MEHOiiiES ET ll^^,nlE^TS
PUBLIÉS PA1{ LA
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SOCIETE SAVOISIENME
D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE
MÉMOIRES ET DOCOIENTS
PUBLIES PAR
d'histoirh:
ET D ARCHÉOLOGIE
TOME TREIZIÈME
CHAlYiBÉRY
ALBERT BOTTEHO, IMPRIMEUR DE LA PRÉFECTURE
PLACE SAINT-LEr.Kll
1872
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ SAVOISIENNE
D'IIISTOIUE ET D'ARCHÉOLOGIE
18 7 2
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ
séance générale tlu î février IW3«
( Présidence de M. Dofour. )
i\liM. DAlbaue et le baron de Poiinat sont
admis membres de la Société.
— M. le Président ainionce qu'il a reçu de
M. Toclion son Histoire de V agriculture de
Savoie. J/assemblée décide que les volumes 5,
7, 8, 0, 40 et 11 de ses Mémoires seront transmis
à la Société centrale d'agriculture, si elle accepte
la proposition laite en son nom par M. Toclion
de les payer moitié prix.
— M. L. liabut énonce divers documents en-
voyés à la Société par M. Dufour, président
honoraire.
VI
Ces documents sont les suivants :
Dix Charles très curieuses, inédites, du ISn»-' siècle,
relatives au comte Amédée IV de Savoie et à sa femme
Cécile de Baux, à ses l'rères Thomas, Pierre et Philippe,
et à son fils Thomas, etc. (1235-1268), avec dessins
des sceaux. Parmi ces documents, les plus importants
sont les trois testaments d'Amédée IV.
Vingt-deux pages de notes relatives à Samoëns, sur
lesquelles un travail est en préparation.
Vingt-neuf documents sur les peintres, sculpteurs,
maîtres d'école et imprimeurs de la Savoie,
Huit pièces sur les compagnies de tn-eurs.
Trois chartes inédites et relatives à l'industrie des
armes à feu.
Une vente de 1 385, par Louis Salmier à Jean Logerel,
de plusieurs immeubles àChambéry, pièce très longue
et curieuse pour la topographie chambérienne.
Quelques pièces relatives au château de Chambéry
et au château de St-Cassin.
— L'assemblée décide de nouer des relations
avec la Société de statistique de Marseille.
— Elle vote des remerciments au Conseil
général pour l'allocation faite en faveur de la
Société, et prie son président de les transmettre.
— M. L. Rabut donne communication d'un
mystère joué aui6"i<î siècle, à Lanslevillard, par
les habitants de ce bourg. — Cet ouvrage est
transmis au comité de publication.
— On procède ensuite à la formation du bu-
reau. — Sont élus :
VII
Président M. Dufour.
Vice-président. M. Blanchard.
Secrétaires. . . . MM. Robessoii el Martin.
Trésorier M. Jacques Pcrrot.
IHbliothécaire . . M. l'aquet,
— A l'occasion de réloctiori du vice-président,
l'assemblée décide, vu l'ai'ticle 4 du règlement,
que la majorité absolue sera toujours nécessaire
au premier tour de scrutin.
— Dans le but de ranimer l'ardeur des so-
ciétaires , l'assemblée décide que les réunions
mensuelles auront lieu les 1*^'' et 3'"^ vendredis
de chaque mois.
— Le trésorier donne le compte de sa caisse,
qui est approuvé.
— Ouvrages reçus depuis la séance du "27
juillet 1871 :
1° Répertoire des travaux de la Société de statistique
de Marseille. Tome III, I et II de la T^^ série.
2" Mémoires de la Société académique du département
de l'Oise. Tome VII.
3" Bulletin de la Société polymatique du Morbihan.
Année 1871, !«'■ semestre.
4-0 Bulletin de la Société dimoise. Octobre 1871 et 11
janvier 1872.
5° Le Cabinet historique et héraldique. Table des
treize premiers volumes.
6° Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Col-
mar. U"'« année.
7° Mémoires de l'Académie du Gard. Août 1860.
VIII
8" Recueil des notices et mémoires de la Société ar-
chéologique de Conslanline. 1870, XIV" volume.
9" Revue des Sociétés savantes des départements. Août
et décembre 1871.
\0° Bourgogne, revue provinciale. 1871.
11» Henry de Ferry, par :Vll)iicr.
1^0 Bulletin de la Société des sciences historiques et
naturelles de l'Yonne. 24^ et lâS" volumes.
13° Bulletin de l'Instilnl national genevois. Vol. 35.
\A° Recueil des mémoires et documents de l'Académie
de la Val-d'Isère. 2'"« volume, 3"'« livraison. — Docu-
ments, ler volume, i""^ livraison.
\o'' Franchises municipales de Cusy en Genevois.
16° Revue savoisienne. W'^ de juillet 1871 à janvier
1875.
1 7" Bulletin de la Société académique du Var. Série IV.
18" Mémoires de la Comjiiission des antiquités de la
Côte-d'Or. !'« livraison du tome YIII.
19° Bulletin de V Académie delphinale. 9'»c série, 6.
20'' Revue de Belgique. A^^^" année, l'c livraison.
21° Notice biographique de M° Marie, par Albrier.
22" Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences
et arts de Douai. 2""= série, tome X.
23'^ Mémoires de la Société académique du département
de l'Aube. Tome VI, 3'"« série!
24" Bulletin de la Société des antiquaires de France.
2", 3" et 4« trimestres 1870.
25° Etude préhistorique de la Savoie, par André
Perrin.
26« Cartes de la Savoie et de la Haute-Savoie, par le
même.
27» Annuaire de la Savoie, par le même.
IX
Sêuiice «lu ÎJ3 févi'ioi" l**y»
{Pri'sidcncr de M. Blamhard. )
M. André Perriii cuminuiiiqut' à l'assemblée
un Liavail sur les ateliers monétaires ouverts en
►Savoie, et une étude pour servn' d'introduction
au catalogue des monnaies de Savoie réunies
au musée départemental.
— M. L. liabut annonce une nouvelle notice
sur des monnaies inédites de Savoie, de M. F.
Rabut.
Ces deux conuuuuications sont accueillies
avec satisfaction.
— On arrête une assemblée générale pour
le renouvellement des commissions. l']lle est
fixée au vendredi 8 mars.
— Le secrétaire est invité à demander à M. le
Ministre de Tinstruction publique un exemplaire
du CartuJaire de St- Hugues de Grenoble, pu-
i)lié sous ses ausi)ices.
Sôance du S mars 1S79
( Présidence de M. Blanchard. )
M. le président donne connaissance d'une
lettre do démission de M. Camille Duverney.
La démission est acceptée.
— Une circulaire de M. le Ministre de l'ins-
truction publique annonce une réunion des dé-
légués des Sociétés savantes pour le 1^'" avril.
Aucun membre présent ne peut accepter la mis-
sion de représenter la Société à cette réunion.
— Le dépouillement du scrutin pour le renou-
vellement des commissions donne les nomina-
tions suivantes :
1^ Membres de la commission de publication :
MM. Rabut François, Rabut Laurent, Perrin
André et Jules Carret.
2"^ Membres de la commission des documents
historiques : M]\L Dufour Auguste , MoUard
Francisque, Fivel, Rabut Laurent.
S*^ Membres de la commission des monuments
historiques : MM. Bonnefoy, Dufour François,
Fivel et Meurianne.
— Le secrétaire communique une lettre qu'il
a reçue de M. Meurianne, ancien trésorier,
habitant, depuis le mois de juin 1870, la ville
de Grenoble, et la copie des comptes courants
XI
ouverts ù la banque ( Caisse commerciale ) au
profit (le la Société.
Tous les memJ)rcs ont reconnu la parfaite ré-
gularité et complète exactitude des comptes
tenus par M. Meurianne ; à Funanimité ils dé-
cident que la lettre de M. Meurianne sera pu-
bliée dans les comptes rendus des séances de
la Société. M. le président Blanchard, en s'as-
sociant aux constatations laites et à la résolution
prise, a déclaré que, dans la rédaction du procès-
verbal dont se plaignait M. Meurianne, il n'avait
point eu Tintention d'adresser à la comptabilité
de ce dernier le moindre reproche. Il a ajouté
qu'il s'était exprimé de la sorte dans la pensée
que le compte rendu financier devait être soumis
par le trésorier lui-même en présentant ses
comptes , ce qui n'avait pas eu lieu, à cause de
son absence de Chambéry.
Grenoble, le 27 février 1872.
Monsieur le Secrétaire de la Société d'histoire
et d'archéolufjic à Chambéry.
Je viens de faire une course à Chambéry, et j'en ai
rapporté le tome Xll« des Mémoires de la Société d'his-
toire, qui vient de paraître. En feuilletant ce volume,
je suis tombé sur la page lxx, où j'ai lu les lignes sui-
vantes, qui sont un résumé des paroles prononcées par
le président de la séance du 27 juillet \S1\, M. Blan-
chard :
XII
« Quant au compte rendu financier, qui n'a pas été
« donné complètement par l'ancien trésorier, avant son
« départ de Chambéry, le président déclare qu'apiès
<L avoir examiné tous les éléments fournis par les pa-
« piers laissés par M. Meurianne, par ceux retrouvés
« dans les archives de la Société et à la Caisse corn-
« merciale, ilpeutaffirmer quece jour(17 juillet 1871)
« il reste à l'actif de la Société la somme de 199 fr.
« 45 cent., dont 150 fr. 70 sont déposés à la Caisse
« commerciale, à notre compte courant, et 48 fr. 75
(c sont à la disposition du futur trésorier. »
De toutes ces assertions, je n'en relève qu'une pour
le moment, et c'est pour lui donner le démenti le plus
formel. C'est celle-ci: le comple-t^endu financier n'a pas
été donné complètement par l'ancien trésorier. J'ai rem-
pli les fonctions de trésorier pendant les années 1868
et 1869 et pendant le 1^'- semestre de 1870, c'est-à-dire
jusqu'à l'époque où j'ai quitté Chambéry. A la fin de
chaque année, et au moment de mon départ, j'ai adressé
au président un compte rendu très exact de la situation
de la Société. Ces états comprennent, d'une part, toutes
les recettes, avec l'indication de leur origine, et, de
l'autre, tous les paiements effectués, avec le nom de la
partie prenante et le numéro d'ordre du mandat délivré
par le président et l'un des secrétaires, numéro qui
concorde avec le registre à souche de la Société. De
plus ces comptes sont crédités des intérêts de chaque
somme encaissée, depuis le jour où je l'ai reçue; parce
que, au lieu de garder cet argent par devers moi, je l'ai
toujours versé immédiatement à la Caisse commerciale.
Il résulte encore de cette manière de procéder que le
solde du compte de la Société dans les livres de la
xin
Caisse commerciale exprimait parfaitement la situation
financière de la Société, à quelque moment que ce fût,
et par conséquent au moment où j'ai cessé mes fonc-
tions de trésorier, c'est-à-dire au 30 juin 1870.
Pour vous prouver ce que j'avance, Monsieur le
Secrétaire, je viens de prier la Caisse commerciale de
vous adresser une copie de ces comptes. Il y manquera
seulement le commentaire que j'avais l'habitude d'a-
jouter au bas de chacun de ces relevés. Mais toute per-
sonne un peu compétente qui les examinera sera forcée
d'en reconnaître la régularité. Du reste, (luoique j'aie
quitté Chambéry, j'en suis encore assez près pour lé-
pondre aux réclamations que l'on pourra m'adresser,
de quelque nature qu'elles soient.
Je suis convaincu, Monsieur le Secrétaire, que le
reproche qui m'est fait est l'œuvre personnelle de
M. Blanchard et de celui de vos prédécesseurs qui a
tenu la plume ce jour-là, et que la Société n'approu-
vera pas le procédé blessant dont ces Messieurs ont
usé à mon égard.
Je vous prie, et au besoin je vous requiers au nom
de la loi, d'insérer cette rectification dans le premier
bulletin que publiera la Société d'histoire, et je me dis
avec plaisir, Monsieur, votre bien dévoué confrère,
Meurianne.
\0, rue St-Vincent-de-Paul.
XIV
Séance du 90 mars 1S'>9
(Présidence de M. Blanchard. )
Le procès-verbal de la séance précédente est
adopté.
— M. Fivel lit un extrait d'un manuscrit ap-
partenant à M. Leroy, propriétaii-o à Tresserve,
et relatif à la réfection du pont de Tresserve.
Note concernant la réfection du pont dict
de Terrenoe, 1568.
Les villaiges et ressortz qui ont a contribuer à la res-
tauration du pont dict de Terre noe près la rive du lac
du Bourget rate pour rate sellon la cotlization faicte
par ordre de monseig^'Ie Gouverneur de Savoye a raison
de seize sols et deux quarts por foeu.
Estrambrey 0 ff. ( déchiré )
Ceruolay 13 ff. 17 8.10^6
La Sarra 45 ff. Gis. lO^ô
Paroisse du Bourget 12 ff. 16 sous 6
Homes du prieuré du Bourget. . . 102 ff. 143 sous 7
Bourdeaulx 7 ff. 9 sous 7
Hommes de labbaye Daultecombe 36 ff. 49 sous 6
Terres et subjects de mons"" dux, . 124 ff. 170 sous 6
S'.Innocent 24 ff. ( déchiré )
Tresselve 25 ff. 31 sous 9
Drumete, Sesarches, Clarefons,
Fornex 28 ff. 38 sous G
Mery 16 ff. 22 » »
XY
Viviers 4 i ff. 19 sous 4
Voglen 13 If. 19 8.10^6
Villaricher 19 ff. 26 s. 1 J 0
Ragie 10 ff. 13 sous 9
Sonnax 1 0 ff. 13 sous 4
Montaigny 7 ff. Os. 7 <i G
Somme des foeux 512
Somme de largent 703 ff.
Telle est la teneur de cet extrait.
L'assemblée écoute avec plaisir la lecture
d'une cinquième notice sur quelques monnaies
inédites de Savoie de M. François Rabut, pro-
fesseur d'histoire au lycée de Dijon. Elle décide
l'impression de cette notice dans ses Mémoires.
— M. le président met à l'ordre du jour la
question du rapport sur le travail do M. A. Perrin,
relatif aux ateliers monétaires en Savoie. Ce tra-
vail est renvoyé au comité de publication.
— Après une longue et très intéressante dis-
sertation de M. Fivel sur le passage d'Annil^al
et sur la situation d'Alesia, la prochaine réu-
nion est renvoyée à trois semaines.
Séance <Iu lO ovrll 1879
( Présidence de M. Blanchard. )
.\1. iJlaiicliaid , en sa qualité île membre du
coinilé de |)ublicalioii, donne une analyse suc-
XVI
cincte du travail de M. Perrin sur les ateliers
monétaires en Savoie ; il en signale les parties
et les documents ayant un véritable intérêt pour
l'histoire de notre pays , et il n'hésite pas de
l'appeler Vhistoire de la monnaie en Savoie.
La publication de ce travail sera insérée dans
les Mémoires de la Société.
— Ouvrages transmis à la Société :
1» La Sociêlé philotechnique de Paris. Tome XXXIII.
2" Bullelin de la Société historique et scientifique de
St-Jean-d'Augely. Aiiiu'e 1807.
8" Bulletin de la Société archéologique et historique du
Limousin. 1870-1871.
¥ Revue savoisienne . Mars 1872.
5° Bulletin de la Société de statistique de l'Isère. S'""
série, tome II.
6° Mémoires de la Société d'archéologie lorraine.
Tomes XX el XXI.
7» Mémoires de la Société littéraire de Lyon. Années
1870-1871.
8» Bullelin de la Société des antiquaires de Picardie.
4871.
— Sur la motion d'un membre, il est décidé
que le dernier volume sera envoyé gratuitement,
comme les précédents, au couvent des Capucins.
— M. François Ptabut annonce qu'il a reçu
de M. Dufour trois séries nouvelles de documents
historiques, savoir :
1° Trente-six pièces relatives à treize peintres de
cour de la maison de Savoie, des 16"-c et 17™e siècles,
XVII
pièces tirdes des archives de la chambre des comptes
de Turin et destinées avec d'autres à former un impor-
tant supphmient au travail inséré dans le volume pré-
cédent des Mémoires de la Société, sur les peintres et
les peintures en Savoie.
1° Une cinquantaine de notes extraites des mêmes
archives, sur des sculpteurs employés par les ducs de
Savoie et les rois de Sardaigne, et sur leurs travaux.
Ces renseignements sont destinés à un travail qui pa-
raîtra bientôt sur les sculpteurs et les sculptures en
Savoie.
3° Nombreuses pièces et notes relatives aux com-
pagnies de tir de la Savoie. Elles figureront avec plu-
sieurs autres dans le 13'»e volume des Mémoires de la
Société. Patentes, règlements, mandats, extraits des
comptes ducaux et municipaux, listes des rois des tirs
à l'arquebuse, à l'arc et à l'arbalète, dans les villes de
Chambéj-i, Anneci. Tlionon, Evian, etc.; procès-verbaux
de délibérations, etc., etc.
L'assemblée exprime à MM. Rabut et Dufour
ses vifs remer ciments.
Séance «lu «^ avril iwîs
( Présidence de H. Pvthon, ancien membre fondateur. )
M. L. Iiabutruiid compte de sa mission auprès
de M. Bottero pour le changement des carac-
tères des nouveaux volumes à publier. II est
décidé que les caractères neufs présentes p;ir
B
XVIII
M. Bottero différant peu des anciens , et pré-
sentant des conditions typographiques satis-
faisantes , seront employés désormais pour
l'impression de nos Mémoires. Le procliain
volume continuera la série commencée et por-
tera le numéro XIII.
— M. Rabut fait une communication sur les
Mémoires de la Société littéraire , liistorique et
archéologique de Lyon, et signale un beau
travail de M. Martin Daussigny sur la dédicace
des tombeaux romains. — La formule sub ascia
dedicavit amène M. Jules Carret à faire des ré-
flexions philosophiques très ingénieuses. Les
sociétaires qui s'étaient déjà occupés de cette
question approuvent les conclusions de l'étude
de M. Martin Daussigny.
Le compte rendu des séances de la môme
Société mentionne une lecture de M. Melville
Glo ver sur l'abbaye de Filly, en Savoie. Gomme
l'auteur est un ancien sociétaire et que sa notice
se rattache à l'histoire de notre pays, plusieurs
sociétaires expriment le désir qu'elle soit en-
voyée à la Société savoisienne.
— Il est donné lecture d'une lettre d'un so-
ciétaire absent, de M. Hudry-Ménos, publiciste
éminent, dont les travaux, publiés dans la Revue
des Deux-Mondes, ont une valeur historique et
littéraire remarquable. La Société décide par
acclamation que cette lettre, où respirent le plus
XIX
chaud palriotismu et ramoiu' des éludes rela-
tives à notre histoire provinciale, sera imprimée
dans le compte rendu de ses séances.
Monsieur,
J'ai reçu, à mu grande surprise, le volume XII des
Mémoires et documents de la Société d'histoire et d'ar-
ché(»logie de la Savoie. Il m'arrive je ne sais à (piel
titre, car depuis mon départ de Cliambéry, en 4808,
vous n'avez plus et je n'ai plus moi-même le droit d'être
compté parmi les meml)res de celle Société, que je
croyais morlc el enterrée avec la patrie dont elle étu-
diait le glorieux passé. Dans cette pensée, je n'ai plus
rien envoyé, pas même ma modeste cotisation de so-
ciétaire.
Mais, puisqu'elle vit encore, puisqu'elle nous parle
de notre cher pays de Savoie, de son passé, de ses
traditions el de ses gloires, je reviens à elle ( on revient
toujours à ses premières amours), j'en veux être mem-
bre à n'importe quel litre, elfcclif ou correspondant,
ou honoraire, et je vous envoie ci-inclus un mandai de
posle pour mes cotisations en souiïrance.
Il ne faut pas laisser s'éteindre ce petit foyer d'études
historiques, cette petite lumière qui éclaire noire passé.
N'oublions pas que nous avons été quelque chose dans
le monde si nous voulons être encore dans l'avenii-
quelque chose de plus qu'une expression géograpbi(pn'
el un carré numéroté de la France. Majores el posteros
cogilatet L'idée de patrie el le vrai palriolisme ne sub-
sistent que par cette double pensée.
Je ne parlage pas l'avis de ce député que vous con-
naissez, (|ui disait dernièrement à Versailles (|ue la
XX
Savoie avait rompu avec ses traditions huit fois sécu-
laires. Non, elle n'a pas rompu; au contraire, elle se
les rappelle plus vivement et elles excitent plus d'intérêt
que jamais. On veut les étudier, on veut les connaître,
on veut assister par la pensée, par le souvenir, au drame
séculaire qui s'est déroulé sur le sol sacré qui fut la
Savoie. C'est pour cela qu'on foudle les archives, pour
cela qu'on secoue la poussière des vieilles chartes, qu'on
ramasse çà et là, sparsa colligit, selon l'épigraphe de
notre Société, les documents épars à l'aide desquels se
reforme la figure aimée de l'ancienne Savoie, aujour-
d'hui, hélas! bien aplatie, bien effacée par la centra-
lisation et l'uniformité cadavériques.
N'est-ce pas là renouer avec nos traditions? En re-
cueillant les documents dont elle compose son volume
annuel, en fouillant le passé, notre Société prépare
l'avenir. Je ne comprends l'histoire que comme école
de préparation. Laissons le passé enfoui dans l'éternel
oubli s'd ne doit rien nous dire quant au présent et
quant à l'avenir. Si nous ne devons plus être nous-
mêmes, à quoi bon étudier notre personnalité nationale
des jours anciens? Si notre pays ne doit plus être qu'un
lambeau de territoire sans nom, fermons nos Sociétés
d'études historiques et archéologiques, et ne regardons
plus en arrière.
Je sais que les vrais archéologues et les vrais ama-
teurs des choses du passé ne s'y portent pas par ce
mobile. En général, ils ne songent guère au présent,
encore moins à l'avenir; mais c'est précisément pour
cela que leur travaU est fécond et gros de conséquences.
Aujourd'hui rien n'arrête plus le regard sur le vieux
sol uni et nivelé de la Gaule. Toutes ces patries res-
XXI
treinles qui s'y élevaient jadis sous des formes diverses,
et qui étaient comme les assises granitiques de la pa-
trie générale, tous ces accidents nés de l'histoire et de
la diversité des caractères et des intérêts provinciaux,
pays d'Etat, pays de généralité, parlements et sénats
souverains, tout a été abaissé, écrasé et nivelé sous le
poids du pouvoir central. Où sont les Etats de Savoie,
(lu Daupliiné, de Provence, de Bourgogne, de Bretagne
et autres? Où sont ces autonomies qui formaient
contre-poids au pouvoir absolu central?
Sans doute, ces Etats provinciaux devaient dispa-
raître, car ils avaient faussé leur principe et ne rem-
plissaient plus leur mission historique. Au lieu d'être
les naturels abris de la liberté et du droit, ils étaient
devenus la forteresse du privilège et des castes aristo-
cratiques. Le grand nombre s'y trouvait à l'étroit, sans
droit et sans liberté, sous la coupe réglée des gens
d'épée, de robe et d'église. Oppression pour oppression,
le peuple a préféré celle qui était la plus éloignée, celle
du pouvoir central, et il a aidé celui-ci dans l'œuvre du
nivellement et de la démolition.
Mais si l'égalité a trouvé son compte à la disposition
de la patrie restreinte, la grande y a-t-elle gagné? On
a cru donner à la France ce qu'on enlevait à la pro-
vince: mais il est arrivé que le patriotisme général s'est
appauvri de tout ce que perdait le patriotisme local. On
a détruit ces anciennes existences qui faisaient battre
le cœur de nos pères, on a effacé ces noms aimés qui
servaient de mot d'ordre et de cri de ralliement au jour
du danger, et à la place on a mis des expressions géo-
graiihiques, des noms absurdes de montagnes, de ri-
vières et de neuves, subordonnant ainsi l'histoire à la
XXII
vie, la nature vivante à la nature inanimée, la France
morale à la France physique, l'esprit à la matière.
Encore une fois ces autonomies devaient disparaître
dans leurs formes anciennes et antidémocratiques;
mais la place est restée vide. Ces membres vivants de
la France ayant été retranchés, la nation est demeurée
désarticulée. Elle n'a plus que des mouvements d'en-
semble, sans frein et sans contre-poids, mouvements qui
peuvent être prompts et puissants, mais qu'un grain de
sable fait dévier et tourner vers l'abîme. Il en sera ainsi
jusqu'à ce que l'organisme naturel se reforme et que
le contre-poids local devienne une réalité. Il faut que la
vie provinciale renaisse si l'on veut faire renaître la
France.
Notre Société d'histoire et toutes celles qui sont à
l'œuvre avec elle travaillent à cette résurrection. En
fouillant le sol nivelé de la France pour y recueillir les
débris historiques des anciennes indépendances locales,
elles font naître la noble ambition de les faire revivre
sous la forme démocratique, la seule que comporte la
civUisation moderne. Elles labourent ce sol pour une
semence nouvelle. Je crois qu'elle lève déjà. Oui, ces
patries locales qui avaient la puissance de retenir ou de
ramener leurs enfants par l'amour du sol natal, qui
offraient un aliment toujours renouvelé à leur activité
intellectuelle et politique, créations vivantes de l'his-
toire, il me semble qu'elles vont bientôt émerger de
l'étouffante uniformité actuelle, sans faire éclater le
cadre de la patrie générale. Mais qu'on se hâte ( ceci
n'est plus l'affaire des archéologues isolés ou réunis en
société), qu'on se hâte de leur faire place; qu'on ne
contrarie pas la croissance de ce qui demande à revivre
XXIII
pacifiquement, car alors, à la place de celte végétation
douce et agréable de la liberté et du patriotisme de
l'ancienne province, on pourrait avoir l'éruption vol-
canique de la fédération démagogique.
Agréez, etc.
HUDRY-MÉNOS.
— M. le baron de PoiiiiaL l'ait une communi-
cation sur une chanson populaire du XV^ siècle :
La Bergeronnette savoisienne.
Ce n'était pas le premier venu, dit-d, que le frère Oli-
vier Maillard. Contemporain de Michel Menot, cordelier
comme lui, docteur en théologie comme lui, éloquent
plus que lui, il ne pouvait souffrir qu'un si piètre rival,
qui n'était prédicateur ni de Louis XI, ni même de
Chailes-Ie-Téméraire, fiît appelé langue d'or, tandis
que lui, le superbe Maillard, dont la voix avait retenti
des bords du Zuyderzée jusqu'aux premiers contre-forts
des Pyrénées, et des côtes de Bretagne jusqu'aux pieds
des Alpes, n'en était encore qu'à égayer les bonnes
âmes par quelques sorties plus ou moins réussies contre
les turpitudes du cleigé et les froides cruautés du roi
bigot, dont il se moquait du reste assez gaillardement.
Résolu d'en finir avec le faible Menot, et comptant
d'ailleurs sur la supériorité incontestable de ses poij-
mons athlétiques, la vedle de sa mort, le jour de la
Pentecôte 150'2, il monta en chaire et chanta une très-
piteuse chanson, sur l'air bien connu alors de la Ber-
geronnette savoisienne. Si ce fut un succès, ce fut aussi
le chant du cygne, car il mourut dans les joies du
triomphe, le 13 juin 1502.
C'est ce que prouve le livre ayant pour titre :
XXIV
« Chanson piteuse composée par frère Olivier Mail-
lard, en pleine prédication, au son de la chanson nom-
mée : Bergeronette savoisienne, et chantée a Toulouse,
enuiron la Penthecouste, par le dit Maillard, luy estant
en chairre de prédication. Lan mil cinq cens et deux.
Et bien tost après trespassa. » [Scms lieu ni date.)
Petit in-8o goth. de 3 ff., avec une figure en bois au
commencement.
Edition fort rare, dit Brunet, portée dans le catalogue
La Vallière, en 3 vol., II, 3097, article 6. Le même ca-
talogue, I, 4333, article 10, en annonce une autre sous
ce titre :
« Chanson piteuse, composée par frère Olivier Mail-
lard, et se chante comme Bergeronette savoisienne. »
Elle n'a aussi que 3 ff. petit in-S», en caract. goth.
M. Labouderie a fait réimprimer celte pièce singulière,
pages 25-28 de sa notice sur Maillard.
(Pour la partie bibliographique). Extrait de Brunet.
Qui pourra retrouver, sinon la musique, au moins
le texte original de cette chanson du XV« siècle ?
Bo" DE PONNÂT.
— M. L. Rabut annonce Fenvoi d'un travail
de M. Albrier sur les Savoisiens naturalisés en
Bourgogne.
— M. Fivel donne une interprétation d'une
inscription romaine trouvée à Domessin, et re-
lative à la province ; — il promet une notice
plus complète pour une prochaine séance.
XXV
séance du S mai ISTS
( Présidence de M. Dufour.)
M. le président soumet à la Société la de-
mande de la ville de Saintes, qui, ayant perdu
ses archives et sa bibliothèque dans les incen-
dies qu'elle a subis, sollicite l'envoi de quelques
ouvrages.
— M. L. Rabut fait comprendre l'utilité d'un
catalogue de la bibliothèque. Sur sa proposition,
l'assemblée fait appel au zèle et à la compé-
tence de M. le baron de Ponnat. Après quelques
explications échangées entre plusieurs socié-
taires sur le mode à suivre pour la confection
du catalogue, M. le baron de Ponnat accepte
gracieusement la charge de ce long travail ,
et J\I, le président est autorisé à pourvoir ,
jusqu'à concurrence de 50 francs, aux dépenses
qui seront nécessaires pour mener à bonne fin
ce travail.
— M. L. l'iubut fait un compte rendu de
l'œuvre do M. Albrier sur les naturalisés de la
Savoie en Bourgogne, et intéresse vivement la
Société par la lecture dr (|uelques-unes des
notices contenues dans cette œuvre sur des
noms bien connus en Savoie.
On décide que le travail de M. Albrier sera
pul)hé dans les Mémoires de la Société.
XXVI
séance du SS Juin IH'Vli
{Présidence rfeM. Blainchard.)
Les sociétaires estiment que la Société doit
souscrire à la réimpression du premier volume
de \Histoire du DaupMné, de Chorier. M. le
secrétaire est chargé de transmettre aux im-
primeurs le bulletin de souscription.
— L'assemblée décide d'adresser une circu-
laire à tous les membres de la Société pour
leur demander la remise des volumes apparte-
nant à la Société dont ils sont détenteurs, atin
de les porter dans le nouveau catalogue.
— M. le président est invité à faire des dé-
marches auprès de M. Folliet, député, exécu-
teur testamentaire de M. Joseph Dessaix, pour
obtenir par ses soins la restitution de divers
volumes empruntés à la Société et ayant un
véritable intérêt, entre autres un volume des
Monumenta historiœ pairiœ.
— M. L. Rabut annonce qu'il a reçu du mi-
nistère de l'instruction publique la constatation
qu'il n'existe pas de copies de lettres autogra-
phes d'Emmanuel-Phihbert détruites dans l'in-
cendie de la bibliothèque du Louvre.
— M. Blanchard dépose un petit vase romain,
une urne funéraire bien conservée, découverte
XXVII
à Saiiit-liiiKJceiit , sur les Jjords du lac, entro
trois squelettes dont il ne restait que des traces.
En 1828 et 1829, ajoute M. Blanchard, un
défoncement du sol, opéré dans la partie supé-
rieure de la môme colline, avait amené la dé-
couverte de plusieurs urnes de ce genre, d'un
grand nombre d'ossements épars et d'une tombe,
formée de simples pierres plates, assemblées
sans art, dans laquelle se trouvaient deux sque-
lettes couchés pieds contre pieds. Enl864, ayant
fait des fouilles dans le but de retrouver quelques
vestiges de cet ancien cimetière, je ne découvris
que des fragments de terre cuite dont la forme
permet de supposer qu'ils étaient des débris
d'une de ces tombes romaines appelées arca.
— M. Rabut entretient la Société de plusieurs
découvertes faites par lui dans le village de
Grésine. — Plusieurs membres s'attachent à
démontrer l'importance de diverses découvertes
faites à Saint-Innocent , et dont M. le baron
Despines est le possesseur.
— M. le général Dul'uur cunnnuniipic à la
Société, par l'organe de M. J.. Rabut, une pa-
tente de Marie-Jeanne-Baptiste en date du 30
janvier 1078, i)orlant grâce de mort et d'amende
de 271 llorins 0 sols puai- Benoît Gay dit
Bordolliei- deTresserve, octroyée sur l'instance
des confrères de la Miséricorde (pénitents noirs)
XXVIII
de Ghambéry. — Elle sera imprimée dans les
comptes rendus des séances.
— 30 janvier 1678 —
Patente portant grâce de mort et d'amende de 271 flo-
rins 6 sols pour Benoict Gay dict Bordollier de
Tresserve, à l'instance des confrères de la Miséricorde
(pénitents noirs) de Chambéri.
Marie Jeanne Baptiste par la grâce de Dieu duchesse
de Sauoye princesse de Piedmont royne de Chipre k
mère et tutrice de S. A. R. Victor Amede duc de Sa-
uoye prince de Piedmont roy de Chipre iS: régente de
ses estats a nos très chers bien amez et féaux conseil-
lers les gentz tenantz la chambre des comptes dehi les
raontz salut. Les confrères des penitens noirs de Cham-
béri nous ayant faict représenter très humblement
qu'ilz ont le priuilége de deshurer vn criminel chaque
année et qu'ilz ont tousiours joiiy soulz Padueu et
permission des serenissimes prédécesseurs de S. A. R.
monsieur mon fdz ils nous aurions [sic) faict suplier
ensuitte de leur continuer la mesme grâce et de leur
donner nostre consentement pour la desliurance du
nommé Benoict Gay dict Bordoller du lieu de Tresserue
condamné à mort à cause de l'homicide commis en la
personne d'Ëstienne Riondet. Ce que leur ayant octroyé
il se treuue que le dict Gay est réduit en si grande
pauureté qu'il n'est pas en estât de satisfaire aux fraiclz
de justice qui ont esté faictz pour les caluacades [sic)
et pour la fourmalité extraordinaire faicte a la pour-
suite du procureur gênerai de sa ditte A. R. ausquelz
il a esté condamné, et comme il est porté par les règle-
XXIX
mentz qu'il ne peut pas eslre rendu au bénéfice de la
cession ville et misérable de ses biens pour ce regard
et que neantmoins il ne scauroit estre tiré des prisons
qu'au préalable il n'ayt satisfaict à leur despence, pour
acheuer Tonuragc de nostre clémence, et de nostre
piété et pour fauoriser d'autant plus les dits confrères
nous voulons encore exempter et absoudre le dict Gay
du payement des dits fraiclz qu'on nous a dict reuenir
à la somme de deux centz septante vn florins six solz
monnoye de Sauoye et qui ont esté pris en trésorerie
générale de sa dite A, R. affin qu'il puisse eficassement
jouir de nos grâces et du faict du priuilege des dits
confrères. C'est pourquoy par ces présentes signées de
nostre main de nostre ccrtainne science plaine puis-
sance et aucthorité souuerainne lieu sur ce Taduls de
nostre conseil résident près nostre personne nous a uons
faict et faisons don et remission au dict Benoict Gay
de la susdite somme de deux centz septante vn llorins
et six solz monnoye de Sauoye qu'il seroit tenu de
remplasser en la trésorerie de S. A. R. monsieur mon
fils pour les fraictz de justice ausquelz il a esté con-
damné par arrcsl du sénat du vingt vn may mil six cent
septante sept. Voulons et nous plaist qu'il soit eslargy
des prisons pour ce cbef et qu'il Jouisse du fruict et
bénéfice de nos grâces et de sa desliurance demandée
par les dits confrères des pénitens noirs en conformité
de leur priuilege ensuitte de nostre consentement, in-
bibant pour cesl effect au moderne trésorier gênerai
en Sauoye et ses dits successeurs leurs commis et
autres qu'il appartiendra de molester et inquiéter le
dict Gay pour le payement des dits deux centz septante
vn llorins six solz a paine de nullité de tout ce que sen-
suiura au contraire des mesmes présentes lesquelles
XXX
nous vous mandons de vérifier selon leur forme et te-
neur et aux patrimoniaux de sa dite A. R. d'y prester
leur consentement requis et de faire et laysser jouir
l'impétrant du fruict et bénéfice d'icelles plainement et
paysiblemenl sans aucune difficulté car ainsi nous plaist.
Donné à Turin le trente janvier mil six ceiitz septante
huict.
Signé Marie Jeanne Baptiste
Visa Simeone pro domino cancellario
Visa Gi'aneri. Registrata Carron.
( Archives de la Chambre des comptes, reg. des
patentes, 1670-1681, n» 53, page 13. )
— M. Piabut François a envoyé à la Société
la copie de quelques inscriptions d'époques di-
verses, mais appartenant aux temps modernes,
qu'il a relevées en Savoie. Elles seront insérées
dans les Mémoires, parce qu'elles peuvent con-
tribuer à éclaircir divers faits se rattachant à
l'histoire de notre pays.
I
Au château de Miolans, sur le mur extérieur, dans
l'avenue :
ET ENTRE GU" DE
CE PRESIDE P"" LE
SERVICE DE SA S"^
lE DE GUIDEROEX
LE 8 S-""^ 1645
Cette inscription nous fait connaître le nom et la date
de rentrée en fonction d'un gouverneur de cette for-
teresse, Jean de Guideroex.
XXXI
II
Au hameau des Fontaines, dans la paroisse de
Grésy-sur-Isère, contre la façade d'une petite chapelle
qui donne sur la grande route :
HONORABILIS
CLAUDIIJS FILIUS
PETRI CHARDONET
HU.IUS LOCI CONST
RUI FECIT HANC CA
PELLAM EAMQUE
FUNDAVIT IN HONO
REM S^'- ANN.E ET
S^' ROCHI 1G09
On y voit que c'est Claude fils de Pierre Chardonnet,
dudit lieu des Fontaines, qui a fait construire et doté
la chapelle de S'e Anne et de S. Roch.
m
Au-dessus de la porte latérale de l'ancienne église
de Grésy-sur-Isère, qui a été utilisée pour une poterie,
on lit :
HOC OPUS
FECIT FIERI
D" (dominus) .iacobus
QUOMODI M.
S' PETRI
157^
La date est séparée en doux par un écusson armorié
où figure une fasce accompagnée de trois hesants : 2, 1 .
XXXII
IV
Sur une pierre isolée , mais provenant de la même
église abandonnée, on lit :
EX FUNDA (tione) DE
p. D. VELLET 19
lANUA (rii) lG9-i
CELEBRATUR
MISSA SOLEMNIS
PRO DEFUNC ( tis ) î23
AUG (usti) siNG (ulis) AN ( nis )
Le même sociétaire a trouvé dans un cata-
logue d'antiquités d'objets d'art, provenant en
grande partie de la collection Comarmond, de
Lyon, et vendus à Paris en 1849, la pièce sui-
vante, décrite sous le N»^ 92, qu'il croit bon de
reproduire :
« Plat noir, transpercé à jour, en faïence
« italienne, du commencement du '16'"*^ siècle;
« il porte quatre lacs d'amour renfermant les
« quatre lettres de la divise de la maison de
(( Savoie : fert. Quatre marguerites séparent
« les lacs d'amour les uns des autres. Ce plat,
(( fort intéressant comme époque, doit avoir
(( été fait pour Marguerite d'Autriche , femme
(( de Philibert-le-Beau et fondatrice de l'église
« de Brou »
Le même catalogue mentionne, N^ 386, une
espèce de « cassolette ou coupe à deux anses
« mobiles et montée sur un large pied. Cet
XXXIII
« ustensile (Hait destiné ù brûler des parfums;
« belle conservation , bauteur 10 centimètres ,
« diamètre 19 cent.; trouvée à Chambéry. »
— M. L. l»abut présente trois beaux types de
haches en pierre polie. Une de ces liaches est
en serpentine ; elle a été trouvée dans une terre
ocreuse, au milieu de débris de poteries, à
Villette, près de Moùtiers; elle affecte la forme
ordinaire des haches qui étaient emmanchées.
Les autres haches proviennent de la station la-
custre des Eaux- Vives, à Genève. M. Rabut a
pu explorer ce riche emplacement de l'âge de
la pierre en compagnie de M. Tioly. Cet empla-
cement avait déjà fourni un certain nombre de
haches polies en jadéite, en serpentine et môme
en silex. M. Tioly possède une collection de
pièces remarquables provenant de cette station,
parmi lesquelles il faut citer une hache en silex
poli et 18 tètes de flèches en silex, taillées avec
beaucoup d'art et aifectant des formes assez
variées.
Les haches que M. Rabut a rapportées des
Eaux-Vives présentent fjuelques particularités
rares :
L'une atfecte la même forme ([ue la hache de
Villette; elle est faite d'une pierre janin' sinccuse
et tigrée de points seri)entineux.
L'autre est une 1 telle jadéite, sonore comme
un silex et brillanli' eoimne ime ]^ierre micacée.
c
XXXIV
Elle n'a pas moins de 48 centimètres de lon-
gueur; mais ce qui rend cette pièce intéressante,
c'est une rainure longitudinale polie et produite
sur une de ses faces latérales par un instrument
en silex, pour la détacher du bloc auquel elle
adhérait. On voit que la surface latérale, à la
suite de la rainure, offre des inégalités, résultant
de la cassure produite par un choc violent; la
pierre a été ensuite taillée et façonnée à la
meule.
— Ouvrages reçus :
1" Mémoires de la Société archéologique du départe-
ment de l'Oise. Tome VIII, l'^^ partie.
2° Bulletin de la Société polymathique du Morbihan.
2"e semestre 1871.
3° Bulletin de la Société des sciences de Lyon. 1871,
25e volume.
4» Becueil des travaux de la Société d'agriculture,
sciences et arts d'Agen. 2™^ série, tome II.
5° Rapport au comice agricole de V arrondissement
d'Alger. 1872.
6o Mémoires et documents de la Société d'histoire et
d'archéologie de Genève. Tome XYII^, liv. 3^.
7° Revue savoisienne. Mai 1872.
XXXV
Séance du 7 août IHTH,
{ Présidence de M. Blanchard. )
AI. LUancliard lit une réponse de M. le député
Folliet.
— M. le Ministre de Tinstruction pul)li(jue
annonce une nouvelle allocation de 300 IV. I.a
Société charge M. le président de transmettre
ses remerciements à .M. le Ministre.
— M. de Ponnat annonce qu'il a presque ter-
miné le catalogue de la biljliothèque , et qu'il
présentera à la rentrée son rapport sur l'état
des livres.
— Ouvrages reçus :
Répertoire des travaux de la Société de statistique de
Marseille. Tome XXXIV.
Mémoires de l'Académie du Gard. 4809-4870.
Bulletin historique de la Société des antiquaires delà
Morinie. 4 livraisons, de 77 à 80.
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie.
1872, II" 1er.
Bulletin de la Société archéologique du Limousin.
1872, \'<^ livraison.
Bulletin de la Société danoise. N" 4;}. jnillcl iS72.
Bulletin des antiquaires de France. Année 1871. luie
livraison; 1872, 4'^' Irimcslre. imo livraison.
Revue savoisienne. N"* de juin et juillet 4872.
Papiers divers.
XXXVI
Bulletin de la Société d'émilation de l'Allier. Tome
XII, ii'e et 2e livraisons.
Mémoires de la Société des sciences naturelles et his-
toriques de Cannes. 2"'e volume.
Paul Lullin (notice sur), par Th. Claparède.
Du même : Emmanuel-Philibert , duc de Savoie, et
l'amiral Coligny.
Du môme : Théophile Heger (notice sur).
séance «lu »0 novembre 187«.
( Présidence de M. Dufour. )
M. Duibur fait connaître le résultat du dé-
pouillement de la correspondance, et dépose les
volumes des Sociétés savantes envoyés pendant
les vacances.
— M. Rabut rend compte d'une monographie
intéressante sur Bardonnèche. II signale à l'at-
tention de M. Fivel un passage ancien entre
Oulx et Modane, cité dans ce livre. Il signale
aussi un mystère de saint Jean-Baptiste, qui se
jouait à Oulx, comme on en jouait dans diverses
localités de la Maurienne.
— M. le baron de Ponnat lit un rapport re-
marquable sur l'état de la bibliotlièque de la
Société , dont il a fait le catalogue d'après un
système nouveau et préférable à tous ceux ([ui
ont été adoptés jusqu'à ce jour. On écoute avec
XXXVII
le plus grand iiitéivt le dévoloppement du sys-
tème excellent de M. de Ponnat.
Il présente aussi deux tableaux : l'un, des
livres manquants, et l'autre, des livres à d(juble
exemplaire.
La Société vote ensuite, par acclamation,
des remercîments à M. de Ponnat, et décide
(|ue son rapport sera inséré dans les comptes
rendus des séances. Le titre de membre hono-
l'aire est décerné à M. de Ponnat, qui accepte
et promet d'être en même temps un membre
très actif.
Ksaai et npplication d'un nouveau système de
catalogue pour la bibliothèque de la Société
savoisienne d'histoire et d'archéologie, dépar-
lement des IMPRIMÉS.
Messieurs et chers collègues,
Oiiaïui, au mois de mai dernier, vous m'avez fait
riionneur de me confier la mission importante de
mettre de Toi'dre dans les impi'imés qui composent
notre liibliotlièque, je me suis d'abord préoccupé des
moyens par lesquels je pourrais le plus sûrement arri-
ver à ce but, de manière à répondre facilement aux
besoins des savants qui s'alimentent journellement à
cette pai-lie si intéiessante des connaissances hnmai-
nes que Ton appelle Archéolofjic et Histoire.
Je me suis posé ce problème:
Elanl donnée In liste des ouvrages divers composant
la bibliothèque, mettre le chercheur à même d'y rencon-
XXXVIII
trer, sans peine, les éléments qu'il veut y puiser, si ces
éléments s'y rencontrent.
Deux systèmes connus étaient en présence, l'un que
Brunet appelle la Méthode du libraire, et qui consiste à
classer d'abord les ouvrages dans l'ordre alphabéti-
que des noms d'auteurs, et pour les anonymes au mot
principal du titre, puis à les répartir dans de grandes
divisions et subdivisions, formant un vaste cadre bi-
bliographique que l'on applique ensuite au classement
des livres en place sur les rayons.
L'autre, qui consiste à ne s'occuper que de la pre-
mière partie de celte méthode (le classement alpha-
bétique), sans se préoccuper des grandes divisions,
les livres devant trouver place sur les rayons dans le
même ordre qui est adopté pour le catalogue.
Permettez-moi, Messieurs, avant de discuter ces
deux systèmes, de faire une première distinction im-
portante.
S'agit-il de dresser le catalogue d'ouvrages destinés
à la vente? Dans ce cas, il ne saurait y avoir de doute
sur la méthode à employer.
Ces catalogues, étant parfois très volumineux, il faut
épargner à l'amateur de livres la peine de lire une
infinité de pages qui peuvent ne pas l'intéresser, et,
par conséquent, les grandes divisions et subdivisions
doivent être d'abord adoptées; sauf, comme on le fait
généralement, à placer à la fin une table alphabétique
des noms d'auteurs et d'anonymes, renvoyant par des
numéros d'ordre aux ouvrages décrits dans les di-
visions.
Mais s'il s'agit du catalogue d'une bibliothèque sus-
ceptible, comme le sont toutes celles des Sociétés sa-
vantes, d'accroissements périodiques, si peu consi-
XXXIX
dérables (juoii les suppose, et surtout, si Ton tient
compte (le la presque impossibilité de se rappeler tou-
jours exactement les noms des auteurs qui ont écrit
tel livre, dont le titre est lui-même j-aremenl connu
d'une manière textuelle, c'est alors que le génie du
Itibliolhécaire doit se montrer dans toute sa puissance,
eliju'il importe le plus au succès de son œuvre.
Dans ce cas, la Méthode du libraire, qui est déjà
bien supérieure à la seconde, ne suflira même pas.
Avant d'entrer dans la discussion des deux systèmes
que je viens d'esquisser à grands traits, il importe de
signaler d'abord l'un des plus graves inconvénients
communs à l'un et à l'autre. Je veux parler des numé-
ros d'ordre qu'emploient tous les bibliothécaires dans
la confection de leurs catalogues, et pour le placement
des livres, quelle que soit la méthode usitée.
Excellents pour les livres à vendre, indispensables
dans la rédaction d'un inventaire , tel que celui que
vous voyez ici, ces signes deviennent pour les biblio-
thèques publiques, non-seulement une entrave, mais
encore une impossibilité. En effet, de nouvelles acqui-
sitions venant chaque jour s'ajouter à l'avoir de ces
vastes (h'pôts scieniKiques, il faut nécessairement in-
tervertir les numéros déjà inscrits, à moins, comme
cela se pratique à la grande bibliothèque de Lyon, de
.se ménager, entre chaque numéro, un intervalle con-
sidérable; encore, dans ce cas, est-il facile de prévoir
le jour où tous les vides seront remplis; et alors,
l'inconvénient que je viens de signaler se reproduira
comme cela se produit partout ailleurs : messieurs
les Conservateurs, obligés d'inventer une foule de si-
gnes, tous plus bizarres les uns que les autres, tom-
beront nécessairement dans les suppléments de sup-
XL
plémenls, qui encombrent déjà, pai'tout, et depuis
longtemps, les rayons que Ton destine à les contenir.
Vous verrez tout à l'heure comment j'évite cet
écueil.
Examinons maintenant les deux systèmes.
Pour mieux me faire comprendre, je vais placer
sous vos yeux le tableau des grandes divisions adop-
tées à la Bibliothèque nationale de Paris :
A. Bible et ses Commentaires.
B. Liturgie, Conciles.
G. Saints Pères.
D. Tbéologie orthodoxe.
D'. Théologie hétérodoxe.
E. Droit canonique.
F. Droit public et privé.
G. Histoii'e générale et Géographie.
II. Histoire ecclésiastique.
J. Histoire ancienne.
K. Histoire d'Italie.
L. Histoire de France.
M. Histoire d'Allemagne, Suède, Norwége, Rus-
sie.
N. Histoire d'Angleterre.
0. Histoire d'Espagne , Portugal , Turquie .
Voyages.
P. Biographie.
Q. Bibliographie.
R. Philosophie, Sciences.
S. Histoire naturelle.
T. Médecine.
V. Sciences physiques et Mathématiques,
X. Grammairiens, Rhéteurs.
Y. Poésie, Littérature.
XLI
Y . Romans.
Z. Polygraphic, Litléi'alure.
Z»'"'. Jeux, Magic.
Supposons maintenant que l'on ait à demander un
ouvrage traitant, comme il arrive fort souvent, de ma-
tières diverses, quoique se rattachant cependant à un
ordre d'idées qui est le même. Demandons, par exem-
ple, à la Bibliutlièque nalionule, l'ouvrage suivant :
Lcllres de saint Pie F, suivies d'un catéchisme ca-
tholique romain; par Louis de Potier ; Bruxelles, H.
Tarlier, éditeur, 1827 , in-8°.
Naturellement, le conservateur préposé à l'envoi des
demandes dans la Division où l'on doit y satisfaire,
comprenant, avec raison , que des Lettres d'un pape
comme S. Pie V, et un Catéchisme catholique ont dû
être placés dans la Théologie orthodoxe , renverra le
bulletin de demande dans la division D, qui renferme
les ouvrages de cette nature: mais, naturellement
aussi, le lecteur attendra une heure, et souvent plus,
avant même d'obtenir une réponse quelconque. Pour-
quoi? Par la raison toute simple qu'on Retrouvera
pas dans le D l'ouvrage demandé. Gomment, dira-
t-on, un Catéchisme n'est pas de la théologie? Des
lettres d'un s;unl pajie, concernant la religion, ne sont
pas de la théologie, et même uUra-orlhodo\e? Par-
faitement si. Monsieur, répondra-t-on: mais l'ouvrage
demandé, si orthodoxe (pi'il soit, ne se trouve pas dans
cette Division. Que faire? Alors il sera tenu un conseil
des Sages de la Grèce; on questionnera l'un, on inter-
rogera l'autre, et, en lin de compte, on s'en prendra à
l'audacieux qui sera bien heureux, si l'on s'en rap-
porte à sa parole, quand il affirmera avoir déjà eu cet
XLII
ouvrage eu communication à la môme Bibliothèque.
Dans le cas très rare où on ne le traitera pas de fou,
d'idiot, de crétin, le conseil des dieux s'assemblera de
nouveau, et là, après une discussion à n'en plus finir
sur la présence ou l'absence de l'ouvrage demandé, il
se trouvera peut-être une forte tête qui dira : a Ne
pourrait-il pas se faire que les 'lettres de saint Pie V
eussent été adressées à des princes de la Maison de
France, et eussent trait à des guerres de religion?
Dans ce cas, on les aurait peut-être placées dans l'L. »
C'est une idée, sera-t-il répondu, voyons un peii ; mais
le catéchisme, lui, n'a pas, que je sache, trait à l'his-
toire de France : pourquoi le placer dans la lettre sus-
dite? — Poui'quoi? Pourquoi? Avec vos pourquoi, on
n'en finirait phis. Pendant toute celte discussion, le
lecteur qui déjà, lui, avait du plomb dans Wiile, dé-
sespérant du succès de sa démarche, se sera retiré, et,
quand le livre sera retrouvé, il se sera écoulé vingt-
quatre heures, au moins, entre la demande et la ré-
ponse.
Qui ne serait frappé de pareils inconvénients? et
qui ne rirait à voir les hiéroglyphes dont le livre est
barbouillé? En voici le spécimen; car c'est à votre
serviteur très humble que l'aventure susdite est ar-
rivée.
8" U .d. 37. A.
Comprenne qui pourra.
11 est donc clair que celte méthode, si méthodique
qu'elle soit, est fort loin d'être méthodiquement appli-
cable.
Passons à la seconde méthode, qui, bien qu'em-
ployée par de très savants bibliothécaires, n'en est
pas moins dite, tout simplement, Méthode alphabétique.
xLin
Celle-ci me paraît (^léjà préféiahie; ruais, oulie que
ce classement, par noms d'auteurs et d'anonymes,
exige de la part du chercheur une mémoire peu com-
mmie, elle a en outre le défaut opposé à celui de la
première : c'est de ne pas permettre la recherche dans
les catégories ou grandes divisions dans lesquelles on
voudrait exclusivement puiser; elle a l'inconvénient
de tous les dictionnaires dans lesquels le travailleur
chercherait vainement le mot dont il a hesoin pour
rendre sa pensée, si l'idée n'en était déjà tonte l'ormu-
Ié(^ dans sa tête par le terme précis au moyen duquel
il veut la déllnir.
Frappé de ces graves inconvénients, j'ai surtout
cherché à les éviter, et j'espère, Messieurs, avoir
atteint mon hut par le système que j'ai adopté et que
je définis :
MÉTHODE MIXTE ET ANALYTIQUE.
En voici la description.
A mesure qu'un ouvrage m'est passé par les mains,
j'ai d'ahord inscrit, en tête d'une cai'te, la date de
l'imiiression, ensuite le nom de l'auteur, puis le titre
en entier, le lieu de l'impression, le nom de l'impri-
meur, le lormal, puis la place que l'ouvrage, étiqueti'
par volumes, doit occuper sur les rayons de la biblio-
thèque. (11 va sans dire que les anonymes se classent
à un mot important du titre et se rangent ensuite sur
les rayons par le même procédé.) Enliii. prenant, au-
tant (lue faire se peut, connaissance du contenu, j'ou-
vre successivement autant de catégories que je le juge
à propos pour y faire des renvois aux ouviages ainsi
catalogués; ])arce système, je réunis les avantages des
deux méthodes et j'en évite les inconvénients. C'est
XLIV
ainsi, Messieurs, que, comme je vous invite à vous
en assurer par vous-mêmes, en me demandant quoi
que ce soit dans cette bibliothèque, je m'engage à
vous dire immédiatement, étant donné un mot impor-
tant d'un titre quelconque, si nous possédons l'ou-
vrage demandé.
C'est encore ainsi que 494 ouvrages divers, compo-
sant notre avoir au 7 septembre 1872, et se divisant
en 545 volumes et 544 brociiures, cahiers, plaquettes
ou pièces de tout format, ont nécessité de ma part la
confection de 1,600 cartes très détaillées, et que vous
pouvez voir ici.
Chacun de ces ouvrages, suivant sa nature, a trouvé
place dans une ou plusieurs des grandes divisions dont
voici la liste :
Administration; Agriculture: Anthropologie; Api-
culture; Archéologie; Architecture; Art militaire;
Bibliographie; Biographie; Botanique; Calvinisme;
Céramique; Croisades; Dictionnaires; Diplomatie;
Diplomatique; Droit canonique; Droit municipal; En-
seignement supérieur; Fanatisme; Féodalité; Géogra-
phie; Géologie; Guerres de religion; Histoire; Histoire
ecclésiastique; Histoire et Géographie; Histoire lé-
gendaire; Histoire locale; Histoire naturelle; Histoire
politique; Histoire préhistorique; Histoire religieuse;
Hydrographie; Hygiène; Industrie; Instruction pu-
blique; Instructions des comités; Jurisprudence; La-
custres; Législation; Linguistique; Littérature; Ma-
nuscrits; Mécanique; Médecine; Mélanges; Météréolo-
gie; Minéralogie; Missions scientifiques et littéraires;
Musique; Noblesse; Numismatique; Paléontologie;
Philologie; Poids et mesures; Réformes; Savoie;
Sciences, arts et belles-lettres ; Sciences historiques ;
XLV
Sciences naturelles; Sépultures; Socialisme; Sociétés
savantes; Statistique; Silviculture ; Théâtre; Théo-
logie; Topographie: Viticulture; Voyage.s, et telles
autres divisions que Ton pourra créer plus tard , si le
hesoin s'en fait sentir.
En outre, ce catalogue; étant dressé sur cartes, est
essentiellement mobile et se prête aisément à toutes
les moditications désirables. Il en est de même du
placement des volumes sur les rayons. Vous allez en
juger.
Considérant la construction très imparfaite des ar-
moires vitrées que nous avons converties en biblio-
thèques, le peu d'espace disponible pour les in-4", et
cependant la nécessité de ménager de la place pour
les grandes collections in-8" des Sociétés savantes, il
m'est souvent arrivé de placer des volumes in- i", mais
courts, parmi les in-8", et des in-8" parmi des in-l2.
Exemple : L'Histoire des Papes , ouvrage anonyme, en
cinq volumes in-4" (par Bruys), a été désigné par moi,
en place : in-8", Papes, 173-2, etc. Cela signifie que,
bien que défini in-4», cet ouvrage est placé sur les
rayons parmi les in-8" dans l'ordre alphabétique. Il
en est de même des Documents publiés par la bril-
lante Société des Antiquaires de Picardie : les deux
seuls volumes in-i" que nous ayons ont été placés
parmi les in-8", à côté des Mémoires de la même So-
ciété, qui sont in-8", le tout au mot Picardie (Docu-
ments) pour les premiers, et Picardie (Mémoires), poul-
ies seconds.
Ici se place nécessairement une explication que je
vous dois.
Dans toute Société, comme l'est la nôtre, appclf'-e à
recevoir périodiquement des envois des autres So-
XLVI
ciétés, avec lesquelles nous avons Thonneur d'être en
communication par le Ministère de l'instruction publi-
que, et aussi par sympathie d'idées et attrait scienti-
fique, s'il importe que le catalogue soit essentiellement
mobile, il n'importe pas moins, que dis-je? il importe
encore bien plus que le classement des livres en place
le soit également, afin que tel ou tel volume, apparte-
nant à une collection en cours de publication, ait sa
place l'éservée, dès aujourd'hui , pour le jour où nous
aurons le plaisir de le recevoir. Mais si ces précau-
tions n'étaient prises qu'en vue des collections de So-
ciétés savantes, elles seraient encore loin d'être suffi-
santes; car, en dehors de ces collections si estima-
bles, nous recevons souvent et nous acquérons môme,
autrement que par simple échange, des ouvrages dus
à la plume d'écrivains étrangers à nos savantes So-
ciétés.
Il faut donc que les volumes soient susceptibles
d'être tantôt rapprochés, tantôt reculés, descendus ou
montés, d'un ou même de deux rayons, sans que l'on
ail à craindre d'engendrer le désordre dans le clas-
sement général, et sans se voir obligea chaque in-
stant de faire une nouvelle annotation aux cartes-
catalogue. Je vous laisse, Messieurs, le soin d'apprécier
si j'ai bien résolu ce petit problème.
Je désire vous en fournir la preuve.
Supposons, par exemple, que j'eusse eu à cataloguer
l'ouvrage de Louis de Potier, dont j'ai eu l'honneur de
vous entretenir tout à l'heure.
J'aurais d'abord inscrit, au coin supérieur de la
carte, l'année de l'impression (1827); puis, en vedette,
le nom de l'auteur, Potier (Louis de), puis le titre:
Lettres de saint Pie V, suivies d'un Catéchisme calho-
XLVI I
lique romain; par Louis de Potter, Bruxelles. H. Tar-
liei-, 1827, in-80.
Et au bas de la carte, celte indication :
En place : In-8", Potier (Louis de), 18-27.
Ce qui signifie que l'ouvi-age doit être sur les rayons
dans l'ordre alphabétique parmi les in-S». au mot :
Potter (Louis de), 1827.
Pourquoi, dira-t-on, mettez-vous, sur l'étiquette du
livre, l'année de l'impression? C'est parce que, ne
voulant à aucun prix, pour les raisons déjà déduites,
adopter des numéros d'ordre, et tenant, d'autre part, à
placer les ouvrages d'un même auteur de manière à
les trouver aisément sur les rayons, l'année de l'im-
pression, indiquée au dos de chaque volume, me per-
met d'atleindre aisément ce résultat.
Mais, je ne m'en serais pas tenu là, prenant connais-
sance, au moins superficielle, du contenu de l'ouvrage,
et reconnaissant que ce livre appartient à la fois à la
théologie, pour le Catéchisme, qui n'est autre chose
qu'une compilation du Droit canon, intitulée : Code
pénal ecclésiaslique en matière d'hérésies, et à l'his-
toire de France, pour les lettres du pape qui, de con-
cert avec Charles IX, René, duc d'Anjou, le cardinal
de Lorraine, Catherine de Médicis, reine très chré-
tienne des Français, dans le but d'entretenir les guer-
res de religion el d'alimenter le laiiatisnic (|ui amena
les terribles massacres de la Sainl-Barlhclemi. j'aurais
écrit autant de cartes que je viens de signaler de cho-
ses; c'est ainsi que j'aurais eu au moins douze cartes
pour ce seul volume.
On comjirend maintenant combien il m'est facile de
trouver un livre demandé, pouivu qu'on me donne
une idée importante des matières qui y sont traitées.
XLVIII
Et que l'on ne m'objecte pas les nombreuses répé-
titions ou redites que je m'impose.
J'estime que, moyennant un peu de peine, pour un
instant, en agissant ainsi, on s'en épargne de bien plus
dures et bien plus longues pour l'avenir.
Ici, Messieurs, je vous demande la permission d'en-
trer dans quelques détails techniques, concernant la
bibliographie, et qui seraient bien ennuyeux pour d'au-
tres que pour les savants qui veulent bien m'écouter.
En l'absence d'ouvrages spéciaux, à ma portée sur
la matière, et convaincu d'ailleurs qu'en bibliographie
comme en toute chose, il vaut mieux se créer un svs-
lème, même défectueux, que de marcher en aveugle ,
quand il s'est agi de distinguer l'importance matérielle
des imprimés, c'est-à-dire quand il a fallu définir les
mots : volume, cahier, brochure, plaquette et pièce, j'ai
peut-être agi un peu arbitrairement; mais voici la rè-
gle que j'ai cru devoir adopter, faute de mieux.
Après avoir étudié chacun de ces mots dans Besche-
relle, où je n'ai rien trouvé qui pût me tirer d'embar-
ras; après avoir lu, in extenso, le volumineux article
Brochures dans le Dictionnaire de la conversation, où
l'on traite de omni re scibili et quibusdam aliis , mais
de rien de ce que j'y cherchais . j'ai résolu d'appeler
volume tout imprimé in-plano de 420 feuilles et au-
dessus; in-folio, de 60 et au-dessus; in-quarto, de
30 et au-dessus; in-octavo, de 15 et au-dessus; in-
douze ouin-dix-hnit, de 12 et au-dessus; in-seize, de
de 8 et au-dessus; in-trente-deux. de 4 et au-dessus.
J'appelle cahier tout imprimé in-folio, compris entre
8 et GO feuilles , et tout in-quarto, entre 4 et 30. J'ap-
pelle brochure tout imprimé in-S", compris entre 4 et
15 feuilles; in-12 ou in-18, entre 2 et 12. J'appelle
XLIX
plaquette loni imprimé in-folio, compris enlre 4 et 8
feuilles; tout in-i" entre deux et quatre; tout in-8°,
in-12 ou in-18, entre une et quatre. P]nfin, j'appelle
pièce tout imprimé in-plano, in-folio, in-quarto, in-
douze, etc., d'une seule feuille d'impression et au-
dessous.
Si, fort souvent, et môme ordinairement j'ai évité
d'employer le mot plaquette, et que j'aie appelé bro-
chures ou cahiers, suivant les formais, les imprimés
qui auraient dû être désignés par ce terme, cela lient
à ce que, prévoyant que le registre destiné aux inven-
taires était mal réglé, je n'aurais pas le moyen d'y in-
diquer toutes ces distinctions dans les colonnes desti-
nées ad hoc; vous voudrez bien remarquer, en effet,
Messieurs, la réglure de ce registre, et vous verrez
que mes distinctions eussent été parfaitement inuti-
les, puisque j'ai dû enregistrer, dans la même colonne
de chiffres, tout cahier, brochure, plaquette ou pièce
quelconque.
Il me reste, Messieurs, à vous présenter les deux
tableaux ci-annexés : l'un, contenant la liste des ou-
vrages que nous avons en double: l'autre celle des
manquants.
Et maintenant, je vous remercie d'avoir bien voulu
me conlier la mission dont je me suis acquitté de mon
mieux ; heureux si mes efforts ont légitimé la confiance
dont vous avez bien voulu m'honorer.
B" DE PONNAT.
— M. Champod est reçu membre effectif de
la Société.
t
— M. le trésorier annonce qu'il a reçu les
300 francs accordés par M. le Ministre.
- — La Société a reçu les volumes suivants :
Mémoires de l'Académie de Lyon. Tome IV.
Bulletin de Vlnslilul nalional genevois. N^ 56,
Bulletin de la Bévue savoisienne d'Annecy. Août,
septembre, octobre.
Notice sur Bardonnèche.
Becueil de la Société archéologique de la province de
Constantine. Xll^e volume.
Becueil de l'Académie de la Val-d'hère. 2 volumes,
4 livraisons.
Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne. 30'ne
année.
Bulletin de la Société danoise. N» 1 i.
Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard.
Vmo volume, 2*= série.
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie.
Année 1872, N« 2.
La famille Varenne d'Albrier.
Travaux de la Société d'histoire de la Maurienne.
ni'"« volume, 1er bulletin.
Bulletin de la Société du Morbihan, i'^'^ semestre 1872.
Mémoires de la Société d'agriculture de VAube. Tome
VII.
Sabaudia. 2 liviaisons.
Ll
Séance du -4 <lécombre 1 HT9.
(Présidence de M. Dufock. )
Le président fait connaître la correspondance.
La Société décide que des lettres seront im-
primées pour corres{)ondre avec les Sociétés
savantes et demander les volumes publiés qui
manquent à ses collections.
— Sur la proposition de M. Rabut, la Société
décide que certaines parties de ses archives,
indûment transportées au musée départemental,
seront réintégrées dans le local. En consé-
quence, elle charge M. le président de réclamer
à M. Perrin , absent de la réunion, ce qu'il a
porté au local du musée.
— Î\L Jules (kirret parle des services que
rendrait à la classe ouvrière la création d'une
bibliotlièijue circulante. 11 dit qu'on aurait faci-
lement un local et des hommes de bonne volonté
pour le mouvement de cette bibliothèqut» , que
la ville accorderait des vitrines, et qu'un appel
fait par la Société pourrait amener de nombreux
dons de livres, etc.
M. Carret est invité à faire des propositions
à nne assemblée générale de la Société.
— Une assemblée générale est décidée.
MEiMBRES DE LA SOCIÉTÉ SAVOISIEiNNE
d'histoire et d'archéologie
ET SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
1872
Composition du Itui'euu.
MM. Dufour Franrois, président.
Dufoiir AiiEjuste / . • , , ,
n V . ri • V présidents honoraires.
Raoul François ^ ^
Blanchard Claudius, vice-président.
Martin Joseph . secrétaires.
Rohessoa Joseph
Perrot Jacques, trésorier.
Paquet Paul, bibliothécaire.
Coinniiattion de puI>lloatioii.
MM. Carret Jules.
Perrin André.
MM. Rabut François.
Rabul Laurent.
ComiitSAsIon pour la reoherclio des cliai*tcs
et document» litittoi'IciuoB.
MM. Dufour Auguste. ; MM. Mollard Francisque.
Fivel Théodore. Rabut Laurent.
LIV
Commission pour l'étude des monuments
blstoriques.
MM. Bonnefoy, notaire à ! MM. Fivel Théodore.
Sallanches.
Dufour François.
Meurianne Charles.
Membres honoraires.
MM.
Adriani, professeur d'histoire à l'université de Turin.
Angelo Angelucci, capitaine d'artillerie, à Turin.
Aubertin Charles, conservateur du musée et secrétaire de la Société
d'histoire de la ville de Beaune (Côte-d'CrJ.
Baudot Henri, président de la Commission archéologique de la
Côte-d'Or, à Dijon.
Bertini, professeur de philosophie à l'université de Turin.
Caumont (de), directeur de l'Institut des provinces, à Caen.
Cibrario Louis, sénateur du royaume d'Italie, à Turin.
Cochet (l'abbé), inspecteur des monuments historiques de la Seine-
Inférieure, à Dieppe.
Cuisine (de la), président de l'Académie des sciences de Dijon.
Daguet Alexandre, professeur à Fribourg (Suisse).
Diégerik, archiviste, pro.fesseur à l'Athénée d'Anvers (Belgique).
Dufour Auguste, général d'artillerie à Turin.
Dupuis, président de la Société archéologique de l'Orléanais, à
Orléans.
Forel François, président de la Société de la Suisse romande, à
Lausanne (Suisse).
Garnier Joseph, secrétaire de la Société des antiquaires de Picardie,
à Amiens.
Guichard, avocat à Cousance (Jura).
LV
Jussieu (de;, archiviste du département de la Savoie, à Chambéry.
Keller, président de la Société des antiquaires de Zurich (Suisse).
Kerkhove-Varont (le comte), président de l'Académie d'archéologie
de Belgique, à Bruxelles.
Macé Antonin, professeur à la faculté des lettres de Grenoble.
Pilot, archiviste à Grenoble.
Ponnat ;baronde), publiciste à Chambéry.
Promis Dominique, conservateur du musée des médailles, à Turin.
Rabut François, professeur d'histoire au lycée de Dijon.
Revilliod Gustave, bibliophile à Genève.
Ricotti Hercule, professeur à l'université de Turin.
Sclopis (le comte), président de la Députation d'histoire nationale
à Turin.
Taiilar, conseiller à la cour d'appel de Douai.
Violet-Leduc, architecte du gouvernement, à Paris.
Vuy Jules, avocat à Carouge (Suisse).
Membres effectifs.
HH.
Albrier Albert, membre ds plusieurs Sociétés savantes, à Dijon et
à Sivry-los-Saint-Prix (Côle-d'Or).
Arminjon, substitut-procureur général à Chambéry.
Beauregard Alexandre, percepteur à Aix-Ies-Bains.
Beauregard Paul, gretlier du tribunal à .\oste (Italie).
Bel François, avocat, maire de Montmélian.
Blanchard Claudius, avocat à Chambéry.
Bochet Jean-Marie, pharmacien à Chambéry.
Borson Francisque, colonel d'état-major à Paris.
Botteru Albert, imprimeur de la préfecture a Chambéry.
Burdin Charles, pépiniériste à Chambéry.
Burnier-Fontanel, propriétaire à Reignier [Haute-Savoie).
Caife Paul-Louis-Ballhasar, médecin à Paris.
Carret Jules, médecin à Chambérv.
LVI
Challier Honoré, négociant à Chambéry.
Champod Jean, lithographe à Chambéry.
Crochet François, agent d'assurances à Chambéry.
D'Albanne Ernest, imprimeur à Chambéry.
Descostes François, avocat à Chambéry.
Domenge Joseph, employé de la caisse commerciale à Chambéry.
Dufour François, agent voyer à Chaïubéry.
Dumas Joseph, notaire à Yenne.
Durandard Antoine, clerc d'avoué à Chambéry.
Fattoud, propriétaire à Montmélian.
Finet Auguste , avoué à Chambéry.
Fivel Théodore, architecte à Chambéry.
Gaillard César, médecin à Aix-les-Bains.
Glover Melville, professeur d'anglais à Lyon.
Gotteland Antoine, procureur de la République à Espalion (Aveyron).
Guilland Louis, médecin à Aix-les-Bains.
Guillermin Charles, avocat à Chambéry.
Guinard, ingénieur des ponts et chaussées à Chambéry.
Hudry-Ménos, homme de lettres à Chambéry.
Jacquier Jean-Raptiste, avocat à Bonneville.
La Chavanne (comte de) Christin, ban(]uier à Chambéry.
Loche (comte de), à Grésy-sur-Aix.
Lubin Antoine, avoué à Chambéry.
Marchand Henri, notaire à Chambéry.
Martin Joseph, avocat à Chambéry.
Ménard Paul, imprimeur à Chambéry.
Meurianne Charles, à Grenoble.
Mollard Claude, entrepreneur à Chambéry.
Mollard Francisque, archiviste de la Corse.
Monet Hyacinthe, greflîer de simple police à Chambéry.
Montagnole Joseph, juge suppléant à Saint-Julien (Haute-Savoie),
Mossière François, agent d'aiïaires à Chambéry.
Mugnier François, procureur de la République à Die (Drôrae).
Paquet Laurent, publiciste à Chambéry.
Parent Nicolas, avocat à C hambéry.
Pépia Joseph, propriétaire à Gilly.
Lvn
Perrin André, libraire à Chambéry,
Perrot Jacques, huissier à Chambéry.
Pillet Louis, avocaf à Chambéry.
Pylhon Joan-.Iacques, avoué à Chambéry.
Rabut Jeaa-Jacques, orfèvre à Paris.
Rabut Laurent, professeur de dessin à Chambéry.
Rêve! Samuel, architecte à Chambéry.
Robesson, avocat à Chambéry.
Roissard Charles, avocat à Chambéry.
Ronziôre Charles, négociant à Chambéry.
Saluées, pharmacien au Pont-Beau voisin (Savoie).
Serand Eloi, à Annecy.
Simon Joseph, greffier de la justice de paix du Uiot (Haute-Savoie).
Trenca Joseph, maître de chapelle à Chambéry.
VallelJean, sculpteur à Chambéry.
Vanni Bernard, architecte à Padoue.
Sociétés correspondantes.
Àgen Société centrale d'agriculture , sciences et
arts.
Amiens Société d<'s antiquaires de Picardie.
Annecy Association florimontane.
Anvers Académie de Belgique.
Àoste Société académique.
Àtixerre Société des sciences historiques et natu-
relles de l'Y'onne.
Bcauvais Société acadcmiq'ie du département de
l'Oise.
Bordeaux Commission des monuments et documents
historiques de la Gironde.
Bruxelles Académie royale.
Caen Société française d'archéologie.
Caqliari Società archeologica sarda.
LVIII
Castres Société littéraire et scientifique du Tarn.
Châlons-syr-Saône . . . Société d'histoire et d'archéologie.
Chambéry Académie de Savoie.
— Chambre d'agriculture et de commerce.
— Société centrale d'agriculture.
— Société d'histoire naturelle.
— Société médicale.
Châteaudun Société dunoise.
Colmar Société d'histoire naturelle.
Constantine Société archéologique.
Dijon Académie des sciences , arts et belles-
lettres.
— Commission des antiquités du département
de la Côte-d'Or.
Douai Société d'agriculture, sciences et arts.
Dunkerque Société dunkerquoise pour l'encourage-
ment des sciences et arts.
Genève Société d'histoire et d'archéologie.
— Institut national genevois.
Gênes Società ligure di storia patria.
Gratz fStyrieJ Comité historique.
Grenoble Académie delphinale.
— Société de statistique du département de
l'Isère.
Havre (le) Société hàvraise d'études diverses.
Lausanne Société d'histoire de la Suisse romande.
Limoges Société archéologique du Limousin.
Lyon Société littéraire.
Marseille Société de statistique.
Mayenne Société d'archéologie de la Mayenne.
Melun Société d'archéologie, sciences et arts de
Seine-et-Marne.
Montbéliard Société d'émulation.
Moulins Société d'émulation de l'Allier.
Moûtiers Académie de la Val-d'Isère.
jYancj/ Société d'archéologie.
JVtmes Académie du Gard.
LIX
Orléans Société archéologique de l'Orléanais.
Paris Société des antiquaires de France.
— Société parisienne d'histoire et d'archéo-
logie.
St-Jean-de-Maurienne. Société d'histoire et d'archéologie.
Saint-Omer Société des antiquaires de la Morinie.
Soissoîis Société archéologique, historique et scien-
tifique.
Toulon Société des sciences, lettres et arts du dé-
partement du Var.
Troyes Société d'agriculture, sciences et arts du
département de l'Aube.
Turin Regia deputazione sovra gli studj di storia
patria.
Vannes Société polymatique du Morbihan.
Vienne (Autriche) Société impériale et royale de géographie.
Zurich Société des antiquaires.
— <^yii£QX^ —
MÉLANGES
CINOUIÈME NOTICE
SUR
OIELOIIES MONNAIES DE SAVOIE
INÉDITES
PAR
FRANÇOIS RABIIT
Professeur d'histoire au lycée de Dijon,
Président lionorain- de la Société savuisienne
d'Iiisloirc cl d'archéologie.
