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Full text of "Mémoires et documents"

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MEHOiiiES  ET  ll^^,nlE^TS 

PUBLIÉS  PA1{   LA 


**       ___       *' 


SOCIETE  SAVOISIENME 


D'HISTOIRE  ET  D'ARCHEOLOGIE 


MÉMOIRES  ET  DOCOIENTS 


PUBLIES   PAR 


d'histoirh: 
ET  D  ARCHÉOLOGIE 


TOME  TREIZIÈME 


CHAlYiBÉRY 

ALBERT  BOTTEHO, IMPRIMEUR  DE  LA  PRÉFECTURE 


PLACE   SAINT-LEr.Kll 


1872 


BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ    SAVOISIENNE 

D'IIISTOIUE  ET  D'ARCHÉOLOGIE 

18  7  2 


TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ 

séance  générale  tlu  î    février  IW3« 

(  Présidence  de  M.  Dofour.  ) 

i\liM.  DAlbaue  et  le  baron  de  Poiinat  sont 
admis  membres  de  la  Société. 

—  M.  le  Président  ainionce  qu'il  a  reçu  de 
M.  Toclion  son  Histoire  de  V agriculture  de 
Savoie.  J/assemblée  décide  que  les  volumes  5, 
7,  8,  0,  40  et  11  de  ses  Mémoires  seront  transmis 
à  la  Société  centrale  d'agriculture,  si  elle  accepte 
la  proposition  laite  en  son  nom  par  M.  Toclion 
de  les  payer  moitié  prix. 

—  M.  L.  liabut  énonce  divers  documents  en- 
voyés à  la  Société  par  M.  Dufour,  président 
honoraire. 


VI 

Ces  documents  sont  les  suivants  : 

Dix  Charles  très  curieuses,  inédites,  du  ISn»-'  siècle, 
relatives  au  comte  Amédée  IV  de  Savoie  et  à  sa  femme 
Cécile  de  Baux,  à  ses  l'rères  Thomas,  Pierre  et  Philippe, 
et  à  son  fils  Thomas,  etc.  (1235-1268),  avec  dessins 
des  sceaux.  Parmi  ces  documents,  les  plus  importants 
sont  les  trois  testaments  d'Amédée  IV. 

Vingt-deux  pages  de  notes  relatives  à  Samoëns,  sur 
lesquelles  un  travail  est  en  préparation. 

Vingt-neuf  documents  sur  les  peintres,  sculpteurs, 
maîtres  d'école  et  imprimeurs  de  la  Savoie, 

Huit  pièces  sur  les  compagnies  de  tn-eurs. 

Trois  chartes  inédites  et  relatives  à  l'industrie  des 
armes  à  feu. 

Une  vente  de  1 385,  par  Louis  Salmier  à  Jean  Logerel, 
de  plusieurs  immeubles  àChambéry,  pièce  très  longue 
et  curieuse  pour  la  topographie  chambérienne. 

Quelques  pièces  relatives  au  château  de  Chambéry 
et  au  château  de  St-Cassin. 

—  L'assemblée  décide  de  nouer  des  relations 
avec  la  Société  de  statistique  de  Marseille. 

—  Elle  vote  des  remerciments  au  Conseil 
général  pour  l'allocation  faite  en  faveur  de  la 
Société,  et  prie  son  président  de  les  transmettre. 

—  M.  L.  Rabut  donne  communication  d'un 
mystère  joué  aui6"i<î  siècle,  à  Lanslevillard,  par 
les  habitants  de  ce  bourg.  —  Cet  ouvrage  est 
transmis  au  comité  de  publication. 

—  On  procède  ensuite  à  la  formation  du  bu- 
reau. —  Sont  élus  : 


VII 

Président M.  Dufour. 

Vice-président.  M.  Blanchard. 
Secrétaires. . . .  MM.  Robessoii  el  Martin. 

Trésorier M.  Jacques  Pcrrot. 

IHbliothécaire . .  M.  l'aquet, 

—  A  l'occasion  de  réloctiori  du  vice-président, 
l'assemblée  décide,  vu  l'ai'ticle  4  du  règlement, 
que  la  majorité  absolue  sera  toujours  nécessaire 
au  premier  tour  de  scrutin. 

—  Dans  le  but  de  ranimer  l'ardeur  des  so- 
ciétaires ,  l'assemblée  décide  que  les  réunions 
mensuelles  auront  lieu  les  1*^''  et  3'"^  vendredis 
de  chaque  mois. 

—  Le  trésorier  donne  le  compte  de  sa  caisse, 
qui  est  approuvé. 

—  Ouvrages  reçus  depuis  la  séance  du  "27 
juillet  1871  : 

1°  Répertoire  des  travaux  de  la  Société  de  statistique 
de  Marseille.  Tome  III,  I  et  II  de  la  T^^  série. 

2"  Mémoires  de  la  Société  académique  du  département 
de  l'Oise.  Tome  VII. 

3"  Bulletin  de  la  Société  polymatique  du  Morbihan. 
Année  1871,  !«'■  semestre. 

4-0  Bulletin  de  la  Société  dimoise.  Octobre  1871  et  11 
janvier  1872. 

5°  Le  Cabinet  historique  et  héraldique.  Table  des 
treize  premiers  volumes. 

6°  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Col- 
mar.  U"'«  année. 

7°  Mémoires  de  l'Académie  du  Gard.  Août  1860. 


VIII 

8"  Recueil  des  notices  et  mémoires  de  la  Société  ar- 
chéologique de  Conslanline.  1870,  XIV"  volume. 

9"  Revue  des  Sociétés  savantes  des  départements.  Août 
et  décembre  1871. 

\0°  Bourgogne,  revue  provinciale.  1871. 

11»  Henry  de  Ferry,  par  :Vll)iicr. 

1^0  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et 
naturelles  de  l'Yonne.  24^  et  lâS"  volumes. 

13°  Bulletin  de  l'Instilnl  national  genevois.  Vol.  35. 

\A°  Recueil  des  mémoires  et  documents  de  l'Académie 
de  la  Val-d'Isère.  2'"«  volume,  3"'«  livraison.  —  Docu- 
ments, ler  volume,  i""^  livraison. 

\o''  Franchises  municipales  de  Cusy  en  Genevois. 

16°  Revue  savoisienne.  W'^  de  juillet  1871  à  janvier 
1875. 

1 7"  Bulletin  de  la  Société  académique  du  Var.  Série  IV. 

18"  Mémoires  de  la  Comjiiission  des  antiquités  de  la 
Côte-d'Or.  !'«  livraison  du  tome  YIII. 

19°  Bulletin  de  V Académie  delphinale.  9'»c  série,  6. 

20''  Revue  de  Belgique.  A^^^"  année,  l'c  livraison. 

21°  Notice  biographique  de  M°  Marie,  par  Albrier. 

22"  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  des  sciences 
et  arts  de  Douai.  2""=  série,  tome  X. 

23'^  Mémoires  de  la  Société  académique  du  département 
de  l'Aube.  Tome  VI,  3'"«  série! 

24"  Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  France. 
2",  3"  et  4«  trimestres  1870. 

25°  Etude  préhistorique  de  la  Savoie,  par  André 
Perrin. 

26«  Cartes  de  la  Savoie  et  de  la  Haute-Savoie,  par  le 
même. 

27»  Annuaire  de  la  Savoie,  par  le  même. 


IX 


Sêuiice    «lu    ÎJ3    févi'ioi"    l**y» 

{Pri'sidcncr  de  M.  Blamhard.  ) 

M.  André  Perriii  cuminuiiiqut'  à  l'assemblée 
un  Liavail  sur  les  ateliers  monétaires  ouverts  en 
►Savoie,  et  une  étude  pour  servn'  d'introduction 
au  catalogue  des  monnaies  de  Savoie  réunies 
au  musée  départemental. 

—  M.  L.  liabut  annonce  une  nouvelle  notice 
sur  des  monnaies  inédites  de  Savoie,  de  M.  F. 
Rabut. 

Ces  deux  conuuuuications  sont  accueillies 
avec  satisfaction. 

—  On  arrête  une  assemblée  générale  pour 
le  renouvellement  des  commissions.  l']lle  est 
fixée  au  vendredi  8  mars. 

—  Le  secrétaire  est  invité  à  demander  à  M.  le 
Ministre  de  Tinstruction  publique  un  exemplaire 
du  CartuJaire  de  St- Hugues  de  Grenoble,  pu- 
i)lié  sous  ses  ausi)ices. 


Sôance     du     S     mars     1S79 

(  Présidence  de  M.  Blanchard.  ) 

M.  le  président  donne  connaissance  d'une 
lettre  do  démission  de  M.  Camille  Duverney. 
La  démission  est  acceptée. 

—  Une  circulaire  de  M.  le  Ministre  de  l'ins- 
truction publique  annonce  une  réunion  des  dé- 
légués des  Sociétés  savantes  pour  le  1^'"  avril. 
Aucun  membre  présent  ne  peut  accepter  la  mis- 
sion de  représenter  la  Société  à  cette  réunion. 

—  Le  dépouillement  du  scrutin  pour  le  renou- 
vellement des  commissions  donne  les  nomina- 
tions suivantes  : 

1^  Membres  de  la  commission  de  publication  : 
MM.  Rabut  François,  Rabut  Laurent,  Perrin 
André  et  Jules  Carret. 

2"^  Membres  de  la  commission  des  documents 
historiques  :  M]\L  Dufour  Auguste ,  MoUard 
Francisque,  Fivel,  Rabut  Laurent. 

S*^  Membres  de  la  commission  des  monuments 
historiques  :  MM.  Bonnefoy,  Dufour  François, 
Fivel  et  Meurianne. 

—  Le  secrétaire  communique  une  lettre  qu'il 
a  reçue  de  M.  Meurianne,  ancien  trésorier, 
habitant,  depuis  le  mois  de  juin  1870,  la  ville 
de  Grenoble,  et  la  copie  des  comptes  courants 


XI 

ouverts  ù  la  banque  (  Caisse  commerciale  )  au 
profit  (le  la  Société. 

Tous  les  memJ)rcs  ont  reconnu  la  parfaite  ré- 
gularité et  complète  exactitude  des  comptes 
tenus  par  M.  Meurianne  ;  à  Funanimité  ils  dé- 
cident que  la  lettre  de  M.  Meurianne  sera  pu- 
bliée dans  les  comptes  rendus  des  séances  de 
la  Société.  M.  le  président  Blanchard,  en  s'as- 
sociant  aux  constatations  laites  et  à  la  résolution 
prise,  a  déclaré  que,  dans  la  rédaction  du  procès- 
verbal  dont  se  plaignait  M.  Meurianne,  il  n'avait 
point  eu  Tintention  d'adresser  à  la  comptabilité 
de  ce  dernier  le  moindre  reproche.  Il  a  ajouté 
qu'il  s'était  exprimé  de  la  sorte  dans  la  pensée 
que  le  compte  rendu  financier  devait  être  soumis 
par  le  trésorier  lui-même  en  présentant  ses 
comptes ,  ce  qui  n'avait  pas  eu  lieu,  à  cause  de 
son  absence  de  Chambéry. 

Grenoble,  le  27  février  1872. 

Monsieur  le  Secrétaire  de  la  Société  d'histoire 
et  d'archéolufjic  à  Chambéry. 

Je  viens  de  faire  une  course  à  Chambéry,  et  j'en  ai 
rapporté  le  tome  Xll«  des  Mémoires  de  la  Société  d'his- 
toire, qui  vient  de  paraître.  En  feuilletant  ce  volume, 
je  suis  tombé  sur  la  page  lxx,  où  j'ai  lu  les  lignes  sui- 
vantes, qui  sont  un  résumé  des  paroles  prononcées  par 
le  président  de  la  séance  du  27  juillet  \S1\,  M.  Blan- 
chard : 


XII 

«  Quant  au  compte  rendu  financier,  qui  n'a  pas  été 
«  donné  complètement  par  l'ancien  trésorier,  avant  son 
«  départ  de  Chambéry,  le  président  déclare  qu'apiès 
<L  avoir  examiné  tous  les  éléments  fournis  par  les  pa- 
«  piers  laissés  par  M.  Meurianne,  par  ceux  retrouvés 
«  dans  les  archives  de  la  Société  et  à  la  Caisse  corn- 
«  merciale,  ilpeutaffirmer  quece  jour(17  juillet  1871) 
«  il  reste  à  l'actif  de  la  Société  la  somme  de  199  fr. 
«  45  cent.,  dont  150  fr.  70  sont  déposés  à  la  Caisse 
«  commerciale,  à  notre  compte  courant,  et  48  fr.  75 
(c  sont  à  la  disposition  du  futur  trésorier.  » 

De  toutes  ces  assertions,  je  n'en  relève  qu'une  pour 
le  moment,  et  c'est  pour  lui  donner  le  démenti  le  plus 
formel.  C'est  celle-ci:  le  comple-t^endu  financier  n'a  pas 
été  donné  complètement  par  l'ancien  trésorier.  J'ai  rem- 
pli les  fonctions  de  trésorier  pendant  les  années  1868 
et  1869  et  pendant  le  1^'-  semestre  de  1870,  c'est-à-dire 
jusqu'à  l'époque  où  j'ai  quitté  Chambéry.  A  la  fin  de 
chaque  année,  et  au  moment  de  mon  départ,  j'ai  adressé 
au  président  un  compte  rendu  très  exact  de  la  situation 
de  la  Société.  Ces  états  comprennent,  d'une  part,  toutes 
les  recettes,  avec  l'indication  de  leur  origine,  et,  de 
l'autre,  tous  les  paiements  effectués,  avec  le  nom  de  la 
partie  prenante  et  le  numéro  d'ordre  du  mandat  délivré 
par  le  président  et  l'un  des  secrétaires,  numéro  qui 
concorde  avec  le  registre  à  souche  de  la  Société.  De 
plus  ces  comptes  sont  crédités  des  intérêts  de  chaque 
somme  encaissée,  depuis  le  jour  où  je  l'ai  reçue;  parce 
que,  au  lieu  de  garder  cet  argent  par  devers  moi,  je  l'ai 
toujours  versé  immédiatement  à  la  Caisse  commerciale. 
Il  résulte  encore  de  cette  manière  de  procéder  que  le 
solde  du  compte  de  la  Société  dans  les  livres  de  la 


xin 

Caisse  commerciale  exprimait  parfaitement  la  situation 
financière  de  la  Société,  à  quelque  moment  que  ce  fût, 
et  par  conséquent  au  moment  où  j'ai  cessé  mes  fonc- 
tions de  trésorier,  c'est-à-dire  au  30  juin  1870. 

Pour  vous  prouver  ce  que  j'avance,  Monsieur  le 
Secrétaire,  je  viens  de  prier  la  Caisse  commerciale  de 
vous  adresser  une  copie  de  ces  comptes.  Il  y  manquera 
seulement  le  commentaire  que  j'avais  l'habitude  d'a- 
jouter au  bas  de  chacun  de  ces  relevés.  Mais  toute  per- 
sonne un  peu  compétente  qui  les  examinera  sera  forcée 
d'en  reconnaître  la  régularité.  Du  reste,  (luoique  j'aie 
quitté  Chambéry,  j'en  suis  encore  assez  près  pour  lé- 
pondre  aux  réclamations  que  l'on  pourra  m'adresser, 
de  quelque  nature  qu'elles  soient. 

Je  suis  convaincu,  Monsieur  le  Secrétaire,  que  le 
reproche  qui  m'est  fait  est  l'œuvre  personnelle  de 
M.  Blanchard  et  de  celui  de  vos  prédécesseurs  qui  a 
tenu  la  plume  ce  jour-là,  et  que  la  Société  n'approu- 
vera pas  le  procédé  blessant  dont  ces  Messieurs  ont 
usé  à  mon  égard. 

Je  vous  prie,  et  au  besoin  je  vous  requiers  au  nom 
de  la  loi,  d'insérer  cette  rectification  dans  le  premier 
bulletin  que  publiera  la  Société  d'histoire,  et  je  me  dis 
avec  plaisir,  Monsieur,  votre  bien  dévoué  confrère, 

Meurianne. 
\0,  rue  St-Vincent-de-Paul. 


XIV 


Séance   du    90    mars    1S'>9 

(Présidence  de  M.  Blanchard. ) 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est 
adopté. 

—  M.  Fivel  lit  un  extrait  d'un  manuscrit  ap- 
partenant à  M.  Leroy,  propriétaii-o  à  Tresserve, 
et  relatif  à  la  réfection  du  pont  de  Tresserve. 

Note  concernant  la  réfection  du  pont  dict 
de  Terrenoe,  1568. 

Les  villaiges  et  ressortz  qui  ont  a  contribuer  à  la  res- 
tauration du  pont  dict  de  Terre  noe  près  la  rive  du  lac 
du  Bourget  rate  pour  rate  sellon  la  cotlization  faicte 
par  ordre  de  monseig^'Ie  Gouverneur  de  Savoye  a  raison 
de  seize  sols  et  deux  quarts  por  foeu. 

Estrambrey 0  ff.  (  déchiré  ) 

Ceruolay 13  ff.  17  8.10^6 

La  Sarra 45  ff.  Gis.  lO^ô 

Paroisse  du  Bourget 12  ff.  16  sous     6 

Homes  du  prieuré  du  Bourget.  . .  102  ff.  143  sous     7 

Bourdeaulx 7  ff.  9  sous     7 

Hommes  de  labbaye  Daultecombe  36  ff.  49  sous     6 

Terres  et  subjects  de  mons""  dux, .  124  ff.  170  sous     6 

S'.Innocent 24  ff.  (  déchiré  ) 

Tresselve 25  ff.  31  sous     9 

Drumete,  Sesarches,  Clarefons, 

Fornex 28  ff.    38  sous     G 

Mery 16  ff.    22     »       » 


XY 

Viviers  4  i  ff.  19  sous     4 

Voglen 13  If.  19  8.10^6 

Villaricher 19  ff.  26  s.    1  J  0 

Ragie 10  ff.  13  sous     9 

Sonnax 1 0  ff.  13  sous     4 

Montaigny 7  ff.  Os.    7  <i  G 

Somme  des  foeux 512 

Somme  de  largent 703  ff. 

Telle  est  la  teneur  de  cet  extrait. 

L'assemblée  écoute  avec  plaisir  la  lecture 
d'une  cinquième  notice  sur  quelques  monnaies 
inédites  de  Savoie  de  M.  François  Rabut,  pro- 
fesseur d'histoire  au  lycée  de  Dijon.  Elle  décide 
l'impression  de  cette  notice  dans  ses  Mémoires. 

—  M.  le  président  met  à  l'ordre  du  jour  la 
question  du  rapport  sur  le  travail  do  M.  A.  Perrin, 
relatif  aux  ateliers  monétaires  en  Savoie.  Ce  tra- 
vail est  renvoyé  au  comité  de  publication. 

—  Après  une  longue  et  très  intéressante  dis- 
sertation de  M.  Fivel  sur  le  passage  d'Annil^al 
et  sur  la  situation  d'Alesia,  la  prochaine  réu- 
nion est  renvoyée  à  trois  semaines. 


Séance    <Iu     lO     ovrll      1879 

(  Présidence  de  M.  Blanchard.  ) 

.\1.  iJlaiicliaid ,  en  sa  qualité  île  membre  du 
coinilé  de  |)ublicalioii,  donne  une  analyse  suc- 


XVI 

cincte  du  travail  de  M.  Perrin  sur  les  ateliers 
monétaires  en  Savoie  ;  il  en  signale  les  parties 
et  les  documents  ayant  un  véritable  intérêt  pour 
l'histoire  de  notre  pays ,  et  il  n'hésite  pas  de 
l'appeler  Vhistoire  de  la  monnaie  en  Savoie. 

La  publication  de  ce  travail  sera  insérée  dans 
les  Mémoires  de  la  Société. 

—  Ouvrages  transmis  à  la  Société  : 

1»  La  Sociêlé  philotechnique  de  Paris.  Tome  XXXIII. 

2"  Bullelin  de  la  Société  historique  et  scientifique  de 
St-Jean-d'Augely.  Aiiiu'e  1807. 

8"  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du 
Limousin.  1870-1871. 

¥  Revue  savoisienne .  Mars  1872. 

5°  Bulletin  de  la  Société  de  statistique  de  l'Isère.  S'"" 
série,  tome  II. 

6°  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  lorraine. 
Tomes  XX  el  XXI. 

7»  Mémoires  de  la  Société  littéraire  de  Lyon.  Années 
1870-1871. 

8»  Bullelin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie. 
4871. 

—  Sur  la  motion  d'un  membre,  il  est  décidé 
que  le  dernier  volume  sera  envoyé  gratuitement, 
comme  les  précédents,  au  couvent  des  Capucins. 

—  M.  François  Ptabut  annonce  qu'il  a  reçu 
de  M.  Dufour  trois  séries  nouvelles  de  documents 
historiques,  savoir  : 

1°  Trente-six  pièces  relatives  à  treize  peintres  de 
cour  de  la  maison  de  Savoie,  des  16"-c  et  17™e  siècles, 


XVII 

pièces  tirdes  des  archives  de  la  chambre  des  comptes 
de  Turin  et  destinées  avec  d'autres  à  former  un  impor- 
tant supphmient  au  travail  inséré  dans  le  volume  pré- 
cédent des  Mémoires  de  la  Société,  sur  les  peintres  et 
les  peintures  en  Savoie. 

1°  Une  cinquantaine  de  notes  extraites  des  mêmes 
archives,  sur  des  sculpteurs  employés  par  les  ducs  de 
Savoie  et  les  rois  de  Sardaigne,  et  sur  leurs  travaux. 
Ces  renseignements  sont  destinés  à  un  travail  qui  pa- 
raîtra bientôt  sur  les  sculpteurs  et  les  sculptures  en 
Savoie. 

3°  Nombreuses  pièces  et  notes  relatives  aux  com- 
pagnies de  tir  de  la  Savoie.  Elles  figureront  avec  plu- 
sieurs autres  dans  le  13'»e  volume  des  Mémoires  de  la 
Société.  Patentes,  règlements,  mandats,  extraits  des 
comptes  ducaux  et  municipaux,  listes  des  rois  des  tirs 
à  l'arquebuse,  à  l'arc  et  à  l'arbalète,  dans  les  villes  de 
Chambéj-i,  Anneci.  Tlionon,  Evian,  etc.;  procès-verbaux 
de  délibérations,  etc.,  etc. 

L'assemblée  exprime  à  MM.  Rabut  et  Dufour 
ses  vifs  remer ciments. 


Séance  «lu  «^  avril    iwîs 
(  Présidence  de  H.  Pvthon,  ancien  membre  fondateur.  ) 

M.  L.  Iiabutruiid  compte  de  sa  mission  auprès 
de  M.  Bottero  pour  le  changement  des  carac- 
tères des  nouveaux  volumes  à  publier.  II  est 
décidé  que  les  caractères  neufs  présentes  p;ir 

B 


XVIII 

M.  Bottero  différant  peu  des  anciens ,  et  pré- 
sentant des  conditions  typographiques  satis- 
faisantes ,  seront  employés  désormais  pour 
l'impression  de  nos  Mémoires.  Le  procliain 
volume  continuera  la  série  commencée  et  por- 
tera le  numéro  XIII. 

—  M.  Rabut  fait  une  communication  sur  les 
Mémoires  de  la  Société  littéraire ,  liistorique  et 
archéologique  de  Lyon,  et  signale  un  beau 
travail  de  M.  Martin  Daussigny  sur  la  dédicace 
des  tombeaux  romains.  —  La  formule  sub  ascia 
dedicavit  amène  M.  Jules  Carret  à  faire  des  ré- 
flexions philosophiques  très  ingénieuses.  Les 
sociétaires  qui  s'étaient  déjà  occupés  de  cette 
question  approuvent  les  conclusions  de  l'étude 
de  M.  Martin  Daussigny. 

Le  compte  rendu  des  séances  de  la  môme 
Société  mentionne  une  lecture  de  M.  Melville 
Glo ver  sur  l'abbaye  de  Filly,  en  Savoie.  Gomme 
l'auteur  est  un  ancien  sociétaire  et  que  sa  notice 
se  rattache  à  l'histoire  de  notre  pays,  plusieurs 
sociétaires  expriment  le  désir  qu'elle  soit  en- 
voyée à  la  Société  savoisienne. 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  d'un  so- 
ciétaire absent,  de  M.  Hudry-Ménos,  publiciste 
éminent,  dont  les  travaux,  publiés  dans  la  Revue 
des  Deux-Mondes,  ont  une  valeur  historique  et 
littéraire  remarquable.  La  Société  décide  par 
acclamation  que  cette  lettre,  où  respirent  le  plus 


XIX 

chaud  palriotismu  et  ramoiu'  des  éludes  rela- 
tives à  notre  histoire  provinciale,  sera  imprimée 
dans  le  compte  rendu  de  ses  séances. 

Monsieur, 

J'ai  reçu,  à  mu  grande  surprise,  le  volume  XII  des 
Mémoires  et  documents  de  la  Société  d'histoire  et  d'ar- 
ché(»logie  de  la  Savoie.  Il  m'arrive  je  ne  sais  à  (piel 
titre,  car  depuis  mon  départ  de  Cliambéry,  en  4808, 
vous  n'avez  plus  et  je  n'ai  plus  moi-même  le  droit  d'être 
compté  parmi  les  meml)res  de  celle  Société,  que  je 
croyais  morlc  el  enterrée  avec  la  patrie  dont  elle  étu- 
diait le  glorieux  passé.  Dans  cette  pensée,  je  n'ai  plus 
rien  envoyé,  pas  même  ma  modeste  cotisation  de  so- 
ciétaire. 

Mais,  puisqu'elle  vit  encore,  puisqu'elle  nous  parle 
de  notre  cher  pays  de  Savoie,  de  son  passé,  de  ses 
traditions  el  de  ses  gloires,  je  reviens  à  elle  (  on  revient 
toujours  à  ses  premières  amours),  j'en  veux  être  mem- 
bre à  n'importe  quel  litre,  elfcclif  ou  correspondant, 
ou  honoraire,  et  je  vous  envoie  ci-inclus  un  mandai  de 
posle  pour  mes  cotisations  en  souiïrance. 

Il  ne  faut  pas  laisser  s'éteindre  ce  petit  foyer  d'études 
historiques,  cette  petite  lumière  qui  éclaire  noire  passé. 
N'oublions  pas  que  nous  avons  été  quelque  chose  dans 
le  monde  si  nous  voulons  être  encore  dans  l'avenii- 
quelque  chose  de  plus  qu'une  expression  géograpbi(pn' 
el  un  carré  numéroté  de  la  France.  Majores  el  posteros 
cogilatet  L'idée  de  patrie  el  le  vrai  palriolisme  ne  sub- 
sistent que  par  cette  double  pensée. 

Je  ne  parlage  pas  l'avis  de  ce  député  que  vous  con- 
naissez, (|ui  disait  dernièrement  à  Versailles  (|ue  la 


XX 

Savoie  avait  rompu  avec  ses  traditions  huit  fois  sécu- 
laires. Non,  elle  n'a  pas  rompu;  au  contraire,  elle  se 
les  rappelle  plus  vivement  et  elles  excitent  plus  d'intérêt 
que  jamais.  On  veut  les  étudier,  on  veut  les  connaître, 
on  veut  assister  par  la  pensée,  par  le  souvenir,  au  drame 
séculaire  qui  s'est  déroulé  sur  le  sol  sacré  qui  fut  la 
Savoie.  C'est  pour  cela  qu'on  foudle  les  archives,  pour 
cela  qu'on  secoue  la  poussière  des  vieilles  chartes,  qu'on 
ramasse  çà  et  là,  sparsa  colligit,  selon  l'épigraphe  de 
notre  Société,  les  documents  épars  à  l'aide  desquels  se 
reforme  la  figure  aimée  de  l'ancienne  Savoie,  aujour- 
d'hui, hélas!  bien  aplatie,  bien  effacée  par  la  centra- 
lisation et  l'uniformité  cadavériques. 

N'est-ce  pas  là  renouer  avec  nos  traditions?  En  re- 
cueillant les  documents  dont  elle  compose  son  volume 
annuel,  en  fouillant  le  passé,  notre  Société  prépare 
l'avenir.  Je  ne  comprends  l'histoire  que  comme  école 
de  préparation.  Laissons  le  passé  enfoui  dans  l'éternel 
oubli  s'd  ne  doit  rien  nous  dire  quant  au  présent  et 
quant  à  l'avenir.  Si  nous  ne  devons  plus  être  nous- 
mêmes,  à  quoi  bon  étudier  notre  personnalité  nationale 
des  jours  anciens?  Si  notre  pays  ne  doit  plus  être  qu'un 
lambeau  de  territoire  sans  nom,  fermons  nos  Sociétés 
d'études  historiques  et  archéologiques,  et  ne  regardons 
plus  en  arrière. 

Je  sais  que  les  vrais  archéologues  et  les  vrais  ama- 
teurs des  choses  du  passé  ne  s'y  portent  pas  par  ce 
mobile.  En  général,  ils  ne  songent  guère  au  présent, 
encore  moins  à  l'avenir;  mais  c'est  précisément  pour 
cela  que  leur  travaU  est  fécond  et  gros  de  conséquences. 

Aujourd'hui  rien  n'arrête  plus  le  regard  sur  le  vieux 
sol  uni  et  nivelé  de  la  Gaule.  Toutes  ces  patries  res- 


XXI 

treinles  qui  s'y  élevaient  jadis  sous  des  formes  diverses, 
et  qui  étaient  comme  les  assises  granitiques  de  la  pa- 
trie générale,  tous  ces  accidents  nés  de  l'histoire  et  de 
la  diversité  des  caractères  et  des  intérêts  provinciaux, 
pays  d'Etat,  pays  de  généralité,  parlements  et  sénats 
souverains,  tout  a  été  abaissé,  écrasé  et  nivelé  sous  le 
poids  du  pouvoir  central.  Où  sont  les  Etats  de  Savoie, 
(lu  Daupliiné,  de  Provence,  de  Bourgogne,  de  Bretagne 
et  autres?  Où  sont  ces  autonomies  qui  formaient 
contre-poids  au  pouvoir  absolu  central? 

Sans  doute,  ces  Etats  provinciaux  devaient  dispa- 
raître, car  ils  avaient  faussé  leur  principe  et  ne  rem- 
plissaient plus  leur  mission  historique.  Au  lieu  d'être 
les  naturels  abris  de  la  liberté  et  du  droit,  ils  étaient 
devenus  la  forteresse  du  privilège  et  des  castes  aristo- 
cratiques. Le  grand  nombre  s'y  trouvait  à  l'étroit,  sans 
droit  et  sans  liberté,  sous  la  coupe  réglée  des  gens 
d'épée,  de  robe  et  d'église.  Oppression  pour  oppression, 
le  peuple  a  préféré  celle  qui  était  la  plus  éloignée,  celle 
du  pouvoir  central,  et  il  a  aidé  celui-ci  dans  l'œuvre  du 
nivellement  et  de  la  démolition. 

Mais  si  l'égalité  a  trouvé  son  compte  à  la  disposition 
de  la  patrie  restreinte,  la  grande  y  a-t-elle  gagné?  On 
a  cru  donner  à  la  France  ce  qu'on  enlevait  à  la  pro- 
vince: mais  il  est  arrivé  que  le  patriotisme  général  s'est 
appauvri  de  tout  ce  que  perdait  le  patriotisme  local.  On 
a  détruit  ces  anciennes  existences  qui  faisaient  battre 
le  cœur  de  nos  pères,  on  a  effacé  ces  noms  aimés  qui 
servaient  de  mot  d'ordre  et  de  cri  de  ralliement  au  jour 
du  danger,  et  à  la  place  on  a  mis  des  expressions  géo- 
graiihiques,  des  noms  absurdes  de  montagnes,  de  ri- 
vières et  de  neuves,  subordonnant  ainsi  l'histoire  à  la 


XXII 

vie,  la  nature  vivante  à  la  nature  inanimée,  la  France 
morale  à  la  France  physique,  l'esprit  à  la  matière. 

Encore  une  fois  ces  autonomies  devaient  disparaître 
dans  leurs  formes  anciennes  et  antidémocratiques; 
mais  la  place  est  restée  vide.  Ces  membres  vivants  de 
la  France  ayant  été  retranchés,  la  nation  est  demeurée 
désarticulée.  Elle  n'a  plus  que  des  mouvements  d'en- 
semble, sans  frein  et  sans  contre-poids,  mouvements  qui 
peuvent  être  prompts  et  puissants,  mais  qu'un  grain  de 
sable  fait  dévier  et  tourner  vers  l'abîme.  Il  en  sera  ainsi 
jusqu'à  ce  que  l'organisme  naturel  se  reforme  et  que 
le  contre-poids  local  devienne  une  réalité.  Il  faut  que  la 
vie  provinciale  renaisse  si  l'on  veut  faire  renaître  la 
France. 

Notre  Société  d'histoire  et  toutes  celles  qui  sont  à 
l'œuvre  avec  elle  travaillent  à  cette  résurrection.  En 
fouillant  le  sol  nivelé  de  la  France  pour  y  recueillir  les 
débris  historiques  des  anciennes  indépendances  locales, 
elles  font  naître  la  noble  ambition  de  les  faire  revivre 
sous  la  forme  démocratique,  la  seule  que  comporte  la 
civUisation  moderne.  Elles  labourent  ce  sol  pour  une 
semence  nouvelle.  Je  crois  qu'elle  lève  déjà.  Oui,  ces 
patries  locales  qui  avaient  la  puissance  de  retenir  ou  de 
ramener  leurs  enfants  par  l'amour  du  sol  natal,  qui 
offraient  un  aliment  toujours  renouvelé  à  leur  activité 
intellectuelle  et  politique,  créations  vivantes  de  l'his- 
toire, il  me  semble  qu'elles  vont  bientôt  émerger  de 
l'étouffante  uniformité  actuelle,  sans  faire  éclater  le 
cadre  de  la  patrie  générale.  Mais  qu'on  se  hâte  (  ceci 
n'est  plus  l'affaire  des  archéologues  isolés  ou  réunis  en 
société),  qu'on  se  hâte  de  leur  faire  place;  qu'on  ne 
contrarie  pas  la  croissance  de  ce  qui  demande  à  revivre 


XXIII 

pacifiquement,  car  alors,  à  la  place  de  celte  végétation 
douce  et  agréable  de  la  liberté  et  du  patriotisme  de 
l'ancienne  province,  on  pourrait  avoir  l'éruption  vol- 
canique de  la  fédération  démagogique. 

Agréez,  etc. 

HUDRY-MÉNOS. 

—  M.  le  baron  de  PoiiiiaL  l'ait  une  communi- 
cation sur  une  chanson  populaire  du  XV^  siècle  : 
La  Bergeronnette  savoisienne. 

Ce  n'était  pas  le  premier  venu,  dit-d,  que  le  frère  Oli- 
vier Maillard.  Contemporain  de  Michel  Menot,  cordelier 
comme  lui,  docteur  en  théologie  comme  lui,  éloquent 
plus  que  lui,  il  ne  pouvait  souffrir  qu'un  si  piètre  rival, 
qui  n'était  prédicateur  ni  de  Louis  XI,  ni  même  de 
Chailes-Ie-Téméraire,  fiît  appelé  langue  d'or,  tandis 
que  lui,  le  superbe  Maillard,  dont  la  voix  avait  retenti 
des  bords  du  Zuyderzée  jusqu'aux  premiers  contre-forts 
des  Pyrénées,  et  des  côtes  de  Bretagne  jusqu'aux  pieds 
des  Alpes,  n'en  était  encore  qu'à  égayer  les  bonnes 
âmes  par  quelques  sorties  plus  ou  moins  réussies  contre 
les  turpitudes  du  cleigé  et  les  froides  cruautés  du  roi 
bigot,  dont  il  se  moquait  du  reste  assez  gaillardement. 

Résolu  d'en  finir  avec  le  faible  Menot,  et  comptant 
d'ailleurs  sur  la  supériorité  incontestable  de  ses  poij- 
mons  athlétiques,  la  vedle  de  sa  mort,  le  jour  de  la 
Pentecôte  150'2,  il  monta  en  chaire  et  chanta  une  très- 
piteuse  chanson,  sur  l'air  bien  connu  alors  de  la  Ber- 
geronnette savoisienne.  Si  ce  fut  un  succès,  ce  fut  aussi 
le  chant  du  cygne,  car  il  mourut  dans  les  joies  du 
triomphe,  le  13  juin  1502. 

C'est  ce  que  prouve  le  livre  ayant  pour  titre  : 


XXIV 

«  Chanson  piteuse  composée  par  frère  Olivier  Mail- 
lard, en  pleine  prédication,  au  son  de  la  chanson  nom- 
mée :  Bergeronette  savoisienne,  et  chantée  a  Toulouse, 
enuiron  la  Penthecouste,  par  le  dit  Maillard,  luy  estant 
en  chairre  de  prédication.  Lan  mil  cinq  cens  et  deux. 
Et  bien  tost  après  trespassa.  »  [Scms  lieu  ni  date.) 
Petit  in-8o  goth.  de  3  ff.,  avec  une  figure  en  bois  au 
commencement. 

Edition  fort  rare,  dit  Brunet,  portée  dans  le  catalogue 
La  Vallière,  en  3  vol.,  II,  3097,  article  6.  Le  même  ca- 
talogue, I,  4333,  article  10,  en  annonce  une  autre  sous 
ce  titre  : 

«  Chanson  piteuse,  composée  par  frère  Olivier  Mail- 
lard, et  se  chante  comme  Bergeronette  savoisienne.  » 
Elle  n'a  aussi  que  3  ff.  petit  in-S»,  en  caract.  goth. 
M.  Labouderie  a  fait  réimprimer  celte  pièce  singulière, 
pages  25-28  de  sa  notice  sur  Maillard. 

(Pour  la  partie  bibliographique).  Extrait  de  Brunet. 

Qui  pourra  retrouver,  sinon  la  musique,  au  moins 
le  texte  original  de  cette  chanson  du  XV«  siècle  ? 

Bo"  DE    PONNÂT. 

—  M.  L.  Rabut  annonce  Fenvoi  d'un  travail 
de  M.  Albrier  sur  les  Savoisiens  naturalisés  en 
Bourgogne. 

—  M.  Fivel  donne  une  interprétation  d'une 
inscription  romaine  trouvée  à  Domessin,  et  re- 
lative à  la  province  ;  —  il  promet  une  notice 
plus  complète  pour  une  prochaine  séance. 


XXV 


séance    du    S    mai     ISTS 

(  Présidence  de  M.  Dufour.) 

M.  le  président  soumet  à  la  Société  la  de- 
mande de  la  ville  de  Saintes,  qui,  ayant  perdu 
ses  archives  et  sa  bibliothèque  dans  les  incen- 
dies qu'elle  a  subis,  sollicite  l'envoi  de  quelques 
ouvrages. 

—  M.  L.  Rabut  fait  comprendre  l'utilité  d'un 
catalogue  de  la  bibliothèque.  Sur  sa  proposition, 
l'assemblée  fait  appel  au  zèle  et  à  la  compé- 
tence de  M.  le  baron  de  Ponnat.  Après  quelques 
explications  échangées  entre  plusieurs  socié- 
taires sur  le  mode  à  suivre  pour  la  confection 
du  catalogue,  M.  le  baron  de  Ponnat  accepte 
gracieusement  la  charge  de  ce  long  travail , 
et  J\I,  le  président  est  autorisé  à  pourvoir , 
jusqu'à  concurrence  de  50  francs,  aux  dépenses 
qui  seront  nécessaires  pour  mener  à  bonne  fin 
ce  travail. 

—  M.  L.  l'iubut  fait  un  compte  rendu  de 
l'œuvre  do  M.  Albrier  sur  les  naturalisés  de  la 
Savoie  en  Bourgogne,  et  intéresse  vivement  la 
Société  par  la  lecture  dr  (|uelques-unes  des 
notices  contenues  dans  cette  œuvre  sur  des 
noms  bien  connus  en  Savoie. 

On  décide  que  le  travail  de  M.  Albrier  sera 
pul)hé  dans  les  Mémoires  de  la  Société. 


XXVI 


séance    du    SS    Juin     IH'Vli 

{Présidence  rfeM.  Blainchard.) 

Les  sociétaires  estiment  que  la  Société  doit 
souscrire  à  la  réimpression  du  premier  volume 
de  \Histoire  du  DaupMné,  de  Chorier.  M.  le 
secrétaire  est  chargé  de  transmettre  aux  im- 
primeurs le  bulletin  de  souscription. 

—  L'assemblée  décide  d'adresser  une  circu- 
laire à  tous  les  membres  de  la  Société  pour 
leur  demander  la  remise  des  volumes  apparte- 
nant à  la  Société  dont  ils  sont  détenteurs,  atin 
de  les  porter  dans  le  nouveau  catalogue. 

—  M.  le  président  est  invité  à  faire  des  dé- 
marches auprès  de  M.  Folliet,  député,  exécu- 
teur testamentaire  de  M.  Joseph  Dessaix,  pour 
obtenir  par  ses  soins  la  restitution  de  divers 
volumes  empruntés  à  la  Société  et  ayant  un 
véritable  intérêt,  entre  autres  un  volume  des 
Monumenta  historiœ  pairiœ. 

—  M.  L.  Rabut  annonce  qu'il  a  reçu  du  mi- 
nistère de  l'instruction  publique  la  constatation 
qu'il  n'existe  pas  de  copies  de  lettres  autogra- 
phes d'Emmanuel-Phihbert  détruites  dans  l'in- 
cendie de  la  bibliothèque  du  Louvre. 

—  M.  Blanchard  dépose  un  petit  vase  romain, 
une  urne  funéraire  bien  conservée,  découverte 


XXVII 

à  Saiiit-liiiKJceiit ,  sur  les  Jjords  du  lac,  entro 
trois  squelettes  dont  il  ne  restait  que  des  traces. 
En  1828  et  1829,  ajoute  M.  Blanchard,  un 
défoncement  du  sol,  opéré  dans  la  partie  supé- 
rieure de  la  môme  colline,  avait  amené  la  dé- 
couverte de  plusieurs  urnes  de  ce  genre,  d'un 
grand  nombre  d'ossements  épars  et  d'une  tombe, 
formée  de  simples  pierres  plates,  assemblées 
sans  art,  dans  laquelle  se  trouvaient  deux  sque- 
lettes couchés  pieds  contre  pieds.  Enl864,  ayant 
fait  des  fouilles  dans  le  but  de  retrouver  quelques 
vestiges  de  cet  ancien  cimetière,  je  ne  découvris 
que  des  fragments  de  terre  cuite  dont  la  forme 
permet  de  supposer  qu'ils  étaient  des  débris 
d'une  de  ces  tombes  romaines  appelées  arca. 

—  M.  Rabut  entretient  la  Société  de  plusieurs 
découvertes  faites  par  lui  dans  le  village  de 
Grésine.  —  Plusieurs  membres  s'attachent  à 
démontrer  l'importance  de  diverses  découvertes 
faites  à  Saint-Innocent ,  et  dont  M.  le  baron 
Despines  est  le  possesseur. 

—  M.  le  général  Dul'uur  cunnnuniipic  à  la 
Société,  par  l'organe  de  M.  J..  Rabut,  une  pa- 
tente de  Marie-Jeanne-Baptiste  en  date  du  30 
janvier  1078,  i)orlant  grâce  de  mort  et  d'amende 
de  271  llorins  0  sols  puai-  Benoît  Gay  dit 
Bordolliei-  deTresserve,  octroyée  sur  l'instance 
des  confrères  de  la  Miséricorde  (pénitents  noirs) 


XXVIII 

de  Ghambéry.  —  Elle  sera  imprimée  dans  les 
comptes  rendus  des  séances. 

—  30  janvier  1678  — 

Patente  portant  grâce  de  mort  et  d'amende  de  271  flo- 
rins 6  sols  pour  Benoict  Gay  dict  Bordollier  de 
Tresserve,  à  l'instance  des  confrères  de  la  Miséricorde 
(pénitents  noirs)  de  Chambéri. 

Marie  Jeanne  Baptiste  par  la  grâce  de  Dieu  duchesse 
de  Sauoye  princesse  de  Piedmont  royne  de  Chipre  k 
mère  et  tutrice  de  S.  A.  R.  Victor  Amede  duc  de  Sa- 
uoye prince  de  Piedmont  roy  de  Chipre  iS:  régente  de 
ses  estats  a  nos  très  chers  bien  amez  et  féaux  conseil- 
lers les  gentz  tenantz  la  chambre  des  comptes  dehi  les 
raontz  salut.  Les  confrères  des  penitens  noirs  de  Cham- 
béri nous  ayant  faict  représenter  très  humblement 
qu'ilz  ont  le  priuilége  de  deshurer  vn  criminel  chaque 
année  et  qu'ilz  ont  tousiours  joiiy  soulz  Padueu  et 
permission  des  serenissimes  prédécesseurs  de  S.  A.  R. 
monsieur  mon  fdz  ils  nous  aurions  [sic)  faict  suplier 
ensuitte  de  leur  continuer  la  mesme  grâce  et  de  leur 
donner  nostre  consentement  pour  la  desliurance  du 
nommé  Benoict  Gay  dict  Bordoller  du  lieu  de  Tresserue 
condamné  à  mort  à  cause  de  l'homicide  commis  en  la 
personne  d'Ëstienne  Riondet.  Ce  que  leur  ayant  octroyé 
il  se  treuue  que  le  dict  Gay  est  réduit  en  si  grande 
pauureté  qu'il  n'est  pas  en  estât  de  satisfaire  aux  fraiclz 
de  justice  qui  ont  esté  faictz  pour  les  caluacades  [sic) 
et  pour  la  fourmalité  extraordinaire  faicte  a  la  pour- 
suite du  procureur  gênerai  de  sa  ditte  A.  R.  ausquelz 
il  a  esté  condamné,  et  comme  il  est  porté  par  les  règle- 


XXIX 

mentz  qu'il  ne  peut  pas  eslre  rendu  au  bénéfice  de  la 
cession  ville  et  misérable  de  ses  biens  pour  ce  regard 
et  que  neantmoins  il  ne  scauroit  estre  tiré  des  prisons 
qu'au  préalable  il  n'ayt  satisfaict  à  leur  despence,  pour 
acheuer  Tonuragc  de  nostre  clémence,  et  de  nostre 
piété  et  pour  fauoriser  d'autant  plus  les  dits  confrères 
nous  voulons  encore  exempter  et  absoudre  le  dict  Gay 
du  payement  des  dits  fraiclz  qu'on  nous  a  dict  reuenir 
à  la  somme  de  deux  centz  septante  vn  florins  six  solz 
monnoye  de  Sauoye  et  qui  ont  esté  pris  en  trésorerie 
générale  de  sa  dite  A,  R.  affin  qu'il  puisse  eficassement 
jouir  de  nos  grâces  et  du  faict  du  priuilege  des  dits 
confrères.  C'est  pourquoy  par  ces  présentes  signées  de 
nostre  main  de  nostre  ccrtainne  science  plaine  puis- 
sance et  aucthorité  souuerainne  lieu  sur  ce  Taduls  de 
nostre  conseil  résident  près  nostre  personne  nous  a  uons 
faict  et  faisons  don  et  remission  au  dict  Benoict  Gay 
de  la  susdite  somme  de  deux  centz  septante  vn  llorins 
et  six  solz  monnoye  de  Sauoye  qu'il  seroit  tenu  de 
remplasser  en  la  trésorerie  de  S.  A.  R.  monsieur  mon 
fils  pour  les  fraictz  de  justice  ausquelz  il  a  esté  con- 
damné par  arrcsl  du  sénat  du  vingt  vn  may  mil  six  cent 
septante  sept.  Voulons  et  nous  plaist  qu'il  soit  eslargy 
des  prisons  pour  ce  cbef  et  qu'il  Jouisse  du  fruict  et 
bénéfice  de  nos  grâces  et  de  sa  desliurance  demandée 
par  les  dits  confrères  des  pénitens  noirs  en  conformité 
de  leur  priuilege  ensuitte  de  nostre  consentement,  in- 
bibant  pour  cesl  effect  au  moderne  trésorier  gênerai 
en  Sauoye  et  ses  dits  successeurs  leurs  commis  et 
autres  qu'il  appartiendra  de  molester  et  inquiéter  le 
dict  Gay  pour  le  payement  des  dits  deux  centz  septante 
vn  llorins  six  solz  a  paine  de  nullité  de  tout  ce  que  sen- 
suiura  au  contraire  des  mesmes  présentes  lesquelles 


XXX 

nous  vous  mandons  de  vérifier  selon  leur  forme  et  te- 
neur et  aux  patrimoniaux  de  sa  dite  A.  R.  d'y  prester 
leur  consentement  requis  et  de  faire  et  laysser  jouir 
l'impétrant  du  fruict  et  bénéfice  d'icelles  plainement  et 
paysiblemenl  sans  aucune  difficulté  car  ainsi  nous  plaist. 
Donné  à  Turin  le  trente  janvier  mil  six  ceiitz  septante 
huict. 

Signé  Marie  Jeanne  Baptiste 

Visa  Simeone  pro  domino  cancellario 

Visa  Gi'aneri.  Registrata  Carron. 

(  Archives  de  la  Chambre  des  comptes,  reg.  des 
patentes,  1670-1681,  n»  53,  page  13.  ) 

—  M.  Piabut  François  a  envoyé  à  la  Société 
la  copie  de  quelques  inscriptions  d'époques  di- 
verses, mais  appartenant  aux  temps  modernes, 
qu'il  a  relevées  en  Savoie.  Elles  seront  insérées 
dans  les  Mémoires,  parce  qu'elles  peuvent  con- 
tribuer à  éclaircir  divers  faits  se  rattachant  à 
l'histoire  de  notre  pays. 

I 

Au  château  de  Miolans,  sur  le  mur  extérieur,  dans 
l'avenue  : 

ET  ENTRE  GU"  DE 
CE  PRESIDE  P""  LE 
SERVICE  DE  SA  S"^ 
lE  DE  GUIDEROEX 

LE  8  S-""^  1645 

Cette  inscription  nous  fait  connaître  le  nom  et  la  date 
de  rentrée  en  fonction  d'un  gouverneur  de  cette  for- 
teresse, Jean  de  Guideroex. 


XXXI 

II 


Au  hameau  des  Fontaines,  dans  la  paroisse  de 
Grésy-sur-Isère,  contre  la  façade  d'une  petite  chapelle 
qui  donne  sur  la  grande  route  : 


HONORABILIS 

CLAUDIIJS  FILIUS 

PETRI  CHARDONET 

HU.IUS  LOCI  CONST 

RUI  FECIT  HANC  CA 

PELLAM  EAMQUE 

FUNDAVIT  IN  HONO 

REM   S^'-  ANN.E  ET 

S^'  ROCHI  1G09 

On  y  voit  que  c'est  Claude  fils  de  Pierre  Chardonnet, 
dudit  lieu  des  Fontaines,  qui  a  fait  construire  et  doté 
la  chapelle  de  S'e  Anne  et  de  S.  Roch. 

m 

Au-dessus  de  la  porte  latérale  de  l'ancienne  église 
de  Grésy-sur-Isère,  qui  a  été  utilisée  pour  une  poterie, 
on  lit  : 

HOC  OPUS 
FECIT  FIERI 

D"  (dominus)  .iacobus 

QUOMODI  M. 
S'    PETRI 

157^ 

La  date  est  séparée  en  doux  par  un  écusson  armorié 
où  figure  une  fasce  accompagnée  de  trois  hesants  :  2,  1 . 


XXXII 

IV 

Sur  une  pierre  isolée ,  mais  provenant  de  la  même 
église  abandonnée,  on  lit  : 

EX  FUNDA  (tione)  DE 

p.   D.  VELLET  19 

lANUA  (rii)  lG9-i 

CELEBRATUR 

MISSA  SOLEMNIS 

PRO  DEFUNC  (  tis  )  î23 

AUG  (usti)  siNG  (ulis)  AN  (  nis  ) 

Le  même  sociétaire  a  trouvé  dans  un  cata- 
logue d'antiquités  d'objets  d'art,  provenant  en 
grande  partie  de  la  collection  Comarmond,  de 
Lyon,  et  vendus  à  Paris  en  1849,  la  pièce  sui- 
vante, décrite  sous  le  N»^  92,  qu'il  croit  bon  de 
reproduire  : 

«  Plat  noir,  transpercé  à  jour,  en  faïence 
«  italienne,  du  commencement  du  '16'"*^  siècle; 
«  il  porte  quatre  lacs  d'amour  renfermant  les 
«  quatre  lettres  de  la  divise  de  la  maison  de 
((  Savoie  :  fert.  Quatre  marguerites  séparent 
«  les  lacs  d'amour  les  uns  des  autres.  Ce  plat, 
((  fort  intéressant  comme  époque,  doit  avoir 
((  été  fait  pour  Marguerite  d'Autriche ,  femme 
((  de  Philibert-le-Beau  et  fondatrice  de  l'église 
«  de  Brou » 

Le  même  catalogue  mentionne,  N^  386,  une 
espèce  de  «  cassolette  ou  coupe  à  deux  anses 
«  mobiles  et  montée   sur  un  large   pied.   Cet 


XXXIII 

«  ustensile  (Hait  destiné  ù  brûler  des  parfums; 
«  belle  conservation ,  bauteur  10  centimètres , 
«  diamètre  19  cent.;  trouvée  à  Chambéry.   » 

—  M.  L.  l»abut  présente  trois  beaux  types  de 
haches  en  pierre  polie.  Une  de  ces  liaches  est 
en  serpentine  ;  elle  a  été  trouvée  dans  une  terre 
ocreuse,  au  milieu  de  débris  de  poteries,  à 
Villette,  près  de  Moùtiers;  elle  affecte  la  forme 
ordinaire  des  haches  qui  étaient  emmanchées. 
Les  autres  haches  proviennent  de  la  station  la- 
custre des  Eaux- Vives,  à  Genève.  M.  Rabut  a 
pu  explorer  ce  riche  emplacement  de  l'âge  de 
la  pierre  en  compagnie  de  M.  Tioly.  Cet  empla- 
cement avait  déjà  fourni  un  certain  nombre  de 
haches  polies  en  jadéite,  en  serpentine  et  môme 
en  silex.  M.  Tioly  possède  une  collection  de 
pièces  remarquables  provenant  de  cette  station, 
parmi  lesquelles  il  faut  citer  une  hache  en  silex 
poli  et  18  tètes  de  flèches  en  silex,  taillées  avec 
beaucoup  d'art  et  aifectant  des  formes  assez 
variées. 

Les  haches  que  M.  Rabut  a  rapportées  des 
Eaux-Vives  présentent  fjuelques  particularités 
rares  : 

L'une  atfecte  la  même  forme  ([ue  la  hache  de 
Villette;  elle  est  faite  d'une  pierre  janin'  sinccuse 
et  tigrée  de  points  seri)entineux. 

L'autre  est  une  1  telle  jadéite,  sonore  comme 
un  silex  et  brillanli'  eoimne  ime  ]^ierre  micacée. 

c 


XXXIV 

Elle  n'a  pas  moins  de  48  centimètres  de  lon- 
gueur; mais  ce  qui  rend  cette  pièce  intéressante, 
c'est  une  rainure  longitudinale  polie  et  produite 
sur  une  de  ses  faces  latérales  par  un  instrument 
en  silex,  pour  la  détacher  du  bloc  auquel  elle 
adhérait.  On  voit  que  la  surface  latérale,  à  la 
suite  de  la  rainure,  offre  des  inégalités,  résultant 
de  la  cassure  produite  par  un  choc  violent;  la 
pierre  a  été  ensuite  taillée  et  façonnée  à  la 
meule. 

—  Ouvrages  reçus  : 

1"  Mémoires  de  la  Société  archéologique  du  départe- 
ment de  l'Oise.  Tome  VIII,  l'^^  partie. 

2°  Bulletin  de  la  Société  polymathique  du  Morbihan. 
2"e  semestre  1871. 

3°  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  de  Lyon.  1871, 
25e  volume. 

4»  Becueil  des  travaux  de  la  Société  d'agriculture, 
sciences  et  arts  d'Agen.  2™^  série,  tome  II. 

5°  Rapport  au  comice  agricole  de  V arrondissement 
d'Alger.  1872. 

6o  Mémoires  et  documents  de  la  Société  d'histoire  et 
d'archéologie  de  Genève.  Tome  XYII^,  liv.  3^. 

7°  Revue  savoisienne.  Mai  1872. 


XXXV 


Séance     du    7    août    IHTH, 

{ Présidence  de  M.  Blanchard.  ) 

AI.  LUancliard  lit  une  réponse  de  M.  le  député 
Folliet. 

—  M.  le  Ministre  de  Tinstruction  pul)li(jue 
annonce  une  nouvelle  allocation  de  300  IV.  I.a 
Société  charge  M.  le  président  de  transmettre 
ses  remerciements  à  .M.  le  Ministre. 

—  M.  de  Ponnat  annonce  qu'il  a  presque  ter- 
miné le  catalogue  de  la  biljliothèque ,  et  qu'il 
présentera  à  la  rentrée  son  rapport  sur  l'état 
des  livres. 

—  Ouvrages  reçus  : 

Répertoire  des  travaux  de  la  Société  de  statistique  de 
Marseille.  Tome  XXXIV. 

Mémoires  de  l'Académie  du  Gard.  4809-4870. 

Bulletin  historique  de  la  Société  des  antiquaires  delà 
Morinie.  4  livraisons,  de  77  à  80. 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie. 

1872,  II"   1er. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin. 
1872,  \'<^  livraison. 

Bulletin  de  la  Société  danoise.  N"  4;}.  jnillcl  iS72. 

Bulletin  des  antiquaires  de  France.  Année  1871.  luie 
livraison;  1872,  4'^'  Irimcslre.  imo  livraison. 

Revue  savoisienne.  N"*  de  juin  et  juillet  4872. 

Papiers  divers. 


XXXVI 

Bulletin  de  la  Société  d'émilation  de  l'Allier.  Tome 
XII,  ii'e  et  2e  livraisons. 

Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  et  his- 
toriques de  Cannes.  2"'e  volume. 

Paul  Lullin  (notice  sur),  par  Th.  Claparède. 

Du  même  :  Emmanuel-Philibert ,  duc  de  Savoie,  et 
l'amiral  Coligny. 

Du  môme  :  Théophile  Heger  (notice  sur). 


séance  «lu    »0  novembre    187«. 

(  Présidence  de  M.  Dufour.  ) 

M.  Duibur  fait  connaître  le  résultat  du  dé- 
pouillement de  la  correspondance,  et  dépose  les 
volumes  des  Sociétés  savantes  envoyés  pendant 
les  vacances. 

—  M.  Rabut  rend  compte  d'une  monographie 
intéressante  sur  Bardonnèche.  II  signale  à  l'at- 
tention de  M.  Fivel  un  passage  ancien  entre 
Oulx  et  Modane,  cité  dans  ce  livre.  Il  signale 
aussi  un  mystère  de  saint  Jean-Baptiste,  qui  se 
jouait  à  Oulx,  comme  on  en  jouait  dans  diverses 
localités  de  la  Maurienne. 

—  M.  le  baron  de  Ponnat  lit  un  rapport  re- 
marquable sur  l'état  de  la  bibliotlièque  de  la 
Société ,  dont  il  a  fait  le  catalogue  d'après  un 
système  nouveau  et  préférable  à  tous  ceux  ([ui 
ont  été  adoptés  jusqu'à  ce  jour.  On  écoute  avec 


XXXVII 

le  plus  grand  iiitéivt  le  dévoloppement  du  sys- 
tème excellent  de  M.  de  Ponnat. 

Il  présente  aussi  deux  tableaux  :  l'un,  des 
livres  manquants,  et  l'autre,  des  livres  à  d(juble 
exemplaire. 

La  Société  vote  ensuite,  par  acclamation, 
des  remercîments  à  M.  de  Ponnat,  et  décide 
(|ue  son  rapport  sera  inséré  dans  les  comptes 
rendus  des  séances.  Le  titre  de  membre  hono- 
l'aire  est  décerné  à  M.  de  Ponnat,  qui  accepte 
et  promet  d'être  en  même  temps  un  membre 
très  actif. 

Ksaai  et  npplication  d'un  nouveau  système  de 
catalogue  pour  la  bibliothèque  de  la  Société 
savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie,  dépar- 
lement des  IMPRIMÉS. 

Messieurs  et  chers  collègues, 

Oiiaïui,  au  mois  de  mai  dernier,  vous  m'avez  fait 
riionneur  de  me  confier  la  mission  importante  de 
mettre  de  Toi'dre  dans  les  impi'imés  qui  composent 
notre  liibliotlièque,  je  me  suis  d'abord  préoccupé  des 
moyens  par  lesquels  je  pourrais  le  plus  sûrement  arri- 
ver à  ce  but,  de  manière  à  répondre  facilement  aux 
besoins  des  savants  qui  s'alimentent  journellement  à 
cette  pai-lie  si  intéiessante  des  connaissances  hnmai- 
nes  que  Ton  appelle  Archéolofjic  et  Histoire. 

Je  me  suis  posé  ce  problème: 

Elanl  donnée  In  liste  des  ouvrages  divers  composant 
la  bibliothèque,  mettre  le  chercheur  à  même  d'y  rencon- 


XXXVIII 

trer,  sans  peine,  les  éléments  qu'il  veut  y  puiser,  si  ces 
éléments  s'y  rencontrent. 

Deux  systèmes  connus  étaient  en  présence,  l'un  que 
Brunet  appelle  la  Méthode  du  libraire,  et  qui  consiste  à 
classer  d'abord  les  ouvrages  dans  l'ordre  alphabéti- 
que des  noms  d'auteurs,  et  pour  les  anonymes  au  mot 
principal  du  titre,  puis  à  les  répartir  dans  de  grandes 
divisions  et  subdivisions,  formant  un  vaste  cadre  bi- 
bliographique que  l'on  applique  ensuite  au  classement 
des  livres  en  place  sur  les  rayons. 

L'autre,  qui  consiste  à  ne  s'occuper  que  de  la  pre- 
mière partie  de  celte  méthode  (le  classement  alpha- 
bétique), sans  se  préoccuper  des  grandes  divisions, 
les  livres  devant  trouver  place  sur  les  rayons  dans  le 
même  ordre  qui  est  adopté  pour  le  catalogue. 

Permettez-moi,  Messieurs,  avant  de  discuter  ces 
deux  systèmes,  de  faire  une  première  distinction  im- 
portante. 

S'agit-il  de  dresser  le  catalogue  d'ouvrages  destinés 
à  la  vente?  Dans  ce  cas,  il  ne  saurait  y  avoir  de  doute 
sur  la  méthode  à  employer. 

Ces  catalogues,  étant  parfois  très  volumineux,  il  faut 
épargner  à  l'amateur  de  livres  la  peine  de  lire  une 
infinité  de  pages  qui  peuvent  ne  pas  l'intéresser,  et, 
par  conséquent,  les  grandes  divisions  et  subdivisions 
doivent  être  d'abord  adoptées;  sauf,  comme  on  le  fait 
généralement,  à  placer  à  la  fin  une  table  alphabétique 
des  noms  d'auteurs  et  d'anonymes,  renvoyant  par  des 
numéros  d'ordre  aux  ouvrages  décrits  dans  les  di- 
visions. 

Mais  s'il  s'agit  du  catalogue  d'une  bibliothèque  sus- 
ceptible, comme  le  sont  toutes  celles  des  Sociétés  sa- 
vantes,  d'accroissements  périodiques,  si  peu  consi- 


XXXIX 

dérables  (juoii  les  suppose,  et  surtout,  si  Ton  tient 
compte  (le  la  presque  impossibilité  de  se  rappeler  tou- 
jours exactement  les  noms  des  auteurs  qui  ont  écrit 
tel  livre,  dont  le  titre  est  lui-même  j-aremenl  connu 
d'une  manière  textuelle,  c'est  alors  que  le  génie  du 
Itibliolhécaire  doit  se  montrer  dans  toute  sa  puissance, 
eliju'il  importe  le  plus  au  succès  de  son  œuvre. 

Dans  ce  cas,  la  Méthode  du  libraire,  qui  est  déjà 
bien  supérieure  à  la  seconde,  ne  suflira  même  pas. 

Avant  d'entrer  dans  la  discussion  des  deux  systèmes 
que  je  viens  d'esquisser  à  grands  traits,  il  importe  de 
signaler  d'abord  l'un  des  plus  graves  inconvénients 
communs  à  l'un  et  à  l'autre.  Je  veux  parler  des  numé- 
ros d'ordre  qu'emploient  tous  les  bibliothécaires  dans 
la  confection  de  leurs  catalogues,  et  pour  le  placement 
des  livres,  quelle  que  soit  la  méthode  usitée. 

Excellents  pour  les  livres  à  vendre,  indispensables 
dans  la  rédaction  d'un  inventaire ,  tel  que  celui  que 
vous  voyez  ici,  ces  signes  deviennent  pour  les  biblio- 
thèques publiques,  non-seulement  une  entrave,  mais 
encore  une  impossibilité.  En  effet,  de  nouvelles  acqui- 
sitions venant  chaque  jour  s'ajouter  à  l'avoir  de  ces 
vastes  (h'pôts  scieniKiques,  il  faut  nécessairement  in- 
tervertir les  numéros  déjà  inscrits,  à  moins,  comme 
cela  se  pratique  à  la  grande  bibliothèque  de  Lyon,  de 
.se  ménager,  entre  chaque  numéro,  un  intervalle  con- 
sidérable; encore,  dans  ce  cas,  est-il  facile  de  prévoir 
le  jour  où  tous  les  vides  seront  remplis;  et  alors, 
l'inconvénient  que  je  viens  de  signaler  se  reproduira 
comme  cela  se  produit  partout  ailleurs  :  messieurs 
les  Conservateurs,  obligés  d'inventer  une  foule  de  si- 
gnes, tous  plus  bizarres  les  uns  que  les  autres,  tom- 
beront nécessairement  dans  les  suppléments  de  sup- 


XL 

plémenls,  qui  encombrent  déjà,  pai'tout,  et  depuis 
longtemps,  les  rayons  que  Ton  destine  à  les  contenir. 

Vous  verrez  tout  à  l'heure  comment  j'évite  cet 
écueil. 

Examinons  maintenant  les  deux  systèmes. 

Pour  mieux  me  faire  comprendre,  je  vais  placer 
sous  vos  yeux  le  tableau  des  grandes  divisions  adop- 
tées à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  : 

A.  Bible  et  ses  Commentaires. 

B.  Liturgie,  Conciles. 
G.     Saints  Pères. 

D.  Tbéologie  orthodoxe. 
D'.  Théologie  hétérodoxe. 

E.  Droit  canonique. 

F.  Droit  public  et  privé. 

G.  Histoii'e  générale  et  Géographie. 
II.  Histoire  ecclésiastique. 

J.      Histoire  ancienne. 

K.     Histoire  d'Italie. 

L.     Histoire  de  France. 

M.    Histoire  d'Allemagne,  Suède,  Norwége,  Rus- 
sie. 

N.     Histoire  d'Angleterre. 

0.     Histoire    d'Espagne ,     Portugal ,     Turquie  . 
Voyages. 

P.  Biographie. 

Q.  Bibliographie. 

R.  Philosophie,  Sciences. 

S.  Histoire  naturelle. 

T.  Médecine. 

V.  Sciences  physiques  et  Mathématiques, 

X.  Grammairiens,  Rhéteurs. 

Y.  Poésie,  Littérature. 


XLI 

Y  .    Romans. 

Z.     Polygraphic,  Litléi'alure. 

Z»'"'.  Jeux,  Magic. 

Supposons  maintenant  que  l'on  ait  à  demander  un 
ouvrage  traitant,  comme  il  arrive  fort  souvent,  de  ma- 
tières diverses,  quoique  se  rattachant  cependant  à  un 
ordre  d'idées  qui  est  le  même.  Demandons,  par  exem- 
ple, à  la  Bibliutlièque  nalionule,  l'ouvrage  suivant  : 

Lcllres  de  saint  Pie  F,  suivies  d'un  catéchisme  ca- 
tholique romain;  par  Louis  de  Potier  ;  Bruxelles,  H. 
Tarlier,  éditeur,  1827 ,  in-8°. 

Naturellement,  le  conservateur  préposé  à  l'envoi  des 
demandes  dans  la  Division  où  l'on  doit  y  satisfaire, 
comprenant,  avec  raison ,  que  des  Lettres  d'un  pape 
comme  S.  Pie  V,  et  un  Catéchisme  catholique  ont  dû 
être  placés  dans  la  Théologie  orthodoxe ,  renverra  le 
bulletin  de  demande  dans  la  division  D,  qui  renferme 
les  ouvrages  de  cette  nature:  mais,  naturellement 
aussi,  le  lecteur  attendra  une  heure,  et  souvent  plus, 
avant  même  d'obtenir  une  réponse  quelconque.  Pour- 
quoi? Par  la  raison  toute  simple  qu'on  Retrouvera 
pas  dans  le  D  l'ouvrage  demandé.  Gomment,  dira- 
t-on,  un  Catéchisme  n'est  pas  de  la  théologie?  Des 
lettres  d'un  s;unl  pajie,  concernant  la  religion,  ne  sont 
pas  de  la  théologie,  et  même  uUra-orlhodo\e?  Par- 
faitement si.  Monsieur,  répondra-t-on:  mais  l'ouvrage 
demandé,  si  orthodoxe  (pi'il  soit,  ne  se  trouve  pas  dans 
cette  Division.  Que  faire?  Alors  il  sera  tenu  un  conseil 
des  Sages  de  la  Grèce;  on  questionnera  l'un,  on  inter- 
rogera l'autre,  et,  en  lin  de  compte,  on  s'en  prendra  à 
l'audacieux  qui  sera  bien  heureux,  si  l'on  s'en  rap- 
porte à  sa  parole,  quand  il  affirmera  avoir  déjà  eu  cet 


XLII 

ouvrage  eu  communication  à  la  môme  Bibliothèque. 
Dans  le  cas  très  rare  où  on  ne  le  traitera  pas  de  fou, 
d'idiot,  de  crétin,  le  conseil  des  dieux  s'assemblera  de 
nouveau,  et  là,  après  une  discussion  à  n'en  plus  finir 
sur  la  présence  ou  l'absence  de  l'ouvrage  demandé,  il 
se  trouvera  peut-être  une  forte  tête  qui  dira  :  a  Ne 
pourrait-il  pas  se  faire  que  les  'lettres  de  saint  Pie  V 
eussent  été  adressées  à  des  princes  de  la  Maison  de 
France,  et  eussent  trait  à  des  guerres  de  religion? 
Dans  ce  cas,  on  les  aurait  peut-être  placées  dans  l'L.  » 
C'est  une  idée,  sera-t-il  répondu,  voyons  un  peii  ;  mais 
le  catéchisme,  lui,  n'a  pas,  que  je  sache,  trait  à  l'his- 
toire de  France  :  pourquoi  le  placer  dans  la  lettre  sus- 
dite? —  Poui'quoi?  Pourquoi?  Avec  vos  pourquoi,  on 
n'en  finirait  phis.  Pendant  toute  celte  discussion,  le 
lecteur  qui  déjà,  lui,  avait  du  plomb  dans  Wiile,  dé- 
sespérant du  succès  de  sa  démarche,  se  sera  retiré,  et, 
quand  le  livre  sera  retrouvé,  il  se  sera  écoulé  vingt- 
quatre  heures,  au  moins,  entre  la  demande  et  la  ré- 
ponse. 

Qui  ne  serait  frappé  de  pareils  inconvénients?  et 
qui  ne  rirait  à  voir  les  hiéroglyphes  dont  le  livre  est 
barbouillé?  En  voici  le  spécimen;  car  c'est  à  votre 
serviteur  très  humble  que  l'aventure  susdite  est  ar- 
rivée. 

8"    U  .d.     37.    A. 

Comprenne  qui  pourra. 

11  est  donc  clair  que  celte  méthode,  si  méthodique 
qu'elle  soit,  est  fort  loin  d'être  méthodiquement  appli- 
cable. 

Passons  à  la  seconde  méthode,  qui,  bien  qu'em- 
ployée par  de  très  savants  bibliothécaires,  n'en  est 
pas  moins  dite,  tout  simplement,  Méthode  alphabétique. 


xLin 

Celle-ci  me  paraît  (^léjà  préféiahie;  ruais,  oulie  que 
ce  classement,  par  noms  d'auteurs  et  d'anonymes, 
exige  de  la  part  du  chercheur  une  mémoire  peu  com- 
mmie,  elle  a  en  outre  le  défaut  opposé  à  celui  de  la 
première  :  c'est  de  ne  pas  permettre  la  recherche  dans 
les  catégories  ou  grandes  divisions  dans  lesquelles  on 
voudrait  exclusivement  puiser;  elle  a  l'inconvénient 
de  tous  les  dictionnaires  dans  lesquels  le  travailleur 
chercherait  vainement  le  mot  dont  il  a  hesoin  pour 
rendre  sa  pensée,  si  l'idée  n'en  était  déjà  tonte  l'ormu- 
Ié(^  dans  sa  tête  par  le  terme  précis  au  moyen  duquel 
il  veut  la  déllnir. 

Frappé  de  ces  graves  inconvénients,  j'ai  surtout 
cherché  à  les  éviter,  et  j'espère,  Messieurs,  avoir 
atteint  mon  hut  par  le  système  que  j'ai  adopté  et  que 
je  définis  : 

MÉTHODE  MIXTE  ET  ANALYTIQUE. 

En  voici  la  description. 

A  mesure  qu'un  ouvrage  m'est  passé  par  les  mains, 
j'ai  d'ahord  inscrit,  en  tête  d'une  cai'te,  la  date  de 
l'imiiression,  ensuite  le  nom  de  l'auteur,  puis  le  titre 
en  entier,  le  lieu  de  l'impression,  le  nom  de  l'impri- 
meur, le  lormal,  puis  la  place  que  l'ouvrage,  étiqueti' 
par  volumes,  doit  occuper  sur  les  rayons  de  la  biblio- 
thèque. (11  va  sans  dire  que  les  anonymes  se  classent 
à  un  mot  important  du  titre  et  se  rangent  ensuite  sur 
les  rayons  par  le  même  procédé.)  Enliii.  prenant,  au- 
tant (lue  faire  se  peut,  connaissance  du  contenu,  j'ou- 
vre successivement  autant  de  catégories  que  je  le  juge 
à  propos  pour  y  faire  des  renvois  aux  ouviages  ainsi 
catalogués;  ])arce  système,  je  réunis  les  avantages  des 
deux  méthodes  et  j'en  évite  les  inconvénients.  C'est 


XLIV 

ainsi,  Messieurs,  que,  comme  je  vous  invite  à  vous 
en  assurer  par  vous-mêmes,  en  me  demandant  quoi 
que  ce  soit  dans  cette  bibliothèque,  je  m'engage  à 
vous  dire  immédiatement,  étant  donné  un  mot  impor- 
tant d'un  titre  quelconque,  si  nous  possédons  l'ou- 
vrage demandé. 

C'est  encore  ainsi  que  494  ouvrages  divers,  compo- 
sant notre  avoir  au  7  septembre  1872,  et  se  divisant 
en  545  volumes  et  544  brociiures,  cahiers,  plaquettes 
ou  pièces  de  tout  format,  ont  nécessité  de  ma  part  la 
confection  de  1,600  cartes  très  détaillées,  et  que  vous 
pouvez  voir  ici. 

Chacun  de  ces  ouvrages,  suivant  sa  nature,  a  trouvé 
place  dans  une  ou  plusieurs  des  grandes  divisions  dont 
voici  la  liste  : 

Administration;  Agriculture:  Anthropologie;  Api- 
culture; Archéologie;  Architecture;  Art  militaire; 
Bibliographie;  Biographie;  Botanique;  Calvinisme; 
Céramique;  Croisades;  Dictionnaires;  Diplomatie; 
Diplomatique;  Droit  canonique;  Droit  municipal;  En- 
seignement supérieur;  Fanatisme;  Féodalité;  Géogra- 
phie; Géologie;  Guerres  de  religion;  Histoire;  Histoire 
ecclésiastique;  Histoire  et  Géographie;  Histoire  lé- 
gendaire; Histoire  locale;  Histoire  naturelle;  Histoire 
politique;  Histoire  préhistorique;  Histoire  religieuse; 
Hydrographie;  Hygiène;  Industrie;  Instruction  pu- 
blique; Instructions  des  comités;  Jurisprudence;  La- 
custres; Législation;  Linguistique;  Littérature;  Ma- 
nuscrits; Mécanique;  Médecine;  Mélanges;  Météréolo- 
gie;  Minéralogie;  Missions  scientifiques  et  littéraires; 
Musique;  Noblesse;  Numismatique;  Paléontologie; 
Philologie;  Poids  et  mesures;  Réformes;  Savoie; 
Sciences,  arts  et  belles-lettres  ;  Sciences  historiques  ; 


XLV 

Sciences  naturelles;  Sépultures;  Socialisme;  Sociétés 
savantes;  Statistique;  Silviculture  ;  Théâtre;  Théo- 
logie; Topographie:  Viticulture;  Voyage.s,  et  telles 
autres  divisions  que  Ton  pourra  créer  plus  tard  ,  si  le 
hesoin  s'en  fait  sentir. 

En  outre,  ce  catalogue;  étant  dressé  sur  cartes,  est 
essentiellement  mobile  et  se  prête  aisément  à  toutes 
les  moditications  désirables.  Il  en  est  de  même  du 
placement  des  volumes  sur  les  rayons.  Vous  allez  en 
juger. 

Considérant  la  construction  très  imparfaite  des  ar- 
moires vitrées  que  nous  avons  converties  en  biblio- 
thèques, le  peu  d'espace  disponible  pour  les  in-4",  et 
cependant  la  nécessité  de  ménager  de  la  place  pour 
les  grandes  collections  in-8"  des  Sociétés  savantes,  il 
m'est  souvent  arrivé  de  placer  des  volumes  in- i",  mais 
courts,  parmi  les  in-8",  et  des  in-8"  parmi  des  in-l2. 
Exemple  :  L'Histoire  des  Papes ,  ouvrage  anonyme,  en 
cinq  volumes  in-4"  (par  Bruys),  a  été  désigné  par  moi, 
en  place  :  in-8",  Papes,  173-2,  etc.  Cela  signifie  que, 
bien  que  défini  in-4»,  cet  ouvrage  est  placé  sur  les 
rayons  parmi  les  in-8"  dans  l'ordre  alphabétique.  Il 
en  est  de  même  des  Documents  publiés  par  la  bril- 
lante Société  des  Antiquaires  de  Picardie  :  les  deux 
seuls  volumes  in-i"  que  nous  ayons  ont  été  placés 
parmi  les  in-8",  à  côté  des  Mémoires  de  la  même  So- 
ciété, qui  sont  in-8",  le  tout  au  mot  Picardie  (Docu- 
ments) pour  les  premiers,  et  Picardie  (Mémoires),  poul- 
ies seconds. 

Ici  se  place  nécessairement  une  explication  que  je 
vous  dois. 

Dans  toute  Société,  comme  l'est  la  nôtre,  appclf'-e  à 
recevoir  périodiquement  des  envois  des  autres  So- 


XLVI 

ciétés,  avec  lesquelles  nous  avons  Thonneur  d'être  en 
communication  par  le  Ministère  de  l'instruction  publi- 
que, et  aussi  par  sympathie  d'idées  et  attrait  scienti- 
fique, s'il  importe  que  le  catalogue  soit  essentiellement 
mobile,  il  n'importe  pas  moins,  que  dis-je?  il  importe 
encore  bien  plus  que  le  classement  des  livres  en  place 
le  soit  également,  afin  que  tel  ou  tel  volume,  apparte- 
nant à  une  collection  en  cours  de  publication,  ait  sa 
place  l'éservée,  dès  aujourd'hui ,  pour  le  jour  où  nous 
aurons  le  plaisir  de  le  recevoir.  Mais  si  ces  précau- 
tions n'étaient  prises  qu'en  vue  des  collections  de  So- 
ciétés savantes,  elles  seraient  encore  loin  d'être  suffi- 
santes; car,  en  dehors  de  ces  collections  si  estima- 
bles, nous  recevons  souvent  et  nous  acquérons  môme, 
autrement  que  par  simple  échange,  des  ouvrages  dus 
à  la  plume  d'écrivains  étrangers  à  nos  savantes  So- 
ciétés. 

Il  faut  donc  que  les  volumes  soient  susceptibles 
d'être  tantôt  rapprochés,  tantôt  reculés,  descendus  ou 
montés,  d'un  ou  même  de  deux  rayons,  sans  que  l'on 
ail  à  craindre  d'engendrer  le  désordre  dans  le  clas- 
sement général,  et  sans  se  voir  obligea  chaque  in- 
stant de  faire  une  nouvelle  annotation  aux  cartes- 
catalogue.  Je  vous  laisse,  Messieurs,  le  soin  d'apprécier 
si  j'ai  bien  résolu  ce  petit  problème. 

Je  désire  vous  en  fournir  la  preuve. 

Supposons,  par  exemple,  que  j'eusse  eu  à  cataloguer 
l'ouvrage  de  Louis  de  Potier,  dont  j'ai  eu  l'honneur  de 
vous  entretenir  tout  à  l'heure. 

J'aurais  d'abord  inscrit,  au  coin  supérieur  de  la 
carte,  l'année  de  l'impression  (1827);  puis,  en  vedette, 
le  nom  de  l'auteur,  Potier  (Louis  de),  puis  le  titre: 
Lettres  de  saint  Pie  V,  suivies  d'un  Catéchisme  calho- 


XLVI I 

lique  romain;  par  Louis  de  Potter,  Bruxelles.  H.  Tar- 
liei-,  1827,  in-80. 

Et  au  bas  de  la  carte,  celte  indication  : 

En  place  :  In-8",  Potier  (Louis  de),  18-27. 

Ce  qui  signifie  que  l'ouvi-age  doit  être  sur  les  rayons 
dans  l'ordre  alphabétique  parmi  les  in-S».  au  mot  : 
Potter  (Louis  de),  1827. 

Pourquoi,  dira-t-on,  mettez-vous,  sur  l'étiquette  du 
livre,  l'année  de  l'impression?  C'est  parce  que,  ne 
voulant  à  aucun  prix,  pour  les  raisons  déjà  déduites, 
adopter  des  numéros  d'ordre,  et  tenant,  d'autre  part,  à 
placer  les  ouvrages  d'un  même  auteur  de  manière  à 
les  trouver  aisément  sur  les  rayons,  l'année  de  l'im- 
pression, indiquée  au  dos  de  chaque  volume,  me  per- 
met d'atleindre  aisément  ce  résultat. 

Mais,  je  ne  m'en  serais  pas  tenu  là,  prenant  connais- 
sance, au  moins  superficielle,  du  contenu  de  l'ouvrage, 
et  reconnaissant  que  ce  livre  appartient  à  la  fois  à  la 
théologie,  pour  le  Catéchisme,  qui  n'est  autre  chose 
qu'une  compilation  du  Droit  canon,  intitulée  :  Code 
pénal  ecclésiaslique  en  matière  d'hérésies,  et  à  l'his- 
toire de  France,  pour  les  lettres  du  pape  qui,  de  con- 
cert avec  Charles  IX,  René,  duc  d'Anjou,  le  cardinal 
de  Lorraine,  Catherine  de  Médicis,  reine  très  chré- 
tienne des  Français,  dans  le  but  d'entretenir  les  guer- 
res de  religion  el  d'alimenter  le  laiiatisnic  (|ui  amena 
les  terribles  massacres  de  la  Sainl-Barlhclemi.  j'aurais 
écrit  autant  de  cartes  que  je  viens  de  signaler  de  cho- 
ses; c'est  ainsi  que  j'aurais  eu  au  moins  douze  cartes 
pour  ce  seul  volume. 

On  comjirend  maintenant  combien  il  m'est  facile  de 
trouver  un  livre  demandé,  pouivu  qu'on  me  donne 
une  idée  importante  des  matières  qui  y  sont  traitées. 


XLVIII 

Et  que  l'on  ne  m'objecte  pas  les  nombreuses  répé- 
titions ou  redites  que  je  m'impose. 

J'estime  que,  moyennant  un  peu  de  peine,  pour  un 
instant,  en  agissant  ainsi,  on  s'en  épargne  de  bien  plus 
dures  et  bien  plus  longues  pour  l'avenir. 

Ici,  Messieurs,  je  vous  demande  la  permission  d'en- 
trer dans  quelques  détails  techniques,  concernant  la 
bibliographie,  et  qui  seraient  bien  ennuyeux  pour  d'au- 
tres que  pour  les  savants  qui  veulent  bien  m'écouter. 

En  l'absence  d'ouvrages  spéciaux,  à  ma  portée  sur 
la  matière,  et  convaincu  d'ailleurs  qu'en  bibliographie 
comme  en  toute  chose,  il  vaut  mieux  se  créer  un  svs- 
lème,  même  défectueux,  que  de  marcher  en  aveugle , 
quand  il  s'est  agi  de  distinguer  l'importance  matérielle 
des  imprimés,  c'est-à-dire  quand  il  a  fallu  définir  les 
mots  :  volume,  cahier,  brochure,  plaquette  et  pièce,  j'ai 
peut-être  agi  un  peu  arbitrairement;  mais  voici  la  rè- 
gle que  j'ai  cru  devoir  adopter,  faute  de  mieux. 

Après  avoir  étudié  chacun  de  ces  mots  dans  Besche- 
relle,  où  je  n'ai  rien  trouvé  qui  pût  me  tirer  d'embar- 
ras; après  avoir  lu,  in  extenso,  le  volumineux  article 
Brochures  dans  le  Dictionnaire  de  la  conversation,  où 
l'on  traite  de  omni  re  scibili  et  quibusdam  aliis  ,  mais 
de  rien  de  ce  que  j'y  cherchais .  j'ai  résolu  d'appeler 
volume  tout  imprimé  in-plano  de  420  feuilles  et  au- 
dessus;  in-folio,  de  60  et  au-dessus;  in-quarto,  de 
30  et  au-dessus;  in-octavo,  de  15  et  au-dessus;  in- 
douze ouin-dix-hnit,  de  12  et  au-dessus;  in-seize,  de 
de  8  et  au-dessus;  in-trente-deux.  de  4  et  au-dessus. 
J'appelle  cahier  tout  imprimé  in-folio,  compris  entre 
8  et  GO  feuilles ,  et  tout  in-quarto,  entre  4  et  30.  J'ap- 
pelle brochure  tout  imprimé  in-S",  compris  entre  4  et 
15  feuilles;  in-12  ou  in-18,  entre  2  et  12.  J'appelle 


XLIX 

plaquette  loni  imprimé  in-folio,  compris  enlre  4  et  8 
feuilles;  tout  in-i"  entre  deux  et  quatre;  tout  in-8°, 
in-12  ou  in-18,  entre  une  et  quatre.  P]nfin,  j'appelle 
pièce  tout  imprimé  in-plano,  in-folio,  in-quarto,  in- 
douze, etc.,  d'une  seule  feuille  d'impression  et  au- 
dessous. 

Si,  fort  souvent,  et  môme  ordinairement  j'ai  évité 
d'employer  le  mot  plaquette,  et  que  j'aie  appelé  bro- 
chures ou  cahiers,  suivant  les  formais,  les  imprimés 
qui  auraient  dû  être  désignés  par  ce  terme,  cela  lient 
à  ce  que,  prévoyant  que  le  registre  destiné  aux  inven- 
taires était  mal  réglé,  je  n'aurais  pas  le  moyen  d'y  in- 
diquer toutes  ces  distinctions  dans  les  colonnes  desti- 
nées ad  hoc;  vous  voudrez  bien  remarquer,  en  effet, 
Messieurs,  la  réglure  de  ce  registre,  et  vous  verrez 
que  mes  distinctions  eussent  été  parfaitement  inuti- 
les, puisque  j'ai  dû  enregistrer,  dans  la  même  colonne 
de  chiffres,  tout  cahier,  brochure,  plaquette  ou  pièce 
quelconque. 

Il  me  reste,  Messieurs,  à  vous  présenter  les  deux 
tableaux  ci-annexés  :  l'un,  contenant  la  liste  des  ou- 
vrages que  nous  avons  en  double:  l'autre  celle  des 
manquants. 

Et  maintenant,  je  vous  remercie  d'avoir  bien  voulu 
me  conlier  la  mission  dont  je  me  suis  acquitté  de  mon 
mieux  ;  heureux  si  mes  efforts  ont  légitimé  la  confiance 
dont  vous  avez  bien  voulu  m'honorer. 

B"  DE  PONNAT. 

—  M.  Champod  est  reçu  membre  effectif  de 
la  Société. 


t 

—  M.  le  trésorier  annonce  qu'il  a  reçu  les 
300  francs  accordés  par  M.  le  Ministre. 

-    —  La  Société  a  reçu  les  volumes  suivants  : 

Mémoires  de  l'Académie  de  Lyon.  Tome  IV. 

Bulletin  de  Vlnslilul  nalional  genevois.  N^  56, 

Bulletin  de  la  Bévue  savoisienne  d'Annecy.  Août, 
septembre,  octobre. 

Notice  sur  Bardonnèche. 

Becueil  de  la  Société  archéologique  de  la  province  de 
Constantine.  Xll^e  volume. 

Becueil  de  l'Académie  de  la  Val-d'hère.  2  volumes, 
4  livraisons. 

Bulletin  de  la  Société  des  sciences  de  l'Yonne.  30'ne 
année. 

Bulletin  de  la  Société  danoise.  N»  1  i. 

Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de  Montbéliard. 
Vmo  volume,  2*=  série. 

Bulletin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie. 
Année  1872,  N«  2. 

La  famille  Varenne  d'Albrier. 

Travaux  de  la  Société  d'histoire  de  la  Maurienne. 
ni'"«  volume,  1er  bulletin. 

Bulletin  de  la  Société  du  Morbihan,  i'^'^  semestre  1872. 

Mémoires  de  la  Société  d'agriculture  de  VAube.  Tome 
VII. 

Sabaudia.  2  liviaisons. 


Ll 


Séance   du    -4    <lécombre     1 HT9. 
(Présidence  de  M.  Dufock.  ) 

Le  président  fait  connaître  la  correspondance. 
La  Société  décide  que  des  lettres  seront  im- 
primées pour  corres{)ondre  avec  les  Sociétés 
savantes  et  demander  les  volumes  publiés  qui 
manquent  à  ses  collections. 

—  Sur  la  proposition  de  M.  Rabut,  la  Société 
décide  que  certaines  parties  de  ses  archives, 
indûment  transportées  au  musée  départemental, 
seront  réintégrées  dans  le  local.  En  consé- 
quence, elle  charge  M.  le  président  de  réclamer 
à  M.  Perrin  ,  absent  de  la  réunion,  ce  qu'il  a 
porté  au  local  du  musée. 

—  Î\L  Jules  (kirret  parle  des  services  que 
rendrait  à  la  classe  ouvrière  la  création  d'une 
bibliotlièijue  circulante.  11  dit  qu'on  aurait  faci- 
lement un  local  et  des  hommes  de  bonne  volonté 
pour  le  mouvement  de  cette  bibliothèqut» ,  que 
la  ville  accorderait  des  vitrines,  et  qu'un  appel 
fait  par  la  Société  pourrait  amener  de  nombreux 
dons  de  livres,  etc. 

M.  Carret  est  invité  à  faire  des  propositions 
à  nne  assemblée  générale  de  la  Société. 

—  Une  assemblée  générale  est  décidée. 


MEiMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  SAVOISIEiNNE 
d'histoire  et  d'archéologie 

ET  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES 


1872 


Composition  du  Itui'euu. 

MM.  Dufour  Franrois,  président. 

Dufoiir  AiiEjuste        /         .  • ,     ,    , 

n  V    .  ri         •  V     présidents  honoraires. 

Raoul  François        ^     ^ 

Blanchard  Claudius,  vice-président. 

Martin  Joseph  .     secrétaires. 

Rohessoa  Joseph 
Perrot  Jacques,  trésorier. 
Paquet  Paul,  bibliothécaire. 

Coinniiattion  de   puI>lloatioii. 


MM.  Carret  Jules. 
Perrin  André. 


MM.  Rabut  François. 
Rabul  Laurent. 


ComiitSAsIon  pour  la   reoherclio  des  cliai*tcs 
et  document»  litittoi'IciuoB. 

MM.  Dufour  Auguste.  ;  MM.  Mollard  Francisque. 

Fivel  Théodore.  Rabut  Laurent. 


LIV 


Commission  pour  l'étude  des  monuments 
blstoriques. 

MM.  Bonnefoy,  notaire  à  !  MM.  Fivel  Théodore. 


Sallanches. 
Dufour  François. 


Meurianne  Charles. 


Membres  honoraires. 


MM. 


Adriani,  professeur  d'histoire  à  l'université  de  Turin. 
Angelo  Angelucci,  capitaine  d'artillerie,  à  Turin. 
Aubertin  Charles,  conservateur  du  musée  et  secrétaire  de  la  Société 
d'histoire  de  la  ville  de  Beaune  (Côte-d'CrJ. 

Baudot  Henri,  président  de  la  Commission  archéologique  de  la 

Côte-d'Or,  à  Dijon. 
Bertini,  professeur  de  philosophie  à  l'université  de  Turin. 

Caumont  (de),  directeur  de  l'Institut  des  provinces,  à  Caen. 
Cibrario  Louis,  sénateur  du  royaume  d'Italie,  à  Turin. 
Cochet  (l'abbé),  inspecteur  des  monuments  historiques  de  la  Seine- 
Inférieure,  à  Dieppe. 
Cuisine  (de  la),  président  de  l'Académie  des  sciences  de  Dijon. 

Daguet  Alexandre,  professeur  à  Fribourg  (Suisse). 
Diégerik,  archiviste,  pro.fesseur  à  l'Athénée  d'Anvers  (Belgique). 
Dufour  Auguste,  général  d'artillerie  à  Turin. 
Dupuis,   président  de  la   Société  archéologique  de  l'Orléanais,  à 
Orléans. 

Forel  François,  président  de  la  Société  de  la  Suisse  romande,  à 
Lausanne  (Suisse). 

Garnier  Joseph,  secrétaire  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie, 

à  Amiens. 
Guichard,  avocat  à  Cousance  (Jura). 


LV 

Jussieu  (de;,  archiviste  du  département  de  la  Savoie,  à  Chambéry. 

Keller,  président  de  la  Société  des  antiquaires  de  Zurich  (Suisse). 
Kerkhove-Varont  (le  comte),  président  de  l'Académie  d'archéologie 
de  Belgique,  à  Bruxelles. 

Macé  Antonin,  professeur  à  la  faculté  des  lettres  de  Grenoble. 

Pilot,  archiviste  à  Grenoble. 

Ponnat  ;baronde),  publiciste  à  Chambéry. 

Promis  Dominique,  conservateur  du  musée  des  médailles,  à  Turin. 

Rabut  François,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Dijon. 

Revilliod  Gustave,  bibliophile  à  Genève. 

Ricotti  Hercule,  professeur  à  l'université  de  Turin. 

Sclopis  (le  comte),  président  de  la  Députation  d'histoire  nationale 
à  Turin. 

Taiilar,  conseiller  à  la  cour  d'appel  de  Douai. 

Violet-Leduc,  architecte  du  gouvernement,  à  Paris. 
Vuy  Jules,  avocat  à  Carouge  (Suisse). 


Membres  effectifs. 


HH. 

Albrier  Albert,  membre  ds  plusieurs  Sociétés  savantes,  à  Dijon  et 

à  Sivry-los-Saint-Prix  (Côle-d'Or). 
Arminjon,  substitut-procureur  général  à  Chambéry. 

Beauregard  Alexandre,  percepteur  à  Aix-Ies-Bains. 
Beauregard  Paul,  gretlier  du  tribunal  à  .\oste  (Italie). 
Bel  François,  avocat,  maire  de  Montmélian. 
Blanchard  Claudius,  avocat  à  Chambéry. 
Bochet  Jean-Marie,  pharmacien  à  Chambéry. 
Borson  Francisque,  colonel  d'état-major  à  Paris. 
Botteru  Albert,  imprimeur  de  la  préfecture  a  Chambéry. 
Burdin  Charles,  pépiniériste  à  Chambéry. 
Burnier-Fontanel,  propriétaire  à  Reignier  [Haute-Savoie). 

Caife  Paul-Louis-Ballhasar,  médecin  à  Paris. 
Carret  Jules,  médecin  à  Chambérv. 


LVI 

Challier  Honoré,  négociant  à  Chambéry. 
Champod  Jean,  lithographe  à  Chambéry. 
Crochet  François,  agent  d'assurances  à  Chambéry. 

D'Albanne  Ernest,  imprimeur  à  Chambéry. 

Descostes  François,  avocat  à  Chambéry. 

Domenge  Joseph,  employé  de  la  caisse  commerciale  à  Chambéry. 

Dufour  François,  agent  voyer  à  Chaïubéry. 

Dumas  Joseph,  notaire  à  Yenne. 

Durandard  Antoine,  clerc  d'avoué  à  Chambéry. 

Fattoud,  propriétaire  à  Montmélian. 
Finet  Auguste ,  avoué  à  Chambéry. 
Fivel  Théodore,  architecte  à  Chambéry. 

Gaillard  César,  médecin  à  Aix-les-Bains. 

Glover  Melville,  professeur  d'anglais  à  Lyon. 

Gotteland  Antoine,  procureur  de  la  République  à  Espalion  (Aveyron). 

Guilland  Louis,  médecin  à  Aix-les-Bains. 

Guillermin  Charles,  avocat  à  Chambéry. 

Guinard,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à  Chambéry. 

Hudry-Ménos,  homme  de  lettres  à  Chambéry. 

Jacquier  Jean-Raptiste,  avocat  à  Bonneville. 

La  Chavanne  (comte  de)  Christin,  ban(]uier  à  Chambéry. 
Loche  (comte  de),  à  Grésy-sur-Aix. 
Lubin  Antoine,  avoué  à  Chambéry. 

Marchand  Henri,  notaire  à  Chambéry. 

Martin  Joseph,  avocat  à  Chambéry. 

Ménard  Paul,  imprimeur  à  Chambéry. 

Meurianne  Charles,  à  Grenoble. 

Mollard  Claude,  entrepreneur  à  Chambéry. 

Mollard  Francisque,  archiviste  de  la  Corse. 

Monet  Hyacinthe,  greflîer  de  simple  police  à  Chambéry. 

Montagnole  Joseph,  juge  suppléant  à  Saint-Julien  (Haute-Savoie), 

Mossière  François,  agent  d'aiïaires  à  Chambéry. 

Mugnier  François,  procureur  de  la  République  à  Die  (Drôrae). 

Paquet  Laurent,  publiciste  à  Chambéry. 
Parent  Nicolas,  avocat  à  C  hambéry. 
Pépia  Joseph,  propriétaire  à  Gilly. 


Lvn 

Perrin  André,  libraire  à  Chambéry, 
Perrot  Jacques,  huissier  à  Chambéry. 
Pillet  Louis,  avocaf  à  Chambéry. 
Pylhon  Joan-.Iacques,  avoué  à  Chambéry. 

Rabut  Jeaa-Jacques,  orfèvre  à  Paris. 

Rabut  Laurent,  professeur  de  dessin  à  Chambéry. 

Rêve!  Samuel,  architecte  à  Chambéry. 

Robesson,  avocat  à  Chambéry. 

Roissard  Charles,  avocat  à  Chambéry. 

Ronziôre  Charles,  négociant  à  Chambéry. 

Saluées,  pharmacien  au  Pont-Beau  voisin  (Savoie). 

Serand  Eloi,  à  Annecy. 

Simon  Joseph,  greffier  de  la  justice  de  paix  du  Uiot  (Haute-Savoie). 

Trenca  Joseph,  maître  de  chapelle  à  Chambéry. 

VallelJean,  sculpteur  à  Chambéry. 
Vanni  Bernard,  architecte  à  Padoue. 


Sociétés  correspondantes. 

Àgen Société  centrale  d'agriculture ,  sciences  et 

arts. 

Amiens Société  d<'s  antiquaires  de  Picardie. 

Annecy Association  florimontane. 

Anvers Académie  de  Belgique. 

Àoste Société  académique. 

Àtixerre Société  des  sciences  historiques  et  natu- 
relles de  l'Y'onne. 

Bcauvais Société  acadcmiq'ie    du    département  de 

l'Oise. 
Bordeaux Commission  des  monuments  et  documents 

historiques  de  la  Gironde. 
Bruxelles Académie  royale. 

Caen Société  française  d'archéologie. 

Caqliari Società  archeologica  sarda. 


LVIII 

Castres Société  littéraire  et  scientifique  du  Tarn. 

Châlons-syr-Saône . . .  Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

Chambéry Académie  de  Savoie. 

—  Chambre  d'agriculture  et  de  commerce. 

—  Société  centrale  d'agriculture. 

—  Société  d'histoire  naturelle. 

—  Société  médicale. 
Châteaudun Société  dunoise. 

Colmar Société  d'histoire  naturelle. 

Constantine Société  archéologique. 

Dijon Académie   des   sciences ,   arts  et  belles- 
lettres. 

—  Commission  des  antiquités  du  département 

de  la  Côte-d'Or. 

Douai Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Dunkerque Société   dunkerquoise    pour  l'encourage- 
ment des  sciences  et  arts. 

Genève Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

—  Institut  national  genevois. 

Gênes Società  ligure  di  storia  patria. 

Gratz  fStyrieJ Comité  historique. 

Grenoble Académie  delphinale. 

—  Société  de  statistique  du  département  de 

l'Isère. 

Havre  (le) Société  hàvraise  d'études  diverses. 

Lausanne Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande. 

Limoges Société  archéologique  du  Limousin. 

Lyon Société  littéraire. 

Marseille Société  de  statistique. 

Mayenne Société  d'archéologie  de  la  Mayenne. 

Melun Société  d'archéologie,  sciences  et  arts  de 

Seine-et-Marne. 

Montbéliard Société  d'émulation. 

Moulins Société  d'émulation  de  l'Allier. 

Moûtiers Académie  de  la  Val-d'Isère. 

jYancj/ Société  d'archéologie. 

JVtmes Académie  du  Gard. 


LIX 

Orléans Société  archéologique  de  l'Orléanais. 

Paris Société  des  antiquaires  de  France. 

—  Société  parisienne  d'histoire  et  d'archéo- 

logie. 

St-Jean-de-Maurienne.  Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

Saint-Omer Société  des  antiquaires  de  la  Morinie. 

Soissoîis Société  archéologique,  historique  et  scien- 
tifique. 

Toulon Société  des  sciences,  lettres  et  arts  du  dé- 
partement du  Var. 

Troyes Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  du 

département  de  l'Aube. 

Turin Regia  deputazione  sovra  gli  studj  di  storia 

patria. 

Vannes Société  polymatique  du  Morbihan. 

Vienne  (Autriche) Société  impériale  et  royale  de  géographie. 

Zurich Société  des  antiquaires. 


— <^yii£QX^ — 


MÉLANGES 


CINOUIÈME  NOTICE 


SUR 


OIELOIIES  MONNAIES  DE  SAVOIE 

INÉDITES 


PAR 

FRANÇOIS  RABIIT 

Professeur  d'histoire  au  lycée  de  Dijon, 

Président  lionorain-  de  la  Société  savuisienne 

d'Iiisloirc  cl  d'archéologie. 


