
la touchante hospitalité de ses maîtres.
Je me contentai d'écrire une lettre de remerciement
à mes hôtes, en les informant de ma nouvelle demeure.
XII
Toutes les communications avec la France s'étaient
fermées à cause de la guerre. Je ne savais pas si j'y
rentrerais jamais
Voici la comparaison du Bulgare et du Savoyard,
faite par le même auteur, sous le titre de Notes sur la
Servie,
Semlin, 12 Septembre 1833, au Lazaret.
Le Bulgare est bon et simple, mais on sent
que prêt à s'affranchir, il porte encore un reste de joug ;
il y a dans la pose de sa tête, et dans l'accent de sa
langue et dans l'humble résignation de son regard, un
souvenir et une appréhension sensible du Turc ; il rap-
pelle le Savoyard^ ce bon et excellent peuple des Alpes..
(de Lamartine, Voyage en Orient^ tome II, page 254, édition
Furneet C% Paris).
M. Vuarnet dit en finissant qu'il a trouvé plusieurs
médailles romaines en bas Chablais, entre autres un
Gordien, à Massongy.
Séance du 12 Avril 1897
M. Norbert Dunoyer, de Juvigny, présente un mani-
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— XIX —
feste de la Chambre des comptes de Savoie, du 15 février
1786, relatif au change des vieilles pistoles de 24 livres.
M.Duplan fait uue commuoication due à TobligeaDce
de M. Clerc, not''« à Evian, relative à Jean de Blonay,
dit de S*-Paul, prieur du chapitre de l'église paroissiale
et collégiale de S^-Anathoile de Salins (Jura).
Voici comment se composait ce chapitre :
Du vendredi avant Pasques flories vingtième jour du
mois de mars mil cinq cent cinquante.
Présents : Messire Jehan de Blonay dit de St-Paul,
Prévost.
— Jaques Amyot (1).
— Jehan Belin.
— Anthoine de Vers.
— Jehan Dupuy.
— Guillaume Faure.
— Jehan Visoy.
— Cyle Rutyet.
— Guy Bancel.
— Jehan Belin.
— Jehan Guyenet.
(l) Amyot (Jacques) peut-être le parent de celui-ci, fut un célè-
bre écrivain ; il naquit à Melun d'une famille pauvre (1513-1593).
Il étudia à Paris au collège de Navarre, où il était réduit à servir
les étudiants riches. Il reçut les ordres, devint professeur de grec
à l'université de Bourges et y enseigna pendant 10 ans. Il com-
mença à se faire connaître par une traduction des amours de
Tliéogène et Charidée d'Héliodore (1546) qu'il dédia à François I""
et qui lui valut l'abbaj^e de Bellozanne ; quelques années après il
publia les amours deDaphnis et Chloé (1559), mais son titre
principal est la tradition de Plutarque à laquelle il travailla
toute sa vie. En 1554 il fut nommé précepteur des enfants du roi
Henri II. Lorsque Charles IX et Henri III, qui avaient été ses
élèves, furent montés sur le trône, ils le comblèrent de faveurs.
Il fut nommé grand aumônier de France (1570) et pourvu d^ ri-
ches bénéfices.
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— XX —
Le dit jour Messines Estienne d'Autetour et Anathoille
Foure! prestres familiers de Iad« église ont estez mandez
venir aud chappitre ce qu'ils ont fait et en l'absence du
Sg»* Prévost lequel s'estoit retirerez dud. chappitre sont
estez interrogez par led. Messire Jaques Amyot comme
leplusantien chanoine selon que sonsuyt par serment
par chaqun d'eulx prestes sur saint evaugilles de Dieu
estans es mains dud. Amyot de respondre vérité sur les
articles suyvans.
Premièrement a estez interrogez led. Messire Estienne
d'Autetour pourquoy et a quelle raison il n'estoit voulu
aller parler aud. Seg"* Prévost en sa maison selon que
led. Seg"* Prévost Tavoit mandez quérir par son serviteur.
A quoy a respondu led. d'Autetour qu'il estoit vray
que led. Seig»* Prevosl l'avoit mandé par sond serviteur
aller parler a luy en sa maison auquel serviteur il fit
réponse qu'il ny yroit point en la maison d'icelluy Pré-
vost craignant que led. Seg"* Prévost ne luy fit comme
ilavoitfaita Messire Anathoille Faurel lequel il avoit
boussez.
Encoure a este interrogez led. d'Autetour si led. Mes-
sire Anathoille Fourel luy avoit dit qu'il maintenoit que
led. Sgf Prévost estoit excomunie lequel a respondu que
non.
En aprez a esté interrogez led. Messire Anathoille
Fourel si led. Seg^ Prévost l'avoit point baptu et que a
ce moyen il teuoit led. Sg^ Prévost pour escomunie et
si l'avoit point dit a aulcuns de Mess»*®» ou familliers
mesmement aud. Messire Estienne d'Autetour.
Lequel Fourrel a répondu qu'il otoit bien vray qu'il
avoit dit aud. d'Autetour que pour ce qu'il ne vouloit
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— XXI
sortir hors de la maison en laquelle led. Sg' Prévost
estoit et autres Seig" chanoines assemblez pour les
affaires de lad. église qu'il estoit bien vray que led. Seig»"
Prévost le boussat et que son pied s'estoit trouvez entre
leseuille et la porte. Mais qu'il croit fermement que led.
Sgr Prévost no fit cela par malice et que jamais il n'a voit
dit qu'il le tenit pour excommuniez. Ains le tenoit estre
homme de bien priant que s'il l'avoit offenscîz led. Seg"*
Prévost en ce que dessuz luy pardonne.
Encore a estez int^MTOgez h.'d. Messire Anathoille
Fourel s'il avoit point dit et reprouchez a Messire Guil-
laume Feuro chanoine d'icelle église qu'il estoit vendeur
de cloches.
Lequel Fourel arespondu qu'il estoit vray qu'a certain
jour il trouva led. Feure et estant seul avec luy luy
reproucha comme mal advisez vendeur de cloches le
priant de luy pardonner.
Et en cet instant le d*- Sg»* Prévost est rentrez aud.
chappitre lequel a la supplication et roqueste desd. ses
chanoines cy devant nommez a pardonnez ausd. d'Aute-
tour et Fourel lad. oflfence comme au semblable a fait
led Feure a Messire Anathoille Fourel.
Signé au registre : Martinon.
Le Frère Val frid prend la parole pour entretenir la
réunion de l'occupation française de 1690-1696, il pré-
sente les documents suivants :
De part le Roy,
Nicolas-François de Bonual, Conseillier du Roy,
Commss^e ovày^ des guerres et ordonnateur dans les
Estats deSauoye.
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— xxn —
La médiocrité de la récolte des vios de cette année
nous en faisant appréhender une entière disette dans
les prouinces de Cbablaix et bailliages de Ternier et
Gaillard, si nous ne prenons les précautions nécessaires
pour y conserver le peu qu'il y en a en deffendant le
transport des vins tant blancs que clairets hors desd«»
prouinces et balliages dans les pays estrangers.
Il est fait des expresses inhibitions et deffenses à
touttes sortes de personnes de quelle condition et
qualité qu'elles soient de faire aucun commerce ny
transport hors de la prouince de Cbablaix et des ballia-
ges de Ternier et Gaillard dans les pays étrangers d'au-
cuns vins blancs, clairets, nouveaux et vieux, à peine de
confiscation desd» vins, charriots et bestes de charges
et de cent liures d'amende contre contrevenant, ordon-
nons au s*" Rebut subdésigné à l'Intendance de Cbablaix
et au s*" de Fréjutte capitaine de la conservation des
grains en Sauoye détenir chacun à leurs ég-ard la main
à l'exécution de la présente quy sera lue, publiée et affi-
chée partout où besoing sera à fin que personne n'en
prétende cause d'ignorance.
Fait à Chambéry, ce 31 octobre 1692.
Du 6 lObre 1692.
Dans ce Conseil a esté proposé en l'absence do Mes-
sieurs les Scindicqs par les»* Collar que le s*" Commandant
nouvellement venu aux AUinges s'est addressé à luy et
luy a fait demander des ustencilles qu'il prétend luy
estre deubts par les villes de Thonon et d'Evian et quy
consistent en estain, lict garny, nappes, serviettes pour
luy et cinq autres officiers.
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— XXJII —
Sur quoy a esté délibéré pour ne don oer aucun subject
de plainte aud* s»* Commandant et pour tascher d'attirer
sa bienueuilliance pour la ville que Ton concourrat aux
ustencilles quy sont nécessaires pour sa personne tant
seulement et qu'à cet effet quant à Testain que Ton se
servira de celluy quy doit estre entre les mains de
M. Claude Louis Delasaulge et quant aux patticyses et
lictTon se seruirades trois que la ville a aux Allinges et
des linceuls quy sont destinés à ce subject et pour lesd«»
nappes et serviettes que Ton achettera pour deux nappes
et six serviettes le prix lesquelles sera payé par les
fermiers de la ville et alloué dans leurs comptes, et
pour l'acquit d'icelles est commis ledit s' Collar, et que
le tout sera consigné entre les mains dudit Delasaulge,
concierge aux Allinges.
M. l'abbé Piccard continuant pour ainsi dire la com-
munication précédente, donne de nombreux détails iné-
dits, d'après un manuscrit de 1 époque, sur la bataille
de Marsaglia, où Catinat battit les troupes impériales
en 1693.
Enfin M. J. Guyon parle longuement d'une lampe an-
tique de bronze trouvée par M. Moynat, dans une vigne
au Chàtelard (Thonon).
Séance du 10 Mai 1897
(présidence de m. duplan)
M. Duplan, Président, décrit quelques pièces romaines
trouvées dans le payset particulièrement une de l'Impé-
ratrice Théodora. Il présente ensuite un contrat de ma-
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— XXIV —
riage, du 30 juillet 1723, passé entre Amé Decompoix,
seigneur de Ravorée, et d«"« Marie Decompoix, fille de
Messire Charles-Emmanuel Decompoix, baron de Fé-
ternes.
Le Frère Valfrîd donne quelques détails inédits
concernant l'occupation française de 1691, sur laquelle il
coordonne de nouveaux documents.
M. Tabbé Piccard fait passer deux magnifiques docu-
ments, émanés de la curie romaine, qu'il présente au
nom du R^ P. Elzéar, gardien du couvent des capucins
deConcise-Thonon. Ils remontent l'un au Pape Pie VI,
l'autre à Clément XIV.
Le même lit une très intéressante notice sur les cor-
porations ouvrières de Thonon au moyen-àge et spé-
cialement sur celles des S*» Eloi, Crépin et Crépinien.
Enfin, M. l'avocat Dubouloz Ferdinand donne des
extraits d'une savante biographie du général Dupas,
enrichie par M. le Sénateur Folliet de nombreuses notes
et de précieux documents tirés des archives du ministère
de la guerre à Paris.
Ilest décidé que ces deux ouvrages seront imprimés ( 1 )
au tome XI des Mémoires et Documents de l'Académie
Chablaisienne,
Fînfin M. Duplan donne connaissance d'une ordonnance
inédite de S* François de Sales relative au droit de
patronage de la cure de Feigôres. La voici dans son
entier :
(1) Voir Mémoires I et II.
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— XXV —
Droit de patronage
concernant la nomination des Curés de Feigéres
appartenant aux Seigneurs du Ghâtelard
Fraiiciscus de Sales dei et Aplicae sedis gratia Epus et
Prioceps GebeûDen notum facimus expositum nobis
fuisse pro parte R** D. Petri francise! de RossillioD dicti
Chastillion Prioris commendatarii B. Mariai du Faulcon
et Barcellonaette et ecclae nostraj Caoonici, nec non
lobannis Anthonnii eius fratris Dni Dubois et de Lana
(ou Lava) Prefecti militiœ Balivatuura Ternier et Gal-
liard : et Jacobl Octavii de Rossillion Dni du Chastelard
a pedibus camerœ serenissimi Ducis et unius turraœ
equitum prefecti. Manifestum esse Ducatum de Chablais
et Balivatas Ternier et Gaillard et per iniustam inva-
sionem Hœreticorum Bernensium ab octoginta annis
populos ibidem a fide dofecisse et ecclesias suis bonis
spoliatas : donec tandem miserationeDivina a quindecim
circiter annis in gremium Ecclesiae reducti eis per fol.
record. 111"^ et R"^ Claudium de Grenier Epum et prin-
cipem Gebennen predecessorem nostrum de Rectoribus
provisum fuerit. Sed cum Ecclae S*» Lazari de fîgiere
Ternaci nulli cssent rcdditus et ideo ei Rector assignari
non posset. Ill« et potens D" Jacobus de Rossillion dictus
de Chastillion Dns du Chastelard zelo pioet misericordia
motus Ecclesiae dict^ de fegiere certes redditus quosiure
emptitio iuste asseruàbat in manibus R™^ Dni de Granyer
sponte pure et totaliter donavit in subsidium Curati de
flgiere quam vigore humodi dotationisnominaret et nomi-
nationem sibi et suis in posterum quoties vacare per
obitum contingeretacquireret. Haec igitur quse sequuntur
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— XXVI —
donavit. Primo Decimam de Grosse sitarn in parrochia
de figiero inter décimas R. Carthusiauorum de Pomier
et D. Carati S^' Juliani valoris comunis et anoui quator-
decim cupparum frumenti. Secundo Primitias quse solvi
solitœ eraat quotannis valoris sex cupparum frumenti.
Tertio donavit certam terram in vineis Dutins continen-
tem quatuor fosseratas sive seminaturam duarum cuppa-
rum frumenti cum domo iuxta vineas Dni du Chastelard
ex oriente et viam publicam ex oriente et cymeterium ex
vento. Quarto quandam terram seminatura sex cuppa-
rum frumeti iuxta publicum iter ex oriente et aquilone
et terram des Vuagnat ex occidente. Quinto • certam
terram ad seminandum dimidium quartum cannabis
(cannavis) et pratum coutinentem dimidiam Seytora-
tam propre Cerniterium ex oriente et publicum iter ex
occidente et vento. Sexto donavit pratum dictum Pontii
continentem mediam seyptoratara propre fratres Coex
ex oriente et propre Claudium Rambosson ex occidente
et publicam viam ex aquilone. Septimo certam terram
versus a Cezire seminatura unius quarti frumenti propre
terram Aymonis Olivier ex Aquilone. Octave certam
terram dictam Duforet seminaturœ unius quarti frumenti
prope terram Pétri Portier ex oriente et pratum Abra-
ham Bruet ex occidente. Certiores igitur facti prœmissa
omnae veritati consoni et D"* Guillielmu. Codurier hoc
nostro diplomate approbamus et confirmamus. Jta quod
ubivacare contigerit (partis ?) (parlis) Ecclse de figiere
jus nominandi curatu. facto prœvio examine iuxta
§0 Trid"» décréta sibi et suis in posterum acquisierit
Et D» Rector nominatus licite et pacifice sine uUa ter-
giversatione dicta bonna sibi donata cum eorum fructibus
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— XXVII —
perpetuis temporibus sibi et successoribus propria et sua
fecerit. Jn quorum fidem Hmdi aostrse approbationis
testimonium per Grapharium nostrum fieri sigoari et
Sygillo inuQiri et dicto D^ du Chastelard ac etiain D.
Curato expediri Et iu scribauia nostra registrari insinnus ?
Datum Annecii ia Palatio nostro duodecima januarii
millo sexcentesimo decimo octavo.
Frans eps gebennensis.
S. DUMONT.
François de Sales par la grâce de Dieu et du S* Siège
Apostolique Evoque et Prince de Genève nous faisons
connaître que nous ayant été exposé de la part de
K^ D. Pierre François de Rossillion dict Chastillion
prieur commendataire de la B. Marie du F. faulcon et
Barsellonnette et chanoine de notre église, et aussi Jean
Antoine son frère Seig»* Dubois et de Lana (ou Lava)
commandant de la milice des Bailliages de Ternier et
Gaillard : et Jacob Octave de Rossillion Seig' du Chas-
telard commandant des troupes d'infanterie et de cava-
lerie de la Chambre du Sérénissisme Duc. Comme il est
très manifeste que le Duché de Chablais et les baillia-
ges de Ternier et Galliard par une injuste invasion
des hérétiques Bernois, depuis quatre- vingt ans leurs
habitants ont abandonné leur religion et que les églises
ont été dépouillées de leurs biens : jusqu'à ce que la
miséricorde divine depuis quinze ans environ ait ramené
ces populations dans le giron de Teglise par l'heureux
rétablissement des Recteurs de parroisse fait par rJH*»®
et R°^e Claude de Grenier évêque et prince de Genève
notre prédécesseur. Mais comme il n'y a aucune rente
à assigner au Recteur de l'église de S*-Lazarre de
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— XXVIII
Fegére à Ternier rJH® et puissant Seig»* Jacob de Ros-
sillion dit do Chastilliou Seig»" du Chastellard, mu par
son zèle et sa miséricorde remettait de son plein gré
certaines rentes acquises par lui entre les mains du
I|mme goigr de Grauier et les donnait purement et en to-
talité en subside à la cure de Fegére et qu'ainsi il aurait
pour lui et les siens le droit de nomination à cette cure
toutes les fois qu'elle viendrait à vacquer. En con-
séquence il a donné Primo la dixième partie de
Grosse située dans la parroisse de Feigero (Fegiere)
entre les Dimes des R*^« Chartreuse de Pomier et du
Seig»" curé de S^-Julien de la valeur commune annuelle
do quatorze couppes de froment.
Secundo, les prémices que Ton a coutume de payer
annuellement d'une valeur de six couppes de froment.
Tertio une terre en vigne à Dutins contenant qua-
torze fossérés soit de la semature de deux couppes de
froment avec une maison (»ntre les vignes du Seig*" du
Ghastelard à l'orient et le chemin public du couchant et
le cimelière du côté du vent. Quarto une terre arable
de la semature de six couppes de froment entre le che-
min public de l'orient et de l'aquilon (de bise) et la terre
des Vuagnart à l'occident. Quinte une certaine pièce de
terre la moitié à semer, l'autre moitié contenant un
quart planté en chanvre et l'autre en pré de la contenance
de la moitié d'une sey torée près du cimetière à l'orient, le
chemin public à l'occident et du côté du vent. Sexto un
pré dit Pontée contenant la moitié d'une seytorée près
des frères Coex à l'orient et proche de Claude Rambos-
son à l'occident et le chemin public du côté de l'aquilon
(de bise). Septimo une certaine terre vers le Cezire de
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— XXIX —
la semature d'un quart de froment près de la terre
d'Aymon Olivier du côté d'Aquilon. Octave une certaine
terre dite Duforet de la semature d'un quart de froment
près de la terre de Pierre Portier à Torient et le pré
d'Abraham Bruet à l'occident. Tout ce qui précède est
certifié conforme à la vérité et le Seig»" Guillaume Codu-
rier recteur de Fegiere reconnaît jouir pacifiquement de
tous ces biens, par la concession obtenue du Seigf du
Chastellard et des siens et faite en faveur du Seig**
Codurier ce que nous approuvons et confirmons par
notre diplôme. Ainsi chaque fois que la cure de l'église
de Fegière viendra a vacquer, après notre examen préa-
lable, ils seront en droit eux et leurs successeurs de
nommer le curé. Et le Recteur ainsi nommé, il jouira
pacifiquement et sans tergiversation aucune dans l'ave-
nir et a perpétuité, pour eux et leurs successeurs des
fruits des biens qui leurs ont été donnés. En foi dequoy
et en témoignage de notre approbation nous avons fait
expédier le présont par notre secrétaire (ou chancelier?)
signé par nous et revêtu de notre sceau et * que nous
avons fait expédier pour le Seig^ du Chastelard et aussi
pour le Seig^'curé après l'avoir fait enregistrer. Donné
à Annecy en notre Palais, le douze janvier mil six
cents dix huit.
Fran». eps Gebennensis.
DUMONT.
Après présentations régulières, sont reçus membres
effectifs de l'Académie Chablaisienne :
MM. Chabert Constantin, notai re à Thonon-les-Bains.
DuBouLoz Ferdinand, avocat à Thonon-les-Bains.
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— XXX —
Séance du 14 Juin 1897
(présidence de m. duplan)
M. E. Vuarnet parle d'une découverte archéologique
faite à Chens, canton de Douvaine, dans le courant du
mois do mai 1897. Des ouvriers creusant les fondations
d'un hôtel que fait construire M. Nazard, ont mis à jour
une dizaine de tombeaux, à un mètre vingt de profon-
deur; les ossements étaient intacts, la tombe d'un enfant
était parfaitement reconnaissable à ses petites dimen-
sions. Mais malheureusement aucun objet permettant
de préciser l'époque à laquelle remonte ce cimetière n'y
a été trouvé.
Ces tombes étaient formées de pierres éclatées appe-
lées vulgairement dans le pays pierres plates et pro-
venant des champs. Elles étaient plus larges aux épaules
et plus étroites aux pieds et moulaient à peu près le
corps, à la manière de nos cercueils.
Ce lieu s'appelle LaGrage, ce qui en patois veut dire
le gravier ; on y aurait déjà trouvé autrefois des tombes,
mais à une moindre profondeur, tout à côté dans une
grande excavation où l'on extrayait du sable, des tra-
vailleurs avaient également mis au jour des tombeaux,
l'une de ces tombes renfermait une épée qui fait partie
de hi collection d'objets préhistoriques que M. le Comte
Jocelyn de Costa a formée en son château de Beauregard.
Revon n'en a point fait mention dans la « H^^-Savoie
avant les Romains ». Mais d'après son opinion il est à
présumer que les populations lacustres avaient leurs
cimetières généralement en face de leurs villages. Or le
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— XXXI —
lieu dit : La Grage, placé à 100 mètres au-dessus du
château de Beauregard domine également la station
lacustre du même nom. Ce pourrait donc être un cime-
tière allobroge, d'autant plus qu'avec leurs instruments
primitifs, ces peuplades recherchaient de préférence les
terrains sabloneux, plus faciles à fouiller.
J'ai également remarqué qu'entre ces tombes et la
surface du sol, le terrain était criblé d'ossements hu-
mains, particulièrement sur le devant de la maison,
soit la partie qui regarde le lac et où des tombes se
continuent.
La commune de Chens-Cusy est d'ailleurs la plus riche
de toute la rive savoisienne en stations lacustres et en
cimetières antiques.
M. Duplan communique un acte d'échange dont voici
la teneur :
Acte d'échange du 13 juin 1670
Entre les Nobles Syndics et Conseil de la Ville d'Evian
et
III^^ et R^ Seig^ Prieur de la prévoté de Montjoux
Comme ainsy soit qu'aux minutes et protocoles de
M« Georgios Duret vivant not»*» ducal de la ville d'Evian,
se trouve un contrat d'eschange passé entre les nobles
Scindiqzet Conseil dudit Evian d'une part et très JUustre
Révérend Seigneur Anthoine Novat prieur de la véné-
rable prevotée de Montioux et d'autre part, non encore
levé vicié, ny cancellé dont la teneur s'en suit.
L'an mil six cent seplante six et le troisiesme juin
par devant moy not»"^ ducal royal soubsigné et présents
les tesmoins bas nommes se sont personnellement esta-
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— XXXII —
blys et consttittués les Nobles Scindiqz et Conseil de la
Ville d'Evian scavoir Noble Claude Mathieu de Varax
Seigneur de Neuvesselle, Mayroux, Loisin et premier
Scindicqz, les M*"^ pierre Louys Délaie et Estienno Guilliot
autres Scindicqz assistés de Noble Jacques de Loys Sei-
gneur de Bonnevaux, Le Crest, Merlinge, Belleria et de
Noble Jean de Chastillion Seigneur dudit lieu, Consei-
gnour d*hons, Allemantet de Thollon et de Noble Jacques
Ducrest Seigneur de S* Disdille et Vongy, de Noble
Dom Louys Dunant Seigneur de Grilly, de Noble Jean
François Dunant Seigneur de la place et Conseigneur
d'hons, Allemant et Thollon et de Noble iacques de Blo-
nay, des spectables jean Chessel et iosué Bordet doc-
teurs en droits, advocats au Souverain Sénat de Savoye,
des M" André Duret, Jean Piccot, Jean Brun et mam-
mert Greptbon, tous conseillers, ensuite des délibérations
du Conseil tenus cy devant d'une part, de très JUustre
Révérend Seigneur Anthoine Novat prevost de la véné-
rable Prevoste de Montioux Seigneur du mandement de
Meilleré aumônier et conseiller de S. A. R., assisté de
Révérend pan taleon Tournier procureur gênerai et agent
de la iuridiction et mandement dudit Meillerée, du Ré-
vérend sieur jean pierre Persot docteur en theollogie,
tous deux chanoines réguliers de la dite prevoste et du
sieur iean Gaspard Bellassier cittoyen et des iuges
d^Aoust procureur et secrétaire de la dite prevoste de
St Bernard d'autre part ; Lesquelles parties scachants
de leurs grés pour Elles et Les Leurs successeurs es
dites charges, ont faict et font les eschanges et permu-
tations des choses suivantes, Scavoir les dits Nobles
Scindicqz et Conseil devant nommes ont donnés en
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— XXXIII —
eschanges et permutation au dit très illustre et très
lleverend Seigneur Novat présent et acceptant pour luy
et ses successeurs en la dite prevosté, Scavoir tous
droits tiltres, noms, raisons et actions, parts et portions
que les dits Nobles Scindicqz et bourgeois de la ditte
ville ont et peuvent avoir en et dessus les bois de Brest,
soit fouillasses existant riere ledit Meillerée des le Viant
du Locon du costô de Sainct Gingoulph iusques au nant
de la Reyne du costô de moilleré et par le dessus du
costé de Montagne dés le rach de vineiuse iusques au
Lac avec ses autres meilleurs confins appartenances et
despandances quelconques Et en contre change et per-
mutation Le dit Seigneur Novat en la quallité qu'il
agist a donné et donne aux dits Nobles Scindicqz et
Conseil présents et acceptants pour Eux et Leurs Suc-
cesseurs, tous et un chacun les droits de dismerie,
consistant en bleds, vin, chanvre etc. En quelles espè-
ces qu'ils consistent, au dit sieur Prévost deubts et a
la dite prevosté, confinés des le nant d'oncion tirant en
ault au commun de darbôn frontant au diesme d'Abon-
dance et des le dit nant d'oncion iusques a la Lechere et
a la vigno que fust de feu egrege Bordet possédée par
spectable iosué Bordet son petit fils tirant en ault par
un petit ruisseau iusques aux communs de darbon et le
tout sans ampliation mais de la manière tant seulement
que L'ont tenus Les hoirs mammer Quittent et francois
Baisinge comme assensataires modernes des diesmes
dudit Seigneur provost, Entrevenant au présent acte
touttes devestittures et investtitures des choses sus
eschangéos, constitution de possessoires de droit re-
quises et neccessaires Et Le tout faict soubs et avec
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^- XXXIV —
touttes deûes promissions Serment preste d'avoir a gré
le prnt acte Scavoir les dits nobles Scindicqz et Conseil
sur les Sainctes Escriptures de Dieu touchées entre les
mains de ce dit notaire et le dit Révérend Sieur Prévost
manu ad pectus eoclosiasticorum more et a l'obligation
de tous et un chacun leurs biens Scavoir Le dit Révérend
Sieur Prévost de ceux de sa prevosté et Les dits Nobles
Scindicqz do ceux do la dite ville qu'ils se constituent
tenir, spécialement, La spécialité ne dérogeant a la gé-
néralité, ny au contraire, Les choses sus Eschangées,
mesme de se maintenir les dites choses sus Echangées,
a l'obligation que dessus promettant en outre les dites
parties par leurs mesmes serments et obligation que
dessus de faire advoûer et rattiffler le présent acte con-
tenu au présent contract, Scavoir la dite ville par le
Conseil général et le dit sieur Prévost par son chapitre
dans deux mois proche venants et soubs cette réserve
qu'au cas que le dit contract n'eut effect ne puisse nuire
ny preiudicier aux droits respectifs des dites parties
Renonceant a tous droits contraires et clauses requises,
nottamentau droit disant La Générale renonciation non
valloir si la spéciale ne précède.
Faict et prononcé audit Evian dans la Chambre du
Conseil, présents les honestes Claudy fils de feu Estienne
Gallay de la Forclaz et francois fils de feu iacques Blanc
de Proberc parroisso de Sainct Paul et francois Gerbh
résidant au cité d'aoust.
(Acte signé par tous les comparants).
(Copie coUationnêey par 3/* Genève^ notaire à
Eviatty le 18 décembre 1692).
M. Duplan donne encore de nouveaux détails sur un
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— XXXT —
chapitre général tenu en 1550, à l'église collégiale de
S* Anathoille de Salins dont Jean do Blonay était pré-
vôt. Il déclare devoir communication de ce document à
M. Clerc, notaire à Evian-les-Bains.
Le même présente, au nom de M. L. Jacquot, de nou-
velles notes sur les tombes de la région de Sétif, notes
que rassemblée apprécie à leur juste valeur.
M. L.-E. Piccard donne connaissance d'une lettre, à
lui adressée par le Grand Vicaire Fleury, Tauteur de
V Histoire de V Eglise de Genève, en 3 volumes. Il y expli-
que comment il a été amené à écrire divers ouvrages re-
latifs à Genève et à S* François de Sales, et lit une
intéressante note sur les archives de Genève que nous
croyons devoir reproduire.
Les Archives de Genève, dit-il, sont très riches en
documents. Pour les consulter avec fruit, il faut les
connaître.
Les Archives sont à la Maison de Ville. Pour y arri-
ver, on monte la première rampe, qu'on trouve en face
de soi, après avoir franchi la porte de l'Hôtel do Ville.
La première salle qu'on rencontre est celle des Archives.
En y entrant, on ne se douterait pas qu'elle contienne
autant de documents. On aperçoit qu'une suite d'armoi-
res fermées. Elles contiennent les portefeuilles histori-
ques où sont classés par date toutes les pièces historiques,
qu'il faut demander à l'archiviste et qu'il met de suite à
la disposition du travailleur.
Dans l'angle à droite, au couchant, est un cabinet vi-
tré, c'est là qu'il faut prendre place autour d'un bureau
où il y a de l'encre et des plumes.
Pour ne pas perdre son temps en de vaines recherches,
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— XXXVI —
il faut user de Tinventaire et du répertoire, qui est à la
disposition de tous ceux qui eu demandent la communi-
cation.
L'inventaire est un registre où se trouve le résumé de
toutes les pièces numérotées et classées par date. Il a
été dressé par M. Sordet, un des archivistes les plus
consciencieux et des plus habiles dans la paléographie.
C'est par ses mains qu'ont passé tous les parchemins
qu'il a analysés avec patience.
Le répertoire est un autre registre dressé par ordre
alphabétique. C'est la lettre initiale du nom qui vous
occupe qui doit vous guider. Vous trouvez de suite le
numéro des portefeuilles qui contient la pièce, et vous
l'indiquez à l'archiviste qui vous sert. Ces portefeuilles
contiennent plus de 30,000 pièces, patentes, lettres,
chartes ou cahiers.
Il importe de savoir qu'outre cette pièce des Archives,
il en est une autre souterraine, nommée la Grotte. On y
descend par un escalier secret. C'était avant 1535 une
chapelle où les magistrats avant leurs délibérations al-
laient entendre la messe. Aujourd'hui la grotte sert de
dépôt aux registres du Conseil depuis les temps les plus
anciens jusqu'à nos jours. Comme ils sont classés par
année, il suffit d'indiquer celle où vous voulez faire des
recherches.
C'est dans cette même pièce que sont les registres du
Chapitre, indiquant le nom des chanoines présents, et la
matière des délibérations.
Il y a aussi dans la grotte quatre volumes de Visites
pastorales, faites l'une en 1411, par Claude Claudiopolis
commandée par Jean de Bertrand; celle de 1471 par
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• — XXXVII —
Mamert Fichet sous Jean de Savoie ; la troisième faite
en 1481 par Barthélemi, enfin celle de 1515 sous Jean
de Savoie par Farcin, évoque do Barato.
Ces visites sont curieuses par les détails qu'elles con-
tiennent sur rétat des anciennes paroisses.
Il y a aussi dans une armoire spéciale divers extraits
des registres par Gauthier, Flournois et d'autres. On
trouve aussi les Mélanges imprimés de Grenus, les gé-
néalogies de Galiffe, etc. les documents de la Société
(ï Archéologie et d'Histoire de Genève : On a à sa dispo-
sition le dictionnaire latin de Ducange.
Il faut savoir que le bureau des Archives ne s'ouvre
pas le jeudi ni le dimanche. Les autres jours, il s'ouvre
de 9 h. à midi et de 1 h. à 3 h. l'après-midi.
Voici les noms des Archivistes avec lesquels j'ai eu
des rapports. M. Sordet, homme très capable et toujours
disposé à aider dans la lecture des passages difficiles.
C'est à lui que furent confiés les sacs, contenant les an-
ciens titres.
M. Th. Meyer, travailleur intrépide au profit de la
Société d'Histoire, M. Henry Fazy, toujours très disposé
à rendre service. Après la chute de James Fazy, il fut
porté au Conseil d'Etat. M. Grivel le remplaça. J'ai tou-
jours été avec ce Monsieur dans de très bons termes.
Je l'ai toujours trouvé très complaisant. Le cinquième
personnage qui a été comme chef aux Archives est M . Ph .
Dufour, dont les connaissances paléographiques ont été
appréciées. Il a été nommé, malgré toute l'hostilité de
Carteret, conservateur de la bibliothèque publique,
place qu'il occupe honorablement.
Ont été reçus membres effectifs de l'Académie Cha-
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— XXXVIII —
blaisienne: MM. Louis Bouquin et Frauçois Bernaz,
avoué.
Séance du 12 Juillet 1897
(présidence de m. duplan)
M. L.-E. Piccard communique à rAcadémie uq docu-
ment inédit. C'est la présentation faite, le 22 avril 1349,
par Isabelle de Chàllon, dame de Vaud, à Tôveque de
Lausanne, de R^ Hugues Mistral des Clets, à la cure
de Vaurioz du susdit diocèse, et du patronage de la dite
dame.
En voici le texte :
Litlera in qua Domina Ysabella de Stabillone
Domina Vaudj presentanit dno Episcopo Lausanensl
hugoninum Mis ira lis
Reuerendo in Chrispo patri ac domino domino fran-
cisée Doi et apostolice sedis gratia lausanensi episcopo.
Ysabella de Cabilone domina Vuaudi débite recommen-
dationis instanciam cum sainte. Cum ecclesia parochialis
de Vauriez vestre Lausanensis diocesis vacare noscatur
ad'presens pro eo quod dominus Johannes panioti olim
rector supradicte ecclesie aliud curatum beneficium in-
secutus, cuius ecclesie de Vauriez ad
s et presentandi noscitur pertinere.
j dilectum clericum nostrum hugoni-
îletis (1) vobis ad dictam ecclesiamde
'esencium presentamus (2) tanquam
ela vallée des Clets, dans la vallée deTliônes,
it, le droit de patronage consistait à pré-
ecclésiastique destiné à desservir une pa-
t révéque des raisons canoniques pour re-
(Acad. Cbablais. t. VII, p. 133).
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— XXXIX —
ydoneum et sufficientem vos affcctuoso rogantes quate-
nus eundem bénigne admittere dignemini et iustituere
verum rectorcm et deceruere ecelesie supradicte jurium
omnium et eiusdern. Datum Morgie sub sigillé nostro in
testimoniumpremissorum die vicesima secunda nionsis
aprilis anno domini millésime cccn^*^ quadragesimo nono.
(Turin. Achives du Royaume ; Paquet 12. N" 1).
M.Duplan donne communication de divers actes re-
mis par M. le professeur Saillet, relatifs aux droits de
pêche sur le lac, contestés au marquis de Marclaz par
les habitants de Thonon, 1090-1733.
M. Saillet J.-C, ancien professeur, est reçu membre
correspondant de la Société.
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— XL —
II.
DONS FAITS A L'ACADÉMIE CHABLAISIENNE
( Un Astérisque accompagne le nom du donateur
quand II est en même temps l'auteur de l'ouvrage cité).
MM.
* A. DuPLAN. Arrôt du Sénat de Savoie et arbitrages
(1610-1611).
L'Existence de Dieu avec notes, 1 vol. 1607.
Astronomie ancienne de Bailly.
Principes sur le Mouvement ,
Gravures représentant des princes de la maison de Savoie.
* A. FoLLiET. Les Savor/ards à l'Armée d'Italie. Pont
de Lodi.
L.-E. PiccARD. Encyclopédie des sciences et des arts du
XIX*' siècle, 72 volumes in 8°, de 5 à 600 pages.
* Les Ducs de Savoie et la Réforme dans les Baillages
de Chablais, Ternie r et Gaillard,
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
TfiONON. — Le Léman Républicain, journal politique, litté-
raire, commercial et agricole du Chablais (parais-
sant le dimanche).
— La Démocratie Savoisienne, journal politique, litté-
raire, commercial et agricole des deux départements
de la Savoie (paraissant le dimanche).
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— xu —
IIL
|lIembFe| de Tj^çadémie Ghablai|ienne
COMPOSITION DU BUREAU
Vice- Présidents :
Président : M. Albert Duplan.
\ M. Jules GuYON.
I M. l*abbé Piccard.
Secrétaire perpétuel : M. Norbert Mudry.
Secrétaire Adjoint M. Léon Quiblier.
Trésorier: M. Léon Pinget.
Bibliothécaire : Frère Valfrid.
Président d'Honneur
Exe. le comte Amédée de Foras, Grand Maréchal de
la Cour de S. A. R. le Prince de Bulgarie.
Membres d'Honneur
MM. BoLLATi DE Saint-Pierre (le baron Frédéric- Emma-
nuel), Directeur des Archives Piémontaises, à
Turin (Italie).
Cartuyvvels (Mgr), Vice-Recteur de l'Université
catholique de Louvain (Belgique).
Du Bois-Melly Charles, à Genève (Suisse).
DuFouR- Verne L., Archiviste, à Genève.
Manno (le baron Antoine), Secrétaire de la Royale
Députation d'Histoire nationale à Turin (Italie).
Mercier J., Chanoine, à.Annecy.
Montet (Albert de), à Vevey (Suisse).
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— XLII —
MuGNiER François, Conseillera la Cour d*appel de
Chambéry, Président de la Société Savoisienne
d'histoire et d'archéologie.
Poli (le vicomte Oscar de), Président du Conseil
héraldique de France, Paris.
RiDDER (Alfred de), Vice-Président de la Société
littéraire de Louvain (Belgique).
RiTTER Eugène, Doyen de la Faculté des Lettres
Genève.
Van Muyden, Président de la Société d'histoire de
la Suisse Romande, Lausanne (Suisse).
Membres Effectifs Résidants
MM. Anthoinoz Alexandre, Architecte, à Thonon-les-
Bains.
Bernaz François, avoué à Thonon-les-Bains.
Berthet (l'abbé François), Professeur au collège de
Mélan.
Blanchard François, Docteur-Médecin, à Thonon.
Bouquin L., Propriétaire à Thonon-les Bains.
ChabertC, Notaire à Thonon-les-Bains.
Charmot Félix, Banquier, à Thonon-les-Bains.
^ Gustave, Avocat, à Thonon-les-Bains.
Beauregard (le comte Jocelyn), Paris.
Alphonse, Docteur-Médecin, à Thonon.
Alphonse, Propriétaire aux Mâcherons
3S).
Ferdinand, Avocat à Thonon-les-Bains.
^ésar^ ancien Receveur des Finances, à
i-les-Bains.
Ubert, ancien Magistrat, ancien Maire
i-les-Bains.
los, au château de Ripailles.
les. Econome des Hospices, à Thonon.
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— XLIII —
GiROD, Principal au Collège, à Thonon.
Jarre Julien, ancien Avoué, à Thonon les-Bains.
Marcoz F., Inspecteur-Voyer en retraite à Thonon-
les-Bains.
MuDRY Norbert, Licencié en droit, Directeur de la
Société des Eaux Minérales de Thonon-les Bains.
PiccARD Louis-Etienne, Aumônier du Collège, à
Thonon-les-Bains.
PiNGET Léon, Banquier, à Thonon-les-Bains.
PiRASSET, ancien Président de la Société Philanthro-
pique Savoisienne de Paris. Rentier à Thonon-
les-Bains.
Thorens Philippe,ancien Maire deThonon-les-Bains.
Tredecini de Saint-Séverin (le marquis), au château
de Troches, à Douvaine.
VALFRiD.(le Frère), Directeur du Pensionnat Saint-
Joseph, à Thonon.
Vernaz André-Joseph, Président de la Société d'Agri-
culture de Tarrondissement de Thonon-les-Bains.
ViRY (Baron Amé de), à Thonon-les-Bains.
YvoiRE (le baron François d'), ancien Député, au
château d'Yvoire.
Membres Effectifs non Résidants
MM. Arcollières (Eugène d'), à Chambéry.
Arminjon Ernest, ancien Magistrat, Avocat, à
Chambéry.
Balliard César, à Reignier.
BÉRARD Léon, Clerc de Notaire, à Reignier.
Blanchard Jean, Insp'^ des Forêts, à Gex (Ain).
BossoN Franz, Pharmacien, à SMeoire.
Constantin Aimé, Secrétaire honoraire de la Société
Florimontane, à Annecy.
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— XLIV —
Descostes François, ancien Président de l'Académie
de Savoie, Avocat à Chambéry.
DuBOULOz Jacques, Procureur de la République, à
Bonneville.
DuNOYER Norbert, à Juvigny.
DuvAL César, Député, Paris.
Fernex (le vicomte Joseph), à Paris.
Fernex de Mongex (le comte Régis), Avocat, à
Chambéry.
FiNAS-DuPLAN François, ancien Magistrat, Avocat,
à Chambéry.
FoLLiET André, Sénateur, Paris.
Gavillet Léon, Ingénieur, à Fillinges.
Glover Melville, Professeur d'anglais, à Lyon.
Mathieu Jean, Ancien Conseiller de Préfecture, à
Massongy.
Mathieu, Capitaine en retraite, à Lugrin.
RANNAUD,Archiprètre-CurédeSt-Julien-en-Genevois.
Rigaux, Professeur départemental d'agriculture, à
Mende (Lozère).
TuRRETTiNi François, à Genève.
VuARNET Emile, Propriétaire, à Messery.
Waag g., Publiciste, au château de Gaillard, près
Annemasse.
Membres Agrégés
MM. BLONAY\le baron G. de), au château de Grandson
(Suisse).
Blonay (le baron Stéphane de), au château de la
Chapelle-Marin.
BoiGNE (le vic*^ Benoît de), château du Bettonet
(Savoie).
Chambet Joseph, Imprimeur-éditeur, à Annemasse.
Dantand Marie-Maurice, ancien vérificateur des
poids et mesures, à Thonon-les-Bains.
DuBOULOz André, Imprimeur-éditeur, à Thonon-les-
Bains.
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— XLV —
DuBOULOz Ignace, Notaire, à Annemasse.
DuFRESNE Edouard, Docteur-Médecin, à Genève.
Franc Léon, Chimiste, à Monthey (Suisse).
Froissard Broissia (le vicomte Sixte de)^ au châ-
teau d'Allemand.
Gerbaix de Sonnaz (le comte Albert de), Ministre
plénipotentiaire de S. M. le Roi d'Italie à Lisbonne
(Portugal).
Jordan Elie, Instituteur à Marin.
Joseph (R. P.), Directeur de FOrphelinat de Douvaine.
Le Marant de Kerdaniel (baron). Juge suppléant au
Tribunal de Thonon-les-Bains.
LocHON Georges, Docteur, à Thonon.
PicuT J,-B., ancien Directeur des Chemins de fer
d'Italie, à Massongy.
QuiBLiER Léon, Architecte, Conservateur du Musée,
à Thonon.
QuiNCY (comte Alban de), au château de Massongy.
Rive (Théodore de la), à Genève.
Vaudaux Camille, Notaire à Thonon.
Membres Correspondants
MM. Bâtisse Jules, Architecte, à Thonon.
Bruchet Max, Archiviste départemental, à Annecy.
CiïAVAZ (abbé L.), à Genève.
DucLOz, Imprimeur-éditeur, à Moùtiers.
FoNTAiNE-BoRGEL, à Genève.
Jacquot Lucien, Substitut du Procureur de la
République, à Sétif (Algérie).
Levet François-Joseph-Aimé-Eugène, Commandant
du Génie, Avignon.
Meynet Jean-François, Géomètre, à Bellevaux.
Pinget Joseph, Curé à Serraval, par Thon es
(Ht«-Savoie).
Saillet J.-C, ancien Professeur à Boêge.
Tavernier Hippolyte, Juge de paix, à Taninges.
Thorens Fernand, Notaire, à Bons.
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— XLVI —
IV.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Académie Salésiemie.
Annecy .
[ Société Florimontane
AosTE (Italie) \ ^^^^^^^ ^f^^démique religieuse et
^ ^ ''.'-' \ scientifique du duché d'Aoste.
Besançon Académie des Sciences et Arts.
Bourg (Ain) Société d'Emulation.
( Académie de Savoie.
GhambÉry < ^^^^^^^ centrale d agriculture.
I Société savoisiem^e d'Histoire et
\ d Archéologie.
DijQN \ Académie des Sciences, Arts et
\ Belles- Lettres.
Genève (Suisse) . . \ ^^^^^^^ d'Histoire et d Archéologie
I Institut national ge^ievois.
Grenoble \ j,<^^dérnie Delphinale.
i bociete de Statistique.
Lausanne (Suisse) . . \ *^^f/^'^^' d'Histoire de la Suisse
^ ' \ Romande.
Lg PuY \ Société agricole et scientifique de
\ la Haute-Loire.
Limoges Société « Le Gay-Lussac. »
Lo™ (Belgique). . j ^^^0.?^:^/.^.^"""^^^^^^
MouTiERS ....... Académie de la Val d'Isère.
Neufchatel (Suisse) . Société de Géographie.
Romans \ ^^^' d'archéologie religieuse des
\ diocèses de Valence, Grenoble, etc.
S'-Maurige (Suisse). . j ^""^ff^^^^^^^^ "^^ ^'"'''^'
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— XLvn
S'-Jean-de-Maurienne Société d Histoire et d Archéologie
! Renia dejiutazione sovra glistudj
ai storia patria.
Regia academia délie scienze.
Zurich (Suisse) . .
Upsala (Norvège).
Société des Antiquaires,
fnstitut royal géologique.
p^j.jg 1 Le Cyclamen, Revue des Savo-
i yards de Paris,
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MÉMOIRES
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MÉMOIRE I
BIOGRAPHIE
DU
r ^
GEMEAL DUPAS
PAR
Ferdinand Dubouloz-Dupas et André Folliet
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^VANT-j^ROPOS
Le Général Dupas fut un des héros des guerres
de la Révolution et l'un des plus glorieux divi-
sionnaires de la Grande-Armée. Il appartenait à
cette étonnante génération de 1792 qui, dans sa
lutte victorieuse contre l'Europe coalisée, a produit
tant d'hommes remarquables. Les armées qu'elle
enfanta furent admirables de désintéressement et
de dévouement patriotique, aussi longtemps qu'elles
combattirent pour la liberté et l'indépendance
nationale.
Cette biographie de Pierre-Louis Dupas comble
une lacune regrettable. Notre travail, aussi com-
plet que possible, met en lumière, d'après des do-
cuments de première main, la vie militaire peu
connue de l'un des plus braves soldats de notre
chère province, en même temps qu'il apporte une
contribution à l'histoire épisodique d'une grande
époque.
L'^un de nous, M. Ferdinand Dubouloz, petit-fils
du général Dupas, a mis en œuvre des papiers
de famille, des documents originaux précieux
pour l'histoire. Cette publication les sauvera de
Toubli^ sinon de la destruction.
Son collaborateur, M. André FoUiet, Sénateur
de la Haute-Savoie, auteur de nombreux travaux
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Yjbis
historiques (sur le général Dessaiœ, sur les
Volontaires de 1792, etc.), a compulsé avec soin
les archives historiques et administratives du
Ministère de la Guerre, qu'il connaît depuis long-
temps. Son travail renferme le résultat de ses re-
cherches antérieures et de ses récentes trouvailles,
et il n'a point négligé les éléments d'information
puisés dans les écrits du temps ou dans les publi-
cations récentes de documents originaux.
C'est ainsi qu'il a trouvé dans les lettres inédi-
tes de Napoléon P% publiées en 1897, par M. Léon
Lecestre, la preuve que Dupas, si maltraité dans
les Mémoires de Bourrienne, eut pourtant, dans
les villes anséatiques une conduite exempte de tout
reproche, alors qu'au contraire son déti*acteur
Bourrienne s'était, en compagnie de beaucoup
d'autres, rendu coupable de grosses malversations.
Nous avons voulu être exacts et sincères. Et pour
obéir à ce devoir de probité, nous avons, toutes les
fois que cela nous a été possible, laissé la parole
aux documents d'une authenticité incontestable.
A la ville d'Evian qui a vu naître le général
Z'en-avant, et qui vient de donner le nom de
Dupas à une nouvelle et magnifique avenue, nous
dédions cette biographie de l'un de ses plus illus-
tres enfants.
Les Auteurs.
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— vn'
bis
'EiTàTàJ^TJ^
Page 103 ligne 27, au lieu de arrivée lire armée
» Straslmid » Straisund
» conduit » conduits
» trois officiers » deux
après Grandjean fait ajouter suspendre
après les mots près de Weysza ajouter opérées
18, au lieu de faite
101)
»
23,
115
»
5,
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»
28,
140
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30,
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143
»
18,
143
T^
28
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»
22
148
»
20,
170
»
H,
177
»
31,
178
»
1,
faite
lire fait
Grands
» Grunds
Schwarten
» Schwartau
Eyhe
» Eybie
enrôle^'
» s'enrôler
Hambourg
» Harrbourg
Ruxtehude
» Buxteliude
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I
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ÉTAT DES SERVICES DU GÉNÉRAL DOPAS
(Archives historiques du Ministère de la Guerre)
Dupas Pierre-Louis, né à Evian le. . . . 13 février 1761
Entré au service du Roi de Sardaigne
dans le Régiment de Piémont- Dra-
gons le 12 mars 1775
Au service de la République de Genève le 30 mars 1784
Parti par congé acheté de sergent-four-
rier, en 1786
Entré au service de France dans le
Régiment deChâteauvieux-Suisse,
alors en Corse, le 1«' août 1787
Débarqué en France 1788
Passé dans la Garde nationale soldée de
Paris (Gardes françaises) par auto-
risation du Gouvernement de cette
époque le 13 juillet 1789
Passé aux Grenadiers de TEstrapadeoù
il a i-eçu la médaille de Garde fran
çaise le 3 septembre 1789
Nommé Lieutenant Colonel (chef de ba-
taillon) dans la gendarmerie à pied
du 6® arrondissement de Paris le. . 1®"" août 1792
Capitaine-adjudant-major dans la Lé
gion Allobroge le 13 août 1792
Chef de bataillon dans le même corps
(carabiniers) le l^^ août 1793
Embarqué pour TEgypte le 22 floréal
an VI 11 mai 1798
ib
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Chef d*escadron dans les Guides à pied
du général en chef Bonaparte à la
prise de Malte le 13 juin 1798
Chef de brigade au OU' Régiment de li-
gne, le 23 nivôse an VI 1 12 janvier 1799
Commandant de 1»"* classe de la citadelle
du Caire 8 février 1799
Débarqué à Marseille, avec l'armée, le
1'^»' vendémiaire an X 23 septembre 1801
Adjudant supérieur du Palais 19 mars 1802
Colonel des Mameluks 2 mars 1803
Général de brigade, le 11 fructidor an XI 29 août 1803
Commandant et I nspecteur des Côtes de
la Seine à la Somme le 12 vend.
an XII 5 octobre 1803
Commandant de la Légion d'honneur le
25 prairial an XII 14 juin 1804
Sous-Gouverneur du Palais de Stupinis
en Piémont le 23 septemb»''» 1804
Général de division. Grand Cordon du
Lion d'Or de Bavière après la ba-
tailled'Austerlitz,le3nivôseanXIV 24 décembre 1805
Chevalier de la Couronne de fer 25 décembre 1807
Gouverneur des Villes anséatiques 14 mars 1808
Comte de l'Empire 29 janvier 1809
A la grande armée, corps d'observation
de Mayence, le 17 juin 1813
Autorisé à rentrer en France le 13 septembre 1813
Mis en disponibilité, sur sa demande Je 31 octobre 1813
Admis à la retraite le 25 novembre 1813
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CAIMPAQNE8
1789 à 1791 Dans la Garde Nationale parisienne ; le Gou
vernement décréta que ce service compterait
pour campagne.
1792 93 Armées des Alpes sous Montesquiou, du Midi
et siège de Toulon sous Carteaux.
1794 Armées des Pyrénées-Orientales sous Du-
gommier; du centre à Puycerda, sous les
généraux Charlet et Doppet.
1795 Vallée d'Aran sous le général Denoyer.
1796-97 Armée d'Italie, où il a toujours commandé
des bataillons d'élite, 2*^ de carabiniers, 5-^,
6*, 7®, 8« et 1^' bataillons de grenadiers.
1798 1801 Armée d'Eg^'pte sous Bonaparte, Kléber et
Menou.
1803-1805 Armée des Côtes de TOcéan, commandant une
brigade de Grenadiers Oudinot avec laquelle
il a fait la campagne de 1805 contre TAu-
triche.
1806 07 Grande armée en Prusse où il a commandé
une division dans le corps du Maréchal
Mortier.
1808 En Danemarck.
1809 Grande armée en Autriche, où il commandait
une division dans le corps du maréchal
prince de Ponté-Corvo.
1812 En Saxe. Dans les corps des maréchaux duc
de Castiglione et de Gouvion Saint-Cyr.
1813 Admis à la retraite.
1814 21 septembre. Aucune décision au sujet de la
liquidation de sa retraite, son traitement
d'activité continue.
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BLESSURES
Cicatrice à la main gauche sur l'articulation du petit
doigt avec leô*" os du métacarpe et Tankylose de cette arti-
culation.
Une 2", sur la main, quiaproduit 3 cicatrices situées, une
sur la 2® phalange du petit doigt, l'autre sur la 3* du doigt
annulaire (celle-ci est accompagnée d'une exostose). La
dernière est placée sur la même phalange du grand doigt.
Une 3* qui a produit une cicatrice sur la 1*"® phalange du
petit doigt de la main droite.
Une 4* située sur l'extrémité inférieure et externe du cu-
bitus de l'avant-bras droit, a intéressé cet os et y a laissé
une cicatrice adhérente.
(Ces différentes blessures n'ont pu être constatées, at-
tendu que les bataillons d'élite n'avaient pas de conseil
d'administration et étaient aussitôt dissous que formés. *
Sous les ordres du général de brigade Lan nés et de divi-
sion Dallemagne commandant l'avant-garde en Italie).
Une 5% faite par une balle qui se trouve encore dans l'in-
térieur du corps, a produit une cicatrice d'un demi-pouce
de longueur sur le flanc droit, à quatre travers de doigt de
l'épine antérieure et supérieure de l'os des hanches. (An V,
22 brumaire, à Caldiero. sous les ordres du duc de Casti-
glione).
La 6«aété faite par une autre balle qui a traversé la
cuisse droite dans sa partie postérieure de dedans en dehors
et de haut en bas, à peu près au tiers inférieur de ce mem-
bre, en y laissant deux cicatrices, l'une interne et l'autre
externe. (A Anghiari, 25 nivôse, an V, poursuivant le gé-
néral autrichien Provera. sous les ordres du duc de Casti-
glione). (1).
(1) L'état des services parait avoir oublié une 7® blessure, qui
le mit à deux doigts de la mort, causée par une balle reçue dans
la poitrine.
Toutes ces blessures sont constatées par les certificats des
médecins, qui se trouvent dans les Archives de la famille Duhouloz-
Dupas. (Note des Auteurs).
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— 5
ACTIONS DÉCLAT
LE 22 Brumaire an Vil
A passé le premier le pont de Lodi à la tôte de 200 Carabi-
niers Allobroges et de la 29^ légère. A reçu pour cette action
un sabre d'honneur et en a été breveté. (13 floréal an X.
Privilège y attaché par arrêté du 4 nivôse an VIII).
A soutenu le siège de la citadelle du Caire en Egypte
presque sans aucun moyen de défense, ne disposant que
d'une garnison de 200 éclopés ou amputés, et n'ayant pour
vivre que des restants de magasins, point d'eau douce, et
environ 3000 habitants à contenir dans l'intérieur de la
place. Il a bombardé la ville pendant 34 jours, a résisté à
10,000 Osmanlis qui étaient e'ntrés dans la ville révoltée
pour faire cause commune avec les insurgés. Il leur a pris
trois queues de pachas, cinq drapeaux, plusieurs sabres,
piques, etc. Ces trophées étaient encore, avant la déchéance
de Napoléon, suspendus à la voûte du dôme des Invalides.
Il a été désigné dans les rapports sur la bataille de
Friedland comme ayant rendu de grands services à l'armée.
Il fut fait Chevalier de la Couronne de fer le 25 décembre.
Il se trouvait encore en ligne, le second jour de la bataille
de Wagram, avec 23 hommes du 5* léger, restant de sa
division. Sa conduite lui mérita une lettre très flatteuse
par ordre de Napoléon.
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— 6 —
Certifié véritable, sauf erreur de quelques dates qui
pourraient provenir des délais mis entre l'arrêté et l'expédi-
tion des promotions.
Le Lieutenant-Général,
P.-L. Dupas.
carré St-Martin, n° 299.
Pour copie conforme aux piè-
ces originales qui nous ont été
représentées.
Paris, le 21 Septembre 1814.
Le Sous-Inspecteur aux revues^
Ch. Boissy-d'Anglas.
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CHAPITRE l-r.
1776-1796
Services de Pierre-Louis Dupas dans Piémont-Dragons, dans les
troupes de Genève, daus Chateauvieux-Suisse en Corse, dans
les Gardes-Françaises. — Dupas à la prise do la Bastille. — Il
résiste àBailly et à Lafayette. — Il reçoit son congé des Gardes
Françaises. — L'uu des premiers à s'inscrire dans la Légion
Allobroge dont il est Gapitaine-Adjudant-Major. — Campagne
de Savoie et de Mauricnne. — Capitaine de Carabiniers. —
Chef de bataillon. Aide de camp du Général Carteaux. —
— Campagne du Midi et siège de Toulon. — Campagnes des
Pyrénées-Orientales de 17i)i et 1705. — Départ pour l'armée
d'Italie.
Pierre-Louis Dupas est né à Eviaii le 7 février 1761 (1)
de Gaspard-Louis Dupas, bourgeois d'Evian, et d'Antoi-
nette Pellissier. Sa vocation militain^ s*afflrina dès
Tenfance. Grand et fort pour son âge, il venait d'avoir
quatorze ans lorsqu'il s'engagea, le 12 mars 1775, dans
un des plus beaux corps de cavalerie du roi de Sardai-
gne, le régiment de Piémont-Dragons. Il eut tout le
loisir d'y apprendre le métier de soldat, car il n'en
sortit qu'au bout de neuf ans. Le 30 mars 1784, il con-
tracta un nouvel engagement au service de la République
de Genève; il en sortit en 1786, en achetant son congé,
ayant le grade de sergent-fourrier. L'année suivante, il
entra au service de France, le l^r août 1787, dans le
(1) Registres paroiss. d'Evian, cités par M. A. de Foras
(Armoriai et Nobiliaire de Savoie). L'état des services dit par
erreur : 13 février.
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— 8 —
régiment suisse de Chateauvieux, où il y avait beaucoup
de Genevois et de Savoyards. Embarqué pour la Corse
avec son nouveau corps, Dupas tint garnison à Corte,
d'abord dans la C'® Perrett du 1^^ bataillon, puis il
passa aux grenadiers du 2« bataillon, compagnie
Guedelin (1), revint en France Tannée suivante, 1788,
et fut dirigé sur Paris où il entra enfin dans les Gardes
françaises.
Les Gardes françaises formaient un beau régiment de
4,000 hommes qui ne quittait jamais Paris. A la diffé-
rence des autres régiments français qui portaient l'habit
blanc et des régiments suisses qui avaient Thabit rouge,
les Gardes françaises portaient Thabit bleu à parements
et collet rouges avec la culotte blanche ; ils donnèrent
leurs trois couleurs aux armées de la République. Dans
ce corps si brillant, les officiers de l'ancien régime,
tous nobles, affects^ient de ne paraître que les jours
de parade; aussi, les sous-officiers et soldats livrés à
eux-mêmes, en contact permanent avec la population
parisienne, avaient chaudement épousé les idées de la
Révolution ; ils le montrèrent à la prise de la Bastille
où ils se mirent a la tête du mouvement populaire. Un
grand nombre d'illustres généraux de la République
sortirent de ce régiment : Hoche, Bernadette, Lefebvre,
Junot, et tant d'autres.
Le 13 juillet 1789, le renvoi de Necker excite l'indi-
gnation populaire, on se rassemble, on court aux armes,
' ? sur la Bastille où se trouvait un dépôt
[nportant. La célèbre forteresse tombe au
es de la Guerre.
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_ 9 —
pouvoir du peuple soutenu par les Gardes françaises ;
Dupas se trouve avec Hulin à la tête du mouvement ;
comme Hulin, il s'efforce d'arrêter les excès d'une foule
en délire ; la prison d'Etat est détruite (14 juillet).
A partir de cette époque les Gardes françaises prirent
officiellement le titre de Garde Nationale soldée de
Paris, mais, dans le langage usuel, on continua à les
désigner par leur ancienne dénomination.
Dés le 13 juillet, nous voyons Dupas faire partie de
la Compagnie Fournier, district St-Eustache, rue Coq-
Héron (1) ; le 3 septembre 1789, les officiers de cette
Compagnie lui délivrent un certificat déclarant * qu'il a
servi avec zèle, patriotisme, honneur et probité » ; il
passe, à cette date, aux grenadiers de l'Estrapade (2).
Le 5 nov. 1789, les grenadiers de la Garde nationale
parisienne (anciens Gardes françaises) Compagnie de
Cadignan grenadiers, pétitionnent pour que Dupas
soit décoré comme eux de la médaille nationale (la
médaille de la Bastille) « l'ayant méritée par la manière
dont il a servi dans la Révolution du mois de juillet
dernier. » (3).
Dans c(»s temps troublés, les officiers nobles, ceux
qui n'avaient pas encore émigré, montraient presque
tous le mauvais vouloir le plus caractérisé pour tout ce
qui touchait au nouveau régime constitutionnel établi
par l'Assemblée constituante en 1790. Dupas, au con-
traire, caractère sérieux et très ferme, servait avec toute
la passion d'un patriote sincère le régime nouveau ; il
(1) Archives de la Guerre.
(2) Ibid.
(3) Archives Dubouloz-Dupas.
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— 10 —
manifestait, avec toute la franchise de son caractère,
son enthousiasme pour la Liberté et TEgalité. L'in-
fluence que Tardeur de ses idées et sa taille imposante
lui donnaient sur ses camarades inquiétait les officiers
qui cherchaient à se débarrasser de lui. Ils imaginèrent
d'amener les sous-officiers et soldats de la Compagnie
à émettre un vote par lequel Dupas serait forcé de
quitter la Compagnie, et, pour y parvenir, ils l'accu-
sèrent devant ses camarades de divers griefs. 1° Il avait,
disaient-ils, commis un acte d'insubordination en refusant
d'obéir, le 17 avril 1791 ; 2« Il avait lu au corps de garde
le jo.urnal ï Orateur du Peuple ; 3° Il logeait chez un
prêtre réfractaire ; 4» Il aurait accusé le sergent-major
de garder 20 livres sur l'ordinaire ; 5» Enfin, il aurait
accusé les caporaux de ne pas rendre compte de l'argent
qu'ils recevaient. Ceci se passait en avril 1791.
Dupas se disculpa dans une curieuse petite brochure
intitulée : le Grenadier de l'Estrapade à ses concitoyens.
Cette pièce, presque introuvable, (1) jette un jour très
intéressant sur l'époque :
« Pour mettre un terme aux accusations dont je suis
l'objet, dit-il, je vais mettre au jour ma conduite.
« Je suis parti avec la Compagnie chargée de la
garde du château de St-Cloud ; l'on ne saurait m'accuser
des événements qui se sont passés au départ de Leurs
Majestés. Pour me laver de toutes les absurdités dont
on me charge, je n'ai qu'à exposer les faits avec cette
franchise qui caractérise un vrai patriote.
« Le dimanche des Rameaux, 17 avril 1791, étant de
garde dans les appartements du Roi, j'appris que la
(1) Arch. Dubouloz-Dupas.
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— IJ —
messe préparant à la communion pascalo, devait être
célébrée par des prêtres réfractaires à la constitution ( I ) ;
je dis alors à mes camarades qu'étant chargés de Texé-
cution des lois, nous ne pouvions pas être les premiers
à leur désobéir. Mais alors le Capitaine s'étant approché
en m'enjoiguant de lui obéir d'une manière aveugle, je
lui répondis qu(î le premier qui assisterait à cette messe
serait dénoncé ; il envoya aussitôt chercher le Maire de
Paris (2) ainsi que Lafaycîtte (3) ; ce dernier s'adressa à
moi, disant: Que* signifie cette désobéissance? — Mais
je lui répondis qm? cette désobéissance était légale, que
lui-même, s'il n'eût pas agi ainsi, ne serait pas général ;
m'adressant à Bailly, je lui dis: Et vous. Monsieur,
vous ne seriez pas Maire ! La France ne pourra jamais
être régénérét^ si vous n'obéissez pas aux décrets si
sages rendus par notre auguste Assemblée.
« Lafayctte, s'étant convaincu que de pareils senti-
ments étaient partîigés par le plus grand nombre des
Grenadiers, commanda Itî départ pour la mosse : tous
partent, moi seul reste ferme et immobile. — Quelques
instants après, Bailly et Lafayette vinrent me relancer,
mais je leur résistai courageusement, voulant respecter
le serment que la Garde Nationale a prêté, de soutenir
la nouvelle Constitution. — Non, je n'assisterai pas à
la messe d'un prêtre qui ne se soumet pas aux lois.
« Le lendemain, le Capitaine m'ayant interpellé par
ces mots : Comment, vous désobéissez, oubliez-vous que
vous n'êtes que soldat, que je suis votre Capitaine ?
(1) Héfractaire, c'est-à-dire ayant refusé le serment constitu-
tionnel.
(2) Bailly.
(3) Général en chef de la Garde Nationale parisienne.
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— 12 —
Ignorez-vous les décrets de TAssemblée Nationale qui re-
connaissent la liberté des cultes? — Ayant répondu que
les questions de culte ne devaient pas se confondre avec
la discipline militaire, il partit en me serrant la main.
€ Les jours suivants plusieurs Sociétés: les Amis de
la Constitution, le Club des Cordeliers, la Société
fraternelle séant aux Jacobins, les Minimes, les
Carmes, etc., vinrent à la caserne de TEstrapade pour
s'assurer que je n'étais pas en prison ; le Club des Cor-
deliers vint me remettre une couronne civique envoyée
de Luzarches, S.-et-O. ; la recevant, je crus devoir jurer
de défendre la Constitution jusqu'à la dernière goutte
de mon sang. — Des Agents du despotisme vinrent à
leur tour pour m'insultor on disant que tous les Clubs
se composaient de scélérats ; — Ces malheureux ne
connaissent pas les actes d'humanité de ces Sociétés,
une seule séance pourrait cependant les convaincre des
vertus, du mérite, de la justice, des principes de liberté,
que leurs membres cherchent à répandre. Le Capitaine
qui les excitait contre moi, monta sur une table,
écumant de rage, en insultant les Sociétés de patriotes ;
il entraîne les officiers, sous-officiers et soldats à pren-
dre le 23 avril 1791, un arrêté par lequel il me fut
enjoint de quitter la Compagnie, et demandant au Roi
le licenciement de cette dernière ; tous m'accusèrent :
1« D'insubordination ; 2« D'avoir lu au corps de garde
V Orateur du peuple (1) ; .> Do coucher avec un prêtre
(1) Jourual de Fréron. Avec beaucoup moins de talent et de
sincérité, Fréron était Témule de Marat ou plutôt son imitateur
exagéré. Après le 9 thermidor il ressuscita Vi^ateur du peuple,
en nt la feuille officielle de la réaction et fut encoi^e plus violent
comme réacteur quUl ne Pavait été comme terroriste. A. F.
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— 13 —
réfractaire ; 4» D'avoir répandu le bruit que le sergent-
major avait gardé 20 livres destinées à l'ordinaire ;
5<> D'avoir dit que les caporaux ne rendaient pas un
compte exact de l'argent qu'ils touchaient.
« Voici ma réponse :
1° Qui oserait me disputer l'honneur de la défense de
la liberté, d'avoir su empocher le carnage que l'on mé-
ditait aux Tuileries, à l'époque des chevaliers du
poignard ? Ne me suis-je pas alors opposé au départ des
troupes qui allaient provoqueV une seconde scène de la
St-Barthelémy ? N'ai-je pas, par mon énergie, fait ren-
trer dans le chemin du devoir les chefs qui voulaient ce
départ ? (1) Quel est donc le grenadier qui ait montré le
plus de zèle, la plus grande fermeté? Et l'on voudrait
que j'assiste à une messe dite par des rebelles ?
2^ L'on m'accuse d'avoir lu des libelles dégoûtants
(c'est y Orateur du peuple). Cent fois diflférentes j'ai vu
lire au corps de garde des papiers qu'on nomme incen-
diaires et qu'on vend publiquement, ce qui, à ce que je
puis croire, peut autoriser celui qui les achète à en
faire la lecture.
Je puis également prouver que je ne connaissais pas
cet ouvrage, et qu'en voyant sur la première ligne qu'il
était question de M. Lafayette, j'ai eu la précaution de
dire à cinq ou six de mes camarades : Messieurs, je vous
prie de ne point ajouter foi à ce que je vais lire, parce
que je sais qu'il y a des auteurs exaltés ; d'ailleurs
n'est-ce pas outrager la Compagnie entière que de sup-
(1) Dupas fait ici allusion à des faits antérieurs que nous ne
connaissons pas.
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— 14 —
poser que la lecture d*uQ écrit quel qu'il soit puisse
ébranler ses principes ?
3« Je n'ai jamais logé chez un prêtre réfractaire,
tous mes camarades ont pu se convaincre que ce jeune
homme qui m'accordait l'hospitalité était étudiant en
médecine (1).
« Quant aux 4«, 5« accusations, ce sont des calomnies
imaginées pour me faire perdre l'amitié des camarades. »
A la suite de l'arrêté d'expulsion du 23 avril, l'as-
semblée générale des Greaadiers, Section de l'Obser-
vatoire, prit à son tour, le 6 mai 1791, l'arrêté suivant :
«L'an II de la Liberté. L'assemblée ayant pris con-
naissance de la décision, en date du 23 avril, par
laquelle il est enjoint à Dupas, leur camarade, de se
retirer sur le champ de sa Compagnie ;
« Considérant que nul ne doit être puni qu'en vertu
d'une loi et dans les formes qu'elle a prescrites ;
« Arrête que des Commissaires seront nommés à
l'effet de dénoncer à la Municipalité l'arrêté des Grena-
diers de l'Estrapade, pour qu'elle avise aux moyens de
rappeler à la loi les Compagnies des Gardes françaises
qui se sont permis des actes arbitraires, de faire juger
Dupas selon la loi, et demander en outre, qu'attendu que
Dupas ne peut être considéré comme destitué, sa solde
continue à lui être payée, jusqu'après son jugement. »
Sont nommés à cet eflfet : Bosquillon, Gilles et
Lefèbvre (2).
Le résultat de cette réclamation fut que la solde resta
(1) Joseph-Marie Dessaix, le futur Général ; il était docteur en
médecine de Turin.
(2) Le futur Maréchal, duc de Dantzick.
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— 15 —
acquise à Dupas jusqu'au 30 juillet 1791, date du congé
absolu qui lui fut délivré sous la signature de Bailly,
Maire de Paris ;» Lafayette, Commandant de la Garde Na-
tionale parisienne et Gouvion, Chef d'Etat-Major.Cecongé
atteste « que Dupas Pierre-Louis, âgé de 30 ans, taille de
5 pieds 10 pouces 0 lignes, grenadier de la Compagnie de
Cadignan a servi avec fidélité du l^^ septembre 1789 au
25 avril 1791, soit 1 an, 8 mois et 25 jours » (1).
Dupas resta donc libre de tout engagement depuis la
fin de juillet 1791, fréquentant assidûment le Cliùb des
patriotes étrangers fondé par Doppet et plusieurs
Savoyards, qui prit plus tard le nom de Cliùb des
Allobroges. Connu pour l'ardeur et l'énergie de son
patriotisme, Dupas reçut le l^r août 1792, le brevet de
Chef de Bataillon ou, comme on disait alors, de Lieute-
nant-Colonel dans la nouvelle gendarmerie qui était
formée à cette. époque. Mais, presque au même instant,
la défense nationale l'appelait à l'armée des Alpes, à ce
moment où la patrie était en danger.
« Le 2 août 1792, sur le rapport de son Comité mili-
taire établissant la nécessité d'augmenter les moyens
de défense de la frontière des Alpes, l'Assemblée légis-
lative autorisa la levée d'un nouveau corps de troupes
légères et, le 8 du même mois, elle décréta la forma-
tion, par les soins du Général Commandant à Grenoble,
de la Légion franche Allobroge, » (2).
Dupas fut un des premiers à s'inscrire sur les rôles
de la Légion dont le premier noyau prit part à la journée
(1) Archives de la Guerre. La solde lui a été payée jusqu'au
30 avril 1792.
(2) André Folliet, /^5 Volontaires de la Savoie,
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— 16 —
du 10 août, où, Dupas, Doppet, Dessaix et autres sauvè-
rent la vie à plusieurs soldats suisses qui furent aussitôt
incorporés dans la légion, « où Ton n'eût d'ailleurs
qu'à se louer de leurs services » (1).
Avant de quitter Paris, les volontaires Allobroges se
présentèrent, le 22 août, à la barre de l'Assemblée
législative. Doppet prit la parole au nom de ses cama-
rades, et tous firent, devant les législateurs, le serment
de vivre libre ou de mourir.
Le recrutement s'opéra promptement à Grenoble où
la Légion se foi'ma. Les premiers officiers furent Busigny,
officier vaudois, Colonel ; le docteur Doppet, de Cham-
béry, Lieutenant-Colonel ; le docteur Dessaix, Capitaine
de la l^^e Compagnie de Chasseurs; Dupas, Capitaine-
Adjudant-Major. D'après une note des Archives de la
Guerre portant la date du 18 septembre 1792, « Dupas
nommé Adjudant-Major parle Conseil d'administration,
ayant 31 ans, 5 pieds 11 pouces de taille (2) et 11 ans
de services, s'est déjà rendu à Grenoble ; sa nomination
date du 13 août. »
Dans la nuit du 21 au 22 septembre, les colonnes
françaises, ayant en tête la Compagnie de Chasseurs de
Dessaix, tournent les batteries piémon taises des Mar-
ches ; le lendemain le général Montesquieu entre à Cham-
béry aux acclamations populaires. L'armée piémontaise
(1) Mémoires du Général Doppet.
(2) Archives de la guerre. — A Folliet, les Volontaires de la
Savoie. Les divers signalements de Dupas qui sont aux Archives
de la Guerre ou sur des passeports, lui donnent tantôt la taille
de 5 pieds 11 pouces, tantôt celle de 5 pieds 10 pouces 1[2, tantôt
5 pieds 10 pouces. D'après ces documents il avait le nez gros, les
yeux gris et les cheveux roux. La teinte de ses cheveux s'adoucit
avec rage; en effet, la famille Dubouloz-Dupas conserve une
mèche de ses cheveux coupés le jour de sa mort ; ils sont blonds
cendrés.
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— 17 —
évacue la Savoie sans combattre, poursuivie par les
troupes légères. Les Députés de toutes les communes
de la Savoie se réunissent à Chambéry sous le nom
d'Assemblée Nationale des Allobroges et expriment
avec enthousiasme le vœu d'union à la nation fran-
çaise pour en faire partie intégrante.
Tandis que cette Assemblée délibérait sur les desti-
nées de la Savoie, la ville de Thonon, qui avait
obtenu d'avoir en garnison la !»•« compagnie allobroge,
offrait une fête au général de Montesquieu (»t à Tétat-
major de la Légion Allobroge dont les rangs se renfor-
çaient chaque jour. La Légion était composée de
14 compagnies d'infanterie, moitié carabiniers moitié
chasseurs, formant deux bataillons ; de 3 compagnies
de dragons légers, et d'une compagnie de canonniers
avec 4 pièces de montagne (1).
Le l®"* décembre, Dupas quitta ses fonctions d'adju-
dant-major et fut nommé au commandement de la
l»"® compagnie de carabiniers. Il fut envoyé dans la
Haute-Maurienne, au pied du Mont-Cepis, et y passa
tout l'hiver sous les ordres du commandant L'Archer
qui lui délivra, le 30 mars 1793, l'attestation suivante:
« Le citoyen Dupas, capitaine dans la Légion Allo-
broge, s'est très-bien conduit depuis son arrivée à
Lanslebourg ; il a fait observer la plus exacte disci-
pline dans le détachement qu'il commande; les propos
que pourraient avoir tenu contre lui les ennemis du
bien public sont absolument faux et calomnieux. Il ne
m'est jamais parvenu à son égard aucune plainte, ni à
l'égard d'aucun autre officier du détachement, qui se
(1) André FoUiet, les Volontaires de la Savoie.
2h
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— 18 —
sont tous également bien conduits, pendant leur séjour
en Maurieuneoù ils ont donné des preuves du plus grand
civisme et du plus grand courage dans les engagements
qu'ils ont eu avec les Piémontais. Je déclare en outre
que le citoyen Dupas, par un plan de service qu'il m'a
présenté et fait mettre en exécution, a mis le poste de
Lanslebourg hors d'état de surprise.
Lanslebourg, 30 mars 1793.
Signé : L'Archer,
Commandant le Bataillon de Grenadiers et
troupes légères de la République Française ^
au Quartier général de la Haute- Mauriennc. » (1)
Dés la fin de mai toute la Légion Allobroge fut
concentrée à Montmélian d'où elle quitta la Savoie le
28 juin pour aller, croyait-on, au secours de l'armée
des Pyrénées-Orientales refoulée dans le Roussillon par
les Espagnols. A Valence, la Légion reçut contre-ordre et
fut placée sous les ordres supérieurs du général Car-
teaux pour marcher contre les insurgés provençaux.
Dés le 13 juillet, la Légion s'empara successivement
d'Avignon, de Cadenet, de Lambesc, d'Aix. Le colonel
Busigny ayant donné sa démission le 31 juillet, le len-
demain, Doppet fut nommé colonel de la Légion et fut
remplacé par Dupas dans le commandement du batail-
lon de carabiniers ; Dessaix commandait le bataillon de
chasseurs depuis plusieurs mois. Le 25 août, Dessaix
fut nommé colonel de la Légion en remplacement de
Doppet promu général, et Souviran, de Thonon, fut
chef de bataillon avec Dupas.
La colonne de 4,000 à 5,000 hommes, sous les ordres
du général Carteaux, présentait une grande diversité. On
(1) Archives Dubouloz-Dupas.
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— 19 —
y voyait les habits blancs du régiment de Bourgogne,
Colonel Pellaprat ; les habits bleus des volontaires na-
tionaux, bataillon de la Côte-d'Or, commandant La-
borde, et 2"»® bataillon du Mont-Blanc, commandant
Pacthod ; les habits verts do la Légion Allobroge,
colonel Dessaix, et unc^ compagnie d'artillerie com-
mandée par le capitaine Dommartin en l«^ et en 2«
par Napoleone Buonaparte (1).
Dupas fut dès le début de la campagne détaché de
son corps et choisi comme aide de camp par le général
Carteaux. C'est en cette qualité qu'il dirigea les colon-
nes républicaines au combat de Salon le 18 août, de
Septêmes le 24 août, et qu'il entra dans Marseille avec
Carteaux, le 25 août.
On a reproché avec raison au général Carteaux, fort
brave homme mais de peu de talents militaires, de
s'être arrêté à Marseille au lieu de poursuivre les insur-
gés provençaux dans leur fuite sur Toulon où il serait
entré avec eux; ce qui eût évité à cette ville les hor-
reurs du siège. Le 1*^^ septembre on apprit que Toulon
s'était livré aux Anglais et aux Espagnols. Le 7 sep-
tembre, Carteaux ayant reçu des renforts, attaqua et
débusqua des gorges d'Ollioules les Anglo-Espagnols
qui s'étaient joints aux insurgés et bientôt le siège
commença. On sait comment se révéla dès le début de
ce siège mémorable le génie de Napoléon Bonaparte
qui venait d'être nommé chef de bcitaillon d'artillerie.
Carteaux prit le parti de le laisser faire ; d'ailleurs les
représentants en mission à l'armée appuyaient le jeune
officier d'artillerie et faisaient adopter ses plans d'atta-
(l) A. FoUiet, les Volontaires de la Savoie.
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— 20 —
que. Dés ce moment, le jeune Bonaparte sut apprécier
la résolution et la fermeté de Taide de camp de Carteaux
et s'en souvint dans la suite.
Le 27 octobre 1793, Doppet, qui venait d'être employé
comme général en chef de l'armée des Alpes au siège de
Lyon, fut nommé, après la prise de cette grande ville,
général en chef de l'armée du Midi en remplacement de
Carteaux. Ce dernier fut nommé par le môme arrêté
général en chef de l'armée d'Italie (1). Carteaux quitta
l'armée devant Toulon le 6 novembre et partit pour
Nice. A peine était-il en possession de son nouveau
commandement qu'il reçut un nouvel arrêté du 3 novem-
bre qui l'envoyait commander l'armée des Alpes tandis
que Dugommier quittait l'armée d'Italie pour prendre
le commandement du siège de Toulon et que Doppet
était envoyé dans les Pyrénées-Orientales.
Dupas ne suivit pas son général à Nice ; il se trouvait
à cette époque à Paris où il était chargé par son
général de dépêches pour le Comité de Salut public.
Le Ministre de la Guerre Bouchotte accorda à Dupas
un permis de rester à Paris pendant six jours (2) j et
le Comité de Salut public, sous les signatures de
Barère, Robespierre et Carnot, lui donna une décla-
ration constatant la remise des dépêches. En même
temps le Comité révolutionnaire de la Section de l'Unité
lui délivra une carte de sûreté pendant le terris
Limitée au présent. Cotte pièce est datée du 4 brumaire
an II (14 novembre 1793).
(1) Archives de la Guerre.
(2) Archives Dubouloz-Dupas. Cette pièce intéressante est
reproduite en fac-similé.
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i. :; 'il Kl'.' 17')3, Doppot, qui M'wui '"^^ii^ «^nploy^^
• ' '1 . i .r; .. . on chef du rarrn'*" Je- .AÎp^'s au si/*^o de
'. '. :*Lî. î'i' îi.^îîuat's îiprôs la prise d* i Hr' i^raudo \ilh*,
' . ut'îi'.'iî r^îî '^ ^i do l'ariii''*(^ du Midi ru cmij)! icmn^iit d('
r.ii*tfMi,\ <,.• d'^ruioi* lui iioiiinié par U» munio arndu
,*M^'ai ^•:* .-h'f de rarrii-'M' a'ïtali'* (1). Cartouux quitta
i';nin'"»' 'l'n.iM i muIou \o i> n')V('rijbn> tt partit pour
M •*•. \ poiut «M lit-il < li p'>ssossiou d*'^ son nouveau
■'-:iihiaMd'"*Htil qu'il roçut uu nouvel arroté du li novoni-
: '•(' qui renvoyait couiuiaiidor l'armée dr>s Alpc»-- taudis
qu^' Du^:>:oin:ni<'r quittiiit l'artuôe d'itali»^ pour prendre
: -(ui: mandement <iu siègf» d(* To\don et que ,l)oppet
•'- ol .'Uvoyé daiiN les Pyrênér\s-(>rientales,
Dr.jMS îie suivit pas son gViui'al à Niée; il se trouvait
* 0' '''[H)]ue à Paris où il était elnuyé par son
U't !j*'fui ijtî dépèch(\s pour \c Comit/i de Salut public.
l e Ministre de la (^m^rre Boueh"tte ac<N)rd.a à Dupas
• :; \,.'viii\s 'le rester à Paris poiHant sit- j(ni)\H Çl), et
*<' i'eiuitè de Salut publie, v>>.''i- !t*>, signatures de
Liarére, IvObespi{n*re et Carui -, lui deruia. une décla-
ration constatant la l'emise {]i^< dépéclies. En même
temps le Comité révolution'Kiire de la Sectioi. de rUnité
î'p d^JAra une carte de sn-eté pendant le te)7is
^v/ '< e an peès'U^J. C-'U'^ pièt'(^ (}<\ datée du l brumaire
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— 21 —
Dupas rejoignit le général Carteaux à Chambéry au
quartier-général de l'armée des Alpes et ne put, par
conséquent, assister à la prise de Toulon. Une note de
Dupas qui est aux Archives de la Guerre, nous apprend,
en effet, qu'il ne rentra à son corps, la Légion AUobroge,
qu'après l'arrestation de son général. Carteaux fut
arrêté à Chambéry sur quelque dénonciation et conduit
à Paris le 2 janvier 1794; il ne fut délivré que par le
9 thermidor (1).
Dupas suivit son général à Paris et, avec sa franchise
et son courage habituels, le défendit hautement, no-
tamment dans une séance du Club des Jacobins où
Momoro le félicita de sa courageuse déposition (2).
Avant son arrestation, alors que Carteaux était encore
à Chambéry, ce général chargea Dupas d'une mission
à Genève ; l'ordre suivant en fait foi : (3)
(( Soumission a la Loi. — République Française
(( Jean-François Carteaux, général en chef des armées de
la République Française, commandant l'armée du Midi (4).
(( Laissés passer le citoyen Dupas, chef de bataillon de la
Légion des Allobroges, notre aide de canip, chargé par nous
d'une commission particulière concernant le service mili-
taire, allant à Genève.
Carteaux. »
« Au Quartier général de Chambéry,
le 27 frimaire de Tan 2** de la République
Française une et indivisible (17 déc. 1793). »
Dupas ayant rempli sa mission à Genève, en profita
pour revoir sa ville natale. Une tradition orale transmise
(1) Biographie des Coutemporains. 1827.
(2) Biographie, impr. Michaud, 1816. V. Dupas.
(3) Archives Dubouloz-Dupas.
(4) Les mots du Midi sont mis là par erreur : c'est des Alpes
qu'il faut lire.
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— 22 —
par des vieillards d'Evian prétend qu'au moment même
où il y arrivait, Dupas trouva la populace en ébullition
et résolue a démolir le clocher. Dupas tente vainement
de calmer cette eflfervescence ; la troupe des émeutiers,
armée de pioches, enfonce la porte du clocher et attaque
les murs. Dupas, s'emparant alors d'un fusil, se précipite
au milieu de la foule en menaçant de tuer le premier
qui touchera le clocher. Cet acte d'autant plus coura-
geux qu'on était en pleine Terreur, aurait produit l'eflfet
sur lequel Dupas comptait : le clocher fut sauvé, fort
heureusement ; il existe encore, c'est un clocher du
XVe siècle, un des rares monuments du moyen-âge
qui subsistent à Evian.
Telle est la tradition, tel est le fait que les vieillards
d'Evian contaient il y a une cinquantaine d'années. Il
n'en existe aucune trace dans le registre des actes de
la Municipalité. On y voit seulement que, le 19 fructi-
dor an II, soit le 5 septembre 1794, après le 9 thermi-
dor par conséquent, l'Agent national avait demandé la
démolition du clocher ; or en septembre 1794 Dupas
était à l'armée des Pyrénées-Orientales. A défaut donc
de pièces authentiques à l'appui, nous mentionnons
simplement cette tradition.
Après l'entrée de l'armée républicaine dans Toulon
reconquis (19 décembre), la Légion Alîobroge et le
général en chef Dugommier furent envoyés à l'armée
des Pyrénées-Orientales où le péril était grand: il
s'agissait de reprendre le Roussillon envahi par l'ar-
mée espagnole. La Légion fut donc aussitôt mise en
route, malgré son état de délabrement et de misère,
pour Perpignan quartier-général de Dugommier, sans
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— 23 —
avoir eu un jour de repos, sans capotes pour l'hiver ;
malgré les guenilles qui les couvraient tant bien que
mal, les Allobroges furent placés à Thuir, aux avant-
postes (1). C'est là que Dupas, de retour de Paris où il
avait, malgré ses généreux efforts, laissé son général
en prison, vint rejoindre son bataillon de carabiniers.
A Thuir, où les avant-postes et les reconnaissances
des Allobroges eurent avec Tennemi quelques escarmou-
ches. Dupas fut nommé par les représentants du peuple
commandant de la place. C'est en cette qualité qu'il
reçut la notification suivante de la mise de la place en
état de siège: (2).
« Les Représentants du peuple prés l'armée dos Pyré-
nées-Orientales,
« Arrêtent que la commune de Thuir est en état de
siège et qu'en conséquence le commandant est revêtu
de toute l'autorité que la loi accorde aux commandants
des places qui sont en état de siège.
Au Quartier Général de Perpignan,
le 3 Germinal an s** de la République
une et indivisible (23 mars 1794).
MiLHAUD, SOUBRANY,
Représentants du peuple près l'armée des Pyrénées-Orientales. »
Pendant que le général en chef Dugommier préparait
son plan de campagne qui allait délivrer le Roussillon et
que les Allobroges se concentraient à 0ms où ils concou-
rurent d'une manière si éclatante à l'exécution du plan
de Dugommier (3), Dupas recevait l'ordre de suivre dans
la Cerdagne espagnole le général Doppet, nommé, en
(1) André FoUiet, les Volontaires de la Savoie.
(2) Archives Dubouloz-Dupas.
(3) A. Folliet, les Volontaires de la Savoie.
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— 24 —
remplacement du brave Dagobert qui venait de mourir,
au commandement de la division indépendante qui opé-
rait dans la Cerdagne (1), appelée armée du Centre,
Arrivé le 11 mai à Puycerda, Dupas fut chargé par
Doppet du commandement de cette place importante
conquise sur les Espagnols. Le 26 juin, tandis que Doppet
revenait, au milieu des plus grandes difficultés, de son
expédition à Campredon en Catalogne, Puycerda fut
attaquée par les Espagnols descendus en force des mon-
tagnes. Dupas se défendit avec son énergie habituelle, et
le môme jour le gros de la division Doppet arriva fort à
propos pour dégager la Cerdagne.
La Légion Allobroge venait de quitter la division Au-
gereau pour passer à Tarmée du Centre, division du
Mont-Libre, sous les ordres du général Charlet, qui rece-
vait les ordres de Doppet, Dupas reprit alors le comman-
dement de son bataillon allobroge avec lequel il repoussa
vaillamment à Belver, le 30 juin, l'attaque des Espagnols.
La Légion resta à Belver où elle reçut une première
transformation. Ses deux bataillons d'infanterie, de 7
compagnies chacun, furent portés, comme tous les ba-
taillons de rinfanterie légère de cette époque, à 9 com-
pagnies chacun, savoir 8 compagnies de chasseurs et 1
de carabiniers. En même temps elle reçut 1,300 recrues,
dont 500 Savoyards, pour combler les vides causés par
les balles ennemies et par les fatigues de la guerre.
Chaque bataillon à 9 compagnies fut en conséquence
organisé, le 22 juillet, au complet de 1,080 hommes (2).
(1) Archives delà Guerre.
(2) Archives de la Guerre, — A. FoUiet, les Volontaires de la
Savoie.
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— 25 —
Doppet quitta son commandement pour raisons de
santé dans Tautomne do 1794, et la Légion fit partie de
la division du général Charlet, à Belver, où l'instruction
des recrues fut poussée activement. La Légion Allobrogo
fut ensuite cantonnée à Puycerda au commencement de
l'hiver et, en février 1795, elle fut chargée de la défense
de la vallée d'Aran, où elle passa sous le commande-
ment du général Denoyer (1).
C'est dans ces pénibles cantonnements pyrénéens, où
les neiges persistent une grande partie de l'année, que
Dupas termina avec son bataillon la guerre contre
l'Espagne.
Le traitéde paix conclu à Bàle le 20 juillet 1795, entre
la République Française et la monarchie espagnole,
vint enfin terminer cette guerre pénible € pendant
laquelle, a écrit le colonel des Allobroges, l'armée s'est
trouvée sans solde, réduite à la demi ration et dans le
dénuement le plus complet ; elle supporta toutes ces
privations sans se plaindre, en donnant journellement
des preuves du plus grand courage, d'un dévouement
sans bornes à la patrie. > (2)
Après la paix avec l'Espagne, Dupas partit avec son ba-
taillon pour Toulouse, où, pour la première fois depuis trois
ans, la Légion Allobroge prit un repos de trois mois.
C'est à Toulouse que la Légion subit sa transformation
en demi-brigade en vertu de la loi d'amalgame. Elle
conserva ses deux bataillons et en reçut un 3®, qui était
un bataillon de volontaires connu sous le nom de 4®
chasseurs de montagnes.
(1) Archives de la Guerre.
(2) Note du général Dessaix.
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— 26 —
Cet amalgame complété on novembre 1795 eut pour
conséquence le changement de nom de la Légion ; elle
s'appela désormais 4® demi-brigade (bis) de troupes lé-
gères, mais elle continua à être désignée dans Tarmée
sous le nom de demi-brigade Allobroge qu'elle avait
illustré. Son complet de guerre fut dès lors de 3,240
hommes (1).
Dupas eut le commandement du 3® bataillon dont
7 compagnies sur 9 dont il était formé étaient tirées
de l'ancienne Légion Allobroge (2).
La 4^ légère — qui prit l'année suivante le N» 27 de
l'infanterie légère qu'elle garda définitivement — quitta
Toulouse vers le milieu de janvier 1796 et s'achemina
à travers le Midi de la France, où elle souffrit horrible-
ment du froid et de la neige, — pour rejoindre l'armée
d'Italie. Elle occupa les postes qui lui furent assignés,
d'abord à Oneille et à Albenga, puis à Bardinetto. Elle
fit partie de la brigade Rusca, division Augereau,
placée au centre de l'armée (3).
Au moment où les AUobroges arrivaient à l'armée
d'Italie, le général en chef Bonaparte venait d'en
prendre le commandement. Le petit officier d'artillerie
avait fait du chemin depuis la prise de Toulon !
(1) A. Folliet, les Volontaires de la Savoie.
(2) Archives de la Guerre.
(3) Arch. de la Guerre, citées par A. Folliet, les Volonlaires de
la Savoie,
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— 27 —
CHAPITRE 11.
CAMPAGNES D'ITALIE
Avril 1796 — Mai 1798
Dupas commande le 3* bataillon de la demi-brigade Allobroge. —
Prise des redoutes de San Giovanni de Murialdo. — Dupas com-
mande le 2« bataillon provisoire de carabiniers à la tête duquel il
passe le premier le pont de Lodi. — Bataille de Lodi. — Com-
bats sur le Mincio. — Dupas commande le 5® bataillon provi-
soire de grenadiers. — Témoignages officiels de satisfaction. —
Dupas commande le 8* bataillon, puis le 1*' bataillon de
grenadiers. — Siège de Mantoue. — Bataille de St-Georges. —
Citation à Tordre du jour. — Combat de Caldiero ; grave
blessure. — Dupas rentre à la demi-brigade allobroge. — Com-
bat d'Anghiari où il est encore grièvement blessé. — Entrevue
avec Bonaparte à Milan. — La demi-brigade à Coni. — Ordre
de départ pour l'Egypte.
« Un pamphlétaire a dit que j'avais conquis Tltalie
avec quelques milliers de galériens. Le fait est que peut-
être il n'avait jamais existé une aussi belle armée. Plus
de la moitié était composée de gens instruits, de fils de
marchands, d'hommes de loi, de médecins, de riches
fermiers et de la bourgeoisie. Les deux tiers savaient
écrire, et pouvaient devenir officiers Oh! si toutes
nos armées eussent été aussi bien coniposées! >
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— 28 —
Ces paroles de Napoléon à Sainte-Hélène (1) expli-
quent quelles prodigieuses forces d'intelligence et d'éner-
gie ce génie de la guerre eut dans la main pour com-
battre et détruire successivement cinq armées, celle du
Roi de Sardaigne et les quatre armées que l'Autriche
lui opposa successivement.
Le dévouement de cette admirable armée était ex-
trême. Le soldat, sans capote et sans souliers, souffrait
horriblement de la faim et du froid. Les officiers, depuis
plusieurs années, ne recevaient que 8 fr. par mois de
solde, et l'état-major était entièrement à pied ainsi que
les officiers supérieurs. Les colonels et les chefs de
bataillon portaient le sac au dos comme tous les officiers
inférieurs. « Cependant le moral des soldats était
excellent, dit encore Napoléon, ils s'étaient signalés et
aguerris sur le sommet des Alpes et des Pyrénées;
les privations, la pauvreté, la misère, sont l'école du
bon soldat, y> (2)
La campagne commença le 14 avril par une série de
coups d'éclat : dès le premier jour Dupas y eut un rôle
important. Le Rapport historiqice de la demi-brigade
Allobroge (3) relate ainsi cette première journée :
« La demi-brigade allobroge était cantonnée- à Caliz-
zano, rivière de Gênes, lorsque Dessaix, chef de la
demi-brigade, reçut Tordre de se porter sur Ziovetti
pour attaquer l'ennemi qui gardait cette hauteur et
s'emparer d'une redoute qui la défendait. Aussitôt que
(1) Docteur O'Méara, Souvenirs de Ste- Hélène, Napoléon en eocil.
(2) Napoléon, Mémoires sur la campagne d'Italie, dictés au gé-
néral de Montholon à S*'-Hélène.
(3) Archives de la Guerre, A. Folliet, les Volontaires de la
Savoie,
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— 29 —
Ton eût aperçu Tavant-poste, Dessaix fit faire halte à
la troupe et se hâta d'envoyer sur les flancs des tirail-
leurs. Dirigeant ensuite sur la redoute la marche de sa*
colonne, il crut devoir éloctriser le courage de ses
camarades par le chant de l'hymne patriotique du
Départ, et au même instant, sans tirer un coup de
fusil, la redoute fut au pouvoir des Français. Ceux-ci
se rendirent maîtres des tentes et de beaucoup d'autres
effets de campement. Ils firent plusieurs prisonniers
dont quelques-uns étaient officiers.
« Chaque soldat fut heureux dans cette expédition.
Il n'y eut que le chef de brigade Dessaix qui, en entrant
dans la redoute, reçut à la tête un léger coup de baïoii-
nette.
<L II fallut ensuite poursuivre l'ennemi. Ce fut par
des chemins tortueux et couverts de bois que nous
arrivâmes à la portée du canon de la redoute de Saiut-
Jeao-de-Murialto avec une vivacité dont les républicains
seuls sont capables. Le succès couronnait bientôt l'es-
poir des enfants de la Liberté. Cette redoute, armée de
2 pièces de canon, était défendue par près de GOO Pié-
mootais. Il s'agissait de les débusquer de ce poste. A
cet effet, le brave chef de bataillon Dupas descendit sur
la gauche à la tête du 3® bataillon, et, tandis qu'il
marche à travers des ravins et des précipices pour
arriver dans une plaine, à dessein de couper la retraite
à l'ennemi, la colonne de droite était en observation
et celle du centre se disposait à emporter la redoute
d'assaut. Mais les troupes piémontaises aperçurent
bientôt le mouvement de la colonne de Dupas et crurent
devoir chercher leur salut dans une prompte retraite
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— 30 —
que nous vîmes exécuter au moment même où nous
allions les attaquer.
« La redoute devenue le prix de la valeur républi-
caine, nous fîmes plusieurs prisonniers. L'ennemi perdit
ses caissons, mais il avait emmené ses pièces, lesquel-
les cependant furent bientôt au pouvoir des vainqueurs,
car, obligé d'accélérer sa marche, il abandonna sur la
route son artillerie.
« Nous restâmes maîtres du champ de bataille et
revînmes sur la redoute après avoir donné la chasse
à l'ennemi à près de 2 lieues plus loin. »
De San Giovanni de Murialdo, nos Savoyards couru-
rent à Ceva et, une fois débarrassés des Piémontais par
l'armistice de Cherasco, ils descendirent dans la plaine
et marchèrent rapidement vers les rives du Pô où la
brigade Rusca arriva le 4 mai.
Le 5, toutes les demi-brigades recurent l'ordre de
compléter leurs compagnies de carabiniers et de grena-
diers, détachées dès ce moment de leurs corps, pour
former des bataillons provisoires à 6 compagnies d'élite.
Ces bataillons de grenadiers formèrent la brigade Dalle-
magne, division Masséna, et furent bientôt après com-
mandés par Lannes, division Dallemagne (1).
Les 3 compagnies de carabiniers de la demi-brigade
allobroge et les 3 de la 29« légère formèrent le 2« ba-
taillon de carabiniers sous les ordres de Dupas qui fut
désormais détaché de son régiment.
Le 7 mai Dupas effectue avec son bataillon d'élite le
(1) Archives de la Guerre. — A. Folliet, les Samyards au pont de
Lodi^ mémoire lu à la réunion des Sociétés Savantes de la Savoie
à Evian, le l®^ septembre 1896.
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— 31 —
passage du Pô à Plaisance. Cette troupe soutient avec
une admirable fermeté le feu des Impériaux qui s'oppo-
sent à son débarquement et repousse victorieusement
les charges répétées de la cavalerie autrichienne.
Le 8, combats de Fombio et de Codogno. Toute la
brigade qui avait passé le fleuve à la suite de son ba-
taillon de carabiniers attaque et poursuit l'ennemi jus-
qu'aux portes de Pizzighettone.
Dans la nuit du 9 au 10 mai, les carabiniers de Dupas
arrivent devant Lodi harassés de fatigue et de sommeil.
Ils prennent 4 heures de repos, tombent sur l'ennemi
et, joints aux autres bataillons, le repoussent sur Lodi,
entrent pêle-mêle dans la ville avec les fuyards et les
chassent de cette ville située sur la rive droite de l'Adda.
Sur la rive gauche, 12,000 fantassins autrichiens
soutenus par 4,000 cavaliers avec 20 canons étaient
prêts à recevoir le choc. Une batterie, soutenue à droite
et à gauche par de l'infanterie qui avait crénelé les
maisons voisines, enfilait le pont étroit et en bois de
609 pieds de longueur.
Bonaparte résolut de passer le pont de Lodi ce même
jour, 10 mai, sous le feu des ennemis et de les étonner
par une opération si hardie. En conséquence, il fit appe-
ler la division Augereau qui était à 15 kilomètres de
Lodi et, après quelques heures de repos accordées aux
bataillons d'élite qui venaient prendre Lodi d'assaut,
il les fit rassembler au nombre d'environ 3,600 grena-
diers et carabiniers commandés par Dallemagne. Il n'y
avait pas un moment à perdre. A 5 heures du soir
Bonaparte fit commencer la canonnade contre les batte-
ries autrichiennes.
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— 32 —
« Déjà, par ordre de Masséna, tous les grenadiers
étaient formés eu colonne serrée dans Lodi lorsque le
chef de bataillon Dupas, commandant le 2« bataillon
(carabiniers), réclama et obtint l'honneur qui lui était
dû de prendre leur tète avec les 6 compagnies des
Allobroges et de la 29®. Cette formidable colonne devait
être soutenue par les divisions Meynier et Auge-
reau. » (1)
Masséna fit droit à la réclamation de Dupas parce
que rinfanterie légère était toujours en tête de Tinfan-
terie de ligne dans les colonnes d'attaques et que, par
cette raison, les carabiniers devaient marcher en tête
des grenadiers.
« A rapproche des Français, Sebottendorf avait
disposé 3 bataillons de Croates et 14 bouches à feu sur
la rive gauche de TAdda, de l'autre côté du pont,
étroit et fort long, qui s'appuyait au tiers de sa lon-
gueur sur un banc de sable ; 5 bataillons et 6 escadrons
formaient réserve en arrière; enfin, 3 bataillons déta-
<;hés au couvent de Credo, assuraient la communication
avec Beaulieu campé à Formigara. » (2)
Bonaparte parcourut les rangs des carabiniers et
grenadiers et les harangua ; il fut accueilli par les
soldats aux cris mille fois répétés de Vive la Répu-
blique/ » (3)
L'artillerie française couvrait le pont de boulets et
de mitraille lorsque tout à coup Bonaparte fait battre
la charge, la porte des remparts s'ouvre et la tête de
(1) Mémoires de Masséna (général Koch).
(2) Koch, Mémoires de Masséna.
(3) Carlo Botta, Storia dltalia. — Salicetti, Lettre au Directoire,
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-^ 3:^ —
colonne se dirige par un à gauche vers le pont. C'est
à ce moment qu'elle offrit le plus de prise au feu de
l'ennemi (1).
Les 14 pièces autrichiennes vomissent des projectiles
et la font hésiter un moment. Ce temps d'arrêt pouvait
tout perdre. Dupas, Lannes, s'élancent en avant et
entraînent leurs bataillons au cri de Vive la Répvr-
blique! Foudroyée par l'artillerie et la fusillade, la
colonne s'arrête une seconde fois. Alors les généraux
accourent se mettre à sa tête: Berthier, Masséna,
Cervoni, Dallomagne, à leur tête Dupas suivi de Lannes,
s'élancent en avant. Profitant de l'épaisse fumée pro-
duite par les décharges de l'artillerie autrichienne, les
carabiniers et grenadiers passent le pont au pas do
course. Au tiers du pont, les soldats s'aperçoivent que
la rive gauche offre peu de profondeur : aussitôt une
nuée de volontaires se laissent glisscîr sur le banc de
sable et gagnent le bord opposé, dans l'eau jusqu'aux
hanches, se jettent en tirailleurs sur l'cmnemi pour faci-
liter le passage de la colonne. Celle-ci, bravant la mi-
traille et favorisée par cette diversion, franchit le reste
du pont à la course, culbute tout ce qui résiste et
tombe sur rartillerie ennemie.
La nombreuse cavalerie autrichienne fit alors un retour
offensif, refoulant vers le pont la colonne française épar-
pillée sur la rive gauche; celle-ci courait le risque
d'être jetée à la rivière, lorsque la division Augereau
arriva très à propos, se ruant à la baïonnette sur les
carrés et sur la cavalerie malgré la fatigue d'une
(1) Napoléon, Mémoire dicté à Montholon à Ste- Hélène.
3b
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— 34 —
longue course, Testomac vide. Ce reufort assura la
victoire complète. Beaulieu ordonna la retraite der-
rière le Mincie pour garder les routes du Tyrol et ren-
forcer Mantoue (1).
Le Rapport historique de la 4« légère ou demi- bri-
gade allobrogc mentionne en ces termes la part glo-
rieuse prise par ses carabiniers à cette bataille de Lodi,
très importante en elle-même et par ses résultats ma-
tériels, mais bien plus importante encore par la pro-
fonde impression qu'elle produisit en Italie, par la
démoralisation qu'elle jeta dans l'armée autrichienne. (2).
« Les carabiniers commandés par le citoyen Dupas
s'élancèrent sur le pont avec une intrépidité qui n'a pas
d'exemple et sans que rien fut capable de les arrêter.
Ils passèrent au milieu d'un feu terrible de mousqueterie
et de 20 pièces de canon. Jamais peut-être un spectacle
ne fut plus frappant aux yeux d'un ennemi qui se croyait
si bien en état do défense.
« Le citoyen Ballan, lieutenant, est tué ; le ch(*f de
bataillon Dupas et plusieurs officiers sont blessés, plu-
sieurs soldats morts et blessés. » (3).
Joseph Marion, d'Annecy, capitaine des carabiniers
allobroges, les lieutenants Allouard et Savoye, tous
deux de Chambéry, furent cités à l'ordre du jour comme
ayant passé des premiers à la tête des carabiniers. Le
sous-lieutenant François Marion fut blessé. •
(1) Mémoires de Massén<f, — Carlo Botta, alors médecin dans
Tarniée française, Storia d*Italia. —A. Folliet, les Satoyat-ds au
pont de Lodi.
(2) Ce document des Archives de la Guerre a été publiée par
M. A. Folliet, dans les Volontaires de la Savoie.
(3) Archives de la Guerre. — A. Folliet, les Volontaires de la
Savoie.
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— 35 —
VhistoHque de la 29^ légère demi-brigade, dont un
bataillon était du département du Mont-Blanc et avait
fourni sa compagnie de carabiniers au bataillon d*élite,
dit de son côté :
< Déjà le bataillon de carabiniers composé de nos
3 compagnies et des 3 compagnies des Allobroges,
avaient effectué le passage ; mais ils n'étaient pas assez
nombreux pour faire abandonner à l'ennemi ses positions
avantageuses. Philippe (1), un de nos capitaines de
carabiniers, reçoit 5 coups de feu en s'élançant un des
premiers dans les redoutes. Tous nos carabiniers suivent
l'exemple de Philippe et font des prodiges de valeur.
Corte, sergent-major; Fontaine, caporal; Vaucher,
carabinier et quelques autres dos plus intrépides entrent
enfin dans les retranchements où ils font un carnage
des Autrichiens
« Nous fîmes dans cette journée quantité de prison-
niers. Elle nous a coûté une vingtaine d'hommes tués
et environ 50 blessés. Germain, adjudant-major, a été du
nombre des morts.
€ On poursuivit l'ennemi jusqu'à la fin du jour et
nous bivouaquâmes sur le champ de bataille. » (2).
Le Rapport historiqice delà 4« légère allobroge constate
aussi que les soldats poursuivirent l'ennemi pendant plu-
sieurs heures et revinrent avec beaucoup do prisonniers.
Dupas fut blessé à la main et reçut un sabre d'hon-
neur le 25 mars 1797 pour « avoir passé un des pre-
miers le pont de Lodi. > (3).
(1) Le capitaine François Philippe, d'Annecy, était oncle de
M. Jules Philippe, préfet et députe républicain de la Hte-Savoie.
(2) Arch. de la Guerre. — A. Folliet, même ouvrage.
(3) Archives de la Guerre.
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— 3G —
Le leodemain Dupas fut envoyé avec tous les batail-
lons d'élite à Crema, place vénitienne dont le gouverneur
avait fermé les portes aux Autrichiens. Le 13 mai, rien ne
s'opposait plus, en Lombardie, à la marche victorieuse
de l'armée. Le 14 eut lieu l'entrée triomphale à Milan.
Le 20 mai, Bonaparte donna le commandement de
Tavant-garde au général Kilmaine, qui avait sous ses
ordres 4 régiments de cavalerie et les 8 bataillons de
grenadiers commandés par Dallemagne et par les géné-
raux de brigade Lannes et Gardanne.
Le 25, Dupas était avec son bataillon à Soncino sur
rOglio. Mais l'insurrection qui éclata sur les derrières
de l'armée fit rebrousser chemin à Tavant-garde. Les
grenadiers de la brigade Lannes furent dirigés sur
Bagnasco et Pavie pour réprimer et étouffer prompte-
mcntet violemment l'insurrection.
Les grenadiers marchèrent ensuite sur Lonato et
Castiglione et arrivèrent à Borghetto où ils passèrent le
Mincie après un vif engagement et s'emparèrent de
Valeggio (30 mai).
L'esprit qui animait les troupes est bien caractérisé
par la dépêche de Bonaparte au Directoire : « Je ne vous
citerai pas les hommes qui se sont distingués par des traits
de bravoure, il faudrait nommer tous les grenadiers et
carabiniers de l'avant-gardo. Ils jouent et rient avec la
mort. Ils chantent tour à tour, la patrie, l'amour, etc. »
Au commencement de juin, Bonaparte prenait ses dis-
positions pour le blocus de Mantoue et pour diverses
expéditions. Les G compagnies qui formaient le 2® ba-
taillon de carabiniers furent renvoyées à leurs corps,
la 4e Allobroge et la 29^ légère qui occupaient la rive
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n\.\'A f«'irji''!us portr.siiux Anti'ichieijs. Lclauuu, rifiine
•-opposjit plus, en Lc»!aî>ar<li<\ à la uiaii'li** vi^tiU'icusc
de l'anii^V'. L(» M .Mit H-mi TtMitivt» tritj'iiplt.ii'' û Milan.
Lo 20 mai, Boiuq^artc donna le roniniandeiiKnt d"
l'avaiû-^ardt' an a'/^néral Kilinain(\ (|ni avait sous s's
ordres 4 ré;^ini*'iits «le cavalerie et l(^s S balailiiwis d.-
grenadiers (;()iii!K;indt»s par Dalleuiamie i-t pai l<'sa<'nt''-
ranx de l-rigade Lannes et .'îardariiîe.
Le 'A"), I)up;.< était 'avcc son batailltni à Soncino sur
roglio. Mais Tinsurroction qui éclata sur les d(»i'ï:èivs
le rarnu'(; lit p'brousser chemin à l'avaut-gardi'. Lv<
:.'*'îjadiers de la brigad<' LamK\s furent l'ri^''s .^ui*
i'jîn'.'MH) (^t P;;vie pour rêi)i'im<u' et éiouirer preaipt(*-
' ni ' ! violfMnment rinsnrn^eûen.
• •'- Ln-enadiors marchèrent oiisnilo sur L(»nato » :
' ..• «-riio'ie et aî*rivèi'(Mit à Borghrfîoon \\-< pas^'-ioiJ |
M- > ai^rès un vif ''iiKiit^<-niOnt < t s'en:}.arèro!.i or
\ ..i.'Liv'io ('M) uiai).
L ospiit qui animait les tronpr; st lien caiaci /•^♦''
]'\v la (I<'pr''!i'» de Donaparte au \n 'ecteii'' : ^^ J<^ r r \« t«>
cii(;i'ai pasl(»s h(Mumi\-qui m- S',»nt «'" dingues pai d*'>îrai'
de l)ra\our(\ il faudrrit rommrr tous les greir oî<-ïn «-t
carabiniers (K^ Tavanî-garde. Ils ioutMit et i'i(Mjt a^ec '•■
lort. Ms c]ian!enf t"ar à tour, la patrie, r:i:.. nui", ^'î. . ►
\u comni'-nc. rirent de juin, Bonap iite prenait s.- " ■^-
,• )- '^'^ [)ini' 1(^ blocus de Mantoue et ]»M.a' div" s
', 'i'i'U.-. I/s .'' «'ompagni* s (jui l'oiinai'-nt io L'* ba
•adloi' do cal';''''])!' 's furent m/'oyers •. ionrs rorj»,
M i A liobi'( .«_••' «•■ ?!•■ 1- X' l't' qni ov,ci:pai(*nt !:• .!' ■
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«•MOT
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— 37 —
droite da lac de Garda (1). Mais Dupas resta sous les
ordres de Dallemagne et fut destiné à un autre batail-
lon de grenadiers, le 5«. Le 5 juin (17 prairial), par
ordre de Bonaparte, Berthier, chef de Têtat-major
général, adresse à Dupas Tordre suivant :
« Il est ordonné au citoyen Dupas, chef de batîûllon
de la 4e demi-brigade légère dite Allobrogo, dose rendre
sur le champ au quartier général de Roverbella pour y
prendre le commandement d'un bataillon de grenadiers
et les ordres du général Dallemagne.
« Le chef de bataillon Dupas amènera avec lui Tadju
dant-major qu'il avait au 2^ bataillon de carabiniers. —
Al. Berthier. » (2).
Le lendemain 6 juin, Dupas était au quartier général
de Roverbella organisant le 5" bataillon d'élite composé
des compagnies de grenadiers des 5f)e, 104«, 209« demi-
brigades et des 1^" bataillons de Mayenne-et-Loire et
de Saône-et-Loire (3).
Le 5® bataillon de grenadiers fut dirigé sur plusieurs
points aux avant-postes où des engagements eurent lieu
avec les Autrichiens.
Le 3 juillet, Dupas étant au Quartier général à
Brescia, reçut la lettre suivante de Berthier: (4).
Quartier général de Brescia, le 15 messidor an IV.
« Le Général de Division Chef de V Etat-Major,
Ali Commandant Dupas
« Le Général en Chef, satisfait de la bonne conduite
(1) A. Folliet, les Volontaires de la Savoie.
(2) Archives Dubouloz-Dupas.
f3) Archives de la Guerre.
(4) Archives Dubouloz-Dupas. Ce document a été publié par
M. A. Folliet dans les Volontaires de la Savoie.
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— ;w —
et de la bravoure du bataillon de grenadiers que
vous commandez, me charge de vous dire que, comme
il a remarqué que beaucoup de ces braves soldats étaient
sans souliers et sans habits, il donne au bataillon entier
comme gratification un habit et une paire de souliers, et
une culotte pour chaque grenadier.
« Vous chargerez sur le champ un ofBcier d'aller à
Castiglione pour y chercher ces habillements; mais,
comme il y aurait de la difficulté à y trouver des voi-
tures, il se les procurera ailleurs pour y arriver.
« Ci-joint un ordre au Commandant de Castiglione
pour délivrer ces objets, Tofflcier que vous y enverrez le
lui présentera.
Al. Bkrthier. »
L'ordre dont il est question porte 458 habits, autant
de culottes et autant de paires de souliers.
Dupas fut tout de suite mis en route pour l'expédition
do Livourne ; il en revint avec son bataillon pour pren-
dre part au siège de Mantoue ; il fut chargé de garder
le poste de Cerèse, où il eut à repousser dans divers
combats la garnison de Mantoue.
Les assiégés exécutaient de fréquentes sorties. Le
10 juillet, à 2 heures du matin, le général Wukassowich
attaqua les avant-postes français avec 1,500 hommes
par la porte de Cerèse, tandis qu'il en faisait sortir
3,000 autres par la porte de Pradella. L'ennemi était à
une portée de pistolet des batteries qu'il espérait enle-
ver lorsque les généraux Fiorella et Dallemagne firent
avancer le .> bataillon de grenadiers « commandé par
Dupas, le même qui le premier a passé le pont de
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— 39 —
Lodi »(1) qui barra le chemin aux assaillants tandis
que les autres troupes tombèrent sur les Autrichiens et
les mirent en déroute après 2 heures de combat et leur
avoir causé une perte de 3 à 400 hommes. (2).
La belle conduite du bataillon et de son chef, valut à
Dupas la lettre suivante, si flatteuse, de Bonaparte
(20 juillet) :
« Quartier général de Castiglione, 2 thermidor
an IV de la République.
« Bonaparte^ Général en chef de l'armée d'Italie
au citoyen Dupas
« Je vous prie, citoyen, de témoigner aux braves gre-
nadiers du 5® bataillon ma satisfaction sur leur bravoure
et leur bonne conduite devant Mantoue. Je ne manquerai
pas d'en instruire le Gouvernement et de faire connaître
à toute Tarmée les services essentiels qu'ils rendent à
la Patrie.
Bonaparte » (3).
C'est au siège de Mantoue que Dupas changea encore
de commandement ; le 5« bataillon de grenadiers ayant
été dissous par le renvoi des compagnies à leurs corps
respectifs, il reçut le commandement du 8« bataillon de
grenadiers, à la tête duquel il se distingua à la bataille
de St-Georges (19 sept.) (4).
Quelques jours avant la bataille de St-Georges, le
11 septembre, Murât avec une avant-garde de cavalerie
s'étant imprudemment engagé contre la division Autri-
(IJ Rapport officiel. Victoires et conquêtes des Français.
{2} Victoires et conquêtes des Français.
(3) Arch. Dubouloz-Dupas. Document déjà publié par M. FoUiet
dans les Volontaires de la Savoie.
(4) Archives de la Guerre.
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— 40 —
chienne Ott alors qu'il no pouvait être soutenu que par
Tavant-garde de Masséna, commandée par le général
Pijon, ne put parvenir à couper la division Autrichienne.
Au contraire le général Ott attaqua vigoureusement
Pijon, le culbuta et reprit le village de Cerca dont les
Français venaient de s'emparer. Bonaparte accourut et
ordonna une prompte retraite qu'il fit couvrir par le
8« bataillon de grenadiers de Dupas. Grâce au courage
et au dévouement du 8^ grenadiers, dont le général
Victor dirigeait le feu avec Dupas, les troupes mal en-
gagées purent effectuer leur retraite, tandis que les
braves du 8^ bataillon soutenaient avec une admirable
fermeté tout l'effort des colonnes ennemies (1).
Dans ces diverses affaires Dupas reçut encore trois bles-
sures aux mains et à l'avant-bras droit. « Ces différentes
blessures ainsi que celle de Lodi n'ont pu être constatées
attendu que les bataillons d'élite n'avaient pas de Conseil
d'administration et qu'ils étaient aussitôt dissous que
formés. Mais il y a une attestation en forme du Conseil
d'administration de la 27^ légère (Allobroge) » (2).
Dupas, rentré au Quartier général et éloigné de son
corps qui combattait dans le Tyrol italien, venait de
recevoir le commandement du 1^^' bataillon de grenadiers.
Placé sous les ordres d'Augereau, le 12 novembre,
a la pointe du jour, Dupas s'élança avec son bataillon et
enleva Caldiero, tandis que Masséna attaquait Alvinzi
sur la gauche. Mais tous les efforts furent inutiles;
Augereau dut se replier sur San Michèle et Masséna
(1) Archives de la Guerre. — Victoires et conquêtes des Français.
(2) Note de la main de Dupas, aux Archives de la Guerre.
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— 41 —
sur San Martino. Dupas recul à Tattaquc de Galdioro
une grave blessure : une balle, qui ne put être extraite
et qu'il garda toute sa vie, l'atteignit au flanc droit,
« à quatre travers de doigt de Tépine antérieure et su-
périeure de l'os des hanches » (1).
Ramené à l'arriére de l'armée, Dupas fut transfère à
l'hôpital de Crémone où il était encore en traitement
lorsque, le 4 janvier 1797, il reçut du chef de l'ôtat-major
Berthier, au nom du général en chef, l'ordre de rejoindre
son corps, la 27® sous Mantoue.
La 27® légère (telle était la nouvelle dénomination de
l'ancienne demi-brigade AUobroge) était réduite à bien
peu de combattants. Elle avait, en efTet, beaucoup souf-
fert le 17 novembre à la Corona, où son colonel Des-
saix, grièvement blessé, avait été fait prisonnier avec
39 officiers et un grand nombre de sous-ofHciers et
soldats, ainsi que les généraux Fiorella et Valette (2).
Privés ainsi do leur 'colonel et de leurs officiers supé-
rieurs et commandés provisoirement par l'adjudant gé-
néral Duphot, les débris de la 27' allobroge avaient le
plus grand besoin d'être commandés par un chef comme
Dupas, que Ton surnommait à l'armée d'Italie le brave
des braves (3),
Dupas venait de rejoindre sa 27« légère à Legnago,
division Augereau. lorsque le 14 janvier 1797, le jour
même où se livrait la bataille de Rivoli, le général
autrichien Prov(»ra traversa TAdige à Anghiari, se diri-
(1) Note de la main de Dupas, aux Archives de la Guerre.
(2; A. Folliet, les Volontaires de la Savoie. — Arch. de la Guerre.
(3) Biographie des Contemporains par Arnaud, Jouy, Norvins,
1821.
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— 42 —
géant sur Mantoue. Augereau marcha rapidement sur
Anghiari à la tête d'une colonne dans laquelle était la 27^
légère sous les ordres de Duphot, bouscula rarriére-garde
de Provera et fit 1,500 prisonniers. Dans le combat
Dupas reçut sa 6« blessure : une balle lui traversa la
cuisse droite de part en part, de dedans en dehors et de
haut en bas, à peu prés au tiers inférieur de ce mem-
bre (1).
Transporté à l'hôpital do Ferrare, Dupas fut soigné
par le chirurgien Laurent qui constata que les blessures
commençaient à se cicatriser, mais recommanda au
blessé do ne pas reprendre, avant longtemps, son
service.
Dupas fut ensuite transporté au dépôt de la 27® légère
établi à Milan après l'armistice de Léoben. Berthet,
chirurgien de l^^ classe, et Montfalcon, médecin de
l'armée à Milan, déclarent que Dupas ne peut plus rem-
plir ses fonctions militaires, jusqu'à nouvel ordre, et
qu'il doit rester au dépôt pour se reposer. Quant à la
27e légère, elle tint garnison, dans l'été de 1797, dans
les places de Legnago, Bevilacqua et Mantoue où la
troupe fut atteinte d'une fièvre épidéuiique qui enleva
beaucoup de monde et priva la 27^ légère de l'avantage
de faire partie de l'expédition d'Egypte pour laquelle
elle était destinée (2).
Après la paix do Campo-Formio, Bonaparte passa à
Milan, en octobre 1797. Le corps d'officiers de la
27« légère, ou du moins ce qu'il en restait, car le colonel
et un grand nombre d'officiers étaient encore prisonniers
(1) Note de Dupas, archives de la Guerre.
(2) André Folliet, les Volontaires de la Savoie.
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— 43 —
en Hongrie, alla saluer le général en chef. Les officiers
allobrogos furent très bien reçus. Après avoir dit des
choses flatteuses à la demi-brigade, Bonaparte s'ad ros-
sant à Dupas, lui dit : « Vous n*étt s que chef de kitail-
lon !.... Je n*oubli(Tai jamais les services que vous avez
rendus à la tête des grenadiers au passage du pont de
Lodi, et si jamais j'écris l'histoire de nos campagnes,
vous ne serez pas oublié !»(!).
En 179S, après k) retour de captivité de Dessaix et de
ses camarades, la 27® légère fut envoyée àConi, où elle
séjourna six mois (2). Les chirurgiens constatent que
Dupas <( souffre depuis longtemps d'une affection de
poitrine, do fièvre, qui le minent peu à peu. Cette mala-
die résulte de fièvres prises à Legnago conjointement
avec ses frères d'armes de la demi-brigade, qui en furent
si pernicieusement affectés dans les mois de messidor
et thermidor derniers. Mais les causes principales pro-
viennent d'une activité de servico non interrompu dés
le principe de la Révolution, à Paris, à l'armée des
Alpes, à Toulon, à Tarmée d'Espagne, à celle d'Italie,
notamment aux tranchées de Mantoue où il commandait
alors le 5® bataillon de grenadiers ; dans les blessures
couvrant son corps, surtout celles reçues dans la bataille
du 22 brumaire (Caldiero) entre St-Martin et Montebello,
où il fut blessé gravement au flanc; dans la bataille d'An-
ghiari prés Legnago, le 25 nivôse (14 janvier) où il eut
la cuisse droite dangereusement traversée; ce qui l'a
exposé à un traitement fort long et douloureux, tant à
(1) Capitaine Laugier, Souvenirs de la 27^ légère, cité par
M. André Folliet, dans la Revue Satoisienne d'Annecy.
(2) A. Folliet, les Volontaires de la Savoie.
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— 46 -
CHAPITRE III.
EXPÉDITION D'EGYPTE
Mai 1798 à Juin 1800
Départ de Toulon pour TEgypte. — Dupas commande les guides
à pied du général en chef Bonaparte à la prise de Malte. —
Débarquement en Egypte et prise d'Alexandrie. — Bataille des
Pyramides. — Dupas est nommé Colonel (chef de brigade) et
commandant de la citadelle du Caire. — Ses trente mois de
commandement. — Sa correspondance avec Bonaparte. — 11
est cité à Tordre du jour de Tarmée. — Départ de Bonaparte. —
Correspondance de Dupas avec le général en chef Kléber. —
Défense énergique de Dupas. — Sa correspondance avec les
généraux Friant et Damas. — Dernière lettre de Kléber. —
Assassinat de ce grand homme.
Boaaparte venait de décider le Directoire à entre-
prendre cette fameuse expédition d'Egypte dirigée
contre TAngleterre, cette ennemie acharnée de la Répu-
blique française, expédition destinée à menacer et à at-
teindre les possessions anglaises de Tlnde.
Dupas débarqua à Toulon où il trouva, le 19 mai
1798, la flotte française prête à mettre à la voile :
10,000 marins et une armée de terre de 30,000 hommes
s'embarquaient. Bonaparte emmenait les meilleurs
généraux qui avaient servi sous ses ordres et quelques-
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— 47 —
uus de ceux qui s'étaient illustrés aux armées du Rhin (1).
Le commandement que Bonaparte réservait à Dupas
était remploi do chef de bataillon commandant les Guides
à pied du généml en chef (2). Le commandant des
Guides ne quittait pas le Quartier général et recevait
directement les ordres du général en chef.
Partie de Toulon le 19 mai, la flotte se présenta devant
Malte le 10 juin. Le grand-maître de TOrdre de Malte,
souverain de Tilo, refusa l'entrée du port et se mit sous
les armes. Bonaparte débarqua quelques troupes, entre
autres Dupas et ses Guides (3), qui culbutèrent les
troupes de l'ordre des chevaliers de Malte. Le Grand
Maitre rendit la forteresse, Vaubois y fut laissé en qua-
lité de gouverneur et la flotte continua sa route sur
(1) Etat-major de Tarmée d'Egypte :
Bonaparte, général en chef.
Berthier, chef d'état-major général.
Dommartin, général commandant l'ai'tiUerie.
Caffarelli, général commandant le génie.
Disponibles à TEtat-major: les généraux de division Menon,
Dumay, Vaubois, Alexandre Dumas ; les généraux de brigade,
Dupuy, Marmont.
Division d*avant-garde : Desaix, ayant sous ses ordres les géné-
raux de brigade Belliard et Friant.
Division de droite: R«ynier, ayant sous ses ordres les généraux
de brigade Damas et Verdier.
Division du centre: Kléber, ayant sous ses ordres les généraux
de brigade Lannes et Lanusse.
Division de gauche : Dugua, ayant sous ses oi*dres les généraux
de brigade Vial et Mireur.
Division de réserve ! Bon, ayant sous ses ordres le général
de brigade Rampon.
Cavalerie démontée: division Murât, brigades Leclerc et
Zayonschek.
{2) C'était un usage dans les guerres de la Révolution, que les
généraux en chef eussent un corps de guides attachés à leur
quartier général.
(3) Archives de la Guerre.
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— 48 —
TEgypte le 19 juin (»t arriva le l^»* juillet dans la rade
d'Alexandrie.
La nuit suivante, Dupas débarqua à la suite de Bona-
parte. ; tout de suite les remparts d'Alexandrie furent
attaqués et plusieurs portes emportées d'élan. La ville
se soumit, et Kléber, blessé, en fut le gouverneur.
L'Egypte, sous la suzeraineté nominale du Sultan de
Constantinople, était en réalité sous le joug des Mame-
lucks, race noble de guerriers, seigneurs féodaux for-
mant une riche, nombreuse et brave cavalerie. Cette
aristocratie des Mamelucks ne reconnaissait que la
suprématie de deux d'entre eux : Ibrahim, l'adminis-
trateur, et Mourad, le guerrier. Ce dernier se mit à la
tête des troupes égyptiennes et marcha contre l'arme'^
française.
Battue à Rahmanieh le 10 juillet, à Chobràkit le 13,
l'armée des Mamelucks fut anéantie à la bataille des
Pyramides où périrent plus de 10,000 musulmans
(21 juillet). Le 25, Bonaparte fit son entrée au Caire
précédé de Dupas à la tête des guides.
Les mois suivants furent employés à repousser les
retours offensifs de iMourad-Bey qui fut battu à Salahieh
le 1 1 août, à Sedment le 7 octobre, et Desaix le pour-
suivit dans la Haute-Egypte.
Cependant la flotte française, abordée par la flotte
anglaise aux ordres de Nelson, fut détruite dans la rade
d'Aboukir. Pour aggraver ce désastre, la Turquie, en-
traînée par l'Angleterre, déclara la guerre à la France;
cette nouvelle produisit une profonde impression :
aussitôt éclata l'insurrection du Caire (21 octobre) dans
laquelle périt le général Dupuis, commandant de la place.
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— 49 —
Cette révolte fut éoergiquement réprimée par Bona-
parte. Mais il comprit qu'il fallait, dans la citadelle du
Caire, un homme exceptionnellement énergique et d'une
siMidité de caractère à toute épreuve. Aussi, avant d'en-
treprendre l'expédition de Syrie, Bonaparte nomma
Dupas commandant de la citadelle du Caire avec le
grade de colonel qu'il avait bien gagné !
€ Le général en chef voulant donner au chef de ba-
taillon Dupas un témoignage de la satisfaction du
Gouvernement pour la manière distinguée avec laquelle
il a toujours servi, notamment à l'armée d'Italie et en
Egypte, le nomme chef de brigade à la suite de la
69« 1/2 brigade de bataille ; en attendant qu'il soit en
pied dans ce corps, le général en chef lui donne le com-
mandement de la citadelle du Caire que lui remettra le
citoyen Brun qui est employé àl'état-major général.
Alex. Berthier. »
(Archives de la guerre).
Le 12 janvier 1799, Dupas reçut la lettre suivante :
« Du 23 nivôse, an Vil
Au citoyen Dupas
€ Le chef de brigade Bessiére vous remettra, citoyen,
votre nomination de chef de brigade à la suite (1) de la
G9« demi-brigade, et l'ordre pour prendre le comman-
dement de la citadelle Il vous donnera des ordres
relatifs à ce commandement. Salut et amitié.
Alex. Berthier
Chef de Vétat-major général. »
(l) Depuis les amalgames successifs qui eurent lieu en 1794 et
17^, les nouvelles demi-brigades, formées d'anciens corps amal-
gamés, avaient un certain nombre d'officiers du même grade qui
étaient à la suite ou surnuméraires. Aussi Dupas rattaché nomi-
nalement à la 69*, ne commanda jamais ce corps.
46
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— 50 —
Dupas prit aussitôt possession de son commandement
qu'il exerça avec la plus inébranlable fermeté pendant
trente mois au milieu des insurrections, de la famine et
de la peste et avec de faibles moyens de défense. Le
Journal qu'il a laissé de cette longue défense (1) va
faire connaître les difficultés de la situation, ainsi que
rénergie et l'intégrité qu'il déploya dans ce commande-
ment où il eut à correspondre non seulement avec le
commandement en chef et avec l'état- major général,
mais avec les généraux de division Damas, Beliiard,
Dugua, Reynier ; avec les généraux de brigade Duran-
teau, Songis, Friand ; les adjudants généraux Aimeras
et Firlet, ce dernier chef d'état-major de l'artillerie.
JOURNAL DE LA CITADELLE
3 février 1799. — Le journal de Dupas débute par
deux lettres de Bonaparte, les voici :
«Quartier général du Caire, 15 pluviôse an VII (3 février 1799)
« Je VOUS prie, citoyen commandant, de prendre de
concert avec le commandant d'artillerie de votre place,
des mesures pour que dans la journée de demain, il y ait
50,000 cartouches et que l'on continue à en faire jusqu'à
300,000.
Bonaparte »
« Quartier général du Caire, 19 pluviôse an VII (7 février 1799)
« Au Commandant de la Citadelle^
« Vous voudrez bien, citoyen commandant, laisser
sortir sur la demande du général d'artillerie toutes les
(1) h^ Journal de La Citadelle du Caire et la correspondance
appartiennent aux archives Dubouioz-Dupas : cette indication est
donnée une fois pour toutes pour éviter les répétitions. Le
Journal forme une série de cahiers manuscrits. F. Dubouloz.
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- 51 —
munitions de guerre excédantes pour tirer 150 coups
par pièce et 300,000 cartouches, et toutes les munitions
de bouche excédantes à ce qui (»st nécessaire pour
nourrir votre garnison pendant cinq mois.
Bonaparte. >
Pour se conformer aux prescriptions de cette dernière
lettre, Dupas dresse un inventaire; il en résulte que
pour nourrir pendant cinq mois, c'est-à-dire jusqu'au
19 messidor, toute sa garnison, il lui manque 150 quin-
taux de riz ; — ^ 9.482 q. de biscuit ; — 1,300 fagots de
bois; 400 q. de gros bois; — 73 pintes d'huile; —
26 q. de beurre et 240 pintes de vinaigre. Il lui faudrait
même une plus grande quantité de vinaigre pour le
mêler à l'eau saumàtre, la seule qui soit livrée aux
troupes valides, celle des citernes étant réservée pour
l'usage de l'hôpital.
Eq présence des troubles qui agitent la population du
Caire et de ses attaques journalières, la citadelle est
loin de se trouver dans un état convenable de défense;
à tout moment elle est exposée à des assauts. Dupas
s'en plaint, mais ses réclamations sont rarement
écoutées.
En revanche son infatigable activité et l'accomplisse-
ment scrupuleux de ses devoirs lui valent le 22 juin 1799,
d'être cité à l'ordre du jour de l'armée, ce qui fut porté
à sa connaissance par la lettre suivante :
« Quartier général du Caire, 4 messidor an VU.
Alex. Berthier, général de diviaion, chef de
V Etat-major général de V armée, au citoyen
Dupas y commandant la Citadelle y
Je vous envoie officiellement, citoyen, l'ordre du jour
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^ 52 —
d*aujoard'hui dans lequel le général en chef vous donne
un témoignage bien honorable de la satisfaction qu'il a
de votre manière de servir. Je suis d'autant plus flatté
de cette circonstance, que j'avais prévenu d'avance le
général en chef de la satisfaction qu'il aurait de vous
avoir confié le commandement si important de la cita-
'^-^^^, Salut et amitié.
Alex. Berthier. »
r les instances do Dupas, Bonaparte ordonne la
en défense de la citadelle, et en informe le com-
lant par lettre du 7 juillet (19 messidor an VII):
:oyen commandant, le commandant du Génie a
des ordres pour donner 200 fr. par jour pour les tra-
de la citadelle. J'ai écrit au commandant d'artille-
our qu'il me fasse un rapport sur les objets que
demandez pour la citadelle. Je vous salue.
Bonaparte. »
)us interrompons ici le journal de la citadelle pour
[ionner la détermination prise par Bonaparte de
•er en France. Le 22 août 1799, il s'embarque avec
hier, Andréossy, Murât, Lannes, Marmont, etc.,
ant le commandement en chef à Kléber, qui ne
mule pas son indignation de cette façon d'échapper
responsabilités.
!U de temps après son retour en France, Bonaparte
e coup d'Etat du 18 brumaire et établit le gouver-
mt consulaire. Kléber succède dignement à Bona-
î et remporte de nouvelles victoires, de novembre
à mars 1800, à Damiette, Héliopolis.... Mais une
rection formidable éclate au Caire le 20 mars 1800 ;
idant général Duranteau, avec 200 hommes seule-
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\h' Bf:RTin' .
Snr h's .îiN*ari**'> le I)i.;a^, i.'aapi'î*
rniM' en •J''***'Mso (h* i;i rita^^* •«'. »*î -n in!'»';. •
♦ Cit(i\(''i . •' 'ijaan«l*ifit. !'• ••' h,ïu;Uidaiit d..