CINQUIÈME NOTICE
SUR
(iiiKLdiiEs mm\m m savoie im;ditiîs
» k
— <XDg)^>--
Cotto notice, comme les quatre premières
qui ont été publiées dans les Mémoires de l'A-
cadémie de Savoie, est destinée à faire connaître
de nouvelles monnaies de Savoie inédites ou de
nouvelles variétés de pièces dont le type a déjà
été signalé par M. le chevalier Promis ou par
moi. Comme dans les notices précédentes, je
veux aussi y insérer une note des pièces qui
auraient été publiées par d'autres pendant ces
années dernières, et justement, pour suivre
l'ordre chronologique, c'est par une monnaie de
ce genre que doit commencer ce cinquième
mémoire.
PIERRE II
(1253-1268)
Ce beau denier, dont le dessin figure en tête
de la planche ci-jointe, a été découvert avec
d'autres pièces dans le lac de Paladru. Il a été
signalé aux numismatistes par M. R. Gery, de
Voiron, dans une brochure intitulée : Monnaies
du moyen âge trouvées à Paladru^ département
de l'Isère ( cantoii de VirieuJ.
On voit d'un côté l'étoile à six rais qui affecte
plutôt la forme d'une fleur à six pétales et la
légende entre deux grenetis :
-{- p. GOMMES.
De l'autre une croix légèrement pattée et la
légende entre deux grenetis :
-{- SABAVDIE. p. 1 gr. 50.
L'attribution de Pierre II est incontestable.
Ce prince n'était pas encore représenté, avant
cette découverte, dans les séries numismatiques
de la maison de Savoie, tandis qu'on connaissait
plusieurs monnaies de son frère aîné et prédé-
cesseur Amédée IV (1), et une de son frère
cadet et successeur Philippe I.
Il faut noter l'orthographe du mot commes
écrit avec deux M et le point surhaussé qui suit
(1) V. Promis et F. Rabut, 3" notice.
A<.
'It#
-?ii
ffi?^>
A.hrnn CÀimitry
' t JjiDuJ
Monnaies de Savoie,
7
la croix. Celui-ci peut être un point secret.
Il n'en est pas de même de celui (pii suit la
lettre P. Là le point sert de séparation entre
l'initiale du prince et le mot suivant.
Deux de ces deniers ont été acquis par le sa-
vant conservateur des médailles du roi Victor-
Emmanuel II, M. le chevalier Promis; un autre
a été cédé au musée de Chambéri.
AMEDEE VI
(1343-1383)
J'ai trouvé de ce prince une variété du denier
donné par M. Promis (planche III, n" 4), et
désigné par lui comme un double de mon^iaie
noire.
D'un côté un grand A accompagné d'un crois-
sant en haut, et de trois molettes d'éperon des
trois autres côtés
•\ MEDEVS § COMES.
Revers : écu de Savoie surmonté d'un croissant
.-]- g DE g SABAVDIE g
La dilïérence avec la pièce déjà connue consiste
dans les croissants qui remplacent une molette
d'éperon d'un C(jté de la pièce et une petite rose
au revers. 11 y a en outre dans la légende le nom
du i)rince en entier amedevs, au lieu de l'abré-
viation AMEu. Enfin les doubles points de sépa-
8
ration dans les légendes sont des points ouverts
ou des annelets, au lieu d'être des points ordi-
naires ou pleins. 11 y aurait presque dans tout
cela de quoi constituer une espèce nouvelle.
Ce denier appartient à M. Prisset, collection-
neur à Dijon.
AMÉDÉE VU
(4383-4391)
1» La Revue savoisienne de juillet 4867 nous
apprend que le musée d'Anneci s'est enrichi
d'un florin du comte Amédée VII, présentant
des différences avec celui qu'a publié M. Promis
(n° 1). Mon collègue, M. Eloi Séran, en signalant
cette acquisition, fait remarquer entre autres
l'absence sur ce nouveau florin du petit écu de
Savoie placé à droite de l'image de saint Jean-
Baptiste dans la pièce publiée parle numisma-
tiste turinais.
Notons encore une* variété de Vohole hlanchet
(n° 7 des pi. de M. Promis) avec la légende
DE SABAVDiE au revers.
AMÉDÉE VIII
(4391-4440)
J'ai plusieurs variétés nouvelles de ce prince :
1° Un viennois. M. Promisa publié dans son
supplément aux monnaies inédites du Piémont
9
(V. pi. I, n" 10) un nouveau viennois^ dont je;
viens d'acquérir une variété, peu distincte il est
vrai. Ainsi entre les mots italia et marciiio du
revers, il y a un point fermé, au lieu d'un an-
nelet ; mais le commencement de la légende du
revers est marqué par une étoile à six rayons,
signe qu'on ne peut distinguer dans le denier
que M. Promis a fait dessiner , parce qu'il est
effacé dans cette partie. Ce signe monétaire est
peut-être différent danis les deux pièces.
2'^ Une variété du demi-viennois publié dans
le même ouvrage (pi. I, n''14), variété dans
laquelle le signe monétaire à la fui de la légende
est une sorte de rose ou une fleurette à six
pétales, au lieu d'une fleur monopétale.
3'^ Une variété du viennois des monete dei
REALi Di SAVOIA (pi. 6), sur laqujellc la légende,
au lieu d'être -}-amedevs : comes, est -j- amedevs
COM., les deux mots séparés par deux objets posés
en sautoirs, signe monétaire déjà signalé et qui
se trouve encore répété au milieu de la légende
du revers dans notre variété.
4" Une variété du viennois (n° 20 des planches
du même ouvrage) sur laquelle on voit une rose,
différent de Jean des Bienvenus (de' Bcnvcnuti),
de Florence, monnayeur à Yvrée, en li20, au
lieu de la couromie, marque de (îuy Besson, de
l'atelier de Chambéri.
5'^ Une variété du demi-viennois (même ou-
vrage, n" 21 ), iivec le signe monétaire de Jean
10
de Masio, une étoile, au lieu de celui de Jacques
Picot, à Avegliano , un croissant; il y a aussi
des différences dans la légende du revers , qui
est -J- IN : iTAL MARC , au lieu de f in : italia.
Enfin, les deux points qui suivent le mot in sont
carrés et pleins, au lieu d'être ronds et ouverts.
LOUIS
(1440-1465)
1^ Une jolie variété du demi-gros (Promis,
n° 2 ), dont j'avais déjà signalé une variété avec
légende très bizarre au revers (3""^ notice).
Ce nouveau demi-gros a une marque monétaire
qui n'a jamais été signalée, une petite clef placée
entre le mot Ludovic et la lettre d, initiale du
mot Dvx. Les textes ne nous apprennent pas à
qui l'on peut attribuer ce signe. J'émets le doute
suivant : Peut-être est-ce la marque parlante
d'Antoine Fabri, de Pérouse, monnayer à Bourg,
en 1453 (1). Cela se pourrait d'autant mieux qu'on
sait qu'il y a eu des demi-gros frappés dans cette
ville et à cette date (2). J'ajouterai que le choix
d'une clef pour différent d'un monnayer du nom
de Fabri serait assez dans le goût du temps.
2*^ L'on n'a pas encore signalé de variétés du
quart n° 4 des planches du chevalier Promis ,
(1) Prorais, Mo7i. dei reali , tome I, page 30.
(2) Ibidem, pages 452 et 453.
11
lequel n'est lui-même qu'mie variété du quart
n^Sdes mêmes planches. Je viens d'en rencon-
trer plusieurs dans un petit trésor trouvé en
Bourgogne il y a quelques années (1).
Trois portent pour signe monétaire la fleur
à quatre pétales trilobées, que diverses circons-
tances m'ont porté et me portent à attribuer à
l'atelier de Cornavin, et notamment celle-ci :
à savoir que, dans quelques-unes des pièces qui
ont cette marque, on trouve aussi le point secret
sous la lettre D du mot lvdovicvs, point qui est
l'indication du monnayer François Garin , de
Lyon, qui frappait à Cornavin en 1451 (2).
Les trois quarts à la fleur à quatre pétales trilo-
bées que je signale présentent les légères difl'é-
rences suivantes dans la légende du revers,
différences qui accusent des coins différents.
On sait qu'ils se cassaient souvent et qu'on avait
souvent à les refaii^e :
•]- PRiNCEPS (fleur) iMPE (deux croisettes) etc.
-j- PRINCEPS (fleur) IMPE (deux croisettes) e.
-f PRINCEPS (fleur) IMPE.
(1) J'ai été l'acquéreur de ce petit enfouissement, qui contenait
92 pièces de Savoie , de Berne , de Genève et de France. Il y en
avait une quarantaine de Savoie, c'étaient des quarts ou des par-
paioles des comtes Louis, Amédée IX, Philibert et Charles I, parni
lesquelles plusieurs variétés nouvelles dont j'entretiens aujourd'hui
les amateurs do numismatique savoyarde.
(î) Promis, Mon. dei reali , tome I, page 33. — On trouve
aussi cette marque sur des monnaies de la république de Genève,
au XV"' siècle.
12
Le graveur, qui ne s'était pas assez ménagé la
place, était obligé d'abréger la légende.
3'^ Sur un autre quart le lacs d'amour suit au
lieu de précéder le mot imp., et le point secret
est au-dessous de TL.
4° Sur un autre quart à l'étoile, il y a un point
au-dessous de la lettre B du mot sabav. On
comprendra que je m'abstienne de signaler
d'autres différences aussi nombreuses que lé-
gères attestant des changements de coins dans
une même émission.
AMÉDÉE IX
(1465-1472)
1^' Parpaiole, variété du n*^ 2 du chevalier
Promis, avec une étoile à huit rayons pour dif-
férent monétaire ;
2° Un quarts variété du n*^ 6 du même nu-
mismatiste , avec une étoile à cinq rayons à la
fm de la légende, au lieu du petit anneau.
Ces pièces proviennent de la découverte si-
gnalée ci-dessus.
PHILIBERT I
(1472-1482)
P^ Variété de la parpaiole de M. Promis (n" 1),
avec le nom philibertvs en entier dans la lé-
gende ;
13
2" Autre semblable, avec la Heur à ([uatre
pétales trilobées, au lieu de la croix recroisettée.
Sur un exemplaire la lettre T du mot i^iiilibeiitvs
a une forme archaïque du 13*^ siècle;
3" Autre avec une sorte de fleur de grenadier
pour différent monétaire.
Toutes ces pièces de Philibert P"" proviennent
ilu même enfouissement trouvé en Bouri^oi;n(i.
CHARLES I
(1482-1490)
1" Variété de la parpaiole connue (Promis,
n» 3), avec le différent p. c.
2'^ Autre avec le différent c. t. (liés). Ce
dernier différent est certainement le signe de
Barthélemi Caccia, qui frappait à Turin en 1484
et qui, nous disent les textes, marquait les mon-
naies qu'il frappait de ces deux lettres (1). Elles
sont sans doute les initiales de Caccia et de
Turin.
PHILIPPE II
(1490-1497)
i" Je pense pouvoir présenter comme une
momiaie inédite un fort , dont les types sont
ceux du n" 7 de M. le chevalier Promis, mais
(l) Promis, ibidem, tome I, page 26.
14
qui porte une légende pieuse nouvelle, qui ap-
paraît alors pour la première fois sur les mon-
naies de nos ducs, et qu'on retrouve plus tard sur
les monnaies des successeurs de Philippe II.
En voici la description :
Ecu de Savoie avec deux annelets placés l'un
au-dessus, l'autre au-dessous de l'écu :
-}- PHILIPVS DVX SABAV PC.
Revers : un grand P accompagné de quatre
annelets :
-}- IN TE DONE (domine) cofido p. c.
Cette pièce , un peu usée , ne pèse que 13
grams.
2° Je possède une autre pièce, inédite, de ce
prince. Elle est de même valeur que la précé-
dente et pèse 14 grains. Mais elle en diffère
pour le type et les légendes ; les voici :
Le mot FERT, et autour la légende :
f PHILIPVS DVX SAB.
Revers : croix tréflée :
-{- A o DO ° FACTVM <= EST ° ISTVD.
CHARLES II
(1504-1553)
1" Variété du quart, n» 10 de M. Promis,
avec un point entre les branches supérieures
du K, type de cette pièce.
15
2" Un teston, inédit, rapporté Tan dernier par
moi de la ville d'Aoste , où me l'a donné M. le
docteur Argentier (Voyez la pi. n° 2.)
Buste tourné à droite, couvert du béret :
■\- KAROLVS : DVX : SABAVDIE.
Revers : écu de Savoie accosté du mot fert
et surmonté d'une couronne de comte :
•]- IN : TE : DOMINE : CONFIDO CF.
La pièce d'or du même prince qu'a fait dessi-
ner M. Promis, sous n" 42, sort évidemment
du même atelier; ce sont les mêmes types, les
mêmes caractères, le même style et les mêmes
lettres monétaires C. F.; mais on ne connaît
pas encore l'ouvrier que désignent ces initiales.
On les voit aussi, mais précédées d'unB, ainsi
B. G. F. sur la pièce n" 17 de M. Promis, qui
la classe parmi les monnaies frappées en deçà
des Alpes. Peut-être que le B est l'initiale de
Bourg; reste à trouver le nom du monnayer.
3° Une variété du teston u^ 24 des planches
des MONETE BEI REALi Di SAVOiA, frappée à Ver-
ceil en 1530, comme l'indiquent à la fin de la
légende du revers les initiales I. P. F. de Jean-
Baptiste Ferraris, monnayer dans cette ville à
cette date.
4'^ Variété de la j^arpaîole, n^ 60 de M. Pro-
mis, avec cette légende au revers :
MARCIIIO IN ITALIA PRI. B. PP.
16
EMMANUEL-PHILIBERT
(1553-1580)
1" Une variété de douzième de sol. On a
frappé trois fois sous ce règne de petites pièces
qui ne sont qu'un douzième du sol, soit des
deniers de douze au sol, comme disent les or-
donnances de frappe, savoir : en 1561, en 1562
et en 1564. M. Promis a fait connaître celui de
1561 (n° 42 des planches). Il en restait deux à
trouver; celui que je publie comble la moitié
(le cette lacune, car il est d'un coin bien diffé-
rent quoique les types soient les mêmes. Les
dissemblances sont remarquables dans la forme
du lacs d'amour et surtout de la fleur de l'autre
côté de la pièce.
Elle appartient au musée de Chambéri. J'en
donne le dessin sur la planche ci-jointe, n^ 3.
2'^ Un fort, inédit, au même type que le n° IQ
de M. Promis. D'un côté , un écu de Savoie ,
accompagné de trois annelets, et de l'autre un
F et un P liés entre quatre annelets. La panse
du P se termine sur mon fort en forme de
crosse bien accentuée. C'est déjà une différence;
mais la principale, celle qui fait de cette pièce
une monnaie inédite , c'est la légende du re-
vers qui est totalement difl"érente. Au lieu de
lire, comme sur le fori déjà publié, la légende :
ET AVG. PRETORTE : N. V.
17
on lit sur celui que nous éditons la légende :
AVXILIVM. MEVM. A DOM. (ino)
si souvent répétée sur les monnaies du même
prince.
3*^ Nouvelle variété de la pièce de quatre sols,
n** 39 de M. Promis. Celle-ci porte la marque
de l'atelier de Chambéri ( une étoile à cinq
rayons), la date 1572 et les initiales E. U.
d'Etienne Bourges.
Cette pièce nous apprend qu'Etienne Bour-
ges, déjà connu pour avoir monnayé à Cham-
béri on 15G5 et en 1566, y travaillait encore
en 1572 ; elle nous donne en même temps la
date de sa mort, puisque sa veuve le remplaçait
cette même année (1).
hP L'écu d'or frappé à Bourg ensuite de l'or-
donnance du 29 juin 1577.
Il est en tout semblable , pour les types, à
ceux qui ont été frappés à Verceil en 1561 et
à Turin en 1571 (2), pour les types et pour les
légendes, à celui que Jean iMiretto a fabilqué à
Chambéri en vertu de la même ordonnance du
29 juin 1577, et dont Promis a publié un exem-
plaire portant la date 1578.
Sur celui que je publie, et que j'ai acheté à
la vente de M. Vaillant de Maixmoron, l'atelier
de Bourg est indienne par la lettre B, gravée au
(1) Promis, iip. cit., tome I, p. 24.
(2) Promis, op. cit., planches n" 35 et 4G.
48
bas de l'écu, et par la date et les initiales du
maître de cet atelier, Emmanuel Diano :
1578. E. D.
5^ Au moment où je corrige les épreuves de
cette notice, je reçois une pièce nouvelle.
C'est une variété de la livre, frappée par
Emmanuel-Philibert, et publiée par M. Promis,
sous n° 36. La pièce éditée par ce savant porte
la date 1561 et n'a point de lettre à l'exergue
du revers. Sur la mienne, la date est 1562, et,
à l'exergue du revers, on voit la lettre P, pro-
bablement l'initiale du Piémont. Je dois cette
pièce et celle dont il est fait mention ci-devant
au règne de Charles II, sous n*^ 3, à M. Aubry,
capitaine en retraite, numismatiste et amateur
d'antiquités. Elles ont été trouvées cette année
dans la Creuse.
CHARLES-EMMANUEL I
(1580-1630)
1° Un huitième de sol, inédit, dessiné sur la
planche ci-jointe, n" 4.
Ecu de Savoie couronné, accosté des initiales
C. E. Au bas, une étoile à cinq rais, marque
de l'atelier de Chambéri.
Revers : Un lacs d'amoui-, composé d'une
série de petits points placés horizontalement,
19
est accompagné des lettres fert , placées deux
au-dessus et deux au-dessous du lacs.
Cuivre; poids, dix grains.
2" Variété du teston n" 28 do M. Promis,
frappé à Turin en 1590.
Ce nouveau teston a aussi été frappé à Tu-
rin, mais en 1G04. Il ne figure pas même dans
les tables des ordonnances de frappe déjà pu-
bliées. Il porte, d'un côté, la lettre T enti-e
deux points , au-dessous du Ijuste , dont lus
cheveux sont plus relevés sur le front, la barbe
plus garnie, la cuirasse plus ornée et la fraise
remplacée par un col rabattu. Au revers, la
date 1604, et une fleurette mise au commen-
cement de la légende, à la place de la croix
tréllée, le font différer de la pièce déjà connue.
3° Un sol, inédit, assez semblable au n" 29
de M. Promis, mais avec une légende tout à
fait différente au revers.
Au lieu de : chablasi et avg.
On lit : SIX nomen d
Il y a place pour les lettres benedi.
4" Variété du florin , ii" 66 de M. Promis ,
avec deux petites étoiles de chaque côté dr hi
date et une leyon différente de la légcMidc «lu
revers, qui se lit : (étoile) exi'Ec; nNVM viurr
AGE.
5" Variété du ilorin , n" 67 ilu M. l*roniis ,
avec un V, marque de Verceil, sous le buste.
20
11 y en a eu de frappé à Turin et à Verceil;
nous avons maintenant les deux.
VIGTOR-AMÉDÉE I
(1630-1637)
Le n« 19 de M. Promis; mais avec la date
1636.
CHARLES-EMMANUEL II
(1637-1675)
1» Variété de la pièce de s. x. , dessinée
dans l'ouvrage de M. Promis sous n" 8, avec
la date 1052 au lieu de 1649, et des différences
dans le dessin du buste ; boules de cheveux
plus nombreuses, etc.
2° Le n" 9 de M. Promis, avec la date 1652.
21
BRANCHES CADETTES
BRANCHE DE VAUD
LOUIS
(mort en 1302)
Louis I de Savoie, baron de Vaud, a peu
frappé de monnaies. M. Promis en donne la
raison dans son savant ouvrage. On n'en connaît
que deux qu'il a fait dessiner; l'une d'elles a
pour type de son revers un portail d'église.
C'est de celle-là que j'ai rencontré une variété;
voici surtout en quoi elle dilïere :
D'un côté, la croix, qui est le type principal,
au lieu d'être cantonnée au second quartier de
trois points ou d'une sorte de trèfle sans man-
che, et au troisième d'un point, la croix, dis-je,
est cantonnée au premier quartier d'un point,
et au quatrième d'un croissant.
Au revers, le compartiment du milieu dans
la partie inférieure de la façade d'église est
plein au lieu d'être vide, et il est marqué d'un
point en creux.
22
BRANCHE D'ACHAIE
LOUIS
(mort en 1418)
1*^ Variété du demi-gros, n'' 1 de M. Promis.
Voici les principales différences :
Il y a au-dessous de l'écu un gros point.
Il y a quatre autres points dans les angles
rentrant de l'entourage à quatre lobes qui en-
veloppe l'écu.
Les légendes sont terminées des deux côtés
de la pièce par une grosse étoile ou molette
d'éperons à six rayons avec un point central ,
au lieu de petites roses qui terminent ces lé-
gendes dans le demi-gros déjà publié ; ce qui
nous indique un monnayer différent.
Au revers , après le mot achaie , un point
ouvert, au lieu d'une grosse étoile à sept rais.
Les branches de la croix ancrée , type du
revers, sont plus minces et les crochets plus
développés.
2» Variété du demi-gros, n° 4 de M. Promis.
La principale différence consiste, d'un côté, en
ce que la barre qui distingue les armes de la
branche d'Achaïe de celle de la branche aînée
de Savoie, est posée en barre au lieu d'être
posée en bande, suivant l'usage, et en ce que
quatre fleurons trilobés sont gravés aux angles
23
rentrant de l'entourage, formé de quatre demi-
cercles, de sorte que deux de ces fleurons cou-
vrent les extrémités de la barre.
Au revers, la rose, qui termine la légende
dans le demi-gros déjà connu , est remplacée
par une étode à huit rayons.
3'^ Je ne parle que pour ne rien omettre de
variétés du denier n° 9 de Î\I. Promis, parce que
je n'y ai trouvé que des différences de dessin,
et aussi parce que, d'un métal très allié et
d'une conservation très médiocre, ces pièces
pourraient être de la fausse monnaie.
4" J'arrive à une pièce inédite, dont la plan-
che ci-jointe renferme le dessin sous n" 5.
C'est un denier anonyme , très allié , ayant
l'aspect du cuivre et ne pesant que 10 grains.
D'un côté, l'écu de Savoie-Achaïe, accosté de
deux annelets. En légende, le mot princ (prin-
ceps) précédé d'un sautoir et d'une feuille de
trèfle sans tige, et dans lequel chaque lettre est
suivie de deux annelets, ainsi :
f& r>gR§i§N§c§
Revers : une étoile à six rayons , avec un
point central, et cantonnée de six autres points.
Léfjendc : précédée des mêmes signes que
la précédente qu'elle complète :
-j- & AGI I AIE °
5" Hno variété du denier précédent, avec
quatre iiiiiiclets autour df l'rcii ;iii Tk^u de deux.
24
avec deux annelets au commencement de la
légende de la face, et un seul, au lieu de deux,
à la fin de cette légende.
Voilà mon butin pour cette cinquième notice ;
il se compose de deux pièces déjà publiées et re-
produites avec l'intention déjà mentionnée d'être
au courant des découvertes relatives à la nu-
mismatique savoisienne, de sept pièces tout à fait
inédites et trente-cinq variétés inconnues; en
tout quarante-sept pièces nouvelles. C'est peu
pour le temps écoulé depuis la publication de
ma quatrième notice ; mais, plus on s'occupe
d'une branche de la numismatique, plus il de-
vient rare de faire des découvertes. Il faut aussi
tenir compte de mon éloignement du pays.
o^-nnrygNS&g^Tr^»^^ -
LE NONNAVAGE EN SAVOIE
SOUS I,ES
PRINCES DE CETTE MAISON
PAU
ANDRE] PERRIN
Membre correspondant de l'Instit'it r.aiional Genevois!.
LE MONNAYAGE EN SAVOfE
SOTJ-S les
IMMNCES [)E CETTE MAISON
-/wir\i\AAA/^
INTRODUCTION
Un inventaire raisonné et complot des mon-
naies Irappées par les princes de Savoie per-
mettrait de suivre les variations et la filiation
des divers types, et d'étudier les dépréciations et
les falsifications qu'ils leur (ii'ciil subir suivant
leurs besoins et leurs caprices. 11 deviendrait
alors Cacile d'établir d'une manière complète les
rapports entre la valeur de ces monnaies et celle
lies objets usuels aux diverses épofpies di; noire
histoire nationale (1).
(1) Cihrario, dans son Economie politif/up au moyen ilgo, csl
arrivé à établir ce rapport pour un cei tain nombre d'années. F.:i
rnrlhode iiu'il a suivie a donné li's résultais les plus exaris pour
connailie l;i v;i|pur' vriie d^ la monnaie aux diverses époques.
28
En vue d'aider un jour ù atteindre ces divers
résultats, nous avons réuni, dans le catalogue
du médailler de Savoie, toutes les indications
qui nous ont paru utiles à l'étude et <à la com-
paraison des monnaies émises par chacun des
princes de Savoie et de celles sorties des diffé-
rents ateliers.
Malgré l'importance et l'intérêt des diverses
publications qui ont été faites sur les monnaies
des princes de Savoie, nous avons pensé qu'il
serait utile de joindre une notice à l'aride no-
menclature d'un catalogue (1).
Notre but principal était de faire connaître
les ateliers monétaires ouverts par les princes
(1) PingûD, Délia Chiesa, Grena, Arpia et Guichenon ont essayé
de publier les monnaies des princes de Savoie ; mais les dessins
inexacts et les attributions fausses , suite du peu de progrès fait
jijsqu'alors dans l'étude de la numismatique du moyen âge , ont
enlevé toute valeur à leurs travaux. Guichenon fut reproduit par
plusieuis écrivains, et, sauf quelques publications partielles, aucun
travail d'une valeur réelle n'avait paru avant le bel ouvrage de
M. Promis, conservateur du médailler du roi à Turin.
Dans ses Monete dei reali di Savoia , il a étudié d'une manière
très complète la numismatique des princes de Savoie. Dès lors,
des découvertes ont procuré des pièces inédites encore inconnues
ou signalées dans les documents recueillis par M. Promis. Après
lui, M. Duboin publiait tous les documents relatifs aux monnaies de
nos princes, en reproduisant en partie le travail du savant conser-
vateur de la bibliothèque du roi.
M. Rabut François, M. Soret et M. Chaponniere ont fait connaître
un certain nombre de monnaies inédites et de documents se rappor-
tant surtout aux monnaies frappées dans nos pays. M. Promis a
résumé ces divers travaux dans un catalogue des villes ayant eu
des ateliers, et des diverses monnaies frappées.
29
de Savoie deyà lus monts, et de relier 1 histoire
de lu numismatique de notre pays aux savantes
études puljliées sur les moiniaies des anciennes
provinces de la France, à laquelle elle est unie
depuis douze ans.
Les documents inédits et très importants re-
latifs aux ateliers monétaires de la Savoie et à
leurs monnayeurs , que nous avons été assez
heureux pour retrouver au cours de notre tra-
vail, nous ont permis d'ajouter quelques pages
intéressantes aux publications de nos prédé-
cesseurs.
ORIGINE DE LA PUISSANCE DE LA MAISON DE SAVOIE.
DROIT DE BATTRE MONNAIE. — PREMIERS ATE-
LIERS OUVERTS PAR CES PRINCES. — MONNAIES
DES ÉVÈQUES DE MAURIENNE.
L'origine de la puissance de la maison de
Savoie date du commencement du XP siècle.
Le second royaume de Bourgogne n'existait plus
([ue de nom; il était partagé entre les grands
vassaux civils et ecclésiastiques, qui ne recon-
naissai(jnt plus l'autorité royale (1). A la chute
de Ilodol[)he, la Bourgogne fut divisée en autant
d'Etats qu'il existait de comtés (2), et chaque
(1) Cibrario, Notizie storiche, page 7.
(2) Cibrario, Notizie storiche, page 8.
30
l'eudatairo s'eiïorça dès lors d'agrandir son ter-
ritoire au préjudice de ses voisins.
Les princes de Savoie se trouvèrent en pos-
session des comtés d'Aoste , de Maurienne , de
Savoie, de Nyon, de Belley, de Salmorenc, du
Chablais (1), de la ïarentaise et de terres dans
le Viennois.
Ces diverses possessions , loin de former un
tout homogène , étaient séparées par d'autres
petits états dont ils parvinrent successivement
à se rendre maîtres. Ils eurent à lutter avec les
sires de Faucigny, de Gex, les comtes de Ge-
nevois, les évoques de Genève , de Lausanne,
de Maurienne et du Vallais, les sires de Beaugé,
de Bresse et de Beaujeu, de Villard et de la
Tour-du-Pin.
Actifs, intelligents et belliqueux, les princes
de Savoie arrivèrent à créer un Etat dont l'im-
portance tenait surtout à sa position : comman-
dant les trois portes des Alpes pennines et graies,
le Petit et le Grand-St-Bernard et le Mont-Genis.
Par la possession du val d'Aoste, ils prirent pied
dans cette Italie vers laquelle toute leur ambi-
tion devait tendre plus tard (2).
Ces princes , dès qu'ils se furent emparé du
pouvoir, exercèrent tous les droits de la souve-
(1) Durant deux siècles, les possessions des ducs de Savoie dans
le diocèse de Genève se bornèrent au Chablais, aux Beauges et à
une partie du Bugey ( Regeste genevois, page 15 ).
(2) Cibrario, Notisie storiche, page 9.
31
raineté. Le droit de battre monnaie! était l'un
des plus importants, et ils en usèrent à rorii;iiio
de leur domination ; aucun acte n'indi(iue ({u'il
leur ait jamais été accordé ou contesté (1).
Les monnaies qu'ils ont fait frapper et la ré-
serve du droit de battre monnaie, insérée dans
les donations de terres ou de fiefs faites aux
membres de leur famille, prouvent le plein et
libre exercice de ce droit régalien (2).
L'on a beaucoup discuté pour savoir si Oddon
avait lait battre monnaie; il est difficile de
l'affirmer ou de le nier, les premières monnaies
frappées par les princes de Savoie ne portant
pas leurs noms , mais étant le plus ordinaire-
ment des imitations de celles que l'on fi-appait
à Vienne et dans les pays voisins. Il paraît
cependant résulter d'un acte publié par Da-
chéry(3) et reproduit par Chorier (4) qu'Oddon
lit battre monnaie à Aiguebelle sans que l'on
puisse indiquer si cette monnaie était ou non une
imitation de celle des évêquesde Vienne.
(1) Duhoin, RaccoUa délie Icggi délia rcal casa di Savoia ,
tome X, volume X, page 2.
(2) Dans une donation tl'Amédée IV (1239, 20 septembre) à sa
sfpui- Marguerite de Kiliouig, il lui cùile le bourg ou ville de Saint-
Maurice (en Yallais) et la ville de Veranc , lui accordant tous les
dniits et revenus attachés à la souveraineté, dans ces deux villes,
excepté le droit de battre monnaie , qu'il se réserve comme siyiie
de propriété. ( Duboiu, page 3, lieu cité. )
(3) Spicilcgium, t. 111, p. 393.
(4) l^tat politique du Uaiiphiné, p. 300. Nous avons reproduit
cet acte, document n" 1.
32
Un peut admettre que des types distincts ont
été crées presque simultanément dans les di-
vers monnayages de l'ancien royaume de Pro-
vence, et que la tète qui figure avec des noms
de saints différents sur les deniers d'Aiguebelle,
de Genève , de Grenoble et de Saint-Jean-de-
Maurienne offre le type de celle de Viemie,
qui a été copiée par les évoques de Genève et
de St-Jean-de-Maurienne, et par les seigneurs
d'Aiguebelle et de Grenoble , avec quelques
différences d'engencements dans la légende et
les détails de la pièce.
Les évêques de Maurienne reçurent le droit
de battre momiaie (1) de l'empereur Conrad;
il est certain qu'ils frappèrent monnaie à Saint-
Jean-de-Maurienne et à Aiguebelle à la fin du
XP siècle. Un denier de St-Jean a été retrouvé
dans le trésor de Saint-Paul de Rome ; de
l'examen des pièces qui y étaient renfermées,
M. de St-Quintino (2) conclut qu'il a été caclié
à une époque de très peu postérieure à la pre-
mière moitié du XP siècle.
Ce denier , assez bien conservé , pèse 22
grains 1/2 (1 gramme 23); le titre en est bon.
(1) L'atelier monétaire de Mauriena (Saint-Jean-de-Maurienne) a
existé sous les rois mérovingiens , ainsi que ceux de Darentasia
(MoiHiers) et d'Àgauno (St-Maurice-d'Agaune); l'on connaît des tiers
de sol d'or sortis de ces trois ateliers.
(2) Mémoires de l'Académie royale de Turin, tome X, 2" série,
section des sciences morales et historiques, pages 4, 29, 30.
33
mais inférieur k celui des viennois (1(3 rm^me
date. Un second exemi)laii-e, trouv('' en Suisse (1),
se trouve, je crois, maintenant dans la collection
du roi d'Italie, à Turin. Un denier frappé àAi-
guebelle, découvert à Montagnole par M. Vissol,
appartientaujourd'hui au musée. M. F. J(aijutC2),
en publiant ces deux derniers , met en doute
que les princes de Savoie aient fait frapper une
monnaie particulière à Aiguebelle ; la monnaie
de compte de ce nom , citée dans plusieurs
actes, aurait été, d'après lui, celle frappée par
les évoques de Maurienne. Nous croyons cepen-
dant (^ue c'est à Aiguebelle que furent frappées
les premières monnaies des princes de Savoie.
M. Promis Vincenzo leur attribue le denier
d' Aiguebelle mentionné ci-dessus. Dans le do-
cument rapi)orté [tar Dacliéry, il est dit, en
eiïet, que pendant loiigtem[)S fut fra[)pée à Ai-
guebelle moneta bona in iwndcre et metisura
decena nuper autem falsarii corruperunt
et confunderunt et fahaverunt. -
L'acte indique bien l'existence d'un atelier
monétaire ouvert sur les terres du comte, à
({ui l'un s'adresse i)Our arrêter cette falsification
(1) Habut, Première notice sur lex monnaies de Savoie inédites,
page 105.
(2) Rabut, Deuxiîme notice sur les monnaies de Savoie inédites,
pi. 4, n" 1, et Mémoires (Je la Sociéli; d'histoire, tome II, paf^e 73. —
Denier de l'cvéchéde St-Jean-de-Manricnne. frappé à Mijuebellc au
XI' siècle.
34
faite dans son atelier. S'il ne s'était agi que de
faux monnayeurs, leur monnaie aurait été dé-
criée et repoussée, et le différend ne serait pas
arrivé à se terminer par une transaction. Peut-
être y eut-il à Aiguebelle partage du pouvoir
temporel entre les princes de Savoie et les
évéques de Maurienne, qui purent frapper en
même temps à Aiguebelle une monnaie au
même type ou imitant celle de Vienne. La
charte du 2 février 4327, par laquelle l'évêque
Aymon associa à sa juridiction le comte Edouard,
montre en effet que nos princes étaient sei-
gneurs temporels d'une partie du diocèse de
JMaurienne (1).
La princesse Adélaïde , dans l'acte rapporté
par Dachéry , ainsi que ses lils Pierre-Amédée
et Oddon, promettent à Dieu et à St-Maurice,
entre les mains de l'évêque Léger, que dans
toute l'étendue de leur domination de Viennois
la monnaie ne sera plus falsifiée , et qu'il n'en
sera point battu, vraie ou fausse, de semblable
à celle de Vienne. Il ne semble même pas ré-
sulter de là que l'atelier d' Aiguebelle fut fermé,
mais qu'on cessa d'y frapper de la monnaie au
type de Vienne.
Les deniers frappés à Aiguebelle eurent cours
en Savoie, en Maurienne et dans le Grenoblois
dans la deuxième partie du XP siècle et au
(1) De St-Quintino, lieu cité, page 37.
35
commencement du XII'' (J), ainsi que le prou-
vent les citations extraites du (kirtulaire de
St-Hur/ues, évoque de Grenoble, et des Docu-
menta hisloriœ patriœ, où la monnaie d'Aigue-
belle est employée comme monnaie de cours
dans les contrats. Cet emploi est en opposition
de l'argument de M. Promis, qui suppose que cet
atelier lut fermé à la lin du Xl«^ siècle , alors
(ju'après la mort de la comtesse AdélaiVle, vers
1001, ilumbert II en aui'ait ouvert un autre à
Suze. Les deniers d'Aiguebelh; n'auraient plus
été employés comme valeur de compte dans
les actes du XIP siècle, si cette monnaie, dont
l'emploi était général précédemment, eût cessé
d'être frappée (2); rien n'empêche d'ailleurs
que ces deux ateliers aient continué à travailler
quel(|ue temps ensemble.
l'IlEMlÈRKS MONNAIES PORTANT LES NOMS DES
PRINCES DE SAVOIE, — DENIERS DE SUZE.
Les premières monnaies, frappées par les
[)iinct;s de Savoie, sur les(iuelles figurent leurs
(1) Cartulaire de St-Hw/ues . « et nii" solidis Aqucbellensis
morielc, > 1080-1132, pa,!j;c'l71. — < l'io \ci, ut vi solnlis et iiii"''
(leiiMiiis iiionete aque lieile ; » 4 juillet 1811, page 172. — - cxii
soliclos viennorisis monele, el ex A(|ual)cj|('nliiim (ienariorum l'.x so-
lides ; » Circa, 1110, page 214. — « Pro xl et vi sol et un dcriaiiis
immela aque belle.
Dociimciilii hisloriœ patriœ, chartarum i « Onirique solidus
( Kedevance annuelle ) Aqnabellensis inonL-dî vel alterius (jue
ca[)italitercucunerit per tutani tenam ill.ini, » 1103, paye l'Jl.
(2) Duboin, lieu cité, page 66.
36
noms, ont été frappées à Suze, d'où pendant
deux siècles sortirent les fameux deniers sécu-
sins (jui eurent cours dans les localités dé[)en-
dant de la monarchie de Savoie et dans les pays
voisins.
L'ouverture de la momiaie de Suze peut être
placée vers la lin du XI° siècle, après la mort
dllumbert II; c'est l'avis de Promis, s' appuyant
sur les contrats entre particuliers, stipulants en
monnaie de Suze (1). 11 est probable (jue le
tuteur d'iVmédée III, encore mineur en 1108,
ouvrit cet atelier de l'autre côté des Alpes
Tannée môme de la mort d'Humbert II ; il fut
en exercice jusqu'à la lin du XVP siècle.
(l) Duboin, lieu cité, pages 779, 1104. — J8 juin, « per solidos
quinquagiiita et quinque secusiensium, » 1109. — « Daoari buoni
di iiione'.a secusina. » — Pages 782, 1183, « solidi bonoium dena-
rioriiin secusinorum fortium. y> — Monumenta hisloriœ patriœ char-
tarwn. tome I, pages 1013, 1167. 20 juin, « 4 livres bonnes de
deniers, savoir des sécusines. » — Pages 1093, 1181, « 400 livres
sJcusines. »— Pages 1099, 1182, « 10 deniers ségusiens. » —
Pages 1503, 1251, 12 septembre, « 120 livres de bonsfort.sde Suze.»
— Duboin, lieu cité, pages 782, 1188, « lire (sic) dt-bilium secusino-
rum. »— 1129 l'on battit à Suze, « dcnari buoni novi. » — Pages
758, 1384 ( 14 juin au 13 juillet), mention du compte rendu par le
maître de l'atelier de Suze.
37
AîFXIEliS lIOMiTAlRES DEÇA LES JIOJiTS
A partir du XIIP siècle, plusieurs ateliers mo-
nétaires furent ouverts en Savoie. Nous allons les
passer en revue suivant l'ordre d'ancienneté de
leur création ; ils subirent les vicissitudes di-
verses par lesquelles passèrent la Savoie et les
provinces qui en firent successivement partie.
Au milieu de la suite de guerres et d'occupations
étrangères que la Savoie éprouva par suite de
sa position entre la France et l'Italie, auxquelles
ses princes s'alliaient tour à tour, le monnayage
était fréquemment interrompu. Au manque de
numéraire qui en était la suite, venait se joindre
souvent la falsification ou f alTail)lissement des
monnaies par de faux monnayeurs, par des
monnayeurs infidèles (1) , parfois aussi par les
princes eux-mêmes. Suivant en ceci l'exemple
(1) « Pro expensis faclis vacando in faciondo processus contra
« inagistros monctaruin et nonnullos alios qui l)ilii)nos aiiri et ar-
« genli a coinilalu Sabaudie extraxcruiil ullra inliihilioiies (l.nnini. »
(Comptes de .lacqiies de Fislilleux , trtisorier do Savoie, 14ii4-
140G. )
38
des rois de France (1), nos princes, pour remplir
leurs caisses souvent vidées à la suite des
guerres et des misères des temps, altérèrent le
titre des monnaies. Les comptes des trésoriers
généraux de Savoie, des syndics de Chambéry,
et les nombreuses ordonnances du recueil de
Duboin mentionnent fréquemment les diverses
monnaies en usage, en les distinguant en vieille,
nouvelle, de cours, faible, forte ou bonne. Tous
les comptes de cette époque se terminent par
le cbange des diverses monnaies qui y sont
comprises, comparées à une monnaie prise pour
unité , ce qui donne d'une manière exacte la
valeur relative de chacune d'elles.
La partie du compte du trésorier général
André de Belletruche , que nous reprodui-
sons (2), nous fait connaître les phases succes-
(1) Les monnaies qui, au XIIP siècle et surtout sous le règne de
saint Louis, étaient de bon aloi, furent altérées par Pliilippe-le-Bel
et d'autres princes qui suivirent son exemple. Ce souverain absolu
chercha à justifier cette infamie en la déclarant de droit régalien.
Les faux monnayeurs devinrent plus nombreux et souvent moins
voleurs que ceux dont ils falsifiaient l'empreinte ; ils fabriquaient
de la monnaie de meilleur aloi. En France , on vit la monnaie
frappée par les rois ne contenant que la moitié du fin. ( Cibrario,
Economie politique au moyen âge, page 275. )
(2) « Allocantur sibi quod dictus Andréas perdidit et amisit in
« centum sexaginta novem libris grossorum monefe debilis domini
« receptis a pluribus et diversis oITiciariis Domini. In anno domini
« 1378 que moneta fuit taliter debillitata et difTamata quod
« unus ducatusvaleba416 denarios cumobolo grosso, deinde quod
« gentes volebant capere et habere 16 denarios grosses dicte mo-
39
sives par les((uelles passaient les monnaies
émises au-dessous du titre de fin. Ilelusées et
dépréciées pai- le [>uljlic dès ([uc l;i l'aililessc
de leur titre était connue , elles perdaient de
leur valeur, et le prince en ordonnait le cours
forcé; elles étaient reçues alors à leur lilic
nominal jusqu'au moment où elles étaient dé-
criées et remplacées par une nouvelle de meil-
leur aloi. Nous y voyons encore que ce mode
était aussi préjudiciable au prince qu'aux par-
ticuliers, par suite de l'obligation où ses ageids
se trouvaient de les accepter au taux du cours
forcé.
La réorganisation et la régularisation com-
plèt(; du système monétaire; en Savoie et en
Piémont fut l'o'uvre d'Emmanuel-Philibert, qui
« nele debilis pro uno floreno parvi (1). Et Ikc videiiles gontns
« domini ipsani monetani debilem cridari fecerunt et sub niagnis
« pénis quod uemo oam refiitarot sed (mines génies ipsani ni ittius
«■ scilicet 12 denarios gross(7S dicte nionele pru uno lloionu paivi
« ponderis (acciperint). Et hinc que debebant Domino etdicto
< Andrée pro facto Domini solverunt de dicta iiionetc debili
« (juam nolebat respuere son reCulare prupler nrdinationeni
« Domini laclani. Et infra niodicuni tenipus post diitani ordinalin-
« nem doniinus ordinavit (icTi ejus monetam novam et fecit decri-
< d.iri diclani nionctaiii vetetani et dei)ileni In ([uiljus amisit
« ([uailani parteiii prupterordinationenietdecridalioneni predictas.
« Et de proficuo billion! quod in dicta moneta fuit et otiatn in aliis
« inonelis per ipsum pro facto Domini receplis supra coniputatis
« in roceptu 42 libras 5 solidos grossog. » (Compl<; du (n'^Sdiier
général André IJolletruclie, 1377-1382.)
(I) l.r ducal valiiit l'i cotic i^poi|UC 1'^ l'r. GO cniil., cl l<' llorin prlll poiil~ 10 fr
80 ccnl. ( Cilinirlo, lion cilt-, (oinc M, page I^-î. )
sut, au milieu de maux incalculables, suites
de la guerre et d'une longue occupation étran-
gère , y ramener avec la paix Tindustrie et
l'ordre dans l'administration des finances. Son
système monétaire , basé sur une progression
régulière entre les diverses unités, se rappro-
chait beaucoup du système décimal, et nécessita
peu de changements lors de l'établissement de
ce dernier. Ce fut un progrès important et un
service au pays, qui cessa dès lors d'être à la
merci des monnayeurs infidèles, des faussaires
et des escrocs.
Pour arriver à retirer plus vite les anciennes
monnaies et établir la circulation des nouvelles,
il rouvrit la plupart des anciens ateliers de ses
Etats , et des ordonnances spéciales à chaque
atelier indiquèrent les titres, la valeur et le mode
de fabrication à employer pour chacune d'elles.
SAINT-MAURICE-D'AGAUNE (en Vallais)
Cette ville , où l'on battit monnaie sous les
rois mérovingiens , eut le premier établisse-
ment monétaire qui nous soit connu sous les
princes de Savoie. Amédée IV, en donnant en
apanage à sa sœur, Marguerite de Kibourg, la
ville de St-Maurice, se réserve le droit d'y battre
monnaie, comme marque de souveraineté (123Ô).
Les deniers mauriciens, ainsi appelés de l'image
du chef des martyrs de la légion thébaine dont
41
ils portaient T empreinte , avaient cours dans le
Valleiis , le Cliablais et le Genevois , et ligurent
principalement dans les comptes des châtelains
de (.lliillon et du Wialjlais (1).
Les évoques de Sion prélevaient une part de
la monnaie qui se frappait à St-Maurice, seule
marque qui subsista de leur ancien pouvoir dans
cette ville, sur lat[uelle ils n'avaient plus qu'un
droit apparent de seigneurie. La monnaie nou-
vellement frappée était transportée à Sion , et
l'évéque en prélevait une poignée ( unam ma-
natam ) , dont la valeur était reconnue , et 1(;
maître en était déchargé par le châtelain, qui de-
vait la recevoir (2) pourk; ])rince. Aucun autre do-
cument n'en fait mention. L'on peut cependajit
regarder comme se rapportant à Saint-Maurice,
une concession de battre monnaie en Chablais,
sans indication de localité, accordée à Manlred
Frotta, milanais (1349), pour l'espace de 12 ans,
à partir du 25 janvier 1350. Cet acte indique
diverses monnaies mauriciennes connues en
partie, dont le type montre bien qu'elles furent
frappées dans cet atelier.
(1) 1257, compte de Ja chàtellcnie de Chillon, danari Mauriziani,
et comptes du maître de l'hospice, en 1274. (Archi\esde la
chamljH! des comptes. ) Cibrario , Economie politique an moyen
ihfp. page 487, mentionm' le Maijister mouetc de muclo Manririo.
Les comptes des cliAlelains du Chahlais citent fréquemment les
deniers mauriciens.
(2) C()m[it(! du chAteliiin do riiilion, 1278. Le maître di- la mon-
naie s'appelait Moïse Millemerccs.
3
42
CHAMBÈRY
L'ancienne capitale delà Savoie vit ouvrir un
atelier monétaire dans ses murs peu de temps
après son acquisition par le prince Thomas ; il
fut en plein exercice à partir de la 2"**^ moitié
du XIIP siècle (1). Dès cette époque jusqu'au
milieu du XVI I<^ siècle, un grand nombre d'or-
donnances, de comptes, etc., permettent de sui-
vre les variations qu'il a subies. Nous avons placé
en note, à la suite des noms des monnayeurs,
graveurs et ouvriers qui ont travaillé à Gliam-
béry, toutes les données que nous avons pu re-
cueillir sur cet atelier, et qu'il ne nous a pas
paru nécessaire de développer ici. La descrip-
tion de cet atelier, en 1421 , fournit d'intéres-
sants détails sur le matériel employé à battre la
monnaie, sans nous fixer sur son emplacement.
Le nom de la rue Vieille-Monnaie en rappelle
seul aujourd'hui l'existence ; il ne nous a pas
été possible de retrouver le local qu'il occu-
pait. Les cour et magasin n" 8 de cette rue
(1) Dans le compte du châtelain de Montmélian (juin 1263 à juin
1264 ), figurent « ccl libris receptis de nionetariis cudeutibus mo-
« netam apud Chaniberiacum concessam eis pi'o tauto par anuum.»
Le châtelain de Bard (1276) porte en recette une somme de « for-
« tiura novorum Cauibaynaci, » et le compte du trésorier général
de Savoie (1297-1298) , archives camérales, nous fait coimaître en
outre le nom du maître de la monnaie de Chambéry, « reddit corn-
et putum de o libris receptis ab Eurardo de Varey, magistro monete
« Chamberiaci, de exitu monete. »
43
passent pour avoir servi à cette fal)rication ; mais
aucun indice jio nous a permis de fixer cette
attribution. L'atelier était établi dans une cour,
et la maison placée en arrière de celle-ci; aussi,
lors de l'acensement du même atelier passé en
1594, décida-t-on de donner au maître des mon-
naies la libre possession de la boutique de Ber-
gera, placée sur la rue, pour y ranger son né-
goce.
Les monnayeurs sont fréquemment cités dans
les comptes des syndics de Chambéry, quelque-
fois pour des médailles qu'ils frappent en l'bon-
neur de l'entrée d'un prince ou de son épouse ;
mais le plus ordinairement on les trouve men-
tionnés à la fin des comptes où les syndics
sont déchargés des sommes qu'ils ont refusé de
payer ou dont les châtelains leur ont fait rem-
bourser le montant.
Les ouvriers et monnayeurs de Chambéry
firent partie de l'association des monnayeurs
du Saint-Empire romain dès son origine ; leurs
représentants assistèrent au premier parlement
général tenu à Romans en 4342 et à la plupart
de ceux qui suivirent, l'n parlement général
fut tenu à Chambéry en 1420, et un second en
1515; les monnoiries d'Avihano, de Turin, de
llomans et de Valence furent représentées au
premier, et celles d'Avignon, de Mondragon, de
Genève et de Lausanne au second.
A partir de 1394, les maîtreS: cessent d'ètie
nommés pom^ un atelier ; seul, Mathieu Bona-
cursii est autorisé <à faire battre monnaie dans
les diverses monnoiries de Savoie, suivant les
besoins. 11 s'établit à Chambéry en 1397, et la
ville, dans son intérêt et dans celui des ouvriers
monnayeurs qui l'habitaient, lui accorda 20 flo-
rins, montant de la location de sa maison pour
une année. La formule de ce don a trompé
M. Ghapperon (Histoire de Chambéry) ^ qui a
cru y découvrir la preuve du premier établisse-
ment de la monnaie à Chambéry (1).
La fabrication étant soumise à des interrup-
tions par suite du manque des matières pre-
mières, de l'abondance du numéraire ou de la
volonté du prince, les ouvriers étaient fort sou-
vent sans ouvrage, et la vie devenait difficile pour
eux; c'est, je crois, ce qui explique en partie
l'octroi de si nombreux privilèges et leur longue
durée. Vers le milieu du XVP siècle, nous voyons
une « requeste présentée par les compaignons
« ouvriers et monnoyeurs de la présente ville de
« Chambéry tendant à ce que afin qu'ils ayent
(( moyen de pouvoir vivre en travailliant à la
« dite monnoye de cette ville et au service de
c( S. A. le braissage leur soyt augmenté ayant
(1) « Libraverunt Matheo Bonacursii, raonetarium magistro, in
« exoaerationem viginti florenorum sibi concessorum per syndicos
« et consiliarios dicte ville Chamberiaci pro locagio sue habitationis
« et (lomus presentis anni quo incepit tenere monetarios iu dicta
« villa Chamberiaci. de anuo domini 1397. ( Comptes des syndics,
« du 2 octobre 1396 au 2 octobre 1398. )
15
« esgai'd que n'y hayant continuellement beso-
« gne ils demeurent la plus part du temps sans
« travaillier et que sur ce leur soyt pourveu
« comme de raison. La chambre vue la requeste,
« la réponse d'Estienne Burged maitre commis
« et de Jehan Pieal général des monnoyes, dc-
« clare par provision que le maitre, sur le brais-
(( sage, leur payera pour chascun marc de solz
(( et quartz douze, quatre quarts de sols et aux
« ouvriers quatre quarts à charge qu'ils tailleront
« de recour à peine de 10 livres et de refaire.
(( Des pièces de 4 sols et autres fmes il payera
« 6 quartz aux ouvriers et 3 quarts aux mon-
« nayeurs. A Chambéry, au bureau des comptes,
(( 14 janvier 1566. »
En 1580, l'édifice n'étant pas disposé pour
travailler, les maîtres, recourant à la chambre,
demandent qu'elle leur accorde 5,000 écus de
blanc chaque année, pour le revenu être em-
ployé à agrandir le local et à en louer tempo-
rairement un autre. L'autorisation ne l'ut pas
donnée, car, en 1585, les fours et le matériel
étant hors de service, l'on ne put battre que
l'année suivante.
Pour obvier aux inconvénients de ces in-
terruptions, l'on s'etlorça de diminuer les ate-
liers, le nombre des monnayeurs (1), et, i)lus
(1) Règlement de la Chambre des comptes de Savoie, 1580; lu
de nouveau en 1584, par Iv générai des monnaies « en i'uuvrerie
d'ycelle mouDoye do ChauibOry. » Duboin, liou cité, page 375.
46
tard, on ne les employa qu'autant qu'ils furent
bourgeois de la ville dans laquelle ils travail-
laient (1).
L'on battit de la bonne monnaie à Chambéry
en 1628, pour retirer la mauvaise, tombée hors
de cours ; de même, en 1640, la chambre des
comptes (2) ordonna aux officiers de riiotel des
monnaies de Chambéry de retirer les monnaies
défectueuses ailn d'en faire de la boniie; l'ate-
lier fut alors réouvert et travailla encore environ
dix années.
Vers la fm duXVP siècle, l'atelier de Cham-
béry fut donné à ferme , puis mis à l'enchère
. pour un terme de trois ans ; des difficultés ,
élevées par la chambre des comptes, interrom-
pirent la fabrication. Un mémorial fut présenté
au prince relativement aux avantages qu'offri-
rait le rétablissement de l'hôtel des monnaies
de CUiambéry (1660). Rien n'indique qu'il y
fût donné suite ; c'est le document le plus
récent qui se rapporte à cet atelier.
SAINT-SYMPHORIEN-D'OZON
M. Promis Dominique pense que l'atelier
monétaire de St-Symphorien a pu être ouvert
(1) (1649). Le nombre des ouvriers fut réduit à huit, et celui des
moniiayeurs à quatre ; tous devaient être bourgeois de Cliambéry.
Duboin, lieu cité, page 1208.
(2) Duboin, lieu cité, page 1206.
47
pui' le comte Philippe, dont le comté de Salmo-
reiic tut le premier apanage.
L'acte le plus ancien qui le concerne est
l'hommage prêté par les monnayeurs Jean et
Johannot Giiiot à Amédée Y, qui les autorise à
battre monnaie dans le Viennois (1297). Ces
deux monnayeurs se reconnaissent hommes
liges du prince, eux et leur postérité, s'obli-
gent à battre monnaie à son service , lui re-
connaissant le droit de les faire reprendre et
ramener partout où ils essaieraient de s'établir
en dehors de ses états.
Jacques de Varans , de Plaisance , et Pierre
Alloyer, de Gênes, battirent à St-Symphorfen
de 1306 à 1310; nous publions les lettres pa-
tentes que leur accorda Amédée V, qui son!
intéressantes soit à cause des monnaies qui y
sont décrites, soit parce que l'acte est écrit en
Crançais , soit encore par son opposition avec
l'acte précédent, dont nous n'avons pas trouvé
d'autre exemple.
Cet atelier n'eut pas une longue existence ;
son nom ligure pour la dernière fois dans un
compte des trésoriers généraux de 1341-42 ,
dans lequel Bernard Robert, maître de l'atelier
de Cliambéry, est reconnu comme ayant réglé
son conq;»te des monnaies faites à St-Synq>liorien
jusqu'au 25 novembre 1340. En 1355, le Vien-
nois était cédé au dauphin.
48
BOURG
Ce fut le comte Aimon qui ouvrit la monnoiric
de Bourg (d). De 1394 à 1400, Matteo Bonacorso
alterna la fabrication à Bourg, à Pont-d'Ain, à
Chambéry et dans quelques villes de l'autre côté
des monts.
Le procès- verbal du parlement des mon-
nayeurs, tenu à Bourg en mai 1469, ouvre le
second registre des parlements généraux ; il
fut décidé que le premier registre serait déposé
à Bomans, pour être mis en lieu sur. Ce fut
encore dans cette ville que se tint la dernière
assemblée de l'association des monnayeurs du
St-Empire, en 1523; l'association, déjà affaiblie
et dégénérée en spéculation, de la part du plus
grand nombre des membres , se soutenait à
peine, et, quatre ans plus tard, ne put tenir
le parlement fixé à Genève.
Cet atelier continua à travailler jusqu'cà l'occu-
pation française de 1536 ; sa recette en 1527-28
était de 685 écus soleil (2). Il fut réouvert après
la paix de Cateau-Cambrésis ; lors de la réor-
ganisation du système monétaire (1563), Emma-
nuel-Philibert fixa par un règlement les condi-
tions et les ordonnances relatives aux monnaies
battues à Bourg; elles durent être au même
(1) Compte (les trésoriers généraux, 1338.
(2) Compte du trésorier général Antoine Rave.
titre, |)()ids et coiidilions <|uu cellus frappées à
Cliaiiil)éry. En IGOl, la Bresse était cédée à la
France, et l'atelier de liourg fermé, ainsi que
le suivant.
PONT-D'AIN
Le comte Aimon avait été élevé à Pont-d' Ain ;
il y ouvrit un atelier en 1338, sous la direction
d'un maître des monnaies , qui travaillait con-
curremment à Bourg avec deux associés. Amé-
dée VI, en 1352, concéda à Bonacorso Borgo
le droit d'y frapper des écus d'or semblables
à ceux du roi de France , et des florins d'or
semblables à ceux de Florence en poids, titre
et qualité. Le droit de seigneuriale en fut fixé
au 5 1/2 pour cent; ces monnaies d'or sont
très probablement les i)remières que firent frap-
per les princes de Savoie, ces ordonnances étant
les plus anciennes dans lesquelles figurent des
monnaies d'or.
Deux habitants de Pont-d'Ain devaient assister
chaque semaine aux épreuves et à l'expédition
des moimaies. T)e 1394 à 1400, Mafteo Bona-
corso BoriiO travailla alternativement à Pont-
d'Ain et dans diverses localités deçà et delà les
monts.
SAINT-GENIX
Les comptes des trésoriers générau.x, 1341-
VM2 (archives dr l;i chambre des comptes),
50
mentionnent un maître des monnaies de Saint-
Genix, sans donner son nom. Dès cette époque,
on ne trouve plus d'autres indices de l'existence
de cet atelier que les comptes des deux maîtres
qui travaillèrent de 1354 à 1355 dans cette lo-
calité, plus importante alors qu'aujourd'hui.
YENNE
Les protocoles Firmin contiennent une nomi-
nation à l'office de maître « de monnoye à la
ville d'Je7ine, » du 28 février 1352 , avec indi-
cation du poids de la loy et du caractère de ladite
monnoye en or et argent, etc. Il s'agit sans
doute de l'ouverture temporaire d'un atelier
comme ceux de Saint-Genix et de Pierre-Chàtel.
PIERRE-CHATEL
Vers le milieu du XI V^ siècle, un atelier fut
ouvert temporairement au château de Pierre-
Ghàtel par Bonacorso Borgo, de Florence, maître
de la monnaie de Pont-d'Ain, qui y travailla pour
le compte de cet atelier. Il s'y établit ensuite
de 1355 à 1359, ainsi que le prouvent les comptes
de ces années. Ce ne fut que postérieurement
qu'Amédée VI établit l'ordre de l'Annonciade
et fonda à Pierre-Chàtel une chartreuse et une
église pour les chevaliers de cet ordre.
51
CORNAVIN
( La Croix-de-Cornavio, près Genève. )
Peu aprùs que le duc Amédée VIII eut acquis
(1401) le comté de Genevois, il nomma Jean de
Resetto maître des monnaies dans la Savoie et
le Genevois ; mais rien ne prouve que celui-ci ait
travaillé hors de Chambéry. Ce fut le duc Louis
qui ouvrit l'atelier de laCroix-de-Cornavin, aux
portes de Genève, hors du bourg de St-Gervais ;
on possède les ordres de battre, de cette mon-
naie, depuis 1448. L'année suivante le duc
charge ses maîtres généraux des monnaies de
nommer un garde de la monnaie prope Ge-
bennarum , en remplacement d'Aimar Faljry ,
qui ne peut continuer à cause de son âge et de
sa faiblesse. Dès cette épo(|ue, les ordonnances,
les ordres de battre et les comptes des maîtres
nous conduisent jusqu'en 1532 ; mais il paraît
que l'atcdier avait dû être établi ailleurs à partii-
de 1530. A la suite d'un mouvement po[)ulaire
survenu à Genève (1) à cette époc^ue, les édilices
di' la monnaie et les autres constructions hors
de la porte de Cornavin avaient été détruits.
AIX-LES-BAINS
Get atelier moiiélaiiv n'a pas été conmi des
divers auteurs qui se sont occupés delà nninis-
(1) Bonnivard, Chronique, tome II, partie 2"", page 580.
52
matique savoisienno. Ouvert au commencement
du X\^ siècle, il travailla concurremment avec
celui de Ghambéry ; son existence fut de courte
durée. Ses ouvriers et monnayeurs se firent
représenter aux parlements généraux de Valence
(1408) et d'Avignon (1411) (1). Il n'existe aucune
ordoiHiance le concernant, et nous n'avons pu
découvrir les raisons qui firent établir temporai-
rement une monnaie dans une localité aussi
voisine de Ghambéry.
MONTLUEL
Dans les premières années du XVP siècle, une
monnaie fut établie à Montluel ; il existe des or-
donnances et des comptes-rendus par le maître
des monnaies , qui montrent qu'elle fut en ac-
tivité de 1503 à 1530 (2). L'on trouve des
détails sur cet atelier dans le compte-rendu de
la visite faite en 1528 par François Savoie, maître
particulier des monnaies de Ghambéry, en vertu
de l'autorité spéciale à lui conférée. Il ordonne
au vice-garde et au chef des ouvriers de ne battre
aucune monnaie au-dessous de 30 carats, et de
faire faire un trébuchet pour obtenir toujours le
poids indiqué. Ils devront aussi se procurer une
arche en bois fermant à clef pour placer Vaulo-
(1) 1" registre des Parlements généraux, f 124.
(2) Duboin, lieu cité, page 770.
53
hosirum (empreinte) (1) ordinaire, le livre du
travail et les lers à coinijner ladite monnaie,
après le temps fixé par ses lettres. Il s'assure
ensuite que les cinq monnayeurs et trois ouvriers
ont le droit de battre de naissance, du prince
ou par succession de parents.
GEX
Cet atelier fut ouvert par Charles-Emmanuel K'',
peu après être monté sur le trône, probahlcninil
pour suppléer à celui de Cornavin, qui avait été
détruit |)arles Genevois. Ensuite d'une sup[)li([ue
adressée à la Chambre des comptes par Nicolas
Grand, nommé tailleur et essayeur de la monnaie
de Gex à la hn de juillet 1584, des instructions
lui furent adressées sur ses fonctions , ainsi
qu'une ordonnance de la Chambre sur le titre
des monnaies qu'il devait faire frapper.
Des ouvriers monnayeurs y furent envoyés
de Chambéry et restèrent 28 jours, voyage
compris, pour établir cet atelier et y travailler (2 ) .
(1) Ducange : Alabaustnim idem q'SAlbaranum (empreinlc).—
Ordonnances des rois de France, 1755, t. IX, p. 628, ait. 10 :
Peines contre les voleurs d'empreintes du sel : « Albaranos cmendo
« et ois utendo faisos albaranos scu omprenlas fabricando et
« eis furando. »
(2) Compte du trésorier général Emmanuel Dyan ( 1584-1588 ) :
« Plus a jiayé a Jacqu«min , Claude Giiigoz, Framjnis Rossrt,
« Jacques Verclieu, MumlxTl Gaillard, Anlliuine Savi^'iiy et Claude
« Janin, ouvriers et monnoyeurs de la présente ville de Chambéry,
54
Les comptes des maîtres des monnaies de Gex
ne comprennent que les années 1584 à 1586.
L'on voit, par le compte du trésorier général
cité ci-dessus, qu'on y a travaillé en 1588, mais
rien n'indique qu'il subsista jusqu'à l'époque
de la cession de ce pays à la France.
BIELLE (Bresse)
Vers le milieu du XVIP siècle (1640-1642)
un atelier temporaire exista à Bielle , où l'on
battit par ordre des princes, oncles et régents
de Charles-Emmanuel 11, le cardinal Maurice
et le prince Thomas (1).
Le peu d'importance de l'outillage nécessaire,
et la faculté laissée le plus souvent aux mon-
nayeurs de battre où ils voulaient, a pu faire
ouvrir des ateliers d'une durée éphémère dont
les noms ne nous ont pas été conservés.
« la somme de 300 florins que la chambre leur a ordonné pour
« les despenses par eulx faites pendant le temps de 28 jours qu'ils
« auront vaqué pour estre allés exprès en la ville de Gex pour la
« fabrication de la monnoye nouvellement érigée audit lieu comme
« par mandat du dernier juillet 1584. »
(1) Duboin, lieu cité, p. 774.
55
ATELIERS MONETAIRES DE LA BRANCHE DE VAID
THIERRENS — NYON
Les princes de la branclio de Vaud eurent
successivement trois ateliers monétaires vers la
fm du Xll]*' yiècle. Promis pense que le premier
l'ut établi dans le l'ugey ou le Valromey par
Louis 1^'", qui avait eu ces pays du sire de Beau-
jt.'U, en échange d'un château dans losDombes.
Devenu seigneur de Vaud, en 1285, il usa du
droit de battre monnaie qu'il avait obtenu de
l'empereur ]»odolplie , laiiiiée précédente, et
ouvrit un atelier sur une terre dépendant au
spirituel de l'évèché de Lausanne (1) prope
Terenivi (Thierrens près JNloudon ). Cette mon-
naie n'étant qu'une contrefaçon de celle de
Lausanne, l'cvèque mit opposition, et un décret
(1299) d'Albert, empereur des Romains, en-
joignit au prince de se désister de cette fabri-
cation jusqu'à ce qu'il eût prouvé la légitimité
de son droit. Ce fut sans doute la cause du
transfert de l'atelier à Nyon (2), où Louis !''''
lit battre monnaie malgré les réclamations de
l'évèque de Genève (3). Celui-ci lit défense dans
(1) 1297. Adolphe, roi des Romains, renouvela celte conce.ssion.
Regeste genevois, art. 1426.
(2) Spun, Histoire de Geni've, l. II, p. 8f!.
(3) 1208. Uegeste genevois, art. 1017.
56
tout son diocèse (dans lequel Nyon était compris)
de recevoir la monnaie que le duc faisait frapper
à Nyon (1).
Le procureur du prince se transporte aussitôt
à Luly, où résidait l'évèque , et réclame contre
cet acte, disant que l'évoque aurait pu et dû
recourir à l'évèque de Vienne, au comte de
Savoie , au pape , à l'empereur ou à des amis
communs pour régler leur différend. L'évèque
réplique qu'il ne révoquera pas son ordonnance,
et, à de nouvelles observations présentées par
le procureur sur le droit du duc de battre mon-
naie, renvoie sa réponse au lendemain à Ge-
nève. Les raisons insérées dans le mémoire, à
l'appui des prétentions du prince, sont : 1° que
de temps immémorial le prince et les siens ont
battu monnaie dans leurs terres ; 2° qu'il le fait
en Piémont sur le territoire de l'évêché de Turin;
3*^ que Nyon et sa terre lui appartiennent; que
cette ville a eu anciennement un évèché. Il se
termine par un appel, adressé à l'archevêque
de Vienne, à l'encontre des menaces et de l'in-
terdit porté par l'évèque de Genève, en faveur
du comte, de sa terre, de ses familiers , de ses
sujets, des maîtres monnayeurs et ouvriers de
ses monnaies et de ceux qui en usent. Ce diffé-
rend ne se termina qu'en 1308 par une sentence
(1) « Quod nullus capiat monetam quam cudi facit dominus
« Ludovicus ajuid Nyvidunum. ( Mémoires de la Société d'histoire
« et d'archéologie de Genève, t. XIV, p. 271.)
57
rendue entre l'évèque Aimon et Louis 11 de
Vaud (1).
L'évèque l'autorise à faire battre monnaie sur
le territoire qu'il possède dans son diocèse , à
l'exception des terres de l'Eglise. Elle devra
être bonne , légale et porter une empreinte
différente de celle de Genève ; elle aura cours,
mais sans obligation de la recevoir. Le duc
donnera cours , dans ses terres , à la monnaie
de Genève, et reconnaîtra tenir en fief perpétuel
de l'évèque et de l'Eglise de Genève le droit de
battre monnaie, et leur en fera hommage. L'é-
vèque aura le quart du bénéfice réalisé sur la
monnaie frappée. En 1350, la seigneurie de
Vaud revint au comte Amédée VI, qui conserva
l'atelier de Nyon. Une obligation de 1364, publiée
par M. Mallet (2), est signée de deux maîtres
généraux des monnaies, qui ont travaillé récem-
ment à Nyon. Cet atelier subsista postérieure-
ment à 1432 , bien que nous n'en ayons pas
retrouvé de mention depuis cette époque (3).
(1) 1308. Regeste genevois, art. 1617. Sentence entre l'évèque
Aimon et Louis II de Vaud au sujet des monnaies que lui et son
père ont fait fiapper.
(2) Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Geuére,
tome II.
(3) Les ouvriers monnayeurs de Nyon envoyèrent un procureur
au parlement do Valence.
58
ATELIERS MONETAIRES DES COMTES DE GENEVOIS
POISY — ANNECY
M. Serand terminait une note iconographique
sur les monnaies des comtes de Genevois (1)
en exprimant le désir que quelque découverte
vînt permettre de fixer la localité où leur atelier
monétaire avait existé. Les deux suppositions
émises par notre savant et obligeant collabora-
teur de l'existence d'une monnoirie près du
château de la Balme et ensuite à Annecy sont
aujourd'hui des faits acquis à l'histoire.
Amédée III de Genevois , créé prince de
l'empire par l'empereur Charles IV, voulut, à
l'imitation de Louis, baron de Yaud, faire acte
de souveraineté en émettant sa propre monnaie,
sans s'inquiéter des di^oits régaliens que Tévêque
de Genève possédait dans tout son diocèse.
Quelques historiens prétendent que le premier
essai de battre monnaie aurait eu lieu à Annecy,
antérieurement à 1356 , année où Allamand de
St-Jeoire protesta contre cette violation de ses
droits. Amédée se déclara prêta s'en remettre
à des arbitres pour juger le différend, et l'affaire
n'eut pas de suite. Le prince aurait cessé de faire
battre monnaie à Annecy et renouvelé sa ten-
(1) Bulletin de l'Association florimontane, 1855, page 140.
59
tativp, sur des terres qu'il tenait d'Amédée VT,
en qualité de vassal ; cette fabrication, presque
clandestine , fut connue de ce dernier, qui mit
opposition à ce nouvel empiétement, mais con-
sentit ensuite (suivant Guichenon et Lévrier)
à lui reconnaître le droit de battre monnaie, à
la condition qu'il déclarerait le tenir de lui. Ce
lieu retiré où Amédée III fit battre monnaie était
la commune de Poisy, où une ruine, au milieu
des marais, porte encore aujourd'hui le nom de
Château de la monnaie ; cette indication est
complétée par les noms de poises , oboles de
Poisy, sous lesquels la monnaie frappée par ce
prince est indiquée dans des actes du X\'*^ siècle.
L'exécution du testament d'Amédée III (1)
mentionne trois fois des deniers et des oboles
de Poisy, Poissy ou Poisi (prope Geben.), dé-
nomination qui détermine parfaitement l'empla-
cement de l'atelier monétaire ouvert par lui.
Il n'aurait point commencé par essayer ouverte-
ment de battre monnaie à Annecy, mais dans ce
lieu isolé et caché, afin de ne pas attirer l'at-
tention de l'évêque de Genève et du duc de
Savoie.
Nous devons à M. Serand de nouvelles indi-
cations sur l'emploi de cette monnaie de Poisy,
extraites des reconnaissances de la ville d'An-
necy, en faveur de Janus de Savoie, en 1406 :
(1) Publié par M. Locoy tic la Marche, Bibliolhihiue de l école
des chartes, juillet et août 18C3.
60
« Un demy- journal situé à Bouz pour les
« quelles deux pièces qui sont sous E^yance, il
« est deûb trois deniers obolle une poyse et
« demy le sixain d'un denier genevois et la
(( troisième part d'une poyse genevoise.
« Sur la moitié de cinq fossorés, vignes situées
« à Planpris il est deûb une obolle et poyse
genevoise.
(( Sur un journal terre située en la Ruaz , il
« est deûb un denier de sullèrte.
« Sur un demy journal terre au dit lieu, il est
« deûb une obole genevoise et de sulîerte une
(( obole et une poyse genevoise.
« Sur une maison située en la Charrière ten-
« dant du grand four vers la maison que fut de
« noble Jean Exchaquet (de la monnoie), il est
(( deûb trois deniers genevois.
« Sur un journal et demy terre situé au Plan
« sur le pont, il est deûb un denier et demy poyse
« genevois. »
La ruine à laquelle la tradition a conservé le
nom de Château de la monnaie est située près
du château de la Balme, à la limite entre Poisy
et Epagny, et dépend aujourd'hui de cette der-
nière commune; c'est là, sans aucun doute,
qu'exista le premier établissement monétaire
des comtes de Genevois, atelier dont les produits
étaient assez répandus et entrés dans l'usage,
puisqu'on les retrouve mentionnés postérieure-
ment à l'établissement d'un atelier monétaire à
61
Annecy. La date de son transfert à Annecy peut
être fixée au commencement du XV*^ siècle. J^e
registre des parlements généraux ne mentionne
pas des monnayeurs d'Annecy au parlement de
ChamJjéry en 1420, où ils n'auraient pas manqué
d'assister, et à St-Marcellin ; trois ans plus tard,
on trouve les réceptions d'Antoine Lovanieri,
bourgeois d'Annecy {ex gratia dacis Sabaadie),
ainsi que de Jacques Vaneys, du môme lieu. Le
nombre des monnayeurs était déjà restreint et
limité aux bourgeois , sans le concours des
étrangers. En 1439, cet Antoine Lovanieri tra-
vaillait à Chambéry , et représenta à Avignon
les monnayeurs de Chambéry, de Genève, d'An-
necy et de Nyon ; deux ouvriers d'Annecy sont
mentionnés, Jacques Vaneys ci-dessus et Fran-
çois Déosaus. Leur petit nombre semble indiquer
que les ducs de Savoie, après être entrés en
possession du Genevois, laissèrent subsister cet
alelier sans l'augmenter, et qu'il cessa de tra-
vailler vers 1460, lorsque cette province fut don-
née en apanage à Janus de Savoie, lils du duc
Louis, qui, par patentes du 28 novembre 1448,
avait accordé que la monnaie serait établie à
Annecy, sans que rien vienne nous indiquer qu'il
y ait fait battre. C'est encore aux recherches de
M. Serand qu'est due la découverte de la maison
d'Annecy où exista l'atelier monétaire ; il était
situé près de l'évêché , dans la même maison
qu'a habitée M'"^ de Warens : « En 1551 ,
i
62
« damoiselle Louise Echaquet, veuve de noble
« .leaiide Conflens, c est par elle que la maison
(( de la monnoye en la rue de la Juiverie, proche
(( de l'église de St-François, a été faite des ap-
« partenances de la maison de Conflens ( est
« parvenue à la maison de Gonflans ), autrement
« ditte de Boëge (1). »
En 1590, un de Conflens est appelé seigneur
de la monnaie (2), et, dans le cadastre de 1730,
cette maison figure encore au nom de noble de
Boëge de Contlans.
Dans le premier registre des assemblées des
monnayeurs du Saint -Empire romain, nous
trouvons les ouvriers et moiniayeurs d'Annecy
représentés aux parlements de Saint-Marcellin
(1429) et d'Avignon (1439) (3).
DES MONNAYEURS
Au X^ siècle, l'art du monnayage était tombé
dans un état de barbarie, et ne produisait que
des types informes permettant à peine d'en re-
connaître les divers éléments. Les deniers
d'Humbert II offrent déjà un progrès sur ceux
(1) Pourpris historique de Charles-Auguste de Sales, page 189.
(2) Note de M. Ducis.
(3) Registre des parlements généraux^ f" 126.
63
de St-.leaii-du-Maurienne et d'Aiguebelle ; ce
type primitif s'améliora successivement et se
modifia à partir d'Amédée V.
Le nombre des ouvriers était très restreint, et
les princes devaient se les attacher par des
immunités et des privilèges que nous voyons
augmenter à partir du XIIP siècle pour dispa-
raître au XVP. L'importance du monnayage ne
dérivait pas seulement pour eux du droit réga-
lien qui y était attaché et de sa nécessité pour
faciliter les transactions, mais encore du revenu
qu'ils en retiraient. Le remède et le seigneuriage,
tolérance et diflerence dans l'alliage et le poids,
que l'on supposait dues plus à l'imperfection
de l'art qu'à la cupidité, étaient perçus par la
chambre du prince, variaient avec chaque espèce
de pièces, la nature du métal employé, et étaient
fixés par chaque ordonnance de battre.
