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IlÉMOIRES ET DOCVMEi\TS
PUBLIES PAR
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D'HISTOIRE
ET D'ARCHEOLOGIE
TOME XXVII
DEUXIEME SERIE — TOME H
NOTES POUR L HISTOIRE DES SAVOYARDS DE DIVERS ETATS
LES MÉDECINS
TANINGE ET SES ENVIRONS
LETTRES DES PRINCES DE SAVOIE A LA VILLE
DE CIIAMBÉRY (1393-1528)
CHAMBÉRY
IMPRIMERIE MÉNARD, PLACE SAINT-LÉGER
1888
MEMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA
SOCIÉTÉ SAVOISIENNE
D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE
La Société laisse à cliaque auteur la responsabilité
de ses opinions et de ses assertions.
IIÉNOIRES ET DOClMEiWS
PUBLIES PAR
u
«il
D'HISTOIRE
ET D'ARCHÉOLOGIE
FONDÉE LE 6 AOUT 1855
RECONNTE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITE PUBLIQUE
PAR DÉCRET DU 8 OCTOBRE 18S1
TOME xxvn
DEUXIEME SERIE — TOME II
CHAMBÉRY
IMPRIMERIE MÉNARD, PLACE SAINT-LÉGER
1888
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UBRARY
BULLETIN
DE LA
r /
SOCIETE SAVOISIENNE
D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE
1887-1888
I
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 6 novembre 1887.
{Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance du 16 août 1887
est lu et adopté,
M. Jose]:)li Collonge (de Rumilly), manufactu-
rier à St-Etienne (Loire), présenté par MM. Mu-
gnier et Gantin, et M. le baron Auguste Angleys,
avocat à Cliambéry, présenté par MM. Mugnier
et Marie-Girod, sont reçus membres effetifs de la
Société.
M. Marie-Girod présente au nom de M. Fuzier,
avocat, des L. L. P. P. de Victor-Amédée III, du
15 juillet 1785, approuvant le contrat du 2 novem-
bre 1784, Arnaud notaire, par lequel Jean-Louis
VI
VuUiet de la Saunière, marquis d'Yenne, a affran-
chi, en exécution de l'édit du 19 décembre 1771
et pour le prix de 25,000 livres, la communauté
de Saint-Jean-de- Chevelu, de tous droits et de-
voirs féodaux dépendant du marquisat d'Yenne et
de la seigneurie de Chevelu.
M. Antony Dessaix fait une communication re-
lative au nom de Dorcas, qui se lit sur une des
inscriptions romaines d'Aix-les-Bains. Un échange
d'observations a lieu à cet égard avec M. Laurent
Rabut.
M. Mugnier, vice-président du comité d'inspec-
tion de la Bibliothèque pu1)lique de Chambéry,
signale l'accroissement considérable que cet éta-
blissement vient de recevoir par la remise qui lui
a été faite des livres qui constituaient la bil)liothè-
que du Collège des Jésuites. Il donne à ce sujet
les renseignements suivants tirés du catalogue
dressé, il y a quelques années et d'après un ancien
répertoire, par un professeur du lycée.
« L'ensemble des livres remis à la ville de Cham-
béry est d'environ 6,000 ouvrages formant, envi-
ron aussi, 10,500 volumes. Ils sont divisés en huit
sections principales : théologie , 726 ouvrages ;
lurisprudencc, 163; philosophie, ^21 ; belles-let-
tres ^ 1.116; sciences j 1.528; beaux-arts, 96; Jds-
toire et géographie, 1.600 ; mélanges et pohjgra-
pheSj 455. Cette dernière section est censée former
2.905 volumes, mais il est à remarquer que dans
ce nombre il existe une vingtaine (r<Mivragesclas-
VII
siques ou de brochures à plusieurs exemplaires :
10, 30, 60 et même 336 pour l'un d'entre eux.
Il n'y a presque pas de ce que l'on est convenu
d'appeler les grandes collections ^ les grands ou-
vrages, et presque tous les ouvrages qui rentre-
raient dans cette qualification sont dépareillés.
C'est ainsi qu'à la Bibliotheca. veterum pair uni, il
manque 3 volumes sur 27.
Un certain nombre d'ouvrages importants ou
curieux ont disparu, par exemple : Atiedocta ex
Ambrosiance Bibliothecœ codicibus, le Roy cd jeu
des échecs, 1615, Analyse des échecs, de Pliilidor,
V Architettura, de Palladio, Iv^. Description histo-
rique de la Bccsilique métropolitaine de Paris,
le Rituel des Théophilanthropes, le Dictionnaire
néologique.
L'a])sence de ces ouvrages remonte à longtemps
déjà, peut-être à l'époque où les jésuites furent
dissous (1848).
Le plus grand nombre des ouvrages des trois
premières sections est en latin ; quelques-uns sont
en grec, en allemand, en anglais, en italien. Pour
la plupart, ils ont été édités au xvn*' et au xvni®
siècles. 11 y en a un certain nombre du xv!*" siècle,
et nous avons noté trois à quatre incunables :
Sophologium, Parisiis, 1477; Opéra Medica-
Antidotarium, Venetiis, 1497; Plinii Historia
naturalis , Parisiis, 1514; Cltroniron Eusebii,
Parisiis, 1518.
Les littératures étrangères, la littérature ita-
VIU
lienne surtout, sont assez largement représentées.
Il en est de même pour la grammaire et la phi-
lologie. On rencontre, en effet, de nombreux ou-
vrages sur les langues mortes, sur toutes les lan-
gues vivantes de l'Europe et quelques-unes de
l'Asie. Cette série, jointe à celle de Varchéologie
et à une vaste collection de relations de voyages^
soit de P. Jésuites, soit d'autres voyageurs, est
précieuse pour notre Bibliotlièque publique qui
n'était pas bien pourvue de ces catégories de li-
vres. Ces ouvrages n'ont pas vieilli comme ceux
qui traitent des sciences et des arts ; ils seront
toujours fort utiles à consulter. Nous signalerons
enfin un certain nombre de Mémoires sur la
Révolution française et quelques manuscrits dont
la valeur ne pourra être appréciée qu'à la lecture.
Le comité de la Bibliothèque publique et le
bibliothécaire s'appliquent à compléter autant que
possible la collection des écrivains savoisiens et
des livres sur la Savoie. Parmi les ouvrages de
cette espèce existant dans la liililiothèquo des
Jésuites, il y en a fort peu que la Bibliothèque
publique no possède pas déjà; et il en est de
même pour une grande partie des autres ouvra-
ges, surtout pour les plus importants, l'Art de
vérifier les dates, par exemple.
Il y aura donc, lorsque le Musée-Bibliothèque
qui se construit actuellement sera prêt, un classe-
ment rigoureux à faire ; il faudra éliminer non
seulement les doubles, mais encore les ouvrages
IX
dépareillés et ceux qui n'oiïrent plus un intérêt
réel. Ce serait de la puérilité que d'encombrer les
rayons d'ouvrages qui ne devront jamais être con-
sultés ; et cela pour le seul plaisir d'insérer dans
nos Annuaires que la Bil)liotlièque de Cliambéry
compte quarante ou cinquante mille volumes.
En résumé, nous pensons que la Bibliothèque
s'augmentera d'environ trois mille ouvrages utiles.
Cet accroissement n'est certainement pas h dé-
daigner. »
La Société reçoit de M. Jules \ Aiy sa brochure :
Esquisses et souvem'rs ; de M. Laroche, procu-
reur général, son discours de rentrée sur V Indé-
pendance du pouvoir judiciaire ; de M. F. Mu-
gnier, son étude historique et philologique, l'Hô-
pital d' Hermance au temps de Calvin (1542) ;
de M. A. Dessaix, sa chanson humouristique au
Congres des sociétés savantes de la Savoie de
1887, au Pont-de-Beauvoisin ; de M. Cl. Blan-
chard, sa Note sur un Temple de Mercure au
Bo urget-du-Lac.
Le président fait part à la Société de la mort de
M. Spencer Fullerton Bair, secrétaire de la
Smithsonian-Institution de Washington et di-
recteur du Musée national des Etats-Unis, sous
la direction duquel tant de remarquables et splen-
dides ouvrages ont été publiés et nous ont été
transmis. La Société s'associe avec empresse-
ment aux regrets causés par la perte de cet homme
éminent.
Séance du 18 décembre 1887.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est
adopté.
Sur la présentation de MM. Marie-Girod et
Boget et sur celle de MM. Mugnier et Domenge,
M. Guillaume Tardy, géomètre à Chambéry, et
M. J. Martin-Franklin, ancien officier d'artillerie,
ancien président du Club- Alpin de Savoie, sont
successivement reçus membres effectifs de la
Société.
M. François Descostes, ancien bâtonnier de
l'Ordre des avocats, fait don de sa notice nécrolo-
gique intitulée : Deux Illustrations du barreau
de Chambéry : M" Perrier de la Bail de et M^
Roissai'd. M. J. Martin- Franklin envoie l'un des
dix exemplaires, tirés sur papier spécial, de l'ou-
vrage qu'il vient de publier avec M. L. Vac-
carone : Notice historique sur l'ancienne route
de Charles - Emmanuel II et les Grottes des
Echelles.
Le président signale l'intérêt qu'offrent ces
deux publications de nos sociétaires. De vifs rc-
merciments sont adressés aux donateurs,
M. Laurent Rabut présente une éi)ingle romai-
ne en os, trouvée dans les tranchées de la nécro-
pole de St-Just, à Lyon. Cette pièce, fort bien
conservée, est surmontée de la tête casquée d'un
soldat. Le travail en est très fin.
XI
M. Lathoud donne, comme prélude à un travail
sur l'église du Bourget-du-Lac, des détails fort
curieux concernant l'église romaine et le temple
de Mercure auquel elle a succédé. M. Lathoud
pense, en effet, que ce temple n'était nullement
sur la montagne, mais à l'endroit même où l'on a
découvert les colonnes et les cippes emploj^és à la
construction des monuments qui se sont super-
posés les uns aux autres.
M. Mugnier donne lecture d'un contrat du 24
juin 1562, par lequel les Dominicains de Cham-
béry vendent un pré situé â Cognin, lieu dit à la
Ratière, près du nant Foresan, au bord de la
route de Cliambéry à Aiguebelette. La communi-
cation de ce document plein de renseignements
intéressants est due âM. Revilliod, secrétaire gé-
néral de la municipalité de Saigon (Cocliinchine
française). Cette pièce s'ajoutera heureusement au
travail publié par M. François Rabut sur les Do-
minicains aux tomes I et II des Mémoires de la
société, l"''' série :
Au nom de Dieu. soit. L'an mil cing cent soixante
deux et le 24^ Juing ])ar la teneur de ce présent pul)lic
instrument A tous soit notoire que par devant moi no-
taire se sont constitues Révérends frères Pierre
Revilliodi docteur en théologie prieur du couvent Sainct
Dominique de ceste ville de Chambery, R^^ frère Jehan
Foressi docteur en tlieologie, frère Humbert Barbichon
supprieur (sic, sous-prieur) frère Pierre Gay secrétaire,
frère Loys Barrier, frero Georges Bastardi, procureur,
XII
frère Jehan Pignati, frère Anihoyne Baudet, frère Ny-
collas Albert, frère Jehan Mollard, frère François
Luttrinj, frère Pierre Pin, frère Hnmbert Basset, frère
Jelian Alby et frère Gabriel Collobati (1) tous religieux
du dit couvent lesquels ....ont affermes et et
attestes par leurs foys et serments qu'ils ont pour ce
prestes mectant leurs mains en leurs poitrines qu'ils
sont en très grande nécessite d'argent pour subvenir aux
afferes et nécessites urgentes deux et de leur dit couvent
et notamment pour satisfere a leurs debtes qui excédent
la somme de unze cens florins car ils doibvent a noble
Michel Guilliet seigneur de Monthouz 44 fl. 6 gros sa-
voir pour prest par le dit s'' de Monthouz au dit couvent
faict, au sire Henry Bay 10 escus aussi pour prest, a
honneste Amed Piccolet marchand bourgeois de Cham-
bery et a présent syndic de Chambery 184 fl. 11 gros
pour du drapt pour les dits religieux — a honneste Clé-
ment apothicaire du dit couvent 20 fl. 10 gros 2 quarts
pour marchandise... a François Berthier bochier 190 fl.
10 gros pour vendiction de chair, a André Cochet bochier
7 fl. 3 gros 3 quarts pour vendiction de chair — a la
vesve de feu Claude Perrier fromagier 92 fl. 1 gros pour
vendiction de marchandises tant par le dit feu Perrier
que par la dite vesve tant fromage beurre que sire (cire),
a Th.... Albert 4 fl. 10 gros pour vendiction de drapt, au
sire Anthoine Bel pour vendiction et ex]:>edition de bled
et a M'' Pierre Thomas Guavante 2 fl. 4 gros, a la femme
de Me Loys Porrod procureur au Sénat 13 fl. 7 gros 2
(1) L'écriture de notre document est très lisible, sauf pour
un mot ou doux. Les noms des religieux qui se trouvent
dans les listes du maïuisci'it du P. Pelin devront être lus :
Rccilllaadi et non Uevllliandi, Forcsii et non Forrerii, etc.
XIII
quarts pour vendiction et expédition de salleure de cares-
me et de ung barrai de vin A Mons'" le comm. Rallin
et a Monsi" le secrétaire dy vone pour vendiction et expé-
dition de unze vaisseaulx froment 65 (trois vingts cinq)
fl. 6 gros (1) au cuisinier du couvent pour ses salaires
de l'année 1561 30 fl. (2) Oultre lesquels debtes le dit
convent nécessairement [doibt] achepter du bled pour
eux nourrir et allimenter car ils n'ont grand bled pour
vivre.
A ceste cause n'ont moien de subvenir a leurs dites
nécessites très urgentes et de paier leurs debtes sans
vendre des immeubles de la dite religion et convent et
aiant sur ce advisé et sestant a ces fins congreges par
plusieurs fois capitulairemeut ont délibère et resollu que
leur convient vendre le ])re cy après désigne comme
estant pour le présent des biens moyns dommageables
de leur dite religion et convent daultant que cest pièce
séparée de leurs aultres biens.
A laquelle vendiction et allienation Rev^ père frère
LoysdeBolo, docteur en théologie vicaire général de
la province des religieux dudit ordre Sainct Domini-
(1) Le froment coûtait donc légèrement moins de 6 florins
le veissel (environ 80 litres). Le 13 mars 1562, Emmanuel-
Philibert avait rendu un édit sm' la valem* des monnaies.
L'écu valait 3 livres. Le florin valait environ 13 sous ; le
Duc en fit battre en 1578 qui valurent alors envh'on 15
sous.
(2) Le tout fait 654 fl. 8 deniers gros et 3 quarts, un j^eu
moins du prix de vente qui va être indiqué. C'étaient là sans
doute les dettes dont le paiement était réclamé et urgent. La
somme qui resterait dis2)onible était destinée à l'achat du
blé pour l'année.
XIV
que (1) a consenti et permis ycelle fere sachant etc..
ainsi qu'il appert de Tactestation cy après tenorisée (2)
(Le vicaire général et les religieux ont cherché un
acheteur et après avoir offert leur pré à divers ils n'en
ont pas trouvé) qui face meilleure condition et en offre
plus hault que noble François Trouilloux, secrétaire de
Monseigneur en son Conseil d'Etat qui s'est offert en
bailler sept cens florins pourvu qu'elle lui soit assurée
(la pièce de pré) oX maintenue de toute éviction. C'est
pourquoi les susdits ont vendu à nol^le fran. Trouilloux,
la dite pièce de pre contenant environ 4 seytorees, avec
les arbres y estants située au territoire de Cognin, lieu
appelé en la ractiere jouxte le nant de Foresan du le-
vant. Le pre terre et vigne de noble Jehan Gaspard Lam-
bert seigneur de la Croix du couchant et du vent. Le
chemin publicq tendant de Chambery a Aiguebelette de
labizeeten partie du couchant. . . et pour le juste prix
de 700 florins de petit poids monnoye de Savoye comptes
et nombres et a requeste des vendeurs prins et retires
])ar honneste Amed Piccolet marchand bourgeois de
Chambery et de présent syndic. (Suivent les formules
d'usage.)
Faict audit convent et audit chapitre en présences de
Mons^" M'' Auguste Mornier docteur en droicts advocat
au Sénat, M*^ Claude Duchesne procureur audit Sénat
et Thevenet? MusseUn coudurier de St- Badolpht.
(1) V les Dominicains de Montnièlian , au T. XXIII des
Mémoires de la Société, p. 577.
(2) Nous avons déjà rencontré, en 1542, ce verbe qui est un
idiotisme spécial à la Savoie et à la Suisse romande. On le
chercherait vainement à Grenoble ou à Lyon et au-delà
(Voir L'Hôi)ital d'Hermance en 1512, p. 8.)
XV
Suit j en latin, l'attestation des religieux d'avoir
offert le pré à divers et de n'avoir pas pu trouver
mieux ; puis, celle du vicaire général : « Ego subsigna-
tus f rater Ludovicus debolo doctor theollogijs et Rmi
prioris generalis ordinis. . . auctorit. vicarius substitutus
in conventus reformates natiouis Sabaudiœ consentio ut
dicta venditio fiât offerens* me rattifficaturum dictam
veuditionem quotiens requisitus fuero. In quorum fidem
presentibus proprio subscripsicyrographo. Datum Cham-
berii die décima nona meusis Junii anni Dni millesimi
quingeutesimi sexagesimi secundi. Debolo. Et moy no-
taire ducal etc. signé : Dupra.
Suit le laod :
Emmanuel-Philibert par la grâce de Dieu, etc..
Vu le contrat receu et signe par Me Amed Dupra du
24e Juing 1562 |)ar lequel Rd Pierre Revilliodi, etc et la
pluspart des religieux ont vendu a noble François Trol-
lioux... une pièce de pre contenant environ quattre
seytorees avec les arbres y estans située au territoire de
Cognin lieu appelle en la rattiere jouxte le nant du fore-
sant etc . . . pour le prix de sept cens florins et avons
icelle vente et toutes les choses contenues au dit contrat
loue et ratifîîe, louons approuvons et ratifions par les pré-
sentes moyennant la somme de cent seze florins 8 gros
qu'il a paie en mains de notre fermier de la dite Cham-
bre. . . Sans préjudice de nos aultres droicts et de l'aul-
truy. Si mandons . . . Donne au bureau de nos comptes a
Chambery le 27e de May l'an de grâce 1563.
Par Monseigneur a la relation de la Chambre des
Comptes, Signé Bruyset. — Lesquels cent seze florins
huict gros Jay reccu Anthoynes cl. fermier. Homolo-
gue et signe gratis. Chambet.
XVI
Le sceau do la Chambre, placé au-dessous de la
signature Bruyset, a disparu.
On remarquera réiiormitë de ce droit do laod
ou d'approbation de la vente par le Seigneur. Il est
du sixième du prix, soit de près du 17 pour cent.
Bally;, Traité des Laods et Se/-vis, 2" édition,
p. 2, nous apprend qu'il était encore à ce taux on
Savoie^ en 1741.
M. Marie-Girod soumet à la réunion une copie
manuscrite d'un poème du chanoine Claude-
Etienne Nouvellet, les Dwinailles (l),et donne
lecture de quelques passages de cette œuvre du
poète annécien dont les exemplaires imprimés sont
fort rares. UenvoÏQi les vers suivants méritent
d'être rappelés :
Va, mon petit livret, je ne charge ton front
D'an tiltre ambitieux, comme ores plusieurs font,
Je hay l'architecte ur qui, privé de raison,
Fait plus grand le portail que toute la maison.
Nouvellet adressait son petit poème à Georges
de Mouxi , comte de Monréal , ambassadeur de
Charles-Emmanuel P'' à Paris ; il lui explique qu'il
a tiré ce nom de Dlvinailles d'un usage du pays
de Savoie :
J'auroy sans y penser, divinement baillé
A mes bigearres vers le nom de Divinailles
Nom pris d'un sort qu'icy l'onfait des espousai lies
Et des folles amours, quand les voisins amis
A la feste des Rois, d'ordre au foyer assis,
(1) Imprimé à Lyon, par Joaii de Tournes, 1578.
XVII
La femme plus aat!,oe emi)ongne la palette
Dont on couvre le l'eu, creuse une fosselctte
Ecai'tillant la cendre, et pour les deux amans
Prend deux grains de froment et les iette dedans;
Puis selon ce qu'on void j)ar la chaleur de l'atre
Ces deux grains saute! er, s'accorder ou combattre
Se suyvre ou se fuir, on iuge par cela
Qui aime plus ou moins de ces deux amans-là.
En citant 1<3 pocnic de Nouvcllct, Gi'iJlct, Dicl.
Iiist. T. I, p. 284, dit qu'il est écrit en style bui'-
lescjuc. L'expression est au moins exagérée. Les
550 vers de la pièce ne sont, en définitive, (ju'uno
ingénieuse et longue demande de secours aux deux
envoyés du duc de Savoie à Paris, de Mouxy et de
Crest.
M. Charles Cabaud présente enfin une série de
copies d'arrêts de la Chambre des Comptes do
Savoie, dans lesquels on retrouve une vente de
fiefs dépendant de la seigneurie du Bourgct, et
consistant dans les villages de Voglens, Villar-
chier, Ragier, Vivier et les maisons de Driunette,
Frezenex, Sézarclies et Clarefons, consentie sous
grâce de rachat le 26 novembre 1582 par Chai-Ies-
Emmanuel P'" à son féal conseiller et Chambellan
Amed de Gerbaix, seigneur de Sonnaz, gouverneur
do liumilly et bientôt du fort de l'Annonciade, à
raison des bons services que ses ancêtres et lui ont
rendus à la maison de Savoie et . . . en outre pour
le prix de 1,000 écus d'or d'Italie (1). Les religieux
(1) A 72 sols G deniers pièce. Les droits de trésorerie sur
cette vente s'élevèrent à 151 livres et 10 deniers.
u
XVIII
des SS. Maurice et Lazare pictendaient posséder
des droits sur ces fiefs et il ne fallut pas moins de
cinq jussions du Duc pour décider la Chambre des
Comptes à enregistrer la vente. Les finances du
Duc étant épuisées par l'entretien des places fortes
et par les dépenses de son voyage en Espagne, il
vendit encore le 20 décembre 1586, pour le même
prix de mille écus d'or d'Italie, de 6 florins 2 quarts
pièce, le droit de rachat qu'il s'était réservé dans
la première vente. Les de Sonnaz continuèrent à
se montrer dévoués au Duc, et quelques années
après, en décembre 1602, l'un d'eux trouvait une
mort odieuse dans l'entreprise de V Escalade.
Séance du S9 janvier 1888.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance du 18 décembre
dernier est adopté sans observation.
Le Président donne lecture d'une lettre de
M. le ministre de l'instruction publique demandant
de lui transmettre les estampages d'inscriptions
romaines que la Société ou quelques-uns de ses
membres posséderaient afin de constituer un cabi-
net d'estampages a la Bibliothèque nationale. La
Société décide d'envoyer ceux qu'elle possède.
Il informe la réunion de l'adliésion donnée par
l'Académie des Belles-Lettres de Savoie, la Société
centrale d'agriculture et la Société do la \-à\-
XIX
d'Isère à la proposition de la Société savoisieniie
d'histoire et d'archéologie de faire une exposition
collective de leurs publications à l'Exposition uni-
verselle de 1889.
M. Boget présente l'affiche, en français et en
italien, d'un concert donné dans la salle de l'Hôtel-
de-\^ille de Chambéry par une compagnie d'opéra
italien, sous la direction de François Parucco et
Antoine Rovida. Les deux parties du concert
commencent par une symphonie à plein orchestre
et se composent d'airs chantés par les artistes
Antoine et Rose Bertini, Asdrubal Weber, Gior-
dani, M'"" Zamara et Pauline Configliachi. Le
concert a eu lieu un dimanche 23, sans autre
indication (vers 18351)
Le Président présente au nom de notre sociétaire,
M. Tavernier, le manuscrit d'un travail intitulé :
Taninge et ses environs, mémoire descriptif et his-
torique. Il analyse cet ouvrage et en lit quelques
passages qui sont fort goûtés. La réunion décide
l'impression de l'ouvrage dans ses Mémoires.
Le président signale dans les numéros 1 et 2
du Bulletin historique et philologique de Paris,
de 1887, la relation latine d'une mission envoyée
en juillet et août 1442 par la cité de Bourg au-
près du pape Félix V (le duc Amédée VIII) alors
à Bàle. Cette relation est suivie d'une nomencla-
ture détaillée des dîmes, des droits funéraires et
des offrandes dus au curé ; on y indique en outre
la quotité imposée pour chacune de ces rede-
XX
vances aux divers liabitants divisés sous ce rapport
en huit étals. M. Brossard qui a publié cette ]3iéce
curieuse, fait naître le cardinal Alaman dans le
Bugey ; les auteurs savoisiens l'indiquent connue
né à Saint- Jeoire en Faucigny. En parlant de
VoËvunde des ti^ois derniers jours de Chalendes,
l'auteur place ces Chalend.es à la Chandeleur. En
réalité, il faut les placer clans la semaine de Noël
que nos paysans appellent encore Chalende.
M. Mugnier signale divers testaments de
membres de la famille Pobel , savoir : ceux de
Catherin Pobel, premier président du Sénat, nu
xvi° siècle; de son fils Reymond Pobel, second
président au Sénat; de Claude-François Pobel,
comte de Saint-Alban, chevalier du Sénat. 11 ana-
lyse ainsi ces documents.
Testament de Catherin Pobel.
François Empereur, qui devint prévôt du Cha-
pitre de Genève (Annecy) en 1574 et sénateur à
la fin de 1580, était docteur en droit, probable-
ment proto-notaire en 1571 et l'un des familiers
du premier Président Pobel. Celui-ci l'entretint de
ses dernières volontés, mais ne put pas les faire
rédiger par écrit et les signer.
Après sa mort, et à la date du 16 octobre 1571,
François Empereur dressa procès-verbal des dé-
clarations du premier Président :
Au nom du Dieu tout puissant sachent tous j^résents et
advenir que la volonté de feu M. Catherin Pobel seigneur
XXI
d'Ayse, d'Asnières et du Molard, conseiller d'Estat de
Monseigneur et premier président en son souverain
Sénat de Savoye touchant de disposer de ses biens auroyt
este telle que s'en suit a laquelle il m'a prie faire enten-
dre a damoyselle Jeanne Alardet sa femme, a messieurs
Claude, Reijmond, Thomas, et Claude-François Pobel
ses enfants, et damoy selles Loyse et Jeanne de Pobel
ses filles et de les prier et de leurs commander de sa
part, d'ycelle inviolable ment observer pour l'amitié et
révérence qu'il lui doivent, laquelle sienne dernière vo-
lonté jay a requeste de ma dite dame sa femme et de mes
dits seigneurs ses fils et filles que Ihors se trouvoient
auprès d'elle réduit par escript comme s'en suit :
11 laisse ses funérailles a la discrétion de sa femme.
Il donne à sa fille Loyse. femme de noble Loys Rey-
det, SI' de Clioisy mille écus d'or d'Italie avec ses vêle-
temens, sous la déduction de ce qu'elle aurait déjà reçu,
il la prie de se contenter de cette disposition.
Il donne la même somme et de la même façon à sa fille
Jeanne femme de noble Pierre Joly s'' de Chuyn.
Donne à m^e Thomas Pobel les sommes qu'il lui a li-
vrées pour la poursuite des bénéfices qu'il possède; sauf
pour le cas où venant à les perdre par mutation de reli-
gion (Thomas était prieur de Ripaille) ou autrement
sans son fait, il n'aurait plus 500 écus de revenus en biens
d'église ; s'il en était ainsi Thomas aurait le quart de ses
biens (1).
Donne l'usufruit de ses biens à sa femme sauf celui de
la maison-forte du Molard et dépendances, ces biens ayant
(1) Thomas Pobel devint évoque de Saint-Paul-T rois-
Châteaux (Drôme), mais il n'eut là qu'un titi'e purement
honorifi([ue, car tout son cvêchô était alors protesUuit.
XXll
été donnés en préciput à son fils Claude seigneur de
Pierre, lors de son mariage avec Gabrielle Vionet.
Donne en prérogative (préciput) à Reyraond les biens
provenant de la dame de la Croix, situés à Joppet.
Il donne enfin par prérogative à Claude-François les
biens de Vecol f acquis de la dame comtesse de Tournon.
Il institue ses fils héritiers par égale part du surplus
de ses biens qui sera ainsi divisé par tiers, ou par quart,
si le cas prévu pour Thomas se produit.
Le 5 novembre suivant, cet acte est notifié à
Rome, àm''^ Thomas Pobel, cjui y habitait alors,
par Gaspard Reydellet, notaire de la curie ro-
maine, en présence de Pierre-Paul Chaboud, clerc
du diocèse de Lyon, et de François Parpiglion,
de Seyssel. Thomas déclare adhérer â toutes
les dispositions prises par son père. L'acte lui fut
signifié une seconde fois, également à Rome, le 2
novembre 1575, par le même Gaspard Reydellet,
en présence de Nicolas Rufii et d'André Favre ,
du diocèse de Genève. Thomas Pobel approuve
encore le testament de son père.
Testament de Reymond Pobel,
second président en la Chambre des comptes et sénateur.
28 juillet 151)1 .
Il veut être enseveli dans l'église de Ste-Marie-
Egy])tiaque, « au lieu où reposent les os de feu
M. le premier président Pobel mon très honoré
père ; » — legs à son secrétaire, à ses domestiques.. ,
je donne à Catherine Michallet fille de feu noble
XXIII
Guy Michallct dont je suis donataire universel
3,000 florins pour sa dot, une robe et cotte neuves
d'étofïe convenable à sa condition; et jusqu'à son
mariage, l'habitation et l'entretien dans la maison;
— l'assurant que la somme léguée est supérieure
à sa légitime des biens provenant de son père, eu
égard aux dettes qu'il a fallu payer (1) ; — lègue
l'usufruit de la plupart de ses biens à damoyselle
Claude Bally sa femme et institue héritière uni-
verselle leur fille Péronne Pobel. Il nomme exé-
cuteurs testamentaires ses frères Claude Pobel,
seigneur et baron de la Pierre, et Claude-François
Pobel, seigneur de Presscy et de St-Alban, am-
bassadeur du duc de Savoie auprès des Ligues
suisses.
Le testament est déposé aux minutes du notaire
Jehan Dufour, de Chambéry.
Testament de Claude-François Pobel ,
comte de Saint-Alban, chevalier au Sénat.
28 juillet 1618.
Il veut être enseveli dans l'église de Ste-Marie-
Egyptiaque , au tombeau de ses prédécesseurs,
revêtu de l'habit d'un religieux de cette église ;
donne 200 florins au couvent, 50 flor. au couvent
de St- François en ville, 50 flor. aux religieuses de
(1) Il n'était pas très rare de voir des personnes tester en
faveur d'un seigneur avec qui elles n'avaient aucun lien de
jmrentô. C'était afin d'assurer à leurs enfants un protecteur
et quelques débris de leur fortune.
XXIV
Ste-Claiiv en ville, 50 llor. aux pauvres de l'Hô-
pital de St-François ;
Lègue à sa femme Marguerite Dupont, les biens
qu'il a acquis de damoyselle Jeanne Dupont, et
l'usufruit de tous ses biens provenant tant de lui-
même que de feu Charles-Emmanuel Pobel leur
lils et de messire Claude Pobel son frère ; lègue
à Rev""" Thomas Pobel, évêque de St-Paul, son
frère^ l'usage de toutes les maisons qu'il possède ;
lègue à sa belle-mère la dame de Roche tte? 100
écus d'or ; lègue à ses filles Louise, Catherine et
Jeanne-Françoise 2,500 clucatons de 7 flor. pièce,
conformément h la volonté exprimée par sa femme
dans son testament du même jour.
Institue ses héritiers universels dans tous ses
autres biens ses fils Philibert et Claude-François
Pobel, savoir : Philibert, dans les biens situés au
T)aillage de Savoie, le comté juridiction et terre
de St-Alban, La Croix et la Colliette et tout ce
([ui est dans la paroisse de Chignin, sans toutefois
y comprendre le grangeage de Pré-Joppet, ni la
maison de Corinthe et la vigne et la maison de
Lamberget, dont l'usufruit appartient à la prési-
dente Pobel et cjui est parvenue au testateur tant
par le décès de son fils Charles-Emmanuel que pour
eu avoir nccpiis une portion des héritiers d'Hector
Lambert; institue encon^ Philibert héritier de ses
biens, situés dans les l^aillages de Faucigny, de
Genevois et de Ternier.
Quant h Claude-François son autre fils, il lui
XXV
laisse une part plus grande de son héritage, parce
que la mère a donné une portion plus considéra-
ble du sien à Philibert, suivant l'accord intervenu
à ce sujet entre le père et la mère. Il l'institue en
conséquence héritier de la baronnie de La Pierre
avec ses dépendances, de tout ce qu'il a à Cognin,
y compris la maison de Corinthe, la maison et la
vigne de Lamberget ou de la Lamberge, aussi à
Cognin, de la maison Lambert, du grangeage du
pré Joppet; substitue ses fils l'un à l'autre, etc.,
nomme sa femme tutrice de leurs enfants, inter-
dit tout inventaire, dit c[u'il a placé, dans un sac
cacheté de son sceau , les papiers touchant son
ambassade en Suisse; rappelle que les testament
et codicille de son frère Claude Pobel ont été reçus
à Bonneville par le s"" Donier les 5 avril et 24 dé-
cembre 1603, veut que ses héritiers ne réclament
rien à sa femme de ce qu'elle pourrait recevoir de
la damoyselle Brunet ? veuve du s'' de Bordeaux
femme du s'" la Tulliane? , ni de ce que sa femme a
reçu de la dame Anne Des Granges sa grand'mère.
(( Finalement veut c^ue sa femme et ses héritiers
pressentent et suivent en tout et partout l'advis de
mon dit seigneur evesque de Saint-Paul mon frère,
supplie Reverendissime seigneur Philibert Milliet,
evesc^ue de Maurienne et messire Pierre INIareschal
de Duing, comte de la Val-d'Isère, viscomte de
Tarentaise et chevalier de l'Ordre do Savoie, d'être
exécuteurs de son testament. >>
Signé : Pobel de St-Alhan.
XXVI
Le 3 septembre 1626, la damoyselle Jeanne de
Lambert dame de la Croix, requiert du Juge maje
de Chambéry un vidimus des trois testaments.
Sur la proposition de MM. Mugnier et Marie
Girod, M. Charles Schefer, membre de l'Institut,
est nommé membre honoraire de la Société.
M. Perrot, trésorier, présente ses comptes pour
l'exercice de 1887 ; une commission est nommée
pour les examiner.
M. Antony Dessaix lit sur Borée, l'auteur dra-
matique cité dans le Théâtre en Savoie^ la notice
suivante :
QUELQUES MOTS SUR BORÉE, AUTEUR DRAMATIQUE DU
COMMENCEMENT DU XVIl^ SIÈCLE.
M. Mugnier, notre infatigable président,, a publié dans
le dernier volume des annales de notre Société, un tra-
vail fort remarquable , dont l'histoire du Théâtre en
Savoie constitue le fond, mais qui ne laisse pas que de
renfermer quelques accessoires intéressants.
Il nous révèle le nom d'un auteur dramatique qui serait
notre compatriote Borée. Le génie littéraire savoyard
n'est pas tourné vers les sphères théâtrales ; Borée cs( le soûl
auteurdramatiqueque la Savoie ait produit dans les siècles
passés, et le siècle présent n'en a guère fourni davantage.
Il faut cependant mentionner, comme l'a fait M. Mu-
gnier^ notre fameux jurisconsulte Favrc qui voulut aussi
essayer ses talents dans la tragédie. Il est on effet l'au-
teur d'une tragédie qui semblerait n'avoir pas été pro-
duite au théâtre, car je n';n 1rouv(^ nulle part la date de
sa représentation.
XXVII
Cette œuvre a obtenu un certain retentissement. On
y trouve deux vers qui n'ont pas peu contribué à
la sauver de l'oubli, et il est probable que ce sont les
seuls de la tragédie des Gordians et Maxiinin qui passe-
ront à la postérité. Ces deux vers sont un monument
d'amphigouri grammatical. Les voici :
Lépide fut détruit, Antoine sans combattre,
Lui-même se vainquit, vaincu par Cléopâtre.
Je reviens à Borée.
Nous lisons dans un dictionnaire, imprimé en 1775
et intitulé Anecdoctes dramatiques, cette appréciation
de notre compatriote :
« Borée qu'on croit né en Savoie vers la fin du xvie
siècle, a composé Clorise, Achille victorieux , la Justice
d'amour j Rhodes subjuguée oX. Tomrjris.
« Parmi les auteurs que la barbarie a comme ense-
velis dans la poussière, Borée est un de ceux dont la
lecture est le moins supportable. Les extravagances de
ces anciens poètes peuvent divertir quelquefois ; au
milieu de leurs idées burlesques et de leurs hyperboles
ridicules, on trouve des traits réjouissants et uniques ;
mais Borée n'offre point cette ressource au lecteur. Il
est toujours froid et ennuyeux dans son style et dans ses
idées. On ne peut pourtant pas s'empêcher de convenir
qu'il n'ait quelques qualités qui le distinguent.
<c II n'a point cette enflure choquante qu'on remarque
dans les écrits de ses contemporains. Son style est plus
net, et moins infecté de ces jeux de mots, comme ceux
de son temps. Il n'occupe pas des actes entiers par de
pompeuses déclamations. Ses scènes sont passablement
dialoguées, et il y a ordinairement assez d'actions dans
ses pièces. Il est vrai que c'est aux dépens de la vrai-
XXVI II
semblance, et que, pour fournir à son sujet, il met à
contribution les quatre parties du monde ; mais c'est un
défaut si commun à son siècle qu'on n'y fait presque pas
attention. »
Ce portrait littéraire est composé de deux parties qui
ne se gênent pas de se contredire l'une l'autre. La pre-
mière fait de Borée un auteur méprisable, la seconde est
plus indulgente, et, pour un peu^ se déciderait à lui
reconnaître un certain mérite.
J'ai pensé que ces renseignements, auxquels M. Mu-
gnier ne pouvait s'arrêter sans donner à son travail des
proportions excessives, pourraient néanmoins intéresser
les membres de la Société d'histoire et d'archéologie qui
ne demeurent indifférents devant aucune des manifes-
tations de l'esprit national, quelle que soit sa nature et
quel qu'ait été son succès.
Les Anecdoctes di^amatiques où yoi puisé mes ren-
seignements ne sont pas nettement renseignées elles-
mêmes. Les titres des œuvres de notre compatriote
donnés par elles dans le premier volume ne sont pas
identiques à ceux qu'elles leur attribuent dans le second,
Achille victorieux du premier volume devient simple-
ment Achille dans le second. En revanche, la Tomyris
du premier volume devient la Tomijre inctoineuse du
second.
Clorise a été jouée en 1624 sous la qualification de
pastorale. Du reste, il faut se rappeler que cette époque
se noyait dans les rayons de VAstrée. Pendant bien des
années on a tiré de l'Astrée presque tous les sujets des
pièces de théâtre. Les poètes se contentaient ordinai-
rement de mettre en vers ce que d'Urfé y fait dire en
prose aux personnages de son roman. Ces pièces s'appe-
laient des pastorales, auxquelles les comédies succé-
XXIX
clèrent. On appelait même les comédies des pastorales,
que déjà les pastorales avaient disparu de^-ant l'éclat
momentané de leurs triomphantes rivales. Il est vrai
qu'à leur tour celles-ci furent éclipsées par les tragédies.
Je n'ai pas trouvé la mention de la représentation de
iJe^ra/f/e^ appelé aussi Béralvlctoineux sur les Genevois.
Achille a été traité par Hardy et Borée avant de l'être
par Thomas Corneille, et celui-ci fut joué en 1673.
La Justice d'amour, pastorale en cinq actes et en vers
par Borée, a été jouée en 1626.
Rhodes subjuguée prend la qualification de tragédie.
Elle a été représentée en 1627.
Tomyris a été représentée la même année sous la
même qualification.
Pour en finir avec Borée, j'ajouterai qu'il écrivait à
une époque où n'avait pas encore apparu le génie de
Corneille, et qu'ainsi nous comptons un compatriote
parmi les précurseurs du plus grand génie dramatique
de la France, comme nous en avons un, Claude de
Buttet, parmi lesprédécesseurs de Malherbe. Ne laissons
pas tomber nos modestes titres à la gloire, personne ne
nous en saurait gré au dehors et beaucoup seraient en
droit de nous le reprocher au dedans.
Séance du 19 février 1888.
(Présidence de M. Mugnier.)
Lecture et adoption du procès-verbal de la séance
de janvier.
La commission désignée pour contrôler les
comptes de M. le Trésorier déclare en avoir re-
connu l'exactitude. Il résulte de sa vérification
XXX
que les dépenses de l'exercice de 1887 t)nt été de
1.789 fr. 40 et les recettes de 2.217 fr. 90, d'où un
excédent de recettes de 428 fr. 50. Cette somme
jointe à celle de 2.400 fr. environ placée à la caisse
d'épargne de Chambéry forme un total de plus de
2.800 francs, qui assure le bon fonctionnement
matériel de la Société. Des remerciements sont
adressés au trésorier.
Le Président invite la réunion h procéder
aux élections des membres du bureau pour les
années 1888 et 1889. Avant le vote, M. Laurent
Rabut, l'un des secrétaires, déclare que ses occu-
pations ne lui permettent plus de continuer à
exercer ces fonctions et prie ses collègues de re-
porter leurs voix sur un autre membre.
Après un vote au scrutin secret, M. INlugnier
est réélu président ; il en est de même pour tous les
autres membres du bureau, sauf pour M. Rabut c{ui
est remplacé par M. Paul Lathoud. Il est procédé
ensuite à la nomination des diverses commissions.
(Voir le tableau ci-après.)
M. Mugnier remercie la réunion de l'honneur
qu'elle lui a fait en l'élisant de nouveau président
de la Société ; il témoigne à M. Laurent Rabut les
regrets causés par sa détermination et lui exprime
la reconnaissance de la Société pour le dévouement
qu'il lui a toujours montré depuis sa fondation.
M. Mugnier lit une lettre â cachet de Victor-
Amédée II au premier président du Sénat, Antoine
Gaud. Ce document n'a pas de date, mais il n'est
XXXI
pas difficile de la déterminer approximativement,
car Victor- Amédée y est désigné comme roi de
Sicile et l'on sait qu'il devint roi de Sardaigne
par le traité de Londres du 2 août 1718. D'un autre
côté, M. Gaud fut nommé premier président le 16
août 1713. La lettre a donc été écrite de 1715,
époque à laquelle Victor- Amédée était revenu de
Sicile en Piémont, à 1718 (1).
Cette pièce nous apprend qu'un juif passant par
Cliambéry y était décédé et avait été enseveli
dans un terrain acheté par ses coreligionnaires.
Son corps fut bientôt exhumé par le chirurgien
Virginé. Ce praticien en fit un squelette qu'il ex-
posa dans sa boutique du faubourg Montmélian.
La communauté des Juifs de Turin s'émut avec
raison de ce singulier moyen de réclame et se
plaignit au roi. Victor- Amédée montra l'esprit
de justice dont il était animé en faisant remettre
le corps à un mandataire envoyé par les Israé-
lites de Turin, et en prescrivant au premier
président de faire amener devant lui le chirurgien
et de le blâmer de son action. Il semble qu'il crai-
gnait que la population n'eût pas à l'égard des
Juifs les mêmes sentiments que lui, car il recom-
manda à M. Gaud de faire accompagner le com-
{!) Si la date avait plus d'importance, on pourrait la
préciser davantage en reclierchant à quelle époque le mar-
quis Joseph de St-Thomas fut ministre de l'intérieur, après
avoir été ambassadeur et ministre des affaires étrangères.
XXXII
missionnaire pui' un de ses gai'des. Voici cette
pièce curieuse :
Le Roi de Sicile j de Hievusalem, et de Chypre^ etc.
Très Cher, bien amé et féal Conseiller d'Etat. L'Vni-
uersité des Hébreux de cette ville (Turin) nous a très
humblement fait représenter qu'vn de leur nation étant
mort en Savoie pendant cet été, ses camarades l'auoient
par notre permission expresse fait enterrer dans vn
endroit prés de Chambery, dont ils ont achetté le ter-
rein, et qu'elle a cependant apris que le Chirurgien
Virginé du fauxbourg de Montmeillan a deshumé le
Cadavre du dt Juif, et en a fait une anatomie, et a as-
semblé l'ossature, qui forme le squelettre, qui est à pré-
sent dans sa Boutique, nous aiant très humblement fait
supplier de vouloir donner les ordres pour que le dit
squelettre lut remis au présent porteur de leur nation,
pour qu'il l'apj^ortat ici pour être enseueli dans leur
Cimetière, et leur demande étant très juste vous enuoie-
rez prendre le dit Chirurgien, auquel vous ferez vne
forte reprimende sur la témérité qu'il a eu, et lui ordon-
nerez de remettre . incessamment la ditte ossature au
Porteur du présent, le quel vous ferez à ce sujet accom-
pagner par vn de vos Gardes, qui puisse vous asseurer
de l'efïectiue remission, et qui accompagne, s'il est
besoin, le Juif jusques oiiil le requerra. Priant Dieu au
reste qu'il vous ait en sa Ste Garde.
Signé : V. Amédée.
Contresigné : de St-TnoMAS.
(Archives du Sénat.)
Le même membre analyse comme suit deux
testaments delà marquise de la Cliamljre, veuve
»
XXXIII
du comte de Montréal, fort intéressants à divers
titres :
Le 2 septembre 1623 à Chambéry en sa chambre
ordinaire dame Louise marquise de la Chambre ,
comtesse de Montréal et Lullie, vicomtesse de Mau-
rienne etc., etc., fille de Jean M^^ de la Chambre et
d'Aymée de la Baume fait son testament.
Il commence ainsi : — Comme ainsi soit que toutes
Choses créées et composées des quatre éléments soient
corruptibles, périssables et sujettes à la mort. — ordonne
que son corps oii qu'elle meure, soit enseveli dans
(( l'église paroissiale de La Biolle dans la chapelle au pied
du corps de feu M'' le Comte de Montréal notre mari
avec les solennités acquises à notre qualité » — qu'il soit
accompagné de 24 pauvres voisins de Longefan (la
maison forte qu'elle habitait) à chacun desquels elle
donne un habit de bureau blanc et 2 aunes de toile neuve
et une paire de souliers de la valeur de 5 florins qu'ils
])orterout au devant de son corps. Le corps sera porté
par 48 pauvres dont chacun recevra six sols et un repas,
il y aura une aumône générale à la porte de la maison de
Longefan ; chaque pauvre recevra deux livres de pain,
demi-livre de chair ou de fromage, suivant le jour (gras
ou maigre) et un potage.
Très-nombreuses messes et dons aux églises et com-
munautés. Puis se ravisant, elle veut, si elle meurt à Cha-
moux ou à la Rochette, être ensevelie à la Rochette dans
l'église des Carmes au tombeau de ses prédécesseurs
marquis et comtes de la Chambre.
Donne à tous ses sujets de son mandement de Mont-
falcon (Albens, la Biolle) tous les laods et servis qu'ils
lui devraient à son décès ; — donne à Théodore Boccon
XXXIV
son procureur la jouissance de son greffe de Mont-
falcon, lègue par institution particulière à noble Gaspard
fils naturel de son frère feu Pierre, Marquis de la
Chambre, 1200 ducatons effectifs ; autant à demoiselle
Perrine fille naturelle du même, quand elle se mariera
ou entrera en religion ; — 200 ducatons, outre la dot
qu'elle lui a déjà donnée, à Anthoine femme du s^' de la
Pierre ; autre legs à autre Anthoine fille naturelle de son
autre frère feu Charles-Emmanuel de la Chambre ;
.... Lègue à noble Jean François feu Philibert de la
Chambre raille écus d'or de 3 francs pièce; autant à son
(frère dont le prénom est en blanc) ; autant à noble Garin
de Challenddier S^ des Granges; ... au premier fils à
naître de Louis de Seyssel Marquis d'Aix, notre cousin,
10,000 écus d'or.
... Institue son héritier de tous les biens dérivant de la
maison de la Chambre, Mgr le Sérénissime prince Tho-
mas de Savoie fils de S.A. S™'^ Mgr Charles Emmanuel
Duc de Savoie, et. dans le cas où le prince Thomas ou
ses enfants nés ou à naître viendraient à mourir sans
enfants, leur substitue Mi'e Louis de Seyssel marquis
d'Aix
...Institue son héritier universel de tous ses autres biens
M. Claude Antoine de Challendier, et lui substitue son
frère Jacques de Challendier sieur de la Tour.
Cinq ans plus tard, la marquise de la Chambre
fit un nouveau testament où nous lisons :
(( Et puisqu'une partie de la nature humaine consiste
aussi bien à disposer de ce qu'on veut être fait après sa
mort des biens que nous les avons, comme de les avoir
acquis et en avoir bien usé pendant notre vie C'est pour-
quoi, considérant l'incertitude de notre vie, et la variété
XXXV
des sujets que nous avons de changer ce que ci-devant
nous pourrions avoir disposé, pour donner lieu à une
autre et plus agréable volonté, par ce mien dernier tes-
tament que j'ai fait écrire de la main d'un mien confident
pour me relever de la peine d'une longue et ennuyeuse
écriture ))... veut être ensevelie dans l'église de la Biolle
auprès de son mari et laisse ses funérailles à la discré-
tion de son héritier ; — elle ne parle plus des enfants
naturels de ses frères, sauf ceci : « je lègue àlaPerrine
qu'on dit avoir été donnée à feu m^û Pierre marquis de
la Chambre mon frère sans l'approuver et par aumône
300 ducatons à la charge qu'elle sera religieuse, et 500
ducatons à l'Anthoine donnéeâe mon même frère, outre sa
constitution dotale, — au fils aîné de Claude Antoine de
Challendier qui est enterré à Villiane en Piémont ( Avi-
gliano) mille écus pour lui faire apprendre la vertu. ))
Les 24 pauvres, le jour de son enterrement, recevront
un habit complet, mais 3 sols seulement en sus.