CINQUIÈME  NOTICE 


SUR 


(iiiKLdiiEs  mm\m  m  savoie  im;ditiîs 


»  k 


— <XDg)^>-- 


Cotto  notice,  comme  les  quatre  premières 
qui  ont  été  publiées  dans  les  Mémoires  de  l'A- 
cadémie de  Savoie,  est  destinée  à  faire  connaître 
de  nouvelles  monnaies  de  Savoie  inédites  ou  de 
nouvelles  variétés  de  pièces  dont  le  type  a  déjà 
été  signalé  par  M.  le  chevalier  Promis  ou  par 
moi.  Comme  dans  les  notices  précédentes,  je 
veux  aussi  y  insérer  une  note  des  pièces  qui 
auraient  été  publiées  par  d'autres  pendant  ces 
années  dernières,  et  justement,  pour  suivre 
l'ordre  chronologique,  c'est  par  une  monnaie  de 
ce  genre  que  doit  commencer  ce  cinquième 
mémoire. 


PIERRE    II 

(1253-1268) 

Ce  beau  denier,  dont  le  dessin  figure  en  tête 
de  la  planche  ci-jointe,  a  été  découvert  avec 
d'autres  pièces  dans  le  lac  de  Paladru.  Il  a  été 
signalé  aux  numismatistes  par  M.  R.  Gery,  de 
Voiron,  dans  une  brochure  intitulée  :  Monnaies 
du  moyen  âge  trouvées  à  Paladru^  département 
de  l'Isère  (  cantoii  de  VirieuJ. 

On  voit  d'un  côté  l'étoile  à  six  rais  qui  affecte 
plutôt  la  forme  d'une  fleur  à  six  pétales  et  la 
légende  entre  deux  grenetis  : 

-{-    p.   GOMMES. 

De  l'autre  une  croix  légèrement  pattée  et  la 
légende  entre  deux  grenetis  : 

-{-  SABAVDIE.  p.  1  gr.  50. 

L'attribution  de  Pierre  II  est  incontestable. 
Ce  prince  n'était  pas  encore  représenté,  avant 
cette  découverte,  dans  les  séries  numismatiques 
de  la  maison  de  Savoie,  tandis  qu'on  connaissait 
plusieurs  monnaies  de  son  frère  aîné  et  prédé- 
cesseur Amédée  IV  (1),  et  une  de  son  frère 
cadet  et  successeur  Philippe  I. 

Il  faut  noter  l'orthographe  du  mot  commes 
écrit  avec  deux  M  et  le  point  surhaussé  qui  suit 

(1)  V.  Promis  et  F.  Rabut,  3"  notice. 


A<. 


'It# 


-?ii 


ffi?^> 


A.hrnn  CÀimitry 


'  t  JjiDuJ 


Monnaies  de  Savoie, 


7 

la  croix.  Celui-ci  peut  être  un  point  secret. 
Il  n'en  est  pas  de  même  de  celui  (pii  suit  la 
lettre  P.  Là  le  point  sert  de  séparation  entre 
l'initiale  du  prince  et  le  mot  suivant. 

Deux  de  ces  deniers  ont  été  acquis  par  le  sa- 
vant conservateur  des  médailles  du  roi  Victor- 
Emmanuel  II,  M.  le  chevalier  Promis;  un  autre 
a  été  cédé  au  musée  de  Chambéri. 


AMEDEE  VI 

(1343-1383) 

J'ai  trouvé  de  ce  prince  une  variété  du  denier 
donné  par  M.  Promis  (planche  III,  n"  4),  et 
désigné  par  lui  comme  un  double  de  mon^iaie 
noire. 

D'un  côté  un  grand  A  accompagné  d'un  crois- 
sant en  haut,  et  de  trois  molettes  d'éperon  des 
trois  autres  côtés 

•\  MEDEVS   §   COMES. 

Revers  :  écu  de  Savoie  surmonté  d'un  croissant 

.-]-  g    DE   g    SABAVDIE    g 

La  dilïérence  avec  la  pièce  déjà  connue  consiste 
dans  les  croissants  qui  remplacent  une  molette 
d'éperon  d'un  C(jté  de  la  pièce  et  une  petite  rose 
au  revers.  11  y  a  en  outre  dans  la  légende  le  nom 
du  i)rince  en  entier  amedevs,  au  lieu  de  l'abré- 
viation AMEu.  Enfin  les  doubles  points  de  sépa- 


8 

ration  dans  les  légendes  sont  des  points  ouverts 
ou  des  annelets,  au  lieu  d'être  des  points  ordi- 
naires ou  pleins.  11  y  aurait  presque  dans  tout 
cela  de  quoi  constituer  une  espèce  nouvelle. 

Ce  denier  appartient  à  M.  Prisset,  collection- 
neur à  Dijon. 

AMÉDÉE  VU 

(4383-4391) 

1»  La  Revue  savoisienne  de  juillet  4867  nous 
apprend  que  le  musée  d'Anneci  s'est  enrichi 
d'un  florin  du  comte  Amédée  VII,  présentant 
des  différences  avec  celui  qu'a  publié  M.  Promis 
(n°  1).  Mon  collègue,  M.  Eloi  Séran,  en  signalant 
cette  acquisition,  fait  remarquer  entre  autres 
l'absence  sur  ce  nouveau  florin  du  petit  écu  de 
Savoie  placé  à  droite  de  l'image  de  saint  Jean- 
Baptiste  dans  la  pièce  publiée  parle  numisma- 
tiste  turinais. 

Notons  encore  une*  variété  de  Vohole  hlanchet 
(n°  7  des  pi.  de  M.  Promis)  avec  la  légende 
DE  SABAVDiE  au  revers. 

AMÉDÉE  VIII 

(4391-4440) 

J'ai  plusieurs  variétés  nouvelles  de  ce  prince  : 

1°  Un  viennois.  M.  Promisa  publié  dans  son 

supplément  aux  monnaies  inédites  du  Piémont 


9 

(V.  pi.  I,  n"  10)  un  nouveau  viennois^  dont  je; 
viens  d'acquérir  une  variété,  peu  distincte  il  est 
vrai.  Ainsi  entre  les  mots  italia  et  marciiio  du 
revers,  il  y  a  un  point  fermé,  au  lieu  d'un  an- 
nelet  ;  mais  le  commencement  de  la  légende  du 
revers  est  marqué  par  une  étoile  à  six  rayons, 
signe  qu'on  ne  peut  distinguer  dans  le  denier 
que  M.  Promis  a  fait  dessiner ,  parce  qu'il  est 
effacé  dans  cette  partie.  Ce  signe  monétaire  est 
peut-être  différent  danis  les  deux  pièces. 

2'^  Une  variété  du  demi-viennois  publié  dans 
le  même  ouvrage  (pi.  I,  n''14),  variété  dans 
laquelle  le  signe  monétaire  à  la  fui  de  la  légende 
est  une  sorte  de  rose  ou  une  fleurette  à  six 
pétales,  au  lieu  d'une  fleur  monopétale. 

3'^  Une  variété  du  viennois  des  monete  dei 
REALi  Di  SAVOIA  (pi.  6),  sur  laqujellc  la  légende, 
au  lieu  d'être  -}-amedevs  :  comes,  est  -j-  amedevs 
COM.,  les  deux  mots  séparés  par  deux  objets  posés 
en  sautoirs,  signe  monétaire  déjà  signalé  et  qui 
se  trouve  encore  répété  au  milieu  de  la  légende 
du  revers  dans  notre  variété. 

4"  Une  variété  du  viennois  (n°  20  des  planches 
du  même  ouvrage)  sur  laquelle  on  voit  une  rose, 
différent  de  Jean  des  Bienvenus  (de'  Bcnvcnuti), 
de  Florence,  monnayeur  à  Yvrée,  en  li20,  au 
lieu  de  la  couromie,  marque  de  (îuy  Besson,  de 
l'atelier  de  Chambéri. 

5'^  Une  variété  du  demi-viennois  (même  ou- 
vrage, n"  21  ),  iivec  le  signe  monétaire  de  Jean 


10 

de  Masio,  une  étoile,  au  lieu  de  celui  de  Jacques 
Picot,  à  Avegliano ,  un  croissant;  il  y  a  aussi 
des  différences  dans  la  légende  du  revers ,  qui 
est  -J-  IN  :  iTAL  MARC ,  au  lieu  de  f  in  :  italia. 
Enfin,  les  deux  points  qui  suivent  le  mot  in  sont 
carrés  et  pleins,  au  lieu  d'être  ronds  et  ouverts. 

LOUIS 

(1440-1465) 

1^  Une  jolie  variété  du  demi-gros  (Promis, 
n°  2  ),  dont  j'avais  déjà  signalé  une  variété  avec 
légende  très  bizarre  au  revers  (3""^  notice). 

Ce  nouveau  demi-gros  a  une  marque  monétaire 
qui  n'a  jamais  été  signalée,  une  petite  clef  placée 
entre  le  mot  Ludovic  et  la  lettre  d,  initiale  du 
mot  Dvx.  Les  textes  ne  nous  apprennent  pas  à 
qui  l'on  peut  attribuer  ce  signe.  J'émets  le  doute 
suivant  :  Peut-être  est-ce  la  marque  parlante 
d'Antoine  Fabri,  de  Pérouse,  monnayer  à  Bourg, 
en  1453  (1).  Cela  se  pourrait  d'autant  mieux  qu'on 
sait  qu'il  y  a  eu  des  demi-gros  frappés  dans  cette 
ville  et  à  cette  date  (2).  J'ajouterai  que  le  choix 
d'une  clef  pour  différent  d'un  monnayer  du  nom 
de  Fabri  serait  assez  dans  le  goût  du  temps. 

2*^  L'on  n'a  pas  encore  signalé  de  variétés  du 
quart  n°  4  des  planches  du  chevalier  Promis , 

(1)  Prorais,  Mo7i.  dei  reali ,  tome  I,  page  30. 

(2)  Ibidem,  pages  452  et  453. 


11 

lequel  n'est  lui-même  qu'mie  variété  du  quart 
n^Sdes  mêmes  planches.  Je  viens  d'en  rencon- 
trer plusieurs  dans  un  petit  trésor  trouvé  en 
Bourgogne  il  y  a  quelques  années  (1). 

Trois  portent  pour  signe  monétaire  la  fleur 
à  quatre  pétales  trilobées,  que  diverses  circons- 
tances m'ont  porté  et  me  portent  à  attribuer  à 
l'atelier  de  Cornavin,  et  notamment  celle-ci  : 
à  savoir  que,  dans  quelques-unes  des  pièces  qui 
ont  cette  marque,  on  trouve  aussi  le  point  secret 
sous  la  lettre  D  du  mot  lvdovicvs,  point  qui  est 
l'indication  du  monnayer  François  Garin  ,  de 
Lyon,  qui  frappait  à  Cornavin  en  1451  (2). 

Les  trois  quarts  à  la  fleur  à  quatre  pétales  trilo- 
bées que  je  signale  présentent  les  légères  difl'é- 
rences  suivantes  dans  la  légende  du  revers, 
différences  qui  accusent  des  coins  différents. 
On  sait  qu'ils  se  cassaient  souvent  et  qu'on  avait 
souvent  à  les  refaii^e  : 

•]-  PRiNCEPS  (fleur)  iMPE  (deux  croisettes)  etc. 
-j-  PRINCEPS  (fleur)  IMPE  (deux  croisettes)  e. 

-f  PRINCEPS  (fleur)  IMPE. 

(1)  J'ai  été  l'acquéreur  de  ce  petit  enfouissement,  qui  contenait 
92  pièces  de  Savoie ,  de  Berne ,  de  Genève  et  de  France.  Il  y  en 
avait  une  quarantaine  de  Savoie,  c'étaient  des  quarts  ou  des  par- 
paioles  des  comtes  Louis,  Amédée  IX,  Philibert  et  Charles  I,  parni 
lesquelles  plusieurs  variétés  nouvelles  dont  j'entretiens  aujourd'hui 
les  amateurs  do  numismatique  savoyarde. 

(î)  Promis,  Mon.  dei  reali ,  tome  I,  page  33.  —  On  trouve 

aussi  cette  marque  sur  des  monnaies  de  la  république  de  Genève, 
au  XV"'  siècle. 


12 

Le  graveur,  qui  ne  s'était  pas  assez  ménagé  la 
place,  était  obligé  d'abréger  la  légende. 

3'^  Sur  un  autre  quart  le  lacs  d'amour  suit  au 
lieu  de  précéder  le  mot  imp.,  et  le  point  secret 
est  au-dessous  de  TL. 

4°  Sur  un  autre  quart  à  l'étoile,  il  y  a  un  point 
au-dessous  de  la  lettre  B  du  mot  sabav.  On 
comprendra  que  je  m'abstienne  de  signaler 
d'autres  différences  aussi  nombreuses  que  lé- 
gères attestant  des  changements  de  coins  dans 
une  même  émission. 


AMÉDÉE  IX 

(1465-1472) 

1^'  Parpaiole,  variété  du  n*^  2  du  chevalier 
Promis,  avec  une  étoile  à  huit  rayons  pour  dif- 
férent monétaire  ; 

2°  Un  quarts  variété  du  n*^  6  du  même  nu- 
mismatiste ,  avec  une  étoile  à  cinq  rayons  à  la 
fm  de  la  légende,  au  lieu  du  petit  anneau. 

Ces  pièces  proviennent  de  la  découverte  si- 
gnalée ci-dessus. 

PHILIBERT   I 

(1472-1482) 

P^  Variété  de  la  parpaiole  de  M.  Promis  (n"  1), 
avec  le  nom  philibertvs  en  entier  dans  la  lé- 
gende ; 


13 

2"  Autre  semblable,  avec  la  Heur  à  ([uatre 
pétales  trilobées,  au  lieu  de  la  croix  recroisettée. 
Sur  un  exemplaire  la  lettre  T  du  mot  i^iiilibeiitvs 
a  une  forme  archaïque  du  13*^  siècle; 

3"  Autre  avec  une  sorte  de  fleur  de  grenadier 
pour  différent  monétaire. 

Toutes  ces  pièces  de  Philibert  P""  proviennent 
ilu  même  enfouissement  trouvé  en  Bouri^oi;n(i. 

CHARLES   I 

(1482-1490) 

1"  Variété  de  la  parpaiole  connue  (Promis, 
n»  3),  avec  le  différent  p.  c. 

2'^  Autre  avec  le  différent  c.  t.  (liés).  Ce 
dernier  différent  est  certainement  le  signe  de 
Barthélemi  Caccia,  qui  frappait  à  Turin  en  1484 
et  qui,  nous  disent  les  textes,  marquait  les  mon- 
naies qu'il  frappait  de  ces  deux  lettres  (1).  Elles 
sont  sans  doute  les  initiales  de  Caccia  et  de 
Turin. 

PHILIPPE   II 

(1490-1497) 

i"  Je  pense  pouvoir  présenter  comme  une 
momiaie  inédite  un  fort ,  dont  les  types  sont 
ceux  du  n"  7  de  M.  le  chevalier  Promis,  mais 

(l)  Promis,  ibidem,  tome  I,  page  26. 


14 

qui  porte  une  légende  pieuse  nouvelle,  qui  ap- 
paraît alors  pour  la  première  fois  sur  les  mon- 
naies de  nos  ducs,  et  qu'on  retrouve  plus  tard  sur 
les  monnaies  des  successeurs  de  Philippe  II. 
En  voici  la  description  : 

Ecu  de  Savoie  avec  deux  annelets  placés  l'un 
au-dessus,  l'autre  au-dessous  de  l'écu  : 

-}-  PHILIPVS  DVX  SABAV   PC. 

Revers  :  un  grand  P  accompagné  de  quatre 
annelets  : 

-}-  IN  TE  DONE  (domine)  cofido  p.  c. 
Cette  pièce ,  un  peu  usée ,  ne  pèse  que  13 


grams. 


2°  Je  possède  une  autre  pièce,  inédite,  de  ce 
prince.  Elle  est  de  même  valeur  que  la  précé- 
dente et  pèse  14  grains.  Mais  elle  en  diffère 
pour  le  type  et  les  légendes  ;  les  voici  : 

Le  mot  FERT,  et  autour  la  légende  : 

f  PHILIPVS  DVX  SAB. 

Revers  :  croix  tréflée  : 

-{-  A  o   DO  °  FACTVM  <=   EST  °  ISTVD. 

CHARLES    II 

(1504-1553) 

1"  Variété  du  quart,  n»  10  de  M.  Promis, 
avec  un  point  entre  les  branches  supérieures 
du  K,  type  de  cette  pièce. 


15 
2"  Un  teston,  inédit,  rapporté  Tan  dernier  par 
moi  de  la  ville  d'Aoste ,  où  me  l'a  donné  M.  le 
docteur  Argentier   (Voyez  la  pi.  n°  2.) 
Buste  tourné  à  droite,  couvert  du  béret  : 

■\-  KAROLVS   :   DVX  :   SABAVDIE. 

Revers  :  écu  de  Savoie  accosté  du  mot  fert 
et  surmonté  d'une  couronne  de  comte  : 

•]-  IN   :  TE   :   DOMINE   :   CONFIDO  CF. 

La  pièce  d'or  du  même  prince  qu'a  fait  dessi- 
ner M.  Promis,  sous  n"  42,  sort  évidemment 
du  même  atelier;  ce  sont  les  mêmes  types,  les 
mêmes  caractères,  le  même  style  et  les  mêmes 
lettres  monétaires  C.  F.;  mais  on  ne  connaît 
pas  encore  l'ouvrier  que  désignent  ces  initiales. 
On  les  voit  aussi,  mais  précédées  d'unB,  ainsi 
B.  G.  F.  sur  la  pièce  n"  17  de  M.  Promis,  qui 
la  classe  parmi  les  monnaies  frappées  en  deçà 
des  Alpes.  Peut-être  que  le  B  est  l'initiale  de 
Bourg;  reste  à  trouver  le  nom  du  monnayer. 

3°  Une  variété  du  teston  u^  24  des  planches 
des  MONETE  BEI  REALi  Di  SAVOiA,  frappée  à  Ver- 
ceil  en  1530,  comme  l'indiquent  à  la  fin  de  la 
légende  du  revers  les  initiales  I.  P.  F.  de  Jean- 
Baptiste  Ferraris,  monnayer  dans  cette  ville  à 
cette  date. 

4'^  Variété  de  la  j^arpaîole,  n^  60  de  M.  Pro- 
mis, avec  cette  légende  au  revers  : 

MARCIIIO  IN  ITALIA   PRI.    B.   PP. 


16 


EMMANUEL-PHILIBERT 

(1553-1580) 

1"  Une  variété  de  douzième  de  sol.  On  a 
frappé  trois  fois  sous  ce  règne  de  petites  pièces 
qui  ne  sont  qu'un  douzième  du  sol,  soit  des 
deniers  de  douze  au  sol,  comme  disent  les  or- 
donnances de  frappe,  savoir  :  en  1561,  en  1562 
et  en  1564.  M.  Promis  a  fait  connaître  celui  de 
1561  (n°  42  des  planches).  Il  en  restait  deux  à 
trouver;  celui  que  je  publie  comble  la  moitié 
(le  cette  lacune,  car  il  est  d'un  coin  bien  diffé- 
rent quoique  les  types  soient  les  mêmes.  Les 
dissemblances  sont  remarquables  dans  la  forme 
du  lacs  d'amour  et  surtout  de  la  fleur  de  l'autre 
côté  de  la  pièce. 

Elle  appartient  au  musée  de  Chambéri.  J'en 
donne  le  dessin  sur  la  planche  ci-jointe,  n^  3. 

2'^  Un  fort,  inédit,  au  même  type  que  le  n°  IQ 
de  M.  Promis.  D'un  côté ,  un  écu  de  Savoie , 
accompagné  de  trois  annelets,  et  de  l'autre  un 
F  et  un  P  liés  entre  quatre  annelets.  La  panse 
du  P  se  termine  sur  mon  fort  en  forme  de 
crosse  bien  accentuée.  C'est  déjà  une  différence; 
mais  la  principale,  celle  qui  fait  de  cette  pièce 
une  monnaie  inédite  ,  c'est  la  légende  du  re- 
vers qui  est  totalement  difl"érente.  Au  lieu  de 
lire,  comme  sur  le  fori  déjà  publié,  la  légende  : 

ET  AVG.   PRETORTE   :   N.   V. 


17 
on  lit  sur  celui  que  nous  éditons  la  légende  : 

AVXILIVM.   MEVM.   A  DOM.   (ino) 

si  souvent  répétée  sur  les  monnaies  du  même 
prince. 

3*^  Nouvelle  variété  de  la  pièce  de  quatre  sols, 
n**  39  de  M.  Promis.  Celle-ci  porte  la  marque 
de  l'atelier  de  Chambéri  (  une  étoile  à  cinq 
rayons),  la  date  1572  et  les  initiales  E.  U. 
d'Etienne  Bourges. 

Cette  pièce  nous  apprend  qu'Etienne  Bour- 
ges, déjà  connu  pour  avoir  monnayé  à  Cham- 
béri on  15G5  et  en  1566,  y  travaillait  encore 
en  1572  ;  elle  nous  donne  en  même  temps  la 
date  de  sa  mort,  puisque  sa  veuve  le  remplaçait 
cette  même  année  (1). 

hP  L'écu  d'or  frappé  à  Bourg  ensuite  de  l'or- 
donnance du  29  juin  1577. 

Il  est  en  tout  semblable  ,  pour  les  types,  à 
ceux  qui  ont  été  frappés  à  Verceil  en  1561  et 
à  Turin  en  1571  (2),  pour  les  types  et  pour  les 
légendes,  à  celui  que  Jean  iMiretto  a  fabilqué  à 
Chambéri  en  vertu  de  la  même  ordonnance  du 
29  juin  1577,  et  dont  Promis  a  publié  un  exem- 
plaire portant  la  date  1578. 

Sur  celui  que  je  publie,  et  que  j'ai  acheté  à 
la  vente  de  M.  Vaillant  de  Maixmoron,  l'atelier 
de  Bourg  est  indienne  par  la  lettre  B,  gravée  au 

(1)  Promis,  iip.  cit.,  tome  I,  p.  24. 

(2)  Promis,  op.  cit.,  planches  n"  35  et  4G. 


48 

bas  de  l'écu,  et  par  la  date  et  les  initiales   du 

maître  de  cet  atelier,  Emmanuel  Diano  : 

1578.  E.  D. 

5^  Au  moment  où  je  corrige  les  épreuves  de 
cette  notice,  je  reçois  une  pièce  nouvelle. 

C'est  une  variété  de  la  livre,  frappée  par 
Emmanuel-Philibert,  et  publiée  par  M.  Promis, 
sous  n°  36.  La  pièce  éditée  par  ce  savant  porte 
la  date  1561  et  n'a  point  de  lettre  à  l'exergue 
du  revers.  Sur  la  mienne,  la  date  est  1562,  et, 
à  l'exergue  du  revers,  on  voit  la  lettre  P,  pro- 
bablement l'initiale  du  Piémont.  Je  dois  cette 
pièce  et  celle  dont  il  est  fait  mention  ci-devant 
au  règne  de  Charles  II,  sous  n*^  3,  à  M.  Aubry, 
capitaine  en  retraite,  numismatiste  et  amateur 
d'antiquités.  Elles  ont  été  trouvées  cette  année 
dans  la  Creuse. 


CHARLES-EMMANUEL  I 

(1580-1630) 

1°  Un  huitième  de  sol,  inédit,  dessiné  sur  la 
planche  ci-jointe,  n"  4. 

Ecu  de  Savoie  couronné,  accosté  des  initiales 
C.  E.  Au  bas,  une  étoile  à  cinq  rais,  marque 
de  l'atelier  de  Chambéri. 

Revers  :  Un  lacs  d'amoui-,  composé  d'une 
série  de  petits  points  placés  horizontalement, 


19 

est  accompagné  des  lettres  fert  ,  placées  deux 
au-dessus  et  deux  au-dessous  du  lacs. 
Cuivre;  poids,  dix  grains. 

2"  Variété  du  teston  n"  28  do  M.  Promis, 
frappé  à  Turin  en  1590. 

Ce  nouveau  teston  a  aussi  été  frappé  à  Tu- 
rin, mais  en  1G04.  Il  ne  figure  pas  même  dans 
les  tables  des  ordonnances  de  frappe  déjà  pu- 
bliées. Il  porte,  d'un  côté,  la  lettre  T  enti-e 
deux  points ,  au-dessous  du  Ijuste  ,  dont  lus 
cheveux  sont  plus  relevés  sur  le  front,  la  barbe 
plus  garnie,  la  cuirasse  plus  ornée  et  la  fraise 
remplacée  par  un  col  rabattu.  Au  revers,  la 
date  1604,  et  une  fleurette  mise  au  commen- 
cement de  la  légende,  à  la  place  de  la  croix 
tréllée,  le  font  différer  de  la  pièce  déjà  connue. 

3°  Un  sol,  inédit,  assez  semblable  au  n"  29 
de  M.  Promis,  mais  avec  une  légende  tout  à 
fait  différente  au  revers. 

Au  lieu  de  :  chablasi  et  avg. 

On  lit  :  SIX  nomen  d 

Il  y  a  place  pour  les  lettres  benedi. 

4"  Variété  du  florin  ,  ii"  66  de  M.  Promis  , 
avec  deux  petites  étoiles  de  chaque  côté  dr  hi 
date  et  une  leyon  différente  de  la  légcMidc  «lu 
revers,  qui  se  lit  :  (étoile)  exi'Ec;  nNVM  viurr 

AGE. 

5"  Variété  du  ilorin ,  n"  67  ilu  M.  l*roniis  , 
avec  un  V,  marque  de  Verceil,  sous  le  buste. 


20 

11  y  en  a  eu  de  frappé  à  Turin  et  à  Verceil; 
nous  avons  maintenant  les  deux. 


VIGTOR-AMÉDÉE  I 

(1630-1637) 

Le  n«  19  de  M.  Promis;  mais  avec  la  date 
1636. 

CHARLES-EMMANUEL  II 

(1637-1675) 

1»  Variété  de  la  pièce  de  s.  x. ,  dessinée 
dans  l'ouvrage  de  M.  Promis  sous  n"  8,  avec 
la  date  1052  au  lieu  de  1649,  et  des  différences 
dans  le  dessin  du  buste  ;  boules  de  cheveux 
plus  nombreuses,  etc. 

2°  Le  n"  9  de  M.  Promis,  avec  la  date  1652. 


21 


BRANCHES     CADETTES 


BRANCHE  DE  VAUD 

LOUIS 

(mort  en  1302) 

Louis  I  de  Savoie,  baron  de  Vaud,  a  peu 
frappé  de  monnaies.  M.  Promis  en  donne  la 
raison  dans  son  savant  ouvrage.  On  n'en  connaît 
que  deux  qu'il  a  fait  dessiner;  l'une  d'elles  a 
pour  type  de  son  revers  un  portail  d'église. 
C'est  de  celle-là  que  j'ai  rencontré  une  variété; 
voici  surtout  en  quoi  elle  dilïere  : 

D'un  côté,  la  croix,  qui  est  le  type  principal, 
au  lieu  d'être  cantonnée  au  second  quartier  de 
trois  points  ou  d'une  sorte  de  trèfle  sans  man- 
che, et  au  troisième  d'un  point,  la  croix,  dis-je, 
est  cantonnée  au  premier  quartier  d'un  point, 
et  au  quatrième  d'un  croissant. 

Au  revers,  le  compartiment  du  milieu  dans 
la  partie  inférieure  de  la  façade  d'église  est 
plein  au  lieu  d'être  vide,  et  il  est  marqué  d'un 
point  en  creux. 


22 

BRANCHE   D'ACHAIE 

LOUIS 
(mort  en  1418) 

1*^  Variété  du  demi-gros,  n''  1  de  M.  Promis. 
Voici  les  principales  différences  : 

Il  y  a  au-dessous  de  l'écu  un  gros  point. 

Il  y  a  quatre  autres  points  dans  les  angles 
rentrant  de  l'entourage  à  quatre  lobes  qui  en- 
veloppe l'écu. 

Les  légendes  sont  terminées  des  deux  côtés 
de  la  pièce  par  une  grosse  étoile  ou  molette 
d'éperons  à  six  rayons  avec  un  point  central , 
au  lieu  de  petites  roses  qui  terminent  ces  lé- 
gendes dans  le  demi-gros  déjà  publié  ;  ce  qui 
nous  indique  un  monnayer  différent. 

Au  revers  ,  après  le  mot  achaie  ,  un  point 
ouvert,  au  lieu  d'une  grosse  étoile  à  sept  rais. 

Les  branches  de  la  croix  ancrée  ,  type  du 
revers,  sont  plus  minces  et  les  crochets  plus 
développés. 

2»  Variété  du  demi-gros,  n°  4  de  M.  Promis. 
La  principale  différence  consiste,  d'un  côté,  en 
ce  que  la  barre  qui  distingue  les  armes  de  la 
branche  d'Achaïe  de  celle  de  la  branche  aînée 
de  Savoie,  est  posée  en  barre  au  lieu  d'être 
posée  en  bande,  suivant  l'usage,  et  en  ce  que 
quatre  fleurons  trilobés  sont  gravés  aux  angles 


23 

rentrant  de  l'entourage,  formé  de  quatre  demi- 
cercles,  de  sorte  que  deux  de  ces  fleurons  cou- 
vrent les  extrémités  de  la  barre. 

Au  revers,  la  rose,  qui  termine  la  légende 
dans  le  demi-gros  déjà  connu ,  est  remplacée 
par  une  étode  à  huit  rayons. 

3'^  Je  ne  parle  que  pour  ne  rien  omettre  de 
variétés  du  denier  n°  9  de  Î\I.  Promis,  parce  que 
je  n'y  ai  trouvé  que  des  différences  de  dessin, 
et  aussi  parce  que,  d'un  métal  très  allié  et 
d'une  conservation  très  médiocre,  ces  pièces 
pourraient  être  de  la  fausse  monnaie. 

4"  J'arrive  à  une  pièce  inédite,  dont  la  plan- 
che ci-jointe  renferme  le  dessin  sous  n"  5. 
C'est  un  denier  anonyme ,  très  allié ,  ayant 
l'aspect  du  cuivre  et  ne  pesant  que  10  grains. 

D'un  côté,  l'écu  de  Savoie-Achaïe,  accosté  de 
deux  annelets.  En  légende,  le  mot  princ  (prin- 
ceps)  précédé  d'un  sautoir  et  d'une  feuille  de 
trèfle  sans  tige,  et  dans  lequel  chaque  lettre  est 
suivie  de  deux  annelets,  ainsi  : 

f&  r>gR§i§N§c§ 

Revers  :  une  étoile  à  six  rayons  ,  avec  un 
point  central,  et  cantonnée  de  six  autres  points. 

Léfjendc  :  précédée  des  mêmes  signes  que 
la  précédente  qu'elle  complète  : 

-j-  &   AGI I AIE   ° 

5"  Hno  variété  du  denier  précédent,  avec 
quatre  iiiiiiclets  autour  df  l'rcii  ;iii  Tk^u  de  deux. 


24 

avec  deux  annelets  au  commencement  de  la 
légende  de  la  face,  et  un  seul,  au  lieu  de  deux, 
à  la  fin  de  cette  légende. 

Voilà  mon  butin  pour  cette  cinquième  notice  ; 
il  se  compose  de  deux  pièces  déjà  publiées  et  re- 
produites avec  l'intention  déjà  mentionnée  d'être 
au  courant  des  découvertes  relatives  à  la  nu- 
mismatique savoisienne,  de  sept  pièces  tout  à  fait 
inédites  et  trente-cinq  variétés  inconnues;  en 
tout  quarante-sept  pièces  nouvelles.  C'est  peu 
pour  le  temps  écoulé  depuis  la  publication  de 
ma  quatrième  notice  ;  mais,  plus  on  s'occupe 
d'une  branche  de  la  numismatique,  plus  il  de- 
vient rare  de  faire  des  découvertes.  Il  faut  aussi 
tenir  compte  de  mon  éloignement  du  pays. 


o^-nnrygNS&g^Tr^»^^  - 


LE  NONNAVAGE  EN  SAVOIE 


SOUS   I,ES 


PRINCES   DE  CETTE   MAISON 


PAU 


ANDRE]     PERRIN 

Membre  correspondant  de  l'Instit'it  r.aiional  Genevois!. 


LE  MONNAYAGE  EN  SAVOfE 


SOTJ-S    les 


IMMNCES     [)E    CETTE     MAISON 


-/wir\i\AAA/^ 


INTRODUCTION 


Un  inventaire  raisonné  et  complot  des  mon- 
naies Irappées  par  les  princes  de  Savoie  per- 
mettrait de  suivre  les  variations  et  la  filiation 
des  divers  types,  et  d'étudier  les  dépréciations  et 
les  falsifications  qu'ils  leur  (ii'ciil  subir  suivant 
leurs  besoins  et  leurs  caprices.  11  deviendrait 
alors  Cacile  d'établir  d'une  manière  complète  les 
rapports  entre  la  valeur  de  ces  monnaies  et  celle 
lies  objets  usuels  aux  diverses  épofpies  di;  noire 
histoire  nationale  (1). 


(1)  Cihrario,  dans  son  Economie  politif/up  au  moyen  ilgo,  csl 
arrivé  à  établir  ce  rapport  pour  un  cei  tain  nombre  d'années.  F.:i 
rnrlhode  iiu'il  a  suivie  a  donné  li's  résultais  les  plus  exaris  pour 
connailie  l;i  v;i|pur'  vriie  d^  la  monnaie  aux  diverses  époques. 


28 

En  vue  d'aider  un  jour  ù  atteindre  ces  divers 
résultats,  nous  avons  réuni,  dans  le  catalogue 
du  médailler  de  Savoie,  toutes  les  indications 
qui  nous  ont  paru  utiles  à  l'étude  et  <à  la  com- 
paraison des  monnaies  émises  par  chacun  des 
princes  de  Savoie  et  de  celles  sorties  des  diffé- 
rents ateliers. 

Malgré  l'importance  et  l'intérêt  des  diverses 
publications  qui  ont  été  faites  sur  les  monnaies 
des  princes  de  Savoie,  nous  avons  pensé  qu'il 
serait  utile  de  joindre  une  notice  à  l'aride  no- 
menclature d'un  catalogue  (1). 

Notre  but  principal  était  de  faire  connaître 
les  ateliers  monétaires  ouverts  par  les  princes 


(1)  PingûD,  Délia  Chiesa,  Grena,  Arpia  et  Guichenon  ont  essayé 
de  publier  les  monnaies  des  princes  de  Savoie  ;  mais  les  dessins 
inexacts  et  les  attributions  fausses ,  suite  du  peu  de  progrès  fait 
jijsqu'alors  dans  l'étude  de  la  numismatique  du  moyen  âge ,  ont 
enlevé  toute  valeur  à  leurs  travaux.  Guichenon  fut  reproduit  par 
plusieuis  écrivains,  et,  sauf  quelques  publications  partielles,  aucun 
travail  d'une  valeur  réelle  n'avait  paru  avant  le  bel  ouvrage  de 
M.  Promis,  conservateur  du  médailler  du  roi  à  Turin. 

Dans  ses  Monete  dei  reali  di  Savoia ,  il  a  étudié  d'une  manière 
très  complète  la  numismatique  des  princes  de  Savoie.  Dès  lors, 
des  découvertes  ont  procuré  des  pièces  inédites  encore  inconnues 
ou  signalées  dans  les  documents  recueillis  par  M.  Promis.  Après 
lui,  M.  Duboin  publiait  tous  les  documents  relatifs  aux  monnaies  de 
nos  princes,  en  reproduisant  en  partie  le  travail  du  savant  conser- 
vateur de  la  bibliothèque  du  roi. 

M.  Rabut  François,  M.  Soret  et  M.  Chaponniere  ont  fait  connaître 
un  certain  nombre  de  monnaies  inédites  et  de  documents  se  rappor- 
tant surtout  aux  monnaies  frappées  dans  nos  pays.  M.  Promis  a 
résumé  ces  divers  travaux  dans  un  catalogue  des  villes  ayant  eu 
des  ateliers,  et  des  diverses  monnaies  frappées. 


29 

de  Savoie  deyà  lus  monts,  et  de  relier  1  histoire 
de  lu  numismatique  de  notre  pays  aux  savantes 
études  puljliées  sur  les  moiniaies  des  anciennes 
provinces  de  la  France,  à  laquelle  elle  est  unie 
depuis  douze  ans. 

Les  documents  inédits  et  très  importants  re- 
latifs aux  ateliers  monétaires  de  la  Savoie  et  à 
leurs  monnayeurs ,  que  nous  avons  été  assez 
heureux  pour  retrouver  au  cours  de  notre  tra- 
vail, nous  ont  permis  d'ajouter  quelques  pages 
intéressantes  aux  publications  de  nos  prédé- 
cesseurs. 


ORIGINE  DE  LA  PUISSANCE  DE  LA  MAISON  DE  SAVOIE. 
DROIT  DE  BATTRE  MONNAIE.  —  PREMIERS  ATE- 
LIERS OUVERTS  PAR  CES  PRINCES.  —  MONNAIES 
DES  ÉVÈQUES  DE  MAURIENNE. 

L'origine  de  la  puissance  de  la  maison  de 
Savoie  date  du  commencement  du  XP  siècle. 
Le  second  royaume  de  Bourgogne  n'existait  plus 
([ue  de  nom;  il  était  partagé  entre  les  grands 
vassaux  civils  et  ecclésiastiques,  qui  ne  recon- 
naissai(jnt  plus  l'autorité  royale  (1).  A  la  chute 
de  Ilodol[)he,  la  Bourgogne  fut  divisée  en  autant 
d'Etats  qu'il  existait  de  comtés  (2),  et  chaque 

(1)  Cibrario,  Notizie  storiche,  page  7. 

(2)  Cibrario,  Notizie  storiche,  page  8. 


30 

l'eudatairo  s'eiïorça  dès  lors  d'agrandir  son  ter- 
ritoire au  préjudice  de  ses  voisins. 

Les  princes  de  Savoie  se  trouvèrent  en  pos- 
session des  comtés  d'Aoste ,  de  Maurienne ,  de 
Savoie,  de  Nyon,  de  Belley,  de  Salmorenc,  du 
Chablais  (1),  de  la  ïarentaise  et  de  terres  dans 
le  Viennois. 

Ces  diverses  possessions ,  loin  de  former  un 
tout  homogène ,  étaient  séparées  par  d'autres 
petits  états  dont  ils  parvinrent  successivement 
à  se  rendre  maîtres.  Ils  eurent  à  lutter  avec  les 
sires  de  Faucigny,  de  Gex,  les  comtes  de  Ge- 
nevois, les  évoques  de  Genève ,  de  Lausanne, 
de  Maurienne  et  du  Vallais,  les  sires  de  Beaugé, 
de  Bresse  et  de  Beaujeu,  de  Villard  et  de  la 
Tour-du-Pin. 

Actifs,  intelligents  et  belliqueux,  les  princes 
de  Savoie  arrivèrent  à  créer  un  Etat  dont  l'im- 
portance tenait  surtout  à  sa  position  :  comman- 
dant les  trois  portes  des  Alpes  pennines  et  graies, 
le  Petit  et  le  Grand-St-Bernard  et  le  Mont-Genis. 
Par  la  possession  du  val  d'Aoste,  ils  prirent  pied 
dans  cette  Italie  vers  laquelle  toute  leur  ambi- 
tion devait  tendre  plus  tard  (2). 

Ces  princes ,  dès  qu'ils  se  furent  emparé  du 
pouvoir,  exercèrent  tous  les  droits  de  la  souve- 

(1)  Durant  deux  siècles,  les  possessions  des  ducs  de  Savoie  dans 
le  diocèse  de  Genève  se  bornèrent  au  Chablais,  aux  Beauges  et  à 
une  partie  du  Bugey  (  Regeste  genevois,  page  15  ). 

(2)  Cibrario,  Notisie  storiche,  page  9. 


31 

raineté.  Le  droit  de  battre  monnaie!  était  l'un 
des  plus  importants,  et  ils  en  usèrent  à  rorii;iiio 
de  leur  domination  ;  aucun  acte  n'indi(iue  ({u'il 
leur  ait  jamais  été  accordé  ou  contesté  (1). 

Les  monnaies  qu'ils  ont  fait  frapper  et  la  ré- 
serve du  droit  de  battre  monnaie,  insérée  dans 
les  donations  de  terres  ou  de  fiefs  faites  aux 
membres  de  leur  famille,  prouvent  le  plein  et 
libre  exercice  de  ce  droit  régalien  (2). 

L'on  a  beaucoup  discuté  pour  savoir  si  Oddon 
avait  lait  battre  monnaie;  il  est  difficile  de 
l'affirmer  ou  de  le  nier,  les  premières  monnaies 
frappées  par  les  princes  de  Savoie  ne  portant 
pas  leurs  noms ,  mais  étant  le  plus  ordinaire- 
ment des  imitations  de  celles  que  l'on  fi-appait 
à  Vienne  et  dans  les  pays  voisins.  Il  paraît 
cependant  résulter  d'un  acte  publié  par  Da- 
chéry(3)  et  reproduit  par  Chorier  (4)  qu'Oddon 
lit  battre  monnaie  à  Aiguebelle  sans  que  l'on 
puisse  indiquer  si  cette  monnaie  était  ou  non  une 
imitation  de  celle  des  évêquesde  Vienne. 


(1)  Duhoin,  RaccoUa  délie  Icggi  délia  rcal  casa  di  Savoia , 
tome  X,  volume  X,  page  2. 

(2)  Dans  une  donation  tl'Amédée  IV  (1239,  20  septembre)  à  sa 
sfpui-  Marguerite  de  Kiliouig,  il  lui  cùile  le  bourg  ou  ville  de  Saint- 
Maurice  (en  Yallais)  et  la  ville  de  Veranc ,  lui  accordant  tous  les 
dniits  et  revenus  attachés  à  la  souveraineté,  dans  ces  deux  villes, 
excepté  le  droit  de  battre  monnaie ,  qu'il  se  réserve  comme  siyiie 
de  propriété.  (  Duboiu,  page  3,  lieu  cité.  ) 

(3)  Spicilcgium,  t.  111,  p.  393. 

(4)  l^tat  politique  du  Uaiiphiné,  p.  300.  Nous  avons  reproduit 
cet  acte,  document  n"  1. 


32 

Un  peut  admettre  que  des  types  distincts  ont 
été  crées  presque  simultanément  dans  les  di- 
vers monnayages  de  l'ancien  royaume  de  Pro- 
vence, et  que  la  tète  qui  figure  avec  des  noms 
de  saints  différents  sur  les  deniers  d'Aiguebelle, 
de  Genève ,  de  Grenoble  et  de  Saint-Jean-de- 
Maurienne  offre  le  type  de  celle  de  Viemie, 
qui  a  été  copiée  par  les  évoques  de  Genève  et 
de  St-Jean-de-Maurienne,  et  par  les  seigneurs 
d'Aiguebelle  et  de  Grenoble  ,  avec  quelques 
différences  d'engencements  dans  la  légende  et 
les  détails  de  la  pièce. 

Les  évêques  de  Maurienne  reçurent  le  droit 
de  battre  momiaie  (1)  de  l'empereur  Conrad; 
il  est  certain  qu'ils  frappèrent  monnaie  à  Saint- 
Jean-de-Maurienne  et  à  Aiguebelle  à  la  fin  du 
XP  siècle.  Un  denier  de  St-Jean  a  été  retrouvé 
dans  le  trésor  de  Saint-Paul  de  Rome  ;  de 
l'examen  des  pièces  qui  y  étaient  renfermées, 
M.  de  St-Quintino  (2)  conclut  qu'il  a  été  caclié 
à  une  époque  de  très  peu  postérieure  à  la  pre- 
mière moitié  du  XP  siècle. 

Ce  denier ,  assez  bien  conservé ,  pèse  22 
grains  1/2  (1  gramme  23);  le  titre  en  est  bon. 


(1)  L'atelier  monétaire  de  Mauriena  (Saint-Jean-de-Maurienne)  a 
existé  sous  les  rois  mérovingiens ,  ainsi  que  ceux  de  Darentasia 
(MoiHiers)  et  d'Àgauno  (St-Maurice-d'Agaune);  l'on  connaît  des  tiers 
de  sol  d'or  sortis  de  ces  trois  ateliers. 

(2)  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Turin,  tome  X,  2"  série, 
section  des  sciences  morales  et  historiques,  pages  4,  29,  30. 


33 

mais  inférieur  k  celui  des  viennois  (1(3  rm^me 
date.  Un  second  exemi)laii-e,  trouv(''  en  Suisse  (1), 
se  trouve,  je  crois,  maintenant  dans  la  collection 
du  roi  d'Italie,  à  Turin.  Un  denier  frappé  àAi- 
guebelle,  découvert  à  Montagnole  par  M.  Vissol, 
appartientaujourd'hui  au  musée.  M.  F.  J(aijutC2), 
en  publiant  ces  deux  derniers  ,  met  en  doute 
que  les  princes  de  Savoie  aient  fait  frapper  une 
monnaie  particulière  à  Aiguebelle  ;  la  monnaie 
de  compte  de  ce  nom  ,  citée  dans  plusieurs 
actes,  aurait  été,  d'après  lui,  celle  frappée  par 
les  évoques  de  Maurienne.  Nous  croyons  cepen- 
dant (^ue  c'est  à  Aiguebelle  que  furent  frappées 
les  premières  monnaies  des  princes  de  Savoie. 

M.  Promis  Vincenzo  leur  attribue  le  denier 
d' Aiguebelle  mentionné  ci-dessus.  Dans  le  do- 
cument  rapi)orté  [tar  Dacliéry,  il  est  dit,  en 
eiïet,  que  pendant  loiigtem[)S  fut  fra[)pée  à  Ai- 
guebelle moneta  bona  in  iwndcre  et  metisura 

decena  nuper  autem falsarii  corruperunt 

et  confunderunt  et  fahaverunt.  - 

L'acte  indique  bien  l'existence  d'un  atelier 
monétaire  ouvert  sur  les  terres  du  comte,  à 
({ui  l'un  s'adresse  i)Our  arrêter  cette  falsification 


(1)  Habut,  Première  notice  sur  lex  monnaies  de  Savoie  inédites, 
page  105. 

(2)  Rabut,  Deuxiîme  notice  sur  les  monnaies  de  Savoie  inédites, 
pi.  4,  n"  1,  et  Mémoires  (Je  la  Sociéli;  d'histoire,  tome  II,  paf^e  73. — 
Denier  de  l'cvéchéde  St-Jean-de-Manricnne.  frappé  à  Mijuebellc  au 
XI'  siècle. 


34 

faite  dans  son  atelier.  S'il  ne  s'était  agi  que  de 
faux  monnayeurs,  leur  monnaie  aurait  été  dé- 
criée et  repoussée,  et  le  différend  ne  serait  pas 
arrivé  à  se  terminer  par  une  transaction.  Peut- 
être  y  eut-il  à  Aiguebelle  partage  du  pouvoir 
temporel  entre  les  princes  de  Savoie  et  les 
évéques  de  Maurienne,  qui  purent  frapper  en 
même  temps  à  Aiguebelle  une  monnaie  au 
même  type  ou  imitant  celle  de  Vienne.  La 
charte  du  2  février  4327,  par  laquelle  l'évêque 
Aymon  associa  à  sa  juridiction  le  comte  Edouard, 
montre  en  effet  que  nos  princes  étaient  sei- 
gneurs temporels  d'une  partie  du  diocèse  de 
JMaurienne  (1). 

La  princesse  Adélaïde ,  dans  l'acte  rapporté 
par  Dachéry ,  ainsi  que  ses  lils  Pierre-Amédée 
et  Oddon,  promettent  à  Dieu  et  à  St-Maurice, 
entre  les  mains  de  l'évêque  Léger,  que  dans 
toute  l'étendue  de  leur  domination  de  Viennois 
la  monnaie  ne  sera  plus  falsifiée  ,  et  qu'il  n'en 
sera  point  battu,  vraie  ou  fausse,  de  semblable 
à  celle  de  Vienne.  Il  ne  semble  même  pas  ré- 
sulter de  là  que  l'atelier  d' Aiguebelle  fut  fermé, 
mais  qu'on  cessa  d'y  frapper  de  la  monnaie  au 
type  de  Vienne. 

Les  deniers  frappés  à  Aiguebelle  eurent  cours 
en  Savoie,  en  Maurienne  et  dans  le  Grenoblois 
dans  la  deuxième  partie   du  XP   siècle  et  au 

(1)  De  St-Quintino,  lieu  cité,  page  37. 


35 
commencement  du  XII''  (J),  ainsi  que  le  prou- 
vent les  citations  extraites  du  (kirtulaire  de 
St-Hur/ues,  évoque  de  Grenoble,  et  des  Docu- 
menta hisloriœ  patriœ,  où  la  monnaie  d'Aigue- 
belle  est  employée  comme  monnaie  de  cours 
dans  les  contrats.  Cet  emploi  est  en  opposition 
de  l'argument  de  M.  Promis,  qui  suppose  que  cet 
atelier  lut  fermé  à  la  lin  du  Xl«^  siècle ,  alors 
(ju'après  la  mort  de  la  comtesse  AdélaiVle,  vers 
1001,  ilumbert  II  en  aui'ait  ouvert  un  autre  à 
Suze.  Les  deniers  d'Aiguebelh;  n'auraient  plus 
été  employés  comme  valeur  de  compte  dans 
les  actes  du  XIP  siècle,  si  cette  monnaie,  dont 
l'emploi  était  général  précédemment,  eût  cessé 
d'être  frappée  (2);  rien  n'empêche  d'ailleurs 
que  ces  deux  ateliers  aient  continué  à  travailler 
quel(|ue  temps  ensemble. 

l'IlEMlÈRKS    MONNAIES     PORTANT     LES    NOMS     DES 
PRINCES  DE  SAVOIE, —  DENIERS  DE  SUZE. 

Les  premières   monnaies,   frappées   par  les 
[)iinct;s  de  Savoie,  sur  les(iuelles  figurent  leurs 


(1)  Cartulaire  de  St-Hw/ues  .  «  et  nii"  solidis  Aqucbellensis 
morielc,  >  1080-1132,  pa,!j;c'l71.  —  <  l'io  \ci,  ut  vi  solnlis  et  iiii"'' 
(leiiMiiis  iiionete  aque  lieile  ;  »  4  juillet  1811,  page  172.  —  -  cxii 
soliclos  viennorisis  monele,  el  ex  A(|ual)cj|('nliiim  (ienariorum  l'.x  so- 
lides ;  »  Circa,  1110,  page  214.  —  «  Pro  xl  et  vi  sol  et  un  dcriaiiis 
immela  aque  belle. 

Dociimciilii  hisloriœ  patriœ,  chartarum  i  «  Onirique  solidus 
(  Kedevance  annuelle  )  Aqnabellensis  inonL-dî  vel  alterius  (jue 
ca[)italitercucunerit  per  tutani  tenam  ill.ini,  »  1103,  paye  l'Jl. 

(2)  Duboin,  lieu  cité,  page  66. 


36 

noms,  ont  été  frappées  à  Suze,  d'où  pendant 

deux  siècles  sortirent  les  fameux  deniers  sécu- 

sins  (jui  eurent  cours  dans  les  localités  dé[)en- 

dant  de  la  monarchie  de  Savoie  et  dans  les  pays 

voisins. 

L'ouverture  de  la  momiaie  de  Suze  peut  être 
placée  vers  la  lin  du  XI°  siècle,  après  la  mort 
dllumbert  II;  c'est  l'avis  de  Promis,  s' appuyant 
sur  les  contrats  entre  particuliers,  stipulants  en 
monnaie  de  Suze  (1).  11  est  probable  (jue  le 
tuteur  d'iVmédée  III,  encore  mineur  en  1108, 
ouvrit  cet  atelier  de  l'autre  côté  des  Alpes 
Tannée  môme  de  la  mort  d'Humbert  II  ;  il  fut 
en  exercice  jusqu'à  la  lin  du  XVP  siècle. 


(l)  Duboin,  lieu  cité,  pages 779,  1104.  —  J8  juin,  «  per  solidos 
quinquagiiita  et  quinque  secusiensium,  »  1109.  —  «  Daoari  buoni 
di  iiione'.a  secusina.  »  —  Pages  782,  1183,  «  solidi  bonoium  dena- 
rioriiin  secusinorum  fortium.  y>  —  Monumenta  hisloriœ  patriœ  char- 
tarwn.  tome  I,  pages  1013,  1167.  20  juin,  «  4  livres  bonnes  de 
deniers,  savoir  des  sécusines.  »  —  Pages  1093,  1181,  «  400  livres 
sJcusines.  »—  Pages  1099,  1182,  «  10  deniers  ségusiens.  »  — 
Pages  1503, 1251, 12  septembre,  «  120  livres  de  bonsfort.sde  Suze.» 
—  Duboin,  lieu  cité,  pages  782,  1188,  «  lire  (sic)  dt-bilium  secusino- 
rum. »—  1129 l'on  battit  à  Suze,  «  dcnari  buoni  novi.  » —  Pages 

758,  1384  (  14  juin  au  13  juillet),  mention  du  compte  rendu  par  le 
maître  de  l'atelier  de  Suze. 


37 


AîFXIEliS  lIOMiTAlRES  DEÇA  LES  JIOJiTS 


A  partir  du  XIIP  siècle,  plusieurs  ateliers  mo- 
nétaires furent  ouverts  en  Savoie.  Nous  allons  les 
passer  en  revue  suivant  l'ordre  d'ancienneté  de 
leur  création  ;  ils  subirent  les  vicissitudes  di- 
verses par  lesquelles  passèrent  la  Savoie  et  les 
provinces  qui  en  firent  successivement  partie. 
Au  milieu  de  la  suite  de  guerres  et  d'occupations 
étrangères  que  la  Savoie  éprouva  par  suite  de 
sa  position  entre  la  France  et  l'Italie,  auxquelles 
ses  princes  s'alliaient  tour  à  tour,  le  monnayage 
était  fréquemment  interrompu.  Au  manque  de 
numéraire  qui  en  était  la  suite,  venait  se  joindre 
souvent  la  falsification  ou  f  alTail)lissement  des 
monnaies  par  de  faux  monnayeurs,  par  des 
monnayeurs  infidèles  (1) ,  parfois  aussi  par  les 
princes  eux-mêmes.  Suivant  en  ceci  l'exemple 


(1)  «  Pro  expensis  faclis  vacando  in  faciondo  processus  contra 
«  inagistros  monctaruin  et  nonnullos  alios  qui  l)ilii)nos  aiiri  et  ar- 
«  genli  a  coinilalu  Sabaudie  extraxcruiil  ullra  inliihilioiies  (l.nnini.  » 
(Comptes  de  .lacqiies  de  Fislilleux  ,  trtisorier  do  Savoie,  14ii4- 
140G.  ) 


38 

des  rois  de  France  (1),  nos  princes,  pour  remplir 
leurs  caisses  souvent  vidées  à  la  suite  des 
guerres  et  des  misères  des  temps,  altérèrent  le 
titre  des  monnaies.  Les  comptes  des  trésoriers 
généraux  de  Savoie,  des  syndics  de  Chambéry, 
et  les  nombreuses  ordonnances  du  recueil  de 
Duboin  mentionnent  fréquemment  les  diverses 
monnaies  en  usage,  en  les  distinguant  en  vieille, 
nouvelle,  de  cours,  faible,  forte  ou  bonne.  Tous 
les  comptes  de  cette  époque  se  terminent  par 
le  cbange  des  diverses  monnaies  qui  y  sont 
comprises,  comparées  à  une  monnaie  prise  pour 
unité  ,  ce  qui  donne  d'une  manière  exacte  la 
valeur  relative  de  chacune  d'elles. 

La  partie  du  compte  du  trésorier  général 
André  de  Belletruche  ,  que  nous  reprodui- 
sons (2),  nous  fait  connaître  les  phases  succes- 


(1)  Les  monnaies  qui,  au  XIIP  siècle  et  surtout  sous  le  règne  de 
saint  Louis,  étaient  de  bon  aloi,  furent  altérées  par  Pliilippe-le-Bel 
et  d'autres  princes  qui  suivirent  son  exemple.  Ce  souverain  absolu 
chercha  à  justifier  cette  infamie  en  la  déclarant  de  droit  régalien. 
Les  faux  monnayeurs  devinrent  plus  nombreux  et  souvent  moins 
voleurs  que  ceux  dont  ils  falsifiaient  l'empreinte  ;  ils  fabriquaient 
de  la  monnaie  de  meilleur  aloi.  En  France ,  on  vit  la  monnaie 
frappée  par  les  rois  ne  contenant  que  la  moitié  du  fin.  (  Cibrario, 
Economie  politique  au  moyen  âge,  page  275.  ) 

(2)  «  Allocantur  sibi  quod  dictus  Andréas  perdidit  et  amisit  in 
«  centum  sexaginta  novem  libris  grossorum  monefe  debilis  domini 
«  receptis  a  pluribus  et  diversis  oITiciariis  Domini.  In  anno  domini 

«  1378  que  moneta  fuit taliter  debillitata  et  difTamata  quod 

«  unus  ducatusvaleba416  denarios  cumobolo  grosso,  deinde  quod 
«  gentes  volebant  capere  et  habere  16  denarios  grosses  dicte  mo- 


39 
sives  par  les((uelles  passaient  les  monnaies 
émises  au-dessous  du  titre  de  fin.  Ilelusées  et 
dépréciées  pai-  le  [>uljlic  dès  ([uc  l;i  l'aililessc 
de  leur  titre  était  connue  ,  elles  perdaient  de 
leur  valeur,  et  le  prince  en  ordonnait  le  cours 
forcé;  elles  étaient  reçues  alors  à  leur  lilic 
nominal  jusqu'au  moment  où  elles  étaient  dé- 
criées et  remplacées  par  une  nouvelle  de  meil- 
leur aloi.  Nous  y  voyons  encore  que  ce  mode 
était  aussi  préjudiciable  au  prince  qu'aux  par- 
ticuliers, par  suite  de  l'obligation  où  ses  ageids 
se  trouvaient  de  les  accepter  au  taux  du  cours 
forcé. 

La  réorganisation  et  la  régularisation  com- 
plèt(;  du  système  monétaire;  en  Savoie  et  en 
Piémont  fut  l'o'uvre  d'Emmanuel-Philibert,  qui 


«  nele  debilis  pro  uno  floreno  parvi  (1).  Et  Ikc  videiiles  gontns 
«  domini  ipsani  monetani  debilem  cridari  fecerunt  et  sub  niagnis 
«  pénis  quod  uemo  oam  refiitarot  sed  (mines  génies  ipsani  ni  ittius 
«■  scilicet  12  denarios  gross(7S  dicte  nionele  pru  uno  lloionu  paivi 
«  ponderis  (acciperint).  Et  hinc que  debebant  Domino  etdicto 

<  Andrée  pro  facto  Domini  solverunt de  dicta  iiionetc  debili 

«  (juam nolebat  respuere  son  reCulare  prupler  nrdinationeni 

«  Domini  laclani.  Et  infra  niodicuni  tenipus  post  diitani  ordinalin- 
«  nem  doniinus  ordinavit  (icTi  ejus  monetam  novam  et  fecit  decri- 

<  d.iri  diclani  nionctaiii  vetetani  et  dei)ileni In  ([uiljus  amisit 

«  ([uailani  parteiii  prupterordinationenietdecridalioneni  predictas. 
«  Et  de  proficuo  billion!  quod  in  dicta  moneta  fuit  et  otiatn  in  aliis 
«  inonelis  per  ipsum  pro  facto  Domini  receplis  supra  coniputatis 
«  in  roceptu  42  libras  5  solidos  grossog.  »  (Compl<;  du  (n'^Sdiier 
général  André  IJolletruclie,  1377-1382.) 


(I)  l.r  ducal   valiiit  l'i  cotic  i^poi|UC  1'^  l'r.  GO  cniil.,  cl    l<'   llorin  prlll  poiil~  10  fr 
80  ccnl.   (  Cilinirlo,  lion  cilt-,  (oinc  M,  page  I^-î.  ) 


sut,  au  milieu  de  maux  incalculables,  suites 
de  la  guerre  et  d'une  longue  occupation  étran- 
gère ,  y  ramener  avec  la  paix  Tindustrie  et 
l'ordre  dans  l'administration  des  finances.  Son 
système  monétaire ,  basé  sur  une  progression 
régulière  entre  les  diverses  unités,  se  rappro- 
chait beaucoup  du  système  décimal,  et  nécessita 
peu  de  changements  lors  de  l'établissement  de 
ce  dernier.  Ce  fut  un  progrès  important  et  un 
service  au  pays,  qui  cessa  dès  lors  d'être  à  la 
merci  des  monnayeurs  infidèles,  des  faussaires 
et  des  escrocs. 

Pour  arriver  à  retirer  plus  vite  les  anciennes 
monnaies  et  établir  la  circulation  des  nouvelles, 
il  rouvrit  la  plupart  des  anciens  ateliers  de  ses 
Etats  ,  et  des  ordonnances  spéciales  à  chaque 
atelier  indiquèrent  les  titres,  la  valeur  et  le  mode 
de  fabrication  à  employer  pour  chacune  d'elles. 

SAINT-MAURICE-D'AGAUNE  (en  Vallais) 

Cette  ville ,  où  l'on  battit  monnaie  sous  les 
rois  mérovingiens ,  eut  le  premier  établisse- 
ment monétaire  qui  nous  soit  connu  sous  les 
princes  de  Savoie.  Amédée  IV,  en  donnant  en 
apanage  à  sa  sœur,  Marguerite  de  Kibourg,  la 
ville  de  St-Maurice,  se  réserve  le  droit  d'y  battre 
monnaie,  comme  marque  de  souveraineté  (123Ô). 
Les  deniers  mauriciens,  ainsi  appelés  de  l'image 
du  chef  des  martyrs  de  la  légion  thébaine  dont 


41 

ils  portaient  T empreinte ,  avaient  cours  dans  le 
Valleiis ,  le  Cliablais  et  le  Genevois ,  et  ligurent 
principalement  dans  les  comptes  des  châtelains 
de  (.lliillon  et  du  Wialjlais  (1). 

Les  évoques  de  Sion  prélevaient  une  part  de 
la  monnaie  qui  se  frappait  à  St-Maurice,  seule 
marque  qui  subsista  de  leur  ancien  pouvoir  dans 
cette  ville,  sur  lat[uelle  ils  n'avaient  plus  qu'un 
droit  apparent  de  seigneurie.  La  monnaie  nou- 
vellement frappée  était  transportée  à  Sion ,  et 
l'évéque  en  prélevait  une  poignée  (  unam  ma- 
natam  ) ,  dont  la  valeur  était  reconnue ,  et  1(; 
maître  en  était  déchargé  par  le  châtelain,  qui  de- 
vait la  recevoir  (2)  pourk;  ])rince.  Aucun  autre  do- 
cument n'en  fait  mention.  L'on  peut  cependajit 
regarder  comme  se  rapportant  à  Saint-Maurice, 
une  concession  de  battre  monnaie  en  Chablais, 
sans  indication  de  localité,  accordée  à  Manlred 
Frotta,  milanais  (1349),  pour  l'espace  de  12  ans, 
à  partir  du  25  janvier  1350.  Cet  acte  indique 
diverses  monnaies  mauriciennes  connues  en 
partie,  dont  le  type  montre  bien  qu'elles  furent 
frappées  dans  cet  atelier. 

(1)  1257,  compte  de  Ja  chàtellcnie  de  Chillon,  danari  Mauriziani, 
et  comptes  du  maître  de  l'hospice,  en  1274.  (Archi\esde  la 
chamljH!  des  comptes.  )  Cibrario ,  Economie  politique  an  moyen 
ihfp.  page  487,  mentionm'  le  Maijister  mouetc  de  muclo  Manririo. 
Les  comptes  des  cliAlelains  du  Chahlais  citent  fréquemment  les 
deniers  mauriciens. 

(2)  C()m[it(!  du  chAteliiin  do  riiilion,  1278.  Le  maître  di-  la  mon- 
naie s'appelait  Moïse  Millemerccs. 

3 


42 

CHAMBÈRY 

L'ancienne  capitale  delà  Savoie  vit  ouvrir  un 
atelier  monétaire  dans  ses  murs  peu  de  temps 
après  son  acquisition  par  le  prince  Thomas  ;  il 
fut  en  plein  exercice  à  partir  de  la  2"**^  moitié 
du  XIIP  siècle  (1).  Dès  cette  époque  jusqu'au 
milieu  du  XVI I<^  siècle,  un  grand  nombre  d'or- 
donnances, de  comptes,  etc.,  permettent  de  sui- 
vre les  variations  qu'il  a  subies.  Nous  avons  placé 
en  note,  à  la  suite  des  noms  des  monnayeurs, 
graveurs  et  ouvriers  qui  ont  travaillé  à  Gliam- 
béry,  toutes  les  données  que  nous  avons  pu  re- 
cueillir sur  cet  atelier,  et  qu'il  ne  nous  a  pas 
paru  nécessaire  de  développer  ici.  La  descrip- 
tion de  cet  atelier,  en  1421 ,  fournit  d'intéres- 
sants détails  sur  le  matériel  employé  à  battre  la 
monnaie,  sans  nous  fixer  sur  son  emplacement. 
Le  nom  de  la  rue  Vieille-Monnaie  en  rappelle 
seul  aujourd'hui  l'existence  ;  il  ne  nous  a  pas 
été  possible  de  retrouver  le  local  qu'il  occu- 
pait.   Les  cour  et  magasin   n"  8  de  cette  rue 

(1)  Dans  le  compte  du  châtelain  de  Montmélian  (juin  1263  à  juin 
1264  ),  figurent  «  ccl  libris  receptis  de  nionetariis  cudeutibus  mo- 
«  netam  apud  Chaniberiacum  concessam  eis  pi'o  tauto  par  anuum.» 
Le  châtelain  de  Bard  (1276)  porte  en  recette  une  somme  de  «  for- 
«  tiura  novorum  Cauibaynaci,  »  et  le  compte  du  trésorier  général 
de  Savoie  (1297-1298) ,  archives  camérales,  nous  fait  coimaître  en 
outre  le  nom  du  maître  de  la  monnaie  de  Chambéry,  «  reddit  corn- 
et putum  de  o  libris  receptis  ab  Eurardo  de  Varey,  magistro  monete 
«  Chamberiaci,  de  exitu  monete.  » 


43 

passent  pour  avoir  servi  à  cette  fal)rication  ;  mais 
aucun  indice  jio  nous  a  permis  de  fixer  cette 
attribution.  L'atelier  était  établi  dans  une  cour, 
et  la  maison  placée  en  arrière  de  celle-ci;  aussi, 
lors  de  l'acensement  du  même  atelier  passé  en 
1594,  décida-t-on  de  donner  au  maître  des  mon- 
naies la  libre  possession  de  la  boutique  de  Ber- 
gera,  placée  sur  la  rue,  pour  y  ranger  son  né- 
goce. 

Les  monnayeurs  sont  fréquemment  cités  dans 
les  comptes  des  syndics  de  Chambéry,  quelque- 
fois pour  des  médailles  qu'ils  frappent  en  l'bon- 
neur  de  l'entrée  d'un  prince  ou  de  son  épouse  ; 
mais  le  plus  ordinairement  on  les  trouve  men- 
tionnés à  la  fin  des  comptes  où  les  syndics 
sont  déchargés  des  sommes  qu'ils  ont  refusé  de 
payer  ou  dont  les  châtelains  leur  ont  fait  rem- 
bourser le  montant. 

Les  ouvriers  et  monnayeurs  de  Chambéry 
firent  partie  de  l'association  des  monnayeurs 
du  Saint-Empire  romain  dès  son  origine  ;  leurs 
représentants  assistèrent  au  premier  parlement 
général  tenu  à  Romans  en  4342  et  à  la  plupart 
de  ceux  qui  suivirent,  l'n  parlement  général 
fut  tenu  à  Chambéry  en  1420,  et  un  second  en 
1515;  les  monnoiries  d'Avihano,  de  Turin,  de 
llomans  et  de  Valence  furent  représentées  au 
premier,  et  celles  d'Avignon,  de  Mondragon,  de 
Genève  et  de  Lausanne  au  second. 

A  partir  de  1394,  les  maîtreS:  cessent  d'ètie 


nommés  pom^  un  atelier  ;  seul,  Mathieu  Bona- 
cursii  est  autorisé  <à  faire  battre  monnaie  dans 
les  diverses  monnoiries  de  Savoie,  suivant  les 
besoins.  11  s'établit  à  Chambéry  en  1397,  et  la 
ville,  dans  son  intérêt  et  dans  celui  des  ouvriers 
monnayeurs  qui  l'habitaient,  lui  accorda  20  flo- 
rins, montant  de  la  location  de  sa  maison  pour 
une  année.  La  formule  de  ce  don  a  trompé 
M.  Ghapperon  (Histoire  de  Chambéry) ^  qui  a 
cru  y  découvrir  la  preuve  du  premier  établisse- 
ment de  la  monnaie  à  Chambéry  (1). 

La  fabrication  étant  soumise  à  des  interrup- 
tions par  suite  du  manque  des  matières  pre- 
mières, de  l'abondance  du  numéraire  ou  de  la 
volonté  du  prince,  les  ouvriers  étaient  fort  sou- 
vent sans  ouvrage,  et  la  vie  devenait  difficile  pour 
eux;  c'est,  je  crois,  ce  qui  explique  en  partie 
l'octroi  de  si  nombreux  privilèges  et  leur  longue 
durée.  Vers  le  milieu  du  XVP  siècle,  nous  voyons 
une  «  requeste  présentée  par  les  compaignons 
«  ouvriers  et  monnoyeurs  de  la  présente  ville  de 
«  Chambéry  tendant  à  ce  que  afin  qu'ils  ayent 
((  moyen  de  pouvoir  vivre  en  travailliant  à  la 
«  dite  monnoye  de  cette  ville  et  au  service  de 
c(  S.  A.  le  braissage  leur  soyt  augmenté  ayant 

(1)  «  Libraverunt  Matheo  Bonacursii,  raonetarium  magistro,  in 
«  exoaerationem  viginti  florenorum  sibi  concessorum  per  syndicos 
«  et  consiliarios  dicte  ville  Chamberiaci  pro  locagio  sue  habitationis 
«  et  (lomus  presentis  anni  quo  incepit  tenere  monetarios  iu  dicta 
«  villa  Chamberiaci.  de  anuo  domini  1397.  (  Comptes  des  syndics, 
«  du  2  octobre  1396  au  2  octobre  1398.  ) 


15 
«  esgai'd  que  n'y  hayant  continuellement  beso- 
«  gne  ils  demeurent  la  plus  part  du  temps  sans 
«  travaillier  et  que  sur  ce  leur  soyt  pourveu 
«  comme  de  raison.  La  chambre  vue  la  requeste, 
«  la  réponse  d'Estienne  Burged  maitre  commis 
«  et  de  Jehan  Pieal  général  des  monnoyes,  dc- 
«  clare  par  provision  que  le  maitre,  sur  le  brais- 
((  sage,  leur  payera  pour  chascun  marc  de  solz 
((  et  quartz  douze,  quatre  quarts  de  sols  et  aux 
«  ouvriers  quatre  quarts  à  charge  qu'ils  tailleront 
«  de  recour  à  peine  de  10  livres  et  de  refaire. 
((  Des  pièces  de  4  sols  et  autres  fmes  il  payera 
«  6  quartz  aux  ouvriers  et  3  quarts  aux  mon- 
«  nayeurs.  A  Chambéry,  au  bureau  des  comptes, 
((  14  janvier  1566.  » 

En  1580,  l'édifice  n'étant  pas  disposé  pour 
travailler,  les  maîtres,  recourant  à  la  chambre, 
demandent  qu'elle  leur  accorde  5,000  écus  de 
blanc  chaque  année,  pour  le  revenu  être  em- 
ployé à  agrandir  le  local  et  à  en  louer  tempo- 
rairement un  autre.  L'autorisation  ne  l'ut  pas 
donnée,  car,  en  1585,  les  fours  et  le  matériel 
étant  hors  de  service,  l'on  ne  put  battre  que 
l'année  suivante. 

Pour  obvier  aux  inconvénients  de  ces  in- 
terruptions, l'on  s'etlorça  de  diminuer  les  ate- 
liers, le  nombre  des  monnayeurs  (1),  et,  i)lus 

(1)  Règlement  de  la  Chambre  des  comptes  de  Savoie,  1580;  lu 
de  nouveau  en  1584,  par  Iv  générai  des  monnaies  «  en  i'uuvrerie 
d'ycelle  mouDoye  do  ChauibOry.  »  Duboin,  liou  cité,  page  375. 


46 

tard,  on  ne  les  employa  qu'autant  qu'ils  furent 
bourgeois  de  la  ville  dans  laquelle  ils  travail- 
laient (1). 

L'on  battit  de  la  bonne  monnaie  à  Chambéry 
en  1628,  pour  retirer  la  mauvaise,  tombée  hors 
de  cours  ;  de  même,  en  1640,  la  chambre  des 
comptes  (2)  ordonna  aux  officiers  de  riiotel  des 
monnaies  de  Chambéry  de  retirer  les  monnaies 
défectueuses  ailn  d'en  faire  de  la  boniie;  l'ate- 
lier fut  alors  réouvert  et  travailla  encore  environ 
dix  années. 

Vers  la  fm  duXVP  siècle,  l'atelier  de  Cham- 
béry fut  donné  à  ferme  ,  puis  mis  à  l'enchère 
.  pour  un  terme  de  trois  ans  ;  des  difficultés , 
élevées  par  la  chambre  des  comptes,  interrom- 
pirent la  fabrication.  Un  mémorial  fut  présenté 
au  prince  relativement  aux  avantages  qu'offri- 
rait le  rétablissement  de  l'hôtel  des  monnaies 
de  CUiambéry  (1660).  Rien  n'indique  qu'il  y 
fût  donné  suite  ;  c'est  le  document  le  plus 
récent  qui  se  rapporte  à  cet  atelier. 

SAINT-SYMPHORIEN-D'OZON 

M.  Promis  Dominique  pense  que  l'atelier 
monétaire  de  St-Symphorien  a  pu  être  ouvert 

(1)  (1649).  Le  nombre  des  ouvriers  fut  réduit  à  huit,  et  celui  des 
moniiayeurs  à  quatre  ;  tous  devaient  être  bourgeois  de  Cliambéry. 
Duboin,  lieu  cité,  page  1208. 

(2)  Duboin,  lieu  cité,  page  1206. 


47 

pui'  le  comte  Philippe,  dont  le  comté  de  Salmo- 
reiic  tut  le  premier  apanage. 

L'acte  le  plus  ancien  qui  le  concerne  est 
l'hommage  prêté  par  les  monnayeurs  Jean  et 
Johannot  Giiiot  à  Amédée  Y,  qui  les  autorise  à 
battre  monnaie  dans  le  Viennois  (1297).  Ces 
deux  monnayeurs  se  reconnaissent  hommes 
liges  du  prince,  eux  et  leur  postérité,  s'obli- 
gent à  battre  monnaie  à  son  service  ,  lui  re- 
connaissant le  droit  de  les  faire  reprendre  et 
ramener  partout  où  ils  essaieraient  de  s'établir 
en  dehors  de  ses  états. 

Jacques  de  Varans  ,  de  Plaisance  ,  et  Pierre 
Alloyer,  de  Gênes,  battirent  à  St-Symphorfen 
de  1306  à  1310;  nous  publions  les  lettres  pa- 
tentes que  leur  accorda  Amédée  V,  qui  son! 
intéressantes  soit  à  cause  des  monnaies  qui  y 
sont  décrites,  soit  parce  que  l'acte  est  écrit  en 
Crançais  ,  soit  encore  par  son  opposition  avec 
l'acte  précédent,  dont  nous  n'avons  pas  trouvé 
d'autre  exemple. 

Cet  atelier  n'eut  pas  une  longue  existence  ; 
son  nom  ligure  pour  la  dernière  fois  dans  un 
compte  des  trésoriers  généraux  de  1341-42  , 
dans  lequel  Bernard  Robert,  maître  de  l'atelier 
de  Cliambéry,  est  reconnu  comme  ayant  réglé 
son  conq;»te  des  monnaies  faites  à  St-Synq>liorien 
jusqu'au  25  novembre  1340.  En  1355,  le  Vien- 
nois était  cédé  au  dauphin. 


48 

BOURG 

Ce  fut  le  comte  Aimon  qui  ouvrit  la  monnoiric 
de  Bourg  (d).  De  1394  à  1400,  Matteo  Bonacorso 
alterna  la  fabrication  à  Bourg,  à  Pont-d'Ain,  à 
Chambéry  et  dans  quelques  villes  de  l'autre  côté 
des  monts. 

Le  procès- verbal  du  parlement  des  mon- 
nayeurs,  tenu  à  Bourg  en  mai  1469,  ouvre  le 
second  registre  des  parlements  généraux  ;  il 
fut  décidé  que  le  premier  registre  serait  déposé 
à  Bomans,  pour  être  mis  en  lieu  sur.  Ce  fut 
encore  dans  cette  ville  que  se  tint  la  dernière 
assemblée  de  l'association  des  monnayeurs  du 
St-Empire,  en  1523;  l'association,  déjà  affaiblie 
et  dégénérée  en  spéculation,  de  la  part  du  plus 
grand  nombre  des  membres ,  se  soutenait  à 
peine,  et,  quatre  ans  plus  tard,  ne  put  tenir 
le  parlement  fixé  à  Genève. 

Cet  atelier  continua  à  travailler  jusqu'cà  l'occu- 
pation française  de  1536  ;  sa  recette  en  1527-28 
était  de  685  écus  soleil  (2).  Il  fut  réouvert  après 
la  paix  de  Cateau-Cambrésis  ;  lors  de  la  réor- 
ganisation du  système  monétaire  (1563),  Emma- 
nuel-Philibert fixa  par  un  règlement  les  condi- 
tions et  les  ordonnances  relatives  aux  monnaies 
battues  à  Bourg;  elles  durent  être  au  même 

(1)  Compte  (les  trésoriers  généraux,  1338. 

(2)  Compte  du  trésorier  général  Antoine  Rave. 


titre,  |)()ids  et  coiidilions  <|uu  cellus  frappées  à 
Cliaiiil)éry.  En  IGOl,  la  Bresse  était  cédée  à  la 
France,  et  l'atelier  de  liourg  fermé,  ainsi  que 
le  suivant. 

PONT-D'AIN 

Le  comte  Aimon  avait  été  élevé  à  Pont-d' Ain  ; 


il  y  ouvrit  un  atelier  en  1338,  sous  la  direction 
d'un  maître  des  monnaies ,  qui  travaillait  con- 
curremment à  Bourg  avec  deux  associés.  Amé- 
dée  VI,  en  1352,  concéda  à  Bonacorso  Borgo 
le  droit  d'y  frapper  des  écus  d'or  semblables 
à  ceux  du  roi  de  France ,  et  des  florins  d'or 
semblables  à  ceux  de  Florence  en  poids,  titre 
et  qualité.  Le  droit  de  seigneuriale  en  fut  fixé 
au  5  1/2  pour  cent;  ces  monnaies  d'or  sont 
très  probablement  les  i)remières  que  firent  frap- 
per les  princes  de  Savoie,  ces  ordonnances  étant 
les  plus  anciennes  dans  lesquelles  figurent  des 
monnaies  d'or. 

Deux  habitants  de  Pont-d'Ain  devaient  assister 
chaque  semaine  aux  épreuves  et  à  l'expédition 
des  moimaies.  T)e  1394  à  1400,  Mafteo  Bona- 
corso BoriiO  travailla  alternativement  à  Pont- 
d'Ain  et  dans  diverses  localités  deçà  et  delà  les 
monts. 

SAINT-GENIX 

Les  comptes  des  trésoriers  générau.x,  1341- 
VM2  (archives  dr   l;i  chambre  des  comptes), 


50 

mentionnent  un  maître  des  monnaies  de  Saint- 
Genix,  sans  donner  son  nom.  Dès  cette  époque, 
on  ne  trouve  plus  d'autres  indices  de  l'existence 
de  cet  atelier  que  les  comptes  des  deux  maîtres 
qui  travaillèrent  de  1354  à  1355  dans  cette  lo- 
calité, plus  importante  alors  qu'aujourd'hui. 

YENNE 

Les  protocoles  Firmin  contiennent  une  nomi- 
nation à  l'office  de  maître  «  de  monnoye  à  la 
ville  d'Je7ine,  »  du  28  février  1352 ,  avec  indi- 
cation du  poids  de  la  loy  et  du  caractère  de  ladite 
monnoye  en  or  et  argent,  etc.  Il  s'agit  sans 
doute  de  l'ouverture  temporaire  d'un  atelier 
comme  ceux  de  Saint-Genix  et  de  Pierre-Chàtel. 


PIERRE-CHATEL 

Vers  le  milieu  du  XI V^  siècle,  un  atelier  fut 
ouvert  temporairement  au  château  de  Pierre- 
Ghàtel  par  Bonacorso  Borgo,  de  Florence,  maître 
de  la  monnaie  de  Pont-d'Ain,  qui  y  travailla  pour 
le  compte  de  cet  atelier.  Il  s'y  établit  ensuite 
de  1355  à  1359,  ainsi  que  le  prouvent  les  comptes 
de  ces  années.  Ce  ne  fut  que  postérieurement 
qu'Amédée  VI  établit  l'ordre  de  l'Annonciade 
et  fonda  à  Pierre-Chàtel  une  chartreuse  et  une 
église  pour  les  chevaliers  de  cet  ordre. 


51 

CORNAVIN 

(  La  Croix-de-Cornavio,  près  Genève.  ) 

Peu  aprùs  que  le  duc  Amédée  VIII  eut  acquis 
(1401)  le  comté  de  Genevois,  il  nomma  Jean  de 
Resetto  maître  des  monnaies  dans  la  Savoie  et 
le  Genevois  ;  mais  rien  ne  prouve  que  celui-ci  ait 
travaillé  hors  de  Chambéry.  Ce  fut  le  duc  Louis 
qui  ouvrit  l'atelier  de  laCroix-de-Cornavin,  aux 
portes  de  Genève,  hors  du  bourg  de  St-Gervais  ; 
on  possède  les  ordres  de  battre,  de  cette  mon- 
naie, depuis  1448.  L'année  suivante  le  duc 
charge  ses  maîtres  généraux  des  monnaies  de 
nommer  un  garde  de  la  monnaie  prope  Ge- 
bennarum ,  en  remplacement  d'Aimar  Faljry , 
qui  ne  peut  continuer  à  cause  de  son  âge  et  de 
sa  faiblesse.  Dès  cette  épo(|ue,  les  ordonnances, 
les  ordres  de  battre  et  les  comptes  des  maîtres 
nous  conduisent  jusqu'en  1532  ;  mais  il  paraît 
que  l'atcdier  avait  dû  être  établi  ailleurs  à  partii- 
de  1530.  A  la  suite  d'un  mouvement  po[)ulaire 
survenu  à  Genève  (1)  à  cette  époc^ue,  les  édilices 
di'  la  monnaie  et  les  autres  constructions  hors 
de  la  porte  de  Cornavin  avaient  été  détruits. 

AIX-LES-BAINS 

Get  atelier  moiiélaiiv  n'a  pas  été  conmi  des 
divers  auteurs  qui  se  sont  occupés  delà  nninis- 

(1)  Bonnivard,  Chronique,  tome  II,  partie  2"",  page  580. 


52 

matique  savoisienno.  Ouvert  au  commencement 
du  X\^  siècle,  il  travailla  concurremment  avec 
celui  de  Ghambéry  ;  son  existence  fut  de  courte 
durée.  Ses  ouvriers  et  monnayeurs  se  firent 
représenter  aux  parlements  généraux  de  Valence 
(1408)  et  d'Avignon  (1411)  (1).  Il  n'existe  aucune 
ordoiHiance  le  concernant,  et  nous  n'avons  pu 
découvrir  les  raisons  qui  firent  établir  temporai- 
rement une  monnaie  dans  une  localité  aussi 
voisine  de  Ghambéry. 

MONTLUEL 

Dans  les  premières  années  du  XVP  siècle,  une 
monnaie  fut  établie  à  Montluel  ;  il  existe  des  or- 
donnances et  des  comptes-rendus  par  le  maître 
des  monnaies ,  qui  montrent  qu'elle  fut  en  ac- 
tivité de  1503  à  1530  (2).  L'on  trouve  des 
détails  sur  cet  atelier  dans  le  compte-rendu  de 
la  visite  faite  en  1528  par  François  Savoie,  maître 
particulier  des  monnaies  de  Ghambéry,  en  vertu 
de  l'autorité  spéciale  à  lui  conférée.  Il  ordonne 
au  vice-garde  et  au  chef  des  ouvriers  de  ne  battre 
aucune  monnaie  au-dessous  de  30  carats,  et  de 
faire  faire  un  trébuchet  pour  obtenir  toujours  le 
poids  indiqué.  Ils  devront  aussi  se  procurer  une 
arche  en  bois  fermant  à  clef  pour  placer  Vaulo- 

(1)  1"  registre  des  Parlements  généraux,  f  124. 

(2)  Duboin,  lieu  cité,  page  770. 


53 
hosirum  (empreinte)  (1)  ordinaire,  le  livre  du 
travail  et  les  lers  à  coinijner  ladite  monnaie, 
après  le  temps  fixé  par  ses  lettres.  Il  s'assure 
ensuite  que  les  cinq  monnayeurs  et  trois  ouvriers 
ont  le  droit  de  battre  de  naissance,  du  prince 
ou  par  succession  de  parents. 

GEX 

Cet  atelier  fut  ouvert  par  Charles-Emmanuel  K'', 
peu  après  être  monté  sur  le  trône,  probahlcninil 
pour  suppléer  à  celui  de  Cornavin,  qui  avait  été 
détruit  |)arles  Genevois.  Ensuite  d'une  sup[)li([ue 
adressée  à  la  Chambre  des  comptes  par  Nicolas 
Grand,  nommé  tailleur  et  essayeur  de  la  monnaie 
de  Gex  à  la  hn  de  juillet  1584,  des  instructions 
lui  furent  adressées  sur  ses  fonctions ,  ainsi 
qu'une  ordonnance  de  la  Chambre  sur  le  titre 
des  monnaies  qu'il  devait  faire  frapper. 

Des  ouvriers  monnayeurs  y  furent  envoyés 
de  Chambéry  et  restèrent  28  jours,  voyage 
compris,  pour  établir  cet  atelier  et  y  travailler  (2  ) . 

(1)  Ducange  :  Alabaustnim  idem  q'SAlbaranum  (empreinlc).— 
Ordonnances  des  rois  de  France,  1755,  t.  IX,  p.  628,  ait.  10  : 
Peines  contre  les  voleurs  d'empreintes  du  sel  :  «  Albaranos  cmendo 

«  et  ois  utendo faisos  albaranos  scu  omprenlas  fabricando  et 

«  eis  furando.  » 

(2)  Compte  du  trésorier  général  Emmanuel  Dyan  (  1584-1588  )  : 
«  Plus  a  jiayé  a  Jacqu«min  ,  Claude  Giiigoz,  Framjnis  Rossrt, 
«  Jacques  Verclieu,  MumlxTl  Gaillard,  Anlliuine  Savi^'iiy  et  Claude 
«  Janin,  ouvriers  et  monnoyeurs  de  la  présente  ville  de  Chambéry, 


54 

Les  comptes  des  maîtres  des  monnaies  de  Gex 
ne  comprennent  que  les  années  1584  à  1586. 
L'on  voit,  par  le  compte  du  trésorier  général 
cité  ci-dessus,  qu'on  y  a  travaillé  en  1588,  mais 
rien  n'indique  qu'il  subsista  jusqu'à  l'époque 
de  la  cession  de  ce  pays  à  la  France. 

BIELLE  (Bresse) 

Vers  le  milieu  du  XVIP  siècle  (1640-1642) 
un  atelier  temporaire  exista  à  Bielle ,  où  l'on 
battit  par  ordre  des  princes,  oncles  et  régents 
de  Charles-Emmanuel  11,  le  cardinal  Maurice 
et  le  prince  Thomas  (1). 

Le  peu  d'importance  de  l'outillage  nécessaire, 
et  la  faculté  laissée  le  plus  souvent  aux  mon- 
nayeurs  de  battre  où  ils  voulaient,  a  pu  faire 
ouvrir  des  ateliers  d'une  durée  éphémère  dont 
les  noms  ne  nous  ont  pas  été  conservés. 


«  la  somme  de  300  florins  que  la  chambre  leur  a  ordonné  pour 
«  les  despenses  par  eulx  faites  pendant  le  temps  de  28  jours  qu'ils 
«  auront  vaqué  pour  estre  allés  exprès  en  la  ville  de  Gex  pour  la 
«  fabrication  de  la  monnoye  nouvellement  érigée  audit  lieu  comme 
«  par  mandat  du  dernier  juillet  1584.  » 

(1)  Duboin,  lieu  cité,  p.  774. 


55 


ATELIERS  MONETAIRES  DE  LA  BRANCHE  DE  VAID 

THIERRENS    —    NYON 

Les  princes  de  la  branclio  de  Vaud  eurent 
successivement  trois  ateliers  monétaires  vers  la 
fm  du  Xll]*'  yiècle.  Promis  pense  que  le  premier 
l'ut  établi  dans  le  l'ugey  ou  le  Valromey  par 
Louis  1^'",  qui  avait  eu  ces  pays  du  sire  de  Beau- 
jt.'U,  en  échange  d'un  château  dans  losDombes. 
Devenu  seigneur  de  Vaud,  en  1285,  il  usa  du 
droit  de  battre  monnaie  qu'il  avait  obtenu  de 
l'empereur  ]»odolplie ,  laiiiiée  précédente,  et 
ouvrit  un  atelier  sur  une  terre  dépendant  au 
spirituel  de  l'évèché  de  Lausanne  (1)  prope 
Terenivi  (Thierrens  près  JNloudon  ).  Cette  mon- 
naie n'étant  qu'une  contrefaçon  de  celle  de 
Lausanne,  l'cvèque  mit  opposition,  et  un  décret 
(1299)  d'Albert,  empereur  des  Romains,  en- 
joignit au  prince  de  se  désister  de  cette  fabri- 
cation jusqu'à  ce  qu'il  eût  prouvé  la  légitimité 
de  son  droit.  Ce  fut  sans  doute  la  cause  du 
transfert  de  l'atelier  à  Nyon  (2),  où  Louis  !'''' 
lit  battre  monnaie  malgré  les  réclamations  de 
l'évèque  de  Genève  (3).  Celui-ci  lit  défense  dans 


(1)  1297.  Adolphe,  roi  des  Romains,  renouvela  celte  conce.ssion. 
Regeste  genevois,  art.  1426. 

(2)  Spun,  Histoire  de  Geni've,  l.  II,  p.  8f!. 

(3)  1208.  Uegeste  genevois,  art.  1017. 


56 

tout  son  diocèse  (dans  lequel  Nyon  était  compris) 
de  recevoir  la  monnaie  que  le  duc  faisait  frapper 
à  Nyon  (1). 

Le  procureur  du  prince  se  transporte  aussitôt 
à  Luly,  où  résidait  l'évèque ,  et  réclame  contre 
cet  acte,  disant  que  l'évoque  aurait  pu  et  dû 
recourir  à  l'évèque  de  Vienne,  au  comte  de 
Savoie ,  au  pape ,  à  l'empereur  ou  à  des  amis 
communs  pour  régler  leur  différend.  L'évèque 
réplique  qu'il  ne  révoquera  pas  son  ordonnance, 
et,  à  de  nouvelles  observations  présentées  par 
le  procureur  sur  le  droit  du  duc  de  battre  mon- 
naie, renvoie  sa  réponse  au  lendemain  à  Ge- 
nève. Les  raisons  insérées  dans  le  mémoire,  à 
l'appui  des  prétentions  du  prince,  sont  :  1°  que 
de  temps  immémorial  le  prince  et  les  siens  ont 
battu  monnaie  dans  leurs  terres  ;  2°  qu'il  le  fait 
en  Piémont  sur  le  territoire  de  l'évêché  de  Turin; 
3*^  que  Nyon  et  sa  terre  lui  appartiennent;  que 
cette  ville  a  eu  anciennement  un  évèché.  Il  se 
termine  par  un  appel,  adressé  à  l'archevêque 
de  Vienne,  à  l'encontre  des  menaces  et  de  l'in- 
terdit porté  par  l'évèque  de  Genève,  en  faveur 
du  comte,  de  sa  terre,  de  ses  familiers ,  de  ses 
sujets,  des  maîtres  monnayeurs  et  ouvriers  de 
ses  monnaies  et  de  ceux  qui  en  usent.  Ce  diffé- 
rend ne  se  termina  qu'en  1308  par  une  sentence 

(1)  «  Quod  nullus  capiat  monetam  quam  cudi  facit  dominus 
«  Ludovicus  ajuid  Nyvidunum.  (  Mémoires  de  la  Société  d'histoire 
«  et  d'archéologie  de  Genève,  t.  XIV,  p.  271.) 


57 
rendue  entre  l'évèque  Aimon  et  Louis  11  de 
Vaud  (1). 

L'évèque  l'autorise  à  faire  battre  monnaie  sur 
le  territoire  qu'il  possède  dans  son  diocèse ,  à 
l'exception  des  terres  de  l'Eglise.  Elle  devra 
être  bonne ,  légale  et  porter  une  empreinte 
différente  de  celle  de  Genève  ;  elle  aura  cours, 
mais  sans  obligation  de  la  recevoir.  Le  duc 
donnera  cours ,  dans  ses  terres ,  à  la  monnaie 
de  Genève,  et  reconnaîtra  tenir  en  fief  perpétuel 
de  l'évèque  et  de  l'Eglise  de  Genève  le  droit  de 
battre  monnaie,  et  leur  en  fera  hommage.  L'é- 
vèque aura  le  quart  du  bénéfice  réalisé  sur  la 
monnaie  frappée.  En  1350,  la  seigneurie  de 
Vaud  revint  au  comte  Amédée  VI,  qui  conserva 
l'atelier  de  Nyon.  Une  obligation  de  1364,  publiée 
par  M.  Mallet  (2),  est  signée  de  deux  maîtres 
généraux  des  monnaies,  qui  ont  travaillé  récem- 
ment à  Nyon.  Cet  atelier  subsista  postérieure- 
ment à  1432 ,  bien  que  nous  n'en  ayons  pas 
retrouvé  de  mention  depuis  cette  époque  (3). 

(1)  1308.  Regeste  genevois,  art.  1617.  Sentence  entre  l'évèque 
Aimon  et  Louis  II  de  Vaud  au  sujet  des  monnaies  que  lui  et  son 
père  ont  fait  fiapper. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Geuére, 
tome  II. 

(3)  Les  ouvriers  monnayeurs  de  Nyon  envoyèrent  un  procureur 
au  parlement  do  Valence. 


58 


ATELIERS  MONETAIRES  DES  COMTES  DE  GENEVOIS 

POISY  —  ANNECY 

M.  Serand  terminait  une  note  iconographique 
sur  les  monnaies  des  comtes  de  Genevois  (1) 
en  exprimant  le  désir  que  quelque  découverte 
vînt  permettre  de  fixer  la  localité  où  leur  atelier 
monétaire  avait  existé.  Les  deux  suppositions 
émises  par  notre  savant  et  obligeant  collabora- 
teur de  l'existence  d'une  monnoirie  près  du 
château  de  la  Balme  et  ensuite  à  Annecy  sont 
aujourd'hui  des  faits  acquis  à  l'histoire. 

Amédée  III  de  Genevois ,  créé  prince  de 
l'empire  par  l'empereur  Charles  IV,  voulut,  à 
l'imitation  de  Louis,  baron  de  Yaud,  faire  acte 
de  souveraineté  en  émettant  sa  propre  monnaie, 
sans  s'inquiéter  des  di^oits  régaliens  que  Tévêque 
de  Genève  possédait  dans  tout  son  diocèse. 
Quelques  historiens  prétendent  que  le  premier 
essai  de  battre  monnaie  aurait  eu  lieu  à  Annecy, 
antérieurement  à  1356 ,  année  où  Allamand  de 
St-Jeoire  protesta  contre  cette  violation  de  ses 
droits.  Amédée  se  déclara  prêta  s'en  remettre 
à  des  arbitres  pour  juger  le  différend,  et  l'affaire 
n'eut  pas  de  suite.  Le  prince  aurait  cessé  de  faire 
battre  monnaie  à  Annecy  et  renouvelé  sa  ten- 

(1)  Bulletin  de  l'Association  florimontane,  1855,  page  140. 


59 
tativp,  sur  des  terres  qu'il  tenait  d'Amédée  VT, 
en  qualité  de  vassal  ;  cette  fabrication,  presque 
clandestine ,  fut  connue  de  ce  dernier,  qui  mit 
opposition  à  ce  nouvel  empiétement,  mais  con- 
sentit ensuite  (suivant  Guichenon  et  Lévrier) 
à  lui  reconnaître  le  droit  de  battre  monnaie,  à 
la  condition  qu'il  déclarerait  le  tenir  de  lui.  Ce 
lieu  retiré  où  Amédée  III  fit  battre  monnaie  était 
la  commune  de  Poisy,  où  une  ruine,  au  milieu 
des  marais,  porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de 
Château  de  la  monnaie  ;   cette   indication   est 
complétée  par  les  noms  de  poises ,  oboles  de 
Poisy,  sous  lesquels  la  monnaie  frappée  par  ce 
prince  est  indiquée  dans  des  actes  du  X\'*^  siècle. 
L'exécution  du  testament  d'Amédée  III  (1) 
mentionne  trois  fois  des  deniers  et  des  oboles 
de  Poisy,  Poissy  ou  Poisi  (prope  Geben.),  dé- 
nomination qui  détermine  parfaitement  l'empla- 
cement de  l'atelier  monétaire  ouvert  par  lui. 
Il  n'aurait  point  commencé  par  essayer  ouverte- 
ment de  battre  monnaie  à  Annecy,  mais  dans  ce 
lieu  isolé  et  caché,  afin  de  ne  pas  attirer  l'at- 
tention de  l'évêque   de  Genève   et  du  duc  de 
Savoie. 

Nous  devons  à  M.  Serand  de  nouvelles  indi- 
cations sur  l'emploi  de  cette  monnaie  de  Poisy, 
extraites  des  reconnaissances  de  la  ville  d'An- 
necy, en  faveur  de  Janus  de  Savoie,  en  1406  : 

(1)  Publié  par  M.  Locoy  tic  la  Marche,   Bibliolhihiue  de  l  école 
des  chartes,  juillet  et  août  18C3. 


60 

«  Un  demy- journal  situé  à  Bouz  pour  les 
«  quelles  deux  pièces  qui  sont  sous  E^yance,  il 
«  est  deûb  trois  deniers  obolle  une  poyse  et 
«  demy  le  sixain  d'un  denier  genevois  et  la 
((  troisième  part  d'une  poyse  genevoise. 

«  Sur  la  moitié  de  cinq  fossorés,  vignes  situées 
«  à  Planpris  il  est  deûb  une  obolle  et  poyse 


genevoise. 


((  Sur  un  journal  terre  située  en  la  Ruaz ,  il 
«  est  deûb  un  denier  de  sullèrte. 

«  Sur  un  demy  journal  terre  au  dit  lieu,  il  est 
«  deûb  une  obole  genevoise  et  de  sulîerte  une 
((  obole  et  une  poyse  genevoise. 

«  Sur  une  maison  située  en  la  Charrière  ten- 
«  dant  du  grand  four  vers  la  maison  que  fut  de 
«  noble  Jean  Exchaquet  (de  la  monnoie),  il  est 
((  deûb  trois  deniers  genevois. 

«  Sur  un  journal  et  demy  terre  situé  au  Plan 
«  sur  le  pont,  il  est  deûb  un  denier  et  demy  poyse 


«  genevois.  » 


La  ruine  à  laquelle  la  tradition  a  conservé  le 
nom  de  Château  de  la  monnaie  est  située  près 
du  château  de  la  Balme,  à  la  limite  entre  Poisy 
et  Epagny,  et  dépend  aujourd'hui  de  cette  der- 
nière commune;  c'est  là,  sans  aucun  doute, 
qu'exista  le  premier  établissement  monétaire 
des  comtes  de  Genevois,  atelier  dont  les  produits 
étaient  assez  répandus  et  entrés  dans  l'usage, 
puisqu'on  les  retrouve  mentionnés  postérieure- 
ment à  l'établissement  d'un  atelier  monétaire  à 


61 
Annecy.  La  date  de  son  transfert  à  Annecy  peut 
être  fixée  au  commencement  du  XV*^  siècle.  J^e 
registre  des  parlements  généraux  ne  mentionne 
pas  des  monnayeurs  d'Annecy  au  parlement  de 
ChamJjéry  en  1420,  où  ils  n'auraient  pas  manqué 
d'assister,  et  à  St-Marcellin  ;  trois  ans  plus  tard, 
on  trouve  les  réceptions  d'Antoine  Lovanieri, 
bourgeois  d'Annecy  {ex  gratia  dacis  Sabaadie), 
ainsi  que  de  Jacques  Vaneys,  du  môme  lieu.  Le 
nombre  des  monnayeurs  était  déjà  restreint  et 
limité  aux  bourgeois ,  sans  le  concours  des 
étrangers.  En  1439,  cet  Antoine  Lovanieri  tra- 
vaillait à  Chambéry  ,  et  représenta  à  Avignon 
les  monnayeurs  de  Chambéry,  de  Genève,  d'An- 
necy et  de  Nyon  ;  deux  ouvriers  d'Annecy  sont 
mentionnés,  Jacques  Vaneys  ci-dessus  et  Fran- 
çois Déosaus.  Leur  petit  nombre  semble  indiquer 
que  les  ducs  de  Savoie,  après  être  entrés  en 
possession  du  Genevois,  laissèrent  subsister  cet 
alelier  sans  l'augmenter,  et  qu'il  cessa  de  tra- 
vailler vers  1460,  lorsque  cette  province  fut  don- 
née en  apanage  à  Janus  de  Savoie,  lils  du  duc 
Louis,  qui,  par  patentes  du  28  novembre  1448, 
avait  accordé  que  la  monnaie  serait  établie  à 
Annecy,  sans  que  rien  vienne  nous  indiquer  qu'il 
y  ait  fait  battre.  C'est  encore  aux  recherches  de 
M.  Serand  qu'est  due  la  découverte  de  la  maison 
d'Annecy  où  exista  l'atelier  monétaire  ;  il  était 
situé  près  de  l'évêché ,  dans  la  même  maison 
qu'a   habitée   M'"^   de   Warens   :    «  En   1551 , 


i 


62 

«  damoiselle  Louise  Echaquet,  veuve  de  noble 
«  .leaiide  Conflens,  c  est  par  elle  que  la  maison 
((  de  la  monnoye  en  la  rue  de  la  Juiverie,  proche 
((  de  l'église  de  St-François,  a  été  faite  des  ap- 
«  partenances  de  la  maison  de  Conflens  (  est 
«  parvenue  à  la  maison  de  Gonflans  ),  autrement 
«  ditte  de  Boëge  (1).   » 

En  1590,  un  de  Conflens  est  appelé  seigneur 
de  la  monnaie  (2),  et,  dans  le  cadastre  de  1730, 
cette  maison  figure  encore  au  nom  de  noble  de 
Boëge  de  Contlans. 

Dans  le  premier  registre  des  assemblées  des 
monnayeurs  du  Saint -Empire  romain,  nous 
trouvons  les  ouvriers  et  moiniayeurs  d'Annecy 
représentés  aux  parlements  de  Saint-Marcellin 
(1429)  et  d'Avignon  (1439)  (3). 


DES    MONNAYEURS 

Au  X^  siècle,  l'art  du  monnayage  était  tombé 
dans  un  état  de  barbarie,  et  ne  produisait  que 
des  types  informes  permettant  à  peine  d'en  re- 
connaître les  divers  éléments.  Les  deniers 
d'Humbert  II  offrent  déjà  un  progrès  sur  ceux 

(1)  Pourpris  historique  de  Charles-Auguste  de  Sales,  page  189. 