Les princes de Savoie octroyèrent à leurs
monnayeurs tous les avantages accordés par les
rois de France, et y ajoutèrent même les liens
du régime féodal, compensés par des redevances
et une protection qui s'étendait à leurs personnes
et à leurs biens. Les détails en sont consignés
dans un hommage de fidélité prêté au comte
Vert(l) par Jean Ginot et Johannot, soniils, mon-
nayeurs.
(1) Diiboin, lien cité, p. 65. Document ii" 2. Acte du 22 mai 1297,
publié en lalin par Promis, d'après l'original en français.
64
Ils promettent, par serment prêté sm' l'Evan-
gile, hommage lige et lidélité au comte de Sa-
voie, et s'engagent à travailler, eux et leurs
héritiers, à ses monnaies. Ils s'ohhgent à les
garder, à les couper et à les examiner partout
où le prince voudra hattre. Dans le cas où ils
viendraient à sortir de sa juridiction, le comte
aura le droit de revendiquer eux et leurs hé-
ritiers comme étant ses hommes liges. De son
côté Amédée V leur assigne dix sommées de
froment à la mesure de St-Symphorien (d'Ozon)
et quinze sommées de vin, mesure du même
lieu, ou cent solides viennois, à la place du vin,
payables chaque année à St-Symphorien* ou à
St-Georges ( d'Esperanche ). Il leur garantit ces
cent solides viennois sur le péage de St-Sym-
phorien-d'Ozon jusqu'à la fête du bienheureux
S. Michel, promettant en outre de soutenir et
défendre eux et leurs biens, comme ses hommes
liges. De plus ils doivent jouir en tout temps
( qu'ils travaillent ou non ) des franchises et des
libertés accordées aux monnayeurs' du roi de
France, recevoir le même brassage et remède,
ainsi qu'un salaire suffisant pour la gravure des
coins. Tels étaient les moyens dont se servaient
les princes pour retenir les monnayeurs à leur
service, à une époque où les procédés matériels
employés pour la frappe rendaient la production
très lente, malgré la simplicité et la grossièreté
des poinçons et des coins employés. L'on ne
65
pouvait y suppléer que par un grand nombre
d'ateliers et d'ouvriers.
Amédée V, octroyant (1) à deux étrangers le
droit de battre monnaie pendant trois ans dans
sa terre de Vienne, déclare que cette concession
est faite de la manière usitée précédemment ,
ce qui fait remonter l'ouverture de cet atelier à
une époque antérieure. Nous trouvons dans cet
acte les devoirs et les privilèges des monnayeurs
et les avantages dont ils jouissaient, détaillés
d'une manière plus complète que dans le pré-
cédent.
" Jacques de Saxe, de Plaisance, et Pierre
Aloyer, de Gènes, sont chargés de battre toutes
les monnaies noires et blanches qui devront se
faire dans la terre de Vienne. Le comte doit
leur faire donner un emplacement et une maison
convenables pour travailler pendant qu'ils au-
ront charge de battre monnaie, et leur procurer
en nombre convenable des ouvriers et des mon-
nayeurs de sa terre. Au cas où il ne pourrait
leur en fournir, ils s'en procureront au dehors,
sans que le comte ait à s'en étonner. Ils joui-
ront de toutes les coutumes et franchises usi-
tées dans les autres monnaies, et aucun mon-
nayeurne sera autorisé à s'établir dans le Vien-
nois pendant qu'ils y travailleront.
Us donneront au prince, pour chaque jour de
(1) Voir document n" 4.
66
travail, 35 livres de petite monnaie noire, gain
qui doit être retiré de huit jours en huit jours
et fourni en égale proportion d'argent et de
billon. Il est entendu que les semaines seront
de cinq jours de travail et rendront au prince
175 livres, que les monnayeurs travaillent ou non.
Dès qu'ils auront frappé une certaine quantité
de monnaie, toutes celles en cours seront taxées
àlavaleur des nouvelles. Défense est faite, sous
peine de confiscation, de sortir des Etats l'ar-
gent, le billon et la monnaie fausse, de refondre
ou d'affiner du billon.
Pour le premier mois, ils ne payeront au
prince que 100 livres de petite monnaie noire.
Les gardes vérifieront la monnaie toutes les
fois qu'ils en seront requis par les maîtres, et
la recevront si elle est de poids et à la loi fixée ;
ils seront payés par les monnayeurs.
Si l'on cessait de battre à Saint-Symphorien-
d'Ozon, par suite de guerre ou d'abaissement du
titre des monnaies par le roi de France, ils ne
devront pas de droit, et, lorsqu'il leur sera or-
donné de battre de nouveau, ils s'obligent à le
payer. Pour assurance de l'exécution de leur
contrat, ils doivent déposer 2,000 livres vien-
noises desdites monnaies.
Les marchands qui apporteront du billon ou
de l'argent à la monnaie seront sauvegardés ,
à l'aller et au retour, eux et leurs biens.
Les sentences que l'archevêque de Lyon
67
pourrait lancer contre les moiiiiayeurs et leurs
ouvriers seront considérées comme nulles.
L'acte est signé par l'évoque de Maurienne,
à la démande de Jacques et de Pierre ; il fut
passé à rile-Barbe, le dimanche des Cordes,
1306.
Amédée VI étendit à tous les ouvriers et mon-
nayeurs de ses monnaies les privilèges des
monnayeurs du royaume de France , et leur
confirma ceux accordés par ses prédécesseurs.
Ces privilèges des monnayeurs du royaume de
BYance consistaient alors , suivant la copie re-
produite par Jolly (1), à ne pouvoir être appelés
devant d'autres juges que devant les maîtres des
monnaies, hors le cas d'homicide, de vol et de
rapt, à être exempts de charges coutumes,
péages, passages, censés, etc., cavalcade des ar-
mées, et de toutes subventions , exactions et
impositions.
Le prince les prend sous sa sauvegarde et
protection, eux et leurs biens, voulant que ceux
qui leur causeraient empêchement ou dommage
soient condamnés et incontinent forcés à leur
rendre et compenser tous dommages , dépens
et perturbations qui en résulteraient. Ces [iri-
vilégcs sont la reproduction de ceux accordés
en 4333 par Philippe aux ouvriers et mon-
(1) Comjiilalion drs anciens rdits des princes de la maison de
Savoie. Cliaiiibury, 1571), Eticiiiiu Riomlcl. p. C90.
68
nayeurs du serment de France, étendus à leurs
femmes et à leurs familles, en avril 1337.
Amédée VI, en 1531, les restreignit aux mon-
nayeurs du serment du comté de Savoie (1).
Amédée de Genève, tuteur d' Amédée Vil , les
étendit aux monnayeurs du serment de Savoie,
des comtés de Savoie et de Genève, à ceux qui,
empêchés de travailler par infirmités, vieillesse
ou faiblesse corporelle, pourvu qu'ils fussent
disposés à travailler, s'ils le pouvaient de nou-
veau.
Charles III (1535, 15 octobre) les approuva et
fit dresser des règlements généraux pour la fa-
brication , la vérification et la circulation des
monnaies. Nous allons résumer ce qui se rap-
porte plus particulièrement aux ateliers moné-
taires et aux monnayeurs.
Antérieurement à ce règlement général, les
règles de l'exercice et de l'administration de
l'industrie monétaire émanaient des maîtres gé-
néraux des monnaies et de la Chambre des
comptes. Les lettres patentes de 1483 et un acte
du 17 novembre 1528 semblent l'indiquer; l'ab-
sence de documents relatifs à cette matière dans
les archives royales vient d'ailleurs confirmer
que ces règles n'émanaient pas de l'autorité sou-
veraine. Les archives de la Chambre des comptes
de Turin nous olTrent en outre divers ordres
(1) Chatûbéry, 24 avril. — Joly, lieu cité, p. 696.
69
nommant des ouvriers des monnoirics, réglant
la frappe des monnaies, le change, etc. Le tra-
vail dans les ateliers ne pouvait avoir lieu que do
jour; dans les circonstances pressantes, il était
dérogé à cette règle par ordoiniance spéciale du
prince et de la Chambre des comptes (1). Ces
privilèges furent confirmés par Amédée Mil
(1415), Louis (1450), Amédée IX (1466-1476);
les décréta statuta vetera d' Amédée YIIl
renferment toutes les conditions principales de
fabrication et une opposition aux assemblées
illicites ou à l'association des monnayeurs de Sa-
voie avec les monnayeurs étrangers (2).
MAÎTRES GÉNÉRAUX
Ils doivent être sujets du prince , être exa-
minés par quatre maîtres généraux et prêter
serment entre les mains des présidents et des
maiti-es de la Chambre des comptes. Leurs
gages ne leur seront point payés par les maîtres
particuliers ; ils ne pourront avoir aucun rapport
d'intérêt avec eux.
Tous les trois mois au moins, ils visiteront les
ateliers pour reconnaître la bonté des momiaies
fabriquées, et contrôleront les rcLàstres des rar-
des et des essayeurs. Ils vérifieront les poids
(1) Duljoiii, lieu cité, f 72. Billot de S. A. H. en 1635, et ordre de
la Chambre des comptes du Turin en 169('.
(2) L. 2, cli. 99, De qualitate, ufjicio et juramentomotietariorum
70
dont se servent les maîtres particuliers, les ou-
vriers, etc. ; ces poids doivent être semblables
à la matrice de la Chambre des comptes, qui est
la reproduction de celle de Paris.
Ils s'assureront que les maîtres particuliers
ne frappent pas en plus grande quantité que ne
le portent les ordonnances, et pourront arrêter
la fabrication, s'ils la jugent suffisante.
Ils pourront arrêter et détenir ceux qui se
seraient rendus coupables de vol dans les maisons
des monnaies et les retenir jusqu'à restitution.
Ils tiendront un rôle des officiers et des em-
ployés, et le remettront à la Chambre pour s'as-
surer que chacun d'eux travaille dans la localité
qui lui a été désignée.
•
MAÎTRES PARTICULIERS
Les maîtres particuliers sont également exa-
minés par quatre maîtres généraux, et, une fois
nommés à un atelier, ils doivent donner une
caution.
Ils s'obligeront à avoir des ouvriers et des
employés en nombre suffisant, et prendront à
leur charge, par inventaire, le matériel appar-
tenant au prince et celui délaissé par leur pré-
décesseur. Il leur est défendu d'employer des
ouvriers étrangers sans la permission des maî-
tres généraux ou des gardes.
Ils doivent avoir une boy te pour les essais,
qui devra être remise à la Chambre des comptes.
71
Cette boîte doit être en fer et avoir six clefs :
trois au second fond, que garderont le clavaire
de la chambre, le maitre et l'essaveur; une au
premier fond , qu'aura encore le clavaire ; les
deux autres s'adapteront à l'ouverture par la-
quelle l'on met les deniers des délivrances et
des briefves, et resteront entre les mains dii
maître et de l'essayeur. Cette boîte sera en outre
fermée dans le coffre du seigneur, dont le garde
et le contre-garde auront les deux clefs. Lors
des vérifications, la boette sera cousue dans un
sachet, enveloppée ainsi que les papiers et les
registres, et scellée par le secrétaire et le garde
des monnaies pour être portée à la Chambre des
comptes. Le triage et la vérification des mon-
naies d'or et d'argent seront faits en présence
de la Chambre, des maîtres généraux, du maître
particulier et de l'essayeur.
Si les essais indiquent que les délivrances
sont hors de poids et de remède, le maitre sera
puni d'une amende double de la différence re-
connue ; l'amende sera quadruplée si l'erreur
se reproduit une seconde fois, et à une troi-
sièmes le maître sera remis à la miséricorde du
seigneur.
CARDES, <:ONTRE-GART)ES ET ESSAYEURS
Ils sont également examinés par quatre niai-
Ires généraux et prêtent serment à la Clianibie
72
des comptes. Leur charge consiste à surveiller les
fournaises, à tenir note des délivrances des ma-
trices et des coins, à s'assurer de la justesse des
balances et des poids.
Les essayeurs sont examinés par quatre maî-
tres généraux, quatre maîtres particuliers et
deux essayeurs. Ils essaient les métaux apportés
pour la fabrication, le métal préparé et les mon-
naies après la fabrication.
PRIVILÈGES DES MONNAYEURS
Les immunités et les privilèges dont jouis-
saient les monnayeurs étaient fréquemment
l'occasion de réclamations et d'entraves de la
part du fisc , des particuliers , des communes ,
etc. ; aussi cherchaient-ils à les sauvegarder et
à les garantir, en les faisant approuver à l'avé-
nement de chaque prince. Afin d'en maintenir
la conservation, les monnayeurs s'adressèrent
au pape (1); Sixte IV leur accorda une bulle
de confirmation (1475, 5 janvier) des privi-
lèges et immunités concédés par les ducs de
Savoie, dont ils prétendaient avoir perdu les
actes. Ils obtinrent une nouvelle bulle d'Innocent
VIII, en i491, accompagnée d'une lettre pour
en assurer l'observation. Ces privilèges étaient
la cause de graves abus de la part des ayants
(1) Duboin, lieu cité, page 24.
73
droit, vis-à-vis du fisc, aussi bien que vis-à-vis
du public, îilîus qui amenèrent la réglementation,
la diminution et iinalement le retrait de droits
aussi exagérés que contraires à une bonne et
juste administration.
Charles I^"" (1) précisa dans quelles limites et
de quelle manière les officiers des monnaies
pouvaient profiter de leurs privilèges, pour faire
cesser le préjudice porté au lise par les mon-
nayeurs, en faisant passer sous leur nom des
marchandises ne leur appartenant pas. l^es
exemptions furent limitées à la durée de leur
charge ou emploi , et restreintes à leurs biens
propres, aux objets à leur usage et à celui de
leur famille; le surplus devait payer les droits.
La juridiction des maîtres généraux des mon-
naies dans les causes civiles et criminelles des
officiers et des ouvriers des monnaies fut révo-
quée par acte du 10 janvier 1544 (2). On leur
promit de députer pour cet objet et pour l'ob-
servance de leurs privilèges un conservateur
spécial.
A partir du XVIP siècle , malgré les conlir-
mations réitérées obtenues, les monnayeurs (3)
furent entravés de toutes parts dans la jouissance
de leurs privilèges.
La Chambre des comptes et le Sénat nielLaicnl
(1) i486, Duboin, lieu cité, page -28.
(2) liiiliiiin, lii'ii cité, paw 116.
(31 Uuliniii, lii'U cilé, p.i^e 7').
5
74
tout en œuvi^e pour mettre Un à ces abus , et
refusaient l'entérinement de leurs lettres pa-
tentes. Celles de 1625 ne furent point entérinées
et ne figurent point dans le recueil de leurs pri-
vilèges, imprimé en 1699; il en fut de même en
1633 et 1635.
Ces immunités , si préjudiciables au trésor
public et hors du droit commun, auraient cer-
tainement été supprimées plus rapidement sans
les régences rapprochées qui , à cette époque ,
retardèrent plus d'un progrès dans la législation
et les fmances de la Savoie.
L'un des régents, pour augmenter le nombre
de ses adhérents , accordait-il quelques privi-
lèges, les autres se voyaient obligés d'en faire
autant pour conserver une part du pouvoir.
Ainsi, pour les monnaies, voyons-nous des lettres
patentes émanées de la régente, le 28 février
1638 , être suivies de semblables données par
le cardinal Maurice et le prince Thomas , le 21
août 1639, puis parle duc Charles-Emmanuel II,
le 13 mars 1641, renouvelées en 1650 à la suite
d'instances de la part des monnayeurs.
La Chambre des comptes refusa d'entériner
ces dernières, et, après de nombreuses et conti-
nuelles sohicitations, ne les reçut qu'à la fm de
1665 et les restreignit en grande partie dans
l'acte d'entérination ( 4 février 1666 ). Un
décret du 27 janvier 1635 (1) avait hmité
(1) Duboin, lieu cité, page 41.
75
les privilèges aux ouvriers et aux moniiayeurs
figurant sur une liste arrêtée par l'auditeur et
le super-intendant général des monnaies.
Les réclamations du public étaient renfermées
dans les doléances des assemblées des trois états,
dont les procès-verbaux ont malheureusement
été détruits ou cachés pour atténuer l'impor-
tance de leur rôle. Les écrivains nationaux ncw
ont point parlé , parce que le gouvernement,
craignant de voir réclamer leur rétablissement,
empêcha de recueillir des documents et de les
faire connaître.
Dalpozzo (exilé en 1821 ) publia un essai sur
les anciennes assemblées nationales de la Savoie
et du Piémont ; l'entrée en fut interdite. La
royale Députation des études historiques avait
réuni les documents relatifs aux réunions des
trois états ; mais elle dut renoncer à les publier,
et les remettre au secrétariat des affaires inté-
rieures , d'où ils ont passé aux archives de
cour.
Les recherches faites par Duboin ne lui ont
fait rencontrer que quelijues réclamations des
XV*^ et XVP siècles, relatives surtout à la vak'ur
et au cours uniforme des monnaie>s et au retrait
des espèces, inférieures en titre et qualité,
frappées par les monnayeurs à rencontre des
édits. .lolly et Dui)oi)i (1) ont rapporté un èdit
(1) Lieu cil.^ iia.irc G9'i. Ihidem, |)ai,'<» 8S.
76
du duc Charles III qui résume en quelque
sorte les sujets de réclamations présentées
par les trois états des diverses provinces contre
les abus des monnayeurs
« Dans plusieurs réunions des trois Etats, il nous
« a été exposé et supplié de pourvoir aux erreurs
« et aux abus qui sont commis chaque jour à
« rencontre des monnaies. Désirant y pourvoir,
(( nous avons reconnu nécessaire de faire de
« nouvelles ordonnances pour rétablir le régu-
« lier cours des monnaies. » Ces ordonnances
furent approuvées par les conseils résidants de
Chambéry et de Turin.
Nous ne pouvons que déplorer les mesures
inintelHgentes et barbares qui nous ont privé
de documents aussi importants pour notre his-
toire nationale, aussi bien que pour le sujet que
nous exposons.
FAUX MONNAYEURS
La simplicité et l'imperfection du mode de
fabrication des monnaies rendait leur falsification
facile, et les moyens même employés par les
princes afm de cacher les fraudes dont ils se
rendaient coupables pour remplir leurs trésors
77
étaient une garantie pour les faux mouuayeurs.
Nous voyous, eu effet, les peines les plus sévères
édictées contre les billouneurs (1) qui faisaient
fondre les monnaies, peines qui atteignaient
ceux qui auraient voulu faire des essais et des
analyses, seuls moyens qui auraient pu faire
découvrir la véritable valeur des espèces en
cours, mais auraient fait connaître la composition
et le titre des pièces émises par les ateliers du
prince, aussi bien que de celles frappées par de
faux monnayeurs. Seuls les signes ou points
secrets permettaient aux maîtres des monnaies
de reconnaître d'une manière sûre la monnaie
vraie de la fausse, et la valeur relative des pièces
des diverses émissions.
L'émission de la fausse monnaie était rendue
facile en Savoie, sa position entre la France, la
Suisse et le Dauphiné permettant de répandre
au dehors des pièces dont le type, facilement
imité, et toutes les apparences semblaient ga-
rantir la bonté , et qu'il était fort difficile de
contrôler. Des particuliers même obtenaient de
faire frapper, dans les ateliers monétaires, des
pièces à des types admis dans d'autres pays, à la
seule condition de ne pas les mettre en cours
dans l'Etat. Le besoin de petite monnaie ouvrait
un large champ au commerce et à la fraude, et
(1) Ordonnances des rois de France, t. II, p. 279, cl leltres pa-
lentcs des [irinces de Savoie. Duboin, lieu cdû, jiassim.
78
sa dilï'usioii était fructueuse et sans grands dan-
gers pour ceux qui s'y livraient. Aussi les peines
les plus sévères étaient portées contre les faux
monnayeurs et contre tous ceux qui se rendaient
coupables de la distribution et du transport de la
fausse monnaie. En Savoie, la loi condamnait le
faux monnayeur, suivant la gravité des cas, à la
perte des yeux, à la peine de mort par strangu-
lation, par le feu et par celle, plus terrible en-
core, dans l'eau ou dans l'huile bouillante (1).
Au XVP siècle de grosses amendes permirent
aux coupables de se racheter dans bien des cas.
Un faux monnayeur fut puni par la perte des
yeux à Cumiana (1335); en Savoie, Pierre de
Sion et Théobald de Troes périrent, le premier
dans l'eau bouillante, et le second par le feu
(1342). Un maître des monnaies de Nyon, Ma-
tliieu Bonacorte ( Bonacorso ) , ayant commis
des malversations, fut condamné à une amende
de mille florins (1390) (2); il continua à fabri-
quer, et, s' étant de nouveau rendu coupable de
falsihcation et d'affaijjlissement de la monnaie,
fut condamné à mort et exécuté à Ghambéry
le 30 mars 1405 (3). Les monnayeurs et les
(1) Louis Cibrario, Opuscoli. Torino, 1841, p. 141.
(2) « In nionetis doiuini lam auri quam argent! sepe violasse et
« fabricasse et in eis dolose pecasse in auctoritate lege materia
« difCaniando dictas inonetas et cursum ipsarum. » Comptes des
trésoriers généraux. Cibrario, Economie politique^ p. 210.
(3) Chapperon, Chnmbéry au XIV' siècle, p. 245.
79
maîlivs des monnaies eux-mêmes se laissaient
ainsi entraîner à augmenter leurs bénéfices,
déjà considérables, par des profits illicites. Les
comptes des trésoriers généraux contiennent
plusieurs instructions et procès contre les mon-
nayeurs, aussi bien que contre les faux mon-
nayeurs et les exporteurs de matières d'or et
d'argent.
DE L'ASSOCIATION DES OUVillEIlS MONNAYEIHS
DU SAINT-EMPIRE ROMAIN
ET DE LEURS PARLEMENTS
Une particularité importante de l'histoire des
princi|»;iii\ iildiers monétaires, ouverts par les
princes de la maison de Savoie, a échappé aux
reclierches de MM. Promis et Duboin : c'est
l'affiliation des monnayeurs et des ouvriers,
travaillant dans ces ateliers, à une société im-
portante, ayant ses réglemeids, ses assemblées
80
législatives ou parlements généraux (1), sous la
dénomination d'ouvriers moïinoyers du Saint-
Empire romain.
On comprenait sous ce titre tous les mon-
nayeurs nommés par l'empereur ou par les
princes et les prélats, qui tenaient de lui le droit
régalien de battre monnaie. Ceux-ci reconnu-
rent cette institution , confirmèrent ses privilèges,
en ajoutant de particuliers pour leurs états. Le
28 juillet 1337, Humbert, dauphin de Viennois,
confirme les privilèges accordés à ses mon-
nayeurs par Humbert, son aïeul (1281-4301), par
Guignes, son frère (1327-1333) ; Charles VI les
confirme de nouveau en 1390.
Charles III de Savoie nomme un ouvrier de
ses monnaies (1509), et, la même année, cons-
titue monnayeur, pour battre tant dans ses do-
maines que dans tout l'empire romain, Etienne
Curtilliat, de Chambéry. Cette dernière nomi-
nation est le seul indice pouvant se rapporter
à l'association des monnayeurs du Saint-Empire
romain que nous ayons trouvé dans l'ouvrage
(1) M. le docteur Chaponnière, dans le tome II des Mémoires
de la Société, d'histoire et d'archéologie de Genève, a fait connaître
ces assemblées, et M. Rabut François, dans le tome I, 2°' série des
Mémoires de l'Académie de Savoie, a rapports la partie de ce tra-
vail qui intéressait la Savoie. M. Chaponnière n'a connu que le
second registre des protocoles des parlements généraux ; le pre-
mier a été utilisé plus récemment par M. Giraud, dans son Essai
historique sur l'abbaye de St-Bernard et de la ville de Romans,
en ce qui concernait la monnaie de cette ville.
81
de Duboiii. M. Chapoiiiiièiv dit (jifAnié VI tiil
ruii fies loiidateuis de cette association (1),
sans donner des preuves de son aflirmatioii,
que nul document ne me semble confirmer.
Elle est sans doute basée sur le passage sui-
vant de ses lettres patentes de 1343 (2), qui
peuvent y avoir en effet quelques rapports (mo-
netariis ) : « Concedimus (piod ijjsi et eorum
qullibet ad operandum et monetandum in nos-
tris monetis dum ipsi lideliter opera-
buntur, et recipiantur et omnibus aliis
operariis et monetariis extraneis ad operandum
et monetandum in eisdem proponantur et etiam
admittantur. »
Dans celles du 24 avril 1351, il est encore dit :
« Operariis et monetariis dictarum monetarum. . .
qui tamen sunt et erunt de sacramento nostri
Sabaudie comitatus omnes Iranchisias
conlirmamus (3). »
Ces termes se rapportent à l'association des
ouvriers monnayeursde ses états et à l'admission
d'ouvriers étrangers, si l)esoin était, de même
qu'on le voit dans les lettres patentes d'Amédée
Vlll, de 1415; il s'agit des serments de Savoie
et de Genevois.
A l'origine, des états où villes ayant droit de
(1) Société d'histoire et d'archéologie, (orne II, page 49.
(2) Jolly, Comjiilation des ancirns édits des irinces de la iivnsun
de Savoie. Chambéry, Estienne Riondet, 1572 (f» 690).
(3) Duboin, lieu cilt-, p. 49.
82
battre monnaie tirent partie de l'association des
monnayeurs du Saint-Empire romain : le comtat
Venaissin, l'Anjou, la Savoie, le Lyonnais, l'é-
veché de Valence, le Valentinois, F archevêché
d'Arles, la principauté d'Orange , le Dauphiné
et le Viennois , qui tous étaient compris dans
l'ancien royaume de Provence. Plus tard les
évêchés de Lausanne et de Genève y envoyè-
rent des représentants, ainsi que les ateliers des
ducs de Savoie, du pays de Vaud et quelques-uns
du Piémont. Un sceau, portant les écus aux
armes de ces divers états , paraît au bas des
actes à partir de 1355; c'est probablement celui
qu'a publié M. Chaponnière, qui en signale un
autre, sur lequel figurent en outre les armes de
Lausanne (1).
Ces monnayeurs se distinguaient des ouvriers
et monnayeurs des autres serments : serments
de France, de Toulouse, d'Espagne, etc., et n'é-
taient pas admis , sauf de rares exceptions , à
travailler dans les pays qui n'étaient point com-
pris dans leur serment (2).
(1) Je n'ai pas cru devoir reproduire la savante dissertation dont
il a accompagné la description de ces sceaux. ( Voirie volume cité
des Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève.)
(2) En 1327 et 1329, les ouvriers faisant défaut dans les ateliers
du royaume de France, ordre fut donné « pour quérir es-villes
« plus prochaines tel nombre d'ouvriers et monnayers qu'il sera
« nécessaire tant du serment de France que de l'Empire, » autori-
sation accordée pour un temps limité. Boizard, Traité des mon-
naies. — Montlieil, Histoire des Français des divers élatSj p. 490.
83
Les moiinayeurs triui même serment se léu-
iiissaient parfois pour discuter leurs intérêts,
s'assurer la conservation des privilèges, régler
les admissions des nouveaux menibres, etc. ; à
partir du XIV^ siècle, les assemblées des mon-
nayeurs de l'empire prirent un caractère de ré-
gularité. Le 3 mai 1343, fut tenu à Homans le
premier parlement général des ouvriers et
monnoyers du serment de l'empire, où fut dis-
cutée la charte des constitutions et ordonnances
de cette importante association.
Le règlement définitif fut arrêté au parleniciil
de Valence en 1392, et l'on décida de faire co-
pier, sur un registre en parchemin, les décisions
prises précédemment, les feuilles de papier sur
lesquelles elles avaient été écrites tombant eJi
lambeaux.
Il existe deux registres des protocoles de ces
réunions : le premier va de 1342 à 1466, cl
contient trente-cinq procès-verbaux; le sec I
commence en 1469 pour linir en 1527, et ren-
ferme quinze procès-verbaux.
Le premier, confié aux moiniayeurs de î\o-
nians, resta entre les mains du procureur après
la fermeture de cet atelier, et, après avoir piissé
par plusieurs mains, fut acquis par la biblio-
thèque impériale ( n" 0070 du fonds latin ) (1).
(1) Nous (lovons ;i l'ublipeanco de M. Lccoyde la Marche, aïK-ien
archiviste du la Maiite-Savoio, d'avoir pu faciieuieut oi)lenii copie
de la partie qui intéressait la Savoie.
84
Le second, laissé à Genève, en 4527, la grande
fermentation qui régnait alors dans cette ville
ayant empêché la réunion du parlement, fait
partie des manuscrits de la bibliothèque pu-
blique (1).
Nous empruntons à Senebier (2) la description
du second registre, dont le commencement est
la copie exacte des actes originaux contenus
dans le premier, relatifs aux usages établis pour
régler la marche de ces assemblées. « Le livre
« des parlements généraux pour les monnoyes, »
vol. in-folio véhn On y trouve un acte
qui établit la forme de ces assemblées, accom-
pagné des signatures originales et de son sceau.
« C'est la forme et la manière comment l'on
« doit procéder et commencer à tenir parlement
« général » lieu de l'assemblée, messe, élection
des officiers, police qu'on doit y exercer, « les-
<( quelles ordonnances, statuts et institutions
« ci-dessus escrites selon la fourme, manière
« et teneur d'icelles Nous François de Por-
« taiguières prevost général de sa voulonté et
(( consentement ordonnons qu'elles soyent ob-
« servées en leur entier Donné en notre
(1) M. Paul Liillin, de Genève, dont la science historique déplore
la perte récente , avait bien voulu faire copier pour notre travail
tous les passages de ce registre qui concernaient les ateliers mo-
nétaires de Savoie et n'avaient pas été publiés par M. Chapon-
nière.
(2) Catalogue raisonne des manuscrits de la ville de Genève,
p. 382, n» 146. Genève, 1779.
85
« grand parlement tenu à Valence le X'' joui-
« du mois de may 1392. »
A la page suivante sont écrits quatre passages
des Evangiles sur lesquels on prêtait serment ;
au milieu est peint un Christ en miniature ; au
bas est la formule du serment.
A la suite de ces préliminaires, le premier
registre contient la relation détaillée de chacun
des parlements, qui presque tous furent tenus
dans le Viennois, principalement à Romans et
à Valence , premiers centres de l'association.
Deux réunions seulement eurent lieu dans les
états de Savoie ( en 1420 et 1515 ), à Chamhéry,
dont l'atelier envoya des représentants aux pre-
miers parlements. A partir de 1386, les ateliers
d'Aviliano et de Pignerol figurent associés à celui
de Chambéry ; Nyon paraît en 1390; en 1411 nous
trouvons Aix, dont les représentants assistent à
trois parlements; Turin, en 1417? (1); Asti, en
1429; Annecy et la Croix-de-St-Gervais (dor-
navin), en 1435.
Les protocoles du second registre commen-
cent par un acte fait le 23 mai 1469, à Bourg
« De l'authorité et puissance de notre St-Père
« le Pape de Rome et des très-excellents hauts
« souverains et puissants princes et redoutés
« seigneurs l'Empereur, le Roy daulphin de
(1) Quatre pages qui manquent au rcgistri' rondent la Jate dou-
teuse.
86
« France, du Roy de Cécile, Jérusalem et Arra-
« gon, du duc de Bourgogne, du duc de Savoie,
(( du duc de Bretagne et tous autres seigneurs
« ayant puissance de faire monnoye, lesquels
(( nous ont donné libertés, privilèges, franchises,
« exemptions de fere assemblées pour condam-
« ner et absoudre aux ouvriers et monnoyers
« du St-Sacrement de l'Empire
(( pourquoi seront tenus les dicts ouvriers et
« monnoyers du dict sacrement de l'Empire d(^
« ordonner ung parlement de temps certain pour
« faire convenir tous ceulx qui désobéiront es
(( ordonnances lesquels parlements auron t
« puissance de créer, constituer ouvriers et mon-
« noyers sont les dictes insérées et
« escrites en ce livre nouvellement on
« commence pour ce que le vieil livre est pe-
« sant a pourter, il est compli d'écritures lequel'
« demeure dans la garde des ouvriers mon-
« noyers de Romans. »
Le premier registre est de près de trois cents
pages ; le second en comprend plus de cent.
Ils renferment des procès-verbaux très diffus
et des règles générales comme celles d'une con-
frérie, sans arrêtés formulés pour des cas spé-
ciaux (1). Les travaux de chaque assemblée se
terminent par l'inscription des procureurs pré-
sents et de leurs mandants, avec l'indication des
(1) Note de M. Lullin.
87
villes qui les ont envoyés; c'est la partie la pins
intéressante (1). Les parlements généraux re-
cevaient dans l'association, comme ouvriers et
monnayeurs, ceux qui présentaient des lettres
de créances (2) ou de requêtes accordées par
les princes (3) , ceux qui y avaient droit à titre
héréditaire et ceux qui s'adressaient directement
aux parlements. Lorsque l'institution eut perdu
de sa Ibrce, les corps de monnaie s'arrogèrent le
droit de nomination, et le titre purement nomi-
nal de monnayeur fut fréquemment acheté pour
profiter des exemptions. Cet abus fut la cause
d'ordonnances, de limitations, etc. ; aussi Mon-
theil a-t-il pu dire avec raison (4) : « Les mon-
nayeurs se composent des ouvriers, qui ne font
pas grand'chose,etdes officiers surveillants, (pii
ne font rien et sont exempts de tous impôts. »
(1) Parlement de 1390 (f» 79 verso ). « Jehan Angelier, procureiii'
« pour les ouvrieis et inonnoiers du Chambéry et de Nyons en
« Vaux. » — Parlement de 1397 (f^ 98 et suivants ) : < Cy en aprèz
« s'en suivent les noms et seurnoms par ordre de tous les pro-
« curcurs et aussi tous les noms et seurnoms des ouvriers et mon-
« noiers du serment de l'Empire (jui ont constitué les diz procu-
« reurs. »
(2) Parlement de Chambéry (M20\ « Nomina receptorum
ex crescencia concessa per duceni Sabaudie sive ex graciis plu-
* rimorum debitorum quud luit indebitu et injuste contta
« nostra privilégia et (quorum) omnes dictas rcceptiones
€ valere concedimus Sequuntur iiii <|ui fuerunt recepti
« ex gracia donrini ducis S^ibaiidie. »
(3) 1469, à Bourg, de Bussi, dit de Lalaz, est reçu par requt'le
de M"" la duchesse de Savoie et du comte de Beaugé (ihap. 71 y,
(4) Monllieil, lieu cité, t. I.
c
88
L'office héréditaire pour le fils aîné ou la fille
aînée des monnayeurs (1) pouvait se transmettre
de la fille à son fils, au neveu et au cousin. Il
fallait prouver sa parenté et faire conster d'une
conduite , d'une vie et d'une réputation sans
reproche.
Les fils de monnayeurs payaient un marc
comme droit d'entrée; ceux reçus par grâce
payaient deux marcs ; le récipiendaire donnait
un liaut-de-chausses au prévôt, un pourboire aux
compagnons, et payait ses lettres de nomination
au notaire, avant de prêter serment.
Le monnayeur qui se mariait postérieurement
à sa réception payait un marc ; s'il était marié
avant sa réception, les enfants qu'il avait ne
pouvaient prétendre à hériter de l'office de mon-
nayeur. Toutes les nominations étaient vérifiées
par les parlements généraux et en recevaient
confirmation ; elles n'étaient pas valables si elles
ne venaient pas des princes ayant droit de battre
monnaie.
La marche générale suivie pour ces assemblées
était la suivante : chaque parlement désignait
le lieu, l'année et le jour de la prochaine réunion .
Toutes les monnaies faisant partie de l'associa-
tion devaient y déléguer un représentant; l'a-
(1) 1473. Lyon. Catherine, fille d'Antoine Viviand , de Bourg,
fut reçue, ainsi que six ouvriers.
s
8^1
telior qui manquait à cette ol)ligation (4) el les
ouvriers qui ik; itrcnaient point parL à son ('-Ice-
tioii payaient une; amende de 120 sols.
Si le procureur n'était point une persomu*
suffisante ( remplissant les conditions rcMpiises ),
Talelier qui l'avait envoyé payait 10 sols d'a-
mende; lorsque les représentants n'étaient pa^
en nombre suffisant, la réunion était renvoyé
à l'année suivante (2). Ces assemblées se tenaient
en mai, et s'ouvraient le plus ordinairement h-
3, jour de l'Invention de la S''' Croix.
Les procureurs devaient arriver le Jour ou le
lendemain de l'ouverture, à peine de 20 sols:
(1) Parlement d'Avignon, 1392 ( t» 90 verso du 1" registre).
<■■ Nous François de Porte Aigui(''re de la cité d'Avicjnon, prévost
« général pour aucuns defaulxs et déliz qui sont contre nos
« status et ordonnances avons condempné et condeinpnons
« les personnes qui s'ensuivent aux sommes ci-dessoulz désignées
« et imposez, et mis commi.ssaires ii lever, exiger et faire coii-
« Iraindre, conipellir et recevoir les sommes, lesquelles tlessoulz
« diz seront condempnés
« Item sont condempnez Bernard de Chambéry, Eymonet, son
« tilz, Pierre Guionet et Crestin, son filz, Jehan Crestinet, Guionet
« dé Villette, Ivonet Alexandre, Humbert Corbel, chacun d'iceulx
< pour qui sont ouvrans sont condemnez en xx sols pour le detlault
« de ce présent parlement, et sont commissaires a lever les dites
< condempcacions Paronons (ailleurs Perronelus) de Bays et Ber-
« nart Vallet, de Crémieu
« Item maiz condempnons les dessus dis pour le dellault qu'ilz
« n'ont envoie au parlement et (|u'ilz n'ont paie leur boiste, ainsi
< comme ilz ont promis et juré à l'onionnanc-i dos commissaires,
« ainsi comme se nous étions présens.
(2) Le parlement de Lausanne, en 1518, lut renvoyé à cause du
petit nombre des représc ntanls présents.
6
90
ils étaient défrayés de leurs dépenses à raison
de 12 sols par jour, s'ils voyageaient à cheval, et
de 8 sols, s'ils étaient à pied. A leur arrivée,
le prévôt des monnayers de la ville les retirait
ou leur procurait un honnête couvert (1). Le
jour de l'ouverture, procureurs et assistants de-
vaient entendre la messe et y faire dévotement
leurs prières, « afm que tout fût fait ( dans ce
« parlement ) à la louange de Dieu, de la cour
« céleste, du paradis, des princes, etc. »
On se rendait ensuite dans le lieu des séances,
habituellement l'hôtel de la monnaie, où chacun
des représentants, après avoir montré sa procu-
ration, prêtait serment; puis l'on élisait le
prévôt général. Celui-ci, après avoir pris place
au centre du bureau, plaçait sur sa tête un
chapeau de fleurs, marque de sa dignité, et in-
diquait à chacun des procureurs la place qu'il
devait occuper pendant toute la durée du par-
lement. La séance s'ouvrait par le serment,
prêté par tous les procureurs, puis par le prévôt
général , de donner loyalement leur avis sur
chaque question. Ceux qui avaient eu charge
de garder le livre et le sceau de l'association,
ainsi que les doubles clefs qui les fermaient (2),
(1) F" 67 du deuxième registre des Parlements généraux.
(2) Parlement de Bourg, 1469. Giraud, lieu cité, p. 366 : « A été
« ordonné tenir le prochain parlement à Lyon sur le Rliùne d'ici à
« quatre ans. » Le livre est laissé à Bourg, une des clefs est portée
à Genève, l'autre à Romans; le scel va à Crémieu, l'une des clefs
à Lyon, et l'autre à Lausanne.
s
91
les remettaient au prévôt, lequel s'assurait que
le livre n'avait point été ouvert, et que le sceau
était resté fermé dans sa gaîne depuis la der-
nière assemblée. Au XVP siècle, les sceaux du
procureur et de l'association remplacèrent les
clefs, dont l'emploi présentait des inconvénients.
Les sceaux n'étaient rompus que lorsque tout
ce qui devait être écrit et scellé était décidé ; le
procès-verbaux terminés, le livre et le sceau
étaient à nouveau revêtus du scel de l'associa-
tion et de celui du procureur, pour les garantir
jusqu'au prochain parlement, et ils étaient remis
au procureur de la ville fixée pour la prochaine
réunion.
Le dernier parlement général fut tenu à Bourg,
en 1523; il y fut décidé qu'on se rendrait à Ge-
nève quatre ans après; cette réunion n'ayant
pu avoir lieu, les parlements ne furent plus
réunis par suite de l'état de décadence dans
lequel l'institution était tombée depuis plusieurs
années. T.es ateliers monétaires, déjà réduits à
d<'u\ en Savoie , n'occupaient (}u un noml)n'
rnnité d'ouvriers, et, à partir du WIT' siècle,
il n'y eut plus que l'atelier de Tuiiii qui IVuk^-
lionna pour lous les Etats de Savoie,
s
92
DATES DES PARLEMENTS CxÉNÉRAUX , VILLES OU
ILS ONT ÉTÉ TENUS, ET MONNAIES DE SAVOIE
QUI Y ONT ENVOYÉ DES REPRÉSENTANTS (1).
1342 Romans Chambéry.
1350 Vienne Cliaml)éiy.
1 351 Tein ( près Tlionon ). , Chambéry.
1353 Romans Chambéry.
1355 Romans , Chambéry.
1358 Vienne
1361 Romans
1363 Valence, Chambéry.
1365 Valence
1368 Romans
1370 Romans
1374 Valence
1377 Valence
1380 Valence
1384 Romans
1386 Valence Chambéry ( Pignerol ,
Aviliano ).
1388 Valence
1390 Romans Chambéry, Nyon.
1392 Valence
1394 Valence
1397 Romans Chambéry ( Lausanne ).
(1) Nous avons mis entre parenthèses les noms des ateliers de
Suisse et de Piémont qui ont pris part aux parlements généraux,
et, pour les deux réunions tenues à Chambéry, nous avons indiqué
tous les ateliers qui s'y sont fait représenter.
'J3
1 iOl Valence Chambéry.
1404 Vienne
1408 Valence Chambéry, Aix (Pignerol)
1411 Avignon Chambéry, Aix (Aviliano,
Turin).
1414 Valence Chambéry, Nyon ( Turin,
Asli ).
1417 Orange (Il manque 4 pages au
registre. )
1420 Chambéry Crémieu, Bourg, Mâcon,
Miribel, Romans, Turin
et Aviliano , Nyon en
Vaud, Tarascon, Beau-
caire et St-Rémi ( Pro-
vence), Avignon, Saint-
André , Mondragon ,
Lyon (1).
1428 Tarascon Chambéry, Nyon (Turin).
1420 St-Marcellin Chambéry. — Deux mon-
nayeurs d'Annecy sont
reçus à ce parlement.
1432 Valence Nyon.
1435 Montélimart Chambéry (Turin), Cor-
navin.
i i39 Avignon Chambéry , Nyon , An-
necy, Cornavin.
1 443 Lyon
144(3 Vienne
Deuxième registre.
1 ItiO Boui-ff
o
1473 Lyon ( Turin ) Bourg.
(1) Cette note ne m'est parvenue qu'après l'impression des pre-
inifies feuilli's , la liste (les ateliers représentés tst à rectifier à
larticie Chambéry.
94
14-77 Avignon Bourg.
1481 Montpellier ( Turin ) Bourg.
1485 Orange Chambéry, Bourg.
1480 Avignon
1493 Avignon
1496 Marseille Chambéry { Turin ).
1499 Aix (Turin).
1503 Turin Chambéry.
1509? Genève (Pas de date, le protocole
est en blanc).
Chambéry (Turin).
1515 Chambéry Avignon, Mondragon, Ge-
nève et Lausanne.
1518 Lausanne. Bourg.
1519 Lausanne Chambéry. Bourg.
1523 Bourg Chambéry ( Turin ), Ge-
nève.
-efe^«:5»©
95
NOMS DES OFFICIERS DES MONNAIES
ET DES
GRAVEURS DE COINS
SAVOIE ET PIÉMONT (1)
Maîtres généraux
13i0 Nicolello Fiancini.
1355 Pierre Gerbaix. Savoie.
1390 Aresmino Provana.
4392 George de Bruges.
1393 Ambroise-Pierre de Arbicis (2). Savoie.
UOO Girard Cbarabon.
1-420 Martinet Mercier,
1420-1121 Gossivino de Bomel.
1431 Thomas de Folonia.
1448-1449 Guigon Besson. Savoie.
» » Ghristin Boulard. Savoie.
1463 Pierre Besson.
1467 Giiglielmo de Grans, lieutenant
du maître général. Piémont.
(1) Les extraits des protocoles des parlements généraux nous
ont permis d'ajouter un très grand nombre de noms .'i la liste pu-
liliéc par M. Promis Doiilini(|ue, lieu cité, I. I, p. 21.
(2) Pouriiris historiiiKc, p. 175. Noble demoiselle Jeaime, lilk- de
noble Ambri>is8-Pierre de Arbiois, maitre «énC-ral dus monnaies de
Savoie. ( Note de M. A. de Foras. )
1469
Airaar Fabri.
1473
Giiglielmo Clavelli.
1478
Giachetto Filippi.
»
Giovanni Aubaussel.
1483
Guillerme Rogel.
1496
Noble GaleasGruet{l).
»
François Besson.
»
Mermet de Mandalla.
»
Nicolas Gapl.
»
Guillerme Roget.
1504
Claude de Montlieys.
1521
J«an Raffoulaz.
1523
Antoine Vagnon.
1525
Pierre Balligny.
j>
Jean Guillod.
1529
Enry Pugins.
»
Bertrand Guillod.
1534
Dominique Frauda (con-
trôleur).
Savoie <
»
Jean-Pierre de Ferraris.
1535
François Savoie.
1548
Jacques Dian de Ghiers.
Savoie (
1550
Jean Real.
»
Jean-Pierre de Ferraris.
1551-1555 Jacques Dian.
Savoie
1555
Jean Reario (Real).
Savoie
1565-1566 Jean Real.
Savoie
1570
Etienne Divone.
1575
Florentin de Tardy (maî-
tre auditeur ).
Savoie
(1) Generalis monelarum Sabaudie (acte du J9 août 1496). Note
de M. le comte A. de Foras.
97
1584 Francesco Straccia.
j> Etienne Dyuone.
1597 Paolo del Bosso.
Mag-istrals des monnaies
1579 Amedeo de Ponte.
D Sebastiano de Solere.
» Lorenzo Giiimaldo.
» Giambattista Sordo.
Surintendants généraux
1579
Jean-Etienne Deveris.
1602
Nicolas Arnaldo.
V)
Bartelemy Arnaldo.
1617
Louis Grippa.
1625
Secondo Rosso.
1634
Vincenzo Vincendo.
1635
Jean-Jacques-Louis Giorilano
1690
Conte Olivero.
1692
Jean-Barllielemy Prono.
Directeurs généraux
1717
Recaldini.
1741
Cav. de Gregori.
Administration centrale
1816 Jean-CyrilleVillade iMontpascal, chef.
» Pierre Pulciano, adjoiiil.
1819 Pierre-Antoine Gaydi Quarti. —
1825 l''ilippo Villa de Moiifpasral, chef.
1826 Eugène Montgrand, en second.
98
Graveurs de coins
1407
Lambert Ballet.
Chambéry
1466
Thomas.
Cornavin.
4528
Jérôme Callaiieo.
»
Christophe de Forza.
Chambéry
45^29
François de Margues.
Coinavin.
4544
Louis Porro.
Savoie et P
»
Paul Doveris.
—
4 562-4 570 Gabriel Cuneliei- d'Aoste.
Chambéry
4579
Jean-Etienne Doveris.
Turin.
4582
Christophe Porro.
Bourg.
4584
Nicolas Grand (essayeur
général ).
Savoie.
4591
Etienne Doveris.
4640
Orazio Astesano.
Turin.
4625
Jacques Ozegni.
4630
Etienne Mongino (4).
Maîtres particuliers, Gardes, Oovriers monnayeurs
et leurs Procureurs aux Parlements généraux
( Ateliers de Savoie )
BoTj.rg-St-MenjL3?ice
1278 Moisé Millemerces, maître.
4350 Manfred Frotta, —
(1) Postérieurement à cette époque il n'y en eut plus en Savoie,
dont les ateliers étaient fermés.
99
Chambéry
1287-1 29S Edouard de Varey, maitre.
1300 Martin de Chatillon, inaîlre.
» HurnbertdeClermont, —
» Jean Ginot, garde.
1338-1339 Bernard -Robert de Va-
lence, maitre.
» Alexandre Dardano de
Florence, —
» Sandre Farolfi, —
1340-1341 Bernard Robert, —
1312 Jehan Peyser (1), procureur
1 343 Bartbélemi AUani de Flo-
rence.
1349-1350 Nicolas de Podio . de
Luc (2), maître.
j> Jean de Allevis, garde.
1350 Tevenez Rogers (3), procureur
1353 Jehan Angelier (4). —
y> Pierro Roger, fils d'Hum-
bert Roger, —
(1) Procureur « de la monnoie do Chaml)6ii(n » au promit'r
parleinenl tenu a Romans, 1" registre ( l'olio 8 rectu ).
(2) Amédée YI, par patentes du 22 octobre, lui accorde pendant
deux ans de battre, à Chambéry et à Pont-d'Ain, diveises monnaies
décrites dans ces lettres patentes. Cibrario, Opuscoli, p. 290.
(3) Procuieur au second parlement tenu à Vienne, 1" re^i-^lie,
folio 16 recto.
(4) € Procureur des compaignons de Chamhéry » au parlement
de Romans.
100
1355-1356 Cassiniis (1). monnayeur.
1355 Jolianes Angelerii (2), procureur.
1302-1364 Amb]ardus(niagisler) (3), monnayeur.
1362 Bertholelus (magister), —
(1/ Monnayeur et bourgeois de Chambéry, dont le nom liguie
pour refus de taille ( viii deniers ) et indemnité de terrain, dans les
comptes des syndics.
La ville donne une nef d'argent à la comtesse de Savoie « in ejus
« primo adventu apud Chamberiacum ; » une taille est levée à cette
occasion. A la fln de la liste des personnes imposées qui ont été
libérées, on trouve :
« Quantitates tayllie non soluté.
« De quantitatibus infra scriptis in quibus taxate sunt persone
« inlrascripte non computant quia et monetarii infrascripti
« nichil solvere voluerunt et dominus Aymo de Challant castellanus
« Chamberiaci fecit reddi monetariis pignoratis pignora sua et ipsos
« couipellere non permisit. »
Dans le même compte, à l'occasion d'une lorne faite « a Grangia
« Jacquemeti de paiacio usque ad riperiam de Barbera, » il est
payé : « Cassino monetario pro fundo dicte turre facte per médium
« terre sue sibi taxata pcr dictos burgenses pro tanto ut per con-
« fessionem ipsius presentis in computa de recepta. >
( Comptes de Johannet Bonivai^d, Guillenuet Rondi et Jean Vian-
nesii, syndics, du 31 décembre 1354 au 22 juillet 1360). Note de
M. d'Arcollières.
(S! Député pour la seconde fois : « procurator operariorum et
« monetariorum Chamberiaci. >
(3) Sont indiqués dans le compte suivant : « Libravit (Johan-
« nés Reverditi, syndicus ) ad expensas suas et domini Huniberli
« Marcliiandi pro repastituia duorum roncinorum suoiuni duorum
« dierum apud Burgetum ubi fuerunt et impetraverunt unam litte-
« ram a domino quod monetarii et oiunes solverentur exceptis
« Jtihanne Guersi et Hugone Valasdi 1 sol x deniers forts. »
Il s'agit d'une taille pour les réparations aux courtines, murs et
fossés de la ville. ( Compte de George Pellestorti , Jean Reveiditi
et Guillermet de Thevsio, syndics, du 22 novembre 1361 au 7 jan-
vier 1363. )
Les monnayeurs (|ui ligurent à ce compte sont :
Magister Amblardus pour xvi deniers.
Magister Berlhoh'tus pour xvi deniers.
Le premier est conseiller de ville en 1364; il figure parmi les
personnes qui ont reçu le compte des syndics Jacques Faczon "'t
Jacques Vachet, le 18 juillet de cette même année 1364.
un
1 3()''> .loliannes Hiiniberli alias
Borgougiio (I), procureur.
13r>3-130i AiUlioniusfurbilonsorC^). —
1375 Philippe Baroncelli (3).
138r> narlliolomieuArclierlou
Arlliei'j (4), —
» Pierre Bernard (5),
1300 Jehan Angelier (0),
i> Syméon Angelier, père
de Jehan,
1391 Bailhélemi de Lebol,
131>2 BernaildeChanihéry(7), ouvriers elinoiiiiîiyenrs.
^ Llymonel, nisdeBernart, —
» Piene Guionet. —
» CresUn Guionet, —
T> Jehan Cieslinet, —
» Guionnelde Vilette, —
» Ivonet Alexandre, —
» Humbert Corhel, —
monnayeur.
procuieni".
monnayeur.
ffarde.
(1) « De Chaniberiaco (inter) nomina consliluentiura civitatis
« Vaiencic et quoruiudam aliorum locoruin. > 1"" registre, folio
46 locto.
(2) Dans un emprunt fait par la ville pour payer vingt-cinq ba-
listieis et vingt-cinq clients (juelle envoie à Pont-de-Vaux « contra
pravas societates, > on trouve au nombre des prêteurs c Anthonius
furbi tonsor, > qui prèle 111 scus gros. ' Compte de Jacques Fac/.on
et de Jacques Vachct, du 7 janvier 1363 au 22 juillet 1364. 1 — Note
de M. «rArcollières.
3} In coniitatu Sabaudia-.
(4) < Procuieur des ouvriers et monnoiers de Vilhanne, de
« Pjgneireu et de Chambéry, » lieu cité, folio 60 recto.
(5) Seul nommé dans la liste des mandants de Chambéry.
(6) Procureur pour la troisième fois, « pour les ouvi iers et mon-
noiefs de Chambéry et do Nyons en Vaux. »
(7) Condamnés à xx sols d'aniendi' pour avoir fait défaut au par-
lement tenu à Avignon, en nt- déléguant pas un procureur.
102
4391-1400 Mathieu Matteo di Bona-
1397
1399
corso Borgo (1),
Pierre Galhi.
Pierre Bernard,
Bonacorso Roger.
Jehan l'Hote,
Jehan Angelier.
Guillermet Tissot .
Jelian Meyer,
Jehan de Villette,
De St-Germain,
Pierre Guionet,
Jehan Brune de St-Ger-
main,
Pierre Faizon,
Jehan Granet,
Jacquet, fils de Pierre, de
Chamhéry, alias Jacquet,
Jacques Moine,
Jacquemet, flls de Pierre,
de Chambéry, alias Jac-
quet,
Jehan Cordier,
Jehan Albe,
Pierre l'Hote,
Antoine Mulet de St-Mar-
cellin (2), maître.
maître,
pi'ocureur.
ouvriers elmonnayeurs.
(1) A battu alternativement à Pont-d'Ain, Nyon, Chambéry, Aoste,
Ivrée et Aviliano ; ses comptes n'indiquent point l'époque où il
travailla dans chacun de ces ateliers. Duboin, p. 836.
(2) Lettres patentes du 8 février, lui conférant la faculté de battre
monnaie dans les localités du duché qu'il choisira, avec l'indication
des espèces qu'il devra battre. Duboin, p. 832.
ii02 Mathieu MalleodilBona-
corso Borgo (I), maîlre.
1400-1402 Girard Chambon, garde.
1401 Bierre Bernard . procureur.
» Jehan AngeUer, —
1403 Umbert di Bonacorso
Borgo, —
1405 Jean de Rezet. de Mont-
caUer (2), maîlre.
1406 Umbeit Viallet, garde.
1408 Hugues Bolmet (3), procureur.
» Pierre l'Hote, ouvriers el monnyyoïirs
Guigonetde Villette, —
Pierre de Samigne, —
Jehan Giiard de Villelle; —
Pierre Blonael, —
Pierre Colle? —
François de Gravai, —
François Marchianda Dosan, —
Jehan Brun, de St-Innocent, —
Jehan Albe, de Tliavac, —
Michel de Masset, —
Jacquemet, de Chambrry.
(//?V;s Jac(|ueL —
(1) Lettres patentes du 25 juillet, lui conférant la faculté île battre
monnaie dans les localités du duché qu'il choisira, avec l'indication
des espèces qu'il devra battre. Duboin, p. 83-2.
(2) Par lettres patentes du 23 juin il fut autorisé à battre dans
les lieux où il préférerait des comtés de Savoie et de Genevois ;
il parait qu'il no travailla qu'à Chambéry, car l'atelier d<; Corna-
vin fut ouvert seulement en 1448.
(3) Hugues Bolmel c pour 1<'S ouvriers et monnoiers de Cliam-
béry et rie la ville d'Ays on Savoie. > Lieu cité, folio 111.
104
André Vincent, oiivriers et monnayeiirs.
Bonacuria Roger, —
Bonaciiria Alexandre, —
Claude Grossat, —
Gontard Botut, de Tui-in, —
4-411 Pierre l'Hôte (1), procureur.
Hugonin Bonerii, alias
Varambon , ouvriers et monnayeiirs.
Franchiquinus de Ci avia, —
François Francliaud, —
Ftienne Boveri , —
Bonacorso Boveri, —
x\ndré Vincent, ■ —
Humbert de Corbel , — •
Jacques Jacquet, —
Johannot de Cantorio, —
1414 JebanGirod, a/mà'... (2), procureur.
Hugonin Boveri, de Ponl-
d'Ain,
ouvrier.
Pierre Savigny,
Pierre Blond er,
Guillaume Savigny,
Pierre Giroud ,
Bonacursus Roger,
Etienne Boveri,
raonnayeur,
(1) « Nomina constituentium de Chamberiaco, de Lausanne, de
« Nividuno, de Acquis quorum predictorum est procurator
« Petrus Hospiles scilicet nomine proxiniorum scriptorura. » Les
noms des monnayeurs qui Hgurent comme mandants me parais-
sent appartenir tous à la monnaie de Chambéry. Lieu cité, f" 115.
(2) « Procurator operariorum et monetariorum monete de Nyons
« et Cliamberiaci ; » lieu cité, f° 116. Les noms qui suivent me
parais.sent appartenir aux deux ateliers.
i05
Jacquemet de Cliambéry, monnayeur.
1419 Thomas de Folonia, maître.
1420 Jacques de Cliambéry,
(ilias Jaquet (1 ), prévôt général.
y> Pierre THûste (2), iirociireur.
1421 Jean de Masio, d'Asti, maître.
» Jacques Jacquet, de
Cliambéry, garde.
1422 MaiifredBesson,d'Yenne, maître.
1423 . Michel de la Balme. des
Echelles.
» Bastian Grégoire (3), procureur.
» Pierre l'Hùte, ouvrier elmoiinayeui'.
Pierre Sauvuer, son fils, —
Guillaume Sauvuer, son
lils, —
Jehan et Pierre Girod f'^^ —
Pierre Guionet, —
(1) « Munetarioruin niaior, preposilus içencralis sacraiiieoti im-
« perii olectus in parJamentu tenutu et celebrato in villa
« Chamberiacense incepto die quarta mensis maii anno domiiii
c 1420, présentes . >
(2) Les alt'iieis de Piémont avaient admis dans l'association un
certain nombre de nionnayeurs sur des lettres de créance accor-
dées par le duc de Savoie, ce qui était contraire aux statuts; ces
réceptions, au nombre de dix, furent validies à ce parlement :
nomina roceptoruin ex crescencia ex graciis plurimoium
« debitoruiu quod luit iodebite et injuste (;onlra nostra
» privilégia et quorum umnes dictas receptiones valere
« concedimus. »
(3) « Item est substifulus procur.ildi npiTarioi uni et nium-ta-
< rum iiiiinete Chaniberiaci, » à savoir : < BasUanus (iregorii upe-
" rarius procurator operariorum et monetarioruni de Nyon en
« Vaux et Lausanne. >
7
«
106
1423 Jehan Sauvuer, ouvriers et ffionnajfeurs.
» Jacquinet Blondel, —
» Pierre Blondel, son frère, —
» Jehan Blondel, —
» François Margueyron, —
» Pierre Guionet jeune, —
» François de St-Cher, —
» Jacques de Chambéry ,
alias Jacquet, —
» Guillelme Sauvuer, —
» Aymo Grassus, —
» Etienne de Varembon, —
» Bonacursi Roger, —
» François Blondel, —
» Guigon Besson, —
» Claude Besson, —
» Manffred Besson frères, —
» Jehan Monet, —
1424 Guido Besson, alias Vugliod,
d'Yenne, —
1429 Pierre Girod, procureur.
» Jehan Girod, de Villette, ouvriers.
» • Jacquemet et Pierre
Blondel frères , —
» Pierre Guionet le vieux, —
» Guillelme Serf, —
» Pierre Blondel, —
» Jehan Blondel, —
j> François de St-Gher, —
» Guillaume Savigny, monnayeur.
» Aymon Gras, —
» François Blondel, —
j> Jacques Jacquet, — '
107
1429 (juigues Borzon, monnayeur.
» Jacques Maynie, —
» Giiigues iJeyset , alias
Jacquemart (1), — .
1432 JeiiandeBard, de Chani-
béry (2), —
1435 Antoine Lovanier (3), procureur.
» Pierre Blondel, ouvriers el monnayeiirs.
D Jehan Blondel, son fn-re, —
» Jehan Girod, —
D Pierre Blondel, —
y> François Blondel, son frère, —
» Jacques Varens, —
» Jacquemel Blondel, —
» Antoine Lovanier.
1439 Antoine Lovanier (4), procureur.
Manfred Bcthzon,
alias Bulhyars, ouvriers el iiionnayeurs.
Jacqueraet , de Cham-
héry, alias Jacquet, —
Jehan Doniinget. —
Aimon Gras, —
(1) Ce monnayuut fut rayi- de l'association au parlement de
Si-Marcelin (1429) : « quia non bene fuit leceplus. » Deux nion-
nayeurs d'Annecy y fuient reçus à la reeonunandalion du duc de
Savoie. C'e>l la première mention de cet atelier que contient le
registre des protocoles.
(2) c Fuit facla confirraacio sive receptio Johanuis de Bardo de
« Chamberiaco gralias liabentis ab iilustri piincipe domino duce
« Sabaudie in uionetariuin ; > lieu cité, loi. 138 verso.
(3) Il fut aussi procureur de latelier de Cornavin.
(4) Il représentait aussi les monnaies de Genève, d'Annecy et
de Nyon.
108
Jacques de l'Orme, ouvriers et raonnayeiirs.
Jehan de Asneriis,
1481
Pierre Baligny.
1482
Jacques de Ortis,
garde.
1485
Guillaume Véchut (1), i
procureur.
»
Pierre Rossilhon, ouvriers el moDnayeurs.
)
Jehan Blonde!.
»
Thomas Blondel,
»
Guillaume Blondel,
»
Jehan Delolme (Delorme),
y>
Humbert Sainguy (Savigny) ?
»
Moncy Sainguy, (id.)
»
Loy Blondel,
»
Jacques Blondel,
»
François Rossilhon,
»
Glande Rossilhon,
»
Bertran Delolme,
»
Michel Sola,
»
Aymo Blondel,
»
Janin Neyret,
»
Anlhoine Rossilhon,
»
Jacques Sainguy (Savigny)?
»
Bertrand Véchut,
»
Glande Guigo,
j)
Anthoine Chauminchy?
»
Piero Delolme,
»
Jacomet Blondel,
»
Jacomet Giraud,
1488
Galéaz Gruet,
garde.
1489
Michel de Lugem, contre-garde.
(1} Aucun nionnayeur de Cliambéry n'assista aux quatre pre-
miers parlements inscrits dans le second livre des protocoles.
109
U90
Jean Charvet,
essayeur.
U96
Jacques Girod,
pro(;ureiir.
T»
Claude Guigo,
ouvriers et monnayeurs.
>
Guillet Bochul,
»
Pierre Bochut,
»
Jehan Delorme,
»
Piero Delorme,
—
>
Jacques Blondel ,
alias
Gallet,
»
Glaude Girod,
»
Piero Servet,
>
Aymo Fonlney,
>
Nicou Fabre,
I>
Glaude Teste, alias
Matorent, —
>
Jehan Bolonjon,
»
Piero Véchul,
>
Pierre Trinet,
»
Aymé Tevenin,
»
Jehan Blondon,
»
Girod Savoye,
—
T>
Martin Cohimbet,
»
Jehan Girod,
»
Jacomel Delorme,
»
Jehan Verchut,
»
Glaude Waramboii
5
>
Emilie Boulangon,
1500
Antoine Huffy,
garde.
»
André Govet,
essayeur.
1503
Johan Franc ( Fraret 1
mal lu) ,
[)rocurpur.
»
Jehan Fraret,
maître.
»
Anthoine Reus,
oDvriers et iiionnaycur!>.
»
Pierre Vechut,
no
1503
GuilUi Véchut,
ouvriers et monnayeors.
»
Johan Véchut,
»
Loys Blondel,
»
Johan Blondel,
»
Jacques Delorme,
»
Pierre Delorme,
ï>
Fràcois Mlchon,
»
Pierre Sionnel ?
»
Aymo Terinus,
»
Antony Boquin,
»
Jacquemo Giraud,
»
Nicod Francus,
»
Girard Savoye,
—
»
Aymo Plodel,
>
Bertra Véchut,
»
Claude Macomat,
»
FranciscusCoindat, aliai
s
BossQt,
î>
Imberl Coindal,
»
Anthony Coindat,
»
Anthony Boquin,
»
Joham Combet,
w
1505
Amédée Peret,
garde.
1507
Noble Pierre Bellentray,
procureur.
»
Nicod Faber,
préfost des moDDaieg.
»
Pierre Stale ?
ouvriers et moDuayeurs.
»
François Savoye,
i>
Amedeni fils de Pierre,
»
Jacques et son frère, fih
de Claude Guigo,
)
»
Pierre Rossilhon,
]>
Loys Sauignier,
ï>
Loys Blondel,
—
111
1508
Aiiemond Bertolini.
1514
Pierre Baligny.
1515
Girard Sauoye,
procureur.
»
Pierre Belleiijon ( Boloii
jon), fils de Jehan,
ouvriers el monnaycurs
»
Bertrand Dansy (Uansiz),
>
1519
Bertrand Verchoii ( Vé
chut ),
procureur.
D
Pierre Vochuti,
ouvriers el monnayeurs
»
Pierre Sermet,
»
Claude Guigoz,
»
Anthoine Cohendat,
»
Anthoine Savigne,
>
François Michon,
>
Jehan Tomhet,
—
»
Jehan Blondel,
T>
Guiil» Bolonjon,
—
Tt
Anthoine Mugnery,
»
Girard Sauoye,
»
François (Sauoye), son '
fils, —
>
Bertrand, id.,
>
Humbert Cohendat,
>
Jehan Girod,
»
Pierre Ruphy,
»
Loy Caddet,
>
Gonyn Cohendat,
—
1)
Loys Sauigniari,
—
>
Johan Jay Guigoz,
»
Pierre de l'Orme,
»
Claude Girod,
9
Cuiilerme Vucluit,
»
Anthoine Blondel,
»
Loys Blondel.
—
112
1519
Pierre Girod, ouvriers elnionnayeurs
»
Hugon Bossu,
»
Anliioine fils de Jacques
Gallet,
»
Charles Roz,
»
Guill. Vestochin,
»
Guill. Blondet,
».
Mathieu Blondet,
»
Loys Blondet,
»
Pierre tils de Girard Sauoye, —
j
Flav. de Grave,
1523
Bertrand Vethu (Vechu),
procureur.
»
Anne Quay (1),
recouchon.
»
Anthe Quay,
ouvrier.
»
Anth<= Momet,
»
Anthe Vechieu lils de
Bertrand,
»
François Sauoy,
1524-1528
François Savoie,
maître.
1528
Christophe de Forza,
graveur.
»
Jean Bochard (2),
ouvrier monnayeur
))
Etienne Curtilliart (2),
1559
Nicolas Vialard, d'Yvre,
maître.
1562
Mathieu de Ferraris,
commis.
»
Nicolas Vialard,
maître.
1562-1503
Eustache Scarron,
garde.
1563-1564 Etienne Divon,
contre-garde.
(1) RecochoD, rocoiichon, apprenti dont le travail consistait à
préparer le métal.
(2) Lettres patentes de leur nomination des 29 avril et 30 octo-
bre 1528. Duboin, lieu cité, p. 78 et 79.
113
1565 André Morel (1), maître particulier.
1565-1573 Eliemie Bourge (Burged)
et sa veuve, maître.
Autoni Uanotto.
1569 Louis Chambet, contre-garde.
1570 Cuvilier. d'Aoste, graveur de coins.
1573-1576 Emmanuel Dian, maître.
1577-1580 Jean Miretto, —
1578 Mario?
1580-1583 Clial'frey Grobert, maître acensataire.
» NicoIas-le-Grand, garde.
1583 Michel Grobert, maître.
{Il Ce monnayour lr.i|)pa poui la ville de Cliaiiibery des pièces
d'or qui furent oflerlçs à Maiguerite de France faisant sa première
entrée dans la capitale; de la Savoie; voici les notes que j'ai recueillies
dans le registre d(!s délibérations de la ville, à la date du 24 juin ].')64:
« A esté apporté la lasse ordonnée estre balliée a Madame eiisciuble
« deux cents pièces d'or du poix de deux escus présente marque
« et rognés; de l'ung des costés est lesfigie de Monseigneur au (ourg
< (sic) duquel costé est escrip Emainiel PkUthertus dur Sahandir
« et de l'aultre cousié une marguerite et au tourg duquel couslé sont
c escripts tels luotz : Magniftcarit Deus misericordiam s)iain ciim
" illa. A esté ordonné qu'il sera payé à M" Andr.- Morel, niaislre
« lies monnoyes de la jjresentc ville la somme de buict escus pis-
« toiles tant pour la dévalue des escus convertis en piesces données
« à Madame, facture des ouvriers qui ont cogné et battu lesdites
« piesces que aussi pour ses peines et labeurs, laquelle somme est
« mandée au trésorier des denieis de la dicte ville icelle somme
« paier. »
La tasse destinée à les contenir avait été cnmmandée à Lynn et
payée 217 livres 9 sols tournois, ainsi qu'il résulti-du mèmecom|)te :
« Honorable Estienne Beurgé, bourgeois a montré etréelle-
« men( exliibé aiixdits sieuis s\ ndics une giande coppe avec son
« couverta étui, larjuelle le sieur Jean Gros a envoyée de
« Lyon. »
114
4583
André Marlin,
essayeur.
1584
Michel et Cliaffrey Gro-
berl,
maîtres.
D
François Jacquemin (4 ),
prévôt.
»
Claude Vallet,
ouvrier.
»
Michel Fosserie,
»
Claude Vulliand,
»
Pierre Perrier,
»
Huoibert Sarret,
»
Claude Guigoz (4),
»
François Bossuz (4),
—
»
Jacquemoz Verche ( Ve-
chu),
»
Claude -Humbert Gal-
liard (4),
:»
Etienne d'HaulteviUe,
—
»
François Godinand, pi
révôt-monnayeur
y>
Claude Jacquemin,
monnayeur.
»
Claude Massonnat,
»
Estienne Vallet,
»
Anthoine Savigny (1),
»
Guillaume Gueidioz,
>
Charles Goula,
essayeur.
»
Jacques Vencheu (1),
»
Claude Janin (4),
4589-1591
Guillaume Morion,
garde.
4591
César Valgrand.
»
Jean-Baptiste Castagneri,
acensataire.
»
Jean-Baptiste Cavallo,
—
(1) Ces ouvriers et monnayeurs allèrent de Chambéry k Gex
pour établir la monnaie nouvellement éri.qée en ce lieu; ils restent
28 jours ; ils y retournent en 1588. ( Comptes des trésoriers géné-
raux. )
115
1591-1592 Barlolomëo Anialdu do
Pignerol (1), maître acensalaire.
1594-1595 Gaspard Cornaglia, de
Chiers, (n'a pas travaillé).
1595 Guillaurae Morioii, garde.
1595-1600 Ciiaffrey f.iobert, maître.
1599 Nicol Vialard, —
1600 Antoine Groberl, comme
tuteur des enfants de
Chaffrey, —
1617 Noble Monet Laurent,
du Bourget (2), —
1628-1629 Galvagno Sirascio, commis.
1640-1642 Pierre F*errinet, maître.
1640 Guillaume Cliarrot, garde.
Claude Prunas, contre-garde.
1649 Les ouvriers sont réduits ù huit et les
moimayeurs à quatre; tous doivent être
bourgeois de Chambéry ( condition
obligée).
Sa.int-Sym.ptLorierL-d-'OzorL
1297 Jean et Johannot Ginot,
son lils (hommes liges
attachés eux et leur
postérité à la monnaie
du prince), monnayeurs.
(1) Acensc pour 20,150 écus de 15 l)Iarics I un, à l;i condition i|i>
ne battre r|u'à Turin et à Chamb My.
(2) Fabricant des monnaies de Cliainbérj , mort avant 1(118
Note de M. Amedce de Foras.
416
1306
Jacques de Varan, de
Plaisance.
»
Pier'c Aloyer, de Genève.
1340
Bernard Robert,
maître.
1341-1342
( Comptes des maîtres
des monnaies ).
Bo\xrg
1338-1339 Bernard Robert,
maître.
>
Alexandre Dardan,
»
Sandre Farolti,
1339
Jean de Clauso,
garde.
1340
Alexandre Dardan,
maître.
1340-1342 Sandre Farolti,
1340
Guillermet,
contre-garde
1342-1343 Antoine Patritto et Bino
Gucchi,
maîtres.
1375-1378
Pliilippe Baroncelle, de
Florence (1),
maître.
1394-1395 Jean Raffano,
garde.
»
Guillermet,
contre-garde
1396-1397 Jean Raffano,
garde.
1394-1400 Matteo di Bonnaccorso
Borgo.
1394
Jacques PoUi, de Bourg,
garde.
»
Guillaume Sellery,
—
1396
Jean Angelier,
1400
Girard Cbambon,
1453
Antoine Fabri , de Pe-
rugia.
(1) « In comitatu Sabaudie, » par lettres données à Bourg.
117
1469 Etienne Varambon. procureur.
j> Claude Colin, monnaycui'.
» Pierre Ducrel, —
3» Franceys de la Barrière, — ■
» Pierre Colin, —
> Jacquemoz Frolz dit For-
nier, —
» Andrien Ribaud, —
» Antlioyne du Molard, —
» Vincent Bécu dit Tri-
bolet, —
» Anlhoyne Viuiand, —
» Claude Macbard, —
j> Anlhoyne Colin, tilz de la
fille de Piere Riberct, —
j) Jehan de Bussi, dit de
Lalas, reçu à la requête
de M"'e la duchesse de
Sauoye et de M. le c"''-
de Baugie, ouvriers cl monnayeurs.
» Jeoffroy Bordel, lequel a
esté autrefois reçu en
Calhalogne par le roy
d'Aragon. —
1» (iuigue de Santagnie, —
1473 Anlhoyne Viviand, pr(''vot gcnéral.
» Anlhoyne du Molart, ouvriers elmoniiayeurs.
> Andrien Ribaud,
» Cuigozde Sanlagneu, —
» Claude et Anlhoyne Colin, —
» Jean de Bussi dit Lalas, —
» Jeoffroy Bordel, —
> Tievenet Varambon^ —
118
.
1473
Franceys Barrière ,
ouvriers elnionnayeof s.
))
Catherine Viviand, fille
irAntlioyne,reçueàce
parlement.
1477
Guigo de Santagnieu,
procureur.
»
Glaude Colin,
ouvriers et monnayears.
D
Anthoyne Colin,
»
Jehan Dale, Lalas,
■ —
»
Jaque Boquin ,
—
»
Jehan Delorme ,
»
Glaude Moret,
»
Philibert Duret,
»
François Barrier,
J)
Anthoyne Vivian,
»
Anthoyne Dumolar,
»
Jeffrey Bordet,
»
Andrien Riboud,
D
Recochon du Pondeyn,
1481
Guigo de Centeignat,
procureur.
»
Glaude Colin,
ouvriers et monnayeiirs.
»
Jehan de Mussi,
»
Philibert Duret,
»
Andrien Ribaut,
■ —
D
Anthoine Colin ,
»
Anthoine Viviant,
»
Anthoine du Molart,
»
Jehan Lorme,
»
Pierre Lambert,
—
»
François Barrière,
J)
Glaude Bessoney,
1485
Pierre Colin,
procureur.
}»
Glaude Colin ,
ouvriers et monnayenrs.
»
Anthoyne Colin,
1485 Jehan de Mussy,
» Philibert Duret,
» Andryen Ribaud,
» François de la Barrière,
» Glande Bessonncy,
» Jehan Bolut ( on Botut ),
» Pierre Giliet,
» Glande Bonnart,
» Anlhoyne Viviand,
» Anlhoyne dn Molar,
> Pierre Chabod,
» Guigo de Santeigneu,
y> Boberl Maistre,
1497 Jean Gervais,
1503 Raymond Golin,
» (Anth.) Colin,
» Jehan Bognin,
» Glande Colin,
» Andrien Ribaud,
> Odet Colin,
» Rivenzde laXochera?
» Mermoz Venz,
» (ilaude Bisson Gardj ?
» Pierre Colin,
» Gmchard Meissnard,
T> Jolian Damonis,
* Johan Tasparel,
» Glande Vilel,
> Johan Fergns,
» Nicolas Arpolez,
» Bernardin Fernex,
a/ùis Prince.
y> Victor Massard,
119
oavriersel nioiiiiuyeiirs.
maître.
|)rocureur.
ouvriers et monnayeufs.
420
1 503 Jacques de Tornellys, ouvriers el monnayeurs,
» Etienne Turineli, —
» Nicolan Cengiia, —
» Johan Steri? — '
1504 Umbert Chappon, garde.
" 1506 André Grdliet.
1516 Antoine Marauda.
1518 Raymond Colin, procureur.
» Johanet Vuilhard, ouvriers et monnayenis.
î> Anthoine Colin, —
» Senerus de la Marche, —
y> Andrien Rebo, —
» Andrien Colin, —
» Valérian de Ubo, —
» Johan Cristin, —
1519 Raymond Colin, procureur.
» Johannot ? ouvriers et monnayeurs.