Institue héritier universel le Mis Louis de la Chambre
dit de Seyssel, marquis d'Aix , son cousin et beau-fils
de feu le Mi» François de la Chambre en son vivant mar-
quis d'Aix. — Substitutions puis toutes les clauses
possibles de révocation des testaments antérieurs ; en-
fin entre parenthèses, cette phrase sublime du secrétaire :
(ce que par anthonomasie et eucharistie nous appelons
c'est le nectar ou l'embroisie dont le microscome nour-
risson !)etc.
Fait à mon château de Lougefan le 10^ d'octobre 1628.
* Le même jour cet acte est remis au notaire Etienne
Debalmetis d'Aix-les-Bains.
M. Auguste Finct présente une bulle de Benoît
XIV, adressée aux Vicaires généraux et au Cha-
XXXVl
j)itre d'Aoste, le siège vacant (1), et par laquelle
il institue curé de l'église de St-André apôtre, du
lieu d'Ancey,le prêtre Sulpice. Cette buUeest datée
de Rome le 14 des calendes de mars 1740, année
prise de l'Annonciation, 1'" année de son pontificat,
c'est-â-dire du 16 février 1741.
M. Carie montre une carte du club de Cruseilles
sous la Révolution française. C'est une vignette re-
présentant une femme sur un socle, tenant une pi-
que surmontée du bonnet phrygien. Sur un écu
sont écrits les mots: Egaliié, liberté ou lamort^et
sur un drapeau : République française une et indi-
visible. En haut, on lit : Club deCruseilles. Le tout
est entouré d'une couronne de feuilles de chêne. Au
dos devaient se trouver le nom du sociétaire et la
signature des président, secrétaire et trésorier
du Club. La matrice de cette vignette est au
Musée départemental.
M. Marie-Girod présente un manuscrit latin
ayant appartenu à Monseigneur François- Amé
Milliet, archevéciue de Tarentaise, (|ui y met son
nom en 1G46. Cest un traité de logicpic de 278
pages. L'écriture est bonne, mais pleine d'abrévia-
tions. Le propriétaire a fait relier avec le traité 4
gravures de piété, savoir : Jésus expirant sur le
sein de sa mère, St Nicolas de Tolentino, l'Ange
gardien, et le Miroir de la vie et de la mort. Cette
(1) Pierre- François de Sales, curé de Chilly, y fut nommé
en avril suivant.
XXXVII
dernière gravure représente une femme nue jus-
qu'à mi-corps; la moitié droite, de la tête à la cein-
ture, présente l'apparence de la jeunesse dans sa
fleur, la moitié gauche est à l'état de squelette.
M. Lathoud montre un très beau parchemin de
Charles-Emmanuel I-'' contenant des lettres de
confirmation de noblesse et d'armoiries à Etienne
Gentil, originaire du Genevois et demeurant dans
la vallée d' Aoste dont son père Jonas Gentil a eu
le commandement. Cette pièce présente en tète les
armoiries coloriées du duc de Savoie et au milieu
celles de l'impétrant : « Un escu escartellé le 1*^''
et dernier d'azur à trois espies de bled froment
et les autres deux d'or à 3 Ijerrettes (bonnets) de
guculles avec ung eaume clos pardessus en orfil et
tortille et empenaché d'or et ung bras ysant du
chef tenant une cimiterre en main avec cette de-
vise : DE Cun cœur) GENTIL. Cette patente a
été donnée à Turin le 1 novembre 16... (te reste
manque) et a été entérinée le 26 mars 1605.
M. Mugnier rappelle que, sous l'ancien régime,
les denrées étaient ordinairement taxées. Après
les temps de guerre et de peste, et celle-ci suivait
bien souvent la première, le renchérissement de-
venait excessif. C'est alors surtout qu'on promul-
guait les taxes. En 1588, Charles de Rochette,
alors président du Conseil de Genevois, fut cliargé
de taxer les denrées, d'accord avec les Syndics,
dans les villes du Genevois et du Faucigny qui
avaient des garnisons. (Arcli. du Sénat.)
XXXVIII
Après roccuj)ation de la Savoie par Louis XIII
en 1G30 et la peste qui accompagna la guerre, le
prince ThoTïias de Savoie, gouverneur et lieute-
tenant général, ordonna aux Syndics de Cham-
béry de s'assembler devant des commissaires du
gouvernement pour taxer les marchandises et
denrées. Ils élaborèrent un règlement que le prince
lit publier à Chambéry le 24 janvier 1632 (1) et
au bas duquel il enjoint à tous juges, cliàtelains
et officiers locaux d'établir aussi, dans la huitaine,
un taux raisonnable dans chaque châtellenie, ville
ou bourgade. Les villages étaient ainsi exempts
de la taxe.
En premier lieu le règlement rappelle que la
taxe du pain devra être affichée chaque samedi à
un pilier de la Grenette. Il prescrit à chaque bou-
langer d'avoir une marque distincte pour le pain
qu'il vend.
Le maximum des vins blancs de Montmélian,
Arbin, Tormeyry et Chautagne est fixé, pour les
hôteliers, cabare tiers et autres débitants à 6 sols
le quartolet ; celui des vins clairets de ces crus à
5 sols. — Les vins de Cruet, Chignin, St-Jenire^
Apremont, Monte rminod, la Bâtie et Touvièrc
seront vendus un sol de moins ; ceux des autres
crus des environs, 2 sols de moins que les premiers.
Le règlement passe ensuite à la viande dont
chaque qualité doit être pesée séparément, sans
(1) Polit iii-<S (le 12 i>;iges, sans nom (rini[)iinieiu'.
XXXIX
aucune berlaude suivant les anciennes ordon-
nances. La livre de bœuf est taxée â 2 sols ; la
livre du pourceau frais, à 3 sols ; les saucissons
dyaux, costelettes et autres menusailles de pour-
ceau à 4 sols.
Viennent ensuite le lard, le suif, les chandelles ;
les fromages de Passier, de Gex, d'Abondance, le
ceras gras de Faverges, les vacherins et chante-
merles. Le beurre cuit est taxé à 4 sols la livre,
le frais à 3 sols ; le c[uartelet de lait, 2 sols ; le
pot d'huile de noix 16 sols ; la livre d'huile d'olive
6 sols ; la livre de sucre fin 30 sols. Aujourd'hui
l'huile est plus chère que le sucre.
La livre de riz est à 3 sols ; l'on trouve successi-
vement les œufs en hiver, les figues, raisins,
amandes, la cire ordinaire, la cire d'Espagne, le
papier. Quant à celui-ci les rames doivent être, à la
forme des anciennes coutumes, de 500 feuilles, sans
y placer du papier cassé ni rompu , et sans le rac-
courcir ou le rétrécir, â peine de confiscation.
La main de papier de 25 feuilles est fixée, celle
de papier fin à la grande forme à 6 sols, celle de
petite forme à 4 sols. Le papier fin ordinaire est à
3 sols; le commun à 2 sols.
On arrive à l'article du gibier ; l'énumération
qui en est faite semble indiquer qu'il était plus
abondant et d'un usage plus commun cpio de nos
temps. Le pair (la paire) de gehnottes est à six
florins, le faisan gentil, â 3 florins 6 sols ; suivent
les perdrix rouges et gvinges, la bécasse, le levraut
XL
bon et beau, à IG sols, ainsi que le lapin bon et
gras ; les canards et sarcelles ; les grives et merles,
2 sols pièce ; le coq d'Inde gros et gras coûtera 5
florins, les poules grasses, 15 sols ; le chapon gras
d'haute gî'az&'se, 3 florins. Puis le poisson : truite,
10 sols la livre, perche, lavaret, amble (ombre-
chevalier), brochet, tanche, carpe, aloses, per-
chettes, harengs, la molue 6 sols la livre, merlus
5 sols.
On passe à la taxe des hôteliers. Il leur est in-
terdit de prendre des hostes et gens de cheval
qu'ils logeront et qu'ils traiteront avec bœuf,
mouton, poule ou poulets, ou bien pigeons ou
grives J30ur la disnée, davantage de 26 sols et 34
pour la soupée, à peine de 100 livres pour chaque
contravention et du bannissement à la troisième.
Les gens de pied paieront pour le dîner 1 florin ;
et 18 sols (1 florin et 1/2) pour le souper qui com-
prenait le feu et le lit.
Le foin, le chai'bon, les ardoises, la chaux, le
sable, la pierre, le fer, les fers à cheval, les clous,
les verres, les cuirs de bœuf, veau, mouton et
chèvre, les souliers de différentes grandeurs, les
bottes, les bottines, les escarpins, les mules ont
leur tour. Les semelles en cuir d'Auvergne sont
plus chères que celles en cuir du pays. On taxe
aussi les journées des artisans, des manœuvres,
hommes et femmes. On termine par des articles
dont la vente était alors de chaque jour, et (jui a
presque cessé aujourd'hui paicequc Ton ne voyage
XLI
plus à cheval ; il s'agit des selles et bâts. Les selles
de grand cheval garnies de maroquin de chèvre,
bride, sangle, poitrail, croupière et estrevières
doubles, 35 florins. La façon des toiles, nappes,
serviettes est taxée suivant l'ancienne coutume;
celle des nappes de lin à la. petite Venise est de
18 sols l'aune. Une mesure contre laquelle on se
récrie quelquefois existait déjà et plus dure que
maintenant ; il est interdit aux revendeurs d'a-
cheter avant une heure après midi.
Le Président informe la réunion que le 2 mars
la Société d'histoire et d'archéologie de Genève
célébrera le cinquantième anniversaire de sa fon-
dation par une séance publique et un banquet. Les
présidents MM. Th. Dufour et Ch. Le Fort ont écrit
aux Sociétés correspondantes pour les inviter à
assister à cette fête.
Il donne connaissance d'une circulaire de M. le
ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Ails adressant des instructions aux comités pour
la réunion de 1888.
Séance du 11 mars 1888.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est
adopté.
Sur la présentation de MM. Mugnier et Ducret
et sur celle de INIM. Mugnier et Maric-Girod,
Victor Roche, avoué à la Cour d'appel et
XLU
François Pelaz, architecte à Cliambéry, sont succes-
sivement élus membres effectifs de la Société.
Le président donne connaissance d'une circu-
laire de M. le ministre de l'Instruction publique du
5 mars courant, par laquelle les sociétés savantes
sont informées que l'ouverture du Congrès de 1888
aura lieu le 22 mai prochain, à uns heure et demie,
au ministère, rue de Grenelle, n° 110, et que les
travaux se poursuivront les 23, 24 et 25 mai. La
séance générale se tiendra le 26 mai dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne. Les Mémoires
doivent être indiqués au ministère avant le 25 a-
vril ; les noms des délégués des sociétés doivent
aussi être transmis avant cette date. Les sociétés
ne devront désigner que les membres qui s'enga-
geront à prendre une part effective au Congrès.
M. Charles Cabaud présente divers documents
sur parchemin, savoir :
I. Quittance latine du 7 avril 1478, année prise
de l'Incarnation, devant M"" Humbert Demicelli
d'Endoche, notaire public, auctoritate delphinaU
par N. Berthomeus de Boczosel, damoiseau d'En-
doche à M. Pierre de Virieu (do Viriaco) do la
somme de 42 florins. L'acte est passé à Visviers?
(Virfeu? ) au château dudit lieu.
II. Vente, en latin, du 22 juin 1482, par Gui-
guet de Bergin, de S -Jean-de-Chevclu, à Pierre
de Norio, alias ToUor, d'une pièce de terre et de
bois, pour 15 deniers gros monnaie. L'acte est
XLIII
reçu par M"" Jean Philippe, de Gerbet, paroisse
de Billième, diocèse de Belley.
III. Vente le 16 mai 1564 devant le notaire Jean
Neyton : 1° d'une maison en rue delà Juiverie ou
bien Fromagerie, appelée la maison de Bellegarde,
à côté de la maison de M" Jacques Bauduc, docteur
en médecine, par noble homme Michel Guilliet,
Seigneur de Monthouz, bourgeois et habitant de
Chambéry, à noble Barthélemi Deville de Cham-
béry, secrétaire de Monsieur M''^ Louis Oddinet,
seigneur et baron de Montfort, bourgeois de
Chambéry ; 2° d'une vigne au vignoble de Mont-
mélian, au clos de Bellegarde, à côté de d*^'"" Mar-
guerite Pellissonne, veuve de noble Janus Guerin-
gallet. L'acte est passé à Chambéry dans la
maison du seig'' de Monthouz en présence de
j^d yire piQYYe Rubod, proto-notaire apostolique
Chanoine de la S*"*" Chapelle de Chambéry.
Suit la quittance des droits de trezain et autres,
appartenant à Son Altesse, parles fermiers de ces
droits. Le chiffre n'est pas indiqué.
IV. Acte du 25 août 1564, même notaire, entre
Gabriel, fils de feu Philibert Noël, seigneur de
Bellegarde, et Barthélemi Deville, par lequel le
droit de rachat qui appartenait à M. de Bellegarde
sur les biens vendus par M. de Monthouz est
échangé en faveur du s'' Deville contre des vignes
et terres aux Marclies, que celui-ci remet au
seigneur de Bellegarde. L'acte est passé au Heu
LXIV
de Bellcgarde en présence des frères Charles et
Claude Vaucliier Seigneurs de Montgella.
V. Lettres Patentes du 7 août 1773, par les-
quelles Victor Amédée III nomme l'avocat Jean-
François Gal)et, de Cliambéry, sous-secrétaire
d'Etat pour les Affaires étrangères.
M. Mugnier présente la copie émanée de la
chancellerie de Turin^ d'une lettre écrite de Berlin
le 3 décembre 1737, au roi de Sardaigne, par
Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, contresignée
A. B. Borel Pedevils, en faveur de la veuve et de
la fille de Claude Burnet, de Marcilly (Maxilly)
en Chablais,mort à Stettin enPoméranie. Jacques,
frère de Claude, revendiquait hi succession de
celui-ci, sous le prétexte que la veuve et la fille
étaient luthériennes. La lettre royale atteste
qu'elles sont catholiques : « Comme il est notoire
({ue les suppliantes font constamment profession
de la Religion catholique romaine à laquelle nous
accordons le libre exercice dans une chapelle de
notre château de Stettin, et que par conséquent le
fondement sur lecjuel le susnommé Jacques Burnet
établit sa prétention se trouve entièrement faux
et abusif... Persuadé que V. M. prend plaisir à
faire rendre toujours bonne et prompte justice à
ceux qui se trouvent être obligés de l'en implorer,
nous prenons la liberté de prier V. M. de vouloir
bien donner des ordres pour que le dit Jacques
Burnet' soit entièrement débouté de sa demande
XLV
et que les suppliantes Gertrude Signolis et sa fille
soient maintenues dans la paisible possession de
l'héritage qui leur appartient en vertu du testa-
ment de leur défunt mari et père, priant Dieu au
reste qu'il vous ait, Très haut, très Excellent et
très Puissant Prince notre très cher et très aimé
hon frère, en sa Sainte et digne garde. »
Cette lettre était accompagnée : 1" d'une copie
de l'acte de mariage en date du 17 juillet 1706 de
Claude Burnet, savoisien, et de Gertrude Signolis
l^erlinoise, célébré à Berlin par fr. Engelbert
Borges, des Frères prêcheurs, chapelain de la
légation impériale et curé de la communauté ca-
tholique de Berlin ; 2" d'un certificat délivré le
20 décembre 1737 par fr. Augustin Despoye des
Fr. Prêcheurs, curé des légions (catholiques) en
garnison à Stettin, constatant que le marchand
Claude Burnet, sa femme et sa fille ont toujours
vécu en catholiques.
Ces deux pièces, écrites en latin, sont munies de
sceaux fort l)ien conservés. (Extrait de la corres-
pondance du premier président Saint-Georges.)
Le même membre montre à la réunion les fac-
similé du petit sceau (1) et d'une lettre autographe
de M'"'^ de Warens du 13 octobre 1756, suivis de
deux autres fac-similé de brouillons de lettres de
la même personne existant aux Archives dépar-
tementales. M. Mugnier explique qu'il a fait faire
(1) Un amour avec le doigt sur les lèvres.
XL VI
l'an dernier par M. Champod, notre sociétaire, ces
fac-similé, afin de démontrer matériellement que
les brouillons de lettres et d'écrits divers de ces
Archives sont bien de la main de la célèbre ba-
ronne. Cette reproduction est destinée à être jointe
à un ouvrage fort étendu, historique et critique à
la fois, sur Rousseau et Madame de Warens, par
MM. A. de Montet, E. Ritter, doyen de la fa-
culté des lettres de Genève, et Mugnier. Celui-ci
traite de la vie de Rousseau et de sa protectrice,
depuis 1726. M. de Montet a écrit les années de
jeunesse en Suisse; M. Ritter fait l'histoire de
l'éducation et des idées des deux personnages.
M. Fivel propose une nouvelle lecture d'une
inscription latine de Grésy-sur-Aix et lit une note
détaillée à ce sujet.
Séance du 22 avril 1888.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est lu
et adopté.
Sur la présentation de MM. Mugnier et A. Mi-
chel, M. Eugène Levet, ancien élève de l'Ecole
polytechnique, est nommé membre cfïectif de la
Société.
La démission de M. J.-J. Rabut, orfèvre à Paris,
est acceptée.
XLVII
La Société reçoit en don les ouvrages suivants :
de M. Jules Vuy, vice-président de l'Institut ge-
nevois, le Codicille cVAmi Lévrier et Adémar
Fabri, prlnce-évêque de Genève ; de M. Charles
Lefort, ancien président de la Société d'histoire
de Genève, ses Notices sur d'anciens membres de
la Société d'histoire et d'archéologie de Genève,
(MM. Ed. Mallet, Pierre Odier, Georges Mallet,
J.-J. Blumer, Louis Sordet et Am. Roget) ; de
M. Laurent Rabut, les Anecdoctes de l'abdica-
tion du Roy de Sardaigne Victor-Amédée (ma-
nuscrit de l'époque) ; de M. François Mugnier, les
Evêques de Genève-Annecy depuis la Réforme,
avec les dix portraits à l'eau-forte qui accompa-
gnent le li\Te ; du Conseil général de la Savoie, le
Tome P'de V Inventaire de la série C des Archi-
ves dépai'tementales de la Savoie ; enfin, de M. le
ministre de l'Instruction publique, et par la bien-
veillante intervention de M. Charles Schefer,
membre de l'Institut, une série de grandes publi-
cations historiques et archéologiques. De vifs
remerciements sont adressés à M. Schefer, ainsi
qu'aux donateurs de tous ces précieux ouvrages.
M. Antony Dessaix remet à la Société, à titre
d'échange, le premier volume des Mémoires et Do-
cuments de l'Académie chablaisienne, in-8° de
Lxxn-158 pages. Ce volume, fort bien imprimé, con-
tient d'intéressants mémoires. Il se termine par une
table des matières fort détaillée et par un index al-
phabétique contenant les noms des lieux, des per-
XLVIII
sonnes et des choses. C'est un travail auquel on en
saurait trop applaudir, car il facilite singulière-
ment les recherches et il permettra la rapide
exécution d'une table méthodicjue générale à la
fin de chaque série des Mémoires.
Le secrétaire donne lecture : 1° d'une circulaire
de M. le ministre de l'Instruction publique et des
Beaux- Arts, du 9 avril courant, annonçant que la
IS*" réunion annuelle des Sociétés des Beaux-
Arts des départements s'ouvrira le 22 mai pro-
chain, à l'Ecole nationale des Beaux-Arts, rue
Bonaparte, 14, à Paris; 2° d'une autre circulaire
du 19 avril, relative au classement des objets
mobiliers appartenant à l'Etat, aux départe-
ments, etc., dont la conservation offre, au point
de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt national.
M. Mugnier présente les pièces suivantes : 1°
une affiche électorale sans date, de la Tj/p. et
Lith. de J. Philippe (Annecy, vers 1856), par
laquelle le Comité libéral d'Annecy présente aux
électeurs la candidature, à la Chambre des députés
de Turin, de M. le comte de Caviour, président
du conseil des nfiinistres ; 2° la copie suivante
d'un acte de mariage contracté à Chambéry sous
l'occupation espagnole :
L'an 1745 et le 29 avril se sont épousés Hyacinthe
fils de feu François de Vicio et de feu Madeleine Conde,
natif de Caneo près d'Oneille d'où il est sorti à l'âge de
9 ans, a depuis resté en Espagne et est pèlerin depuis
quelques années et a divers certificats pour prouver son
XLIX
dire, et Emmanuelle fille d'Alphonse Bernai et de feue
Francisque Garcia, ])èlerine native de Madrid, veuve
depuis le 7 septembre 1742 d'Emmanuel Terres soldat
du régiment de Navarre, et a exhibé l'acte mortuaire ;
et outre les papiers qu'ils nous ont produits ils ont prêté
serment sur les Saintes Ecritures entre nos mains tou-
chées, sur leur état libre, et les avons mariés comme
vagabonds pour le salut de leur conscience. Ont été
témoins R'^ Dominique Assonsio, aumônier du régi-
ment de Burgos qui nous les aprésenté, etc.
Signé : Petit, officiai, curé de Lemenc.
Le même membre signale encore un mariage
contracté à Cliambéry le l"'' septembre 1730. C'est
celui de Michel Vacher avec Marie- Victoire^ fille
d'Ibrahim Jayceli, et de la nommée Aïcha, de
Tunis, prise sur mer par un capitaine d'une galère
sarde. Le roi de Sardaigne Victor-Amédée II lui
donne 1.000 livres de dot, après l'avoir fait instruire
et baptiser. La Tunisienne mourut à Chambéry, à
l'hospice des Incurables, le 12 septembre 1759, à
l'âge de 50 ans environ.
M. Mugnier analyse enfin une série de titres de
1508 à 1527, intitulée : « Confessio nobilium et
egregiorum Humberti Carterii, Nycolai Carterii
ducalis secretarii et Pétri Carterii, fratrum, filio-
rum dicti Humberti factaper dictum Nycolaum
Carterii secretarium». Cette pièce contient :1^ une
demande adressée au duc de Savoie par Humbert
Cartier et par ses fils Pierre et Nicolas, celui-ci
secrétaire ducal, pour obtenir l'abergement en
D
leur faveur de deux ruisseaux, soit nants, de Mon-
tagiiy sur Chambéry, appelés le Tillet et le nant
des Fornets, ainsi que les moulins et battoirs qu'ils
font mouvoir ; 2" l'enquête de commodo et in-
commodo du 1 ' 'février 1508 ; 3" l'acte d'abergement
concédé le 14 du même mois par le duc Charles III,
et 4° l'acte de reconnaissance de la teneur en aber-
gement, passé le 24 mai 1527, On lit dans ces actes
que les eaux descendent d'une montagne appelée
Combe-Louve, d'un lieu appelé préJopetQt d'une
source nommée Fontaine froyde. A noter dans
ces pièces V expression latine litterœ ténor izatœ^
lettres ténorisées, pour relatées, expression qui
est restée en usage dans le langage juridique de la
Savoie et de la Suisse romande.
Séance du 20 mai 1888.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est lu
et adopté.
Sur la présentation de MM. Mugnier etToubin,
M. Paul Bertulus, conseiller à la Cour d'appel de
Chambéry est élu membre effectif de la Société.
La Société reçoit en don de M. Pallias sa bro-
chure intitulée : Des Dauphinois importants j re-
production partielle d'un manuscrit de la Biblio-
thèque publique de Lyon, et de M. Metzger, un joli
volume orné de portraits, intitulé : les Pensées de
M"'"" de Warens; M"'" de War^ens aux Chai'-
LI
mettes et au Reclus;; ses relations avec Wint-
zinried.
Le Président fait connaître à la réunion que le
prochain Congrès des Sociétés savantes de la Sa-
voie aura lieu à Rumilly, les 27, 28 et 29 août
prochain.
Il invite les Sociétaires à transmettre, le plus
tôt possible au Secrétaire du Congrès, l'indication
des lectures c{u'ils se proposent d'y faire.
M. Mugnier lit une charte relative aux démêlés
des Chartreux de Vallon en Chablais avec le châ-
telain de Lullins, représentant les gens de sa châ-
tellenie, au sujet des confins de leurs possessions
respectives clans les montagnes.
Cette charte doit être ajoutée à celles que
M. Léon Ménabréa a publiées dans les Mémoires
de l'Académie de Savoie, 2^ série, tome IL
Elle contient une espèce de procès-verbal de ce
que nous appelons maintenant une vue de lieux.
Le bailli du Faucigny, Rolet Vuagnarcl, se rend
en eiïet en 1311 sur les lieux du litige; il y procède à
une enc|uête dont il ne fait Cju'énoncer le résultat
et il constate c^u'une certaine croix est bien depuis
un temps immémorial une limite appartenant aux
religieux de Vallon. Il éclaire ses recherches par
l'examen des titres produits par les chartreux.
Outre le nom du bailli, nous trouvons dans la
charte ceux du seigneur de la terre de Faucigny
Hugues Dauphin (1), de Jacc[ues Salteur de Cluses,
(1) Seigneuv de Faucigny de 1304 au 24 lévrier 1321.
LU
notaire et juré de la curie de l'évêché de Genève
(greffier), d'Anselme David, chanoine de Genève,
d'Albert de Torrent, curé de Pers de Jean, curé
de Cluses, du prêtre Colomb de Fésigny, du no-
taire Oglier, de Rodolphe de Chissé, châtelain de
Ivullins, et d'Albert de Bardenenche, châtelain de
Châtillon. Ce dernier est à ajouter à la liste des
châtelains de Châtillon, donnée dans le présent
volume, 2^ partie, page 19, par M. Tavernier.
Anno a nativitate domini millésime tercentesimomede-
cimo indictione iiona die veneris ante festum beatœ Mariae
Magdalense oblata fuit mihi Jacobo Salteriide Clusiis no-
tariopublicojuratoquecuri se domini episcopi Gebennen-
sis per religiosiim virum domiuum priorem domus de
Vallone quœdam littera in pergameno sana et intégra
sigillata sigillo curiœ Foucigniaci impendenti, Cuius
ténor sequitur.
Per liée verba Nos Roletus Vuagnardi ballivus in terra
Foucigniaci pro illustrissimo domino Hugoni delphino
domino Foucigniaci notum facimus universis présentes
litteras inspecturis quod cum questio seu discordia ver-
teretur inter Castellanum de Lullins ex una parte et reli-
giosos de Vallone nomine suo et prioratus sui de Vallone
ex altéra. Super hoc Castellanus dictus et gentes pre-
dictœ asserebant quod religiosi predicti tcnebant et habc-
bant quamdam crucem in monte Bellimontis prope Gem-
baz, in quo monte dicebant et asserebant se liabere usum
suum et quod ipsi turbabantur ibi pcrdictos religiosos
indebitae ac injustae ut asserebant dissentire quod mons
predictus liubi dicta crux est posita et omnia alia loca
prout ut protenduntur usque ad portam Vallonis sunt (sint)
LUI
domini Foucigniaci et quod in omnibus et singulis locis
predictis habebant et habere debeant usumsimm, dictis
religiosis in contrariura asserentibus et dicentibus quod
dictus mons et omnia dicta loca predicta sunt et perti-
neant ad ipsos et prioratum predictum et sunt infra ter-
mines ipsi prioratus ; et quod ipsi steterunt in posses-
sione vel quasi tenendi et liabendi crucem pro termino in
loco predicto ubi nunc posita est dicta crux, per tantum
tempus quod in contrarium memoria non exist.it et quod
nunquam illi de Lullins, illi de Gembaz nec etiam ulli
alii usi i'uerunt predicto monte nec in aliis locis predictis
prout eorum termini désignant nisi a duobus annis vel
circa, quod aliqui eorum de Gembaz in dicto monte ni-
tebantur uti de nemore dicti montis et quotiescumque ibi
inveniebantur per dictos religiosos vel aliquos ipsorum
tuendo et deffendendo possessionem et jus suum predic-
tos utentes pignorabant.
Tandant (tamdem?) ad justitiam (instantiarn) et re-
quisitionem partium predictarum accessimus ad loca pre-
dicta causa inquirendi veritatem tam de jure quam de
possessione utriusque partis uuacum discretis viris An-
selme David canonico gebennensi et alberto de tor-
rens curato de pœr, Rodolphe de Chisie Castellano de
Lullins et quampluribus aliis de Gembaz et ibi vidimus
oculo ad oculum omnia predicta loca de quibus erat con-
tentio inter predictas partes, et diligenter inquisivimus
tam de jure quam de possessione utriusque partis ; etin-
venimus quod dicti religiosi erantin possessione vel quasi
tenendi et habendi pro termino dictam crucem in loco ubi
erat posita dicta crux, per tantum quod in contrarium
memoria non existit Et quod alias fuit questio inter dic-
tos religiosos et illos de Bellavalle sui)er dicta cruce et
dicto termino in cui'ia domini Foucigniaci et fuit latasen-
LIV
tentia per discretum Anselmum David tune temporis
judicem terras Foucigniaci, pro religiosis de Vallone con-
tra religiosos de Bellavallej videlicet quod dicti religiosi
de Vallone erant et stetebant in possessione tenendi et
habendi dictam crucem in dicte loco pro termine suo tanto
tempore quod memoria non in contrarium non existebat,
de qiiaquidem sententia dicti religiosi fecerunt nobis ple-
nam fidem. Item ostenderunt nobis dicti religiosi de Val-
lone qiioddam mandamentum domini Hugonis Delphini
domini Foucigniaci in quo continebatur quod ipse man-
dabat domino Alberto de Bardenenche Castellano Cas-
tillionis quod i])se dictes religiosos de Vallone tueretur
et deffenderet et omnia bona jura et possessiones eorum
et specialiter possesionnem termini supra dicti ; de quo-
quidem mandamento fecerunt nobis fidem per quamdam
litteram sigillé ])endenti domini Foucigniaci sigillatam.
Ttem ostenderunt nobis dicti religiosi privilégia sua in
quibus continentur termini et limitationes prioratus de
Vallone et de ipsis fecerunt nobis plenam fidem et inve-
nimus quod predicta loca sunt inter termines et limita-
tiones predicti prioratus de Vallone. Item ostenderunt
nobis donationem factam eisdem religiosis per illustrem
virum inclitae mémorise [etj recordationis Aymonem (1)
dum Foucigniaci in qua continetur quod dominus dédit
dictis religionis dependentias montium vel rupium in
vallim Vallonis ab alpe de Foron usque meridiem, et
usque ad occidentem quidquid sui juris erat et infra ter-
mines domus Vallonis contincbalur.
Quare nos diligenter visis et inspectis nolcntcs venire
contra privilégia dictorum religiosorum exconmiunica-
tionis poriculum évitantes, volontés observare mandata
(1) Aiiuon II, Seigneur i]o Faucigny do 1202 à 1253.
LV
domini Foucigniaci, habito tractatu et consilio cliligenti
cum dictis viris, videlicet Anselmo David curato de pœr
et de consilio ipsorum ordinavimus in modum qui se-
quitur : videlicet qnod dicti religiosi in possessione pre-
dicta pront anterius extiterunt defïendantur et teneautur
ut quod in possessione predictorum [jurium?] dequibus
erat contentio et in possessione dictre crucis et dicti mon-
tis prout termini dictae domus hoc désignant per capita
Bellimontis per gentes domini Foucigniaci ex nunc in
antea, non turbentur, molestentur seu immerentur nec
turbari debeant seu inquietari.
Cum ex premissis novimus etperpenduimus, quod liée
est voluntas domini Foucigniaci , mandantes Castellano
de Lullins qui nunc est et omnibus aliis qui pro tempore
fuerunt quatenus dictos religiosos et dictum prioratum
tueantur et defïendant ab omnibus eorum subditis ia
possessione de juribus dictorum religiosorum maxime
in possessione dictorum locorum de quibus erat conten-
tio inter ipsos.
Confitentes nos liabuisse quadraginta libras gebenen-
ses bonorum a dictis religiosis de Vallone pro eo quod
dictus dominus Foucigniaci ita fecit et.... velit tueri et
defïendere dictum prioratum et dictos religiosos in pos-
sessionibus eorum et juribus supradictis. Et quod ipse
velit et debeat apponere sigillum suum presenti letterœ
ad œternam memorium rei gestae promittendo dictis re-
ligiosis eos defïendere et tueri in possessionibus et juri-
bus eorum predictis et procurare quod dominus Fouci-
gniaci sigillum suumapponat presenti litterae ut in futii-
rum maiorem obtinoat firmitatem.
In quorum testimonium sigillum curicc domini Fou-
cigniaci presentibus duximus apponendum. Dalum 8'>
idus julii anno domini millesimo tercentesimo mide-
LVI
cimo (1). Et sciendum quod nos prefatus ballivus dicta
privilégia de qiiibus in presenti litterœ fit mentio ex in-
tègre confirmavimus et in predictis sigillum nostrum pro-
prium unacum sigillo curife duximus apponendum ad
maiorem confirmationem rei gestœ. Datum ut supra.
Quas quadragenta libras supradictas habuit ac recepit
dominus Rodolphus de Cliissiea dictis religiosis nomine
dicti domini Foucigniaci.
Et nos Hugo Delphinus dominus terrte Foucigniaci
predictus ad majorem confirmationem omnium predicto-
rum actorum per dictum ballivum nostrum predicta uni-
versa et singula ut supra scripta sunt et acta per dictum
ballivum nostrum laudamus, confirmamus et etiam ap-
probamus et sigillum nostrum presentibus duximus ap-
ponendum in robur et testimonium omnium predicto-
rum. Datum ut supra.
Et ego predictus notarius et juratus dictœ curia3 do-
mini episcopi gebenensis et curiae domini Foucigniaci
de autentico seu littera liujus novi exempli requisitus
per dominum priorem hoc novum exemplum extraxi et
feci sicut in ipso autentico seu littera originali contine-
batur sic et in ipso novo continetur exeraplo, nihil addito
vel remoto prêter formam litteram presentium litteram
fortasse vel sillabam, et signavi ad aeternam raemoriam
et robore firme omnium premissorum, rogans dictus
dominus prior domino officiali curite gebenensis ut sigil-
lum ipsius curise huic novo exemple apponat in testi-
monium veritatis.
Actum dicta dievenerisanne indictione quibuis supra
apud Clusas in domo sacerdotum, testibus presentibus,
videntibus et legentibus adlioc vocatis et rogafis, videli-
(1) 8,Iuillet1311.
LVII
cet domino Joanne curato de Clusis de Castellione do-
mino Columbo de Fisignie presbitero et Petro Oglier
notario.
Ut autem presens instrumentam maiorem obtineat
firmitatem nos officialis curife gobenensis ad precem et
requisitionem dicti domini prioris nobis oblatas per dic-
tum nolarium dictse curiae juratum oui super hiis con-
sensuimus et committimus vices nostras fidem plena-
riam adhibentes reservata nobis predicta vice, esse et
sic per ipsum et coram ipso predicta facta fuisse et cele-
brata, sigillum dictae curife huic instrumento publico
duximus apponendum huic cum signis notarii supra-
dicti. Datum et actum anno et die qui bus supra coram
testibus su])radictis cum sigillo impendenti.
(D'après une copie du xvi^ siècle contenant diverses
incorrections).
Séance du 24 juin 1888.
{Présidence de M. Mugnier.)
Lo procès-verbal de la séance précédente est
adopté.
Le Président rappelle que, dans des réunions
précédentes, divers membres avaient manifesté le
regret qu'il n'existât pas une traduction française
de l'ouvrage en langue allemande du colonel
Wurstemberger sur Pierre II, comte de Savoie.
Cette traduction avait été commencée par M. A.
de Gumoëns, et le premier volume en a même été
publié à Berne en 1859. Malheureusement une
mort prématurée a empêché l'auteur d'achever son
œuvre. Le premier volume contient l'introduction
LVIII
et l'histoire de Pierre depuis sa naissance jusqu'à
la mort de son neveu le comte Boniface, 1263.
M. Croisollet, notaire à Rumilly et membre de
la Société, envoie la copie d'un traité de Combour-
e-eoisie intervenu en 1619 entre la ville de Rumillv
et la ville de Seyssel en Bresse. L'original de ce
traité, dit-il, se trouve aux arcliives de cette der-
nière ville. Il est écrit sur parchemin, entouré d'une
guirlande de fleurs entremêlées de génies et sur-
montées des armoiries de Seyssel. Quelques mots
principaux sont écrits en lettres dorées. Au bas
était le sceau de la ville; il a disparu :
Traité de Combourgeoisie entre les villes de Seyssel
et de 1^11 mil ly.
Les Scindiez Conseil et Bourgeois de la ville de Seys-
sel assemblez en la maison de Ville, en la présidence de
noble François Troison, capitaine et châtelain de la dite
Ville, estant bien et d'huement informez de l'ancienne
union et bonne intelligence qui a esté cy-devant entre
messieurs les Syndicz, Conseil et Bourgeois de la ViUe
de Rumilly et nos prédécesseurs, de la quelle nous avons
aussi receu des témoignages bien assurez et des efïets
remarquables de leur affection en notre endroict, dési-
rant de nostre costé, leur faire paroitre combien nous
sommes obligez à leurs courtoisies, en attendant qu'il se
présente l'occasion de nous en pouvoir revanclicr et de
les servir comme nous le desirons et pour entretenir et
conserver l'amitié et bonne voisinance que nous nous
sommes promis les ungs aux aultres ensuite de l'heu-
reuse alliance faite entre Sa Majesté et les Ancêtres du
LIX
serenissime duc de Savoie que nous souhaitons de toute
nostrea fïection affermir à jamais, les Seigneurs Scindiez,
Conseil et Bourgeois de Rumilly acceptant de nous sem-
blahlemeut les présentes, par lesquelles et pour les cau-
ses susdictes et aultres dignes considérations.
Nous les avons et toute leur postérité receu admis et
accepté, Recepvons, admettons et acceptons pour Coni-
bourgeois en ceste notre ville.
A scavoir de jouir et se prévaloir en général et en par-
ticulier des franchises, libertez, immunitez, droictz et
privilèges d'icelle pleinement et entièrement et paisible-
ment tout ainsi et comme en la même forme que nous
et uoz aultres comhourgeois en usons et jouissons sans
qu'il leur soit jamais apporté aulcune difficulté au con-
traire, le tout sous le bon plaisir de Sa Majesté et de
monseigneur le Duc et son gouverneur en Savoie ( un
mot illisible) d' obtenir de sa Grandeur les ïntil (lacéré)
s'il y a lieu pour plus grcinde validité des présentes (1)
faictes et passées au Bureau du conseil de la dicte ville
de Seyssel le cinquième jour du moys de septembre en
mil six cent dix-neuf, sous le scel de la dicte ville et
communauté signées par le secrétaire d'icelle.
Par mandement des sieurs Scindiez et Conseil.
Chapellu not. et secret..
M. Mugnier fait la communication suivante :
(1) Charles-Emmanuel I' dit le Grand, échangea la Brese,
le Bugey, le Val-Roniey et le pays de Gex contre le mar-
quisat de Saluées par traite fait avec Henry IV, h Lyon, le
17 janvier 1601. Ensuite de cet échange, Seyssel en Bi'esse
se trouvant sous la domination du roi de France et Rumilly
continuant à apimrtenir à la Maison de Savoie, on dût faire
ratifier le traité par les deux Souverains.
LX
LE PRIEURÉ DE ST-BERNARD ET DE ST-CLAIR.
Dans ses Mémoires pour servir â l'histoire
ecclésiastique des diocèses de Genève , etc. , page
138, Besson mentionne le prieuré de Saint-Clair.
Il nous apprend que, desservi anciennement par
des Bénédictins, il fut sécularisé au moment de
l'établissement des commendes et donné à des
prêtres séculiers, qui y tinrent un vicaire lorsqu'ils
cessèrent d'y résider eux-mêmes. Ce prieuré est
désigné sous le nom de Saint-Bernard et de Saint-
Clair de la Cluse, à cause du passage étroit où il
est situé. Les Romains ont construit le pont qui y
existe aujourd'hui. En allant du pont au prieuré,
on lit cette inscription rangée sur trois lignes :
L. TINCIVS PACVLVS PERVIVM FECIT.
Cette inscription, décrite bien souvent, a été
publiée, dans leur grand ouvrage, par MM. AUmer
et de Terrebasse. Ils rappellent que c'est sans doute
en souvenir des possessions de L. Tincius dans le
pays que le village voisin a été appelé Dingy.
Une charte que nous venons de retrouver com-
plète lieureusement les renseignements sur l'ori-
gine et la situation de ce petit établissement reli-
gieux au xin'' siècle.
Amédée II, comte de Genevois (comte de 1280 à
1308), se trouvait au château de Menton le mercredi
avant l'Assomption de 1293. Dans le but, peut-
être, de remercier Thomas, seigneur du lieu, de
l'hospitalité qu'il en recevait, le comte concéda au
prieuré de Saint-Bernard, et pour l'aiTouage des
LXI
religieux, sa terre et son bois dits de Rampon ,
situés tout près. Il reconnaît Thomas comme fon-
dateur et nominateur du prieuré, mais sous la con-
dition que, lors des vacances du rectorat, les sei-
gneurs de Menton nommeront à cette charge, et
avant même les membres de leur propre famille,
un prêtre idoine du nom et des armes du comte.
A prendre à la lettre les termes de la charte, ce
serait ce Thomas de Menton qui aurait été le fon-
dateur du prieuré, mais il est très probable que les
mots tanquam Jbndatori in(\\c[\xQYiX simplement la
qualité ddd fondateur appartenant à la famille de
Menton.
Nos Amedeus Cornes Gebennensis notum facimus
universis quod nos pro nobis et successoribus nostris
damus et concedimus pro remedio animae nostra3 et pre-
decessorum nostrorum Thonice Domino de Mentone,
domicello, tanquam fondatori, nomiuatori et presentatori
prioratus sanctissimorum Bernardi et Clari de Chisa
pro ex focagio Prioris moderni (1) et successorum in diclo
prioratu Priorum , modo tamen quod quotiescumque
eum Recto re et administratore dictus Prioratus vacare
extiterit, prefatus Thomas et successores sui in Castro de
Mentone, ante et post familliam saam unum ex armis
et cognomine nostris Presbiterum idoneum légitime na-
tum pro ejiisdem prioratus rectore et administratore no-
minant et présentent, videlicet nemus nostramque ter-
ram de Rampone a via quae vadit de Ponte Maladeria) de
Clusa versus domos inferius usquead flumen de Cier (2).
(1) Le prieur était alors Aymon de M., moine de Talloires.
(2) Ce n'est que beaucoup plus tard que l'on a changé ce
nom générique de Cier en celui de Fier.
LXII
et ad clicto Ponte usque ad Baliiiam de la Lo\'aterj quod
nemus et terra predicta bona fide pro nobis et nostris
heredibus et successoribus quibuscumque promittimus
manutenere. In cujus rei testimonium sigillum nostrum
presentibus duximus apponendum. Acta fuerunt hœcin
dicto Castro Mentonis die Mercurii ante assumptionis
festum beatœ Maria3 virginis anno domini millésime
ducentesimo nonagesimo tertio « et scellé sur une simple
queue de parchemin, où est figurée une croix au milieu
et à l'entour est écrit : Amedeus Comes gebennensis. »
(Arch. du Sénat de Savoie; Reg. ecclés., 8, p. 99 vo.)
Au XVII*' siècle^ le prieuré dit des Saints Ber-
nard et Clair du Pas de la Cluse^ de Dingy, de
l'ordre de Cluny, avait pour prieur coinmenda-
taire Jean Sonnerai qui mourut en novembre
1641. Il eut pour successeur R'^' Melchior Brunetj,
institué par bulles d'Urbain VIII du 10 des calen-
des d'avril 1642 (27 mars).
La commende passa au prêtre Jean Sarra:^in,
probablement en 1662; puis, toujours sur la nomi-
nation et présentation des barons, ensuite comtes,
de Menton et Montrottier^ elle fut donnée à Jac-
ques Marchand par bulles d'Innocent XI du 15
des calendes d'août 1685 (18 juillet). Après la
mort de Jacques Marchand et par bulles de Benoît
XIII du 7 des ides de février 1729, le prieuré,
vulgô de St-Clairj fut accordé à Etienne Mar-
chand^ alors sous-diacre et étudiant à Avignon au
grand collège de Saint-Nicolas d'Annecy. (Arch.
du Sénat. Reg. ecclé., 8, f°" 101 et suiv.)
II
MEMBRES
DE LA
SOCIÉÎÉ mmim D'HISTOIRE ET D'ÂRCHÉOLOGfE
ET SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Composition du Bureau.
MM. Mugnier François, président.
Dufour Auguste, ) , . ,
„ , , T- ■ i)resiaeuts honorantes.
Rabut François, ) ^
Carret Jules, vice-président.
Marie-Gii-od, ) , .
T ,1 T T-. T i secrétaires.
Latnoud Paul, ]
Perrot Jacques, trésorier.
Toubin Alfred, > ,.,,.,, .
„ , - , bibliotliecaires.
Carie Joseph, )
Commission de publication.
Le Bureau i MM. Revoil Alphonse,
de la Société. ) Comte Alexandre.
Commission pour la recherche des chartes
et documents historiques.
MM. Dessaix Autony.
Dufour Auguste.
Marie-Girod.
Odru Laurent.
MM. Rabut François.
Rabut Laurent.
Revoil Alphonse.
LXIV
Commission pour l'étud? des monuments
historiques.
MM. Descostes François.
Faga Laurent.
Ladrey Paul-Léon.
Rabut Laurent.
MM. Chastel Joseph.
Janin Edouard.
Meurianne Cliarles.
Membres honoraires.
MM.
Aduiani, professeur d'histoire à l'Université de Turin.
Angelucci Angelo, capitaine d'artillerie à Turin.
AuBERTiN Charles, conservateur du musée et secrétaire de
la Société d'histoire de la ville de Beaune (Côte-il'Or).
Daguet Alexandre, professeur à Fribourg (Suisse).
Delisle Léopold, membre de l'Institut, directeur-adnnnis-
trateurde la Bibliothèque nationale, etc., à Paris.
DiEGERiK, archiviste-prof, à l'Athénée d'Anvers (Belgique).
DuFOUR Auguste, général d'artillerie en retraite, à Turin.
Dupuis, président de la Soc. arch. de l'Orléanais, A Orléans.
Garxier Joseph, secrétaire de la Société des anti(juaires do
Picardie, à Amiens.
Guichard, avocat, à Cousance (Jura).
JussiEU (de), archiviste de la Savoie à Chambéry.
Le P^ORT Charles, membre de la Société d'idstoirc et d'arcli.
de Genève, etc.
Macé Antonin, professeur à la Faculté de Grenoble.
Manno Antoine (le baron), membre et trésorier de l'Acadé-
mie des sciences, etc., de Turin.
MoNTET Albert (de), publiciste à Vevey (Suisse).
Moreau Frédéric, à Saint-Quentin (Aisne).
Promis Vincent, conservateur de la Bibliothèque du roi
d'Ilalie, à Turin.
LXV
Rauuï Frauçois, professeur d'histoire au lycée de Dijon.
RiTTER Eugène, doyen de la Faculté des Lettres à Genève.
Revillod Gustave, bibliophile à Genève.
ScHEFER Charles, membre de l'Institut de France, à Paris.
Serand Eloi, archiviste à Annecy.
Vuv Jules, avocat à Carouge (Suisse), vice-président de
l'Institut genevois.
Membres effectifs.
MM.
Angleys Auguste (le baron), avocat à Chambéry.
Arminjox Ernest, ancien cons. à la Cour d'ap. de Chambéry.
Bal Joseph, négociant à Chambéry, conseiller d'arrond'.
Bard Georges, avocat à Bonneville.
Beauregard Alexandre, percepteur à Aiguebelle.
lÎEAUREGARD Pf^ul, greffier du Tribunal d'Asti (Italie).
Bel François, ancien député de la Savoie.
Bel Jean-Baptiste, avocat à Chambéry.
Berlioz Jean, pharmacien à Rumilly.
Berthet, maire d'Ugines, conseiller général.
Bertrand Francisque, conseiller général à Saint-Jean de
Maurienne.
Bertulus Paul, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry.
Blanc Félix, juge au tribunal civil de Bonneville.
Blanc Louis, directeur des postes et télég. à Chambéry.
Blanchard Claudius, greffier en chef de la Cour d'appel de
Chambéry.
BoGET Auguste, géomètre à Chambéry.
BoNJEAN Joseph, chimiste à Chambéry.
BoNNsvia, géomètre en chef du cadastre de la Haute- Savoie.
Mmn BoxTRON, née Burnier-Fontanel, à Reignier.
BoucHu Frédéric, président du Tribunal de Chaudoc (Co-
chinchine française).
Bouvier Charles, avocat à Thonon.
Bouvier Charles, notaire à Rumilly.
E
LXVI
Bouvier Louis, suppléant du juge de paix do Saillans (Drôme).
BuAGHET Léon, docteur-médecin à Aix-les-Bains.
Brachet PauL avocat à Cliambéry.