(2)  Note  de  M.  Ducis. 

(3)  Registre  des  parlements  généraux^  f"  126. 


63 
de  St-.leaii-du-Maurienne  et  d'Aiguebelle  ;  ce 
type  primitif  s'améliora  successivement  et  se 
modifia  à  partir  d'Amédée  V. 

Le  nombre  des  ouvriers  était  très  restreint,  et 
les  princes  devaient  se  les  attacher  par  des 
immunités  et  des  privilèges  que  nous  voyons 
augmenter  à  partir  du  XIIP  siècle  pour  dispa- 
raître au  XVP.  L'importance  du  monnayage  ne 
dérivait  pas  seulement  pour  eux  du  droit  réga- 
lien qui  y  était  attaché  et  de  sa  nécessité  pour 
faciliter  les  transactions,  mais  encore  du  revenu 
qu'ils  en  retiraient.  Le  remède  et  le  seigneuriage, 
tolérance  et  diflerence  dans  l'alliage  et  le  poids, 
que  l'on  supposait  dues  plus  à  l'imperfection 
de  l'art  qu'à  la  cupidité,  étaient  perçus  par  la 
chambre  du  prince,  variaient  avec  chaque  espèce 
de  pièces,  la  nature  du  métal  employé,  et  étaient 
fixés  par  chaque  ordonnance  de  battre. 

Les  princes  de  Savoie  octroyèrent  à  leurs 
monnayeurs  tous  les  avantages  accordés  par  les 
rois  de  France,  et  y  ajoutèrent  même  les  liens 
du  régime  féodal,  compensés  par  des  redevances 
et  une  protection  qui  s'étendait  à  leurs  personnes 
et  à  leurs  biens.  Les  détails  en  sont  consignés 
dans  un  hommage  de  fidélité  prêté  au  comte 
Vert(l)  par  Jean  Ginot  et  Johannot,  soniils,  mon- 
nayeurs. 

(1)  Diiboin,  lien  cité,  p.  65.  Document  ii"  2.  Acte  du  22  mai  1297, 
publié  en  lalin  par  Promis,  d'après  l'original  en  français. 


64 

Ils  promettent,  par  serment  prêté  sm'  l'Evan- 
gile, hommage  lige  et  lidélité  au  comte  de  Sa- 
voie, et  s'engagent  à  travailler,  eux  et  leurs 
héritiers,  à  ses  monnaies.  Ils  s'ohhgent  à  les 
garder,  à  les  couper  et  à  les  examiner  partout 
où  le  prince  voudra  hattre.  Dans  le  cas  où  ils 
viendraient  à  sortir  de  sa  juridiction,  le  comte 
aura  le  droit  de  revendiquer  eux  et  leurs  hé- 
ritiers comme  étant  ses  hommes  liges.  De  son 
côté  Amédée  V  leur  assigne  dix  sommées  de 
froment  à  la  mesure  de  St-Symphorien  (d'Ozon) 
et  quinze  sommées  de  vin,  mesure  du  même 
lieu,  ou  cent  solides  viennois,  à  la  place  du  vin, 
payables  chaque  année  à  St-Symphorien*  ou  à 
St-Georges  (  d'Esperanche  ).  Il  leur  garantit  ces 
cent  solides  viennois  sur  le  péage  de  St-Sym- 
phorien-d'Ozon  jusqu'à  la  fête  du  bienheureux 
S.  Michel,  promettant  en  outre  de  soutenir  et 
défendre  eux  et  leurs  biens,  comme  ses  hommes 
liges.  De  plus  ils  doivent  jouir  en  tout  temps 
(  qu'ils  travaillent  ou  non  )  des  franchises  et  des 
libertés  accordées  aux  monnayeurs' du  roi  de 
France,  recevoir  le  même  brassage  et  remède, 
ainsi  qu'un  salaire  suffisant  pour  la  gravure  des 
coins.  Tels  étaient  les  moyens  dont  se  servaient 
les  princes  pour  retenir  les  monnayeurs  à  leur 
service,  à  une  époque  où  les  procédés  matériels 
employés  pour  la  frappe  rendaient  la  production 
très  lente,  malgré  la  simplicité  et  la  grossièreté 
des  poinçons  et  des  coins  employés.  L'on  ne 


65 

pouvait  y  suppléer  que  par  un  grand  nombre 
d'ateliers  et  d'ouvriers. 

Amédée  V,  octroyant  (1)  à  deux  étrangers  le 
droit  de  battre  monnaie  pendant  trois  ans  dans 
sa  terre  de  Vienne,  déclare  que  cette  concession 
est  faite  de  la  manière  usitée  précédemment , 
ce  qui  fait  remonter  l'ouverture  de  cet  atelier  à 
une  époque  antérieure.  Nous  trouvons  dans  cet 
acte  les  devoirs  et  les  privilèges  des  monnayeurs 
et  les  avantages  dont  ils  jouissaient,  détaillés 
d'une  manière  plus  complète  que  dans  le  pré- 
cédent. 

"  Jacques  de  Saxe,  de  Plaisance,  et  Pierre 
Aloyer,  de  Gènes,  sont  chargés  de  battre  toutes 
les  monnaies  noires  et  blanches  qui  devront  se 
faire  dans  la  terre  de  Vienne.  Le  comte  doit 
leur  faire  donner  un  emplacement  et  une  maison 
convenables  pour  travailler  pendant  qu'ils  au- 
ront charge  de  battre  monnaie,  et  leur  procurer 
en  nombre  convenable  des  ouvriers  et  des  mon- 
nayeurs de  sa  terre.  Au  cas  où  il  ne  pourrait 
leur  en  fournir,  ils  s'en  procureront  au  dehors, 
sans  que  le  comte  ait  à  s'en  étonner.  Ils  joui- 
ront de  toutes  les  coutumes  et  franchises  usi- 
tées dans  les  autres  monnaies,  et  aucun  mon- 
nayeurne  sera  autorisé  à  s'établir  dans  le  Vien- 
nois pendant  qu'ils  y  travailleront. 

Us  donneront  au  prince,  pour  chaque  jour  de 

(1)  Voir  document  n"  4. 


66 

travail,  35  livres  de  petite  monnaie  noire,  gain 
qui  doit  être  retiré  de  huit  jours  en  huit  jours 
et  fourni  en  égale  proportion  d'argent  et  de 
billon.  Il  est  entendu  que  les  semaines  seront 
de  cinq  jours  de  travail  et  rendront  au  prince 
175 livres,  que  les  monnayeurs  travaillent  ou  non. 
Dès  qu'ils  auront  frappé  une  certaine  quantité 
de  monnaie,  toutes  celles  en  cours  seront  taxées 
àlavaleur  des  nouvelles.  Défense  est  faite,  sous 
peine  de  confiscation,  de  sortir  des  Etats  l'ar- 
gent, le  billon  et  la  monnaie  fausse,  de  refondre 
ou  d'affiner  du  billon. 

Pour  le  premier  mois,  ils  ne  payeront  au 
prince  que  100  livres  de  petite  monnaie  noire. 

Les  gardes  vérifieront  la  monnaie  toutes  les 
fois  qu'ils  en  seront  requis  par  les  maîtres,  et 
la  recevront  si  elle  est  de  poids  et  à  la  loi  fixée  ; 
ils  seront  payés  par  les  monnayeurs. 

Si  l'on  cessait  de  battre  à  Saint-Symphorien- 
d'Ozon,  par  suite  de  guerre  ou  d'abaissement  du 
titre  des  monnaies  par  le  roi  de  France,  ils  ne 
devront  pas  de  droit,  et,  lorsqu'il  leur  sera  or- 
donné de  battre  de  nouveau,  ils  s'obligent  à  le 
payer.  Pour  assurance  de  l'exécution  de  leur 
contrat,  ils  doivent  déposer  2,000  livres  vien- 
noises desdites  monnaies. 

Les  marchands  qui  apporteront  du  billon  ou 
de  l'argent  à  la  monnaie  seront  sauvegardés , 
à  l'aller  et  au  retour,  eux  et  leurs  biens. 

Les    sentences    que    l'archevêque   de    Lyon 


67 
pourrait  lancer  contre  les  moiiiiayeurs  et  leurs 
ouvriers  seront  considérées  comme  nulles. 
L'acte  est  signé  par  l'évoque  de  Maurienne, 
à  la  démande  de  Jacques  et  de  Pierre  ;  il  fut 
passé  à  rile-Barbe,  le  dimanche  des  Cordes, 
1306. 

Amédée  VI  étendit  à  tous  les  ouvriers  et  mon- 
nayeurs  de  ses  monnaies  les  privilèges  des 
monnayeurs  du  royaume  de  France ,  et  leur 
confirma  ceux  accordés  par  ses  prédécesseurs. 
Ces  privilèges  des  monnayeurs  du  royaume  de 
BYance  consistaient  alors ,  suivant  la  copie  re- 
produite par  Jolly  (1),  à  ne  pouvoir  être  appelés 
devant  d'autres  juges  que  devant  les  maîtres  des 
monnaies,  hors  le  cas  d'homicide,  de  vol  et  de 
rapt,  à  être  exempts  de  charges  coutumes, 
péages,  passages,  censés,  etc.,  cavalcade  des  ar- 
mées, et  de  toutes  subventions  ,  exactions  et 
impositions. 

Le  prince  les  prend  sous  sa  sauvegarde  et 
protection,  eux  et  leurs  biens,  voulant  que  ceux 
qui  leur  causeraient  empêchement  ou  dommage 
soient  condamnés  et  incontinent  forcés  à  leur 
rendre  et  compenser  tous  dommages ,  dépens 
et  perturbations  qui  en  résulteraient.  Ces  [iri- 
vilégcs  sont  la  reproduction  de  ceux  accordés 
en  4333  par   Philippe   aux   ouvriers   et   mon- 


(1)  Comjiilalion  drs  anciens  rdits  des  princes  de  la  maison  de 
Savoie.  Cliaiiibury,  1571),  Eticiiiiu  Riomlcl.  p.  C90. 


68 

nayeurs  du  serment  de  France,  étendus  à  leurs 

femmes  et  à  leurs  familles,  en  avril  1337. 

Amédée  VI,  en  1531,  les  restreignit  aux  mon- 
nayeurs  du  serment  du  comté  de  Savoie  (1). 
Amédée  de  Genève,  tuteur  d' Amédée  Vil ,  les 
étendit  aux  monnayeurs  du  serment  de  Savoie, 
des  comtés  de  Savoie  et  de  Genève,  à  ceux  qui, 
empêchés  de  travailler  par  infirmités,  vieillesse 
ou  faiblesse  corporelle,  pourvu  qu'ils  fussent 
disposés  à  travailler,  s'ils  le  pouvaient  de  nou- 
veau. 

Charles  III  (1535, 15  octobre)  les  approuva  et 
fit  dresser  des  règlements  généraux  pour  la  fa- 
brication ,  la  vérification  et  la  circulation  des 
monnaies.  Nous  allons  résumer  ce  qui  se  rap- 
porte plus  particulièrement  aux  ateliers  moné- 
taires et  aux  monnayeurs. 

Antérieurement  à  ce  règlement  général,  les 
règles  de  l'exercice  et  de  l'administration  de 
l'industrie  monétaire  émanaient  des  maîtres  gé- 
néraux des  monnaies  et  de  la  Chambre  des 
comptes.  Les  lettres  patentes  de  1483  et  un  acte 
du  17  novembre  1528  semblent  l'indiquer;  l'ab- 
sence de  documents  relatifs  à  cette  matière  dans 
les  archives  royales  vient  d'ailleurs  confirmer 
que  ces  règles  n'émanaient  pas  de  l'autorité  sou- 
veraine. Les  archives  de  la  Chambre  des  comptes 
de  Turin  nous  olTrent  en  outre  divers  ordres 

(1)  Chatûbéry,  24  avril.  —  Joly,  lieu  cité,  p.  696. 


69 
nommant  des  ouvriers  des  monnoirics,  réglant 
la  frappe  des  monnaies,  le  change,  etc.  Le  tra- 
vail dans  les  ateliers  ne  pouvait  avoir  lieu  que  do 
jour;  dans  les  circonstances  pressantes,  il  était 
dérogé  à  cette  règle  par  ordoiniance  spéciale  du 
prince  et  de  la  Chambre  des  comptes  (1).  Ces 
privilèges  furent  confirmés  par  Amédée  Mil 
(1415),  Louis  (1450),  Amédée  IX  (1466-1476); 

les  décréta statuta  vetera  d' Amédée  YIIl 

renferment  toutes  les  conditions  principales  de 
fabrication  et  une  opposition  aux  assemblées 
illicites  ou  à  l'association  des  monnayeurs  de  Sa- 
voie avec  les  monnayeurs  étrangers  (2). 

MAÎTRES    GÉNÉRAUX 

Ils  doivent  être  sujets  du  prince ,  être  exa- 
minés par  quatre  maîtres  généraux  et  prêter 
serment  entre  les  mains  des  présidents  et  des 
maiti-es  de  la  Chambre  des  comptes.  Leurs 
gages  ne  leur  seront  point  payés  par  les  maîtres 
particuliers  ;  ils  ne  pourront  avoir  aucun  rapport 
d'intérêt  avec  eux. 

Tous  les  trois  mois  au  moins,  ils  visiteront  les 
ateliers  pour  reconnaître  la  bonté  des  momiaies 
fabriquées,  et  contrôleront  les  rcLàstres  des  rar- 
des  et  des  essayeurs.   Ils  vérifieront  les  poids 

(1)  Duljoiii,  lieu  cité,  f  72.  Billot  de  S.  A.  H.  en  1635,  et  ordre  de 
la  Chambre  des  comptes  du  Turin  en  169('. 

(2)  L.  2,  cli.  99,  De  qualitate,  ufjicio  et  juramentomotietariorum 


70 

dont  se  servent  les  maîtres  particuliers,  les  ou- 
vriers, etc.  ;  ces  poids  doivent  être  semblables 
à  la  matrice  de  la  Chambre  des  comptes,  qui  est 
la  reproduction  de  celle  de  Paris. 

Ils  s'assureront  que  les  maîtres  particuliers 
ne  frappent  pas  en  plus  grande  quantité  que  ne 
le  portent  les  ordonnances,  et  pourront  arrêter 
la  fabrication,  s'ils  la  jugent  suffisante. 

Ils  pourront  arrêter  et  détenir  ceux  qui  se 
seraient  rendus  coupables  de  vol  dans  les  maisons 
des  monnaies  et  les  retenir  jusqu'à  restitution. 
Ils  tiendront  un  rôle  des  officiers  et  des  em- 
ployés, et  le  remettront  à  la  Chambre  pour  s'as- 
surer que  chacun  d'eux  travaille  dans  la  localité 
qui  lui  a  été  désignée. 

• 

MAÎTRES     PARTICULIERS 

Les  maîtres  particuliers  sont  également  exa- 
minés par  quatre  maîtres  généraux,  et,  une  fois 
nommés  à  un  atelier,  ils  doivent  donner  une 
caution. 

Ils  s'obligeront  à  avoir  des  ouvriers  et  des 
employés  en  nombre  suffisant,  et  prendront  à 
leur  charge,  par  inventaire,  le  matériel  appar- 
tenant au  prince  et  celui  délaissé  par  leur  pré- 
décesseur. Il  leur  est  défendu  d'employer  des 
ouvriers  étrangers  sans  la  permission  des  maî- 
tres généraux  ou  des  gardes. 

Ils  doivent  avoir  une  boy  te  pour  les  essais, 
qui  devra  être  remise  à  la  Chambre  des  comptes. 


71 
Cette  boîte  doit  être  en  fer  et  avoir  six  clefs  : 
trois  au  second  fond,  que  garderont  le  clavaire 
de  la  chambre,  le  maitre  et  l'essaveur;  une  au 
premier  fond ,  qu'aura  encore  le  clavaire  ;  les 
deux  autres  s'adapteront  à  l'ouverture  par  la- 
quelle l'on  met  les  deniers  des  délivrances  et 
des  briefves,  et  resteront  entre  les  mains  dii 
maître  et  de  l'essayeur.  Cette  boîte  sera  en  outre 
fermée  dans  le  coffre  du  seigneur,  dont  le  garde 
et  le  contre-garde  auront  les  deux  clefs.  Lors 
des  vérifications,  la  boette  sera  cousue  dans  un 
sachet,  enveloppée  ainsi  que  les  papiers  et  les 
registres,  et  scellée  par  le  secrétaire  et  le  garde 
des  monnaies  pour  être  portée  à  la  Chambre  des 
comptes.  Le  triage  et  la  vérification  des  mon- 
naies d'or  et  d'argent  seront  faits  en  présence 
de  la  Chambre,  des  maîtres  généraux,  du  maître 
particulier  et  de  l'essayeur. 

Si  les  essais  indiquent  que  les  délivrances 
sont  hors  de  poids  et  de  remède,  le  maitre  sera 
puni  d'une  amende  double  de  la  différence  re- 
connue ;  l'amende  sera  quadruplée  si  l'erreur 
se  reproduit  une  seconde  fois,  et  à  une  troi- 
sièmes le  maître  sera  remis  à  la  miséricorde  du 
seigneur. 

CARDES,    <:ONTRE-GART)ES   ET  ESSAYEURS 

Ils  sont  également  examinés  par  quatre  niai- 
Ires  généraux  et  prêtent  serment  à  la  Clianibie 


72 

des  comptes.  Leur  charge  consiste  à  surveiller  les 
fournaises,  à  tenir  note  des  délivrances  des  ma- 
trices et  des  coins,  à  s'assurer  de  la  justesse  des 
balances  et  des  poids. 

Les  essayeurs  sont  examinés  par  quatre  maî- 
tres généraux,  quatre  maîtres  particuliers  et 
deux  essayeurs.  Ils  essaient  les  métaux  apportés 
pour  la  fabrication,  le  métal  préparé  et  les  mon- 
naies après  la  fabrication. 

PRIVILÈGES  DES   MONNAYEURS 

Les  immunités  et  les  privilèges  dont  jouis- 
saient les  monnayeurs  étaient  fréquemment 
l'occasion  de  réclamations  et  d'entraves  de  la 
part  du  fisc  ,  des  particuliers ,  des  communes , 
etc.  ;  aussi  cherchaient-ils  à  les  sauvegarder  et 
à  les  garantir,  en  les  faisant  approuver  à  l'avé- 
nement  de  chaque  prince.  Afin  d'en  maintenir 
la  conservation,  les  monnayeurs  s'adressèrent 
au  pape  (1);  Sixte  IV  leur  accorda  une  bulle 
de  confirmation  (1475,  5  janvier)  des  privi- 
lèges et  immunités  concédés  par  les  ducs  de 
Savoie,  dont  ils  prétendaient  avoir  perdu  les 
actes.  Ils  obtinrent  une  nouvelle  bulle  d'Innocent 
VIII,  en  i491,  accompagnée  d'une  lettre  pour 
en  assurer  l'observation.  Ces  privilèges  étaient 
la  cause  de  graves  abus  de  la  part  des  ayants 

(1)  Duboin,  lieu  cité,  page  24. 


73 

droit,  vis-à-vis  du  fisc,  aussi  bien  que  vis-à-vis 
du  public,  îilîus  qui  amenèrent  la  réglementation, 
la  diminution  et  iinalement  le  retrait  de  droits 
aussi  exagérés  que  contraires  à  une  bonne  et 
juste  administration. 

Charles  I^""  (1)  précisa  dans  quelles  limites  et 
de  quelle  manière  les  officiers  des  monnaies 
pouvaient  profiter  de  leurs  privilèges,  pour  faire 
cesser  le  préjudice  porté  au  lise  par  les  mon- 
nayeurs,  en  faisant  passer  sous  leur  nom  des 
marchandises  ne  leur  appartenant  pas.  l^es 
exemptions  furent  limitées  à  la  durée  de  leur 
charge  ou  emploi ,  et  restreintes  à  leurs  biens 
propres,  aux  objets  à  leur  usage  et  à  celui  de 
leur  famille;  le  surplus  devait  payer  les  droits. 

La  juridiction  des  maîtres  généraux  des  mon- 
naies dans  les  causes  civiles  et  criminelles  des 
officiers  et  des  ouvriers  des  monnaies  fut  révo- 
quée par  acte  du  10  janvier  1544  (2).  On  leur 
promit  de  députer  pour  cet  objet  et  pour  l'ob- 
servance de  leurs  privilèges  un  conservateur 
spécial. 

A  partir  du  XVIP  siècle ,  malgré  les  conlir- 
mations  réitérées  obtenues,  les  monnayeurs  (3) 
furent  entravés  de  toutes  parts  dans  la  jouissance 
de  leurs  privilèges. 

La  Chambre  des  comptes  et  le  Sénat  nielLaicnl 

(1)  i486,  Duboin,  lieu  cité,  page  -28. 

(2)  liiiliiiin,  lii'ii  cité,  paw  116. 
(31  Uuliniii,  lii'U  cilé,  p.i^e  7'). 

5 


74 

tout  en  œuvi^e  pour  mettre  Un  à  ces  abus ,  et 
refusaient  l'entérinement  de  leurs  lettres  pa- 
tentes. Celles  de  1625  ne  furent  point  entérinées 
et  ne  figurent  point  dans  le  recueil  de  leurs  pri- 
vilèges, imprimé  en  1699;  il  en  fut  de  même  en 
1633  et  1635. 

Ces  immunités ,  si  préjudiciables  au  trésor 
public  et  hors  du  droit  commun,  auraient  cer- 
tainement été  supprimées  plus  rapidement  sans 
les  régences  rapprochées  qui ,  à  cette  époque , 
retardèrent  plus  d'un  progrès  dans  la  législation 
et  les  fmances  de  la  Savoie. 

L'un  des  régents,  pour  augmenter  le  nombre 
de  ses  adhérents ,  accordait-il  quelques  privi- 
lèges, les  autres  se  voyaient  obligés  d'en  faire 
autant  pour  conserver  une  part  du  pouvoir. 
Ainsi,  pour  les  monnaies,  voyons-nous  des  lettres 
patentes  émanées  de  la  régente,  le  28  février 
1638 ,  être  suivies  de  semblables  données  par 
le  cardinal  Maurice  et  le  prince  Thomas ,  le  21 
août  1639,  puis  parle  duc  Charles-Emmanuel  II, 
le  13  mars  1641,  renouvelées  en  1650  à  la  suite 
d'instances  de  la  part  des  monnayeurs. 

La  Chambre  des  comptes  refusa  d'entériner 
ces  dernières,  et,  après  de  nombreuses  et  conti- 
nuelles sohicitations,  ne  les  reçut  qu'à  la  fm  de 
1665  et  les  restreignit  en  grande  partie  dans 
l'acte  d'entérination  (  4  février  1666  ).  Un 
décret    du   27    janvier  1635  (1)    avait    hmité 

(1)  Duboin,  lieu  cité,  page  41. 


75 
les  privilèges  aux  ouvriers  et  aux  moniiayeurs 
figurant  sur  une  liste  arrêtée  par  l'auditeur  et 
le  super-intendant  général  des  monnaies. 

Les  réclamations  du  public  étaient  renfermées 
dans  les  doléances  des  assemblées  des  trois  états, 
dont  les  procès-verbaux  ont  malheureusement 
été  détruits  ou  cachés  pour  atténuer  l'impor- 
tance de  leur  rôle.  Les  écrivains  nationaux  ncw 
ont  point  parlé ,  parce  que  le  gouvernement, 
craignant  de  voir  réclamer  leur  rétablissement, 
empêcha  de  recueillir  des  documents  et  de  les 
faire  connaître. 

Dalpozzo  (exilé  en  1821  )  publia  un  essai  sur 
les  anciennes  assemblées  nationales  de  la  Savoie 
et  du  Piémont  ;  l'entrée  en  fut  interdite.  La 
royale  Députation  des  études  historiques  avait 
réuni  les  documents  relatifs  aux  réunions  des 
trois  états  ;  mais  elle  dut  renoncer  à  les  publier, 
et  les  remettre  au  secrétariat  des  affaires  inté- 
rieures ,  d'où  ils  ont  passé  aux  archives  de 
cour. 

Les  recherches  faites  par  Duboin  ne  lui  ont 
fait  rencontrer  que  quelijues  réclamations  des 
XV*^  et  XVP  siècles,  relatives  surtout  à  la  vak'ur 
et  au  cours  uniforme  des  monnaie>s  et  au  retrait 
des  espèces,  inférieures  en  titre  et  qualité, 
frappées  par  les  monnayeurs  à  rencontre  des 
édits.  .lolly  et  Dui)oi)i  (1)  ont  rapporté  un  èdit 

(1)  Lieu  cil.^  iia.irc  G9'i.   Ihidem,  |)ai,'<»  8S. 


76 

du  duc  Charles  III  qui  résume  en  quelque 
sorte  les  sujets  de  réclamations  présentées 
par  les  trois  états  des  diverses  provinces  contre 

les  abus  des  monnayeurs 

«  Dans  plusieurs  réunions  des  trois  Etats,  il  nous 
«  a  été  exposé  et  supplié  de  pourvoir  aux  erreurs 
«  et  aux  abus  qui  sont  commis  chaque  jour  à 
«  rencontre  des  monnaies.  Désirant  y  pourvoir, 
((  nous  avons  reconnu  nécessaire  de  faire  de 
«  nouvelles  ordonnances  pour  rétablir  le  régu- 
«  lier  cours  des  monnaies.  »  Ces  ordonnances 
furent  approuvées  par  les  conseils  résidants  de 
Chambéry  et  de  Turin. 

Nous  ne  pouvons  que  déplorer  les  mesures 
inintelHgentes  et  barbares  qui  nous  ont  privé 
de  documents  aussi  importants  pour  notre  his- 
toire nationale,  aussi  bien  que  pour  le  sujet  que 
nous  exposons. 


FAUX  MONNAYEURS 

La  simplicité  et  l'imperfection  du  mode  de 
fabrication  des  monnaies  rendait  leur  falsification 
facile,  et  les  moyens  même  employés  par  les 
princes  afm  de  cacher  les  fraudes  dont  ils  se 
rendaient  coupables  pour  remplir  leurs  trésors 


77 
étaient  une  garantie  pour  les  faux  mouuayeurs. 
Nous  voyous,  eu  effet,  les  peines  les  plus  sévères 
édictées  contre  les  billouneurs  (1)  qui  faisaient 
fondre  les  monnaies,  peines  qui  atteignaient 
ceux  qui  auraient  voulu  faire  des  essais  et  des 
analyses,  seuls  moyens  qui  auraient  pu  faire 
découvrir  la  véritable  valeur  des  espèces  en 
cours,  mais  auraient  fait  connaître  la  composition 
et  le  titre  des  pièces  émises  par  les  ateliers  du 
prince,  aussi  bien  que  de  celles  frappées  par  de 
faux  monnayeurs.  Seuls  les  signes  ou  points 
secrets  permettaient  aux  maîtres  des  monnaies 
de  reconnaître  d'une  manière  sûre  la  monnaie 
vraie  de  la  fausse,  et  la  valeur  relative  des  pièces 
des  diverses  émissions. 

L'émission  de  la  fausse  monnaie  était  rendue 
facile  en  Savoie,  sa  position  entre  la  France,  la 
Suisse  et  le  Dauphiné  permettant  de  répandre 
au  dehors  des  pièces  dont  le  type,  facilement 
imité,  et  toutes  les  apparences  semblaient  ga- 
rantir la  bonté ,  et  qu'il  était  fort  difficile  de 
contrôler.  Des  particuliers  même  obtenaient  de 
faire  frapper,  dans  les  ateliers  monétaires,  des 
pièces  à  des  types  admis  dans  d'autres  pays,  à  la 
seule  condition  de  ne  pas  les  mettre  en  cours 
dans  l'Etat.  Le  besoin  de  petite  monnaie  ouvrait 
un  large  champ  au  commerce  et  à  la  fraude,  et 


(1)  Ordonnances  des  rois  de  France,  t.  II,  p.  279,  cl  leltres  pa- 
lentcs  des  [irinces  de  Savoie.  Duboin,  lieu  cdû,  jiassim. 


78 

sa  dilï'usioii  était  fructueuse  et  sans  grands  dan- 
gers pour  ceux  qui  s'y  livraient.  Aussi  les  peines 
les  plus  sévères  étaient  portées  contre  les  faux 
monnayeurs  et  contre  tous  ceux  qui  se  rendaient 
coupables  de  la  distribution  et  du  transport  de  la 
fausse  monnaie.  En  Savoie,  la  loi  condamnait  le 
faux  monnayeur,  suivant  la  gravité  des  cas,  à  la 
perte  des  yeux,  à  la  peine  de  mort  par  strangu- 
lation, par  le  feu  et  par  celle,  plus  terrible  en- 
core, dans  l'eau  ou  dans  l'huile  bouillante  (1). 
Au  XVP  siècle  de  grosses  amendes  permirent 
aux  coupables  de  se  racheter  dans  bien  des  cas. 
Un  faux  monnayeur  fut  puni  par  la  perte  des 
yeux  à  Cumiana  (1335);  en  Savoie,  Pierre  de 
Sion  et  Théobald  de  Troes  périrent,  le  premier 
dans  l'eau  bouillante,  et  le  second  par  le  feu 
(1342).  Un  maître  des  monnaies  de  Nyon,  Ma- 
tliieu  Bonacorte  (  Bonacorso  ) ,  ayant  commis 
des  malversations,  fut  condamné  à  une  amende 
de  mille  florins  (1390)  (2);  il  continua  à  fabri- 
quer, et,  s' étant  de  nouveau  rendu  coupable  de 
falsihcation  et  d'affaijjlissement  de  la  monnaie, 
fut  condamné  à  mort  et  exécuté  à  Ghambéry 
le  30  mars  1405  (3).    Les  monnayeurs  et  les 

(1)  Louis  Cibrario,  Opuscoli.  Torino,  1841,  p.  141. 

(2)  «  In  nionetis  doiuini  lam  auri  quam  argent!  sepe  violasse  et 
«  fabricasse  et  in  eis  dolose  pecasse  in  auctoritate  lege  materia 
«  difCaniando  dictas  inonetas  et  cursum  ipsarum.  »  Comptes  des 
trésoriers  généraux.  Cibrario,  Economie  politique^  p.  210. 

(3)  Chapperon,  Chnmbéry  au  XIV'  siècle,  p.  245. 


79 

maîlivs  des  monnaies  eux-mêmes  se  laissaient 
ainsi  entraîner  à  augmenter  leurs  bénéfices, 
déjà  considérables,  par  des  profits  illicites.  Les 
comptes  des  trésoriers  généraux  contiennent 
plusieurs  instructions  et  procès  contre  les  mon- 
nayeurs,  aussi  bien  que  contre  les  faux  mon- 
nayeurs  et  les  exporteurs  de  matières  d'or  et 
d'argent. 


DE  L'ASSOCIATION  DES  OUVillEIlS  MONNAYEIHS 
DU  SAINT-EMPIRE  ROMAIN 

ET   DE    LEURS    PARLEMENTS 


Une  particularité  importante  de  l'histoire  des 
princi|»;iii\  iildiers  monétaires,  ouverts  par  les 
princes  de  la  maison  de  Savoie,  a  échappé  aux 
reclierches  de  MM.  Promis  et  Duboin  :  c'est 
l'affiliation  des  monnayeurs  et  des  ouvriers, 
travaillant  dans  ces  ateliers,  à  une  société  im- 
portante, ayant  ses  réglemeids,  ses  assemblées 


80 

législatives  ou  parlements  généraux  (1),  sous  la 
dénomination  d'ouvriers  moïinoyers  du  Saint- 
Empire  romain. 

On  comprenait  sous  ce  titre  tous  les  mon- 
nayeurs  nommés  par  l'empereur  ou  par  les 
princes  et  les  prélats,  qui  tenaient  de  lui  le  droit 
régalien  de  battre  monnaie.  Ceux-ci  reconnu- 
rent cette  institution ,  confirmèrent  ses  privilèges, 
en  ajoutant  de  particuliers  pour  leurs  états.  Le 
28  juillet  1337,  Humbert,  dauphin  de  Viennois, 
confirme  les  privilèges  accordés  à  ses  mon- 
nayeurs  par  Humbert,  son  aïeul  (1281-4301),  par 
Guignes,  son  frère  (1327-1333)  ;  Charles  VI  les 
confirme  de  nouveau  en  1390. 

Charles  III  de  Savoie  nomme  un  ouvrier  de 
ses  monnaies  (1509),  et,  la  même  année,  cons- 
titue monnayeur,  pour  battre  tant  dans  ses  do- 
maines que  dans  tout  l'empire  romain,  Etienne 
Curtilliat,  de  Chambéry.  Cette  dernière  nomi- 
nation est  le  seul  indice  pouvant  se  rapporter 
à  l'association  des  monnayeurs  du  Saint-Empire 
romain  que  nous  ayons  trouvé  dans  l'ouvrage 


(1)  M.  le  docteur  Chaponnière,  dans  le  tome  II  des  Mémoires 
de  la  Société,  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève,  a  fait  connaître 
ces  assemblées,  et  M.  Rabut  François,  dans  le  tome  I,  2°'  série  des 
Mémoires  de  l'Académie  de  Savoie,  a  rapports  la  partie  de  ce  tra- 
vail qui  intéressait  la  Savoie.  M.  Chaponnière  n'a  connu  que  le 
second  registre  des  protocoles  des  parlements  généraux  ;  le  pre- 
mier a  été  utilisé  plus  récemment  par  M.  Giraud,  dans  son  Essai 
historique  sur  l'abbaye  de  St-Bernard  et  de  la  ville  de  Romans, 
en  ce  qui  concernait  la  monnaie  de  cette  ville. 


81 
de  Duboiii.  M.  Chapoiiiiièiv  dit  (jifAnié  VI  tiil 
ruii  fies  loiidateuis  de  cette  association  (1), 
sans  donner  des  preuves  de  son  aflirmatioii, 
que  nul  document  ne  me  semble  confirmer. 
Elle  est  sans  doute  basée  sur  le  passage  sui- 
vant de  ses  lettres  patentes  de  1343  (2),  qui 
peuvent  y  avoir  en  effet  quelques  rapports  (mo- 
netariis  )  :  «  Concedimus  (piod  ijjsi  et  eorum 
qullibet  ad  operandum  et  monetandum  in  nos- 
tris  monetis dum  ipsi  lideliter  opera- 

buntur,  et recipiantur  et  omnibus   aliis 

operariis  et  monetariis  extraneis  ad  operandum 
et  monetandum  in  eisdem  proponantur  et  etiam 
admittantur.  » 

Dans  celles  du  24  avril  1351,  il  est  encore  dit  : 
«  Operariis  et  monetariis  dictarum  monetarum. . . 
qui  tamen  sunt  et  erunt  de   sacramento  nostri 

Sabaudie  comitatus  omnes  Iranchisias 

conlirmamus  (3).  » 

Ces  termes  se  rapportent  à  l'association  des 
ouvriers  monnayeursde  ses  états  et  à  l'admission 
d'ouvriers  étrangers,  si  l)esoin  était,  de  même 
qu'on  le  voit  dans  les  lettres  patentes  d'Amédée 
Vlll,  de  1415;  il  s'agit  des  serments  de  Savoie 
et  de  Genevois. 

A  l'origine,  des  états  où  villes  ayant  droit  de 

(1)  Société  d'histoire  et  d'archéologie,  (orne  II,  page  49. 

(2)  Jolly,  Comjiilation  des  ancirns  édits  des  irinces  de  la  iivnsun 
de  Savoie.  Chambéry,  Estienne  Riondet,  1572  (f»  690). 

(3)  Duboin,  lieu  cilt-,  p.  49. 


82 

battre  monnaie  tirent  partie  de  l'association  des 
monnayeurs  du  Saint-Empire  romain  :  le  comtat 
Venaissin,  l'Anjou,  la  Savoie,  le  Lyonnais,  l'é- 
veché  de  Valence,  le  Valentinois,  F  archevêché 
d'Arles,  la  principauté  d'Orange ,  le  Dauphiné 
et  le  Viennois ,  qui  tous  étaient  compris  dans 
l'ancien  royaume  de  Provence.  Plus  tard  les 
évêchés  de  Lausanne  et  de  Genève  y  envoyè- 
rent des  représentants,  ainsi  que  les  ateliers  des 
ducs  de  Savoie,  du  pays  de  Vaud  et  quelques-uns 
du  Piémont.  Un  sceau,  portant  les  écus  aux 
armes  de  ces  divers  états ,  paraît  au  bas  des 
actes  à  partir  de  1355;  c'est  probablement  celui 
qu'a  publié  M.  Chaponnière,  qui  en  signale  un 
autre,  sur  lequel  figurent  en  outre  les  armes  de 
Lausanne  (1). 

Ces  monnayeurs  se  distinguaient  des  ouvriers 
et  monnayeurs  des  autres  serments  :  serments 
de  France,  de  Toulouse,  d'Espagne,  etc.,  et  n'é- 
taient pas  admis ,  sauf  de  rares  exceptions ,  à 
travailler  dans  les  pays  qui  n'étaient  point  com- 
pris dans  leur  serment  (2). 

(1)  Je  n'ai  pas  cru  devoir  reproduire  la  savante  dissertation  dont 
il  a  accompagné  la  description  de  ces  sceaux.  (  Voirie  volume  cité 
des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève.) 

(2)  En  1327  et  1329,  les  ouvriers  faisant  défaut  dans  les  ateliers 
du  royaume  de  France,  ordre  fut  donné  «  pour  quérir  es-villes 
«  plus  prochaines  tel  nombre  d'ouvriers  et  monnayers  qu'il  sera 
«  nécessaire  tant  du  serment  de  France  que  de  l'Empire,  »  autori- 
sation accordée  pour  un  temps  limité.  Boizard,  Traité  des  mon- 
naies. —  Montlieil,  Histoire  des  Français  des  divers  élatSj  p.  490. 


83 

Les  moiinayeurs  triui  même  serment  se  léu- 
iiissaient  parfois  pour  discuter  leurs  intérêts, 
s'assurer  la  conservation  des  privilèges,  régler 
les  admissions  des  nouveaux  menibres,  etc.  ;  à 
partir  du  XIV^  siècle,  les  assemblées  des  mon- 
nayeurs  de  l'empire  prirent  un  caractère  de  ré- 
gularité. Le  3  mai  1343,  fut  tenu  à  Homans  le 
premier  parlement  général  des  ouvriers  et 
monnoyers  du  serment  de  l'empire,  où  fut  dis- 
cutée la  charte  des  constitutions  et  ordonnances 
de  cette  importante  association. 

Le  règlement  définitif  fut  arrêté  au  parleniciil 
de  Valence  en  1392,  et  l'on  décida  de  faire  co- 
pier, sur  un  registre  en  parchemin,  les  décisions 
prises  précédemment,  les  feuilles  de  papier  sur 
lesquelles  elles  avaient  été  écrites  tombant  eJi 
lambeaux. 

Il  existe  deux  registres  des  protocoles  de  ces 
réunions  :  le  premier  va  de  1342  à  1466,  cl 

contient  trente-cinq  procès-verbaux;  le  sec I 

commence  en  1469  pour  linir  en  1527,  et  ren- 
ferme quinze  procès-verbaux. 

Le  premier,  confié  aux  moiniayeurs  de  î\o- 
nians,  resta  entre  les  mains  du  procureur  après 
la  fermeture  de  cet  atelier,  et,  après  avoir  piissé 
par  plusieurs  mains,  fut  acquis  par  la  biblio- 
thèque impériale  (  n"  0070  du  fonds  latin  )  (1). 

(1)  Nous  (lovons  ;i  l'ublipeanco  de  M.  Lccoyde  la  Marche,  aïK-ien 
archiviste  du  la  Maiite-Savoio,  d'avoir  pu  faciieuieut  oi)lenii  copie 
de  la  partie  qui  intéressait  la  Savoie. 


84 

Le  second,  laissé  à  Genève,  en  4527,  la  grande 
fermentation  qui  régnait  alors  dans  cette  ville 
ayant  empêché  la  réunion  du  parlement,  fait 
partie  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  pu- 
blique (1). 

Nous  empruntons  à  Senebier  (2)  la  description 
du  second  registre,  dont  le  commencement  est 
la  copie  exacte  des  actes  originaux  contenus 
dans  le  premier,  relatifs  aux  usages  établis  pour 
régler  la  marche  de  ces  assemblées.  «  Le  livre 
«  des  parlements  généraux  pour  les  monnoyes,  » 

vol.  in-folio  véhn On  y  trouve  un  acte 

qui  établit  la  forme  de  ces  assemblées,  accom- 
pagné des  signatures  originales  et  de  son  sceau. 
«  C'est  la  forme  et  la  manière  comment  l'on 
«  doit  procéder  et  commencer  à  tenir  parlement 
«  général  »  lieu  de  l'assemblée,  messe,  élection 
des  officiers,  police  qu'on  doit  y  exercer,  «  les- 
<(  quelles  ordonnances,  statuts  et  institutions 
«  ci-dessus  escrites  selon  la  fourme,  manière 

«  et  teneur  d'icelles Nous  François  de  Por- 

«  taiguières  prevost  général  de  sa  voulonté  et 
((  consentement  ordonnons  qu'elles  soyent  ob- 
«  servées  en  leur  entier Donné  en  notre 


(1)  M.  Paul  Liillin,  de  Genève,  dont  la  science  historique  déplore 
la  perte  récente ,  avait  bien  voulu  faire  copier  pour  notre  travail 
tous  les  passages  de  ce  registre  qui  concernaient  les  ateliers  mo- 
nétaires de  Savoie  et  n'avaient  pas  été  publiés  par  M.  Chapon- 
nière. 

(2)  Catalogue  raisonne  des  manuscrits  de  la  ville  de  Genève, 
p.  382,  n»  146.  Genève,  1779. 


85 
«  grand  parlement  tenu  à  Valence  le  X''  joui- 
«  du  mois  de  may  1392.  » 

A  la  page  suivante  sont  écrits  quatre  passages 
des  Evangiles  sur  lesquels  on  prêtait  serment  ; 
au  milieu  est  peint  un  Christ  en  miniature  ;  au 
bas  est  la  formule  du  serment. 

A  la  suite  de  ces  préliminaires,  le  premier 
registre  contient  la  relation  détaillée  de  chacun 
des  parlements,  qui  presque  tous  furent  tenus 
dans  le  Viennois,  principalement  à  Romans  et 
à  Valence ,  premiers  centres  de  l'association. 
Deux  réunions  seulement  eurent  lieu  dans  les 
états  de  Savoie  (  en  1420  et  1515  ),  à  Chamhéry, 
dont  l'atelier  envoya  des  représentants  aux  pre- 
miers parlements.  A  partir  de  1386,  les  ateliers 
d'Aviliano  et  de  Pignerol  figurent  associés  à  celui 
de  Chambéry  ;  Nyon  paraît  en  1390;  en  1411  nous 
trouvons  Aix,  dont  les  représentants  assistent  à 
trois  parlements;  Turin,  en  1417?  (1);  Asti,  en 
1429;  Annecy  et  la  Croix-de-St-Gervais  (dor- 
navin),  en  1435. 

Les  protocoles  du  second  registre  commen- 
cent par  un  acte  fait  le  23  mai  1469,  à  Bourg 

«  De  l'authorité  et  puissance  de  notre  St-Père 
«  le  Pape  de  Rome  et  des  très-excellents  hauts 
«  souverains  et  puissants  princes  et  redoutés 
«  seigneurs  l'Empereur,   le  Roy   daulphin  de 


(1)  Quatre  pages  qui  manquent  au  rcgistri'  rondent  la  Jate  dou- 
teuse. 


86 

«  France,  du  Roy  de  Cécile,  Jérusalem  et  Arra- 
«  gon,  du  duc  de  Bourgogne,  du  duc  de  Savoie, 
((  du  duc  de  Bretagne  et  tous  autres  seigneurs 
«  ayant  puissance  de  faire  monnoye,  lesquels 
((  nous  ont  donné  libertés,  privilèges,  franchises, 
«  exemptions  de  fere  assemblées  pour  condam- 
«  ner  et  absoudre  aux  ouvriers  et  monnoyers 

«  du  St-Sacrement  de  l'Empire 

((  pourquoi  seront  tenus  les  dicts  ouvriers  et 
«  monnoyers  du  dict  sacrement  de  l'Empire  d(^ 
«  ordonner  ung  parlement  de  temps  certain  pour 
«  faire  convenir  tous  ceulx  qui  désobéiront  es 

((  ordonnances lesquels  parlements  auron  t 

«  puissance  de  créer,  constituer  ouvriers  et  mon- 

«  noyers sont  les  dictes  insérées  et 

«  escrites en  ce  livre  nouvellement  on 

«  commence  pour  ce  que  le  vieil  livre  est  pe- 
«  sant  a  pourter,  il  est  compli  d'écritures  lequel' 
«  demeure   dans  la  garde  des  ouvriers  mon- 
«  noyers  de  Romans.  » 

Le  premier  registre  est  de  près  de  trois  cents 
pages  ;  le  second  en  comprend  plus  de  cent. 
Ils  renferment  des  procès-verbaux  très  diffus 
et  des  règles  générales  comme  celles  d'une  con- 
frérie, sans  arrêtés  formulés  pour  des  cas  spé- 
ciaux (1).  Les  travaux  de  chaque  assemblée  se 
terminent  par  l'inscription  des  procureurs  pré- 
sents et  de  leurs  mandants,  avec  l'indication  des 

(1)  Note  de  M.  Lullin. 


87 
villes  qui  les  ont  envoyés;  c'est  la  partie  la  pins 
intéressante  (1).  Les  parlements  généraux  re- 
cevaient dans  l'association,  comme  ouvriers  et 
monnayeurs,  ceux  qui  présentaient  des  lettres 
de  créances  (2)  ou  de  requêtes  accordées  par 
les  princes  (3) ,  ceux  qui  y  avaient  droit  à  titre 
héréditaire  et  ceux  qui  s'adressaient  directement 
aux  parlements.  Lorsque  l'institution  eut  perdu 
de  sa  Ibrce,  les  corps  de  monnaie  s'arrogèrent  le 
droit  de  nomination,  et  le  titre  purement  nomi- 
nal de  monnayeur  fut  fréquemment  acheté  pour 
profiter  des  exemptions.  Cet  abus  fut  la  cause 
d'ordonnances,  de  limitations,  etc.  ;  aussi  Mon- 
theil  a-t-il  pu  dire  avec  raison  (4)  :  «  Les  mon- 
nayeurs se  composent  des  ouvriers,  qui  ne  font 
pas  grand'chose,etdes  officiers  surveillants,  (pii 
ne  font  rien  et  sont  exempts  de  tous  impôts.   » 


(1)  Parlement  de  1390  (f»  79  verso  ).  «  Jehan  Angelier,  procureiii' 
«  pour  les  ouvrieis  et  inonnoiers  du  Chambéry  et  de  Nyons  en 
«  Vaux.  »  —  Parlement  de  1397  (f^  98  et  suivants  )  :  <  Cy  en  aprèz 
«  s'en  suivent  les  noms  et  seurnoms  par  ordre  de  tous  les  pro- 
«  curcurs  et  aussi  tous  les  noms  et  seurnoms  des  ouvriers  et  mon- 
«  noiers  du  serment  de  l'Empire  (jui  ont  constitué  les  diz  procu- 
«  reurs.  » 

(2)  Parlement  de  Chambéry  (M20\    «  Nomina  receptorum 

ex  crescencia  concessa  per  duceni  Sabaudie  sive  ex  graciis  plu- 

*  rimorum  debitorum quud  luit  indebitu  et  injuste  contta 

«  nostra  privilégia et  (quorum)  omnes  dictas  rcceptiones 

€  valere  concedimus Sequuntur  iiii  <|ui  fuerunt  recepti 

«  ex  gracia  donrini  ducis  S^ibaiidie.  » 

(3)  1469,  à  Bourg,  de  Bussi,  dit  de  Lalaz,  est  reçu  par  requt'le 
de  M""  la  duchesse  de  Savoie  et  du  comte  de  Beaugé  (ihap.  71  y, 

(4)  Monllieil,  lieu  cité,  t.  I. 


c 


88 

L'office  héréditaire  pour  le  fils  aîné  ou  la  fille 
aînée  des  monnayeurs  (1)  pouvait  se  transmettre 
de  la  fille  à  son  fils,  au  neveu  et  au  cousin.  Il 
fallait  prouver  sa  parenté  et  faire  conster  d'une 
conduite ,  d'une  vie  et  d'une  réputation  sans 
reproche. 

Les  fils  de  monnayeurs  payaient  un  marc 
comme  droit  d'entrée;  ceux  reçus  par  grâce 
payaient  deux  marcs  ;  le  récipiendaire  donnait 
un  liaut-de-chausses  au  prévôt,  un  pourboire  aux 
compagnons,  et  payait  ses  lettres  de  nomination 
au  notaire,  avant  de  prêter  serment. 

Le  monnayeur  qui  se  mariait  postérieurement 
à  sa  réception  payait  un  marc  ;  s'il  était  marié 
avant  sa  réception,  les  enfants  qu'il  avait  ne 
pouvaient  prétendre  à  hériter  de  l'office  de  mon- 
nayeur. Toutes  les  nominations  étaient  vérifiées 
par  les  parlements  généraux  et  en  recevaient 
confirmation  ;  elles  n'étaient  pas  valables  si  elles 
ne  venaient  pas  des  princes  ayant  droit  de  battre 
monnaie. 

La  marche  générale  suivie  pour  ces  assemblées 
était  la  suivante  :  chaque  parlement  désignait 
le  lieu,  l'année  et  le  jour  de  la  prochaine  réunion . 
Toutes  les  monnaies  faisant  partie  de  l'associa- 
tion devaient  y  déléguer  un  représentant;  l'a- 


(1)  1473.  Lyon.  Catherine,  fille  d'Antoine  Viviand ,  de  Bourg, 
fut  reçue,  ainsi  que  six  ouvriers. 


s 


8^1 
telior  qui  manquait  à  cette  ol)ligation  (4)  el  les 
ouvriers  qui  ik;  itrcnaient  point  parL  à  son  ('-Ice- 
tioii  payaient  une;  amende  de  120  sols. 

Si  le  procureur  n'était  point  une  persomu* 
suffisante  (  remplissant  les  conditions  rcMpiises  ), 
Talelier  qui  l'avait  envoyé  payait  10  sols  d'a- 
mende; lorsque  les  représentants  n'étaient  pa^ 
en  nombre  suffisant,  la  réunion  était  renvoyé 
à  l'année  suivante  (2).  Ces  assemblées  se  tenaient 
en  mai,  et  s'ouvraient  le  plus  ordinairement  h- 
3,  jour  de  l'Invention  de  la  S'''  Croix. 

Les  procureurs  devaient  arriver  le  Jour  ou  le 
lendemain  de  l'ouverture,  à  peine  de  20  sols: 

(1)  Parlement  d'Avignon,  1392  (  t»  90  verso  du  1"  registre). 
<■■  Nous  François  de  Porte  Aigui(''re  de  la  cité  d'Avicjnon,  prévost 

«  général pour  aucuns  defaulxs  et  déliz  qui  sont  contre  nos 

«  status  et  ordonnances avons  condempné  et  condeinpnons 

«  les  personnes  qui  s'ensuivent  aux  sommes  ci-dessoulz  désignées 
«  et  imposez,  et  mis  commi.ssaires  ii  lever,  exiger  et  faire  coii- 
«  Iraindre,  conipellir  et  recevoir  les  sommes,  lesquelles  tlessoulz 
«  diz  seront  condempnés 

«  Item  sont  condempnez  Bernard  de  Chambéry,  Eymonet,  son 
«  tilz,  Pierre  Guionet  et  Crestin,  son  filz,  Jehan  Crestinet,  Guionet 
«  dé  Villette,  Ivonet  Alexandre,  Humbert  Corbel,  chacun  d'iceulx 

<  pour  qui  sont  ouvrans  sont  condemnez  en  xx  sols  pour  le  detlault 
«  de  ce  présent  parlement,  et  sont  commissaires  a  lever  les  dites 

<  condempcacions  Paronons  (ailleurs  Perronelus)  de  Bays  et  Ber- 
«  nart  Vallet,  de  Crémieu 

«  Item  maiz  condempnons  les  dessus  dis  pour  le  dellault  qu'ilz 
«  n'ont  envoie  au  parlement  et  (|u'ilz  n'ont  paie  leur  boiste,  ainsi 

<  comme  ilz  ont  promis  et  juré  à  l'onionnanc-i  dos  commissaires, 
«  ainsi  comme  se  nous  étions  présens. 

(2)  Le  parlement  de  Lausanne,  en  1518,  lut  renvoyé  à  cause  du 
petit  nombre  des  représc  ntanls  présents. 

6 


90 

ils  étaient  défrayés  de  leurs  dépenses  à  raison 
de  12  sols  par  jour,  s'ils  voyageaient  à  cheval,  et 
de  8  sols,  s'ils  étaient  à  pied.  A  leur  arrivée, 
le  prévôt  des  monnayers  de  la  ville  les  retirait 
ou  leur  procurait  un  honnête  couvert  (1).  Le 
jour  de  l'ouverture,  procureurs  et  assistants  de- 
vaient entendre  la  messe  et  y  faire  dévotement 
leurs  prières,  «  afm  que  tout  fût  fait  (  dans  ce 
«  parlement  )  à  la  louange  de  Dieu,  de  la  cour 
«  céleste,  du  paradis,  des  princes,  etc.  » 

On  se  rendait  ensuite  dans  le  lieu  des  séances, 
habituellement  l'hôtel  de  la  monnaie,  où  chacun 
des  représentants,  après  avoir  montré  sa  procu- 
ration, prêtait  serment;  puis  l'on  élisait  le 
prévôt  général.  Celui-ci,  après  avoir  pris  place 
au  centre  du  bureau,  plaçait  sur  sa  tête  un 
chapeau  de  fleurs,  marque  de  sa  dignité,  et  in- 
diquait à  chacun  des  procureurs  la  place  qu'il 
devait  occuper  pendant  toute  la  durée  du  par- 
lement. La  séance  s'ouvrait  par  le  serment, 
prêté  par  tous  les  procureurs,  puis  par  le  prévôt 
général ,  de  donner  loyalement  leur  avis  sur 
chaque  question.  Ceux  qui  avaient  eu  charge 
de  garder  le  livre  et  le  sceau  de  l'association, 
ainsi  que  les  doubles  clefs  qui  les  fermaient  (2), 

(1)  F"  67  du  deuxième  registre  des  Parlements  généraux. 

(2)  Parlement  de  Bourg,  1469.  Giraud,  lieu  cité,  p.  366  :  «  A  été 
«  ordonné  tenir  le  prochain  parlement  à  Lyon  sur  le  Rliùne  d'ici  à 
«  quatre  ans.  »  Le  livre  est  laissé  à  Bourg,  une  des  clefs  est  portée 
à  Genève,  l'autre  à  Romans;  le  scel  va  à  Crémieu,  l'une  des  clefs 
à  Lyon,  et  l'autre  à  Lausanne. 


s 


91 
les  remettaient  au  prévôt,  lequel  s'assurait  que 
le  livre  n'avait  point  été  ouvert,  et  que  le  sceau 
était  resté  fermé  dans  sa  gaîne  depuis  la  der- 
nière assemblée.  Au  XVP  siècle,  les  sceaux  du 
procureur  et  de  l'association  remplacèrent  les 
clefs,  dont  l'emploi  présentait  des  inconvénients. 

Les  sceaux  n'étaient  rompus  que  lorsque  tout 
ce  qui  devait  être  écrit  et  scellé  était  décidé  ;  le 
procès-verbaux  terminés,  le  livre  et  le  sceau 
étaient  à  nouveau  revêtus  du  scel  de  l'associa- 
tion et  de  celui  du  procureur,  pour  les  garantir 
jusqu'au  prochain  parlement,  et  ils  étaient  remis 
au  procureur  de  la  ville  fixée  pour  la  prochaine 
réunion. 

Le  dernier  parlement  général  fut  tenu  à  Bourg, 
en  1523;  il  y  fut  décidé  qu'on  se  rendrait  à  Ge- 
nève quatre  ans  après;  cette  réunion  n'ayant 
pu  avoir  lieu,  les  parlements  ne  furent  plus 
réunis  par  suite  de  l'état  de  décadence  dans 
lequel  l'institution  était  tombée  depuis  plusieurs 
années.  T.es  ateliers  monétaires,  déjà  réduits  à 
d<'u\  en  Savoie  ,  n'occupaient  (}u  un  noml)n' 
rnnité  d'ouvriers,  et,  à  partir  du  WIT'  siècle, 
il  n'y  eut  plus  que  l'atelier  de  Tuiiii  qui  IVuk^- 
lionna  pour  lous  les  Etats  de  Savoie, 


s 


92 


DATES  DES  PARLEMENTS  CxÉNÉRAUX  ,  VILLES  OU 
ILS  ONT  ÉTÉ  TENUS,  ET  MONNAIES  DE  SAVOIE 
QUI  Y  ONT  ENVOYÉ  DES  REPRÉSENTANTS  (1). 


1342  Romans Chambéry. 

1350  Vienne Cliaml)éiy. 

1 351  Tein  (  près  Tlionon  ). ,  Chambéry. 

1353  Romans Chambéry. 

1355  Romans , Chambéry. 

1358  Vienne 

1361  Romans 

1363  Valence, Chambéry. 

1365  Valence 

1368  Romans 

1370  Romans 

1374  Valence 

1377  Valence 

1380  Valence 

1384  Romans 

1386    Valence Chambéry    (  Pignerol , 

Aviliano  ). 

1388  Valence 

1390  Romans Chambéry,  Nyon. 

1392  Valence 

1394  Valence 

1397  Romans Chambéry  (  Lausanne  ). 

(1)  Nous  avons  mis  entre  parenthèses  les  noms  des  ateliers  de 
Suisse  et  de  Piémont  qui  ont  pris  part  aux  parlements  généraux, 
et,  pour  les  deux  réunions  tenues  à  Chambéry,  nous  avons  indiqué 
tous  les  ateliers  qui  s'y  sont  fait  représenter. 


'J3 

1  iOl     Valence Chambéry. 

1404    Vienne 

1408     Valence Chambéry,  Aix  (Pignerol) 

1411     Avignon Chambéry,  Aix  (Aviliano, 

Turin). 

1414    Valence Chambéry,  Nyon  (  Turin, 

Asli  ). 

1417    Orange (Il  manque  4  pages  au 

registre.  ) 

1420    Chambéry Crémieu,  Bourg,  Mâcon, 

Miribel,  Romans,  Turin 
et  Aviliano ,  Nyon  en 
Vaud,  Tarascon,  Beau- 
caire  et  St-Rémi  (  Pro- 
vence), Avignon,  Saint- 
André  ,  Mondragon , 
Lyon  (1). 

1428    Tarascon Chambéry,  Nyon  (Turin). 

1420    St-Marcellin Chambéry. —  Deux  mon- 

nayeurs  d'Annecy  sont 
reçus  à  ce  parlement. 

1432    Valence Nyon. 

1435    Montélimart Chambéry  (Turin),  Cor- 

navin. 

i  i39    Avignon Chambéry ,   Nyon  ,   An- 
necy, Cornavin. 

1 443    Lyon  

144(3    Vienne 


Deuxième  registre. 


1  ItiO     Boui-ff 


o 


1473     Lyon (  Turin  )  Bourg. 


(1)  Cette  note  ne  m'est  parvenue  qu'après  l'impression  des  pre- 
inifies  feuilli's ,  la  liste  (les  ateliers  représentés  tst  à  rectifier  à 
larticie  Chambéry. 


94 

14-77    Avignon Bourg. 

1481     Montpellier (  Turin  )  Bourg. 

1485    Orange Chambéry,  Bourg. 

1480    Avignon 

1493    Avignon 

1496    Marseille Chambéry  { Turin  ). 

1499    Aix (Turin). 

1503    Turin Chambéry. 

1509?  Genève (Pas  de  date,  le  protocole 

est  en  blanc). 
Chambéry  (Turin). 
1515    Chambéry Avignon,  Mondragon,  Ge- 
nève et  Lausanne. 

1518  Lausanne. Bourg. 

1519  Lausanne Chambéry.  Bourg. 

1523    Bourg Chambéry  (  Turin  ),  Ge- 
nève. 


-efe^«:5»© 


95 


NOMS  DES  OFFICIERS  DES  MONNAIES 

ET    DES 

GRAVEURS  DE  COINS 

SAVOIE     ET     PIÉMONT    (1) 


Maîtres  généraux 

13i0  Nicolello  Fiancini. 

1355  Pierre  Gerbaix.  Savoie. 

1390  Aresmino  Provana. 

4392  George  de  Bruges. 

1393  Ambroise-Pierre  de  Arbicis  (2).     Savoie. 

UOO  Girard  Cbarabon. 

1-420  Martinet  Mercier, 

1420-1121  Gossivino  de  Bomel. 

1431  Thomas  de  Folonia. 

1448-1449  Guigon  Besson.  Savoie. 

»      »  Ghristin  Boulard.  Savoie. 

1463  Pierre  Besson. 

1467  Giiglielmo  de  Grans,  lieutenant 

du  maître  général.  Piémont. 


(1)  Les  extraits  des  protocoles  des  parlements  généraux  nous 
ont  permis  d'ajouter  un  très  grand  nombre  de  noms  .'i  la  liste  pu- 
liliéc  par  M.  Promis  Doiilini(|ue,  lieu  cité,  I.  I,  p.  21. 

(2)  Pouriiris  historiiiKc,  p.  175.  Noble  demoiselle  Jeaime,  lilk-  de 
noble  Ambri>is8-Pierre  de  Arbiois,  maitre  «énC-ral  dus  monnaies  de 
Savoie.  (  Note  de  M.  A.  de  Foras.  ) 


1469 

Airaar  Fabri. 

1473 

Giiglielmo  Clavelli. 

1478 

Giachetto  Filippi. 

» 

Giovanni  Aubaussel. 

1483 

Guillerme  Rogel. 

1496 

Noble  GaleasGruet{l). 

» 

François  Besson. 

» 

Mermet  de  Mandalla. 

» 

Nicolas  Gapl. 

» 

Guillerme  Roget. 

1504 

Claude  de  Montlieys. 

1521 

J«an  Raffoulaz. 

1523 

Antoine  Vagnon. 

1525 

Pierre  Balligny. 

j> 

Jean  Guillod. 

1529 

Enry  Pugins. 

» 

Bertrand  Guillod. 

1534 

Dominique  Frauda  (con- 

trôleur). 

Savoie  < 

» 

Jean-Pierre  de  Ferraris. 

1535 

François  Savoie. 

1548 

Jacques  Dian  de  Ghiers. 

Savoie  ( 

1550 

Jean  Real. 

» 

Jean-Pierre  de  Ferraris. 

1551-1555  Jacques  Dian. 

Savoie 

1555 

Jean  Reario  (Real). 

Savoie 

1565-1566  Jean  Real. 

Savoie 

1570 

Etienne  Divone. 

1575 

Florentin  de  Tardy  (maî- 

tre auditeur  ). 

Savoie 

(1)  Generalis  monelarum  Sabaudie  (acte  du  J9  août  1496).  Note 
de  M.  le  comte  A.  de  Foras. 


97 
1584        Francesco  Straccia. 

j>  Etienne  Dyuone. 

1597        Paolo  del  Bosso. 

Mag-istrals  des  monnaies 

1579  Amedeo  de  Ponte. 

D  Sebastiano  de  Solere. 

»  Lorenzo  Giiimaldo. 

»  Giambattista  Sordo. 

Surintendants  généraux 


1579 

Jean-Etienne  Deveris. 

1602 

Nicolas  Arnaldo. 

V) 

Bartelemy  Arnaldo. 

1617 

Louis  Grippa. 

1625 

Secondo  Rosso. 

1634 

Vincenzo  Vincendo. 

1635 

Jean-Jacques-Louis  Giorilano 

1690 

Conte  Olivero. 

1692 

Jean-Barllielemy  Prono. 

Directeurs  généraux 

1717 

Recaldini. 

1741 

Cav.  de  Gregori. 

Administration  centrale 

1816  Jean-CyrilleVillade  iMontpascal,  chef. 

»  Pierre  Pulciano,  adjoiiil. 

1819  Pierre-Antoine  Gaydi  Quarti.         — 

1825  l''ilippo  Villa  de  Moiifpasral,        chef. 

1826  Eugène  Montgrand,  en  second. 


98 


Graveurs  de  coins 


1407 

Lambert  Ballet. 

Chambéry 

1466 

Thomas. 

Cornavin. 

4528 

Jérôme  Callaiieo. 

» 

Christophe  de  Forza. 

Chambéry 

45^29 

François  de  Margues. 

Coinavin. 

4544 

Louis  Porro. 

Savoie  et  P 

» 

Paul  Doveris. 

— 

4 562-4 570  Gabriel  Cuneliei-  d'Aoste. 

Chambéry 

4579 

Jean-Etienne  Doveris. 

Turin. 

4582 

Christophe  Porro. 

Bourg. 

4584 

Nicolas  Grand  (essayeur 
général  ). 

Savoie. 

4591 

Etienne  Doveris. 

4640 

Orazio  Astesano. 

Turin. 

4625 

Jacques  Ozegni. 

4630 

Etienne  Mongino  (4). 

Maîtres  particuliers,  Gardes,  Oovriers  monnayeurs 
et  leurs  Procureurs  aux  Parlements  généraux 

(  Ateliers  de  Savoie  ) 


BoTj.rg-St-MenjL3?ice 

1278        Moisé  Millemerces,  maître. 

4350        Manfred  Frotta,  — 


(1)  Postérieurement  à  cette  époque  il  n'y  en  eut  plus  en  Savoie, 
dont  les  ateliers  étaient  fermés. 


99 


Chambéry 

1287-1 29S  Edouard  de  Varey,  maitre. 
1300        Martin  de  Chatillon,  inaîlre. 
»           HurnbertdeClermont,  — 
»           Jean  Ginot,  garde. 
1338-1339  Bernard -Robert  de  Va- 
lence, maitre. 
»          Alexandre  Dardano   de 

Florence,  — 

»          Sandre  Farolfi,  — 

1340-1341  Bernard  Robert,  — 

1312        Jehan  Peyser  (1),  procureur 
1 343        Bartbélemi  AUani  de  Flo- 
rence. 
1349-1350  Nicolas    de    Podio .    de 

Luc  (2),  maître. 

j>         Jean  de  Allevis,  garde. 

1350        Tevenez  Rogers  (3),  procureur 

1353        Jehan  Angelier  (4).  — 
y>           Pierro  Roger,  fils  d'Hum- 

bert  Roger,  — 


(1)  Procureur  «  de  la  monnoie  do  Chaml)6ii(n  »  au  promit'r 
parleinenl  tenu  a  Romans,  1"  registre  (  l'olio  8  rectu  ). 

(2)  Amédée  YI,  par  patentes  du  22  octobre,  lui  accorde  pendant 
deux  ans  de  battre,  à  Chambéry  et  à  Pont-d'Ain,  diveises  monnaies 
décrites  dans  ces  lettres  patentes.  Cibrario,  Opuscoli,  p.  290. 

(3)  Procuieur  au  second  parlement  tenu  à  Vienne,  1"  re^i-^lie, 
folio  16  recto. 

(4)  €  Procureur  des  compaignons  de  Chamhéry  »  au  parlement 
de  Romans. 


100 

1355-1356  Cassiniis  (1).  monnayeur. 

1355        Jolianes  Angelerii  (2),       procureur. 
1302-1364  Amb]ardus(niagisler)  (3),  monnayeur. 

1362        Bertholelus  (magister),  — 


(1/  Monnayeur  et  bourgeois  de  Chambéry,  dont  le  nom  liguie 
pour  refus  de  taille  (  viii  deniers  )  et  indemnité  de  terrain,  dans  les 
comptes  des  syndics. 

La  ville  donne  une  nef  d'argent  à  la  comtesse  de  Savoie  «  in  ejus 
«  primo  adventu  apud  Chamberiacum  ;  »  une  taille  est  levée  à  cette 
occasion.  A  la  fln  de  la  liste  des  personnes  imposées  qui  ont  été 
libérées,  on  trouve  : 

«  Quantitates  tayllie  non  soluté. 

«  De  quantitatibus  infra  scriptis  in  quibus  taxate  sunt  persone 

«  inlrascripte  non  computant  quia et  monetarii  infrascripti 

«  nichil  solvere  voluerunt  et  dominus  Aymo  de  Challant  castellanus 
«  Chamberiaci  fecit  reddi  monetariis  pignoratis  pignora  sua  et  ipsos 
«  couipellere  non  permisit.  » 

Dans  le  même  compte,  à  l'occasion  d'une  lorne  faite  «  a  Grangia 
«  Jacquemeti  de  paiacio  usque  ad  riperiam  de  Barbera,  »  il  est 
payé  :  «  Cassino  monetario  pro  fundo  dicte  turre  facte  per  médium 
«  terre  sue  sibi  taxata  pcr  dictos  burgenses  pro  tanto  ut  per  con- 
«  fessionem  ipsius  presentis  in  computa  de  recepta.  > 

(  Comptes  de  Johannet  Bonivai^d,  Guillenuet  Rondi  et  Jean  Vian- 
nesii,  syndics,  du  31  décembre  1354  au  22  juillet  1360).  Note  de 
M.  d'Arcollières. 

(S!  Député  pour  la  seconde  fois  :  «  procurator  operariorum  et 
«  monetariorum  Chamberiaci.  > 

(3)  Sont  indiqués  dans  le  compte  suivant  :  «  Libravit  (Johan- 
«  nés  Reverditi,  syndicus  )  ad  expensas  suas  et  domini  Huniberli 
«  Marcliiandi  pro  repastituia  duorum  roncinorum  suoiuni  duorum 
«  dierum  apud  Burgetum  ubi  fuerunt  et  impetraverunt  unam  litte- 
«  ram  a  domino  quod  monetarii  et  oiunes  solverentur  exceptis 

«  Jtihanne  Guersi  et  Hugone  Valasdi 1  sol  x  deniers  forts.  » 

Il  s'agit  d'une  taille  pour  les  réparations  aux  courtines,  murs  et 
fossés  de  la  ville.  (  Compte  de  George  Pellestorti ,  Jean  Reveiditi 
et  Guillermet  de  Thevsio,  syndics,  du  22  novembre  1361  au  7  jan- 
vier 1363.  ) 

Les  monnayeurs  (|ui  ligurent  à  ce  compte  sont  : 

Magister  Amblardus  pour  xvi  deniers. 

Magister  Berlhoh'tus  pour  xvi  deniers. 

Le  premier  est  conseiller  de  ville  en  1364;  il  figure  parmi  les 
personnes  qui  ont  reçu  le  compte  des  syndics  Jacques  Faczon  "'t 
Jacques  Vachet,  le  18  juillet  de  cette  même  année  1364. 


un 

1 3()''>        .loliannes  Hiiniberli  alias 

Borgougiio  (I),  procureur. 

13r>3-130i  AiUlioniusfurbilonsorC^).       — 
1375        Philippe  Baroncelli  (3). 
138r>        narlliolomieuArclierlou 

Arlliei'j  (4),  — 

»  Pierre  Bernard  (5), 

1300        Jehan  Angelier  (0), 

i>  Syméon  Angelier,  père 

de  Jehan, 

1391        Bailhélemi  de  Lebol, 

131>2        BernaildeChanihéry(7),  ouvriers elinoiiiiîiyenrs. 

^  Llymonel,  nisdeBernart,  — 

»  Piene  Guionet.  — 

»  CresUn  Guionet,  — 

T>  Jehan  Cieslinet,  — 

»  Guionnelde  Vilette,  — 

»  Ivonet  Alexandre,  — 

»  Humbert  Corhel,  — 


monnayeur. 
procuieni". 

monnayeur. 
ffarde. 


(1)  «  De  Chaniberiaco  (inter)  nomina  consliluentiura  civitatis 
«  Vaiencic  et  quoruiudam  aliorum  locoruin.  >  1""  registre,  folio 
46  locto. 

(2)  Dans  un  emprunt  fait  par  la  ville  pour  payer  vingt-cinq  ba- 
listieis  et  vingt-cinq  clients  (juelle  envoie  à  Pont-de-Vaux  «  contra 
pravas  societates,  >  on  trouve  au  nombre  des  prêteurs  c  Anthonius 
furbi  tonsor,  >  qui  prèle  111  scus  gros.  '  Compte  de  Jacques  Fac/.on 
et  de  Jacques  Vachct,  du  7  janvier  1363  au  22  juillet  1364. 1  — Note 
de  M.  «rArcollières. 

3}  In  coniitatu  Sabaudia-. 

(4)  <  Procuieur  des  ouvriers  et  monnoiers  de  Vilhanne,  de 
«  Pjgneireu  et  de  Chambéry,  »  lieu  cité,  folio  60  recto. 

(5)  Seul  nommé  dans  la  liste  des  mandants  de  Chambéry. 

(6)  Procureur  pour  la  troisième  fois,  «  pour  les  ouvi  iers  et  mon- 
noiefs  de  Chambéry  et  do  Nyons  en  Vaux.  » 

(7)  Condamnés  à  xx  sols  d'aniendi'  pour  avoir  fait  défaut  au  par- 
lement tenu  à  Avignon,  en  nt-  déléguant  pas  un  procureur. 


102 


4391-1400  Mathieu  Matteo  di  Bona- 


1397 


1399 


corso  Borgo  (1), 

Pierre  Galhi. 

Pierre  Bernard, 

Bonacorso  Roger. 

Jehan  l'Hote, 

Jehan  Angelier. 

Guillermet  Tissot . 

Jelian  Meyer, 

Jehan  de  Villette, 

De  St-Germain, 

Pierre  Guionet, 

Jehan  Brune  de  St-Ger- 
main, 

Pierre  Faizon, 

Jehan  Granet, 

Jacquet,  fils  de  Pierre,  de 

Chamhéry,  alias  Jacquet, 

Jacques  Moine, 

Jacquemet,  flls  de  Pierre, 
de  Chambéry,  alias  Jac- 
quet, 

Jehan  Cordier, 

Jehan  Albe, 

Pierre  l'Hote, 

Antoine  Mulet  de  St-Mar- 
cellin  (2),  maître. 


maître, 
pi'ocureur. 
ouvriers  elmonnayeurs. 


(1)  A  battu  alternativement  à  Pont-d'Ain,  Nyon,  Chambéry,  Aoste, 
Ivrée  et  Aviliano  ;  ses  comptes  n'indiquent  point  l'époque  où  il 
travailla  dans  chacun  de  ces  ateliers.  Duboin,  p.  836. 

(2)  Lettres  patentes  du  8  février,  lui  conférant  la  faculté  de  battre 
monnaie  dans  les  localités  du  duché  qu'il  choisira,  avec  l'indication 
des  espèces  qu'il  devra  battre.  Duboin,  p.  832. 


ii02        Mathieu  MalleodilBona- 

corso  Borgo  (I),  maîlre. 

1400-1402  Girard  Chambon,  garde. 

1401        Bierre  Bernard .  procureur. 

»  Jehan  AngeUer,  — 

1403        Umbert    di    Bonacorso 

Borgo,  — 

1405  Jean  de  Rezet.  de  Mont- 

caUer  (2),  maîlre. 

1406  Umbeit  Viallet,  garde. 
1408        Hugues  Bolmet  (3),  procureur. 

»  Pierre  l'Hote,  ouvriers  el  monnyyoïirs 

Guigonetde  Villette,  — 

Pierre  de  Samigne,  — 

Jehan  Giiard  de  Villelle;  — 

Pierre  Blonael,  — 

Pierre  Colle?  — 

François  de  Gravai,  — 

François  Marchianda  Dosan,  — 
Jehan  Brun,  de  St-Innocent,  — 
Jehan  Albe,  de  Tliavac,  — 

Michel  de  Masset,  — 

Jacquemet,  de  Chambrry. 

(//?V;s  Jac(|ueL  — 

(1)  Lettres  patentes  du  25  juillet,  lui  conférant  la  faculté  île  battre 
monnaie  dans  les  localités  du  duché  qu'il  choisira,  avec  l'indication 
des  espèces  qu'il  devra  battre.  Duboin,  p.  83-2. 

(2)  Par  lettres  patentes  du  23  juin  il  fut  autorisé  à  battre  dans 
les  lieux  où  il  préférerait  des  comtés  de  Savoie  et  de  Genevois  ; 
il  parait  qu'il  no  travailla  qu'à  Chambéry,  car  l'atelier  d<;  Corna- 
vin  fut  ouvert  seulement  en  1448. 

(3)  Hugues  Bolmel  c  pour  1<'S  ouvriers  et  monnoiers  de  Cliam- 
béry  et  rie  la  ville  d'Ays  on  Savoie.  >  Lieu  cité,  folio  111. 


104 


André  Vincent,  oiivriers  et  monnayeiirs. 

Bonacuria  Roger,  — 

Bonaciiria  Alexandre,  — 

Claude  Grossat,  — 

Gontard  Botut,  de  Tui-in,  — 

4-411         Pierre  l'Hôte  (1),  procureur. 

Hugonin  Bonerii,  alias 

Varambon ,  ouvriers  et  monnayeiirs. 

Franchiquinus  de  Ci  avia,  — 

François  Francliaud,  — 

Ftienne  Boveri ,  — 

Bonacorso  Boveri,  — 

x\ndré  Vincent,  ■ — 

Humbert  de  Corbel ,  — • 

Jacques  Jacquet,  — 

Johannot  de  Cantorio,  — 

1414        JebanGirod,  a/mà'...  (2),    procureur. 

Hugonin  Boveri,  de  Ponl- 
d'Ain, 


ouvrier. 


Pierre  Savigny, 
Pierre  Blond  er, 
Guillaume  Savigny, 
Pierre  Giroud , 
Bonacursus  Roger, 
Etienne  Boveri, 


raonnayeur, 


(1)  «  Nomina  constituentium  de  Chamberiaco,  de  Lausanne,  de 

«  Nividuno,  de  Acquis quorum  predictorum  est  procurator 

«  Petrus  Hospiles  scilicet  nomine  proxiniorum  scriptorura.  »  Les 
noms  des  monnayeurs  qui  Hgurent  comme  mandants  me  parais- 
sent appartenir  tous  à  la  monnaie  de  Chambéry.  Lieu  cité,  f"  115. 

(2)  «  Procurator  operariorum  et  monetariorum  monete  de  Nyons 
«  et  Cliamberiaci  ;  »  lieu  cité,  f°  116.  Les  noms  qui  suivent  me 
parais.sent  appartenir  aux  deux  ateliers. 


i05 

Jacquemet  de  Cliambéry,  monnayeur. 

1419  Thomas  de  Folonia,  maître. 

1420  Jacques  de  Cliambéry, 

(ilias  Jaquet  (1  ),  prévôt  général. 

y>  Pierre  THûste  (2),  iirociireur. 

1421  Jean  de  Masio,  d'Asti,  maître. 
»           Jacques    Jacquet,     de 

Cliambéry,  garde. 

1422  MaiifredBesson,d'Yenne,  maître. 

1423  .  Michel  de  la  Balme.  des 

Echelles. 

»  Bastian  Grégoire  (3),  procureur. 

»  Pierre  l'Hùte,  ouvrier  elmoiinayeui'. 

Pierre  Sauvuer,  son  fils,  — 

Guillaume   Sauvuer,    son 
lils,  — 

Jehan  et  Pierre  Girod  f'^^  — 

Pierre  Guionet,  — 


(1)  «  Munetarioruin  niaior,  preposilus  içencralis  sacraiiieoti  im- 

«  perii  olectus in  parJamentu  tenutu  et  celebrato  in  villa 

«  Chamberiacense  incepto  die  quarta  mensis  maii  anno  domiiii 
c  1420,  présentes . > 

(2)  Les  alt'iieis  de  Piémont  avaient  admis  dans  l'association  un 
certain  nombre  de  nionnayeurs  sur  des  lettres  de  créance  accor- 
dées par  le  duc  de  Savoie,  ce  qui  était  contraire  aux  statuts;  ces 
réceptions,  au  nombre  de  dix,  furent  validies  à  ce  parlement  : 

nomina  roceptoruin ex  crescencia  ex  graciis  plurimoium 

«  debitoruiu quod  luit  iodebite  et  injuste  (;onlra  nostra 

»  privilégia et  quorum  umnes  dictas  receptiones  valere 

«  concedimus.  » 

(3)  «  Item  est  substifulus  procur.ildi  npiTarioi  uni  et  nium-ta- 
<  rum  iiiiinete  Chaniberiaci,  »  à  savoir  :  <  BasUanus  (iregorii  upe- 
"  rarius  procurator  operariorum  et  monetarioruni  de  Nyon  en 
«  Vaux  et  Lausanne.  > 

7 


« 


106 

1423  Jehan  Sauvuer,              ouvriers  et  ffionnajfeurs. 
»  Jacquinet  Blondel,  — 

»  Pierre  Blondel,  son  frère,  — 

»  Jehan  Blondel,  — 

»  François  Margueyron,  — 

»  Pierre  Guionet  jeune,  — 

»  François  de  St-Cher,  — 

»  Jacques  de  Chambéry , 

alias  Jacquet,  — 

»  Guillelme  Sauvuer,  — 

»  Aymo  Grassus,  — 

»  Etienne  de  Varembon,  — 

»  Bonacursi  Roger,  — 

»  François  Blondel,  — 

»  Guigon  Besson,  — 

»  Claude  Besson,  — 

»  Manffred  Besson  frères,  — 

»  Jehan  Monet,  — 

1424  Guido  Besson,  alias  Vugliod, 

d'Yenne,  — 

1429  Pierre  Girod,  procureur. 

»  Jehan  Girod,  de  Villette,         ouvriers. 

»  •  Jacquemet    et     Pierre 

Blondel   frères  ,  — 

»  Pierre  Guionet  le  vieux,  — 

»  Guillelme  Serf,  — 

»  Pierre  Blondel,  — 

»  Jehan  Blondel,  — 

j>  François  de  St-Gher,  — 

»  Guillaume  Savigny,  monnayeur. 

»  Aymon  Gras,  — 

»  François  Blondel,  — 

j>  Jacques  Jacquet,  — ' 


107 
1429        (juigues  Borzon,  monnayeur. 

»  Jacques  Maynie,  — 

»  Giiigues    iJeyset ,    alias 

Jacquemart  (1),  — . 

1432        JeiiandeBard,  de  Chani- 

béry  (2),  — 

1435        Antoine  Lovanier  (3),  procureur. 

»  Pierre  Blondel,  ouvriers  el  monnayeiirs. 

D  Jehan  Blondel,  son  fn-re,  — 

»  Jehan  Girod,  — 

D  Pierre  Blondel,  — 

y>  François  Blondel,  son  frère,       — 

»  Jacques  Varens,  — 

»  Jacquemel  Blondel,  — 

»  Antoine  Lovanier. 

1439        Antoine  Lovanier  (4),  procureur. 

Manfred  Bcthzon, 

alias  Bulhyars,  ouvriers  el  iiionnayeurs. 

Jacqueraet ,   de   Cham- 

héry,  alias  Jacquet,  — 

Jehan  Doniinget.  — 

Aimon  Gras,  — 

(1)  Ce  monnayuut  fut  rayi-  de  l'association  au  parlement  de 
Si-Marcelin  (1429)  :  «  quia  non  bene  fuit  leceplus.  »  Deux  nion- 
nayeurs  d'Annecy  y  fuient  reçus  à  la  reeonunandalion  du  duc  de 
Savoie.  C'e>l  la  première  mention  de  cet  atelier  que  contient  le 
registre  des  protocoles. 

(2)  c  Fuit  facla  confirraacio  sive  receptio  Johanuis  de  Bardo  de 
«  Chamberiaco  gralias  liabentis  ab  iilustri  piincipe  domino  duce 
«  Sabaudie  in  uionetariuin  ;  >  lieu  cité,  loi.  138  verso. 

(3)  Il  fut  aussi  procureur  de  latelier  de  Cornavin. 

(4)  Il  représentait  aussi  les  monnaies  de  Genève,  d'Annecy  et 
de  Nyon. 


108 


Jacques  de  l'Orme,         ouvriers  et  raonnayeiirs. 

Jehan  de  Asneriis, 

1481 

Pierre  Baligny. 

1482 

Jacques  de  Ortis, 

garde. 

1485 

Guillaume  Véchut  (1),            i 

procureur. 

» 

Pierre  Rossilhon,            ouvriers  el  moDnayeurs. 

) 

Jehan  Blonde!. 

» 

Thomas  Blondel, 

» 

Guillaume  Blondel, 

» 

Jehan  Delolme  (Delorme), 

y> 

Humbert  Sainguy  (Savigny)  ? 

» 

Moncy  Sainguy,        (id.) 

» 

Loy  Blondel, 

» 

Jacques  Blondel, 

» 

François  Rossilhon, 

» 

Glande  Rossilhon, 

» 

Bertran  Delolme, 

» 

Michel  Sola, 

» 

Aymo  Blondel, 

» 

Janin  Neyret, 

» 

Anlhoine  Rossilhon, 

» 

Jacques  Sainguy  (Savigny)? 

» 

Bertrand  Véchut, 

» 

Glande  Guigo, 

j) 

Anthoine  Chauminchy? 

» 

Piero  Delolme, 

» 

Jacomet  Blondel, 

» 

Jacomet  Giraud, 

1488 

Galéaz  Gruet, 

garde. 

1489 

Michel  de  Lugem,              contre-garde. 

(1}  Aucun  nionnayeur  de  Cliambéry  n'assista  aux  quatre   pre- 
miers parlements  inscrits  dans  le  second  livre  des  protocoles. 


109 


U90 

Jean  Charvet, 

essayeur. 

U96 

Jacques  Girod, 

pro(;ureiir. 

T» 

Claude  Guigo, 

ouvriers  et  monnayeurs. 

> 

Guillet  Bochul, 

» 

Pierre  Bochut, 

» 

Jehan  Delorme, 

» 

Piero  Delorme, 

— 

> 

Jacques  Blondel , 

alias 

Gallet, 

» 

Glaude  Girod, 

» 

Piero  Servet, 

> 

Aymo  Fonlney, 

> 

Nicou  Fabre, 

I> 

Glaude  Teste,  alias 

Matorent,       — 

> 

Jehan  Bolonjon, 

» 

Piero  Véchul, 

> 

Pierre  Trinet, 

» 

Aymé  Tevenin, 

» 

Jehan  Blondon, 

» 

Girod  Savoye, 

— 

T> 

Martin  Cohimbet, 

» 

Jehan  Girod, 

» 

Jacomel  Delorme, 

» 

Jehan  Verchut, 

» 

Glaude  Waramboii 

5 

> 

Emilie  Boulangon, 

1500 

Antoine  Huffy, 

garde. 

» 

André  Govet, 

essayeur. 

1503 

Johan    Franc  (  Fraret 1 

mal  lu) , 

[)rocurpur. 

» 

Jehan  Fraret, 

maître. 

» 

Anthoine  Reus, 

oDvriers  et  iiionnaycur!>. 

» 

Pierre  Vechut, 

no 

1503 

GuilUi  Véchut, 

ouvriers  et  monnayeors. 

» 

Johan  Véchut, 

» 

Loys  Blondel, 

» 

Johan  Blondel, 

» 

Jacques  Delorme, 

» 

Pierre  Delorme, 

ï> 

Fràcois  Mlchon, 

» 

Pierre  Sionnel  ? 

» 

Aymo  Terinus, 

» 

Antony  Boquin, 

» 

Jacquemo  Giraud, 

» 

Nicod  Francus, 

» 

Girard  Savoye, 

— 

» 

Aymo  Plodel, 

> 

Bertra  Véchut, 

» 

Claude  Macomat, 

» 

FranciscusCoindat,  aliai 

s 

BossQt, 

î> 

Imberl  Coindal, 

» 

Anthony  Coindat, 

» 

Anthony  Boquin, 

» 

Joham  Combet, 

w 

1505 

Amédée  Peret, 

garde. 

1507 

Noble  Pierre  Bellentray, 

procureur. 

» 

Nicod  Faber, 

préfost  des  moDDaieg. 

» 

Pierre  Stale  ? 

ouvriers  et  moDuayeurs. 

» 

François  Savoye, 

i> 

Amedeni  fils  de  Pierre, 

» 

Jacques  et  son  frère,  fih 
de  Claude  Guigo, 

) 

» 

Pierre  Rossilhon, 

]> 

Loys  Sauignier, 

ï> 

Loys  Blondel, 

— 

111 


1508 

Aiiemond  Bertolini. 

1514 

Pierre  Baligny. 

1515 

Girard  Sauoye, 

procureur. 

» 

Pierre  Belleiijon  (  Boloii 

jon),  fils  de  Jehan, 

ouvriers  el  monnaycurs 

» 

Bertrand  Dansy  (Uansiz), 

> 

1519 

Bertrand  Verchoii  (  Vé 

chut  ), 

procureur. 

D 

Pierre  Vochuti, 

ouvriers  el  monnayeurs 

» 

Pierre  Sermet, 

» 

Claude  Guigoz, 

» 

Anthoine  Cohendat, 

» 

Anthoine  Savigne, 

> 

François  Michon, 

> 

Jehan  Tomhet, 

— 

» 

Jehan  Blondel, 

T> 

Guiil»  Bolonjon, 

— 

Tt 

Anthoine  Mugnery, 

» 

Girard  Sauoye, 

» 

François  (Sauoye),  son  ' 

fils,         — 

> 

Bertrand,            id., 

> 

Humbert  Cohendat, 

> 

Jehan  Girod, 

» 

Pierre  Ruphy, 

» 

Loy  Caddet, 

> 

Gonyn  Cohendat, 

— 

1) 

Loys  Sauigniari, 

— 

> 

Johan  Jay  Guigoz, 

» 

Pierre  de  l'Orme, 

» 

Claude  Girod, 

9 

Cuiilerme  Vucluit, 

» 

Anthoine  Blondel, 

» 

Loys  Blondel. 

— 

112 


1519 

Pierre  Girod,                  ouvriers  elnionnayeurs 

» 

Hugon  Bossu, 

» 

Anliioine  fils  de  Jacques 

Gallet, 

» 

Charles  Roz, 

» 

Guill.  Vestochin, 

» 

Guill.  Blondet, 

». 

Mathieu  Blondet, 

» 

Loys  Blondet, 

» 

Pierre  tils  de  Girard  Sauoye,      — 

j 

Flav.  de  Grave, 

1523 

Bertrand  Vethu  (Vechu), 

procureur. 

» 

Anne  Quay  (1), 

recouchon. 

» 

Anthe  Quay, 

ouvrier. 

» 

Anth<=  Momet, 

» 

Anthe    Vechieu    lils  de 
Bertrand, 

» 

François  Sauoy, 

1524-1528 

François  Savoie, 

maître. 

1528 

Christophe  de  Forza, 

graveur. 

» 

Jean  Bochard  (2), 

ouvrier  monnayeur 

)) 

Etienne  Curtilliart  (2), 

1559 

Nicolas  Vialard,  d'Yvre, 

maître. 

1562 

Mathieu  de  Ferraris, 

commis. 

» 

Nicolas  Vialard, 

maître. 

1562-1503 

Eustache  Scarron, 

garde. 

1563-1564  Etienne  Divon, 

contre-garde. 

(1)  RecochoD,  rocoiichon,  apprenti  dont  le  travail   consistait  à 
préparer  le  métal. 

(2)  Lettres  patentes  de  leur  nomination  des  29  avril  et  30  octo- 
bre 1528.  Duboin,  lieu  cité,  p.  78  et  79. 


113 

1565        André  Morel  (1),  maître  particulier. 
1565-1573  Eliemie  Bourge  (Burged) 

et  sa  veuve,  maître. 

Autoni  Uanotto. 

1569  Louis  Chambet,  contre-garde. 

1570  Cuvilier.  d'Aoste,  graveur  de  coins. 
1573-1576  Emmanuel  Dian,  maître. 
1577-1580  Jean  Miretto,  — 

1578        Mario? 

1580-1583  Clial'frey  Grobert,  maître acensataire. 
»           NicoIas-le-Grand,  garde. 

1583        Michel  Grobert,  maître. 


{Il  Ce  monnayour  lr.i|)pa  poui  la  ville  de  Cliaiiibery  des  pièces 
d'or  qui  furent  oflerlçs  à  Maiguerite  de  France  faisant  sa  première 
entrée  dans  la  capitale;  de  la  Savoie;  voici  les  notes  que  j'ai  recueillies 
dans  le  registre  d(!s  délibérations  de  la  ville,  à  la  date  du  24  juin  ].')64: 
«  A  esté  apporté  la  lasse  ordonnée  estre  balliée  a  Madame  eiisciuble 
«  deux  cents  pièces  d'or  du  poix  de  deux  escus  présente  marque 
«  et  rognés;  de  l'ung  des  costés  est  lesfigie  de  Monseigneur  au  (ourg 
<  (sic)  duquel  costé  est  escrip  Emainiel  PkUthertus  dur  Sahandir 
«  et  de  l'aultre  cousié  une  marguerite  et  au  tourg  duquel  couslé  sont 
c  escripts  tels  luotz  :  Magniftcarit  Deus  misericordiam  s)iain  ciim 
"  illa.  A  esté  ordonné  qu'il  sera  payé  à  M"  Andr.-  Morel,  niaislre 
«  lies  monnoyes  de  la  jjresentc  ville  la  somme  de  buict  escus  pis- 
«  toiles  tant  pour  la  dévalue  des  escus  convertis  en  piesces données 
«  à  Madame,  facture  des  ouvriers  qui  ont  cogné  et  battu  lesdites 
«  piesces  que  aussi  pour  ses  peines  et  labeurs,  laquelle  somme  est 
«  mandée  au  trésorier  des  denieis  de  la  dicte  ville  icelle  somme 
«  paier.  » 

La  tasse  destinée  à  les  contenir  avait  été  cnmmandée  à  Lynn  et 
payée  217  livres  9 sols  tournois,  ainsi  qu'il  résulti-du  mèmecom|)te  : 

«  Honorable  Estienne  Beurgé,  bourgeois a  montré  etréelle- 

«  men(  exliibé  aiixdits  sieuis  s\ ndics  une  giande  coppe  avec  son 

«  couverta  étui,  larjuelle  le  sieur  Jean  Gros a  envoyée  de 

«  Lyon.  » 


114 


4583 

André  Marlin, 

essayeur. 

1584 

Michel  et  Cliaffrey  Gro- 

berl, 

maîtres. 

D 

François  Jacquemin  (4  ), 

prévôt. 

» 

Claude  Vallet, 

ouvrier. 

» 

Michel  Fosserie, 

» 

Claude  Vulliand, 

» 

Pierre  Perrier, 

» 

Huoibert  Sarret, 

» 

Claude  Guigoz  (4), 

» 

François  Bossuz  (4), 

— 

» 

Jacquemoz  Verche  (  Ve- 

chu), 

» 

Claude -Humbert    Gal- 

liard  (4), 

:» 

Etienne  d'HaulteviUe, 

— 

» 

François  Godinand,        pi 

révôt-monnayeur 

y> 

Claude  Jacquemin, 

monnayeur. 

» 

Claude  Massonnat, 

» 

Estienne  Vallet, 

» 

Anthoine  Savigny  (1), 

» 

Guillaume  Gueidioz, 

> 

Charles  Goula, 

essayeur. 

» 

Jacques  Vencheu  (1), 

» 

Claude  Janin  (4), 

4589-1591 

Guillaume  Morion, 

garde. 

4591 

César  Valgrand. 

» 

Jean-Baptiste  Castagneri, 

acensataire. 

» 

Jean-Baptiste  Cavallo, 

— 

(1)  Ces  ouvriers  et  monnayeurs  allèrent  de  Chambéry  k  Gex 
pour  établir  la  monnaie  nouvellement  éri.qée  en  ce  lieu;  ils  restent 
28  jours  ;  ils  y  retournent  en  1588.  (  Comptes  des  trésoriers  géné- 
raux. ) 


115 
1591-1592  Barlolomëo  Anialdu  do 

Pignerol  (1),  maître  acensalaire. 

1594-1595  Gaspard  Cornaglia,  de 

Chiers,  (n'a  pas  travaillé). 

1595        Guillaurae  Morioii,  garde. 

1595-1600  Ciiaffrey  f.iobert,  maître. 

1599  Nicol  Vialard,  — 

1600  Antoine  Groberl,  comme 

tuteur  des  enfants  de 
Chaffrey,  — 

1617        Noble    Monet   Laurent, 

du  Bourget  (2),  — 

1628-1629  Galvagno  Sirascio,  commis. 

1640-1642  Pierre  F*errinet,  maître. 

1640        Guillaume  Cliarrot,  garde. 

Claude  Prunas,  contre-garde. 

1649  Les  ouvriers  sont  réduits  ù  huit  et  les 
moimayeurs  à  quatre;  tous  doivent  être 
bourgeois  de  Chambéry  (  condition 
obligée). 

Sa.int-Sym.ptLorierL-d-'OzorL 

1297  Jean  et  Johannot  Ginot, 
son  lils  (hommes  liges 
attachés  eux  et  leur 
postérité  à  la  monnaie 
du  prince),  monnayeurs. 

(1)  Acensc  pour  20,150  écus  de  15  l)Iarics  I  un,  à  l;i  condition  i|i> 
ne  battre  r|u'à  Turin  et  à  Chamb  My. 

(2)  Fabricant   des  monnaies   de    Cliainbérj  ,   mort  avant   1(118 
Note  de  M.  Amedce  de  Foras. 


416 

1306 

Jacques  de   Varan,   de 
Plaisance. 

» 

Pier'c  Aloyer,  de  Genève. 

1340 

Bernard  Robert, 

maître. 

1341-1342 

(  Comptes    des   maîtres 
des  monnaies  ). 

Bo\xrg 

1338-1339  Bernard  Robert, 

maître. 

> 

Alexandre  Dardan, 

» 

Sandre  Farolti, 

1339 

Jean  de  Clauso, 

garde. 

1340 

Alexandre  Dardan, 

maître. 

1340-1342  Sandre  Farolti, 

1340 

Guillermet, 

contre-garde 

1342-1343  Antoine  Patritto  et  Bino 

Gucchi, 

maîtres. 

1375-1378 

Pliilippe  Baroncelle,  de 

Florence  (1), 

maître. 

1394-1395  Jean  Raffano, 

garde. 

» 

Guillermet, 

contre-garde 

1396-1397  Jean  Raffano, 

garde. 

1394-1400  Matteo  di   Bonnaccorso 

Borgo. 

1394 

Jacques  PoUi,  de  Bourg, 

garde. 

» 

Guillaume  Sellery, 

— 

1396 

Jean  Angelier, 

1400 

Girard  Cbambon, 

1453 

Antoine  Fabri ,   de  Pe- 
rugia. 

(1)  «  In  comitatu  Sabaudie,  »  par  lettres  données  à  Bourg. 


117 

1469        Etienne  Varambon.  procureur. 

j>           Claude  Colin,  monnaycui'. 

»           Pierre  Ducrel,  — 

3»           Franceys  de  la  Barrière,  — ■ 

»           Pierre  Colin,  — 

>  Jacquemoz  Frolz  dit  For- 

nier,  — 

»           Andrien  Ribaud,  — 

»           Antlioyne  du  Molard,  — 

»           Vincent   Bécu    dit   Tri- 
bolet,  — 

»           Anlhoyne  Viuiand,  — 

»          Claude  Macbard,  — 

j>  Anlhoyne  Colin,  tilz  de  la 

fille  de  Piere  Riberct,  — 
j)           Jehan  de  Bussi,  dit  de 

Lalas,  reçu  à  la  requête 

de  M"'e  la  duchesse  de 

Sauoye  et  de  M.  le  c"''- 

de  Baugie,  ouvriers  cl  monnayeurs. 

»  Jeoffroy  Bordel,  lequel  a 

esté  autrefois  reçu  en 

Calhalogne  par  le  roy 

d'Aragon.  — 

1»          (iuigue  de  Santagnie,  — 

1473        Anlhoyne  Viviand,  pr(''vot  gcnéral. 
»           Anlhoyne  du  Molart,       ouvriers  elmoniiayeurs. 

>  Andrien  Ribaud, 

»          Cuigozde  Sanlagneu,  — 

»           Claude  et  Anlhoyne  Colin,  — 

»          Jean  de  Bussi  dit  Lalas,  — 

»           Jeoffroy  Bordel,  — 

>  Tievenet  Varambon^  — 


118 

. 

1473 

Franceys  Barrière , 

ouvriers  elnionnayeof  s. 

)) 

Catherine  Viviand,  fille 

irAntlioyne,reçueàce 

parlement. 

1477 

Guigo  de  Santagnieu, 

procureur. 

» 

Glaude  Colin, 

ouvriers  et  monnayears. 

D 

Anthoyne  Colin, 

» 

Jehan  Dale,  Lalas, 

■ — 

» 

Jaque  Boquin , 

— 

» 

Jehan  Delorme , 

» 

Glaude  Moret, 

» 

Philibert  Duret, 

» 

François  Barrier, 

J) 

Anthoyne  Vivian, 

» 

Anthoyne  Dumolar, 

» 

Jeffrey  Bordet, 

» 

Andrien  Riboud, 

D 

Recochon  du  Pondeyn, 

1481 

Guigo  de  Centeignat, 

procureur. 

» 

Glaude  Colin, 

ouvriers  et  monnayeiirs. 

» 

Jehan  de  Mussi, 

» 

Philibert  Duret, 

» 

Andrien  Ribaut, 

■ — 

D 

Anthoine  Colin , 

» 

Anthoine  Viviant, 

» 

Anthoine  du  Molart, 

» 

Jehan  Lorme, 

» 

Pierre  Lambert, 

— 

» 

François  Barrière, 

J) 

Glaude  Bessoney, 

1485 

Pierre  Colin, 

procureur. 

}» 

Glaude  Colin , 

ouvriers  et  monnayenrs. 

» 

Anthoyne  Colin, 

1485  Jehan  de  Mussy, 

»  Philibert  Duret, 

»  Andryen  Ribaud, 

»  François  de  la  Barrière, 

»  Glande  Bessonncy, 

»  Jehan  Bolut  (  on  Botut  ), 

»  Pierre  Giliet, 

»  Glande  Bonnart, 

»  Anlhoyne  Viviand, 

»  Anlhoyne  dn  Molar, 

>  Pierre  Chabod, 

»  Guigo  de  Santeigneu, 

y>  Boberl  Maistre, 

1497  Jean  Gervais, 

1503  Raymond  Golin, 

»  (Anth.)  Colin, 

»  Jehan  Bognin, 

»  Glande  Colin, 

»  Andrien  Ribaud, 

>  Odet  Colin, 

»  Rivenzde  laXochera? 

»  Mermoz  Venz, 

»  (ilaude  Bisson  Gardj  ? 

»  Pierre  Colin, 

»  Gmchard  Meissnard, 

T>  Jolian  Damonis, 

*  Johan  Tasparel, 

»  Glande  Vilel, 

>  Johan  Fergns, 

»  Nicolas  Arpolez, 

»  Bernardin  Fernex, 

a/ùis  Prince. 

y>  Victor  Massard, 


119 

oavriersel  nioiiiiuyeiirs. 


maître. 

|)rocureur. 

ouvriers  et  monnayeufs. 


420 

1 503  Jacques  de  Tornellys,  ouvriers  el  monnayeurs, 
»  Etienne  Turineli,  — 

»  Nicolan  Cengiia,  — 

»  Johan  Steri?  — ' 

1504  Umbert  Chappon,  garde. 
"  1506  André  Grdliet. 

1516  Antoine  Marauda. 

1518  Raymond  Colin,  procureur. 

»  Johanet  Vuilhard,  ouvriers  et  monnayenis. 