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lie [)o(M ,*.* i "i" ia> ;f' i;.' : ; [^wt s.i»' .' '
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: . ' • • - •" r 1 I» ■: a t a- i . a 'J'K) 1;..,. ;. . s, . I
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tÉPITBLIQUX FRANÇAISR "^^ I
^"^ 00 9 AP ARTS, Mi*«l « OmT,
u/jkJU^.
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— 53 —
înent, résiste à ces flots d'ennemis. L'insurrection durait
depuis deux jours quand arrive le général Lagrange,
ce secours rend le quartier général inexpugnable. Dupas
bombîirdait la ville depuis le début de la révolte, ainsi
qu'il en avait d'ailleurs reçu l'ordre de Kléber. Dupas lui
avait répondu : « Les ordres que je viens de rcîcevoir
m'obligent à vous prévenir que, lorsque les communica-
tions de la citadelle avec la ville seront interceptées, je
n'aurai d'autre nourriture qu'un peu de riz et l'eau sau-
màtre du puits Joseph ; les poudres sont mauvaises et
sont presque épuisées, il ne reste que 10,000 cartouches,
soit 25 à 30 par homme. Le nombre des fusils est insuf-
fisant ainsi que celui des ouvriers réparant les affûts et
lescrapaudines; veuillez m'en voyer des médicaments, un
offlcier de santé pour soigner nos blessés, ce qui est
d'autant plus nécessaire que des cas de peste se sont
déclarés. Mais dans ces envois il faudrait que l'escorte
soit doublée et arrive jusqu'à la portée des feux de la
citadelle, parce que nous pourrions lui remettre une
poignée de braves delà 13«qui se sont battus en héros. »
Ensuite il rappelle que les détachements qui s'approchent
do la citadelle doivent prendre leur position et attendre
qu'un coup de canon leur ait signalé la sortie d'un poste
pour les secourir au besoin contre les Osmanlis et la
population du Caire.
Mais aucune de ces escortes ne vint lui apporter les
munitions de bouche et de guerre qu'il réclamait. Sa
situation empire chaque jour. Il prévient le général
Friant que tous ses boulets ont été lancés sur le Caire,
et qu'avant deux jours les autres munitions de guerre
seront épuisées.
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— 54 —
Le lendemain 23 mars, Dupas avertit le général Priant
que Mourad-Bey avait passé le Nil au dessus de Gyzeh
la veille de la bataille d'Héliopolis, le 20 mars ; qu'au-
jourd'hui 3 germinal (2;^ mars), il l'a repassé au même
endroit avec Ibrahim-Bey ; que l'un et l'autre suivis de
200 cavaliers ont pénétré dans l'intérieur de la ville,
« ce qu'ils n'auraient certainement pu faire si les sorties
que j'ai ordonnées et les feux de la citadelle avaient été
appuyés par le camp du Vieux-Caire. Je ne conçois pas
qu'à la suite des feux nourris de la garnison, des bom-
bes, des boulets lancés de la citadelle, de la poussière
produite par les chevaux des Mamelucks, le camp ne
se soit pas réveillé. Jo \iens d'écrire au général Verdier
pour qu'il établisse, au moins le jour, de nombreux
postes au bout du grand aqueduc, afin d'intercepter la
communication des insurgés avec les villages situés de
l'autre côté du Nil ; pour qu'il incendie les pailles et
grains renfermés dans ces villages afin d'en priver les
chevaux turcs et mamelucks, ainsi que les habitants. >
Dupas termine ce rapport par ces lignes au général
Priant: « Je suis très flatté, citoyen général, d'être sous
vos ordres, j'ose vous assurer d'avance que je ne négli-
gerai rien pour mériter votre estime. Veuillez me don-
ner des nouvelles de l'armée. »
L'armée était, avec Kléber, à la poursuite de Tim-
mense armée d'Ibrahim, battue et dispersée à Héliopolis.
Le lendemain 24 mars, un Turc s'était avancé jusqu'au
pied de la citadelle pour supplier que l'on cessât d'in-
cendier l'un des quartiers voisins; il annonça que deux
Pachas ayant pénétré dans la ville le \^^ germinal
(20 mars) avec quelques troupes, un engagement avait
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— 55 —
eu lieu avec les Français où tous les Turcs avaient été
tués. Les jours suivants do nouveaux habitants arri-
vèrent à la citadelle pour supplier encore que Ton cessât
de tirer sur la ville. « C'est ainsi, ajoute Dupas dans
son journal, que j'ai pu me rendre compte des effets
terribles produits dans rintérieur du Caire par nos
bombes et obus. »
La situation des défenseurs de la citadelle devient
d'un jour à l'autre plus critique. Les assiégeants redou-
blaient leurs attaques, et les munitions s'épuisaient
complètement. Dupas ne recevait aucune nouvelle du
général en chef, dont le retour au Caire était attendu
avec d'autant plus d'impatience que les as.siégés n'a-
vaient plus d'autre espoir de voir les assiégeants refou-
lés, les communications rétablies et les munitions et
le matériel complétés. Dans son désespoir, Dupas écrit
à Priant : « Malgré mon énergie et à moins d'un ordre
contraire, mais formel, je suis tenu de me rendrtî, je ne
peux plus résister. » Il résistera cependant, mais en
rappelant au commandant de la place du Caire, Priant,
que les troupes de la citadelle ne boivent depuis sept
jours que l'eau saumàtre du puits Joseph, à laquelle on
ne peut plus mêler de vinaigre, la provision étant
épuisée depuis longtemps ; il se plaint de l'administra-
tion parce qu'elle n'utilise pas les chameaux, attachés
au service de la place, pour fixer sur leur dos quelques
outres remplies d'eau qui arriveraient ainsi facilement
jusqu'à la citadelle (24 mars).
Cette situation ne fait qu'empirer. Dupas reçoit de
l'adjudant général Aimeras un ordre émané de Priant
pour que la citadelle continue à tirer à boulets rouges
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— 56 —
sur le Caire. Impossible d'exécuter cet ordre ! L'une
des deux forges de la citadelle est mal construite et
n'a pas de soufflet, et l'autre ne saurait être utilisée,
étant trop rapprochée des magasins à poudre de la
grande batterie. Quant à l'artillerie, elle est devenue
inutile, le calibre de ses pièces ayant un numéro diflfé-
rent de celui des boulets. Les pièces ont quatorze pou-
ces, tandis que les projectiles sont de douze pouces, de
sorte que pour les utiliser il faut mettre une grande
quantité de poudre, ce qui diminue singulièrement les
effets produits par Téclat des bombes. Malgré ces in-
convénients, Dupas continua à bombarder vivement et
obtint des résultats efficaces, mais en brûlant une
énorme quantité de poudre. Cette consommation de
poudre préoccupe le commandement de la place, et
Tadjudant-général Aimeras croit devoir recommander
à Dupas do la ménager. Dupas relève vivement cette
observation et écrit aussitôt au général Priant :
4c Permettez-moi de vous dire que la poudre brûlée
les 29 ventôse (20 mars) et jours suivants a rendu
de grands services ; j'ai brûlé beaucoup de poudre,
tiré des bombes et boulets sur l'armée réunie des deux
Beys ; sans ce moyen le camp français n'aurait pas été
prévenu assez tôt qu'une masse d'insurgés venaient les
attaquer. D'ailleurs, en ménageant la poudre, les bombes
ou boulets, j'aurais été certainement bloqué dans la
citadelle. Ayant d'un côté l'armée des deux Beys, de
l'autre, corné par une masse innombrable d'insurgés, je
ne serais jamais parvenu à maîtriser ces furieuses atta-
ques et à nous dégager si je n'avais semé autour de la
citiidcllo le feu et la mort. J'ai incendié cinq ou six fois
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— 57 —
le Caire, feux que les habitants insurgés auraient pu
circonscrire si je ne leur avais pas lancé des boulets.
Toutes les poudres que renferme la citadelle sont
détestables et leur quantité est insuffisante. Sur 2.000
livres de poudre française annoncée, je n'en ai reçu que
200. Le citoyen Paultrier est d'autant plus imprudent
en réduisant les envois qui me sont faits, que toutes
sont avariées, ce qu'il est facile de constater, puisque
les bombes sortant des mortiers de six pouces tombent
à une distance de dix ou douze toises.
« Les parapets de la grande batterie doivent égale-
ment attirer votre attention, il est indispensiible de les
relever aussitôt, quoique la Tour des Janissaires soit
tombée en mon pouvoir. La citadelle ne peut continuer
sa résistance qu'en redoublant de surveillance et d'acti-
vité, qu'en employant un grand nombre de cartouches:
aujourd'hui toutes nos provisions en huile, beurre,
vinaigre, eau-de-vie, sont épuisées. >
Ces demandes n'ayant pas été mieux accueillies que
les précédentes, Dupas écrit à Sirlet, chef d'état-major
de l'artillerie : « Depuis quelque temps je ne vous re-
connais plus, vous me promettez beaucoup et vous ne
tenez rien. Je ne peux pas me dispenser également de
vous prévenir que vous ne devez pas disposer des cha-
meaux de la citadelle destinés exclusivement au trans-
port de notre eau potable, cependant vous vous en
servez à notre préjudice pour approvisionner les forts
extérieurs. »
Pendant que la garnison de la citadelle et des forts
opposait une aussi énergique résistance à Ibrahim
qui était entré dans le Caire avec son armée et avait
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— 58 —
soulevé la population, Kléber poursuivit les Turcs, en-
leva à Balbeis leur arrière-garde, et se rabattit ensuite
sur la capitale qui était toujours en pleine insurrection
et qui se défendit avec fureur ; il la soumit toutefois,
après avoir forcé Tennemi sur tous les points.
Enfin Mourad-Bey traita avec les Français et dès lors
les Mamelucks servirent fidèlement la France ; Kléber
leva des contributions de guerre, réorganisa l'armée et
déploya non moins de talents dans Tadministration du
pays que dans les affaires de la guerre.
La première partie du journal de Dupas, commencé
le 27 brumaire an VIII, finit le 12 germinal au VIII
(2 avril 1800). Il prévient le général Damas que Kléber
vient de lui envoyer deux hussards porteurs d'une lettre
ainsi conçue : * Veuillez tenir à vue et de très près le
jeune homme que je vous envoie. » Mais, ne pouvant
découvrir lequel des deux était visé, il les a retenus
l'un et l'autre.
Malgré l'apparente pacification du Caire, les Osman-
lis continuaient les menées dans la population musul-
mane en l'excitant à marcher contre la citadelle. Le
14 germinal (4 avril) Dupas, apercevant des mouvements
inquiétants au-dessous de la grande batterie des re-
tranchements, envoie aussitôt 50 hommes en éclaireurs
commandés par un officier. Mais ils rentrent bientôt
sans avoir pu remplir leur mission. Dupas se met alors
à leur tête et parcourt divers quartiers de la ville, où
il constate que tous les habitants se sont retirés de leurs
maisons, à l'exception d'un seul qui lui apprend
qu'ayant été menacés par les Osmanlis d'avoir la tête
coupée s'ils ne se soulevaient pas en masse contre la
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— 59 —
citadelle, ils s étaient eofais, emportaDt leurs meubles et
ne laissant que 3S matelas que Dupas distribua entre
les officiers. Déboncbant ensuite sur Tune des places du
Caire, ce détacbement fut assailli à Timproviste à coups
de fusil; les insurgés furent repoussés laissant six
morts et un grand nombre de blessés. Aussi, dès sou
retour à la citadelle, des bombes furent lancées sur
toutes tes maisons environnantes parce qu'elles ser-
vaient d*asile aux femmes indigènes qui pouvaient de là
prévenir les insurgés, au moyen de cris et signaux con-
venus, des sorties de la garnison.
Ces mesures répressives jetèrent la terreur dans les
quartiers les plus rapprochés : les habitants de ces
quartiers vinrent à genoux demander pardon, promet-
tant de combattre et de refouler les Osmanlis. Comme
gage de leur sincérité ils apportèrent onze chèvres et
neuf moutons.
Le journal de Dupas note que si les quartiers situés
à droite se décidaient à suivre ce bon exemple, on
pourrait distribuer aux soldats quelques viandes meil-
leures que celles qui restent dans la citadelle.
Les munitions de guerre n'étaient pas moins détesta-
bles, c'est ainsi que dans la nuit du 1 4 au 15 germinal (du
4 au 5 avril 1800), plus de quarante bombes éclatèrent
à la sortie même des mortiers, douze autres un peu plus
loin mais sans atteindre leur but. Toutes cependant
étaient en bronze. (Rapport de Dupas au général Damas,
chef de l'état-major général).
Damas lui répondit aussitôt, mais sans faire allusion
à la mauvaise qualité des munitions de guerre : « J'ai
vu, citoyen, avec intérêt, votre rapport de la sortie que
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— 60 —
vous fîtes le 14 germinal ; le général en chef, à qui je
rai communigiu'j en a été satisfait, son intention
étant que les habitants du Caire soient bien persuadés
qu'il leur accorderait un entier pardon de leur conduite
s'ils se détachaient des Osmanlis qui ne peuvent qu'at-
tirer la ruine complète de leur ville. Vous direz à ceux
qui viendraient vous parler, que le général en chef qui
aime les habitants de TEgypte et du Caire parliculière-
meut est toujours disposé à la clémence, qu'il aime mieux
pardonner que punir, qu'il ne sera fait aucun mal à
personne, dans la ville du Caire, pas même aux chefs
qui tiennent à la maintenir dans l'insubordination,
pourvu qu'ils cessent, pendant qu'il en est encore temps,
de servir les Osmanlis, dont ils essuient des traite-
ments si barbares, et qui sont les seuls que le général
en chef veuille détruire pour en délivrer la ville. Si
vous parvenez à leur persuader qu'ils n'ont rien à
craindre des Français, et vous pouvez leur en donner
l'assurance au nom du général en chef, il faut les enga-
ger à ouvrir les portes de la ville, pour que les Français
viennent l'occuper, et les assurer qu'ils se réuniront à
eux pour les défendre contre les Osmanlis et en délivrer
la ville. Je vous salue. Damas. »
Dés le lendemain Dupas informe le général Damas
qu'il n'a pu communiquer ces conseils qu'à neuf habi-
tants, les seuls dont il soit parvenu à se faire écouter :
tous l'ont confirmé dans cette idée que le peuple souffre
de la pression que les Osmanlis exercent sur lui pour le
pousser à attaquer les Français et surtout la citadelle,
lui représentant les misères qu'il endure comme étant
l'œuvre des Français.
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— Gl —
Le général Damas, à Texemple du général en chef
Kléber, cherchait avec raison tous les moyens propres
à nous concilier les habitants du Caire, Tétat des affaires
n'étant pas des plus rassurants.
11 est vrai quo d'un côté de la ville se trouvait le
quartier général de l'armée, de l'autre la citadelle:
mais ces deux forces militaires n'avaient aucune com-
munication possible entre elles; l'une et l'autre se
trouvaient d'ailleurs en dehors de l'enceinte fortifiée du
Caire. La ville renfermait 200,000 affamés soulevés
sans cesse par les Osmanlis qui attendaient avec impa-
tience le moment propice pour se ruer en masse sur les
Français. Aussi n'est-il pas étonnant que, malgré ces
assurances pacifiques du général français, l'effervescence
populaire n'ait fait qu'augmenter, rendant la défense
de la citadelle plus difficile et plus périlleuse.
12 avril. Dupas avait sous ses ordres, au nombre des
braves défenseurs de la citadelle, 2 bataillons de la 61«
commandés par Richard, homme énergique et dévoué,
qui avait rendu et continuait à rendre de bons services.
Le général Damas fit sortir ces bataillons et les rem-
plaça par 2 bataillons, de la 32« demi-brigade. Ces nou-
veaux bataillons étaient connus pour leur indiscipline.
Dupas prévoyant les inconvénients qui allaient résulter
de leur présence dans la garnison, s'opposa en vain à
cette décision. Quelques jours se passèrent, et malgré
la vigueur du commandant do la forteresse, malgré les
ordres sévères donnés aux officiers, ces soldats com-
mirent des dégradations dans un logement réservé
à leurs chefs ; ils s'introduisirent également dans la
grande mosquée où Ton constata pour plus de 10,000 fr.
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— 6â —
do dégâts; ils pillôreut les provisions du garde-maga-
siQS consistant en sucre, biscuit, tabac, viandes, etc.
Dupas avait eu soin de prévenir le général Damas des
dangers que présentait la présence de ces bataillons dans
la forteresse, de Timpossibilité de sévir contre eux, soit
parce que les prisons étaient encombrées, soit parce
que les autres troupes de la garnison étaient impuis-
santes à sévir contre ces indisciplinés : « C'est vous,
mon général, ajoutait Dupas, qui deviez prendre les
mesures préventives que j'avais cependant conseillées ;
aujourd'hui à vous seul il appartient de prendre les me-
sures de répression que vous jugerez convenables. Mais
il est indispensable que ces bataillons sortent immédia-
tement de la citadelle et soient punis sévèrement. »
Le général Damas, l'un des meilleurs généraux de
cette époque sous tous les rapports, s'empressa de dé-
barrasser Dupas de ces deux bataillons.
16, 18 avril. Deux nouvelles sorties furent exécutées
les 26 et 28 germinal. Dans la première, l'abondance
des pluies contribua à nous faire éprouver des pertes
en nous mettant dans l'impossibilité de profiter de nos
positions. L'ennemi nous attaquait avec impétuosité,
ses canons nous lançaient de nombreux boulets du haut
de leurs retranchements, des feux croisés nous arri-
vaient des créneaux qui entourent la place : la réunion
de tous ces obstacles a paralysé nos attaques, ce qui
cependant ne serait pas arrivé « si comme j'étais en
droit de le supposer, nous eussions été appuyés par le
camp retranché au bout de l'aqueduc. »
Le surlendemain 18, un nouvel engagement a lieu
dans la soirée. Pondant cinq heures, le feu des retran-
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— 63 ~
chements ennemis et celui encore plus nourri qui partait
de leurs maisons crénelées, vomissent la mort dans les
rangs de la troupe de Dupas. Après plusieurs retours
offensifs vivement conduits, Dupas réussit à s'emparer
du principal quartier faisant face aux rues qui aboutis-
saient aux entrepôts de sucre qu'il fait incendier ainsi
qu'une trentaine de maisons voisines. Les insultés re-
foulés vont se retrancher dans un vaste bâtiment d'où
il ne fut pas possible de les déloger, faute d'artillerie.
Sur la demande de Dupas, le général Songis, de
Tai-tillerie et son chef d'état-major, le chef de brigade
Sirlet, viennent inspecter la citadelle pour se rendre un
compte exact de ses moyens de défense. Quelques jours
se passent sans résultats. Dupas s'impatiente et écrit à
Sirlet : « J'espérais que votre inspection et celle du
général Songis m'auraient procuré les moyens les plus
indispensables pour la défense de la citadelle, ayant vu
vous-même que cinq mortiers n'ont plus de bombes, que
deux autres plus petite n'eu ont que soixante-quinze,
qu'il n'en reste pas une seule pour le service de quatre
autres mortiers. Vous avez été surpris des plaintes por-
tées par le capitaine Gury sur la qualité des poudres et
sur les erreurs dans la quantité que l'on en avait an-
noncée. Il avait cependant raison : les derniers barils
reçus necontenaientréellementque200 livres l'un, au lieu
des 300 qui étaient indiquées. Les gardes- magasins pren-
nent volontiers depuis longtemps ces habitudes, puisqu'il
y a déjà quelques jours, annonçant l'envoi de 2,000 li-
vres de poudre française, je n'en ai trouvé que 200. »
19 avril. Dupas reçoit, de la part du général Damas,
un Pacha et St\ suite, faits prisonniers de guerre. Damas
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— 64 —
recommande ce chef d'une manière toute spéciale, et
engage le commandant à avoir pour lui les plus grands
égards, mais en exerçant la plus grande surveillance.
Dupas répond au général : « Qu'il ne peut offrir d'autre
logement que l'infirmerie, qu'il n'a d'autre nourriture à lui
donner que du biscuit, et comme boisson la mauvaise
eau du puits Joseph ; que cette situation a commencé
le premier jour du blocus ; » il insiste également sur
l'impossibilité d'empêcher le prisonnier de communi-
quer avec les habitants du Caire ; cependant il ajoute
qu'il le traitera aussi bien que possible.
A cette époque deux moines arméniens (1) se trou-
vaient enfermés dans la citadelle ; ils se plaignaient
avec aigreur de ne pas être payés. Dupas envoie leurs
réclamations au général Damas, ajoutant : « Vous
connaissez les prêtres et ce dont ils sont capables pour
avoir de l'argent; ils devraient cependant s'occuper
plutôt de leur magie que de nos soldats. »
Pendant le blocus quelques soldats découvrirent plu-
sieurs caisses enfouies sous terre. Ouvertes par le
Commissaire des guerres, on découvrit plusieurs lingots
qui furent convertis en monnaie.
Le 2 juin, Dupas reçoit la lettre suivante du général
en chef :
« Je pars demain pour Bah manié où je vais établir
un camp. Si pendant cette absence il arrivait quelque
événement au Caire, conduisez-vous toujours ainsi que
(1) Les chrétiens du rite arménien ne reconnaissent ni la pri-
mauté du Pape ni le purgatoire ; ils croient que le S*-Esprit ne
procède que du Père, et à une seule nature en Jésus-Christ.
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— 05 —
vous l'avez fait jusqu'ici, et je retrouverai la citadelle
à mon retour et vous aussi. — Kléber. »
« P.-S. Je vous envoie deux officiers anglais, nau-
fragés sur la côte, tâchez de les bien loger et traitez-les
avec égards, laissez-leur une honnête liberté, mais en
les surveillant sans cesse. — Kléber. »
Ce fut la dernière lettre que Dupas rrçut de Kléber.
Cet homme illustre mettait tous ses soins à la pacifica-
tion du pays dont la situation redevenait prospère.
L'Egypte redevenait tranquille lorsque, sur les incita-
tions du gouvernement Turc, un jeune fanatique de
Jérusalem poignarda Kléber sur la terrasse de sa mai-
son du Caire (14 juin 1800), le jour même de la bataille
de Marengo.
5b
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06 —
CHAPITRE IV
FIN DE L'EXPÉDITION D'EGYPTE
Juillet 1800 à Septembre 1801
Le ci-devant baron de Menou, général en chef. — La citadelle. —
Mesures réclamées et prises par Dupas. — Sa correspondance
avec le général Belliard, gouverneur du Caire, et avec le général
en chef Menou. — Désastre de Menou àCanope. — Le Caire est
isolé. — Belle défense de Dupas. — Situation critique de la
citadelle et de la place du Caire. — Conseil de guerre convoqué
par Belliard. — Héroïque proposition de Dupas. — Convention
pour l'évacuation de l'Egypte. — Embarquement des troupes
et rentrée en France.
La mort de Kléber était une perte irréparable.
Pour comble de malheur, le droit d'ancienneté appelait
le général Menou à le remplacer, et le gouvernement
consulaire le confirma dans ce poste alors si important.
Monou s'était fait musulman et avait pris le nom d'Ab-
dallah. Le ci-devant baron de Menou était brave mais
inhabile ; il passait pour être un flatteur de Bonaparte.
L'armée désirait avoir pour chef le général Reynier
dont les talents militaires étaient à la hauteur d'aussi
graves circonstances.
La grande armée que la Turquie avait envoyée en
Egypte ayant été anéantie par Kléber, les Anglais pré-
parèrent une expédition et formèrent à Rhodes, sous les
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— (37 —
ordres de Ralph Abercromby, une année destinée à
opérer sur les bouches du Nil. Les Turcs, ainsi appuyés,
se disposèrent à reparaître par Tisthinede Suez.
Les distances sur lesquelles on allait opérer, la di-
vergence des lignes d'attaque, exigeaient beaucoup de
temps ; il fallait plusieurs mois aux ennemis pour arri-
ver en Egypte. Menou aurait du mettre ce temps à
profit pour être partout en mesure. Mais lorsque la flotte
anglo-turque parut, rien n'était fait pour la n^pousser.
C'est au printemps do 1801 que les Français eurent à
repousser cette nouvelle et formidable attaque ; mais
pour le moment nous devons revenir au journal du
commandant de la citadelle du Caire.
La citadelle était immense: elle embrassait une cir-
conférence de 3,000 mètres. Elle n'était accessible que
par deux rampes taillées dans le roc. Les principaux
monuments étaient : le palais du divan ou tribunal des
Janissaires, et le puits Joseph dont l'eau était si détes-
table. Ce puits taillé dans le roc vif avait une profondeur
de 280 pieds, sa circonférence avai.t 60 pieds.
La tour des Janissaires, dont Dupas s'était emparé
dans le mois d'avril précédent, était située en dehors
de l'enceinte de la citadelle; elle était d'une grande
importance stratégique. C'est là, qu'à la suite des rap-
ports faits par les officiers de santé, les doux prison-
niers anglais, dont il est question au Chapitre précédent,
furent transférés. Les officiers de santé avaient pré-
tendu, en effet, que les prisons de la citiidelle étaient
insalubres et pleines de vermine. Tout en exécutant
l'ordre qu'il recevait. Dupas adressa les observations
suivantes au nouveau général en chef Menou : « L'in-
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— 68 —
salubrité des prisons de la citadelle me parait d^autant
plus cootestable, que œs mêmes officiers de santé les
trouvaient salubres et propres, au moment de la déten-
tion des détachements militaires accusés de s*êtro
rendus trop vite à Al-Arisch (1). D'ailleurs, ajoute
Dupas, depuis longtemps il n*est question que d'insalu-
brité, de pestiférés, dans Tinlérieur de la citadelle,
quoique tout le monde se porte à merveille. » Il ter-
mine en informant le général Menou que, suivant ses
désirs, il a fait des fouilles en messidor, sous les colon-
nes du Temple, dans Tespoir d'y trouver le cercueil de
Kléber (2).
Kléber avait formé des corps composés de Grecs, de
Cophtes, d'Arméniens. Un détachement décos troupes de
nouvelle création formait en partie la garnison de la
citadelle. Dupas informe le général Belliard, nommé
gouverneur du Caire, que ces Grecs, Cophtes et Armé-
niens sont pieds nus, sans armes ni habits et incapa-
bles d'apprendre leur théorie ; les officiers instructeurs
sortant tous de l'administration ou du corps de santé.
Des fraudes scandaleuses continuent à être faites par
les fournisseurs de l'armée : c'est ainsi, dit-il, que sur
472 rations de pain, destinées aux Français détenus
dans la citadelle, et 436 rations destinées aux autres
prisonniers, nos compatriotes n'ont reçu que 306 ra-
tions, les autres 228 seulement.
« C'est à vous, général, conclut Dupas, qu'il appar-
(1) Le 20 décembre 1799, les troupes françaises qui défendaient
le fort d'El-Ariscli refusèrent de se battre et le colonel Cozal qui les
commandait se rendit aux anglo-turcs.
(2) Les restes de ce grand homme furent apportés à Marseille
par l'armée fraov*ise, lors de l'évacuation de l'Egypte.
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— 69 —
tient de prendre des mesures pour éviter ces détourne-
ments ; cependant vous avez cru devoir m'adresser un
blâme dans le dernier ordre du jour. Il me semble
pourtant qu'il n'aurait dû s'adresser qu'aux chefs de
service spécialement chargés de cette surveillance et
seuls responsables des abus signalés. »
Belliard reprochait aussi à Dupas quelques détails
administratifs : de faire apostiller des corrt«pondances
insignifiantes par les adjudants-majors, d'être trop mi-
nutieux pour recevoir les prisonniers qu'on lui en-
voyait, d'envoyer sans nécessité des éclaireurs hors de
la citadelle. Dupas s'empressa de lui répondre :
€ Je ne crois pas avoir mérité vos reproches. Un adju-
dant-major doit exécuter les ordres du commandant,
et l'on ne saurait me faire un crime de lui avoir fait
apostiller des lettres qui ne renfermaient qu'un ordre
de service. Quant à la réception des prisonniers, Menou,
général en chef, s'est expliqué clairement, ordonnant
de ne recevoir aucun prisonnier St\ns connaître avant
tout le motif de l'arrestation et le nom du chef de ser-
vice qui l'envoie, même lorsqu'un ordre non motivé
serait envoyé par lui; ainsi vous ne serez plus surpris
si je ne m'en rapporte qu'à cette instruction. Enfin, pour
les éclaireurs envoyés en dehors de la citadelle, ce
reproche est encore moins fondé. Comme commandant,
je n'exécute que les ordres que je reçois. Vous terminez
enfin en me priant de vous témoigner un peu d'égards: à
mon tour je vous prierai d'en avoir un peu plus pour
moi, parce que je tiens à conserver l'estime et l'amitié
que m'ont tous témoigné les généraux qui ont commandé
la place du Caire avant vous. »
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— 70 —
Tel était le langage des soldats de la République .
chez eux, la loyauté et la franchise s'unissaient à Tin-
dépendance du caractère.
Décembre. Dupas avait non seulement à se garder,
mais aussi à réprimer les actes d'indiscipline, les
vols, etc. Le 24 décembre il met le capitaine Camas
aux arrêts dans la tour des Janissaires : la compagnie
de cet officier étant logée chez les habitants du Caire,
les soldats avaient commis plusieurs volsetcauséquelques
dommages. Dans la citadelle c'étaient les indigènes qui
volaient : deux turcs ayant dérobé des farines dans les
moulins mêmes, les meuniers furent autorisés à leur ad-
ministrer des coups de nerf de bœuf sur la plante des
pieds. « Cette punition était d'autant plus justifiée, que
ces vols étaient toujours accompagnés de dégâts causés
dans l'intérieur des moulins; ainsi plusieurs Cophtes,
ayant déjoué la surveillance des gardiens, firent de tels
dégâts que l'on fut privé de farine pendant plusieurs
jours, les charpentiers appelés pour les réparer, cau-
sèrent à leur tour de nouvelles dégradations volontaires
dans les douze moulins de la citadelle. Ces ouvriers fu-
rent immédiatement arrêtés et maintenus en prison,»
malgré les nombreuses démarches faites auprès de
Dupas pour leur élargissement. Ces réparations s'éle-
vèrent à 900 paras, mais en dehors de ces pertes ma-
térielles, la privation de farine et par là même de pain,
provoqua dans les troupes des habitudes d'alcoolisme
du plus pernicieux effet. Pour les faire cesser. Dupas fait
fermer, le 18 février ISOl, toutes les distilleries des
quartiers voisins de la citadelle, saisit les alambics, in-
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— 71 —
terdit toute vente d'alcool sous peine d emprisonnement
et d'amende.
Le Gouverneur du Caire, général Belliard, ayant fait
sortir 86 hommes de la garnison de la citadelle pour les
diriger sur Suez, Dupas se récrie contre cette mesure
qu'il considère comme dangereuse à cause de la faiblesse
du bataillon de la 4" de ligne auquel ces hommes appar-
tiennent; il n'avait été d'ailleurs nullement avisé do
cette mesure par le général en chef.
Les provisions s'épuisent de nouveau : les besoins de
la garnison exigent l'envoi de 1,030 quintaux de blé,
2.809 q. de paille, 14 q. de sucre pour la pharmacie, des
cartouches et des fusils pour armer les éclopés : mais
rien n'est envoyé.
La privation de tous ces approvisionnements décide
Dupas à faire déguerpir 223 hommes avec leurs femmes
et leurs enfants, logés soit dans l'intérieur soit au dehors
de l'enceinte des Janissaires, et qui se nourrissaient à la
citadelle. La disparition de ces bouches inutiles diminue
les charges de la garnison.
Le général en chef Menou envoie à la citadelle le
cheik Sada prisonnier de guerre, et en outre 107 fusils.
En accusant réception de ces envois. Dupas lui annonce
que deux de ses canonniers ont été tués à l'ennemi :
Martinet, de Champagnol, et un grec nommé Antoni.
Menou ayant émis le soupçon que plusieurs soldats et
quelques civils s'étaient cachés dans la citadelle. Dupas
répond: « Tous les chefs militaires et administratifs
m'assurent qu'ils ne toléreraient pas ces abus ; quant à
moi, vous pouvez être sûr que j'exerce la plus grande
surveillance : la citadelle que j'ai l'honneur de comman-
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— 72 —
der ne servira jamais d'asile aux lâches qui abandon-
nent leur poste, ou qui se laissent trop facilement
alarmer. »
La situation ne fait qu'empirer, les munitions dimi-
nuent, la maladie immobilise la plupart des bras, le
sous-directeur d'artillerie refuse d'établir des parapets
pour abriter du feu de l'ennemi les canonniers et fan-
tassins. Dupas écrit à Menou : « Si ces travaux ne sont
pas immédiatement continués, je n'aurai plus qu'un
seul parti à prendre, qui procurera de l'honneur aux
soldats de la citadelle : nous nous passerons des travaux.
Connaissant leur patriotisme, je suis bien sûr qu'en
leur promettant à chacun une chemise ils ne refuseront
jamais de se battre. J'éviterai ainsi de faire de nouvelles
demandes toujours infructueuses quand il s'agit de dé-
fondre la citadelle. >
20 février 1801. Dupas prévient le général Belliard
« que les officiers du génie se plaignent de l'insouciance
apportée par le sous-directeur d'artillerie et surtout de
ses réponses quelque peu déplacées dans les phases
critiques que nous traversons. Menou a même écrit hier
au général directeur des fortifications pour que l'on
travaille immédiatement aux parapets. Pourquoi donc
le sous-directeur rofuse-t-il de se mettre à l'œuvre sans
en faire connaître le motif? En présence du mauvais
état dos batteries, n'ayant aucun sac de terre, ce refus
est pire qu'une faute. »
L'énergie déployée par le commandant de la citadelle
finit pourtant par vaincre tous ces obstacles ; les para-
pets et la grande batterie s'élèvent, la batterie Joseph
est prête, on travaille au passage derrière l'hôpital, un
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— 73 —
corps de garde est placé à la premiôro porte, les cré-
neaux sont réparés, nos communications avec la tour
des Janissaires rétablies ; ou démolit les maisons qui se
trouvent dans le rayon de défense de la citadelle.
Depuis quelque temps, les soldats cophtes de la garni-
son profitaient du moment où ils montaient la garde
pour déserter. L'un d'eux qui s'était déguisé pour fuir,
fut pris et mis aux arrêts : Dupas ajoute qu'il doit être
sévèrement puni si l'on veut intimider les autres.
« Quant aux alarmistes, jamais je ne leur céderai, ils
n'ont rien à attendre do moi ; la citadelle est encombrée
d'ordures, de peureux, de lâches, sans nombre, la peste
fait de grands ravages ; depuis doux jours l'on a trans-
porté cinquante malades au Lazaret. Mais, géfiéral, puis-
que vous aimez à connaître la vérité, eh bien ! je peux vous
assurer que rien ne parviendra à ralentir mon activité, mon
ardeur. Je relisavec plaisir vos dernières lettres, j'y trouve
des consolations; soyez sans inquiétude sur la citadelle
qui m'est confiée, le Consul Bonaparte m'y a placé ! »
La garnison pouvait être fiére de tels sentiments.
10,000 Osmanlis, 200,000 habitants en ébullition,
exaltés par le fanatisme l'entourent et aucun secours
no lui est fourni. Monou, comme Belliard, no peuvent
envoyer que des encouragements, et admirer. Dupas ré-
sistera quand même.
4 mars 1801. Menou à Dupas : Mon cher Dupas, les
Anglais sont devant Aboukir et Alexandrie, redoublez
de vigilance pour la garde de votre citadelle, soyez
inexorable pour tout ce qui voudrait remuer. Je vous salue.
Menou.
Quartier général du Caire, 13 ventôse an IX. »
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— 74 —
5 avril. Menouà Dupas : « Courage et vigueur, mon
cher Dupas, je vous recommande votre citadelle comme
le point le plus important de l'Egypte après Alexandrie :
il faut vaincre ou périr. Salut et amitié. Soyez inexora-
ble pour tous ceux qui se conduiraient mal, employez
tous les moyens pour bien vous retrancher, pour répa-
rer vos brèches; lorsque vous aurez besoin de sacs à
terre, vous y emploirez les meubles qu'on vous a ap-
portés. Ne nourrissez que les gens utiles. — Menou
Abdallah, général de division, commandant en chef. »
Dans l'intervalle écoulé entre les deux lettres qu'on
vient de lire, Menou était allé livrer bataille aux An-
glais à Canope le 21 mars, et grâce à son ineptie l'ar-
mée française avait battu en retraite après avoir subi
de grandes pertes et s'était enfermée dans Alexandrie.
Comptant sur l'arrivée d'une flotte française, Menou
ne paraissait pas se rendre un compte exact de la situa-
tion. Le 26 avril (0 floréal) il écrit encore d'Alexandrie :
€ Je n'entre dans aucun détail avec vous, mon cher
Dupas, Paultre mon aide de camp vous mettra au fait
de tout ; vigueur, activité, et gaieté, nous nous tirerons
d'affaire. Je sais que dans votre citadelle vous êtes
ferme comme un roc; vomissez du feu aux ennemis,
comprimez tous les malveillants et comptez sur la re-
connaissance nationale et sur mon estime particulière.
Salut et amitié.
Menou, général en chef. »
De son côté Belliard écrit à Dupas le 12 mai pour
l'encourager à continuer les travaux de défense, ajou-
tant : * Si l'argent ne va pas, je donnerai plutôt le peu
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— 75 —
qui me reste en attendant qu'il entre des fonds dans les
caisses. Bonjour. — Belliard. »
A cette date toutes les communications étaient inter-
ceptées entre le gouverneur du Caire et le général en
.chef; en effet, Menou, au lieu de marcher avec toutes
ses forces sur le Caire, attendait tranquillement à
Alexandrie avec 0,000 hommes et se laissait irrévoca-
blement séparer de Belliard qui n'en avait guère plus
de 5,000 au Caire.
A Alexandrie les troupes se répandaient en reproches
contre Menou. Les soldats disaient hautement qu'il fal-
lait prendre une détermination vigoureuse en ôtant le
commandement à un homme incapable de l'exercer, et
en le donnant au général Reynier, qui seul pouvait
sauver l'armée du déshonneur ou d'un anéantissement
total. Menou se tira d'affaire en faisant arrêter Reynier
et soD ami le général Damas et en les faisant embar-
quer de force pour la Franco.
La position des troupes françaises réunies dans le
Caire sous les ordres du général Belliard devenait
tous les jours plus alarmante. Indépendamment de la cita-
delle, ces troupes devaient occuper quatorze forts et
garder une immense enceinte qui renfermait le Caire,
Boulaq, le vieux Caire et la place de Giseh sur la rive
gauche du Nil. Obligé de résjster aux attaques exté-
rieures de plus de 45,000 hommes, Belliard avait en-
core à contenir dans l'intérieur une population nom-
breuse que la situation présente des Français disposait
naturellement à l'insurrection.
D'un autre côté, les vivres commençaient à s'épuiser,
par suite de la négligence apportée dans les appro-
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— 76 —
visionnements avant l'ouverture de la campagne. Bel-
liard, malgré toute son activité, n'avait pu remédier à
rinsouciance de Menou à cet égard. Le mois de juin
était arrivé. Dès le 6 juin le blocus de la citadelle fut
complet. Dupas, livré à lui-même, se défendit avec une
vigueur surhumaine et, avec le peu de ressource dont il
disposait, il tint Tennemi à distance respectueuse. Il n'y
avait plus de vivres que pour dix à quinze jours, c'est-à-
dire jusque vers le 5 juillet. Il ne restait pas au Caire
150 coups par pièce et Ton y manquait d'affûts de re-
change. L'argent manquait, et la peste exerçait de
terribles ra^vages.
Trois mois s'étaient écoulés, depuis que Menou avait
quitté le Caire où il devait revenir si promptement en
vainqueur, et le général Belliard n'avait reçu de son
chef que des instructions vagues et des dépêches insi-
gnifiantes : Menou n'insistait que sur un point : se dé-
fendre à toute extrémité.
Belliard se décida à convoquer au^uartior général tous
les officiers généraux et supérieurs du corps d'armée et
ceux qui se trouvaient alors dans la capitale de l'Egypte.
Après leur avoir retracé les ravages que la peste exerçait
encore parmi les Français, la presque nullité des ressour-
ces qui restaient, la grandeur de celles que possédait l'en-
nemi , l'impossibilité de défendre des retranchements d'un
développement aussi considérable avec un corps de troupes
déjà réduit de moitié et dont le nombre diminuait encore
journellement, Belliard finit par inviter les membres du
Conseil à énoncer individuellement leur opinion, et à
déterminer le parti auquel il fallait s'arrêter dans des
circonstances aussi fâcheuses, aussi désespérées.
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— 77 —
Le général de division Lagrange prit le premier la
parole et fat d'avis de ne point traiter avec les enne-
mis avant de connaître les intentions du général Menou,
que sa qualité de chef suprême de l'armée rendait seul
Tarbitre de la conduite à tenir en cette occasion. Le
général Donzelot fit ensuite la noble proposition de se
retirer dans la Haute-Egypte, d'y faire la guerre à la
manière des Mamelucks, et d'attendre, dans cette atti-
tude généreuse et digne des guerriers français, que le
gouvernement consulaire eût fait passer des renforts
assez considérables, pour recouvrer la domination d'un
pays qui avait déjà coûté le sacrifice de tant de braves.
Le chef de brigade Dupas, commandant la citadelle
do Caire, ayant obtenu, à son tour, d'exprimer son opi-
nion, commença par rejeter les mesures qu'avaient
proposées ceux des membres du Conseil qui venaient de
parler avant lui, pour en présenter une autre d'un genre
bien plus élevé, et il s'exprima à peu prés en ces termes :
€ Lorsque l'armée française, victorieuse des anciens
dominateurs de l'Egypte, fit, pour la première fois, son
entréesolennelledans cette capitale, qui de nous, citoyens
généraux, et vous mes camarades, eût pensé que nous
noas verrions réduits un jour à l'impérieuse nécessité
d'aviser aux moyens de pouvoir nous y soutenir, ou
d'en sortir sans compromettre notre honneur ? Telle est
cependant la fâcheuse position où nous nous trouvons ;
mais en songeant à reculer une catastrophe aussi ins-
tante, ou à la couvrir du moins de couleurs honorables,
dites le moi, guerriers français, ne nous reste-t-il plus
aucune espérance dans la victoire ? Sont-ils donc morts,
ces soldats qui, au nombre de quatre mille, ont culbuté
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— 78 -
vingt mille Osmanlis dans la mer d'Aboukir? N'avons-
nous plus ces mêmes troupes qui, dans l'espace d'un
mois, ont reconquis l'Egypte entière sur une armée de
80,000 hommes ? Les temps no sont plus les mêmes,
va-t-on me répondre ; aucune défaite n'avait alors en-
taché les drapeaux français : faibles arguments ! Non,
vaillants compagnons, ce ne sont point les armes de nos
ennemis qui ont abattu notre puissance en Egypte ;
nous ne devons nos malheurs qu'à nos propres dissen-
sions. Osons croire qu'il est en notre pouvoir de vaincre,
et la victoire est à nous. Croyez-moi, guerriers de Bona-
parte et de Kléber, abandonnons nos retranchements,
allons affronter l'ennemi dans les siens, c'est là que la
gloire nous attend encore. Si notre résolution échoue,
si rimmense supériorité du nombre nous force à rentrer
de nouveau dans ces murs, et qu'il ne nous reste plus
d'autre alternative qu'une capitulation ou la mort, arrê-
tons-nous à la mort, et choisissons-en une qui réponde
à la grandeur de notre renommée. Quel sujet d'orgueil
pour notre patrie et d'admiration pour l'Europe, lorsque
l'une et l'autre apprendront que cinq mille Français
ont préféré la gloire impérissable de s'ensevelir sous
les ruines de leurs conquêtes à la honte de la céder à
l'ennemi ! >
L'enthousiasme qui animait l'intrépide orateur passa
dans l'àme de la plupart de ceux qui venaient de l'en-
tendre avec un religieux silence; un feu martial bril-
lait dans presque tous les regards. Entraînés par l'élo-
quence de Dupas, un certain nombre de ses collègues
allaient se lever pour appuyer sa proposition désespé-
rée, lorsque d'autres membres du Conseil entreprirent
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^ 79 —
de la combattre, ainsi que les deux opiuious précédem-
ment énoncées par les généraux Lagrange et Donzelot,
Les nouveaux orateur représentèrent d'abord qu'il
est des occasions où il convient do ne prendre conseil
que de soi-même, sans recourir à une autorité qui ne
peut plus vous être d'aucun secoui*s.
Passant ensuite à la proposition de se retirer dans la
Haute-Egypte, ils démontrèrent l'inutilité de ce parti,
en faisant observer qu'avant que le Gouvernement
français pût envoyer des renforts à travers une mer
couverte de vaisseaux ennemis, les Anglais et les Turcs
auraient le temps d'acculer la petite troupe sortie du
Caire jusqu'aux cataractes et de la jeter dans le désert
où la faim, la misère et le désespoir achèveraient d'a-
néantir ceux que le sort des armes aurait épargnés
pendant un long et périlleux trajet. Quant à l'avis du
commandant de la citadelle, après avoir donné au cou-
rage de ce digne officier tous les éloges qu'il méritait,
un des opinants présenta les considérations qu'on va
lire :
* Entre les deux exemples des journcîes d'Aboukir et
d'Héliopolis, cités par le chef de brigade Dupas, il con-
venait, dit Torateur, d'examiner plus particulièrement
le dernier, attendu que la position où s'était trouvé
KlébcT avait une certaine conformité avec la situation
présente du général Belliard. En effet l'Egypte, avant
la bataille d'Héliopolis, était couverte de soldats enne-
mis comme elle l'était maintenant ; mais la chance ne
pouvait plus être la même : Kléber avait 10,000 hom-
mes réunis sous ses ordres immédiats lorsqu'il entreprit
de reconquérir l'Egypte sur une armée de 80,000 Turcs !
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— 80 -^
Il restait à peine 5,000 hommes au général Belliard
pour combattre à la fcis la nouvelle armée du Grand-
Vizir, le corps du Capi tan-Pacha, et 12 à 15,000 hom-
mes de troupes anglaises; on ne devait point espérer
de forcer dans leur camp un si grand nombre d'enne-
mis, et une entreprise de cette nature tenait plus du
délire que du courage : il n'y avait d'ailleurs aucune
honte à céder un poste à l'ennemi lorsqu'on se trouvait
dans l'impossibilité de le défendre, et qu'on en sortait
surtout sous les clauses d'une capitulation honorable.
Enfin la position défensive du corps d'armée, quoique
défectueuse sous bien des rapports, était cependant assez
respectable pour faire obtenir au général Belliard toutes
les conditions qu'il exigerait pour prix de l'évacuation
du Caire, et il fallait se hâter de profiter du moment
opportun pour sortir avec honneur d'un pays qu'on ne
pourrait quitter plus tard sans infamie. »
Ce dernier discours fixa tous les esprits, jusqu'alors
irrésolus : on alla aux voix, et il fut arrêté que l'on
capitulerait avec l'ennemi (1) ; celui-ci faisait les dispo-
sitions d'une attaque générale lorsqu'un parlementaire
envoyé par le général Belliard se présenta le 22 juin
dans le camp anglais pour demander une suspension d'ar-
mes qui permit de traiter des conditions auxquelles les
Français consentaient à évacuer le Caire. Cette propo-
sition fut reçue avec empressement par le général
Hurtchinson et par le Vizir, puisqu'elle leur offrait
(1) Ce curieux et intéressant procès- verbal de la séance du
(jonseil de guerre tenu au Caire le 22 juin 1801, sous la prési-
dence du général Belliard, a été publié en 1819 dans Victoires et
Conquêtes^ etc., des Français de i792 à i8i5.
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- Kl -
l'occasion d'épargner lo sacrifice do leurs plus bravos
soldats. Des Cîommissaires se réunirent et arrêteront
le 27 juin les termes d'une Convention pour Vévacua-
iton de V Egypte et le transport par la flotte anglaise»
de toutes les troupes avec leurs armes, artillorï(\ muni-
tions et bagages, pour être débarqués dans U^s ports
français de la Méditerranée. La citadelle, les forts et la
ville devaient être évacués douze jours après la ratifica-
tion de la convention, et les troupes devaient être ren-»
dues cinq jours après au point de rembarquement. Cette
convention en 21 articles spécifiant toutes les clauses
relatives au rapatriement du corps d'armée fut ratifiée
le lendemain 28 juin par le général Belliard.
Le jour suivant, 29 juin (10 messidor). Bol liàrd notifia
la convention à Dupas et lui transmit Tordre d'évacua-
tion quMl lui renouvela les 5 et 9 juillet; Dupas voulait
tenir jusqu'au dernier moment et partir le dernier.
Malgré la cessation dos hostilités, les canons de la
citadelle tonnèrent encore une fois : œ fut pour rendre
les honneurs aux restes de Klébor. Pleine de reconnais-
sance et de vénération pour cette grande mémoire,
qu'elle devait regretter par tant de motifs, cette portion
de l'armée d'Orient emmena avec elle lo corps de son
illustre général, inhumé dans un des bastions du camp
retranché de la forme d'Ibrahim-Bey. Cotte translation
se fit de la manière la plus solennelle, au bruit do l'ar-
tillerie de la citadelle et des forts. Los Anglais et les
Turcs, prévenus par Belliard du motif de cotte explo-
sion extraordinaire, voulurent concourir aux nouveaux
honneurs funèbres que l'armée française rendait au
6h
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— 82 —
vainqueur d' Héliopolis, en répondant aux salves des
Français par celles de leur propre artillerie.
Quelque temps après Menou signait une convention
semblable à Alexandrie, et après trois ans d'occupation,
l'Egypte était perdue sans retour.
Dupas ne sortit de la citadelle que le 29 juillet avec
200 éclopés, restes de sa garnison : il en sortit au mo-
ment où les Commissaires français et anglais y péné-
traient pour inventorier le matériel abandonné par ses
héroïques défenseurs ( 1 ).
Dupas eut soin d'emporter les glorieux trophées qu'il
avait conquis sur l'ennemi dans ses nombreuses et vi-
goureuses sorties: c'étaient trois queues de Pacha,
cinq drapeaux, plusieurs armes qui furent suspendues
au Dôme des Invalides. Ces trophées ont été détruits
dans un incendie, lors dos obsèques du Maréchal Sébas-
tiani.
Dupas s'embarqua avec toutes les troupes de Belliard
à Aboukir. Les transports firent voile le 9 août pour la
France où l'on aborda le 23 septembre 1801 (l^^ vendé-
miaire an X).
(1) Belliard à Dupas. (Arch. Dubouloz-Dupas).
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— ^3 ^
CHAPITRE V
DUPAS AUX TUILERIES
Octobre 1801 à Décembre 1803
Le colonel Dupas est nommé adjudant supérieur du Palais des
Tuileries. — M"^* Junot d^Abranlès. — Il est nommé colonel des
Mamelucks ; détails sur l'organisation et Tadminist ration de ce
corps qui fait partie de la Garde consulaire. — Il est nommé
général de brigade, et bientôt après commandant supérieur des
Côtes de la Seine à la Somme, à Dieppe. — Le général Dupas
est appelé à commander une brigade dans la division de gre-
nadiers de réserve à Arras.
Lorsque Dupas débarqua en France avec ce qui res-
tait de l'armée d'Egypte, la République française avait
des relations pacifiques avec toutes les puissances. Le
Consulat donna à la Franco la période de paix qui suivit
le traité d'Amiens, et il n'y eût pendant cette trop courte
période de calme d'autres expéditions militaires que
celles qui furent dirigées contre les nègres révoltés des
Antilles.
Dupas n'eut pas à rejoindre la demi-brigade à laquelle
il appartenait nominalement, étant colonel a la suite;
la 69® était commandée par son chef titulaire, Brun,
Le héros du Caire n'attendit pas" longtemps un em-
ploi ; plus que jamais, Bonaparte tenait à garder auprès
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— 84 —
de lui son ancien camarade du siège de Toulon, le brave
des braves du pont de Lodi, dont il avait apprécié la
rude franchise, le dévouement absolu et la parfaite
intégrité.
Bonaparte n'avait pas de cour, n'étant alors que le
premier magistrat de la République ; mais il avait une
maison militaire. Il créa pour la surveillance du palais
du Gouverneiiient quatre adijvdanis ^^upérieurs qui
étaient généraux de brigîide ou colonels. Dupas fut
nommé, le 19 mars 1802, l'un de ces adjudants supé-
7i£urs du palais des Tuileries, Poste de faveur sous
tous les rapports, puisqu'il était attaché à la résidence
des Consuls et qu'il comportait le logement, avec des
allocations extraordinaires en plus du traitement du.
grade de colonel.
Aux Tuileries Dupas fut en relation avec tout le monde
officiel du Consulat. Le général Jûnot occupait alors la
haute position de commandant de la place de Paris. Ce
général venait d'épouser une très jeune femme, Laure
Permon; plus tard, devenue veuve après avoir été du-
chesse d'Abrantès, elle tomba dans la détresse et écrivit
ses Mé7mires pour vivre. Cette femme d'un esprit caus-
tique et médisant (1), très jeune d'ailleurs et espiègle,
s'amusait des fautes de langage commises par Dupas.
Avec sa figure longue, jaune et blême, il avait, dit-elle,
une manière grave et solennelle de faire des pataquès,
« C'était du reste, ajoute-t-elle dans ses Mémoires, un
homme fort brave, qui donnait un coup de sabre aussi
sérieusement qu'il disait je Vempogna. »
(1) M*"* Junot d'Abrantès raconte elle-même dans ses Mémoires
que Bonaparte rappelait petite peste.
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— 85 —
Depuis leur soumission à Tannée française d'Egypte,
les Mamelucks étaient restés diî bravés et fidèles servi-
teurs de la France. Ilsavaient en grand nombre sui via\"ec
leurs familles Farmée d'Orient lorsqu'elle fut rapatriée
par la flotte anglaise en vertu de la convention d'éva-
cuation. Le gouvernement consulaire forma un corps de
cavalerie de ces jeunes musulmans. Ils furent réunis le
13 octobre 1801 dans un escadron que Bonaparte atta-
cha à la Garde consulaire et dont il donna d'abord le
commandement à l'un de ses aides de camp, le général
Rapp. Comme récompense de leur dévouement à l'armée
française, les Mamelucks furent autorisés à conserver
leur costume national (1) Auprès de ce corps étaient
des réfugiés, vieillards, femmes^ enfants, qui recevaient
une pension accordée par le Gouvernement à titre de
secours, et pour lesquels on établit, à Melun, un dépôt
qui fut transporté plus tard à Marseille.
Les deux compagnies formant l'escadron de cette
belle cavalerie, fortes d'environ 200 hommes, furent
plus tard réduites à 160 hommes et ensuite portées à
250. Il fallait, à la tête de ce corps de nouvelle création
et dans lequel certains emplois avaient été donnés à la
faveur, un chef sur l'énergie et la droiture duquel le
Gouvernement pût compter. C'est ainsi que Bonaparte,
après avoir provisoirement confié le commandement de
ce corps à son aide de camp le général Rapp, fut amené
à nommer colonel des Mamelucks le chef de brigade
Dupas, ancien et excellent cavalier (22 mars 1803).
Ce beau corps de cavaliers musulmans, dont le quartier
(1) Fieffé, la Garde Impériale (1859).
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— 86 —
était à Melun, marchait précédé de timbales et de trom-
pettes. L'étendard se terminait par une queue de cheval
noire, surmontée d'une boule de cuivre doré. L'uniforme
était un riche costume turc : turban blanc à calotte rouge
surmonté d'un croissant en cuivre jaune; veste bleu de
ciel avec olives et galons noirs, gilet rouge et ceinture
de laine verte, pantalon rouge à la Mamelitck et bot-
tines jaunes, sabre à la turque, espingole, deux pisto-
lets, poignard à manche d'ivoire, éperons en cuivre
jaune ; selle à haut pommeau et dossiers étriers à la
turque (1).
Les Mamejucks ont toujours été un des corps privi-
légiés de la Garde. Après Dupas, dès 1804, l'escadron
fit partie du régiment de chasseurs à cheval de la Garde
impériale, ces fumeux chasseurs à cheval qui ne quit-
taient jamais Napoléon et dont il aimait à porter l'uni-
forme vert (2).
Dupas quitta donc, au printemps de 1803, ses fonc-
tions d'adjudant supérieur du palais pour celles de
colonel des Mamelucks. Il ne perdait pas au change, au
contraire : il était enfin chef de l'un des corps de la Garde
consulaire, il ne quittait pas la résidence du Gouverne-
ment auprès duquel un détachement de Mamelucks
était toujours de service, et il avait des émoluments en
rapport avec le corps de luxe dont il avait le comman-
dement.
Dans son nouveau commandement. Dupas était sous
les ordres du général Bessières, commandant la cava-
lerie de la Garde consulaire.
(1) Fielfé, Histoire des Troupes Etrangères au service de France.
(2) Ibid.
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— 87 —
Le journal des Mamelucks(l) débute le 4 germinal
an XI (25 mars 1803) par un rapport à son chef, le gé-
néral Bessières, dans lequel Dupas demande l'expulsion
du corps d'un capitaine mal noté et mal famé, que précé-
demment le général Happ avait décidé de renvoyer :
« Fier de commander les Mamelucks, de braves et fidè-
les étrangers extraordinairement attachés au premier
Consul (2), j'ai lieu d'espérer que vous en ferez part au
général Rapp, afin d'obtenir l'expulsion de M. L. et son
remplacement dans le corps des Mamelucks. >
Un Mameluck avait été mis aux fers après avoir reçu
des coups de bâton, potir avoir volé quelques écus de
6 livres à un camarade. Cette séquestration parut suffi-
sante à Dupas pour ne pas le traduire devant un Conseil
de guerre, mais il le fait sortir du corps où il n'est plus
digne de servir :
«Je demande qu'il soit porté sur la liste des réfugiés
avec vingt sous par jour ; je l'emploierai au balayage et
à l'entretien des cours du quartier. >
Le quartier est dans le plus mauvais état, les murs
sont dégradés, les latrines tombent ainsi que les écuries,
les ouvriers refusant de les réparer, parce que, disent-
ils, « on ne les paye jamais, sans même songer à rem-
bourser leurs avances. >
27 mars. Dupas témoigne au capitaine Delaitre sa
satisfaction au sujet du zèle et des services rendus par
(1) Arch. Dubouloz-Dupas.
(2) Napoléon aimait ses Mamelucks. Il aimait leur agilité, leur
élan, leur bravoure; il aimait leur adresse à faire scintiller
dans Tair leurs damas redoutables, leur habileté à manier leurs
chevaux arabes qu'on aurait pris pour des gazelles quand ils pas-
sèrent rapides comme des flèciies à travers les escadrons ennemis.
(FieflTé, la Garde impériale).
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les sous-officiers. Il convient avec le garde-magasin que
les foins do premier choix, sans mélange de luzerne,
seraient payés dij^-huit sous les cent livres, puis il
s'occupo de l'hygiène de la troupe. II obtient de bonnes
carabines pour ses Mamolucks, mais il ne reçoit aucune
balle de ce calibre, aussi réclame- t-il : sa troupe doit
être aussi bien traitée que les divers corps de la garde
qui tous ont reçu des carabines et les munitions qui leiir
conviennent ; cette mesure, ajoute-t-il, est d'autant plus
importante que les tirs à la cible sont interrompus par
suite de la différence de calibre qui existe entre les
carabines et les balles ; pour obvier à cet inconvénient,
il envoie un moule, afin que le général donne sans délai
un ordre aux magasins d'artillerie pour la fonte de
balles adaptées.
Dupas se plaint vivement au capitaine Colbert du
vétérinaire qui n'exerce aucun contrôle sur les fourrages
tant au point de vue de la qualité qu'à celui du poids. Le
erardc-maerasin fait couper les foins pendant les pluies,
iire que dans les c«is urgents (7 juin).
Ibert et le c<\pitaine quartier-maître-
ivaient mal pris certaines observations
irait que le quartier-maître menaça
aut lieu et de lui faire enlever son
lupas lui répond tranquillement : « Je
ni épouvanté des termes de votre
vMdemment a été inspira par h^ capi-
3 tous les cas vous pouvez agir comme
seulement je vous invite très fort à ne
Itre vis-à-vis du général Rapp, parce
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— 89 —
que je saurai vous rappeler à Tordre et punir d'une ma-
nière exemplaire vos impostures, le général Rapp n'en
sera pas dupe et moi encore moins. Vous ajoutez que
votre intention est de quitter le corps des Mamelucks,
cela vous regarde, vous pourrez plus facilement disposer
de toutes vos protections et m'en menacer. »
Le capitaine Delaitre ne quitta pas le corps mais seu-
lement ses fonctions de quartier-maître: En septembre
Dupas lui ordonna de recevoir dans sa compagnie le Ma-
meluck qui était de service auprès de M"»« Bonaparte ;
de metti'e dans le fourgon partant de Melun tous les
fusils français et autrichiens qui se trouvent encore
dans les magasins, en lui recommandant do choisir les
deux meilleurs et de les remettre aux charretiers pour
leur défense personnelle.
Le journal des Mamelucks continue par divers ordres
de service et la recommandation de faire un choix et
un état des Mamelucks susceptibles d'entrer en cam-
pagne.
Le colonel des Mamelucks passa une partie de l'été
de 1-803 à Saint-CIoud aqprès du premier Consul.
Dèale mois de mai le gouvernement anglais rompit
le traité de paix conclu à Amiens l'année précédente :
le premier Consul répondit par l'invasion du Hanovre,
et l'état de guerre recommença entre la France et
l'Angleterre, ce qiii ne tarda pas à amener un nouveau
changement dans la situation de Dupas.
Le 19 août (11 fructidor an XI), il reçut sa nomination
au grade de général de brigade (1) avec l'avis qu'il
(1) Archives delà guerre.
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— 90 —
allait recevoir un commandement en rapport avec son
nouveau grade.
Cette nouvelle destination lui fut annoncée par la let-
tre suivante du Ministre delà guerre:
« Bonaparte, premier Consul de la République,
ayant à nommer ungénérat de brigade pour être employé
en cette qualité et être chargé du commandement et de la
défense des Côtes, entre la Seine et la Somme, sous les
ordres du général commandant la 15« division militaire,
a fait choix du citoyen Dupas. Il est, en conséquence, or-
donné aux officiers généraux, etc. Fait à Paris le dou-
zième jour du mois vendémiaire an douzième de la
République.
Le Ministre de la Guerre, Berthier (1) ».
Dans ce commandement des Côtes de la Seine à la
Somme, Dupas est chargé non seulement du service de
Tarmée de terre, mais il a sous ses ordres les services
maritimes. Il est chargé de la création et de l'orga-
nisation des chantiers de constructions navales, de la
défense des Côtes et des ports du Havre et Ronfleur (2).
Dès les premiers jours de son arrivée à Dieppe, il si-
gnale, le 11 octobre, l'étrange oubli du commissaire
ordonnateur de la marine, aucun des dépôts du Havre
et des côtes voisines, n'ayant encore reçu les foins et
pailles dont ils devraient être fournis depuis longtemps.
Il établit de nouveaux entrepôts, ordonne que l'on visite
souvent les embarcations des pêcheurs, sortant ou ren-
(1) Arch. Dubouloz-Dupas.
(2) A son départ de Pans, Dui)as reçut du Ministre Berthier
100 louis jK)ur subvenir aux frais extraordinaires de la mission
qui lui était confiée. (Archives de la Guerre).
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— 91 —
trant de nuit dans le port du Havre, afin de mettre ce
port à l'abri des projets perfides des Anglais. Tous les
services souffrent de la pénurie des ressources finan-
cières. Dupas s'adresse directement au Ministre de la
guerre afin d'obtenir au moins l'argent qu'il lui a promis
si souvent et destiné à payer les frais de poste et les
appointements de ses aides de camp ; ces derniers ré-
clamejït ce paiement avec d'autant plus d'insistance
« qu'ils se figurent devoir être traités comme ils l'étaient
étant de service au palais des Tuileries. >
Les attributions des commandants des Côtes étaient
assez mal définies par rapport à celles des commandants
de subdivisions territoriales : des diflficultés ne tardèrent
pas à s'élever. Le général Treillard, chargé du comman-
dement du département de la Seine-Inférieure, avait
remplacé dans le commandement de la place du Tré-
port le capitaine Gay par le capitaine Quentin, et avait
ordonné les arrêts à divers officiers de cette place. In-
formé de ces ordres, Dupas s'y oppose, et rappelle à son
collègue € que son commandement est limité à l'inté-
rieur de la Seine-Inférieure, tandis que le sien s'étend
sur toutes les côtes sans exception, depuis la Seine jus-
qu'à la Somme ; qu'aucun chef, quelque soit son grade,
n'a le droit, ne peut, ne doit s'immiscer dans son com-
mandement ; que d'ailleurs il saura le faire respecter
sous tous les rapports. »
Et de fait, Dupas replace Gay dans son commande-
ment, met Quentin aux arrêts, apprend à Trelliard que
l'étendue do son commandement, à lui Dupas, s'étend
non seulement sur toutes les côtes, mais de plus, sur la
gauche de la route du Havre à Saint- Valéry, ce com-
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— 92 —
mandemeat lui ayant été donné sans être tenu d'en
rendre compte, si ce n'est au général commandant la
15« division à Rouen. Il termine par un conseil à son
collègue Treillard : « Au lieu de vous occuper à choisir
des commandants de place, ne feriez-vous pas mieux de
nous envoyer du bois de chauffage ? > (l)
Les privations endurées par les troupes obligent le
général à s'adresser directement au Ministre de la
guerre. < Toutes les troupeâ cantonnées à Caen, surtout
le 31« d'infanterie légère, excitent la pitié, tous sont
nus des pieds à la tête, leurs fusils dans un état pire ; il
serait impossible d'en trouver deux médiocres sur douze.
Les sentinelles postées sur les côtes n'ont pas même une
capote pour se garantir des pluies ou du froid. >
Quelques jours plus tard, Dupas annonce au comman-
dant que par décision du Ministre, les sous*offlciers et
hussards du 2« régiment recevront une solde supplémen-
taire de vingt centimes par jour, aussi lés engage-t-il à
manifester leur reconnaissance en apjirenant les ma-
nœuvres du canon, afin de se rendre utile suivant les
circonstances. Aux oflBciers il recommande de loger les
troupes aussi près que possible du rivage de la mer et
des batteries, de surveiller la propreté des fusils, de li-
vrer au moins 30 cartouches par giberne.
En même temps il punit avec la plus grande sévérité
plusieurs officiers et hussards qui s'étaient livrés à des
violences sur des gens du pays. Il réprimande et traite
de scélérats les fournisseurs et garde-magasins qui n'a-
(1) Toutes les citations sont extraites dû journal Dupas, com-
mandant des Cotes de la Seine à la Somme. (Arch. Dubouloz-
Dupas).
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" 93 -*
valent pas livré toute Teau-de-vie qui était due aux eôl-
dats do terre embarqués ; « ils sont déjà assez malheu-
reux de se trouver pendant leur traversée sous la dé-
pendance de la marine. »
Dupas ne se gêne pas pour adresser ses doléances di-
rectement au Ministre de la guerre: le 4 novembre il
écrit à Berthier: « J*:ii Thonneurde vous adresser copie
d'une réponse qui sera la dernière que je (ais au général
Treillard qui, comme vous n'en pouvez pas douter, cher-
che à brouiller les cartes et à exciter des luttes qui ne
peuvent qu'être nuisibles à mes opérations. Veuillez,
citoyen ministre, en prendre lecture et donner des or-
dres précis; il paraît que le général commandant la
division, Musnier, n'a pas suivi les ordres que vous lui
aviez adressé au sujet de mon commandement, que la
plus grande partie des corps et des commandants n'ont
pas eu connaissance de mon arrivée, ni de ma nomina-
tion au commandement des Côtes. »
Dupas prévient le Ministre qu'il se rend à Valéry
pouc se reposer mais, qu'en prévision de cette absence,
il a donné ses ordres aux commandants de Fécamp, du
Tréport, etc.; il leur a notamment recommandé d'étudier
avec le plus grand soin la marche de quatre nouvelles
fr^ates anglaises arrivées pour nous observer; il les a
chargés également de surveiller de très près et d'arrêter
immédiatement tout pêcheur de la Côte, soupçonné d'en-
tretenir des rapports avec les Anglais.
L'autorité du commandant des Côtes s'étendait aussi
sur les marins et ce cumul donnait lieu à des difficultés
et à des tiraillements. Chaque jour des soldats, des mu-
nitions, étaient transportés par la voie de mer sur un
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-^ 94 —
point déterminé. Les marins, jaloux d'affirmer leur in-
dépendance du département de la guerre, ne se hâtaient
jamais, et faisaient volontiers escale dans tous les ports
intermédiaires. C'est en vain que le général ordonne
aux commandants de ces ports de ne laisser aucun re-
pos aux marins tant que leur flotille séjourne dans leur
port. Il prie le Ministre de la guerre de faire prendre
par le premier Consul un arrêté privant de la moitié de
son traitement tout officier de marine s'arrêtant dans
un port. « Ce n'est qu'en usant de moyens répressifs,
dit-il, qu'il me sera possible d'exécuter les ordres et de
suivre les instructions de Bonaparte. En l'absence de ces
mesures, le zèle, l'activité dont je suis capable sont
inutiles. »
Ce défaut de cohésion et d'unité fut aggravé à la
suite d'une lettre de l'amiral Bruix à Dupas : « Tous les
officiers de marine, sans exception, se flattent de ne
pas se soumettre aux ordres du commandant des Côtes,
n'ayant d'ordre à recevoir que du Ministre de la marine ;
aussi entendent-ils continuer à entrer, sortir, stationner
où bon leur semblera, et pendant tout le temps qu'ils
voudront, » La volonté la plus énergique était annihilée
par cette résistance. A la suite d'une inspection des
canonniers et bateaux plats sortis des chantiers de la
Ferté et St- Valéry, nouvelles discussions entre le com-
mandant des Côtes et le copamandant de la division na-
vale qui, malgré des ordres contraires, avait abordé la
terre dans l'une de ses traversées ; tous les bateaux fu-
rent ensablés. La 10« compagnie de chasseurs fut trans-
portée parla marine; tout l'eflectif, bien équipé, jouissait
au moment de l'embarquement d'une santé florissante ;
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— 95 —
mais arrivés à destination, à la suite de nombreux sta-
tionnements sous la pluie, privés pendant la traversée
d'une nourriture saine et d'une bonne boisson, ils dé-
barquent pâles, défigurés, mourant de faim et de froid.
De leur belle santé il ne reste qu'une grande énergie.
Heureusement les tribulations de Dupas vont prendre
fin. Dès la fin de novembre, Berthier lui annonce qu'il
est appelé à commander une brigade dans les corps de
grenadiers réunis, dits de réserve, concentrés à Arras,
mais qu'un ordre ultérieur lui fera connaître l'époque à
laquelle il prendra son nouveau commandement. Cet
ordre, du 24 décembre, lui prescrivit de remettre le
commandement des Côtes et de se rendre à Arras pour
y prendre le commandement de l'une des quatre briga-
des de grenadiers de réserve.
Aussitôt que son départ fut connu des autorités mili-
taires et maritimes, Dupas reçut de toutes parts l'ex-
pression de leurs regrets et leurs félicitations. Carbonnol,
directeur de l'artillerie, lui exprime * les regrets una-
nimes de tous » ; le colonel commandant lui écrit : « Ce
n'est pas moi seul qui vous exprime des regrets sur
votre départ, veuillez permettre que je me fasse l'inter-
prète des troupes, qui partagent les sentiments que vous
m'avez inspiré. » Le contre-amiral La Crosse lui écrit :
€ Les éloges que l'on vous prodigue, citoyen général,
sont mérités par votre zèle et votre activité. Recevez
l'expression de mes regrets sincères sur votre départ ;
ils sont basés sur l'estime la plus vraie. Recevez égale-
ment mes compliments sur votre nouveau commande-
ment auquel votre mérite vous donnait des droits si
légitimes. L'inspecteur aux revues de la 15« division :
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Gaogle
« Nous nous rappelons avec lat pks grande sensibilité
toutes les marques d'attention, d'honnêteté, d'amitié
que vous avez bien voulu nous donner pendant votre
séjour à Dieppe et iious voudrions bien être à môme de
trouver l'occasion de vous prouver notre reconnais-
sance, etc. y>
Dupas emmenait à Arras (1) ses deux aides de campf:
le premier était le capitaine Barrai, qui avait fait les
campagnes d'Italie et d'Egypte, et avait servi avec le
grade de lieutenant dans le régiment dès dromadaires
organisé par Kléber. « Cet aide de camp, dit M«n« Junot
d'Abrànlés dans ses Mémoires, était bien le meilleur, le
plus digne des humains. Il était brave comme son gé-
néral ; ils s'étaient connus et appréciés en Egypte, où
le lieutenant Barrai était dromadaire. Il avait de la
timidité dans le monde, où il allait peu, et où c'était un
vrai supplice pour lui d'accompagner son général. »
Lé second aide de camp était depuis peu de" temps
attaché à Dupas : c'était le capitaine Bochaton, d'Evian,
qui s'était distingué à l'armée des Pyrénées-Orientales,
où il était officier dans le 5® bataillon de volontaires
nationaux dii département du Mont-Blanc. Il était retiré
dans ses foyers lorsque Dupas le fit rentrer au service et
le prit pour aide de camp le 5 octobre 1803, le jour*
même où le général était nommé au commandement des
Côtés de la Manche.
En même temps que Dupas, arrivait à Àrràs le bril-
(I) Dupas demanda un congé de 10 jour^ pour se rendre à
Paris arranger quelques affaires; son père venait de. mourir. Il
désirait ne se rendre à Arras qu'après ce congé qui lui fut refusé
par Berthier, alors Ministre de la guerre. ( Archives d^ la Guêtre).
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-9t -
lant commandant de la place de Paris, le général de
division Junot, qui venait prendre le commandement de
la division de grenadiers. Pour Junot, quitter le com-
mandement de Paris était une sorte do disgrâce qu'il
avait méritée d'ailleurs, en faisant, étant pris de vin,
une scène scandaleuse chez Garchi, glacier de Paris où
se réunissait la bonne compagnie. Il fut remplacé dans
le commandement de Paris par Murât qui. sans avoir
beaucoup de tôte, en avait une meilleure que Junot.
Ce dernier n'était qu'un brave soldat, un redoutable
sabreur, un excellent instructeur, mais point du tout
général.
Dans le chapitre suivant, nous verrons Dupas com-
mander pendant deux ans sa brigade de grenadiers et la
conduire à la victoire. Quant au général de la division
do grenadiers, Junot, il ne resta à leur tôte que jusqu'au
mois d'août 1804 ; mais il s'en occupa avec l'extrême
sollicitude d'un parfait instructeur, et ce fut lui qui con-
tribua le plus à faire substituer le schako au chapeau à
trois cornes si incommode pour la troupe, et à faire re-
noncer le soldat aux longs cheveux poudrés pour lui
faire adopter les cheveux courts dits à la titus.
76
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— m -
CHAPITRE VI.
CAMPAGNES DE ^805 ET ^806
Janvier 1804 à Décembre 1806
Dupas commande une brigade de la division de grenadiers de
réserve à Arras. — Nouvelles faveurs dont il est Tobjet. —
Commandant de la Légion d'honneur. — Sous-Gouverneur du
château de Stupinis. — Troisième coalition. — Campagne de
1805 contre les Austro-Russes. — Le général Z'-en-avant. —
Donawerth. — Wertingen. — Ulm. — Amstetten. — Holla-
briinn.— Au sterlitz. — Dupas général de division, grand cordon
du Lion de Bavière. — Traité de Presbourg. — Quatrième
coalition. Campagne de 1806 contre la Prusse. — Dupas
commande la l"*® division du 8® corps. — Opérations de cette
division en Allemagne et dans la Poméranie suédoise.
Bonaparte avait répondu ^x dispositions menaçantes
de rAngl63terre par la création d'une formidable armée
réunie au camp de Boulogne et destinée à opérer une
descente sur les Côtes anglaises. Recourant au pro-
cédé de formation de troupes d'élite qu'il avait déjà
iployé à Tarmée d'Italie, il détacha, dans un grand
mbre do régiments d'infanterie, les 3 compagnies de
enadiers pour en former une douzaine de bataillons
îlite. Seulement, cette fois, les bataillons de grenadiers
mrent pas l'existence éphémère de ceux de 1796. Au
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— 99 —
fur et à mesure que les compagnies destinées à conriposer
ces bataillons arrivaient à Arras, elles étaient organisées
en bataillons et placées sous la direction de Fun des
quatre généraux de brigade sous les ordres du jeune
divisionnaire Junot.
C'est ainsi que Dupas reçut le commandement de la
3« brigade de ces grenadiers, dits de réserve, le IG
pluviôse an XII, 6 février 1804. L'instruction, l'arme-
ment, la tenue, l'entraînement de cette belle troupe
occupèrent tous les instants de Dupas dès ce moment ;
son chef lui donnait d'ailleurs sous ce rapport l'exem-
ple: «Je n'ai jamais vu, dit M»*® d'Abrantés dans ses
Mémoires, de mère plus coquette pour sa fille, de femme
plus coquette pour elle-même, que Junot ne l'était pour
ses grenadiers, leur toilette et surtout leur coif-
fure, etc. » (1).
La Légion d'honneur venait d'être créée. A la troi-
sième promotion de cet ordre, qui eut lieu le 14 juin
1804 à l'occasion du 4« anniversaire de Marengo, Dupas
fut promu d'emblée commandant (2), mais il était mem-
bre de droit de l'ordre, dés la création, en sa qualité de
titulaire d'un sabre d'honneur.
Dès la fin d'août 1804, Junot fut remplacé par Oudinot
dans le commandement de la division des 10,000 gre-
nadiers. L'année se passa en préparatifs belliqueux,
(1) C'est à propos de ce séjour à Arras que M""* Junot d'Abrantès
rapporte qu'on appelait Dupas le généralrs*-en avant, et qu'elle
conte une anecdote sur l'aide de camp Barrai. (A. Folliet, les Sa-
voyards au pont de Lodi).
(2) C'est le grade qu^on appelle aujourd'hui commandeur.
Comme titulaire d'un sabre d honneur. Dupas était Membre de
droit àe la Légion d'honneur. Membre était le grade qu'on appelle
à présent Chevalier.
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— 100 —
mais pour divers motifs la descente en Angleterre ne
put être efliectuée.
Dupas jouissait toujours de la plus grande faveur
auprès do Bonaparte. Depuis son retour d'Egypte, il
n'avait occupé que des emplois privilégiés avec de beaux
traitements on dehors de celui de son grade. La faveur
dont il n'avait cessé de jouir sous le Consulat ne se dé-
mentit pas lorsque l'ambitieux Bonaparte fut devenu
empereur. Napoléon lui réservait une de ces agréables
sinécures qui comportent des appointements sans don-
ner lieu à aucune occupation ni responsabilité. Le 31 oc-
tobre 180 ii il lui fît écrire la lettre suivante :
« Saint-Cloud, le 9 brumaire an XIII.
« Le grand Maréchal du Palais^ au général de brigade
Dupas
J'ai l'honneur de vous prévenir que S. M. vous a
nommé aux fonctions de Sous-Gouverneur du palais de
Stupinis (1) ; vous jouirez des prérogatives et appointe-
monts attachés à cette place. Ces appointements sont de
six mille francs, pour l'an XIII. Vous les cumulerez avec
ceux que le Ministre de la guerre vous fera payer pour
le grade que vous occupez dans l'armée.
DUROC. >
Napoléon était rentré à Paris, le 12 octobre, d'un long
voyage commencé le 18 juillet et, au cours duquel, il
avait inspecté les camps de la grande armée à Boulogne,
(l) Palais des rois de Sardaigne en Piémont, devenu palais im-
périal.
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— 101 —
décerné les récompenses de la Légion d'honneur le
15 août, et visité les bords du Rhin.
Le nouvel empereur fit à l'Angleterre de nouvelles
propositions de conciliation. Le ministère anglais n'y
fit qu'une réponse évasive et, malgré les efforts de
l'opposition en faveur de la paix dans le Parlement, les
ministres, assurés de la majorité, gardèrent le secret de
leurs relations avec les puissances du continent et la
paix présentée par la France fut encore une fois re-
poussée (février 1805).
Au printemps de 1805, Napoléon alla recevoir à Milan
la couronne des rois Lombards. A son retour, il visitix
de nouveau le camp de Boulogne (2 août). Son apparition
sur les Côtes de la Manche fit croire que l'expédition
contre l'Angleterre allait être entreprise. L'Autriche,
d'accord avec l'Angleterre et la Russie, crut l'occasion
excellente pour déclarer la guerre (3 septembre) et trois
armées autrichiennes furent mises en marche : l'une, de
80,000 hommes (archiduc Ferdinand), envahit la Bavière,
alliée de la France ; la seconde, de 30,000 (archiduc
Jean), entra dans le Tyrol; et la troisième, 100,000
hommes (archiduc Charles), s'avançait sur l'Adige.
A la première nouvelle des mouvements hostiles des
troupes autrichiennes. Napoléon avait quitté Boulogne
pour rentrer à Paris. Il quitta le château de St-Cloud le
24 septembre et arriva à Strasbourg le 27 : il y attendit
l'arrivée et la concentration des troupes qui devaient
former la grande armée qu'il allait conduire en Allema-
gne contre la troisième coalition : cotte grande armée
se composait de sept corps commandés par Bernadette,
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— 102 —
Marmont, Davout, Soult, Ney, Lanneset Augereau, plus
la Garde impériale.
Le corps du Maréchal Lannes était le 5^ ; il se compo-
sait de deux divisions, savoir: les grenadiers Oudinot
et la division Suchet, en tout 17,000 hommes.
La division de grenadiers Oudinot était formée de dix
bataillons d'élite répartis en trois brigades : Laplanche-
Mortière, Dupas et Raffln.
La brigade Dupas était la 2®, elle était forte de quatre
bataillons, savoir : deux bataillons d*élite d'infanterie
légère, forts de 911 hommes, colonel Schramm, et deux
bataillons d'élite de ligne, forts de 857 hommes, colonel
Cabannes, en tout 1798 hommes. Dupas avait avec
lui ses aides de camp Barrai et Bochaton.
Il n'entre pas dans notre cadre de décrire les événe-
ments généraux de cette admirable mais sanglante
campagne de 1805: nous devons nous borner à la 2^ bri-
gade des grenadiers Oudinot.
Les grenadiers faisant tête de colonne du corps d'armée
de Lannes passèrent le Rhin à Kehl le 25 septembre,
firent halte pendant la nuit aux environs de Rastadt,
et s'avancèrent le lendemain sur Ludwigsburg. De là
ils prirent la route de Beutelsbach, Pludershausen,
Gemund, Aalen et Nordlingen. Le 6 octobre, ils étaient
à Neresheim.
Murât avec la réserve de cavalerie traversa le Da-
nube à Donawerth le 7 octobre, suivi par Lannes avec
les grenadiers Oudinot. Le 8, Murât attaque une divi-
sion autrichienne à Wertingen. Ce corps autrichien
oppose la plus vive résistance. Lannes se hâte d'en-
voyer au secours de Murât sa brigade de grenadiers la
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— 103 —
plus rapprochée qui était précisément celle de Dupas.
9 La vue de ce renfort imposant ne contribua pas peu
à accélérer la retraite de l'ennemi. Poursuivi avec cha-
leur, le corps autrichien abandonna dans sa fuite son
artillerie ; la plus grande partie de ses drapeaux tomba
au pouvoir des Français, qui firent prisonniers deux
lieutenants-colonels, six majors, soixante officiers et
prés do quatre mille soldats. Tout ce qui n'avait pas été
tué ne dut son salut qu*à un marais qui arrêta la marche
de la seconde brigade des grenadiers d'Oudinot que le
général avait fait avancer au pas de charge pour tourner
la colonne des fuyards. » (1).
Le 9 octobre au soir les grenadiers vinrent prendre
position à Zusmershausen, sur la route d'Ulm à Augs-
bourg ; l'empereur y établit son quartier général et
passa les troupes en revue. Il distribua des récompenses
aux dragons de Murât ; les grenadiers d'Oudinot par-
ticipèrent aussi à ces récompenses, et l'empereur loua
leur courage et leur belle tenue (2).
Les jours suivants les grenadiers étaient devant Ulm,
les 30,000 hommes du général Mack capitulèrent le 17.
La division Oudinot descendit ensuite l'Iser et marcha
par la route de Landshut, sur Braunau : elle fut déta-
chée du corps de Lannes pour marcher avec la cavalerie
légère de Murât à la poursuite du général russe Kutusoff
qui, se retirant par la grande route de Linz à Vienne,
avait fait prendre position à une partie de son arrivée
sur les hauteurs d'Amstetten. « Lorsqu'il eut reconnu
(1) Victoires et conquêtes des Français.
(2) Même ouvrage.
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— 104 —
la position de l'ennemi et après quelques engagements
assez sérieux entre la cavalerie et celle des Russes,
Murât fit avancer la division de grenadiers que le géné-
ral Oudinot forma en plusieurs colonnes d'attaque.
Les Austro-Russes opposèrent d'abord une résistance
assez opiniâtre ; mais Oudinot ayant ordonné une charge
générale à la baïonnette, l'ennemi fut déposté sur tous
les points et laissa 400 morts sur le champ de bataille
et 300 prisonniers entre les mains des vainqueurs ; il
fut poursuivi par le 9® et le 10® de hussards qui lui
firent encore 1,500 prisonniers. » (1).
Le 13 novembre les grenadiers passèrent sur la rive
gauche du Danube à Vienne ; le 16 au soir, Murât vou-
lut absolument attaquer l'arriére-garde du prince Bagra-
tion à Hollabrunn. Lannes fit avancer la division des
grenadiers d'Oudinot pour attaquer de front et par la
gauche tandis que les troupes de Soult tournaient par
la droite et que Vandamme appuyait les grenadiers.
La U^ brigade de grenadiers, Laplanche-Mortière, fon-
dit sur les Russes avec son élan accoutumé et fut suivie
par les brigades Dupas et Raffin ; mais il était nuit noire,
les Russes se défendirent admirablement et ce n'est
qu'à 11 heures du soir que les Français, qui étaient
22,000, furent vainqueurs de ces 6,000 Russes. Le gé-
néral Oudinot, surnommé le Bayard de l'armée, qui
avait, disait-on, plus de blessures que d'années de ser-
vices, fut encore assez grièvement blessé dans ce combat
de nuit ainsi que ses deux aides de camp.
(1) Victoires et conquêtes des Français.
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— 105 —
Duroc prit le commaadement des grenadiers pendant
l'absence forcée d'Oudinot blessé.
Le 27 novembre les grenadiers étaient avec Duroc à
Brunn et dans les environs de cette place.
Dans la nuit du l®'* au 2 décembre, à la veille de la
grande bataille qui allait être livrée aux Austro-Russes,
la réserve de l'armée, composée de dix bataillons de la
Garde impériale et des dix bataillons de grenadiers de
Duroc, était près de Turas entre ce village et Schla-
panitz. Cette réserve était disposée sur deux lignes, en
colonne par bataillon à distance de déploiement, ayant
dans les intervalles 40 pièces de canon. C'était avec
elle que Napoléon avait le projet de se précipiter par-
tout où il croirait sa présence urgente. Les soldats de
cette formidable réserve témoignaient leur impatience
de n'être point engagés avec l'ennemi et demandaient
qu'on les fit danser : < Réjouissez-vous de ne rien faire,
répondit l'Empereur, je vous garde en réserve ; tant
mieux si l'on n'a pas besoin de vous aujourd'hui. »
Les grenadiers Oudinot ne furent engagés qu'un ins-
tant vers la fin de la bataille d'Austerlitz : ce fut la
brigade Dupas qui eut cet honneur et sut le mettre à
profit par une intervention décisive due à une manœuvre
habile et précise : « La brigade de grenadiers comman-
dée par le général Dupas et placée sous les ordres du
général Duroc, dit la relation officielle de la bataille,
arrivait sur le ruisseau de Kobelnitz. Elle manœuvra de
manière à serrer et à tourner un corps de cinq mille
hommes que poursuivaient le 10® d'infanterie légère et
le 43® de ligne commandés par le général Morand et
lui fit rendre les armes. »
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— 106 —
Cette grande victoire d'Austerlitz, due aux habiles
dispositions de Napoléon et à Tincomparable valeur
des troupes, coûta aux Austro-Russes plus de 40,000 hom-
mes hors de combat.
Le 3 décembre les grenadiers Oudinot prirent la roule
de Hongrie. Après Tarmistice les grenadiers revinrent
survienne avec la Garde: le 12 décembre TEmpereur
était de retour au palais de Schœnbrunn.
Quelques jours plus tard, Dupas, qui venait de justifier
une fois de plus son glorieux - surnom de général
Z'en avant, recevait en récompense de sa brillante
conduite sa nomination au grade de général de division
et le Grand Cordon du Lion d'Or de Bavière. le 3 nivôse
an XIV (24 décembre 1805).
Le 26 décembre fut signé à Presbourg le traité qui
reconnaissait comme rois les électeurs de Bavière et de
Wurtemberg, qui confirmait la réunion de la Vénétie
de ristrie et de la Dalmatie au royaume d'Italie, etc.
Bientôt le roi de Naples était expulsé de son royaume
et remplacé par Joseph Bonaparte; Louis Bonaparte
était nommé roi de Hollande et Napoléon devenait le
chef de la Confédération de l'Allemagne du Sud (Bavière,
Wurtemberg, Bade, Berg, Darmstadt, Nassau, etc.)
Mais à peine la troisième coalition était-elle anéantie
par la foudroyante campagne de 1805 qui venait de se
terminer par Austerlitz et le traité de Presbourg, qu'une
quatrième coalition se formait à l'instigation de l'An-
gleterre. Cette fois la Prusse, qui jusqu'alors était restée
neutre, entra dans la coalition et fit des armements ex-
traordinaires. Dès le commencement de septembre 1806
le gouvernement prussien, sans attendre l'arrivée de ses
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— 107 —
alliés les Russes, fit entrer ses troupes en Saxe tout
comme Tannée précédente le gouvernement autrichien
avait fait envahir la Bavière.
En même temps un ultimatum était adressé par le
roi de Prusse au gouvernement Français. Cette
pièce singulière, comparable par l'extravagance dos
idées au fameux manifeste du duc de Brunswick en
1792, intimait pour ainsi dire à l'Empereur des Français
Tordre de repasser le Rhin, d'évacuer le territoire
allemand et de renoncer aux couronnes d'Italie, de
Naples et de Hollande; la France était menacée, en cas
de refus, de toute la vengeance des armées prusiennes.
240,000 Prussiens sous les armes se mirent en mouve-
ment. On sait comment Napoléon tomba sur cette armée
avec les corps de Bernadette, Davout, Soult, Lannes,
Ney, Augereau, anéantit les Prussiens le 14 octobre à
léna, à Auerstaedt et en d'autres combats, si bien qu'en
27 jours la grande armée prussienne s'était évanouie.
Au moment où l'armée française allait commencer
son mouvement en avant, le 22 septembre 1806, Dupas
reçut Tordre de prendre le commandement de la
l^û division de l'armée gallo-batave qui prit le nom de
8« corps de la grande armée sous les ordres du maréchal
Mortier. Ce corps d'armée composé de troupes françaises
et hollandaises était rassemblé en Hollande et se trou-
vait prêt à entrer en campagne dans les premiers jours
d'octobre. (1) La force du 8« corps était de 20,000 hom-
mes.
(1) Organisation delà 1'* division du 8* Corps d'armée. (Archives
de la Guerre),
Maréchal Mortier, commandant en chef.
V^ Division, général Dupas, Aides de camp, les capitaines Bar-
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— 108 —
La force de la division Dupas était de 10 bataillons
dont six français et quatre hollandais avec rartilierio
hollandaise à l'effectif de 8,255 hommes répartis en
trois brigades aux ordres des généraux Veaux, Gency
et Grandjean.
La l^e division du 8« corps s'avança vers les frontières
de rélectorat do Hesse-Cassel dont le souverain s'était
allié au roi de Prusse, tandis que son envoyé à Paris
cherchait encore à tromper le cabinet de St-Cloud sur les
intentions de son maître. Il eût été imprudent, au mo-
ment où les Prussiens battus à léna fuyaient devant
Tannée française, de laisser sur les derrières de celle-ci
des troupes intactes et prêtes à tirer parti d'un échec
de nos armes.
Dupas était avec Mortier sous les murs de Cassel le
l®"^ novembre : voulant éviter à cette capitale les suites
d'une occupation de vive force, le maréchal la fit sommer
de recevoir sans résistance les troupes gallo-bataves. La
régence s'empressa d'obtempérer à cette sommation et
à midi le maréchal entra dans Cassel qu'il fît occuper
en force. Le lendemain il annonçait par une proclama-
ral, Bochaton, le lieutenaut Orillat.
Clief d'Etal-major : Dumarest, adjoints, Regnaud, Roguet.
!••« Brigade, général Veaux. Aide de campj Curnillon.
4» Léger : Colonel Bazancourt, 2 bataillons 1774 hommes.
15® de ligne : Cîolonel Raynaud, 2 id. 1514 id.
2eBrig. g*' Gency. Aide de camp
Perrin.
58e de ligne: Colonel Arnaud, 2 id. 1772 id.
Régiment du Grand Duc de Berg, 2 id. 1344 id.
3e Brig., g** Granjean Aides de
camp Jeannot, Prévost.
Rég. du G^ Duc de Wurstbourg, 2 id. 1691 id.
Artillerie française à pied, artille-
rie hoHandaise à cheval. 160 id.
10 bataillons 8255 hommes.
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— 109 —
tion sa prise de possession de la Hesse électorale et or-
doQDait aux troupes hessoises de déposer les armes ou de
prendre du service dans Tarmée française. Cette dernière
sointion fut adoptée par un grand nombre de soldats.
Après avoir ainsi soumis la Hesse sans combat, le
8« corps marcha vers le Hanovre et sur Hambourg pour
former l'Elbe et le Weser. Les Français se trouvaient
ainsi maîtres de toutes les villes anséatiquos des côtes
de la mer du Nord et de la Baltique ; ils interceptaient
le commerce de l'Angleterre sur tous les points qui lui
servaient d'entrepôt. C'est à ce moment, c'est à ce point
culminant de sa puissance et de sa gloire que Napoléon,
malgré le vœu du Sénat et de l'opinion publique, rendit
ies fameux décrets de Berlin aux termes desquels il mit
en état de blocus les îles Britanniques et défendit à
l'Europe d'entretenir avec elle des relations commer-
ciales. Fatale mesure qui devait accumuler sur la
France tant de désastres !
Les troupes de Dopas, formant l'extrémité gaucho do
la ligne occupée par la grande armée, s'avancèrent par
le Mecklembourg vers la Poméranie suédoise. A leur
approche, toutes les troupes suédoises qui occupaient la
frontière de cette province se retirèrent sur Stralsmid,
qui en est la capitale (12 décembre), en prenant la pré-
caution de rompre tous les ponts afin de retarder la
marche des Français.
A la fin de décembre 1806, la division Dupas était avœ
Mortier à Anclam, ne songeant pas attaquer Stralsund,
place très bien munie et fortement défendue, mais se
préparant à entrer dans la Poméranie Suédoise pour
resserrer cette place.
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- 11Ô--
Le 22« et le 72« régiments d'infanterie et le !««• régi-
ment de ligne italien vinrent renforcer la division Dupas
ainsi que le 26« régiment de chasseurs à cheval et le
2« régiment de hussards hollandais. Le général Ruby
commanda une des brigades.
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~ ni —
CHAPITRE VU
CAMPAGNE DANS LA POMËRANIE SUÉDOISE
Janvier à Juin 1807
Journal de la division Dopas (1). — Entrée dans la Poméranie
Suédoise. — Blocus de Stralsund. — Construction d'un pont.
Passage de la Peene. — Prise de Loitz. — Marches et recon-
naissances. — Combat du 14 mars. — Marche delà division. —
Combat d'Ukermund. — Armistice. — Siège de Colberg. —
Broch, Stettin. — La division passe la Vistule et marche sur
Friedland par Heilsberg. —Force et composition de la division
Dupas.
Les places conquises sur le Haut-Oder assuraient à la
droite la ligne d'opération de la grande armée ; Mortier,
commandant le 8« corps, devait l'assurer à sa gauche
sur le Bas-Oder; il lui était surtout recommandé de
pénétrer dans la Poméranie Suédoise.
Le maréchal avait établi son quartier général à An-
clam, le 12 décembre 1806. A son approche les Suédois
qui occupaient la frontière de la Poméranie s'étaient
repliés sur Stralsund.
Le siège de cette place n'étant pas possible faute de
matériel de siège, le 8« corps fut chargé de la bloquer.
(1) Rapport historique du général Dupas : 27 janvier 1807 au
30 mars 1809. Archives Dubouloz-Dupas.
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-liâ-
La division Dupas reçut donc Tordre de pénétrer le
28 janvier 1807 dans la Poméranie Suédoise. Ce géné-
ral attendit que la nuit fut close pour éviter la surveil-
lance des espions et celle des postes Suédois établis en
face de nos troupes.
La nuit venue, le quartier général et ràrtillerio se
mettent en marche pour Sicden-Brûnsow, la cavalerie
légère pour Engenilborg, deux villages très rapprochés
Tun de Tautre, à doux lieues de Loitz, ville Suédoise
que Dupas attaquera le lendemain et aussitôt qu'il aura
pu rétablir en face de l'ennemi un pont sur la Peene.
Le 4« régiment d'infanterie légère, qui occupait les
villages situés entre la grande route et la Peene, pro-
fite également de l'obscurité pour gagner sa nouvelle
position ; les autres troupes ne quittent leurs cantonne-
ments que dans la matinée et tous se réunissent à Wus-
tonfelde, sauf le quartier général qui se fixe à Kletzin.
Les sapeurs chargés de construire le pont se rendent
aussi avec le général Veaux, commandant l'avant-garde,
et Riquet, adjoint à l'état-major, pour reconnaître l'em-
placement du pont, réquisitionner les matériaux et ce
qui est nécessaire pour sa construction.
Aussitôt arrivé à Brûnsow, Dupas fait distribuer à sa
division douze mille rations de pain et de viande pour
deux jours ; le soir, il se rend à Demnin pour reconnaî-
tre les mouvements des 22^, 58® régiments et faire
avancer pendant la nuit le 58® (Colonel Arnaud) jusque
dans les villages et faubourgs ; ordonner au général
Ruby, commandant ces deux régiments, de placer des
sentinelles aux portes de cette ville et de ne laisser sor-
tir aucun habitant. A dix heures, s'étant rendu avec la
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— ii3 —
brigade Ruby à Wustenfelde pour reconnaître les ira-
vaux du pont, Dupas y rencontre le général Veaux,
Riquet adjoint et Tofficier des sapeurs qui lui présentent
un rapport concluant à l'impossibilité do le rétablir
faute de matériaux et parce que tous les pilotis avaient
été arrachés ou coupés par l'ennemi.
Dupas ne se laisse pas abattre par ces difficultés, il
prend aussitôt la résolution d'établir un nouveau pont
à Demnin et de traverser la Peene à tout prix, mais il
envoie, au milieu de la nuit, une estafette au maréchal
Mortier pour le prévenir de ce contre-temps afin qu'il
ne s'engage pas seul avec la division occupant la
droite. Ces précautions une fois prises, il fait requérir
le Bourgmestre de lui fournir les matériaux destinés à
la construction du pont et c'est avec le plus grand zélé
que cet administrateur le seconde : la place publique se
trouve bientôt encombrée de voitures apportant des
poutres, planches, cordages, bateaux, etc.
Dupas profite de cet élan de toute la population pour
distribuer à l'artillerie huit cents fers à crochets, sept
cents clous à glace, quatre mille clous ordinaires et six
mille fers en barre ou en bande ; il donne au détache-
ment du 26® régiment de chasseurs à cheval deux cents
fers à crochets, cinq cents clous à glace et deux mille
clous ordinaires qu'il avait en vain réclamés depuis
trois jours.
La construction du pont, arrêtée par le feu continuel
de l'ennemi, décide Dupas à envoyer Orillat son troi-
sième aide de camp requérir les sapeurs, le 4« régiment
d'infanterie légère, et Bochaton, second aide de camp,
pour amener la cavalerie et l'artillerie; pendant leur
8b
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— 114 —
marche sur Demnin il charge Barrai son premier aide
de camp et un officier d'artillerie d'aller reconnaître le
pont et de choisir une position avantageuse pour y
placer rartillerie afin de protéger les ouvriers contre
les canons ennemis placés de l'autre côté de la Peene.
27 janvier. — Tous ces renforts étaient arrivés, mais
un froid excessif fatiguait les troupes de Dupas qui eut
en ce moment l'idée d'arrêter tous les travaux du pont
et de vérifier la solidité des glaces recouvrant la Peene.
Il demanda au Bourgmestre un pêcheur qu'il mit à la
disposition de Curnillon, aide de camp du général
Veaux et de Carré, aide de camp du général Ruby,
leur ordonnant de vérifier la solidité de cette voie, ce
quMls firent en traversaût ce cours d'eau plusieurs fois,
sur une longueur de cent toises environ.
Dès lors Dupas assuré du passage de sa division, ré-
quisitionna tous les panierset les cendres qu'il put trouver.
Les premières compagnies du 4® les répandirent sur
la glace pour faciliter le passage de la brigade Veaux
et des régiments de Ruby qui prirent leur position en
arrière du 4«.
La U^ compagnie des voltigeurs du 4«, qui était passée
la première, cherche à envelopper les postes ennemis
sur lesquels elle tire quelques coups de fusil et les met
en fuite ; Dupas fait passer tous les matériaux destinés
à la construction du pont que l'on parvient à terminer
le 28, à trois heures après midi. A partir de ce moment
la cavalerie et l'artillerie le traversent pendant que les
autres troupes passent sur la glace sans que l'on ait
d'accident à regretter ; un seul soldat perce la glace à
son passage, mais on le retire aussitôt sain et sauf.
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Aussitôt que rartillerio et la cavalerie furent passée^,
Ton se mit eu marche pour Loitz où toute la division
arriva le soir à dix heures et demie; seize hommes et
un officier Suédois attachés à la garde de Tancien pont
furent faits prisonniers et conduit à Domnin, cependant
Ton rendit à cet officier son épée et la liberté sur la
parole qu'il donna de ne plus servir contre la France.
Marches sur Griemen, ElmenorsL — Dupas voulut
repartir immédiatement pour Griemen, suivant Tordre
qu'il avait reçu, et se placer à la hauteur de Grisswalde
où devait se trouver Mortier ; mais les fatigues, le be-
soin de sommeil arrêtant beaucoup de soldats en route,
il dut faire camper le 58" dans le village de Pogondorf,
le 22e à Klevenow et à Barcow pour les rallier le len-
demain.
Dupas put alors continuer sa marche avec la cavale-
rie, le 4« léger et l'artillerie hollandaise; arrivé à
Griemen, il mit en fuite deux escadrons ennemis et quel-
ques soldats d'infanterie qui se contentèrent de mettre
le feu à leurs signaux ; de là il put arriver le 29 à une
heure et demie du matin à Griemen en suivant des che-
mins affreux et au milieu d'une neige abondante ; le
maréchal en fut averti immédiatement.
N'ayant pu réunir toute sa division qu'à neuf heures
pour se rendre à Elmenorst, il envoya sa cavalerie
sur la route de Richtemberg pour observer l'ennemi et
faire quelques prisonniers ; le sous-lieutenant Lamethe-
rie, ayant avec lui quelques chasseurs à cheval, fît la
rencontre d'un escadron de hussards soutenu par une
centaine de fantassins embusqués dans un bois situe
entre Elmenorst et Zarrendorf. Après une courte recon-
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- 116 -
naissance Dupas ordonne l'attaque, Lametherie en-
traîné par son courage se fait tuer, Nubbiolo, chasseur
à cheval, se distingue dans notre poursuite de l'ennemi
qui perd un grand nombre d'hommes tués, blessés ou
prisonniers.
Quand cette attaque fut terminée, Dupas entendit
plusieurs coups de canons venant de la position occupée
par la division de droite commandée par Mortier ;
il partit aussitôt pour le secourir en se dirigeant
sur Stralsund afin de resserrer l'ennemi entre les deux
divisions françaises ; malheureusement l'épaisseur des
brouillards et la rencontre imprévue d'un marais arrêta
sa marche ; l'ennemi aperçut le danger qui le menaçait
et eut le temps de se retirer dans l'intérieur de la place.
Dupas n'eut plus d'autre parti à prendre que celui de
prendre position à Woogdhagen et de concentrer le
lendemain sa division dans les environs d'Elmenorst
où il établit son quartier général ; sa cavalerie fut en-
voyée à Abeshagen, l'artillerie à Vittshagcn, ses deux
brigades d'infanterie à Lusfow, Pantelitz, Born, Klein-
korshagen, etc. Pendant ces mouvements l'ennemi fit
en vain plusieurs sorties, ses nombreuses pertes le dé-
cidèrent à démolir toutes les maisons qui existaient en
dehors de sa ligne de défense. En ce moment nous
trouvons le quartier de la brigade Veaux à Kleinkors-
hageu, celui de Ruby à Steiuhagen, puis à Zinkendorff ;
Bugniard remplit les fonctions de chef de l'état-major.
Ruby va faire des reconnaissances sur Prohse et
jusqu'aux bords de la mer pour empocher les sorties de
l'ennemi et l'entrée des vivres dans la place : le feu
éclate dans les faubourgs. Le 5 février Dupas arrive à
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— 117 —
Stoiuliageu, ses avant-postes sont canonnés et les offi-
ciers généraux suédois entrent dans la maison rouge
qui est leur poste le plus important pour étudier nos
positions et d'où ils envoient un escadron à la pour-
suite du général Veaux ; nous parvenons à nous empa-
rer de ce poste malgré la résistance énergique de ses
défenseurs que soutenaient à la porte du centre sa
cavalerie, Tartillerie et son infanterie.
Le même jour, Dupas constate que trois chaloupes
canonnières se sont dirigées sur l'île de Rugen (1) et que
trois bricks ont gagné la haute mer.
Février. —. Ayant établi son quartier général à Zin-
kendorflf, son premier soin estde faire coupertous les pieux
ainsi que le pont situé sur la gaucho de Grunchufe par
lequel l'ennemi débouchait tous les matins pour faire
ses reconnaissances ; cependant le pont a pu être réta-
bli en profitant d'une artillerie de gros calibre qui n'a
pas cessé de tirer sur nos soldats et a permis à nos
adversaires do couper tous les arbres; des coups de
carabine, de pistolet ont été échangés de leurs vedettes
aux nôtres, la cavalerie et l'infanterie ennemies ont
dirigé leurs feux sur nos avant-postes, mais nos pa-
trouilles les ont poursuivies pendant toute la nuit du 15.
Déserteurs sicedois, nouvelles attaques. — Cinq dé-
serteurs suédois qui se sont rendus au quartier général
do la division ont affirmé que tous leurs camarades dé-
serteraient, si l'on exerçait moins de surveillance, que
l'on encourage, on accordant une prime de trois ducats,
à tout soldat qui tue, ou arrête un déserteur; l'un de
ces derniers n'est parvenu à gagner le camp français
(l) Rugen, ile Prussienne'(Poméranie), dans la mer Baltique.
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— 118 —
qu'après être resté couché pendant toute la nuit, dans
un fossé rempli dVau.
Les munitions de guerre diminuant, Dupas donne les
ordres les plus sévères pour les ménager, il recommande
de ne tirer sur les soldats ennemis qu'autant qu'ils se
trouvent assez nombreux pour nous procurer quelque
avantage quoique leurs attaques partielles nous aient
fait éprouver beaucoup de pertes ; ces privations n'é-
taient pas les seules, de nombreuses plaintes étaient
aussi portées contre les fournisseurs qui trompaient
l'armée sur le poids, la quantité et la qualité des vivres.
Le journal continue en signalant la présence de sept
vaisseaux venant de Stralsund et qui semblent se diri-
ger vers la haute mer ou peut-être sur Tîle de Rugen.
Le 21, deux mille fantassins suédois appuyés par de
rartillerie et de la cavalerie commandés par le général
Arrenfelde se sont jetés à Timproviste sur une redoute
établie entre les lacs pour surprendre nos postes ; ce
fut grâce au sang-froid d'un bravo sergent. Lassé, qui
la défendait avec trente hommes seulement, que nous
pûmes la conserver.
L'artillerie suédoise, qui était masquée jusqu'au der-
nier moment par la cavalerie, se découvrit tout-à-coup
devant Lassé qui s'écria : « Voici l'ennemi, camarades,
résistons jusqu'au dernier de nous, le premier qui sort
de la redoute est tué. > Après une longue résistance, il
fut assez heureux pour refouler l'ennemi qui laissa plu-
sieurs soldats tués ou blessés.
l*' Mars. — Nous trouvons alors le quartier général
de Dupas à Linkendorff, le général Veaux à Klein-
hordshagen, Ruby à Pulte ; toutes les populations ren-
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— 119 —
contrées dans les étapes, principalement à Barth, témoi-
gnent peu de bienveillance aux prisonniers français, les
soldats ennemis seuls les protègent mais leurs officiers,
loin de les secourir, no songent qu'à répandre et distri-
buer à nos sentinelles avancées des brochures qui an-
noncent une déroute complète de l'armée française en
Pologne.
Combat du 14 mars. — Le 14, quinze à dix-huit
cents hommes appartenant à Tinfanterie suédoise, deux
escadrons de cavalerie et six pièces d'artillerie firent une
sortie dans le but de s'emparer do l'un de nos retran-
chements sur lequel ils marchèrent au pas de charge;
ce retranchement n'avait pour défenseurs que les volti-
geurs du 58«, mais ces braves ayant été secourus par
un détachement du 4« léger que leur avait envoyé
Dupas, sous les ordres de Barrai, l'ennemi abandonna
l'attaque de la redoute, ayant perdu près de quatre-vingts
hommes devant ce retranchement, non compris les victi-
mes trouvées près de la place ; au milieu de ces pertes l'on
constata la mort de plusieurs officiers supérieurs et la
présence de beaucoup de prisonniers dont l'un, capi-
taine, était décoré de l'ordre du mérite militaire.
Dans cette attaque, les Français n'eurent à regretter
que la mort de six soldats et une vingtaine de blessés ;
Dupa3 fait remarquer dans ce rapport que les troupes
suédoises qu'il venait de détruire n'avaient dans leur
rang aucun Allemand que les officiers suédois cherchent
à éliminer parce qu'ils n'ont aucune confiance dans
l'appui que ces contingents pourraient donner.
Le lendemain Dupas envoie au maréchal Mortier son
rapport sur la rencontre de la veille ; il est daté du
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— 120 —
15 mars, à Langendorff : « Eq quittant votre quartier
général, je voulus voir les généraux de ma division dans
leurs cantonnements, mais arrivé à la hauteur de Woo-
degchagen, j'entendis des coups de canon qui me firent
aussitôt quitter la route d'Endershagen pour prendre la
direction de la plaine ; arrivé aux avant-postes do ma
division, je reconnus que cette attaque était dirigée sur
mes troupes, placées au moulin Abbatù, je pris le galop :
à peine arrivé, la place m'envoie une décharge d'artilr
lerie, mais voyant que Tennemi donnait ordre à ses ve-
dettes de rentrer, je fus persuadé que son attaque ne se
ferait pas sur ce point mais qu'il fallait le mettre en
état de défense et le confier au général Veaux ; cela
terminé je me portai au retranchement de gauche d'où
j'aperçus un mouvement extraordinaire, mais l'ayant
prévu dés le matin j'avais prévenu mes généraux de
brigade de préparer leurs mouvements en vue d'une at-
taque dans la journée.
4c Ces prévisions furent justifiées, puisque à peine ar-
rivé à ce retranchement j'aperçus une colonne ennemie
de 15 à 1800 hommes d'infanterie, deux escadrons de
cavalerie et six pièces d'artillerie à cheval qui s'avan-
çaient en bataille, refoulant nos vedettes à coups de
canon.
€ Cependant ayant vu que ces troupes s'arrêtaient et
hésitaient à prendre un parti, je fis rentrer dans notre
redoute le capitaine de la compagnie des voltigeurs du
58« en lui recommandant de se défendre avec vigueur ;
ne voyant pas arriver le 2^ régiment de hussards hol-
landais qui devait soutenir les voltigeurs, j'envoie à sa
place la l'« compagnie de voltigeurs du 4«. En même
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— 121 —
temps je fais avancer mou artillerie avec trois ou quatre
compagnies du 4® régimeut léger qui formaient une ré-
serve, les dirigeant sur la gauche et sous les ordres do
Barrai Tua de mes aides de camp ; ils arrivèrent assez
tôt pour protéger ma redoute que Tennemi avait ce-
pendant déjà tournée avec l'aide d'un feu terrible vomi
par son artillerie et la mousqueterie.
« Quand cette colonne fut bien engagée, j'envoyai
depuis le grand retranchement de gauche trois compa-
gnies du 4« régiment pour couper la retraite des Suédois ;
s'en étant aperçus ils quittèrent leurs rangs à la course
et allèrent se rallier dans leur redoute des moulins au
moment même où Barrai y arrivait ; cet officier s'en
étant emparé après une violente résistance, tous les
Suédois furent pris ou tués.
« L'appui apporté par ces trois compagnies n'a pas
donné un résultat aussi complet que je devais le suppo-
ser, parce que le régiment de hussards hollandais avait
mis beaucoup de lenteur dans sa marche et n'était arrivé
qu'au moment où les troupes de l'ennemi se trouvaient
déjà sous la protection de la place. Je suis infiniment
satisfait de la compagnie de voltigeurs du 58«, de Drivet,
capitaine.Cherné, lieutenant, Berthelot, sous-lieutenant;
presque tous les schakos sont criblés par les balles et
les biscayens.
« Pignet, chef de bataillon, estime que l'ennemi a
perdu cent cinquante hommes tués, blessés ou prison-
niers. Sa compagnie de voltigeurs a eu trois hommes
tués et onze blessés dont trois le sont gravement.
« II signale à votre bienveillance les trois officiers dési-
gnés ci-dessus, Balland, sergent, Duret, caporal, qui est
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- 122 —
blessé, Hure, sergent-major, Girard sergent ; mais d'une
manière spéciale Fudrot, caporal et Lessé voltigeur,
blessé.
« Les officiers de voltigeurs du 58® font les plus
grands éloges des officiers, sous-officiers et soldats du
4e régiment, surtout de Barrai mon aide de camp, qui
est sorti des retranchements à leur tête et a traqué
Tennemi jusque sous les remparts. Dans le 4® régiment,
qui a eu trois hommes tués et seize blessés, le colonel
Bazancourt signale la conduite de Guigne sergent, Druet
caporal, blessé, Magnin, chasseur, Olagnier, Durousset,
Mathon, Mollet, Ferière, Off'roy, tambour, également
blessés. L'ennemi doit avoir éprouvé de grandes pertes ;
une quantité de voitures est venue prendre ses blessés
pour les transporter à Langendorff.
« Je n'ai que dos éloges à prodiguer aux généraux et
officiers supérieurs que je commande, mais surtout au
général Veaux et au colonel Bazancourt qui méritent
toute votre bienveillance ; vous connaissez depuis long-
temps le zèle et l'activité du général Veaux et du colo-
nel Bazancourt qui ont toujours su se distinguer et s'at-
tirer la confiance de l'armée dans tous les postes qui
leur étaient confiés.
« Il est regrettable que le général Ruby et le colonel
Arnaud du 58« n'aient pas eu à leur tour l'occasion de
manifester leurs talents.
Agréez, Monsieur le Maréchal, etc. »
15 au 28 mars, — Langendorff, — Après cette
rencontre du 14, la division Dupas poursuivant sa mar-
che, le quartier général se trouve placé à Langendorfl",
du 15 au 28; pendant ce séjour, les soldats dépouillent
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— 123 —
les cadavres des officiers suédois tués le 14; toutes les
décorations trouvées sont remises sur le champ entre
les mains du maréchal.
Dupas exigeait de ses troupes la plus exacte disci-
pline, et dans sa division le respect des propriétés était
maintenu avec sévérité ; c'est ainsi qu'à la date du
16 mars, un soldat, iiommé Mathieu, coupable d'un vol
à main armée, fut immédiatement fusillé. Le même
jour Dupas découvrit dans Tune de ses inspections des
ouvrages avancés sur la route de Barth que les suédois
venaient d'établir en les cachant sous des branches.
Trois hussards hollandais désertèrent de nos rangs ;
en revanche trois fantassins et un cadet-dragon vinrent
se rendre dans notre camp où ils nous apprirent que
leur roi venait de recommander à ses troupes de ne plus
faire de sorties avant son arrivée prochaine dans la
place. Celle que les Suédois avaient faite le 14 n'avait
eu lieu qu'à la suite d'une erreur commise par un bate-
lier de Greisswald qui avait annoncé que l'artillerie de
siège du général Dupas était rentrée à Anclam.
Ils nous informèrent en outre du départ pour Colberg
de plusieurs bâtiments suédois qui amenaient dix mille
Prussiens comme renforts pour la défense du blocus de
cette place et d'un envoi de cinq cents hommes tirés
du régiment de Dallender qui étaient arrivés le 16 à
leur destination.
Sur ces entrefaites l'on arrête un espion. Caillou, ca-
pitaine au 4« régiment d'infanterie légère, ayant été
menacé des arrêts parce qu'il avait insulté les troupes
hollandaises dans un moment d'ivresse, déserte et va se
rendre aux Suédois.
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— 124 —
On punit plusieurs sentinelles avancées qui apparte-
naient au 2« régiment Hollandais parce qu'elles liaient
conversation avec les sentinelles suédoises. — Deux
colonels, hollandais avaient envoyé à Thôpital sans
motif sérieux vingt-un hommes, Dupas recommanda
aux officiers de santé chargés des ambulances de les vi-
siter avec scrupule et fit rentrer plusjeurs d'entre eux à
leur corps. — Le 25, deux nouveaux déserteurs arri-
vèrent au camp français, nous assurant que nous devions
être attaqués avant peu de jours. — Des le lendemain
plusieurs sentinelles suédoises se rapprochèrent d'un
poste holland^ais qui occupait la droite de la division
Dupas, malgré nos ordres elles ne voulurent se retirer
qu'après avoir reçu des coups de fusil.
Le 26 mars trois compagnies de grenadiers apparte-
nant au 7® régiment Hollandais et ayant un efifectif de
cent soixante-dix-huit hommes, officiers compris, vien-
nent renforcer la division Dupas.
Le 27, un officier suédois qui montait un cheval blanc,
accompagné de douze cavaliers, vint faire une recon-
naissance sur les bords de la mer, il arriva sur les der-
rières de nos avant-postes, sans que nos hussards hol-
landais aient songé à enfourcher leurs chevaux, si ce
n'est au moment où l'un des soldats du 4« d'infanterie
légère vint les prévenir et les engager à une attaque.
La redoute que l'on vient d'établir dans la plaine
vient d'être armée avec deux pièces de trois, des retran-
chements ont été construits sur la première ligne de
défense où Dupas parvient à faire couper tous les ponts,
malgré les coups de canon que tire l'ennemi.
4 avril. Marche de la division. — Le corps du ma-
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— 125 —
réchal Mortier fut envoyé au siège de Colberg. Dupas
s'était mis en marche le 29 mars, poursuivant sa route
de Stralsund sur Colberg ; arrivé à Treptow il prend le
commandement du 72«, ayant sous ses ordres le géné-
ral de brigade Gcncy, qui venait d'arriver à Thram sous
Colberg.
Le 72« part pour occuper un bois situé en avant de la
Tourbière et Dupas établit ses communications avec les
différents postes établis sur le bord de la mer ; les 6, 7,
8 avril, il prend le commandement du l^^ régiment de
ligne italien, qu'il réunit suivant les intentions de Mor-
tier, au 72« de ligne et en se rapprochant de la place.
Le lOavril, 256 hommes du 72« et 223 du 1««- régiment
de ligne italien formant un total de 479 officiers, sous-offl-
ciers et soldats sont envoyés par Mortier, à Rossenthein.
Pendant la nuit de cette journée, Dupas quitte ses der-
nières positions et se met en marche pour Grioffenberg;
il se met à la tête du 72« et du 2« bataillon du l^^ régi-
ment italien et marche sur Gulnow, Stetten, Lockenitz,
Passewalk qu'il quitte le 16, à deux heures du matin,
pour suivre la première division dans sa poursuite de
l'ennemi, depuis Passewalk jusqu'au delà d'Anclam.
Le 16, Dupas fait partir le 4« régiment d'infanterie
légère pour Neuv-Cassenow où se trouve le quartier gé-
néral du général Veaux qui avait reçu l'ordre de s'y
rendre pour compléter sa brigade ; Veaux se dirige le
lendemain avec ses deux régiments, deux pièces d'artil-
lerie légère et un détachement de cavalerie sur Uker-
mund, où Dupas supposait que l'ennemi s'était établi.
Ce fut en effet là que Veaux le rencontra ; malgré les
obstacles qu'offraient deux ponts coupés, un froid exces-
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— Iâ6 --
sif et de mauvaises routes, il fit quatre cents prisonniers,
prit deux canons et les canonnicrs, plusieurs officiers,
entre autre un major. Ce fut le colonel, commandant le
4« régiment d'infanterie légère, qui fit le rapport sur ce
combat.
« 17 Avril. — Le colonel Bazancourt arrivé sur la
Peene, trouve tous les ponts coupés ; il jette quelques
planches dans Teau, qui permettent à la première
compagnie de carabiniers de traverser cette rivière
et de.protéger la reconstruction d'un pont; la 13« com-
pagnie de voltigeurs ayant également pu faire ce
passage, elle.se réunit aux carabiniers et se dirige sur
Ukermund où tous voient l'ennemi qui se cachait der-
rière les maisons.
« Le bataillon commandé par Berthet part pour l'atta-
quer, la l'« compagnie de carabiniers est dirigée sur le
flanc de l'ennemi, précédée par des tirailleurs tandis que
la compagnie de Roux marche sur la grande route pour
attaquer de front l'ennemi, qui après avoir été débusqué
se précipite vers les portes afin d'en défendre l'entrée ;
mais les tirailleurs conduits par le sous-lieutenant Meis-
tier, aidés par des carabiniers et des voltigeurs, arri-
vent tous avec une telle précipitation que l'ennemi se
sauve dans l'intérieur de la ville, sans avoir pu refermer
les portes, devant Meistier, sous-lieutenant, Navaud et
Bourinet, sergents-majors, Salmon, sergent, La Motte,
caporal. Salmon, après avoir piqué de sa baïonnette deux
Suédois, fit prisonnier tout le poste ; pendant ce temps le
reste des tirailleurs et l^s autres compagnies pénétrèrent
dans la ville où ils rencontrèrent les troupes suédoises
qui s'étaient mises en bataille et se retirèrent en désor-
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- 127-
dre vers le port, après avoir été mitraillées, dans Tespé-
rance de pouvoir s'embarquer ; plusieurs d'entre eux
furent pris immédiatement, les-autres, qui s'étaient sau-
vés sur la route conduisant à Steitin, furent rejoints par
Curnillon, aide de camp du général Veaux, et faits
prisonniers, à l'exception d'un détachement de hussards
qui se réfugia dans les bois où le capitaine Breeck les
poursuivit pendant quelques instants. Mais bientôt l'of-
ficier commandant les troupes suédoises, précédé d'un
clairon, se présenta à Dupas pour offrir sa soumission
qui livrait aux Français dix-huit officiers, trois cent qua-
rante sous-officiers ou soldats, un canon et plusieurs
caissons.
« Parmi les officiei*s et soldats qui se sont distingués
l'on remarque : Berthet, chef de bataillon, les capitaines
Roy et Delleau, Meister et FolKet (1), officiers de cara-
biniers, les sous-officiers Salmon, Navaud, Bourinet,
Chemin, les caporaux Vattet, Bordillet, La Motte. »
Après ce combat. Dupas fait cantonner le 2« bataillon
du 58« sur la rive droite de la Peeno entre Demmin et
Anclam ; son arrivée empêche plusieurs bateaux chargés
de grains de livrer leur cargaison, elle permet de re-
construire le pont sur Demmin et de détruire quelques
ouvrages de fortification.
19 Avril. — A la suite d'une suspension d'armes
conclue entre le maréchal Mortier et le baron d'Essen,
commandant supérieur de l'armée suédoise, quatre em-
ployés aux vivres faits prisonniers nous sont rendus, le
pont levis de Demmin est levé et des sentinelles sué-
(1) Folliet était d'Evian, comme Dupas ; son nom est cité dans
le rapport de Dopas sur la bataille de Friedland.
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- m -
doises sont postées sur la rive gauche ; les habitants
sont autorisés à passer le pont pour cultiver leurs terres.
Sièffe de Colberg, — Dupas confie provisoirement son
commandement au général Veaux et part le 23, avec le
maréchal Mortier pour le siège de Colberg, mais comme
il n'était pas encore ouvert, Dupas revint pour rejoindre
sa division ; à ce moment un nouveau corps d'armée, dit
d'observation, formé sous les ordres du maréchal Brune
fut chargé de relever le 8« corps. Mortier, devenu ainsi
disponible, reçut l'ordre de rejoindre la grande armée
avec le 8'' corps, composé de la division Dupas et de la
division polonaise du général Dombrowskii
Dupas arrive le 1*^^ mai à Brock, près Deramin, le
58® régiment va à Stettin, une compagnie du régiment
de Nassau à Wismar pour surveiller et défendre les
côtes de la Baltique, une centaine d'hommes prélevés
dans d'autres compagnies vont à Warnemunde pour
observer une autre partie de la Baltique. La brigade
Ruby est concentrée à Sohmarsow, Dupas fait une re-
connaissance sur la Trebbel et la Recknitz; rentré au
quartier général de sa division pendant la nuit du 5 au
6 mai, il ordonne au 4® régiment d'infanterie légère de
quitter aussitôt les bords de la Peene et de se rendre
par Friedland à Passewalk ; au 58« de quitter égale-
ment la Peene pour aller dans les villages qui environ-
nent Anclam, entre Passewalk et Ferdinand-Hoff; à
l'artillerie de se rendre à Passewalk. Le major Russe,
du régiment de Nassau, signale le passage de plusieurs
bâtiments de guerre qui se dirigent vers l'est et la di-
minution du poste de Damgarten : au même moment,
l'on vient prévenir Dupas que les Suédois ont élevé des
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— 12Ô —
retranchements à Schwiugoff, entre Schwinge et Schu-
pin-Mulh, qu'ils ont placé 450 hommes et 4 pièces do
canon à Brîetursch, lo même nombre d'hommes et
6 canons à Griemen, 900 hommes, dont 300 hussards
du régiment royal, commandés par le capitaine Sture
avec 6 canons à Loitz, plusieurs postes devant Yarmeu,
deux r^iments d'infanterie à Stralsund.
Le 8, Dupas transporte son quartier général à Ferdi-
nand-Hoff, il fait partir pour Friedland le régiment de
Nassau qui est lui-même remplacé sur la Peene par le
2« régiment d'infanterie hollandais ; le 58« et le 4« d'in-
fanterie légère partent le lendemain pour Stettin, l'ar-
tillerie passe sous les ordres du général Grandjean, à
Anclam, le régiment de Nassau quitte Friedland pour se
rendre à Stettin. C'est là que nous trouvons le 10, le
nouveau quartier général de Dupas, d'où le général
Veaux était parti pour aller à Ossova avec la première
brigade qui était composée du 4* d'infanterie légère, du
riment de Wurzbourg, de la 1" compagnie d'artille-
rie à cheval hollandaise.
Le colonel Schœffer, commandant le régiment de
Nassau, se rend à Berlin avec lui, Dupas va à Neuw-
Stettin ; la seconde brigade commandée par Gency, à
Gross-Crossin, route de Colberg; le général Veaux
étant tombé malade, sa brigade est confiée à Goncy qui
remet la sienne au général Grandjean.
Le 16, Dupas a son quartier général à Neuw-Stettiu,
mais Gency continue à marcher sur Ossova, par Fried-
land, tandis que Grandjean campe dans les environs de
Neuv-Stettin et de Gross-Crossin où Dupas établit des
9b
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— 130 —
magasios de subsistance ; le premier bataillon du régi-
ment du Grand Duc de Berg rejoint la division.
Gency reprend le commandement de sa brigade qu'il
va rejoindre à Schooneeck pour se rendre avec elle sous
Dantzig ; le 2^ bataillon du régiment du Grand Duc de
Berg ayant aussi rejoint la division Grandjean, va à
Rumelsbourg avec ordre de s'y trouver le 21 avec les
15», 58e régiments d'infanterie de ligne et l'artillerie de
sa brigade.
Dupas part ensuite le 21 suivi des troupes du Grand
Duc de Berg et de l'artillerie de réserve ; la l»*® brigade
prend ses positions en face du fort de Weichselmunde,
prés Dantzig ; le quartier général de Dupas est à Streis
sous Dantzig, la 2^ brigade se place avec l'artillerie et
la cavalerie en face de l'escadre Anglo-Russe à gauche
de l'embouchure de la Vistule. Les communications
entre les avant-postes et les forts deviennent plus difïi-
ciles, les détachements envoyés par le 4» régiment et
celui de Wurtzbourg prennent leurs postes le soir à
dix heures à la porte, au port et sur les glacis du fort
de Weichselmunde, le 58» régiment prend son bivouac
sur un autre point du même fort.
Deux jours plus tard, Dupas établit son quartier gé-
néral a Langfurt, prés Dantzig, le régiment de Berg va
à Graudentz, le 58« pénétre à 4 heures du matin dans
lé fort de Weichselmunde et remet deux cent dix pri-
sonniers prussiens entre les mains du commandant de
la place pour être envoyés au Maréchal Lefebvre.
Les 30, 31, la division Dupas se rendit à Dirschau,
par Rossemburg, Napoléon la passa en revue près
Longeneau, entre Dantzig et Rossemburg.
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- 131 -
1« Juin. — A Dirschau, un sergent Saxon soupçonné
d'encourager ses compatriotes à déserter est arrêté
dans son logement où Ton découvre quatre fusils, trois
gibernes et un sabre qui avaient appartenu sans doute
à quelques-uns de ces déserteurs; le 6, Dupas traverse
la Vistule, prenant ses cantonnements à Saaféld, puis,
le 12 à Heilsberg, et le lendemain à Alveek, à Tembran-
chement de la route de Kœuigsberg à Friedland. Les
Français avaient battu les Russes la veille à Heilsberg,
qui se trouve à 65 kil. 5 de Kœnigsberg; après ce der-
nier combat, Mortier avec la division Dupas, les corps
d'armée des maréchaux Soult, Ney, Lannes, Davoust,
prirent diverses directions pour déborder les Russes et
couper leur retraite sur Kœnigsberg, et le 13, Napoléon
suivi par les troupes de Mortier, Lannes, Ney, la garde
impériale se porta sur le champ de bataille de Friedland.
La brigade Ruby ne faisait plus partie de la division
Dupas. La brigade Grandjean, détachée, était restée en
arrière et Dupas n'avait plus sous ses ordres que les
généraux de brigade Veaux et Gency.
A la veille de la bataille de Friedland, la composition
de la division fut quoique peu modifiée. Les deux régi-
ments allemands (Berg et Wurtzbourg) en furent déta-
chés et remplacés par le régiment de la Garde de Paris.
A ce moment on peut évaluer avec Thiers la force de
la division Dupas à 6.400 hommes, savoir: lf« brigade,
général Gency ; 4« léger, colonel Bazancourt; 15« de li-
gne, colonel Raynaud, artillerie hollandaise à cheval ;
2« brigade, colonel Arnaud (par intérim, le général
Veaux étant malade) : 58* de ligne, colonel Arnaud ;
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— 132 —
r^iment de la Garde de Paris, colooel Rabbe, artillerie
hollaodaise à pied.
' Chaque régiment d'iofaoterie était à 2 bataillons, ce
qui donne pour la division 8 bataillons en tout, compris
rartillerie environ G.400 hommes, d'après l'évaluation
de Thiers.
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— 133
CHAPITRE VIII.
FRIEDLAND - LUBECK
14 Juin 1807 - Mars 1808
Bataille de Friedland — Importance du rôle du corps de Mortier
et de la division Dupas , grands services que Dupas rend à
rarmée. —Rapport de la !••• division. — Grandes pertes de la
division Dupas. — Départ de la !'• division, répartition de ses
troupes. — Marche surLubeck. — La division Dupas devient la
2* du corps d'armée de Bernadotte. — Dupas prend le comman-
dement de Lubeck. — Travemunde, marche des troupes. —
Conseil de guerre. — Mouvements de troupes. — Dupas reçoit
le commandement des villes Anséatiques. — Il est nommé
Chevalier de la Couronne de Fer. — Ses divers traitements et
dotations.
Friedland. — L'armée Russe se présenta le 14 juin
au matin sur le pont de Friedland, elle attaqua les
deux corps commandés par Mortier et Lannes qui se
trouvaient en première ligne : Lannes au centre et
Mortier formant la gauche ; ces deux maréchaux s'op-
poseront successivement aux efforts de Tennemi et par-
vinrent à conserver leur position : à cinq heures la
ligne française avait achevé de se former. A ce moment,
trois salves d'une batterie de vingt canons donnèrent le
signal de l'attaque générale.
La mission confiée au 8° corps et en particulier à
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— 134 —
la division Dupas était de conlenir la droite des
Russes pendant que Ney enfoncerait leur gauche. Ce
plan fut merveilleusement exécuté : avec beaucoup de
sang-froid et de fermeté, les troupes de la l^e division
se maintinrent contre des forces plus nombreuses. Les
Russes cédèrent le terrain pied à pied, puis accen-
tuèrent un mouvement rétrograde, et essayèrent de
passer l'Allé à gué ; ils y perdirent beaucoup de monde,
d'artillerie et de bagages.
Dans le rapport général de cette grande bataille, di-
gne par ses résultats d'être comparée à Marengo, à
Austcrlitz et à léna, les généraux Oudinot, Marchand,
Nansouty, Dupas, Verdier, Dupont et Savary, furent
cités entre tous les autres pour les preuves éclatantes
qu'ils venaient de donner de leur valeur, de leur activité
et de leurs talents (1).
Quoique exposé toute la journée au feu le plus vif,
Dupas eut le bonheur de n'être pas blessé ; il est signalé,
dans le rapport du 8« corps, comme ayant rendu de
grands services à l'armée (2) : mais sa division souffrit
énormément. Le colonel Raynaud du 15« de ligne fut
tué.
Les Russes eurent dans cette grande bataille dix
mille hommes tués et quinze mille blessés.
Rappo7^i de la P^ division. — Dupas étant arrivé sur
la lisière des bois fit ses dispositions d'attaque et s'a-
vança avec sa division dans le plus grand ordre sur les
batteries ennemies, qui étaient bien supérieures à l'ar-
(1) Victoires et conquêtes des Français. — Archives de la guerre.
(2) Arch. de la guerre.
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— )35 —
tillerie dosa division, par leur quantité et par la gros-
seur du calibre. < Mon artillerie ne put d*ailleurs pas
arriver aussi vite que mes braves fantassins, de larges
fosséset beaucoup de marais gênaient sa marche. Aussitôt
qu'elle nous eut rejoint, une quantité prodigieuse de mi-
traille vint nous frapper de tous les côtés.
« Cependant malgré cotte infériorité, ma division
parvient à s'emparer et conserve le principal plateau au
milieu d'une attaque furieuse, depuis six heures du ma-
tin jusqu'au soir à dix heures.
€ Dans cette rencontre, la 1" compagnie d'artillerie
à cheval hollandaise s'est admirablement conduite ;
j'ai pu remarquer le sang-froid et la bravoure de Wit-
ten Van Brienen, capitaine-commandant, celles de
Kraner, lieutenant, Reichard, maréchal des logis. Cette
compagnie n'a perdu qu'un homme et quinze blessés,
dix-neuf chevaux tués et dix de blessés.
« Le 4« régiment d'infanterie légère s'est bien conduit,
surtout le colonel Bazancourt et Berthot, chef de ba-
taillon. » (Suivent les noms de quatre capitaines, quatre
lieutenants et trois sous-lieutenants qui ont été blessés,
ainsi que ceux de onze sergents-major, sergents et
fourriers, etc). Dupas cite le carabinier Michaud qui
s'est fait connaître depuis longtemps par son courage,
dans cette dernière rencontre il s'est emparé de plusieurs
tirailleurs russes qu'il a pris par le collet et conduits
prisonniers. Trois autres soldats sont encore cités pour
le courage qu'ils ont manifesté devant l'ennemi.
« Ce régiment a eu 464 hommes mis hors de combat,
entre autres, Folliet, lieutenant de carabiniers, officier
très distingué et déjà cité avantageusement dans l'aflfaire
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— 136 —
d'Ukermunde, le 17 avril, il a reçu une blessure dans la
soirée du 14. Je recommande d'une manière spéciale cet
officier brave et instruit, qui est lieutenant depuis le
9 juin 1793, je vous prie de lui faire accorder le grade de
capitaine qui est devenu vacant par la mort de Roy (1).
« Le 15« régiment d'infanterie de ligne a réalisé mes
espérances, par sa belle contenance devant l'ennemi, il
a perdu l'une de ses aigles, sous laquelle un sous-officier,
Tadjudant-major Azan qui le dernier l'avait portée, fut
tué par une décharge d'artillerie; deux autres sous-
offlciers qui tenaient avant lui ce drapeau ont reçu des
blessures très graves. L'attitude de ce régiment mérite
que le maréchal Mortier le signale au major général,
comme. étant certainement celui de toute l'armée qui a
le plus fait preuve de bravoure et de fermeté ; il a perdu
son colonel et trente-neuf officiers; neuf cent douze
sous-officiers ou soldats ont été mis hors de combat.
€ Dans le 58« d'infanterie, le colonel Arnaud, com-
mandant par intérim la 2* brigade, a opposé une résis-
tance énergique, l'on doit surtout signaler: Forcade,
chef de bataillon, les capitaines Berlancourt, Firel,
Théveuot, Ponson ; les lieutenants Dandely, Jonson ;
les sergents-major Patrix, Colette, les sergents ou capo-
(1) Folliet (Jacques), né à Evian le 23 janvier 1768, volontaire
et lieutenaut au 5* bataillon de volontaires du Mont-Blanc, fit
toutes les campagnes des Pyrénées-Orientales et dltalie, reçut
deux blessures, une troisième^ Friedland, fut nommé capitaine à
raison de sa belle conduite (après 14 ans dégrade de lieutenant),
me mbre de la Légion d'honneur le 28 juin 1808, chef de bataillon
en 1813, lieutenant-colonel pendant les cent jours, la seconde
Restauration refusa de lui reconnaître ce grade, et il fut retraité
comme chef de bataillon avec une pension de retraite de 1,200 fr.
(23 décembre 1816) avec ses trois blessures ! Mort à Gex le
7 mars 1817. A. F.
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— 137 —
raux Moreau, Joubert, Balland ; les voltigeurs Genest,
Simon, Gérard, Sudreau ; les d*»» 2, 5 à 12 et le 15« ont
été blessés. Ce régiment a eu 587 hommes mis hors de
combat.