Bkun Auguste, avoué à Chambérj.
Cabaud Charles, manufacturier à Chambéry.
Calligé Alphonse, avocat, homme de lettres, à Faverges.
Carbon Césaire-Emile, capitaine au 97e régiment de ligne
à Chambéry.
Carle Joseph, commis-greffier au Tribunal civil de Cham-
béry, capitaine au 108e régiment territorial.
Caruoz .îoseph, notaire à Rumilly.
Carret Jules, député de la Savoie.
Castellan, médecin-vétérinaire à Chambéry.
Champod Jean, lithographe à Chambéry.
Chastel Joseph, Procureur de la République à Bonneville.
Clerc Charles, commissionnaire de roulage à Chambéry, offi-
cier au 108e régiment territorial.
Cléret Louis, juge d'instruction à Chambéry.
CoLLONGE Jose]3h, manufacturier à Saint-Etienne (Loire).
Comte Alexandre, subst. du Proc. de la Rép. à Chambéry.
Croisollet Jean-Frangois, notaire à Rumilly.
CuRTELiN François, percepteur à Beaufort.
Davat Adrien, propriétaire à Aix-les-Bains.
Dénarié Jules, juge de paix à Chambéry.
Dénaruî Victor, architecte à Chambéry.
Descostes François, avocat à Chambéry, ancien président
de l'Académie de Savoie.
Dessaix Antony, archiviste-adjoint à Chambéry.
DiDELOT, professeur agrégé à la Faculté de médecine et de
pharmacie à Lyon.
Domexge Joseph, banquier à Chambéry.
Drivet Claudius, chef de gare à Narbonne (Aude).
DuBoiN Eloi, procureur général à Grenoble.
DuBOULOz Jacques, juge au tribunal civil à Annecy.
DuBOULOz Jean-Marie, à Thonon.
DucRET François, avoué à la Cour d'appel à Chambéry.
LXVII
DuNOYER Antoine, propriétaire à Chambéry.
DuNOYER Camille, pharmacien à Rumilly.
DuRANDARD Antoine, avoué à Moùtiers.
Dupas (le comte), président du Conseil d'arrondt à Thonon.
DuvAL César, maire de Saint-Julien, député de la Ilic-Savoie.
EvROT Joseph, professeur au lycée de Chambéry.
Faga Laurent, architecte à Chambéry.
Favier du Noyer Max (le baron), à Chambéry.
FiNET Auguste, ancien avoué à Chambéry.
FivEL Théodore, architecte à Chambéry.
Fontaine Alfred, avocat à la Cour d'appel de Chambéry.
FoREST Guillaume, fabricant de papiers à Chambéry.
Fraissard François, greffier du Trib. de com. à Chambéry.
Gaillard César, médecin à Chambéry.
Gantin Félix, notaire, maire de Rumilly, conseiller général
de la Haute-Savoie.
GiROD-Marie, géom., agent tech. des hosp. civils de Chambéry.
GoLLiiîT Aimé, prés, de chambre à la C. d'appel de Dijon.
GoTTELAND Antoine, conseil, à la C. d'appel de (Ihainbéry.
Gotteland Abel, ingénieur en chef de la mission française à
Athènes (Grèce).
Grosbert J.-M., avocat à Aix-les-Bains.
GuiLLERMiN Charles, avocat à Chambéry.
GuiNARD, ingénieur en chef des ponts et chauss. à Chambéry.
GuYON Jules, propriétaire à Thonon.
Hollande Dieudonné, docteur, professeur au lycée, directeur
de l'Ecole prépar. à l'enseignement supérieur h Chambéry.
HuMBLOT Eustache, com.-gref. à la Cour d'ap. à Chambéry.
Jacquelin Antoine, secrétaire de l'asile de Bassons.
Janin Edouard, professeur d'histoire à l'école Turgot (Paris).
Julien Joseph- Victor, ancien magistrat à Grenoble.
Lacarrière, conseiller de préfecture à Bordeaux.
Ladrey Paul-Léon, notaire à Chaml)éry.
La Ravoire Charles, avocat à Rumilly.
Lathoud Paul, architecte à Chambéry.
Létanche J., secrétaire de la mairie à Yenne.
LXVIIl
Levkt Eugène, ancien élève de l'Ecole polytec, à Annecy.
Loche (le comte de), à Grésy-sur-Aix.
Longue Joseph, avoué au Tribunal civil de Chambéry.
Mailland Joseph (l'abbé), docteur en théologie, aumônier
des hospices civils à Chambéry.
Mailland Pierre, notaire à Aix-les-Bains.
Marchand Victor, notaire à Chambéry.
Marcoz François, inspecteur-voyer d'arrondissement en re-
traite à Thonon.
Mareschal Baptistin, avocat à Chambéry.
Mareschal de Luciane Clément (de), à Chambéry.
Martin-Franklin .J., ancien officier d'artilJerie à Chambéry.
Masson Etienne, tanneur, juge au Trib. de com. h Chambéry.
Ménard Claude-Paul, imprimeur à Chambéry.
Mercier Jules, avocat à Thonon.
Metzger Alfred, publiciste à Chambéry.
Meurianne Charles , sous-directeur du Crédit lyonnais à
Bar-le-Duc (Meuse).
Michel A., fabricant d'horlogerie à Thônes.
Milan François, conseiller général de la Savoie, ù Chambéry.
MoLLARD Noël, employé de banque, à Chambéry.
MoNESTÈs Gustave, banquier i\ Chambéry.
MoNROE, dit RoE, Charles, docteur en méd. à Aix-les-Bains.
MoNROE, dit RoE, Henri, premier président de la Cour d 'ap-
pel de Chambéry.
MossiÈRE François, directeur de V Indicateit r sacoisien, à
Chambéry.
MuGNiEu François, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry.
Odru Laurent, juge au Tribunal civil de Chambéry.
Orsat Marcel, procureur de la République à Chambéry.
l^ARENT Auguste, avoué k Chamiiéry.
Passy Jean, directeur de l'école d'horlogerie à Thunes.
Pateck Léon (le comte de), à Thonon.
Pelaz François, archil-ecte h Chambéry.
Pépin Joseph, propriétaire à (iilly.
I'eriuer Antoine, avoué, maire, cons. général à Chambéry.
LXIX
Perrier Charles, directeur de la C'" le Soleil, à Chambéry.
Perrot Jacques, huissier à Chambéry.
PiccARD L.-E. (l'abbé), à Thonon.
PiERROx Jean, receveur-économe à l'asile de Bassens.
PiLLET Louis, avocat à Chambéry, vice-président de l'Aca-
démie de Savoie.
PiNGET Louis, avocat à Thonon.
PoNET Louis, avocat à Chambéry.
Rabut Laurent, professeur de dessin à Chambéry, conser-
vateur du Musée départemental.
Rehaudet Joseph-Claude, conseil, général à Aix-les-Bains.
Revil Joseph, pharmacien à Chambéry.
Revoil Alphonse, professeur au Lycée de Chambéry.
RtvAUO Joseph, avocat à Paris.
RoBESSON Joseph, avocat à Chaml)éry.
RocHAT Félix, avocat à Chambéry.
Roche Victor, avoué à la Cour d'appel à Chambéry.
RoDiLLON (l'abbé), publiciste à Lyon.
Rossi Joachim, géomètre à Chambéry, officier au 108" régi-
ment territorial.
RoussY DE Sales (le comte Eugène de), ancien officier d'ar-
tillerie, à Thorens-Sales, conseil, gén. de la Haute-Savoie.
Sautier Maurice, maire de Sonnaz.
Sevez Clément, juge au Tribunal civil à Chambéry.
Tardy Guillaume, géomètre à Chambéry.
Tavernjér Hippolyte, doct. en droit, juge de paix à Taninge.
Thorens Philippe, maire de Thonon.
TocHON Pierre, président de la Société centrale d'agriculture
de Savoie à Chambéry.
TouBiN Alfred, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry.
Tredicini de Saint-Séverin (le M's), à Chambéry-le-Vieux.
Vallet Jean, sculpteur, professeur de stéréotomie à l'Ecole
supérieure de Chambéry.
VÉNE Charles, substitut du proc. de la Rép. à Périgueux.
Veyrat François, propriétaire à Grésy-sur-Isère.
ViALLET Joseph-Elic, avoué à la Cour d'appel de Chambéry,
conseiller général de la Savoie.
LXX
Sociétés correspondantes.
Aix (Bouches-du-Bhône) Académie des sciences.
Agen Société cent, d'agr., sciences et arts.
Amiens Société des antiquaires de Picardie.
Anf/oulême Société archéologique de la Charente.
Annecy Société florimontane.
— Académie salésienne.
Anvers Académie de Belgique.
Aiixei-re Société des sciences historiques et
naturelles de l'Yonne.
Avignon Académie de Vaucluse.
Beaune Société d'histoire et d'archéologie.
Beauvais Société académique de l'Oise.
Besançon Académie des sciences et arts.
Bordeaux Commission des monuments et docu-
ments historiques de la Gironde.
Bourg Société d'émulation de l'Ain.
Brest Société académique.
Bruxelles Académie royale.
— Académie des sciences.
Caen Société française d'archéologie.
Castres Société littéraire et scient, du Tarn.
Chalon-sur-Saône. . Société d'histoire et d'archéologie.
Chambéry Académie des sciences, belles-lettres
et arts de Savoie.
— Chambre d'agric. et de commerce.
— Société centrale d'agriculture.
— Société d'histoire naturelle.
Chdteaudun Société dunoise d'archéologie.
Colmar Société d'histoire naturelle.
Constantine Société archéologique.
Dax Société du Borda.
Bijon Académie des se, arts et belles-lettres.
Dijon Commission des antiquités du dépar-
tement de la Cùle-d'Or.
LXXI
Dijon Société bourg, de géogr. et d'histoire.
Douai Société d'agriculture, sciences et arts.
Fribou)-(j (Suisse) . Société helvétique de St-Maurice.
Gap Société d'études des Hautes-Alpes.
Gênes Società ligure di storia patria.
Genève Société d'histoire et d'archéologie.
— Institut national genevois.
G rat: (Styi'ie). . . . Comité historique.
Grenoble Académie delphinale.
— Société de statistique de l'Isère.
Havre (le) Société havraise d'études diverses.
Lausanne Société d'hist de la Suisse romande.
Limoges Société archéologique du Limousin.
Lyon Société littéraire.
Mans (le) Revue histor.'et archéol. du Maine.
Marseille Société de statistique.
Mayenne Société d'archéologie de la Mayenne.
Mehoi Société d'archéologie, sciences et arts
de Seine-et-Marne.
Montauban Société d'histoire et d'archéologie de
Tarn-et-Garonne.
Montbéliard Société d'émulation.
Montréal (Canada) . Numismatic and antiquarian Society.
Moulins Société d'émulation de l'Allier.
Moùtiers Académie de la Val-d'Isère.
Nancy Société d'archéologie.
Nantes. ....... Société académique.
Narbonne Commission archéologique et littéraire
Nice Société des lettres, sciences et arts.
Nîmes Académie du Gard.
Orléans Société archéologique de l'Orléanais.
Ottawa Institut canadien-français.
Paris Institut des provinces de France.
— Musée Guimet.
— Société d'anthropologie de France.
— Société des antiquaires de France.
LXXII
Pau (le) Société agricole et scientifique de la
Haute-Loire.
Rambouillet Société archéologique.
Rennes Société archéologique d'Ille-et- Vilaine.
Romans Société d'ai^chéologie religieuse des
diocèses de Valence, Grenoble, etc.
Rouen Commission des antiquités de la Seine-
Inférieure.
St-Jn de Maurienne. Société d'histoire et d'archéologie.
Saint-Omer Société des antiquaires de la Morinie.
Soissons Société archéol., hist et scientifique.
Thonon Académie chablaisienne.
Toulon Société des se, lettres et arts du Var.
Toulouse Société archéol. du Midi de la France.
Troyes Société d'agriculture, sciences et arts
du département de l'Aube.
Turin Regia accademia délie scienze.
— Regia deputazione sovra gli studj di
storia patria.
Valence Société d'arch. et de stat.de la Drôme.
Yannes Société polymati'que du Morbihan.
Washington The Smithsonian Institution.
Tienne (Autriche). . Société impér. et roy. de géographie.
Zurich Société des antiquaires.
-v/S+iNv- •
LES SAVOYARDS DE DIVERS ÉTATS
LES MÉDECINS
NOTES RECUEILLIES
PAR FEU LE DOCTEUR LOUIS GUILLAND
MISES EN ORDRE ET PRÉCÉDÉES
D'UNE INTRODUCTION
PAR
François RABUT, Professeur d'Histoire
OTICE
I
Le 13 janvier 1880, Louis Guilland faisait son
testament dans lequel on lit les lignes suivantes :
(( Si je meurs avant d'avoir publié la Biblio-
graphie aixieniie et les Médecins de la Savoie,
je lègue les notes y relatives à mon ancien condis-
ciple, resté mon ami, François Raljut. »
Guilland est mort le 22 octobre 1884.
Dans l'intervalle de ces deux dates, il avait
publié la Bibliographie aixienne pour laquelle
nous avions travaillé ensemble depuis plusieurs
années en réunissant des fiches et en discutant le
mode de publication.
Ce travail devait paraître sous nos deux noms,
lorsqu'on décembre 1879, il m'écrivit qu'il voulait
introduire dans cette publication quelques appré-
ciations et il ajoutait : Ceci est nécessairement
personnel et pourrait porter les initiales de celui
des deux collaborateurs qui endosserait le trait.
Je le mis alors à l'aise en renonçant à figurer sur
le titre de l'œuvre.
Elle a paru en 1880 dans le XIX'^ volume des
Mémoires de la Société savoisienne d'histoire et
d'archéologie, et le volume suivant (XX*^ 1881)
contient un supplément ou appendice.
4
Dés lors, Guilland s'est occupé de recueillir de
nombreuses notes sur les médecins de la Savoie.
Je lui en avais fourni quelques-unes et j'ai pu
ajouter encore quelques noms trouvés en pour-
suivant mes recherches sur l'histoire de notre pro-
vince. Je puis aujourd'hui livrer à la presse un
travail, dont la plus considérable partie est due à
mon bien regretté ami et à la publication duquel
il tenait beaucoup. Déjà plusieurs articles avaient
été rédigés par lui ; on en reconnaîtra aisément le
style à la fois spirituel et affable. Ce que j'ai pu
ajouter se distinguera facilement par la sécheresse
que fera excuser l'intention d'être exact (1).
IL
N'était-il pas juste de faire précéder la biogra-
phie des médecins savoyards d'une courte notice
sur la vie et les oeuvres de son auteur ? Je l'ai
pensé et je le fais tout simplement en attendant
que ce cher docteur trouve un Ijiographe à la hau-
teur de ses mérites.
Je vais me contenter d'une éiunnération de ses
travaux après avoir dit un mot de sa vie si bien
remplie :
(1) Lorsqu'il so sentit malade, Guilland m'écrivait:
« Veux-tu aceei:)ter le legs de mes notes biog.-médicales?...
De mes amis, toi seul es assez patriote, assez laborieux, assez
toque de reclierclies inédites, pour ne j)as dédaigner ce legs
et tâcher que le travail accompli ne soit pas perdu. »
Louis Giiilland est né à Cliambcri le 6 janvier
1820. Son père, Jean-François, docteur-médecin
comme lui, était proto-médecin de la Savoie, mé-
decin de la Maison royale en deçà des Alpes, sous
le gouvernement sarde.
En 1829, Louis est entré, comme moi, en S'',
externe au collège royal de cette ville, tenu par
les Jésuites. Il avait alors pour répétiteur un bon
élève de rhétorique nommé Perrot, dont le père et
le frère ont tenu un restaurant au faubourg Mâché,
et qui est entré dans l'ordre de Saint-Ignace (1).
Guilland fit ses premières études médicales à
Chambéri , puis à Turin où il a pris son doctorat
en 1842. L'année suivante, il a assisté aux leçons
des écoles de Montpellier et de Paris ; il avait aussi
visité les principales villes de l'Italie et plus parti-
culièrement leurs hôpitaux et les villes d'eaux de
l'Allemagne.
Marié en 1847 à M"'^ Adèle Chavogny, appar-
tenant à une famille qui avait de grands intérêts
industriels dans le département du Rhône , il a
trouvé en elle une compagne bonne et dévouée qui
lui a rendu l'existence heureuse. De ce mariage
sont nés trois enfants : Jean (1850) qui a pris son
doctorat à Paris et exerce l'art médical à Aix-les-
(1) Les Jésuites tâchaient de recruter leurs meilleurs élèves.
Tels ont été nos camarades, les frères Bouchet, fils d'un
pharmacien do Chambéry , Ailloud , d'Aix-les-Bains , et
autres.
6
Bains; Marguerite (1853) mariée au notaire An-
toine Gabet, de Cliambéri, et Michel (1855), licen-
cié en droit, chef de bureau du contentieux de la
Compagnie du canal de Panama, à Paris.
Dès 1844, Guilland a exercé la médecine à Aix-
les-Bains, où son caractère afîable lui a fait trouver
d'excellentes relations avec les médecins étran-
gers et les baigneurs instruits. Il passait l'hiver
à Chambéri et l'automne à son cher Drumettaz,
commune voisine d'Aix, où était sa maison de cam-
pagne qu'il appelait le doux et vieil asile de la fa-
mille où je repose mon cœur de ses secousses (1).
Nous avions gamine tout jeunes dans cette villa
où j'allais le voir trop rarement pendant les der-
nières années de son existence.
Guilland a occupé une place très honorable
dans l'exercice de la médecine thermale. Il n'a
cessé que lorsqu'il a été remplacé par son fils. Il
avait été pendant deux ans médecin des prisons
de Chambéri.
Guilland a fait partie de toutes les sociétés
scientifiques de la Savoie, auxquelles il a apporté
une part notable de son talent et de son dévoue-
ment, comme on le verra dans l'énumération de
ses œuvres principales.
Il fut reçu membre de l'Académie des sciences
(1) Lettre do 18G7. Il nie disait alors que je lui rappelais
ce temps éloigne : comme il est bon fie se r'essoucenir sur-
tout à mesure que le passé se met à dépasser l'avenir.
7
de Savoie le 6 juin 1850, et il en a été vice-prési-
dent en 1861 et président en 1866, 1867 et 1868.
Membre de la Société savoisienne d'histoire et
d'archéologie en 1857, il a fait partie du comité de
publication de cette société en 1858.
jMembre de la Société médicale qu'il a présidée
en 1865 et qui a prospéré pendant sa longue direc-
tion.
Membre de la Société d'histoire naturelle.
Il était un des membres les plus actifs de l'Asso-
ciation des médecins de la Savoie, qu'il a présidée
Jusqu'au moment où, vaincu par la maladie, il a
sollicité son remplacement deux ans avant sa
mort (1).
En 1863, Guilland prenait une part honorable
aux travaux de la section médicale du 36° Congrès
scientifique de France, tenu à Chambéri du 10 au
30 août.
Il fut créé chevalier de l'Ordre de la Couronne
d'Italie en octobre 1877, et se réjouissait de tenir
cette distinction du roi Victor-Emmanuel.
Guilland aimait beaucoup la ville d'Aix qu'il
habitait la plus grande partie de l'année.
Il fut un des fondateurs du Cercle d'Aix et son
président pendant plusieurs années, et là, encore,
(1) C'est ici la place de rai)peler un fait qui l'honore. A
l'occasion de sa démission, la Société voulait faire i^lacor son
buste en bronze dans le local des séances, mais ayant été
pressenti, il refusa énergiquement, conseillant l'emploi de
l'argent à une oeuvre utile
8
il se dévoua de sa plume, de ses démarches et de
sa santé quand il fallut défendre les intérêts de
cette cité auprès des divers gouvernements qui se
sont succédés et auprès des autorités locales. Ce
qu'il a écrit pour atteindre ce but dans les jour-
naux et dans les revues médicales est considéra-
ble, tantôt sous le voile de l'anonyme, ou sous ses
initiales L. G. et parfois sous le nom formé par
l'énoncé de ses initiales Elgé. On en trouvera une
longue énumération dans la Bibliographie aixien-
ne, ce qui me dispense de répéter ici cette liste; je
vais seulement signaler ceux des principaux tra-
vaux qui n'y figurent pas.
1° Lettre à Messieurs les membres de la Com-
mission provisoire pour la fondation d'un nouveau
journal politique à Chambéry; février 1848; in-f°
de 5 pages autographiées.
2° Notice biographique sur le médecin Dac-
quin^ 1852; in-8° 37 dopages;
Extrait des Mémoires de l'Académie de Savoie.
Ce travail a été le point de départ des recherches
de Guilland sur les médecins savoyards ;
3° Projet d'une Société nationale des bains
d'Aix; 18.56, in-8° de 13 pages ;
4° Les Bains d'Aix en Savoie ; 1857, in-8° de
11 pages , contient la bibliographie décennaire
d'Aix (1846-1856). C'est la première pensée d'une
bibliograpliie aixienne ;
5° Rapport de la Commission médicale des
hdfns (lAix ; 1860, iii-8" de 14 pages;
G° Introduction au 4'' volume, seconde série des
Mémoires de l' Académie de Savoie ; 18G1, con-
tient des notices biographiques sur les académi-
ciens décédés depuis 1854, au noml^re de vingt ;
7° Biographie' du docteur Ne y r et; 1861. Ti-
rage à part d'un article paru dans le Courrier des
Alpes;
8° Restauration de la chapelle de Saint-An-
thelme à Chignin ; 1862, in-4° de 2 pages à 2 co-
lonnes ;
9'' A propos de la note présentée au Conseil
d' Etat par quelques médecins inspecteurs ; 1863 ,
in-8° de 23 pages ;
10° Sur la section médicale du 30° Congrues
scientifique, tenu à Chambéri, les 10, 20 août
1863, in-8°de 21 pages;
11° Réponse au Discours de réception à l'A-
cadémie de Savoie, de M. Boilleux , décembre
1863;
12° De la Médication par les ferrugineux et
plus particulièrement par les eaux de la Bauche;
1865, in-8° de 53 pages;
13° Réponse aux Discours de réception , à VA-
cadémiCj de AI. Burnier et du M'"" Costa; 1865.
14° Jean-Claude Neyret (Notice biographique);
1865, in-8° de 8 pages;
15° L'Eau minérale de Challes, géologie, phy-
sique et chimie, physiologie et thérapeutique;
1874. C'est l'œuvre d'une commission dont Guil-
land a été le rapporteur.
10
16° L'Epoque préhistorique du Club alpin
français, dans l'annuaire cle ce Club alpin; l'"^
année, 1874;
IT"" Société de Saint-Vincent de Paul. Noces
d'or des conférences de Savoie, célébrées à Annecy
le 17 juin 1883; in-8° de 35 pages.
Il faudrait ajouter à cette liste une quantité de
notes et d'articles qui se trouvent dans les procès-
verbaux de l'Assemblée générale annuelle des mé-
decins de la Savoie et dans les Bulletins de la So-
ciété médicale de Chambéri, dans toutes les séan-
ces de laquelle Guilland, son président, savait
donner un grand intérêt à ces réunions annuelles.
Il y prenait la parole pour revendiquer les droits
du corps médical, pour défendre la dignité profes-
sionnelle ou pour lire des notes nécrologiques sur
les confrères décédés. Ses allocutions, toujours k
la fois spirituelles et bienveillantes avec une pointe
satirique artistement ciselée, étaient le clou de
ces séances.
Quand la nouvelle de la mort de Guilland se
répandit, ce fut une douleur générale et, bien qu'il
n'eût jamais varié dans ses opinions politiques qui
lui faisaient apprécier un gouvernement monarchi-
que, constitutionnel et libéral comme le meilleur
de tous, les journaux de toutes nuances firent son
éloge. Le même mouvement se produisit dans les
nombreuses sociétés dont il avait fait partie et qui
ont inséré dans leurs mémoires des témoignages
de leurs regrets et de leur admiration. Partout il a
11
été signalé comme un excellent citoyen, aimant
son pays et sachant le servir. Aussi, cette mort fit
un grand vide dans le monde littéraire et savant
de la Savoie. Le caractère fin et afîable de Guil-
land a été apprécié par tous ceux qui l'ont connu.
J'avais eu un moment la pensée de terminer cette
notice par des extraits de sa correspondance avec
moi, qui auraient montré combien il était aiïec-
tueux et spirituel. C'eût été un excellent moyen
de faire mieux connaître son esprit et son cœur,
en même temps que de produire d'intéressants
détails sur l'histoire des sciences et des lettres en
Savoie. Mais je renonce à ce projet qui aurait beau-
coup allongé cette notice. Mieux vaudra plus tard
en faire l'objet d'une publication spéciale intitulée :
Correspondance littéraire de L. G. Ce sera encore
un hommage à la mémoire de cet excellent ami et
bon citoyen et un service rendu au pays.
Dans cette publication des Médecins savoyards
on suivra l'ordre alplial)étique qui avait été adopté
par Guilland. Il avait déjà rédigé dans cet ordre
les premières fiches.
Outre Grillet et les biographies générales, on
cite souvent les travaux de Trompeo et de Bonino.
Le premier, auteur de Mcdici ed archiatri délia
rcal Casa di Savoia, et le second, auteur de Bio-
grafia medica piemontese^ publié à Turin en 2
vol. in-8" ; 1824.
ABREVIATIONS.
D. M. T., docteur-médecin de Turin.
D. M. p., id. de Paris.
D. M. M., id. do Montpellier
D. c, docteur chirurgien.
13
Abondance Joseph, médecin à Moûtiers, né le
12 mars 1731, de Maurice- Antoine et de Jeanne-
Françoise Falcoz, reçu docteur à Turin, le 4 mai
1751, mort le 10 avril 1809, dans sa maison de
Moûtiers, passée depuis à la famille Lâchât.
Abondance était consulté dans toute la Savoie
et dans la vallée de Grenoble, spécialement pour
les maladies de poitrine.
Il fut vice-proto-médecin pour la province de
Tarcntaise. On retrouve dans les archives de
M. Guilland, proto-médecin, une topographie mé-
dicale de l'arrondissement de Moûtiers qu'Abon-
dance lui avait soumise en manuscrit et qui n'a
pas été imprimée.
Il eut de son mariage avec Barthélemie Abon-
dance trois enfants : l'aîné fut procureur impérial
à Moûtiers ; le cadet fut chanoine ; une fille épousa
M. Augier, receveur principal à Moûtiers.
Grillet(page 158, S'' volume) lui consacre neuf
lignes. Mais M. Avet a reproduit, devant l'Aca-
démie de la Val-d'Isére , en 1868 , les traits ca-
ractéi'istiques des trois médecius bien dignes de
mémoire que Moûtiers a réunis au commence-
ment du siècle : Abondance, Hybord et Crud.
Voici quelques lignes de ce travail relatives à
Abondance :
14
M. Avet se souvenait « de la belle et vénérable
figure du médecin Abondance, sous son chapeau
tricorne , d'où s'échappait une abondante cheve-
lure aussi blanche que la neige En s'appro-
chant du lit d'un malade, il avait le don d'embel-
lir encore sa vénérable figure par une expression
rassurante de douce et affectueuse gaieté. Il inau-
gurait sa visite par des récits toujours attachants...
Et tout en arrêtant le traitement à suivre, il conti-
nuait ses charmantes causeries dont personne
mieux que lui ne connaissait le secret.
... Il ne négligeait jamais les caprices parfois
instinctifs du malade, sachant qu'un remède vul-
gaire et inoffensif peut devenir très efficace si le
malade y place toute sa confiance.
Adam Jean-François, d. m. t. (11 juin 1859),
pratique à Talloires, près Annecy.
Adelon Pierre, de Chàteauneuf, près de Dijon,
chirurgien dans l'hôpital du roi d'Espagne à Cliam-
béry, meurt dans cette ville le 17 décembre 1744,
âgé de 25 ans.
Albert Marc-Antoine, d. m. p., né à Viry en
1759, décédé à Valeiry le 26 janvier 1821, inhumé
le lendemain à Viry, a eu, de son mariage avec
Marie Sauthier, de Viry, quatre fils, dont trois
médecins, et ce sont :
Joseph, né îi Viry en 1789, mort le 11 janvier
1858 à Saint-Julien, où il fut médecin des prisons,
vice-proto-médecin etsyndic, d. m. p., avait épousé
15
]\,jiie B^riaz, de Clievrier au Vuaclie. Il était l'aîné
des quatre fils.
Cafîe l'a nommé dans ses Nécrologies , p. 153
de la 2h'' année de son Journal (1857-58).
Henry, né â Viry en 1800, mort à Saint-Julien
le 23 décembre 1850, médecin. De son mariage
avec Irma Hermet, de la Haute-Loire^ est né Nes-
tor Albert, chanoine plébain de Thônes, auteur de
la Somme ascétique, d'une Vie de St-Fvançois
de Sales, et Herman, notaire à Vulbens.
Nicolas, né à Viry, décédé à Ferney.
Albert Joseph, d. m. t. (28 juillet 1846) mem-
bre de l'Association de la Haute-Savoie, a pratiqué
quelque temps à la Motte- Servolex (Savoie) en
1858 ; puis à Tlionon et â Evian.
Etranger à la dynastie des Albert chablaisiens,
le docteur Joseph Albert est fils de M. Albert,
mort trésorier à Thonon , mais auparavant atta-
ché à la sous-préfecture de Saint-Jean de Mau-
rienne, auprès de M. Balmain.
Albini Guido, physicien (1) de Mgr de Savoie en
13G8, Physicus vecepit, 3 flor. 6 g. (T. Chapperon,
notes ms.)
Bonino (p. 42 du 1. 1) (2) écrit : Albini Guidone
accompagna.... comme médecin de sa personne
(1) On appelait les m.QdiQcm's, physiciens au moyen âge.
(2) Biograjia medica picrnontcsc, Torino, Bianeo, 1842;
2 volumes in-8°.
16
et de rarmoe, le comte Amcdée VI, en Grèce,
(1366-7). Il mourut à Venise le 13 avril 1367.
Albrier Maurice , chirurgien juré du roi, à
Villaine en Duesmois (Côte-d'Or), originaire des
Chapelles-Saint-Maurice en Tarentaise.(Voir pour
lui et pour sa famille illustrée dans les lettres, les
arts et la magistrature : Les Naturalisés de la
Savoie en Bourgognej par Albrier (1). On a écrit
quelquefois Albriet.
Alphonse Jean, « chirurgien de santé, feracha-
« que année quatre anatomies publiquement...,
« comme aussi ouvrira dans les maladies populaires
« les corpsqui en auront estes atteints,..)) (Délibé-
rations du Conseil d'Etat et de santé en Savoye,
21 janvier 1685.) Reçu Bourgeois de Chambéri le
9 mars 1689. (Voir le tome XX^'I de la Société
savoisienne d' histoire, p. xxxvi.)
Amblard. (( Amblard, médecin, épouse le 7 no-
« vembre 1645 Christine de Serveta. )) (Ms. Chap-
peron, Généalogie.)
Amblet Gaspard , d'Annecy, d. m. t. (18 fri-
maire an x).
Amedeus (niagister) de Chamberiaco phi/sicus ;
juif converti. (1431.)
(Voir Dufour et Rabut , Soc. d'hist. et d'arcli.,
et Med. ed archiatri ^ par Trompeo).
(1) Société savoisienne d'histoire, t. XIII, p. 244.
17
Ami Joseph, fut physicien de la ville de Cham-
béry en 1437, après Galbin. (Ménabréa, Histoire
de Chambéry.)
Andrevetan Cl. -François, né à la Roche (Haute-
Savoie), docteur de Paris, 17 août 1830.
Fondateur d'un prix de poésie à décerner an-
nuellement par la Société florimontane d'Annecy.
Il a publié :
Guérison de la cataracte sans opération, chez
la veuve de Lattier.
Code moral du médecin , poème en six chants ;
Paris, 1842.
La Savoie poétique ; Paris, 1845.
La Bataille de Magenta ; Annecy, 1859.
L'Italienne, hymne guerrier ; Bonneville, 1859.
Les Possédées de Morzine, drame pastoral ; Ge-
nève, chez Vaney, 39 p. in-8°, 1862.
La Sainte de Magland, drame villageois; Bon-
neville, chez veuve Charvin, 71 p. in-16, 1862.
Lamentation sur l'état déplorable de la civili-
sation en Savoie sous le buon cjoverno; Bonne-
ville, 1862, 74 p. in-8°.
Le Lac d'Annecy, ses environs et les hommes
célèbres qui l'ont illustrée; Bonneville, 1863, 76 p.
in-8°.
Fêtes de musiques et d'orphéons en Savoie;
poème narratif, descriptif et lyrique; Genève,
chez Blanchard, 1868, 76 p. in-8°.
Poésies nouvelles; Genève, 1870, 465 p. in-8°.
Nota. Ce volume reproduit quelques pièces déjà
18
publiées, en ajoute d'autres, et indique sur la
couverture 17 puljlications diverses de l'auteur.
Satires sur les événements contemporains;
Genève, 1874.
Eglogues, Idylles etArcaclion, poème en quatre
chants ; Genève, Blanchard, 1872, 324 p. in-8°.
Andrevetan est mort à la Roche le 8 juillet 1879;
il a légué à sa ville natale la plus grande partie de
sa fortune pour des œuvres de bienfaisance.
(Voir sa biographie dans la Revue SavoisiennCj
p. 70 de 1879 , et dans V Association des médecins
de la Haute-Savoie j p. 17 et 18 de 1879.)
Andrier François, deTaninges, d. m. t. en 1832
(exerçait le 16 décembre 1834), mort le 18 janvier
18G0, âgé d'environ 53 ans^ à Evian,où il était mé-
decin-inspecteur des Eaux.
A publié : Eaux minérales alcalines d'Evian et
Eaux ferrugineuses acidulés d'Amphionen Sa-
voie; impr. Munier, Evian, 1845. Cette brochure
a eu deux éditions.
(Voir Cafïc (1), p. 5G de 1860.)
Andrier Jean, d. m. t. , 30 janvier 1752, né à Sa-
moëns. D'après Mont-Réal (Auteurs civils j f° 56 du
4""" cahier ms, relevé par T. Chapperon, 2" p. du
2** cahier, archives de l'Académie de Savoie), An-
drier a publié une l*"^ lettre à laquelle répondit
Mauclercparsa Co/i.s'z<//«/?o/? d'un officier de san-
(1) Journal des connaissances médicales et pharmaceu-
tiques.
19
té. (Chamljéry, 12 mars 1792.) Andrier fît une
courte réplique datée de Samoëns, le 27 mars 1793.
Andrier Jean fut nommé médecin des pauvres à
Evian, avec une annuité de 50 livres, par délibé-
ration connnunale du 24 août 1757. A l'indemnité
attachée à ce service, se joignait une condotta
(abonnement) des bourgeois d'Evian.
Anselme Pierre -François -Philibert, né à la
Croix-de-la-Rochette le 1"'' juillet 180G, d. m. p.,
le 27 août 1836.
L'auteur de Zhora n'est pas lui, mais son frère.
Anthonio (Mestre) « physicien d'Anissie » en
1383. (Voir dans -Soc. sav.d'hist. et d'arch., t.
XV, p. 20, son assistance aux couches de Bonne
de Berry.)
Anthonioz Félix, d. m. t., 1817, né à Annecy
1796, fils de Claude-François, mort dans sa pro-
priété de Saint- Jorioz le 20) juillet 1866, médecin
en chef de l'hôpital d'Annecy, 1830-34, suppléant
1821-30, vice-président de l'Association départe-
mentale de la Haute- Savoie, maire de Saint-Jorioz
1864, membre delà municipalité d'Annecy, 34 ans,
du Conseil d'arrondissement et de l'administration
des Hospices, ancien capitaine de la garde natio-
nale; Anthonioz a légué : 2,000 francs à l'Associa-
tion; 400 francs à la Société philanthropique, et
plus de 300,000 francs aux Hospices, avec affecta-
tion spéciale aux pauvres vieillards, etc.
(Voir Compte rendu de l'Association , 1866,
20
p. 4-7, par Callies; Courriel^ des Alpes^ 21 juillet
1866, reproduisant le Mont-Blanc. Caiïe, p. 384
de 1866.)
Anthonioz Claude-François, desGets, d. m. t.,
11 mai 1780, père du précédent, est mentionné
sous le nom de Antlionion Claude-François, 45
ans, depuis 19 ans â Annecy, à la page 361 du
Dictionnaire des médecins français.
Anthonioz François- Auguste, d. m. t., le 3
août 1830, admis à VExtevnat le 16 décembre
1834, pratique à Taninges en 1858 et années sui-
vantes.
Anuci (M*" Jehan) , licencié en médecine, méde-
cin de la ville de Chambéry, le 14 février 1431, ne
fut en charge qu'en passant entre Lamayrolla et
Gervinus rappelé. (T. C, Cliambéry àlajîn du
XIV' siècle, \^.2^Z.)
Anzo (de) Thomas. « Barbitonsor Domini » en
1535. (Le Duc Charles III.) Note de T. Chapperon.
Arbario , chirurgien appelé auprès du Père
Monod, prisonnier et malade i\ Miolans, en 1643.
(Voir p. 129 de Miolans, prison d'Etat, par Du-
four et Rabut.)
Arestan, de Chambéry. Deux médecins de ce
nom, le père et le fils, signent comme jurés, en
1686, une réponse au Sénat contre le laboratoire
de Copponay.
Armand Jean -Louis -Vincent, né au Cheyla
(Ardèche) en 1797, mais originaire de Savoie, a
écrit sur l'épilcpsic et sur le choléra (Genève, 1867).
Mort, le 10 mai 1875, peu après avoir célébré ses
noces cVor au milieu de ses dix enfants et d'un
grand nombre de petits-enfants, à Champagneux
(Savoie), chez M. Galland, l'un de ses gendres, à 76
ans; mort d'une pneumonie contractée en faisant
l'ascension de Saint-Maurice-de-Rotherens pour
y visiter le curé de la paroisse, qui était malade.
(VoirCafïe, p.254del875.)
■ Armand Joseph, de Grésy-sur-Isère, d. m. t., le
7 juillet 1832.
Armand. U Annuaire de l'an xni indique un
chirurgien Armand, àModane. On trouve en effet
à la page 363 du Dictionnaire des chirurgiens
français : « Armand Pierre, de Briançon (?), 60
(( ans, chirurgien de Turin en 1776 , depuis 26 ans
« à Modane. »
Armand Jules, neveu de Joseph, d. m. p., en
1878 : De l'extension continue comme traitement
de la coxalgie che^ les enfants. (Paris, chez Pa-
rent, 96 p. in-8°.) Succède au docteur Ducrest,
démissionnaire et destitué en 1879, à la Maison
Centrale et dans ses autres postes.
Arnal Gabriel, successeur duD'" Girin à Beau-
fort, à la fin de 1882, après un an d'interrègne,
D. m. p. , a été appelé dans cette vallée par des rela-
tions de famille à Chevron.
22
Arpin Charles, médecin, professeur de cosmo-
graphie, conseiller du Duc. {Auteurs civils de
Mont-Rëal, I, folio 23, â'^ p. et ms. T. Chapperon,
p. 56 du 4"= cahier.)
A publié : Synopsie du pays de Piémont et
des Alpes avoisinanteSj avec des annotations à
un Traité des bains j 1614. Cet ouvrage est indi-
qué par Bonino sous son vrai titre latin, avec la
note s. 1. n. d. L'auteur était né à Poirino. Mala-
carne donne sa bibliographie (1).
AuDACio (Georges de), deMontcalieri, piémon-
tais, comme plusieurs de ses collègues à Chambéry,
fin du XIV®, paraît avoir été un apothicaire de cer-
taine importance, puiscjue c'est dans son maga-
sin que se réunit le conseil de ville, le 13 mai 1426,
pour élire un médecin de ville. (T. C, p. 232.
Chambéry à lajîn du XVI'' siècle.)
Aude Charles, d. c, membre du collège des mé-
decins de Chambéry (1684), syndic dudit collège
par délibération du 11 janvier 1685 j signe en
cette qualité en 1686 la Réponse, etc., contre
Copponay, devint vice-doyen dudit collège en
1692 (ms. donné à la Société médicale de Cham-
béry par ]\I. Edouard Guillermin). V. aussi Saint-
Genix, 22, 483.
Copponay cite Odé (sic) et Georges comme deux
victimes de la saignée et de Vhémétique.
(I) Bibl. Mcd . uiitùiieuro au xvi' siècle.
23
Aude Jean Louis, vaccinateur à Chambéry en
1823 et 1826.
Nota. La rue Aude à St-Cloud n'a rien de com-
mun avec les Aude de Savoie.
AuDOUY (de Marseille?) figure dans les An-
nuaires comme médecin-inspecteur des Eaux de
Challes en Savoie (18G9-72).
AvET Philibert-François , médecin à Oullins
(Rhône), né le 28 avril 1797 à Talloires, de J.-B*«
Avet et de Bernardine Golliet, de Manigod, a quitté
Talloires de bonne heure pour aller pratiquer à
Menthon , village voisin, puis à Oullins, 'où il s'est
fait naturaliser le 9 octobre 1833. (Voir : Natura-
lisés de Savoie, par Albrier, p. 409, du vol. XV
de la Soc. sav. cVhist. et d'archéologie.)
Avet Jean-Baptiste, officier de santé, père du
précédent (1).
Baillix (sic), peut-être faut-il lire Bailly ou
Bally?
A Chamoux, en 1858 encore, et déjà en 1819,
il parait être l'officier de santé indiqué par Y An-
nuaire de l'an xni à Saint-Pierre-d'Albigny.
(1) Le berceau des Avet de Tarentaise, qui ont fourni lo
garde des sceaux du roi Cliarles-Albert, le général son flls,
l'écrivain son frère, etc., estàTliônes; c'est sans doute aussi
celui des Avet de Talloires.
24
Bally Jean- François, de Tliônes, fils de Jean-
Antoine, D. c. T. , le 31 décembre 1788, né en 1757,
mort le 5 novembre 1826.
Bally Joseph-Marie , né et mort à ^^errens-
Arvey (12 mars 1822, 14 janvier 1877), d. m. t.,
le 9 juin 1849.
La biographie de ce sympathique confrère a été
donnée par le D'' Ducrest (Assoc. méd. de la Sa-
voie, 1877, p. 30 à 41) en des pages bien dignes
du modèle et du peintre. Caffe n'a fait que le men-
tionner, p. 31 de 1877 (1). Nous nous garderons
de refaire ce qu'a si l)ien fait le D"' Ducrest.
Balthazard (Louis de), de Gachêo. Originaire
de Savoie par sa mère, Marie Despine, fille du D'"
Ch.-H.-A., a commencé ses études médicales à
Reims. Aide-major stagiaire au Val-de-Grâce,
D. M. p. en 187G. Thèse : Etude sur le tubercule
sous-cutané douloureux (35 p. in-8-).
Bard Gaspard, d. m. t. en 1790, reçu aussi à
Paris. Né à Morillon en 17G9 , mort à Thiez en
mai 1833; fut attaché comme médecin à l'armée
du Rhin, se fit ensuite nommer receveur particu-
lier de l'arrondissement de Thonon, puis de celui
de Bonneville, où il se remit à prati(iuor la méde-
cine en 1812, et fut vaccinateur officiel en 1823.
Barret ou BioLET. (Voir ce dernier nom.)
(1) Joiinial (tes connaissances médicales et /ilnirmaccu
tiques.
25
Barthélémy , physicien (médecin) de la prin-
cesse Yolande au xv'' siècle. (Y. Biolet.)
Barthélémy Pierre, physicien. Obit. de Saint-
Jean de Maurienne , mort le l'''' novembre ( pas
d'année) , donne 26 florins au chapitre pour le
souper de la fête de la Toussaint. (Truchet, Mé-
moire acacL, tome P'', 4® série, p. 57.)
Basin Auguste , né à Leysse prés Chambéry,
D. M. p. le 9 novembre 1865. Thèse : De la bleii-
norrhagie aiguë et chronique.
Le 24 juillet 1874, second chirurgien-adjoint à
l'Hôtel-Dieu, et adjoint désigné pour les incurables.
Lauréat de l'Académie de Savoie (prix de poé-
sie, fondation Guy) pour son poème : Les derniers
jours d' un peuple (1878-79).
Lauréat de la Société florimontane d'Annecy,
(fondation André vetan).
A signé du pseudonyme Auguste Delès : Le
gendre de Locuste (1878^ chez Châtelain à Cham-
béry, 56 p. in-8°), étude en prose sur l'époque de
Néron, dont la dédicace au D'' Guilland, rappelle
un incident du Concours de poésie de 1876.
Protecteur des enfants assistés en 1880.
Basin François, frère puiné d'Auguste, élève
an Val-de-Grâce, docteur en juillet 1881.
Baud Jean-Marie, né à Saint-Félix le 16 juil-
let 1776, mort à Louvain le 11 mars 1852, a été
l'objet do notes nécrologiques par Cafïo (p. 415 de
la 19^^ année, mai 1852 et encore à la page 110 de
26
18G3). Une Notice sur lui a été publiée à Louvain
en 1853. Mais elle est peu répandue, difficile à
trouver, et la note de Gaffe plus riche en docu-
ments se borne à peu près à mettre en relief son
refus d'accepter les fonctions de médecin du Roi
Guillaume, puis de Léopold. Gaffe rapproche ce
noble trait d'indépendance et de désintéressement
de celui qu'un autre Savoyard, Ducis, opposait un
jour à l'offre d'une voiture par Napoléon P'', mon-
trant à ce dernier un vol de canards sauvages qui
traversait à ce moment l'horizon et invoquant pour
lui-même l'analogie d'humeur avec ces libres
voyageurs.
Ge fait est reproduit dans le journal l'Italie du
21 février 1882, d'après : Mémoires intimes sur
la Malmaison.
Nous croyons utile d'analyser ici l'étude inédite
offerte à la Société de médecine de Ghambéry
par le D'' Frédéric Brunier, son élève à Louvain,
pour laquelle il put puiser dans la correspondance
de son père, ami du D'' Baud, indépendamment de
la Notice publiée à Louvain. (Archives de la So-
ciété, n° 165.)
Baud Jean-Marie, d. m, p., fut recteur magnifi-
que, doyen et professeur à l'Université de Louvain,
ancien chirurgien-major des armées de terre et de
mer de France, médecin du Roi des Pavs-Bas et
des Belges, membre du Gonseil municipal de Lou-
vain, de l'Académie de médecine do Belgique, etc.,
président de la Gommission médicale de Lou-
27
vain, etc., décoré de l'ordre de Léopold, du Lyon
néerlandais, des saints Maurice et Lazare, etc.
Son père, syndic de Rnmilly , chargé d'une
n(3mbreuse famille, confia son éducation à un ec-
clésiastique dont Baud garda toute sa vie un pieux
souvenir. Après avoir brillamment terminé ses
études classiques au Collège de Rumilly, il se
disposait à concourir pour une bourse au Collège
de Savoie, fondé à Louvainpar Eustaclie Chapuis,
d'Annecy, lorsque survint la Révolution française :
singulier rapprochement ! les événements lui re-
fusent une modeste place d'étudiant dans l'Uni-
versité dont il devait être une des plus grandes
illustrations !
Baud passa donc à Grenoble, y étudia sous le
célèbre Villars, qu'au l^out de deux années il sup-
pléait déjà lorsqu'il se trouvait empêché. En 1799,
i] était chirurgien militaire au l'^'' régiment d'ar-
tillerie à cheval; mais, déjà auparavant, il avait
pris part aux premières campagnes d'Italie, mé-
rité l'amitié de ses collègues Broussais et Reille,
et subit le typhus pétéchial au siège de Gènes.
Après un congé de convalescense passé dans sa
famille, à Alby, il reprit son service, sollicitant
sans cesse son licenciement, afin de pouvoir venir
compléter ses études à Paris et y prendre son doc-
torat, entraîné par les événements à l'armée d'ob-
servation de la Gironde , parcourant l'Espagne
(1801) avec le 2" bataillon de la 92^ brigade, échap-
pant â mille dnngers grâce à un reliquaire que lui
28
avait donné une jeune veuve, et dont l'exhibition
lui servait de passeport dans cette catholique
contrée, et obtenant enfin son congé (mars 1802)
pour se rendre à Paris. Mais au commencement de
juillet 1803, après quelques mois d'école, il en
repartait faute de la somme nécessaire à payer ses
examens, et revenait à Alby dans l'intention de
s'y fixer comme officier de santé. Comment, « dans
(( ce pays le plus misérable qui existe, » trouva-
t-il les ressources qui lui avaient fait défaut ? Le
fait est qu'il retournait à Paris dès la fin de l'été,
y partageait la chambre et le bois de son ami
Brunier, et était enfin reçu docteur le 30 ventôse
an xn (21 mai 1804), donnant pour thèse ses Con-
sidérations médicales sur le tétanos. »
Peu après il entrait dans le service de santé de la
marine, et était attaché au port de Brest (1804-5),
comme major de 2'' classe, d'emblée et sans avoir
encore navigué, quoique cette condition fût régle-
mentaire. C'est sans doute ce qui a fait dire par er-
reur dans la biographie qu'il avait prit part à l'ex-
pédition de Saint-Domingue (1802-3). Il était en
octobre 1808 devant Caprée et y méritait l'amitié
de Lamarque qui la lui conserva toute sa vie. En
1812, il fut attaché au port d'Anvers, et y resta
chirurgien en chef de l'hôpital Saint-Bernard jus-
qu'à hi chute de l'Empire. C'est dans cette ville
qu'un chirurgien de marine , Savoisien comme
lui et dont nous n';ivons pu retrouver le nom, ayant
été traité par un olhcier de f... Savoyard, Baud
29
prit fait et cause pour son camarade et blessa
grièvement en duel l'insulteur. Autant en advint
d'un second qui voulut prendre sa défense ; si
bien qu'un ordre du ministre de la marine inter-
vint pour défendre à Baud d'accepter des duels et
aux officiers de lui en proposer.