î>  Anthoine  Colin,  — 

»  Senerus  de  la  Marche,  — 

y>  Andrien  Rebo,  — 

»  Andrien  Colin,  — 

»  Valérian  de  Ubo,  — 

»  Johan  Cristin,  — 

1519  Raymond  Colin,  procureur. 

»  Johannot ?  ouvriers  et  monnayeurs. 

»  Jehan  Cristin,  a^tas ?  — 

»  Claude  de  Vitello,  — 

»      -    Valérian  de — 

»  de — 

15:21-1523  Valérian  Deulio  (Dulys),  maître. 

•»  Raymond  Colin,  procureur. 

»  Guillemin  Colin,  recochon. 

»  Pierre  Colin,  — 

»  Thomas  Colin ,  — 

»  Pi'e  Colin,  fds  de  Claude,  — 

y>  Pierre  Dulys,  ouvriers  et  monnayeurs. 

»  Jehan  de  Santagnies,  — 

»  Anthoine     Ferrochard , 

alias  Custin,  — 

»  Aud.  de  Sainct-Bartholomet,        — 

»  Michel  Ribaud,  — 


I'2l 

1521-1523  PioiTft  Ribaiid.  oiivricrsel  moniiayeiirs. 
»           PliililKMl  Moliiys, 

»           hennît  Bacod.  — 

1528        Henri  Piigniet,  — 

1500-1501   Lucinno  Uéal.  niaide  iiarticulicr-. 
1502         Cliristojilie    Puiio  .    ilc;  . 

Turin,  garde. 

1503-1 50i  Luchino  Real.  maître  parliciiiif-r. 

1500-1508  Pierre  de  Luan,  — 

1507  [,ouis  filiariere,  contre-garde. 

1508  .lean  de  Gruniel,  garde. 
1570        Jacques  Dais.  contre-garde. 

1574  Pierre  de  Luan,  maître  parlicurKM'. 
1574-1577  Sébastien  de  Larlisseur,  commis  à  l'économie. 

1575  Laurent  de  la  (lour.  garde. 

î)           Toussaint  ^[orande.  coiiiiiiis  de  l'essiiveiir. 

»           Jean  Rocliard     , ,.  ,  .       , 

.,  „     1      ,  Jrere.s,  ouvriers el  mounayeurs. 

»           Uenoit  Bocnai'd  ^  ' 

9           Ciuillermin  Viclion,  — 

»           Thomas  les  Costes,  — 

»           Valérien  de  St-Agnès,  — 

»           Jean  Morande,  — 

j)           Mathieu  lîlanchel,  — 

1577-1580  Kmanutd  l)ian,  maître. 

158(1        Jacques  Rougier,  contre-garde. 

1581-82-83              Id.,  acensataire. 

1582        Jean  Porro,  garde. 

»           (",lii-isto|)iie  Poii'o.  graveur  de  coins. 

1581-1580  Philiherl  Dian,  maître. 

1580        Nugone,  gi-aveur. 

158'.»        (luillaume  .Maion.  garde. 


8 


122 


Poxit-d'Ain 

1338-1339  Bernard  Robert,  maître. 

»  Alexandre  Dardan, 

»  Sandre  Farolfi,  — 

1338       Jean  de  Clauso,  garde. 

1340-1342  Sandre  Faroin,  maître. 

1340        (iuillaume  Vacher,  essayeur. 

1342-1343  Antoine  Palritlo  et  Bino 

Guclii,  maîtres. 

1 349-1 350  Nicolas  de  Podio,  de  Luc,         maître. 
1352-1354  Bonaccorso  Borgo  ,   de 
Florence  (1),  travailla 
quelque   temps  à 
Pierre-Châtel,  — 


1352 

J"  Arbizzon,  de  Bourg, 

garde. 

1353 

Pierre   de  Clauso  ,    de 

Yenne, 

contre-essayeur 

» 

Estienne  Roger  (2), 

procureur. 

» 

Garnier  Faure, 

1355 

Etienne  Roger  (3), 

» 

Johan  de  Flaceys, 

— 

» 

Jehan  Darneys  (4). 

monnayeur. 

» 

Estienne  Audrit, 

(1)  Cibrario,  Jieu  cité,  p.  293,  croit  que  rordonnance  du  26  mars 
qui  l'autorise  à  battre  monnaie  à  Punt-d'Ain  est  la  première  qui 
mentionne  la  fabrication  d'écus  et  de  florins  d'or. 

(2)  «  Estienne  Roger  et  Garnier  Favreprocureux  des  compaignons 
de  Pont  d'Ayns.  »  Parlement  de  Romans,  1553  (lieu  cité,  f"  21  v""). 

(3)  «  Stephanus  Rogerii,  Johannes  de  Flaceys  procuratores  ope- 
rariorum  et  monetariorum  Pontis  Yndis  »  (lieu  cité,  f"  22,  v"  Ro- 
man). 

(4)  Lieu  cité,  1*  25.  Du  Pont  deyns  (noms  des  mouaayeurs). 


12:} 

1355        liarllioloraieu  Lescnvaiii.  nioiiiiayeur. 
»           Symon  Aniiclier, 

»           Pierre  Bet,  — 

»           Pierre  Cliaiola,  — 

»           (luillemel  Rigolas,  — 

y>          Jeiian  Angelier,  — 

»           Antoine  Audril,  — 

1355-1358  Boriaccorso  Borgo,  maître. 

1350-1359  Ici.,     (Pierre-CliAlel).       — 

1358        Hiiigonnet   de   la   avis, 

ouvrier  (1),  procureui'. 
»           Estienne  fils  de  llumbert 

Hogier,  monnayeur. 

»           riinllemet  Marchant,  — 

»           (luvouiuH  Ro'Mer.  — 

»           Miclielel  de  Si-Adrien.  — 

»           Jacquemarl  Rico.  — 

»           .Iclian  Blonde!,  — 

»           Berlhier  Bourgoing,  — 

»           (Jonon  BourcroiniJ,  — 

j)          .loceiant  Taines,  — 

»           Jehan  Beigul.  — 

j)           Jehan  de  Romans,  — 

»           Martin  Vincenl.  — 

»           Nicolas  Garin,  — 

»           Jehan  de  Alvares,  onvrier. 

»           Simon  Angelier,  — 

»           (luillamel  Fournie,  — 

(1)  Paiifineiil  il.j  Vicv-rH-,  P  39,  V  :  ^  l.o  Poiil  Dains.  Hui:<onnol  lie 
la  avis  nuvritT  et  Kslienn»'  fils  de  Fluiiilpert  Kugioii  procuivur  di-s 

cumpaignuns  ouvriers  et  moiinoieis  du  Pont  Dains,  le.sijuelz  ou- 
vriers et  inunnoieis  sont  cy  après  exnips.  » 


1358 

Garnier  Seine  ? 

y> 

Frelion  Bourcier, 

)■) 

Estienne  Andrieii, 

T> 

Anthoine  And  rien. 

D 

Jehan  Flacon, 

» 

Jehan  S.  de  Lay. 

» 

Estienne  Dn  Mas, 

» 

Guillaume  de  Liste, 

» 

Jehan  du  Boys, 

» 

Jehan  de  Piseys, 

1359 

Bonaccorso  Borgo, 

)) 

Jean  Aibizzon, 

•S) 

Johannon    Evi-ard   Om- 

bard, 

1370 

Guillelmus  Fornia  (1), 

» 

Guigo  de  la  Croix, 

1377 

Guillernetus  Forniari  ali- 

ter Sellerii  (2), 

)> 

Guigo  de  Cruce, 

» 

Johan  de  Vdet, 

» 

Johan  Bardel, 

T) 

Aymon  Girond, 

5) 

Philippe  Roger. 

V) 

Etienne  Ghardric, 

1386 

Huguenon  Bourgoing  (3), 

ouvrier. 


essayeur. 


|)rocureur. 


monnayeur 


procureur 


(1)  Lieu  cité,  1"  49  ;  v"  Parlement  de  Romans  :  «  Guillelmus 
Fornia  procurator  cuni  dicto  Guigone  de  Cruce  preposito  sociorum 
operariorum  et  monetariorum  del  Pondens.  » 

(2)  Lieu  cité,  f"  55.  Parlement  de  Valence  :  «  Guillernetus  For- 
niaci  aliter  Sellerii  suc  et  procuraloiio  et  noraine  procuratorio  » 
(suivent  les  noms)  de  Pont  Dains. 

(3)  Lieu  cité,  f°  06.  Yaleuco:  Hugenon,  Bourgoing,  procureur  pour 
les  ouvriers  et  monnoiers  de  Creraieu  et  du  Pont  Dains. 


125 

1390        Guillaume  Fournie,  a/tas 

Seller  (1),  procureur. 

1394  Matteo    di    Boiiaccorso 

Borgo,  maître. 

1395  (Tuiilaumc   Selierii ,   de 

Bourg,  garde. 

1397        Hutïueniu  Bouvier  C^),  procureur. 
liOi         (iuigonnel  de  ViUelte  (3),  monnayeurs  el  ouvriers. 

D          Etienne  de  Villelte,  — 

»           Pierre  Guigonnet,  — 

»           Pierre  Guigonnet  (son  lils).  — 
»          Pierre  Serveryat,  de  la 

paroisse  de  la  Vyolas,  — 
»          Jean  Girod,  de  la  même 

paroisse.  — 
»          Prinus  de  Villette,  — 
»          Pierre  Blonde,  de  la  pa- 
roisse de  Marlans,  — 
»           Aymonet  Alexandre ,  de 

Nyundis  (Nyon),  — 

»          Antoine,  — 

i          Boralor  (son  fils),  — 
»          .Jehan  Girod  de  Gremens 

dit  Borator,  — 
»          Rogier  ,  de  la  paroisse 

de  Ens,  — 

»          Guillerme  de  Hecept,  — 


(1)  Lieu  citii,  !•  79.  Parlement  de  Rumaob. 

(2)  Lieu  cité,  f»  96.  M. 

(3)  Lieu  cité.  Parlement  de  Valence,  f"  101,  102  (ceux  de  la  cile 


du  Punt  Uains] 


126 

Saiiat-Genis: 

1341-1342  Comptes  des  trésoriers  généraux. 
1354-1355  Jean  de  Chamaior,  maître. 

»  Bernard  de  Clauslro,  — 

1354  Pierre  Guilos,  garde. 

1355  Pierre  Peracchi,  — 

Pierre-Ch-èitel 

1354        Bonaccorso    Borgo,   de 

Florence,  maître. 

1356-1359  Ibidem. 

1356  Pierre  de  Clauso,  garde. 

Corn.ej.vi  n 

1435  Anthoine  Lovanier  (1). 

*  Ciuillerrac  de  Savigny,  niotinayeiirs  et  ouvriers. 

»  Henri ,   de    la  monnaie 

d'Estraborc,  — 

»  Manfred  Betzon,  — • 

»  Jacques  Bichet,  — 

•»  Guignes  Betzon,  — 

»  Etienne  Varembon,  — 

»  Anthoine  Lovanien,  — 

1439  Anthoine  Lovanier,  procureur. 

»  Guillerme  de  Savigné,  monnayeurs  et  ouvriers. 

ïi  Jehan  Giraud,  — 

»  Pierre  Blondel,  — 

(1;  «  Procurator  illorum  Crucis  santi  Gervasii  prope  civitates 
gehenensusef  illorum  Chambeiiaci.  »  (  1"  legistre  des  parlements 
genéiau-x,  folio  139  recto.  ) 


1439 
» 

1448 

» 
1450 
1451 

1453 


1457 
1468 
1460 

» 

» 
1483 

1484 
1485 
1496 
1500 
» 

1525 


Pierre  Blonde), 
Jehan  Blondel, 
Pierre  Guimet  (jeune), 
Thomas  de  Fontane, 
Huguenet  Vespre, 
Monnet  Manchi, 
Stéphane  Vareinhon,  du 

Pont-d'Ain, 
Aimar  Fabri, 
Guy  Besson,  d'Yenne, 
France  Garino,  de  Lyon  ? 
François  Zuchet, 
Barthélemi    di    Castel- 

nuovo  di  Chieri, 
Jacques  Papins, 
Giachetto  Fiiippi. 
Goitofredo,  de  Gruyère, 
Michel  de  Bardonnèche, 

d'Avigliano, 
Gabriel  de  Rive, 
Lambert  Magnin, 
Pierre  de  Bardonnèche, 

d'Avigliano, 
Barthélemi  Camus. 

Nicolas  Gatti , 

Pierre  Magnin, 
Thomas  Blondel. 
Andréa  Gerves, 
Bodolfe  Aigente. 
Claude  Savoie  (1), 


127 

ouvriers  et  niuiinayeurs. 


maître, 
garde, 
maître. 

garde. 

maître, 
garde. 

maître. 


garde, 
contre-garde. 

maître. 

maître, 
garde. 

garde. 

maître. 


(1)  Ancien  premier  syndic  do  Genève,  fut  iiouiiné  premier  maitro 
de  la  monnaie  de  Genève  le  4  décemljre  1535  ;  son  lils  et  sob  petit- 


128 

1528 
1530 


1532 


INoble  Henri  Goiilaz  (1), 
Pierre-Paul  de  Pane, 
Robert  de  Versonay, 
Pierre  de  Gruyère, 
Claude  Dames, 
Henri  Goulaz, 


maître, 
garde, 
contre-garde, 
essayeur. 

maître. 


Mont]  u-el 


1503 

Jean  Serena. 

1504 

Jean  Raffoluaz,  de  Montluel 

1520 

Raymond  Collin. 

1528 

Gaspard  Peruser, 

» 

Thomas  Collin,                  cl 

» 

Jean  Collin,                       oii 

)> 

Amblard  Collin, 

y> 

Pierre  Collin, 

y> 

Claude  Moironis, 

y> 

Alexis  Peyrolet, 

» 

Claude  Giraud, 

)•) 

Pierre  Dumollard, 

t> 

Guillaume  Collin, 

1529 

Jacques  Saballier, 

contre-garde, 
chef  monnayeur. 
ouvriers  moimayears. 


fils  y  furent  nnimiayeurs,  cl  le  dcrniei-,  prévôt  en  1598.  (Mémoires 
et  documents  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève , 
tome  VIII,  page  112). 

(1)  Goula,  Goule  ou  Goulle,  maitre  de  la  monnaie  de  Savoie  en 
1528  et  1533,  Je  fut  de  celle  de  Genève  le  15  avril  1535  et  y  exerçait 
encore  en  1553.  (  Mémoires  et  documents  de  la  Société  d'histoire 
cl  d'archéologie  de  Genève,  tome  VU,  page  112.  ) 


129 


Gex 


1583        Nobl(«  Charles  Goulas(l),  maître. 

158î-i580  Denis  el  fîenoît  Doppet,  aceiisataires. 

158  î         iNycolas  LegranJ,  lailletir  e(  essayeur. 
»           .lac(|ueMiiii  (2),                 ouvriers  et  riiomiayeiirs. 

»           Claude  Guigoz,  — 

»           François  Bossu,  — 

»          Jacques  Vecheu,  — 

»           Iluniherl  Gaillard,  — 

»           Antoine  Savigny,  — 

»          Claude  Janin,  — 

N-yon 

1364        Bonacorl  Burges,            maître  et  ouvrier. 
Sandie  Bindac,  de  Flo- 
rence (3),  — 
1390-1391  Jean  el  Mathieu  de  Bo- 
naccorso  Borgo,    fds 
de  Mathieu,  maître. 
1390        Ue  Ferro,  garde. 


(1)  Ci(oy«n  de  (M'iiove,  meinbie  du  Conseil  (Josdf'u.v  ceuts,  inaitre 
des  monnaies  dès  1559,  fut  dépns;  1(3  7  janvier  1581,  [laioe  i|u'il 
('tait  en  in6ni(j  lenips  niaitre  de  la  nionnair  du  duc  de  Savoie  à  Gc\. 
(  Mémoires  et  documents  de  la  Société  d'histoire  et  d'nrchéologie 
de  Genève,  tome  VII,  page  113.  ) 

(2)  Ouviiers  d(î  Cliambéry,  envoyés  |)our  travailler  dans  cet 
atelier  ;  ils  restèrent  24  à  25  jours,  28  jours  pour  tout  le  voyage. 

(3;  Mrmuins  cl  documents  de  la  Société  d'histoire  el  d'archéoloijte 
de  Genève.  1I°"  volume. 


130 

1390 

Jehan  Angelier  (1), 

procureur. 

1391 

Jean  Bonaccorso, 

maître. 

1392-1393  Jean  Raffano,  bourgeois 

de  Trefforl, 

» 

Perronon  de  Bays  (2). 

procureur. 

1392 

Bernard  Varlet, 

1 394-1 395  Jean  Angeliei-,  de  Cham- 

béry. 

1396 

Mathieu  de  Bonaccorso 

Borgo, 

maître. 

1400-1401 

Michael  de  St-Michel, 

1404 

Guyonnet  de  Villette  (3),  monnayeurs  et  ouvriers 

» 

Périn  de  Yilletle, 

» 

François  de  Jusaus  (ou 

de  Visaus), 

» 

Nichulet  de  Mauso, 

» 

Jean  Girard, 

» 

Pierre  Blondel, 

» 

Pierie  de  Saugeron, 

» 

Guillerme  de  Recepto, 

» 

Jaquemet  Jaquet, 

» 

Bonagaissus  Roger, 

» 

Etienne  Bovel, 

» 

Michel  de  St-Michel, 

» 

Bonacursus  Alexandrium, 

(1)  De  Chambéry;  représenta  les  deux  ateliers  (1"  registre  des 
pailements  généraux). 

(2)  Lieu  cité,  i"  Sb.  Perronon  de  Bays  et  Bernard  Varlet,  procu- 
reurs des  ouvriers  et  monoiers  de  Crémieu,  de  Vienne  et  de  Nyons 
eu  Vaux. 

(3)  Lieu  cité,  i°  104.  Cy  ea  après  s'en  suivent  escrips  les  noms... 
de  tous  les  procureux  qui  ont  été  envoyer....  en  la  cité  de  Vienne. 


131 


1405-4406  Jean  de  Ueget,  de  Mont- 

calier,  maître. 

1405        Umberl  Vialel,  garde. 

I  iU7-1410  Joliaiiriesdc  liaselo(l),  maître. 

1411        Pierre  l'Hote  (2),  procureur. 

»           Guigonnet  (3),  prévôt. 

»           Pierre  de  Larsy  (4),  moniiaycur. 
»           Jehan  et  Pierre  Hiraud 

frères,  — 

B           Pieire  Blondey,  — 


(Ij  Ce  tnaitre  lit  Iransporter  de  Chambtiiy  à  Nyoïi  les  outils  et 
les  l'ers  nécessaires  pour  rétablir  latelier  de  cette  dernière  localité  ; 
il  y  fit  établir  de  nouveaux  fours  et  y  dirigea  sans  doute  la  fabri- 
cation. Il  reçut  100  llorins  pour  prix  d'indemnité  pour  ses  voyages 
répétés,  tt  00  llorins  pour  prix  d'acquisition  d'un  cheval  ^ris  pour 
transporter  lui  et  le  matériel  nécessaire  à  la  réorganisation  de 
l'atelier  :  «  Libravit  Johanni  de  Raseto  magistro  inonetarum  do- 
mini  (juos  dorainus  eideiii  Johanni  donavil  in  recompcnsationem 
niissionum  et  expensarum  per  ipsuni  supportâtarum  occasione 
transmutationis  fdcte  ,  de  niandato  domini,  dicte  monete  a  Cliani- 
beriaco  apud  Nyvidunuin  portari  faciendo  aysiamenla  lerrameiita 
et  aptari  fornaces  ft  aiia  ibidem  reparari  laciendu  pro  moncla 
lienda  nec  eliam  ac  pn»  niutatiobe  ejusdem  que  longa  luit  100  11. 
|i.  p.  al)  una  parle.  Item  et  ab  aha  parte  60  11.  in  quibus  doininus 
eidem  tenebatur  pro  pretin  unius  sui  equi  grisi  einpti.  »  Compte 
du  trésorier  général  Jacques  de  Fistilleux,  1407-1410. 

(2)  De  Chambéry;  représenta  les  deux  ateliers  (1"  registre  des 
parlements  généraux). 

3)  Lieu  cité,  f*  113  v'  :  c  NosGuigonelus  prepositusot  Petrus  lios- 
pites  societaturu  Lausanensis  et  de  Nionis  in  Vaudo  procuratores 
communiter  et  roncorditcr  eleclus  (sic),  etc....  »  Ce  Guigonctus 
était  prévôt  général  à  Avignon,  ce  qui  explique  ce  nos  et  ce  sin- 
gulier qui  termine  la  phrase. 

(4)  Lieu  cité,  1°  113  v"  :  <  noiuina  constiluenliuin  Nividini  m 
Vaudo.  » 


132 

1411 

Antoine  Alixandri, 

monnayeu' 

» 

Guillelmus  de  Recepto, 

1414 

Jean  Giiod  ,   alias  Tii- 

pet  (1), 

procureur 

» 

Pierre  Giroud, 

ouvrier. 

1420 

Jean  Picoz,  d'Avigliano, 

maître. 

T> 

Franclieqiiinus    de   Ca- 

bria, 

procureur 

» 

Etienne  Varembon  (2), 

» 

François  Marciiand,  d'A- 

vissano, 

ouvrier. 

» 

Pierre  Gruel  de  Saint- 

Germain, 

» 

Pierre  de  la  Sas, 

y> 

Jean  Blondel, 

» 

Jean  Lavinier, 

» 

Jean  Blondel, 

» 

Jacqueraet  Blondel, 

1422 

Lanlranc  Busca,  de  Milan, 

maître. 

1423 

Bastian  Grégoire  (3), 

procureur 

1427 

Berlino  Busca,  de  Milan, 

maître. 

1429 

François  de  Seyn,  ou- 

vrier (4), 

» 

Sébastien  Guigon, 

prévôt. 

(1)  Lieu  cite  f"  116.  Parlement  de  Valence  :  «  Procurator  ope- 
rariorum  et  nionetariorum  de  Nyons  et  Chaml^eriaci.  » 

(2)  Lieu  cité,  f"  124.  Parlement  de  Chambéry  :  «  Procuratores 
operariorum  et  monelariorum  monete  que  cuditur  apud  Nyons  en 
Vaux.  Illorum  procuratores....  operarii  nionetarii.  » 

(3)  Lieu  cité,  f°  128  «  procurator  operariorum  et  monelariorum,  » 
lie  Nyons  en  Vaux  et  Lausanne,  procureur  substitue  de  Chambéry. 

{4j  Lieu  cité,  f '  133  «  procurator illorum,  »  de  Nyons  en 

Vaux. 


133 

1429        Jean  Maguiii  (?). 
»  Ktieiinc   de  Bicgiia,  de 

Turin. 
»  François  de  Seyn. 

»  .lacfjues  Picot,  deCienève. 

1  i3;2        Anloiiie  Lovagnier(l),      procureur. 
»  Kiauçois  Dosseyn,  ouvrier. 

»  Jacques  Picliot,  uionnayeur. 

»  Guilielme  Hovetous.  — 

>  JeanGrenet,  —     " 

»  Jacques  de  Vanneus (ou 

Banneus),  — 

An  n. e c y 

1 429        Antoine  de  Lovagny  (2),    monnayeur. 

*  Jacques  Vaneys  (3),  — 

1439        Antoine  de  Lovagny  (4),    procureui'. 

Jacques  Vaney. 

François  Ueosaus. 

Ai>r 
(  De  Aquis  iii  Sabamlia.  -    Villf  «l'Ays  en  .Savoie.  ) 

1408        Hugues  |{(dniet  (5),  jiiocureur. 

»  llumberl  de  Corbellio,     luoiniayeur. 

(1)  Lieu  cité,  f"  136,  prociireiii  des  ateliers  de  Cliamhéry,  Genève, 
Annecy  et  Nyoïi. 

(2,  «  Burgr'nsis  de  Aiinessiaci»  Geln'onensis  diocesis,  ex  gratia 
«  domini  ducis  Sabaudii-  in  monetaiiuin  l'iiil  n'ceptus.  » 

(3)  «  Dicii  loci  de  Annessiaci)  ex  tlicla  gialia  in  nionotarimu  si- 
<  militer  fuit  receptus.  » 

(4)  Des  ateliers  de  Cli.iiiilx'-ry,  Genève  (Cornavin),  Annecy  et  Nyon. 

(5)  Puui  Ai.v  et  Chambery. 


434 

Bertrand  de  Corbello,  monnayeiir. 

\A\\        Pierre  l'Hôle  (1),  procureur, 

Humbertde  Corbello,  monoayeur 
Jacques  Jacquet? 
Johannot  de  Gantorio,  — 


(1)  Pour  Chambéry,  Lausanne,  Nyon  et  Aix. 


135 


MATÉKIKL  l>ES  ATIJJEKS  MOiNÉTAIRES 


Le  matériel  pour  raffinage  des  métaux,  la  la- 
brication  des  coins  el  la  Irappe  des  monnaies, 
tout  à  fait  élémentaire  et  peu  conii>li(iué,  ren- 
dait facile  l'établissement  de  nombreux  ateliers 
ou  leur  transfert  temporaire  dans  certaines  lo- 
calités ,  comme  nous  l'avons  vu  pour  Pierre- 
(lliàtel,  St-Genix  et  Yenne. 

L'outillage  fut  d'abord,  le  plus  ordinairement, 
la  propriété  du  maître  particulier,  cbargé  d'ou- 
vrir un  atelier  ou  d'y  travailler  après  une  inter- 
ruption. Par  la  suite,  cet  outillage  appartint 
au  prince,  qui  devait  fournir  les  locaux  néces- 
saires à  son  installation. 

L'acte  de  prise  de  i)OSsession  de  la  monnaie 
de  Chambéry  par  Jean  de  iMaxio  d'Asti,  le  7  mai 
1421  (1),  contient  l'inventaire  comi)let  du  ma- 
tériel dont  se  composait  cet  atelier,  entièrement 
outillé  par  Tliomas  de  Folonia,  son  prédéces- 
seur, qui  reconnaît  qu'ensuite  de  sa  convention 
ce  matériel  reste  la  propriéh'  du  princ(\ 

Jean  de  Maxio,  nommé  inaitre  de  la  monnaie 
de  Gbambéi-y  le  14  avril  14:21,  prit  possession  de 

(1)  Dulioin,  lieu  cité,  page  67. 


136 

cet  atelier  après  avoir  préalal^lement  versé  une 
caution  de  raille  florins  entre  les  mains  de  maître 
de  Gossivini  de  Bomel,  maître  général  des  mon- 
naies, et  Jacob,  alias  lacquet,  de  Cliambéry, 
tfarde  de  cette  monnaie. 

Il  est  mis  en  possession  réelle  et  corporelle 
de  la  maîtrise  de  l'atelier  (office)  par  la  livraison 
des  clefs  de  la  maison  et  des  autres  biens  et 
meubles  indiqués  dans  l'inventaire  notarié.  Nous 
en  extrayons  la  partie  qui  a  directement  rapport 
à  l'outillage  monétaire  : 

((  Un  toit  de  four  couvert  de  tuiles  en  partie 
brisées.  Il  y  avait  ordinairement  deux  fours,  l'un 
pour  fondre  le  métal,  le  second  destiné  à  le 
faire  recuire  avant  la  frappe  ;  le  soin  de  ces 
deux  opérations  était  laissé  aux  apprentis  (  re- 
couchons ).  Sous  ce  toit,  six  banques  double- 
ment garnies  de  gobelets,  onze  chaises  pour 
s'asseoir  en  étendant  l'argent,  sept  bancs  garnis 
de  gobelets  pour  les  monnayeurs,  deux  fines  de 
poirier  pour  laver,  onze  tables  de  fer  sur  les- 
(juelles  on  extrait  l'argent,  dont  six  furent  appor- 
tées à  Nyon;  les  cinq  autres  existaient  à  l'arrivée 
de  Tliomas  de  Folonia.  Ces  tables  portaient  des 
molasses  et  pouvaient  tourner  sur  leur  pied.  Une 
pelle  et  une  poche  de  fer  à  placer  l'argent  dans 
les  creusets;  un  homard  et  un  rathoz  (sic)  de 
fer;  des  tenaiUes  à  prendre  le  creuset  dans  le 
feu  ;  une  seconde  pour  les  petits  creusets  ;  un 
fer  à  brasser  l'argent  ;  une  meule  de  fer  ;  deux 


137 

petits  foui's  (le  molasse  garnis  de  fer  et  d'un 
couvercle  de  ter;  deux  crochets  de  fer  à  extraire 
les  verges  d'argent;  un  lourneau  d'essais;  un 
hanc  fruste  fourré  de  grosse  toile,  sur  lequel  sont 
pesées  les  monnaies  ;  trois  balances  de  métal 
j)0ur  peser  l'argent,  une  est  un  peu  cassée;  une 
balance  de  laiton,  garnie,  pesant  six  marcs  ;  une 
[)aire  de  balances  neuves  à  peser  le  billon  ;  une 
petite  table  de  noyer  pour  compter  Targent.  » 

(.4et  inventaire  ne  nous  a  présenté  aucun  oJjjet 
se  rapportant  directement  à  la  frappe  des  mon- 
naies :  matrices ,  poinçons,  coins,  etc.  ;  toutes 
ces  pièces  étaient  confiées  aux  garde  et  contre- 
garde,  qui  les  livrait  aux  ouvriers  quand  besoin 
était.  De  nom!)reuses  précautions  assurèrent  la 
conservation  et  la  garde  de  ce  matériel,  pom- 
empêcher  les  ouvriers  de  léser  l'Etat  par  un 
mauvais  emploi  ou  en  détournant  des  coins  ou 
matrices  pouvant  servii'  à  une  l'alHication  eian- 
destini.'. 

Le  moyen  âge  nous  a  laissé  peu  de  traces  du 
mode  de  fabrication  des  monnaies.  Les  matrices 
étaient  en' fer  ou  en  bronze,  et  s'obtenaient  à 
l'aide  de  poinçons;  le  travail  terminé,  on  les 
trempait  pour  les  durcir.  La  série  des  poinçons 
employés  se  composait  de  lettres  (;t  même  de 
partie  de  lettres  (]),  de  couronnes,  de  croix  , 


(l)  Sur  certaines  pièces  lo  V,  l'K,  l'F,  etc.,  sont  faits  à  l'aide  île 
deux  cl  trois  pniiiçons  ;  leur  emploi  L'^t  parfailt-nicnt  lecnnoais- 
sable  sur  les  siM'Usines  ot  les  denit^is  dis  prenàors  rognes. 


138 

de  points,  auxquels  s'ajoutent  plus  tard  des  écus, 
des  aigles  et  les  têtes  des  princes  (1).  Leur  em- 
ploi a  eu  pour  résultat  ces  diiïérences  de  coins 
si  nombreuses ,  sur  lesquels  des  signes  ou  des 
lettres  ont  été  ajoutés  ou  oubliés  par  les  ouvriers 
chargés  de  remplacer  les  matrices  cassées.  Les 
légendes  plus  ou  moins  abrégées  à  la  lin  pro- 
viennent de  l'espacement  irrégulier  des  lettres, 
ce  qui  obligeait  à  couper  dès  que  la  place 
manquait.  Les  grenetis  se  traçaient  à  l'aide  du 
compas,  dont  on  retrouve  la  trace  au  centre  des 
pièces  qui  présente  un  point  en  relief,  et  au 
grenetis  dont  les  points  sont  accouplés.  On  les 
gravait  à  l'aide  d'une  pointe  ou  d'un  poinçon 
produisant  des  entailles  cunéiformes,  et  on  les 
rectifiait  au  burin  (2). 

Les  coins  se  composaient  de  deux  et  trois 
pièces  ;  les  deux  faces  étaient  frappées  séparé- 
ment, ce  qui  donnait  une  grande  irrégularité  aux 
pièces  et  enlevait  une  grande  partie  de  sa  net- 

(1)  Une  notice  sur  des  monnaies  frappées  à  Montauban,  par 
Devais  aine  (  Moniteur  d'archéologie,  1868,  p.  372  ),  contient  un 
inventaire  du  matériel  de  cet  atelier.  Je  citerai  comme  confirmation 
de  cette  multiplicité  de  pièces  : 

«  1  coin  d'escu,  3  pièces  de  fer; 
«  1  coin  d'une  pièce  de  10  sols,  3  pièces  de  fer; 
c  2  roues  de  raolinet  de  fer,  autour  sont  gravés  six  noms  ; 
«  2  petits  poinçons  avec  teste  ; 

«  68  poinçons  en  fer,  couronnes  fleurs  de  lys,  12  fleur  de  lys, 
lettres  de  l'alphabet.  » 

(2)  Moniteur  de  l'archéologie,  1868.  Notes  de  M.  A.  Meillet,  de 
Poitiers. 


139 

teté  au  coté  frappé  lo  premier.  Le  moulinet  fut 
un  perfectionneme'iit  employé  au  XVl'^  siècle,  et 
ne  cessa  d'être  employé  que  lors  de  l'établisse- 
ment des  balanciers. 

La  pièce  frappée,  comme  le  développement 
latéral  du  métal  n'était  pas  lu'ièté,  les  bavures 
étaient  enlevées  à  l'aide  d'un  cmportij- pièce 
(bichon)  qui  servait  ;\  lu  rogner  pour  la  régu- 
lariser et  l'amener  au  poids. 

Ces  opérations  terminées,  la  pièce  était  essayée 
et  pouvait  être  mise  en  circulation. 


-ee=0<=j9 — 


PIÈCES  RARES  ET  INEDITES  DU  MÉDAILLIER 
DE  SAVOIE 


MUSÉE  DÊP.\RTEMEM.4L  DR  CHAMBÉRY 


Le  médaillier  de  Savoie,  du  musée  départe- 
mental, se  compose  de  la  collection  formée  par 
les  soins  de  la  Société  d'histoire  naturelle,  dont 
les  monnaies  d'or  et  d'argent  ont  été  volées  en 
majeur».'  partie  en  1850,  et  du  richi^  médaillier 
de  M.  le  marquis  Léon  Costa  de  Beauregard , 
généreusement  donné  au  musée  par  son  fds, 
M.  le  comte  Paul  dr  -Costa. 


140 

Dès  sa  fondation  (1848),  la  Société  d'histoire 
naturelle  réservait  une  salle  pour  l'archéologie, 
et  la  ville  lui  confiait  les  divers  objets  d'anti- 
quité et  les  monnaies  déposées  à  la  bibliothèque. 
Les  séries  numismatiques  se  développèrent 
rapidement  sous  la  direction  de  M.  le  comte 
Alexandre  d'Oncieu  de  Chatlardon  et  de  M.  le 
professeur  François  Rabut.  C.e  dernier,  nommé 
conservateur  à  la  mort  de  M.  d'Oncieu ,  s'oc- 
cupa à  classer  et  à  étudier  d'une  manière  toute 
spéciale  les  monnaies  des  princes  de  Savoie,  et 
fit  connaître  les  plus  intéressantes  d'entre  elles 
dans  plusieurs  notices  (1).  Après  sa  nomination 
à  Agen  (18G0),  M.  le  marquis  César  d'Oncieu 
s'efforça  de  combler  les  vides ,  suite  du  vol 
commis  en  1859,  par  diverses  acquisitions;  la 
plus  importante  fut  celle  de  la  collection  de 
feu  M.  Vissol. 

Lors  de  la  création  du  musée  départemental 
(1867),  les  collections  archéologiques  formées 
par  la  Société  d'histoire  naturelle  lui  furent  cé- 
dées; le  médaillier  de  Savoie  reprenait  son  an- 
cienne importance  par  le  don  des  pièces  de  choix 


(1)  Académie  de  Savoie,  2""  série,  1",  a™',  3"»  et  4""  Notice  sur 
quelques  monnaies  de  Savoie  inédites.  T.  I,  II,  III,  V. 

Société  d'histoire  naturelle.  Bulletin,  1849. 
Société  florimontane,  Bulletin,  1855,  p.  53. 
Société  savoisienne  d'Iiistoire  et  d'archéologie,  T.  III,  p.  71,  et  la 
notice  qui  commence  ce  volume. 


141 

réunies  par  M.  le  marquis  f losta  ;  il  fut  le  pre- 
mier classé  et  catalogué. 

fie  catalogut^  présente  sur  une  double  page  , 
pour  chaque  monnaie ,  un  numéro  d'ordre 
général ,  un  numéro  de  série  pour  chaque 
règne,  la  description  des  deux  faces  de  la  pièce  ; 
viennent  ensuite  le  nom  de  l'auteur  qui  l'a  dé- 
crite ,  le  titre  de  l'ouvrage  ,  le  numéro  de  la 
planche  et  du  dessin  pour  celles  déjà  publiées. 
Une  page  renferme  les  noms  de  l'ateher  et  du 
monnayeur,  la  date  de  frappe,  le  métal  de  la  pièce, 
son  module,  son  poids  exprimé  en  mesures  an- 
ciennes et  modernes,  pour  faciliter  la  compa- 
raison avec  les  ouvrages  dans  lesquels  les  unes 
ou  les  autres  ont  été  employées  ;  le  nombre 
d'exemplaires,  leur  état  de  conservation,  le  do- 
nateur sont  indiqués  ensuite.  Dans  la  colonne 
d'observations  sont  placés  les  dessins  des  pièces 
publiées  ou  non,  ainsi  que  leur  dénomination, 
leui'  valeur  actuelle  et  divers  autres  renseigne- 
ments. La  publication  de  ce  catalogue  eût  été  le 
complément  naturel  de  cette  notice,  mais  comme 
son  impression  eût  causé  des  frais  trop  consi- 
dérables, nous  nous  bornerons  à  faire  connaître 
les  pièces  rares  inédites  et  les  variétés  de  pièces 
connues  que  nous  avons  eu  le  plaisir  de  ren- 
contrer en  classant  ce  riche  médailler  ;  elles 
sont  aujourd'hui  au  nombre  de  (550  :  le  plus 
grand  nombre  est  sorti  des  ateliers  de  Savoie. 


142 

Mormaies  des  Princes  de  Savoie. 

Les  premiers  princes  de  la  Maison  de  Savoie 
qui  frappèrent  des  monnaies  à  leur  nom  sont 
llumbert  II  et  Amédée  III  ;  celles  que  le  musée 
possède  sont  identiques  à  celles  publiées  par 
MM.  Promis  et  Rabut,  ou  ne  présentent  avec 
elles  que  des  variantes  insignifiantes  dans  la 
forme  des  lettres  et  des  grenetis. 

A  partir  d' Amédée  IV  nous  avons  à  signalei', 
presque  pour  chaque  règne  ,  un  nombre  assez 
considérable  de  ])ièces  inédites  et  un  grand 
Jiombre  de  variantes  de  celles  déjà  connues  et 
publiées. 

AMÉDÉE  IV 

Pour  ce  prince ,  le  médaillei-  renferme  sept 
types  différents  de  monnaies  connues. 

Une  petite  pièce  d'argent  au  type  de  celle 
publiée  par  M.  Rabut  dans  sa  3'"^  Notice  (n°  1 
de  la  pi.  I);  le  point  qui  cantonne  l'étoile  à  six 
rais  est  placé  sous  l'S  de  comes;  trois  croisettes 
y  remplacent  les  étoiles  au  droit  et  au  revers  ; 
son  poids  est  de  13  grains. 

Des  deniers  d'argent  au  type  du  ir*  2,  pi.  I 
de  la  môme  notice  :  dans  l'un,  l'étoile  du  revers 
est  accompagnée  de  deux  points  placés  liori- 
zontalement  ;  daus  l'autre ,  les  mots  de  la  lé- 
gende du  droit  sont  séparés  par  deux  roses  ; 


143 

le  troisième  n'a  pas  de  point  entre  l'A  et  l.M 
du  droit,  et  deux  points  cantonnant  l'étoile  à 
six  rais  du  revers  sont  placés  sous  l'S  et  sous 
rV  de  SABAvnifc:;  un  autre  n'a  qu'une  seule  étoile 
entre  les  mots  de  la  légende  du  droit  ;  une  va- 
riété du  troisième  a  l'A  barré  au-dessus  et  deux 
roses  [)our  dilTérent.  Nous  avons  trouvé  une 
pièce  de  billon  au  même  type  que  ces  deniers, 
mais  du  j,)oids  de  28  grains,  tandis  que  le  poids 
de  ceux-ci  varie  de  17  à  20  grains,  suivant  leur 
état  de  conservation  ;  c'est  probablement  une 
pièce  fausse  ,  imitation  d'un  denier  dont  les 
numéros  2  et  3  de  M.  Promis  auraient  été  la 
moitié . 

Les  nombreuses  variétés  des  monnaies  de  ce 
prince  trouvées  en  Savoie  me  semblent  conlir- 
mer  la  supposition  (jue  le  mol  sabaudie,  qui  y 
l'emplace  le  secvsia  des  monnaies  antérieures, 
indi(|ue  l'ouverture  par  ce  prince  d'un  atelier 
monétaire  en  Savoie ,  et  très  probablement  à 
Chambéry,  dont  l'atelier  est  mentionné  dans  les 
comi)tes  des  trésoriers  généraux,  dix  ans  après 
sa  mort. 

PIEKHE  11 

l/alelier  de  (iliambéry  a  été  ouvert  peiidaid. 
les  règnes  de  lloniface  et  de  Pierre  11.  S'ap- 
puyant  sur  le  documeid  (|ue  nous  avons  cité  , 
Promis,  [lage  70,  et  Dubom,  livre  X,  l'*"  partie, 


144 

page  60,  ont  émis  l'opiiiioii  que  l'on  devait  re- 
trouver quelques-unes  des  monnaies  émises  sous 
ces  deux  princes.  La  lacune  a  été  comblée  pour 
Pierre  II  par  la  découverte  faite  dans  les  ruines 
de  l'ancien  château  de  Paladru  de  cinq  deniers 
de  ce  prince  trouvés  avec  un  grand  nombre  de 
monnaies  de  France  et  de  Savoie,  dont  les  plus 
importantes  ont  été  acquises  par  des  amateurs  ; 
un  grand  nombre ,  relativement  récentes  et 
sans  grande  importance,  sont  restées  entre  les 
mains  du  propriétaire.  Deux  exemplaires  de 
ce  denier,  signalé  par  M.  R.  Géry,  de  Voiron, 
ont  été  acquis  par  le  musée  de  Turin;  deux 
autres  sont  aujourd'hui  dans  le  médailler  du 
musée  de  Ghambéry.  Le  plus  bel  exemplaire , 
que  nous  reproduisons  (pi.  I,  n"  1),  a  été 
donné  par  M.  le  marquis  Gésar  d'Oncieu.  J'ai 
acquis  le  second  de  l'auteur  de  la  découverte , 
à  Paladru;  il  en  manque  1/3  environ. 

Une  étoile  à  six  rais,  très  régulièrement  tra- 
cée, est  entourée  de  la  légende  entre  grenetis  : 

-{-   °    P    °   GOMMES. 

Un  point  secret  précède  le  P;  gommes  est 
écrit  avec  deux  M ,  ce  qui  ne  se  retrouve  sur 
aucune  autre  monnaie  de  Savoie.  La  régularité 
des  lettres,  la  beauté  du  relief,  aussi  bien  que 
cette  faute  ,  pourraient  faire  supposer  que  la 
gravure  du  coin  aurait  été  faite  par  un  artiste 
étranger. 


MONNAIES  DE  SAVOIE 


p//. 


AT. 


Lilh  A  Ptrnn  Chjmotr-, 


KDiJooa  dei.LHh 


duXlII^  au  XV 


e  c 


145 
Revers  :  croix  pattée  très  déliée;  légende  en  Ire 
grenetis  : 

j  «AJJA\  DJE  ;   poids  40  grains. 
iJans  cette  pièce  encore  te  remplacement  de 
SEGUSiA   par  sabavdil:   vient  confirmer  Fattri- 
bulion  à  un  atelier  do  Savoie  des  pièces  où  ce 
mot  ligure. 

AMÉDÉE  V 

Le  musée  ne  possède  que  trois  pièces  de  ce 
prince,  dont  deux  sont  des  variétés  de  celles  déji'i 
publiées  par  M.  Promis  : 

Un  gros  de  Piémont,  doul  i;i  légende  est 
précédée  d'une  seule  croisette  :  amed's  (une 
croisette  et  une  rose)  comes  g  sab,  entre  grenetis. 

Le  revers  ne  présente  aucune  diflérence  ;  . 

Un  petit  denier  de  Piémont,  dont  la  légende 
du  droit  commence  par  deux  croisettes,  tandis 
qu'une  seule  sépare  les  mots  du  revers. 

ÉFJOUARD 

Pour  ce  règne,  deux  pièces  encore  ollreiit  des 
dilïérences  de  frappe  avec  celles  déjà  connues  : 

Un  fort  escucellé  pesant  22  grains,  tandis  que 
le  poids  des  autres  ne  dépasse  pas  15  grains  en 
bon  état;  c'est  sans  doute  uni'  émission  anté- 
rieure aux  an'aiblissements  si  rré(piemment 
usités  à  cette  époque. 


146 

M.  Promis  a  fait  connaître  un  fort  à  l'E  de  ce 
prince  d'un  titre  inférieur  à  ceux  émis  précé- 
demment, et  cite  un  document  qui  en  fixe  la 
valeur  à  vingt  deniers  forts,  faisant  un  gros  ;  il 
signale  ensuite  un  viennois  à  l'E,  dont  il  fallait 
32  pour  représenter  le  gros.  Un  exemplaire  de 
ce  viennois  se  trouvait  dans  la  collection  Costa, 
en  voici  la  description  :  E  gothique, 

-j-  pattée,  DUARUv'  com  entre  deux  grenetis; 

ilevers  :  écu  de  Savoie,  sabavdie  entre  deux 
grenetis.  C-ette  pièce,  d'un  alliage  très  bas,  pèse 
12  grains;  nous  l'avons  reproduite  pi.  1,  n"  2. 

AIMON 

Nous  avons  à  faire  connaître  pour  ce  prince  : 
Un  fort  blanc  qui  diffère  du  n'^2  de  M.  Promis 
en  ce  que  tous  les  mots  des  légendes  sont  sé- 
parés par  deux  points  ouverts  ; 

Un  gros  denier  blanc  escucellé,  avec  point  au 
centre  de  l'A  ;  une  Heur  à  cinq  pétales  remplace 
l'un  des  deux  points  qui  séparent  les  mots  des 
légendes.  Je  n'indique  point  quelques  autres 
légères  différences  dans  des  exemplaires  sem- 
blables à  celui  reproduit  par  M.  Promis,  et  qui 
doivent  être  le  fait  du  graveur. 

AMÉDÉE  VI 

M .  Kabut  a  déjà  fait  connaître  un  grand  nombre 
de   pièces  nouvelles   et    de    variétés   frappées 


\il 

sous  ce  rrgiio,  qui  n'avaient  pas  été  puljliées  par 
M.  Promis  ;  nous  avons  à  y  ajouter  les  suivantes, 
provenant  en  majeure  partie  du  médailler  flosta  : 

Vue  variété  du  fort  à  l'Aigle  (  n'^  1)  :  un 
signe  monétaire  sépare  les  mots  de  la  légende  du 
droit;  ceux  du  revers  sont  séparés  par  deux 
annelets  ; 

Un  double  de  monnaie  noii'e,  variété  de  celui 
donné  par  M.  llabut  dans  sa  cinquième  Notice. 

Droit  :  A  gothique,  accompagné  d'un  croissant 
en  dessus  et  de  trois  molettes  d'éperon  des  trois 
autres  côtés  : 

J   -MEDEVS  :  COiMES  : 

entre  deux  grenetis  ;  l'un  des  deux  points,  très 
effacé,  est  peut-être  une  petite  rose  comme  au 
revers. 

Revers  :  écu  de  Savoie  surmonté  d'un  crois- 
sant : 

-{-  DE  SABAVDIE 

séparés  et  suivis  d'un  point  et  d'une  petite  rose 
entre  grenetis.  Les  deux  points  après  Cornes, 
les  points  fermés  et  les  petites  roses  le  didé- 
rencient  de  celui  pid)lié  [)ar  ^\.  Uabiil,  et  le 
rapproclient  du  n"  i  de  M.  Promis. 

Deux  parpaioles,  dont  l'une  i)eut  être  celle 
frappée  à  St-Genix,  ensuite  de  l'ordonnance 
du  10  juin  1354.  Les  deux  exemplaires  ont  un 
point  au  milieu  du  grand  A,  et  jiour  dilTérent 
une  lleui-  à  six  pétales,  et  une  molette  et  un 
[)oiut  après  comes. 


148 

Revers  :  les  mots  de  la  légende  in  talia 
MARCHio,  où  manque  l'I  d'iTALiA,  sont  séparés, 
l'un  par  des  points  ouverts  ,  l'autre  par  des 
pleins. 

Autre  parpaiole,  où  les  mots  dus  légendes 
sont  séparés  par  deux  points  ouverts,  sauf  après 
MED.,  où  il  y  a  un  accent  et  un  point. 

Revers  :  une  fleur  à  cinq  pétales  surmonte 
l'écu  (var.  Promis,  n*^  2). 

Gros  d'argent  fort  (var.  Promis,  n"  12)  ;  au 
revers  les  mots  de  la  légende  sont  séparés  par 
un  point  ouvert  et  une  petite  étoile  à  six  rais. 

Quart  de  gros,  variété  de  Promis,  ï.  G.  I,  n*^  5. 
La  légende  du  droit  est  précédée  de  trois  points 
ouverts  ;  celle  du  revers  commence  et  finit  par 
deux  points  ouverts. 

AMÉDÉE  VIII  (comte) 

Ce  règne ,  long  et  brillant ,  a  vu  frapper  en 
très  grand  nombre  des  monnaies  qui  sont  pour 
les  numismates  une  occasion  de  découvertes 
continuelles  ;  le  médailler  du  musée  nous  four- 
nit à  lui  seul  vingt-sept  espèces  ou  variétés  non 
encore  signalées  : 

Quart  de  gros  (var.  Promis,  n'^2).  Des  points 
ouverts  séparent  tous  les  mots  des  légendes,  qui 
sont  terminées  par  des  étoiles  à  cinq  rais  ;  celle 
du  revers  est  précédée  de  deux  étoiles. 

Quart  de  gros  (var.  Rabut,  4™«  Notice).  Droit  : 


140 

les  mots  de  la  légende  sont  séparés  [lar  deux 
points  fermés.  Revers  :  une  croisette  et  un  point 
séparent  les  deux  mots  de  la  légende  ,  qui  est 
suivie  d'un  trèfle,  marque  de  Thomas  de  Folonia, 
maître  monnayeur  à  Chambéry  en  1419. 

Quart  de  gros.  Des  points  séparent  les  mots  de 
la  légende  du  droit;  il  n'y  en  a  pas  au  revers. 

Demi-gros  (var.  Promis,  3).  Les  mots  hei 
GRACIA  ne  sont  séparés  par  aucun  signe. 

Demi-gros  (  var.  du  même  ).  Un  seul  point 
sépare  les  mots  des  légendes. 

Demi-gros  (var.  du  même).  Le  heaume  est 
chargé  de  trois  croisettes  en  creux  qui  ne  pa- 
raissent sur  aucun  autre  exemplaire. 

Quart  de  gros  (var.  Promis,  4).  Les  mots 
des  légendes  sont  séparés  par  deux  points  au 
lieu  d'un  ;  il  y  en  a  deux  également  qui  terminent 
la  légende  du  droit. 

Quart  de  gros  (  var.  du  même  ).  fert  a  un 
point  central,  et  les  mots  des  légendes  sont  sé- 
parés par  une  étoile  à  six  rais. 

Viennois  noir  (  var.  Promis,  6).  Deux  points 
ouverts  remplacent  le  signe  monétaire  du  re- 
vers. 

Viennois  noir  (var.  du  précédent).  Deux 
pièces  en  sautoir  (seml)Ial)les  à  deux  cuillers), 
signe  monétaire  ,  séparent  les  deux  mots  de  la 
légende  du  droit. 

Viennois  noir(  vai-.  du  précédent  ).  Le  même 
signe  monétaire  est  placé  au  milieu  de  la  légende 


150 

du  revers  et  remplacé  au  droit  par  deux  points. 

Deux  oboles  blanches  (var.  Promis,  7).  Elles 
différent  par  les  signes  monétaires,  qui  sont 
pour  l'une  le  croissant  de  Picot  d'Avigiiano,  et 
pour  l'autre  les  deux  pièces  placées  en  sautoir. 

Petite  obole  du  poids  de  8  grains  (pi.  I,  n*'  3). 

Ecu  de  Savoie  ,  dans  un'  contour  de  quatre 
lobes  aboutés  : 

AMEDEVS   COMES 

séparés  par  un  croissant  entre  deux  grenetis. 
Revers  :  croix  alézée  ,  cantonnée    de  quatre 
croisettes  : 

-|-  DE   SABAYDIE 

séparés  par  un  X  fleuronné,  entre  deux  gre- 
netis. ('ette  pièce  sort  de  l'atelier  de  Nyon,  où 
elle  a  été  frappée  par  le  maître  Picot  d'Avigiiano, 
ainsi  que  les  suivantes  : 

Demi-gros  (  var.  Promis,  n"  9).  Les  mots  de 
la  légende,  au  droit,  ne  sont  séparés  par  aucun 
signe  ;  au  revers,  des  points  fermés  séparent  les 
mots  de  la  légende,  qui  est  suivie  d'un  croissant. 

Un  fort  (var.  Promis,  n"  10),  frappé  par  le 
même  maître,  dont  le  différent,  un  croissant, 
sépare  les  deux  mots  de  la  légende  du  droit  ; 
la  légende  du  revers  n'a  aucun  signe  de  sépa- 
ration entre  les  mots. 

Fort  d'une  autre  fabrication  que  celui  de 
Promis,  n"  11,  avec  lequel  il  a  des  ressem- 
blances   dans    la    forme   des  lettres  ;    poids  : 


151 

-15  grains  (pi.  I,  n"  4).  D'un  côté  l'écu  de  Savoie, 
entouré  de  la  légende  entre  grenetis  : 

AMEDFA'S  COMES. 

Revers  :  A  gothique,  -|-  i)i<:  saiuvdik,  séparés 
par  les  deux  cuillers  en  sautoir,  entre  grenetis. 

Quart  de  gros  du  même  monnayeur  (  vai'iété 
liabut,  i'-''  Notice,  [)1.  I,  ii"  5).  Les  M  ne  sont 
pas  inversées  comm(^  dans  celui-ci,  et  au  droit 
deux   points  séparent  les  mots  de  la  légende. 

Terminons  cette  série  par  deux  jolies  petites 
monnaies  inédites  : 

L'une  est  une  petite  pièce  en  cuivi'e  à  peine 
allié,  très  mince,  du  poids  de  7  grains  (pi.  I, 
n"  5),  d'un  travail  très  soigné;  d'un  côté  une 
croix  alézée  : 

■\-  AME  DEYS, 

précédée  de  deux  croisettes  entre  deux  gre- 
netis ;    de    l'aulri'    un    A    gothique  , 

-j- COMES  : 

précédé  de  deux  croisettes  entre  grenetis.  C'est 
probablement  une  obole  viennoise  dont  le  titrtî 
de  lin  était  de  0  grain  '21. 

L'autre  est  une  petite  pièce  de  hillon  dii  poids 
de  43  grains  (  pi.  I,  ir'O  ),  i)résentaiil  sur  l;i  lace 
ini  ('eu  (le  Savoie  losange  : 

■\-  AMEDEVS   g    CO 

entre  deux  grenetis,  el  au  revers  une  ckjix 
pattée  ; 


152 

-j-  SABAVDIE 

suivi  des  deux  pièces  ou  cuillers  en  sautoir. 

Le  monnayage,  sous  Amédée  Vlll,  comprend 
deux  époques  bien  distinctes  dont  la  séparation 
est  marquée  par  la  dignité  ducale  qui  lui  fut  con- 
férée en  1416  par  l'empereur  Sigismond. 

Avant  de  passer  à  la  série  ducale ,  je  crois 
pouvoir  me  permettre  de  faire  l'attribution  (l'un 
signe  monétaire  signalé  par  M.  Rabut,  que  nous 
pouvons  d'abord  considérer  comme  ayant  appar- 
tenu à  un  maître  ayant  surtout  travaillé  en  Sa- 
voie, parce  qu'il  ne  se  trouve  pas  sur  les  pièces 
publiées  par  M.  Promis  et  qu'il  est  très  fréquent 
sur  celles  trouvées  en  Savoie,  entre  autres  sur 
les  pièces  et  les  variétés  que  nous  venons 
de  faire  connaître.  Les  deux  pièces  ou  cuillers 
en  sautoir  ne  se  trouvent  sur  aucune  pièce 
ducale  d' Amédée  YIII,  tandis  qu'elles  sont  sur 
un  grand  nombre  de  pièces  comitales.  L'attri- 
bution de  ce  différent  monétaire  à  Mathieu 
Bonacorso  Borgo  paraît  toute  naturelle,  si  l'on 
considère  que,  pendant  de  longues  années,  il 
a  frappé  dans  presque  tous  les  ateliers  de  Savoie, 
et  qu'il  a  cessé  de  travailler  de  1404  à  1405 , 
époque  où  il  a  été  condamné  pour  ses  malver- 
sations, et  où  nous  voyons  des  maîtres  nommés 
à  Ghambéry,  comme  dans  d'autres  ateliers,  pour 
le  remplacer.  D'ailleurs  tous  les  autres  différents, 
restés  encore  sans  attributions,  se   retrouvent 


153 

dans  les  dPiix:  périodes  du  lè^ue  d'Amcdée  Vlll, 
et  ce  n'est  «[ue  sur  les  monnaies  de  la  deuxième 
période  ([ue  nous  trouvons  des  dilTérents  qui 
n'ont  jKis  clé  employés  dans  la  première  et  que 
l'on  ne  pourra  attribuer  qu'à  quelqu'un  des 
maîtres  ([ui  ont  travaillé  après  lui. 

AMKDIΠ VIII  (duc) 

Pour  la  seconde  partie  de  ce  règne,  nous  avons 
à  taire  connaître  sept  variétés  de  monnaies  déjà 
connues  et  deux  espèces  nouvelles  dont  nous 
donnons  le  dessin. 

Quart  de  gros  (var.  l^romis,  16),  différent  : 
le  croissant ,  marque  de  Picot  d'Avigliàno  , 
maître  à  Nvon  en  1420:  au  revers  les  mots  de  la 
légende  ne  sont  séparés  par  aucun  signe. 

Quart  de  gros  (  var.  Promis,  17  );  les  mots 
des  légendes  sont  séparés  par  deux  points  ou- 
verts. 

Quart  de  gros,  espèce  nouvelle,  se  rapprochant 
du  type  du  n"17  de  Promis.  Du  côté  du  droit  : 
Feri  gothique  entre  quatre  traits  parallèles  : 
-j-  AMEDEVS  (  signe  elTacé  )  dvx  §  sab'  § 

Revers  :  écu  de  Savoie  losange,  entouré  d'un 
double  fdet  : 

\  INITALIA   s    MAIl   g    PRN    % 

entre  deux  grenetis  (  pi.  I,  n"  1  ). 

Fort  (  var.  Promis,  18);  le  mot  sABAvnn-:  est 
suivi  ilunc  étoile  à  six  rais  et  d'uji  point  ouvert. 

10 


454 

Fort  (  autre  variété  du  précédent  );  les  mots 
du  droit  sont  séparés  par  deux  points  ouverts,  le 
mot  SABAvniE  est  suivi  d'une  fleur  à  quatre 
pétales  séparées  par  des  traits  et  d'un  point 
ouvert. 

Un  tort  (variété  Promis,  T.  C.  111,  n^'  4),  sur 
lequel  le  mot  amedevs  est  en  entier  dans  la  lé- 
gende; le  signe  monétaire  est  une  fleur  de  lis. 

Deux  oboles  blanches,  d'une  espèce  différente 
de  celles  publiées  par  Promis,  n"^  7  et  23.  La 
plus  complète  (pi.  1,  n-J  8)  offre  d'un  côté  l'écu 
de  Savoie  dans  un  double  contour  de  quatre  lobes 
aboutés  :  -|-  tleuronnée  amedevs,  une  marguerite, 
Dvx  très  effacé  entre  deux  grenetis  ;  sur  l'autre 
face,  une  croix  alézée  cantonnée  de  quatre  croi- 
settes  :  -|-  fleuronnée  sabavdie  (deux  croisettes) 
ET  (deux  croisettes)  p'  entre  grenetis.  La  seconde 
a  pour  différent  une  fleur  à  cinq  pétales  et  une 
croix  pattée  en  tête  de  la  légende  du  revers. 

LOUIS 

La  série  des  monnaies  de  ce  prince  présente 
une  très  grande  variété  de  coins  avec  des 
différences  peu  importantes ,  que  nous  allons 
indiquer,  en  signalant  quelques  espèces  nou- 
velles :  cinq  variétés  du  demi-gros,  n°  2,  de 
Promis.  Des  croisettes  séparent  les  mots  des 
légendes  au  droit  et  au  revers. 


MONNAIES  DE  SAVOIE 


/y.  // 


•^^0-kjS^ù>^ 


,'-tT"J5tï 


6 
Ar. 


Lilh  A.Fernn,  Chambéry^. 


J.CDijaud  aelLiÛ» 


XV^  Siècle. 


i5r. 
I.i'  pii'iiiit^i'  a  pour  sigiu'  monétaire  un  lacs 
après  LVDOvrn';  au  revers  la  légende  est  : 

l'P.LNCKP.S   l.Ml'Kll  ETE. 

Le  second  cl  le  troisième  ont  la  croix  tlcu- 
ronnée,  en  tète  de  la  légende  du  droit;  au  revers  : 
le  second  a  la  légende  :  pringeps  impkiu  r:TEi;, 
et  le  troisième  :  pringeps  impe  ete. 

Les  quatrième  et  cinquième  ont  la  croix  lleu- 
l'omiée  placée  après  la  légende;  le  cinquième,' a 
rV  de  lvi)Ovr;v;  tous  deux  ont  au  revers  la 
légende  :  I'Rinceps  imperii  eter.  Viennent  en- 
suite de  nombreux  quarts  à  ajouter  aux  deux 
puliliès  pai'  Promis  et  à  ceux  signalés  par 
M.  liabut  dans  sa  S'"^  Notice.  Les  différences 
portent  pres([ue  toutes  sur  les  revers  : 

■\-  pringeps  (une  croix)  imper  (croisette)  ete 

7  PRINGEPS  (croix  tleuronnée)  impe  (deux  Ileu- 
rettes)  et 

7  PRINGEPS  (lleur)  impe  (deux  croisettes)  e. 
(l'est  un  des  quarts  indiqués  par  M.  Rabut  ;  nous 
le  conservons  parce  qu'il  figurait  déjà  dans  l;i 
planche  pour  représentin-  la  lleui-  à  quatre  pétales 
trilobées  ({ue  nous  retrouvons  sur  plusieurs  au- 
tres quarts;  celui-ci  a  en  outre  le  point  secret 
sous  le  1)  (pi.  11.  n'^  1  ),  marque  de  F'"'Hiarin  : 

-|-  PRiNCEi\s  (dcu.x  crois('tU's)  impe'  (deux  croi- 
settes) et  : 

Deux  variétés,  à  part  le  dilVérent  qui  est  un.- 
marguerite  et  un  point  secret  sous  le  D.  n'ont 


156 

pas  de  D  à  sabav'  et  se  terminent  au  revers  par 
ET  et  par  e  ;  un  autre  exemplaire  a  le  point  se- 
cret au  milieu  de  la  croix. 

Les  deux  suivants  ont  encore  le  même  différent, 
avec  des  variantes  dans  la  légende  du  revers  : 

PRTCEP  (ileur)  impe  (2  croisettes)  ete 

PRiNCEPS  (marguerite)  impe' 

Un  exemplaire  n'a  que  saba  au  droite  et  pour 
différent  une  étoile  à  six  rais  au  revers  : 

PRINCEPS  (étoile)  impe'  (2  croisettes)  e. 

La  légende  d'un  autre  est  :  lvdovicv'  (2  croi- 
settes) d'  (2  croisettes)  sabav'  ;  au  revers  une 
croix  de  S.  Maurice  pour  différent,  et  la  légende  : 
PRINCEPS  (croix)  impe  (2  croisettes)  ete';  un 
exemplaire  a  la  croix  après  impe. 

Deux  croisettes  entre  les  mots  des  légendes, 
sans  aucun  autre  différent,  me  feraient  attribuer 
les  trois  quarts  suivants  au  même  maître.  Les 
légendes  sont  toutes  les  trois   dissemblables  : 

1*^  LVDOVic  (2  croisettes)  d'  (2  crois.)  sabavd' 
point  secret  sous  le  c  de  lvdovic. 

Revers  :  princeps  (2  crois.)  impe  (2  crois.)  et. 

2'^  LVDOvicvs  (2  crois.)  d'  (2  crois.)  sabavdi' 

Revers  :  princeps  (2  crois.)  impe  (2 crois.)  ete. 

3'5  lvdovic  (2  croisettes)  d'  (2  crois.)  saba' 
le  point  secret  est  sous  le.D  de  lvdovic. 

Revers:  princeps  (2  cr.)  imperii. 

Nous  avons  reproduit  ce  dernier  comme  offrant 
un  type  nouveau  dans  le  grand  nombre  de  pièces 
de  même  valeur  émises  pendant  ce  règne  (pi.  III, 
n^  2). 


157 
Deux  forts  (var.  Rabut,  2<^  Notice),  dont  le  dif- 
férent est  une  croix  pattée;  aucun  signe  ne  sé- 
pare les  mots  des  légendes  ;  le  premier  a  l'écu 
accom[)agiié  de  trois  annelets  ;  il  n'y  en  a  pas  au 
second,  où  FL  n'est  pas  répétée  dans  la  légende  : 

-{-  VDOVICUS. 

Deux  doubles  blancs  (var.  Promis,  6),  dont  les 
différents  sont ,  pour  l'un ,  une  Heur ,  et  pour 
l'autre,  un  croissant. 

Obole  (var.  Promis,  7),  signe  monétaire  :  une 
flamme  à  neuf  rais. 

Deux  autres  oboles  (var.  llabut,  2'"*^  Notice, 
pi.  I,  n"  3);  les  légendes  ne  sont  pas  terminées 
par  des  croisettes;  l'une  a  le  même  différent  que 
la  précédente,  l'autre  n'a  pas  le  C  qui  termine 
la  légende  du  revers. 

Autre  obole,  avec  croix  tréflée  dans  la  légende 
du  droit,  et  s.\bavdie  seulement  pour  la  légende 
du  revers. 

Deux  ([uarts  (var.  Promis,  T.  C,  n"  4),  qui 
n'ont  qu'une  croisette  à  la  fm  des  légendes  du 
revers,  et  pour  différents,  la  l'«',  une  clef,  la  2«i«, 
un  croissant. 

En  dernier  lieu,  un  fort  d'une  espèce  nouvelle, 
pièce  en  argent  du  poids  de  21  grains  (pi.  III, 
n"  3). 

Kcu  de  Savoie,  avec  point  au  centre,  dans  un 
double  contour  de  trois  lobes  aboutés,  avec  fleu- 
rons aux  deux  points  de  jonction  supérieurs  : 

-{-  LUT)nvif:vs  (2  croisettes)  mvx  (simir  moné- 


458 

taire)  sabavdie  (2  croisettes)  p.  p.  entre  grenetis. 
Le  différent  est  une  étoile  à  six  rais. 

Revers  :  croix  pattée,  dans  un  double  contour 
de  quatre  lobes  aboutés,  cantonnée  d'un  lacs  par- 
tant du  point  de  jonction  des  lobes  aux  premier 
et  quatrième  quartier  :  -j-  marchio  (2  croisettes) 
IN  (2  croisettes)  italia  (2  croisettes)  princeps 
entre  deux  grenetis. 

AMÉDÉE  IX 

Les  marques  des  maîtres  monnayeurs  sont 
ce  qui  différencie  la  plupart  des  variétés  que 
nous  avons  à  faire  connaître  pour  les  monnaies 
de  ce  règne. 

Deux  doubles  gros  (var.  Promis,  1  )  ayant 
pour  signe  monétaire  :  Tun  an  ainielet  à  six 
rais,  l'autre  une  croix  pattée. 

Ln  denier  viennois  ayant  pour  dittérent  un 
croissant  que  nous  retrouvons  sur  un  quart  (var. 
Promis,  5).  Trois  autres  variétés  de  ce  même 
quart  présentent  les  signes  monétaires  et  les 
variantes  qui  suivent  : 

Une  fleur  à  cinq  pétales  suivie  d'un  point. 

Même  différent  avec  revers  :  -j-  in  §  italia  § 

MARCHIO  ; 

Point  secret  sous  le  lacs  ;  pour  différent  une 
fleur  à  quatre  pétales  et  même  revers. 

Six  variétés  du  quart  n"  6,  de  Promis ,  s'en 
écartent  d'une  manière  plus  ou  moins  complète . 


159 

Trois  ont  les  mots  des  légendes  séparés  par 
deux  annelets,  et  ont  pour  différents,  à  la  lin  des 
légendes  du  revers ,  un  annelet  à  six  rais , 
une  tleur  à  quatre  feuilles  coupée  par  deux  traits 
perpendiculaires,  une  Heur  à  petites  pétales. 

Deux  ont  un  point  secret  dans  fe  °  rt,  une 
étoile  à  six  rais  après  amedevs  et  les  légendes 
du  revers  dissemblables  : 

-J-  IN  ITALIA  §  MAR  §  PRN 
f  IN  ITALIA    §    MARGHIO. 

La  sixième  a  cette  dernière  légende  au  revers, 
et  au  droit  un  signe  monétaire  (  pi.  IV,  n^^l  ). 

Trois  autres  ont  encore  le  point  secret  dans 
Fert;  fleux  ont  pour  différent  une  étoile  à  six 
rais,  et  la  troisième  un  différent  reproduit  pi. 
IV,  11^'  2. 

Revers  :  initalia  §  mar  g  prn  ,  p""  le  premier  ; 
INITALIA  §  MARCHio,  p'"  Ics  derniers. 

Nous  reproduisons  l'écu  d'or  que  M.  Kabut 
avait  publié  dans  sa  troisième  Notice,  d'après  ujie 
mauvaise  empreinte  ou  sur  un  dessin  fait  avant 
le  nettoyage  de  la  pièce.  Cette  pièce  unique 
provient  d'un  trésor,  découvert  vers  1850  à 
Grésy ,  contenant  l'anneau  d'or  de  Jean  de 
(îrailly,  qui  inallieureusenient  a  été  aliéné.  Voici 
la  description  de  cette  jolie  monnaie,  où  l'on 
voit  d'un  côté  l'écu  de  Savoie  ogival  avec  point 
au  centre  accompagné  de  trois  lacs,  un  au- 
dessus  et  deux  par  côtés,  le  tout  dans  un  double 
contour  de  trois  lobes  aboutés  : 


160 

-{-  AMEDEVS  (  deux  croisettes  )  dvx  (  tleur  ) 
SABAVDiE  (  deux  croisettes)  PRINCEPS  entre  gre- 
netis. 

Revers  :  croix  fleuronnée  avec  fleurs  à  quatre 
pétales  au  centre,  dans  un  double  contour  de 
quatre  lobes  aboutés  et  terminés  par  des  fleurs 
de  lis  aux  points  de  jonction  : 

-j-  DEYS  (deux  croisettes)  IN  (deux  croisettes) 
AuiVTORiVM  (deux  croisettes)  mevm  (  deux  croi- 
settes) IN  (deux  croisettes)  tende,  entre  deux 
grenetis. 

Le  signe  monétaire,  les  deux  croisettes  entre 
IN  et  ADiVTORiVM,  l'omementation  de  l'V  de  dvx 
avaient  échappé  à  M.  Rabut  ainsi  que  l'élégance 
et  la  régularité  des  lettres  et  de  la  frappe,  con- 
ditions qui  sont  rarement  aussi  bien  remplies 
dans  le  monnayage  de  cette  époque  (])1.  Il,  n'^  4). 

PHILIBERT  I""^ 

Deux  variétés  de  la  parpaiole  n°  1,  de  Promis, 
avec  PHiLiBERTVS  en  entier,  et  pour  différent  une 
fleur  à  quatre  pétales  trilobées  et  un  lacs.  Au 
revers,  la  première  a  princeps  en  entier,  et  la 
seconde  talia,  sans  l'I  du  commencement. 

Petit  blanc  (var.  Promis,  2).  Différent  :  la 
ffeur  à  quatre  pétales  trilobées  ,  déjà  signalée 
plusieurs  fois. 

M.  Rabut,  dans  sa  deuxième  Notice,  a  fait  con- 
naître un  denier  fort  escucellé  et  une  parpaiole 


161 
dont  les  légendes  se  terminent  par  B  pour  ht 
première  et  (i-Jl  pour  la  seconde  ;  le  musée  les 
possède  identiciues,  mais  ayant  en  outre  pour 
durèrent  un  Z  barré  parle  milieu,  signe  moné- 
taire qui  n'a  pas  encore  été  signalé  et  parait 
être  celui  d'un  maître  qui  a  travaillé  en  Savoie. 

Le  même  signe  se  trouve  encore  sur  les  deux 
l)ièces  suivantes  :  un  denier  fort,  dont  la  lé- 
gende se  termine  par  sabavd  PoB?  et  une  par- 
paiole  où  le  nom  du  prince  n'est  pas  eu  entier  : 
l'iiii.iB.,  et  dont  la  légende  du  revers  se  termine 
pai-  B. 

Petite  pièce  en  cuivre  à  peine  allié,  du  poids 
de  8  grains,  obole  viennoise  (pi.  II,  n"  5). 

Ecude  Savoie  losange  :  -j-  Philibert'  -j-  §  d', 
entre  deux  grenetis.  Revers  :  une  croix  de  saint 
^laurice,  SAB.WDiE  entre  deux  grenetis. 

Un  teston  d'argent  (  pi.  Il  ,  n"  6).  fe  o  rt 
gothique  avec  point  au  milieu  entre  doubles  traits 
parallèles  :  f  philibertvs  ^  dvx  °  sabav  entre 
grenetis.  Revers  :  croix  de  S.  Maurice  :  y  intk 
■=>  DONE  =•  coNTiDO  <=>  H  entre  deux  grenetis. 

(:iiarlp:s  i^r 

Parpaiole  frappée  à  Bourg  (  var.  Promis,  1  ), 
dont  les  contours  sont  simples  et  qui  a  un  i)oinL 
au  milieu  de  la  croix  :  -|-  karolvs  .  nvx  .  sabavdi. 
Revers  :  marchio.  i.\  .  \t.\\a.\  .  pr'  °  ii. 

Quart  sorti  du  même  atelier  :  nvx  »  sabavu  >  h. 


162 

Quatre  forts,  dont  un,  ayant  G  pour  différent, 
a  Vécu  accompagné  de  quatre  annelets,  tandis 
que  les  autres  n'en  ont  que  deux.  Deux  ont  P  E 
comme  marque  monétaire,  l'un  avec  les  mêmes 
légendes,  tandis  que  l'autre  porte  sabavd  pe  au 
droit  et  princeps  au  revers. 

.  Teston  d'argent  (  var.  Promis,  9)  pesant  1  gros 
et  14  grains,  frappé  à  Gornavin  par  Nicolas  Gatti. 
Le  duc,  armé  de  toutes  pièces,  sur  un  cheval 
caparaçonné  au  galop,  coupant  la  légende  karo 
°  d/  vxs/  ab.wd'  g  g,  entre  un  filet  et  un  grenetis. 
Revers  :  écu  de  Savoie,  timbré  du  heaume,  sur- 
monté du  cimier  de  Savoie  accosté  de  deux  lacs, 
coupant  en  deux  la  légende 

XPS.   BES.  VENIT/.   in.   PAGE.   DEV 

entre  un  lilet  et  un  grenetis. 

Deux  deniers  forts  (  var.  Pomis,  11  )  ont  pour 
différent  p.e.  et  s.  p.  s.  b. 

Maille  :  légende  du  droit  terminée  par  s.b.d 
et  une  étoile  à  six  rais  au  revers;  une  seconde 
porte  les  initiales  f.b.  p. g  et  n'a  de  croisettes  au 
revers  qu'aux  premier  et  quatrième  quartiers  ; 
une  troisième  est  d'une  espèce  nouvelle.  Nous 
en  donnons  le  dessin  (pi.  III,  n"l);  elle  a  sur 
la  face  un  écu  de  Savoie  dans  un  double  con- 
tour quatrilobé  : 

-}-  CAROLVS  (  étoile  à  six  rais  )  e  (  étoile  à  six 
rais)  Dvx  (étoile  à  six  rais),  sab  entre  deux  gre- 
netis ,  et  au  revers  une  croix  alézée  cantonnée 


MONNAIES  DE  SAVOIE 


FUJI 


■  !f\  A.Pernii  Chambcry. 


Dijoud  <J»I  ïlLi'.k 


XVl^  Siècle. 


163 

de  quatre  croisettes  :  "i-  princeps  in  (  étoile  à 
six  rais)  italia  eiitrii  doux  greiietis. 

Trois  variétés  de  denier  fort  (Promis  ir^l6); 
deux  ont  pour  difTérent  t;.T;  une  est  contremar- 
quée  d'un  point  au  milieu  du  k  et  d'un  point 
ouvert  accosté  ;  la  troisième  a  un  m  pour  marque 
monétaire. 

PHILIPPE  II 

Nous  avons  à  signaler  une  variété  du  fort 
(  Promis  n"  7  )  ayant  d'un  côté  sabavd'c  et  de 
l'autre  a  °  do  °,  etc.,  et  une  espèce  nouvelle  de  la 
même  pièce.  Droit  :  ocu  de  Savoie  accompagné 
de  deux  annelets  en  clief  et  en  pointe  :  j  philipvs 
=^  Dvx  °  SABAVD  :  :  entre  grenetis.  Revers  :  p 
gothique  accompagné  de  quatre  aimelets  :  in  ° 
TE  °  DONE  "=>  COFJDO  =>  P.  entre  grenetis  (  pi.  III, 
n«  2). 

PHILIBERT  II 

Un  viennois  d'espèce  nouvelle  est  la  seule 
pièce  que  nous  ayons  rencontrée  pour  ce  règne. 
Voici  sa  description  :  écu  de  Savoie  -|-  imiili- 
BERTVS.  nvx entre  grenetis.  Revers  :  croix  alézée 
f  SAiJAVDiE entre  grenetis  (pi.  lll,  n"3). 

Lu  ducal  de  ce  prince  a  n  m  pour  différent 
et  un  teston  <;  (.. 


CHARLES  II 

Ce  long  règne,  sous  un  prince  faible  et  versa- 
tile, ne  fut  qu'une  longue  suite  de  guerres  et  de 
misères  pour  ses  états,  et  par  suite  même  a  vu  se 
produire  de  nombreuses  émissions  de  pièces  de 
types  et  de  valeurs  différentes. 

Le  nom  de  ce  prince  a  plusieurs  orthographes, 
suivant  les  monnayeurs  qui  ont  frappé  ou  les 
ateliers  d'où  les  pièces  sont  sorties  :  karolvs  — 

KROLYS  —  KHAROLYS  —  CAROLVS  —  CHAROLVS ; 

mais  Ton  n'est  pas  encore  arrivé  à  en  tirer  un 
point  de  départ  pour  une  classification.  Peut- 
être  d'ailleurs  ne  faut-il  y  voir  que  des  ortho- 
graphes successivement  employées  ;  carolvs 
indiquerait  alors  les  pièces  frappées  en  dernier 
lieu.  Comme  pour  Amédée  VIII,  le  nombre  de 
variantes  et  les  espèces  nouvelles  est  considé- 
rable ,  malgré  la  publication  importante  de 
M.  Promis  et  les  additions  nombreuses  qu'a 
faites  M.  Piabutàla  numismatique  de  ce  règne. 
Quart  (var.  Promis,  15)  Les  légendes  sont  : 

y  CAROLVS.   D.   SABAVDIE 

-j-  MARCHIO.  IN.  ITALIA.  T.  PP? 

•  Autre  quart  (var.  Promis,  17),  fe.rt  avec  point 
au  milieu  et  point  carré  au-dessous  ;  même  signe 
entre  les  mots  de  la  légende. 

Revers  :  croix  de  S.  Maurice  cantonnée  d'un 
point  au  premier  quartier  : 

-{-  MARCHIO.   IN.   ITALIA 


165 

Denier  viennois  (^var.  Promis,  18),  ayant  pour 
différent  un  J{  à  la  fin  de  la  légende  du  revers. 

Maille  (var.  Promis,  19),  avec  cette  légend.- 
au  revers  : 

7  I)  (croisette)  saba  (croisette)  (.  (crolsctte)  c 
Irappéc  à  Cornavin  par  Henri  Goulaz,  en  1518. 

Ecu  d'or  (pi.  m,  n'J  4)  trappe  à  Turin  par 
Giacomo  Caxiiii.  du  même  poids  que  li-  n"  21 
de  Promis  : 

Le  duc  à  cheval,  portant  la  couronne  ouverte 
et  le  bâton  de  commandement ,  à  seïiestre ,  les 
pieds  du  cheval  coupant  en  deux  la  légende  : 

7  CAHOLVS  d/vx.  SAUAv/nrE.  si-x:Ox\nvs 
placée  entre  deux  grenetis. 

Revers  :  écu  de  Savoie,  surmonté  de  la  cou- 
ronne coupant  le  mot  kert,  au-dessus  une  flamme 
à  huit  rais  : 

-|-  ml'  deest.  time.ntibvs'  devm.  t.  caxi 
placée  entre  deux  grenetis. 

Teston  frappé  à  Verceil  par  Jean-Pierre  l 'ei- 
raris.  Buste  du  prince  à  gauche  : 
-j-  c.\ROLUS  (étoile  à  cinq  rais  )  dvx  s.mîavdik 
(étoile  à  cinq  rais  )  ii  entre  un  iilet  et  un  gre- 
netis. Un  exemplaire  a  deux  étoiles  au  lieu  d'une. 
Revers  :  écu  de  Savoie,  avec  point  au  centre, 
surmonté  d'un  lacs  et  «rnii  point  ouvert,  accosté 
du  mot  FERT  : 

-j-  (deux  étoiles  à  5  rais)  .\fl  (deux  étoiles)  deicst 
(deux  étoiles)  ti.ue.ntirus  (deux  croisettes)  hev.m 
(deux  croisettes)  v  (étoile)   i  (étoile)   p  (étoile). 


166^ 

F  (2  étoiles)  entre  deux  filets  intérieurs,  un  filet 
et  un  grenetis  extérieurs  (pi.  III,  n"  5). 

Quart  (  var.  Promis  ,  32  ),  coin  différent  du 
monnayeur  Bartolomeo  Brunasso ,  maître  à 
Turin  en  1519,  fert  et  la  légende  : 

f  GAROLVS    °   IWX   °   SA   o    ir 

entre  un  filet  et  un  grenetis. 

Revers  :  croix  de  S.  Maurice  sans  point 
secret 

-{-  MA  °  IN  °  ITALIA  °  T  °  B  o  R 

entre  deux  filets  et  un  grenetis. 

Pièce  de  24  au  ducat  ;  elle  diffère  du  n"  40  de 
Promis  par  un  point  seul  entre  les  mots  de  la 
légende  du  droit,  et  rom,  au  lieu  de  ro  dans  la 
légende  du  revers. 

Gros  (var.  Promis,  44),  dont  le  différent  est 
G.  R.  frappé  à  Cornavin. 

ïeston  sorti  de  fatelier  de  Cornavin,  dont 
Henri  Goulaz  fut  maître  de  1528  à  1532,  (pi.  III, 
n*^  6).  Tête  du  prince  à  gauche  : 

-|-  CAROLVS  °  II  =>  DVX  °  SABAVDIE 

entre  deux  grenetis. 

Revers  :  Ecu  de  Savoie  avec  point  à  la  branche 
supérieure  de  la  croix,  surmonté  de  la  couronne 
avec  croix  secrète  à  côté,  accosté  du  mot  fert  : 
-]-  MARCHio  (croisette)  in  (crois.)  italia  (crois.) 
p  (crois.)  G  (crois.)  g, 
entre  deux  grenetis;  poids  2  gros  21  grains. 

Cavalot  (var.  Promis,  58),  cheval  gai  à  gauche, 
tête  en  arrière  : 


167 

-}-  K    g   DVX  g   SABAVJ)   S    CJIABL...  ET  g   AV(; 

entre  deux  grenetis. 

Revers  :  écu  de  Savoii^  tleurunné ,  surmonté 
d'une  couronne  coupant  le  haut  de  la  légende  : 

SA  g  RO  g  IMP  g  PRIN  §  VI  §  1>  g  L  g  K 

entre  deux  grenetis. 

Parpaiole  (  var.  Promis,  60)  frappée  à  Turin 
par  friacomo  Cnxini,  dont  olli^  porte  le  difler.'nl 

C.   T. 

Autre  parpaiole,  frappée  à  Gornavin  par  llemi 
Goulaz,  d'un  type  différent  de  celles  publiées 
f  pi.  III,  n"  7);  poids  34  grains. 

Ecu  de  Savoie  avec  point  au  centr..'  dans  un 
cojitour  trilobé  : 

7  KAROLVS  g  nVX  g  SABAVD 

entre  deux  grenetis. 

Revers  :  croix  pattée,  cantonnée  de  lacs  dans 
un  contour  formé  de  quatre  lobes  : 

f  IN  g  TE  g  DNE  g  CONFIDO  g  G  0 

entre  deux  grenetis. 

Gros  de  Piémont  (  var.  Promis,  66  ).  avgvstk 
se  trouve  en  entier  à  la  légende  du  i-evers,  qui 
ne  porte  pas  de  date. 

Quart  (var.  Promis,  67)  n'ayant  pas  de  filets, 
et  le  mot  SAiavniEen  entier  (i;iiis  l;i  légende  «lu 
droit. 

Viennent  ensuite  les  quatre  espèces  de  mon- 
naies inédites  suivantes  : 

Quart  :  fert,  entre  deux  ti;iifs  preiietis  paral- 
lèles (pi.  TIL  n^  8)  : 


468 

-j-  KAROLVS.  DVX.  SABAVD 

entre  deux  grenetis;  la  plupart  des  lettres  de  la 
légende  portent  sur  le  grenetis  intérieur. 
Revers  :  croix  de  S.  Maurice  : 

f  IN.  TE.  DNE.  GONFIDO.  :  : 

entre  grenetis;  les. deux  lettres,  marque  de 
l'atelier  et  du  monnayeur,  manquent  sur  les 
deux  exemplaires,  dont  le  poids  est  de  15  et  13 
grains. 

Quart,  dont  les  légendes  sont  les  mêmes,  sépa- 
rées par  deux  points  et  le  différent  effacé,  mais 
où  la  croix  est  au  droit  et  fert  au  revers,  entre 
deux  traits  parallèles  et  une  petite  fleur  à  quatre 
feuilles  au-dessous. 

Autre  quart,  où  fert  est  entre  deux  traits  gre- 
netis : 

-j-  KAROLVS.   DVX.   SAB 

entre  grenetis. 

Revers  :  croix  de  S.  Maurice  : 

-}-  IN.  TE.  COFIDO.  B.  E. 

entre  deux  grenetis. 

Deux  oboles  au  même  type,  mais  dont  l'un  a 
la  légende  du  droit  répétée  au  revers.  Ils  ont 
au  droit  une  croix  alézée  cantonnée  des  lettres 

F.E.R.T. 

1°  j-   KAROLVS.  '? 

entre  grenetis,  les  deux  lettres  monétaires  effa- 
cées; 

2'^  j-  KAROLVS   :   D   :   SABAV 

entre  grenetis  (pi.  ITI,  n'^  9). 


MONNAIES  DE  SAVOIE. 


PIN. 


-'."tp. .A.Fsrrjn.  Cnamtéry. 


JrC.DijuuddelelLith. 


XVI^etXVII^  Siècle. 


169 
Revers  :  un  lacs  horizontal  accosté  de  deux 
points  ouverts. 

1°  "l"  SABAVD.    .    E.B.T. 

entre  grenetis; 

2"  -j-   KAROLVS.   D.E 

entre  grenetis. 

KMMANUEL-PHFLIBKRT 

(Iros  de  Piémont  (var.  Promis,  4).  La  légende 
du  droit  est  répétée  au  revers  et  suivie  de 
l'étoile,  différent  de  Cliambéry  (  pi.  IV,  n"  1  ). 

Denier  de  quatre  gros  (var.  Promis,  1i  ), 
dont  les  légendes  sont  plus  complètes. 

Droit  :  f  E  g  piiilibertvs  g  dvx  g  sabavdik 

Revers  :  -{-  avxilivm  g  mevm  g  a  ijomino  §  1555 

Cavalot  (  var.  Promis,  12  )  frappé  à  Cliambéry, 
dont  l'étoile  est  placée  au-dessus  du  cheval. 

Quart  (var.  Promis,  14  )  dont  la  légende  du 
revers  est  celle-ci  : 

(  étoile  à  5  rais  )  pr  :  pedem  :  comes  g  ast. 

Quart  (var.  Promis,  18);  la  légende  du  droit 
a  le  nom  du  prince  en  entier  : 

J  E.  PIIILIBERTVS.  DVX.  SA. 

Fort  (  var.  Promis,  19);  l'écu  a  un  point,  cl  la 
légende  se  termhie  par  sab.  Au  revers,  un  p  go- 
thique est  accompagné  de  trois  annelets  avec  la 
même  légende. 

Variété  de  la  même  pièce,  dont  l;i  légende  du 
revers  est  (  pi.  TV,  np2)  : 

11 


170 

f  AVXILIVM  =>  MEVM.  DOM. 

Le  p  est  accompagné  de  quatre  annelets. 

Autre,  frappée  à  Verceil,  avec  la  légende  au 
revers  (pi.  lY,  n°3)  : 

-|-  IN.  TE.  DME.  CONFIDO.  W. 

Denier  ou  pièce  de  trois  gros  (var.  Promis,  20). 
N'a  pas  le  d  de  sabavd  à  la  fin  de  la  légende  du 
droit,  et  au  revers  a  un  point  dans  la  croix  de 
S.  Maurice,  et  deux  entre  a  et  domino;  la  date 
est  la  même. 

Un  autre  avec  la  date  1558,  qui  diffère  du  n" 
20  par  le  mot  sabavdie  qui  est  en  entier. 

Trois  deniers  ou  pièces  de  quatre  gros,  émis- 
sions différentes  du  n^  21  de  Promis,  ayant  les 
dates  1555, 1556  et  1558. 

Denier  ou  pièce  de  trois  gros,  émission  de 
1560,  faite  à  Bourg,  comme  le  n''  22  de  Promis, 
et  par  le  même  maître  ;  le  coin  diffère  par  la 
date  et  par  la  légende  du  droit  : 

E  :  philibe/  r  :  d  :  sabav. 

Même  pièce,  sortie  de  l'atelier  de  Nice  à  la 
même  date.  Le  bas  de  la  légende  n'est  pas  coupé 
par  deux  filets,  et  la  légende  est  plus  complète  : 

E  :  PHiLiBERTVS  :  Dvx  :  sabav. 
Celle  du  revers  se  termine  par  n.  1560. 

Autre,  frappée  à  la  même  date,  mais  dans  la- 
quelle reçu  coupe  le  bas  de  la  légende.  Nous 
donnons  le  dessin  du  droit  (pi.  IV,  n°  4).  Elle 
n'a  aucune  lettre  indicative  d'atelier  ou  de  mon- 
nayeur. 


171 
Deux  pièces  de  deux  gros  (  var.  Promis,  23). 
La  couronne,  plus  développée  ,  coupe  en  trois 
parties  la  légende,  qui  est  entre  un  double  filet 
et  un  grenetis,  et  dont  les  mots  sont  séparés 
par  deux  points  : 

f  E  g/  PHILIBER  s  DVX  §  SABAV/DI. 

Revers  :  point  au  milieu  de  la  croix  et  légende 
pour  l'un  : 

-j-  K  BLASIET  o  AVG  °  RO  °  IMP  °  VI  o  PER  o  p 

et  pour  l'autre  : 

7  E  o  PHILIBERTVS  o   dEI  °  GRATIA. 

Cette  légende  se  rencontre  pour  la  première 
fois  et  sans  constituer  une  espèce  nouvelle  ;  aussi 
ne  donnons-nous  que  le  dessin  du  revers  (  pi.  IV, 
n»  5). 

Un  quart  frappé  à  Bourg  (  var.  Promis,  27  ), 
dont  l'initiale,  entre  deux  points,  est  placée  au- 
dessous  de  FERT. 

Teston ,  frappé  à  \'erceil  (  Promis ,  29  )  eu 
1561;  SABAVDi^-:  se  termine  par  ^e,  et  l'initiale 
du  moni.nyour  F  précède  la  date  au  revers. 

Autre  ,  sorti  de  l'atelier  d'Asti ,  en  1500  :  lo 
nom  du  prince  est  en  entier  philibertvs  ;  les 
mots  sont  séparés  pai'  des  points,  à  l'exergue 
du  revers:  1500.  a,  et  la  légende  part  du  bas 
sans  7. 

Cavalot  (  var.  Promis,  30  ).  Un  point  au  cheval 
et  à  la  croix,  et  absence  de  trois  points  unis  au- 


472 

dessous  du  cheval  ;  la  légende  est  moins  com- 
plète au  droit  :  sabav,  la  date  155.. 

Gros  (var.  Promis,  31).  La  légende,  qui  a  de 
au  lieu  de  dvx,  est  répétée  sur  les  deux  faces  de 
la  pièce. 

Trois  livres,  de  3  à  l'écu  (var.  Promis,  36), 
frappées  à  Turin  et  à  Pignerol  en  1562,  et  à 
Verceil  en  1563;  les  initiales  de  ces  villes  t. p.  v. 
sont  aux  exers^ues  du  revers. 

Six  pièces  de  quatre  sols  (var.  Promis,  39), 
frappées  :  trois  à  Chambéry,  dont  l'étoile  est  au 
bas  de  l'écu  et  dont  les  légendes  du  revers  se 
terminent  par  a.  m.,  1563  et  1564;  a.  m.,  initiales 
d'André  Morel,  maître  de  cette  monnaie  ces 
années-là,  et  la  troisième  par  1575.  a  ; 

Deux  à  Turin,  indiqué  par  un  t  au  bas  de 
l'écu  et  après  les  dates  1573-1576  au  revers  ; 

Une  à  Verceil,  dont  l'initiale  est  également  au 
bas  de  l'écu  et  après  la  date  1577  au  revers. 

Deux  sous,  de  60  à  l'écu  (var.  Promis,  40). 
frappés  en  1562  à  Pignerol  et  à  Verceil,  dont 
les  initiales  sont  au  bas  de  l'écu. 

Divers  quarts  de  sols  (var.  Rabut,  2^  Notice, 
pi.  II,  n"  7);  deux  ayant  un  G  sur  le  lobe  du 
bas  au  revers  ;  l'un  n'a  pas  de  points  sous  la 
rosace  ;  l'autre  a  des  points  dessus  et  sous  la 
rosace  et  aux  angles  intérieurs  et  extérieurs 
des  lobes  du  revers. 

Deux  (var.  Rabut,  2«  Notice,  pi.  II,  n^  6), 
avant    un   G-    comme  différent  sm^  le  lobe  du 


173 

haut;  l'autre  un  B  et  pas  de  points  aux  côtés 
de  la  rosace  du  bas  au  droit. 

Deux  (var.  Promis,  41),  ayant  au  droit  :  le 
premier,  une  tlour  à  six  pétales  bilobées;  le 
second,  à  cinq  pétales;  et  au  revers  :  le  pre- 
mier un  B,  le  second  un  V,  marques  de  Bourg 
et  de  Verceil. 

Un  denier  de  12  au  sou  (var.  de  Promis,  42), 
différant  de  celui  publié  par  M.  Rabut  dans  sa 
cinquième  Notice  par  un  B  au  revers  (pi.  IV, 
n'^  6),  marque  de  l'atelier  de  Bourg. 

Trois  écus  d'or ,  émissions  différentes  du 
n"  46  de  M.  Promis  ;  deux  avec  la  date  1562 
et  P,  première  lettre  de  l'atelier  de  Pignerol  ; 
ils  sont  d'un  coin  cliiférent  ;  l'un  d'eux  a  une 
croisette  pour  point  secret  au  premier  quartier 
du  revers.  Le  troisième  a  été  frappé  à  Cham- 
béry,  en  1565,  par  André  Morel,  dont  les  ini- 
tiales terminent  la  légende  du  revers. 

Un  écu  d'or  (var.  Promis,  47),  frappé  à  Asti 
en  1575;  il  a  pour  différent  une  marguerite 
placée  au  bas  de  l'écu,  et  la  légende  du  revers 
se  termine  par  1575.  A. 

Uri  sou  (Promis,  48),  frappé  en  1576. 

(juatre  sous,  de  60  à  l'écu  (var.  Promis,  4!i), 
frappés  à  Chambéry ,  dont  l'étoile  est  au  bas 
de  l'écu,  en  1563-1564  par  André  Morel,  et  en 
1569-1570  par  Etienne  Bourges,  dont  les  initiales 
sont  ta  la  lin  des  légendes  du  revers. 


174 

Un  sou  frappé  à  Turin  en  1564  ;  le  T  est  au 
bas  de  l'écu  et  à  la  fin  de  la  légende  du  revers. 

Un  autre,  frappé  à  Aoste  en  1569,  a  un  A  au 
bas  de  Técu,  et  la  légende  se  termine  par  N.  V. 

Quart,  de  7  au  sou  (  Promis,  52  ) ,  frappé  à 
Turin  en  1567  ;  se  termine  au  revers  par  les 
initiales  T,  B,  C,  de  Turin  et  de  maître  Ber- 
nard Castagna;  un  autre,  frappé  en  1577,  n'a 
que  le  T  pour  différent. 

Ecu  d'or  (var.  Promis,  53),  frappé  à  Gham- 
béry  par  Etienne  Bourges  en  1569,  a  l'étoile  à 
cinq  rais  au  bas  de  l'écu  et  les  lettres  E.  B.  C. 
à  la  fin  du  revers. 

Deux  autres  écus  d'or,  frappés  à  Bourg  par 
Emmanuel  Dian  en  1578  et  1579,  ont  un  B  au 
bas  de  l'écu  et  le  différent  E.  D'.  après  la  date. 

Deux  blancs,  de  quatre  sols,  frappés,  comme 
le  numéro  55  de  Promis,  à  Chambéry  en  1579 
et  1580  par  Jean  Miretto  ;  celui  de  1579  a  les 
initiales  entre  trois  groupes  de  trois  points 
ouverts. 

Deux  variétés  de  sous  (var.  Promis,  56), 
frappés  à  Bourg  par  Emmanuel  Dian  en  1577  et 
1578,  et  à  Chambéry  par  Jean  jMiretto  en  1579. 

Un  fort  inédit  (pi.  IV,  n°  6).  Un  lacs  posé 
horizontalement,  avec  point  au-dessous  : 
-|-  o  E  o  PHILIBERTVS  entre  grenetis. 

Revers  :  grand  E  avec  boucle  du  P  entre  les 
deux  branches  supérieures  de  l'E  : 

f  Dvx  SABAVDiE  entre  grenetis. 


175 

CHARLES-EMMANUEL  1"^ 

l'oLii'  ce  prince  comme  pour  sou  prédéces- 
seui'les  coins  sortant  d'un  même  atelier  n'offrent 
pas  de  différences  dans  les  types;  les  variétés 
d'émission  sont  indiquées  par  les  dates;  les 
ateliers,  par  des  signes  ou  des  initiales,  de 
même  que  les  maîtres  chargés  de  battre  monnaie. 
Nous  ferons  connaître  seulement  ces  diverses 
émissions,  sans  répéter  les  détails,  qui  revien- 
nent continuellement  les  mêmes. 

Signalons  un  double  écu  d'or  (var.  Promis,  2), 
frappé  à  Nice  en  1581. 

Un  coin ,  différent  du  blanc  de  quatre  sols 
(Promis,  6),  qui  n'a  pas  l'écu  de  Savoie  sur  la 
branche  senestre  de  la  croix  de  S.  Maurice. 

Des  quarts,  de  7  au  sol  (  var.  Promis ,  9), 
frappés  à  Nice  en  1581  ;  la  même  année  ,  à 
Chambéry,  par  IMichel  Grobert,  et  en  1582,  à 
Bourg,  par  Emmanuel  Dian. 

Sous  (var.  Promis,  10),  avec  un  C  au  bas 
de  l'écu  ;  un  autre,  frappé  à  Chambéry  en  1G28. 

Quarts  (var.  Promis,  11);  le  premier,  sans 
rose  entre  les  initiales  et  des  points  aux  angles 
extérieurs  des  lobes;  le  second,  avec  la  rose, 
sans  A  et  sans  points  aux  angles  de  jonction 
des  lobes. 

Quart  (vai-.  Promis,  14),  sans  points  aux  côtés 
de  la  rose  du  bas  et  sans  initiales  au  revers. 


176 

Quart  (var.  Promis,  15),  émis  en  1587  et  1590; 
une  fleur  à  cinq  pétales  remplace  l'étoile  de 
Chambéry. 

Deux  parpaioles  (var.  Promis,  17),  frappées 
l'une  à  Bourg  en  1582  par  Philibert  Diane, 
l'autre  en  15. .  à  G. 

Autre  parpaiole  (var.  Promis,  18),  frappée 
en  1586.  Différent  :G-D.O. 

Cavalot  (var.  Promis,  23),  frappé  à  Turin  en 
1587. 

Des  sous  (var.  Promis,  29),  frappés  à  Turin 
en  1590  et  1591,  et  à  Chambéry  en  1595  par 
Grobert. 

Deux  forts,  de  8  au  sou,  sortis  aussi  de  l'ate- 
lier de  Chambéry  en  1595  et  1596. 

(Quadruple  d'or;  Turin,  1595.  La  tête  du  prince 
est  à  gauche  et  la  légende  du  (koit  se  termine 
par  Dvx.  SABAVDIE.  XI.  (PI.  IV,  n'^  8.  ) 

Double  écu  d'or;  Turin,  1596. 

Demi-sou  ;  Chambéry,  1600,  héritiers  Gro- 
bert, et  1628,  autre,  sans  date,  avec  la  légende 
au  revers  :  n.  g.  dvx/  saba.  10. 

Ducat  d'or ,  1602  ,  et  différent  un  annelet 
rayonné. 

Florins  (var.  Promis,  47),  frappés  à  Turin  en 
1613  ,  et  à  Chamljéry  en  1616  et  1617  ;  les 
différents  sont  placés  sous  le  buste  du  prince. 

Pièce  de  deux  florins,  1624;  légende  du  droit 
terminée  par  p.  pede. 


177 

Florin  (  var.  Promis,  67),  avec  V,  différent 
de  Verceii,  placé  sous  le  buste  du  prince. 

VICTOK-AMÉDÉE  l» 

Livre  ,  dun  coin  différent  du  numéro  1  de 
Promis;  à  l'exergue  du  revers  est  éciit  1631 
T  S.  20. 

CHARLES-EMMANL'ËL  et  MARIE-CHRISTINE 

Demi-livre,  d'un  coin  différent  au  revers  du 
numéro  2  de  Promis.  S.  X  est  dans  le  champ 
de  l'écu;  la  légende  commence  au  bas  et  est 
divisée  en  deux  par  un  lacs. 

Ducaton  au  type  du  carlin  n"ll. 