» Jehan Cristin, a^tas ? —
» Claude de Vitello, —
» - Valérian de —
» de —
15:21-1523 Valérian Deulio (Dulys), maître.
•» Raymond Colin, procureur.
» Guillemin Colin, recochon.
» Pierre Colin, —
» Thomas Colin , —
» Pi'e Colin, fds de Claude, —
y> Pierre Dulys, ouvriers et monnayeurs.
» Jehan de Santagnies, —
» Anthoine Ferrochard ,
alias Custin, —
» Aud. de Sainct-Bartholomet, —
» Michel Ribaud, —
I'2l
1521-1523 PioiTft Ribaiid. oiivricrsel moniiayeiirs.
» PliililKMl Moliiys,
» hennît Bacod. —
1528 Henri Piigniet, —
1500-1501 Lucinno Uéal. niaide iiarticulicr-.
1502 Cliristojilie Puiio . ilc; .
Turin, garde.
1503-1 50i Luchino Real. maître parliciiiif-r.
1500-1508 Pierre de Luan, —
1507 [,ouis filiariere, contre-garde.
1508 .lean de Gruniel, garde.
1570 Jacques Dais. contre-garde.
1574 Pierre de Luan, maître parlicurKM'.
1574-1577 Sébastien de Larlisseur, commis à l'économie.
1575 Laurent de la (lour. garde.
î) Toussaint ^[orande. coiiiiiiis de l'essiiveiir.
» Jean Rocliard , ,. , . ,
., „ 1 , Jrere.s, ouvriers el mounayeurs.
» Uenoit Bocnai'd ^ '
9 Ciuillermin Viclion, —
» Thomas les Costes, —
» Valérien de St-Agnès, —
» Jean Morande, —
j) Mathieu lîlanchel, —
1577-1580 Kmanutd l)ian, maître.
158(1 Jacques Rougier, contre-garde.
1581-82-83 Id., acensataire.
1582 Jean Porro, garde.
» (",lii-isto|)iie Poii'o. graveur de coins.
1581-1580 Philiherl Dian, maître.
1580 Nugone, gi-aveur.
158'.» (luillaume .Maion. garde.
8
122
Poxit-d'Ain
1338-1339 Bernard Robert, maître.
» Alexandre Dardan,
» Sandre Farolfi, —
1338 Jean de Clauso, garde.
1340-1342 Sandre Faroin, maître.
1340 (iuillaume Vacher, essayeur.
1342-1343 Antoine Palritlo et Bino
Guclii, maîtres.
1 349-1 350 Nicolas de Podio, de Luc, maître.
1352-1354 Bonaccorso Borgo , de
Florence (1), travailla
quelque temps à
Pierre-Châtel, —
1352
J" Arbizzon, de Bourg,
garde.
1353
Pierre de Clauso , de
Yenne,
contre-essayeur
»
Estienne Roger (2),
procureur.
»
Garnier Faure,
1355
Etienne Roger (3),
»
Johan de Flaceys,
—
»
Jehan Darneys (4).
monnayeur.
»
Estienne Audrit,
(1) Cibrario, Jieu cité, p. 293, croit que rordonnance du 26 mars
qui l'autorise à battre monnaie à Punt-d'Ain est la première qui
mentionne la fabrication d'écus et de florins d'or.
(2) « Estienne Roger et Garnier Favreprocureux des compaignons
de Pont d'Ayns. » Parlement de Romans, 1553 (lieu cité, f" 21 v"").
(3) « Stephanus Rogerii, Johannes de Flaceys procuratores ope-
rariorum et monetariorum Pontis Yndis » (lieu cité, f" 22, v" Ro-
man).
(4) Lieu cité, 1* 25. Du Pont deyns (noms des mouaayeurs).
12:}
1355 liarllioloraieu Lescnvaiii. nioiiiiayeur.
» Symon Aniiclier,
» Pierre Bet, —
» Pierre Cliaiola, —
» (luillemel Rigolas, —
y> Jeiian Angelier, —
» Antoine Audril, —
1355-1358 Boriaccorso Borgo, maître.
1350-1359 Ici., (Pierre-CliAlel). —
1358 Hiiigonnet de la avis,
ouvrier (1), procureui'.
» Estienne fils de llumbert
Hogier, monnayeur.
» riinllemet Marchant, —
» (luvouiuH Ro'Mer. —
» Miclielel de Si-Adrien. —
» Jacquemarl Rico. —
» .Iclian Blonde!, —
» Berlhier Bourgoing, —
» (Jonon BourcroiniJ, —
j) .loceiant Taines, —
» Jehan Beigul. —
j) Jehan de Romans, —
» Martin Vincenl. —
» Nicolas Garin, —
» Jehan de Alvares, onvrier.
» Simon Angelier, —
» (luillamel Fournie, —
(1) Paiifineiil il.j Vicv-rH-, P 39, V : ^ l.o Poiil Dains. Hui:<onnol lie
la avis nuvritT et Kslienn»' fils de Fluiiilpert Kugioii procuivur di-s
cumpaignuns ouvriers et moiinoieis du Pont Dains, le.sijuelz ou-
vriers et inunnoieis sont cy après exnips. »
1358
Garnier Seine ?
y>
Frelion Bourcier,
)■)
Estienne Andrieii,
T>
Anthoine And rien.
D
Jehan Flacon,
»
Jehan S. de Lay.
»
Estienne Dn Mas,
»
Guillaume de Liste,
»
Jehan du Boys,
»
Jehan de Piseys,
1359
Bonaccorso Borgo,
))
Jean Aibizzon,
•S)
Johannon Evi-ard Om-
bard,
1370
Guillelmus Fornia (1),
»
Guigo de la Croix,
1377
Guillernetus Forniari ali-
ter Sellerii (2),
)>
Guigo de Cruce,
»
Johan de Vdet,
»
Johan Bardel,
T)
Aymon Girond,
5)
Philippe Roger.
V)
Etienne Ghardric,
1386
Huguenon Bourgoing (3),
ouvrier.
essayeur.
|)rocureur.
monnayeur
procureur
(1) Lieu cité, 1" 49 ; v" Parlement de Romans : « Guillelmus
Fornia procurator cuni dicto Guigone de Cruce preposito sociorum
operariorum et monetariorum del Pondens. »
(2) Lieu cité, f" 55. Parlement de Valence : « Guillernetus For-
niaci aliter Sellerii suc et procuraloiio et noraine procuratorio »
(suivent les noms) de Pont Dains.
(3) Lieu cité, f° 06. Yaleuco: Hugenon, Bourgoing, procureur pour
les ouvriers et monnoiers de Creraieu et du Pont Dains.
125
1390 Guillaume Fournie, a/tas
Seller (1), procureur.
1394 Matteo di Boiiaccorso
Borgo, maître.
1395 (Tuiilaumc Selierii , de
Bourg, garde.
1397 Hutïueniu Bouvier C^), procureur.
liOi (iuigonnel de ViUelte (3), monnayeurs el ouvriers.
D Etienne de Villelte, —
» Pierre Guigonnet, —
» Pierre Guigonnet (son lils). —
» Pierre Serveryat, de la
paroisse de la Vyolas, —
» Jean Girod, de la même
paroisse. —
» Prinus de Villette, —
» Pierre Blonde, de la pa-
roisse de Marlans, —
» Aymonet Alexandre , de
Nyundis (Nyon), —
» Antoine, —
i Boralor (son fils), —
» .Jehan Girod de Gremens
dit Borator, —
» Rogier , de la paroisse
de Ens, —
» Guillerme de Hecept, —
(1) Lieu citii, !• 79. Parlement de Rumaob.
(2) Lieu cité, f» 96. M.
(3) Lieu cité. Parlement de Valence, f" 101, 102 (ceux de la cile
du Punt Uains]
126
Saiiat-Genis:
1341-1342 Comptes des trésoriers généraux.
1354-1355 Jean de Chamaior, maître.
» Bernard de Clauslro, —
1354 Pierre Guilos, garde.
1355 Pierre Peracchi, —
Pierre-Ch-èitel
1354 Bonaccorso Borgo, de
Florence, maître.
1356-1359 Ibidem.
1356 Pierre de Clauso, garde.
Corn.ej.vi n
1435 Anthoine Lovanier (1).
* Ciuillerrac de Savigny, niotinayeiirs et ouvriers.
» Henri , de la monnaie
d'Estraborc, —
» Manfred Betzon, — •
» Jacques Bichet, —
•» Guignes Betzon, —
» Etienne Varembon, —
» Anthoine Lovanien, —
1439 Anthoine Lovanier, procureur.
» Guillerme de Savigné, monnayeurs et ouvriers.
ïi Jehan Giraud, —
» Pierre Blondel, —
(1; « Procurator illorum Crucis santi Gervasii prope civitates
gehenensusef illorum Chambeiiaci. » ( 1" legistre des parlements
genéiau-x, folio 139 recto. )
1439
»
1448
»
1450
1451
1453
1457
1468
1460
»
»
1483
1484
1485
1496
1500
»
1525
Pierre Blonde),
Jehan Blondel,
Pierre Guimet (jeune),
Thomas de Fontane,
Huguenet Vespre,
Monnet Manchi,
Stéphane Vareinhon, du
Pont-d'Ain,
Aimar Fabri,
Guy Besson, d'Yenne,
France Garino, de Lyon ?
François Zuchet,
Barthélemi di Castel-
nuovo di Chieri,
Jacques Papins,
Giachetto Fiiippi.
Goitofredo, de Gruyère,
Michel de Bardonnèche,
d'Avigliano,
Gabriel de Rive,
Lambert Magnin,
Pierre de Bardonnèche,
d'Avigliano,
Barthélemi Camus.
Nicolas Gatti ,
Pierre Magnin,
Thomas Blondel.
Andréa Gerves,
Bodolfe Aigente.
Claude Savoie (1),
127
ouvriers et niuiinayeurs.
maître,
garde,
maître.
garde.
maître,
garde.
maître.
garde,
contre-garde.
maître.
maître,
garde.
garde.
maître.
(1) Ancien premier syndic do Genève, fut iiouiiné premier maitro
de la monnaie de Genève le 4 décemljre 1535 ; son lils et sob petit-
128
1528
1530
1532
INoble Henri Goiilaz (1),
Pierre-Paul de Pane,
Robert de Versonay,
Pierre de Gruyère,
Claude Dames,
Henri Goulaz,
maître,
garde,
contre-garde,
essayeur.
maître.
Mont] u-el
1503
Jean Serena.
1504
Jean Raffoluaz, de Montluel
1520
Raymond Collin.
1528
Gaspard Peruser,
»
Thomas Collin, cl
»
Jean Collin, oii
)>
Amblard Collin,
y>
Pierre Collin,
y>
Claude Moironis,
y>
Alexis Peyrolet,
»
Claude Giraud,
)•)
Pierre Dumollard,
t>
Guillaume Collin,
1529
Jacques Saballier,
contre-garde,
chef monnayeur.
ouvriers moimayears.
fils y furent nnimiayeurs, cl le dcrniei-, prévôt en 1598. (Mémoires
et documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève ,
tome VIII, page 112).
(1) Goula, Goule ou Goulle, maitre de la monnaie de Savoie en
1528 et 1533, Je fut de celle de Genève le 15 avril 1535 et y exerçait
encore en 1553. ( Mémoires et documents de la Société d'histoire
cl d'archéologie de Genève, tome VU, page 112. )
129
Gex
1583 Nobl(« Charles Goulas(l), maître.
158î-i580 Denis el fîenoît Doppet, aceiisataires.
158 î iNycolas LegranJ, lailletir e( essayeur.
» .lac(|ueMiiii (2), ouvriers et riiomiayeiirs.
» Claude Guigoz, —
» François Bossu, —
» Jacques Vecheu, —
» Iluniherl Gaillard, —
» Antoine Savigny, —
» Claude Janin, —
N-yon
1364 Bonacorl Burges, maître et ouvrier.
Sandie Bindac, de Flo-
rence (3), —
1390-1391 Jean el Mathieu de Bo-
naccorso Borgo, fds
de Mathieu, maître.
1390 Ue Ferro, garde.
(1) Ci(oy«n de (M'iiove, meinbie du Conseil (Josdf'u.v ceuts, inaitre
des monnaies dès 1559, fut dépns; 1(3 7 janvier 1581, [laioe i|u'il
('tait en in6ni(j lenips niaitre de la nionnair du duc de Savoie à Gc\.
( Mémoires et documents de la Société d'histoire et d'nrchéologie
de Genève, tome VII, page 113. )
(2) Ouviiers d(î Cliambéry, envoyés |)our travailler dans cet
atelier ; ils restèrent 24 à 25 jours, 28 jours pour tout le voyage.
(3; Mrmuins cl documents de la Société d'histoire el d'archéoloijte
de Genève. 1I°" volume.
130
1390
Jehan Angelier (1),
procureur.
1391
Jean Bonaccorso,
maître.
1392-1393 Jean Raffano, bourgeois
de Trefforl,
»
Perronon de Bays (2).
procureur.
1392
Bernard Varlet,
1 394-1 395 Jean Angeliei-, de Cham-
béry.
1396
Mathieu de Bonaccorso
Borgo,
maître.
1400-1401
Michael de St-Michel,
1404
Guyonnet de Villette (3), monnayeurs et ouvriers
»
Périn de Yilletle,
»
François de Jusaus (ou
de Visaus),
»
Nichulet de Mauso,
»
Jean Girard,
»
Pierre Blondel,
»
Pierie de Saugeron,
»
Guillerme de Recepto,
»
Jaquemet Jaquet,
»
Bonagaissus Roger,
»
Etienne Bovel,
»
Michel de St-Michel,
»
Bonacursus Alexandrium,
(1) De Chambéry; représenta les deux ateliers (1" registre des
pailements généraux).
(2) Lieu cité, i" Sb. Perronon de Bays et Bernard Varlet, procu-
reurs des ouvriers et monoiers de Crémieu, de Vienne et de Nyons
eu Vaux.
(3) Lieu cité, i° 104. Cy ea après s'en suivent escrips les noms...
de tous les procureux qui ont été envoyer.... en la cité de Vienne.
131
1405-4406 Jean de Ueget, de Mont-
calier, maître.
1405 Umberl Vialel, garde.
I iU7-1410 Joliaiiriesdc liaselo(l), maître.
1411 Pierre l'Hote (2), procureur.
» Guigonnet (3), prévôt.
» Pierre de Larsy (4), moniiaycur.
» Jehan et Pierre Hiraud
frères, —
B Pieire Blondey, —
(Ij Ce tnaitre lit Iransporter de Chambtiiy à Nyoïi les outils et
les l'ers nécessaires pour rétablir latelier de cette dernière localité ;
il y fit établir de nouveaux fours et y dirigea sans doute la fabri-
cation. Il reçut 100 llorins pour prix d'indemnité pour ses voyages
répétés, tt 00 llorins pour prix d'acquisition d'un cheval ^ris pour
transporter lui et le matériel nécessaire à la réorganisation de
l'atelier : « Libravit Johanni de Raseto magistro inonetarum do-
mini (juos dorainus eideiii Johanni donavil in recompcnsationem
niissionum et expensarum per ipsuni supportâtarum occasione
transmutationis fdcte , de niandato domini, dicte monete a Cliani-
beriaco apud Nyvidunuin portari faciendo aysiamenla lerrameiita
et aptari fornaces ft aiia ibidem reparari laciendu pro moncla
lienda nec eliam ac pn» niutatiobe ejusdem que longa luit 100 11.
|i. p. al) una parle. Item et ab aha parte 60 11. in quibus doininus
eidem tenebatur pro pretin unius sui equi grisi einpti. » Compte
du trésorier général Jacques de Fistilleux, 1407-1410.
(2) De Chambéry; représenta les deux ateliers (1" registre des
parlements généraux).
3) Lieu cité, f* 113 v' : c NosGuigonelus prepositusot Petrus lios-
pites societaturu Lausanensis et de Nionis in Vaudo procuratores
communiter et roncorditcr eleclus (sic), etc.... » Ce Guigonctus
était prévôt général à Avignon, ce qui explique ce nos et ce sin-
gulier qui termine la phrase.
(4) Lieu cité, 1° 113 v" : < noiuina constiluenliuin Nividini m
Vaudo. »
132
1411
Antoine Alixandri,
monnayeu'
»
Guillelmus de Recepto,
1414
Jean Giiod , alias Tii-
pet (1),
procureur
»
Pierre Giroud,
ouvrier.
1420
Jean Picoz, d'Avigliano,
maître.
T>
Franclieqiiinus de Ca-
bria,
procureur
»
Etienne Varembon (2),
»
François Marciiand, d'A-
vissano,
ouvrier.
»
Pierre Gruel de Saint-
Germain,
»
Pierre de la Sas,
y>
Jean Blondel,
»
Jean Lavinier,
»
Jean Blondel,
»
Jacqueraet Blondel,
1422
Lanlranc Busca, de Milan,
maître.
1423
Bastian Grégoire (3),
procureur
1427
Berlino Busca, de Milan,
maître.
1429
François de Seyn, ou-
vrier (4),
»
Sébastien Guigon,
prévôt.
(1) Lieu cite f" 116. Parlement de Valence : « Procurator ope-
rariorum et nionetariorum de Nyons et Chaml^eriaci. »
(2) Lieu cité, f" 124. Parlement de Chambéry : « Procuratores
operariorum et monelariorum monete que cuditur apud Nyons en
Vaux. Illorum procuratores.... operarii nionetarii. »
(3) Lieu cité, f° 128 « procurator operariorum et monelariorum, »
lie Nyons en Vaux et Lausanne, procureur substitue de Chambéry.
{4j Lieu cité, f ' 133 « procurator illorum, » de Nyons en
Vaux.
133
1429 Jean Maguiii (?).
» Ktieiinc de Bicgiia, de
Turin.
» François de Seyn.
» .lacfjues Picot, deCienève.
1 i3;2 Anloiiie Lovagnier(l), procureur.
» Kiauçois Dosseyn, ouvrier.
» Jacques Picliot, uionnayeur.
» Guilielme Hovetous. —
> JeanGrenet, — "
» Jacques de Vanneus (ou
Banneus), —
An n. e c y
1 429 Antoine de Lovagny (2), monnayeur.
* Jacques Vaneys (3), —
1439 Antoine de Lovagny (4), procureui'.
Jacques Vaney.
François Ueosaus.
Ai>r
( De Aquis iii Sabamlia. - Villf «l'Ays en .Savoie. )
1408 Hugues |{(dniet (5), jiiocureur.
» llumberl de Corbellio, luoiniayeur.
(1) Lieu cité, f" 136, prociireiii des ateliers de Cliamhéry, Genève,
Annecy et Nyoïi.
(2, « Burgr'nsis de Aiinessiaci» Geln'onensis diocesis, ex gratia
« domini ducis Sabaudii- in monetaiiuin l'iiil n'ceptus. »
(3) « Dicii loci de Annessiaci) ex tlicla gialia in nionotarimu si-
< militer fuit receptus. »
(4) Des ateliers de Cli.iiiilx'-ry, Genève (Cornavin), Annecy et Nyon.
(5) Puui Ai.v et Chambery.
434
Bertrand de Corbello, monnayeiir.
\A\\ Pierre l'Hôle (1), procureur,
Humbertde Corbello, monoayeur
Jacques Jacquet?
Johannot de Gantorio, —
(1) Pour Chambéry, Lausanne, Nyon et Aix.
135
MATÉKIKL l>ES ATIJJEKS MOiNÉTAIRES
Le matériel pour raffinage des métaux, la la-
brication des coins el la Irappe des monnaies,
tout à fait élémentaire et peu conii>li(iué, ren-
dait facile l'établissement de nombreux ateliers
ou leur transfert temporaire dans certaines lo-
calités , comme nous l'avons vu pour Pierre-
(lliàtel, St-Genix et Yenne.
L'outillage fut d'abord, le plus ordinairement,
la propriété du maître particulier, cbargé d'ou-
vrir un atelier ou d'y travailler après une inter-
ruption. Par la suite, cet outillage appartint
au prince, qui devait fournir les locaux néces-
saires à son installation.
L'acte de prise de i)OSsession de la monnaie
de Chambéry par Jean de iMaxio d'Asti, le 7 mai
1421 (1), contient l'inventaire comi)let du ma-
tériel dont se composait cet atelier, entièrement
outillé par Tliomas de Folonia, son prédéces-
seur, qui reconnaît qu'ensuite de sa convention
ce matériel reste la propriéh' du princ(\
Jean de Maxio, nommé inaitre de la monnaie
de Gbambéi-y le 14 avril 14:21, prit possession de
(1) Dulioin, lieu cité, page 67.
136
cet atelier après avoir préalal^lement versé une
caution de raille florins entre les mains de maître
de Gossivini de Bomel, maître général des mon-
naies, et Jacob, alias lacquet, de Cliambéry,
tfarde de cette monnaie.
Il est mis en possession réelle et corporelle
de la maîtrise de l'atelier (office) par la livraison
des clefs de la maison et des autres biens et
meubles indiqués dans l'inventaire notarié. Nous
en extrayons la partie qui a directement rapport
à l'outillage monétaire :
(( Un toit de four couvert de tuiles en partie
brisées. Il y avait ordinairement deux fours, l'un
pour fondre le métal, le second destiné à le
faire recuire avant la frappe ; le soin de ces
deux opérations était laissé aux apprentis ( re-
couchons ). Sous ce toit, six banques double-
ment garnies de gobelets, onze chaises pour
s'asseoir en étendant l'argent, sept bancs garnis
de gobelets pour les monnayeurs, deux fines de
poirier pour laver, onze tables de fer sur les-
(juelles on extrait l'argent, dont six furent appor-
tées à Nyon; les cinq autres existaient à l'arrivée
de Tliomas de Folonia. Ces tables portaient des
molasses et pouvaient tourner sur leur pied. Une
pelle et une poche de fer à placer l'argent dans
les creusets; un homard et un rathoz (sic) de
fer; des tenaiUes à prendre le creuset dans le
feu ; une seconde pour les petits creusets ; un
fer à brasser l'argent ; une meule de fer ; deux
137
petits foui's (le molasse garnis de fer et d'un
couvercle de ter; deux crochets de fer à extraire
les verges d'argent; un lourneau d'essais; un
hanc fruste fourré de grosse toile, sur lequel sont
pesées les monnaies ; trois balances de métal
j)0ur peser l'argent, une est un peu cassée; une
balance de laiton, garnie, pesant six marcs ; une
[)aire de balances neuves à peser le billon ; une
petite table de noyer pour compter Targent. »
(.4et inventaire ne nous a présenté aucun oJjjet
se rapportant directement à la frappe des mon-
naies : matrices , poinçons, coins, etc. ; toutes
ces pièces étaient confiées aux garde et contre-
garde, qui les livrait aux ouvriers quand besoin
était. De nom!)reuses précautions assurèrent la
conservation et la garde de ce matériel, pom-
empêcher les ouvriers de léser l'Etat par un
mauvais emploi ou en détournant des coins ou
matrices pouvant servii' à une l'alHication eian-
destini.'.
Le moyen âge nous a laissé peu de traces du
mode de fabrication des monnaies. Les matrices
étaient en' fer ou en bronze, et s'obtenaient à
l'aide de poinçons; le travail terminé, on les
trempait pour les durcir. La série des poinçons
employés se composait de lettres (;t même de
partie de lettres (]), de couronnes, de croix ,
(l) Sur certaines pièces lo V, l'K, l'F, etc., sont faits à l'aide île
deux cl trois pniiiçons ; leur emploi L'^t parfailt-nicnt lecnnoais-
sable sur les siM'Usines ot les denit^is dis prenàors rognes.
138
de points, auxquels s'ajoutent plus tard des écus,
des aigles et les têtes des princes (1). Leur em-
ploi a eu pour résultat ces diiïérences de coins
si nombreuses , sur lesquels des signes ou des
lettres ont été ajoutés ou oubliés par les ouvriers
chargés de remplacer les matrices cassées. Les
légendes plus ou moins abrégées à la lin pro-
viennent de l'espacement irrégulier des lettres,
ce qui obligeait à couper dès que la place
manquait. Les grenetis se traçaient à l'aide du
compas, dont on retrouve la trace au centre des
pièces qui présente un point en relief, et au
grenetis dont les points sont accouplés. On les
gravait à l'aide d'une pointe ou d'un poinçon
produisant des entailles cunéiformes, et on les
rectifiait au burin (2).
Les coins se composaient de deux et trois
pièces ; les deux faces étaient frappées séparé-
ment, ce qui donnait une grande irrégularité aux
pièces et enlevait une grande partie de sa net-
(1) Une notice sur des monnaies frappées à Montauban, par
Devais aine ( Moniteur d'archéologie, 1868, p. 372 ), contient un
inventaire du matériel de cet atelier. Je citerai comme confirmation
de cette multiplicité de pièces :
« 1 coin d'escu, 3 pièces de fer;
« 1 coin d'une pièce de 10 sols, 3 pièces de fer;
c 2 roues de raolinet de fer, autour sont gravés six noms ;
« 2 petits poinçons avec teste ;
« 68 poinçons en fer, couronnes fleurs de lys, 12 fleur de lys,
lettres de l'alphabet. »
(2) Moniteur de l'archéologie, 1868. Notes de M. A. Meillet, de
Poitiers.
139
teté au coté frappé lo premier. Le moulinet fut
un perfectionneme'iit employé au XVl'^ siècle, et
ne cessa d'être employé que lors de l'établisse-
ment des balanciers.
La pièce frappée, comme le développement
latéral du métal n'était pas lu'ièté, les bavures
étaient enlevées à l'aide d'un cmportij- pièce
(bichon) qui servait ;\ lu rogner pour la régu-
lariser et l'amener au poids.
Ces opérations terminées, la pièce était essayée
et pouvait être mise en circulation.
-ee=0<=j9 —
PIÈCES RARES ET INEDITES DU MÉDAILLIER
DE SAVOIE
MUSÉE DÊP.\RTEMEM.4L DR CHAMBÉRY
Le médaillier de Savoie, du musée départe-
mental, se compose de la collection formée par
les soins de la Société d'histoire naturelle, dont
les monnaies d'or et d'argent ont été volées en
majeur».' partie en 1850, et du richi^ médaillier
de M. le marquis Léon Costa de Beauregard ,
généreusement donné au musée par son fds,
M. le comte Paul dr -Costa.
140
Dès sa fondation (1848), la Société d'histoire
naturelle réservait une salle pour l'archéologie,
et la ville lui confiait les divers objets d'anti-
quité et les monnaies déposées à la bibliothèque.
Les séries numismatiques se développèrent
rapidement sous la direction de M. le comte
Alexandre d'Oncieu de Chatlardon et de M. le
professeur François Rabut. C.e dernier, nommé
conservateur à la mort de M. d'Oncieu , s'oc-
cupa à classer et à étudier d'une manière toute
spéciale les monnaies des princes de Savoie, et
fit connaître les plus intéressantes d'entre elles
dans plusieurs notices (1). Après sa nomination
à Agen (18G0), M. le marquis César d'Oncieu
s'efforça de combler les vides , suite du vol
commis en 1859, par diverses acquisitions; la
plus importante fut celle de la collection de
feu M. Vissol.
Lors de la création du musée départemental
(1867), les collections archéologiques formées
par la Société d'histoire naturelle lui furent cé-
dées; le médaillier de Savoie reprenait son an-
cienne importance par le don des pièces de choix
(1) Académie de Savoie, 2"" série, 1", a™', 3"» et 4"" Notice sur
quelques monnaies de Savoie inédites. T. I, II, III, V.
Société d'histoire naturelle. Bulletin, 1849.
Société florimontane, Bulletin, 1855, p. 53.
Société savoisienne d'Iiistoire et d'archéologie, T. III, p. 71, et la
notice qui commence ce volume.
141
réunies par M. le marquis f losta ; il fut le pre-
mier classé et catalogué.
fie catalogut^ présente sur une double page ,
pour chaque monnaie , un numéro d'ordre
général , un numéro de série pour chaque
règne, la description des deux faces de la pièce ;
viennent ensuite le nom de l'auteur qui l'a dé-
crite , le titre de l'ouvrage , le numéro de la
planche et du dessin pour celles déjà publiées.
Une page renferme les noms de l'ateher et du
monnayeur, la date de frappe, le métal de la pièce,
son module, son poids exprimé en mesures an-
ciennes et modernes, pour faciliter la compa-
raison avec les ouvrages dans lesquels les unes
ou les autres ont été employées ; le nombre
d'exemplaires, leur état de conservation, le do-
nateur sont indiqués ensuite. Dans la colonne
d'observations sont placés les dessins des pièces
publiées ou non, ainsi que leur dénomination,
leui' valeur actuelle et divers autres renseigne-
ments. La publication de ce catalogue eût été le
complément naturel de cette notice, mais comme
son impression eût causé des frais trop consi-
dérables, nous nous bornerons à faire connaître
les pièces rares inédites et les variétés de pièces
connues que nous avons eu le plaisir de ren-
contrer en classant ce riche médailler ; elles
sont aujourd'hui au nombre de (550 : le plus
grand nombre est sorti des ateliers de Savoie.
142
Mormaies des Princes de Savoie.
Les premiers princes de la Maison de Savoie
qui frappèrent des monnaies à leur nom sont
llumbert II et Amédée III ; celles que le musée
possède sont identiques à celles publiées par
MM. Promis et Rabut, ou ne présentent avec
elles que des variantes insignifiantes dans la
forme des lettres et des grenetis.
A partir d' Amédée IV nous avons à signalei',
presque pour chaque règne , un nombre assez
considérable de ])ièces inédites et un grand
Jiombre de variantes de celles déjà connues et
publiées.
AMÉDÉE IV
Pour ce prince , le médaillei- renferme sept
types différents de monnaies connues.
Une petite pièce d'argent au type de celle
publiée par M. Rabut dans sa 3'"^ Notice (n° 1
de la pi. I); le point qui cantonne l'étoile à six
rais est placé sous l'S de comes; trois croisettes
y remplacent les étoiles au droit et au revers ;
son poids est de 13 grains.
Des deniers d'argent au type du ir* 2, pi. I
de la môme notice : dans l'un, l'étoile du revers
est accompagnée de deux points placés liori-
zontalement ; daus l'autre , les mots de la lé-
gende du droit sont séparés par deux roses ;
143
le troisième n'a pas de point entre l'A et l.M
du droit, et deux points cantonnant l'étoile à
six rais du revers sont placés sous l'S et sous
rV de SABAvnifc:; un autre n'a qu'une seule étoile
entre les mots de la légende du droit ; une va-
riété du troisième a l'A barré au-dessus et deux
roses [)our dilTérent. Nous avons trouvé une
pièce de billon au même type que ces deniers,
mais du j,)oids de 28 grains, tandis que le poids
de ceux-ci varie de 17 à 20 grains, suivant leur
état de conservation ; c'est probablement une
pièce fausse , imitation d'un denier dont les
numéros 2 et 3 de M. Promis auraient été la
moitié .
Les nombreuses variétés des monnaies de ce
prince trouvées en Savoie me semblent conlir-
mer la supposition (jue le mol sabaudie, qui y
l'emplace le secvsia des monnaies antérieures,
indi(|ue l'ouverture par ce prince d'un atelier
monétaire en Savoie , et très probablement à
Chambéry, dont l'atelier est mentionné dans les
comi)tes des trésoriers généraux, dix ans après
sa mort.
PIEKHE 11
l/alelier de (iliambéry a été ouvert peiidaid.
les règnes de lloniface et de Pierre 11. S'ap-
puyant sur le documeid (|ue nous avons cité ,
Promis, [lage 70, et Dubom, livre X, l'*" partie,
144
page 60, ont émis l'opiiiioii que l'on devait re-
trouver quelques-unes des monnaies émises sous
ces deux princes. La lacune a été comblée pour
Pierre II par la découverte faite dans les ruines
de l'ancien château de Paladru de cinq deniers
de ce prince trouvés avec un grand nombre de
monnaies de France et de Savoie, dont les plus
importantes ont été acquises par des amateurs ;
un grand nombre , relativement récentes et
sans grande importance, sont restées entre les
mains du propriétaire. Deux exemplaires de
ce denier, signalé par M. R. Géry, de Voiron,
ont été acquis par le musée de Turin; deux
autres sont aujourd'hui dans le médailler du
musée de Ghambéry. Le plus bel exemplaire ,
que nous reproduisons (pi. I, n" 1), a été
donné par M. le marquis Gésar d'Oncieu. J'ai
acquis le second de l'auteur de la découverte ,
à Paladru; il en manque 1/3 environ.
Une étoile à six rais, très régulièrement tra-
cée, est entourée de la légende entre grenetis :
-{- ° P ° GOMMES.
Un point secret précède le P; gommes est
écrit avec deux M , ce qui ne se retrouve sur
aucune autre monnaie de Savoie. La régularité
des lettres, la beauté du relief, aussi bien que
cette faute , pourraient faire supposer que la
gravure du coin aurait été faite par un artiste
étranger.
MONNAIES DE SAVOIE
p//.
AT.
Lilh A Ptrnn Chjmotr-,
KDiJooa dei.LHh
duXlII^ au XV
e c
145
Revers : croix pattée très déliée; légende en Ire
grenetis :
j «AJJA\ DJE ; poids 40 grains.
iJans cette pièce encore te remplacement de
SEGUSiA par sabavdil: vient confirmer Fattri-
bulion à un atelier do Savoie des pièces où ce
mot ligure.
AMÉDÉE V
Le musée ne possède que trois pièces de ce
prince, dont deux sont des variétés de celles déji'i
publiées par M. Promis :
Un gros de Piémont, doul i;i légende est
précédée d'une seule croisette : amed's (une
croisette et une rose) comes g sab, entre grenetis.
Le revers ne présente aucune diflérence ; .
Un petit denier de Piémont, dont la légende
du droit commence par deux croisettes, tandis
qu'une seule sépare les mots du revers.
ÉFJOUARD
Pour ce règne, deux pièces encore ollreiit des
dilïérences de frappe avec celles déjà connues :
Un fort escucellé pesant 22 grains, tandis que
le poids des autres ne dépasse pas 15 grains en
bon état; c'est sans doute uni' émission anté-
rieure aux an'aiblissements si rré(piemment
usités à cette époque.
146
M. Promis a fait connaître un fort à l'E de ce
prince d'un titre inférieur à ceux émis précé-
demment, et cite un document qui en fixe la
valeur à vingt deniers forts, faisant un gros ; il
signale ensuite un viennois à l'E, dont il fallait
32 pour représenter le gros. Un exemplaire de
ce viennois se trouvait dans la collection Costa,
en voici la description : E gothique,
-j- pattée, DUARUv' com entre deux grenetis;
ilevers : écu de Savoie, sabavdie entre deux
grenetis. C-ette pièce, d'un alliage très bas, pèse
12 grains; nous l'avons reproduite pi. 1, n" 2.
AIMON
Nous avons à faire connaître pour ce prince :
Un fort blanc qui diffère du n'^2 de M. Promis
en ce que tous les mots des légendes sont sé-
parés par deux points ouverts ;
Un gros denier blanc escucellé, avec point au
centre de l'A ; une Heur à cinq pétales remplace
l'un des deux points qui séparent les mots des
légendes. Je n'indique point quelques autres
légères différences dans des exemplaires sem-
blables à celui reproduit par M. Promis, et qui
doivent être le fait du graveur.
AMÉDÉE VI
M . Kabut a déjà fait connaître un grand nombre
de pièces nouvelles et de variétés frappées
\il
sous ce rrgiio, qui n'avaient pas été puljliées par
M. Promis ; nous avons à y ajouter les suivantes,
provenant en majeure partie du médailler flosta :
Vue variété du fort à l'Aigle ( n'^ 1) : un
signe monétaire sépare les mots de la légende du
droit; ceux du revers sont séparés par deux
annelets ;
Un double de monnaie noii'e, variété de celui
donné par M. llabut dans sa cinquième Notice.
Droit : A gothique, accompagné d'un croissant
en dessus et de trois molettes d'éperon des trois
autres côtés :
J -MEDEVS : COiMES :
entre deux grenetis ; l'un des deux points, très
effacé, est peut-être une petite rose comme au
revers.
Revers : écu de Savoie surmonté d'un crois-
sant :
-{- DE SABAVDIE
séparés et suivis d'un point et d'une petite rose
entre grenetis. Les deux points après Cornes,
les points fermés et les petites roses le didé-
rencient de celui pid)lié [)ar ^\. Uabiil, et le
rapproclient du n" i de M. Promis.
Deux parpaioles, dont l'une i)eut être celle
frappée à St-Genix, ensuite de l'ordonnance
du 10 juin 1354. Les deux exemplaires ont un
point au milieu du grand A, et jiour dilTérent
une lleui- à six pétales, et une molette et un
[)oiut après comes.
148
Revers : les mots de la légende in talia
MARCHio, où manque l'I d'iTALiA, sont séparés,
l'un par des points ouverts , l'autre par des
pleins.
Autre parpaiole, où les mots dus légendes
sont séparés par deux points ouverts, sauf après
MED., où il y a un accent et un point.
Revers : une fleur à cinq pétales surmonte
l'écu (var. Promis, n*^ 2).
Gros d'argent fort (var. Promis, n" 12) ; au
revers les mots de la légende sont séparés par
un point ouvert et une petite étoile à six rais.
Quart de gros, variété de Promis, ï. G. I, n*^ 5.
La légende du droit est précédée de trois points
ouverts ; celle du revers commence et finit par
deux points ouverts.
AMÉDÉE VIII (comte)
Ce règne , long et brillant , a vu frapper en
très grand nombre des monnaies qui sont pour
les numismates une occasion de découvertes
continuelles ; le médailler du musée nous four-
nit à lui seul vingt-sept espèces ou variétés non
encore signalées :
Quart de gros (var. Promis, n'^2). Des points
ouverts séparent tous les mots des légendes, qui
sont terminées par des étoiles à cinq rais ; celle
du revers est précédée de deux étoiles.
Quart de gros (var. Rabut, 4™« Notice). Droit :
140
les mots de la légende sont séparés [lar deux
points fermés. Revers : une croisette et un point
séparent les deux mots de la légende , qui est
suivie d'un trèfle, marque de Thomas de Folonia,
maître monnayeur à Chambéry en 1419.
Quart de gros. Des points séparent les mots de
la légende du droit; il n'y en a pas au revers.
Demi-gros (var. Promis, 3). Les mots hei
GRACIA ne sont séparés par aucun signe.
Demi-gros ( var. du même ). Un seul point
sépare les mots des légendes.
Demi-gros (var. du même). Le heaume est
chargé de trois croisettes en creux qui ne pa-
raissent sur aucun autre exemplaire.
Quart de gros (var. Promis, 4). Les mots
des légendes sont séparés par deux points au
lieu d'un ; il y en a deux également qui terminent
la légende du droit.
Quart de gros ( var. du même ). fert a un
point central, et les mots des légendes sont sé-
parés par une étoile à six rais.
Viennois noir ( var. Promis, 6). Deux points
ouverts remplacent le signe monétaire du re-
vers.
Viennois noir (var. du précédent). Deux
pièces en sautoir (seml)Ial)les à deux cuillers),
signe monétaire , séparent les deux mots de la
légende du droit.
Viennois noir( vai-. du précédent ). Le même
signe monétaire est placé au milieu de la légende
150
du revers et remplacé au droit par deux points.
Deux oboles blanches (var. Promis, 7). Elles
différent par les signes monétaires, qui sont
pour l'une le croissant de Picot d'Avigiiano, et
pour l'autre les deux pièces placées en sautoir.
Petite obole du poids de 8 grains (pi. I, n*' 3).
Ecu de Savoie , dans un' contour de quatre
lobes aboutés :
AMEDEVS COMES
séparés par un croissant entre deux grenetis.
Revers : croix alézée , cantonnée de quatre
croisettes :
-|- DE SABAYDIE
séparés par un X fleuronné, entre deux gre-
netis. ('ette pièce sort de l'atelier de Nyon, où
elle a été frappée par le maître Picot d'Avigiiano,
ainsi que les suivantes :
Demi-gros ( var. Promis, n" 9). Les mots de
la légende, au droit, ne sont séparés par aucun
signe ; au revers, des points fermés séparent les
mots de la légende, qui est suivie d'un croissant.
Un fort (var. Promis, n" 10), frappé par le
même maître, dont le différent, un croissant,
sépare les deux mots de la légende du droit ;
la légende du revers n'a aucun signe de sépa-
ration entre les mots.
Fort d'une autre fabrication que celui de
Promis, n" 11, avec lequel il a des ressem-
blances dans la forme des lettres ; poids :
151
-15 grains (pi. I, n" 4). D'un côté l'écu de Savoie,
entouré de la légende entre grenetis :
AMEDFA'S COMES.
Revers : A gothique, -|- i)i<: saiuvdik, séparés
par les deux cuillers en sautoir, entre grenetis.
Quart de gros du même monnayeur ( vai'iété
liabut, i'-'' Notice, [)1. I, ii" 5). Les M ne sont
pas inversées comm(^ dans celui-ci, et au droit
deux points séparent les mots de la légende.
Terminons cette série par deux jolies petites
monnaies inédites :
L'une est une petite pièce en cuivi'e à peine
allié, très mince, du poids de 7 grains (pi. I,
n" 5), d'un travail très soigné; d'un côté une
croix alézée :
■\- AME DEYS,
précédée de deux croisettes entre deux gre-
netis ; de l'aulri' un A gothique ,
-j- COMES :
précédé de deux croisettes entre grenetis. C'est
probablement une obole viennoise dont le titrtî
de lin était de 0 grain '21.
L'autre est une petite pièce de hillon dii poids
de 43 grains ( pi. I, ir'O ), i)résentaiil sur l;i lace
ini ('eu (le Savoie losange :
■\- AMEDEVS g CO
entre deux grenetis, el au revers une ckjix
pattée ;
152
-j- SABAVDIE
suivi des deux pièces ou cuillers en sautoir.
Le monnayage, sous Amédée Vlll, comprend
deux époques bien distinctes dont la séparation
est marquée par la dignité ducale qui lui fut con-
férée en 1416 par l'empereur Sigismond.
Avant de passer à la série ducale , je crois
pouvoir me permettre de faire l'attribution (l'un
signe monétaire signalé par M. Rabut, que nous
pouvons d'abord considérer comme ayant appar-
tenu à un maître ayant surtout travaillé en Sa-
voie, parce qu'il ne se trouve pas sur les pièces
publiées par M. Promis et qu'il est très fréquent
sur celles trouvées en Savoie, entre autres sur
les pièces et les variétés que nous venons
de faire connaître. Les deux pièces ou cuillers
en sautoir ne se trouvent sur aucune pièce
ducale d' Amédée YIII, tandis qu'elles sont sur
un grand nombre de pièces comitales. L'attri-
bution de ce différent monétaire à Mathieu
Bonacorso Borgo paraît toute naturelle, si l'on
considère que, pendant de longues années, il
a frappé dans presque tous les ateliers de Savoie,
et qu'il a cessé de travailler de 1404 à 1405 ,
époque où il a été condamné pour ses malver-
sations, et où nous voyons des maîtres nommés
à Ghambéry, comme dans d'autres ateliers, pour
le remplacer. D'ailleurs tous les autres différents,
restés encore sans attributions, se retrouvent
153
dans les dPiix: périodes du lè^ue d'Amcdée Vlll,
et ce n'est «[ue sur les monnaies de la deuxième
période ([ue nous trouvons des dilTérents qui
n'ont jKis clé employés dans la première et que
l'on ne pourra attribuer qu'à quelqu'un des
maîtres ([ui ont travaillé après lui.
AMKDIŒ VIII (duc)
Pour la seconde partie de ce règne, nous avons
à taire connaître sept variétés de monnaies déjà
connues et deux espèces nouvelles dont nous
donnons le dessin.
Quart de gros (var. l^romis, 16), différent :
le croissant , marque de Picot d'Avigliàno ,
maître à Nvon en 1420: au revers les mots de la
légende ne sont séparés par aucun signe.
Quart de gros ( var. Promis, 17 ); les mots
des légendes sont séparés par deux points ou-
verts.
Quart de gros, espèce nouvelle, se rapprochant
du type du n"17 de Promis. Du côté du droit :
Feri gothique entre quatre traits parallèles :
-j- AMEDEVS ( signe elTacé ) dvx § sab' §
Revers : écu de Savoie losange, entouré d'un
double fdet :
\ INITALIA s MAIl g PRN %
entre deux grenetis ( pi. I, n" 1 ).
Fort ( var. Promis, 18); le mot sABAvnn-: est
suivi ilunc étoile à six rais et d'uji point ouvert.
10
454
Fort ( autre variété du précédent ); les mots
du droit sont séparés par deux points ouverts, le
mot SABAvniE est suivi d'une fleur à quatre
pétales séparées par des traits et d'un point
ouvert.
Un tort (variété Promis, T. C. 111, n^' 4), sur
lequel le mot amedevs est en entier dans la lé-
gende; le signe monétaire est une fleur de lis.
Deux oboles blanches, d'une espèce différente
de celles publiées par Promis, n"^ 7 et 23. La
plus complète (pi. 1, n-J 8) offre d'un côté l'écu
de Savoie dans un double contour de quatre lobes
aboutés : -|- tleuronnée amedevs, une marguerite,
Dvx très effacé entre deux grenetis ; sur l'autre
face, une croix alézée cantonnée de quatre croi-
settes : -|- fleuronnée sabavdie (deux croisettes)
ET (deux croisettes) p' entre grenetis. La seconde
a pour différent une fleur à cinq pétales et une
croix pattée en tête de la légende du revers.
LOUIS
La série des monnaies de ce prince présente
une très grande variété de coins avec des
différences peu importantes , que nous allons
indiquer, en signalant quelques espèces nou-
velles : cinq variétés du demi-gros, n° 2, de
Promis. Des croisettes séparent les mots des
légendes au droit et au revers.
MONNAIES DE SAVOIE
/y. //
•^^0-kjS^ù>^
,'-tT"J5tï
6
Ar.
Lilh A.Fernn, Chambéry^.
J.CDijaud aelLiÛ»
XV^ Siècle.
i5r.
I.i' pii'iiiit^i' a pour sigiu' monétaire un lacs
après LVDOvrn'; au revers la légende est :
l'P.LNCKP.S l.Ml'Kll ETE.
Le second cl le troisième ont la croix tlcu-
ronnée, en tète de la légende du droit; au revers :
le second a la légende : pringeps impkiu r:TEi;,
et le troisième : pringeps impe ete.
Les quatrième et cinquième ont la croix lleu-
l'omiée placée après la légende; le cinquième,' a
rV de lvi)Ovr;v; tous deux ont au revers la
légende : I'Rinceps imperii eter. Viennent en-
suite de nombreux quarts à ajouter aux deux
puliliès pai' Promis et à ceux signalés par
M. liabut dans sa S'"^ Notice. Les différences
portent pres([ue toutes sur les revers :
■\- pringeps (une croix) imper (croisette) ete
7 PRINGEPS (croix tleuronnée) impe (deux Ileu-
rettes) et
7 PRINGEPS (lleur) impe (deux croisettes) e.
(l'est un des quarts indiqués par M. Rabut ; nous
le conservons parce qu'il figurait déjà dans l;i
planche pour représentin- la lleui- à quatre pétales
trilobées ({ue nous retrouvons sur plusieurs au-
tres quarts; celui-ci a en outre le point secret
sous le 1) (pi. 11. n'^ 1 ), marque de F'"'Hiarin :
-|- PRiNCEi\s (dcu.x crois('tU's) impe' (deux croi-
settes) et :
Deux variétés, à part le dilVérent qui est un.-
marguerite et un point secret sous le D. n'ont
156
pas de D à sabav' et se terminent au revers par
ET et par e ; un autre exemplaire a le point se-
cret au milieu de la croix.
Les deux suivants ont encore le même différent,
avec des variantes dans la légende du revers :
PRTCEP (ileur) impe (2 croisettes) ete
PRiNCEPS (marguerite) impe'
Un exemplaire n'a que saba au droite et pour
différent une étoile à six rais au revers :
PRINCEPS (étoile) impe' (2 croisettes) e.
La légende d'un autre est : lvdovicv' (2 croi-
settes) d' (2 croisettes) sabav' ; au revers une
croix de S. Maurice pour différent, et la légende :
PRINCEPS (croix) impe (2 croisettes) ete'; un
exemplaire a la croix après impe.
Deux croisettes entre les mots des légendes,
sans aucun autre différent, me feraient attribuer
les trois quarts suivants au même maître. Les
légendes sont toutes les trois dissemblables :
1*^ LVDOVic (2 croisettes) d' (2 crois.) sabavd'
point secret sous le c de lvdovic.
Revers : princeps (2 crois.) impe (2 crois.) et.
2'^ LVDOvicvs (2 crois.) d' (2 crois.) sabavdi'
Revers : princeps (2 crois.) impe (2 crois.) ete.
3'5 lvdovic (2 croisettes) d' (2 crois.) saba'
le point secret est sous le.D de lvdovic.
Revers: princeps (2 cr.) imperii.
Nous avons reproduit ce dernier comme offrant
un type nouveau dans le grand nombre de pièces
de même valeur émises pendant ce règne (pi. III,
n^ 2).
157
Deux forts (var. Rabut, 2<^ Notice), dont le dif-
férent est une croix pattée; aucun signe ne sé-
pare les mots des légendes ; le premier a l'écu
accom[)agiié de trois annelets ; il n'y en a pas au
second, où FL n'est pas répétée dans la légende :
-{- VDOVICUS.
Deux doubles blancs (var. Promis, 6), dont les
différents sont , pour l'un , une Heur , et pour
l'autre, un croissant.
Obole (var. Promis, 7), signe monétaire : une
flamme à neuf rais.
Deux autres oboles (var. llabut, 2'"*^ Notice,
pi. I, n" 3); les légendes ne sont pas terminées
par des croisettes; l'une a le même différent que
la précédente, l'autre n'a pas le C qui termine
la légende du revers.
Autre obole, avec croix tréflée dans la légende
du droit, et s.\bavdie seulement pour la légende
du revers.
Deux ([uarts (var. Promis, T. C, n" 4), qui
n'ont qu'une croisette à la fm des légendes du
revers, et pour différents, la l'«', une clef, la 2«i«,
un croissant.
En dernier lieu, un fort d'une espèce nouvelle,
pièce en argent du poids de 21 grains (pi. III,
n" 3).
Kcu de Savoie, avec point au centre, dans un
double contour de trois lobes aboutés, avec fleu-
rons aux deux points de jonction supérieurs :
-{- LUT)nvif:vs (2 croisettes) mvx (simir moné-
458
taire) sabavdie (2 croisettes) p. p. entre grenetis.
Le différent est une étoile à six rais.
Revers : croix pattée, dans un double contour
de quatre lobes aboutés, cantonnée d'un lacs par-
tant du point de jonction des lobes aux premier
et quatrième quartier : -j- marchio (2 croisettes)
IN (2 croisettes) italia (2 croisettes) princeps
entre deux grenetis.
AMÉDÉE IX
Les marques des maîtres monnayeurs sont
ce qui différencie la plupart des variétés que
nous avons à faire connaître pour les monnaies
de ce règne.
Deux doubles gros (var. Promis, 1 ) ayant
pour signe monétaire : Tun an ainielet à six
rais, l'autre une croix pattée.
Ln denier viennois ayant pour dittérent un
croissant que nous retrouvons sur un quart (var.
Promis, 5). Trois autres variétés de ce même
quart présentent les signes monétaires et les
variantes qui suivent :
Une fleur à cinq pétales suivie d'un point.
Même différent avec revers : -j- in § italia §
MARCHIO ;
Point secret sous le lacs ; pour différent une
fleur à quatre pétales et même revers.
Six variétés du quart n" 6, de Promis , s'en
écartent d'une manière plus ou moins complète .
159
Trois ont les mots des légendes séparés par
deux annelets, et ont pour différents, à la lin des
légendes du revers , un annelet à six rais ,
une tleur à quatre feuilles coupée par deux traits
perpendiculaires, une Heur à petites pétales.
Deux ont un point secret dans fe ° rt, une
étoile à six rais après amedevs et les légendes
du revers dissemblables :
-J- IN ITALIA § MAR § PRN
f IN ITALIA § MARGHIO.
La sixième a cette dernière légende au revers,
et au droit un signe monétaire ( pi. IV, n^^l ).
Trois autres ont encore le point secret dans
Fert; fleux ont pour différent une étoile à six
rais, et la troisième un différent reproduit pi.
IV, 11^' 2.
Revers : initalia § mar g prn , p"" le premier ;
INITALIA § MARCHio, p'" Ics derniers.
Nous reproduisons l'écu d'or que M. Kabut
avait publié dans sa troisième Notice, d'après ujie
mauvaise empreinte ou sur un dessin fait avant
le nettoyage de la pièce. Cette pièce unique
provient d'un trésor, découvert vers 1850 à
Grésy , contenant l'anneau d'or de Jean de
(îrailly, qui inallieureusenient a été aliéné. Voici
la description de cette jolie monnaie, où l'on
voit d'un côté l'écu de Savoie ogival avec point
au centre accompagné de trois lacs, un au-
dessus et deux par côtés, le tout dans un double
contour de trois lobes aboutés :
160
-{- AMEDEVS ( deux croisettes ) dvx ( tleur )
SABAVDiE ( deux croisettes) PRINCEPS entre gre-
netis.
Revers : croix fleuronnée avec fleurs à quatre
pétales au centre, dans un double contour de
quatre lobes aboutés et terminés par des fleurs
de lis aux points de jonction :
-j- DEYS (deux croisettes) IN (deux croisettes)
AuiVTORiVM (deux croisettes) mevm ( deux croi-
settes) IN (deux croisettes) tende, entre deux
grenetis.
Le signe monétaire, les deux croisettes entre
IN et ADiVTORiVM, l'omementation de l'V de dvx
avaient échappé à M. Rabut ainsi que l'élégance
et la régularité des lettres et de la frappe, con-
ditions qui sont rarement aussi bien remplies
dans le monnayage de cette époque (])1. Il, n'^ 4).
PHILIBERT I""^
Deux variétés de la parpaiole n° 1, de Promis,
avec PHiLiBERTVS en entier, et pour différent une
fleur à quatre pétales trilobées et un lacs. Au
revers, la première a princeps en entier, et la
seconde talia, sans l'I du commencement.
Petit blanc (var. Promis, 2). Différent : la
ffeur à quatre pétales trilobées , déjà signalée
plusieurs fois.
M. Rabut, dans sa deuxième Notice, a fait con-
naître un denier fort escucellé et une parpaiole
161
dont les légendes se terminent par B pour ht
première et (i-Jl pour la seconde ; le musée les
possède identiciues, mais ayant en outre pour
durèrent un Z barré parle milieu, signe moné-
taire qui n'a pas encore été signalé et parait
être celui d'un maître qui a travaillé en Savoie.
Le même signe se trouve encore sur les deux
l)ièces suivantes : un denier fort, dont la lé-
gende se termine par sabavd PoB? et une par-
paiole où le nom du prince n'est pas eu entier :
l'iiii.iB., et dont la légende du revers se termine
pai- B.
Petite pièce en cuivre à peine allié, du poids
de 8 grains, obole viennoise (pi. II, n" 5).
Ecude Savoie losange : -j- Philibert' -j- § d',
entre deux grenetis. Revers : une croix de saint
^laurice, SAB.WDiE entre deux grenetis.
Un teston d'argent ( pi. Il , n" 6). fe o rt
gothique avec point au milieu entre doubles traits
parallèles : f philibertvs ^ dvx ° sabav entre
grenetis. Revers : croix de S. Maurice : y intk
■=> DONE =• coNTiDO <=> H entre deux grenetis.
(:iiarlp:s i^r
Parpaiole frappée à Bourg ( var. Promis, 1 ),
dont les contours sont simples et qui a un i)oinL
au milieu de la croix : -|- karolvs . nvx . sabavdi.
Revers : marchio. i.\ . \t.\\a.\ . pr' ° ii.
Quart sorti du même atelier : nvx » sabavu > h.
162
Quatre forts, dont un, ayant G pour différent,
a Vécu accompagné de quatre annelets, tandis
que les autres n'en ont que deux. Deux ont P E
comme marque monétaire, l'un avec les mêmes
légendes, tandis que l'autre porte sabavd pe au
droit et princeps au revers.
. Teston d'argent ( var. Promis, 9) pesant 1 gros
et 14 grains, frappé à Gornavin par Nicolas Gatti.
Le duc, armé de toutes pièces, sur un cheval
caparaçonné au galop, coupant la légende karo
° d/ vxs/ ab.wd' g g, entre un filet et un grenetis.
Revers : écu de Savoie, timbré du heaume, sur-
monté du cimier de Savoie accosté de deux lacs,
coupant en deux la légende
XPS. BES. VENIT/. in. PAGE. DEV
entre un lilet et un grenetis.
Deux deniers forts ( var. Pomis, 11 ) ont pour
différent p.e. et s. p. s. b.
Maille : légende du droit terminée par s.b.d
et une étoile à six rais au revers; une seconde
porte les initiales f.b. p. g et n'a de croisettes au
revers qu'aux premier et quatrième quartiers ;
une troisième est d'une espèce nouvelle. Nous
en donnons le dessin (pi. III, n"l); elle a sur
la face un écu de Savoie dans un double con-
tour quatrilobé :
-}- CAROLVS ( étoile à six rais ) e ( étoile à six
rais) Dvx (étoile à six rais), sab entre deux gre-
netis , et au revers une croix alézée cantonnée
MONNAIES DE SAVOIE
FUJI
■ !f\ A.Pernii Chambcry.
Dijoud <J»I ïlLi'.k
XVl^ Siècle.
163
de quatre croisettes : "i- princeps in ( étoile à
six rais) italia eiitrii doux greiietis.
Trois variétés de denier fort (Promis ir^l6);
deux ont pour difTérent t;.T; une est contremar-
quée d'un point au milieu du k et d'un point
ouvert accosté ; la troisième a un m pour marque
monétaire.
PHILIPPE II
Nous avons à signaler une variété du fort
( Promis n" 7 ) ayant d'un côté sabavd'c et de
l'autre a ° do °, etc., et une espèce nouvelle de la
même pièce. Droit : ocu de Savoie accompagné
de deux annelets en clief et en pointe : j philipvs
=^ Dvx ° SABAVD : : entre grenetis. Revers : p
gothique accompagné de quatre aimelets : in °
TE ° DONE "=> COFJDO => P. entre grenetis ( pi. III,
n« 2).
PHILIBERT II
Un viennois d'espèce nouvelle est la seule
pièce que nous ayons rencontrée pour ce règne.
Voici sa description : écu de Savoie -|- imiili-
BERTVS. nvx entre grenetis. Revers : croix alézée
f SAiJAVDiE entre grenetis (pi. lll, n"3).
Lu ducal de ce prince a n m pour différent
et un teston <; (..
CHARLES II
Ce long règne, sous un prince faible et versa-
tile, ne fut qu'une longue suite de guerres et de
misères pour ses états, et par suite même a vu se
produire de nombreuses émissions de pièces de
types et de valeurs différentes.
Le nom de ce prince a plusieurs orthographes,
suivant les monnayeurs qui ont frappé ou les
ateliers d'où les pièces sont sorties : karolvs —
KROLYS — KHAROLYS — CAROLVS — CHAROLVS ;
mais Ton n'est pas encore arrivé à en tirer un
point de départ pour une classification. Peut-
être d'ailleurs ne faut-il y voir que des ortho-
graphes successivement employées ; carolvs
indiquerait alors les pièces frappées en dernier
lieu. Comme pour Amédée VIII, le nombre de
variantes et les espèces nouvelles est considé-
rable , malgré la publication importante de
M. Promis et les additions nombreuses qu'a
faites M. Piabutàla numismatique de ce règne.
Quart (var. Promis, 15) Les légendes sont :
y CAROLVS. D. SABAVDIE
-j- MARCHIO. IN. ITALIA. T. PP?
• Autre quart (var. Promis, 17), fe.rt avec point
au milieu et point carré au-dessous ; même signe
entre les mots de la légende.
Revers : croix de S. Maurice cantonnée d'un
point au premier quartier :
-{- MARCHIO. IN. ITALIA
165
Denier viennois (^var. Promis, 18), ayant pour
différent un J{ à la fin de la légende du revers.
Maille (var. Promis, 19), avec cette légend.-
au revers :
7 I) (croisette) saba (croisette) (. (crolsctte) c
Irappéc à Cornavin par Henri Goulaz, en 1518.
Ecu d'or (pi. m, n'J 4) trappe à Turin par
Giacomo Caxiiii. du même poids que li- n" 21
de Promis :
Le duc à cheval, portant la couronne ouverte
et le bâton de commandement , à seïiestre , les
pieds du cheval coupant en deux la légende :
7 CAHOLVS d/vx. SAUAv/nrE. si-x:Ox\nvs
placée entre deux grenetis.
Revers : écu de Savoie, surmonté de la cou-
ronne coupant le mot kert, au-dessus une flamme
à huit rais :
-|- ml' deest. time.ntibvs' devm. t. caxi
placée entre deux grenetis.
Teston frappé à Verceil par Jean-Pierre l 'ei-
raris. Buste du prince à gauche :
-j- c.\ROLUS (étoile à cinq rais ) dvx s.mîavdik
(étoile à cinq rais ) ii entre un iilet et un gre-
netis. Un exemplaire a deux étoiles au lieu d'une.
Revers : écu de Savoie, avec point au centre,
surmonté d'un lacs et «rnii point ouvert, accosté
du mot FERT :
-j- (deux étoiles à 5 rais) .\fl (deux étoiles) deicst
(deux étoiles) ti.ue.ntirus (deux croisettes) hev.m
(deux croisettes) v (étoile) i (étoile) p (étoile).
166^
F (2 étoiles) entre deux filets intérieurs, un filet
et un grenetis extérieurs (pi. III, n" 5).
Quart ( var. Promis , 32 ), coin différent du
monnayeur Bartolomeo Brunasso , maître à
Turin en 1519, fert et la légende :
f GAROLVS ° IWX ° SA o ir
entre un filet et un grenetis.
Revers : croix de S. Maurice sans point
secret
-{- MA ° IN ° ITALIA ° T ° B o R
entre deux filets et un grenetis.
Pièce de 24 au ducat ; elle diffère du n" 40 de
Promis par un point seul entre les mots de la
légende du droit, et rom, au lieu de ro dans la
légende du revers.
Gros (var. Promis, 44), dont le différent est
G. R. frappé à Cornavin.
ïeston sorti de fatelier de Cornavin, dont
Henri Goulaz fut maître de 1528 à 1532, (pi. III,
n*^ 6). Tête du prince à gauche :
-|- CAROLVS ° II => DVX ° SABAVDIE
entre deux grenetis.
Revers : Ecu de Savoie avec point à la branche
supérieure de la croix, surmonté de la couronne
avec croix secrète à côté, accosté du mot fert :
-]- MARCHio (croisette) in (crois.) italia (crois.)
p (crois.) G (crois.) g,
entre deux grenetis; poids 2 gros 21 grains.
Cavalot (var. Promis, 58), cheval gai à gauche,
tête en arrière :
167
-}- K g DVX g SABAVJ) S CJIABL... ET g AV(;
entre deux grenetis.
Revers : écu de Savoii^ tleurunné , surmonté
d'une couronne coupant le haut de la légende :
SA g RO g IMP g PRIN § VI § 1> g L g K
entre deux grenetis.
Parpaiole ( var. Promis, 60) frappée à Turin
par friacomo Cnxini, dont olli^ porte le difler.'nl
C. T.
Autre parpaiole, frappée à Gornavin par llemi
Goulaz, d'un type différent de celles publiées
f pi. III, n" 7); poids 34 grains.
Ecu de Savoie avec point au centr..' dans un
cojitour trilobé :
7 KAROLVS g nVX g SABAVD
entre deux grenetis.
Revers : croix pattée, cantonnée de lacs dans
un contour formé de quatre lobes :
f IN g TE g DNE g CONFIDO g G 0
entre deux grenetis.
Gros de Piémont ( var. Promis, 66 ). avgvstk
se trouve en entier à la légende du i-evers, qui
ne porte pas de date.
Quart (var. Promis, 67) n'ayant pas de filets,
et le mot SAiavniEen entier (i;iiis l;i légende «lu
droit.
Viennent ensuite les quatre espèces de mon-
naies inédites suivantes :
Quart : fert, entre deux ti;iifs preiietis paral-
lèles (pi. TIL n^ 8) :
468
-j- KAROLVS. DVX. SABAVD
entre deux grenetis; la plupart des lettres de la
légende portent sur le grenetis intérieur.
Revers : croix de S. Maurice :
f IN. TE. DNE. GONFIDO. : :
entre grenetis; les. deux lettres, marque de
l'atelier et du monnayeur, manquent sur les
deux exemplaires, dont le poids est de 15 et 13
grains.
Quart, dont les légendes sont les mêmes, sépa-
rées par deux points et le différent effacé, mais
où la croix est au droit et fert au revers, entre
deux traits parallèles et une petite fleur à quatre
feuilles au-dessous.
Autre quart, où fert est entre deux traits gre-
netis :
-j- KAROLVS. DVX. SAB
entre grenetis.
Revers : croix de S. Maurice :
-}- IN. TE. COFIDO. B. E.
entre deux grenetis.
Deux oboles au même type, mais dont l'un a
la légende du droit répétée au revers. Ils ont
au droit une croix alézée cantonnée des lettres
F.E.R.T.
1° j- KAROLVS. '?
entre grenetis, les deux lettres monétaires effa-
cées;
2'^ j- KAROLVS : D : SABAV
entre grenetis (pi. ITI, n'^ 9).
MONNAIES DE SAVOIE.
PIN.
-'."tp. .A.Fsrrjn. Cnamtéry.
JrC.DijuuddelelLith.
XVI^etXVII^ Siècle.
169
Revers : un lacs horizontal accosté de deux
points ouverts.
1° "l" SABAVD. . E.B.T.
entre grenetis;
2" -j- KAROLVS. D.E
entre grenetis.
KMMANUEL-PHFLIBKRT
(Iros de Piémont (var. Promis, 4). La légende
du droit est répétée au revers et suivie de
l'étoile, différent de Cliambéry ( pi. IV, n" 1 ).
Denier de quatre gros (var. Promis, 1i ),
dont les légendes sont plus complètes.
Droit : f E g piiilibertvs g dvx g sabavdik
Revers : -{- avxilivm g mevm g a ijomino § 1555
Cavalot ( var. Promis, 12 ) frappé à Cliambéry,
dont l'étoile est placée au-dessus du cheval.
Quart (var. Promis, 14 ) dont la légende du
revers est celle-ci :
( étoile à 5 rais ) pr : pedem : comes g ast.
Quart (var. Promis, 18); la légende du droit
a le nom du prince en entier :
J E. PIIILIBERTVS. DVX. SA.
Fort ( var. Promis, 19); l'écu a un point, cl la
légende se termhie par sab. Au revers, un p go-
thique est accompagné de trois annelets avec la
même légende.
Variété de la même pièce, dont l;i légende du
revers est ( pi. TV, np2) :
11
170
f AVXILIVM => MEVM. DOM.
Le p est accompagné de quatre annelets.
Autre, frappée à Verceil, avec la légende au
revers (pi. lY, n°3) :
-|- IN. TE. DME. CONFIDO. W.
Denier ou pièce de trois gros (var. Promis, 20).
N'a pas le d de sabavd à la fin de la légende du
droit, et au revers a un point dans la croix de
S. Maurice, et deux entre a et domino; la date
est la même.
Un autre avec la date 1558, qui diffère du n"
20 par le mot sabavdie qui est en entier.
Trois deniers ou pièces de quatre gros, émis-
sions différentes du n^ 21 de Promis, ayant les
dates 1555, 1556 et 1558.
Denier ou pièce de trois gros, émission de
1560, faite à Bourg, comme le n'' 22 de Promis,
et par le même maître ; le coin diffère par la
date et par la légende du droit :
E : philibe/ r : d : sabav.
Même pièce, sortie de l'atelier de Nice à la
même date. Le bas de la légende n'est pas coupé
par deux filets, et la légende est plus complète :
E : PHiLiBERTVS : Dvx : sabav.
Celle du revers se termine par n. 1560.
Autre, frappée à la même date, mais dans la-
quelle reçu coupe le bas de la légende. Nous
donnons le dessin du droit (pi. IV, n° 4). Elle
n'a aucune lettre indicative d'atelier ou de mon-
nayeur.
171
Deux pièces de deux gros ( var. Promis, 23).
La couronne, plus développée , coupe en trois
parties la légende, qui est entre un double filet
et un grenetis, et dont les mots sont séparés
par deux points :
f E g/ PHILIBER s DVX § SABAV/DI.
Revers : point au milieu de la croix et légende
pour l'un :
-j- K BLASIET o AVG ° RO ° IMP ° VI o PER o p
et pour l'autre :
7 E o PHILIBERTVS o dEI ° GRATIA.
Cette légende se rencontre pour la première
fois et sans constituer une espèce nouvelle ; aussi
ne donnons-nous que le dessin du revers ( pi. IV,
n» 5).
Un quart frappé à Bourg ( var. Promis, 27 ),
dont l'initiale, entre deux points, est placée au-
dessous de FERT.
Teston , frappé à \'erceil ( Promis , 29 ) eu
1561; SABAVDi^-: se termine par ^e, et l'initiale
du moni.nyour F précède la date au revers.
Autre , sorti de l'atelier d'Asti , en 1500 : lo
nom du prince est en entier philibertvs ; les
mots sont séparés pai' des points, à l'exergue
du revers: 1500. a, et la légende part du bas
sans 7.
Cavalot ( var. Promis, 30 ). Un point au cheval
et à la croix, et absence de trois points unis au-
472
dessous du cheval ; la légende est moins com-
plète au droit : sabav, la date 155..
Gros (var. Promis, 31). La légende, qui a de
au lieu de dvx, est répétée sur les deux faces de
la pièce.
Trois livres, de 3 à l'écu (var. Promis, 36),
frappées à Turin et à Pignerol en 1562, et à
Verceil en 1563; les initiales de ces villes t. p. v.
sont aux exers^ues du revers.
Six pièces de quatre sols (var. Promis, 39),
frappées : trois à Chambéry, dont l'étoile est au
bas de l'écu et dont les légendes du revers se
terminent par a. m., 1563 et 1564; a. m., initiales
d'André Morel, maître de cette monnaie ces
années-là, et la troisième par 1575. a ;
Deux à Turin, indiqué par un t au bas de
l'écu et après les dates 1573-1576 au revers ;
Une à Verceil, dont l'initiale est également au
bas de l'écu et après la date 1577 au revers.
Deux sous, de 60 à l'écu (var. Promis, 40).
frappés en 1562 à Pignerol et à Verceil, dont
les initiales sont au bas de l'écu.
Divers quarts de sols (var. Rabut, 2^ Notice,
pi. II, n" 7); deux ayant un G sur le lobe du
bas au revers ; l'un n'a pas de points sous la
rosace ; l'autre a des points dessus et sous la
rosace et aux angles intérieurs et extérieurs
des lobes du revers.
Deux (var. Rabut, 2« Notice, pi. II, n^ 6),
avant un G- comme différent sm^ le lobe du
173
haut; l'autre un B et pas de points aux côtés
de la rosace du bas au droit.
Deux (var. Promis, 41), ayant au droit : le
premier, une tlour à six pétales bilobées; le
second, à cinq pétales; et au revers : le pre-
mier un B, le second un V, marques de Bourg
et de Verceil.
Un denier de 12 au sou (var. de Promis, 42),
différant de celui publié par M. Rabut dans sa
cinquième Notice par un B au revers (pi. IV,
n'^ 6), marque de l'atelier de Bourg.
Trois écus d'or , émissions différentes du
n" 46 de M. Promis ; deux avec la date 1562
et P, première lettre de l'atelier de Pignerol ;
ils sont d'un coin cliiférent ; l'un d'eux a une
croisette pour point secret au premier quartier
du revers. Le troisième a été frappé à Cham-
béry, en 1565, par André Morel, dont les ini-
tiales terminent la légende du revers.
Un écu d'or (var. Promis, 47), frappé à Asti
en 1575; il a pour différent une marguerite
placée au bas de l'écu, et la légende du revers
se termine par 1575. A.
Uri sou (Promis, 48), frappé en 1576.
(juatre sous, de 60 à l'écu (var. Promis, 4!i),
frappés à Chambéry , dont l'étoile est au bas
de l'écu, en 1563-1564 par André Morel, et en
1569-1570 par Etienne Bourges, dont les initiales
sont ta la lin des légendes du revers.
174
Un sou frappé à Turin en 1564 ; le T est au
bas de l'écu et à la fin de la légende du revers.
Un autre, frappé à Aoste en 1569, a un A au
bas de Técu, et la légende se termine par N. V.
Quart, de 7 au sou ( Promis, 52 ) , frappé à
Turin en 1567 ; se termine au revers par les
initiales T, B, C, de Turin et de maître Ber-
nard Castagna; un autre, frappé en 1577, n'a
que le T pour différent.
Ecu d'or (var. Promis, 53), frappé à Gham-
béry par Etienne Bourges en 1569, a l'étoile à
cinq rais au bas de l'écu et les lettres E. B. C.
à la fin du revers.
Deux autres écus d'or, frappés à Bourg par
Emmanuel Dian en 1578 et 1579, ont un B au
bas de l'écu et le différent E. D'. après la date.
Deux blancs, de quatre sols, frappés, comme
le numéro 55 de Promis, à Chambéry en 1579
et 1580 par Jean Miretto ; celui de 1579 a les
initiales entre trois groupes de trois points
ouverts.
Deux variétés de sous (var. Promis, 56),
frappés à Bourg par Emmanuel Dian en 1577 et
1578, et à Chambéry par Jean jMiretto en 1579.
Un fort inédit (pi. IV, n° 6). Un lacs posé
horizontalement, avec point au-dessous :
-|- o E o PHILIBERTVS entre grenetis.
Revers : grand E avec boucle du P entre les
deux branches supérieures de l'E :
f Dvx SABAVDiE entre grenetis.
175
CHARLES-EMMANUEL 1"^
l'oLii' ce prince comme pour sou prédéces-
seui'les coins sortant d'un même atelier n'offrent
pas de différences dans les types; les variétés
d'émission sont indiquées par les dates; les
ateliers, par des signes ou des initiales, de
même que les maîtres chargés de battre monnaie.
Nous ferons connaître seulement ces diverses
émissions, sans répéter les détails, qui revien-
nent continuellement les mêmes.
Signalons un double écu d'or (var. Promis, 2),
frappé à Nice en 1581.
Un coin , différent du blanc de quatre sols
(Promis, 6), qui n'a pas l'écu de Savoie sur la
branche senestre de la croix de S. Maurice.
Des quarts, de 7 au sol ( var. Promis , 9),
frappés à Nice en 1581 ; la même année , à
Chambéry, par IMichel Grobert, et en 1582, à
Bourg, par Emmanuel Dian.
Sous (var. Promis, 10), avec un C au bas
de l'écu ; un autre, frappé à Chambéry en 1G28.
Quarts (var. Promis, 11); le premier, sans
rose entre les initiales et des points aux angles
extérieurs des lobes; le second, avec la rose,
sans A et sans points aux angles de jonction
des lobes.
Quart (vai-. Promis, 14), sans points aux côtés
de la rose du bas et sans initiales au revers.
176
Quart (var. Promis, 15), émis en 1587 et 1590;
une fleur à cinq pétales remplace l'étoile de
Chambéry.
Deux parpaioles (var. Promis, 17), frappées
l'une à Bourg en 1582 par Philibert Diane,
l'autre en 15. . à G.
Autre parpaiole (var. Promis, 18), frappée
en 1586. Différent :G-D.O.
Cavalot (var. Promis, 23), frappé à Turin en
1587.
Des sous (var. Promis, 29), frappés à Turin
en 1590 et 1591, et à Chambéry en 1595 par
Grobert.
Deux forts, de 8 au sou, sortis aussi de l'ate-
lier de Chambéry en 1595 et 1596.
(Quadruple d'or; Turin, 1595. La tête du prince
est à gauche et la légende du (koit se termine
par Dvx. SABAVDIE. XI. (PI. IV, n'^ 8. )
Double écu d'or; Turin, 1596.
Demi-sou ; Chambéry, 1600, héritiers Gro-
bert, et 1628, autre, sans date, avec la légende
au revers : n. g. dvx/ saba. 10.
Ducat d'or , 1602 , et différent un annelet
rayonné.
Florins (var. Promis, 47), frappés à Turin en
1613 , et à Chamljéry en 1616 et 1617 ; les
différents sont placés sous le buste du prince.
Pièce de deux florins, 1624; légende du droit
terminée par p. pede.
177
Florin ( var. Promis, 67), avec V, différent
de Verceii, placé sous le buste du prince.
VICTOK-AMÉDÉE l»
Livre , dun coin différent du numéro 1 de
Promis; à l'exergue du revers est éciit 1631
T S. 20.
CHARLES-EMMANL'ËL et MARIE-CHRISTINE
Demi-livre, d'un coin différent au revers du
numéro 2 de Promis. S. X est dans le champ
de l'écu; la légende commence au bas et est
divisée en deux par un lacs.
Ducaton au type du carlin n"ll.
Double d'or ( pi. IV, n" 9 ). Têtes de la régente
et du prince à gauche ; à l'exergue : 1611 entre
deux marguerites :
CHR. FRAN. CAR. EMAN. UVCES. SAB.
entre deux iilets et un grenetis extérieur.
Revers : écusson fleuronné , écartelé aux
armes du prince, surmonté de la couronne fer-
mée coupant l(î haut de la légende :
I'. l\ PEDEMON. REGES. CYPRI
enti'e deux Iilets et un grenetis extérieur. Poids
3 gros et 29 grains.
Quart de sol, émis en IGil; la iégendf du
droit terminée par cyip.
178
Blanc de 4 sols (var. Promis, 4), 1642. L'écu
est accosté des lettres ce, initiales du prince.
Carlin frappé en 1644, au type du ducaton
(Promis, 18).
Quart de livre au type du double d'or, n° 15 ;
légendes semblables au quart n" 25.
CHARLES-EMMANUEL II
Demi-sous au type de l'écu d'or n"^ 16.