Subissant la défaveur dont la marine était l'ob-
jet, sous Napoléon I"' , Baud, malgré son mérite
et ses longs services, n'en avait reçu aucune dis-
tinction honorifique, trop indépendant, au reste,
pour les aider à lui parvenir. Après 1811, il se re-
tira à Bruxelles, auprès du professeur Curtet ( de
Chaumont en Savoie) , qui le décida à prendre du
service dans le nouveau royaume des Pays-Bas.
Envoyé à Bois-le-Duc (Hertzogen-Bouh), en qua-
lité de chirurgien en chef , il était occupé à orga-
niser un grand hôpital militaire, tandis qu'on se
battait à Waterloo, et eut ainsi le bonheur de ne
se pas trouver dans les rangs opposés â ceux où il
avait servi pendant plus de vingt ans.
Lorsqu'en 1817 se rouvrit l'Université de Lou-
vain, les règlements prévenaient que les cours
d'anatomie et de chirurgie se feraient en latin,
(comme naguère encore à Turin) , et Baud fut
nommé Lecteur j, sur le refus de Curtet qui ne
voulut pas quitter sa belle clientèle de Bruxelles,
uniquement parce qu'il savait le latin, ou plutôt
parce que les chirurgiens belges ne le savaient pas.
Mais ses connaissances spéciales le firent bientôt
nommer Professeur extraordinaire ^ puis, en 1821 ,
30
Professeur ordinaire et, en 1828, Recteur magni-
fique. Dans cette place, il fit le meilleur usage de
la faveur dont il jouissait auprès du premier mi-
nistre Van-Malien.
Lors de la Révolution de 1830. Baud demanda
un congé et voyagea en France, en Italie et en
Savoie. Il reprit ses cours en 1821, présida en
1832 la Commission envoyée en Angleterre pour
y étudier le choléra; et, en 1833, après avoir traité
le duc de Brabant, il fut fait doyen de la Faculté
de médecine et êchemn de Louvain. Il prit comme
président la part la plus active au projet de loi
qui régit encore en Belgique l'exercice de la mé-
decine et obtint — non sans beaucoup de peine —
la régularisation des comptes de la fondation
d'Eustaclie Chappuis pour le Collège de Savoie à
Louvain. (Voir sur cette fondation la Revue savoi-
sienne.)
En 1835, l'Université du Gouvernement était
supprimée et remplacée par une Université libre
dite catholique. On s'empressa de lui offrir la
chaire de pathologie chirurgicale; mais sa délica-
tesse se refusant absolument à cumuler sa pension
de retraite avec le traitement d'activité, il céda la
première (3,000 francs) aux Hospices avec la même
générosité désintéressée qui lui faisait remettre
aux étudiants peu fortunés ses droits universitai-
res, et souvent ajouter h cette remise des dons de
livres, d'instruments et d'argent.
Baud mourut à Louvain le 11 mars 1852. Wle-
31
minck, président de l'Académie royale de méde-
cine, inspecteur général du service de santé, pro-
nonça l'éloge de son maître, « qui partout avait
« su se placer au premier rang, servir d'exemple
« à tous, conquérir les sympathies de tous... »
Baud, singulièrement instruit, en histoire et en
géographie, parlait et écrivait presque toutes les
langues d'Europe et s'était beaucoup occupé de
numismatique. Une élocution facile et un grand
charme d'expression donnaient à ses leçons un
vif intérêt et beaucoup de grâce à ses entretiens.
Il s'était fait, pour sa correspondance, un genre à
lui, qui avait parfois un piquant rabelaisien. D'une
taille moyenne , d'un physique singulièrement
agréable; il avait une vivacité pénétrante de re-
gard qui saisissait l'attention. Decaisne, le peintre
des Roï'Sj voulut faire, en 1832, le portrait de
Baud, et ce fut un chef-d'œuvre de vérité et d'i-
déalisation à la fois. Pour le physiologiste, sa tête
présentait un grand développement de la bien-
veillance, de la circonspection du langage et de la
causalité, avec un peu de saillie ou causticité.
Non moins apprécié comme praticien que comme
professeur, recherché comme ami , ses funérailles
réunirent tout Louvain, riches et pauvres. Un mo-
nument par souscription lui a été élevé dans la cour
d'entrée du nouvel Hôpital, et un autre à Héreut,
lieu de sa sépulture. De tels honneurs revêtent
une signification toute particulière quand on songe
qu'ils furent rendus par la Belgique à un étranger.
32
Son œuvre scientifique est considérable, citons :
1° Anévrisine vrai de l'artère fémorale^ suite
du hubon (Jour nal de médecine ^ 179G);
2° Sa thèse sur le tétanos^ dont il localise la
cause immédiate dans l'orachnioï dite spinale,
1804 ;
3° Invagination de l'intestin grêle; élimination
d'un fragment d'environ trois pieds (Journal de
Sédillot);
4° Réduction d'une luxation de l'appendice-
xyphoïde (Ibidem.) ;
5° Oratio inauguralis de laudibus quitus
cfferri potest memoria H. J. Rega, quondam in
Univ. Lovaniensi prof essor is. (Louvain, 1821,
32 p. in-4°.) Rcga a été le précurseur de Brous-
sais ;
6° Nosographie chirurgicale (mse.). Baud y a
pris l'initiative d'une classification philosophique,
et non plus topographique ; la bibliographie y est
fort riche. Ses leçons sur les plaies par armes à
feu étaient son chef-d'œuvre;
7° Grand cdlas d'anatomie (grandeur natu-
relle), publié à Bruxelles sous le nom de Curtet;
8° Température de l'eau pré/érable pour les
cicatrisations (14''), publié par Craninx , son
élève, etc., etc.
Baud employait pour les fractures un a/jpareil à
extension permanent^ supérieur à celui de Des-
sault, par la modicité du prix, la simplicité et le
parallélisme de l'effort à l'axe du membre. Il avait
33
devancé la suspension du memère généralisée plus
tard par Sauters et par M. INIayor. Il prenait la
taillée de la crête du tibia, dans les amputations de
jambe, par l'enlèvement d'un fragment triangu-
laire. Jules Guérin est un élève de cet ingénieur
orthopédiste. Aux ulcères atoniques des membres,
il apposait les bandelettes avec l'emplâtre de Vogel,
bien avant Pasero et les autres. Il fit conscien-
cieusement quelques essais de médication homéo-
pathique et obtint des succès qui lui faisaient dire :
« Il y a là-dessous quelque chose de vrai. »
Il a, dès 1822, conseillé la noix vomique clans
certaines diarrhées rebelles , employé les stupé-
fiants au moyen des cigarettes ou de la pipe, et
pratiqué la laryngotomie dans un cas de suffoca-
tion par maladie chronique du larynx, avec succès
complet.
Baudet Tobie, « chirurgien, bourgeois de Moù-
tiers , » signe un acte comme témoin, le 18 octo-
bre 1650, chez Bruet, notante.
Baudry Félix , de Grésy-sur-Aix , naturalisé
Français le l^"" septembre 1671, domicilié à Vil-
laine-en-Duesnois (Bourgogne). Il fut probable-
ment la souche d'où est sorti Baudry de Mari-
gny, seigneur de Villaine.... (Voir Albrier : Les
Naturalisés Soc sav. d'/iist. et d'arch., tome
XIII, p. 228.)
Bazile Prosper , médecin à Paris , l'un des
quinze enfants de Bazyle Aimé, né à Sainte-Foy
3
34
en Tarentaise en 1764, mort à Rouen en 1829.
Cette famille a donné, entre autres, Bazile du Clos
Joseph-Gabriel, conseiller du Roi. (Albricr : Les
Naturalisés. . . (Ibidem.)
Bazin Charles , aide-médecin de marine , no-
vembre 1877, né à Chambéry, décédé à Toulon le
3 mai 1879, à 23 ans, enterré à Chambéry le 6.
Bazin Pierre, médecin à Saint-Pierre d'Albi-
gny, où il a exercé, entre autres, les fonctions de
maire. Reçu docteur h Turin le 9 juin 1849,
C'est le frère de l'ingénieur Bazin André, chef
du service des Ponts et Chaussées à Dijon, honoré
d'une médaille d'or à un Congrès de la Sorbonne
pour ses travaux d'hydrologie. Il s'est utilement
occupé des eaux de Brides et de Salins, tandis qu'il
était ingénieur du génie civil k Moûtiers.
Beard Joseph, né et décédé â Rumilly, dans la
maison paternelle (1808-1872).
Malgré l'irrégularité de son diplôme (1), Béard
avait reçu dans sa ville natale le titre honorable
do Médecins des pauvres.
(1) Recours au Roi contre la sentence (/ne Je ciens de su-
bir dans mon dernier procès conune médecin; Chambéry,
chez Bachet, mars 1857. Il paraîtrait, d'après cet intitulé,
que l'on ne pourrait dire de Béard ce que Roger, président
général de l'Association des médecins de France, a dit en
1882 de Littré, qui j)rodiguait, comme Béard, gratuitement
et sans diplôme ses soins aux paysans de son village, que
« les médecins j)atentés des communes voisines ne songè-
« rcnt point à le poursuivi-e pour l'ait d'exercice illégal. »
35
Cette physionomie aussi sympathique comme
homme que comme poète a été retracée avec
charme et émotion par F. Descostes, son conci-
toyen, dans le Courrier des Alpes du 4 avril 1872.
Dans le même numéro, une correspondance de
Rumilly complète sa biographie.
Citons, parmi ses oeuvres imprimées, outre le
Recours : Napoléon Bonaparte, épopée. Ce frag-
ment, imprimé en 1844 , chez Saillet , à An-
necy, a été réédité en 1847, avec quatre autres
poèmes : Joséphine, Répudiation, Veto pontifical ,
Sainte-Hélène. ( Chambéry, chez Bachet, 80 p.
in-8°. )
Les Chansons patoises, bucoliques ou satyres,
au nombre de plus de 150, n'ont jamais été pu-
bliées, bien qu'elles se chantent dans toute la
Savoie. Qui n'a entendu : Curossé, les Bœufs,
Retour des bergers, la Pastenaille, etc. (1).
Beaumont Benoît, mécanicien bandagiste dis-
tingué à Lyon, membre correspondant de la So-
ciété de médecine de Montpellier, auteur d'un
Mémoire estimé sur la guérison des hernies ,
mort à Lyon en août 1843, à 73 ans, était né à
Chambéry. (Courrier des Alpes, 8 août 1843.)
Beaumont (de) Pierre, chirurgien, se charge de
visiter et couper les malades, c'est-à-dire percer
la plaie. (Truchet, ibidem, p. 514, 519.)
(1) Elles viennent d'être publiées dans la Revue savoi-
sienne, d'Annecy, 1887, avec une traduction française.
36
Bebert Joseph, de Cliambëry, reçu docteur à
Turin en 1856, mort à Chambéry le 5 mai 18G3, à
33 ans, fils du notaire Bebert, petit-fils par sa mère
du botaniste Bonjean, neveu do Bebert Pierre-
Antoine, professeur de chimie, et beau-frère du
géologue G. de Mortillet. (V. Caffe, p. 224 de
1863.)
Bellile Alfred-Humbert, de Chindrieux, reçu
docteur à Turin le 16 juin 1859, maire de Chin-
drieux en 1878, conseiller général le 27 avril 1879 ;
protecteur des enfants assistés en 1880 ; conseiller
do l'Association des médecins en 1881 ; vice-prési-
dent du Comice agricole, même année; mort en
1886.
Belloste Auguste, signait du titre de « méde-
cin de la Duchesse douairière de Savoie, son livre
intitulé : Le Chirurgien cV hôpital. (Amsterdam,
1807.)
Nous ne savons s'il était Savoyard.
Bellot Colomban, deLanslebourg, d. m. t., le
"^^ juin 1830. Bouvier l'a cité comme botaniste.
(Revue savoisienne.) (Etat civil).
Belly Louis, chirurgien à Chambéry. On le
trouve en 1747 et en 1760.
Berlier Pierre, ofiicier do santé, oculiste à
Lyon, né le 31 décembre 1775, à Serrières en
Chautagne, naturalisé Français le 17 avril 1822.
Albrier, dans ses Naturalisés (Soc. sav. d'hist-
37
etd'arch., t. XIII, p. 232, et XV, p. 380), rap-
pelle que la famille des Berlier est alliée aux Fois-
set, de Bourgogne, par le D'" Masson, et cite le gé-
néral Jean-Baptiste Berlier et le conseiller d'Etat
comte Théophile Berlier.
Bernard Sébastien-Joseph , ancien médecin
ordinaire des Hospices militaires, né le 14 novem-
bre 1758 à Modane , de Sébastien et de Jeanne
Durand, naturalisé le 13 mars 1816. (Albrier, p.
283 du t. XIII. Ibidem.)
Est-ce le même qui figure à V Annuaire de l'an
xni comme pratiquant à Chambéry?
Bernard Jean-François. Il y a encore celui que
donne le Dictionnaire des médecins, chirurgiens
et pharmaciens français (p. 303), avec les pré-
noms de Jean-François, » 49 ans, chirurgien de
(( Turin en 1785, depuis 17 ans à Aiguebelle. »
Bernard Jean-François a laissé à Aiguebelle le
meilleur souvenir d'un homme bienveillant, dé-
voué à ses malades, jovial et d'une bonhommie
malicieuse. En 1814-15, durant les rencontres en-
tre l'armée des alliés et l'armée française, il opéra
plusieurs soldats blessés.
Berthet Pierre-Denis-Justin , de Besançon ,
D. M. p. le 19 janvier 1833, mort le 4 juillet 18G3,
à Aix, où il s'était fixé après y être venu pour sa
santé.
A publié : Le Solitaire d'Aix-les-Bains, par
Pierre de Mirlori. Aix, Bacliet, 1861.
38
Aix-les-Bams : Ses Thermes, Traité complet,
descriptif et thérapeutique ; Chambcry, Puthod,
1862, 277 p. in-8°.
(Voir : Galette des EauXj page 289 de 1862;
Revue médicale, de Sales-Gisous , 15 décembre
1862; Association de Savoie j p. 2 de 1863; Gaffe,
page 319 de 1863.)
Berthet Aimé, né le 25 novembre 1806 à Bon-
villard (Grésy-sur-Isêre) de François, cultivateur,
et d'Agnès Cordel. Admis au Collège des Provin-
ces à Turin, ou il fut condisciple d'Armand Joseph,
de Grésy, il y prit son doctorat en 1830. En 1831,
se trouvant à Paris, il alla soigner les cholériques
dans l'Yonne, et se maria richement à Chagny, où
il est mort sans laisser d'enfants. Il s'était fait na-
turaliser le 28 septembre 1844. (Albrier, p. 440 du
t. XII.) Ses camarades de l'Université l'avaient
surnommé Jean-de-VOurs, à cause de sa remar-
quable villosité ou de ses allures rustiques, ou pour
ces deux causes à la fois.
Berthet Constant, de Chambéry, mort victime
de son dévouement au service des typhoïdes à
l'hôpital de marine à Toulon, où il se préparait à
la médecine navale. (Voir le Courrier des Alpes
du 13 juillet 1875. ) Le dernier adieu lui fut
adressé par son maître et concitoyen, le D'' Quê-
tant.
Berthet Constant, d'Aiton, interne aux hôpi-
taux de Lyon, tombé malade dans l'exercice de
39
ses fonctions, est mort à 23 ans , sépulture à Aiton
le 9 novembre 1881. (Courriel' des Alpes, 12
novembre 1881.)
Berthet Jean-Claude, né à Sainte-Hélène-du-
Lac le 15 novembre 1765, chirurgien- major de
rex-23® régiment de ligne, naturalisé le 23 février
1816. (Albrier, p. 278 du t. XII de la Soc. scw.
d'hist. et d'arch.)
Berthet Jean-Joseph, de Boëge, chirurgien à
Tmùn le 10 juin 1778.
Berthet Michel, d. m. t. le 1"' juillet 1829 (ou
1831?), admis à Vexerceat le 12 décembre 1834,
pratique à Boëge.
Bertholet Claude-François, de Talloires. La
biographie de l'illustre chimiste savoyard, dont
Cuvier a dit que l'Université de Turin avait donné
à l'Europe son premier chimiste, est partout :
Feller^ Bonino, etc. Le Dictionnaire des sciences
médicales {1S28), le dénommait <( Claude-Louis ».
Gril let le cite, t. I, p. 216, d'après le ms des ^zi-
teiirs cimls de Mont-Réal (IV, f^ 39 à 126; II,
f° 217). Replat a écrit la Biographie du comte
Bertholet; Annecy, Saillet, 1842 (16p. in-8°).
Il y a deux notices sur V Inauguration de sa
Statue à Annecy le 25 août 1844, l'une en 54 pa-
ges in-8° , chez Burdet à Annecy ; l'autre en 16
pages in-8°, chez Putliod à Chambéry.
Bertholet a soutenu sa thèse médicale devant la
Faculté de Paris en 1778 (in-8° de 28 pages).
40
Bertholet François-Marie , né à Collonges-
sous-Salôve, naturalisé français le 4 mai 1831.
Albrier (ouvrage cité) a pratiqué la médecine h
Saint- Amancl (Cher).
Bertholet... . de la Roehette, chirurgien, avait
la réputation d'un habile oculiste, et fut, à ce titre,
mandé auprès de Lavini, prisonnier d'Etat à Mio-
lan, en avril 1770. (MiolaUj par Dufour et Rabut,
p. 303-4.)
Berthoud Baltliazard, né à Albertville le 18
décembre 1807, d. m. m. 1832, interne des hôpi-
taux de Lyon durant 14 ans, exerça à Albertville
de 1843 à 1848, est mort à Paris.
Bertiiier Francis -Bertrand , d'Aix , fils do
Louis, D. M. p., 28 mars 1873 ; sa thèse, chez Pa-
rent, 88 p. in-8°, est : Des Eaux minérales de la
Savoie. . . .
A publié, en outre : The spas ofAix and Mar-
iiez, London, 1877, Adlard et Curchill (in-8° de
XVI et 159 p.).
Simple note sur le Traitement du rhumatisme
articulaire chronique par les Eaux d'Aix ; Aix,
Gérente, 1877 (16 p. in-8°, extrait des Annales
de la Soc. dliydrol. de Paris).
Secrétaire de la Société du Grand - Revard ,
a donné aux journaux et au Club alpin quelques
notes (1).
(1) Savoie tlwrnudc, 30 mai 1875. Bulhi'm ir'uncstricl
du Club (ilpi H français, p. 45 du IIF de 1875.
41
Article bibliographique sur le Traité de Morell-
Mackensie , clans la Revue de laryngologie , par
Meure; Bordeaux, l"" septembre 1880.
Berthier Louis-Sébastien, d'Aix, d. m. t., 4
janvier 1844, était licencié (p7'o doctor) en chirur-
gie dans la même Faculté dès le 23 juillet 1841.
Second inspecteur-adjoint de l'Etablissement ther-
mal en 1862; vaccinateur cantonal à la même date
jusc|u'en 1880 ; chevalier de la Légion d'honneur.
A publié : « Observations médicales sur les
Eaux d'Aix; » Chambéry, Putliod 1851, 44 p.
in-8°. a Remarques sur l'action des Eaux d'Aix
dans la phtisie pulmonaire ; » Chambéry , Pu-
thod, 1853, 16 p. in-8°. « Les Eaux d'Aix en
1856; )) Chambéry, Puthod, 1856, 20 p. in-8^
« Compte rendu des Eaux d'Aix en 1857; »
Chambéry, Puthod, 1858, 47 p. in-8°.
Bertrand Jacques, médecin à Saint- Jean de
Maurienne (156-162).
« II écrivit^ dit Grillet {\l\ , 285), par ordre de
Charles-Emmanuel P'", l'Histoire de Notre-Dame
du Charmet , pleine de couleur locale , et
intitulée : « Diva Virgo Charmensis; nova ejus
<( bénéficia et miracula » ; Lugduni, 1623, in-4".
Il y en a des traductions françaises par le Père
d'Orlié et par Mgr de Vilette-Chevron, archevêque
de Tarentaise. Bonino dit de même : (I, 364) « In
« questo libro contingonsi moite notizie sulli arti
« e sulla letteratura délia Muriana. »
42
Bertrand professait au Collège Lambertin, fonde
à Saint-Jean de Maurienne en 1570, par l'évêque
Pierre de Lambert. (D'' Mottard.)
Voir : Cli.-Aug. de Sales : (Diva Vtrrjn Char-
niensin).
Luc Walding : (Bibl.fratruni minoruin). Pa-
pillon : (Bibl. de Bourgogne) Moreri : (Supplé-
ment j second vol. p. 807. Et le ms. Auteurs civils
Mont-Réal , copie, T. Cliapperon (p. 20 du IV
cahier).
Bertrand... (un médecin) reçoit « 22 deniers
(( de composition, pour avoir été frappé au nez
(( d'un coup de lancette par le barbier Jean Clie-
(( valier). (Comptes de la cliàtelainie de St-Genix
et Cordon, 1391-94, aux archives de la Côte-d'Or.)
Bertrand Léonard, à Aix, chirurgien, mort à
57 ans, le 28 février 1664, avait eu de son ma-
riage avec Claudine Froment en 1638 :
Pierre, chirurgien à Aix, né en cette ville le 31
mars 1651. Il épousa Claudine-Françoise Bouquet,
le 13 novembre 1720, c'est-à-dire à 70 ans, et se
remaria, le 26 août 1737, à Charlotte Palatin. Mais,
trois mois après ce nouveau mariage contracté à
86 ans, il mourait le 8 décembre 1737.
Claude...., cet autre chirurgien du nom do Ber-
trand, est mort le 26 avril 1686, à Aix.
Besson (Elisabeth, fille d'un) « médecin îi Seys-
sel , » épousa, le 25 janvier 1712, C.-G. Paget.
43
(Voir C. Duval, la famille Paget ^ dans Revue
savoisienne, 1881, p. 38.)
Besson Fortunat-Marin, né à Saint-Jeoire en
Faucigny, en 1 806, y est mort le 28 décembre 1876.
Elève du Collège des Provinces à Turin, y fut
reçu D. M. T. « inter optimos » (examen du 21
juin 1833), le 10 juillet 1834.
Maire de Saint-Jeoire , conseiller provincial ,
après avoir été un instant professeur de belles-
lettres au Collège de Mélan, où il compta parmi ses
élèves les plus affectionnés l'ingénieur Sommeil-
ler , ce confrère distingué a une l)elle page dans le
compte rendu de l'Association de la Haute-Savoie
(1875, p. 16, 18).
Besson Joseph, de Chambéry, d. m. t., 5 juin
1833, revint se fixer dans sa ville natale en 1838.
Médecin de l'Asile de Saint-Benoît, de l'Hos-
pice de Mendicité, de l'Hospice des Incurables, de
la succursale s ji3liilitique ; chirurgien en chef de
la Maternité, professeur d'anatomie à l'Ecole se-
condaire de ChamlDéry , professeur d'accouche-
ment pour les élèves sages-femmes ; trésorier de
l'Association des Médecins du département durant
ses premières années ; membre et Président du
Conseil départemental d'hygiène.
BiANCO, chirurgien-major au régiment de Sa-
voie , en 1789 (Miolan, par Dufour et Ral)ut,
page 371) , probablement de la famille Bianco ,
fixée à Année v.
44
BiBAL Antoine, docteur en médecine à Saint-
Jean de Maurienne, né dans le Languedoc, était
venu s'établir, pendant la domination française
(153G-1547), à Saint- Jean et y avait acquis une
grande considération. Il y épousa Noble Antoi-
nette. Il est signalé par Peletier dans son poème
La Savoie. Il figure le 30 juin 1565 à une conven-
tion entre les syndics de cette ville et des gens
chargés de nettoyer les maisons infectées pendant
la peste. (Truchet. Ibidem^ p. 514, 529.)
BiLLOD François, d'une famille d'ancienne bour-
geoisie d'Evian, y exerça de 1815 à 1835, et y mou-
rut; avait pris son diplôme à Paris sous l'empire.
BiLLiOTTET Jean-Maurice, né le 29 novembre
1780, à Bourg-Saint-Maurice ( Tarentaise ) , prit
son doctorat à Paris le 27 novembre 1806. Sa
thèse (Didot, 28 p. in-4°) est dédiée à sa mère, à
son frère, à J.-G. Lâchât, ancien notaire à Bourg-
Saint-Maurice, (( son bienfaisant directeur. » Elle
a pour titre : « Dissertation sur la phtisie pulmo-
« naire et sur l'emploi du lait dans son traitc-
« ment. »
Après avoir débuté dans son pays, il alla s'éta-
blir à Saint-Laurent de Chamousset (Rliône), et
se fit naturaliser le 27 juin 1831. Aussi estimé et
aimé comme homme que comme médecin, cheva-
lier de la Légion d'honneur, il est mort à Saint-
Laurent laissant sa belle clientèle à son neveu, le
D"- Paget.
45
Envoyant, le 20 janvier 1854, une Imitation à
sa jeune parente, M^'^L., près d'épouser notre dis-
tingué confrère, D'" F., il lui écrivait : « Dans la
« saison d'automne, la chaleur du sentiment se
« ressent de l'abaissement de température atmos-
« pliérique, et les idées n'ont plus la fraîcheur du
« printemps.... » -
Après cet aveu que démentait gracieusement
sa lettre pleine d'une chaude, intelligente et ju-
vénile afîection, il citait à sa fiancée c^uelques vers
de Marc- Antoine Petit, son ami d'université, sur
les consolations qu'un médecin a besoin de trou-
ver auprès de sa femme.
BiLLiouD, D. M. p. 1846, inspecteur des Eaux
de Saint-Gervais, dès l'annexion; vice-président
de la Société d'hydrologie de Paris en 1878, mort
subitement à Paris en juin 1883.
A publié : <( Etude sur les Eaux médico-ther-
males de Saint-Gervais. » (Baillière.)
Le D*" Deligny, son confrère à Saint-Gervais, a
annoncé sa mort dans le Journal d'AiXj dès le l^""
juillet 1883.
BiOLET alias Barlet Barthélemi, qualifié mes-
ter, était médecin de la duchesse Yolande. Sa
femme Anne, reçut de la régente un anneau d'or
pour étrennes en 1467.
Il reçoit lui-même une bague d'or en 1472, sa
femme , une bague en 1474. (Rabut et Dufour,
Les Orfèvres.)
46
BiRON Joseph, de Cliambéry, né le 12 juillet
1816, mort le 12 avril 1866, à Atfé (Mahinardié),
où il était médecin de l'Hôpital après avoir été
médecin en chef de la province d'Assiout, et avoir
servi 27 ans le gouvernement égyptien dans la
Haute-Egypte et le Soudan. Notre condisciple et
ami au collège royal tenu par les Jésuites de Cliam-
béry ; passa à notre Ecole préparatoire ; il s'adon-
nait dès lors avec passion à la chimie et à la bota-
nique. Passé ensuite à Lyon, il y obtint, en troi-
sième année, le prix de pathologie interne. Guilland
le retrouva en 1842 à Montpellier, où il venait de
prendre ses grades.
Sa correspondance d'Egypte restée aux mains
de M™'' Bochet, veuve du pharmacien , sa sœur,
reflète avec son ardeur scientifique et sa foi reli-
gieuse, les poétiques et rêveuses impressions de
l'Orient.
Dans sa lettre du 24 avril 1850, datée de Kar-
toum, il annonce, après trois années de silence, sa
grave maladie dans le Kordofan, et son mariage. Il
salue son bon ami Guilland, « qui lui fit la conduite
à son départ d'Europe... » Dans celle du 25 dé-
cembre 1865, qui fut la dernière, il venait de per-
dre sa femme du choléra, et lui-môme souffrait de
l'asthme qui avait déjà failli l'enlever dans le
Kordofan : « Les dattes, ajoutc-t-il, plus encore
que le climat, m'ont rappelé de la tombe où j'étais
déjà à demi-plongé.
Voir : IJ Egypte, journal d'Alexandrie , 15
47
avril 1866; le Courrier des Alpes du 2 août (D""
Micliaud); Caffe, p. 461; Revue savoisienne, dé-
cembre 1876 (( Les Savoyards en Egypte » par
E. Tissot, l'ingénieur annessien qui y a laissé de
si honorables souvenirs.
BiRRAUD.... né à Bernex près d'Evian, reçu à
Paris à la fin du xviii^ siècle, vint à Douvaine sous
l'Empire, et y mourut en 1824.
Blanc Louis, né à Sallanches en 1813, fils du
D'" Louis, D. M. T. en 1837, fixé à Aix en 1839 par
son mariage avec l'aînée des trois demoiselles Bi-
met, dont les deux sœurs épousèrent : l'une, le
D'- Petit Joseph, d'Albertville; l'autre, le D^ Mag-
delain Philibert, de Sallanches.
A publié, à son tour de présidence de la Com-
mission médicale d'inspection, le rapport sur la
saison de 1855. Paris, Jérôme Didot, 1856 ; 56 p.
in-8°, mort le 30 juillet 1863.
Nécrologie par le D'" Guilland, au Courrier des
Alpes, 5 août 1863, et par Calïe, p. 351 de la même
année.
L'un des administrateurs du Cercle d'Aix, con-
seiller municipal, organisateur et chef du premier
corps de musique qu'ait possédé la ville d'Aix,
Blanc a témoigné partout de son dévouement civi-
que, de son jugement droit, de son libéralisme
éclairé, de son cœur affectueux et bon.
Blanc Léon, fils de Louis, né à Aix le 8 avril
1841; D. M. p. le 14 mai 1867.
48
Sa thèse a pour sujet « le souffre et les sulfu-
reux dans les syphilis. (Mention honorable.) Il
a donné une nouvelle note sur le même sujet à la
Soc. méd. de Chambéry, ainsi qu'un « Compte
rendu de l'ambulance fixe des Capucins, » p. 13 à
37 du Bulletin de 1873.
Il a été appelé, comme son père, à l'administra-
tion du Cercle et de la connnune; adjoint au maire
en 1879.
En 1880, il a accepté l'inspectorat des bains
d'Aix, vacant par la destitution du D"" François
Vidal, et refusé par le D"" Max. Legrand... Aucun
de ses confrères n'ayant accepté d'être adjoint à
V Inspecteur, le ministre a envoyé de Paris, avec
ce titre, en 1881, le D'' Puistienne.
« Rapport sur les Eaux thermales d'Aix en Sa-
voie pendant l'année 1880. Etablissement thermal,
considérations pratiques sur le mode d'emploi et
sur l'action des Eaux d'Aix et de Mariiez. » Paris,
A. Delahaye, 1881, 4G p. in-8° et plans en deux
planches.
Blanc est médecin de l'Asile évangélique, men-
bre du Conseil d'hygiène, président de la sous-
section d'Aix du Club alpin.
Il publie en 1883 : a The minerai waters of Aix
and Mariiez, practical considérations ou their ac-
tion and application. »
Blanc Jean-Baptiste , né à Bcaufort , 1812,
D. M. T. le 19 juin 1833, l'un des délégués d'ar-
49
rondissement de l'Association des médecins du
département; médecin à Aiguebelle jusque vers
1844, puis à Albertville; fils du notaire.
Blanc Joseph-François-Léon, fils de Jean-Bap-
tiste, ofiicier de santé à Grenoble en mai 1878,
fixé à Albertville en 1879, retourne ensuite â Paris
et y présente sa thèse pour le doctorat en 1881 :
« Du traitement de la fièvre typhoïde par le calo-
mel, le salicilate de soude et le sulfate de quinine. »
Paris, imp. Parent, 57 p. in-8°.
Blanc Charles- Jacques, de Chambéry, profes-
seur d'anatomie à l'Ecole secondaire de Chambéry,
oncle de l'ambassadeur Albert Blanc, dont le père
exerçait la pharmacie à Chambéry.
Blanc François, de Conflans, officier de santé ,
(Annuaire de l'an xiii), médecin de l'Hospice et
des Prisons. A fait insérer au Journal de Savoie,
n° 11 de 1818, une « Note sur les insectes qui at-
taquent les céréales. »
Il était né à Faverges en 1765, fut chirurgien
militaire durant les guerres de la République, ren-
tra à Ugines â la paix, passa ensuite à La Chambre,
d'où il vint se fixer définitivement à Conflans, où
sa nomination aux Prisons (Pat. Roy.) est du 6
juin 1817. Il y est mort en octobre 1840.
Blanc François , chirurgien à Chambéry, teste
en 1738.
Blanchet Gaétan, né â Evian en 1849, neveu
paj- sa mère des Davet; aide-major aux Mobiles de
4
50
la Haute-Savoie en 1870-71, épousait en 1878
M"*" Berthe Dupraz, fille de son honoré et regretté
confrère d'Evian, et mourait en 1881. (V, Asso-
ciation de la Haute-Savoie^ p. 14-15.)
Bo Jean-Baptiste, docteur en médecine à Cham-
béry, 1748. ( Reg. de l'Etat civil.) Il eut cette an-
née un fils dont le comte Ponticelli, premier mé-
decin de l'infant Don Philippe , fut parrain.
BoccA Joseph -Antoine , premier médecin à
Chambéry en 1581. (Chapperon. Chambéry au
XI V^ siècle, page 221.)
BocELLiN Pierre, de Savoie, professeur de chi-
rurgien^ a écrit en langue du pays (?) : (( Prati-
tique sur l'infirmité contagieuse de la lèpre, »
Lyon, 1540. ( Bonino, I, 187, et ms, Mont-Réal.)
BoEjAT François, « de Taninge (en Piémont
(sic), 52 ans, médecin de Turin en 1792, exerce à
Chêne, près de Genève, depuis dix ans, a été méde-
cin de l'hôpital civil de Sallanches de 1775 à 1790,
puis de celui de Carouge. » (Dictionnaire des niéd.j
chir. et phar m. français j p. 266.)
BoissET Pierre, l'aîné des dix enfants de Marc-
Antoine, pharmacien de Chambéry, que leur père
eût voulut voir tous pharmaciens ou pharmacien-
nes comme lui (Bonino).
Né à Chambéry le 9 août 1749, mort le 6 jan-
vier 1805. Il étudia d'abord la chimie â Montpel-
lier et k Paris et se fit recevoir pharmacien. Mais
51
ayant en 1779 publié à Turin sa « Lettre conte-
nant l'histoire et un essai d'analyse des Eaux de
la Boisse pour servir de réponse à la brochure de
M. Chartaignier , de Lyon, » 69 p. in-S", chez
Priolo, cet ouvrage lui valut une médaille d'ordiW.
Roi Victor- Amé III, qui voulut faire les frais de
son instruction médicale. Il fut à Turin l'hôte du
marquis de Brézé, passa son doctorat en médecine.
Il fut l'un des médecins de l'Hôtel-Dieu en 1786,
sa bibliothèque passa à son frère Bernard, puis à
son neveu, le D'' Chevallay, qui en a fait don à la
Société médicale. L'Académie médicale de Turin
le nomma correspondant le l""'' février 1781.
Le D'' Dominget écrivait à Bonino que Pierre
Boisset « professa avec distinction la physique
et la chimie à l'Ecole Centrale du Mont-Blanc;
mérita l'estime et l'amitié particulière de Berthol-
let; et, bien qu'il jouit auprès de ses confrères et
dupublicd'une haute réputation d'observateur pro-
fond et de praticien habile, ne laissa presque rien à
ses héritiers, tant sa charité était inépuisable.... »
Voir le ms. Mont-Réal et C happer on j,-^. 8 du
second cahier, f° 71. Grillet, II, 248, et 1,217, et
surtout Bonino, II, 330-32, qui a dissipé l'obscu-
rité subsistant dans les autres biographes par suite
du nombre des pharmaciens Boisset, contempo-
rains. En effet :
Marc-Antoine, le père, qui mourut en 1797,
avait été pharmacien en chef dans l'armée espa-
52
gnole. Outre Pierre, d. m. et professeur , il eut,
de son mariage avec Rose Fal^ry, d'Aix en Pro-
vence, morte à 29 ans, en 17G3, des suite de sa
dernière couche (T. C. Généalogie.) : 1° François-
Joseph-Antoine , 1753; 2° François- Antoine ,
1755, pharmacien à l'Hôpital militaire de Chara-
béry; 3° Bernard, 1763-1833, officier de santé,
visiteur des pharmacies, marié à Joséphine Am-
phoux, morte en 1860; enfin, cinq filles, qui, ainsi
que leurs cinq frères, furent plus ou moins phar-
maciennes.
Boisson Jean, chirurgien au Châtelard en Bau-
ges, y épousa Jeanne Bouchot, dont il eut un fils
J.-B., né le 6 novembre 1719 et décédé le 30 no-
vembre 1749.
BojON Jacques-François, fils de François-Marie,
greffier du mandement, né à Rumilly le 4 janvier
1808, D. M. T., décédé à Rumilly le 19 mai 1840.
BoLLiET Claude, d. m. à Aix, mort le 26 septem-
bre 1674, avait épousé Claudine Favre.
BollietJ., d'Aix-les-Bains , d. m. m. Il a pu-
blié :
« Contribution à l'histoire des pansements anti-
septiques et du pansement ouato-phéniqué, par J.
Bolliet, délégué à l'épidémie de fièvre typhoïde de
St-Banzille-de-Putois, août 1880. » Imp. Firmin
et Cabiron, 1881; 88 pages grand in-8°.
BoMPARD Alexis, d. m. m. On a de lui :
53
« Quelques considérations sur la vaccine. »
Montpellier, an ix, 1801.
Nota. Cette thèse est à la Bibl. acad. (Patria.)
Le D'" Alexis s'était fixé à Paris où il est mort. Sa
famille, originaire des Hautes- Alpes, s'était étalDlie
à Albertville et avait contracté des alliances avec
les Perrier de la Bcàtliie et les Désarnod.
BoNE Félix, de St-Gingolph, avait commencé
ses études médicales à Chambéry en 1832.
Bon (Boniface) Castalis, médecin à Chambéry
en 1343, témoin au testament du comte de Savoie.
(Chambéry à la fin du XI V siècle, p. 231.)
Boni (Magister), médecin à Chambéry en 1390.
(Ibid.) C'est sans doute le même. Il est aussi cité
par Menabrea (Histoire de Chambéry) : « Magis-
ter Bonus, physicien du Comte. »
Bonn A, de St-Jeoire en Faucigny, étudiait en
1838 la médecine et était attaché à l'Hôpital de
Nice, avec Rophile, dans le service du D'" Jarrin;
s'occupait avec succès de botanique, n'a pas pris
ses grades.
BoNAFOus Mathieu, né à Lyon et mort dans
cette même ville en mars 1852. (Voir Cafîe, p. 555
du vol. 1851-52. Acad. de Savoie^ t. II de la 2^"
série, p. xxxni-vi. — Fraisse : Discours prononcé
sur sa tombe. Acad. d'agriculture de Turin, vi
(Despines). Acad. de Lyon, éloge primé. Dict.
Larousse.
54
Bonafous a beaucoup écrit comme agronome et
comme biographe : la Savoie a une grande part
dans ses publicatiens et aussi dans ses libéralités
en faveur de Saint-Jean de Maurienne, où était
mort son grand-père en 1771 ; création d'une bi-
bliothèque et d'un jardin expérimental, legs pour
une statue à Fodéré, etc. La ville de Turin a été
son héritière.
BoNiFACE (maître), « medicus et silurgicus »
de Mgr le comte de Savoie.
Sept florins pour sa robe (1349-50) et une in-
demnité « pour dépenses faites en revenant de
France où il était allé avec le Comte » (1355-57),
figurent aux comptes de la Chàtelainie de Bourg.
(Archives de la Côte-d'Or.)
BoNjEAN Louis-François, né k Chambéry, mé-
decin à Rio- Janeiro.
Parti de Chambéry le 12 décembre 1837, Bon-
jean s'est fait une situaton de premier ordre au
Brésil. Il est membre honoraire de l'Académie
impériale de médecine de Rio- Janeiro, dont il fut
l'un des fondateurs , et membre agrégé de l'Aca-
démie de Savoie.
Il a publié : <( 0 medico e o cirurgiao du Roca :
nuovo tratado completo di medicina e cirurgia
domestica. » Rio-Janeiro, 1847, 2 vol. in-8°, pi.
« Entretien sur les soins à donner en attendant
le médecin. » Chambéry , impr. du Gouverne-
ment, 1852.
55
Cette brochure est le résumé d'un cours pro-
fessé à la Société d'Instruction Mutuelle de Cham-
béry, durant un séjour qu'il fit à cette époque
dans sa patrie.
La famille Bonjean, originaire de la Côte-d'Aime
en Tarentaise, s'est fixée à Chambéry dés le xvr siè-
cle. Leurs patentes de bourgeoisie datent de 1555.
Bonjean Joseph , membre de l'Académie de Sa-
voie, auteur d'ouvrages nombreux sur les eaux
d'Aix, de Mariiez et de Challes, sur l'ergotine, la
rage, etc., représente la 12'' génération de phar-
maciens dans cette famille. On voit : « Jean-
Claude fils de Louis , aposticaire et bourgois de
Chambéry , propriétaire d'une maison rière les
Cabornes, et d'un domaine à Drumettaz, qui, dans
son testament du 24 novembre 1669, eslit la sépul-
ture de son corps dans l'église de St-Dominique au
tombeau de ses prédécesseurs, (1627-87). Michel
à Chambéry (1627-81), Louis (1629-82), Etienne
(1761). Jacques (1770), Joseph-Louis (1780-1846);
le botaniste , père du D'' Louis et du chimiste
Joseph, guide de l'impératrice Joséphine dans ses
herborisations.
La biographie du botaniste Joseph a été donnée
par Joseph Dessaix à l'Association florimontane,
année 1853. L'impératrice fut marraine de Joseph,
né le 11 septembre 1810. (L'Echo du Salève, 3
octobre 1868.)
Bonne (Jehan de) (V. M^ Bruno).
56
Bonne Félix, de Saint-Gingolph, d. t. en 1833?
a rédigé une flore du Chablais et du Valais, est
mort jeune à la suite de ses courses botaniques et
d'excès de boisson.
BoNNEFOY, de Sallanclies , médecin â Rumilly,
puis â Sallanclies, 1885, a épousé M"*" Gaymoz, de
Rumilly.
Bonnet Claude-André, de Longefoy en Taren-
taise, maître ès-arts et bachelier en chirurgie de
Turin, a soutenu, le 26 juillet 1823, à Paris, sa
thèse doctorale sur « l'angine gutturale et trachiale
inflammatoire. » (Dédiée à M. et à M™*" Morin.
Chez Didot. )
Nota. Le tome X de l'ancien Journal de mé-
deciiie, donne une « Observation très remarqua-
ble d'une plaie avec ablation d'une partie du pou-
mon et guérison... » La Bibl. du grand Dict. des
Soc. méd. attribue cette observation à un docteur
Bonnet, de Turin ?
Bonvoisin (Bonvicino) Constant-Benoit, pro-
fesseur de chimie à Turin, né à Centallo, d. m. t.
1765, professeur agrégé 1768, a donné « Analyse
des principales eaux minérales de la Savoie, »
aux pages 419-54 du 7" vol. (2'' partie) des Mémoi-
res de l' Académie des Sciences de Turin. Ce tra-
vail est résumé par Bonino, dans son article bio-
graphique sur ce médecin-chimiste, p. 585-96 du
tome second. Bonvoisin fit, avec l'abbé M. Do-
naudi, en 1784, son voyage scientifique en Savoie.
57
U Analyse a été tirée à part (36 p. in-4°). Après
quelques citations sur Evian, Amphion, Marclas,
Etrambières, la Caille, Plancliamp, la Boisse,
Coise, Saint- Jean de Maurienne, Maltaverne, vi-
sitées en août 1784, « sur mandat de l'Académie, »
l'auteur déclare se limiter dans le présent mémoire
à Aix, qui tient en effet les pages 6 à 36.
BoRDET Gaspard-Joseph , né le l'='" février 1857,
à Evian, d'ancienne bourgeoisie qui a donné plu-
sieurs administrateurs distingués , externe par
concours aux hôpitaux en 1877; interne en 1879;
petit-fils maternel du D'' Duperier.
BoRELLY aurait écrit sur les Eaux d'Echaillon
en Maurienne au commencement du xvn'' siècle.
Ce renseignement que fournit le D'^ Mottard ne
s'appliquerait-il point à :
BoRELL Jean, né à Fénestrelle, alors en Dauphiné,
le 22 décembre 1682, docteur de Marbourg en 1707,
qui publia dans cette ville universitaire trois
ouvrages. (Biog. du grand Dict. des Soc. méd.
de 1820.)
BoRGÉ Laurent, chirurgien à Saint-Jean de
Maurienne en l'an xiii et encore en 1823, conseil
1er municipal.
BoRSON Jean-Louis, né à Saint-Pierrc-d'Albi-
gny, D. M. T. 1813 (Thèse : « De incubo... »), mort
le 25 janvier 1862 à Chambéry, à 72 ans.
Voir : Courrier des Alpes, 5 et 9 février 1862;
58
Cafle, 10 février; Association départementale ,
môme amiée, p. 5 à 11; Soc. méd. de Chambért/,
Bulletin de 1874, p. 13 à 15.
La Société médicale de Chambéry a de lui deux
ras : 1° sur la Topographie médicale de Cham-
béry; 2° Notes thérapeutiques. (Archives.)
Nous avons omis dans nos notices lues à la So-
ciétés médicale et à l'Association : « La prison de
« Chambéry, telle qu'elle est, mais non pas telle
(( qu'elle pourrait être, ou critique de la lettre du
« D"" Domenget à F. Caningham, par Arbustinot,
« licencié en droit ; » brochure de 22 p. in-8°,
imprimée à Lausanne, le 28 décembre 1822.
Le D"' Borson était neveu du colonel d'artillerie
Borson et du minéralogiste Etienne, et non leur
pèrej comme on le lit au n° 73 des Naturalisés^
d'Albrier.
Bouchage François, de Beaufort, d. m. 187...,
enlevé à ses débuts dans son pays natal, le 14 oc-
tobre 1876, victime d'une épidémie typhoïde.
Petit-fils, par sa mère, duD'" Michel Bouchet, sa
mort prématurée a laissé un vide qui n'est pas
comblé et des regrets unanimes, dont témoigne
un des Sonnets de l'avoué Viallet, ainsi que l'hom-
mage rendu à sa mémoire par le D'" Ducrest, page
30 du Bulletin de l'Association des médecins de
Savoie (1877).
Bouché Camille, médecin de l'Asile St-Jacques,
à Nantes fa/?as Bouchet), mort en 1854. (Voir
59
un article nécrologique aux Annales médico-psy-
chologiques d'avril. (Voir aussi la Relciiion médi-
cale, publiée par Larrey en 1841, p. 167.)
Bouchet était né à Poitiers, mais originaire de
Cliambéry par son grand-père, ainsi qu'il me l'a dit
quand je visitai son asile en 1843.
Je m'étonne que Caffe (1) n'ait pas signalé cette
origine d'un aliéniste qui fut, à Nantes, comme
Duclos et Fusier en Savoie, l'architecte, l'admi-
nistrateur et le médecin de son hospice, où il était
monarque absolu par son énergie de volonté et sa
compétence incontestée.
Un autre Bouchet est mort non loin de Nantes,
à Napoléon- Vendée, en décembre 1866, âgé de 82
ans, président de l'Association des médecins du
département; mais il ne parait pas qu'il fût parent
de notre compatriote. (Voir Caffe, p. 544 de 1866.)
Bouchet Michel, « né au Chàtelard le 8 août
1756, 46 ans, chirurgien de Turin, 1781, depuis
21 ans à Bcaufort. » (Dict. des méd., chir. etphar.
français, p. 363.) Le docteur Henry le cite dans
son ouvrage sur l'Eau de la Boisse, publié en 1777
(p. 35). Il est mort à l'Asile de la vieillesse de St-
Benoit, en décembre 1837. Son fils unique (Michel
aussi) a exercé la pharmacie à l'Hopital-sous-
Conflans (Albertville), avec un diplôme du 18 oc-
tobre 1815, jusque vers 1823, où il vint s'établir
à Chambéry d'où était sa femme. M"*' Battaillard,
(1) XXI, 212.
60
près d'un oncle prénommé François, dont le fils
Charles, pharmacien comme son père, est mort
à Philadelphie, où il était allé fixer son domicile
professionnel. Michel fils est mort à Turin, lais-
sant deux fils, tous deux jésuites.
C'est donc dans la dynastie des Bouchet, du
Châtelard, puis à Beaufort et à Chambéry, quatre
pharmaciens presque comtemporains, apothicaires
en même temps, outre les quatre chirurgiens :
ce qui complique et obscurcit leur histoire.
Il y avait en outre à Chambéry, du même nom,
un Bouchet, qui y exerça la médecine. Il avait
épousé une demoiselle Thiollier, parente du prési-
dent Rose. Il était frère jumeau du procureur, passa
à Grésy-sur-Isère et revint mourir à Chambéry.
Un chirurgien, premier du nom, prénommé
Urbain, pratiquait au Châtelard déjà en 1687-
1708, et parait avoir été le père de François, qui
lui succéda dans sa profession et eut pour fils
Joseph j chirurgien, père lui-même de Michel et
de Jean- Baptiste, tous deux aussi chirurgiens.
Urbain, chirurgien au Châtelard (1687-1708).
François, chir. au Châtelard.
I
Joseph, chir., né au Châtelard, 6 mars 1728.»