« Le régiment de la garde de Paris et son colonel
Rabbe se sont distingués ainsi que les capitaines Higust,
'Forest, Lefebvre, Moreau; Colard, Coulée, adjudants-
majors ; les lieutenants ou sous-lieutenants Lavarde,
Steimback, les n<» 3, 6 ont été blessés. Ce régiment a
eu 243 hommes mis hors de combat. Quant à la pre-
mière compagnie du !•«• régiment d'artillerie à pied, il
serait difficile d'en trouver une meilleure, tant au point
de vue de la discipline qu'à celui du sang froid, comme
aussi pour la précision de son tir en face de l'ennemi.
Je dois signaler le capitaine Goêtz officier très brave,
les officiers Charpentier, Lavergne, Liey, Moura, Cu-
rieu, Plaquet et Nottelet, canonniers. Cette compagnie
n'a eu que trois tués et trois blessés, un canon démonté
et six chevaux tués.
€ Les quatre pièces de 8 formant la réserve comman-
dée par le capitaine Deschan ont contribué aux beaux
résultats que nous avons obtenus pendant cette journée.»
Résumé du rapport :
« Le général de brigade Gency (1) s'est particulière-
ment distingué, les capitaines Perrin, Genèze l'ont mer-
veilleusement secondé ; ce dernier est capitaine depuis
quatorze ans et n'est pas encore décoré. Le colonel Ba-
zancourt avec l'aide d'un bataillon du 4«, a immobilisé
par sa résistance énergique une charge de la cavalerie
(1) Le général Veaux était malade.
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— 138 —
ennemie ; j*ai remarqué la bravoure et la prudence de
Borthet, chef du l«f bataillon du même régiment.
« Reynaud, colonel du 15« régiment de ligue blessé
grièvement (1) a fait preuve de la plus grande énergie
et du plus grand courage ; je prie votre Excellence d'en
faire mention au gouvernement et d'attirer principale-
ment son attention sur le régiment entier, les pertes •
excessives qu'il a subies prouvent qu'il renferme un
nombre extraordinaire de braves.
€ Veuillez aussi vous intéresser au brave colonel du
58«, Arnaud, qui n'est encore que simple légionnaire ; à
Rabbe, colonel du régiment de Paris, qui a su conserver
sa position, maintenir le courage de son régiment, sous
les feux répétés de l'artillerie russe et d'un nombre
considérable de tirailleurs.
« Je suis satisfait de mon état-major : Desmaret et
Riquet ont reçu des balles dans leur vêtement, les autres
ont rempli leurs fonctions avec zèle et intelligence ; Ri-
quet pourmit être attaché avantageusement au service
de la topographie. Barrai, l®*" aide de camp a été blessé;
Bochaton, 2« aide de camp, a eu son cheval tué sous lui
par la rencontre d'un boulet ; Orillat, mon 3« aide de
camp, s'est exposé à de grands dangers en allant placer
deux canons devant l'ennemi ; avant d'entrer sous mes
ordres il était aide do camp du général Reinvald, com-
mandant d'armes à Francfort, et a demandé à entrer
dans ma division pour faire la campagne actuelle. Lieu-
tenant depuis cinq ans, il a fait les campagnes de
St-Domingue et a été nommé capitaine par le général
(l) Mort de ses blessures.
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— 139 -
Rochanteau, grade qui ne lui a pas élé confirmé; je prie
V. E. de lui faire remettre la croix, ou do lui faire recon-
naître le grade de capitaine. Au camp sous Tilsitt, le
15 Juin 1807. Dupas. »
Les pertes éprouvées par la division Dupas à Fried-
land furent considérables, en voici le résumé :
' Ire C'« d'artillerie à cheval hollandaise : tués ou
mis hors de combat . . 16
4« régiment d'infanterie légère : tués ou mis
hors de combat 464
15« de ligne: tués ou mis hors de combat :
ofBcicrs 40, sous-offlciers et soldats 912. . 952
58* de ligne : tués ou mis hors de combat . . 587
Garde de Paris : mis hors de combat. . . . 243
l^Ciedu 1<^' d'artillerie à pied: mis hors de
combat 6
Total. . . . 2.268
et 31 chevaux tués.
Barrai et Bochaton furent nommés chefs de bataillon
et reçurent leur brevet le 18, le lieutenant de carabiniers
Folliet fut nommé capitaine.
Départ de la P^ division. — Après Friedland Dupas
se dirige sur Stettin, puis sur Berlin; le 15 juin son bi-
vouac est à Klein-Englau, ensuite à Taplaken, où le gé-
néral de brigade Grandjean prend le commandement de
la 2« brigade confié provisoirement au colonel Arnaud.
Du 23 au 25 la division prend ses cantonnements dans
de pauvres villages.
23 Juin. — Le général Veaux qui était malade reprend
son commandement et la division est ainsi organisée :
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— 140 —
ire Brigade
Général Veaux: 4« d'infanterie légère, 15« d'infante-
rie de ligne, \^^ C'« d'artillerie à cheval hollandaise.
2« Brigade
Général Gency : 58® de ligne, !>•« C»® du 1«>" régiment
d'artillerie hollandaise à pied.
5« Brigade
Général Grandjean : Le régiment de Paris.
Le même jour quarante chevaux sont saisis et confiés
entre les mains du Bailli d'Ergenisen prés Tilsitt, pour
être remis au commissaire des guerres Bourdon afin de
les utiliser pour les besoins de la division ; ces chevaux
avaient été saisis sur des soldats qui s'en étaient empa-
rés sans en avoir le droit pour leur usage personnel.
Le 26, le quartier général est placé à Locarique, où
le 15« régiment de la 1"^® brigade, passe sous les ordres
de Gency; puis la division arrive successivement à
Gharim, Pîosiéro prés Wirballen, à Kalvary près du
Niémen, Pologne.
6 Juillet. — De Kalvary, le chef de l'état-raajor, se
rend à Tilsitt pour prendre les ordres du maréchal ; par-
tout les habitants sont plongés dans une affreuse misère,
les troupes ne peuvent se procurer aucune ressource ;
les Polonais enrégimentés dans le 15« se conduisent
mal, aussi les fait-on partir au nombre de douze à quinze
cents sous les ordres du général Tilszer, ils traversent
Weysza et vont dans les environs de Loypuny.
Trois officiers, deux sergents, un caporal sont nommés
membres de la Légion d'honneur, — Le général Grand-
jean fait à deux reprises différentes des réquisitions en
nature et en numéraire dans le ressort de son comman-
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— 141 —
dément, prés de Weysza, pour le compte du sixième
corps, commandé par Ney.
De nouvelles recrues destinées au 58* régiment de
ligne arrivent du dépôt de Mayence, les denrées devien-
nent rares, surtout à Lodrey, où quarante ménages ont
abandonné leurs pauvres habitations.
Dupas voyant souvent sortir les voitures et les che-
vaux du campement, fait un règlement pour déterminer
les cas où cette circulation inusitée sera permise, et
exiger une demande spéciale dé la part des officiers qui
les utiliseraient.
Mounier, lieutenant dans le 4«, n'ayant pas voulu se
soumettre à ces prescriptions, est mis aux arrêts, en
même temps que Malbeste, capitaine de grenadiers au 58%
pour n'avoir pas su maintenir la discipline dans sa com-
pagnie qui était partie d'Augustowo pour Survalki.
Morvillers, directeur des postes de la l»"* division,
Dumaret, chef de Tétat-major, arrivent au quartier géné-
ral de la division, à Weysza; Mortier était à Surwalki.
Marche sur Lubeck, — Bernadotte, — Lubeck, etc,
La division Dupas se remet en marche pour Stettin, où
elle arrive le 18 août, ayant fait vingt-cinq étapes: Au-
gerburg, Nastembourg, Elbing, Dantzig, etc., Stettin
où elle reçoit Tordre d'allerà Berlin. Dans cette dernière
ville Dupas reçoit Tordre de partir avec sa division pour
Hambourg où il fera partie du corps d'armée de Berna-
dotte ; la division Dupas devient dès lors la 2« du corps
de Bernadette ; elle se met en marche le lendemain, et
rétablit sur sa route l'un des ponts, brûlés par les Prus-
siens à Havelsberg qu'elle traverse deux jours plus
tard. Mais à peine arrivée à Perleberg, l'un des aides
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— 142 — ^
de camp de Bernadotto l'en fait partir pour Lubeck. A
la suite de ces nouveaux ordres, le 58** régiment d'infan-
terie de ligne va prendre ses cantonnements à Schone-
berg, celui de Paris sur Dassow, Dupas avec le 4* régi-
ment d'infanterie légère, le 15» d'infanterie de ligne,
les sapeurs et l'artillerie, va à Zarrentin, puis à Lubeck
où il établit le 8 septembre 1807 son quartier général;
il prend le commandement de cette place qu'il exercera
jusqu'au 5 mars 1808.
Le 15'régiment de ligne, l'artillerie, les sapeurs res-
tent dans la ville même, le 4« régiment d'infanterie légère
va à Sch wartow, le régiment de Paris rentre en France
en passant par Hambourg ; le général de brigade com-
mandant l'artillerie arrive à Lubeck, le 5* d'infanterie
légère va à Dassow, quatorze compagnies du 19' vont à
Lubeck et quatre autres dans les villages voisins.
Les 5' et 19« régiments d'infanterie venaient en eflTet
de passer sous les ordres de Dupas.
Nous venons de voir que Dupas avait reçu le comman-
dement de Lubeck el de son territoire, situé en grande
partie sur les deux rives de la Trave, jusqu'à son em-
bouchure dans la Baltique. La superficie de ce territoire
avait 335 kilomètres carrés, l'on y compte aujourd'hui
soixante mille habitants qui étaient soumis à l'autorité
d'un Sénat, composé de vingt membres nommés à vie,
choisissant dans son sein deux Bourgmestres élus pour
deux ans ; en second lieu à une assemblée bourgeoise
de cent vingt députés, nommés pour six ans au suffrage
universel.
Nous ouvrons le journal de Dupas, quinze jours après
son arrivée à Lubeck: une frégate et un contre anglais
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— 143 —
abordent la côte, vis-à-vis de Roshagen où quinze hom-
mes se hasardent à descendre ; attaqués aussitôt par
six chasseurs du 5« régiment d'infanterie légère et rece-
vant quelques coups de fusil, ils s'empressent de rega-
gner leurs bâtiments ; le caporal qui commandait les
chasscîurs a été nommé par Bernadette sergent, à la
suite de sa belle résistance. Aussitôt que Dupas fut in-
formé delà présence de ces bâtiments, il se rendit dans
le port de Travemunde qui est à vingt kilomètres de
Lûbeck, mais pour assister le 26 septembre à leur départ,
emmenant avec eux quatre bateaux lubeckois dont ils
s'étaient emparés.
Un bâtiment de Travemunde qui rentre dans le port
vient d'apercevoir à douze lieues des côtes vingt-six
voiles anglaises qui jetaient leurs ancres, aussi Dupas
recommaude-t-il dertnloubler de précautions et envoie
de nombreuses patrouilles sur les côtes. LeSoctobre, pen-
dant qu'il vôriflo une nouvelle batterie qu'il a faite établir
à Travemunde, un nouveau bâtiment anglais paraît à la
hauteur do Schwansée poursuivant deux barques char-
gées de provisions de guerre; le capitaine Traire, du
5« régiment d'infanterie légère, s'avance avec un déta-
chement sur le rivage et malgré les coups de canon et
la mitraille lancés par l'ennemi, il parvient à faciliter et
à protéger l'atterrissement et à soustraire ces barques à
la rapacité anglaise.
Le lendemain une autre chaloupe essaye de débarquer
à la hauteur de Grands-Hagen, un caporal et six hom-
mes du régiment cité plus haut tirent quelques coups de
fusil et lui fout gagner le large.
Jusqu'au 19, le journal de Dupas parle de l'arrestation
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— 144 —
d'un espion et des jugements rendus par le Conseil de
guerre : Becker accusé de désertion est acquitté, deux
soldats du 19® de ligne sont condamnés à deux ans de
fer ; deux autres par contumace à la peine do mort; un
chasseur du 4« dlnfanterie légère à deux ans de fer. Mais
les jugements condamnant aux fers sont annulés par le
conseil de révision.
Dix autres militaires du 19« de ligne sont traduits
devant un conseil de guerre à la suite d'excès commis
dans un village Danois; André, capitaine de leur compa-
gnie est mis aux arrêts de rigueur pour un mois avec
une sentinelle à sa porte qui reçoit trois francs par jour.
Une nouvelle frégate anglaise paraît à la hauteur de
Neindorf, Chapuiset, chef de bataillon dans le 4« d'infan-
terie légère, menace avec une compagnie d'attaquer son
équipage, elle vire de bord et fait voile dans la direction
du Danemark; cependant Michal, commandant la place
de Travemunde, dit qu'elle reparut près de Thiemendorf
où elle voulait faire ses provisions d'eau douce, ce qu'elle
ne put entreprendre.
Un poste de voltigeurs placé entre Lûbeck et Schwar-
ten arrête doux Danois se disant déserteurs qui sont
conduits à Hambourg ; Dupas passe en revue les 4«, 5«
régiments, Marchand-Duchaune, inspecteur aux revues,
passe celle du 58® d'infanterie de ligne; le port de Trave-
munde laisse sortir les bâtiments chargés de marchan-
dises françaises, qui vont en Russie.
Le 6 novembre, qui était le jour anniversaire de
l'entrée des Français à Lubeck, Dupas remarqua que le
soir à neuf heures, les lanternes n'avaient pas été encore
allumées, il donne ses ordres pour que cet éclairage soit
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- 14S -
fait et sort à cheval, accompagné des i)fflciers de son
état-major, pour circuler dans la ville et se convaincre
que ses ordres ont été exécutés. Ayant accordé momen-
tanément la liberté de navigation dans le port de Trave-
munde, quatorze bâtiments de Lubeck chargés de meu-
bles, instruments de musique, drogues, draps allemands
et français, soies italiennes et de Lyon, mettent à la
voile : huit pour la Russie, deux pour Kœaigsberg, liù
pour Rostock, les autres se dirigent sur d*a,utres ports.
Mais trois ou quatre jours plus tard, le directeur des
douanes ayant reçu une communication secrète du
commandant de Travemunde, Dupas fait arrêter de
nouveau la sortie des bâtiments de commerce, mais leur
entrée étant toujours libre, cinquante-quatre navires pé-
nètrent dans ce port entre le H et le 20 novembre.
Cependant la jonque Edouard fut autorisée, par excep-
tion et à la demande du Ministre de France résidant à
Hambourg, à sortir et à partir pour la Russie. Pendant
le mois de novembre, Duchaune, sous-inspecteur aux re-
vues, passa une nouvelle revue des régiments d'infanterie
légère, quarante-deux brevets de légionnaire furent don-
nés au 4«, trente-six au 58« de ligne; le conseil de
guerre ne prononça que deux condamnations: Demay
et Col, fusiliers au 19® régiment de ligne, à deux ans de
fer pour vols.
Quelques mouvements de troupes se font entre Lu-
beck et Hambourg ; Jouvencourt, chef d'escadron dans la
gendarmerie, prend le commandement de la place à
Lubeck, en remplacement de Steck, aide de camp du
Prince de Ponte-Corvo.
Le 2 décembre qui est le jour anniversaire du couron-
iOh
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— 146 —
neinent de )*empereur et d'Austerlitz, une fête est an-
noncée dès 80pt heures du matin, par une salve de
21 coups de Canon, renouvelée à midi et cinq heures.
Dupas préside un banquet, auquel assistent trois séna-
teurs, quelques personnages do distinction, le Consul de
France, les autorités militaires et civiles ; il porte nn
toast à l'Empereur, sa maison estilluminée, ellesupporte
un transparent avec Tinscription de : Vive Naj^oléon le
Grand.
Sur ces entrefaites, les jugements rendus dans le
mois de novembre contre dix militaires et un capitaine
à la suite d*excés commis sur territoire Danois sont ré-
visés par le 2« conseil de guerre qui les renvoie tousàleur
corps ; Fourcade, chef de bataillon au 58« régiment
dlnfanterie de ligne, se rend en permission en France,
conservant sa solde complètes à la suite d*une décision
de S. A. S. le prince Alexandre, vice-connétable de
Tempire, qaajor général de la grande armée.
Pendant le mois de décembre, le port de Travemunde
accuse l'entrée de quinze bâtiments venant de Russie
ou de Suède, de Rostock, ville du grand duché de
Mecklembourg-Swérin, située sur la Warnow, à seize
kilomètres do son embouchure sur la Baltique et de
Mémel ville prussienne située à l'embouchure do la
Dange ; trois navires en sortent pour se diriger sur le
Danemark. Le 5* régiment d'infanterie légère, le 19» de
ligne viennent cantonner à Lubeck, à l'exception de
huit compagnies du 19« qui vont à Schwartau et de deux
autres qui se dirigent sur Travemunde.
Les quatre dernières se rendent dans les villages de
Lubeck, en suivant la direction de Travemunde.
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- I4t-
Nous terminons cette période du mois do décembre
I8êl, sur le commandement de Lubeck, en signalant les
sentences rendues par le premier conseil de guerre qui
condamne à cinq ans de fer Thouvenel, carabinier au
b*" régiment d'infanterie légère, comme coupaJWe de faux
en écriture ; par contumace à douze ans dQ -boulet et
1500 francs d'amende, Juvénal Dejouany, chasseur au
5* régiment d'infanterie légère pour crime de désertion;
un voyageur nommé Guillaume Thomas soupçonné
d'espionnage que la gendarmerie conduit aussitôt à
Stralsund.
Pendant les mois de janvier et février 1808, douze
navires entrent dans la rade do Travemunde venant du
Mecklembourg, de Wismar, Stettin, Neust^dt, Copen-
hague; vingt autres en sortent pour faire voile sur Neus-
tadt, Copenhague, le Holstein ; le sous-inspectepr passe
une revue de la !'• division, quelques sapeuraet soldats
quittent Lubeck pour rejoindre leur compagnie à Ham-
bourg. Le capitaine Ivanny du 58* de ligne meurt ; un
sergent du 19* se noie ; le payeur de la division apporte
des fonds, le général Grandjean se rend en France avec
ses deux aides de camp ; des soldats du train vont à
Erfurth pour y prendre des habillements et autres effets
d'équipement destinés aux sous-ofHciers et soldats de la
l''" compagnie du 11» bataillon du train.
Les conseils de guerre sont inactifs pendant cette
période, ne rendant que deux jugements favorables,
l'un contre un soldat du 19* de ligne, le dernier contre
un cstpoval de carabiniers du 5" léger.
Le 4 mars Dupas fait le recensement de sa di-
vision, les soldats reconnus incapables d'entrer en cam-
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— 148 —
pùgno sont dirigés jusqu'à nouvel ordre sur Travèmunde,
les hommes valides partent de Lubeck et arrivent à
Odensôe lé 14, aprôs avoir parcouru dix étapes : Neu-
munster, Flensburg, Kolding, etc. A partir d'Odensée,
vïllo Danoise, la division se dirige en trois colonnes sur
Hambourg : la première comprend le 5« léger, le 14e de
chasseurs a cheval ; la deuxième se compose du 19« de
ligné et de Tartillerie; la troisiètne a le58» de ligne,
les équipages, Tadministratiôn. Une compagnie de cara-
biniers, deux de voltigeurs et Tune du 5* régiment d'in-
fanterie légère vont à Nyebvig ; les treize dernières dû
14* restent à Odenëée.
Dans Fartillerte la moitié cantonne à Odensée, une
autre se réunissant à la deuxième colonne prennent leurs
cantonnements : le U^ biàtaillon du 19« de ligne à gauche
de la i^oute'de Middelfart a Ôdensée, occupant Fulsted,
Hàrréndrup, Gàmbye et Haarstew dans tin rayon de
deux iieues. Un'autre bataillon est placé à droite pour
occuper également sûr une distance de deux lieues les
communications d'Ëybe à Kingstrap et Gielsteds.
La troisième colonne, composée du 58** régiment d'in-
fantérié légère, des administrations et équipages can-
tonné à Frëdericia ou dans les Villages voisins dans un
rayon d'une lieue et demie.
Le 16, douze compagnies du 5* régiment d'infanterie
légère stationnent avec l'artillerie, les 2% 4« compagnies
de carabiniers et voltigeurs du centre, dans les villages
qui environnent Odensée; le 14* régiment de chasseurs
à cheval s'établit à RogenstHî, les compagnies de volti-
geurs du 5e d'infantei^ie à Odensée.
Nous avons dit que le 19« de ligne faisait partie de la
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— 149 —
deuxième colonne; « dans sa marche, il vit une maison
que rincendie dévorait, aucun Français n'y logeait, mais
il n'écouta que les aspirations d'une fraternité républi-
caine et réteignit : trois grandes fermes furent détruites
mais un village entier dut son salut à nos soldats. > (1).
Le lo' avril nous retrouvons Dupas à Odensée où il
était arrivé avec toute sa division lo 14 mars, c'est là
qu'il remit le commandement provisoire delà 2« division
du corps d'armée au général de brigade Gency, pour
aller à Hambourg prendre lo commandement des villes
anséatiques.
Dupas avait été nommé lo 25 déc^^mbre 1807, cheva-
lier de la Couronne de fer, distinction à laquelle était
attachée une dotation de 6,000 francs qu'ij cumulait
avec le traitement de sous-gouverneur du Palais
de Stupinis, sinécure et dotation qui augmentaient
de 12,000 francs son traitement de général do
division et les avantages attachés au gouvernement des
villes anséatiques. Au moment où il allait quitter Lubeck
pour se rendre à Hambourg, il reçut l'avis. que doux do-
tiitions s'élevant à un total de 50,000 francs de. revenu
lui étaient accordées par Napoléon sur des biens situés
en Westphalie et en Hanovre.
(1) Journal de Dupas, page 4t.
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— 150 —
CHAPITRE IX
HAMBOURG
Avril à Octobre 1808
Commandement des territoires anséatiques. — Administration.
— Revue. — Mesures disciplinaires. — Inspection. — Emeute.
— Espions. T- Attaques faites par les Anglais, leurs prises. —
Espagnols. — Exécution. — Le 15 août. — Pillages opérés par
les Anglais. — Nouvelles attaques. — Garde bourgeoise. — Fin
du commandement.
Dupas emmène Dumarest, son ancien chef d'état-major,
et Bochaton, son 2» aide de camp, à Hambourg, où il
prend possession de ce grand commandement, compre-
nant vingt mille hommes échelonnés sur les trois terri-
toires de Hambourg, Brème, Lubeck.
Le territoire de Lubeck a été décrit dans le précédent
chapitre; celui de Brème s'étendait sur les deux rives
du Weser, entre l'Oldenbourg et le Hanovre, sa super-
ficie était de 75 kîlom. carrés et son chef-lieu à 48 kil.
de l'embouchure du Weser ; c'était le siège des assem-
blées de la ligue anséatique, elle était gouvernée par un
conseil suprême composé de deux bourgmestres, deux
syndics et vingt-quatre conseillers. Cette ville est située
de la manière la plus avantageuse pour servir d'entre-
pôt aux marchandises qui descendent le Weser ; son
commerce maritime est important.
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— 151 —
Le territoire de Hambourg est enclavé sur F Elbe, sa
superficie est de 385 kil. carrés avec une population
actuelle de 217.000 habitants ; il se compose des terres
environnant la ville, du baillago de Bergodorf posstklé
en commun avec Lubock et comprenant quelques îlee do
FEIbe, du baillage de Ritzeburtol, qui s'étend entre
l'embouchure de TElbe et celle du Wesor, il comprend
nie do Neuwerk.
Il est administré par un Sénat, composé de 15 mem-
bres et 3 bourgmestres, dont l'un est président do cette
assemblée.
Hambourg est un port de la plus grande importance,
au double point de vue de la navigation maritime et
fluviale.
Déjà en 1807 le commerce de Hambourg était im-
mense, c'était une très riche prise pour l'empire fran-
çais. Le luxe des habitations, le nombre des équipages
qui parcouraient la ville à toute heure indiquaient que
parmi les villes les plus opulentes de l'Europe, Hambourg
occupait le premier rang.
Dupas arriva à Hambourg le G avril 1808 et prit le
commandement des territoires anséatiques qui occupent
une superficie de plus de 800 kilomètres carrés.
Il envoie deux compagnies à Travemunde pour faire
le service de la place, il donno à Bochaton le comman-
dement du territoire du Lubeck où ce dernier se rend
avec le général Gratien commandant une division hol-
landaise, ce dernier part avec son état-major pour y
remplacer Nikolson, généi^l-major hollandflis.
Le 9 avril ont lieu divers mouvements de troupes.
La gendarmerie de Hambourg escorte jusqu'à Brème
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— 152 —
treize mî^rifts de la dernière levée faite sur le premier
de ceft'territoires, elle reçoit à son retour douze homnies
du 19^ régiment d*infanterieide ligne qui âe trouvaient
en traitetqent à l'hôpital de Lubeck et qui vont rejoindre
leurèorps.à Hambourg, et deux grenadiers du même
régim0nt arrêtés à Brème au moment où ils frappaient
{les habitants de cette ville.
Le gouverneur général Dupas passe successivement
en revue un escadron du 2« rc^iment de cuirassiers hol-
landais!, ta H compagnie d artillerie et l'infanterie Hol-
landaises placées à Hambourg ; il témoigne à ce dernier
corps sa satisfaction pour la tenue, la propreté des armes
et la précision des manœuvres ; sa dernière inspection
est celle du dépôt des troupes espagnoles, formé à
Altona.
Dans la nuit du 9 au 10 avril 1808 des malfaiteurs
s'introduisirent dans l'un des entrepôts des douanes de
Lubeck qui renfermait plusieurs marchandises anglaises
que l'on avait saisies.
Dupas invite le Sénat à provoquer une enquête et la
punition dos coupables. Ces voleurs étaient des soldats,
ils furent découverts et l'on put retrouver le 21 avril une
partie de ces marchandises.
Engel Brecht, chirurgien militaire, est renvoyé de
l'armée, on le conduit sur la rive gauche de l'Elbe, avec
défense de rentrer sur le territoire qu'il vient de quitter,
par suite de ses indélicatesses à l'égard de quelques
propriétaires de logements qu'il avait occupés.
Deux vagabonds sont envoyés d'Odensée par le géné-
ral Gérard comme étant prévenus de mauvais traitements
et menaces d'ipceudie, on les dirige dans l'intérieur de
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— 153 —
la France sous Tescorte des gendarmes ; deux soldats
hollandais qui avaient cassé les bras à un bourgeois de
Lubeck sont arrêtés ; un nommé Lazarus, bourgeois de
Hambourg, est mis à la disposition du Préteur à la suite
de certaines propositions faites à un voltigeur du 8* d'in-
fanterie hollandaise qui était de faction dans la rue de
l'amirauté.
Dupas constate dans Tune de ses inspections aux hô-
pitaux de Lubeck leur bonne tenue et Texcellento disci-
pline des militaires. Il fait embarquer Delamarche,
officier de marine et commandant par intérim la station
de l'Elbe avec le contrôleur des douanes et quarante
hommes du 5« régiment de dragons pour surprendre
deux chaloupes anglaises qui venaient d'aborder à
Nerverck ; mais ce marin rentre dans le port de Trave-
muode sans les avoir rencontrée».
Le 19 une émeute populaire ayant éclaté soudainement
à la porte d'Altona, le poste fut envahi, les soldats furent
frappés avec des pierres et des bâtons, toutes les vitres
cassées, les palissades renversées ; trois émeutrers
furent tués, cinq autres blessés.
La foule repoussée se dirigea sur la porte d'Allenthor
où elle commit de nouveaux dégâts mais sans parvenir
à s'emparer du poste ; en ce moment des troupes, entre
autres les gardes hollandaises et hambourgeoises étant
survenues avec un détachement de dragons, parvinrent
à rétablir l'ordre en conservant leur sang-froid et arrê-
tèrent l'émeute avant qu'elle eut produit des conséquences
trop fâcheuses.
Cette émeute ne-devait pas rester impunie: six des
coupables, soldats dans les régiments hollandais, furent
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- 154 —
condamnés par le conseil de guerre à recevoir chacun
50 coups de bâton, et après avoir subi leur peine furent
chassés do leurs régiments comme des coquins fieffés.
Florence, lieutenant dans les grenadiers, KroUe, sergent
au 7« régiment d'infanterie .hollandaise, qui étaient de
garde à la porte d'Altona du 18 au 19 avril, furent punis,
le premier de quinze jours d'arrêts parce qu'il n'avait
pas osé refuser les clefs, le second d'un mois do prison
pour n'avoir pas remis à neuf heures un quart ces clefs
au commandant de la place et parce qu'il avait permis
que des sentinelh^s reçussent de l'argent de plusieurs
voyageurs. et conducteurs de voiture qui désiraient ren-
trer après la feï'meture de la porte, ce sergent avait en
outre toléré la présence d'une femme dans le corps de
garde.
Bleckers, caporal de la 3" compagnie, 8" régiment
d'infanterie hollandaise, est cassé et condamné à un
mois de prison parce que, se trouvant de patrouille, il
n'avait pas fait sortir d'un bal public des militaires qui
voulaient obliger le maître de la maison à leur livrer
gratuitement du vin. La gendarmerie arrête un nommé
Kuno qui a pris différents noms, ceux d'Angelbrecht,
Johann, Hermann et se disant capitaine d'un navire,
mais que Ton regarde comme espion au service des
Anglais.
D'autres espions, les nommés Corneille, Minoyer, Jau-
bert,lesfemmesKenehle,Sush, sont tous amenés à Ham-
bourgavec une autre femme nommée Angelle-MarieSuhs,
soupçonnée d'avoir provoqué à la désertion un maréchal
des logis du 23* régiment dd chasseurs à cheyal. Un
fourrier, quatre cuirassiers du 2* régiment hollandais.
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— 155 —
Fabry du 58« régiment dMofaoterie de ligne, désertent
de Lubeck ; trois hollandais condamnés, l'un à mort
pour désertion, s'évadent de leur prison. Une chaloupe
se présente à 1 1 heures du soir au poste du bivouac
de Travemunde, sans répondre au qui-vive de la
sentinelle, l'arrivée d'une patrouille et des coups de
fusils la mettent en fuite, sans que l'on ait pu reconnaître
si l'équipage était composé de marins anglais ou de
contrebandiers. '
Pendant les mois d'avril et mai 1808, divers chan-
gements de garnisons : la 1^ compagnie du 5* bataillon
du train français se dirige sur Erfurth, quatre-vingts
hommes du 58®, cent six du 59« d'infanterie de ligne,
un détachement des chevaux légers belges, un autre
composé de marins passent à Hamt>ourg et sont dirigés
sur Lubeck ou partent de Travemunde, le port de Lu-
beck, pour se rendre à Hambourg.
Des mouvements considérables se font sur toute
rétendue des territoires anséatiques, surtout à Altona,
devenue le principal dépôt des soldats espagnols que
l'on dirige ensuite sur les champs de bataille; dans la
marine ces mouvements sont aussi fréquents, les navires
marchands qui arrivent surtout des ports de Lunebourg,
Horbourg, Buetchude, Thsiwielenfleht, etc., déjouent à
force de ruse et d'audace la surveillance des Anglais et
pénétrent dans le port de Hambourg. Vinchon, officier
de marine, apprend à Dupas qu'une frégate et une goé-
lette ennemies sont venues jeter leurs ancres à une
portée de fusil do notre batterie de Cuxhanen et lancer
des feux meurtriers sur la ville. Les Français ayant
répondu pendant une heure ou deux à cotte attaque,
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— 156 —
les Anglais se retirèrent et prirent leur mouillage dans
la baie d'Ottendorff, mais ils avaient pu lancer plusieurs
boulets sur les maisons de Cuxha\ en et sur notre bat-
terie, une femmQ fut tuée, uik> autre blessée au milieu
de la ville. Ces doux navires ont appareillé le lendemain
en gagnant la haute mer,. le rapport sur cette attaque
est transmis au général Gérard le 7 mai 1808.
L'on répand un brwt qui anponco que plusieurs vais-
seaux anglais sillonnent la Baltique sans que Ton puisse
deviner leur dessein. Deux bateaux de Windham et de
Neustadt qui étaient entrés dans le port de Lubeck le
4 mai sont saisis le 9 par les douaniers de Hambourg;
les Anglais s'emparèrent le même jour dans un port de
la Norvège do dix bâtiments danois qui étaient chargés
de vivres pour cette dernière ville, cette prise n'a pu se
faire qu'à la suite de la lâcheté reprochée au comman-
dant de la flotte, oublieux de ses devoirs.
Pendant les journées des 17, 18 mai 1808, diverses
circonstances attirent l'attention de Dupas sur la pré-
sence problématique d'espions et d'embaucheurs ; pour
s'en assurer il envoie des gendarmes et la police secrète,
tous déguisés, à Hambourg-Berg où ils vont demander
un logement pour la nuit, mais à leur grande surprise
tous les aubergistes, sans exception, résidant dans cette
localité et dans les autres centres des territoires anséa-
tiques où la même mesure avait été prise, se refusèrent
à les loger par le motif que des logements ne pouvaient
être donnés qu'à la suite d'un ordre ou au moins d'un
consentement donné par la police. Ce refus paraissait
prouver que l'on n'avait pas à craindre en ce moment,
la présence d'espions ou d'embaucheurs. Cependant le
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— 157 —
lendemain 19 mai, le commandant de Lubeck dut faire
arrêter \in habitant du territoire anséatiquc, nommé
Matheysen, qui venait d'embaucher et d'embarquer
pour le compte des Anglais plusieurs jeunes gens.
Cette arrestation amena la découverte d'une cave si-
tuée à Hambourg, où ces hommes étaient cachés jus-
qu'au moment de leur transport sur des vaisseaux anglais ;
un nommé Held», dénoncé par Matheysen comme étant
le propriétaire de cettecavo et le principal organisateur
des embauchemenls fut arrêté.
Cinq cuirassiers hollandais et trois fantassins de la
môme nationalité, dont l'un venait d'être condamné à la
peine de mort, parviennent à s'évader des prisons de
Lubeck. On arrçte un individu dans le village de
Hijs'cldorff, situé prés de Piuneberg, qui ne possédait
pas de passe-port ; remis entre les mains d'un cavalier
de la police pour être conduit aux autorités françaises,
il fut. trouvé quelques minutes après étendu dans la rue
et frappé d'un coup de poignard ; il mourut sans avoir
pu faire connaître le nom de l'assassin. L'auteur de ce
crime ne pouvant être que le policier chargé de le con-
duire, il fut aussitôt enfermé dans les prisons de Ham-
bourg où il fut reconnu comme appartenant au régiment
espagnol de Catalogne.
Le 12, â neuf heures du soir, une dizaine decanonniers
hollandais complètement ivres, chantaient dans les rues
de Brome ; Jansen, capitaine au 9« régiment d'infanterie
hollandaise sortit de chez lui avec l'intention de les faire
rentrer, mais ces canonniers menacèrent de le frapper
de leur sabre, au moment où deux sergents-major et
deux caporaux d'une autre compagnie vinrent tirer trois
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— 158 -
coups de fusil sur ces agresseurs: deuxcaDODDiors.rereDt
blessés, uQ troisième fut eraprisonué et les autres dis-
parurent.
Dupas, toujours soucieux de Tordre public et de la
discipliae militaire, ordonne qu*à partir du G mai, un
piquet de deux cents fantassins et de cinquante cavaliers
soient sous les armes le jour et la nuit; des signaux
seront faits au moyen des tambours et dos clairons, pour
prévenir les désordres ; il organise plusieurs postes de
correspondance : Lubeck, Bergedorff, Grande, Kusdorf,
Lubeck. Brème, Harboui*g, Fostedt, Rothembourg,
Ottesbourg, Brome, Hambourg, Buxtehude, Stade, Bas-
beck, Ottendorf, Cuxhaven.
Il donne ensuite le commandement de la place de
Hambourg au colonel Hamelinaye, l«f aide de camp de
Bornadotte, en remplacement de Damas, brigadier dans
l'armée hollandaise, qui va prendre celui de Brème,
occupé alors par le colonel Valet, qui reçoit à son tour
celui des côtes et de la place de Travemunde jusqu'à
Neustadt.
Au dépôt espagnol d'Altona, Ramon de Lopez officier
dans le régiment de l'Infante, se querelle avec un au-
bergiste au sujet d'une dame espagnole qui habite l'hôtel.
Cet officier ayant voulu frapper l'aubergiste, toute la
domesticité de l'hôtel arrive pour le désarmer ; la garde
danoise protège l'hôtelier et met en prison l'officier,
mais l'autorité militaire réclame la punition de l'auber-
giste et des domestiques. Pendant ces incidents, le
marquis de la Romana commandant. le dépôt, fait partir
les quartiers-maîtres, officiers payeurs, officiers de
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— 159 —
santé, à Texcoptioa du médecin en chef et d'un chirur-
gien-major, pour qu'ils rejoignent leur corps.
Le 30 mai, Dupas ayant passé une revue des
troupes hollandaises cantonnées à Hambourg, leur ex-
prima sa satisfaction au sujet de la précision des manœu-
vres, de la propreté des armes ; \\ la manifesta surtout
à Tartillerie de la 2« division commandée par le capitaine
Areng, et au 2® régiment de cuirassiers.
Vers le milieu de juin 1808, plusieurs détachements
hollandais changent de résidence, les marins recrutés
à Lubeck, à Stettin, sont dirigés sur Brème, plusieurs
déserteurs ou cmbaucheurs sontarrôtés. Le 1" bataillon
du 7e régiment d'infanterie, le 1««* du 6« avec quatre
pi(ices d'artillerie venant de Lubeck arrivent à Altona le
18, quinze hommes du 6« traversent Hambourg pour s'y
rendre aussi; dix-huit autres en sortent pour accompa-
gner devant le Conseil de guerre de Lubeck treize pri-
sonniers hollandais.
Le 14 juin. Dupas écrit que les Russes (sans doute des
volontaires recrutés qui servaient dans la division hol-
landaise), viennent de partir pour la Hollande.
Un détachement du 3* régiment d'infanterie légère,
vingt officiers et deux cents hommes arrivant de Parme,
traversent Hambourg et rejoignent leur corps, pendant
ce passage l'un des ofBciers et vingt-cinq hommes en
sont détachés pour escorter le trésor de l'armée du
prince de Ponte-Corvo, un caporal et quatre canonniers
choisis dans la compagnie de réserve sont chargés de
conduire un train d'artillerie de Hambourg à Rends-
bourg. Quelques cuirassiers du 2* régiment hollandais
boivent chez un cabaretier et le maltraitent au lieu de
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~ 16Ô -
payer leurs coQSommatiotis, Dupas dôune des ordres
sévères pour trouver les coupables et éviter le renouvel-
lement de ces abus. Pendant le mois de juin, trente
navires marchands entrent dans le port de Hambourg.
Le 7 juin,' la gendarmerie amène à Hambourg trois
Espagnols, deux Français, un allemand de la dernière
levée faite pour la marine, deux Hollandais et un Prus-
sien, tous déserteurs. Parmi les Hollandais, le journal
de Dupas cite l'assassinat d*un grenadier commis par
Tun de ses camarades et le suicide de deux autres.
L'on arrête encore à Lubeck un pêcheur qui avait
passé toute la nuit en pleine mer pour donner sans doute
des renseignements aux Anglais ; à Travemunde un in-
dividu nommé Jambert, qui était accompagné d'une
femme, originaires de la Poméranie suédoise; ils arri-
vaient de Nyestadt et disaient avoir servi comme do-
mestiques le baron d'Essen, général suédois; ayant été
consignés entre les mains du colonel de gendarnierie
Maupoint ils sont conduits quelques jours plus tard à
Stralsund et mis à la disposition du général Molitor.
L'on arrête enfin un grenadier hollandais qui est tra-
duit devant un conseil de guerre parce qu'il venait de
frapper l'un de ses officiers.
Le 14 juin, Dupas fait manœuvrer ses troupes en
commémoration de la victoire dô Friedland, trois salves
d'artillerie sont tirées à la pointe du jour, à midi et le
soir; un autre jour il passa en revue les dépôts français
et espagnols, mais à sa grande surprise il né trouva
dans ce dernier dépôt que trois officiers, cent hommes et
cinq chevaux, au lieu de vingt-deux officiers, deux cent
quatre-vingt-dix-huit hommes, sôus-officiers ou soldats.
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- 161 -
dix-neuf chevaux portés sur la colonue des hommes pré-
sents; après avoir manifesté son mécontentement au géné-
ral Salcedo, il l'invita à mettre tous les officiers absents
aux arrêts. Le 19, Bernadette vient à Hambourg et Altoua
pour passer en revue les troupes hollandaises, témoi-
gnant à Dupas toute sa satisfaction pour la tenue, la
précision et renscmble des manœuvres, mais surtout
pour les feux et la marche en bataille ; cette première
revue des Hollandais est suivie d'une autre, passée six
jours après par Gratien, lieutenant général.
La présence de nos troupes n'empêche pas l'or an-
glais de semer la corruption dans les territoires anséa-
tiques, la police secrète signale la présence de Camiller
l'un des principaux embaucheurs de l'Angleterre. Dupas
charge le colonel Maupoint de prévenir le général
Laner, inspecteur général de gendarmerie commandant
la rive droite du Rhin, que Camiller est domicilié dans
un petit village situé près de Gottingue, qu'il faut l'ar-
rêter immédiatement pour le conduire au quartier géné-
ral de Bernadette, avec un autre embaucheur, Jurgens,
que l'on avait déjà arrêté. Dupas envoie leurs dossiers
au capitaine-rapporteur de la commission militaire,
mais après une instru«îtiou sévère Camiller est acquitté,
remis aussitôt entre les mains de la gendarmerie, on
lui enjoint, par mesure administrative, de quitter le terri-
toire de Hambourg dans les vingt-quatre heures.
De nouvelles arrestations sont faites parmi les embau-
cheurs que l'on croit découvrir un peu partout. Meau-
point va à Altonapourse saisir d'un nommé Tiemann,
cabaretier demeurant à Hambourg-Berg, que l'on avait
surpris au moment où il livrait à Nitsche. se disant offl-
iib
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— I6â —
cier-recruteur pour la marine suédoise, trois cuirassiers
du 2« régiment hollandais; Tiemann et Nitscbe devaient
être conduits immédiatement au quartier général de
Bernadette, mais les autorités civiles et le commandant
danois s'y étant opposés, Dupas se contente de charger
le général Gérard d'envoyer la procédure à Bernadette
et d'attendre sa décision.
Altona était le rendez-vous principal des déserteurs et
de tous les embaucheurs ; cela était connu de Dupas,
mais il lui élait difficile d'y remédier, c'est en effet ce
qu'il explique dans son journal : « La situation topogra-
phique d'Altona, l'insuffisance des garnisons leur assu-
rent une impunité à peu près complète ; quelques gen-
darmes attachés au service de la police secrète pour-
raient peut-être les maintenir provisoirement, mais il
n'existe qu'un moyen sûr d'arrêter immédiatement et
pour toujours les désertions et les manœuvres des em-
baucheurs, c'est de renvoyer de l'intérieur de cette place
militaire tous les officiers danois chargés des recru-
ments ; une fois partis, les désertions, l'embauchement
cesseraient immédiatement, parce que ces misérables
ne recevant plus d'argent se tiendraient tranquilles.
« Les officiers danois qui sont aujourd'hui chargés du
recrutement sont: le major Buskis, les lieutenants
Nitsche, Buchholtz ; je viens de faire arrêter Nitsche. »
Le journal mentionne pendant ce mois de juin 1808
diverses mesures d'ordre prises par Dupas, de nouveaux
cas de désertion, un départ des Espagnols résidant à
Altona.
Un infirmier français attaché à l'hôpital d'Altona et
détenu depuis longtemps à la suite de ses habitudes
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- 163 -
d'ivrognerie, un vagabond originaire du département de
Mont-Tonnerre sont conduits dans leur département ;
un grenadier de Tinfanterie hollandaise est emprisonné
à la suite de coups portés à un officier ; le directeur des
douanes, neuf lieutenants et sept douaniers sont desti-
tués ; une enquête est ouverte pour découvrir le nom de
plusieurs cuirassiers hollandais qui après avoir pris des
consommations s'étaient livrés à des voies de faits contre
les cabaretiers.
Plusieurs prisonniers militaires, détenus à la prison
de Zuringer, à Brème, sont arrêtés au moment de leur
évasion ; un nommé Moritz, invité à faire une déposition
contre un nommé Kuno convaincu d'espionnage, ayant
refusé de parler, est condamné à la détention ; Kuno ayant
été acquitté, Moritz est réclamé parle prêteur Abendroth
comme coupable d'un ancien délit. Quant à Kuno, il fut
sur l'ordre de Dupas et par ratîsure administrative, en-
fermé dans une maison de force à Brème pendant toute
la durée de l'occupation française.
Trois déserteurs espagnols sont conduits auprès du
marquis de la Romana ; Gavray, déserteur du 6® régi-
ment français de hussards, est dirigé sur son corps ; l'on
arrête dans un cabaret d'Altona Ludemann, déserteur
de la marine française; à Schwarteau, c'est un artilleur
hollandais qui avait en outre commis des vols et s'était
procuré par adresse un chapeau civil et un passe-port,
il est traduit devant un conseil de guerre.
Nous finissons cette période en signalant quelques
mouvements opérés dans le dépôt espagnol d'Altona
où nous voyons le payeur général et cinq adjoints, douze
officiers, cent trente sous-officiers ou soldats quitter cette
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— 164 —
place pour rejoindre leur corps en escortant neuf pri-
sonniers. Dupas fait ensuite quelques nominations : le
colonel Vallet choisi le mois précédent pour commander
Travemunde et la côte jusqu'à Neustadt est appelé à
Lubeck, Jouvancourt remplace Bochaton comme com-
mandant de la même place et ce dernier est rappelé au-
près de Dupas pour reprendre ses fonctions d'aide de
camp.
Le commandant de la marine envoie à son tour à
Dupas ses rapports du mois de juin sur les ports.
Deux détachements de marins français venant de Lu-
beck et de Stettin arrivent à Hambourg ; un autre de
cent seize marins en sort pour aller à Brème, au nombre
desquels Ton en choisit cinq pour conduire trente barils
de poudre à Cuxhaven; c'est de cette dernière ville
que l'on signale la présence de grands vaisseaux sur la
mer, quatre-vingts voiles sont reconnues mais elles dis-
paraissent. Un nouveau convoi de soixante-six matelots
se dirige de Brème sur Wesel.
Quarante navires entrent pendant ce mois dans le
port de Hambourg, un seul arrive à Travemunde ; seize
marins français viennent de Lubeck à Hambourg, deux
nouveaux détachements arrivent en même temps de
Stralsund et de Stettin et sont mis aussitôt à la dispo-
sition du commandant de marine siégeant à Hambourg;
soixante-trois marins appartenant à la dernière levée
concentrée à Hambourg sont dirigés sur Wesel, cin-
quante-trois matelots partent pour Brème, et soixante-
trois le quittent pour aller à Wesel.
Au milieu de ce mouvement des marins, les Hollan-
dais qui occupaient la rive gauche du Weser arrêtèrent
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— 165 —
et saisirent cinq bâtiments dont les feuilles de route,
signées par l'autorité de leur pays d'origine et par le
commandant des douanes impériales, indiquaient un
chargement composé uniquement de pois et avoines;
les ayant visités ils découvrirent cachés sous ces der-
nières marchandises plusieurs tonneaux remplis de
sucre et de café.
De leur côté les douaniers avaient saisi peu de temps
auparavant d'autres denrées coloniales qu'ils conduisi-
rent à Cologne dans un convoi de vingt-cinq voitures.
Nous sommes en Juillet. Nous verrons l'application du
blocus continental, nous assisterons à la continuation
des fraudes commises par les contrebimdiei's, à colle
des arrestations, désertions, punitions, espionnages
au service des hôpitaux, au mouvement du port de
Hambourg, à l'entrevue d'Erfurth, etc.
Soixante-dix voitures, escortées par les douaniers,
conduisent de Brème à Cologne les denrées coloniales
saisies les jours précédenis; quarante-deux barils de
poudre pesant onze à douze cents livres sont saisis dans
une prairie à Altona, mais on les rend à leur proprié-
taire aussitôt qu'il en eût justifié la provenance. — Do
Montcabrié, capitaine -commandant la marine fran-
çaise, envoie son rapport habituel à Dupas et lui apprend
qu'une yole danoise a capturé un navire hollandais
chargé de s.ucre, café, quinquina, que l'on conduit à
Gluckstadt (1), que plusieurs navires hollandais entrent
à chaque instant dans le port de l'île d'Holgoland (2),
(1) Gluckstadt, ville danoise, Holstein, sur TElbe.
(2) Helgoland prise aux Danois par les Anglais en 1807, et
cédée définitivement en 1814, par le traité de Kiel.
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— 166 —
pour charger et expédier des marchaDdises anglaises.
Il achève ce rapport en le prévenant que les deux cha-
loupes offertes par le Sénat de Hambourg ont été ar-
mées avec quatre canons n« 12, le plus gros calibre
trouvé dans l'arsenal.
Cent nouveaux transports do denrées coloniales sai-
sies partent de Brème les 29 juin, l«s 6,9, 13 juillet,
pour Cologne ; une embarcation montée par sept contre-
bandiers est arrêtée et conduite à Brème.
Cette constante surveillance de la contrebande était
le résultat de la guerre économique, la plus dangereuse
de toutes — pour la France comme pour l'Angleterre, —
qui était elle-même la conséquence du blocus continental.
Par un décret daté do Berlin, du 20 novembre 1806,
Napoléon avait répondu à la déclaration du pabinet bri-
tannique, du 16 mai précédent, qui mettait en état de
blocus les côtes de France, en déclarant les îles britan-
niques en état de blocus.
Cette pensée gigantesque n'était possible qu'avec
l'appui et la bonne volonté de tout le continent. Elle
eût anéanti l'Angleterre, si nos alliés eussent observé les
traités qui leur étaient imposés par Napoléon. Pour at-
ténuer les funestes effets do cette guerre à outrance sur
le terrain économique, le 3 mai 1808, le chef d'état-
major général Gérard, prévenait Dupas et de Montca-
brié commandant de marine, que l'interdiction de la na-
vigation sur l'Elbe et le Weser ne devait pas s'étendre
aux bâtiments des puissances alliées (1).
Toujours vigilant, Dupas maintenait l'ordre avec le
(1) Journal du 6 mai 1808.
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— 167 —
plus grand soin : son journal fait mention dans le mois
de mai de quelques espions, de vagabonds, d'un caba-
retier détenteur d'uniformes qui avaient appartenu à
quelques déserteurs hollandais; plusieurs contrebandiers
sont arrêtés.
Parmi les autres arrestations l'on remarque celle du
secrétaire du théâtre de Brème, d'un libraire, d'un im-
primeur soupçonné d'avoir publié un pamphlet contre
l'armée hollandaise ; on les relâcha sur caution quelques
jours après. Deux boulangers appartenant au môme
corps sont condamnés à six mois de prison pour fraudes
commises sur le poids des pains qu'ils avaient fournis.
L'on enferme dans les prisons de Hambourg : Gravois,
déserteur du 23« régiment de chasseurs à cheval et
condamné à sept ans de travaux publics, Jacquin, des
chevaux légers belges condamné à deux ans de boulet,
Benoit, canonnier au 3« régiment d'artillerie légère et
Ramet, chasseur au 19« régiment d'infanterie légère,
accusés de s'être mis en route avec de faux papiers.
Quarante-huit hollandais sont envoyés de Lubeck dans
les prisons d'Altona, vingt-neuf d'entre eux ont déjà
passé en jugement ; à Hambourg neuf prisonniers hol-
landais condamnés à mort font une tentative d'évasion,
une sentinelle parvient à les maintenir en usant d'une
grande fermeté à leur égard ; quatre soldais de la même
nationalité ayant été acquittés par le Conseil de guerre,
sont remis le 16 mai entre les mains des autorites da-
noises. Plusieurs déserteurs arrivent: deux du 102^ ré-
giment de ligne condamnés l'un à quatre ans de boulet
l'autre à deux ans de fer sont conduits dans leur prison,
ainsi que six cuirassiers, dix-neuf fantassins, cinq chas-
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— 168 —
seurs à cheval, appartenant au 3® régiment de chasseurs
et à l'infanterie du Grand Duc de Berg. Les six cuiras-
siers avaient été livrés par le roi de Danemark.
Le 15 juillet 1808, toutes les troupes hollandaises qui
se trouvent à Hambourg et à Altona sont convoquées sur
la place du Saint-Esprit pour assister à Texécution de
la sentence de mort prononcée contre un brigadier du
2« régiment de cuirassiers, déserteur, et à celle de trois
embaucheurs arrêtés le 22 juin ; la commission militaire
condamne alors trois nouveaux embaucheurs à la peine
de mort, ils sont exécutés en présence des troupes hol-
landaises. Un déserteur hollandais est arrêté et conduit
à Altona, Benoit, du 101 « de ligne, Kein, du 27® chasseurs
à cheval, condamnés : Tun à quatre ans de boulet, l'autre
à deux ans, partent pour leur destination. L'on arrête
à Lubeck deux déserteurs' français qui sont reconduits à
leur corps, à Stralsund, un autre déserteur du départe-
ment de la Lys (chef-lieu Bruges), et deux autres mate-
lots accusés du même délit sont emprisonnés. Six soldats
du 6e de ligne résidant à Lubeck désertent à leur tour,
mais sans avoir été repris.
Plusieurs autres déserteurs appartenant aux 23« ré-
giment de chasseurs à cheval, 1"' régiment d'infanterie
du Grand Duc de Berg sont arrêtés et dirigés sur leur
régiment, un autre déserteur, venant de la légion
allemande qui est au service anglais, est envoyé au dépôt
des soldats français.
Le 8 juillet, l'on avait aussi arrêté Andréas Frankes
et son domestique qui venaient d'arriver à Travemunde,
venant de Suède ; après avoir été consignés entre les
mains de Meaupoint, colonel de gendarmerie, le pre-
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— 169 —
mier fut relâché sous caution et le second envoyé au
général de division Molitor.
Des déserteurs condamnés à mort et enfermés dans
les cachots de Hambourg creusèrent un souterrain
communiquant avec une cour extérieure, mais le courage
et la fermeté d'une sentinelle les empêcha de s'évader.
Jencke, brigadier dans le 2« régiment de cuirassiers hol-
landais, accusé de désertion, est fusillé en présence des
troupes hollandaises résidant à Altona et Hambourg.
Cette sévérité des conseils de guerre atteignait même
les civils, c'est ainsi que trois habitants de Hambourg
furent fusillés en présence de toutes les troupes, parce
qu'ils avaient été convaincus d'avoir fait des embauche-
ments.
Un nommé Barel avait été arrêté à Hambourg, et
conduit à Arras au dépôt des prisonniers anglais, mais
il déserta; il était accusé de se livrer à l'embauchage de
nos soldats pour le compte de l'Angleterre. Jurgens, au-
tre embaucheur, est conduit au quartier général de Berna-
dette pour être mis entre les mains du général Gérard,
chef de l'état-major général, ramené le 25 juin à Ham-
bourg, il fut acquitté et mis en liberté, mais ayant été
repris comme vagabond il fut amené à Lubeck, son der-
nier domicile, où ayant été reconnu comme appartenant
à la nationalité hongroise on le fit partir pour ce pays.
Les espions à leur tour étaient surveillés et traduits
en grand nombre devant nos conseils de guerre. Dupas
fait arrêter Demay, irlandais, Schimper, allemand,
Heynes, écossais, demeurant à Altona: ces trois
arrestations sont faites sur les indications de Bour-
rienne, ministre de France à Hambourg, qui, on le
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— 170 —
sait, était chargé de la police politique dans ce terri-
toire, avec cette circonstance raisonnée de la part de
Bourrienne pour l'arrestation de Heynes, qu'il le déclare
gendre d'un colonel hanovrien. Bourrienne les accusait
d'avoir reçu comme espions anglais, un salaire de 6 fr.
par jour.
Heynes était en outre soupçonné d'avoir contribué à
encourager les embaucheurs ennemis, sous le nom de
Carie Meyuer, domicilié à Altona, à recruter nos soldats
et des habitants; c'est ainsi que l'on crut qu'il avait
décidé le cuirassier Peter à enrôler ; ce dernier en effet
agissant do ruse accepta, il abandonna son uniforme,
se laissa déguiser, toucha une bonne prime, puis trouva
le moyen dose sauver et de rentrer dans son quartier
où il vint dénoncer son embaucheur ; cependant Demay,
Schimper, Heynes ayant été traduits devant le conseil
do guerre de Hambourg, tous furent acquittés.
L'organisation de l'espionnage par les Anglais était
formidable et son action incessante : le 30 juin l'on si-
gnale à Dupas l'arrivée de Smithson, seigneur anglais
qui vient de descendre accompagné de plusieurs domes-
tiques à l'auberge du « roi d'Angleterre »; la police
inquiète s'en empare, elle fait reconduire dans le
Pas-deCalais l'un de ces derniers, originaire de ce
département, les autres et parmi eux Smithson qui vient
offrir un cautionnement ne sont relâchés que le 8 août.
Dans ce mois do juillet nous remarquons que la même
surveillance s'exerce à Travemunde sur tous les étran-
gers : Frank arrivant avec son domestique de la Suéde
est arrêté à Travemunde au moment de son débarque-
ment et n'est remis en liberté par Meaupoint, colonel
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— 171 —
de gendarmerie, qu'au moment où un bourgeois de Ham-
bourg arriva pour lui servir de caution ; cette arrestation
n'était ni un fait isolé, ni un fait spécial aux étrangers,
les villes anséatiques étant en état de siège, cette mesure
pouvait atteindre tout le monde sans exception ; anciens
français, peuples conquis, tous y étaient soumis. Aussi
voyons-nous eu ce moment qu'un ancien français, absent
depuis plus de vingt ans, c'est-à-dire depuis au moins 1 788,
négociant établi à Stokholm et arrivant à Hambourg
fut arrêté comme déserteur.
Dès le l^raoût 1808, le monde officiel se prépare à
célébrer la fête do l'Empereur. La municipalité d' Altona
passe une convention avec un peintre décorateur pour
orner l'Hôtel de Ville, mais s'étant ravisé, cet artiste
refusa de tenir son engagement ; il fut arrêté et conduit
sans autre forme de procès dans les prisons de Ham-
bourg !
Dupas inspecte les troupes hollandaises de Hambourg
et d'Altona, la fête du 15 août est célébrée dans toutes
les villes anséatiques.
A Hambourg outre les salves d'artillerie et les ma-
nœuvres exécutées par toutes les troupes réunies des
garnisons d'Hambourg et d'Altona, il y a messe et
Te Deum chantés en musique auxquels assistent les
autorités de ces deux villes et une députation de Lubeck
et Brème.
Un grand dîner est offert par le général Dupas, suivi
d'un très beau feu d'artifice lancé au milieu d'une nappe
d'eau formée par l'Aster. Un brillant bal et un très
beau souper ont lieu ensuite dans le palais de S. A. S.
le prince de Ponte-Corvo.
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— 172 —
Hambourg et Altona ont des illuminations générales
et spontanées, une population immense réunie sur lf*s
bords de TAlster, pousse avec enthousiasme les cris de
Vive l'Empereur, Vive Napoléon, dit le journal.
Le 26 août Dupas ayant remarqué qu'il existait beau-
coup d'infirmités parmi les soldats du 8« d'infanterie de
ligne hollandais qui se trouvait au dépôt d'Altona, or-
donna que tous les hommes qui ne seraient pas capables
de faire une campagne fussent dirigés immédiatement
sur Brème, jusqu'à nouvel ordre.
Quatre jours après. Dupas faisait partir pour Flolbeck
une compagnie des grenadiers du 7« régiment do ligne,
quatorze cuirassiers du 2« pour la garde du quartier gé-
néral de Bernadette, qui ne rentrèrent dans leur corps
que le 14 septembre.
Parmi les troupes espagnoles nous voyons dans le
môme journal que quarante-deux soldats arrivent des
divers territoires occupés par les Français, les cavaliers
de Pinneberg, de Lubeck et Flolbeck se rendent au dépôt
espagnol d'Altona, commandé par le brigadier d'Hcrmo-
zilla ; les deux compagnies de grenadiers des régiments
dcZamora, de la Princesse, un détachement de Roi-cava-
lerie quittent Altona et vont à Hambourg, mais dés le
20 septembre l'on procède au désiirmoment de tous
les Espagnols : à Hambourg, Rendsbourg et Altona, et
toutes leurs armes sont déposées dans les magasins.
Daraith, capitaine au régiment de l'Infante-cavalerie, re-
çoit aussitôt Tordre de se présenter deux fois chaque
jour chez le commandant de la place de Hambourg ;
Guererzo, capitaine d'artillerie, est remis entre les matins
de la gendarmerie de Rendsbourg pour être conduit à
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— 173 —
Hambourg. Le journal de Dupas ne s'explique pas sur
ces mesures disciplinaires.
Arrestations. — Pendant août et septembre quelques
arrestations se font à Hambourg : un domestique accusé
de nombreux vols commis à Berlin, Picard de la Car-
rière, officier d'ordonnance dans l'armée hollandaise, ne
faisant que des dettes, sont conduits le premier à Berlin,
le second dans son département d'origine; Dupuis, arti-
ficier, est arrêté sur la demande de l'un des aides de
camp de Bernadette; Klapprand, un eut repreneur de bals
publics, qui recevait des soldats dans son établissement
le soir après neuf heures, est condamné à quinze jours de
prison ; un fabricant de voitures est arrêté au moment
où il insultait le général du génie Larouski.
Parmi les déserteurs, l'on arrête un soldat du 8« régi-
ment de ligne hollandais, un conscrit du département de
la Lys et deux matelots- que l'on conduit à Altona; six
autres déserteurs du 6« régiment d'infanterie de ligne à
Lubeck sont ramenés à leur corps par quelques soldats
meckleubourgeois.
Six nouvelles désertions sont constatées dans le
7e régiment de ligne et dans le train, deux parmi les
Français des 94» de ligne et 3® d'infanterie légère; l'un
de ces derniers ayant été repris, fut condamné à douze
ans de boulet. Neuf autres pré venus sont envoyés à Altona
devant le conseil de guerre de la division hollandaise.
La police opère un grand nombre d'arrestations au
milieu desquelles on remarque celle du ministre espagnol
résidant à Hambourg qui est arrêté le 4 septembre et
gardé à vue sans que le journal Dupas en indique le
motif.
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- 174 ^
Dans la marine nous voyons que trente-six bâtiments
entrent dans le port de Hambourg, qu'il en sort quatre
partant pour Travemunde et Lubeck ; le 23 août une
chaloupe conduite par le capitaine Jaspar Riegol et douze
matelots, partis le dix novembre de Tannée précédente
sur le Gertrvde Helena avec un chargement pour Riga,
entre à Hambourg. Ce capitaine rapporte que le Ger-
trude ayant été pris ainsi que l'équipage par une frégate
anglaise, ils étaient parvenus après dix mois de capti-
vité à se sauver dans une chaloupe qu'ils avaient achetée,
avec sept matelots mecklembourgeois également prison-
niers des Anglais.
Le 8 septembre au matin, plusieurs Anglais débar-
quent à Burhave à l'occasion d'une foire que l'on y
tient, le Bailli les engage à ne pas commettre de dé-
sordres, les menaçant de faire sonner le tocsin s'ils ne
consentent pas à s'éloigner ; au lieu d'obéir ces matelots
se répandent dans les maisons les plus rapprochées du
port pour les piller, de retour sur leur bâtiment ils lan-
cent de leur bateau une bombe sur la première maison
qu'ils incendient.
Huit jours après, les Anglais rencontrent des bâti-
ments français qu'ils attaquent de nouveau avec des
forces bien supérieures, des coups de canon sont enten-
dus depuis Travemunde dans la direction du nord. Déjà
l'avant-veille de Montcabrié, capitaine de vaisseau, avait
annoncé à Dupas qu'une chaloupe-canonnière anglaise
avait mouillé vis-à-vis la batterie de Carlstads, que deux
péniches transportant soixante hommes étaient arrivées
assez près pour tenter un débarquement. Nous avions
heureusement sept marins et trois douaniers pour dé-
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— 175 —
fendre cette batterie : ils laissèrent nos Anglais s'appro-
cher jusqu'au quart de la portée de nos canons ; en ce
moment Tennemi s'efforce de gagner la côte, mais il en
est bientôt refoulé par notre mitraille.
Remontés sur la chaloupe canonnière, les Anglais
tirent cinquante coups de vingt-quatre sur notre batterie
qui riposte à son tour avec une adresse et une habileté
telles qu'elle les oblige à couper leurs cables et à
s'éloigner, après avoir reçu une quantité de boulets dans
leur flottaison et dans leur voilure. Le lendemain une
nouvelle canonnière tente de s'approcher de la batterie,
mais s'apercevant do l'entrain de nos marins et douaniers,
elle s'en éloigne, sans avoir pu protéger le départ d'une
galliote qui cherchait, la nuit venue, à sortir du Weser
avec un chargement de marchandises saisies.
Le 21, un grand nombre de vaisseaux anglais sont
signalés en vue de Fnxierwart sur les rives du
Weser ; attaqués avec trop de légèreté ils s'éloignent
sans avoir subi de pertes, mais pour revenir une heure
plus tard ; nos feux sont alors si bien dirigés que les
Anglais se retirent quelques heures après, avec plusieurs
marins tués ou blessés (1).
Nous arrivons à la dernière période du commandement
des territoires anséatiques exercé par Dupas, c'est-à-dire
depuis le 16 août jusqu'au 24 octobre 1808.
Dans l'administration, Dupas continue à reprocher au
directeur de l'hôpital d'Altona la mauvaise qualité de
la nourriture qui est livrée aux malades, il donne des
ordres sévères pour que ces abus cessent aussitôt ; mais
(1) Journal de 1807 à 1809, p. 110.
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- 176 -
sa surveillance ne parvient pas à empêcher les fraudes,
c'est ainsi qu'il apprend que pendant le mois de septem-
bre toutes les rations de vin, pain, bouillon, ont été
insuffisantes et d'une qualité médiocre ; il les signale et
parvient au moyen d'une sévérité sans exemple à les
suspendre de nouveau pendant quelque temps.
Il fait arrêter plusieurs vagabonds, une ordonnance du
deuxième régiment hollandais qui cherchait une querelle
à un civil ; il passe en revue le 7 et le 13 août les garni-
sons hollandaises d'Hambourg et trois cents recrues
venant de la Hollande pour compléter le 6«et le 7« régi-
ment d'infanterie. Notons le changement du chef do
bataillon Bochaton d'Evîan, qui remet le 8 septembre son
commandement de la place de Cuxhaven à un capitaine
qui ne commandait que les troupes de terre ; la célébra-
tion de la fête de Louis-Napoléon, roi de Hollande, par
toutes les troupes hollandaises: à Hambourgquatresalves
d'artillerie furent tirées la veille au soir, le matin à midi
et le soir de la fête ; les Hollandais exécutent des manœu-
vres à Hambourg et à Altona. Les officiers généraux et
supérieurs, les officiers hollandais se réunissent dans
un banquet de deux cents couverts à Altona, chez
M. Rain ville, où toutes les autorités militaires et civiles
de Hambourg et d'Altona assistent ; un premier toast
est porté au roi do Hollande, l'autre à l'Empereur.
Pendant cette fête, Dupas s'occupe d'une nouvelle
organisation de la Commission militaire siégeant à
Hambourg, où sont appelés : Meaupoint, colonel de gen-
darmerie comme président ; Carron, Lebrun, Mecflet au
titre de capitaines ; Saviare, Demommerot, en leur qua-
lité de lieutenants et Alaingy sous-lieutenant.
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- 177 -
Pendant le mois de septembre trente-trois bateaux
entrent dans le port de Hambourg, cinquante-cinq ma-
rins appartenant à une nouvelle levée arrivent do
Dantzig ; des marins françiiis escortent un convoi de
poudres destintk^s à être transportées sur un vaisseau de
l'Etat ; un troisième détachement de quatre-vingt-dix
marins novices est conduit à Wesel par un officier et
vingt-cinq hommes du 9« régiment hollandais. Le journal
de Dupas mentionne la présence d'une frégate anglaise
en vue de Nervork et à doux lieues des côtes de Trave-
munde; un brick suivi d'une canonnière arrivent le 8,
pour la relever ; ils restent à l'embouchure de l'Elbe
jusqu'au 22 septembre, après avoir capturé un bâtiment
hollandais qui arrivait d'Emden avec un chargement de
charbons de terre, pour le compte de Graëmer de Ham-
bourg.
Une nouvelle frégate et quai re autres petits bâtiments
sont signalés à une distance do deux lieues de Blexum.
Deux chaloupes sortent du port de Travemunde pour
aller prendre un chargement de bois à iNeust*\dt, après
avoir reçu leur permis, signé par le Sénat de Lubeck et
le colonel Mario ; le poste maritime de la station du
Weser s'empare dans la nuit du 4 au 5 d'un bateau
chargé de marchandises anglaises qui avait été aban-
donné par son équipage, — un autre ayant élé saisi sur
la rive gauche du Weser, tous deux sont amenés dans
le port de Brème.
Le mois suivant Dupas signale dans son journal les
événements qui se passent dans la marine pendant les
derniers jours de son commandement : quatorze bâti-
ments venant de Hambourg, Ritzbuttel, Lunebourg,
iSb
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- 178 —
Rnxtehudo, etc., eutreot avec leur chargement dans le
port de Hambourg, un autre bateau va à Travemunde,
étant tous munis de leur passe, signée par le SénaL
De Montcabrié prévient Dupas que le canot de vedette
appartenant à la station du Weser s*est emparé d'un
bâtiment chargé de café, sucre, bois de campêche, et
d'un second qui a été pris le 2 octobre sur le Weser, à
son entrée dans le port de Brème.
Pendant la nuit du 1®"^ au 2 octobre, deux chaloupes
canonnières anglaises portant le pavillon français se
sont présentées devant le poste de Travemunde où elles
prirent leur position et tirèrent un nombre considérable
de boulets ou mitraille sur les maisons ; Tun d'eux péné-
tra dans la maison du lieutenant Cartier commandant le
poste.
De son côté le général Van Hasseld prévient Dupas
que les Anglais étaient venus de nuit plusieurs fois
devant Federward, mais leurs embarcations ayant tou-
jours été contrariées dans leur marche par les vents, ils
ne purent jamais descendre à terre ; un autre bâtiment
sortit du Weser en se plaçant à l'entrée du port de
Federward, où les feux do notre batterie l'obligèrent
bientôt à longer les côtes sur lesquelles il vint échouer
à une lieue du port.
Dans la nuit du 13 au 14, de nouveaux bâtiments
anglais s'approchèrent de Lange- Warde pour protéger
l'entrée de marchandises prohibées, mais une sentinelle
donna l'éveil et reçut deux balles dans son schako; les
Anglais se retirèrent aussitôt après l'arrivée des ren-
forts français.
Dans le mois de septembre 1808 quatorze cent soixante-
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— 179 —
onze soldats, douze cent trente-huit chevaux partent de
Hambourg pour le Hanovre, Wesel, Berg, Mayence;
dans la marche sur Wesel, les grenadiers de l'ancienne
garde du Prince s'adonnent à Tivresse en insultant les
officiers et sous-offlciers ; les autres troupes ayant chargé
leurs armes et menacé de tirer sur eux, les grenadiers
se calment un peu et sont conduits malgré leurs cris et
protestations sur les bords de TElbe ou ou les embarque
aussitôt.
21 prisonniers de guerre s'évadent, mais 4 d'entre
eux sont repris, un cinquième rentre do sa propre
volonté, un autre est pris à Blexam. LD sergent et 1rs
sentinelles chargées de surveiller ce poste sont
condamnés aux fers.
A la fin d'août toutes les troupes espagnoles à Ham-
boui'g, Rendsliourg, Altona avaient été désarmées. Dupas
avait eu des raisons puissantes pour provoquer une telle
mesure ; nous voyons en elTet dans son journal qu'à la
suite d'une enquête dirigée par le colonel Devaux, on
avait appris que tous les couteliers d'Hambourg avaient
reçu des commandes de poignards destinés à être remis
entre les mains des Espagnols habitant les territoires
anséatiques ; plusieurs soldats de cette nation avaient
remis pour faciliter ces commandes des lames de sabre ;
les poignards avaient une longueur de huit à dix pouces,
à forme déchirante.
Malgré les recherches faites par la police, les auteurs
de ces commandes ne furent jamais découverts.
Le journal du Gouverneur nous apprend que six mille
deux cent quatorze Espagnols sont détenus à Hambourg
comme prisonniers de guerre, qu'ils arrivent de Rends-
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— 180 —
bourg (1), d'Aldembourg, et seront dirigés sur Wesel ;
que pendant le mois d'octobre il existe un passage con-
tinuel de prisonniers espagnols, qu'entre autres dix-neuf
cent seize d'entre eux sont arrivés à Hambourg venant
de Seeland (2); qu'un autre convoi de prisonniers espa-
gnols s'élevant à deux mille quatre-vingt-quatorze hom-
mes viennent d'être dirigés sur Wesel.
Ces derniers étaient enfermés en partie dans la caserne
du Hambourger-Berg ; vingt et un d'entre eux s'étant
évadés, Dupas fait passer devant un conseil de guerre
le sergent du poste et la sentinelle qui était de faction.
A côté de ces prisonniers, Dupas nous parle de l'arri-
vée à Hambourg de plusieurs détachements et chevaux
appartenant aux corps espagnols, qu'il fait partir pour
le Hanovre et diverses provinces prussiennes; nous
voyons encore que plus de six mille soldats espagnols
se trouvent à Hambourg. D'un côté sept à huit mille
prisonniers de guerre espagnols, de l'autre plus de six
mille soldats espagnols combattant sous nos drapeaux.
Cette apparente contradiction s'explique aisément.
Depuis que Napoléon avait détrôné Charles V de Bour-
bon pour placer son frère Joseph Bonaparte sur le trône
d'Espagne, l'Espagne était en pleine insurrection. Les
prisonniers espagnols de Hambourg étaient les Carlistes
pris en Espagne par nos troupes ; ceux des Espagnols
qui servaient le roi Joseph formaient le contingent espa-
gnol de Hambourg.
n nous reste à parler de quelques faits concernant le
(l)Rendsbourg, île de TEyder, Holstein. — - Aldembourg, ville
d'Allemagne.
(2) Seeland est la plus grande île Danoise, à Textrémité S. E.
de la Suède.
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— 181 —
commandement de Dupas, dans les territoires anséati-
ques, où son désintéressement, son intégrité ne laissèrent
qu'un souvenir de reconnaissance. Dans ce commande-
ment, il lui était facile do suivre l'exemple donné par
beaucoup d'officiers généraux en s'enrichissant de dé-
pouilles. Mais tel n'était pas Dupas, malgré les accusa-
tions odieuses et mensongères portées par Bourrienne,
que nous détruirons dans le chapitre suivant.
Dans le mois d'octobre, le colonel Meaupoint, com-
mandant la gendarmerie dans les territoires anséatiques,
est remplacé par Dagallier, chef d'escadron; Devaux,
lieutenant-colonel, est chargé de la police à Hambourg-
Berg sous la dépendance du colonel Hamelinaye, com-
mandant la place de Hambourg ; deux matelots améri-
cains soupçonnés de faire des enrôlements pour le
compte des Anglais sont arrêtés et mis entre les mains
de Bergeret, capitaine de vaisseau, qui doit les consigner
au Consulat d'Amérique.
Dupas ordonne au commandant de Lubeck de moltre
à la disposition du roi de Danemarck seize canons qui
lui seront livrés par un officier danois accompagné de
quatre soldats passant à Kiel.
Le 3 octobre à 10 heures du soir, un factionnaire du
poste établi à Burhaven entend des coups de fusil, un
officier part avec six hommes dans la direction de ce
bruit, un éclaireur revient sur ses pas et signale la
réunion de plusieurs hommes armés qui se tiennent en
dehors d'une petite maison, à la hauteur de Burhaven
et sur la digue ; le chef du peloton ayant fait inutile-
ment des sommations, des coups de fusil sont tirés au
milieu de l'obscurité : un homme est blessé, quelques- .
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— 182 —
uns s'enfuient, d'autres entrent et s'enferment dans la
maison.
De nouvelles sommations n'ayant été accueillies que
par des insultes, des coups de fusil sont tirés, l'un des
hôtes est blessé, quelques-uns parviennent à fuir, d'au-
tres se barricadent; notre patrouille arrive aux fenêtres,
enfonce les portes, fait eu vain de nouvelles sommations ;
elle s'empare de trois paysans, dont deux sont blessés,
pour les remettre entre les mains du Bailli de Burhaven.
A la suite des recherches faites pour découvrir les au-
teurs du désordre, l'on arrête trente individus qui sont
emprisonnés à Brème.
Le 13 octobre, Bernadette vient à Hambourg et à
Altonapour l'inspection des troupes; le 24, Dupas reçoit
l'ordre de quitter son commandement des territoires
anséatiques et de se diriger sur le Danemark avec la
2^ division du corps d'armée de Bernadette ; cette divi-
sion se met en marche du 23 au 29, et arrive dans ses
cantonnements, savoir: le quartier général de Dupas à
Itzehoë avec celui de son brigadier Veaux, celui de
Gency est placé à Hendsbourg.
Gency a sous ses ordres le 5* régiment d'infanterie
légère, et le 19« de ligne ; Veaux a le 14« de ligne et le
23« régiment de chasseurs à cheval.
Toute l'artillerie est à Elmshorn, à l'exception de
deux pièces placées à Rendsbourg.
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— 183 —
CHAPITRE X
QUARTIERS D'HIVER EN DANEMARK
Octobre 1808. - AvrU 1809
Itzehoë. — Lubeck. — Sévère discipline maintenue par Dupas.—
La division Dupas (2® du 9^ corps) est dirigée sur Hanovre. —
Témoignages de gratitude adressés à Dupas par les Sénats
de Hambourg et de Lubeck. — Les Mémoires de Bourrienne . —
Examen des attaques de Bourrienne contre la conduite de Du-
pas. — Dupas justifié par les lettres inédites de Napoléon ^^ —
Dupas est comblé d'honneurs et de faveurs, il est nommé
Comte de l'Empire.
Dès son arrivée à Itzehoë le 29 octobre 1808, Dupas
contiuua à maintenir, avec la sévérité que nous lui
connaissons, la plus exacte discipline dans les troupes
sous ses ordres. Quelques désordres qui s'étaient pro-
duits pendant la marche de la division furent rigoureu-
sement réprimés.
Vingt hommes du 19® régiment d'infanterie de ligne,
ne pouvant plus supporter les fatigues d'une campagne,
sont renvoyés en France, Tétat-major et la 5° compagnie
du 13' régiment de chasseurs à cheval prennent leur
cantonnement dans les baillages de Steinhort, Schwar-
trenbeck et dans quelques villages de Lanembourg.
Le 9 novembre un voltigeur du 3« bataillon, 19« régi-
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— 184 —
ment de ligne, cantonné à Rendsbourg était rentré dans
un état d'ivresse; ayant cherché querelle au propriétaire
de son logement, la garde danoise vint le prendre en lui
donnant des coups do crosse, mais un grenadier du
même bataillon qui logeait dans une maison voisine
voulut empêcher les Danois de se livrer à ces voies de
fait ; Tofflcier commandant cette garde croyant que ce
dernier voulait délivrer son compatriote lui fit donner
de tels coups sur la tête qu'on dut le faire recevoir
immédiatement à Thôpital.
Deux autres soldats du 19^ de ligne insultent le Bailli
en maltraitant leur propriétaire. Un voltigeur amène
l'un de ses amis chez sou logeur pour partager son
repas, puis tous deux mettent le logeur à la porte en le
battant. Un grenadier et deux fusiliers sont invités à ne
pas faire de tapage par un officier de la police civile, ils
lui répondent en l'attaquant et en le frappant à la tête
d'un coup de pointe.
Les désordres de ce genre étaient fréquents, mais ils
ne restaient jamais impunis; ces perturbateurs de l'ordre
public furent en effet mis au cachot ou en prison pendant
huit ou quinze jours suivant la gravité de leur délit. Trois
artilleurs brisent des vitres dansune maison particulière,
un tambour menace de porter un coup de sabre; les pre-
miers furent condamnés à quinze jours de prison, le
dernier à deux mois de cachot avec la défense de porter
dorénavant son sabre, tant que la division restera à
Lubeck.
Pendant les derniers mois de 1808, le Conseil de
guerre ne prononce qu'un jugement contre un nommé
François Martin, fusilier au 19- régiment d'infanterie de
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— 185 —
ligne; jugé par contumaco pour fait de désertion avec
armes et bagages, il est condamné à mort et à 1 .500 fr.
d'amende.
Au milieu de novembre les troupes de Dupas conti-
nuant leur marche arrivèrent dans leurs nouveaux can-
tonnements : Dupas a son quartier généial à Lubeck le
19 novembre, œlui de Gency est à Hambourg, celui de
Veaux à Ratzbourg.
Dupas établit ses postes de correspondance :
De Lubeck à Hambourg, par Leben et Kalckbaun.
De Lubeck à Ratzbourg, parGrossarau.
De Lubeck à Segeberg, par Niendorf.
Bertrand, chef de bataillon au 19« régiment de ligne,
est nommé commandant delà place deTravomunde; un
violent incendie éclate à Segeberg qui aurait détruit la
ville sans le secours apporté par les troupes françaises.
Un navire est signalé à trois lieues de Travemunde et ce
ne fut que deux jours après que les douaniers allèrent le
reconnaître; appartenant au port do Brème il fut autorisé
à continuer sa route après la vérification de ses mar-
chandises.
Pendant les deux premiers mois de 1809, Dupas fait
arrêter les vagabonds, ainsi que les conscrits westpha-
liens de passage à Lubeck ; les premiers sont ramenés
dans leur pays d'origine, les autres sont refoulés en
dehors du territoire occupé par Tarmée ; onze soldats
sont arrêtés par suite de leur conduite à l'égard des
propriétaires de logement, de leurs désordres ou pour
des motifs d'ivresse, indiscipline, insubordination, vaga-
bondage, révoltes contre la gendarmerie, dégâts dans les
maisons particulières.
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— 186 —
Un conseil de guerre spécial condamne un fusilier du
19« régiment de ligne à onze ans de boulet et à une
amende de 1.500 francs pour cause de deux désertions
successives ; le 2' Conseil de guerre acquitte un conduc-
teur d'artillerie accusé de vols, mais on le renvoie devant
un autre conseil de guerre comme déserteur.
Pradel, sous-inspecteur aux revues, inspecte le 19« ré-
giment d'infanterie de ligne, Tartillerie, le 24^ régiment
de chasseurs à cheval.
Suivant les intentions de Bernadette, Dupas fait par-
tir d'Oldeslohe, rétat-major du 13' régiment de chasseurs
à cheval qui vient à Lubeck avec la 5® compagnie arri-
vant de Sogeberg. La compagnie d'élite du 13® chasseurs
qui est à Segeberg va au faubourg St-Georges, près
Hambourg, la 4« compagnie, une de voltigeurs du
5* régiment d'infanterie légère partent de Hambourg et
vont en Westphalie, à Hamm et Horn.
L'état-major des chasseurs à cheval, la 5« compagnie
arrivent le 21 janvier à Lubeck, la compagnie d'élite de
chasseurs, le 3« escadron du 13« régiment prennent leurs
cantonnements dans le baillage de Schwartronbeck et
dans les villages de Lanembourg qui sont situés sur la
rive gauche de la Bille. Le 5*» régiment d'infanterie lé-
gère, contrarié par le mauvais état des routes, ne peut
arriver que le 15 à sa destination.
Pendant ce mois, la gendarmerie arrête trois chasseurs
du 24® régiment de chasseurs à cheval pour tapage et
mauvais traitements exercés vis-à-vis des propriétaires
de logement; sept autres soldats du 19« régiment d'in-
fanterie de ligne sont emprisonnés pour les mêmes faits
ou pour motif d'ivrognerie, d'insubordination; dans ces
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— 187 —
dernières arrestations Ton trouve un soldat qui portait
un pistolet chargé.
Le 31, Vernet, sous-lieutenant, Mabrie, sergent de
grenadiers et deux caporaux du 19" régiment de ligne
n'ayant pas su prévenir une violente querelle qui s'éleva
dans un poste qu'ils commandaient, furent condamnés :
Vernet à huit jours d'arrêts forcés, Mabrie à quinze
jours de cachot, les caporaux à huit jours. Un chasseur
du 5« régiment d'infanterie légère, atteint de nostalgie,
se suicide.
Dans le courant du mois de février Dupas envoie une
brigade de gendarmerie à Schomborg, une seconde à
Travemunde, deux cent dix-huit officiers ou soldats du
train pavssent à Lubeck, un convoi de cent milliera de
poudres venant de Stralsund passe la Trave pour être
remis entre les m lins des officiers danois, à Kurau ; le
conseil permanent de guerre part pour Hambourg où il
se met à la disposition du général Gérard, chef de
l'état-major général ; Lemaire, sergent au 19« régiment
d'infanterie légère est tué en duel.
Vingt soldats appartenant aux divers régiments de la
deuxième division sont mis aux arrêts pour cause
d'ivresse et injures adressées aux propriétaires des loge-
ments militaires; deux sergents du5« régiment d'infan-
terie légère le sont pour avoir jeté à la porte un cabaretier
qui refusait de leur donner de nouvelles consommations ;
Guénard, sous-lieutenant, pour une cause immorale.
Parmi les autres condamnés nous voyons un grenadier
du 19® régiment d'infanterie de ligne subissant un em-
prisonnement d'un mois; on le conduit pendant les trois
premiers jours de sa prison, à la parade, pour entendre
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— 188 —
la lecture publique de Tarticle 11, sectioQ 4, titre l^^ de
la loi du 19 octobre 1791 sur riusubordioation ; deux
chasseurs sont puais d'uu emprisonnement de quinze
jours pour avoir manqué d'égards à un officier et avoir
sorti un cheval sans autorisation.
Dupas fait transporter le poste de correspondance de
Syck, route de Hambourg à Lubeck, à Floisch-Gaffel et
celui d'Ost-Steinbeck, route de Hambourg, à Ratzbourg
et à Glinde. Quatre-vingt-quatre conscrits du 5® régi-
ment d'infanterie légère désertent de leur corps.
Vers le milieu de mars 1809, le corps d'armée de
Bernadette (9® corps de l'armée d'Allemagne) fut mis en
mouvement. La division Dupas (2« du 9« corps), quitta
Lubeck le 18 mars et se dirigea sur Hanovre, où elle
arriva le 25.
Le journal de la division signale jusqu'à la fin du mois
plusieurs arrestations et diverses condamnations : Qua-
tre chasseurs du 13® régiment de chasseurs à cheval
sortis sans autorisation, trois conscrits westphaliens
accusés de vols, un grenadier et un voltigeur du 19» régi-
ment d'infanterie de ligne, un boulanger sont arrêtés ;
diverses punitions variant entre quinze et quatre jours
de prison frappent un soldat de la compagnie d'élite
du 13« régiment de chasseurs à cheval pour avoir, en
état d'ivresse, brisé la vaisselle de son logement, un
douanier pour cause d'inconduite, un fusilier du 19® régi-
ment d'infanterie de ligne pour tapage, un chasseur de
la compagnie d'élite du 13' régiment de chasseurs à
cheval qui avait frappé un paysan, deux soldats du
19e régiment d'infanterie de ligne pour mauvaise conduite.
Dix chasseurs du 5' régiment d'infanterie légère man-
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— 189 —
quent à l'appel depuis le 17 mars, quatre d'entre eux
ont emporté leurs armes et bagages. Ou saisit une voi-
ture de luxe qui renfermait quelques marchandises an-
glaises ; l'embargo est levé sur quelques navires du port
de Lubeck, transportant en Russie des marchandises
françaises.
Le séjour do Dupas dans les villes anséatiques, tant à
Hambourg qu'à Lubeck, avait été de 17 mois. Il avait
eu la main rude dans l'accomplissement de la mission de
gouverneur qui lui était confiée ; mais il avait été juste,
et avait mis tous ses soins à maintenir la plus exacte
discipline parmi ses troupes. II avait usé, avec la plus
rigoureuse probité, des pouvoirs étendus dont il était
investi.
Aussi lorsqu'il quitta Hambourg en octobre 1808, le
Sénat de cette ville libre lui exprima-t-il sa gratitude
par la lettre suivante :
« Hambourg, 26 octobre 1808.
A son Excellence le Général de Division Dupas,
« Le Sénat m'a chargé de prier V. E. d'agréer la petite
provision de vins ci-jointe, savoir :
N'^s 1 à 4, 800 bouteilles Margaux.
No»
5 à
6,
200
»
»
NOB
7 à
8,
100
»
Madère.
No»
9
50
»
Malaga.
No»
10
50
»
Champagne.
No.
11 à.
12,
200
»
Rhum.
No.
13 à
14,
200
»
Chambertia.
« Le Sénat se flatte que V. E. nous continuera dans
l'absence même sa bienveillante protection ; en vous re-
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merciaot de nouveau de tout ce que vous avez bien
voulu faire pour nous soulager pendant votre séjour ici.
e Sénat m'a chargé de vous renouveler les assurances
e sa reconnaissance, etc.
Le Sénateur^ Barhls. »
Les mêmes sentiments furent exprimés par le Sénat
e Lubeck à Dupas, où il resta depuis le 19 novembre
808 jusqu'au 18 mars 1809:
« Monsieur le Comte,
« Ayant appris par le Sénateur Coht que V. E. se dis-
ose à quitter cette ville pour suivre l'appel glorieux de
. M. I. R. aux fonctions honorables qu'elle lui a confiées
illeurs, nous ne faisons que remplir un devoir très
gréable, en offrant à V. E. l'hommage sincère de la
lus vive reconnaissance, pourtant démarques inestima-
les de bienveillance et de bonté, dont elle a daigné
ous honorer.
« Le souvenir des bienfaits que pendant son premier
èjour dans cette ville (1) V. E. avait laissé dans notre
lémoire y restera ineffaçable, depuis qu'elle a continué
e soulager nos concitoyens sous tous les rapports qui
épendaient d'elle, surtout en maintenant la plus grande
iscipline militaire dans la ville et son territoire. V. E.
aignora accueillir favorablement le témoignage de
iotre reconnaissance, ainsi que les vœux ardents que
lous formons pour sa prospérité perpétuelle, dont M. le
lénateur Coht est chargé d'être l'interprètç auprès de
ï, E.
(1) Nous avons vu en effet que Dupas avait son quartier général
Lubeck, le 8 sept. 1807.
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— 191 —
4( Veuillez, Monsieur le Comte, nous vous en prions,
garder ces dispositions bienveillantes, pour nous et nos
concitoyens, dont nous avons eu lieu de nous féliciter
jusqu'ici, etc.
Pour les Bourgmestres et membres du Sénat de Lubeck :
Tesdorf, Bourgmestre et Président.
Ecrit sous le sceau de cette ville ^ ce il mars i809. »
Nous avons dit, en analysant le journal de Dupas, que
M. de Bourrienne était alors chargé d'affaires de France
à Hambourg. Bourrienne a publié sous la Restauration
des Mémoires dont certains passages sont des moins
flatteurs pour Dupas. A Fen croire, notre compatriote
aurait laissé les plus détestables souvenirs dans les villes
anséatiques. Il importe de tirer au clair les histoires de
M. de Bourrienne qui traînent partout depuis 1820 ;
citons d'abord le passage des Mémoires de Bourrienne
qui concerne Dupas :
€ Le départ de Bernadette me devint bien plus sensi-
ble quand je fus à même d'établir la comparaison avec
son successeur. Il m'est pénible de raconter les détails
de la conduite indigne de ceux qui compromettaient le
nom français dans la malheureuse Allemagne.
4c Le général Dupas vint à Hambourg, mais seulement
sous les ordres de Bernsidotte qui conservait le haut
commandement. L'empereuren désignant Dupas trompa
cruellement les vœux et les espérances des malheureux
habitants de la Basse-Saxe.
«Ce général fatal aux Hambourgeois disait d'eux:
tant que je verrai ces b.... là rouler carrosse, je pourrai
leur demander de l'argent. »
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— 192 —
« Comme général de division, il avait vingt friedericks
par jour pour ses frais de table, les maréchaux en avaient
trente.
4c Dupas voulut être traité sur le morne pied que ces
derniers, le Sénat ayant refusé, Dupas pour se venger,
exigea chaque jour un déjeûner et un dîner de trente
couverts ; Dupas coûta plus à la ville qu'aucun de ses
prédécesseurs.
4c Ses dépenses se montèrent pour 21 semaines qu'il
resta à Hambourg à 18.300 francs. On ne buvait à sa
table que des vins fins, à la cuisine ses agents avaient
du Champagne, etc. A la suite de la résistance du Sénat,
Dupas exerça des vexations; c'est ainsi qu'à Hambourg
où l'on ne fermait les portes les dimanches que trois
quarts d'heure après la nuit close, Dupas se mit dans la
tête de les fermer à sept heures (1). Les habitants s'étant
dirigés vers la porte d'AItona à l'ancienne heure trou-
vèrent la porte fermée ; bientôt une foule considérable
de promeneurs qui rentraient danâ la ville vient prier
inutilement le chef do poste pour qu'on leur ouvre.
« On se détermina enfin à envoyer prendre les clefs
chez le commandant qui arriva accompagné du général.
€ Leur arrivée fut saluée en signe de réjouiss;\nco
par un hourra général. Dupas se figura que ces cris
étaient le signal d'une sédition .et, au lieu défaire ouvrir
les grilles, il ordonna de faire feu. Il y eut plusieurs
tués ou blessés. Après cette première décharge, la plate
fureur de Dupas se calma un peu, il ne donna pas un
(1) Pendant Tété, depuis le l**" juin elles restaient ouvertes le
matin, de quatre heui*es, jusqu*au soir à dix heures. Journal de
Dupas, l*''juin.
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— m —
cours plus long à sa brutalité. Gepeudant il persista a
ne pas faire ouvrir les portes.
« Le lendemain il fit afficher un arrelô pour défendre
de crier hourra, menaçant de punir sévèrement ceux qui
le crieraient, etc.
« Aussi Dupas était-il exécré, un officier me raconta
qu'ayant sur les ordres de Dupas placé deux canons, il
alla lui en rendre compte, il le trouva en fureur, cassant
tout, brisant tout: il cassa plus de deux douzaines d'as-
siettes.
€ Lorsque Bernadette revint à Hambourg, il envoya
Dupas à Lubeck ; là Dupas se cabrait à la moindre idée
de recevoir de l'argent, mais ses dépenses devinrent si
exagérées que Lubeck ne pouvait plus y suffire. Le Sé-
nat députa vers Tintègre et incorruptible Dupas. M.
Notting, qui le pria de permettre que, par une sorte
d'abonnement, il reçut chaque jour vingt louis pour sa
table seulement. A cette proposition le général Dupas
se mit en fureur. Il chassa le Sénateur et donna l'ordre
à son aide-de-camp Barrai de le mettre en prison.
« Malgré son désintéressement, le général Dupas se
radoucit au point d'accepter les vingt louis par jour
pour sa table, mais ce ne fut pas sans grommeler, et il
s'écria plus d'une fois : ces b là m'ont taillé les mor-
ceaux.
« Lubeck ne fut délivré de Dupas qu'au mois de mars
1809, lorsqu'il futappelé à commander une division dans
la campagne d'Autriche. »
Ce qu'il y a de piquant dans ces extraits de Bourrienne,
pour nous qui connaissons aujourd'hui les noms de tous
les pillards des villes anséa tiques, c'est que Bourrienne
iSb
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— 194 —
lui-même fut le plus effronté cte ces pillards, en compa-
gnie de Talleyrand, le plus corrompu des hommes, du
prince Bernadette et, nous avons le regret de le dire, dos
maréchaux Brune et Mortier, et beaucoup d'autres, au
nombre desquels ne se trouve pas Dupas.
La biographie de Bourrienne, sous la signature de
Michaud jeune, dans le supplément de la Biographie
Universelle, fournit les renseignements qui suivent sur
la moralité du personnage:
« En 1802, Bonaparte renvoya à Hambourg avec le
titre de chargé d'affaires de France près le Cercle do
Basse-Saxe. Sa mission, d'après les instructions que lui
donna le Ministre de la police, fut surtout d'observer les
démarches et les rapports secrets des agents royalistes
et ceux des différents cabinets du continent avec l'Angle-
terre. Plus tard il dut y suivre les funestes conséquences
de ce que Napoléon appelait son système* continental,
c'est-à-dire arrêter et saisir toutes les marchandises,
tous les capitaux que l'on pouvait soupçonner venir des
Anglais, afin d'anéantir ainsi toute espèce de commerce
maritime. C'était, il faut en convenir, une terrible mis-
sion dans une ville qui n'a d'existence que par ses rela-
tions et son commerce avec l'Angleterre. Mais si l'on en
croit Bourrienne, il a, comme tout faiseur de mémoires,
déclaré que dans dételles circonstances, nul no fut plus
juste, plus modéré, plus désintéressé que lui ; il a posi-
tivement affirmé qu'il sauva plus d'un royaliste, et que
tous les habitants de cette contrée lui durent des remer-
ciements pour les avoir préservés des exactions et du
pillage de beaucoup de généraux et d'une foule d'agents
français qui faisaient peser sur toute FAllemagne le
joug cruel de la conquête.
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- 195 -
4c L'opinion publique ne jugea point alors aussi favo-
rablement les actions do Bourrienne ; et celui qui devait
le mieux connaître ses penchants et ses habitudes, Tami
de son enfance (1), averti par des plaintes multipliées et
par TEmpereur Alexandre lui-môme, prit le parti d'en-
voyer à Hambourg un homme do confiance charge
d'examiner les faits. Il résulte du rapport de ce commis-
saire (Augier de la Sauzaye), que l'on pouvait en toute
sûreté de conscience faire restituer une somme de deux
millions par le chargé d'affaires, qui, selon le même
rapport, s'était fait donner par tous les Etats de cette
contrée des sommes considérables. Le Duc de Mecklem-
bourg, parent de l'Empereur Alexandre, avait été mis
à contribution, pour une somme de 40.000 frédérics d'or
et deux obligations d'une somme pareille. Le Sénat de
Hambourg, successivement soumis à de pareilles avanieâ,
en portait le total à 750.000 marcs banco, environ deux
millions. »
« Napoléon, admettant les conclusions de M. de la
Sauzaye, réduisit à un million la somme que Bourrienne
eut à remettre, non pas à ceux qui en avaient été dé-
pouillés, mais dans le trésor impérial. Dans ses mémoi-
res, Bourrienne dénature tous ces faits, et il représente
M. de la Sauzaye comme un ennemi personnel et un
homme sans mission. H prétend même avoir répondu à
l'injonction pressante que lui fit Champagny de la part
de l'Empereur : « Dites-lui qu'il aille se faire f > Cette
insolence que Napoléon n'eut pas tolérée, n'aurait, au
(1) Napoléon disait à S*®-Hélène : j'aurais dû me méfier de Bour-
rienne^ il avait un œil de pie.
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— 196 —
reste, prouvé que beaucoup de modératiou et d'iudulgence
de sa part.
« II paraît que de tout cet argeut le chargé d'affaires
n'avait déjà plus grand chose ; ses goûts de dépense
furent toujours excessifs, et il s'est livré souvent à des
spéculations imprudentes de commerce ou de bourse.
Cette affaire le mit dans un grand embarras et,
pour comble de malheurs, il paraît être tombé dans une
disgrâce complète auprès de Napoléon qui ne voulut
pas même lui accorder une audience. »
Pour ceux qui seraient tentés de reprocher à la bio-
graphie Michaud un esprit de partialité malveillante
contre Bourrienne, nous allons citer un document qui
est rhistoire même dans sa plus indiscutable sincérité.
M. Léon Lecestre a publié en 1897, en deux volumes,
les Lettres inédites de Napoléon !«»• que les éditeurs de
sa Correspondance n'avaient pas jugé à propos de pu-
blier jadis. Or on trouve, dans le 2« volume de ces
Lettres inédites, deux lettres de Napoléon au Comte
Mollien, Ministre du Trésor public, sous les dates des
13 et 22 juin 1811. Voici le texte de ces deux lettres :
« Je vous envoie Tétiit des sommes que les villes de
Hambourg, Brème et Lubeck ont payées à différents
Français....
« J'approuve que vous fassiez rendre parles par-
ticuliers ci-après, savoir : parle général Girard, 250,000
francs; par le sieur Bourrienne, 070,000 fr.; par le gé-
néral Allemand, 20,000 fr.; par le maréchal Brune,
785,000 fr.; par son secrétaire, 99,000 fr.; par le payeur
Poulain, 33,000 fr.; par M. de Talloyrand, 680,000 fr.;
par M. Durand, 354,000 fr.; par M. Laborie, 80,000 fr.;
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— 197 —
par M. Bremond, 250,000 fr.; par M. La Chevardière,
134,000 fr.; par le commissaire des guerres Ricard,
38,000 fr.; pur M. Mathi(^u, 72,000 fr.; par M. Laforet,
142,000 fr.; par M. Chalopiu, 200,000 fr.; total 3,804,000
fr. Vous ferez poursuivre ces individus en restitution et
prendrez des inscriptions sur leurs biens.
* Le remboursement du Trésor ainsi assuré, vous ferez
prendre des éclaircissements sur les autres sommes. Il
faut d'abord opérer ces recouvrements; après cela, nous
aurons recours aux hommes.
« Vous aurez une conférence avec M . de Talleyrand
pour lui faire connaître qu'on a trouvé ces renseigne-
ments et qu'il faut que les fonds rentrent
« Pour ce qui concerne le prince de Ponte-Corvo, il
n'y a rien à faire dans sa position actuelle (1).
« Quant au maréchal Mortier, vous aurez avec lui une
conférence ; vous lui demanderez à quel titre il a reçu
cette somme, et vous lui ferez comprendre que, s'il n'y
a pas de quittus de moi, vous serez forcé d'en poursuivre
la rentrée. Je ne veux pas, pour cette somme, perdre
cet officier qui a conquis le Hanovre, mais il faut que,
du moins, il se mette en règle.
4c Quant aux autres, j'entends qu'ils rendent tout.
« Vous verrez que sur Brème et Lubeck, M. Bour-
rienne y est encore porté pour des sommes considérables.
« Si le général Reubell a quelque bien en France,
faites aussi prendre inscription sur tous. >
Le nom de Dupas ne figure pas dans « l'état des som-
(1) Bernadotte était devenu prince royal de Suède. Il est à noter
que les sommes non chiffrées, reçues par Bernadotte, Mortier,
Reubell, ainsi que par Bourrienne sur Brème et Lubeck, ne sont
pas comprises dans le total ci-dessus de .3,804,000 francs.
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1
— 198 —
mes que les villes anséatiques ont payées à différents
Français. >
On comprend, après avoir lu les lettres de Napoléon
au Comte Moilien, que les regrets exprimés par les
Sénats de Hambourg et de Lubeck au sujet du départ do
Dupas aient pu être sincères. Les Sénateurs de Ham-
bourg et de Lubeck, les malheureux habitants des villes
anséatiques étaient bien placés pour faire des compa-
raisons. Mieux que personne ils étaient en situation
d'apprécier le caractère et la conduite des agents civils
et militaires de Napoléon. Dupas avait fait exécuter avec
rudesse la consigne qui lui était donnée ; il avait mis de
Texigence et do l'ostentation à se faire traiter en tout
puissant gouverneur. Mais il avait été juste et probe ; il
avait fait respecter par une discipline rigoureuse Tordre
public, les habitants et leurs propriétés ; il avait
inflexiblement traqué les mauvais fournisseurs; il avait
maté les indisciplinés de toutes les nations réunissons
son commandement ; il avait, il est vrai, réprimé les
émeutes des habitants ; mais il était resté honnête et
n'avait rien demandé ni rien reçu pour lui-même.
Au milieu do cette curée des villes anséatiques, riche
proie sur laquelle tant d'appétits malhonnêtes se sont
jetés, notre compatriote, qui pouvait prendre comme les
autres et prendre une grosse fortune, n'a rien voulu.
Son irréprochable droiture était d'ailleurs aussi ap-
préciée par Napoléon que l'inébranlable fermeté qu'il
apportait dans l'accomplissement de ses devoirs.
Dupas était comblé de faveurs, d'honneurs et d'avan-
tages pécuniaires.
n était Chevalier de la Couronne de fer depuis le
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— 199 —
25 décembre 1807, et depuis 1804 Sons-Gouverneur de
Stupinis, simple sinécure. Chacun de ces titres lui valait
6,000 fr. de traitement. En outre, après Friedland, il
avait reçu une gratification exceptionnelle de 50,000 fr.
Alors qu'il était encore à Lubeck, en mars 1808, il
reçut deux dotations do 25,000 francs de rente chacune.
Tune en Westphalie, l'autre en Hanovre; ce qui, avec
ses autres traitements et ses allocations de général de
division en campagne, portait ses revenus à plus de
80,000 francs, non compris les 50,000 francs reçus après
Friedland.
Voici la lettre par laquelle il fut avisé des dotations
de Hanovre et de Westphalie :
« Paris, 15 Mars 1808.
€ Je m'empresse et je me fais un plaisir de vous pré-
venir que S. M., par décret du 10 courant, vient de vous
donner un témoignage de la satisfaction qu'elle a de votre
attachement à sa personne et des services que vous lui
avez rendus, notamment dans la dernière campagne.
S. M. vous accordéon Westphalie un domaine du re-
venu net de 25.000 francs; et en Hanovre, un autre do-
maine, d'un revenu également de 25.000 francs, toutes
charges et frais d'exploitation déduits. Je dois vous pré-
venir que ces biens étant destinés à faire partie de la
dotation du fief, qu'elle est dans l'intention d'instituer
en votre faveur, ne pourront être vendus, sans une au-
torisation spéciale, que les fonds en provenant ne pour-
ront être employés qu'en actions de la banque impériale,
en rentes cinq pour cent, ou en acquisitions de terres
dans l'intérieur.
Alexandre. >
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— 200 —
C'était par décret du 4 mars 1807 que Napoléon s'était
réservé des biens en Westphalio et en Hanovre pour
les distribuer à ses meilleurs généraux, ainsi qu'il l'avait
fait en Italie où, indépendamment des grands fiefs et
d'un tribut annuel de trente millions, il s'était réservé
sur le Mont-de-Milan une rente de douze cent mille francs
pour les .ofHciers qui avaient bien mérité (1).
Pour la Westphalie, ce revenu annuel était de
un million deux cent quarante-trois mille cent deux fr.;
pour le Hanovre, de neuf cent quatre-vingt-six mille
quatre cent cinquante francs.
Le 30 janvier 1809, Cambacérès prévient Dupas qu'un
décret lui conférant le titre de Comte a été signé la
veille, que l'on procède à l'acte de constitution des do-
tations faites et affectées à son titre de Comte et trans-
missibles à sa descendance masculine suivant les statuts
du l^r mars 1808 (2).
11 reçut en effet son brevet qui était ainsi conçu :
« Napoléon, par la grâce de Dieu, Empereur des Fran-
çais, Roi d'Italie, protecteur de la Confédération du
Rhin, à tous présents et à venir, salut :
«Par l'article 13 du l«»- statut du l®»^ mars 1808, nous
nous sommes réservé la faculté d'accorder les titres
que nous jugerions convenables à ceux de nos sujets qui
se seront distingués par des services rendus à l'Etat et à
nous. La connaissance que nous avons du zélé et de la
fidélité que notre cher ami, le sieur Dupas, a manifesté
pour notrtî service, nous a déterminé à faire usage en sa
faveur do cette disposition. Dans cotte vue, nous avons,
(1) Cantu.
(2) Archives Dubouloz-Dupas.
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— 201 —
par notre décret du 29 janvier 1809, nommé notre cher
ami le sieur Dupas, Comte de notre Empire ; le dit titre
sera transmissible à sa descendance directe légitime,
naturelle ou adoptive, do raàle en mâle, par ordre de
primogéniture, après qu'il se sera conformé aux dispo-
sitions contenues en l'article six de notre premier statut
du 1^' mars 1808.
€ Permettons au dit sieur Dupas, de se dire et quali-
fier Comte de notre Empire, dans tous les actes et con-
trats, tant en jugement que dehors ; voulons qu'il soit
reconnu partout en la dite qualité, qu'il jouisse des hon-
neurs attachés à ce titrtî, après qu'il aura prêté le serment
prescrit en l'article 37 de notre second statut, devant
celui ou ceux par nous délégués.
« A cet effet qu'il puisse porter en tous lieux les armoi-
ries telles qu'elles sont figurées aux présentes. D'or au
palmier de sinople, terrassé de même, sur lequel broche
un cheval de sable galoppant allumé de gueules ; bor-
dure d'azur, chargée d'étoiles d'argent, quartier des
Comtes tirés de l'armée.
« Livrées : les couleurs de l'écu, le vert en bordure seu-
lement.
« Chargeons notre cousin, le Prince Archi-Chancelier
de l'Empire, de donner communication des présentes au
Sénat, et de les faire transcrire sur ses registres ; en-
joignons à notre Grand-Juge, Ministre de la Justice, d'en
surveiller l'insertion au Bulletin des lois; mandons à nos
Procureurs-Généraux, prés nos Cours d'appel, et à nos
Procureurs-Impériaux sur les lieux, de faire publier et
enregistrer les présentes à la Cour d'appel et au Tribunal
du domicile du sieur Dupas, et partout où besoin sera,
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1
— 202 —
car tel est notre bon plaisir ; et afin que ce soit chose
ferme et stable à toujours : notre cousin, le Prince Archi-
Chancelier de l'Empire, y a fait apposer par nos ordres
notre grand sceau, en présence du Conseil du sceau des
titres.
€ Donné à Paris, le 10 du mois de février de Tan de
grâce 1809.
Napoléon. »
Scellé le 20 février 1809.
Le Prince Arc/ti-Chancelier de l'Empire,
Gambacérès.
Transcrit sur les registres du Sénat, le 28 février 1809.
Le Chancelier du Sénat,
Delaplace.
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— 203 —
CHAPITRE XI
CAMPAGNE DE 1809. - WAGRAM
Avril à JuiUet 1809
Marche de la division Dupas en Allemagne. — Force de la divi-
sion. — Cîorps d'armée de Bernadoite. — Etat des hommes
présents sous les armes au l" juin. — La faible division Dupas
est renforcée de trois bataillons saxons. — Arrivée à Pile Lo-
bau. — Rapport de Dupas : journée du 4 juillet. — Journée du
5 juillet: sanglante attaque de Baumersdorlf. — Seconde
journée de la bataillede Wagram, 6 juillet. — 7 juillet : résumé
du rapport de Dupas. — Plaintes de Bernadotte ; éloges adressés
à Dupas. — Il est nommé au commandement de la 2® division
du corps d'Oudinot; il refuse, obtient Tautorisation de partir
pour Paris où il demande le commandement de la division
militaire de Grenoble.
En avril 1809, T Autriche saisit le moment où Napo-
léon était en Espagne avec sa garde pour mettre sur
pied 500,000 hommes et entrer en campagne. Il n'entre
pas dans notre cadre de suivre les péripéties du début
de cette guerre.
Dès le mois d'avril, le corps d'armée de Bernadotte
quittait le Nord de l'Allemagne pour se rapprocher de la
grande armée qui se concentrait sur le Danube. Cecorps
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— 204 —
d'armée, d'une force de 30,000 hommes, se composait :
1° De deux fortes divisions saxonnes, formées par
1(3,000 hommes d'infanterie et 4,000 cavaliers (34 batail-
lons, 21 escadrons); le chef d'état-major de ce corps
saxon était le général de GersdofF;
2« De la division Vandamme, formée par les troupes
wurtembergeoises, environ 8,500 hommes (14 bataillons
et 16 escadrons) ;
3° De la division Rouyor, 5,500 hommes des troupes de
Nassau, Anhalt, Saxe ducale. Lippe, etc. (9 bataillons) ;
4° Enfin de la division Dupas, française, composée de
5 bataillons, savoir : 2 bataillons du 5" loger (brigade
Gency), et 3 bataillons du 19" de ligne (brigade Veaux),
en tout 3,785 hommes, plus le parc d'artillerie, colonel
Bardenet, qui comptait près de 600 hommes et autant
de chevaux.
Le chef d'état-major général de ce grand corps d'armée
était le général Gérard.
Dupas avait quitté ses quartiers d'hiver d'Itzehoë,
dans le Danemarck-Holstein, le 1^^ mars ; le 25, il arri-
vait à Hanovre, et lorsqu'il rejoignit Bernadette, il reçut
le commandement des deux dernières divisions que nous
venons d'énumérer, savoir : la sienne qu'il commandait
depuis si longtemps avec ses deux brigadiers Gency et
Veaux, plus la division Rouyer, dite des troupes ducales
d'Allemagne. C'est à la tête de ces troupes qu'il se diri-
gea d'abord sur Ratisbonne, puis sur Passau où il de-
vait attendre des ordres.
Le 1 5 mai, l'état de la division Dupas était le suivant ( 1 ):
(1) Arch. de la Guerre. — Général Pelet, la guerre de 1809,
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— 205 —
Division Française
3.785 hommes.
Brigade Geocy : 2 bataillons du
5« léger, Colonel Dubretou.
Brigade Veaux : 3 bataillons du
19e de ligne, major Aubry.
Parc d'artillerie: colonel Bar-
denet 597 h.
et 592 chevaux.
Division Rouyev
Régiments de Nassau, Saxe
ducale, Anhalt, Lippe, etc.,
9 bataillons 5.488 h.
Total 9.870 h.
Les ordres annoncés lui furent adressés par Bernadette
le 16 mai :
« Efferding, 16 Mai 1809.
A M, le Général Dupas,
€ Mon cher général, d'après les dispositions arrêtées
par S. M. l'Empereur, mon chef d'état-major vous donne
Tordre de vous mettre en marche avec vos deux régi-
ments français, votre artillerie et votre administration,
pour suivre mon mouvement sur Lintz.
« Vous laisserez à Passau le général de division Rouyer
avec toutes les troupes qui formaient son commandement
avant qu'il fut réuni à votre division.
41 S. M., en me donnant ses derniers ordres, a daigné
m'annoncer que son intention était d'ajouter doux régi-
aients à votre division.
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— im —
« Le corps d'arméo que je commande se compose au-
jourd'hui de votre division, du corps saxon et du corps
wurtembergeois sous les ordres du général Vandamme
et des troupes du général Rouyer. Je me réjouis, mou
cher général, défaire la guerre avec vous, et parce que
je connais votre dévouement pour le service do S. M., et
parce que j*ai une confiance toute particulière dans vos
talents.
€ Le 12« régiment de chasseurs à cheval restera dans
sa position jusqu'à nouvel ordre et sera mis sous les
ordres du général Rouyer. Je vous renouvelle l'assu-
rance de mes sentiments d'attachement et d'amitié.
Bernadotte. »
Par suite de cette nouvelle organisation, les troupes
wurtembergeoises formèrent le S« corps de l'armée
d'Allemagne sous les ordres du général Vandamme ;
les troupes ducales formèrent une division détachée,
sous les ordres du général Rouyer et restèrent à Passau.
Dès lors le 9« corps, commandé en chef par Bernadotte,
fut composé des deux divisions saxonnes et de la divi-
sion française Dupas, réduite à ses deux régiments fran-
çais et à l'artillerie. Les deux régiments promis n'arri-
vèrent jamais.
La situation de l'armée au 1 «»• juin, qui est aux archives
delà guerre, donne la force suivante à la division Dupas:
Division Fi^ançtme Dupas
l"î Brigade Gency : 5« régiment infan-
terie légère, colonel Dubreton ... 2 bataillons
2« Brigade Veaux : 19« infanterie de
ligne, colonel Auberg 3 bataillons
Total ... 5 bataillons
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— 207 —
comptant en présents sous les armes, officiers 103,
soldats 3,580, au total 3.683 h.
Plus le parc d'artillerie.
Mais dans sa marche sur Vienne, la division Dupas
subit encore une modification. Son parc d'artillerie fut
remplacé par son artillerie divisionnaire, 12 pièces du
1*>^ régiment d'artillerie. En outre, les deux nouveaux
régiments français promis n'arrivant pas, le commandant
du 9« corps attacha à cette division trois bataillons
saxons, savoir: un bataillon de grenadiers du régi-
ment Winckelmann, un bataillon de grenadiers du
régiment de Radlofl", un bataillon de tirailleurs de
Metzch; ce renfort porta la division Dupas à 8 bataillons
d'infanterie, soit un peu plus do 5.000 hommes.
La division arriva avec tout le 9« corps dans la nuit
du 3 au 4 juillet, dans l'ile de Lobau où l'Empereur
avait établi ses tentes. Elle pjissa la journée du 4, prête
à marcher, attendant des ordres. Ici nous laissons la
parole à Dupas lui-même, dont le rapport sur les jour-
nées du 4, du Set du G juillet qui est aux archives de
la guerre, présente le plus haut intérêt historique (1).
4 Juillet.
« Le 4 juillet, à 9 heures du soir, le feu des batteries
ennemies a commencé dans l'île Napoléon (île Lobau).
Trois hommes furent tués et 23 blessés par le boulet ;
une mule de M. le colonel Dubreton a été tuée. »
5 Juillet.
« Le 5, la division sous mes ordres, composée du
5* régiment d'infanterie légère, du 19® régiment d'infan-
(1) Corresp.de r armée d* Allemagne^ carton juillet i'® quinzaine,
liasse du 7 juillet 1809.
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— 208 —
terie de ligue, el^des bataillons saxons, grenadiers de
Radloff et tirailleurs de Metzch, et 12 pièces d'artille-
rie servies par le l*»»* régiment de cette arme, s*est
réunie au corps d'armée de S. A. le Prince de Ponte-
Corvo, et a passé le Danube vers les lOheures du matin,
sur les ponts établis en arriére de Stadt-Enzersdorff.
€ Le bataillon de grenadiers de Winckelmann avait
été ôté de la division dès le matin pour passer sous les
ordres du généml Reynier. >
(Donc, la division Dupas se trouvait réduite à ses
5 bataillons français, savoir: 2 légers et 3 de ligne;
plus les 2 bataillons saxons, grenadiers de Kadloff, et
tirailleurs de Metzch : en tout 7 bataillons, formant en-
viron 4.000 hommes, plus 12 pièces de canon. Mais
reprenons la narration de Dupas) :
€ La division formée sur deux lignes, en colonne serrée
par bataillon, s'est portée dans la plaine, à droite
d'Enzersdorff et a pris rang dans les lignes de l'armée.
4c A onze heures et demie la division s'est déployée
sur deux lignes.
€ A une heure, le village de (1) où l'ambulance
de l'aimée a depuis été établie et qui se trouvait en
avant du front de la division, et défendu par 6 batail-
lons ennemis, a été emporté d'emblée par le l*"* batail-
lon du 5» régiment d'infanterie légère ; on y a fait
prisonniers H officiers et une centaine d'hommes.
« La division a continué sa marche et s'est portée
vers sa droite, d'après les ordres de S. M. transmis par
(1) Lo nom ost en blanc dans le rapport de Dupas. C'est le vil-
la<je de Raschdorf (général Pelot, Stêmoires sur la guerre de
1809 en Allemagne). Pelet était aide-de-camp de Masséna à
Wagram.
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— â09 —
un général de division et un capitaine d'ordonnance ; utt
officier de Tétat-major du prince de Ponte-Corvo qui
apportait l'ordre de ne point sY^^arter du village que
Ton venait de prendre, a été conduit à TEmpereur par
le général de division, aide-de-carap de S. M. qui avait
apporté ses ordres. »
(La division Dupas se trouvait entre les Saxons de
Bernadette à sa gauche, et l'armée d'Italie de Macdonald
sur sa droite, lorsque le général reçut deux ordres
contradictoires : l'un de son chef Bernadette, lui pres-
crivant de ne point quitter Raschdorff, l'autre de l'Em-
pereur, lui prescrivant au contraire de marcher sur le
chemin de Baumersdorff (1) ; Dupas se met en régie en
envoyant l'aide-de-camp de Bernadette à l'Empereur, en
compagnie du général aide-de-camp qui paraît avoir été
Savary ou Mathieu Dumas. Bernadette fut outré de cette
intervention directe de Napoléon, donnant des ordres à
un de ses divisionnaires; Dupas fit, là comme tou-
jours, ce que le devoir et l'honneur lui prescrivaient
de faire).
« A une heure et demie, le prince de Ponte-Corvo a
envoyé par un de ses aides-de-camp l'ordre de former
un bataillon en carré, à 50 pas en arrière de la gauche
qui se trouvait séparée des troupes saxonnes. Le batail-
lon de Radloff a été commandé pour cet objet. La ligne
à continué de se porter en avant vers sa droite, protégée
(1) En attendant queTarmée d'Italie se soit formée en ligne et
pendant que Bernadotte suit le chemin de Wagram, au-delà de
Raschdortf. (Général Pelet).
Ub
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— 210 —
par le feu des batteries (1).
« A deux heures et demie après-midi, le l^r bataillon
d'iafanterie légère s'est réuni à la gauche de la division
en carré par échelons, avec le bataillon de Radloff
pour couvrir la gauche qui n'était point appuyée.
« A 4 heures, la ligne saxonne a rejoint la gauche de
la division ; les bataillons 5*^ léger et Radloff ont rompu
le carré pour se former en bataille; Tordre a été donné
de faire entrer en première ligne la deuxième ligne de
la division (2).
« Vers les 6 heures Tarmée ayant balayé toute la
plaine et Tennemi s'étant retiré sur les hauteurs de ...(3)
soutenu par une nombreuse artillerie, a pris position
sur le plateau et y a formé ses lignes. L'artillerie de la
( 1 ) Le général de Gersdoff, chef d'él at-major des corps saxons,
dit dans sa Lettre à Gourgaud, du 25 février 1823: « Nous for-
mions conjointement avec la très faible division Dupas, le 9« corps
d'armée ; nous passâmes le Danube le 5 vers midi. Notre première
tâche fut de prendre le village de RatzendorlT, ce que la brigade
de Steindel exécuta lestement, tandis que le corps entier marchait
pour former Taile gauche de Varmée. La cavalerie saxonne cul-
buta la cavalerie autrichienne ; dès ce moment nous restâmes
maîtres de la plaine. Cependant le corps d'armée du Prince avait
éprouvé quelques changements fâcheux. La division Dupas avait
été réunie au corps du maréchal Oudinot (nous verrons qu'il n'en
a rien été) ; 2 bataillons de grenadiers étaient restés à la garde de
Tile de Lobau, le régiment de chevaux-légers prince Jean fut mis
sous les ordres du maréchal Davout. Le prince se plaignit amère-
ment de tous ces changements et envoya plusieurs officiers pour
réclamer ses troui)es. Tout fut inutile jusc|u'à ce qu'enfin vers la
nuit 3 escadrons des chevaux-légers revinrent, le 4® régiment
ayant été retenu pour couvrir une batterie. Toutes ces contra-
riétés affectèrent le Prince. »
(2) La division Dupas ne tarda pas à rejoindre la droite de
Bernadotte. L'armée autrichienne restait immobile devant ces
mouvements (Général Pelet). A aucun moment des deux journées
Dupas ne passe sous les ordres d'Oudinot. Le rapport de Dupas
ne fait aucune mention d'un fait aussi important, et le général
Pelet pas davantage.
(3) Baumersdorff. Le nom est en blanc dans le rapport.
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— 211 -
Garde est venue se placer à la gauche en avant du front
de la division ; dans le même moment les lignes saxon-
nes ont fait un changement de front vers la gauche,
Taile droite en avant ; la cavalerie saxonne a suivi le
mouvement.
« A 7 heures et demie un officier de Tetat-major gé-
néral a apporté Tordre de faire charger ma division sur
les lignes ennemies qui occupaient les hauteurs (1).
« A H heures la division s'est portée en 'avant avec
enthousiasme et aux cris de Vive l'Empereur ! Elle a
dépassé l'artillerie de la garde et ses propres pièces au
pas de charge et avec sîmg-froid.
« Arrivée an pied du coteau, il s'est trouvé un fossé
(1) Vers 6 ou 7 heures, les ordres furent portés par Savary à
Oudinot et à Bernadotte. La canonnade s'établit sur la ligne, elle
fut dirigée particulièrement sur Baumersdorlf qui devint la proie
des flammes. I/artillerie à cheval de la Garde s'étant avancée
vers la gauche, entre Dupas et Bernadotte, écrasa de son feu les
masses autrichiennes. Malheureusement les corps qui devaient
attaquer simultanément étaient à des distances inégales et n^agi-
rent pas avec un égal dévouement. La nuit arrivait, le temps
pressait, Tattaque n'eut pas lieu avec tout l'ensemble nécessaire ;
ce fut la seule cause qui Tempécha de réussir. (Général Pelet,
la campagne de 1809,
Il fallait emporter le village de Wagram. Le Prince ordonna
donc àces troupes un mouvement encore plus à gauche et envoya
prévenir l'Empereur de ce dessein, en le priant de le faire soute-
nir vigoureusement.... L'archiduc Charles avait faftdéjà le 4 des
dispositions pour renforcer son aile droite au-delà de Wagram,
et c'est ainsi qu'il voulait coupera l'armée française ses commu-
nications avec le Danube. Mais pour y parvenir il fallait que
l'ennemi se maintint à tout prix dans Waj^'ram. C'était le pivot
de la position ennemie ; c'était là où l'archiduc était aecoui-u, y
avait distribué ses ordres vers minuit et s'y était aî*rèté jusqu'au
jour. Dès lors une attaque sur Wagram, supposé qu'on l'eut faite
même avec un nombre bien plus considérable de troupes, n'aurait
jamais réussi. Mais le Prince n'avaitque 7,000 hommes d'infante-
rie, il tenta néanmoins plusieurs fois l'attaque, parvint aussi à
prendre poste à l'autre extrémité du village, mais fut obligé de
céder chaque fois aux violents elTorts de toutes les forces réunies
des Autrichiens. (Général de Gersdorlf).
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— 212 —
large de 6 ou 7 pieds et plciu d'eau (1) ; la ligne s'y est
précipitée sans en connaître la profondeur et sous un
feu meurtrier de balles et de mitraille. Quelques hommes
ont été noyés. L'artilleriS n'a pu suivre ce mouvement,
le fossé étant trop encaissé.
« La division, après avoir franchi le fossé, a gravi les
hauteurs avec la plus grande bravoure. Arrivés sur le
plateau, des tirailleurs ennemis cachés dans des baraques
en forme de trous de loup et sur neuf rangs de profondeur,
ont voulu entretenir la fusillade tandis que leur ligne se
formait en bataillons carrés en arrière de cette position.
« Culbuter les tirailleurs ennemis, courir sur les car-
rés a été un mouvement spontané dans toute la division :
un drapeau, quelques officiers, 150 à 200 hommes ont été
pris dans les trous do loups et conduits au quartier impé-
(1) C'est le Russbach ; la position qui le borde et qui était dé-
fendue par les Autrichiens, est forte, dominante et protégée par
ce ruisseau. Son lit de 6 à8 pieds peut être difficilement traversé
par l'infanterie, et seulement sur les ponts par la cavalerie et
rartillerie ; ces ponts se-trouvaient dans les villages qui étaient
gardés. (Général Pelet).
A l'endroit où elle traversa le Russbach, la division Dupas
avait fait un trajet de deux lieues depuis le Danube.
Dupas attaqua le centre du corps de Bellegarde. Retenu d'abord
par les baraques du camp creusées dans la terre, où s'étaient ca-
chés les tirailleurs autrichiens, il s'élança sur l'ennemi qui fut
culbuté sur la seconde ligne. Dupas, appuyant à gauche, démas-
qua le terrain devant la division qui le suivait. Cette division
était la division Lamarque, tête de colonne de l'armée d'Italie,
conduite par le général Reille, aide-de-camp de l'Empereur. (Gé-
néral Pelet, passim).
Pelet dit que le prince Beauharnais et Macdonnald qui com-
mandaient l'armée d'Italie, eurent le tort de ne pas faire appuyer
Dupas par une attaque sur les flancs, ce qui eut mieux valu que
de suivre Dupas qui était tète de colonne.
Les pièces autrichiennes tiraient à mitraille sur nos troupes
ui n'avaient ni cavalerie ni artillerie et qui éprouvaient beaucoup
ie pertes. (Général Pelet).
l
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— 2)3 —
rial ; 3 à 400 tirailleurs ennemis y ont été tués ou blessés.
« Déjà un carré avait posé les armes lorsque Tennemi
a débordé le flanc gauche de la division. Au même mo-
ment une 2® ligne française formée en colonne serrée
s'est présentée au fossé (1), Ta passé avec un peu de
confusion et sans se déployer; la tête de cette colonne,
parvenue sur les hauteurs, ayant aperçu les bataillons
saxons qui occupaient le centre delà division, a fait feu
dessus : ce qui a causé un moment d'hésitation et a fait
rétrograder le centre ; alors cette tête de colonne, se
croyant chargée, a fait demi-tour avant d'avoir été dé-
ployée et, danSvSon mouvement rétrograde, a entraîné sa
colonne et même une 3« ligne (2).
(1) C'est toujours le ruisseau Russbach que Dupas appelle le fossé.
(2) Cette 2* ligne française dont parle Dupas était la tête de
rarmée d'Italie, conduite par Macdonald et Lamarque et compo-
sée de 7 bataillons, plus 4 en réserve de l'autre côté du Russbach
que n'avaient pu traverser ni l'artillerie ni la cavalerie légère de
Sahuc. Eugène (Beau harnais) à la tête des deux divisions du gé-
néral Grenier et du général Seras, appuyait l'attaque de Macdo-
nald. Celui-ci fait déployer ses bataillons et pénètre au milieu
delà première ligne ennemie.... Macdonald est bientôt attaaué
de toutes parts ; il se soutient et conserve son terrain. — Plus
loinOudinot fait attaquer Baumersdorlf par la division Grandjean
qu'appuyait la division Tharreau. Plus loin encore c'était Davout,
à l'extrême droite. Mais à l'extrême gauche du côté de Berna-
dotte, rien ne se fit entendre pendant longtemps.
L'attaque avait réussi au centre, les efforts de Dupas et de
Lamarque étaient couronnés de succès. Si leur mouvement eût
été vivement appuyé la position conquise sur l'ennemi aurait été
conservée : la relation de l'archiduc Charles l'indique. Le généra-
lissime accourut à la brèche formée au milieu de la ligne, réunit
les régiments déjà dispersés et les dirigea contre Dupas et La-
marque. La division Lamarque avait déjà fait 2.000 prisonniers,
enlevé 5 drapeaux, elle résista longtemps, mais chargée sur son
flanc droit, elle repassa le Russbach. L'archiduc fut blessé au
milieu de la mêlée. (Général Pelet, camp, de 1809).
Au sujet de la méprise qui, dans l'obscurité, fît que des corps
tirèrent les uns sur les autres, Pelet dit : « On a prétendu aussi
que des troupes alliées tirèrent par méprise sur le flanc opposé
de Lamarque. Si l'ennemi avait eu connaissance de cette ter-
reur panique, de grands malheurs pouvaient en résulter pour
l'armée française. »
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- 214 —
« La division, livrée à ses propres forces, sans artil-
lerie contre un ennemi triple en nombre pourvu d'ar-
tillerie et de cavalerie, fournit cependant trois charges
contre les carrés ; mais il n'était plus temps, celui qui
avait mis bas les armes les reprit ; la cavalerie ennemie
s'ébranla, et la division prise en flanc, de front et
d'écharpe, et n'étant point soutenue par sa gauche (1),
fut obligée de se reployer, ce qu'elle fit vers dix heures
et demie, avec ordre et en continuant son feu.
(1) C'était Bepnadotte qui aurait dû appuyer sa gauche. « Dupas,
dit le général Pelet, s'était prolongé à sa gauche vers Wagram.
dans l'espoir de se lier avec Bernadotte. 11 fut attaqué par la
droite de Bçllegarde, dont les principales forces s'étaient portées
contre I^amarque. Entouré néanmoins par des troupes de toutes
arnnes, foudroyé par l'artillerie. Dupas se maintint pendant
longtemps avec autant de bonheur que d'intrépidité, et ne se re-
ploya qu'assez avant dans la nuit. Les divisions de Macdonald et
d'oiidinot lurent vivement poursuivies en deçà du ruisseau. Le
désordre se communiqua à celles qui les appuyaient. Bientôt on
vit ces soldats si braves se retirer en confusion au milieu de la
plaine. » La nuit les sauva.
Que faisait donc BernadottiC pendant ce temps-là? Pelet va nous
le dire: « Bernadotte avait reçu vers 9 heures l'ordre de mar-
cher rapidement pour soutenir l'attaque du centre. Il s'avança
/br^^ai-rf, lorsque Dupas, Lamarque et Oudinot étaient déjà re-
l>oussés. Les diverses relations s'accordent sur ce point : Son at-
taque présentait plus de facilité que les autres.... 11 paraît cer-
tain que les tirailleurs de Dupas avaient atteint les premières
maisons au-dessus de Wagram, dans ce moment Bernadotte aurait
facilement enlevé et conservé ce p'>ste. » Mais il attaqua trop
tard.
Le général de Gersdortf dit à ce sujet : « Quiconaue s'est jamais
trouvé dans de pareilles rencontres, connaît le désordre inévi-
table où se trouvent, pour ce moment, les troupes les plus braves,
désordre que l'obscurité de la nuit ne fait qu'augmenter. Telle
était notre situation. Nos troupes, plusieurs fois repoussées,
étaient disséminées.... à minuit, les brigades saxonnes étaient
ralliées près d'Aderklaa. » Bernadotte dit dans son rapport que
les JSaxons tirèrent les uns sur les autres.
En résumé la division Dupas fut celle qui se conduisit le
mieux, qui eut le plus do succès, et qui souffrit le plus.
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— 215 —
€ Réduite à peu do raoudo, elle bivouaqua dans la
plaine vis-à-vis cette position.
€ Le bataillon de Radloff disparut dans la dernière
charge; une partie de ce bataillon s*6tait jet<'»e dans les
trous des baraques ; et il ne restait que 43 hommes, offi-
ciers compris, du bataillon de Metzch, qui s*est très bien
conduit.
« Je me loue du courage et de Tintrôpiditô que les of-
ficiers et soldats ont déployé dans une lutte autant iné-
gale que mémorable et glorieuse pour la division. )►
Il résulte de ce qui précède que, dans cette attaque
de nuit, * aventureuse et mal concertée » (1), la division
Dupas poussa ses succès beaucoup plus loin que tous les
autres corps engagés, mais que ces succès devinrent nuls,
parce qu'elle ne fut pas appuyée assez efficacement sur
sa droite par Macdonald et qu'elle ne le fut pas du tout
sur sa gauche par Bernadette. Dupas a raison d'appeler
cette lutte autant inégale que mémorable et glorieuse
pour sa dioision. Chose extraordinaire. Dupas s'en tira
sans une égratignure, alors que dans son état-major,
officiers ou chevaux, tout fut atteint, et que sa troupe
(1) Lanfrey, hist, de Napoléon^ t. V. «: L'attaque échoua parce
qu'elle avait^été mal combinée et mal soutenue, telle est la vérité.»
n est bon de remarquer que Tordre donné le soir du 5 à Dupas était
le second ordre de la journée qui était directement donné à ce
divisionnaire par un aide de camp de l'Empereur au lieu d'être
donné par leclieFde corps d'armée, Bernadotte. Ce dernier dit
dans son rapport que l'ordre d'attaquer Wagram lui fut apporté
le soir du 5 par le général Savary ; qu'il attaqua Wagram ; que
les Saxons qu'il commandait tirèrent les uns contre les autres (ce
qui prouve que dans l'obscurité la méprise narrée par Dupas a
dû se reproduire plus d'une lois le soir du 5J et qu'il abandonna
l'attaque de Wagram vers minuit. Il y avait déjà une heure et
demie que la division Dupas avait été retouléê dans la plaine.
Bernadotte attaqua donc trop tard.
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— 216 —
subit des pertes qui dépassèrent de beaucoup toutes les
proportions connues. Sur sept bataillons qu'il avait, un
bataillon saxon, grenadiers de Radloff, disparut entière-
ment, fait prisonnier sans aucun doute ; l'autre bataillon
saxon, tirailleurs de Metzch, fut en partie fait prisonnier
et décimé de telle façon qu'il n'en resta que 43 hommes
officiers compris; de ses cinq bataillons français, les
deiiœ tiers au moins furent tués ou blessés, et les cons-
crits se débandèrent et n'avaient pas rejoint le lende-
main. Nous continuons à laisser la parole à Dupas, la
suite de son rapport concerue les opérations du lende-
main de cette effroyable échauffourée nocturne, dont un
témoin occulaire a dit qu'il n'avait jamais assisté à une
aussi terrible fusillade (1).
6 Juillet
« Le 6 juillet à 3 heures du matin, le reste de la divi-
sion formant deux petits bataillons (2), les conscrits et
beaucoup d'autres s'étant égarés dans la nuit, s'est
portée on seconde ligne derrière les troupes saxonnes
(1) « Le combat avait duré jusqu'à 10 heures du soir, dit le gé-
néral Lejeune dans ses mémoires ; jamais je ne m'étais trouvé à
une fusillade plus terrible, au milieu de laquelle le prince Ber-
tliier, major général, resta 2 heures avec ses officiers. C'étaità ne
pas comprendre que quelqu'un put en échapper. Le prince et mes
camarades, MM. de Pourtalès et de Mongardi y eurent leur^ che-
vaux tués. » Lejeune était aide-de-camp deBerthier. Thiers a très
fidèlement donné la physionomie de ce terrible engagement
d'après le rapport de Dupas si saisissant dans sa simplicité.
■2) Ces deux bataillons, reste de la division, devaient être très
petits en effet, puisque les deux bataillons saxons avaient dis-
paru, que les cinij bataillons français avaient subi des pertes
déplus de la moitié de leur effectif, ej. que les conscrits et beau-
coup d'autres s'étaient égarés. Il devait rester à Dupas 4 à 500
hommes sous les armes le matin du 6.
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— 217 —
(1) ; on mouvement ayant eu lieu vers la gauche, ces deux
bataillons qui avaient déjà beaucoup sonflbrt du boulet et
de la mitraille, reçurent Tordre d'entrer en première
ligne et ensuite celui de se porter en avant pour soute-
nir des troupes saxonnes envoyées en tirailleurs et qui
se repliaient du village do (2).
« Une seconde ligne française arriva à midi; deux ba-
taillons de cette ligne formés en colonne serrée marchè-
rent à l'attaque de ce môme village; ils furent repoussés.
Le reste de mes troupes se porta dans le village pour
appuyer ces bataillons et rétablir le combat ; mais, trop
peu nombreuses, et n'étant point secondées, malgré leurs
efforts elles ne purent obtenir aucun succès ot durent se
retirer avec perte (3).