Deux variétés de carlins, à la date de 16G3,
de types différents de ceux publiés par M. Pro-
mis, ce qui donne déjà quatre coins pour une
pièce, dont aucun ordre de frappe n'est connu.
L'une diffère au droit par la légende :
CARO. EMAN. II. D. G. DVX. SAB. 1663
et toutes les deux ont la légende suivante au
revers :
PRINCIP. PEDEMON. REX. CYP.
VICTOR-AMÉDÉE II
Deux monnaies de cuivre pesant 1 gros et 37
grains ( 5 gr. 785 ), peut-être des pièces d'essai,
car elles ne sont point indiquées par M. Promis :
l''^, tête du prince à gauche, avec une étoile
à six rais au-dessous :
vie. AM. D. G. sic/ 1ER. ET. CYP. REX
entourée d'un grenetis, et au revers une aigle
179
déployée et couroiinée, chargée de l'écu de
Savoie :
DVX. SAB. ET. MONTISF. PRLN. PED. 1714,
entouré d'un grenetis.
Sf'e, tète du prince à gauche :
YIC. AM. ir. D. G. DVX. SAB
entourée d'un grenetis, et au revers écu de Su-
voie surmonté de la couronne fermée coupant
le haut de la légende :
PRIX. PEDE. REX. (JYP
entourée d'un grenetis.
Pièce d'un coin, différant de Promis, n" 48,
par les initiales c. p. au bas du revers.
A partir de ce règne , les types sont d'une
régularité et d'une uniformité ne présentant
plus de variétés avec les espèces publiées par
M. Promis.
MARQUES OU DIFFERENTS
DES MAITRES .MONNAYEl'RS ET DES ATELIERS
Les marques et différents des monnayeurs et
des villes consistèrent d'abord en des points
secrets destinés à servir de contrôle et à dérouter
les contrefaçons. Ces points, placés sous les let-
tres des légendes ou sur quelque partie spéciale
180
de la monnaie, occupèrent ensuite une place
plus apparente, et servirent à distinguer l'atelier
de fabrication et le monnayeur. Dans les pre-
mières monnaies des princes de Savoie, les
points secrets se trouvent placés dans un ou
plusieurs cantons de la croix et sous une ou
plusieurs lettres des légendes ; ces diverses
dispositions, émanées d'un seul atelier ( celui de
Suze ), indiquent plutôt les différents des divers
maîtres qui y travaillèrent, tandis que dans la
plupart des ateliers qui faisaient partie de l'as-
sociation des monnayeurs du St-Empire romain,
dont nous avons parlé , le point secret était le
différent de l'atelier. Ainsi voyons-nous que le
point secret de Romans était placé sous la 2'"°
lettre de la légende ; celui de Crémieux sous la
première; celui de Mirabel sous la troisième.
Ces différents, établis plus tard pour les ateliers
de Savoie , consistèrent en lettres et en signes
plus apparents. Aux points secrets vinrent s'a-
jouter les initiales des maîtres ou différents
particuliers adoptés par eux : croissant, cou-
ronne, lis, trèfle, etc., combinés le plus souvent
avec le signe monétaire adopté par les divers
ateliers.
Nous avons réuni dans un tableau tous les
différents des ateliers et monnayeurs de Savoie
connus jusqu'à ce jour :
181
Ateliers
Bourg B.
Chambéi y une étoile à 5 rais.
Cornavin G.
Maîtres
Bourg. Klyô Jean Raffan, 2 cioiseltes placc-es
entre les mots des légendes.
> 1469 Etienne Varambon, un lacs.
» 1522-23 Bt^nedetto Barod, B. B.
» 1528-32 Henri Pugniet, B. HP.
» 1577-79 Eraanuelbian, E. D-B.— E. D.
» 1584-86 FilibertDiano, F. D.
Chambéry. 13il Bernard Robert, une rosette et mi
point ouvert entre les mots des
légendes.
> 1357 Bonacorso Borgo. deux rosettes,
» 1364 Baroncello, une petite étoile à 6
rais et un point ouvert.
> 1392 Jean de Rezetto.
ï 1394-1404 Malbieu Bonacorso Borgo, deu.x
pièces ou cuillers placées en
sautoir.
» 1419-20 Thomas de Folonia, un trèfle avant
un point ouvert.
> 1421-22 Jean de Masio d'Asti, une étoile à
6 rais.
» 1422-23 ManfrcdBesson,dYenne,unlis.
» 1423 Michel de la Balme, des Echelle.-,
un heaume.
> 1424 Guy Besson dit Vuglio. d'Yenne,
une couronne.
» 1481 Pierre Baligny, P. B., avec l'étoile
à 5 rais.
• 1514 > j P. B.
182
Chainbéry. 1563-64 André Morel, A. M., avec l'étoile à
5 rais.
» 1565 Etienne Bourge, E. B. C. — E-B,
avec l'étoile à 5 rais.
» 1572 Antonine Ranotte, veuve Bourge,
B. B".
j» 1573 EmanuelDiano,E.D., avec l'étoile
à 5 rais.
» 1577-79 Jean Miretto, I. M., avec l'étoile à
5 rais.
» 1583-84 Michel Grobert, M. G., avec l'étoile
à 5 rais.
» 1 595-97 Chiaffrey Grobert, G. , avec l'étoile
à 5 rais.
» 1600 les héritiers Grobert, H. G., avec
l'étoile à 5 rais.
» 1640 Pierre Perrinet, P., avec l'étoile
à 5 rais.
Cornavin. 1451 François Garino, de Lyon, fleurs à
pétales trilobées ou point fermé
sous le D de dvx.
» 1485-96 Nicolas Gatli, G. G.
» 1518-28 Henry Goulaz, G. H. G.
Gex. 15G8 Benoît Doppet, G. D. 0.
Nyon. 1390 Jean Mathieu de BonacorsoBorgo,
petite étoile à 5 rais placée de-
vant COMES.
» 1420-26 Jacques Picoz d'Avigliano, un
croissant.
> 1422 LanfranBusca,de Milan, 1 heaume.
» 1427 Bertino Busca, de Milan, 1 soleil.
St-Genix. 1354 Jean de Chamaior et Bernard de
Glaustro, une petite étoile à 5
rais.
183
DOCUMENTS
r
Accord entre Léger, archevêque de Vienne, et la comtesse
Adélaïde et ses fils Pierre-Amédée et Oddon, au sujet
de la fausse monnaie qui était fabriquée à Aiguebelle,
vers i043.
( Dachéry, Spicilegium, tome III, p. 393. Chorier, État politique
du Dauphiné, p. 306. )
Nolitia viennensis monoela", qua3 fada est inter Leu-
degarium vieiinensem archiepiscopum et Adelaidam
marchionissam cum fdiis suis.
Longa per tempora stetit ipsa moneta bona in pon-
dère et mensura decena, nuper autem tempore Odonis
inarcliionis viri sui latrones et falsarii in burgo qui di-
citur Aquabella corruperunl eam et confunderunt et
falsaverunl, ignorante supra dicto marchione. Qui slalira
ul audivit clamorem supra dicti archiepiscopi vien-
nensis, prœcepit ne amplius fieret. iNeque faclum est
eo vivenle. Post morlem vero ejus. insurrcxerunl et
alii latrones et sequtti sunt priores et iteruni falsave-
runl: eam quousque prœdictus archiepiscopusLeode-
garius venit in Italiam ad prœdiclam marchionissam
dominam Adelaidam quti' similiter ut audivit ne am-
plius fieret prœcepit. Tamen ut omnibus notum liât
Trapezita a domno Leone papa excommunicatus, para-
184
lysi, percussus membris omnibus dissolutus impiani
vitam digna morle finivil.
Modo autem ignorante supra dicta domina Adelaida
marchionissa exorti sunt alii et prœdicla mala sequun-
tur sed mediante domno Adraldo Brenetensium abbate
et Artaldo ecclesiœ nostrse prœposito dimiltuntur supra
dicla mala et ne amplius fiant promillil domna Adelaida
marchionisa cum fdiis suis Petro et Amedeo et Oddone,
Deo et S. Mauricio in manu -domini Leodegarii archie-
piscopi viennensis ut in tota potestale sua viennensis
monela amplius non falsetur neque fiât neque vera
neque falsa, illa qua in Vienna fuerit facta; et hoc fecit
pro amore Dei et S'' Mauritii cum sociis suis de cujus
beneficiis honorata est et pro anima senioris sui Oddoni
marchionis et filiorum suorum salute, qui hoc laudant
et confirmant videlicet Petrus primogenilus et Amedeus
et Oddo.
Laudat hoc dominum Adraldus abbas Bremetensis
et Artaldus prœpositus ecclesite viennensis cum cœteris
fidelibus suis quorum ista sunt nomina
Data permanus Bosonis ad vicem domini cancellarii
et primi scrinij II Kal X'^, Luna XVI, séria IV. Henrico
secundo rege nondum imperatore, Cœsaris et impera-
toris filio hujus domnœ marchionissa? genero.
Uecepta per manus archiepiscopi Leudegarii.
185
11
lettres du comte de Savoie Amé V, de permission à deux
étrangers de battre plusieurs genres de monnaies pen-
dant trois années dans la terre de Vienne, avec dispo-
sitions sur leurs devoirs et privilèges, sur la qualité
et bonté de la monnoie. et sur son commerce et celui
de l'argent.
— 1306 —
(HaccoUa de Duboio, vi»]. XX, p. 73.)
Sachent tuit cil qui verront ces presenz lettres que
haut princes nions. Ames cuen de Sauoe a hallie et
outroue a Jaques de Varans de Plesence et a Pierres
Aloyer de Jenua, toutes les monoes blanches et noires
a faire per tote la terre en Vienne. Sicut a costume
prendre jusque a trois anz commençant venans en la
manière et la forme qui se ne sit.
Premièrement li dit mons. li cuens doit faire ballier
aus dix Jaques et Pierres, places et meisons couenables
et suflisanlz, tant cum mesliers louv sera a battre le.s
dites monoes per juste piis et lour fera casser loiire des
ourii's et des monoyers de sa lerie couenablement. Et
se li diz mess, li cuens ce ne pooit faire li diz Jacques
et Pierres poont prendre autres ouries des quels li dit
mess, li cuens ne soit de riens crlenuz. Et lour fera
tenir toutes les costumes et les franchises accostumees
en la dite monoe comme en autriers.
'1. Item le dit mess, li cuens ne puel ne doit faire ne
faire a faire monue (juelle que elle .soit en sa terre ou
Vienn soent a costume de comme se nesloit parles dis
Jacques et Pierre, durant le dit terme cest assauoir
12
186
tant quant les ditz Jacques et Pierres attendroenl les
conuenances dedanz escrites. Et li dit Jacques et Pierre
doluent faire gros den. d'argent a onze den. et malle de
loy d'argent fin, et de Iviii den. el le tiers dun deiners
de pois un marc le roy. Et ne se doit eslongiernulsde
ces deiners gros de lour droit pois que de dus grains
cest a sauoir le fort ne le foible. Et sil essent plus fors
ne plus faibles de dus grains il se doiuent esmander.
Et sil auenoit que li trois marc de diz gros deiners
venisse à xiiii sols, vii deiners et demi de pois il soiuent
deliure el non autre. Et si li dit gros den. estoent troue
au marc plus fort ou plus foible d'un grain et demi de
pois il se demoirroit mie qu'il ne fusse deliure en celle
manière qu'il se doivent esmandei- a la première deli-
nrance ensegant.
3. Item il doyvent faire petite monoe d'argent blan-
che a onze den. d'argent fin et xiiii sols, den. x den. de
pois au marc le roy, et au dit marc ne puest auoir que vi
fors et vi foibles. Et se doyuent deliurer a 1 den. plus on
a 1 den. moiens de pois. Cest a sauoir que s'ils venoent
a viiii sols, ix den. ou a viii sols xi den, pour ce ne de-
morast pas qu'il ne fussent deliure en tel manière qu'il
seroit amande en la première deliurance enseganl. Et
sil auenoit qu'il fussent troue au marc plus fort ou plus
foible d'un grain et demi de loy pour ce ne demorast
mie qu'il no fussent deliure mais il doyuont estre
amande en la deliurance ensegant.
4. Item il doyuont faire petite monoe noire a iii dein.
et demi d'argent fin de loy et de xxii sols viii dein. de
pois au marc le roy. Et on dit marc ne puet avoir que
xii fors et xii foibles. Et seront li fors de xx sols iiii
dein. et li foible de xxvsols un deiners. Et se dovuont
187
deliurer a ii don. jjliis on a ii den. moins li mars de pois
en loi manière qn'il se mandassent a la première deli-
urance en enseganl. Etsil auoit qu'il fussent troue plus
fort 0 plus foible de loy d'un grain plus ou moins par
cène demorroil pas qu'il ne fussent deliure. mais il
doiuent estre amande a la deliurance ensegant. Etestrc
a sauoir que le dit Jacques et Pierres doyuonl rendre
au dit mons. le cuen pour chascun jour ourable ou que
Ion doit orer xxxv lib. de la petite monoe noire dessus
dite franchement. El est a sauoir que li dit mess, li
cuens doit prendre le gayn de la tasche des dites xxxv
lib. de viii jours en viii jours.
5. Item est ordone et outroye par le dit mons. le cuen
que le dit Jacques et Pierres douent en argent et en
billoin partes couenables.
0, Ilem est accorde que tantost cura, li dit Jacques
et Pierres comanceront ourer la dit monoe li dit mess,
li cuens fera lasser totes les monoes qui coront par sa
terre ou Vienne. Sicut a costume de corre exceptes les
monoes nouues le roy. de France, et exceptes gros
tornois vienn., cl le monoes dans dit mons. li cuens qui
mendioit corl ou pris et a la valour de la dite noue
monoe et tant tosl que la dite noue monoe sera faite l;i
montance de IIII m. libres en les irois monoes ce est a
sauoir et chascune le tiers e mil de utle de vaususe li
diz cuess. Li cuens doit faire lasser la soe monoe que
mandroit corl au pris de la noue, et faire crier par tout
le ballages la ou la dite monoe se batrait que nuls na-
clieloit ne nande fors (|u<! a celé monoe noue, et ne
pregne nulle autre monoe fors que au pris que elles
seront tassées sus peine de penlre la monoe. Et se ne
esloit chose qui li arceuesquesde Lyon feisl faire monoe
m
que valoit la dite monno(i noue. Li dit mess, li cuens
ne vuet qu'il soit deffandu que ele ne fust si bone il
vuet que ele comme au pris que ele vaudra a la noue
selon le tassement qui y sera mis.
7. Item vuet li dit mess, li cuens que li gros den.
soent rais par toute sa terre chascuns pour xvi den. de
la petite monoe noire douant dite et par 1 gros tournois
vienn. et de llour de lis. Et la autre petite monoe d'ar-
gent blanche chascuns deiners pour v dein. de la mo-
noe noire petite dessus dite. Et la petite monoe noire
chascun par 1 dein.
8. Item fera crier li dit mess, li cuens que nuls ne
portoit ne trayet fors de sa terre argent ne billoin ne
monoe contrefait sous peine de perdre l'argent et le
billoin et la dite monoe et destre en la merci dou
seigneur. Et que les gardes des dites monoes soent au
salaire de diz Jacques et Pierres.
0. Item que loz li gains dou premier mois soit au diz
Jacques e Pierre sens payer les tasches dessus di. Et
li diz Jacques et Pierre duiuont donner au dit mons.
le comte pour le dit mois c. lib. de la dite monoe petite
noire. Et passe le dit mois il doiuont payer li tasche en
la manière qui est dessus deuisee.
10. Item fera crier li dit mess, li cuens que nulle ni
puisse rechatier ne altiner billoin en sa terre senz la
volunte des diz Jacques et Pierre exceptes le gens de
la terre dou dit mons. le coiUe.
1 1 . Item est accorde que les gardes que seront en la
dite monoe par le dit mons. le conte facent deliurance
de la dite monoe lotes foix qui en seront requiers par
le maistres et totes foiz que la monoe seroit dou pois
et de la loy que ele doit estre. Et que faite la deliurance,
189
les dites gardes lour puissent donner lettre de quittance
de la deliurancc qui saroit faite, et si li boriois de Lyon
auoicnt guerre en lour eschre au dit mons. le conte
pour quoi la monoe de Saint Sephorien ne poist ourer
Ion rebâtie et diz Jacques et Pierres dou dit tasche ce
que seroit a faire au regart de dus prudoraes.
12. Item se li rois de France facoit plus foible monoe
()ue celé qui cort, viendroit pour quoi la dite monoe
mons. le conte ne se poist ourer que li dit Jacques et
Pierres tussent quitte dou dit tasche paye anuers au dit
mons. le conte don temps qui auroint aure et tant qu'il
ussent payé le dit tasche. et quant mande loure de la
dite monoe per lochesion dessus dite qu'U soent toz
ior enienu de payer les tasches dessus dit. VA ces choses
doiuont le diz Jacques et Pierres fiancer par liances
suflisans a renonciations et fermetés de droit jusques
à ii m. libre vienn. de la dite monoe.
13. Item est ordone que tuit li marcheanz qui ap-
porteront billoin ou argent es dites monoes soent sault
et segur ancant venant et estant par toute la terre dou
dit mons. le conte de lui et des siens en persones et en
auoir. Et ne doit estre tenuz li dix crieur de nule sen-
tence que li arcuesques de Lyon donast ne girast sor les
diz Jacques et Pierres ne sor le souriersque il metront
et est a sauoir que li dit Jaques et Pierres doiuont com-
mancier a battre la dite monoe le jor de feste Sainct
Gregoyre prochein venant et a donques commencera
li mois dou quel il doiuont donner les dites c libr. Et
si lauceis commencoent li diz mois commenceroit
adonques et passe le dit mois il doiuont donner la tasche
des dites xxxv lib. et est accorde entre les dites parties
(|ue par les tasches des dites xxxv lib. par jor il doyuont
490
contes V iors par chascuue semaine, et non plus ne
moins. Et monte la semaine clxxv lib. de la dite monoe
noire et tant doiuont payer au dit mons. le conte par
chascune semaine ourant ou non. Et fera crier par sa
terre que les dites monoes noues se metlont en la ma-
nière dessus escrite.
Les quels choses lidiz Jacques et Pierres ont promis
et jure et sus l'obbligacion de toz lours bien fermement
attandre et garder. Et en tesmognagc de vérité li diz
Jacques et Pierres ont mis lour seciz en cestes lettres
ensemble le secil de reurent père mons acueques de
Murianne le quel il ont requis et prie mettre. Et nos
li diz euesques a la requeste de diz Jacques et Pierres
auons mis notre secil au cestes lettres. Don en lillc
barber la dimenge des cordes lan de la natiuite nostre
seigneur mil ccc et sis.
III
Ordonnance de la chambre des comptes de Savoie, par
laquelle est augmentée la paye du graveur des coins
des monnoyes qui se font à Chambéry.
— 17 aprile 1562 —
(Duboin, RaccoUa, vol. XX, p. 128. )
Sur le requête présentée par Gabriel Cunelier, de la
Duchee d'Aoste, tailleur et graveur des coins de la
monnoye de son Altesse en cette ville de Chambéry,
tendant a ce que attendu que le .suppliant est étranger,
lyi
avec peiiuire de vivre et la cheile du fer et acier [tour
lournir aux coings nécessaires pour la fabrique des
monnoyes, lesquelles en vertu des nouvelles ordon-
nances sont de la moitié plus de nombre de pièces que
ne souloient, que lui revient a la moitié plus de frais
peine et labeur, joint aussi que selon les coutumes et
ordonnances des monnoies de Savoie, le gage et sti-
pende du tailleur est à l'égal de celui des monnoieurs,
aux quels a été augmenté, requérant qu'il ave moien
de s'entretenir et lui augmenter lesdits gaiges, et sur
celui pourvoir ainsi que de raison.
La cliambre ayant egaid a la nouvelle ordonnance
faite sur la fabrication des monnoyes, et après avoir oys
le procureur patrimonial en ses conclusions mises au
pied de ladite requête, semblablement le gênerai des
monnoyes et Mathieu de Ferraris, commis a la fabri-
cation des monnoyes et en cette ville au nom de Nicolas
Violard maistres desdiles monnoyes, a ordonné et or-
donne la chambre quel brassaige peine et labeur du dit
suppliant pour i-aison des sols qui sont fabriqués pré-
sentement suivant la dite nouvelle ordonnance, et de
toutes autres monnoyes, lui sera augmenté et payé par
ledit maistre des monnoyes ou son dit commis d'un
quart pour chacun marc, outre ce que lui en a été payé
cy devant, et ce par provision et jusques autrement
soit ordonné.
Fait à Chambery au bureau des comptes le dix
septième joui- d'avril mille cinq cent soixante deux.
Signé Bruyset.
192
IV
Ordonnance de la chambre des comptes de Savoie par
laquelle plusieurs instructions sont données aux
garde et contre-garde des monnoies qui se font à
Bresse sur l'exercice de leurs fonctions.
— 15 décembre 1563 ~
(Duboin, Raccolta, vol. XX, p. 129. )
Premièrement ne présumeront de faire aucune déli-
vrance de brève au maitre de la raonnoye que premier
elle ne soit pesée puis appeller Tessayeur pour reporter
si elle est pesée par capelle à peine pour chacune fois
qu'ils defaudront de cent livres ducales, qui seront
enregistrées par le dit essayeur lequel de chambre l'a
commis. Et si par fortune trouvent que le dit essayeur
face quelque doute de son essay passé devant que les
pièces soient monnoyés, en tel cas leur est ordonné
d'en faire faire un autre essay pour toute assijrance
après que les pièces seront monnoyés, ainsi que déjà
sont tenus de faire conforme à leur règle.
2. Item tiendront main lesdits garde et contregarde
intervenant l'essayeur atin qu'ils raportent s'il en
aura fait l'essay requis que le maitre ne doive bailler
aucune brève que se soit aux prevot et monnoyeurs
pour le monnoyer et stamper, qu'elle ne soit reconnue
en poys et loy comme dit est.
3. Défendant à tous monnoyeurs de n'accepter au-
cune brève comme dit est sans la présence des sus-
nommés à peine de dix livres qui seront enregistrées
comme dessus.
193
4. Et est mandé à laditte garde et contregarde de ne
passer aucunes pièces de livres, deray livre, et pièces
de quatre gros que elles ne soyent reconnues en recours
pièce pour pièce, et en trouvant quelque une qui ne
soit taillée de son juste poys la feront cizailler sans
respect que ce soit au même instant.
5. Et s'ils voyent que ledit maitre ayc billon ou cen-
dres en telle abondance qu'il ne puisse le tout prompte-
ment moimoyer à faute de pilles et trosseaux en
adverliront la chambre par homme exprès pour y
pourvoir selon que requiert le service de son Altesse et
la satisfaction des marchands.
Fait et délibéié à Cliambéry au bureau des comptes
le quinzième décembre mille cinq cent soixante-trois.
Signé : Meilleret, Gara et Michaud.
Edit de Marie-Jeanne- Baptiste de Savoie, touchant le
domaine, les affranchissements, les amendes, les
mnnnoyes et antres matières.
(Art. 60 à 80 de la monnaye. J
(Duboin, RaccoUa, volume XX, page 211.)
60. Les généraux, gardes et contregardes de la nion-
noye n'y recevront aucun ouvriers ni monnoyeurs qu'ils
n'ayent obtenus arrest de la Chambre des comptes de
leur établissement.
61. Ceux qui sont pourvus du ditoflice, etquin'au-
1 ont présenté l'ordre de leur établissement dans l'année,
194
ne s'en pourront plus servir, qu'ils n'obtiennent nou-
velles provisions.
62. Les ouvriers auront leur domicile dans les villes
où les momioycs seront établies, et ne pourront s'ab-
senter que par le congé du Général ou du raaistre de la
monnoye, à peine d'interdiction.
63. Les maistres de monnoyes ne feront aucune dé-
livrance des monnoyes, et ne les lèveront des mains des
prévosls et monnoyeurs qu'en la présence de la garde
ou contregarde, de laquelle délivrance des prévosts
tiendront registre journalier, auquel les gardes et con-
tregardes auront recours, qui verront ce qui aura esté
monnoyé chaque jour.
64. 65. Les gardes et contregardes ne feront aucune
délivrance aux maistres particuliers, qu'Us n'ayent eu
le rapport de l'essayeur , comme les brevs sont en loy
conforme à l'ordonnance, de laquelle les gardes tien-
dront registre.
60. Ils bailleront tous les malins les piles et troceaux
des pièces qui se fabriquent ce jour là au prévost des
monnoyeurs, qui sera tenu de les rendre à la fin de la
journée ausdites gardes.
67. Tous les ouvriers et monnoyeurs tailleront les
monnoyes blanches de retours ayant leur poids à égal,
comm' aussi en fin et en loy de ce qu'elles doivent
teni]-.
08. Ils seront tenus de bien ouvrer et raoïnioyer de
bon retour, dite à slele à impression, et que les lettres
et courdons y soient entiers, à y bailler les façons et
rehausser chacune des dites espèces.
69. Les gardes et contregardes visiteront les pièces
195
quand elles seront ouvrées et monnoyées pendant
qu'elles sont entre les mains des ouvriers et raonnoyeurs
et devant qu'elles soient remises au maislre de la mon-
noye, pour les blanchir ou faire monnoyer.
70. Celles qu'ils trouveront n'estre pas bien travaillées
de retour, justement du poids et remède ordonné pièce
par pièce, seront refondues aux dépenses de l'ouvrier,
qui les aura taillées, et il rembourcera le maistre de
la monnoye de la perte et d'échûte de la nouvelle fonte,
auquel sera faite déduction sur le salaire d'autre ou-
vrage qu'il se pourra retenir jusqu'au payement.
71. Les dites gardes recevront dilligemment toutes
les espèces à chaque délivrance qu'elles feront, et les
pesei'onl pièce par pièce et non pas en blot, ny par
marc, et ne les recevront du maislie après (Quelles
seront dehors des mains des ouvriers, qu'elles ne soient
du poids, façon et remède ordonné à faute de ce, elles
ne seront refondues à la perte et dépense du maislre .
qui les aura reçiies des ouvriers , sans les dites pré-
cautions et entre les mains du quel elles se trouveront
détenues.
72. Le raaistres des monnoyes fera appeler à chaque
fonte qu'il fera l'essayeur de la monnoye, qui tiendra
registre de chaque fonte par désignation de l'an et j.our,
de la quantité des piastres et du poids d'icelles, que
l'essayeui' marquera de son poinçon.
73. Si les piastres se trouvent défectueuses après
que l'essayeur aura reconnu le nombre et le poids d'i-
celles, l'essayeur les fera refondre en sa pré.-ence, que
si elles se trouvent bonnes il les fera délivrer aux ou-
vriers de la monnoye pour les ouvrer.
74-. Le rapport d(! chaque fonte sera enregistré par
196
les gardes et contregardes de la monnoye avec dési-
gnation de l'an et jour de la fonte, de la quantité des
piastres et de leurs poids, lequel rapport ils signifieront
aux ouvriers, et l'acte de signification sera annoté à
leur registre; à peine de mille livres.
75. Ne seront reçues aucunes piastres en l'ouvrerie
pour tailler ou ouvrer, qu'elles ne soient marquées du
poinçon de l'essayeur, et que le rapport de l'essay des
piastres ne soit signifié aux ouvriers.
76. L'essayeur fera un autre essay des piastres,
après qu'elles seront blanchies et qu'elles seront entre
les mains des raonnoyeurs, lequel rapport de l'essayeur
sera registre par les gardes et contregardes aux mêmes
peines.
77. Le maislre des monnoyes, ses agens et négocia-
teurs, seront exempts de tous péages, daces et autres
impôts, pour tout ce qui leur sera nécessaire à la fa-
brique, et leur seront expédiées toutes écritures gratis,
sans payer aucuns émolumens, seaux, ny signatures.
78. Deffendons à tous juges de prendre connaissance,
de tout ce qui concerne les franchises, privilèges et
immunités des monnoyeurs ; à peine de cent livres et
de nullité des procédures, et sur le différent des quels
sera pourvu par la Chambre des comptes.
79. Le Général des monnoyes, maistres, tailleurs,
essayeurs, gardes et contregardes, ouvriers et mon-
noyeursj ne feront aucun essay, ou rapport des mon-
noyes, par autorité d'autre magistrat que de la Chambre
des comptes; a peine de mille livres et d'interdiction.
80. La Chambre pourra par manière de provisions
donner le cours à toutes monnoyes étrangères à leurs
197
justes évaluations, bannir rt déclarer hors de commerce
celles qui seront adultérées.
Donné à Turin le onze novembre mil six
cens septante neuf.
Signé Marie Jeanne Baptiste.
V. Simeon pro domino cancellario
V, Granery
Carron Delescherainn.
Nous reproduisons ces documents parce qu'ils
présentent le double intérêt de faire connaître les
principales conditions auxquelles était soumise
la labrication des monnaies en Savoie, et de
donner, pour diverses époques, des spécimens
de la langue irançaise, telle qu'elle était parlée
et écrite dans nos pays.
- *m-nns~'(iiS^Sy'r~»-''»
LES NATIRALISÉS
DE SAVOIE
EN BOURGOGNE
1508-1769
ALBERT ALBRIER
Membre de la Sociclù SavoUicnne d'Hisloiio et J'Arcliéulogie ,
Je I .Acadi'mie de Màcon, de la Soeiélé Florimonlane d'Anmev, de la Conimi-ision
des Anliquilcs de la Côlcd'Or, Je la Soeiélé littéraire
de Lyon, de la Société d'Emulation de l'Ain, etc.
.ES NATURALISÉS
DE SAVOIE
EN BOURGOQNE
1508-1709
Les archives do la (Vjh'-d'Or, miiu! IôcuikIc
cl, lro[) j)uii uxplon'M' , l'eiircriiient do précieux
documents poiii' Ihistoiro de la Savoie. Les
registres de la chambre des comptes de Dijon
contiennent entre autres, sur les naturalisés
savoisieiis en Bourgogne, des renseignements
(|ui nous ontpermisde restituer Mcii des noms
à noti'c cli("'i-(' province.
On s;iil (piclhis étaient sons l'ancienne légis-
lation l(^s tbi'malités que devait accomplir Téli-an-
u;('v (|ui désirait acquérii' en IVancc les dioils
l'I les privilèges donl ininssiiicid aloi's les ini-
lurels. (Ml rdimail les «h'-chn^alions de lIlSC» cl
de 14! VI ; on coiinail aussi les prcsciiplioiis de
roi'doiiii.iiicf de {'.lois: on s;iit cidin (ph- li' roi
13
202
seul pouvait accortlor «les lotti'cs de naturalité,
(jui devaient être enregistrées par les cours de
justice. Après avoir acquitté les droits de clian-
cellerie, toujours assez élevés, l'étranger (]ui
ol)tenait des lettres de naturalité était asti'cint
à l'aire certaines gratifications aux pauvres et
aux établissemenls religieux de tel lieu déter-
miné .
Les mêmes t'oi'nudes se représentanl inva-
riablement dans tous les actes de ce genre ,
nous croyons devoir reproduire une de ces
lettres: en donner une c'est les piddicr toutes.
Louis, par la grâce de Dilmi, loy de France >t. de
Navarre, à tous présent et, avenir salut. Notre cher et
bien amé François Albrier , natif du lieu de Saint
Martin la Chapelle, diocèse de S' Pierre le Moutiers en
Tarenlaisc, duché de Savoye, marchant, demeurant en
noire ville de Beaune, faisant profession de la religion
catholique, apostoli(iue et romaine. Nous a fait remon-
trer que depuis plusieurs années il s'est habilné dans
notre rovaume. où il a vécu avec tout honneur ctinté-
grilé, et désirant y hnir ses jours comme l'un de nos
sujets et regnicoles. il nous a très humblement fait
supplier de lui accorder nos lettres sur ce nécessaires;
à ces causes, voulant favorablement traiter l'exposant
de notre gi-âce spécialle pleine puissance et autorité
joyalle, Nous l'avons reconnu tenu censé et léputé et,
par ces présentes signées de noti'emain, le reconnais-
sons, tenons, censons et réputons pour notre vrai et
natnrel snjet et regnicole, voulons et nous plait (jue
coHiQio lel il puisse et lui soit loisible de demeiirei- et
coiiliiiuer sa demeure en iSotre ville de Beaune ou eu
tel autre lieu de Notre royaume, pays, terres et seigneu-
ries de notre obéissance que bon lui semblera, qu'il
jouisse de tous les privilèges . francliises et libertés
dont jouissent nos autres vrais et originaires sujets, et
qu'il puisse avoir, tenir et possédei' tous biens meubles
et immeubles qu'il y a acquis et pourra cy apiès acqué-
rir, et qui lui seront donnés, légués et délaissés en
(jueKiue sorte et manière que ce puisse estre, d'iceux
jouir ordoimer et disposer par testament, codicille de
dernière volonté, donation entre vifs à cause de mort
ou autrement, ainsi que de droit lui sera permis, et
(in'apiès son décès ses légitimes lieriliers ou autres en
laveur desquels il aura disposé de ses biens puissent
lui succéder, pourvu qu'ils soient nosregnicoles, tout
ainsy que si lui exposant était oiiginaire de notre royau-
me, sans qu'au moyen des ordonnances et règlements
d'iceluy il lui soit fait aucun trouble ni empescbement.
ny que nous jinissons prétendre avant ny après fonder
les dits biens nous appartenir par droit d'aubaine ou
autrement en quel(]ue sorte et manière que ce soit(l)
l'ayant (juant à ce dispensé et habilité dispensons et
habilitons par ces présentes, sans que pour ce il soit
tenu de Nous payer ny à nos successeurs roys aucune
finance ni indemnité de laquelle à queliiue somnn»
(lu'elle puisse monter nous lui avons fait et faisons
don et remises par ces présentes, à la charge par lui
exposant de finir ces jours dans notre royaume dont il
ne i)0uiM'a sortir sans notre peimission expresse el |i;ii-
(1) Clause très iinpoilanle et que l'on Uouve, bien enlemlu, <lans
toutes les piocesde cette nuliiie.
20i
écrit, et de ne s'entremettre ponr aucuns étrangers à
peine de nullité des présentes sans aussi que le dit
exposant puisse jouir de privilèges et avantages que
nos sujets ont dans le commerce suivant les traités faits
avec les nations différentes, si ce n'est après avoir fait
sa demeure en France pendant six années consécutives
et à la charge d'en raporler cerliflicat en bonne forme
légalisé par les ofliciers du dit lieu. Si donnons en man-
dement à nos amés et féaux conseillers les gens tenant
notre chambre des comptes à Dijon et à tous autres nos
officiers et justiciers qu'il appartiendra que ces pré-
sentes Us les aient à faire régistrer, et de leur contenu
jouir user lui François Albrier, ses successeurs et ayant
cause regnicole pleinement, paisiblement et perpé-
tuellement cessant et faisant cesser tous troubles et
empêchements contraires. Car tel est notre plaisir et
ainsi que ce soit chose ferme et stable à toujours. Nous
avons fait mettre notre scel à ces présentes. Donné à
Versailles au mois de février l'an de grâce mil-sepl-
cent-trente et de notre règne le quinzième.
Signé : Louis.
Sur le leplis on lit ces mots : par le roi, Phelypeaux.
Visa signé Chauvelin pour naluralité à François
Albrier.
Insinué au bureau des insinuations laïques de la
ville de Dijon ce jourdhui dix huit mars 1730 à la ré-
(luisilion du porteur; reçu cent-vingt livres; signé
Perrault et celle en cire verte et a lacque de soie rouge
et verte.
Après qu'il a esté informé des vie, mœurs, conver-
sation, religion (-atholique apostolique et facultés dudit
Albrier dénommé aux pi'esentes, la Chambre a ordonné
205
et ordonne que les dites lettres de nuturalité soient
rcgistrées pour jouir par le dit Albrier des fruit cl effet
d'icelles, à la charge d'aumoner à THospital et à l'au-
mône générale de celte ville la somme de dix livres,
et suivant qu'il est plus au long conteini dans Varret
de ce jour. Fait à Dijon en la Chambre des comptes le
vingt-lroisicme juin mil-sepl-cenl-lrente.
iJuiis le travaihjae nous dounoiis aujourd'liui
nous avons suivi Tordre clironologique, qui est
toujours, à notre avis, pour de pareilles études,
la marche la plus simple et la plus rationntdle.
Tous les renseignements à Taidi' desquels nous
avons écrit cette étude sont du reste puisés
aux sources les plus sûres, et sont extraits ou
des archives de la Gôte-d'Or, ou de nos papiers
de famille , ou des registres d'état civil (1).
Dans un prochain travail nous ferons connaître
les noms de nos compatriotes (jui ont obtenu
de nos jours des lettres de naluralité, et l'on
verra combien notre chère province a produit
encore d'honnnes de mérite (2).
(1) Nous ne saurions trop leracicior M. F. Rabut de son t'xtiëme
obligeance ; nous avons eu plus d'une l'ois recours à sa grande
connaissance des hommes et des choses de la Savoie. Qu'il reçoive
donc ici l'expression de notre vive gratitude !
(2) Faut-il citer ici les noms de Mgr Dupanloup, évéque d'Or-
léans, des généraux baron de Montfort, comte Dcssaix, baron de
Montailleur, comte de Pactod, baron Forestier, baron Henriod, etc.,
des ingénieurs Brun et Pell''grini, des professeurs de dn>it Haily,
lUirdet et Carrier, de l'ancien piéfet Uzannaz, de l'avocat di- La-
senay, père de l'cx-président du Conseil d'tlal, etc., etc.?
£0G
LOUIS XII
1498-1515
1. Blois. janvier 1508. — Lellres denatuialiléaccoi-
dées à Claude de Balayson, seigneur dudit lieu el de
Saint-Gerinain (1) en la vicomlé d'Auxonne en Bour-
gogne, natif du pays de Savoie, avec autorisation de
posséder la terre de Saint-Germain et ses dépendances.
— Enregistrées à la chambre des comptes de Dijon le
11 décembre 1510. B. 72, P 1.
Claude de Balayson, ou Baleyson, ouBaleison, avait
acquis la seigneurie de Saint-Germain d'Innocent de
la Rochelle et des sieur et dame de Beaufort (2). Son
sceau porte aux / et 4 d'hermines à la bande de ;
aux 2 et 3 de à la bande de (3).
2. Dijon, mai 1510. — Lettres de naturalité en faveur
d'Humbert Buxiller, chapelier, natif du pays de Savoie,
lixé en Bourgogne , établi et marié à dhàlons-sur-
Saône. ~ E. 5 juillet 1518. B. 71, f» 36.
(1) Saint-Gerniain-du-PlaiD, chef-lieu de canton de l'arrondisse-
ment de Chàlons-sur-Saône (Saône-et-Loire).
(2) R. 10593.
(3; B. 11218. La famille de Balayson portait, d'après La Chesnaye
des Bois, d'hermines à la bande de gueules.
207
FRANÇOIS I«^
1515-1547
13. Dijon, juin 15^21 . — Letlros de nalmalité acconh-es
à Guillormiii de la Basse, natif du village des Fiolels,
en la paroisse de Corbel (1) au duché de Savoie, fixé
en Bourgogne, établi et marié à Seune (2). — E. 23
juillet 4521. B. 72, f» 49.
A la même date, des lettres de légitimation en latin
furent données à Pierre de la Basse, lils naturel de
GuillermindelaBasse, non marié, et de Claudine ,
maiiée (3).
4.. Argilly, juillet 1521. — Lettres de naluralité accor-
dées à Antoine de Montjouvent . seigneur dudit lieu ,
natif du pays de Bresse, au duché de Savoie. — E. 23
juillell521. B. 72, f" 57.
Antoine de Montjouvent appartenait à une ancienne
famille, issue, d'après Guichenon, d'un puîné de celle
de Monljouet au Val-d'Aoste; la liliation en est établie
depuis Etienne, qui lit bâtir le château de Monjouvent
en Bresse en 1280. Cette maison se partagea en deux
blanches : l'une, celle des seigneuis de .loudes. Villars,
Vaud, Munlagnal, etc., a fouiiii un chevalier d<' Sainl-
Jean-dc-.lérusalem, et s'est alliée aux Varenue, La
Tournelle, Clievrel, etc.; l'autre, celle des seigneurs
(1) Corbel, canton des Echelles, arrondissement de Chambôry.
(2) Sc'iirre, chef-lieu de canton de l'arnindissement de Beaiinn
(Cùte-d'Or).
(3) Le nom de la mère de Pierre de la Kasse «si resté on hlan<-
dnns l'original. B. 72, f° 5U.
208
de Monijouvenl. alliée aux Gorrevod, Oncieux, Andelot,
Grillet, Montconis, etc., a donné Antoine, gentilhomme
ordinaire de Louis XI, bailli de Bresse: Philibert,
chambellan du duc de Savoie, gouverneur de Turin,
en qui elle s'est éteinte; sa sœur, Catherine, épousa
Jean de Messey et en eut entre autres un fds, Charles,
qui releva le nom de Montjouvent. Armes : de gueules
au sautoir engrêlé d'argent.
5. Lyon, juin iS'ââ. — Lettres de naturalité accordées
à Antoine de Chabanes, chevalier, seigneur de Saint-
Nizier, bailli de Bresse, natif de Savoie, en raison de
ses services militaires. — E. 8 juillet 1522. B. 72, P 72.
Antoine de Chabanes appartenait sans doute à l'illus-
tre famille de Chabannes, originaire du Nivernais et
possessionnée dans le Maçonnais et la Bresse. Les armes
de cette maison, très connues du reste, &onU\e gueules
au lion d'hermines, armé, lampassé et couronné d'or.
6. Bois, mai 1523. — Lettres de naturalité accordées
à Nicolas de Chàteaumartin, conseUler ordinaire au
parlement de Bourgogne, docteur en droit, natif de la
ville de Seyssel (1), diocèse de Genève, duché et pays
de Savoie. — E. 16 juillet 1523. B. 72, P 82.
Une information sur les facultés et biens de Nicolas
de Chàteaumartin, en cette même année 1523, constate
qu'il a été pourvu de l'office de conseiller au parle-
ment en 1 513 par le roi Louis XII, pour services rendus
à la monarchie, et qu'il ne possède que le revenu de
cet office (2).
On trouve : Pierre de Chàteaumartin, châtelain de
(1) Seyssel, chef-lieu de canton de l'arrondissement de St-Julien.
(2) B. 11218.
209
Gliâteauiit'ulCii Bresse on U42(l); Jean, fils de Claude
de Cliâleauiiiaitiu , vivaul à Sejssel en Savoie en
I5i2 (2); Laurence, maiiée au sirè de Varax el mère
de Jean-Philibert de Varax, qui figure dans unaclede
la première moilié du XVI'' siècle (3).
7. Saint-Germain- en-Laye, 23 février 1520. — Lettres
de naluralité accordées en faveur d'Amédée Perra,
prêtre, natif de firesse. paroisse de Keplonge (i) au
duché de Savoie, étahU à Màcon et pourvu de quelcjues
bénéfices. — E. 2 sept-mbre 1527. B. 72, f« 112.
8. Saint-(leimain-en-Laye, février 1527. — Lettres
de iiaturalité accordées à Benoît Villaiii, natif du pays
de Bresse en Savoie, fixé à Mâcon, marié audit lieu et
y exerçant la profession de boulanger. — E. 8 juillet
1529. B. 72, f" 124.
Une famille de ce nom, après s'être enrichie dans le
commerce, ariiva à la noblesse au commencement du
XVllI" siècle. Est-ce la même? nous le croyons. Quoi
qu'il en soit, en 1709, Etienne Villain, ('cuyer, demeu-
rant à Beaune, lepiit le fief de la Motle-Martenot en
qualité d'héritier universel de Pierre Villain, écuyer,
conseiller secrétaire du roi, et de Marguerite Leroux,
ses père et mère, selon testament reçu Marié, nolaire à
Beaune, le 10 septembre 1700 (5); on trouve encore
Françoise Villain, veuve de Jean Lopi)in, receveur des
consignations au bailliage de Beaune, dame de Masse
(1) F. Peincede, Recueil de Bourgogne, apd. aux archives de la
CiHe-d'Or, t. XX, f» 261.
(2) F. Peiiicedé, t. X, f 260.
(3j B. 10453, f 10.
(4) Replonge (Aio).
(5) B. 10930.
210
en 1723(1), et Marie Noirat, veuve d'Elienne Villain,
écuyer, dame de la MoUe-Martenot en 176G (2). Armes :
d'azur à un poisson irargenl, appelé vilain, posé en
fasce, accompagné de trois étoiles de même.
9. Paris, février 1528. — Lettres de naturalilé accor-
dées à Philibert Panissier, prêtre, natif d'Onssiat, au
diocèse de Bourg, pays de Bresse, duché de Savoie,
lixé en Bourgogne. — E. 3 juin 1529. B. 72, f^^ 123.
10. Malines, février 1529. — Lettres de naturalité
accordées à Claude Le Noble, ci-devant dit Guigonnart,
écuyer, natif du lieu de Pont-de-Vaux (3), diocèse de
Bourg, pays de Bresse, duché de Savoie, fdsdepèreet
mère originaires de Châlons-sur-Saône et possédant
des héritages audit lieu. — E. 21 avril 1534-, d'après
lettres de surannation du 8 juillet 1531. B. 72, f« 132.
Un sceau d'un membre de cette famille, conservé
aux archives de la Côte-d'Or, porte trois quinte feuilles
(lu trois annck'is formés de besans ; les héraldistes lui
donnent pour blason trois couronnes de gramen d'or
posées deux et une sur champ d'azur. Pierre-Madeleine
Le Noble, chevalier de l'empire, fut commissaii'e des
guerres, chevalier de Saint-Louis et de la Légion
d'honneui", et mourut en 1821 ; un autre membre de
cette famille, l'abbé Le Noble, chanoine d'Autun, est
l'auteur d'un poëme léger, digne de Gresset, imprimé
dans le Mercure de France de juin 1769.
11. Blois, novembre 1530. — Lettres de naturahté
accordées à Jacques Buret, pauvre, demeurant à Châ-
(1) B. 10968.
(2) B. 11057.
(3) Pont-de-Vaux, chel-lieu de canton, arrondissemenl de Bourg-
en-Bresse.
2H
lons-sur-Saône, natif de Sl-Pol-ile-Sermoyal en Bresse,
pays do Savoie, marié à Chiilons-sur-Saùnc. — E. 24
mai 1531. H. 72. fM29.
12. Lyon, février 1535. — Lettres de iialiiralité
accordées à Jean de Livron, écuyer, natif de Thovei'ie?
près Gex, duché de Savoie, marié et établi à la Tour-
de-Vei's, près Toiirniis (1). — E. 10 mai 1537. 13. 72,
f^ISSv», n''19.
La famille de Livron parait originaire du Dauidiiné;
elle s'établit en Bourgogne et en Champagne au XV«
siècle, en la personne de Bertrand de Livron, seigneur
de Coiffy, époux en 1477 de Françoise de Bauffremont.
Armes : d'argenl à trois fasces de gueules au franc-
quarlwr d'argent chargé d'un roc de gueules.
13. Dijon, novembre 1535. — Lettres de naturalité
accordéesà Guillaume Plond)ast, prêtre, natif de Bourg,
pays de Bresse, duché de Savoie, établi à Tourniis
depuis dix-huit ans. — E, 10 mai 1536. B. 72, 1" 147.
14. Mâcon, septend)ie 1541. — Lettres denatui'alité
accordées à Benoit et Jean Ravyer, prêtres, natifs du
val de RougemonI, pays de Savoie, élablis en Bour-
gogne depuis vingt-cinq ans et lixés au liailli;ig(' de
Mâcoii. — E. 1'' juin 15i.2. B. 72, f" lOO.
CHARLES IX
1500-1574
15. i'ans, |nm1508. — Lettres de naturalité accoidées
à Thomas Paluat, docteur en droit, natif de Bourg-en-
(1) Tourous, chef-lieu do caiilun, arioniJissement «lo Màcun.
s
212
Bresse, pays de Savoie, fixé en Bourgogne. — E... (1).
B. 73, f° 69.
Est-ce à la même famille qu'appartenait M. Paluat
de Salaniondes, qui portait d'or à trois œillets de
gueules sur une même tige de sinople. Un M. Sylvestre
Paluat, receveur des domaines à Bourg-en-Bresse, né
à Chambéry, le ^'^ avrU 1767, a été naturalisé français
le 31 janvier 1816: nous ignoions aussi s'd était parent
de Thomas Paluat.
16. Paris, 6 septembre 1560. — Lettres de naturalité
en faveur de Benoîte Cordier, native de Montréal-en-
Bresse, duché de Savoie, femme de Gudlaume Humblot,
marchand à Chàlons-sur-Saône, fixée audit lieu depuis
cinq ou six ans. — E.... (2). B. 73, f» 75.
HENRI III
1574-1589
17. Avignon, novembre 1574-. — Lettres de naturalité
accordées à Louis Marondet, natif du bourg de Séez
en Savoie (3), marchand à Dijon. — E. 12 mars 1575.
B. 73, f" 89 v«, n" 20.
Son fils, François Marondet, marchand à Dijon, eut
entre autres, en 1622, de Marguerite Dargelit, un fils né
en 1622, dont la postérité existe encore dans le chef-
lieu du département de la Gôte-d'Or.
18. Paris, avril 1579. — Lettres de naturalité accor-
dées àGrasBouzonnet. marchand mercier, fréquentant
(1 et 2j Nous n'avons pas trouvé la date fie l'enregistrement.
(3) Séez, canton de Bourg-St-Maurice, arrondissement de Moûtiers
en Tarentaise.
les foires de Lyon et autres foires du royaume, natif
de Vegoizance? pays de Savoie, étaljli depuis longtemps
en France.— E. 28 février 1589. B. 74, P 75 v», no27 .
19. Fontainebleau, mars 1582. — Lettres de natura-
lité accordées à Renée de Livron, demoiselle, native
de Savoie, femme d'Odinet Régnier, seigneur de Chissey-
en-Morvand(l).—E. 30 août 1582. B. 74, foSOv, nM2.
Les Régnier de Montmoyer, seigneurs de Cliissey et
antres lieux, portent d'azur à trois branches de palme
d'ur, les deux du chef affrontées: ils écartelaient aussi
aux 1 et 4 de Régnier, aux 2 et 3 de La Ferlé, qui est
de sable à trois jumelles d'argent à la bordure de même.
Cette famille a été reçue aux Etats de Bourgogne, ainsi
que celle de Livron.
20. Paris, mai 1580. — Lettres de naturalilé accordées
à François Marandet, lils de Gaspard Marandet, labou-
reur au bourg de Séez en Tarenlaise, pays de Savoie,
(ixé en Bourgogne. — K. mars 1587. B. 74, f" 07 v",
n" 17.
HENRI IV
1580-1010
21. Dijon, 11 juillet 1595. — Lettres de déclaration
de naturalilé accordées à Etienne Darenton, natif de
la ville de Favcrges (2), au duché de Savoie, établi
depuis quatre ans en Bourgogne, et ancien sergent de
1,1) riiisscy-en-Moivdiifl, caiiluM dij [,ui iii,iy-L'K\èi|iie, uiiondi-
semeiit d'Autuu.
(2) Faverges, clief-Jieu île canlon, arroiidisseraont il'Auiiecy.
'MA
la grande écurie du comte de Ciiarny, grand écuyer
de France. — E. 17 Juillet K'.OO. D. 3{, f» 193.
22. Cliambéry. octobre 1G00. Lettres de naturalité
accordées à Vincent Algot dit Vodizet, natif de Vernaz (1)
en Savoie, établi à Dijon depuis douze ans environ, et
marchand audit lieu. — E. l''" février 1601. B. 74,
f" 103.
23. Paris, août 1605. — Letties de naturalité accor-
dées à Jean-Pierre Servant, natif de la paroisse de
Megève (2) en Savoie, établi en la ville d'Avallon, et
marchand mercier audit lieu. — E. 23 juillet IGOG. B.
33, f" 193 vo, no 29.
Les archives de la Côte-d'Or renferment des lettres-
patentes de roffice de conseiller secrétaire du roi, da-
tées du 30 décembre 1 750, et accordées au sieur Antoine
Servant, que nous croyons être un descendant de J.-P.
Servant, de Megève.
24. Fontainebleau, mai 1600. — Lettres de naturalité
accordées à Bernard Deffond, natif d'Aimé (3), pays de
Savoie, établi en Bourgogne. — E. 20 décembre 1607.
B. 33, fo 307.
25. Paris, janvier 1609. — Lettres de naturalité ac-
cordées à Jean Charrière, natif de Séez en Savoie, établi
en Bourgogne depuis vingt-deux ans. — E. 16 mars
1609. B. 75, fo72.
26. Paris, mars 1609. — Lettres de naturalité accor-
dées à Antoine Rendu, fixé à Dijon, fils de feu Claude
Hendii, en son vivant notaire à Confort, paroisse de
(1) Veruaz, canton du Biof, arrondissement de Thonon.
(2) Megève, canton de Sallanches, arrondissement de Bonneville.
(3) Aime, cliof-lieu do canton, arrondissement de MoiUiers, en
Tarentaise,
F^oncians (l), pays de Savoie. — E. 14 aoùtIfiOO. B. 75,
l" 7H.
La famille Rendu est originaire de Loncrans, où un
membre de cette maison était receveur au siècle der-
nier, et lut volt' par Antoine Mondion, frère puiné de
Louis, (|ui venait d'ètie ('l'aîlelé ii,). Divers memhies
de cette famille ont ligure à Annecy dans les XV"-' et XVI*^
siècles; plus lard nous trouvons encore comme piési-
dent de la chambie des comptes de Genevois à Annecy
en 1H57 François Rendu, et comme aumônier de
Mgr (lahriel de Rossillon. (''vê(]ue de Genève à Aimecy
en 1730, M. l'abbé Rendu. Faut-il rappeler aussi le
nom si vénéi'é de sœur Fiosalie, et de celui de son
fousin, Mgi- Louis Rendu, décédé évè(iue (rAnnecv le
-2.S aoù 11 859(3 )V
Une autre bi'ancbe de celte maison, lixée à Clei-
mont-en-Beauvoisis, puis à Paris, a produit plusieurs
hommes distingués. De Sébastien-Louis Rendu, notaire
à Paris, et époux en i7()9 de Marie Gillet, descendeni
en effet :
1° Louis-Alli;uiase Rendu, piocui-eur généi'a! piès
la cour des comptes de Paris, baron en janvier 1818 (i),
(1) Loncrans, canton de Collonges, anondissenientilc Gex.
(2) Les preuves di> ce fait se (rouvent aux archives di' la Haute-
.*îavoie.
(3) Mgr d'AniK cy poitail d azur aux deux ijcrbcs dur croisi'es
et surmontres d'une croix d'argnit. Note con:munif]uée par notre
savant et aimable collègue .M. l'abbé Ducis, conservateur des ar-
chives de la Haute-Savoie.
^4) .Vrmes : d'azur « la fascr d'anjenl chargée d'un croissant
de sable accostr de deux'cloiles de même et accompagnr de trois
(jprhes d'argent, deux en tête, une en pointe : renseignements dus
il l'obligeance de M. le baron Rendu, pelit-lils de l'ancien pior.u-
reur g.uéral (lellie du 1.5 nuirs 187.').
né à Paris le 27 juin 1777, mort à Ennery (Seine-el-
Oise) le 4 janvier 1801, en laissant d'Anne-Marie
Garnier, fille du marquis de ce nom, quatre fils et
trois filles :
2° Ambroise-Modeste-Marie Rendu, inspecteur gé-
néral et grand trésorier de l'Université, né à Paris le
25 octobre 1778, mort à Ennery le 12 mai 1860, père
de quatre enfants, dont deux fils : Ambroise-Augustiri-
Eugène-Charles-Louis-Marie, avocat au conseil d'Etal
et à la cour de cassation, mort à Vichy le 28 mai 1864,
et Eugène-Marie-Victor, inspecteur de l'Université;
3» Armand-Louis Rendu, né le 18 novembre 1779,
mort à Paris vers 1830, en laissant trois enfants : Ar-
mand, décédé avoué à Paiis. madame de Mas-Latrie et
la baronne Richerand ;
4*5 Achille-Louis Rendu, né le 10 aoilt 1781, mort à
Paris en 1863, père de trois enfants : un fils, Victor,
inspecteur général de l'agriculture, et deux filles.
27. Paris, mars 1609. — Lettres de naturalité accor-
dées à Pierre Bouzonnet. natif de Valgrisanches, en la
vallée d'Aoste, au pays de Savoie, établi à Dijon depuis
dix ans avec sa famille et y faisant le commerce de
mercerie. — E. 16 décembre 1609. D. 75, f'^ 80 v",
n" 18.
LOUIS XIII
1610-1643
28. Paris, juillet 1610. — Lettres de naturalité accor-
dées à Claude Orcet, natif de Megève en Faucigny,
duché de Savoie, établi à Guiseaux (1) au duché de
(1) Cuiseaux, chef-lieu de cduloii, arrondissement de Loulians.
Bourgogne. — E. 7 juillet 1011, à la charge d'aumùiier
la somme de treize livres. B. 35, f" 94.
29. Paris, novembre 1614.. — Lettres de naluralité
accordées à François Servant, natif de Megève en Sa-
voie, et établi à Montbard (1) en Bourgogne. — K. 30
mars 1615. B. 36, f« 227. V. n° 23.
30. Paris, août 1616. — Lettres de naturalité accor-
dées à Antoine et Claude Violet, natifs du Faucigny,
duché de Savoie, fixés à Vitteaux (2), où ils exercent le
commerce de mercerie, à l'exemple de leur père, feu
GuillaumeViolet. — E. 19 décembre 1616. B. 37, f'>13.
Les descendants d'Antoine et de Claude Violet s'en-
i-ichirent dans le négoce, et l'un d'eux, André, fut con-
.seiller du roi, gouverneur de la chancellerie aux
contrats du duché de Bourgogne, et président au pré-
sidial de Dijon.
1" André Violet (3) laissa : 1° André, avocat, docteur
en droit, gouverneur de la chancellerie le 17 mars 1 739,
ué à Vitteaux le 14 mars 1099; 2» Anne, mariée à
Nicolas-Pierre Genreau , avocat général au parlement
de Bourgogne; 3' Jean-Hugues, qui suit :
2" Jean-Hugues Violet, sieur de la Fayeetdc Myard-
le.s-Vitteaux, né le 20 août 1702, fut avocat au par-
lement, lieutenant aux bailliage et siège, présidial de
Dijon le 5 juillet 1737, et conseiller au parlement de
Bourgogne le 2 décembre 1771. 11 inourul à Dijon en
septembre 1787, en laissant un hls, Claude-François,
qui suit.
(1) Montbard, chef-lieu de caulon, arrondisseinent de Semur-
en-Auxois.
(2) ViUeaiix, chef-lieu de canton, arrondissement de Seniui-en-
Auxois.
(3) André Violet avait épous6 Anne Vaulhier.
li
218
3" Claude -François Violet, seigneur de la Paye,
Myard, Vesvre et Maicellois. s'unit à Marguerite de
Bien et en eut : 1° Louis-Antoine, dont rarlicle suit;
âo Marie-Anne, née à Yitteaux le 7 mai 176G, morte à
Dijon le 5 mai iSM veuve de Louis-Charles-Ednie-
Franrois-Gabriel-Alphonse Damoiseau de Provency,
chevalier de Saint-Louis.
4° Louis-Antoine Violet de la Paye, né à Vilteaux le
12 mars 1779, mort à Rogny le 28 décembre 1844,
chevalier de Saint-Louis et époux de Pierrette-Cécile
de Brachel, ancienne chanoinesse, comtesse de Neu-
ville. M. Violet de !a Paye eut : 1^ Anloinetle-Armande,
mariée à Charles-Marie, baron d'Anstrude; 2-^ Marie-
Christine-Jeanne-Césarine, décédée à Rogny le 10 juin
1521, à 18 ans; S» Frédéric, époux de Louise d'Avout,
dont il n'a pas eu d'enfants.
Armes : d'azur à la croix denchée d'or . cantonnée
de quatre quintefeiiilles de même.
31. Paris, mars 1617— Lettres de naluralité accor-
dées à Pierre Louis, natif de Séez en Savoie , fixé en
France depuis vingt-deux ans environ. — E. 10 mai
1625, à la charge d'aiimôner la somme de quatre livres
aux quatre archidiacres de la ville de Dijon. B. 39,
f" 232.
Un de ses descendants, Jean-Baptiste-Charlemagne
Louis, né à Evry (Aube), marié en 1811 à Marie-Adèle
Bazile, issue elle-même d'une famille savoisienne, a
été adjoint ou maire de Châtdlon-sur-Seine et longtemps
député de la Côte-d'Or (i).
(1) En 1830, mon bisaïeul, lu président Albrier, connaissant
l'origine savoyarde des Louis et des Bazile, voulut malgré son âge
avancé se l'cndre à Semur-en-Au\ois et voter ostensiblement en
-210
32. Paris, mai 1618. — Lettres de iialuialilé accor-
dées à Jean Mabon, dit Maby, marchand mercier à
Avallon, natif de la paroisse de Megèvc en Faucigny,
duché de Savoie, fixé depuis longtemps en Hourgogne.
— E. 2 août i6i8. B. 37, f" 227.
33. Soissons, octobre 1618. — Lelh'es de nalui-alité
accordées à Guichard et Amy Chevrets ou Cheviolz,
frères, natifs du village d'Oudier (1), paroisse de Me-
gève, mandement de Sallanches en Faucigny, pays de
Savoie, marchands merciers à Saulieu (2). — E. 21
juin 1622. B. 38, fo 2i5.
3i. Paris, décembie 1618. — Lettres de naturalité
accordées à François Faiselle, marchand à Tournus,
natif de Champagny (3) en Tarentaise, duché de Sa-
voie. — E. 21 novembre 1619. B. 37, fo 375.
35. Paris, mais 1623. — Lettres de naturalité accor-
dées à Pierre Yerdan, prêtre étudiant en théologie à
Lyon, natif de Sales (i) près Uumilly, lils de Uollet
Verdan, marchand dudit lieu. — E. 12 mars 1632.
B. 42, fo81.
36. Paris, 7 mars 1623. — Lettres de naturalité
accordées à Mauiice David, marchand, demeurant en
la ville d'Auxonne (5), natif des Echines, paroisse du
faveur de son compalrinte savoisicn. Les journaux de l'épociuc
signalèrent avec l'iiipresseinent l<i conduilo de ce vieillard, mais
se trompèrent sur le mobile qui l'avait l'ait agir.
(1) Oudier, commune du Demi-Ouartier-de-Megéve, canton de
Sallanches.
{2\ Saulieu, chet-lieii de can'un, arrondissement do Seniur-en-
Auxois.
(3) Champagny, canlun de liozel, airundis-semcnt de Moùtiers.
(4) Sales, canton de Uumilly, arrondissement d'Annecy.
(5) Auxonne, chef-lieu de canton, arrondissement de Dijon.
220
Bourg-Sainl-Maurice (1) en Tarenlaisc , province de
Savoie, fixé en France, marié au diiclié de Bourgogne
et père ds deux enfants, nés, mariés et établis au
royaume de France. — E. 20 mars 1623. B. 39, f» 13.
Aux lettres précitées est joint un certilicat du 11
juillet 1570, attestant que Maurice David, alors âgé de
25 ans environ, est frère d'Ame David, âgé de 26 ans,
fixé dans la paroisse de Bourg-Saint-Maurice, et fils de
Jean-Maurice David, dudit lieu, ayant tous trois bonne
réputation et ifayanl jamais été poursuivis en justice.
D'Ame David , des Echines , descend Anne-Marie
David, mariée vers 1740 à Symphorien Testu, des
Chapelles-Saint-Maurice en Tarentaise, et mère de :
1" Jacquette, née aux Chapelles en 1742, morte à
Arnay-le-Duc (Côte-d'Or) le 2 février 1807, veuve de
Symphorien AllDrier, juge au tribunal du district de
cette ville; 2» Elisabeth, femme de Balthasar Richard,
des Chapelles; 3" Maurice, né aux Chapelles en 1750,
mort à Arnay-le-Duc le 20 mars 1829, marié à Didière
Leblanc, d'où un fils, Maurice, et deux filles, Jacque-
line-Françoise, mariée à Germain Menassier, receveur
des contributions indirectes, et Christine-Dominique,
femme en 1838 d'Henri-Philibert Moingeon (2).
37. Paris, décembre 1624. — Lettres de naturalité
accordées à Henri de Salève, natif de Chambéry en
(1) Bourg-Saint-Maurice, chef-lieu de canton, arnindissement de
Moûtiers.
(2) Les familles Testu et David étaient alliées de très près à la
maison Uzannaz, des Chapelles, dont un membre, Jules-Antoine
Uzannaz, plus connu sous le nom d'Uzanne, uaturalisé en 1835,
u été président du tribunal de commerce d'Auxerre en 1852, préfet
fie l'Yonne et membre du conseil général de ce déparlement de
1848 à 1852, etc.
221
SavoKî et fixé en Bourgogne. — E. 17 juin 1Gi5. 13. 39,
fo 253.
38. Sainl-Gcrrnain-en-Lave. oclolire l(r26. — Lellios
(le naturalilé accordées à Pierre-Louis do .loux, écuyer,
seigneur de Coll.on, gentilhomme ojuinaire de la cliam-
bre, sergent-major des ville et citadelle de Cliâlons-
sur-Saône, et Aimé de Joux, son tils, natifs des vallées
de Seiseries en Savoie. — E. 2 mai 1635. sur lettres
de surannation. B. i2, f'' 238.
Une famille de Joux, citée par Gourdon de Genouillac,
portait d'or frellé de sable. Est-ce la même:'
39. St-Germain-en-Laye, décemijre 1630. — Lettres
de naturalilé accordées à Jacques Boucher, marchand
mercier, tils de père et mère français retirés à Cham-
béry, fixé lui-même à Dijon depuis vingt ans environ.
— È. H février 1631. B. 42, f« 42.
40. St-Germain-en-Laye, février 1033. — Lettres
de naturalilé accordées à François Charles, natif des
village et paroisse de Chamonix en Faucigny, duché de
Savoie, demeurant en la ville de Semur-en-.Auxois,
établi en France depuis quelques années. — E. 22 avril
1033. B. 42, f" 155.
Cette famille est représentée aujourd'hui par M. Char-
les , ancien notaire à Saulieu et membre du conseil
d'arrondissement de Semur-en-Auxois. Un membre de
celle maison, Jean Charles, juge à Saulieu, épousa
Anne Marotte: sa lille, Jeanne, morte le 15 février 1810,
s'unit en septembre 1749 à Sébaslien-Joseph Espiard,
chevalier, seigneur de Meixpinot, ancien gendarme de
la garde du roi, lils de Philibert Espiard, chevalier,
seigneur de Mftcon, Meixpinot, chevalier de St-Louis,
capitaine au régimenl de Roanne, et de Madeleine de
Dreux-Brézé, et en eut seize enfants, qui formèrent
les branches de Meixpinot, de Montpreseuil, de Co-
îonge et de Mozile (1).
41. St-Germain-en-Laye, novembre 1633. — Lettres
de naturalité accordées à Antoine Moral, marchand
mercier, natif de Savoie, établi à Dijon depuis un an
et demi et marié audit lieu. — E. 10 janvier 163i.
B. 42, fM87.
42. St-Germain-en-Laye, décembre 1634. — Lettres
de naturalité accordées à Pierre du Pasquier (s/c), fils
de noble Pierre du Pasquier [sic], savoyard, de Gham-
béry, secrétaire de l'église de St~Pierre, diocèse de
Vienne, et docteur en théologie. — B. 44, f°*273.
Un membre de cette famille, religieux franciscain,
a laissé plusieurs ouvrages de théologie.
43. St-Germain-en-Laye, avril 1635. — Lettres de
naturalité accordées à Guillaume Mathieu , natif de la
vallée de Seiseries en Savoie, fixé à Ghâlons-sur-Saône,
et possédant la valeur de 150 livres. — E. 2 mai 1635.
B. 42, fo "239.
Le 25 décembre 1816 des lettres de naturalité furent
délivrées à André Mathieu, sous-lieutenant d'mfanterie
en non activité, né à RumUly en Savoie en 1788.
Appartenait-il à la même famille? nous l'ignorons.
(1) Une nièce de M"-" Espiardde Meixpinot, Marie-Ttiérèse Char-
les, s'unit le 8 août 1813 à Dominique Dubled, d'une ancienne
famille de bourgeoisie de Saulieu.
223
LOUIS XIV
1643-1715
ii. Paris, mars 1645. — Lellresdo iiaturalilô accoi-
dées à Pieiie Callod ou Calloud, nalif de Monlfalcon (I)
près Cliainbéry, à présent curé de Farges, ressort du
parlement de Dijon. — E. 5 avril 1645, à la charge de
donner la somme de trois livres aux pauvres de l'iiô-
pital do Dijon. B. 44, f» 302.
45. Paris , janvier 1646, — Lettres de naturalité
accordées à Pierre Amprin, nalif de la Val-d'Isère,
pays de Tarenlaise en Savoie, étalili depuis trois ans
à Bourg-en-Bresse, marié audit lieu et faisant tralic de
marchandise. — E. le 8 mai 1646, à la charge d'au-
mùner la somme de six livres tant aux couvents des
pères Jacobins, Carmes et Cordeliers, qu'aux pauvres
de l'hôpital. B. 44, [<> 330.
46. Fontainebleau, août 1646. — Lettres de naturalité
accordées à Catherin Trepier , docteur en théologie ,
doyen d'Auhonne, curé de la ville de Gex, natif de
St-Jean-de-Maurienne en Savoie, fixé en Bourgogne
depuis plus de vingt ans. — E. 3 décembre 1646,
B. 44, f " 403,
La famille Trepier est encore représentée à Cham-
béry par M. l'abbé Trepier, membre de plusieurs so-
ciétés savantes, auteur de divers travaux histori(iues.
i7. Fontainebleau, septembre 1646, — Lettres de
naturalité accordées à Franf'ois Blanc, natif de la Ta-
renlaise en Savoie , établi à Seurrc depuis quelque
1) Moiitlnliou, hameau de la commune «le la Uioll<v
224
temps. — E. 21 janvier 1647, à la charge d'aumôner
la somme de quatre livres. B. 44, f" 421.
En 1816 des lettres de naturalité furent accordées
à Jean-Franrois Blanc, capitaine d'infanterie en demi-
solde, officier de la Légion d'honneur, né en 1783 à
Serraval près Thônes. Nous ignorons si quelques liens
de parenté existaient entre ces deux enfants de la
Savoie. Constatons cependant que ce nom de Blanc est
très connu en Savoie.
48. Paris, juin 1648. — Lettres de naturalité accor-
dées à Louis Vallier, prêtre, natif de Sallanches (1) en
Faucigny, duché de Savoie, établi depuis quelques
années au pays de Bresse, duché de Bourgogne, curé
de Saint-Martin-d\\nglefort (2). — E. 6 février 1649.
B. 46, f"31.
49. Paris, mai 1654. — Lettres de naturalité accor-
dées à Barthélemi Chambert, natif de Beaufort en Sa-
voie (3), marchand, demeurant à Chàtdlon-sur- Seine,
établi en France depuis plusieurs années et marié à
Chàtillon. — E. 9 décembre 1654, à la charge de donner
la somme de six livres aux pauvres de l'hôpital et aux
couvents des pères Jacobins , Cordeliers et Carmes de
Dijon. B. 48, P 26.
50. Paris, octobre 1660. — Lettres de naturalité
accordées à Jacques Delean (4), prêtre, natif du vHlage
de la Balme-de-Thuy (5) en Savoie , établi en France
(1) Sallanches, chef-lieu de canton, arrondissement de Bonne-
ville.
(2) Anglefort, canton de Seyssel, arrondissement de Belley.
(3) Beaufor t, chef-lieu de canton, arrondissement d'Albertville.
(4) Dans l'original le nom est écrit de Léan.
(5) La Balme-de-Thuy , canton de Thônes , airoudisseinent
d'Annecy.
225
depuis un an ciiviion. (iidoiiiié pnMre el pourvu de la
cure d'Ocliiaz (l) en Micliaille, pays de Bugey, cure
d'un revenu de cinijuaiile livres environ, à la nomina-
tion des religieux de Nantua. — K. 4 mai 1002, à la
charge de donner la somme de douze livres aux cou-
vents des pères Cordeliers, Carmes et Jacobins et à
l'hôpital du Saint-Esprit, à Dijon. B. 49, [•> 406.
ôl. Fontainebleau, seplemlire lOGl. — Lettres de
naturalité accordées à Théodule Boudin, marchand
mercier, natif de l.i paroisse de Beaufort(2) en Savoie,
lils (le Théodule Boudin et de Jeanne Vallel, établi
depuis quelques années à Italente (3) et marié audit
lieu. — E. 7 juillet 1002, à la charge d'aumoner la
somme de six livres aux couvents des pères Cordeliers,
Carmes et Jacobins et aux pauvres de l'hôpital de Di-
jon. B. 49, fo1l2.
Théodule Boudin eu(, entre autres, un lils (jui s'éta-
blit comme marchand à Avallon et fut l'aïeul de Fran-
çois Boudin, né le 20 avril 1720, et conseiller du roi,
président au grenier à sel de cette ville d'Avallon. La
descendance de ce dernier se divisa en deux branches.
A l'une d'elles appartenait François-Louis Boudin de
Hoville. né à Avallon le 21 septembre 1778, baron sous
la Kfslauration, grand-oflicier de la Légion d'honneui-,
ciievalier des ordres de St-Louis et de la Couronne de
fer, général de brigade, commandant du département
de l'Yonne, etc. (4). A l'autre branche se rattachait
(1) Ochiaz, canton de ChàlilIoii-de-Michaillo.
(2) Bcaufnrl, ciief-lieu di- caiilun, arrondisseiiienl il'AlberlvilIo.
(3) Italente, canton d'Aignay-le-Huc, arn^nilissenient ilo Cliàtillon-
sur-Seine.
(4) Nous n'avons pu savoir quul ôlait le hiason du génC'nl baron
Boudin de Roville.
226
Lazare-Nicolas Boudin de Vesvres, chevalier de l'em-
pire, inspecteur général des postes et relais, membre
du collège électoral de l'Yonne, président du canton
d'Avallon, et père de Jean-Baptiste Boudin de Vesvres,
chevalier de la Légion d'honneur, avocat, chef de
bataillon de la garde nationale de Paris en 1848 (1).
52. Paris, janvier 1663. — Lettres de naturalité
accordées à Jacques Bourgeret, natif de Bozel (2) en
Savoie, établi en Bourgogne depuis quelque temps et
fixé à Cuiseaux. — E. 5 mars 1663, à la charge d'au-
môner la somme de huit livres aux pères Cordeliers,
Carmes et Jacobins et aux pauvres de l'hôpital de la
ville de Dijon. B. 4-9, ^ 133.
53. St-Germain-en-Laye, janvier 1667. — Lettres de
naturalité accordées à Jean-Jacques de Marest, comte
de Sl-Agneux, baron de Rocheforl, seigneur de St-Paul,
Châteaux-Bouchard, etc., natif de la paroisse de Saint-
Paul (o) en Savoie, établi depuis dix ans à Rocheforl (4)
près Belley en Bugey. — E (5), à la charge d'au-
môner la somme de trente-six livres aux couvents des
pères Cordeliers, Carmes et Jacobins et aux pauvres
de l'hôpital. B. 49, f° 258.
(1) Boudin de Vesvres reçut, avec le titre de chevalier de l'em-
pire, les armoiries suivantes : de gueules au guerrier à cheval
galopant,, contourné et perçant d'une lance un dragon, le tout
d'argent soutenu d'une terrasse de même; Champagne d'azur du
tiers de Vécu, chargée d'une étoile à douze rais d'or.
(2) Bozel, ciief-lieu de canton, arrondissement de Moùtiers.
(3) Saint-Paul-sur-Yenne, canton d'Yenne, arrondissement de
Chambéry.
(4) Eochefort, commune de Gressin, canton de Bolley.
(5) La date est en blanc dans l'original.
227
54. Saiiit-Geinuiiii-on-LayL'. oclohrc 1009.— Lellie>
(le naluralilé accordées à Jeau-Bapli.stc Ci)ambiT, nalif
de Gliampagny ^^i Savoie, marchand mercier à Lou-
haiis, établi audil lieu où il s'est marié. — E.l'^'"déccmbre
1070, à la charge d'aumôner la .somme de six livres
aux pauvres de l'hûpilal et aux couvents des pères
Gordeliors. Carmes et Jacobins de Dijon. B. 51, 1" 100.
55. Salnl-Germain-cu-LayO; février 1070. — Lettres
patentes portant permission à .\lexanure Girard de
Scaglia, comte de Vei'rue, marquis de Galuzc et d'Or-
ges, gentilhomme de la chambre et premier l'cnver du
duc de Savoie, et à ses descendants en ligne diiecte,
de po.^séderen toute propriété les teiTes et biens qu'ils
ont acquis en France et qu'ils pounont acquérir. —
E (1). B. 51, f» 107.
La famille de Scaglia portait d'azur à la croix fleinc
(Ir sahle, cantonnée de quatre losanges de uiêmc. Un
mcmlne de cette maison. Auguste de Scaglia de Verrue,
abbé de Suze et natif de Piémont, fut aussi naturalisé
français en mai 1071 ('2i.
50. Sl-Germain-en-Laye, mars 1070. — Lettres de
naluralité accordées à Jean Bonnol, natif de Fauci-
gny (3) en Savoie, marchand mercier à Tourims, lixé
audit lieu depuis plusieurs années. — E. 18 juin 1070.
à la charge d'aumônei-Ia somme de six livres aux cou-
vents des pères Gordeliers, Carmes et Jacobins et aux
pauvres de l'hôpital de Dijon. B. 51, f° 100.
(1) La date do l'cnregislrenicnt est restée en blanc dans l'uii^^ioal.
(3) Les lettres patentes accordées à Aug. de Scaglia .siwit datées
de Dunkenjue. (Archives de la Côte-d'Or. B. 51, 1" 178. }
(3) Faueifinv, canton et airondisscment de Uonm-ville.