1. I 2^ 3. 4
I . III
Mtc/ie^, 8 août 1756, J.-B., 12 mai 1751-1818. (?)
mort à St-Benoit
en décemb. 1837. François, ph. à
Michel, ph., m. à Turin. Chamb. dès 1775.
h D"° BataiUard. |
I
Les deux jésuites. Charles, ph.,m. Châtelard.
61
BoucHET (Les), de Cruseilles, ne sont pas moins
nombreux que ceux de Beaufort. Nous comptons :
BoucHET Georges, d. m. t. le 30 juillet 1828.
BoucHET François, d. m. t. le 27 juillet 1852.
BoucHET Jean-Pierre, pharmacien, diplômé en
1860j correspondant de la Commission météoro-
logique d'Annecy.
BoucHET Louis, officier de santé (Lyon), le 28
décembre 1868.
Bourgeois Louise (alias Boursier ) , une des
plus célèbres accoucheuses du commencement du
xvii^ siècle, pratic|uait à Paris où elle accoucha
Marie de Médicis ; née à Chambéry.
A publié : 1° « Observations sur la stérilité,
perte du fruit, fécondité, accouchement et mala-
dies des femmes et des enfants nouveaux-nés » ;
Paris, 1609 et 1649, 3 vol., a eu cinq éditions ; a
été traduit en latin, en allemand, en hollandais;
2° « Récit véritable de la naissance de Mgr et
Mesdames les enfants de France » ; Paris, 1615,
in-12 ;
3° « Apologie contre les rapports des méde-
cins »; Paris, 1627, in- 8° (Traduction allemande,
Francfort, 1629);
4° « Recueil des secrets de L. Bourgeois, sage-
femme de la Reyne mère du Roy, auquel sont
contenues ses plus belles rares expériences pour
diverses maladies , principalement des femmes,
avec leurs embellissements » ; Paris, 1632 et 1650;
62
5° « Instructions à une fille » ; Paris, 1642;
6° (( L'Abrégé de l'art des accouchements » ;
Paris, 1759 et 1778, est d'Angélique-Marguerite
Boursier de Coudray, qui est de la même famille
que Louise Bourgeois.
Voir Bonino, I, 354-5, et le D'' Domenico Meli
(Préface de sa traduction de M""" Boivin; Milan,
1822).
Bourgeois Urbain, chirurgien à Annecy, 1692.
(Archives Le Blanc.)
Boursier (noble Pierre-Louis) , de Chambéry,
1626 ; conseiller, médecin de chambre et médecin
général pour S. A. Sérénissime le duc Charles-
Emmanuel II, recteur de l'Académie de Turin.
(Trompée, 37.)
Trompée indique une fille de Pierre-Louis
Boursier, qui se maria dans la famille noble Mola
de Larissé? (Med. et archiatri, p. 37.)
On lit au Ceremoniale, n'^ 15 (1620), sa « Rela-
zione délia malattia e morte del Duca Carlo-Ema-
nuele 1°. » (Trompée, 37-41. Cette relation a été
publiée par son auteur en 1675. (Trompée, 20.)
Bouvier Louis, de St-Félix, d. m. m. 21 mai
1850, a pratiqué à Annecy jusqu'en 1867, puis à
Lancy près Carouge. Président de la Société bota-
nique de Genève en 1877, correspondant de l'Aca-
démie de Savoie, de la Société florimontane et de
l'Institut national Genevois.
63
Il a publié :
1850. « Bichat et son système de ph^^siologie.»
(Thèse.)
1852. « Incubation artificielle. » (Rev. sav.)
— « Jean-Jacques Perret, botaniste. » (Ibid.
page 12.)
— « Herniaria Besmie à Montpellier »f/6ï(^.
page 22.)
1852. « Trois lettres inédites de Berthollet. »
(Ibidem.)
« Le Jardin de la mer de glace et sa vé-
gétation. » (Ibid. pages 107-20.)
1861. « MgrBilliet. » (Ibidem.)
— « Barazan à Annecy. » (Ibidem.)
« Le secrétaire de Voltaire. (Ibidem.)
1862. « Neige rouge. »
— « Congrès de la Sorbonne. » (Rev. sav.)
1863. « Le Mont-Cenis , son histoire et sa vé-
gétation. » Annecy, Tliésio, juillet
1862.
1864. « Histoire de la botanique savoisienne. »
Lecture faite en 1863 à la session
de Chambéry, de la Société botani-
que de France. (Revue savoisienne.)
1877. « De Saussure en Savoie. » Lecture au
Congrès de Genève. (Bibliographie
générale de l'auteur.) Il avait déjà
abordé ce sujet dans la Nymphe de
Chamonix.
64
1878. « Flore des Alpes, de Suisse et de Sa-
voie. )) Genève, chez Grosset et Trem-
bley; 789 p. in-8°.
1882. Idem, 2^ édition.
BoYSSON. (Voir Boisson.)
Brachet Claude, signe, le 4 mai 1775, à Ru-
milly, en qualité de chirurgien de la Royale Uni-
versité de Turin, un certificat sur timbre délivré
à un nommé François Gaillard, de La Fin, paroisse
de St-Simon (Aix).
Brachet Fabien, fils du précédent, né à Ru-
milly en 1742^ chirurgien, décédé à Rumilly le 22
juillet 1814.
Brachet Léon, né à Grésy-sur-Aix, d. m. m.
du 26 août 1864, médecin aux bains d'Aix, méde-
cin à l'Hospice d'Aix, dont son père a été un des
principaux bienfaiteurs, conseiller et adjoint à la
mairie d'Aix.
A publié :
1" « Thèse sur le rôle du parasite dans l'étiolo-
gie des maladies cutanées parasitaires » ;
2° « Hémiplégie aux Eaux d'Aix. » {Courrier
de Savoie, 12 janvier 1867) ;
3° « De la contagion de la phtisie tuberculeuse. »
Nice, J. Gautier, 1867; 31 p. in-8°;
3° his (( Tétanos traité par les Eaux d'Aix » ;
Chambéry, chez Puthod, 1870, 14 p. in-8°;
4." « Du traitement des blessés aux Eaux d'Aix.»
65
(Compte rendu des Sociétés Instr. pour les blessés
militaires; 1871) ;
5° « Aperçu clinique sur les Eaux d'Aix et de
Mariiez et sur leurs adjuvants : Clialles, St-Simon,
le petit lait , les courants continus. . . » ; Paris, Bail-
liére, 1875, 162p. in-8°; photographies, vignettes;
6'' (f Protestation à propos d'une réclame pro-
testante. )) Le Mont-Blanc, 16 juillet 1876;
7° A signé, comme secrétaire de V Association
des médecins du département, ses comptes rendus
de 1872-77-79-81 ;
8° « Tétanos traité par les Eaux d'Aix. » Cham-
béry, Puthod, 1870; 14 p. in-8° (Ext. de V Union
médicale j 26 octobre 1869);
9° « Epuisement nerveux et hystérie. » Traduit
de l'anglais, de W. S. Playfair; Paris, Masson ;
1883;
10'' « Observation de cachexie pachydermique
(Charcot), myxoedème crétinoïde. » (W. Gull et
Ord.) Ln au Congrès des Sociétés savantes, à Aix.
Gérente, 1882.
Branche Léonce, de Moùtiers, obtient le prix
de 3'"'' année à la Faculté de médecine de Lyon en
août 1881 , a épousé M""' Alice Bouche, petite-fille
du D^' Frédéric Girod, de Rumilly ; fixé à Lyon.
Breville (Jean-Louis de la), professeur de mé-
decine âChambéry. {Alias de la Breuille).
A publié en 1641, à Genève, chez Jacques de la
Pierre, in-12" :
66
(( Traité de la contagion et de ses remèdes » ,
par noble Jean Loys de la Brévilie, médecin à
Charabéry, dédié à l'A. R. de Madame la Duchesse
de Savoie, reine de Chypre, etc.
Bonino ( I, 387 ) indique ce livre comme publié
aussi la même année, à Paris; in-8°.
Voir aussi : Mont-Réal et Grillet (I, 124).
(( Noble Louis Laljrouille » fut reçu en 1G3G
dans la Grande Congrégation dite des Nobles ou
des Messieurs.
D'après le Liore de raison Doinengeij il fut en-
seveli à Chambéry le 22 octobre 1657.
Brevard Pierre, chirurgien à Aix, en 1725.
Brois Pierre, chirurgien à Chambéry ^^ (t. g.)
Broisin Aimé-Marie, né à Aïse en Faucigny,
figure sur un taljleau officiel des médecins qui ont
soutenu leur thèse de docteur le 28 pluviôse an iv,
Il Montpellier.
Il a publié dans la même ville : Essai idéolo-
gique.
Il s'occupa de la topographie médicale de l'ar-
rondissement de Bonne ville. Il était correspon-
dant de la Société des sciences de Montpellier.
Broisin Claude, vice-proto-médecin à Bonne-
ville, en 1840.
Un médecin du même nom vivait à Mieussi en
1858.
Brundel Nicolas, de Chambéi-y, étal^li chirur-
67
gien des enfants du Duc, à 450 livres par an, le
l'^'" novembre 1599.
Le 25 août 1642, il écrivait, de Cliambëiy, à
Madame Royale, lui donnant des nouvelles des
Princes et des princesses Marguerite et Adé-
laïde :
(( M'"° la Princesse Marguerite, laquelle j'ai eu
l'honneur de servir av volage de Aix a ressenti des
effets merveilleux de l'usage des bains de soulplire
et d'alum, ainsi que Ion a remarqué du marcher et
de la force qui se va redoublant en les parties
affoiblies... »
(Trompco, p. 49, cite un Brondel qui est peut-
être le suivant.)
Brundel Amé (noble et spectable), médecin,
signe, le 17 mars 1051, comme parrain, à la pro-
fession de foi, chez les Augustins déchaussés de
Chambéry, d'Ame Guilliomat, fils de Bernard,
secrétaire de S. A. R., et au Conseil d'Etat de
Savoie.
Bruc (le baron de). Ce fameux médicastre, qui
a beaucoup habité Lyon, s'est arrêté plus d'une
fois à Chambéry, entouré et choyé, ici comme là,
par certains hauts personnages qui aimant avoir
des guérisseurs titrés , plutôt que diplômés , se
complaisaient à ne pas être traités par les méde-
cins de tout le monde, et sont acquis de nos jours
au baron de Bruc, au comte de Mattei, comme
autrefois au seigneur Dcnys de Copponay.
68
(^^oir une lettre de lui au docteur G. Dénarié,
dans le Couriicrdes ApeSj 20 et 30 août 1871.)
Brun, docteur médecin à Cliambëry, visite Guil-
laume d'Albiez, le 15 septembre (ou novembre)
1714. (Archives Le Blanc, à Cruet.)
Brunet Louis, cliirurgien à Aix (1717-81).
Brunier François-Philibert, d'Annecv, d. m. t.
le 7 mai 1785. Le Dict. des inéd.j dur. etpliarm.
dit (( 38 ans, depuis 14 ans à Annecy. »
Brunier Jac(|ues, mort sexagénaire, en 1840, à
Aiguebelle où il avait constamment pratiqué dès
sa thèse intitulée : (( Considérations générales sur
le goitre endémique, 26 ventôse an xii. »
Brunier Frédéric, fils de Jacques et frère de
Paulin, né et mort à Aiguebelle (20 juin 1809,
19 mars 18G2 ). Docteur en chirurgie et en accou-
chement de l'Université de Louvain, où il eut pour
maître et pour ami son compatriote, le D'' Baud;
a pratiqué à Valloires jusqu'en 1849, d'où il vint à
Aiguebelle succéder à son père.
Brunier Frédéric n'a que deux lignes de souve-
nir dans le 4" Bulletin de la Société médicale de
Chambéry, dont il était le plus actif correspon-
dant; et, par une étrange omission, il ne figure
pas dans les nécrologies du D'" Gaffe. Nous devons
ici combler cette lacune imméritée.
Les pages 67-71 du compte l'cndu de la Société
niédiccde (1859) analysent trois observations avec
69
anatomie d'un lipome mammaire , et de deux
goitres, et l'opinion de notre confrère sur la na-
ture tuberculeuse du goitre, ainsi que sa statisti-
que de cette endémie dans le Valais et à Valloires,
concluant contre l'influence attribuée au croise-
ment des races. La page 89 mentionne sa note
relative à une eau minérale de St-Georges-d'Hur-
tières et à son action sur le goitre. Sa proximité
des minerais de fer et de cuivre avait amené à des
inductions que l'analyse n'a pas confirmées. Sa
Topographie médicale de Valloires (1) mérite
une mention spéciale parmi ses nombreuses com-
munications inscrites aux Archives de la Société,
sous les numéros 156, 165, 184 6?'.s, 201, 267. Nous
devons citer aussi, comme particulièrement inté-
ressantes, ses Notes biographiques sur son profes-
seur ^awc/^ sur Dominique d'Etienne (d'Aussois
en Maurienne), et sur Gavet (de Rumilly), toutes
trois mentionnées p. 110 du Bulletin cité, et uti-
lisées dans ce Répertoire aux articles concernant
ces trois médecins de Savoie.
Bruno (M''), de Rumilly, physicien, assiste au
testament du Dauphin Jean, à Bonneville le 11
des cal. d'octobre 1282 avec les autres médecins,
Clément de Genève et Jehan de Bonne. (St-Genis,
III. p. 447.) Sans doute le même qui « reçut, en
1318, 21 sols viennois pour une visite, à Morges,
(1) Analysée, page 71 du Bulletin 1859, delà Soc. mùd.
70
au Comte Amë. (Chambéry la fin du XIV^ siècle,
page 369)
Brun, de la Rochette, 1596-1680. Delbcne dit :
« Brunus, octogenarius, apiid Rupiciilam, peri-
tissimus medicus, née indoctus ». (Société sav.
cl'hist., IV, 45.)
BucHARD François-Louis, né à Fréterives le 22
septeml)rc 1807, d. t. le 21 mai 1831, mort pau-
vre à Grésy-sur-Isère le 15 juillet 1850, après une
longue maladie, suite de chute. Il avait pratiqué
quelque temps à Albertville.
BucHARD Joseph-François, docteur-médecin à
Chambéry, 1739 et 1751.
BuET, D. M. P., né aux Villardsprès Saint-Jean
deMaurienne, mort au Pecq (Seine-et-Oise), en
1857, âgé de 54 ans.
Collaborateur de Fabvre à la Lancette française,
à la rédaction de la Clinique de Dupuytven, mé-
decin instruit, écrivain facile, médecin un instant
d'un établissement thermal dans le Midi, puis à
Nice; soulagé dans ses souffrances et son dénue-
ment par le D'' Cerise. (Calïc, 112 do 1857-58.)
BuET François^ à Morzine, d. m. t. 19 juin 1848,
mort en septembre 1872. (Association de laHautc-
Savoie, p. 9.)
D'une ancienne famille chablaisienne, le doc-
teur Buet a dû un moment de célébrité qu'il n'a-
vait pas recherchée, à l'c^pidémie liystéro-démo-
n()])athiqiie de Morzine, (|ui débuta en 1867, mo-
71
tiva en avril 1861 , la visite du D'' Constans (1) et
ensuite celle du D"' Artaud.
Un docteur Buet (2) a porté la parole à Lamar-
tine, en mars 1848 à Paris, au nom de la députation
savoisienne, lors de l'expédition des Voraces.
BuRDiN Jean, né à Chambérv en 1770, d. m. p.
a publié :
1° Cours d'études médicales , » Paris , 1803
(3 tomes en 5 vol. in-8'^, chez Dupraz-Letellier) ;
2" « Réflexions et observations sur la médecine
pneumatique et sur les principaux moyens de trai-
ter les affections chroniques de poitrine. » ( In Re-
cueil de la Soc. de méd. de Paris, an ix, n° 54.)
Voir Grillet, III, 467.
BuRDiN Nicolas, d. m. m. 20 messidor an xn, né
à Novalaise, est mort ii Chambéry le 30 mars 1862,
âgé de 79 ans.
Ancien médecin des armées, l'un des membres
fondateurs de la Société médicale de Chambéry; il
a légué à cette ville toute sa petite fortune pour
fonder un prix de vertu. Il a laissé des ms. consi-
dérables relatifs à l'ophtalmologie; il était frère de
Charles Burdin, ingénieur à Clermont-Ferrand.
On l'a souvent confondu avec Claude Burdin,
collaborateur do Dubois (d'Amiens) pour VHis-
(1) Relation sur une ùpldèiaic d'hijstèro-dèinonopailùe.
Paris, 18G2. (Article bibl. par Cafl'e. p. 467 de cette année.)
(2) Meiiibre delà Société pliil. savoisienne, sous n° 92, rue
Saint-Denis, 380.
72
toire académique du magnétisme animal, et fon-
dateur du prix Burdin en 1857. Claude Burdin,
mort à Paris 1858, était né à Lyon, mais il avait
fait ses études classiques à Chambéry ; c'est sans
doute cette circonstance qui a induit en erreur
plusieurs journalistes, médecins et notamment le
le D'' Aliquis, de la Ga;^. hebd. de méd. et de chir.
(l-' juin 1860.)
BuRGET (]\'P Pierre du), médecin, témoin dans
la charte du Comte Amé IV, accordant aux reli-
gieux du Bourget la leyde du sel dans Chambéry.
(Donation du 12 décembre 1243, passée au prieuré
du Bourget, indiction 8^) M" Pierre fut l'un des
exécuteurs testamentaires du Prince Thomas ,
frère d'Ame IV.
(Voir Gaichenon, Hi,st. yen., IV, 68, et Bonino,
1,12.)
BuRGOS Jean, né à Jarsy en Bauges, le 3 février
1775, admis à l'Ecole de chirurgie de Montpellier
par décret départemental du 20 thermidor an v ;
y donna, le 6 messidor an vni, sa thèse : « Influence
des révolutions des âges sur les maladies chroni-
ques )) (35 pages, chez Tournel). Toutefois, son
diplôme doctoral n'est d('livré que le 19 frimaire
an xni. Un autre diplôme {Societas mcdica) en-
tièrement imprimé, y compris ses noms, pays et
date, lui avait été délivré dès le 15 prairial au vn.
Attaché aux armées, il fut blessé au genou en
Espagne, revint a Jarsy .[u'il <|uitta en 1810 pour
73
aller habiter Pontcharra, où il mourut en 1816 des
suites de sa blessure.
BuRGOz (et plutôt BuRGOs) Jacques-François,
né à Chambéry le 9 octobre 17G7, admis gratuite-
ment à l'Ecole de chirurgie de Montpellier, par
décret de l'Administration centrale du Mont-
Blanc (20 tliermidor an v). Tlicse inaugurale du
22 avril 1802 ( 2 floréal an xi ) : (( Dissertation sur
la rage. » Montpellier, chez Coucourdan.
BuRNET François, d. g. t. 15 mars 1782, à
Chillv.
BussAT Jean-Claude, d. m. t. 2 janvier 185G.
A pratiqué à la Roche.
BuTHOD Louis, né le 23 mars 1817, de Maurice-
Henry et de Marie-Pantaléon Empereur, au Bour-
get-du-Lac, d. c. t. le 9 août 1844 et d. m. t. le 24
juillet 1845.
Etats de service : Le 1 -'" juillet 1845, entré au
service comme chirurgien-major de 2'' classe (sous-
aide) à l'Hôpital militaire de Chambéry; passé avec
son grade au 13'' d'infanterie; promu chirurgien-
major de 1'"'= classe le 24 juai 1849 ; médecin de ba-
taillon de l'''' classe (aide-major de 2'') le 20 octobre
1850; médecin de régiment de 3" classe (aide-major
de l''') au 15% le 25 octobre 1854 ; médecin division-
naire de 2" classe le 25 mars 18G0; démissionnaire
du service d'Italie le 25 juin 1860; entré au service
de France le 24 septembre 1860, comme médecin-
74
major de l'''' classe à l'Hôpital de Chambéry ; mé-
decin en chef dudit, du 10 octolDre 1860 au 9 octo-
bre 1861 et du 12 février 1869 au 26 juillet 1870;
médecin en chef de la 3"" ambulance du 7'' corps à
l'armée du Rhin; rentré à l'Hôpital de Chambéry
le 7 octobre 1870 ; aux hôpitaux de Constantine,
puis de Philippeville le 26 août 1871; ramené à
l'Hôpital de Chambéry le 25 septembre 1873; ad-
mis h la retraite le 6 octobre 1876.
Campagnes : Italie (1848-49), chirurgien-major
au 12''. Crimée (1855-56), médecin de régiment au
5'' provisoire. Mention honorable (S. M. Victor-
Emmanuel) à Traktir, 16 août 1855. Italie (1859,
médecin de régiment au 15", Mention honorable
(Victor-Emmanuel) à Palestre, 13 et 21 mai. Rhin
(1870), proposé après Sedan pour officier de la
Légion d'honneur. Afrique (1871-73). — Total, 9
ans, et la Crimée comptée double, 11 ans.
Distinctions : Médaille de la Reine d'Angleterre
(15 juin 1856 ; du Roi d'Italie (15 août 1860) ; men-
tions honorables d'Italie (Traktir et Palestro) ;
Medjidié de 5*" classe (6 janvier 1860) ; chevalier de
la Légion d'honneur (12 août 1864) ; chevalier des
saints Maurice et Lazare (28 juin 1865) ; officier de
la Légion d'honneur (2 août 1875). Ou a vu que la
propo?;ition datait déjà de 1870.
Dans le corps sanitaire sarde, les promotions se
faisaient, durant la carrière du docteur Buthod,
par' voie de concours à raison de trois candidats
pour une ])lace et dans Tordre d'ancienneté. Le
75
passage d'une classe à une autre du même grade
était à l'ancienneté.
Le premier de ces décrets exigeait des candi-
dats, au corps de santé militaire, le double di-
plôme de médecine et de chirurgie, et abolissait,
à l'instigation du docteur Riberi, toute distinction
entre le personnel médical et chirurgical. Un pro-
gramme annexé le 26 décembre 1850 déterminait
la matière des examens pour les admissions et pro-
motions. Le second décret réduit à deux les trois
classes établies par le premier, fixe ainsi l'assimila-
tion des grades :
Le médecin en chef est assimilé au lieutenant-
colonel; le médecin divisionnaire au major; le
médecin de régiment au capitaine; le médecin do
bataillon au lieutenant; les adjoints au sous-lieu-
tenant.
C
Cabias (Jean-Baptiste de), du Pont-St-Esprit
en \'al-d'Aoste, ainsi presque Savoyard (comme
Cerise) par sa naissance, mais rattaché plus spé-
cialement à l'histoire médicale de Savoie par son
livre : « Les merveilles des Bains d'Aix. » Lyon,
1G23, in-12, de 688 p., réimprimé en 1688.
C'était, dit Fantoni, un « homme simple, rien
moins que lettré... » Dans le livre que nous citons,
d'après le même critique, « aliqua sunt tolerabilia,
nec prorsus comtemnenda, sed plurima tamen
inepta, incerta, falsa, insupor fabulosa... » Nous
76
nous souvenons que C.-H.-A. Des])ine trouvait
cette appréciation par trop sévère ( Fantoni , opusc.
med. et pliys., 1738, p. 217) ; voir Bonino, I, 364;
Grillet, I, 242.
Gaffe Paul-Louis-Baltliasar, né à Cliaml^éry le
29 décembre 1803, mort à Paris le 19 Janvier 1876,
et sépulture dans le tombeau de famille à Cognin ;
D. M. p. le 5 juin 1833.
Aussi généreux envers son pays natal dans son
testament, qu'il avait été obligeant envers tous,
envers ses compatriotes surtout, durant sa vie,
son nom a été donné à l'ancienne place Porte-
Reine à Chambéry. L'une des formes de son pa-
triotisme, celle sans laquelle cette étude eût été
presque impossible, fut son soin à recueillir et con-
server la l)iograpliie de ses confrères de Savoie.
Le Journal des connaissances médicales et phar-
maceutiques , qu'il avait commencé en 1833 et
qu'il continua jusqu'à, sa mort, a fait ime ]')art de
plus en plus grande â la nécrologie médicale, no-
tamment dès le tome VIII de la 2" série avec un
titre spécial nécrologique à chaque table annuelle.
Il y a en outre une table analytique décennale pour
la période 1833-1843.
Les plus émues et les plus nombreuses nécrolo-
gies ne devaient pas manquer à celui qui fut le
plus pieux biographe de ses collègues; leur énu-
mération peut seule trouver place ici :
Bio(jraphiedes hommes du jour, t. VI, 2" par-
77
tie. Panthéon biographique ^ 1860. Burnier, His-
toire du Sénat de Savoie „ t. II, p. 315 (sur sa fa-
mille). Courrier des Alpes, 22 et 25 janvier 1876.
Mont-Cetiis , 26 janvier; Patriote savoisien.
Association médicale de Savoie j p. 19 à 28 de 1876
(par leD'" Guillancl). Association philanthropique
savoisienne, par l'avocat Rivaud (18 \\mi).Journcd
des connaissances niédiccdes (31 janvier 1877).
Gcuette des Eaux, 3 février. Société centrale des
médecins de France, 21 février 1877. (Piogey)...
Callies Jacques- Antoine, d'Annecy, d. m. p.,
dédiait, le 8 février 1816, à son père et â sa mère,
sa thèse : « Essai sur l'acide prussicjue. »
Callies Jules- Aristide , d. m. t. 25 mai 1848
à Annecy, secrétaire de l'Association des méde-
cins de la Haute-Savoie dès sa fondation.
Calligé François, né en 1808 à Cliavanod, mort
en 1873 à Faverges, d. m. t. après avoir étudié en
1835 le choléra â Gènes avec son condisciple le
D'' Chevallay.
Le D'' Cafïe a consacré trois colonnes de son
journal à la bibliographie étendue et variée et à la
biographie de cet esprit intelligent, progressif et
patriotique.
Dans sa seconde « lettre rustique sur l'état de
la médecine en Savoie» (1836), Calligé appelait
de ses vœux l'organisation d'une Association mé-
dicale pour remédier au charlatanisme. Aussi som-
mes-nous surpris de ne pas voir son nom parmi
78
les adhérents de l'Association d(3 la Haute-Savoie
en 1864.
Canton, oiïicier de santé (ou chirurgien?), li-
gure, comme pratiquant â Aix, à V Annuaire de
l'an xni, â celui de 1805, et parmi les souscripteurs
au Dictionnaire de Grillet en 1807. Se suicida
dans la maison en face des Jlicnnes Albertins.
Canton Alexis, d. g. t. le 28 décembre 1841,
né à Moûticrs, mort au Col-de-Tende où il s'était
marié. — Esprit facile, mais bizarre.
Canton François, d. g. t. 1842, né à Moùtiers,
a pratiqué quelques années dans son pays; puis,
enlevant la femme d'un confrère, a passé en Amé-
rique où il est mort. — Naturel aimable et gai,
physique agréable, musicien.
Carlioz Jean-Marie , né â Menthonnex-sous-
Clermont en 1810, d. m. t. le 7 août 1847. Exerce
à Rumilly pendant deux ans ; puis de 1850 à 1853 â
St-Louis et à St-Paul (Etats-Unis). En 1853, il fixe
sa résidence à Oajaca (Mexique), où il est nommé
professeur de chimie à l'Université de médecine
par décret du Président de la Répul^lique mexi-
caine. Il y épousa M""" Régulés. Revient en 1863
à Rumilly où il continue à pratiquer la médecine.
Médecin de l'Ecole normale de filles de cette ville ;
y a été conseiller municipal; adjoint au maire.
Carrel Jacques-Joseph, docteur chirurgien à
Rumilly, marié à Péronno Saltcur, mort le 23
79
novembre 1735, à l'âge de 65 ans; frère de Josepli
Carrel, maître apothicaire à Rinnilly.
Carret Josepli, D. M. T. , né à Chambéry en
1814, mort le 17 mai 1883, docteur en 1839, au-
teur d'un appareil nouveau pour réduire les frac-
tures, membre de l'Académie de Savoie; décoré
par l'empereur au lendemain de l'annexion. Il a
fait à l'Académie de Savoie de nombreuses com-
munications sur des opérations chirurgicales quand
il était attaché à l'Hôtel-Dieu : sur l'hypnotisme,
sur les inconvénients de l'usage des poêles en fonte,
la rage, etc. Il est l'auteur d'une notice historique
sur les eaux de la Boisse.
Carret s'était adonné d'une manière spéciale à la
chirurgie à la mort de Ennemond Rey, pour être
adjoint à Rey père, à l'Hôpital de Chambéry où il
succéda à ce dernier ; il fut plus tard remplacé par
le D'" Dumas. Il a fait des leçons d'hygiène au
cours des jeunes filles.
Marié en premières noces à M"'' Irène Cléaz ; en
secondes noces à M"*' Henriette Bel, il n'a pas eu
d'enfants.
Carret François, fils du pharmacien Antoine,
neveu du D'' Joseph , né à Cliaml^éry le 25 décem-
bre 1841. Médaille des hôpitaux de Paris (Lariboi-
sière, 1865.), d. m. p. le 3 août 1867.
Sa thèse soutenue le 12 juillet : « Diagnostic de
la fièvre typhoïde à son début, et influence de
cette maladie sur la grossesse. » Nommé médecin
80
adjoint des Hospices de Cliambéry le 24 juillet
1874. Médecin en chef à l'Hôtel-Dieu, membre de
la Société de médecine légale de Paris ; a publié
divers travaux de médecine légale.
Carret Jules, frère de François, né le 6 janvier
1844, D. M. p. 13 août 1869 : « Quelques observa-
tions de mort rapide par congestion et apoplexie
pidmonaire chez des individus atteints de maladie
chirurgicale ».
Il avait présenté une première thèse qiù fut re-
fusée par la Faculté : « Les hérétiques de la méde-
cine » , 4 août 18G9. Paris, irap. Parent, n° 20 (76
pages in-4°) ; il rappelé ce titre au frontispice de
sa brochure sur le « Déplacement polaire ». Paris,
1877; in-12 de 277 pages, à laquelle il avait pré-
ludé par sa communication à la Soc. sav. d'arc/i.^
(t. XVII, p. 233-42), dont il est vice-président.
A pul)lié en 1870, â Paris, chez Armand, Le
Chevalier, édit. : « La politique de Jean-Claude. »,
140 pages in-12.
Conseiller municipal de Cliambéry en 1871, il
refuse l'élection en novembre 1877, et se môle ac-
tivement à la discussion Eau et Ga^, fm 1879. Il
se porte candidat à la députation après la mort de
Nadin Chevallay, et est élu en 1883.
Ses « Etudes sur les Savoyards (i'}"ihmc des
tailles et des mesures céphaliques) », communi-
cpiées au Congrès d'Alger de l'Association fran-
çaise pour l'avancement des sciences (avril 1881),
81
et à celui de la Rochelle (année suivante) ont été
réunies dans le XXI'- volume de la Société savoi-
sienne d'archéologiej, dont elles occupent les 108
premières pages.
Au Congrès de Montpellier de la même associa-
tion française, il avait lu, le 3 septembre 1879 :
« Détérioration du climat de la Savoie et varia-
tions des climats dans l'Europe occidentale » ( 24
pages grand in-8°, imp. Chaix et 0% 1879).
De sa collaboration avec le vulgarisateur Figuier,
est née une plainsanterie prise par ce dernier au
sérieux sur les « Savoyards hibernants ». (Voir
Annuaire de 188.).
Mentionnons encore une « Complainte » à pro-
pos d'une rixe entre son oncle Joseph Carret et le
docteur Michaud.
Il avait, durant ses études à Paris, rédigé la
Rive gauche et le Critique; durant ses cours à
Turin, il s'était enrôlé dans la légion garibal-
dienne. 11 a fait la campagne de 1871 sous Garibaldi
comme chirurgien.
Carron Jacques-Louis, né à Annecy le 2 juin
1771, d'un père médecin, mort le 16 juillet 1822,
avait passé par le célèbre collège des Provinces de
Turin pour arriver au doctorat qu'il prit le 3 février
1792. Après avoir suivi les armées et traduit Y Epi-
tome de P. Franck, rentré dans sa patrie et de-
venu médecin des épidémies pour le département
du Mont-Blanc, ses communications à l'Académie
6
82
de médecine de Paris lui valurent les médailles de
1808 et de 1810 et la médaille d'or pour les vacci-
nations le 18 janvier 1814. Le 15 février 1817,
tandis qu'il obtenait une seconde fois la médaille
d'or de l'Académie de Paris, le Gouvernement
sarde lui décernait le titre de professeur lionoraire
à l'Université de Turin. Les actes de l'Académie
contiennent huit de ses mémoires. Membre des
académies de Paris, Lyon, Florence.
Voir Bonino, II, 496. Grillet, I, 221.
Carron du Villards (Cliarles-Jean-François),
fils de Jacques-Louis, né àAnnecy enl799, d.m. t.,
mort à Rio-Janeiro le 2 février 1860, trois mois
après son fils.
Carron Léon, qui étudiait en médecine et pré-
parait la quatrième génération médicale de sa
famille.
Voir Cafïe, aux pages 12 et 152-4 de 1860, qui
offrent sur Jacques-Louis quelques variantes avec
la notice précitée de Bonino.
Guépin (de Nantes) mettait son traité au-dessus
de celui de Sicliel. (Notes de mon voyage en 1843.)
Castalis (Bonif ace-Bon), « médecin, demeu-
rant à Cliambéry, témoin au testament du Comte
de Savoie en 1343. (Voir M-^ Bon et Boni.)
Cazalis Henri, né en 1843, du docteur Adolphe;
D. M. p. fin de 1874, nommé inspecteur des eaux
de Challes en mars 1875.
Avait, avant de prendre son doctorat, été atta-
83
elle à l'établissement de Divomie; démissionnaire
en 1880 de l'inspectorat de Challes, il s'est fixé à
Aix en 1881, où il a acquis une maison rue Lamar-
tine. Le Nouvelliste, du 22 juillet 1883, l'ayant
indiqué comme médecin consultant de la princesse
Béatrix d'Angleterre, une rectification au profit
du docteur Francis Bertier a paru au numéro
suivant du même journal.
Cerise, d. m. t. 1828, né à Aoste en 1806, mort
à Paris le 6 octobre 1869. Cerise fut presque de
notre Savoie par ses amitiés intimes et par son
berceau subalpin .
VoirCaffe, 1869, p. 163-4; et le Rd. P. Lau-
rent, président de l'Académie de Saint-Anselme
d'Aoste,''qui y prononça son éloge le 25 novembre
1869. Cette seconde notice rassurera le lecteur sur
le sens auquel on peut appliquer à Cerise la gra-
tification de (( néo-catholique ». Cerise fut, en
effet, aussi orthodoxe que libéral.
Cessens Louis, de St-Félix, d. m. t. le 22 juil-
let 1850, élève interne à l'hôpital des saints Mau-
rice et Lazare. Médecin en 1863 de l'entreprise
du percement du Mont-Cenis ; revient de Turin à
Chambéry fin 1877; passe à Aix les étés suivants,
et les hivers à Hyères pour des études météoro-
logiques. Décédé vers 1885.
Chabert Jean-Baptiste- Alfred, né à Chambéry
le 29 février 1836, surnuméraire aux hôpitaux mi-
litaires le 27 octobre 1857, d. m. c. t. le 12 juillet
84
1858, aide-major de 2'' classe le 11 avril 1859, et
aide-major de V" le 18 septembre suivant; déta-
ché au 67'' de ligne en Algérie en 1864, à l'Hôpital
thermal d'Amélie-les-Bains en 1865, major à Alger
le 21 mai 1874, passe à Chambéry fin 1875 ; est
actuellement médecin principal de l''' classe, chef
de l'Hôpital militaire du Bey à Alger, officier de
la Légion d'honneur et grand officier de l'Ordre
du Nicham de Tunis.
Sa thèse est sur « l'action physiologique des
purgatifs » (20 p. in-8°. Speirani, Turin). A pu-
l^lié de plus : « Esquisse de la végétation en Sa-
voie )). Lecture à la session extraordinaire de la
Soc. botan. de France, à Grenoble en août 1860.
(Bulletin^ t. VIII , p. 515; Reoue savoisienne,
p. 124 de 1864), et <c Nécrologie sur Huguenin ».
(Ibidem.)
Chaboud Jean, né à Aix le 20 mars 1847, ainsi
imprimé au frontispice de son « Essai sur l'urée ».
Thèse doctorale, soutenue à Paris le 12 aoîitl876,
et non le 14 juillet comme l'indique le tableau
officiel du département.
Chaîne, porté à V Annuaire de 1858 comme pra-
tiquant à Saint-Jean de Maurienne. C'est sans
doute une erreur typographique, et il faut lire :
Chaix François - Marins , de Saint-Saturnin.
(Apud Garoullas Allobrogium... » ), d. m. t. le 7
juillet 1840, mort à Saint-Jean de Maurienne où
il pratiquait en 1862.
85
Chaley, officier de santé, à la Novalaise en
1867.
Chamot Jean-Claude, né à Sallanches en 1832,
D. c. M. T. le 22 juillet 1858, maire de Sallanches
de 1861 à 1866, mort le 13 mars 1869.
Voir sa nécrologie, par le D'' Magdelain, dans
Association de la Haute-Savoie, 1869, p. 9-11 ;
et aussi Caffe, 1869, p. 160.
Chamousset Auguste- Joseph-Marie, de Cham-
béry, d. m. p. le 30 octobre 1873, 1"' chirurgien
adjoint â l'Hôtel-Dieu de Chamljéry le 24 juillet
1874.
Sa thèse est : (( Recherches sur la phligmatia
alba dolens ».
Il a donné ses observations aux Bulletins de la
Soc. niêd. de Chamhéry , dont il était secrétaire :
1874, page 57, « cancer du psoas »; 1877, p. 58,
« péritiphlite » ; p. 63, « aphasie traumatique » ;
p. 69, « maladie d'addifron « ; p. 75, « ostéite » ;
p. 92, « fracture de la rotule »; p. 104, « rigidité
du col »; p. 105, ^( fœtus monstrueux ». S'est fixé
â Bellcme (Orne) en 1885.
Champier, né à St-Symphorien près de Lyon,
l'auteur des Chroniciues de Savoie, imprimées à
Paris en 1516, était médecin. Il fut conseiller et
premier médecin de Mgr. Antoine, duc de Lor-
raine et de Louise de Savoie, mère de François L''.
(V. Bonino, I, 125.)
86
Champier Claude, fils du. précédent, (voir Bo-
nino, I, 239), a été professeur de médecine.
Chapelle François, chirurgien à Aix en 1751.
Chanodi Joannes, « chirurgus Domini (1401)
liabet 40 fl. pro anno. » (Arch. com). N'est-ce point
le même que Chanus F. ou J. dont le même ms
dit qu'en 1396 « chirurgus habuit a pâtre- Domini
ad vitam 40 fl. ? »
Chanlite, médecin du duc de Savoie Charles II.
Cité dans les Franchises de Bourg en Bresse en
1522. (Rabut et Dnfour.)
CfL\ppET, indiqué comme médecin à Talloires
en 1858.
Chappuis Jean- André , à Monnetier-Mornex ,
canton de Reignier, docteur de Strasbourg (1834);
mort en 1867 (août?).
Voir Association delà Haute-Savoie, 1867, p. 6.
Charpjère Biaise, de Saint- Jean-de-la-Porte,
où il a pratiqué de 1866 à 69, et où il est mort.
Il avait été élève à l'Hôpital militaire de Gènes
en 1843.
Charrière (Joseph de la), d'Annecy, d. m. c. ,
a publié, â Paris, fin du xvii^ siècle, plusieurs ou-
vrages catalogués dans le Dictionnaire de Pam-
kouke (1820), et dans le Dictionnaire historique
d'Eloy. Bonino (1, 443) ne voit guère dans ses
publications anatomiques que des compilations ;
cette appréciation est celle du biographe du grand
87
Dict. des Soc. mêcl. Mais Eloy est plus favorable
à notre compatriote, dont les œuvres chirurgicales
et anatomiques ont eu de nombreuses éditions et
plusieurs traductions.
La bibliothèque de M. Charles Guillermin con-
tenait « Anatomie de la tête de l'homme » (Paris,
1703), dédié à « messirc Paul de Lescheraines,
marquis du Châtelard, conseiller d'Etat, président
au souverain Sénat de Savoie. »
Charvet, de la Chapelle-Blanche.
Charvin, chirurgien aux Echelles en l'an xiii.
Charvoz Charles, d. t. le 16 octobre 1826, a
pratiqué à Saint-Michel, son pays natal, jusqu'à
sa mort.
Chatanoud-Cottin Jean-Pierre, né à Frangy
en 1799, d. m. t. en 1822 (22 juillet), mort à
Frangy le 23 décembre 1867.
A publié une Thèse de philosophie^ soutenue
publiquement à Chambéry en 1816, et sa thèse
doctorale intitulée : Pathologie générale.
Voir CafEe, p. 495 de 1868 ; Association de la
HatUe-Savoie ; Courrier des Alpes du 28 décem-
bre 1867.
Chatenoud-Cottin Alexis-Benoit, neveu de
Jean-Pierre, de Frangy, d. m. p. 29 août 1863 (ou
14 mars 1864).
Chatron Joseph-Antoine, né à Thônes en 1803,
mort ;ï Talloiros le 4 juillet 1876, dans sa 72'" an-
88
née; avait épousé M"'^ Amélie, fille de M. Le
Pécheur de Branville. Chatron était médecin ho-
méopathe.
Chaumet Antoine, chirurgien d'Annecy, né à
Vacheresse, prit son doctorat à Turin, passa en-
suite à Montpellier ou il fut l'ami de Rondelet et
l'élève de Saporta; puis à Paris où il suivit Jac-
ques Silvius.
Il a publié : <( Enchyridion chirurgicum exter-
norum morborum, . . accedit morl^i veneree eurandi
methodus approbatissimus ». Paris, 1560-4-7.
Lyon, 1570-8. Pataviœ, 1593-4. Portai louait cet
ouvrao-e. Voir Bonino, L241.
Chautemps Amédée, â St-Julien, d. t. en 1856,
le 9 août.
Chautemps Emile, neveu d'Amédée, né à Val-
leiry le 2 mai 1850, d. p. le 18 juin 1875, vice-
président de la Société phil. sav. en 1876-7, che-
valier de la Légion d'honneur, a donné une con-
férence à Paris le 16 mars 1878, au bénéfice de la
l^ibliothèque communale de St-Martin-de-Belle-
ville en Tarentaise, sous le patronage de Jules
Philippe. Chautemps est conseiller municipal de
Paris.
Chesnay, m. F. , membre perpétuel de la Société
phihmthropique savoisienne, est mort à Paris.
Ciievallay Claudc-Fi'ancisque, de Cham])éry,
né le 19 janvier 1807, d. m. t. le 9 juin 1832, pro-
fesseur des Instituts de médecine à l'Ecole secon-
89
daire de Chambéry, médecin des Prisons après le
docteur Domenget et jusc^u'en 1850, chevalier des
saints Maurice et Lazare.
Avait été délégué au choléra de Gênes avec le
docteur Calligé, son condisciple et ami. Membre
fondateur de la Société médicale de Chambéry.
Chiron F., de Chambéry, d. m. p. 1878, thèse :
(( Essai sur le Kyste des mâchoires » , imp. Wo-
rens à Argenteuil.
CiSTRE, docteur d'Avignon, agrégé au Collège
des Médecins de Chambéry le 14 octobre 1G86. '
Claraz Balthasard, de Tcrmignon, où il a pra-
tiqué et où il est mort. \J Annuaire l'an xni le
place à Lanslevillard.
Elève du Collège des Provinces à Turin, avec
Fodéré, officier de santé de l'""" classe, amnistié du
crime f/e/^izV/ra^/o/z le 17 brumaire an xi, médecin
du Mont-Cenis par décret impérial du 15 avril
1812, sur la proposition de Dom Gabet, médecin
honoraire de Sa Sainteté, le 15 décembre 1819.
Voir la Vie de saint Pierre de Tareniaise, par
le chanoine Chevray, p. 255. Courrier des Alpes,
25 avril 1866. Académie de Savoie (communica-
tion du docteur Guilland, vol. IX de la 2" série,
p. Lxxvni à Lxxxni), les Légendes papale et na-
poléonienne^ par le comte Du ^^erger.
Claris Jean-Marie , de Bonnevillo, oihcier de
santé, diplômé à Chambéry le 11 fructidor an xni.
90
Clément (M'') , médecin de Pierre II (le Petit-
Charlemagne) , à Belley, en 1268. (Trompeo, p. 28.)
Coche Jean-Marie, à Annecy, d. m. p. le 25 mars
1873, mort à Annecy du 16 au 17 octobre 1882, à
36 ans, et sépulture le jour de la fête de saint Luc,
était vice-président de la Conférence de Saint-
Vincent-de-Paul.
Yoir Revue savoisienne du 31 octobre et Asso-
ciation des médecins de la Haute-Savoie (1883).
CoDRET Annil)al, de Sallanclies, et non Codré,
comme imprime Bonino (1,302), avait étudié à
Paris, puis à Padoue, où il prit ses grades en mé-
decine avant de rejoindre, chez les jésuites, son
frère Louis. Il professa à Messine et fut recteur
des collèges de Lyon, de Cliambéry qu'avait fondé
son frère en 1564, do Turin et de Tournon. Il
mourut provincial d'Aquitaine le 19 septembre
1599.
CoLLOMB Jean-Marie, de Cliambéry, aide-mé-
decin de marine le 12 décembre 1878, embarqué
pour la Cochinchine le 20 janvier 1877 et dél^ar-
qué à Saigon, y soigne en juillet les cholériques,
les suit en août et septembre à Mytho ; vaccine en
janvier et février 1879 la province de Bien-Hoa,
et rentre à Toulon le 26 avril ; prend son doctorat
à Lyon le 24 juillet 1883 avec la note très bien :
« Essai sur l'hygiène et la ])athologie de l'Annam
et du Tong-Kin. (Lyon, im]). Lucien Duc, n" 170
de la 1'" série dos thèses; 64 pages in-4°.)
91
CoMBAz François-Pierre-Marie. (VoirCuvEX-
COMBAZ.)
CoMOZ François-Joseph, né à Rumilly le 21
avril 1841, d. m. p. le 22 juin 1867 : « Inconvé-
nients du taxis forcé » ; thèse pour le doctorat,
soutenue à Paris le 22 mai 1867. Paris, A. Parent,
in-8°, 44 pages. En 1887, adjoint au maire de Ru-
milly, conseiller d'arrondissement, président du
Comice agricole.
CoNCHET, né en Savoie, appelé à Arles auprès
des Dulaurens vers 1560; il y fit ses études, passa
ensuite à l'Ecole de médecine à Paris avec Charles
Dulam^ens, pratiqua dès 1574 à Lambesc, et mou-
rut/)/'e//HV/' médecin d'Avignon.
Nous ne savons de lui que ce qui en est dit dans
le charmant « Livre de famille » de Jeanne Dulau-
rens. ( Une famille au xvi'' siècle, document ori-
ginal précédé d'une introduction , par Ch. de Ribbe,
et d'une lettre du Rd Père Félix. Paris, Albanel,
1867.) La 2'' édition de cet ouvrage n'a rien ajouté,
en ce qui concerne le docteur Conchet, à ce que
nous trouvons pages 54-55 et 65-66 de la l''"".
Constant, inspecteur des Aliénés. (V. Bu et.)
Constantin, docteur médecin, signe un arrêté
du directoire du district de Saint- Jean de Mau-
rienne, le 15 avril 1793. (Mémoires ecclésiasti-
ques, par Mgr Billict, p. 432.)
CopuïR. Le nom de ce médecin existe aux Aj^-
chives (lu Sénat de Cliambéi-jj.
92
Copier Jean. Lorsque François de Sales faisait
ses études à l'Université de Padoue il fut saigné
par un Savoisien Jean Copier, médecin, 1591.
(Charles- Auguste de Sales. Histoire du Bien-
heuveux François de Sales.)
CoRNUTY Jean-Léon, né à Chevron le 31 mai
1838, D. M. T. le 13 juin 18G0. « Dissertation pour
le doctorat sur la parmentèse de l'œil. » Turin, J.
Favale, de 39 p. in-8°. Stagiaire militaire au Val-
de-Gràce le 25 décembre 1800, aide-major de 2^
classe le 31 décembre 1861 , de l''^ classe le 31
décembre 1863, détaché au Mexique avec le lO""
cuirassiers en 1864, mort du voinito nero à la
Vera-Cruz le 4 mars 1867. (Voir Cafîe, p. 222
de 1867.)
CosTER Jacques, né à Chapeiry prés Annecy le
8 septembre 1795, d. m. t. ( Collège des Provin-
ces) en 1821, autorisée exercer en France en 1824,
mort à Paris le 21 janvier 1868. (Voir Caffe, 1868,
p. 47-8.)
CoTTAREL Ennnanuel, né à St-Pierre-d'Alvey
(Yenne) 1826, d. m. t. 1854, médecin à la Motte-
Servolex dès 1860 au 12 novembre 1869, année
où il y est mort.
Voir Cafîe p. 511 de 1869. Assoc. de Savoie^
p. 7 de 1870 ; Société inéd. de Chamhéry , p. 21
de 1874.
CoucY (François de), né â Mcntiionncx-sous-
93
Clermont en 1800, décédé à Lyon le 31 juillet
1858, sépulture k \'ersonnex près Rumilly.