€ Je reçus vers les 3 heures l'ordre de prendre position
au village de l'ambulance (4) pour couvrir ce point et
(1) Les troupes saxonnes repoussées de Wagram la veille au
soir, s'étaient repliées sur Aderklaa vers minuit, et n'avaient pas
tardé à abandonner ce village à Tennemi. La reprise de ce village
fut le but des elforts de notre aile gauche le 6. « Bernadotte, dit
le général Pelet, s'était enfin avancé entre Aderklaa et leRusstjacIi
pour soutenir Tattaque de St-Cyr avec les saxons et la division
Dupas. L'artillerie balaye le terrain devant l'infanterie saxonne,
mais celle-ci ne tarde pas à être repoussée. La cavalerie attaque
mollement. La division française, affaiblie par le combat de la
veille, se maintient courageusement vers la droite. Des fujards
saxons se jettent dans une telle confusion vers la calèche de Mas-
séna, qu'ii ordonne de charger sur eux pour les ramener à l'en-
nemi.
(2) Aderklaa. Le nom est en blanc dans le rapport.
(3) C'est à ce moment de la journée que Napoléon, laissant sur
sa gauche Aderklaa, forma les colonnes d'attaque de l'armée
d'Italie et les lança sur Sussenbrunn en dépassant et prenant à
revers Aderklaa qui fut évacué par les Autrichiens.
(4) Raschdorff. C'est .sans doute de l'état-major général, bien
qu'il ne le dise pas expressément, que Dupas reçut cet ordre.
C'était le meilleur emploi que l'on put faire de ces 500 braves, et
si Bernadotte s'en est plaint, il a eu tort. Dupas en exécutant cet
ordre, a encore trouvé le moyen, avec les débris de sa division,
de rendre un grand service à l'armée en arrêtant les fuyards de
l'aile gauche tandis que le centre gagnait la bataille.
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— 218 —
rallier les fuyards. La division y a bivouaqué et j'y ai
rallié plus do 12,000 hommes que j'ai fait diriger sur
leurs régiments ou bivouaquer autour du village.
« Je me loue particulièrement de MM. Dubretou, co-
lonel du 5® léger qui s'est distingué par toutes les qualités
qui caractérisent le vrai homme de guerre ; attentif et
froid, il s'est trouvé partout et a saisi toutes les occa-
sions de se faire remarquer ; Dubourg et Javerze, capi-
taines, Cloux, adjudant major, Laurent, Gremot, Du-
nand, Colmet et Valet, lieutenants, et des sous-lieute-
nants Le Clerc et Ledet, de l'adjudant-major La
Garde, tous du 5" régiment d'infanterie légère, ainsi que
deMM.Gruet, capitaine, d'Eu, lieutenant, Bullier, adju-
d<^-major. Graisse, Drouard, et Dumont, sous-lieutenants
au 19® de ligne. »
RÉSUMÉ
Demandes
Bravo comme César,
la croix d'officier
de la Légion.
Serait bon colonel,
ou la croix d'offi-
cier.
La décoration déjà
demandée 2 fois.
A la bienveillance de
S. M.
La décoration déjà
demandée.
A la bienveillance de
S. M.
A la bienveillance de
S. M.
Barrai , chef d'escadron aide-de-camp ;
a eu un cheval blessé.
Bochaton, chef de batîiillon aide-de-
camp ; blessé, deux chevaux tués.
Orillat, capitaine aide-de-camp; bles-
sé, deux chevaux tués.
Dumarest, adjudant commande chef
démon état-major; un cheval blessé.
Delaveyne, capitaine-adjoint; fortes
contusions, cheval blessé.
Général Gency; blessé.
Général Veaux; blessé, un cheval tué.
Cornillon, chef do bataillon, aide-de-
camp du général Veaux ; tué.
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— 219 —
Pertes
Officiers tués Offl.blossés Soldats tués Soldats blessés Perte totale
5e Régt d'inf. lég. 5 15 183 733 936
lOeRégtd'inf.del. 17 17 321 1140 1495
Artillerie ...)>» 1 14 73 88
22 33 518 194(5 2519
Matériel : 3 pièces démontées, 1 affût brisé, 1 caisson
détruit.
« Je dois à l'honneur de dire que MM. les généraux
Gency et Veaux ont donné des preuves non équivoques
de talents militaires, de bravoure et de sang-froid dans
l'affaire du 5. Leurs blessures les rendent recommanda-
bles auprès de S. M. qui daignera leur donner sans doute
des preuves de sa bienveillance ; je les recommande
particulièrement.
« Je suis également satisfait de Tordre qu'ont main-
tenu MM. les colonels Dubreton, du 5^ léger, et Aubry,
du 19e; lisent constamment marché à la tête de leurs
troupes et ont fortement contribué à la bonne contenance
et aux actes de valeur que ces deux régiments peuvent
s'attribuer.
« Tous les chefs de bataillon de ces deux corps ont
constamment marché sur les traces do leurs braves
colonels, et tous en général méritent la bienveillance
du Gouvernement.
« Les officiers en général se sont conduits avec hon-
neur et enthousiasme; ils ont tous répondu à ce qu'on
pouvait attendre d'eux.
«M. le commandant Sybille (artillerie) a donné des
preuves de la plus grande intrépidité ; il désirerait être
nommé officier de la Légion. M. Guidamé, capitaine
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— 220 —
d'artillerie sous les ordres de ce commandant, ne mérite
pas moins d'éloges; il est ancien dans ce grade et n'est
point décoré. La conduite et Tintelligence de ces deux
officiers s'est fait remarquer. J'ai l'honneur de les re-
commander particulièrement à la bienveillance de S. M.
I. et R.
« M. Dumarest, chef de mon état-major, a donné des
preuves du plus grand attachement à S. M. en s'expo-
sant aux plus grands dangers et donnant des preuves de
la plus grande valeur ; il n'a pas peu contribué aux actes
de bravoure de ces journées des Set 6. Je le recommande
à S. M. comme un ancien et Adèle serviteur.
« Les deux adjoints, MM. Delaveyne et Riquet ont
suivi l'exemple de leur brave chef et ont rendu de grands
services en le secondant dans les ordres qu'il leur trans-
mettait. Tout mon état-major en général s'est bien com-
porté, et je le recommande à la bienveillance de S. M.
« Les deux bataillons saxons se sont parfaitement
conduits (les deux commandants se sont distingués, leur
conduite mérite les plus grands éloges) ; j'ai vu périr
beaucoup de soldats saxons qui ont été tués ou blessés
dans la plaine par l'artillerie. Ils n'ont rien cédé et ont
également coopéré aux actes de valeur do la journée
du 5. Je pense qu'une partie de ces bataillons est à Vienne
ou dans le corps d'armée ; aucuns chefs, officiers ni sol-
dats ne sont rentrés depuis le 6. J'ai lieu de croire éga-
lement que bon nombre d'entre eux ont été faits prison-
niers ou tués dans l'attaque des positions autrichiennes.
Les deux commandants saxons se sont distingués, leur
conduite mérite les plus grands éloges.
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— 221 —
7 Juillet
« Le 7 juillet la division a reçu ordre de se réunir au
corps d*armée de S. A. le Prince de Ponte-Corvo, à
Léopoldau; elle a pris position en avant de ce village
faisant face aux montagnes (1). A 2 heures les troupes
se sont mises en marche pour se rendre à Stadt-Enzers-
dorff, où elles ont pris position, la gauche à la ville, fai-
sant face à Essling.
Au bivouac d'Enzersdorff, le 8 juillet 1809 (2).
Le Général de division Comte de V Empire,
P.-L. Dupas. »
Ce qui frappe d'étonnement dans ce récit sincère, sim-
ple et précis des deux journées de Wagram, c'est la
proportion énorme des pertes subies par les deux régi-
ments français de la division : leur perte en tués et
blessés est d'environ 70 pour cent, perte énorme et qui
dépasse tout ce que l'on a jamais vu dans les récits des
guerres les plus meurtrières.
La simple lecture de ce rapport met à néant la légende
d'après laquelle la division Dupas aurait été mise dès le
5 juillet sous les ordres d'Oudinot. Cette allégation du
général de Gersdorff a été reproduite sans contrôle par
Lanfrey et plusieurs historiens. Si Dupas avait dû être
détaché du 9^ corps, c'eût été pour être réuni à celui de
Massénaou à celui de Macdonald qui le séparait d'Oudi-
not. La vérité est que, à deux reprises, le 5 juillet et
probablement encore le 6, Dupas reçut directement des
ordres de Napoléon qui lui furent transmis par un géné-
1) Les montagnes du Bisamberg.
2) Daté en tête du 7 juillet, le rapport est daté à la fin du 8.
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— 222 —
rai aide-de-camp, qui fut certainement Savary le soir
du 5. Bernadette en conçut de l'humeur (1).
Bernadette se plaignit également de ce que, dans
l'après-midi du G, Dupas, exécutant les ordres qu'il avait
reçus, refusa de le joindre et alla couvrir Raschdorif
avec les débris de sa division pour garder ce village où
étaient les ambulances et rallier les fuyards de l'aile
gauche : on a vu que Dupas en rallia plus de 12,000. On
ne voit pas bien ce que Bernadette pouvait entreprendre
de sérieux avec les deux petits bataillons qui restaient
à Dupas ; dans tous les cas c'est une question à débattre
entre Bernadette et Bonaparte; mais Dupas est en dehors
du débat. Il reçut des ordres directs de l'Empereur, il
les exécuta comme c'était son devoir de soldat. Toute
l'armée connaissait sa franchise et sa loyauté ; tous ses
compagnons de gloire, à commencer par le général La-
marque qui combattait à côté de sa division, donnèrent
raison à Dupas (2).
(1) Berhadotte se plaignit amèrement à l'Empereur qui se con-
tenta de lui répondre que des erreurs étaient inévitables dans
d'aussi grandes manœuvres. Napoléon, de son côté, se plaignait de
Bernadotte pour sa conduite après la bataille d'Essling, pour l'at-
taque de Wagram le 5 au soir, pour l'abandon d'Aderklaa, et
pour la déroute des Saxons dans la matinée du 6. (Général Pelet,
qui ajoute gue TEmpereur refusa de le voir et que Berhadotte
partit aussitôt pour Paris).
(2) Si l'on peut s'en prendre à Napoléon de la mauvaise combinai-
son (le l'attaque de nuit du 5 juillet, en revanche les historiens
paraissent fondés à reprocher à Bernadotte d'avoir attaqué trop
tard dans la soirée du 5, et d'avoir évacué fort mal à propos
Aderklaa le lendemain matin, ce qui causa les insuccès de l'aile
gauche. Quant aux reproches que Bernadotte paraissait adresser,
à tort du reste, à Dupas, on en trouve l'écho dans un des recueils
biographiques parus au commencement de la Restauration.
Dupas, interrogé vers 1820, sur l'exactitude des faits allégués, se
contenta de répondre : « Qu'il ne songeait plus qu'à l'exploitation
de Ripaille et à la vie de famille: ciuant à VarticLe de la biographie
Arnaud, qui est de Bernadotte lui-même aujourd'hui roi de Suède^
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— 223 —
Lamarque aurait en effet affirmé que Dupas avait agi
sagement et utilement en restant au village de l'ambu-
lance, en résistant aux ordres du Maréchal, qui contrai-
rement aux instructions de l'Empereur voulait Tentraîner
« dans une fausse manœuvre. » Ce fait a été rapporté
plusieurs fois par Mortier aux fils du général Dupas.
Dès le 7, informé qu'il va passer dans une autre divi-
sion, Dupas fait des réclamations au quartier impérial.
L'Empereur lui fait écrire le lendemain parBerthier (1):
« A Monsieur le Général Dupa s ^
Woilkersdorlf, 8 juillet 1809.
« J'ai lu votre lettre à l'Empereur, mon cher Dupas.
S. M. me charge de vous dire qu'elle est très contente
de voitSy que vous êtes de son ancienne hande^ et du
nombre de ceux qu'elle aime, et sur rattachement
desquels elle compte. Quand les circonstances le per-
mettront, on vous donnera un commandement plus con-
sidérable ; no doutez pas, mon cher Dupas, de mon
attachement bien réel.
Le Major Général : Alexandre. >
Cotte lettre assurait Dupas des véritables sentiments
de Napoléon et do toute l'armée pour lui. On était très
content de lui, on n'oubliait ni Toulon, ni les campagnes
d'Italie et d'Egypte, ni Austerlitz, ni Friedland; on le
peu m'importe, ajouta-t-il. Je pourrais cependant, s'il m'y avait
insulté, lui répondre facilement et les rieurs ne seraient pas de
son côté. » Nous le croyons sans peine. Dupas avait reçu des
ordres supérieurs, il s'y conformait, c'était son devoir, et il est
vraisemblable que les ordres qu'il exécutait étaient précisément
les plus utiles au salut de Tarmée.
(1) Archives Dubouloz-Dupas.
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— 224 —
lui prouverait lorsque les circonstances le permettraient.
En attendant, le 9 juillet, Berthier lui annonçait qu'il
était nommé au commandement de Tune des divisions
du corps d'Oudinot qui allait être promu maréchal
avec Macdonald et Marmont :
« Monsieur le Général de Division Dupas (1).
« Wolkersdorff, le 9 juillet 1809, 5 li. du soir.
« L'Empereur ayant jugé nécessaire de dissoudre votre
division, vous donne un nouveau témoignage de son
estime et de sa confiance, en vous conférant le comman-
dement de la division du général Frère, blessé.
« Rendez-vous donc le plus tôt possible auprès du gé-
néral Oudinot, qui vous mettra on possession de ce
commandement. Ce général se trouve à Wolkersdorff,
route de Vienne à Brûnn.
« Le 5* d'infanterie légère et votre artillerie devront
partir demain pour se rendre à la division Legrand,
corps du duc de Rivoli.
Le Major Général : Alexandre. »
En même temps paraissait Tordre général du 9 juillet,
en vertu duquel (2) le 9« corps était dissous ; le corps
saxon passait sous les ordres du général Reynier ; la di-
vision Dupas qui avait si prodigieusement souffert, était
répartie entre les divisions Boudet et Legrand, du corps
de Masséna, et Dupas était nommé au commandement
de la division Frère, au 2« corps (Oudinot). Ce corps se
composait de 3 divisions: Tharreau commandait la l*"*;
la division Frère était la 2« ; et Grandjeau, l'ancien bri-
gadier de Dupas, commandait la 3^.
(1) Archives Dubouloz-Dupas.
(2) Correspondance de Napoléon.
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— 225 —
Les éloges si flatteurs que lui valaient sii belle con-
duite et celle de ses troupes, ce commandemeut qui lui
était donné sous les ordres de son ancien chef Oudinot,
étaient des témoignages honorables de Testinie dans
laquelle il était tenu. Pour quel motif refusa-t-il c^ nou-
veau commandement ? On rignore. Sans doute il invo-
qua des raisons de santé ; ce qu'il y a de certain c'est
qu'il demanda et obtint l'autorisation de quitter l'armée
et de se rondnî à Paris, où il demanda le commandement
de la 7« division militaire (Grenoble). C'est là qu'il reçut
la réponse suivante :
< Au Général de division Dupas,
rue S^'Honoréf N^ 294.
< Paris, 29 Juillet 1809.
€ Général, j'ai reçu la demande que vous m'avez
adressée, pour être appelé dans la 7« division à Greno-
ble, et être payé de la solde d'activité. Je charge le
Conseiller d'Etat, Directeur Général des revenus,
de prendre les dispositions nécessaires pour ce paiement,
qui vous sera continué sur le pied d'activité, comme
disponible jusqu'à nouvel ordre.
Le Minûtre de la Guerre: Duc de Feltre. (1) »
La 7« division militaire n'étimt pas disponible, Dupas
ne put l'obtenir et il resta à Paris:
(1) Arch. Dubouloz-Dupas.
i5b
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— 226 —
APPENDICE AU CHAPITRE XI
Forces de la Division Dupas à "Wagram
GRANDE/RMÉE 9- Corps'
^''7^'juiS^%œ ''^ M»» Bernadotte, prince de Ponte-Corvo
DIVISION FRANÇAISE
Dupas, général de division.
Aides de camp: Barrai, Bochaton, chefs d'escadrons,
Grillât, capitaine.
Chef d'état major : Dumarest, adjudant-commandant.
Adjoints à Tétat-major: Riquet, Laveyne, capitaines.
Gency, général de brigade.
Aides de camp : Perrin, Genège, capitaines.
2 bataillons du 5^ léger, colonel Dubreton . 1451 hommes
Veaux, général de brigade.
Aides decamp: Curnillon, capitaine, Bou-
gaud, lieutenant.
3 batiiillons du 19« de ligne, colonel Aubry. 2,334 h.
5 bataillons de la force de 3,785 h.
Artillerie divisionnaire 212 h.
Total de la division française 3,997 h. (1)
Bataillons saxons placés sous les ordres
du général Dupas :
1 bataillon grenadiers Winckelmann (laissé
le 4 juillet à la garde de l'île Lobau) . . 579 h.
1 bataillon grenadiers Radloff (disparu dans
la soirée du 5 juillet) 583 h.
1 bataillon chasseurs Metsch (disparu dans
la soirée du 5 juillet) 572 h.
Total général 5,731 h.
(1) C'est de ce chilFre que doivent se déduire les pertes en tués
et blessés s'élevant à 2,5r.^ h., subies dans les journées des 5 et 6
juillet.
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— 227 —
CHAPITRE XII
RIPAILLÉ
Août 1809 à Décembre 1814
Le rôle militaire de Dupas est terminé par son refus de comman-
der une division activ*». — Il est en disponibilité et obtient de
se fixera Ripaille. — Appelé à l'armée d'Allemagne en 1813, il
est remplacé dans son commandement et obtient de se retirer. —
Il est mis d'office à la retraite le 25 novembre 1813. — Sa de-
mande de reprendre du service pour repousser l'invasion n'est
pas accueillie. — Liquidation de sa pension de retraite.
Le refus de Dupas de prendre le commandement de
la 2« division du corps d'Oudinot le priva de la récom-
pense à laquelle il pouvait à bon droit prétendre après
Wagram : le grade de grand officier de la Légion d'hon-
neur. Il resta commandant de la Légion qui était compo-
sée de 112 grands officiers, 300 commandants, 450 offi-
ciers, 5.250 chevaliers (1); notons que ce nombre ne fut
pas augmenté, mém(^ en ISll (2); alors que nous
avions 120 départements, une levée annuelle de
377.000 hommes. Aussi Ton reconnaissait à cette épo-
que quelque mérite aux titulaires.
Mais revenons à Dupas: Désormais la série des
jl) Les augmentations de 1803 et 1805 donnèrent un total de
C.579 membres, France Militaire^ Histoire des Armées françaises
de terre et de mer, par A. Hugo, t. 3®.
(2) Suivant les chilfres donnés par la France Militaire.
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— 228 —
grandes faveurs qu'il avait reçues était épuisée. Napoléon
n'aimait pas qu'on se retirât : ce terrible consomma-
teur d'hommes entendait garder, utiliser jusqu'à l'usure
complète de leurs forces, les chefs dont il connaissait la
valeur et le dévouement. Dupas avait besoin de repos;
le 6 avril 1810, il demande au Ministre de la Guerre (1)
l'autorisation de se retirer chez lui, dans le domaine de
Ripaille, dont il avait fait l'acquisition le 10 avril 1809
pour le prix de 275,000 fr. Le 12 avril 1810, le général
renouvelle sa demande (2) en ces termes :
« Souffrant beaucoup depuis quelque temps d'un rhume
de poitrine, et attaqué depuis longtemps de douleurs
rhumatismales insupportables qui me privent de toute
espèce de repos et altèrent particulièrement toutes mes
facultés, j'avais supplié S. A. le Prince d'Eckmiihl, de
s'intéresser auprès de S. Exe. pour m'obtenir un congé
avec appointements qui puisse me faciliter un traitement
qui m'avait été conseillé depuis mon retour d'Egypte
par MM. Desgenette, médecin en chef de l'armée et
Larrey, chirurgien-major de la Garde Impériale. > (Il
explique que ce congé lui permettra de faire un traite-
ment à Louôche, ou à Aix, ou à S*-Gervais)
« L'infatigable activité que j'ai toujours déployée dans
les guerres et des blessures graves me donnaient lieu de
compter sur ce congé. Je demande le congé avec appoin-
tements, parce que de tous côtés je n'éprouve que des
malheurs. Dans mon domaine de Hanovre l'on m'a. brûlé
une grange neuve pour laquelle on me demande 16.000 fr.
et 5,200 fr. pour la réparation d'un moulin. En West-
(1) Arch. de la Guerre.
(2) Arch. de la Gaerre.
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— 229 —
phalie au lieu de 25,000 francs, je n'en touche que
20,000, etc. »
Enfin le 25 avril 1810, il renouvelle ses instances pour
obtenir un congé de six mois, attendu « qu'il est privé
de sommeil et d'appétit et que sa vue est extrêmement
fatiguée. > (1).
Il obtint enfin ce congé et partit pour le département du
Léman ; à Genève il faillit être assassiné ainsi que nous
le verrons plus loin, et rentra à Paris en vue de son
mariage avec M"« Raimond-Hullin. A la veille de con-
clure son mariage et désirant se rendre avec sa jeune
femme à Ripaille, il demande de nouveau Tautorisation
de quitter Paris. Le duc de Fcltre lui répond le 15 avril
181 1 : (2) « qu'il peut quitter Paris, se rendre où il vou-
dra, étant en disponibilité ; seulement qu'il doit faire
connaître sa résidence afin de pouvoir lui transmettre
les ordres de S. M. dans le cas où son futur mariage ne
le retiendrait pas à Paris. »
Le 30 avril 1811, l'Empereur signa au contrat de
mariage (3); les nouveaux époux partirent aussitôt pour
Ripaille.
Dupas avait cinquante ans, était criblé de blessures
et de rhumatismes; il espérait être nommé au comman-
dement de la 7e division militaire à Grenoble, mais ce
(1) Archives de la guerre.
(2) Arch. Dubouloz-Dupas.
(3) On assure que lorsque Napoléon signait au contrat de ma-
riage d'un général de division, l'Empereur ajoutait à cet honneur
une somme de cent mille francs dans la corbeille de la fiancée.
Mais il est probable que ce don était réservé aux généraux qui
étaient encore à la tête d'une division active. Or Dupas ne son-
geait alors qu'au repos, et quoiqu'il fût de sa vieille bande^
M"* Dupas ne reçut pas le cadeau impérial.
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— 230 —
poste n'étant pas vacant, il resta en non activité à Ri-
paille où il eut un premier fils le 8 février 1812. Il fit
part de cet événement au Ministre delà Guerre qui lui
adressa, le 20 février 1812, ses félicitations et l'informa
qu'il devait adresser les noms et prénoms de l'enfantau
Comte Fabre, sénateur et procureur général du Conseil
du Sceau des titres, afin de conserver le majorât consti-
tué en sa faveur (1).
Quelque temps avant son mariage, Dupas recevait la
lettre suivante de son vieux camarade et ami de 1789,
le général Dessaix qui commandait à Magdebourg une
division du corps d'armée de Davout :
« Magdebourg, le 10 février 1811.
« J'ai appris avec beaucoup de plaisir, mon cher
Dupas, que tu étais parfaitement rétabli et que tu avais
heureusement échappé à l'attentat du plus misérable
des hommes qui pendant si longtemps a troublé impu-
nément le repos et la tranquillité des familles, mais qui
bientôt sera réduit par la justice du Gouvernement, à
l'impossibilité de nuire et sera puni de ses forfaits
Nous avons souvent parlé de toi avec le maréchal duc
de Reggio (Oudinot) ; il t'est très attaché et a pris
beaucoup de part à l'événement terrible dont tu as failli
devenir la victime. » (2).
Cet « événement terrible » était la tentative d'assas-
sinat commise sur la personne do Dupas le 29 septembre
1810, à l'auberge de la Couronne à Genève, par un an-
cien officier allobroge, parvenu au grade d'adjudant-
(1) Arch. Dubouloz-Dupas.
(2) Arch. de M. A. Folliet.
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— 231 —
commandant (ou colonel d'êtat-major), et depuis long-
temps sans emploi.
Deux jours après cet attentat, le l^»" octobre 1810,
l'avoué Chappuis, do Thouon, en faisait le récit suivant
dans une lettre adressée à son frôre, commandant de
dragons : < Le colonel M. Ch a fait imprimer des
brochures contre le général Dupas; aussi ce dernier,
rayant trouvé à Thôtel de la Couronne à Genève, le
provoqua en duel; M. C. accepte cette rencontre pour
l'après-midi, mais ne s'étant pas trouvé au rendez-vous,
il fut relancé dans l'hôtel par Dupas. De violentes dis-
cussions s'élevèrent et finirent par attirer la présence
d'un domestique. M. C. sortit un poignard de l'une
des manches de son habit et blessa Dupas et ce
domestique assez grièvement pour les aliter ptmdant
quelque temps. (1) Aux cris à l'assassin, poussés parles
deux victimes, la gendarmerie arrive et empoigne M. C.
dont Dupas retenait encore le bras. » (2).
Sur la plainte du général Dupas, la police impériale
envoya l'auteur de cette tentative de meurtre d'abord
dans la prison de S*-Malo, puis à Brest, où il resta jus-
qu'en 1814. Il en sortit au retour des Bourbons et émi-
gra en Amérique.
Quelque temps après cette arrestation, le général
(1) « J'ai été accusé d'avoir, le 29 septembre 1810, dans Tau-
berge de la Cîouronne à Genève, réalisé une attaque à dessein de
tuer M. le Cîomte Dupas, général de division. Cet officier a pré-
tendu que je lui avais donné un coup de poignard dans le ventre,
et qu'avec la même arme j'avais blessé le nommé Granjux son
domestique. » Lettre du colonel C. à M"'« la Comtesse D. — 11 a
l'effronterie d'ajouter que Dupas et son domestique Granjux «s'é-
taient blessés eux-mêmes, afin d'avoir un prétexte plausible de
l'accuser d'assassinat ! » (Arch. de M. A. Folliet).
(2) Archives de M. Jules Guyon.
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— 232 —
Dessaix écrivait à soq ami Dupas, de Magdebourg, le
7 avril 1811 : « J'ai reçu une lettre de mon respectable
père qui me faisait part de l'arrestation et de la trans-
lation à S*-Malo du brigand dont tu as failli être victime ;
il me disait que cet acte de justice du Gouvernement
avait été une mesure de sûreté pour tous les honnêtes
gens. En faisant connaître sur le compte de ce scélérat
la vérité au Gouvernement, tu as rendu à tout le dé-
partement et à nombre do familles en particulier, le
service le plus signalé ; je t'en ai pour mon compte la
plus vive reconnaissance. »
L'officier auteur de l'attentat était une sorte de dé-
traqué, depuis longtemps mal famé ; il n'avait fait que
très peu de temps partie delà Légion allobrogo; il cou-
rait sur son compte de fort vilaines histoires de toutes
sortes. A raison de certains actes d'indélicatesse. Dupas
l'avait tenu à distance et ne lui avait point caché son
mépris. L'autre s'était vengé en faisant circuler des
écrits anonymes où Dupas était accusé d'avoir soustrait
frauduleusement des pièces d'argenterie et du linge à
un soldat nommé Floret, deCusy près Dou vaine, qui avait
été tué au siège de Toulon. La fausseté de cette accusa-
tion fut bien vite établie ; aussi, le frère de Floret qui
avait été poussé par le colonel C. à répandre ces calom-
nies, craignant des poursuites judiciaires, se rendit le
3 mars 1811 chez le notaire Gharmot pour rétracter tous
ses dires. Le 10 du même mois, le Préfet de police infor-
mait Dupas de cott(^ rétractation (»tdu résultat de l'enquête
administrative de laquelle il résultait que Floret avait
porté ces accusations à l'instigation du colonel C. (1).
(l)Arch. Diibouloz-Dupas.
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— 233 —
Le jury d'accusatioD de Genève le déclara-t-il non
coupable, comme il l'affirmait ? (1). Ce qui est certain
c'est que le coupable ne passa pas en jugement et qu'il
fut détenu jusqu'en 1814 dans les prisons d'Etat par
ordre de la police impériale. D'ailleui-s une fois enfermé,
le colonel fit les plus plates excuses à ceux qu'il avait le
plus odieusement outragés. Dans l'une de ses lettres au
général Dupas, il cherche à se disculper de l'un des actes
d'indélicatesse qui lui avait valu le mépris de ce général ;
de sa prison il écrit à Dupas le 3 décembre 1812 : (2)
« En l'an VI (1798) l'ex-gouverneur Tscharner, com-
mandant les troupes bernoises, viola l'armistice conclu
avec les Français. Etant parti avec 1,800 hommes pour
l'attaquer, je fus assez heureux pour surprendre ses
postes, enlever son artillerie et le refouler. Quand je fus
de retour à Aigle, j'appris que le général Tscharner n'a-
vait tenté cette attaque que pour reprendre son mobilier
déposé dans une maison; j'en fis la recherche après sa
capture ; le linge fut employé au pansement des blessés,
l'argenterie fut inventoriée ot mise dans deux grandes
caisses, sauf une très petite partie qui fut aflfectée au
service de ma table. Le tout fut envoyé au quartier gé-
néral à Lausanne. Lorsque je partis d'Aigle pour l'Italie,
je me servis, il est vrai, de la voiture de Tscharner et de
ses deux chevaux ; mais c'était pour remplacer une ber-
(1) Arch. A. Folliet. Lettre déjà citée. On ne sait pas pourquoi
C. ne passa pas on jugement, car l'Empereur écrivait le 28 octo-
bre 1810 au général Ciarke, Ministre de la guerre : « 11 me semble
que le colonel C. étant au service et ayant assassiné son général
doit être traduit devant une Commission militaire. Autant que Je
puis m'en souvenir c'est un horrible sujet que cet homme-là. »
{Lettres inédites de Napoléon, 2« vol. 1897).
(2) Arch. Dubouloz-Dupas.
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— 234 —
line que Ton m'avait prise eo Tan II (1794), à Trouillas,
pour le service des ambulances de l'armée des Pyréoées-
Orieutales. C'est pour le môme motif que j'ai cru pouvoir
garder les deux chevaux, pour compenser les deux d'un
bien plus grand prix qui, avec selles, brides, harnache-
ments, me furent réquisitionnés au moment de ma des-
titution comme chef de brigade par le Comité de Salut
public. Je n'ai donc rien pris, et s'il existe quelque
irrégularité dans ma conduite, elle s'est trouvée couverte
par la légitimité de ma -créance, que la République vou-
lait me rembourser avec des assignats sans valeur. »
(Signé M. C).
Une seconde lettre du prisonnier, datée du 2 octobre
1813, dit en autres choses à Dupas : « Ecrivez pour moi
une lettre à mon frère le baron ; joignez-vous à lui pour
me faire remettre en activité ; vous rendrez à l'armée
un bon allobroge et à l'Empereur l'un de ses sujets les
plus dévoués. Alors, tous mes maux seront effacés, et
ma reconnaissance égalera la grandeur du service que
vous m'aurez rendu.
Forteresse S*-Michel (Manche), 2 octobre 1813.
M. C, adjudant-commandant. » (1).
Quelques jours après, le 8 octobre 1813, le docteur en
médecine Hedouin écrivait à Dupas : « M. C. détenu à
la maison de force du Mont-S'-Michel, implore votre
pardon et vous prie d'oublier le passé, il est dévoré de
remords, etc. » On sait que le prisonnier fut mis en
liberté à la Restauration ot qu'il passa on Amérique.
(1) Arch. Dubouloz-Dupas. Le grade d'adjudant-commandant,
sous l'Empire, était celui de colonel d'état-ma^jor, qui sous la Ré-
publique était le grade d'adjudant-général chef de brigade.
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— 235 —
Maïs revenons au général Dupas retiré à Ripaille
pendant les dernières années de l'Empire, avec le trai-
tement d'activité, mais dans la position de « disponible ».
En 1812, il fut question de le nommer au commande-
ment de la 27® division militaire qui était celle de Turin,
alors chef-lieu de département français ; mais une note
dû Ministre de la guerre (Clarke duc de Feltre) porte :
« Attendre que l'Empereur ait prononcé sur la proposi-
tion relative au général Puthod. > Et Dupas ne fut pas
nommé (l).
Après les désastres de Russie et l'invasion de l'Alle-
magne par les alliés, on se souvint de son antique va-
leur. Le 25 juin 1813, ordre du Ministre de la guerre de
se rendre en poste à M ayence, au corps d'observation
de Gouvion S*-Cyr. Le 5 juillet. Dupas s'empresse de
répondre : « Quoique rempli de douleurs rhumatismales,
je n'ai d'autre volonté que celle d'être utile et pouvoir
servir S. M. D'après vos ordres, j'ai l'honneur de vous
prévenir que je pars pour la destination que V. Exe.
vient de m'iudiquer, j'ai cependant l'honneur d'observer
que je suis sans chevaux et sans aide-de-camp. » (2).
Le corps de Gouvion S*-Cyr, sous les ordres duquel
Dupas était placé, quittait le Rhin pour s'avancer sur
l'Elbe. Mais, au moment où Napoléon confiait à Gouvion
S*-Cyr la mission d'arrêter les Autrichiens à l'entrée de
la Saxe, c'est-à-dire le 9 août, Dupas était subitement
remplacé par un jeune général, Mouton-Duvernet, et il
était envoyé lo 30 août à Wurtzbourg, pour se mettre
(1) Arch. de la Guerre.
(2) Arch. de la Guerre. Dupas avait offert en 1812 ses quatre
chevaux à TEtat, à titre gratuit pour la remonte de la cavalerie.
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— 236 —
à la disposition du maréchal Augereau qui commandait
le corps de réserve. De Wurtzbourg, Augereau écrit le
9 septembre au duc de Feltre « qu'il n'a aucun com-
mandement à donner au général Dupas, tous ayant été
donnés à des génératix désignés par r Empereur ; et
que d'ailleurs la santé de ce général le rendrait incapa-
ble d'activité en ce moment ; que dans ces conditions, le
général Dupas lui a demandé l'autorisation de rentrer
en France. » (1).
Du 21 septembre, ordre du Ministre de la guerre « au
général Dupas qui revient de la grande armée, de se
rendre dans le département du Mont-Blanc où il fait
ordinairement sa résidence. » (2).
Dupas fut très sensible à cette série d'humiliations,
qui fut suivie d'une dernière, définitive celle-là. L'Em-
pereur ne lui pardonnait pas de l'avoir quitté ; il le fit
mettre d'ofïico à la retraite le 25 novembre 1813.
Cependant, à la suite du désastre de Leipzig, les
armées alliées avaient envahi les frontières de la France ;
l'armée autrichienne dite du Midi franchit de force la
frontière suisse et la division du général Bubna s'em-
para de Genève et du département du Léman. Dupas se
rendit à Grenoble d'où il écrivit au Ministre de la
guerre le 1er janvier i814 :
« Les circonstances du jour m'ayant forcé d'abandon-
ner ma propriété en toute hâte avec ma famille, j'ai
l'honneur de prévenir V. Exe. que je suis à Grenoble
où j'attends ses ordres; si l'on croit que je puisse rendre
(1) Arch.de la Guerre.
(2) Arch. de la Guerre. Le Ministre aurait dû écrire Léman au
lieu de Mont-Blanc.
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— 237 —
quelques services dans un pays où une terreur panique
a fait, tourner la tête généralement à tout le monde. J'ai
reçu la lettre de V. Exe. qui m'annonce ma retraite,
quoique je ne Taie point sollicitée ; je ne laisserai pas
que de m'y conformer, quelque sensible que soit pour
moi cette nouvelle humiliation. » (1).
Il se rendit ensuite à Lyon auprès du maréchal Auge-
reau, et lui demanda de l'employer dans l'armée de
Lyon dont le duc de Castiglione venait de prendre le
commandement. Mais les commandements de ses divi-
sions actives étaient donnés, et à ce moment même
partaient de Paris la nomination du général Dessaix au
commandement de la levée en masse du Mont-Blanc et
du Léman ainsi que la nomination du général Marchand
au commandement de l'Isère et de la 7® division militaire,
en remplacement du général Delaroche, destitué pour
la panique dont il donnait l'exemple. Le Ministre de la
guerre mit du temps à répondre à Augereau qui avait
proposé Dupas pour commander dans le Mont-Blanc et
le Léman, proposition dans tous les cas arrivée trop
tard. Ce n'est que le 15 février 1814 que le Ministre de
la guerre donna l'ordre de répondre à Augereau dans
le sens de la note suivante : « Le général Dupas a été
admis à la solde de retraite le 25 novembre 1813, parce
que S. M. a jugé elle-même qu'il ne convenait point à un
service actif. On ne pense pas qu'il y ait aucune suite
à donner à la demande du duc de Castiglione. » (2).
Dupas fut donc forcé d'assister en simple spectateur
aux graves événements de 1814 et de 1815 qui sépa-
(1) Arch. de la Guerre.
(2) Arch. de la Guerre.
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— 238 —
rèrent pour 46 ans sa patrie de la France. Quoique mis
d'office à la retraite par la volonté impériale, le 25 no-
vembre 1813, la liquidation do sa pension se fit très
longtemps attendre par suite des événements politiques;
il continua à toucher son traitement d'activité jusqu'au
1er novembre 1814 ; à cette date, commença à courir sa
pension de retraite, liquidée à 6,564 francs (1) en fixant
son domicile officiel au Grand Sacconnex (pays de Gex)
pour jouir de la pension française.
(1) Soult, Min. de la Guerre, à Dupas, 8 janvier 1815, arch.
Dubouloz-Dupas.
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— 239 —
CHAPITRE XIII
Dernières années (1815 à 1823)
L'Europe coalisée avait replacé la Savoie sous Tauto-
rité de ses anciens souverains, rentrés dans leurs Etats
à la faveur de l'invasion autrichienne. Leur premier
soin fut de restaurer Tétat de choses antérieur à 1792 et
de renforcer ces institutions surannées par un régime
policier que TEdit royal de 1814 appelle Biùon-governo ;
les commandants de place et au-dessous d'eux, les cara-
biniers royaux, étaient investis des pouvoirs les plus
étendus. Les vieilles rancunes de la caste privilégiée
remise en honneur et replacée au pouvoir, les haines
contre les hommes de la Révolution et de l'Empire se
donnèrent libre cours.
En outre, la fortune acquise par le général Dupas, son
domaine de Ripaille surtout, lui suscitèrent des envieux
et des malveillants. Il s'en aperçut lors de la seconde
invasion, celle de 1815 ; il s'agissait de loger les mala-
des d'une nombreuse armée autrichienne : un incident
qui se produisit alors à Thonon donne la mesure des
mesquines tracasseries auxquelles il fut alors exposé. Le
3 juillet 1815, le Conseil de ville est présidé par l'Inten-
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— 240 —
dant, assisté par M. Jaillet de S*-Cergues, juge-maje,
et composé de MM. d'Antioche, l®** syndic, Descombes,
2e syndic, Dapérier, Dubouloz-Ribout, Dubouloz Thomas,
Bron, juge, Fornier, Carron, Michaud, Guinet, Pinget,
De Lort.
« Les commissaires des hôpitaux militaires se pré-
sentent au Conseil, où ils déclarent que suivant Tordre
du général en chef, baron Frimont, ils ont choisi :
l<ï L'Hospice civil de Thonon, pour recevoir 200malades;
2» Le Collège des Bar nabites, p'^en recevoir 400 »
3° LeCouventd»capucins(mais.Anthoinoz) 100 y>
40 Ripaille 300 »
« Le Conseil représente que les malades placés dans
l'intérieur de la ville, surtout chez les Barnabites, em-
pêcheront l'ouverture du Collège et provoqueront des
maladies dans la ville. Pour ces motifs, le Conseil sug-
gère aux commissaires de transporter les 400 malades
que l'on destinait aux Barnabites dans Ripaille qui,
ajoute-t-il, en peut contenir plus de 600, ce qu'ils pour-
ront apprécier, en faisant une visite plus scrupuleuse
des bâtiments. »
Les commissaires s'y rendirent avec Amable de
Ruphy, mais malgré Tavis de ce dernier, ils reconnurent
l'impossibilité de s'y rallier et persistèrent dans leur
première résolution.
Après la seconde et définitive victoire de la coalition,
les petites vexations tournèrent à la persécution. « Rien
n'était plus affligeant que la position des anciens officiers
savoisiens au service de France. Ceux qui étaient restés
en France étaient mis en surveillance et envoyés de
résidence en résidence avec la demi solde. Ceux qui
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— 241 -
rentrèrent en Savoie étaient soumis à une surveillance
plus humiliante encore» et devaient s(» présenter tous
les huit jours devant h* commandant de place* de la
province. » (1).
En France sévissait la terreur blanche. Le maréchal
Brune éUiit massiicré à Avignon ; Ney, Mouton-Duver-
net et tant d'autres braves, étaient fusillés. A Grenoble
et à Lyon (7« et 11)« divisions militaires), commandaient
deux généraux de gucîrre civile, Donnadieu et Canuel.
anciens terroristes, qui, à défaut du courage qu'ils n'a-
vaient jamais montré contre l'ennemi, avaient déployé
contre des Français la férocité de leur caractère (2). Ces
deux brigands à grosses épauhîttes, auxquels le gouver
nement des Bourbons avait eu l'impudeur de confier
d'importants commandements réservés jusqu'alors a de
vieux braves couverts d'honorabl(»s blessures, profi-
tèrent de la folle tentative de Paul Didier sur Grenoble,
le 5 mai ISIG, pour inventer la prétendue conspiration
dite des patriotes de 18 16 y et épouvanter le Dauphiné
et le Lyonnais par des fusillades, des emprisonnements
et des dénonciations sans fin. Sur les dénonciations de
ces deux misérabh^s, le gouvernement piémontais déjà
eflrayé par les rapports des réactionnaires du pays, prit
peur et décida l'arrestation du général Dessaix et l'ex-
pulsion du général Dupas.
(lU. Dessaix et A. Folliet, Le général Dessaix.
f2) Canuel : « Faisant fusiller en sa présence toutes les victimes
de Quiberon, et portant à son chapeau et comme cocarde des
oreilles de Vendéen. »
Donnadieu : « Tn »j:entilliomme vendéen partait p(>ur Témigra-
tion, Donnadieu courut l'attendre au coin d'un bois, Ty surprit
à la nuit tombante, le tua et revint chargé d'une tirelire qui, en
or, contenait une somme considérable. » (Général Thiébault,
Mémoires y t. v.).
i6h
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- 242 —
Dupas avait son domicile légal au Grand-SaccouDex
depuis le 12 janvier 1815, ainsi que cela résulte d'un
certificat du maire de Fernex, Marinet, en date du
8 avril 1 810 (1). Le 20 mai 1810, un sous-officier de
carabiniers convoque insolemment à la caserne le géné-
ral de division Dupas el lui signifie sans autre formalité
son expulsion du territoire des Etats de S. M. La nuit
suivante (du 20 au 21 mai), le général Dessaix est arrêté
à Marclaz en grand secret et avec des précautions ex-
traordinaires, et conduit en poste à Fénestrelles, la
prison d'Etat du Piémont.
En recevant la notification de son expulsion et séance
tenante. Dupas écrit au général d'Andezeno, comman-
dant général du duché de Savoie :
« Le général comte Dupas, demeurant à Ripaille, a
rhonneur de vous exposer : que le 20 courant il a reçu
un ordre de M Préver, maréchal des logis dans les
carabiniers royaux, pour qu'il se rende chez lui. Malgré
sa première surprise, malgré le grade de général qu'il
tient d'un souverain allié de S. M., malgré les ordres
dont il est décoré, il a cru devoir se rendre tout de suite
à l'invitation de cet officier de S. M.; il y reçut un
ordre ainsi conçu :
// est expressément enjoint au général Dupas de
sortir des Etats de S. M. le roi de Sardaigne dans le
délai de 24 heures ; de ne plus y rentrer sans être
muni d'un passeport en règle qui sera vLsé en ce mo-
ment par le commandant des carabiniers royaiur ré-
sidant à Chéne-T/iônex,
Thonon, le 20 Mai 1816.
Préver, maréchal des logis.
(1) Archives Dubouloz-Dupas.
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— 24.S —
€ Le soussigné a été élevé comme militaire dés sa
plus tondre jeunesse ; désirant de se retirer dans sa
patrie, il a acheté Ripaille qu'il n'a cessé d'habiter de-
puis la fin de lSl:î. Ayant en octobre 1814, sa pension,
le ministère français lui fit demander le lieu qu'il avait
choisi sur le territoire français pour la toucher. Cette
mesure fut acceptée par tous les retraités, habitant la
Savoie ou la Suisse, sans qu'ils aient songé à renoncer
à leur patrie d'origine, à leur qualité de sujets de S. M.
En 1814, 1815, il s'est soumis aux nombreuses réquisi-
tions de Tarméi^ autrichienne, même en allant souvent
au-delà. Toutes ses économies ont d'ailleurs toujours été
consacrées à répandre le bien-être dans la classe ou-
vrière, sans qu'il se soit jamais occupé des agissements
faits auprès des pouvoirs de la Suisse, pour nous réunir
à œ dernier pays ou pour obtenir la suppression des
douanes.
« J'ai élu, il est vrai, mon domicile en France, parce
que c'est là que je retire ma modeste pension. Vous
n'ignorez pas d'ailleurs que tous les anciens officiers
demandaient qu'un arrangement fut tenté auprès des
diverses puissances, afin que chacune d'elle paye les
retraites de ses propres sujets ; cela était désirable ;
l'on aurait ainsi fait disparaître les épithètes de blem
et de blancs.
* Je ne suis jamais entré dans le rang des factieux ;
soldat, jt3 n'ai jamais suivi d'autres conseils que ceux
de mon devoir; l'armée me connaissait as.sez, comme
n'ayant jamais flatté personne, comme m'étant attiré des
disgrâces par suite d'une grande franchise.
« Ma pension, mes services, mes grades, décorations.
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— 244 —
dotations, ne sont pas dus aux intrigues, je les dois à
quelques actes de dévouement, aux services que j'ai
rendus, et rien de plus « Pour ces motifs l'expo-
sant espère que vous voudrez bien lever Tordre de ne
plus rentrer dans les Etats do S. M. Si cependant
S. Exe. ne pouvait pas lever cette défense, il la conjure
de lui permettre de séjourner pendant six mois dans sa
propriété de Ripaille pour y faire les récoltes et mettre
un peu d'ordre dans ses affaires.
< Votre Excellence est priée de me protéger, m'enga-
geant à faire des efforts pour mériter cette faveur »
En attendant la réponse à sa réclamation, Dupas fut
expulsé de la Savoie et réfugié dans le département de
TAin ; il renouvela ses instances le !«»• juin : il se plaint
amèrement des dénonciations des réactionnaires qui ne
pouvaient se résigner à laisser vivre en paix les vieux
guerriers dont le sang avait été glorieusement répandu
pour la France de la Révolution.
« J'ai toujours obéi à Thonon aux réquisitions ; les
dépassant même, j'ai fourni aux troupes les chaudières
de Ripaille pour leur nourriture à la suite de l'incendie
de l'Hôtel de Ville ; jamais je n'ai porté de plaintes sur
le chiffre des réquisitions arbitraires que m'ont imposé
quelques habitants par haine des services que j'ai rendus
à la France. Cependant, lorsque les troupes autrichien-
nes réquisitionnèrent tous les fours de la commune, j'ai
offert ceux de Ripaille ainsi que l'affouage et le service
de mes domestiques pour adoucir les misères des habi-
tants de Thonon, Concise et Vongy ; cela gratuitement.
Mes aumônes sont connues des pauvres qui tous répè-
tent n'en avoir jamais reçu autant et avec moins d'os-
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— 245 —
tentation ; n'ai-je pas arrache de la misère une foule
d'ouvriers à Thonon et dans les hameaux ?
« Ripaille, il est vrai, rapporte cinq à six mille francs
aujourd'hui, parce que je l'ai amélioré en dépensant en
faveur des ouvriers plus de cent quatre- vingt mille fr.
« Je suis la victime. Monsieur le Gouverneur, de la
haine jalouse de plusieurs habitants, parce que, possé-
dant un pou do fortune, je ne dois rien à personne ;
parce que ce que je possède, je le dois à mon travail, à
mon activité, à l'ordre d'une jeune épouse que j'aime
tendrement ; épouse que j'ai dû laisser seule à Ripaille,
sans que l'on m'ait seulement donné le temps de mettre
un peu d'ordre dans mon exploitation.
« Telle est la cause de l'envie, des haines d'une certaine
classe méprisable des habitants de Thonon ; elle ne se
conduirait certainement pas ainsi si V. E. était ici, parce
qu'elle saurait me protéger contre ses attaques injustes.
« Mais comment S. M. a-t-elle pu croire qu'un vieux
soldat qui n'a jamais forfait à l'honneur, se soit
compromis en commettant les lâchetés dont on l'accuse ?
Cette idée seule révolte l'àme de tout homme d'honneur.
« Je me suis retiré à Ripaille, vivant isolé, sans au-
cune relation, afin de me mettre à l'abri des dénoncia-
tions de certaines personnes occupant des emplois
qu'ils ne savent pas faire respecter.
« L'on me prête de grandes richesses, elles viennent de
ma femme qui n'a actuellement que l'espérance de re-
cevoir de l'un de ses oncles six à sept cent mille fr. (1).
(1) Dupas avait perdu ses dotations sur lesquelles il avait éco-
misé 275,000 francs qui lui servirent à l'achat de Ripaille. Quant
à sa femme, nièce du général Hulin, elle ne reçut jamais les
600,000 fr. que lui avait promis son oncle, mort en 1843.
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— 246 —
« Cette situation m'autorise à déclarer que, dans au-
cun cas, je ne me mêlerai de questions politiques. S. M.
vous a fait entendre que Ripaille avait une grande va-
leur ; si S. M. désire rentrer en possession de ce do-
maine, je suis tout disposé à le lui céder, au prix de
mon acquisition ; mais en me tenant compte des amé-
liorations telles qu'elles seront reconnues par des
experts. En bon et loyal sujet, je serais charmé de faire
tout ce qui pourrait être agréable» au gouvernement
des. M.
« Cependant, si tous ces sacrifices ne devaient pas me
garantir contre la malveillance et les persécutions, je
me déciderais alors à vendre tout ce que je possède pour
rentrer en France, ma patrie adoptive.
« Ma conviction est que toutes ces tracasseries, lc*s
malheurs qui me frappent, proviennent de ces mornes
familles qui auraient converti, sans une intervention
puissante, les bâtiments de Ripaille, en hôpital, qui
voulaient occuper l'unique chambre que j'occupe, s'em-
parer de celle habitée par ma femme qui se trouvait alors
en couches. Aussi je supplie V. Exe. de me protéger, de
me permettre de séjourner pendant quelques jours à
Ripaille, afin de régler mes affaires et mettre ce domaine
en vente. Alors je demanderai la protection garantie par
les traités et je pourrai prétendre à jouir d'une grande
tranquillité. »
Cette longue lettre se termine par Ténumération des
titres mérités en France : après Austerlit^, général de
division et (îrand Cordon du Lion d'Or de Bavière :
après Friediand, comte de l'Empire avec cinquante
mille livres comptant et cinquante mille livres de dota-
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— 247 —
tioDS OD biens fonds, plus un supplément de cinq mille
et quelques francs ; après sa dernière campagne,
Chevalier de la Couronne de fer.
Le Gouverneur do Savoie mit fin à ces tracasseries en
répondant à Dupas, le 7 juin 1816 :
« J'ai vu avec peine renoncé que vous m'avez fait, le
l^"^ juin 1816, du mode avec lequel le maréchal des logis
vous a fait connaître mes dispositions, et j'en ai un vé-
ritable regret.
€ Je n'avais pas besoin des détails que vous m'avez
donnés, pour être convaincu do votre manière de penser,
et votre séjour à Ripaille ne peut à moins que d'être
agréable au Gouvernement, qui, bien loin de vous
inquiéter, sera toujours disposé à vous rendre les témoi-
gnages dus au rang que vous occupez personnellement
et à si juste titre.
€ Veuillez cependant vous pourvoir en France d'un
passe-port, cette mesure étant générale, etc.
D'Andezeno,
Gouverneur et commande généra l » (1).
Depuis sa rentrée à Ripaille, autorisée par la décision
qu'on vient de lire. Dupas vécut dans une profonde re-
traite, au milieu de sa famille, et ne voyant, en dehors
des siens, que ses vieux camarades et compagnons de
gloire dont il était le doyen. Le plus cher de ces anciens
et fidèles amis était le général Dessaix qui vivait à
Marclaz, mais hélas! moins tranquille que Dupas: ils
(1) Archives Dubouloz-Dupas.
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— 248 —
purent, pendant quelques années, réaliser le rêve de se
retrouver, après tant de dangers, couverts de blessures,
« vidant ensemble quelques bouteilles de vin du cru » (2).
Un autre ami était le général de cavalerie Pierre-Amé
Chastel, qui habitait Genève, ville à laquelle il fit des
libéralités testiimentaires ; puis le brave et ancien aide-
de-camp, le colonel d'infanterie Bochaton, retiré à
Evian; le lieutenant-colonel Folliet, qui habitait Ferney ;
Tadjudant-com mandant Favre, de Thonon ; le comman-
dant Chapuis, vieux dragon allobroge, de Concise, qui
survécut à tous ses anciens compagnons d'armes.
C'est l'un de ces vieux amis qui contait l'anecdote sui-
vante : Dupas aimait à parler le patois du pays avec les
soldats originaires d'Evian. Après Wagram, il rencon-
tre un soldat désarmé, emmené sous bonne escorte. Ce
pauvre diable, s'adressant au général, s'écrie: Bonzo,
brave général, sai de Macilly, d'Evian, vos savi ! —
Ah ! e 0 vàte, mon garçon? — Eh! poure général, de
vais à la mô pé un shancre de polaton que zai robo. —
Eh bin ! bon voyage, mon garçon ! — Mais Dupas ne
perd pas un instant ; il court voir le Orand Prévôt de
l'armée, et obtient un ordre en vertu duquel le pauvre
soldat de Maxilly, au lieu d'être fusillé, est renvoyé à
son régiment.
Une longue série de périls incessants (»t de fatigues
f*<3) Dessaix, commandant une division à Stottin, écrivait à
Dupas le 4 Juin 1811 et terminait sa lettre par ces mots: « Que
Dieu nous préserve, mon clitT Dupas, des procès; qu'il te
conservé ainsi que ton aimable é|)ouse en bonne santé, et j espère
que nous vutderom encore ensemble quelques bouteilles de vin du
crû qu'il faut faire valoir pour n'avoir pas recours aux
étrangers. »
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— 249 —
inouïes avait développé des infirmités qui abrégèrent la
vie de Dupas. C'est le 6 mars 1823, à Tàge de 02 ans
seulement, que mourut à Ripaille ce glorieux soldat qui
n'avait jamais connu la peur et dont la vie était sans
reproche. Son nom est inscrit sur Tare de triomphe de
l'Etoile, côté sud.
FIN
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TABLE DES MATIÈRES
PAGES
Avant-Propos v bis
Errata vu bis
Etat des services du Général Dupas 1
Chapitre W.
(1775-1796)
Services de Pierre-Louis Dupas dans Piémont- Dra
gons, dans les troupes de Genève, dans Château
vieux-Suisse en Corse, dans les Gardes Françaises.
— Dupas à la prise de la Bastille. — Il résiste à
Bailly et à Lafayette. — Il reçoit son congé des
Gardes Françaises. -^ L*un des premiers à sous-
crire dans la Légion Allobrogedont il est Capitaine-
Adjudant-Major. — Campagne de Savoie et de
Maurienne. — Capitaine de Carabiniers. — Chef
de bataillon, Aide de camp du Général Carteaux. —
Campagnedu Midi et siège de Toulon. — Campagnes
des Pyrénées-Orientales de 1794 et 1795. — Départ
pour Tarmée d'Italie 7
Chapitre II.
Campagnes d'Italie
(Avril 1796 — Mai 1798)
Dupas commande le 3*»" bataillon de la demi-brigade
Allobroge. — Prise des redoutes de San Giovanni
de Murialdo. — Dupas commande le 2« bataillon
provisoire de carabiniers à la tête duquel il passe
le premier le pont de Lodi. — Bataille de Loai. —
Combats sur le Mincio. — Dupas commande le
5" bataillon provisoire de grenadiers. — Témoigna-
ges officiels de satisfaction. — Dupas commande le
8® bataillon, puis le l'^" bataillon de grenadiers. --
Siège de Mantoue. — Bataille de S^-Georges. —
Citation à Tordre du jour. — Combat de Caldiero ;
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— 252 —
grave blessure. — Dupas rentre à la demi-brigade
allobroge. — Combat d*Anghiari où il est encore
grièvement blessé. — Entrevue avec Bonaparte à
Milan. — La demi-brigade à Coni. — Ordre de
départ pour TEgypte 27
Chapitre II].
Expédition d'Egypte
(Mai 1798 à Juin 1800).
Départ de Toulon pour l'Egypte. — Dupas com-
mande les guides à pied du général en chef Bona-
parte à la prise de Malte. — Débarquement en
Egypte et prise d'Alexandrie. — Bataille des Pyra-
mides.. — Dupas est nommé Colonel (chef de
brigade) et commandant de la citadelle du Caire. —
Ses trente mois de commandement. — Sa corres-
pondance avec Bonaparte. — Il est cité à l'ordre du
jour de l'armée. — Départ de Bonaparte. — Corres-
pondance de Dupas avec le général en chef Kléber.
— Défense énergique de Dupas. — Sa correspon-
dance avec les généraux Priant et Damas. —
Dernière lettre de Kléber. — Assassinat de ce
grand homme 46
Chapitre IV.
Fin de Texpédition d'Egsrpte
(Juillet 1800 à Septembre 1801)
Le ci-devant baron de Menou, général en chef. —
La citadelle. — Mesures réclamées et prises par
Dupas. — Sa correspondance avec le général
Belliard, gouverneur du Caire, et avec le général
en chef Menou. — Désastre de Menou à Canope.
— Le Caire est isolé. — Belle défense de Dupas. —
Situation critique de la citadelle et de la place du
Caire. — Conseil de guerre convoqué par Belliard.
— Héroïque proposition de Dupas. — Convention
pour l'évacuation de l'Egypte. — Embarquement
des troupes et rentrée en France 66
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— 253 —
Chapitre V.
Dupas aux Tuileries
(Octobre 1801 a Décembre 1803)
Le colonel Dupas est noiiim^ adjudant supérieur
du Palais des Tuileries. — M"»*^ Junot d'Abrantès.
— Il est nommé colonel des Mamelucks ; détails
sur l'organisation etTadministration de ce corps qui
fait partie de la Garde consulaire. — Il est nommé
général de brigade, et bientôt après commandant
supérieur des Côtes de la Seine à la Somme, à
Dieppe. — Le général Dupas est appelé à comman
der une brigade dans la division de grenadiers de
réserve à Arras 83
Chapitre VI.
Campagnes de 1805 et 1806
(Janvier 1804 a Décembre 180G)
Dupas commande une brigade de la division de
grenadiers de réserve à Arras. — Nouvelles faveurs
dont il est Tobjet. — Commandant de la Légion
d'honneur. — Sous-Gouverneur du château de
Stupinis. — Troisième coalition. — Campagne
de 1805 contre les Austro Russes. — Le général
Z*-en-avant. — Donawerth. —Wertingen. — Ulm.
— Amstetten. — Ilollabrûnn. — Austerlitz. —
Dupas général de division, grand cordon du Lion
de Bavière. — Traité de Presbourg. — Quatrième
coalition. — Campagne de 180G contre la Prusse.
Dupas commande la 1'" division du 8* corps. —
Opérations de cette division en Allemagne et dans
la Poméranie suédoise 98
Chapitre VII.
Campagne dans la Poméranie Suédoise
(Janvier a Juin 1807)
Journal de la division Dupas (1). — Entrée dans la
Poméranie Suédoise. — Blocus de Stralsund. —
(1) Rapport historique du général Dupas: 27 janvier 1807 au
30 mars 1809. Archives Dubouloz-Dupas.
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— 254 —
Construction d'un pont. Passage de la Peene. —
Prise de Loitz. — Marches et reconnaissances. —
Combat du 14 mars. — Marche de la division. —
Combat d'Ukermund. — Armistice. — Siège de
Colberg. — Broch, Stettin. — La division passe la
Vistule et marche sur Friediand par Heilsberg. —
Force et composition de la division Dupas 111
Chapitre VIII.
Friediand — Lubeck
(14 Juin 1807 — Mars 1808)
Bataille de Friediand. — Importance du rùle du
corps de Mortier et de la division Dupas, grands
services que Dupas rend à Tarmt'ie. — Rapport de
la 1"^^ division. — Grandes pertes de la division
Dupas. Départ de la l^*' division, répartition de ses
troupes. — Marche sur Lubeck. — La division
Dupas devient la 2« du corps darmée de Berna-
dotte. — Dupas prend le commandement de Lubeck.
— Travemunde, marche des troupes. — Conseil de
guerre. — Mouvements de troupes. — Dupas reçoit
le commandement des villes Anséatiques. — Il est
nommé Chevalier de la Couronne de Fer. — Ses
divers traitements et dotations 133
Chapitre IX.
Hambourg
(Avril a Octobre 1808)
Commandement des territoires Anséatiques. — Admi-
nistration. — Revue. — Mesures disciplinaires. —
Inspection. — Emeute. — Espions. — Attaques
faites par les Anglais, leurs prises. — Espagnols.
— Exécution. — Le 15 août. — Pillages opérés
par les Anglais. — Nouvelles attaques. — Garde
bourgeoise. — Fin du commandement 150
Chapitre X.
Quartiers d'hiver en Danemark
(Octobre 1808 — Avril 1809)
It7.ehoë. — Lubeck. — Sévère discipline maintenue
par Dupas. — La division Dupas (2'' du 9** corps)
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— 255 —
est dirigée sur Hanovre. — Témoignages de grati
tude adressôsà Dupas par les Sénats de Hambourg
et de Lubeck. — Les Mémoires de Bourrienne. —
Examen des attaques de Bourrienne contre la con-
duite de Dupas. — Dupas justifié par les lettres iné-
dites de Napoléon I^*". — Dupas est comblé d'hon-
neurs et de faveurs, il est nommé Comte de l'Empire 183
Chapitre XI.
Campagne de 1800. — Wagram
(Avril a Juillet 1809)
Marche de la division Dupas en Allemagne. —
Force de la division. — Corps d'armée de Berna-
dotte. — Etat des hommes présents sous les armes
au 1®' juin. — La faible division Dupas est ren-
forcée de trois bataillons saxons. — Arrivée à l'Ile
Lobau. — Rapport de Dupas: journée du 4 juillet.
— Journée du 5 juillet : sanglante attaque de Bau-
mersdorff. — Seconde journée de la bataille de
Wagram. 6 juillet. — 7 juillet: résumé du rapport
de Dupas. — Plaintes de Bernadotte ; éloges adres-
sés à Dupas. — II est nommé au commandement
delà 2" division du corps d'Oudinot ; il refuse,
obtient l'autorisation de partir pour Paris où il de-
mande le commandement de la division militaire de
Grenoble 203
Chapitre XH.
RipaiUe
(Août 1809 a Décembre 1814)
Le rôle militaire de Dupas est terminé par son refus de
commander une division active. — \\ est en dispo
nibilité et obtient de se fixer à Ripaille. — Appelé à
l'armée d'Allemagne en 1813, il est remplacé dans
son commandement et obtient de se retirer. — \\
est mis d'office à la retraite le 25 novembre 1813. —
Sa demande de reprendre du service pour repousser
l'invasion n'est pas accueillie. — Liquidation de sa
pension de retraite 227
Chapitre XIIL
Dernières années (1815 à 1823) 239
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MÉMOIRE II
LES
ANCIENNES CORPORATIONS
d'Arts et llétieps
DE
THONON-LES-BAINS
Par LE- PICCARD
I
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LES ANCIENNES CORPORATIONS
D'ARTS & MÉTIERS
DE THONON-LES-BAINS
Les sociétés d'artisans existAreot de tout temps on Eu-
rope, dès la chute de l'Empire romain. Mais elles étaient
loin de présenter un état florissant. Ce ne fut qu'à pai'tir
de la création des communes libres, au XII« et au XIII®
siècles, qu'elles prirent une extension et une importance
considérables. Leur classification fut à peu près la même
que celle des ouvriers de l'ancienne Rome. Sous l'in-
fluence dos idées chrétiennes, les saints de l'EgHse furent
substitués, comme protecteurs de diverses associations,
aux héros et aux faux dieux du paganisme. L'union de
la religion, à la profession dos Arts et Métiers, devint
même si intime que la corporation prit le nom de Con-
frérie. Elle avait ses privilèges, ses règlements, la
faculté do posséder, d'administrer ses biens, d'avoir une
caisse commune alimentée de legs, donations, cotisji-
tions et amendes, ainsi que le droit de discuter ses inté-
rêts généraux, de modifier môme ses statuts.
Les anciennes corporations ou confréries d'Arts et
Métiers de la ville do Thonon durent être nombreuses
avant l'occupation Bernoise de 1530; deux sont venues
jusqu'à nous: celles de Saint Eloi, et des Saints Crépin
et Crépinien.
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La première comprenait en général tous ceux qui se
livraient au travail du fer ou du cuivre ; c'était la so-
ciété des serruriers, chaudronniers, ferblantiers, lau-
terniers, selliers, marêchaux-ferrants, taillandiers,
couteliers, armuriers, épingiiers, fourbisseurs, éperon-
niers. La confrérie, qui réunissait à Thononces diverses
catégories d'artisans, invoquait comme patron St Eioi,
orfèvre habile, né près de Limoges vers Tan 588, qui
devint trésorier du roi Dagobert, puis évêque de Noyon.
Elle exista chez nous de temps immémorial et fut en-
richie à travers les temps de nombreuses indulgences
par les papes Innocent XI et Clément XI (1).
Le premier registre des délibérations de la société
nous dit que par suite de Thérésie implantée par les
Bernois en Chablais « la dévote abbaye et confrérie de
Monseigneur Sainct Eloy aye esté jusques à présent
esteinte et le service d'icelle cessé ». Mais Dieu ayant
chassé rhérésie, par sa grâce, « plusieurs des bourgeois
et habitants de ceste ville de Thonon, notamment les
soubznommés dernièrement illuminés, après avoir rendu
grâce à Dieu de tel bénéfice se seroyent deslibérés et
essayez de remettre la dicte confrérie en lumière aflfîn
que le service d'icelle fust annuellement faict et célébré.
Ensuite de la trasse de leurs ancestres en auroient selon
leur petit pouvoir faculté et moyen faict un fonds à la
(1) D'après Tin ven taire des titres et registres de la confrérie
dressé en 1786, elle reçut quatre bulles des Souverains Ponti-
fes, dont deux d'Innocent XI du 23 mai 1677 et du 15 juin 1685.
La 3« et 4**, du 13 mai 1712 émanent du pape Clément XI.
Nous les avons toutes, à part la 2** oui s'est égarée. Dans celle
du 13 mai 1712, Clément XI dit qull a appris que la confrérie
de Saint Eloi de Thonon faisait beaucoup d'œuvres de piété et
de charité et, en cette considération, il lui accorde de nombreuses
indulgences (Documents n°* i et 2).
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dicte confrérie et ont tiint faict valloyr le talient que le
fruict et profflt d'icelui fonds d'argent de cinq années et
Tannée 1647 y comprise, seroit arrivée à la somme
de....*.(l).
Les vaillants bourgeois qui relevèrent cette noble
institution des temps passés furent : Jean-Baptiste et
Philippe Volland, Claude Gantin, Gérard Losthoz,
Claude-Charles Gr(»soud, Jean- François Vuarnier, Ciaudi
Volland, George Dagnin, François Vuarnier, Bernard
Losthoz, Claude Menjon, Bernard Genoud, Jean Laurent,
N. Guyon fondeur, François Ducret, André d'Allinges,
Charles Rebut, Charles Dutruel, George Buloz. Les
premiers qui fui'ent ensuite agréés paraissent être :
Claude George, Antoine Sylvestre, Jacques de Couches,
Nicolas Mathieu, Jacques Petit, Jean-François de la
Saulge, Jean-Rodolphe Maistre, Grégoire Ecarre, Claude-
François Rebut, Claude Maistre.
Cette résurrection de nos corporations fut le complé-
ment de rétablissement à Thonon, par S*^-Frdnçois# de
Sales, de TUniversité chablaisienne imparfaitement
connue sous le nom de Sainte-Maison (1599). Outre une
faculté de théologie et renseignement primaire et secon-
daire, elle comprenait la Section des AvLs et Métiers ^ à
laquelle se rattachaient des papeteries, une imprimerie,
des filatures, fabriques de fer, fonderies... où travail-
laient de nombreux mécaniciens, serruriers, armuriers,
etc.. (2).
Les archives de la confrérie de S^-Eloi possèdent deux
registres très intéressants. Le premier contient les pro-
(1) La confrérie aurait donc repris vie en 1642.
(2) Histoire de Thonon et du Chablais, p. 339-402.
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cès-verbaux des séances allant de 1647 à 1735; et le
second, de 1736 à 1760. Le secrétaire ou procureur qui
était ordinairement un notaire, les signait en compagnie
du prieur et quelquefois des conseillers. Ils émanent, de
1647 à 1689, du notaire Pinaus, puis ensuite des notaires
Degenève (1692), Rosset (1707), J. de Meruel (1710),
Souviran (1711-1723). Enfin, de 1726 à 1760, ils sont de
la main des notaires Guyon.... Le dernier relevé des
comptes présenté, en 1783, est signé de Dessaix, Dege-
nève, Dubouloz, Collet, Gaillard, Delacroix, Michaud,
Rebut et Chenevier.
Le 16 juin 1651, une convention notariée intervint
entre ses membres et les R^^^ Seigneurs Préfet et cha-
noines de la Sainte-Maison de Thonon. Ceux-ci s'enga-
gèrent à célébrer deux grand'messes à diacre et sous
diacre, au grand autel de l'église de Notre-Dame-de-
Compassion, Tune le 25 juin, jour de la fête de S*-Eloi,
et l'autre, le lendemain, pour les sociétaires défunts.
Le» confrères promirent en retour, comme rétribution
de ces messes, de payer annuellement sept florins,
soit 4 livres 13 sous, ancienne monnaie de Savoie.
De 1()73 à 1792, les membres de la plupart des famil-
les de notre ville furent admis dans la confrérie de
S^Eloi. La série des récipiendaires est ouverte en 1673
par Honorable Maurice^ Moret, maître armurier, et en
1074 par Charles Poulet, maître maçon; néanmoins on
y voit bientôt figurer des gens do tout état et de toute
condition : des ecclésiastiques, des nobles, des juges, des
médecins, des avocats, des notaires qui tenaient à témoi-
gner de cette manière le grand intérêt qu'ils portaient
à la classe ouvrière de l'époque. Le chef de famille y
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— 263 —
entrait avec sa femme et ses enfants. A sa mort, son fils
aîné lui succédait sans aucune formalité. (1).
A chaque réception de nouveau membre, la société
recevait une livre de cire et une contribution qui variait,
selon la fortune du récipiendaire, de 2 à 5 livres ou à un
demi écu patagon, ancienne maison de Savoie. Il jurait
« de se comporter en homme d'honneur et de probité, et
de faire à ses frais, le pain bénit, s'il venait à être élu
prieur...» Le conseil d'administration comprenait le
prieur, le sous-prieur, le procureur ou trésorier, le secré-
taire et plusieurs conseillers en nombre indéterminé.
Les deux premiers étaient renouvelés annuellement le
25 juin, fête de S*-Eloi. Ce môme jour le prieur sortant
offrait le pain bénit en tête de ses confrères et présidait
l'élection de son successeur qui promettait, à son tour,
d'offrir le pain bénit le 25 juin de l'année suivante (2). Si
par hasard, ce dernier refusait, pour de bonnes raisons,
l'honneur et la charge du pain bénit, c'était la confrérie
qui dans ce cas l'offrait à ses frais. Mais dans le cas
contraire, on le rayait de la société.
Le nouveau prieur était ordinairement installé aux
(1) Aujourd'hui, il paie 2 fr. d'entrée, et les cadets 7 fr. (1897).
Par délibération du 26 juin 17.36, il fut arrêté « nue les confrères
assisteraient, avec les flambeaux, à la sépulture aes femmes de la
confrérie, comme on avait coutume de le faire pour les hommes. »
(Registre des séances).
[2) Le Secrétaire insérait alors, dans son procès-verbal, que le
prieur sortant s'était bien acquitté de son administration et il
lui délivrait une quittance. Ainsi le 26 juin 1684, à la suite de
l'élection de la veille « de M. Michel de Genève pour moderne
prieur en la place de M. Pierre Pethoud, précédent prieur, le dict
sieur Pethoud a esté acquitté de son administration comme bien
et dheument faite, et de quoy la confrérie le remercie, ayant
le dit de Genève promis de faire le pain bénit et autres clioses à
l'accoustumé. » [Regist. des délibérations).
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secondes vêpres de la fête de S*-EIoî. Au verset Deposuit
potentes de sede du Magnificat, raacien prieur déposait
les insignes de son autorité et regagnait le banc commun
des confrères, tandis que le nouvel élu commençait son
gouvernement. Cette cérémonie s'appelait le deposuit.
La confrérie adjoignait, à son conseil d'administra-
tion, un recteur ou aumônier ; c'était ordinairement l'un
des prêtres de la S*« Maison de Thonon.
Les membres prenaient part à trois repas ou banquets
communs: au déjeuner du 25 juin avant la grand' messe,
aux frais du prieur sortant ; aux dîners de ce même
jour et du lendemain aux dépens de chacun.
Il fut décidé par délibération du 26 juin 1698, <c que les
confrères qui n'assisteraient pas au repas de la fête du
Saint Patron, ne seraient point admis à l'audition des
comptes. >
Mais, bientôt, les prieurs dœlarèrent trop onéreuses
les dépenses qui leur incombaient à la sortie de leurs
fonctions. On les déchargea donc du déjeuner, le 17 juin
1759, en statuant dans la môme séance, que pour la con-
servation des privilégias, il serait étîxbli à perpétuité
un conseil de six gradués. Ce conseil fui composé
de <c spectable Abrahara-Jos(îph Michaud, médecin,
spectables Jean-Antoine Rivollat, ClaudtvJoseph Fernex,
Claude-François Naz, François Degenève, juge-mage et
Joseph-François Michaud.» (1). Les privilèges, dont il est
ici question, regardaient, je pense, l'organisation inté-
rieure de la société qui avait du considérablement se
modifier dés son origine. Chaque dignitaire avait jadis
S(\s droits et honn(»urs particuliers. Le prieur était chargé
(1) Ketristro des séances de la Confrérie de S^-Eloi, folio 21.
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de prévenir les abus vt do voilier à robservation du rè-
glement relativement aux marchandises, travaux à exé-
cuter, réception des candidats à la maitrise et comptabi-
lité financière. Les conseillers ou jurés, devaient recueil-
lir les voix dans les élections, visiter les boutiques et les
ateliers, juger de la capacité des aspirants à la maîtrise
et leur assigner le chef-d'œuvre à exécuter. Les mem-
bres de l'association se divisaient en trois classes : les
maîtres, les compagnons et les apprentis.
On appelait maîtres les chefs de boutique ou d'atelier
jouissant du privilège d'cîxercer un art, un métier ; on ne
pouvait être reçu en cette qualité qu'après un certain
nombre d'années d'exercice, suivi d'un examen et de
l'exécution d'un travail professionnel appelé chef-d'œu-
vre. Toute coalition entre patrons en vue de profits com-
muns était défendue sous peine de déchéance.
Les compagnons étiiient des ouvriers qui travaillaient
chez les chefs d'atelier, moyennant rétribution, après
avoir terminé leur apprentissage. Ils ne pouvaient être
renvoyés sans cause légitime, ni exercer chez un patron
de la mémo localité, après avoir quitté un atelier, avant
un intervalle de 3 mois passés hors de la commune.
Enfin, les apprentis devaient apprendre dans toutes
ses parties le métier ou l'art auquel ils se destinaient. Ils
versaient à leur début une cotisation, travaillaient gra-
tuitement durant leur éducation professionnelle, payaient
même quelquefois une somme convenue, et devaient être
logés et nourris dans la maison des patrons.
La cprporation avait sa part dans les oblations des
maîtres et des apprentis. Ainsi le 20 juin 1(384 « Hono-
rable Etienne Collet paye demy escus pour un sien ap-
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— 266 —
prentif et pour un autre qui veut aprendre et qu'il a
enossey pour sca voir s*il sera propre à son mestier, ledit
deiny escus mis dans la boette en présences de tous les
prieurs et confrères ». (1).
L'apprentissage durait au moins deux ans et souvent
au-delà de ce terme.
Les statuts de la corporation fixaient dans le moindre
détail, les conditions de la main-d'œuvre, réglaient les
heures de travail, la qualité des matières des objets fa-
briqués ainsi que le prix de chacun d'eux.
Enfin, les œuvres de charité étaient l'objet de la solli-
citude particulière des confrères qui venaient en aide à
ceux d'entre eux tombés dans la maladie ou la pauvreté,
les visitant, les consolant et les accompagnant jusqu'à
leur dernière demeure, un flambeau à la main. On voit
en effet, dans les séances d'admission de la confrérie que
le récipiendaire prêtait serment, entre les mains du prieur
et en face de l'assemblée, de se rendre utile aux confrè-
res malheureux ou dans le besoin. (2).
En 1771, le procureur de la confrérie, Etienne Rebut,
délivra à un membre de la corporation, Joseph Chavan-
naz, un secours de 9 livres, 1 1 sols « et cela pour subvenir
à ses pressants besoins, eu égard à la misère des temps
et cherté des vivres >, et avec l'agrément des membres
présents : Bailly, Vignier, Lugrin, Guyon, Souviran. En
1774, Dessaix, conseiller fait remettre 24 sols à unautre
confrère, Joseph Fillion des Epinanches, etc., etc..
En 1773, les prieurs furent encore déchargés du pain
bénit. On ne l'offrit plus, et il fut décidé que la toilette
1) Registre des délibérations.
2) Registre des délibérations.
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— 267 —
dont on n'avait coutume de Torner serait donnée aux
R**"» Pères Capucins de la ville, pour servir à rornement
de leur autel pendant la bénédiction du Saint-Sacre-
ment. (1).
Les revenus de la confrérie étaient d'une trentaine de
livres (2); mais les collectes et dons particuliers destinés
aux confrères nécessiteux arrivaient à une somme consi-
dérable impossible à préciser.
Nous avons dit que le nombre des membres de la
corporation fut relativement considérable ; de 1676 à
1792, il comprit particulièrement les noms suivants :
Henry Dubouloz, Michel et Jacques Collet, Jacques
Lhostoz, Pierre Gylstin, André Vignier( 1676), Antoine
Christin (1681), Garin Rebut, Nicolas Cha vanne (1684),
François Dufresne (1694), Jean Bernaz (17(X)), Pierre
Souviran, Jean Pinget (1710), Jean-Claude Desuzinge
(1714), Noël Cullery, P. François Donzy (1715), Jean-
Baptiste Margel, Jacques Jeandin (1717), Etienne Ge-
noud, Jean- André RoUier (1720), Etienne Frézier (1721),
Cl.-Louis Détraz (1722), Pierre Collet, Joseph-Amé
Dechelette, Etienne Rebut (1724), Joseph Chavannes,
(1) Cette délibération (1773) est signée Naz, A. Carron, Dessaix,
J. Bétemps, Charmot et Guyon.
(2) Voici le relevé des dépenses présenté le 22 juin 1760:
A un confrère pauvre, malade 1.10
A un autre confrère malade 1.10
Payé pour cierges 3
Pour une messe de requiem 8
Deux grand'messes 4.13
Au marçttillier 4.4
Au prédicateur 4.4
Aux enfants de chœur S
Au procureur pour son traitement 8
Pour une messe de requiem 8
Total : 25.65
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Pierre-François Pethoud (1725), Joseph Favrat, N* J.
Charles de Foras, Jean-François Guyon, Claude Rouge
(1726), GuérinBovet, Marie Fantin (1729), Christophe
Viger, Jean-Baptiste Fantin, Gabriel Megevand, Jean-
Pierre Champoury (1734), Jean-Claude Volland (1735),
François Delasaulge, Joseph Fillon, F. Maître, Antoine
Boujon, Jean-François Milliet, Jean-François Bergoens
(1736), Thomas Dubouloz, Jean-Bapt. Mouthon, Pierre
Naz, Joseph Rebut, Jean Charmot (1737), Louis Lom-
bard, Pierre Royer, R^ Joseph Chêne vier prêtre, Fran-
çois Bétemps, Pierre-Joseph Pinet, P. Claude Lançon,
Bernard Megemond, Christophe Lamy, J.-Joseph Pinet,
François Mercier (1738), R^ Claude Bioley, Abraham
Joseph Michaud (1742), Louis Jacquet, A. Bontron
(1744), André-Joseph Dessaix, Noël Carron, Jacq. Vau-
daux (1747), Jean-François Dufresne, Jean-Ant. Ri voi-
lât (1750)) Joseph Fillion, P. Chessel, Jean-François
Girard(1751), Nie. Veillet, Jean-Alexis Vaudaux,J.-Bapt.
Novel (1752), Cl.-Ch. Bernaz (1753), A.-J. Delacroix,
Louis Gautier (1754), Félix Matta, maître fondeur,
Cl.-Joseph Fernex (1755), J.-Ant. Carron (1756), Fran-
çois deGenève(1757),J. -F. Michaud (1759), CI. Gaillard,
J.-Cl. Livremont (1761), P.-L. Lancey (1773), Jacques
Chenevier (1786), Joseph Moril, Joseph Tondu (1792).
CONFRÉRIE
DES SAINTS CRÉPIN ET CRÈPINIEN
Les cordonniers, tanneurs et corroyeurs formaient
une seule et môme confrérie. Leurs patrons étaient
Saint Crépin et Saint Crépinien, deux frères d'une fa-
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mille sénatoriale de Rome qui prirent le chemin des
Gaules, pour échapper à la persécution de Dioclétien,
s'arrêtèrent à Soissons où ils exercèrent le métier de
cordonnier et subirent le martyre vers Tan 287.
L'un des registres de ses délibérations remonte au
25 octobre 1001. Il porte dans ses premières pages que
le catholicisme ayant été proscrit dans le Bas-Chablais
par les Bernois, « la dévote abbaye et Confrérie des
Saints Chrespin et Chrospinien aye esté jusquesà présent
estinte et le service d'icelle cessé, jusques à présent que
Dieu ayant faict la grâce, à la dite province, de y re-
mettre la sainte foy et religion catholique, apostolique et
romaine, ayant chassé l'hérésie, plusieurs des bourgeois
et habitants de ceste ville de Thonon notamment les
soubznommés dernièrement illuminez après avoir rendu
grâce à Dieu de tel bénéfice se seroyent délibérez et
essayez do remettre la dicte confrérie en lumière afin
que le service d'ycelle fust annuellement faict et célébré.
En suite de la trasse de leurs ancestres.... Les honestes
Maurice Pathoz, Claude Maurouz, Bernard Guychard,
Justin Baud, iMaurice Penaz, Sermez Chenevier, Abra-
ham Peccuz, Claude Gantin, Pierre Rey et Jacques
Pesson selon leur petit pouvoir et facultez auroyent
faict un fond à la dite confrérie de la somme capitale de
seize florins Savoye » qui furent remis à honorable
Maurice Pethoud « des maistros de Testât de cordonier
et tanear, esleu novellement abbé do la dite confrérie (1)
pour en être gardiatour et faire valloir le tallent d'icelle y>
(1) Abbé ou chef de la corporation comme Abbé de Tabbaye ou
Confrérie des Vignerons de Vevey, si connue chez nous par ses
fêtes séculaires, dernier vestige du catholicisme dans le pays de
Vaud.
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— 270 —
afla que les pauvres de la corporation puissent être sou-
lagés... (1). Ce fut donc probablement S*-François de
Sales qui la réorganisa pendant sa laborieuse mission
du Chablais. (2).
Par contrat de fondation du 17 août 1691 , les confrères
des Saints Crépin et Crépinien cédèrent aux R*^» Préfet
et prêtres de la Sainte-Maison de Thonon, des créances
de la valeur de 1800 florins, à condition qu'ils s'enga-
geassent à célébrer annuellement au maître-autel, douze
messes à diacre et sous-diacre, suivies du chant du libéra-
me, les lundis après le troisième dimanche de chaque
mois, et à faire sonner ces messes par toutes les cloches.
L'acte en fut dressé dans le réfectoire de la Sainte-
Maison. Etaient présents, d'un côté : Honorables Jean
Deruaz, prieur de la coofrôrie; Claude Merlin, Claude-
François Chêne vier, Joseph Con verset, conseillers...,
Jean-Claudeet Thivan (Etienne) Duret, Claude Dufresne,
Jean-Clande Vernaz, Guy Vuatoux, Claude Mamet,
Jacques Rebut, Charles-François Genoud, Joseph Du-
perier, etc., tous maistres cordonniers. Figuraient
d'autre part : R*^ Joseph Marie de Rossillon, préfet de la
Sainte-Maison, R^« Jacques Bourgeois, Mathieu Mugnier,
Fabien Lacombe, Jean-Claude Michaud, Michel Marin,
Louis Ruffler et Alexandre de Sonnaz, prêtres compo-
sant le corps de la Sainte-Maison.
Il y avait, en outre, trois grands services religieux à
(1) Registre des délibérations.
(2) L'évèque d'Arenthon d'Alex homologuant un acte du 22 août
1692 présenté par les membres de la confrérie des Saints Crépin
et Crépinien, dit aussi que « cette dévote confrérie anciennement
établie à Thonon, avait été abolie pendant Thérésie du dit pays
par les ravages qu'elle y a causés ».(Arch. de TEvèchéd'AnnecyJ.
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— 271 —
la chapelle do la confrérie, érigée dans Tôgiise de Notre-
Dame-de-Compassion : Tun, le premier vendredi de
carême pour les confrères défunts; le second, le 26 octo-
bre, fête dos Saints Crépin et Crépinien ; le troisième, le
lendemain, 27, encore pour les défunts de la Société. Les
prêtres de la Sainte-Maison recevaient ordinairement en
retour sept livres de Savoie et d'autres fois dix florins et
demi. Ces détails sont consignés annuellement dans les
registres de la confrérie qui sont les organes les plus
autorisés de son histoire. (1).
Les élections du prieur et des conseillers avaient lieu
chaque année d'abord dans la cour de la maison des
Chartreux de Vallon au quartier de la Croix (2), puis
dés 1662 environ, dans la grande salle de la Maison de
Ville. Les élections secrètes ne se faisaient point, comme
de nos temps, par bulletins individuels, mais chaque
votant venait dire à l'oreille du secrétaire le nom de son
candidat. En voici un exemple : * Du 19 octobre 1727,
les confrères de la confrérie de S*-Crépin s'étant assem-
blés ce jourd'hui pour faire l'élection d'un prieur pour
l'année 1728 ont proposé les honorables Joseph Pissotet
(1) Le plus ancien registre renferme 153 procès-verbaux des
séances allant du 25 octobre 1601 à Tan 1737. Le secrétaire, qui
souvent signait seul, était toujours un notaire ; les cinq premiers
sont de la main du notaire Pierre Rolaz (que S* François de Sales
employa, maintes fois, pour des actes passés à Thonon), puis les
suivants de celle des notaires Deleschaux, Girod (1622), Mauroz,
Delasaulge (1636), Bougeard (ia3M()56). Charles (1658-1688)
De 1690 à 1743, ils émanent successivement des notaires Guyon
père et ftls. Enfin de 1743 à 1786, ils sont tous signés par Soùvi-
ran, Bouvet et Aubéry, notaires, et par les membres de Tadmi-
nistration où figurent ordinairement les noms Naz, Détraz, Bur-
nat, Fillion, Veillet, Vernaz, Genoud, Pissot, Ticon, Fornay.
Buinoud, Merlin, Granjux, Chenevier, Longet, etc....
(2) Aujourd'hui, cour de la maison Moynat-Brisgand apparte-
nant jadis aux consorts Vailly. ( Registre des délibérations) .
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Claude Garin, et par les voix données à l'oreille de moi
soubsignéy la pluralité d'icelles est arrivé au dict Joseph
Pissot, lequel est reconnu prieur pour Tannée prochaine
1728. Faict à Thonon le dict jour et an. Guyon fils ».
Les revenus de la société, quoique de 50 à 60 livres
seulement, arrivaient à un chiffre élevé par suite des
collectes faites pour les membres nécessiteux.
Les deux repas ou banquets communs des confrères
furent supprimés en 1740. Le procès- verbal du 16 octo-
bre nous en donne le motif : « Les dicts prieur, conseil-
lers et confrères duement assemblés comme cy-dessus
sont convenus de retrancher et supprimer les deux repas
que la confrérie est en coutume de donner le jour de
l'élection d'un prieur et d'un conseiller et le jour de
S*-Thomas que l'on rend les comptes, attendu le déran-
gement des saisons et la misère des temps, et que d'ail-
leurs la confrérie a diminué de beaucoup ses revenus,
attendu la réduction des espèces, et que les intérêts ne
se payent plus qu'au cinq pour cent, et cy devant l'on
tirait au six et au sept. Faict à Thonon les dicts jour et
an. » (1).
Les membres de la confrérie étaient soumis à l'auto-
rité d'un surintendant nommé par le duc de Savoie, pour
entretenir l'émulation et la probité et prévenir les
fraudes dans la qualité de la marchandise, sa fabrication
et sa vente. Il devait aussi interdire la maîtrise à tout
individu n'ayant pas donné des preuves suffisantes de
capacité par devant les maîtres chargés de l'examiner.
Ces surintendants furent, vers le milieu du XVII® siècle :
M« Blard, maître cordonnier d'Annecy, François Béren-
(1) Registre des délibérations.
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— )iTA ^
gier, maître cordonnier de Chambéry, dont la nomina-
tion fut signifiée à Thonon en 1051 par la pièce suivante
conservée au premier registre de la confrérie (1).
Charles Emanuel par la grâce de Dieu, Duc de Savoye
prince de Piodmont, roi de Cyppres, au premier huissier
de nostre Sénat au dict Savoye, ou sergent ducal sur ce
requis, salut.
Nous te mandons et commandons par ces présentes
que, suivant le décret du dict Sénat au bas de larequeste
y jointe, présenté de la part d'honorable François Bé-
rengier, maistre cordonnier et bourgeois de la présente
ville maistre juré et intendant des cordonniers, tasneurs
et corroyeurs de là les monts, suppliant, et à sa reques-
te, tu fasses exprés commandement et injonction de
nostre part à tous maistres cordonniers, tasneurs et
corroyeurs, de faire voir au suppliant, en qualité qu'il
agit, leurs marchandises, cuireries, besognes et œuvres
de cordonniers pour les tout visiter en présence d'aultres
maistn^s experts es dict(« professions, que le dict sup-
pliant choisira, pour être procédé ainsi et comme sa
charge l'oblige, avec inhibitions et defFenses très expres-
ses que tu feras aussy de nostre part, en suitte des con-
clusions d(î nostre très chier bien amé féal conseillier
d'Etat et procureur général de ça les monts, à tous cor-
donniers, ttisneurs et corroyeurs tant de ça que de là
les monts et à tous aultres qu'il appartiendra, d'(^xposer
ou faire exposer par intreposittes personnes aulcungs
cuirs ny aultres marchandises en vente, qu'ils n'ayent
estes dheubement par luy et par les aultres maistres
(l) Archives de la confrérie.
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~ 274 ~
qui seront par luy choisis, visités et receus, ny aussy
d'eatrer en exercice du dict mestier sans de mesme
avoir estes préalablement par luy et les dicts autres
maistres choisis et recogncus cappables et par eux
receus, et c'est à peine de cinq cents livres d'amende,
De ce faire donnons pouvoir. Donné à Chambéry le
quatriesme juilliet mil six cent cinquante-un, scellés en
grand sceau et signé par le extraict à son propre
original par moi notaire ducal royal soubsigné, exhibé
par le susdict Bérengier juré et par luy retiré, bien que
d'aultre main soyt escript. A Chambéry les an et jour
susdicts signé Vachier notayre.
Et moi notaire soubzsigné j'ay les patentes sus
escriptes copié et extrait sur le double à moy communi-
qué par Honorable Aymé Guyon maitre cordonnier fai-
sant au nom du dict M® Bérengier et le quel double ay
rendu au dit M' Guyon.
BouGEARD, notaire.
Au moment de son admission, chaque nouveau mem-
bre recevait le titre de maître cordonnier, en versant
au prieur un droit d'entrée de doux écus de Genève (ou
7 livres, ou 10 florins, ancienne monnaie de Savoie).
D'autres, vu leur état de fortune, je pense, ne payaient
que 4 livres et 10 sols. Le récipiendaire jurait de se con-
duire toute sa vie en homme d'honneur et de probité.
En voici un exemple : « Du 17 décembre 1724, Hono-
rable Joseph Bouvet, moderne prieur de la confrérie de
S*-Crépin, assisté des Honorables Anthoine Perrière et
Pierre Brélat conseillers et d'Honorable Joseph Boejat
ancien prieur, ont reçu au nombre de leurs confrères et
maistres de la dicte confrérie, Honorable Jacques fils de
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— 275 ^
feu Fraoçois Peray maitre taneur bourgeois d'Evian
soubs la finance de sept livrt^ de Savoie qu'il a piV^son-
tement comptés et dôlivrés aux susdicts cons(nlIers
soubs la promesse qu'a faite le dict Peray de se com-
porter en homme d'honneur et de bien, dans son mestier
de taneur et sans aucun reproche, à peine d'être rayé
de la dicte confrérie, ce qu'il a promis a peine de tous
dépends, dommages et intérêts, soubs l'obligation de sa
personne et biens, avec dheue constitution d'iceux; et
moyennant ce, il jouira des droits et privilèges, comme
les autres confrères, et n'entreprendra rien contre les
droits et privilèges de la dicte confrérie. »
« Faict à Thonon, le dict jour et an. »
GUYON.
Le 15 septembre 1G4I les prieurs de la confrérie de
S^Crépin de la ville d'Evian, Biaise Granjux et J. Mer-
cier, écrivaient une lettre très curieuse aux dignitaires
de notre corporation, aux fins « de s'accomoder les ungs
et les aultres touchant la visite des conseillers et
concernant les six sols accoustumés percepvoir. » (1).
lisse déclarent heureux d'un accomodement pour con-
tinuer la concorde et bonne amitié d'autrefois. Plusieurs
bourgeois d'Evian et habitants des localités voisines tels
que Claude Maxit, de La Chapelle d'Abondance ( 1722),
Genoud, d'Habéres se faisaient ainsi agréger à
l'une ou l'autre de nos deux corporations. C'étiiit un
lien puissant de fraternité reliant les citoyens d'une
même province.
(1) Registre de la confrérie de S* Crépin de Thonon.
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— 276 —
Restauration et Fusionnement
La tourmente de 1792 dispersa les membres des
confréries : les guerres de la Révolution et de TEmpire
paralysèrent les bonnes volontés. Aussi les documents
et registres relatifs à la Société de S*-Eloi manquent-ils
de 1786 à 1823 et ceux de la confrérie des S^ Crépin et
Crépinien de 1789 à 1833.
Celle de S* Eloistî ranima quelque peu ou 1823; ses
comptes furent dressés par trois membres en 1823,
1830, 1846, 1847 et 1848. Elle comprenait alors 105
membres.
Celle des Saints Crépin et Crépinien semble repren-
dre vie en 18;W. Ses comptes sont exactement réglés
dès cette époque jusqu'en 1859. Elle ne comptait que 83
membres. Dès 1833 elles eurent toutes deux un prieur
ou président commun ; c'était en 1847, spectable Fran-
çois-Marie Dupérier (1). Le l«r novembre de cette année
(1847) leurs deux conseils considérant : que le plus grand
nombre des membres de l'une étaient aussi membres de
l'autre, décidèrent l'achat d'un drap mortuaire encore
commun aux deux corporations. C'est ainsi qu'on arri-
vait par la force des choses au fusionnement .
Après les grands événements qui réunirent la Savoie
à la France, prieurs et membres du conseil étaient
morts sans être remplacés, et nos deux confréries s'en
allaient à la dérive sans chefs et sans administration.
Sous l'inspiration d'un homme d'intelligence et d'éner-
gie, Joseph RoUier, les membres de l'une et de l'autre
furent appelés à une assembhM) générale le 10 septembre
(1) Registre des délibérations de la contrérie de S*-Eloi.
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— 277 —
1865. Une commission nommée à cet effet drossa l'état
des fonds.
Une seconde convocation du 29 octobre suivant réunit
25 membres qui, au nom de leurs confrères absents,
déclarèrent les deux confréries fusionnées on une seule
sous le nom de Confrérie de S^Eloi et des Saints
Crépin et Crépinien, On élut un pritmr. un sous-prieur,
six conseillers, un trésorier, un secrétaire et un sacris-
tain. Ces 25 membres furent : Bernaz Joseph, Charrière
Pierre, CuUery François, Champoury Joseph, Colly
Aimé, David Alexandre, Frossard Pierre-François, Gail-
lard Joseph, Gainon Joseph, Greninger Joseph, Guyon
Joseph, Longet Joseph, Maury Jean, Maury André,
Messiat Georges, Duchamp Jean, Planchamp François,
Plumet Joseph, Pioton Louis, Rollior Joseph, Romanet
Pierre- Célestin, Vachat Jean-Pierre, Veillet Charles,
Vernaz Joseph, Vernaz Jacques.
Le nouveau prieur, Joseph RoUier, devint le véritable
restaurateur de la corporation. Il la reforma avec un
caractère moderne de fraternité chrétienne et lui donna
une vigoureuse impulsion qui Ta maintenue prospère
jusqu'à ce jour. Outre les secours qu'elle distribue, elle
honore les sépultures des confrères défunts, et soulage
leurs âmes par des prières.
Elle a fait imprimer son nouveau règlement en 1881
en 12 pages(l) et compte aujourd'hui près de 180 mem-
bres.
Joseph Rollier fit place, en 1880 au prieur actuel, le
Comte Charles de Foras, ancien officier supérieur de
(1) M. Josoph-Marie Grillon, trésorier, paya 87 fr. à cet effet
le 18 novembre de la même année.
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- 278 —
Tarmée piémontaise, colonel des mobilisés de la E^-
Savoie de 1871, etc. Sou zèle et la sympathique et
universelle considération dont il jouit ont grandement
contribué au développement et à la prospérité de notre
corporation.
CONCLUSION
On peut se demapder quels furent les résultats des
corporations, au point de vue do Tamélioration des ou-
vriers? Ils furent immenses. D'abord des inventaires
mobiliers d'ouvriers au XI V« siècle établissent la preuve
d'une aisance relative qui serait enviée aujourd'hui par
beaucoup de pays d'Europe. Ensuite des actes de l'état
civil, rapportés dans un congrès de Sociétés savantes,
établissent une proportion de lettrés, qui ne serait pas
dépassée à l'époque moderne.
Avant 1789, dit un auteur peu suspect, Proudhon, l'ou-
vrier existait dans la corporation ou la maîtrise, comme
l'enfant, la femme, et le domestique dans la famille.
La preuve de ce bien-être se trouve dans la réclamation
des ouvriers eux-mêmes qui protestèrent contre la sup-
pression des jurandes, aussitôt après la loi de 1791 et
de nouveau en 1S05. La preuve en est encore dans une
décision du Conseil d'Etat, datée de 1812, c'est-à-dire
prise par des hommes qui avaient assisté aux abus des
corporations dégénérées et, qui voyant les conséquences
douloureuses de leur suppression, concluaient, à l'una-
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— 279 —
nimité, au rétablissement des associations profession-
nelles. Ces hommes êtai(»nt on état de comparer et de
juger.
Que flt la Révolution ? Elle supprima les corporations
et créa Tantagonisme des classes inconnu, dit Proudhon,
avant 1789.
Entre le maître et Touvrier plus de devoirs récipro-
ques, ni de rapports de bienveillance, plus que la stricte
justice.
Ce fut la lutte : lutte du maître pour augmenter le
travail et diminuer le salaire, lutte de Touvrier pour
augmenter les salaires et diminuer le travail. La victoire
du maître devait faire de Touvrier le damné de l'enfer
social, suivant le mot de Louis Blanc. La victoire de
rouvrier devait conduire le maîlre, à des conditions rui-
neuses, à des faillites, à des crises industrielles. Le
dernier mot devait être la haine et la guerre des classes.
Telle fut, d après Proudhon, Torigine de la question
sociale.
Il fallait donc relever, ennoblir et sanctifier le travail,
pour éviter des catastrophes. Voilà pourquoi Téglise a
voulu ennoblir le travail par si^s doctrines, le sanctifier
par ses moines, le Ciinoniser dans ses Saints. Les cen-
dres des ouvriei*s, comme» celles des Saints Crépin et
Crépinien, ont été tirées de Tobscurité et placées sur des
autels. Les rois et les reines sont venus se mettre à ge-
noux devant ces restes vénérés, les pontifes se sont
inclinés et les ont baisé avec respi^ct. L'Eglise n'a-t-i»lle
pas été fondée par douze pauvres travailleurs? Comme
on le voit, l'ouvrier du moyen-àge n'était plus cet ou-
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— 280 —
vrior avili et dégradé par le paganisme qui lui avait
tout enlevé, jusqu'à sa liberté.
La Petite République disait récemment, en commen-
tant une Etude parue dans la Revu£ des Deux Mondes,
sur les transformations sociales opérées par la Révolu-
tion : la condition actuelle de Touvrier est inférieure,
sous tous les rapports, à celle qu'elle était avant 1789.
Ainsi aux XI V« et XV« si('Hîles l'ouvrier ne travaillait que
250 jours par année et la moyenne de son travail annuel
a oscillé en montant toujours entre 800 et 1.200 francs.
Do nos jours, alors que la valeur de l'argent est bien
moindre, que sa capacité d'achat a considérablement
diminué (pour 300 jours de travail et non 250), la
moyenne du salaire annuel de l'ouvrier n'est plus que de
1.020 francs. Autrement dit, aujourd'hui, le temps de
travail est de 17 0/0 plus long qu'au moyen-àge, et le
salaire est d'environ 20 0/0 inférieur. Bref, l'ouvrier est
plus malheureux ; le petit bourgeois disparaît et tombe
dans le prolétariat, le paysan devient la victime des
accaparements juifs.
Au moyen-àge, la répn»ssion de la fraude dans la
fabrication restreignait les excès de la concurrence. Des
lois spéciales empêchaient l'accaparement et l'avilisse-
ment des prix, procédés de la spéculation moderne,
cause de désordre, de chômage, de ruine pour le plus
grand nombre. Le patrimoine corporatif réalisait l'asso-
ciation morale et pécuniaire.
Janssen, l'auteur de Y Allemagne à la fin du moyen-
df/e, cite? une foul(> de règlements privés et publics en
vigueur dans toute l'Europe chrétienne. Alors, suivant
l'expression proverbial(% le maître tenait l'apprenti
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— 281 —
4f continuellement à son pain et à son pot, > Les com-
pagnons étaient associés à la famille da maitre.
Les règlements domestiques de 1483, 1520, prescri-
vent pour les journaliers, corvéables, serviteurs d'exploi-
tation, touâ les jours le matin une soupe ou des légumes;
à midi, soupe et viande, une cruche de vin, une bouillie
aux épices ou de la viande marinée, des légumes ou du
lait, en tout quatre plats. Le soir, de la soupe et de la
viande marinée, des légumes ou du lait, en tout, trois
plats.
Plus de cent ouvrages documentés ont été consacrés
à retracer l'organisation des anciennes corporations.
Tous aboutissent à ces mêmes conclusions, quoique
écrits par des hommes de toutes les croyances et de
tous les partis. Citons en passant : Le Livre des Me-
tiers j d'Etienne Boileau ; L'Histoire des classes ouvrières
en France, de Levasseur; L'Histoire des Corporations
ouv)i£res de M. Hubert- Valleroux ; Les Etitdes sur V in-
dustrie et la classe industrielle de PatnSy aux XIII^
et XIV^ siècles, de M. Fagniez, qui n'est pas un ca-
tholique pas plus que Siméon Luce, ou Louis Blanc, ou
Proudhon qui ont cependant glorifié, au point de vue
économique, le temps où le gouvernement et les mu-
nicipalités protégeaient le bien-être de l'ouvrier.
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— 282 —
DOCUMENT I
Bulle du Pape Innocent XJ
1677
Innocentius p. p. XJ
Universis christi fidelibus preosentes litteras inspecturis
salutem et apostolicam benedictionem. Ad augendam fide
Hum religionem ^t animarum salutem cœlestibus ecclesiœ
thesauris pia charitate intenti omnibus utriusque sexus
christi fidelibus vere pœnitentibus et confessis ac sacra
communione refectis qui ecclesiam B. M. Virginis de
compassione nuncupatam oppidi de Tonon gebenneosis
diocesis, cui eccIesiR' ejus que capellisetaltaribusnullaaiia
indulgentia reperitur concessa, die festo sancli Eligii a
primis vesperis usque ad occasum solis festi hujusmodi,
singulis annis dévote visitaverint et ibi pro christianorum
principum concordia, haTeseum extinctione, ac sancto?
matris ecclesia» exaltatione pias ad deum preces elïuderint
plenariam omnium peccatorum suorum indulgentiam et
remissionem misericorditer in domino concedimus prœsen-
tibus ad sepCennium tantum valituris. Volumus autem ut
si alias^ christi fidelibus in quocumque aiio anni diedictam
ecclesiam sive capellam aut altare in ea situm visitantibus
aliqua alia indulgentia perpétua vel ad tempus nondum
elapsum duratura concessa fuerit vel si pro impetratione
presentatione admissione seu publicatione pnrsentium
aliquid vel minimum detur aut sponte oblatum recipiatur
pnesentes nulla» sint. Datum Roma» apud sanctum petrum
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— 283 —
sub annulo piscatoris die xxiij maii m. d. c. 1. xxvij ponti-
ficatus nostri anno primo.
Gratis pro Deo.
Publicentur ut sonant. Da-
tum Tononii die 30 septembris
16T7.
Joanes episcop-geneoensis.
DOCUMENT II
Bulle du Pape Clément XJ
1712
Clemens p. p. XJ
Ad futuram rei memoriam omnium saluti paterna chari-
tate intenti sacra interdum loca spiritualibus indulgen-
tiarum muneribus decoramus ut inde fidelium defunctorum
animœ domini nostri jesu christi ejusque sanctorum suf-
fragia meritorum consequi et illis adjutn^ ex purgatorii
pœnis ad a»ternam salutem per dei miserieordiam perduei
valeant; volentes igitur eclesiam paroehialem sancta» Mariœ
Virginis compassionis nuncupatam sancti Eligii civitatis
etiam nuncupattv Tononii gebennensis diocesis et in ea
situm altare confraternitatis sub invocatione sancti Eligii
simili perpetuo privilegio minime decoratum hoc spe-
ciali dono illustrare de omnipotentis misericordia ac beato
rum pétri et pauli apostolorum ejus auctoritate confisi ut
quandocumque sacerdos aliquis secularis vel regularis
missam defunctorum in die commemorationisdefunctorum
et singulis diebus intra illius octavam ac in una feria
cujuslibet hebdomadaî per ordinarium designanda pro
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— 284 —
anima cujus cumqueconfratriset consororis dictœ confrater-
nitatis quœ Deo in charitate conjuncta ab hac luce migra-
verit ad privilegiatum altare celebrabit anima ipsa de
thesauro eclesire per modum suffragii indulgentiam conse-
quatur, ita ut ejusdem domini nostri jesu-christi ac beats?
Mariée sanctorum que omnium meritis sibi suffragantibus
purgatorii pœnis liberetup concedimus, et jnduigemus in
continuo faciendum non obstantibus quibuscunque prœ-
sentibus per septennium tantum valituris. Datum Roma?
apud sanctum Petrum sub annulo piscatoris die xiij maii
m. d. ce. xij pontificatus nostri anno duodecimo.
Gratis pro Deo.
Traduction des Bulles Pontificales
Innocent XI, Pape
A tous les fidèles qui verront les présentes lettres^ salut
et bénédiction apostolique. Animé d*une pieuse charité
pour augmenter, par les trésors célestes de Téglise, la reli-
gion des fidèles et le salut des âmes. Nous accordons
miséricordieusement en Notre Seigneur, indulgence plé-
nière et rémission de tous leurs péchés à tous les fidèles
en Jésus-Christ, qui, vraiment contrits, s'étant confessés
et munis de la sainte communion, visiteront dévotement,
le jour de la fête de Saint-Eloi depuis les premières vêpres
jusqu'au coucher du soleil, l'église de la Bienheureuse
Vierge Marie appelée de Compassion de la ville de Thonon,
diocèse de Genève, église à laquelle aucune autre indul-
gence ne parait avoir été accordée, non plus. qu'à ses cha-
pelles et autels, et qui y adresseront à Dieu de pieuses
prières pour la concorde des princes chrétiens, pour l'ex-
tinction des hérésies et pour l'exaltation de notre Sainte
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— 285 —
Mère TEglise. Les présentes lettres devront être en vigueur
chaque année pendant le laps de sept ans ; mais nous vou-
lons qu'elles soient nulles, si avant cette époque, il a été
accordé aux fidèles en Jésus-Christ pour quelque jour de
l'année à perpétuité ou pour un temps non encore écoulé,
quelque autre indulgence dans ladite église ou chapelle,
ou à son autel, ou bien si quelque don a été fait ou si quelque
offrande a été reçue pour l'impétration, la présentation ou
l'admission des présentes.
Donné à Rome à Saint-Pierre sous l'anneau du pécheur, le
23*^ jour de mai 1677, 4a première année de notre pontificat.
Gratin pro Deo.
Que les présentes lettres apostoliques soient publiées
selon leur teneur. Donné à Thonon, le 30 septembre 1677.
Jean, éoèque de Genève,
Clément XI, Pape
Puisque, selon ce que nous avons appris, il y a dana
l'église paroissiale de la Bienheureuse Vierge Marie sous
le vocable de Notre-Dame de Compassion de la ville de
Thonon, dans le diocèse de Genève, une pieuse et dévote
confrérie non seulement de personnes attachées à un art
particulier, mais encore de tous fidèles chrétiens de l'un et
de l'autre sexe, que cette Confrérie est canoniquement érigée
sous l'invocation de Saint-Eloi, et que les confrères et les
sœurs ont coutume d'exercer beaucoup d'œuvres de piété et
de charité. Nous Pape, appuyé sur la miséricorde de Dieu
tout puissant et sur l'autorité de ses bienheureux apôtres
St-Pierre et St-Paul, afin que cette Confrérie prenne tous
les jours de nouveaux accroissements. Nous accordons
miséricordieusement dans le Seigneur, à tous les fidèles
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— 286 —
chrétiens de l'un et de Tautre sexe qui entreront à l'avenir
dans la dite Confrérie, une indulgence plénière le premier
jour de leur entrée, si véritablement contrits et confessés,
ils reçoivent le Très Saint Sacrement de l'Eucharistie.
Nous accordons aussi aux Confrères et Sœurs qui sont
inscrits, ou qui se feront inscrire à l'avenir dans la dite
Confrérie, une indulgence plénière à l'article de la mort, de
quelque genre qu'elle soit, s'ils sont de môme véritable-
ment contrits, confessés et communies, ou. si ne le pouvant
faire, ils prononcent du moins avec contrition le Saint nom
de Jésus ou l'invoquent dévotement dans le cœur.
Nous accordons indulgence plénière et rémission de tous
péchés, à tous les Confrères et Sœurs de la dite Confrérie,
qui étant de même contrits, confessés et communies, visite-
ront dévotement chaque année l'église, ou la chapelle de la
dite Confrérie le jour de la fête principale que les confrères
auront une fois choisie eux-mêmes et qui sera approuvée
par l'Ordinaire, et cela depuis les premières vêpres jusqu'au
soleil couchant du dit jour, et qui y prieront dévotement
pour la paix entre les princes chrétiens, pour l'extirpation
des hérésies et l'exaltation de Notre Sainte Mère l'Eglise.
De plus nous accordons sept années et autant de quaran-
taines d'indulgence aux dits Confrères et Sieurs qui étant
de même véritablement contrits, confessés et communies,
visiteront comme ci-dessus la dite église ou chapelle, qua-
tre autres jours de l'année fériés ou non fériés, que les dits
confrères choisiront de même une fois seulement et qui
seront approuvés par le même Ordinaire et qui y prieront
l'un des dits jours dans les mêmes intentions que ci-dessus.
Outre cela, toutes les fois qu'ils assisteront aux messes
ou autres divins offices, qui se célébreront selon le temps
dans la dite église ou chapelle; toutes les fois qu'ils se
trouveront dans les assemblées publiques ou particulières
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~ 287 —
de la même Confrérie ; toutes les fois qu'ils logeront des
pauvres, qu'ils réconcilieront des ennemis, qu'ils accom-
pagneront à la sépulture les corps soit de leurs Confrères
et Sœurs, soit des autres fidèles, qu'ils assisteront à
quelque procession faite par la permission de l'Ordinaire,
qu'ils accompagneront le Très Saint Sacrement aux pro
cessions ou lorsqu'on le porte aux malades, ou ailleurs, ou
que ne le pouvant pas, ils réciteront l'oraison dominicale
et la salutation angélique ; toutes les fois qu'ils réciteront
cinq pater et cinq ace Maria pour le repos des âmes de
leurs Confrères et Sœurs, qu'ils remettront dans la voie
du salut quelque personne qu'ils verront s'en écarter; toutes
les fois qu'ils enseigneront les commandements de Dieu et
les choses qui regardent le salut, à ceux qui les ignorent,
ou qu'ils feront quelque autre (uuvre de piété et de charité,
nous leur relâchons et diminuons chaque fois pour chacune
de ces bonnes œuvres soixante jours des pénitences qui
leur auront été enjointes, suivant la forme accoutumée de
l'église. Nous voulons que les présentes aient leur effet à
perpétuité, mais qu'elles soient nulles si quelque autre
indulgence avait été accordée à perpétuité, ou pour un
temps non encore écoulé aux mômes Confrères et Sœurs
qui s'acquitteront des choses ci-dessus énoncées ; nous
voulons que, si ladite Confrérie était déjà agrégée à quelque
Archiconfrérie, ou qu'elle s'y agrégeât, ou s'y unit à l'ave-
nir, les premières lettres apostoliques et toutes autres ne
les favorisent aucunement, mais que dès à présent elles
soient nulles et d'aucun effet. Donné à Rome à Saint-
Pierre, sous l'anneau du pécheur le 13 mai 1712, l'an
douze de notre pontificat.
Approbation de VEvèque
Que ces présentes apostoliques soient publiées selon leur
teneur, et pour leur effet, nous approuvons l'élection faite
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— 288 —
par les dits confrères des quatre dimanches qui suivront
immédiatement le jour et la fête de S^-Eloi. Annecy le 6®
juillet 1713.
Signé: M. G,, éoèque de Genèoe.
Clément XI, Pape,
Pour future mémoire de la chose.
Préoccupé par une charité paternelle du salut de tous les
hommes, nous accordons de temps en temps à des localités
consacrées à Dieu le bienfait spirituel des indulgences, afin
que delà les âmes des fidèles défunts puissent participer aux
mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ et de ses saints, et
que par ces mérites, elles puissent par la miséricorde divine
passer des peines du purgatoire au salut éternel.
Voulant donc accorder le privilège de cet illustre don à
l'église paroissiale de la Sainte Vierge Marie de Compassion,
dénommée de Saint Eloi de Thonon, diocèse de Genève, et
à l'autel de la Confrérie qui est dans cette église sous l'invo-
cation de Saint Eloi, nous accordons par la miséricorde de
Dieu tout-puissant et des Bienheureux apôtres Pierre et
Paulleprivilègequechaquefoisqu'un prêtre séculierou régu-
lier dira une messe des défunts lejour delacommémoraison
des morts et tous les jours pendant l'octave. ou un jour férié
de quelque semaine que ce soit qui sera désigné par l'Ordi-
naire, pour l'àme de quelques confrères ou sœurs de la dite
confrérie» qui sera morte en union avec Dieu par la charité,
et que cette messe sera célébrée à l'autel privilégié, qu'alors
l'àme obtienne du trésor de l'Eglise par mode de suffrage,
une indulgence qui la délivre des peines du purgatoire, par
les mérites de Jésus-Christ, de la Bienheureuse Marie et
de tous les Saints, et nous accordons cette indulgence pen-
dant cette année, nonobstant toutes décisions de pontifes.
Donné à Rome, près de Saint Pierre, sous l'anneau du pê-
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cheur le 13» du mois de mai 1712, l'an 12' de notre pontiftcat.
Gratis pro Deo.
DOCUMENT III.
MEMBRES ACTUELS DE LA CONFRÉRIE
des Saints Éloi, Crépin et Crépinlen (1897)
Conseil d'Administration
MM. Charles de Foras, prieur,
Chavanne François, sous-prieur.
Jordan Joseph, secrétaire.
Grillon Joseph, trésorier.
Martin Marie, tailleur (
Sabatier Charles
RoLLiER Joseph l conseillers,
Dantand Claude
Gaillard Philippe
Cheneval Marie
Reverchon Joseph, sacristain,
Bernaz Marie. Bouquin Camille, Bochaton Marie,
Balland Alexis. Burnaz André, Barnoud Marie, Bregand
François, Bernard Jean, Barnoud François, Bernaz Jo
seph, Baud Marie, Bondaz Joseph, Berthet Marie, Bar-
noud Louis, Berger Edouard, Barnoud François, Cusin
Aimé, Chevallay Jean, Chevallay Paul, Chevalley Nicolas,
Veuve Cusin, Cheneval Marie, Collet Claude, Cônevaz
Jean-Marie, Chavanne François, Charrière Maurice, Ca-
riator François, Charles Marie, Charrière Bernard, Che-
nevier Jean Marie, Chappuis François, Chamot Antoine,
Chamot Jean, Charmot François, Dantand Joseph, Dantand
Aimé, Dantand Claude, Dantand Léon, Delacroix Fran-
çois, Decorzent Claude, Dôtruche Charles, Détraz Joseph,
Deleschaux Jean, Dubouloz Louis, Degrange Joseph, De-
praz Joseph, Deruaz François, Deleschaux Isidore, Du-
bouloz Jean, Dantand Louis, Decorzent Jean, Decroux
Marie, Duqueux Marie, Duret François, Dantand Joseph,
Dantand Prosper, Dubouloz Monnet Auguste, Dantand
Guérin, Dantand Justin, Decorzent Louis. Degenève Ju-
i9b
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— 290 —
lien, Détraz François, Duchesne Louis, Fornier, née Henri,
Favre Joseph, de Foras Charles, Frossard Joseph, Faye
Joseph, Fernex Charles, Frézier Alfred, Grillon Isidore,
Gauthier François, Gogaz Jean, Gex Jean-Louis, Grillon
Joseph, Gaillard Philippe, Grillon Antoine, Greninger Jo-
seph, Gaillepand Claude, Gréloz François, Gréloz Joseph,
Gros Marie, Gréloz François, Grillon Auguste, Girard
Jean, Gréloz Antoine-Joseph, Gauthier Joseph, Jacquier
Louis, Jeandin Jean. Jordan Joseph, Jordan Eugène, Lau-
rent Jean, Lanier Clément, Laj^at Joseph, Lombard Phi-
lippe, Lugrin Aimé, Laperrousaz Joseph, Lavanchy Joseph,
Lequin Marie, Maury François, Moynat Joseph, Maurice
Louis , Moille André, Marchât François, Martin François,
Moynat Joseph, Merlin Jacques, Marchât Victor, Moille
Joseph, Mufïat Pierre, Matringes Henri, Moille André feu
Antoine, Moynat Joseph, Morard Barnabe, Milliet Fran-
çois, Neuvecelle Maurice, Neuvecelle Auguste, Perrou d
Claude, Pioton Louis', Pethoud Auguste, Portay Jean,
Portier Marie, Portier Edouard, Planchamp Antoine, Por-
tier Joseph, Pethoud Joseph, Pethoud Paul, Portay Pros-
per, Planchamp François, Piccard L.-E., aumônier. Por-
tier Joseph, RoUier Joseph, Reverchon Joseph, Rollier
Marie, Randon Joseph, Riond Maurice, Riond Charles,
Ruffîer Joseph, Riond Jean-Claude, Rutïet Jean, Ruffier
Jacques, Sabatier Charles, Simon Pierre-Joseph, Thinaud
Julien. Vailly Victor, Veuillet Joseph, Vachat Jean-Baptis-
te, Vauttier Pierre, Vernaz Louis, Veillet Joseph, Zimaglia
Louis, Berthet Aimé, Chavanne Marie, Colly Aimé, Char-
rière François, Dantand Marie, Decorzent Claude, Favre
Joseph, Gauthier Etienne, Gaillard François, Grillon Fran-
çois. Gerdil Claude, Gauthier Jules, Lombard Michel,
Maury Jules, Maury Jean, Mudry Jules, Martin Marie,
Mégemond François, Milliet Marie, Malfroy Auguste,
Moille André, Pethoud André, Portay François, Portier
Marie, Pethoud (xuérin, Paget Joseph, Portier Joseph,
Pethoud Louis, Charrière Bernard, Gauthier Joseph.
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TABLE DES MATIÈRES
Pages
I. Travaux de l'Académie vu
Séance du 9 novembre 1896. — Communications
de MM. Anthoinoz et Gavillet (Soiscope), et
deMM. Piccardet Vernaz. — Remercîments
à M. EngelGros et réceptions de MM. Van
Muyden, A. Anthoinoz, DuboulozA.etBorelF.
comme membres de la Société vu
Séance du 14 décembre 1896. — L. Quiblier est
nommé secrétaire-adjoint. — Communications
de MM. Vuarnet et Lucien Jacquot (tombeaux
de Sétif) IX
Séance du 11 janvier 1897. — Renouvellement du
bureau. — Dignitaires du Comté de Genevois
nommés à Ripailles en 1440, par L.-E. Piccard
(Documents imporUmts) ix
Séance du 8 février 1897. — Comptes du Trésorier
de la Société. — Communications de MM. N.
Dunoyer et L. Jacquot xiv
Séance du 8 mars 1897. — Séjour de Lamartine
en Chablais, à Nernier en 1815 (E. Vuarnet). xv
Séance du 12 avril 1897. — Communications de
MM. Duplan (Jean de Blonay, prieur de
S'-Anathoile de Salins); Piccard (bataille de
Marsaglia) ; Guyon (lampe antique) xviii
Séance du 10 mai 1897. — Communication du
F. Valfrid (Occupation française de 1691) ; du
R** P. Elzéar du couvent de Concise-Thonon ;
de M. Dubouloz F. et de M. Duplan (Ordon-
nance inédite de S^-François de Sales). — Ré-
ception de MM. Chabert C. et Dubouloz F. . xxiii
Séance du 14 juin 1897. — Communications de
MM. Vuarnet, Duplan, Piccard (Archives de
Genève). — Réceptions de MM. Bouquin L.
et Bernaz F xxx
Séance du 12 juillet 1897. — Présentation d'Isa-
belle de Châlon, Dame de Vaud, à la cure de
Vauriez (L.-E. Piccard) xxxvni
H. Dons faits à l'Académie Chablaisienne xl
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- 202 —
III. Membres de l'Académie Chablaisienne xli
Composition du Bureau xli
Président et Membres d'honneur xli
Membres effectifs résidants xlh
— — non résidants.. xlih
— agrégés xliv
— correspondants xliv
IV. Sociétés correspondantes xlvi
MEMOIRE I
Biographie du général Dupas, par Ferdinand
Dubouloz- Dupas et André Folliet 1-257
MÉMOIRE II
Les anciennes corporations d'Arts et Métiers de
Thonon-les-Bains, par L.-E. Piccard 257-290
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— 293 —
TABLE AlPHABiTIdUE DEiS MATIÈRES
Aalen * 102
Académie Chablaisienne (Membres de) xli
Aboukir 48, 73, 78, 79. 82
Adige 41, 101
Abendroth 163
Adda 31, 32
Aderkiaa 214, 217, 222
Aix (bains de) 228
Aigle 233
Allouard 34
Alvinzi (général) 40
Alexandrie 48, 73, 74, 75, 82
Aile (rivière) 134
Altona 152, 155, 158, 159, 161, 162, 163, 165, 167, 168,
171, 172, 176
AUter 171, 172
Alaingy 176
Aldembourg 180
Alexandre 195
Amstetten 103
Amédée viii (pape Félix V) x
Amyot XIX
Anglais 19, 66, 74, 79, 81, 89, 91, 93. 142, 143, 144, 153,
154, 155, 156, 157, 160
Andréossy 52
Anclam 111, 123, 125, 127, 128, 129
Antioche (comté) 240
Andezeno 242, 247
Annecy 272
Anthoinoz vu, viii
Arnaud 44
Armée du Rhin 47
Arras 95, 96, 99
Areng 119
Autriche 3, 28, 101, 107. 193, 203
Augereau 3, 24, 26. 31, 32, 33, 40, 41, 42, 102, 107, 236, 237
Austerlitz 105, 106, 134, 146, 223, 246
Auberburg 141
Augier 195
Aubry 205, 219, 226
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— 294 —
Avignon 18, 241
B
Bàle 25
Bardinetto 26
Ballan 34
Bàlbeis ' 58
Barrai, 96, 99, 102,108,114,119,121,122,138,139,193.218,225
Bavière ' 101, 106, 107
Baltique 109, 128, 142, 156
Balland 121
Barel 169
Bardenet 204, 205
Barnabites 240
Baud Justin 269
Barthélemi xxxvii
Beaulieu 33, 34
Berthier 33, 37, 38, 40, 47, 49, 51, 52, 90, 93, 95, 96,
199 216 223 224
Belliard 47, 50, 68, 69, 71, 72, 73, 74, 75, 76! 79, 80, 81, 82
Berlin 109, 129, 139, 141, 166
Berthelot 121
Berlancourt 136
Bertrand 185
Bellegarde 212, 214
Beauharnais 212, 213
Bernaz 267
Bétemps 268
Beauregard xxxi
Blard 272
Blanc Louis 279. 281
Blonay (de) xiv, xxxv
Bonaparte 3, 26, 31, 32, 36, 37, 39, 40, 42, 43, 44, 45, 46,
47, 48, 49. 50, 51, 52, 66, 78, 73, 83, 84.
85, 87, 89, 90, 94, 98. 100, 194
Boissy d'Anglas 6
Bologne 44
Bon (général) 47
Bochaton (aide de camp) 96, 102, 108, 113. 138, 139, 150,
151, 164, 176, 218, 226, 248
Bourinet 126, 127
Bordillet 127
Bourrienne (Ministre de France) 169, 170, 181, 191. 193,
194, 195, 196. 197
Boudet 224
Boujon 268
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— 295 —
Bovet
268
Bourgeois
Bouvet
270
271
Boileau
281
Bordel
XXXII
Bouquin
Brescia
XXXVIII
37
Brun
49, 83
Brûnsow
112
Brème 150, 151, 152,
157,
158,
159,
163,
16-1,
165, 166,
167. 171. 172, 177
,182
:, 19(>, 197
Bron
240
Bréiat
274
Busigny
Bubna (général)
Bugniard
Burhaven
16, 18
236
116
181, 182
Bullier 218
Caire 2, 5, 49, 50, 52, 55 58, G0-G2, 07, 68, 73-76, 81
Carteaux 3, 19-21
Cardignan 9, 15
Carmes 12
Cadogno 31
Caldiero 40,41,43
Caffarelli (général) 47
Caire (ville) 48, 51, 52, 53, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 68,
69,70,71,75,79,80
Carbonel 95
Caban nis 102
Carré 114
Carron 176, 240
Canuel (général) 241
Capucins de Thonon 267
Cayen vni
Catinat (général) xxiii
Charles (archiduc) 101, 211, 213
Cherné 121
Charpentier 137
Chapuiset 144
Champagny 196
Charmot 232
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— 296 —
Chastel Pierre-Aimé (général) 248
Chappuis (commandant) et autres 231, 248
Chenevier 262
C ha van ne 267
Champoury 268
Charmot 268
Chenevier 268
Chablais xv, 269, 270
Chartreux de Vallon . 271
Charles 271
Charrière 277
Chabert xxix
Chens, (canton de Douvaine) xxx
Clarke (général) 233, 235
Clément XI (pape) 260, 283
Colard 137
Coulié 137
Cozal (colonel) 68
Cologne 165, 166
Concise (hameau de Thonon) 244, 248
Confrérie St-Eloi xxiv, 259, 260, 261, 262,264,276, 277,285
Confrérie St-Crépin et Crépinien xxiv, 259, 268, 269, 270,
271, 274, 276, 277, 279
Collet 262
CoUy 277
Codurier xxix
Crémone 41
Curnillon (aide-de-camp) 108, 114, 127, 218, 226
Cullery 267
JD
Dallemagne (général) 30, 31, 33, 36, 37, 38
Damas (général) 47, 50, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 75, 158
Damiette 52
Davout (maréchal) 102. 107, 131, 210, 213, 230
Dalmatie 106
Dallenger 123
Dandely (lieutenant) 136
Daraith 172
Dagallier 181
David 277
Denoyer (général) 3, 25
Dessaix (général) 14, 16, 18, 19, 25, 28, 29, 41, 43, 230,
232, 237, 241, 242, 247
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— 297 —
Delamarche
153
Devaux (colonel)
179, 181
Delaplace
202
Desgenettes
228
Delaroche (général)
237
Descombes
240
Degenéve
262, 263
Delacroix
262, 268
Desuzinge
267
Deruaz
270
Deleschaux
271
Détraz
251, 267
Délaie Pierre Louys (syndic d'Evian)
XXXII
Dieppe
90,96
Dirschau
130
Dommartin
19,47
Doppet (général) 3, 15, IG.
18, 20, 23, 24
Donzelot (général)
77,79
Donnadieu (général)
241
Drivet (capitaine)
121
Dugommier (général)
3, 20, 22, 23
Dupas (général)
1-257
Dumas (général)
47
Dupuis (général)
47, 48
Duroc (maréchal)
100, 105
Dupont (général)
134
Durand
196
Dubreton 205, 206, 207,
218, 219, 226
Dubourg
218
Ducret
261
Dutruel
261
Duret
270
Dufresne C.
267, 270
Du péri er
276
Duchamp
277
Dubouloz A., et autres viii,
240, 262, 267
Duplan (président de TAcadémie)
IX, X, XIV, XV
Duval (député)
IX
E
Elbe (fleuve) 109, 151, 152, 153, 166, 177, 179, 235
Elzéar (père capucin) xxiv
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298 —
Engel-Gros
Espagnols
Essen (général)
Evian
VIII
XIV. 18, i9, 24, 25, 155, 158, 160, 162, 163.
172, 173, 179, 180
127.160
17,21,22,30,248,275
JB"
Fabry
Fabre (sénateur)
Favre (commandant)
Férière
Feltre
Ferney
Feigères
Fillon
Florence
Floret
Fleury
Foras (de)
Folliet
Friedland
Friant
155
230
248
122
225, 229, 235, 236
248, 264, 268
XXIV
266,268
154
232
XXXV
7, 268, 277
IX, XXIV, XL, 127, 135, 139, 248
5, 127, 128, 129, i 31, 133, 139, 160, 246
47, 50, 53, 56
G-
Gardanne 36
Gourgaud 210
Gaillard 268
Gautier 268
Garin 272
Gainon 277
Gavillet vu
Gallay xxxiv
Galifïe xxxvii
Genève 17, 21, 229, 230, 231, 296, 248
Gemond 102
Gency 108, 125, 129, 130, 131, 137, 140, 149, 185, 204,
218, 219
Genest 137
Gérard 261
Genoud 267, 270, 275
Girod 271
Grandjean 108, 129, 131, 139, 140, 147, 213, 214
Grillet 108
Guyon xxiii, 272, 274, 275
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— 299 —
H
Hanovre 89, 109, 149, 150. 179, 180. 188, 197, 199. 200,
204, 228
Hambourg 109. 141,144, 145, 147, 148, 149, 150. 151,
152, 1,55, 156, 157, 158, 159
Héliopolis 52, 54, 79, 82
Hedouin 234
Hoche (général) ' 8
Honfleur 90
Hulin (général) 9, 245
I
Ibrahim Bey 48, 54, 57
léna 107, 134
Invalides (dôme des) 5
Innocent xi (pape) 260, 282
Istrie 106
Italie 27,106, 107,200, 223
Ivanny 147
J"
Janissaires (Tour des) 57, 58, 67, 70, 71. 73
Jaubert (espion) 154
Janson (capitaine) 157
Jambert 160
Javerre (capitaine) 218
Jaillet, de S' Cergues (juge-maje) 240
Janssen (historien) 280
Jacquot (substitut à Sétif) ix, xv, xxxv
Jeannot (aide de-camp) 108
Jencke (brigadier) 169
Jeandin 267
Jean (évoque de Genève) 285
Joseph (le Puits) 53, 55, 64, 67
Jonson (lieutenant) 136
Joubert 137
Jouvencourt (capitaine) 145, 164
Junot (général) 8, 84, 97, 99
Junot d'Abrantês (M™«) , 84, 96, 99
Jurgens 161, 169
Jurandes 278
Juvigny xiv
Kléber (général) 3, 47. 48, 52, 53, 54, 58, 61, 64, 65, 66.
68, 78, 79,81,96
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— 300 —
Koch f général) 32
Kolding 148
Kraner 135
L
Lafay et te (général) 11. 13, io
Lanslebourg 17, 18
Laborde 19
Lanne^ (maréchal) 30, 33, 36, 47, 52, 102, 103, 104, 107,
131, las
Lagrange 53, 77, 79
Lassé 118
Larrey 228
Lausanne 223
Lamartine xv,xvn
Lefebvre 8, 14,130
Lessé 122
Legrand 224
Limoges 260
Lodi (pont de) 5, 31, 32, 34, 35. 39, 40, 43. 84
Lombardie 36
Longenau 130
Lubeck 142, 144, 145, 146, 177. 181, 167, 175, 174. 177,
185, 188, 189. 196
im;
Malte 247
Marseille 2, 19, 68, 85
Marat 12
Marches (les) 16
Masséna (maréchal) 30, 32, 33, 34, 40, 217, 221, 224
Mantoue 34, 36, 38. 39. 41. 42, 43
Marmont 47, 52, 102, 224
Marengo 99. 134
Marchand 134, 137
Mayence 141,179,235
Maupoint (colonel) 160, 161, 170, 176, 181
Macdonald 209, 212, 213, 214, 215, 221, 224
Marinet 242
Maxilly 248
Maistre 261
Mamet 270
Maxit 275
Maury 277
Meynier 32
Memel 146
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— 301 —
Membres de la Confrérie de S^-Eloi de 1676 à 1792, 267, 268
Mégemond 2^
Menthon (de)
Mercier
Merlin
Messiaz
Michaud
Milan
Milliet
Mortier
Montfalcon
Morand
Mollien
268
270
277
21
36, 42, 44, 101
3, 107, 108, 115, 116, 119. 125, 133. 136, 223
42
105
196, 198
Mouton- Duvernet
Napoléon 5,28.33.86.100.101,
196,198. 202,203,211
Naples
Naz (conseiller)
Neker
Nernier
Nice
Niémen
Norvège
Noyon
Novel
Novat
Nyon (Vaud)
o
Oder (fleuve)
Oglis (rivière)
Oldenbourg
Oneille
Orillat
Oit
Oudinot
235, 241
103.105.109,130.166,180,
, 217. 222, 228, 229. 233. 235
106. 107
264, 268
8
XVI
20
140
156
260
268
XXXI, XXXII
XV, XII
111
36
150
26
113, 138,218.225
40
3, 102, 103, 104, 105, 106
Paris
Pacthod
Pavie
Parme
Perpignan
Pethoud
8, 15, 20, 22, 43, 84, 97, 222, 225, 229, 237
1*7
36
159
22, 23
263
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30â -
Peccuz
269
Perrière
274
Peray
275
Piccard viii, ix, x, xiv, xv, xxin, xxiv, xxxv, xxxviii, xl.
257, 290
Pignet
121
Pinget
240
Pinet
268
Pissot
271
Pie VI
XXIV
Planchamp
277
Plumet
277
Ponson
136
Puycerda
23, 24, 25
Q,
Quiblier
IX, X
12;
Rampon
47
Rapp
85, 87, 88, 89
Raffin
102, 104
Raynaud
108, 131,134, 138
Rasse
128
Ratisbonne
204
Reynier
47, 50, 66, 75, 208, 224
Reubel
197
Rebut
XXI, 261
Rey
269
Rhodes
66
Rivoli
41
Richard
61
Riquet
112, 113, 138,220,226
Ripaille X, 222, 227, 228,
229, 230, 239, 240, 244, 246, 249
Roux
126
Roy
127, 136
Rolaz
271
Rollier
276, 277
Romanet
277
Ruphy (de)
240
S
10,80, 100, 101, 108
St-Cloud (château de)
St-Hélène
28,33
S^-Jean-de-Murialto (redoute) 29, 30
St-Valéry
91,93, 94
Salmon
126, 127
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— t5U»5
Sales (St François de)
XXIV, 261, 270, 271
S^-Gervais (bains de}
228
S*-Michel (forteresse)
234
S^'-Maison de Thonon
261,2t>2. 264. 270, 271
S'-Anathoile de Salins
XIX
Saillet
XXXIX
Sonnaz (de)
270
Souviran
18
T
Talleyrand
194, 196, 197
Tharreau (f<énéral)
213. 224
Thevenol
136
Thiébault
241
Thonon 17, 239. 242, 244, 245,
259, 260,261,269.271,
272. 273, 275, 285
Ticon
271
Toulon 3, 19, 20, 22,
43, 46, 47, 84, 223. 232
Toulouse
25,26
Threihlai-d (général)
91.92, 93
Tréport
91. 93
Trouillas
234
Turin
235
u
Ulm
103
Uhermond
125, i26, 1.36
Université Chablaisienne
261
"^T
Vachier
274
Vailly
271
Valence
vin, 18
Valette
41
Valet
158. 164
Valfrid (frère)
X, XXI, XXIV
Van-Muyden
vni
Vaudaux
268
Veaux 108. 112, 113,114, 116,
117, 118, 120. 122, 125,
427, 128
,129, 131,139, 140, 182
Veillet
268
Verdier
47, 54. 134
Vernaz
viii, 270, 277
Vial
47
Viry (de)
X
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— 3Ô4 —
Volland 261
Vuarnier 261
Vuatoux 270
Wagram 5, 211, 214, 215, 216, 221, 222, 226, 227, 248
Wesel 164. 177. 179, 180
Westphalie 149, 186. 199. 200, 229
Wismar 128, 147
Wurtemberg 106, 204. 206
Wurtzbourg 129, 130, 235. 236
HT
Yarmen 129
z
Zarrendorf 115
Zuringer 163
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IMPRIMÉ SUR LES PRESSES
DE
A. DUBOULOZ, A THONON-LES-BAINS
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MÉMOIRES & DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR
FONDÉE A THONON LE 7 DÉCEMBRE 1886
TOME XII
M.D.CCC.XCVIII
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L'Académie laisse à chaque auteur la responsabilité
de ses opinions et de ses assertions
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BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE GHABLAISIËNNË
1897-1898
I
TRAVAUX DE L'ACADÉMIE
Séance du 8 Novembre 1897
(PB^SIDENCB DB M. A. DUPLAN)
Eq ouvrant la séance de rentrée de TAcadémie Cha-
blaisienne, dit M. Duplan, permettez-moi, Messieurs, de
vous souhaiter la bienvenue et de vous exprimer le
plaisir que je ressens. Pendant ces quelques semaines
de repos, pris selon la coutume, vous avez puisé dans
votre patriotisme éclairé de nouvelles forces, afin de
mener à bien notre entreprise : faire connaître et aimer
notre beau Chablais, en étudier l'intéressante histoire,
ses conditions orographiques et météréologiques, sa
structure, sa faune, sa flore, en un mot nous occuper de
toutes les branches de science et d'art qui peuvent
concourir à sa gloire et à sa prospérité.