Double  d'or  (  pi.  IV,  n"  9  ).  Têtes  de  la  régente 
et  du  prince  à  gauche  ;  à  l'exergue  :  1611  entre 
deux  marguerites  : 

CHR.  FRAN.  CAR.  EMAN.  UVCES.  SAB. 

entre  deux  iilets  et  un  grenetis  extérieur. 

Revers  :  écusson  fleuronné ,  écartelé  aux 
armes  du  prince,  surmonté  de  la  couronne  fer- 
mée coupant  l(î  haut  de  la  légende  : 

I'.  l\   PEDEMON.  REGES.  CYPRI 

enti'e  deux  Iilets  et  un  grenetis  extérieur.  Poids 
3  gros  et  29  grains. 

Quart  de  sol,  émis  en  IGil;  la  iégendf  du 
droit  terminée  par  cyip. 


178 

Blanc  de  4  sols  (var.  Promis,  4),  1642.  L'écu 
est  accosté  des  lettres  ce,  initiales  du  prince. 

Carlin  frappé  en  1644,  au  type  du  ducaton 
(Promis,  18). 

Quart  de  livre  au  type  du  double  d'or,  n°  15  ; 
légendes  semblables  au  quart  n"  25. 

CHARLES-EMMANUEL  II 

Demi-sous  au  type  de  l'écu  d'or  n"^  16. 

Deux  variétés  de  carlins,  à  la  date  de  16G3, 
de  types  différents  de  ceux  publiés  par  M.  Pro- 
mis, ce  qui  donne  déjà  quatre  coins  pour  une 
pièce,  dont  aucun  ordre  de  frappe  n'est  connu. 
L'une  diffère  au  droit  par  la  légende  : 

CARO.  EMAN.  II.  D.  G.  DVX.  SAB.  1663 

et  toutes  les  deux  ont  la  légende  suivante  au 
revers  : 

PRINCIP.  PEDEMON.  REX.  CYP. 

VICTOR-AMÉDÉE  II 

Deux  monnaies  de  cuivre  pesant  1  gros  et  37 
grains  (  5  gr.  785  ),  peut-être  des  pièces  d'essai, 
car  elles  ne  sont  point  indiquées  par  M.  Promis  : 

l''^,  tête  du  prince  à  gauche,  avec  une  étoile 
à  six  rais  au-dessous  : 

vie.  AM.  D.  G.  sic/  1ER.  ET.  CYP.  REX 

entourée  d'un  grenetis,  et  au  revers  une  aigle 


179 

déployée  et  couroiinée,  chargée  de  l'écu  de 
Savoie  : 

DVX.  SAB.  ET.  MONTISF.  PRLN.  PED.  1714, 

entouré  d'un  grenetis. 
Sf'e,  tète  du  prince  à  gauche  : 

YIC.  AM.  ir.  D.  G.  DVX.  SAB 

entourée  d'un  grenetis,  et  au  revers  écu  de  Su- 
voie  surmonté  de  la  couronne  fermée  coupant 
le  haut  de  la  légende  : 

PRIX.  PEDE.   REX.   (JYP 

entourée  d'un  grenetis. 

Pièce  d'un  coin,  différant  de  Promis,  n"  48, 
par  les  initiales  c.  p.  au  bas  du  revers. 

A  partir  de  ce  règne ,  les  types  sont  d'une 
régularité  et  d'une  uniformité  ne  présentant 
plus  de  variétés  avec  les  espèces  publiées  par 
M.  Promis. 


MARQUES  OU  DIFFERENTS 
DES  MAITRES  .MONNAYEl'RS  ET  DES  ATELIERS 

Les  marques  et  différents  des  monnayeurs  et 
des  villes  consistèrent  d'abord  en  des  points 
secrets  destinés  à  servir  de  contrôle  et  à  dérouter 
les  contrefaçons.  Ces  points,  placés  sous  les  let- 
tres des  légendes  ou  sur  quelque  partie  spéciale 


180 

de  la  monnaie,  occupèrent  ensuite  une  place 
plus  apparente,  et  servirent  à  distinguer  l'atelier 
de  fabrication  et  le  monnayeur.  Dans  les  pre- 
mières monnaies  des  princes  de  Savoie,  les 
points  secrets  se  trouvent  placés  dans  un  ou 
plusieurs  cantons  de  la  croix  et  sous  une  ou 
plusieurs  lettres  des  légendes  ;  ces  diverses 
dispositions,  émanées  d'un  seul  atelier  (  celui  de 
Suze  ),  indiquent  plutôt  les  différents  des  divers 
maîtres  qui  y  travaillèrent,  tandis  que  dans  la 
plupart  des  ateliers  qui  faisaient  partie  de  l'as- 
sociation des  monnayeurs  du  St-Empire  romain, 
dont  nous  avons  parlé ,  le  point  secret  était  le 
différent  de  l'atelier.  Ainsi  voyons-nous  que  le 
point  secret  de  Romans  était  placé  sous  la  2'"° 
lettre  de  la  légende  ;  celui  de  Crémieux  sous  la 
première;  celui  de  Mirabel  sous  la  troisième. 
Ces  différents,  établis  plus  tard  pour  les  ateliers 
de  Savoie ,  consistèrent  en  lettres  et  en  signes 
plus  apparents.  Aux  points  secrets  vinrent  s'a- 
jouter les  initiales  des  maîtres  ou  différents 
particuliers  adoptés  par  eux  :  croissant,  cou- 
ronne, lis,  trèfle,  etc.,  combinés  le  plus  souvent 
avec  le  signe  monétaire  adopté  par  les  divers 
ateliers. 

Nous  avons  réuni  dans  un  tableau  tous  les 
différents  des  ateliers  et  monnayeurs  de  Savoie 
connus  jusqu'à  ce  jour  : 


181 
Ateliers 

Bourg B. 

Chambéi  y une  étoile  à  5  rais. 

Cornavin G. 

Maîtres 

Bourg.        Klyô     Jean  Raffan,  2  cioiseltes  placc-es 

entre  les  mots  des  légendes. 

>  1469     Etienne  Varambon,  un  lacs. 
»          1522-23  Bt^nedetto  Barod,  B.  B. 

»  1528-32  Henri  Pugniet,      B.  HP. 

»  1577-79  Eraanuelbian,      E.  D-B.— E.  D. 

»  1584-86  FilibertDiano,      F.  D. 

Chambéry.     13il      Bernard  Robert,  une  rosette  et  mi 

point  ouvert  entre  les  mots  des 
légendes. 

>  1357      Bonacorso  Borgo.  deux  rosettes, 

»  1364     Baroncello,  une  petite  étoile  à  6 

rais  et  un  point  ouvert. 

>  1392     Jean  de  Rezetto. 

ï  1394-1404  Malbieu  Bonacorso  Borgo,  deu.x 
pièces  ou  cuillers  placées  en 
sautoir. 

»  1419-20  Thomas  de  Folonia,  un  trèfle  avant 

un  point  ouvert. 

>  1421-22  Jean  de  Masio d'Asti,  une  étoile  à 

6  rais. 

»  1422-23  ManfrcdBesson,dYenne,unlis. 

»  1423     Michel  de  la  Balme,  des  Echelle.-, 

un  heaume. 

>  1424     Guy  Besson  dit  Vuglio.  d'Yenne, 

une  couronne. 

»  1481      Pierre  Baligny,  P.  B.,  avec  l'étoile 

à  5  rais. 
•  1514  >  j        P.  B. 


182 

Chainbéry.  1563-64  André  Morel,  A.  M.,  avec  l'étoile  à 

5  rais. 

»  1565     Etienne  Bourge,  E.  B.  C.  —  E-B, 

avec  l'étoile  à  5  rais. 

»  1572     Antonine  Ranotte,  veuve  Bourge, 

B.  B". 

j»  1573     EmanuelDiano,E.D.,  avec  l'étoile 

à  5  rais. 

»  1577-79  Jean  Miretto,  I.  M.,  avec  l'étoile  à 

5  rais. 

»  1583-84  Michel  Grobert,  M.  G.,  avec  l'étoile 

à  5  rais. 

»  1 595-97  Chiaffrey  Grobert,  G. ,  avec  l'étoile 

à  5  rais. 

»  1600     les  héritiers  Grobert,  H.  G.,  avec 

l'étoile  à  5  rais. 

»  1640     Pierre  Perrinet,  P.,  avec  l'étoile 

à  5  rais. 

Cornavin.      1451      François  Garino,  de  Lyon,  fleurs  à 

pétales  trilobées  ou  point  fermé 
sous  le  D  de  dvx. 

»  1485-96  Nicolas  Gatli,  G.  G. 

»  1518-28  Henry  Goulaz,  G.  H.  G. 

Gex.  15G8     Benoît  Doppet,  G.  D.  0. 

Nyon.  1390     Jean  Mathieu  de  BonacorsoBorgo, 

petite  étoile  à  5  rais  placée  de- 
vant COMES. 

»  1420-26  Jacques    Picoz   d'Avigliano,    un 

croissant. 

>  1422     LanfranBusca,de  Milan, 1  heaume. 

»  1427      Bertino  Busca,  de  Milan,  1  soleil. 

St-Genix.       1354     Jean  de  Chamaior  et  Bernard  de 

Glaustro,  une  petite  étoile  à  5 

rais. 


183 


DOCUMENTS 


r 


Accord  entre  Léger,  archevêque  de  Vienne,  et  la  comtesse 
Adélaïde  et  ses  fils  Pierre-Amédée  et  Oddon,  au  sujet 
de  la  fausse  monnaie  qui  était  fabriquée  à  Aiguebelle, 
vers  i043. 

(  Dachéry,  Spicilegium,  tome  III,  p.  393.  Chorier,  État  politique 
du  Dauphiné,  p.  306.  ) 

Nolitia  viennensis  monoela",  qua3  fada  est  inter  Leu- 
degarium  vieiinensem  archiepiscopum  et  Adelaidam 
marchionissam  cum  fdiis  suis. 

Longa  per  tempora  stetit  ipsa  moneta  bona  in  pon- 
dère et  mensura  decena,  nuper  autem  tempore  Odonis 
inarcliionis  viri  sui  latrones  et  falsarii  in  burgo  qui  di- 
citur  Aquabella  corruperunl  eam  et  confunderunt  et 
falsaverunl,  ignorante  supra  dicto  marchione.  Qui  slalira 
ul  audivit  clamorem  supra  dicti  archiepiscopi  vien- 
nensis, prœcepit  ne  amplius  fieret.  iNeque  faclum  est 
eo  vivenle.  Post  morlem  vero  ejus.  insurrcxerunl  et 
alii  latrones  et  sequtti  sunt  priores  et  iteruni  falsave- 
runl:  eam  quousque  prœdictus  archiepiscopusLeode- 
garius  venit  in  Italiam  ad  prœdiclam  marchionissam 
dominam  Adelaidam  quti'  similiter  ut  audivit  ne  am- 
plius fieret  prœcepit.  Tamen  ut  omnibus  notum  liât 
Trapezita  a  domno  Leone  papa  excommunicatus,  para- 


184 

lysi,  percussus  membris  omnibus  dissolutus  impiani 
vitam  digna  morle  finivil. 

Modo  autem  ignorante  supra  dicta  domina  Adelaida 
marchionissa  exorti  sunt  alii  et  prœdicla  mala  sequun- 
tur  sed  mediante  domno  Adraldo  Brenetensium  abbate 
et  Artaldo  ecclesiœ  nostrse  prœposito  dimiltuntur  supra 
dicla  mala  et  ne  amplius  fiant  promillil  domna  Adelaida 
marchionisa  cum  fdiis  suis  Petro  et  Amedeo  et  Oddone, 
Deo  et  S.  Mauricio  in  manu  -domini  Leodegarii  archie- 
piscopi  viennensis  ut  in  tota  potestale  sua  viennensis 
monela  amplius  non  falsetur  neque  fiât  neque  vera 
neque  falsa,  illa  qua  in  Vienna  fuerit  facta;  et  hoc  fecit 
pro  amore  Dei  et  S''  Mauritii  cum  sociis  suis  de  cujus 
beneficiis  honorata  est  et  pro  anima  senioris  sui  Oddoni 
marchionis  et  filiorum  suorum  salute,  qui  hoc  laudant 
et  confirmant  videlicet  Petrus  primogenilus  et  Amedeus 
et  Oddo. 

Laudat  hoc  dominum  Adraldus  abbas  Bremetensis 
et  Artaldus  prœpositus  ecclesite  viennensis  cum  cœteris 
fidelibus  suis  quorum  ista  sunt  nomina 

Data  permanus  Bosonis  ad  vicem  domini  cancellarii 
et  primi  scrinij  II  Kal  X'^,  Luna  XVI,  séria  IV.  Henrico 
secundo  rege  nondum  imperatore,  Cœsaris  et  impera- 
toris  filio  hujus  domnœ  marchionissa?  genero. 

Uecepta  per  manus  archiepiscopi  Leudegarii. 


185 
11 

lettres  du  comte  de  Savoie  Amé  V,  de  permission  à  deux 
étrangers  de  battre  plusieurs  genres  de  monnaies  pen- 
dant trois  années  dans  la  terre  de  Vienne,  avec  dispo- 
sitions sur  leurs  devoirs  et  privilèges,  sur  la  qualité 
et  bonté  de  la  monnoie.  et  sur  son  commerce  et  celui 
de  l'argent. 

—  1306  — 
(HaccoUa  de  Duboio,  vi»].  XX,  p.  73.) 

Sachent  tuit  cil  qui  verront  ces  presenz  lettres  que 
haut  princes  nions.  Ames  cuen  de  Sauoe  a  hallie  et 
outroue  a  Jaques  de  Varans  de  Plesence  et  a  Pierres 
Aloyer  de  Jenua,  toutes  les  monoes  blanches  et  noires 
a  faire  per  tote  la  terre  en  Vienne.  Sicut  a  costume 
prendre  jusque  a  trois  anz  commençant  venans  en  la 
manière  et  la  forme  qui  se  ne  sit. 

Premièrement  li  dit  mons.  li  cuens  doit  faire  ballier 
aus  dix  Jaques  et  Pierres,  places  et  meisons  couenables 
et  suflisanlz,  tant  cum  mesliers  louv  sera  a  battre  le.s 
dites  monoes  per  juste  piis  et  lour  fera  casser  loiire  des 
ourii's  et  des  monoyers  de  sa  lerie  couenablement.  Et 
se  li  diz  mess,  li  cuens  ce  ne  pooit  faire  li  diz  Jacques 
et  Pierres  poont  prendre  autres  ouries  des  quels  li  dit 
mess,  li  cuens  ne  soit  de  riens  crlenuz.  Et  lour  fera 
tenir  toutes  les  costumes  et  les  franchises  accostumees 
en  la  dite  monoe  comme  en  autriers. 

'1.  Item  le  dit  mess,  li  cuens  ne  puel  ne  doit  faire  ne 
faire  a  faire  monue  (juelle  que  elle  .soit  en  sa  terre  ou 
Vienn  soent  a  costume  de  comme  se  nesloit  parles  dis 
Jacques  et  Pierre,  durant  le  dit  terme  cest  assauoir 

12 


186 

tant  quant  les  ditz  Jacques  et  Pierres  attendroenl  les 
conuenances  dedanz  escrites.  Et  li  dit  Jacques  et  Pierre 
doluent  faire  gros  den.  d'argent  a  onze  den.  et  malle  de 
loy  d'argent  fin,  et  de  Iviii  den.  el  le  tiers  dun  deiners 
de  pois  un  marc  le  roy.  Et  ne  se  doit  eslongiernulsde 
ces  deiners  gros  de  lour  droit  pois  que  de  dus  grains 
cest  a  sauoir  le  fort  ne  le  foible.  Et  sil  essent  plus  fors 
ne  plus  faibles  de  dus  grains  il  se  doiuent  esmander. 
Et  sil  auenoit  que  li  trois  marc  de  diz  gros  deiners 
venisse  à  xiiii  sols,  vii  deiners  et  demi  de  pois  il  soiuent 
deliure  el  non  autre.  Et  si  li  dit  gros  den.  estoent  troue 
au  marc  plus  fort  ou  plus  foible  d'un  grain  et  demi  de 
pois  il  se  demoirroit  mie  qu'il  ne  fusse  deliure  en  celle 
manière  qu'il  se  doivent  esmandei-  a  la  première  deli- 
nrance  ensegant. 

3.  Item  il  doyvent  faire  petite  monoe  d'argent  blan- 
che a  onze  den.  d'argent  fin  et  xiiii  sols,  den.  x  den.  de 
pois  au  marc  le  roy,  et  au  dit  marc  ne  puest  auoir  que  vi 
fors  et  vi  foibles.  Et  se  doyuent  deliurer  a  1  den.  plus  on 
a  1  den.  moiens  de  pois.  Cest  a  sauoir  que  s'ils  venoent 
a  viiii  sols,  ix  den.  ou  a  viii  sols  xi  den,  pour  ce  ne  de- 
morast  pas  qu'il  ne  fussent  deliure  en  tel  manière  qu'il 
seroit  amande  en  la  première  deliurance  enseganl.  Et 
sil  auenoit  qu'il  fussent  troue  au  marc  plus  fort  ou  plus 
foible  d'un  grain  et  demi  de  loy  pour  ce  ne  demorast 
mie  qu'il  no  fussent  deliure  mais  il  doyuont  estre 
amande  en  la  deliurance  ensegant. 

4.  Item  il  doyuont  faire  petite  monoe  noire  a  iii  dein. 
et  demi  d'argent  fin  de  loy  et  de  xxii  sols  viii  dein.  de 
pois  au  marc  le  roy.  Et  on  dit  marc  ne  puet  avoir  que 
xii  fors  et  xii  foibles.  Et  seront  li  fors  de  xx  sols  iiii 
dein.  et  li  foible  de  xxvsols  un  deiners.  Et  se  dovuont 


187 
deliurer  a  ii  don.  jjliis  on  a  ii  den.  moins  li  mars  de  pois 
en  loi  manière  qn'il  se  mandassent  a  la  première  deli- 
urance  en  enseganl.  Etsil  auoit  qu'il  fussent  troue  plus 
fort  0  plus  foible  de  loy  d'un  grain  plus  ou  moins  par 
cène  demorroil  pas  qu'il  ne  fussent  deliure.  mais  il 
doiuent  estre  amande  a  la  deliurance  ensegant.  Etestrc 
a  sauoir  que  le  dit  Jacques  et  Pierres  doyuonl  rendre 
au  dit  mons.  le  cuen  pour  chascun  jour  ourable  ou  que 
Ion  doit  orer  xxxv  lib.  de  la  petite  monoe  noire  dessus 
dite  franchement.  El  est  a  sauoir  que  li  dit  mess,  li 
cuens  doit  prendre  le  gayn  de  la  tasche  des  dites  xxxv 
lib.  de  viii  jours  en  viii  jours. 

5.  Item  est  ordone  et  outroye  par  le  dit  mons.  le  cuen 
que  le  dit  Jacques  et  Pierres  douent  en  argent  et  en 
billoin  partes  couenables. 

0,  Ilem  est  accorde  que  tantost  cura,  li  dit  Jacques 
et  Pierres  comanceront  ourer  la  dit  monoe  li  dit  mess, 
li  cuens  fera  lasser  totes  les  monoes  qui  coront  par  sa 
terre  ou  Vienne.  Sicut  a  costume  de  corre  exceptes  les 
monoes  nouues  le  roy.  de  France,  et  exceptes  gros 
tornois  vienn.,  cl  le  monoes  dans  dit  mons.  li  cuens  qui 
mendioit  corl  ou  pris  et  a  la  valour  de  la  dite  noue 
monoe  et  tant  tosl  que  la  dite  noue  monoe  sera  faite  l;i 
montance  de  IIII  m.  libres  en  les  irois  monoes  ce  est  a 
sauoir  et  chascune  le  tiers  e  mil  de  utle  de  vaususe  li 
diz  cuess.  Li  cuens  doit  faire  lasser  la  soe  monoe  que 
mandroit  corl  au  pris  de  la  noue,  et  faire  crier  par  tout 
le  ballages  la  ou  la  dite  monoe  se  batrait  que  nuls  na- 
clieloit  ne  nande  fors  (|u<!  a  celé  monoe  noue,  et  ne 
pregne  nulle  autre  monoe  fors  que  au  pris  que  elles 
seront  tassées  sus  peine  de  penlre  la  monoe.  Et  se  ne 
esloit  chose  qui  li  arceuesquesde  Lyon  feisl  faire  monoe 


m 

que  valoit  la  dite  monno(i  noue.  Li  dit  mess,  li  cuens 
ne  vuet  qu'il  soit  deffandu  que  ele  ne  fust  si  bone  il 
vuet  que  ele  comme  au  pris  que  ele  vaudra  a  la  noue 
selon  le  tassement  qui  y  sera  mis. 

7.  Item  vuet  li  dit  mess,  li  cuens  que  li  gros  den. 
soent  rais  par  toute  sa  terre  chascuns  pour  xvi  den.  de 
la  petite  monoe  noire  douant  dite  et  par  1  gros  tournois 
vienn.  et  de  llour  de  lis.  Et  la  autre  petite  monoe  d'ar- 
gent blanche  chascuns  deiners  pour  v  dein.  de  la  mo- 
noe noire  petite  dessus  dite.  Et  la  petite  monoe  noire 
chascun  par  1  dein. 

8.  Item  fera  crier  li  dit  mess,  li  cuens  que  nuls  ne 
portoit  ne  trayet  fors  de  sa  terre  argent  ne  billoin  ne 
monoe  contrefait  sous  peine  de  perdre  l'argent  et  le 
billoin  et  la  dite  monoe  et  destre  en  la  merci  dou 
seigneur.  Et  que  les  gardes  des  dites  monoes  soent  au 
salaire  de  diz  Jacques  et  Pierres. 

0.  Item  que  loz  li  gains  dou  premier  mois  soit  au  diz 
Jacques  e  Pierre  sens  payer  les  tasches  dessus  di.  Et 
li  diz  Jacques  et  Pierre  duiuont  donner  au  dit  mons. 
le  comte  pour  le  dit  mois  c.  lib.  de  la  dite  monoe  petite 
noire.  Et  passe  le  dit  mois  il  doiuont  payer  li  tasche  en 
la  manière  qui  est  dessus  deuisee. 

10.  Item  fera  crier  li  dit  mess,  li  cuens  que  nulle  ni 
puisse  rechatier  ne  altiner  billoin  en  sa  terre  senz  la 
volunte  des  diz  Jacques  et  Pierre  exceptes  le  gens  de 
la  terre  dou  dit  mons.  le  coiUe. 

1 1 .  Item  est  accorde  que  les  gardes  que  seront  en  la 
dite  monoe  par  le  dit  mons.  le  conte  facent  deliurance 
de  la  dite  monoe  lotes  foix  qui  en  seront  requiers  par 
le  maistres  et  totes  foiz  que  la  monoe  seroit  dou  pois 
et  de  la  loy  que  ele  doit  estre.  Et  que  faite  la  deliurance, 


189 

les  dites  gardes  lour  puissent  donner  lettre  de  quittance 
de  la  deliurancc  qui  saroit  faite,  et  si  li  boriois  de  Lyon 
auoicnt  guerre  en  lour  eschre  au  dit  mons.  le  conte 
pour  quoi  la  monoe  de  Saint  Sephorien  ne  poist  ourer 
Ion  rebâtie  et  diz  Jacques  et  Pierres  dou  dit  tasche  ce 
que  seroit  a  faire  au  regart  de  dus  prudoraes. 

12.  Item  se  li  rois  de  France  facoit  plus  foible  monoe 
()ue  celé  qui  cort,  viendroit  pour  quoi  la  dite  monoe 
mons.  le  conte  ne  se  poist  ourer  que  li  dit  Jacques  et 
Pierres  tussent  quitte  dou  dit  tasche  paye  anuers  au  dit 
mons.  le  conte  don  temps  qui  auroint  aure  et  tant  qu'il 
ussent  payé  le  dit  tasche.  et  quant  mande  loure  de  la 
dite  monoe  per  lochesion  dessus  dite  qu'U  soent  toz 
ior  enienu  de  payer  les  tasches  dessus  dit.  VA  ces  choses 
doiuont  le  diz  Jacques  et  Pierres  fiancer  par  liances 
suflisans  a  renonciations  et  fermetés  de  droit  jusques 
à  ii  m.  libre  vienn.  de  la  dite  monoe. 

13.  Item  est  ordone  que  tuit  li  marcheanz  qui  ap- 
porteront billoin  ou  argent  es  dites  monoes  soent  sault 
et  segur  ancant  venant  et  estant  par  toute  la  terre  dou 
dit  mons.  le  conte  de  lui  et  des  siens  en  persones  et  en 
auoir.  Et  ne  doit  estre  tenuz  li  dix  crieur  de  nule  sen- 
tence que  li  arcuesques  de  Lyon  donast  ne  girast  sor  les 
diz  Jacques  et  Pierres  ne  sor  le  souriersque  il  metront 
et  est  a  sauoir  que  li  dit  Jaques  et  Pierres  doiuont  com- 
mancier  a  battre  la  dite  monoe  le  jor  de  feste  Sainct 
Gregoyre  prochein  venant  et  a  donques  commencera 
li  mois  dou  quel  il  doiuont  donner  les  dites  c  libr.  Et 
si  lauceis  commencoent  li  diz  mois  commenceroit 
adonques  et  passe  le  dit  mois  il  doiuont  donner  la  tasche 
des  dites  xxxv  lib.  et  est  accorde  entre  les  dites  parties 
(|ue  par  les  tasches  des  dites  xxxv  lib.  par  jor  il  doyuont 


490 

contes  V  iors  par  chascuue  semaine,  et  non  plus  ne 
moins.  Et  monte  la  semaine  clxxv  lib.  de  la  dite  monoe 
noire  et  tant  doiuont  payer  au  dit  mons.  le  conte  par 
chascune  semaine  ourant  ou  non.  Et  fera  crier  par  sa 
terre  que  les  dites  monoes  noues  se  metlont  en  la  ma- 
nière dessus  escrite. 

Les  quels  choses  lidiz  Jacques  et  Pierres  ont  promis 
et  jure  et  sus  l'obbligacion  de  toz  lours  bien  fermement 
attandre  et  garder.  Et  en  tesmognagc  de  vérité  li  diz 
Jacques  et  Pierres  ont  mis  lour  seciz  en  cestes  lettres 
ensemble  le  secil  de  reurent  père  mons  acueques  de 
Murianne  le  quel  il  ont  requis  et  prie  mettre.  Et  nos 
li  diz  euesques  a  la  requeste  de  diz  Jacques  et  Pierres 
auons  mis  notre  secil  au  cestes  lettres.  Don  en  lillc 
barber  la  dimenge  des  cordes  lan  de  la  natiuite  nostre 
seigneur  mil  ccc  et  sis. 


III 

Ordonnance  de  la  chambre  des  comptes  de  Savoie,  par 
laquelle  est  augmentée  la  paye  du  graveur  des  coins 
des  monnoyes  qui  se  font  à  Chambéry. 

—  17  aprile  1562  — 

(Duboin,  RaccoUa,  vol.  XX,  p.  128.  ) 

Sur  le  requête  présentée  par  Gabriel  Cunelier,  de  la 
Duchee  d'Aoste,  tailleur  et  graveur  des  coins  de  la 
monnoye  de  son  Altesse  en  cette  ville  de  Chambéry, 
tendant  a  ce  que  attendu  que  le  .suppliant  est  étranger, 


lyi 

avec  peiiuire  de  vivre  et  la  cheile  du  fer  et  acier  [tour 
lournir  aux  coings  nécessaires  pour  la  fabrique  des 
monnoyes,  lesquelles  en  vertu  des  nouvelles  ordon- 
nances sont  de  la  moitié  plus  de  nombre  de  pièces  que 
ne  souloient,  que  lui  revient  a  la  moitié  plus  de  frais 
peine  et  labeur,  joint  aussi  que  selon  les  coutumes  et 
ordonnances  des  monnoies  de  Savoie,  le  gage  et  sti- 
pende  du  tailleur  est  à  l'égal  de  celui  des  monnoieurs, 
aux  quels  a  été  augmenté,  requérant  qu'il  ave  moien 
de  s'entretenir  et  lui  augmenter  lesdits  gaiges,  et  sur 
celui  pourvoir  ainsi  que  de  raison. 

La  cliambre  ayant  egaid  a  la  nouvelle  ordonnance 
faite  sur  la  fabrication  des  monnoyes,  et  après  avoir  oys 
le  procureur  patrimonial  en  ses  conclusions  mises  au 
pied  de  ladite  requête,  semblablement  le  gênerai  des 
monnoyes  et  Mathieu  de  Ferraris,  commis  a  la  fabri- 
cation des  monnoyes  et  en  cette  ville  au  nom  de  Nicolas 
Violard  maistres  desdiles  monnoyes,  a  ordonné  et  or- 
donne la  chambre  quel  brassaige  peine  et  labeur  du  dit 
suppliant  pour  i-aison  des  sols  qui  sont  fabriqués  pré- 
sentement suivant  la  dite  nouvelle  ordonnance,  et  de 
toutes  autres  monnoyes,  lui  sera  augmenté  et  payé  par 
ledit  maistre  des  monnoyes  ou  son  dit  commis  d'un 
quart  pour  chacun  marc,  outre  ce  que  lui  en  a  été  payé 
cy  devant,  et  ce  par  provision  et  jusques  autrement 
soit  ordonné. 

Fait  à  Chambery  au  bureau  des  comptes  le  dix 
septième  joui-  d'avril  mille  cinq  cent  soixante  deux. 

Signé  Bruyset. 


192 

IV 

Ordonnance  de  la  chambre  des  comptes  de  Savoie  par 
laquelle  plusieurs  instructions  sont  données  aux 
garde  et  contre-garde  des  monnoies  qui  se  font  à 
Bresse  sur  l'exercice  de  leurs  fonctions. 

—  15  décembre  1563  ~ 

(Duboin,  Raccolta,  vol.  XX,  p.  129.  ) 

Premièrement  ne  présumeront  de  faire  aucune  déli- 
vrance de  brève  au  maitre  de  la  raonnoye  que  premier 
elle  ne  soit  pesée  puis  appeller  Tessayeur  pour  reporter 
si  elle  est  pesée  par  capelle  à  peine  pour  chacune  fois 
qu'ils  defaudront  de  cent  livres  ducales,  qui  seront 
enregistrées  par  le  dit  essayeur  lequel  de  chambre  l'a 
commis.  Et  si  par  fortune  trouvent  que  le  dit  essayeur 
face  quelque  doute  de  son  essay  passé  devant  que  les 
pièces  soient  monnoyés,  en  tel  cas  leur  est  ordonné 
d'en  faire  faire  un  autre  essay  pour  toute  assijrance 
après  que  les  pièces  seront  monnoyés,  ainsi  que  déjà 
sont  tenus  de  faire  conforme  à  leur  règle. 

2.  Item  tiendront  main  lesdits  garde  et  contregarde 
intervenant  l'essayeur  atin  qu'ils  raportent  s'il  en 
aura  fait  l'essay  requis  que  le  maitre  ne  doive  bailler 
aucune  brève  que  se  soit  aux  prevot  et  monnoyeurs 
pour  le  monnoyer  et  stamper,  qu'elle  ne  soit  reconnue 
en  poys  et  loy  comme  dit  est. 

3.  Défendant  à  tous  monnoyeurs  de  n'accepter  au- 
cune brève  comme  dit  est  sans  la  présence  des  sus- 
nommés à  peine  de  dix  livres  qui  seront  enregistrées 
comme  dessus. 


193 

4.  Et  est  mandé  à  laditte  garde  et  contregarde  de  ne 
passer  aucunes  pièces  de  livres,  deray  livre,  et  pièces 
de  quatre  gros  que  elles  ne  soyent  reconnues  en  recours 
pièce  pour  pièce,  et  en  trouvant  quelque  une  qui  ne 
soit  taillée  de  son  juste  poys  la  feront  cizailler  sans 
respect  que  ce  soit  au  même  instant. 

5.  Et  s'ils  voyent  que  ledit  maitre  ayc  billon  ou  cen- 
dres en  telle  abondance  qu'il  ne  puisse  le  tout  prompte- 
ment  moimoyer  à  faute  de  pilles  et  trosseaux  en 
adverliront  la  chambre  par  homme  exprès  pour  y 
pourvoir  selon  que  requiert  le  service  de  son  Altesse  et 
la  satisfaction  des  marchands. 

Fait  et  délibéié  à  Cliambéry  au  bureau  des  comptes 
le  quinzième  décembre  mille  cinq  cent  soixante-trois. 
Signé  :  Meilleret,  Gara  et  Michaud. 


Edit  de  Marie-Jeanne- Baptiste  de  Savoie,  touchant  le 
domaine,  les  affranchissements,  les  amendes,  les 
mnnnoyes  et  antres  matières. 

(Art.  60  à  80  de  la  monnaye. J 

(Duboin,  RaccoUa,  volume  XX,  page  211.) 

60.  Les  généraux,  gardes  et  contregardes  de  la  nion- 
noye  n'y  recevront  aucun  ouvriers  ni  monnoyeurs  qu'ils 
n'ayent  obtenus  arrest  de  la  Chambre  des  comptes  de 
leur  établissement. 

61.  Ceux  qui  sont  pourvus  du  ditoflice,  etquin'au- 
1  ont  présenté  l'ordre  de  leur  établissement  dans  l'année, 


194 

ne  s'en  pourront  plus  servir,  qu'ils  n'obtiennent  nou- 
velles provisions. 

62.  Les  ouvriers  auront  leur  domicile  dans  les  villes 
où  les  momioycs  seront  établies,  et  ne  pourront  s'ab- 
senter que  par  le  congé  du  Général  ou  du  raaistre  de  la 
monnoye,  à  peine  d'interdiction. 

63.  Les  maistres  de  monnoyes  ne  feront  aucune  dé- 
livrance des  monnoyes,  et  ne  les  lèveront  des  mains  des 
prévosls  et  monnoyeurs  qu'en  la  présence  de  la  garde 
ou  contregarde,  de  laquelle  délivrance  des  prévosts 
tiendront  registre  journalier,  auquel  les  gardes  et  con- 
tregardes  auront  recours,  qui  verront  ce  qui  aura  esté 
monnoyé  chaque  jour. 

64.  65.  Les  gardes  et  contregardes  ne  feront  aucune 
délivrance  aux  maistres  particuliers,  qu'Us  n'ayent  eu 
le  rapport  de  l'essayeur ,  comme  les  brevs  sont  en  loy 
conforme  à  l'ordonnance,  de  laquelle  les  gardes  tien- 
dront registre. 

60.  Ils  bailleront  tous  les  malins  les  piles  et  troceaux 
des  pièces  qui  se  fabriquent  ce  jour  là  au  prévost  des 
monnoyeurs,  qui  sera  tenu  de  les  rendre  à  la  fin  de  la 
journée  ausdites  gardes. 

67.  Tous  les  ouvriers  et  monnoyeurs  tailleront  les 
monnoyes  blanches  de  retours  ayant  leur  poids  à  égal, 
comm'  aussi  en  fin  et  en  loy  de  ce  qu'elles  doivent 
teni]-. 

08.  Ils  seront  tenus  de  bien  ouvrer  et  raoïnioyer  de 
bon  retour,  dite  à  slele  à  impression,  et  que  les  lettres 
et  courdons  y  soient  entiers,  à  y  bailler  les  façons  et 
rehausser  chacune  des  dites  espèces. 

69.  Les  gardes  et  contregardes  visiteront  les  pièces 


195 

quand  elles  seront  ouvrées  et  monnoyées  pendant 
qu'elles  sont  entre  les  mains  des  ouvriers  et  raonnoyeurs 
et  devant  qu'elles  soient  remises  au  maislre  de  la  mon- 
noye,  pour  les  blanchir  ou  faire  monnoyer. 

70.  Celles  qu'ils  trouveront  n'estre  pas  bien  travaillées 
de  retour,  justement  du  poids  et  remède  ordonné  pièce 
par  pièce,  seront  refondues  aux  dépenses  de  l'ouvrier, 
qui  les  aura  taillées,  et  il  rembourcera  le  maistre  de 
la  monnoye  de  la  perte  et  d'échûte  de  la  nouvelle  fonte, 
auquel  sera  faite  déduction  sur  le  salaire  d'autre  ou- 
vrage qu'il  se  pourra  retenir  jusqu'au  payement. 

71.  Les  dites  gardes  recevront  dilligemment  toutes 
les  espèces  à  chaque  délivrance  qu'elles  feront,  et  les 
pesei'onl  pièce  par  pièce  et  non  pas  en  blot,  ny  par 
marc,  et  ne  les  recevront  du  maislie  après  (Quelles 
seront  dehors  des  mains  des  ouvriers,  qu'elles  ne  soient 
du  poids,  façon  et  remède  ordonné  à  faute  de  ce,  elles 
ne  seront  refondues  à  la  perte  et  dépense  du  maislre . 
qui  les  aura  reçiies  des  ouvriers ,  sans  les  dites  pré- 
cautions et  entre  les  mains  du  quel  elles  se  trouveront 
détenues. 

72.  Le  raaistres  des  monnoyes  fera  appeler  à  chaque 
fonte  qu'il  fera  l'essayeur  de  la  monnoye,  qui  tiendra 
registre  de  chaque  fonte  par  désignation  de  l'an  et  j.our, 
de  la  quantité  des  piastres  et  du  poids  d'icelles,  que 
l'essayeui'  marquera  de  son  poinçon. 

73.  Si  les  piastres  se  trouvent  défectueuses  après 
que  l'essayeur  aura  reconnu  le  nombre  et  le  poids  d'i- 
celles, l'essayeur  les  fera  refondre  en  sa  pré.-ence,  que 
si  elles  se  trouvent  bonnes  il  les  fera  délivrer  aux  ou- 
vriers de  la  monnoye  pour  les  ouvrer. 

74-.  Le  rapport  d(!  chaque  fonte  sera  enregistré  par 


196 

les  gardes  et  contregardes  de  la  monnoye  avec  dési- 
gnation de  l'an  et  jour  de  la  fonte,  de  la  quantité  des 
piastres  et  de  leurs  poids,  lequel  rapport  ils  signifieront 
aux  ouvriers,  et  l'acte  de  signification  sera  annoté  à 
leur  registre;  à  peine  de  mille  livres. 

75.  Ne  seront  reçues  aucunes  piastres  en  l'ouvrerie 
pour  tailler  ou  ouvrer,  qu'elles  ne  soient  marquées  du 
poinçon  de  l'essayeur,  et  que  le  rapport  de  l'essay  des 
piastres  ne  soit  signifié  aux  ouvriers. 

76.  L'essayeur  fera  un  autre  essay  des  piastres, 
après  qu'elles  seront  blanchies  et  qu'elles  seront  entre 
les  mains  des  raonnoyeurs,  lequel  rapport  de  l'essayeur 
sera  registre  par  les  gardes  et  contregardes  aux  mêmes 
peines. 

77.  Le  maislre  des  monnoyes,  ses  agens  et  négocia- 
teurs, seront  exempts  de  tous  péages,  daces  et  autres 
impôts,  pour  tout  ce  qui  leur  sera  nécessaire  à  la  fa- 
brique, et  leur  seront  expédiées  toutes  écritures  gratis, 
sans  payer  aucuns  émolumens,  seaux,  ny  signatures. 

78.  Deffendons  à  tous  juges  de  prendre  connaissance, 
de  tout  ce  qui  concerne  les  franchises,  privilèges  et 
immunités  des  monnoyeurs  ;  à  peine  de  cent  livres  et 
de  nullité  des  procédures,  et  sur  le  différent  des  quels 
sera  pourvu  par  la  Chambre  des  comptes. 

79.  Le  Général  des  monnoyes,  maistres,  tailleurs, 
essayeurs,  gardes  et  contregardes,  ouvriers  et  mon- 
noyeursj  ne  feront  aucun  essay,  ou  rapport  des  mon- 
noyes, par  autorité  d'autre  magistrat  que  de  la  Chambre 
des  comptes;  a  peine  de  mille  livres  et  d'interdiction. 

80.  La  Chambre  pourra  par  manière  de  provisions 
donner  le  cours  à  toutes  monnoyes  étrangères  à  leurs 


197 

justes  évaluations,  bannir  rt  déclarer  hors  de  commerce 
celles  qui  seront  adultérées. 

Donné  à  Turin  le  onze  novembre  mil  six 

cens  septante  neuf. 

Signé  Marie  Jeanne  Baptiste. 

V.  Simeon  pro  domino  cancellario 
V,  Granery 

Carron  Delescherainn. 

Nous  reproduisons  ces  documents  parce  qu'ils 
présentent  le  double  intérêt  de  faire  connaître  les 
principales  conditions  auxquelles  était  soumise 
la  labrication  des  monnaies  en  Savoie,  et  de 
donner,  pour  diverses  époques,  des  spécimens 
de  la  langue  irançaise,  telle  qu'elle  était  parlée 
et  écrite  dans  nos  pays. 


-  *m-nns~'(iiS^Sy'r~»-''» 


LES  NATIRALISÉS 

DE   SAVOIE 

EN  BOURGOGNE 
1508-1769 


ALBERT  ALBRIER 

Membre  de  la  Sociclù  SavoUicnne  d'Hisloiio  et  J'Arcliéulogie  , 

Je  I  .Acadi'mie  de  Màcon,  de  la  Soeiélé  Florimonlane  d'Anmev,  de  la  Conimi-ision 

des  Anliquilcs  de  la  Côlcd'Or,   Je  la  Soeiélé  littéraire 

de  Lyon,  de  la  Société  d'Emulation  de  l'Ain,  etc. 


.ES    NATURALISÉS 

DE  SAVOIE 

EN  BOURGOQNE 
1508-1709 


Les  archives  do  la  (Vjh'-d'Or,  miiu!  IôcuikIc 
cl,  lro[)  j)uii  uxplon'M'  ,  l'eiircriiient  do  précieux 
documents  poiii'  Ihistoiro  de  la  Savoie.  Les 
registres  de  la  chambre  des  comptes  de  Dijon 
contiennent  entre  autres,  sur  les  naturalisés 
savoisieiis  en  Bourgogne,  des  renseignements 
(|ui  nous  ontpermisde  restituer  Mcii  des  noms 
à  noti'c  cli("'i-('  province. 

On  s;iil  (piclhis  étaient  sons  l'ancienne  légis- 
lation l(^s  tbi'malités  que  devait  accomplir  Téli-an- 
u;('v  (|ui  désirait  acquérii'  en  IVancc  les  dioils 
l'I  les  privilèges  donl  ininssiiicid  aloi's  les  ini- 
lurels.  (Ml  rdimail  les  «h'-chn^alions  de  lIlSC»  cl 
de  14!  VI  ;  on  coiinail  aussi  les  prcsciiplioiis  de 
roi'doiiii.iiicf   de   {'.lois:  on  s;iit  cidin  (ph-  li'  roi 

13 


202 

seul  pouvait  accortlor  «les  lotti'cs  de  naturalité, 
(jui  devaient  être  enregistrées  par  les  cours  de 
justice.  Après  avoir  acquitté  les  droits  de  clian- 
cellerie,  toujours  assez  élevés,  l'étranger  (]ui 
ol)tenait  des  lettres  de  naturalité  était  asti'cint 
à  l'aire  certaines  gratifications  aux  pauvres  et 
aux  établissemenls  religieux  de  tel  lieu  déter- 
miné . 

Les  mêmes  t'oi'nudes  se  représentanl  inva- 
riablement dans  tous  les  actes  de  ce  genre  , 
nous  croyons  devoir  reproduire  une  de  ces 
lettres:  en  donner  une  c'est  les  piddicr  toutes. 

Louis,  par  la  grâce  de  Dilmi,  loy  de  France  >t.  de 
Navarre,  à  tous  présent  et,  avenir  salut.  Notre  cher  et 
bien  amé  François  Albrier ,  natif  du  lieu  de  Saint 
Martin  la  Chapelle,  diocèse  de  S'  Pierre  le  Moutiers  en 
Tarenlaisc,  duché  de  Savoye,  marchant,  demeurant  en 
noire  ville  de  Beaune,  faisant  profession  de  la  religion 
catholique,  apostoli(iue  et  romaine.  Nous  a  fait  remon- 
trer que  depuis  plusieurs  années  il  s'est  habilné  dans 
notre  rovaume.  où  il  a  vécu  avec  tout  honneur  ctinté- 
grilé,  et  désirant  y  hnir  ses  jours  comme  l'un  de  nos 
sujets  et  regnicoles.  il  nous  a  très  humblement  fait 
supplier  de  lui  accorder  nos  lettres  sur  ce  nécessaires; 
à  ces  causes,  voulant  favorablement  traiter  l'exposant 
de  notre  gi-âce  spécialle  pleine  puissance  et  autorité 
joyalle,  Nous  l'avons  reconnu  tenu  censé  et  léputé  et, 
par  ces  présentes  signées  de  noti'emain,  le  reconnais- 
sons, tenons,  censons  et  réputons  pour  notre  vrai  et 
natnrel  snjet  et  regnicole,   voulons  et  nous  plait  (jue 


coHiQio  lel  il  puisse  et  lui  soit  loisible  de  demeiirei-  et 
coiiliiiuer  sa  demeure  en  iSotre  ville  de  Beaune  ou  eu 
tel  autre  lieu  de  Notre  royaume,  pays,  terres  et  seigneu- 
ries de  notre  obéissance  que  bon  lui  semblera,  qu'il 
jouisse  de  tous  les  privilèges .  francliises  et  libertés 
dont  jouissent  nos  autres  vrais  et  originaires  sujets,  et 
qu'il  puisse  avoir,  tenir  et  possédei'  tous  biens  meubles 
et  immeubles  qu'il  y  a  acquis  et  pourra  cy  apiès  acqué- 
rir, et  qui  lui  seront  donnés,  légués  et  délaissés  en 
(jueKiue  sorte  et  manière  que  ce  puisse  estre,  d'iceux 
jouir  ordoimer  et  disposer  par  testament,  codicille  de 
dernière  volonté,  donation  entre  vifs  à  cause  de  mort 
ou  autrement,  ainsi  que  de  droit  lui  sera  permis,  et 
(in'apiès  son  décès  ses  légitimes  lieriliers  ou  autres  en 
laveur  desquels  il  aura  disposé  de  ses  biens  puissent 
lui  succéder,  pourvu  qu'ils  soient  nosregnicoles,  tout 
ainsy  que  si  lui  exposant  était  oiiginaire  de  notre  royau- 
me, sans  qu'au  moyen  des  ordonnances  et  règlements 
d'iceluy  il  lui  soit  fait  aucun  trouble  ni  empescbement. 
ny  que  nous  jinissons  prétendre  avant  ny  après  fonder 
les  dits  biens  nous  appartenir  par  droit  d'aubaine  ou 
autrement  en  quel(]ue  sorte  et  manière  que  ce  soit(l) 
l'ayant  (juant  à  ce  dispensé  et  habilité  dispensons  et 
habilitons  par  ces  présentes,  sans  que  pour  ce  il  soit 
tenu  de  Nous  payer  ny  à  nos  successeurs  roys  aucune 
finance  ni  indemnité  de  laquelle  à  queliiue  somnn» 
(lu'elle  puisse  monter  nous  lui  avons  fait  et  faisons 
don  et  remises  par  ces  présentes,  à  la  charge  par  lui 
exposant  de  finir  ces  jours  dans  notre  royaume  dont  il 
ne  i)0uiM'a  sortir  sans  notre  peimission  expresse  el  |i;ii- 

(1)  Clause  très  iinpoilanle  et  que  l'on  Uouve,  bien  enlemlu,  <lans 
toutes  les  piocesde  cette  nuliiie. 


20i 

écrit,  et  de  ne  s'entremettre  ponr  aucuns  étrangers  à 
peine  de  nullité  des  présentes  sans  aussi  que  le  dit 
exposant  puisse  jouir  de  privilèges  et  avantages  que 
nos  sujets  ont  dans  le  commerce  suivant  les  traités  faits 
avec  les  nations  différentes,  si  ce  n'est  après  avoir  fait 
sa  demeure  en  France  pendant  six  années  consécutives 
et  à  la  charge  d'en  raporler  cerliflicat  en  bonne  forme 
légalisé  par  les  ofliciers  du  dit  lieu.  Si  donnons  en  man- 
dement à  nos  amés  et  féaux  conseillers  les  gens  tenant 
notre  chambre  des  comptes  à  Dijon  et  à  tous  autres  nos 
officiers  et  justiciers  qu'il  appartiendra  que  ces  pré- 
sentes Us  les  aient  à  faire  régistrer,  et  de  leur  contenu 
jouir  user  lui  François  Albrier,  ses  successeurs  et  ayant 
cause  regnicole  pleinement,  paisiblement  et  perpé- 
tuellement cessant  et  faisant  cesser  tous  troubles  et 
empêchements  contraires.  Car  tel  est  notre  plaisir  et 
ainsi  que  ce  soit  chose  ferme  et  stable  à  toujours.  Nous 
avons  fait  mettre  notre  scel  à  ces  présentes.  Donné  à 
Versailles  au  mois  de  février  l'an  de  grâce  mil-sepl- 
cent-trente  et  de  notre  règne  le  quinzième. 

Signé  :  Louis. 

Sur  le  leplis  on  lit  ces  mots  :  par  le  roi,  Phelypeaux. 

Visa  signé  Chauvelin  pour  naluralité  à  François 
Albrier. 

Insinué  au  bureau  des  insinuations  laïques  de  la 
ville  de  Dijon  ce  jourdhui  dix  huit  mars  1730  à  la  ré- 
(luisilion  du  porteur;  reçu  cent-vingt  livres;  signé 
Perrault  et  celle  en  cire  verte  et  a  lacque  de  soie  rouge 
et  verte. 

Après  qu'il  a  esté  informé  des  vie,  mœurs,  conver- 
sation, religion  (-atholique  apostolique  et  facultés  dudit 
Albrier  dénommé  aux  pi'esentes,  la  Chambre  a  ordonné 


205 

et  ordonne  que  les  dites  lettres  de  nuturalité  soient 
rcgistrées  pour  jouir  par  le  dit  Albrier  des  fruit  cl  effet 
d'icelles,  à  la  charge  d'aumoner  à  THospital  et  à  l'au- 
mône générale  de  celte  ville  la  somme  de  dix  livres, 
et  suivant  qu'il  est  plus  au  long  conteini  dans  Varret 
de  ce  jour.  Fait  à  Dijon  en  la  Chambre  des  comptes  le 
vingt-lroisicme  juin  mil-sepl-cenl-lrente. 

iJuiis  le  travaihjae  nous  dounoiis  aujourd'liui 
nous  avons  suivi  Tordre  clironologique,  qui  est 
toujours,  à  notre  avis,  pour  de  pareilles  études, 
la  marche  la  plus  simple  et  la  plus  rationntdle. 
Tous  les  renseignements  à  Taidi'  desquels  nous 
avons  écrit  cette  étude  sont  du  reste  puisés 
aux  sources  les  plus  sûres,  et  sont  extraits  ou 
des  archives  de  la  Gôte-d'Or,  ou  de  nos  papiers 
de  famille  ,  ou  des  registres  d'état  civil  (1). 
Dans  un  prochain  travail  nous  ferons  connaître 
les  noms  de  nos  compatriotes  (jui  ont  obtenu 
de  nos  jours  des  lettres  de  naluralité,  et  l'on 
verra  combien  notre  chère  province  a  produit 
encore  d'honnnes  de  mérite  (2). 


(1)  Nous  ne  saurions  trop  leracicior  M.  F.  Rabut  de  son  t'xtiëme 
obligeance  ;  nous  avons  eu  plus  d'une  l'ois  recours  à  sa  grande 
connaissance  des  hommes  et  des  choses  de  la  Savoie.  Qu'il  reçoive 
donc  ici  l'expression  de  notre  vive  gratitude  ! 

(2)  Faut-il  citer  ici  les  noms  de  Mgr  Dupanloup,  évéque  d'Or- 
léans, des  généraux  baron  de  Montfort,  comte  Dcssaix,  baron  de 
Montailleur,  comte  de  Pactod,  baron  Forestier,  baron  Henriod,  etc., 
des  ingénieurs  Brun  et  Pell''grini,  des  professeurs  de  dn>it  Haily, 
lUirdet  et  Carrier,  de  l'ancien  piéfet  Uzannaz,  de  l'avocat  di-  La- 
senay,  père  de  l'cx-président  du  Conseil  d'tlal,  etc.,  etc.? 


£0G 


LOUIS    XII 
1498-1515 

1.  Blois.  janvier  1508.  — Lellres  denatuialiléaccoi- 
dées  à  Claude  de  Balayson,  seigneur  dudit  lieu  el  de 
Saint-Gerinain  (1)  en  la  vicomlé  d'Auxonne  en  Bour- 
gogne, natif  du  pays  de  Savoie,  avec  autorisation  de 
posséder  la  terre  de  Saint-Germain  et  ses  dépendances. 
—  Enregistrées  à  la  chambre  des  comptes  de  Dijon  le 
11  décembre  1510.  B.  72,  P  1. 

Claude  de  Balayson,  ou  Baleyson,  ouBaleison,  avait 
acquis  la  seigneurie  de  Saint-Germain  d'Innocent  de 
la  Rochelle  et  des  sieur  et  dame  de  Beaufort  (2).  Son 

sceau  porte  aux  /  et  4  d'hermines  à  la  bande  de ; 

aux  2  et  3  de à  la  bande  de (3). 

2.  Dijon,  mai  1510.  —  Lettres  de  naturalité  en  faveur 
d'Humbert  Buxiller,  chapelier,  natif  du  pays  de  Savoie, 
lixé  en  Bourgogne ,  établi  et  marié  à  dhàlons-sur- 
Saône.  ~  E.  5  juillet  1518.  B.  71,  f»  36. 


(1)  Saint-Gerniain-du-PlaiD,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondisse- 
ment de  Chàlons-sur-Saône  (Saône-et-Loire). 

(2)  R.  10593. 

(3;  B.  11218.  La  famille  de  Balayson  portait,  d'après  La  Chesnaye 
des  Bois,  d'hermines  à  la  bande  de  gueules. 


207 


FRANÇOIS   I«^ 
1515-1547 

13.  Dijon,  juin  15^21 .  —  Letlros de  nalmalité  acconh-es 
à  Guillormiii  de  la  Basse,  natif  du  village  des  Fiolels, 
en  la  paroisse  de  Corbel  (1)  au  duché  de  Savoie,  fixé 
en  Bourgogne,  établi  et  marié  à  Seune  (2).  —  E.  23 
juillet  4521.  B.  72,  f»  49. 

A  la  même  date,  des  lettres  de  légitimation  en  latin 
furent  données  à  Pierre  de  la  Basse,  lils  naturel  de 

GuillermindelaBasse,  non  marié,  et  de  Claudine , 

maiiée  (3). 

4..  Argilly,  juillet  1521.  — Lettres  de  naluralité  accor- 
dées à  Antoine  de  Montjouvent .  seigneur  dudit  lieu  , 
natif  du  pays  de  Bresse,  au  duché  de  Savoie.  — E.  23 
juillell521.  B.  72,  f"  57. 

Antoine  de  Montjouvent  appartenait  à  une  ancienne 
famille,  issue,  d'après  Guichenon,  d'un  puîné  de  celle 
de  Monljouet  au  Val-d'Aoste;  la  liliation  en  est  établie 
depuis  Etienne,  qui  lit  bâtir  le  château  de  Monjouvent 
en  Bresse  en  1280.  Cette  maison  se  partagea  en  deux 
blanches  :  l'une,  celle  des  seigneuis  de .loudes.  Villars, 
Vaud,  Munlagnal,  etc.,  a  fouiiii  un  chevalier  d<'  Sainl- 
Jean-dc-.lérusalem,  et  s'est  alliée  aux  Varenue,  La 
Tournelle,  Clievrel,  etc.;  l'autre,  celle  des  seigneurs 

(1)  Corbel,  canton  des  Echelles,  arrondissement  de  Chambôry. 

(2)  Sc'iirre,  chef-lieu  de  canton  de  l'arnindissement  de  Beaiinn 
(Cùte-d'Or). 

(3)  Le  nom  de  la  mère  de  Pierre  de  la  Kasse  «si  resté  on  hlan<- 
dnns  l'original.  B.  72,  f°  5U. 


208 

de  Monijouvenl.  alliée  aux  Gorrevod,  Oncieux,  Andelot, 
Grillet,  Montconis,  etc.,  a  donné  Antoine,  gentilhomme 
ordinaire  de  Louis  XI,  bailli  de  Bresse:  Philibert, 
chambellan  du  duc  de  Savoie,  gouverneur  de  Turin, 
en  qui  elle  s'est  éteinte;  sa  sœur,  Catherine,  épousa 
Jean  de  Messey  et  en  eut  entre  autres  un  fds,  Charles, 
qui  releva  le  nom  de  Montjouvent.  Armes  :  de  gueules 
au  sautoir  engrêlé  d'argent. 

5.  Lyon,  juin  iS'ââ.  —  Lettres  de  naturalité  accordées 
à  Antoine  de  Chabanes,  chevalier,  seigneur  de  Saint- 
Nizier,  bailli  de  Bresse,  natif  de  Savoie,  en  raison  de 
ses  services  militaires.  —  E.  8  juillet  1522.  B.  72,  P  72. 

Antoine  de  Chabanes  appartenait  sans  doute  à  l'illus- 
tre famille  de  Chabannes,  originaire  du  Nivernais  et 
possessionnée  dans  le  Maçonnais  et  la  Bresse.  Les  armes 
de  cette  maison,  très  connues  du  reste,  &onU\e  gueules 
au  lion  d'hermines,  armé,  lampassé  et  couronné  d'or. 

6.  Bois,  mai  1523. —  Lettres  de  naturalité  accordées 
à  Nicolas  de  Chàteaumartin,  conseUler  ordinaire  au 
parlement  de  Bourgogne,  docteur  en  droit,  natif  de  la 
ville  de  Seyssel  (1),  diocèse  de  Genève,  duché  et  pays 
de  Savoie.  —  E.  16  juillet  1523.  B.  72,  P  82. 

Une  information  sur  les  facultés  et  biens  de  Nicolas 
de  Chàteaumartin,  en  cette  même  année  1523,  constate 
qu'il  a  été  pourvu  de  l'office  de  conseiller  au  parle- 
ment en  1 513  par  le  roi  Louis  XII,  pour  services  rendus 
à  la  monarchie,  et  qu'il  ne  possède  que  le  revenu  de 
cet  office  (2). 

On  trouve  :  Pierre  de  Chàteaumartin,  châtelain  de 


(1)  Seyssel,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  St-Julien. 

(2)  B.  11218. 


209 

Gliâteauiit'ulCii  Bresse  on  U42(l);  Jean,  fils  de  Claude 
de  Cliâleauiiiaitiu ,  vivaul  à  Sejssel  en  Savoie  en 
I5i2  (2);  Laurence,  maiiée  au  sirè  de  Varax  el  mère 
de  Jean-Philibert  de  Varax,  qui  figure  dans  unaclede 
la  première  moilié  du  XVI''  siècle  (3). 

7.  Saint-Germain- en-Laye,  23  février  1520.  —  Lettres 
de  naluralité  accordées  en  faveur  d'Amédée  Perra, 
prêtre,  natif  de  firesse.  paroisse  de  Keplonge  (i)  au 
duché  de  Savoie,  étahU  à  Màcon  et  pourvu  de  quelcjues 
bénéfices.  —  E.  2  sept-mbre  1527.  B.  72,  f«  112. 

8.  Saint-(leimain-en-Laye,  février  1527.  —  Lettres 
de  iiaturalité  accordées  à  Benoît  Villaiii,  natif  du  pays 
de  Bresse  en  Savoie,  fixé  à  Mâcon,  marié  audit  lieu  et 
y  exerçant  la  profession  de  boulanger.  —  E.  8  juillet 
1529.  B.  72,  f"  124. 

Une  famille  de  ce  nom,  après  s'être  enrichie  dans  le 
commerce,  ariiva  à  la  noblesse  au  commencement  du 
XVllI"  siècle.  Est-ce  la  même?  nous  le  croyons.  Quoi 
qu'il  en  soit,  en  1709,  Etienne  Villain,  ('cuyer,  demeu- 
rant à  Beaune,  lepiit  le  fief  de  la  Motle-Martenot  en 
qualité  d'héritier  universel  de  Pierre  Villain,  écuyer, 
conseiller  secrétaire  du  roi,  et  de  Marguerite  Leroux, 
ses  père  et  mère,  selon  testament  reçu  Marié,  nolaire  à 
Beaune,  le  10  septembre  1700  (5);  on  trouve  encore 
Françoise  Villain,  veuve  de  Jean  Lopi)in,  receveur  des 
consignations  au  bailliage  de  Beaune,  dame  de  Masse 

(1)  F.  Peincede,  Recueil  de  Bourgogne,  apd.  aux  archives  de  la 
CiHe-d'Or,  t.  XX,  f»  261. 

(2)  F.  Peiiicedé,  t.  X,  f  260. 
(3j  B.  10453,  f  10. 

(4)  Replonge  (Aio). 

(5)  B.  10930. 


210 

en  1723(1),  et  Marie  Noirat,  veuve  d'Elienne  Villain, 
écuyer,  dame  de  la  MoUe-Martenot  en  176G  (2).  Armes  : 
d'azur  à  un  poisson  irargenl,  appelé  vilain,  posé  en 
fasce,  accompagné  de  trois  étoiles  de  même. 

9.  Paris,  février  1528. —  Lettres  de  naturalilé  accor- 
dées à  Philibert  Panissier,  prêtre,  natif  d'Onssiat,  au 
diocèse  de  Bourg,  pays  de  Bresse,  duché  de  Savoie, 
lixé  en  Bourgogne.  —  E.  3  juin  1529.  B.  72,  f^^  123. 

10.  Malines,  février  1529.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Claude  Le  Noble,  ci-devant  dit  Guigonnart, 
écuyer,  natif  du  lieu  de  Pont-de-Vaux  (3),  diocèse  de 
Bourg,  pays  de  Bresse,  duché  de  Savoie,  fdsdepèreet 
mère  originaires  de  Châlons-sur-Saône  et  possédant 
des  héritages  audit  lieu.  —  E.  21  avril  1534-,  d'après 
lettres  de  surannation  du  8  juillet  1531.  B.  72,  f«  132. 

Un  sceau  d'un  membre  de  cette  famille,  conservé 
aux  archives  de  la  Côte-d'Or,  porte  trois  quinte  feuilles 
(lu  trois  annck'is  formés  de  besans ;  les  héraldistes  lui 
donnent  pour  blason  trois  couronnes  de  gramen  d'or 
posées  deux  et  une  sur  champ  d'azur.  Pierre-Madeleine 
Le  Noble,  chevalier  de  l'empire,  fut  commissaii'e  des 
guerres,  chevalier  de  Saint-Louis  et  de  la  Légion 
d'honneui",  et  mourut  en  1821  ;  un  autre  membre  de 
cette  famille,  l'abbé  Le  Noble,  chanoine  d'Autun,  est 
l'auteur  d'un  poëme  léger,  digne  de  Gresset,  imprimé 
dans  le  Mercure  de  France  de  juin  1769. 

11.  Blois,  novembre  1530.  —  Lettres  de  naturahté 
accordées  à  Jacques  Buret,  pauvre,  demeurant  à  Châ- 


(1)  B.  10968. 

(2)  B.  11057. 

(3)  Pont-de-Vaux,  chel-lieu  de  canton,  arrondissemenl  de  Bourg- 
en-Bresse. 


2H 

lons-sur-Saône,  natif  de  Sl-Pol-ile-Sermoyal  en  Bresse, 
pays  do  Savoie,  marié  à  Chiilons-sur-Saùnc.  —  E.  24 
mai  1531.  H.  72.  fM29. 

12.  Lyon,  février  1535.  —  Lettres  de  iialiiralité 
accordées  à  Jean  de  Livron,  écuyer,  natif  de  Thovei'ie? 
près  Gex,  duché  de  Savoie,  marié  et  établi  à  la  Tour- 
de-Vei's,  près  Toiirniis  (1).  —  E.  10  mai  1537.  13.  72, 
f^ISSv»,  n''19. 

La  famille  de  Livron  parait  originaire  du  Dauidiiné; 
elle  s'établit  en  Bourgogne  et  en  Champagne  au  XV« 
siècle,  en  la  personne  de  Bertrand  de  Livron,  seigneur 
de  Coiffy,  époux  en  1477  de  Françoise  de  Bauffremont. 
Armes  :  d'argenl  à  trois  fasces  de  gueules  au  franc- 
quarlwr  d'argent  chargé  d'un  roc  de  gueules. 

13.  Dijon,  novembre  1535.  —  Lettres  de  naturalité 
accordéesà  Guillaume  Plond)ast,  prêtre,  natif  de  Bourg, 
pays  de  Bresse,  duché  de  Savoie,  établi  à  Tourniis 
depuis  dix-huit  ans.  —  E,  10  mai  1536.  B.  72,  1"  147. 

14.  Mâcon,  septend)ie  1541.  —  Lettres  denatui'alité 
accordées  à  Benoit  et  Jean  Ravyer,  prêtres,  natifs  du 
val  de  RougemonI,  pays  de  Savoie,  élablis  en  Bour- 
gogne depuis  vingt-cinq  ans  et  lixés  au  liailli;ig('  de 
Mâcoii.  —  E.  1''  juin  15i.2.  B.  72,  f"  lOO. 

CHARLES  IX 
1500-1574 

15.  i'ans,  |nm1508. — Lettres  de  naturalité  accoidées 
à  Thomas  Paluat,  docteur  en  droit,  natif  de  Bourg-en- 

(1)  Tourous,  chef-lieu  do  caiilun,  arioniJissement  «lo  Màcun. 


s 


212 

Bresse,  pays  de  Savoie,  fixé  en  Bourgogne.  —  E...  (1). 
B.  73,  f°  69. 

Est-ce  à  la  même  famille  qu'appartenait  M.  Paluat 
de  Salaniondes,  qui  portait  d'or  à  trois  œillets  de 
gueules  sur  une  même  tige  de  sinople.  Un  M.  Sylvestre 
Paluat,  receveur  des  domaines  à  Bourg-en-Bresse,  né 
à  Chambéry,  le  ^'^  avrU  1767,  a  été  naturalisé  français 
le  31  janvier  1816:  nous  ignoions  aussi  s'd  était  parent 
de  Thomas  Paluat. 

16.  Paris,  6  septembre  1560.  —  Lettres  de  naturalité 
en  faveur  de  Benoîte  Cordier,  native  de  Montréal-en- 
Bresse, duché  de  Savoie,  femme  de  Gudlaume  Humblot, 
marchand  à  Chàlons-sur-Saône,  fixée  audit  lieu  depuis 
cinq  ou  six  ans.  —  E....  (2).  B.  73,  f»  75. 

HENRI   III 

1574-1589 

17.  Avignon,  novembre  1574-.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Louis  Marondet,  natif  du  bourg  de  Séez 
en  Savoie  (3),  marchand  à  Dijon.  —  E.  12  mars  1575. 
B.  73,  f"  89  v«,  n"  20. 

Son  fils,  François  Marondet,  marchand  à  Dijon,  eut 
entre  autres,  en  1622,  de  Marguerite  Dargelit,  un  fils  né 
en  1622,  dont  la  postérité  existe  encore  dans  le  chef- 
lieu  du  département  de  la  Gôte-d'Or. 

18.  Paris,  avril  1579. —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées àGrasBouzonnet.  marchand  mercier,  fréquentant 

(1  et  2j  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  date  fie  l'enregistrement. 
(3)  Séez,  canton  de  Bourg-St-Maurice,  arrondissement  de  Moûtiers 
en  Tarentaise. 


les  foires  de  Lyon  et  autres  foires  du  royaume,  natif 
de  Vegoizance?  pays  de  Savoie,  étaljli  depuis  longtemps 
en  France.—  E.  28  février  1589.  B.  74,  P  75  v»,  no27  . 

19.  Fontainebleau,  mars  1582.  —  Lettres  de  natura- 
lité  accordées  à  Renée  de  Livron,  demoiselle,  native 
de  Savoie,  femme  d'Odinet  Régnier,  seigneur  de  Chissey- 
en-Morvand(l).—E.  30  août  1582.  B.  74,  foSOv,  nM2. 

Les  Régnier  de  Montmoyer,  seigneurs  de  Cliissey  et 
antres  lieux,  portent  d'azur  à  trois  branches  de  palme 
d'ur,  les  deux  du  chef  affrontées:  ils  écartelaient  aussi 
aux  1  et  4  de  Régnier,  aux  2  et  3  de  La  Ferlé,  qui  est 
de  sable  à  trois  jumelles  d'argent  à  la  bordure  de  même. 
Cette  famille  a  été  reçue  aux  Etats  de  Bourgogne,  ainsi 
que  celle  de  Livron. 

20.  Paris,  mai  1580. — Lettres  de  naturalilé  accordées 
à  François  Marandet,  lils  de  Gaspard  Marandet,  labou- 
reur au  bourg  de  Séez  en  Tarenlaise,  pays  de  Savoie, 
(ixé  en  Bourgogne.  —  K.  mars  1587.  B.  74,  f"  07  v", 
n"  17. 

HENRI   IV 

1580-1010 

21.  Dijon,  11  juillet  1595.  —  Lettres  de  déclaration 
de  naturalilé  accordées  à  Etienne  Darenton,  natif  de 
la  ville  de  Favcrges  (2),  au  duché  de  Savoie,  établi 
depuis  quatre  ans  en  Bourgogne,  et  ancien  sergent  de 


1,1)  riiisscy-en-Moivdiifl,  caiiluM  dij  [,ui  iii,iy-L'K\èi|iie,  uiiondi- 
semeiit  d'Autuu. 
(2)  Faverges,  clief-Jieu  île  canlon,  arroiidisseraont  il'Auiiecy. 


'MA 

la  grande  écurie  du  comte  de  Ciiarny,  grand  écuyer 
de  France.  —  E.  17  Juillet  K'.OO.  D.  3{,  f»  193. 

22.  Cliambéry.  octobre  1G00.  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Vincent  Algot  dit  Vodizet,  natif  de  Vernaz  (1) 
en  Savoie,  établi  à  Dijon  depuis  douze  ans  environ,  et 
marchand  audit  lieu.  —  E.  l''"  février  1601.  B.  74, 
f"  103. 

23.  Paris,  août  1605.  —  Letties  de  naturalité  accor- 
dées à  Jean-Pierre  Servant,  natif  de  la  paroisse  de 
Megève  (2)  en  Savoie,  établi  en  la  ville  d'Avallon,  et 
marchand  mercier  audit  lieu.  —  E.  23  juillet  IGOG.  B. 
33,  f"  193  vo,  no  29. 

Les  archives  de  la  Côte-d'Or  renferment  des  lettres- 
patentes  de  roffice  de  conseiller  secrétaire  du  roi,  da- 
tées du  30  décembre  1 750,  et  accordées  au  sieur  Antoine 
Servant,  que  nous  croyons  être  un  descendant  de  J.-P. 
Servant,  de  Megève. 

24.  Fontainebleau,  mai  1600.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Bernard  Deffond,  natif  d'Aimé  (3),  pays  de 
Savoie,  établi  en  Bourgogne.  —  E.  20  décembre  1607. 
B.  33,  fo  307. 

25.  Paris,  janvier  1609.  —  Lettres  de  naturalité  ac- 
cordées à  Jean  Charrière,  natif  de  Séez  en  Savoie,  établi 
en  Bourgogne  depuis  vingt-deux  ans.  —  E.  16  mars 
1609.  B.  75,  fo72. 

26.  Paris,  mars  1609.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Antoine  Rendu,  fixé  à  Dijon,  fils  de  feu  Claude 
Hendii,  en  son  vivant  notaire  à  Confort,  paroisse  de 

(1)  Veruaz,  canton  du  Biof,  arrondissement  de  Thonon. 

(2)  Megève,  canton  de  Sallanches,  arrondissement  de  Bonneville. 

(3)  Aime,  cliof-lieu  do  canton,  arrondissement  de  MoiUiers,  en 
Tarentaise, 


F^oncians  (l),  pays  de  Savoie.  —  E.  14  aoùtIfiOO.  B.  75, 
l"  7H. 

La  famille  Rendu  est  originaire  de  Loncrans,  où  un 
membre  de  cette  maison  était  receveur  au  siècle  der- 
nier, et  lut  volt'  par  Antoine  Mondion,  frère  puiné  de 
Louis,  (|ui  venait  d'ètie  ('l'aîlelé  ii,).  Divers  memhies 
de  cette  famille  ont  ligure  à  Annecy  dans  les  XV"-'  et  XVI*^ 
siècles;  plus  lard  nous  trouvons  encore  comme  piési- 
dent  de  la  chambie  des  comptes  de  Genevois  à  Annecy 
en  1H57  François  Rendu,  et  comme  aumônier  de 
Mgr  (lahriel  de  Rossillon.  (''vê(]ue  de  Genève  à  Aimecy 
en  1730,  M.  l'abbé  Rendu.  Faut-il  rappeler  aussi  le 
nom  si  vénéi'é  de  sœur  Fiosalie,  et  de  celui  de  son 
fousin,  Mgi-  Louis  Rendu,  décédé  évè(iue  (rAnnecv  le 
-2.S  aoù  11  859(3  )V 

Une  autre  bi'ancbe  de  celte  maison,  lixée  à  Clei- 
mont-en-Beauvoisis,  puis  à  Paris,  a  produit  plusieurs 
hommes  distingués.  De  Sébastien-Louis  Rendu,  notaire 
à  Paris,  et  époux  en  i7()9  de  Marie  Gillet,  descendeni 
en  effet  : 

1°  Louis-Alli;uiase  Rendu,  piocui-eur  généi'a!  piès 
la  cour  des  comptes  de  Paris,  baron  en  janvier  1818  (i), 


(1)  Loncrans,  canton  de  Collonges,  anondissenientilc  Gex. 

(2)  Les  preuves  di>  ce  fait  se  (rouvent  aux  archives  di'  la  Haute- 
.*îavoie. 

(3)  Mgr  d'AniK  cy  poitail  d  azur  aux  deux  ijcrbcs  dur  croisi'es 
et  surmontres  d'une  croix  d'argnit.  Note  con:munif]uée  par  notre 
savant  et  aimable  collègue  .M.  l'abbé  Ducis,  conservateur  des  ar- 
chives de  la  Haute-Savoie. 

^4)  .Vrmes  :  d'azur  «  la  fascr  d'anjenl  chargée  d'un  croissant 
de  sable  accostr  de  deux'cloiles  de  même  et  accompagnr  de  trois 
(jprhes  d'argent,  deux  en  tête,  une  en  pointe  :  renseignements  dus 
il  l'obligeance  de  M.  le  baron  Rendu,  pelit-lils  de  l'ancien  pior.u- 
reur  g.uéral  (lellie  du  1.5  nuirs  187.'). 


né  à  Paris  le  27  juin  1777,  mort  à  Ennery  (Seine-el- 
Oise)  le  4  janvier  1801,  en  laissant  d'Anne-Marie 
Garnier,  fille  du  marquis  de  ce  nom,  quatre  fils  et 
trois  filles  : 

2°  Ambroise-Modeste-Marie  Rendu,  inspecteur  gé- 
néral et  grand  trésorier  de  l'Université,  né  à  Paris  le 
25  octobre  1778,  mort  à  Ennery  le  12  mai  1860,  père 
de  quatre  enfants,  dont  deux  fils  :  Ambroise-Augustiri- 
Eugène-Charles-Louis-Marie,  avocat  au  conseil  d'Etal 
et  à  la  cour  de  cassation,  mort  à  Vichy  le  28  mai  1864, 
et  Eugène-Marie-Victor,  inspecteur  de  l'Université; 

3»  Armand-Louis  Rendu,  né  le  18  novembre  1779, 
mort  à  Paris  vers  1830,  en  laissant  trois  enfants  :  Ar- 
mand, décédé  avoué  à  Paiis.  madame  de  Mas-Latrie  et 
la  baronne  Richerand  ; 

4*5  Achille-Louis  Rendu,  né  le  10  aoilt  1781,  mort  à 
Paris  en  1863,  père  de  trois  enfants  :  un  fils,  Victor, 
inspecteur  général  de  l'agriculture,  et  deux  filles. 

27.  Paris,  mars  1609.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Pierre  Bouzonnet.  natif  de  Valgrisanches,  en  la 
vallée  d'Aoste,  au  pays  de  Savoie,  établi  à  Dijon  depuis 
dix  ans  avec  sa  famille  et  y  faisant  le  commerce  de 
mercerie.  —  E.  16  décembre  1609.  D.  75,  f'^  80  v", 
n"  18. 

LOUIS    XIII 

1610-1643 

28.  Paris,  juillet  1610. — Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Claude  Orcet,  natif  de  Megève  en  Faucigny, 
duché  de  Savoie,  établi  à  Guiseaux  (1)  au  duché  de 

(1)  Cuiseaux,  chef-lieu  de  cduloii,  arrondissement  de  Loulians. 


Bourgogne.  —  E.  7  juillet  1011,  à  la  charge  d'aumùiier 
la  somme  de  treize  livres.  B.  35,  f"  94. 

29.  Paris,  novembre  1614..  —  Lettres  de  naluralité 
accordées  à  François  Servant,  natif  de  Megève  en  Sa- 
voie, et  établi  à  Montbard  (1)  en  Bourgogne.  —  K.  30 
mars  1615.  B.  36,  f«  227.  V.  n°  23. 

30.  Paris,  août  1616.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Antoine  et  Claude  Violet,  natifs  du  Faucigny, 
duché  de  Savoie,  fixés  à  Vitteaux  (2),  où  ils  exercent  le 
commerce  de  mercerie,  à  l'exemple  de  leur  père,  feu 
GuillaumeViolet.  —  E.  19  décembre  1616.  B.  37,  f'>13. 

Les  descendants  d'Antoine  et  de  Claude  Violet  s'en- 
i-ichirent  dans  le  négoce,  et  l'un  d'eux,  André,  fut  con- 
.seiller  du  roi,  gouverneur  de  la  chancellerie  aux 
contrats  du  duché  de  Bourgogne,  et  président  au  pré- 
sidial  de  Dijon. 

1"  André  Violet  (3)  laissa  :  1°  André,  avocat,  docteur 
en  droit,  gouverneur  de  la  chancellerie  le  17  mars  1 739, 
ué  à  Vitteaux  le  14  mars  1099;  2»  Anne,  mariée  à 
Nicolas-Pierre  Genreau  ,  avocat  général  au  parlement 
de  Bourgogne;  3' Jean-Hugues,  qui  suit  : 

2"  Jean-Hugues  Violet,  sieur  de  la  Fayeetdc  Myard- 
le.s-Vitteaux,  né  le  20  août  1702,  fut  avocat  au  par- 
lement, lieutenant  aux  bailliage  et  siège,  présidial  de 
Dijon  le  5  juillet  1737,  et  conseiller  au  parlement  de 
Bourgogne  le  2  décembre  1771.  11  inourul  à  Dijon  en 
septembre  1787,  en  laissant  un  hls,  Claude-François, 
qui  suit. 

(1)  Montbard,  chef-lieu  de  caulon,  arrondisseinent  de  Semur- 
en-Auxois. 

(2)  ViUeaiix,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Seniui-en- 
Auxois. 

(3)  André  Violet  avait  épous6  Anne  Vaulhier. 

li 


218 

3"  Claude -François  Violet,  seigneur  de  la  Paye, 
Myard,  Vesvre  et  Maicellois.  s'unit  à  Marguerite  de 
Bien  et  en  eut  :  1°  Louis-Antoine,  dont  rarlicle  suit; 
âo  Marie-Anne,  née  à  Yitteaux  le  7  mai  176G,  morte  à 
Dijon  le  5  mai  iSM  veuve  de  Louis-Charles-Ednie- 
Franrois-Gabriel-Alphonse  Damoiseau  de  Provency, 
chevalier  de  Saint-Louis. 

4°  Louis-Antoine  Violet  de  la  Paye,  né  à  Vilteaux  le 
12  mars  1779,  mort  à  Rogny  le  28  décembre  1844, 
chevalier  de  Saint-Louis  et  époux  de  Pierrette-Cécile 
de  Brachel,  ancienne  chanoinesse,  comtesse  de  Neu- 
ville. M.  Violet  de  !a  Paye  eut  :  1^  Anloinetle-Armande, 
mariée  à  Charles-Marie,  baron  d'Anstrude;  2-^  Marie- 
Christine-Jeanne-Césarine,  décédée  à  Rogny  le  10  juin 
1521,  à  18  ans;  S»  Frédéric,  époux  de  Louise  d'Avout, 
dont  il  n'a  pas  eu  d'enfants. 

Armes  :  d'azur  à  la  croix  denchée  d'or .  cantonnée 
de  quatre  quintefeiiilles  de  même. 

31.  Paris,  mars  1617—  Lettres  de  naluralité  accor- 
dées à  Pierre  Louis,  natif  de  Séez  en  Savoie ,  fixé  en 
France  depuis  vingt-deux  ans  environ.  —  E.  10  mai 
1625,  à  la  charge  d'aiimôner  la  somme  de  quatre  livres 
aux  quatre  archidiacres  de  la  ville  de  Dijon.  B.  39, 
f"  232. 

Un  de  ses  descendants,  Jean-Baptiste-Charlemagne 
Louis,  né  à  Evry  (Aube),  marié  en  1811  à  Marie-Adèle 
Bazile,  issue  elle-même  d'une  famille  savoisienne,  a 
été  adjoint  ou  maire  de  Châtdlon-sur-Seine  et  longtemps 
député  de  la  Côte-d'Or  (i). 

(1)  En  1830,  mon  bisaïeul,  lu  président  Albrier,  connaissant 
l'origine  savoyarde  des  Louis  et  des  Bazile,  voulut  malgré  son  âge 
avancé  se  l'cndre  à  Semur-en-Au\ois  et  voter  ostensiblement  en 


-210 

32.  Paris,  mai  1618.  —  Lettres  de  iialuialilé  accor- 
dées à  Jean  Mabon,  dit  Maby,  marchand  mercier  à 
Avallon,  natif  de  la  paroisse  de  Megèvc  en  Faucigny, 
duché  de  Savoie,  fixé  depuis  longtemps  en  Hourgogne. 
—  E.  2  août  i6i8.  B.  37,  f"  227. 

33.  Soissons,  octobre  1618.  —  Lelh'es  de  nalui-alité 
accordées  à  Guichard  et  Amy  Chevrets  ou  Cheviolz, 
frères,  natifs  du  village  d'Oudier  (1),  paroisse  de  Me- 
gève,  mandement  de  Sallanches  en  Faucigny,  pays  de 
Savoie,  marchands  merciers  à  Saulieu  (2).  —  E.  21 
juin  1622.  B.  38,  fo  2i5. 

3i.  Paris,  décembie  1618.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  François  Faiselle,  marchand  à  Tournus, 
natif  de  Champagny  (3)  en  Tarentaise,  duché  de  Sa- 
voie. —  E.  21  novembre  1619.  B.  37,  fo  375. 

35.  Paris,  mais  1623.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Pierre  Yerdan,  prêtre  étudiant  en  théologie  à 
Lyon,  natif  de  Sales  (i)  près  Uumilly,  lils  de  Uollet 
Verdan,  marchand  dudit  lieu.  —  E.  12  mars  1632. 
B.  42,  fo81. 

36.  Paris,  7  mars  1623.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Mauiice  David,  marchand,  demeurant  en 
la  ville  d'Auxonne  (5),  natif  des  Echines,  paroisse  du 

faveur  de  son  compalrinte  savoisicn.  Les  journaux  de  l'épociuc 
signalèrent  avec  l'iiipresseinent  l<i  conduilo  de  ce  vieillard,  mais 
se  trompèrent  sur  le  mobile  qui  l'avait  l'ait  agir. 

(1)  Oudier,  commune  du  Demi-Ouartier-de-Megéve,  canton  de 
Sallanches. 

{2\  Saulieu,  chet-lieii  de  can'un,  arrondissement  do  Seniur-en- 
Auxois. 

(3)  Champagny,  canlun  de  liozel,  airundis-semcnt  de  Moùtiers. 

(4)  Sales,  canton  de  Uumilly,  arrondissement  d'Annecy. 

(5)  Auxonne,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Dijon. 


220 

Bourg-Sainl-Maurice  (1)  en  Tarenlaisc ,  province  de 
Savoie,  fixé  en  France,  marié  au  diiclié  de  Bourgogne 
et  père  ds  deux  enfants,  nés,  mariés  et  établis  au 
royaume  de  France.  —  E.  20  mars  1623.  B.  39,  f»  13. 

Aux  lettres  précitées  est  joint  un  certilicat  du  11 
juillet  1570,  attestant  que  Maurice  David,  alors  âgé  de 
25  ans  environ,  est  frère  d'Ame  David,  âgé  de  26  ans, 
fixé  dans  la  paroisse  de  Bourg-Saint-Maurice,  et  fils  de 
Jean-Maurice  David,  dudit  lieu,  ayant  tous  trois  bonne 
réputation  et  ifayanl  jamais  été  poursuivis  en  justice. 

D'Ame  David ,  des  Echines ,  descend  Anne-Marie 
David,  mariée  vers  1740  à  Symphorien  Testu,  des 
Chapelles-Saint-Maurice  en  Tarentaise,  et  mère  de  : 
1"  Jacquette,  née  aux  Chapelles  en  1742,  morte  à 
Arnay-le-Duc  (Côte-d'Or)  le  2  février  1807,  veuve  de 
Symphorien  AllDrier,  juge  au  tribunal  du  district  de 
cette  ville;  2»  Elisabeth,  femme  de  Balthasar  Richard, 
des  Chapelles;  3"  Maurice,  né  aux  Chapelles  en  1750, 
mort  à  Arnay-le-Duc  le  20  mars  1829,  marié  à  Didière 
Leblanc,  d'où  un  fils,  Maurice,  et  deux  filles,  Jacque- 
line-Françoise, mariée  à  Germain  Menassier,  receveur 
des  contributions  indirectes,  et  Christine-Dominique, 
femme  en  1838  d'Henri-Philibert  Moingeon  (2). 

37.  Paris,  décembre  1624.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Henri  de  Salève,  natif  de  Chambéry  en 

(1)  Bourg-Saint-Maurice,  chef-lieu  de  canton,  arnindissement  de 
Moûtiers. 

(2)  Les  familles  Testu  et  David  étaient  alliées  de  très  près  à  la 
maison  Uzannaz,  des  Chapelles,  dont  un  membre,  Jules-Antoine 
Uzannaz,  plus  connu  sous  le  nom  d'Uzanne,  uaturalisé  en  1835, 
u  été  président  du  tribunal  de  commerce  d'Auxerre  en  1852,  préfet 
fie  l'Yonne  et  membre  du  conseil  général  de  ce  déparlement  de 
1848  à  1852,  etc. 


221 
SavoKî  et  fixé  en  Bourgogne.  —  E.  17  juin  1Gi5.  13.  39, 
fo  253. 

38.  Sainl-Gcrrnain-en-Lave.  oclolire  l(r26.  —  Lellios 
(le  naturalilé  accordées  à  Pierre-Louis  do  .loux,  écuyer, 
seigneur  de  Coll.on,  gentilhomme  ojuinaire  de  la  cliam- 
bre,  sergent-major  des  ville  et  citadelle  de  Cliâlons- 
sur-Saône,  et  Aimé  de  Joux,  son  tils,  natifs  des  vallées 
de  Seiseries  en  Savoie.  —  E.  2  mai  1635.  sur  lettres 
de  surannation.  B.  i2,  f''  238. 

Une  famille  de  Joux,  citée  par  Gourdon  de  Genouillac, 
portait  d'or  frellé  de  sable.  Est-ce  la  même:' 

39.  St-Germain-en-Laye,  décemijre  1630. —  Lettres 
de  naturalilé  accordées  à  Jacques  Boucher,  marchand 
mercier,  tils  de  père  et  mère  français  retirés  à  Cham- 
béry,  fixé  lui-même  à  Dijon  depuis  vingt  ans  environ. 
—  È.  H  février  1631.  B.  42,  f«  42. 

40.  St-Germain-en-Laye,  février  1033.  —  Lettres 
de  naturalilé  accordées  à  François  Charles,  natif  des 
village  et  paroisse  de  Chamonix  en  Faucigny,  duché  de 
Savoie,  demeurant  en  la  ville  de  Semur-en-.Auxois, 
établi  en  France  depuis  quelques  années.  —  E.  22  avril 
1033.  B.  42,  f"  155. 

Cette  famille  est  représentée  aujourd'hui  par  M.  Char- 
les ,  ancien  notaire  à  Saulieu  et  membre  du  conseil 
d'arrondissement  de  Semur-en-Auxois.  Un  membre  de 
celle  maison,  Jean  Charles,  juge  à  Saulieu,  épousa 
Anne  Marotte:  sa  lille,  Jeanne,  morte  le  15  février  1810, 
s'unit  en  septembre  1749  à  Sébaslien-Joseph  Espiard, 
chevalier,  seigneur  de  Meixpinot,  ancien  gendarme  de 
la  garde  du  roi,  lils  de  Philibert  Espiard,  chevalier, 
seigneur  de  Mftcon,  Meixpinot,  chevalier  de  St-Louis, 


capitaine  au  régimenl  de  Roanne,  et  de  Madeleine  de 
Dreux-Brézé,  et  en  eut  seize  enfants,  qui  formèrent 
les  branches  de  Meixpinot,  de  Montpreseuil,  de  Co- 
îonge  et  de  Mozile  (1). 

41.  St-Germain-en-Laye,  novembre  1633.  —  Lettres 
de  naturalité  accordées  à  Antoine  Moral,  marchand 
mercier,  natif  de  Savoie,  établi  à  Dijon  depuis  un  an 
et  demi  et  marié  audit  lieu.  —  E.  10  janvier  163i. 
B.  42,  fM87. 

42.  St-Germain-en-Laye,  décembre  1634.  —  Lettres 
de  naturalité  accordées  à  Pierre  du  Pasquier  (s/c),  fils 
de  noble  Pierre  du  Pasquier  [sic],  savoyard,  de  Gham- 
béry,  secrétaire  de  l'église  de  St~Pierre,  diocèse  de 
Vienne,  et  docteur  en  théologie.  —  B.  44,  f°*273. 

Un  membre  de  cette  famille,  religieux  franciscain, 
a  laissé  plusieurs  ouvrages  de  théologie. 

43.  St-Germain-en-Laye,  avril  1635.  —  Lettres  de 
naturalité  accordées  à  Guillaume  Mathieu  ,  natif  de  la 
vallée  de  Seiseries  en  Savoie,  fixé  à  Ghâlons-sur-Saône, 
et  possédant  la  valeur  de  150  livres.  —  E.  2  mai  1635. 
B.  42,  fo  "239. 

Le  25  décembre  1816  des  lettres  de  naturalité  furent 
délivrées  à  André  Mathieu,  sous-lieutenant  d'mfanterie 
en  non  activité,  né  à  RumUly  en  Savoie  en  1788. 
Appartenait-il  à  la  même  famille?  nous  l'ignorons. 


(1)  Une  nièce  de  M"-"  Espiardde  Meixpinot,  Marie-Ttiérèse  Char- 
les, s'unit  le  8  août  1813  à  Dominique  Dubled,  d'une  ancienne 
famille  de  bourgeoisie  de  Saulieu. 


223 


LOUIS    XIV 
1643-1715 

ii.  Paris,  mars  1645.  — Lellresdo  iiaturalilô  accoi- 
dées  à  Pieiie  Callod  ou  Calloud,  nalif  de  Monlfalcon (I) 
près  Cliainbéry,  à  présent  curé  de  Farges,  ressort  du 
parlement  de  Dijon.  —  E.  5  avril  1645,  à  la  charge  de 
donner  la  somme  de  trois  livres  aux  pauvres  de  l'iiô- 
pital  do  Dijon.  B.  44,  f»  302. 

45.  Paris  ,  janvier  1646,  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Pierre  Amprin,  nalif  de  la  Val-d'Isère, 
pays  de  Tarenlaise  en  Savoie,  étalili  depuis  trois  ans 
à  Bourg-en-Bresse,  marié  audit  lieu  et  faisant  tralic  de 
marchandise.  —  E.  le  8  mai  1646,  à  la  charge  d'au- 
mùner  la  somme  de  six  livres  tant  aux  couvents  des 
pères  Jacobins,  Carmes  et  Cordeliers,  qu'aux  pauvres 
de  l'hôpital.  B.  44,  [<>  330. 

46.  Fontainebleau,  août  1646.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Catherin  Trepier ,  docteur  en  théologie  , 
doyen  d'Auhonne,  curé  de  la  ville  de  Gex,  natif  de 
St-Jean-de-Maurienne  en  Savoie,  fixé  en  Bourgogne 
depuis  plus  de  vingt  ans.  —  E.  3  décembre  1646, 
B.  44,  f  "  403, 

La  famille  Trepier  est  encore  représentée  à  Cham- 
béry  par  M.  l'abbé  Trepier,  membre  de  plusieurs  so- 
ciétés savantes,  auteur  de  divers  travaux  histori(iues. 

i7.  Fontainebleau,  septembre  1646,  —  Lettres  de 
naturalité  accordées  à  Franf'ois  Blanc,  natif  de  la  Ta- 
renlaise en  Savoie ,  établi  à  Seurrc  depuis  quelque 

1)  Moiitlnliou,  hameau  de  la  commune  «le  la  Uioll<v 


224 

temps.  —  E.  21  janvier  1647,  à  la  charge  d'aumôner 
la  somme  de  quatre  livres.  B.  44,  f"  421. 

En  1816  des  lettres  de  naturalité  furent  accordées 
à  Jean-Franrois  Blanc,  capitaine  d'infanterie  en  demi- 
solde,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  né  en  1783  à 
Serraval  près  Thônes.  Nous  ignorons  si  quelques  liens 
de  parenté  existaient  entre  ces  deux  enfants  de  la 
Savoie.  Constatons  cependant  que  ce  nom  de  Blanc  est 
très  connu  en  Savoie. 

48.  Paris,  juin  1648.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Louis  Vallier,  prêtre,  natif  de  Sallanches  (1)  en 
Faucigny,  duché  de  Savoie,  établi  depuis  quelques 
années  au  pays  de  Bresse,  duché  de  Bourgogne,  curé 
de  Saint-Martin-d\\nglefort  (2).  —  E.  6  février  1649. 
B.  46,  f"31. 

49.  Paris,  mai  1654.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Barthélemi  Chambert,  natif  de  Beaufort  en  Sa- 
voie (3),  marchand,  demeurant  à  Chàtdlon-sur- Seine, 
établi  en  France  depuis  plusieurs  années  et  marié  à 
Chàtillon. —  E.  9  décembre  1654,  à  la  charge  de  donner 
la  somme  de  six  livres  aux  pauvres  de  l'hôpital  et  aux 
couvents  des  pères  Jacobins ,  Cordeliers  et  Carmes  de 
Dijon.  B.  48,  P  26. 

50.  Paris,  octobre  1660.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Jacques  Delean  (4),  prêtre,  natif  du  vHlage 
de  la  Balme-de-Thuy  (5)  en  Savoie  ,  établi  en  France 

(1)  Sallanches,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Bonne- 
ville. 

(2)  Anglefort,  canton  de  Seyssel,  arrondissement  de  Belley. 

(3)  Beaufor  t,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  d'Albertville. 

(4)  Dans  l'original  le  nom  est  écrit  de  Léan. 

(5)  La  Balme-de-Thuy  ,  canton  de  Thônes  ,  airoudisseinent 
d'Annecy. 


225 
depuis  un  an  ciiviion.  (iidoiiiié  pnMre  el  pourvu  de  la 
cure  d'Ocliiaz  (l)  en  Micliaille,  pays  de  Bugey,  cure 
d'un  revenu  de  cinijuaiile  livres  environ,  à  la  nomina- 
tion des  religieux  de  Nantua.  —  K.  4  mai  1002,  à  la 
charge  de  donner  la  somme  de  douze  livres  aux  cou- 
vents des  pères  Cordeliers,  Carmes  et  Jacobins  et  à 
l'hôpital  du  Saint-Esprit,  à  Dijon.  B.  49,  [•>  406. 

ôl.  Fontainebleau,  seplemlire  lOGl.  —  Lettres  de 
naturalité  accordées  à  Théodule  Boudin,  marchand 
mercier,  natif  de  l.i  paroisse  de  Beaufort(2)  en  Savoie, 
lils  (le  Théodule  Boudin  et  de  Jeanne  Vallel,  établi 
depuis  quelques  années  à  Italente  (3)  et  marié  audit 
lieu.  —  E.  7  juillet  1002,  à  la  charge  d'aumoner  la 
somme  de  six  livres  aux  couvents  des  pères  Cordeliers, 
Carmes  et  Jacobins  et  aux  pauvres  de  l'hôpital  de  Di- 
jon. B.  49,  fo1l2. 

Théodule  Boudin  eu(,  entre  autres,  un  lils  (jui  s'éta- 
blit comme  marchand  à  Avallon  et  fut  l'aïeul  de  Fran- 
çois Boudin,  né  le  20  avril  1720,  et  conseiller  du  roi, 
président  au  grenier  à  sel  de  cette  ville  d'Avallon.  La 
descendance  de  ce  dernier  se  divisa  en  deux  branches. 
A  l'une  d'elles  appartenait  François-Louis  Boudin  de 
Hoville.  né  à  Avallon  le  21  septembre  1778,  baron  sous 
la  Kfslauration,  grand-oflicier  de  la  Légion  d'honneui-, 
ciievalier  des  ordres  de  St-Louis  et  de  la  Couronne  de 
fer,  général  de  brigade,  commandant  du  département 
de  l'Yonne,  etc.  (4).  A  l'autre  branche  se  rattachait 

(1)  Ochiaz,  canton  de  ChàlilIoii-de-Michaillo. 

(2)  Bcaufnrl,  ciief-lieu  di-  caiilun,  arrondisseiiienl  il'AlberlvilIo. 

(3)  Italente,  canton  d'Aignay-le-Huc,  arn^nilissenient  ilo  Cliàtillon- 
sur-Seine. 

(4)  Nous  n'avons  pu  savoir  quul  ôlait  le  hiason  du  génC'nl  baron 
Boudin  de  Roville. 


226 

Lazare-Nicolas  Boudin  de  Vesvres,  chevalier  de  l'em- 
pire, inspecteur  général  des  postes  et  relais,  membre 
du  collège  électoral  de  l'Yonne,  président  du  canton 
d'Avallon,  et  père  de  Jean-Baptiste  Boudin  de  Vesvres, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  avocat,  chef  de 
bataillon  de  la  garde  nationale  de  Paris  en  1848  (1). 

52.  Paris,  janvier  1663.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Jacques  Bourgeret,  natif  de  Bozel  (2)  en 
Savoie,  établi  en  Bourgogne  depuis  quelque  temps  et 
fixé  à  Cuiseaux.  —  E.  5  mars  1663,  à  la  charge  d'au- 
môner  la  somme  de  huit  livres  aux  pères  Cordeliers, 
Carmes  et  Jacobins  et  aux  pauvres  de  l'hôpital  de  la 
ville  de  Dijon.  B.  4-9,  ^  133. 

53.  St-Germain-en-Laye,  janvier  1667.  —  Lettres  de 
naturalité  accordées  à  Jean-Jacques  de  Marest,  comte 
de  Sl-Agneux,  baron  de  Rocheforl,  seigneur  de  St-Paul, 
Châteaux-Bouchard,  etc.,  natif  de  la  paroisse  de  Saint- 
Paul  (o)  en  Savoie,  établi  depuis  dix  ans  à  Rocheforl  (4) 

près  Belley  en  Bugey.  —  E (5),  à  la  charge  d'au- 

môner  la  somme  de  trente-six  livres  aux  couvents  des 
pères  Cordeliers,  Carmes  et  Jacobins  et  aux  pauvres 
de  l'hôpital.  B.  49,  f°  258. 


(1)  Boudin  de  Vesvres  reçut,  avec  le  titre  de  chevalier  de  l'em- 
pire, les  armoiries  suivantes  :  de  gueules  au  guerrier  à  cheval 
galopant,,  contourné  et  perçant  d'une  lance  un  dragon,  le  tout 
d'argent  soutenu  d'une  terrasse  de  même;  Champagne  d'azur  du 
tiers  de  Vécu,  chargée  d'une  étoile  à  douze  rais  d'or. 

(2)  Bozel,  ciief-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Moùtiers. 

(3)  Saint-Paul-sur-Yenne,  canton  d'Yenne,  arrondissement  de 
Chambéry. 

(4)  Eochefort,  commune  de  Gressin,  canton  de  Bolley. 

(5)  La  date  est  en  blanc  dans  l'original. 


227 

54.  Saiiit-Geinuiiii-on-LayL'.  oclohrc  1009.—  Lellie> 
(le  naluralilé  accordées  à  Jeau-Bapli.stc  Ci)ambiT,  nalif 
de  Gliampagny  ^^i  Savoie,  marchand  mercier  à  Lou- 
haiis,  établi  audil  lieu  où  il  s'est  marié. — E.l'^'"déccmbre 
1070,  à  la  charge  d'aumôner  la  .somme  de  six  livres 
aux  pauvres  de  l'hûpilal  et  aux  couvents  des  pères 
Gordeliors.  Carmes  et  Jacobins  de  Dijon.  B.  51, 1"  100. 

55.  Salnl-Germain-cu-LayO;  février  1070.  —  Lettres 
patentes  portant  permission  à  .\lexanure  Girard  de 
Scaglia,  comte  de  Vei'rue,  marquis  de  Galuzc  et  d'Or- 
ges, gentilhomme  de  la  chambre  et  premier  l'cnver  du 
duc  de  Savoie,  et  à  ses  descendants  en  ligne  diiecte, 
de  po.^séderen  toute  propriété  les  teiTes  et  biens  qu'ils 
ont  acquis  en  France  et  qu'ils  pounont  acquérir.  — 
E (1).  B.  51,  f»  107. 

La  famille  de  Scaglia  portait  d'azur  à  la  croix  fleinc 
(Ir  sahle,  cantonnée  de  quatre  losanges  de  uiêmc.  Un 
mcmlne  de  cette  maison.  Auguste  de  Scaglia  de  Verrue, 
abbé  de  Suze  et  natif  de  Piémont,  fut  aussi  naturalisé 
français  en  mai  1071  ('2i. 

50.  Sl-Germain-en-Laye,  mars  1070.  —  Lettres  de 
naluralité  accordées  à  Jean  Bonnol,  natif  de  Fauci- 
gny  (3)  en  Savoie,  marchand  mercier  à  Tourims,  lixé 
audit  lieu  depuis  plusieurs  années.  —  E.  18  juin  1070. 
à  la  charge  d'aumônei-Ia  somme  de  six  livres  aux  cou- 
vents des  pères  Gordeliers,  Carmes  et  Jacobins  et  aux 
pauvres  de  l'hôpital  de  Dijon.  B.  51,  f°  100. 


(1)  La  date  do  l'cnregislrenicnt  est  restée  en  blanc  dans  l'uii^^ioal. 
(3)  Les  lettres  patentes  accordées  à  Aug.  de  Scaglia  .siwit  datées 
de  Dunkenjue.  (Archives  de  la  Côte-d'Or.  B.  51,  1"  178. } 
(3)  Faueifinv,  canton  et  airondisscment  de  Uonm-ville. 


528 

57.  Saint-Germain-eii-Laye,  mai  1670.  —  Lettres  de 
naluralité  accordées  à  Charles  Lomel,  prêtre,  curé  de 
Lavours  (1)  en  Bugey,  natif  de  la  Val-d'Isère  en  Savoie, 
établi  en  France  depuis  quelques  années.  — E.  24  juillet 
1670,  à  la  charge  d'aumôner  la  somme  de  six  livres 
aux  couvents  des  pères  Cordeliers,  Carmes  et  Jacobins 
et  aux  pauvres  de  l'hôpital  de  Dijon.  B.  51.  f"  164. 