Après des études médicales faites à Chambéry
et à Lyon, il fut nommé cliirurgien-maj or en se-
cond dans la brigade de Savoie en 1830. Mais il
renonça à cet emploi pour passer sous-lieutenant
dans le même corps. Promu lieutenant, il devint
aide-de-camp du comte de Maistre, gouverneur à
Nice, où il fut durant deux années l'organisateur
de toutes les fêtes de la haute société et des pièces
de salon qu'on aimait y jouer.
Devenu capitaine au 2" régiment de Savoie, il
fut cliargé d'une mission diplomatique auprès de
S. M. l'empereur de Russie, qui le traita avec une
distinction particulière, le faisait inviter à toutes
les soirées de la Cour, et lui fournit une monture
pour le suivre dans les revues militaires.
Envoyé ensuite en Angleterre, il y épousa une
anglaise; puis, passé en expectative pour raison de
santé , il fut nommé, le 28 juin 1848, liérault d'ar-
mes de l'Annonciade, et fait, le 10 février 1849,
chevalier des saints Maurice et Lazare.
Plein de gaieté et de saillies, chéri de ses amis
pour sa loyauté et sa bonté, recherché de tout le
monde pour son excellente éducation et son en-
train, on cite de lui des mots charmants : c'est à
Nice qu'entendant dire autour de lui que Madame
X... se trouvait mal : <( C'est la première fois,
murmura-t-il, qu'elle est de l'avis des autres. ))
94
CouRANjON Jean - Keviiioiid - Emile , docteur-
médecin à Beaufort, 1888.
Crey Jean-Pierre, cliirurgien à Moùtiers, où il
momait le 31 juin 1762.
Croset-Mouchet Aimé, d'Annecy.
Crud Claude, d. m. t., mort à Moùtiers dans la
force de l'âge et dans tout l'éclat d'une pratique
exceptionnellement appréciée. (Voir Abondance
et Hybord.)
Crud Jean-Marie, frère de Claude, chirurgien,
mort le 13 septembre 1813, d'une angine contractée
en opérant ses vaccinations dans les niontagnes.
Cruse (M^^ Garbinus, alias : GalvinuSj alias:
Guerbinus), de Cologne^ médecin de la ville de
Chambéry, à 80 florins, de 1426 à 1439. (Chani-
béry.Jin du XIV" siècle, p. 232.)
CuLLERY Laurent, du Villars, dédie à Mgr Yves
de Solle , évèque de Chambéry , sa thèse sur :
« l'hygiène des nourrices ». Paris, 9 novembre,
1815^, n-^ 303.
CuRTET François, né à Chaumont, se fit à Bruxel-
les une belle position, y appela son compatriote
Baud après 1814 (V. ce nom) , maria sa fille à
l'astronome Quételet.
Grillet (III, 468) indique sa bibliographie
comme le ms Mont-Réal, et ajoute entre paren-
thèse : « Notices fournies par nis C.-M. Pillet, de
Paris.
95
CuRTiLLET Jean, d'Aix, diirurgicn-inajor en
l'escadron de Savoie.
CuvEx-CoMBAZ Félix-Pierre-Marie , de Beau-
fort, D. M. T. le 9 juillet 1841, mort à Beaufort.
Dagand Jean-Jacques , officier de santé à Albi ,
1784.
Dagand Simon, né à Allèves en 1756, reçu
docteur-médecin le 18 août 1781, à 25 ans; patenté
accoucheur le 3 juin 1783 ; mort le 16 mai 1815.
Dagand François-iNIarie, d. m. t. en 1838 et en
1839; correspondant de la Société médicale de
Chambéry, a exercé à Albi où il a rempli les fonc-
tions de maire. Il a aussi été conseiller général et
de la Chambre consultative d'agricLÛture de la
Haute-Savoie. Il a rendu des services pour la vac-
cination, a écrit sur la phtisie pulmonaire (thèse),
sur l'hygiène publique et sur Thygiène scolaire,
sur la crise agricole, etc. ; mort en 1886.
Dagand, Paul, fils du président, d. m. p. en
1879, « Sur les usages thérapeuthiques des lave-
ments froids )) (thèse). Paris, in-8° de 49 pages.
Dangon, chirurgien à Montmélian, où il mou-
rut le 5 octobre 1839, âgé de 84 ans, était né à
Pignerol. Sa patente de chirurgien de la Faculté
de Turin est du 19 mars 1792. (Inscrite à la Pré-
fecture du Mont-Blanc le 16 messidor an n.)
96
Dantan Prosper, d. m. p. le 20 mai 1867; natif
de Tlionon, établi à Evian où il a épousé une de-
moiselle Tabeiiet.
Daquin Joseph (1952-1815) à Cliambéry. Cette
illustration de notre pays a été le sujet de tribut
d'entrée de Guilland à l'Académie de Savoie, IP
vol. de la 2*' série, p. 171-206 (tirage à part) et
encore p. ciii-cix du vol. précédent. On consultera
aussi : Grillet (I, 220, 242; II, 167, 245), ms;
Mont- Real (f'' 10 du 2*" cahier des Auteurs cwils);
Bonino ( II, 474-6) ; Girod (Arch. XXI et p. 59 du
tirage à part) ; Billiet, 361.
Cette publication de Guilland a donné lieu â une
vive polémique à propos de la priorité de Daquin
sur Pinel dans le traitement des aliénés. Voir : un
rapport sur cet ouvrage, par le D'Brière de Bois-
mont, à la Société médicale d'émulation de Paris
(Union niédicalej 3 janvier 1854 et Journal des
connaissances médicales de CafEe, p. 177-80 de
1853-54). Note sur un rapport à la môme Société,
par le D'' Casimir Pinel, neveu (Union médicale^
29 avril) ; Rapport du D'" Guilland fils sur les Etu-
des médicales du D'' Fusier, 1855 (publié par l'Ad-
ministration de l'Asile âla suite des études, repro-
duit dans le Courrier des Alpes du 8 mai 1855);
Motion des D'"'* Evrat et Roux au Congrès scienti-
fique de Grenoble en 1857 {Actes du Congrès et
Ga;^ette de Savoie, 10 octobre 1857); Lettre du
docteur Guilland (Calïe , n° du 10 janvier 1858 ,
page 134).
07
Cominiinicatioii du D'' Evrat au Congrès scien-
tifique d'Auxerre, 1858 (Moniteur du Congrès
(i'^M<re/7'e 8 septembre, Courrier des Alpes j, 23
septembre, Actes du Congrès j Société d'arch. sav. ,
et Courrier des Alpes, septembre, Ga.:^ette de Sa-
voie, 14 septembre); Chronique parle D"" Fellalez
à la Revue étrangère médico-chirurgicale (l'''" no-
vembre 1858); Cafïe (son journal p. 27, 134, 161,
176, 203 de 1857-58; correspondance Guilland,
Evrat, Brière, Beaugrand, Pinel).
Polémique suscitée à propos de VEau de la
Baisse. Lecture du D'' Carret Joseph, à l'Académie
de Savoie, le 21 novembre 1878 (Courrier des
Alpes du 30). Observations du D'" Guilland à l'Aca-
démie, le 5 décembre (Courrier des Alpes du 19).
Lecture du D'" Carret à l'Académie, le 28 avril
1879.
A propos du nom de Daquin donné à l'une des
rue de Chaml^éry, rectification orthographique et
topographique par le D'' Guilland à l'Académie de
Savoie, le 2 mars 1878 (Courrier des Alpes, n° 65).
Postérieurement à notre étude de 1852, nous
avons retrouvé quelques fragments du Cours d'hy-
giène^ professé par Daquin à l'Ecole centrale du
Mont-Blanc ; ils nous ont fait vivement regretter
l'ensemble.
Dardel Amédée, fils d'un médecin du même
nom, né à Aix, d. g. m. t. le 7-28 juillet 1854 (thèse
98
sur la « Coxarthrocace »; Turin, Biancardi, 40 pa-
ges in-4''), médecin à Aix où il est décédé.
Davat Gaspard-Adolphe, dont le père, pliar-
macien à Aix, fut fermier des Bains sous l'Empire,
durant la direction médicale duD'" Desmaisons, a
été lui même maire, commandant de la garde na-
tionale, conseiller général, administrateur du Cer-
cle, delà Compagnie du gaz, fondateur de la Caisse
d'épargne, vice-président du Comice agricole.
Ancien interne des hôpitaux de Paris, d. m. p.
en 1832; d. m. t. en 1834; membre correspondant
de la Société de chirurgie de Paris, de la Société
littéraire de Lyon, de l'Académie de Savoie, ses
pu]jlications sont : « De l'oblitération des veines »
(Archives de médecine, 1833). « De la cure radi-
cale des varices » (Paris, 1834-36). « Plaies d'ar-
mes à feu )) (Gcu. des hôpitaux^ 1842.) « Nouveau
mode de traitement des fractures de la clavicule »
(Union médicale ^ 1840). « Du goitre et de ses
causes » (Congrès scientifique de Lyon, 1841).
« Lignites du bassin d' Aix » ( Société géologique
de France, séant àChambéry ). « Inscription anti-
que » (Journal d'Aix). (( Nouveau mode de trai-
tement de l'hydrocèle » (Ga::;. médicale de Paris,
1850). (( Lettres â M. François sur les sources
thermales d'Aix » (Ga^. des hôpitaux j 1855).
<( Compte rendu des Eaux thermales en 1854 »
(ce compte rendu présidentiel a été par erreur ty-
pograpliique nitribué à l'année 1844, dans labiblio-
99
grapliie publiée par le D'' Davat lors de l'annexion ;
il a été imprimé en 1855, chez Didot â Paris).
« Des Eaux d'Aix dans les maladies osseuses »
(Société de chirurgie, 1855). « Blessures graves du
diaphragme » (Annales d'hyg. et de chir. légale,
1857). « Solution de la question savoisienne : La
Savoie indépendante » (Chambéry, Ménard, 1860,
8 p. in-8°). Actualité '.France, Piémont, Savoie
(Aix, Bachet, 5 mars 1860, 24 p. in-8°). « Note à
l'appui de la candidature de M. le D'' Adolphe
Davat (sic), à la place d'inspecteur des Eaux
d'Aix (Savoie) » (2 p. in-4°, Paris, imp. E. Don-
naud, s. d.). « Fragment poétique sur l'autonomie
savoisienne » (Revue du lyonnais, 1863, p. 304).
« Hygiène d'Aix » (extrait du journal La Savoie,
1862). (( Note sur les questions à l'ordre du jour
du Conseil municipal d'Aix » (8 p. in-8°, Bachet,
1865). « Les Abattoirs d'Aix » Courrier des
Alpes, 17 mars 1870). « Etablissement thermal
d'Aix : questions d'intérêt public, lettre au minis-
tre » (Paris, Pion, 1878, 28 p. in-8°). « Etude
sur l'oblitération des varices » (Journal de chirur-
gie, 1878, 8 p. in-8°).
Davet Aimé-Julien, comte de Beaurepaire, né à
Evian en 1797, famille originaire de Flandres,
docteur médecin de Pavie en 1820, mort en 1874
à Paris où il pratiqua l'homéopathie sans exclure
l'allopathie ; revenait chaque année passer quel-
ques semaines dans sa propriété de Publier en
Chablais, dont il a été le bienfaiteur généreux, s'y
100
reposant d'une pratique aussi étendue que distin-
guée. (Voir Caffe, p. 207 de 1874.)
Déage Jean-Gui liaunie, de Coriiier en Faucigny ;
docteur-médecin d'Avignon le 20 mai 1731 ; est au-
torisé à exercer la médecine en Savoie, le 1''' no-
vembre 1751, par le Magistrat de la Réforme de
Turin, est nommé, par le même Magistrat, le 27
du même mois, proto-médecin de la ville de Moîi-
tiers et de la Tarentaise.
DÉAGE Pierre-Marie, né à la Motte-Servolex en
1828, D. M. T. 1856, mort à Cliambéry le 20 juin
1862, médecin-adjoint à l'Hôtel-Dieu.
Voir Courrier des AlpeSj 14 juin 1862. Cafïe,
p. 270 de 1862. Société médicale de Cliambéry,
p. 17 de 1874.
A épousé, en 1858, M"'' Caroline Poidebard,
dont il a eu deux filles : Marie et Clotilde.
Debauge Jean, à Saint-Genix.
Debeauge Jean, aussi de Saint-Genix, d. t. 11
ou 12 août 1856, pratique à Lyon où il a concouru
en 1878 pour ragrégation.
Debiol Jean-Louis, de Scionzier, d. m. t. le 30
mai 1774.
Dechamps Jacques (alias Deschamps) né à l'Hô-
pital-sous-Conflans (Albertville) en 1799, d. m. t.
en décembre 1827, mort à Albertville en 1847.
Delachenal (ou De Laciienal) Jules, fils de
Louis-François et de Marguerite Domcnget, sœur
101
du D'' Domenget, frère de Francisque, conseiller à
la Cour d'appel de Turin , né à Ugines en octo-
bre 1830, fit ses études classic[ues à ]\Iélan et à
Cliarabéry, fut ensuite admis par concours au Col-
lège des Provinces de Turin, et mourut en juin
1855, au moment d'y prendre son doctorat.
11 avait fait hommage, en août 1854, à la Société
médicale de Cliambéry , d'un exemplaire de la
thèse du célèbre Werner de La Chenal. ( Voir
Werner. )
Delaucourt Antoine (ou Dellozcourt), de
Saint-Jean de Maurienne, après avoir entrepris les
études médicales, les a abandonnées pour celles du
droit, a pris en 1879 sa retraite de Juge de paix.
Delavenay (ou De Lavenay) CJaude-André,
docteur-médecin, né le 14 mai 1786 à Amancy, près
Bonneville , naturalisé français le 3 juin 1818*
(Albrier, Soc. d'arch. sav.,X. XVII, p. 357), de-
venu médecin en chef des hôpitaux civils de Cler-
mont, de la môme famille, croyons-nous, que De-
lavenay Hippolyte , sous-lieutenant à la Légion
delà Haute-Marne (op. cit., p. 359), et que Victor-
Hippolyte-Matliicu, fils de Claude- Joseph, conseil-
ler d'Etat (op. cit., 277).
Delavenay Christophe-René, frère du susdit
Claude-Joseph, né, comme lui, à Chillyprès Fran-
gy , présenta à Paris, le 5 mars 1812, sa thèse sur
la « Dyssenterie.
Delavenay Sébastien, fils de Christophe-René,
102
D. M. P. le 12 mars 1844 et d. m. t. le 12 décembre
même année, établi à Yenne, protecteur des en-
fants assistés en 1880, meurt le 7 février 1883.
Delavenay Camille, frère du précédent, d. t.
le 18 juillet 1854, établi à Seyssel, conseiller gé-
néral. Chevalier de la Légion d'honneur, se retire
en 1868 à sa campagne de Desingy, porte-drapeau
de la Faculté de Turin en 1854, par décret minis-
tériel et par élection ; exerce actuellement à Pringy
près Annecy.
Deluermoz Eugène, officier de santé (Lyon, 28
décembre), pratique à Vulbens.
Demartenay, à Cluses.
Demarthenex Claude-François, de Scionzier,
D. M. M. le 15 brumaire an xii.
De Mey (alias Demay), né en Belgique, auto-
risé à exercer en France, acquit les Bains de St-
Gervais de M. Gonthard, en 1839, y est mort en
1871, âgé de 77 ans. Il contribua habilement à don-
ner à cet établissement de la vogue, aussi l^ien
parmi les protestants genevois avec la duchesse
d'Orléans, que parmi les fervents catholiques avec
les évêques Rendu, etc.
Son olïre d'héberger lesévèques d'Italie, lors de
la persécution de 1866, lui valut un hret pontihcal
de Pie IX, en date du 26 septembre 1866. (Seinaùie
religieuse de Lyon, et Couvriei- des Alpes.)
(Voir Cafîe, 1870-71, p. 462.)
Dementhon, chirurgien à Yenne. (Aiinuaireà.e
l'an XHi. )
103
Demotz, « médecin de Chambéry, trouvé mort
« en son lit; tout le jour devant, gai, très sain, et
« roulé par toute la ville^ ce 20 décembre 1680... »
(Livre de famille Domenrjet, d'Aix.)
DÉNARiÉ. La Savoie septentrionale fournit plu-
sieurs médecins de ce nom vers le milieu de ce
siècle :
DÉNARIÉ Alphonse, de Pérignier près Tlionon,
D. M. p. le 8 juillet 1869, a pratiqué quelque temps
à Pérignier.
DÉNARIÉ Claude-Marie, d. m. t. le 23 mars
1837, a pratiqué à Morillon, berceau de la famille
où il était né ; y mourut vers 1860.
DÉNARIÉ Amédée, né le 28 janvier 1855 à Cham-
béry, fils de Louis, conseiller à la Cour d'appel,
docteur en médecine de la Faculté de Lyon ( 18
décembre 1883), ancien interne des hôpitaux de
Lyon (Concours de 1879, reçu le premier, lauréat
du prix Bonnet.)
Il a publié :
(( Des altérations du fœtus mort-né. »
« Leçons recueillies au cours de M. le professeur
Delore. » (France médicale, n° 79, 1879.)
(( Observation du cancer du péritoine. » [^Lyon
médical, janvier 1882).
(( Sur un cas de mort par thrombose des artères
mésentériques. » {Lyon médical, avril 1882).
« Sur un cas de kératite syphilitique. » ( Lyon
médical, décembre 1882.)
104
« Dystocie due à une tumeur du col de l'utérus,
opération de Porro. Guérison. » ( Lyon médical ^
mai 1883).
Thèse de doctorat (( Contribution â l'étude de
la syphilis cornéenne. )) (Thèse couronnée par la
Faculté de médecine; médaille de bronze.)
Dénarié Gaspard- Antoine, né à Chambéry le
31 octobre 1829, d. m. t. le 27 juillet 1853. Thèse :
Essai sur l'âge de retour che^ l'homme; Turin,
Speirani et Tortone, in-4°, 24 pages. A publié,
dans le Courrier des Alpes divers articles sur
l'hygiène pul^lique, notamment en 185G sur le re-
boisement des forêts, et des articles politiques en
1860 dans le Courrier des Alpesj V Univers et la
Patrie ;
De l'établissement d'un bain d'eau courante à
Chambéry. Chambéry, Châtelain, 1883 , in-8°,
26 pages.
Guide aux Char mettes, in-18, 22 pages (1).
M. Dénarié est encore auteur de diverses bio-
graphies insérées dans les Comptes rendus des
assemblées annuelles de la Société des médecins de
la Savoie, Ces assemblées se terminaient toujours
par un joyeux dîner. Le 26 mai 1885, le docteur
Dénarié en dressa ainsi le menu :
(1) Le docteur G. Dénavié u épousé M"° Reymond, jm'o-
priétairo do Ja célèbre maison des Cliarmcttes, habitée par
M"" de Wareus et Jean-Jacques Rousseau.
105
Menu Rondeau.
Pour bien dîner saimion sauce liollandaise
S'arrosera de vin blanc de Chignin,
Creusez profond timballe milanaise,
Avec Bordeaux filet périgourdin ;
Que le salmis, ce chef-d'œuvre divin,
Soit salué d'un noble coup d'Arbin,
Du petit pois passez au chapon fin ;
Mais lentement il faut être à son aise
Pour bien dîner
Salade russe et sorbet à l'anglaise
Las! mèneront doucement à la fin,
Point n'oublier qu'en médical festin
Propos salés font goûter le A'ieux vin,
Rien ne vaudra vieille gaîtê française
Pour bien dîner.
Denina, médecin militaire, docteur de 1842,
s'était fixé à Amiecy.
Denis, de Lyra, 140G. La ville de Chambéry
lui allouait, cette amiée-là , 80 flor, pour donner
ses soins « en conscience et à peu de frais » aux
personnes qui s'adresseront à lu i (ms. Cliapperon) .
Depoisier François-J'^ -Jules, né à Samoëns,
où son père, négociant de Strasboui^g, s'était venu
marier; reçu d, m. t. le 31 août 1858.
Le canton de Samoëns le porta au Conseil géné-
ral en 18G0; mais il donna sa démission en 1862,
sous le préfet Ferraud, lorsqu'il vit de près, écrit
Caffe (p. 83 du 43*" vol. de son journal), les agis-
106
sements « des préfets de l'Empire... » On lui offrit
aussi la place de médecin cantonal, et la présidence
du Comice agricole ; il refusa la première « parce
que l'indemnité était dérisoire , » et la seconde
« parce qu'il était profane » Puis, trouvant
que le régime français étouffait ses aspirations li-
bérales, il émigra à Genève, s'y fit autoriser à pra-
tiquer et y devint Président de la Société savoi-
sienne.
A l'avènement' de la République, il rentra en
France et suivit comme cliirurgien-major le 3"" ba-
taillon des mobilisés de la Haute-Savoie. Après la
guerre, il s'établit à Caluire près Lyon, où il vou-
lut créer une école libre.
Il y est mort le 2 juillet 1875, léguant à Samoëns
sa bibliothèque, dont la légataire n'a pu, croyons-
nous, se mettre en possession.
Voir Caffe (Journal du 15 Janvier 187(3). C'est la
dernière nécrologie médicale savoisienne qu'ait
rédigée Caffe, qui mourut le 19. Voir le Patriote
savoisieii du 4 juillet 1875, et les Alpes (d'Annecy),
des 21 mai et l'''" juin 1876.
Depraz Charles, né sur la frontière franco-suisse,
d'un père employé aux douanes sardes, d. m. t. le 8
juillet 1852, pratique d'abord à Chamonix, en même
temps que le D'' Feyge, de 1856 à 1860 ; alternait
vers 1867 entre Evian et Nice, où il se fit une spé-
cialité de la direction et de la ]-)ropagande Ham-
main, puis des Sktiiicj-^inh- (ju'il importe au Va-
lentin à Turin en 1876.
107
On trouve les preuves de son activité prose) y ti-
que dans les journaux du littoral méditerranéen et
de Turin, dont la Société médicale de Chambéry
a reçu de lui les principales insertions. (A^oir le
compte rendu du Congrès médical de Turin en
187. , la Gcu. di Torino du 28 novembre 1877, la
Ga^. piéni. du 19 avril 1878, le Littoral de San
Remo (( passim ») et notamment au 14 mars 1880
où, écrivant à l'hygiéniste Mantegazza, sénateur
italien, il se fait gloire de déployer dans son apos-
tolat la ténacité « des mulets de Savoie et l'ardeur
des loups deMaurienne. » Lorsqu'il s'agit d'élever
un monument à Victor-Emmanuel, il propose de
créer dans ce but à Rome des « Thermes Victor-
Emmanuel. En février 1882, lors du voyage do
Gambetta à Nice, il en ol)tint une audience dans
le même but.
Deschamps Auguste, né à Héry-sur-Ugines,
le 29 juillet 1801, a prati(jué à Paris, rue Jean-
Jacques Rousseau, 12; membre de la Société phi-
lanthropique savoisienne.
Deschamps Albert, fils de Louis, conseiller â la
Cour d'appel de Chambéry, né le 25 juillet 1858, à
Annecy, où son père était juge au tribunal civil,
entré à l'Ecole de médecine de marine de Toulon en
1878, et reçu leô'' de la promotion, fait son premier
voyage dans la Nouvelle-Calédonie, à bord de la
Creuse j séjourne à Chaudoc (Cochinchine) en 1881.
D. M. p. Thèse de doctorat : « Contribution à l'étude
108
du choléra endémique eu Cochincliiue » ; Paris , A.
Parent, Davit, successeur, 1884. Médecin de la
marine française ; 1888, démissionnaire, se fixe à
Grenoble.
Descostes Augustin, né à Rumilly, frère du no-
taire et oncle de l'avocat François, chevalier des
saints Maurice et Lazare.
Reçu docteur à Turin, il débuta dans son pays
natal, fit partie de la députation qui alla à Paris
demander à Napoléon III l'annexion de la Savoie,
et fut élu Conseiller d'arrondissement en 1860.
Mais il ne tarda pas h passer à Lyon, puis à Beau-
jeu où il s'établit définitivement vers 1864.
Le Moniteur viennois contient un article de lui
sur Rumilly (8 février 1881). Il a donné au Lyon
médical la nécrologie du D'' Clément (19 janvier
1881).
Desmaisons Joseph-Bernard, d. m. t. 1752, né
à Duingt, berceau de cette famille médicale, si bien
connue à Chambéry, à Paris, à Turin, en Russie.
Desmaisons J.-B. se fixa à Chambéry vers sa 30"
année, c'est-à-dire peu après avoir pris ses titres. Il
s'y logea rue Tupin (1) et épousa, le 26 juillet 1762,
Christine-Marie, veuve Guichon. Il devint méde-
cin des royales prisons, du fort et de la garnison
de Miolans, proto-médecin et fut bibliothécaire de
l'Ecole centrale à sa création, iyo'iv Dict. des inéd.
français, \). 361.)
(1) La rue Tupin ou de la Grenaterie était une partie de la
place St-Lcgcr, à droite de l'église de ce nom.
109
Desmaisons François-Marie, d. m. t. en 1824,
avec dispense d'âge, et préludant par cette faveur
aux lauriers académiques, que devaient cueillir
dans cette même Université ses neveux Reymond.
Il était né à Chambéry en 1804, mais avait dés
1829 obtenu l'autorisation d'exercer en France, où
il se fit à Paris une clientèle aussi affectionnée que
distinguée. Mort à Paris le 21 juillet 185G.
Voir sa nécrologie au Journal de Caiïe, son
ami, p. 420 du XXIIP volume.
Desmaisons Jean-Jacques, d. m. t. 1782, fils de
Joseph-Bernard, naquit à Chambéry ; il eut trois
enfants : le docteur François-Marie, fixé à Paris;
Jean-Jacques, devenu en Russie grand maître de
l'Institut oriental de Pétersbourg, et une fille,
mère du D'' Reymond, professeur à Turin.
Lorsque la Savoie devint française, Jean-Jac-
ques succéda au D'' Joseph Dcspine comme méde-
cin inspecteur des Eaux d'Aix. Son caractère aima-
ble, sa parfaite éducation, la distinction et la beauté
dB sa femme, avait fait de son salon l'un des plus
recherchés de Chambéry durant l'Empire, qui
donnait tant d'animation â notre petite capitale
par les fréquents passages de troupes et l'impor-
tance géographique du département. Il était mé-
decin des prisons et de l'Hôtel-Dieu.
Voir Dict. des mêd. français, p. 3G2.
Despines Joseph, souche d'une famille de méde-
cins, né au Chàtelard en 1737, d. m. t. en 1761, a
110
exercé à Annecy ; médecin du roi de Sardaigue Vic-
tor-Amédée III, 1783; premier médecin directeur
des Eaux d' Aix en 1787; a eu un fils médecin, le sui-
vant. Il introduisit en 1769 l'inoculation variolique
dans les Etats sardes^ mort à Annecy en 1830.
Despines Cliarles-Antoine-Humbert, né à An-
necy, directeur des Eaux d'Aix, membre de l'Aca-
démie de Savoie , chevalier de la Légion d'hon-
neur, créé baron en 1841 par' lettres patentes du
roi de Sardaigue, mort en 1852. Père de Constant
Despines. (Voir bibl. aixienne.)
Despines Constant, né à Annecy en 1807, mort
le 14 mars 1873 à Aix, fils du baron Charles- An-
toine-Humbert, chevalier de la Légion -d'honneur
et de l'Ordre des saints Maurice et Lazare, direc-
teur des Eaux d'Aix, mort en 1873 à St-Innocent.
Auteur de publications sur Aix. (Voir la biblio-
graphie aixienne.)
A l'annexion, en 1860, il a été remplacé dans
l'inspection des bains par un conseil de médecins.
Despines Prosper, né à Bonne ville le 11 mars
1812, D. M. p., correspondant de l'Académie de
Savoie, a publié :
(( Psychologie naturelle » , 3 vol. in-8°, 1808.
« Contagion morale », in-8°, 1870.
(( De la folie.... étudiée sur le malade et sur
l'homme en santé » , in-8'' de 1,000 pages, cou-
ronné par l'Institut , 1874.
« Théorie ])hysiologi(|uc do l'iialhicination » ,
111
1881, etc., etc. (Voir rénuinération au supplément
Larousse.)
Desprez (alias Despré) Victor, né â St-Blaise,
canton de Cruseilles, le 1'''' mars 1811, connnença
ses études médicales à Cliambéry en 1832 et fut
reçu docteur à Turin le 29 mai 1837.
Il pratiqua d'abord au Mont-Sion, puis au Clia-
ble-Beaumont; puis, dès 1852, à Saint-Julien, où
il devint successivement médecin des prisons ,
des épidémies et de l'hôpital militaire, membre
du Conseil d'hygiène, membre du Conseil d'arron-
dissement et son président de 1860 à 1870.
En janvier 1882, le préfet le destitua de ses
fonctions de médecin des prisons qu'il exerçait
depuis trente ans, entouré là, comme partout, dp
l'estime de ses confrères et de ses concitoyens,
mais entaché de cléricalisme, membre du conseil
de fabrique de sa paroisse, du comité des écoles
libres, mort le 24 juillet 1883.
Voir Echo du Salève , 29 juillet; Association
des médecins de la Haute-Savoie.
Deswatines, de Clermont (Oise), nommé di-
recteur des sourds-muets à Coguin, en mai 1882.
Reçu docteur à Paris le 29 août 1857. s'est fixé
dès lors à Eu, où, membre de l'Association de la
Seine-Inférieure, il a été l'un de ses administra-
teurs jusqu'en 1880, où, ayant accepté la direction
médicale de la maison de santé de Clermont (Oise),
après le retentissant crime Estoret, ayant pris en
112
main la réhabilitation et la libération de Gaudis-
sard, détenu arbitrairement dans cette maison, il
fut condamné « pour délit do presse )) , la preuve
n'étant pas autorisée, et dût se consoler de ce dé-
sagrément avec les protestations de l'Association,
du Conseil général et du Ministre.
D'Etienne Dominique, né à Aussois en Mau-
rienne en 1743, fît ses premières études classiques,
suivant la coutume de ces temps, chez le curé de
son village. Docteur en médecine de Turin, il passa
tout jeune en France et y devint chirurgien-major
dans la marine royale. Il occupa ce poste vingt-
cinq ans. A l'époque de la Révolution, il revint à
Aussois où il exerça jusqu'à sa mort, survenue en
1819. D'un désintéressement extraordinaire, ayant
môme refusé d'intervenir au partage des biens de
ses ancêtres, il fut pleuré des pauvres et sa mé-
moire est encore vénérée dans son pays. Il n'a
laissé aucune fortune et était resté célibataire.
Cette trop courte note biographique a été com-
muniquée par un de ses arrière-neveux au docteur
Frédéric Brunier, qui l'a transmise à notre Société
médicale, ainsi qu'un volume in-12, manuscrit,
recouvert en parchemin avec une attache en cuir,
conservé dans la famille d'Etienne, comme écrit
et même composé par lui.
Ce manuscrit , placé dans notre bibliothèque
sous le n° 267, paraît être un résumé de cours ou
do lectures; il donne divers aphorismcs et formu-
113
les. Il ne laisse lire aucune signature, aucune date,
mais est tout de la même écriture.
Faut-il rapporter à l'époque du retour d'Etienne
en Savoie ces lignes que je copie telles qu'elles
subsistent sur la couverture du volume ?
(( Je viens au bruit de la renommée de V. A.
prendre port dans les terres de son obéissance, ne
pouvant trouver dans le monde un abry plus assuré.
Je crois qu'elle ne (résolve) ra point pour moi seul
les loix que sa bonté a déiâ faites en faveur de tous
les malheureux et de tous les coupables. Et cj[uoi-
que je ne le sois que par les voyes d'honneur ,
(f implore) le secours de sa protection comme ex-
trêmement nécessaire à mon repos. Je ne luy
représenteray point ma naissance ny ma profes-
sion : il suffit qu'elle sçaclie que je n'ay point com-
mis de crimes dont tous les hommes qui (font)
profession d'honneur ne ( veul) lent être accusé et
convaincu de quoi je l'asseure et je serai toute
ma vie
Monseigneur ob
médecin comme ses parents et comme l^eaucoup
de ses pays, était d'une taille très-élevée, environ
deux mètres. »
Devaux Pierre-François, chirurgien à Aix en
1786, figure comme officier de santé à V Annuaire
de l'an xiii.
Le Dictionnaire des médecins de France indi-
que un (( Devaux Jean-Claude, de Servion, 47
8
114
ans, reçu à Berne en 1780, et exerçant à Tlionon
depuis cinq ans... » La différence de l'ortliogra-
phe, des prénoms et de la résidence, ne permettent
pas de faire un seul praticien de • ces deux indi-
cations.
Dezauche Henri, né à Annecy vers 1800. De-
zauclie a pratiqué à Paris, y est devenu médecin
du ministère de la justice. L'un des fondateurs de
de la Société philanthropique savoisienne, il en a
été le second président, et en est resté président
honoraire lorsque, renonçant à la pratique médi-
cale qu'il exerçait rue St-Honoré, 353, il s'est retiré
à Colombe, dont il était maire durant la guerre de
1870, et où il a présidé la Commission cantonale des
indemnités de guerre pour le canton de Courbe voie.
Décoré de la Légion d'honneur, nous le voyons
présider avec MM. Jules Philippe et Mayet, dé-
putés, et le D'' Philbert, une conférence au bénéfice
de la bibliothèque de St-Martin-de-Belleville, faite
à Paris le 16 mars 1879.
DiANAND Gabriel, de Chambéry. Il fut nommé
médecin de l'Hospice des Aliénés au Betton le 16
août 1829, par suite de la démission du D'MoUard
qui refusait d'y prendre domicile. Après six mois
d'un voyage d'instruction aux frais de l'Adminis-
tration , Dianand se fixa résolument dans cette
insalubre résidence, et en demeura douze années
médecin titulaire; mais, éprouvé par l'endémie
paludéenne, il vit celle-ci servir de point de départ
115
à une maladie aiguë, qui l'enleva en 1842, martyr
de son dévouement.
Il laissait deux fils en bas âge, qui, élevés à Ge-
nève et devenus ingénieurs en Italie^ y mouru-
rent bientôt tragiquement.
Sa mère était, ainsi que M™" George, mère de
M""" Fanny Martin- Cbapperon , née Folliet, à
Saint- Jean de Maurienne.
Voir Duclos, Etudes médicales j^. 5, et Mé-
moire ^ p. 16; Tournier, p. 2 de \a Biographie de
Duclos, et Courrier des Alpes.
DicHON Claude, cliirurgien, bourgeois de Moû-
tiers (procuration à Bruel, notaire, du 16 juillet
1650).
Dtjoiîd François, de la Rocbette, d. t. le 18
juillet 1854, mort le 29 décembre 1880. Fixé dès
son retour de Turin dans son pays natal, la con-
fiance et l'estime publique en firent successive-
ment un membre, puis le chef de la municipalité
du chef-lieu, conseiller de l'arrondissement et
l'un des syndics du canal du Gelon. Dans toutes ses
fonctions administratives, comme dans la prati-
que de son art et dans la vie privée, démontra les
qualités du citoyen et du chrétien.
Nous pouvons être brefs sur cette belle et utile
existence, qui a été retracée dans le Courrier des
Alpes du 1^'' janvier 1881, et surtout dans le Bul-
letin de V Association des médecins du départe-
ment, par le D'' Ducrest , son digne apprécia-
teur, son émule dans le bien, et, comme lui, enlevé
prématurément , victime de son dévouement à
tous et à tout.
Il a donné au Courrier des Alpes quelques ar-
ticles d'édilité remarquables, et notamment sur la
route de la Rochette à AUevard (août 1877).
DissiPATis ( maître Michael de ) , astrologue et
médecin de la ville de Cliambéry le 14 juin 1415.
(Voir Chapperon (Chanibéry au XIV" siècle),
pages 230 et 232).
DoLiN Jean-Baptiste , né à Nimes, de Jacques
Dolin, de Chambéry, étudia à l'Université de Tu-
rin de 1827 à 1831, date de son doctorat. Il se
rendit ensuite à Paris le 9 décembre 1831 , et y
succombait le 13 juillet 1832, au choléra qu'il y
étudiait avec la passion et l'abnégation profession-
nelles. Son compatriote et ami, D'" Cafîe, lui ferma
les yeux : il est à regretter que la série des piquan-
tes et émues nécrologies, consacrées par notre
publiciste , n'ait commencé qu'un an plus tard
avec son entrée au Journal des connaissances
médicales.
DoMENGET Louis, ué à Chambéry en 1790, doc-
teur en médecine à Paris l'année 1815, mort à
Chambéry le 5 février 18G7.
Chirurgien-major dans la jeune garde ; il a été
le parrain de la source de Challes , professeur
de chimie à l'Ecole secondaire de Chambéry^ mé-
decin des prisons j de la mendicité et de la fa-
117
mille royale en Savoie. Savant et naïf à la fois,
aussi spontané et brillant clans la causerie qu'éru-
dit par sa prodigieuse mémoire, mi-partie de son
siècle et de celui des croisades, enthousiaste de
toutes les gloires, prompt à tous les dévouements,
sa vie a été décrite avec autant de tact que d'affec-
tion par une plume à la fois élégante et aimante
(Courrier des Alpes j 7 et 9 février 1867); par
Caffe (page 5 de son Journal, 1*"" mars), et par
Guilland Louis, une fois déjà, pages 5 à 9 de V As-
sociation départementale (année 1867).
Son œuvre bibliographique est presque entière-
ment consacrée aux eaux de Challes :
Citons seulement ici, en dehors de cette série de
publications, sa « Lettre à François Cuningliam, »
auteur d'une brochure imprimée à Genève en 1820,
sous ce titre : Notes recueillies en visitant les pri-
sons de Suissej de Turin, de Chamhéry , etc. ;
chez Plattet, en 15 pages in-8°, qui provoqua une
riposte du docteur Borson.
DoNCHEs (g,lias Donche) François, né à Saint-
André-les-Boëge en Faucigny, le 13 juin 1835.
Docteur de Paris et de Turin, chirurgien-major
dans les armées impériales, naturalisé le 23 décem-
bre 1814 (Albrier, Mémoires de la Société savoi-
sienne d'archéologie, XVII, 350); le docteur Dou-
ches avait laissé ses livres et quelques manuscrits
à un neveu qui se destinait à la médecine et mou-
rut au cours de ses études.
118
Donnât Joseph, de Mont-Saxo imex, d. c. t. le
3 juin 1786.
DoNZEL Benoît , « fils de F. -Louis (1664), chi-
rurgien de feu INIadame Royale , nommé vicla-
vaire en Chambre, à 86 ducatons. (T. Chapperon.)
DoppET François- Amédëe, né à Chambéry en
1753, mort à Aix-les-Bains en 1800.
(( Mauvais poète , mauvais médecin , mauvais
écrivain et mauvais général, mais plein de bra-
voure et d'honneur, passionné pour la patrie et la
liberté..., » dit le Dictionnaire des sciences médi-
cales de 1820, résumant ainsi deux pages biogra-
phiques. Le Parthénon donne son portrait et sa
nécrologie dans sa 63'^ livraison . La Biograph ie
Michaudhn consacre trois colonnes, formule sur
lui le même jugement que le dictionnaire cité tout
à l'heure, et tient ses Mémoires pour son meilleur
ouvrage. Ces « Mémoires politiques et militaires,
imprimés k Carouge en 1797, sont analysés et ap-
préciés par André FoUict, page 450 de son histoire
de Dessaix. (Acad. savoisienne^ vol. V de la 3*^
série.) Larousse lui donne une trentaine de ligne.
La Revue savoisienne d'août 1861; Grillet , Dic-
tionnaire, II, 172; Bonino, II , 422 426; Cafïe ,
1860, p. 280, en ont aussi parlé. Sa bibliogra-
phie ne forme pas moins de 20 ouvrages divers
d'après les ms de Mont-Réal. Grillet, 11, p. 173,
énumère la plus grande partie de ses ]:)roductions.
Dubois de Saint-Sigisinond Claude-Joseph, né
k Chambéry, diplômé.
119
Dubois fit un peu de médecine équitante à Al-
bertville, où il habitait le charmant vallon dont il
a allongé son nom, 11 publiait â Paris, le 26 mai
1814, un « Essai de physique » , qui fut, croyons-
nous, sa thèse inaugurale. Dans son épitre dédi-
catoire à M*"^ Birague, de Bourgue , sa mère, il
fait allusion à son aïeul Alexis, à son père Hya-
cinthe, physicien (???). Claude Genoux lui a dé-
dié une de ses pièces, celle intitulée : Promenade.
Le Courrier des Alpes du 8 juin 1848 contient
de lui une protestation contre le projet de loi al-
louant une indemnité aux députés du Parlement
du Turin.
Dubois, médecin, habitant à Aix, vient s'établir
à Chambéry en 1689. Sur la requête du D'" Leigle,
le Collège médical de Chambéry le tient pour mé-
decin étranger (3 juin ).
DuBouLOz Jean-Bapt., de Montmélian, d. m. t„
le 15 juin 1833, soumis à l'exerceat en 1841, après
avoir refusé une consultation chez M. Paccard,
avec mon père, son ancien professeur en 1830, il
a eu des querelles confraternelles avec Richard,
puis, après la mort de celui-ci, avec Paget (1874-
76). Investi, dans le canton et au-delà, d'une con-
fiance méritée comme praticien aussi dévoué
qu'instruit, cette popularité avait enflé un naturel
ardent et orgueilleux ; mais les événements qui
suivirent la République do 1870 (et ])cut-étre aussi
Tinfluence de sa fcnnne) le ramenèrent alors aux
120
sentiments religieux et à une profession franche-
ment catholique , tout en le laissant libéral impé-
nitent.
Parrain de l'eau cle Coise, médecin de l'Hos-
pice, vaccinateur et protecteur de l'Enfance (1881),
conseiller , puis vice-président de notre Associa-
tion à la démission du D^' Jarrin en 1881, il avait
été délégué avec MM. Chevalay et Calligé pour
aller étudier à Gênes le choléra en 1832; mais il
n'y arriva qu'après l'extinction de l'épidémie.
Ses ancêtres, originaires cl'Hermance, passè-
rent ensuite à Thonon, puis, au commencement
du xvni*" siècle, à Annecy, où son trisaïeul était
marchand drapier. Une autre branche est retirée
à Thonon, d'où le médecin Joseph, le conseiller à
la Cour, etc.
DuBOULOz Joseph, de Thonon, d. m. t. le 1"'"
juillet 1839, pratique à Thonon de 1840 à 1887;
y est membre du conseil d'hygiène en 18G9, con-
seiller de l'Association des médecins de la Haute-
Savoie.
Dubois Antoine,
DuBOYS Louis, né en 1G37, d. m., marié à une
de Lornay.
DuBOYs Jean, marié en 1G73 à une Turk.
DuBOYS Jacques, mort en 1079, peut-être le
môme que Jean, doiit le pi'énom aurait été altérée
DuBOYs Nicolas, mort en 1728.
121
Ces cinq médecins, du nom de Duboys, figurent
aux registres de la paroisse d'Aix.
Duc François-Marie, officier de santé, meurtrier
de sa femme adultère, parla dans les clubs, en avril
1848, à Paris, contre le projet d'invasion de la Sa-
voie par les Voraces (T. C); était membre de la
Société philanthropique savoisienne, sous le n°530;
il y est porté comme mêclecm-accoucheur\ rue du
Petit-Lyon- St- Sauveur , 26 .
DucREST Joseph, né à Ugines le 7 février 1827,
D. M. T. vers 1854. Sa thèse avait pour projet :
Les hémorroïdes ; a édité les oeuvres de Trésal et
fait sa biographie, ainsi que celles des docteurs
Reymond, Bally, Maigre; a écrit contre V exercice
illégal de la médecine , des poésies , etc. (Assem-
blée générale de 1883, p. 17 et 5. .)
DucROz, originaire de Sixten Faucigny, chirur-
gien militaire en Algérie, blessé au combat de
Beni-Mered le 11 avril 1842, an^puté du bras droit,
chevalier de la Légion d'honneur le 29 mai 1842,
mort en 1844, à l'âge de 24 ans.
Il est représenté deux fois dans les bas-reliefs du
monument élevé à Boufïarik, en 1887, au sergent
B landau.
DuFRESNE Pierre, né le 18 mars 1765 à La Tour,
près Viuz-en-Sallaz, décédé le 14 novembre 1813.
Il fit ses premières études auprès d'un chanoine
Augustin de l'abljaye de Sixt, curé à La Tour. En
122
1785, il suivit à Annecy le cours de philosophie,
et, l'année suivante (1786-7), le cours de M. Fon-
taine, professeur distingué de physique et do ma-
thématique, s'adonnant simultanément à l'histoire
naturelle et à la botanique et donnait des répé-
titions , car sa famille était pauvre et ne pouvait
l'aider que faiblement dans la voie qu'il s'était
tracée.
Ses études botaniques le mirent en relation avec
le D'' Villars, auteur de la Flore du Dauphiné,
qui le distingua ; et, le voyant indécis sur le choix
d'une carrière, lui conseilla la médecine, et l'em-
mena à Grenoble. Dans l'école dite de Chirurgie
(1787-90), il apprit l'anatomie sous le père Ovide,
dont les talents avaient fait la réputation de cette
chaire. Il suivait les hôpitaux militaires sous la
direction de Villars, médecin en chef. 11 passa la
fin de 1790, 1791 et une partie de 1792 à Turin,
où il compléta ses études médicales, prit le grade
àQ prodocteur (Ucencié) le 22 juillet 1791, et celui
do docteur en physic[ue et en médecine, le 1""' mai
1792. Pendant toutes ses études, le modeste gain
de ses répétitions fut sa principale ressource.
A Turin, sa valeur fut appréciée par le docteur
Balbis, nommé, à la Restauration, professeur de
botanique â Lyon par le docteur Bcllardi Louis,
dont il sut gagner l'amitié. Dans son ap])ondice
adjlorain pedemonianain, ce l)otanistc le nomme
plusieurs fois comme ayant découvert des plantes
nouvelles, et rond témoignage dos matériaux qu'il
123
lui a fournis. Il lui dédie le lichen Dufi'esnù', et
ajoute : «. Reperiit D. clarissimus Dufresne apud
Turrim in Sabaudià... Obs. species videtur dis-
tincta, eu jus nomen cl. inventori dicavi in grati
animi testimonium » (page 80 de l'éd. de Turin,
Briolus, 1792). Plus bas, au lichen aurantiacuSj
on lit : « Supra lapides Angust^e Taurinorum de-
texit Dufresne. necnon in Sabaudià) rupibus. » A
la page 57 : « Lichen lactans. Nascitur suprà cor-
ticesarborumin Sabaudià observante D. Dufresne,
med. doct. et optimo cl. A'illarii discipulo, cui
dobeo plures prassertium ex cryptogamicis cives ,
quas industrius vir apud Faucunates et in variis
monti1}us Sabaudià legit, mihique humanissime
communicavit. » Il lui attril^ue aussi la découverte
du lichen scruposus_, du lichen oderiij venant de
Cliamonix, du boletus inversus...
Dufresne se fixa à La Tour pour y exercer la
médecine. S'occupant d'agriculture, il introduisit
la pomme déterre dans son pays, y propagea l'éle-
vage des mérinos. Il fut nommé agent national du
district de Cluses, directeur de l'usine à fer de
Servoz qui fournissait des armes blanches aux
armées françaises.
Accusé de détournement par Simon, prêtre
réfractaire, il fut emmené à Paris; tous ses papiei's
furent brûlés. Il fut jugé et reconnu innocent par
la Convention, qui envoya le vrai coup;il)l(> Simon
à l'échafaud.
Il utilisa son séjour à Paris en étudiant les arse-
124
naux, hôpitaux, etc. Un permis du Conseil des
anciens et du Comité de salut public lui facilita en
outre l'étude de la fabrication des poudres.
Il revint ensuite dans son pays, où il épousa en
1799 Péronne Berthet, dont il eut le D"" Louis, et
Léandre, juge de paix à St-Jeoires, marié à la.
sœur de l'ingénieur Sommeiller et mort en 1880.
A la chute des Jacobins, il donna sa démission
de Préfet du Mont-Blanc, et n'accepta plus aucune
charge politique. En 1812, sur la proposition du
Préfet du Léman, il fut nommé, par le Gouverne-
ment impérial, médecin des épidémies pour tout le
district de Bonneville à Cluses. Il suffit à cette
lourde tâche pendant l'épidémie typhoïde qui sévit
cette année-là dans ce pays presque sans voies de
communication. Mais, le 14 novembre 1813, il
reçut la mort en sauvant la vie de l'un de ses do-
mestiques, écrasé par un tonneau.
Nota. Ces documents biographiques m'ont été
communiqués par un de ses neveux, Dufresne-
Sommeiller.
Pierre Dufresne a publié : « Mémoires sur les
avantages d'une nouvelle espèce de froment de
mars, ou tremois, cultivé dès quelques années à
Viuz. » Chambéry, chez Dufour, in-8".
\o\v Grillet, III, 297 et Mont-Réal, p. 8 du 2°
cahier (4 f'' 70). Grillet ni Mont-Réal ne donnent
son prénom : Grillet écrit : « Agent national /j/'o-
viaoii'c » , et attiibue à la mort de Robespierre sa
libération.
125
DuLAURENS. (On écrit aussi en deux mots Du
Laurens, et d'autres Laurent.)