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— VI —
Permettez-moi, maintenant, de jeter un rapide coup-
d'œil en arrière et de vous rappeler, en quelques mots,
Tespaco de temps parcouru par notre Société, depuis
cotte époque mémorable du 7 décembre 1886, date de
sa fondation. Elle compte à son actif onze beaux volu-
mes de Mémoires et Documents,
S'il est bon de faire revivre le passé, soyons humains,
laissons aussi quelques fois dormir les morts et occupons-
nous dos vivants. Demandons à la science, à Texpériencc,
ce qu'elle peut nous donner, afin d'aider dans la voie du
progrés, les efforts de tant d'hommes éclairés, dont
s'honore notre pays....
C'est vous dire que tous les travaux intéressant les
sciences modernes seront bien accueillis. C'est dans ces
espérances. Messieurs, que nous reprenons aujourd'hui
nos séances et que nous allons déployer nos voiles et
voguer confiants dans l'avenir.
M. L.-E. Piccard communique des documents très-
intéressants tirés en partie des archives de Turin par le
général Dufour.
Les poids et mesures en usage en Savoie avant la
Révolution, dit-il, variaient d'une province à l'autre, et,
souvent même d'une baronuie à la baronnie voisine. Le
droit de fixer les poids et mesures appartenait aux
seigneurs hauts justiciers, et même à ceux de moyenne
justice. Les usages locaux variaient en cette matière
comme en beauQoup d'autres, et, dans les mêmes lieux,
des mesures portant la même dénomination différaient
de contenance entre elles, selon qu'elles servaient au
mesurage de telle ou telle denrée. C'était une source
intarissable de contestations et un obstacle permanent
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— VII —
au développement du commerce. L'aune de marchand
de Chambéry était de 1 m. 142; celle d'Annecy de
1 m. 154 ; celle de Bonneville de 1 m. 133; celle de
Thonon de 1 m. 192. Les pieds usités dans le toisé
linéaire étaient principalement le pied de chambre
(0 m. 35937) et le pied de roi (0 m. 32484). Chacun de
ces pieds se divisait en 12 pouces; le pouce valait 12
lignes et la ligne 12 points. On comptait la toise de
Savoie de 8 pieds de chambre et celles de 7 pieds 1/2, de
7, de 6, de 5 1/2, de 4 1/2 ; puis la toise de Genève de
8 pieds de roi et celles de 7 1/2, de 7, de 6, dite de
France, de 5 1/2, de 5, de 4 1/2. Pour les liquides, le
pot de Chambéry était de 1 litre 858 ; celui d'Albert-
ville de 1 litre 845 ; celui de Moûtiers de 1 litre 50 ;
celui d'Annecy de 1 litre 426 ; celui de SMulien de
1 litre 127 ; celui de Bonneville de 1 litre 133 ; celui de
Thonon de 1 litre 307; celui de Dou vaine de 1 litre 128
et celui d'Evian de 1 litre 212. Dans les mesures de
poids, la livre de Chambéry équivalait à 0 kilo 418610 ;
celle d'Annecy à 0 kilo 627902 ; celle de Genève à
0 kilo 551860, etc....(l).
Mais, pour assurer la conservation des prototypes
employés dans nos différentes provinces correspondant
à ces anciennes mesures, les ducs de Savoie nommaient
des Vérificateurs de Poids et Mesures^ connus sous les
noms de Marqueurs et Echantilleurs de Barils^ de
Marqueurs de Poids, de Marqueurs de Mesures.
Il y a vingt-cinq ans, Auguste Dufour et François
(1) On sait que ce fut la Convention qui, en 1793, adopta pour
bases de l'uniformité des poids et mesures, la mesure du méridien
terrestre et la division décimale.
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— VIII —
Rabut inaugurèrent, dans les Mémoires et Documents
de la Société savoisienne d'histoire et d* archéologie ^
une série de Notes pour servir à l'histoire des Savoyards
des divers états.
Les peintres eurent le premier rang, puis vinrent les
sculpteurs. Ce fut ensuite le tour des imprimeurs, des
musiciens et des instruments de musique, des fondeurs
de cuivre, canons, cloches, des armuriers, des orfèvres
et de Torfèvrerie. Le docteur Guilland continua par
r Histoire des médecins et Tavocat L. Pillet par celle des
avocats du barreau de Chambéry ; le regretté abbé
Morand entreprit celle des anciennes corporations des
Arts et Métiers de Savoie et du personnel ecclésiastique
de son diocèse.
Nul n'a encore entrepris de faire la monographie des
poids et mesures de Savoie et de leurs vérificateurs, qui,
cependant, occupent une place considérable, dans notre
vieille histoire de la patrie savoyarde.
Nous allons faciliter la tache de celui qui voudra s*en
charger, à Tavenir, en publiant aujourd'hui un certain
nombre de notes et de documents inédits tirés pour la
plupart des Archives royales de Turin. Les instructions
du Souverain à ce sujet sont intéressantes. Voici celles
adressées à M® J. Maur en 1584 (1) :
(1) On trouvera aux pièces justificatives : Thomas Vallée, mar-
queur des mesures à Chambéry (1561), (Documents 1); Pierre
Rassat, d'Annecy, • marqueur de poids pour le Genevois et
le Faucigny (1545) (Document 2) ; Lettres pour Nicolas et Pierre
Pointet, d'Annecy, marqueurs pour le Genevois^ le Faucigny, et
Beaafort (1553-1509), (Document 3); Louis Bron, Tainéetlejeune,
marqueur de barrils de vin rière Annecy, Thônes, etc., (1579),
(Document 4); Jean Pointet, puis ses enfants, marqueurs de poids
(1613-1631), (Document 5).
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— IX —
1584. 4 Janvier.
M^* Jacques Maur, horloger de S. A. Commission pour le
fait des Poids en Savoie. Archives de la Chambre, Turin,
Patentes de Savoie. 1582-1584. V. 15. P. 269.
Charles Emanuel par la grâce de dieu duc du Savoye....
A nostre cher bien amé et féal orloger M* Jacques Maur
salut et dilection, par ces présentes signées de nostre main
nous vous mandons et commectons que vous aiez à vous
transporter à Chambéry etaultre part que vous estes requis
et vous sera ordonné par noz très chers bien amez et feaulx
conseillers les gens tenantz notre Chambre des comptes
aud pays et illec procéder à la facture des poix à la romejne
comme est porté par voz instructions a part et d'habondance
vous sera déclaré par nostred Chambre. Auquoy et tout ce
qui en despent vous ordonnons d'user la dilligence et vigil-
lance requise en tel cas vous donnant de ce fere tout
pouuoyrauctorité et mandement. Mandons et commandons
a tous noz officiers et subiectz que a vous ce faisant,
hobeissent et prestent tout aide et mainforte car ainsy
nous plaict : donné à Turin le 4" de janvier 1584.
C. Emanuel.
V« MiLLiET. Soubsig La Creste et scellé en placart
Memoyres et Instructions à vous M* Jacques Maur nostre
orloger, de ce que vous aurez a fere pour nostre service en
Savoye Maurienne et tharentaise conforme à la Commis-
sion que vous sera faicte à part.
Premièrement vous vous transporterez en nostre ville de
Chambéry et arriué que vous serez, recourez à nostre
Chambre des comptes de Sauoye a laquelle présenterez
vostre commission et prendrez les memoyres et instructions
qu'ils vous dorront concernant le faict de vostre d* commis-
sion.
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— X —
Plus vous vous ferez remettre à nostred Chambre vng
poix à la romaine, lequel est entre les mains du contrerol-
leur Carpinel et sellon icelluy vous en ferez fere de sembla-
bles et en tel nombre que par lad^^ Chambre vous sera
ordonne, pour seruir à la vente et distribution du sel tant
en sauoie maurienne que tharentaise. Les adjustant et
esgalanttrès tous(l)au sud^et lequel poix ou soit Romaine,
voue recognoistres au preallable quelle soit juste assauoir
de seze onzes petites lai ivre.
Plus pour moindre despense vous vous seruirez des
coppes des ballances assauoir de celles que présentement
seruent à la vente et distribution du sel pour les adjuster et
esgaller à la susdite Romane.
Plus vous ferez fere les poix de bronze a ce que Ton ne
puisse y commettre abbus aulcun au dommaige de noz
subiectz et les ferez semblablement marquer de noz armes.
Plus pour l'exeqution de tout ce que dessus vous aurez
recours à nostred* chambre des comptes à laquelle mandons
de vous fere prouoir de tout ce que vous sera nécessaire.
Et quand vous adjusterez lesd** poix à Chambéry vous y
procéderez en présence de deux maîtres de Chambre et de
nostre procureur patrimonial de tardy.
Et finablement en ceste vostre commission vous obserue-
rez en tout et partout ce que par nostred* chambre vous sera
ordonné en assistance de nostred* procureur patrimonial
de tardy. Faict à Turin le 4* de janvier 1584.
C. Emanuel.
V* MiLLiET. Soubsig. La Creste et scellé en placart.
(Ij Trestos, tertout,trestot, trestout.... tout, tous, en général,
sans exception.... (Glossaisede Roquefort).
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— XI —
1584. 26 mars
Lettres de la Cour à la Chambre des Comptes 1584-1589.
Vol no 3. P. 11.
Ordre à la Chambre des Comptes de Savoye de faire
payer M« Jacques l'orloger des 208 escus que S. A. lui a
donné en payement sur le laoud deub par les frères Michaud.
Le duc de Savoie
Très chers bien amez et feaulx conseillers. Nous accor-
dasmes dernièrement aux frères Michaud le don du laoud
de la seign»** de corselles moiennant deux cents et huit
escus solz desquels nous fîsmes paiement à nostre orlogier
Jaques maur comme vous aurez veu par les lettres qu'en
ont escry sur ce faict, et pour ce que nous sommes aduertis
que lesd's Michaud font difficulté paier led' orlogier nous
vous auons bien voulu dire et ordonner par ceste que
voue aiez a fere contraindre lesd^« Michaud a paier
incontinent et sans plus de longueur aud orlogier lad
somme surpeyne d'estre priuez et descheuz du proffit des
lettres que leur en auons concédé. Vous nous ferez outtre
ce service très agréable d*y tenir main et que led orlogier
soit paie au plus tout.... de Turin ce xxvj mars 1584.
C. Emanuel.
Soubsig Bruyset.
Séance du 13 Décembre 1897
(présidence de m. ALBERT DUPLAn)
Après un hommage rendu à la mémoire de MM.
Norbert Mudry et Charles Baet, membres fondateurs
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— XII —
de r Académie, ravis tous deux si promptement à Taffec-
tioD des leurs, M. le Président donne la parole à M:
Ritter, président de l'Institut Genevois, professeur à
la Faculté des Lettres de Genève.
M. Eugène Ritter entretient T Académie d'un poème
qu'on a découvert à Paris, et dont l'auteur, qui vivait à
la fin du moyen âge, se nomme Thomas de Thonon.
En 1894, la Bibliothèque nationale de Paris a acheté
à un libraire italien un manuscrit qui avait appartenu a
la collection Minutoli-Tcgrimi, à Lucques. Une notice de
ce manuscrit a été publiée par M. Omont, dans la Bi-
bliothèque de V Ecole des Chartes, tome LVII (1896)
page 340; nous la reproduisons:
No 6539 (des nouvelles acquisitions françaises).
Recueil de traités de médecine.
Folio 4. Alebrand de Florence, Régime du corps.
Début :
« Diex, qui par sa grand puissance....»
Folio 90. Recettes médicales, en français et en lalin.
Début:
€ Galions et Ypocras, qui furent li meilleur cler du
monde....»
Folio 99. Traité de médecine, composé en 1296, (sic)
à Maubuisson, par Thomas de Thonons, en vers.
Début :
« Cil qui flst tout le monde....»
Folio 105. Autre traité de médecine, anonyme.
« Des signes des un humeurs. Ainsi comme Ypocras
dit, qui veult bien connoistre la maladie de home....»
XIV« siècle. Parchemin, 112 feuillets.
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Le 3 juin 1896, M. Omont signalait à la Société des
antiquaires de France le nom jusqu'alors inconnu de
Thomas de Thonon, « personnage, disait-il, qui prend
place pour la première fois dans l'histoire littéraire de
la France. »
Le poème de Thomas de Thonon remplit six feuillets
et les trois quarts d'un septième ; il y a deux colonnes
par page, une trentaine de vers par colonne, 798 vers
en tout, trois desquels ont été sautés par le copiste,
comme nous allons le voir. Le manuscrit, malheureuse-
ment, a été trop rogné parle relieur : au verso de chaque
feuillet, le commencement des vers de la première co-
lonne a été coupé ; au recto, la fin des vers de la seconde
colonne manque çà et là ; il faut rétablir ces lacunes par
conjecture. D'ailleurs, nous n'avons de ce poème qu'une
copie faite avec peu de soin. Il est écrit en rimes plates.
A trois reprises, il manque un des vers du distique. En
outre, à plus d'une reprise, les vers sont trop longs ou
trop courts : témoignage d'une négligence qu'il faut sans
doute attribuer au copiste, et non pas à l'auteur.
Le passage qui attire l'attention tout d'abord, est
celui où le poète se nomme, et date son œuvre. J'ai sup-
pléé entre crochets ce qui a été mutilé :
Mestre Thomas, nez de Thonons,
Que l'en apele le Bourgaigno[ns], (i)
[En Tan] de Dieu cest livre escrîs
[M.CC]C. quatre vinzet .VI.
[Pour le] proufit et à Toneur
[De mesd]ames et du seigneur
[De S]aint-Martin de Malbuîsson.
(1) Corrigez : Qu'en apele le B.; ou bien : Q^e Ven apele B.
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— XlV —
Dans rindication de Tannée, le dernier C et Textré-
mité de Tavant-dernier sont seuls restés. On peut con-
jecturer : M. ce. — c'est ce qu'a fait M. Omont, comme
on Ta vu dans la notice citée plus haut, ce qui reporte-
rait notre poème au treizième siècle ; — ou M. CGC, ce
qui donnerait la date, moins éloignée, d(^ 1386.
Nez de Thonon. Littré cite un vers du poème de
RoxcisvALS, mis en lumière par Bourdillon (Paris, 1841) :
Nez fu de Chartres, si avoit nom Reiner ;
et Burguy, un vers du poème de Gerars de Viane, pu-
blié par Bekker (Berlin, 1829):
Neiz suix de Gènes, filz au comte Raiiiier.
Notre Thomas était donc un Savoyard, natif de
Thonon, établi en France; un médecin attaché à Tabbaye
de femmes de Maubuisson près Pontoise, à quelques
lieues de Paris. Il s'avisa un jour de rimer,
A l'oneur et l'utilité
De toute la conmunité
Des clers et des lais de Pontoise,....
Un petitet d'ensaignement,
Qui est estraiz de la racine
De noz livres de médecine....
Ce di bien, et n'ai pas doutance,
Que nul ne pourra la science
En si petite heure descrire,
Que n'i ait assez à redire.
Mais ce n'est qu'.I. ensaignem[enz],
Et un petit d'avisemenz :
Comment, en chascune saison,
Doit l'en, par droit et par raiso[n],
Chascun si bien son cors desfendr[ej
Que ne puisse enfermeté pren[dre].
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*- kV ^
Notre Thomas parle d'abord des
.IIII. élémenz
Qui sont desouz le firmament,...
Le feu, Teaue, li airs, la terre.
Entre eus .1111. n'a point de guerre.
Le feu si est et sec et chaut ;'
Si est près de la lune en haut.
Après, vient li airs — ce me semble —
Moiste et chaut : et si, ont ensemble
Entre eus deus une affinité.
L'eaue après vient — c'est vérité —
Qu'est froide et moiste. A li s'ajouste
La terre — c'est voir — coste à coste,
Qu'est froede et sèche, et plus pesanz
De touz les autres élémenz.
Après une cinquantaine de vers sur les quatre éléments,
notre Thomas passe à un autre sujet :
Des élémenz plus ne diray,
Mes des .IIII. humeurs parleray....
Les nons des humeurs je te di.
Et leur proprietez ausi :
C'est ^anc, fleume, mélancolie,
Et cole....
La cole si est chaude et sèche ;
A maint homes fait mainte tèche.
Et deu feu istret sa semblance....
Le sanc — ce est parole voire —
Est chaut et moiste par droiture :
De l'air est traite sa nature....
[Le fl]eume si est froid et moeste...
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— XVÎ —
[De] mélancolie dirai :
[Froide] et sèche est, par droite foi....
Des .IIII. humeurs oï avez,
Et leur propriété savez....
As .IIII. tens de Tan m'en vai,
Et leur propriété dirai.
Nous en sommes ici au vers 212 ; tout le reste du poè-
me roule sur les quatre saisons; le printemps et Tété,
dont Thomas se plaît à parler, et qui remplissent cinq
cents vers ; l'automne et l'hiver, qui prennent beaucoup
moins de place. Les conseils que Thomas donne pour
passer la belle saison, sont la partie — on n'ose dire : la
plus intéressante de son ouvrage — disons seulement :
la moins sèche et insipide. Le fait est que notre poète
n'a pas de talent. Ecoutons-le parler dans un de ses
meilleurs moments :
Dont, je te veul amonester
Sagement vives en esté :
A ^1^ -jant tu lèveras,
Iment tes bras,
s estent ensemble,
oiz, li autre membre.
i pingne ton chief :
pas moult grief.
as, et tes mains :
isoles vains.
roide de fontaine
i est moult sainne,
istote tesmoigne
où ce enseigne.
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Tantcom la chaleur d'esté dure,
Prendras — ce est chose seûre —
Par .IL foiz, bien plainne ta paume:
Assez vault mielz lors que nul baume....
Puis après, si te va joer
Ou tout à pié, ou à cheval.
Garde que ne t'eschaufe pas ;
Ainz t'en rêva en ta meson,
Qui soit jonchie de bîau jon,
Arrousé d'yaue de fontainne,
Trestouz les jors de la semaine.
Après, si soit la table mise :
Vinaigre et laitues d'assise
. . e premièrement
. . pain de forment
. ro]sti et cras chapon
En icel tem]ps te sont moult bon.
. . poucins, bon aigniaus,
. . reunes, cras veaus,
. . en puez mengîer.
. . es autre dangier.
La char] de porc, dit Avicenne,
Sur tous] autres est li plus sainne.
Ces dix derniers vers sont de ceux (au nombre de plus
de deux cents) qui ont été mutilés par le ciseau du re-
lieur. Il y en a quelques-uns qu'il est facile de compléter,
tandis que pour en remettre d'autres sur leurs pieds, il
faudrait à l'éditeur une inspiration quasi divinatrice.
On a vu que le plan du poème est gauchement tracé,
et qu'il faut avoir beaucoup d'indulgence pour trouver çà
et là, dans quelques vers, du sel ou de la grâce. Thomas
de Thonon n'a vraiment pour lui que son ancienneté :
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c*est son seul mérite, mais c'est un vrai mérite poiir notlâ
autres Allobroges. Il est le premier en date des poètes
do Savoie. Amédée Malingre (Revice Savoisienne, 1886,
page 107 ; Romania, 1891, page 449) lui est postérieur
de plus de vingt ans, et on n'en connaît point d'autre
avant eux.
M. Ritter espère publier un jour, dans les mémoires
de TAcadémle chablaisienne, le poème de Thomas de
Thonon ; il a obtenu une bonne copie du manuscrit de
Paris, grâce à Tobligeanto entremise de M. Omont.
M. Norbert Dunoyer résume ensuite d'importants
documents relatifs à deux chapelles des anciennes
églises de Monthoux et de Vetraz.
Par son testament daté du 7 juin 1465, dit-il, M«
Jacques Jacopin, docteur et secrétaire de l'université de
Toulouse, fonda deux chapelles : l'une en l'église de
Monthoux, sous le vocable de la S^®- Vierge ; l'autre en
l'église de Vetraz, sous le vocable de S*-Pierre et les dota
chacune de la somme de cent écus d'or sol, laquelle
somme il avait prêtée à Jean, Anthoiue et Henry Fon-
tanaz, frères du lieu de Corlier, soit Corly, hameau de
la commune de Vetraz-Monthoux. Ces derniers promi-
rent solidairement eu reconnaissant cette somme de
l'appliquer en censés et rentes annuelles sur des fonds,
et avec les revenus de faire dire, en chacune de ces deux
chapelles, cent messes par an comme il en conste par
contrat de ce fait reçu par M« Rodulphc, soit Rodolphe
Le Sage, notaire et secrétaire de Mgr. Jean-Louis de
Savoie, évêque de Genève. Ces deux chapelles eurent
successivement pour recteurs : 1*> Claude Fontanaz,
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^- XIX —
frère des Fontanaz nommés ci-devant ; 2^ Pierre Jaco-
pin, qui était, sans doute, un parent du fondateur ; et
3^ François Brigand, curé de Bonne.
Le château de Monthoux ayant été assiégé par les
troupes bernoises et genevoises, en l'an 1589; Toglise
de cette localité, bâtie près du château, fut ruinée à cette
occasion, ainsi que la chapelle de la S*«-Vierge, qui y
était fondée. En même temps les titres des revenus de
cette chapelle et de celle fondée en Téglise de Vetraz
furent pris ou égarés et recueillis par des personnes qui
avaient tout intérêt à s'en saisir. Cette dernière chapelle
cependant ne subit aucun dommage de la part des
partisans de la Réforme ; mais faute de revenus elle
fut bientôt sans recteur et aucun service n'y fut plus
célébré ; ce qui se prouve par la visite épiscopale faite
à Vetraz, par Mgr Claude de Granier le 4 juin 1580 et
par celle de Mgr d'Arenthon d'Alex du 27 octobre 1666.
M® Charles-Gaspard Jacopin (de Collonges, commune
de Vetraz) notaire ducal, royal, commissaire d'extentes
et châtelain du seigneur baron de Monthoux d'Anne-
masse, un des descendants et héritiers de M® Jacques
Jacopiû ayant retrouvé les titres de fondation des sus-
dites chapelles, les communiqua à Mgr d'Arenthon
d'Alex et ce prélat lui enjoignit de doter et meubler
décemment la chapelle de S*-Pierre, en l'église de Vetraz
et d'y nommer un recteur. Dès lors dans un inventaire
des effets délaissés par feu noble Antoine Livet de Cran-
vcs, se trouvèrent des titres indiquant les fonds sur
lesquels une partie des cen "
chapelle de S*-Pierre étaie
ces fonds devaient rapporte
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^ M -^
pelle quatre coupes et trois quarts de froment. Cîes
titres furent retirés par R^ Jean-Gabriel Guyot, archi-
prêtrfe et curé de Votraz par suite d'une déclaration faite
à la requête de M® Charles-Gaspard Jacopin, par M«
Claude-Joan Collet, curial de la marquise de Fleury de
Monthoux, le 24 novembre 1668.
M« Charles-Gaspard Jacopin voulant obéir aux ordres
de Mgr d'Arenthon d'Alex, fit orner la chapelle de S*-
Pierre de tableaux, y fit mettre des ornements, une
pierre sacrée, et par acte du 12 janvier 1676 (Cottet,
not.)en augmentation des revenus dernièrement retrou-
vés, la dota d'une somme annuelle de huit florins de
Savoie, payable le 1»^ janvier de chaque année, moyen-
nant douze messes annuelles qui devaient s'y célébrer
le premier mardi de chaque mois, à moins qu'une fête
se rencontra ce jour-là. Dans ce cas, il donne au
recteur la liberté de célébrer l'ofïice avant ou après
le jour fixé. De ces douze messes, quatre devaient
se célébrer en l'honneur de la S*«- Vierge, deux en
l'honneur de S*-Pierre et six de Requiem pour le
salut et le repos de son àme et de ses parents. En faisant
cette fondation M® Jacopin se réserva pour lui et les
siens à perpétuité, le droit de patronage et de présen-
tation à cette chapelle et y nomma pour recteur R^
Jean-Gabriel Guyot, archiprêtre et curé de Vetraz. Le
fondateur ordonne, en outre, que au cas ou ses succes-
seurs ne nommeraient pas un recteur dans le temps
prescrit par les statuts synodaux et droit canon, que
le curé qui se trouvera alors à Vetraz devienne recteur
de ladite chapelle. Enfin au cas où ses successeurs
viendraient à ne pas payer au recteur les huit florins
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— XXI —
annuels il place et hypothèque cette somme *sur une
pièce de vigne et pré qu'il possède à Collonges (com. de
Vetraz) et autorise le susdit recteur à louer ou faire
cultiver cette pièce sans mandat ni autorité de justice
et sans en payer aucune charge foncière.
Enfin, M. E. Vuarnet donne des détails inédits sur
rinvasion de 1589 en Chablais, et sur un coup de main
tenté par les habitants de Thonon sur les barques de
Genève. Voici ces documents :
23 Avril 1589, — Ce mesme jour 23 deux de nos com-
pagnies de cavalerie avec de Tinfanterie sur les huit heures
du matin, prindrent le chemin de Tonon où ils entrèrent
étant reçus bien volontairement par ceux du lieu. Mais
d'autant que Tentrée tant au chasteau qu*à Ripaille estoit
difficile, le vendredi 25 du même mois on chargea trois
grands bateaux de canons outre ceux qu'on avait amené a
Gex et a la Cluse et entre autre on mit dedans lesdits
bateaux les deux doubles canons qui esloyent en l'arsenal
et n'en est point demeuré de semblables a ces deux là.
Fut rapporté le 26 du mesme mois que les soldats du
château de Tonon s'étaient rendus sans toutefois avoir
reçu le canon qui était en chemin et que la vie leur avait
été donnée et congédiée avec une verge blanche en la main.
Aucuns disent qu*on donna congé aux soldats du chasteau
de Tonon avec l'arquebuse et la mesche éteinte, les chefs
ayant reçu entre eux serment de ne porter jamais les armes
contre le roy, Berne et Genève.
Item, — Que les soldats d*Yvoire s'estoyent rendus a
composition.
Nous voyons par cet extrait, que vu le mauvais état
des routes entre Genève et le Chablais, l'artilhîrie fut
pendant cette guerre expédiée par eau ; il est certain
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XXII
quo les châteaux et villages situés sur le rivage cha-
blaisien fureut bombardés au passage, car je possède
dans ma collection naissante, plusieurs boulets, dont
un a été trouvé à Nernier, dans le mur d'une maison,
située au bord du lac (maison de la poste), un autre
trouvé au lieu dit le Dévent, à 200 mètres levant du
château de Nernier, enfin, un troisième, recueilli au
pied du château dTvoire en creusant le port particulier
du castel.
26 Mars 1590. — Le jeudi 26 ceux de Tonon et ajitres
endroits voisins ayant descouvert par leurs espions que les
barques de Jean Barbe, André Grivaud et celles de Vevay
parties de Morges et chargées de marchandises argent et
vivres pour plus de cent mille florins, non compris beau-
coup de lettres, livres de comptes et papiers de grande
conséquence appartenant a divers particuliers de Genève,
qui estoyent peu auparavant venus de Francfort, revenoyent
assez malaisément sans escorte, résolurent de les attraper
entre Relies et Nyon.
S'estans embarquez en deux frégates et cinq petits basteaux
au nombre de six a sept vints hommes, ils parurent en
plein jour à demi lieue de bord. Descouverts par le baillif
de Nyon, on courut incontinent aux armes. Le colonel
Diesbach avec quelques chevaux et piétons s'avança vers
Rolle ; mais ni luy ni les autres de Nyon qui couroyent au
secours ne scurent arriver si tost que les ennemis plus
habiles, n'eussent desia saisy la barque de Grivaut, s'ap-
prestant pour attraper les autres où ils eussent trouvé peu
de résistance. Et pour mieux exécuter mirent en terre
trente arquebusiers à la faveur desquels ils pretendoyent
butiner à loisir. Mais voyant accourir de toutes parts gens
qui entroyent en divers basteaux et d'autres s'amasser par
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— XXIII —
terre de divers endroits, ils quittèrent tout se contentant
d'emporter quelques fromages et vivres à la valeur de trois-
cents florins, laissant deux de leurs soldats tuez pour
récompense et se retirèrent bien viste. On vint donner
l'alarme bien chaude aux marchands de Genève. La sei-
gneurie y voulut envoyer quelques soldats au secours, mais
tout estoit fait avant qu'ils fussent à moitié chemin. Chacun
confesse que Dieu soulagea grandement la ville ce jour-là.
Car outre la perte de tant de biens et de bonne somme
d'argent monnoyé, l'ennemy gagnoit trois belles barques
dont il eut fait la guerre étant en la revanche de Versoix.
Aussy y eut-il grande joye le lendemain matin en toute la
ville quand l'on entendit ces bonnes nouvelles avec remer-
ciement a ceux de Nyon qui firent bon devoir a ce besoin.
Suivant l'ordre du jour, il est procédé au renouvelle-
ment du bureau de l'Académie Chablaisienne pour l'année
1898. Le dépouillement des bulletins donne le résultat
suivant :
MM. Albert Duplan, Président,
L.-E. PiCCARD,
^ , ^ » Vice-Présidents,
Jules GuYON,
Docteur Lochon, Bibliothécaire.
Léon PiNGET, Trésorier.
Léon QuiBLiER, Secrétaire.
J.-M. Dantand, Secrétaire-adjoint.
Séance du 10 Janvier 1898.
(présidence de l. e. piccard)
M. Lucien Jacquot parle longuement de quelques
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— XXIV —
anciennes sépultures du Chablais se rapportant à des
sépultures analogues qu'il a rencontrées en Algérie.
M. A. Duplan envoie un extrait des registres des
Délibérations de la ville d'Evian, dont voici la teneur :
Du 24 avril 1713, Ton at ce iourduy receut a quatre heures
après midy un ordre du Conseil d'Etat en date du 19 présent
mois pour faire établir ^les gardes aux postes et frontières
au suieot de la santé, pour empescher l'entrée des Suisses
et des Grisons dans le pays de Savoy e et c'est dans une
lettre escripte à la ville par M. le sénateur de Loysinge en
date du 23 dudit mois dattée de Genève.
Délibération :
(( 4 novembre 1713 — Conseil particulier.
» Et at este proposé que suivant les ordres envoyés à
cette ville par Monsieur le Président Gaud commendant en
Savoye, en date des 19 et 23 octobre proche passé concer-
nant le faict de la Santé et autres ordres do Monsieur le
chevalier Fichet, comte de Ponchy et inspecteur général
decaz les monts pour les affaires de la Santé, portant
ordonnance a Messieurs les nobles scindiques d'Evian,
d'établir des gardes tant à la ville qu'au port, dans les
endroits de passage qu'ils iugeront à propos pour le faict
de la santé et de députer des conservateurs particuliers qui
prennent ce seing, qui reconnaissent les certificats des
passants et qui donnent des billiets de santé a ceux qui
voudront sortir de la province et le tout en exécution des
dits ordres publies a ce suiect, et comme par la dite
ordonnance de Monsieur le comte et chevallier Fichet
conservateur gênerai decaz les monts pour les affaires de
santé en datte du premier du courant et autre ordonnance
au bas de celle cy dessus désignée en date du 3 de novembre
pour faire retirer au port de cette ville tous les batteaux
dépendants du ressort d'Evian, Scavoir d'Amphion et des
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— XXV —
deux grandes rives pour les désarmer, en manière qu'ils ne
puissent point commercer dans les pays étrangers et inter-
dicts par le faict de la santé.
Sur quoy le Conseil a établi M' Claude François Genève
secrétaire du dict Conseil pour conservateur particulier, qui
en prendra soin et qui reconnoistra les certificats des
passants et qui donnerat des billiets de santé à ceux qui
voudront sortir de la province et le tout en exécution des
dits ordres et de plus le dit Conseil a resoulu de faire
fermer la porte de dessous du coté de Chavanne et que Ton
établira le corps de garde a la porte dessus qui est auprès
du Château, celle près Tesglise de la Thouvière et dernier
les mouUins seront aussy fermées et de plus le dit Conseil
ordonne que deffences seront faites à tous ceux qui ont des
portes sur le dernier de leurs maisons dy introduire aucun
estranger, il est pareillement deffendu a tous hostes et
cabaretiers de loger ny recevoir chez eux aucun estranger
qu'auparavant ils les ayent faits parroistre devant Messieurs
les scindiques à peine de la vie, suivant les ordres de S. M.
inthimés auxdits nobles scindiques par Monsieur le che-
vallier et comte Frichet inspecteur général decaz les monts
pour les affaires de la santé. »
Dans son Mémoire^ relatif au Chablais dans la
seconde moitié du X VI 11^ siècle^ dit ensuite M. Piccard,
M. le sénateur FoUiet parle longuement d'une émeute
des habitants de Massongy, refusant d'ascenser les
châtaigneraies do Rosières (qui étaient un bien commu-
nal) et dont le revenu devait être affecté au paiement
du rôle des impositions et par conséquent rentrer dans
les caisses royales (Académie Chabl. t. X., p. 187-191;.
Nous sommes heureux de compléter son récit par une
relation de l'Intendant général de la Savoie, à M. le
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— XXVI —
général dos Finances, relativement à une requête des
syndics et conseillers de Massongy contre rordonnance
rendue, le 27 septembre 1781, par Tlntendant du Cha-
blais Pescatore qui a laissé de si précieux manuscrits
sur l'histoire de notre ancienne province (23 mars 1782).
Ce document est extrait des Titres et Documents
déposés aux Archives Départementales de la Savoie.
(C. 77. de rinventaire Général des Archives. Registre,
folio 60 et suivants.) En voici la teneur :
Du 23 mars 1782, Relation de V Intendant général de
Savoie, M, le marquis de Cracanzane au sujet de la
communauté de Massongi (1).
Le placet présenté au roi par les nommés Catherin
Champague Jean-Louis d*Alex et Claude Picut, le premier
cî-devant syndic et les deux autres ci-devant conseillers de
la communauté de Massongi en Chablais contre l'ordon-
nance de M. rintendant Pescatore, du 27 septembre de
Tannée dernière, que M. le général des Finances a bien
voulu communiquer à l'Intendant général soussigné
avec les pièces y mentionnées par la lettre dont ill'a honoré
le 6 du mois échu, exigeait de lui Texamen le plus scrupu-
leux autant par la nature de l'afïaire qui en fait Tobjet que
par le compte qu'il en doit rendre à M. le général des
finances dont il ne désire rien tant que de mériter l'agrément.
Pour pouvoir juger sagement entre le dit M. l'Intendant
et les susdits particuliers, le soussigné a cru qu'il importait
essentiellement de connaître à fond la conduite tenue de
part et d'autre dans l'affaire dont il s'agit. C*est à cet
examen qu'il s'est livré avec d'autant plus de facilité qu'étant
déjà informé des oppositions et des démarches desdits
(1) Voir rordonnance de M. Pescatore, Intendant du Chablais
en date du 27 septembre 1782.
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— XXTII —
syndic et conseillers de même que de leur punition il était
déjà occupé de prendre les notions et éclaircissements
convenables. Il a d'abord vu que le bois commun dit des
Rosières qui a donné lieu à l'offense desdits syndic et
conseillers et à l'ordonnance contre laquelle ils recourent au
roi a causé depuis longtemps dos désobéissances de la part
du Conseil de la dite paroisse. Il résulte en effet des regis-
tres du Bureau do l'Intendance du Chablais, que dès l'année
1769, M. le vice-président Quizard (1) ayant voulu rectifier
l'administration absolument vicieuse de cette commune, y
rencontra l'opposition la plus marquée de la part du dit
conseil aux ordres qu'il avait donnés à cet effet, et qu'en
ayant fait le rapport à M. l'Intendant général de Savoie, il
en résulta un ordre du Bureau des finances de faire punir
les administrations de la dite paroisse. Mais cet ordre ne
fut malheureusement pas exécuté, faute d'une explication
de la part du dit Intendant général sur la durée de l'em-
prisonnement à infliger, que celui-ci ne fixa pas à M. l'In-
tendant du Chablais, sur la demande qu'il lui en fit, parce
qu'elle ne lui avait pas été fixée à lui-même par le Bureau
des finances. C'est cette impunité qui a perpétué dès lors
les vices de l'administration de cette commune du Bois de
Rozières et qui a donné naissance à cette audace avec
laquelle après avoir fait échouer toutes les mesures prises
par les divers intendants du Chablais pour le bien de la dite
administration, les susdits syndic et conseillers se sont
portés à la désobéissance aux ordres de M. l'Intendant
Pescatore pour laquelle il les a fait punir selon l'ordonnance
contre laquelle ils recourent.
La Relation ci-jointe de cet Intendant en date du 10
décembre dernier que le soussigné envoie à M. le général
des finances parce qu'il l'a reconnue vraie par toutes les
(1) La famille Quizard est originaire de la commune de Massongy
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— XXVIII —
informations qu'il s'est procurées d'ailleurs et parla lecture
des différentes procédures faites pour cet objet contre les
dits administrateurs fera voir que, par l'habitude d'une
renitence impunie, ces syndic et conseillers s'étaient fami-
liarisés avec un mépris ouvert des ordres du Bureau de
l'Intendance du Chablais, de façon que ni M. Astesan, ni
M. Ratti, ni M. Olive, n'avaient pu jusqu'à M. Pescatore
obtenir un rendement de compte du produit de cette com-
mune, il était donc temps de sévir contre eux, autrement,
leur désobéissance invétérée serait devenue un exemple
dangereux qui aurait pu entraîner plus d'une paroisse dans
le même cas. Le soussigné avoue cependant que la dernière
offense des dits syndic et conseillers étant envisagée seule
et isolée pourrait bien ne pas mériter entièrement la peine
dont elle a été punie, mais on ne peut pas l'envisager de
cette façon puisqu'elle est une continuation d'une ancienne
et opiniâtre désobéissance et l'effet d'un esprit de mutinerie
qui a résisté à tous les moyens de douceur mis en usage
par tous les Intendants précédents pour l'étouffer de môme
que par M. Pescatore qui, je le sais, n'a rien épargné non
plus pour y réussir par cette voie-là.
Cet esprit de mutinerie devient toujours plus évident
quand on se rappelle encore la résistance du conseil du dit
Massongi au changement de l'emplacement de la foire qui
se tient dans la dite paroisse. Les sieurs Quizard habitants
du dit lieu avaient obtenu du roi la permission de faire ce
changement, en suite des représentations qu'ils avaient
faites sur les dommages que leur causait l'emplacement de
cette foire ; l'Intendant Olive à qui l'Intendant général fit
parvenir les ordres qu'il avait reçus de S. Em. M. le comte
Corte pour ce changement après avoir tout mis en œuvre
pour les faire exécuter, pensait à employer la force pour
contraindre le conseil à se conformer aux déterminations
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qui portaient ce changement, mais ayant reconnu parla fer-
mentation où les esprits se trouvaient que ce moyen pourrait
avoir des suites funestes, il prit le parti que la prudence lui
suggérait, d'attendre un autre temps pour ramener le con-
seil à son devoir. Cela reste encore à faire, et comment,
après tant de preuves de Tesprit de licence et d'audace qui
régne dans le conseil de la paroisse de Massongy, pourrait-
on espérer d'y parvenir s'il fut demeuré impuni dans le cas
que l'on examine ; cette réflexion entraine le soussigné à
approuver tout ce qu'a fait M. Pescatore et il espère qu'elle
fera le même effet sur l'esprit de M. le général des finances,
car il est sensible que si on venait à donner la moindre
marque de désapprobation de tout ce qu'a fait et ordonné
M. l'Intendant du Chablais, l'on fortifierait par là les sen-
timents d'indépendance et de mutinerie du dit Conseil et ne
pourrait que diminuer le respect du à la personne et aux
ordres d'un Intendant; surtout dans une province dans
laquelle ce n'est pas la seule paroisse qui soit de ce genre-là,
Après toutes ces réflexions, le soussigné n'hésite pas de
déclarer qu'il est d'avis que, sans s'arrêter à examiner si
M. l'Intendant Pescatore a excédé dans la peine infligée
aux suppliants en les déclarant incapables d'entrer dans le
Conseil, il convient de regarder le cas dont il s'agit, comme
un cas extraordinaire qui demandait un acte de sévérité
pour lequel on ne pouvait tirer de règle que des circonstan-
ces aggravantes que M. l'Intendant Pescatore a très-bien
senties et qui sont assez mises au jour dans sa Relation.
Le placet dont s'agit paraît donc devoir être rejeté en
entier afin de prévenir des inconvénients qui ne pourraient
qu'avoir des suites fâcheuses pour une bonne adminis-
tration.
Pour prévoir les conséquences dangereuses qui résulte-
raient de la moindre indulgence que l'on aurait pour les
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suppliants, il n'y a qu'à jeter encore les yeux sur leur
conduite depuis leur punition. Il semble qu'elle aurait dû
réprimer leur mutinerie et les faire rentrer dans leur devoir
et calmer leur esprit turbulent et séditieux, mais, loin
d'avoir produit cet effet, elle a excité leur audace à une
nouvelle démarche des plus répréhensibles. Jean-Louis
d'Alex, un d'entre eux et François Champagne, frère de
Catherin, l'un des suppliants, pour donner un air d'injustice
à l'ordonnance de M. l'Intendant, contraignirent le nommé
Amé Duffour, curial de l'endroit, de se trouver le 30 décem-
bre dernier, jour de dimanche, à l'issue des vêpres à la
porte de l'église pour y recevoir les déclarations qu'ils
demandèrent à haute vpix de leur approbation de la con-
duite des syndic et conseillers cassés par le susdit
M. l'Intendant et l'on joint ici une copie du verbal de ce
curial.
On sent aisément l'irrégularité d'une telle démarche, et
si on la rapproche des autres auxquelles les suppliants se
sont toujours portés, elle rend toujours plus évident leur
esprit de mutinerie. 11 ne se manifeste pas moins dans celle
qu'ils ont faite ensuite de la publication des dernières lettres
patentes du roi du 22 juin de l'année dernière qui autorisent
les intendants à ordonner d'office la vente des effets com-
muns lorsque l'intérêt des paroisses l'exige. Ces adminis-
trateurs révoqués voulant tout mettre en œuvre pour faire
échouer le projet salutaire de l'Intendant de Chablais de
faire vendre la forêt de Rosières pour en faire servir le prix
à l'affranchissement de divers fiefs qui prennent rière
Massongi, ont excité 36 particuliers chef de famille de la
paroisse à présenter au Sénat une requête par laquelle ils
demandent que cette commune (propriété communale) soit
partagée entre les différents chefs de famille et non vendue
pour servir à leur affranchissement, auquel ils avancent
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qu'ils peuvent faire face par d'autres moyens ; cette requête
déjà décrétrée d'un comparaîtront les parties dont le soussi-
gné a eu l'honneur de parler avec M. l'avocat fiscal général
n'aura peut-être pas eu de suite depuis.
L'on ne peut donc s'empêcher, en finissant cet exposé,
de répéter que la conduite des dits syndic et conseillers
examinée dans toutes ses circonstances lui parait (au sous-
signé) porter l'empreinte d'un soulèvement contre le Bureau
de l'Intendance de Chablais et que M. Pescatore, qui n'a
pu l'envisager autrement, doit être soutenu dans le parti
qu'il a pris, pour l'honneur du Bureau et le rétablissement
du bon ordre auxquels la moindre indulgence pourrait
porter coup.
Ue façon que le soussigné croit devoir ajouter que bien
loin de revenir en arrière dans la moindre chose de ce qui
a été fait pour punir les suppliants, il faudrait encore punir
les deux ci-dessus nommés François Champagne et Jean-
Louis d'Alex, d avoir fait la démarche irrégulière par elle-
même et injurieuse à M. Pescatore, d'avoir demandé d'une
manière si publique les déclarations de la part des habitants
touchant les dits syndic et conseillers et d'avoir contraint
le curial de les recevoir, puisque cette conduite annonce
qu'ils persistent dans leur mépris pour les ordres de
M. rintendant.
La punition que le soussigné croirait à propos de leur
infliger serait de les mander par devant le Bureau de l'In-
tendance générale pour y être réprimandés après leur avoir
fait subir un emprisonnement au moins de quinze jours,
ce qui, leur faisant voir que l'on approuve la conduite de
M. l'Intendant et que l'on est convaincu qu'ils sont coupa-
bles et qu'ils ont été justement punis, les ramonerait infal-
liblement à leur devoir et produirait sûrement un bon effet
dans lé peuple de cette paroisse et des autres qui paraissent
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s^écarter de la soumission due à Tadministration de M.
rintendant.
M. Pirasset, ancien Président de la Société Philan-
thropique Savoisienne de Paris, est élu membre effectif
de l'Académie Chablaisienne.
L'échange de Mémoires et Documents de la Société
est admis avec la Société de Giessen.
Séance du 14 Février 1898
(présidence de m. a. ddplan)
M. Norbert Duuoyer parle d'une imposition extraor-
dinaire faite en Savoie en 1734.
Le mois de septembre 1733, dit-il, fut marqué en
Savoie par de grandes ioondatioDS. L'année suivante le
roi Charles-Emmanuel III, voulant réparer les domma-
ges causés par les eaux et les prévenir à l'avenir, chargea
Gaspard-Marie Donaud, comte de Monteu, son intendant
général de justice, police et finance deçà les monts, de
lever des impositions dans les six provinces de ses Etats
de Savoie.
Ce dernier publia donc dans toutes les paroisses de
sa juridiction un manifeste daté de Chambéry du 15 mai
1734 (1) où nous relevons ce qui suit :
(( LE ROY étant informé des dégâts considérables que
les innondations extraordinaires arrivées le mois de sep-
tembre dernier, ont causé aux grands chemins et ponts, de
même qu'aux fonds voisins des torrents et rivières, qui
par leurs débordements et changements de lits y ont fait
(i) ImpriméàChambéry par Jacques Gorrin, Imprimeur du Roy.
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— XXXIII —
des ravages et corrusion surprenants ; nous a chargé d'y
faire faire les ouvrages convenables, tant pour réparer que
pour prévenir de semblables dégâts ; pour le payement
desquelles réparations, S. M. Nous a ordonné d'imposer
un quart de quartier de taille sur tous les possesseurs de
fonds existants dans ses Etats de Savoye.
(( C'est pourquoi en exécution des ordres de S. M.
« Nous Intondant Général susdit avons imposé sur
toutes les six Provinces des Etats de Savoye, le montant
d'un quart de quartier de taille, revenant à vingt-neuf mille
centtrente sept livres quinze sols neuf deniers, payables par
tous les particuliers possédant fonds cotisés, de même que
par les nobles et autres possesseurs des fonds non cottisés
dans les dites Provinces, sçavoir pour chacune comme ci-
après :
Province de Savoye. . ,
Genevois et Ternier. .
Faussigny
Chablais et Gaillard . .
Maurienne
Tarantaise
1. 29137. 15. 2. 8.
(( En conséquence de laquelle imposition la communauté
de (1) se trouve tiré à la somme de (2).... »
Cette imposition devait être payée dans le mois qui
suivait la publication de ce manifeste, à l'exacteur de
chaque communauté, qui avait pour cette exaction les
mêmes pouvoirs que ceux portés pour l'exaction de la
taille ordinaire.
M. Dunoyer donne ensuite connaissance de la teneur
(1) Ici était le nom de la communauté, écrit à la main.
(2) La somme était aussi écrite à la main et en toutes lettres.
1. 10112.
15.
10.
9.
1. 5930.
0.
0.
8.
1. 4481.
8.
5.
1.
1. 1856.
11.
1.
1. 3082.
10.
1.
5.
1. 3G74.
9.
7.
9.
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G
d'une rente de cent livres que le sieur Claude Jaillet de
S*-Cergues s'engage à payer aux R*^^ Pères Barnabites
de Thonon, contre un capital de 2.000 livres versé par
Cl.-Auguste Devilleneuve, procureur des Barnabites (26
août 1761).
M. A. Duplan annonce, en ces termes, la trouvaille de
Morillon (vallée du Giflfre, Paucigny).
Il y a quelque temps, soit vers la fin de Tannée 1897
écoulée, dit-il, un orfèvre de Taninges, M. Gerdil, faisait
l'acquisition d'un certain nombre de pièces d'or, prove-
nant d'une trouvaille faite à Morillon. Grâce à la com-
plaisance de M. Gerdjl, j'ai pu examiner ces pièces au
nombre de 13 et je vais, si vous me le permettez, vous
en donner un aperçu :
A part un sequin de Venise, toutes ces monnaies se
classent en pistoles et demi-pistoles du Mexique. Sur
l'une des premières, j'ai retrouvé la date : 1623.
Le sequin est à peu près intact, mais les autres pièces
sont fort rognées, ne représentant plus le poids que
j'indique et qu'elles devraient avoir :
Pistoles du Mexique (régne de Philippe IV, roi de
Castille, d'Aragon et de Portugal). Valeur réelle au
commencement de ce siècle 20 fr. 72 cent. :
6gram. 691 milligr. — 901 mil.
5 den»^, 6 grains. — 21 carats.
Demi-Pistole Vieille, valeur actuelle 10 fr. 44 cent.
3 gram. 343 milfigr. — 902 mil°^«^
2 den. 15 grains. — 21 carats 25/32.
Sequin d'Aloys Mocenigo, Doge de Venise de 1570 à
1577. Valeur 11 fr. 84 cent.
3 gram. 452 milligr. — 997 mil°^*^«.
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— XXXV —
2 deniers, 17 grains. — 23 carats 30/32.
MM. Marcoz F., inspecteur- voyer en retraite et Deruaz
César, ancien receveur des finances, sont reçus membres
de la Société.
Séance du 14 Mars 1898
(PRESIDBNCB DB M. A. DUPLAN)
M. A. Duplan analyse les diverses pièces d'un procès
entre la ville d'Evian et Guilliot Jean-Anthoine, cha-
noine de la cathédrale de Saint-Pierre de Genève, ar-
chiprêtre et plôbain de la ville d'Evian.
Le 12 juin 1739, dit-il, une délibération du Conseil
particulier de la ville d'Evian donnait à l'avocat Bordet
Gaspard, mission de présenter une requête au Sénat de
Savoie, contre R** Guillot, archiprêtre et plébain de la
paroisse d'Evian, pour obliger ce dernier à tenir un
second vicaire et à observer < tous les pieux usages et
coutumes » qui ont eu lieu de tous temps « dans l'église
paroissiale de ce lieu ». L'on avait eu soin de tirer du
coffre et de remettre à sp**^® Gaspard Bordet : la visite
de Monseigneur Rossillon de Bernex, de l'an 1698, la
fondation dans cette ville d'un second vicaire, acte Perret
not"^*», et le Conseil alloua à son mandataire, pour les frais
de son voyage à Chambéry, la somme de 12 liv., 5 s.
J'ai retrouvé, dans mes papiers de famille, les conclu-
sions de Rd Guillot, en réponse à la requête de la ville
d'Evian et je vais les analyser aussi brièvement que
possible. Le défendeur demande au Sénat la mise en
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cause du cardinal de Teacia (1), abbé d'Abondance et
conclut au dôboutement de la demanderesse. Ainsi le
plébain Guillot prétond que Messieurs de la Ville lui
fout un procès de tendance^ parce que lui et le curé de
la Thouvière, ont pris le parti des pauvres de Thôpital
dont les nobles syndics et conseillers sont administra-
teurs, ce qui les a obligés à rendre compte de leur
administration. Quant à la prétention émise par ces
Messieurs d'entendre chanter mâtine, lors des fêtes
solennelles, le plébain d'Evian prétend qu'il Ta toujours
fait selon Tusage et les coutumes, c'est-à-dire les jours
de Noël, les mercredi, jeudi et vendredi de la semaine
sainte, ce qu'il est bien dans l'intention de continuer à
l'avenir ; que du reste, dans la visite de 1698, pratiquée
par Monseig*" de Rossillon, il n'y a à cet égard aucune
indication d'époques et de jours fixés.
Messieurs du conseil de Ville ont émis en outre la
prétention d'avoir deux vicaires entretenus par le curé ;
ils ont même produit un contrat du 13 avril 1688,
Perret, not"^®, portant l'établissement d'un second vicaire
afin de seconder le curé et le premier vicaire dans leurs
fonctions. Ainsi que de la visite précitée, parlant du
(1) Pierre Guérin de Tencin, né à Grenoble (1680-1758), cardinal,
reçut Tabjuration de Law avec lequel il resta lié et qui renrichit,
fut choisi pour conclavlste parle cardinal de Roban au'il suivit
à Rome (1721) et demeura dans cette ville comme cbargé d'affaires
de France.
Grâce au crédit de sa sœur, il obtiut successivement Tarcbe-
vèché d'Embrun, le chapeau de cardinal et Tarchevêché de Lyon ;
puis il fit partie du ministère Fleury. Pendant qu'il était arche-
vêque d'Embrun, il eut une grande part à la condamnation de
l'évèque de Senez, Sounon partisan des appelants^ et dut à ce sujet
soutenir une lutte contre les avocats, le parlement et les jansé-
nistes, contre lesquels il lança plusieurs mandements.
(Diction. Douillet, verôo Tencin.)
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— XXXVII —
premier vicaire, ils en concluent à Tobligation pour R^
Guillot de l'avoir entièrement à sa charge, ainsi qu'il
résulte d'une transaction passée avec le cardinal do
Tencin, transaction par laquelle ce dernier lui a promis
une somme annuelle de 41 liv., un muid (12 couppes)
de froment, en place d'un muid d'orge pour supplément
de sa pension et pour colle d'un second vicaire.
R^ Guillot répond à cela que s'il est fait mention dans
les actes qui précèdent d'un ancien vicaire qu'il doit
avoir, il n'en résulte pas nécessairement, qu'il soit
obligé de l'entretenir. Que tout semble démontrer le
contraire puisqu'il résulte de la transaction de 1737,
qu'on lui accorde un supplément pour subsister lui-même
et qu'il ne peut entretenir l'ancien vicaire, ne possédant
au rôle des bénéfices qu'un revenu de 267 liv., 18 s.
Peut-il avec une somme aussi restreinte entretenir un
vicaire quand il n'a pas même le nécessaire ? Messieurs
de Ville ont prétendu que ses prédécesseurs fournissaient
à l'entretien d'un vicaire, mais lui, curé actuel de la
paroisse d'Evian, demande la preuve de ces allégations.
Il cite entr'autres faits les suivants : que le curé Chardon,
pendant la durée de sa charge et le curé Roch, son
prédécesseur, pendant 5 ou 6 ans, n'ont tenu que le
le vicaire établi. Que du reste, il ne voit pas la nécessité
d'avoir un second vicaire à Evian, puisque cette ville
possède deux curés, des cordeliers et 5 à 6 prêtres qui
enseignent, outre le vicaire fondé. Il demande si l'on
veut absolument un 2™« vicaire, qu'il soit autorisé à
prendre sur les dîmes appartenant à la ville, ce qui est
nécessaire pour l'entretien de ce 2°»« vicaire ; que si la
somme en résultant était insuffisante, les paroissiens
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— XXXVIII —
devraient y suppléer. Les demandeurs ont objecté que
le curé d'Evian, devait avant tout, pour l'entretien des
vicaires, épuiser tout d'abord les dîmes ecclésiastiques ;
c'est ce qui a été fait, ainsi que l'appel en cause de Son
Eminence, qui devra fournir les explications nécessaires
à cet égard. On demande, en outre, au besoin la recision
de la transaction de 1737. La ville ayant échangé des
biens avec Mcss" du Saint-Bernard, postérieurement
au Concile de Trente, les dîmes sur les biens de ces
derniers sont toujours censées être ecclésiastiques, selon
leur origine et doivent être ainsi appliquées aux défen-
deurs, pour faire subsister les vicaires.
Le défendeur termine ainsi : < Il ne reste plus qu'à
parler des conclusions prises au préjudice de ces nobles
sindics, concernant la purgation assermentée des titres
que l'on leur a demandé sur quoy il ne paroit pas non
plus y avoir le moindre doute car puisqu'ils sont restés
convenants d'être héritiers de R^ Chardon et qu'il peut
se faire que parmi les titres dont ils se sont saisi à son
decoz il s'en trouve qui ayent appartenu a la cure, il
s'ensuit que celui pour qui je suis est bien fondé à ses
réquisitions à cet égard ayant intérêt comme l'a scavam-
ment remarqué le seig"^ avocat général de veiller à ce
que les titres du bénéfice ne s'écartent; auxquelles
réquisitions ils auroient du satisfaire préalablement
par ceque par ce moyen l'on auroit pu s'instruire des
revenus du bénéfice et même découvrir la fondation du
prétendu vicaire supposé » (1).
M. Dubouloz Ferdinand présente des souhaits inédits
de nouvelle année mis en vers par Félix Dubouloz en
(1) Archives A. Duplan.
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— XXXIX —
1756-1757 et un Noël dialogué français et savoyard de
1718. La strophe en patois savoyard répond à la strophe
française avec grâce et avantage.
Enfin, M. Anthoinoz, architecte, annonce qu'il a
découvert récemment la liste des gardes nationaux de
Thonon en 1793.
Séance du 11 avril 1898
(présidence de m. l. e. piccabd)
Le F. Valfrid communique un rapport sur la situation
de quelques Visitandines de Thonon, dressé le 28 nivôse
an II de la République française.
Voici le texte original de ce document :
Rapport sur la situation physique des ci-devant Religieuses
de la Visitation.
Âiant résulté du rapport fait par le médecin Duperier
officier municipal, Sylvestre officier de santé de Tannée et
Portey chirurgien chargés par arrêté de ce corps du jour
d'hier de revérifier la situation des ci-devant Religieuses de
la Visitation, qui étoient sans secours et qui étoient mala-
des pour prendre à leur égard les déterminations qu'exi-
geoient l'humanité et les circonstances que quatre desdites
sœurs se trouvoient exactement dans ce cas, savoir : la
citoienne Dumillier de la Roche âgée de septante deux ans,
la citoienne Tavernier de Morzine âgée de quarante-huit
ans, la citoienne Colonnaz de Maglan âgée de trente-neuf
ans et enfin la citoienne Duc de Samoêns âgée de quarante-
quatre ans. Sur la proposition d'un membre il a été arrêté
que provisoirement et vu l'urgence les dites citoiennes
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— XL —
seroient placées à THôtel Dieu de cette ville pour y être
soignées conformément à leur situation qui est des plus
attristantes et quant aux autres elles devront se conformer
à Tarrôté de ce conseil du jour d*hier.
Recètissement des ci- devant Visitandines,
Le citoyen Jordan notable député pour le revètissement
de rinventaire des effets des ci-devant Religieuses Visitan-
dines de cette commune qui ont évacué ce jourd'hui la
maison nationale qu'elles habitoient a mis sur le bureau le
procès-verbal qu'il a dressé en conséquence de sa commis-
sion accompagné d'une lettre qui lui a été remise par une
desdites citoyennes cette lettre signée par une prétendue
sœur Josepte Emmanuelle dattée du lieu de ma résidence le
vingt un octobre dernier (vieux style) faitétat de l'enlèvement
des linges, ornements et argenteries delà dite maison outre
bien d'autres choses non détaillées. Le citoyen Jordan
ayant apporté quant à la même pièce que les dites cidevant
religieuses l'avoient requis de leur en faire faire un extrait
et sur la motion de ce dernier oui l'agent national il a été
arrêté tant de refuser ledit extrait que d'accorder aux dits
commissaires la décharge par lui requise de ladite pièce.
29 neuvième nivôse an second de la République.
Séance du 9 mai 1898
(présidence de m. a. duplan)
Charles-Emmanuel II, dit M. Duplan, venait à peine
de terminer la guerre entreprise contre les Genevois et
subie de part et d'autre, avec des alternatives de succès
et de revers, lorsqu'il mourut à la fleur de l'âge en 1675.
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— XLI —
II laissait de soo second mariage, avec Marie-Jeanoe-
Baptiste de Savoie-Nemours, uo unique enfant, pour lui
succéder, Victor- A médée.
A rage de 9 ans, sous la tutelle de sa mère, ce prince
monta sur le trône, suivant en cela le droit coutumier,
établi dans le pays.
C'est le récit de l'imposante cérémonie de la presta-
tion de serment des grands feudataires de la couronne,
des corps constitués de l'Etat, que nous avons l'honneur
de vous présenter, écrit en entier par un des membres
de la famille de Blonay d'Evian, personnage distingué,
occupant un rang à la Cour de Turin.
Voici ce document :
Description de Vordre que Von at observé au serment de
fidélité preste à S. M. R. Victor Amé Second duc de
Savoye prince de piedmont Roi de Chipre et entre les
mains de M. R, tutrice et régente, %
Le 12 novembre 1675 leurs A. R. allèrent après leur
disner dans l'église de S^-Jean de la manière qu'il s'ensuit
La Noblesse marcha premièrement pesle mesle sans
ordre de préséance.
Tous les Chevaliers de l'ordre marchèrent ensuite par
ordre d'ancienneté avec le petit Ordre,
Et après suivirent les seigneurs du sang.
Ensuite M^ le prince et M" les princes de Soissons ses
nepueux.
M. R. vint après tenant de la main gauche S. A. R.
La première dame d'honneur de M. R. luy portoit la
queue de sa veste, et le grand^chambellan celle du manteau
de S. A. R. chascune de leurs dites A. R. ayant a son costé
son grand escuyer.
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— XLII —
Les capitaines des gardes du corps marchèrent aussi
immédiatement auprès de leurs A. R. appres lesquelles
suivit Madame la princesse, sa première dame d'honneur
luy portant la queue de sa mante.
Ils passèrent dans cet ordre par une galerie faite exprès
qui conduisoit du palais à la grande porte de TEglise
susdite, ou M''^ les Ambassadeurs estoient desia places
dans leur lieu accoustume, aussy bien que les corps* du
sénat et de la chambre.
Les officiers et soldats des Gardes du corps qui n*estoient
pas de garde se treuverent aussy dans leurs postes avant
l'entrée de leurs A. R. et ceux qui estoient de garde les
accompagnèrent et estants dansTEglise se rangèrent aussy
dans leur poste,
La noblesse qui devoit iurer prit aussy en entrant les
postes qu'on avait destine pour chaque province, et ceux
qui ne dévoient pas iurer se rangèrent dans le lieu accous-
tume qui est sur le grand marchepied devant la chappelle
Royale,
Les chevaliers de Tordre se mirent pareillement dans
leur poste ordinaire au dessous de la ditte chappelle et les
seigneurs qui ont des charges de couronne et qui n'ont pas
le Collier de l'Ordre, prirent place auprès des susdits
chevaliers mais ils demeurèrent droits,
Leurs A. R. prirent ensuitte leurs places sous le d'ay ou
il y avoit sept chaises toutes semblables, celle de M. R.
estoit plus voisine du maistre Autel et celle de S. A. R. en
bas quoy qua droite, mais pourtant toutes deux en ligne
esgale et comme Elles furent assises, Madame la princesse
s'assit aussy au costé de M. R. mais un peu en arrière, de
mesme que M. le prince du costé de S. A. R., mais plus en
arrière de toute la largeur de la chaise, au lieu que celle
de Mad. la princesse n'estoit reculée que de la moitié, et
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— XLIII —
les trois de M'^ les princes de Soissons tout a fait derrière
les autres.
Entre le grand Autel et le baldaquin de leurs A. R. estoit
une table couverte d'un tapis de velours noir, sur lequel
estoit un missel ouvert avec une croix dorée.
Monseigneur TArchevesque de Thurin vestu de ses
habits pontificaux s'assit auprès de la dite table sur une
petite chaise assisté de deux chanoines qui estoient derrière
luy et au premier jurement qui se fît il prit en main la
susditte croix.
Du coste droit de Monséig' TArch. estoit le grand chan*
celier assis sur une chaise sans appuy couverte de mesme
dt*ap que les banqeites des chevaliers de Tordre.
Du costé gauche estoit le premier président de la cham-
bre de piesmont vestu solennellement et demeura tou)
droit, M' le marquis de S*-Thomas estoit aussy tout droit
au bout de la table, en qualité de premier secrétaire d'estat
de leurs A. R.
Les députés de Savoye et Aouste estoient postés derrière
le maistre hostel du costé de leur A. R.
De l'autre costé estoient ceux de Chablais, Genevois,
Maurienne, Tarentaise, Faucigny.
Devant le dernier autel du chœur qui est du S*-Sacre-
ment estoient ceux de nice, d'oneglie, de marro et de dol-
ceaqua.
Du coste des orgues, entre l'autel de S*-Jean Baptiste et
la chaire de la prédication estoient en confusion sans con-
séquence les deux provinces qui estoient en conteste pour
la préséance.
Du mesme costé estoient les comtes de Coronat et appres
eux Bielle, Santhia et Adorno,
Au dessous la tribune dernière les magistrats estoient
ceux du Canavais,
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— XLIV —
Dans la nef de TEglise estoient pesle mesle tous les
feudataires de pied mont du coste de leurs A. R. et de
Tautre costé les villes et terres du piedmont et appres eux
ceux de Montferrat et tous demeurèrent dans les susdits
postes, iusques qu'ils fussent appelés a leur rang.
Estants donc tous rangés de cette manière, le premier
président de la chambre s*advanca au près de M' le prince
comme pour linviter a venit jurer, Luy fit une profonde
Révérence appres la quelle M' le prince susdit sestant
levé salla mettre a genoux dessus un carreau de velours
noir auppres de la table dont iay parle cy dessus, et leut en
cette posture, tenant la main droite sur le missel la forme
du iurement qui luy fut présentée par M«* le m. de S*-
Thomas appres quoy il alla faire la révérence a M. R.
laquelle sestant levée droitte luy donna des marques de
lestime quelle en faisoit, il en fit de mesme à S. A. R. qui
luy fit aussy un accueil des plus grands et des plus obli-
geants,
M" les princes de Soissons furent ensuitte invites
pareillement par le susdit p. pr. de la chambre den faire de
mesme ce quayant fait de la mesme manière que M^" le
prince, M»* le Marquis de S^-Thomas remit a Therault
d'arme une brieve déclaration de M. R. pour lever toutes les
prétentions de préséance et appres quil leut leûe a haute
voix, le susdit M. de S^-Thomas lui fit lire un ordre
dobserver le silence pour entendre publier la forme des
iurementSj appres quoy il leut luy mesme a haute voix
l'acte de iurement en francois pour tous les députes de
Savoye,
Ce questant fait Iherault alla faire une grande révérence
a M" les Seigneurs du Sang pour les convier au iurement
ce qu'ils firent dans cet ordre, premièrement M' Don
Gabriel, puis M. Don Antoine, appres M"^ le marquis d'Est,
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— JcLV —
enfin M. le marquis de Droney, et appreô avoir fait la
susditte cérémonie du iurement sur le missel, ils sen
allèrent faire une profonde révérence a M. R. puis a S. A.
R. a laquelle ils embrassèrent les genoux.
M'^ les chevaliers de Tordre les suivirent et firent la
mesme cérémonie, aussy tous les uns appres les autres.
Cela estant fait le premier président quittera son poste et
le remettra, au premier président de la chambre de Savoye,
ou au ministre députe de ce corps qui se présentera
Ensuitte de quoy Iherault demandera a haute voix toutes
les provinces de Savoye Tune après lautre dans l'ordre qui
suit, La Savoye, Chablais, Aoste, Genevois, Maurienne,
Tarantaise, Faucigny,
Tous les députes de ces provinces iurerent de la manière
dessus mais les deux genoux a terre, appres quoy ils firent
une profonde révérence a M. R. et puis a S. A. R. duquel
ils baisèrent le bas du manteau et sa ditte A. R. les accole.
Ils furent introduits par M^ le Marquis de Sales appres
avoir présente devant la cérémonie a M' le Marquis de
S*-Thomas leur procure,
Sitost qu'ils eurent achevé le serment, le premier prési-
dent de Savoye se leva et laissa de nouveau a celui de
piedmond qui lavoit auparavant, appres quoy M. le Marquis
de S*-Thomas leut en Italien tout haut l'acte de iurement
pour M" de piedmont et autres provinces deçà les monts
appres quoy le députe des quattre comtés alla iurer de la
manière cy dessus au nom de tous appres avoir este appelé
par l'beraud, ils furent de suitte faire la révérence a leurs
A. de mesme façon que ceux de Savoye.
Appres que les députes des provinces de piedmont eurent
jures, ceux des villes en firent de mesme, elles en avoient
chacune deux, et Thurin par prérogative en avoit dix, et
fut appelé la première, appres quoy tous les feudataires de
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— XLVI —
pîedmont iurerent sans aucun ordre et préséance, non plus
que les villes de chaque province de Savoye qui marchèrent
toutes sans conséquence ;
Tout cela estant fini leurs A. R. s'en retournèrent au
palais par le mesme chemin et dans le mesme ordre quelles
estoient venues.
Les Archevesques et les Evesques presterent le serment
dans la chambre de parade en présence de toute la Cour
assistée du grand Chancelier et du M. de S*-Thomas, sans
mettre le genoux a terre, et sans toucher le missel, mais
en se mettant la main sur la poictrine, et comme ils se pré-
sentèrent a leurs A. R., M. R. les fit couvrir, mais en lisant
la forme du iurement eux mesmes, ils se découvrirent et
demeurèrent tousiours en cette posture,
Appres eux Les Abbes qui ont aussy des fiefs dépendants
de la Couronne, sans ordre de préséance, ensuicte de la
déclaration faite par ordre de M. R. par laquelle elle entend,
que tout se fasse sans preiudice des droits de préséance
que Ton peut avoir.
Le iurement des magistrats qui possèdent des fiefs en
piedmont sest fait a part.
M. Duplan donne ensuite connaissance du contrat de
fondation de la chapelle de la très Sainte Trinité faite
dans l'église paroissiale de S*«-Catherine de la Touvière
d'Evian, du 25 janvier 1406, contrat provenant de la
bibliothèque de M. de Costa.
Noverint universi quod in prothocoUis providi viri Mer-
meti Patenotre Notarii publici viam universœ carnis
ingressi reperitur quoddam publicum instrumentum per
ipsum receptum cuius ténor sive effectus substantialis
sequitur in hœc verba. In nomine sanctœ et individuœ
Trinitatis Patris et Filii et Spiritus Sancti Amen. Via
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pei:*egi:*înatîonîs humanœ miserabilis et incerta pôriôulis et
diseriminibus tôt et tantis noscitui' subjacere quod nuUi
nisi divini flaminis auxilio fulciatUr securuA patet transi-
tas pei* eandem : nam in dupplantatored invisi insidiantes
in cunctis insistant nodos habentes nocibiles infinitos ad
infelices animas laqueandas. Cum autem inter hostes
huiasmodi nemo de viribus cunctis esse tutus valeat
agit providé diquidem unus quisque dum in via peregrina-
tur eadem et sui ipsius compos viget salubribus operibus
quœ ipsum prœcedant et ab hostibus tueantur dévote
insistant si de bonis temporalibus quœ serviendo produn-
tur et dum in piis usibus expenditur centupla recipiunt
incrementa aliqua in iliius honorem qui contuiit universa
consecrat dispenset et deducet ut pro terrenis cœlestibus
felici gaudio commutatis in cœlesti domo prœmia pro ipsis
transitoriis recipiat sempiterna Quapropter vir providus et
discretus Petrus Jocerandi Burgensis Aquiani et Johanneta
de Castillione ejus uxor de sua suarumque animarum
salute ac remedio salubri non immemores deducentes in
exactœ considerationis examen quod inter alia per quœ
divina gracia impetratur delicta ac peccata delentur ani-
mœque a peccatis solvuntur et tam vivis quam mortuis
œterna prœmia obtinet Sanctorum intercessio sacrificiorum
oblatis et orationum frequens exhibitio sunt prœcipue
mirabiliter effectiva Ideoque iidem Petrus et Joanneta
Coniuies prope moti in mei Notarii Publici et testium
subscriptorum prœsentia propter infra scripta personaliter
et specialiter Constituti ex eadem certa scientia pro salubri
remedio animarum eorum ipsorumque Prœdecessorum
prœsentium et successorum quorumcumque ac omnium
quos in eorum commemoratione habent et retinent et
habere debent tam pro vivis quam quo mortuis pro se et
suis hœredibus et successoribus quibuscumque fondant et
ordinant struunt et construunt in et infra suam parrochia
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~ XLvni —
tem Eccledam Beatœ Caiharinœ de Thoveria Aquiani
Diœceaia Gebenenais Videlicei in Âltari dudum constructo
a parte montis unam Cappelloniam perpetuam ad Laudem
et Servitium et Quitus ejus augmentationi perpetuum Deo
conservante et auxiliante et sub vocabulo Sanctœ et indi-
viduœ Trinitatis Patris videlicet Filii Spiritusque Sancti.
Et pro dictœ Cappellaniœ dote conservatione et fondatione
et in remissionem omnium peccatorum suorum suorumque
parentum Deo perpétue dedicant res infra scriptas ipsasque
res donatione perpétua et irrevocabili ex eorum certa
scientia Et tamquam pio animo moti pro salute sua om-
niumque suorum dant cedunt et concedunt modo fortiori
quo fieri perpétue et dici potest Altari et Capellaniœ super
nominatis ac Rectori eiusdum infra nominando et Sueces-
soribus suis pro tempore existentibus etmihi Notario infra
scripto stipulanti ad opus dictœ Capellaniœ et Rectoris
ejusdem prœdictorum nihil in eisdem rébus retinendo sed
easdem res cum suis pertinentiis in dictam Capellaniam
Âltare et eius Rectorem totaliter et perpétue transferendo.
Quœ res sunt dictorum Pétri et Joannetœ de puro et franco
allodio eorumdem utasserunt.Etsunthœc: Primo quœdam
domus cum horto posteriori sita apud Thoveriam Aquiani
juxta domum et hortum Pétri Billiet ab occidente iter
publicum superius et plateam Jaqueti Grept inferius una
etiam cumquadamarcha magna matno(?) dictœ domus exis-
tente ab oriente Item quamdam vineam continentem circa
unam posam sitam in territorio de Chavanes juxta vineam
hœredum Guillermi de Berneyab occidente vineam Juqueti
Lugrini ab oriente res Peroneti Dubosson et Perreti Billiet
inferius et iter publicum superius. Item quœdam pecia
vineœ continens circa très fossoratas sita in territorio de
los bendato juxta iter publicum superius vineam Ysabellœ
Malliettœ VuUiermi et Joannis Milonis fratrum inferius
vineam Pererii Benedicti ab oriente ac vineam dicti Per-
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. — XLIX —
rerii et dictœ Mabili ab occidente. Item unum modium
frumenti ad mensuram Aquiani et sexaginta Sclidos
monetœ domini census seu annui redditus solvendum
singulis anuis et perpétue per dictos dotatores et suos
quos supra dictœ Capellaniœ et Rectori ejusdem insti-
tuendo pro tempore in festo Beati Andreœ Apostoli.Quem-
quidem censum prœfati Dotatores pro se et suis quibus
supra poDunt assignant et affectant ac pro ipso obligant et
hypothecant perpétue dictœ Cappelaniœ et Rectori ejusdem
pro tempore et mihi notario stipulanti ut supra videlicet
quemdam viridarium ipsorum Dotatorum ut asserunt
allodialem situatum prope Thoveriam Aquiani juxta iter
publicum inferius et vineam et curtile Mermeti Bruni
superius et curtile dictorum dotatorum circa très fosseratas
continens ab occidente et generaliter alia omnia alia et
singula bona sua quœcumque sint et ubicumque poterint
reperiri. Item quœdam res utenclllesquœsequuntur Primo
una culcitraplumœacum unopulvinali quatuor linteamina
duo mantillia unum copertorium dimidia duodena scutella-
rum plastri munita ponderis undecim libras Item una olla
metalli ponderis undecim libras très quartos cum dimidio
item unus potus stanni unius quarteronis ponderis quinque
libras item una cuppa fuste biocene unum spumatore ferri
una carga unus pochonus ferri una petella frixaria ferri
unus morterius cum pitono item unum coquipendium una
cum fondis juribus pertinentiis appendentiis rerum supe-
rius donatarum universis ad habendum tenendum et per-
cipiendum per Rectorem in dicta Capellania instituendum
pro tempore nomine dictœ Capellaniœ atque ejus usum
usumque fructuum suum totale convertendum. Cedenteset
Concedentes propterea idem Petrus et Joanneta pro se et
eorum hœrede et causam habentibus et habituris aliquali-
ter abeisdem vel ab altero eorumdem in futurum dictœ
Capellaniœ et ejus Rectori pro tempore existenti omnes et
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singulàsactioaes onuntiationesetjurainpi'œrnisâisclonatiâ
et dedicatis compétentes et corapetentia nunc et in futurum
quocumcjue titulo sive causa dictam Capellaniam et Recto-
rem pro tempore existentem loco sui de dictis rébus inves
tiendo et ponendo se et suos Dicti Petrus et Joanneta de
ipsis rébus sic donatis devestiendo totaliter et dictam
Capellaniam dictum que Rectorem in possessionem
dictarum rerum vel quasi ponendo per concessionem
prœsentisinstru menti, Constituentes seprœnominati Dota-
tores prœdicta «lonata nomine dictœ Capellaniœ et Rectoris
ejusdem instituendi possidere donec Rector dictœ Capel-
laniœ instituendus pro tempore de ipsis possessionem
appréhendent corporalem quam apprehendi intrandi et sibi
retinendi prœlibatî Dotatores Rectori dictœ Capellaniœ
instituendo pro tempore et mihi Notario subscripto Stipu-
lanti ut supra omnimodam licentiam dederunt et manda-
tum. Volentes retinentes et ordinantes dicti coniuges
dotatores quod prima coUatio seu presentatio dictœ
Capellaniœ seu dicti Altaris et collationes seu presenta-
tiones sequentes quoties ipsa Capellania seu ipsum Altare
Rectore vacare contingent ad ipsos dotatores quandiu
vixerint in humanis pertineat pleno jure et ad eorumdem
dotatorum alterumquisupervixerit ; postquam vero debitum
solverint ambo conditionis humanœ ad eorum hœredes
tanquam in hoc habitaturos ab eisdem una cum Consensu
et Consilio curati et Rectoris dictœ Ecclesiœ parrochialis
Capellœ Thoveriœ Aquiani pro tempore existente pleno
jure pertineat seu ad illum vel illis cui vel quibus eidem
Dotatores vel eorum alter qui supervixerit voluerint vel
voluerit in testamento vel extra concedere et donare de
consilio et consensu quibus supra. Item volunt et ordinant
dicti fondatores et Dotatores quod in dicto altari Rector
ejusdem qui pro tempore fuerit per se vel per alium pres-
byterum celebret vel celebrare faciat singulis hebdomadis
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— LI —
quatuor missas diebus lunœ, mercurii venerîs et sabbathi
pro remedio et salute dictorum Dotatorum et parentum
eorumdem hora débita sine scandalo prœjudicio offensa
aliqua Ecclesiœ pappochîalis dicti loci. Item volunt et
ordinant dicti Conjunges Dotatores quod Rector dicti
Altaris qui pro tempore fuerit resideat et moram trahat
personalem et continuant in dicta domo supra dicto altari
donata dictamque Domum coopertam Rector dictœ Capel-
laniœ inferius nominatus et qui in futurum fuerit acvineas
prœdesignatas in statu bonno manutenere teneantur ser-
vitioque et obedientiœ Curati Ecclesiœ Parrochialia supra-
dictœ in Ecclesiasticis Officiis et maxime diebus Dominicis
et festivis in Matutinis Missis et Vesperis cum ibidem
cantabuntur cum nota cum dito Curato Deo débite ser-
viondo cantare etofficiare prout ibidem opus fuerit teneatur.
Item quod présentes Litterœ et alia quœcumque sint
facienda ad opus dictorum Altaris et Rectoris ejusdem
ponantur et custodiantur sub fideli sera et clausura Volentes
etiam dicti Dotatores et ordinant pro se et suis prœdictis
quod Rector quicumque qui in dicto Altari institutus fuerit
pro tempore teneatur et debeat prœstare juramentum super
Sancta Dei Evangelia antequam in possessionem dicti
Altaris ponatur in manibus dicti Curati quodipse erit
continuo fidelis Parrochiali Eccl esiœ dicti Loci et Rectori
eiusdem pro tempore existenti du m dicti Altaris et Capellœ
Rector extiterit. Quam Capellaniam et quod Altare cum
eorum pertinentiis probitate deque Laudabilis vilœ hones-
tate ac scientiœ suffîcientia Viri Discreti Domini Mermeti
Astri de Cuer gebenensis Diocœsis Presbiteri ad plénum
inforraati ac etiam confidentes dicti Doctatores et fundato-
res ex eorum certa scièntia per prœsentes constituunt
dantque et concedunt eidum domino Mermeto Astri de
Cuer Presbytero cum suis pertinentiis universis et eidem
quantum possunt et ad eos pertinet provident de eadem
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— Lit —
Capellania inducendo verbaliter eumdem in possessionerri
dictœ Capellaniœ juriumque et pertinenlium ejusdem per
traditionem prœsentium Litterarum. Itaque quodut supra
estordinatum idem Dominas Mermetus deserviat Deo in
dictis Ecclesia et Altari salubriter Promittentes dicti
Dotatores per juramenta sua super sancta Dei Evangelîa
copporaliter prœtista et sub rerum suarum et omnium
bonorum suorum presentium et futurorum obligatione et
hypotheca dictam Cappelaniam munire calice argenteo
cum Patena missali et aliis dictœ Capellaniœ necessariis
nec non omnia universa et singula supra et infra scripta
rata grata et fîrma habere perpétue tenere attendere com-
plere et inviolabiliter observare et non contra facere vel
venire vel per se vel per alium nec alicui contra venire
volenti in aliquo consentire aliqua causa aut ingenio de
jure vel de facto. Renunciantes (etc.) Et ideo vobis Reve-
rendo in Christo Patri Domino nostro Gebenensi Episcopo
in cujus Diœcesis dicta Ecclesia et dictum Altare existunt
dicti Petrus Jocerandi et Joanneta de Castillione ejus uxor
fondatores Dotatores prœdicti vestri humiles et devoti
Dictum dominum Mermetum presbiterum ad Regimen et
Servitium dicti Altaris et dictœ Capellaniœ perpétue obti-
nendum ofïerunt humiliter et prœsentant supplicantes
humiliter et dévote prœfati dotatores quatenus eumdem
Dominum Mermetum in dicta Capellania et dicto Altari
canonice instituere et de ipsis et suis juribus et pertinentiis
intègre providere misericorditer dignemini omnia et sin-
gula supra in prœsenti instrumento et infra ratifîcando et
ex vestra certa scientia perpétue confirmando vestramque
auctoritatem et vestrum decretum pariter imponendo. De
quibus omnibus volunt et requirunt ac ordinant dicti
Dotatores fleri unum vel plura publica instrumenta ejusdem
tenoris et substanciœ per me infra Scriptum Notarium.
Datum etactum apud Thoveriam Aquiani in domo habita-
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— LUI —
tionis dictorum dotatorum anno Dni millesimo quatercen
tusimo sexto inditione décima quarta die vigesima quinta
mensis Januarii prœsentibus Joanne Geneva de Mareschia
Peroneto De furno Notario Joanne Morcerii Clerico Bup-
gensibus Aquiani et Joanne Bldalis de Novassella testibus
ad hœc vocatis specialiteret rogatis. mermetus Patenotro.
Et Ego Rodulphus Pochati de Mezingio Gebenensis
Diœcesis Clericus auctoritate imperiali et Illustrissimî
Principis Dni Ducis Juratus commissariusque Protocollo-
ruin Mermeti Patenotro prœdictorum hocque publicum
instrumentum ex dictis prothocollis levari scribi et extrahi
feci ex conimissione Ducali mihi concessa perPhilibertum
Christin Notarium manuque mea subacripsi et signo meo
mihi fieri solito signavi in testimonium prœmissorum.
Séance du 13 Juin 1898
(présidence de m. duplan)
M. Duplan lit quelques notes à lui transmises par
J.-F. Gonthier sur Téglise de la Thouvière et la chapelle
de la Sainte-Trinité d*Evian.
A deux pas de Thôtel-de-ville d'Evian-les-Bains, dit-
il, coule un petit ruisseau qui porte le nom de nant
d'Enfer-^ il limitait jadis au levant la ville et la paroisse
d*Evian ; le territoire de la rive droite ressortissait à
la paroisse de Neuvecelle.
Mais grâce aux franchises dont Pierre de Savoie dota
Evian, Evian, sur la fin du XIII® siècle, prit de Tim-
portance, de nombreuses maisons s'élevèrent en dehors
des remparts, sur la droite du nant et cette nouvelle
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— LIV —
bourgade ou faubourg prit le nom de la Touviére, Tho-
veria Aquiani.
A ce faubourg, il fallait une église, on la construisit à
50 pas environ de Tenceinte fortifiée de la ville et on la
plaça sous le vocable de Sainte-Catherine. Mais Téglise
de la Touviére, quoique paroissiale, n'était qu'une
filleule dépendant de celle de Neuvecelle et desservie
chaque dimanche, par le curé de ce lieu.
A quelle année remonte cette créaticfn ? Nous pouvons
le déterminer d'une façon approximative.
La première fois que nous voyons apparaître dans
l'histoire le nom de Va, Touviére, c'est en 1325. En cette
année-là, le comte de Genevois et le Dauphin, après
avoir détruit les châteaux de Brens, ravagé Thonon et
les alentours, vinrent assiéger Evian par terre et par
eau. Malgré l'énergie de ses défenseurs, la ville dut se
rendre : elle fut mise au pillage et son château ruiné. Si
l'on en croit la chronique de Prévost, le Dauphin resta
maître du faubourg de la Touviére et ne le relâcha que
9 ans plus tard, au traité de Lyon (1).
Dans le contrat de mariage de N« Mermet de Chàtillon
avec Jordane de Neuvecelle, qui est du 2 juin 1327, le
père de l'époux donne à son fils la maison qu'il possède
dans le village nouveau de la Touviére, in villa nova
de Thoveria, entre la rue et l'étang du Comte.
Un autre document constate, quelques années plus
tard, l'existence de Téglise de la Touviére. Par son
testament du 24 mars 1341, Guillaume II de Chàtillon,
fils de Mermet, y fonde une chapelle du Saint-Sacre-
(1) Prévost, Histoire de la mile d" Evian, publiée par M. Duplan,
tome 1, page 74.
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— LV —
ment (1) et y choisit sa sépulture. Guillaume III y
fonde à son tour une chapelle en l'honneur de tous les
Saints et veut être inhumé dans le caveau paternel
(1387) (2).
A ces chapelles viennent bientôt s'en ajouter d'autres.
Ce sont : celle de la Sainte-Trinité fondée en 1400 —
nous en reparlerons, — celle des saints Pierre et
Claude, dotée le 23 avril 1447, Dunant notaire, par
Antoine Bontemps et dont le patronage passa ensuite
aux de Bonnevaux (1GG7) (3). Sur le même autel, un N*'
François de Chàtillon éleva une chapelle on l'honneur
de S*-François-de-Sales et la dota le 13 avril 1638 ;
celle des saints Etienne et Louis, dont furent successi-
vement patrons les nobles de la Lex (1525), de Gollioux
(1606), de Blonay (1667).
En 1481, la Touvière comptait 30 feux soit de 150 :i
180 habitants, tandis qu'Evian en renfermait quatre fois
plus.
Bien que do 1536 à 1569, la Touvière, ainsi que tout
le pays de Gavot, ait été occupée par les Vallaisans
catholiques, la tradition locale prétend que ses habitants
passèrent au calvinisme, à l'exemple de ceux de Maxilly
et de Montigny. C'est une erreur manifeste. L'enquête
qui fut faite en 1598 après la conversion en masse des
(1) Dite aussi chapelle de S»-Blaise ; elle était en 1467-1475 de la
présentation de N« F. de Russin, qui avait remplacé les de Chà-
tillon.
(2) Les N*" de Chàtillon, coseigneurs de Thollon, avaient égale-
ment leur tombeau dans cette église : il était en marbre noir.
Jean de Chàtillon, dernier de la branche, voulut y être inhumé
(testam* du 9 juin 1701). Acad. Chabl.
(3) Piccard, Livre de Raison d'un Seigneur de Savoie^ p. 16.
Une chapelle dédiée à SS. Pierre et Sébastien — c'est peut-être la
même — était en 1496-1578 de la présentation des Ne* Cinquantod.
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— LVI —
Chablaisienset qui énumére toutes les paroisses naguère
protestantes, cite Maxilly et Moutigny ; elle ne parle
point de la Touvière. D'où il faut conclure que si le
faubourg d*Evian vit se produire quelques défections
parmi ses habitants, la masse resta fidèle à son Dieu et
à son Eglise.
Autant Toccupation valaisanne avait été utile à la
ville d'Evian et à ses alentours en les préservant du joug
bernois et du calvinisme, autant l'invasion franco-gene-
voise, survenue à la fin du môme siècle, laissa des
ruines dans ce malheureux pays.
Ne trouvant plus guère à ravager dans le pays au
delà do la Dranse qu'ils foulaient depuis doux ans, les
Genevois brûlaient de rançonner le pays de Gavot. Une
première tentative par eau sur Evian né réussit point
(2 septembre 1590). Mais enhardis par l'arrivée de
puissants renforts amenés de France, ils partent de
Genève le 11 février (1) 1591, sous la conduite de Guitry,
saccagent la ville de Thonon hors d'état de se défendre
et font le siège du château, dont le gouverneur se rend
après avoir vu trente de ses soldats emportés par une
mine (10 février).
Le lendemain 17, un dimanche ou le 18 suivant Gau-
thier, l'avantgarde ennemie investit la place d'Evian.
Celle-ci était défendue par trois cents hommes d'élite. A
la sommation de se rendre, la ville et le faubourg ne
répondent que par des huées et des mousquetades. Le
mardi suivant 19, l'ennemi attaque à coups de canons
(1) Spon, ou plutôt son annotateur, les fait partir de Genève le
i*'' lévrier ; mais il ne faut pas oublier que le calendrier genevois
était, depuis la réforme grégorienne, en retard de dix jours sur le
nôtre.
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— LVII —
le faubourg et s'en rend maître le 21. Il fait ensuite
sauter la porte de la ville au moyen d'un pétard « et
saccage cette misérable ville jusqu'à enlever les pou-
tres et les planchers, les portes avec leurs serrures et
les fenêtres. Il ne restait plus que de mettre le feu
partout : les habitants en ayant été menacés, s'engagent
pour se garantir d'un tel malheur à payer la somme de
2.000 écus. » (1).
Bonvillars, qui commandait au château, résiste vigou-
reusement pendant quelques jours, après quoi, il se rend
à condition de sortir vie et bagues sauves. Ce devait
être le 27 février (2).
Pour sûreté du payement des 2.000 écus, vingt-deux
bourgeois des plus notables furent menés à Genève et
gardés prisonniers l'espace do 3 à 4 semaines (3).
Les cruels envahisseurs restèrent une dizaine de jours
à piller les environs et ne se retirèrent qu'après avoir
dévalisé les églises, les clochers et les maisons.
Le 11 septembre 1606, l'église de la Touvière eut le
bonheur de recevoir la visite de François de Sales, alors
évêque du diocèse. Le saint prélat y conféra même la
tonsure à 26 clercs et les ordres mineurs à 10 d'entre
eux. Voici les noms des tonsurés dont la plupart appar-
tenaient aux meilleures familles du paysdeGavot : André,
fils d'égrège Jean Boccard ; Pierre, fils d'égrège Claude
Laurent ; Pierre-Paul, fils d'égrège F. Ramel ; Jean-
(Ij Gautier dans Spon. Piccard. Histoire de Thonon^l^ p. 231.
(2) On lit dans le Registre du Conseil de Genève du 18 (lisez 28)
février: «... A rapporté le parlement du château d'Evian et la
capitulation qui a esté faicte avec le S' de Bonvillars. Les soldats
ont vendu les meubles à ceux de deçà le lac jusqu'aux cloz (clous).
Ils ont composé tout le corps de la ville à 2.000 escus. »
(3) Piccard, Histoire de Thonon et du Chahlais^ I, p, 231 .
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— LVIII —
Jacques, frère du précédent ; Jacques, fils d'égrége An-
toine Fernex ; Jean, fils de J.-J. Jordan ; F., fils do Jean
d'Haute ville ; Jean, fils de F. Guillot ; Jean, fils de noble
F. Dunant ; Jean, fils d*égrège B® Tontemps ; Simon,
fils d'égrège Cottet Laurent ; Jean, fils d'égrège Jacques
Dufour; J.-F., fils de N« J.-F. Pochât; Claude, fils
d'égrège Charles de Fernex ; Etienne, fils de Paul Cain ;
tous d'Evian ; Jean, fils de P. Mestral : André, fils
d'Henri Mollie ; F., fils d'égrège Jos Tontemps, de la
Touviére ; J.-F. fils d'égrège Geo. Magnin, do Bernex ;
Jacques, fils de N^ F. Ducrest et Claude, fils d'André
Blanc, de S^^Paul ; Jean, fils de Girard Laurent, de
Neuvecelle ; Claude, fils de J. Chevallier, de Maxilly ;
Antoine, fils de Claude Girod, de Brenthonne; Jean-
Georges et Pierre, fils d'égrège P. Bataillouz, d'Annecy-
lo- Vieux (1).
A cette date, l'église de la Touviére renfermait, outre
les chapelles nommées plus haut, celle de S*^-Crépin qui
était sans recteur ni revenu. L'église dépondait toujours
du curé de Neuvecelle qui la desservait par un vicaire et
continuait de percevoir seul les dîmes de la localité.
Toutefois cette situation devait prendre fin. Les habi-
tants de la Touviére obtinrent d'abord un vicaire résident
à titre provisoire; puis le 18 décembre 1638, un vicaire
perpétuel soit recteur qui fut nommé sur la présentation
du plébain d'Evian (sic !) ; enfin, le 14 juillet 1674, les
deux pasteurs d'Evian et de Neuvecelle s'étant départis
de tout droit de nomination à ce bénéfice, la cure de la
(1) Archiv. de M. Henri Domenjoud. — Tous les autres rensei-
gnements cités plus haut et plus loin ont été, sauf avis contraire,
puisés dans les Archives de TEvéché.
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— LIX —
Touviére devint iodépendaute. Nous donnons ici la liste
des prêtres qui l'ont desservie dés 1038.
Pierre Dunant 1638-1673.
Pierre Morand 15 juin 1674-1702, 22 octobre.
André Carraud 16 janvier 1703-1732, 28 juillet.
François Delczaire 1732-1734, 24 juillet.
J.-F. Frechet 173M747, 27 avril, 65 ans.
Gabriel Laurent 1747-1770, 21 novembre.
Pierre Dubouloz 6 février 1771-1789, 26 juin. Etait
d'Evian.
Pierre, fils de Pancrace Thorens 1789-1793, natif
d'Y voire.
Le dernier curé do la Touviére appartenait à la famille
Thorens qui compte de nombreux rameaux à Yvoire,
Massongy, Thonon, Bons, etc. Lorsque des décrets
odieux imposèrent à tous les prêtres un serment schis-
matique, le vieux curé de la Touviére — il avait 62
ans — n'émigra point, paraît-il, mais se tint longtemps
caché au sein de sa famille. Arrêté enfin le 27 novembre
1797 sur la dénonciation d'un jacobin du nom de Novel,
il fut traîné de Carougeà Genève, de Genève à Chambéry ,
de Chambéry à Carouge, enfin malgré la loi révolution-
naire elle-même, malgré son grand âge, il fut transporté
à rîle de Ré, où le vaisseau atterrit le 6 octobre 1799.
Libéré six mois plus tard, il revint en Savoie mourir
dans son pays natal.
Le clocher de la Touviére ayant été démoli en 1794 et
réglise peu de temps après, l'autorité ecclésiastique
supprima cette paroisse lors de l'établissement du culte
et l'unit à celle d'Evian.
C6>tte église mesurait dans sa plus grande longueur
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— LX —
26 mètres de long sur 16 de large. Elle était située au-
dessus de la grandYue dont elle était séparée par le
cimetière et au-dessous d'un étang où les Comtes de
Savoie nourrissaient du poisson à 50 pas des murailles
de la ville.
II ne nous reste maintenant que quelques mots à dire
de la chapelle de la Sainte-Trinité, dont nous avons
donné Tacte de fondation à la dernière séance.
Le 25 janvier 1406, par devant le notaire Mermot
Patenôtre, Pierre Jocerand bourgeois d*Evian et Jean-
nette de Chàtillon, sa femme, voulant consacrer une
partie de leur fortune à la gloire de Dieu et au salut de
leurs âmes, fondent dans l'église Sainte-Catherine de la
Touvière et sur un autel déjà construit du côté de la
montagne, une chapelle en Thonneur de la Sainte-Tri-
nité.
Pour la dotation de cette chapelle, ils donnent une
maison avec jardin sise à la Touvière, au-dessous de la
grand'rue, une vigne d'une pose à la Chavanne, une
autre de trois fossorées chez les Bendats, plus
le cens annuel d'un muids soit de 12 coupes de
froment et de 60 sols, pour l'assurance duquel cens ils
hypothèquent un verger de trois fossorées qu'ils possè-
dent près de la Touvière. A cette riche dotation ils
ajoutent le don de quelques linges et de quelques usten-
siles de ménage.
Enfin les fondateurs prient l'évêque du diocèse de
nommer pour premier recteur discret Mermet Astri de
Cuer, prêtre du diocèse.
Cette chapelle subsista jusqu'à la Révolution.
Le patronage passa plus tard aux nobles Vial (1482),
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-*- LXI —
puis aux d*Allinges, seigneurs de Larringes (1598), etc.
M. Jules Mercier, député, présenté par MM. A.
Duplan et A. Folliet, est reçu membre effectif de l'Aca-
démie Chablaisienne.
Séance du 11 Juillet 1898
(présidence de m. j. guyon)
M. L.-E. Piccard continue le cours de ses intéressan-
tes communications sur les Poids et Mesurées en Savoie.
Jean Veillet, dit-il, avait affermé .les poids et mesures
de Tarentaise, comme vérificateur de la région (1559,
Document G).
Mais les habitants accoutumés à « vendre et acheter
et à payer leurs cens et servis à la mesure de Moutiers »
d'après la pierre de la Halle de la dite ville, prétendent
que depuis peu elle a été piquée et augmentée (Doc. 7.)
Les autorités et la municipalité se transportèrent sur
les lieux munis de bischets et mesures dûment marqués,
qui en effet n'étaient pas tout à fait égaux aux mesures
susdites. On nomma deux commissaires-experts qui
firent établir deux eschandaulx ou bischets à la juste
mesure avec les armoiries de Jérôme de Pelpergue,
archevêque de Tarentaise. (Ibid.) Ordre fut donné aux
parties de s'y conformer et au marqueur ou vérificateur
de s'en servir à peine de 50 livres (1500). Jean Veillet
n'avait pu jouir des bénéfices de vérificateur ou marqueur
durant ses contestations, il dut néanmoins payer son
fermage. Il est molesté dans sa charge en 1562, car ii
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— LXII —
u*a plus la confiance du public, si Ton en croit certaines
insinuations ; on le trouve néanmoins encore marqueur
ou vérificateur en 1572.
Nous continuerons, aux séances prochaines, l'exposé
historique des Poids et Mesures en Savoie, Ces docu-
ments prouvent, d'une manière irréfutable, qu'en cette
institution comme en toutes autres du même genre,
noire petite patrie Savoyarde a toujours marché on
tête des Etats d'Europe.
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^ Lxllt —
IL
DONS FAITS k L'ACADÉMIE CHABLAISIENNE
(Un Astérisque accompagne le nom du donateur
quand il est en même temps l'auteur de l'ouvrage cité).
MM.
A. DuPLAN. Histoire de la Ville de La Roche, par Grillet,
édition de 1867, Annecy.
Histoire des Communes genevoises de Vandœuvres, Col-
long es- Bellerive, Cologny et des Eaux-Vices, par Cl.
Fontaine-Borgel, Genève, 1896.
Lettre pastorale de TArehevêque de Tarentaise sur le
serment d'Egalité et de Liberté.
Des affaires de l'Italie et de V avenir probable de V Europe,
par l'auteur de la solution des grands Problèmes, Paris,
Lecoffre.
Lo Stato di alcuni archivi communali délia provincia di
Suza. Torino, 1896.
* L.-E. PiccARD. Les Anciennes Corporations d*Arts et
Métiers de Thonon-les- Bains, Thonon-les-Bains, 1898.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Thonon. — VEcho du Léman, journal politique, littéraire,
commercial et agricole du Chablais (paraissant
le samedi).
— La Démocratie Savoisienne, journal politique, litté-
raire, commercial et agricole des deux départements
de la Savoie (paraissant le dimanche).
— Le Messager Agricole de la Zone franche (paraissant
le samedi).
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— LXIV —
m.
JÏIembFel de rj^?adéinie Ghablai^ienne
COMPOSITION DU BUREAU
Président : M. Albert Duplan.
^ , . , , l M. Jules GuYON.
Vice- Présidents : i >r r t^ r»
( M. L.-E. PiCCARD.
Secrétaire perpétuel : M. Léon Quiblier.
Secrétaire Adjoint M. Marie-Maurice Dantand.
Trésorier: M. Léon Pinget.
,,.,,. ,, , . , M. le Docteur LocHON.
Bibliothécaires : i xm n n ai * -.
M. Chamot, Command*en retraite.
Président d'Honneur
s. Exe. le comte Amédée de Foras, Grand Maréchal de
la Cour de S. A. R. le Prince de Bulgarie.
Membres d'Honneur
MM. BoLLATi DE Saint Pierre (le baron Frédéric- Emma-
nuel), Directeur des Archives Piémontaises, à
Turin (Italie).
Cartuywels (Mgr), Vice-Recteur de l'Université
catholique de Louvain (Belgique).
Du Bois-Melly Charles, à Genève (Suisse).
DuFOUR- Verne L., Archiviste, à Genève.
Manno (le baron Antoine), Seci*étaire de la Royale
Députation d'Histoire nationale à Turin (Italie).
Mercier J., Chanoine, à Annecy.
MoNTET (Albert de), à Vevey (Suisse).
MuGNiER François, Conseiller à la Cour d'appel de
Chambéry, Président de la Société Savoisienne
d'histoire et d'archéologie.
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— LXV —
Poli (le vicomte Oscar de), Président du Conseil
héraldique de France, Paris.
RiDDER (Alfred de), Vice-Président de la Société
littéraire de Louvain (Belgique).
RiTTER Eugène, Doyen de la Faculté des Lettres
Genève.
Truchet, Chanoine à S^-Jean-de-Maurienne.
Van Muyden, Président de la Société d'histoire de
la Suisse Romande, Lausanne (Suisse).
Membres Effectifs Résidants
MM. Anthoinoz Alexandre, Architecte, à Thonon-les-
Bains.
Bernaz François, ancien avoué à Thonon-les-Bains.
Berthet (Fabbé François), Professeur au collège de
Mélan.
Blanchard François, Docteur-Médecin, à Thonon.
Bouquin L., Propriétaire à Thonon-les Bains.
ChabertC, Notaire à Thonon-les-Bains.
Charmot Félix, Banquier, à Thonon-les-Bains.
Charmot Gustave, Avocat, à Thonon-les-Bains.
Costa deBeauregard (le comte Jocelyn), Paris.
Dénarié Alphonse, Docteur-Médecin, à Thonon.
DÉPiERRE Alphonse, Propriétaire aux Mâcherons
(Allinges).
DuBOULOz Ferdinand, Avocat à Thonon-les-Bains.
Deruaz César, ancien Receveur des Finances, à
Thonon-les-Bains.
DuPLAN Albert, ancien Magistrat, ancien Maire
d'Evian-les-Bains.
Engel-Gros, au château de Ripailles.
Feige h. (l'abbé). Aumônier du Pensionnat des
Frères à Thonon.
GuYON Jules, Econome des Hospices, à Thonon.
GiROD, Principal au Collège, à Thonon. .
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^ LxVl —
Jarre Julien, ancien Avoué, à Thonon-les-Ëainâ.
Marcoz F., Inspecteur-Voyer en retraite à Thonon^
les-Baîns.
Mercier Jules, Député, à Thonon-les-Bains.
PiccARD Louis-Etienne, Aumônier du Collège, à
Thonon-les-Bains.
PiNGET Léon, Banquier, à Thonon-les-Bains.
PiRASSET, ancien Président de la Société Philanthro-
pique Savoisienne de Paris, Rentier à Thonon-
les-Bains.
Tredecini de Saint-Séverin (le marquis), au château
de Troches, à Douvaine.
Valfrid (le Frère), Directeur du Pensionnat Saint-
Joseph, à Thonon.
Vernaz André- Joseph, Président de la Société d'Agri-
culture de l'arrondissement de Thonon-les-Bains.
ViRY (Baron Amé de), à Thonon-les-Bains.
Yvoire (le baron François d'), ancien Député, au
château d'Yvoire.
Membres Effectifs non Résidants
MM. Arcollières (Eugène d'), à Chambéry.
Arminjon Ernest, ancien Magistrat, Avocat, à
Chambéry.
Balliard César, notaire à Reignier.
BÉRARD Léon, Clerc de Notaire, à Reignier.
Blanchard Jean, Insp^ des Forêts, à Gex (Ain).
BossoN Franz, Pharmacien, à S^-Jeoire.
Bruchon Marc, Professeur au Collège de S'-Jean-
d'Angely.
Constantin Aimé, Secrétaire honoraire de la Société
Florimontane, à Annecy.
Descostes François, ancien Président de l'Académie
de Savoie, Avocat à Chambéry.
Dubouloz Jacques, Juge au Tribunal à Thonon.
Dunoyer Norbert, à Juvigny.
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— LXVII —
DuvAL César, Sénateur, Paris.
Fernex (lo vicomte Joseph), à Paris.
Fernex de Mongex (le comte Régis), Avocat, à
Chambéry.
FiNAS-DuPLAN François, ancien Magistrat, Avocat,
à Chambéry.
Folliet André, Sénateur, Paris.
Gavillet Léon, Ingénieur, à Fillinges.
Mathieu Jean, Ancien Conseiller de Préfecture, à
Massortgy.
Mathieu, Capitaine en retraite, à Lugrin.
RANNAUD,Archiprêtre Curé de St-Julien en-Genevois.
RiGAUX, Professeur départemental d'agriculture, à
M en de (Lozère).
TuRRETTiNi François, à Genève.
VuARNET Emile, Propriétaire, à Messery.
Waag g., Publiciste, au château de Gaillard, près
Annemasse.
Membres Agrégés
MM. BLONAY^le baron G. de), au château de Grandson
(Suisse).
Blonay (le baron Stéphane de), au château de la
Chapelle-Marin.
BoiGNE (le vie*® Benoît de), château du Bettonet
(Savoie).
Chambet Joseph, Imprimeur-éditeur, à Annemasse.
Chamot, Commandant en retraite à Thonon.
Chappuisat, Direcf de l'Union électrique à Thonon.
Dantand Marie-Maurice, ancien vérificateur des
poids et mesures, à Thonon-les-Bains.
DuBOULOz André, Imprimeur-éditeur, à Thonon.
DuBOULOz Ignace, Notaire, à Annemasse.
DuFRESNE Edouard, Docteur-Médecin, à Genève.
Franc Léon, Chimiste, à Monthey (Suisse).
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— LXVIII —
Froissard Broissia (le vicomte Sixte de)^ au châ-
teau d'Allemand.
Gerdaix de Sonnaz (le comte Albert de), Ministre
filénipotentiaire de S. M. le Roi d'Italie àLisbonne
Portugal).
Jacquot Lucien, Juge au Tribunal de Thonon.
Jordan Elie, Instituteur à Marin.
Joseph (R. P.), Directeur de FOrphelinat de Douvaine.
Le Marant de Kerdaniel (baron). Juge au Tribunal
de St-Jean-de-Maurienne.
Patuel (l'abbé), précepteur à Y voire.
LocHON Georges, Docteur, à Thonon.
Penz, Instituteur à Morzine.
PicuT J.-B., ancien Directeur des Chemins de fer
d'Italie, à Massongy.
QuiBLiER Léon, Architecte, Conservateur du Musée,
à Thonon.
QuiNCY (comte Alban de), au château de Massongy.
Rive (Théodore de la), à Genève.
RoLLiER Louis, Capitaine d'Administ. à Vincennes.
Vaudaux Camille, Notaire ô Thonon.
Membres Correspondants
MM. Bâtisse Jules, Architecte, à Thonon.
Bruchet Max, Archiviste départemental, à Annecy.
Chavaz (abbé L.), à Genève.
CoNVERSET, Capitaine au 133' de ligne, à Belley.
DucLOZ, Imprimeur-éditeur, à Moùtiers.
Fontaine- BoRGEL, à Genève.
Levet François-Joseph-Aimé-Eugène, Commandant
du Génie, Avignon.
Meynet Jean -François, Géomètre, à Bellevaux.
PiNGET Jos., Curé àSerrava^p^'Thônes (H*«-Savoie).
Saillet J.-C, ancien Professeur à Boêge.
Tavernier Ilippolyte, Juge de paix, à Taninges.
Thorens Fernand, Notaire, à Bons.
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— LXIX —
IV.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
( Académie Salésienne.
( Société Florimontane.
A n^TP a » a 1 i P^ \ Société académique religieuse et
AOSTEiiiaiiPj I scientifique du duché d'Aoste.
Besançon Académie des Sciences et Arts.
Bourg (Ain) Société d'Emulation.
( Académie de Savoie.
Chambfry ) Société centrale d'agriculture.
1 Société sav>oisienne d'Histoire et
\ d Archéologie.
r.,,^„ \ Académie des Sciences, Arts et
^^^''^ I Belles-Lettres.
GENÈVE (Suisse) \Sociétéd'Histoireetd'Archéoh^
^ ' \ Institut national genevois.
GiESSEN (Allemagne) . Société d Histoire naturelle et de
médecine.
nnFNORiP i Académie Delphinale.
GRENOBLE I Société de statistique.
f AiTOAKiMP /G..îoc.»^ S Société d'Histoire de la Suisse
Lausanne (Suisse) . . j Romande.
T „ o,,^ \ Société agricole et scientifique de
^^ ^^^ \ la Haiite-Loire.
Limoges Société « Le Gay-Lussac. »
T^,,„.,,, /D 1 • \ ^ Société littéraire de F Université
LouvAiN (Belgique) . . j catholique de Louvain.
MouTiERS Académie de la Val d'Isère.
Neufchatel (Suisse) . Société de Géographie.
p._,„ S Le Cyclamen, Revue des Savo-
^^^^^ ) yards de Paris.
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— LXX —
paiu Avc s ^^^' (f (archéologie religieuse des
^^^^^^ \ diocèses deVale'nce^Grenoble, etc.
S'-Maurice (Suisse). . j ^""j^Jl^^^^^ "^^ ^'''''^-
S'-Jean-de-Maurienne Société d Histoire et d Archéologie
! Renia dej)utazione sovra glistudj
ai storia patria.
Begia academia délie scienze.
Upsala (Norvège). . . Institut royal géologique.
Zurich (Suisse) .... Société des Antiquaires.
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MÉMOIRES
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MÉMOIRE I
MESSERY-NERNIER
& LEURS ENVIRONS
Par Emile VUARNET
Membre de l'Académie Chablaisienne
Ouvrage couronné par la Société Florimontane
Premier prix du Concours d'Histoire
Annecy, 1898
*
ih
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INTRODUCTION
Affectionnant par dessus tout ce pays de Messery
et du Bas-Chablais, berceau de mes ancêtres, j'ai
cherché, pendant plusieurs années, avec une véri-
table passion, à recueillir tous les faits historiques
s'y rapportant. Cependant, écrire l'histoire de
Messery n'était pas, au début, chose facile pour
moi : peu fortuné, isolé au fond d'une commune
rurale, à 20 kilomètres de tout centre intellectuel,
sans appui, sans guide, je trouvais la Mairie et la
Cure presque sans archives, le village sans ancienne
famille noble ou bourgeoise, l'histoire du lieu
inconnue aux plus savants. Néanmoins je ne perdis
pas courage. Reçu membre de T Académie Cha-
blaisienne, je profitai de sa bibliothèque , je par-
courus ainsi toutes les publications des sociétés
savantes de la région et les travaux des auteurs
ayant traité du pays. Je m'adressai aux Archives
de Turin, de Grenol)le ; je visitai celles de Genève,
de Lausanne, du département et de l'évêché d'An-
necy. Je fouillai les archives de nos familles de
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cultivateurs, je recueillis les légendes et les tradi-
tions.
Entre temps, je m'imprégnai des recherches de
M. l'abbé Ducis, et, suivant son exemple, je me
mis à examiner notre sol et les débris antiques
qu'il renferme, à les comparer avec ceux conservés
dans nos musées. De ce travail continu durant sept
anhées il est résulté cet ouvrage.
Messery, le 1*'^' Février 1899.
E. VUARNET.
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CHAPITRE ^^
Situation de Messery et de Nernier, limite de leur territoire,
nature du sol. — Aperçu géologique, époque glaciaire, formation
du Léman. — Ses différents niveaux.
Messery et Neroier dont nous avons entrepris de
tracer l'histoire, sont deux communes limitrophes,
situées sur la rive méridionale du lac Léman, à peu
prés à égale distance de Genève et do Thonon.
La commune de Messery est la plus importante
(636 habitants) ; bâtie sur une hauteur, on aperçoit au
loin ses maisons et son clocher.
Nernier, ancienne résidence des seigneurs féodaux,
aux vieilles maisons pittoresquement groupées au bord
du lac, est un petit village de 200 habitants pour la
plupart pêcheurs ou bateliers.
Le territoire de Messery et de Nernier est borné par
celui des communes dTvoire, d*Excenevex, de Massongy
et de Chens.
Au point de vue géologique leurs terrains appartien-
nent à répoque glaciaire. D'après l'opinion des géolo-
gues, cette époque a été caractérisée par la formation
d'immenses glaciers qui couvraient notre région du
sommet des Alpes jusqu'à Lyon. Ces glaciers auraient
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— 6 —
fait en grand ce que ceux du Mont-Blanc font encore
de nos jours, ils auraient accumulé sur leur parcours
ces amas immenses de boues argileuses, de sables, de
cailloux roulés, de blocs de rochers dont se compose
notre sol.
Ces blocs de rochers quelquefois énormes, appelés
blocs erratiqiœs, sont formés de roches diverses (granits,
serpentines, micachistes, lias, poudingues), ils ont
considérablement diminué depuis un demi-siècle, grâce
aux progrès de la culture et à leur emploi pour la cons-
truction. Ils se trouvent encore en grand nombre le long
des rives du lac, principalement à Yvoire.
D'après M. Tlngénieur Delobecque, auteur de la carte
hydrographique du lac, voici quel serait par ordre
chronologique la succession des phénomènes qui ont
trait à la formation du Léman :
1» Plissement des Alpes et creusement de la vallée du
lac ;
2° Première période glaciaire et comblement de
cette vallée par les alluvions anciennes ;
3» Retraits des glaciers et creusement d'une nouvelle
vallée dans ces alluvions ;
4» Affaissement des Alpes et transformation de la
vallée en un lac, dont le niveau dépassait de 30 mètres
le niveau actuel ;
5<> Deuxième et troisième période glaciaire, comblant
en partie le lac (moraines dTvoire, caractérisées par un
amas considérable de blocs erratiques) ;
G« Comblement du lac par les affluents et abaissement
de son niveau par suite de l'approfondissement du lit
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de rémissaire daos les alluvions anciennes de la Bâtie,
en aval de Genève (1).
Dans le territoire qui nous occupe, j'ai constaté
l'exactitude de rabaissement du lac: l'' au pré des
Lombardes (Nernier). dont le sous-sol renferme des gra-
viers roulés, mélangés à des fragments do tuiles à re-
bords do l'époque romaine ; il en est de même à la
pointe de Messery (champ Servage). Cette couche do
graviers est située à plus d'un mètre au-dessus des plus
hautes eaux du lac.
Quant aux traces que nous a laissé le grand lac pri-
mitif, nous les retrouvons au sommet des champs de la
Fontaine et de Verdet (Messery) en un banc de graviers
d'un mètre d'épaisseur environ, reposant sur l'argile
glaciaire, des coquillages se trouvent mêlés au sable.
(1) Revue Savoisienne, 1895, page 147, compte-rendu des séances
de la Société de Physique et d'Histoire naturelte de Genève.
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CHAPITRE IL
Temps préhistoriques. —Stations lacustres de Tàge de la pierre
et du bronze. — Traditions locales. — Anciens cimetières. —
Tombeaux. — Objets trouvés. — Religion. — Autels. — Der-
niers souvenirs. — Mots celtiques conservés dans notre patois.
La situation de Messery et de Nernier sur les bords
d'uQ des plus grands lacs de l'Europe, dans une contrée
fertile, alors très boisée et très giboyeuse, dut y retenir
les premières peuplades qui se hasardèrent dans ces
parages. Soit pour pêcher plus facilement, soit pour se
mettre à Tabri des bêtes féroces, ces hommes plantèrent
des pieux le long du rivage et sur ces pieux ou pilotis
élevèrent des plates-formes, puis des cabanes. Les ves-
tiges de ces établissements existent encore sur nos rives
à une certaine distance du bord, on les désigne sous le
nom de stations lacitst7*es.
La commune de Chens est la mieux partagée de toute
la cote Savoisienne, on y rencontre 5 stations, ce sont :
1° Station du moulin ou de la vi à l'àne (près Her-
mance) ;
2° Station de la fabrique Canton (Orphelinat S*-Joseph);
3« Station du creux de Tougues ;
4^ Station du château de Beauregard ;
S** Station de la Veurze, en face du ruisseau de ce nom
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— 9 —
et qui sert de limite entre les territoires de Messery et
de Chens.
Beaucoup d'objets provenant de ces stations ont été
collectionnés par M. le comte Jocelyn Costa, en son
château de Beauregard, et par M. Carrier, à Tougues ;
d'autres figurent au musée de Lausanne.
Sur la commune de Messery se rencontrent deux
stations :
lo Station de la Pointe, en face la propriété Barbier,
sous 4 mètres d'eau, les poteries sont caractéristiques
de l'époque du bronze (1) ;
2° Une autre station est située à peu de distance de
la précédente, au bord de la grève, en face la propriété
Faramaz; les pilotis au nombre d'une trentaine sont
rongés par les vagues et reslent quelquefois à découvert
aux basses eaux.
Sur la commune de Nernier existent deux stations :
1° Station du pré de la Croix ou des Lombardes, à
600 mètres à l'Ouest du village et à 150 mètres du
bord. On y a recueilli d'après Revon une longue épingle
à tête sphérique et percée de 4 trous (musée d'Annecy),
une douzaine d'épingles agglutinées dans une matière
charbonneuse (id.), d'autres épingles de diverses di-
mensions, quelques-unes à boucle, un petit couteau à
soie, un anneau de bronze avec boule de suspension,
une pointe de lance, des fusaioles en terre, un anneau
en terre cuite, des torches-supports, des débris de vases
(collection Thiolly et collection de Westerweler). En
1870, un pêcheur de Messery y trouvait une épée en
(1) La Haute-Savoie avant les Bomains, par M. L. Revon, 1875.
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— 10 —
bronze, cet objet a été vendu à Genève (I). — En 1885,
des amateurs do Genève y pratiquèrent des fouilles
fructueuses.
D'après Troyon (2) cet établissement appartiendrait à
l'âge du bronze (3), cet auteur a reconnu qu'un des pieux
arrachés de la vase portait des entailles faites avec la
hache de bronze. Cette station compte de nombreux
pilotis de 2 à 5 pieds de longueur sous 12 pieds d'eau en
hiver ;
2° Station de Nernier. On voit en face de Nernier, dit
Troyon (4) et à une profondeur de six pieds par les
basses eaux, quelques piieux d'un diamètre de près d'un
pied; les pilotis entrent dans la terre ferme où ils ap-
paraissent dans le lit d'un petit canal dont le filet d'eau
se convertit en torrent par les grandes pluies ; on en a
même découvert en creusant un puits au couchant de
l'église do Nernier, à une distance de 55 pas de la grève.
Il résulte de la disposition de ces pieux que le rivage
pénétrait plus avant dans les terres.
Le long de la rive, on a recueilli (5) sous deux mètres
d'eau un marteau foré en pierre polie (musée d'Annecy)
de petites haches en serpentine, des lames de silex, un
manche pour scie en silex, formé d'une pierre allongée
(1) Communiqué par MM. Louis et Jules Duborgel, au Cret
(Messery).
(2) Frédéric Troyon. Habitations lacustres, 18G0, i)age 127.
(3) On divise commuuément Tépoque préhistorique en trois
âges : rage de la pierre, Tàge du bronze et Page du fer. L'âge de
la pierre désigné ainsi parce que les hommes ne se servaient alors
que d'outils en pierre est le plus ancien, Tàge du fer au contraire
est relativement plus récent, il serait contemporain de la con-
quête romaine.
(4) F. Troyon. Habitations lacustres, page 80.
(5) Revon. La Haute-Savoie avant les Romains.
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— 11 —
et à rainure, de§ fusaioles en pierre, une pendeloque
formée d'une pierre longue et percée ; des os travaillés
on manches eten spatules (musée d'Annecy), (collection
Thiolly et surtout collection Westerweller). Cette sta-
tion appartient à Tàge de la pierre.
Il existe encore d'autres pilotis, sous 3 ou 4 mètres
d'eau, en avant du château de Nernier et de la tanne-
rie (1) ; des piquets brûlés par le bout ont été trouvés en
1864 vers l'extrémité de l'estacade ou jetée élevée pour
abriter les travaux du port d escale (2).
A Yvoire, une petite station existe en face des murs
du jardin du presbytère.
Sur la commune d'Excenevex une station.
Station du moulin Paquis ou Riguet, à 150 mètres du
bord, sous 3 mètres d'eau, il existe un fond peuplé de
pilotis et semé de pierres, etc (3).
Il est à remarquer, dit Frédéric Troyon (4), que dans
la contrée d'Y voire à Ilermance, les riverains attribuent
les pilotis du lac à d'anciennes habitations construites
au-dessus de l'eau dans le but de se mettre à l'abri des
bétes fauves dont le pays était couvert. Quand on s'in-
forme de l'origine de cette explication qui pourrait avoir
été popularisée par des publications récentes, la réponse
constante est que « les anciens disaient déjà cela. »
Etait-ce une supposition qui devançait les inductions
scientifiques, ou bien la tradition est-elle réellement an-
tique ? C'est ce qu'il serait difficile de décider. Cette
(1) Cîommiiniqué par différents habitants de Nernier.
(2) C.-A. Ducis. Revue Savoisienne^ 1865, page 97.
(3) L.-E. Piccard. Histoire du Chablais^ vol. I.
(4) Troyon. HaU talions lacustres, page 127.
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— 12 —
tradition serait d'autant plus surprenante que toutes
ces habitations paraissent avoir été détruites pendant
rage du bronze. Je n'ai encore trouvé nulle part ailleurs
dans la Suisse occidentale cette opinion répandue chez
les riverains des lacs, qui voient plutôt dans les pilotis
des restes de forêts submergées ou des digues qui au-
raient été recouvertes par un exhaussement des eaux. >
Les bourgades lacustres (1) étaient quelquefois fort
grandes, celle de Morges couvrait plus de cent quatre-
vingt mille pieds carrés, les ossements de chat, trouvés
dans les ruines de ces constructions prouvent qu'elles ne
manquaient pas d'un certain confortable, des fruits
séchés, pommes et poires s'y rencontrent encore. Les
débris de bœuf recueillis dans les stations lacustres du
lac du Bourget ont permis de reconnaître à M. de Mor-
tillet, que la race bovine qui habitait la Savoie pendant
l'âge du bronze avait la plus grande analogie avec notre
race tarine; des traces de fromage qui y ont été retrou-
vées viennent confirmer le dire de Strabon « que le fro-
mage était un des principaux aliments des Celtes ou
Gaulois > (2). On a même retrouvé dans la station la-
custre des Eaux-Vives, des scories renfermant des par-
celles de bronze, des moules, des haches, preuve que les
objets ouvrés de l'âge du bronze se fabriquaient sur les
lieux mêmes.
A quelle époque ces habitations ont-elles été détruites
ou abandonnées? A cette question Troyon répond en
citant le texte de Suidas (3), énumérant les moyens
(1) Blavignac. Etudes sur Genève^ 1872, volume 1, page 68.
(2) Revue Savoisienne. 1890, page 20^.
(3) Suidas. (Scriptores rerum galliae I, 821.
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^13-
qu*employait le César Caius pour détruire les villages
insulaires des Âllobroges; cepeudant si les RomaiDS eu
détruisirent la majeure partie, il semble que ce mode
d'habitation se soit conservé tout au moins à Genève
jusqu'au moyen-àgo. On voit encore au musée Rath un
vieux retable d'autel qui se trouvait avant la Réforme
dans la chapelle des Machabées (1), il représente la
pêche miraculeuse du lac de Tibériade mais transportée
sur le lac de Genève; on voit sur le dernier plan, les
Voirons et le Salève, puis le lac; devant Genève, une
ligne de pieux se trouve à l'entrée du port, à droite se
trouve représenté un quartier de la ville formé
de maisons bâties sur pilotis, cette peinture date du
moyen-âge (1415). Mais les objets recueillis dans nos
stations lacustres se rapportent tous à Tépoque celtique,
les peuplades qui les habitaient faisaient donc partie
de la nation Gauloise et plus spécialement de la confé-
dération des Allobroges dont parle César dans ses com-
mentaires; ils étaient établis sur le versant des Alpes à
tmvers la Savoie et le Dauphiné actuels. Genève, Gre-
noble et Vienne étaient leurs villes principales. Comme
chez tous les Gaulois, les habitations étaient bâties en
bois et treillages garnis d'argile ; c'est ce qui explique
que sur terre elles aient disparu sans laisser de traces ;
seules, les constructions bâties sur l'eau se sont conser-
vées à l'abri des atteintf)S des hommes et des agents
atmosphériques.
Anciens oimetiôres. — Tombeaux
Si nos peuplades riveraines habitaient sur le lac, elles
( I ) Mémoires et documents de la Société â^ histoire et d'archéologie
de Genève, tome IV, page 43. La planche llï de ce volume repré-
sente la peinture en question.
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- 14 —
avaient par contre leurs lieux de sépulture, leurs ter-
rains sacrés, sur la terre ferme. Les corps étaient géné-
ralement placés dans des tombeaux en dalles ou pierres
plates des champs. On en a trouvé un certain nombre
dans le pays, presque tous ont été découverts sur un
point de la côte situé en face des stations lacustres
dont nous avons donné plus haut la description.
Ainsi à Chens, 1° au lieu dit La Graie, au-dessus de
la station lacustre de la vi à l'âne, des tombes ont été
découvertes vers 1890 en extrayant du sable, elles ren-
fermaient des armes anciennes collectionnées par M. le
docteur Mayor, d'Hermance(l);
2o Sur le plateau de Veretre, au lieu dit sur les Plans,
des tombes ont été également trouvées en 1869, par
MM. Revon et Mayor (2); ces tombes sont situées au-
dessus de la station de la fabrique Canton, aujourd'hui
Orphelinat du R^ Père Joseph. M. Mayor découvrit à
30 centimètres de profondeur une tombe en dalles ren-
fermant un squelette de femme replié (champ Mortillet)
et M. Revon trouva une hache en pierre polie, puis do
nombreuses tombes en dalles de schiste micacé à 40
centimètres de profondeur ;
3o Entre Vérancy et la mairie de Chens, au-dessus de
la station lacustre de Tougues dans une carrière de
graviers, on trouve souvent des corps. Une épée recueil-
lie dans une de ces tombes a été acquise par M. le comte
J. Costa de Beauregard;
4« Au-dessus du château de Beauregard et de la sta-
[\) Mémoires de la Société (THist. de Ojenève^ 1892. — Recher-
ches archéologiques sur les vieux cimetières et tombeaux isolés,
trouvés à Hermance, Douvaine, par Réber.
(2) Revon. La Haute-Savoie avant les Romains,
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^ ib -
tion lacustre du même nom, au lieu dit la Grage, des
tombes et des armes ont été découvertes il y a une
trentaine d'années. En mai 1897, des ouvriers creusant
les fondations de la maison Nazard mirent à jour une
dizaine de tombeaux en dalles brutes, disposés côte à
côte et par couches superposées, les plus profonds étaient
situés à 1°»20, aucun objet n'y a été trouvé, mais les
crânes des squelettes étaient d'une épaisseur peu com-
mune (1), un de ces tombeaux de moindre dimension,
renfermait le corps d'un petit enfant.
Tous ces cimetières sont situés dans des endroits
sablonneux. La Grage et Lagraio sont des termes patois
servant à désigner un terrain graveleux. Il semble que
nos populations lacustres avec leurs instruments primi-
tifs aient choisi de préférence ces terrains, qui se lais-
saient plus facilement entamer. Aussi le territoire de la
commune de Messery qui est de nature argileuse se
trouve relativement pauvre en tombeaux. Un seul a été
trouvé au lieu dit le Dezé (champ Duret), sur la pente
qui regarde le ruisseau. Ce lieu se trouve au-dessus de
la station lacustre de la Pointe.
Sur Nernier. — 1^ Des tombes celtiques ont été dé-
couvertes sur la propriété de M. le Comte d'Antioche
en 1849. (2)
2o Au lieu dit Pierre Thallin ou Pertalin, ou a
trouvé vers 1838 en opérant un défonçage pour de
la vigne, une trentaine de cadavres placés sur
trois lignes parallèles, les hommes étaient tous d'une
(1) D'après M. Hovelacque, directeur de Técole d'anthropologie
de Paris, les crânes à structure épaisse appartiennent à la race
celtique.
(2) Mémoires de la Société (THist, et d*Arch. de Genève. Tome VI.
Séance du 12 avril 1849.
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- 16 -
haute stature, les mâchoires avaient toutes leurs dents,
dont rémail était parfaitement conservé quoique les os
fussent vermoulus (1), on y a également trouvé des
tombes en dalles de grès-schisteux. M. l'abbé Ducis qui
tenait ces renseignements de M. Jacques-Marie Duchêne,
de Nernier, a improprement placé ce cimetière sur le
plateau d'Essert. D'après les indications de plusieurs
personnes de la localité le vrai lieu est Pertalin (2) entre
Nernier et Essert, à deux cents mètres au-dessus de la
fontaine defMarsille.
Sur Excenevex. — 1<> Deux tombeaux en dalles ont
été trouvés en 1893 au lieu dit vers le Ouà, ils renfer-
maient des squelettes, mais aucun objet n'y a été dé-
couvert, un de ces tombeaux était très grand et
contenait deux corps (3).
2<»AuxMarteyrets. — Au-dessus de la station lacustre
du moulin, des tombes en dalles de grès-schisteux ont
été découvertes en 1874 (4).
3^ A Cérési. — Des tombeaux en dalles ont été trouvés
il y a trente ans par feu M. le Capitaine de Marcley,
propriétaire de ce domaine (5).
Objets celtiques trouvés dans le pasrs
A part ceux recueillis dans les stations lacustres, et que
nous avons déjà signalés, les objets, armes ou ustensiles
celtiques trouvés dans le pays sont rares, c'est princi-
palement dans les terrains légers, à Chenset à Dou vaine,
où l'on a recueilli le plus d'objets de cette époque.
(1) Revue Savoisienne, 1865, pages 91 et 97.
(2) Cîommuniqué par feue M"* Catherine Riyollet.
(3J Cîommuniqué par MM. Servage, à Excenevex.
(4) Revue Savoisienne^ 1874, page 16.
(5) Cîommuniqué par M. Jean Champpury, à Chevilly.
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— 17 —
M. le Comte J. de Costa, dans sa riche collec-
tion préhistorique, conserve une lamelle de silex longue
de onze centimètres, trouvée dans un champ de son
domaine de Boauregard (1).
Dans la même commune, au lieu dit sur les Plans,
M. Revon découvrait en 1869 une hache en pierre qui
est au musée de S*-Germain, prés Paris.
Au lieu dit sur tes Porches, prés du ruisseau du
moulin, on a trouvé en 1854 un grand vase rappelant
la grosse poterie lacustre de Tàge du bronze (2), à Dou-
vaine, on a découvert en 1838, une hache à rebord et à
talon, 4 fragments de faucilles, une lame de poignard,
plusieurs tronçons d'épée, le tout en bronze (musée de
Genève) (3).
Religion, prêtres, autels, mots celtiques conservés
dans notre patois
D'après les historiens de l'antiquité, c'est environ
15 siècles avant notre ère que les Gaulois prirent posses-
sion de la Gaule ; comme la pure tradition du peuple
hébreu, la religion druidique enseignait l'immortalité
de l'àme et l'adoration d'un dieu suprême qu'ils appe-
laient Esus.
Le principal attribut d'Esus était le chêne, arbre
majestueux et puissant qui représentait la force, l'éléva-
tion du Dieu inconnu et sur lequel on recueillait le gui,
toujours vert, emblème de l'immortalité.
Les prêtres gaulois se divisaient en deux classes, les
druides et les eubages ou vates. Ces derniers, d'après
(1) Revon. La Haute-Savoie avant les Romains,
" I Ibidem.
Ibidem.
2b
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Ëlavîgnac auraient laissé leur nom au Plan les Ouattes,
près Genève. Nous avons à Excénevox les champs appe-
lés vers le Ouà ; à Messery, les terrains aujourd'hui
boisés, appelés autrefois la Tateft Ouan (1), c'est-à-dire
la Tate au Yuan, la lande au Yuan, ces noms se rap-
procheraient aussi du Yuodan, dieu secondaire ; mais
nous le reconnaissons, tout cela est bien incertain.
Considérant la nature comme une émanation de l'être
suprême, les Gaulois et plus spécialement les Allobroges
entouraient d'un culte spécial les eaux, les sources, les
forêts, les rochers. Nos plus gros blocs erratiques por-
tent encore de nos jours un nom particulier. Quelques-
uns portaient le nom d'une divinité. C'est ainsi que la
pierre à Niton à Genève et le champ Niton à Coudrée
seraient un dernier souvenir du Neptune Gaulois. Sous
Messery, la pierre de Champ-Marta pourrait dériver de
Martin ou de Martine, qui d'après Revon était donné à
un démon apparaissant sous la forme d'une martre.
Citons encore la pierre à Martin, à Ballaison, et les
champs de l'Essert-Martin, à Messery.
A Yvoire, la pierre d'Equarro, située devant le châ-
teau, tire son nom de ce qu'elle a une de ses faces coupée
à angle droit, c'est-à-dire d'équerre, mais la légende
citée par Blavignac à son sujet est inconnue dans le
pays.
Entre Yvoire et Excénevex, près de la deuxième en-
ceinte du château de Rovery (Ravorée), j'ai remarqué
4 blocs cubiques d'environ un mètre d'hauteur, disposés
en carré et espacés chacun d'environ soixante centi-
(1) Le V est souvent remplacé par un 0 en patois. Ainsi le
Vuargne, nom patois de Tépicéa maie, se prononce Ouargne.
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— 19 —
métros, ils sont situés sur un tertre ; à une dizaine de
mètres en contre bas, un gros bloc en forme de table,
ayant environ six mètres de long sur deux de large,
semble avoir roulé de ce lieu. C'était peut-être la cou-
verture d'un autel druidique, dont les 4 pierres étaient
les bases.
Sur la route d'Y voire à Excénevex, à trois ou quatre
cents mètres d'Y voire, j'ai remarque à côté de vieux châ-
taigniers, deux blocs erratiques plantés verticalement,
dépassant d'un mètre le niveau du sol et espacés de cin-
quante centimètres, la disposition de ces pierres n'est
pas naturelle.
A travers les siècles, les révolutions, les événements
de tout genre qui nous séparent de ces temps lointains,
bien peu de choses nous sont parvenues des Gaulois.
Nous avons conservé d'eux, dans notre pays, la numé-
ration vingésimale, soit la manière de compter par
vingtaines. Nous disons encore en français quatre-vingts,
et sur nos marchés il est d'un usage courant de compter
par pièces de vingt francs (louis ou napoléons) (1).
Nous trouvons dans nos noms de localité et de champs,
un certain nombre de mots d'origine celtique, de même
dans notre patois.
Tels sont :
Moô, tas et son dérivé enmoôUo, entasser, qui provien-
nent du celtique moô. — Taune, tannière, dérive du
kimrique taw et du gaélique taobh, séjour, lieu habité.
— Tasson, blaireau, et tassonire, tannière du blaireau,
auraient la même origine. — Chouaton, bâton, gourdin
(1) En Chablais, on compte de nos jours par napoléons, mais
on comptait par louis avant la Révolution.
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— 20 —
et ses dérivés proviennent comme Choisy nom de village,
du celtique kouôt, coat, bois.
Nant, ruisseau torrentueux, dérive d'un mot celtique
qui voulait dire ravin, vallée. On dit encore à Messery,
dans les nants^ pour dire dans les ravins. Ce mot fré-
quemment employé en Savoie semble avoir donné son
nom à une peuplade gauloise de notre région, les Nan-
tuatos, soit habitant des vallées ou dos nants(l).
Le bois des Cornes à Messery, situé sur une hauteur,
dérive du celtique corn, angle, pointe. (Ce mot se re-
trouve en Angleterre dans Cornouailles).
(1) A. Constantin. Etude étymologique sur Gavot,
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— 21 —
CHAPITRE III
Conquête du pays par les Romains. — Les Colonies militaires.—
La Colonie de Narni, ses routes et habitations éparses ou villas
(villae). — Des fundi ou domaines de Vétérans. — Etymologies
diverses. — Inscription de Messery. — Coup d'œil général sur
les établissements romains de la région.
Les Allobroges furent incorporés à la province Ro-
maine, après les victoires de Fabius Maximus, Tan 121
avant J.-C. Ils se soulevèrent de nouveau 60 ans plus
tard, mais devant la discipline et la tactique de Tarmée
romaine ils échouèrent complètement, les prisonniers
furent vendus comme esclaves, et leurs terres partagées
entre les légionniares, telle était la politique romaine.