58.  Versailles,  1^'  septembre  1671.  —  Lettres  de 
naturalité  accordées  à  Félix  Baudry,  chirurgien,  natif 
de  Grésy-sur-Isère  (2)  en  Savoie,  et  établi  à  Villaine- 
en-Duesnois  (3),  province  de  Bourgogne,  depuis  plu- 
sieurs années.  —  E.  28  mars  1672,  à  la  charge  d'au- 
môner aux  couvents  des  pères  Cordeliers,  Carmes  et 
Jacobins,  ainsi  qu'aux  pauvres  de  l'hôpital  de  Dijon, 
la  somme  de  six  livres.  B.  51,  f'^  196. 

Les  Baudry  de  Marigny  descendent-ils  du  chirurgien 
savoisien?  Nous  ne  pouvons  l'affirmer.  Tout  ce  que 
nous  pouvons  certifier,  c'est  que  les  archives  de  la 
Cùte-d'Or  ne  signalent  la  présence  en  Bourgogne  des 
seigneurs  de  Marigny  qu'après  l'année  1671,  date  des 
lettres  patentes  données  à  Félix  Baudry.  Ainsi  Jean 
Baudry  fut  nommé  châtelain  de  Villaine-en-Duesnois 
en  1694  (4),  puis  conseUler  secrétaire  du  roi  le  11  dé- 
cembre 1706  (5);  son  tils,  André,  capitaine  des  charrois 
de  l'artillerie  et  seigneur  de  Villaineelde  Coulmier(6), 

(1)  Lavours,  canton  et  arrondissement  de  Belley. 

(2)  Grésy-sur-Isère,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  d'Albert- 
ville. 

(3)  Yillaiiic-eii-Duesnois,  commune  du  canton  de  Baigneux-les- 
Juifs,  arrondissement  de  Chàlillon-sur-Seine. 

(4)  B.  55,  f  429. 

(5)  Il  fut,  l'n  outre,  maire  de  Villaine-en-Duesnois.  B.  10902. 

(6)  D.  10902. 


229- 

épousa  Hernarcle  Gaveau  el  en  eut  Anilré  Bautiiy,  ca- 
pitaine (rartillerie,  grand-maître  des  eaux  et  forêts, 
qui  de  Catherine  Lorencliet  laissa  Jean,  conseiller  au 
parlement  de  Paris,  grand-maîlre  des  eaux  et  forêts  en 
1768  [l).  Ce  Jean  Baudryde  Villaine  fut  lui-même  père 
de  M""^*  d'Aligre  et  de  Villevaudrey  et  d'AndiVi-Jean- 
Bapiisie  Baudry  de  Marignj  ,  seigneur  de  Villaine , 
Coulmier,  Vauginois,  Arcy,  etc.,  conseiller-maître  en 
la  chambre  des  comptes  de  Paris  (i2).  Encore  une  fois 
nous  n'aflii-mons  rien;  nous  constatons  des  faits  pure- 
ment et  simplement. 

59.  Versailles,  novembre  107:2.  —  Lettres  de  natu- 
ralité  accordées  à  Claude  Merigaudet,  prêtre,  fils  de 
Claude  Merigaudet  et  de  Pétronille  Romanez,  nnlif 
d'Ayse  (3)  en  Savoie.  —  E (i).  B.  .')! .  1"  -lio. 

60.  St-Germain-en-Laye,  mai  1679.  —  Lettres  de 
naturalilé  accordées  à  Jean-Francois  Alerme,  natif  de 
Bellecombe  (5)  en  Tarentaise,  pays  de  Savoie,  l'ésidant 
à  Louhans  depuis  plus  de  douze  ans  et  marié  audil 
lieu.  —  E.  7  juillet  1679,  à  la  charge  d'aumùner  la 
somme  de  six  livres  aux  couvents  des  pères  Cordellers 
et  Jacobins  et  aux  pauvres  de  l'hôpital  de  Dijon.  B.  53, 
f"49. 

61.  St-Germain-en-Laye,  mars  1681.  —  Lettres  de 
naturalité  accordées  à  Jean-Baptiste  Febvre,  natif  de 

(1)  B.  10995  L'I  B.  11060. 

(2)  B.  11081.  Les  Baudry  de  Villaine  et  de  Marigny  (jui  ii'oiil 
pas  été  reçus  aux  états  de  Bourgogne  portaient  d'or  à  trois  mains 
senestrées  de  fjucules. 

(3)  .\ysf,  canton  el  arrondis.semeiit  de  Bonneville. 

(4)  La  date  est  en  blanc  dans  l'original. 

(fi)  Bellecombe,  canton  d'Ugine,  arrondissement  d'Albertville. 


230 

Bcaufort  en  Savoie,  cavalier  de  la  compagnie  des  gardes 
du  duc  d'Enghien,  gouverneur  de  Bourgogne  et  Bresse, 
attaché  depuis  longtemps  au  service  du  loi.  ayant  fait 
plusieurs  campagnes,  assisté  à  divers  sièges,  pris  part 
à  la  batadle  de  Senef,  et  affronte  les  dangers  les  plus 
périlleux  (1).  —  E.  26  mars  1681,  à  la  charge  d'au- 
môner  la  somme  de  six  livres  aux  couvents  des  pères 
Cordeliers,  Carmes  et  Jacol)ins  et  aux  pauvres  de  l'hô- 
pital de  la  ville  de  Dijon.  B'.  53,  f°  223. 

62.  Marly,  mars  1691 .  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  François  Balraa,  natif  de  Champagny,  diocèse 
de  Tarenlaise  en  Savoie,  marchand  à  Poniaillier-sur- 
Saône  (2)  en  Bourgogne.  —  E.  16  juin  1692,  sur  lettres 
de  surannation  du  22  mai  précédent. 

63.  Versailles,  janvier  1697.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Maurice  Mousselard  et  Pierrette  Recordon, 
sa  femme,  Maurisc  Mousselard,  leur  i\lle;  Claude  Re- 
cordon et  Françoise  Arnod ,  sa  femme,  Jeanne-Marie, 
Jean-Gaspard,  Jeanne  et  autre  Jeanne,  et  Jean  Recor- 
don, leurs  enfants;  lesdits  sieurs  Mousselard  et  Recor- 
don, marchands,  natifs  de  Villaroger  (3)  en  Tarentaise, 
pays  de  Savoie,  établis  en  Bourgogne  depuis  quelque 
temps  et  tixés  à  Châlons-sur-Saône.  —  E.  25  février 
1698.  B.  57,  fo  75. 

64.  Versadles,  janvier  1700.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  André  Dunand ,  natif  de  Couverclas,  pa- 

d)  J.-B.  Fehvre  résidait  depuis  un  certain  temps  à  Dijon. 

(2)  Poutaillier-sur-Saùne,  chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de 
Dijon. 

(3)  Villaroger,  canton  de  Bourg-Saint-Maurice,  arrondissement  de 
Morttiers. 


^281 
loisse  (les  Cliaviellcs  (h  en  TareiUyiso,  fixé  à  Aliso- 
Ste-Reiiie  (2),  et  marie  audit  lieu,  on  1G99,  à  Eliemielte 
Garnier.  —  E.  lu  juin  1700.  B.  57,  f"  149. 

A  celte  famille,  très  nombreuse  en  Savoie,  se  ratta- 
chent :  Catherine^  fille  de  Jacques  Dunand  et  épouse 
d'Anselme  Alhriel,  des  Chapelles,  mort  en  1 799,  et  inrre 
d'une  lille  et  trois  lils;  Jean-Maurice,  marié  à  If-^Albriet, 
cousine-germaine  du  président  du  tiibunal  d'Albert- 
ville, de  ce  nom;  Maurice,  époux  de  Nicolle  Billiet. 
sœui'  du  cardinal-archevôque  de  Chambéry,  etc.  Rap- 
pelons ici  que  des  lettres  de  naturahté  ont  été  accor- 
dées en  1817  à  Etienne  Dunand.  lieulenaiil  d'infanterie, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  né  en  1783,  à  Ber- 
nex  (3)  :  en  1834,  à  Jean  Dunand.  direcleur  de  l'école 
normale  de  Chartres  (4),  né  en  1808,  à  Nancy-snr- 
Cluses  (5),  et  en  1835,  à  Maurice  Dunand,  élève  en 
pharmacie,  né  en  1800,  à  Fessons-sur-Salins  (6). 

05.  Versailles,  septembre  1708.  -—  Lettres  de  natu- 
rahté accordées  à  Joseph  Berlier,  marchand  à  Ciiàlons- 
sur-Saône,  natif  de  Bai'celonnette  (7),  appai'tenant  au 


(1)  Les  Cliapellos-Saint-Maurice,  canton  de  Bourg-Saint-.Mnurice, 
arrondissement  de  Moiitiers. 

(2)  Alise-Sainte-Reinc,  canton  de  Flavigny,  airundissement  de 
Seniur-en-Auxois. 

\3}  Bernex,  canton  d'Abondance,  arrondisseiDenl  de  Thonon. 
('!)  M.  Dunand  a  regu  depuis  les  palmes  d'ollicier  d'académie. 

(5)  Nancy-sur-CIuses,  canton  do  Cluses,  arrondissement  île  Con- 
neville. 

(6)  Fessons-sur-Salins ,  canton   de  Bo/el.   arrondissement  de 
Moiltiers. 

(7)  Barcelonnette,  cliof-lieu  d'arrondissement  du  déparlement  des 
Basses-Alpes. 


232 

duc  de  Savoie,  établi  en  France  depuis  dix  ans  et  mai'ié 
audit  Châlons.  —  E (1).  B.  59,  P  176. 

Le  17  avrU  182"2,  des  lettres  de  naturalité  ont  été 
aussi  accordées  à  Pierre  Berlier,  médecin  oculiste  à 
Lyon,  né  à  Serrières  (:2)  en  1775. 

De  Joseph  Berlier  descend  Jean- Baptiste  Berlier, 
colonel  du  36^  de  ligne,  général  de  brigade,  officier  de 
la  Légion  d'honneur,  baron  de  l'empire  en  1808,  pair 
de  France  aux  Cent-Jours,  et  père  du  colonel  baron 
Berliei'.  Armes  :  écartelé  aux  1  et  4  d'argent  à  trois 
lionceaux  de  sable  posés  deux  et  un;  au  2  de  baron  mi- 
litaire; au  S  de  gueules  à  la  lance  ancienne  en  pal 
d'argent. 

Une  autre  branche  de  cette  famille  se  lixa  d'abord 
dans  le  Forez,  puis  vint  s'établir  à  Dijon  en  la  personne 
de  Mathieu  Berlier,  marchand  quincaillier,  rue  Condé. 
Le  fds  de  ce  dernier,  Guillaume,  né  à  Dijon  le  3  no- 
vembre 1699,  fut  reçu  avocat  au  parlement,  reprit  en- 
suite le  fonds  de  commerce  de  son  père,  et  laissa,  de 
Marie-Benoîte  Didier,  trois  fds  :  l'un,  Théophile,  garde- 
marteau  en  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  de  Châtillon- 
sur-Seine,  mourut  sur  l'échafaud  révolutionnaire  ;  un 
autre,  Antoine,  fut  notaire  à  Dijon,  et  enfin  le  troisième, 
Adrien,  né  le  21  juin  1 731,  fut  reçu  avocat,  et,  comme 
son  père,  embrassa  la  carrière  commerciale.  Adrien 
Berlier,  qui  s'était  uni  à  Jeanne  Baudot,  d'Is-sur-Tille, 
fut  le  père  du  célèbre  conseiller  d'Etat,  qui  fut  l'un  des 
principaux  rédacteurs  du  Code  Napoléon  et  qui  reçut 
de  l'empereur  le  titre  de  comte  avec  les  armoiries  sui- 
vantes :  Parti  au  /er  de  sable  au  bélier  d'argent;  au  2 

(1)  La  date  de  l'enregistrement  est  en  blanc  dans  l'original. 

(2)  Serrières,  canton  de  Ruflieux,  arrondissement  de  Chambéry. 


533 

d'argent  à  un  mal  de  pampre  de  sinople;  franc  tjuarlicr 
de  comte  comciller  d'Etat  (\). 

Né  à  Dijon,  le  l<"-  février  1761,  et  mort  au  même  lieu 
le  12  septembre  18  i4-,  le  comle  Théophile  Berlier  épousa 
Marie-Franroise-Blanche  Marlot.  raorlo  le  25  décembre 
170'.),  puis  Marguerite-Eugénie,  fille  (rEdme-Antoiiie 
Viliiers,  chevalier  de  Lonjeau,  député  au  corps  législatif, 
et  en  eut  entre  autres  une  tille.  Aimée,  mariée  en  18-25 
au  docteur  Eugène  Masson  (-2).  et  un  lils,  le  comte  Gus- 
tave Berlier,  veuf  en  1840  de  Nlcnle-Francoise-Eugénie 
Bienot.  lille  du  colonel  d'état-major  de  ce  nom,  et  père 
(le  deux  enfants  :  Eugène-Théophile,  né  en  1838,  et 
Aimé-Théodore-Georges,  né  en  1840. 

66.  Versailles,  21  mars  1714.  —  Lettres  de  iialura- 
lité  accordées  à  Jean-Pierre  Fournier,  marchand  de 
mercerie  à  Seurre,  natif  d'Albiez  i3),  an  duché  de 
Savoie,  fixé  d'abord  en  Franche-Comté,  puis  en  Bour- 
gogne, marié  audit  lieu,  où  il  est  établi  depuis  dix-huit 
ans.  —  E.  8  mai  1714.  B.  60,  f^  234. 


rouis    XY 
1715-1775 

67.  Paris,  25  mars  1717.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Maurice  Chesnal ,  natif  de  la  paroisse  de 

U;  Une  rue  de  Dijon  porte  le  nom  de  .M.  Berlier. 

(2j  Le  docteur  .Masson,  qui  a  trois  fils,  est  lui-niùuie  cousin-ger- 
main de  .M.  le  conseiller  Foisset,  bien  connu  du  monde  lilt'iraire 
et  religieux;  sa  nièce,  décodée  en  1863,  avait  épous-  André  de 
Roye,  propriétaiie  à  Heaune,  et  oncle  de  l'anleurde  c<'  travail. 

(3)  Albiez,  canton  et  arrondissement  de  St-.rean-de-Maurienne. 

15 


i^34 

Ste-Foy  (l)  en  Tarenlaise,  diocèse  de  Sainl-Pierre-le- 
MoûUei's,  en  Savoie,  marchand  ambulant  on  Bourgogne 
depuis  vingt  ans,  établi  en  ladite  province  depuis  cinq 
ans,  avec  sa  femme  Marie-Angrlique  Marmoiant  et  ses 
enfants  :  Joseph,  âgé  de  17  ans,  Gaspard,  âgé  de  1(5  ans, 
et  Jeanne,  nés  tous  trois  à  Sie-Foy,  en  Savoie,  et  fixés 
à  Avallon.  —  E.  5  juin  1717.  B.  60,  f^Ml . 

Une  personne  de  cette  famille,  Claudine  Chcsnal, 
épousa  Maurice  Bazile,  de  Ste-Foy,  marchand  en  Bour- 
gogne, et  en  eut  entre  autres  une  fille,  Marie,  qui  s'unit, 
en  1732,  à  Jean-Nicolas  Girardin,  écuyer,  seigneur  de 
Golan  et  de  Trèsfontaines,  conseiller-secrétaire  du  roi, 
fils  de  Jean  Girardin,  seigneur  de  Golan  et  de  Trèsfon- 
taines, receveur  général  de  S.  A.  R.  le  duc  d'Orléans,  et 
de  Marthe-Judith  Barrault.  De  ce  mariage  vinrent  : 
1°  Claudine,  née  en  1740,  morte  en  1827,  mariée  en 
1762  à  Joseph-Gabriel  Bazile  du  Clos  (2);  2°  Jean-Bap- 
tiste, seigneur  de  Golan;  3"  Maurice  Bazile,  seigneur  de 
Golan,  chevaliei-  de  St-Louis,  adjoint  au  maire  de  Ton- 
neri'o,  mort  en  1826,  après  avoir  été  marié  deux  fois; 
4°  Edme,  seigneur  de  Trèsfontaines,  Argentenay,  etc., 
né  en  1744,  moit  en  1828.  chevalier  de  St-Louis  et 
lieutenant-colonel,  marié  en  1775  à  Catherine-Suzanne 
Cachet,  et  père  de  :  1°  François  Girardin  de  Trèsfon- 
taines, décédé  en  1826,  époux  d'Aimée-Zélie  Lebœuf- 
Beauvais,  d'où  une  fille,  femme  de  M.  Gislain,  receveur 
principal  à  Sens;  2"  Jeanne  Girardin  d' Argentenay,  née 
en  1781,  morte  en  1828,  mariée  en  1790  à  Jacques- 
Philibert  Bruzard,  receveur  particulier  des  finances,  et 

(1)  Ste-Foy,  canton  de  Boiirg-Saint-Maurice,  arrondissement  de 
Moùliers. 

(2)  C.  sur  ce  Bazile  du  Clos  le  n°  72. 


235 

mt'redpM'"«^Rauclof,  Giiiod  el  Pocliin,  cl  do  M.  Arlliur 
Briizard. 

G8.  Paris,  9  juillet  1718.  —  Lellios de  déclaialiou  de 
naturalité  accordées  à  Henri  Alliod,  natif  de  Bellecombe. 
en  Savoie,  fixé  en  Bourgogne  depuis  plusieurs  années, 
—  E.6aoùl  1718.  B.Gl,  f>' 58. 

Un  M.  Jules  Alliod,  avocat,  a  publié  à  Lyon,  en  1860, 
un  Essai  historique  sur  les  législations  anciennes  du 
Lyonnais.  Est-ce  un  descendant  d'Henri  Alliod? 

69.  Paris,  juin  1719.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Michel  Relier,  (ils  de  Michel  Relier  et  d'Antoi- 
nette Roy,  natif  des  Avanchers  (1),  eu  Tarentaise,  lixé 
depuis  trente  ans  en  France,  et  établi  à  Louhans,  où  il 
fait  négoce  et  commerce  de  marchandises.  —  E.  2U  fé- 
vrier 17-20.  B.  61,  fo53. 

70.  Paris,  avril  1720.—  Leilresde  naturalité  accor- 
dées à  Maxime  Arnollet,  marchand  à  Auberivc  (-2).  natif 
de  Granier  (3),  en  Tarentaise.  —  E.  26  juin  17-20,  à  la 
charge  d'aumûner  la  somme  de  dix  livres  à  rhôpital 
de  Dijon  et  pareille  somme  à  l'aumùne  générale.  B. 
61,  fo20'2.  V.  n»  8-2. 

71.  Paris,  8  avril  17-20.  —  Lettres  de  déclaration  de 
naturalité  accordées  à  Laurent  et  à  Pierre  Salomon, 
fn^-res.  natifs  de  Chambéry,  fils  de  Félix  Salomon  et 
d'Antoinette  Veinier,  iixés  en  Bourgogne.  —  E.  13  août 
17-20.  à  la  charge  d'aumôner  à  liiOpilal  général  et  à 
raumùne  générale  de  Dijon  la  somme  de  vingt  livres. 
B.  61,  l'^202. 

(1)  Les  Avanchers,  canton  et  ari'Ondissetnent  de  MotUiers. 
{'i)  Auberive,  chef-lieu  de  canton,  atTondis-semonl  de  Langres. 
(3;  r.ranief,  fianlon  d'Aimé,  ai  rondissenient  de  Muilliers. 


236 

Le  nom  de  celte  famille  est  assez  répandu  en  Savoie  ;. 
le  24  janvier  1815,  Pierre-Antoine Salomon,  sergcnten 
retraite  à  Chambéry,  né  à  St-Jean-de-Maurienne  et  âgé 
de  GO  ans.  a  été  autorisé  à  établir  son  domicile  en 
France  et  à  y  jouir  de  tous  les  droits  civils. 

72.  Paris,  28  novembre  1720.  —  Lettres  de  naluralité 
accordées  à  Maurice  Bazile.  natif  de  Ste-Foy  en  Taren- 

taise  et  fixé  à  Châtillon-sur-Seine.  —  E (1).  B.  62, 

fû  7.  V.  n»^  85,  86,  87  et  98. 

1"  Jacques  Bazile,  de  Ste-Foy,  épousa  :  1°  Andrée 
Empereur;  2"  Jeanne-Françoise  Barlet,  et  laissa  : 
1»  Maurice,  qui  suit:  2°  Pieire,  né  à  Ste-Foy  le  28 
septembre  1700,  naturalisé  en  octobre  1755  par  lettres 
enregistrées  à  Paris  le  8  janvier  1756,  conseiller  du  roi, 
président  au  grenier  à  sel  de  Châtillon-sur-Seine  le 
15  octobre  1756;  3"  Gabriel;  4°  Jacques;  5°  Bazde, 
naturalisés  tous  trois  le  7  mars  1743. 

2»  Maurice  Bazile,  né  le  6  avril  1696,  naturalisé  le 
28  novembre  1720,  fut  nommé  greffier  au  grenier  à  sel 
de  Châtillon-sur-Seine  le  26  mars  1740  et  épousa 
Anne  Rose,  de  Tonnerre,  dont  il  eut  entre  autres  : 
lo  Vivant,  qui  suit:  2°  Jacques,  rapporté  après  son 
frère. 

3"  Vivant  Bazile,  né  le  28  août  1729,  fut  nommé  con- 
seiller du  l'oi,  grenetier  au  greniei'  à  sel  de  Châtillon- 
sur-Seine  le  15  novembre  1749,  et  mourut  le  5  juillet 
1759;  il  avait  épousé  le  10  novembre  1755  Charlotte 
Bovary,  décédée  à  Tonnerre  en  1807,  d'où  un  fils, 
Claude,  qui  suit. 


i»  Claude  Bazde.  commissaire  des  guerres,  maire  de 


I, 


a' 


(1)  Lu  date  est  en  l)lanc  daus  l'origiual. 


237 

la  ville  de  Tonnerre,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
né  en  175(5,  mourut  le  14  novembre  1841.  Claude  Ba- 
zile,  dont  nous  avons  raconlé  ailleurs  la  féconde  carrière 
administralive  (1),  s'unit  à  Charlolle  Gauthier,  de 
Tonnerre,  et  en  eut  deux  fds ,  dont  Tun,  Auguste- 
Claude-Denis,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  chef 
de  bataillon  en  retraite,  est  né  le  20  janvier  1792. 

3o  Jacques  Bazile,  frère  de  Vivant  Bazile,  né  le  Hi  dé- 
(;embre  1 731 .  fut  conseillei-  du  roi,  grenetier  au  grenier 
àseldeChàtillon-sur-Seine  en  1769,  et  mourut  en  cette 
ville  le  24  février  1804,  en  laissant  entre  autres  de 
Jeanne  Grappin,  qu'il  avait  épousée  en  175i  :  l"Anne, 
qui  suit;  2»  Claude-Maurice,  né  le  3  juillet  1765,  mort 
le  22  avril  1806  sans  alliance. 

4°  Anne  Bazile,  née  le  13  janvier  1762.  morte  à  l'âge 
de  99  ans,  épousa  en  1785  Nicolas  Joly.  avocat  du  roi 
au  badliage  de  Châtillon-sur-Seine,  et  en  eut  entre 
autres  Jeanne-Mélanie  Joly,  morte  en  18G7,  veuve  du 
docteur  Bourrée,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et 
membre  de  plusieurs  sociétés  savantes,  d'où  trois 
enfants  : 

1°  Un  autre  membre  de  cette  famille.  Jean-Baptiste 
Bazile,  se  fixa  à  Joigny  et  épousa  Claudine  Grassien, 
de  St-Florentin,  décédée  en  1807  et  appartenant  elle- 
même  à  une  maison  originaire  de  Savoie.  Jean-Baptiste 
Bazile  laissa  :  1"  Gabriel,  qui  suit;  2''  Joseph-Gabriel, 
(|ui  suivra. 

2"  Gabriel  Bazile,  maii-e  perpétuel  de  la  ville  de 
Joigny,  épousa  le  22  septembre  1706  Marie-Edmée 
Delamarre,  grand"tante  de  M.  Busson-Billaut,  ancien 

(1)  C.  ReoH'  savoisieniic,  juin  1870. 


238 

député,  et  lille  d'Edme  Dolamaire.  procureur  du  roi 
en  rélecliondeJoigny,  dont  il  eut  quatre  enfants. 

3°  Joseph-Gabriel  Bazile  du  Clos,  né  à  Tonnerre,  fut 
conseiller  du  roi,  élu  et  subdélégué  de  l'intendance  de 
Paris;  i\  épousa  Claudine,  fdle  de  Jean-Nicolas  Giiar- 
din,  écuyer,  conseiller-secrétaire  du  roi,  seigneur  de 
Golan  et  de  Trèsfontaines,  et  de  Marie  Bazile  (1),  d'où 
trois  filles. 

IVous  n'entrerons  pas  dans  de  plus  longs  détails  sur 
ctlte  famille,  nous  proposant  d'en  donner  ici  même 
une  généalogie  aussi  complète  que  possible.  Nous 
rappellerons  seulement  que  Marie-Adèle  Bazile,  femme 
de  M.  J.-B.-Ch.  Louis,  député  de  la  Côte-d'Or,  était 
fille  de  M.  Aimé  Bazile,  né  à  Ste-Foy  en  1757.  mort  à 
Châlillon  en  1858,  et  d'Anne-Françoise  Poussy;  et  que 
des  quinze  enfants  d'Aimé  Bazde,  né  à  Ste-Foy  en  4764, 
mort  à  Rouen  en  4829,  une,  Marie-Thérèse,  épousa 
son  cousin  Maurice-Jacques  Bazile,  une  autre,  Hen- 
riette, s'unit  en  4819  à  Nicolas  Forgeot,  et  un  troisième, 
Prosper,  est  médecin  à  Paris. 

73.  Paris,  janvier  4  722.  —  Lettres  de  naturalilé 
accordées  à  Gaspard  Méru,  natif  de  Savoie,  fils  de  Jean 
Méru,  marchand  à  Châtillon-sur-Cluses  (2)  en  Faucigny, 
et  de  Françoise  Magnien  ;  ledit  Gaspard  Méru,  alors 
âgé  de  48  ans,  fixé  en  France  depuis  27  ans,  et  marié 
à  Gémeaux  (3)  le  31  juillet  4744  à  Catherine,  fille  de 
Guillaume  Lecuret,  maître  pâtissier  audit  lieu,  et  de 
Denise  Ciresse.  —  E.  7  décembre  4  744,  sur  lettres  de 

,1)  C.  sur  Marie  Bazile,  dont  la  mère  était  née  Chesnal,  le  n"  67. 

(2)  Chàlillon-sur-Cluses,  canton  de  Cluses,    arrondissement  de 
Bonneville. 

(3)  Gémeaux,  canton  d'Is-sur-Tillc,  arrondissement  de  Dijon. 


230 

surannalioii  du  17  novembre  précédent.  B.  65,  1^  G. 
V.  n-  83. 

74.  Versaillos,  octobre  1722.  —  l>ettresde  naturalité 
accordées  à  Jacques^  Grasset,  iiartif  de  la  paroisse  de 
Rogeve,  diocèse  d'Annecy  en  Savoie,  lixé  en  Bourgogne 
depuis  30  ans  environ.  —  E.  14  avril  1723.  B.  t)2, 
1"  158. 

.Jacques  Grasset  a-t-il  laissé  des  descendants?  nous 
l'ignorons  et  nous  n'avons  pu  savoir  ce  qu'il  est  devenu 
lui-même  (1). 

75.  Marly,  3  avril  1725.  —  Lettres  de  déclaration  de 
naturalité  accordées  à  Marie  de  Marcenay.  lille  majeure 
de  l'eu  Nicolas  de  Marcenay,  capitaine  d'infanterie, 
originaire  de  Coulmier  (2)  en  Bourgogne,  et  d'Anne  de 
la  Roche,  de  Coise  (3)  près  Chambéry  en  Savoie,  née 
et  baptisée  en  ce  dernier  lieu,  retirée  à  Cbàtillon-sur- 
Seine  auprès  de  ses  parents  après  la  mort  de  ses  père 
et  mère,  et  ce  depuis  plus  de  sept  ans.  —  E.  28  mars 
1730.  sur  la  requête  de  Marie  de  Marcenay,  épouse  du 
sieur  Gueniclion,  écuyer,  seigneur  de  Suzoncourt  (sec), 
chevalier  de  St-Louis ,  à  la  charge  d'aumôner  vingt 
livres  à  l'hùpital  et  autant  à  l'aumône  générale  de  Dijon. 
B.  63,  f«  235. 

La  famille  de  Marcenay,  dont  les  armes  sont  lUnzur 
à  deux  gerbes  d'or  posées  en  chef  et  un  croissant  de 
même  en  pointe,  s'est  alliée  aux  Lamy,  Bourrée,  Puis- 

(1)  La  famille  Grasset,  de  Dijon,  à  laquelle  appartient  le  vice- 
pn'ïsident  ile  la  Commission  des  antiquités  de  la  Ci'ile-d'Or,  l'st 
originaire  d'Auxerre  (Yonne). 

(2)  Coulmier,  canton  et  arrondissement  de  Chàtillon-sur-Seine. 

(3)  Coise-.Saint-Jean-Pied-Gauthi(M-,  canton  de  Chamoux  .  arron- 
flissempni  d<'  Chambérv. 


240 

sanl.  Dubois,  Testot,  Ponnelle,  Beaupère,  etc.  Un  de 
ses  membres,  Voiies  de  Marcenay,  receveur  au  grenier 
à  sel  de  Cbàtillon-sur-Saône,  a  été  seigneur  de  St-Prix, 
Mercey,  Largillaz,  etc.,  et  père  de  Vorles-François- 
Elienne  de  Marcenay,  directeur  général  des  gabelles  à 
Paris;  un  autre,  Antoine  de  Marcenay  d'Eghuy,  né  en 
1724,  mort  en  1811,  membre  de  l'académie  de  St-Luc, 
fut  un  graveur  de  talent  et  un  artiste  de  mérite  (1). 

70.  Versailles,  judlet  1728.  —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  Jacques-Denis  Niger,  natif  de  Savoie,  ancien 
élève  de  l'université  do  Valence,  avocat  au  parlement 
de  Bourgogne,  et  (ils  de  Jean-Baptiste  Niger  et  de 
Marie-Anne  Gattel.  —  E.  11  août  17:28,  à  la  charge 
d'aumôner  la  somme  de  vingt  livres  à  l'hôpital  et  à 
l'aumône  générale  de  Dijon.  B.  63,  f"  109. 

Le  15  juillet  1728,  Jacques-Denis  Niger  fut  nommé 
conseille)'  du  roi ,  visiteur  général  des  gabelles  du 
Lyonnais  au  département  de  Bugey,  Gex  et  Valro- 
mey  (2). 

77.  Versailles,  10  octobre  1729.  —Lettres  de  natu- 
rahté  accoidées  à  François  Cotton,  prêtre,  vicaire  de 
la  paroisse  de  Virieux-le-Petit,  badliage  de  Belley  en 
Bugey,  né  le  15  octobre  1684  à  Seiseries  en  Savoie,  où 
se  trouvaient  alors  ses  parents ,  amodialeurs  d'une 
ferme  des  religieux  Chartreux,  située  en  Valromey.  — 
E.  19  janvier  1730.  B.  63,  f"  223. 

78.  Versailles,  février  1730. —  Lettres  de  naturalité 
accordées  à  François  Albrier,  natif  de  Saint-Martin-des- 


j 


(1)  C.  Nouvelle  biographie  générale,  j)ubliée  par  MM.  Firniin- 
Didot,  t.  XXXIII, p.  463,  notice  par.!. -P. A.  Jeandct  (di?  Verdun). 

(2)  13.  C3,  {■■■  214. 


241 

Chapelles  (1),  diocèso  de  Saiul-Piene-le-Moùliers  en 
Tareiilaisp,  duché  de  Savoie,  marchand  à  Ueauiie,  el 
iixé  audit  heu  depuis  phisieurs  années.  —  K.  2:' juin 
1730.  à  la  charge  d'aumùner  la  somme  de  vingt  livres 
à  riiôpital  el  à  raum«Mie  générale  de  Dijon.  H.  03, 
f"  218. 

De  François  Albrier  ou  Albriet  descendent  Harthé- 
lemi,  marié  à  Anne  .Masson  ;  Reine,  épouse  d'Klienne 
Moreau.  notaire  royal  et  procureur  au  bailliage  de 
Beauiie:  Françoise,  femme  de  Joseph  Mi'iaMdon,  et 
Pierre,  marchand  à  Beaune.  Ce  dernier  s'unit  à  Cuille- 
mette  Chaillot  et  en  eut  un  fils,  Claude  ,  avoué  près  le 
tribunal  civil  de  Beaune.  né  le  l^r  octobre  1750.  mort 
le  8  novembre  18-21  ,  marié  à  sa  cousine  Antoinette 
Albrier,  décédée  en  1813,  el  père  de  Philibert,  mort  à 
Beaune  le  10  février  1820,  et  de  Désirée-Reine,  morte 
sans  alliance  le  3  septembre  1809,  à  7-i-  ans. 

Originaire  des  Chapelles-St-Maurice.  la  f.'«mille  Al- 
briet ou  Albrier  se  divisa  en  plusieurs  branches,  sur 
lesquelles  nous  ne  donnerons  ici  que  quelques  notes, 
nous  réservant  de  publier  un  jour  sur  celte  maison  un 
travail  aussi  complet  que  possible. 

1°  Anselme,  tils  dWntoine  Albriet.  mourut  aux  Cha- 
pelles en  1790.  Il  avait  l'pousé  :  l»  Calheiine,  tille  de 
Jacques  Dunand:  2"  Marguerite  Colomb,  veuve  de  Mi- 
chel Billot,  dont  il  n'eut  pas  d'efifants  :  il  laissa  (\u 
premier  lit  :  1"  Symphorien,  juge  au  tribunal  du  dis- 
trict d'Arnay-le-Duc  (2),  maire  de  la  commune  de 
Si-Prix  (3),  né  à  Couverclas-des-Chapclles  le  1'^'"  mai 

(1)  Los  Cliapelles-Saint-Maiiiicf,  i-antondi-  Ikmrg-Sainl-Maiirice, 
arrondissement  île  MoiUiers. 

(2)  Arnaj-If'-Duc,  olifif-Iieii  de  canton,  arrundibseaii-'uttle  IJeauni-. 
Ci)  St-Prix-les-Arnay,  «.ommiinc  du  canton  (i'Arn.iy-le-Diic. 


242 

1742,  mort  à  Sivry-les-Arnay  (1)  le  29  vendémiaire 
an  XIII,  sans  postérité,  de  Jacqueline  Testu-Duperrier, 
décodée  elle-même  à  Arnay-le-Duc  en  1807;  2°  Jacques, 
dont  l'article  suit;  3°  Maurice,  mort  aux  Chapelles  en 
1798,  marié  à  Péronne  Benoist  et  père  de  M"'e  Pierre- 
Antoine  Benoist,  et  d'Anselme,  d'Antoine,  décédé  curé 
de  Montagny  en  Savoie,  et  de  PieiTe-Maurice,  proprié- 
taire à  Couverclas-des-Chapelles  ;  4»  Marie-Antoinette, 
mariée  à  honorable  Joseph-Antoine  Perronnier. 

2"  Jacques  Albrier,  membre  du  conseil  municipal 
de  la  ville  de  Saulieu,  juge  au  tribunal  de  commerce 
de  cette  ville,  président  de  ce  tribunal,  etc.,  né  à  Cou- 
verclas-des-Chapelles le  7  juin  1744,  mort  à  Saulieu 
le  13  mai  1834,  épousa  aux  Chapelles,  le  29  août  1760, 
Agnès  Billiot,  fllle  de  Michel  Billiot,  propriétaire,  et  de 
Marguerite  Colomb,  dont  il  eut  neuf  enfants,  parmi 
lesquels  nous  citerons  seulement  :  1°  Anselme,  né  à 
Couverclas-des-Chapelles  le  12  avril  1777,  mort  à  Puli- 
gny  (-2)  le  22  novembre  1860,  marié  le  5  octobre  1831 
à  Jeanne  Laboureau  (3)  et  père  de  deux  fdles  :  a)  Agnès, 
décédée  épouse  du  docteur  Giraud  de  Montret,  et  b) 
Adèle,  veuve  le  27  janvier  1869  de  Benoit  Samuel, 
négociant  à  Chàlons-sur-Saône;  2°  Jacques,  dont  l'ar- 
ticle suit  ;  3"  Marie-Marguerite,  née  à  Saulieu  le  24  fé- 
vrier 1787.  décédée  au  même  lieu  le  24  mars  1825, 
mariée  le  G  février  1820  à  Antoine  Lavergne  (4),  mem- 

(1)  Sivry-Ies-Arnay,  hameau  de  la  commune  de  St-Prix. 

(•2)  Puligny,  caulun  de  Nolay,  arrondissement  de  Beaune. 

(3'  M™'  Albrier  est  proche  parente  de  M.  l'abbé  Courtôpée,  au- 
quel on  doit  l'ouvrage  si  précieux  intitulé  :  Descriptio)t  au  duché 
de  Bourgogne. 

(4)  Sa  nièce ,  qui  est  en  même  temps  cousine  de  M.  Auguste 
Albrier,  a  épousé  M.  Henri  Moreau,  ancien  notaire,  député  de  la 
Côte-d'Or  à  l'Assemblée  nationale. 


2f:^ 
bre  du  conseil  municipal  de  Saulieu.  mère  de  deux 
filles  :  a)  Jeaiiiie-Agnès-Viclorine,  née  en  48^0,  veuve 
de  J.-B. -Adolphe  Lacombe,  avoué  près  le  tribunal  civil 
deLangres:  bj  Ueine-.Marie-Jacquellc,  née  en  18-23. 
morte  en  1871,  veuve  du  docteur  Laurent  (1);  4"  Sym- 
pliorien,  né  à  Saulieu  le  15  juin  4790,  mortà  Flcurey- 
les-Mont-St-Jean  (2)  le  22  Juillet  1851  sans  alliance, 
ancien  adjoint  au  maire  de  sa  commune,  ancien  mem- 
bre du  comité  (•anlonal  pour  l'instruction  primaiie,  etc. 

3°  Jacques  Albrier,  membre  des  conseds  municipaux 
de  Saint-Prix-les-Ainay  et  de  Mont-Saint-Jean,  né  à 
Saulieu  le  21  novembre  178i,  mort  à  Fleurey  le  30  sep- 
tembre 1807,  s'unit  à  Monlbard,  le  18  juillet  1813,  à 
Madeleine  Fanon,  morte  à  Sivry,  en  1848,lille  d'Edme 
Fanon,  marchand  à  Montbard,  et  descendante  directe 
de  Jean-Baptiste  Despoisses,  échevin  de  cette  ville,  tris- 
aïeul du  grand  Buffon,  dont  la  sœur  épousa  M.  Na- 
ilauK,  conseiller  au  Parlement,  et  le  frère  Marie-Edmée 
Fanon,  cousine  elle-même  de  Mn'e  Albrier.  De  ce  mariage 
naquit  un  fils  unique,  Jacque.s-Augusle,  dont  railicle 
suit. 

i"  Jacques-Auguste  Albrier,  avoL-at,  notaire  à  Arnay- 
le-Duc,  (le  1813  à  1852,  nuMnbre  du  conseil  municipal 
de  Sainl-Pi'ix.  Tun  des  chefs  du  comice  agricole  du 
canton  d'Ainay-le-Duc,  etc.,  né  à  Montbaid  le  H  mai 

(1)  La  sœur  du  docteur  Laurent  s'était  unie  à  M.  Chovrier,  né- 
gociant à  Cli;'ilun.s-.sur-S.iijue,  qui  appartenait  à  une  famille  dont 
un  membre-,  Antoine  Clievrii'r,  né  ;i  St-Nicnlas-de-Veroce  en  Savoir 
en  1781,  uljlint  en  1827  dos  lettres  de  naluraiiti';.  Le  docteur  Lau- 
rent était  lui-même,  par  sa  mère,  parent  de  M""  Sordet,  i|ui  a 
épiiusj  M.  Armand  Tjiut,  pclit-fils  d'un  savoisien.  (V.  r,"  91.) 

(■2)  Mont-St-.leaii,r^ni,jii  i\f  PiiiiilIv-rn-Muntagne,  arrondissement 
de  Bcaune. 


1815,  mort  à  Dijon  le  26  mai  1869,  épousa  Marie  de 
Roye,  fille  de  Pierre  de  Roye,  capitaine  de  la  garde 
nationale  d'Arnay-le-Duc  en  1830,  et  petite-fille  d'André 
de  Roye,  percepteur  des  finances  sous  le  premier  Em- 
pire, d'où  une  fille  et  un  fils;  ce  dernier,  Jacques- 
Antoinc-Charlos-yi/6^r/,  est  membre  du  conseil  muni- 
cipal do  sa  commune  et  fait  partie  d'un  grand  nombre 
de  sociétés  savantes. 

Dans  les  diverses  autres  branches  de  cette  famille, 
nous  citerons  seulement  M''^  Albrier.  mariée  au  général 
comte  François  Clary;  M.  Albrier,  peintre  de  mérite, 
dont  il  a  déjà  été  question  ici  même  (l);  Maurice,  chi- 
rurgien juré  du  roi  à  Villaine-en-Duesmois  (Côte-d'Or); 
Antoinette,  née  en  1762,  morte  en  1813,  mariée  à  son 
cousin  Claude  Albrier,  avoué  à  Beaune;  Marie,  épouse 
de  Claude-André  Guillot,  aussi  avoué  à  Beaune;  Ger- 
main-Marie, né  en  176(3,  mort  en  fan  VII,  marié  à  Fla- 
vigny,  en  1 790,  à  Marguerite  Perrot,  fille  d'un  contrôleur 
des  droits  d'enregistrement  (2);  Pierre-Henri,  percep- 
teur des  finances,  marié  en  1827  à  Rose-Emilie  Mon- 
tureux  ;  Jacques,  mort  en  1793,  époux  de  Jeanne-Marie 
Flandin,  fille  et  sœur  de  notaires  deBourg-St-Maurice; 
François,  décédé  à  Moûtiers  le  5  septembre  1854,  pré- 
sident retraité  du  tribunal  d'Albertville,  sénateur  ho- 
noraire de  Savoie;  Marie-Françoise,  mariée  à  Joseph- 

(1)  C.  Les  peintres  et  les  peintures  en  Savoie^  par  MM.  Auguste 
Dufour  et  François  Rabut,  apJ.  Mémoires  et  docximents  publiés  par 
la  Société  saroisienne,  t.  XII,  p.  270. 

(2)  Sa  cousine  Jeanne-Fiacre  Perrot,  fille  d'un  notaire  de 
Flavigny,  épousa  Pierre-Louis  Adelon,  procureur  à  la  cour,  et  fut 
la  mèrB  du  docteur  Adelon  de  Pores  et  l'aïeule  de  M"'  Royer- 
Collard.  M.  Georges  Perrot,  son  petit-neveu,  est  un  des  collabo- 
rateurs les  plus  distingués  de  la  Revue  des  Deux-Mondes. 


Marie  Billiel,  l'ivre  aiiié  du  ear(liiial-arclievé<|ao  de 
Chambéiy;  Jacques-Marie,  chanoine  de  Moùliers.  etc., 
etc. 

79.  Marly,  janvier  1731.  —  Lettres  de  naluralilé 
accordées  à  Maurice  Herlin,  natif  de  Saint-Martin-des- 
Allues  (1)  en  Tarentaise,  pays  de  Savoie,  journalier  à 
Dijon,  llxé  en  Bourgogne  depuis  plusieurs  années.  — 
E.  li juillet  1731.  B.  63.  (-285. 

80.  Versailles,  mars  1732.  —  Lettres  de  naturalilé 
accordées  à  Claude  Bontemps,  natif  de  Cordon  ('2).  an 
duché  de  Savoie,  marchand  mei'cier  à  liuxy  (3),  près 
Châlons-sur-Saùne,  en  Bourgogne,  fixé  en  ce  lien  depuis 
cinquante  ans  environ. —  E.  30  mars  1732,  à  la  charge 
d'aumôner  la  somme  de  30  livres  à  l'aumône  générale 
de  Dijon. 

Il  y  a  dans  l'arrondissement  de  Châ!ons-sur-Saône 
un  nombre  considérable  de  personnes  poi'tanl  ce  nom 
de  Bonlemps  (4);  nous  ignorons  si  ces  personnes  des- 
cendent du  savoisien  Claude  Bonlemps. 

81 .  Fontainebleau,  septembre  1 738. —  Lettres  de  na- 
turalité  accordées  à  Barthélemi-Antoine  Guille ,  natif 
de  la  paroisse  d'Arves  en  Savoie,  diocèse  de  Maurienne, 
Agé  de  45  ans,  fixé  en  France  depuis  l'année  1723,  et 
établi  à  Toulon-sur-Arroux  (5),  où  il  .s'est  marié  el  est 
marchand  merciri-.  —  E.  2i  janvier  173'.).  B.  (m,  f"223, 

(1)  Les  Allijes,  canton  rie  IJ^zi'l,  arruiuJihseiii(.'n(  de  MoiHiiTs. 

(2)  Cordon,  canton  do.  Sallaiichcs,  ancnilissement  de  Bonnoville. 
(3;  Buxy,  clief-lieu  de  canton,  nirondissenient  de  Ctiàlons-sui- 

Saône. 

(4)  Dans  les  listes  de  souscription  ponila  libér.ilion  du  h'rriloir(\ 
nous  en  avons  relevé  254. 

(•'0  Toulon-sur-AtTijux ,  rhel-lieu  de  canton,  airoudissenienl  do 
Churolles. 


246 

82.  Versailles,  décembre  1739.  —  Lettres  de  nalu- 
lalité  accordées  à  François  Arnollet,  marchand  mercier 
à  Pontail!ier-sur-Saôno.  natif  de  la  paroisse  de  Granier, 
en  Savoie,  diocèse  de  Tarentaise ,  llxé  en  France  depnis 
50  ans,  établi  à  Ponlaillier  et  marié  audit  lieu.  —  E.  5 
juillet  1740.  B.  64,  f»  293.  V.  n»  70. 

Parmi  les  descendants  de  François  Arnollet,  nous 
citerons  François  et  Pierre  Arnollet,  dont  la  postérité 
existe  encore  en  Bourgogne.  Né  le  26  septembre  1714 
et  mort  le  22  avril  1801,  Fiançois  Arnollet  l'ut  contrôleur 
des  traites  et  épousa  le  17  mars  1749  Bénigne-Thérèse 
Gault,  fille  d'un  procureur  du  roi  au  bailliage  de  Saint- 
.lean-de-Losne,  dont  il  eut  six  enfants  :  loJean-Baptiste- 
Bernard,  mort  jeune  ;  2"  Bénigne-Thérèse  ;  3'' Françoise, 
supérieure  de  l'hospice  de  St-Jean-de-Losne  ;  4»  Anne- 
Marie,  religieuse  ursuline,  née  à  PontaiUier,  en  1753, 
morte  à  Dijon  en  1843;  5°  Charles-Claude,  attaché  ù  la 
conservation  des  hypothèques  de  la  Seine,  marié  à  Fran- 
çoise Patuel,  père,  sans  doute,  de  M""^  Martenet,  née 
Marie-Claudine  Arnollet,  et  aïeul  deMathilde  Martenet, 
veuve  de  Lazare  Gautrelet,  président  de  chambre  à  la 
cour  de  Colmar;  6°  Claude,  contrôleur  à  la  marque  des 
cuirs  à  Avallon,  né  à  PontaiUier  en  1 750,  mort  à  Dijon  en 
1811,  en  laissant  d'Ursule  Mignot(l)  une  fille,  Pierrette, 
née  à  Montbard  en  1783,  décédée  en  1825,  avant  sa 
mère,  sans  postérité  de  Michel  Degand ,  membre  de  la 
Commission  des  antiquités  de  la  Côte-d'Or. 
Pierre  Arnollet,  avocat  au  parlement,  eut  d'Andelte 

(1)  M°"  Arnollet,  morte  en  1837,  était  sœur  de  Françoise  Mignot, 
fjui  épousa,  le  19  juillet  1784,  Edme  Fanon,  marchand  à  Montbard, 
ot  en  eut  entre  autres  une  fille,  Madeleine,  qui  s'unit,  en  1813,  à 
Jacques  Albrier,  et  qui  hérita  de  sa  tante. 


^247 

Pelilol  un  lils,  Pieiie-.lean-Baplislo-Fiaiirois  Aniollcl, 
savant  et  habile  ingénieui-,  né  à  Ponlaillier  le  20  mai 
4776.  et  mort  à  Dijon  le  30  mai  1857.  M.  Arnollet.  en 
sortant  de  l'école  polytechnique,  partit  pour  PEgyple 
comme  oHicier  d'élat-major,  se  distingua  à  Cosseïr  et 
siégea  à  rinslitul  du  Caire  avec  Mongc  et  Berlhollet; 
ingénieur  à  l'arme  en  1801,  ingénieur  en  chef  dans  la 
Cùtc-d'Or  de  1805  à  1830,  il  a  laissé  de  nombreux  écrits 
d'une  réelle  valeui'.  M.  Arnollet  avait  épousé  le  13  dé- 
cembre 18-21  Edmée -Désirée  Dagallier,  lille  d'un  ins- 
pecteur des  forêts  et  sœur  d'un  conseiller  à  la  cour  de 
cassation,  d'où  une  fille  :  Désirée-Francoise-Marie, 
mariée  en  1843  à  Charles-Emile  Poisol,  directeur  du 
conservatoire  <le  Dijon,  membre  de  plusieurs  sociétés 
savantes  (1). 

83.  Versailles,  mai  1742.  —  Lettres  de  naluralité  ac- 
cordées k  Josèphe  Méru  fille,  native  de  Châtillon-sur- 
Cluses,  diocèse  de  Genève,  en  Savoie,  âgée  de  21  ans, 
lille  de  feu  Guillaume  Méru,  manouvrier  audit  Cli.itillon, 
et  de  feue  Michelle  Donner,  nièce  de  Gaspard  Méru  de 
Gémeaux,  fixée  audit  lieu  depuis  deux  ans.  —  E.  21) 
mai  1742.  B.  65,  f»  45.  V.  n»  73. 

84.  Versailles,  novembre  1742.  —  Lettres  de  nalu- 
ralité accordées  à  Joseph  Videt.  natif  de  Savoie,  établi 
en  France  depuis  plusieuis  ;innées.  —  E.  0  février 
1743.  B.  65,  f"88. 

Etienne  Videt,  avocat  en  pailement,  fui  pourvu  de 
l'office  d"élu  en  l'élection  du  Bugey  en  1743;  était-ce 
un  parent  de  notie  savoisien  ? 


(1)  C.  sur  l'ingénieur  Arnollet,  membre  ûo  llnstilul  U'F.yypIe, 
Revue  savoisienne.  juillet  1870. 


us 

85.  Versailles,  7  mars  1 743.  —  Lettres  du  déclaration 
de  naluralité  accordées  à  Gabriel  Bazile,  natif  de  Sainte- 
Foy  en  Tarentaise,  fils  do  Jacques  Bazile  et  d'Andrée 
Empereur,  sa  première  femme,  demeurant  à  Chàtdlon- 
sur-Seine.  né  à  Ste-Foy,  alors  au  pouvoir  du  roi,  fixé 
à  Tonnerre  dès  l'âge  de  raison,  puis  à  Châtillon-sur- 
Seine,  et  frère  de  Maurice  Bazile,  greffier  au  grenier 
à  sel  de  Cliâtillon-sur-Seine.  —  E.  24  avril  1744.  B.  05, 
fM58.  V.  n^'«  72.  86,  87  et  98. 

86.  Versailles,  7  mars  1 713. —  Lettres  de  déclaration 
de  naturalité  accordées  à. Jacques  Bazile,  frère  du  pré- 
cédent, né  aussi  à  Ste-Foy,  alors  au  pouvoir  du  roi, 
de  Jacques  Bazile  et  d'Andrée  Empereur.  —  E.  24  avril 
1744.  B.  65.  f^'  159.  V.  n»^  72,  85.  87  et  98. 

87.  Versailles,  7  mars  1743. —  Lettres  de  déclaration 
de  naturalité  accordées  à  Basile  Bazile,  frère  du  pré- 
cédent, né  au  même  lieu,  de  Jacques  Bazile  et  de 
Jeanne-Françoise  Borelet,  sa  seconde  femme,  fixé  à 
Tonnerre  d'abord,  puis  à  Chûtillon-sur-Seine.  —  E.  24 
avril  1744.  B.  65,  P  161.  V.  n»^  72,  85,  86  et  98. 

88.  Versailles,  mars  1748.  —  Lettres  de  naturalité 
iiccordées  à  Antoine  Savoye,  natif  d'Albanne  (1)  au  du- 
cbé  de  Savoie,  diocèse  de  Sl-Jean-de-Maurienne.  établi 
en  la  ville  de  V^erdun-sur-Saùne  (2),  depuis  25  ans  en- 
viron. —  E.  7  février  1750,  d'après  lettres  de  suran- 
nation  du  17  janvier  de  la  même  année.  B.  65,  f»  490. 

Ce  nom  est  très  répandu  en  Savoie  ;  rappelons  ici 
que  des  lettres  de  naturalité  ont  aussi  été  données,  en 

(1)  Albaniie,  canton  et  arrondissenienl  de  St-Jean-de-Maurienne. 

(2)  Verduii-sur-Saône-et-Doiibs,  chef-lieu  de  canton,  arrondisse- 
ment de  Châlons-sur-Saône. 


240 

1817,  à  Claude  Savoye,  oilicier  de  la  Légion  dlionneur, 
chef  de  bataillon  en  retraite,  né  à  Chambéry  en  17712. 

89.  Ver^aille^,  décembre  1740.  —  Lettres  de  nalu- 
ralité  accordées  à  Claude  Mugnier.  natif  de  la  ville  de 
Chambéry  en  Savoie,  et  lixé  à  Bourg-en-Bresse.  —  E. 
!29  décembre  1750.  B.  05,  f"  524. 

90.  Versailles,  décembre  1752.  —  Lettres  de  nalu- 
ralilé  accordées  à  Barlhélemi  Rambaud,  prêtre,  natif 
du  diocèse  de  Maurienne  en  Savoie,  vicaire  île  la  pa- 
roisse de  Montluel  au  diocèse  de  Lyon,  avec  liberté  de 
tenir  tous  les  bénélices  don!  il  pourrait  être  pourvu,  à 
l'exception  de  ceux  situés  en  Alsace.  —  K.  14  février 
1754.  B.  (Î5,  I-  730. 

91.  Versailles,  avril  1753.  —  Lettres  de  naturalilé 
accordées  à  Gaspard  Tarut,  agent  des  affaires  du  sire 
de  Rully,  demeurant  ordinairement  au  château  de 
Rully  (1),  en  Bourgogne,  natif  de  la  paroisse  de  Chin- 
drieux  (2),  en  Savoie,  fils  de  Jean  Tarut  et  de  Jeanne 
Colomb  (3).  —  E.  20  juillet  1753.  B.  65,  f-  714. 

Les  16  mars  1831  et  18  septembre  1833,  des  lettres 
de  déclaration  de  naturalilé  ont  été  données  à  Pierre- 
Marie-Edouard  Tarut,  né  à  Rully  le  24  juin  1799,  et  à 
Claude-Lonis-Eugène  Tarut,  né  à  Paris  le  13  juillet 
1797,  propriétaires  tous  deux  à  St-Rémy-les-Chàlons  (4). 

(1)  RuHy,  canlon  «le  Cliagiiy,  arrondissement  cli'  CliûJons-sui- 
Saône. 

(2)  Chimlrieux,  canlon  .le  Ruirienv,  arrondissi-mi^ni  lic  iliain- 
béry. 

(3)  M""  Tarut-llulonih  ulait  cousine  de  Margueiile  Colomb.  i|ui 
épousa  Mictiel  IJiJliof,  des  Chapelles,  et  eu  eut  M"'  Alliriir,  fomm>- 
liu  président  du  liibunal  fie  conmifrce  de  Sauliiu. 

(4)  St-Réiuy,  canton  et  arrondissement  de  ChAlons-sur-Saône. 

10 


250 

et  l'un  et  l'aulie  fils  cVun  père  né  en  Savoie  el naturalisé 

français  (i). 

92.  Versailles,  septembre  1753.  —  Lettres  de  natu- 
ralité  accordées  à  Pierre  et  à  François  Rebin.  natifs  de 
la  paroisse  de  Mieussy  (•2),  diocèse  de  Genève,  fds  de 
Joseph  Rebin  et  de  Claudine  Rocli,  de  la  même  paroisse, 
demeurant  tous  deux  à  Châlons-sur  Saône.  —  E.  U  août 
175i.  à  la  charge  d'aumôner  chacun  la  somme  de  cin- 
quante livres  applicables  à  riiôpital  général  et  aux  pau- 
vres honteux  de  la  vUIe  de  Dijon  B.  07,  f"  23. 

03.  Versailles,  septembre  1754.  —  Lettres  de  natu- 
ralité  accordées  à  Antoine  Jarre,  natif  de  la  paroisse 
des  Chapelles,  diocèse  de  Tarenlaise,  établi  en  France 
depuis  plus  de  vingt  ans  et  fixé  à  Dijon.  —  E.  22  no- 
vembre 1754,  à  la  charge  d'aumôner  la  somme  de 
trente-six  livres  à  l'hôpital,  à  l'aumône  générale  et  aux 
pauvres  honteux  de  la  vdle  de  Dijon.  B.  67,  f»  24. 

En  1670,  Anselme  Jarre,  résidant  à  Strasbourg,  fit 
don  à  l'église  des  Chapelles  d'un  calice  et  d'une  pyxide 
pour  la  communion;  Jean-Marie  Jarre  épousa  Marie- 
Antoinette  Albriet,  des  Chapelles,  morte  en  1865,  fille 
de  Maurice-Martin  Albi'iet,  propriétaire  ,  et  nièce  de 
M.  François  Albriet,  sénateur  honoraire  de  Savoie, 
d'où  trois  filles;  André  Jarre  épousa  M"<'  Biiliet,  nièce 
du  cardinal-archevêque  de  Chambéry  et  fille  de  Joseph- 
Marie -Billiet.  propriétaire,  et  de  Marie  -  Françoise 
Albriet. 


(1)  Pourquoi  ces  leUres  de  aaturalité'^  Le  fils  de  l'un  de  ces  deux 
derniers,  M.  Armand  TaruI,  a  épousé  M"'  Sordet,  nièce  de  M.  le 
conseiller  Foisset, 

(2)  Miçussy,  captoB  de  Taninges,  arrondissement  de  Bonneville. 


251 

94.  Marly,  mai  4755.  —  Leilres  de  naluialilé  accor- 
dées à  Gaspard  Deschamps,  natif  de  la  paroisse  de 
Noire-Dame  du  lac  de  Servoz  (1)  en  Savoie,  diocèse  de 
Genève,  Jils  k-gilime  de  Pierre-Nicolas  Deschamps  et 
de  Jacquemine'  Tavernier;  ledit  Gaspard  Dcsohamps 
marchand  à  Beaune  depuis  Tannée  179.0.  —  E.  lû  jan- 
vier 1750.  B.  07,  f"59. 

Le  10  inai  174G,  Gaspard  Deschamps  fut  parrain  à 
Beaune  d'un  enfant  qui  devait  être  un  jour  une  des 
gloires  de  la  France:  j'ai  nommé  Gaspard  Mongc,  fils 
lui-même  d'un  enfant  de  la  Savoie  (2), 

95.  Versailles,  mai  1756.  —  Lettres  de  uaturalité 
accordées  à  Claude  Brunet,  natif  de  Chambéry,  établi 

(1)  Notre-Dame  du  lac  de  Servoz,  sans  doute  Servoz,  cautou  df 
Chamonix,  arrondissement  de  Bonneville. 

(2;  Jacques  Monge,  marchand  forain  à  Beaune,  père  de  1  illustre 
savant,  était  oé  à  St-Jeoire  en  Faucigny  (  chef  lieu  de  canton  de 
l'arrondissement  de  Bonneville)  de  Claude  Monge,  laboureur  au<lit 
lieu,  et  de  Jacqueline  Quet  :  il  épousa  à  Beaune  le  19  mai  1744 
Jeanne,  iille  de  Pierre  Rousseau,  voiluiier  en  cette  ville,  et  de 
Jeanne  Desbois,  et  en  eut  une  fille  et  quatre  fils.  Nous  donnerons 
ici  même  une  notice  aussi  complète  que  possible  sur  la  famille 
Monge,  et  nous  prions  nos  amis  et  collègues  de  Savoie  et  de 
Bourgogne  de  vouloir  bien  nous  communiquer  tous  les  renseigne- 
ments qu'ils  pourront  recueillir.  Nous  rappellerons,  en  terminant, 
que  l'origine  savoisionne  de  Monge  a  été  signalée  pour  la  première 
fois  par  noire  ducle  confrère  M.  Abel  Jeandel  (de  Verdun),  dans 
le  Journal  des  connaissances  médicales  pratiques  et  de  pharma- 
rolorjic  de  notre  savant  compatriote  le  docteur  Cafle  (  n"  du  30  juin 
1862;.  Nous  avons  en  même  temps  à  rectifier  les  armoira s  attri- 
buées par  nous  à  Gaspard  Monge  dans  le  tome  X  de  ces  Mémoires; 
le  comte  de  Peluse  portait  d'or  au  palmier  de  sinople  terrassé  de 
mémo  avec  franc-quartier  de  comte  sénateur,  qui  est  d'a:ur  à  un 
miroir  d'or  en  i>ul.  après  lequel  se  tortille  et  se  mire  un  serpent 
d'argent. 


252 

en  France  depuis  1 749  et  marié  au  bourg  de  St-Ger- 
main-du-Plain  en  Bourgogne.  —  E.  7  janvier  1757. 
B.  67,  f«  89. 

96.  Versailles,  avril  1757.  —  Lettres  de  naturalilé 
accordées  à  Cliarles-Amédée  Achardy,  natif  de  la  pa- 
roisse de  St-Etiennc,  diocèse  de  Nice  en  Savoie  (sic), 
titulaire  depuis  26  ans  d'une  chapelle  érigée  à  St-,Julien- 
de  Semiecey.  —  E.  17  juillet  1759.  B.  67,  f°  179. 

Le  17  féviier  1741,  Cliarles-Amédée  Achardy,  cha- 
pelain du  château  de  Sennecey  et  exécuteur  des  der- 
nières volontés  de  M""  Marie-Anne  d'Ailly,  fonda,  au 
nom  de  cette  dernière,  quatre  messes  basses  dans  la 
chapelle  de  Viel-Moulin  à  Sennecey  (1);  d  était  mort  en 
1790. 

97.  Versailles,  10 avril  1759.  —  Lettres  de  déclaration 
de  naturalilé  accordées  à  Jeanne-Maurice  Raffour , 
femme  du  sieur  .ïacques  Bornet,  née  le  10  avril  1710  à 
St-Martin-des-AUues,  diocèse  de  Tarentaise,  province 
de  Savoie,  alors  au  pouvoir  du  roi;  ladite  Jeanne- 
Maurice  Raffour  amenée  à  Dijon  par  un  oncle  à  l'âge 
de  dix  ans  et  mariée  audit  lieu.  —  E.  1""  février  1 760. 
B.  67,  (0 194. 

98.  Marly,  mai  1769.  —  Lettres  de  naturalité  accor- 
dées à  Joseph-Alexandre  BazUe,  natif  de  Ste-Foy,  au 
diocèse  de  Tarentaise  en  Savoie,  marchand  à  Ghâtillon- 
sur-Seine.  —  E.  1^2  août  1769.  B.  69.  V.  n"^  72,  85, 
86,  87. 

(1)  C.  Histoire  de  Sennecey  et  tic  ses  seigneurs,  par  L(;'opold 
Niepce;  Ghalons-sur-Saône,  Dejussieu,  1866,  in-8»,  p. '204. 

6«3«<:î>9 


TABLE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 

l'AR  ORDRK  ALPHABÉTIQUK 


Aohardy,  N"  96. 
Aibrier,  78. 
Alernic,  60. 
Alliocl,  C8. 
Alyot,  22. 
Aniprin,  46. 
Arnollet,  70  et  82. . 

Balaysoii,  1. 

Balma,  62. 

Baudry.  58. 

Bazile,  72,  85,  86,  87  el  'J8. 

Berlier,  65. 

Blanc,  47. 

Bonnot,  56. 

Bonteiiips,  80. 

Boucher-,  :i9. 

BouiJiii,  51. 

Bo.irgeret,  52. 

Buuzonnet,  18  et  27. 

Briinet,  95. 

But  et,  II. 

Bu.xillier.  2. 

Callorl,  .14. 
Chabannes,  5. 
Chàrubert,  4!'. 
Chambre,  54. 
Charles,  40. 
Charricre,  25. 
Chaleau-.VIarliii,  H. 
Chesnal,  67. 
Chevrets,  33. 
Conlier,  16. 
Collon,  77. 

Darerilon,  21. 
David,  30. 
Uellund,  21. 
DeléaD,  50. 
Iteschamps,  94. 
Duuand,  64. 


Faiselle,  34. 
Febvre,  61. 
Foiirnier,  66. 

Gras.set,  74. 
Guille,  81. 

Heiliu,  79. 

Jarre,  93. 

.Iou.x,  38. 

La  Basse,  3. 
Le  Noble,  10. 
Livron,  12,  19. 
Lomel,  57. 
Louis,  31. 

MaboD,  32. 
Marandet,  17  et  20. 
Marcenay,  75. 
Marest,  53. 
Mathieu,  43. 
Merigaudef,  59. 
Méru,  73,  83. 
Monge,  94  (eu  noie). 
Monljouvent,  4. 
Mnrat,  41. 
jMousselard,  63. 
Mugnier,  89. 

.Niger,  76. 

Orcet,  28. 

Paluat,  15. 
Panissier,  9. 
Pasquier,  42. 
Pcrra,  7. 
Plombast,  13. 

Ral1..ur,  97. 
Ranibaud,  90. 


254 

Ravyer,  14. 
Bebin,  93. 
Recordon,  63. 
Relier,  69. 
Rendu,  26. 

Salève,  37. 
SaloQion,  71. 
.Savoye,  88. 
Scagfia,  55. 
Servant,  23  et  29. 


Tarut,  91. 
Trepier,  46. 

Vallier,  48. 
Verdan,  35. 
Videt,  84. 
Villain,  8. 
Violet,  30. 


^'t^feyg^^^-S-'---  ^ 


LE  MYSTÈRE 

DE 

MONSEIGNEUR  SAINT  SÉBASTIEN 


PREMIÈRE    JOURNÉE 


DRAME   EM  l'ERS 
Joiiû  à  Lanslevillard ,  on  Maurienne,   au  mois  de  mai  1567. 

TRANSCItIT  DU  MANUSCRIT  ORIGINAL  ET  PUBLIÉ 
PAU 

FRANÇOIS   RABUT 

l'rofcssciir  d'iiisloirv. 


17 


LE  MYSTERE 


DE 


MONSEIGNEUR  SAINT  SÉliASTIEN 


-^>^- 


Les  mystères,  nés  dans  l'église,  en  sortirent 
vers  la  (in  du  treizième  siècle.  Des  corporations, 
des  confréries  de  laïques  se  formèrent  pour 
jouer  les  mystères,  œuvres  de  poètes  populaires 
qui  prirent  insensiblement  une  tendance  plus 
mondaine.  La  plus  célèbre  et  une  des  plus  ré- 
centes fut  la  Confrérie  de  la  passion  et  de  la 
résurrection  de  Notre- Seigneur,  fondée  parles 
maîtres  maçons,  menuisiers  et  autres  de  Paris, 
constituée  par  lettres  patentes  de  (lliarles  VI, 
de  l'année  1402.  Elle  donnait  ses  représenta- 
tions dans  une  grande  salle  de  Tbôpilal  des  Pré- 
mcmtrés.  On  jouait  les  fêtes  et  les  diniancbcs; 
Téglisc  avançait  Il'S  offices  ce  jour-là  |)oni'  l':i(i- 
litcr  le  spectacle;  <tii   jou;iil   jus(itrfi   l;i   nuit,  et 


260 

on  achevait  le  dimanche  suivant.  Certains  dra- 
mes exigeaient  plusieurs  journées.  On  y  accou- 
rait en  foule,  parce  que  l'art  se  faisait  petit  pour 
se  mettre  à  la  portée  du  peuple,  et  l'Eglise  l'en- 
courageait parce  que  c'était  un  mode  d'ensei- 
gnement religieux  plus  à  la  portée  de  tous. 

Les  mystères  étaient  l'art  populaire.  Voilà 
pourquoi  ils  sont  utiles  à  étudier.  L'observateur 
y  trouve  aisément  un  reflet  des  mœurs,  des 
croyances,  des  erreurs,  de  la  condition  sociale, 
des  préjugés  et  du  langage  de  ceux  devant 
qui  ils  étaient  représentés.  De  là  souvent  de  la 
trivialité  dans  l'expression,  mais  trivialité  qui 
donne  une  grande  énergie  à  l'idée.  Cela  com- 
pense l'absence  presque  complète  de  pensées 
fortes  et  de  style  noble.  Tout  cela  se  trouve  dans 
le  mystère  dont  nous  .  éditons  la  première 
journée. 

La  renaissance,  en  relevant  les  idées,  en 
ennoblissant  la  pensée,  porta  un  coup  aux  mys- 
tères; mais  ses  poètes  n'ont  pas  été  populaires. 
D'un  autre  coté,  le  prestige  d'une  foi  vive, 
qui  soutenait  ce  théâtre  presque  barbare,  dis- 
paraissait avec  les  progrès  de  la  réforme.  Il  fut 
abandonné  dans  le  cours  du  seizième  siècle,  et, 
en  1542,  vingt-cinq  ans  avant  l'Histoire  de  mon- 
seigneur saint  Sébastien,  le  procureur  général 
de  Paris  s'élevait  contre  ces  gens  non  lettrés , 
de  condition  infime,  menuisier  ou  marchand  de 
poissons,  et,  six  ans  plus  tord,  le  parlement, 


261 
par  arrêt  du  17  noveml)re  1548 ,  en  renouvelant 
les  privilèges  des  confrères  de  la  passion ,  les 
autorisa  à  jouer  des  sujets  licites,  prophanes  et 
honnêtes,  mais  leur  interdit  les  mystères  tirés 
de  la  sainte  écriture. 

Alors  les  mystères  de  l'ancien  et  du  nouveau 
Testament  et  les  miracles  des  saints  lirent  place 
aux  moralités  et  aux  soties.  Mais  chez  nous  on 
les  a  tolérés  plus  longtemps. 

En  Savoie,  on  ne  s'est  guère  préoccupé  jus- 
qu'à ces  dernières  années  des  mystères  et  des 
autres  drames  joués  dans  le  pays.  Des  travaux 
récents  sur  la  princesse  Yolande  (1)  et  sur  les 
peintres  en  Savoie  (2),  ont  signalé  les  jeux 
scéniques  ou  momeries  données  à  la  cour  des 
princes  de  Savoie  au  quatorzième  et  au  quin- 
zième siècle. 

M.  Truchet ,  de  Saint- Jean-de-Maurienne  , 
membre  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie 
de  cette  ville ,  a  trouvé  naguère  le  manuscrit 
original  du  Mystère  de  la  passion  de  N.  S.  J.-C, 
représenté  à  Saint-Jean  devant  la  cathédrale. 
JjC  même  mystère  de  la  passion  a  été  joué  en 
deux  journées  à  Modane,  au  siècle  suivant. 

J'ai  vu  entre  les  mains  de  M.  Glover  iVlelville, 
un  cherclieur  habile  et  heureux,  le  Mystère  du 
jugement  dernier,  représenté  en  1580  dans  la 
même  ville. 

(1)  Ménabréa  Léon. 

(2)  Uufour  ot  Rabut. 


262 

C'est  là  à  peu  près  tout  ce  que  Ton  a  de 
l'histoire  du  théâtre  en  Savoie;  ou  doit  donc 
s'attendre  à  des  découvertes.  Mon  frère  en  a 
fait  une,  il  y  a  deux  ans,  à  Lanslebourg.  Il  a 
trouvé  chez  M"°  Dominique  Turbil  la  première 
journée  du  Mystère  de  S.  Sébastien ,  que  nous 
publions  aujourd'hui  grâce  à  la  complaisance 
de  cette  personne. 

Le  manuscrit  est  du  seizième  siècle  ;  c'est 
celui  qui  a  été  fait  pour  être  soumis  à  la  cen- 
sure ,  ainsi  que  l'attestent  les  observations  d(; 
la  personne  chargée  de  l'examiner,  lesquelles 
sont  écrites  en  marge  de  quelques  passages 
qu'il  ordonne  d'effacer  par  ce  mot  canceUatur, 
ou  de  remplacer  (corrigaturj ,  et  qu'il  a  signées 
F.  de  Croso  (  frère  ou  François  du  Creux ,  du 
Cros  ou  Ducruet)  (1). 

Ce  manuscrit  a  été  écrit  par  Anthoij7ie  Platon, 
de  Lanslevillard,  notaire  ducal,  comme  l'indique 
le  titre.  Outre  son  écriture  et  celle  du  censeur, 
il  y  en  a  une  troisième ,  celle  d'une  personne 
qui  a  ajouté  plus  tard  les  paroles  mises  dans  la 
bouche  du  fol  au  commencement  de  la  pièce  et 
dans  les  intermèdes.  L'autorisation  écrite  par 
F.  de  Croso,  au  dernier  feuillet,  nous  apprend 
du  reste  qu'il  a  vu  le  manuscrit,  à  l'exception 
de  certaines  paroles  qui  doivent  être  dites  par 


(1)  II  y  avait  beaucoup  de  personnes  de  ce  nom  en  Savoie.  11  y 
avait  au  couvent  des  Franciscains  de  Chambéri  un  religieux  de  ce 
nom  au  siècle  précédent. 


263 
le  Col  et  qui  dcvruiiL  vive  autoi'iséos  plus  tard. 
On  ne  trouve  nulle  part  dans  le  manuscrit  l'au- 
torisation pour  ces  monologues. 

L'écriture  de  M^'  Platon  est  bien  bonne  et 
assez  lisible,  malgré  les  abréviations,  et  j'ai  pu 
transcrire  assez  facilement  l'œuvre  tout  entière 
sans  lacune. 

L'hystoyre  de  Monseigneur  saint  Sébastien, 
comme  porte  le  titre,  a  été  jouée  par  les  habi- 
tants de  Lanslevillard  en  1567.  Antoine  Platon, 
dudit  lieu ,  n'a  été  que  le  copiste ,  et  l'auteur 
pourrait  bien  être  un  ancêtre  de  M"^  Turbil, 
dans  la  famille  de  laquelle  le  manuscrit  que  nous 
éditons  a  été  conservé  et  transmis  de  génération 
en  génération  par  héritage.  Peut-être  est-ce 
ce  Sébastien  Turbil  qui,  ({uelques  années  au- 
paravant ,  avait  fait  orner  de  peintures ,  repré- 
sentant la  vie  de  S.  Sébastien,  le  bâtiment 
rectangulaire  où  fut  joué  notre  drame. 

Cette  construction,  d'assez  grande  dimension, 
est  couverte  de  peintures  sur  ses  quatre  faces. 
Les  unes,  plus  anciennes,  sont  des  sujets  pris 
dans  la  vie  de  Jésus-Christ;  les  autres  repré- 
sentent, en  un  grand  nombre  de  tableaux,  la  vie 
de  S.  Sébastien,  et  occupent  toute  la  muraille 
du  sud ,  sauf  l'espace  pour  la  porte  ,  pour  une 
petite  fenêtre  et  pour  un  tableau  particulier  re- 
présentant Sébastien  Turl)il  agenouillé  devant 
son  patron,  à  la  disposition  du([uol  il  met  son 
escarcelle  ouverte.   Vers  la  fenêtre  il  y  a  une 


264 

date  :  A  i  d  j  m  ;  v  ;  xviii.  qui  doit  être  celle 
de  l'ouverture  de  la  baie. 

Les  peintures  de  la  vie  de  S.  Sébastien  doivent 
être  postérieures  à  cette  réparation,  et  sans 
doute  du  milieu  du  seizième  siècle,  puisque 
S.  Sébastien  et  les  autres  personnages  portent 
le  costume  du  temps  de  François  P'".  Il  faut  donc 
reléguer  au  rang  des  erreurs  l'opinion  hasardée 
par  M.  A.  de  Jussieu  dans  le  tome  YIII,  2«  série, 
des  Mémoires  de  V académie  de  Savoie,  où  il 
dit  que  ces  peintures  sont  du  dix-septième  siècle. 

Nous  laisserons  aux  lecteurs  le  plaisir  de  sa- 
vourer le  bouquet  qui  s'exhale  de  cette  poésie 
de  la  Maurienne,  et  de  tirer  de  cette  œuvre  les 
renseignements  nombreux  qu'elle  fournit  sur  le 
langage,  le  caractère  et  les  croyances  des  habi- 
tants de  cette  vallée  au  seizième  siècle,  et  nous 
renvoyons  à  la  fm  de  cette  première  journée 
du  Mystère  de  S.  Sébastien  une  analyse  de  la 
pièce  que  nous  avions  d'abord  songé  à  placer 
ici.  Cette  analyse  sommaire  sera  rédigée  pour  la 
commodité  des  lecteurs  qui  voudront  en  peu  de 
temps  se  faire  une  idée  de  ce  drame  et  de  ses 
allures. 

Quelques  mots  seulement  sur  la  partie  maté- 
rielle de  l'œuvre  :  j'ai  déjà  dit  que  l'écriture 
était  bonne ,  sauf  celle  qui  contient  les  paroles 
du  fol,  qui  est  plus  fine  et  plus  mauvaise.  Il  n'y 
a  point  de  ponctuation ,  sauf  très-  rarement  de 
longues  virgules  ou  plutôt  de  petits  traits  inclinés 


265 
entre  li!S  mots  dune  éiiuméralioji,  el  parfois  un 
point  suivi  d'un  grand  ti'ait  oblique  pour  marquer 
la  fin  d'une  tirade. 

Il  va  sans  dire  que  nous  avons  conservé  l'or- 
thographe du  manuscrit,  même  lorsqu'elle  varie, 
ce  qui  se  produit  assez  souvent. 

Nous  donnons,  en  terminant  cette  introduc- 
tion, la  liste  des  50  personnages  qui  ont  figuré 
dans  cette  première  journée  de  notre  mystère. 
Le  titre  annonce  60  personnages ,  parce  que 
probablement  40  autres  devaient  paraître  dans 
la  seconde  journée. 

Dieu. 

Notre-Dami:. 
L'archange  Michei,. 
L'ange  Gabriel. 
Satan. 
Lucifer. 
Léviatiian,  démoi!. 

T^ELZÉBUTH,         id. 

Béric,  id. 

Cerberus,         id. 

Baguinal,         id. 

•Saint  Sébastien,  chevalier. 

L'empereur  Dioclétien. 

Maximien,  fils  de  Dioclétien. 

Le  1^'"  chevalier  de  Dioclétien. 

Le  2^  id. 

Le  1'^''  chevalier  de  Ma.ximien. 

Le  2''  id. 


266 


Le  graiid-prètre  Fabien. 

Thenin,  serviteur  de  Fabien. 

Cromatien,  sénateur. 

Marciatus  ou  Margegnin,  sénateur. 

Tarquillin,  sénateur. 

Nycostrat,  sénateur. 

La  femme  de  Cromatien. 

TiBURTiEN,  lils  de  Cromatien. 

La  femme  de  Tarquillin. 

Marc,  fils  de  Tarquillin. 

Marcellin,      id. 

Marcia,  femme  de  Marcellin. 

Le  premier  fds  de  Marcellin. 

Le  second  id. 

La  femme  de  Marc. 

Zoé,  femme  de  Nycostrat. 

La  fille  de  Nycostrat. 

Le  premier  serviteur  de  Tarquillin. 

Le  second  id. 

PoLYCARPE,  prêtre  chrétien. 

Quintien,  bourgeois  de  Narbonne. 

Dacien,  id. 

Le  messager  Margheboc. 

Le  messager  Barion. 

Perdition,  personnage  allégorique. 

Caffre,  fils  de  Perdition.  ;      ^^ 

„  '  .,  i      Tyrans, 

Griffon,  id.  *     »    i  -  j- 

_,  '  . ,  ,    c  est-a-dire 

Fouldre,  id.  \   , 

^  '  . ,  ^   bourreaux. 

Tempête,  id. 

Agripart,  geôlier. 


267 

Le  premier  enterreur  de  morts. 

Le  second  id. 

Le  Fol. 

Le  McssaR'er. 


"•D" 


Tous  ces  acteurs  devaient  être  placés  en  vue 
des  spectateurs,  Dieu  et  la  cour  céleste  sur  une 
estrade  plus  élevée,  et  les  démons  sur  un  plan 
plus  basque  l'estrade  principale,  dont  une  par- 
tie était  censée  représenter  la  ville  de  Rome,  une 
autre  la  ville  de  Narbonne,  etc.  Les  voyages 
des  messagers  se  bornaient  au  parcours  d'une 
partie  de  l'échalaud  à  l'autre. 


<V^^92>CÇ5 — 


GY  COMMENCE 

Lystoyre  de  monseigneur  sainct  Sebastien,  pour 
la  première  journée  a  LX  personnaiges  de 
laultre  part  escriptz.  jouée  par  les  habitans 
Lanleuillar  lannee  courant  "SI.  \^.  LXVII  au 
moys  de  may  escript  par  moy  Anthoine  Platon 
dudit  lieu  notaire  ducal  soubsigne. 

Platon. 


Si  cupis  islius  bonitatem  videre  libri 
Hoc  fuliuiu  vcrtas  et  ibi  scripla  logas. 


Le  Messagier  commence. 

Le  Dieu  qui  llct  le  firraemenl 
Et  volsist  naistre  purement 
De  la  noble  Viige  Marie 
Veuille  garder  la  compagnie 

Au  nom  de  Dieu  omnipotent 
Et  des  martyrs  ensemblement 
Entrepris  auons  le  mistayre 
Du  pieux  chiuallier  debonayre 
De  saincle  vie  et  bon  maintien 
Qui  fust  vray  niartir  sans  le  tayre 
Cest  monsieur  sainct  Sebastien 
Duquel  par  son  tressaint  moyen 
Verres  jouer  en  ceste  place 
De  sa  vie  tout  lentretien 
Moyen  de  Jesuschrist  la  grâce 

Non  pas  afin  qu'on  ne  vous  lasse 
Fourres  tout  veoir  a  ce  jourdhuy 
Et  pour  vous  tenir  sans  esnuy 
En  deux  journées  party  lauons 

Donc  au  jourdhuy  cest  le  premier 
Auquel  sil  plaict  a  Dieu  verres 
Comme  les  payens  forcenés 
Sesmeuuent  pour  fere  tuer 
Les  chrestiens  ((ui  ne  voldronl 
A  leurs  faulx  dieux  sacriffier 


272 


Parquoy  aulcungs  si  en  morront 
Les  sénateurs  se  conuertyronl 
Et  grands  miracles  verres  fayrc 
Et  le  cruel  preuost  Fabien 
Qui  les  fera  tous  sans  retrayre 
Décoller  sans  pardonner  rien 
Et  verres  Marc  et  Marcellien 
Lesquels  sont  sans  faillir  de  rien 
Enfans  du  viel  Tarquilien 
Polycarpe  les  baptisera. 
Parquoy  leur  père  Tarquilien 
Grandement  les  desprisera. 
Lors  se  fera  grand  entreprise 
Entre  les  quatre  sénateurs 
Car  Sebastien  sans  fainctise 
Se  trouuera  a  leur  secours. 

Donc  affin  que  ne  vous  esnuye 

Des  personnaiges  la  remonstrance 

A  tant  vous  prie  fere  silence 

Vous  supplyant  par  amytie 

Que  supportes  benignement 

Si  ouyes  rien  de  mal  dict 

Par  faulte  dentendement 

Nous  vous  prions  petits  et  grands 

Que  pardonnes  nostre  ignorance 

Qui  doibt  commencer  si  commence. 

Le  Fol  commence. 

Et  moy  qui  suis  homme  dapparence 
Premier  je  men  voys  commencer 
Et  vous  diray  telle  sentence 
Que  ne  scauries  me  replicquer. 


273 

Lhomme  qui  se  voiilt  gouuernor 
Par  le  ceruel  qiiest  en  su  teste 
Comunement  sans  relaider 
En  ma  mayson  vien  fera  fesle 

Avec  gents  fols  je  nay  pas  perte 
Ce  sont  les  gents  que  je  demande 
Ma  confrarie  nest  pas  déserte 
Car  plusieurs  gens  sont  de  ma  bande 

Plusieurs  fillies  font  la  demande 
Pensant  valloyi-  beaucoup  dargent 
Je  prie  Dieu  qui  les  deffende 
De  la  poincture  par  devant 

Pour  mal  vser  dentendement 
Plusieurs  tombent  a  la  ranuerse 
Ainsi  sen  vont  souldaynement 
Manger  febues  a  la  trauerse 

Pei'  literas  il  est  ainsi  (i)  : 

(1)  Ce  monologue  du  fol  est  accompagné  dans  le  manuscrit  d'une 
variante  mise  dans  la  marge,  et  que  nous  reproduisons  ici  en  noie  : 

Escoules  je  reviens  de  France 
Tout  de  ce  pas  en  ce  pays 
En  visitant  mes  bons  amys 
Qui  me  imiitent  on  leur  mayson 
Car  l'olie  toute  sayson 
A  plus  de  suycte  "que  le  roy 
Tant  de  gens  saddrcssent  a  mov 
Que  je  ne  puys  a  tous  respondre 
Je  croy  qui!  me  l'anldra  merfondre 
Pour  visiter  soir  el  malin 
Mes  honssubiccls  diiy  a  Thmin 
Jeu  di-  caries  et  le  bon  vin 
OnItreruydHnce  et  larrerin 
Luxiir(!  |)leyne  de  mescbanro 
Anitanl  en  Sauoye  quen  France 
D(.'  luiis  eslats  ont  a  moy  lyre. 

18 


274 


Le  I  CHivALiER  Dyocletien  Commence. 

Mon  très  cher  et  lionnore  sire 
Veuillies  entendre  ma  rayson 
Longtemps  a  quen  vostre  mayson 
Vous  ay  serui  a  vrayement  dire 
Vous  estes  seigneur  de  lempire 
Du  monde  aues  la  gouuernance 
Nostre  loy  malement  empire 
Si  vous  ny  mecles  ordonnance 

Le  II  CHIVALIER  Dyocletien  commence. 

II  est  bien  temps  que  Ion  saduance 
Denvoyer  gens  parmy  la  terre 
Et  que  ce  soit  sans  demeurance 
Chier  sire  si  me  voules  croyre 
Chrestiens  mcynent  forte  guerre 
Mesprisant  fort  la  loy  payenne 

Dyocletien  empereur  commence. 

Qui  tenir  vouldra  loy  chrestienne 
Pour  regnier  Mars  et  Juppin 
Je  luy  feray  de  par  dyenne 
Ses  jours  finer  a  maie  fm 
Il  ne  fust  onc  si  cault  ny  lin 
Roy  duc  prince  baron  ny  comte 
Qui  ne  soit  tout  mys  a  déclin 
Et  par  moy  faict  mourir  a  honte 
Nul  est  sur  terre  que  me  surmonte 


275 


Suysie  pas  du  monde  seigneur 
Puys  quil  conuicnl  que  tout  je  conte 
Au  monde  nesl  de  moy  majeuf 
Et  si  vous  dict  persequuleur 
Je  feray  des  chrétiens  mesclians 
Par  mes  cruels  et  fiers  tyrans 
En  tous  lieux  ou  les  trouueray 
Cest  ceste  la  fin  que  jordonne 
De  tout  en  tout  je  destruyray 
Leur  faulce  loy  qui  nest  pas  bonne 
Sur  tous  eux  mon  décret  je  donne 
Et  les  condampnc  des  ceste  heure 
Sans  excepter  nulle  personne 
Soint  tous  faicts  mourir  sans  demeure 

Le  I  CIIIVALIER. 

Il  conuient  quon  y  labeure 
Très  chier  sire  doresnauanl 
Mays  en  guerre  se  fault  auant 
Ou  habitent  telle  canaillie 
l'remipr  (|uon  voyse  plus  auani 
A  celle  tin  que  Ion  ny  faillie 
Et  quil  soint  tous  Iresbien  punys 

Le  h  ciiiVALiEn. 

Par  nos  dieux  je  suys  esbahy 
Quon  ne  les  faict  plustost  mourir 
Sire  vous  enuoyeres  quérir 
Votre  cher  fils  Maxiniien 
Saches  quil  scarna  bien  punir 
Sil  ranconh-e  nulcung  chrcstien 


276 

Dyocletien. 

Par  mon  serment  vous  dictes  bien 
Mays  quil  soit  faict  sans  plus  tarder 

Le  I  CHIVALIER. 

Luy  et  sa  gent  sans  seiourner 
Viennent  vers  vostre  hault  maintien 
Et  le  grand  preslre  Fabien 
Faictes  que  le  messagier  aillie 
Jusques  a  la  cyte  de  Damas 
Maximien  et  sa  gent  y  est 
Dyocletien  nen  dobtes  pas  (1) 

Le  II  CHIVALIER. 

Enuoyes  plustost  que  le  pas 
Marcheboc  le  bon  messagier 
De  cheminer  ne  fust  onc  las 
Et  quils  viennent  dedans  cest  estre 

Dyocletien. 

Par  Appolin  qui  me  tict  naistre 
Jenuoyeray  cesle  sayson 
Marcheboc  enlens  ma  rayson 
Va  len  sans  arrestation  (2) 
Jusques  a  la  cite  de  Damas 
Mon  lils  y  est  en  sa  mayson 
Cest  un  homme  de  grand  renom 

(1)  Variante  pour  ces  deux  derniers  vers  : 

Maximien  la  (jui  tranche 
Y  tri'uuera  non  doubles  pas 

(2)  Délai. 


277 
A  luy  me  recommanderas 
Luy  et  ses  gens  ne  faillient  [tas 
Quils  ne  viennent  par  deuers  moy 
Dillec  ten  iras  sans  delay 
Au  vailiiant  prestre  Fabien 
Dicts  luy  quil  se  mette  en  la  voye  (1) 
Pour  venir  ca  sans  fallir  rien 
Mon  amy  je  te  paieray  bien 
Faicts  diligence  je  ten  prie 

Marcheboc  commence. 

Siie  de  gi'ande  seigneurie 

Plus  tost  que  le  fort  vent  ne  vente 

Jaccompliray  voslre  intente 

Et  le  message  tost  feray 

A  nul  aultre  nobeiray 

Sinon  a  vous  certaynement 

POSE 
Eut  ad  Maxim. 

Idem  Marcheboc  à  Maximien. 

Sire  empereur  de  hault  renom 
Mahon  (2)  Mercure  et  Venus 
Et  tous  les  dieux  de  la  sus 
Vous  doint  santé  et  bonne  vie 
Et  a  vostre  cbiuallerie 
Dyoclelicn  voslre  père 
Menuoyc  a  vous  en  cest  repayre 
Et  vous  prie  sans  arresler 


(1)  En  route. 

(2i  Mars,  ajjpcli;  par  les  poules  latins  MuvoniHs,  ou  peut-être 
Mahomet,  car  oq  trouve  plus  loin  Mahonnerie  et  Mahumme. 


278 


Que  veues  lost  a  luy  parler 
Pour  quelque  affayre  conseillier 
Et  narrestes  plus  nullement 

Mâximien  commence. 

Bien  soys  venu  présentement 
Gentil  messagier  de  valleur 
Juppiter  si  te  croysse  honneur 
Comme  se  porte  mon  cher  père 
Dy  le  moy  lost  sans  te  retrayre 
Est  il  bien  sain  a  ton  semblant. 
Ne  le  me  va  point  denyant 
Si  de  mes  amys  tu  veulx  estre 

Marcheboc. 

Par  ternegant  le  roy  céleste 
Quant  je  partys  de  Romanye 
Tout  sain  estoit  nen  doubles  mye 
Beau  jouyeulx  gailliard  il  estoit 
De  vous  veoir  fort  se  delectoyt 
Et  estoit  en  grand  seigneurie 
Et  toutes  gens  luy  obeyssent 

Maximien. 

Tousiours  ainsi  fayre  le  puyssent. 
Tout  mon  cueur  est  reconforte 
Des  nouuelles  que  tu  mas  dictes 
De  moy  seras  en  vérité 
Satisfait  de  tes  bons  mérites 

Marcheboc. 

Grand  mercy  de  ce  que  me  dictes 
A  Fabien  m'en  fault  aller 


279 


Car  a  luy  me  conuient  parler 
Qu'il  y  vienne  scmblablenient 
A  luy  men  voys  présentement 
A  Malion  soyes  recommande 

Maximien. 

Or  entendes  mes  cliiualliers. 
Mes  escuyers  et  conseilliers 
Aller  nous  conuient  tost  a  Romme. 
Je  vous  en  veulx  dire  la  somme 
Longtemps  a  que  ne  vis  mon  père 
Je  le  veulx  veoir  sans  me  retrayre 
Si  venes  tous  auecque  moy 

Le  I  ciiiUALiER  Max.  commence. 

Tresclier  sire  quant  est  de  moy 
Vostrc  vouloyr  veulx  accomplir 
De  tout  en  tout  sans  nul  esmoy 
Quant  il  vous  playra  despartir 
Auec  vous  aussi  nous  irons 
Tant  que  viurons  sans  point  faillir 
Aduises  quant  nous  partirons 

Le  if  chiualier  Max.  commence. 

Il  me  semble  quil  est  sayson 
Que  nous  preunons  vers  luy  la  voye 
Partant  sans  retardation 
Allons  que  Mahon  nous  conuoye 
Au  cueur  jen  ay  très  grande  joye 
Longtemps  y  a  que  ne  la  vis 
Je  prie  Malioii  ([ui  nous  conuoye 
Et  nous  veuillie  garder  (Tennuy 

Eal  ad  Fabianum 


280 


Marghebog  retournant  à  Fabien. 

Fabien  mon  Iresclier  sire 
Ternegant  si  vous  croysse  honneur 
Joye  santé  sans  villennye. 

Fabien  commence. 

Bien  soys  venu  ceste  parlye 
Messagier  de  tresgrand  renom 
Et  me  diclz  par  quelle  rayson 
Tu  es  venu  a  moy  parler 

Marcheboc. 

Lempereur  sans  point  arrester 

Si  vous  mande  haltiuement 

Qu'a  luy  vones  incontinent 

Pour  destruyre  chrestiente 

Car  je  vous  dictz  en  vérité 

Qu'on  luy  veult  menner  grand  guerre 

Fabien. 

Présent  a  luy  iray  a  grand  erre 
Puysque  cest  pour  fere  la  guerre 
A  ceulx  qu'a  Jésus  veulent  croyre 
Et  ensuyvent  la  chrestiente 
Mon  playsir  et  ma  volonté 
Est  de  les  fayre  tous  mourir 
Va  ten  jen  suys  délibère 
Et  a  luy  seul  veulx  obeyr 
Sus  Thenin  sans  point  alentir 
Soys  tout  prest  de  me  bien  seruir 
Et  a  moy  faire  compagnie 


m 


TllENIN. 

Mon  cher  seigneur  sans  villennye 
Mon  vouloyr  est  tousiours  enclin 
A  vous  seruir  soir  et  matin 
El  a  vostrc  vouloyr  obeyr 

POSE 

Etmt  Mac.  Fab.  et  eorum  socielas  ad 
Dyocletianum. 

Marcheboc. 

Malion  vous  doint  joye  sans  faillir 
Dioclelien  mon  tresclier  mayslro 
Par  lernegant  le  roy  céleste 
J'ay  accomply  voslre  messaige 
J'ay  este  en  maint  lieu  sauluaige 
Voyci  venir  voz  conseilliers 
Vostre  filz  et  ses  chiualliers 
Et  Fabien  nen  doubtes  mye 
Viendra  laniost  en  Romanye 
Luy  et  toute  sa  compagnie 

Dyocletien. 

Bien  viennent  ils  ceste  partye 
Ternegant  si  croysse  leur  bien 
Or  sus  mes  gentz  sans  nul  delien 
Soyes  tous  presls  sans  vous  rclrayrc 
De  mon  pallays  prépares  bien 
Car  ceste  chose  me  doict  playre 

Maximien. 

Diocletien  mon  trescher  pore 
Mahon  vous  doinl  sans  nul  relrayre 


282 


Honneur  santé  et  bonne  vie 
Et  a  toute  la  compagnie 

Fabien. 

Trescher  empereur  de  vaiieur 
Et  au  gentil  Maximien 
Mahon  nostre  dieu  ancien 
Vous  enuoye  sa  gloyre  parfaicte 

Sedeanl  Max.  et  Fabianus  prope  Dyocletianum. 

Dyocletien. 

Vous  veoir  ensemble  me  delaycte 
Or  sus  beau  fdz  Maximien 
Et  vous  aussi  gent  Fabien 
Montes  la  hault  s'il  vous  delaicte 
Ce  lieu  jcy  pour  vous  je  tien 
Beau  filz  seoyes  vous  empres  moy 
Escoutes  seigneurs  sans  delay 
Tout  mon  vouloyr  et  mon  couraige 
J'ay  le  cueur  en  très  grand  esmoy 
El  ceci  est  par  nostre  loy 
Que  les  chrestiens  veuUent  destruyre. 
Et  mectre  du  tout  a  néant 
Si  vous  supplye  humblement 
Qu'en  ce  cas  me  veullies  conduyre 

Maximien. 

Par  Mahon  je  vous  dictz  sans  rire 
La  loy  sera  toute  gastee 
Car  chrestiente  la  surmontée 
De  ce  faict  cy  fault  ordonner 
Sus  Fabien  qu'en  dictes  vous. 


283 

Fauien. 

Cher  sire  je  respons  a  vous 
Et  vous  veulx  dire  deuant  tous 
(Juil  nous  en  porroit  bien  niesprendre 
Maintenant  cliescung  se  veult  rendre 
A  la  fausse  loy  chrestienne 
Je  vous  prie  que  l'on  ordonne 
Auant  que  plus  grand  meschef  vienne 
Soit  enuoye  le  messagier 
Voyse  crier  (1)  sans  plus  tarder 
Parmy  Romme  soit  ordonne 
Qui  vùldra  la  loy  changer 
Deuant  vous  soit  admene 

Dyocletien. 

Par  Malion  cest  très  bien  diuise 
Vos  parolles  ne  sont  friuolles 
Aussi  vous  estes  prestre  dydoiles 
Vous  me  semblés  bien  propre  prestre 
Pour  bien  esleuer  noz  dieux 
De  tout  ce  pays  preuost  et  maistre 
Vous  constitue  comme  prculx 
Affin  de  vuyder  tous  noz  lieux 
Des  serfs  Jésus  et  de  Marie 
Faictes  en  pouldre  je  le  veulx 
Mon  cher  amy  je  vous  en  prie 

Fabien. 

Sire  n'en  doubtes  mye 
Ce  je  feray  en  vérité 
Cil  qui  croira  au  lilz  Marie 
Par  moy  sera  deserite 


(1)  Qu'il  aille  crier. 


284 


Sans  de  luy  auoyr  charité 
Mourir  le  leray  a  laydure 
Malion  m'enuoye  maiadueiiture 
Si  n'en  faict  telle  boucherie 
Telle  ardeur  telle  desconflture 
Que  perdre  luy  feray  la  vie 
Jamais  nul  jour  n'auront  enuye 
D'auoyr  au  faulx  Jésus  fiance 
La  chiere  n'auront  si  hardye 
Qu'ils  ne  tremblent  par  ma  créance 

Le  II  CHiuALiER  Maximien. 

Il  conuient  que  l'on  saduance 
Il  fault  auoyr  les  sénateurs 
Qui  sont  pleins  de  diuers  acteurs 
Si  auront  chescung  son  office. 

Dyocletien. 

Beaulx  seigneurs  vous  iiestes  pas  mices  (1) 

Faict  il  sera  comine  auez  dict 

Sus  Marcheboc  sans  contredict 

Escoule  tantost  ma  clameur 

Et  me  soys  prest  sans  nul  respict 

De  l'accomplir  dedans  ce  jour 

Soudaynement  va  fere  ung  tour 

Tout  en  l'heure  melz  toi  en  l'erré 

Deliure  toy  sans  nul  seiour 

Et  va  mes  quatre  sénateurs  querre 

Marcheboc. 

Sire  j'y  voys  donc  a  grand  erre 
A  Mahon  soyes  bonnement. 


(1)  Doux. 


285 


Le  Fol. 

Escoutes  tous  présentement 
Mon  père  fict  jadis  cheuance 
Au  grand  labeur  jour  et  nuyct 
Jamais  nosoit  remiilir  sa  pance 
Craignant  que  son  bien  n'amoindrit 
Mays  bienlost  je  l'ay  desconlict 
Me  ramplissant  jusques  au  col 
Tout  bien  tant  fort  de  bon  acquist 
l'eril  vennant  es  mains  dung  fol 
Entendes  vous  mon  argument 

Marciiedoc. 
.Inppiter  gard  entièrement 
Les  nobles  sénateurs  de  Rome 
Et  leur  doint  joye  ainsi  comme 
Leurs  cueurs  le  voldroint  maintenir 

Cromatien  SENATEUR  commence. 
Bien  puysses  tu  céans  venir 
Marcheboc  très  gentil  messaige 
Que  faict  l'empereur  très  saige 
Aussi  son  fils  Maximien 
Et  le  bon  preslre  Fabien 
Sont  ils  en  bon  poinct  dy  le  moy. 

Marcjieroc. 
Ouy  sire  et  sans  esmoy 
L'empereur  par  moy  si  vous  mande 
Et  a  vous  se  recommande 
Vous  priant  qu"a  luy  viennes 
Et  que  pas  no  vous  en  tenues 
Uue  ce  soit  bien  victemetii 


286 


Marciâtus  commence. 
Par  Mahon  mon  dieu  qui  ne  ment 
Celluy  seroit  bien  hors  du  sens 
Qui  n'accomplyroit  liaultement 
Le  vouloyr  de  tels  nobles  gens 
Nous  ne  serons  pas  negligens 
Aller  vers  eulx  sans  contredire 
Qu'en  dictes  vous  Tarquilien  sire 

Tarquilin  commence'. 

Oncques  ne  vous  ouys  mieulx  dire 
Saiches  le  bien  marciagnin 
Son  bon  vouloyr  debuons  ensuyure 
Et  accomplir  tous  de  cueur  fin 
Pourtant  chescung  sera  enclin 
A  bien  l'accomplir  et  parfayre 
Deuers  luy  pressons  le  chemin 
Si  orrons  parler  lemperiere 

Nycostrât  commence. 

Allons  doncques  a  bonne  chère 
Et  ne  faysons  plus  long  seiour 
Si  verrons  toute  sa  manière 
Il  nous  monstre  signe  d'amour 
Et  de  longtemps  monstre  nous  a 
Chescung  vers  luy  prenne  la  voye 
Allons  scauoyr  qu'il  nous  dira 

Cromatien. 

Nul  de  nous  ne  sen  desdira 
Allons  sans  dire  plus  rien 

POSE 
Eunt  ad  Dyoclelianum. 