Voici toute une illustre famille médicale, dont
le berceau fut savoyard, dont Bonino et Malacarne
ne disent rien, que Trompeo (p. 27) fait naître
« à Nice ou à Cliambéry » , dont Grillet dit un
mot (t. II, p. 191), mais que les Recueils biogra-
phiques et bil^liograpliiques français ont honora-
blement mentionnée et qui fait l'objet de la char-
mante monographie de Charles de Ribbe : Une
famille cm XV I" siècle (Paris, 18G7). Cette mono-
graphie fut signalée à l'Académie de Savoie pour
son mérite intrinsèque et surtout pour l'origine
savoyarde de la famille Dulaurens, par T. Chap-
pcron, à son retour d'un voyage à Paris ; les ren-
seignements cju'on trouvera ici sont la substance
de la note qu'il lut à l'Académie ( t. X, p. xlu de
la 2"^ série), ainsi que de l'appendice ajouté par
Cil. de Ribbe sur André Dulaurens, dans la S'' édi-
tion (1879, p. 199 à 209).
Le chef de la famille, Louys Dulaurens, nac|uit
à Pignet près Cliambéry, fut fait docteur en mé-
decine à Paris, pratiqua à Tarascon, puis à Arles,
où il mourut le jour de Noël en 1574, âgé de 63
ans. Il avait épousé en 1553 Louise de Castellan,
sœur d'Honoré de Castellan, professeur à Mont-
pellier et médecin de Charles IX.
Il en eut plusieurs enfants, dont la venue ainsi
que l'histoire du foyer paternel ont été suave-
126
ment retracés par sa tiUc dans ce précieux livre
de famille, retrouvé et édité par Ch. de Ribbe.
André Dulaurens, le plus célèbre de ses fils,
celui que Trompée fait naitre â Nice ou à Cliam-
béry, naquit à Tarascon le 9 décembre 1558. Pro-
fesseur à l'Université de Montpellier, il en devint
chancelier.
Il remit sa chaire à Ranchin, tandis qu'il accom-
pagnait la duchesse d'Uzôs à Paris. Henri IV l'y
consulta et l'y retint en qualité de son l""'' médecin.
Le roi le combla, ainsi que les siens, des témoi-
gnages de sa reconnaissance, donna à son frère
Gaspard l'abbaye de Sénanque, à son frère Honoré
l'archevêché d'Embrun, et celui d'Arles à un autre
de ses frères du nom de Gaspard, comme l'abbé de
Sénanque.
La biographie d'André est au tome P*" du Dic-
tionnaire des hommes illustres de la Provence et
du comtatde Venaissin. Ses œuvres sont énumé-
rées dans V Encyclopédie des sciences médiccdes
(1840). Le Dictionnaire des sciences médicales de
1820 lui consacre une page.
Cpîarles-Baptiste, autre fils de Louys, né à
Tarasconie 21 septembre 1555, mourut jeune en-
core, mais déjà V'' médecin d'Arles en 1588.
Richard, fils aussi de Louys, exerça la méde-
cine â Lyon, puis h Arles.
DuMAz Jules, deChambéry, petit-fils de Dumas
le conventionel, reçu doctear de Paris le 20 mars
127
1872, fut adjoint aux hôpitaux de Clianibéiy par
délibération administrative.
Ayant demandé qu'une salle fut mise à sa dis-
position pour y opérer et traiter ses ophtalmiques
pauvres, et que la survivance du titulaire lui fut
garantie, il vit ces deux demandes écartées par
l'Administration, sur l'opposition du chirurgien en
chef. Dès lors, il s'appliqua activement à la pratique
de son art, et spécialement à la chirurgie oculaire.
Chargé en 18S0 de la protection des enfants as-
sistés pour le canton de la Motte-Servolex, il ac-
cepta, en novembre de la même année, la succes-
sion du docteur Joseph Carret , relevé de ses
fonctions de chirurgien en chef de l' Hôtel-Dieu de
Chambéry.
Ses publications médicales sont :
1872. Thèse inaugurale sur « l'oblitération ar-
térielle des membres par ambolie et par throm-
bose ». Paris, chez 0. Petit, imp. Magny.
« Hygiène des touristes ».
1874. Le chapitre des effets physiologiques dans
la « Monographie des Eaux de Challes )> , publiée
par la Société médicale de Chambéry.
1874. Le 4° « Bulletin de la Société médicale
de Chambéry » (1859-74), à titre de Secrétaire de
cette Société.
1875. « Hygiène de la vue, » p. 509 à 559 des
Mêm. de l'Acacl. de Savoie (t. IV de la 3« série,
avec 9 figures).
128
Même année. « Considérations sur l'opération
de la cataracte ». Cliambérv.
1877. « Les troubles de la vision et le service
militaire ». (Voir Bulletin de la Soc. de médecine
de Cliambérv, p. 1 à 51.) Ce Bulletin contient de
lui diverses autres communications.
1879. « Relevé des principales opérations chi-
rurgicales pratiquées par le D'' Dumaz, dans sa
clientèle » . Mémoire présenté à la, Société de mé-
decine de Cliambéry. (Imp. Ménard, 115 p. in-8").
On lit dans son discours présidentiel, comme
maire, à la distribution des prix aux Ecoles laïques,
en août 187G, dans les journaux de cette date :
Dumaz est membre de la Soriété médicale de
Cliambéry ; de l'Association des médecins du dé-
partement; correspondant de l'Acad. de Savoie.
Dumaz fut successivement conseiller municipal
et maire de Cliambéry. Il est depuis deux ans
médecin-directeur de l'hospice des Aliénés do
Dijon (Côte-d'Or).
DuMONT Etienne (alias Montanus, Montius),
sous ces noms et avec les prénoms d'Etienne,
de Jérôme, de Sébastien, on cite trois auteurs
très féconds dont la copieuse biographie par
Mont-Réal (ms 1, 14 et II, 44), par Bonino (1, 175),
par Malacarne (255), se confond un peu entre les
uns et les autres, entre Sébastien le père et Jérô-
me son fils. — Ces biographes les font naître en
Savoie, tandis que le DicL des sciences médicales
129
de 1828, Haller, Larousse, placeut le berceau de
cette famille à Rieux, en Languedoc.
L'origine savoyarde est adoptée par Eloi,
Champier, Burnier f5'oe. d'arch. VI, 454), René,
Moreau, « De sectione vense in pleuritide », Gril-
let (II, 72).
Leurs publications les placent dans la fin du
xv*" siècle et le commencement du xvr.
Du Pasquier, soit Pasquier, dit Dubois, chi-
rurgien au Bourget-du-Lac, en 1809.
A cette époque, le D'" Grossy, qui n'était pas
encore marié , envoie , pour accoucher la fille
Véronique ^''ullier. Elle met au inonde un enfant
c|ui est baptisé comme fils du D'' Grossy. (Voir
Grossy.)
Dupont-Vieux, chirurgien de marine, puis mé-
decin à Thônes, a été conseiller général du dépar-
tement de la Haute-Savoie, décédé en décembre
1887.
Duret, chirurgien à Annecy, y tient boutique,
rue Sainte-Claire, en 167..
DussAix Jean-François-Félix, fils de Pierre-
Georges et de Joséphine Ducrest, né h Bonneville
le 10 mai 1802 ; d. m. t. le 28 décembre 1832.
Thèse latine : (c De Peritonœo et de Hydrotho-
race. »
Le D"" Dussaix suivit, à Paris, en 1734, 1735 et
1736 la clinique du D'' Récamier, à l'Hôtel-Dieu,
et les cours d'accouchement des docteurs Capu-
9
130
ron et Paul Duboi.s, (|ui, tous, lui remireut des
certificats élogieux. Il a ivrofessé la médecine à
Tliônes, au Cliàtelard et à Annecy où il est dé-
cédé le 29 mai 1883.
Dyonisius de Lyra (alias de Lyria , alias
DE Leris) , médecin de la ville de Chambéry. Ses
honoraires furent portés, le 2 mars 1406, à 80 fl. ,
soit le double de ceux de son prédécesseur, « vu
le sens et l'iiabileté de ce physicien. » (Menabrea,
Histoires de Chambéry. T. Chapperon, Cham-
béry au X/F^ siècle, page 231-2.)
E
Emery François , né à Aiguebelle, d'un père
intelligent et actif, qui fut successivement culti-
vateur à Bon vil lard , puis vétérinaire, et enhn
notaire.
Emery pratiqua à Aiguebelle de 1860 à 1870;
passé à Paris à cette époque, il y est mort en 1876.
Il avait été vaccinateur de son canton et conseiller
de l'Association départementale.
Empereur César-Constantin, de Sainte-Foy en
Tarentaise, a présenté à Paris, en 1876, sa thèse :
(( Essai sur la nutrition dans l'hystérie ». Marié îi
la fille du D'' Martin, ancien député, il pratique à
Bourg-St-Maurice, admis dans l'Association dé-
partementale en 1879; ayant publié dans les jour-
naux une nari\ation de l'éboulement du Bcc-Houge
et du désastre do Brévières, il obtient une médaille
131
à propos de ce sinistre. Conseiller d'arrondisse-
ment, etc., il ponsse à la laïcisation des écoles.
Mmembre de la Commission pour la publica-
tion des œuvres de Trésal.
Fabri Honoré. (Il y a eu des médecins de ce nom
à Aime et à Moùtiers).
(Jn a de lui : a Pulvis peruviana, fel^rif ugus ven-
dicatus » , publié à Rome en 1655, sous le pseudo-
nyme d'Ajîiimus Konygius. « Tractatus duo...
posterior de liomine )). Paris, 1G6G. « Synopsis
optica ». Lyon, 1GG7.
La Ijiograpliie Micliaud prétend qu'il enseigna
la circulation avant Harvey. Larousse lui consacre
une quinzaine de lignes, et signale son titre de
grand pénitencier de Rome. Le Dictionnaire des
sciences médicales (1820).
Falcoz Jean-Baptiste, né à Saint- Jean de Mau-
rienne, mort en mai 1824, a été vaccinateur et
conseiller communal.
Fallon. (Voir Fattoud.)
Fantin Jean-Louis , figure en 1792-3 comme
chirurgien du régiment de Maurienne, sous les
ordres du chirurgien-major Lyonne, h l'état-major
de la compagnie Colonnolle. (Voir la biographie
de Lyonne et la brochure du marquis Tredicini :
Un régiment provincial de Savoie, page G8.)
132
Fantoni Jean-Baptiste, né en 1075 à Turin, a
écrit sur les Eaux minérales « De aquis gratianis,
vulgô d'Aix dictis » ; et : (( De aquis maurianen-
sibus ad fanum S. Genesii et Statiellis ». Ces deux
dissertations, insérées dans ses Opuscula (p. 202,
282), sont adressées à J.-P. Lanciri, en septembre
et décembre 1718. Elles sont très élogieusement
citées par Bonino {op. cit. v, ii, p. 83 à 108); elles
sont mentionnées aussi par Micliaud ( biog. ) et
Larousse. Malacarne le qualifie de celebratissinio.
Fattoud François, né à Planaise, mort à Mont-
mélian le 14 février 1817, à 72 ans.
Le Dictionnaire des chirurgiens français, page
363, lui consacre la mention suivante sous le nom
altéré de Fallond : « 56 ans , chirurgien de la
Faculté de Turin en 1787, depuis 15 ans à Mont-
mélian. — N'oia. Le citoyen Fallond a été reçu,
en 1771 à Bordeaux, chirurgien de la marine pour
les voyages au long cours ; les citoyens Delor et
Dubruel , chirurgiens -majors de l'amirauté, et
Navarre , lieutenant-général , ont signé son di-
plôme. )) Fattoud ])assa plusieurs années dans les
Indes-Orientales .
Fauché-Decorvey , de Grenoble , fermier des
Eaux de Brides, par cession du bail Moret, dès le
26 juillet 1847, à publié à Nice, en 1846 : « Eau
minérale de Brides; saison de 1845, par le D'' ,
médecin-inspecteur. »
Faviœ Jean-(vlaude, né à Annecy en mai 1778,
133
médecin-vétérinaire de la République et du can-
ton de Genève, mort à Hyères le 15 février 1845.
Elève de l'Ecole vétérinaire de Lyon, il y suivit
les cliniques de l'Hôtel-Dieu, Vétérinaire du dé-
partement du Mont-Blanc, la chute de l'Empire le
renvoya à Genève où il professa en 1827-28 un
cours d'hygiène vétérinaire, qui fut publié par la
classe d'agriculture. Plusieurs de ses ouvrages ont
été couronnés ; l'Académie de médecine de Paris
le nomma correspondant en 1835. (Biographie de
8 pages in-8", sans date, par J.-L. Hénon, à Lyon,
chez Nigon.)
Favre Jean, né à Giez. Il vint se fixer à Fa ver-
ges en revenant de Paris, en décembre 1813, mort
le 27 août 1865 à Faverges.
Favre Hyacinthe, fils du précédent, docteur de
Turin le 18 juillet 1849, pratique à Faverges.
Cette famille est distincte de celle du célèbre
vétérinaire d'Annecy.
Ferragus , docteur-chirurgien à Chambéry, y
signe, le 17 mars 1684, la requête pour un Collège
des médecins et, en 1683, une réponse de ce collège
à Copponey.
Ferrières (Jean de), d'Avignon, alias : Joani-
Nus de Feyria, médecin de la ville de Chambéry
en 1411 (Menabrea, Hist. de Chambéry), à raison
de 40 florins par an. (Chapperon, Chambéry au.
X/F-^si^c/e, p. 231.)
134
Feyge Joseph, né h INIegève en Fancigny, doc-
teur de Turin le 4 août 1849, a pratiqué à Cliamo-
nix de juin 1856 à janvier 1860, puis à la Chambre
en Maurienne, où il est deveiui médecin- vaccina-
teur le 1"'" avril 1863, et conseiller de son arrondis-
sement ; protecteur de l'enfance en 1880.
Le nom des Feyge du Faucigny s'est orthogra-
phié Fége, Feige, mais jamais Feigoz comme ceux
de Saint- Jean d'Arves, ni i^es^/e comme pour ceux
d'Aiguebelle. C'est à cette dernière famille qu'ap-
partient un Fesge, conseiller général en l'an xni,
ainsi qu'un notaire Fesge, dont l'existence nous
avait été relevée par l'examen, dans la collection
céramique de M. Martin-Franklin à la Calamine,
Charal)éry, d'une gourde cowmémorat'œe , que les
anciens Mauriennais se faisaient fabriquer et pein-
dre â Nevers, et qui a longtemps passé pour im
spécimen fort recherché des amateurs de la faïen-
cerie de Saint-Jean de Maurienne. Cette gourde,
enterre épaisse, polychrome, de 40 centimètres de
hauteur, portant sur une face le saint Jean avec sa
croix et son mouton, et sur l'autre un scribe, de-
bout, sa plume à la main, sous le porche de sa
maison, peut passer pour un type caractéristique
de cette céramique. Les anses sont figurées par
deux tètes de bélier. Il porte en exergue : « Jean-
Baptiste. Fesge f??/? mot effacé) en Savoie , notaire
royal : 1718. » Il est à rapprocher de celle que pos-
sède le D'" Dénarié, et que nous mentionnerons au
nom du chirurgien GaUians et de celle de la col-
lection Vuillermet, à Saint-Jean.
135
Fleuret Louis-Philibert, nô à Annecy en 1800
et y est décédé le 13 janvier 1861, d. m. g. do
Turin, a exercé momentanément à Brides en 1830,
prit son examen ^exerceai le 29 décembre 1834,
fut médecin sanitaire en 1858.
A publié : « Biographie de François Calloud »
(Société Jloriinontatie, 8 mai 1856.)
« Médecine légale pratique, considérée dans ses
rapports avec la législation actuelle des Etats sar-
des, ouvrage particulièrement destiné aux méde-
cins et aux avocats ». Annecy, A. Burdet, 1842,
de VI et 335 pages in-8°.
« Epidémie du choléra à Annecy en 1854 »
( Association Jloriinontanej 1855, p. 233-42).
Voir Cafïe, 1861, p. 42, qui donne par erreur le
15 janvier pour date de sa mort, et le Courrier des
Alpes de 1861, n'^ 16.
Fleury Joseph, fils de Mamert, né à Saint-
Amour en Bourgogne (Jura), d. m. m. le 24 mai
1747, puis de Turin, se fixe à Chambéry, oîi en juin
1749 il épouse M"® Péronne Lard, cette jeune per-
sonne dont Rousseau a dit dans ses Confessions :
<■( qu'elle aurait été la plus belle fille qu'il eût ja-
mais vue s'il y avait quelque véritable beauté sans
vie et sans àme » ; fut nommé le 20 novembre
1752 proto-médecin de Savoie, en remplacement
du D'" Grossy.
Publia en 1778 une petite brochure intitulée :
Lettre siii' la vertu des eaux ferrugineuses de la
13G
Baisse; sans nom de lieu ni d'imprimeur ; mort à
Chnmbérv le 27 octobre 1781.
Fleury Alphonse, d. m. t. le 30 juillet 18G0,
médecin û Annemasse.
Flocquet (Noble Jean-François) , médecin du
Duc en 1599 (Chapperon).
FoDÉRÉ François-Emmanuel, né à Saint-Jean
de Maurienne le 8 janvier 1764, mort à Strasbourg
le 4 février 1835.
Nous n'avons pas â reproduire ici la vie de notre
illustre compatriote, « père de la médecine légale ».
Elle a été esquissée ou détaillée bien des fois. (Voir
Grillet, I, 217 et III, 287, qui a imprimé parfois
« Foderet » ; Michaud ; Ducroz de Sixt , Paris ,
1845; M. P. M. Marseille, 1843; Larousse;
un article nécrologique au Journal de Savoie ^
1835, par le D'' Mottard, et la Notice historique
du même, en 31 pages in-8", chez Puthod, à Cham-
béry, en 1843 ; Société d'archéologie de Mau-
rienne, IV, 390 ; le discours du D'' Arella, à l'inau-
guration de son monument , p. 126 du Giorncde
délia Socieià medica di Torino, n° de septembre
1846; le discours de rentrée do l'avocat général
Bloch àla Cour d'appel de Chambéry, le 4 novem-
bre 1879, et celui de l'avocat général Gabet, â
Monaco, le 18 octobre 1880, etc.
Notre Académie de Savoie a de lui (vol. MI de
la 1'" série, p. 13) : « Kecherches toxicologiques
médicales et plia rmaceut icpics sur la grande ciguë » .
137
La Société linnéenne de Leipzig lui a dédié la
Foderea. Le Courrier de Savoie a publié de lui
une « Lettre » inédite , le 16 octobre 1864. Son
« Voyage aux Alpes-Maritimes » , resté, si nous
ne nous trompons, manuscrit , lui fut volé. (Mes-
sager de Nice^ 21 décembre 1860.)
Fodéré obtint au concours et à l'unanimité, mal-
gré sa nationalité et sa religion, â50 ans, la chaire
de médecine légale de Strasbourg. Il écrivit jus-
qu'à son dernier Jour j et mourut à 71 ans, ne lais-
sant à ses dix enfants d'autre fortune que sa répu-
tation impérissal)le de savant. Il avait épousé en
93 la mie du D^' INIoullard, médecin de l'Hôtel-
Dieu de Marseille, et cette union avait été bénie
pendant la terreur dans la cave de son beau-père.
Elève du Collège des Provinces à Turin, il avait
pris ses grades dans cette Université le 12 avril
1787. Le cimetière de Sainte-Hélène garde sa
tombe h Strasbourg.
Fodéré, fils aîné du professeur François, était
médecin cantonal en Alsace lors de l'invasion pru-
sienne de 1870, et, pour rester fidèle â la France,
a accepté alors une judicature de paix à Combles
(Somme).
Fodéré Marie-Adrien, fils cadet du professeur,
né à Strasbourg le 29 juin 1816, y prit sont doc-
torat le 19 février 1842. Sa thèse était sur « les
fonctions de la moelle épinièrc; il l'avait compo-
sée à l'hôpital civil où il était interne.
138
Passé à Paris dés son diplôme, il y a été succes-
sivement médecin du 5" dispensaire de la Société
philanthropique, du bureau de bienfaisance, d'une
crèche et d'un asile, de la Société des sauveteurs
médaillés, de celle des instituteurs et institutrices,
de l'œuvre de saint François-Xavier. Aide-major
dans la garde nationale en 1848, médecin sup-
pléant à la garde de Paris durant le choléra de
1849 et la guerre de Crimée; il a obtenu cinc[ mé-
dailles.
FoDÉRÉ Barnabe, d. m. p. le 14 décembre 1869,
lauréat de l'Ecole préparatoire de Grenoble pour
1863-64, est né â Bessans, berceau de la famille
des Fodéré.
Il a pratiqué quelcjucs années à Saint-Jean de
Maurienne; puis, vers 1878, il est devenu médecin
de la Compagnie du tunnel du Saint-Gothard.
Fois, médecin cubiculaire de S. A. R. le comte
de Maurienne, durant l'émigration révolutionnaire
de la Cour à Sassari. (Trompeo, page 7.)
FoLLiET Antoine , d'Aix-les-Bains, docteur de
Paris en 1878. Sa thèse est sur « la fièvre inter-
mittente chez les enfants en bas âge ».
FoLiJKT Gaspard, d'Evian, d. m, t. \c. 18 dé-
cembre 1850, il délaisse bientôt la médecine pour
la. floriculture et les affaires publiques, maire en
1860, et conseiller général.
Fontaine J., docteur de Paris, ancien chef de
clini({ue de Sichel, a [)rali(jué successivement à
139
Arpajon, à Orléans, s'y est marié, et s'est fixé en-
suite à Paris, doit être né ou originaire savoyard.
Fontaine Joseph-Auguste, d. m. p. 31 août
1861, revenu d'abord à Bonneville, est retourné
ensuite à Paris, où il a pris la direction dans l'éta-
blissement d'air comprimé de Chateaudun.
Fontaine Julien, de Conflans, d. m. t., avait
pris son exerceat le 29 mai 1835, et pratiqué à St-
Pierre d'Albigny où il est mort.
FoNTANEL Joseph-François fils d'Henry, né à
Vangy-Saint-Germain en Semine , province du
Genevois, d'une famille ancienne et honorée, était
officier de santé à l'armée d'Italie, sous le citoyen
Guérin, dans la division du général Bertrand, lors-
que l'administration centrale du Mont-Blanc, par
arrêté du 20 thermidor an V, lui octroya une place
gratuite à l'Ecole de chirurgie de Montpellier.
Dès le 28 pluviôse an vu, « d'Hypocrate mmcl,
Joseph Fontanel « è loco Sancti Germani in par-
titione dicta de VEnian » , était agrégé à la Société
de médecine de Montpellier ; et le 28 vendémiaire
an VII, à l'âge de 29 ans, il obtenait son diplôme
de docteur en médecine. Toutefois, sa thèse « Essai
sur la contagion » , figure à la collection de l'an
VIII, et avait été présentée le 9 floréal. Il paraît que
l'intervalle, entre cette présentation et son diplôme,
avait été rempli par un nouveau rappel aux ar-
mées.
Cette thèse était dédiée à F. V*" Ginestons; car,
140
Fontanel, par son éducation excellente, ses goûts
aristocratiques et ses opinions politiques et reli-
gieuses, avait obtenu, dès ses années universitai-
res, l'amitié des nobles familles de Ginestons, de
Montlor, etc., de même que plus tard, rentré dans
son pays, nous le voyons, lié de particulière affec-
tion avec les évéques Bigex et Rendu, avec le
D*" Martin aîné (de St-Rambert), avec le D"" Ber-
lioz, de Lyon.
Sa première étape de médecine civile fut Cliàtil-
lon-on-Micliaille, près de Nantua, mais il passa
bientôt au Blanc , chef-lieu d'arrondissement sur
la Creuse (Bas-Berry). C'est là, que de 1807 à
1823, s'écoula la plus brillante partie de sa car-
rière, honoré de la confiance des de Marans, des
de La Rochetalon, de Boisman, de Lamirault St-
Hilaire, de Chatenet de la Trémouille, ainsi que
des autorités locales, le député de Bondy, le sous-
préfet, le maire
Il s'y était conquis, surtout comme accoucheur,
une brillante réputation; et, pour renoncer aux
avantages qu'il y avait trouvés, il fallut des cir-
constances tout intimes e1 personnelles qui le ra-
menèrent d'abord à la Balme de Sillingy, puis à
Cernaz, hameau de St-Germain, son pays natal,
près de Seyssel, et enfin à Usinens, où il mourut
après avoir charmé jusqu'à sa mort ses déceptions
et sa solitude par le culte des vieilles amitiés, et
aussi, disons-le, par l;i div(; bouteille.
On sait que Jean-Marie Fontanel, licencié de
141
Sorbonne, y professa la philosophie au Collège des
Irlandais, Anglais et Ecossais réunis. L'avocat Fon-
tanel, frère du D'" Joseph-François, avait mérité à
Lyon, une juste réputation ainsi que son autre
frère, notaire à Carouge, et père de D'" Adolphe
Fontanel, maire de cette ville, et membre du Grand
Conseil.
Un quatrième frère, avocat à St-Julien, s'y dis-
tingua aussi et maria une de ses filles à M. Pissard,
député de la Haute-Savoie en 1860. Par ses sœurs,
mariées l'une au D'' Lacombe, l'autre à M. Vincent,
Fontanel, était allié aux familles médicales des
Tissot, des Albert, des Dupraz.
Fontanel Adolphe, neveu de Joseph-François,
né à Régny, où s'établit la branche dont est sorti
Burnier-Fontanel. Il pi'it son doctorat à Paris en
1843, après avoir vécu plus de dix années au quar-
tier latin, au n° 156 de la célèbre rue St- Jacques.
Très répandu comme praticien, il se laissa en-
vahir par la politique, devint maire de Carouge,
puis membre du Grand Conseil de Genève; et,
dans des postes que sa qualité de cathoUque lui
rendait plus difhcile qu'à un autre, ne laissa pas
que de rendre de nombreux services à ses coreli-
gionaires.
Il est mort en 1879.
Forestier. Trois médecins de ce nom appar-
tiennent à cette famille cpii a illustré Aix dans les
armées de l'Empire.
142
Son berceau est Amaiicy, d'où le premier de la
dynastie, Antoine, chamoiseur, vint à Aix vers
1700.
Le docteur Jean-Jacques, né le 20 mars 1780,
mort le 22 juillet 1846, présenta sa thèse doctorale
à Montpellier en 1808, « sur la fièvre traumati-
que, dans les armées. )) Comme les deux généraux
ses frères, il avait, avant de revenir se fixer à Aix,
pris part aux guerres de la République et avait été
médecin en chef de l'Hôpital militaire français à
Séville, où il mérita la croix de la Légion d'hon-
neur.
Auguste, son fils, prit son doctorat à Turin le
24 juillet 1843, fit partie comme son père du ser-
vice de santé militaire en France.
Fixé à Aix, il y résuma sa pratique et celle de
son père dans le « Conseiller du Baigneur » ou
Etude pratique sur les vertus des Eaux d'Aix » ,
publiées en 1857, 303 p. in-8°, à Chambéry, chez
Pouchet.
Empi'untant au D'' Constant Despincs son heu-
reuse idée des IndicatPMrs, inaugurés en 1853;
Forestier en a donné de 1868 à 1876 plusieurs édi-
tions singulièrement usuelles, sousle titre spécial
de Vade-mecuin. Il a publié en outre quelques pam-
phlets et un journal : « La Saison d'Aix » , qui a
paru de 1876 à 1879. {Yoïy notre Bibl. aixienne.)
Forestier Henry, iils d'Auguste, petit fils de
Jacques, né comme eux à Aix, externe aux hôpi-
143
taux de Lyon par le concours d'octobre 1880,
après une première année d'études ; admis comme
élève du corps de santé militaire au concours de
1882.
FoRNO Joseph, né en Piémont aux environs
d'Asti, attaché d'abord comme médecin militaire
au régiment de Coni, passa en 1844 à l'hôpital
divisionnaire de Chambéry. Il y prit sa retraite
vers 1850, à l'époque où une loi nouvelle imposait
le double doctorat en médecine et en chii'urgie à
tous les meml)res du corps de santé miltaire sarde,
et s'y maria. Il dut reprendre ses fonctions clans
l'armée lors de la guerre de 1848, mais tomba ma-
lade à Vallegio, en août, peu après l'ouverture de
la campagne. Il est mort à Chambéry le 20 février
1862, à l'âge de 60 ans.
Voir quelques lignes dans le Journal de Cxiffe,
1862, p. 111 , et dans le second Bulletin de la So-
ciété médicale de Chambéry, page 4.
François Joseph-Marie-Louis-Ferdinand , né à
Aix le 16 avril 1806, docteur de Paris en 1832,
naturalisé français le 6 novembre 1833, rédacteur
en chef et propriétaire de la Revue indépendante
de 1842 à 1848.
La biographie de notre compatriote, plus connu
comme littérateur, comme disciple de S'-Simon
et prisonnier politique, que comme médecin, a été
donnée au Siècle par Carnot, et reproduite avec de
nombreuses additions par son ami, le D'" Caffe, aux
144
pages 558-GO de son Journal (20 décembre 1868),
ainsi qu'au numéro du 15 décembre du Courrier
des Alpes.
Francoz Félix-Aimé, de Trévignin, d'une an-
cienne et honorable famille de propriétaires-culti-
vateurs, à l'un desc^uels on doit la vulgarisation en
Savoie de l'utilité de la feuille de frêne comme
fourrage.
Thèse doctorale à Paris, le 25 juin 1873 : « Essai
sur la dyagnostic et le traitement de l'hépatite et
des abcès du foie » (imp. Parent). Il avait fait ses
études professionnelles à Lyon, oii il avait été in-
terne des hôpitaux. Fixé à son retour de Paris à
Annecy, il s'est agrégé à l'Association départe-
mentale, adjoint au maire 1885-88.
Frandin Charles, de Chambéry, mort avant la
fin de ses études commencées à Turin en 1829 et
continuées à Chambérv, où il suivait en 1830 les
cours de deuxième année.
Froment. Deux chirurgiens de ce nom ont pra-
tiqué à Aix, leur pays natal, et y sont morts : l'un,
Michel, le 21 février 1664, à 96 ans; l'autre,
Etienne, le 18 février 1697. Ce dernier avait
épousé, le 14 juin 1686, Marie Bertrand, tandis
qu'une sœur de Michel (Claudine) avait été mariée
en 1638 au chirurgien Léonard Bertrand, chef
d'une autre dynastie médicale aixienne.
Fusier François, né à Maltaverne, comme le
D'' Duclos, son prédécesseur â la direction de l'Asile
145
des aliénés, auquel il succéda en 1852, avait pris
ses grades à Turin le 6 juillet 1850.
L'administration a publié ses « Etudes médica-
les faites dans les Asiles de France, d'Allemagne
et de Suisse, sur les dispositions d'intérieur d'un
Asile d'aliénés » (Cliambéry, 1855, 70 p. in-4°.) ;
ainsi que ses « Comptes rendus médicaux de 1861
et de 1862 sur l'Asile de Bassens ». Le second rem-
pli 44 pages in-4°.
L'Asile de Bassens, soit son médecin-directeur
en chef, a obtenu la médaille d'or à l'Exposition
universelle de 1878.
Le D'" Fusier, membre correspondant de l'Aca-
démie de Savoie, a été élu effectif le 3 avril 1879.
Chevalier des saints Maurice et Lazare et de la
Légion d'honneur.
Fusier Marie, fils aîné du précédent, l'"' interne
à l'Asile de Bassens.
G
Gabet (un médecin), signe à Chambéry en
1686 la Réponse du Collège des médecins à Cop-
ponay. Ce devait être un des aïeux de dom Gabet,
abbé du Mont-Cenis, qui opéra (sans diplôme,
mais/)«r grâce d'Etat) les jambes de Napoléon I"',
menacées de congélation le 19 avril 1805, et en eut,
pour prix de son opération, le décret daté d'Alexan-
drie, le 11 floréal an xni, pour l'agrandissement de
l'Hospice du Mont-Cenis. (Voir Histoire de dom
Gabet, par L-^ Françoz. Lyon, 1879, p. 118 à 133.)
10
146
Gaillard Victor, né à Siillenôve , sous-aide-
major à l'armée d'Italie, d. m, p. enl8G4. Sa thèse
w sur l'Hématose » est mentiomiée par F. Rabut,
dans son Bulletin bihi de Savoie, de ramiéel864.
C'est sans doute lui qui, revenu en Savoie, se
fixa à Annecy. Il s'est agrégé en 1882 à l'Associa-
tion des médecins de la Haute-Savoie.
Gaillard Micliel-Bcnjamin, né à Sallanclies le
2 août 1806, D. M. p., décoré delà Légion d'hon-
neur pour soins donnés aux blessés de juillet 1830,
il vint s'établir à St-Marcellin (Isère) en 1833. Il
y fut successivement médecin-adjoint des Hospi-
ces en 1845, et médecin titulaire en 1848, méde-
cin des prisons, des épidémies, des pompiers, mem-
bre du Comité d'hygiène.
Il se noya en 1873, en se baignant, malgré son
âge avancé, dans le torrent delà Bourne, près de
St-Nazaire-en-Royan .
Voir pages 66, 67 des Annales de la Société de
médecine et de pharmacie de l'Isère, année 1873.
Gaillard César, d'Aix-les-Bains , d. m. t. le
31 juillet 1850, ciim laude. Remarquablement
doué, et malgré ces brillantes études universitaires
et quelques premiers succès pratiques où apparais-
sait son tact médical, Gaillard, dénué du savoir-
faire plus important dans la médecine thermale
que le savoir, abandonne peu à peu la profession
pour se consacrer entièrement, et avec des fruits
remarquables, à l'administration de sa fortune et
147
à l'éducation de ses ûh, qu'il conduisit jusqu'à la
rhétorique.
Membre actif des sociétés médicales d'Aix et de
Cliambéry, il leur a pourtant donné : « Note cli-
nique sur l'action des Eaux d'Aix dans le traite-
ment des plilegmonies chroniques des articula-
tions, suivie de l'exposition d'un cas remarquable
de gangrène multiple » (Cliambéry, Putliod, 1855,
32 p. in-8°j , et « Recherches cliniques sur l'actioii
des Eaux d'Aix dans le traitement des paralysies »
(Aix, Bachet, 1861 , 32 p. in-8°).
Ces notes montrent, par leur allure bien diffé-
rente de la légèreté ordinaire des publications hy-
dro-médicales, ce qu'eût été Gaillard en pratique
professionnelle.
D'autres communications au Courrier d'AiXj,
au Courrier des Alpes, témoignent du citoyen
indépendant, de l'administrateur consciencieux.
(Voir notre Bibl. aixienne.)
Gaillard a été trésorier du Comice agricole d'Aix
presque dès sa fondation, et n'a pas résigné cette
fonction lorsque les mauvais procédés du préfet
Saysset-Sclmeider motivèrent, en 1881, la démis-
sion collective du bureau du Comice.
Galbin (alias Galbinus, Guerbin) , allemand,
médecin appointé de la ville de Chambéry vers
1426, avec Jacob. (Ménabréa, Hist. de Chambéry.)
Gallais Marie-Pierre-Léopold , d. m. p. le 19
février 1867, exerce à Bonne ville.
148
Gallet Jean-Claude, officier de santé de la
Faculté de Lyon, le 20 avril 1875, exerce à Ru-
milly.
Galley Claude, né à Annecy le 13 septembre
1774 (ou 1776 f), 19^= et dernier fils de Jean-Mi-
chel Galley et de Anne-Françoise Amblet, figure
en frimaire an vn parmi les officiers de santé de
l'Armée du Nord; fut naturalisé le 28 juillet 1819,
(Albrier, aux Mémoires de la Soc. d'archéologie
de Savoie, t. XV, p. 366.)
Gallians... sur une gourde on faïence, teintée
de deux bleus et un jaune, avec une Bellone et des
emblèmes chirurgicaux, propriété ' du D'' Gaspard
Dénarié, et analogue aux faïences commémorati-
ves cj^ue nos Mauriennais demandaient, dans la
première moitié du xvin" siècle, aux fabriques de
Nevers, on lit en exergue : « M. Gallins . cerru-
giens . assinas . du . régiment . de Charantais.
1730. »
Nous ne savons si ce Gallians appartenait aux
familles savoyardes de ce nom. Bonino (p. 267
de son 2" volume) cite un « J.-B. Galliani, mé-
decin piémontais, autem- de Réflexions sur le tra-
vail d'Ignace Monti. Gènes, 1764. »
Les archives du ministère de la guerre éclair-
ciraient le point; mais on sait que leur accès n'est
pas facile.
Galliard Jean-Marie, d. m. t. le 1^"'' juillet 1830,
né à Serrières en Chautagne en 1806, d'une fa-
149
mille de propriétaires, mort le 18 mai 1882, Gail-
lard n'a jamais quitté le foyer paternel, y a exercé
52 ans les fonctions municipales et 25 ans celles
de maire, outre sa profession.
Sa nécrologie est aux pages 13, 15 du Bulletin
de V Association des médecins du département.
Galiardi (alias Galiandi) Petrus. 1357. « Ca-
pellanus et physicus Domini. » ( Th. Chapperon.)
Envoyé au chevalier Aymard de Clermont par
le comte de Savoie, son cousin, pour le soigner.
M. François Rabut a trouvé cette note aux archi-
ves de la Côte-d'Or. (Lettres datées de Rossillon,
11 septembre 1353. Comptes de la chàtellenie de
Saint-Martin, 1353-55.)
Ganivet Jean, deCruseilles, commença ses étu-
des médicales à Chambéry, y suivait en 1830 les
cours de la 3" année et s'y montrait exact. Il entra,
nous ne savons avec quel diplôme, au corps sani-
taire espagnol de dom Pedro, puis quitta la trousse
chirurgicale pour les épaulettes de capitaine dans
la même armée.
Gantin Georges, de Vallières, près de Rumilly,
D. M. M. le 30 nivôse an xn, revint pratiquer à
Rumilly où il est mort plus que septuagénaire le
26 octobre 1844. Etait beau-frère de Frédéric Gi-
rod, qui suivra à son rang alphabétique.
Garcin. Voir Grillot, I, 342 , d'après lequel
Garcin publia vers 1720 : « Letti'cs sur l'usage des
Eaux d'Aix en Savoie, pour guérir les rhumatis-
150
mes », par le D''Garcin, de la Société de médecine
de Londres.
D'après Fantoni, ce célèbre médecin neocomen-
sis a inséré, dans le Mercure helvétique, deux
autres lettres ou dissertations sur les Eaux d'Aix,
et Fantoni ajoute : « Is naturam et vires aquarum
diligentius quam nemo unquam persecutus est. . .
De reumatismo, difficili sanè morbo et diuturno,
qaam efficaciter sanaro valent liœc baluea, satis
docte et perite disseruit. »
Garin Maurice, de Fa verges, d. m. t., prit son
exerceat le 6 décembre 1834, mourut vers 1850,
dans son pays natal, après y avoir acquis certaine
considération.
Garin figure comme exerçant à Moùtiers en l'an
xni. (Annuaire? )
Garnier François, né â Montriond, d. m. t. le
9 juillet 1857 (alias 1837 f), y pratique.
Gasca g. , médecin italien, venu en France au
moment de la guerre de 1870, a fait la. campagne
en qualité d'aide-major dans un régiment d'artille-
rie affecté à une batterie de mitrailleuse.
Après la guerre, il s'est fixé à la Motte-Servolcx,
ensuite d'une autorisation ministérielle; il a prati-
(|ii(' la vaccination pendant 1,2 ans , il on a été ré-
vo()U(Mm 1887 à cause de sa n;i1ionalitc. Médecin
de la compagnie des sapeurs-pompiers pendant 12
ans, alors (|u'elle existait, et de la brigade de gen-
daniKM'io p(Mi(lant 18 ;ins, ses services ont toujours
151
été gratuits. Aujourd'hui, il est médecin du pen-
sionnat des Frères et du dispensaire Costa.
Gascoz André, « cliirurgien, bourgeois de Moù-
tiers, » signe, le 7 janvier 1650, à un acte Bruel
notaire.
Un autre Gascoz (François, aussi maître chi-
rurgien et bourgeois de Moûtiers , parait à un
en acte 1680.
Gassilloud François, de Seyssel, où il a prati-
cpé toute sa vie et a été longtemps maire, y est
mort le 15 décembre 1879, à l'âge du siècle. Il
était docteur-médecin de Montpellier, en date du
30 août 1830. La nécrologie de ce confrère bien
méritant a été donnée par le D'" Callies au Bulle-
tin de 1880 de V Association de ki Haute-Savoie
(pages 20 à 22).
Gassilloud Antoine , frère du précédent, né
comme lui à Seyssel, ex-interne des hôpitaux de
Lyon, docteur en médecine à Montpellier le 15
mai (alias juin?) 1829, y présenta comme thèse :
« Aperçu physiologique et hygiénique sur la
femme en couche ». Il avait antérieurement pris à
Turin, en 1838, un diplôme de médecin, chirur-
gien et maître accoucheur, et s'est fait remarquer
à Chambéry par sa pratique habile et heureuse en
cette dernière spécialité.
Retiré ensuite à sa campagne du Bourget-du-
Lac, il a continué, malgré son âge et une fracture
de la jambe, d'y pratiquer en sa verte vieillesse,
se baignant encore dans le lac en 1882.
152
Gavard Hyacinthe, né à Montmélian en 1753,
mort à Paris en 1802, où il était devenu l'élève
favori et l'ami du célèbre anatomiste Desault.
Chose à remarquer : notre illustre compatriote fut
refoulé à Paris après avoir été refusé au concours
pour l'admission au Collège des Provinces de
Turin, de même que Dupanloup fut renvoyé à
Paris du o-rand Séminaire de Chambérv.
La biographie de Gavard serait bien pour nous
tenter; mais elle a été publiée un peu partout.
Bonino lui consacre les pages 493-95 de son 2^-
volume, et nous apprend qu'il avait étudié trois
ans la pharmacie à Chambérv, sous le chimiste
Pierre Boisset; qu'entré dans la pharmacie navale
militaire , il fut durant six mois prisonnier do
l'Angleterre , et professa à l'Ecole de Mars k
Paris, etc.
Jourdan (Bio(j. m éd. Paris. 1821) s'étonne de
sa mort presque ignorée... La Dihl. Mfchaud lui
consacre trois colonnes fort élogieuses sous la si-
gnature de Cliamberet. Larousse le classe parmi
les anatomistes les plus distingués du xvni" siècle.
Le Dictionnaire des sciences niêdicales (1820)
n'accorde pas moins d'vme page et demie <( à cet
anatomiste célèbre, à ce professeur charmant. »
Grillet re])roduit (aux pages 220 de son P'' volume
et 129 du IIP) une note qui se lit aux ras INIont-
Réal et qui aiu^ait été fournie à Grillet par rabl)é
Nicollo de la Place et C.-M. Pillot. Feller donne
une dizaine de lignes à l'anatomiste célèbre, au
professeur couru.
153
Membre de la Société de médecine de Paris et
de Marseille, de la Société des Allobroges de
Paris, où il proposait en 1791 d'ouvrir un comité
d'instruction pour les ramoneurs; médecin au
c^uartier de santé de l'Ecole de Mars, où il essaya
la méthode spéciale d'enseignement. Gavard a
publié un grand nombre d'ouvrages. Le D'' Bru-
nier a résumé les biographies données sur lui dans
la Biog. méd. et le Dict. historique; le manus-
crit de Brunier, déposé aux archives de notre So-
ciété médicale, sous le n° 156, a été analysé som-
mairement câ la page 110 du Bulletin de 1859 de
cette Société, qui possède c|uelc[ues-uns de ses ou-
vrages.
Après avoir déijuté par c|uelc|ues communica-
tions à divers recueils :
1° « Fracture de la clavicule et sa luxation sca-
pulaire; bandage nouveau. » (Journal de niéd.
dur. ctpharm., 1787, lxx-445.)
2° (( Ligature d'un polype utérin. » (Ibidem ,
Lxxn-259.)
3" « Pince à gaine. » (Ibidem , lxxui, 7(3.)
A." « Emplâtre de cantharides dans les commo-
tions du cerveau. » (Ibidem, lvxxviii , 1791 et
Journal de DessauU, I, 177.)
Gavard a publié ses œuvres magistrales :
5° « Traité d'ostéologie selon Dcssault. » Paris,
1791, in-S''; 2"^ édition, 1795.
6" « Méthode pour apprendre eu mènui icMups
154
à écrire sous la dictée et lire, à l'usage des écoles
primaires. » Paris, an ni; 100 p. in-S".
7"" « Tj^aité demyologie selon Dussault. » Paris,
an IV, iii-S''. Il y a une 2® édition.
8° (( Traité de splanchnologie. » Paris, an ix,
582, p. in-S". Il y a une 2^ et une 3^ édition.
Gavard Joseph Marie, de Viuz-en-Sallaz, doc-
teur en droit et en médecine ; correspondant de
l'Académie de Turin le l'^'^ février 1784 ; sous-
préfet à Bonneville en 1807. (V. Grillet, I, 217 et
III, 446.)
Gavard Alexandre, de Viuz-en-Sallaz , d. m. t.
le 21 juillet 1854.
Gavet Jacques. Les notes INIont-Réal disent :
né à Rumilly en 1674, étudiant en médecine à
Montpellier, gradué à Avignon où ses thèses fu-
rent présidées (1694) par le célèbre M. Delafont,
exerçait à Chambéry. Ses ouvrages, où Ton voit
une foule d'observations curieuses et des connais-
sances étendues, sont: 1" « Nova febris idcWj
seu nova3 conjectunic pliysica3 circà febris naturam,
quibus pi'(«mittitur simplcx et l)revis explicatio
inotûs, fermentationis, generationis animantium,
materiae et motûs sanguinis, motùs cordis et arte-
riarum, tandemque sccretionis hmnoi'um. » Ge-
nève, Semptibus societatis, 1700, iii-8" {Y. Maii-
get, BibL mrd., I. 2, 1731.); 2" Trailr de la peste
ou (( Conjecture physi(|ue sur sa iiaUu'c et ses cau-
ses. » Lvon, 1722. cliez Hi'uvset, in-12. Dédié à
155
S. E. le comte de Sales des Lances, gouverneur
de Savoie.
Grillet ajoute à ces deux ouvrages un troisième
Traité des fièvres, in-8° ; Genève, 1700; mais il
ne fait sans doute ici que traduire le vrai titre :
(( Novafebris... » (Voir Bonino, I, 451-452.)
Gavillet François- Joseph, de Marcello z, d. m.t.
le 2 juillet 1839; maire de Marcellaz, conseiller
d'arrondissement en 18G0, décédé vers 1878.
Son fils, médecin aussi, a pratiqué à Fillinges
et a prédécédé à son père.
Gay François-Laurent, né à Taninges le 27 oc-
tobre 1768, officier de santé par certificat de la
préfecture du 15 messidor an xi ; a pratiqué à Ri-
vière-Anverse près de Taninges. Marié à Cham-
béry à M"^ Henriette Pomel, le 7 août 1811, y est
mort le 16 décembre 1844.
Gay Marie-Prosper, chirurgien, né à Chilly-
les-Frangy le 30 juin 1775, maire de Musinens
(Ain), naturalisé le 26 décembre 1821. (Albrier,
Soc. sav.,X.Y, 379.)
Genon médecin, léguait à l'hospice do Charité
de Chambéry 200 livres, par acte du 28 août 1714,
M ich al notaire. (DeTravernay, Hospice de Cham-
béry, p. 105.)
Nous ignorons son lieu de naissance.
Genoud Pierre-François, n. m. p. h^ 19 août
18()3, itratiquc ;i Tlionon. ><on ])ays ii;i1;il.
156
Genoud Pierre-Marie, de Douvaine, d. m. t. le
G février 1836, pratique à Douvaine; est « Roi des
Chevaliers-Tireurs de Thonon en 1848. » L'Asso-
ciation des médecins de la Haute-Savoie lui fait
octroyer en 1880 une rente viagère de 300 francs,
qui est portée ;i 400 francs en 1881.
Geoffroy Philibert, de Thonon, d. m. t. le 20
février 1827, médecin des prisons, vaccinateur;
mort le 4 août 1875.
George Claude, né Je IG mai 1G37 à Chambéry,
mort le 30 septembre 1G81, sans enfants. Son père,
Aimé, est le premier de ce nom, et cette famille
avait, dès 1574, droit à rentes et hefs nobles. Claude
avait pour frère le jésuite Louis; son testament
est du 16 mai 1690 , et celui de son Aimé est du
7 avril 1665.
George François, neveu de Claude, d. m. , né à
Chambéry, faubourg Mâché ; marié à Aymée Pou-
cillon le 6 février 1679.
Signe au Collège des médecins de Chambéry,
en 1684 et encore en 1686 ( contre le laboratoh^c
Copponay); y succède, le 12 avril 1886, à Ch.
Aude, en qualité de procureur-syndic. Copponay,
Très humble remontrance, page 23, attribue sa
moit survenue le 12 février 1699, {\ l'abus des
saignées.
George avait légué à la Cluuité. le 17 s(^ptein-
bre 1681, sept mille floi'ins pour doter annuelle-
157
ment une lille pauvre. (Travernay, Hospices de
Chamhéry , p. 102.)
George Hyacinthe , médecin à Chambéry en
1732. Il habitait une maison Derrière-les-Murs.
Gervinus (Galbinusf Guerbier?) V. Cruse.
Gex Marc-Samuel-Charles, naquit à Chambéry
le 28 décembre 1803. Son père, Jean-Marc était
de La Sarraz, canton de Vaud ; commissaire des
guerres sous le P'' Empire, et plus tard pourvoyeur
de l'armée des Alpes ; il est mort en 1811 à Cham-
béry, où l'avait fixé son mariage avec M"^ Rose
Gaillard, propriétaire de l'Ecu de France, au fau-
bo u rg M ont mélian .