528
57. Saint-Germain-eii-Laye, mai 1670. — Lettres de
naluralité accordées à Charles Lomel, prêtre, curé de
Lavours (1) en Bugey, natif de la Val-d'Isère en Savoie,
établi en France depuis quelques années. — E. 24 juillet
1670, à la charge d'aumôner la somme de six livres
aux couvents des pères Cordeliers, Carmes et Jacobins
et aux pauvres de l'hôpital de Dijon. B. 51. f" 164.
58. Versailles, 1^' septembre 1671. — Lettres de
naturalité accordées à Félix Baudry, chirurgien, natif
de Grésy-sur-Isère (2) en Savoie, et établi à Villaine-
en-Duesnois (3), province de Bourgogne, depuis plu-
sieurs années. — E. 28 mars 1672, à la charge d'au-
môner aux couvents des pères Cordeliers, Carmes et
Jacobins, ainsi qu'aux pauvres de l'hôpital de Dijon,
la somme de six livres. B. 51, f'^ 196.
Les Baudry de Marigny descendent-ils du chirurgien
savoisien? Nous ne pouvons l'affirmer. Tout ce que
nous pouvons certifier, c'est que les archives de la
Cùte-d'Or ne signalent la présence en Bourgogne des
seigneurs de Marigny qu'après l'année 1671, date des
lettres patentes données à Félix Baudry. Ainsi Jean
Baudry fut nommé châtelain de Villaine-en-Duesnois
en 1694 (4), puis conseUler secrétaire du roi le 11 dé-
cembre 1706 (5); son tils, André, capitaine des charrois
de l'artillerie et seigneur de Villaineelde Coulmier(6),
(1) Lavours, canton et arrondissement de Belley.
(2) Grésy-sur-Isère, chef-lieu de canton, arrondissement d'Albert-
ville.
(3) Yillaiiic-eii-Duesnois, commune du canton de Baigneux-les-
Juifs, arrondissement de Chàlillon-sur-Seine.
(4) B. 55, f 429.
(5) Il fut, l'n outre, maire de Villaine-en-Duesnois. B. 10902.
(6) D. 10902.
229-
épousa Hernarcle Gaveau el en eut Anilré Bautiiy, ca-
pitaine (rartillerie, grand-maître des eaux et forêts,
qui de Catherine Lorencliet laissa Jean, conseiller au
parlement de Paris, grand-maîlre des eaux et forêts en
1768 [l). Ce Jean Baudryde Villaine fut lui-même père
de M""^* d'Aligre et de Villevaudrey et d'AndiVi-Jean-
Bapiisie Baudry de Marignj , seigneur de Villaine ,
Coulmier, Vauginois, Arcy, etc., conseiller-maître en
la chambre des comptes de Paris (i2). Encore une fois
nous n'aflii-mons rien; nous constatons des faits pure-
ment et simplement.
59. Versailles, novembre 107:2. — Lettres de natu-
ralité accordées à Claude Merigaudet, prêtre, fils de
Claude Merigaudet et de Pétronille Romanez, nnlif
d'Ayse (3) en Savoie. — E (i). B. .')! . 1" -lio.
60. St-Germain-en-Laye, mai 1679. — Lettres de
naturalilé accordées à Jean-Francois Alerme, natif de
Bellecombe (5) en Tarentaise, pays de Savoie, l'ésidant
à Louhans depuis plus de douze ans et marié audil
lieu. — E. 7 juillet 1679, à la charge d'aumùner la
somme de six livres aux couvents des pères Cordellers
et Jacobins et aux pauvres de l'hôpital de Dijon. B. 53,
f"49.
61. St-Germain-en-Laye, mars 1681. — Lettres de
naturalité accordées à Jean-Baptiste Febvre, natif de
(1) B. 10995 L'I B. 11060.
(2) B. 11081. Les Baudry de Villaine et de Marigny (jui ii'oiil
pas été reçus aux états de Bourgogne portaient d'or à trois mains
senestrées de fjucules.
(3) .\ysf, canton el arrondis.semeiit de Bonneville.
(4) La date est en blanc dans l'original.
(fi) Bellecombe, canton d'Ugine, arrondissement d'Albertville.
230
Bcaufort en Savoie, cavalier de la compagnie des gardes
du duc d'Enghien, gouverneur de Bourgogne et Bresse,
attaché depuis longtemps au service du loi. ayant fait
plusieurs campagnes, assisté à divers sièges, pris part
à la batadle de Senef, et affronte les dangers les plus
périlleux (1). — E. 26 mars 1681, à la charge d'au-
môner la somme de six livres aux couvents des pères
Cordeliers, Carmes et Jacol)ins et aux pauvres de l'hô-
pital de la ville de Dijon. B'. 53, f° 223.
62. Marly, mars 1691 . — Lettres de naturalité accor-
dées à François Balraa, natif de Champagny, diocèse
de Tarenlaise en Savoie, marchand à Poniaillier-sur-
Saône (2) en Bourgogne. — E. 16 juin 1692, sur lettres
de surannation du 22 mai précédent.
63. Versailles, janvier 1697. — Lettres de naturalité
accordées à Maurice Mousselard et Pierrette Recordon,
sa femme, Maurisc Mousselard, leur i\lle; Claude Re-
cordon et Françoise Arnod , sa femme, Jeanne-Marie,
Jean-Gaspard, Jeanne et autre Jeanne, et Jean Recor-
don, leurs enfants; lesdits sieurs Mousselard et Recor-
don, marchands, natifs de Villaroger (3) en Tarentaise,
pays de Savoie, établis en Bourgogne depuis quelque
temps et tixés à Châlons-sur-Saône. — E. 25 février
1698. B. 57, fo 75.
64. Versadles, janvier 1700. — Lettres de naturalité
accordées à André Dunand , natif de Couverclas, pa-
d) J.-B. Fehvre résidait depuis un certain temps à Dijon.
(2) Poutaillier-sur-Saùne, chef-lieu de canton, arrondissement de
Dijon.
(3) Villaroger, canton de Bourg-Saint-Maurice, arrondissement de
Morttiers.
^281
loisse (les Cliaviellcs (h en TareiUyiso, fixé à Aliso-
Ste-Reiiie (2), et marie audit lieu, on 1G99, à Eliemielte
Garnier. — E. lu juin 1700. B. 57, f" 149.
A celte famille, très nombreuse en Savoie, se ratta-
chent : Catherine^ fille de Jacques Dunand et épouse
d'Anselme Alhriel, des Chapelles, mort en 1 799, et inrre
d'une lille et trois lils; Jean-Maurice, marié à If-^Albriet,
cousine-germaine du président du tiibunal d'Albert-
ville, de ce nom; Maurice, époux de Nicolle Billiet.
sœui' du cardinal-archevôque de Chambéry, etc. Rap-
pelons ici que des lettres de naturahté ont été accor-
dées en 1817 à Etienne Dunand. lieulenaiil d'infanterie,
chevalier de la Légion d'honneur, né en 1783, à Ber-
nex (3) : en 1834, à Jean Dunand. direcleur de l'école
normale de Chartres (4), né en 1808, à Nancy-snr-
Cluses (5), et en 1835, à Maurice Dunand, élève en
pharmacie, né en 1800, à Fessons-sur-Salins (6).
05. Versailles, septembre 1708. -— Lettres de natu-
rahté accordées à Joseph Berlier, marchand à Ciiàlons-
sur-Saône, natif de Bai'celonnette (7), appai'tenant au
(1) Les Cliapellos-Saint-Maurice, canton de Bourg-Saint-.Mnurice,
arrondissement de Moiitiers.
(2) Alise-Sainte-Reinc, canton de Flavigny, airundissement de
Seniur-en-Auxois.
\3} Bernex, canton d'Abondance, arrondisseiDenl de Thonon.
('!) M. Dunand a regu depuis les palmes d'ollicier d'académie.
(5) Nancy-sur-CIuses, canton do Cluses, arrondissement île Con-
neville.
(6) Fessons-sur-Salins , canton de Bo/el. arrondissement de
Moiltiers.
(7) Barcelonnette, cliof-lieu d'arrondissement du déparlement des
Basses-Alpes.
232
duc de Savoie, établi en France depuis dix ans et mai'ié
audit Châlons. — E (1). B. 59, P 176.
Le 17 avrU 182"2, des lettres de naturalité ont été
aussi accordées à Pierre Berlier, médecin oculiste à
Lyon, né à Serrières (:2) en 1775.
De Joseph Berlier descend Jean- Baptiste Berlier,
colonel du 36^ de ligne, général de brigade, officier de
la Légion d'honneur, baron de l'empire en 1808, pair
de France aux Cent-Jours, et père du colonel baron
Berliei'. Armes : écartelé aux 1 et 4 d'argent à trois
lionceaux de sable posés deux et un; au 2 de baron mi-
litaire; au S de gueules à la lance ancienne en pal
d'argent.
Une autre branche de cette famille se lixa d'abord
dans le Forez, puis vint s'établir à Dijon en la personne
de Mathieu Berlier, marchand quincaillier, rue Condé.
Le fds de ce dernier, Guillaume, né à Dijon le 3 no-
vembre 1699, fut reçu avocat au parlement, reprit en-
suite le fonds de commerce de son père, et laissa, de
Marie-Benoîte Didier, trois fds : l'un, Théophile, garde-
marteau en la maîtrise des eaux et forêts de Châtillon-
sur-Seine, mourut sur l'échafaud révolutionnaire ; un
autre, Antoine, fut notaire à Dijon, et enfin le troisième,
Adrien, né le 21 juin 1 731, fut reçu avocat, et, comme
son père, embrassa la carrière commerciale. Adrien
Berlier, qui s'était uni à Jeanne Baudot, d'Is-sur-Tille,
fut le père du célèbre conseiller d'Etat, qui fut l'un des
principaux rédacteurs du Code Napoléon et qui reçut
de l'empereur le titre de comte avec les armoiries sui-
vantes : Parti au /er de sable au bélier d'argent; au 2
(1) La date de l'enregistrement est en blanc dans l'original.
(2) Serrières, canton de Ruflieux, arrondissement de Chambéry.
533
d'argent à un mal de pampre de sinople; franc tjuarlicr
de comte comciller d'Etat (\).
Né à Dijon, le l<"- février 1761, et mort au même lieu
le 12 septembre 18 i4-, le comle Théophile Berlier épousa
Marie-Franroise-Blanche Marlot. raorlo le 25 décembre
170'.), puis Marguerite-Eugénie, fille (rEdme-Antoiiie
Viliiers, chevalier de Lonjeau, député au corps législatif,
et en eut entre autres une tille. Aimée, mariée en 18-25
au docteur Eugène Masson (-2). et un lils, le comte Gus-
tave Berlier, veuf en 1840 de Nlcnle-Francoise-Eugénie
Bienot. lille du colonel d'état-major de ce nom, et père
(le deux enfants : Eugène-Théophile, né en 1838, et
Aimé-Théodore-Georges, né en 1840.
66. Versailles, 21 mars 1714. — Lettres de iialura-
lité accordées à Jean-Pierre Fournier, marchand de
mercerie à Seurre, natif d'Albiez i3), an duché de
Savoie, fixé d'abord en Franche-Comté, puis en Bour-
gogne, marié audit lieu, où il est établi depuis dix-huit
ans. — E. 8 mai 1714. B. 60, f^ 234.
rouis XY
1715-1775
67. Paris, 25 mars 1717. — Lettres de naturalité
accordées à Maurice Chesnal , natif de la paroisse de
U; Une rue de Dijon porte le nom de .M. Berlier.
(2j Le docteur .Masson, qui a trois fils, est lui-niùuie cousin-ger-
main de .M. le conseiller Foisset, bien connu du monde lilt'iraire
et religieux; sa nièce, décodée en 1863, avait épous- André de
Roye, propriétaiie à Heaune, et oncle de l'anleurde c<' travail.
(3) Albiez, canton et arrondissement de St-.rean-de-Maurienne.
15
i^34
Ste-Foy (l) en Tarenlaise, diocèse de Sainl-Pierre-le-
MoûUei's, en Savoie, marchand ambulant on Bourgogne
depuis vingt ans, établi en ladite province depuis cinq
ans, avec sa femme Marie-Angrlique Marmoiant et ses
enfants : Joseph, âgé de 17 ans, Gaspard, âgé de 1(5 ans,
et Jeanne, nés tous trois à Sie-Foy, en Savoie, et fixés
à Avallon. — E. 5 juin 1717. B. 60, f^Ml .
Une personne de cette famille, Claudine Chcsnal,
épousa Maurice Bazile, de Ste-Foy, marchand en Bour-
gogne, et en eut entre autres une fille, Marie, qui s'unit,
en 1732, à Jean-Nicolas Girardin, écuyer, seigneur de
Golan et de Trèsfontaines, conseiller-secrétaire du roi,
fils de Jean Girardin, seigneur de Golan et de Trèsfon-
taines, receveur général de S. A. R. le duc d'Orléans, et
de Marthe-Judith Barrault. De ce mariage vinrent :
1° Claudine, née en 1740, morte en 1827, mariée en
1762 à Joseph-Gabriel Bazile du Clos (2); 2° Jean-Bap-
tiste, seigneur de Golan; 3" Maurice Bazile, seigneur de
Golan, chevaliei- de St-Louis, adjoint au maire de Ton-
neri'o, mort en 1826, après avoir été marié deux fois;
4° Edme, seigneur de Trèsfontaines, Argentenay, etc.,
né en 1744, moit en 1828. chevalier de St-Louis et
lieutenant-colonel, marié en 1775 à Catherine-Suzanne
Cachet, et père de : 1° François Girardin de Trèsfon-
taines, décédé en 1826, époux d'Aimée-Zélie Lebœuf-
Beauvais, d'où une fille, femme de M. Gislain, receveur
principal à Sens; 2" Jeanne Girardin d' Argentenay, née
en 1781, morte en 1828, mariée en 1790 à Jacques-
Philibert Bruzard, receveur particulier des finances, et
(1) Ste-Foy, canton de Boiirg-Saint-Maurice, arrondissement de
Moùliers.
(2) C. sur ce Bazile du Clos le n° 72.
235
mt'redpM'"«^Rauclof, Giiiod el Pocliin, cl do M. Arlliur
Briizard.
G8. Paris, 9 juillet 1718. — Lellios de déclaialiou de
naturalité accordées à Henri Alliod, natif de Bellecombe.
en Savoie, fixé en Bourgogne depuis plusieurs années,
— E.6aoùl 1718. B.Gl, f>' 58.
Un M. Jules Alliod, avocat, a publié à Lyon, en 1860,
un Essai historique sur les législations anciennes du
Lyonnais. Est-ce un descendant d'Henri Alliod?
69. Paris, juin 1719. — Lettres de naturalité accor-
dées à Michel Relier, (ils de Michel Relier et d'Antoi-
nette Roy, natif des Avanchers (1), eu Tarentaise, lixé
depuis trente ans en France, et établi à Louhans, où il
fait négoce et commerce de marchandises. — E. 2U fé-
vrier 17-20. B. 61, fo53.
70. Paris, avril 1720.— Leilresde naturalité accor-
dées à Maxime Arnollet, marchand à Auberivc (-2). natif
de Granier (3), en Tarentaise. — E. 26 juin 17-20, à la
charge d'aumûner la somme de dix livres à rhôpital
de Dijon et pareille somme à l'aumùne générale. B.
61, fo20'2. V. n» 8-2.
71. Paris, 8 avril 17-20. — Lettres de déclaration de
naturalité accordées à Laurent et à Pierre Salomon,
fn^-res. natifs de Chambéry, fils de Félix Salomon et
d'Antoinette Veinier, iixés en Bourgogne. — E. 13 août
17-20. à la charge d'aumôner à liiOpilal général et à
raumùne générale de Dijon la somme de vingt livres.
B. 61, l'^202.
(1) Les Avanchers, canton et ari'Ondissetnent de MotUiers.
{'i) Auberive, chef-lieu de canton, atTondis-semonl de Langres.
(3; r.ranief, fianlon d'Aimé, ai rondissenient de Muilliers.
236
Le nom de celte famille est assez répandu en Savoie ;.
le 24 janvier 1815, Pierre-Antoine Salomon, sergcnten
retraite à Chambéry, né à St-Jean-de-Maurienne et âgé
de GO ans. a été autorisé à établir son domicile en
France et à y jouir de tous les droits civils.
72. Paris, 28 novembre 1720. — Lettres de naluralité
accordées à Maurice Bazile. natif de Ste-Foy en Taren-
taise et fixé à Châtillon-sur-Seine. — E (1). B. 62,
fû 7. V. n»^ 85, 86, 87 et 98.
1" Jacques Bazile, de Ste-Foy, épousa : 1° Andrée
Empereur; 2" Jeanne-Françoise Barlet, et laissa :
1» Maurice, qui suit: 2° Pieire, né à Ste-Foy le 28
septembre 1700, naturalisé en octobre 1755 par lettres
enregistrées à Paris le 8 janvier 1756, conseiller du roi,
président au grenier à sel de Châtillon-sur-Seine le
15 octobre 1756; 3" Gabriel; 4° Jacques; 5° Bazde,
naturalisés tous trois le 7 mars 1743.
2» Maurice Bazile, né le 6 avril 1696, naturalisé le
28 novembre 1720, fut nommé greffier au grenier à sel
de Châtillon-sur-Seine le 26 mars 1740 et épousa
Anne Rose, de Tonnerre, dont il eut entre autres :
lo Vivant, qui suit: 2° Jacques, rapporté après son
frère.
3" Vivant Bazile, né le 28 août 1729, fut nommé con-
seiller du l'oi, grenetier au greniei' à sel de Châtillon-
sur-Seine le 15 novembre 1749, et mourut le 5 juillet
1759; il avait épousé le 10 novembre 1755 Charlotte
Bovary, décédée à Tonnerre en 1807, d'où un fils,
Claude, qui suit.
i» Claude Bazde. commissaire des guerres, maire de
I,
a'
(1) Lu date est en l)lanc daus l'origiual.
237
la ville de Tonnerre, chevalier de la Légion d'honneur,
né en 175(5, mourut le 14 novembre 1841. Claude Ba-
zile, dont nous avons raconlé ailleurs la féconde carrière
administralive (1), s'unit à Charlolle Gauthier, de
Tonnerre, et en eut deux fds , dont Tun, Auguste-
Claude-Denis, chevalier de la Légion d'honneur et chef
de bataillon en retraite, est né le 20 janvier 1792.
3o Jacques Bazile, frère de Vivant Bazile, né le Hi dé-
(;embre 1 731 . fut conseillei- du roi, grenetier au grenier
àseldeChàtillon-sur-Seine en 1769, et mourut en cette
ville le 24 février 1804, en laissant entre autres de
Jeanne Grappin, qu'il avait épousée en 175i : l"Anne,
qui suit; 2» Claude-Maurice, né le 3 juillet 1765, mort
le 22 avril 1806 sans alliance.
4° Anne Bazile, née le 13 janvier 1762. morte à l'âge
de 99 ans, épousa en 1785 Nicolas Joly. avocat du roi
au badliage de Châtillon-sur-Seine, et en eut entre
autres Jeanne-Mélanie Joly, morte en 18G7, veuve du
docteur Bourrée, chevalier de la Légion d'honneur et
membre de plusieurs sociétés savantes, d'où trois
enfants :
1° Un autre membre de cette famille. Jean-Baptiste
Bazile, se fixa à Joigny et épousa Claudine Grassien,
de St-Florentin, décédée en 1807 et appartenant elle-
même à une maison originaire de Savoie. Jean-Baptiste
Bazile laissa : 1" Gabriel, qui suit; 2'' Joseph-Gabriel,
(|ui suivra.
2" Gabriel Bazile, maii-e perpétuel de la ville de
Joigny, épousa le 22 septembre 1706 Marie-Edmée
Delamarre, grand"tante de M. Busson-Billaut, ancien
(1) C. ReoH' savoisieniic, juin 1870.
238
député, et lille d'Edme Dolamaire. procureur du roi
en rélecliondeJoigny, dont il eut quatre enfants.
3° Joseph-Gabriel Bazile du Clos, né à Tonnerre, fut
conseiller du roi, élu et subdélégué de l'intendance de
Paris; i\ épousa Claudine, fdle de Jean-Nicolas Giiar-
din, écuyer, conseiller-secrétaire du roi, seigneur de
Golan et de Trèsfontaines, et de Marie Bazile (1), d'où
trois filles.
IVous n'entrerons pas dans de plus longs détails sur
ctlte famille, nous proposant d'en donner ici même
une généalogie aussi complète que possible. Nous
rappellerons seulement que Marie-Adèle Bazile, femme
de M. J.-B.-Ch. Louis, député de la Côte-d'Or, était
fille de M. Aimé Bazile, né à Ste-Foy en 1757. mort à
Châlillon en 1858, et d'Anne-Françoise Poussy; et que
des quinze enfants d'Aimé Bazde, né à Ste-Foy en 4764,
mort à Rouen en 4829, une, Marie-Thérèse, épousa
son cousin Maurice-Jacques Bazile, une autre, Hen-
riette, s'unit en 4819 à Nicolas Forgeot, et un troisième,
Prosper, est médecin à Paris.
73. Paris, janvier 4 722. — Lettres de naturalilé
accordées à Gaspard Méru, natif de Savoie, fils de Jean
Méru, marchand à Châtillon-sur-Cluses (2) en Faucigny,
et de Françoise Magnien ; ledit Gaspard Méru, alors
âgé de 48 ans, fixé en France depuis 27 ans, et marié
à Gémeaux (3) le 31 juillet 4744 à Catherine, fille de
Guillaume Lecuret, maître pâtissier audit lieu, et de
Denise Ciresse. — E. 7 décembre 4 744, sur lettres de
,1) C. sur Marie Bazile, dont la mère était née Chesnal, le n" 67.
(2) Chàlillon-sur-Cluses, canton de Cluses, arrondissement de
Bonneville.
(3) Gémeaux, canton d'Is-sur-Tillc, arrondissement de Dijon.
230
surannalioii du 17 novembre précédent. B. 65, 1^ G.
V. n- 83.
74. Versaillos, octobre 1722. — l>ettresde naturalité
accordées à Jacques^ Grasset, iiartif de la paroisse de
Rogeve, diocèse d'Annecy en Savoie, lixé en Bourgogne
depuis 30 ans environ. — E. 14 avril 1723. B. t)2,
1" 158.
.Jacques Grasset a-t-il laissé des descendants? nous
l'ignorons et nous n'avons pu savoir ce qu'il est devenu
lui-même (1).
75. Marly, 3 avril 1725. — Lettres de déclaration de
naturalité accordées à Marie de Marcenay. lille majeure
de l'eu Nicolas de Marcenay, capitaine d'infanterie,
originaire de Coulmier (2) en Bourgogne, et d'Anne de
la Roche, de Coise (3) près Chambéry en Savoie, née
et baptisée en ce dernier lieu, retirée à Cbàtillon-sur-
Seine auprès de ses parents après la mort de ses père
et mère, et ce depuis plus de sept ans. — E. 28 mars
1730. sur la requête de Marie de Marcenay, épouse du
sieur Gueniclion, écuyer, seigneur de Suzoncourt (sec),
chevalier de St-Louis , à la charge d'aumôner vingt
livres à l'hùpital et autant à l'aumône générale de Dijon.
B. 63, f« 235.
La famille de Marcenay, dont les armes sont lUnzur
à deux gerbes d'or posées en chef et un croissant de
même en pointe, s'est alliée aux Lamy, Bourrée, Puis-
(1) La famille Grasset, de Dijon, à laquelle appartient le vice-
pn'ïsident ile la Commission des antiquités de la Ci'ile-d'Or, l'st
originaire d'Auxerre (Yonne).
(2) Coulmier, canton et arrondissement de Chàtillon-sur-Seine.
(3) Coise-.Saint-Jean-Pied-Gauthi(M-, canton de Chamoux . arron-
flissempni d<' Chambérv.
240
sanl. Dubois, Testot, Ponnelle, Beaupère, etc. Un de
ses membres, Voiies de Marcenay, receveur au grenier
à sel de Cbàtillon-sur-Saône, a été seigneur de St-Prix,
Mercey, Largillaz, etc., et père de Vorles-François-
Elienne de Marcenay, directeur général des gabelles à
Paris; un autre, Antoine de Marcenay d'Eghuy, né en
1724, mort en 1811, membre de l'académie de St-Luc,
fut un graveur de talent et un artiste de mérite (1).
70. Versailles, judlet 1728. — Lettres de naturalité
accordées à Jacques-Denis Niger, natif de Savoie, ancien
élève de l'université do Valence, avocat au parlement
de Bourgogne, et (ils de Jean-Baptiste Niger et de
Marie-Anne Gattel. — E. 11 août 17:28, à la charge
d'aumôner la somme de vingt livres à l'hôpital et à
l'aumône générale de Dijon. B. 63, f" 109.
Le 15 juillet 1728, Jacques-Denis Niger fut nommé
conseille)' du roi , visiteur général des gabelles du
Lyonnais au département de Bugey, Gex et Valro-
mey (2).
77. Versailles, 10 octobre 1729. —Lettres de natu-
rahté accoidées à François Cotton, prêtre, vicaire de
la paroisse de Virieux-le-Petit, badliage de Belley en
Bugey, né le 15 octobre 1684 à Seiseries en Savoie, où
se trouvaient alors ses parents , amodialeurs d'une
ferme des religieux Chartreux, située en Valromey. —
E. 19 janvier 1730. B. 63, f" 223.
78. Versailles, février 1730. — Lettres de naturalité
accordées à François Albrier, natif de Saint-Martin-des-
j
(1) C. Nouvelle biographie générale, j)ubliée par MM. Firniin-
Didot, t. XXXIII, p. 463, notice par.!. -P. A. Jeandct (di? Verdun).
(2) 13. C3, {■■■ 214.
241
Chapelles (1), diocèso de Saiul-Piene-le-Moùliers en
Tareiilaisp, duché de Savoie, marchand à Ueauiie, el
iixé audit heu depuis phisieurs années. — K. 2:' juin
1730. à la charge d'aumùner la somme de vingt livres
à riiôpital el à raum«Mie générale de Dijon. H. 03,
f" 218.
De François Albrier ou Albriet descendent Harthé-
lemi, marié à Anne .Masson ; Reine, épouse d'Klienne
Moreau. notaire royal et procureur au bailliage de
Beauiie: Françoise, femme de Joseph Mi'iaMdon, et
Pierre, marchand à Beaune. Ce dernier s'unit à Cuille-
mette Chaillot et en eut un fils, Claude , avoué près le
tribunal civil de Beaune. né le l^r octobre 1750. mort
le 8 novembre 18-21 , marié à sa cousine Antoinette
Albrier, décédée en 1813, el père de Philibert, mort à
Beaune le 10 février 1820, et de Désirée-Reine, morte
sans alliance le 3 septembre 1809, à 7-i- ans.
Originaire des Chapelles-St-Maurice. la f.'«mille Al-
briet ou Albrier se divisa en plusieurs branches, sur
lesquelles nous ne donnerons ici que quelques notes,
nous réservant de publier un jour sur celte maison un
travail aussi complet que possible.
1° Anselme, tils dWntoine Albriet. mourut aux Cha-
pelles en 1790. Il avait l'pousé : l» Calheiine, tille de
Jacques Dunand: 2" Marguerite Colomb, veuve de Mi-
chel Billot, dont il n'eut pas d'efifants : il laissa (\u
premier lit : 1" Symphorien, juge au tribunal du dis-
trict d'Arnay-le-Duc (2), maire de la commune de
Si-Prix (3), né à Couverclas-des-Chapclles le 1'^'" mai
(1) Los Cliapelles-Saint-Maiiiicf, i-antondi- Ikmrg-Sainl-Maiirice,
arrondissement île MoiUiers.
(2) Arnaj-If'-Duc, olifif-Iieii de canton, arrundibseaii-'uttle IJeauni-.
Ci) St-Prix-les-Arnay, «.ommiinc du canton (i'Arn.iy-le-Diic.
242
1742, mort à Sivry-les-Arnay (1) le 29 vendémiaire
an XIII, sans postérité, de Jacqueline Testu-Duperrier,
décodée elle-même à Arnay-le-Duc en 1807; 2° Jacques,
dont l'article suit; 3° Maurice, mort aux Chapelles en
1798, marié à Péronne Benoist et père de M"'e Pierre-
Antoine Benoist, et d'Anselme, d'Antoine, décédé curé
de Montagny en Savoie, et de PieiTe-Maurice, proprié-
taire à Couverclas-des-Chapelles ; 4» Marie-Antoinette,
mariée à honorable Joseph-Antoine Perronnier.
2" Jacques Albrier, membre du conseil municipal
de la ville de Saulieu, juge au tribunal de commerce
de cette ville, président de ce tribunal, etc., né à Cou-
verclas-des-Chapelles le 7 juin 1744, mort à Saulieu
le 13 mai 1834, épousa aux Chapelles, le 29 août 1760,
Agnès Billiot, fllle de Michel Billiot, propriétaire, et de
Marguerite Colomb, dont il eut neuf enfants, parmi
lesquels nous citerons seulement : 1° Anselme, né à
Couverclas-des-Chapelles le 12 avril 1777, mort à Puli-
gny (-2) le 22 novembre 1860, marié le 5 octobre 1831
à Jeanne Laboureau (3) et père de deux fdles : a) Agnès,
décédée épouse du docteur Giraud de Montret, et b)
Adèle, veuve le 27 janvier 1869 de Benoit Samuel,
négociant à Chàlons-sur-Saône; 2° Jacques, dont l'ar-
ticle suit ; 3" Marie-Marguerite, née à Saulieu le 24 fé-
vrier 1787. décédée au même lieu le 24 mars 1825,
mariée le G février 1820 à Antoine Lavergne (4), mem-
(1) Sivry-Ies-Arnay, hameau de la commune de St-Prix.
(•2) Puligny, caulun de Nolay, arrondissement de Beaune.
(3' M™' Albrier est proche parente de M. l'abbé Courtôpée, au-
quel on doit l'ouvrage si précieux intitulé : Descriptio)t au duché
de Bourgogne.
(4) Sa nièce , qui est en même temps cousine de M. Auguste
Albrier, a épousé M. Henri Moreau, ancien notaire, député de la
Côte-d'Or à l'Assemblée nationale.
2f:^
bre du conseil municipal de Saulieu. mère de deux
filles : a) Jeaiiiie-Agnès-Viclorine, née en 48^0, veuve
de J.-B. -Adolphe Lacombe, avoué près le tribunal civil
deLangres: bj Ueine-.Marie-Jacquellc, née en 18-23.
morte en 1871, veuve du docteur Laurent (1); 4" Sym-
pliorien, né à Saulieu le 15 juin 4790, mortà Flcurey-
les-Mont-St-Jean (2) le 22 Juillet 1851 sans alliance,
ancien adjoint au maire de sa commune, ancien mem-
bre du comité (•anlonal pour l'instruction primaiie, etc.
3° Jacques Albrier, membre des conseds municipaux
de Saint-Prix-les-Ainay et de Mont-Saint-Jean, né à
Saulieu le 21 novembre 178i, mort à Fleurey le 30 sep-
tembre 1807, s'unit à Monlbard, le 18 juillet 1813, à
Madeleine Fanon, morte à Sivry, en 1848,lille d'Edme
Fanon, marchand à Montbard, et descendante directe
de Jean-Baptiste Despoisses, échevin de cette ville, tris-
aïeul du grand Buffon, dont la sœur épousa M. Na-
ilauK, conseiller au Parlement, et le frère Marie-Edmée
Fanon, cousine elle-même de Mn'e Albrier. De ce mariage
naquit un fils unique, Jacque.s-Augusle, dont railicle
suit.
i" Jacques-Auguste Albrier, avoL-at, notaire à Arnay-
le-Duc, (le 1813 à 1852, nuMnbre du conseil municipal
de Sainl-Pi'ix. Tun des chefs du comice agricole du
canton d'Ainay-le-Duc, etc., né à Montbaid le H mai
(1) La sœur du docteur Laurent s'était unie à M. Chovrier, né-
gociant à Cli;'ilun.s-.sur-S.iijue, qui appartenait à une famille dont
un membre-, Antoine Clievrii'r, né ;i St-Nicnlas-de-Veroce en Savoir
en 1781, uljlint en 1827 dos lettres de naluraiiti';. Le docteur Lau-
rent était lui-même, par sa mère, parent de M"" Sordet, i|ui a
épiiusj M. Armand Tjiut, pclit-fils d'un savoisien. (V. r," 91.)
(■2) Mont-St-.leaii,r^ni,jii i\f PiiiiilIv-rn-Muntagne, arrondissement
de Bcaune.
1815, mort à Dijon le 26 mai 1869, épousa Marie de
Roye, fille de Pierre de Roye, capitaine de la garde
nationale d'Arnay-le-Duc en 1830, et petite-fille d'André
de Roye, percepteur des finances sous le premier Em-
pire, d'où une fille et un fils; ce dernier, Jacques-
Antoinc-Charlos-yi/6^r/, est membre du conseil muni-
cipal do sa commune et fait partie d'un grand nombre
de sociétés savantes.
Dans les diverses autres branches de cette famille,
nous citerons seulement M''^ Albrier. mariée au général
comte François Clary; M. Albrier, peintre de mérite,
dont il a déjà été question ici même (l); Maurice, chi-
rurgien juré du roi à Villaine-en-Duesmois (Côte-d'Or);
Antoinette, née en 1762, morte en 1813, mariée à son
cousin Claude Albrier, avoué à Beaune; Marie, épouse
de Claude-André Guillot, aussi avoué à Beaune; Ger-
main-Marie, né en 176(3, mort en fan VII, marié à Fla-
vigny, en 1 790, à Marguerite Perrot, fille d'un contrôleur
des droits d'enregistrement (2); Pierre-Henri, percep-
teur des finances, marié en 1827 à Rose-Emilie Mon-
tureux ; Jacques, mort en 1793, époux de Jeanne-Marie
Flandin, fille et sœur de notaires deBourg-St-Maurice;
François, décédé à Moûtiers le 5 septembre 1854, pré-
sident retraité du tribunal d'Albertville, sénateur ho-
noraire de Savoie; Marie-Françoise, mariée à Joseph-
(1) C. Les peintres et les peintures en Savoie^ par MM. Auguste
Dufour et François Rabut, apJ. Mémoires et docximents publiés par
la Société saroisienne, t. XII, p. 270.
(2) Sa cousine Jeanne-Fiacre Perrot, fille d'un notaire de
Flavigny, épousa Pierre-Louis Adelon, procureur à la cour, et fut
la mèrB du docteur Adelon de Pores et l'aïeule de M"' Royer-
Collard. M. Georges Perrot, son petit-neveu, est un des collabo-
rateurs les plus distingués de la Revue des Deux-Mondes.
Marie Billiel, l'ivre aiiié du ear(liiial-arclievé<|ao de
Chambéiy; Jacques-Marie, chanoine de Moùliers. etc.,
etc.
79. Marly, janvier 1731. — Lettres de naluralilé
accordées à Maurice Herlin, natif de Saint-Martin-des-
Allues (1) en Tarentaise, pays de Savoie, journalier à
Dijon, llxé en Bourgogne depuis plusieurs années. —
E. li juillet 1731. B. 63. (-285.
80. Versailles, mars 1732. — Lettres de naturalilé
accordées à Claude Bontemps, natif de Cordon ('2). an
duché de Savoie, marchand mei'cier à liuxy (3), près
Châlons-sur-Saùne, en Bourgogne, fixé en ce lien depuis
cinquante ans environ. — E. 30 mars 1732, à la charge
d'aumôner la somme de 30 livres à l'aumône générale
de Dijon.
Il y a dans l'arrondissement de Châ!ons-sur-Saône
un nombre considérable de personnes poi'tanl ce nom
de Bonlemps (4); nous ignorons si ces personnes des-
cendent du savoisien Claude Bonlemps.
81 . Fontainebleau, septembre 1 738. — Lettres de na-
turalité accordées à Barthélemi-Antoine Guille , natif
de la paroisse d'Arves en Savoie, diocèse de Maurienne,
Agé de 45 ans, fixé en France depuis l'année 1723, et
établi à Toulon-sur-Arroux (5), où il .s'est marié el est
marchand merciri-. — E. 2i janvier 173'.). B. (m, f"223,
(1) Les Allijes, canton rie IJ^zi'l, arruiuJihseiii(.'n( de MoiHiiTs.
(2) Cordon, canton do. Sallaiichcs, ancnilissement de Bonnoville.
(3; Buxy, clief-lieu de canton, nirondissenient de Ctiàlons-sui-
Saône.
(4) Dans les listes de souscription ponila libér.ilion du h'rriloir(\
nous en avons relevé 254.
(•'0 Toulon-sur-AtTijux , rhel-lieu de canton, airoudissenienl do
Churolles.
246
82. Versailles, décembre 1739. — Lettres de nalu-
lalité accordées à François Arnollet, marchand mercier
à Pontail!ier-sur-Saôno. natif de la paroisse de Granier,
en Savoie, diocèse de Tarentaise , llxé en France depnis
50 ans, établi à Ponlaillier et marié audit lieu. — E. 5
juillet 1740. B. 64, f» 293. V. n» 70.
Parmi les descendants de François Arnollet, nous
citerons François et Pierre Arnollet, dont la postérité
existe encore en Bourgogne. Né le 26 septembre 1714
et mort le 22 avril 1801, Fiançois Arnollet l'ut contrôleur
des traites et épousa le 17 mars 1749 Bénigne-Thérèse
Gault, fille d'un procureur du roi au bailliage de Saint-
.lean-de-Losne, dont il eut six enfants : loJean-Baptiste-
Bernard, mort jeune ; 2" Bénigne-Thérèse ; 3'' Françoise,
supérieure de l'hospice de St-Jean-de-Losne ; 4» Anne-
Marie, religieuse ursuline, née à PontaiUier, en 1753,
morte à Dijon en 1843; 5° Charles-Claude, attaché ù la
conservation des hypothèques de la Seine, marié à Fran-
çoise Patuel, père, sans doute, de M""^ Martenet, née
Marie-Claudine Arnollet, et aïeul deMathilde Martenet,
veuve de Lazare Gautrelet, président de chambre à la
cour de Colmar; 6° Claude, contrôleur à la marque des
cuirs à Avallon, né à PontaiUier en 1 750, mort à Dijon en
1811, en laissant d'Ursule Mignot(l) une fille, Pierrette,
née à Montbard en 1783, décédée en 1825, avant sa
mère, sans postérité de Michel Degand , membre de la
Commission des antiquités de la Côte-d'Or.
Pierre Arnollet, avocat au parlement, eut d'Andelte
(1) M°" Arnollet, morte en 1837, était sœur de Françoise Mignot,
fjui épousa, le 19 juillet 1784, Edme Fanon, marchand à Montbard,
ot en eut entre autres une fille, Madeleine, qui s'unit, en 1813, à
Jacques Albrier, et qui hérita de sa tante.
^247
Pelilol un lils, Pieiie-.lean-Baplislo-Fiaiirois Aniollcl,
savant et habile ingénieui-, né à Ponlaillier le 20 mai
4776. et mort à Dijon le 30 mai 1857. M. Arnollet. en
sortant de l'école polytechnique, partit pour PEgyple
comme oHicier d'élat-major, se distingua à Cosseïr et
siégea à rinslitul du Caire avec Mongc et Berlhollet;
ingénieur à l'arme en 1801, ingénieur en chef dans la
Cùtc-d'Or de 1805 à 1830, il a laissé de nombreux écrits
d'une réelle valeui'. M. Arnollet avait épousé le 13 dé-
cembre 18-21 Edmée -Désirée Dagallier, lille d'un ins-
pecteur des forêts et sœur d'un conseiller à la cour de
cassation, d'où une fille : Désirée-Francoise-Marie,
mariée en 1843 à Charles-Emile Poisol, directeur du
conservatoire <le Dijon, membre de plusieurs sociétés
savantes (1).
83. Versailles, mai 1742. — Lettres de naluralité ac-
cordées k Josèphe Méru fille, native de Châtillon-sur-
Cluses, diocèse de Genève, en Savoie, âgée de 21 ans,
lille de feu Guillaume Méru, manouvrier audit Cli.itillon,
et de feue Michelle Donner, nièce de Gaspard Méru de
Gémeaux, fixée audit lieu depuis deux ans. — E. 21)
mai 1742. B. 65, f» 45. V. n» 73.
84. Versailles, novembre 1742. — Lettres de nalu-
ralité accordées à Joseph Videt. natif de Savoie, établi
en France depuis plusieuis ;innées. — E. 0 février
1743. B. 65, f"88.
Etienne Videt, avocat en pailement, fui pourvu de
l'office d"élu en l'élection du Bugey en 1743; était-ce
un parent de notie savoisien ?
(1) C. sur l'ingénieur Arnollet, membre ûo llnstilul U'F.yypIe,
Revue savoisienne. juillet 1870.
us
85. Versailles, 7 mars 1 743. — Lettres du déclaration
de naluralité accordées à Gabriel Bazile, natif de Sainte-
Foy en Tarentaise, fils do Jacques Bazile et d'Andrée
Empereur, sa première femme, demeurant à Chàtdlon-
sur-Seine. né à Ste-Foy, alors au pouvoir du roi, fixé
à Tonnerre dès l'âge de raison, puis à Châtillon-sur-
Seine, et frère de Maurice Bazile, greffier au grenier
à sel de Cliâtillon-sur-Seine. — E. 24 avril 1744. B. 05,
fM58. V. n^'« 72. 86, 87 et 98.
86. Versailles, 7 mars 1 713. — Lettres de déclaration
de naturalité accordées à. Jacques Bazile, frère du pré-
cédent, né aussi à Ste-Foy, alors au pouvoir du roi,
de Jacques Bazile et d'Andrée Empereur. — E. 24 avril
1744. B. 65. f^' 159. V. n»^ 72, 85. 87 et 98.
87. Versailles, 7 mars 1743. — Lettres de déclaration
de naturalité accordées à Basile Bazile, frère du pré-
cédent, né au même lieu, de Jacques Bazile et de
Jeanne-Françoise Borelet, sa seconde femme, fixé à
Tonnerre d'abord, puis à Chûtillon-sur-Seine. — E. 24
avril 1744. B. 65, P 161. V. n»^ 72, 85, 86 et 98.
88. Versailles, mars 1748. — Lettres de naturalité
iiccordées à Antoine Savoye, natif d'Albanne (1) au du-
cbé de Savoie, diocèse de Sl-Jean-de-Maurienne. établi
en la ville de V^erdun-sur-Saùne (2), depuis 25 ans en-
viron. — E. 7 février 1750, d'après lettres de suran-
nation du 17 janvier de la même année. B. 65, f» 490.
Ce nom est très répandu en Savoie ; rappelons ici
que des lettres de naturalité ont aussi été données, en
(1) Albaniie, canton et arrondissenienl de St-Jean-de-Maurienne.
(2) Verduii-sur-Saône-et-Doiibs, chef-lieu de canton, arrondisse-
ment de Châlons-sur-Saône.
240
1817, à Claude Savoye, oilicier de la Légion dlionneur,
chef de bataillon en retraite, né à Chambéry en 17712.
89. Ver^aille^, décembre 1740. — Lettres de nalu-
ralité accordées à Claude Mugnier. natif de la ville de
Chambéry en Savoie, et lixé à Bourg-en-Bresse. — E.
!29 décembre 1750. B. 05, f" 524.
90. Versailles, décembre 1752. — Lettres de nalu-
ralilé accordées à Barlhélemi Rambaud, prêtre, natif
du diocèse de Maurienne en Savoie, vicaire île la pa-
roisse de Montluel au diocèse de Lyon, avec liberté de
tenir tous les bénélices don! il pourrait être pourvu, à
l'exception de ceux situés en Alsace. — K. 14 février
1754. B. (Î5, I- 730.
91. Versailles, avril 1753. — Lettres de naturalilé
accordées à Gaspard Tarut, agent des affaires du sire
de Rully, demeurant ordinairement au château de
Rully (1), en Bourgogne, natif de la paroisse de Chin-
drieux (2), en Savoie, fils de Jean Tarut et de Jeanne
Colomb (3). — E. 20 juillet 1753. B. 65, f- 714.
Les 16 mars 1831 et 18 septembre 1833, des lettres
de déclaration de naturalilé ont été données à Pierre-
Marie-Edouard Tarut, né à Rully le 24 juin 1799, et à
Claude-Lonis-Eugène Tarut, né à Paris le 13 juillet
1797, propriétaires tous deux à St-Rémy-les-Chàlons (4).
(1) RuHy, canlon «le Cliagiiy, arrondissement cli' CliûJons-sui-
Saône.
(2) Chimlrieux, canlon .le Ruirienv, arrondissi-mi^ni lic iliain-
béry.
(3) M"" Tarut-llulonih ulait cousine de Margueiile Colomb. i|ui
épousa Mictiel IJiJliof, des Chapelles, et eu eut M"' Alliriir, fomm>-
liu président du liibunal fie conmifrce de Sauliiu.
(4) St-Réiuy, canton et arrondissement de ChAlons-sur-Saône.
10
250
et l'un et l'aulie fils cVun père né en Savoie el naturalisé
français (i).
92. Versailles, septembre 1753. — Lettres de natu-
ralité accordées à Pierre et à François Rebin. natifs de
la paroisse de Mieussy (•2), diocèse de Genève, fds de
Joseph Rebin et de Claudine Rocli, de la même paroisse,
demeurant tous deux à Châlons-sur Saône. — E. U août
175i. à la charge d'aumôner chacun la somme de cin-
quante livres applicables à riiôpital général et aux pau-
vres honteux de la vUIe de Dijon B. 07, f" 23.
03. Versailles, septembre 1754. — Lettres de natu-
ralité accordées à Antoine Jarre, natif de la paroisse
des Chapelles, diocèse de Tarenlaise, établi en France
depuis plus de vingt ans et fixé à Dijon. — E. 22 no-
vembre 1754, à la charge d'aumôner la somme de
trente-six livres à l'hôpital, à l'aumône générale et aux
pauvres honteux de la vdle de Dijon. B. 67, f» 24.
En 1670, Anselme Jarre, résidant à Strasbourg, fit
don à l'église des Chapelles d'un calice et d'une pyxide
pour la communion; Jean-Marie Jarre épousa Marie-
Antoinette Albriet, des Chapelles, morte en 1865, fille
de Maurice-Martin Albi'iet, propriétaire , et nièce de
M. François Albriet, sénateur honoraire de Savoie,
d'où trois filles; André Jarre épousa M"<' Biiliet, nièce
du cardinal-archevêque de Chambéry et fille de Joseph-
Marie -Billiet. propriétaire, et de Marie - Françoise
Albriet.
(1) Pourquoi ces leUres de aaturalité'^ Le fils de l'un de ces deux
derniers, M. Armand TaruI, a épousé M"' Sordet, nièce de M. le
conseiller Foisset,
(2) Miçussy, captoB de Taninges, arrondissement de Bonneville.
251
94. Marly, mai 4755. — Leilres de naluialilé accor-
dées à Gaspard Deschamps, natif de la paroisse de
Noire-Dame du lac de Servoz (1) en Savoie, diocèse de
Genève, Jils k-gilime de Pierre-Nicolas Deschamps et
de Jacquemine' Tavernier; ledit Gaspard Dcsohamps
marchand à Beaune depuis Tannée 179.0. — E. lû jan-
vier 1750. B. 07, f"59.
Le 10 inai 174G, Gaspard Deschamps fut parrain à
Beaune d'un enfant qui devait être un jour une des
gloires de la France: j'ai nommé Gaspard Mongc, fils
lui-même d'un enfant de la Savoie (2),
95. Versailles, mai 1756. — Lettres de uaturalité
accordées à Claude Brunet, natif de Chambéry, établi
(1) Notre-Dame du lac de Servoz, sans doute Servoz, cautou df
Chamonix, arrondissement de Bonneville.
(2; Jacques Monge, marchand forain à Beaune, père de 1 illustre
savant, était oé à St-Jeoire en Faucigny ( chef lieu de canton de
l'arrondissement de Bonneville) de Claude Monge, laboureur au<lit
lieu, et de Jacqueline Quet : il épousa à Beaune le 19 mai 1744
Jeanne, iille de Pierre Rousseau, voiluiier en cette ville, et de
Jeanne Desbois, et en eut une fille et quatre fils. Nous donnerons
ici même une notice aussi complète que possible sur la famille
Monge, et nous prions nos amis et collègues de Savoie et de
Bourgogne de vouloir bien nous communiquer tous les renseigne-
ments qu'ils pourront recueillir. Nous rappellerons, en terminant,
que l'origine savoisionne de Monge a été signalée pour la première
fois par noire ducle confrère M. Abel Jeandel (de Verdun), dans
le Journal des connaissances médicales pratiques et de pharma-
rolorjic de notre savant compatriote le docteur Cafle ( n" du 30 juin
1862;. Nous avons en même temps à rectifier les armoira s attri-
buées par nous à Gaspard Monge dans le tome X de ces Mémoires;
le comte de Peluse portait d'or au palmier de sinople terrassé de
mémo avec franc-quartier de comte sénateur, qui est d'a:ur à un
miroir d'or en i>ul. après lequel se tortille et se mire un serpent
d'argent.
252
en France depuis 1 749 et marié au bourg de St-Ger-
main-du-Plain en Bourgogne. — E. 7 janvier 1757.
B. 67, f« 89.
96. Versailles, avril 1757. — Lettres de naturalilé
accordées à Cliarles-Amédée Achardy, natif de la pa-
roisse de St-Etiennc, diocèse de Nice en Savoie (sic),
titulaire depuis 26 ans d'une chapelle érigée à St-,Julien-
de Semiecey. — E. 17 juillet 1759. B. 67, f° 179.
Le 17 féviier 1741, Cliarles-Amédée Achardy, cha-
pelain du château de Sennecey et exécuteur des der-
nières volontés de M"" Marie-Anne d'Ailly, fonda, au
nom de cette dernière, quatre messes basses dans la
chapelle de Viel-Moulin à Sennecey (1); d était mort en
1790.
97. Versailles, 10 avril 1759. — Lettres de déclaration
de naturalilé accordées à Jeanne-Maurice Raffour ,
femme du sieur .ïacques Bornet, née le 10 avril 1710 à
St-Martin-des-AUues, diocèse de Tarentaise, province
de Savoie, alors au pouvoir du roi; ladite Jeanne-
Maurice Raffour amenée à Dijon par un oncle à l'âge
de dix ans et mariée audit lieu. — E. 1"" février 1 760.
B. 67, (0 194.
98. Marly, mai 1769. — Lettres de naturalité accor-
dées à Joseph-Alexandre BazUe, natif de Ste-Foy, au
diocèse de Tarentaise en Savoie, marchand à Ghâtillon-
sur-Seine. — E. 1^2 août 1769. B. 69. V. n"^ 72, 85,
86, 87.
(1) C. Histoire de Sennecey et tic ses seigneurs, par L(;'opold
Niepce; Ghalons-sur-Saône, Dejussieu, 1866, in-8», p. '204.
6«3«<:î>9
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
l'AR ORDRK ALPHABÉTIQUK
Aohardy, N" 96.
Aibrier, 78.
Alernic, 60.
Alliocl, C8.
Alyot, 22.
Aniprin, 46.
Arnollet, 70 et 82. .
Balaysoii, 1.
Balma, 62.
Baudry. 58.
Bazile, 72, 85, 86, 87 el 'J8.
Berlier, 65.
Blanc, 47.
Bonnot, 56.
Bonteiiips, 80.
Boucher-, :i9.
BouiJiii, 51.
Bo.irgeret, 52.
Buuzonnet, 18 et 27.
Briinet, 95.
But et, II.
Bu.xillier. 2.
Callorl, .14.
Chabannes, 5.
Chàrubert, 4!'.
Chambre, 54.
Charles, 40.
Charricre, 25.
Chaleau-.VIarliii, H.
Chesnal, 67.
Chevrets, 33.
Conlier, 16.
Collon, 77.
Darerilon, 21.
David, 30.
Uellund, 21.
DeléaD, 50.
Iteschamps, 94.
Duuand, 64.
Faiselle, 34.
Febvre, 61.
Foiirnier, 66.
Gras.set, 74.
Guille, 81.
Heiliu, 79.
Jarre, 93.
.Iou.x, 38.
La Basse, 3.
Le Noble, 10.
Livron, 12, 19.
Lomel, 57.
Louis, 31.
MaboD, 32.
Marandet, 17 et 20.
Marcenay, 75.
Marest, 53.
Mathieu, 43.
Merigaudef, 59.
Méru, 73, 83.
Monge, 94 (eu noie).
Monljouvent, 4.
Mnrat, 41.
jMousselard, 63.
Mugnier, 89.
.Niger, 76.
Orcet, 28.
Paluat, 15.
Panissier, 9.
Pasquier, 42.
Pcrra, 7.
Plombast, 13.
Ral1..ur, 97.
Ranibaud, 90.
254
Ravyer, 14.
Bebin, 93.
Recordon, 63.
Relier, 69.
Rendu, 26.
Salève, 37.
SaloQion, 71.
.Savoye, 88.
Scagfia, 55.
Servant, 23 et 29.
Tarut, 91.
Trepier, 46.
Vallier, 48.
Verdan, 35.
Videt, 84.
Villain, 8.
Violet, 30.
^'t^feyg^^^-S-'--- ^
LE MYSTÈRE
DE
MONSEIGNEUR SAINT SÉBASTIEN
PREMIÈRE JOURNÉE
DRAME EM l'ERS
Joiiû à Lanslevillard , on Maurienne, au mois de mai 1567.
TRANSCItIT DU MANUSCRIT ORIGINAL ET PUBLIÉ
PAU
FRANÇOIS RABUT
l'rofcssciir d'iiisloirv.
17
LE MYSTERE
DE
MONSEIGNEUR SAINT SÉliASTIEN
-^>^-
Les mystères, nés dans l'église, en sortirent
vers la (in du treizième siècle. Des corporations,
des confréries de laïques se formèrent pour
jouer les mystères, œuvres de poètes populaires
qui prirent insensiblement une tendance plus
mondaine. La plus célèbre et une des plus ré-
centes fut la Confrérie de la passion et de la
résurrection de Notre- Seigneur, fondée parles
maîtres maçons, menuisiers et autres de Paris,
constituée par lettres patentes de (lliarles VI,
de l'année 1402. Elle donnait ses représenta-
tions dans une grande salle de Tbôpilal des Pré-
mcmtrés. On jouait les fêtes et les diniancbcs;
Téglisc avançait Il'S offices ce jour-là |)oni' l':i(i-
litcr le spectacle; <tii jou;iil jus(itrfi l;i nuit, et
260
on achevait le dimanche suivant. Certains dra-
mes exigeaient plusieurs journées. On y accou-
rait en foule, parce que l'art se faisait petit pour
se mettre à la portée du peuple, et l'Eglise l'en-
courageait parce que c'était un mode d'ensei-
gnement religieux plus à la portée de tous.
Les mystères étaient l'art populaire. Voilà
pourquoi ils sont utiles à étudier. L'observateur
y trouve aisément un reflet des mœurs, des
croyances, des erreurs, de la condition sociale,
des préjugés et du langage de ceux devant
qui ils étaient représentés. De là souvent de la
trivialité dans l'expression, mais trivialité qui
donne une grande énergie à l'idée. Cela com-
pense l'absence presque complète de pensées
fortes et de style noble. Tout cela se trouve dans
le mystère dont nous . éditons la première
journée.
La renaissance, en relevant les idées, en
ennoblissant la pensée, porta un coup aux mys-
tères; mais ses poètes n'ont pas été populaires.
D'un autre coté, le prestige d'une foi vive,
qui soutenait ce théâtre presque barbare, dis-
paraissait avec les progrès de la réforme. Il fut
abandonné dans le cours du seizième siècle, et,
en 1542, vingt-cinq ans avant l'Histoire de mon-
seigneur saint Sébastien, le procureur général
de Paris s'élevait contre ces gens non lettrés ,
de condition infime, menuisier ou marchand de
poissons, et, six ans plus tord, le parlement,
261
par arrêt du 17 noveml)re 1548 , en renouvelant
les privilèges des confrères de la passion , les
autorisa à jouer des sujets licites, prophanes et
honnêtes, mais leur interdit les mystères tirés
de la sainte écriture.
Alors les mystères de l'ancien et du nouveau
Testament et les miracles des saints lirent place
aux moralités et aux soties. Mais chez nous on
les a tolérés plus longtemps.
En Savoie, on ne s'est guère préoccupé jus-
qu'à ces dernières années des mystères et des
autres drames joués dans le pays. Des travaux
récents sur la princesse Yolande (1) et sur les
peintres en Savoie (2), ont signalé les jeux
scéniques ou momeries données à la cour des
princes de Savoie au quatorzième et au quin-
zième siècle.
M. Truchet , de Saint- Jean-de-Maurienne ,
membre de la Société d'histoire et d'archéologie
de cette ville , a trouvé naguère le manuscrit
original du Mystère de la passion de N. S. J.-C,
représenté à Saint-Jean devant la cathédrale.
JjC même mystère de la passion a été joué en
deux journées à Modane, au siècle suivant.
J'ai vu entre les mains de M. Glover iVlelville,
un cherclieur habile et heureux, le Mystère du
jugement dernier, représenté en 1580 dans la
même ville.
(1) Ménabréa Léon.
(2) Uufour ot Rabut.
262
C'est là à peu près tout ce que Ton a de
l'histoire du théâtre en Savoie; ou doit donc
s'attendre à des découvertes. Mon frère en a
fait une, il y a deux ans, à Lanslebourg. Il a
trouvé chez M"° Dominique Turbil la première
journée du Mystère de S. Sébastien , que nous
publions aujourd'hui grâce à la complaisance
de cette personne.
Le manuscrit est du seizième siècle ; c'est
celui qui a été fait pour être soumis à la cen-
sure , ainsi que l'attestent les observations d(;
la personne chargée de l'examiner, lesquelles
sont écrites en marge de quelques passages
qu'il ordonne d'effacer par ce mot canceUatur,
ou de remplacer (corrigaturj , et qu'il a signées
F. de Croso ( frère ou François du Creux , du
Cros ou Ducruet) (1).
Ce manuscrit a été écrit par Anthoij7ie Platon,
de Lanslevillard, notaire ducal, comme l'indique
le titre. Outre son écriture et celle du censeur,
il y en a une troisième , celle d'une personne
qui a ajouté plus tard les paroles mises dans la
bouche du fol au commencement de la pièce et
dans les intermèdes. L'autorisation écrite par
F. de Croso, au dernier feuillet, nous apprend
du reste qu'il a vu le manuscrit, à l'exception
de certaines paroles qui doivent être dites par
(1) II y avait beaucoup de personnes de ce nom en Savoie. 11 y
avait au couvent des Franciscains de Chambéri un religieux de ce
nom au siècle précédent.
263
le Col et qui dcvruiiL vive autoi'iséos plus tard.
On ne trouve nulle part dans le manuscrit l'au-
torisation pour ces monologues.
L'écriture de M^' Platon est bien bonne et
assez lisible, malgré les abréviations, et j'ai pu
transcrire assez facilement l'œuvre tout entière
sans lacune.
L'hystoyre de Monseigneur saint Sébastien,
comme porte le titre, a été jouée par les habi-
tants de Lanslevillard en 1567. Antoine Platon,
dudit lieu , n'a été que le copiste , et l'auteur
pourrait bien être un ancêtre de M"^ Turbil,
dans la famille de laquelle le manuscrit que nous
éditons a été conservé et transmis de génération
en génération par héritage. Peut-être est-ce
ce Sébastien Turbil qui, ({uelques années au-
paravant , avait fait orner de peintures , repré-
sentant la vie de S. Sébastien, le bâtiment
rectangulaire où fut joué notre drame.
Cette construction, d'assez grande dimension,
est couverte de peintures sur ses quatre faces.
Les unes, plus anciennes, sont des sujets pris
dans la vie de Jésus-Christ; les autres repré-
sentent, en un grand nombre de tableaux, la vie
de S. Sébastien, et occupent toute la muraille
du sud , sauf l'espace pour la porte , pour une
petite fenêtre et pour un tableau particulier re-
présentant Sébastien Turl)il agenouillé devant
son patron, à la disposition du([uol il met son
escarcelle ouverte. Vers la fenêtre il y a une
264
date : A i d j m ; v ; xviii. qui doit être celle
de l'ouverture de la baie.
Les peintures de la vie de S. Sébastien doivent
être postérieures à cette réparation, et sans
doute du milieu du seizième siècle, puisque
S. Sébastien et les autres personnages portent
le costume du temps de François P'". Il faut donc
reléguer au rang des erreurs l'opinion hasardée
par M. A. de Jussieu dans le tome YIII, 2« série,
des Mémoires de V académie de Savoie, où il
dit que ces peintures sont du dix-septième siècle.
Nous laisserons aux lecteurs le plaisir de sa-
vourer le bouquet qui s'exhale de cette poésie
de la Maurienne, et de tirer de cette œuvre les
renseignements nombreux qu'elle fournit sur le
langage, le caractère et les croyances des habi-
tants de cette vallée au seizième siècle, et nous
renvoyons à la fm de cette première journée
du Mystère de S. Sébastien une analyse de la
pièce que nous avions d'abord songé à placer
ici. Cette analyse sommaire sera rédigée pour la
commodité des lecteurs qui voudront en peu de
temps se faire une idée de ce drame et de ses
allures.
Quelques mots seulement sur la partie maté-
rielle de l'œuvre : j'ai déjà dit que l'écriture
était bonne , sauf celle qui contient les paroles
du fol, qui est plus fine et plus mauvaise. Il n'y
a point de ponctuation , sauf très- rarement de
longues virgules ou plutôt de petits traits inclinés
265
entre li!S mots dune éiiuméralioji, el parfois un
point suivi d'un grand ti'ait oblique pour marquer
la fin d'une tirade.
Il va sans dire que nous avons conservé l'or-
thographe du manuscrit, même lorsqu'elle varie,
ce qui se produit assez souvent.
Nous donnons, en terminant cette introduc-
tion, la liste des 50 personnages qui ont figuré
dans cette première journée de notre mystère.
Le titre annonce 60 personnages , parce que
probablement 40 autres devaient paraître dans
la seconde journée.
Dieu.
Notre-Dami:.
L'archange Michei,.
L'ange Gabriel.
Satan.
Lucifer.
Léviatiian, démoi!.
T^ELZÉBUTH, id.
Béric, id.
Cerberus, id.
Baguinal, id.
•Saint Sébastien, chevalier.
L'empereur Dioclétien.
Maximien, fils de Dioclétien.
Le 1^'" chevalier de Dioclétien.
Le 2^ id.
Le 1'^'' chevalier de Ma.ximien.
Le 2'' id.
266
Le graiid-prètre Fabien.
Thenin, serviteur de Fabien.
Cromatien, sénateur.
Marciatus ou Margegnin, sénateur.
Tarquillin, sénateur.
Nycostrat, sénateur.
La femme de Cromatien.
TiBURTiEN, lils de Cromatien.
La femme de Tarquillin.
Marc, fils de Tarquillin.
Marcellin, id.
Marcia, femme de Marcellin.
Le premier fds de Marcellin.
Le second id.
La femme de Marc.
Zoé, femme de Nycostrat.
La fille de Nycostrat.
Le premier serviteur de Tarquillin.
Le second id.
PoLYCARPE, prêtre chrétien.
Quintien, bourgeois de Narbonne.
Dacien, id.
Le messager Margheboc.
Le messager Barion.
Perdition, personnage allégorique.
Caffre, fils de Perdition. ; ^^
„ ' ., i Tyrans,
Griffon, id. * » i - j-
_, ' . , , c est-a-dire
Fouldre, id. \ ,
^ ' . , ^ bourreaux.
Tempête, id.
Agripart, geôlier.
267
Le premier enterreur de morts.
Le second id.
Le Fol.
Le McssaR'er.
"•D"
Tous ces acteurs devaient être placés en vue
des spectateurs, Dieu et la cour céleste sur une
estrade plus élevée, et les démons sur un plan
plus basque l'estrade principale, dont une par-
tie était censée représenter la ville de Rome, une
autre la ville de Narbonne, etc. Les voyages
des messagers se bornaient au parcours d'une
partie de l'échalaud à l'autre.
<V^^92>CÇ5 —
GY COMMENCE
Lystoyre de monseigneur sainct Sebastien, pour
la première journée a LX personnaiges de
laultre part escriptz. jouée par les habitans
Lanleuillar lannee courant "SI. \^. LXVII au
moys de may escript par moy Anthoine Platon
dudit lieu notaire ducal soubsigne.
Platon.
Si cupis islius bonitatem videre libri
Hoc fuliuiu vcrtas et ibi scripla logas.
Le Messagier commence.
Le Dieu qui llct le firraemenl
Et volsist naistre purement
De la noble Viige Marie
Veuille garder la compagnie
Au nom de Dieu omnipotent
Et des martyrs ensemblement
Entrepris auons le mistayre
Du pieux chiuallier debonayre
De saincle vie et bon maintien
Qui fust vray niartir sans le tayre
Cest monsieur sainct Sebastien
Duquel par son tressaint moyen
Verres jouer en ceste place
De sa vie tout lentretien
Moyen de Jesuschrist la grâce
Non pas afin qu'on ne vous lasse
Fourres tout veoir a ce jourdhuy
Et pour vous tenir sans esnuy
En deux journées party lauons
Donc au jourdhuy cest le premier
Auquel sil plaict a Dieu verres
Comme les payens forcenés
Sesmeuuent pour fere tuer
Les chrestiens ((ui ne voldronl
A leurs faulx dieux sacriffier
272
Parquoy aulcungs si en morront
Les sénateurs se conuertyronl
Et grands miracles verres fayrc
Et le cruel preuost Fabien
Qui les fera tous sans retrayre
Décoller sans pardonner rien
Et verres Marc et Marcellien
Lesquels sont sans faillir de rien
Enfans du viel Tarquilien
Polycarpe les baptisera.
Parquoy leur père Tarquilien
Grandement les desprisera.
Lors se fera grand entreprise
Entre les quatre sénateurs
Car Sebastien sans fainctise
Se trouuera a leur secours.
Donc affin que ne vous esnuye
Des personnaiges la remonstrance
A tant vous prie fere silence
Vous supplyant par amytie
Que supportes benignement
Si ouyes rien de mal dict
Par faulte dentendement
Nous vous prions petits et grands
Que pardonnes nostre ignorance
Qui doibt commencer si commence.
Le Fol commence.
Et moy qui suis homme dapparence
Premier je men voys commencer
Et vous diray telle sentence
Que ne scauries me replicquer.
273
Lhomme qui se voiilt gouuernor
Par le ceruel qiiest en su teste
Comunement sans relaider
En ma mayson vien fera fesle
Avec gents fols je nay pas perte
Ce sont les gents que je demande
Ma confrarie nest pas déserte
Car plusieurs gens sont de ma bande
Plusieurs fillies font la demande
Pensant valloyi- beaucoup dargent
Je prie Dieu qui les deffende
De la poincture par devant
Pour mal vser dentendement
Plusieurs tombent a la ranuerse
Ainsi sen vont souldaynement
Manger febues a la trauerse
Pei' literas il est ainsi (i) :
(1) Ce monologue du fol est accompagné dans le manuscrit d'une
variante mise dans la marge, et que nous reproduisons ici en noie :
Escoules je reviens de France
Tout de ce pas en ce pays
En visitant mes bons amys
Qui me imiitent on leur mayson
Car l'olie toute sayson
A plus de suycte "que le roy
Tant de gens saddrcssent a mov
Que je ne puys a tous respondre
Je croy qui! me l'anldra merfondre
Pour visiter soir el malin
Mes honssubiccls diiy a Thmin
Jeu di- caries et le bon vin
OnItreruydHnce et larrerin
Luxiir(! |)leyne de mescbanro
Anitanl en Sauoye quen France
D(.' luiis eslats ont a moy lyre.
18
274
Le I CHivALiER Dyocletien Commence.
Mon très cher et lionnore sire
Veuillies entendre ma rayson
Longtemps a quen vostre mayson
Vous ay serui a vrayement dire
Vous estes seigneur de lempire
Du monde aues la gouuernance
Nostre loy malement empire
Si vous ny mecles ordonnance
Le II CHIVALIER Dyocletien commence.
II est bien temps que Ion saduance
Denvoyer gens parmy la terre
Et que ce soit sans demeurance
Chier sire si me voules croyre
Chrestiens mcynent forte guerre
Mesprisant fort la loy payenne
Dyocletien empereur commence.
Qui tenir vouldra loy chrestienne
Pour regnier Mars et Juppin
Je luy feray de par dyenne
Ses jours finer a maie fm
Il ne fust onc si cault ny lin
Roy duc prince baron ny comte
Qui ne soit tout mys a déclin
Et par moy faict mourir a honte
Nul est sur terre que me surmonte
275
Suysie pas du monde seigneur
Puys quil conuicnl que tout je conte
Au monde nesl de moy majeuf
Et si vous dict persequuleur
Je feray des chrétiens mesclians
Par mes cruels et fiers tyrans
En tous lieux ou les trouueray
Cest ceste la fin que jordonne
De tout en tout je destruyray
Leur faulce loy qui nest pas bonne
Sur tous eux mon décret je donne
Et les condampnc des ceste heure
Sans excepter nulle personne
Soint tous faicts mourir sans demeure
Le I CIIIVALIER.
Il conuient quon y labeure
Très chier sire doresnauanl
Mays en guerre se fault auant
Ou habitent telle canaillie
l'remipr (|uon voyse plus auani
A celle tin que Ion ny faillie
Et quil soint tous Iresbien punys
Le h ciiiVALiEn.
Par nos dieux je suys esbahy
Quon ne les faict plustost mourir
Sire vous enuoyeres quérir
Votre cher fils Maxiniien
Saches quil scarna bien punir
Sil ranconh-e nulcung chrcstien
276
Dyocletien.
Par mon serment vous dictes bien
Mays quil soit faict sans plus tarder
Le I CHIVALIER.
Luy et sa gent sans seiourner
Viennent vers vostre hault maintien
Et le grand preslre Fabien
Faictes que le messagier aillie
Jusques a la cyte de Damas
Maximien et sa gent y est
Dyocletien nen dobtes pas (1)
Le II CHIVALIER.
Enuoyes plustost que le pas
Marcheboc le bon messagier
De cheminer ne fust onc las
Et quils viennent dedans cest estre
Dyocletien.
Par Appolin qui me tict naistre
Jenuoyeray cesle sayson
Marcheboc enlens ma rayson
Va len sans arrestation (2)
Jusques a la cite de Damas
Mon lils y est en sa mayson
Cest un homme de grand renom
(1) Variante pour ces deux derniers vers :
Maximien la (jui tranche
Y tri'uuera non doubles pas
(2) Délai.
277
A luy me recommanderas
Luy et ses gens ne faillient [tas
Quils ne viennent par deuers moy
Dillec ten iras sans delay
Au vailiiant prestre Fabien
Dicts luy quil se mette en la voye (1)
Pour venir ca sans fallir rien
Mon amy je te paieray bien
Faicts diligence je ten prie
Marcheboc commence.
Siie de gi'ande seigneurie
Plus tost que le fort vent ne vente
Jaccompliray voslre intente
Et le message tost feray
A nul aultre nobeiray
Sinon a vous certaynement
POSE
Eut ad Maxim.
Idem Marcheboc à Maximien.
Sire empereur de hault renom
Mahon (2) Mercure et Venus
Et tous les dieux de la sus
Vous doint santé et bonne vie
Et a vostre cbiuallerie
Dyoclelicn voslre père
Menuoyc a vous en cest repayre
Et vous prie sans arresler
(1) En route.
(2i Mars, ajjpcli; par les poules latins MuvoniHs, ou peut-être
Mahomet, car oq trouve plus loin Mahonnerie et Mahumme.
278
Que veues lost a luy parler
Pour quelque affayre conseillier
Et narrestes plus nullement
Mâximien commence.
Bien soys venu présentement
Gentil messagier de valleur
Juppiter si te croysse honneur
Comme se porte mon cher père
Dy le moy lost sans te retrayre
Est il bien sain a ton semblant.
Ne le me va point denyant
Si de mes amys tu veulx estre
Marcheboc.
Par ternegant le roy céleste
Quant je partys de Romanye
Tout sain estoit nen doubles mye
Beau jouyeulx gailliard il estoit
De vous veoir fort se delectoyt
Et estoit en grand seigneurie
Et toutes gens luy obeyssent
Maximien.
Tousiours ainsi fayre le puyssent.
Tout mon cueur est reconforte
Des nouuelles que tu mas dictes
De moy seras en vérité
Satisfait de tes bons mérites
Marcheboc.
Grand mercy de ce que me dictes
A Fabien m'en fault aller
279
Car a luy me conuient parler
Qu'il y vienne scmblablenient
A luy men voys présentement
A Malion soyes recommande
Maximien.
Or entendes mes cliiualliers.
Mes escuyers et conseilliers
Aller nous conuient tost a Romme.
Je vous en veulx dire la somme
Longtemps a que ne vis mon père
Je le veulx veoir sans me retrayre
Si venes tous auecque moy
Le I ciiiUALiER Max. commence.
Tresclier sire quant est de moy
Vostrc vouloyr veulx accomplir
De tout en tout sans nul esmoy
Quant il vous playra despartir
Auec vous aussi nous irons
Tant que viurons sans point faillir
Aduises quant nous partirons
Le if chiualier Max. commence.
Il me semble quil est sayson
Que nous preunons vers luy la voye
Partant sans retardation
Allons que Mahon nous conuoye
Au cueur jen ay très grande joye
Longtemps y a que ne la vis
Je prie Malioii ([ui nous conuoye
Et nous veuillie garder (Tennuy
Eal ad Fabianum
280
Marghebog retournant à Fabien.
Fabien mon Iresclier sire
Ternegant si vous croysse honneur
Joye santé sans villennye.
Fabien commence.
Bien soys venu ceste parlye
Messagier de tresgrand renom
Et me diclz par quelle rayson
Tu es venu a moy parler
Marcheboc.
Lempereur sans point arrester
Si vous mande haltiuement
Qu'a luy vones incontinent
Pour destruyre chrestiente
Car je vous dictz en vérité
Qu'on luy veult menner grand guerre
Fabien.
Présent a luy iray a grand erre
Puysque cest pour fere la guerre
A ceulx qu'a Jésus veulent croyre
Et ensuyvent la chrestiente
Mon playsir et ma volonté
Est de les fayre tous mourir
Va ten jen suys délibère
Et a luy seul veulx obeyr
Sus Thenin sans point alentir
Soys tout prest de me bien seruir
Et a moy faire compagnie
m
TllENIN.
Mon cher seigneur sans villennye
Mon vouloyr est tousiours enclin
A vous seruir soir et matin
El a vostrc vouloyr obeyr
POSE
Etmt Mac. Fab. et eorum socielas ad
Dyocletianum.
Marcheboc.
Malion vous doint joye sans faillir
Dioclelien mon tresclier mayslro
Par lernegant le roy céleste
J'ay accomply voslre messaige
J'ay este en maint lieu sauluaige
Voyci venir voz conseilliers
Vostre filz et ses chiualliers
Et Fabien nen doubtes mye
Viendra laniost en Romanye
Luy et toute sa compagnie
Dyocletien.
Bien viennent ils ceste partye
Ternegant si croysse leur bien
Or sus mes gentz sans nul delien
Soyes tous presls sans vous rclrayrc
De mon pallays prépares bien
Car ceste chose me doict playre
Maximien.
Diocletien mon trescher pore
Mahon vous doinl sans nul relrayre
282
Honneur santé et bonne vie
Et a toute la compagnie
Fabien.
Trescher empereur de vaiieur
Et au gentil Maximien
Mahon nostre dieu ancien
Vous enuoye sa gloyre parfaicte
Sedeanl Max. et Fabianus prope Dyocletianum.
Dyocletien.
Vous veoir ensemble me delaycte
Or sus beau fdz Maximien
Et vous aussi gent Fabien
Montes la hault s'il vous delaicte
Ce lieu jcy pour vous je tien
Beau filz seoyes vous empres moy
Escoutes seigneurs sans delay
Tout mon vouloyr et mon couraige
J'ay le cueur en très grand esmoy
El ceci est par nostre loy
Que les chrestiens veuUent destruyre.
Et mectre du tout a néant
Si vous supplye humblement
Qu'en ce cas me veullies conduyre
Maximien.
Par Mahon je vous dictz sans rire
La loy sera toute gastee
Car chrestiente la surmontée
De ce faict cy fault ordonner
Sus Fabien qu'en dictes vous.
283
Fauien.
Cher sire je respons a vous
Et vous veulx dire deuant tous
(Juil nous en porroit bien niesprendre
Maintenant cliescung se veult rendre
A la fausse loy chrestienne
Je vous prie que l'on ordonne
Auant que plus grand meschef vienne
Soit enuoye le messagier
Voyse crier (1) sans plus tarder
Parmy Romme soit ordonne
Qui vùldra la loy changer
Deuant vous soit admene
Dyocletien.
Par Malion cest très bien diuise
Vos parolles ne sont friuolles
Aussi vous estes prestre dydoiles
Vous me semblés bien propre prestre
Pour bien esleuer noz dieux
De tout ce pays preuost et maistre
Vous constitue comme prculx
Affin de vuyder tous noz lieux
Des serfs Jésus et de Marie
Faictes en pouldre je le veulx
Mon cher amy je vous en prie
Fabien.
Sire n'en doubtes mye
Ce je feray en vérité
Cil qui croira au lilz Marie
Par moy sera deserite
(1) Qu'il aille crier.
284
Sans de luy auoyr charité
Mourir le leray a laydure
Malion m'enuoye maiadueiiture
Si n'en faict telle boucherie
Telle ardeur telle desconflture
Que perdre luy feray la vie
Jamais nul jour n'auront enuye
D'auoyr au faulx Jésus fiance
La chiere n'auront si hardye
Qu'ils ne tremblent par ma créance
Le II CHiuALiER Maximien.
Il conuient que l'on saduance
Il fault auoyr les sénateurs
Qui sont pleins de diuers acteurs
Si auront chescung son office.
Dyocletien.