Des colonies militaires furent aussitôt établies un peu
partout ; c'est ainsi que Jules César avait fondé à Vienne
une colonie sous le nom de Colonia Julia Viennensis,
Il en fut de même autour de Genève et de Grenoble. Des
routes stratégiques furent bientôt tracées, et le pays fut
si promptement soumis que les Allobroges ne répondirent
même pas au grand appel de Vercingétorix.
Sans doute nos villages lacustres avaient été un centre
de résistance, peut-être le dernier rempart de Tindépen-
dance. Aussi les Romains durent-ils établir dans leur
voisinage leur domination d'une manière toute parti-
culière. Le lac étant une voie de communication natu-
relle, les vainqueurs, en gens pratiques, surent en tirer
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— 22 —
parti et les colonies fondées le long de ses rives furent
protégées et desservies par une flotte militaire.
NARNI (Nernier)
Les antiquités romaines trouvées à Nernier sont assez
nombreuses. Albanis Beaumont en parlait déjà en 1802:
cette petite ville est, dit-il, de fondation romaine. » (1)
Mais malheureusement cet auteur ne cite aucune source,
aucun fait précis, à l'appui de son dire. En reconstruisant
réglise, vers 1830, on a mis à jour plusieurs tombeaux
maçonnés avec un certain luxe, des débris de mosaïque,
des plaques de marbre de différentes couleurs, des
fragments de statues en marbre blanc, des médailles(2);
des ouvriers ignorants brisèrent ces objets. Monsieur
Tabbé Favre qui collectionnait pour la famille Costa de
Beauregard, en recueillit quelques-uns. Un fragment
de statue en marbre blanc, qu'il trouva en élevant la
maison des religieuses deS*-Joseph, a été encastré dans
le mur d'un jardin, à côté du presbytère. D'après Ducis,
une urne à cendres a été trouvée sur les bords du lac. (3)
Vers 1880, dans le cimetière qui entoure l'église, on
trouva une baignoire rectangulaire formée de plaques
de marbre blanc et un fragment de terre cuite portant
l'inscription vrvs. Dans la partie N.-O. du cimetière, le
fossoyeur rencontre à 1°»60 de profondeur des murs re-
couverts d'un ciment rouge (appelé rt^rft^),caractéristique
de l'époque romaine.
La plus belle trouvaille a été faite en 1881, des maçons
(1) Albanis Beaumont. Description des Alpes Grecques et Co-
tiennes. Volume I, page 52.
(2) A. Ducis. Revue Savoi sienne^ 1865, page 91.
(3) Revue Satoisienne^ 18(>5, page 97.
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— 23 —
qui creusaient des fondations derrière la maison des
religieuses de S*-Joseph trouvèrent à un mètre de pro-
fondeur un agneau en marbre blanc, d'une sculpture
remarquable (1). Cet agneau se voit encore au château
de M. le Comte d*Antioche, il est représenté couché sur
le flanc, et a une longueur de 50 centimètres. Vers
la même époque, M. Quiblier Victor, en creusant les
fondations de sa maison située non loin do là, y recueil-
lait une vingtaine de pièces romaines. Enfin de nom-
breux débris de tuiles à rebords (tegulae), et de tuiles
courbes (imbrices), de Tépoque romaine se rencontrent
dans le sol des rues du village, au cimetière, aux
environs de la ferme des Granges et le long de la rive
du lac ; ces tuiles de couleur rouge sont tout à fait
semblables aux tuiles romaines que renferment les
musées de la région.
Parmi les monnaies recueillies à Nernier, citons :
Une pièce à l'effigie de Philippus P*", empereur, mort
en Tan 248, trouvée dans le jardin de M. le capitaine
Clerc ; une pièce à Teffigie de Timpératrice Thôodora,
seconde femme de Constance I«% trouvée au même en-
droit; une pièce d'Hadrianus, empereur (mort Tan 138
de notre ère), trouvée dans le verger de la ferme des
Granges ; une autre pièce fruste trouvée au même en-
droit ; enfin une autre pièce trouvée au pied de la Tour.
Toutes ces monnaies font partie de ma collection.
Etat de la Colonie de Nernier. — Routes et habitations
Romaines
Les colonies romaines étaient fondées par l'Etat, qui
(1) Revue Savoisienne, 1881, page 81.
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— 24 —
en répartissait les terres entre les soldats vétérans.
<( A ravénement de Tibère, nous raconte Tacite (i), les
€ légions de la Panonie et du Rhin se révoltèrent. Les
« soldats se plaignaient qu'après trente ou quarante ans
€ de service, on les traînait dans des régions éloignées,
€ OÙ on leur assignait pour terres des marais imprati-
<( cables ou des rochers incultes. >
Il est incontestable que le soldat qui avait reçu un lot
de terres, faisait élever au plus vite au milieu de sa
concession, des bâtiments d*exploitation. Ce sont les
ruines, les traces de ces pauvres habitations de vété-
rans, qu'à la suite de longues et patientes recherches
nous sommes parvenu à déterminer ; c'est une colonie
militaire d'il y a deux mille ans que nous allons tâcher
de faire revivre un instant, avec ses chemins, ses habi-
tations éparses ou villas, et les transformations succes-
sives et inévitables qui durent s'opérer pondant les cinq
ou six siècles de l'occupation romaine.
Régulièrement espacés, les bâtiments ruraux do la
colonie de Nernier que nous avons retrouvés au nombre
d'unecinquantaine, s'étendaient sur le territoire qu'occu-
pent de nos jours les communes d'Excénevex, dTvoire,
do Nernier, de Messory et do Chens, et où vit actuelle-
mont une population agricole de plus de 2.000 âmes.
Nernier étant alors le seul port de la côte en cet
endroit, plusieurs chemins tracés par les charriots y
aboutissaient. Nous allons les examiner séparément.
I. Itoute de Nernier à Sciez. — Le tracé du chemin
antique est encore représenté de nos jours, jusqu'au delà
(l) Tacite. Annales. Livre I. Chapitre XVI.
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— 25 —
du territoire do Neruier, par la route actuelle qui va à
Yvoire. A quelques pas du village de Neruier, sur la
droite, se rencontrent sur une longueur de cinq à six
cents mMres les champs appelés les petits dévents, puis
les déventSj Tôtymologie de ce nom provient, dit-on, du
latin defensiis, défendu ; c'étaient des terrains dont
Texploitation éUiit interdite, soit pour cause d'utilité
publique, soit comme consacrés à une divinité (1). La
route longe ensuite le ruisseau de Hercubioou Harcubio,
dont le nom rappelle vaguement Mercure, le dieu du
commerce; nous avons, dans le môme genre, un mot qui
a subi une * transformation analogue, c'est le Mar-
couret, nom patois de la Mercuriale (latin Mercurialis).
Nous savons combien il faut se défier des étymologies,
cependant avant d'en présenter d'autres, il nous semble
utile de faire remarquer que le latin fut la langue offi-
cielle, la langue parlée dans notre pays pendant près
de mille ans, il nous en est resté notre patois qui est
tout simplement un jargon latin, un dialecte gallo-ro-
main. Quelques mots s'y sont conservés dans leur forme
primitive, tels sont: homo, homme, terra, la terre,
d'autres ont peu changé, tels sont: salla {sella), chaise.
sola (solea), souliers, d'autres encore nous ont été con-
servés avec toutes leurs désinences, ainsi bos, bovis, le
bœuf a formé le bù, lebea, le bovi, le bovè, le bovèron,
lebovilloa. Il résulte de ceci que dans le bas Chablais,
n'en déplaise à quelques auteurs, les étymologies latines
sont beaucoup plus certaines et plus nombreuses que
celles provenant du celtique.
(1) Revue Savoisienne, 1881, page 6.
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' — 26 —
Mais revenons à notre route, elle franchit le ruisseau
de Mercubio, longeant les champs appelés les Grands
dévents. Deux cents mètres plus loin se présente une
bifurcation ; on a à gauche la route actuelle qui file sur
Y voire et Excénevex, à droite, un vieux chemin qui
escalade le coteau et suit la ligne des hauteurs.
Ce sentier était le chemin romain ; en deux minutes
on gravit la montée; à gauche, dans le champ appelé
Diossinge (Jossinge sur un acte de 1589), des fragments
de tuiles à rebords apparaissent ça et là. Une pièce
romaine, recueillie dans une vigne voisine, a été vendue
10 francs à un amateur de Genève, elle représentait
une tête d'empereur, ceinte d'un diadème dentelé (1).
Traversant la tate des Chenalets où s'élève une croix,
le chemin sous le nom do vi du puits atteint le champ
d'EtineSj propriété de M. le baron dT voire, les tuiles à
rebords y foisonnent. Il est bon de rappeler à ce sujet
cette phrase d'un érudit (2) : « Rien qu'à voir la couleur
« du sol, On sent qu'une habitation antique y a existé,
« dans certains lieux pour peu qu'on remue le terrain,
« l'impérissable terre cuite des maîtres du monde repa-
« raît au grand jour sous forme de tuiles à rebords et de
« débris de vaisselle les plus variés. »
Le champ d'Ettine se trouve situe sur une hauteur
rectangulaire, formant un petit plateau facilement
défendable, son étymologie pourrait provenir du vieux
français Estaux, petit plateau, ou d'Etal, sorte de table.
D'après un vieillard d'Yvoire, Etine a dû être un vil-
(1) Communiqué par M. Baud, fermier à Y voire.
(2) Blavignac. Livre I, page 141.
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— 21 —
lage (1 ), on y a trouvé des ossements, une épée, un puits
aujourd'hui comblé, les vignes voisines s'appellent les
Mortes. Dans le champ des Combes, situé en face, on a
trouvé en 1815 une tombe, formée d'une seule pierre
creusée comme une auge. Deux à trois cents mètres
plus loin, en suivant le vieux chemin, se rencontrent les
champs appelés Les Mottes, tuiles à rebords. M. Novel,
d'Y voire, y a trouvé une sorte do tombeau maçonné
avec un dur mortier et recouvert d'une dalle, mais il
était vide. Cinq minutes plus loin, on arrive aux Frênes,
des tuiles à rebord y apparaissent. Enfin plus loin, tou-
jours sur la hauteur, on atteint les Marteirets ; au dire
de plusieurs propriétaires d'Yvoire, on y a trouvé, il y a
plus de cinquante ans, en défonçant le sol, des fragments
de lances, d'épécs, de poteries diverses ; des fondations
de maisons ont été également rencontrées en divers
endroits ; la terre est brûlée et mêlée de charbons de
bois et de tuiles à rebords, à plus d'un mètre de profon-
deur. D'après une lettre du savant Baulacre, de Genève,
à l'historien Besson, en date du 31 juillet 1750, les
noms de Marteyret, écrit martyrium dans les vieilles
reconnaissances latines, seraient des lieux où des chré-
tiens auraient été martyrisés aux temps des premières
persécutions (2). Monsieur le Sénateur Philippe, dans
S041 histoire populaire de la Savoie, a émis la même opi-
nion (3). Enfin tous les Marteirets que nous connaissons
sont d'anciens villages gallo-romains, le mot français
fl) M. Novel, vieillard de 90 ans, surnommé IT^yptien, parce
qu*il fut embarqué pour TEgypte comme matelot de la marine
Sarde.
(2) Revue Savoisienne^ 1883, page 79.
(3) Revue Savoisienne, 1873.
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— 28 —
martyriser se traduit en patois par Martérisô. A deux
cents pas des Marteyrets se rencontrent les champs
appelés les Martyans.
Le vieux chemin passe devant la croix des Combes,
mais après avoir franchi les communaux d'Excénevex il
se perd, cependant en marchant quelques pas sur son
prolongement on arrive au lieu dit le Grand Champ,
autrement dit les hutins, où se rencontre un endroit
tout rouge de tuiles à rebords ; à rextrémite de ce ter-
rain se dresse la croix de Cérési, de là le vieux chemin
dévalant dans la plaine de Filly rejoignait à Sciez la
grande voie de Genève au Valais.
Cet ancien chemin dô Nernier à Sciez avait plusieurs
embranchements :
1° D'Etines, un raccourci va sous le nom de vi des
bougeries aboutir à la croix de Cérési, en passant à
Grange Thorens et aux Urtets où les tuiles à rebords
abondent (territoire dTvoire).
2° Des Marterets, part sur la gauche une route pas-
sant devant la croix de TEnfer, et traversant les champs
des Ftempés, nombreuses tuiles à rebords (territoire!
d*Excénevex).
Avant de quitter cette route de Nernier à Sciez, re-
marquons que toutes les croix antiques des paroisses
dTvoire et d'Excénevex, sans exception, s'élèvent sur
cette ancienne voie, ce qui est une preuve de son an-
cienneté et de rimportance qu'elle avait autrefois. Elle
n'est plus de nos jours qu'un simple chemin de dévesti-
ture impraticable en plusieurs endroits.
II. Route de Nernier à Essert et à Conches. — A
300 mètres de Nernier cette route atteint les champs de
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- 2Ô-
la fontaine de Marsille, une habitation romaine d*un cor-
tain luxe s'élevait en cet endroit, des fragments de statues
en marbre blanc y ont été trouvés mélangés aux tuiles à
rebords (1). Vers 1834, les frères Duborgel, dit Regretti,
étant fermiers de M. le Comte d'Antioche, pratiquèrent
à Marsille des fossés de drainage ; ils mirent à jour quan-
tité de débris antiques, parmi lesquels des marmites
intactes, en métal très épais et au col étroit et allongé (2).
En 1895, le fermier y a recueilli une pièce de monnaie
à l'effigie de l'impératrice Faustina Junior, épouse de
Marc Aurèle, mariée vers l'an 140 de J.-C. (3). A la
croisée d'un vieux chemin appelé de nos^ours la vi de
colonne, à proximité d'une source abondante, cette
localité de Marsille tire peut-être son nom d'un autel
ou fanum dédié à Mars, dieu de la guerre et patron de
cette colonie de vétérans, le nom (des chapelles) donné
à la partie des champs de Marsille où se rencontrent les
débris antiques, semble en être comme le dernier souvenir.
De Marsille, la route longe des vignes au nom latin,
les vignes de Dioi, puis cinq minutes plus haut atteint
les Blandets (champ Quiblier Jean-Marie), un pavage
en pierres ovoïdes, soit cailloux roulés, y a été relevé il
y a plus de quarante ans, ainsi qu'un fer de lance en
bronze au milieu de tuiles à rebords (4).
Après avoir traversé le village actuel d'Essert, on
trouve à un kilomètre de là les traces d'une habitation
romaine à la Taie des Braccaicœ, des fondations de
(1) Communiqué par M. Montvua^nard, propriétaire à Nernier.
(2) Communiqué par Madame Pauline Boccard, sœur des frères
Duborgel.
(3) Collection Emile Vuarnet.
(1) Communiqué par M. Quiblier Marie, propriétaire.
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— 30 —
maisons se rencontreat au milieu de débris de tuiles à
rebords et de briques (lateres), uq puits existait encore
il y a environ 30 ans dans le champ voisin, appelé la
commune. Braccaux pourrait dériver de brachiuw. ou
d'un nom de gentilice analogue. A deux cents mètres
plus loin, nouvelles traces romaines au Crêtde laBraza,
ce champ tire son nom de fragments de poutres char-
bonnées qui y ont été recueillis autrefois (1), on y a
relevé des fondations de maisons, la terre est criblée de
débris de tuiles à rebords (champ Michel Quiblier).
Du Créé de la Brâze, la route atteint le village actuel
de Couches, puis Douvaine (en patois Dovain-ô), station
romaine sur la grande voie de Genève au Valais.
III. Route de Ne>mier au Cret de la Braze. — Cette
route est un raccourci de la précédente. Sur son parcours
on rencontre les traces de deux habitations romaines.
lo Ferrage, vigne et terre de M. le Comte d'Antioche,
à 5 minutes de Nernier. — 2° Le Plantet, champs com-
munaux de Messery, à 2 kilomètres de Nernier, de nom-
breuses tuiles à rebords y ont été recueillies en 1835, aux
environs du puits communal.
IV. Route de Nernier à Messery et à Genève. —
Cette route atteint à 1 kilomètre de Nernier les champs
de Collan, où des tuiles à rebords apparaissent (champ
Duret Auguste), puis elle longe les champs appelés So^4S
la Vi (sous la voie), et atteint le village de Messery où
elle se confond avec la suivante.
V. Route des Marteyrets à Messery et à Genève, —
(1) Ceci est une tradition. Ce champ portait déjà le nom de Cret
de la Brâzaou de la Braise, en 1700.
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— 31 —
Elle suivait à peu de choses près le tracé actuel de la
route d'Excéuevex, à Essert, Messery, Chens, Cusy,
Hermauce et Genève, cette route qui est encore de nos
jours la plus importante de la région, suit la crête du
coteau qui domine la contrée ; tous les deux ou trois
cents mètres, nous avons relevé le long de son parcours,
des traces de villas (villae), soit habitations de colons
romains. En voici la description :
lo Commugny (territoire d'Excénevex), sur la lisière
du bois des Essartons: des fondations, des fragments de
vases, du soufre, des ossements humains y ont été
trouvés. Un cultivateur do Chevilly M. Jean Champoury ,
y a recueilli: un stylo en bronze, petit poinçon à poignée
arrondie, long de 13 centimètres, avec lequel les anciens
écrivaient sur des tablettes enduites de cire ; une tuile
à rebords intacte, mesurant 49 centimètres de long sur
33 de largo, un fragment de roche polie qui semble être
un débris de meule portative. Ont été recueillis dans le
champ de la famille Crottet, au milieu d'un amas de
cendres et de braises : un fragment de vase en pierre
bleue, dite pierre ollaire avec raies concentriques ; deux
pierres sphériques, dont Tune légèrement aplatie, devait
servir sans doute comme pilon pour écraser le grain sur
la moule ; une pièce de bronze à l'effigie de Néron, em-
pereur, mort l'an 68 de J.-C. (collection Emile Vuarnet);
2o Divonne ou Digouna^ champ situé sur la droite
avant d'arriver au bois de Fécler, traces nombreuses de
tuiles à rebords ;
3° Bonnet (territoire de Messery), traces de tuiles,
une épingle à cheveux à tête carrée, en bronze, y a été
recueillie par M. Crottet, une pièce romaine a été trou-
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^^
le
— 32 —
véo au bas de ce champ par M. Louis Duborgel, du Crot;
40 Blnndet ou Tranchc-piat, à la croisée du chemin
do Nernier à Couches (villa déjà décrite);
50 Frize (cyrisiam, sericy, serozi, dans les charfcîsdu
moyen-àge), les fils do Jean Quiblier ont trouvé dans
leur verger, k cinquante métrés de la route, des fonda-
tions en tuf, au milieu de quelques fragments de tuiles à
rebords et de scories ; (les pierres de tuf n'existent pas
dans la construction du château de Frize), l'étymologie
de Frize qui selon Piccard provient de cerise, pourrait
aussi venir de Gérés, la déesse des moissons, ou d'un
gentilice (nom de famille) ayant une forme analogue ;
fio Les champs de Lata (champs de l'hasta sur une
reconnaissance féodale de 1595), fragments nombreux
de tuiles à rebords et de poteries, sur le sommet du
coteau à 50 métrés de la route (champs Duborgel Emile
et Degrange), une pièce romaine fruste a été recueillie
par M. Duborgel Clément, cantonnier.
Il y avait dans les légions romaines trois différentes
espèces do soldats, les triaires, les princes et les hastats.
— Ces derniers étixient ainsi appelés parce qu'ils étaient
armés d'une lance appelée hasta. — Les champs de
l'hasta pourraient donc avoir été le fundus (domaine)
d'un de ces soldats ! !
7° Les Ta^'an/inA* (champ Duborgel dit Granon), tuiles
à rebords en grand nombre à 50 métrés de la route. Ce
nom nous donne peut-être le pays d'origine des colons
qui y avaient élevé leur villa, et qui devaient être origi-
naires de Tarente, ville importante du midi de l'Italie
au temps des Romains ; (ce nom est d'ailleurs ancien à
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Messery, car on le trouve cité sur une reconnaissance
de 1527);
8° Véret. — Dans le chanap autrefois à Boccard Louis,
et le jardin Duborgel Regretti, on a relevé des fonda-
tions, des ossements; on y voit encore quelques tuiles à
rebords ; de l'autre côté de la route, à 30 mètres dans
les jardins existait un vieux puits étroit, dont les mu-
railles étaient très épaisses et qui a donné son nom aux
champs voisins (les champs du puits) au siècle dernier ;
tout à côté M. Pochât, en bâtissant sa maison, a trouvé
des fragments de tuiles à rebords à plus de deux mètres
de profondeur. Veret est un diminutif de vers Etraz
(versus stratum) vers la route;
9° Messery. — Dans les jardins appelés Très le
Borgel, des fragments de tuiles à rebords se rencontrent
ainsi que des débris de murs ; plusieurs pièces romaines
y ont été recueillies: une pièce de Trajan, empereur,
mort en Tan 1 17 de notre ère a été trouvée aux Brol-
liet (1), une à Teffigie de Gallienus, empereur, mort en
2G8, a été trouvée dans le jardin do M. Duborgel Joseph,
rentier ; une troisième a été trouvée dans le jardin de
la famille Duborgel, dit Granon.
L'étymologio de Messery (missUne^ missiriacum au
moyen-àge), pourrait venir du latin messis, moisson, la
terminaison iacum indiquant une localité, missiriacum
voulait dire pays des moissons (nous avons en notre
patois romand, messe, seigle) ; le nom de la localité
aura été ensuite défiguré par les Bur^ondes, qui,
d'après Blavignac (2) transformaient
(1) Collection E. Vuarnet.
(2) Blavignac. Etudes sur Genève, livre. II
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-. 34 -
l*e muet en i. C'est ainsi que Geneva devint Ginivis.
Sans doute Messisaria, Messiriacum devint Missiri(\).
A Messery, la route s'adjoint celle venant de
Nernier, ce qui devait lui donner une certaine impor-
tance ; en effet c'est encore de nos jours le seul chemin
de Genève pour les habitants d'Excénevex, dTvoire,
de Nernier et de Messery. En la suivant on rencontre
à quatre cents mètres de Messery :
10° Les champs de Vétro autrefois Vétraz. Dans le
champ appartenant à M. Tabbé Boccard et à sa famille,
les tuiles à rebords apparaissent, on y rencîontre des
fondations. En face, M. Pochât Georges, en opérant un
défoncement ou minage, a rencontré à plus d'un mètre
de profondeur des tuiles à rebords et des briques {la le-
vés), ces dernières portaient des signes gravés profon-
dément; un peson ou poids romain, en terre rouge, de
forme conique a été trouvé non loin de là (2). Les vignes
voisines s'appellent vers Tellin, ce nom nous rappellerait
peut-être le nom do la famille romaine qui habitait ces
\\o\ni{Tellus, Telli) ;
1 1° Oppidum ou camp retranché de Quevalou, — Do
Vétro la voie atteignait les Couvaloup, Quevaleu, grand
plateau incliné limité par de profonds ravins. Des fon-
dations et des puits, aujourd'hui comblés, existent en
diflTérents endroits et les talus du couchant sont cou-
ronnés de murailles sur lesquelles s'arrête la chai*rue,
dos tuiles à rebords s'y rencontrent. D'après une tradi-
tion locale : ^ le village de Messery se serait élevé là
(1) La locution messis ridens^ moisson riante comme étymo-
logie de Messerv serait également admissible.
(2) CoUection E. Vuarnet. Ce peson pèse 2 kilogs 300 gr.
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— 35 -
autrefois, mais il aurait été détruit par la peste. » Quoi
qu'il en soit les champs du dezé (du désert) au lovant,
et de la dezey^ta (la déserte) au couchant, évoquent bien
ridée d'une dévastation quelconque ; à signaler égale-
ment le champ du trône, situé entre Quevaloup et le
lac. Dans les champs du dezé les tuiles à rebords appa-
raissent, d'anciennes poteries y ont été recueillies ;
12° Echevenet ou Chavonex (champ Servage Louis),
tuiles à rebords, l'étymologie de ce nom pourrait venir
de es chevenat/, soit es cabanes ;
13° Les Bssevts de Partaytoix les tuiles romaines se
rencontrent, est séparé du territoire de Chens par le
ruisseau de la Veurze. Au delà s'élevait autrefois la
croix de Vétry, (dans les champs voisins se rencontrent
des tulles à rebords) ; on atteint ainsi le village actuel de
Chens, puis Verêtre et Hermance. Verêtre (en patois
Verêtro (l'o final étant muet) s'écrivait Oytroz aux
siècles passés. Vers-Etro, d'avau d'Etroz, Vétro, Vé-
traz, Vétry sont des noms de lieu que l'on rencontre
généralement sur le parcours d'anciennes voies et qui
dérivent tous de strata via, route, chemin, voie. Enstra-
/wm,en la route; on désignait ainsi les habitations romai-
nes situées sur le parcours de la voie pour les distinguer
des autres fundi ou domaines qui ne jouissaient pas de
cet avantage, c'est ce qui explique leur nombre.
Non loin de Chens se trouve le port de Tougues ;
d'après Blavignac : « Lors de la défaite des Helvètes par
Jules César
débarquèrec
leur nom. »
soldats rom
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Combat dut se livrer sur la hauteur où s'élève de nos
jours le village de Chens, les lieux appelés Chat^age et
Morty, situés à côté du village, semblent en avoir per-
pétué le souvenir. Ce qui donne quoique fondement à
cette hypothèse c'est qu'en plusieurs endroits du village
de Chens (on prononce champ), on a trouvé des
ossements humains et des squelettes de chevaux.
Une pièce d'Aùrélien y a été recueillie par M. Marc
Fleuret; des traces de tuiles à rebords se rencontrent
entre l'église et Charnage. C'étaient les Tigurins ou
Tugères qui avaient fait passer une armée romaine sous
le joug ; les traces de Içur nom se rencontrent encore à
Taug, près Viuz-en-Sallaz, à Tougin, près Gex.
Habitations isolées
1° Les Epagmj sont des champs situés au bord du Vion,
sur un vieux chemin allant de Commugny (Excénevex)
à Sous-Etraz (Massongy) et Douvaine. Dans la parcelle
de Joseph Bullat, on a trouvé il y a environ cinquante
ans, des murs, un puits, au fond duquel furent recueillis
plusieurs monnaies et armes anciennes, on y voit encore
des tuiles à rebords. Le nom d'Epagny, assez fréquent
en Savoie, donne à penser que les colons qui habitaient
cette station étaient originaires de l'Espagne. Il n'y
aurait en cela rien d'improbabe, car chacun sait que
les armées romaines se recrutaient un peu partout ; on y
voyait des auxiliaires Germains, des Gaulois, des
Daces, etc , la légion thébéenno était formée do
jeunes gens dé la Haute Egypte.
2» Lav Mouilles, en amont des bois des Partays,
tuiles à rebords ; d'après M. Fichard-Fazi, une épée et
différents débris y ont été recueillis.
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— 37 —
3« Les boLs d* Ai (champ Pochât Georges) tuiles à re-
bords, la terre est charbonnéeà une certaine profondeur.
4® Vers les Granges (champ Athanase Duborgel)
tuiles à rebords, pierres taillées, recueillies par M.
Pochât Jules.
5° Les Pignolières .(champ Duret), tuiles à rebords;
M. Michel Dumont y a recueilli un vase rempli de débris
de verres de toutes couleurs.
6<» Bois des Bossons, en creusant des fossés dans ce
bois, les fils de Xavier Duborgel ont mis à jour des
amas de tuiles à rebords.
7° Vers les Grands BoLs, eu bas do Partays, les
frères Rivollat trouvèrent, il y a soixante ans, quantité
de débris, tuiles à rebords, briques, etc
Enfin pour terminer cette longue énumération, on
trouve encore des traces do tuiles romaines vers Caren-
tan, vers les Baudaz, vers les Marmoches, aux Essar-
tons des Ronzets, vers la Dianbeau ou Jeanbeau, vers
champ Mareta, etc. . .
De la grandeur des iundi ou domaines
des Vétérans
Aux environs du village de Messery, c'est-à-dire dans
la partie de la colonie de Nernier que nous avons le plus
spécialement étudiée, les traces d'habitations antiques se
trouvent disposées sur 5 lignes, parallèles à la rive du lac.
La première ligne, située à peu de distance de la
rive, est formée par les ruines de Collan, Sous les Prés,
les Marmoches, Dianbeau, les Grands Bois, etc
La seconde ligne est tracée par
Messery, Chens, Cusy, Hermance, (
à une distance du lac qui varie eut
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— 38 —
La troisième ligne est établie sur un pli de terrain
situe à 3 ou 400 mètres en arrière de la route ; on y
rencontre les deux stations des marais (champ Modeste
Duborgelet champ Camenet), la Piguolière, etc....
La quatrième ligne à 3 ou 400 mètres de la précé-
dente, est située sur le versant des bois de Messery, on
y rencontre : le Plantet, les bois d'Ai, Carantan, les
Essartons de Ronzai, etc
La cinquième ligne à 3 ou 400 mètres en arrière dans
les bois, est formée par le Cret de la Braise, les Gran-
ges (champ Athanase Duborgel), le bois des Bossons, les
Mouilles, etc
Ceci nous donnerait donc d'une manière assez juste la
longueur des fundi ou domaines de nos vétérans, c'est-
à-dire environ 350 mètres. Quant à la largeur elle varie
entre 250 et 300 mètres. D'après nos calculs, l'étendue
d'un domaine de vétéran aurait donc été d'environ huit
à dix hectares, soit en mesure du pays 24 à 30 journaux.
Voyons maintenant ce que nous dit l'histoire.
L'an 741 de Rome, Auguste avait fixé le service des
prétoriens à 12 ans, celui des légionnaires à 16, et leur
service achevé, il leur avait assigné une somme fixe;
cette récompense était pour chaque légionnaire de
douze mille sesterces, soit environ 4,000 fr. et pour
chaque prétorien de vingt mille sesterces, soit environ
7.000 fr. de notre monnaie. Mais quand Auguste eut
augmenté l'influence des lois et du Sénat et affermi
son pouvoir, il osa resteindre les privilèges du soldat,
et au lieu de ces récompenses en argent quij épuisaient
le trésor public, il leur assigna des terres conquises dans
le voisinage des Barbares.
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— 39 —
Les S ou 10 hectares do terre qui semblent avoir été
réteodue des domaines de vétérans à Messery, repré-
senteraient de nos jours une somme variant entre quinze
et trente mille francs, suivant la nature du sol. Mais à
répoque de Jules César, les terrains avaient certaine-
ment moins de valeur. En tout cas ces domaines qui
seraient de nos jours suffisants pour faire vivre à Taise
une famille, devaient rétro encore bien davantage à
répoque romaine, alors qu'ils n'étaient pas épuisés,
comme ils le sont de nos jours, par 2.000 ans de culture.
Etymologie de Nernier
Plusieurs auteurs se sont ingéniés à trouver Tétymo-
logie de Nernier. D'après Albanis Beaumont, Nernier
tirerait son nom de la tribu romaine Arniensis (1)
{amiensis colonia) ; selon Blavignac (2) « les Nornes,
prêtresses celtiques, auraient laissé leur souvenir sur
les rives du Léman, le nom du village de Nernier se
traduirait par métairie ou villa des Nornes. » Suivant
d'autres, Nernier dériverait de villa Neronis, soit d'une
villa de Néron (3). Enfin une terre du Valais était ap-
pelée Nernye (4) en 1252.
Cependant remarquons avec quelle persistance les
noms de lieu se sont généralement conservés dans notre
pays, surtout dans le langage populaire ; nous voyons
César dans ses commentaires, appeler Genève (Geneva);
c'est encore ainsi que nous désignons cette ville en notre
patois romand. Nernier se dit Narni dans le pays, il
(1) Albanis Beaumont. Description des Alpes Grecques et Cottien-
nés. Vol. I, page 52.
(2) Blavignac. Volume I, page 85.
(3) Revue Savoisienne. 1865, page 97.
(4) Suisse Romande. Tome XXIX, page 472.
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— 40 —
est écrit Narniaco sur une bullo du 9 septembre 1250 ;
or nous trouvons en Italie, non loin de Rome, la ville
de Narni, la Narnia des Romains, qui donna le jour à
l'empereur Nerva (96-98). Il est possible que des colons
ou des fonctionnaires, originaires de Narni, aient donné
à la colonie naissante le nom de leur patrie.
La pierre de Messery
Guichenon qui publia, vers 1660, son histoire de la
Maison de Savoie ne cite dans tout le Chablais que
deux inscriptions romaines.
La première placée en Féglise de Douvaine s'y trouve
encore, c'est un ex-voto à, Jupiter et à Mars.:
La seconde, dit notre auteur, « est au village de
Meyscry sur une colonne de roc ronde, à la porte de
l'église. > Mais le mauvais état de la pierre fit qu'il en
donna une copie erronée. Spon dans son histoire de Ge-
nève (édition de 1730) la rectifia. Cette pierre est restée
à la porte de l'église jusqu'à sa démolition, en 1846; elle
fut vendue, à cette époque, avec d'autres matériaux à un
habitant d'Essçrt qui la céda, vers 1865, à M. Turettini,
de Genève. Elle se trouve actuellement au musée de
cette ville, mais l'inscription en est aux trois quarts
effacée.
. Elle était ainsi, conçue :
IMP . CAES . SEPTIM . SEVERo
PIO . PERTIN . AUG . ARAB . ADIAB .
PARTHIC . MAX^ P . M . TRIB . POT . IX .
IMP . XI . COS . II . DESIG . ÏII . PPPR .
ET . M . AVREL . ANTONINO .
AUG . TRIB . POT . IIII . COS . DESIG .
IIII
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— 41 —
Elle doit so lire : Imperatori Cœs^ri Septimo Severo
Pio Pertiaaci, Augusto, Arabico, Adiabenico, Parthico,
Maximo, pontifici Maximo, tribunitiae potcstatis nono
anno, imperatori uodeciraum, coQsuli secundum, dési-
gnât! tertittm, patri patriae, proconsul! et Marco Aure-
lio, Antooino Augusto, tribunitiae, potestatis anno
quarto, consuli designato. Quartum (1).
Cette inscription dédiée à Tempereur Soptime Sévère,
vainqueur des Arabes et des Parthesest de Tan 201; ce
doit être une pierre milliairo que Ton élevait sur les
grandes routes pour marquer la distance. Le chiflfre IIII
qui la termine indique peutrêtre le nombre de milles.
Elle a donc pu être placée à 4 railles romains du point
de départ de la route. Mais d'où partait cette route ? . ,
C'est ce que chaque auteur a jugé différemment. M. .
Turettiui (2) Ta d'abord fait provenir de la route de
Genève àNyon. M. Tabbé Ducis Ta placée sur la route
de Genèvo à Douvaine (3), entre la Capite et SVMau-
rice d'où elle aurait été transportée à Messery. Ces
auteurs ignoraient les nombreux débris romains que
renferme notre sol. Or d'après une ancienne coutume il
était d'usage d'encastrer dans les murs des églises les
inscriptions antiques trouvées dans la localité, comme
on peut le voir encore à DouvainOyà Passy, à Gevrier,
à Annecy-le-Vieux, à l'abbaye de Talloires. Il se pour-
rait qu'il en ait été ainsi à Messery.
Le mille romain vallait 1481 mètres, les 4 milles fai-
(1) A. Ducis. Questions archéologiques sur les Alpes de Savoie^
page 224. Revou. Inscriptions de la Haute-Savoiey^age 46.
(2) Mémoires de la Société d'hist. de Genève, 1865, page 118.
(3) A. Ducis. Questions archéologiques.
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— 42 —
saient 5924 mètres qui sont à peu de choses près la lon-
gueur de Tancienne route de Messery à Douvaino et à
la grande voie de Genève au Valais.
Cette colonne milliaire a, d'après Albanis Beaumont (1 ),
4 pieds de haut et environ 15 pouces de diamètre; une
pierre de même dimension et de même nature lui faisait
pendant à la porte de la vieille église, elle se trouve
actuellement dans le mur du cimetière où elle sert de
boute-roues.
Goup-d'œil général sur les établissements romains
de la région
Les nombreux débris que renferme encore notre sol,
après les siècles écoulés, démontrent d'une manière irré-
futable à quel degré d'intensité arriva la colonisation
romaine dans notre région.
En face de Nernier, s'élevait la cité de ISiovodunum
(Nyon), capitale delà colonie Equestre. C'était une ville
assez importante puisqu'elle fut le siège d'unévêché bien
avant l'invasion des Barbares.
Corsier, Cologny, Vésenaz, Plongeon, S<^-Maurice
près Collonges-Bellerive, étaient des centres de colonies.
A Corsier, se trouvait une villa dont les murs étaient
revêtus de mosaïques et de marbres précieux (2). A
Vésenaz, on découvrit en 1837 un trésor composé de
900|)ièces romaines. A S*-Maurice, on a recueilli des
pièces d'or à l'effigie des premiers empereurs.
En Chablais: Champanges, Thonon, Sciez, Douvaine,
Bons furent colonisés ; les eaux de Thonon étaient déjà
(1) Albanis Beaumont. Description des Alpes Grecques et Cot-
tiennes, vol. I, page 180.
(2) Blavignac. Etudes sur Genève^ page 140 et 141.
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— 43 —
coQDues, ot rextrêmité orleatalo de cette province por-
tait le nom dé Finis Hevcolana{\e Fioage d'Hercule) ; à
Champanges en 1893, on découvrait un vase de terre
renfermant plusieurs milliers de pièces romaines (1).
L'eau potable était amenée à Genève par une prise
d'eau partant de la montagne des Voirons, les canaux
avaient un diamètre de trois à quatre pieds (2).
Le passage le plus fréquenté des Alpes pour aller des
Gaules en Italie était le col des Alpes Pennines, appelé
le Montjoux (MonsJovis), aujourd'hui le Grand S*-
Bernard ; une route militaire en descendait, traversant
le Valais et longeant les rives du lac.
Sur le haut Rhône, un corps de radeliers (ratiarii) (3)
était organisé, et le lac était sillonné par une flotte de
barques dont le préfet ou chef suprême résidait à Ebre-
duni Sapaudiae (Yverdun de Savoie) peut-être Yvorne.
Tandis que la culture du blé avait été rendue obliga-
toire en Gaule, celle de la vigne y fut interdite. C'était
une mesure toute militaire. Le blé sur les bords du Lé-
man était embarqué des colonies riveraines et trans-
porté par les flotilles romaines à Port Valais, puis à
Agaune, aujourd'hui S*-Maurice, où il servait au ravitail-
lement des armées qui passaient les Alpes. Tels furent,
croyons-nous, l'origine et le rôle de la colonie de Narni,
colonie militaire et agricole.
(1| Académie Chablaisienne, tome VII, pageX.
(21 Blavignac, page 137.
(3) Notice des dignités de l'Empire, Prsefectus classis barca--
riorum Ebreduni Sapaudiae. De cette époque nous avons conservé
le nom de barca, nom donné aux barques du lac, et leurs voiles
triangulaires appelées voiles latines. La forme même de nos bar-
ques rappelle celle des trirèmes antiques.
— 44 —
CHAPITRE IV
Etablissement du christianisme. — Le paganisme. — Sa résis-
tance. — Ses derniers vestiges. — Invasion des Barbares. —
Les Burgundes.
La grande route de Romt3 en Germanie et en Gaule
passait par le Valais et les deux rives du Léman, c'est
par là qu'arrivèrent les premiers missionnaires de cette
religion nouvelle qui devait changer la face du monde.
Le christianisme pénétra à Genève dès le l*'*' siècle,
mais là comme ailleurs il eut à subir des persécutions.
Les premiers chrétiens étaient déjà assez nombreux
à Nyon au troisième siècle, pour qu'un évêché y fut éta-
bli. Lors de la septième persécution de 249 à 251, trois
d'entre eux y furent martyrisés. Sous Dioclétien, entre
les années 303 et 305, onze autres disciples de Jésus y
tombèrent sous le glaive des païens ; 1- église de Lau-
sanne célèbre leur fête le 22 mai et le 8 juin ; les corps
de ces saints martyrs étaient conservés à Nyon dans
l'église des Corps-Saints qui devint le but d'un grand
pèlerinage; mais en 1536, lors de l'invasion des Bernois,
ceux-ci démolirent l'église et firent disparaître les corps
des martyrs (1).
Le nombre des premiers chrétiens qui périrent pour
leur foi fut inimense, c'est par millions qu'on les compte ;
la persécution de Dioclétien à elle seule en fit des cen-
(1) Blavignac. Etudes sur Genève, I, page 251. .
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-4S -
taines do millo ; aussi n'y a-t-il rien d'étonnant que leurs
noms se soient conservés si nombreux dans nos contrées.
C'est ainsi que les Marteivets, déjà cités comme village
gallo-romain, prés Excénevex, et le champ voisin appelé
les Martians, pourraient rappeler le souvenir des
martyrs.
Malgré les persécutions, la religion chrétienne triom-
pha ; elle se propagea dans les villes où résidaient les
évéques, mais fit moins de progrés dans les campagnes
où le culte des fiiux dieux se conserva longtemps encore
et prit, des paysans ou pagani, le nom de paganisme.
Sur ces entrefaites l'empire romain amolli, corrompu,
par les richesses du monde qui s'y trouvaient entassées,
croulait sous les attaques et les invasions des peuples
Germaniques. Les populations écrasées d'impôts, pressu-
rées par le fisc, s'étaient détachées du gouvernement ; les
9/10 des habitants étaient esclaves ; ils se soulevèrent
au lieu de les combattre; à la guerre étrangère se joignit :
la guerre civile ; c'est ce qui explique la facilité avec
laquelle eut lieu l'invasion des peuples du Nord.
Les Burgundes, un des principaux de ces peuples,
s'établit dans la vallée du Rhône et choisit Genève
comme capitale. Ils avaient déjà été convertis au chris-
tianisme par de hardis missionnaires; leur établissement
dans notre pays s'opéra par suite d'un traité. Cultiva-
teurs ou pasteurs, ils préférèrent la vie champêtre au
séjour des villes ; ces dernières continuèrent donc à être
habitées par les Gallo-Romains ; les terres furent parta-
gées entre les deux peuplés. « Il faut considérer dit
« Montesquieu (l)que ces partages ne furent point faits
(1) Montesquieu. Esprit des lois. Livre XXX. Chapitres VIH et IX.
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- 46 -
« par un esprit tyrannique, la loi voulait que le Bour-
« guigoon ait les deux tiers des terres, et le tiers des
« serfs. Le Bourguignon qui était chasseur et pasteur
« avait besoin de beaucoup de terres, il ne dédaignait
« pas de prendre des friches. Le Romain au contraire
« gardait les terres les plus propres à la culture, il avait
« donc besoin de moins de terre et de plus d'esclaves. »
D'ailleurs les Burgundes étaient tout au plus soixante
mille disséminés sur toute l'étendue du bassin du Rhône
et de la Suisse, ils avaient toutes les raisons de mécon-
tenter le moins possible la population. Suivant un auteur
contemporain, Paul Orose, « les Bourguignons vivaient
au milieu des Romains non comme avec des sujets, mais
comme avec des frères. »
Dans notre pays la colonisation Burgunde, laissant la
rive du lac aux Gallo-Romains, semble avoir choisi de
préférence le voisinage des montagnes alors inhabitées.
Tous les noms terminés en inge et en ens décèlent
une origine Germanique (1) ; ces noms forment une ligne
continue au pied du massif du Chablais.
Tels sont: Larringes, Merninge, Cursingcs, Présingo,
AUinges, Mesinges, etc....
Marignens, Brens, Marcorens, Brécorens, Braillant,
Cervens, etc
Les populations de nos hautes montagnes ont conservé
jusqu'à nos jours les mœurs familiales, les traits et le
caractère de la race Germanique que nous a dépeint
Tacite, le plus célèbre des historiens Romains, et
comme l'a si bien fait remarquer M. le Chanoine Mercier
dans son histoire de l'Abbaye d'Abondance.
(1) Jules Vu y. La villa Quadruvium,
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- 47 —
Dans la plaine, les Burgiindes se Axèrent en moîus
grand nombre. Cependant cette augmentation de popu-
lation occasionna des défrichements nouveaux. Les
Burgundes employaient le feu comme le moyen le plus
propre à opérer leurs défrichements ; le mot Essarta se
disait des terres nouvellement défrichées (Peyré, loi
Gombette), il provient du latin eœaro et exartare, il fut
très employé au moyen-àge; nous avous le mot patois
essarta qui a la même signification, nos champs dérivant
de ce mot sont nombreux : Les Esserts, les Essié, les
Essartons, Essert autrefois Excert, et que Ton prononce
Essié en patois.
Vers 1820, on découvrit à Nernier à l'extrémité
Nord du parc d'Antioche, à proximité de la rive du lac,
un certain nombre de tombeaux en dalles, dans lesquels
les enfants du village allaient se coucher (1); ce lieu
s'appelait autrefois Fatamaz, qui pourrait être une
corruption de Faramaz. Les Faramani cités dans la loi
Gombette, auraient été, suivant quelques historiens, des
groupes de familles Burgundes, que le roi Gondebaud
aurait installés sur le territoire des villas et auxquels il
aurait accordé la moitié des fruits, des vergers et des
essarts (2).
Le terrain qui comprend l'église, le cimetière de
Nernier et quelques jardins voisins, est désigné dans le
cadastre de 1738 sous le nom de Manfy. Ce nom a été
défiguré par le langage local qui transforme l's en f.
(Ainsi panse et pansu, se disent panfe et panfu). Donc
, (1) Communiqué par M. Lucien Ducliêne, maire de Nernier.
(2) Revue Savoisienne^ 1898, pages 19 et 21. (Les Burgundes en
Savoie, par Marteaux et Marc Leroux).
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maofy rappelle maosy (mansi), nom sous lequel on dé-
signait, à répoque Burgonde, les terres détachées du
domaine et réparties entre le personnel agricole.
A Yooivey la villa de Jossinge (ou Diossinge, suivant
la prononciation locale), nxppelle un nom d'origine ger-
manique ou un noqi de famille gallo-romaine, dénaturé
par les gosiers burgundes.
A l'entrée du village d'Essert existent les vignes de
Tranchepiat qui s'appelaient autrefois le borgel, une
vigne voisine est appelée en Merode sur le cadastre de
1670; ces deux noms sont d'origine germanique, borgel^
dérivant Aeburg ou borg, maisons fortifiées, et Merode^
provenant comme Merowig, de Mcro, élevé.
Evangélisation définitive des campagnes
Sous les rois Burgundes, Allinges devint la capitiile
du Chablais actuel qui prit le nom de pagiu^ Allingien-
sis; les évéqucs au milieu de l'anarchie et des désordres
étaient devenus tout puissants, les circonscriptions
ecclésiastiques recurent les mêmes limites que les divi-
sions civiles ; \opagus Allingiensis devint au point de
vue religieux le décanat d' Allinges, dont Messery et
Nernier firent partie.
C'est à cette époque que remonte l 'evangélisation défi-
nitive de nos campagnes. Un temple dédié à Jupiter, si
l'on en croit une tradition, s'élevait sur la montagne
d'Evoëron et l'évangile éclairait depuis longtemps les
villages de la plaine que l'idole de la montagne conti-
nuait de recevoir les hommages de ses fidèles adorateurs.
Un pieux évoque de Genève, Domitien, qui était en
mémo temps conseiller de Gondegisèle, roi d(î Bourgo-
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- 49 -
gae, résolut de détruire ce dernier asile du paganisme,
il monta donc aux Voirons et renversa l'idole ; c*ét<\it
entre Tan 450 et 500 de notre ère (1).
Vers 522, Saint-A vit, archevêque de Vienne, revenant
du pèlerinage de S*-Maurice par la route d'AUinges,
inaugura l'église d'Annemasse sur l'emplacement d'un
fanum ou temple païen. Ceci était devenu général, ce
saint personnage le constate ainsi dans ses homélies:
« Sous le sceptre florissant de la puissance chrétienne
€ on voit se multiplier les lieux de prières, les temples
« des martyrs, les sacrés parvis; les bourgades se parent
€ d'églises non moins que de patrons, ou pour mieux
« dire d'illustres personnages »
Dès la fin du VI« siècle, l'évangélisation de nos cam-
pagnes était une œuvre terminée. C'est à cette époque
que vraisemblablement remonte la fondation de l'église
de Nernier, bâtie, comme nous l'avons dit, sur des ruines
romaines. Elle reçut comme patron, S*-Martin, évéque
de Tours, mort en 400, alors en grande vénération dans
toute la Gaule (ce grand saint avait passé par Genève
pour se rendre en pèlerinage à S*-Maurice en Valais).
Mais le paganisme avait de profondes racines dans
nos campagnes, et il se perpétua encore longtemps dans
un culte superstitieux. Presque partout la religion chré-
tienne dut élever la croix à l'endroit précis où quelque
superstition persistait.
Près des traces romaines de Collan, existaient encore
il y a trente ans deux blocs erratiques énormes, connus
sous le nom de pierres de colan. Autrefois à Messery,
quand une personne ne savait à quoi saint se vouer, on
(1) J.-F. Gonthier. Les Voirons.
46
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— 50 -^
lui disait ea riant « dit on pater^ on avé pé la pirra
dCColan. > (1) Il y a là daas cette locution comme un
dernier souvenir du culte dont on entourait cette pierre ;
or les païens avaient une déesse, présidant aux collines
du nom de collaline, et le champ voisin porte le nom
de champ ou pré de la Croix.
Les divinités du paganisme désignées par la suite
sous le nom de fées, furent chargées par l'imagination
populaire de pouvoirs merveilleux.
Près le village d'Essert, en face des traces romaines
de Bonnet se trouve le champ appelé Félison, le champ
voisin s'appelle la Croix-vy, la croix vieille (jardin
Etienne Quiblier).
Non loin de là se trouvent les bois de Fécler (les fées-
claires), à ce sujet, une légende : Il y a de c(îla bien
longtemps, dit-on au village d'Essert, un homme du
nom de Tabasan, allait voler du bois, la nuit, dans la
foret de Fécler; or un soir qu'il faisait clair de lune, les
fées l'aperçurent commettant son vol, elles le prirent
avec son fagot, et pour le punir le placèrent dans la
lune, et depuis cette époque on peut voir par les nuits
étoilées, sa tête grimaçante apparaître dans cet astre.
Au Cret de la Braise, existait autrefois une pierre
plate rectangulaire de la grandeur d'une table : une
femme, disait-on, y apparaissait la nuit, assise sur la
pierre et filant. On la désignait sous le nom de la femme
qui file. Les fées venaient y danser en rond (les
prés voisins sont appelés prés Féron).
(1) Traduction française. Dis un pater, un ave pour la pierre de
Gollan.
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— 51 ^
Enfin, non loin des traces romaines, des bois (ÏAi à
Messery, se trouve le puits des Payes ou des Fées. Ce
nom lui vient sans doute de sa position au milieu des
bois qui a dû souvent intriguer les esprits.
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- b2 -
CHAPITRE V
Le Moyen-Age. — Les Châteaux. — Les Seigneurs. — Beaure-
gard. — Ravorée. — Y voire. — Nernier. — Frize. — Barde-
nuche. — Le Borgel d'Essert. — Le Borgel de Messerv.
Les invasions des Barbares aux IV® et V® siècles, les
ravages des Francs en Tan. 500, ceux des Lombards au
VI® siècle, des Sarrasins aux VIII^ et IX^, firent dispa-
raître de notre pays la civilisation romaine et les nom-
breuses habitations qui couvraient notre sol. Les Francs
semblent avoir dévasté notre pays plus que tous les
autres barbares, Genève fut brûlée et le pays entière-
ment saccagé.
Devant le brigandage et le manque de sécurité, les
villes, les bourgades s'entourèrent de murs, les campa-
gnes se hérissèrent de châteaux forts auprès desquels
les populations cherchèrent un abri. « L'espèce de
« parallélogramme dit un auteur sa voisien, (1) qui dans
« le Chablais moderne s'étend depuis les confins de
« l'ancienne chàtellenie d'Allinges, entre le lac Léman
« et la majestueuse montagne des Voirons jusqu'à
« l'Arve, présentait au moyen-àge un assez singulier
« spectacle. Jamais en effet territoire ne fut plus bi-
« zarrement fractionné par le régime féodal ; c'était un
(1) Léon Menabrea. Des origines féodales dans les Alpes occiden-
tales (page 293).
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— 53 —
« champ clos où les comtes de Genève, les comtes de
« Savoie, les sires de Faucigny, et après ceux-ci les
« Dauphins de Vienne leurs successeurs, ne cessèrent
<c pendant trois siècles de se livrer des combats achar-
ne nés. Chacun de ces princes y possédait des terres.
« des châteaux, y comptait ses fidèles, ses feudataires,
« de là des querelles sans fin. >
Sur remplacement de notre colonie romaine, il semble
qu'un système de défense, dont Yvoire et Nernier au-
raient été le centre, ait présidé à la construction de nos
châteaux. Tout d'abord en première ligne, sur la rive
môme du lac se dressaient: Hermance, Beauregard,
Nernier, Yvoire, Ravorée, Coudrée; tandis qu'en arrière
sur le sommet du coteau s'élevait la maison forte de
Frise, et plus en arrière le château de Bardenuche.
BEAUREGARD
Ce château est situé sur le territoire de Chens, entre
Hermance et Messery. C'est en 1325 que nous voyons
apparaître son nom pour la première fois dans nos
annales.
Au printemps de l'année 1325, les troupes du Dauphin
Guignes VIII, unies à celles du Sire de Faucigny et du
Comte de Genevois ravageaient * le Chablais et mena-
çaient Yvoire ; le bailli de Chablais et le vidomne de
Genève appelèrent à leur secours de vaillants hommes
d'armes qui s'enfermèrent aux AUinges; parmi ces hom-
mes d'armes se trouvait Jean de Beauregard (1).
(Johannes de Belregart).
L'année suivante le château de Beauregard joua un
(1) Académie Salésienne, III.
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— 54 —
rôle important : le comte Edouard de Savoie faisait de
grands préparatifs en vue d'enlever Hermance à Tarmée
dauphinoise. La tour de Beauregard servit de quartier
général et des quantités de foin et de vin y furent ame-
nées (1): « cent et une octanes de blé, mesure de Genève,
furent achetées au prieur de Douvaine et livrées à un
bourgeois d'Evian pour faire le pain nécessaire à Tarmée
de Savoie ». Le comte arriva devant Hermance le
1«^ mai 1326, mais un orage épouvantable étant survenu,
il leva le siège et fit reconduire à Versoix sur dix grosses
barques, le blé, le foin et le vin qui avaient été réunis
à Beauregard (Belregart). La tour actuelle du château
avec ses murs de trois métrés d'épaisseur remonte
vraisemblablement à cette époque.
Nos châteaux étaient reliés par des chemins stratégi-
ques, c'est ainsi que le chemin de Langin qui traverse
le territoire de Chens et de Douvaine conduisait d'Her-
mance à la tour de Langin. Suivant une tradition, un
ancien chemin traversant les bois faisait communiquer
Beauregard avec les Allinges.
Que devint la famille desrfe Belregart? Elle s'éteignit
sans doute, car nous voyons le 10 septembre 1393 le
pape Clément VII (dernier fils d'Amédée III, comte de
Genevois) donner l'investiture du fief de Beauregard à
Pierre de Balleyson déjà seigneur du lieu (2).
Le 27 novembre 1422, Jean et Anthoine de Balleyson
se reconnaissent vassaux du prince Amédée duc de Sa-
voie à cause de Beauregard; dans cette reconnais-
(1) Octane, mesure de capacité pour les graines, nommée aussi
quelquefois coupe, copa, octana, oytana. Académie Chabl.j VII.
(2) Revue Savoisienne^ 1880, page 26.
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— 55 —
sauce sont relatées les attributions judiciaires dépendant
de ce château. Elles comprenaient :
« Les fourches, plots, gibets, piliers, piloris et autres
instruments nécessaires pour Texercice de la dite juri-
diction ; avec aussi la visite des grands chemins, les
droits de lauds, ventes, chasse, eaux, cours d'eaux,
poids, mesures, etc. (1).
Au moyen-àge, chaque seigneur avait ses poids et
mesures différents de ceux du voisin ; dans un contrat
il fallait avoir soin de spécifier si la coupe de blé était
de la mesure de Nyon, de Genève, dTvoire, de Beaure-
gard, etc....; ces différentes mesures restèrent en usage
jusqu'à la Révolution. Celles de Genève et de Thonon le
sont encore.
Le château de Beauregard demeura dans la famille
de Balleyson jusqu'au XVI® siècle, Marie fille de Gui-
gnes de Balleyson porta le fief de Beauregard à Claude
de Mionnax son mari (1543).
Cette famille augmenta ses possessions en Chablais
par l'acquisition de la seigneurie do Massongy achetée
aux redoutés seigneurs de Berne pour le prix de 800
écus d'or (1552), puis par une partie de la seigneurie de
Ballaison et de la baronnie d'Hermance (2).
Françoise de Mionnas fille et unique héritière de
Claude, épousa illustre et puissant seigneur Bernard
d'Allinges, seigneur d'Allinges. de Coudrée, de Lan-
gin, etc.... C'est de cette époque que date la toiture
(1) Archives départementales. Sommaire des fiefs), article
Beauregard.
(2) Revue Savoisienne, 1880, page 26, Comte, notice sur Beaure-
gard.
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— 56 —
actuelle de la four qui porte incrustée sur une solive la
date de 1573.
Isaac d'Allinges, par son testament du 14 janvier
1 054, institua héritiers de ses avoirs ses deux neveux:
Jacques d'Allinges qui eut Coudrée et Servette, et Ber-
nard de Budé qui eut toutes ses autres possessions.
Le 8 septembre 1670, les nobles de Budé vendirent
Beauregard, à une famille d'origine génoise, les Costa
qui le possèdent encore.
Messire Gaspard Costa, comte du Villard, était prési-
dent de la Chambre des Comptes de Savoie ; son flls
Jean-Baptiste Costa lui succéda dans sa charge. Le
20 janvier 1700, Beauregard fut érigé en marquisat en
sa faveur; il étendit ses domaines par l'acquisition de
la seigneurie de Frise et d'une partie de celle de Nornier.
Par suite de ces agrandissements la juridiction du mar-
quisat de Beauregard s'étendit sur Messery et Nernicr
durant tout le XYIII^ siècle.
Parmi les hommes remarquables sortis de cette famille
nous devons citer : Barthélémy Costa, marquis de St-
Genix, St-Maurice, Gerbex, le Villars, Beauregard,
seigneur de Nernier, général des armées de son Altesse
Electorale de Bavière, son premier chambellan, gouver-
neur de la ville et province de Neumarck dans le haut
Pahitinat, 1733, auteur d'un ouvrage d'agriculture
estimé « Essai sur la culture dans les pays montueux.
Chambéry, 1773.
Le marquis Albert Costa de Beauregard, reçu mem-
bre de l'Académie française, février 1897, a célébré
dans son livre « un homme d'autrefois », les vertus et
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— 57 —
les tribulations de son arriére grand-père, le marquis
Henri, pendant la Révolution.
Le comte Jocelyn Costa de Beauregard, frère du pré-
cédent, propriétiiire actuel du château a réuni, à Beau-
regard, une superbe collection d'antiquités lacustres et
préhistoriques.
ROVORÉE
Rovéry, Rovôriaz, Rovéréa, dont les ruines surplom-
bent la grève du lac, entre Excénevex et Yvoire, est un
de nos plus vieux châteaux.
La famille seigneuriale qui portait ce nom était une
des plus anciennes et des plus illustres du Chablais,
c'étiiit sur ses propriétés que fut bâti avant 1094 le
cœnobium ou abbaye de St-Jean-d'Aulps.
L'étymologie de Rovery (comme Ton dit dans le
pays) provient du vieux français Rouvre, chêne, et sui-
vant Tissotdu latin, robw\ chêne (1).
Par le traité do Voiron, 26 mai 1293. nous voyons
Béatrix, dame de Faucigny, faire donation à son cousin
Amédée, comte de Savoie, des fiefs de Rovorée et de
Nernier (2). Cependant Béatrix rentra bientôt en pos-
session de Rovorée.
La guerre ayant de nouveau éclaté, le bailli du Cha-
blais en profita pour venir mettre le siège devant le châ-
teau ; le châtelain de Versoye lui envoya sur une barque
des engins de guerre avec plusieurs compagnons et nau-
tonniers(3), Rovorée fut pris et détruit le 27 août 1307.
(1) Tissot. Les noms de lieux de la Haute-Savoie. Retue Savoi-
sienney 1891.
(2) Académie Salésienne. Tome III, page 122.
(3) Mémoires de Genève. Tome IX, page 251 (comptes des Châ-
telains de Versoix).
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— 58 —
En 1308, parla paix do Montmôlian, le Dauphin Hu-
gues et Béatrix promirent de rendre hommage à
Amédée V pour les fiefs de Rovorôe, de Nernier et de
Gex (1). Rendu au duc do Savoie, à la paix de 1355, le
domaine de Rooéria ou Rooery fit partie jusqu'à la Ré-
volution française de la seigneurie dTvoire.
Il ne reste plus de nos jours de ce château que quel-
ques pans de murs sapés par les eaux, et une double
enceinte de fossés encore visibles. Mais autrefois il
s'avançait beaucoup plus loin dans le lac ; en 1815, des
bateliers s'étaient mis à en démolir les murs dont ils
transportaient les matériaux à Genève, au cours de leurs
travaux ils découvrirent une cave, dans laquelle ils
trouvèrent deux tonneaux intacts qui renfermaient
encore du vin (2). Le domaine de Rovéry appartient de
nos jours à M. le baron d'Y voire.
YVOIRE
Le village d'Yvoire est bâti sur le lac à l'extrémité
d'un cap ou pointe appelée par nos bateliers : la becca
d'Fcoitère; l'étymologie de ce nom dérive du vieux
français, éoa, évier, eau. Sur une bulle du pape Inno-
cent IV, du 9 septembre 1250 l'église d'Yvoire est dé-
nommée ecclesta de Evyre, nom que les notaires du
moyen-àge traduisaient par Aquaria.
Le 25 mai 1264 un Pierre d'Yvoire, chevalier, donnait
au couvent de Filly tous ses droits sur les bois de
(1) Académie Salésienne, Tome 111, page 127.
(2) Communiqué par M. Novel dit TEgyptien, vieillard nona-
génaire demeurant à Yvoire; cette trouvaille causa d'après
M. Novel une certaine émotion à Yvoire, on eu parla longtemps
dans le pays.
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— 59 —
Fescley, du Vernay et sur la dîme des Dovales
dTvoiro (1), le tout du fief d'Anselme de Compey.
Le 5 juillet 1289, Antelme de Compey dTvoire pré-
lait hommage à la comtesse Béatrix de Faucigay (2).
Cependant on était au prélude de la longue guerre du
Faucigny qui devait désoler notre pays pendant prés de
cent ans. Le comte de Savoie considérant de quelle
utilité pourrait lui être la position dTvoire, afin de
contrebalancer l'importance d'Hermance possédée par
le Dauphin, résolut de l'acquérir. Après entente avec le
tuteur des enfants d'Antelme de Compey et leur conseil
de famille, un acte d'échange fut passé au Bourget le
29 août 1306. Les de Compey en échange d'Y voire re-
cevaient la maison forte de la chapelle de Marin, la
mestralie de Thonon et 66 hommes taillables de Marin
et dos environs, etc. (3) et (4).
Yvoire fit dès lors partie des apanages souverains,
c'est à cette époque que furent élevés les remparts qui
entourent encore le village. Quelles furent les luttes
que notre forteresse eut à soutenir pendant cette terrible
guerre du Faucigny ? Les comptes des châtelains
d'Y voire (1305-1356) conservés aux archives Camérales
à Turin pourraient nous les faire connaître, mais en
attendant leur publication qui jetterait une vive lumière
sur l'histoire de notre région, voici ce que nous avons
pu recueillir.
(1) Académie Salésienne^ III. page 127.
(2) Turin. Archives de la Cour^ folio 6 et Archives départe-
mentales.
(3) Archives départementales. Sommaire des fiefs.
(4) Revue Savoisienne. 1897, pages 156-157.
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— 60 —
En 1316, deux cents barques sont amenées dTvoire
à Evian pour prendre les secours que le châtelain d'Al-
linges envoie à Louis, baron de Vaud, en guerre avec
le comte de Genève (1).
Vers la fin d'août, le bailli du Chablais renforce la
garnison dTvoire et parcourt la terre de Ballaison en
brillant plusieurs maisons.
En 1322, le 1«^ octobre, le châtelain d'Allinges envoie
à Humbert seigneur de Collombes 35 livres 3 sols 3 de-
niers genevois pour la solde de la garnison que ce
seigneur tient dans la ville d'Yvoire.
En 1323 le châtelain d'Allinges, Jean Dumont,
craignant pour la garde de la ville d'Yvoire, y tient
10 hommes armes pendant 20 jours.
En 1325, le môme châtelain envoie le seigneur xNi-
cholet d'Aulps avec huit clients armes, en garnison à
Yvoire pendant 55 jours. Enfin dans le courant de juin
et de juillet de la même année, les ennemis menaçant
Yvoire, le même châtelain y envoie une première fois
18 clients de Thonon et 25 autres le 27 juillet. La paix
définitive ne fut signée qu'en 1355 (2).
C'est au milieu de ces vicissitudes que le co.mte de
Savoie en compensation des pertes causées par la guerre,
accorda aux habitants d'Yvoire des franchises commu-
nales et le droit de bourgeoisie (2 mars 1324).
Les habitants des villes et des bourgs qui recevaient
des franchises n'étaient astreints au service militaire que
pour un temps déterminé. Les bourgeois d'Yvoire de-
vaient, en cas de guerre, 15 jours de cavalcade à leur
1) Gonthier. Les Châteaux des ÂUinges.
2) Ibid,
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-61 -
frais, dans le rayon d'une journée de distance du lac.
Le nom de ville donné à Yvoire au moyen-âge ne
prouve pas que sa population fut bien considérable,
c'était plutôt un terme do convenance donné aux bourgs
murés. Ainsi en 1472 Yvoire et Nornier réunis n'ont
que 30 feux. En 1518 Yvoire a 36 feux, Nernier 25 et
Messery 40 (1).
Par la paix de 1355, leFaucigny avait fait retour au
comte de Savoie. Yvoire ne se trouvant plus à la fron-
tière de l'Etat, perdit dés lors son importance militaire;
le comte de Savoie le vendit en 1360 à An tel me de
Miolans, il passa ensuite eu 1402 par mariage dans la
famille de Ravorée.
Le 10 mai 1469 Amblardde Ravorée, seigneur d'Yvoire
et do Ravorée, se reconnaît tenir en fîef noble, dos
comtes de Savoie : le château et village avec les
péages (2) fossés, franchises de la ville et limites accor-
dées par le comte de Savoie.
Ses autres droits féodaux sont :
1» Le droit des foires qui se tiennent dans la dite
ville d'Yvoire toutes les années pendant trois jours con-
tinuels, commençaut le jour de la S^-Martiu d'hiver ;
2<> Le droit sur le marché qui se tient le mercredi de
chaque semaine;
3» La leyde perçue dans toutes les foires et marchés
du mandement ;
fl) Piccard. Abbaye de Filly. pages 161, 176.
(2) Les péages étaient un impôt prélevé à l'entrée d'une ville,
sur les personnes, les bétes de somme et les marchandises. La
route de Nernier à Excénevex passait dans Yvoire, et les péages
étaient perçus aux portes, mais les bourgeois d'Alliuges en étaient
exempts.
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- 62 -
4<» Les langues bovines qui se vendaient dans la bou-
cherie du dit lieu(l);
50 Le toisage des maisons de la ville, soit bourg
dTvoire (2) ;
60 Les deux parts des corvées qu'il a riôre Nernier et
Missérier (Messery) sur toutes les personnes ayant bestes
à la charrue excepté les nobles ;
7° Le four banal avec ses droits de fournage ;
8° Le banc du vin, toutes les années pendant 15 jours
du mois de may, suivant la coutume du dit lieu, pendant
lequel temps il n'est permis à personne d'en vendre sans
la permission du seigneur ;
9" Plus les droits de pêche, de missellerie (garde-
champêtre), etc. ;
10° Plus une rente féodale rière Excenevay, Morsier,
Yvoire, Vers Marterey, Collonges, Cornier, Nernier et
autres lieux (3).
En 1494 Yvoire fut vendu à Georges d'Antioche qui
en passa reconnaissance en faveur du prince Philibert
duc de Savoie, le 12 décembre 1500. (4)
Son neveu Pierre d'Antioche le légua en 1521 à
François de S*-Jeoire dit d'Antioche; dans la reconnais-
sance passée par ce dernier, le 23 février 1544, nous
(1) Par le droit des langues bovines, le Seigneur percevait les
langues de toutes les bêtes bovines tuées dans la localité.
(2) Le toisage des maisons était un impôt sur la façade ou la
devanture des maisons, il était ordinairement de deux deniers
pour chaque toise de superficie, il était dû par l'occupant et eut
pour résultat de modifier Tarcliitecture de la pluj)artde nos habi-
tations, on diminuait les façades et Ton augmentait la profondeur.
(3) Archives départementales. Sommaire des fiefs. Les ruines de
la maison des Marterey existent encore au-dessus d'Excénevex, à
une centaine de mètres du lieu où s'élevait le village gallo-romain,
dans le champ dépendant de la ferme de Madame de Canchy.
(4) Archives départementales.
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-^ 63 —
remarquons: 1» qu'un moulin existe dans la dite ville
avec ses bezières, aiguages, droits et appartenances;
2^ que le banc du vin ne dure plus que les 5 premiers
jours du mois de mai.
Une Françoise de S*-Jeoire apporta Yvoire à son mari,
noble Claude Forestier.
En 1634 la seigneurie fut vendue à noble Antoine
Fornier. Le 8 juillet 1655, Jacques Fournierflls du pré-
cédent la vendit à noble Georges Bouvier, d'une famille
noble originaire du pays de Vaud.
FiU 1734, Illustre Seigneur Messire Jacques Marie
Bouvier, baron dTvoire et de Rovereaz, Seigneur
d'Allemand, Lugrin, Hons et ThoUon, etc., confesse
tenir et posséder sous la charge d'hommage lige :
lo La juridiction omnimode sur le château et ville
d'Yvoire et le territoire d'Excevenex, avec le droit de
pouvoir élire et nommer les officiers locaux : châtelain,
procureur fiscal, curial et métrai ; avec le pouvoir d'éri-
ger: fourches patibulaires, pillier, carcant et autres
instruments de justice, à laquelle juridiction sont an-
nexées : les hommes, hommages, censés, rentes, servis,
tailles, tributs annuels, fonds, flefset directe seigneurie,
chasse, pêche du dit Yvoire. Parmi ses autres biens le
Seigneur consigne au même lieu une tuilière et place
sur le bord du lac, reconnue féodale, etc., etc. (1).
Après avoir été un instant la propriété des nobles du
Maney, le château d'Yvoire revint en 1780 à la famille
Bouvier qui le possède encore.
Ferdinand Bouvier, gentilhomme calviniste, était gou-
verneur de Chilien en 1589. Ayant formé le projet de
(1) Archives départementales.
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- 64 -
chasser les Bernois du canton de Vaud, il fut dénoncé
et arrêté, il s'évada, mais ses biens furent confisqués et
sa fenrime livrée aux tortures (1). Pour récompenser sa
fidélité, Charles Emmanuel lui alloua plusieurs subsides
et le nomma sergent-major de bataille et commandant
en second du château des Allinges ; son frère Jehan
Bovier, à l'approche de l'armée d'Henri IV en 1600,
vint s'enfermer dans cette forteresse avec plusieurs
autres gentilshommes du Chablais. Ayant perdu une
de ses mains dans une bataille, il l'avait remplacée par
un appareil en fer que sa famille conserve encore. Ce
personnage a été rendu populaire par un roman de
James-Fazy, iniiixxlé : ^ Jean d' Yvoire au bras de fer
ou le toicr du lac en 1564, Légende Chablaisienne,
Genève 1840 ». Mais le surnom d'Yvoire donné à Jean
Bouvier est un anachronisme, puisque sa famille ne pos-
sédait pas encore cette seigneurie à cette époque.
Yvoire fut bombardé par des barques armées en
guerre et pris par les Genevois le 26 avril 1589 et par
les Bernois en 1591 ; plusieurs boulets en fer ont été
trouvés dans le lac, au pied du chàieau, un de ces bou-
lets fait partie de ma collection.
NERNIER
Comme nous l'avons vu l'origine de Nernier se perd
dans la nuit des temps, le château s'éleva à côté de la
bourgade gallo-romaine. Il fut bâti sur le même plan
que Roverea et Yvoire ; d'un côté le château propre-
mont dit, avec les habitations du seigneur, les dépen-
dances, le donjon (aujourd'hui ferme de la Tour) ; de
(1) Foras. Armoriai de Savoie.
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— 65 —
l'autre les maisons de quelques familles tributaires.
Comme à Yvoire deux portes donnaient accès à l'inté-
rieur, Tune au midi adossée à la Tour, Tautre au cou-
chant, vers le lac ; celle-ci n'existe plus, mais la maison do
M. Marc Duchône s'appelle encore lapouterla(la poterne).
Entre ces deux portes les maisons du village sont, élevées
sur des murs très épais, qui semblent être les derniers
vestiges des remparts du château de ce côté, peut-être
même du bourg primitif qui alors était très petit. (La
visite pastorale de 1472 ne lui donnant pas plus d'une
douzaine de feux).
Comme toutes nos petites villes et châteaux, Nernier
avait ses péages; en 1350, Henri d'Allinges obtint
d'Aymon de Savoie sa part de juridiction sur Coudrée
contre le tiers des péages et pêches de Nernier. Dans
une confirmation accordée par les seigneurs do Berne
en 1544, les bourgeois d'Allinges étaient exempts de
péages et gabelles à Nernier et Yvoire (1). Enfin le
8 juin 1545, dans la reconnaissance do noble Bernard de
Neuvecelle, conseigneur de Nernier, lespéages dudit lieu
sont déclarés comme valant communément 80 florins (2).
C'est vers la fin du XII« siècle que nous voyons appa-
raître pour la première fois le nom de Nernier dans
l'histoire.
Le 7 mars 1180. — Pierre de Langin, chanoine de
Genève, DalmacedeRavorée, chanoine de Filly, Willelme
de Chevilly, sont présents à Nernier comme témoins à
la confirmation d'une donation faite à l'abbaye de
S*-Maurice par un nommé Boson piscis (3).
(1) Académie Salésienne^ III.
(2) Archives départementales. Sommaire des fiefs.
(3) Regeste genevois. N* 117.
5b
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L*auaôe suivante soit 1181, Arducîusi, évêque de
Genève, atteste et confirme les donations faites au cou-
vent de Bonmont par diverses personnes, de leurs droits
à un moulin situé sur le Rhône, à Genève. Parmi les
donateurs se trouvent Pierre et Nicolas, de Nornier ; cet
acte est passé à Nernier (apud Nernei) ; ont signé
comme témoins : Mamerius de Promenthou, Anselme de
Chevilly, Boson piscis, Sibold et Guillaume, moines (1).
Dans un échange du 28 mars 1267, le comte Pierre
de Savoie donne au seigneur Aymon de Blonay, le fief
de Nernier et celui de Jean de Lugrin qui appartenaient
autrefois au soigneur Guillaume de Bacio, chevalier (2).
Le fief et le château de Nernier furent vendus le
4 février 1277 par dame Leonette de Gex à Béatrix de
Savoye dame de Faucigny, fille du comte de Savoie et
épouse de Guy Dauphin du Viennois (3) ; le 0 février de
la même année le même acte fut passé à Cluses (archives
du Dauphiné). Par le traité de Voiron du 26 mai 1293,
Béatrix de Faucigny fit donation h son cousin Amédée,
comte de Savoye des fiefs de Nernier, Ravoréo, etc.,
que le comte lui restitua à titre dinféodation.
Pendant la terrible guerre qui désola notre pays de
1268 à 1355, Nernier eut certainement beaucoup à
souffrir ; d*un côté Yvoire et Beauregard étaient occupés
(1) Regeste genevois. N°422.
(2) Regeste genevois, N° 1012 et Historiœ patriœ monumenta.
Charte 1, page 1475.
(3) Archives deTurin. D'après les recherches que j'ai fait faire en
octobre 1896, les archives de Turin renferment sur Nernier
8 documents sur parchemins, portant les dates de 1277, 1302,
1330, 1426, 1427, 1432.
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- 67 —
par Tarmée du comto de Savoie ; de l'autre Rovéry,
Nernier et Hermauce dépendaient de Béatrix et des
Dauphinois. Que de coups de mains, que de faits d'armes
ignorés se sont passés sous ces murs !
Par le traité de Montmélian, Hugues le Dauphin
promit do faire hommage à Amédée V des fiefs de Ner-
nier, Ravorée et Allinges-le-Vieux ; enfin par la paix de
1355, le Dauphin abandonnait définitivement au comte
de Savoie : Genève, Gex, le Faucigny, et ses châteaux
du Chablais.
Pendant cette longue guerre la peste et la lèpre déso-
lèrent le pays ; la lèpre avait été apportée d'Orient au
temps des Croisades, mais la charité chrétienne n'était
pas restée en arriére. Plusieurs maladrerîes ou hôpitaux
de lépreux furent établies en Chablais (1); un de ces
hôpitaux s'élevait à Mesinges près Allinges, un autre à
Aubonne près Douvaine. Or les lépreux de Douvaine
allaient souvent implorer les secours de l'abbaye de
SWean-d'Aulps. Celle-ci craignant que ses libéralités ne
fussent prises pour un dû, fit signer en 1314 aux lépreux
d'Aubonne une déclaration portant qu'ils recevaient ces
aumônes par pure bonté du monastère. Parmi les
lépreux qui signèrent cet acte se trouvaient un Fran-
ceysia de Nernier, un Alexis de Massongy....(2).
Vers cette époque existait au-dessus de Nernier, près
d'une fontaine abondante, un petit hameau, peut-être
simplement une maison isolée, qui portait le nom de
Marsille. En 1347, une femme nommée Félicie Mallet,
(1) Au moyen-âge les hospices de diverses sortes étaient très
nombreux. C'est ainsi qu'Hermance avait un hôpital.
(2) Académie de Savoie. IX, pages 289, 290.
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- 6S -
fllle de Pierre Mallet de Marsille (Marsegli2 slipra Nei"-
nier), était accusée d'avoir volé uq bréviaire dans l'église
de Filly : ilo livre à cette époque était chose rare et
précieuse. Félicie Mallet fut donc appréhendée à Tho-
ûon par le châtelain du lieu et conduite aux prisons de
la ville, mais l'accusée mourut pendant l'instruction du
procès ; la procédure ne fut pas arrêtée pour cela et le
25 novembre le seigneur do Coudrée, Henri d'Allinges,
la condamnait à être noyée en effigie dans les eaux du
Foron : une grande foule de gens s'était transportée près
du pont de Sciez pour assister à cette exécution (1).
Les nobles de Nemier
Nernier renfermait autrefois une famille noble de ce
nom.
Nous avons vu en 1181, Pierre et Nicolas de Nernier,
cités comme bienfaiteurs du couvent de Bonmont. En
1245, un Pierre de Nernier vendait une partie de ses
domaines de S*-Cergues près Annemasse, à l'abbaye de
S*Jean-d'Aulps (2).
En 1302, un François de Nernier, prêtait hommage
pour le fief de Nernier (3).
D'après Guichenon, les armes des de Nernier étaient:
d'azur à deux Dauphins adossés. Cette famille avait
peut-être reçu quelques bienfaits des Dauphins dont
Nernier dépendait (4).
(1) Piccard, Filly, Acad. Chabl., VII.
(2) Piccard. Filly, page 37.
(3) Archives départementales,
(4) Le9septehibre 1309, dans un hommage prêté par le Dauphin
Hugues, sire de Faucigny, en faveur du comte de Savoie, Nernier
et Ravorée se trouvaient parmi les châtellenies dépendant du
Dauphin. Turin. Inventaire de la Chambre des Comptes de Savoie,
Vol. 106.
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— 69 —
Au milieu des maux occasionnés par la guerre, les
maisons souveraines cherchaient naturellement à ré-
compenser leurs fidèles. Aussi le 3 février 1324, Guil-
laume de Nornier obtenait-il le pouvoir d'administrer
la justice et d'ériger des fourches patibulaires (1).
Les fourches patibulaires au moyen-àge s'établis-
saient généralement aux extrémités du territoire
seigneurial on signe d'omnimode juridiction. C'est ainsi
qu'en 1309, le seigneur de Coudrée avait fait planter ses
fourches ou gibets prés du moulin d'Ecuchefatte. La
seigneurie de Nernier s'étendait sur le territoire de
Messery ; or, sur la route de Messery à Couches, se
trouve, de nos jours, le bois des potences, le bois voisin
s'appello^le jetieu^ c'était probablement le lieu où l'on
Jetait, où l'on enterrait les cadavres des suppliciés.
Parmi les membres de la famille des nobles de Nernier
nous trouvons encore :
Jean de Nernier, chevalier, qui reçoit le 1 1 septembre
1343 l'investiture du fief de Nernier (2).
Girod de. Nernier, cité en 1359 (3).
François de Nernier, qui de son mariage avec Broi-
sette de Langin eut 3 fils, Aymon, Jean et Mermet. Ce
Mermet de Nernier, testant le 13 mars 1382, demanda
à être sépulture dans l'église de l'abbaye de Bellerive
avec ses prédécesseurs, en lui faisant des legs, entre
autres, un autel à construire par son fils Girard (4). .
Jean de Nernier, frère de Mermet, avait eu deux fils,
François et Guigon.
fl ) ^ rchives départementales.
(2) Archives départementales. Sommaire des fiefs.
(3| Piccard. Filly, page 95.
(4) Ibidem,
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— 70 —
François de Nevnier, prieur de Rumilly et commeo-
dataire du prieuré de Bonneguête, fut nommé le 2 des
kaleudes d'avril 1394 prieur do S*^-Jorioz, par le pape
Clément VII résidant à Avignon (1); nous le trouvons
prieur de Conlamines en 1410 (2), il Tétait encore en
1417 d'après Besson.
Guif/on de Neinier^ frère du prieur, et Françoise fille
de Jacques de Lucis, reçoivent le 11 décembre 1363,
rinvestituredu fief de Nernier (3).
Le 5 décembre 1368, dans le château de Nernier et
par devant le notaire Hugo Rycheis de Dovegno (Dou-
vaine), ce seigneur passe un albergement en faveur de
François de Oussanz (4). Il s'agissait d'une pièce de
vigne d'environ un tiers de pose situé en l'espheieix, à
côté de la vigne de Bastard Mistral, et d'une pièce de
terre de môme grandeur située en lochetta escaverier
(aujourd'hui luche du crot, c'est-à-dire le champ du
creux), touchant la voie publique tendant vers Cf/risiam
(aujourd'hui Frise); étaient présents comme témoins:
Jean Balli, de Misserier (Messery), Jean dit Bosson
DE Savuaz, Mermet d'Abondance de Nernier.
Ce Guigon ou Guigonnet de Nernier épousa Margue-
rite de Neuvecelle et reçut, le 22 février 1384, l'investi-
ture de la maison forte de Nernier (5). Son fils Pierre
se maria le 13 février 1410 à Isabelle do Grolée d'une
famille du Dauphiné; mais le père et le fils moururent,
laissant Marguerite de Neuvecelle héritière.
(1) Académie Salésienne. Tome XVI, page 23.
(2) Bouchage. Le Prieuré de Contamine.
(3) Archives départementales,
(4) Ibidem.
(5) Archives départementales. Sommaire des flefs.
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— 71 —
En 1414 la seigneurie de Nernier était partagée
entre Girard de Nernier pour un quart et Marguerite
de Neuvecelle pour trois quarts.
Girard de Nernier par son testament du 21 août
1427 fit donation au prince Philippe de Savoie de sa
portion du château, ville et mandenoent de Nernier
avec les fours, moulins, dixmes, servis et autres droits
en dépendant (1), ainsi que la seigneurie de Troches (2).
Girard mourut le 2 février 1433, avec lui s'éteignit la
famille des de Nernier.
La famille BaiUy
La famille Bailly était une ancienne famille Chablai-
sienne qui s'allia aux nobles de Nernier.
En 1295 un Pierre Bailly était juge du Chablais (3).
En 1330 Félisie de Nernier et Jean Bailly, son fils,
échangeaient avec Jean, abbé de Filly, tout ce qu'ils
possédaient de droits et d'actions sur des biens et
hommes situés aux Epagny prés Chevilly, contre dix
coupes de froment mesure de Thonon, payables annuel-
lement par l'abbaye à la S'-Michel, c'est pourquoi la
dite Félisie en fit la reconnaissance sur la dîme de
Nernier et de Champurry (4) ; le notaire Maurice de
Quartery, de S*-Maurice d'Agaune, en dressa l'acte au
nom do l'abbé et du monastère de Filly, à Nernier
dans la maison do la noble dame, en présence de Jean
Ray, de Girod Favre et de Jean Meignens, de Nernier.
Le 27 mai 1331, François et Jean Bally fils de Félisie
(1| Ibidem.
(2) Trédicini. Monographie de Douvaine, page 160.
(3) Piccard. Notice sur Filly.
(4) Piccard. Filly, page 94. La dime de Champurry était située
sur Y voire et Excenevex.
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— 72 —
de Nernier acquièrent de Nicod de Troches et de ses
frères, leurs droits et juridiction sur ce qu'ils avaient
sur les paroisses de Nernier, Yvoire et Missirie en
'hommes taillables, revenus, vignes... etc. (1).
En 1342 Discret Jean Bailly prend une hypothèque
sur le pré de Prailles situe à Nernier.
En 1344 le seigneur Chevalier Jean Bailly est pro-
cureur du comte de Savoie en Chablais et Genevois; le
,30 avril 1347 il est dénomme juvisprudent dans un
achat qu'il fit du seigneur Perret de Troches, damoi-
seau; il s'agissait de huit coupes de froment de revenu
annuel avec hommage lige, pour des biens sur lesquels
elles étaient dues, situés à Nernier, à Messery, à
Ravoréo.
En 135G il albergo encore des terres à un habitant de
Nernier ; la même année il reçoit une reconnaissance
d'ÏIumbert de Thonon et d'Humbert Comte pour une
terre située en Conzier (peut-être Cancy au-dessus de
Nernier) (2).
Nicod de Menthon, seigneur de Nernier
Quelque temps après la mort de Girard de Nernier,
le duc Philip[)e inféodait sa part de seigneurie à Nicod,
de la famille de Menthon (2 février 1433). Nicod de
iM en thon, seigneur de Montrottier, issu d'une des fa-
milles les plus anciennes et les plus illustres de Savoie,
fut un des plus brillants seigneurs de la cour d'Amé-
dée VIII. En 1426 il prit part comme chef de lances,
à la guerre contre le duc de Milan ; à l'appel du
(1) Archives du Château de Bardenuche; communiquées par
M. l'abbé Piccard.
(2) Piccard, Filly^ page 95.
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— 73 —
prince, la noblesse savoyarde avait donné toute en-
tière; on y voyait également Georges et Pierre de
Neuvecelle, conseigneurs do Nernier; Humbert de Ro-
vorée, seigneur dTvoire; Pierre de Lugrin, seigneur
de Frize, etc. — En 1427 nous retrouvons Nicod de
M en thon comme écuyer de Mario de Savoie ; en cette
qualité il fut chargé par Amédée VIII de la direction
du cortège qui devait accompagner cette princesse lors
de son mariage avec le duc de Milan (1). — En 1429
il est chargé d'une longue ambassade en France, en
Angleterre, à la cour de Bourgogne, et le Trésorier
général lui donne les titres de (miles et combellanus
domini ducis). Il fut nommé chef de Texpédition (2)
du concile de Bàle à Constantinople pour l'union de
l'Eglise grecque à l'Eglise latine (1437-1438), puis de-
vint gouverneur de Nice, sous le régne du duc Louis
(1440), châtelain de Chàteauneuf en Valromey en 1440,
châtelain de Seyssel en Bugcy en 1456.
Le 23 février 1451 il reconnaissait tenir en fief: la
moitié du château de Nernier avec ses édifices, fossés
et dépendances, etc. Nous le voyons encore en 1472 se
reconnaître vassal du prince Amédée duc de Savoie;
dans cette reconnaissance nous relevons parmi ses
droits féodaux, indivis avec les de Neuveselle (3) :
1" Les trois quarts de la dîme de Portier, rière
Mesery;
(1) Cîosta de Beau regard. Soutenirs du règne d' Amédée VIJI^
pages 123, 190 et 219.
(2) Mugnier. L'expédition du concile de Bàle à Constantinople.
Paris 1892.
(3) Archives départementales.
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— 74 —
2^ Quinze coupes de blé à percevoir sur la dîme appe-
lée Detrex, riére xMessery ;
30 La pêche dite de Nernier ;
40 La pêche de tous les ombres qui se prennent dans
le lac, etc., etc.
Nicod de Menton étant mort sans postérité, sa por-
tion de seigneurie fut réunie au domaine duail le 15
janvier 1490(1). Les Bernois s'en emparèrent en 153G
et la vendirent pour huit mille florins à François de
S*^ Jeoire, dit d'Antioche, seigneur dTvoire, et à Ber-
nard de Neuveselle, conseigneur de Nernier (25 janvier
1552). François de S** Jeoire avait épousé la fille d'un
avoyé de Berne, Marguerite de Wateville, dont il eût
deux filles, Françoise et Bersabée-Percevende. Etant
devenue veuve, Marguerite do Wateville se remaria
avec Bernard de Neuvecelle qui possédait les sept-hui-
tièmes de la seigneurie de Nernier et en devint héri-
tière; elle testa en 1574, laissant ses biens à ses deux
filles : Bersabée de S*- Jeoire qui eut la seigneurie de
Nernier. et Françoise sa sœur qui eût celle dTvoire.
FamiUe de Brotty
Bersabée qui avait épousé en 1569 Charles de Brotty,
originaire de Marin, et en secondes noces Charles
Fournicr dit de Rive, décéda en 1604, instituant héri-
tiers ses six fils, Urbain, Maurice, Antoine et Louis
de Brotty ses enfants du premier lit, et Charles et An-
toine Fournicr ses enfants du second lit.
Charles Fournier mourut sans enfants. Antoine, son
frère, qui lui succéda, laissa Jacques qui, n'ayant pas
(1) Extrait sur l'antiquité du château de Nernier, Notice publiée
à Thonon vers 1860.
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— 75 —
(le postérité, fit héritier le seigneur de Pollinge et
C hissé.
La seigneurie de Ncrnier passa ensuite à la maison
de Costa pour les cinq-sixièmes. Gaspard de Costa en
acquit un sixième le 21 août 1670 des nobles de Chissé,
et deux autres sixièmes, le 4 mai 1671, de Melchior-
Maurice de Brotty. Jean-Baptiste de Costa en acquit un
sixième le 14 juillet 1685 de François de Brotty. Bar-
thélémy de Costa en acquit un autre sixième le 2 jan-
vier 1717 du seigneur des Charmettes, marquis d'Al-
linges.
La famille de Brotty n'en conserva qu'un sixième, qui
fut encore divisé avec Claude-Joseph Michaud, bour-
geois de Thonon, époux de Claudine-Marguerite de
Brotty. Lorsqu 'arriva la Révolution, les biens des Costa
et des de Brotty furent vendus comme biens nationaux.
Les Michaud s'en rendirent acquéreurs et les revendirent
après la Terreur à leurs parents, les de Brotty, qui les
possèdent encore.
En 1598, à l'époque de la conversion du Chablais, un
Brott.Y était colonel de chevau-légers au service du duc
de Savoie ; cette famille fut annoblie au XVP siècle; ses
armes sont : de gueules à trois sautoirs d'argent 2 et 1 .
Besson donne aussi la version d'azur à trois sautoirs d'or.
Parmi les membres de cette famille nous remarquons :
Louis de Brotty, gouverneur de Ripailles en 1534.
Jean-André de Brotty, né le 18 décembre 1647, curé
de Cervens, docteur en théologie en 1690 (1).
Jacques de Brotty, syndic de Thonon, colonel des 4
compagnies bourgeoises de cette ville en 1700.
(1) Archives Vuarnet.
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— 76 —
Claude-Fraoçois-Gaspard de Brotty , mousquetaire dans
la 2® compagnie de la garde ordinaire du roi de France
en 1773.
Gaspard-Ferdinand de Brotty, né en 1783, capitaine
au régiment de Savoie, décédé en 1852.
Charles-François-Alphonse de Brotty, comte d'An-
tioche, ancien ministre plénipotentiaire du roi de Sar-
daigne, commandeur de Tordre des S*^-Maurice et Lazare,
né le 18 juillet 1813(1).
Comme Yvoire, Nernier et son château furent bom-
bardés par des galères genevoises en 1589, un boulet de
fera été recueilli dans le mur de la maison de la poste,
faisant face au lac ; un autre dans le champ du dévent à
200 mètres du château, tous deux font partie de ma
collection.
LE CHATEAU DE FRISE
Le château de Frise est situé dans la commune de
Messery, sur la route qui conduit au hameau d*Essert.
Aussi loin que nous puissions remonter dans nos annales,
nous voyons ce fief appartenir à la noble famille des de
Lugrin, une des plus anciennes familles du Chablais; ses
armes étaient d'azur à la fasce d'argent (2) ; la branche
du Chablais portait selon Besson, d'azur coupé d'argent
et do gueule.
Frise était autrefois appelé Cynsiarrij Seresi, mot qui
par suite do l'aspiration du dialecte local se transforma
en /reziy nom patois du cerisier (3).
(1) De F*oras. Armoriai de Savoie.
(2) Armoriai de Galiffe,
(3) Nous trouvons une transformation analogue dans le nom du
Fier près Annecy, qui s'écrivait Cier au moyen-àge.
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Lo 27 mai 1331, François et Jean Bally, fils de Pélîsîe
de Nernier sont présents à une transaction passée à Frise
avec Révérend'Messire Jean de Lugrin, prieur de Peil-
lonnex ; les frères Bally avaient acquis de Nicod de Tro-
ches et de ses frères, leurs droits et juridiction de ce
qu'ils avaient sur les paroisses de Nernier, Yvoire et
Missirie en hommes taillables, revenus, vignes, etc
Par cet acte ils associent Jean de Lugrin à la moitié de
cet achat et lui donnent l'usufruit du tout, sa vie durant.
Sur le même acte, François de Lugrin, frère de Jean,
reconnaît que Reymond de Lugrin, leur père, a donné au
prieur, pendant son vivant, sa maison de Seresy (Frise)
avec rOche et clos l'entourant ; que lui François qui ne
doit en jouir qu*après la mort de son frère, tiendra
compte au prieur des revenus de (îette maison qu'il a
occupée jusqu'à présent (1).
Parmi les diflférents membres de cette famille nous
trouvons :
Reymond dit do Sereciis et Perret qui habitaient
Frise en 1358(2).
Perret de Lugrin, de Maxilly, dit de Sericy (Frise),
nommé dans un acte du 20 mai 1364.
Aymé de Lugrin qui prend un albergement de noble
Aymon de Miolans, le 23 juillet 1390 {archives d'An-
tioche).
Mermet de Lugrin qui hérite en 1406 de son parent Jean
de Couches, seigneur de Bardenuche ; Pierre de Lugrin^
son frère, était seigneur de Frise, il prit part comme
chef de lance à la guerre contre le duc de Milan en 1426.
1) Archives Piccard.
2) Piccard. Filly, Académie Chablaisienne, vol. VII, page 126.
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-n-
Guigonet de Lugrin^ le 18 septembre 1432, vend, au
prince de Savoie, la quatriénic partie de ses hommes
taillables de Messery pour 30 florins petit poids (1).
Les 4 fils de Pierre de Lugrin (2)
Le 1er mars 1548, François. Jacques, Nicolas et Phili-
bert de Lugrin fils de Pierre achètent une grange et
dépendance d'Antoine d'Erbach de Berne, habitant à
Lucerne; cette grange est située à Serezi (Frise); ils lui
donnent en payement une censé annuelle de 7 écus d*or
au coin du roi de France.
I. Nicolas de Lugrin alberge le l^r juillet 1572, à
Bernard, Pierre, Claude et Jean Crépy de Nernier, une
pièce de terre située à Nernier, au Bochet. Il est cité
comme témoin sur un acte du 24 février 1589 (3). Nico-
las avait fait son testament le 16 avril 1575, il mourut
sans enfants.
II. François de Lugrin intente le G février 1545 une
procédure contre noble François d'Antioche, seigneur
d'Yvoire, qui lui demandait Thommage personnel. « Les
« seigneurs do Lugrin ont, dit-il, de tout temps reconnu
« rhommage lige à leurs illustres princes de Savoie, ils
« ont toujours relevé do Thonon et non dTvoire. »
Une cave du château de Frise remonte à cette époque,
elle porte sur son cintre la date de 1541, mais la partie
méridionale du château qui sert de fenière est beaucoup
plus ancienne ; on y remarque encore une immense che-
(1) Archwesde Turin. Communication de M. Max Brucbet.
(2) Pierre de Lugrin père de Nicolas, François, Jacques et Phi-
libert, n'est certainement pas le même personnage que co Pierre
de Lugrin qui, un siècle avant, avait pris part à la guerre contre
le duc de Milan.
(3) Archives Vuarnet.
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mînée à colonnes prismatiques et des portes ogivales.
François de Lugrin dit Vaisné fut pris comme arbitre
avec noble Charles Fornyer, seigneur de Nernier, le
7 mars 1592, dans le partage des flls de Georges Qui-
blier dit Faisant du village d'Essert (1). Son flls Fran-
çois feu noble François do Lugrin, tient, le 7 février
1596, une terre lieu dit Es Foges, autrefois possédée par
llugonet Espaulaz, au nom de Françoise d*Essert sa
femme.
III. Philibert de Lugrin eut un flls, Aimable (2).
Aimable de Serizier, épouse en 1541 Demoiselle Hé-
lène de Prez, il laissa six filles : Charlotte, Bastienne,
Michiére, Marie-Françoise, Eslher et Jeanne-Mario.
Michioro et Marie-Françoise reçurent pour leur part
la seigneurie de Bardonuche.
Bastienne se maria à Charles de Chavannes, de Ru-
milly.
Jeanne-Marie épousa noble Bernard Cortagier, de
Bons, et eut en dot trois mille florins (1596).
Esther, le 9 février 1641 à Frise, fait sa sœur Char-
lotte son héritière universelle. Cette dernière s'était
mariée le 25 novembre 1615 à noble Georges Marchand,
de Thonon ; elle laissa deux flls qui flrent héritiers les
Marchand, de Thonon, leurs cousins. Ceux-ci vendirent
leurs biens de Frise à noble Jacques Fournier qui était
seigneur d'Yvoire et conseigneur de Nernier. Jacques
Fournier dit de Rivaz (3) mourut sans postérité et flt
(1) Archives Vaarnet.
(2) Archives Piccard.
(3) C'est sans doute ce seigneur qui flt construire à l'entrée de
Messery cette maison dite Chez de Rive, qui appartenait aux
Costa avant la Révolution .
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— 80 —
héritier de sa portiOD de seigneurie, le seigneur de
PoUiuge et Chissé. Gaspard de Costa ^n fit l'acquisitiou
le 21 octobre 1670. Le château de Frise appartint ainsi
aux de Costa jusqu'à la Révolution.
IV. Jacques de Lugrin^ quatrième fils de Pierre,
avait eu en partage à Frise la maison appelée la
£a/Am, située sur la partie septentrionale de la route-
(de nos jours maison Quiblier Jean). Il avait eu un fils
Claude de Lugrin. Nous voyons un de ses descendants
noble François de Lugrin de Cerezie, le 24 janvier
1648, passer une reconnaissance en faveur du seigneur
abbé d'Abondance, de plusieurs biens situés à Excert,
hameau do Messory et aux environs, indivis ou confinant
avec noble Amable de Lugrin.
Cette branche s'éteignit en la personne de Bersabée
de Lugrin, mariée à Antoine Perrot et qui donna ses
droits aux religieuses visitandines de Thonon.
En 1670, les biens des religieuses sont déjà cités
comme confins, sur le cadastre de Messery ; elles possé-
dèrent ce domaine jusqu'à la Révolution, (nous aurons
occ;\sion d'en reparler au cours de cet ouvrage).
Parmi les alliances que la noble famille de Lugrin fit
encore avec les familles du voisinage, nous pouvons
citer (1) :
Demoiselle Jacquemette de Lugrin qui épouse, le
23 septembre 1447, noble Jean de Chatillon, de Lu-
grin ; son frère, Jean de Lugrin, lui constitue en vertu
du testament de son père une dote de 100 florins d'or
(acte passé à Lugrin dans la maison du dit Jean).
vl,^ Archives Piccard.
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- 81 -
Noble François de Lugrîn de Sergiez, qui épouse
Louise, fille de noble Pierre de Vigny, de Langin la
ville, il teste le 7 janvier 1495. {Archives Costa).
Antoinette de Luffrin, qui avait épousé noble Louis
de Meyrier, alias de Platea (de la Place) de Massongy,
lui fait un legs dans son testament du 24 avril 1536.
(La famille de Meyrier existe encore à Massongy).
Philibert-François de Luffrin, appelé François le
jeune, épouse par contrat dotal du 20 octobre 1544,
demoiselle Françoise fille de noble Charles Bouvier, du
mandement d'Aigle.
François de Lugrin, qui en 1607, épouse Louise de
Brotty, fille de Charles de Brottier, de Concise.
Plusieurs membres de la famille de Lugrin s'étaient
distingués dans le clergé :
Jean \^^ de Lugrin, était prieur de Peillonnex en
1276 (1).
Jean II de Lugrin est cité comme prieur de Peillonnex
en 1331 et 1357.
Jean IV de Lugrin, prieur de Peillonnex, est délégué
le 27 juin 1371 parFévéque de Genève, pour lever Tin-
terdit qui pesait sur les terres du comte de Savoie (2) ;
le 13 octobre 139311 est pris comme arbitre par Guil-
laume de Lugrin, abbé de Filly.
Guillaume de Lugrin, abbé de Filly en 1393 (3),
vingt-troisième abbé d'Abondance, apparaît comme
abbé dés l'année 1412 dans le contrat dotal d'un mariage
(1) Histoire du Prieuré de Peillonnex. Société Savoisienne d* His-
toire^ tome XXII, page 20.
(2) Académie Salésienne. Vol. XIV, page 90, chapitre de
S*-Pierre de Genève.
(3) Piccard. Abbaye de Filly, page 123.
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- gg -
contracté, entre deux membres des familles de Ëallaîsoti
et de Chignio. Il est nommé dans un acte ou sentence
arbitrale duduc Amédoe VIII, entre Tabbayeet la vallée
d'Abondance en 1425 (1). Cet abbé avait joui do la
confiance et des bonnes grâces des ducs Amédéc VIII et
Louis do Savoie ; ce dernier lui donna les titres de
conseiller et do très cher ami (2),
Pierre de Lugrin, prieur de Pcillonnex, transige le
13 octobre 1404, avec Girard du Pas, abbé d'Abon-
dance (3). Le 5 mai 1413, Morraet do Lugrin, frore du
prieur, est témoin dans un acte passé à Peillonnex en
faveur du curé de Passy (4).
Messire Etienne Lugrini, était curé de Larriuges en
1402.
Amédée de Lugnn était chanoine de S*-Pierre-de-
Genève en 1443 (5).
Le lecteur ne sera pas peu surpris d'apprendre que le
nom et Thistoire des de Lugrin se sont totalement effa-
cés des souvenirs de notre population de Messery;
comme eu beaucoup d'autres choses, c'est le cas de
rappeler ce vieil adage « sic transit gloria mundi >,
ainsi passe la gloire du monde.
LE CHATEAU DE BARDENUGHE
Le château de Bardonuche est situé sur le territoire
de Massongy, mais son domaine est pour la moitié sur
la commune de Messery. Au moyen-àge il était habité
(1) Académie S ilésienne, tim3 Viri, page 323.
(2) Ibidem, pages 122-123.
3) Ibidem.
(4) Société Satjoisienne d*Histoire,tome XXII, page 3t.
(5) Académie Salésienne^ tome XIV, liste des chanoines de
Genève. '
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— 83 —
par la famille des nobles de Conches. Ed 1317, un Nicod
deConches était choisi comme arbitre dans un différend
entre les nobles d'AUinges et Tabbaye de Filly (1). En
1323, un Jean de Conches était châtelain d'Allinges le
neuf (2). Le 23 juillet 1353, lors de la guerre du comte
de Savoie avec le Dauphin, le châtelain d'Allinges, suivi
d'un certain nombre de soldats, incendie la maison do
Perret de Conches; le mémo châtelain porte encore Tin-
cendie à Conches vers la fin de janvier 1354 (3). Le
château actuel de Bardenucho, aux fenêtres géminées
avec accolades, meneaux et chanfreins, remonte vrai-
semblablement à cette époque.
La famille des nobles de Conches s'éteignit en la
personne de Messire Jean de Conches, damoiseau. Par
son testament du 0 novembre 140G, il léguait douze sols
pour être enseveli au tombeau de sa famille, au bas de
réglise de Massongy ; à l'église de Massongy il donnait
un bischet de froment de cens annuel et le droit de lever
les dîmes sur ses terres, enfin il établissait pour son
héritier universel son proche parent Mermet de Lugrin,
dont le frère était soigneur de Frise. (4).
Nous avons vu dans l'article précédent que vers 1540,
les de Lugrin s'intitulaient seigneurs de Frise et de
Bardenuche ; ils durent réunir par une route carrossable
leurs deux châteaux dont les propriétés se touchaient.
(1) Piccard. Abbaye de Filly, Document N° 24.
(i) Acad, Salés., lomeiri.
(3) Ibidem, page 143.
(4) Piccard. Filly^ page 127. Le bichet valait deux quarts, soit
la moitié (le la coupe de blé: la coupe avait la même capacité que
le setier, mesure de Thonon, soit 54 litres. Le sol de Genève,
d'après Blavignac valait à cette époque 1 fr. 52 centimes.
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Cette roilto existe encore en partie comme chemin de
dévestiture, sous le nom do chemin des Princes à tra-
vers les bois du Raflfour, de la Lanchette, du Passérat
et les champs du Plantet (1).
Vers 1615, Michière de Lugrin et sa sœur Marie-
Françoise avaient reçu Bardenuche en partage; la
première épousa Tannée suivante noble Nicolas de Lan-
gin, la seconde Pierre de Langin.
Le château de Bardenuche passa ainsi dans la famille
de Langin. En 1670, un Pierre de Langin en était pro-
priétaire (2).
Bardenuche passa ensuite aux de la Fléchère, par le
mariage de demoiselle Françoise de Langin avec noble
Hugues de la Fléchère. En 1704, loi-s de la visite pasto-
rale de Messery, ce seigneur demande d'avoir son banc
dans la nef de l'église de Messery, comme descendant
de Pierre de Lugrin (3).
En 1713, Hugues de la Fléchère et ses domestiques
sont portés sur le rôle de la capitcition de Messery (4).
Le 5 juin 1714, il échange des biens situés aux Ver-
rières (Veigy), contre d'autres situés à Couches et
Bardenuche, et appartenant aux Révérends Pères Mini-
mes de Thonon.
En 1771, noble Rebut est seigneur de Bardenuche, il
figure sur le rôle de la gabelle de la communauté de
Messery. Lors de la visite pastorale de 1768, le curé de
(1) Plantet veut dire terrain plat. Passérat dérive de passage.
Lanchette provient de Lanche, Lanchis, pâturage. Raffour désigne
ordinairement un four de tuilerîe ou de charbon de bois.
(2) Cadastre de Messery de 1670.
(3) Visite pastorale. Archives de rEcéchè.
(4) Archives Vuarnet.
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— 85 —
Messery percevait la dîme à Bardenuche et à Cooches,
à C exclusion de tous autres (sic).
Au point do vue ecclésiastique et administratif, la
seigneurie de Bardenuche se trouvait donc rattachée au
XVIII« siècle à la communauté de Messery.
Elle passa ensuite à la famille du Maney, d'Excénevex,
puis par héritage aux de Canchy. propriétaires actuels
qui habitent Dijon.
Le Borgel d'Essert
A rentrée du village d'Essert existe une place com-
munale, appelée la Grande Tate ou la Toppe d'Essert.
Les vignes voisines s'appellent vignes des Tates et
Tranchepied. Or, en ce lieu de Tranchepied et sur la
hauteur qui domine la contrée, s'élevait bien avant les
Croisades, peut-être à l'époque des Burgondes, une sorte
de château ou de réduit fortifié.
En 1893, à 50 mètres au Nord de la fromagerie
d'Essert, un cultivateur défonçant souterrain mettait à
découvert les fondations d'un mur très épais en mortier,
allant du Sud au Nord, parallèlement au petit chemin
des BlandetSf et se continuant sous la vigne de
Victor Quiblier. Dans cette vigne, on a retiré, en
provignant, des tombereaux de pierres cassées. En
face, de l'autre côté du petit chemin, M. Antoine
Quiblier a relevé plusieurs fondations, en pierres des
champs et mortier.
Ce lieu est appelé de nos jours, Tranchepied; mais
sur le cadastre de Messery, de 1670, une douzaine de
parcelles de vignes d'un are, sont appelées : es Bpurgel^
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— 86 —
es Bôrffel, soit en les Tates ; le seillon de Borgel (1):
On rencontre ce mot dans la terminaison de plusieurs
villes Scandinaves, telles que Uleaborg, Viborg. Le mot
burg en allemand désigne un lieu fortifié. Au moyen-
àge on désignait sous le nom de borg^ un château fort,
un camp retranché. Le sire de Joinville nous dit ceci :
« Et fist commencer le roy à faire fermer et édifier une
boarge tout à Tentour du chàtel du Japhe (Jaffa). »
Tout à côté de Tranchepied se trouvent : la vigne de
la Meraitde qui dérive comme Mérowig, du Germanique,
Mei'o, élevé. La vigne de la Sergenta, les Chastilkmnes
qui sont des noms militaires. D'après Blavignac, (2)
« dans bon nombre d'emplacements portant encore de
« nos jours les noms de château, Chàtel, Chàtelard,
« Chàtillon, etc.... sur lesquels tous les renseignements
« historiques sont muets, il a existé des constructions
« plus ou moins fortes dont la charpenterie formait le
« seul élément. »
Aucun document n'est venu jeter le jour sur Texistence
de ce petit bourg de Tranchepied ; des ossements hu-
mains ont été trouvés tout à côté, en creusant les fon-
(1) En 1670, Jean-François et Claude Vuarnet, possèdent Es
Borgci le vingt qiiattrain d'une pose de vigne (cadastre de Mes-
sery).
En 1710, Claude fils de Jean-François Vuarnet du village
d'Essert, lègue à Marguerite Quiblier, sa belle-sœur, une pièce
de vigne située au lieu dit: Le Seillon du Borgel. (Archives
Vuarnet), cette vigne est appelée simplement de nos jours : dans
le Seillon.
Le mot: tate ou teppe, en patois romand, que Ton prononce à
ritalienne : Tata, Teppa (la dernière syllabe étant muette) dési-
gne un terrain inculte, herbacé, il rappelle le mot français steppe.
(2) Blavignac. Etudes sur Genève, livre II, page 332. Un Guil-
lelmus de Caslillionne se trouvait parmi les hommes d'armes ou
chevaliers du comte de Savoie en 1325, ce nom se rapprocherait
assez de ChastiUone.
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— 87 —
dations de la fromagerie vers 1878 ; le champ situé en
face, de Fautro côté de la route, s'appelle la croix-vy
(la croix vieille), un for de flèche a été recueilli dans la
vigne de la Merode, une lance a été trouvée non loin
de là.
Dans la visite pastorale de 1768, il est question de la
dîme do Tranchepied; cette dime devait être une novale ;
on appelait ainsi les dîmes imposées aux champs nouvel-
lement défrichés.
Notre petit bourg primitif d'Essert, soit do Tranche-
pied, n'a, il nous semble, jamais été bien conséquent; la
commune de Messery avait trente feux en 1443, ce qui
donnerait une douzaine de feux pour Essert. Plusieurs
familles d'Essert (de Exerto), y résidaient en 1451.
Le Borgel de Messery
A deux kilomètres au couchant du borgel d'Essert,
et sur la même ligne d'hauteur s'élève aujourd'hui le
chef-lieu de la commune, divisé en deux parties.
La première, sorte de faubourg bâti en bordure sur
la route, porte le nom de Veret, qui est une abréviation
de Vers Elvô, soit vers la route.
La seconde partie, la plus importante porte spéciale-
ment le nom de Messery ; on l'appelle aussi vers la
ville, nom qui provient du latin villa, sous lequel on
désignait nos villages au moyen-àge. Messery forme un
village groupé, serré avec une place publique au centre;
les jardins situés au couchant portent le nom de très-le-
borgel, c'est-à-dire proche le borgel. La route qui va de
la place publique au lac s'appelle la vi du borgé. Ce nom
de Borgel que l'on renconte encore ici, indiquait au
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— 88 —
moyen-âge une petite bourgade généralement close de
murs ; la place publique de Messery porte encore le nom
de Ders les murailles. Peut-être qu'aux époques trou-
blées du moyen-àge, les habitants du lieu fortifièrent
cet endroit pour se mettre à Tabri d'attaques inces-
santes.
La famille la plus nombreuse du village est la famille
Duborgel ; un Jean Duborgel, de Messery, fut reçu bour-
geois de Genève le 13 octobre 1489(1); une branche
de cette famille porte le surnom de Dagui ; une famille
Servage, celui de Dagosson, ces deux surnoms dérivent
de dague, sorte d'épée.
Nous retrouvons ce nom de Messery, Missirie, dans
plusieurs endroits du bassin du Rhône.
Vers 1250, une terre de Misyrie est citée dans les
revenus du diocèse de Sion (Valais) (2).
En 1251, un Johanes de Meiserie est cité dans le
même diocèse (3).
Un hameau de Féternes, prèsThonon, s'appelle May-
sirie.
Enfin une commune du diocèse de Dijon s'appelle
Misserie.
C'est en 1296 que, pour la première fois, le nom de
Messery apparaît dans nos chartes.
Dans une querelle survenue entre Martin, abbé de
Filly et le seigneur d'Allinges, le fils de ce dernier,
(1) Covelle. Le litre des Bourgeois, à Genève, 1896.
(2) Société d'histoire de la Suisse Romande, tome XXIX, page 454.
(3) Ibidem, page 465.
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— 89 ^
Pierre d^Allinges, suivi de quelques corapagoons, parmi
lesquels A. Mermet, de Messery, clerc, mettent le feu à
Filly, à une graugo dépendant de Tabbaye et commet-
tent des dégâts pour une somme assez forte.
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— 90 —
CHAPITRE VI
La Paroisse ou la vie religieuse
I/Eglise de Nernier. — L'Eglise de Messery. — Leur origine. —
Visites pastorales. — Invasion Bernoise. — L'Abbaye de Filly.
— Inventaire Bernois. — Les Ministres du Saint Evangile. —
(Conversion du Chablais. — Noms des convertis. — Les curés de
Messery depuis 1601. — Les Dîmes. — Rentes de Filly. — l>es
fondations. — La Révolution. — Prêtres et religieux de Mes-
sery et Nernier.
L'église de Nernier, bâtie sous le vocable do St-Mar-
tio, au centre du bourg, sur les débris d'une villa ro-
maine, remonte probablement aux origines du chris-
tianisme ; quoiqu'il en soit son nom n'apparaît pour la
première fois dans nos annales, que vers le milieu du
XIII« siècle. Dans une bulle du 9 septembre 1250, le
pape Innocent IV mettait sous la dépendance de l'abbaye
de Filly, les églises de Sciez, Excénevex, Yvoire, ainsi
que la chapelle de Nernier (capella de Na)miaco) (1).
Quant à l'église de S^-Pierre de Messery, sa position
isolée, entre le bourg de Messery et le village de Veret,
en dehors des habitations, est remarquable, il semble
qu'elle ait été élevée à la suite d'une entente quelconque
(1) Académie Chablaisienne. Vol. Vil, page 38, note 2. Piccard,
Filly.
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— 91 —
bien longtemps après la formation de ces villages. Tandis
que réglise do Xcrnier dépendait de l'abbayo de Fillj',
celle de Mossery relevait du chapitre de Saint-Pierre de
Genève.
En 1344, nous voyons figurer nos deux églises dans
rétat des procurations dues pour les visites épiscopales
du diocèse do Genève (1). La taxe dite procuration,
consistait en une redevance fixe, que les bônéficiers
payaient à Tôvêque, lorsqu'il faisait sa visite.
Dognovos (Douvaine) était taxé 4 livres genevoises.
Massongii 50 sols.
Casier (Chens-Cusy) .... 25 sols.
Missirio 20 sols.
Nernier 20 sols.
Essevenay 10 sols.
Messery figure encorcî sur le Fouillé du diocèse de
Genève de 1365; c'est un registre des taxes que chaque
bénéficier devait payer annuellement au souverain pon-
tife. Cette taxe était fixée à la côte 20, c'est-à-dire que
les bénéficiers devaient verser le vingtième de leurs
revenus.
Dovenos (Douvaine) comme cure était taxé 13 livres.
Massongie 161iv. lOsols.
Cusier 10 livres.
Missirie ne payait pas la taxe (2) (nichil solvit).
Mais une dîme était afférente aux personats et pour
cela le bénéfice de Missirie était taxé à XXIIII octanes
de blé. Le personat d'une église était une pension pré-
(1) Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève,
tome IX.
(2) Académie Salésienne, Tome III.
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— 92 —
levée sur ses revenus en faveur d'un dignitaire ecclésias-
tique qui ne la desservait pas.
En 1366, révêquo do Genève Alamand donnait le
personat de Messery au chanoine Porchaton deS'-Jeoire;
ce revenu échut ensuite au chapitre de S*-Pierre de
Genève (1).
Révérend Messire Girod de Sorbier est le premier
curé de Messery, dont le nom nous soit parvenu. Dans
une transaction passée le 13 octobre 1393 dans la grande
salle de la tour de Marinions, paroisse de Sciez, il est
pris commearbitre, entre son ami Guillaume de Lugrin,
abbé de Filly, et noble Jean de Neuvecelle (2).
En 1413, révoque de Genève, Juan de Bertrand, pro-
cède à la visite générale des églises de son diocèse. Il ne
s'arrête pas à Messery, mais le 4 juin, il visite l'église
d'Yvoire et celle de Nernier, son annexe. Ces deux pa-
roisses réunies ont quarante feux et 25 florins de reve-
nus; l'église d'Yvoire est en très mauvais état, il en est
de même do celle de Nernier. Il manque à cette der-
nière, une custode, un livre pour les offices, un crucifix
et l'image de S^Martin, patron du lieu (3).
En 1425, Messire Jean de Folla, est curé de Messery.
Le 13 décembre de cette année, il déclare par devant
l'official de la curie de Genève et en présence de Berthet
de Carro, notaire public, qu'en sa qualité de prêtre,
curé et recteur de l'église paroissiale de Missirier, il est
tenu de payer au vénérable chapitre de Genève, chaque
(\) Académie Salésienne, Tome XIV, page 118.
(2) Piccard. Abbaye de FiUy^ page 125 (Girodo de Sorberio
curato Missiriaci).
(3) Archives de Genève, Visites pastorales, volume I.
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âhnéo, le jour de la S*-Michel, 20 sols de cens, réversible^
à la fabrique de S*-Plerre comme droit de personat.
Le morne curé reconnaît que la dîme do Missirie se
perçoit par indivis entre la fabrique du Chapitre de
S*-Pierre de Genève, le curé de Messery et le prieur de
Douvaine (Dovenoz), et que le droit de personat perçu
par P. de S*-Jeoire, jadis chanoine de Genève, fut in-
corporé à la dite fabrique par le saint siège apostolique.
Cet acte fat dressé à Genève devant l'église Sainte
Marie la Neuve, en présence de discrets : Jean de
ViNTiNAC, prêtre, Jean Morel, de Magny, Etienne
Grilliet, de Divonne, et François Buffard, de la
paroisse de Contamines, Clerc (1).
Visite pastorale de 1443
En mars 1443, Barthélémy de Corneto, évêque de
Montefiascone, procède à la visite pastorale des églises
du diocèse au nom de révoque de Genève, François de
Mez, qui siégeait au concile de Bàle (2). L'évêque passe
le 21 mai à Douvaine et Massongy, le 22 mai à Excé-
nevex, Yvoire et Nernier; ces trois églises étaient de la
dépendance de Tabbaye de Filly ; le même jour il visite
celle de Messery sous le vocable de S*-Pierre ; son curé
est le seigneur Johannos de Chita, la paroisse a 30 feux,
son revenu est de 30 florins. L'évêque ordonne entre
autres remai'ques générales, d'avoir des tutrices avec une
armoire, pour fermer les livres qu'on attachait avec des
chaînes sur le lutrin.
(1) Archives de Genève. Parchemins du chapitre.
(2) Académie Salésienne. Tome VI.
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— 94 —
Visite pastorale de 1472
Eu 1472, Mamort Fichet, originaire du Petit Bornand,
évoque d'Hébron et vicaire général de Téveché de Ge-
nève, procède à la visite pastorale du diocèse, comme
délégué de Jean-Louis de Savoie (1).
Le 12 mars il visite l'église paroissiale de Messery
(de Missiriaco), entièrement soumise à la juridiction de
rOrdinaire. La paroisse a 30 feux, soit environ 150 ha-
bitants et 40 florins de revenu ; son curé est le seigneur
Jean Ogier qui n'y réside pas, mais la fait desservir par
Messire Amédée de Chita. L'église est bien pauvre.
L'évoque prescrit aux paroissiens : de faire un pavé
dans le chœur et dans la nef, depuis les portes, en dis-
tinguant le sanctuaire par une élévation d'un pied, de
faire de nouveaux fonds baptismaux, de faire relier les
livres, surtout le vieux psautier, de faire une bonne
petite cloche, d'entretenir l'huile de la lampe, de porter
le pain bénit comme ailleurs, de limiter le cimetière
comme l'évéque l'a marqué, etc.... Il prescrit au curé
d'établir un livre dans lequel il écrira les noms et pré-
noms des enfants baptisés et de leurs parents.
Le lendemain 13 mars, le prélat inspectait l'église de
S*-Pancrace d'Yvoîre avec son annexe de Nernier, ces
deux paroisses réunies ne comptaient que trente feux ;
les revenus étaient de 50 florins. Le curé Peronet
Michaud, religieux de Filly, était absent, son vicaire
présent, Laurent Gonverset n'avait pas été présenté à
l'évéque.
(1) Archices de Genèce. Visites pastorales, vol. II.
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-^ 95 ^
Visite pastorale de 1482 (1)
Claude Rup, évoque do Claudiopolis,. suflfragaDt de
Jean-Louis do Savoie, visite le diocèse en 1481-1482. Il
passe à Messery le 22 janvier 1482; le nombre des feux
et les revenus sont les mêmes que dix ans auparavant.
Le curé est Messire Jehan Ogier qui n'y réside pas; on
lui enjoint d'y résider ou d'obtenir le permis de non rési-
dence, dans le délai d'un mois ; il fait desservir la paroisse
par Messire Pierre de Valvone, présent. L'évéque, après
avoir constaté les réparations à exécuter, enjoint aux
paroissiens de les faire sous peine d'excommunication
et d'une amende de 25 livres. Il ordonne en outre : qu'ils
entretiennent l'huile dans la lampe, 40 jours d'indulgence
sont accordés à ceux qui donnent l'huile ; que les parois-
siens paient les equanfiœ pour la fabrique de l'église,
aux termes qui leur seront désignés, sinon il est enjoint
au curé de ne pas admettre à la participation des sacre-
ments ceux qui refuseront de payer, etc....
L'évéque visite la chapelle du Saint-Esprit dont sont
patrons les nobles Pierre et Jean de Lugrin, seigneurs
de Frise et leurs co-diviseurs, sous la charge d'une
messe hebdomadaire ; cette chapelle est munie d'un
calice et d'autres ornements; son recteur est le seigneur
Andréas Guibelli.
Le même jour l'évéque visite l'église paroissiale
d'Y voire et sou annexe de Nernier; le chiffre des feux
et des revenus est le môme qu'en 1471.
Parmi les tenanciers, soit fermiers des biens de la
(1) Archives de Genève. Visites pastorales, tome III.
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cure de Messery, à cette époque nous pouvons citer : (1)
Nicod Marquet qui, à la réquisition de Pierre Quisard,
notaire à Massongy, signe une reconnaissîince à cet effet
le 12 avril 1492, en présence de Révérend Pierre Dufour,
curé de Massongy et recteur de l'église de Messery.
Durant Tannécî 1492 et les suivantes, plusieurs mem-
bres des familles Duborgel, Boccard, Quiblier, signent
des reconnaissances analogues (2).
Vers 1501, Ambjard Goyet, chanoine de S*-Pierre de
Genève, vicaire général du diocèse, devenait abbé de
Filly ; cette abbaye était devenue une des plus puissantes
maisons religieuses du Chablais ; elle avait sous sa dé-
pendance presque toutes les paroisses qui Ta voisinaient :
Nernier, Yvoire, Excénevex, Sciez, Perrignier.
La position élevée de son nouvel abbé ajoutait encore
à sa puissance. Le 23 janvier 1506, la cure de Messery
ayant été résignée par Messire Pierre Goyet est conférée
sur la présentation de Tabbé de Filly à Messire Jacques
Morel, prêtre. Mais ce dernier, au bout de deux années
ayant résigné son bénéfice, est remplacé le 23 mars
1508 par Messire Pierre Goyet (3).
Visite pastorale de 1518 (4)
En 1518, Pierre Farfeni, évêque de Bairout, procède
à la visite pastorale des églises du diocèse au nom de
révoque Jean de Savoie.
Le 17 avril 1518, il visite l'église de Missirie, sous
rentière juridiction de l'Ordinaire.
(1) Archives Costa de Beauregard. Registre des reconnaissances
de Messery, 1492.
(2) Archi'ces du château de Beauregard,
(3) Communiqué par M. Tabbé Gonthier.
(4) Archives de Genève. Visites pastorales, tome IV.
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— 97 —
Le vénérable Chapitre de lUnsigoe abbaye de Filly
en est le caré on le vicaire perpétuel ; c'est R** Messire
Hugues Bourgeois qui la dessert. Elle a 40 feux, son
revenu est do 100 florins. L'évêque ordonne que les pa-
roissiens aient deux candélabres de laiton pour l'usage
du grand autel.
II y a une chapelle sous le vocable de la bienheureuse
Vierge Marie, qui a pour patron les nobles d'Allinges,
sous la charge d'une messe par semaine. Le recteur est
Révérend Messire Aymon Collât qui la fait desservir
par Messire François Baudat ; elle est bien fournie, il
est enjoint aux fondateurs d'y ériger un autel en pierre.
Une seconde chapelle est placée sous le vocable de
Saint-Biaise dont Pierre, Jean et André Vigny autre-
ment dit Pillet senties patrons, sous la charge de deux
messes par semaine; le recteur est Messire Girard Gu-
belli qui la fait desservir par Messire François Baudat;
cette chapelle est bien fournie.
Une troisième chapelle est sous le vocable du 5*-
Esprit, dont les patrons sont les paroissiens, sous la
charge d'une messe par semaine ; le recteur est Messire
Antoine d'Antioche qui la dessert. Elle manque de tout;
il est enjoint aux fondateurs d'ériger, avant 4 ans, un
autel en pierre en dehors du mur de l'église et dans le
même délai de la munir de tous ses ornements et d'un
calice d'argent.
Les confréries du Saint-Esprit que Ton trouve établies
aux XV® et XVI^ siècles dans notre Chablais, à Thonon,
Douvaine, Massongy, Yvoire, Messery, etc., étaient des
associations chrétiennes de secours, en faveur des pau-
vres. Chaque membre de ces confréries promettait, en y
7b
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— 98 -
entrant, de payer chaquç année, le montant du fruit que
son bétail pouvait produire dans lespace d'un jour. On
peut voir par là que ces confréries étaient de véritables
bureaux de bienfaisance, et que nos philanthropes mo-
dernes n'ont rien inventé.
Le IG avril, révoque visite la paroisse d'Y voire qui
compte 30 feux, et sa filleule do Nernier qui en a 25 ;
son revenu est de 80 florins, son curé est Révérend
Messire Claude d'Antioche. Dans nos trois paroisses la
situation matérielle est meilleure qu'en 1481. La popu-
lation a suivi la même marche ascendante, elle a
augmenté de dix feux, soit d'un quart à Messery, elle a
doublé à Nernier et Yvoire.
La Chapelle de Saint-Biaise en Véglvie de Messert/,
dont il vient d'être question, fut fondée le l«r janvier
1483, par honorable Girard Vignon alias Pillet (acte de
Vallon, notaire); son premier recteur fut André Guibc^lli,
prêtre ; le déc('»s do ce dernier l'ayant rendue vacante,
elle fut donnée à Jean Guibelli, clerc, le 31 décembre
1510, sur la présentation d'Egrôge Claude Guibelli.
Le nouveau curé étant mort, Girard Guibelli en est
nommé recteur le 17 mai 1514 sur la présentation de la
famille Vignon dit Pillet, de Messery. Cette chapelle
devient encore vacante le 4 avril 1526, par le décès de
Messire Girard Guibelli ; elle est alors donnée à discret
Bernard Régis, clerc (1).
Invasion Bernoise. — Guerres de Religion
Profitant des embarras du duc de Savoie en guerre
avec la France, les Suisses se jettent sur ses possessions
des rives du Léman (IG janvier 153G).
(1) Communiqué par M. Tabbé Gonthier.
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— 99 —
Les Genevois qui venaient d'embrasser la Réforme et
de proclamer leur indépendance, se joignent aux Ber-
nois et ravagent les campagnes environnantes. Les no-
tables du Chablais épouvantés vont à Gex au devant
des envahisseurs faire leur soumission, pendant que
ceux d'Evian et du pays de Gavot, pour échapper aux
Bernois protestants, appellent les Valaisans. Les Ber-
nois s'emparèrent donc du Chablais jusqu'à la Dranse ;
ils divisèrent le pays conquis en deux baillages : Ter-
nier-Gaillard et Chablais. Ce dernier eut Thonon pour
capitale.
Les catholiques de Genève, tracassés par les nova-
teurs, voyant leurs maisons détruites, leurs biens con-
fisqués, s'étaient réfugiés en 1535 au château de Poney
sur le Rhône, et au nombre de cinquante tenaient la
campagne contre Genève. Un jour ils enlèvent les vaches
de ceux de Genève sur la montagne du Sallevoz ; un
autre, ils sont à Nernier où ils capturent le vin que des
Genevois avaient déjà chargé sur des barques pour
l'emmener en ville (1).
Les Bernois, pendant plusieurs années, n'innovèrent
rien en matière do religion, ils se contentèrent de faire
prêcher l'évangile dans chaque paroisse, généralement
par des réformés français ; mais les paysans recevaient
fort mal les prédicateurs. Farel et Lambertet, ministres
protestants, étant venus prêcher à Thonon, on refusa
de les entendre.
Le Sénat de Berne fit proclamer des édits sévères
contre la religion catholique ; les chapelles et les autels
furent renversés, le peuple forcé d'assister au prêche,
(1) Blavignac. Etudes sur Genève. Livre 11, page 192.
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- loO-
les prêtres et les religieux bannis. La force était ailjè
mains des novateurs, les catholiques durent subir io
joug de fer qu*on leur imposait. Le langage populaire a
gardé de cette époque les expressions suivantes :
€ Langue de Farel » pour désigner une mauvaise lan-
gue et € raide comme la jusllce de Berne. »
En 1539, les Bernois fermèrent Tabbaye de Filly, qui
avait pris dans le pays une grande extension. Ses rentes
féodales ou rcnteg foncières s'étendaient sur 24 paroisses.
A Messery, nous pouvons citer parmi les tenanciers de
Tabbaye :
Nicolet Quiblier, qui en février 1527, reconnaissait
tenir des vénérables religieux de Tabbaye de Filly le
tiei's d'une pose de terre, lieu dit en Mornant, pour
laquelle était due annuellement la censé d'un quart de
froment, mesure de Nyon.
Claude feu Pierre Boccard, pour demie pose de terre,
lieu dit en Tarantin.
André et Bernard feu Robert Duborgel, pour une terre
lieu dit Fs-Fossauœ (l).
Les pauvres perdirent beaucoup à la fermeture de
l'abbaye ; 25 muids de froment, soit environ onze mille
kilogs étaient distribués chaque année aux indigents ;
ces aumônes servirent dès lors à l'entretien des minis-
tres de la nouvelle religion (2).
En 1540, le Sénat de Berne délégua une commission
chargée de dresser l'inventaire exact des biens ecclé-
(1) Archives Vuarnet. Un quart de froment est mis pour un
quart de coupe.
(2) Le muid de froment valait 12 coupes, la coupe de blé pèse
42 kilogs.
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— 101 —
siastiques de chaque paroisse. Le commissaire, spectable
Nicolas Vulliaad, passa à Messery le 18 octobre; il s'a-
dressa à Michel Cholet, Michel Siccard et Jaoyn du
Borgc qui déclarèrent que ces biens comprenaient :
1*^ Une maison et grange do trois épueds avec un
curtil d'une demie fossorée et un autre jardin derrière
régliso, la grange attenante servant à rentrer les dîmes,
(cette grange existe encore à côté de la cure) ;
2» En Mèneriez, deux poses et demie de terre et pré;
3° Eu Roget, six poses de terre ;
4° En Vétroz, deux poses dont une pose et demie en
vigne ;
5« Champ du fief de Savoyo, vers le lac, trois seyto-
rées de pré;
6^ En Tate, 3 poses de bois (sans doute vers la Tate
de Couches, où se trouve de nos jours un bois appelé
le bois de la cure);
7o La dîme de la cure, valant tant blé, vin, que chan-
vre environ 30 à 40 florins par année ;
8« La dîme de Novellay valant 10 à 15 florins par
année ;
9° A Messerier, la chapelle de Notre-Dame et du
Saint-Esprit, dont honorable Pierre Crebly (Quiblier)
est fermier ;
10« Une autre chapelle de S*^-Blaise, dont est recteur
honorable Pillet (1). v
L'église de Nernier était filleule de celle d'Y voire,
(1) Manuscrit de f Académie Chablai sienne. Sey torée, du patois
seyi faucher, ancienne mesure pour les prés. L'homme ou la fos-
sorée, ancienne mesure pour les vignes valait 40 toises, c'était
tout ce qu'un ouvrier pouvait bêcher d'un jour. La pose ou jour-
nal, mesure de Thonon, vaut 36 ares.
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— 102 —
ses biens comprenaient, déclarent les experts :
1° Une chapelle deS^-Sébastien, qui possède une mai-
son située à Nernier ;
2o Une chapelle de Notre-Dame qui a aussi une mai-
son, laquelle est affermée par le bailli de Gex ;
3oUnc chapelle de S*-Michel qui n'a plus de droits,
cependant on dit qu'elle a une fondation de 100 florins.
A la suite de cette enquête, douze ministres furent
établis en Chablais et mis immédiatement en possession
des biens ecclésiastiques. A Messery, le ministre vint
résider à la cure; la paroisse de Nernier qui jusque-là
avait été filleule d'Y voire, et par conséquent était dé-
pourvue de cure, fut rattachée à Messery ; ces deux pa-
roisses restèrent ainsi unies jusqu'à la Révolution de
1793.
Cependant la fortune sourit aux armes de Savoie; par
le traité de Lausanne, et la convention de Nyon signée
le 30 octobre 1504, le Chablais fut rendu au duc.
Les Bernois avaient stipulé que la religion réformée
serait respectée ; trois ministres seulement restèrent
dans le Chablais, le premier à Thonon, le second à
Bons, le troisième à Messery-Nernier.
En 1579, les biens de l'abbaye de Filly non aliénés
furent donnés à l'ordre de S^-Maurice et Lazare en vertu
d'un bivf du pape ; on en fit une commanderie, dite
Commanderie de Filly; diverses charges y furent atta-
chées entre autre le traitement des ministres. Le mi-
nistre de Miserie reçut 2 muids G coupes de froment,
et 200 florins de traitement annuel (1).
(1) Piccard. Abbaye de Filly ^ page 198.
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— 103 —
Les ministres de Messery dont les noms nous sont
parvenus, sont :
1» Claude Duvet, ministre de Messery : en 1579, il y
possède une vigne lieu dit au Molin.
2° Spectable Jérôme Dubois, ministre du S*-Evangile
et pasteur des .églises de Messery et Nernier. En 1588,
il possède une maison avec pré et curtil au village de
Messery, une terre aux Kipettes (1).
3° Jean Michaud : en 1589 une ordonnance du comte
de Martinengue permet à trois ministres protestants de
prêcher en Chablais, parmi lesquels Jean Michaud à
Nernier (2).
On était alors en pleine guerre religieuse ; le 19 mai
1589 le gouverneur des Allinges, baron d'Hermance,
après avoir mis des garnisons en plusieurs endroits du
baillage de Thonon, permit au ministre do Missery,
nommé Michaud, de faire la Cène, prescher et baptiser
afin de n'effaroucher personne, mais dit la chronique
« il n'y a point d*exercice en tout le baillage que là » (3).
C'est sans doute pour cette cause que les bandes gene-
voises ne vinrent pas porter leurs ravages à Messery ;
car nous les voyons le 29 mai 1590 à Douvaine prélever
des contributions sur les habitants des villages voisins,
« mais ceux-ci s' avouant sujets du duc, sonnent le
« tocsin, s'afnassenc au, nombre de 300, tuent le capi-
« laine La Guiche avec trois de ses soldats et en font
« prisonniers trois autres qui étant blessés sont enfer-
« mes au château de Cou^rée. » (4).
(1) Archives Vuarnet.
(2) Picc3ir(i. Histoire de Thonon.
(3) Archives de Genève. Manuscrits historiques, volume 67.
(4) Archives de Genève. Manuscrits historiques, volume 67.
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y^^glc
— 104 —
Le 1er juin, quelques cavaliers geuevois étant allés à
Douvaiue, vengent la mort de La Guiche en tuant cinq
ou six paysans.
« Le dimanche '^0 septembre 1390, les nôtres, dit
« la chroniqiœ genevoise, notamment ceux de cheval,
« fi)'ent diverses courses vers Massonyier et Dovaine,
« d'où ils emmenèrent force bestail et quelques pri-
« sonniers, notamment les paysans qui ont tué La
« Guiche et au lieu de demewer cois en leurs maisons
« ont voulu porter les armes 2)Our les Savoyards, »(1).
Cette guerre de dévastation dura jusqu'en 1593, épo-
que où un événement inattendu vint changer la face
des choses. Henri IV abjurait le protestantisme (25 juillet
151)3) ; les ligueurs conclurent avec lui une trêve, dans
laquelle le duc de Savoie et Genève furent compris.