287 
Marciatus. 

Cil  qu'est  cause  de  tout  bieu 
Veuille  garder  Diocletien 
Son  fils  et  tout  son  maintien 

ÏARQUILIN. 

Juppiler  mon  dieu  terrien 
Mon  vray  dieu  Mars  celiestien 
Si  garde  l'empereur  très  noble 
Et  aussi  riiault  Maximien 

Nycostrat. 

Cher  sire  vers  vous  je  vien 
Pour  accomplir  votre  maintien 
Et  vous  seruir  de  môme  sans  faillir 

Dyocletien. 

Bien  soyez  venus  en  ceste  ville 
Mes  nobles  sénateurs  de  Rommo 
Je  sujiplie  mon  dieu  Mahomme 
Quil  vous  veuillie  donner  en  somme 
Vostre  vouloir  fayre  accomplir 
Vous  estes  vrays  et  loyaux  comme 
Je  peulx  veoir,  aussi  maintenir 

MAXIMIExN. 

Il  ne  fault  ici  long  plaict  Iniir 
Cher  sire  do  cest(^  besuigne 
Et  qu'il  n'y  ait  si  hardi  homme 
Qui  voyse  (1)  preschant  parmy  Romme 
La  loy  Jésus  comment  quen  aille  (2) 
Ne  diclz  je  pas  bien  très  cher  sire 

(1)  Aille. 

(2)  Locution  encoro  usitée  auiounl'liui  dans  les  patois  savoyards 
pour  dire  (le  (jnehiur  rnanirrr  que  ce  soiL. 


288 


Dyocletien. 

Cest  bien  dict 

Seigneurs  ouyes  que  je  veulx  dire 
Et  par  quoy  estes  céans  venus 
Chrestiens  régnent  en  mon  empire 
Par  long  temps  ja  sy  sont  tenus 
Le  cas  est  je  les  veulx  occire 
Cruellement  très  tous  ensemble 
Vostre  opinion  sans  desdire 
Dictes  la  moy  que  vous  en  semble 

Cromâtien. 

Puysque  nous  sommes  tous  ensemble 

Chascung  en  dira  sa  rayson 

Ils  ont  par  trop  longue  sayson 

Règne  ne  scay  si  le  cuydes 

Bien  temps  il  est  qu'ils  soint  vuydes 

Et  rays  hors  de  ceste  contrée 

Marciatus. 

Ils  ont  faict  longue  demeure 
En  ces  parties  certaynement 
Nostre  loy  iroit  mallement 
Qui  les  larroyt  plus  dessus  terre  (i) 
Maximien  très  bien  enquerre 
Sen  scaura  deulx  sans  nulle  faillie 
Fabien  aussi  bien  prendre  Ferre 
De  leur  fere  dure  bataillie 
Et  a  ce  fere  ne  sera  mice 


(1)  Qui  les  laisserait  davantage  sur  terre. 


(i) 


289 

Tarquilin. 

Si  je  leur  faulx  Malien  me  nuyse 

Si  par  moy  ne  perdent  la  vye 

Mays  que  les  treuue  en  mon  domeyne 

Nycostrat. 

En  guerre  m'en  veulx  par  moys  jours 

[et  sepmaynes 
En  despit  de  la  virge  quon  dict  royne 
I]s  en  morront  par  mon  serment 
Faictes  le  tout  diligemment 

.  Dyocletien. 

Celluy  qui  fict  le  (irmemenl 
Je  regnye  toutcllemcnt 
Si  ne  le  faict  comme  aues  dict 
Veuilles  entendre  mon  edict 
Nul  ne  présume  auoyr  dedict 
Donner  débat  ou  contredict 
Ou  de  mes  dieux  soys-je  maudicl 
Si  me  luy  faict  perdre  la  vye 

Parlant  à  Maximien. 

Mon  fils  juge  sercs  de  Romanyo 
Ceulx  qui  croyront  au  lilz  de  Marie 
Vous  les  feres  tous  a  mort  mectre 
Toute  ma  gent  je  veulx  soubmectre 
A  vous  et  ma  terre  remectre 
Sans  rien  quelconques  exceptci- 
En  vostre  main  affin  que  maistre 
Eslre  sur  tous  et  apparoislr<^ 
Vous  soyes  dict  et  redouble 

19 


290 


En  signe  de  ce  je  veulx  bouler  (1) 
Sur  vostre  teste  cesle  coronne 
Gardes  la  bien  noble  personne 
Tout  lempire  vous  abandonne 
Cest  mon  vouloyr  ainsi  l'ordonne 
Nen  faicles  ja  point  de  reffus 

Alloquilnr  Fabianum. 

Et  vous  Fabien  mon  bon  amy 
Mon  grand  preuost  vous  faict  de  Romme 
Pour  chresliens  mectre  en  enuy 
Qui  conlrediiont  a  Mabomme 

Alloquilnr  Cromaliamim. 

Toute  grece  vous  baillie  en  somme 
Sans  nulle  larde  Cromatien 
Faictes  que  tout  homme  et  femme 
Regnye  Dieu  nazarien 

Alloquitur  Nycoslratuni. 

Nycoslrat  de  puyssant  maintien 
Sur  Barbarie  (2)  te  commet 
Si  treuve  aulcung  cbrestien 
Faict  luy  regnier  Nazaret 

Alloquitur  Tarquillinum. 

Tarquilin  sans  faire  plaid  (3) 

De  Marceillie  et  de  Myllan 

Te  faictz  preuost  en  effaict 

Faiclz  aux  chresliens  souffrir  torment 

(1)  Mettre.  On  sait  que  Dioclétien  a  abdiqué  le  pouvoir, 

(2)  Afrique. 

(3)  Sans  plaider,  sans  hésiter. 


291 


A  lloquilur  Marciatmn . 

Marcliegnin  puur  cest  an 
Dcmeuria  avec  Fabien 
Pour  aux  chrestiens  fere  dam]) 
Kncherchez  les  je  vous  supplye 
Quils  en  puyssent  perdre  la  vye 

Fabien. 

Si  je  leur  laulx  mars  me  mauldye 
Et  m'envoye  maie  sepmayne 
Sur  eulx  feray  telle  baterie 
Quilz  en  auront  liebure  quarlayne 

Tarquilin. 

Par  le  dieu  qui  tout  le  ciel  mcyne 
Chrestiens  feray  en  quatre  part 
Escarteller  do  par  Juppin 
Et  les  aullres  pendre  a  bons  arlz  (1) 
Qui  réguleront  grisogolin 

Nycostrat. 

Ils  seront  mys  a  malle  fin 
.le  le  vous  dis  sans  celler  rien 

Cromatien. 

Mon  cher  seigneur  je  vous  dis  bien 
Ouil  est  bien  temps  de  congé  prendre 
.le  men  voys  sans  pins  atlcndrc 
Au  pays  (jue  niaues  haillic 
Par  nio\  sera  moult  trauaille 
Maint  chrrsruMi  ainsi  ((uc  jiensse 


(1)  Cordes. 


292 


Dyocletien. 

A  Venus  pleine  de  prudence 
Vous  commande  mes  sénateurs 

Fabien  prenant  congé  des  sénateurs. 

A  dieu  soyes  gentilz  seigneurs 
Qui  vous  veullie  de  mal  gardei- 

Marcegnin. 

S'il  est  nul  qui  veullie  garder 
La  loy  Jésus  pour  retarder 
Celle  du  liauU  dieu  terneganl 
De  lances  le  feray  darder 
Et  de  flèches  si  bien  larder 
Quil  en  morronl  meschanteràent 

Mâximien. 

Nostre  perc  empereur  puyssant 
Aller  men  veulx  parmy  lempire 
Scauoyr  si  orray  rien  dire 
De  Jésus  et  de  sa  merdaillie 
Cest  le  meilleur  comme  me  semble 

Dyocletien. 

Ailes  vous  en  voz  gens  ensemble 
Mon  filz  puysque  le  voules 
Nouuelles  de  vous  me  mandes 
Au  plus  brief  je  vous  en  prie 

Maximien. 

Mon  cher  sire  a  Dieu  vous  comment 

Recedit  Maximianus . 

SILETE. 


293 


S'  Sebastien  commence  genibus  flexis. 

Jésus  roy  omnipotent 

De  toute  doulceur  et  bonté 

De  vray  parfaite  charité 

A  te  seruir  je  meclray  peync 

Treslous  les  jours  de  la  sepmayne 

Ton  chiualier  veulx  lousiours  estre 

Te  cognoessant  seigneur  et  maistre 

Et  tousiours  te  veulx  obeyr 

Sans  jamays  ta  loy  enayr  (1) 

Tous  ceulx  qui  de  loy  font  memoyre 

Jésus  fih  de  Dieu  roy  de  gloyre 

Aymé  de  cueur  parfaictement 

Et  si  me  donne  entendement 

De  te  seruir  par  telle  manière 

Que  le  saiches  lemperiere  (2) 

Jusques  a  tant  que  taye  serui 

Et  ton  paradis  deseruy 

Et  me  donne  que  bonnement 

Puyssc  monstrer  conuertement 

Ta  loy  a  homme  et  a  femme 

Et  si  me  garde  de  diffame 

Je  ten  requiers  mon  Ires  doulx  sire 

Maximien. 

Meschiualliersetconseilliers  en  somme 
A  tous  je  vous  faict  assauoir 


(1)  Haïr. 

(2)  L'imporalrice. 


294. 


Quen  Nerbonne  nous  fault  aller 
Pourtant  cliascung  fasse  debuoir 
De  moy  aller  accompagnier 

Le  I  CHiVALiER  Max.  commence. 

Sire  empereur  1res  cher 
Comme  saige  personne 
Vous  parles  seurement 
Que  vostre  vouloyr  ne  lace 
N'en  doubtes  nullement 
Et  la  verrons  Sebastien 
Ce  chiuallier  très  grand 
Digne  de  grand  hauoyr 

Le  II  CHIVALIEU. 

Vous  ne  parles  que  bien 

Mon  cher  seigneur  sans  nulle  faulte 

Et  sil  y  a  nul  chrestien 

Qui  croyent  au  fds  Marie 

Au  diable  soint  telle  chiuaillie 

Et  perdre  leur  ferons  la  vye 

Maximien. 

Or  sus  barion  sans  villenuye 

Va  ten  tout  prest  ne  tarde  mye 

Au  deuant  fere  assauoyr 

Et  que  cliescung  face  dehueoir 

Au  droict  seigneur  de  lempire 

Qui    vient    en    Nerbonne    chascung 

A  moy  fayre  obéissance        f  saduance 

Et  après  tu  yras  dire 


295 


Au  cliiuallier  SebasUoii 

Que  tout  soit  ordonne  très  bien 

Car  je  seray  la  sans  demeure 

Barion  messager  commence. 

Voslre  vouloyr  dedans  une  heure 
Accomplhay  mon  i;lier  seigneur 
Si  mon  dieu  Malion  me  secure 

Eat. 
Idem  Barion. 

Il  est  bien  temps  comme  je  croy 
Qu'icy  mes  cryes  soint  puljliees 
Ouyes  ouyes  Nerbons  et  Nej'bonoyses 
Vous  dames  aussi  damoyselles 
Et  ces  jeunes  playsans  pucellcs 
Aduocatz  marcbans  gens  desglyse 
Escoutez  tous  par  bonne  guyse 
Lempereur  de  Romanye 
Qui  se  nomme  Maximien 
Viendra  présent  nen  doubtes  mye 
En  ceste  ville  saches  le  bien 
Vous  en  debues  auoyr  au  cueur 
Joye  et  playsir  de  sa  venue 
Faictes  quen  ayez  honneur 
Je  vous  en  prie  sans  retenue 

Apropinqiians  Daciamim  et  QuinUnnum. 

Je  men  voys  sans  plus  débattre 
Lannoncor  a  Sebastien 
La  nouuclle  aura  cher  tenue 
Par  ma  loy  je  le  scay  bien 


296 


QuiNTiEN  commence. 

Auez  vous  ouy  sire  Datien 

Le  messagier  Barion 

Il  conuient  que  prest  allon 

A  lenconlre  Maximien 

Il  veuU  venir  je  vous  dictz  bien 

Présentement  en  ce  pays 

Dacien  commence. 

Mahon  qui  fict  le  monde  jadis 
De  la  nouuelle  je  suys  joyeulx 
Or  nous  en  allons  mon  amy  doulx 
Au  deuant  de  sa  personne 

Bxmo^  parlmit  a  Sebastien. 

Mahon  qui  règne  et  domine 
Si  garde  le  prince  de  Nerbonne 
De  mal  denuy  dencombrement 
Saiches  véritablement 
Qu'a  vostre  estât  très  grandement 
Maximien  se  recommande 
Veoir  vous  viendra  bien  briesuement 
Par  moy  ceci  il  le  vous  mande 
Et  pourtant  vous  signiffie 
Sebastien  prince  excellent 
Monstres  vous  tel  que  chascung  die 
Que  l'auez  receu  noblement 

Sebastien. 

Si  feray  je  cerlaynement 

Le  puyssant  dieu  luy  doint  honneur 

Et  si  le  garde  de  deshonneur 


297 

J'ay  grand  joyc  qu'il  vient  par  ticca 
Aussi  ne  le  vis  je  pieca 

Maximiamis  et  eiiis  societas  adeiinl  Nerbouem. 

Dacien. 

Longuement  ne  seiourncra 
Certaynement  jci  suys  tout  seur 
Voyes  le  la  comme  me  semble 

Sebastien  allant  a  l' encontre. 

Bien  soyes  venu  noble  empei-eur 
Et  voslres  gens  aussi  ensemble 
'  A  qui  je  suys  homme  féal 
Doulx  auec  le  cueur  et  loyal 
Destre  venu  veoir  voslre  homme 

Maximien. 

Je  prie  a  dieu  Mahomme 
Qui  soult  et  gard  Sebastien 
Vng  chiuallier  plein  de  tout  bien 
Auant  sire  comme  vous  va 

S'  Sebastien. 

Je  mercye  mon  dieu  de  cella 
Je  me  va  bien  mon  très  doulx  sire 
Comme  voslre  seruiteur  sans  desdire 
Et  si  suys  mieulx  voslre  que  mien 

Le  II  ciiivALiEU  Max. 

Je  prie  celluy  qui  fict  tout  bien 
Que  lousiours  vous  tienne  en  sanle 


298 


Le  I  CIIIVALIER. 

De  pièce  gi'and  désir  auoy 

De  vous  veoir  a  ma  volonté 

Je  prie  dieu  quil  vous  doint  lyesse 

S'  Sebastien. 

Mes  seigneurs  pleins  de  noblesse 
Vous  soyes  les  très  bien  venus 
Je  vous  mercye  de  la  proesse 
Quand  vous  plaid  venir  céans 

Maximien. 

Nous  venons  par  vostre  bonle 
Je  vous  prometz  sans  faillir  rien 

QUINTIEN. 

Malion  noslre  dieu  ancien 
Gard  le  noble  empereur  en  somme 
Et  luy  doint  a  sa  personne 
Auoyr  la  joye  perdurable 

Datien. 

L'hault  dieu  puyssant  inestimable 
Soult  et  gard  le  noble  empereur 
Et  trestout  aussi  son  maintien 

Maximien. 

Bien  soyes  venu  Dacien 
Aussi  le  jeune  Quintien 
Messeigneurs  Je  vous  dicls  bien 
Que  jay  grand  lyesse  au  cueur 
Quant  Sel)astien  de  grand  valleur 
Puys  auoyr  en  ma  présence 


299 


Je  vous  prie  clioscung  s'aduancc 
De  liiy  ferc  playsir  et  fesle 

QUINTIEN, 

Appollin  doint  lionneur  el  lyesse 
Au  chiuallier  de  grand  noblesse 

S'  Sebastien. 

L'Iiault  dieu  vostre  honneur  croysse 
Amy  bien  puyssies  vous  venii- 
Accolles  raoy 

Datien.  * 

Je  commence 
Ay  tousiours  a  noble  prince 
Plus  genl  qui  soit  en  la  présence 
Comment  vous  est  vostre  désir 

S^  Sebastien 
Prest  de  fayre  vostre  playsir 

Maximien. 

Ca  messeigneurs  j'ay  grand  désir 
Veu  que  sommes  tous  ensemble 
Cest  le  mcillieur  comme  me  semble 
De  fere  le  sacrifice 
Sebastien  mon  amy  cher 
S'il  y  a  clircstiens  en  la  ville 
Qui  tiennent  noslre  loy  a  ville 
Quils  soint  pendus  et  escorches 
En  leur  démontrant  leur  erreur 


300 


S^  Sebastien. 

A  très  puyssant  noble  empereur 
Vous  ferez  voslre  playsir 
De  vous  servir  ay  grand  désir 
Or  faictes  tout  a  voslre  guyse 

Mâximien. 

Allons  donc  fere  le  seruice 

Quand  nous  sommes  tous  ensemble 

Cesl  le  mieulx  comme  me  semble 

QUINTIEN. 

Allons  donc  Ires  cher  seigneur 
POSE 


301 


Maximien  adorant  les  ydolles. 

Mectons  nous  treslous  a  genoulx 
Et  si  chantons  trestous  ensemble 
Quelque  beau  cliant  raelaudieux 
Mahon  Venus  et  Appollin 
Bren,  Bron,  Charon,  Chara,  Bara, 
Juppiter  et  Grisogolin 
Et  tous  les  dieulx  de  noslre  loy 
Gondo,  Plioron,  Bara.  Chara, 

Idem  Maximien. 

Mahon  qui  est  le  majeur 

iJe  tous  les  dieux  de  noslre  loy 

Garde  moy  de  tout  esmoy 

Et  me  donne  sur  ces  chrestiens 

Vicloyre  tant  qu'en  mes  lyens 

Je  les  puisse  briesuement  meclre 

S'  Sebastien. 

Mon  dieu  veullie  moy  maintenir 
En  ton  seruice  sainctement 
Je  ne  te  requiers  aullrement 
Doulx  dieu  je  te  requiers  en  somme 

QUINTIEN. 

Tous  mes  glorieux  dieux  en  somme 
Je  vous  leqnieis  grâce  et  mercy 


302 


Veullies  moy  pardonner  icy 
Trestous  mes  pèches  en  somme 

Datien. 

Mahon  cahin  aussi  Dyenne 

Et  Appollin  nostre  patron 

Veuille  garder  lempereur  de  Romme 

Le  II  CHiVÂLiER  Max. 

Mon  dieu  je  vous  requiers  en  somme 
Que  me  veullies  pardonner 
Tous  mes  pèches  et  mes  offenses 
Que  tousiours  puysse  sacriffier 
A  Venus  pleyne  de  prudence 

Premier  chivalier  Max. 

Appollin  remply  de  puyssance 
Je  te  requiers  de  cueur  entier 
Que  tu  me  veullies  convoyer 
Et  mener  a  saluation 

Maximien. 

Le  seruice  faict  nous  auons 
A  nos  dieulx  comme  debuons 
Leuez  vous  et  nous  en  allons 

Surgîint  omnes. 

Perdition  commence. 

Nomme  je  suys  Perdition 
Engendrée  au  gouffre  infernal 
Fillie  de  malédiction 
Conforme  a  fere  tout  mal 
J'ay  priudlege  principal 
Donne  du  prince  tenebreulx 


303 


Que  tous  mes  gentz  en  gênerai 
Morront  meschans  cl  mallieureux 
Voyci  ma  génération 
Que  j'ayme  d'amour  cordial 
Gaffre  pareilliement  Griffon 
Régiront  mon  hault  tiiliunal 
Et  Fouidre  mon  lils  1res  féal 
Tant  fera  par  faictz  corageuix 
Que  ses  frères  par  cas  égal 
Morront  meschans  et  malheureux 
J'ay  faict  belle  opération 
On  le  peult  veoir  bien  manifeste 
Plus  ne  faict  déclaration 
Que  de  mon  mignon  lilz  Tcmpeste 
Par  luy  tout  sera  mis  en  festc 
Tant  sera  fier  et  corageux 
Puys  tous  quatre  en  cest  estre 
Morront  meschans  et  malheureux 
Enlans  maudictz  iniurieulx 
Gommis  du  vouloyr  Proserpine 
Escoutes  soyes  curieulx 
De  bien  retenir  ma  doctrine 

Griffon  commence. 
Je  ne  requiers  que  frauld  et  rapine 
De  bien  fera  ne  me  peult  challoyr 

Gaffre  commence. 
J'ay  ma  volonté  encline 
Tousiours  a  fayre  tout  mal 

FouLDRE  commence. 

Mon  entendement  ne  fine 

Que  de  chercher  tousiours  le  mal 


304 


Tempeste. 

Je  suys  plein  de  frauld  par  esgal 
One  de  bien  fayre  nheuz  vouloyr. 

Perdition. 

A  ce  que  puys  appercepuoir 

Je  vous  rendray  si  gens  de  bien 

Si  vous  faictes  vostre  debueoir 

Que  la  fin  ne  vauldra  ja  rien 

DeuanL  tous  je  diclz  et  souslien 

Que  Ion  fera  rellation 

Que  vous  estes  enfants  ja  bien 

Engendres  en  perdition 

Ouyes  mon  introduction 

Je  vous  enjoinct  en  premier  lieu 

Que  ne  faictes  loquution 

De  troys  moctz  sans  regnier  Dieu 

Et  gardes  bien  si  a  quelque  jeu 

Vous  perdes  argent  ny  bagues 

Cyl  quaura  le  butin  heu 

Ait  viclement  vng  coup  de  dague 

Si  aulcung  de  vous  dénient  meschant 

Les  aultres  ne  luy  soint  pas  chiches 

Couppes  les  gorges  aux  marchands 

S'ilz  ont  rien  deuiendres  riches 

Si  vous  estes  gentz  entendus 

Et  retennes  bien  mes  diclz 

Ains  que  jamays  soint  des  ans  dix 

Vous  seres  tous  quatre  pendus 

Griffon. 

Ma  mère  n'en  parles  plus 
Car  vostre  doctrine  ensuyurons 


305 


Caffre. 

Je  vous  prometz  que  nous  ferons 
Très  tous  vostre  enseignement 

FOULDRE. 

Je  vous  prometz  vrayemeni 
Je  seray  pire  que  les  troys 

Perdition. 

Vous  seriiires  princes  et  roi\ 

Puys  qu'a  m'entendre  mectes  la  pcyne 

Tempeste. 
A  mal  fayre  mectray  tousiours  peyne 

Perdition. 

Knfans  cnfans  n'ayez  altayne 
Ensuyues  ma  fragilité 
Jay  règne  mainte  cite 
Et  nourry  mainte  garsonnaillir 
Qui  prennent  leur  félicite 
A  fayre  aux  chrestiens  baltaillie 
Encour  je  vous  diray  mieulx 
Et  monstreray  plus  grand  lycon 
Affin  de  tuer  sans  raison 
Vieulx  jeunes  grandz  et  petitz 
Vous  aures  instrumentz  actif 
Pour  exercer  vostre  mectier 
Pour  procéder  au  cas  entici' 
Vous  aures  glaiues  et  couteaulx 
Vous  vous  monstreres  liorreaulx 
Battes  frottes  lost  et  tard 
Regnies  et  joues  de  hasard 

-20 


306 


Soyes  juroignes  (1)  et  putaciers 
Et  Ion  dira  sont  vrays  censciers 
Tues  tout  a  gauche  et  a  dextre 
Sans  espargnier  ny  clerc  ny  prestre 
Voylla  mon  noble  enseignement 

Griffon. 
Nous  le  tiendrons  seuremenl 

Caffre. 
Nous  retiendrons  vostre  doctrine 

FOULDRE. 

Nons  retiendrons  vostre  enseignement 

Tempeste. 
Nous  les  tiendrons  seuremenl 

Perdition. 

Je  vous  commande  expressément 
Que  l'emprimies  en  la  poictrine 

Tempeste. 

Nous  scauons  bien  vostre  doctrine 
Nulle  de  nous  n'est  plus  nouice 

FOULDRE, 

Nous  nauons  plus  besoing  de  nourrice 
Adieu  mère 

Perdition, 
Au  diable  enfant 


(1)  Ivrognesi. 


307 
Maximien. 

Ça  messeigneurs  il  conuient  prendre 
Aller  a  Rome  prestement         |  la  voye 
Sus  Barioii  va  tost  en  voye 
En  ceste  heure  présentement 
A  mon  père  va  souldain  dire 
Quauec  luy  seray  a  disner 
Et  tous  mes  gentz  sans  contredire 
Cecy  luy  va  déterminer 

Darion. 

Comme  le  vent  sentes  passer 
Aussi  tost  men  voys  a  luy 
A  vous  sire  mo  reccommande 
Mahon  vous  veuillie  garder  dennuy. 

Maximien. 

Sebastien  mon  doulx  amy 
Mon  cliiuallier  je  vous  eslvs 
Et  auec  moy  vous  en  venes 
Et  ja  poinct  ne  vous  esloignes 
Vous  seruires  moy  et  mon  père 

S'  Sebastien. 

Je  le  feray  a  bonne  obère 
Mon  doulx  seigneur  certaynomont 
Auec  vous  jray  très  doulccjuciii 
Pour  vous  seruir  et  bas  et  banll 

Eunt  ad  Dyodelianum  lento  yradii. 

Barion  ywr/fj»/  n  Dyorlel'u-n. 

Excellent  du  monde  le  i»lus  liault 
Des  rois,  ducz,  princes  et  seigneurs 


308 


Malion  vous  doint  joye  et  lionneurs 
Et  vous  garde  dencombrement 
A  vostre  grâce  benignement 
Vostre  fils  Maximien 
Se  recommande  grandement 
Aujourdhuy  sans  faillir  rien 
Viendra  disner  a  vostre  table 
Cecy  vous  ditz  pour  véritable 

Dyocletien, 
Gentil  messagier  amyable 
Tu  soys  le  tresbien  arriue 
De  ces  nouuelles  joyeulx  me  faiclz 
Dy  moi  comme  lui  est  de  faict 
Et  si  santé  en  luy  abonde 

Barion. 
Toute  joye  en  luy  redonde 
N'en  doubtes  sire  pour  certain 

Dyocletien, 
Saturne  mon  dieu  souuerain 
Du  bon  du  cueur  je  te  mercye 

Le  I  CHivALiER  Dyocletien. 
Nous  debuons  bien  fere  grand  cbere 
Et  le  recepurons  humblement 

Le  II  CHIVALIER  Dyocletien. 

Il  est  bien  raison  vrayement 
Que  chascung  face  cherelye 

Mâximien. 
Nous  aprochons  nen  doubtes  mye 
Du  playsant  pallays  de  mon  père 


309 


Et  pourtant  me  conuient  fayrc 
A  luy  salutation 
Mon  tresclier  seigneur  Baraton 
Qui  est  de  tous  nous  bon  patron 
Vous  doint  joye  et  bonne  vye 

Dyocletien. 

Beau  fils  vous  et  vostre  compagnie 
Soyes  bien  venus  en  cest  estre 

S'  Sebastien. 

Le  roy  céleste 

Vous  doint  vos  désirs  tous  parfayre 

Datien. 

Excellent  raaistre 

Mars  vous  veuille  a  tous  bien  Irayre 

QUINGTIEN. 

Venus  auec  vous  veuille  estre 
Et  vous  preserue  de  misère 

Dyocletien. 
Bien  viennes  vous  en  cest  estre 

Le  I  CHIVALIER  Dyocletien. 

Ternegant  le  roy  céleste 

Gard  le  noble  empereur  de  Romme 

Le  II  ciiivalieu  Max. 

Venus  la  déesse  boinie 
Veuille  garder  vostre  personne 

Dyocletien. 

Bien  soyez  venus  en  somme 
Ca  Man'iieboc  sans  an-estei- 


310 


Va  tost  appresler  le  disner 
Affin  que  puyssions  festoyer 
A  la  venue  de  ces  seigneurs 

Marcheboc. 
Tresclier  sire  sans  reffus 
J'accompliray  la  besogne 

Préparât  mensam. 

Maximien. 
0  seigneur.  Je  vous  dictz  deuant  tout 

[  homme 
Que  cest  a  nous  chose  aggreable 
Veoir  cy  nostre  amy  délectable 
Sebastien  noble  personne 
Je  vous  prie  de  bien  bon  cueur 
Qu'en  vostre  court  soit  le  majeur 
Et  le  premier  des  chiualliers 

Dyocletien. 
Si  jen  auoys  par  milliers 
Je  veulx  quil  soit  le  plus  auant 
Bon  chiuallier  est  et  scauant 
Je  veulx  quil  soit  auecque  moy 
Et  tous  les  jours  sans  nul  esmoy 
Se  ireuue  a  bonne  chère 
Tout  le  premier  deuant  ma  chère 
Je  l'ordonne  des  maintenant 

Le  II  CHivALiER  Dyocletien. 
Ca  luy  appartient  certaynement 

S'  Sebastien. 
J'ay  volonté  grandement 
De  fere  vostre  playsir 


311 


En  vérité  jay  grand  désir 
De  fere  tout  a  bonne  cliere 
Et  vous  mercye  nolile  empereur 
De  l'honneur  que  vous  me  donnes 
Tousiours  seray  abandonne 
A  fere  vostre  volonté 

Marcheroc. 

Seigneurs  voycy  le  disner  prépare 
Chescung  prenne  place  notable 

Dyocletien. 

Mon  fils 

Et  vous  Sebastien  prince  notable 
Je  vous  prie  mettons  nous  a  table 
Et  aussi  toute  l'assemblée 

Maximien. 

Mon  père  puys  quil  vous  aggree 
Nous  le  ferons  sans  moctz  sonner 

S'  Serastien. 

Pas  ne  le  debuons  refuser 
De  fere  vostre  volonté 

Datien. 

Chescung  de  nous  est  prépare 
A  vostre  bon  commandement 

QUINCTIEN. 

Seons  nous  donc  tout  maintenant 
Et  beuons  en  bonne  santé 

Acciimbunt  mcnse. 


312 

Le  I  ciiivALiER  Dyocletien. 

Je  me  mectray  a  ce  coste 
En  prenant  place  a  loysir 

Le  II  CHIVALIER  Dyocletien. 

De  boyre  jay  grand  désir 
Quant  est  de  moy  je  vous  affie. 

Le  I  CHIVALIER  Max. 

Or  beuons  donc  je  vous  en  prie 
Et  memions  joye  et  lyesse 

Le  II  CHIVALIER  Max. 

Pas  ne  debuons  mener  tristesse 

En  compagnie  de  grand  noblesse 

Marctis  et  MarcelUnus  (empore  prandii  exeunt 

et  loqunlur  ut  sequitur. 

Marc  fils  de  Tarquilin  commence. 

Mon  frère  entendes 
S'il  vous  plait  ma  raison 
Voz  oreillies  tendez 
Car  il  en  est  sayson 
A  Dieu  de  paradis 
Qui  fict  ciel  et  empire 
Veulx  appliquer  mes  dictz 
A  servir  comme  sire 
Il  me  prent  granil  playsir 
D'auoyr  la  loy  chrcstienne 
D'aymer  Dieu  jay  désir 

Marcellinus. 
Frère  je  vous  ditz  sans  mentir 
Et  vous  veulx  ferc  bon  serment 


313 


Hue  chrestien  veulx  deuenir 

Et  la  loy  Jésus  ensuyuii 

Car  cesl  celluy  qui  point  ne  ment- 

Marc. 

Et  moy  aussi  certaynement 

Vouldroy  tenir  la  loy  chrestienne 

Aller  donc  il  nous  conuient 

Vers  Polycarpe  le  bon  preslrc 

Car  quant  a  moy  chrestien  veulx  eslre 

Je  le  vous  dictz  sans  fere  doubte 

Playse  ou  non  a  nostre  père 

Mârcellin. 

Si  laisie  moy  sans  faulte  fere 
La  loy  de  noz  dieux  veulx  laysser 
Et  meclre  du  tout  a  néant 
A  Jesuschrist  sans  varier 
Mectray  tout  mon  entendement 
Je  voys  doncques  présentement 
Vers  nostre  père  Tarquilien 
Pour  luy  dire  sans  nul  detien 
Que  croyrc  veulx  la  loy  Jésus 

Marc. 

Et  que  diront  les  empcrem-.s 
Prcre  quant,  scani'ont  nostre  i'aict 

Mârcellin. 

Or  y  allons  sans  plus  d'arrest 
Et  lui  conterons  nostre  faict 

Marais  d  Manellinus  emil  ad  Polycarpum. 


314 


Marc. 

Polycarpe  le  roy  parfaict 
Vous  doint  sa  grâce  et  s'amour 

POLYCÂRPE. 

Je  prie  Dieu  le  créateur 
Qu'il  vous  veuillie  illuminer 

Marc. 

Sire  vous  playra  il  d'aller 
Auecque  nous  vers  nostre  père 
Scauoyr  si  le  porront  retrayre 
De  sa  loy  car  il  est  deceu 
Pour  seruir  ces  dyables  ydeulx 

POLYCARPE. 

Voulontier  au  nom  de  Jésus 
Et  de  sa  tresacree  mère 

POSE 


315 

Margellin. 

Tarquilien  nostre  cher  père 
A  toy  je  vieil  si  faict  mon  frère 
Nous  volons  chrestiens 
Deuenir  sans  retrayre 
Faictz  nous  tost  haptisei- 
Toy  et  ma  mère  ensemble 
Et  sans  plus  diuiser 
Cest  le  mieulx  si  me  semble 

Marc. 

Mon  père  la  loy  payenne 
Hayons  (1)  sans  faillir  rien 
Et  la  loy  chrestienne 
Voulons  nous  deux  lenii- 
Quoy  qu'il  doibue  aduenir 
La  loi  Jésus  seruons 

Tarquilien. 

Par  le  hault  dieu  Mahon 
Mes  enfans  cest  folye 
Qui  scauroit  que  je  fusse 
Clireslien  sans  double 
A  tout  ce  je  reffuse 
Je  ne  le  feray  goutte 
Ny  vous  que  bon  me  soit 
Cest  folye  qui  vous  decoit 
Gardes  de  plus  en  dire 

POLYCARPE. 

Donjour  Tarquilien  sire 

Vous  doint  le  dieu  que  je  croy 


(I)  Haïssons. 


316 


Tarquilin. 

Mahon  vous  faiclz  arroy 
Polycarpe  mon  bon  amy 
Hellas  je  suys  en  grand  soucy 
Mes  deux  enfants  me  font 
Au  cueur  très  grand  pilye 
Nos  dieux  renonce  ont 
Présentement  en  vérité 
La  loi  de  chrestiente 
VeuUent  prendre  et  ensuyuj'e 
En  ame  tourmente 
Suys  sans  contredire 

Polycarpe. 

Tarquilin  très  cher  sire 
Cest  a  vous  grand  simplesse 
Leur  vouloyr  contredire 
Ils  sont  pleins  de  sagesse 
Pour  paruenir  a  joye 
Au  royaulme  des  cieulx 
Ils  prennent  la  voye 
Hellas  faictes  comme  eulx 

Tarquilin. 

Haroz  maulgre  nos  dieux 
Au  diable  malheureux 
Aussi  ta  loi  chrestienne 
Jappercoy  que  deceu 
Ils  renoncent  Dienne 

Descendit  Tarquilinus  et  inqiiit. 

Toy  et  eulx  par  mon  ame 
Meschament  a  diffame 


ai7 


Je  vous  feray  linii' 
Si  vous  tonnes  la  ganmie 
De  ce  pailliaid  infâme 
Que  mauez  cy  vente 

Marc. 

Vng  Dieu  qui  est  en  trinile 
Troys  personnes  en  unité 
Une  essence  je  veulx  ayraer 

Marcellin. 

Sounoraine  diiiinilo 
Coeleinclle  mageslo 
De  lout  en  tout  veulx  reclamer 

POLYCARPE. 

Cest  bien  dict  aussi  diffammcr 
La  loy  payennc  vous  conuienl 
Abaysser  Juppin  et  blasmer 
Dien  vous  fcres  il  appertient 
Et  ung  seul  dieu  vous  aymeres 
De  pensée  dame  de  cuear  fin 
Par  ce  moien  vous  paruiendres 
En  son  royaulme  après  la  fin 

Tarquilin. 

Maulgre  Juppin  et  Apollin 

Faulx.  traiclre  preslre 

Seruez  vous  tel  maislre 

Je  puysse  brief  souffrir  mesclief 

Et  malle  peyne 

Si  jncontincnt  ne  vous  raeync 

En  l.i  maison  de  Nycostrat 


318 


Qui  vostre  estât  abayssera 

Car  il  fera  si  croisje  bien 

Finir  voz  jours  a  grandz  doleurs 

Passes  auant  faulx  chien 

Et  ruffien  , 

A  Lucifej'  maistre  d'enfer 

Je  vous  commande 

POLYCARPE. 

Ne  doubte  point  ny  tant  ni  quant 
Auec  toy  a  cherelye 
Ton  bon  vouloyr  accomplyssant 
Je  iray  quant  a  ma  partye 

Marc. 
Et  nous  aussi  n'en  doubles  mye 
Beau  père  auec  vous  jrons 
Ja  de  rien  ne  vous  desdirons 

Maximien. 

Mon  père  faictes  dicy  leuer 
Car  je  voy  plus  homme  manger 
Si  me  semble  pour  le  présent 

Dyocletien. 

Ca  messagier  tout  prestement 
Leuez  donc  tout  sans  nul  seiour 

Marciieboc. 

Voyez  moy  ci  prest  a  vostre  honneur 

Sumpserunt  pranditim  et  surgmit. 

S'  Sebastien. 

Nous  vous  mercyons  monseigneur 
De  vos  biens  et  de  vostre  cliiere 


319 
Dyocletien. 
Prennes  en  gre  je  vous  prie 

ÏARQUILIN. 

Hic  TarqnUinus  ducit  filios  et  Polycarpum 
ad  Nycostrat. 

Sire  regarde  que  tameyne 

Ces  Iroys  quoquins  pleins  de  foiye 

Noslre  loy  tiennent  en  vayne 

De  tout  en  tout  lont  abolye 

Ils  croient  en  Jésus  fiîs  Marie 

Ils  tiennent  présent  la  loy  chresliennc 

Puysquilz  ont  commis  tel  vice 

Je  le  supplye  faictz  en  justice. 

Nycostrat. 

Par  Mahon  chescung  est  bien  nyce 
Auoyr  aullre  loy  que  Mahomme 
Je  mesbays  de  faict  en  somme 
Comme  vous  estes  si  obstines 
Scaues  vous  pas  que  maint  homme 
Pour  ceste  cause  en  est  line 
Je  vous  en  prie  détermines 
La  mectre  du  tout  a  destin 
Et  de  bon  cueur  tost  reprennes 
La  loy  nostre  dieu  AppoUin 

Marc. 
.    Nous  seruirons  le  Roy  diuiu 

Marcellin. 

Tousiours  soyr  et  malin 
Seruirons  le  roy  diiiin 


320 


Nycostrat. 

Et  toy  presblre  villain 

Veulx  lu  tenir  jcelle  loy 

Si  tu  la  liens  par  ma  foy 

Mourir  le  feray  de  vray 

Tout  a  ceste  heure  présentement 

POLYCARPE. 

A  Dieu  omnipotent 
Jésus  roy  de  concorde 
Seruiray  liumblement 
En  tout  a  luy  maccorde 
Aultre  je  metz  a  néant 

Nycostrat. 

Je  renye  Mahon  qui  ne  ment 
Au  sénateur  Cromatien 
Je  le  voys  dire  présentement 
Mourir  vous  fera  comme  ung  chien 
Le  faicl  luy  compleray  si  bien 
Que  de  brief  vous  fera  martyr 
Fault  Iraiclre  malheureux 
Pas  ne  cuydoys  que  fuciez  tel 
Que  voulsissiez  nyer  Mahon 
Au  diable  soyes  vous  donc 
Qui  vous  puysse  fere  périr 

Tarquillin, 

Je  croy  qu'U  me  fauldra  mourir 
Maulgre  toute  la  nation 
Du  faulx  Jésus  de  Nazaret 
Juppin  est  a  confusion 
AppoUin  n'est  plus  que  varlet 


321 


Faut  il  que  ijoiirchasse 
La  mort  et  que  face 
Mourir  mes  enfans 
Es  mains  des  tyrans 
Comme  iauix  mescliaiilz 
Haron  faulse  mort 
Amy  tout  curieux 
Fay  moy  laisser  ces  lieux 
Et  le  va  soubtlain  dire 
Au  grand  coulagieux 
Crom.alion  le  sire 
Et  (|ue  mes  enfants 
Soint  conuertissanlz 
A  la  loy  Jésus 

NYCosrrtAT. 

Amy  n'en  parles  plus 
Lay&ses  moy  du  surplus 
J'en  feray  vray  justice 
Je  suys  assez  propice 
Pour  bien  compte)-  leur  vice 
A  Mahou  et  Juppin 
Jusques  au  retour  en  droict 

AUoquilur  [mires  et  Pofjirarpuni. 

Je  vous  houlte  peync  voz  lestes 
A  vous  ti'oys  quesles  faulx  traictres 
Que  vous  ne  partes  de  céans 
Tant  que  javf  roniptr  voslre  fait 

Nycostriit  imulalim  cl  duni  Tuniiiilliniix  loquitur 
phingt'udo  ladil  lul  ilruntalinnuw. 

21 


322 


Tarquilin  exit  plangendo. 

Hellas  que  lay  je  faict 
Ay  je  vers  toy  me  f  fa  ici 
Comment  as  tu  souffert 
Mes  enfans  en  appert 
Te  fayre  telle  oppresse 
Chescung  deulx  si  te  laisse 
Helas  helas  hellas 
Voici  bien  pitieulx  cas 
Las  je  ne  cuydoy  pas 
Auoyr  faict  telle  lignée 
Qui  me  mectant  es  lacz 
De  la  mort  sans  faillye 
Par  eulx  fault  que  denye 
Ma  douleureuse  vye 
Jay  bien  perdu  tout  bien 
Je  pleure  larmoyé  crye 
Hellas  que  n'est  perie 
Ma  vie  nul  detien 

Nycostrat. 

Juppiler  gard  Cromaticn 
Et  trestout  son  hoiistaige 

Cromatien. 

Bien  viennes  Nycostrat  saige 

Nycostrat. 

Malion  noslre  dieu  terrien 

Vous  gard  de  mal  piince  tressaige 

La  femme  Cromatien  commence. 
Comme  se  porte  le  mesnaige 
Nycostrat  bien  soyes  venu 


323 


A  ma  dame  est  poinct  le  lengaige 
Dictes  pour  le  présent  reuenu 

Nycostrat. 
Nenny  ma  dame 

TiDURTiEN  FILS  Gromatien  coiumence. 

Sans  tarder  plus 

Nycostrat  moutes  ca  liault 

Piiys  nous  direz  sans  reffus 

Quel  vent  vous  meyne  et  qu'il  vous  fault 

Sedeal  Nycostrat. 

Cromatien. 

Or  me  dictes  sans  nul  del'faut 
Parquoy  prennes  vers  nous  la  voye 

Nycostr.\t. 

Je  le  vous  diray  cler  et  liault 

Puys  qu'il  vous  plaict  tant  men  enquerre 

Vray  est  qu'il  y  a  en  vostre  terre 

Troys  clietifs  meschans  gens 

Qui  en  noz  dieux  ne  veullent  croyre 

Mays  sont  deuenus  clirestiens 

Mars  ny  Malion  prisent  jilus  rien 

Cest  Marc  et  Marcel  lin  son  frère 

Tous  deux  fds  de  Tarquilin 

Je  le  vous  dictz  bien  et  declayre 

Polycarpe  leur  a  faict  fayi-e 

Trestout  cecy  comme  je  croy 

Tant  en  est  Tarquilin  dolent 

Mercy  de  vous  crye  par  moy 

De  ce  soyes  bien  recollent 


324 


Cromâtien. 
Le  dictes  vous  a  bon  essient 
Nycostrat 

Nycostrât. 
Ouy  par  tous  nos  dieux 

TiBURCE. 

Je  conuient  fere  mieulx 
Pour  y  aller  cesle  sepmayne 
Tormenter  les  fault  sans  mentir 
Et  leur  fere  souffrir  grand  peyne 
Cest  ce  faulx  ti-aiclre  qui  enseigne 
Sa  loy  aux  enfans  Tarquilin 
Hellas  si  Marc  et  Marcellin 
Estoient  tous  deux  liures  a  mort 
Pitye  seroit  par  Appollin 
Jamays  je  n'en  seroys  d'accord 

Cromâtien. 
Beau  fds  nous  orrons  leur  record 
Mays  si  nul  d'eulx  la  loy  mesprise 
Nous  en  ferons  fere  justice 
Menés  seront  au  sacriffice 
Veoir  sils  vouldront  sacriffier 
S'ils  ne  le  font  par  leur  malice 
De  coups  nous  les  ferons  finir 

TlRURCE. 

On  doibt  ceulx  faire  martrier 
Qui  sont  a  nostrc  loy  nuysans 

Cromâtien. 
Faictes  les  donc  tenir  dedans 
Je  vous  prie  Nycostrat  sire 


325 


Gardes  les  bien  dedans  vostie  estre 
Ainsi  que  fere  le  scaures 
De  mes  nouuclles  vous  aures 
La  sepmayne  qui  enlrcra 
Faictes  le  mieulx  que  vous  porres 
•le  vous  en  prie  de  cella 

Nycostrat. 

Par  ma  loy  sire  on  fera 
De  bien  les  garder  son  debuoir 
S'on  pcult  on  les  conucrtira 
De  leur  loy  ce  debues  scauoyr 

TlliURCE. 

Nous  deburions  grand  joye  auoyr 
Sils  reprennent  nostre  créance 

Cromatien. 

Nycoslrat  a  vostre  puyssance 
Reconfortes  le  sénateur 
Ses  enfans  l'ont  rays  a  mescliance 
Bien  scay  qu'il  est  marry  au  cueur 

Nycostrat. 

Jl  souffre  torment  et  douleur 
Tant  quil  ne  scait  que  deuenir 
A  Mahon  soycs  cher  seigneur 
•le  men  voys  temps  est  desparlir 

Cromatien. 

Bacut  vous  vcullic  desparlir 
En  tout  temps  s'amour  sa  grâce 

Reccdit  Nycoslrat. 


326 


Tarquilin. 

Hellas  je  ne  scay  que  je  face 
Mahon  soit  auec  vous  chère  amye 
De  pleurer  point  ne  me  lasse 
Je  croy  que  je  perdray  la  vye 

La  femme  Tarquilien  commence. 

Pas.  Je  suys  en  torment  rauye 
Qu'aues  vous  mon  cher  seigneur 
A  joinctes  mains  mercy  vous  crye 
Pourquoi  menés  vous  tel  douleur 

Tarquilien. 

Ma  mye  jamais  joye  au  cueur 

Nous  deux  n'aurons  je  le  scay  bien 

Dame  saiches  sans  faillir  rien 

Noz  deux  enfants  cy  sont  chrestiens 

Par  Polycarpe  le  faulx  chien 

Je  vous  le  dis  sans  faillir  rien 

Je  les  ay  trouue  ensemble 

Tout  le  cueur  au  ventre  me  tremble 

Quant  ceste  chose  considère 

Je  n'auray  jamays  que  misère 

La  femme  Tarquilien. 

Par  Mahon  que  pourray  je  fere 
Ny  que  pourray  je  deuenir 
Présent  puys  bien  crier  et  brayre 
Je  ne  me  puys  plus  contenir 
Hellas  mes  fdz  et  mes  amys 
Qui  jamays  vous  peult  secourir 
Que  ne  soyes  a  la  mort  mis 
Ha  chers  filz  votre  amour  a  mis 


327 


A  douleur  votre  [tere  et  inoy 
Voicy  grand  erreur  et  esnioy 
Hellas  et  ou  sont  ils  beau  sire 
Allons  les  veoir  tost  vous  et  raoy 
Et  ne  m'en  vcullies  esconduyre 

Târquilin. 

lia  madame  je  le  vous  veulx.  dire 
Chez  Nycostrat  le  sénateur 
Les  mennay  tous  troys  par  grand  ire 
Nycostrat  le  vailUant  seigneur 
Il  s'en  va  a  Cromatien 
Scauoyr  comme  de  leur  eri-eur 
Les  tourneroit  saiches  le  bien 
Et  silz  n'en  vcullent  fere  rien 
Bien  scay  que  tormentes  seront 
Par  le  ci'uel  prcuost  Fabien 
Jamays  eschai^per  n'en  porront 

La  femme. 

Hellas  hellas  et  que  feront 
Les  panures  en  fans  doloureux 
Jamays  jour  que  doleurs  nauront 
Leur  père  et  mère  pour  eulx 

TARQUILIN. 

En  pleins  (1)  et  en  pleurs  langoureux 
Hellas  que  fei-onl  leurs  enl'ans 
El  leurs  femmes  bien  malheureux 
Seront  destre  en  ce  faulx  Jésus  croyans 
Ne  soyons  plus  icy  plouians 


(1)  Plaintes. 


328 


Leurs  femmes  tantost  nous  oiront 
Lesquelles  seroinl  hors  de  sens 
Par  mon  serment  si  le  scauoint 
Nycostrat  me  dict  sU  pouuoyt 
De  leur  propos  les  retourner 
Fere  assauoyr  le  me  fei'oil 
Ja  n'est  besoing  dy  retourner 

La  femme. 

Or  nous  taysons  sans  seiourner 
Et  nous  seons  en  ceste  place 
D'eulx  nous  fauldra  informer 
Malion  je  ne  scay  que  je  face 

Nycostrat  pa7ie  a  Marc  el  a  MurccUin. 

Dictes  moy  sans  espace 
Quest  deuenu  ce  viel  bon  père 
Luy  auez  vous  faict  menasses 
Qu'il  en  a  laysse  cest  repayre 

Marc. 

Nycostrat  amy  debonayre 
Quant  et  vous  partîtes  souklaui 

JUrcellin. 

Onques  puys  ne  cessa  de  brayre 
Mays  il  labeure  de  vray  en  vain 

Nycostrat. 

Par  Malion  auant  quil  soit  demain 
Je  vous  feray  mourrir  a  honte 
De  voslre  vie  ne  faiclz  plus  compte 
Par  vostre  faulce  loy  chrestienne 


329 


.le  vous  inociray  a  malle  estroync 
Auanl  quil  soil  nonne  aujounlliuy 

POLVCARPE. 

Nycostrat  que  dire  te  puys 
Tu  es  en  toy  mesme  deceu 
Mahon  si  me  croys  plus  n'ensnys 
Ou  aullrement  tu  es  peidu 
Je  te  le  diclz  Nycostrat  sire 

Nycostrat. 

Haroz  voicy  bien  pour  me  cuyre 
Mon  dieu  Mahon  me  puysse  nuyre 
Me  vengeray  je  de  ces  chiens 
En  tel  poinct  suys  que  hors  du  sens 
Suys  et  ay  au  cueur  si  grand  despit 
Que  je  vouidroys  estre  mauldict 
De  mes  dieux  et  ils  fussent  morts 
Au  dyable  soint  ils  et  leurs  dicts 
Je  meurs  quant  je  men  recorde 

S'  Sebastien. 

Je  veulx  aller  vng  peu  dehors 
A  lesbast  en  ceste  sayson 
Trauailler  veulx  vng  peu  mon  corps 
Et  men  allei'  en  la  mayson 
De  Nycostrat  le  sénateur 
De  salust  Tadmonesteray 
A  mon  dieu  mon  crealeui' 
S'il  plaict  a  dieu  croyie  fcray 
Cognoessance  luy  donneray 
Uuil  est  seul  souuerain  dieu 
Si  adieu  plaict  le  conuertiray 


330 


Deuant  que  partir  de  son  lieu 
Dieu  m'y  doint  si  bien  besoigner 
Que  ce  puysse  estre  son  salut 
A  luy  men  voys  sans  seiourner 
Et  sans  plus  fayre  long  tribut 

Vadit. 

De  par  Jésus  je  vous  salue 
Celluy  qui  fict  ciel  et  terre 

P0L\CARPE. 

Bien  soyez  venu  prince  de  valleur 

S^  Sebastien. 
De  part  Jésus  je  voys  salue 

Marc. 

Loue  soit  de  vostre  venue 
Jesuscbrist  que  nous  debuons  croyre 

Mârcellin. 

Bien  puyssies  venir  en  ceste  heure 
Gentil  prince  Sebastien 

S^  Sebastien. 
Alloquitur  Sebastianus  Nycoslratum. 

Beau  sire  Nycostratien 

Mon  dieu  si  vous  enuoye  s'amour 

NVCOSTRÂT. 

Tarquilien  ma  faicl  clamour 
De  ses  enfans  qu'icy  veoyes 
Qui  sont  pleins  de  grand  erreur 


331 


Noslrc  loy  ils  ont  rcgnye 

(lliiestienle  ont  ailuouce 

Et  en  sommes  fort  desplaysans 

A  nos  dieulx  sont  mecreans 

Et  aduoyent  ne  scay  quel  propliete 

Duquel  tous  les  jours  sont  pailans 

Tant  que  est  piteulx  arroy 

S'  Sebastien. 

Cesl  grand  lojye  en  bonne  foy 
D'auoyr  prins  telle  melencolye 
Je  vous  diray  l'ayson  pourquoy 
Escoutez  la  je  vous  supplye 
Vng  seul  est  dieu  fils  de  Marie 
Qui  a  puyssance  et  seigneurye 
Sur  toute  créature  liumayne 
Qui  en  luy  niect  son  eslude 
Il  guerisl  de  toute  maladie 
Qui  le  requiert  et  le  prie 
Il  a  dignité  playne 
Cella  est  chose  certayne 
Parquoy  ils  sont  bien  aduises 
Le  seruir  et  d'y  mectre  peyne 
Ce  sont  enfans  bien  a  priser 
Vous  (leubssies  estre  baptises 
Et  toute  vostre  gent 
Vous  deubssicz  du  tout  despriser 
Malion  car  ce  nest  que  ment 
Croycs  en  dieu  omnipotent 
A  laymer  chascung  se  procure 
Car  il  vault  mieux  certainement 
Que  Mars  Jouis  ny  que  Meicurc 


332 


Nycostrat. 

Ja  nul  jour  n'y  meclray  ma  cure 
Tel  dueil  raaues  faict  que  j'en  tremble 
De  vostre  faulx  Jésus  nay  cure 
Car  point  a  Mahon  ne  ressemble 

S'  Sebastien. 

Croyre  y  debuons  trestous  ensemble 
Car  il  est  vray  Dieu  tout  puyssant 
Celluy  que  l'amour  a  luy  assemble 
Il  nesl  rien  qui  luy  soit  nuysant 

Nycostrat. 

Tousiours  luy  seray  nuysant 
Du  tout  le  regnye  cest  la  somme 
Qui  en  luy  croist  il  est  meschant 
Je  croy  en  mon  vray  dieu  Mahomme 

S^  Sebastien. 

Nycostrat  tu  es  vng  fol  homme 

Jamais  nul  jour  tu  nauras  bien 

Faictz  toy  tost  estre  chreslien 

Metz  a  néant  maliommerie 

Et  ce  que  vouldras  je  scay  bien 

Tu  l'auras  vers  le  fils  de  Marie 

Ne  pense  point  que  je  te  dye 

Fables  truffes  ny  barat 

Et  pourtant  te  dicts  Nycostrat 

Si  me  croys  change  ta  colle  (sic)  (1) 


(1)  Sans  doute  cmUc,  de  collere. 


383 


Nycostrat. 

Quant  de  tes  dictz  je  me  recolle 
S'il  est  ainsi  que  tu  as  dict 
Ensuyure  porray  ton  escholle 
Et  croyre  en  luy  sans  nul  respict 
Si  te  supplye  sans  contredict 
Faictz  moy  entendre  que  peult  estre 
Par  exemple  ou  par  escript 
Je  te  veulx  vng  peu  cognoestre 

S'  Sebastien. 

Cest  un  seul  dieu  souuerain  maistre 
Par  tout  qui  fust  et  sera 
La  sus  au  ciel  tenant  son  estre 
En  vng  poinct  tousiours  durera 
Il  n'a  fin  ny  commencement 
Il  est  seul  dieu  omnipotent 
Affin  que  mieulx  le  le  declaire 
Ce  dieu  est  troys  en  trinite 
Personnes  (1).  Cest  en  dieu  le  père 
Fils  et  sainct  esprit  en  vérité 
Ces  troys  personnes  en  vnite 
N'est  qu'une  essence  permanable 
C'est  le  dieu  par  dessus  nature 
Qui  par  sa  bonté  jnestimable 
A  faict  et  forme  toute  créature 
A  sa  scmblance  et  portraicture 
Nous  auons  este  tous  formes 
Mays  par  Adam  et  sa  morsure 
Auons  este  diffammes 


(1)  Il  y  a  un  petit  signe  de  séparation  comme  uru.'  virgule  toute 
droite  et  allongée. 


334 


Et  Jesuschrist  sans  fiction 
A  heu  de  nous  compassion 
Car  pour  nous  sans  point  mentir 
La  mort  jl  a  volsu  souffrir 
Soubz  Pylate  en  vérité 
Le  douk  Jésus  plein  de  bonté 
Apres  sa  mort  ressuscite 
Le  tiers  jour  de  mort  a  vye 
Ainsi  est  leu  et  recite 
Certain  est  et  vray  je  t'affie 
Tout  cecy  nen  doubte  pas 
Encour  y  ait  vng  aultre  cas 
Apres  sa  résurrection 
Quarante  jours  de  ce  lieu  bas 
La  bault  a  faict  accension 
En  corps  et  ame  sans  fiction 
Deuant  tous  est  monte  es  cieulx 
Accompagne  des  anges  bienheureux 
Pourtant  ceulx  la  ne  sont  pas  saiges 
Qui  en  luy  n'ont  ferme  créance 
Cest  celluy  qui  rendra  tous  gaiges 
A  vng  chascung  de  son  offense 

Nycostrat. 

Puisqu'il  est  tel  en  présence 
Je  te  requiers  de  cueur  agille 
De  sa  vertu  dessus  ma  fillie 
Qui  des  yeulx  ny  veoit  ciel  ny  terre 
Hellas  elle  a  perdu  la  clarté 
S'il  te  plaict  par  elle  requerre 
Je  te  feray  biens  a  plante 


335 


S'  Sebastien. 

Aray  si  veulx  estre  enlallente 
De  croire  au  fils  de  Marie 
Je  le  proraelz  et  l'affye 
Que  tantosl  aura  guerison 
Kt  non  pas  tant  seullement 
Du  corps  mais  aussi  de  l'ame 

Nycostrat. 

En  luy  croiray  sans  point  de  blasme 
Si  elle  peult  estre  guerye 
Mays  de  bon  cueur  je  te  supplye 
Que  sa  clarté  luy  soit  rendue 

S'  Sebastien. 

Il  sera  faict  sans  attendre 
Je  te  le  prometz  en  vérité 

Idem  oral  a  genoulx. 

0  souuerayne  diuinite 
Regalle  raageste 
Troys  personnes  en  vnite 
Vng  seul  dieu  en  verile 
Dame  de  cueur  et  de  pensée 
Je  te  re(|uiers  en  charité 
Par  la  saincle  bénignité 
A  cesle  fiUic  par  ta  bonté 
Sa  veue  soit  restituée 

La  i'ille  Nycostrat  commence. 

0  puyssanl  homme  de  renommée 
A  ton  vouloir  Icrc  m'ordonne 


336 


A  Ion  dieu  seruir  suys  ordonnée 
Et  a  sa  loy  car  elle  est  bonne 
Bien  malheureuse  est  la  personne 
Qui  croit  aultrement 
Jai  cognoessance  présentement 
De  ton  dieu  omnipotent 
Qui  sur  Mahon  a  seigneurie 
Garir  ne  m'a  sceu  seuUement 
Il  est  bien  deceu  grandement 
Qui  croit  en  telle  diablerve 

POLYCARPE. 

Louons  Jésus  le  filz  Marie 
Auquel  a  pieu  a  présence 
Monslrer  sa  puyssance  infinie 
Qu'auons  veu  par  expérience 

Marc. 

Mon  frère  sans  plus  de  différence  (1) 
Mercions  le  dieu  omnipotent 

Marcellin. 
Loue  soit  le  roy  tout  puissant 

Nycostrat. 

Nyeostrat  se  conueriist. 

0  fol  que  je  suys  et  meschant 
Le  temps  passe  et  qu'as  tu  faict 
En  quel  dieu  as  este  croyant 
Quel  dieu  as  adore  de  faict 
0  faulx  Mahon  qui  rien  ne  scaict 


(1)  Sans  différer. 


3^7 


Tu  as  sccu  par  grand  Corfaicl 

Eiiuers  le  vray  dieu  de  nalure 

En  luy  je  veulx  mcclre  ma  cure 

Doresnauant  et  le  seruir 

Il  m'a  monstre  bien  par  droiture 

Que  je  luy  doibue  obeyr 

Cest  celluy  qui  peuit  secourir 

Créature  a  son  besoing 

De  loy  ne  me  tiindray  plus  loing 

La  FILLIE. 

C'est  le  dieu  sur  tout  souuerain 
A  qui  on  doibl  auoir  recours 
A  le  seruir  veulx  mectre  peync 
Et  en  sa  loi  finir  mes  jours 
Car  je  cognoys  quelle  ot  certayne 
El  qu'est  pour  noslrc  salualion 

S'  Sebastien. 

Mes  amys  en  jubillation 
.le  vous  supplye  qu'il  vous  playse 
De  me  dire  sans  fere  noyse 
Le  mal  de  cesle  panure  femme 

Nycostrat. 

Il  y  a  long  temps  pour  mon  ame 
Qu'elle  ;i  perdu  tout  son  iiarlcr 

Si  Sefîastien. 

Si  voulez  Mabon  laisser 
Et  ci-oyre  au  dieu  .Icsiisrlirisl 
Lequcd  mort  et  [lassion  prisl 
l'tiiir  Iresloiis  paoures  cbrestiens 

22 


338 


Je  vous  promet/,  et  soies  seur 
Que  incontinent  sera  guerye 
Cella  est  chose  cerlayne 
Par  moy  sera  toute  sayne 
Aujounlliuy  je  l'aflie 

Nycostrat. 

Je  le  feray  a  cliere  lye 

Très  cher  sii-e  Sebastien 

Si  elle  reçoit  son  parler 

Si  vous  promelz  sans  plus  tarder 

Qu'en  Jesuschrisl  croyra  de  seur 

ZoE  femme  de  Nyeostral  commence. 

Haa  ciia  bon  bo  bien 

Hau  bac  bon  brin  bar  boile 

Vng  hic  serurce  dolc 

S'  Sebastien  a  genoulx. 

0  doulx  Jésus  paix  et  concorde 
Fontayne  de  miséricorde 
De  ton  seruiteur  te  recorde 
Que  ceste  femme  (jui  est  perie 
Par  deffaulle  de  sa  loquence 
A  celle  tin  que  ta  clémence 
Puysse  veoir  et  appercepueoir 
Et  puysse  posséder  et  auoyr 
Sa  loquence  luy  soit  rendue 
Deuant  tous  en  gênerai 
Affm  que  son  propos  en  mue 
El  en  bien  conuertir  le  mal 
De  par  le  dieu  impérial 


339 


Faulx  salan  dyable  te  conjure 
Comme  Irylre  [sic)  el  desloyal 
Va  t'en  en  ton  lieu  infernal 
Trytre  va  t'en  sans  reuenir 

Satan  commence-. 

Haroz  ne  scay  (lue  deuenir 
Ou  es  lu  diabl(3  Bellyal 
Astarault  pensse  daccourir 
VA  le  grand  diable  Baiîuinal 
Oncques  mays  ne  souffris  tel  mal 
De  tout  en  tout  suys  confondu 
Par  ce  faulx  chien  Sebastien 
La  femme  Nycoslratien 
En  ma  subicclioii  tenoye 
Et  delye  la  de  mon  lyen 
Haroz  je  n'auray  jamays  joye 
Je  m'en  voys  en  enfer  courant 

ZOE. 

Ha  noble  homme  saige  et  vaillianl 
fJignc  de  commendation 
Tu  m'as  este  bien  consolant 
Tu  m'as  donne  salua tion 
Tu  es  médecin  secourable 
Tu  croys  vng  dieu  très  redoublable 
Qui  sur  Mahon  est  sire  et  maislre 
Vnc  de  ses  seruans  veulx  csire 
Et  rcgnyer  sa  loy  iiayenne 

Nycostrat. 

Fy  de  Mahon  et  ^W.  Dyenne 
.luppin  Venus  et  Icm-  puyssancc 


340 


Bien  est  sot  qui  a  en  eulx  fiance 
Baptisons  nous  sans  demeuiance 
Car  c'est  la  loy  que  debuons  croyre 

La  fillie. 

Je  m'y  consentz  mon  très  clier  père 
Et  ma  dame  pleyiie  de  vaillance 
Ma  chère  niere  et  ma  joye 
Si  Jesuschi  isl  nous  a  faict  grâce 
Il  est  bien  raison  que  Ion  face 
Desormays  sa  volonté 

ZOE. 

D'aynsi  fere  jai  volonté 
Aultre  chose  ne  veulx  fayi-e 
Hault  cher  de  noble  affayrc 
Je  vous  prie  que  soye  baptisée 

Marc. 

Mon  frcre  a  ceste  journée 
Faysons  nous  tous  deux  baptiser 
Car  nous  estions  tous  doux  dampnes 
Pour  ainsi  croyre  follement 

Margellin. 

Mon  frère  Marc  jen  suys  content 
Quil  soit  faict  a  ccstc  journée 

Marc. 

Cher  de  renommée 
Faites  nous  aussi  baptiser 
Mon  frère  et  moy  sil  vous  aggree 
Vous  prions  cy  présentement 


341 
S'  Sebastien. 

Flectunt  genua. 

Polycaipe  sans  demeuie 
Knscmltle  soint  tous  baptises 

POLYCARrE. 

Baplizatur  Nycosirat  et  eius  (lomeslici{i). 

Du  sainct  chresme  seres  signes 

A  genoux  soyez  assignes 

Au  nom  de  dieu  omnipotent 

Du  fils  et  du  sainct  esprit 

Je  vous  baptise  dignement 

ïn nomine patiis et (ilii  et spirilus sancti 

Kn  signe  de  clirestienle  [  amen 

Du  signe  de  la  croix  vous  ai  signe 

Panses  a  dieu  seruir  sans  nui  lemord 

Nycostrat. 

Tant  qu'auray  l'ame  au  corps 
A  celluy  dieu  feray  seiuice 

ZOE. 

Il  m"a  este  misericordz 

Kl  monstre  vray  amour  i)ropice 

La  fillie. 
De  le  seruir  ne  seray  nyce 

S'  Sebastien. 

Les  faulx  paycns  ny  leurs  effortz 
Ne  doubles  point  ni  leur  malice 

(1)  Les  gens  de  sa  f.unillc. 


342 


Ains  celluy  qui  tout  créa 
Je  vous  laysseray  par  deçà 
En  aullre  lieu  me  fault  aller 

Marc. 
L'iiault  dieu  vous  veuUie  coiuioyer 

Marcellin. 
Adieu  soies  noble  cliiuallier 

Nycostrat. 
Adieu  soyes  jusques  au  retour 

ZOE. 

Sebastien  mon  amy  cher 

Dieu  vous  veuille  donner  s'amour 

La  FILLIE. 

Adieu  vous  dics  gent  escuycr 

Et  vous  maintienne  vostrc  honneur 

SILETE. 


343 


Satan. 

Fiiilens  Luciffcr  ma  clameur 
Haroz  je  suys  hors  de  mon  sens 
.le  suys  vaincu  par  grand  erreur 
Car  lout  eschappe  de  mes  mains 
J'auoy  tenu  en  mes  iyens 
La  femme  Nycoslratien 
Mays  il  y  a  ung  faulx  clireslien 
Qui  se  nomme  Sebastien 
Bien  aduersayie  de  nostre  loy 
Il  m'a  conjure  da  par  le  roy 
(Jui  nous  a  faict  aussi  forme 
De  dedans  son  corps  ma  degeste 
Tant  que  suys  du  tout  confondu 
Haroz  haroz  jay  tout  perdu 
Car  plus  rien  ne  vault  nostre  art 
Paresse  y  sen  veulx  de  ta  part 

LuciFFER  commence. 

Chaque  grand  dyable  y  ait  part 
Tous  les  dyables  deçà  la  mer 
Pour  tant  que  me  pouues  aymer 
Venez  a  moy  sans  contredire 
Escoutez  que  je  veulx  dire 
Vous  ouyes  que  Satan  raconte 
Je  mesbahis  que  n'auez  honte 
Vous  ne  faicles  chose  qui  vaillie 
Il  ny  a  ([ue  luv  qui  trauaillye 
Or  sus  faulce  cheuaillie  sus 
Chascung  de  vous  lueiuie  sa  voye 


344 

Vers  rois,  ducs,  princes  et  adiiocatz 
Preslres.  moines  clercs  de  grands  estalz 
Et  aultres  gentz  aussi  (1)  gendarmes 
Et  amerres  (2)  céans  leurs  âmes 
Sans  jamays  auoyr  bien  ny  joie 

Leuiatam. 

Ha  mon  maistre  ne  tesmoye 
Ne  te  desconforte  de  rien 
Tes  besoignes  se  portent  bien 
Je  viens  de  diverses  contrées 
Et  ay  passe  maintes  vallées 
Si  ay  faict  sans  nul  destrayre 
Le  (ils  mener  guerre  au  père 
Et  la  liilic  contre  la  mère 
Lung  frère  si  veult  tuer  laulti'e 
Et  pour  ce  tout  sera  noslre 
Jai  bien  sceu  faire  mon  oflicc 

IjELZEBUTII. 

Luciffer  prince  de  malice 
Escoute  ouure  tes  oreillies 
Et  je  te  compteray  merueillies 
Je  gouuerne  ces  orgoillieux 
Ces  yures  et  ces  enuyeulx 
Je  les  ay  tous  en  escript 
Tous  ceulx  que  je  vous  ay  dict 
Par  ce  point  céans  viendront 
Et  compagnie  nous  tiendront 
Au  grand  jour  du  jugement 

(1)  Aussi  pour  et  encore.  Voy.  le  vingtième  vers  plus  haut. 

(2)  Amènerez. 


345 

Beiug. 

Ëscoulez  mon  gouucnieinont 
Je  suys  raaistre  des  folleiirs 
Et  de  tous  CCS  villains  flatteurs 
Des  sorciers  et  des  sorcières 
Les  araerray  (1)  en  nos  cliouldicres 
Et  ces  faulces  misérables 
Que  les  gens  font  ester  malades 
Et  les  font  du  tout  sciclier 
Sans  nullement  les  attoucliei- 
Auec  elles  me  suys  tenu 
Il  ny  a  gueres  qu'en  suys  venu 
Ne  doubte  maistre  Luciffer 

Ckrdkuus. 
Je  suys  vng  des  pires  denfci' 
CvWà  je  lose  bien  dire 
Je  taraerray  a  martiro 
En  ta  maison  céans 
Cent  mille  millions  de  clnestiens 
Drief  aujourdliui  ny  a  homme  ny  femme 
Que  tout  ne  soit  dictjnfame 
Pour  la  langue  mauldire  faulce 
Encour  a  jl  d'une  aultre  saulce 
(Jue  Inng  publiquement  diffame  l'aultre 
Je  faictz  porter  lesmoignaige 
Eaulx  et  relattei-  mainlz  lengaiges 
Que  tout  viendra  céans  en  ta  mayson 

Baguinal. 
Par  long  temps  et  mainte  sayson 
Ne  cessay  de  régner  sur  l<;rre 


(1)  Aniéoerai. 


346 


A  loy  chreslienne  je  faictz  guerre 
Je  suys  le  maislre  des  hérétiques 
Des  faulx  abuses  cysmaticques 
Et  pleins  de  faulce  heresye 
Qui  varient  la  loy  au  fdz  Marie 
Jen  amerray  vng  si  grand  nombre 
Que  tout  en  sera  en  descombres 
Et  ny  aura  pas  demeure 

LUCIFFER. 

Tu  as  noblement  laboure 
Or  sus  dyables  entendes  moy 
Je  suys  entre  un  grand  esmoy 
De  ce  faulx  villain  enrraige  . 
Duquel  satan  si  ma  parle 
Qui  se  nomme  Sebastien 
Trouuer  nous  conuient  le  moyen 
De  lembuscher  dedans  noz  lacs 
Nostre  il  a  mise  au  bas  fsic)  (4) 
Et  luy  faysons  souffrir  greuance 

Leuiatâm. 

Il  est  bien  a  nostre  puissance 
Céans  viendra  quoiquil  attende 
Et  tous  ceux  qui  sont  de  sa  bande 
Briesuement  seront  n'en  doubtes 

Belzebuth. 

Aller  il  faut  de  tous  costes 
Sathan  bien  fere  le  scaura 


(1)  Il  parait  manquer  un  mot  après  nostre. 


347 
Satam. 

Jai  pensse  longtemps  y  a 

Pour  le  cuyder  prendre  a  ma  lento  (1) 

Mays  je  n'ay  sceu  tiotiuer  la  sente  (2) 

Il  croit  en  dieu  si  fermement 

Et  l'aime  si  parfaictement 

Quoncques  a  kiy  nay  peu  attouclier 

Maudictc  soit  la  loy  bastarde 

LUCIFKR. 

Satliam  je  t'en  baille  la  garde 
Et  si  tu  veulx  auoyi'  effect 
Prens  des  dyables  une  douzaine 
Et  les  mayne  a  droit  ou  a  tort 
Et  employés  bien  vostrc  peyne 
Quil  ne  vous  eschappe  mye 


(1)  Probablement  tentation. 

(2)  Sentier. 


348 


Le  Fol. 

Volonlier  feroys  une  mye  (1) 
Si  je  nauoys  peur  du  grand  dieu 
Mays  on  dict  quU  est  en  tout  lieu 
Et  qud  veoit  tous  les  faiclz  de  l'homme 
Mieulx  me  vaudrai  manger  ma  pomme 
Que  commeclre  quelque  diffame 
Car  si  je  baisoys  une  dame 
Le  grand  dieu  me  rencontreroit 
Qui  de  grands  coups  m'assommeroit 
Ten  femmes  ont  dans  leur  rôle  ' 
Plusieurs  cscoipte  la  uerolle 
Ce  sera  pour  le  payement 
Des  luxurieux  de  maintenant 
Je  prie  a  dieu  qui  doint  joye 
A  cil  qui  fict  telle  momerye 
Ceux  qui  la  peuluent  rancontrer 
Ont  bien  loysir  de  la  compter 
Toute  leur  vie  vague  et  folle 


(1)  Une  maîtresse. 


3i'J 


Fabien. 

II  est  bien  temps  que  rae  recolle 

De  Romaine  circuir 

Et  sil  y  a  aulcung  (jui  colle  (1) 

La  loy  Jésus  et  de  Marye 

Je  leur  feray  perdre  la  vie 

Et  les  mectray  a  destruction 

Car  toute  mon  jnclination 

Desormays  et  intention 

Qui  des  chrestiens  la  nation 

Tienne  ou  fera  mention 

Je  leur  feray  linir  leurs  jours 

A  grand  peyne  et  doleurs 

Sus  Thenin  va  fayre  vng  tour 

Et  que  chascung  sans  nul  seiour 

Vienne  fere  le  seruicc 

Car  je  veulx  tenir  le  sacriffice 

Pour  scauoyr  s'aulcung  chrestien  a 

Qui  noz  dieux  desprise  et  onnice 

Sil  y  est  jl  en  morra  villaynement 

Marche»  ;nin. 

Vous  diuisez  bien  saigemeiil 
Par  Appollin  qui  tout  ci'ea 

TlIENIN. 

Chier  sire  faict  il  sera 

En  llK'ure  tout  présentement 


(1)  Cullivt.'. 


350 


Nuul  n'y  contredira 

Ou  follye  feroil  aullremenl 

Vadit. 
Or  ouyes  toute  gent 
Au  pays  de  Rornanye 
Aussi  pareilliement 
De  toute  Lombardie 
A  tous  faiclz  assauoyr 
De  par  Fabien 
Preuost  d'bault  valloyr 
Que  chascune  créature 
Vienne  adorer  noz  dieux 
AppoUin  et  Mei'cure 
Et  tous  aullres  aux  cieulx 
Sur  peyne  dencourir 
Pugnition  mortelle 

Datien. 
Allons  donc  puysque  la  chose  est  telle 
Jeune  conestable  Quintien 
Seruir  noz  dieux  par  bonne  manière 
Auec  le  bon  preuost  Fabien 

Quintien. 

Par  ma  loy  sire  Datien 
D'y  aller  suys  je  bien  content 
Allons  donc  tout  présentement 
Le  seruir  sans  point  de  cauthelle 

Marc. 
De  joye  mon  cueur  renouuelle 
Dauoyr  ouy  ce  mandement 
Or  sus  mon  frère  la  chose  est  telle 


351 


Aller  nous  y  faut  presenlemeiit 
Au  lieu  du  faulx  sacrifliement 
Non  pas  pourtant  sacrifier 
Mays  pour  conuerlir  clignement 
Quelque  personne  a  dieu  prier 

Marcellin. 

Mon  frère  amy  1res  cher 
Vous  dictes  bien  comme  me  semble 
Quant  vous  playra  pour  abréger 
Nous  yrons  vous  et  moy  ensemble 

Marc. 

En  ce  lieu  le  peuple  sassemble 
Soudaynement  saicbes  le  bien 

Marcef.lin. 

Or  ca  deuant  que  Ion  saduance 
Icy  nous  fault  prendre  noz  maintien 

THENIN. 

Très  cher  sire  preuost  Fabien 
Jay  accomply  vostre  vouloyr 
Si  vous  me  faictes  aulcung  bien 
Vous  ferez  bien  vostre  debueoir 

Farien. 

Or  tien  pense  de  recepueoir 
Trente  solz  (|ue  je  te  donne 
Tu  es  digne  de  bien  auoyr 
Fiii  cffaict  de  tout  t'abandonne 
Mes  biens,  mon  oi-  et  ma  clit-uance 


352 


Puys  que  lu  es  si  loyal  je  tordonne 
Mon  maislre  dlioslel  sans  doubtance 

Thenin. 

Jevousmerciepreuosldeinagnifficence 

Fabien. 

Allons  doncqucs  sans  demeurance 
Au  temple  seruir  noz  dieux. 

Marcegnin. 
Allons  donc  tous  de  cueur  joyeulx 

POSE 

Vadvnt  ad  sacricandum  (1). 


(1)  Sic  pour  sacrificandwn. 


353 


D\TIEN. 

Mahon  le  maieur  de  noz  dieux 
Soiili  et  gai  il  le  noble  preuost 
Et  trestout  aussi  son  maintien 

QUINCTIEN. 

L'Iiciull  (lieu  celestien 

(lard  le  nohie  preuost  Fabien 

Et  toute  sa  couipagnye 

■  Faheen. 

Bien  puisses  venir  reste  partye 
Ca  messeigneurs  Je  vous  supplye 
Que  cliascung  veuille  penser 
Ce  fere  a  noz  dieux  louanges 

IJATIEN. 

Près  de  vous  me  veulx  adiaurer 
De  par  Ap(M»llin  qui  ne  ment 
Et  de  bon  cueur  le  venix  prier 

Marcec.nin. 

El  moy  paieilliement 

Oriint  (jembua  flexis. 

Faiîien. 

Mahon  veuillez  moy  pardonner 
Icy  en  droict  tous  mes  pèches 
Et  me  vcullins  abandonner 
(bi'cii  l;i  l()\  Sdil  iiinii  .iiciii'  liche 


354 


Marcegnin. 

A  Venus  pleyne  de  bonté 
Je  vous  requiers  de  cueur  entier 
Que  vous  nie  veullies  pardonner 
Je  vous  requiers  par  amytye 

Datîen. 

Juppin  ayes  de  moy  pitye 
A  vous  me  liure  a  vous  me  rendz 
Pardonnes  moy  par  amylie 
Mes  maulx  et  (eues  mon  argent 

QUINTIEN. 

De  caste  piere  vous  laiclz  présent 
Mon  glorieux,  dieu  Mercure 
En  vous  requérant  de  fois  cent 
Que  me  gardes  de  mal'aduenture 
Je  vous  présente  ceste  tasse 

ÏIIENIN. 

Si  jheusse  dargent  jen  donnasse 
A  nostre  déesse  la  bonne  lîllie 
Si  prie  Mahon  que  pardon  me  face 
Car  je  nay  ny  croix  ni  pille 
Par  ma  conscience 


355 


Le  Fol  (1). 

Je  le  viens  offrir  vne  tlance 
Que  jay  faict  ce  jeucjy  passe 
Fays  moy  tousiours  remplir  la  pance 
Du  bien  quaiilcung  a  amasse 
1^1  quant  tout  sera  fricasse 
La  clieuance  de  mon  feu  père 
Va  mon  jouent  (2)  sera  passe 
■le  nauray  rien  aullie  que  fere 
Ormisqualler  crier  et  brayre 
Par  les  portes  de  mes  voysins 
Comme  plusyeurs  gens  scauenl  fere 
Qui  ont  dépendu  les  gras  lopins 
Fntendes  petits  gormandins 
Qui  dissipes  vne  clieuance 
Vous  délaisses  les  lions  chemins 
I*oui'  courir  après  la  meschance 


(1)  Cette  tirade  est  iii  marge  du  mol. 

(2)  Jovent,  jeunessr  prob.ihlemenl. 


s§ë 


Marc. 

Faulx  preuost  remply  d ignorance 
De  pauvreté  et  de  moschance 
Je  te  saluerons  noblement 
Si  tu  auoys  ferme  créance 
En  Jesuschrist  et  conliance 
Qui  est  vray  dieu  omnipotent 
Tes  ydolles  cortaynoment 
Te  merront  a  darapuement 
A  peyne  et  torment  mortieux 

Fabien. 

Haroz  fjuel  garson  orgoillieux 
Uuel  palliard  lier  depiteux 
Et  me  viens  tu  cy  iniurier 

Marc. 

Fabien  veullie  toy  aduiser 
Je  te  dictz  que  tu  es  malheureux 
De  croyre  ainsi  a  ces  faidx  dieux 
Et  de  vouloyr  sacrifiler 

Marcegnin. 

A  villain  faut  il  ainsi  parler 
De  vouloyr  nos  dieux  blasmer 

Marcellin. 

Si  en  eulx  te  veulx  tousiours  fier 
Mieulx  ne  te  peulx  dampniflier 
Cliescung  deulx  te  decepura 


357 


Fabien. 

Maulgic  .luppiii  cl  quest  cella 
Ilaroz  es  lu  de  ceulx  la 
As  lu  regnye  Appollin 
Pour  scruir  un  faulx  diuin 
Vng  piopliele  plein  de  venin 
Vng  tretie  mauldict  enchanteur 

Datien. 

Faicles  les  chastier  monseigneur 
l*uis(iuils  ont  regnio  Venus 
En  despit  du  faulx  Jésus 
Ce  Iritre  villain  matin 

Marc. 

Il  est  vray  dieu  doulx  et  begnin 
Il  est  ton  père  créateur 
Fabien  quelque  grand  pécheur 
Que  tu  soys  requiers  le  de  cueur 
Et  il  le  prendra  a  mercy 

Fabien. 

Haroz  haroz  et  quest  cecy 
De  raige  laut  il  que  je  meure 
De  despit  jay  le  cueur  transi 
Ces  deux  larrons  me  font  mourir 
De  me  parler  de  leur  faulx  dieu 
De  voz  deux  corps  feray  courir 
Le  sang  auant  que  partir  de  ce  lieu 
Fn  desi»it  de  vostre  dieu 
Faulcayre  garsnn  lils  Marie 
Je  vous  feray  perdre  la  vye 
Faulx  larron  rulliens  palliars 


358 


De  voz  deux  corps  feray  boucherie 
Bien  pouues  dire  questes  ars  (1) 

Marc. 

En  vain  tes  paroUes  despartz 
Nous  ne  le  craignons  rien  de  faict 
Pour  tes  menasses  et  les  dardz 
Très  ors  du  sens  fol  parla  ici 
Tu  nas  sens  ny  entend emenl 
Que  nous  peulx  lu  aulcunement 
Fayre  souffrir  mort  et  nous  occire 
Cest  la  voye  de  sauluement 
Quelque  peyne  quelque  tonnent 
Que  nous  puysses  donner  et  fere 
Ne  pense  point  que  dieu  noslre  maistre 
Delayssons  pour  toy  complayre 

Marcellin. 

Meschanl  tout  ramply  de  misère 
Que  pense  tu  huy  deuenir 
Tu  delaysses  la  vray  lumière 
Pour  ténèbres  prendre  et  suyuir 
La  loy  Jesuschrist  veulx  fuyr 
Quest  lant  bonne  et  arayable 
Pour  la  loy  Juppin  tenir 
Qui  nest  bonne  ny  véritable 

QUINTIEN. 

Or  vous  tayses  de  par  le  dyable 
Qui  vous  a  appris  tel  langaige 
El  de  respondre  pai-  tel  jniure 


[]}  Brûlés. 


359 


Marc. 

Je  le  dictz  et  si  lasscure 

Que  tu  es  paouie  misérable 

Et  mauldictc  créature 

Scays  tu  pas  bien  que  a  pounitme 

Ta  faulce  ciiarogne  puante 

Sen  jra  quelque  attente 

Darapne  seras  saiches  de  vray 

Si  ne  delaysses  ta  faulce  loy 

Helas  Fabien  croy  moy 

A  Jesuschrist  crie  mercy 

Et  tu  en  auras  paradis 

Fabien. 

Par  Malion  vous  seres  pugnys 
Auant  que  soit  longue  sayson 
Voz  jours  laydeinent  feray  linir 
Vous  ra'aues  faict  grand  desrayson 

Marcegnin. 

Sire  je  vous  requiers  que  uous 
Faictes  tout  prest  jcy  venir 
Les  quatre  tyrans  pour  les  lyer 
Car  vous  vouyes  quil  est  sayson 

Fabien. 

Sus  Thenin  sans  arrestation 
Va  moy  quérir  apportement 
Caffre  muUrier  aussi  (Irillon 
Fouldre  Tempeste  scniblablement 
Ne  seiourne  aulcunement 
Je  te  prie  tout  droict  m'ameyne 


360 


Dictz  que  ja>  besoing  graiidejnent 
Faict  les  venir  sur  grosse  peyne 

ÏIIENIN. 

Ne  doubles  point  que  meUe  peyne 
De  les  amener  viclement 
Je  m'y  en  voys  par  ceste  playne 
Malion  vous  gard  d'encombrement 

Vadit  ad  tyranos  Thenin. 

Par  Mahon  qui  point.ne  ment 
Estre  frotte  deulx  je  me  double 
Si  parleray  a  eulx  par  mon  serment 
Quoy  quil  soit  somme  toute 
Juppin  gard  ces  gentils  galans 
Qui  a  mal  fayre  sont  desirans 

Ludunt  tyrani. 

Griffon. 

Le  Dyable  y  ait  pari 
Et  de  sept  cest  hasard 
Haroz  je  l'ay  perdu 

Caffre. 

Auant  double  deux 
Maulgre  en  aient  noz  dieux 

Thenin. 
Mahon  gard  les  gentils  seigneurs 

FOULDRE. 

Qui  est  ce  malestru 

Qui  céans  nous  faict  clameur 


361 


TllHNIN. 

Je  siiys  a  Falùen 
Sfii-iicurs  saiches  le  bien 
Lequel  par  moy  vous  mande 
Quallies  a  luy  pailer 

Temiieste. 

Tu  ne  faictz  que  caqueltei' 
Larron  filz  de  chien 
Tu  scays  bien  peu  de  bien 
Tu  ne  scays  fere  ta  demande 

TlIEMN. 

Vous  niaues  faict  tel  exclandre 

Au  cueur  et  tel  cffioy 

Que  par  les  dieux  en  qui  je  croy 

Jauoys  perdu  toute  ma  lialeync 

Messieurs  il  est  chose  certaync 

Fabien  a  vous  si  ma  enuoyc 

(lar  de  vous  jl  a  alfavre 

Et  par  tant  vers  luy  prenons  la  voye 

Tout  a  llieure  sans  attendre 

Griffoî^, 

Eslce  poui'  escorchcr  ou  pour  pendre 
(juclque  clireslien  regnye 
Dy  les  nous  sans  plus  attendie 
Alfin  que  mon  cueur  soit  esiouy  (1) 


(1)  ROjoui. 


362 


Thenin. 

Je  vous  prie  sans  seiourner 
Quallions  victemeiU 

Le  Fol  parle  (1). 

Thenin. 

Seigneur  les  compagnons  sont  arriues 
Et  sommes  venus  a  grand  erre 

Fabien. 

A  mon  besoing  vous  veulx  requerre 
Ces  deux  garsons  que  cy  voyes 
Qui  ont  renonce  la  loy  payenne 
Et  tiennent  la  loy  chrestienne 
Parquoy  veulx.  tout  incontinent 
Soint  despoiUies  legierement 
Et  lyes  bien  estroictement 
Trestout  présent  a  ce  piUier 
Et  avant  quils  vous  escbappent 
De  grosses  verges  les  battes 
Et  trestant  leur  en  donnes 
Que  leur  sang  soi'te  de  tous  costes 
Scaurez  vous  bien  fere  cella 

Griffon. 

Sire  preuost  ne  doubtes  ja 

Que  tout  a  coup  je  ne  my  renge 

Ca  de  par  le  dyable  payes  auant 

Voyci  vne  pomme  daurange 

Cest  pour  vous  donner  gentz  gallans 


(1)  Le  titre  y  est ,  mais  les  paroles  du  fol  ne  sont  pas  dans  le 
manuscrit. 


363 


Tkmpeste. 

Certes  vous  estes  bien  mescliautz 
Passes  auant  tritre  larron 

Caffre. 

Par  ma  loy  nous  les  l)attrons 
Les  senglanls  larrons  misérables 
Puys  quils  sont  a  nostre  loy  variables 
Sus  compagnons  que  faictcs  vous 

FOULDRE. 

Despoillions  les  sans  tarder  plus 
Et  très  bien  les  lyons  sus  et  jus 
Temj)este  sus  metz  y  la  main 

Tempeste. 

Par  bien  vous  en  morrez  villa ins 
Sur  vos  faulces  opinions 

POSE 
Expoliunl  fralres. 


364 


Griffon. 

Or  sus  commençons  compagnons 

Trestous  ensemble 

Si  bien  les  remuerons 

Que  toute  la  peau  leur  tremble 

Datien. 

Auant  frappes  a  grand  puyssance 
Aftin  (l'auoyr  deulx  vengeance 
Auant  sans  plus  attendre 

Caffre. 

A  cestuy  cy  je  me  veulx  prendre 
Et  son  loyer  je  luy  veulx  rendre 
Or  tien  cella  pour  la  première 
Tourne  vers  moy  ta  face 
Villains  et  me  regarde 

FOULDRE. 

Certes  tous  deux  en  ceste  place 
Vous  en  mourres  quoy  quil  tarde 
Frappez  fort  compagnons 

Caffre. 

Je  vous  prometz  que  maintz  orions 
Auront  de  moy  a  ceste  lieure 
He  qui  me  faict  tant  attendre 
Le  grand  dyable  le  saiche 
Or  tien  cella  sans  demeure 
Et  cecy  par  my  ton  ventre 


365 

(iRIFFON. 

Auaiit  Ribaiiltz  par  dos  et  par  ventre 

FOULDRE. 

De  mieulx  frapper  de  tous  me  vante 
Tien  cecy  que  je  te  badlye 

ÏEMPESTE. 

Fort  irauaillie 
Rn  leur  rendant  bon  loyer 
Je  m'y  veulx  employer 
Par  Mabon  qui  tout  forma 
Or  tien  villain  recoy  cella 
Griffon  que  faict  tu  la 
Frappe  plus  fort  je  ten  prye 

Griffon. 

He  je  vous  crye  mcrcy 

Je  frappe  plus  fort  que  point  de  vous 

Fabien. 

Enfans  aduises  vous 
Je  vous  prie  cberenienl 
Et  a  noz  dieux  trestous 
Faictes  sacrifliement 
Faictes  journellement 
Nul  de  vous  les  onnice 
Au  dieu  Mars  qui  ne  ment 
Faictes  de  cueur  seruice 

Marc. 

Fol  couard  plein  de  vice 
Tes  ilieux  [toint  je  ne  prise 


366 


D'eiilx  ne  sort  que  malice 
Et  mauluayse  faiuctise 
Du  tout  je  les  desprise 
Ce  nest  que  dyablerye 
Leur  temple  et  leur  esglise 
N'est  que  abuserye 

QUINGTIEN. 

Vous  erimauldires  vostre  vye 
Si  vous  ne  changes  couraige 

MARCELLIiN. 

La  loy  Jésus  tousiours  volons  suyure 
Cest  celluy  qui  meyne  a  bon  port 
Et  nous  chault  de  toy  ny  de  ton  effort 
Tu  ne  peulx  chose  qui  vaillie 

Fabien. 

Haroz  quel  ribaudaillye 

Par  Mahon  Ternegant  et  Apollin 

Et  tous  les  dieux  de  nostre  loy 

Vous  morres  enimy  et  sans  delay 

Dictes  vous  tel  outraige 

De  Mahon  et  de  son  mesnaige 

Par  ma  loy  vous  en  mourres 

Et  janîays  eschapper  n'en  porres 

Faulx  tenans  pleins  de  gnyllye  (1) 

Estes  vous  naiz  de  cesle  ville 

Qui  sont  vos  parents  dictes  raoy 

Marc. 

Fabien  je  le  diray  vray 

J'ay  nom  Marc  cesluy  Marcellin 


(l)  Guenilles? 


367 

Fils  du  sénateur  Tarquilien 
Et  Mai'cone  est  nostre  mère 

Marcellin. 

Il  dict  vray  la  chose  est  clayre 

Mon  père  est  vng  sénateur 

Pas  ne  croyt  au  vray  créateur 

Ny  toute  nostre  parente 

Mays  si  tu  es  enlallente 

Qui  nous  a  donne  du  s'  cliresme 

Kt  le  sacrement  de  baptesme 

Croy  que  l'on  faict  deux  vailliansgentz 

Deux  sainclz  hommes  vrays  chrestiens 

Lesquels  ont  faict  deux  beaux  miracles 

Sans  avoyr  herbes  ni  teracles  (1) 

Car  la  femme  de  Nycostrat 

Guerye  ont  n'en  faictz  débat 

A  sa  fillie  ont  clarté  rendue 

Qui  ny  veoit  ciel  ny  nue 

Ont  estes  guéries  en  ce  lieu 

En  Jésus  croyent  maintenant 

Et  vont  vos  dieux  mcsprisanl 

De  cella  n'en  faitz  point  de  double 

Fa  m  EN. 

A  mort  seront  mys  somme  toute 
Griffon  Caffrc  Fouldre  Tempeste 
Détachez  moy  ces  deux  faulx  gardz 
Et  tout  presenleiuent  les  mesmes 
Au  [)lus  parfondz  de  nos  prisons 
Kl  pour  Uiinour  du  père  dou  ils  sont  nés 


(1)  Théria(|uo. 


368 


Trente  jours  de  terme  leur  donne 

Dadnisement  et  non  pas  plus 

SU  leur  plaid  reprendront  Mahomme 

Et  délaisseront  leur  faulx  Jésus 

En  après  sans  nul  débat 

Ailes  raoy  querre  Nycoslrat 

Le  faulx  sénateur  tritrc  cliien 

Il  est  deuenu  chrestien 

Le  larron  plein  de  gnillie 

Aussi  bien  toute  sa  famillie 

Appliques  vous  appertement 

Lyes  les  moy  promptement 

Puysquilz  ont  la  loi  contredit 

Griffon. 

Nous  ferons  tout  a  vostre  edict 

Ou  de  tous  noz  dieux  soye  mauldict 

Fabien. 

Et  que  premier  soint  reuestus 
Ne  les  laisses  point  aller  nudz 

Caffjre. 
Laysses  nous  fere  le  surplus 

Induunt  eus  et  ducunl  m  carcerem. 

Ca  monstres  ca  passes  auant 
Le  diable  emport  le  Iruant 
Tant  nous  donnes  de  peyne 

Marc. 

De  cela  sommes  bien  contenlz 
Pour  paruenii-  à  la  gloyre  haiiltayne 


369 
Gaffre. 
Mahon  vous  donne  liebure  (|uyrlayne 

FOULDRE. 

Le  iliabit;  bien  les  nioyno 
De  croyre  en  ce  faiilx  dieu 

Tempeste. 
Songes  seres  en  vng  beau  Ueu 
Si  ciuy  auanl  que  vous  laysse 

GniFFON. 

Ca  loniior  meyne  lyesse 
Nous  laniennons  piouision 

Caffre. 
Auoyr  ni'  doiblz  pas  tristesse 
Ouurc  nous  a  coup  la  prison 

Agrjpart. 
Que  demandes  vous  compagnons 

FOULDRE. 

Que  la  pi'ifou  nous  soit  ouucite 
Agripart. 

Amenés  vous  (|ueli|ue  larron 
Il  luy  conuiendia  feie  feste 

TeMI'KSTE. 

Ils  sont  de  vye  deslionneste 
Ils  sont  chrestiens  deuenus 

AGRIPAI'.T. 

Je  les  ay  aullreffoys  veu 
Si  me  senibb'  aussi  bien 

24 


370 


Griffon. 
Ils  sont  tilz  a  Tarquilien 
Qui  ont  laisse  le  dieu  Malien 
Et  pourtant  les  toy  conuient  garder 
Trente  jours  en  ta  prison 

ÂcraPART. 
Ho  jentends  voslre  lycon 

Inlrant  in  carçerem. 
Entres  ceaus  tous  deux  ensemble 
Et  si  la  fiebure  vous  tremble 
Briesuement  seres  guerys 

Griffon. 
Du  preuost  soyons  mauldilz 
Et  nous  mettra  tous  a  Tbasard 
Si  ne  lui  admenons  Nycoslrat 
Tout  ainsi  qu'il  nous  a  commande 

Caffre. 
Qu'il  soit  donc  pris  et  admene 
Et  qu'il  soit  faict  comment  quen  adiye 

FOULDRE. 

Je  nay  garde  que  j'y  faillye 

Tempeste. 
Allons  donc  tous  quatre  courant 

Capiunl  Nycostrat. 
Griffon. 
En  vous  je  metz  la  main 
Je  vous  faitz  prisonnier 
De  part  le  preuost  dioicturier 
On  dicl  que  tu  es  chrestien 


371 
Maintenunl  sans  nul  dclicn 
Scauuyr  nous  faull  sil  est  ainsi 

Caffre. 
Capiunt  uxorem. 
Dame  en  vous  nielz  la  main  aussi 
De  par  le  pieuost  de  la  ville 

Cnpiunt  fHimn. 

FOL'F,r)RE. 

Et  moy  itendray  ccste  fillye 
Compa!,Mions  de  les  lyer  soyons  hahilles 
Et  les  menons  Jialliuement 

Tempeste. 
Le  grand  diable  emport  le  couuent 
Vous  estes  hien  mahenreux  et  mescliantz 
Si  nroyes  en  Jésus  ce  faulx  tenant 
Touttelfoys  croyre  ne  le  jinys     * 

Nycostrat. 
Certes  hien  dire  vous  puys 
Chi-cslien  je  suys  de  faict 
Aultre  dieu  que  eelhiy 
Jésus  de  Nazaret 
De  cueur  ne  seruiray 
Mays  tousiours  iaymeray 
En  Iny  ay  ma  fianc(; 

ZOE. 

En  Jesusclirist  (|ui  a  puyssancc 
Certes  croyons  moy  cl  m;i  (Hlie 

La  I  iLLiE  Nycostrat. 
La  loy  iMalion  tenons  a  ville 
Kl  si  croyons  au  (li<'ii  cliiesticn 


372 


(iRlFFON. 

Par  mon  dieu  Mahon  Fabien 
De  vous  sera  huy  estrayne 
Il  a  ja  toul  delermine 
Et  sus  chascung  soit  ordonne 
De  les  mener  sans  demeurance 

FOULDRE. 

Nycostral  vous  menneres  la  dance 
Faulx  traître  maudict  chrestien 
Lyer  te  veulx  sans  arrestance 
Au  col  mettray  cest  lyen 
Présentement  et  ceste  corde 

Câffre. 

N'en  ayons  point  miséricorde 
Lyons  les  comme  chiuailiye 
'Et  les  mennons  aillie  que  vaillie 
Au  preuost  appertement 

FOULDRF. 

Passes  auant  vilain  infâme 
Et  vous  aussi  ma  gente  dame 
Vous  me  semblés  mignonne  femme 
Propre  pour  le  fere  le  bain 

Tempeste. 
Passes  auant  garse  putain 
Paillarde  Iricberesse 
A  nez  vous  laisse  la  grand  déesse 
Venus  remplye  de  sagesse 

POSE 
EunI  ad  Fabianmn. 


373 


(iruFroN. 

Sii'e  preiiost  tic  grand  noblesse 
Dame  Vcmius  la  grand  déesse 
Vous  garde  donrombrement 
Voicy  la  baslarde  gent 
Que  vous  auons  admene 
Et  en  laictes  voslrc  volonto 
Vouyes  les  cy  les  mallieuieux 

Fabien. 

Cest  bien  faict  beaulx  seigneurs 
Dainsi  les  ad  mener 
Ils  esloint  de  Romme  les  maieurs 
Trestoul  ainsi  ordonne 
Kt  maintenant  ont  desuoye 
La  loy  Malioii  et  renonce 
Touleffoys  ne  le  peulx  croyre 
Or  me  diclz  sans  nul  detrayre 
A  tu  apris  la  loy  Jésus 

Nycostrat. 

Ouy  sire  et  pour  luy  veulx 
Mourir  et  prendre  en  gre  la  mort 
Ainsi  qu'a  faict  semi  dieulx 
Pour  nous  deliurer  de  mort 
Celluy  me  donneia  confoit 
Je  vousdict  bien  sans  nul  fainctise. 

Faiïien. 

Tritre  matin  eslcc  la  guyse 
Vous  en  serez  inys  en  layson 


374 


Et  tous  ceiilx  devostre  mayson 
Si  en  morrez  a  diffame 
Geste  fillie  et  ceste  femme 
Sont  elles  de  vostre  accordance 
Respondes  lost  ou  par  mon  ame 
Vous  en  mourrez  sans  deffaillance 

Marcegnin. 

Faictes  leur  souffrir  greuance 
Tant  quils  nayent  cause  de  rire 

ZOE. 

En  Jesuschrist  et  sa  clémence 
Voulons  tousiours  mourir  et  viure 

La  fillie. 

La  loy  Jésus  voulons  ensuyure 
Et  en  sa  foy  viuie  et  mourir 

Fabien. 

Haroz  que  doitz  ie  deuenir 

Je  croy  quil  me  fauldra  mourir 

Si  n'ay  en  brief  diceulx  vengeance 

Datien. 

Soint  faictz  mourir  sans  deffaillance 
Et  mys  tous  en  confusion 

QUIiNTIEN. 

Point  ne  fuuU  aullro  information 
Vous  voyez  quilz  dient  en  voz  présences 

Nycostrat. 

Mauldicl  fol  plein  dignorance 

Tu  es  bien  huv  meschant  mauldict 


375 

Ne  penses  tu  a  toy  reduyre 
A  celluy  qui  par  nous  la  mort  souffrist 
Mieux  te  vauldroit  crier  mercy 
.lesusclirist  ton  père  et  sire. 

Fabien. 

Par  le  dieu  qui  me  faict  viure 
Vous  en  mourrez  sans  nul  respit 
Tyrans  entendes  mon  edict 

Sententia  Fabiani. 