Beaulx seigneurs vous iiestes pas mices (1)
Faict il sera comine auez dict
Sus Marcheboc sans contredict
Escoule tantost ma clameur
Et me soys prest sans nul respict
De l'accomplir dedans ce jour
Soudaynement va fere ung tour
Tout en l'heure melz toi en l'erré
Deliure toy sans nul seiour
Et va mes quatre sénateurs querre
Marcheboc.
Sire j'y voys donc a grand erre
A Mahon soyes bonnement.
(1) Doux.
285
Le Fol.
Escoutes tous présentement
Mon père fict jadis cheuance
Au grand labeur jour et nuyct
Jamais nosoit remiilir sa pance
Craignant que son bien n'amoindrit
Mays bienlost je l'ay desconlict
Me ramplissant jusques au col
Tout bien tant fort de bon acquist
l'eril vennant es mains dung fol
Entendes vous mon argument
Marciiedoc.
.Inppiter gard entièrement
Les nobles sénateurs de Rome
Et leur doint joye ainsi comme
Leurs cueurs le voldroint maintenir
Cromatien SENATEUR commence.
Bien puysses tu céans venir
Marcheboc très gentil messaige
Que faict l'empereur très saige
Aussi son fils Maximien
Et le bon preslre Fabien
Sont ils en bon poinct dy le moy.
Marcjieroc.
Ouy sire et sans esmoy
L'empereur par moy si vous mande
Et a vous se recommande
Vous priant qu"a luy viennes
Et que pas no vous en tenues
Uue ce soit bien victemetii
286
Marciâtus commence.
Par Mahon mon dieu qui ne ment
Celluy seroit bien hors du sens
Qui n'accomplyroit liaultement
Le vouloyr de tels nobles gens
Nous ne serons pas negligens
Aller vers eulx sans contredire
Qu'en dictes vous Tarquilien sire
Tarquilin commence'.
Oncques ne vous ouys mieulx dire
Saiches le bien marciagnin
Son bon vouloyr debuons ensuyure
Et accomplir tous de cueur fin
Pourtant chescung sera enclin
A bien l'accomplir et parfayre
Deuers luy pressons le chemin
Si orrons parler lemperiere
Nycostrât commence.
Allons doncques a bonne chère
Et ne faysons plus long seiour
Si verrons toute sa manière
Il nous monstre signe d'amour
Et de longtemps monstre nous a
Chescung vers luy prenne la voye
Allons scauoyr qu'il nous dira
Cromatien.
Nul de nous ne sen desdira
Allons sans dire plus rien
POSE
Eunt ad Dyoclelianum.
287
Marciatus.
Cil qu'est cause de tout bieu
Veuille garder Diocletien
Son fils et tout son maintien
ÏARQUILIN.
Juppiler mon dieu terrien
Mon vray dieu Mars celiestien
Si garde l'empereur très noble
Et aussi riiault Maximien
Nycostrat.
Cher sire vers vous je vien
Pour accomplir votre maintien
Et vous seruir de môme sans faillir
Dyocletien.
Bien soyez venus en ceste ville
Mes nobles sénateurs de Rommo
Je sujiplie mon dieu Mahomme
Quil vous veuillie donner en somme
Vostre vouloir fayre accomplir
Vous estes vrays et loyaux comme
Je peulx veoir, aussi maintenir
MAXIMIExN.
Il ne fault ici long plaict Iniir
Cher sire do cest(^ besuigne
Et qu'il n'y ait si hardi homme
Qui voyse (1) preschant parmy Romme
La loy Jésus comment quen aille (2)
Ne diclz je pas bien très cher sire
(1) Aille.
(2) Locution encoro usitée auiounl'liui dans les patois savoyards
pour dire (le (jnehiur rnanirrr que ce soiL.
288
Dyocletien.
Cest bien dict
Seigneurs ouyes que je veulx dire
Et par quoy estes céans venus
Chrestiens régnent en mon empire
Par long temps ja sy sont tenus
Le cas est je les veulx occire
Cruellement très tous ensemble
Vostre opinion sans desdire
Dictes la moy que vous en semble
Cromâtien.
Puysque nous sommes tous ensemble
Chascung en dira sa rayson
Ils ont par trop longue sayson
Règne ne scay si le cuydes
Bien temps il est qu'ils soint vuydes
Et rays hors de ceste contrée
Marciatus.
Ils ont faict longue demeure
En ces parties certaynement
Nostre loy iroit mallement
Qui les larroyt plus dessus terre (i)
Maximien très bien enquerre
Sen scaura deulx sans nulle faillie
Fabien aussi bien prendre Ferre
De leur fere dure bataillie
Et a ce fere ne sera mice
(1) Qui les laisserait davantage sur terre.
(i)
289
Tarquilin.
Si je leur faulx Malien me nuyse
Si par moy ne perdent la vye
Mays que les treuue en mon domeyne
Nycostrat.
En guerre m'en veulx par moys jours
[et sepmaynes
En despit de la virge quon dict royne
I]s en morront par mon serment
Faictes le tout diligemment
. Dyocletien.
Celluy qui fict le (irmemenl
Je regnye toutcllemcnt
Si ne le faict comme aues dict
Veuilles entendre mon edict
Nul ne présume auoyr dedict
Donner débat ou contredict
Ou de mes dieux soys-je maudicl
Si me luy faict perdre la vye
Parlant à Maximien.
Mon fils juge sercs de Romanyo
Ceulx qui croyront au lilz de Marie
Vous les feres tous a mort mectre
Toute ma gent je veulx soubmectre
A vous et ma terre remectre
Sans rien quelconques exceptci-
En vostre main affin que maistre
Eslre sur tous et apparoislr<^
Vous soyes dict et redouble
19
290
En signe de ce je veulx bouler (1)
Sur vostre teste cesle coronne
Gardes la bien noble personne
Tout lempire vous abandonne
Cest mon vouloyr ainsi l'ordonne
Nen faicles ja point de reffus
Alloquilnr Fabianum.
Et vous Fabien mon bon amy
Mon grand preuost vous faict de Romme
Pour chresliens mectre en enuy
Qui conlrediiont a Mabomme
Alloquilnr Cromaliamim.
Toute grece vous baillie en somme
Sans nulle larde Cromatien
Faictes que tout homme et femme
Regnye Dieu nazarien
Alloquitur Nycoslratuni.
Nycoslrat de puyssant maintien
Sur Barbarie (2) te commet
Si treuve aulcung cbrestien
Faict luy regnier Nazaret
Alloquitur Tarquillinum.
Tarquilin sans faire plaid (3)
De Marceillie et de Myllan
Te faictz preuost en effaict
Faiclz aux chresliens souffrir torment
(1) Mettre. On sait que Dioclétien a abdiqué le pouvoir,
(2) Afrique.
(3) Sans plaider, sans hésiter.
291
A lloquilur Marciatmn .
Marcliegnin puur cest an
Dcmeuria avec Fabien
Pour aux chrestiens fere dam])
Kncherchez les je vous supplye
Quils en puyssent perdre la vye
Fabien.
Si je leur laulx mars me mauldye
Et m'envoye maie sepmayne
Sur eulx feray telle baterie
Quilz en auront liebure quarlayne
Tarquilin.
Par le dieu qui tout le ciel mcyne
Chrestiens feray en quatre part
Escarteller do par Juppin
Et les aullres pendre a bons arlz (1)
Qui réguleront grisogolin
Nycostrat.
Ils seront mys a malle fin
.le le vous dis sans celler rien
Cromatien.
Mon cher seigneur je vous dis bien
Ouil est bien temps de congé prendre
.le men voys sans pins atlcndrc
Au pays (jue niaues haillic
Par nio\ sera moult trauaille
Maint chrrsruMi ainsi ((uc jiensse
(1) Cordes.
292
Dyocletien.
A Venus pleine de prudence
Vous commande mes sénateurs
Fabien prenant congé des sénateurs.
A dieu soyes gentilz seigneurs
Qui vous veullie de mal gardei-
Marcegnin.
S'il est nul qui veullie garder
La loy Jésus pour retarder
Celle du liauU dieu terneganl
De lances le feray darder
Et de flèches si bien larder
Quil en morronl meschanteràent
Mâximien.
Nostre perc empereur puyssant
Aller men veulx parmy lempire
Scauoyr si orray rien dire
De Jésus et de sa merdaillie
Cest le meilleur comme me semble
Dyocletien.
Ailes vous en voz gens ensemble
Mon filz puysque le voules
Nouuelles de vous me mandes
Au plus brief je vous en prie
Maximien.
Mon cher sire a Dieu vous comment
Recedit Maximianus .
SILETE.
293
S' Sebastien commence genibus flexis.
Jésus roy omnipotent
De toute doulceur et bonté
De vray parfaite charité
A te seruir je meclray peync
Treslous les jours de la sepmayne
Ton chiualier veulx lousiours estre
Te cognoessant seigneur et maistre
Et tousiours te veulx obeyr
Sans jamays ta loy enayr (1)
Tous ceulx qui de loy font memoyre
Jésus fih de Dieu roy de gloyre
Aymé de cueur parfaictement
Et si me donne entendement
De te seruir par telle manière
Que le saiches lemperiere (2)
Jusques a tant que taye serui
Et ton paradis deseruy
Et me donne que bonnement
Puyssc monstrer conuertement
Ta loy a homme et a femme
Et si me garde de diffame
Je ten requiers mon Ires doulx sire
Maximien.
Meschiualliersetconseilliers en somme
A tous je vous faict assauoir
(1) Haïr.
(2) L'imporalrice.
294.
Quen Nerbonne nous fault aller
Pourtant cliascung fasse debuoir
De moy aller accompagnier
Le I CHiVALiER Max. commence.
Sire empereur 1res cher
Comme saige personne
Vous parles seurement
Que vostre vouloyr ne lace
N'en doubtes nullement
Et la verrons Sebastien
Ce chiuallier très grand
Digne de grand hauoyr
Le II CHIVALIEU.
Vous ne parles que bien
Mon cher seigneur sans nulle faulte
Et sil y a nul chrestien
Qui croyent au fds Marie
Au diable soint telle chiuaillie
Et perdre leur ferons la vye
Maximien.
Or sus barion sans villenuye
Va ten tout prest ne tarde mye
Au deuant fere assauoyr
Et que cliescung face dehueoir
Au droict seigneur de lempire
Qui vient en Nerbonne chascung
A moy fayre obéissance f saduance
Et après tu yras dire
295
Au cliiuallier SebasUoii
Que tout soit ordonne très bien
Car je seray la sans demeure
Barion messager commence.
Voslre vouloyr dedans une heure
Accomplhay mon i;lier seigneur
Si mon dieu Malion me secure
Eat.
Idem Barion.
Il est bien temps comme je croy
Qu'icy mes cryes soint puljliees
Ouyes ouyes Nerbons et Nej'bonoyses
Vous dames aussi damoyselles
Et ces jeunes playsans pucellcs
Aduocatz marcbans gens desglyse
Escoutez tous par bonne guyse
Lempereur de Romanye
Qui se nomme Maximien
Viendra présent nen doubtes mye
En ceste ville saches le bien
Vous en debues auoyr au cueur
Joye et playsir de sa venue
Faictes quen ayez honneur
Je vous en prie sans retenue
Apropinqiians Daciamim et QuinUnnum.
Je men voys sans plus débattre
Lannoncor a Sebastien
La nouuclle aura cher tenue
Par ma loy je le scay bien
296
QuiNTiEN commence.
Auez vous ouy sire Datien
Le messagier Barion
Il conuient que prest allon
A lenconlre Maximien
Il veuU venir je vous dictz bien
Présentement en ce pays
Dacien commence.
Mahon qui fict le monde jadis
De la nouuelle je suys joyeulx
Or nous en allons mon amy doulx
Au deuant de sa personne
Bxmo^ parlmit a Sebastien.
Mahon qui règne et domine
Si garde le prince de Nerbonne
De mal denuy dencombrement
Saiches véritablement
Qu'a vostre estât très grandement
Maximien se recommande
Veoir vous viendra bien briesuement
Par moy ceci il le vous mande
Et pourtant vous signiffie
Sebastien prince excellent
Monstres vous tel que chascung die
Que l'auez receu noblement
Sebastien.
Si feray je cerlaynement
Le puyssant dieu luy doint honneur
Et si le garde de deshonneur
297
J'ay grand joyc qu'il vient par ticca
Aussi ne le vis je pieca
Maximiamis et eiiis societas adeiinl Nerbouem.
Dacien.
Longuement ne seiourncra
Certaynement jci suys tout seur
Voyes le la comme me semble
Sebastien allant a l' encontre.
Bien soyes venu noble empei-eur
Et voslres gens aussi ensemble
' A qui je suys homme féal
Doulx auec le cueur et loyal
Destre venu veoir voslre homme
Maximien.
Je prie a dieu Mahomme
Qui soult et gard Sebastien
Vng chiuallier plein de tout bien
Auant sire comme vous va
S' Sebastien.
Je mercye mon dieu de cella
Je me va bien mon très doulx sire
Comme voslre seruiteur sans desdire
Et si suys mieulx voslre que mien
Le II ciiivALiEU Max.
Je prie celluy qui fict tout bien
Que lousiours vous tienne en sanle
298
Le I CIIIVALIER.
De pièce gi'and désir auoy
De vous veoir a ma volonté
Je prie dieu quil vous doint lyesse
S' Sebastien.
Mes seigneurs pleins de noblesse
Vous soyes les très bien venus
Je vous mercye de la proesse
Quand vous plaid venir céans
Maximien.
Nous venons par vostre bonle
Je vous prometz sans faillir rien
QUINTIEN.
Malion noslre dieu ancien
Gard le noble empereur en somme
Et luy doint a sa personne
Auoyr la joye perdurable
Datien.
L'hault dieu puyssant inestimable
Soult et gard le noble empereur
Et trestout aussi son maintien
Maximien.
Bien soyes venu Dacien
Aussi le jeune Quintien
Messeigneurs Je vous dicls bien
Que jay grand lyesse au cueur
Quant Sel)astien de grand valleur
Puys auoyr en ma présence
299
Je vous prie clioscung s'aduancc
De liiy ferc playsir et fesle
QUINTIEN,
Appollin doint lionneur el lyesse
Au chiuallier de grand noblesse
S' Sebastien.
L'Iiault dieu vostre honneur croysse
Amy bien puyssies vous venii-
Accolles raoy
Datien. *
Je commence
Ay tousiours a noble prince
Plus genl qui soit en la présence
Comment vous est vostre désir
S^ Sebastien
Prest de fayre vostre playsir
Maximien.
Ca messeigneurs j'ay grand désir
Veu que sommes tous ensemble
Cest le mcillieur comme me semble
De fere le sacrifice
Sebastien mon amy cher
S'il y a clircstiens en la ville
Qui tiennent noslre loy a ville
Quils soint pendus et escorches
En leur démontrant leur erreur
300
S^ Sebastien.
A très puyssant noble empereur
Vous ferez voslre playsir
De vous servir ay grand désir
Or faictes tout a voslre guyse
Mâximien.
Allons donc fere le seruice
Quand nous sommes tous ensemble
Cesl le mieulx comme me semble
QUINTIEN.
Allons donc Ires cher seigneur
POSE
301
Maximien adorant les ydolles.
Mectons nous treslous a genoulx
Et si chantons trestous ensemble
Quelque beau cliant raelaudieux
Mahon Venus et Appollin
Bren, Bron, Charon, Chara, Bara,
Juppiter et Grisogolin
Et tous les dieulx de noslre loy
Gondo, Plioron, Bara. Chara,
Idem Maximien.
Mahon qui est le majeur
iJe tous les dieux de noslre loy
Garde moy de tout esmoy
Et me donne sur ces chrestiens
Vicloyre tant qu'en mes lyens
Je les puisse briesuement meclre
S' Sebastien.
Mon dieu veullie moy maintenir
En ton seruice sainctement
Je ne te requiers aullrement
Doulx dieu je te requiers en somme
QUINTIEN.
Tous mes glorieux dieux en somme
Je vous leqnieis grâce et mercy
302
Veullies moy pardonner icy
Trestous mes pèches en somme
Datien.
Mahon cahin aussi Dyenne
Et Appollin nostre patron
Veuille garder lempereur de Romme
Le II CHiVÂLiER Max.
Mon dieu je vous requiers en somme
Que me veullies pardonner
Tous mes pèches et mes offenses
Que tousiours puysse sacriffier
A Venus pleyne de prudence
Premier chivalier Max.
Appollin remply de puyssance
Je te requiers de cueur entier
Que tu me veullies convoyer
Et mener a saluation
Maximien.
Le seruice faict nous auons
A nos dieulx comme debuons
Leuez vous et nous en allons
Surgîint omnes.
Perdition commence.
Nomme je suys Perdition
Engendrée au gouffre infernal
Fillie de malédiction
Conforme a fere tout mal
J'ay priudlege principal
Donne du prince tenebreulx
303
Que tous mes gentz en gênerai
Morront meschans cl mallieureux
Voyci ma génération
Que j'ayme d'amour cordial
Gaffre pareilliement Griffon
Régiront mon hault tiiliunal
Et Fouidre mon lils 1res féal
Tant fera par faictz corageuix
Que ses frères par cas égal
Morront meschans et malheureux
J'ay faict belle opération
On le peult veoir bien manifeste
Plus ne faict déclaration
Que de mon mignon lilz Tcmpeste
Par luy tout sera mis en festc
Tant sera fier et corageux
Puys tous quatre en cest estre
Morront meschans et malheureux
Enlans maudictz iniurieulx
Gommis du vouloyr Proserpine
Escoutes soyes curieulx
De bien retenir ma doctrine
Griffon commence.
Je ne requiers que frauld et rapine
De bien fera ne me peult challoyr
Gaffre commence.
J'ay ma volonté encline
Tousiours a fayre tout mal
FouLDRE commence.
Mon entendement ne fine
Que de chercher tousiours le mal
304
Tempeste.
Je suys plein de frauld par esgal
One de bien fayre nheuz vouloyr.
Perdition.
A ce que puys appercepuoir
Je vous rendray si gens de bien
Si vous faictes vostre debueoir
Que la fin ne vauldra ja rien
DeuanL tous je diclz et souslien
Que Ion fera rellation
Que vous estes enfants ja bien
Engendres en perdition
Ouyes mon introduction
Je vous enjoinct en premier lieu
Que ne faictes loquution
De troys moctz sans regnier Dieu
Et gardes bien si a quelque jeu
Vous perdes argent ny bagues
Cyl quaura le butin heu
Ait viclement vng coup de dague
Si aulcung de vous dénient meschant
Les aultres ne luy soint pas chiches
Couppes les gorges aux marchands
S'ilz ont rien deuiendres riches
Si vous estes gentz entendus
Et retennes bien mes diclz
Ains que jamays soint des ans dix
Vous seres tous quatre pendus
Griffon.
Ma mère n'en parles plus
Car vostre doctrine ensuyurons
305
Caffre.
Je vous prometz que nous ferons
Très tous vostre enseignement
FOULDRE.
Je vous prometz vrayemeni
Je seray pire que les troys
Perdition.
Vous seriiires princes et roi\
Puys qu'a m'entendre mectes la pcyne
Tempeste.
A mal fayre mectray tousiours peyne
Perdition.
Knfans cnfans n'ayez altayne
Ensuyues ma fragilité
Jay règne mainte cite
Et nourry mainte garsonnaillir
Qui prennent leur félicite
A fayre aux chrestiens baltaillie
Encour je vous diray mieulx
Et monstreray plus grand lycon
Affin de tuer sans raison
Vieulx jeunes grandz et petitz
Vous aures instrumentz actif
Pour exercer vostre mectier
Pour procéder au cas entici'
Vous aures glaiues et couteaulx
Vous vous monstreres liorreaulx
Battes frottes lost et tard
Regnies et joues de hasard
-20
306
Soyes juroignes (1) et putaciers
Et Ion dira sont vrays censciers
Tues tout a gauche et a dextre
Sans espargnier ny clerc ny prestre
Voylla mon noble enseignement
Griffon.
Nous le tiendrons seuremenl
Caffre.
Nous retiendrons vostre doctrine
FOULDRE.
Nons retiendrons vostre enseignement
Tempeste.
Nous les tiendrons seuremenl
Perdition.
Je vous commande expressément
Que l'emprimies en la poictrine
Tempeste.
Nous scauons bien vostre doctrine
Nulle de nous n'est plus nouice
FOULDRE,
Nous nauons plus besoing de nourrice
Adieu mère
Perdition,
Au diable enfant
(1) Ivrognesi.
307
Maximien.
Ça messeigneurs il conuient prendre
Aller a Rome prestement | la voye
Sus Barioii va tost en voye
En ceste heure présentement
A mon père va souldain dire
Quauec luy seray a disner
Et tous mes gentz sans contredire
Cecy luy va déterminer
Darion.
Comme le vent sentes passer
Aussi tost men voys a luy
A vous sire mo reccommande
Mahon vous veuillie garder dennuy.
Maximien.
Sebastien mon doulx amy
Mon cliiuallier je vous eslvs
Et auec moy vous en venes
Et ja poinct ne vous esloignes
Vous seruires moy et mon père
S' Sebastien.
Je le feray a bonne obère
Mon doulx seigneur certaynomont
Auec vous jray très doulccjuciii
Pour vous seruir et bas et banll
Eunt ad Dyodelianum lento yradii.
Barion ywr/fj»/ n Dyorlel'u-n.
Excellent du monde le i»lus liault
Des rois, ducz, princes et seigneurs
308
Malion vous doint joye et lionneurs
Et vous garde dencombrement
A vostre grâce benignement
Vostre fils Maximien
Se recommande grandement
Aujourdhuy sans faillir rien
Viendra disner a vostre table
Cecy vous ditz pour véritable
Dyocletien,
Gentil messagier amyable
Tu soys le tresbien arriue
De ces nouuelles joyeulx me faiclz
Dy moi comme lui est de faict
Et si santé en luy abonde
Barion.
Toute joye en luy redonde
N'en doubtes sire pour certain
Dyocletien,
Saturne mon dieu souuerain
Du bon du cueur je te mercye
Le I CHivALiER Dyocletien.
Nous debuons bien fere grand cbere
Et le recepurons humblement
Le II CHIVALIER Dyocletien.
Il est bien raison vrayement
Que chascung face cherelye
Mâximien.
Nous aprochons nen doubtes mye
Du playsant pallays de mon père
309
Et pourtant me conuient fayrc
A luy salutation
Mon tresclier seigneur Baraton
Qui est de tous nous bon patron
Vous doint joye et bonne vye
Dyocletien.
Beau fils vous et vostre compagnie
Soyes bien venus en cest estre
S' Sebastien.
Le roy céleste
Vous doint vos désirs tous parfayre
Datien.
Excellent raaistre
Mars vous veuille a tous bien Irayre
QUINGTIEN.
Venus auec vous veuille estre
Et vous preserue de misère
Dyocletien.
Bien viennes vous en cest estre
Le I CHIVALIER Dyocletien.
Ternegant le roy céleste
Gard le noble empereur de Romme
Le II ciiivalieu Max.
Venus la déesse boinie
Veuille garder vostre personne
Dyocletien.
Bien soyez venus en somme
Ca Man'iieboc sans an-estei-
310
Va tost appresler le disner
Affin que puyssions festoyer
A la venue de ces seigneurs
Marcheboc.
Tresclier sire sans reffus
J'accompliray la besogne
Préparât mensam.
Maximien.
0 seigneur. Je vous dictz deuant tout
[ homme
Que cest a nous chose aggreable
Veoir cy nostre amy délectable
Sebastien noble personne
Je vous prie de bien bon cueur
Qu'en vostre court soit le majeur
Et le premier des chiualliers
Dyocletien.
Si jen auoys par milliers
Je veulx quil soit le plus auant
Bon chiuallier est et scauant
Je veulx quil soit auecque moy
Et tous les jours sans nul esmoy
Se ireuue a bonne chère
Tout le premier deuant ma chère
Je l'ordonne des maintenant
Le II CHivALiER Dyocletien.
Ca luy appartient certaynement
S' Sebastien.
J'ay volonté grandement
De fere vostre playsir
311
En vérité jay grand désir
De fere tout a bonne cliere
Et vous mercye nolile empereur
De l'honneur que vous me donnes
Tousiours seray abandonne
A fere vostre volonté
Marcheroc.
Seigneurs voycy le disner prépare
Chescung prenne place notable
Dyocletien.
Mon fils
Et vous Sebastien prince notable
Je vous prie mettons nous a table
Et aussi toute l'assemblée
Maximien.
Mon père puys quil vous aggree
Nous le ferons sans moctz sonner
S' Serastien.
Pas ne le debuons refuser
De fere vostre volonté
Datien.
Chescung de nous est prépare
A vostre bon commandement
QUINCTIEN.
Seons nous donc tout maintenant
Et beuons en bonne santé
Acciimbunt mcnse.
312
Le I ciiivALiER Dyocletien.
Je me mectray a ce coste
En prenant place a loysir
Le II CHIVALIER Dyocletien.
De boyre jay grand désir
Quant est de moy je vous affie.
Le I CHIVALIER Max.
Or beuons donc je vous en prie
Et memions joye et lyesse
Le II CHIVALIER Max.
Pas ne debuons mener tristesse
En compagnie de grand noblesse
Marctis et MarcelUnus (empore prandii exeunt
et loqunlur ut sequitur.
Marc fils de Tarquilin commence.
Mon frère entendes
S'il vous plait ma raison
Voz oreillies tendez
Car il en est sayson
A Dieu de paradis
Qui fict ciel et empire
Veulx appliquer mes dictz
A servir comme sire
Il me prent granil playsir
D'auoyr la loy chrcstienne
D'aymer Dieu jay désir
Marcellinus.
Frère je vous ditz sans mentir
Et vous veulx ferc bon serment
313
Hue chrestien veulx deuenir
Et la loy Jésus ensuyuii
Car cesl celluy qui point ne ment-
Marc.
Et moy aussi certaynement
Vouldroy tenir la loy chrestienne
Aller donc il nous conuient
Vers Polycarpe le bon preslrc
Car quant a moy chrestien veulx eslre
Je le vous dictz sans fere doubte
Playse ou non a nostre père
Mârcellin.
Si laisie moy sans faulte fere
La loy de noz dieux veulx laysser
Et meclre du tout a néant
A Jesuschrist sans varier
Mectray tout mon entendement
Je voys doncques présentement
Vers nostre père Tarquilien
Pour luy dire sans nul detien
Que croyrc veulx la loy Jésus
Marc.
Et que diront les empcrem-.s
Prcre quant, scani'ont nostre i'aict
Mârcellin.
Or y allons sans plus d'arrest
Et lui conterons nostre faict
Marais d Manellinus emil ad Polycarpum.
314
Marc.
Polycarpe le roy parfaict
Vous doint sa grâce et s'amour
POLYCÂRPE.
Je prie Dieu le créateur
Qu'il vous veuillie illuminer
Marc.
Sire vous playra il d'aller
Auecque nous vers nostre père
Scauoyr si le porront retrayre
De sa loy car il est deceu
Pour seruir ces dyables ydeulx
POLYCARPE.
Voulontier au nom de Jésus
Et de sa tresacree mère
POSE
315
Margellin.
Tarquilien nostre cher père
A toy je vieil si faict mon frère
Nous volons chrestiens
Deuenir sans retrayre
Faictz nous tost haptisei-
Toy et ma mère ensemble
Et sans plus diuiser
Cest le mieulx si me semble
Marc.
Mon père la loy payenne
Hayons (1) sans faillir rien
Et la loy chrestienne
Voulons nous deux lenii-
Quoy qu'il doibue aduenir
La loi Jésus seruons
Tarquilien.
Par le hault dieu Mahon
Mes enfans cest folye
Qui scauroit que je fusse
Clireslien sans double
A tout ce je reffuse
Je ne le feray goutte
Ny vous que bon me soit
Cest folye qui vous decoit
Gardes de plus en dire
POLYCARPE.
Donjour Tarquilien sire
Vous doint le dieu que je croy
(I) Haïssons.
316
Tarquilin.
Mahon vous faiclz arroy
Polycarpe mon bon amy
Hellas je suys en grand soucy
Mes deux enfants me font
Au cueur très grand pilye
Nos dieux renonce ont
Présentement en vérité
La loi de chrestiente
VeuUent prendre et ensuyuj'e
En ame tourmente
Suys sans contredire
Polycarpe.
Tarquilin très cher sire
Cest a vous grand simplesse
Leur vouloyr contredire
Ils sont pleins de sagesse
Pour paruenir a joye
Au royaulme des cieulx
Ils prennent la voye
Hellas faictes comme eulx
Tarquilin.
Haroz maulgre nos dieux
Au diable malheureux
Aussi ta loi chrestienne
Jappercoy que deceu
Ils renoncent Dienne
Descendit Tarquilinus et inqiiit.
Toy et eulx par mon ame
Meschament a diffame
ai7
Je vous feray linii'
Si vous tonnes la ganmie
De ce pailliaid infâme
Que mauez cy vente
Marc.
Vng Dieu qui est en trinile
Troys personnes en unité
Une essence je veulx ayraer
Marcellin.
Sounoraine diiiinilo
Coeleinclle mageslo
De lout en tout veulx reclamer
POLYCARPE.
Cest bien dict aussi diffammcr
La loy payennc vous conuienl
Abaysser Juppin et blasmer
Dien vous fcres il appertient
Et ung seul dieu vous aymeres
De pensée dame de cuear fin
Par ce moien vous paruiendres
En son royaulme après la fin
Tarquilin.
Maulgre Juppin et Apollin
Faulx. traiclre preslre
Seruez vous tel maislre
Je puysse brief souffrir mesclief
Et malle peyne
Si jncontincnt ne vous raeync
En l.i maison de Nycostrat
318
Qui vostre estât abayssera
Car il fera si croisje bien
Finir voz jours a grandz doleurs
Passes auant faulx chien
Et ruffien ,
A Lucifej' maistre d'enfer
Je vous commande
POLYCARPE.
Ne doubte point ny tant ni quant
Auec toy a cherelye
Ton bon vouloyr accomplyssant
Je iray quant a ma partye
Marc.
Et nous aussi n'en doubles mye
Beau père auec vous jrons
Ja de rien ne vous desdirons
Maximien.
Mon père faictes dicy leuer
Car je voy plus homme manger
Si me semble pour le présent
Dyocletien.
Ca messagier tout prestement
Leuez donc tout sans nul seiour
Marciieboc.
Voyez moy ci prest a vostre honneur
Sumpserunt pranditim et surgmit.
S' Sebastien.
Nous vous mercyons monseigneur
De vos biens et de vostre cliiere
319
Dyocletien.
Prennes en gre je vous prie
ÏARQUILIN.
Hic TarqnUinus ducit filios et Polycarpum
ad Nycostrat.
Sire regarde que tameyne
Ces Iroys quoquins pleins de foiye
Noslre loy tiennent en vayne
De tout en tout lont abolye
Ils croient en Jésus fiîs Marie
Ils tiennent présent la loy chresliennc
Puysquilz ont commis tel vice
Je le supplye faictz en justice.
Nycostrat.
Par Mahon chescung est bien nyce
Auoyr aullre loy que Mahomme
Je mesbays de faict en somme
Comme vous estes si obstines
Scaues vous pas que maint homme
Pour ceste cause en est line
Je vous en prie détermines
La mectre du tout a destin
Et de bon cueur tost reprennes
La loy nostre dieu AppoUin
Marc.
. Nous seruirons le Roy diuiu
Marcellin.
Tousiours soyr et malin
Seruirons le roy diiiin
320
Nycostrat.
Et toy presblre villain
Veulx lu tenir jcelle loy
Si tu la liens par ma foy
Mourir le feray de vray
Tout a ceste heure présentement
POLYCARPE.
A Dieu omnipotent
Jésus roy de concorde
Seruiray liumblement
En tout a luy maccorde
Aultre je metz a néant
Nycostrat.
Je renye Mahon qui ne ment
Au sénateur Cromatien
Je le voys dire présentement
Mourir vous fera comme ung chien
Le faicl luy compleray si bien
Que de brief vous fera martyr
Fault Iraiclre malheureux
Pas ne cuydoys que fuciez tel
Que voulsissiez nyer Mahon
Au diable soyes vous donc
Qui vous puysse fere périr
Tarquillin,
Je croy qu'U me fauldra mourir
Maulgre toute la nation
Du faulx Jésus de Nazaret
Juppin est a confusion
AppoUin n'est plus que varlet
321
Faut il que ijoiirchasse
La mort et que face
Mourir mes enfans
Es mains des tyrans
Comme iauix mescliaiilz
Haron faulse mort
Amy tout curieux
Fay moy laisser ces lieux
Et le va soubtlain dire
Au grand coulagieux
Crom.alion le sire
Et (|ue mes enfants
Soint conuertissanlz
A la loy Jésus
NYCosrrtAT.
Amy n'en parles plus
Lay&ses moy du surplus
J'en feray vray justice
Je suys assez propice
Pour bien compte)- leur vice
A Mahou et Juppin
Jusques au retour en droict
AUoquilur [mires et Pofjirarpuni.
Je vous houlte peync voz lestes
A vous ti'oys quesles faulx traictres
Que vous ne partes de céans
Tant que javf roniptr voslre fait
Nycostriit imulalim cl duni Tuniiiilliniix loquitur
phingt'udo ladil lul ilruntalinnuw.
21
322
Tarquilin exit plangendo.
Hellas que lay je faict
Ay je vers toy me f fa ici
Comment as tu souffert
Mes enfans en appert
Te fayre telle oppresse
Chescung deulx si te laisse
Helas helas hellas
Voici bien pitieulx cas
Las je ne cuydoy pas
Auoyr faict telle lignée
Qui me mectant es lacz
De la mort sans faillye
Par eulx fault que denye
Ma douleureuse vye
Jay bien perdu tout bien
Je pleure larmoyé crye
Hellas que n'est perie
Ma vie nul detien
Nycostrat.
Juppiler gard Cromaticn
Et trestout son hoiistaige
Cromatien.
Bien viennes Nycostrat saige
Nycostrat.
Malion noslre dieu terrien
Vous gard de mal piince tressaige
La femme Cromatien commence.
Comme se porte le mesnaige
Nycostrat bien soyes venu
323
A ma dame est poinct le lengaige
Dictes pour le présent reuenu
Nycostrat.
Nenny ma dame
TiDURTiEN FILS Gromatien coiumence.
Sans tarder plus
Nycostrat moutes ca liault
Piiys nous direz sans reffus
Quel vent vous meyne et qu'il vous fault
Sedeal Nycostrat.
Cromatien.
Or me dictes sans nul del'faut
Parquoy prennes vers nous la voye
Nycostr.\t.
Je le vous diray cler et liault
Puys qu'il vous plaict tant men enquerre
Vray est qu'il y a en vostre terre
Troys clietifs meschans gens
Qui en noz dieux ne veullent croyre
Mays sont deuenus clirestiens
Mars ny Malion prisent jilus rien
Cest Marc et Marcel lin son frère
Tous deux fds de Tarquilin
Je le vous dictz bien et declayre
Polycarpe leur a faict fayi-e
Trestout cecy comme je croy
Tant en est Tarquilin dolent
Mercy de vous crye par moy
De ce soyes bien recollent
324
Cromâtien.
Le dictes vous a bon essient
Nycostrat
Nycostrât.
Ouy par tous nos dieux
TiBURCE.
Je conuient fere mieulx
Pour y aller cesle sepmayne
Tormenter les fault sans mentir
Et leur fere souffrir grand peyne
Cest ce faulx ti-aiclre qui enseigne
Sa loy aux enfans Tarquilin
Hellas si Marc et Marcellin
Estoient tous deux liures a mort
Pitye seroit par Appollin
Jamays je n'en seroys d'accord
Cromâtien.
Beau fds nous orrons leur record
Mays si nul d'eulx la loy mesprise
Nous en ferons fere justice
Menés seront au sacriffice
Veoir sils vouldront sacriffier
S'ils ne le font par leur malice
De coups nous les ferons finir
TlRURCE.
On doibt ceulx faire martrier
Qui sont a nostrc loy nuysans
Cromâtien.
Faictes les donc tenir dedans
Je vous prie Nycostrat sire
325
Gardes les bien dedans vostie estre
Ainsi que fere le scaures
De mes nouuclles vous aures
La sepmayne qui enlrcra
Faictes le mieulx que vous porres
•le vous en prie de cella
Nycostrat.
Par ma loy sire on fera
De bien les garder son debuoir
S'on pcult on les conucrtira
De leur loy ce debues scauoyr
TlliURCE.
Nous deburions grand joye auoyr
Sils reprennent nostre créance
Cromatien.
Nycoslrat a vostre puyssance
Reconfortes le sénateur
Ses enfans l'ont rays a mescliance
Bien scay qu'il est marry au cueur
Nycostrat.
Jl souffre torment et douleur
Tant quil ne scait que deuenir
A Mahon soycs cher seigneur
•le men voys temps est desparlir
Cromatien.
Bacut vous vcullic desparlir
En tout temps s'amour sa grâce
Reccdit Nycoslrat.
326
Tarquilin.
Hellas je ne scay que je face
Mahon soit auec vous chère amye
De pleurer point ne me lasse
Je croy que je perdray la vye
La femme Tarquilien commence.
Pas. Je suys en torment rauye
Qu'aues vous mon cher seigneur
A joinctes mains mercy vous crye
Pourquoi menés vous tel douleur
Tarquilien.
Ma mye jamais joye au cueur
Nous deux n'aurons je le scay bien
Dame saiches sans faillir rien
Noz deux enfants cy sont chrestiens
Par Polycarpe le faulx chien
Je vous le dis sans faillir rien
Je les ay trouue ensemble
Tout le cueur au ventre me tremble
Quant ceste chose considère
Je n'auray jamays que misère
La femme Tarquilien.
Par Mahon que pourray je fere
Ny que pourray je deuenir
Présent puys bien crier et brayre
Je ne me puys plus contenir
Hellas mes fdz et mes amys
Qui jamays vous peult secourir
Que ne soyes a la mort mis
Ha chers filz votre amour a mis
327
A douleur votre [tere et inoy
Voicy grand erreur et esnioy
Hellas et ou sont ils beau sire
Allons les veoir tost vous et raoy
Et ne m'en vcullies esconduyre
Târquilin.
lia madame je le vous veulx. dire
Chez Nycostrat le sénateur
Les mennay tous troys par grand ire
Nycostrat le vailUant seigneur
Il s'en va a Cromatien
Scauoyr comme de leur eri-eur
Les tourneroit saiches le bien
Et silz n'en vcullent fere rien
Bien scay que tormentes seront
Par le ci'uel prcuost Fabien
Jamays eschai^per n'en porront
La femme.
Hellas hellas et que feront
Les panures en fans doloureux
Jamays jour que doleurs nauront
Leur père et mère pour eulx
TARQUILIN.
En pleins (1) et en pleurs langoureux
Hellas que fei-onl leurs enl'ans
El leurs femmes bien malheureux
Seront destre en ce faulx Jésus croyans
Ne soyons plus icy plouians
(1) Plaintes.
328
Leurs femmes tantost nous oiront
Lesquelles seroinl hors de sens
Par mon serment si le scauoint
Nycostrat me dict sU pouuoyt
De leur propos les retourner
Fere assauoyr le me fei'oil
Ja n'est besoing dy retourner
La femme.
Or nous taysons sans seiourner
Et nous seons en ceste place
D'eulx nous fauldra informer
Malion je ne scay que je face
Nycostrat pa7ie a Marc el a MurccUin.
Dictes moy sans espace
Quest deuenu ce viel bon père
Luy auez vous faict menasses
Qu'il en a laysse cest repayre
Marc.
Nycostrat amy debonayre
Quant et vous partîtes souklaui
JUrcellin.
Onques puys ne cessa de brayre
Mays il labeure de vray en vain
Nycostrat.
Par Malion auant quil soit demain
Je vous feray mourrir a honte
De voslre vie ne faiclz plus compte
Par vostre faulce loy chrestienne
329
.le vous inociray a malle estroync
Auanl quil soil nonne aujounlliuy
POLVCARPE.
Nycostrat que dire te puys
Tu es en toy mesme deceu
Mahon si me croys plus n'ensnys
Ou aullrement tu es peidu
Je te le diclz Nycostrat sire
Nycostrat.
Haroz voicy bien pour me cuyre
Mon dieu Mahon me puysse nuyre
Me vengeray je de ces chiens
En tel poinct suys que hors du sens
Suys et ay au cueur si grand despit
Que je vouidroys estre mauldict
De mes dieux et ils fussent morts
Au dyable soint ils et leurs dicts
Je meurs quant je men recorde
S' Sebastien.
Je veulx aller vng peu dehors
A lesbast en ceste sayson
Trauailler veulx vng peu mon corps
Et men allei' en la mayson
De Nycostrat le sénateur
De salust Tadmonesteray
A mon dieu mon crealeui'
S'il plaict a dieu croyie fcray
Cognoessance luy donneray
Uuil est seul souuerain dieu
Si adieu plaict le conuertiray
330
Deuant que partir de son lieu
Dieu m'y doint si bien besoigner
Que ce puysse estre son salut
A luy men voys sans seiourner
Et sans plus fayre long tribut
Vadit.
De par Jésus je vous salue
Celluy qui fict ciel et terre
P0L\CARPE.
Bien soyez venu prince de valleur
S^ Sebastien.
De part Jésus je voys salue
Marc.
Loue soit de vostre venue
Jesuscbrist que nous debuons croyre
Mârcellin.
Bien puyssies venir en ceste heure
Gentil prince Sebastien
S^ Sebastien.
Alloquitur Sebastianus Nycoslratum.
Beau sire Nycostratien
Mon dieu si vous enuoye s'amour
NVCOSTRÂT.
Tarquilien ma faicl clamour
De ses enfans qu'icy veoyes
Qui sont pleins de grand erreur
331
Noslrc loy ils ont rcgnye
(lliiestienle ont ailuouce
Et en sommes fort desplaysans
A nos dieulx sont mecreans
Et aduoyent ne scay quel propliete
Duquel tous les jours sont pailans
Tant que est piteulx arroy
S' Sebastien.
Cesl grand lojye en bonne foy
D'auoyr prins telle melencolye
Je vous diray l'ayson pourquoy
Escoutez la je vous supplye
Vng seul est dieu fils de Marie
Qui a puyssance et seigneurye
Sur toute créature liumayne
Qui en luy niect son eslude
Il guerisl de toute maladie
Qui le requiert et le prie
Il a dignité playne
Cella est chose certayne
Parquoy ils sont bien aduises
Le seruir et d'y mectre peyne
Ce sont enfans bien a priser
Vous (leubssies estre baptises
Et toute vostre gent
Vous deubssicz du tout despriser
Malion car ce nest que ment
Croycs en dieu omnipotent
A laymer chascung se procure
Car il vault mieux certainement
Que Mars Jouis ny que Meicurc
332
Nycostrat.
Ja nul jour n'y meclray ma cure
Tel dueil raaues faict que j'en tremble
De vostre faulx Jésus nay cure
Car point a Mahon ne ressemble
S' Sebastien.
Croyre y debuons trestous ensemble
Car il est vray Dieu tout puyssant
Celluy que l'amour a luy assemble
Il nesl rien qui luy soit nuysant
Nycostrat.
Tousiours luy seray nuysant
Du tout le regnye cest la somme
Qui en luy croist il est meschant
Je croy en mon vray dieu Mahomme
S^ Sebastien.
Nycostrat tu es vng fol homme
Jamais nul jour tu nauras bien
Faictz toy tost estre chreslien
Metz a néant maliommerie
Et ce que vouldras je scay bien
Tu l'auras vers le fils de Marie
Ne pense point que je te dye
Fables truffes ny barat
Et pourtant te dicts Nycostrat
Si me croys change ta colle (sic) (1)
(1) Sans doute cmUc, de collere.
383
Nycostrat.
Quant de tes dictz je me recolle
S'il est ainsi que tu as dict
Ensuyure porray ton escholle
Et croyre en luy sans nul respict
Si te supplye sans contredict
Faictz moy entendre que peult estre
Par exemple ou par escript
Je te veulx vng peu cognoestre
S' Sebastien.
Cest un seul dieu souuerain maistre
Par tout qui fust et sera
La sus au ciel tenant son estre
En vng poinct tousiours durera
Il n'a fin ny commencement
Il est seul dieu omnipotent
Affin que mieulx le le declaire
Ce dieu est troys en trinite
Personnes (1). Cest en dieu le père
Fils et sainct esprit en vérité
Ces troys personnes en vnite
N'est qu'une essence permanable
C'est le dieu par dessus nature
Qui par sa bonté jnestimable
A faict et forme toute créature
A sa scmblance et portraicture
Nous auons este tous formes
Mays par Adam et sa morsure
Auons este diffammes
(1) Il y a un petit signe de séparation comme uru.' virgule toute
droite et allongée.
334
Et Jesuschrist sans fiction
A heu de nous compassion
Car pour nous sans point mentir
La mort jl a volsu souffrir
Soubz Pylate en vérité
Le douk Jésus plein de bonté
Apres sa mort ressuscite
Le tiers jour de mort a vye
Ainsi est leu et recite
Certain est et vray je t'affie
Tout cecy nen doubte pas
Encour y ait vng aultre cas
Apres sa résurrection
Quarante jours de ce lieu bas
La bault a faict accension
En corps et ame sans fiction
Deuant tous est monte es cieulx
Accompagne des anges bienheureux
Pourtant ceulx la ne sont pas saiges
Qui en luy n'ont ferme créance
Cest celluy qui rendra tous gaiges
A vng chascung de son offense
Nycostrat.
Puisqu'il est tel en présence
Je te requiers de cueur agille
De sa vertu dessus ma fillie
Qui des yeulx ny veoit ciel ny terre
Hellas elle a perdu la clarté
S'il te plaict par elle requerre
Je te feray biens a plante
335
S' Sebastien.
Aray si veulx estre enlallente
De croire au fils de Marie
Je le proraelz et l'affye
Que tantosl aura guerison
Kt non pas tant seullement
Du corps mais aussi de l'ame
Nycostrat.
En luy croiray sans point de blasme
Si elle peult estre guerye
Mays de bon cueur je te supplye
Que sa clarté luy soit rendue
S' Sebastien.
Il sera faict sans attendre
Je te le prometz en vérité
Idem oral a genoulx.
0 souuerayne diuinite
Regalle raageste
Troys personnes en vnite
Vng seul dieu en verile
Dame de cueur et de pensée
Je te re(|uiers en charité
Par la saincle bénignité
A cesle fiUic par ta bonté
Sa veue soit restituée
La i'ille Nycostrat commence.
0 puyssanl homme de renommée
A ton vouloir Icrc m'ordonne
336
A Ion dieu seruir suys ordonnée
Et a sa loy car elle est bonne
Bien malheureuse est la personne
Qui croit aultrement
Jai cognoessance présentement
De ton dieu omnipotent
Qui sur Mahon a seigneurie
Garir ne m'a sceu seuUement
Il est bien deceu grandement
Qui croit en telle diablerve
POLYCARPE.
Louons Jésus le filz Marie
Auquel a pieu a présence
Monslrer sa puyssance infinie
Qu'auons veu par expérience
Marc.
Mon frère sans plus de différence (1)
Mercions le dieu omnipotent
Marcellin.
Loue soit le roy tout puissant
Nycostrat.
Nyeostrat se conueriist.
0 fol que je suys et meschant
Le temps passe et qu'as tu faict
En quel dieu as este croyant
Quel dieu as adore de faict
0 faulx Mahon qui rien ne scaict
(1) Sans différer.
3^7
Tu as sccu par grand Corfaicl
Eiiuers le vray dieu de nalure
En luy je veulx mcclre ma cure
Doresnauant et le seruir
Il m'a monstre bien par droiture
Que je luy doibue obeyr
Cest celluy qui peuit secourir
Créature a son besoing
De loy ne me tiindray plus loing
La FILLIE.
C'est le dieu sur tout souuerain
A qui on doibl auoir recours
A le seruir veulx mectre peync
Et en sa loi finir mes jours
Car je cognoys quelle ot certayne
El qu'est pour noslrc salualion
S' Sebastien.
Mes amys en jubillation
.le vous supplye qu'il vous playse
De me dire sans fere noyse
Le mal de cesle panure femme
Nycostrat.
Il y a long temps pour mon ame
Qu'elle ;i perdu tout son iiarlcr
Si Sefîastien.
Si voulez Mabon laisser
Et ci-oyre au dieu .Icsiisrlirisl
Lequcd mort et [lassion prisl
l'tiiir Iresloiis paoures cbrestiens
22
338
Je vous promet/, et soies seur
Que incontinent sera guerye
Cella est chose cerlayne
Par moy sera toute sayne
Aujounlliuy je l'aflie
Nycostrat.
Je le feray a cliere lye
Très cher sii-e Sebastien
Si elle reçoit son parler
Si vous promelz sans plus tarder
Qu'en Jesuschrisl croyra de seur
ZoE femme de Nyeostral commence.
Haa ciia bon bo bien
Hau bac bon brin bar boile
Vng hic serurce dolc
S' Sebastien a genoulx.
0 doulx Jésus paix et concorde
Fontayne de miséricorde
De ton seruiteur te recorde
Que ceste femme (jui est perie
Par deffaulle de sa loquence
A celle tin que ta clémence
Puysse veoir et appercepueoir
Et puysse posséder et auoyr
Sa loquence luy soit rendue
Deuant tous en gênerai
Affm que son propos en mue
El en bien conuertir le mal
De par le dieu impérial
339
Faulx salan dyable te conjure
Comme Irylre [sic) el desloyal
Va t'en en ton lieu infernal
Trytre va t'en sans reuenir
Satan commence-.
Haroz ne scay (lue deuenir
Ou es lu diabl(3 Bellyal
Astarault pensse daccourir
VA le grand diable Baiîuinal
Oncques mays ne souffris tel mal
De tout en tout suys confondu
Par ce faulx chien Sebastien
La femme Nycoslratien
En ma subicclioii tenoye
Et delye la de mon lyen
Haroz je n'auray jamays joye
Je m'en voys en enfer courant
ZOE.
Ha noble homme saige et vaillianl
fJignc de commendation
Tu m'as este bien consolant
Tu m'as donne salua tion
Tu es médecin secourable
Tu croys vng dieu très redoublable
Qui sur Mahon est sire et maislre
Vnc de ses seruans veulx csire
Et rcgnyer sa loy iiayenne
Nycostrat.
Fy de Mahon et ^W. Dyenne
.luppin Venus et Icm- puyssancc
340
Bien est sot qui a en eulx fiance
Baptisons nous sans demeuiance
Car c'est la loy que debuons croyre
La fillie.
Je m'y consentz mon très clier père
Et ma dame pleyiie de vaillance
Ma chère niere et ma joye
Si Jesuschi isl nous a faict grâce
Il est bien raison que Ion face
Desormays sa volonté
ZOE.
D'aynsi fere jai volonté
Aultre chose ne veulx fayi-e
Hault cher de noble affayrc
Je vous prie que soye baptisée
Marc.
Mon frcre a ceste journée
Faysons nous tous deux baptiser
Car nous estions tous doux dampnes
Pour ainsi croyre follement
Margellin.
Mon frère Marc jen suys content
Quil soit faict a ccstc journée
Marc.
Cher de renommée
Faites nous aussi baptiser
Mon frère et moy sil vous aggree
Vous prions cy présentement
341
S' Sebastien.
Flectunt genua.
Polycaipe sans demeuie
Knscmltle soint tous baptises
POLYCARrE.
Baplizatur Nycosirat et eius (lomeslici{i).
Du sainct chresme seres signes
A genoux soyez assignes
Au nom de dieu omnipotent
Du fils et du sainct esprit
Je vous baptise dignement
ïn nomine patiis et (ilii et spirilus sancti
Kn signe de clirestienle [ amen
Du signe de la croix vous ai signe
Panses a dieu seruir sans nui lemord
Nycostrat.
Tant qu'auray l'ame au corps
A celluy dieu feray seiuice
ZOE.
Il m"a este misericordz
Kl monstre vray amour i)ropice
La fillie.
De le seruir ne seray nyce
S' Sebastien.
Les faulx paycns ny leurs effortz
Ne doubles point ni leur malice
(1) Les gens de sa f.unillc.
342
Ains celluy qui tout créa
Je vous laysseray par deçà
En aullre lieu me fault aller
Marc.
L'iiault dieu vous veuUie coiuioyer
Marcellin.
Adieu soies noble cliiuallier
Nycostrat.
Adieu soyes jusques au retour
ZOE.
Sebastien mon amy cher
Dieu vous veuille donner s'amour
La FILLIE.
Adieu vous dics gent escuycr
Et vous maintienne vostrc honneur
SILETE.
343
Satan.
Fiiilens Luciffcr ma clameur
Haroz je suys hors de mon sens
.le suys vaincu par grand erreur
Car lout eschappe de mes mains
J'auoy tenu en mes iyens
La femme Nycoslratien
Mays il y a ung faulx clireslien
Qui se nomme Sebastien
Bien aduersayie de nostre loy
Il m'a conjure da par le roy
(Jui nous a faict aussi forme
De dedans son corps ma degeste
Tant que suys du tout confondu
Haroz haroz jay tout perdu
Car plus rien ne vault nostre art
Paresse y sen veulx de ta part
LuciFFER commence.
Chaque grand dyable y ait part
Tous les dyables deçà la mer
Pour tant que me pouues aymer
Venez a moy sans contredire
Escoutez que je veulx dire
Vous ouyes que Satan raconte
Je mesbahis que n'auez honte
Vous ne faicles chose qui vaillie
Il ny a ([ue luv qui trauaillye
Or sus faulce cheuaillie sus
Chascung de vous lueiuie sa voye
344
Vers rois, ducs, princes et adiiocatz
Preslres. moines clercs de grands estalz
Et aultres gentz aussi (1) gendarmes
Et amerres (2) céans leurs âmes
Sans jamays auoyr bien ny joie
Leuiatam.
Ha mon maistre ne tesmoye
Ne te desconforte de rien
Tes besoignes se portent bien
Je viens de diverses contrées
Et ay passe maintes vallées
Si ay faict sans nul destrayre
Le (ils mener guerre au père
Et la liilic contre la mère
Lung frère si veult tuer laulti'e
Et pour ce tout sera noslre
Jai bien sceu faire mon oflicc
IjELZEBUTII.
Luciffer prince de malice
Escoute ouure tes oreillies
Et je te compteray merueillies
Je gouuerne ces orgoillieux
Ces yures et ces enuyeulx
Je les ay tous en escript
Tous ceulx que je vous ay dict
Par ce point céans viendront
Et compagnie nous tiendront
Au grand jour du jugement
(1) Aussi pour et encore. Voy. le vingtième vers plus haut.
(2) Amènerez.
345
Beiug.
Ëscoulez mon gouucnieinont
Je suys raaistre des folleiirs
Et de tous CCS villains flatteurs
Des sorciers et des sorcières
Les araerray (1) en nos cliouldicres
Et ces faulces misérables
Que les gens font ester malades
Et les font du tout sciclier
Sans nullement les attoucliei-
Auec elles me suys tenu
Il ny a gueres qu'en suys venu
Ne doubte maistre Luciffer
Ckrdkuus.
Je suys vng des pires denfci'
CvWà je lose bien dire
Je taraerray a martiro
En ta maison céans
Cent mille millions de clnestiens
Drief aujourdliui ny a homme ny femme
Que tout ne soit dictjnfame
Pour la langue mauldire faulce
Encour a jl d'une aultre saulce
(Jue Inng publiquement diffame l'aultre
Je faictz porter lesmoignaige
Eaulx et relattei- mainlz lengaiges
Que tout viendra céans en ta mayson
Baguinal.
Par long temps et mainte sayson
Ne cessay de régner sur l<;rre
(1) Aniéoerai.
346
A loy chreslienne je faictz guerre
Je suys le maislre des hérétiques
Des faulx abuses cysmaticques
Et pleins de faulce heresye
Qui varient la loy au fdz Marie
Jen amerray vng si grand nombre
Que tout en sera en descombres
Et ny aura pas demeure
LUCIFFER.
Tu as noblement laboure
Or sus dyables entendes moy
Je suys entre un grand esmoy
De ce faulx villain enrraige .
Duquel satan si ma parle
Qui se nomme Sebastien
Trouuer nous conuient le moyen
De lembuscher dedans noz lacs
Nostre il a mise au bas fsic) (4)
Et luy faysons souffrir greuance
Leuiatâm.
Il est bien a nostre puissance
Céans viendra quoiquil attende
Et tous ceux qui sont de sa bande
Briesuement seront n'en doubtes
Belzebuth.
Aller il faut de tous costes
Sathan bien fere le scaura
(1) Il parait manquer un mot après nostre.
347
Satam.
Jai pensse longtemps y a
Pour le cuyder prendre a ma lento (1)
Mays je n'ay sceu tiotiuer la sente (2)
Il croit en dieu si fermement
Et l'aime si parfaictement
Quoncques a kiy nay peu attouclier
Maudictc soit la loy bastarde
LUCIFKR.
Satliam je t'en baille la garde
Et si tu veulx auoyi' effect
Prens des dyables une douzaine
Et les mayne a droit ou a tort
Et employés bien vostrc peyne
Quil ne vous eschappe mye
(1) Probablement tentation.
(2) Sentier.
348
Le Fol.
Volonlier feroys une mye (1)
Si je nauoys peur du grand dieu
Mays on dict quU est en tout lieu
Et qud veoit tous les faiclz de l'homme
Mieulx me vaudrai manger ma pomme
Que commeclre quelque diffame
Car si je baisoys une dame
Le grand dieu me rencontreroit
Qui de grands coups m'assommeroit
Ten femmes ont dans leur rôle '
Plusieurs cscoipte la uerolle
Ce sera pour le payement
Des luxurieux de maintenant
Je prie a dieu qui doint joye
A cil qui fict telle momerye
Ceux qui la peuluent rancontrer
Ont bien loysir de la compter
Toute leur vie vague et folle
(1) Une maîtresse.
3i'J
Fabien.
II est bien temps que rae recolle
De Romaine circuir
Et sil y a aulcung (jui colle (1)
La loy Jésus et de Marye
Je leur feray perdre la vie
Et les mectray a destruction
Car toute mon jnclination
Desormays et intention
Qui des chrestiens la nation
Tienne ou fera mention
Je leur feray linir leurs jours
A grand peyne et doleurs
Sus Thenin va fayre vng tour
Et que chascung sans nul seiour
Vienne fere le seruicc
Car je veulx tenir le sacriffice
Pour scauoyr s'aulcung chrestien a
Qui noz dieux desprise et onnice
Sil y est jl en morra villaynement
Marche» ;nin.
Vous diuisez bien saigemeiil
Par Appollin qui tout ci'ea
TlIENIN.
Chier sire faict il sera
En llK'ure tout présentement
(1) Cullivt.'.
350
Nuul n'y contredira
Ou follye feroil aullremenl
Vadit.
Or ouyes toute gent
Au pays de Rornanye
Aussi pareilliement
De toute Lombardie
A tous faiclz assauoyr
De par Fabien
Preuost d'bault valloyr
Que chascune créature
Vienne adorer noz dieux
AppoUin et Mei'cure
Et tous aullres aux cieulx
Sur peyne dencourir
Pugnition mortelle
Datien.
Allons donc puysque la chose est telle
Jeune conestable Quintien
Seruir noz dieux par bonne manière
Auec le bon preuost Fabien
Quintien.
Par ma loy sire Datien
D'y aller suys je bien content
Allons donc tout présentement
Le seruir sans point de cauthelle
Marc.
De joye mon cueur renouuelle
Dauoyr ouy ce mandement
Or sus mon frère la chose est telle
351
Aller nous y faut presenlemeiit
Au lieu du faulx sacrifliement
Non pas pourtant sacrifier
Mays pour conuerlir clignement
Quelque personne a dieu prier
Marcellin.
Mon frère amy 1res cher
Vous dictes bien comme me semble
Quant vous playra pour abréger
Nous yrons vous et moy ensemble
Marc.
En ce lieu le peuple sassemble
Soudaynement saicbes le bien
Marcef.lin.
Or ca deuant que Ion saduance
Icy nous fault prendre noz maintien
THENIN.
Très cher sire preuost Fabien
Jay accomply vostre vouloyr
Si vous me faictes aulcung bien
Vous ferez bien vostre debueoir
Farien.
Or tien pense de recepueoir
Trente solz (|ue je te donne
Tu es digne de bien auoyr
Fiii cffaict de tout t'abandonne
Mes biens, mon oi- et ma clit-uance
352
Puys que lu es si loyal je tordonne
Mon maislre dlioslel sans doubtance
Thenin.
Jevousmerciepreuosldeinagnifficence
Fabien.
Allons doncqucs sans demeurance
Au temple seruir noz dieux.
Marcegnin.
Allons donc tous de cueur joyeulx
POSE
Vadvnt ad sacricandum (1).
(1) Sic pour sacrificandwn.
353
D\TIEN.
Mahon le maieur de noz dieux
Soiili et gai il le noble preuost
Et trestout aussi son maintien
QUINCTIEN.
L'Iiciull (lieu celestien
(lard le nohie preuost Fabien
Et toute sa couipagnye
■ Faheen.
Bien puisses venir reste partye
Ca messeigneurs Je vous supplye
Que cliascung veuille penser
Ce fere a noz dieux louanges
IJATIEN.
Près de vous me veulx adiaurer
De par Ap(M»llin qui ne ment
Et de bon cueur le venix prier
Marcec.nin.
El moy paieilliement
Oriint (jembua flexis.
Faiîien.
Mahon veuillez moy pardonner
Icy en droict tous mes pèches
Et me vcullins abandonner
(bi'cii l;i l()\ Sdil iiinii .iiciii' liche
354
Marcegnin.
A Venus pleyne de bonté
Je vous requiers de cueur entier
Que vous nie veullies pardonner
Je vous requiers par amytye
Datîen.
Juppin ayes de moy pitye
A vous me liure a vous me rendz
Pardonnes moy par amylie
Mes maulx et (eues mon argent
QUINTIEN.
De caste piere vous laiclz présent
Mon glorieux, dieu Mercure
En vous requérant de fois cent
Que me gardes de mal'aduenture
Je vous présente ceste tasse
ÏIIENIN.
Si jheusse dargent jen donnasse
A nostre déesse la bonne lîllie
Si prie Mahon que pardon me face
Car je nay ny croix ni pille
Par ma conscience
355
Le Fol (1).
Je le viens offrir vne tlance
Que jay faict ce jeucjy passe
Fays moy tousiours remplir la pance
Du bien quaiilcung a amasse
1^1 quant tout sera fricasse
La clieuance de mon feu père
Va mon jouent (2) sera passe
■le nauray rien aullie que fere
Ormisqualler crier et brayre
Par les portes de mes voysins
Comme plusyeurs gens scauenl fere
Qui ont dépendu les gras lopins
Fntendes petits gormandins
Qui dissipes vne clieuance
Vous délaisses les lions chemins
I*oui' courir après la meschance
(1) Cette tirade est iii marge du mol.
(2) Jovent, jeunessr prob.ihlemenl.
s§ë
Marc.
Faulx preuost remply d ignorance
De pauvreté et de moschance
Je te saluerons noblement
Si tu auoys ferme créance
En Jesuschrist et conliance
Qui est vray dieu omnipotent
Tes ydolles cortaynoment
Te merront a darapuement
A peyne et torment mortieux
Fabien.
Haroz fjuel garson orgoillieux
Uuel palliard lier depiteux
Et me viens tu cy iniurier
Marc.
Fabien veullie toy aduiser
Je te dictz que tu es malheureux
De croyre ainsi a ces faidx dieux
Et de vouloyr sacrifiler
Marcegnin.
A villain faut il ainsi parler
De vouloyr nos dieux blasmer
Marcellin.
Si en eulx te veulx tousiours fier
Mieulx ne te peulx dampniflier
Cliescung deulx te decepura
357
Fabien.
Maulgic .luppiii cl quest cella
Ilaroz es lu de ceulx la
As lu regnye Appollin
Pour scruir un faulx diuin
Vng piopliele plein de venin
Vng tretie mauldict enchanteur
Datien.
Faicles les chastier monseigneur
l*uis(iuils ont regnio Venus
En despit du faulx Jésus
Ce Iritre villain matin
Marc.
Il est vray dieu doulx et begnin
Il est ton père créateur
Fabien quelque grand pécheur
Que tu soys requiers le de cueur
Et il le prendra a mercy
Fabien.
Haroz haroz et quest cecy
De raige laut il que je meure
De despit jay le cueur transi
Ces deux larrons me font mourir
De me parler de leur faulx dieu
De voz deux corps feray courir
Le sang auant que partir de ce lieu
Fn desi»it de vostre dieu
Faulcayre garsnn lils Marie
Je vous feray perdre la vye
Faulx larron rulliens palliars
358
De voz deux corps feray boucherie
Bien pouues dire questes ars (1)
Marc.
En vain tes paroUes despartz
Nous ne le craignons rien de faict
Pour tes menasses et les dardz
Très ors du sens fol parla ici
Tu nas sens ny entend emenl
Que nous peulx lu aulcunement
Fayre souffrir mort et nous occire
Cest la voye de sauluement
Quelque peyne quelque tonnent
Que nous puysses donner et fere
Ne pense point que dieu noslre maistre
Delayssons pour toy complayre
Marcellin.
Meschanl tout ramply de misère
Que pense tu huy deuenir
Tu delaysses la vray lumière
Pour ténèbres prendre et suyuir
La loy Jesuschrist veulx fuyr
Quest lant bonne et arayable
Pour la loy Juppin tenir
Qui nest bonne ny véritable
QUINTIEN.
Or vous tayses de par le dyable
Qui vous a appris tel langaige
El de respondre pai- tel jniure
[]} Brûlés.
359
Marc.
Je le dictz et si lasscure
Que tu es paouie misérable
Et mauldictc créature
Scays tu pas bien que a pounitme
Ta faulce ciiarogne puante
Sen jra quelque attente
Darapne seras saiches de vray
Si ne delaysses ta faulce loy
Helas Fabien croy moy
A Jesuschrist crie mercy
Et tu en auras paradis
Fabien.
Par Malion vous seres pugnys
Auant que soit longue sayson
Voz jours laydeinent feray linir
Vous ra'aues faict grand desrayson
Marcegnin.
Sire je vous requiers que uous
Faictes tout prest jcy venir
Les quatre tyrans pour les lyer
Car vous vouyes quil est sayson
Fabien.
Sus Thenin sans arrestation
Va moy quérir apportement
Caffre muUrier aussi (Irillon
Fouldre Tempeste scniblablement
Ne seiourne aulcunement
Je te prie tout droict m'ameyne
360
Dictz que ja> besoing graiidejnent
Faict les venir sur grosse peyne
ÏIIENIN.
Ne doubles point que meUe peyne
De les amener viclement
Je m'y en voys par ceste playne
Malion vous gard d'encombrement
Vadit ad tyranos Thenin.
Par Mahon qui point.ne ment
Estre frotte deulx je me double
Si parleray a eulx par mon serment
Quoy quil soit somme toute
Juppin gard ces gentils galans
Qui a mal fayre sont desirans
Ludunt tyrani.
Griffon.
Le Dyable y ait pari
Et de sept cest hasard
Haroz je l'ay perdu
Caffre.
Auant double deux
Maulgre en aient noz dieux
Thenin.
Mahon gard les gentils seigneurs
FOULDRE.
Qui est ce malestru
Qui céans nous faict clameur
361
TllHNIN.
Je siiys a Falùen
Sfii-iicurs saiches le bien
Lequel par moy vous mande
Quallies a luy pailer
Temiieste.
Tu ne faictz que caqueltei'
Larron filz de chien
Tu scays bien peu de bien
Tu ne scays fere ta demande
TlIEMN.
Vous niaues faict tel exclandre
Au cueur et tel cffioy
Que par les dieux en qui je croy
Jauoys perdu toute ma lialeync
Messieurs il est chose certaync
Fabien a vous si ma enuoyc
(lar de vous jl a alfavre
Et par tant vers luy prenons la voye
Tout a llieure sans attendre
Griffoî^,
Eslce poui' escorchcr ou pour pendre
(juclque clireslien regnye
Dy les nous sans plus attendie
Alfin que mon cueur soit esiouy (1)
(1) ROjoui.
362
Thenin.
Je vous prie sans seiourner
Quallions victemeiU
Le Fol parle (1).
Thenin.
Seigneur les compagnons sont arriues
Et sommes venus a grand erre
Fabien.
A mon besoing vous veulx requerre
Ces deux garsons que cy voyes
Qui ont renonce la loy payenne
Et tiennent la loy chrestienne
Parquoy veulx. tout incontinent
Soint despoiUies legierement
Et lyes bien estroictement
Trestout présent a ce piUier
Et avant quils vous escbappent
De grosses verges les battes
Et trestant leur en donnes
Que leur sang soi'te de tous costes
Scaurez vous bien fere cella
Griffon.
Sire preuost ne doubtes ja
Que tout a coup je ne my renge
Ca de par le dyable payes auant
Voyci vne pomme daurange
Cest pour vous donner gentz gallans
(1) Le titre y est , mais les paroles du fol ne sont pas dans le
manuscrit.
363
Tkmpeste.
Certes vous estes bien mescliautz
Passes auant tritre larron
Caffre.
Par ma loy nous les l)attrons
Les senglanls larrons misérables
Puys quils sont a nostre loy variables
Sus compagnons que faictcs vous
FOULDRE.
Despoillions les sans tarder plus
Et très bien les lyons sus et jus
Temj)este sus metz y la main
Tempeste.
Par bien vous en morrez villa ins
Sur vos faulces opinions
POSE
Expoliunl fralres.
364
Griffon.
Or sus commençons compagnons
Trestous ensemble
Si bien les remuerons
Que toute la peau leur tremble
Datien.
Auant frappes a grand puyssance
Aftin (l'auoyr deulx vengeance
Auant sans plus attendre
Caffre.
A cestuy cy je me veulx prendre
Et son loyer je luy veulx rendre
Or tien cella pour la première
Tourne vers moy ta face
Villains et me regarde
FOULDRE.
Certes tous deux en ceste place
Vous en mourres quoy quil tarde
Frappez fort compagnons
Caffre.
Je vous prometz que maintz orions
Auront de moy a ceste lieure
He qui me faict tant attendre
Le grand dyable le saiche
Or tien cella sans demeure
Et cecy par my ton ventre
365
(iRIFFON.
Auaiit Ribaiiltz par dos et par ventre
FOULDRE.
De mieulx frapper de tous me vante
Tien cecy que je te badlye
ÏEMPESTE.
Fort irauaillie
Rn leur rendant bon loyer
Je m'y veulx employer
Par Mabon qui tout forma
Or tien villain recoy cella
Griffon que faict tu la
Frappe plus fort je ten prye
Griffon.
He je vous crye mcrcy
Je frappe plus fort que point de vous
Fabien.
Enfans aduises vous
Je vous prie cberenienl
Et a noz dieux trestous
Faictes sacrifliement
Faictes journellement
Nul de vous les onnice
Au dieu Mars qui ne ment
Faictes de cueur seruice
Marc.
Fol couard plein de vice
Tes ilieux [toint je ne prise
366
D'eiilx ne sort que malice
Et mauluayse faiuctise
Du tout je les desprise
Ce nest que dyablerye
Leur temple et leur esglise
N'est que abuserye
QUINGTIEN.
Vous erimauldires vostre vye
Si vous ne changes couraige
MARCELLIiN.
La loy Jésus tousiours volons suyure
Cest celluy qui meyne a bon port
Et nous chault de toy ny de ton effort
Tu ne peulx chose qui vaillie
Fabien.
Haroz quel ribaudaillye
Par Mahon Ternegant et Apollin
Et tous les dieux de nostre loy
Vous morres enimy et sans delay
Dictes vous tel outraige
De Mahon et de son mesnaige
Par ma loy vous en mourres
Et janîays eschapper n'en porres
Faulx tenans pleins de gnyllye (1)
Estes vous naiz de cesle ville
Qui sont vos parents dictes raoy
Marc.
Fabien je le diray vray
J'ay nom Marc cesluy Marcellin
(l) Guenilles?
367
Fils du sénateur Tarquilien
Et Mai'cone est nostre mère
Marcellin.
Il dict vray la chose est clayre
Mon père est vng sénateur
Pas ne croyt au vray créateur
Ny toute nostre parente
Mays si tu es enlallente
Qui nous a donne du s' cliresme
Kt le sacrement de baptesme
Croy que l'on faict deux vailliansgentz
Deux sainclz hommes vrays chrestiens
Lesquels ont faict deux beaux miracles
Sans avoyr herbes ni teracles (1)
Car la femme de Nycostrat
Guerye ont n'en faictz débat
A sa fillie ont clarté rendue
Qui ny veoit ciel ny nue
Ont estes guéries en ce lieu
En Jésus croyent maintenant
Et vont vos dieux mcsprisanl
De cella n'en faitz point de double
Fa m EN.
A mort seront mys somme toute
Griffon Caffrc Fouldre Tempeste
Détachez moy ces deux faulx gardz
Et tout presenleiuent les mesmes
Au [)lus parfondz de nos prisons
Kl pour Uiinour du père dou ils sont nés
(1) Théria(|uo.
368
Trente jours de terme leur donne
Dadnisement et non pas plus
SU leur plaid reprendront Mahomme
Et délaisseront leur faulx Jésus
En après sans nul débat
Ailes raoy querre Nycoslrat
Le faulx sénateur tritrc cliien
Il est deuenu chrestien
Le larron plein de gnillie
Aussi bien toute sa famillie
Appliques vous appertement
Lyes les moy promptement
Puysquilz ont la loi contredit
Griffon.
Nous ferons tout a vostre edict
Ou de tous noz dieux soye mauldict
Fabien.
Et que premier soint reuestus
Ne les laisses point aller nudz
Caffjre.
Laysses nous fere le surplus
Induunt eus et ducunl m carcerem.
Ca monstres ca passes auant
Le diable emport le Iruant
Tant nous donnes de peyne
Marc.
De cela sommes bien contenlz
Pour paruenii- à la gloyre haiiltayne
369
Gaffre.
Mahon vous donne liebure (|uyrlayne
FOULDRE.
Le iliabit; bien les nioyno
De croyre en ce faiilx dieu
Tempeste.
Songes seres en vng beau Ueu
Si ciuy auanl que vous laysse
GniFFON.
Ca loniior meyne lyesse
Nous laniennons piouision
Caffre.
Auoyr ni' doiblz pas tristesse
Ouurc nous a coup la prison
Agrjpart.
Que demandes vous compagnons
FOULDRE.
Que la pi'ifou nous soit ouucite
Agripart.
Amenés vous (|ueli|ue larron
Il luy conuiendia feie feste
TeMI'KSTE.
Ils sont de vye deslionneste
Ils sont chrestiens deuenus
AGRIPAI'.T.
Je les ay aullreffoys veu
Si me senibb' aussi bien
24
370
Griffon.
Ils sont tilz a Tarquilien
Qui ont laisse le dieu Malien
Et pourtant les toy conuient garder
Trente jours en ta prison
ÂcraPART.
Ho jentends voslre lycon
Inlrant in carçerem.
Entres ceaus tous deux ensemble
Et si la fiebure vous tremble
Briesuement seres guerys
Griffon.
Du preuost soyons mauldilz
Et nous mettra tous a Tbasard
Si ne lui admenons Nycoslrat
Tout ainsi qu'il nous a commande
Caffre.
Qu'il soit donc pris et admene
Et qu'il soit faict comment quen adiye
FOULDRE.
Je nay garde que j'y faillye
Tempeste.
Allons donc tous quatre courant
Capiunl Nycostrat.
Griffon.
En vous je metz la main
Je vous faitz prisonnier
De part le preuost dioicturier
On dicl que tu es chrestien
371
Maintenunl sans nul dclicn
Scauuyr nous faull sil est ainsi
Caffre.
Capiunt uxorem.
Dame en vous nielz la main aussi
De par le pieuost de la ville
Cnpiunt fHimn.
FOL'F,r)RE.
Et moy itendray ccste fillye
Compa!,Mions de les lyer soyons hahilles
Et les menons Jialliuement
Tempeste.
Le grand diable emport le couuent
Vous estes hien mahenreux et mescliantz
Si nroyes en Jésus ce faulx tenant
Touttelfoys croyre ne le jinys *
Nycostrat.
Certes hien dire vous puys
Chi-cslien je suys de faict
Aultre dieu que eelhiy
Jésus de Nazaret
De cueur ne seruiray
Mays tousiours iaymeray
En Iny ay ma fianc(;
ZOE.
En Jesusclirist (|ui a puyssancc
Certes croyons moy cl m;i (Hlie
La I iLLiE Nycostrat.
La loy iMalion tenons a ville
Kl si croyons au (li<'ii cliiesticn
372
(iRlFFON.
Par mon dieu Mahon Fabien
De vous sera huy estrayne
Il a ja toul delermine
Et sus chascung soit ordonne
De les mener sans demeurance
FOULDRE.
Nycostral vous menneres la dance
Faulx traître maudict chrestien
Lyer te veulx sans arrestance
Au col mettray cest lyen
Présentement et ceste corde
Câffre.
N'en ayons point miséricorde
Lyons les comme chiuailiye
'Et les mennons aillie que vaillie
Au preuost appertement
FOULDRF.
Passes auant vilain infâme
Et vous aussi ma gente dame
Vous me semblés mignonne femme
Propre pour le fere le bain
Tempeste.
Passes auant garse putain
Paillarde Iricberesse
A nez vous laisse la grand déesse
Venus remplye de sagesse
POSE
EunI ad Fabianmn.
373
(iruFroN.
Sii'e preiiost tic grand noblesse
Dame Vcmius la grand déesse
Vous garde donrombrement
Voicy la baslarde gent
Que vous auons admene
Et en laictes voslrc volonto
Vouyes les cy les mallieuieux
Fabien.
Cest bien faict beaulx seigneurs
Dainsi les ad mener
Ils esloint de Romme les maieurs
Trestoul ainsi ordonne
Kt maintenant ont desuoye
La loy Malioii et renonce
Touleffoys ne le peulx croyre
Or me diclz sans nul detrayre
A tu apris la loy Jésus
Nycostrat.