Au milieu de ces troubles, les soldats débandés rava-
geaient les campagnes. Le 12 février 1589, une galère
de Genève, pesamment chargée de marchandises, se di-
rigeait sur Morges, lorsqu'arrivée à la hauteur du vil-
lage de Nernier, elle fut rejointe par une barque, sur
laquelle se trouvaient une douzaine d'arquebusiers pié-
montais de la garnison de Ripailles. Les piémontais
abordent et se précipitent sur le barquier, Jean Barba,
qui est frappé d'un coup de stylet à l'épaule, puis ils se
retirent après avoir fait main basse sur une grande
quantité de marchandises. Sur les réclamations du con-
seil de Genève et comme la guerre n'était pas encore
déclarée, le procès des coupables fut rapidement ins-
truit; quatre des soldats piémontais furent saisis par la
justice, ot le 2S février 1589, le procureur fiscal de Tho-
(1) Ibidem. (La Guiche était un capitaine genevois).
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— 105 —
nou demandait au conseil de Genève de bien vouloir
lui prêter le bourreau pour rexécution des condamnés ( 1 ).
En mars 1592, Pierre Genêt, du village de Chevilly,
commune d'Excénevex, apportait à Thonon 40 florins des
contributions do février, lorsqu'arrivê au pont de Mar-
claz, il se vit dépouiller par 5 ou 6 arquebusiers et gens
de pied, italiens ou savoisiens (2).
Ces soldats mercenaires étaient la plaie do l'époque
et comme nous le montre cet exemple, ils n'épargnaient
môme pas les populations qu'ils étaient chargés de dé-
fendre. Il en était d'ailleurs de même à Genève, où sui-
vant un auteur local : (3) « les officiers eux-mêmes ne
« prêchant guère d'exemple^ le Conseil se décida à
« seoir contre trois d'enti'e eux qui s'entendaient
« comme larrons en foire! ! ! »
Conversion du Chablais
La paix conclue, le duc de Savoie désormais tranquille
du côté do la France, résolut de ramener le Chablais au
catholicisme. L'évoque de Genève, résidant à Annecy,
envoya sur les lieux des missionnaires qui durent se
retirer. C'est alors que François de Sales, prévôt du
Chapitre, demanda et obtint l'autorisation de partir
pour la mission du Chablais. S'étant adjoint son cousin
Louis de Sales, ils vinrent frapper le 14 septembre 1594,
à la forteresse des AUinges, où ils furent reçus par le
baron d'Hermance, gouverneur. De là, chaque jour ils
parcouraient les campagnes, prêchant dans les villages,
(1) Henri Fazi. La guerre du, pays de Gex^ pages 66, 67, 68.
(2) Piccard. Histoire de Thonon. La famille Genêt existe de nos
jours à iMessery. En 1721, Hippolyte Genêt, fils de Philibert,
natif de Chevilly se marie à Messery.
(3) Henri Fazi. La guerre du pays de Gex, pages 190 et 191,
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— 106 —
dans les champs, sur les routes. Après trois années de
ce rude labeur (1597), François de Sales appela à son
aide des prêtres savants qu'il plaça dans les villages.
Le chanoine Grandis accepta la cure de Douvaine et
Loisin.
Le chanoine Théodore Warouf-Gondan celle dTvoire
et d'Excénevex.
Louis de Sales se réserva la cure de Brens.
En juillet 1597, des pères capucins et des pères jésuites
vinrent aider S* François. Le 20 septembre 1598, des
40 heures eurent lieu à Thonon au milieu d'une grande
affluence de peuple. Le duc do Savoie arriva en cette
ville le 28 septembre, précédant de deux jours le légat
du pape, cardinal Alexandre de Médicis. Les populations
du Chablais furent invitées à se rendre de nouveau à
Thonon pour de secondes quarante heures, La cérémonie
commença le 1^^ octobre ; des processions de toutes les
communes du Chablais s'y rendirent, celles de Messery
et de Nernier étaient du nombre (1). Cependant quelques
seigneurs et nombre de familles refusaient de se con-
vertir. Le 6 octobre, par un édit, le duc les chassa de
ses Etats. Parmi ces derniers se trouvait le seigneur de
Nernier, noble de Brotty, colonel de chevau-légers,
qui se retira à Nyon.
Le lendemain de cet acte de rigueur, 7 octobre 1598,
les paroisses de Ballaison, Messery, Hermance, Cou-
drée allaient abjurer ; elles étaient conduites par le père
Sébastien, prédicateur capucin : « c'était, dit Vabbé de
Baudry^ le fruit de ses infatigables travaux, car ce
(1) DeBaudry. Relation abrégée des Travaux de V apôtre du Cha-
blais. Tome 11, page 201.
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— 107 —
bon père pour a voiv occasion de catéchiser les paysans,
travaillait avec eicx clans les vignes et se faisait ainsi
tout à tous pour les gagner à J.-C. »(1).
A rarrivée do chaque paroisse dans l'église S*-Hippo-
lyto de Thonou, une commission de 12 c*ccl6siastiques
avait été chargée de recueillir les noms des abjurants ;
cette commission n'inscrivit que les chefs de famille. Un
tableau des abjurants fut envoyé à Rome ; on Ta re-
trouvé, il y a quelques années, dans la bibliothèque du
Vatican ; (quelques noms furent mal prononcés ou mal
orthographiés, mais il est facile de les reconnaître).
Liste des Abjurants de Messery (2) (7 Octobre 1598)
Michel Sauva ; Bernard Pochât; Bertrand Moloyllet;
Jean Chollet; Pierre Criblier; Guillaume Criblier; An-
toine Dayon ; Claude Peignent; François Criblier; Jean
Fayssan ; Guillaume Verbod ; Pierre Chaudet ; Pierre
du Borgé ; Pierre Mathieu ; Louis Boccard ; Bernard
du Borgé; Bernard delaCrosa; Jean Vuarnet; Bernard
Benoit; François Parguen; Jean Criblier; Maximilien
Criblier; Georges de Creusa; Michel do Creusa ; Fran-
çois Criblier dit Faysan; Jacques Criblier; Samuel
Sauva (Servage) ; Jean du Borgé ; François du Borgé;
Florence Chaudet ; Aymon Secard; Jean Criblier dit
Crusilat; Pierre Borgeallet ; Jean Broillet; Martin
Sauva ; Bernard Martin ; Jacques Souva ; Jacques Crespi ;
(1) Abbé de Baudry. Relation abrégée des Travaux de V apôtre
du Chablais. Tome II, page 238. Le père Sébastien naquit à
St-Jean-de-Maurienne en 1571, il entra au noviciat en 1588 ;
comme le père Chérubin, il avait une voix forte au service d*une
mémoire excellente, il mourut en 1634 à St-Jean-de-Maurienne.
(Vie du père Chérubin^ par Tabbé Truchet). Chambéry. 1880,
page 367.
(2) Académie Salésienne. Tome 11, document VllI.
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— 108 —
Pierre Motella ; Noël Criblicr; Louis Criblier ; Jean-
François Arpin ; Catherine Paysan ; Jeanne Seccard ;
Jeanne femme de François Martin ; Maurice BroUiet ;
Jacques Sauva ; François Chaudet ; Pierre Sauvage ;
Jean de Creusa.
Liste des Abjurants de Nernier (9 Novembre 1598)
Nicolas d'Éssert ; Pierre Duchesne; Philibert Jacquin;
Daniel VuUiermo ; François Bolliet ; Guillaume Crespi ;
Guillaume Jaquin ; Pierre Favre ; André d'Essert; la
veuve de Pierre Scutistère; la veuve de Pantaléon Por-
tier; Bernarde femme de Humbert Bonnevaux; Amédée
Chauderon ; Daniel Mottct ; Hippolyte Gruiller ; Pierre
Vuliermoz ; Pierre Serard ; Philippe Dacquin ; Humbert
Bonivard ; Bernard Pottey ; François Vuliermoz ; Salo-
mon Mottet; Girarde Crespi ; Da vienne Mochet ; Louis
Cul de Corzent; Berthe Pellessar; Bornon Rigaud ;
Jeannette Canevet ; Jeanne de Balleyson ; Claudine JVIa-
ret ; Françoise Chevallier ; Jacqueline Putod ; Pernette
Piccud ; Marie Baudier; Jeanne Bouinard ; Louise Du-
four ; Claudine Pui ; Péronne Tornier; Françoise de
Lestand; Jeanne veuve de Bernard Piccut; Jeanne
veuve d'Antoine Ocli ; Antoine Piccard ; Berthe Planta ;
Pernette Piccut; Claudine Voysin; Jeanne Mousset;
Françoise femme de Pierre Châtelain ; Genète Canavey ;
Claudine femme de Bernard Cornu ; Georgine Servage ;
Pernette femme d'André Pernon ; Gonine femme de
Jean Pelu ; Françoise femme do François de Merle ;
Vincente femme de Daniel Puoard; Péronne Verne,
veuve.
Mais les abjurations ne se firent pas sans résistance ;
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- loô -
tandis que les paroisses voisines des pays restés catholi-
ques, telles que Bellevaux, abjuraient dés le 21 septem-
bre, celles situées dans le voisinage de Genève, telles
que Mcssery et Hermance ne vinrent à Thonon que le
lendemain de Tédit du duc (7 octobre). Les paroisses de
Nernier et d'Yvoirc composées on majeure partie d'une
population flottante de bateliers et de pécheurs ne se
rendirent que les dernières : Yvoire le 19 octobre, Ner-
nier le 9 novembre.
A Mcssery bien des noms manquaient à Tappel.
Qu'étaient devenus : Louis Dex alias Curtet, Antoine
Savuaz, Isaac Savuaz, Michel Duborgel, les nobles de
Lugrin seigneurs de Frize, Samuel Communal, Jacques
Duret, maître Bernard Duret, notaire, cités sur des actes
antérieurs et postérieurs à 1598?....
A Nernier l'abjuration n'avait été pour beaucoup
qu'une simple cérémonie, plusieurs mémo l'avaient
esquivée, en y envoyant leurs femmes. Si l'on en croit
une tradition locale, lorsqu'il leur fut défondu dose ser-
vir de l'église pour le culte réformé, ils allèrent cons-
truire un temple en planches, sur le terrain communal-
de rUche du Crot, non loin de l'endroit où s'élève de
nos jours la chapelle de Notre Dame du Lac (1).
L'exemple de la noblesse locale n'était d'ailleurs pas
fait pour décourager les mécontents. On a vu la résis-
tance du colonel de Brotty. Quant au soigneur d'Yvoire,
Claude Forestier, il n'abjura lui, que cinq années plus
tard en 1G03, entre les mains de S* François de Sales.
Le seigneur de Beauregard, Isaac d'Allinges, aima mieux
(1) CommuDiqué par feue M"*' Catherine Rivollet.
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— 110 —
s'exiler, il mourut à Genève, le 7 juin 1654, sans avoir
abandonné la réforme. Marguerite de Brotty, dame do
Nernier, fervente calviniste, n'abjura qu'à son lit de mort
le 23 octobre 1648, à l'âge de 75 ans.
Le pays converti, il fallut songer à assurer le service
religieux. Par lettres patentes du 5 octobre 1598, une
commission fut chargée de dresser l'inventaire des re-
venus ecclésiastiques du Chablais. Cette commission
composée de Messire Claude d'Angeville, vicaire géné-
ral, et de noble Claude Marin, procureur fiscal, visita le
6 novembre : Excénevex, Yvoire, Nernier et Messery.
A Yvoire, nous dit le compte-rendu de la visite, le
toit et la voûte du chœur sont tombés, il n'y a pas de
plancher, pas de cloches ; l'une est engagée à Genève
depuis un an pour 200 florins. La pierre d'autel a été
trouvée vers la fontaine, du côté de Nernier. Répara-
tions 2000 florins.
A Nernier, Tégliso est en assez bon état, pierre d'autel
non dressée. Réparations 300 florins.
A Messery, l'église est en assez bon état, sans pierre
d'autel, ni cloches. Réparations 200 florins. (Les cloches
avaient sans doute été emportées comme butin, par les
bandes genevoises, pondant les dernières guerres) (1).
Pendant le mois d'août 1600, l'évêque de Granier
convoqua un synode pour régler les bénéfices des cures
du Chablais. Le résultat de l'enquête fut le suivant :
« L'église S*-Pancrace d'Yvoire avec son unie de S*-
« Martin de Nernier sont toutes deux sans maison
« c'est-à-dire sans cure ; celle d'Yvoire a quelques biens
(1) Gonthier. Mission de Si François, page 240.
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- 111 -
4c stables, les autres sont en partie vendus, en partie
« aliénés, les dîmes dépendent en partie do Fabbaye de
« Filly, que les chevaliers de S*-Maurice et Lazare pos-
« sèdent, en partie sont perçues par certains gentils-
« hommes laïques.
4c L'église de S*-Pierreapostre, du village de Messery,
« a sa maison do cure, avec quelques biens stables, le
« reste est aliéné, certaine partie des dismes appar-
ue tiennent au prieuré de Douvaine, au chapitre de
4c Téglise cathédrale de S^^Pierre, l'autre partie est
« possédée par eerUxins gentils-hommes laïques, et une
4c autre encore dépend de Tabbaye de Filly (1). »
A la suite de cette enquête Nernier fut réuni à Mes-
sery et Y voire à Excénevex. La plupart des curés des
paroisses du Chablais reçurent un traitement fixe de
70 écus d'or. Mais les chevaliers de S^-Maurice et La-
zare opposèrent une résistance opiniâtre à la reconstitu-
tion des bénéfices des paroisses sujettes de l'abbaye do
Filly. L évoque de Granier dut faire acte d'autorité ;
par ordonnance du 28 septembre 1601, il assigna à cha-
cun dos curés d'Y voire et de Messery, comme traite-
ment, soixante coupes de froment à prendre annuelle-
ment sur les censés féodales dépendant do l'abbaye de
Filly (2).
Messire Moccand Bernard fut nommé curé d'Yvoire
et d'Excénevex, et Messire Jean Brun, curé de Messery
et Nernier.
(1) Charles-Auguste de Sales. Vie de St François. Edition Vives.
Tome 1, page 228.
(2) Piccard. Abbaye de Filly. Acad. Chabl.,* vol. Vil, page 482.
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^ 112 -
LES CURÉS DE MESSERY
De 1601 à nos jours
1601-1614, Jean Brun, curé de Messery et Nernier.
— Par transaction passée à Thonon, entre S^ François
do Sales et don Thomas Bergera, procureur général de
Tordre de S*-Maurice et Lazare, le 7 juillet 1G07, tous
les biens ecclésiastiques précédemment incorporés à
Tordre, sont remis à Téveque pour assurer le traitement
des curés, sauf pourtant ce qui dépend de Tabergement
de Nerny qui reste aux chevaliers (1).
Cependant nos voisins voyaient de mauvais œil les pro-
grés do la religion catholique et son affermissement dans
nos contrées; ils se souvenaient aussi de Tescalade de 1G02,
il en résultait une certaine animosité, qui dégénérait
souvent en rixes sanglantes. « En 1G12, un genevois
nommé Jacques de la Maisonneuve, avait déposé à
Nerni, dit un auteur genevois (2), une certaine quantité
de blé ; un savoyard qui prétendait avoir des droits sur
ce blé, le fît arrêter. De la Maisonneuve, au lieu do
s'adresser au juge du village pour faire lever cette saisie,
résolut do se rendre justice par lui-même, il vint en ba-
teau à Nerni, accompagné de six soldats armés d'épées,
déjà il commençait à charger son blé sur le bateau,
lorsque le fils du seigneur de Nerni accourut pour Ten
empêcher, suivi de plusieurs personnes armées de mous-
quets ; un combat s'engagea aussitôt dans k^quel de la
Maisonneuve tua le fils du seigneur et un ou deux sa-
voyards, et mit les autres en fuite. Los officiers de Sa-
(1) Académie Salésienne. Tome II, page 370.
(2) Piccot. Histoire de Genève. Tome II, page 370.
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— 113 —
voie se plaignirent de cette affaire comme d'un attenùxt
commis contre leur souverain, mais ils n'obtinrent
aucune justice. »
1614-1617. Quesian Jean-Louis, docteur en théolo-
gie et chanoine de Genève, fut nommé par S* François
de Sales curé de Messery et Nernior, le 30 juin 1G14 (1);
il devint curé de Douvaine le 18 août 1617. S^ François
de Sales l'avait en grande estime, il le délégua plus tard
pour aller recevoir la profession des ermites du Voiron.
1617-1663. Delà f russe Etienne, Des difficultés étaient
encore pendantes au sujet du traitement des curés; par
transaction du 28 octobre 1021, passée entre S* François
de Sales et le chevalier dom Thomas Bergerat, il fut
convenu que MM. les curés d'Yvoire et de Messery
auraient chacun 45 coupes de froment, mesure de Tho-
non, à prendre sur la dîme d'Outrevion, enclavée dans
les dites paroisses, et qui dépendait avant les Bernois,
de l'abbaye de Filly. Le reste de cette dîme fut appli-
qué aux pauvres des paroisses respectives (2).
A la suite de cette transaction, qui diminuait son trai-
tement de près d'un tiers, le curé Delafrasse se trouva
sans doute quelque peu gêné ; nous le voyons, le 22 mai
1622, louer différents biens pour la somme de 68 florins
6 sols de Bernard Fischard, de Chens, tuteur des en-
fants d'Urbain Servage (3).
L'invasion bernoise en Chablais avait fait disparaître
la presque totalité de nos fondations religieuses, aussi
(1) Gonthier. Journal du .Sain^, page 166.
(2) Archives Vuarnet. Acte Duret, notaire. La dîme d'Outrevion
était appelée ainsi parce qu'elle était située au-delà du Vion,
ruisseau qui sépare Messery et Excénevex de Massongy et Filly.
(3) Archives Vuarnet.
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- 114 -
dés que la paix fut rétablie, le zèle des catholiques s*ap-
pliqua-t-il, le mieux qu'il put, à réorganiser le patri-
moine de nos églises.
Le 5 octobre 1G57, à Nornier, Charles, François et
Maurice de Brotty, et Jacques fils de noble Antelme
Fournier, tous seigneurs et conseigneurs de Nornier,
rappelant que leurs prédécesseurs avaient établi des
chapelles annexées à réglise de Nornier, mais que Tin-
troduction de Thérésie en Chablais les a privées de
leurs rentes, donnent un champ, lieu dit aux Fully,
proche Téglise de Messery, pour faire célébrer des
messes dans ces chapelles, dont est recteur Messire Jean
Pignand, prêtre coadjuteur du curé de Messery (1).
1662-1675. Boéj a è Jean- Jacques. Il reçoit, le 20 octo-
bre 1663, la visite de Monseigneur d'Arenthon d'Alex,
évêque d'Annecy. La cure est complètement en ruines ;
il est enjoint aux paroissiens de la rebâtir, sinon le curé
acceptera la maison que lui offrent les habitants de
Nernier et fera sa résidence ordinaire en ce dernier
village. A la sacristie se trouve un calice d'étain et deux
pyxides d'argent, une des pyxides avait été donnée à
l'église par M. de Brotty, il est enjoint aux paroissiens
d'acheter un calice d'argent (2).
L'église de Nernier visitée le même jour avait une
chapelle dédiée à Notre-Dame, à gauche en entrant et
une dédiée à S*-Sébastien, à droite.
1675-1680. Delachenal Jacques. Il est porté en 1677
par l'évoque Monseigneur d'Arenthon, sur la liste des
(1) Société Savoisienne d* histoire et d'archéologie. Tome XXX,
page VII.
(2) Archives de Tévêché d'Annecy.
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— 115 —
prêtres excellant le plus en piété, en doctrine et en ta-
lents dans le diocèse de Genève (1).
Le 10 juillet 1679, cet évêque visite l'église de Ner-
nier ; entre autres prescriptions, il ordonne de recons-
truire la toiture do Tèglise, de placer un crucifix en relief
entre le chœur et la nef; la chapelle de S^-Sébastien est
sans autel et dépourvue d'ornements.
Le même jour il visite l'église de Messery, de laquelle
dépend celle de Nernievy son annexe. Il enjoint aux pa-
roissiens de faire réparer le sous-pied et le lambris do
la nef comme aussi la clôture du cimetière, de sorte que
les animaux n'y puissent entrer ; d'acheter un antipho-
naire et une chaire pour le prône (2).
1680-1699. Burnod Michel. En 1686, il choisit Mauris
Boccard, de Messery, comme dismier dos dîmes d'Outre-
vion ; cette dîme se partageait alors entre la maison
des arts de Thonon et les curés d'Yvoire et de Messery (3).
En 1689, les Luzernois ou Vaudois protestants, chas-
sés de ses Etats par Victor- A médée II, voulurent rega-
gner leur pays d'origine, les vallées de la Luzerne, si-
tuées sur le versant du Piémont. Partis de Nyon dans
la nuit du 26 au 27 août 1689, au nombre de un ou deux
mille, ils débarquèrent entre Nernier et Yvoire à la
pointe du jour. La route passait dans Yvoire, ils som-
mèrent les habitants d'ouvrir leurs portes, sinon ils
donneraient l'assaut; les portes furent ouvertes et les
Luzernois continuant leur route par Filly, Saxel, allèrent
camper près de S*-Jeoire, puis filant par Sallanches,
il) Chanoine Fleury. Histoire de V église de Genève.
(2) Archives de Tévéché d'Annecy.
(3) Archives E. Vuarnet.
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- 116-
Megéve, TigileSi le Modt-Ceûis, ils regagnéreût leurs
vallées.
En 1699j Révérend Burnod fut nommé curé d'Argon-
ùex ; en bon prêtre il se souvint do sa première paroisse
en faisant à l'église de Messery une fondation qui existe
encore.
1699-1125. Vallier François. Le 26 août 1704, il
reçoit la visite de Monseigneur de Rossillon de Bernex,
évêque du diocèse; la cure de Messery a doux étages,
une grange, un four, un pressoir, un petit jardin devant
la cure, un autre derrière Téglise. Le curé exige de
ceux qui ont communié et qui veulent être inhumés
dans réglise, dix florins et des autres sept ; ces revenus
sont applicables aux réparations de Téglise. L'évêque
enjoint aux paroissiens d'avoir un bassin et un cuvier
d'étain pour administrer le sacrement de baptême.
Le lendemain, Tévêquc passe à Nernier, filleule et
annexe de Messery, il visite la chapelle de SMoseph,
entretenue par la confrérie du rosaire, et la chapelle de
S*-Sébastien entretenue par les seigneurs de Nernier; le
recteur de cette chapelle est noble Jean-André de Brotty,
curé de Cervens(l).
1725-1739. Guillaume Jean-Bapliste ; il était natif
de Brens. A peine arrivé il s'occupe immédiatement des
réparations de son église.
Le 4 mai 1726, à la suite des conventions et délibéra-
tions prises à l'issue de la messe paroissiale, les com-
muniers de Messery, afin de faire refondre une de leurs
cloches qui est cassée, vendent un terrain communal, dit
(l) Archives de Tévèché.
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— 117 —
les Grands Prés, de la contenance d'environ « un quart
de Genève de sématuro » pour le prix de vingt-deux
livres (1).
1739-1760. Panrier Pierre, fils de feu Jean-Fran-
çois Panrier, bourgeois de Rumilly, était curé-archi-
prétre de Messery et Nernier.
1766-1793. Pav;/ Benoit, fils de feu Fabien Pavy,
bourgeois de Rurailly, était le neveu du précédent, qui
Tavait appelé auprès de lui comme vicaire en 1765.
Révérend Pavy était docteur de Sorbonne.
En arrivant à Messery, le nouveau curé trouve le
presbytère dans un état lamentable. Aussi le 3 mai 17G6
adresse-t-il une plainte à Tlntendant do la province du
Chablais (2).
€ Il n'y a point de chambre pour le vicaire, dit-il, il
« n'y a point de grenier, si ce n'est une chambre dont
« les poutres sont pourries, les poutres de la grange
« menacent une ruine prochaine ainsi que la plupart do
« celles de la cure. Il n'y a point non plus de sacristie
4c dans laquelle on puisse retirer les habits et linges
« d'église, le prêtre est obligé de s'habiller à l'église,
« l'autel manque même d'ornements et surtout de chan-
« deliers. >
Mais la contrée était sans commerce et sans argent,
le conseil de Messery s'opposa sans doute aux demandes
du nouveau curé, car peu après ce dernier adresse une
seconde plainte à l'Intendant.
« Quant à la présente chambre pour le vicaire, dit-il,
* les conseillers n'ignorent pas qu'elle n'est pas logeable,
(1) Archives Vuarnet.
(2) Ibidem.
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— 118 —
« étant de simples planches et qu'il faut passer pour y
« entrer par une autre chambre, point du tout éclairée,
« où loge et couche la servante ; il n'y a qu'à être péné-
« tré de sa religion, pour voir que cela est indécent et
« ne convient nullement à des ministres du Seigneur,
« qui, par leur état, sont obligés d'empêcher tout
« ce qui pourrait donner la moindre atteinte à la
* pudeur, etc (1).
Pourtant à la suite de ces plaintes, diverses répara-
tions furent faites à l'église et à la cure, notamment en
1776, et durant les étés 1789 et 1790 (2).
Le 29 juin 1768, le curé Pavy reçoit la visite de l'évê-
que Biord ; la paroisse contient 65 feux, il y a environ
186 communiants et 297 âmes. Il y a un clerc entretenu
par les paroissiens ; ce clerc en qualité de marguiller
perçoit annuellement six quarts de froment de la Maison
des Arts, sur la dîme d'Outrevion. Le révérend curé
perçoit pour les sépultures, le drap qui est sur la bière, le
luminaire et la rétribution des messes.
Le même jour l'évêque visite l'église de Nernier;
cette annexe contient environ i30 feux et 142 âmes. Le
clerc, comme celui de Messery, touche 6 quarts de blé
de la Maison des Arts et est entretenu par les habitants.
Entre autres injonctions l'évêque prescrit aux habitants
(1) Archives Vuarnet.
(2) Ibidem. Dans le courant de Tété 1789, Mariou Mathieu, veuve
de Claude Durât, a livré aux ouvriers travaillant à Téglise, 66
bouteilles de vin rouge à 12 sols le quarteron (le quarteron valait
2 pots, il y avait 24 quarterons, soit 48 pots dans le setier de 54
litres), 8J bouteilles de même vin à 14 sols le quarteron, 52 livres
de pain àtroissolsla livre, Il livres, soit 89 batz pour livrance
de soupe, à raison de une batz par jour par chaque personne (la
batz, monnaie vaudoise, valait 3 sous).
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— 119 —
de Messery de faire élever la clôture du cimetière (1).
En 1768, il existait drjàcinq fondations de messes en
faveur de l'église de Messery, et quatre en faveur de
celle de Ner nier; ces fondations témoignent de la piété
des fidèles de nos paroisses à la veille de la Révolution.
Voici, en outre, quelques extraits de testaments :
i66<?. Jacques do Fournier, co-seigneur de Nernier,
lègue à réglise du dit lieu le revenu annuel de 30 duca-
tons pour Tentretien d'un prédicateur pendant le carême
à Nernier (2).
n 10. Claudine-Marguerite de Brotty et sieur Claude-
Joseph Michaud son époux, lèguent par testament quatre
mille florins en 1710, puis 2.G6G livres eu 1720, sous la
charge de faire tous les dimanches le catéchisme dans
réglise de Nernier.
1121, 1^^ Octobre. Marie Genoud, de Douvaine, épouse
de Bernard Duborgel dit Joffé, lègue à Téglise de Mes-
sery, pour réparations, une pistolle valeur de seize livres
de Savoie, afin que son corps soit sépulture dans l'église,
plus demi-pistollo à la confrérie du Très Saint-Sacrement
et deux écus patagous pour des messes basses du re-
quiem.
1155. 13 Février. Marie Quiblier, veuve Servage, du
village d'Essert, lègue aux Révérends Pères Capucins
de Thonon, sa croix d'or plate pour faire célébrer 20
messes basses de requiem ; item, donne à la dévote con-
frérie du S**-Sacrement dont elle a l'honneur d'être
agrégée, son anneau d'or, priant les dévots confrères et
(1) Archives deTévéché d'Annecy.
(2) Ibidem,
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— 120 —
sœurs de lui faire part de leurs suffrages après sa
mort (1).
Les Dîmes
En 1768, la dîme de Messery était perçue, par égale
part, entre le curé, le marquis Costa et le sieur Michaud.
Le curé percevait encore la dîme de Bardenuche à la
cote vingt-cinquième (c'est-à-dire une gerbe de blé sur
25), et celle de Couches à la cote vingt-deuxième ; la
dîme entière du vin sur le territoire de Nernier et Vor-
say à la cote seizième ; la dîme des novales (champs
nouvellement défrichés) portant sur le blé, les légumes,
le vin et le chanvre. Enfin il percevait annuellement
45 coupes de froment sur les dîmes dTvoire, Nernier et
Messery, appelées d'Outrevion (2).
Cette dîme provenait, avons-nous dit, de Tabbaye de
Filly, qui chaque année au printemps, distribuait aux
ménages pauvres des paroisses environnantes 25 muids,
soit trois cents coupes de froment. La part de Messery
et Nernier était de 3 muids et 8 coupes, celle dTvoire
et Excénevex de G muids 1 coupe. Après le départ des
Bernois, la dîme d'Outrevion fut donnée aux chevaliers
de*. S*-Maurice et Lazare, puis en 1603 à la Sainte Maison
do Thonon, enfin en 1678 à la Maison des Arts de
Thonon. Cette dernière avait pris l'engagement d'en-
tretenir 36 enfants pauvres originaires des 8 communes
dépendant de l'abbaye, et de leur apprendre un métier ;
ceci dura jusqu'à la Révolution de 1793 (3).
(1) Archives ou papiers de famille de divers habitants de
Messery.
(2) Archives de Tévéché. Visite pastorale de 1678.
(3) Piccard, Histoire de Thonon^ tome L
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— 121 —
Les curés de Messery et d'Yvoire louaient donc cette
dîme d'Outrevion à des dîmiers, conjointement avec les
procureurs des pauvres ; mais Messieurs les curés se
plaignirent souvent que les blés renfermaient une grande
quantité d'ivraie et d'autres mauvaises graines, aussi
par acte du 6 juillet 1721 firent-ils insérer que le blé
serait « ôon, beau, recevable^bien vanné et bien crainte
et passé par le crible. »
En 1709, la récolte du blé ayant manqué, le Sénat de
Savoie décida que les curés do Messery et dTvoire à
défaut de froment pourraient prendre de Forge ou d'au-
tres grains en même quantité (1).
Rentes féodales de Filly, — L'abbaye de Filly possé-
dait, avons-nous dit, des rentes féodales qui s'étendaient
sur 24 paroisses, elles passèrent en 1617 aux pères
Barnabites de Thonon qui les perçurent jusqu'à l'affran-
chissement eo 1781.
En 17:i2 les Barnabites réclamaient à ce sujet sur
Messery :
En monnaie de Savoie : 26 sols 4 deniers.
En monnaie genevoise : 40 sols 1 1 deniers.
En monnaie ancienne : 25 sols 6 deniers.
En nature 24 coupes, 1 quart de froment, mesure de
Thonon.
3 coupes de froment, mesure dTvoire.
Une coupe d'avoine, 3 setiers do vin, 4 chapons.
Les cens étaient perçus sur 222 poses, 8 maisons et
1 four (2).
(1) Archives Vuarnet. Mémoire des curés de Messery et d'Yvoire.
(2) Revue Savoisienne. 1893, page 125.
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— 122 —
LA RÉVOLUTION
Le 22 septembre 1792, Tarmée française envahissait
Ja Savoie; un mois plus tard, l'assemblée des Allobroges,
sous les menaces de la Convention, votait Tabolition de
la royauté, de la noblesse, de la dîme et la confiscation
des biens du clergé. Le 8 février 1793, la Convention dé-
crétait la nomination des éveques et des curés par les
électeurs ; les prêtres employés au culte devaient dans
les 8 jours prêter serment à cette nouvelle constitution ;
le refus du serment était suivi de la déportation ou du
bannissement. C'est ce qu'on appélaVà constUutioncivile
du clergé. La religion n'était plus libre, la persécution
commençait.
Dans la nuitdu21 au 22 avril 1793, la garde nationale
se présente à la cure de Douvaine, le curé, M. Gallay,
est pris et conduit dans les prisons de Thonon. Cette
nouvelle répandit la terreur dans le pays. Le curé Pavy
abandonnait sa cure, vers la même époque, car le der-
nier acte qu'il enregistra est un acte de baptême du 22
avril 1793 (1). Le pauvre prêtre occupait la cure de
Messery depuis 26 ans ; à Messery il célébrait la messe
dans les maisons, où chacun s'efforçait de le cacher ; il
se réfugia ensuite dans les bois de la Chaux et dans ceux
du Raffour; mais l'hiver vint et la terreur augmentant,
le curé Pavy dut quitter le pays.
Révérend Etienne Duborgel dit Es Vève, était curé
d'Yvoire lorsque la Révolution éclata ; il avait alors
55 ans ; le 13 février 1793 dans la maison de Jacques
Duchêne dit Comtois, à Nernier, il cède à son frère
(1) Archives de la cure de Messery (registre des baptêmes).
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— 123 —
Maurice tous ses biens pour le prix de seize mille
livres (1), puis eu avril 1793, devant Timpossibilitô
d'exercer plus longtemps son ministère, il émigra à
Nyon, emportant ses registres paroissiaux. Révérend
Duborgel appartenait à une des meilleures familles de
Messery ; outre de grands biens, son frère possédait un
petit bâtiment à voile non ponté, appelé barcaniin, avec
lequel il pouvait aller facilement d'une rive à Tautre.
Etant ainsi en relations continuelles avec les siens, le
curé Duborgel se trouvait être dans une situation privi-
légiée comparativement aux autres prêtres émigrés.
Aussi en recueillit-il plusieurs dans sa demeure ; on y
voyait Révérends sieurs Carrier, curé de Meignier ;
Gandin, vicaire dTvoire; Saulnier, curé d'Amancy;
Bouvard, curé d'Anthy ; Regard, curé de Grilly au pays
de Gex; Pavy, curé de Messery (2). Outre ses parois-
siens. Révérend Duborgel eut à bénir les mariages de
fidèles venant de contrées souvent fort éloignées, telles
que : Mariiez, Avusy, Theiry, Vulbens, le Chàble,
Choisy, Chilly, Vaux, Marcellaz, Neidens, Lenevens en
Bugey, Beaumont, Curzeilles, Chavornay eu Bugey, etc.
Quelques dames de Nyon déployèrent une charité
vraiment chrétienne envers nos malheureux prêtres.
Quarante ans après ces événements, les femmes de nos
villages qui se rendaient au marché de cette ville,
allaient de préférence chez une vieille dame protestante,
qui tenait une épicerie au quartier de Rive et les plus
âgées disaient aux autres: « Allons acheter chez
Madame Oranger, elle a été si bonne pour nos prêtres. »
(1) Papiers de famille de M. Etienne Quiblier.
(2) Archives de la cure d'Y voire.
— 124 —
A Essevty un des notablea de Tendroit désirait épou-
ser une demoiselle Bullat, du village de Chevilly, «ne
promeuade sur Teau en hiver ne souriait saus doute pas
à cette dernière ; or le bruit courait dans le pays qu'un
prêtre se cachait dans la montagne du côté d*i\rmoy.
Notre homme partit donc un beau matin à sa recherche,
suivi de sa fiancée. La route fut longue, le prêtre cou-
chait rarement deux fois dans le même hameau ; après
avoir été renvoyés ainsi de village en village, ils le
trouvèrent enfin aux Habères, au milieu de la nuit. La
cérémonie eut lieu dans une grange ; ils étaient seuls,
le prêtre se tournant vers eux, annonça trois fois leur
mariage, puis il les bénit (1). La sœur d'Urbain Quiblier,
appelée Cécile, était religieuse lorsqu'éclata la Terreur ;
chassée de son couvent elle vint se réfugier à Essert où
son frère la recueillit.
Dumont Joseph, de Concise, prêtre en 1781, était
vicaire de Messery en 93, il prêta le serment constitu-
tionnel et devint curé de Douvaine. Mais la population
lui fit tant d'aflfronts qu'il se retira ; requis par la levée
en masse, il disparut pour un temps assez long. Vers
la fin de sa vie il rétracta publiquement ses erreurs
(1818) et se retira chez ses parents où il mourut en
1823(2).
A Nernier, le comte d'Antioche, surpris par une visite
domiciliaire, n'eut que le temps de se réfugier dans la
maison de la famille Peccoux, où on s'empressa de le
(1) Urbain Quiblier mourut le 31 mai 1849, âgé de 88 ans, c'était
mon arrière grand'oncle.
(2) Trédicini. Monographie de Douvaine.
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- 125 —
Cacher ; le lendemain il passait le lac et se réfugiait à
Nyon (1).
A Thonon, la supérieure et les principales religieuses
de la Visitation quittèrent leur couvent le 9 octobre
1793; les dernières durent Tabandonner le 18 janvier
1794. Les unes rentrèrent dans leur famille, les autres
se réfugièrent dans des maisons amies. Knfîn sous la
menace d'être traduite devant le tribunal révolutionnaire
et comme Ton était au printemps (avril 1794), elles
quittèrent Thonon et s'embarquèrent à Rives afin de se
rendre à Messery dans leur maison de Frise (2).
Comme nous l'avons dit, cette campagne leur venait
des anciens nobles de Lugriu. Déjà propriétaires en
1670, les religieuses avaient fait réédifler leur maison
vers 1730 (3). Soit que les locaux fussent peu convena-
bles, soit que le comité de Thonon eut été averti, le
séjour des Révérendes sœurs ne fut pas long. Au bout
de 8 jours elles quittèrent Messery, qui eut ainsi l'hon-
neur d'avoir été sur la terre française le dernier asile du
dernier couvent de France! Traversant le lac, les Visi-
tandines débarquèrent à Nyon, où elles restèrent deux
jours ; elles se rendirent ensuite a Lausanne, où les
dames protestantes émues de tant de malheurs, s'em-
pressèrent de les secourir; après un séjour de 4 mois et
demi dans cette ville elles passèrent en Italie où elles
furent dirigées sur divers couvents.
(1) Communiqué par Madame Marie Arpin, née Bruchon, de
Neruier, âgée de 82 ans.
(2) Communiqué par M. le chanoine Boccard, aumônier de la
Visitation de Thonon.
(3) Archives Duborgel, chez M. Quiblier Etienne, à Essert.
Le sable pour la maison des Visitandines avait été tiré d'un
champ appelé Prélaz ou Prèle, appartenant à Jacques Vuarnet.
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— 126 —
Chute de Robespierre
Avec la chute de Robespierre (27 juillet 1794), dispa-
rut le régime de la Terreur ; la France respira quelque
peu, les émigrés et les prêtres rentrèrent en grand nom-
bre. M. Pavy vint reprendre son poste de combat; mais
vaincu par Tàge, les fatigues, la maladie, il mourut le
21 février,1796, et fut enseveli dans Tôglise de Messery ;
il était âgé de 61 ans, il y avait 31 ans qu'il était pasteur
de la paroisse (1).
II fut remplacé par Révérend Etienne Duborgel ; ce
dernier en qualité de curé-missionnaire célébrait la
messe tantôt dans les maisons, tantôt dans les églises,
suivant Tintensité de la persécution ; chacun se faisait
un honneur de le recevoir et do le cacher ; d'après ses
registres il célébra des mariages dans la maison Bonne-
foy, chez Jacques Duchêne dit Comtois, et chez Etienne
Dubouloz à Nernier, dans la maison de la veuve Marie
Quiblier à Essert, dans la maison de Charles Portier à
Chevilly, chez la veuve Duret et chez Pierre-Antoine
Boccard à Messery, etc.... (2).
Au printemps de 1799 la persécution se ralentit. Enfin
le 10 juillet 1800, le curé Duborgel retournait définitive-
ment à Yvoire (3).
RÉTABLISSEMENT DU CULTE
1803-1813. R^ Thorens Claude, curé de Messery.
— Né le 21 août 1745 à Yvoire, curé de la Touvière
d'Evian quand la révolution éclata, nous le retrouvons
fi) Archives d'Yvoire. Communication de M. Duchosal, curé
actuel d'Y voire.
(2) Ibidem,
(3 Ibidem.
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- 127 -
en décembre 1795 à Yvoire, chez ses parents, exerçant
les fonctions sacerdotales en qualité de curé-mission-
naire, par délégation du grand vicaire M. Dubouloz. Le
2 février 1797, il procède à la bénédiction de la petite
cloche d'Y voire (1), mais la persécution s'étant rallu-
mée, il est arrêté le 27 novembre de la même année.
« J'étais, dit-il, dans ma maison paternelle, quand arri-
« vèrent à 4 heures du matin, cinq gendarmes et dix
« fusiliers, conduits par un jeune homme d'Yvdre, qui
<t sans attendre qu'on leur ouvrit l'entrée de la maison
« en enfoncèrent la porte.... (2) ». M. le curé Thorens
passant par un passage dérobé, se réfugia dans l'écurie
où ses parents le cachèrent sous un tas de feuilles. Un
des soldats ayant sondé les fouilles piqua le prêtre qui
se redressa (3) ; il fut appréhendé et conduit aux prisons
de Carouge, puisa celles de Chambéry, où il se trouvait
encore le 30 août 1798. Ramené à Carouge (octobre
1798), il fut déporté à l'Ile de Ré où il arriva le 6 octo-
bre 1799. Il ne fut libéré que le 5 avril 1800.
Napoléon V"^ ayant rétabli l'ordre en France et signé
(1) Archives de la cure d'Yvoire. Les registres de M. Thorens
furent recueillis, après son arrestation, par M. le curé Duborgel
(2) Lavanchy. Le diocèse de Genève pendant la Résolution,
Tome II, page 138. Cet auteur a commis plusieurs erreurs. Son
Thorens Pierre, curé delaTouvière, est un personnage apocryphe.
D'après M. /)ac/iosa/, curé actuel d'Yvoire, il y eut deux prêtres
du nom de Thorens. originaires d'Y voire. Le 1«% R^ François Tho-
rensy fils de Philibert, né le 6 janvier 1707, curé de Ville-la-
Grand, fit son testament en faveur du curé d'Yvoire le 23 août
1773, il n'existait plus au moment de la Révolution. Le 2®,
R^ Claude Thorens, fils de Pancrace, né le 21 août 1745, était le
neveu du précédent, d'abord curé de la Touvière, il devint curé
de Messery. Il avait eu pour parrain son frère Pierre Thorens,
ancêtre de M. Thorens, maire de Thonon en 1885 et de la famille
Thorens dit Roget.
(3) Tradition locale.
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— 128 —
lo Concordat, Révérend Thorens Claude fat nommé curé
de Messery en 1803. Durant le cours de cette année
différentes réparations furent faites à Téglise.
Révérend Thorens mourut le 10 octobre 1813, et fut
inhumé au cimetière de Messery (1).
18 13' 1836. Révérend Joudon Joseph, natif d*Evian.
— En 1821 et 1822 quelques réparations sont faites à la
cure. En 1822, une croix en pierre est élevée dans le
cimetière ainsi que des murs de clôture. En 1825, on
procède dans Téglise à différents travaux de décora-
tion (2). Révérend Joudon quitta Messery en 1836, il
mourut curé de Champanges en 1842. Durant son mi-
nistère, mourut Révérend Etienne Duborgel, curé d'Y-
voiro ; par son testament il léguait 200 francs à Téglise
de Messery et 400 francs aux pauvres, autant à l'église
et aux pauvres dTvoire et 250 francs au séminaire de
Chambéry (celui d'Annecy n'étant pas encore rétabli (3).
1836-1860. Faurax Bernard, néàDouvaine, vicaire
de Pringy de 1825 à 1826, préfet des études, puis supé-
rieur du Collège de Cluses de 1826 à 1836, devint curé
de Messery en 1836. Par sa science, ses connaissances
étendues en médecine, ses services rendus, il sut bientôt
y acquérir une grande influence.
Construction de la Cure
La cure tombait en ruines ; depuis bien avant les
Bernois, c'était toujours le même bâtiment, bas, écrasé,
(1) Archives de la cure de Messery.
(2) Archives municipales, budgets de 1820 à 1825.
(3) Papiers de famille de M. Quibier Etienne.
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— 129 —
couvert en tuiles courbes. Dès 1837 et 1838, le nouveau
curé obtenait de la municipalité la réfection complète de
la cure. Mais M. Faurax ne s'arrêta pas là ; la popula-
tion avait doublé en moins de cent ans, Téglise était
devenue trop petite ; semblable à celle de Nernier, elle
possédait des tribunes et les cordes des cloches pen-
daient devant la porte ; elle occupait la place où s'élève
de nos jours la croix du vieux cimetière.
Construction de l'Eglise
Par lettre ministérielle du 29 avril 1839, la commune
se vit autorisée à contracter un emprunt de six mille
francs pour la reconstruction de 1 église. Comme cotte
somme ne suffisait pas à couvrir les frais, M. Faurax fit
appel aux habitants. Par suite de la grande culture du
blé, il y avait alors plus de trente paires de bœufs dans
la commune. Chaque propriétaire fut imposé de 50 fr.
par paire de bœufs et de 25 francs par vache ; la popula-
tion se chargea en outre de tous les charrois et de la
nourriture des ouvriers. L'église fut terminée en 1841
et inaugurée le jour de la fête patronale. Le clocher
s'éleva en 1844 à la suite d'un emprunt de 3100 francs
voté par le Conseil municipal. Puis ce fut le tour des
cloches ; à cet effet Guillaume Quiblier, par testament
en date de 1842, avait légué 500 francs, le Conseil mu-
nicipal votait sur le budget une somme semblable et le
reste fut le produit d'une souscription publique. Parmi
les principaux donateurs nous devons citer : Urbain
Quiblier (300 francs). — Etiennette Duborgel dit Dagui
(300 fr.). —Jean Quiblier dit Faisant (300 fr.). L'église
ne possédait que deux petites cloches ; la plus ancienne
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-. 130-
fut cdilservée (1), Tailtre entra dans la coûlpositidn deë
nouvelles. La paroisse obtint de cette façon deux su-
perbes Cloches qui, à cette époque, étaient les plus belles
du canton. Elles sortent des ateliers Paccard, à Quintal,
prés Annecy.
Le 4 août 1846, Monseigneur Rendu, évêque d'An-
necy, vint en grande pompe à Messery présider à la con-
sécration de réglise; la population lui fit un accueil
triomphal ; guirlandes de verdure, arcs de triomphe,
couronnes suspendues, couvraient le chemin par où de-
vait passer Tévêque. Une nombreuse jeunesse à cheval
était allée à la frontière de la paroisse ; cent jeunes
gens choisis s'avançaient au devant du pasteur.
L'évêque était suivi du marquis de S*-Sé vérin, du mar-
quis Costa de Beauregard, du comte d'Antioche. Toutes
les paroisses voisines s'étaient réunies à Messery. Un
clergé imposant et nombreux venu des diocèses d'An-
necy et de Lausanne entourait l'évêque (2).
(1) La petite cloche dont nous avons parlé remonte au XVII*
siècle, elle a été fêlée il y a une vingtaine d'années. Elle porte au
sommet Tinscription suivante:
t Pro nativitate béate Marie Virginis. — Jean-François Ruync f IHS 1 1660
Sur le côté droit. — Françoise de Monthoud, marquise de
Trivie, dame de Monthoud, Senoceh et Marcossay, baronne de
Charansonnay, dame d'honneur de Madame royale, marraine.
Sur le côté gauche : illustre Clère, dame Marie de Malliard et
de Tornon, dame de Monthou.
Au-dessous de chaque inscription, sont sculptées les armoiries
des nobles dames.
D'après les renseignements qu'a bien voulu me communiquer
M. Tabbé Donche, curé de Vétraz-Monthoux, Dame Françoise
de Monthoux, marquise de Trévie, ftt une fondation en faveur de
l'église de Monthoux, en août 1659. — Dame Clère Marie de
Tournon, baronne de Monthoux, fit une fondation en faveur de la
même église le 29 septembre 1645.
Ces personnes pieuses auront vraisemblablement doté de cette
cloche l'église de Messery qui en était alors dépourvue.
(2) La Sentinelle catholique. Numérodu 12 août 1846.
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— 131 —
De 1846 à 1850, la commuoe s'imposa encore certai-
nes sommes nécessaires à la construction du pérystile ou
chapiteau, du plancher de Téglise, etc Le curé Fau-
rax fit don du maître autel, des fonds baptismaux et du
bénitier, le tout en marbre ; il fit encore élever, par
souscription publique, un oratoire à la jonction des rou-
tes dT voire et d'Essert sur un terrain offert par M.
Marc Boccard ; (en face se trouvait autrefois une an-
cienne croix appelée la croix du Jubilé).
En 1852, M»« Félicie Duborgel dite Dagui, offrait le
grand lustre (prix 300 francs). R*^ Faurax quitta Mes-
sery en 1860 et se retira à Douvaine son village natal.
II mourut le 8 avril 1873, léguant sa fortune et sa
maison aux pauvres de cette localité. Sous le titre de
« Choix de lettres édifiantes {Genève)^ il fit publier en
1872 un volume, renfermant sa correspondance avec
plusieurs personnages distingués, tels que : les évêques
de Thiollaz, Rey, Magnin, etc....
1860-1875, Révérend Robert Jean-Marie, natif de
Thiez, vicaire deS<^-Jeoire pendant 18 ans, fut nommé
curé de Messery en 1860. A cette époque, le seul revenu
de la Fabrique nécessaire à parer aux frais du culte était
la taxe des chaises de Téglise. Elle produisait un revenu
de 165 fr. Aussi grâce au zèle du curé Robert, les dons
des fidèles continuèrent-ils d'affluer en faveur de l'église.
En 1863. — De"e Favre Françoise léguait par testa-
ment 900 fr. en faveur du curé de Messery. Pierre Du-
borgel dit Roson léguait par testament, 1000 fr. pour
une horloge, 1500 fr. pour une mission, 500 fr. pour les
pauvres, 2000 fr. pour fondation de grand'mosses.
En 1866, Jeanne et Suzanne Duborgel, donnaient
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ÔOO fr. pour Tachât de la statue de la Vierge ; une fêté
magnifique eut lieu le 7 mai, jour de son installation.
Le 1 1 juillet de la même année, Tévêque du diocèse
Mgr Magnin, en visite pastorale, s'arrêtait à Messery ;
une réception splendide lui fut faite, le sacrement de
confirmation fut administré à 116 personnes.
Les années suivantes la série des dons continue (1).
Par testament du 19 février 1867, Jeanne Duborgel
dite Roson, léguait au curé de Messery le capital de
4000 fr. pour fondation de grand'messes ; 500 fr. pour
orner et embellir l'autel de S*-Pierre. Une statue du Saint,
sculptée à Annecy, fut inaugurée à Messery en juin 1870.
Le 2 octobre 1870, l'abbé Hippolyte Boccard, de Mes-
sery, donnait 50 fr. pour l'achat d'une pixyde. En 1871,
Michel Quiblier faisait élever à Essert la superbe croix
en marbre blanc qui est placée à l'entrée de ce village.
— Le 9 décembre 1872, Joseph-Marie Duborgel, des
Repingons, léguait, par testament, 500 francs à l'église
de Messery, pour son ornementation intérieure et 500 fr.
pour une horloge publique. — Le 4 avril 1875, la dé-
coration de la grande chaire était due à la générosité
de M. Genoud Pierre, du village de Veret, apiculteur
distingué.
R^ Robert mourut à Messery en 1875, regretté de
toute la paroisse ; il fut inhumé devant l'église à droite
de la grande porte.
Sous son ministère un fait regrettable eut lieu à Mes-
sery. Le 9 février 1872, un vendredi, des malfaiteurs
(1) Registre de la Fabrique.
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— 133 —
restes îuconnas, brisèrent une des fenêtres de la sacris-
tie et après avdir tout bouleversé, prirent deux calices
avec les patènes, les ampoules des saintes huiles et un
magnifique reliquaire (1).
1875-1887. Barnabe Fleury, natif de S^-Paul,
ancien vicaire de Messery sous Révérend Faurax, prit
possession de la cure do Messery le I^»* juin 1875.
En 1884, Demoiselle Arpin Louise, qui habitait Dou-
vaine, léguait par testament 600 francs pour Tachât
d'ornements sacerdotaux à Téglise de Messery, son vil-
lage natal.
Révérend Floury mourut à Messery en 1887, il fut
inhumé à gauche de la grande porte de Téglise.
1887-1898. Magnin Joseph^ natif de Mer/ève, d'a-
bord vicaire à Evian, puisa Samoëns, est nommé curé
de Messery le I*»* février 1887. Il est appelé à la cure de
Naves, en octobre 1898.
Nous devons noter durant cette période, la création
d'une école libre de filles, due à la générosité d'un enfant
de Messery, Monsieur l'abbé Janvier-Hippolyte Boccard,
aumônier du couvent de la Visitation de Thonon. Le
12 août 1888, Révérende sœur Joséphine Communal,
native de Veyrier, près Annecy, de la congrégation de
Smoseph, venait avec 2 de ses compagnes prendre
possession de la nouvelle écolo, qui est depuis cette épo-
que soutenue par la générosité des habitants de la loca-
lité. Monsieur le Comte Jocelyn Costa de Beauregard a
bien voulu s'intéresser à cette œuvre d'une manière
toute particulière.
(1) Union Savoisienne du 17 février 1872,
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— 134 —
Pendant ce temps les legs en faveur de Téglise n'en
continuaient pas moins.
Philippe Duborgei donnait une chape de velours noir
(300 fr.). La famille de Louis Duborgei dit Es-Vève, un
grand ostensoir de 300 fr. Un anonyme, une statue de
S*-Joseph ; un autre, deux candélabres à 7 branches ;
un autre encore, une statue du Sacré-Cœur, etc
Révérend Sage Joseph^ né en 1854 à Contamines-
sous-Marlioz, ordonné prêtre en 1882, vicaire deS*-Paul,
puis curé de Leschaux, près S*-Jorioz, a pris possession
de la cure de Messery le 3 novembre 1898.
Prêtres et Religieux de Messery
Claude Slcard alias Picard de Messery, promu aux
ordres mineurs le 27 février 1518, ordonné sous-diacre
le 18 décembre 1518, prêtre le 23avril 1519 (1).
Révérend Etienne Duborgei dit Es- Veives, né à Mes-
sery le 29 juillet 1738, élove du séminaire d'Annecy en
1767 et 1768, ordonné prêtre en 1769, curé dTvoirede
1789 à 1793; émigré à Nyon en 1793 et 1794; réinté-
gré curé dTvoire en 1803, mourut le 15 janvier 1816.
Révérend Victor Boccard, né à Messery le 25 juillet
1796, d'abord professeur de philosophie à Thonon vers
1824, puis supérieur du Collège de Bonneville, de 1846
à 1852, devint curé de Sciez le 29 octobre 1852. Il pu-
bliaen 1837 un poëmeen cinq chants intitulé: «Alliance
de la Charité catholique et de la Liberté des peuples. »
On a encore de lui un syllabics philosophiœ et un cours
de philosophie simplifiée. Il mourut le 15 décembre
1855 (2).
(1) Communiqué par M. Gonthier.
(2) Piccard, Histoire du ChablaiSy II, page 425.
I
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— 135 —
L'abbé H ippoly te- Janvier Boccard^ chanoine hono-
raire, neveu du précédent, est né à Messery en 1836,
ordonné prêtre le 18 juin 1859. Ancien professeur et su-
périeur du Collège de La Roche, il est actuellement au-
mônier du couvent de la Visitation de Thonou ; c'est le
fondateur de Técole libre de Messery.
Le Père Alexandre Boccard (de Frise) ^ né en 1869,
missionnaire de S^-François de Sales, licencié ès-letttres,
actuellement professeur au Collège d'Evian.
I^e Père Augustin Allamand, né à Messery en 1873,
religieux barnabite, élève du Collège italien de Rome,
actuellement professeur au Collège de Gien (Loiret).
Prêtres et Religieux de Nernier
Duchêne Jean-Claude, fils de Jacques Duchêne dit
Carnouche, né à Nernier vers 1732 ; prêtre de 1760,
curé de Combloux près Sallanches, le 14 décembre 1778;
quitta sa paroisse le l«'mars 1793 pour se réfugier à
Verceil en Piémont. Ses paroissiens lui ayant écrit une
lettre touchante pour le rappeler au milieu d'eux, (1) il
rentra à Combloux le l^»- juin 1796, mais il fut arrêté
dans le courant du mois d'août. Voici comment il raconte
son odyssée :
« J'ai été saisi au milieu de la nuit par les gendarmes
« et 40 soldats, puis conduit de cachot en cachot aux
« prisons de Chambéry, où j'ai été renfermé pendant
« neuf mois, c'est-à-dire jusqu'au mois de mai 1797. Je
« fus alors élargi, mais avec défense rigoureuse de ne
« plus exercer le saint ministère, ce qui a été cause que
(1) Lavanchy. Le diocèse de Genève pendant la Révolution,
tome 1, page 566 et II, page 556,
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— 136 —
« je me réfugiai dans les endroits les plus cachés de la
« paroisse et des villages voisins ; souvent les particu-
le liers n'osaient me donner Thospitalité parce que des
« lois sévères le leur défendait sous de grosses amendes
« et punitions (1). »
Nous le retrouvons plus tard en fructidor 1800, refu-
sant noblement de promettre fidélité à la constitution de
ran VIII.
M. Duchêne mourut, curé de Comblonx, le 21 décem-
bre 1805, âgé d'environ 73 ans. Il a laissé à son église
quelques pieuses fondations.
i?^e Sœur Séraphine Duchêne^ née à Nernier vers
1800, de Tordre des Sœurs de Charité de La Roche ;
fondatrice et première supérieure de Tasile du Béton
(Savoie), de 1830 à 1860, décédée vers 1865.
R^ Peccouœ Maurice^ né à Nernier vers le commen-
cement du siècle, resta 33 ans curé de Vulbens-en-
Vuache, mourut en retraite àSavigny, vers 1870.
li^ Arpin Jean-Augitste, né à Arbusigny en 1837,
où son père se trouvait de passage; prêtre en 1863,
fondateur et premier curé de la paroisse de Gaillard, a
été nommé curé-archiprêtre de Cruseilles en 1892.
Ferdinand^ Joseph, François Favre, plus connu sous
le nom de l'abbé Famé, naquit à Nernier le 2 février
1800, il eut pour parrain M. le Comte de Brotty dit d'An-
tioche. Elève du collège de La Roche en 1810, il entra
ensuite au séminaire de Chambéry ; une épidémie ayant
fait licencier les élèves du grand séminaire, M. Favre
passa une année dans la famille d'Antioche comme pré-
(1) Registres paroissiaux de Combloux. — Communication de
M. Victor Masson, curé actuel de Combloux.
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— 137 —
cepteur. Vers 1823, M. Favre rentra au grand séminaire
d'Annecy qui venait d*être formé, il y fut ordonné prê-
tre ; de là il fut envoyé an collège de Mélan. Mais d'un
esprit faible, d'une conscience timorée, assailli d'idées
jansénistes, se croyant damné, il dut quitter le collège
de Mélan pour entrer à l'hôpital deThonon. A sa sortie
de l'hôpital on n'osa lui confier un poste ecclésiastique,
et il rentra à Nernierchez ses parents.
A partir de cet instant, l'histoire de sa vie est le ré-
sumé de l'histoire de Nernier durant le restant du siècle.
A cotte époque, soit en 1829, il n'y avait dans le pays
aucune école. Dans son amour pour son village, l'abbé
Favre se fit instituteur ; une quarantaine d'enfants de
Nernier et des villages voisins répondirent à son appel ;
mais les locaux faisaient défaut.
Dans l'intervalle des classes, suivi de ses élèves il
amassait le sable du lîvage ou déterrait les pierres des
chemins, qu'il faisait conduire sur un emplacement choisi
pour la future école. Après bien des peines, et grâce au
dévouement de M. le Marquis Costa de Beauregard qui
lui laissa 3000 fr., l'école fut terminée en 1836, on
baptisa ce nouveau bâtiment : V Académie. Sur ces entre-
faites, l'abbé Favre partit pour Rome afin d'étudier la
théologie. Elève du Collège Romain, il reçut à sa sortie
en récompense de son travail, une médaille de vermeil.
Il devint ensuite précepteur des enfants du Marquis Léon
Costa de Beauregard.
Animé du désir de convertir le pays de Vaud, il se
rendit à Nyon, et se mit à la disposition de M. l'abbô
Vandel, curé de cette ville, pour l'aider gratuitement
dans son ministère ; mais ayant éveillé par son zèle les
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— 138 —
susceptibilités des notables protestants de cette ville,
il dut rentrer à Nernier. L'abbé se mit alors eu devoir
de bâtir une école congréganiste ; il employa les mêmes
moyens que la première fois et en 1849, trois religieuses
de S*-Joseph venaient prendre possession de leur nou-
velle demeure.
Mais le zèle deTabbé Favre ne s'arrêta pas là, il ré-
solut d'élever à Nernier un sanctuaire à la Mère de Dieu
sous le nom de Notre Dame du Lac. Pour se procurer les
moyens nécessaires, Tabbé se fit quêteur et ouvrit un
bazar à Nernier ; c'était un véritable capharnaum où
tous les habitants de la région accouraient s'approvi-
sionner. M. l'abbé Favre allait quêtera Lyon, à Paris,
et réalisait chaque année 1500 à 2000 fr. de bénéfices.
Une famille vaudoise l'aida puissamment; c'étaient les
nobles de Saugy qu'il avait eu le bonheur de ramener au
catholicisme. Une fête superbe eut lieu, le jour de
l'inauguration de la chapelle ; l'indulgence de la portion-
cule y fut attachée, et chaque année un triduum solennel
avec prédication y attire un grand concours de fidèles.
L'abbé Favre, affligé dans ses derniers jours d'une
maladie mentale, mourut à Genève, à l'hôpital catholi-
que de Plainpalais, le 4 mars 1876. Son corps ramené
de Genève repose dans la chapelle de Notre Dame du
Lac. Dans son testament il léguait aux Révérendes
Sœurs de Nernier tous ses biens afin de leur assurer un
traitement, et à son village, l'école des garçi
l'Académie ; c'est aujourd'hui la cure de Nernie
Le Père Jean-Marie Vandel, né à Nernier
ami et compagnon de l'abbé Favre, fut curé d
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— 139 —
de 1847 à 1855; accablé de fatigues, il renonça au mi-
nistère. Pendant sa convalescence, il fonda YŒuvre des
Campagnes, qui a pour but de procurer -aux paroisses
rurales pauvres des retraites pascales et des missions.
En 1865, étant aux eaux du Mont-Dore, il y rencontra
le père Chevalier, fondateur de la Congrégation des
Missionnaires du Sacré-Cœur d'Issoudun, dans laquelle
il fut admis Tannée suivante. Peu après, le père Vandel
fonda la petite œuvre du Sacré-Cœur, dont il resta
directeur général jusqu'à sa mort survenue en 1877. Il
collabora au bulletin mensuel de Tœuvre des campa-
gnes ; on a de lui un livre sur cette œuvre et une notice
sur Tabbé Favre.
RéGérend Michel Rivollet, naquit à Nernier en 1805,
élève du séminaire de Fribourg, ordonné prêtre en
1834, il exerça son ministère à Vevcy, puisa Progens
dans le canton do Fribourg. En 1841, il fut nommé curé
de Thônex, près Genève, où il resta 35 ans. Il y fonda
des écolescatholiques qu'il soutenait de ses deniers soit de
la culture des abeilles dans laquelle il excellait. En 1876,
la persécution religieuse qui sévissait à Genève l'obligea
à quitter sa chère paroisse et à venir chercher un abri
dans son village natal (1). Il mourut le 20 septembre
1882, et fut inhumé à Nernier à l'endroit où s'élève de
nos jours la sacristie ; sa pierre tombale est fixée dans
le mur.
Prêtre modèle, il était également patriote excellent ;
l'anecdote suivante dont il fut le héros en est un exemple.
En 1834, l'abbé Rivollet, revenant du séminaire de Fri-
(1) Courrier de Genève du 27 septembre 1882.
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— 140 —
bourg, reçut Thospitalité à Nyon chez des amis. Au mi-
lieu de la Duit il est éveillé par un bruit de vpix ; il prête
Toreille, un coociliabule avait lieu dans la chambre voi-
sine. Les conjurés se basant sur la tentative des Luzor-
nois au XVII« siècle, ne parlaient de rien moins que
d'entrer en Savoie par le Chablais et de révolutionner
le pays. L'abbé Rivollet ne perd pas de temps, il s'ha-
bille à la hâte, saute sur un bateau, fait force de rames,
traverse le lac, aborde à Nernier, et sans s'arrêter chez
ses parents qu'il n'avait pas vus depuis fort longtemps,
court à Thonon, où il arrive avant jour; il avertit les
autorités du danger qui menace le pays (1). Des ordres
sont immédiatement donnés par voie diplomatique ; il
en était temps. En effet de Genève, de Nyon, sous la
direction de Mazzini et de quelques autres réfugiés ita-
liens, huit cents hommes devant former le noyau de
l'armée insurrectionnelle, se tenaient prêts à partir. La
colonne de Nyon, surveillée de prés par les troupes du
canton de Vaud, s'embarque à la hâte et descend à La
Belette, où elle est cernée par la police genevoise. Quant
à Mazzini il échoua piteusement à Annemasse contre
quelques brigades de douaniers. Ainsi finit cette folle
équipée (2).
Le Père Jules Vandel, né à Nernier en 1860, neveu
du père Jean-Marie Vandel, ordonné prêtre en 1884, est
actuellement missionnaire du Sacré-Cœur, à Sydney
(Australie).
Révérende Mère Léontine Vandel^ née à Nernier en
(1) Communiqué par M"** Catherine Rivollet.
(2) Un des douaniers, Guérin Dubouioz, de Nernier, se battit
vaillamment au pont d'Etre mbière. (Piccard. Histoire du Chablais^
tome II, page 354).
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- 141 -
1835, est également la nièce du père J.-M. Vandel.
Elève du pensionnat des religieuses de Thonon, elle entra
au noviciat des Sœurs do Charité de La Roche, en 1852,
fut nommée institutrice à Douvaine, puis directrice de
récolede Mions, près Lyon, et ensuite de celle de la Ri-
vière-Enverse (Haute-Savoie). Appelée peu après à
Rome comme secrétaire particulière pour les commu-
nautés de France, elle fut nommée secrétaire générale de
rOrdreen 1893, assistante en 1894 et supérieure générale
en décembre 1896 (1).
(1) Croix de la Haute-Savoie^ namérodu 12 janvier 1897.
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— 142 —
CHAPITRE VII
La Commune ou la vie civile
Premiers recensements. — Mouvements de la population. — Les
familles. -~ Cadastres, tailles et impôts. — Affranchissements.
— - La justice sous Tancien régime. — Les Châtelains.
Nous avons vu au cours de cette étude que la popula-
tion de Messery, vers la fin du moyen-àge, était de 30
feux, c'est-à-dire de trente familles.
Quels étaient les noms de ces familles? C'est ce que
les comptes-rendus de nos visites pastorales ne disent
pas. Après bien des recherches, nous avons réussi à
nous procurer plusieurs documents, qui, dans leur en-
semble, arrivent à former une réponse satisfaisante à
cette question. Ces documents proviennent de sources
diverses, ce sont par ordre chronologique :
/. Un rôle, lire des archives de Turin, relatant les
subsides de la chàtellenie de Nernier, en 1451. Les chefs
de famille de la seigneurie qui ont payé le subside sont
au nombre de vingt-deux.
Ce sont : à Nernier, — Pierre Voutier ; Guigue
Balli ; Jean Clerc ; Guigue Bard ; Girard Patry.
A Missérier. — Hugonin Ciccard ; Pierre Joly le
jeune ; François Dex alias Curtet.
A Essert. — Pierre Quiblier ; Jean Quiblier ; Robert
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- 143-
d^Éssert (de Exerto) ; Pierre d'Essert alias Poigneot ;
Jacquemete Coda ; Colette Barde ; Pierre Benoit ; An-
serme d'Essert alias Peignent; Pierre Joly notaire;
Pierre Dex alias Curtet ; Mermet Choudet ; Guillaume
Quiblier ; Pierre Quiblier et Jean Quiblier.
Le montant de cet impôt s'élevait à la somme de
trente-trois florins petit poids.
La famille Balli, dont il a déjà été fait mention à
Messery et à Nernier en 1330 et 1368, a disparu de ces
deux villages. En 1669, plusieurs personnes de ce nom
habitaient encore le petit village d'Ecerezi, paroisse
d'Excenevex (1), cette famille existe encore à Sciez.
La famille d'Essert, aujourd'hui disparue, a donné un
Johannes de Exerto, soit Jean d'Essert qui était notaire
public à Douvaine en 1486 (2). Cette famille émigra à
Nernier au XVI« siècle. Un Pierre d'Exert y résidait
encore en 1738 (cadastre de Nernier). Enfin les familles
Peignons, Quiblier et Clerc existent encore de nos jours
à Essert et Excenevex.
IL — Ulnventaiy^e Bernois dressé pour Messery le
18 octobre 1540. Il nous donne les noms de quelques
propriétaires dont les terres confinent aux biens de la
cure. (Voir aux documents).
III. — Le Rôle des tailles de Thonon, dressé par
les Bernois en 1550, et que nous avons découvert aux
archives de Lausanne. Il est intitulé :
« Livre des tailles et contributions imposées par leurs
Excellences, rière le baillage de Thonon, à raison d'un
1) Cadastre de Messery, 1669.
2) Trédicini. Monographie de Douvaine (document VI), page 174.
— 144 —
pour cent, pour débtn^uer (1) le pais et payer les dettes
contractées par Charles duc de Savoie.
1<» Messery à cause dTvoire
(c'est-à-dire dôpendaot de la seigneurie d'Yvoire).
Humbert Savuaz, possède 665 florins.
André Duborgel, 616 »
Jacques et Louis Brolliet et leurs frères, 318 »
Jehan Borjallet, :W2 >
Michel Duborgel, 639 >
Louis et Nicod Duborgel et leurs frères, 994 »
Bernard Duborgel le vieux,
Bernard Duborgel le jeune,
Jacques Duborgel n'a rien.
Pierre Moteilla, possède
Bernard Boccard,
660
477
544
230
>
Claude du Nant,
142
»
Pierre Boccard,
548
>
Michel Quôsan, autrement dit MoteUa,
François Verbo,
210
205
Georges Verbo,
Jehan Verbo,
165
12
>
Bernard Verbo,
605
>
Les hoirs de Pierre Favre ne paient rien
car ils sont de Genève.
>
Loys Bourgeois, possède
Biaise Furjod n'a rien.
A MiSSÉRIER
235
>
Jehan, fils pupil de feu Pierre Vignon
doit rien.
dit Pillet, ne
(1) Les archives de Lausanne renferment plusieurs documents
relatifs au Chablais et à la Savoie, débriga est un mot patois qui
veut dire débarrasser.
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242 florins
222
»
410
»
685
»
132
>
3120
»
132
»
130
»
— 145 —
A EXCERT
Pierre Quiblier dit Vuarnet, possède 226 florins, et
doit 33 florins 4 sols.
ExcERT à cause dTvoire
Jehan de la Crusa, possède
Jacques de la Crusa,
Pierre de la Crusa,
Guillaume et Pierre Marti dit Girod,
Pierre Béné,
Jehan Plantet,
Pierre de Laidefort,
Georges de Laidefort (de Loy do fou)
IV. — Parmi les tenanciers emphythéotes, soit fer-
miers perpétuels dépendant de la seigneurie de Nernier
et Beauregardy noiùs trouvons à Messery :
En 1521. — André et Bernard Duborgel fils de feu
Robert; Maitre Pierre Duborgel et consorts; Nicolet
Quiblier; Claude Boccard; Jean Vigny alias Pillet (1).
En 1588, — Louis Dex alias Curtet; Anthoine Sa-
vuaz ; Isaac Savuaz ; Guillaume Choudet ; Jérémie Chou-
dot et ses frères Jean et Pierre; François Choudet;
Pierre feu François d'Essert ditLabori ; Amed Brolliet;
Michel, François et Louis Boccard ; Jean feu Jean
Arpin ; Bernard Pochât ; Bernard Verbod ; Pierre Mo-
teylaz alias Guichon ; Pierre Duchable, tuteur do Pierre
Servage; Urbain, Pierre et Jérôme Servage.
En 1589, — Jacques Duret ; Louis Boriallet ; Jean-
(1) Archives E. Vuarnet. André et Robert Duborgel sont la sou-
che des familles Duborgel dit Es Vèves, et Duborgel dit Joffé.
iOh
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- 146-
t^ierre Duborgel; Martin Savuaz; Georgiile diccai^d
alias Buevoz; Jacques et Bernard Vuarnet (1).
En 1594. — Samuel Communal ; Michel Duborgel ;
iîean Mouchet ; Philibert Quiblier dit Faisant; les filles
de Louis Duborgel*
En 1595. — Maitre Bernard Duret, notaire ducal.
V. — Liste des abjurants de 1598. — Le nombre
des chefs de famille de Messery qui abjurèrent le pro-
testantisme est de 50, nous en avons donné la liste au
chapitre précédent.
VL — Cadastre de Messery/. En 1670, le nombre
des propriétaires de Messery qui figurent sur le cadas-
tre est de 73, dont 39 habitent Messery et 34 la section
d'Essert.
En 1768. — La paroisse compte 65 feux et 297 âmes.
En 1772. — La paroisse de Messery compte 70 feux
se décomposant ainsi :
Village de Messery chef-lieu 21 feux.
Vers Veret, 15 »
Chez Repingon, 7 »
Excert, 22 »
Le Crest, 2 »
Frize, 2 »
Bardenuche, 1 >
De 297 âmes en 1768, la population de Messery mon-
(1) Dans le partage de la famille Quiblier dit Faisant^ en date
du 7 mars 1592, Jacques Vuarnet et Martin Savuard son beau-
frère, sont pris comme arbitres et prudhommes en Tassistance de
Noble François de Lugrin Tainé, et de Noble Charles Fornyer
seigneur de Nernier, pour subarbitres et notables. Signé Duret
notaire à Oytroz, aujourd'hui Verètre, hameau deChens. (Archives
Michel Quiblier).
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— 147 —
tait à 483 en 1802; 676 en 1848; 606 en 1861 ; 636 en
1885 et 616 en 1890.
Emigration
Cette marche ascendante dans la population de Mes-
sery, cette augmentation continue, qui se fit sentir éga-
lement depuis le XV® siècle dans toute la région, obligea
nombre de familles à s'expatrier.
I. — Genève étant la capitale géographique du pays
et la ville la plus rapprochée, c'est tout d'abord vers ce
centre que se dirige le principal courant d'émigration.
Le 13 octobre 1489. — Jean du Borgel (Johannes du
Borgello) de Messery, escofïîer soit cordonnier, est reçu
bourgeois de Genève, moyennant 8 florins (1).
Le 11 avril 1494. — Pierre Arpin fils de Guillaume,
de Chivillier, paroisse de Essenevay, est reçu gratis
bourgeois de Genève, par l'intercession de Louis Ves-
péris (2).
Le 19 juin 1545. — Claude du Borgel surnommé
Gayot fils de Pierre Duborgel de Messerier, navatier
soit batelier, est reçu bourgeois de Genève moyennant
10 écus et un seiilot de vin. En 1556, deux membres de
cette famille, Boniface et Bernard Duborgel, cordon-
niers, acquièrent également la bourgeoisie.
Le 21 juin 1547, Jacques Communal alias Savua, fils
deHumbertde Misserier, est reçu bourgeois de Genève
moyennant 10 écus et un seiilot de vin (3).
fl] A. Cîovelle. Le livre des Bourgeois, Genève 1896.
(2) Des familles Arpin existent encore à CheviUy, Nernier,
Messery ; ce nom est très ancien dans la région, un Jacquemet
Arpin vivait à Bonne-sur-Menoge en 138L (Archives de Genève).
(3) SeiUot est mis ici pour baquet de vin. En 1482, Claude et
Jean Communal de Nernier, vendaient au dit lieu 18 sous de
cens. Archives de Genève, parchemins.
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-- 148-
Le 6 novembre 1572. — Thiven et Pancro Chicard de
Messerier sont reçus bourgeois, moyennant 12 écus et
deux seillots de vin.
Le 23 décembre 1631. ^-Michel Verbeux fils de
MauriSj originaire de Nernier, batelier, et son fils sont
reçus bourgeois de la dite ville moyennant 25 écus, un
mousquet et un seillot de vin (1).
II. — Un second mouvement d'émigration se dirige
sur le Jura.
En 1690, un Pierre Duborgel de Messery réside à
Arbois (comté de Bourgogne).
En 1700, la famille Decreusaz va s'établir à Vuadan
prés Arbois (2).
En 1712, Jean-Jacques Sauccard ou Sicard va égale-
ment résider au même endroit.
III. — Enfin depuis la Révolution de 1793, le mouve-
ment d'émigration s'accentue. Un Michel Dumont du
hameau des Repingons, est négociant en broderies à
Paris, l'an XI de la République; il avait épousé Marie-
Madeleine Maillet, née à Villers-sur-Aumale (Seine-In-
férieure). En 1810, il réside à Turin comme maître d'hôtel
de son A. I. le prince Borghèse, boau-frére de Napoléon.
Philibert-Félix Quiblier, ofBcier de santé à l'armée
d'Italie, devint médecin du roi Murât ; il resta à Naples
après la mort tragique de ce prince et y mourut en
1830, laissant sa fortune à ses héritiers de Messery et
de Thonon. (Voir aux documents ses états de service).
Un de ses nev(jux, de la branche de Thonon, était
Intendant à Albertville avant l'annexion.
(1) A. Covelle. Le litre des Bourgeois.
(2) Archives Vuarnet.
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— 149 —
Durant lecours du XIX« siècle, plusieurs membres de
la famille Duret s'établissent à Paris, à Thouon, à S*-
Disdille, aux bouches de la Dranse.
Des Verbeux vont à Ugines, à Corzent prés Thonon.
Des Quiblier à Paris, à Genève, à Thonon, à Rives-
sous-Thonon, à Nernier, à Yvoire, à Excénevex, à Lyon,
à Annecy, à Crans. Des Duborgelà Annemasse, à Nyou,
à Nernier, à Chens, à Yvoire, en Maurienne. Des
Vuarnet à Yvoire, à Ballaîson, à Nernier, à Châtelaine
près Genève. Des Servage à Loëx, à Excénevex, à Che-
villy, à Paris. Des Boccard à New- York. Des Pochât à
Aniéres (canton de Genève).
Immigration
Par contre, la fertilité du sol, la douceur du climat, la
beauté du site, ont attiré à Messery de nombreuses fa-
milles.
En 1721, Hippoly te Genêt, natif de Chevilly, vient se
fixer à Messery.
En 1740, Jacques Calliat, de Massongy, vient habiter
Nernier.
En 1751, Claude Girod, maître horloger à Douvaine,
vient à Messery. Ce village reçoit encore en 1758 :
Claude fils de Jean Rivolat, natif de Chens, en 1763,
la famille Philippe, originaire de Seyssel ; en 1774,
Jean Genêt, natif de Sciez ; en 1777, Simon feu
Jean-Louis Détruche, natif de Cusy et originaire de Bal"
laison ; en 1781, François Grillon, natif de Sciez et la fa-
mille Basolaz, originaire du haut Chablais.
Durant cette période, Nernier recevait les familles
Peccoux, Vandel, Duchêne dit Comtois et Bonnefoy,
tous originaires des Rousses (Jura), d'autres familles,
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— 150 —
toiles que les Duchonedit Calli et les Caillas quittaient
Nernier pour se fixer à Essert.
Durant le XIX« siècle, rimnaigration continue ; arri-
vent successivement : les familles Vallier de la Drômeen
1S:35 ; Dumont du Plantet, du hameau d'Aubonne près
Douvaiue en 18.35; Genoud, de Chilly près Douvaiuc;
Ducret, d'Hermancc; Rollux, de St-Paul; Chappuis, de
Féternes; Allaraand, deChevilly; Lalliard, d'Arenthon
près Bonneville ; Fichard, de Chens ; Dufour, de Mas-
songy; Pittet, d*Echallcns (Suisse); Favre, de TOber-
land ; Vernaz, de Vinzier; Michoux, de St-Paul ; Longhi
et Albertoni, du Piémont; Biguet, de Paray-le-Monial;
Blanc, de Thollon ; Fontanel, d'Allinges ; Pautex, de
Vètraz-Monthoux ; Plassat, de Chens; Rossié, de Veigy;
Sauthier, de Burdignin; Demoxi, de Rumilly; Dalex,
do Massongy; les frères Lan vers, de Morzine ; Millet,
de Larringes ; Gruz, de St-Paul ; Taberlet, de Morzine ;
Nombridoz, d'Oron-la-Ville (canton de Vaud).
Familles notables de Messery
Famille Michaud. — C'était une famille bourgeoise de
Thonon. Nous ne savons si elle avait un lien de parenté
avec Jean Michaud, ministre de Messery en 1589. Eu
tout Cixs Maître Abraham Michaud, de Thonon, possédait
déjà en 1(370 de grandes propriétés à Messery. En 1710
nous trouvons cette famille alliée aux de Brotty de
Nernier, par le mariage de demoiselle Marguerite de
Brotty avec Claude-Joseph Michaud (I) ; par leur testa-
ment du U mai 1710, ils lèguent (3000 florins à Téglise
de Nernier. En 1711, Claude-Joseph Michaud est chargé
(1) Visite pastorale de 1768. Archives de FEvéché.
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— 151 —
des bancs du sel pour Thonon et Nernior ; il lui est or-
dooné de ne pas vendre le sel plus de 4 sols la livre (1):
Le 26 mai 1710, Kévérend Jean-Claude Michaud, prêtre
administrateur de la Sainte Maison de Thonon, loue sa
ferme du Cret, située à Messery, à Jean et Pierre Qui-
blier dit les Gliames (2). En 1752, Jean-Baptiste Mi-
chaud, natif de Nernier, est contrôleur des sels et salines
à Bellerive où il habite. Il avait épousé Demoiselle
Josephte-Marie Delamare, native de Chêne. En 1768,
son frère spectable Joseph-François Michaud est avocat
au Sénat de Savoie, il signe au bas du procès-verbal de
-la visite pastorale de Messery de 1768. Jean-Marie Mi-
chaud fils du précédent est député de Messery à rassem-
blée des Allobroges ; nous le retrouvons Tan IV de la
République, commissaire des guerres à Lyon où il ré-
side ; il devint quelque temps après, avec son frère,
acquéreur de la plus grande partie des biens nationaux
do Messery et Nernier. Le dernier membre de cette fa-
mille légua toute sa fortune à Thôpital do Thonon ; sa
ferme du Cret fut vendue en 1857 par les soins de l'hô-
pital et acquise par divers habitants d'Essert. La ville
do Thonon reconnaissante a donné son nom à une de
ses rues.
Familles Quibliev et DuborgeL — Ce sont les deux
plus anciennes et aussi les deux plus nombreuses familles
de Messery. Le nom de Quiblier est assez répandu dans
notre région. En 1547 un Pierre Quiblier , natif de Thoy-
rier, en la terre de Gex, était reçu bourgeois de Ge-
nève (3). En 1718, Révérend Gaspard Quiblier était
(1) Académie Chahlaisienne. Tome V, page X.
(2) Archives Nfichel Quiblier (Essert).
(3) Covelle. Le livre des Bourgeois de Genève,
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— 152 —
recteur de la chapelle de la crypte de S^Hippolyte do
ThonoD. En 1896, cinquante Quiblier se trouvaient ins-
crits sur la liste électorale de Mcssery ; il y avait 39
Duborgel.
Cadastres, tailles et impôts
L'impôt rural s'appelait taille ou cote, parce qu'on
avait, au rnoyen-àge, l'habitude de marquer par des en-
tailles sur un bâton, le compte de chaque proprié-
taire (1). Au XVIP siècle, les ducs de Savoie dans le
but de répartir l'impôt foncier d'une manière plus équi-
table, ordonnèrent l'établissement d'un cadastre, ren-
fermant rénumération de chaque parcelle, avec sa
contenance et ses confins. Cette mesure semble avoir été
générale. M. l'abbé Ducis signale le cadastre de Beau-
fort dans son ouvrage sur cette vallée. Thonon en avait
un depuis 1656. Celui de Messery fut établi par suite
d'un décret de la Chambre, en date du l*'»' février 1669.
Seuls les biens du peuple étaient imposés. A Messery le
nombre des propriétaires était de 1 19, dont 46 habitaient
en dehors de la commune. Le total de l'impôt foncier
se montait à 74 florins 10 sols 6 deniers (2).
On payait 1 sol pour une pose de terre (la pose vaut
36 ares 85).
1 sol 1/2 pour une pose de pré.
2 sols 1/2 pour une pose de vigne.
En 1738, le roi de Sardaigne fit dresser un nouveau
cadastre basé sur l'égalité des citoyens devant l'impôt ;
(1) Cette manière de marquer était encore en usa^re il y a une
trentaine d'années dans nos viHages, par exemple dans Tes frui-
tières ou fromageries.
(2) [^e tlorin valait alors en Savoie 0,61 centimes. Le florin était
divisé en 12 sols ou sous, chaque sol valait 12 deniers.
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— 153 —
la noblesse fit bien entendre quelques récriminations,
mais elle s'exécuta et l'Eglise elle-même autorisait en
1741 l'impôt sur les biens ecclésiastiques. Ce ca-
dastre fut établi avec matrice et mappe à l'échelle de 1
pour 2372. Le total des impôts pour Messery se montait
à 917 livres 10 sols.
En 1812, Napoléon P"^ fit dresser un grand cadastre
avec matrice et mappe à l'échelle de 1/2500.
Le cadastre de 1882 est à l'échelle du 1/1000, c'est
une beauté caligraphique, mais il renferme bien des
erreurs.
La capitaiion. — Comme son nom l'indique, elle se
prélevait sur chaque tête d'habitant ; c'était un impôt de
guerre venant s'ajouter à l'impôt foncier. D'après le rôle
de la capitation de Messery (1) pour l'année 1713, la
commune comprend 78 numéros. Le total de la capita-
tion s'élève à 310 livres 10 sols, somme qui représente
le tiers de l'impôt foncier. Cet impôt variait avec la po-
sition et la fortune de chacun.
Ainsi : Estienne Duborgel dit Repingon est taxé cinq
livres 10 sols.
Pierre Duborgel, granger, quatre livres.
Jean Duborgel, charpentier, trois livres.
L'Anthoine Béné, servante, une livre dix sols.
Le Révérend curé, sieur François Vallier et le sei-
gneur de Bardenuche en sont exempts.
Le présent rôle dut être publié par les soins des offi-
ciers locaux et syndics à l'issue de la messe paroissiale.
(1) Archives Vuarnet.
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— 154 —
L'ordre venait de Charabéry. La Savoie était alors occu-
pée d(»puis dix ans parles troupes de Louis XIV.
La Gabelle. — C'était un impôt sur le sel, le gou-
vernement avait alors le monopole de la vente de cette
denrée, qu'il vendait d'ailleurs fort cher. Les particuliers
usaient de contrebande. Pour y mettre un terme, le
gouvernement imposa d'office chaque famille d'une quan-
tité de sol déterminée.
En 1772, le collet du sel à lever pour la paroisse de
Messery se montait à la somme de 4(317 livres de sel à
répartir entre 70 feux (1).
Outre ces impôts qui se levaient régulièrement, il y
en avait (Timprév'us comme nous le montre la note sui-
vante :
« Claude Duborgel, sindic de la communauté de Mes-
sery, exigera trois sols par feu, chez tous les habitants
dudit Mossery à cause de la prestation de fidélité
Signé : Guigonat, Châtelain (2). »
Le.ç Garnissaires, — Dans chaque village se trouvait
un exacteur, sorte de percepteur chargé de lever les
impôts et de les remettre au trésorier do la province.
Le pays sans débouchés, sans routes, sans commerce,
était réduit à la misère; il arrivait souvent que les pau-
vres gens ne pouvaient payer. Le gouvernement em-
ployait alors la contrainte, il envoyait vivre dans les
familles des soldats appelés ^arwmtfi;r,ç.
C'est ainsi que le 3 avril 1792, le Sous-Intendant Mou-
thon décide que les particuliers do Messery-Nernier en
(1) Archives Vuar net.
(2) Guigonat fut châtelain de la seigneurie de Nernier, de 1728
à 1710.
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— 155 —
retard pour le payement des impôts logeront un soldat
en brigade pendant 8 jours, auquel ils payeront 20 sols
par jour jusqu'à ce qu'ils aient soldé entièrement ce
qu'ils doivent. Le 9 avril, la liste en était dressée par
Michel Détruche, exacteur de Messery-Nornier ; elle
renfermait 21 noms, et le 13 avril, Pierre Arpin, natif de
Nernier, soldat de milice, recevait 8 livres pour 8 jours
de brigade.
Affranchissements
Malgré ces impôts de gouvernement, nos pères étaient
toujours soumis aux impôts féodaux : censés, servis,
péages, leydes, échutes, droits de pêche, de chasse,
d'épave, etc., etc., que nous avons déjà mentionnés au
chapitre des châteaux.
Le roi Charles- Emmanuel par ses édits du 20 janvier
1762 et du 2 mars 1763, affranchissait gratuitement
son peuple des servitudes féodales personnelles, mais
ces édits s'appliquaient au domaine royal et non aux
seigneuries particulières.
Enfin le 19 décembre 1771 parut le décret d'extinc-
tion générale des fiefs, moyennant rachat. Notre Savoie
sur le chemin des réformes était donc en avance de plus
de 20 ans sur la France. Beaucoup de familles avaient
déjà profité de ce nouvel état de choses.
Les Dubovgel dits Es veuves s'affranchissent par acte
du 9 janvier 1767, de l'hommage lige, taillable dû au
seigneur Alexis-Barthélémy de Costa.
Le 21 janvier 1769, le seigneur Marc-Antoine de Costa
affranchit Bernard Duborgel dit Es Veuves, de la censo
annuelle d'un demi setier de vin blanc, mesure de Ner-
nier, pour le prix de 54 livres. Ce demi setier était dû
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— 156 —
pour une pièce de vigne, d'une demie pose, située en
les Molles.
Le 9 janvier 1767, Claude Boccard s'affranchit des
censés féodales qu'il doit sur sa maison et sur 26 pièces
de terre en cédant au seigneur de Costa deux poses et
demie de bois, lieu dit en Partays.
La famille Durel s'affranchit en 1768. La famille
Arpin en 1785; ne pouvant paj'er immédiatement, cette
dernière passa une obligation dont elle acquitta les ren-
tes jusqu'en mil huit cent soixante-sept.
La Justice
La justice était rendue sous l'ancien régime par les
seigneurs ou par leurs ofHciers.
Le premier de ces officiers, le châtelain, était en quel-
que sorte le gardien du château; il réunissait au moyen-
àge les attributions financières, judiciaires et militaires.
Voici quelques noms de receveurs des revenus de
Nernier :
1451. — Noble Jean du Vernay, lieutenant et pro-
cureur.
1486. — Noble Mermet Cornu.
1496. — Gabriel Burges.
1516. — François Vulliet et Guillaume Nicod (1).
Après 1567, les châtelains ne conservèrent plus guère
que les fonctions judiciaires; leurs attributions n'étaient
plus à peu de choses près que celles de nos juges de
paix. Au dessus des châtelains se trouvait le juge do
province appelé juge-mage, qui siégeait à Thonon. et le
Sénat de Savoie ou cour suprême qui siégeait à Chambéry .
(1) Piccard. Académie Chablaisienne, Volume VU, page 368.
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- 157 -
Lo châtelain était nommé par le seigneur, ainsi que
les employés inférieurs tels que le métrai^ chargé do
la police, le sergent royaly sorte d'huissier, Ce^acteur^
soit percepteur des impôts, lesauthiery garde-champêtre.
Voici les noms de quelques châtelains de la seigneurie
de Nernier et Messery : (1).
1670-1704. — Maître François Arpîn, notaire ducal
résidant à Messery.
1713. — Maître André Novel, notaire résidant à
Yvoire. (Maison de la Tour).
1728-1740. — Guigonat.
1740-1754. — Jacques-Amédée Lemasson, notaire
résidant à Oytroz, aujourd'hui Vorôtre, nommé châte-
lain le 23 juillet 1740 sur la présentation des nobles do
Costa, qui avaient à cette époque le droit de nommer les
juges et châtelains du marquisat de Beauregard et de la
seigneurie de Nernier.
1792. — Thorens, notaire, résidant à Yvoire.
En 1700, un parricide avait été commis àEssert sur
Michel Decrosaz, par ses fils Mauris et David, et la
femme de ce dernier Jacquemine Thorens. Le 1 1 mars,
maître Vespasien Carron, procureur du marquisat de
Beauregard, fit procéder aux informations et par sen-
tence du 15 février, la famille Decrausaz était condamnée
à 543 florins d'amende; les frais de justice se montaient
à 569 florins. Les biens de cette famille vendus aux en-
chères, produisirent 900 florins. Complètement ruinés,
les Decrausaz s'expatrièrent et allèrent résider à Vuadan
près Arbois (comté de Bourgogne).
(1) Archives de différentes familles.
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— 158 —
Dafis les frais et amendes :
132 florins sont adjugés au président Costa marquis de
Beauregard.
33 florins 4 sols aux R<^» Pères Capucins de Thonon
pour faire prier Dieu pour Tànie du défunt.
5 florins à la Charité de Charabéry.
100 florins au lieutenant pour frais de procédure, va-
cation.
59 florins au greffier, etc., etc.
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- 159 —
CHAPITRE VIII
S3rndics et Maires. — Conseil de Commune
Conseil Municipal. — La Révolution. — Les biens Nationaux. —
Les nouveaux imf)ôts. — Les réquisitions. — La conscription.
Passage des Autrichiens. — Séjour de Lamartine à Nernier. —
La Restauration. — Annexion à la France.
De temps immémorial en Savoie, les affaires commu-
nales se traitaient devant Téglise au sortir des offices.
C'était un dernier vestige des assemblées franques et
burgundes ; là le châtelain du lieu donnait connaissance
des affiiires courantes aux communiers de la paroisse,
composés de tous les chefs de famille. En 1738, un édit
créa dans chaque commune un conseil chargé de l'admi-
nistration des affaires communales ; ce conseil devait se
composer d'un syndic et de deux conseillers. Cependant
Messery était déjà doté de cette institution bien long-
temps avant cette époque.
Voici la liste des syndics et conseillers que nous avons
pu relever :
1679. — Honorable Anthoine Quiblier, syndic de Mes-
sery, signe en cette qualité au bas du procés-verbal de
la visite pastorale de Mgr Jean d'Arenthon.
1720. — Hugonin Arpin.
1703. — Honorable Jean Duborgel, syndic; Jean Qui-
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— 160 —
blîer et François Quiblier, conseillers. Le 22 juin de
cette année, le syndic et ses deux conseillers, sur Tordre
de l'intendant de la province, procèdent à l'élection d'un
sujet manquant au contingent du régiment provincial
de Chablaix ; ils élisent pour soldat Urbain flls de Ber-
nard Duborgel dit Es Veuves (1).
1768. — Jean Servage, syndic, Henri Peccoux, Nico-
las Quiblier, conseillers, engagent une plaidoirie au su-
jet de la fontaine de Marsille.
La famille Michaud, alliée aux de Brotty, était pro-
priétaire des champs de Marsille, au milieu desquels
coule la fontaine de ce nom ; les habitants d'Essert al-
laient y puiser Teau pour leur usage. Le 21 mai 1771,
la famille Michaud fit condamner Jean et François Qui-
blier dit les Aymo, qui pour se rendre à la fontaine,
avaient traversé le champ de Marsille avec leur charriot.
Le conseil de Messery étant intervenu fut également dé-
bouté par acte du 1®' avril 1773. En ayant rappelé, le
conseil n'eut pas meilleur sort, mais les habitants
d'Essert et de Frise n'en continuèrent pas moins d'aller
à la fontaine, d'où nouvelle assignation au tribunal
de Thonon le 25 août 1774 (2).
1791. — Pierre-François Peccoud, syndic, Simon Dé-
truche et Quiblier Joseph, conseillers ; Jean-François
Violland, notaire à Douvaine, secrétaire.
En 1789, la commune de Messery est en procès avec
les royales gabelles au sujet d'un port à bateaux dont
jouissait la paroisse au bord du lac, au lieu dit la Pointe(3).
(1) Extrait du livre de délibérations du conseil de la coqimu-
nauté de Messery. En 1755, Claude Duborgel dit Joffé était caporal
dans le régiment de Savoye.
(2) Archives Michel Quiblier, à Essert.
(3) Archives départementales.
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— 161 —
La Révolution
L'armée française entra en Savoie le 22 septembre
1792. Peu de jours après, la population était invitée à
se réunir afin de procéder sans délai à Télection d'un
député par commune.
Les électeurs de Messery nommèrent pour leur député
Jean-Marie Michaud et ceux de Nernier, Favre Jean-
Baptiste. Le 21 octobre, les représentants des 655 com-
munes de la Savoie réunis dans Téglise cathédrale de
Chambéry, nommèrent président leur doyen d'âge et
secrétaires, leurs deux plus jeunes collègues. C'est ainsi
que le député do Messery devint secrétaire. Deux jours
après l'assemblée constitua son bureau définitif ; mais
sous l'influence des délégués de la Convention et des
baïonnettes françaises le parti démagogique prit le des-
sus. L'assemblée s'affubla du nom d'Assemblée des AUo-
broges, vota l'annexion de la Savoie à la France, la
suppression de la noblesse, le séquestre des biens des
émigrés, le retour des biens du clergé à la nation, etc..
Mais bientôt la terreur commença, les prêtres furent
traqués, les églises fermées. A Messery, Michel Détru-
che est nommé officier de l'état civil ; les livres de la
cure lui sont remis (1), et il dresse son premier acte le
5 juin 1793. Le 3 prairial an IV de la République, Jean-
François Duborgel est officier public de la commune de
Messery. Pierre Duborgel, dit Es Veuves, lui succède
en l'an V. Enfin le l®^ thermidor de l'an VIII, le maire
Pochât reconnaît avoir reçu de ce dernier tous les re-
gistres de mariage, décès, naissances, tant anciens que
nouveaux.
(1) Archives de la cure. Registre des baptêmes.
iib
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Les Biens Nationaux
âur les 3242 joaroaux ou poses (1027 hectares), dont
se composait le territoire de Messery en 1738, le sixième,
soit 6i60 jourdaux, faisaient partie des biens nobles ou
ecclésiastiques. Ces biens se décomposaient ainsi :
NOMS DES PROPRIÉTAIRES
jornuim
TOISB
Biens de la cure
Chapelle S'-Sébastien de Nernier . .
Visitandines de Thonon
Noble de Brotty dit d'Antioche. . .
Noble de Costa
Noble de Bardenuche
Noble de Marcley, seigneur de Filly.
Noble de Foras, de Douvaine . . .
18
2
127
(>3
323
12
3
6
88
4(J8
404
310
20
150
217
88
Le marquis Costa de Beauregard outre ses 323 jour-
naux possédait à Messery :
1° Le château de Frise, au midi de la route, alors eu
ruines ; 2^ la maison dite Chez de Rive; 3® une maison
au village de Véret (maison dite des Bossons); 4^ une
maison au village do Messery (maison dite des Granons).
Les Visitandines possédaient à Frise une maison ap-
pelée La Bathia (aujourd'hui maison Jean Quiblier),
avec 30 journaux de terre d'un seul tenant.
A Nernier sur les 1046 journaux (331 hectares) que
renfermait le territoire de cette commune, près d'un
tiers faisait partie des biens nobles.
Le marquis Costa de Beauregard possédait : 1<> la
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— 163 —
ferme des Granges; 2» la maison et la ferme de la Tour ;
S"" la maison Remillet actuelle ; 4<» la maison Duchêne
(tannerie) ; 5° les remises Duchêne (situées en face la
tannerie); 6» les masures du Vieux Château appelées
La Montagne, et 137 journaux de terre.
La famille de Brotty possédait 2 maisons, 2 granges
et 2 masures où s'élève de nos jours le château, plus 71
journaux de terre.
Les Visitandines possédaient sur Nernier un pré de
6 journaux, soit 2 hectares, appelé le pré de Praille.
Le 6 germinal an III de la République, sur la réquisi-
tion de ragent national de Thonon, la municipalité de
Messery réunie dans la maison commune (ci-devant cure)
procède à la location soit ascensement dos biens natio-
naux qui ne sont pas encore loués. Sont adjugés :
I. A François Boccard natif de la commune de Cho-
lex : 1<> la maison de commune cy devant cure en très
mauvais état, avec remise, pressoir et jardin ; 2<» une
grange et écurie prêtes à tomber avec une pièce de jar-
din contenant demy fosserée, appelée Chez de Rivaz,
procédé du cy-devant Decostaz Marquis de Beauregard
sous la censé annuelle de trente et un francs.
II. A Henri Boccard, natif de Messery, une pièce de
pré marais appelée au Raffor, de la contenance de quatre
seitorées sous la censé annuelle de 103 francs.
III. A Claude Dalmy, de Nernier, le domaine appelé
de Frize, procédé des cy-devant religieuses visitandines
de Thonon sous la censé annuelle de quatorze quintaux
de froment, douze quintaux d'orge et quatre-vingts li-
vres monnaie de la République.
Pressée par le besoin d'argent, et l'incertitude du
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^ 164-
lendemaiD, la Conventioa décréta la vente des bleue nà-«
tionaux. La famille Michaud en retint la majeure partie
tant à Messery qu'à Nernier ; le 4 prairial an IV de la
République, ilous trouvons déjà Jean-François Michaud
Installé dans sa maison de Frise. Les frères Michaud
revendirent vers 1803 tous leurs biens de Nernier (en-
viron 104 journaux de terre avec le château) à M. de
Brotty comte d'Antioche, et vers 1811 toute la canapa-
gne de Frise, provenant des Visitandines et des Costa,
à M. Véret, alors sous-prefet de Nyon. Le château de
Frise était en ruines depuis nombre d'années (1), le nou-
veau propriétaire le fit réédifler dans le goût de l'époque,
tel qu'il est de nos jours.
Etat des chemins au X Vil fi siècle
A part quelques routes importantes, les chemins au
XVIII« siècle se trouvaient dans un état lamentable ;
c'étaient pour la plupart de vrais sentiers à mulets, tra-
versant torrents, monts et vallées, sans aucun ouvrage
d'art.
On raconte que le marquis Costa étant venu un jour
visiter ses terres de Messery, son caresse s'embourba
d'une telle façon sur la route de Chens qu'il fallut l'aide
des gens du village pour l'en sortir.
Un procès de 1789 nous apprend que le chemin de
Messery à Nernier, appelé la vi du bugnon, corrodé
par les eaux, était devenu impraticable aux voitures,
voir même aux piétons ; ceux-ci pour se rendre à Ner-
nier traçaient des sentiers à travers les prés du Mal-
(1) Le château de Frise est porté comme étant eu ruines, sur
le cadastre de 1738.
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— 165 —
lard. Henri Pochât étant devenu maire en 1800 le fit
réparer.
Par suite du mauvais état des routes, le commerce de
la contrée se faisait sur le lac ; la batellerie était alors
beaucoup plus importante que de nos jours. Messery
possédait un port naturel à la Pointe ; les bois, les vins,
les blés y étaient embarqués ; une route passable y con-
duisait, elle était déjà désignée en 1540 sous le nom de
chemin du port (1).
Impôts nouveaux
Si la Révolution avait supprimé la dîme, la gabelle,
les droits féodaux, etc.., elle créa par contre des char-
ges nouvelles, telles que les patentes, les réquisitions,
rimpôt des portes et fenêtres, la conscription, les assi-
gnats.
La patente. — C'était un impôt prélevé sur les indus-
triels tenant magasin ; cet impôt était variable. Les
noms des patentés de Messery à cette époque nous sont
donnés par l'acte suivant.
Liste des citoyens de la commune de Messery qui sont
sujets à la patente
Jacques Servage, maître cordonnier.
Fabien Boccard, maître cordonnier.
Pierre Duborgel dit Es Veuves, maréchal-ferrant,
armurier.
(1) Voir aux documents (Inventaire Bernois) ce chemin est ap-
pelé de nos jours, ni de Tate à Meurry.
Le 23 février 1787. — Claude Duret de Messer}' vend la coupe
de son bois du Jetieu à Maurice Duborgel qui promet de rendre
soixante moules de bois et quatre milles fascines marchandes à
deux liens au [)ortde Messery avant le mois d'avril 1788. (Archi-
ves Etienne Quiblier).
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— 166 —
François Servage qui vend son vin à la bouteille.
Fait à Messery l'an VU de la République française elle 1 1*
jour du mois de Frimaire.
Signé: Maurice Duborgel, agent.
Pierre Duborgel payait comme armurier neuf francs
de patente.
Réquisifions. — Le même citoyen quoique marié est
réquisitionné le 20 thermidor an II pour aller travailler
trois mois à Carouge dans les ateliers militaires.
Le 2 nivôse an III, la commune de Messery devait
fournir une certaine quantité de froment pour approvi-
sionner le marché de Thonon (1).
Le 29 thermidor an VII, la même commune dut trans-
porter aux magasins militaires de Carouge diverses
marchandises 29 quintaux de paille, etc C'était en
vue derapprovisiounement de l'armée d'Italie.
La Conscription. — La France assaillie de tous
côtés, dut appeler à son aide tous ses fils ; la levée en
masse fut décrétée; bon nombre d'enfants de Messery
furent enrôlés dans les armées et scélérent de leur sang
l'union de la Savoie à la France.
Voici les noms de quelques-uns de ces vaillants :
Philibert-Félix Quiblier^ chirurgien de 3® classe le
l»»" vendémiaire an VI, cité à l'ordre du jour de l'armée
d'Italie. Chirurgien-major au 1" régiment des Chasseurs
do la Garde, attaché au service de Sa Majesté le roi de
(1) RÉQUISITION.
Je soussigné déclare avoir reçu delà citoyenne Duborgel un
quintal et cinq livres de froment à compte de ce que doit
la commune de Messerier pour l'approvisionnement du mar-
ché du district de Thonon.
Thonon ce 2 nivôse an III de la République française.
Signé : Bbrnaz.
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— 167 —
Naples de 1807 à 1815. (Voir ses états de services aux
documents).
Vincent Grillon^ tue dans les dernières guerres de
l'Empire. François Vuarnety soldat de Tarmée d'Italie
mort à Vicence des suites de ses blessures. Jean-Louis
Vuarnet, frère du précédent, soldat de Tarmée d'Italie,
mort à l'hôpital militaire de Turin. Augustin Duchêne
dit de Vigny ^ Claude Dubor gel di{ Rojon et Clément Du-
borgel dit Du gui, tous trois soldats de l'armée d'Espagne,
faits prisonniers à Baylen, restèrent sept années captifs
à Cabrera, une des îles Baléares, où ils endurèrent toutes
sortes de privations. Georges Quiblier dit Faisant du
Crety qui reçut la médaille de Sainte-Hélène. Claude
Servage d'Essert, Simon Quiblier dit le Baron, etc.
Les hommes mariés étaient exempts de service mili-
taire ; cette particularité détermina nombre de conscrits
à se marier. Il en résulta des familles nombreuses et un
accroissement considérable de population. Il n'était pas
rare alors de voir des familles de 12, 13 et 14 enfants.
Le tableau suivant nous donnera une idée des pro-
grès énormes de la population au commencement du
XIX« siècle (1).
PAROISSES
luit 17(1
m:
11(1
11(1
Messery . . .
Nernier . . .
297
142
483
208
676
306
606
251
Yvoire ....
243
440
387
Cusy (Chens). .
313
589
560
(1) Pour le recensement de 1768, voir Visites pastorales, An-
necy. Archives deTEvèché.
Pour les recensements de 1802 et 1848, voir Dessaix, Savoie
historique, page 435.
Pour le recensement de 1861, voir Annuaire de la Haute-
Savoie,
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— 168 —
Chute de TEmpire. — Passage des Autrichiens
Séjour de Lamartine à Nernier
Le 2 janvier 1814 les Autrichiens firent à Thonon
leurs premières réquisitions; une de leurs colonnes
passa de nuit au village d'Essert et alla camper à Ner-
nier où elle resta une quinzaine de jours. Ils se montrè-
rent bons et disciplinés (l) et opérèrent quelques réqui-
sitions dans la contrée. Le 15 avril 1814, le maire de
Messery, Henri Pochât, dut réquisitionner trois setiers
d'eau-de-vie (162 litres), cinquante quintaux de froment,
trente-deux quintaux de foin, trente setiers de vin. Le
23 avril la commune de Messery dut encore livrer dix
quintaux de froment, quatre setiers et seize quarterons
de vin rouge (2), etc.
En août 1814, la commune de Messery fut encore frap-
pée d*une contribution do guerre de 150 francs et de
diverses autres réquisitions, mais elles furent plus tard
intégralement remboursées grâce à. la rançon de la
France qui dut livrer un milliard aux alliés. Nous
voyons en effet qu'en avril 1821 le percepteur Duchône,
de Nernier, versait à Maurice Duborgel dit Es Veuves la
somme de 78 francs pour sa part do remboursement des
contributions autrichiennes (3).
Pendant les Cent jours, Lamartine, le grand poëte,
avait quitté la France et s'était misa parcourir la Suisse;
il vint à Nyon, puis à Nernier où il résida quelque temps
(4) ; il prenait pension chez un nommé Favre qui trans-
(1) Communiqué par M. JeanGindre, de Nernier.
{2) Le quarteron valait 2 pots ; il y avait 24 quarterons dans le
setier de 51 litres. Le quintal du pays vaut 50 kilogs.
(3) Archives Etienne Quiblier (Essert).
(4) Piccard. if îs^otr^ du Chablais. Vol. H.
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— 169 —
portait les voyageurs à Nyonavec son bateau ; ses repas
se composaient d'œufset de laitage que luiapprôtait Gene-
viève, la fille du batelier. Comme Ton était à l'époque
des travaux, peu de monde restait au village durant la
journée ; M. de Lamartine, accompagné des enfants du
voisinage, aimait à parcourir nos vieux chemins om-
breux. Sa promenade favorite était le moulin de Mercu-
biodont les ruines se dressent encore entre Nernier et
Yvoire(l). Mais Waterloo et la chute de l'Empire vin'
rent interrompre ses rêveries et M. de Lamartine reprit
le chemin de la France.
Le grand poète dans ses Souvenir^s de jeunesse édités
en 1846, parle ainsi de son séjour parmi nous : «..Apres
« trois semaines de cette vie errante, je revins au bord
« du lac de Genève et je m'arrêtai dans la partie de la
« côte qui fait face au pays de Vaud et que Jean-Jacques
« Rousseau a si justement préférée au reste de ses bords.
« Je me mis en pension, pour quelques sous par jour,
« chez un batelier du Chablais, dont la maison isolée
« tenait à un petit village. Le métier de cet homme
« était de passer, une ou deux fois par semaine,
« les paysans d'une rive à l'autre, de pêcher dans le lac
4c et de cultiver un peu de champs. Il avait pour toute
4c famille une fille de 25 ans qui tenait son ménage... etc.. >
Restauration
1815-1821. — F^^ançois Quiblier, syndic. Les Autri-
chiens ramenaient avec eux la famille de Savoie et
l'ancien régime ; les nouvelles réformes furent abolies et
l'on en revint aux lois d'avant 1792. Le maire fut rem-
(1) Communiqué par Jean Gindre, de Nernier.
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— 170 —
placé par le syndic ; le juge mage et le procureur fiscal
furent rétablis. Sur ces entrefaites la famine désola le
pays. En 1816, des pluies continuelles avaient retardé
considérablement la récolte : « on ne moissonna les seigles
« et froments qu'au mois d'août, les orges et vesces
« (pesettes) qu'au mois d'octobre ; les vendanges n'eu-
« rent lieu qu'après la S*-Martin (1 1 novembre), et pour
« avoir lo peu de jus qu'il y avait il fallut piler les rai-
« sins sous la meule. Le vin rouge qui avait gelé se
« vendit néanmoins au marché de Genève 24 francs de
« France soit un louis > (1). Aussi pendant l'hiver et le
printemps de 1817 la disette sévit-elle dans le pays.
Dans presque toutes les maisons de nos villages on
faisait la soupe aux horties sans beurre et sans sel ; la
coupe de blé se vendit 100 francs (elle vaut 8 fr. de nos
jours) ; plusieurs familles vendirent leurs terres pour
acheter du pain. La famille Veret de Frize se distingua
par sa charité ; elle vint en aide aux pauvres par des
distributions de soupe et par de grands travaux entre-
pris dans sa campagne (défrichement des bois de la
Chaux, 23 journaux ; captage d'une source entre Frize
et le Cret). Les habitants des villages voisins venaient
y travailler pour leur nourriture. A la mort de M. Veret
survenue en 1835, la campagne do Frize fut vendue à
divers habitants de la localité.
1821-1824. — Pochât Henri, syndic de Messery.
Déjà maire durant la Révolution et l'Empire, il est
nommé syndic le 21 février 1821. Claude-Louis Piccut,
notaire à Massongy, est secrétaire communal. Dès le
(1) Mémoires du maire Henri Pochât. Archives Théodore Du-
borgel.
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— 171 —
mois de mai 1821, dos réparations sont faites à l'église;
Tannée suivante on élève les murs du cimetière. A cette
époque, la route de Messery à Genève passait encore
dans le lit du torrent de Savonnex ; sur Tiniliative du
syndic, un pont y fut élevé par prestations volontaires :
il fallut 910 charriotsde terre pour les remblais; les
habitants d'Essert ne prirent pas part à ce travail (1).
1824-1836. — Duhorgel Pierre, syndic. En 1825 le
Conseil vote un subside de 400 francs pour le pont d'Ecu-
chcfattc. Les années suivantes il entre en procès avec
les frères Duret au sujet de places communales, puis
avec la famille Costa de Boauregard au sujet des bois
de Partays. De 1830 à 183G, le budget communal se
solde chaque année par des excédents de recettes va-
riant entre 900 et 1450 livres. Les biens communaux
loués pour la première fois en octobre 1834 donnent
un revenu de 397 francs. Ces diflTérentes sommes per-
mettent à la municipalité de commencer la recons-
truction du presbytère.
1837-1846. — Basile Boccard, syndic. Les années
1837 et 1838 sont consacrées aux travaux du presbytère
et celles de 1840 à 1846 à la construction de l'église et
du clocher. (Emprunt de 9 100 francs).
1846-1852. — Boccard Janvier syndic. En 1846, le
Conseil vote 140 francs pour le traitement du clerc ou
sacristain, en remplacement des quêtes qu'il fait chaque
année pour son salaire et de différents droits qu'il pré-
lève pour les ensevelissements et en allant porter l'eau
bénite à chacun (sic) (2).
(1) Mémoires du maire Pochât. Archives Théodore Duborgel.
(2) Archives municipales. Budgets communaux de 1821 à uos
jours.
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— 172 —
En 1848, à la suite des idées émancipatrices qui se-
couaient l'Europe, le roi de Sardaigne signa la constitu-
tion du 8 février, deux arbres de la Liberté furent plan-
tés, Tun sur la place communale à Messery, l'autre à
Essert ; cette cérémonie donna lieu à quelques réjouis-
sances, des setiers de vin furent servis sur les places.
La garde nationale fut instituée dans chaque village,
l'élection des chefs eut lieu à Messery sur la place com-
munale, sous le maronnier. Alexandre Duborgel dit
Dagui fut nommé capitaine.
1852-1860. — Etienne Servage dit Mastrec, syndic.
Dès 1854, le nouveau syndic reprend le procès des bois
de Partays ; de 1857 à 1860 il procède à la réfection de
la route de Messery à Conches.
Annexion à la France
1860-1870. — Etienne Servage mairie.
A la suite de la campagne d'Italie (1) le Piémont cé-
dait à la France la Savoie et le comté de Nice; nos
populations accueillirent ce traité avec satisfaction.
Depuis le traité de Lyon sous Henri IV, la politique du
Piémont s'était tournée du côté de l'Italie ; la Savoie
abandonnée, sans voies de communication, sans com-
merce, accablée d'impôts, était enserrée d'une ligne de
douanes qui l'étouffait.
Tous nos villages avaient leurs brigades de douaniers ;
un poste était établi à Nernier, un autre à la Pointe de
Messery.
(1) ATissue delà campagne de 1859: « 2 enfants de Messery,
par suite de leur bonne conduite et de leur valeur, furent au nom
de l'empereur, décorés de la médaille militaire française : c'é-
taient Maurice Vuarnet, sergent-major au 2® régiment de la bri-
gade de Savoie, âgé de 23 ans, et Joseph Duborgel dit Es Veuves,
maréchal des logis au Royal Artillerie, âgé de 25 ans, »
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-. 173 —
L'annexion à la France changea cet état de choses.
Le traité avec le Piémont avait été signé le 1 1 juin
1860. Le 31 août Tempereur venait à Thonon où il fut
acclamé; les ports de Thonon, d'Evian et de Nernier
furent aussitôt décrétés et une brigade de gendarmerie
fut placée dans ce dernier village. (Elle y resta jusqu'en
1870).
Une zone franche fut créée dans la Savoie du Nord afin
de faciliter le commerce du pays avec le marché de Ge-
nève ; à la suite de cette convention les douanes furent
enlevées de la ligne du lac et reportées à 30 kilomètres
en arrière.
Les bois de Partays. — Perte du procès
Des procès interminables ruinaient les familles ; le
gouvernement français décida que tous ces procès de-
vraient être terminés avant cinq ans.
La commune de Messery plaidait depuis plus de cent
ans avec la famille Costa de Beauregard, au sujet do
bois communaux lieux dits en Partays, situés sur les
confins de Chens et de Messery.
Le 3 juin 1793, les officiers municipaux de Messery
soutenaient : 1^ que dès la publication du cadastre de
1738, le berger commun de la paroisse avait chaque
année mené paître les bestiaux de chaque particulier
dans ces bois ; 2° que tous les habitants de la paroisse
qui le voulaient allaient y couper du bois pour leur
usage (1).
Le procès se continua sous les syndics Pochât et
Pierre Duborgel ; suspendu on 1836 à cause des travaux
de l'église, il fut repris en 1854 par le syndic Servage.
(1) Archives Quiblier Etienne, Essert.
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- 174 —
De 1854 à 1859, les dépenses du procès varièrent anhuel-
it de 150 à 600 fr.; mais le syndic ne s'en occupait
5 et en 1865 le tribunal de Chambéry déboutait la
lune qui eut à payer plus de six mille francs de
de procédure.
Affaire de Marsille
rsille est une fontaine qui jaillit sur le flanc du
u sur lequel s'élève le village d'Essert ; de temps
morial les habitants de ce hameau allaient y pui-
)ur leurs besoins domestiques.
1865, le comte d'Antioche, comme propriétaire du
n, s'avisa de capter la source pour la conduire à
làteau. Le maire de Messery, Servage, lui en donna
) l'autorisation. La population d'Essert en fut
•érée. Le 25 septembre 1865, à l'heure de midi,
les hommes du village au nombre de 67, armés de
; et de pioches arrivèrent à la fontaine et détrui-
, la maçonnerie qui la couvrait. La brigade de
irmerie de Nernier arrivant, les hommes d'Essert
!irent tous : « Nous venons défendre nos droits ! ! »
)cès-verbal fut donc dressé contre les assaillants,
l'affaire en reste là, et depuis comme avant les
ints d'Essert ont continué à venir à la fontaine.
0-1877. — Duret Joseph^ maire. Pendant lamal-
use guerre de 1870-71 , la Savoie comme toutes les
5 provinces de la France répondit à l'appel de la
I, elle mit sur pied 33.000 hommes, dont 23.500
isés. Nos trois bataillons de mobiles formant le
I marche ne quittèrent pas le rayon de la place de
-es. Deux enfanta de Messery tombèrent au champ
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- m -
d*hontieur, Duchêoe Jules dit Calli, tué à Champigny
près Paris, et Duchene Jean dit Béné, tué sous Metz.
Comme travaux durant la gestion du maire Duret,
nous devons signaler l'horloge publique (1873), Torne-
mentation intérieure de Téglise, la roule d'Essert aux
Braccots, la route de Chens aux Repingons et le nou-
veau pont de Savonnex.
1877-1900. — Duborgel Gabriel, dit Do gui, maire.
Par suite des subsides importants qu'accordait alors le
gouvernement de la République, de grands travaux sont
entrepris parla municipalité. C'est d'abord en 18801a
construction de la mairie avec salles d'écoles (22.000 fr.)
et la réfection de la route des Repingons à la frontière
d'Y voire qui transforme le village de Messery. (L'an-
cienne route passait par la Plantô et le Sarzieu pour re-
descendre aux Repingons).
A la suite de cette rectification, la translation de la
croix du Sarzieu à la croisée des Repingons donne lieu
à une imposante cérémonie religieuse.
En 1884, c'est la création de la route de Messery à
Dou vaine (longueur 5 kilomètres), le puits communal,
place de la Mairie ; en 1888, la création du nouveau ci-
metière (5.200 fr.) ; en 1891 l'achat de la pompe à in-
cendie, la route de Messery à Essert et à la frontière
d'Excénevex ; en 1895 la route de Messery à la Pointe
avec quai; en 1897 le pont des Granges; en 1898 la
route d'Essert àChevilly (1).
Ces travaux se complétaient à Nernier par la création
(1) Tous ces travaux ne se sont pas faits sans de nouveaux im-
pôts. Le total des recettes communales de Messery qui était de
2008 francs en 1839 montait à 6497 francs en 1893, et la dette
s'élevait à cette époque à 39.870 fr.
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— 176 -
d*un quai, d'un bureau de postes et télégraphes (1891)
et d'un œurrier faisant journellement le service des voya-
geurs et des colis postaux entre Nernier, Messery et
Douvaine.
Depuis plusieurs années des démarches actives ont
été faites par la population à Toffet d'obtenir la création
d'un débarcadère sous le village de Messery. Deux sous-
criptions ouvertes à ce sujet en 1888 et en 1897 ont
produit près de 5.000 fr. Déjà plusieurs villas se sont
élevées dans notre commune, la création du débarcadère
ne ferait qu'augmenter leur nombre et par suite l'im-
portance de la localité.
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— 177 —
CHAPITRE IX
ŒUVRES DIVERSES
Ecoles
A répoque romaiDO rinstruction était assez répandue,
môme dans les campagnes; le colon qui perdit sou
styleàCommugny(Excùnovcx), les inscriptions trouvées
à Nernier, Messery et Douvaine, en sont la preuve. Mais
rinvasion des Barbares arrêta cette civilisation dans son
essor, et la nuit se fît dans notre pays. Seuls les moines
conservèrent dans les abbayes les débris des lettres et
des arts.
Au moyen-àge, dans presque tous nos villages, exis-
taient ordinairement un ou plusieurs notaires publics
exerçant souvent de pore en fils; tels étaient :
A Douvaine, Hugo Rycheis en 1368; la famille de
Exerto en 148G; à Nernier, Quisard, en 1560-1562; à
Essert, Pierre Joly en 1451 ; à Massongy, Pierre Qui-
sard en 1492; à Messery, Maître Pierre Duborgel en
1527, Maître Bernard Duret en 1595, les Arpin en 1670
et 1715; à Verêtre, les Duret en 1680, les Lemasson en
1740, à Y voire, les Novel, les Thorens, etc Au
XVI® siècle les Bernois établirent des écoles dans leurs
bai liages de Savoie ; il nous est parvenu quelques actes
et reconnaissances de cette époque, signés de noms de
i5b
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fanliiles dfe la localité, tels que : Boccard, Duborgel,
Quisard, etc., (1).
Oepeudant avant la Révolution, les familles aisées
pouvaient seules faire donner une bonne instruction à
leurs enfants. Ainsi en 1753, Bernard Duborgel dit Es
Veuves de Messery, met son flls en pension chc^z
Révérend Louis Echernyer, curé de Machilly, à raison
de I2écus patagons et sept coupes de blé par année (2).
Dans quelques paroisses, les vicaires devenaient insti-
tuteurs, mais d'une manière générale, aux XVII« et
XVIII® siècles, la plus grande partie de la population était
illettrée. La Révolution bouleversa l'ancien ordre de
choses, mais elle opéra aussi quelques réformes. En 1802,
nous trouvons un certain Benoit Mazaut, instituteur à
Messery, il signe comme témoin sur un acte du 9 bru-
maire an X (3); mais les guerres et les invasions vinrent
sans doute contrarier cette institution naissante.
La paix revenue, le besoin d'instruction se faisait de
plus en plus sentir.
De 1815 à 1848, des demoiselles du village faisaient
la classe moyennant une légère rétribution allouée par
les parents. Vers 1848, une demoiselle Challande ouvrait
à Frize une école payante. Mais le gouvernement sarde
voyait, paraît-il, de mauvais œil l'instruction se répandre
parmi le peuple, et pendant plusieurs années le crédit
voté par le Conseil municipal pour le traitement de
deux maîtresses d'écoles fut rejeté, il ne fut agréé qu'en
1853 (4).
(1) Archives Vuarnet.
(2) Archives Etienne Quiblier.
(3) Archives Théodore Duborgel.
(4) Archives delà Mairie. Budgets communaux.
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— 179 —
Entre temps les garçons de nos villages fréquentaient
les écoles de frères, ouvertes à Nernier par Tabbô Favre.
Enfin après l'annexion, le gouvernement français plaçait
à Messery un instituteur à titre définitif ; le poste fut
confié à M. AUamand, originaire du Faucigny (1).
Mais il n'y avait pas encore d'écoles de hameau. En
1864, un généreux bienfaiteur. Monsieur Melchior Qai-
blier, ancien banquier, soit capitaine trésorier dos
douanes et gabelles piémontaises, léguait à la commune
une rente de 400 francs, nécessaire à l'entretien d'une
institutrice au village d'Essert. Enfin en 1887, s'élevait
l'école libre des religieuses de SWoseph dont nous
avons parlé au chapitre VI.
Bureau de Bienfaisance
Avant la Révolution, l'abbaye de Filly allouait aux
pauvres de Messery et de Nernier une aumône annuelle
de 44 coupes de froment. Il y avait aussi la Confrérie
du Saint-Esprit qui s'occupait spécialement des pauvres,
mais les malheurs des temps firent disparaître ces ins-
titutions.
En 1816, Révérend Etienne Duborgel, curé d'Yvoire,
léguait la somme de 400 fr. à distribuer aux pauvres
de Messery.
En 1830, un pauvre domestique de campagne, appelé
Radollet, mourait à Frise, léguant à la commune tous
ses avoirs, soit cinq cents francs, à condition que les
intérêts seraient partagés chaque année entre les pau-
vres delà commune. Cette somme produit la rente an-
(1) Il eut pour successeurs : MM. Rey, originaire de Seytroux ;
Séchaud, natif de Brentlionne ; Châppaz, des environs d'An-
necy; Mauroz, de Mieussy, instituteur actuel.
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— 180 —
huelie de 27 francs, c'est encore de nos jours le seul re-
venu du bureau de bienfaisance.
Société de Sapeurs-Pompiers
Pompe d'Esseri. — Une souscription ayant pour but
rachat d'une pompe à incendie fut ouverte dans le vil-
lage d'Essort en novembre 1864 ; chaque ftimille s'imposa
suivant ses ressources; la souscription atteignit 2,400 fr.
et 18 setiers de vin. La pompe construite à Nyon fut
reçue à Essert le jour de la S*-Pierre 1865 ; Quiblier Au-
guste dit Jacqueminon fut nommé capitaine.
Pompe de Messery, — Un généreux bienfaiteur,
Pierre Duborgel dit Rojon, avait légué en 1867, mille fr.
à la commune pour l'achat d'une pompe ; cette somme
avec SCS intérêts servit à l'acquisition en 1891 de la
pompe du village de Messery, commandée à Besançoa
pour le prix de 3,200 francs. Une Compagnie de sapeurs-
pompiers fut formée à cette époque; elle comptait 73
pompiers, dont 43 pour la section de Messery et 30 pour
celle d'Essert. M. Daborgel Emile on devint le capitaine.
La Compagnie a été équipée en 1892 ; l'année suivante,
à la suite d'une souscription elle recevait un superbe
drapeau en soie, commandé à Lyon. En 1895, chaque
membre de la Compagnie recevait un diplôme repré-
sentant la pompe et l'église du village, don de M. Cha-
puis, lithographe à Lausanne. ^
Société de Secours Mutuels
Le 1er janvier 1877, une Société de Secours Mutuels
était fondée à Messery sous le nom A' Enfants du Lé-
man, pour les communes d'Excénevex, Yvoire, Nernier,
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— 181 —
Messory et Chens (1). Elle compte actuellement 88
membres, et a pour président M. Quiblier Alexandre,
cafetier à Essert. La société a en fonds 2,800 francs,
ses membres paient une cotisation annuelle de 12 francs,
moyennant quoi, ils ont droit gratuitement aux visites
du médecin, aux médicaments et à une indemnité jour-
nalière durant leurs maladies.
Industries diverses
Notre territoire loin des grands centres industriels,
sans cours d'eaux importants, contrarié de plus par
une ligne de douanes à la frontière suisse, se trouve dans
des conditions tout à fait défavorables à l'établissement
d'industries. Il n'existe de nos jours qu'une petite tan-
nerie à Nernier et une tuilerie à Yvoire; cette dernière
appartient à M. Nékati, directeur de la tuilerie de Ver-
soix ; la tuilerie d'Yvoire travaille principalement pour
la Suisse. Mais il n'en était pas de même autrefois où
chaque seigneur jaloux de ses prérogatives avait ses fa-
briques particulières, moulins, tuileries, scieries, etc
Yvoire possédait déjà au XVP siècle une tuilerie située
au bord du lac, elle est notée dans la reconnaissance
passée en faveur de noble de S*-Jeoire, seigneur d'Yvoire,
le 23 février 1544(2).
Un champ près des Crêtes à Excénevex ; un autre
près du ruisseau de Mercubio à Nernier ; un bois proche
le Vion à Messery, s'appellent encore les tuilières. Mais
la plus renommée de toutes était la tuilerie des Bois,
(1) Elle avait été approuvée par décision préfectorale du 20 oc-
tobre 1876.
(2) Sommaire des fiefs. Archives départementales.
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— 182 —
proche Ecérézi qui dépendait de Tabbaye de Fiily, et
dont les produits s'exportaient au loin.
En 1452, noble Etienne Frédéric, faisant réparer son
château de Ferney, l'entrepreneur de la toiture déclare
qu'il a employé une première fois 12.000 tuiles plates
(tiolla) au prix de 4 florins le mille, achetées à des
hommes do Filly (1); cette tuilerie qui existe encore
appartient à M. Bartholoni, elle a cessé de fonctionner
depuis quelques années.
Cette abondance de tuileries anciennes, provient de
ce que le sous-sol du pays, formé de boues glaciaires,
renferme des argiles très variées.
Un gisement de terre grasse, excellente pour la pote-
rie, existe au bas du bois de Fécler, elle s'exportait il y
a 7 ou 8 ans à la poterie de Nyon, cette terre est ré-
fractaire, il en existe d'autres gisements en divers
points du territoire de Messery.
Une source d'eau minérale (gazeuse et ferrugineuse)
coule au-dessous de Messery au lieu dit Salins.
Sociétés de Fromagerie ou Fruitières
La fabrication du fromage façon gruyère ne date à
Messery que du commencement du siècle. Auparavant
chaque famille travaillait son lait dans sa maison et fa-
briquait un fromage blanc appelé tome.
En 1811, M. Antoine-Henri Veret, natif de Nyon,
établissait dans son domaine de Frise une fromagerie
soit fruitière sur le modèle de celles de la Suisse.
Le 31 janvier 1818, les frères Duret et plusieurs au-
(1) Acad. Chahl.y vol.^ I, page 47, le florin de Savoie à cette
époque représentait environ la valeur de 12 francs de notre
monnaie.
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— 183 —
très particuliers de Messery achetaient, de la famille
Veret, ses ustensiles et meubles propres à fabriquer le
beurre, fromage et sérac pour le prix de 480 livres. —
Le premier local fut choisi chez les frères Duret. En
1837 la société de Messery put enfin édifier la fruitière
actuelle à côté de la place communale.
Essert se sépara alors et forma une fruitière distincte ;
après avoir occupé divers locaux, la société d'Essert
fit ériger en 1880 au lieu dit la petite Tate, la fruitière
actuelle.
En 1895, la société de Messery cessa de fabriquer et
vendit son lait ; le prix de vente varie chaque année ;
il était de 0,13 centimes le litre en 1895, 0,11 centimes
en 189G, 0,10 c. 1/2 en 1897 et 0,11 c. 1/2 en 1898.
Le total du lait pour la fruitière de Messery (année
1896) était de 99,071 litres, soit un revenu de plus
de 10,000 francs.
La société d'Essert est d'environ un tiers plus faible
que celle de Messery ; elle continue de fabriquer.
Agriculture
L'agriculture a subi une crise intense depuis la cons-
truction des chemins de fer ; les blés qui se vendaient
18 francs la coupe, mesure de Thonon, avant 1870, ne
valent plus que 8 fr. , alors que le prix de la main-d'œuvre
a doublé. Il s'en est suivi que la culture du blé a été
abandonnée à un tel point que la commune de Messery
qui exportait annuellement depuis des siècles, une
grande quantité de cette céréale, en est réduite de nos
jours à la faire venir en partie de l'étranger.
Les cultivateurs se sont adonné à l'élevage du bétail
et principalement à la culture de la vigne. Mais les
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— 184 —
maladies de ce précieux arbuste n'ont pas tardé à faire
leur apparition ; le mildew ou maladie des feuilles est
survenu en 1888, le phylloxéra en 1891, ce dernier est
heureusement resté stationnairo depuis cette époque.
Le commerce des bois de chauffage est également
tombé par suite de l'emploi toujours croissant du char-
bon de terre ; il en est de môme des écorces de chêne
qui, dans le tannage, sont de plus en plus remplacées
par divers ingrédients chimiques.
La culture du chanvre et par suite la fabrication
de la toile de ménage, sont également tombées devant
le bon marché des toiles de magasin.
Le bas prix du pétrole a fait abandonner Tusage de
rhuile de noix et les gigantesques noyers qui ombra-
geaient nos champs ont presque tous disparu.
Cependant Tagriculture a fait d'immenses progrés
depuis quarante ans ; les outils agricoles se sont per-
fectionnés, les terres sont mieux travaillées, nos vignes
peuvent rivaliser aujourd'hui avec celles de nos voisins
de la Suisse, pour le rendement et la bonne tenue.
Mais d'un autre côté la vertu diminue, les habitu-
des d'ordre et d'économie ont presque disparu, un cer-
tain luxe a envahi la jeunesse et les habitudes d'intem-
pérance et d'inconduite se propagent dans la classe
ouvrière d'une manière effroyable.
Le service militaire obligatoire détourne la jeunesse
du travail de la terre ; le jeune homme à son retour du
régiment méprise la maison de son vieux père et n'as-
pire plus qu'après un emploi quelconque.
Ainsi s'en va la famille, ainsi diminue cette popula-
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— 185 —
tiou agricole qui a fait la France forte, la France d'au-
trefois! Ainsi s'étiole la race, ainsi s'en va la patrie!
Depuis vingt ans, la baisse du prix des terrains, les
ventes de biens, la dépopulation des campagnes, en sont
des preuves lamentables.
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— 186 —
CHAPITRE X
TIENNES EXPRESSIONS. - ANCIENS USAGES
ES Calavrais sont des feux de joie que les enfants
villages allument chaque année, le soir du premier
anche de carême; ils ont toujours lieu à une place
, éloignée des habitations. Rien n'est plus beau par
îiel étoile que de les voir briller à tous les coins de
rizon. Les enfants brandissant des tisons enflam-
dansent en rond autour des feux en chantant ce
ain :
Calavrai, calavralla ! !
, fennaà (un tel) est mézalla (la femme à un tel est stérile)
Ah!... Hou!!!...
s jettent leurs tisons dans le feu.
ette fête annuelle semble remonter à une haute
quité, peut-être au paganisme ; elle dut ensuite être
stianisée (1), d'abord parce qu'elle a lieu le l^"* di-
iche de carême, ensuite en souvenir de cette parole
'Ecriture : « L'arbre qui ne produit pas de fruits
i brûlé, »
étail à noter : dans le bassin du Léman, les commu-
protestantes ne suivent pas cet usage. (En France
3ur est appelé le dimanche des Brandons.)
Calavrai proviendrait, selon les uns, du latin calidus^ chaud!
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— 187 — f
On a barlato, est une expression patoise signifiant
que Ton a remué des tonneaux dans la cave, elle re-
monte au moyen-àge. A cette époque il n'y avait point
de ponts, les chemins étaient peu accessibles aux voitu-
res; le transport des vins se faisait au moyen de
chevaux et de mulets, à l'aide de trois barils, placés un
de chaque côté du bat et le troisième au-dessus. Les
conducteurs avaient une réputation de grands mangeurs
et buveurs, on les appelait barlàtis, contraction vul-
gaire de bavHli latores,
L'ÉMiNE. — Quand Adhemar Fabri, évêque de Ge-
nève, accorda eu 1388 les franchises de cette ville, un
article spécifiait que les meuniers n'avaient droit pour
la mouture qu'à une éminCj qui était la trente-deuxième
partie de la coupe.
De nos jours encore, quand une femme cuit son pain
au four, elle dit au fournier : « Preni vutr'emna »,
c'est-à-dire : prenez ce qui vous revient, et le fournier
prélève un peu de farine ou de pâte pour son paiement.
Il en est de même quand l'on presse sa vendange chez
quelqu'un ou que l'on va faire l'huile ; l'émine est dans
ce cas d'environ un litre ou deux par setier de 50 litres.
Il a fait de la futaine, ou il a tapé sur le plot,
sont deux expressions qui servent à désigner dans le
langage populaire qu'un homme a fait une faillite frau-
duleuse ; elles remontent au moyen-àge.
Les plots étaient des sortes de, billots dont l'usage
ressemblait beaucoup à celui du pilori. Le jour des
assises devant toute la population assemblée, les mau-
vais payeurs, les banqueroutiers étaient obligés de s'y
asseoir à plusieurs reprises et do crier chaque fois :
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— 188 —
«Je paie mes dettes! Je paie mes dettes! » Cette cou-
tume existait également en Lombardio, elle s'est perpo'
tuée jusqu'à nos jours dans certains jeux de famille.
Les plots sont enuméres parmi les instruments de
justice du seigneur de Beauregard (reconnaissance du
27 novembre 1422, citée au Chapitre V du présent
ouvrage).