Je  vous  prie  ne  soyes  negligentz 

Trennes  moy  ce  faulx  truant 

Et  a  ce  fere  souyes  habilles 

Sa  femme  pareilliement  sa  fdlie 

Dehors  la  ville  les  mennes 

Et  que  ce  faulx  larron  soit  décolle 

Pareilliement  ces  putains  dampnees 

Soint  par  vous  arses  etbrullees 

Car  telle  est  mon  ordonnance 

Et  sur  eulx  donne  sentence 

Tant  que  preuosl  de  Romanye 

Kii  (lespit  du  hlz  Marie 

Dont  ils  tiennent  la  loy  (1) 

Faii:les  cella  dapar  moy 

Et  qu'il  soit  faict  présentement 


(1)  Ces  deux  vers  suiit  ell'iicés  dans  le  manuscrit  jiar  un  trait  tiré 
sur  ces  deux  lignes,  et,  en  marge,  on  lit  d'une  autre  écriture  :  Can- 
rellatur.  t;t  au-dessous  de  ce  mot  la  signature  F.  Decroso.  Ce 
F.  Decroso  ou  le  fiali^r  Decroso  était  le  censeur  du  temps.  Nous  le 
retiouverons  plus  loin,  où  il  ordonnera  des  radi.itions  ou  des  chan- 
gements, el  à  la  lin  du  manuscrit  se  trouve  l'autorisation  de  repré- 
senter la  pièce. 


376 


Griffon. 
Sire  preuost  vostre  comment  (t) 
De  très  bon  cueur  accomplirons 
Et  saiches  tant  que  viurons 
De  vous  seruir  sommes  tous  prelz 

Tempeste. 

Passes  avant  villain  infaict 
Mourir  te  feray  sur  ma  vie 
Ton  Jésus  filz  Marie 
Ne  ten  scauroit  garder 

Caffre. 

Or  auant  sans  plus  tarder 
Mennons  les  tous  dung  accord 
Partes  mignones  vous  prendres  mort 
Faulces  garses  mal  enseignées 
Vous  estes  prinses  et  lyees 
Jamays  n'en  scauries  eschapper 

FOULDRE. 

Pensons  donc  de  nous  hatter 
Et  quil  soit  faict  legierement 

Tempeste. 
Auant  villain  passes  avant 

POSE 


(1)  CommaDdement. 


37^ 


NYCOSTRA.T. 

Doulx  (lieu  omnipotent 

Jésus  lilz  de  Marie 

Très  benignement 

Cy  présentement 

De  cueur  te  supplye 

Ne  me  laysse  mye 

Mays  soyes  moy  en  commande 

Doulx  dieu  souuerain 

Car  lînir  ma  vye 

Me  fault  sans  dcffaiilir 

Auant  que  soit  demain 

En  ton  ciel  empiree 

Moy  pauure  mondain 

Faiclz  moy  monter  sire 

S'  Sebastien. 

Pour  quelque  marlire 

Quilz  le  puyssent  fayre 

Veuillie  toy  confire 

En  dieu  debonnayre 

A  nécessite    . 

Auras  secourance 

De  luy  en  vérité 

El  bonne  aydance 

Croy  que  quelque  greuance 

Quon  te  face  ou  peyne 

(>'  te  sera  playsance 

En  la  joye  liautayne 


378 


ZOE. 

Bonle  souverayne 
Charile  parfaicle 
Noslre  mort  on  traicto 
Pour  tenir  la  loy 
Si  te  prie  sans  esmoy 
Qu'ayes  de  moy  mercy 

La  FILLIE. 

0  doulx  Jésus  roy  divin 

En  ta  loy  veulx  mouiir  et  viure 

Griffon. 

Or  me  faictes  viclement  place 
Passes  auant  villain  sauluaige 
Tu  faictz  un  peu  trop  le  saige 
Jamays  neschapperas  dicy 

Nycostrât. 
Mon  dieu  je  te  requiers  mercy 
A  toy  mon  arae  je  commande 
Car  je  voys  bien  que  suys  transi 
Et  que  ma  vye  nest  pas  grande 
En  ta  garde  la  commande 

Orat  genibus  flexis. 

0  royne  du  ciel  et  chère  dame 

Glorieuse  vierge  Marie 

Aux  chrestiens  amye 

Prie  ton  cher  filz 

Las  quapres  ma  vye 

Il  recoyue  mon  ame 

A  jointes  mains  mercy  vous  crie 

Disant  jn  manus  tuas 


379 


Griffon. 

Or  ca  tu  recepuias  ung  petit  cnup 

De  mon  office 

Puys  que  tu  es  tant  plein  do  vice 

Décapite  Ny castrat. 

El  que  tu  es  en  Jésus  croyant 
Par  luy  auras  ton  payement 
Vous  semble  jl  que  soye  maistre 

Caffre. 

Dame  remplye  de  malheur 

Penses  tost  de  vous  liaster 

Car  peu  plus  hault  vous  fault  monter 

Pour  voir  le  monde  a  voslre  plaisir 

FOULDRE. 

Par  mon  ame  jay  grand  désir 

De  les  bien  chaulfer  tout  a  llieure 

Auant  dame  sans  demeure 

Mourir  vous  fault  tout  a  ceste  heure 

De  cella  bien  me  vante 

Jamays  tu  nyras  a  dance 

Griffon, 

Meschans  pleins  dignorance 
Premièrement  soint  despoillies 
De  ces  robes  et  liabilliements 
Car  ce  sera  a  nous  l'aduenlaige 
El  puys  seroit  ung  grand  dommaige 
Ces  habilhements  meclre  au  feu 


380 


Tempeste. 

Vous  dictes  bien  par  le  corps  bien 
Ils  seront  bons  pour  aller  boyre 

Caffre. 

Despoillies  vous  fault  dame  putain 

Et  regarde  quel  ordinaire 

On  vous  a  icy  prépare 

Pour  vous  jouyeuse  chère  fayre 

Jci  on  vous  fera  soupper 

POSE 
ExpolimU  eas.  Ponunt  eas  in  fornace. 


381 


ZOE. 

Contente  suys  la  mort  porter 
Pour  l'amour  du  roy  Jésus 
Et  vous  prie  qung  moct  ou  deux 
Je  prie  tant  seullcment 

FOULDRE. 

Or  te  despeche  victement 

ZoE  oral  genibus  flexis. 

Vray  dieu  omnipotent 

Vraye  dey  te  (1) 

Par  ta  grande  pilie 

Vraye  divinité 

Mageste  crée 

Car  finir  ma  vye 

Me  fault  a  ceste  heure 

Jésus  Ulz  de  Marie 

Présent  me  secure 

A  toy  virge  dame 

Mon  a  me  a  ceste  heure 

De  bon  cueur  vous  commande 

Griffon. 
De  froit  vous  garder  me  vente 
De  cella  tennes  vous  de  seur 

La  fillie. 

Orat  filia. 

0  mon  dieu  et  vray  rédempteur 
Qui  créas  le  ciel  et  la  terre 


(1)  Déité. 


382 


Metz  mon  ame  en  paradis 
Aultre  chose  ne  veulx  requerre 
Sinon  que  soy  de  tes  amis 
Et  a  toy  dame  de  haull  pris 
Régnant  au  ciel  empire 
A  ton  fils  par  moy  faict  priera 
Que  mon  ame  recoipue 
En  son  hault  royaume 

TEMPESTE. 

Auant  auant  riboudaillie 
Que  le  feu  soit  allume 

Griffon. 

Ja  par  moy  ne  sera  espargne 
Que  ne  face  bien  de  ma  part 

Caffre. 

Pour  Jésus  ce  faulx  pailliard  (1) 
Ja  vous  ferons  roustir 

Facit  ignem,  mittunt  eas  jn  jgnem. 

FOULDRE. 

Je  croys  quelles  sont  arses 

Et  quil  ny  a  plus  que  la  cendre 

Tempeste. 

Jcy  ne  fault  plus  attendre 
Deulx  ne  sera  jamays  sermon 
Layssons  les  et  nous  en  allons. 

SI  LE  TE. 


(1)  Il  y  a  en  marge .  en  face  de  ce  vers,  les  mots  :  corrigatur 
fault  pailliard .  et  la  signature  F.  Decroso. 


383 


Nostre-Dame  commence. 

Mon  lils  sans  dillalion 
Saiches  que  niainlonanl 
Par  Iresgiando  dciiolion 
Ces  bonnes  gens  cerlayneuienl 
Ont  souffert  nioit  a  grand  tonnent 
Me  recommandant  leurs  âmes 
Nycoslrat  et  aussi  les  femmes 
Priant  que  les  prinse  a  ma  garde 
Et  piteusement  le  demandent 
Pardon  mon  (Hz  et  que  regarde 
Que  nul  de  leurs  aines  arde 
Au  leu  d'enfer  par  leur  créance 
Mon  lilz  si!  est  en  ta  puyssance 

Dieu. 

Ma  cliere  mère  sans  dcmeurance 
Enuijyeray  queiir  leui'S  amcs 
Qui  a  tous  temps  et  a  jamays 
Posséderont  gloyre  infinie 

Nostre-Dame. 

Mon  filz  je  vous  remercye 
Puisqu'il  vous  plaid  moy  accorder 

Dieu. 

Anges  il  vous  fauil  aller 
Querre  tout  présentement 
Les  âmes  bien  beureuses  a  ceulx 
Qui  ont  souffert  peyn'è  et  forment 
A  la  mort  le  rovaulme  des  cieulx 


384 


Leur  veulx  donner  pour  leurs  mérites 

Mon  règne  cler  et  lumineulx 

Cest  vng  sainct  lieu  ou  tout  bien  habite 

Michel. 

En  Iheure  irons  sans  contredicte 
Puisquil  vous  plaict  sans  contredicte 
Vostre  vouloyr  voulons  parfayre 
Amy  Gabriel  sans  plus  dire 
Allons  chantant  a  bonne  chère 

Gabriel. 

Chantons  un  chant  qui  puysse  playre 
Or  commençons  je  vous  supplye 

Chérubin. 

Au  nom  du  filz  Marie 

Je  vous  prie  que  commençons 

LUCIFFER. 

Ou  estes  vous  pailliardz  larrons 
Ou  estes  vous  diables  darapnes 
Diables  diables  que  faictes  vous 
Que  céans  ne  m'a  menues 
Les  âmes  de  ces  faulx  glotlons 

Satan. 

Nous  y  courrons  Irestous 
Pour  les  admener  tout  a  Iheure 

Belzebuth. 

Nous  les  aurons  sans  demeure 
Si  croy  je  mays  quilz  sont  mortz 


385 
IJeric. 

Lt'S  aines  aiii uns  (il  les  cuips 
Si  nous  les  pouuons  altouclier 

LuClFKEi!. 

Dehors  Jeliors  allés  y  donc,  sans  anester 

Leuiatam. 

Jl  nen  clianll  si  lianll  crier 

C.-AV  liien  les  le  (sic)  arnetnierruis 

B.VGUINAI,. 

Si  vnc  foys  tenir  les  pouuons 
Janiays  nous  scauront  esciiapper 

MlClILL. 

Ames  bien  heureuses  acceptables 
Devant  dieu  roy  sempiternel 
Venes  au  royaulme  ()erpeluel 
Au  lieu  d(î  consola  lion 

Gabiuel. 

Jamays  désolation 

Ne  souMViies  mays  toute  joye 

Caillai  veni  rrealor.  elv. 

MlCUEI.. 

Souuerain  dieu  (uii  tout  convoyé 
Voicy  les  âmes  (iiic  demandes 

Dieu. 

1mi  joye  sercs  collotjuees 
De  raoy  seres  coroiuiees 
Aueciiue  moy  seres  lonsiours 
Jamays  de  ce  lieu  ne  [lartires 

25 


386 


Primus  Sei'ELLIENS  commence. 

Mon  amy  allons  enlerrci- 
Le  corps  de  celluy  bon  preudliomme 
Que  Fabien  le  mauluays  homme 
A  faict  mourir  mauluaisement 

Secvndus  Sepelliens. 

Ha  mon  amy  jen  suys  conLenl 
Gardons  bien  que  nul  ne  nous  veoye 
Or  y  allons  tous  prestement 

Sepeliunt  Nycoslral. 

Griffon. 

Mahon  Venus  et  Terneganl 
Vous  veuille  de  niai  garder 
Aymar  nous  debues  bien  de  cueur 
Mourir  auons  faict  mescbament 
Ce  Nycoslral  et  toute  sa  gent 

Farien. 

Par  le  dieu  qui  point  ne  ment 
Vous  estes  mes  amys  loyaulx 
Puysquainsi  mcctes  en  erreur 
Ces  trites  cliresliens  deloyaulx 
Des  biens  vous  feray  si  je  ne  faulx 
Et  si  ne  meurs  dedans  brief  temps 

Dal  eis  pecuniam. 

Tenues  mes  amys  leaulx 

Cest  pour  boyre  deux  marcz  dargent 

Et  ne  vous  esloignes  nullement 

Que  soyes  prests  quant  en  auray  affayre 


38' 


Tempkste. 

Tousiours  serons  a  vos  ix'payre 
De  1)011  cueur  vous  remiMcions 

Dyoclktif.n. 

Mon  filz  eiUciidos  ma  rayson 
Esbaliy  suys  que  Fabien 
Ne  fiist  pièce  a  pai'  deuers  vous 
Qu'en  dictes  vous  Maximien 
■.le  cuyde  fermement  et  bien 
Par  la  loy  que  je  doibz  tenir 
Trouue  a  quelque  chreslien 
Qui  le  garde  de  reuenir 

Maximien. 

Kon  vuuloyr  a  de  les  punir 
Sire  enuoyes  le  quérir 
Si  scaures  de  sa  volonté 

Ll;  1  cniVALiEii  Dyoci-etien. 

Cest  bien  dit  et  bien  diuise 
Par  ce  moien  pourions  scauoir 
Tout  son  maintient  et  son  manoyr 
Et  tout  comment  jl  s'est  pourte 

Dyocletien. 

Puisque  tant  me  suys  démente 

Jy  enuoyerny  ceste  sayson 

Marcbebot  ma  volenle 

Kscoutc  reliens  ma  rayson 

Que  voysez  quérir  Fabien 

Mon  preuosldiolz  luy  qu"en  ma  maison 

A  mov  vienne  sans  faillir  rien 


ZèS 


Mârcheboc. 
Chier  sire  Dyocleticn 
Seruir  vous  veulx  a  bonne  chore 
Je  m'en  voys  (]uerre  Fabien 
A  dieu  soyes  qui  vous  doinl  joye 

Idem  Marciieboc. 
Mahon  Venus  cl  TerneganL 
Si  vous  doiut  joyc  et  soullas 
Je  vous  prie  que  jncontinenl 
Sire  preuost  ne  failUes  pas 
Venir  parler  a  lenipereur 
Car  jl  vous  veult  parler  bien  lost 

Fabien. 
Dy  moy  mande  jl  son  osl 
Veult  jl  fayre  aux  chrcsliens  guerre 

Mahciieboc. 
Sire  jl  se  venlt  enquerre 
Ou  vous  estes  ny  en  quelle  terre 

Fabien. 
Puysquil  m'a  mande  querre 
D'aller  a  luy  suys  désirant 
Allons  nous  en  donaa  grand  erre 
D'aller  a  luy  suys  bien  content 
Sus  Thenin  soyes  diligent 
Et  prennons  vers  luy  la  voye 

TllENIN. 

Je  prie  Mahon  qu'il  nous  conuoye 
De  cella  layie  bien  maccorde 

POSE 
Eunl  ad  Dyocleiiannm. 


389 


Fabien. 

Maliuii  par  sa  mii^ericordc 
Qui  donne  claiLc  el  coulleurs 
Si  gaid  de  mal  et  de  vie  orde 
Mes  ti-escliers  niaislres  empereurs 

Dyocletien. 

Fal)ien  par  amour  Iresclier 
De  tous  noz  dieux  je  vous  salue 

Maximien. 
Bien  soyes  venu  gentil  prevost  de  valleur 

Dyocletien. 

Fabien  dont  est  la  venue 
Ou  aues  vous  Lanl  sciourne 
Longtemps  aues  faict  retenue 
Que  nestes  vers  nous  retourne 

Fabien. 

En  iilusieurs  pays  me  suys  trouue 
l'our  menner  gu(!rr(;  aux  chresUens 
Eiicour  en  ay  mal  atourne 
Daulcungs  jen  ay  en  mes  liens 

Dyocletien. 

Haroz  quils  sont  ces  meschantz  gentz 
Dictes  le  sans  nul  detien 

Fabien. 

C'.'  sont  les  deux  (ils  Tarijudicn 


390 


TllEiNÎN. 

Cest  Marc  et  MaiccUin 

Sire  on  le  vous  dict  cest  cler 

Et  ne  font  que  lousiours  prescher 

La  loy  (lu  dieu  clirestien 

Dyocletien. 
Harroz  Juppiter  mon  dieu  terrien 
Comment  souffres  vous  tel  iniure 
Voyci  bien  piteuse  aduenture 
Maulgre  en  ait  Mars  et  Mercure 
Et  tous  les  dieux  de  noslre  loy 
Haroz  Teineganl  quel  desroy 
Les  deux  fils  de  mon  amy  vray 
Tarquilien  sont  ils  clirestiens 
Je  ne  puys  croyre  qu'il  soit  vray 
Haroz  dessus  ces  faulx  clirestiens 

Fabien. 

Par  ma  loy  je  ne  mentz  de  rien 
Tous  deux  sont  en  Jésus  croyans 
Ils  sont  encour  en  la  prison 
La  les  ont  menne  mes  tyrans 

Le  II  cnivÂi.iER  Dyocletien. 

Par  ma  loy  ilz  sont  bien  meschantz 
De  regnier  noz  dieux  qui  ont 
Tant  de  pouluoir  et  de  puyssance 
Ils  sont  bien  malheureux  treslous 
Leur  père  esloit  si  bon  homme 

Maximien. 
Cest  ung  des  sénateurs  de  Homme 
Le  plus  loyal  le  plus  vailliant 


391: 

Par  ma  loy  je  meshays  comme 
Ses  filz  sont  vers  nous  desfaillians 

Dyucletien. 
Or  vous  en  ailes  lout  courant 
Fabien  mon  très  iloulx  amy 
Si  feres  tout  doresnauant 
Ce  que  vous  comnianderay  icy 
Quant  a  Tarquilin  dictes  luy 
Ouauec  vous  vienne  sans  demeurance 
Ne  mectes  les  siens  en  obly 
Amennes  tout  dune  alliance 
Faicles  tant  que  sans  dyllayance 
Leurs  deux  femmes  et  leurs  enfans 
Viennent  deuant  eux  tous  brayans 
Pareilliement  aussi  leurs  femmes 
Pylie  auront  jen  suys  croyant 
La  loy  reprendront  les  infâmes 
Ce  seroit  par  eulx  grand  diffame 
Silz  nonl  pitye  de  père  et  mère 
Tormentes  les  et  corps  et  âmes 
Si  homaige  aux  dieux  ne  veullent  fayre 

Fabiicn. 
Jenlens  la  chose  toute  clere 
Chei-  sn-e  ne  nien  parles  plus 
J'amineneray  et  père  et  mère 
Femmes  enfants  grands  et  menus 
Et  si  les  palliardz  font  reffus 
Reprendre  la  loy  sans  desport 
En  despit  de  leur  faulx  Jésus 
,Ie  leur  feray  souffrir  mort 
Seigneurs  a  dieu  vous  comment 
Qui  vous  doinl  son  playsir  parfayre 


392 


Maximien. 

Adieu  gentil  preuost  vailliiint 

Fabien  prend  congé  des  empereurs. 

Dyocletien. 
Tous  les  dieux  ou  je  suys  cioyaul 
Vous  veuillienl  aj/der  a  bien  fayre 

Le  I  CHivALiER  Dyocletien. 

Faicles  leur  souffrir  niai'lire 
Sils  ne  se  veullenl  relourner 

Fabien. 
Viens  ca  messager  sans  relrayrc 
Aller  te  fault  ches  Tarquilien 
Quest  mon  amy  je  le  diclz  bien 
Direquil  vienne  sans  allcndie 
Luy  sa  femme  deuant  moy  rendre 
Les  deux  femmes  cl  les  enfans 
De  leurs  bis  qui  sont  mescrcans 
El  qui  n'oiil  voulsu  sacriffier 
A  noz  dieux  —  Pourtant  justice 
.J3n  veulx  fere  présentement 
Diclz  leur  bien  que  au  diffiniinent 
Viennent  et  que  tantosl  moiiont 
.Jamays  jour  ne  les  veri'onl 
Silz  ne  reiiocciuenl  leur  coiiraigc 

THKNIN. 

Sire  je  suys  bien  asses  saigc 
Pour  men  aller  cbcs  Tarqiiilin 
Et  lui  comiilcr  tout  le  langaige 
Et  en  droict  me  metz  en  cliemyn 
Je  prie  Mabon  et  Apollin 
Quilz  vous  veulient  de  mal  garder 


393 
Fabien. 
.luppitPr  te  coriduysc  Tlieiiyn 
lilt  retourne  tost  sans  larder 

Thenin. 

Eat  ad  Tarquilinum. 

Hoz  Tarfiuilicii  venues  parler 
Bien  tost  au  preuosl  Faljicn 
Et  vostre  femme  aussi  bien 
Saiches  que  Marc  et  MarcelHen 
Ont  regnye  Apollia 
Parquoy  présent  souffrent  niartire 
Le  preuosl  les  veull  faire  occire 
Desprise  ont  le  sacriffice 
Vennes  veoir  accomplir  justice 
lis  mourront  comme  infâmes 
Faicles  le  scauoir  a  leurs  femmes 
A  leurs  enfans  gi-andz  quils  auront 
Quant  les  nouvelles  ils  scaui'ont 
Helourner  men  veulx  a  mon  maistre 
A  Malion  puysses  vous  cstre 

Tarquilien. 

A  Mahon  que  poriay  je  fere 
Ny  que  poiiay  je  devenir 
,1e  puys  bien  crier  et  brayre 
Nul  ne  me  pcult  secoui-ir 
Ouanl  mes  enfans  mourir 
Pour  leur  erreur  cl  leur  déserte 
De  deuil  me  convient  langourir 
Sur  moy  en  tornera  la  perle 
Las  jamays  joye  recouueite 
Par  moy  sera  en  nulle  vye 


394 


Douleur  est  sur  moy  bien  apperte 
Jamay  au  cœur  je  n'aura  y  joye 

Martlv  uxor  Tarquilini. 

Ha  Jupiter  que  tout  convoyé 
Resconforte  inoy  sans  desport 
Maulgre  ma  vyc  je  vouklroys 
Eslie  icv  toute  royde  morte 
Hellas  pour  néant  me  desconforte 
Je  ne  scay  mays  que  plus  en  dye 
Quant  les  nouvelles  on  mapporte 
Que  mes  enfans  perdront  la  vye 
Hellns  bien  doibz  estre  marrye 
Bien  doloreuse  et  bien  dolente 
Je  suis  en  grand  torment  rauye 
Je  n'en  puys  mays  si  men  tormente 
A  leurs  femmes  allons  sans  attendre 
Leur  compter  le  dur  esclandre 

He  femmes  veuillies  moy  entendre 

Les  dures  nouvelles  quon  vous  mande 

Las  de  mes  deux  filz 

Qui  sont  voslres  amys 

Marc  et  Marcellien 

Lesquels  sont  sans  faillir  rien 

En  les  mains  du  preuost  Fabien 

Lequel  les  veult  mettre  a  mort 

Mays  il  n'en  a  pas  tort 

Car  chrestiens  sont  devenus 

La  femme  Marc  commence. 

Hellas  hellas  que  dictes  vous 

Et  ou  es  tu  mort  amere 

Vien  auec  ton  dard  si  me  darde 


395 


Car  de  corroux  me  desespcrn 
Faictz  moy  mourrir  sans  nul  larde 
A  mon  amy  quand  je  regarde 
Que  l'on  vous  veult  livrer  a  mort 
Pour  ceste  faulcc  loy  bastarde 
Vous  me  donnes  grand  desconforl 
Las  mon  amy  vous  auez  toi  l 
Quant  aues  renonce  la  loy 
Je  morray  cy  de  deconfort 
Hellas  cest  pour  vostre  desroy 
Maugre  mes  dieux  et  mes  amys 
Par  vostre  amour  suys  rcmplye  d'ire 
Si  vous  n'auez  pitic  de  moy 
Par  corroux  me  conuient  occire 

La  femme  Marcellin  commence. 

He  dieu  et  que  pourray  jo  fere 
Ny  que  me  porra  conforloi' 
Fabien  faict  mettre  a  martyre 
Mon  cher  amy  sans  desporter 
Bien  je  me  doibz  desconforter 
Jamays  joye  n'auray  au  cueur 
Diables  me  firent  assotter 
Quil  fust  mon  mary  et  seigneur 
Si  nauray  je  jamays  meillieur 
Las  que  feray  maulgrema  vye 
Quant  on  veull  meclre  a  douleur 
Mon  doulx  amy  et  ma  partye  (1) 
Il  moui-ra  a  grand  diffame 
Jo  le  scay  bien  villaynemenl 
Que  feras  tu  paoure  assotye 
Or  es  lu  lime  a  lornient 


(1)  Ha  moitiô. 


396 


Le  I  FiLz  commence. 

He  Juppiler  qui  point  no  ment 
lieconforles  ma  paoure  mero 
Que  je  croy  présentement 
Morra  icy  de  mort  amere 
,lay  grand  paour  quelle  se  désespère 
Car  le  grand  j)renosl  Fabien 
Veult  faii'e  mourir  mon  père 
Pource  quil  est  chrestien 

Le  h  EiNFANT  commence. 

Juppiler  mon  dieu  terrien 
Doni!'^  .1  ma  merc  confort 
Quelle  face  par  aulcung  moien 
Mon  père  retarder  de  mort 
Hellas  hcllas  il  a  grand  tort 
Quil  ne  croict  Maliomei'ye  (1) 

Tarquilin. 

Allons  tost  je  vous  en  prie 
Parler  au  grand  preuost  Fabien 
Car  je  cioy  fermement  et  bien 
Que  des  long  temps  jl  nous  attent 

Marcta. 
Or  vous  raectes  donc  deuant 
Tout  bellement  nous  vous  suyvrons 
Trestout  le  mieulx  que  nous  perrons 

POSE. 
Eunt  ad  Fabiamim  Tarquilin  et  sui. 

(1)  S'agirait-il  de  mahomôlisme?  Rien  d'étonnant.  Pour  les  fidè- 
les catholiques  du  moyen  âge,  les  adorateurs  de  Jupiter  et  les 
musulmans  étaient  lous'des  païens. 


397 


Tarquilin. 
Sire  prcuosl  de  liault  renom 
Mahon  vous  croyssc  voz  honneurs 
Saches  sire  que  sommes  venus 
Veoir  qu'il  vous  plaict  nous  coniander 

Fabien. 
Cest  1res  bien  faicLjl  vous  conuient  aller 
Treslout  le  droit  vers  la  prison 
La  trouvères  sans  dillation 
Vos  deux  enfans  pleins  de  malice 
Lesquels  par  leur  1res  grand  vice 
Ont  renonce  la  loy  payenne 
En  cnsuyuant  la  loy  chreslienne 
Comme  scaues  quil  nest  licite 
Et  pourtant  vous  dictz  tout  quicte 
Que  les  feray  a  mort  liurer 
Et  encour  les  pouucs  retarder 
Et  de  souffrir  mort  les  garder 
Car  je  croy  que  quand  vous  verront 
Auoyr  pitié  iîz  vous  croyront 
Et  retourneront  a  la  loy 
Ailes  y  sans  nul  delay 
Et  dictes  au  carcerier 
Quil  vous  laysse  a  eulx  parler 

Tarquilin. 
Je  vous  mercyc  sire  très  cher 
Mahon  vous  donne  confort 

Turquilien  recedit  a  Fabiano  et  railit  nnii  ^iiya 
(ipud  carcerem. 

iJamcs  sans  nul  desport 

Allons  si  leur  porrons  sauluer  la  vye 


39S 


La  I  FEMME. 

Las  je  suys  en  torment  rauye 

De  douleur  lout  le  cueur  me  tremble 

La  II  FEMME. 

Allons  veoir  ma  seur  et  ma  mye 
Silz  sont  morts  courons  ensemble 

Tarquilin. 

De  douleur  tout  le  cueur  me  tremble 
Las  quant  je  me  recolle 
Et  me  souuient  de  mes  enfans 
Par  ma  loy  ils  sont  bien  meschans 
Pour  eulx  mêmes  perdrons  la  vye 
Pourquoy  ont  ils  si  grand  envye 
De  croyre  en  celluy  prophette 
Hellas  cest  pour  eulx  grand  détresse 
Par  deuers  eulx  me  fault  aller 
Veoir  si  les  porray  retarder 
Quilz  ne  soint  pas  mys  a  mort 
Mays  je  ne  suys  plus  asses  fort 
Pour  cheminer  ny  pour  aller 
Desordonne  suys  viel  et  casse 
Je  suys  de  viellesse  passe 
Auecque  griefue  maladie 
Que  encour  me  contrarie 
En  après  le  marrisscment 
Que  jay  la  ce  nest  que  torment 
Mes  varletz  or  vous  ordonne 
Expertement  si  moy  ayder 
Ung  peu  a  cheminer 


399 


Le  1  SERVITEUR  Tarquilin  commence. 

Cher  siro  ou  vous  playra  aller 
Presculemenl  vous  ayderons 
De  rien  ne  vous  csconduyrons 
Que  lousiours  ne  voldrions  partayre 
Voslre  playsir  sans  nous  relrayre 
Quant  esl  de  moy  je  suys  tout  prest 

Le  II  serviteur. 

Juumit  TnrquUinum. 

Allons  donc  lost  sans  arresler 
De  par  Malion  se  puysse  estre 
Syl  vcullie  confoiler  mon  maistre 
?A  doinl  a  ses  deux  filz  couraige 
De  reprendre  leui-  lierilaige 
La  loy  leurs  cnfans  et  leurs  femmes 
Min  quilz  ne  meurent  infâmes 
En  douleur  et  en  grand 

Tarquilin. 
Ainsi  soit  il 

Le  I  SERVITEUR. 

Amen  Amen 

POSE 


400 


Tarquilikn. 

Je  croy  que  voici  la  prison 

Ou  sont  mes  douloureux  enfans 

Au  [sic]  carcerier  es  tu  céans 

Agripart  carcerier. 
Qu'est  cest  veilUard  meschant 
Qui  maintenant  icy  vient 

Tarquilin. 

Je  suys  Tarquilin 

Père  de  Marc  et  de  Marcellien 

Lesquelz  tu  tiens  en  ta  prison 

Si  te  prie  sans  ddlalion 

Que  a  eulx  puyssions  parler 

Incontinent  sans  arrcster 

Ung  moct  ou  deux  tant  seuUement 

Agripart. 
Jen  suys  content  cerlayneraent 
Pour  lamour  de  voslre  personne 
De  leur  parler  congé  vous  donne 
Et  leur  parles  a  vostre  guyse 
Si  parleres  a  vostre  père 

Fralres  exeunt  a  carcere  et  aUoquntur 
parentibus  %it  sequitur. 

Marcia. 
Ha  mes  deux  enfans  debonnayre 
Regardes  la  pileuse  mère 
Qui  par  vous  est  tant  si  dolente 
Car  si  de  voslre  erreur  retrayre 
Ne  vous  voulles.  de  mort  amei'e 


401 


Mourir  me  fault  a  Ilieure  présente 
Ayes  en  nos  dieux  voslre  entente 
Affin  que  Ion  ne  vous  toriuenle 
Je  vous  prie  amoureusement 
Chascung  de  vous  cccy  consente 
Et  de  bon  cucur  si  se  démente 
De  croyre  a  Malion  qui  ne  ment 
Pour  vostre  erreur  tant  seullement 
Vous  morres  doloureusement 
Tout  par  vostre  consentement 
Hellas  jay  tant  le  cueur  dolent 
Qu'oncques  vous  portay  me  repens 
Pour  vous  souffre  doleur  amcre 

Marc. 

Il  ny  a  père  ny  mère 

Ny  seur  l'rere  ny  compère 

Parquoy  je  doibue  relinquir 

La  loy  chrestienne  a  tous  propice 

Et  non  austayre 

Las  pour  a  dampnement  venir 

La  loy  Mahon  faict  gent  vertir 

Et  paruenir 

Faulce  mère  a  dampnement 

Et  pour  Jésus  aymer  et  seruir 

On  peut  venir 

Seurement  a  saluation 

Martia. 

Si  vous  naves  compassion 

De  moy  mes  fds  las  je  suis  juorle 

Hellas  changes  opinion 

Ou  je  morray  de  mort  amere 

2« 


402 


Marcellien. 

De  vostre  mort  je  n'ay  que  fayre 

Mais  si  complayre 

Vous  nous  voules  meschante  femme 

Et  vous  retrayre 

Et  layssanl  llionte  et  le  blasme 

Affin  de  fuir  la  flamme 

D'enfer  qui  inflamme 

Les  gentz  a  peyne  et  torment 

Vous  layrres  vostre  loy  infâme 

Laquelle  on  proclame 

Dampnable  perpétuellement 

La  I  FEMME. 

Ayes  pitye  de  vos  parens 

De  vostre  mère  et  de  vos  gentz 

Sans  vous  laisser  ainsi  occire 

Par  vostre  amour  perdons  tous  sens 

Las  que  deuiendront  vos  biens 

Et  vos  enfans  las  quel  martyre 

Je  vous  prie  mon  amy  et  frère 

Que  ne  me  veuilles  esconduyre 

De  retourner  auecque  moy 

Ou  je  croy  que  je  morray  dire 

Sil  fault  que  vostre  amour  empire 

Pour  auoyr  regnye  la  loy 

Las  vous  nous  faictes  grand  exclandre 

Marc. 
La  grâce  Dieu  sur  vous  sespande 
Qui  est  es  sainctz  cieulx  régnant 
Voules  vous  comme  faulce  gentz 
Que  nous  layssons  la  bonne  loy 


403 

Que  les  bons  chrestiens  sont  tennans 
Par  la  vostre  1res  faulce  loy 
Pour  estre  dampnes  en  desroy 
Auec  tous  les  diables  mauldiclz 
Et  que  layssons  le  liault  roy 
Jésus  régnant  en  paradis 

La  II  FEMME. 

Je  vous  requiers  mon  aray  vray 

Ayes  pilie  de  la  chestiue 

Je  souffre  mort  pour  tel  desroy 

Si  vous  ne  reprenes  la  loy 

Longuement  ne  seray  pas  viue 

En  moy  toute  douleur  arriue 

Lamour  de  vous  mon  cueur  auiue 

Et  me  faict  souffrir  griefs  doleurs 

Par  vostre  erreui-  fault  que  je  suyue 

La  mort  a  dolente  chesliue 

Ici  ay  jecte  trestous  mes  plainclz 

Marcellin. 

Ne  parles  plus  de  ces  moyens 
Chrestiens  sont  les  enfans  de  Dieu 
En  chrestiens  soiU  compris  tous  biens 
Chrestiens  sont  prises  en  tout  lieux 
Et  leur  créance  vaulL  trop  mieulx 
Que  la  vostre  cent  mille  foys 
Pourtant  ne  nous  en  parles  plus 
Nous  nous  rendons  au  roy  des  cieulx 

Le  I  ENFANT. 

Mon  père  laysses  vos  erreurs 
Et  croyes  a  noz  dieux  gracieux 


404 


Et  par  Mahon  vous  serez  saiges 
Hellas  pas  ne  feroil  honneur 
Si  par  vostre  meschante  rigueur 
Vous  mouries  a  tel  outraige 

Le  II  ENFANT. 

Ce  seroit  a  voslre  lignaige 

Grand  deshonneur  et  grand  dommaige 

Mon  père  laisses  vostre  hatte 

Vous  morres  cy  par  voslre  outraige 

Faictes  a  Juppiter  homaige 

Et  a  Venus  la  grand  ydolle 

Et  reprenes  vostres  parens 

TaFiQUILIN. 

En  signe  quel  douleur  je  sens 
Despeceray  ces  vestemens 
Car  je  suys  plain  de  marriment 
HclIas  je  ne  peult  aullrement 
Voicy  bien  pileuse  aduenture 
Jauois  par  ma  sépulture 
Et  mes  biens  a  part  jauoys  mis 
Considérant  que  mes  deux  filz 
Fussent  a  mon  enterrement 
He  Juppiter  qui  point  ne  ment 
Comment  souffres  tu  tel  desroy 
Qui  doibuent  auant  que  moy 
Chers  fdz  croyes  mahommerye 
A  joinctes  mains  mercy  vous  crye 
Regardes  vostre  dolent  père 
Pour  vous  souffrant  douleur  amere 
Ne  le  laisses  en  la  foyblesse 
Vostre  père  ny  en  la  viellesse 


405 
Vous  luy  debues  donner  confort 
Non  pas  douant  luy  souffrir  mort 
Jay  au  corps  griefue  maladie 
Beaulx  fils  vous  malberges  (sic)  la  vye 
En  vous  estoit  mon  cueur  resiouy 
La  mort  aymes  et  jl  la  fuys 
Accoures  tous  jeunes  enfans 
Pleurer  auec  moy  sur  ces  meschans 
Las  je  morray  plus  ne  quers  viure 
Quant  de  mes  enfants  suys  deliure 
Je  voudroys  par  tous  mes  dieux 
Que  creues  fussent  mes  deux  yeulx 
Affm  que  ne  leur  visse  trayre 
La  grand  douleur  quon  leur  veult  fere 
Las  je  suys  mort  ou  a  tant  vault 
Par  ce  Jésus  mauluais  ribault 
Qui  fust  a  une  croix  pendu 

Marc. 

Je  vous  prie  nen  parles  plus 
La  loy  Jésus  volons  tenir 
Et  sa  saincte  foy  maintenir 
Jusques  a  la  mort  jl  est  conclus 

Tarquilin. 

Pas  vous  croyes  la  loy  Jésus 
Laquelle  est  faulce  et  détestable 
Pour  luy  seres  mort  et  pendus 
Et  morres  de  mort  détestable 
Ce  Jésus  est  fils  du  grand  dyable 
Ce  Jésus  est  liomme  de  néant 
Ce  Jésus  est  abominable 
El  ne  scaict  on  pas  dont  jl  est 


406 


Marc. 

Jésus  roy  omnipotent 
Est  filz  de  dieu  le  père 
Conceu  du  benoist  sainct  esprit 
En  la  virge  qui  fust  sa  mère 
Par  vng  moct  que  lange  luy  dict 
A  ce  ne  mectes  contredict 
Sans  consentement  de  nature  (1) 
Fust  conceu  ainsi  que  jai  dict 
Virge  le  porta  ne  cite  et  pure 

Mârcellin. 

Virge  et  pucelle  le  porta 
Virge  fust  a  lenfantement 
Et  virge  pure  en  deliura 
Virge  fust  au  commencement 
Virge  fust  au  diffiniment 
Jamays  en  luy  virginité 
Virge  est  en  perpétuité 

Tarquilien. 

Ou  diable  avez  cecy  Irouue 
Ou  avez  prins  celle  follye 
Qui  vous  a  intente  et  boute 
Celle  raige  et  melancolye 
0  mes  amys  petits  et  grandz 
Venues  moy  ayder  a  plourer 
Las  la  mort  de  mes  deux  enfans 
Qui  se  veullent  abandonner 
Huy  a  mourir  las  qu'endurer 
Me  fault  pour  eux  o  faulx  Jésus 


(1)  Curieuse  expression. 


40T 

Tu  les  faict  a  la  mort  liurer 
Par  toy  meschant  jls  sont  deceus 
Si  aultrement  ne  me  veuUent  croyre 

Marc. 

Entendes  a  moy  mon  frère 
Jl  me  prend  pitye  de  nostre  père 
Qui  pour  nous  ainsy  se  tourmente 
Ma  mère  aussy  est  moult  dolente 
Tant  que  a  bien  peu  elle  ne  trespasse 
Vray  dieu  je  ne  scay  que  je  face 
Jai  deulx  très  grand  pitye  au  cueur 
Qui  pour  nous  meynent  tel  doleur 
Noz  enfans  croyent  de  l'aultre  part 
Et  noz  femmes  qui  maintz  regards 
Font  sur  nous  très  pitoyables 
Conseilles  nous  dieu  véritable 
Que  nous  est  licite  de  fere 

Marcellin. 

Je  croy  quil  nous  vault  mieulx  retrayre 
Et  retourner  auec  nos  gentz 
Car  s'on  nous  faict  souffrir  torment 
Pour  nous  si  fort  se  marriront 
Que  de  corroux  la  mort  prendront 
Pourtant  nous  vauli  mieulx  retourner 
Que  les  laisser  mal  atourner 
Voicy  grand  pitio  par  mon  ame 
De  veoir  noz  gentz  a  tel  diffame 

Le  premier  seruiteur. 

Hellas  amys  ayes  pitié 
De  voz  parens  par  amytie 


408 


Vous  voyes  comment  jls  se  iourmentent 
Trop  grand  angoysse  pour  vous  sentent 
Vous  les  deubsies  de  mal  garder 
Retournes  a  eulx  sans  tarder 
Et  vous  saulueront  vostre  vye 

Le  ij  seruiteur. 

Croyes  en  la  mahommerye 
Et  reconfortes  vostre  vie 
Regardes  vostre  raere 
Tant  de  douleur  pleyne  et  amere 
Tant  pour  voslre  amour  est  dolente 
Gomme  elle  crye  et  se  tormente 
Vos  deux  femmes  et  voz  enfants 
Tous  par  vostre  erreur  languyssantz 
De  celle  folye  vous  retardes 
Et  en  pytie  les  regardes 

S'  Sebastien. 
Sanctus  Sebastiamis  adest  et  illos  aUoquitur. 

Vaillians  chivailliers  de  dieu 
Qui  estes  en  cest  lieu 
Ne  croyes  les  blasonnements 
De  vos  femmes  et  vos  parenlz 
Ny  du  faulx  preuost  Fabien 
Mays  serues  le  dieu  cbresiien 
Car  si  voz  corps  abandonnes 
Pour  luy  vous  scres  couronnes 
En  la  très  haulte  région 
Ou  Jesusciirist  faict  mention 
Si  chascun  est  en  sa  loy  ferme 
Paradis  aura  a  brief  terme 


409 


Fuyes  ceste  vye  misérable 
Vous  vaincres  enfer  et  le  dyable 

Idem  Sebaslianus  ad  Tarqiiilinum. 

Amys  laysses  vostre  couraige 
Ne  démenés  pas  si  grand  raige 
Je  vous  prie  mes  chers  amys 
Si  vos  deux,  fils  ont  leur  cueur  mis 
En  dieu  qui  règne  en  trinilc 
Ils  sont  saiges  en  vérité 
Vous  en  dcbues  auoir  grand  joye 
Ils  vous  monslrent  a  tous  la  voye 
Si  voulez  leur  chemin  tenir 
Pour  la  sus  en  gloyre  venir 
Hellas  ce  n'est  pour  vous  perte 
Joye  deubt  estre  en  vous  recouuerte 
Car  es  saincts  cieulx  hériteront 
Ceulx  qui  pour  Jésus  souffriront 
En  son  glorieux  nom  martyre 
Ce  est  tout  vray  Tarquilin  sire 
Celluy  est  fol  qui  mect  sa  memoyre 
En  ceste  vye  transitoyre 
Certes  il  ny  a  rien  détestable 
Il  est  dangereux  et  doublable 
Maintenant  sain  demain  malade 
Huy  bonne  couleur  tanlost  fade 
Tel  faicl  aujourduy  bonne  chère 
Qui  demain  sera  en  bière 
Tel  est  a  ceste  heure  joyeux 
Qui  lantost  sera  douloureux 
Si  tu  es  huy  fort  et  puyssant 
Tu  seras  demain  languyssant 
11  ny  a  tel  qu'auoir  memoyre 


ilO 


Pour  Jesuschrist  ou  tu  doibz  croyre 
Qui  créa  toute  créature 
Cest  le  dieu  pardessus  nature 
En  luy  nous  debuons  resiouyr 
Cest  luy  qui  faict  les  sourds  ouyr 
Et  les  aveugles  illumine 
Par  sa  saincle  vertus  diuine 
Il  n'est  si  griefue  maladie 
Qui  par  luy  ne  soit  tost  guérie 
A  plusieurs  a  santé  rendue 

Tarquilien. 

Est  jl  de  si  grande  vallue 
Si  comme  tu  vas  disant 
Jamays  ne  l'yray  desprisant 
S'il  me  pouuoit  donner  sanle 

S'  Sebastien. 

De  luy  aillieurs  me  suys  vante 
Encoure  failz  je  a  ceste  heure 
Recoy  baptesme  sans  demeure 
Tu  auras  santé  recouuerte 

Tarquilien. 
Ceste  chose  nest  point  apperte 

Convertiiur  Tarquilinus. 

Mays  je  te  prie  sans  diuiser 
Que  tu  me  veuillies  baptiser 
Destre  guery  jay  grand  enuye 

S'  Sebastien. 

Croys  tu  Jésus  le  fdz  Marie 
Qui  pour  nous  souffrit  passion 


411 


Pour  nous  donner  remission 
Puys  au  tiers  jour  ressuscita 

TARQUILIEiN. 

Sire  je  crois  bien  tout  cella 
En  regnyant  mahommeiie 

S'  Sedastien. 

Au  nom  de  la  vierge  Marie 
Polycarpe  qu'il  soit  baptise 

POLYCARPE. 

Ainsi  que  l'auez  divise 
Présent  sera  faicl  sans  feintise 

Baplizat ur  TarquUinus. 

Vien  ca  amy  je  te  baptise 
Au  nom  du  père  et  du  filz 
Et  aussi  du  sainct  esprit 
Qui  te  veuillye  de  mal  garder 
Croy  fermement  sans  relarder 
En  Jesuschrist  le  roy  céleste 

Tarquiiltn. 

A  Polycarpe  le  bon  prestrc 
Et  vous  sire  Sebastien 
Maintenant  je  confesse  bien 
Que  Jésus  est  souverain  dieu 
Car  jl  m'a  guery  en  cest  lieu 
Diinc  très  griefue  maladie 
Qui  m"a  tenu  toute  ma  vye 
ïouteffoys  qui  me  tennoyt 
Tout  mon  sang  par  le  bas  couroit 


412 


Je  suys  gaery  por  voz  moyens 
Dont  cent  mille  raercys  vous  rendz 
Et  a  dieu  premièrement 

Martia. 

Je  vous  requiers  baplisement 
Au  nom  de  dieu  de  paradis 
Qui  mon  bon  raary  a  guery 
Je  croy  en  luy  sans  nulle  doubte 

La  I  FEMME. 

Je  regnye  mahommerie  toute 
Et  ay  en  Jesuschrist  fiance 

La  ij  femme. 

En  ceiluy  dieu  melz  ma  créance 
Qui  a  guery  le  sénateur 

Le  I  ENFANT. 

Nous  croyons  au  doulx  créateur 
Qui  règne  perdurablement 

Le  ij  enfant. 
En  Jesuschrist  croyons  fermement 
Et  vous  requérons  baplisement 

Sebastien. 

Par  luy  aures  tout  sauluement 
Quand  vous  croy  es  dieu  et  lesglise 

Polycarpe. 

Baptisantur  céleri  de  domo  Tarquillini 
omnes  simid. 

Au  nom  de  dieu  je  vous  baptise 
Soint  tousiours  vos  volontés  mises 


413 


En  Jésus  et  en  sa  puyssance 
Et  je  vous  promelz  sans  failliance 
Que  tous  voz  maulz  vous  pardonrra 
El  en  tous  lieux  vous  secorra 

Sebastien. 
Bcaulx  amys  jl  nous  fauldra 
Aller  a  ('hascung  sa  voye 
Que  le  faulx  preuost  ne  nous  voye 
Nayes  regret  en  vos  amys 
Car  si  par  luy  sont  a  mort  rays 
Ils  auront  la  joye  perdurable 
Pourtant  messieurs  adieu  vous  dictz 

Tarquilien. 
A  dieu  soyes  mon  bel  amy 
Jamays  ne  seray  variable 
A  seruir  dieu  mon  cueur,  sa  mort 
En  vérité  quoique  Ion  die 
Moy  et  toute  ma  compagnye 

Discedit  Sebastiamis  ah  illis. 

Le  j  seruiteur. 
Haroz  voicy  grand  dyablerye 
Que  nostre  maislre  est  chreslien 
Par  ce  Iritre  Sebastien 
Qui  la  conuerly  en  présent 
Luy  et  toute  sa  gent 
De  nostre  loy  ont  faict  reffus 
Et  tiennent  pour  vray  dieu  Jésus 
Dont  je  suys  tout  desconforle 

Second  seruiteur. 
Sans  y  auoyr  plus  de  déporte 
Jamays  jour  ne  le  seruiray 


414 


Mays  par  Mahon  je  le  diray 
Au  sénateur  Cromatien 
Que  chrestien  est  Tarquilien 
Jay  a  luy  très  grand  cognoessance 
Tanlost  le  mectray  a  meschance 
Et  le  feray  mectre  a  martire 
Gentil  compagnon  qui  me  croira 

Primus  famulus. 

Perdu  soit  jl  qui  y  faudra 
Que  le  voysons  accuser 

Marc. 

Loue  soit  dieu  de  tous  costes 
Quant  luy  a  pieu  de  sa  bonté 
Et  a  sa  tressacree  mère 
Quant  il  luy  a  pieu  a  nostre  père 
Sa  grâce  estendre  et  remonstrer 

Marcellien. 

Nous  le  debuons  bien  adorer 
Présentement  et  en  tout  temps 
Quant  a  noz  femmes  et  enfans 
Luy  a  pieu  donner  memoyre 
Pareilliement  a  nostre  mère 
De  recognoestre  leur  erreur 

AGRIPARD. 

Ca  gallans  sans  nul  secour 
En  la  prison  vous  fault  torner 
Cest  asses  messires  caquetter 
Que  de  la  fiebure  soyes  estraine 
Par  vous  seray  mal  estrayne 
Du  preuost  sU  le  scauoit 


415 


Le  Fol. 

Quelque  foys  vng  maistre  alloit 
A  Icsglise  pour  dieu  prier 
Et  son  seruileur  le  suyvoit 
Mais  aillieurs  auoil  son  désir 
Quant  voit  son  maislre  paruenir 
Et  arriuer  près  de  la  porte 
A  sa  maison  va  reuenir 
Pour  manger  d'une  bonne  tourte 
Disant  cecy  plus  me  conforte 
Que  la  messe  de  mon  cure 
Mays  gens  qui  sont  de  celle  sorte 
Ne  feront  ja  bonne  durée 
Car  tout  borame  de  mesure 
Souffrira  niaulvays  conséquent 
Tout  mal  faict  est  mal  asseurc 
De  mal  faict  maulvays  payement 

Fabien. 

Je  m'esbabis  grandement 

De  Tarquilien  et  de  sa  gent 

Lesquelz  ne  sont  point  revenus 

Ils  porroinl  bien  joyer  dung  jeu 

Car  ces  garsons  remplys  dUre 

A  leur  loy  les  pourroinl  seduyre 

Et  je  seroys  du  tout  deceu 

Il  seroyt  bien  fol  deucnu 

De  croyre  au  dieu  des  cbreslienr; 

Scauoir  en  fault  les  moyens 

De  ces  deux  truans  maulvays  gaige» 


416 


Car  sils  n'ont  mue  leurs  couraiges 
Mourir  les  feray  certainement 

Dacien. 

Silz  contredient  toulallement 
De  reprendre  femmes  et  enfans 
Je  conseillie  tout  haullement 
Quilz  en  meurent  les  meschantz 

QUINTIEN. 

Las  pourquoi  sont  ilz  desirans 
De  regnier  le  dieu  Mahon 
Par  ma  foy  jls  sont  bien  meschans 
Ils  ne  peulvent  dire  aultrement 

TlIENYN. 

Faictes  les  venir  présentement 
Par  deuaat  vostre  mageste 
Si  scaures  certaynement 
Très  cher  sire  leur  volente 

Fabien. 

Entendes  a  raoy  mes  tyrans 

Ailes  moy  querre  ces  deux  meschans 

Que  mys  avez  en  la  prison 

Lyes  les  moy  comme  larrons 

Et  les  amenés  prestement 

Car  je  veulx  scauoir  comment 

Et  silz  sont  tousiours  chrestiens 

Et  faictes  que  soit  bien  content 

Le  carcerier  de  ses  despens 

Et  trestout  je  vous  rendray 


417 


Griffon. 
Par  ma  loy  sire  je  n'ay 
Voulenle  que  tousiours  vous  seruir 
Nous  accomplirons  vostre  désir 
Très  cher  sire  n'en  doubles  point 

Caffre. 

Nons  les  amènerons  si  a  point 
Que  vous  conlenteres  de  nous 

GrIFFOiN. 

Hola  ho  Agriparl  es  tu  coans 
Vous  dormes  si  mest  aduis 

Agripart. 
En  malan  soyes  tous  mys 
Tant  nvaucs  vous  eslonnc 

FOULDRE. 

A  coup  baillies  nous  sans  demeure 
Ces  deux  garçons  que  tauons  amené 
Tu  les  a  desia  asscs  garde 
Despeche  toy  de  l^^^  unn<  rendre 

Agru'aiit. 

Je  prie  dieu  qne  l'on  me  pende 
Si  encour  vous  les  aues 
Sinon  que  je  soye  paye 
Des  despcns  et  ans>i  dp  IiMitrop 

Tempeste. 

'  Griffon  sans  demeure 
Comph.'  luy  dix  sols  et  demy 
Il  ny  a  asses  si  mest  aduis 

27 


418 


Griffon. 

Or  tien  je  croy  quilz  sont  icy 
Compte  les  bien  mon  amy 
Estes  vous  bien  content  de  nous 

Agripard. 

Je  vous  mercye  trestous 
Et  vous  prie  mes  amys  doulx 
Que  si  plus  vous  en  trouues 
Que  céans  les  admenes 
El  je  les  garderay  bien 

Caffre. 

Je  te  prometz  sans  faillir  rien 
Que  lu  en  auras  tousiours  la  garde 

Agripard. 

Or  les  tennes  je  vous  diclz  bien 
Des  cesle  heure  les  vous  reraectz 

Tempeste. 

Tu  es  trop  homme  de  bien 
A  dieu  soys  tu  recommande 

FOULDRE. 

Bien  a  malheur  fustes  vous  nés 
Désire  en  nos  mains  liures 
Auant  penses  de  cheminer  tost 
Car  parler  vous  conuient  au  preuost 

Marc. 
A  dieu  seruir  le  cueur  mesmeuk 


419 

Caffre. 

Auaut  passes  légèrement 

Le  grand  diable  bien  vous  tict  prendre 

La  loy  de  Jésus  ce  mesciiant 

Marcellin. 

Jésus  l'oy  omnipotent 
Veuillies  nous  en  la  foy  tenir 
Mon  dieu  veuillies  nous  secourir 
Et  ne  nous  raetz  point  en  obly 

FOULbRE. 

Mal  jour  aures  deuant  la  nuict 
PO:^E 


420' 


Griffon. 

Alloquilur  Fabianum. 

Sire  preuost  de  grand  hniyct 
Nous  auous  faict  votre  comment 
Amené  auons  les  deux  meschans 
Lesquelz  sont  tousiours  induiclz 
A  la  faulce  loy  comme  deuant 

Fabien. 

Enfans  je  vous  prie  par  amytie 

Que  de  voz  corps  ayes  pitye 

Et  si  aues  este  mal  aduises 

De  noslre  loy  auoyr  laisse 

Pour  ensuyure  le  nom 

De  Jésus  ce  faux  larron 

Et  mauldict  enchanteur 

Car  jl  fust  pendu  par  son  erreur 

Je  vous  prie  chèrement 

A  noz  dieux  tant  bon  et  gratieux 

Faictès  sacriffiement 

Nul  de  vous  ne  les  desprise 

Au  dieu  Mars  qui  ne  ment 

Faictes  de  bon  cueur  seruice 

A  mes  enfans  Marc  et  Marcellin 

Vous  estes  fdz  a  Tarquilien 

Et  pour  lamour  de  vostre  père 

Ne  vous  voldroys  oltraige  fere 

Car  jl  est  notable  seigneur 


4«1 


Marc. 

Plus  tost  morrons  a  grand  douleur 
Que  Jésus  voulussions  desdire 
Celtes  preuost  fol  remply  dyrc 
Rien  n'en  ferons  je  te  dicl  bien 

Marcegnin. 

Sire  preuost  je  vous  dict  bien 
Quilz  sont  dignes  de  mort  souffrir 
Puys  quilz  ne  se  veuUent  repentir 
Et  retourner  avec  leurs  genlz 

TlIENIN. 

Sils  ne  reprennent  femmes  et  enfans 
Faictes  les  mourir  sans  detien 

Mârcellin. 
Je  veulx  que  saiches  Fabien 
A  Jésus  feray  tout  seruice 
Chescung  de  nous  Ma  bon  desprise 
Rien  ne  prisons  telles  ydollcs 
Laisse  nous  en  paix  je  ten  prie 

Fabiem. 

Maulgre  toute  mabommerye 
H.iro  en  dospit  de  ma  vye 
Par  Mabon  mon  dieu  vous  morres 
Demain  en  vye  ne  seres 

Sententia  Fabiani. 

Par  Juppiter  corne  me  semble 
Auant  tyrans  tous  quatre  ensemble 
Rfpronnos  moy  ces  faulx  garsons 
Lyes  les  moy  comme  larrons 


42Î 


A  ce  pillier  rudement 

Car  je  veulx  que  jncontinent 

Soint  despoillies  tous  nudz 

Et  quilz  soint  Iresbien  battus 

De  gros  foelz  legierement 

En  despit  du  faulx  Jésus  (1) 

Quilz  me  vont  icy  vantant 

Et  quil  soit  faict  tout  a  ceste  heure 

Griffon. 

Vous  naues  garde  que  jen  pleure 
Joyeux  suys  de  ces  nouuelles 

Caffre. 
Je  leur  rompray  bras  et  eysselles 
Puysquil  fault  que  m'en  démente 

Tempeste. 
Silz  estoint  seigneurs  ou  damoyselles 
Ayse  suys  quant  les  tormente 

Griffon. 

Auant  meschans  a  Iheure  présente 
Vous  conuient  vng  peu  festoyer 

Tempeste. 

Mais  premier  vous  fault  despoillier 
Pour  monstrer  vostre  beau  corps 

Expoliunt  eos  et  ligant. 
POSE 


(1)  Celte  ligne  est  effacôe  suivant  la  prescription  mise  en  marge 
ÇanceUatur  F.  Decroso. 


428 


Datien. 

N'en  soyes  point  misericordz 
Lies  les  raoy  très  bien  estroict 
Qui  leurs  maulx  faiclz  ne  pugniroit 
Hz  porroint  decepuoir  le  monde 

FOULDRE. 

Auant  auant  riboudaillie 

A  les  frapper  chescung  saduance 

Caffre. 

A  cetuy  je  commence 
Et  de  raoy  sera  estrayne 

Percutit. 

Et  puys  si  lu  te  sens  gène 
Dys  a  ton  dieu  qu'il  te  défende 

Griffon. 

A  Venus  me  recommande 

Percutit. 

Or  tien  villain  estce  bonne  viande 
Bonne  et  amoureuse 

FOULDRE. 

Percutit. 

Le  grand  dyable  y  coure 
Tant  nous  donne  de  torment 


424 


Caffre. 

Percntit. 

Tien  villain  cesl  oignement  (1) 
Pour  oingdre  vn  peu  vosire  coste 

Tempeste. 

Je  croy  qu'ilz  en  ont  asses 
A  les  veoir  comme  me  semble 

Marc. 

Vray  dieu  qui  est  une  substance 
Troys  personnes  en  vne  essence 
Sans  fin  et  sans  commencement 
A  loy  me  commcnde  pleynement 
En  toy  auons  ferme  créance 
Et  si  anons  bonne- espérance 
Que  soyons  de  tes  amys 

Marcellin. 

Mon  dieu  je  te  requiers  mercy 
El  quil  le  playse  d'obi ier 
Mes  offenses  et  mes  pèches 
Et  me  donner  entièrement 
A  mon  ame  saulvement 

Fabien. 

Je  vous  prie  chèrement 
Qu'ayes  pitye  de  vosire  jnfance 
Fou!x  mescreans  sans  dcmeurance 
Ou  je  veulx  bien  que  cliescung  saiche 
Que  vous  seres  a  cesle  eslaiche 


(1)  Oaguent. 


425 


Je  le  vous  pi-ometz  et  affye 
Tanlost  lies  et  eslachcs  aussi 
Jusques  tant  quayes  faict  seruice 
A  noz  vrays  dieux  par  bonne  guyse 
Et  rendu  dignement  ruflice 
Quappartient  au  saciiflice 

Marc. 

Mauluais  preuost  plein  de  malice 
Tenir  ne  doibz  la  loy  a  nyce 
Qui  est  tenue  du  créateur 
Tu  faiclz  aux  dieux  seruice 
Qui  sont  de  nulle  valeur 

Marckllin. 
Jesuschrist  qucst  le  rédempteur 
Cesl  le  vray  dieu  plein  de  douleur 
Faulx  preuost  ainsi  se  doibz  croyre 
Ou  mys  sera  en  la  pueur 
Denfer  et  en  la  grand  chaJIeur 
Qui  en  aultre  dieu  croist  jl  erre 

Fabien. 

Haroz  do  dur)  le  cueur  me  serre 
Je  ne  scay  plus  ou  conseil  querre 
Ces  garsons  cy  mesbahironl 
Si  de  Itui'  loy  veulx  plus  cnquerre 
Bien  scay  quil  me  traliiionl 
Ysocras  le  vray  dieu  daniont 
Et  Irestous  les  ni;dions  qui  sont 
Au  temple  reconfortes  moy 
Ou  ces  Iritres  cy  me  feront 
Enrraiger  je  sray  bien  quilz  ont 
(Iraïul  joye  me  veoir  en  esmoy 


426 


QUÎNCTIËN. 

Sire  preuost  aultre  n'y  voy 
Sinon  que  les  faictes  a  mort  liurer 
Car  ilz  ne  se  font  que  mocquer 
De  Mahon  et  de  sa  ioy 

S'  Sebastien. 

Sebastiamis  consolât  illos. 

loi)  appercoyt  Fabien  comme  S'  SebaMien 
les  conforte. 

Tousiours  soyes  fermes  en  la  foy 
De  dieu  soit  toute  vostre  memoyre 
Et  certes  vous  aures  uictoyre 
En  la  gloyre  la  liault  es  cieux 
Seres  couronnes  auec  Dieu 
Cest  chose  toute  véritable 

Fabien. 

Or  vous  tayses  ailes  au  diable 
Sebastien  est  ce  la  guyse 
Faulx  tritre  a  Dyocletien 
Que  conforter  les  chrestiens 
Tu  leur  deussies  menner  guerre 
En  tous  lieux  et  a  grand  erre 
Bien  tosl  tu  ten  repentiras 

Sebastien. 

Mauluays  preuost  tu  mentiras 
Je  ne  te  crains  rien  ny  doubte 
Ny  aussi  ta  compagnie  toute 
Mon  dieu  en  qui  j'ay  mis  ma  créance 
Me  deffendra  jy  ay  fiance 


427 


Mays  tu  es  fol  et  hors  de  sens 
Et  sera  dampne  si  ne  te  repens 
Je  le  te  dictz  Fabien 

Fabien. 

Haroz  Mahon  Sebastien 

Bien  tost  mesleray  ta  pensée 

Je  puysse  enraiger  comme  vng  chien 

Si  1(1  ne  meurs  sans  demeure 

Nostre  loy  a  deshonnore 

Et  en  mainte  place  blasme 

Lempereur  mallejournee 

Te  dorra  mays  quil  le  saiche 

S'  Sebastien. 

Fabien  je  veulx  que  saiches 
Certes  que  je  suys  chrestien 
Va  si  le  dire  a  lempereur 
Je  ne  feray  ja  pire  chère 
Tel  je  le  suys  des  mon  infance 
Tu  faictz  mal  donner  greuance 
Aux  amys  de  dieu  dignement 

Marcequin. 

Ha  mauldict  tritrc  meschant 
Remply  de  mcscreance 
Lempereur  a  en  toy  fiance 
Et  tu  le  vas  denyant 

Themn. 

Ha  mauluays  regnye  comment 

Ouses  tu  dire  tel  laiigaige 

Ta  foy  ce  nest  quenchantemenl 


Nen  parles  plus  tu  nest  pas  saige 
Oncques  Jésus  ny  son  ligiiaige 
Si  nlieurenl  vaillant  vne  pomme 
Crucifie  fust  pour  loutraige 
Quil  se  faisoit  vray  dieu  et  homme 

S'  Sebastien. 

Chetif  lu  n'entens  pas  comme 
La  mort  Jesuschrist  nous  valust 
Car  ce  fust  pour  nostre  salut 
Que  le  glorieux  dieu  voulust 
Moui'ir  pour  nous  fere  rendre 
Par  sa  grâce  nous  secourut 
Et  denfer  nous  misl  a  doUure 

Fabien. 

Oncques  par  escript  ny  par  liure 
Ne  trouuys  en  jour  de  ton  aage 
Que  deubse  telle  loy  ensuyure 
Tays  toy  ne  dictz  plus  tel  oultraige 
Joseph  si  heust  en  mariaige 
Marie  la  mère  Jésus 
Par  le  conseil  de  son  lignaige 
Le  veilliard  si  en  fust  deceu  (1) 
Nous  scauons  tous  grans  et  menus 
Que  Marie  !uy  fust  espouse 
Et  auait  ja  enfant  conceu  (2) 

Je  tay  raison  clere  donnée 


(1)  En  marge  de  ce  vers  on  lit  :  Corrigatur  deceu  F.  Decroso. 

(2)  Ce  vers  et  le  suivaiit  snnt  effacés,  conformément  à  la  note 
marginale  :  Cancellatur  F.  Decroso.  On  a  pu  lire  le  premier,  mais 
le  second  est  trop  àrtistement  maculé  pour  être  lu. 


iSd 


Nul  ne  la  scauroit  contredire 
Ergo  ta  loy  est  reprouuee 
Faulce  je  lose  bien  dire 

Sebastien. 

Tu  as  menty  Jésus  la  voulust  eslire 
Pour  prendre  en  elle  son  repayre 
Aultrement  ne  luy  peult  souffire 
Excepte  la  virge  niere 
Jésus  entra  cest  chose  clere 
En  elle  comme  le  soleil  passe 
Tout  oultie  paimi  la  verrière 
Sans  que  point  le  vorre  se  casse  (l) 
Cest  exemple  que  raison  baillie 
Pour  conforter  un  peu  nature 
Grâce  de  dieu  nature  passe 
Et  sens  de  toute  créature 

Fabien, 

Je  voys  que  tu  as  mys  ta  cure 
A  le  seruir  et  ta  pensée 
De  t'en  plus  parler  n'ay  cure 
Car  ton  parler  point  ne  maggree 
Par  Appollin  qui  fict  le  bled 
Puysque  ne  veulx  fere  aullre  chose 
A  Tempereur  de  Rumanye 
Le  diray  auant  que  repose 

Skiîastien. 

Et  puys  que  je  voy  que  tu  n'as 
De  cecy  croyre  volonté 


(1)  Curieuïe  uxplioatinn. 


430 


J*a  ce  soit  quil  soit  vérité 
Meshuy  plus  ne  ten  parleray 

Recedit  Sebaslianus  a  Fabiano. 

Marc. 

A  Jésus  seruir  me  dispose 
Ainsi  que  fere  je  le  doibtz 
En  luy  ciy  toute  maraour  enclose 
Aultre  que  luy  ne  serviray 

Marcellin. 

Gest  celluy  dieu  souuerain  roy 
Qui  nous  a  crée  et  forme 
Par  son  amour  sans  nul  delay 
De  cueur  ensemble  debuons  chanter 

Gantant . 

Fabien. 
Haroz  Mahomme  et  que  faictz  tu 
Haroz  jay  tout  ie  sens  perdu 
Ouyes  comment  ces  garsons  chantent 
Et  de  leur  faulx  Jésus  se  vantent 
Et  ne  se  font  que  resjouyr 
Je  croy  raoy  quil  sen  faut  fouyr 
En  despit  de  ces  faulx  meschans 
Que  faictes  vous  pailliardz  tyrans 
Rues  sur  eulx  ou  jy  rueray 
Par  Ternegant  je  vous  tueray 
Auant  frappes  larronaillie 

FOULDRE. 

Le  grand  diable  emport  la  merdaillie 
Par  ApoUin  et  Ternegant 


431 


De  frapper  suys  si  fori  dolent 
Que  je  ne  m'en  puys  remuer 

Datien. 

Auant  ribaudz  sans  séjourner 
Rendes  les  moy  du  tout  casses 
El  presque  morts  vous  les  laisses 
Tant  quils  perdent  le  quaqueter 

Griffon. 

Si  vous  me  debuies  tuer 
Plus  fort  frapper  je  ne  scauroys 
Aller  ne  puys  ny  champ  ny  voye 
Par  Appollin  tant  suys  je  las 

Caffre. 
Par  ma  foy  je  ne  croys  pas 
Quilz  ne  soint  bien  chasties 
Et  croy  quil  nont  plus  volonté 
Aullrement  de  vous  re«pondie 

Fabien. 

Or  les  vienne  meshuy  deffendre 
Tous  les  grands  dyables  despendre 
Leur  faulx  Jésus  et  dépendre 
Car  jaymeroys  mieulx  sans  attendre 
Que  jamays  ne  mentremisse 
Et  mauldict  soit  le  jour  et  Iheure 
Que  malle  mort  ne  me  court  seure 
Quant  jamays  men  suys  empesche 

Fouldre. 

Je  prie  Dieu  que  a  meschef 
Si  b's  puysse  en  uuicl  tenir 


432 


Hz  m'ont  huy  tant  faict  courir 
Que  je  ne  puys  plus  aller  auant 

Fabien. 

Mes  enfans  croyes  en  noz  dieux 
Hellas  vous  ne  porries  raieulx 
Pour  acquérir  des  cieulx  la  gloyre 
Je  vous  prie  qua  vostje  menioyre 
Soit  a  Mahon  el  vosLre  adresse 
El  d'icy  vous  faiciz  promesse 
Que  de  tous  maulx  scies  dehures 
Et  aussi  faictes  grand  ouUraigc 
A  vostre  pore  et  a  son  ligna ige 
Je  vous  en  prie  pour  amour 

Marc. 

Preuost  tien  toy  tout  seur 
A  Jésus  nous  ferons  clameur 
Saiches  bien  tant  que  nous  perrons 
Car  il  aui'a  quand  nous  morrons 
De  nous  mcrcy  certaynemenl 

Marcellin. 

En  luy  nous  croyons  seurement 
A  luy  seul  nous  seruirons 
De  cueur  entier  parfaictemcnt 
Sur  toutes  choses  l'ayraerons 
Pour  lamour  de  luy  nous  voulons 
Souffrir  torment  peyne  infinie 
A  son  honneur  nous  chanterons 
Quelque  chant  plein  de  melaudie 

Cantcmt. 


m 


Fabien. 

Maulgre  loule  mahoniraeryo 

El  toute  leur  puyssaiice 

Voicy  grand  dyahlerie 

En  vous  nay  plus  fiance 

Que  ne  pouues  prendi'o  vengeance 

De  ces  faulx  mecreans 

Qlintien. 

Puysquilz  sont  tousiours  parcans 
De  Jésus  cest  enchanteur 
Faicles  les  mourir  par  rigueur 
Et  quil  soit  faict  sans  demeurance 

Fabien. 

Or  ca  sans  demeurance 
Tyrans  entendes  ma  sentence 

Sententia  Fabiani  contra  Marrnm 
et  Marcellinum. 

Puy?fjuestes  si  meschantz 

Qiu'  ne  vous  voules  retourner 

Je  vous  juge  toutmaintenanl 

A  mourir  sans  point  recullcr 

A  grandes  lances  soint  perces 

Tant  tjuilz  soint  mortz  ranuei'ses 

En  après  par  grand  dérision 

De  Jésus  ce  faulx  garson 

Veux  que  leurs  corps  soint  donnes 

Aux  chiens  et  auliresbeslps  abandonnes 

Car  telle  est  mon  ordonnance 


28 


AU 


Griffon. 

Sire  preuost  comme  je  pense 
Tantost  vous  en  seres  venge 
Et  croy  que  seront  tost  despeches 
Mays  que  jaye  vne  lance 

Caffre. 

Den  Irouuer  vne  que  Ion  saduance 
Je  la  voldroys  desia  tenir 
Nous  les  ferons  bien  resiouyr 
Et  dancer  vne  aultre  dance 

Tempeste. 

D'asses  vous  en  pourveoir  me  vente 
Et  des  meilleures  de  ceste  ville 

FOULDRE. 

De  ce  fere  soyes  habille 
Je  ten  prie  victement 


Le  Sot. 

Fuyr  m'en  faull  liatiuement 
Puysque  vertu  souffre  martire 
Je  ne  scay  plus  que  je  doibz  dire 
Sinon  me  retirer  en  France  (1) 


(1)  Le  sot  ou  fol  dit  ces  paroles  pendant  qu'on  va  chercher  les 
lances. 


435 


Tempeste. 

Ca  compagnons  voyci  les  lances 
Sont  elles  bien  a  vostre  guyse 
El  sellon  vostre  ordonnance 

Griffon. 

Elles  sont  bonnes  comme  je  pense 
Or  auant  compagnons 
De  les  frapper  chascung  saduance 
Ces  faulx  villains  sedutieux 

Caffrp:. 

Chescung  de  nous  vaillie  deux 
Et  par  dos  et  ventre  les  perçons 
En  despit  du  faulx  Jésus  (1) 

Tempeste. 

Je  vous  n'attendons  plus 
Quilz  ne  soint  a  mort  liures 

Marc. 

Oral  (jenibus  flexis. 

0  royne  pleyne  de  bonté 
Et  de  toute  humilité 
Mon  ame  te  recommande 
Priant  qu'ayes  d'elle  mercy 
Dieu  de  paradis 
A  toy  la  recommande 

(1)  Ce  vers  est  effacé,  »,'(,  en  marge,  ii  y  a  li-  mol  cancellatur  et 
la  iignature  F.  Decroso. 


436 


Et  te  demande 

De  mes  pèches  remission 

Et  la  peyne  que  souffre  grande 

Blasme  et  esclandre 

Soit  a  ma  salualiou 

0  dieu  tout  puyssant 

Père  omnipotent 

Si  présentement 

Finir  briesuement 

Me  conuient  ma  vye 

Ayes  de  moy  memoyre 

Et  a  la  saincte  gloyre 

Mon  ame  soit  pose 

FOULDRE, 

Je  le  feray  ta  destinée 
Auanl  quil  soit  vne  heure 

Mârcellin. 
Orat  genibus  flexis. 

Père  de  toute  créature 
Doulx  dieu  plein  de  bonl.e 
A  toy  me  recommande 
Parfaicte  deite 
Mon  ame  te  commande 
Rccoy  la  s'il  te  plaict 
En  ton  sainct  firmcment 
Mourir  sans  arrest 
Me  faull  présentement 
0  royne  de  puyssance 
Sans  demeurance 
Ayes  de  moy  memoyre 


487 


Mon  ame  te  soit  commande 
En  la  gloyre  très  haultayne 

Griffon. 

Que  de  la  fiebure  quaitayne 

Soyes  vous  tous  les  deux  espouses 

Auant  auant  compagnons  frappons 

Mays  premier  je  commenceray 

A  cestuy  cy  me  prendray 

A  l'assault  riboudaillie 

Mourir  vous  ferons  comme  cliiuaillie 

Caffre. 
A  la  mort  truandailiie 
Vous  estes  a  misère 
Frappes  deuanl  et  moy  derrière 

FOULDRE. 

Puisquil  faut  que  je  fiere  (1) 
Ce  coup  auras  de  ma  main 

TeMF'ESTE. 

Tien  cella  villain 

A  mort  seres  liure  a  cest  heure 

Vostre  dieu  ne  vous  en  scauroil  secourre 

Griffon. 
Frappes  a  coup  sans  demeure 
De  reschef  chescung  trauaillie 

Caffre. 

Je  croys  quil  y  en  a  vng  qui  baillie 
Et  est  bien  près  de  mourir 


(1)  rr«pp« 


438 


FOULDRE. 

Le  grand  diable  y  puysse  courir 
Il  n'a  plus  nyfle  ny  haleine  (1) 
li  est  desia  plus  blanc  que  layne 
Ils  ne  chanteront  plus  certaynement 

Tempeste. 

Ils  sont  mortz  vrayement 
Diables  les  en  puyssent  porter 

Les  délient  et  les  mettent  en  terre'  sur  quel- 
ques tapis. 

Caffre. 

Au  preuost  nous  fault  tourner 
Pour  luy  compter  nostre  proesse 
Et  le  cas  que  faict  auons 

FOULDRE. 

Bien  scay  que  playsir  luy  ferons 
Sur  tout  penssons  de  nous  haster 

Caffre. 

Cest  très  bien  dict  sus  tost  allons 
En  ce  disant  nous  y  verrons 
Si  rien  il  voldroit  commander 

SILETE. 


(l)  Nyfle  :  respiration  par  le  nez. 


439 


Nostre-Dame. 

Dieu  mon  fils  qui  en  vnion 

Règnes  en  gloyre  veuillies  monsirer 

Lamour  et  la  dillection 

Es  âmes  de  ceux  qui  en  malheur 

Ont  faict  labas  et  tuer 

Pour  ton  nom  pour  ta  loy  tenir 

Ils  m'ont  requis  de  bon  cueur 

Pourtant  mon  fils  te  veulx  prier 

Que  tu  leur  montre  ta  douceur 

Et  ne  les  veuilles  oblier 

Dieu. 

En  raoy  vous  pouues  bien  fier 
Ma  mère  que  ceulx  ne  fauldront 
Qui  de  bon  cueur  me  seruiront 
Que  ne  leur  rende  bon  loyer 
Anges  sans  arrester 
Et  sans  fere  demeure 
Je  veulx  avoyr  présent  les  âmes 
De  ceulx  qui  mourront  a  diffame 
Pour  mon  nom  au  monde  exalter 
Ailes  les  querre  sans  plus  tarder 

S'  Michel. 

Mon  cher  seigneur  1res  volontiers 
Nous  y  allons  le  droict  sentier 
Gabriel  auec  moy  vennes 
Et  icy  plus  ne  vous  en  tenues 
Allons  doulcement  chantant 


m 


Gabriel. 

Allons  de  par  dieu  lout  puyssant 
El  si  cliantons  très  doulcemeiit 
Hault  et  cler  Jesuschrist  louant 
Le  vray  dieu  père  omnipotent 

Eunt  cantando  :  Jesu  nostra  rederaplio. 

Michel. 

Ames  venes  avec  moy  en  gloyre 
Car  Dieu  vous  ayme  grandement 

Chérubin. 

Je  vous  prie  que  présentement 
Vous  allies  tout  victement 
Le  messaige  de  Dieu  parfayre 

Gabriel. 

Puysque  vous  aues  eu  victoyre 
Joyes  aures  éternellement 

Redeunt  cantando  :  Te  Deum  laudamus. 

Michel. 

Celluy  dieu  sans  commencement 
Et  sans  fin  véritablement 
Voicy  les  âmes  de  tesamys 

Gabriel. 

Sire  ton  sainct  commandement 
Auons  accomply  seurement 

Dieu. 

Ma  vraye  joye  perdurablement 
Ma  vision  semblablement 


Ul 

Vous  donne  et  mon  paradis 
Sus  anges  faicles  melaudic 
A  leur  venue  je  vous  prie 
Ma  volonté  soit  accomplye 

Gabriel, 

Cest  bien  raison  que  chescung  chante 
Tu  es  de  nous  le  vray  seigneur 

Michel. 
Chantons  doncques  par  grand  doulceur 
Gantant. 

LUCIFFER. 

Ou  estes  vous  maaluays  lan'ons 
Que  nalles  vous  quene  les  âmes 
De  ces  deux  fauh  mauluays  garsons 
Qui  sont  labas  mortz  a  grand  blasmes 
Brusler  les  conuient  corps  et  âmes 
Ailes  les  bien  tost  quérir 

Satan. 

Ne  crye  plus  faulx  diable  infâme 
Nous  les  ferons  céans  bioyr 

LUCIFFER. 

Penses  de  trotter  et  courir 
Despeches  vous  de  par  le  diable 

Belzebuth. 

Tayses  vous  dyable  misérable 
Nous  y  allons  plustost  que  le  pas 


442 


Leuiatan. 

Auec  eulx  amènerons  vng  tas 

De  larrons  et  murlriers 

Des  sergentz  n'en  doubles  pas 

Cerberus. 

Je  veulx  que  soys  brulle 
Si  je  n'araeyne  des  sorcières 
Et  de  ces  grandz  papellardz 
Procureurs  et  faulx  aduocatz 
Et  gentz  de  mauuaise  vye 

Satan. 

Haroz  voicy  grand  diablerye 
Berich  est  pour  perdre  le  sens 
Ou  sont  les  âmes  de  ces  gentz 
Hors  hors  haroz  j'enraige 
Berich  diable  que  dii-ayje 
A  nostre  raaistre  Luciffer 
A  vne  grand  cheyne  denfer 
Me  fera  pendre  a  nos  gibet 

Beric. 

Tu  luy  dira  que  le  parfaict 
Dieu  les  a  enuoye  quérir 
Et  si  les  heusses  peu  tenir 
Qu'en  enfer  les  heusses  traynes 
Au  feu  denfer  fussent  broulles 
Si  les  heussions  peu  tenir 

Baguinal. 

Plus  icy  ne  les  fault  quérir 
Elles  ny  sont  plus  certaynement 


443 


Nous  allons  este  trop  négligent 
Et  sommes  trop  tard  venus 


Griffon. 

Lyesse  honneur  soûlas  et  joye 
Puysse  auoyr  le  noble  preuost 
Saches  que  ces  deux  enchanteurs 
Quauies  remis  entre  noz  mains 
De  ce  tenues  vous  bien  certanis 
Quilz  ne  parleront  plus  de  Jésus 

Caffre. 

Car  jls  sont  raortz  et  confondus 
Si  rien  vous  plaict  dictes  le  nous 

Fabien. 

Vous  aues  bien  faict 
Et  estes  mes  amys  tous 
Or  escoutes  que  vous  diray 
Si  plus  rien  vous  en  trouues 
Quils  soint  pris  lyes  et  trayjies 
Et  puys  après  les  mamenes 
Ce  faysant  me  feres  playsir 

Tempeste. 

Je  vous  prometz  sans  allentir 
Que  si  plus  on  en  peult  trouuer 
En  quelque  part  ny  ranconlrer 
Que  bien  tost  vous  en  aures  nouuelle.^ 


AU 


Fabien. 

Et  que  me  soyes  point  rebelles 

Que  lousiours  vous  trouues  au  besoing 

Et  quant  de  vous  auray  affayre 

FOULDRE. 

Il  ue  fault  sinon  dire  eri'e   • 
Et  lousiours  serons  tous  prestz 

Primus  Sepelliens. 

Hellas  amy  que  cest  grand  pitye 
De  ces  deux  paoures  raartirs 
Qu'on  a  faict  mourir  sans  mentir 
A  si  grand  peyne  et  torment 
Et  cest  pour  croyro  vrayement 
La  loy  de  Ihault  roy  Jesuschrist 

Secvndus  Sepelliens. 

Hellas  mon  bel  el  doulx  amy 
Pour  ce  jls  seront  couronnes 
En  paradis  sans  fere  doubte 
Ausquel  lieu  jls  prieront 
Pour  ceulx  la  qui  les  requerront 
Donc  sil  te  plaict  mon  doulx  amy 
Allons  les  ensepuellir 

Primus  Sepelliens. 

Jen  auroys  bien  grand  désir 
May  s  je  doubte  si  fort  le  preuost 
Je  vous  prometz  sans  point  mentir 
Sil  le  scauoit  nous  feroit  mourir 


445 


Secvndus  Sepelliens. 

Il  ne  nous  fault  point  esbahir 
Allons  y  sans  plus  tarder 
Jesuschrist  nous  preseruera 

Primus  Sepelliens. 

Ho  Jésus  ave  maria 
Regardes  la  grand  laydure 
Uuds  ont  souffert  et  sans  mesure 
Pour  la  loy  Jésus  maintenir 

Secundus. 

Las  mon  aray  sans  dillayer 
Oustons  les  dicy  apperlement 
Car  si  le  preuost  vraycment 
Scauoyt  que  les  heussions  ouste 
Il  nous  feroit  en  vérité 
Souffrir  grand  peyne  et  martire 

Primus. 

Sus  mon  aray  or  te  deliure 
En  sepuelliant  nous  chanterons 
Ce  quanticque  entre  nous  deux 
Qui  est  tant  bon  joly  et  bel 
In  exitu  Israël  (1) 


(I)  Ici  se  trouve  eti  mar^o  l'autorisalio»  du  censeur  pour  cette 
preinit-re  journée  du  mystère  de  S.  Sél)astien,  en  ces  termes  : 

Vidi  Imcusque  dcmptis  cerlis  dicendis  per  ilullntn  que  inibi  non 
cunliuenlur  etjdeo  non  permiUuntur  nisi  ipsis  prius  risis  et  quoad 
alia  duminodo  corriganiur  seu  cancellrntur  corrigi  seu  coucclluri 
iniuncta  videlur  permit tendum  fieri  représenta lioucin  in  hoc  libro 
contentam.  F.  Decroso. 

Cette  autorisation  explique  pourquoi,  dans  le  manuscrit,  les  pa- 
roles du  fou  sont  dune  autre  écriture  et  se  trouvent  quelquetoig 
«n  marg»  ;  elles  doivent  ('tre  aussi  d'un  autre  auteur. 


446 


Le  Fol. 

Retires  vous  car  il  est  tard 
Prendre  logis  en  quelque  part  (1) 
Si  vous  aucz  peu  de  largent 
Viure  vous  fauldra  plus  soubreraent 
Car  quand  vous  seres  en  tauerne 
Vostre  bourse  viendra  lanterne 
Car  le  pain  blanc  et  le  bon  vin 
Feront  dépendre  le  floiin 
Plustost  que  ne  penserez  pas 
Si  vous  nauez  d'argent  a  tas 
Hz  vous  feront  loger  au  tour  (2) 
Et  le  matui  serez  tant  lourd 
Quon  pensera  que  soies  iures 
Qui  nest  riche  jusques  au  bout 
Ne  doibt  pas  les  tauernes  suyure 

Le  Messagier  (3). 


(1)  Car  on  venait  de  loin  pour  entendre  ces  mystères. 

(2)  Le  four  banal. 

(3)  Son  discours  n'a  pas  élé  écrit.  Il  allait  sans  doute  indiquer 
l'époque  oij  serait  jouée  la  seconde  journée. 


— e..*=if=ï=><2:Sè5>=ç=*=-'»  ■ 


ANALYSE 

DE  LA  PREMJKRE  JOURNÉE 

DU 


i  flONSEIG\ElR  SAINT  SF«*«"" 


Le  messager  annonce  en  peu  de  mois  le  sujet  du 
drame,  recommande  le  silence  et  réclame  Tindulgence 
de  l'auditoire. 

Le  fol,  (jui  est  chargé  de  quelques  courts  intermèdes 
pour  reposer  rattenlion  des  spectateurs,  vient  ensuite 
réciter  quelques  vers,  où  il  dit  que  sa  confrérie  est 
nombreuse,  et  se  moque  des  filles  oi'gueilleuses.  Il  y  a 
une  variante  en  marge. 

Le  drame  commence.  La  scène  se  passe  à  Rome. 
L'empereur  Dioclétien  s'entretient  avec  ses  chevaliers, 
qui  appellent  son  attention  sur  les  progrès  du  chris- 
tianisme et  suî'  les  dommages  qu'en  éprouve  le  paga- 
nisme. Dioclélien  veut  punir  les  chrétiens,  et  mande 
auprès  de  lui  le  grand  prêtre  Fabien  et  son  lils  .Maxi- 
mien. Le  messager  Marcheboc  va  les  chercher,  sans 
doute  en  passant  d'un  côté  de  la  scène  à  un  autre,  et 
cela  donne  lieu  à  une  pose  qui  représente  le  temps  du 
voyage. 


448 

Marcheboc  accomplit  sa  commission  auprès  de  Maxi- 
mien et  de  Fabien,  qui,  pendant  une  nouvelle  pose, 
se  rendent  avec  leurs  gens  près  de  l'empereur.  Celui-ci 
leur  expose  le  motif  pour  lequel  il  les  a  fait  appeler. 
On  tient  conseil.  Le  pontife  Fabien  est  nommé  grand 
prévôt,  et  promet  de  faire  une  grande  boucherie  des 
chrétiens.  On  envoie  quérir  les  quatre  sénateurs. 

Ici  se  trouvent  quelques  paroles  du  fol,  pendant  le 
trajet  du  messager  :  c'est  une  tirade  qui  marque  une 
espèce  de  fm  d'acte. 

Les  sénateurs  arrivent.  On  délibère  de  nouveau,  et 
la  mort  des  chrétiens  est  résolue.  L'empereur  la  décrète 
et  abdique  en  faveur  de  son  fils  Maximien.  Sur  les  or- 
dres de  celui-ci,  le  messager  Barion  va  de  Rome  à 
Narbonne  annoncer  l'anivée  du  nouvel  empereur  dans 
cette  ville  et  en  prévenir  Sebastien,  qui  est  le  prince 
de  cette  cité.  Arrivée  de  l'empereur.  Acclamations. 
Ordre  donné  par  Maximien  à  Sébastien  de  faire  mourir 
les  chrétiens. 

Une  pose  inteiTompt  le  dialogue. 

L'empereur  offre  le  sacrifice  aux  dieux. 

On  assiste  ensuite  à  une  scène  curieuse  : 

Perdition,  personnage  allégorique,  s'entretient  avec 
ses  fils,  qu'elle  déchaîne  sur  la  terre,  en  leur  recom- 
mandant de  faire  le  plus  de  mal  possible. 

L'empereur  retourne  à  Rome,  et  ammène  avec  lui 
Sébastien,  qu'il  met  au  rang  do  ses  chevaliers. 

A  Rome,  grand  repas  à  l'occasion  de  l'arrivée  de 
Maximien.  Une  place  d'honneur  y  est  donnée  à  Sé- 
bastien. 

Pendant  le  repas,  Marc  et  Marcellin,  fils  du  sénateur 
Tarquillin,  quittent  la  table  et  parlent  de  leur  projet 


449 

de  se  faire  chrétiens.  Il  vont  vers  le  prêtre  Polycarpe, 
et  se  font  accompagner  par  lui  clio/  leur  père,  pour 
lui  faire  connaître  leur  conversion  et  pour  tacher  de 
le  convertir  lui-même  (pose).  Il  se  fâche  et  les  menace 
du  sénaleui-  Nycostrat. 
Le  repas  finit. 

Tarijuilliii  mène  ses  fils  et  Polycarpe  auprès  de  Ny- 
costrat,  qui  leur  fait  en  vain  la  morale,  etNycosIrat  va, 
à  son  tour,  conter  le  fait  au  sénateur  Cromaticn.  Dans  le 
cours  de  la  conversation ,  la  femme  de  Cromatien 
demande  à  Nycoslrat  si  son  épouse  a  recouvré  la  parole. 
Nycoslrat  fera  ses  effo»-ts  pour  détourner  du  chris- 
tianisme les  fils  de  Tarquillin. 

La  conveisation  s'engage  ensuite  entre  le  sénateur 
Tarquillin  et  sa  femme.  Ils  se  lamentent  de  la  conversion 
de  leurs  fils. 

Nycostrat,  de  son  côté,  parle  à  Marc  et  à  Marcellin, 
mais  en  vain,  et  Polycarpe  cherche  à  le  conveitir. 

Monologue  de  S.  Sébastien  pour  convertir  Nycostrat. 
Il  vient  se  joindre  aux  précédents  acteurs,  et  convertit 
Nycostrat  en  rendant  la  vue  à  sa  fille.  Celle-ci  se  fait 
aussi  chrétienne.  Il  en  est  de  même  de  Zoé,  femme  de 
Nycostrat,  qui  recouvre  la  parole  et  qu'exorcise  S.  Sé- 
bastien. Baptême  de  Nycostrat  et  de  sa  famille,  de  Maïc 
et  de  Marcellin,  par  Polycarpe. 

Pose  indiquée  par  le  mot  silete. 

A  la  reprise,  la  scène  se  passe  en  enfer. 

Satan  raconte  ce  qui  vient  de  se  passer  chez  Nycostrat. 
Lucifer  se  plaint.  Les  démons  le  tranquillisent  en  ra- 
contant leurs  exjjloils.  Lucifer  envoie  Salan  contie  Sé- 
bastien. 

Entracte  et  paroles  du  fol. 

29 


450 

Le  prévôt  Fabien  se  dispose  à  poui'suivre  les  chré- 
tiens, et  envoie  publier  Tordre  d'adorer  les  dieux  des 
Romains.  On  se  rend  au  sacrifice.  Marc  et  Marcellhi  y 
vont  pour  tâcher  de  convertir  quelques  païens  à  la  foi 
chrétienne.  Sacrifice,  prières,  offrandes. 

Nouvelle  allocution  du  fol. 

Marc  et  Marcellin  apostrophent,  pour  le  convertir, 
le  prévôt  Fabien,  qui,  de  son  côté,  les  excite  à  revenir 
au  cuite  ancien  Ils  s'injurient  réciproquement,  et  Fa- 
bien envoie  chercher  les  tyrans,  c'est-à-dire  les  bour- 
reaux, par  Thenin,  qui  les  lui  amène. 

Pendant  une  pose,  les  bourreaux  dépouillent  les  deux 
frères,  puis  les  frappent  et  les  injurient.  Fabien,  en 
apprenant  qu'ds  sont  fils  de  Tai'quillin ,  les  fait  mener 
en  prison  et  ajourne  leur  mort.  Il  envoie  chercher  Ny- 
costrat  et  sa  famille,  dont  Marcellin  lui  a  appris  la 
conversion. 

Marc  et  Marcellin  sont  menés  en  prison. 

Nycostrat  et  sa  famille  sont  amenés  devant  Fabien, 
qui  leur  fait  des  reproches  et  les  menace  de  la  mort. 
Mais  ils  sont  prêts  à  mourir  pour  Jésus.  Fabien  les 
condamne  à  subir  le  dernier  supplice.  Les  bourreaux 
les  emmènent  pendant  une  nouvelle  pose. 

Nycostrat  et  sa  famille  invoquent  Dieu  et  la  vierge. 
S.  Sébastien  les  encourage.  Nycostrat  est  décapité. 
Sa  femme  et  sa  fille  sont  dépouillées  de  leurs  vêtements 
et  jetées  dans  une  fournaise,  en  subissant  les  plaisan- 
teries de  mauvais  goût  des  bourreaux. 

Ici  se  trouve  une  des  grandes  divisions  du  drame , 
comme  une  fin  d'acte,  indiquée  par  le  mot  silete. 

A  la  reprise,  la  scène  change  souvent.  La  première 
scène  se  passe  dans  le  ciel.  La  vierge  Marie  s'adresse  à 


i51 

Dieu,  son  (ils.  en  faveur  des  trois  martyrs,  et  celui-ci  en- 
voie cherclier  leurs  âmes  par  les  anges  Michel  et  Gabriel. 

Après  le  paradis.  Penfer.  De  son  côté,  Lucifer  gour- 
mande les  démons  et  les  envoie  chercher  les  âmes 
des  trois  suppliciés. 

Chœur  des  anges  qui  conduisent  les  trois  âmes  en 
paradis.  Ils  chantent  le  Veni  creator. 

Deux  chrétiens  viennent  en  cachette  ensevelir  le 
corps  de  Nycostrat. 

Les  bourreaux  vont  se  faire  payer  par  Fabien ,  qui 
leur  recommande  de  ne  pas  s'écarter. 

Dioclétien  et  sa  cour  s'inquiètent  du  retard  de  Fabien, 
et  l'envoient  chercher.  Il  arrive  et  apprend  à  l'empereur 
qu'il  tient  prisonniers  Marc  et  Marcellin,  lils  de  Tar- 
quillien,  qui  ont  embrassé  le  christianisme.  L'empereur 
ordonne  de  les  mettre  en  présence  de  leur  père,  de 
leur  mère,  de  leurs  femmes  et  de  leurs  enfants,  pour 
les  attendrir  et  les  ramener  à  l'ancien  culte,  car  il 
aime  Tarquillien. 

L'entrevue  entre  les  deux  nouveaux  chrétiens  et 
leur  famille  donne  lieu  à  d'interminables  lamentations. 
On  cherche  en  vain  aies  ramènera  l'idolâtrie;  ils  per- 
sistent dans  leur  foi  nouvelle,  et  c'est  une  occasion 
pour  l'auteur  de  faire  un  peu  de  catéchisme  aux  spec- 
tateurs. Les  supplications  de  la  famille  ébranlent  un 
des  deux  frères;  mais  S.  Sébastien  arrive,  les  récon- 
forte, et  cherche  à  convertir  Tarquillien  en  lui  pro- 
mettant la  santé.  Celui-ci  accepte  le  baptême,  que  lui 
confère  Nycostrat,  et  il  est  guéri.  Ce  miracle  entraîne 
la  conversion  de  la  femme  de  Tarquillien  et  de  celle 
de  Marc  et  de  Marcellin  et  de  leurs  enfants.  Toute  la 
famille  est  baptisée  par  Polycarpe.  Ils  se  dispersent 
sur  Tavis  de  Sébastien,  qui  se  relire. 


455 

Les  serviteurs  de  Tarquillin  vont  le  dénoncer,  lui  et 
sa  famille,  au  sénateur  Croraalien.  Agripart  remet  les 
deux  frères  en  prison. 

Après  un  intermède  du  fol,  le  prévôt  Fabien  envoie 
chercher  Marc  et  Marcellin  par  les  bourreaux,  et,  sur 
leur  refus  de  revenir  à  l'ancien  culte,  il  les  condamne 
à  être  dépouillés  et  battus  ;  ce  qui  s'exécute  immé- 
diatement. Nouvel  effort  du  prévôt,  nouvelle  résistance 
des  chrétiens,  que  Sébastien  vient  encore  réconforter. 

Fabien  menace  de  la  mort  Sébastien,  qui  s'affirme 
chrétien.  Une  discussion  théologique  s'engage  entre 
eux,  discussion  dans  laquelle  S.  Sébastien  explique 
par  une  singulière  comparaison  le  mystère  de  la  con- 
ception. 

Marc  et  Marcellin  prient  et  chantent.  Fabien  les 
condamne  à  mourir  pei'cés  de  lances. 

Le  fol  dit  quatre  vers  pendant  que  les  bourreaux 
vont  chercher  des  lances,  avec  lesquelles  ils  tuent  les 
deux  frères  chrétiens. 

La  sainte  vierge  recommande  leur  àme  à  son  fils, 
qui  les  envoie  chercher  par  ses  anges. 

De  son  côté,  Lucifer  et  les  démons  se  lamentent  de 
ce  qu'elles  leur  ont  échappé. 

Deux  chrétiens  viennent  en  cachette  ensevelir  les 
deux  corps  et  chantent  în  exitu  Israël. 

Et  le  fol  termine  la  journée  par  une  allocution  où  il 
invite  les  spectateurs  à  la  retraite. 

Ainsi  flnit  cette  première  journée. 

<r><>o 


LES  NATURALISES  DE  SAVOIE  EN  BOURGOGNE 


ERRATA 

N"  7  :  Amédée  Perra,  Usez  André  Perra. 

N»  8  :  Marie  Noirat,  lisez  Marie  Noirot. 

N»  15  :  Palual  de  Salamondes,  lisez  Paluat  de  Jala- 
mondes. 

N»  17  :  Marondet,  lisez  Marandet. 

N°  19  :  Régnier  de  Montmoyer,  lisez  Régnier  de 
Montmoyen. 

N°  22  :  Algot,  lisez  Alyot. 

N"  26  :  Loncrans,  lisez  Lancrans;  Mondion,  lisez 
Mandrin;  A. -M.  Garnier.  iille  du  marquis,  lisez  fille 
du  baron  de  ce  nom. 

N»  30  :  Rogny,  lizez  Ragny. 

N"  40  :  Mozile,  lisez  Mazile. 

N"  44  :  Calloud,  lisez  Callaud. 

No  51  :  Italente,  lisez  Etalente. 

N"  07  :  Maurice  Bazile .  seigneur  de  Golan ,  lisez 
Maurice-Bazile  (  Bazile  ici  est  un  prénom  ). 

N"  72  :  Jeanne-Françoise  Barlet,  lisez  J.-F.  Borlet; 
—  Rovary,  lisez  Ravary. 

N"  78  :  Ghaillol,  Usez  Ghoillot;  Billot,  lisez  Billiot; 
Montureux,  lisez  Mortureux  ;  Adelon  de  Pores,  lisez 
Adelon  de  Paris. 

No  82,  lignes  8  et  9  :  dont  la  postérité  existe  encore, 
lisez  dont  les  représentants  existent  encore. 

N°  83  :  Bonner,  lisez  Bonne. 

N«  87  :  Borelet,  Usez  Borlet. 


TABLSÎ  DES  llATliRES 


Dullcttn  de  la  Sociéfc  ^nvoistenno 
(l'histoire  et  «l'areliéologie. 

Pages 

Travaux  de  la  Société v 

Séance  générale  du  7  février  1872 v 

Séance  du  23  février ix 

Séance  du  8  mars x 

Séance  du  20  mars xiv 

Séance  du  iO  avril -, xv 

Séance  du  M  avril xvii 

Séance  du  8  mai xxv 

Séance  du  5  juin xxvi 

Séance  du  7  août xxxv 

Séance  du  20  novembre xxxvi 

Séance  du  4  décembre n 

Membres  de  la  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie 
et  Sociétés  correspondantes lui 

Composition  du  bureau lui 

Commission  de  publication i m 

Commission  pour  la  recherche  des  documenis  historiques..       lui 

Commission  pour  l'élude  des  monuments  historiques liv 

Membres  honoraires liv 

Membres  effectifs i. v 

Sociiités  correspondantes lvii 

Réceptions  de  nouveaux  sociétaires \ ,  xlix 

Communications  diverses vi,  ix,  \,  xiv,  xvi,  xviii,  xxiii, 

XXVII,  XXX,  XXXIII,  xxxvi 

Echanges  de  publications  et  ouvrages  reçus v,  vi,  vu,  xvi, 

XXXIV,    xxxv,  L 


456 

Mélanges. 

Pagea 

Cinquième  notice  sur  quelques  monnaies  de  Sa- 
voie inédiles,  par  François  Rabut 3 

Le  monnayage  en  Savoie  sous  les  princes  de  cette 
maison ,  par  André  Perrin 25 

Les  naturalisés  de  Savoie  en  Bourgogne  (1508- 
1769),  par  Albert  Albrier 199 

Le  mystère  de  monseigneur  saint  Sébastien.  Pre- 
mière journée.  —  Drame  en  vers,  joué  à  Lans- 
levillard,  en  Maurienne,  au  mois  de  mai  1567; 
transcrit  du  manuscrit  original  et  publié  par 
François  Rabut 257 

Les  naturalisés  de  Savoie  en  Bourgogne.  Errata..  454 


FIN  DU  TREIZIEME  VOLUME. 


GETTY  CENTER  LIBRARY 
iiiiiii    I    II      I   I   II    I     I   II     I