Ouy sire et pour luy veulx
Mourir et prendre en gre la mort
Ainsi qu'a faict semi dieulx
Pour nous deliurer de mort
Celluy me donneia confoit
Je vousdict bien sans nul fainctise.
Faiïien.
Tritre matin eslcc la guyse
Vous en serez inys en layson
374
Et tous ceiilx devostre mayson
Si en morrez a diffame
Geste fillie et ceste femme
Sont elles de vostre accordance
Respondes lost ou par mon ame
Vous en mourrez sans deffaillance
Marcegnin.
Faictes leur souffrir greuance
Tant quils nayent cause de rire
ZOE.
En Jesuschrist et sa clémence
Voulons tousiours mourir et viure
La fillie.
La loy Jésus voulons ensuyure
Et en sa foy viuie et mourir
Fabien.
Haroz que doitz ie deuenir
Je croy quil me fauldra mourir
Si n'ay en brief diceulx vengeance
Datien.
Soint faictz mourir sans deffaillance
Et mys tous en confusion
QUIiNTIEN.
Point ne fuuU aullro information
Vous voyez quilz dient en voz présences
Nycostrat.
Mauldicl fol plein dignorance
Tu es bien huv meschant mauldict
375
Ne penses tu a toy reduyre
A celluy qui par nous la mort souffrist
Mieux te vauldroit crier mercy
.lesusclirist ton père et sire.
Fabien.
Par le dieu qui me faict viure
Vous en mourrez sans nul respit
Tyrans entendes mon edict
Sententia Fabiani.
Je vous prie ne soyes negligentz
Trennes moy ce faulx truant
Et a ce fere souyes habilles
Sa femme pareilliement sa fdlie
Dehors la ville les mennes
Et que ce faulx larron soit décolle
Pareilliement ces putains dampnees
Soint par vous arses etbrullees
Car telle est mon ordonnance
Et sur eulx donne sentence
Tant que preuosl de Romanye
Kii (lespit du hlz Marie
Dont ils tiennent la loy (1)
Faii:les cella dapar moy
Et qu'il soit faict présentement
(1) Ces deux vers suiit ell'iicés dans le manuscrit jiar un trait tiré
sur ces deux lignes, et, en marge, on lit d'une autre écriture : Can-
rellatur. t;t au-dessous de ce mot la signature F. Decroso. Ce
F. Decroso ou le fiali^r Decroso était le censeur du temps. Nous le
retiouverons plus loin, où il ordonnera des radi.itions ou des chan-
gements, el à la lin du manuscrit se trouve l'autorisation de repré-
senter la pièce.
376
Griffon.
Sire preuost vostre comment (t)
De très bon cueur accomplirons
Et saiches tant que viurons
De vous seruir sommes tous prelz
Tempeste.
Passes avant villain infaict
Mourir te feray sur ma vie
Ton Jésus filz Marie
Ne ten scauroit garder
Caffre.
Or auant sans plus tarder
Mennons les tous dung accord
Partes mignones vous prendres mort
Faulces garses mal enseignées
Vous estes prinses et lyees
Jamays n'en scauries eschapper
FOULDRE.
Pensons donc de nous hatter
Et quil soit faict legierement
Tempeste.
Auant villain passes avant
POSE
(1) CommaDdement.
37^
NYCOSTRA.T.
Doulx (lieu omnipotent
Jésus lilz de Marie
Très benignement
Cy présentement
De cueur te supplye
Ne me laysse mye
Mays soyes moy en commande
Doulx dieu souuerain
Car lînir ma vye
Me fault sans dcffaiilir
Auant que soit demain
En ton ciel empiree
Moy pauure mondain
Faiclz moy monter sire
S' Sebastien.
Pour quelque marlire
Quilz le puyssent fayre
Veuillie toy confire
En dieu debonnayre
A nécessite .
Auras secourance
De luy en vérité
El bonne aydance
Croy que quelque greuance
Quon te face ou peyne
(>' te sera playsance
En la joye liautayne
378
ZOE.
Bonle souverayne
Charile parfaicle
Noslre mort on traicto
Pour tenir la loy
Si te prie sans esmoy
Qu'ayes de moy mercy
La FILLIE.
0 doulx Jésus roy divin
En ta loy veulx mouiir et viure
Griffon.
Or me faictes viclement place
Passes auant villain sauluaige
Tu faictz un peu trop le saige
Jamays neschapperas dicy
Nycostrât.
Mon dieu je te requiers mercy
A toy mon arae je commande
Car je voys bien que suys transi
Et que ma vye nest pas grande
En ta garde la commande
Orat genibus flexis.
0 royne du ciel et chère dame
Glorieuse vierge Marie
Aux chrestiens amye
Prie ton cher filz
Las quapres ma vye
Il recoyue mon ame
A jointes mains mercy vous crie
Disant jn manus tuas
379
Griffon.
Or ca tu recepuias ung petit cnup
De mon office
Puys que tu es tant plein do vice
Décapite Ny castrat.
El que tu es en Jésus croyant
Par luy auras ton payement
Vous semble jl que soye maistre
Caffre.
Dame remplye de malheur
Penses tost de vous liaster
Car peu plus hault vous fault monter
Pour voir le monde a voslre plaisir
FOULDRE.
Par mon ame jay grand désir
De les bien chaulfer tout a llieure
Auant dame sans demeure
Mourir vous fault tout a ceste heure
De cella bien me vante
Jamays tu nyras a dance
Griffon,
Meschans pleins dignorance
Premièrement soint despoillies
De ces robes et liabilliements
Car ce sera a nous l'aduenlaige
El puys seroit ung grand dommaige
Ces habilhements meclre au feu
380
Tempeste.
Vous dictes bien par le corps bien
Ils seront bons pour aller boyre
Caffre.
Despoillies vous fault dame putain
Et regarde quel ordinaire
On vous a icy prépare
Pour vous jouyeuse chère fayre
Jci on vous fera soupper
POSE
ExpolimU eas. Ponunt eas in fornace.
381
ZOE.
Contente suys la mort porter
Pour l'amour du roy Jésus
Et vous prie qung moct ou deux
Je prie tant seullcment
FOULDRE.
Or te despeche victement
ZoE oral genibus flexis.
Vray dieu omnipotent
Vraye dey te (1)
Par ta grande pilie
Vraye divinité
Mageste crée
Car finir ma vye
Me fault a ceste heure
Jésus Ulz de Marie
Présent me secure
A toy virge dame
Mon a me a ceste heure
De bon cueur vous commande
Griffon.
De froit vous garder me vente
De cella tennes vous de seur
La fillie.
Orat filia.
0 mon dieu et vray rédempteur
Qui créas le ciel et la terre
(1) Déité.
382
Metz mon ame en paradis
Aultre chose ne veulx requerre
Sinon que soy de tes amis
Et a toy dame de haull pris
Régnant au ciel empire
A ton fils par moy faict priera
Que mon ame recoipue
En son hault royaume
TEMPESTE.
Auant auant riboudaillie
Que le feu soit allume
Griffon.
Ja par moy ne sera espargne
Que ne face bien de ma part
Caffre.
Pour Jésus ce faulx pailliard (1)
Ja vous ferons roustir
Facit ignem, mittunt eas jn jgnem.
FOULDRE.
Je croys quelles sont arses
Et quil ny a plus que la cendre
Tempeste.
Jcy ne fault plus attendre
Deulx ne sera jamays sermon
Layssons les et nous en allons.
SI LE TE.
(1) Il y a en marge . en face de ce vers, les mots : corrigatur
fault pailliard . et la signature F. Decroso.
383
Nostre-Dame commence.
Mon lils sans dillalion
Saiches que niainlonanl
Par Iresgiando dciiolion
Ces bonnes gens cerlayneuienl
Ont souffert nioit a grand tonnent
Me recommandant leurs âmes
Nycoslrat et aussi les femmes
Priant que les prinse a ma garde
Et piteusement le demandent
Pardon mon (Hz et que regarde
Que nul de leurs aines arde
Au leu d'enfer par leur créance
Mon lilz si! est en ta puyssance
Dieu.
Ma cliere mère sans dcmeurance
Enuijyeray queiir leui'S amcs
Qui a tous temps et a jamays
Posséderont gloyre infinie
Nostre-Dame.
Mon filz je vous remercye
Puisqu'il vous plaid moy accorder
Dieu.
Anges il vous fauil aller
Querre tout présentement
Les âmes bien beureuses a ceulx
Qui ont souffert peyn'è et forment
A la mort le rovaulme des cieulx
384
Leur veulx donner pour leurs mérites
Mon règne cler et lumineulx
Cest vng sainct lieu ou tout bien habite
Michel.
En Iheure irons sans contredicte
Puisquil vous plaict sans contredicte
Vostre vouloyr voulons parfayre
Amy Gabriel sans plus dire
Allons chantant a bonne chère
Gabriel.
Chantons un chant qui puysse playre
Or commençons je vous supplye
Chérubin.
Au nom du filz Marie
Je vous prie que commençons
LUCIFFER.
Ou estes vous pailliardz larrons
Ou estes vous diables darapnes
Diables diables que faictes vous
Que céans ne m'a menues
Les âmes de ces faulx glotlons
Satan.
Nous y courrons Irestous
Pour les admener tout a Iheure
Belzebuth.
Nous les aurons sans demeure
Si croy je mays quilz sont mortz
385
IJeric.
Lt'S aines aiii uns (il les cuips
Si nous les pouuons altouclier
LuClFKEi!.
Dehors Jeliors allés y donc, sans anester
Leuiatam.
Jl nen clianll si lianll crier
C.-AV liien les le (sic) arnetnierruis
B.VGUINAI,.
Si vnc foys tenir les pouuons
Janiays nous scauront esciiapper
MlClILL.
Ames bien heureuses acceptables
Devant dieu roy sempiternel
Venes au royaulme ()erpeluel
Au lieu d(î consola lion
Gabiuel.
Jamays désolation
Ne souMViies mays toute joye
Caillai veni rrealor. elv.
MlCUEI..
Souuerain dieu (uii tout convoyé
Voicy les âmes (iiic demandes
Dieu.
1mi joye sercs collotjuees
De raoy seres coroiuiees
Aueciiue moy seres lonsiours
Jamays de ce lieu ne [lartires
25
386
Primus Sei'ELLIENS commence.
Mon amy allons enlerrci-
Le corps de celluy bon preudliomme
Que Fabien le mauluays homme
A faict mourir mauluaisement
Secvndus Sepelliens.
Ha mon amy jen suys conLenl
Gardons bien que nul ne nous veoye
Or y allons tous prestement
Sepeliunt Nycoslral.
Griffon.
Mahon Venus et Terneganl
Vous veuille de niai garder
Aymar nous debues bien de cueur
Mourir auons faict mescbament
Ce Nycoslral et toute sa gent
Farien.
Par le dieu qui point ne ment
Vous estes mes amys loyaulx
Puysquainsi mcctes en erreur
Ces trites cliresliens deloyaulx
Des biens vous feray si je ne faulx
Et si ne meurs dedans brief temps
Dal eis pecuniam.
Tenues mes amys leaulx
Cest pour boyre deux marcz dargent
Et ne vous esloignes nullement
Que soyes prests quant en auray affayre
38'
Tempkste.
Tousiours serons a vos ix'payre
De 1)011 cueur vous remiMcions
Dyoclktif.n.
Mon filz eiUciidos ma rayson
Esbaliy suys que Fabien
Ne fiist pièce a pai' deuers vous
Qu'en dictes vous Maximien
■.le cuyde fermement et bien
Par la loy que je doibz tenir
Trouue a quelque chreslien
Qui le garde de reuenir
Maximien.
Kon vuuloyr a de les punir
Sire enuoyes le quérir
Si scaures de sa volonté
Ll; 1 cniVALiEii Dyoci-etien.
Cest bien dit et bien diuise
Par ce moien pourions scauoir
Tout son maintient et son manoyr
Et tout comment jl s'est pourte
Dyocletien.
Puisque tant me suys démente
Jy enuoyerny ceste sayson
Marcbebot ma volenle
Kscoutc reliens ma rayson
Que voysez quérir Fabien
Mon preuosldiolz luy qu"en ma maison
A mov vienne sans faillir rien
ZèS
Mârcheboc.
Chier sire Dyocleticn
Seruir vous veulx a bonne chore
Je m'en voys (]uerre Fabien
A dieu soyes qui vous doinl joye
Idem Marciieboc.
Mahon Venus cl TerneganL
Si vous doiut joyc et soullas
Je vous prie que jncontinenl
Sire preuost ne failUes pas
Venir parler a lenipereur
Car jl vous veult parler bien lost
Fabien.
Dy moy mande jl son osl
Veult jl fayre aux chrcsliens guerre
Mahciieboc.
Sire jl se venlt enquerre
Ou vous estes ny en quelle terre
Fabien.
Puysquil m'a mande querre
D'aller a luy suys désirant
Allons nous en donaa grand erre
D'aller a luy suys bien content
Sus Thenin soyes diligent
Et prennons vers luy la voye
TllENIN.
Je prie Mahon qu'il nous conuoye
De cella layie bien maccorde
POSE
Eunl ad Dyocleiiannm.
389
Fabien.
Maliuii par sa mii^ericordc
Qui donne claiLc el coulleurs
Si gaid de mal et de vie orde
Mes ti-escliers niaislres empereurs
Dyocletien.
Fal)ien par amour Iresclier
De tous noz dieux je vous salue
Maximien.
Bien soyes venu gentil prevost de valleur
Dyocletien.
Fabien dont est la venue
Ou aues vous Lanl sciourne
Longtemps aues faict retenue
Que nestes vers nous retourne
Fabien.
En iilusieurs pays me suys trouue
l'our menner gu(!rr(; aux chresUens
Eiicour en ay mal atourne
Daulcungs jen ay en mes liens
Dyocletien.
Haroz quils sont ces meschantz gentz
Dictes le sans nul detien
Fabien.
C'.' sont les deux (ils Tarijudicn
390
TllEiNÎN.
Cest Marc et MaiccUin
Sire on le vous dict cest cler
Et ne font que lousiours prescher
La loy (lu dieu clirestien
Dyocletien.
Harroz Juppiter mon dieu terrien
Comment souffres vous tel iniure
Voyci bien piteuse aduenture
Maulgre en ait Mars et Mercure
Et tous les dieux de noslre loy
Haroz Teineganl quel desroy
Les deux fils de mon amy vray
Tarquilien sont ils clirestiens
Je ne puys croyre qu'il soit vray
Haroz dessus ces faulx clirestiens
Fabien.
Par ma loy je ne mentz de rien
Tous deux sont en Jésus croyans
Ils sont encour en la prison
La les ont menne mes tyrans
Le II cnivÂi.iER Dyocletien.
Par ma loy ilz sont bien meschantz
De regnier noz dieux qui ont
Tant de pouluoir et de puyssance
Ils sont bien malheureux treslous
Leur père esloit si bon homme
Maximien.
Cest ung des sénateurs de Homme
Le plus loyal le plus vailliant
391:
Par ma loy je meshays comme
Ses filz sont vers nous desfaillians
Dyucletien.
Or vous en ailes lout courant
Fabien mon très iloulx amy
Si feres tout doresnauant
Ce que vous comnianderay icy
Quant a Tarquilin dictes luy
Ouauec vous vienne sans demeurance
Ne mectes les siens en obly
Amennes tout dune alliance
Faicles tant que sans dyllayance
Leurs deux femmes et leurs enfans
Viennent deuant eux tous brayans
Pareilliement aussi leurs femmes
Pylie auront jen suys croyant
La loy reprendront les infâmes
Ce seroit par eulx grand diffame
Silz nonl pitye de père et mère
Tormentes les et corps et âmes
Si homaige aux dieux ne veullent fayre
Fabiicn.
Jenlens la chose toute clere
Chei- sn-e ne nien parles plus
J'amineneray et père et mère
Femmes enfants grands et menus
Et si les palliardz font reffus
Reprendre la loy sans desport
En despit de leur faulx Jésus
,Ie leur feray souffrir mort
Seigneurs a dieu vous comment
Qui vous doinl son playsir parfayre
392
Maximien.
Adieu gentil preuost vailliiint
Fabien prend congé des empereurs.
Dyocletien.
Tous les dieux ou je suys cioyaul
Vous veuillienl aj/der a bien fayre
Le I CHivALiER Dyocletien.
Faicles leur souffrir niai'lire
Sils ne se veullenl relourner
Fabien.
Viens ca messager sans relrayrc
Aller te fault ches Tarquilien
Quest mon amy je le diclz bien
Direquil vienne sans allcndie
Luy sa femme deuant moy rendre
Les deux femmes cl les enfans
De leurs bis qui sont mescrcans
El qui n'oiil voulsu sacriffier
A noz dieux — Pourtant justice
.J3n veulx fere présentement
Diclz leur bien que au diffiniinent
Viennent et que tantosl moiiont
.Jamays jour ne les veri'onl
Silz ne reiiocciuenl leur coiiraigc
THKNIN.
Sire je suys bien asses saigc
Pour men aller cbcs Tarqiiilin
Et lui comiilcr tout le langaige
Et en droict me metz en cliemyn
Je prie Mabon et Apollin
Quilz vous veulient de mal garder
393
Fabien.
.luppitPr te coriduysc Tlieiiyn
lilt retourne tost sans larder
Thenin.
Eat ad Tarquilinum.
Hoz Tarfiuilicii venues parler
Bien tost au preuosl Faljicn
Et vostre femme aussi bien
Saiches que Marc et MarcelHen
Ont regnye Apollia
Parquoy présent souffrent niartire
Le preuosl les veull faire occire
Desprise ont le sacriffice
Vennes veoir accomplir justice
lis mourront comme infâmes
Faicles le scauoir a leurs femmes
A leurs enfans gi-andz quils auront
Quant les nouvelles ils scaui'ont
Helourner men veulx a mon maistre
A Malion puysses vous cstre
Tarquilien.
A Mahon que poriay je fere
Ny que poiiay je devenir
,1e puys bien crier et brayre
Nul ne me pcult secoui-ir
Ouanl mes enfans mourir
Pour leur erreur cl leur déserte
De deuil me convient langourir
Sur moy en tornera la perle
Las jamays joye recouueite
Par moy sera en nulle vye
394
Douleur est sur moy bien apperte
Jamay au cœur je n'aura y joye
Martlv uxor Tarquilini.
Ha Jupiter que tout convoyé
Resconforte inoy sans desport
Maulgre ma vyc je vouklroys
Eslie icv toute royde morte
Hellas pour néant me desconforte
Je ne scay mays que plus en dye
Quant les nouvelles on mapporte
Que mes enfans perdront la vye
Hellns bien doibz estre marrye
Bien doloreuse et bien dolente
Je suis en grand torment rauye
Je n'en puys mays si men tormente
A leurs femmes allons sans attendre
Leur compter le dur esclandre
He femmes veuillies moy entendre
Les dures nouvelles quon vous mande
Las de mes deux filz
Qui sont voslres amys
Marc et Marcellien
Lesquels sont sans faillir rien
En les mains du preuost Fabien
Lequel les veult mettre a mort
Mays il n'en a pas tort
Car chrestiens sont devenus
La femme Marc commence.
Hellas hellas que dictes vous
Et ou es tu mort amere
Vien auec ton dard si me darde
395
Car de corroux me desespcrn
Faictz moy mourrir sans nul larde
A mon amy quand je regarde
Que l'on vous veult livrer a mort
Pour ceste faulcc loy bastarde
Vous me donnes grand desconforl
Las mon amy vous auez toi l
Quant aues renonce la loy
Je morray cy de deconfort
Hellas cest pour vostre desroy
Maugre mes dieux et mes amys
Par vostre amour suys rcmplye d'ire
Si vous n'auez pitic de moy
Par corroux me conuient occire
La femme Marcellin commence.
He dieu et que pourray jo fere
Ny que me porra conforloi'
Fabien faict mettre a martyre
Mon cher amy sans desporter
Bien je me doibz desconforter
Jamays joye n'auray au cueur
Diables me firent assotter
Quil fust mon mary et seigneur
Si nauray je jamays meillieur
Las que feray maulgrema vye
Quant on veull meclre a douleur
Mon doulx amy et ma partye (1)
Il moui-ra a grand diffame
Jo le scay bien villaynemenl
Que feras tu paoure assotye
Or es lu lime a lornient
(1) Ha moitiô.
396
Le I FiLz commence.
He Juppiler qui point no ment
lieconforles ma paoure mero
Que je croy présentement
Morra icy de mort amere
,lay grand paour quelle se désespère
Car le grand j)renosl Fabien
Veult faii'e mourir mon père
Pource quil est chrestien
Le h EiNFANT commence.
Juppiler mon dieu terrien
Doni!'^ .1 ma merc confort
Quelle face par aulcung moien
Mon père retarder de mort
Hellas hcllas il a grand tort
Quil ne croict Maliomei'ye (1)
Tarquilin.
Allons tost je vous en prie
Parler au grand preuost Fabien
Car je cioy fermement et bien
Que des long temps jl nous attent
Marcta.
Or vous raectes donc deuant
Tout bellement nous vous suyvrons
Trestout le mieulx que nous perrons
POSE.
Eunt ad Fabiamim Tarquilin et sui.
(1) S'agirait-il de mahomôlisme? Rien d'étonnant. Pour les fidè-
les catholiques du moyen âge, les adorateurs de Jupiter et les
musulmans étaient lous'des païens.
397
Tarquilin.
Sire prcuosl de liault renom
Mahon vous croyssc voz honneurs
Saches sire que sommes venus
Veoir qu'il vous plaict nous coniander
Fabien.
Cest 1res bien faicLjl vous conuient aller
Treslout le droit vers la prison
La trouvères sans dillation
Vos deux enfans pleins de malice
Lesquels par leur 1res grand vice
Ont renonce la loy payenne
En cnsuyuant la loy chreslienne
Comme scaues quil nest licite
Et pourtant vous dictz tout quicte
Que les feray a mort liurer
Et encour les pouucs retarder
Et de souffrir mort les garder
Car je croy que quand vous verront
Auoyr pitié iîz vous croyront
Et retourneront a la loy
Ailes y sans nul delay
Et dictes au carcerier
Quil vous laysse a eulx parler
Tarquilin.
Je vous mercyc sire très cher
Mahon vous donne confort
Turquilien recedit a Fabiano et railit nnii ^iiya
(ipud carcerem.
iJamcs sans nul desport
Allons si leur porrons sauluer la vye
39S
La I FEMME.
Las je suys en torment rauye
De douleur lout le cueur me tremble
La II FEMME.
Allons veoir ma seur et ma mye
Silz sont morts courons ensemble
Tarquilin.
De douleur tout le cueur me tremble
Las quant je me recolle
Et me souuient de mes enfans
Par ma loy ils sont bien meschans
Pour eulx mêmes perdrons la vye
Pourquoy ont ils si grand envye
De croyre en celluy prophette
Hellas cest pour eulx grand détresse
Par deuers eulx me fault aller
Veoir si les porray retarder
Quilz ne soint pas mys a mort
Mays je ne suys plus asses fort
Pour cheminer ny pour aller
Desordonne suys viel et casse
Je suys de viellesse passe
Auecque griefue maladie
Que encour me contrarie
En après le marrisscment
Que jay la ce nest que torment
Mes varletz or vous ordonne
Expertement si moy ayder
Ung peu a cheminer
399
Le 1 SERVITEUR Tarquilin commence.
Cher siro ou vous playra aller
Presculemenl vous ayderons
De rien ne vous csconduyrons
Que lousiours ne voldrions partayre
Voslre playsir sans nous relrayre
Quant esl de moy je suys tout prest
Le II serviteur.
Juumit TnrquUinum.
Allons donc lost sans arresler
De par Malion se puysse estre
Syl vcullie confoiler mon maistre
?A doinl a ses deux filz couraige
De reprendre leui- lierilaige
La loy leurs cnfans et leurs femmes
Min quilz ne meurent infâmes
En douleur et en grand
Tarquilin.
Ainsi soit il
Le I SERVITEUR.
Amen Amen
POSE
400
Tarquilikn.
Je croy que voici la prison
Ou sont mes douloureux enfans
Au [sic] carcerier es tu céans
Agripart carcerier.
Qu'est cest veilUard meschant
Qui maintenant icy vient
Tarquilin.
Je suys Tarquilin
Père de Marc et de Marcellien
Lesquelz tu tiens en ta prison
Si te prie sans ddlalion
Que a eulx puyssions parler
Incontinent sans arrcster
Ung moct ou deux tant seuUement
Agripart.
Jen suys content cerlayneraent
Pour lamour de voslre personne
De leur parler congé vous donne
Et leur parles a vostre guyse
Si parleres a vostre père
Fralres exeunt a carcere et aUoquntur
parentibus %it sequitur.
Marcia.
Ha mes deux enfans debonnayre
Regardes la pileuse mère
Qui par vous est tant si dolente
Car si de voslre erreur retrayre
Ne vous voulles. de mort amei'e
401
Mourir me fault a Ilieure présente
Ayes en nos dieux voslre entente
Affin que Ion ne vous toriuenle
Je vous prie amoureusement
Chascung de vous cccy consente
Et de bon cucur si se démente
De croyre a Malion qui ne ment
Pour vostre erreur tant seullement
Vous morres doloureusement
Tout par vostre consentement
Hellas jay tant le cueur dolent
Qu'oncques vous portay me repens
Pour vous souffre doleur amcre
Marc.
Il ny a père ny mère
Ny seur l'rere ny compère
Parquoy je doibue relinquir
La loy chrestienne a tous propice
Et non austayre
Las pour a dampnement venir
La loy Mahon faict gent vertir
Et paruenir
Faulce mère a dampnement
Et pour Jésus aymer et seruir
On peut venir
Seurement a saluation
Martia.
Si vous naves compassion
De moy mes fds las je suis juorle
Hellas changes opinion
Ou je morray de mort amere
2«
402
Marcellien.
De vostre mort je n'ay que fayre
Mais si complayre
Vous nous voules meschante femme
Et vous retrayre
Et layssanl llionte et le blasme
Affin de fuir la flamme
D'enfer qui inflamme
Les gentz a peyne et torment
Vous layrres vostre loy infâme
Laquelle on proclame
Dampnable perpétuellement
La I FEMME.
Ayes pitye de vos parens
De vostre mère et de vos gentz
Sans vous laisser ainsi occire
Par vostre amour perdons tous sens
Las que deuiendront vos biens
Et vos enfans las quel martyre
Je vous prie mon amy et frère
Que ne me veuilles esconduyre
De retourner auecque moy
Ou je croy que je morray dire
Sil fault que vostre amour empire
Pour auoyr regnye la loy
Las vous nous faictes grand exclandre
Marc.
La grâce Dieu sur vous sespande
Qui est es sainctz cieulx régnant
Voules vous comme faulce gentz
Que nous layssons la bonne loy
403
Que les bons chrestiens sont tennans
Par la vostre 1res faulce loy
Pour estre dampnes en desroy
Auec tous les diables mauldiclz
Et que layssons le liault roy
Jésus régnant en paradis
La II FEMME.
Je vous requiers mon aray vray
Ayes pilie de la chestiue
Je souffre mort pour tel desroy
Si vous ne reprenes la loy
Longuement ne seray pas viue
En moy toute douleur arriue
Lamour de vous mon cueur auiue
Et me faict souffrir griefs doleurs
Par vostre erreui- fault que je suyue
La mort a dolente chesliue
Ici ay jecte trestous mes plainclz
Marcellin.
Ne parles plus de ces moyens
Chrestiens sont les enfans de Dieu
En chrestiens soiU compris tous biens
Chrestiens sont prises en tout lieux
Et leur créance vaulL trop mieulx
Que la vostre cent mille foys
Pourtant ne nous en parles plus
Nous nous rendons au roy des cieulx
Le I ENFANT.
Mon père laysses vos erreurs
Et croyes a noz dieux gracieux
404
Et par Mahon vous serez saiges
Hellas pas ne feroil honneur
Si par vostre meschante rigueur
Vous mouries a tel outraige
Le II ENFANT.
Ce seroit a voslre lignaige
Grand deshonneur et grand dommaige
Mon père laisses vostre hatte
Vous morres cy par voslre outraige
Faictes a Juppiter homaige
Et a Venus la grand ydolle
Et reprenes vostres parens
TaFiQUILIN.
En signe quel douleur je sens
Despeceray ces vestemens
Car je suys plain de marriment
HclIas je ne peult aullrement
Voicy bien pileuse aduenture
Jauois par ma sépulture
Et mes biens a part jauoys mis
Considérant que mes deux filz
Fussent a mon enterrement
He Juppiter qui point ne ment
Comment souffres tu tel desroy
Qui doibuent auant que moy
Chers fdz croyes mahommerye
A joinctes mains mercy vous crye
Regardes vostre dolent père
Pour vous souffrant douleur amere
Ne le laisses en la foyblesse
Vostre père ny en la viellesse
405
Vous luy debues donner confort
Non pas douant luy souffrir mort
Jay au corps griefue maladie
Beaulx fils vous malberges (sic) la vye
En vous estoit mon cueur resiouy
La mort aymes et jl la fuys
Accoures tous jeunes enfans
Pleurer auec moy sur ces meschans
Las je morray plus ne quers viure
Quant de mes enfants suys deliure
Je voudroys par tous mes dieux
Que creues fussent mes deux yeulx
Affm que ne leur visse trayre
La grand douleur quon leur veult fere
Las je suys mort ou a tant vault
Par ce Jésus mauluais ribault
Qui fust a une croix pendu
Marc.
Je vous prie nen parles plus
La loy Jésus volons tenir
Et sa saincte foy maintenir
Jusques a la mort jl est conclus
Tarquilin.
Pas vous croyes la loy Jésus
Laquelle est faulce et détestable
Pour luy seres mort et pendus
Et morres de mort détestable
Ce Jésus est fils du grand dyable
Ce Jésus est liomme de néant
Ce Jésus est abominable
El ne scaict on pas dont jl est
406
Marc.
Jésus roy omnipotent
Est filz de dieu le père
Conceu du benoist sainct esprit
En la virge qui fust sa mère
Par vng moct que lange luy dict
A ce ne mectes contredict
Sans consentement de nature (1)
Fust conceu ainsi que jai dict
Virge le porta ne cite et pure
Mârcellin.
Virge et pucelle le porta
Virge fust a lenfantement
Et virge pure en deliura
Virge fust au commencement
Virge fust au diffiniment
Jamays en luy virginité
Virge est en perpétuité
Tarquilien.
Ou diable avez cecy Irouue
Ou avez prins celle follye
Qui vous a intente et boute
Celle raige et melancolye
0 mes amys petits et grandz
Venues moy ayder a plourer
Las la mort de mes deux enfans
Qui se veullent abandonner
Huy a mourir las qu'endurer
Me fault pour eux o faulx Jésus
(1) Curieuse expression.
40T
Tu les faict a la mort liurer
Par toy meschant jls sont deceus
Si aultrement ne me veuUent croyre
Marc.
Entendes a moy mon frère
Jl me prend pitye de nostre père
Qui pour nous ainsy se tourmente
Ma mère aussy est moult dolente
Tant que a bien peu elle ne trespasse
Vray dieu je ne scay que je face
Jai deulx très grand pitye au cueur
Qui pour nous meynent tel doleur
Noz enfans croyent de l'aultre part
Et noz femmes qui maintz regards
Font sur nous très pitoyables
Conseilles nous dieu véritable
Que nous est licite de fere
Marcellin.
Je croy quil nous vault mieulx retrayre
Et retourner auec nos gentz
Car s'on nous faict souffrir torment
Pour nous si fort se marriront
Que de corroux la mort prendront
Pourtant nous vauli mieulx retourner
Que les laisser mal atourner
Voicy grand pitio par mon ame
De veoir noz gentz a tel diffame
Le premier seruiteur.
Hellas amys ayes pitié
De voz parens par amytie
408
Vous voyes comment jls se iourmentent
Trop grand angoysse pour vous sentent
Vous les deubsies de mal garder
Retournes a eulx sans tarder
Et vous saulueront vostre vye
Le ij seruiteur.
Croyes en la mahommerye
Et reconfortes vostre vie
Regardes vostre raere
Tant de douleur pleyne et amere
Tant pour voslre amour est dolente
Gomme elle crye et se tormente
Vos deux femmes et voz enfants
Tous par vostre erreur languyssantz
De celle folye vous retardes
Et en pytie les regardes
S' Sebastien.
Sanctus Sebastiamis adest et illos aUoquitur.
Vaillians chivailliers de dieu
Qui estes en cest lieu
Ne croyes les blasonnements
De vos femmes et vos parenlz
Ny du faulx preuost Fabien
Mays serues le dieu cbresiien
Car si voz corps abandonnes
Pour luy vous scres couronnes
En la très haulte région
Ou Jesusciirist faict mention
Si chascun est en sa loy ferme
Paradis aura a brief terme
409
Fuyes ceste vye misérable
Vous vaincres enfer et le dyable
Idem Sebaslianus ad Tarqiiilinum.
Amys laysses vostre couraige
Ne démenés pas si grand raige
Je vous prie mes chers amys
Si vos deux, fils ont leur cueur mis
En dieu qui règne en trinilc
Ils sont saiges en vérité
Vous en dcbues auoir grand joye
Ils vous monslrent a tous la voye
Si voulez leur chemin tenir
Pour la sus en gloyre venir
Hellas ce n'est pour vous perte
Joye deubt estre en vous recouuerte
Car es saincts cieulx hériteront
Ceulx qui pour Jésus souffriront
En son glorieux nom martyre
Ce est tout vray Tarquilin sire
Celluy est fol qui mect sa memoyre
En ceste vye transitoyre
Certes il ny a rien détestable
Il est dangereux et doublable
Maintenant sain demain malade
Huy bonne couleur tanlost fade
Tel faicl aujourduy bonne chère
Qui demain sera en bière
Tel est a ceste heure joyeux
Qui lantost sera douloureux
Si tu es huy fort et puyssant
Tu seras demain languyssant
11 ny a tel qu'auoir memoyre
ilO
Pour Jesuschrist ou tu doibz croyre
Qui créa toute créature
Cest le dieu pardessus nature
En luy nous debuons resiouyr
Cest luy qui faict les sourds ouyr
Et les aveugles illumine
Par sa saincle vertus diuine
Il n'est si griefue maladie
Qui par luy ne soit tost guérie
A plusieurs a santé rendue
Tarquilien.
Est jl de si grande vallue
Si comme tu vas disant
Jamays ne l'yray desprisant
S'il me pouuoit donner sanle
S' Sebastien.
De luy aillieurs me suys vante
Encoure failz je a ceste heure
Recoy baptesme sans demeure
Tu auras santé recouuerte
Tarquilien.
Ceste chose nest point apperte
Convertiiur Tarquilinus.
Mays je te prie sans diuiser
Que tu me veuillies baptiser
Destre guery jay grand enuye
S' Sebastien.
Croys tu Jésus le fdz Marie
Qui pour nous souffrit passion
411
Pour nous donner remission
Puys au tiers jour ressuscita
TARQUILIEiN.
Sire je crois bien tout cella
En regnyant mahommeiie
S' Sedastien.
Au nom de la vierge Marie
Polycarpe qu'il soit baptise
POLYCARPE.
Ainsi que l'auez divise
Présent sera faicl sans feintise
Baplizat ur TarquUinus.
Vien ca amy je te baptise
Au nom du père et du filz
Et aussi du sainct esprit
Qui te veuillye de mal garder
Croy fermement sans relarder
En Jesuschrist le roy céleste
Tarquiiltn.
A Polycarpe le bon prestrc
Et vous sire Sebastien
Maintenant je confesse bien
Que Jésus est souverain dieu
Car jl m'a guery en cest lieu
Diinc très griefue maladie
Qui m"a tenu toute ma vye
ïouteffoys qui me tennoyt
Tout mon sang par le bas couroit
412
Je suys gaery por voz moyens
Dont cent mille raercys vous rendz
Et a dieu premièrement
Martia.
Je vous requiers baplisement
Au nom de dieu de paradis
Qui mon bon raary a guery
Je croy en luy sans nulle doubte
La I FEMME.
Je regnye mahommerie toute
Et ay en Jesuschrist fiance
La ij femme.
En ceiluy dieu melz ma créance
Qui a guery le sénateur
Le I ENFANT.
Nous croyons au doulx créateur
Qui règne perdurablement
Le ij enfant.
En Jesuschrist croyons fermement
Et vous requérons baplisement
Sebastien.
Par luy aures tout sauluement
Quand vous croy es dieu et lesglise
Polycarpe.
Baptisantur céleri de domo Tarquillini
omnes simid.
Au nom de dieu je vous baptise
Soint tousiours vos volontés mises
413
En Jésus et en sa puyssance
Et je vous promelz sans failliance
Que tous voz maulz vous pardonrra
El en tous lieux vous secorra
Sebastien.
Bcaulx amys jl nous fauldra
Aller a ('hascung sa voye
Que le faulx preuost ne nous voye
Nayes regret en vos amys
Car si par luy sont a mort rays
Ils auront la joye perdurable
Pourtant messieurs adieu vous dictz
Tarquilien.
A dieu soyes mon bel amy
Jamays ne seray variable
A seruir dieu mon cueur, sa mort
En vérité quoique Ion die
Moy et toute ma compagnye
Discedit Sebastiamis ah illis.
Le j seruiteur.
Haroz voicy grand dyablerye
Que nostre maislre est chreslien
Par ce Iritre Sebastien
Qui la conuerly en présent
Luy et toute sa gent
De nostre loy ont faict reffus
Et tiennent pour vray dieu Jésus
Dont je suys tout desconforle
Second seruiteur.
Sans y auoyr plus de déporte
Jamays jour ne le seruiray
414
Mays par Mahon je le diray
Au sénateur Cromatien
Que chrestien est Tarquilien
Jay a luy très grand cognoessance
Tanlost le mectray a meschance
Et le feray mectre a martire
Gentil compagnon qui me croira
Primus famulus.
Perdu soit jl qui y faudra
Que le voysons accuser
Marc.
Loue soit dieu de tous costes
Quant luy a pieu de sa bonté
Et a sa tressacree mère
Quant il luy a pieu a nostre père
Sa grâce estendre et remonstrer
Marcellien.
Nous le debuons bien adorer
Présentement et en tout temps
Quant a noz femmes et enfans
Luy a pieu donner memoyre
Pareilliement a nostre mère
De recognoestre leur erreur
AGRIPARD.
Ca gallans sans nul secour
En la prison vous fault torner
Cest asses messires caquetter
Que de la fiebure soyes estraine
Par vous seray mal estrayne
Du preuost sU le scauoit
415
Le Fol.
Quelque foys vng maistre alloit
A Icsglise pour dieu prier
Et son seruileur le suyvoit
Mais aillieurs auoil son désir
Quant voit son maislre paruenir
Et arriuer près de la porte
A sa maison va reuenir
Pour manger d'une bonne tourte
Disant cecy plus me conforte
Que la messe de mon cure
Mays gens qui sont de celle sorte
Ne feront ja bonne durée
Car tout borame de mesure
Souffrira niaulvays conséquent
Tout mal faict est mal asseurc
De mal faict maulvays payement
Fabien.
Je m'esbabis grandement
De Tarquilien et de sa gent
Lesquelz ne sont point revenus
Ils porroinl bien joyer dung jeu
Car ces garsons remplys dUre
A leur loy les pourroinl seduyre
Et je seroys du tout deceu
Il seroyt bien fol deucnu
De croyre au dieu des cbreslienr;
Scauoir en fault les moyens
De ces deux truans maulvays gaige»
416
Car sils n'ont mue leurs couraiges
Mourir les feray certainement
Dacien.
Silz contredient toulallement
De reprendre femmes et enfans
Je conseillie tout haullement
Quilz en meurent les meschantz
QUINTIEN.
Las pourquoi sont ilz desirans
De regnier le dieu Mahon
Par ma foy jls sont bien meschans
Ils ne peulvent dire aultrement
TlIENYN.
Faictes les venir présentement
Par deuaat vostre mageste
Si scaures certaynement
Très cher sire leur volente
Fabien.
Entendes a raoy mes tyrans
Ailes moy querre ces deux meschans
Que mys avez en la prison
Lyes les moy comme larrons
Et les amenés prestement
Car je veulx scauoir comment
Et silz sont tousiours chrestiens
Et faictes que soit bien content
Le carcerier de ses despens
Et trestout je vous rendray
417
Griffon.
Par ma loy sire je n'ay
Voulenle que tousiours vous seruir
Nous accomplirons vostre désir
Très cher sire n'en doubles point
Caffre.
Nons les amènerons si a point
Que vous conlenteres de nous
GrIFFOiN.
Hola ho Agriparl es tu coans
Vous dormes si mest aduis
Agripart.
En malan soyes tous mys
Tant nvaucs vous eslonnc
FOULDRE.
A coup baillies nous sans demeure
Ces deux garçons que tauons amené
Tu les a desia asscs garde
Despeche toy de l^^^ unn< rendre
Agru'aiit.
Je prie dieu qne l'on me pende
Si encour vous les aues
Sinon que je soye paye
Des despcns et ans>i dp IiMitrop
Tempeste.
' Griffon sans demeure
Comph.' luy dix sols et demy
Il ny a asses si mest aduis
27
418
Griffon.
Or tien je croy quilz sont icy
Compte les bien mon amy
Estes vous bien content de nous
Agripard.
Je vous mercye trestous
Et vous prie mes amys doulx
Que si plus vous en trouues
Que céans les admenes
El je les garderay bien
Caffre.
Je te prometz sans faillir rien
Que lu en auras tousiours la garde
Agripard.
Or les tennes je vous diclz bien
Des cesle heure les vous reraectz
Tempeste.
Tu es trop homme de bien
A dieu soys tu recommande
FOULDRE.
Bien a malheur fustes vous nés
Désire en nos mains liures
Auant penses de cheminer tost
Car parler vous conuient au preuost
Marc.
A dieu seruir le cueur mesmeuk
419
Caffre.
Auaut passes légèrement
Le grand diable bien vous tict prendre
La loy de Jésus ce mesciiant
Marcellin.
Jésus l'oy omnipotent
Veuillies nous en la foy tenir
Mon dieu veuillies nous secourir
Et ne nous raetz point en obly
FOULbRE.
Mal jour aures deuant la nuict
PO:^E
420'
Griffon.
Alloquilur Fabianum.
Sire preuost de grand hniyct
Nous auous faict votre comment
Amené auons les deux meschans
Lesquelz sont tousiours induiclz
A la faulce loy comme deuant
Fabien.
Enfans je vous prie par amytie
Que de voz corps ayes pitye
Et si aues este mal aduises
De noslre loy auoyr laisse
Pour ensuyure le nom
De Jésus ce faux larron
Et mauldict enchanteur
Car jl fust pendu par son erreur
Je vous prie chèrement
A noz dieux tant bon et gratieux
Faictès sacriffiement
Nul de vous ne les desprise
Au dieu Mars qui ne ment
Faictes de bon cueur seruice
A mes enfans Marc et Marcellin
Vous estes fdz a Tarquilien
Et pour lamour de vostre père
Ne vous voldroys oltraige fere
Car jl est notable seigneur
4«1
Marc.
Plus tost morrons a grand douleur
Que Jésus voulussions desdire
Celtes preuost fol remply dyrc
Rien n'en ferons je te dicl bien
Marcegnin.
Sire preuost je vous dict bien
Quilz sont dignes de mort souffrir
Puys quilz ne se veuUent repentir
Et retourner avec leurs genlz
TlIENIN.
Sils ne reprennent femmes et enfans
Faictes les mourir sans detien
Mârcellin.
Je veulx que saiches Fabien
A Jésus feray tout seruice
Chescung de nous Ma bon desprise
Rien ne prisons telles ydollcs
Laisse nous en paix je ten prie
Fabiem.
Maulgre toute mabommerye
H.iro en dospit de ma vye
Par Mabon mon dieu vous morres
Demain en vye ne seres
Sententia Fabiani.
Par Juppiter corne me semble
Auant tyrans tous quatre ensemble
Rfpronnos moy ces faulx garsons
Lyes les moy comme larrons
42Î
A ce pillier rudement
Car je veulx que jncontinent
Soint despoillies tous nudz
Et quilz soint Iresbien battus
De gros foelz legierement
En despit du faulx Jésus (1)
Quilz me vont icy vantant
Et quil soit faict tout a ceste heure
Griffon.
Vous naues garde que jen pleure
Joyeux suys de ces nouuelles
Caffre.
Je leur rompray bras et eysselles
Puysquil fault que m'en démente
Tempeste.
Silz estoint seigneurs ou damoyselles
Ayse suys quant les tormente
Griffon.
Auant meschans a Iheure présente
Vous conuient vng peu festoyer
Tempeste.
Mais premier vous fault despoillier
Pour monstrer vostre beau corps
Expoliunt eos et ligant.
POSE
(1) Celte ligne est effacôe suivant la prescription mise en marge
ÇanceUatur F. Decroso.
428
Datien.
N'en soyes point misericordz
Lies les raoy très bien estroict
Qui leurs maulx faiclz ne pugniroit
Hz porroint decepuoir le monde
FOULDRE.
Auant auant riboudaillie
A les frapper chescung saduance
Caffre.
A cetuy je commence
Et de raoy sera estrayne
Percutit.
Et puys si lu te sens gène
Dys a ton dieu qu'il te défende
Griffon.
A Venus me recommande
Percutit.
Or tien villain estce bonne viande
Bonne et amoureuse
FOULDRE.
Percutit.
Le grand dyable y coure
Tant nous donne de torment
424
Caffre.
Percntit.
Tien villain cesl oignement (1)
Pour oingdre vn peu vosire coste
Tempeste.
Je croy qu'ilz en ont asses
A les veoir comme me semble
Marc.
Vray dieu qui est une substance
Troys personnes en vne essence
Sans fin et sans commencement
A loy me commcnde pleynement
En toy auons ferme créance
Et si anons bonne- espérance
Que soyons de tes amys
Marcellin.
Mon dieu je te requiers mercy
El quil le playse d'obi ier
Mes offenses et mes pèches
Et me donner entièrement
A mon ame saulvement
Fabien.
Je vous prie chèrement
Qu'ayes pitye de vosire jnfance
Fou!x mescreans sans dcmeurance
Ou je veulx bien que cliescung saiche
Que vous seres a cesle eslaiche
(1) Oaguent.
425
Je le vous pi-ometz et affye
Tanlost lies et eslachcs aussi
Jusques tant quayes faict seruice
A noz vrays dieux par bonne guyse
Et rendu dignement ruflice
Quappartient au saciiflice
Marc.
Mauluais preuost plein de malice
Tenir ne doibz la loy a nyce
Qui est tenue du créateur
Tu faiclz aux dieux seruice
Qui sont de nulle valeur
Marckllin.
Jesuschrist qucst le rédempteur
Cesl le vray dieu plein de douleur
Faulx preuost ainsi se doibz croyre
Ou mys sera en la pueur
Denfer et en la grand chaJIeur
Qui en aultre dieu croist jl erre
Fabien.
Haroz do dur) le cueur me serre
Je ne scay plus ou conseil querre
Ces garsons cy mesbahironl
Si de Itui' loy veulx plus cnquerre
Bien scay quil me traliiionl
Ysocras le vray dieu daniont
Et Irestous les ni;dions qui sont
Au temple reconfortes moy
Ou ces Iritres cy me feront
Enrraiger je sray bien quilz ont
(Iraïul joye me veoir en esmoy
426
QUÎNCTIËN.
Sire preuost aultre n'y voy
Sinon que les faictes a mort liurer
Car ilz ne se font que mocquer
De Mahon et de sa ioy
S' Sebastien.
Sebastiamis consolât illos.
loi) appercoyt Fabien comme S' SebaMien
les conforte.
Tousiours soyes fermes en la foy
De dieu soit toute vostre memoyre
Et certes vous aures uictoyre
En la gloyre la liault es cieux
Seres couronnes auec Dieu
Cest chose toute véritable
Fabien.
Or vous tayses ailes au diable
Sebastien est ce la guyse
Faulx tritre a Dyocletien
Que conforter les chrestiens
Tu leur deussies menner guerre
En tous lieux et a grand erre
Bien tosl tu ten repentiras
Sebastien.
Mauluays preuost tu mentiras
Je ne te crains rien ny doubte
Ny aussi ta compagnie toute
Mon dieu en qui j'ay mis ma créance
Me deffendra jy ay fiance
427
Mays tu es fol et hors de sens
Et sera dampne si ne te repens
Je le te dictz Fabien
Fabien.
Haroz Mahon Sebastien
Bien tost mesleray ta pensée
Je puysse enraiger comme vng chien
Si 1(1 ne meurs sans demeure
Nostre loy a deshonnore
Et en mainte place blasme
Lempereur mallejournee
Te dorra mays quil le saiche
S' Sebastien.
Fabien je veulx que saiches
Certes que je suys chrestien
Va si le dire a lempereur
Je ne feray ja pire chère
Tel je le suys des mon infance
Tu faictz mal donner greuance
Aux amys de dieu dignement
Marcequin.
Ha mauldict tritrc meschant
Remply de mcscreance
Lempereur a en toy fiance
Et tu le vas denyant
Themn.
Ha mauluays regnye comment
Ouses tu dire tel laiigaige
Ta foy ce nest quenchantemenl
Nen parles plus tu nest pas saige
Oncques Jésus ny son ligiiaige
Si nlieurenl vaillant vne pomme
Crucifie fust pour loutraige
Quil se faisoit vray dieu et homme
S' Sebastien.
Chetif lu n'entens pas comme
La mort Jesuschrist nous valust
Car ce fust pour nostre salut
Que le glorieux dieu voulust
Moui'ir pour nous fere rendre
Par sa grâce nous secourut
Et denfer nous misl a doUure
Fabien.
Oncques par escript ny par liure
Ne trouuys en jour de ton aage
Que deubse telle loy ensuyure
Tays toy ne dictz plus tel oultraige
Joseph si heust en mariaige
Marie la mère Jésus
Par le conseil de son lignaige
Le veilliard si en fust deceu (1)
Nous scauons tous grans et menus
Que Marie !uy fust espouse
Et auait ja enfant conceu (2)
Je tay raison clere donnée
(1) En marge de ce vers on lit : Corrigatur deceu F. Decroso.
(2) Ce vers et le suivaiit snnt effacés, conformément à la note
marginale : Cancellatur F. Decroso. On a pu lire le premier, mais
le second est trop àrtistement maculé pour être lu.
iSd
Nul ne la scauroit contredire
Ergo ta loy est reprouuee
Faulce je lose bien dire
Sebastien.
Tu as menty Jésus la voulust eslire
Pour prendre en elle son repayre
Aultrement ne luy peult souffire
Excepte la virge niere
Jésus entra cest chose clere
En elle comme le soleil passe
Tout oultie paimi la verrière
Sans que point le vorre se casse (l)
Cest exemple que raison baillie
Pour conforter un peu nature
Grâce de dieu nature passe
Et sens de toute créature
Fabien,
Je voys que tu as mys ta cure
A le seruir et ta pensée
De t'en plus parler n'ay cure
Car ton parler point ne maggree
Par Appollin qui fict le bled
Puysque ne veulx fere aullre chose
A Tempereur de Rumanye
Le diray auant que repose
Skiîastien.
Et puys que je voy que tu n'as
De cecy croyre volonté
(1) Curieuïe uxplioatinn.
430
J*a ce soit quil soit vérité
Meshuy plus ne ten parleray
Recedit Sebaslianus a Fabiano.
Marc.
A Jésus seruir me dispose
Ainsi que fere je le doibtz
En luy ciy toute maraour enclose
Aultre que luy ne serviray
Marcellin.
Gest celluy dieu souuerain roy
Qui nous a crée et forme
Par son amour sans nul delay
De cueur ensemble debuons chanter
Gantant .
Fabien.
Haroz Mahomme et que faictz tu
Haroz jay tout ie sens perdu
Ouyes comment ces garsons chantent
Et de leur faulx Jésus se vantent
Et ne se font que resjouyr
Je croy raoy quil sen faut fouyr
En despit de ces faulx meschans
Que faictes vous pailliardz tyrans
Rues sur eulx ou jy rueray
Par Ternegant je vous tueray
Auant frappes larronaillie
FOULDRE.
Le grand diable emport la merdaillie
Par ApoUin et Ternegant
431
De frapper suys si fori dolent
Que je ne m'en puys remuer
Datien.
Auant ribaudz sans séjourner
Rendes les moy du tout casses
El presque morts vous les laisses
Tant quils perdent le quaqueter
Griffon.
Si vous me debuies tuer
Plus fort frapper je ne scauroys
Aller ne puys ny champ ny voye
Par Appollin tant suys je las
Caffre.
Par ma foy je ne croys pas
Quilz ne soint bien chasties
Et croy quil nont plus volonté
Aullrement de vous re«pondie
Fabien.
Or les vienne meshuy deffendre
Tous les grands dyables despendre
Leur faulx Jésus et dépendre
Car jaymeroys mieulx sans attendre
Que jamays ne mentremisse
Et mauldict soit le jour et Iheure
Que malle mort ne me court seure
Quant jamays men suys empesche
Fouldre.
Je prie Dieu que a meschef
Si b's puysse en uuicl tenir
432
Hz m'ont huy tant faict courir
Que je ne puys plus aller auant
Fabien.
Mes enfans croyes en noz dieux
Hellas vous ne porries raieulx
Pour acquérir des cieulx la gloyre
Je vous prie qua vostje menioyre
Soit a Mahon el vosLre adresse
El d'icy vous faiciz promesse
Que de tous maulx scies dehures
Et aussi faictes grand ouUraigc
A vostre pore et a son ligna ige
Je vous en prie pour amour
Marc.
Preuost tien toy tout seur
A Jésus nous ferons clameur
Saiches bien tant que nous perrons
Car il aui'a quand nous morrons
De nous mcrcy certaynemenl
Marcellin.
En luy nous croyons seurement
A luy seul nous seruirons
De cueur entier parfaictemcnt
Sur toutes choses l'ayraerons
Pour lamour de luy nous voulons
Souffrir torment peyne infinie
A son honneur nous chanterons
Quelque chant plein de melaudie
Cantcmt.
m
Fabien.
Maulgre loule mahoniraeryo
El toute leur puyssaiice
Voicy grand dyahlerie
En vous nay plus fiance
Que ne pouues prendi'o vengeance
De ces faulx mecreans
Qlintien.
Puysquilz sont tousiours parcans
De Jésus cest enchanteur
Faicles les mourir par rigueur
Et quil soit faict sans demeurance
Fabien.
Or ca sans demeurance
Tyrans entendes ma sentence
Sententia Fabiani contra Marrnm
et Marcellinum.
Puy?fjuestes si meschantz
Qiu' ne vous voules retourner
Je vous juge toutmaintenanl
A mourir sans point recullcr
A grandes lances soint perces
Tant tjuilz soint mortz ranuei'ses
En après par grand dérision
De Jésus ce faulx garson
Veux que leurs corps soint donnes
Aux chiens et auliresbeslps abandonnes
Car telle est mon ordonnance
28
AU
Griffon.
Sire preuost comme je pense
Tantost vous en seres venge
Et croy que seront tost despeches
Mays que jaye vne lance
Caffre.
Den Irouuer vne que Ion saduance
Je la voldroys desia tenir
Nous les ferons bien resiouyr
Et dancer vne aultre dance
Tempeste.
D'asses vous en pourveoir me vente
Et des meilleures de ceste ville
FOULDRE.
De ce fere soyes habille
Je ten prie victement
Le Sot.
Fuyr m'en faull liatiuement
Puysque vertu souffre martire
Je ne scay plus que je doibz dire
Sinon me retirer en France (1)
(1) Le sot ou fol dit ces paroles pendant qu'on va chercher les
lances.
435
Tempeste.
Ca compagnons voyci les lances
Sont elles bien a vostre guyse
El sellon vostre ordonnance
Griffon.
Elles sont bonnes comme je pense
Or auant compagnons
De les frapper chascung saduance
Ces faulx villains sedutieux
Caffrp:.
Chescung de nous vaillie deux
Et par dos et ventre les perçons
En despit du faulx Jésus (1)
Tempeste.
Je vous n'attendons plus
Quilz ne soint a mort liures
Marc.
Oral (jenibus flexis.
0 royne pleyne de bonté
Et de toute humilité
Mon ame te recommande
Priant qu'ayes d'elle mercy
Dieu de paradis
A toy la recommande
(1) Ce vers est effacé, »,'(, en marge, ii y a li- mol cancellatur et
la iignature F. Decroso.
436
Et te demande
De mes pèches remission
Et la peyne que souffre grande
Blasme et esclandre
Soit a ma salualiou
0 dieu tout puyssant
Père omnipotent
Si présentement
Finir briesuement
Me conuient ma vye
Ayes de moy memoyre
Et a la saincte gloyre
Mon ame soit pose
FOULDRE,
Je le feray ta destinée
Auanl quil soit vne heure
Mârcellin.
Orat genibus flexis.
Père de toute créature
Doulx dieu plein de bonl.e
A toy me recommande
Parfaicte deite
Mon ame te commande
Rccoy la s'il te plaict
En ton sainct firmcment
Mourir sans arrest
Me faull présentement
0 royne de puyssance
Sans demeurance
Ayes de moy memoyre
487
Mon ame te soit commande
En la gloyre très haultayne
Griffon.
Que de la fiebure quaitayne
Soyes vous tous les deux espouses
Auant auant compagnons frappons
Mays premier je commenceray
A cestuy cy me prendray
A l'assault riboudaillie
Mourir vous ferons comme cliiuaillie
Caffre.
A la mort truandailiie
Vous estes a misère
Frappes deuanl et moy derrière
FOULDRE.
Puisquil faut que je fiere (1)
Ce coup auras de ma main
TeMF'ESTE.
Tien cella villain
A mort seres liure a cest heure
Vostre dieu ne vous en scauroil secourre
Griffon.
Frappes a coup sans demeure
De reschef chescung trauaillie
Caffre.
Je croys quil y en a vng qui baillie
Et est bien près de mourir
(1) rr«pp«
438
FOULDRE.
Le grand diable y puysse courir
Il n'a plus nyfle ny haleine (1)
li est desia plus blanc que layne
Ils ne chanteront plus certaynement
Tempeste.
Ils sont mortz vrayement
Diables les en puyssent porter
Les délient et les mettent en terre' sur quel-
ques tapis.
Caffre.
Au preuost nous fault tourner
Pour luy compter nostre proesse
Et le cas que faict auons
FOULDRE.
Bien scay que playsir luy ferons
Sur tout penssons de nous haster
Caffre.
Cest très bien dict sus tost allons
En ce disant nous y verrons
Si rien il voldroit commander
SILETE.
(l) Nyfle : respiration par le nez.
439
Nostre-Dame.
Dieu mon fils qui en vnion
Règnes en gloyre veuillies monsirer
Lamour et la dillection
Es âmes de ceux qui en malheur
Ont faict labas et tuer
Pour ton nom pour ta loy tenir
Ils m'ont requis de bon cueur
Pourtant mon fils te veulx prier
Que tu leur montre ta douceur
Et ne les veuilles oblier
Dieu.
En raoy vous pouues bien fier
Ma mère que ceulx ne fauldront
Qui de bon cueur me seruiront
Que ne leur rende bon loyer
Anges sans arrester
Et sans fere demeure
Je veulx avoyr présent les âmes
De ceulx qui mourront a diffame
Pour mon nom au monde exalter
Ailes les querre sans plus tarder
S' Michel.
Mon cher seigneur 1res volontiers
Nous y allons le droict sentier
Gabriel auec moy vennes
Et icy plus ne vous en tenues
Allons doulcement chantant
m
Gabriel.
Allons de par dieu lout puyssant
El si cliantons très doulcemeiit
Hault et cler Jesuschrist louant
Le vray dieu père omnipotent
Eunt cantando : Jesu nostra rederaplio.
Michel.
Ames venes avec moy en gloyre
Car Dieu vous ayme grandement
Chérubin.
Je vous prie que présentement
Vous allies tout victement
Le messaige de Dieu parfayre
Gabriel.
Puysque vous aues eu victoyre
Joyes aures éternellement
Redeunt cantando : Te Deum laudamus.
Michel.
Celluy dieu sans commencement
Et sans fin véritablement
Voicy les âmes de tesamys
Gabriel.
Sire ton sainct commandement
Auons accomply seurement
Dieu.
Ma vraye joye perdurablement
Ma vision semblablement
Ul
Vous donne et mon paradis
Sus anges faicles melaudic
A leur venue je vous prie
Ma volonté soit accomplye
Gabriel,
Cest bien raison que chescung chante
Tu es de nous le vray seigneur
Michel.
Chantons doncques par grand doulceur
Gantant.
LUCIFFER.
Ou estes vous maaluays lan'ons
Que nalles vous quene les âmes
De ces deux fauh mauluays garsons
Qui sont labas mortz a grand blasmes
Brusler les conuient corps et âmes
Ailes les bien tost quérir
Satan.
Ne crye plus faulx diable infâme
Nous les ferons céans bioyr
LUCIFFER.
Penses de trotter et courir
Despeches vous de par le diable
Belzebuth.
Tayses vous dyable misérable
Nous y allons plustost que le pas
442
Leuiatan.
Auec eulx amènerons vng tas
De larrons et murlriers
Des sergentz n'en doubles pas
Cerberus.
Je veulx que soys brulle
Si je n'araeyne des sorcières
Et de ces grandz papellardz
Procureurs et faulx aduocatz
Et gentz de mauuaise vye
Satan.
Haroz voicy grand diablerye
Berich est pour perdre le sens
Ou sont les âmes de ces gentz
Hors hors haroz j'enraige
Berich diable que dii-ayje
A nostre raaistre Luciffer
A vne grand cheyne denfer
Me fera pendre a nos gibet
Beric.
Tu luy dira que le parfaict
Dieu les a enuoye quérir
Et si les heusses peu tenir
Qu'en enfer les heusses traynes
Au feu denfer fussent broulles
Si les heussions peu tenir
Baguinal.
Plus icy ne les fault quérir
Elles ny sont plus certaynement
443
Nous allons este trop négligent
Et sommes trop tard venus
Griffon.
Lyesse honneur soûlas et joye
Puysse auoyr le noble preuost
Saches que ces deux enchanteurs
Quauies remis entre noz mains
De ce tenues vous bien certanis
Quilz ne parleront plus de Jésus
Caffre.
Car jls sont raortz et confondus
Si rien vous plaict dictes le nous
Fabien.
Vous aues bien faict
Et estes mes amys tous
Or escoutes que vous diray
Si plus rien vous en trouues
Quils soint pris lyes et trayjies
Et puys après les mamenes
Ce faysant me feres playsir
Tempeste.
Je vous prometz sans allentir
Que si plus on en peult trouuer
En quelque part ny ranconlrer
Que bien tost vous en aures nouuelle.^
AU
Fabien.
Et que me soyes point rebelles
Que lousiours vous trouues au besoing
Et quant de vous auray affayre
FOULDRE.
Il ue fault sinon dire eri'e •
Et lousiours serons tous prestz
Primus Sepelliens.
Hellas amy que cest grand pitye
De ces deux paoures raartirs
Qu'on a faict mourir sans mentir
A si grand peyne et torment
Et cest pour croyro vrayement
La loy de Ihault roy Jesuschrist
Secvndus Sepelliens.
Hellas mon bel el doulx amy
Pour ce jls seront couronnes
En paradis sans fere doubte
Ausquel lieu jls prieront
Pour ceulx la qui les requerront
Donc sil te plaict mon doulx amy
Allons les ensepuellir
Primus Sepelliens.
Jen auroys bien grand désir
May s je doubte si fort le preuost
Je vous prometz sans point mentir
Sil le scauoit nous feroit mourir
445
Secvndus Sepelliens.
Il ne nous fault point esbahir
Allons y sans plus tarder
Jesuschrist nous preseruera
Primus Sepelliens.
Ho Jésus ave maria
Regardes la grand laydure
Uuds ont souffert et sans mesure
Pour la loy Jésus maintenir
Secundus.
Las mon aray sans dillayer
Oustons les dicy apperlement
Car si le preuost vraycment
Scauoyt que les heussions ouste
Il nous feroit en vérité
Souffrir grand peyne et martire
Primus.
Sus mon aray or te deliure
En sepuelliant nous chanterons
Ce quanticque entre nous deux
Qui est tant bon joly et bel
In exitu Israël (1)
(I) Ici se trouve eti mar^o l'autorisalio» du censeur pour cette
preinit-re journée du mystère de S. Sél)astien, en ces termes :
Vidi Imcusque dcmptis cerlis dicendis per ilullntn que inibi non
cunliuenlur etjdeo non permiUuntur nisi ipsis prius risis et quoad
alia duminodo corriganiur seu cancellrntur corrigi seu coucclluri
iniuncta videlur permit tendum fieri représenta lioucin in hoc libro
contentam. F. Decroso.
Cette autorisation explique pourquoi, dans le manuscrit, les pa-
roles du fou sont dune autre écriture et se trouvent quelquetoig
«n marg» ; elles doivent ('tre aussi d'un autre auteur.
446
Le Fol.
Retires vous car il est tard
Prendre logis en quelque part (1)
Si vous aucz peu de largent
Viure vous fauldra plus soubreraent
Car quand vous seres en tauerne
Vostre bourse viendra lanterne
Car le pain blanc et le bon vin
Feront dépendre le floiin
Plustost que ne penserez pas
Si vous nauez d'argent a tas
Hz vous feront loger au tour (2)
Et le matui serez tant lourd
Quon pensera que soies iures
Qui nest riche jusques au bout
Ne doibt pas les tauernes suyure
Le Messagier (3).
(1) Car on venait de loin pour entendre ces mystères.
(2) Le four banal.
(3) Son discours n'a pas élé écrit. Il allait sans doute indiquer
l'époque oij serait jouée la seconde journée.
— e..*=if=ï=><2:Sè5>=ç=*=-'» ■
ANALYSE
DE LA PREMJKRE JOURNÉE
DU
i flONSEIG\ElR SAINT SF«*«""
Le messager annonce en peu de mois le sujet du
drame, recommande le silence et réclame Tindulgence
de l'auditoire.
Le fol, (jui est chargé de quelques courts intermèdes
pour reposer rattenlion des spectateurs, vient ensuite
réciter quelques vers, où il dit que sa confrérie est
nombreuse, et se moque des filles oi'gueilleuses. Il y a
une variante en marge.
Le drame commence. La scène se passe à Rome.
L'empereur Dioclétien s'entretient avec ses chevaliers,
qui appellent son attention sur les progrès du chris-
tianisme et suî' les dommages qu'en éprouve le paga-
nisme. Dioclélien veut punir les chrétiens, et mande
auprès de lui le grand prêtre Fabien et son lils .Maxi-
mien. Le messager Marcheboc va les chercher, sans
doute en passant d'un côté de la scène à un autre, et
cela donne lieu à une pose qui représente le temps du
voyage.
448
Marcheboc accomplit sa commission auprès de Maxi-
mien et de Fabien, qui, pendant une nouvelle pose,
se rendent avec leurs gens près de l'empereur. Celui-ci
leur expose le motif pour lequel il les a fait appeler.
On tient conseil. Le pontife Fabien est nommé grand
prévôt, et promet de faire une grande boucherie des
chrétiens. On envoie quérir les quatre sénateurs.
Ici se trouvent quelques paroles du fol, pendant le
trajet du messager : c'est une tirade qui marque une
espèce de fm d'acte.
Les sénateurs arrivent. On délibère de nouveau, et
la mort des chrétiens est résolue. L'empereur la décrète
et abdique en faveur de son fils Maximien. Sur les or-
dres de celui-ci, le messager Barion va de Rome à
Narbonne annoncer l'anivée du nouvel empereur dans
cette ville et en prévenir Sebastien, qui est le prince
de cette cité. Arrivée de l'empereur. Acclamations.
Ordre donné par Maximien à Sébastien de faire mourir
les chrétiens.
Une pose inteiTompt le dialogue.
L'empereur offre le sacrifice aux dieux.
On assiste ensuite à une scène curieuse :
Perdition, personnage allégorique, s'entretient avec
ses fils, qu'elle déchaîne sur la terre, en leur recom-
mandant de faire le plus de mal possible.
L'empereur retourne à Rome, et ammène avec lui
Sébastien, qu'il met au rang do ses chevaliers.
A Rome, grand repas à l'occasion de l'arrivée de
Maximien. Une place d'honneur y est donnée à Sé-
bastien.
Pendant le repas, Marc et Marcellin, fils du sénateur
Tarquillin, quittent la table et parlent de leur projet
449
de se faire chrétiens. Il vont vers le prêtre Polycarpe,
et se font accompagner par lui clio/ leur père, pour
lui faire connaître leur conversion et pour tacher de
le convertir lui-même (pose). Il se fâche et les menace
du sénaleui- Nycostrat.
Le repas finit.
Tarijuilliii mène ses fils et Polycarpe auprès de Ny-
costrat, qui leur fait en vain la morale, etNycosIrat va,
à son tour, conter le fait au sénateur Cromaticn. Dans le
cours de la conversation , la femme de Cromatien
demande à Nycoslrat si son épouse a recouvré la parole.
Nycoslrat fera ses effo»-ts pour détourner du chris-
tianisme les fils de Tarquillin.
La conveisation s'engage ensuite entre le sénateur
Tarquillin et sa femme. Ils se lamentent de la conversion
de leurs fils.
Nycostrat, de son côté, parle à Marc et à Marcellin,
mais en vain, et Polycarpe cherche à le conveitir.
Monologue de S. Sébastien pour convertir Nycostrat.
Il vient se joindre aux précédents acteurs, et convertit
Nycostrat en rendant la vue à sa fille. Celle-ci se fait
aussi chrétienne. Il en est de même de Zoé, femme de
Nycostrat, qui recouvre la parole et qu'exorcise S. Sé-
bastien. Baptême de Nycostrat et de sa famille, de Maïc
et de Marcellin, par Polycarpe.
Pose indiquée par le mot silete.
A la reprise, la scène se passe en enfer.
Satan raconte ce qui vient de se passer chez Nycostrat.
Lucifer se plaint. Les démons le tranquillisent en ra-
contant leurs exjjloils. Lucifer envoie Salan contie Sé-
bastien.
Entracte et paroles du fol.
29
450
Le prévôt Fabien se dispose à poui'suivre les chré-
tiens, et envoie publier Tordre d'adorer les dieux des
Romains. On se rend au sacrifice. Marc et Marcellhi y
vont pour tâcher de convertir quelques païens à la foi
chrétienne. Sacrifice, prières, offrandes.
Nouvelle allocution du fol.
Marc et Marcellin apostrophent, pour le convertir,
le prévôt Fabien, qui, de son côté, les excite à revenir
au cuite ancien Ils s'injurient réciproquement, et Fa-
bien envoie chercher les tyrans, c'est-à-dire les bour-
reaux, par Thenin, qui les lui amène.
Pendant une pose, les bourreaux dépouillent les deux
frères, puis les frappent et les injurient. Fabien, en
apprenant qu'ds sont fils de Tai'quillin , les fait mener
en prison et ajourne leur mort. Il envoie chercher Ny-
costrat et sa famille, dont Marcellin lui a appris la
conversion.
Marc et Marcellin sont menés en prison.
Nycostrat et sa famille sont amenés devant Fabien,
qui leur fait des reproches et les menace de la mort.
Mais ils sont prêts à mourir pour Jésus. Fabien les
condamne à subir le dernier supplice. Les bourreaux
les emmènent pendant une nouvelle pose.
Nycostrat et sa famille invoquent Dieu et la vierge.
S. Sébastien les encourage. Nycostrat est décapité.
Sa femme et sa fille sont dépouillées de leurs vêtements
et jetées dans une fournaise, en subissant les plaisan-
teries de mauvais goût des bourreaux.
Ici se trouve une des grandes divisions du drame ,
comme une fin d'acte, indiquée par le mot silete.
A la reprise, la scène change souvent. La première
scène se passe dans le ciel. La vierge Marie s'adresse à
i51
Dieu, son (ils. en faveur des trois martyrs, et celui-ci en-
voie cherclier leurs âmes par les anges Michel et Gabriel.
Après le paradis. Penfer. De son côté, Lucifer gour-
mande les démons et les envoie chercher les âmes
des trois suppliciés.
Chœur des anges qui conduisent les trois âmes en
paradis. Ils chantent le Veni creator.
Deux chrétiens viennent en cachette ensevelir le
corps de Nycostrat.
Les bourreaux vont se faire payer par Fabien , qui
leur recommande de ne pas s'écarter.
Dioclétien et sa cour s'inquiètent du retard de Fabien,
et l'envoient chercher. Il arrive et apprend à l'empereur
qu'il tient prisonniers Marc et Marcellin, lils de Tar-
quillien, qui ont embrassé le christianisme. L'empereur
ordonne de les mettre en présence de leur père, de
leur mère, de leurs femmes et de leurs enfants, pour
les attendrir et les ramener à l'ancien culte, car il
aime Tarquillien.
L'entrevue entre les deux nouveaux chrétiens et
leur famille donne lieu à d'interminables lamentations.
On cherche en vain aies ramènera l'idolâtrie; ils per-
sistent dans leur foi nouvelle, et c'est une occasion
pour l'auteur de faire un peu de catéchisme aux spec-
tateurs. Les supplications de la famille ébranlent un
des deux frères; mais S. Sébastien arrive, les récon-
forte, et cherche à convertir Tarquillien en lui pro-
mettant la santé. Celui-ci accepte le baptême, que lui
confère Nycostrat, et il est guéri. Ce miracle entraîne
la conversion de la femme de Tarquillien et de celle
de Marc et de Marcellin et de leurs enfants. Toute la
famille est baptisée par Polycarpe. Ils se dispersent
sur Tavis de Sébastien, qui se relire.
455
Les serviteurs de Tarquillin vont le dénoncer, lui et
sa famille, au sénateur Croraalien. Agripart remet les
deux frères en prison.
Après un intermède du fol, le prévôt Fabien envoie
chercher Marc et Marcellin par les bourreaux, et, sur
leur refus de revenir à l'ancien culte, il les condamne
à être dépouillés et battus ; ce qui s'exécute immé-
diatement. Nouvel effort du prévôt, nouvelle résistance
des chrétiens, que Sébastien vient encore réconforter.
Fabien menace de la mort Sébastien, qui s'affirme
chrétien. Une discussion théologique s'engage entre
eux, discussion dans laquelle S. Sébastien explique
par une singulière comparaison le mystère de la con-
ception.
Marc et Marcellin prient et chantent. Fabien les
condamne à mourir pei'cés de lances.
Le fol dit quatre vers pendant que les bourreaux
vont chercher des lances, avec lesquelles ils tuent les
deux frères chrétiens.
La sainte vierge recommande leur àme à son fils,
qui les envoie chercher par ses anges.
De son côté, Lucifer et les démons se lamentent de
ce qu'elles leur ont échappé.
Deux chrétiens viennent en cachette ensevelir les
deux corps et chantent în exitu Israël.
Et le fol termine la journée par une allocution où il
invite les spectateurs à la retraite.
Ainsi flnit cette première journée.
<r><>o
LES NATURALISES DE SAVOIE EN BOURGOGNE
ERRATA
N" 7 : Amédée Perra, Usez André Perra.
N» 8 : Marie Noirat, lisez Marie Noirot.
N» 15 : Palual de Salamondes, lisez Paluat de Jala-
mondes.
N» 17 : Marondet, lisez Marandet.
N° 19 : Régnier de Montmoyer, lisez Régnier de
Montmoyen.
N° 22 : Algot, lisez Alyot.
N" 26 : Loncrans, lisez Lancrans; Mondion, lisez
Mandrin; A. -M. Garnier. iille du marquis, lisez fille
du baron de ce nom.
N» 30 : Rogny, lizez Ragny.
N" 40 : Mozile, lisez Mazile.
N" 44 : Calloud, lisez Callaud.
No 51 : Italente, lisez Etalente.
N" 07 : Maurice Bazile . seigneur de Golan , lisez
Maurice-Bazile ( Bazile ici est un prénom ).
N" 72 : Jeanne-Françoise Barlet, lisez J.-F. Borlet;
— Rovary, lisez Ravary.
N" 78 : Ghaillol, Usez Ghoillot; Billot, lisez Billiot;
Montureux, lisez Mortureux ; Adelon de Pores, lisez
Adelon de Paris.
No 82, lignes 8 et 9 : dont la postérité existe encore,
lisez dont les représentants existent encore.
N° 83 : Bonner, lisez Bonne.
N« 87 : Borelet, Usez Borlet.
TABLSÎ DES llATliRES
Dullcttn de la Sociéfc ^nvoistenno
(l'histoire et «l'areliéologie.
Pages
Travaux de la Société v
Séance générale du 7 février 1872 v
Séance du 23 février ix
Séance du 8 mars x
Séance du 20 mars xiv
Séance du iO avril -, xv
Séance du M avril xvii
Séance du 8 mai xxv
Séance du 5 juin xxvi
Séance du 7 août xxxv
Séance du 20 novembre xxxvi
Séance du 4 décembre n
Membres de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie
et Sociétés correspondantes lui
Composition du bureau lui
Commission de publication i m
Commission pour la recherche des documenis historiques.. lui
Commission pour l'élude des monuments historiques liv
Membres honoraires liv
Membres effectifs i. v
Sociiités correspondantes lvii
Réceptions de nouveaux sociétaires \ , xlix
Communications diverses vi, ix, \, xiv, xvi, xviii, xxiii,
XXVII, XXX, XXXIII, xxxvi
Echanges de publications et ouvrages reçus v, vi, vu, xvi,
XXXIV, xxxv, L
456
Mélanges.
Pagea
Cinquième notice sur quelques monnaies de Sa-
voie inédiles, par François Rabut 3
Le monnayage en Savoie sous les princes de cette
maison , par André Perrin 25
Les naturalisés de Savoie en Bourgogne (1508-
1769), par Albert Albrier 199
Le mystère de monseigneur saint Sébastien. Pre-
mière journée. — Drame en vers, joué à Lans-
levillard, en Maurienne, au mois de mai 1567;
transcrit du manuscrit original et publié par
François Rabut 257
Les naturalisés de Savoie en Bourgogne. Errata.. 454
FIN DU TREIZIEME VOLUME.
GETTY CENTER LIBRARY
iiiiiii I II I I II I I II I