Baptêmes. — Le jour du baptême, le parrain et la
marraine seuls avec la sage-femme accompagnent l'en-
fant à l'église. Il y a trente ans à Messery on portait
le nouveau -né à la cérémonie, dans un berceau couvert
d'une garniture de mousseline, sous laquelle se trouvait
un transparent rouge ou rose; un bouquet de fleurs
artificielles placé sur l'arceau indiquait le sexe de l'en-
fant ; quand le bouquet était de côté, c'était un garçon ;
quand il était dessus, c'était une fllle. Le berceau était
porté par la sage-femme. De nos jours cet usage a dis-
paru. Le parrain fait sonner les cloches à ses frais ; la
marraine jette des bonbons aux enfants du village.
Ensuite on revient à la maison où le père de l'enfant
ofl're un repas.
Mariages. Noces. — Un dimanche ou deux avant
les noces, il est d'usage que les jeunes gens dont les
bans sont publiés, oflTrent à boire à la jeunesse du vil-
lage ; la règle habituelle est d'un setier de vin (50 li-
tres), on appelle cela donner Vabadouche! (l'abada en
patois est synonime d'abandon).
Dans les noces on portait autrefois des rubans au
bras ; les jeunes filles portaient des fleurs artificielles
où le rouge dominait; la mariée avait un bouquet au côté
avec un flot de rubans et une ceinture de soie appelée
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— 189 —
te fian. Cette ceinture était ensuite offerte à Téglise
pour orner la croix de la procession. De nos jours, les
jeunes mariées ne portent plus le ruban, mais elles
rachètent toujours pour Toffrir à l'église du village.
Le jour du mariage, en sortant de la cérémonie, on
jette des caramels (bonbons plies dans du papier) aux
enfants que Ton rencontre, on appelle cela :
Tri la pirra à Barnâda
cesi-à'dire : Tirer la pierre à Bernarde.
Autrefois tous les hommes du cortège tiraient des
coups de pistolets, de nos jours on tire les boîtes, espèces
de mortiers verticaux que Ton bouche fortement avec
un tampon de bois tendre.
Sur le passage du cortège il n*est pas rare que Ton
barre la route avec un char ou une planche; pour
passer il faut offrir un pourboire.
Quand la jeune mariée arrive à la maison du futur,
on ferme la porte ; une personne se tient derrière, elle
ouvre en donnant à Tépousi^e, un balai s'il y a une
belle-mère, ou les clefs s'il n'y en a pas, car les clefs
sont l'emblème de la maîtrise !
Conduite de l'ane. — Autrefois quand une femme
battait son mari, toute la jeunesse masquée se réunis-
sait; on louait un àne pour deux ou trois jours. Un
jeune homme le montait à califourchon et sens devant
derrière ; un autre menait la bête par la bride, toute la
troupe suivait et frappait à coups redoublés sur le dos
du cavalier, qui était censé représenter le mari battu.
On se promenait ainsi par les villages en criant et
chantant, puis l'un des figurants armé de lunettes et
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— 190 —
d'une pancarte, lisait à haute voix la proclamation du
mariage et le jugement de Tépoux.
Charivari. — Quand un veuf ou une veuve se rema-
rient, s*ils ne paient à boire à la jeunesse, tous les
jeunes gens du village, pendant quinze jours, le soir
venu, se réunissent aux environs de la maison dos
futurs époux en faisant un bruit infernal; les uns son-
nent de la trompe ou frappent en cadence sur de vieux
ustensiles, les autres font résonner des faulx suspen-
dues à une cordelette, ou sont armés de clochettes et
de grelots.
SÉPULTURES. — Aux sépulturos des nobles on distri-
buait autrefois, aux pauvres, les tentures qui se trou-
vaient dans réglise, le jour des funérailles.
Ainsi lors de Tinhumation du marquis de Coudrée en
1846, toutes les personnes nécessiteuses qui se présen-
tèrent recurent deux aunes de drap. A ronterrement
du comte d*Antioche en 1884 on distribua des pains
aux pauvres.
Dans nos villages, avant la levée du corps, tous les
hommes de la parenté reçoivent un crêpe que Ton épin-
gle au bras, le crêpe est blanc si le défunt est céliba-
taire, noir s'il est marié; il en est de même pour le
drap mortuaire et les fleurs qui recouvrent le cercueil.
Les porteurs sont choisis parmi les jeunes gens si le dé-
funt était célibataire, et parmi les hommes mariés s*il
était marié.
Depuis cinq ou six ans un nouvel usage s*est implanté
parmi nous, c'est la coutume de rendre Vhonneur.
Après la cérémonie funèbre, tous les hommes de la pa-
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t^eùté se rangent sur un rang et les assistants défilent
devant eux chapeau bas.
Montage des tuiles. — Pour monter les tuiles sur une
toiture neuve, il est d'usage que tous les voisins s'aident
gracieusement, sans exiger de salaire. Il y a ordinaire-
ment 10 ou 15 hommes formant la chaîne et se passant
les tuiles de mains en mains. On distribue ensuite à
boire.
Rafraîchissements. — La plus haute marque d'es-
time d'un Chablaisien, c'est d'offrir à boire à son hôte;
pour cela on va généralement à la cave ; refuser en ce
cas, serait faire un affront au propriétaire. Cette coutume
remonte aux premiers siècles do notre histoire, elle
nous est signalée par Augustin Thierry dans ses Récits
Mérovingiens (1).
Autrefois il no se trouvait à la cave qu'on pot pour
boire, de nos jours on se sert généralement d'un verre
qui reste toujours sur un tonneau; le patron du lieu tire
au tonneau et boit le premier, puis chacun vide le verre
à tour de rôle. Cette dei'niéro coutume rappelle la coupe
des anciens qui circulait à la ronde.
Teillage du chanvre. — Il y a 20 ou 30 ans, dés le
mois d'août, tout le monde teillait son chanvre le soir
sur les places, ou devant les maisons ; de nos jours on a
abandonné la culture de cette plante textile.
Confection des allumettes. — Comme lesallumettes
(1) Augustin Thierry. — 4* récit des Temps Mérovingiens. —
Meurtre de Tévéque Pretextatus. — Les seigneurs Francs malgré
leur répugnance acceptent le vin offert par Frédégonde. Ils sui-
vaient, en cela, les règles de la bienséance de Tépoque, qui étaitde
ne jamais refuser le vinollert par celui qui vous donnait Thospi-
talité.
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— 102 —
chimiques étaient ou inconnues ou trop chères, 'on ra-
massait les tiges ou bûchettes de chanvre teille que Ton
attachait par paquets ; on souffrait ces paquets des deux
bouts, et en laissant toujours des braises sous la cendre
du foyer, on obtenait ainsi du feu à volonté. On appelait
ces allumettes primitives des chenevottes.
Lampes d'autrefois, -t- Ces lampes ayant la forme
d'une coquille s'appelaient crezoua, mot dérivé du latin
barbare critsellos, forme irrégulière du latin cricsta co-
quille. On les remplissait à moitié d'huile de noix, dans
laquelle nageait une mèche; elles étaient munies d'un
crochet qui servait à les suspendre à une tige tournante
fixée au plafond de la chambre. Ces lampes avaient à
peu prés la même forme que les lampes romaines.
Fin des travaux. — Après l'Ascension, les premiers
bêchages do la vigne sont généralement terminés. S'il
reste encore quelques vignes non labourées, l'ou-
vrage est alors très pénible et l'on compare la dureté
de la terre à de la viande de cavale. Les ouvriers qui
ont terminé, se tournant alors vers quelque vigne en-
core inculte, crient en chœur de toute la force de leurs
poumons et d'une voix traînante :
Su Ja cavalla à (un tel
Oh!.... hisse !
Les veillées. — Il y a 20 ou 30 ans, durant les lon-
gues soirées d'hiver, toute la famille se réunissait dans
la salle du poêle appelée te peille ; les moins fortunés
allaient passer la veillée et se chauffer chez leurs voi-
sins plus aisés, et pendant que les femmes filaient, les
hommes formant le cercle autour du foyer devisaient de
leurs travaux ou se racontaient les légendes, les histoi-
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— 193 —
res et les souvenirs du bon vieux temps. Aujourd'hui
ces habitudes disparaissent.
Esprit de charité et de mutualité. — Si une mai-
son brûle, le sinistré passe dans les villages avec un
charriot, et chacun lui donne : soit une gerbe de paille,
soit une gerbe de foin, soit une pièce de monnaie.
Si une bête vient à périr, chaque famille de la pa-
roisse se fait un devoir de prendre une certaine quan-
tité de viande, de sorte que le propriétaire de la bête
se trouve presque toujours indemnisé.
Autrefois si une femme était veuve et chargée de fa-
mille, ses travaux de campagne se trouvaient souvent
en retard ; les hommes du village s'entendaient alors
entre eux, et le dimanche avant la messe tout le monde
allait gratuitement travailler le champ de la veuve.
Coutumes religieuses. — 1^ Bénédiction des grains
pour le bétail, — Chaque année le jour de la S*-An-
toine, 17 janvier, toutes les familles portent à l'église
dans une serviette, du blé, de l'avoine et du sol; le curé
à l'issue de la messe bénit ces denrées qui sont desti-
nées à attirer la protection divine sur le bétail.
Bénédiction des champs. — L'eau bénite est consa-
crée le samedi de la Pentecôte ; chaque famille en re-
cueille dans une fiole, et pendant les jours qui suivent,
chacun va avec son eau bénite faire le signe de croix
sur ses champs.
BÉNÉDICTION DES GRANGES. — Chaquo anuéc au mois
d'août lorsque les récoltes sont rentrées, le curé du vil-
lage annonce en chaire qu'il ira tel jour procéder à la
bénédiction des récoltes. Le jour dit, accompagné de son
iSb
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— 194 -
clerc qtii porte un panier, le curé en surplis, pénétre dans
toutes les granges de la paroisse ; la maîtresse de la
maison, un cierge à la main, se tient sur le seuil et la
bénédiction une fois donnée, elle dépose dans le panier
du clerc un certain nombre d'œufs.
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— 195 —
DOCUMENT I
Estratto dal Rotolo in pergamena intilolato :
Nernier en Chablais Subside — 1451
« Compte-rendu par N. Claude veuve de feu Humhert de la
« Ravoree, Seig^ d*Yvoire cy-devant Chatellain^ et Rece-
« veur du Subside accordé par les hommes et habitans
(( de la Chàtellenie de Nernier. ))
Cûmputathic pro primo et secundo terminis dicti subsidij
ad racionem decem octo denariorum grossorum parvi pon-
deris pro quolibet foco videlicet pro duobus terminis festi
beati martinj yemalis annis domini millesimo quatercen-
tesimo quinquagesimo primo et millesimo quatercentesimo
quinquagesimo secundo, quorumquidem focorum nomina
et cognomina sunt hec. Et primo.
Petrus vouterij
Liberi guigonis balli
Johannes clerici
Petrus balli
Guigo barde
Girard us patry
Miserier. Hugonis ciquardi
Petrus joly iunior
Liberi franscisce dex alias curtet
Exertum, Petrus Quiblerij
Johannes Quiblerij
Nec sunt ibidem plures
Robertus de exerto alias estuier
Petrus de exerto alias poignant
Jaquemeta coda
Coletus bardo
Petrus benedicti
Ansermusdeexertoaliaspoigt
Petrus joly notarius
Petrus dex alias curtet
Mermetus choudet.
Guillemus Quiblerij
Petrus Quiblerij et Johannes Quiblerij
neque paucioires, focum
nerniaci nec erant tempore
facientes in dicta castellania
concessionis presentis subsidij preterquam supranominati
viginti duo foci.
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— 196 —
Qui valent computato quolibet foco focorum predictorum
d racionem decem octo denariorum grossorum pro dictis
uobus terminis ipsius subsidij ut supra XXXIII florenos
arvi ponderis.
Summa tocius recepte huius computi pro dictis duobus
îrminis XXXIII floreni parvi ponderis.
(Tiré des Archives de Turin).
DOCUMENT II
Inventaire Bernois, 1540
'ensuyt Vinoètaire des biés immeubles des cures et chap-
pellesdu balliaigede Chablaix faict par moy Ny collas
Vulliaud comissaire d'y celles,
Messerier
La cure de Messerier par la revellacion de Michel Cho-
t, de Michel Siccard et Janyn du Borgé pris le dix-hui-
ème d'octobre mil cinq cent et quarate.
Pour le Ministre, — Premièrement une maison et grange
3 trois épueds avec ung curtil entre deulx dernier atenant,
iviron demy fossorée avec aussi ung curtil dernier
église du dit lieu.
Les places a la dicte maison y attigue, jouxte le cymis-
ère devers le vent, la vigne de Jehan Quisard devers le
c, et la maison de la chappelle de sainct Biaise devers le
3nt. Ung service tendant de Messerier a Nernier devers
bize, laquelle grange cy dessus joincte avec la maison
»t astraincte de alberger les diesmes lesquelles sont et ap-
irtiennent à la dite parroche.
Comme dessus, — Item, Une pièce de pré et terre, size
1 lieu appelé en Melleriez contenant environ une pose et
îmy, jouxte ung service ou vionet (sentier) devers le
mt, la terre de Bernard du Borge devers la bize, la vigne
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— 197 —
de Michel Boyte? et de ses co-divisôurs devers la montai-
gne, le chemin publicq devers le lac.
Item, — Au dit lieu environ une pose de terre jouxte la
terre de Joha Ruffîez de vers la bize, la vigne de Johan de
Savoard et de ses co-diviseurs devers la montagne^ la terre
des héritiers de Pierre du Borge devers le vent, et le che-
min publicq tendent d'Hermèce (1) à Nernier devers le lac.
Item — Environ 2 poses sizes au lieu appelé en Roget,
jouxte la terre de Michel Verbo et de ses co-diviseurs de-
vers la montaigne, la terre ou pré des héritiers de Pierre
du Borge devers le lac, la terre de André du Borge devers
la bize et la terre des héritiers de Pierre du Borge devers
le vent. *•
Item, — Une aultre pièce de terre au dit terrijtoire» conte-
nant environ quatre poses jouxte la terre et pré de Michel
Chollet devers la bize et devers le lac, la terre de Jehan
Boriallet devers le vent et la terre des Borgez et Savuard
devers la montaigne.
Item. — Une pièce tant terre que vigne, contenant envi-
ron deux poses, assavoir une pose et demy de vigne et
demy pose de terre size au lieu appelé en Veytraux, jouxte
la terre de Loys du Nant devers la bize et affronte le fosselz
devers la montaigne, le chemin publicq devers le lac et la
terre de Bernard du Borge devers le vent.
Item. — Une pièce de pré contenant environ troys sey-
teurines de pré size au champ du fief de Savoye jouxte le
chemin publicq tendent de Messerier au port du lac devers
la bize, les communs du dit lieu devers la montaigne, et
affronte à la rive du lac devers le soleil couchant, et ung
service ou chemin publicq devers le vent.
Item, — Environ troys poses de boys, size au lieu appe-
lée en tate (tate de Conches), jouxte le pré et boys de E.
(1) Hermèce pour Hermance.
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— 198 —
Bernard Quisard devers la montagne, le bois des Boriallet
evers le lac, le boys des Foraz devers la bize et le bois des
itz Brolliet devers le vent.
Item. — La diesme appartenant à la dicte cure vallant
our année tant blé, vin que chenevo environ de trente à
uarate florins, unefoys plus et aultre moyns selon la
lison.
Item. — Le diesme appelé le diesme du Novellay vallant
3ur année de dix à quinze florins.
Et touchant les censés et revenuz disent n'en avoir point
e droitz, combien que Tadmodiataire du lieu az promis
allier le coctet et ne scay s'il monte peu ou prouz.
Item. — Au^dit Messerier, la chapelle de Notre Dame et
u Sainct-Esprit, disent les parrochiens appartenir à eulx
la relacion de hon Pierre Crebly (Quiblier) admodiatèur
cjs dictes chappelles qui dit n'en avoir point de droitz ne
très à y celle appartenants.
Item. — Une autre cliappelle de Sainct-Blaise de laquelle
\i recteur Pilletet ne se appert qu'il y ays point de ti-
es ny droitz.
De la prémisse répondent comme les prècédens.
(Manuscrit de V Académie ChablaisienneJ.
DOCUMENT III
Quiblier, médecin du roi Murât
Philibert-Félix Quiblier, naquit à Messery le 7 novem-
'e 1779 : élève du pensionnat libre de Meillerie, il entra à
jge de 19 ans en qualité de chirurgien, à l'hôpital militaire
i Carouge. Après diverses campagnes où il se fit remar-
ier par son héroïsme, il fut nommé le 20 août 1807 par dé-
•et impérial, chirurgien particulier de Murât, roideNaples.
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— 199 ^
Après la mort tragique de ce prince en 1815, M. le médecin
Quiblier se fixa à Naples où son talent lui procura bientôt
une position enviée. Il mourut vers 1835, victime, selon les
uns, de la jalousie des médecins napolitains.
Voici d'ailleurs ses états de services qui nous ont été
gracieusement communiqués par la famille.
GARDEjoïALE ^^^ ^^^^^^^^ ^^ CHASSEURS VÉLITES
In Tan ter ie
Etat des services, campagnes, actions et blessures de
Monsieur Philibert-Félix Quiblier, chirurgien-major du
dit régiment, né à Messenj, département du Léman, le
7 novembre i779.
Services
Entré au service en qualité de chirurgien de
3*^ classe, surnuméraire k l'hôpital de Carouge, par
commission du ministre de la guerre le 1"^ vendé-
miaire an VI
Passé à l'armée de réserve, qui devint armée d'Ita-
lie, le 22 floréal an viii
Après la bataille de Marengo, il fut employé dans
les hôpitaux d'Alexandrie, à l'hôpital de Suxe le
18 thermidor an ix
A celui de Turin le 10 germinal an x
A celui de Mont-Calieri le 6 vendémiaire an xii
Promu au grade de chirurgien aide-major pour le
29" régiment d'infanterie de ligne, le 19 fructidor an xii
Passé au service de Sa Majesté le Roi de Naples,
par décret de S. M. l'Empereur et Roi du 20 août. . . . 1807
Passé chirurgien aide-major au régiment des Vol-
tigeurs de la Garde le 21 décembre 1807
Promu au grade de chirurgien major du régiment
des Vélites à pied de la Garde le 12 décembre 1808
Devenu 1^^ régiment des Chasseurs Vélites de la
Garde.
Décoré de la médaille d'honneur le 7 janvier. . . 1815
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— 200 —
Campagnes, Actions et Blessures
A fait la campagne de l'armée de réserve et d'Italie, com-
mandée par le premier Consul en Tan VIII.
Le 2 frimaire an IX, il eut la main droite gelée en ac-
compagnant sur le Mont-Cenis une évacuation de malades.
A fait la campagne de l'an XIII dans le Royaume de Na-
ples sous les ordres du général Gouvion St-Cyr, avec le
29™«^ de ligne.
Celle de l'an XIV à l'armée d'Italie commandée par le
général Masséna. Blessé au flanc droit le 26 vendémiaire
an XIV au passage de l'Adige devant Vérone, en donnant
des soins aux blessés sur le champ de bataille; l'Etoile de
la Légion d'honneur fut demandée en sa faveur.
A fait les campagnes de 1806 et 1807 en Calabre, sous les
ordres du général Régnier et de son Excellence le maréchal
Masséna.
Celle de 1808 à la dite armée avec la Garde Royale, sous
les ordres du général Saligny.
Celle de 1809 en Fouille.
Celle de 1810 en Calabre avec la Garde, commandée par
S. M.leRoi.
Celles de 1814 et 1815 sous le même commandement.
Nommé Chevalier de l'Ordre Royal des Deux Siciles.
Certifié véritable par nous, membres du Conseil d'admi-
nistration du dit régiment, le présent état des services,
campagnes, actions et blessures de M. le chirurgien major
Quiblier.
(Suivent les signatures et le cachet).
AHMÈE 29« RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LIGNE
de Naples
Citation à l'Ordre
Nous membres composant le Conseil d'administration du
dit régiment, certifions que M. Philibert-Félix Quiblier,
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— 201 —
chirurgien aide-major au dit régiment, a été blessé par
l'ennemi au flanc droit, d'une balle de fusil le 26 vendé-
miaire an 14, au passage de l'Adige devant Vérone, en
donnant des soins aux blessés sur le champ de bataille.
Nous certifions en outre que le zèle et le dévouement de
cet officier de santé dans les journées des 7, 8 et 9 bru-
maire an 14, devant Caldiéro, excita l'admiration et la
reconnaissance de toute l'armée. M. le Maréchal Masséna,
témoin de tant de dévouement, voulut récompenser une
si belle conduite et demanda pour lui l'Etoile de la Légion
d'honneur.
En témoignage de la vérité, fait à Montéléone, le 26 mai
1807.
(Suivent les signatures et le cachet).
(Extrait des archives de Madame Quiblier-Lombard, à Passei-
rierprès La Roche).
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1
202 —
TABLE DES MATIÈRES
PAGES
Introduction m
Chapitre !«''.
Situation de Messery et de Nernier. — Limite de
leur territoire. — Nature du sol. — Aperçu géolo-
gique. — Epoque glaciaire. — Formation du Lé-
man. — Ses différents niveaux 5
Chapitre IL
Temps préhistoriques. — Stations lacustres de Tàge
de la pierre et du bronze. — Traditions locales. —
Anciens cimetières. — Tombeaux, objets trouvés.
— Religion, autels, derniers souvenirs. — Mots
celtiques conservés dans notre patois 8
Chapitre IIL
Conquôte du pays par les Romains. — Les colonies
militaires. — La colonie de Narni. — Ses routes et
habitations éparses ou villas. — Des fundi ou do-
maines de vétérans. — Etymologies diverses. —
Inscription de Messery. — Coup d'œil général sur
les établissements romains de la région 21
Chapitre IV.
Etablissement du christianisme. — Le paganisme, sa
résistance, ses derniers vestiges. — Invasion des
Barbares. — Les Burgundes 44
Chapitre V.
Le moyen-âge. — Les châteaux. — Les Seigneurs.
— Beauregard, Ravorée, Yvoire, Nernier, Frize,
Bardenuche, le Borgel d'Essert, le Borgel de Mes-
sery 52
Chapitre VI.
lia Paroisse ou la vie religieuse. — L'église de
Nernier. — L'église de Messery. — Leur origine.
— Visites pastorales. — Invasion Bernoise. —
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— 203 —
L'abbaye de Filly. — Inventaire Bernois. — Les
Ministres du Saint-Evangile. — Conversion du
Chablais. — Noms des convertis. — Les curés de
Messery depuis 160L — Les dîmes. — Rentes de
Filly. — Les fondations. — La Révolution. — Prê-
tres et religieux de Messery et Nernier 90
Chapitre VIL
La Commune ou la vie civile. — Premiers recense-
ments.— Mouvements de la population. — Les fa-
milles. — Les cadastres. — Tailles et impôts. —
Affranchissements. — La justice sous l'ancien
régime. — Les Châtelains 142
Chapitre VIII.
Syndics et Maires. — Conseil de commune. — Con-
seil municipal. — La révolution. — Les biens na-
tionaux. — Les nouveaux impôts. — Les réquisi-
tions.— La conscription. — Passage des Autri-
chiens. — Séjour de Lamartine à Nernier. — La
restauration. — Annexion à la France 159
Chapitre IX,
Œuvres diverses. — Ecoles. — Bureau de bienfai-
sance. — Société de Secours mutuels. — Société de
Sapeurs-pompiers. — Industries diverses. — So-
ciétés de fromagerie ou fruitière. — Agriculture. . . 177
Chapitre X.
Anciennes expressions. — Anciens usages 186
DOCUMENTS
PAGES
I. Extrait du rôle intitulé Nernier en Chablais^
subside, 1451 195
II. Inventaire Bernois, 1540 196
III. Biographie et états de services de Philibert-Félix
Quiblier^ médecin du roi Murât, 1779 1835. . . . 198
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MÉMOIRE II
LA GARDE NATIONALE
A ÉVIAN
ET CHOSES DE GUERRE
(Du l" Août au 23 Octobre 1793)
(Archives Municipales)
*
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-. 207 —
LA GARDE NATIONALE A EVIAN
ET CHOSES DE GUERRE
Du 1^^ Août au 28 Octobre 1793. — Archives Municipales (i)
Le cadre trop restreint de cette minuscule étude ne
comporte pas des développements historiques de quel-
qu'importanco. Les lignes suivantes serviront à résumer
les faits les plus saillants de cette époque, particulière-
ment troublée, de la grande épopée révolutionnaire (2).
Au mois de juillet 1793, la France, en proie aux
factions intestines, présentait un bien triste spectacle :
ennemis au dedans et au dehors, défections nombreuses
et cruelles représailles, d'une part ; de l'autre : l'Europe
armée contre nous et l'invasion, se ruant déchaînée, sur
le sol de notre malheureuse patrie.
Depuis la bataille de Neerwinden et la défection de
Dumouriez, une suite constante de revers nous avaient
fait perdre nos conquêtes et nos frontières du Nord,
menacées par 80.000 hommes. Du Rhin aux Alpes et
aux Pyrénées, une succession ininterrompue de révoltes,
menaçaient les derrières de nos armées et coupaient
(1) Registres des délibérations : Conseil général et Municipalité.
(2) Auteurs consultés: Thiers, Hist, de la Révol. Franc., Géné-
ral A. Hugo: France militaire. — Grilliet. Diction, hist, —
Claude Genoux : Hist. de la Savoie.
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• — 208 —
leurs communications et là encore, se groupaient, nom-
breuses et en armes, les populations ennemies de Tétat
de choses alors existant.
Le long des Alpes, les Piémontais en armes, essayaient
de reprendre la Savoie et Nice ; leurs troupes .dissémi-
nées en nombreux groupements, depuis le petit Saint-
Bernard jusqu'au Col de Tende, présentaient, comme
partout, le système de postes avancés, gardant les
vallées ; elles opéraient sans relâche des mouvements
offensifs, qui nécessitèrent même le retour du général
en chef Kellermann.
Tel était, sans être poussée au noir, la situation exté-
rieure inquiétante de notre pays, à Tinstant où la Garde
Nationale d'Evian fut appelée à jouer son rôle, com-
parse bien effacé, dans le grand acte de la défense
nationale du sol envahi de la patrie.
Sur un avis reçu que les ennemis se préparaient à
violer les frontières, le Conseil de la ville d'Evian se
réunissait à l'Hôtel de Ville, à 2 heures après minuit,
le 13 août 1713. Là, après avoir mûrement délibéré, la
municipalité, ouï le procureur de la commune, déclarait
que, malheureusement, les frontières étaient insuffi-
samment garanties par le peu de troupes opposées aux
envahisseurs, mais que dans ces tristes conjonctures,
son devoir était de concourir « de toutes ses forces » à
défendre Tintégrité du sol de la patrie et qu'il lui dictait
de prendre les résolutions suivantes :
« De requérir les citoyens capitaines de la Garde
Nationale de la commune, de tenir toujours prêtes à
ses ordres leurs compagnies respectives ;
« Arrête, en outre, que les citoyens ayant des armes,
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- m -
de quelque nature qu'elles soient, seront tenus de les
déposer de suite, après la publication du présent à la
maison commune ;
« Plus arrête, vu la facilité avec laquelle on peut s'em-
parer des bateaux et que Ton ne peut avoir trop de vigi-
lance sur un objet aussi important, il sera fait défense à
tous bateliers, pêcheurs et individus quelconques, de
s'éloigner des bords sans autorisation du Conseil géné-
ral et sous la responsabité des préposés aux douanes et
des propriétaires de bateaux et pour faciliter l'exécution
de cet arrêté, il ordonne que tous les bateaux de la
commune seront réunis à porte d'Allinges et que les
municipalités de Neuvesselle et de Maxilly seront invi-
tées à les réunir à la Tourronde. »
Le 14 août suivant, le citoyen Joseph Davet présente
le citoyen Bérard Bleis, qui doit le remplacer comme
soldat réquisitionné. La municipalité ne s'oppose pas à
ce remplacement et fait aussitôt porter sur l'état des
citoyens en réquisition, Bérard Biais à la place de Davet
Joseph.
Le directoire du district de Thonon avait requis, le
13 août, un grand nombre de citoyens d'Evian, de se
transporter sur la frontière à St-Gingolph, afin d'y sur-
veiller les mouvements de l'ennemi et la défendre contre
toute agression. Les citoyens désignés pour cette expé-
dition avaient fait parvenir une pétition à là munici-
palité, lui demandant un tambour et lui indiquant un
des fils Solderet, comme capable de remplir cet emploi ;
le fils de Solderet est accepté comme tambour du dé-
tachement à destination de St-Gingolph.
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Ce même jour, une autre pétition, dont voici le te^tte,
est encore présentée :
« Sur la pétition des citoyens officiers et sous-officiers
des compagnies de la Garde Nationale de cette ville,
qui ont été élus pour former le détachement qui doit
aller à St-Gingolph ensuite de l'arrêté du Directoire
du District en date du jour d'hier, tendant à garder
dans cette marche les places qu'ils occupent dans leur
compagnie, ne connoissant aucune loi qui nous autorise
à les leurs conserver, ou à les faire rentrer dans la
classe do simple garde nationale, quoiqu'il nous paroisse
très raisonable que ce nombre déterminé, sorti do diffé-
rentes compagnies ne doivent pas reconnoitre quelques-
uns des officiers élus et qui ne sont pas de leur compa-
gnie, au reste il s'y rencontre 2 capitaines, 2 lieutenants.
« La municipalité observe, qu'à forme do l'article 4
de l'arrêté du5 du courant, elle nepourroit pas en remplir
l'exécution, si elle ne pouvoit pas choisir dans la classe
des officiers qui sont des plus avisés et non employés à
l'agriculture, arrête en conséquence, ouï le procureur de
la commune, de prendre l'avis du Directoire du District,
en lui faisant tenir la susdite pétition et les procès-ver-
baux des différentes nominalioxis, dont les listes des
éligibles nous ont été fournies par les capitaines res-
pectifs des compagnies, à l'exception de celle des gre-
nadiers qui a procédé à son élection, ainsy que vous le
verrez... »
A cela les pétitionnaires ont répondu : « Le projet
d'arrêté ci-dessus donne une couleur différente à la pé-
tition précédente et change également leurs sentiments. »
Ils déclarent être prêts à verser la dernière goutte de
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— 211 —
leur sang pour la défense de la patrie. Ils ajoutent qu*ll
est facile de se rendre compte par Texamen des motifs
et par celui des conclusions de leur pétition : « qu'ils ne
veulent qu'une exacte observation de la loi et qu'ils
baissent les coups d'autorité arbitraire, ainsi qu'il paroit
y en avoir un, en ce que la municipalité seule a choisi
une multitude d'officiers contre la teneur de l'artide
sus énoncé, qui laisse même le restant des compagnies
désorganisées, et ce pour les faire rentrer contre la
teneur du dit article dans la classe des soldats. » Mais
les pétitionnaires déclarent, que, malgré les griefs ex-
posés ci-dessus, ils sont prêts à marcber comme simple
volontaire et suivant l'avis du Directoire, sans qu'on
apporte d'entrave à l'exercice de leurs droits, n'enten-
dant pas se départir des faveurs qui leur sont concédées
par la loi.
Prenant en considération les observations qui précè-
dent, la municipalité arrête d'envoyer aussi au Directoire
du District une copie des observations qui précèdent.
Un arrêté du Directoire du District, en date du 14
août, donnait au citoyen Billiod la mission de se con-
certer avec la municipalité d'Evian et le Commandant
du bataillon des Basses-Alpes en résidence dans le can-
ton, afin de déterminer quels étaient les postes les plus
importants à occuper sur les frontières menacées. En
même temps, l'on devrait encore étudier la question de
savoir par qui ces postes importants seraient défendus ?
Parle 4« bataillon des Basses -Alpes seul, ou bien devrait-
il être renforcé par la garde nationale locale ?
Un membre de la municipalité fait alors observer :
« que le défaut de tactique des gardes nationales ne
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permcttaot pas do les placer en première ligne, îl serait
beaucoup plus prudent de faire avancer la totalité du
bataillon sur les différents postes frontières et que la
garde nationale de cette ville serait réservée pour rester
en seconde ligne. »
La discussion ou verte à ce sujet fit décider : que Tétat-
major, avec la compagnie Grenudiôre, se transporterait
à Vacheresse, comme le lieu le plus aucenti'edes diffé-
rents postes du bataillon et que l'autre compagnie ren-
forcerait les postes de Meillorie et de S^-Gingolph ; ces
deux compagnies partiront d'Evian à 5 heures précises.
Un autre membre fait encore une motion, par laquelle
il demande que le citoyen Méfred délivre à la munici-
palité les armes qu'il peut avoir en réserve. Le chef de
bataillon des Hautes-Alpes Méfred répond : qu'il no
possède que l'armement régulier nécessaire à ses trou-
pes, mais que l'on pourrait cependant utiliser un certain
nombre d'armes, en y faisant les réparations nécessaires ;
il offre ce matériel inutilisé à la municipalité, qui arrête
de tàive prendre immédiatement ces armes et décide en
mémo temps que tout citoyen capable de contribuer aux
réparations voulues, sera requis de suite.
Le fait suivant appelle ensuite l'attention de la muni-
cipalité :« Le citoyen Gaussin, chasseur volontaire de
la Rochelle, actuellement en cette ville chez Gabriel
Cachât, est venu se consigner et se mettre en état de
réquisition pour le service de la ville, attendu que son
état maladif, pour lequel il est ici, ne lui permet pas de
faire la campagne. »
La municipalité arrête : qu'il sera fait mention hono-
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— 213 —
rable de son civisme, avec inscription au procés-verbàl
des séances.
La municipalité étudie ensuite une question, qui lui a
été soumise par le District du département, concernant
les mesures de sûreté à prendre dans le but de pourvoir
à la défense de la rive française, quoique rien ne soit de
nature à faire prévoir des actes d'hostilité de la part de
la Suisse.
D'autres mesures s'imposant encore pour le service de
la patrie menacée, elle prend les précautions suivantes :
« la municipalité décide que chaque propriétaire de
barque, brigantin et autres petits bateaux, seront tenus
sous leur responsabilité pour les conséquences et sous la
peine de confiscation desdits batteaux, de les tenir en-
cadenattés et aûn de ne p'às priver nos communes des
ressources qui concourent à les faire subsister, elle ar-
rête que deux petits batteaux chaque jour, devront
servir à cette fin, conduicts seulement par trois batte-
liers ; qu'ils ne pourront partir sans aucune permission
de la municipalité qui désignera les objets du transport,
le nom des personnages qui devront se rendre dans le
même jour au lieu de leur départ et seront tenus de
consigner leur retour. »
Un membre observe que ce n'est pas sans un grand
préjudice que les pêcheurs pourraient se conformer à cet
arrêté. En effet pour exercer leur profession, ils sont
sou vent obligés d'aller jusqu'à moitié lac, devant ensuite
continuer leur route jusqu'en Suisse pour y vendre le
produit de leur pêche, ce qui rend leur retour pres-
qu'impossible pour l'époque assignée ; que du reste le
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— 214 —
Directoire a fait choix du citoyen Cachât pour dooner
les ordres nécessaires, relatifs à la navigation.
La municipalité prenant en considération les observa-
tions qui précèdent et avant de prendre une décision dé-
finitive, est d'avis d'entendre à cet égard les observations
du citoyen Cachât.
Nous croyons devoir reproduire en entier la séance du
17 août 1793, dans laquelle la municipalité Eviannaise
prend plusieurs déterminations, relativement impor-
tantes, donnant l'expression exacte, des questions posées
et à résoudre dans l'intérêt de la défense nationale:
« sur l'observation d'un membre, que par arrêté du Di-
rectoire du District du 13 du courant, la municipalité fut
invitée à faire partir 50 hommes armés de la Garde Na-
tionale, pour le poste de S*-Gingolph ; qu'en exécution
de cet arrêté, il se forma de suite une compagnie de 60
hommes, sortis des différentes compagnies aux fins de
remplir ce but, mais que par un autre arrêté du Direc-
toire du District du lendemain 14, le citoyen Billiod,
l'un de ses membres, fut député par cette municipalité
pour, de concert avec elle et le chef du 4°»« bataillon ca-
zerné pour lors dans cette ville, iroient renforcer les
postes de S*-Gingolph et Chàtel de préférence aux gardes
nationales de cette commune ; qu'il fut ensuite arrêté
qu'une compîj^nie dudit bataillon, renforceroit le poste
de S*^-Gingolph et que Tétat-major avec la compagnie
seroient destinés pour Vacheresse et que le poste de
cette commune seroit confié à la garde nationale, par
les motifs exposés dans l'intérêt de cette municipalité
du 15 courant.
« La municipalité considérant que cette compagnie
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— 215 —
organisée pour marcher à la frontière est entièrement
restreinte au service de la commune, que de sa forma-
tion, il est résulté une désorganisation totale dans les
autres compagnies dont quelques-unes se trouvent pres-
que sans chef, parce que Ton en a sorti un grand nombre
d'officiers au nombre de 7 et sous-officiers, considérant
que la réquisition de cette compagnie paroit être levée
par le départ des compagnies du 4* bataillon, qui se
sont rendues au poste destiné à cette compagnie, choisie
des citoyens pour son complément des 15 hommes de-
mandés par l'arrêté du département du 5 courant, ce
qu'elle ne pourroit effectuer dans le cas ou elle resteroit
en réquisition ; arrête en conséquence, ouï le procureur
de la commune, de requérir au Directoire du District la
dissolution de cette compagnie composée en grande
partie de gens mariés, en les faisant rentrer dans leurs
respectives compagnies pour continuer le service de la
commune et faciliter la levéedes 15 hommes demandés. »
Sur la pétition ci-jointe, la municipalité demande
au Directoire du District, si les officiers des différentes
compagnies ne peuvent pas être élus conformément à
l'art. 4 de l'arrêté du département du 5 courant, les
pétitionnaires invoquant l'article 23 de l'organisation
des gardes nationales. La municipalité arrête que copie
du présent sera communiquée de suite au Directoire du
District et charge son bureau de solliciter une prompte
réponse.
€ L'an et jour susdit, la municipalité en conséquence
de l'arrêté du Directoire du District qui adhère à celui
de la municipalité, tous les deux de ce jour, considérant
que les mêmes motifs qui y sont exposés, méritent les
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— 216 —
mêmes observations, arrête, ouï le procureur de la com-
mune, que les citoyens mis en réquisition le 13 du cou-
rant et organisés en compagnie le lendemain 14, sont
hors de réquisition spéciale et déclare la dite compagnie
dissoute, et que pour ce qui concerne le service de la
commune, tous les Gardes Nationaux continuant à être
requis à cet effet, chacun dans leur compagnie respec-
tive, fourniront à la garde fixée provisoirement au
nombre de 15 hommes, la garde existante continuerat
son service jusques à demain à midi, qu'elle sera relevée
à la même heure par la compagnie dont conviendront
les capitaines ou lieutenants respectifs, qui en seront
prévenus demain avant 8 heures du matin.
€ Du dit jour la municipalité, ensuite de l'arrêté du dé-
partement du 5 courant, portant que le département du
Mont-Blanc requis par le général Kellermann, pour le
contingent de 860 hommes, à être fourni par chaque Dis-
trict, à raison de leur population, celui de Thonon fixé
à 82 et le contingent de cette commune (Evian) ayant
été fixé à 15 par le Directoire du District, ainsi qu'il nous
en constepar une lettre du 14 courant, après une longue
et réfléchie discussion, désirant se conformer en tant que
possible à l'article 4 dudit arrêté, a élu les citoyens :
Pierre Morand, Joseph Deblonay, Joseph Bugniet ca-
det, François Delajoux, Joseph Chatillon, Joseph Vul-
liez, Joseph Dupas, Jean Echernier, François Georges,
François Cachât, André le cadet fils de Pierre Bonnevie,
Joseph Braconnay, Jean Pellicier, François Granjux,
Jean Jacquier et attendu que la municipalité, n'a pu
faire plus tôt l'éllection, vu que la plus grande part des
éligibles étoient en réquisition permanente pour mar- •
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— 217 —
cher au premier ordre et qu'elle a été dans le cas d'at-
tendre jusqu'à ce jour, la décision du Directoire sur cet
objet, elle a arrêté de faire signifier le présent aux
susd*» élus, pour se rendre à Chambéry le 24 au plus
tard et de se présenter au Directoire le lundi prochain 19. »
Dans la séance du 18 août, les citoyens Blonay et
Morand exposent: que leur situation est loin d'être
aisée ; que non seulement ils sont grevés de lourdes
charges et qu'ainsi ils ne peuvent être rangés dans la
classe des citoyens contemplés par l'article 4 de l'arrêté
du département ; ils appartiennent en outre à la classe
des cultivateurs.
La municipalité arrête, qu'avant de statuer sur le
fond de la question, elle transmettra au Directoire du
District, pour lui demander son avis, la pétition présen-
tée par| les citoyens Blonay et Morand.
Il est établi dans la séance du 19 août 1793, que
François George, élu par arrêté du 19 juin, n'a pas l'âge
requis par la loi ; il devra donc être rayé des rôles et
exempt de service.
La municipalité procède immédiatement à son rem-
placement en la personne de Thomas Guillot.
Elle députe ensuite le citoyen François Pélicier (Pe-
lissier), afin de présenter les élus au Directoire du Dis-
trict.
La municipalité, vu l'arrêté pris par le Directoire du Dis-
trict et les observations qu'il présente au sujet des péti-
tions des citoyens Blonay, Morand, Echernier etGranjux,
décide de maintenir ses arrêtés des 17 et 19 du courant
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— 218 —
et requiert de nouveau « les susdits citoyens de se ren-
dre sans faute pour le 24 du courant à Chambéry . »
A l'ouverture de la séance du 20 août 1793, le citoyen
commandant le 4°*® bataillon des Basses-Alpes, fait ob-
server que la compagnie des grenadiers qui est à Va-
cheresse, sous les ordres du lieutenant Meyer (ou
Mejer) et la 8°»e compagnie envoyée à Meillerie, en ren-
forcer le poste, ne paraissent pas y être d'une absolue
nécessité, et le commandement de ces troupes est rendu
très difficile pour lui, à cause de leur éloignement et de
la difficulté de correspondre avec elles. « La municipa-
lité considérant que ces observations paroissent fondées
en égard aux avis reçus, qu'il ne paroit pas que les pié-
montais veuUent pénétrer par ces montagnes, qu'au
contraire d'après le bulletin du 15 du président de la
République du Vallais, les Suisses arment ; considérant
en outre que par ce dernier motif, il est important de
garnir les bords du lac et qu'il paroit très nécessaire
qu'elles occupent cette ville, d'où elles pourroient aisé-
ment se porter au besoin, arrête, ouï le procureur de
la commune, que les dites observations seront commu-
niquées aux administrateurs du District. »
La municipalité accepte ensuite le remplacement du
citoyen Joseph Blonay, par le citoyen Estiot de S*-
Jean-de-Maurienne, à la charge, par les intéressés, de se
conformera l'arrêté du 17 courant.
Le commandant du 4°»® bataillon des Basses-Alpes,
venu de Vacheresse à Evian, s'empresse de prévenir la
municipalité, qu'il vient de recevoir deux fourgons de
ballots, contenant diverses marchandises destinées à
rhabillement des troupes composant son bataillon. Il
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— 219 —
fait connaître qu'il a déjà reçu ces mêmes fournitures et
qu'ainsi elles font double emploi; que n'ayant pas la
possibilité de réunir le Conseil d'administration du ba-
taillon dispersé dans les différents postes assignés, il
doit dans ces conjectures, prendre l'avis de la munici-
palité. Il est en outre de son devoir de lui faire obser-
ver, que les fournitures qu'il vient de recevoir, ne peu-
vent être conservées pour le bataillon déjà antérieurement
pourvu ; qu'il serait peut-être imprudent de laisser des
fournitures militaires aussi considérables à Evian, les
moyens de transport manquant pour les conduire ail-
leurs, « si malheureusement les circonstances nécessi-
taient leur départ. t>
4c Sur quoi, la municipalité arrête, ouï le procureur
de la commune, d'accorder acte audit citoyen comman-
dant de ses observations ci-dessus et de l'autoriser au
besoin de faire repartir lesd. fourgons, qui n'ont point
été déchargés, en faisant faire un chargé aux dits voitu-
riers et de renvoyer le tout à Grenoble au dépôt de
l'habillement des troupes et de prendre avec les dits
voituriers tous les arrangements possibles, tant pour
leur retour, que pour le payement. >
Le même jour, en conformité de l'art. 16 de la loi du
24 février dernier, la municipalité accepte le remplace-
ment de Joseph Blonay.
La municipalité a reçu hier (22 août) une lettre du
Directoire du District, donnant l'ordre de faire conduire
à Versoix, ou dans quelqu'autre lieu sûr, les équipages
du 4* bataillon des Basses-Alpes. Afin de se conformer à
cet ordre, la municipalité a convenu avec le citoyen
Gallaz, en lassistance du citoyen Bron,- commissaire,
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— 220 —
que le transport dont s'agit, à Versoix, s'effectuerait
par bateau, au prix débattu et arrêté de 275 fr. en
assignat.
Un extrait de la convention qui précède, sera inimé-
diatement envoyée au Directoire, qui fera passer les
275 fr. à qui de droit. On luy fait observer la difficulté
éprouvée de trouver des voitures pour cette destination,
ce qui aurait bien augmenté le coût de ce transport.
Le citoyen Joseph Cachât de cette commune, arrêté
comme déserteur piémontais, à Meillerie, au moment
où il débarquait et conduit devant la municipalité
d*Evian, déclare vouloir servir sa nouvelle patrie et de-
mande un répit de quelques jours pour régler ses affai-
res de famille. Une décision intervient aussitôt, conçue
en ces termes : « considérant que comme inscrit sur les
registres en qualité de volontaire, il est tenu de fait à
servir la République et que comme déserteur, il est tenu
à la même obligation, vu que la municipalité est ins-
truite qu'il a réellement quelques affaires à régler, ar-
rête qu'il lui sera accordé 10 jours pour s'en occuper, et
ayant comparu de suite, le citoyen Pierre-AmédéeCayen
se rend caution dudit Cachât et se charge de le repré-
senter à première réquisition ; à quoi la municipalité
adhérant, consent à relâcher le susd* citoyen Cachât,
qui a signé le présent avec le citoyen Cayen. >
Le Directoire du District, a rendu les 30 et 31 août
dernier, des arrêtés, invitant la municipalité d'Evian à
fournir un certain nombre de gardes nationaux de bonne
volonté ; ils doivent concourir avec les grenadiers du
district de Gex et les gardes nationaux de Thonon, au
maintien du bon ordre et assurer la tranquillité publi-
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C[tie ce !«' septembre et le jour de la foire. La municipa-
lité, 80 prêtant avec empressement à cette mesure, ar-
rête d'envoyer 30 hommes. Ayant ensuite fait assembler
les compagnies, 34 hommes de bonne volonté se sont
fait inscrire, ainsi que le capitaine des grenadiers
Morand.
En conséquence la municipalité arrête que la liste des
34 gardes nationaux sera remise au capitaine Morand,
qui devra les présenter au Directoire du District et in-
viter ce dernier à faire fournir aux volontaires, la nour
riture nécessaire, pendant les deux jours que durera la
foire de Thonon.
Sur la pétition du citoyen Rey, tendant à ce que la
municipalité, en conformité de son arrêté du 5 août
dernier, eut à remettre les meubles des casernes pour le
prix convenu et suivant Tétat qui en a été dressé, il ré-
sulte que ce mobilier consiste en 10 couvertures, 267
banquettes et 50 lits en traitieaux^ que le citoyen Rey
a fait emmagasiner.
4c La municipalité arrête que tous les dits meubles sont
à la disposition du citoyen Rey, qu'il est le maître de
les retirer ou bon lui semble et que sa signature cy-
après, luy servira de reçu à la ditte municipalité ; dé-
clarant en outre ledit citoyen Rey avoir reçu lesmeubles
des casernes qui a voient servi ci-devant aux piémontais;
et après compte fait avec ledit citoyen Rey pour le prix
des dittes fournitures, elles se sont trouvé former la
somme totale de 1527 liv. 10 s., monnoie de la Répu-
blique. »
Signé: Rey.
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Goosle
- Û22-
Par un arrêté du 10 septembre, le Directoire do Dis-
trict ordonnait le rétablissement de la compagnie dis-
soute par son arrêté du 17 août dernier. Un membre de
la municipalité fait observer que les mêmes motifs qui
Ta voient poussé à solliciter cette mesure existent encore :
4c que dès lors les manœuvres criminelles qu'ont mani-
festé les habitans des montagnes qui nous avoisiment
et les faux bruits répandus par la malveillance sur l'état
de nos forces comparées à celles de nos ennemis, pa-
roissent avoir rallenti la confiance générale ; en consé-
quence le maintien de Tordre et Texécution des lois
exigent que la municipalité conserve à sa disposition un
certain nombredo citoyens patriotes, que cette compagnie
renferme en grand nombre, qu'il seroitdonc nécessaire de
faire ces observations au Directoire, en représentant
aussi qu'elle ne peut pas en fournir un plus grand nom-
bre, surtout pour être dans le cas de faire un service
habituel hors de la commune.
« Sur quoi la municipalité arrête, ouï le procureur de
la commune et prévenant le Directoire, qu'elle ne ces-
sera jamais de concourir de tous ses efforts à la deflfense
de l'unité et de l'indivisibilité de la République, et
qu'extrait du présent sera de suite envoyé par un exprès. »
Le 13 novembre 1793, la municipalité, en exécution
des arrêtés du Directoire du District, sous date des 1 1
et 12 du présent mois, arrête de requérir les citoyens
de cette commune, composant la compagnie organisée
le 15 août dernier, et de leur donner l'ordre de se trou-
ver demain, à 8 heures, sur la place de porte d'Allin-
ges, pour y recevoir les ordres qui leur seront communi-
qués.
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— 223 —
Le 14 septembre 1793, la municipalité arrête : que Id
citoyen Blonay, capitaine de la compagnie, mise en
réquisition, devra ouvrir un registre, sur lequel les ci-
toyens de bonne volonté devront s'inscrire et qu'il de-
vra transmettre leurs noms, ati fure et mesure de leur
inscription.
Dans la séance du 15 septembre 1793, le citoyen Bron,
commissaire, député spécialement par l'Administration
de ce District expose : qu'il est autorisé à prendre les
mesures qu'exigent les circonstances, principalement en
ce qui concerne « les menaces d'incursion de la part des
habitans des montagnes qui paroissent diriger leurs pas
sur la ville de Thonon. » Le Conseil général sur les ré-
quisitions du citoyen Député, arrête : « que les citoyens
composant la compagnie du citoyen Blonay, mise en ac-
tivité par arrêtés du Dirc*ctoire des 10 et 12 courant,
seront invités à se rendre de suite à Thonon et que le
susd* citoyen Blonay sera requis de réunir tous ceux de
la ditte compagnie qui pourront avoir des armes. >
Sur le même sujet, un membre observe : qu'il serait
plus à propos que la municipalité invitât tous les citoyens
de cette commune de se tenir en armes et prêts à mar-
cher au premier signal ; d'inviter aussi les municipalités
et les communes des campagnes, voisines de nos monta-
gnes insurgées, d'observer la plus exacte vigilance et
d'avoir des personnes aux aguets, on correspondance
avec la commune d'Evian et instruisant cette dernière
des mouvements des ennemis. En cas d'attaque, ces
municipalités et ces communes joindraient leurs forces,
afin de les repousser.
« Le Conseil arrête, oui le procureur de la Commune
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qu*en rapportant son arrêté ci-devant, elle adhère aux
représentations ci-dessus, et qu'elle agira en conformité
d'icelles. »
Conseil Général du 6 Octobre 1793
< Dud. jour et an, la municipalité sur la proposition
faitte par les officiers et soldats de la compagnie Grena-
dière destinée pour les postes de la Tourronde, Meilleré
et S*^-Gingolph pour qu'il leur fut délivré Tétappe ainsi
qu'elle est portée dans leur ordre de route, dans lequel
il est expliqué clairement, qu'ils la recevront dans cette
commune et que l'étappier de Thonon a reçu injonction
de la faire transporter ici, qu'il est 7 heures du soir et
que l'étappier n'a point paru encore et qu'il est instant
qu'ils reçoivent leur subsistance ou au moins leur valeur ;
la municipalité, considérant qu'il n'y a aucun étappier
établi en cette commune, prenant en considération les
motifs sus exposés, Arrête, ouï le procureur de la com-
mune et du consentement des pétitionnaires, qu'il sera
payé pour chaque ration d'étappe50 s., vu que les den-
rées sont chères et qp'on ne pourroit pas fournir celle de
l'etappe à un prix au dessous, qu'en conséquence elle
charge son bureau d'en faire le déboursé et que la muni-
cipalité se pourvoira de suite contre l'étappier de Thonon
pour en obtenir le remboursement et quant aux rations
de fourrage, la municipalité les a évalué à 5 fr. l'une,
attendu la cherté des foins et la rareté de l'avoine. >
Le 7 octobre, le municipalité assemblée, s'étant rendu
compte que la paille qui garnit les paillasses de la ca-
serne destinée au logement dos compagnies des gardes
nationaux de Chambéry, est brisée et inutilisable ; que
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— 225 —
déjà, pîir ce même motif œs gardes nationaux ont dû
être logés chez les particuliers. La municipalité, ne
pouvant elle-même fournir la paille nécessaire pour ce
casernement, arrête, que son bureau fera part immé-
diatement à Tadministration de cette difficulté et devra
solliciter l'autorisation nécessaire pour se procurer de
la paille dans les communes. Le payement de cette
fourniture et les frais de logement chez les particuliers,
devront être supportés par qui de droit.
Ce même jour, en exécution de l'arrêté du Directoire
du District, la municipalité est autorisée à faire fournir
par les municipes voisins la paille suffisante pour le ca-
sernement des troupes actuellement détachées dans
cette commune. Cette fourniture devra être prise de
préférence dans les maisons des individus* présumés
émigrés et le citoyen Pierre Piccollet est spécialement
député pour procéder en conformité de l'arrêté sus
visé.
Le commissaire envoyé à la Grande-Rive pour y faire
établir un corps de garde, en conformité de l'arrêté du
Directoire du District du 5 octobre dernier, rend compte
de son mandat et fait connaître, qd'aprés les plus minu-
tieuses recherches, il n'y a trouvé aucun emplacement
propice à une installation de genre, à part la maison du
citoyen Maxit, actuellement fermée, son propriétaire se
trouvant en ce moment à La Chapelle d'.Abondance.
Les propriétaires des maisons voisines de cette habita-
tion ont fait connaître que la seule chambre pouvant
être utilisée pour un corps de garde, était garnie de
meubles. « Sur quoi la municipalité, tout bien considé
et observant la grande nécessité de prendre cette cham-
i5b
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bre podr n'avoir pas trouvé aucun autre emplacement,
attendu que la maison est fermée, que le propriétaire
est absent et occupe un pays occupé par les rebelles,
que par conséquent on ne peut lui en donner avis, arrête
que le Directoire du District sera consulté sur les moyens
de pouvoir occuper cet emplacement ; que son bureau
fera passer par exprés extrait du présent. »
Lettre reçue par la Municipalité
€ De Meilleré le 16 Octobre 1793, l'an 2^ de la
lièpichlique une indivisible et démocratique :
4c Citoyens, j'onvoyo dans le chef-lieu de votre canton
3 déserteurs du piémont, 2 du régiment de gennevois
qui se nomment Claude Dunant et Jacques Contaz, ori-
ginaires de La Roche, et Tautre du régiment de Savoye
infanterie, nommé Joseph-Marie Goutry, originaire de
Flumet ; je les fais conduire do poste en poste à desti-
nation, ils me sont parvenus hier dans un batteau ve-
nant de Vevey, à 5 heures après-midi et se sont pré-
sentés à moi comme déserteurs.
Salut et fraternité.
Signé : Bovet. »
Nous donnons maintenant un document rentrant dans
le cadre de notre sujet, le :
4c Procès-verbal du Conseil Général du département
du Mont-Blanc, soies date du 24 septembre 1793:
€ Le Conseil, oui la pétition des gardes nationaux de
Chambéry, cantonnés à S*-Jeoire, et de Tavis du pro-
cureur général sindic, arrête ce qui suit :
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— 227 —
Art. l^^.
« A défaut de vins cantonaux, le Directoire des Dis-
tricts d* Annecy et de Carouge, sont invités d'acheter
des particuliers quelques tonneaux de vin et de les faire
passer aux pétitionnaires, soit à S*-Jeoire, soit dans
tous les autres lieux où ils seront envoyés, pour leur
être distribué à raison de 20 s* le pot.
Art. 2.
4c L'indemnité qu'il sera dans le cas d'accorder aux
vendeurs sur le produit de la vente de leur vin, sera
payé par le département.
Signé: Chamoux, président. Mermoz, secrétaire, »
Réquisition :
« L'administration de ce District, invite et au besoin
requiert la municipalité d'Evian de faire fournir à tous
les citoyens soldats cantonnés dans l'arrondissement du
canton de la dite ville, le vin nécessaire pour l'usage
des susd*8 citoyens soldats et officiers en conformité et
exécution de l'arrêté du Conseil général de ce départe-
ment du 24 septembre 1793. »
ThonoD, le 14 octobre 1793.
« Le 16 octobre 1793, la municipalité assemblée, en
exécution de l'arrêté du département du Mont-Blanc du
24 septembre dernier, suivi de celui de l'administration
de ce district « considérant qu'il est notoire que le ci-
toyen Joseph Davet est propriétaire d'une grande quan-
tité de vin, qu'il est le seul qui en ait le plus dans cette
commune, que cette quantité excède de beaucoup la
consommation ordinaire de la maison, d'autant plus que
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— 228 —
partie de ce vin était destiné à passer à Tétranger, ar-
rête toujours en conformité de l'arrêté du département
du 24 septembre, que le citoyen Joseph Davet sera
tenu de délivrer la quantité de deux chars de vin à rai-
son de 20 s. le pot, soit 40 c. le quarteron, mesure de
cette commune, non compris ce qu'il en a déjà fourni,
ensuitte de la réquisition qui lui fut faite le jour d'hier,
par le citoyen Baud, premier officier municipal, à
laquelle la municipalité adhère au besoin et qu'extrait
du présent sera délivré au citoyen Buchard, comman-
dant en cette ville, de même qu'au citoyen Davet.
« Et quant à l'indemnité à accorder par le départe-
ment, la municipalité et le citoyen Davet nommeront
des experts pour fixer le prix du vin et faire ensuite
leur rapport. »
Extrait d'ordre :
« Il est ordonné au commandant des troupes qui sont
en cantonnement à Evian, défaire mettre un poste de
6 hommes et un caporal au clos du citoyen Buguiet sur
le chemin de Chavanue au bord du lac ; ce poste comme
tous ceux qui ont été placés par son ordre, surveilleront
avec exactitude touslesbatteaux qui aborderont, comme
ceux qui partiront ; il enverra tous les rapports à Evian,
le 16 octobre 1793, l'an 2 de la République.
Signé. L'Adjudant-Général: Seignette. »
Le citoyen Joseph Davet comparait le 18 octobre de-
vant la municipalité assemblée et présente les observa-
tions suivantes : dans la livraison de vin qu'il a faite aux
soldats cantonnés dans cette ville, livraison opérée sur
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— 229 —
les réquisitions de la municipalité, une erreur s'est
glissée dans les bons délivrés par cette dernière. Ainsi
le citoyen Davet a remis au lieu de la mesure le pot,
celle du quarteron, ce qui constitue au préjudice du
fournisseur une erreur de la moitié en moins, le pot
équivalant à la moitié du quarteron.
La municipalité donne acte au citoyen Davet de sa
déclaration.
Dans la séance du 18 octobre, le citoyen Davet de-
mande qu'il lui soit donné acte qu'il n'a point refusé du
vin aux troupes, se conformant ainsi à l'arrêté du dé-
partement du 24 septembre passé.
« La municipalité considérant que le dit vin a dû être
remis au citoyen Gaffe, excusant l 'adjudant-major, a
fait mander à la barre le dit citoyen Gaffe, lequel ici
présent atteste que le citoyen Davet fut prié de venir à
cette Municipalité, à l'effet de lui observer qu'il ne
pouvoit lui distribuer le vin aux prix porté par le dit
arrêté Départemental, attendu que la mesure de cette
commune excédoit de beaucoup celle de Ghambéry,
observant en outre le dit citoyen Gaffe, que du 15 au 18
du courant, il a été livré par le citoyen Davet 61 quar-
terons, mesure de cette commune au détachement de la
garde nationale de Ghambéry et 90 quarterons à la
compagnie des chasseurs Rochellois de détachement en
cette ville, qui n'ont été payés au dit Davet qu'à raison
de 20 s. le quarteron, ayant été distribué à ce prix à
tous les soldats ; et comme le quarteron d'Evian excède
le pot de Ghambéry, c'est le motif des réclamations du
citoyen Davet pour en obtenir indemnité du département
toujours en conformité de son arrêté et le dit citoyen
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— 280 —
Davot offre, pour s'y conformer toujours mieux, sous la
réserve de rindemnité, de livrer à la troupe dès ce jour
le vin qu'il a été requis de délivrer par arrêté de la Mu-
nicipalité du 16 courant ;
» Sur quoy la Municipalité, ouï le procureur de la
commune, vu la déclaration sus désignée, arrête d'ac-
corder au dit citoyen Davet acte que dessus. >
Délibération du Séjour de la 5« décade du i«' mai
de l'an 2^ de la R. F.
La Municipalité cherche les moyens les plus prompts
pour procurer l'exécution du décret du 8 courant, soit
le 7« jour de la 2« décade, relativement à la levée de 6
chevaux par canton. Par l'art. 5 du décret, les chefs-lieux
sont plus spécialement chargés de cette levée.
Sur cet objet, la Municipalité, consiâérant qu'elle Bfe
peut déterminer le choix des 6 chevaux sans le concours
et l'avis des Municipalités de son arrondissement et
qu'en vertu du même article, elles doivent se concerter
pour fournir ce nombre déterminé pour l'époque du
1«"^ novembre, jour auquel ils doivent être rendus à
Vienne, avec leur équipement : « Considérant en outre
que les Municipalités sont à cet égard tenues de faire
transporter et livrer dans le terme susdit, la quantité
d'avoine nécessaire pour nourrir pendant un an le nom-
bre de chevaux qu'elles doivent fournir, arrête, ouï le
procureur de la commune, que toutes les Municipalités
de l'arrondissement de ce canton sont invitées de se
réunir en ce chef-lieu, lundi 21 du courant, à 9 heures, et
d'envoyer chacune des membres d'icelle; la Municipalité
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— 231 —
charge son Bureau de faire passer extrait du présent
dans le jour ou au plus tard dans la matinée de demain
à chaque municipe ; le Bureau de cette Municipalité
restant responsable du défaut d'avertissement. »
Le 10' jour de la S'^ décade du l^r mois de Tan 2 de la
République Française, eut lieu à la maison commune,
une séance sur le sujet traité dans la précédente séance :
« Conformément à l'arrêté de cette Municipalité du
8® jour de cette décade et délibérant sur Texécution du
décret de la Convention Nationale du 8« octobre, soit
le 7e jour de la 2® décade, aux personnes de Charles
Thiébaud, Joseph Bugniet, Pierre Grilliet, officiers
municipaux de cette commune, Bernard Burquier et
Jean Fleury, officiers municipaux de St-Paul, Joseph
Christin, maire de Vinzier, Pierre Biraud, maire de
Bernex, Antoine Blanc, ï^rançois Chevallay, Guérin
Betemps, Pierre Servez, François Pinget, officiers mu-
nicipaux de Bernex, François Roch, officier municipal
de Thollon et Joseph du Four, procureur do la commune
du lieu, François Joennet, maire de Larriuge, Pierre
Blanc, maire de Publier, Amed Buttay, notable de
Neuvesselle, Amed Bouchex, officier municipal de Ma-
xilly, Jean Lugrin, maire de Lugrin ; les communes de
Féterne et de Marin, n'ayant fait aucune députation,
le secrétaire de cette première comparaissant dit que la
Municipalité n'ayant pu être convoquée en raison de
l'absence de plusieurs de ses membres, et quand à celle
de Marin, le Bureau produit une lettre dud. lieu qui
annonce l'incapacité de la commune de fournir aux objets
portés par le décret et son éloignement à paraître à la
convocation, il est arrêté :
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— 232 —
« 1« Que rassemblée délibérera, quoiqu'il manque des
députés de Féterno et de Mario.
< 2oQue les communes de Féterne et de Marin concou-
reront à la fourniture comme les autres en proportion de
leur faculté.
« 3° La matière mise en délibération sur le mode
d'effectuer la dite levée, il est arrêté quMl sera nommé
deux commissaires, l'un pour l'achat des chevaux, aux-
quels il sera facultatif de s'adjoindre un expert visiteur,
l'autre pour se procurer les sabres, pistollets et bottes.
« 4« Que chaque municipalité sera tenue de donner
aux commissaires la note des personnes qui pourront
préférablement à d'autres, fournir les chevaux, les
bottes, sabres et pistollets.
« 5° Que chaque commissaire recevra pour sa vacca-
tion dix francs par jour.
« G® Que lesdits commissaires seront tenus de faire
conster leurs marchés par devant la Municipalité du
lieu où le marché se concluerat et qu'ils en feront dres-
ser procès- verbal.
« 7° Le citoyen Guillot est nommé commissaire pour
l'achat des chevaux et la Municipalité d'Evian est
chargée de l'achat des pistollets, sabres et tottes.
<c 8® Quand à l'objet de l'avoine à fournir pour la nour-
riture d'un an de chaque cheval qui monte par approxi-
mation à la quantité de 400 couppes, mesure deThooon,
la discussion ayant été très vive, la Municipalité de
cette commune représente qu'il ne s'en sème point dans
l'étendue de son territoire, celle de Publier, Neuvesselle,
Maxilly, Lugrin, St-Gingolph et Novel déclarent n'en
pas avoir, celle de Larrioge qu'une très petite quantité,
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— 233 —
quant aux autres présentes, elles en fourniront leur con-
tingent à rate de la taille et rien de plus ainsi qu'elles le
déclarent.
« 9® Que les commissaires chargés de Texécution des
objets portés art. 7, seront tenus de l'effectuer dans
trois jours et de les faire conduire en cette ville.
« 10« L'administration de ce district sera consultée
dans le jour sur la disposition de l'art. 8 du présent
arrêté.
« 11° Enfin, il est arrêté que le présent sera signifié
aux municipalités de Féterne et Marin qui n'ont point
comparu ».
Le l^f jour de la l"*® décade du 2« mois de l'an 2, la
Municipalité, ensuite de l'arrêté du Directoire de ce
district du 9« jour de la dernière décade du 1«' mois, sur
la réclamation du citoyen Maxit, portant injonction à la
Municipalité de faire évacuer de suite la maison occupée
par le corps de garde établi à la Grande-Rive ; la mu-
nicipalité objecte qu'il est inexact d'affirmer, comme le
soutient le citoyen Maxit qu'il y existe d'autres empla-
cements favorables pour l'établissement d'un corps de
garde; qu'il y a un besoin urgent d'occuper cette chambre
parce que les minutieuses recherches auxquelles on s'est
livré, établissent qu'aucun autre local ne peut remplir le
but que l'on s'est proposé. En effbt les familles de ce
hameau y sont logées fort à l'étroit, eu égard à sa popu-
lation, relativement considérable. Il est bon de remar-
quer en outre, que le local sur lequel l'on avait primitive-
ment jeté les yeux, n'est pas approprié à la surveillance
des bateaux et des passagers, que son état actuel fait
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— 234 —
craindre des incendies, exigerait de nombreuses et coû-
teuses réparations longues à faire, ainsi qu'il en conste
par la visite des lieux, opérée avant-hier par lescitojens
Maxit et Thiébaud.
Par les motifs qui précédent, la Municipalité « invite
le Directoire de ce district de faire reconnaître les dits
emplacements et il résultera que la maison du citoyen
Maxit composée de plusieurs chambres est la plus vaste
et celle où on peut loger sans crainte d'incendie. »
Extrait des Registres des Délibérations
du Conseil Général du District de Tlionon :
( Séance du 23 octobre 1793, l'an 2 de la R. F.)
« Un membre annonce que le bataillon du Rhône et
Loir arrive ce matin et que le général Verdelier laisse à
cette administration le soin d'en distribuer la force dans
les endroits où elle sera jugée nécessaire ; l'administra-
tion après avoir pris l'avis du commandant du dit batail-
lon et de la municipalité de cotte ville, arrête ouï le
procureur siudic, que 3 compagnies du dit bataillon se
rendront à Evian dans le courant de ce jour, où elles
resteront cette nuit, que l'une d'icelle fera le service
ordinaire avec la compagnie des chasseurs Kochellois
et fourniront entr'elles deux, un poste de 12 hommes à
Amphion et un autre de 10 hommes à la Grande-Rive,
qu'une compagnie du d. bataillon restera à la Tourronde
et fournira un poste de 15 hommes à la petite Rive,
que l'autre compagnie sera répartie à Meillerie, 10
hommes à Novel et le surplus à St-Gingolph ; arrête de
plus qu'une compagnie partira de cette ville demain,
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— 2:35 —
pour se rendre à Lullin, où elle fera le service ordinaire
et que le surplus du bataillon restera provisoirement à
Thonon.
S. BÉTEMPs, Vice- Président j
Favrat, Procureur-Sindic,
Deleschaux, Secrétaire. »
Extrait de Consigne
pour le bataillon de Rhône et Loire :
€ Le commandant de chaque poste aura pour consigne
et surveillera à ce que les hommes qui lui sont confiés :
« 1» Ne laissent partir aucun bateau ou barque (ceux
des pêcheurs n'allant pas au-delà de la portée de la vue,
exceptés), sans que le propriétaire ait préalablement
fourni son chargement à une visite qui sera scrupuleu-
sement, mais toujours honnêtement dirigée par le
commandant, autorisé à faire la saisie de tous les objets
prohibés à la sortie, dont il sera fait distribution au
profit et en conformité de la loi.
« 2® Qu'il se fasse régulièrement dans la nuit des
patrouilles pour prévenir des embarquements et des
débarquements clandestins et faire toutes arrestations
et traduction en ce chef-lieu de personnes regardées
comme suspectes.
« 30 Que tout bateau venant do l'autre rive soit exa-
miné et fouillé scrupuleusement, ainsi que les individus
qu'il contiendra et tous étrangers arrivant par iceux
seront conduits céans pour y être leur passeport vérifié.
« 4« Enfin il procurera l'exécution des lois, la pros-
périté de la République et propagera, autant qu'il sera
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— 236 —
en lui les principes sacrés de notre révolution, référera
de toutes ses opérations par des procès- verbaux en forme.
« Les Municipalités acquiesceront à peine de déso-
béissance aux réquisitions conformes au bien public qui
leur seraient faittes par le commandant de chaque poste
au moyen de la seule exhibition du présent dont extrait
à cet effet sera délivré incessamment, ainsi que pour
être mis en exécution dans tout son contenu.
« S. BiLLioD, faisant f, de Président.
« Députation ;
« CLambéry, 5 octobre 1793 de la R une et indivisible ;
« Les représentants du peuple, envoyés par Tarmée
des Alpes sur le décret de la Convention Nationale qui
ordonne la recette en nature des impositions foncières,
ainsi que l'établissement de Magasins Nationaux, nom-
ment à cet effect comme directeur de ces magasins et
recette, dans le département du Mont-Blanc, le citoyen
François Babin de Rumilly avec ordre de conster ses
pouvoirs et nomination par devant les autorités consti-
tuées du département et district de son ressort, ainsi
qu'au Ministre de la guerre et à celui de Tintérieur,
en y joignant son certificat de civisme visé par la Muni-
cipalité de sa commune, par le directoire du district et
de département, ainsi qu'un certificat do la Société
populaire de Rumilly. « Signé : Simond et scellé.
« 7 octobre 1793.
« S. Chamoux, Président et
Mermoz, Secrétaire,
Evian-les-Bains, le 12 Décembre 1898.
Albert DUPLAN.
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DOCUMENTS
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— 239 —
DOCUMENT No 1
1559. 19 Août. — Arrêt pour Thomas Vallée serrurier
pour Jouir des préhéminences de marqueur des mesures. —
156i . 2 Août, — Mandat pour Thomas Vallée à cause
des mesures quil a marquées. (Archives de la Chambre.
Turin.-- Arrêts de la Chambre. Vol. 7«^. P, 18 et 202^).
Presens Mess" M«» Jean Carra et Hugues Michaud
maistres et auditeurs.
Dud^ jour 19*» d'Aost 1559 de releuô.
Sur la requeste de M® Thomas Vallée serrurier afin de
jouyr des préhéminences et office de marqueur de mesures
ainsi que il en a osé jusques a ores suyuant les lettres a
luy octroiees par feu monseigneur Charles duc de ce païs
La Chambre a continué le suppliant en la charge et ferme
de marquer et signer toutes mesures selon lesd'^ lettres
pour trois ans prochains commencez au diziesme juilliet
dernier passé moiennant deux florins par an.
Samedi 2^ jour d'Aost 1561 de matin.
Presens Mess" Jean Carra Hugues Michaud et pierre
Sautier maistres.
Sur vn rôle présenté par Thomas VaHée marqueur des
poix et mesures en cette ville de Chambery contenant le
nombre des mesures par luy marquées pour les greniers à
sel deuement certifié à la fin d'icelluy par Jeanpierre blanc
fermier de la gabelle dud^ sel du trentiesme de juilliet
dernier auec vn marc de plomb par luy fourny pourenuoyer
a bourg La Chambre attendu le marché fait auec led^
Thomas Vallée a ordonné au trésorier de Sauoie de paier
et deliurer aud* Thomas pour lesd*« mesures la somme de
nouante trois florins.
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DOCUMENT No 2
1545. 29 janvier. — Requête et lettres de constitution de
Marqueur des poids dans le comté de genevois et baronie
de Foucigny en faveur de Pierre à feu Charles Rassat
bourgeois d'Annecy, (Archives de la Chambre, Turin.
Registres dea Abergemens etc. du Genevois, — Années
1541 à 1545. Vol. 9. Page 146r).
A votre excellence est expousé de la part de pierre rassat
fils de feu charles rassat fourgeur et serrurier de ceste
vostre ville d'Annecy comme il fust député maystre pour
fere et arraysoner les poys et leuraulx en vous pais tant
conté de genevoys que baronnies de foucigny et beaufort
mandement de fauerges et vgine sousletrent (1) etseruyde
six solz annuelz durant ladministration dudit office et
dailleurs comme est contenu aux lettres patentes quil
produict concédées par messeig^^ de bonne memoyre très
Illustres princes et seig'^ vous prédécesseurs Si et II que
alant de vie a trespas led' Charles FUissat pour aultant que
led' pierre et aultres ses frères encoures estoient pour Ihors
en aage de pupillayre lad** charge fust bailliez et a ce
député feu maystre Vincent Proussel lequel a administre
led' office jusques a son deces doupius lequel led' office a
vacque et led^ expousant qui est venu en bon aage est
expérimente en la fourgerie suyvant l'art de son dit père
Supplie très humblement playse a la forme desd^^ lettres
concédées a sond* feu père ladmettre aud' office auec les
priuilèges preheminences et commodités ordinayre et
charge a ce requise Soy offrant de mesme poyer annuelle-
(1) Tren, Vectigal, vieux terme de coutumes... du latin J,ribu-
tum. Richelet. Tom. 3*.
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— 241 —
ment les seruis pour ce accoustume et Illuy recognoystre
comme auoyt faict sond* père. Et d'ailleurs comme plaira a
votre excellence que dieu veuille preseruer et garder.
Charlotte dorléans duchesse denemour contesse douayere
degenenoys ayant la garde et administration etc. et noble
gouuernement de notre très chier et bien ame filz Jacques
de Sauoye duc de Nemours etc.... A vng chascun soyt
notoyre et manifest que avons veu en notre chambre des
comptes de geno noys par noz treschers bien amez et
feaulx conseilliers les président et maysires d'icelle nostred**
Chambre la requeste cy soubz attachée ensemble lettres
patentes en icelle relates auec les présentes attachées
veulliant soubuenir a nouz soubget pour éviter le dommage
que au pupillayre a deffaut de arraysonler les poys et
liuraulx de noz pays peult aduenir Estant aussi bien Infor-
me lesd' noz treschiers bien âmes feaulx de nostred**
Chambre de la preudhomie vertu facoulte et expérience
de pierre filz de feu Charles rassat suppliant notre subget et
bourgeoys de ceste notre ville d'Annessy Icelluy a cest
efïest avons estably crée députe et constitue et par ces
présentes establissons créons députons et constituons
durant le temps quil nous playra et notre bon vouloir sera
et led' suppliant se portera en homme de bien en lexercice
dud' office maystres onuries pour arraysonner et fere les
poys en nozd'» pays Et II procède de droyt et rayson comme
le cas le Requerra Et en tout et partout exercer et fere
sellon la forme et teneur desd"» lettres sus mentionnées
jadis concédées a feu charles rassat père dud* suppliant
avec les commodités charges prouffist et honneurs sembla-
bles questoient aud' feu Charles concédés a la charge aussi
que led^ suppliant poyera annuellement durant le temps de
sond' office six solz genevois de seruis annuel et iceFuy
servis recognoistre aux mains de nostre très cher et bien
i6b
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— 24â —
âme noz commissayre de notre mandement d'Anneâsy a la
forme desd*^« lettres Mandant a cest effect a nozd^« très
chiers et bien amez et feaulx conseillers les président et
maystres de notre d** Chambre aux bailijz de genevoys et
foucigny Chastellain d'Annessy et auttres noz subalternes
ou leurs lieutenants a tous noz subjects et aultres a quil
appertiendra et a vng chascun diceulx a poyne de cent
liures genevoysfts pour vng chascun inférieurs a ceulx de
nostred" Chambre par le suppliant de bien vser dud* office
et daillieurs comme est requis ces présentes noz lettres
tiennent obseuent etc Donné Annessy nonobstant notre
absence car ainsy auons commande estre faict ce vingt-
neufuiesme dejanuier mil cinq cens quarante-cinq.
Par mad* dame à la relation de Mess"
FRANÇOIS DE MICHALLIE
seig*' doultrechese
Président
CLAUDE MIGGARD
des maystres auditeurs
de la chambre des comptes en genevois.
Nota que aud»* Rassat ont estes Remises douze pierres
pour fere lesd'** poys dont les vnze sont de pierre auec leurs
boucles et la dernière de fer desquelles la 1*"* poyse XI
luires. — La 2^' XXXI li. — La 3" XXV li. — La4« VIIJ
L. — La 5« VU Liv. — La 6^ VJ Luires. — La 7MIIJ liv.
— La 8" IIJ Li. — La 9« IJ Liv. — La 10« J luire. -- La 11«
J liv. Et la 12* de fer J liv. desquelles sera tenu rendre
compte. Luy ont estes aussi Remises deux marques de fer
Lune des armes de monseig*' et Taultre de madame.
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— 243 —
DOCUMKNT No 3
1553, 24 octobre, — Lettres de constitution de Marqueurs
des poids dans le Genevois ^ Foucigny et Beaufort en
faveur de M^' Nicolas Poentet 3f '• serrurier et bourgeois
d'Annecy. Il succède à Charles Rassat. — 1569. 6 juillet.
— Mêmes lettres pour Jlf«» pierre fils de feu Nicolas son
père à qui il succède. (Archives de la Chambre. Turin. —
Reg^^ des Abergem^ constit^^ d'office du Genevois. —
Années 1549-1555. Vol. 11. Page 92. — Années 1562-
1574. Vol 15. Page 78.
Jaques de Sauoye duc de Nemours conte de genève
geneuoysetc. A tous ceux qui ces présentes lettres verront
salut Scauoir faisons comme de la part de notre ame
nycolas poentet serrurier borgoys de ceste notre ville dan-
nessy II nous seroit esté présenté Requeste en notre
chambre des comptes de geneuoys narrant par icelle comme
loffice de maistre des poys a crochet et leuraulx de nozd^*
conte de geneuoys peys de foucigny et beaufort estoit a
présent vacant par le trespas de feu pierre Rassat en son
viuant maistre desd^^ poys Suppliant et requérant dicelluy
office estre pourueu auec ses droits preheminences et ap-
partenances Laquelle veue et visitée par noz très chers
et bien amez et feaulx conseillers les président et maistres
de nostred»» chambre des comptes Et considère le contenu
dicelle pour obuier aux abus que journellement se commec-
tent en noz dits peys sur les marchandises a cause desd^^
poix pour nen estre bien exchandillies et marques dont
noz subgectz et toute la chose publicque en sont grande-
ment intéressez ainsi que nous a esté Remonstre par notre
cher et bien ame procureur fiscal Pour ces causes et aultres
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— 244 —
bons Respectz et considérations a ce nous mouuans En
ensuyuant sur ce la desliberation desd'« de noz comptes
Et après auoir ouyt notred' procureur fiscal pour cest
ëffect appelle en riostred" chambre et informe aussi des
ëens sodffisiirice prôudhomie capacité et expérience dud'
hycôhls poenlet Icclliiy pdenlet avons fait créé constitue et
ëstablls faysôns créons donsUtuons et establissons par ces
^i^ésenle màistre desd^'' poys et levi:*aulx en nousd'*^ peyâ de
^enedôys foûcigny et beaufort et leurs Ressortz aux hon-
HeUrs (îhârgesJ droictz prouf fi ts auctoritez preheniinences
et Commoditez accoustumes et aud' office appartenantz Et
de par manière de prouision pour vng au tant seulement a
commencer des la dacte et expédition des présentes Et en
oultre tant quil noz pleyra et jusques a ce que par vous
aultrementen soit pourueu Pour icelluy office de niaistre
des poys auoir jouys et exercer auec pouoir et puissance
de faire lesd^^ poys et levraulx et iceulx araysonner ex-
chandillier marquer et adjuster justement et esgalement
ainsi qu'il est de besoing jouxte la coustume des lieux sans
toutes foys y fere ny commettre abut ou concussion quel-
conque pourueu que aultre ne soit desia par nous pourueu
dud^ office Et a la charge que led' poentet sera tenu nous
pa^^er annuellement durant le temps quil aura et tiendra
led^ office la somme de six solz monnoie de Sauoye es
mains de notre bien ame chastellain et fermier de notred'
ville et mandement dannessy présent et aduenir au mesme
terme et tout ainsi quil nous estoit acoustume payer led
feuRassatenson viuantM^desd^^poysaussiet de recognois-
treled^ office a nous et ez nostres ez mains de noz commis-
saires dud* Annessi en cas quil jouist dicelluy office oultre
led' temps dune année a luy baillée Et lequel poentet a
preste le serment entel cas Requis et accoustume es mains
desd's de noz comptes Si donnons en mandement etc....
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— 245 —
données Annessy nous absent car ainsi Tauons commandé
fere le 24" jour du mo^^s d'octobre Tan de grâce 1553.
Pour Monseigneur a la requeste des s*''' francois de
Michallie seig^ d'oultrecheze président henry pelard seig""
du noyer Loys machard s*" de Chasseyts m^'* et auditeurs
des Comptes de Genevois.
Inventaire des pierres et marez Remis a maistre nycolas
poentet maistre de poiy et liuraulx le sixième jour de
nouembre 1553 par mons*" le président des comptes et les-
quelles led' poentet a promis restituer quant en sera
requis (1).
Premièrement vne pierre de charneron auec sa bocle
pesant 44 liures
Aultre auec sa bocle de 30 id.
id. id. 25 id.
id. id. 8 id.
id. id. 6 id.
Aultre aussi de 6 liures auec sa bocle
id. auec sa bocle de 4 id.
id. id. 6 id.
Quatre aultres petites pierres auec leurs bocles non mar-
quées.
Aultre petite sans bocle dune Hure
Plus vne aultre de fonde de cuiure pesant une Hure
Plus le ponsons des armes de monseigneur pour mar-
quer lesd^** liuraulx. Pointet.
Leitrea de constitution de Af'" des poix et liuraulx en
genenoys faucigny et heaufort au prouffit de pierre
poentet.
Jaques de Sauoye etc.. scauoir faisons que ce jourdhuy
(1) Nota quelles auoient esté rendues par la mère de feu pierre
Rassat auparavant M« desd*' liuraulx.
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_ 246 —
datte des présentes Receu auons en notre chambre des
comptes de geneuoys Ihumble supplication et requeste de
pierre filz de feu ny colas poentet luy viuant serrurier
bourgeois de nostre ville dannessy et par nous constitue
maistre des poix et liuraulx ez nousd*» pays de geneuois
foucigny et beaufort Narrant par icelles comme led^ estât
est Taccant par le deces et trespas de sond* feu père qui
lauroit tenu jouy et vse à la forme de noz lettres que Luy
en aurions octroyé desquelles nous a faict ostension Nous
suppliant et requérant très humblement le voulloir prouuoir
dud' office et des honneurs etc....Veu et visité lad® requeste
etc.... ensemble lesd^'» lettres de constitution faicte par
Nous aud' feu Nicolas poentet le 23*> décembre 1561 (1)
actestation faicte par Nous bien amez scindiques de notre
présente ville dannessy et la légalité prodhonne vie catho-
lique et expérience dud* pierre poentet suppliant du 22®
feburier 1567 signe bontemps ouy sur ce notre bien ame
procureur fiscal qui auroit consenti icelluy suppliant estre
pourueu dud^ office Et le tout considère Et mesme pour
obuier aux abus etc.... de notre certaine science pour nous
et les nostres hoirs et successeurs quelconques Nous
inclinant a la dicte requeste comme ciuile et raisonnable
Pour ces causes etc.... estant informe tant par lad* certiffî-
cation desd*» scindiques que aultrement de sens suffisanze
prodhomie capacité et expérience dudict pierre poentet
icelluy poentet auons faict créé constitué et estably faisons
créons constituons et establissons par ces présentes maistre
desd^'^ poix et leuraulx en nous d*^ païs de geneuois fouci-
gny beaufort et leur ressort aux honneurs etc.... Et ce par
manière de prouision tant seullement et jusques aultrement
par nous il soit pourueu et ordonne pour icelluy office de
( 1 ) Je n*ai pu rencontrer les lettres de constitution, et<;., de cette
date.
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— 247 —
maitre de poix auoir jouyr et exercer comme faisoit sond'
feu pereauec aussy pouuoir et puissance défère lesd*'' poix et
leuraulx et iceux araisonner exchaiidiller marquer et
adjuster justement et également ainsy (juil est requis et
nécessaires sellon la coustume des lieux sans toutes fois y
fereny commectre aulumg abus ny concussion a peyne de
priuation et d'aultre amende arbitrayre a la charge toutes
fois que led' poentet sera tenu nous poier annuellement
pendant quil tiendra et exercera led* office La somme de six
solz monnoie de Sauoye Entre les mains de notre fermier
de notre mandement d*Annessy au mesme terme quauoit
accoustume poier sond^ feu père Et lequel a presto le ser-
ment en tel cas requis et accoustume entre les mains desd*^
de nos comptes Si donnons en mandement etc....
En foy et tesmoingt de quoy Nous auons octroyé les
présentes Annecy le 6 juillet 1569.
Par mond seign' en sa chambre des comptes Mess" M«
Jehan Martin seig*" de la Cour président et henry pelard
seig*" du noyer des m'^ et auditeurs de lad'' chambre à ce
presentz.
DOCUMENT N« A
1579, 2S septembre, — Concession de Marqueur et Echan-
iilleur des Barrils de vin et mesures rière le mandement
d'Annecij, Thones et Val des Clefs en faveur de Louis
l'ai né et Louis le jeune Bron, — Archives de la Chambre*
Turin. Lettres de Dons et Constitn d'office. V. IS. P. 59.
Jaques de Sauoye duc de genevoys et nemours, etc.. A
tous ceux qui ses présentes verront salut scauoir faisons
Receu auons Ihumble supplication et requeste de Lois layne
et Lois le jeune enfans de feu Jean lois bron dict cardinel
du village de Veyzy a notre mandement d*annessy contenant
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— 248 — .
que le neufîesme jour de septembre en Tannée 1551 par
lettres expédiées en notre Chambre des Comptes scellées et
segnees Jambaz nous aurions remis et alberge a leur feu
père et a pierre cardinel son nepueu la marque et seignie
de la mesure des barraux de vin a veyture riere nous man-
demenlz d'Annessy Thone Val des Clefz et leurs resort a
leur vie durant seulement auec pouuoir de faire lesd^^ barraux
les eschandillieraray sonner marquer et adjuster esgalement
ainsy quil est requis suyuant la forme des mesures accous-
tumees esdictz lieulx et ce moiennant le seruy de neufz solz
annuels lequel abbergement par aultres lettres par nous
signées scellées et contresignées le mort du 11* de mars en
Tannée 1562 Nous aurions confirmée a leurs père et a
sond' nepueu comme de tout ce appert par lesdictes proui-
sions soubz nous présentes attachées Est II que ledict
Jehan lois Cardinel leur père seroit decedé Tellement que
les suppliantz desireroient et de ce nous ont très hault
requis et semblablement led^ pierre cardinel nepueu de
leurd* père les pouuoir en lestât de marqueurs eschandil-
lieurs desd^s barraux a veyture sellon les mesures accous-
tumes riere nousd'^ mandementz dAnnessy Thones La Val
des Clefz et leur resort au lieu de leurd* père auec Icelluy
pierre souffrant nous pour leur part de semblable seruy de
neufz solz que faisoyt leurd' père a Ihumble supplication et
requeste desquelz Lois layne et Lois le jeune enfans dudic^
feu Jehan Lois bron et pierre cardinel comme juste et rai-
sonnables Nous Inclinons ensuyuant sur ce laduis et
délibération de nous très cheirs bien aymes et feaulx con-
seilliers Les gens de notre chambre des comptes et ouy le
soustitut de notre procureur fiscal et veu le consentement
par luy preste etc estantz Informes de la capacité etc....
a iceulx pour ses causes et aultres bons respectz etc....
Auons alberge et remis la charge de lad** marque et segne
de la mesure desd*s barraux de vin a veyture riere les lieux
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— 249 —
sus exprimes pour en jouir et vser leur vie durant tant
seulement et tant quil nous plaira aux honneurs proufBctz
et esmolumentz accoustumes tout ainsy et de mesme que
faisoyt leur dict feu père auec led*^ pierre sond' nepueu leur
donnant pouuoir de faire lesd^^ barraux les marquer et
esgaler justement suiuant la mesure accoustumee rière
lesdicts lieux et mandementz sans y faire ny commettre
abbuts Et ce lauons faict et faisons tant libéralement que
de grâce spéciale moyennant leur part dud^seruys de neufz
sols geneuoys anuuelz que seront tenus paier a chescune
feste de Sainct André es mains de notre fermier d'Annessy
présent et aduenir et soub icelluy seruys nous recognoistre
la présente permission dans trois mois es mains de notre
commissaire dextentes de ceste ville dannessy et lesquels
suppliantz pour lobseruation de tout ce que dessus ont
preste le serment requis et accoustume en nostred** Cham-
bre des Comptes. Par ce mandons et commandons etc —
Donné Annessy le 23'* jour de septembre mil cinq cents
septante neufz.
DOCUMENT No 5
1613, 12 janvier. — Lettres de Constitution de marqueur
des poids dans le Geneuoisfoucigntj et Beaufort en faveur
de Jean Pointet en survivance a son père Jaques qui resigne
led^ office en faveur de son fils. — 1623. 3 janvier. —
Breuet d'armurier ordinaire de la maison du Duc de
geneuois pour Jean pointet. — 1634. 15 marj. — Patentes
de survie pour les enfans de Jean pointet. — Archives de
la Chambre. Turin. Lettres dons et Constitution d'office
en Genevois. Années 1611-i629. Vol. 24. Page i63et
164. Années 1611-1629. Vol. 24. Page 321. Années
1631-1643. Vol. 27. Page 173.
Henry de Sauoye duc de geneuois de Nemours et de
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— 250 —
Chartres etc.... A tous ceux qui ces présentes verront salut
sauoir faisons que pour le bon rapport que faict nous a esté
de la personne de notre bien amez Jehan poentet de notre
ville d'Annessy de ses sens suffisance loyautte preudhomie
expérience et bonne diligence a icelluy- pour ses causes et
aultres a ce nous mouuans Auons donne et octroyé donnons
et octroyons par ses présentes lestât et office de marque des
pois et leuraux rière noz duché de geneuois baronnie de
foucigny et beaufort que naguères souloit tenir et exercer
jaques poentet dict Chambon père dud' Jehan vacant par la
pure et simple résignation quil en a faicte au proffit de
sond* fils pour led*^ office auoir tenir et dores en auant
exercer et en jouir ,et vser aux honneurs aucthorites
prerogatiues preheminences franchises libertés droictz
fruictz proffitz reuenus et emolumenz accoustumes et qui y
appertiennent tout ainsy quen a cy deuant jouy led' Jaques
poentet tant quil nous plaira Si donnons en mandement a
noz chers bien amez et feaulx conseillers etc.... faict a
thurin le douziesme de januier 1613.
Henry de Sauoye
Scelles et Contresignes Dufresne
Intérinement
Sur la requeste présentée par hon® Jehan poentet etc....
Veu la requeste etc.... les lettres pat"' données a turin le
12 janv. 1613 etc..
La Chambre a interiné et veriffie les lettres dont est
question etc.... faict Annessy au bureau des Comptes ce
dernier septembre 1616.
Pelard et Myncet.
Brevet pour Jehan Pointet par lequel monseigneur le faict
armeurier ordinaire de sa maison.
Auiourdhuy 3" iour du mois de januier mil six cens vingt
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— 251 —
troys monseigneur le duc de Geneuoys de Nemours et de
Chartres estant a Lyon voulant se seruir de Jehan pointet
armurier habitant Annessy et se seruir de luy la retenu et
retient pour armurier ordinaire de sa maison veult et entend
que doresnavant en ceste quallitô il jouisse des honneurs
priuileges et franchise^ qui sont accordées et dont jouissent
les aultres ofTiciers domestiques de sa mayson de quoy
mondict seigneur luy a accordé le présent breuet quil a
voulu signer de sa main et commandé a moy son conseiller
et secrétaire ordinayre le contresigner.
Signé lÏENRY DE Sauoye
Scellé et Contresigné Lepoyure
La Chambre a donne acte au suppliant de la présentation
du breuet mentionne en la présente par luy obtenu de
monseigneur Et ordonne quil sera enregistre céans faict
Annessy le vingt vnieme mars 1G24.
Signé Flocard et de Chauanes.
Pour les enfants depohentet a cause de la survie de leur père
pour rayson de Voffi.ce d'armurier et maistre marqueur
des poids,
Anne de Lorraine duchesse de geneuois de Nemours et
d'Aumasle tutrice de nosire très cher et très aimé fils louis
de Sauoye duc de geneuois de Nemours et d*Ausmale etc,..
Ayant sceu et recogneu le grand zèle et affection que hon'"
Jean poentet en lexercisse de sa charge et office darmurier
et maistre des poids et a notre seruice et celluy de notre très
cher et bien aime filz pour dautant plus luy donner subjet
a continuer et eslever ses enfantz masles aud' office auons
par ces présentes accordé et concédé accordons et concé-
dons auxd^* masles et ses enfants et au premier né de lun
a lautre la suruie de leur père auxd'» offices pour iceux
exercer estant daage et capables et arriuant que led^ honno-
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— 252 —
rable Jehan pohentet leur père vinsse a mourir auant que
lesd^^ enfans masles soient capables et daage pour lexercisse
desd^s charges volons entendons et nous plaict que lesd^^
offices soient exercez pendant led*^ temps et à leur nom par
vn commis et sest tant seulement jusques a ce que lesd'^
enfantz soient en âge et capables duxl^ exercisse a quelles
fins mandons et commandons a notre Chambre des Comp-
tes de geneuois de veriffier et interiner les présentes sellon
leur forme et teneur etc.... Données Annessy le 15« jour du
mois de may 1634. ,
Signé Anne de Lorraine
Scellé et Contresigné Malliard
DOCUMENT N« 6
Arrêta originaux i560. Vol. ï. Page 35. Turin. Archives
de la Chambre des Comptes. -- Jean Velliet. Décret sur
sa requête portant lettres de contrainte contre les refusans
ou dilations de bailler leurs mesures et poids a fin qui
soient marqués des armoiries de S. A. ensuite de la ferme
a lui expédiée.
26 Janvier 1560.
A Noz Seigneurs des Comptes.
Supplie humblement Jean Velliet disant que les marques
des poix et mesures de tharentaise dessoubz le sex luy
auroient esté accensés et baillies a ferme pour vne année
comme de ce appert par led^ bail a ferme cy attache, les-
quelles marques led^ suppliant ne peult fere sans auoyr
lettres de vous mond' seig aux fins de contraindre les
Reffuzantz ou dylaiantz de baillier lesd*'» mesures et poix
pour icelles estre marques des armoiries de mondict sei-
gneur.
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— 253 —
Ôe considère il vous plaira octroier aiidict suppliant
lettres a ce requises auec la déclaration quil vous plaira
fere combien le dict suppliant prendra pour chescune
marque ensenble puissance de pouuoir fere exchandallier
les poix et liuraulx dudict pais aud* catellin cy belle de
la villa de Mostiers Estant icelluy catellin au preallable
certiflîe de sa soufTizance par deuant Monseig^ ou bien
aultres maistres serruriers souffîzantz qui seront nommes
et eslus par icellui suppliant auec le juge de tharentaise
lequel a ces fins il vous plaira commettre se ferez bien.
Seront faictes les lettres demandées au suppliant lequel
Recepura pour les marques ce que par le chastellain de
tharentaise appeliez les scindiques sera lauxe fait au bureau
des comptes le xxvj de januyer ir)(>0.
MiCHAUD.
Même VoL t. Page S6. Mines des marques des mesures
apperienaniz a laltesse de monseigneur a cause de la
chastellainie de sallin expédiées par nous Jehan loys de
heaulniont chastellain pour son altesse tant dessus que
dessoulz lesex. la chandoille allumée.
Du jour 18*> de septembre 1559.
Michiiel minoret iiij fl.
Ilumbert Arnod nij fl.
Led^ minoret v fl.
Led' Arnod v fl.
Led^ minoret vj fl.
Led' Arnod vj fl.
Led' minoret vij fl.
Led' Arnod vij fl.
Led* mineret viij fl.
Et après a requeste dud' Arnod la chandoille a esté real-
lumée.
Led' Arnod vnj fl. iij gr.
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— 254 —
Ledit minoret a présenté neufz florins a la charge que
présentement luy soit expédie sans aultre enchiere.
Cathellin cybelle ix fl. nij gr.
Pierre veillet ix fl. démy
Amed excofferot x fl.
Humbert arnod xj fl.
Michiel minoret xij fl.
lïumbert arnod xiij fl.
Led' minoret xiij fl. d.
Jehan velliet xnij fl.
Led' minoret xuij fl. d.
Led' velliet xv fl.
Led' minoret xv fl. d.
Led' veillet xvj fl.
Et lequel office de marqueur a este expédie aud' Jehan
velliet par nous chastellain et récepteur susd' comme plus
offrant pour led* pris de seze florins pour vng au tant seule-
ment commence le dixiesme du mois de julliet payables de
six mois en six mois et a la charge quil velliet prendra
lettres de Mess"^ des Com ptes a ses despens de la susd«
expédition Et a cautionne par george fardeller cordonnier
de moustier qui a promis par ses foy et sermentz et obliga-
tion de sa personne et biens fere ut accomplir tout ce que
dessus Renonçant au droit de discution Et au droict disant
Le principal debuoir estre plustost conuenu que la fiance
Et lequel velliet par semblables sermentz et obligation
garder lad« pleige de tous dommaiges Faict en la banche
Chastellanie de Sallin En présence de mons'^hûgonin villar
prestre chanoyne régulier de sainct pierre de tharentaise
nurmer germain et jehan exchelles Tesmoingtsy assistantz
les an et jour susd'^.
Extrait des Registres de la Chastellainie de Sallin.
MOLLIER.
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^ 255 -
DOCUMENT N' 7
Sindics et hahitans ez Régions dessous le Saix en Taren-
taise. — Arrêt sur requêtes portant approbation de
V ordonnance cy jointe du Juge mage de Tarentaise que
sera observée à l* advenir au regard des poids et mesures.
Prorogations de delay a Jean Veillet marqueur des
mesures en Tarentaise, etc. — Arrêts originaux 1560.
Vol. 2. Page 150,
21 Juin 1560.
A nos Seigneurs des Comptes.
Supplient humblement les scindiques et communautez
manans et habitans es régions dessoubz le saix en Taren-
taise comme suyuant les decretz et commissions de céans
ilz auroient faict informer sur le faict des mesures de
mostier et Visitation dicelles comme appert par l'Informa-
tion cy attachée etc....
Ce considère plaise recepueoir lesd"'* informations et
procédures et sur icelles pourueoir aux suppliants etc.... et
feres bien.
Decarris.
Soit monstre au procureur patrimonial fait au bureau des
comptes le xxj de juing 1560.
Michaud.
Veu la procédure règlement et ordonnance faicte par le
juge mage de tharantaise ensemble par le juge du seig'
archeuesque dud' tharantaise du xij*» du présent moys de
juing sur le faict du différent qua este entre les scindiez et
procureurs dessubiectz de monseig^ aud' tharantaise d'une
part, les suppliantz et le marqueur de mostier d'aultre
pour raison et a cause de leschandil et principale mesure
dud' tharentaise Nous disons que lad*^ ordonnance a bien
et deuement procède Requérons Tobservation dicelle et que
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^
-- 256 —
commandement soit faict aux parties intéressée respectiue-
ment et icelle obseruer et garder etc.... a peyne de cinq
cens liures Et que commandement soit faict aud* marqueur
de vacquer dilligemment a marquer et eschandillier les
mesures suyuant sa charge a peyne de cinquante liures et
aultre amende arbitraire faict au bureau des comptes le xxj
juing mil v« soixante. Bruyset.
Soit faict comme est requis par le procureur patrimonial
faict au bureau des comptes le xxj de juing 1560.
MiCHAUD.
Arrêts originaux i560. Vol. 2. Page 15 L
A vous seigneurs juges de tharentaise tant pour son
altesse que pour la temporalité de Tesglise.
Supplient humblement les manans et habitans dud'
tharentaise au dessoubs du sex disans comme Jehan velliet
de moustier se disant commissaire pour marquer les biches
et mesures moleste les suppliantz aux fins luy apporter
leurs biches et mesures pour icelles marquer et pour ce que
lesd^'* suppliantz sont acoustumes et leur encetres vendre
et achepter auxi poyer les censés et seruis par eulx deubs
a la mesure de moustier laquelle est eschandaillieet apray-
sonee a la pierre de la haie de moustier laquelle dempui s
peut de temps en ca auroit esté picquee crue et augmentée
en tant que les biches vieulx et bien marques se trouuent
tous foybles au grand préjudice et domaige desd'** sup-
pliants et de la Republique en ce que concerne le payement
desd^** censés et seruis.
Ce considère vous plaira pour le bien de Republique et
debuoirs de justice comettre et députer commissaire vng
au deux aux fins de apreysoner lad* pierre et que soit faict
\ng eschandillion auquel pour laduenir ont aye recours et
vous feres bien.
ViBERT Martini Richard
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— 257 —
Sera par nous faicte Visitation de la pierre de la halle de
moustier assistantz les suppliantz et les sindicqz de mos-
tiers si bon leur semble appelles aussi les procureurs
fiscaux etc.... ce 17 juing 1560.
M. DE Ride. Philtp Rapin.
Du douz* jour du moys de juing 1560.
Nous philippe rapin docteur ez droictz conseiller et juge
maie pour son altesse au pays de tharentaise et Maurice
de ridde aussi docteur ez droictz juge maie de monsieur le
reuerendissime mong' larchevesque et comte de tharen-
taise a tous ceulx qui ses présentes verront scauoir
faysons comme ce jourd*huy nous estant présenté requeste
de la part de mestres george vibert et jean martini moder-
nes scindictz de la cite de mostier et maîtres anthoine
blanc scindict de doucy francoys richard scindict daygue-
blanche procureurs generaulx des subiectz de laltesse de
monseig' en son pays de tharentaise soub le sex en bas
sus la modération et apray sonnementzau echandaiiliement
de la pierre establye pour mesurer le grain en la présente
cite de mostier Et après que par lesdictz scindictz Nous
auroient pries nous vouloier transporter a la grande hasle
de lad*» cite on est size ladicte pierre et illec fere veve ocus-
layre dicelle nempechant que nous sus le charge de nous
conférences ayons a mesurer aulcungz bichetz Et mesures
de boys anciennes des mieulx marques et plus apraysonnes
que trouuer nous porrions Pour sus icelles mesures me-
surer et apraysonner ladicte pierre et sur le tout ordonner
ainsi que verriont estre a fere par rayson.
Nous annuant a la juste requeste desd'« suppliantz et
pour obuyer a tous procès et differens que de ce porroient
suruenir et pour la conseruation du bien public Nous
serions transportes a la dicte pierre et illec aurions faict
apporter certains nombres de bichets et mesures deubement
ilb
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— m —
marques tant des armories de feu de bonne memoyre mon-
seig"" Charles duc de scauoye que de bonne memoyre messire
Jean philippe de grolee en son viuant archeuesque et comte
de tharentaise Et lesd'^ bichets estans au preallable mesu-
res et approuues par lesd'^ scindictz pour justes et rayson-
nables du consentement desd** scindictz iceulx bichetz
aurions faict mesurer et parangoner a lad* pierre et trouuant
lesdictz bichetz vng peu plus foybles et differens de lad*
pierre par ce mesures comme nous auroict appareu que les
poteaulx des queulx Ion vse contre les tros par lesquels se
vuyde le bled de ladicte pierre se trououient aulcunement
conquaues et vses par les extrémités ne reuenant a la fleur
de lad* pierre et aultres raysons considérables prouenans
tant par vsaiges naturelz et antiquité queaultrement aurions
faict apporter certainne quantité de bled et aultre grain
menu tant que souffire nous a semble pour la mesure
Suyuant la contenance desdictz bichetz Et pour ce que
ledict blé a veue deul ne ramplissoict si bien la dicte pierre
comme il ramplissoient les bichets ayns estoict de quelque
peu comme dict est dyminues et manques nous par bonne
considération a ce nous mouuantz et du consentement
desdictes parties auons commis m' humbert arnod expert
en tel faict pour auoir este de long temps apraysonneur
des bichetz et mesures de ladicte cyte Et honneste jean
foreytier charpentier cytoiens de lad** cite de mostier pour
sellon la quantité dudict bled menu susdict a eulx par nous
remys apraysonner lad* pierre et la rendre conforme a
lansienne mesure et contenance desd'* bichets de sorte que
tout ledict grain face le complément de lad® mesure plus
ni moingz sans en rien fallyr.
Lesqueulx prodhommes comme dict est accorde moyen-
nant serment entre nous mayns preste et appres avoir par
plusieurs foys exchandellie et apraysonne lad* pierre en-
semble les poteaulx nous auroient relattes et rapportes
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— 259 —
nauoier trouue aultre différent en ladicte pierre sinon en
tant que lesdictz poteaulx ne se trouoient reuenantz a fleur
dicelle pierre a tome dung doyts et demy du dessus et
estoient conquaues et croses du dedans et ne jognient
entièrement a ladicte pierre comme ansiennement soloient
fere de sorte que le différend de ladicte pierre Et Jesd*
bichetz ne porroit excéder la contenance dune escuelle de
bled ou enuiron lequel différent et excessivite ils auroient
toile et oste par le moien des noueaulx poteaulx quil leur
auroict semble de fere reuenantz a fleur de ladicte pierre
Et jusquez au fond dicelle de plus grande espesseur que
nestoient les aultres précédentes vieulx et mieulx jogniant
a ladicte pierre Lesqueulx poteaulx appliques a icelle
pierre et exchundallie ledict bled contenant la juste mesure ^
comme dessus est dict ils auroient trouues ledict bled
reuenir et accomplir la juste mesure de ladicte pierre tout
ainsi que justement il ramplissoit lesdictz bichetz et exchan-
deaulx sans aulcune différence du moingz considérable.
Lequel rapport par nous commissaires susdictz entendu
et lesdictz poteaulx en nous mayns receuz pour le parachè-
vement de nostre dicte commission auons dict et ordonne
que a cette fin que memoyre en soit esternelle et que diffé-
rent ne peult pour laduenir eschoier entre lesd*** parties
occasion desd*» mesures comme est aduenu bien souuant
pour le passe Issd*» poteaulx ainsi quilz sont faictz et aprai-
sonner estans de cueur de noyer comme nous a appareu
seront par lesdictz experts signes et marques au dedans de
la pierre des armories de reuerendissime seign^ yeronime
de Vaulpergaz modernement nomme archeuesque de tha-
rentaise et seront faictz et establys deux exchandeaulx ou
bichetz a la juste mesure que dessus bien et deuement
apraysonnes par lesdicts experts de arain ou aultre metail
plus perdurable lesqueulx seront semblablement marques
- è6Ô-
des armoiries de laltesse de mond* seigneur et dudîct s*"
reuerendissime au fondz diceulx et aultres lieulx néces-
saires ausqueulx sera adioustee tant de foy que a ladiete
pierre Et desqueulx les subiectz de laltesse de mondict
seig'' en retireron long en leur pouuoir et ceulx dudict
seig' reuerend laultre que seront remys en lieu certain au
prouflRct du populayre et de qui il appartiendra a perpétuité
demeurant lad^^ pierre ensemble la rase dicelle en son
entier quant au résidu sans rien y innouer despens des
présentes vacations entre les dictes parties compenses Et
ce a este faict es présences desd^ scindictz et de jean loys
de Beaumont dict carra (1) escuyer chastellain pour son
altesse et de M* francoys abondance cytoien dud' mostier
' lieutenant du balliz du balliage de Mostier qui a nostre
dicte ordonnance nauroient dissenty ains auroient consenti
desquelles chouses sus narrées lesdictz sindictz nont requis
acte lequel leur avons octroyé.
Philip Rapin Jugemaje et M. de Ride Jugemaje de
commissaire susdict la temporalité archié-
piscopale et commij"
susd^ de tharentaise.
Rambersend.
Arrêts originaux 1560, Vol. 2. Page 156,
Du 21 Juin 1560.
Sur la Requeste présentée par les scindicques et com-
munauctez manans ethabitanses Régions dessoubzle saix
en tharentaise tendant aux fins que les informations faictes
a leur Requeste sur le fait des mesures de mostier Et verif-
fîcation dicelles soient Receues Et les procédures y faictes
(l)Arrétsde la Chambre, 1559-1561. Vol. 1. Page 19.— Janlois
de beaumont dit Carra escuier ce requérant a esté receu et institué
en Toffice de châtelain de tharentaise dessus et dessous le saix Et
a preste le serment a ce requis suiuaot les lettres de sa constitu-
tion par Mons' le marchai de Sauoie du 19« de ce mois (Aost) 1559.
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— 261 —
pour sur Icelles Leur estre pourueu au Reiglement du
marqueur sellon les fins de Leurs Requestes précédentes.
Veu la coppie de la requeste présentée par Anthoine
Blanc Et francois Richard procureurs generaulx des hom-
mes ducaulx dessoulz le saix du vingtseptième de may
dernier coppie d'aultre Requeste etc.... Acte Règlement
ordonnance Visitation fecte par led' jugemage et juge de
Tarcheuesque dud' tharentaise etc., en date du 12«> jour
dud' juing etc....
La chambre dict que suyuant les conclusions dud* proC
patrim* Il a esté bien et deuement procède a lad* ordon-
nance Le contenu de laquelle sera entretenu et obserue, Et
ordonne que commandement sera faict ausd*»* parties Res-
pectiuement dicelle obseruer etc.... Et en aduertir la
Chambre dans le moys a peine de cinq cens Hures Et en
oultre que commandement sera faict aud' marqueur de
vacquer diligemment a marquer et eschandillier les mesu-
res suyuant sa charge a peine de cinquante Hures et
aultre amende arbitraire, faict au Bureau des Comptes le
21« jour de juing 1560.
MiCHAUD.
Jean Veille t de Moustiers marqueur des mesures en tharen-
taise. Prorogation de dëlay. Arrêts originaux. 1560.
Vol. 3. Page 82.
8 Juillet 1560
A messeignieurs de la Chambre des Comptes.
Supplye humblement Jehan Veillet bourgeoys et citoyen
de mostier comme après les procedeures cy attachées a la
parfin Et seullement le S'* jour du présent moys de julliet
luy seroit esté deliure ballie et expédie vng bichet boys
deuement ferré et marqué pour est allon des mesures grain
portées par son bail a ferme du dixiesme julliet mil cinq
cens cinquante neufz etc.... Et pour ce que sans sa coulpe
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— 262 —
négligence ou dol quelconques il auroyt este trouble moleste
et empesche au faict et exercice desd's marqueurs de ma-
nière que au lieu de recouurer et retyrer a soy les deniers
quil auroyt promys payer par sad»* ferme luy auroyt conue-
nu frayer menger et consommer vne partie de son bien
dont cependant le temps et terme prefîx par sond' bail a
ferme et presque passe et expiré.
Ce considère etc.... playse vous luy continuer et proro-
ger sond' temps et ferme pour vne année prochainement
venant etc.... saufz et a luy reserue son recours desd^»
despens etc....
Ssit monstre au procureur patrimonial faict au bureau
des Comptes le vj juillet 1560.
MiCHAUD.
Veu le bail a ferme faict au suppliant d'un xxvj" januier
dernier de lestât de marqueur pour vne année etc.... et quil
ne nous appert que pour le regard des poix mesures dhuyle
de vin et aultres. Il ayt este empesche ains seulement pour
le regard delà mesure du bichet du bled quil y auroyt heu
quelque opposition laquelle est plustost venue a la coulpe
du suppliant que des opposans a faulte de voulloyr eschan-
dillier lesd^s pierres lesquelles se peuuent accroistre par
continuations de pluies et aultrement Nous disons qu'il ny
a lieu de luy proroger aulcung delay ains quil soict estre
contraing a payer sa ferme sans preiudice de ses domaiges
et interestz contre les empeschans lesquels il fera appeller
si bon luy semble et saufz a eulx leurs defïenses faict au
bureau des comptes le vj juillet 1560.
D ETA RDI p^.
Soit fait comme est requis par le procureur patrimonial
fait au bureau des Comptes le viij*' juillet 1560.
MiCHAUD.
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— 263 —
Répertoire des Arrêts 1559-1561, Vol i. Page i60.
Lundy 8« jour de juilliet Pan 1560.
Presens Mess' Jean Carra et Hugues Michaud maistres.
Sur la requeste de jean veillet bourgeois de motier mar-
queur des mesures en tharentaise pour vn an commence
au dizième de juilliet mil cinq cens cinq*® neuf afin d'auoir
prolongation dud' bail pour vne autre année prochaine
attendu que il luy a seulement este expédié le 26* de janvier
dernier et depuis n'a peu joyr dud* office de marqueur a
cause des empêchements etc.... La Chambre suiuant les
conclusions du proC^ patrim^ au pied de sa requeste du vj«
de ce mois a dit n'y avoir lieu d'aulcune prorogation de
delay Et que led' fermier sera contraint a paier sa ferme
sans preiudice de ses dommaiges etc. ut supra.
Répertoire des Arrêts 1561. Vol. 2. Page 110.
Du vendredy 20* feburier 1562.
Sur la requeste présentée par jean veilliet bourgeois de
moustier tendant a ce qu'il plaise a la Chambre luy abber-
ger l'office de marqueur des poix et mesures du pays de
tharentaise soubz le saix ou bien le continuer en-icelluy
etc.... ayant esgard a plusieurs pertes quil a supporte aud*
office lequel cy devant il a fidellement exerce aud' lieu et
sur ce luy pouruoir ainsi que de raison.
La Chambre suyuant les conclusions etc. A continué
et continue le suppl' en Testât et office de marqueur etc....
Et ce jusques au dernier jour du prochain mois de décem-
bre etc,... faict a Chambery au bureau des comptes les an
et jour etc....
Meilleret. Michaud.
Répertoire des Arrêts 1561. Vol. 2. Page i26.
Du lundy 9» de Mars 1562.
Sur la requeste présentée par Jean Veillet etc... Tendant
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— 264 —
affin quil soit maintenu aud' office de marqueur auec inhi-
bition et defïenses a tous quil appertiendra ne le troubler
ou bien receu de se désister dud' estât.
Veu par la chambre lad* requeste etc....
Ladicte chambre etc.... a faict inhibition et defïenses a
tous subiectz de son alteze du pays de tharentaise soubz le
saix dequelle qualité quilz soient de ne troubler led* sup-
pliant en sond* office de marqueur au preiudice de la cons-
titution a luy faicte et de n'auoir recours a aultre pour le
faict de mesurer et marquer mesures et poix que vers le
suppliant et aultres que par cy après seront commis de la
part de son alteze aud' lieu a peine pour vng chescun con-
treuenant de deux cens Hures Et en cas d'opposition les
parties ranuoyes céans a la huictaine garniz de leurs
tiltres et droictz etc.... fait aChambery etc. les an et jour
que dessus.
Meilleret Michaud Mompon
Répertoire des Arrêts 1572, VoL 9. Page 2.
12 Janvier 1572
A Noz Seignieurs des Comptes.
Supplie humblement hon® jehan veillet etc.... comme il
auroit este cy devant pourueu par la chambre dud^ office
de marqueur aud^ tharantaise pour le temps porté par ses
lettres de prouision cy joinctes du dixiesme aupéril mil
cinq centz soixante cinq Et despuys continue En icelluy
pour aultres troys ans par aultres lettres de lad^ chambre
du dix neufuiesme jour de januier mil cinq centz soixante
neuf aussi cy attachées Et parce que le terme desd's troys
ans est prochain Et quil a tousiours rendu debuoir au faict
de lad" charge desireroit y estre continue sil plait a la
chambre et sur ce luy estre pourueu.
Ce considère vous plaise en continuant led* suppliant
audict office de marqueur des pois et mesures dud* paye de
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— 265 —
tharentaise ordonner quil en jouira suyuant la forme et
teneur de ses dictes lestres de prouision et continuation
dud' office et charge etc.... pour au Itre trou ans ou aultre
plus grand terme quil plaira a la chambre et a ces fins luy
donner lettres et prouision nécessaires 9t il continuera
prier dieu pour votre prospérité.
BoNAUD pr""
Soit monstre etc.... faictà Chambery etc,... ce 9® janvier
1572.
Sauoye.
La chambre etc.. a ordonne que le suppliant continuera
a lexercice de sad" charge de marqueur laquelle de nouveau
luy est accordée pour aultres troys ans a commencer de
l'expiration du terme porte par sa prouision et constitution
du dix neufuiesme janvier 1569 et soubz les mesmes char-
ge etc.... faict a chambery au bureau des comptes ce 12
janvier 1572.
ROFFIER.
Jehan Velliei marqueur des poids et mesures en Tarentaise
appellant de sentence contre Antoine Dunant marchand
de moutiers, — Répertoire des Arrêts 1574. Vol. 11.
Page 20.
Entre Jehan Velliet marqueur de tharentaise appellant
de la sentence rendue par le Juge mage de tharentaise le
dernier apuril d'une part.
Et Anthoyne Dunant Marchantde Mostier etc., d'aultre.
Veu les lettres de prouision et constitution de Marqueur
audict pays de Tharentaise décernées par la Chambre aud^
Velliet des Iheureuse restitution des estatz de son altesse
Jusques a ce jourdhuy certaines procédures faictes par
deuant le chastellain dud* lieu Ensemble exploictz de pu-
blications faicts en vertu des susd« lettres requestes pré-
sentées céans par led* Velliet les 26 et 27« août 1567 etc...
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— 266 —
etc.. etc.. Et tout ce que a este produict bien veu et
considère.
La Chambre a mis etmet lesappellations respectiuement
a néant sans amende ny despens etc.... Et ayant esgard a
la négligence vsee par led^ Anthoine Dunant dict fosson
Marchant de Représenter fere eschantillier et remarquer
son aulne suiuantles proclamations sur ce faictes.
A ordonne que ce dont a este appelle sortira son plain et
entier effaict Et dautant que par acte de Visitation faicte
céans le 13« aoust 1571 les chantillion produict et exibe de
la part de Jehan Velliet marqueur de tharentaise se treuue
deTungdes costez estre tallie en encharpelad* taillie plus
haulte dung coste que de laultre et Jnegale pour euiter a
toutes difficultés etc.... Lad® Chambre a ordonne que led'
Velliet marqueur fera et prendra noueau eschantillon con-
forme au vray aulnage de tharentaise en présence du pro-
cureur fiscal dud' Tharentaise et rapportera céans sembla-
ble eschantillion etc
ROFFIER. DeVEUGIE.
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— 267 —
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
I. Travaux de TAcadémie Ghablaisienne.
Séance du 8 Novembre 1^97. — Communications
de MM. A. Duplan et L.-E. Piccard (Poids
et mesures en Savoie).
Séance du 13 décembre 1897. — Communica-
tions de MM. E. Ritter (Le poète Thomas de
Thonon vivant vers 1386). — Norbert Dunoyer
(Chapelles de Vétraz-Monthoux) et de E.
Vuarnet (Les habitants de Thonon et les
Barques de Genève en 1589). Renouvelle-
ment du Bureau de TAcadémie.
Séance du 10 janvier 1898. — Anciennes sépul-
tures du Chablais (Lucien Jacquot). — Déli-
bérations de la ville d'Evian en 1713 (A. Du-
plan).— Emeute de Massongy( L.-E. Piccard).
— Réception de M. Pirasset comme membre
de la Société.
Séance du 14 février 1898. — Communications
de N. Dunoyer et de A. Duplan. — Récep-
tions de MM. F. Marcoz et C- Deruaz.
Séance du 14 mars 1898. — Procès entre le
plébain et la ville d'Evian (A. Duplan). —
Communication de MM. F. Dubouloz et An-
thoinoz.
Séance du 11 avril 1898. — Les Visitandines de
Thonon, Tan 2 de la République (F. Valfrid).
Séance du 9 mai 1898. — Communications de
A. Duplan.
Séance du 13 juin 1898. — La Touviére d'Evian
et son église (J.-F. Gonthier et Duplan).
— Réception deM.J. Mercier, député, comme
membre de la Société.
Séance du 11 juillet 1898. — Poids et Mesures en
Savoie (L.-E. Piccard).
IL Dons faits à TAcadémie Chablaisienne.
XI
xxni
XXXH
XXXV
XXXIX
XL
LUI
LXI
LXIII
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— 208
cadémie Chablaisienne.
LXIV
1 Bureau.
LXIV
jmbres d'honnt'ur.
LXIV
ifs résidants.
LXV
non résidants.
LXVI
es.
LXVII
) pondants.
LXVIII
•ondantes.
LXIX
MÉMOIRE I.
leurs environs, par Emile
1-204
MÉMOIRE II.
^Kvian (1793). par A. Duplan. 205-236
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— 269 —
TABLE ALPOABÉTIOUB DES MATIÈRES
Abadouche, coutume, 188
Abondance (Abbaye (d'), 81
Académie Chablaisienne, v, xxv. — Membres de l'Acadé-
mie Chablaisienne, lxiv-lxviii. — Sociétés corres-
pondantes avec TAcadémie Chablaisienne lxix, 3,
43 54 90 101. 182 198
Académie Salésienne, 53, 57, 58, 59, 65, 70, 81, 82, 83* 91,
92, 93, 107, 113
Académie de Savoie, 67
Agaune (S^-Maurice). 43, 49
Albanis Beaumont, 22, 39, 42
Alex (d*) Jean Louis. xxvi. xxx, xxxi
Allamand, religieux barnabite, 135
Allinges, 48, 52, 55, 65, 97
Allobroges. 13, 18, 21
Ampbion, xxiv, 234
Annecy, archives et autres, 3, 114, 115, 116, 119, 120,
167, 240-255
Annemasse, 49
Aiithoinoz, architecte, xxxiv
Antioche (d*), 62, 74, 76. 97, 124, 130
Archives de Beauregard, 81. 96. — Archives départemen-
tales d*Annecy, xxvi, 55, 59, 62, 63, 65, 68, 69, 70.
73, 160, 181. — Archives de Genève, 3, 92, 93,94,
95, 96, 103, KM. — Archives de Grenoble. 3. —
Archives de Lausanne, 3, 144. — Archives de Tu-
rin, vi, VIII, IX, 3, 59, (56, 68
Arenthon (d*) d'Alex, évoque xix, xx, 114
Arpin Louise, 133. — Arpin, prêtre, 136
Astesan, intendant, xxviii
Auguste, empereur, 38
Autrichiens, 168
Avit (S'), archevêque, 49
Babin de Rumilly, 236
Bailly (les), 71
Bardenuche (Château de), 82
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— 270 —
non, XXXIV, 121
27
•ien, 106
249,252
' aucigny, 57, 66
53, 55
lat, 209
XXI, 44, 55, 64, 65, 74, 99, 100, 102, 113,
143, 177
70. 75, 76
ident), 235
162
211, 214, 236
118
231
cier municipal, 231
12. 18, 26, 33, 35, 39, 43, 83, 86, 99
6
217. 223
xLi, m
idic, 171. — Boccard, chanoine, 135. —
nvier, syndic, 171. — Boccard Marc,
occard, missionnaire, 135, Boccard,
133, 134
114
216
)cat, XXXV
làteau de), 85
(château de), 87
i. 70
ire, 231
12
63, 64, 81
216
219 223
74, 106, 110, 114, 116,' 119
111
mt, 228
XI
:iei* municipal, 231
124
45, 46, 47
115
flîcier municipal, 231
le, 231
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— 271 —
o
Cachât, délégué du Directoire et autres,
214, 220
Cadastre.
152
Cafïe, aide-adjudant,
229
Calavrai. coutume,
186
Canchy (de),
85
Capitation (impôt),
153
Capucins de Thonon,
119, 158
Carpinel, contrôleur de poids et
mesures
X
Carrier,
9
Catherin Champagne, syndic,
XXVI
Cayen (Pierre-Amédée).
120
Challande, institutrice.
178
Chambéry,
IX, 217, 224, 226
Chamoux, président,
236
Champagne François,
XXX, XXXI
Champanges,
43
Chappuis, lithographe,
180
Chardon, curé.
XXXVII
Charles Emmanuel,
IX.
xii^ XXXII, XL, 155
Chasseurs Rochellois,
229, 234
Chatel,
214
Châtelain (le),
156
Chatillon et de Chatillon,
XLvii, LUI, Lv, 216
Chénevottes, allumettes,
192
Chens,
8, 14, 36
Chevaliers de Saint-Maurice et Lazare,
120
Chevallav, officier municipal.
231
Chevilly'(de),
66
Christin, maire.
231
Clément VII, pape,
54
Compey, dTvoire,
59
Conche (de),
83
Concile de Trente,
XXXVIII
Confrérie du S*-Esprit,
179
Constantin A.,
20
Convention nationale.
VII, 236
Corsier,
42
Corte (Comte),
XXVIII
Costa de Beauregard (familles des), 5G, 75, 130, 133, 137,
162, 173. — CostaJocelyn
(Ct^),9,
14,17,57,73.81
Coudrée,
65, 69,103
Cravanzane (Marquis de).
XXVI
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— 272 —
Dantand, xxin
Dauphins (les), de Vienne, 53, 67
Davet Joseph, soldat, 209, 227, 228, 230
Decrosaz (famille), 157
Delachenal, curé, 1 14
Delafrasse Etienne, curé, H3
Delajoux François, 216
Delebecque, ingénieur, 6
Deruaz César, xxxv
Diesbach, colonel, xxii
Dioclétien, enripereur, 44
Domitien, évèque, 48
Donau, Intendant général de justice, xxxii
Douvaine, 14, 16. 17, 40. 67, 91, 97, 103, 104
Duborgel, 10, 29, 88. — Duborgel, curé, 122, 123, 126, 128,
134, 179. — Duborgel Félicie, 129, 131. — Dubor-
gel Joseph, maréchal des logis. — Duborgel Ga-
briel, maire, 175. — Duborgel J.-M., 132. — Du-
borgel Pierre, 131, 171. — Duborgel, notaire, 177.
Dubouloz Ferdinand, xxxviii. — Dubouloz Guôrin, 140. —
Dubouloz, grand vicaire, 127
Duchône, 135, 136, 175
Ducis, abbé, 4, IL 16, 22, 41
Dufour Amed, curial.xxx. — Dufour, curé, 96. — Dufour,
écrivain, vu. — Dufour, général, vi
Dumont, prêtre. 124
Dumouriez. général, 207
Dunoyer Norbert, xviii, xxxii, xxxiit
Dupas Joseph, 216
Dupérier, médecin, xxxviii
Duplan Albert, v, xi, xxin, xxxii, xxxiv, xxxv, xl, xlvi.
Lin, Lxni, 205-236
Duret Michel, maire, 174. — Duret, notaire, 146, 177,
autres lix
Emine, mesure, 187
Enfants du Léman, société, 180
Evian (Touvière d^Evian), xxiv, xxxv, xi.vi, LXI, 60, 99,
208, 209, 214, 216, 219, 220, 227, 228, 232, 234. —
Garde nationale d*Evian, 207, 236
Excénevex, 11, 16, 17, 28, 31, 45, 177
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— 273 —
IF
Fabius Maximus.
Fabri, évoque,
Farel, ministre protestant,
Faucigny,
Faurax, curé,
Favrat, procureur, syndic.
21
187
99
240 243, 249-252
128, 129, 131
235
Favre, abbé, 22, 136, 179. — Favre Françoise, 131
Fazy îlenry, historien, 105
Fazy James, 64
Féternes, 231, 232, 133
Fian (1q), coutume, 189
Fichet, chevalier, comte de Ponchy. xxiv
Filly, abbaye, 83, 90, 93, 97, 100,.102, 111,113, 120, 179, 182
Fléchère(dela), 84
Fleury, chanoine, historien, 115. — Fleury, curé, 133. —
Fleury (de) deMonthoux, marquise^ xx
FoUiet, sénateur.
XXV, LXI
Foras (de), historien,
64,76
Fornier (noble).
63,74,114,119
François (S*) de Sales,
LVII-LVIII
Francs,
52
Frise (château de),
a-
76
Gabelle (impôt).
154,160
Gallay, curé.
122
Gallaz, commissaire.
219
Gaulois,
12, 13, 17, 18
Genève, xxi, xxii, XL, 7,
10, 13, 17:
,43,44,45,52,76,91,
93, 99, 104, 105, 147
Genève Claude-François,
secrétaire,
XXV
Genevois,
XIX, 99, 104. 249, 252
Genoud,
119. 132
Gerdil, orfèvre.
xxxrv
Giessen (société de).
XXXII
Gingolph (St),
109, 110, 214, 234
Girard (noble).
71,97
Gonthiep J.-F., historien.
1
LUI, 49, 60, 96, 98, 1 10
Gorin, imprimeur.
xx^rii
Granger, épicière à Nyon^
123
Graqier (de), évèque.
XIX
Graajux François,
216
Grenoble,
219
i8b
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-Ô74-
Grillon Vincent,
Guichenon, historien,
Guilland, écrivain,
Guillaume, curé,
Guillot,
Guyon Jules,
Guyot, archiprêtre,
167
40,68
vin
116
XXXV, 232
xxni
XX
H
Helvètes, 35
Hermauce, 53, 54, 59
Hovelacque, Direct' de l'école d'Anthropologie de Paris, 15
Humbert de la Ravorée, • W5
Impôts féodaux.
Impôts nouveaux.
Innocent IV, pape.
Invasion autrichienne.
Inventaire bernois du Chablais,
155
165
58
168
196
Jacopin Jacques^ notaire, xix-xx. — Jacopin Pierre, rec-
teuf*. XIX. — Jacopin, secrétaire de l'Université de
Toulouse, XVIII
Jacquier Jean, 216
Jacquot Lucien, xxiii
Jaillet, de S^-Cergues, xxxiv
Jean-d'Aulph (Abbaye de), 57, 67, 68
Jean-Louis de Savoie, évèque, ' xviii
Jeoire (Saint),
Jocerand Pierre,
Jordan, notable,
Joudon, curé.
Kellermann, général^
k:
226, 227
XLVII, LX
XL
128
208,216
Lamartine, poète,
Langin (tour de),
Larringes,
Lausanne^
Lavanchy, historien,
Léman (lac),
168
54
232
44, 125
127, 135
46
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— 275 —
Livet (noble) Antoine,
XÏX
Lochon (docteur),
XXIII
Loysinge, sénateur,
XXIV
Lugrin (de), 76, 77. — Lugrin Jean
, maire, 231
Lullin,
235
Luzernois,
140
im:
Magnin, curé,
133
Magnin, évoque,
132
Maisonneuve (de la),
112
Maison (S*®) de Thonon,
120
Maison des Arts de Thonon,
115, 120
Malet Félicien,
67
Malinges Amédée, poète.
xvin
Marcoz F.,
XXXV
Marin,
231, 232. 233
Marsille (fontaine),
174
Martin (S^), évoque,
49
Massongy, xxv.
XXVI, XXVIII, XXIX, XXX
Maubuisson (Abbaye),
XIV
Maur Jacques, horloger,
IX, XI
Maurice (S'),
65
Maxilly,
LVi, 209, 232
Maxit,
225, 233
Mayor, docteur,
14
Mazaute, instituteur.
178
Mazzini,
140
Médicis (de), cardinal.
106
Meillerie,
234
Ménabréa Léon, historien.
52
Menton (de).
72
Mercier, historien, 46. — Mercier,
député, LXi
Mésinges,
67
Messery (notice sur).
1-204
Meyer, lieutenant,
218
Meyrier (de).
81
Michaud (frères).
XI, 75, 150, 160
Mocenigo (doge de Venise),
XXXIV
Montesquieu, historien,
45
Monthoux,
XIX
Moraud,
VIII, 121
Morges,
12
Morillon,
XXXIV
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Ga
— 276 —
Mortillet, 12
Mudry Norbert, xi
Musée d'Annecy, 9, 10, 11. — Musée de Genève, 17, 40. —
Musée de S'-Germain, 17. — Musée de Lausanne, 9
Nantuates, 20
Nernier (notice sur), 1-204
Neuvesselle 209, 232
Niton (Pierre à), 18
Novel 27, 58, 232, ^34
Novodunum (Nyon), 42,44. — Nyon, xxii, xxiii, 137, 140
o
Olive, intendant, xxviii
Omont, écrivain, xii, xiii, xiv, xviii
Orose Paul, historien, 46
Proussel Vincent, marqueur de poids, 240
Publier, 232
Paurier, curé, 117
Partays (bois de), 173
Pavy, curé, 117, 122, 126
Peccoux, de Nernier, 124, 136
Pellicier François, 216, 217
Pescatore, intendant, xxvi, xxvii, xxviii. xxix, xxxi
Philippe, historien, 27
Piccard L.-E., vi, xxiii, xxv, xxxix, lv, lvii, lxi, lxiii,
11,32,61,68,69,71,77,79, 80, 81, 83, 92, 102,
103, 105, 111, 120, 134, 140, 156, 168
Piccolet Pierre, 225
Picut Claude, conseiller, xxvi
Piémontais, 208, 218
Pillet L., écrivain, viii
Pinget Léon, xxiii
Pirasset, xxxii
Pochât Henry, syndic, 170
Poids et mesures en Savoie (Chambéry, Annecy, Genevois,
Faucigny, Beaufort, Thônes, Val des Clefs, Ta-
rentaise), vi-xi, lxi-lxii, 239-266
Portay, chirurgien, xxxix
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— 277 —
Quartery (de), 71
Questan Jean-Louis, chanoine,
Quiblier Auguste, Capitaine des pompiers, 180. — Félix,
chirurgien militaire, 16G. — Guillaume, 129. —
Léon. XXIII. — Marie, 119. — Melchior, 179. —
Michel, 132. — Médecin du roi Murât, 198. —
Victor, 23
Qu isard. xxvii, 177
Ta
Rabut, écrivain. viii
Rassat Pierre, marqueur de poids, 240
Rebert, 14
Rendu. évoque, 130
R^vonL.. 9, 14. 17, 18
Revue savoisienne. 7, 11, 12, 16, 22, 23, 25, 27, 39, 47, M,
55, 59, 121
Rey, 221
Ripaille. xxi, 104
Ritter, président de l'Institut genevois, xii, xviii
Rivollet, prêtre. 139
Robert, curé, 131
Robespierre, 126
Rossillon de Bernex, évèque, xxxv, 116
Rovorée (château de), 57
s
Sage. curé. 134
Savoie (princes de la maison de), ix-xi, xxxii, XL-XLVI,
243-254
Sales (de) S« François, 105, 106, 113
Sales (de) marquis, XLVI
Seignette, adjudant-général, 228
Sénat de Savoie, xxxv. 156
Septime-Sévère, empereur, 40, 41
Severin (S^) marquis, 130
Sicard, prêtre, 134
Société d'histoire et d'archéologie de Genève. 7, 13, 14,
15, 41, 91. — Société savoisienne d'histoire, viii,
81,82,184
Soissons (princes de), XLI, XLiii
Spon, historien, 40
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— 278 —
Stations lacustres, 8
Strabon, historien, 12
Suidas, historien, 12
Suisse, XXIV, 213, 218
Suisse romande (Société de la), 39, 88
Tarentaise, LXI, 255-206
Tencin (de) cardinal. xxxvi
Thiébaud Charles, officier municipal. 231, 234
Thierry Augustin, historien, 191
Thomas (S') marquis, XLiii, XLiv. — Thomas, poète
de Thonon, xii, xiii, xiv, xv, xvi, xvii
Thônes (ville) (Les Clefs), 247-249
Thonon. xxi, xxxix, lvi, 42,59, 60. 68, 71, 75, 80, 84. 97,
99. 105-107, 112, 127, 140. 151, 156, 166, 183,209,
216, 220, 223, 235
Thorens, curé, 126, 127, 177
Tissot, 57
Tougues, 14, 35
Tourronde, 209, 234
Touvière (faubourg d*Evian, chapelle et église de laTouv),
_ , XLVI-LXI
Trédicini, écrivain, 71
Troche (de), 72, 77
Troyon Frédéric, 10, 11, 12
TJ
Union savoisienne, 133
Vacheresse, 213, 214, 218
Valaisans, 99. 2I8
ValfridF., xxxix
Vallée Thomas, marqueur 4e mesures, 239
Vallier, curé, 116
Vandel, curé, 137, 138. — religieuse, 140
Vaudois, II5
Vercingétorix, 21
Verdelier, général, 234
Versoix. 219
Vétraz-Monthoux, xviii
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— 279 —
Vevey
XXIt
Victor-Amédée,
II, XLI, 115
Viennes,
230
Vigny (de).
81
Visitation (couvent de Thonon),
XXXIX, 125, 162
Voirons,
. ^ * '" '
Vuarnet E., xxi. — François,
soldat, 167. —
sergent- major,
Vuy Jules, historien,
Y
Yvoire.xxi, Lix,6, 11, 18. 19, 27,28,53, 60, 61,9
Yvorne,
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