Marc Gex, son fils, commença ses études médi-
cales à Chambéry, sous MM. Rey, Guilland, etc.,
et passa ensuite à Turin. S'étant rendu en 1825 à
Lyon, il fut l'élève et le commensal de Richard, de
Nancv, et fit deux années d'internat dans son ser-
vice de la Maternité. Il exerça les mêmes fonctions
aux hôpitaux de Strasbourg pendant une troisième
année, et en repartit à la fin de 1829 pour aller
demander ses grades à Turin.
Mais s'étant fait renvoyer de cette Université
pour je ne sais quel acte d'indiscipline, il en repar-
tit une seconde fois sans diplôme; se maria à Cham-
béry avec M"® Clapasson, et obtint utérieurement
en France le titre d'officier de santé.
C'est avec ce demi-diplôme que cet homme re-
marquablement doué par l'esprit et par le cœur,
158
lauréat des concours de Lyon, mais douuc de cette
pondération nécessaire à assurer le succès des plus
brillantes qualités, exerça pendant 38 ans la mé-
decine à la Cliapelle-Blanclie, prodiguant à toutes
les populations voisines ses soins gratuits, accrus
encore de remèdes et de secours. 11 mourut le 7
juin 1873, dans sa belle propriété de Villard-Lé-
ger, et eut des funérailles en rapport avec les servi-
ces rendus par l'affluence et l'intensité des regrets.
Sa fille, Amélie Gex, poète distingué, s'est atta-
chée à reproduire dans notre patois savoyard les
scènes et les légendes de notre vie rurale. Elle a
obtenu, en 1881, le prix de poésie de l'Académie
de Savoie, pour son poème remarquable : Histoire
d'une âme.
Gigot de Villefaigne (Jean-Nicolas), né au
Mans (Sarthe) le 6 octobre 1747. Il avait marié sa
fille â un M, Moreau, acquéreur du château de St-
Innocent, près d'Aix. Gigot acheta de son gendre
ce château et s'y fixa dès lors ; il a pratiqué la mé-
decine en Savoie de 1803 à 1826, date de sa mort.
Gigot avait commencé ses études médicales à
Angers, puis vint les continuer à Paris en 1768. En
1770, il fut un des vingt élèves admis à l'école
pratique. Très estimé de ses professeurs , il fut
associé libre de l'Académie rovale de médecine.
En 1771, il entra comme chirurgien-major au ré-
giment d'Orléans-cavalerie et suivi le régiment
jusqu'en 1792. Il fut gradué docteur-médecin à
159
Besançon le 14 juin 1779. Le 1<^'' juin 1792, il fut
envoyé ù l'armée des Alpes. Le 1^^' germinal an iv,
il est nommé chirurgien en chef à l'hôpital de
Dunkerque et l'an ix à l'hôpital militaire d'Amiens,
Mis à la retraite en 1803, il vint se fixer à Saint-
Innocent où il pratiqua la médecine comme œuvre
de bienfaisance.
Gilbert (INIaître), physicien d'Agnès de Fau-
cigny; il est témoin de cette clame en mai 1262.
( Saint-Genis, Hist. de Savoie, III, p. 446.)
Gin ET Jacques, né à Rumilly en 1694, d. g. t.
en 1731 ; chirurgien-major du régiment de Taren-
taise en 1733, puis, en 1736 et jusqu'en 1772, du
régiment de la Reine, qu'il ne quitta que pour
prendre sa retraite. Il mourut subitement à Suse
en 1775, et Bonino (II, 179) soupçonne, d'après le
comte de Loche, qu'il fut empoisonné par son do-
mestique comme il se disposait à revenir en Savoie
dans sa famille.
GiNET Pierre, fils de Jacques, né à Rumilly vers
1721, syndic de Rumilly en 1791.
GiNET Louis-François, né à Sales, près Rumilly,
en 1788, d. m. p. le 6 juillet 1815, sur présentation
de thèse traitant des « Moyens hygiéniques pro-
pres â prévenir la phtisie héréditaire ou consti-
tutionnelle. )) (Alias, 19 octobre 1815.)
Il pratiquait à Rumilly où il s'allia à la fille de
Jacqueline d'Humilly de Mortairy, née d'Asnières
de Gantellet.
160
Vice-président de l'Association de la Haute-
Savoie, il a sa nécrologie aux pages 13-14 du Bul-
letin de 1881. Mort à Rumilly le 21 mars 1881. 11
a été longtemps syndic de Rumilly, puis maire et
conseiller général.
GiRiN Jean-François, qui figure à VAnnuaire
comme pratiquant à Beaufort en 1882, en était
reparti dès 1881, dégoûté par les petites tracasse-
ries locales, et n'y a eu de successeur qu'à la fin de
1882. Il était du Jura.
GiROD Antoine, chirurgien à Aix, mort en 1656,
avait épousé une Duboys qui prédécéda en 1650,
dont le corps fut retrouvé « intact » à sa séi)ulture.
(Livre de raison Domenget, et ms T. Chapperon.)
Il eut un fils du même prénom, qui mourut en
1685.
GiROD Etienne- Auguste, issu d'un Nicolas Girod,
qui fit fortune en Amérique à la fin du xvnr siècle,
a été diplômé à Paris le 8 juillet 1869. C'est lui,
croyons-nous, qui présentait l'Académie, le 2 jan-
vier 1877, un mémoire sur « l'Affaissement de la
trachée après la trachéotomie. » Au surplus, il s'est
bientôt retiré de la pratique c^u'il avait entreprise
h Annecy.
Girod Joseph-Frédéric, de Rumilly, d. m. t.
le 30 mars 1830, exerça le 20 décembre 1834, fils
de Victor- François ; maire de Rumilly, conseil-
ler général (Voir Gaffe, 1868, p. 526), membre du
conseil d'hygiène, vice-président de l'Association
161
en 1881, à la mort du nonagénaire Ginet. Décédé
àRmnillyle9niail883.
GiROD Louis, né à Bons, exerce à Cluses; agrégé
à l'Association de la Haute-Savoie en 1882.
GiROUD Pierre, né à Montmélian, y est mort le
5 février 1830. Il avait été chirurgien-major dans
les armées françaises; licencié en 1815, il se retira
dans sa famille. Il a laissé une réputation d'habile
chirurgien « antè pocula. »
GoNTHiER Barthélémy-Philippe, de Chambéry,
élève du Collège des Provinces à Turin, où il prend,
le 18 février 1822, son double diplôme de méde-
cine et de chirurgie. Mort à Chambéry en 1828 ,
correspondant de la Société médicale pratique de
Paris.
Voir Réflexions médicales et philosophiques
du D^ François Guilland. Chambéry, 1829.
Gordon, chirurgien de la ville de Chambéry,
examina au fort de Miolans, le 10 janvier 1717, la
Muratore stygmatisée, la Coré, et la Ribollet en-
ceinte et stygmatisée : « les stygmates ne don-
naient ni sang, ni douleur. )>
Voir Miolan , prison d'Etat ^ par Dufour et
Rabut, p. 196-7.
GoTTELAND Pierre, né à Barberaz le 6 octobre
1790, diplômé le 18 juin 1818, mort à Chambéry
lo 19 décembre 1875. Vice-conservateur , puis
conservateur du vaccin pour le duché de Savoie,
11
162
il perdit ce poste à l'annexion , n'obtint pas de
retraite et n'en réclama pas. Membre de la muni-
cipalité de Chambéry, il y attacha son nom à la
réglementation de la prostitution. Fondateur et
administrateur de la Caisse d'épargne, adminis-
trateur des hospices , il se montra partout assidu
et dévoué.
Voir sa nécrologie au Bulletin de la Société
médicale de Chambéry (1877).
GouRiET (un) figure à V Annuaire à^ l'an xni
comme officier de santé à Chambéry. C'est, paraît-
il, une altération du nom de Couvert, bien que
celui-ci figure au même Annuaire, comme docteur.
GouTTRY Claude- Joseph, à Flumet, non diplô-
mé, exerçait en vertu d'un certificat de la préfec-
ture de Bonneville, sous date du 10 messidor an xi.
Couvert Antoine, de Saint-Paul-sur- Yenne,
soutint sa thèse le 29 nivôse an x : (( Essai médico-
chirurgical sur les anévrismes en général. » (Mont-
pellier, 40 p. in-4'', imp. Izard et Ricard.) Elle
était dédiée à Daquin.
Il s'établit à Chambéry vers l'an xiu, après avoir
séjourné à Paris, où il s'éprit vivement de Bichat,
et devança, dans son admiration pour ce génie, la
réaction en sa faveur qui ne devait s'oj)érer que de
nos jours par les travaux de Schopenhauër et de
Claude Bernard. Ce dernier a eu le tort de ne pas
imiter le discernement du maître parmi les forces
vivantes et les forces chimiques. (Voir Paul Janet,
Revue des Deux-Mondes, 1"' mai 1880.)
163
Doué d'une grande activité physique et morale,
aussi infatigable écrivain que chasseur, il fit partie
de la municipaUté de 1826 à 1840, et fut archiviste
de la ville en 182G ; membre de la Junte provin-
ciale de statistique, médecin des hôpitaux, mem-
bre de toutes les administrations, de la Chambre
de commerce et d'agriculture, vice-président de
l'Académie, à laquelle il donnait ses communica-
tions agronomiques, vénérable de la loge des Amis
réunis, etc.
Indépendamment de son « Traitement contre le
choléra morbus mis à la portée de tout le monde,
mémoire transmis aux conseils de charité et autres
administrations de bienfaisance (sic) du duché de
Savoie, par le Conseil général de charité. » (19 p.
in-8°, Chambéry, imp. du Gouvernement.) Cou-
vert a alimenté toute la I'"'' série des Mémoires de
l'Académie de Savoie :
« Précis historique de l'introduction et de la
propagation de la vaccine en Savoie » (I, 196).
« Constitution agricole et médicale delà Savoie »
en 1825 (11,1), 1826 (III, 1), 1827 (IV, 27),
1828 (V, 15), 1829 (V, 56), 1830 (V, 96), 1831
(VI, 17).
(( Mémoire et observations sur les engagements
squirreux des seins et des testicules » (II, 285).
« Utilité de la saignée, préjugés trop répandus
contre elle en Savoie » (IV, 89).
J'ai souvent entendu mon père raconter qu'at-
teint d'une fièvre bilieuse en 1815, il fut sauvé de
164
la saignée que voulait lui imposer Gouvert par le
veto énergique et sauveur du D'' Daquin.
« Unité (le la science de l'homme envisagé
comme objet de l'art de guérir » ( V, 206).
(( Des marais on Savoie sous le rapport de l'hy-
giène » (VI, 49).
« Topographie médicale de la vallée de Cliam-
béry au lac du Bourget, et particulièrement de la
Motte-Servolex » (VI, 114).
(( Rapport sur le mémoire du })rofesseur Buniva,
touchant la doctrine homéopathique » ( VII, 39 ).
« Mortalité hivernale des nouveaux -nés » (VIII,
167).
« Fièvres intermittentes catarrliaies ( gi'ippe) à
Chambéry en 1837 » (IX, 101 ).
Gouvert est mort k Chambérv le 22 mars 1842.
Voir sa nécrologie à la Chambre d'agriculture et
de commerce, a'oI. VI, p. lxxxv. Voir aussi l'In-
troduction du XI" vol. de l'Académie , page lu et
le Compte rendu de 1846, page c.
GouviAT , officier de santé à Chambérv (An-
nuaire de l'an xni). Ce nom, comme celui de
GouRiET, paraît avoir été imprimé par Gouvert.
Grossy François, né à Chàteaufort en Chauta-
gne vers 1680, était médecin du roi Victor-Amé-
dée II, lorsque celui-ci fut arrêté â Montcalier par
les ordres de son fils Charles-Emmanuel III. Il re-
vint à Chambéry où il fut le médecin de M"'"^ de
Warens, de Claude Anet et de Rousseau. Il avait
165
épousé M''® Bonnaventure Nycollin, dont il n'eut
qu'une fille, Françoise-Hyéronime, mariée en août
1736 à Joseph Rey, bourgeois de Chambéry, capi-
taine au régiment de Tarentaise. Dans son testa-
ment M'"^ Rey légua la bibliothèque de son père
à celui de ses enfants qui se ferait médecin.
Le docteur Grossy avait eu un fils naturel d'une
servante de son frère Jean-Claude Grossy, procu-
reur du roi à Belley. Ce fils prénommé Etienne lui
intenta un procès pour obtenir des aliments. Le
docteur contesta sa paternité et obtint d'abord
gain de cause, mais le fils réussit à prouver plus
tard que son père avait suborné des témoins ; le
procès fut revisé et le docteur condamné à servir
une pension de 150 livres. Il quitta alors Cham-
béry et paraît s'être retiré à Massigneu en Bugey.
Il y mourut le 18 octobre 1752. A Chambéry, il.
était séparé de sa femme et habitait le deuxième
étage de la maison du sénateur Dichat « au bas
des Royales Prisons. »
GuiLLAND Jean-François, né au Chàtelard en
Bauges, père de Louis Guilland et d'un second
fils, prêtre et mort jeune, d. m. m., a publié sa
thèse l'an v de la République (1797) : (( De l'in-
fluence des climats sur les tempéraments , dis-
sertation présentée à l'Ecole de santé de Montpel-
lier et soutenue le... fructidor an v. » Montpellier,
Izard et Ricard, in-8" de GO pages. Dédiée au ci-
toyen Joseph Despiues.
Jean- François Guilland exerçait à Chambéry où
166
il était proto-médecin de la Savoie, médecin de la
maison du roi de Sardaignc, médecin de l'Hôtel-
Dieu et des hospices de la ville et professeur de
l'Ecole de médecine de Chambéry.
En 1828, il a publié, n'étant alors que médecin
de LL. AA. le prince et la princesse de Carignan
en Savoie : « Quelques réflexions médicales et phi-
losophiques » 1828 , Platet, in-8° de 24 pages. Il
écrivait aussi dans le Journal de Savoie.
GuiL[.AND Jean, petit-fils du précédent, fils aîné
do Louis, D. M. p., exerce à Aix-les-Bains.
H
Hébert B>ançois était, en 1737, à Chambéry,
chirurgien-major du régiment de Chablais.
Hybord M.-(v. , D. M. M., né aux Allues (Taren-
taise) vers 1775, mort en 1824; sa biographie a été
écrite par Antony Luyrard (Moùtiers , 1855).
Créateur de l'établissement des bains de Brides
en 1818, le docteur Hybord exer(;a à Moùtiers et
à Brides. Il était patriote et charitable. Pendant la
disette de 1815-181G, on l'a vu sortir, dans la soi-
rée, chargé d'un sac de blé qu'il portait lui-même
aux familles pauvres. (Voii- Cafîe, 1868, p. 528.)
Son fils Henri, docteur-médecin de Montpellier,
a pratiqué dans le département de Seine-et-Oise,
mort à Meung (Loiret) en avril 1883.
Son petit-fils Paul ukm'I ;i Moung en 1874, à
31 ans, a pul)lié : » Eludes cnùtiqucs sur la mé-
167
thode d'Esmarch. » (Archives générales de méde-
cine, décembre 1873.)
« Des calculs de la vessie chez la femme et les
petites filles. » Thèse passée le 21 février 1873.
J
Jacques, de Montcalier, physicien de la com-
tesse de Savoie en 1322. (Ménabréa, Histoire de
Chanibéry. )
Jean (maître Jean), Mam^ennais , physicien
et archiàtre de Savoie, signe, dit Guichenon,
au testament de Sibille de Baugé, comtesse de
Savoie, femme d'Ame Y, morte en 1296. » (Voir
Bonino, I, 18.)
Sa signature se lit aussi en 1288 , comme té-
moin, dans un acte passé au Bourget, entre le
comte de Savoie et certain Gilet de Briord. Il était
à cette époque médecin de la ville de Chambéry.
( Th. Chapperon, p. 225 et 231, notes ms.)
JoEGNOz Joseph-Marie, « non diplômé, certificat
délivré par le sous-préfet de Bonneville le 27 floréal
an XI » ( à Sixt).
JoYRE Claude, 1700, « chirurgien de Son Al-
tesse. » (T. C.)
JuviN Jean-Antoine, à Yenne, l'an xiii.
L
Lâchât Michel, né à Cruseilles, d. m. t. en
1830 ? a exercé dès son retour de Turin à Ferney-
Yoltaire, où il est mort le 4 décembre 1870.
168
Lachenal ( Werner de ) , professeur de botani-
que à Bàle, où il naquit en 1736 et mourut en 1800,
est tenu d'origine savoyarde par les Delachenal
de Savoie.
Un article inséré au 27 mars 1854 , ou 1855 ,
sous les initiales J. M. (D'' Michaud), soutient l'o-
rigine savoyarde de la famille de Werner éteinte
en 1851 en la personne de Frédéric, neveu de
Werner, professeur de philosophie positive à
Bàle.
C'est â ce titre que la bibliothèque de notre So-
ciété médicale de Chambéry reçut, le 4 août 1854,
de Jules Delachenal, étudiant en médecine : « Obs.
bot. méd... Basilia3 », 20 novembre 1770, par
Wernerus de « Lachenal, physicpe et médicinal
doctor ».
Le Dict. des Scien. méd. ne le mentionne pas ;
mais Larousse lui consacre cinq lignes et Michaud
dix.
Lachenal, d'Annecy, a im article de six colon-
nes dans V Union savoisienne du 25 février 1883.
Lacombe Joseph-Hélène, de Seyssel, où il est
mort d'apoplexie en 1851, avait subi sa thèse à
Paris en 1830 : « Essai sur l'autorité dans ses ap-
plications aux sciences médicales (Didot).
Lacombe Anthelme, fils de Joseph-Hélène et de
M'"' Fontanel, â Seyssel, d. m. p. 1808 : « Du trai-
tement de la fièvre typhoïde » , 5 août 1808, Paris,
im[), Pareut. Do lamillo deux l'ois médicale par
169
son père et par sa mère, il a épousé la fille du doc-
teur Dagaud.
Agrégé généreusement aux deux Associations
de la Savoie et de l'Ain, il joint l'agronomie à la
médecine.
Laffin Jean-Frédéric, àSallanches, d. m. p., 17
juillet 1876.
Lagnet-Fleury Alphonse, d. m. p. le 6 août
1860, pratique à Annemasse, figure à l'Association
sous le nom de Flcury.
Lagrange Pierre, de Chambéry, archiâtre du
comte Boniface en 1253, le plus ancien des 182
titulaires. Il reçut dans sa maison, le 4 juillet
1250, le comte Boniface de Savoie et le comte
Thomas, de Maurienne, lorscju'ils confirmèrent au
Prieuré du Bourget la donation de levée du sel à
Chambérv, accordée le 12 décembre 1249. (Bonino,
1,12.)
C'est le même qui est désigné parfois simple-
ment : Pierre du Bourget.
Laissus Jean-Alexis, né en 1802, d. m. t. le 9
mai 1828, vice-proto-médecin pour la province de
Tarentaise, médecin directeur des eaux de Brides-
la-Perrière.
Son Manuel du baigneur a eu deux éditions.
Laissus Camille fils de Jean-Alexis, né à Moù-
tiers en novembre 1835, d. m. t. le 9 juin 1859.
Membre correspondant de la Société de méd. de
170
Lyon (1862), de la Société d'hydrol. de Paris
(18G3), de r Académie de Savoie (1880), corres-
pondant de l'Académie méd. de Turin, lauréat à
ce titre de l'Académie de médecine de Paris, avec
rappel de médaille d'argent en 1878 , conseiller
général.
Médecin inspecteur de Brides et Salins, il n'a
conservé que l'inspection de Salins de 1880, où la
place fut dédoublée en faveur du D'' Philbert.
A publié :
« Mémoire sur les eaux thermales de Brides. »
(Société d'hydrol, 1860.)
« Les eaux thermales de Brides en 1860-61 ».
Moûtiers.
« Etude médicale sur les eaux thermales pur-
gatives de Brides, suivie de considérations sur les
eaux minérales de Salins ». 1863.
« Notice historique, physique, chimique et mé-
dicale sur les eaux thermales chlorurées de Sa-
lins ». Paris, J.-B. Baillière, 1860.
« Notice sur les eaux minérales de Tarcntaise,
lecture à la Sorbonne ». 1876.
« Eau de mer thermale de Salins ». Paris, J.-B.
Baillière, 1877.
« Notice sur les eaux Ihcrmalcs de Bonneval ».
1879.
« De l'emploi combiné des eaux de Brides et de
Salins dans les iilTections utérines chroniques ».
Paris, J.-B. Baillière, 1880. (6,2 p. iii-8^)
171
« Stations médicales de montagnes en Taren-
taise ». (Journal de Brùfes et Sa/i/is, 1<S83. )
Lamayrolla (M" Gaspard), médecin de la ville
de Chambéryen 1430-31, à 100 florins. (T. Chap-
peron, Chainbéry au XI V"" siècle^ p. 233. )
Landre Nicolas, chirm-gien à Aix en 1745.
Laquin Michel, médecin du comte Amédée ,
« reçoit 200 livres d'or du comte et de la com-
tesse, père et mère du comte. ( Lettre datée de
Péroges, le 18 juillet 1394. Chàtellenie de Rossil-
lon et Ordonnaz. Comptes de 1393-95 aux archives
de la Côte-d'Or.)
Lard Jacques, né à Cliambéry le 15 mai 1737,
de Jean-François et de Marie Beauregard, mort le
3 mars 1788 (T. C. ). L'un de ses hls, Jacques,
timonier de V Indomptable , mourut à Port-au-
Prince le 6 ventôse an vi. U Annuaire de 1776 le
porte comme médecin des Hospices, rue Juiverie.
Fleury le cite dans sa brochure sur les eaux de hi
Boisse, en 1778, page 20. On Je voit recevant un
legs de 200 livres du docteur Pierre Gollier, par
testament du 16 décembre 1769.
J.-J. Rousseau était un habitué de la maison
Lard
Lassalle Prosper- Antoine, à Seysscl, d. m. m.
14 décembre 1869. Sa thèse, soutenue à Mont-
pellier le 23 avril 1869, est : « Du traitement de
la tumcui' (^t de la fistule lacrvmales ».
172
Ses frères exploitent les phosphates calcaires de
Desinoy.
Lathoud François-Benoit, né au Bourget-du-
Lac le 25 octobre 1853, Thèse : « Contribution à
l'étude des spasmes traumatiques. (Derenne, 99
pages in-8°.)
Il alla s'établir à Yenne, lors du départ du doc-
teur Naussac, à la fin de 1880, ayant obtenu de la
préfecture la part attribuée à ce dernier dans le
service des enfants assistés et des vaccinations,
c[ue Naussac partageait avec le D'' Delavenay.
Lorsque celui-ci mourut, le 7 février 1883, Naus-
sac usant de l'influence politique électorale du
maire d'Yenne à la préfecture, obtint cjue celle-ci
rapportât le décret qui répartissait les services sa-
nitaires du canton en deux moitiés égales dans
l'intérêt public, non moins que conformément à
l'équité et à la bonne confraternité. L'obtention
de ce monopole força le D'' Moiroud , d'Yenne , à
s'expatrier.
Lavanchy figure comme médcci]i à Samoëns
dans V Annuaire de 1858,
Léger Charles-François, né à Pai-is en 1813 ,
mort à Ivry (Seine ) , docteur do 1841, médecin du
Val-de-Gràce, de la Salpétrière et de l'Hôlel-Dieu.
Son nom, ses relations intimes avec Caffe, Ter-
rier et Hybort, nous font lui attribuer une origine
savoisienne. (V. Calîe, ]). 527 (\c raniK'o 18(18.)
Legrand Maximiii. né en Boui'gogne , d. m. r. ,
173
collaborateui' de V Union médicale à Paris, prati-
que à Aix dès l'été de 187, , et y devient proprié-
taire.
Mettant son talent de publiciste au service de
notre station, il a achevé de conquérir ses lettres
de naturalisation par son noble refus de l'inspec-
torat vacant en 1880 par la destitution du D'' Vidal.
Nommé membre honoraire de notre association , il
l'a représentée aux assemblées générales de Paris.
Il a publié, outre ses nombreuses insertions dans
la presse médicale, que l'on trouve dans la Bibl.
cl' Aix jusqu'en 1880 : « Aix-les-Bains, Marlioz et
leurs environs , Guide médical et pittoresque » .
Versailles, chez Cerf, 1871 ; 105 p. in-12.
Leopardi (André de), médecin de Venise, rési-
dant à Belley, reçu par le duc Amé VIII sous sa
sauvegarde. Lettres du 24 avril 1425, datées de
Lagnieux. (Comptes de la châtellenie de Rossillon
et Ordonnaz, 1425-26. Arch. de la Côte-d'Or.)
L'hôpital, chirurgien du fort de Miolan jus-
qu'en 1750. (Dufour et Rabut, Miolan, p. 278.)
LioNNET (alias Lyonnet) Robert , d'Annecy ,
professeur de médecine à Valence, a publié :
« Limographia seu : Reconditarum pestis et
contagii causarum disquisitio ejusdemque curatio
methodica». Lyon, 1639; in-8°. Ce volume rare
existait en 1800 à la bibliothèque des hospices
d'Annecv et à celle de Viallet, de Chambéry.
« Dissertatio de morbis hercditariis, quà pro-
174
batur morbos Ludovici xiii fuisse aclventitios, non
hereditarios ». Paris, 1G4G (ou 1(>47), in-4^
Les biographies du Dictionnaire de médecine
de 1820, font naître Lyonnet au Puy-en-Velay.
La peste désola le Velay en 1629-30. Mais Lyon-
net, qui fut médecin consultant de Louis xni, était
bien d'Annecy.
Voir Bonino, I, 385. Mont-Réal et Cliapperon
ms. YIçqWqv Bibl. pratique, II, 641).
LoBET ( noble Antoine ) , 1599, « médecin ordi-
naire ». (T. C. ).
LocHON François , de Tlionon , né en 1833 ,
D. M. T. le 3 août 1860, mort le 13 avril 1879.
Voir sa nécrologie par Cailles, aux pages 14-17
de V Association de la Haute-Savoie, 1879.
Louis de Nice (alias de Provence), 1445-74.
Juif converti, filleul et médecin du duc Louis de
Savoie, directeur des Salines deTarentaise. (Voir
le travail de Dufour et Rabut, Mémoires de la
Soc. sav. d'hist. et d'arch., tome XV, p. 5 à 51.)
LouYS Pierre, de Cliambéry, chirurgien de la
Charité à Lyon le l'^'' avril 1623 : il est le second
de la série. (Voir Pelequin , Histoire de l'Hôtel-
Dieu de Lyon, page 192.)
Luppoz Jean-Jacques, officier de santé, né à
Bourg -Saint- ]\feurice en 1815, a exercé la phar-
macie à Aime et à Moùtiers.
Lyonne Philibert, lils de Claude, né à Mont-
175
niélian^ professeur de chirurgie et médecin des
hospices de Chambéry, mort à 80 ans, le 3 juillet
1788.
Il i)rofessait la chirurgie à Chambéry en 1751.
Il avait pris en apprentissage de son art Etienne
Rubellin, de Rumilly.
Lyonne (alias Lionne) Benoit, fils de Philibert,
ligure à VAimuaire de 1776, Grande-Rue, à Cham-
béry, comme chirurgien-major du régiment de
Tarentaise. Nous retrouvons ce hdèle sujet au rôle
de ce régiment de septembre 1792 à mai 1793,
ainsi qu'à sa reconstitution à Suse. (^^oir Un régi-
ment provincial de Savoie, par le M'* Tredicini,
page 64. Genève, chez H. Trembley, 1881, petit
in-4" de 300 pages, non mis en vente.)
A publié : <( Observations sur la nature et les
propriétés des Eaux de la Boisse ». (Imp. Gorrin,
33 pages in-8°, Chambéry.)
Il est né à Chambéry le 18 juin 1743, il est mort
le 3 septembre 1803; a été chirurgien des hôpitaux
et des prisons de Chambéry. Grillet dit qu'il était
recommandable par son humanité et son désinté-
ressement.
M
ivlACÉ Charles, d. m. p. 1853, ex-médccin de
marine, pratique â Aix, durant l'été dès 187 . , di-
rige YEclio des villes d'eaux ^ de concert avec
Auguste Parmentier, et rédige le Journal d'Aiœ,
176
suite de la Savoie tJicnnale dès le 7 septembre
1879.
A publié : Médical guide to the Marlioz wa-
ters ». (Paris, 187 T?) Trasiated Inj John ». P.
Léonard. (Voir la Bibl. d'Aix.)
Magdelain Jacques - Marie , de Sallanches.
Après de brillantes études classiques au séminaire
faucigneran de Meylan , il fut attaché quelc[ue
temps à l'institution célèbre de Sorrèze comme
professeur.
En mai 1824, il présentait à Paris sa thèse inau-
gurale : « Sur l'eau thérapie hydrothérapique pré-
ventive » , et faisait bientôt après une conférence
sur son doctorat à Turin.
Il est mort le 20 mars 1866, à 75 ans. Sa nécro-
logie est au 27 mars du Courrier des Alpes j et
page 160 du Journal de Caffe.
Magdelain Philibert, fils de Jacques-Marie,
suivant les traces studieuses et honorables de son
père, fut admis par concours au Collège des pro-
vinces de Turin, et prit ses grades dans cette
Université le 25 juillet 1846.
Magnin Jean-Marie, de la Mure, d. m. t. 1837,
mort à Esserts, commune de Reignier, le 19 juin
1871, à 62 ans. Ugines avait été le théâtre de son
heureuse et dévouée pratic^ue dès la mort du D'"
Salomon en 1843 jusc^u'en 1869^ où son frère, M»''
Magnin, évoque d'Annecy, voulut qu'à la mort
du D'' Chappuis, il s'installât à Monetier-Mornex.
177
Là, comme à Ugines, il s'oublia et s'usa au ser-
vice des autres.
Le D'' Mongellaz, son ami intime, a prononcé sur
sa tombe quelques paroles reproduites dans VEcho
du Salève (25 juin).
Magnin Alexis , d. m. t. le 29 mai 1839, a pra-
tiqué à Saint-Jean de Maurienne où il est mort.
Magnin Thomas, né à Rumilly le 7 octobre 1759,
reçu maître en chirurgie à Turin le 11 mars 1783.
cinq ans seulement (et non six comme de règle)
après son entrée au Collège des provinces en 1779,
Il passa ensuite à Paris où, lié avec Doppet et
Charles-François Thiébaud, d'Evian, il fonda avec
ces deux jeunes confrères une association « pour
élever à Turin un traitement du magnétisme ani-
mal. » A la suite de cette convention signée le 15
août 1784, Magnin fut envoyé à Turin, y ouvrit,
non sans peine, des rappors avec divers person-
nages influents.
Attaché comme officier de santé de 2"" classe à la
Légion des Allobroges, il y fit en cette qualité 5
ans, 4 mois et 21 jours de service, y compris trois
campagnes, dont celle d'Espagne; et forcé de se
retirer pour infirmités, une pension de 800 fr. lui
fat hquidée le 17 prairial an vi. Cette pension fut
convertie en solde de retraite de 463 fr. par la loi
du 28 fructidor an vu (art. 54) et finalement ré-
duite à 270 fr. par billet royal du 19 mars 1817.
Il avait été délégué par le Club des Jacobins de
12
178
Chambëry pour préparer les communes au vote du
14 octobre 1792. (Voir Dessaix, Histoire de la
réunion de la Savoie à la France^ p. 106-175.)
Il mourut vers 1830, à Grésy-sur-Aix, où il avait
épousé la tille du comte de Grésy et Cessens, Fran-
çois-Vincent Carron, veuve en premières noces de
noble Joseph-Marie Perret d'Angioz. (Voir de
Loche, Histoire de Grésy, p. 33.) Celle-ci mourut
à Chambéry le 12 septembre 1841, faisant héritier
son tilleul, le chevalier de Mouxy, dont le gendre,
D'' Edouard Revel, a bien voulu nous comnumiquer
les titres et documents qui nous ont permis de ré-
diger cette notice.
Maigrat Pierre-Marie, né au Villard-de-Beau-
fort en 1790, soutient à Paris sa thèse : « sur la
paralysie en général, le 17 mai 1815 ». Il avait
commencé ses études médicales à Lyon, où il fut,
croyons-nous, interne de l'Hôtel-Dieu.
Il pratiqua à Albertville, fut vice-proto-médecin
pour cette province, fut nommé médecin-directeur
de l'hospice des Aliénés du Betton, par délibéra-
tion administrative du 12 mars 1842; mais sa santé
se délabrant, ne prit pas possession de ce poste,
bien qu'il l'eût demandé. Il mourut à Albertville
le 4 juin 1844.
On lit dans le Voyage de Topfer à la Grande-
Chartreuse ^ en 1833, ces lignes sur Maigrat:
« C'est un homme aux gros traits, mine allobrogc,
« air de bon sons et de bonté, (jui ennoblit un
179
« extérieur campagnard.... Cet homme, après
« avoir consumé safortune aux études sévères , s'in-
« quiète fort peu de la recouvrer par la pratique,
« recevant le modique salaire des personnes aisées
« qui le lui envoient sans que jamais il le récla-
« me , et allant venant par la vallée et montagnes
« chez les familles indigentes, pour l'amour gra-
« tuit du bien et de son art. Aussi le dernier des
« paysans le chérit et le vénère. »....
C'est lui, qui, au lendemain de son mariage ^
rencontrant matinaleinent son confrère Borson
sur la place Saint-Léger^ lui lançait ces mots sou-
vent répétés depuis : « Enrossé , mon cher ! En-
ce rossé ! » Pothey a écrit :
« Tuer mari quelque peu volage
Le lendemain du mariage ,
Tuer sa femme à son réveil...
La nuit porte conseil. »
Mailland (Maître Barthélémy ) , médecin de la
ville de Chambéry en 1442, à raison de 50 florins,
probablement le dernier de ces titulaires.
(Voir T. Chapperon, Chambéry au XI V" siècle
et Ménabréa, Histoire de Chambéry .)
Maigre Benoît-Marius-Henry, né à Lyon d'une
famille originaire de la Savoie, d. m. p. le 28 jan-
vier 1870, vint s'établir en 1877 à Albertville où il
se maria, et où il mourut, à 38 ans, le 19 septem-
bre 1877, membre de l'Association médicale. Sa
néci'ologie a été donnée par le docteur Ducrest
dans le Compte rendu de 1878.
180
Il a été médecin adjoint, puis médecin titulaire
le 9 août 1875 de la maison centrale d'Albertville,
membre de l'Académie de la Val-d'Isère. Sa thèse
a pour sujet : « Des phénomènes chimiques de la
digestion, à propos d'une observation de tumeur
du pancréas »; Paris, 1886, in-8° de 40 pages.
Maitral Jacques-Charles , ( alias Maitrat ) ,
médecin à l'Hôpital-sous-Conflans (Annuaire de
l'an xni).
Né au Villars-de-Beaufort, il avait prit sa thèse
à Montpellier en 179G : « Essai sur les maladies
du pylore, présenté et soutenu le .... thermidor
an V » (petit in-8°, que l'on trouve coté 2 fr. 50
dans l'Ami des livres, 1865, sous n'' 173).
Mallian (maître Claudius de), 1254, bour-
geois de jSeyssel; « consiliarius et physicus nos-
ter vigilavit super nos... » Pension de 100 florins.
(T. Chapperon, ms.)
Maniot... V Annuaire de l'an xni mentionne un
chirurgien à l'Hôpital-sous-Conflans , ainsi nom-
mé ? N'est-ce point un double emploi de Maitrat ?
Manassès, 1466, chirurgien juif. (Voir Dufour
et Rabut, Mémoires de la Société sav. d'Iiist. et
d'arch., t. XV, p. 19.)
Manget. Fantoni cite ce médecin parmi les pra-
ticiens d'Aix qui, vers 1718, étaient partisans de
l'emploi de ces eaux dans la goutte.
C'est peut-être Manget Jean-Jacques, médecin
181
genevois (1652-1742), qui a compilé divers ouvra-
ges dont la nomenclature est apud Larousse (20
lignes et surtout Michaud ).
Mansoz Georges , de Chindrieux , commence
l'étude de la médecine en 1830, à Cliambéry, mais
n'a pas continué.
Marcoz Jean-Baptiste, né h Jarrier en Mau-
rienne en 1759, mort à Lyon le 5 novembre 1834.
Il avait pris son diplôme de docteur en médecine
à Turin, mais se voua exclusivement aux mathé-
matiques et à l'astronomie.
Dès le 27 mars 1790, nous le trouvons déjà
membre correspondant de l'Académie des sciences
du Turin (Grillet, I, 217). Il avait donc déjà des
titres à cette distinction antérieure à l'envoi de ses
deux Mémoires : 1° « Linearum rcctarum divisio
in quolibet partes œquales, per lineas rectas et
circulares » , et 2° « Des équations dont s'éva-
nouissent deux termes afîectés de l'inconnue »
(Grillet, II, 288).
Sa bibliographie comprend en outre : 3° « La
vraie durée de l'année solaire et du mois lunaire
d'Hipparque et de Ptolomée ». Chambcry , Ber-
goin, 1803; 4" « l'astronomie ancienne discutée
dans ses principaux points ; illégitimité des tables
solaires d'Hipparque avouée par lui-même » {22
pages in-8", extraites du Bulletin universel des
sciences et de l'industrie, mai et juin 1827, Paris);
.5" « L'astronomie solaire d'Hipparque soumise à
182
une critique rigoureuse ». Paris, 1828, in-8° ;
6° Astronomie solaire simplifiée ». Paris, 1832,
in-S" ; 7° « Erreur des astronomes et des géomè-
tres d'avoir admis l'accélération séculaire de la
lune ». Paris, 1833, in-8° ; 8" « Remarques criti-
ques sur l'histoire de l'astronomie ancienne de
Delanclie ». 1819.
Professeur de mathématique durant cinq années
à l'Ecole centrale du Mont-Blanc, député à la
Convention et aux Cinq-Cents , sa biographie se
retrouve dans Grillet, au Journal de Savoie (n° 23
de 1835), aux Méniorres de l' Académie de Turin,
au IV" vol. de la 1'" série de V Académie de Savoie^
au 1"'' août 1883 de V Indicateur savoisien ( éloge
prononcé par le professeur Evrot) et au 30 dé-
cembre 1882 du même journal à propos du buste
exposé par Jean A^allet au concours d'Annecy.
Aussi, en faisant appel à des documents pour cette
biographie , la Chambre des entrepreneurs de
Chambéry a montré sa gratitude pour le fondateur
du cours de stéréotomie et de dessins linéaires.
Son testament date du 26 août 1834.
Marcoz habita trente années une modeste mai-
son, sur le chemin du Petit-Barbaraz, devenue
maintenant le « Restaurant-Champêtre.
Sa réputation était inférieure à son réel mérite
de savant.
Marge Claude, reçu ou 1G36 dans la Grande
Congrégation des Messieurs, de Chambéry.
183
Marin Jacqiies-Ambroise , né à Sallanches le 4
août 1773, chirurgien de f® classe dans la marine
militaire française, naturalisé le 20 décembre 1815
(Albrier, Soc. archéol. sav., XVII, 273), retraité
en 1829, mort à Toulon où il s'était marié.
C'est mi oncle du D'' INIarin Charles- Antoine,
docteur en théologie d'Avignon, chanoine et chan-
tre de l'ancienne collégiale de Sallanches, qui fut
aumônier du cardinal de Rohan. (Bonnefoy.)
Marin Maximilien , neveu de Jacques-Am-
broise, chirurgien de marine de 2'' classe, mort
jeune encore à Toulon, en 1837.
Marmichon, chirurgien à Chambéry en 1730.
Martel Gaspard , de Menthonnex-sous-Cler-
mont (Mont-Blanc), présentait, le 24 messidor
an V, à Montpellier, sa thèse : « Considérations
générales sur l'usage de la saignée dans les mala-
dies aiguës ». Elle est dédiée à son frère aîné, et
son diplôme est, d'après les archives d'Annecy ,
du 19 ventôse an x ?
Martin François , chirurgien à Taninges, par
certificat du sous-préfet du 15 messidor an xi.
Martin Jules-François, officier de santé de la
Faculté de Lyon en date du 21 septembre 1872
(alias 21 février 1873 ) , pratique à Saint-Gervais
et à Chamonix.
Martin Joseph-Marie , de Bourg- St-Maurice,
étudia le droit à Turin deux ans, ne prit pas ses
184
grades, n'en fut pas moins élu en 1857 député à
Turin où il ne parla jamais, et conseiller provin-
cial en 1860.
Son frère, médecin à Aime, avait épousé M"*"
Georgine de Montmayeur. Il est mort en 1877.
Martin Joseph, d'Albertville, ex-élève interne
à l'asile de Bassens, mort à Albertville à 24 ans, à
la veille de son diplôme et au même jour ou expi-
rait Bally, de Verrens-Arvey, le 14 janvier 1877.
Masset, officier de santé à Saint-Pierre d'Albi-
gny (Annuaire de l'an xiii).
Massola Sabin-Joseph, né à Cliambéry le 10
avril 1824; entré au service militaire le 22 mars
1847, en sa 5""^ année d'études, en qualité d'élève
du corps de santé militaire, il a pris son doctorat
à Gènes le 4 mai 1848. Médecin dès lors dans la
marine royale, il y était sous-aide le 4 juillet 1852
et aide-major de 2"" classe le 1*"' janvier 1853. Passé
à cette date, par permutation, dans l'armée de
terre avec le grade de médecin de bataillon de 2''
classe, il entrait, au 1®'' janvier 1855, dans la 1'®
classe de son grade. Ayant opté à l'annexion pour
la France le 11 juin 1860, il était promu au choix
médecin-major de 2" classe, et affecté, le 10 août
1861, à l'hôpital militaire de Cliambéry. Puis il
passa en 1''^ classe le 23 juillet 1870, et fut, sur sa
demande, mis à la retraite le 10 août de la même
année.
11 avait fait dans l'Adriaticpu^ la campagne de
185
de 1848-49, deux ans de navigation en paix (1850-
1851) , la campagne de Crimée (1855-56 ), et celle
d'Italie (1859). Il en apportait la médaille d'Italie
de Victor-Emmanuel et celle de la reine d'Angle-
terre (15 juin 1856), celle de Napoléon III (15 avril
1860) ; il était chevalier de la Légion d'honneur le
28 décembre 1868 et chevalier de la Couronne
d'Italie le 5 mai 1879.
Quant à ses services civils, les voici :
Professeur de pathologie générale à l'Ecole pré-
paratoire de Chambéry du 21 décembre 1856
jusqu'à la suppression de notre Ecole le 11 juin
1860; président de la Société médicale de Cham-
béry en 1868-61) et en 1876-77: médecin visi-
teur des prostituées jusc|u'à la suppression de ce
service par le conseil communal en 1871 ; inspec-
teur de l'eau de la Bauche (22 janvier 1878).
Si, avec de tels titres, il demanda et ne put ob-
tenir l'inspection de Challes, c'est bien que ces
places ne s'accordent qu'à l'intrigue , et qu'en ou-
tre, par deux fois et à deux vacances successives,
la jalousie locale préféra la nomination d'un étran-
ger au succès d'un voisin.
Ayant pu nous procurer ces états de services
ainsi que ceux du D'' Butliod, nous nous sommes
plu à les reproduire comme documents de l'avan-
cement dans le service sanitaire militaire sarde et
français.
Outre ses états de services militaires et civils,
le D'- Massola présentait à l'appui de sa candida-
186
tare à l'inspection de Challes les publications sui-
vantes :
1° « De l'ergotine dans la diarrhée et dissen-
terie épidémiques de l'armée sarde en Orient » .
(Académie de méd. de Paris, 1856.)
2° « De l'arsenic dans les bronchites chroni-
ques ». (Société méd. de Chamhéry , 1859, p. 84.)
3" Constitution médicale de 1857-58 ». (Journal
de méd. militaire, 1858.)
4" « Fracture de la rotule ». (Ibidem , 1858.)
S'' « Topographie médicale clc Chambéry ».
(Conseil méd. de Paris, 1861.)
6" « Epidémie typhoïde dans la garnison de
Chambéry ». (Journal de méd,. militaire, 1862.)
7° Trois cas de fulguration ». (Ibidem, 1864.)
8° « Empoisonnement arsenical, suite de cauté-
risation dentaire ». (Ibidem, 1864.)
9° « Les trochisques Vicliet dans la coquelu-
che ». (Ibidem,, 1866.)
10° « Thermomètre médical; théorie des vaso-
moteurs; médication isolante par le coUodion
élastique ». (Ibidem, 1868.)
11° « Observations cliniques aux eaux de Chal-
les, en 1874-77.)
12" « Médecine docitrique de Burgraeve » (So-
ciété méd. de Chamhéry , 1876.)
13-' « Nouvelle édition de la Monographie des
eaux de Challes » , pul)liée par la Société méd. de
Chambéry.
Massola Alphonse, fils de Sabin , élève du
187
Val-de-Gràce, aide-major militaire de la marine,
mort au Sénégal de la fièvre jaune le 5 septembre
1878. ( Sa nécrologie au Courrier des Alpes du 15
octobre 1878. )
Masson Charles-Domi nique-César, de Compe-
sières, officier de santé de Paris le 14 brumaire
an XI.
Masson Albert-Marie, de Cbambéry, d. m. p.
1878. « De la gastro-élytro-tomie ». Thèse dédiée
à la mémoire de sa mère et de son oncle « Pou-
pelle » , qui l'a fait élever. Paris, Oct. Doin.
Médecin adjoint â l'Hôtel-Dieu de Cbambéry le
27 décembre 1878 ; à Saint-François et à la Ma-
ternité en septembre 1881; membre correspondant
de l'Académie de Savoie en 1881 pour son « Etude
sur le paludisme aux environs de Cbambéry ».
( Voir la bibliographie de ce travail au 30 juiu
1881 du Courrier des Alpes et au 23 juillet de
V Indicateur savoisicn, et le ti^avail lui-même au
volume des Mémoires de l'Académie.)
Matthey ( et non Maffei, comme ont imprimé
les Annuaires) , médecin à Saint-Gervais en 1831.
Mathieu (Maître), médecin de Pierre II (le
Petit-Charlemagne) , â Belley en 12G8. (Trompée,
page 28 de ses Arcliiatri, etc. )
Mauclerc Hippolyte, quoique s'étant beaucoup
évertué à faire bruit de sa personnalité, n'a pas les
honneurs d'une biographie ni dans Larousse, ni
dans Michaud. Nous ne recomposons les princi-
188
pales étapes de sa vie agitée qu'au moyen d'un
« Mémoire justificatif du citoyen Mauclerc, chi-
rurgien-major du 5® bataillon des côtes maritimes
de l'Ouest » ( 18 pages in-4° ) , écrit en prison, à
Grenoble, pour incivisme, pluviôse an ii.
« Réponse du même officier de santé adressée
de Chambéry le 12 mars 1792 à une lettre du
D'' Andrieux, de Samoëns. »
Mauclerc habitait Paris dès 1789, et dit avoir
été le 5® à la prise de la Bastille dont il pu1)lia la
description.
Il avait, dès 1787 et 88, eu trois ouvrages cou-
ronnés par la Société littéraire de Châlons-sur-
Saône, et, en 89, il présentait à l'Assemblée cons-
tituante son projet de « Réforme des lois crimi-
nelles » (60 pages), et la « Traite des nègres »
(24 pages). Entre temps, il collaborait au « Ton-
neau de Diogêno » ; signalait à l'Assemblée légis-
lative « les abus des hôpitaux de Paris » , et à l'As-
semblée populaire de Grenoble « les biens des
émigrés ». Il faisait représenter sur le théâtre de
cette dernière ville : « le Triomphe de l'Egalité ».
Deux de ses ouvrages (nous ne savons lesquels)
avaient été, en 1787, déchirés par les censeurs
royaux. La Société de Chambéry imprima de lui
une « Lettre contre Simond » qu'il accusait de
violence, lettre qui parait avoir été le principal
motif de sa détention â Grenoble. Esprit tui'bulent,
aussi incommode à ses alliés ([u'â ses adversaires ;
il subit une auti'C détention à la Force après la
journée du Champ-de-Mars.
189
Sous-aide-major à l'armée des Alpes, chirur-
gien-major au 64% à l'armée du Midi, à Barcelon-
nette en 1792, à Cliambéry avec Doppet, au régi-
ment de Boulonais à Annecy ; il est aux Jacobins
de Paris et aux clubs des Amis de la liberté de
diverses villes, dont il préside l'un d'eux.
Mehling. On lit dans un article du Salève (24
février 1884) que le D'' Mehling a pris ses grades
en France et en Suisse et qu'à la date précitée il
venait de Genève s'établir à Saint-Julien.
Megaland, « officier de santé à Moùtiers en
l'an XIII... »
D'après les souvenirs d'une de ses nièces, pen-
sionnaire à Saint-Benoit, il avait été chirurgien-
major.
Mercier François , né à Chevenoz , commune
d'Abondance, a pratiqué à Thonon. (Voir Cafïe,
page 528 de 1851.)
Merel Pierre, né à Cruseilles le 16 février 1831,
élève au Collège des Provinces, d. m. t. le 9 juillet
1859 , pratiquait à Thônes avec un dévouement
tout chrétien, et fut tué le 24 janvier 1867 par une
chute de traîneau aux Villards.
Voir Courrier des Alpes , 29 janvier 1867 ;
Cafie, p. 64 de 1867 ; Association de la Haute-
Savoie, p. 6 de 1867.
Mermet, « chirurgien des prisons do Cham-
béry, en survivance de Trépier, place de Lans... »
190
(An/iuaù'e de 177ij).) Est-cu lui ou Louis Mer-
Moz qui figure sous le nom de Merme au registre
de la Grande Congrégation des Messieurs, comme
mort en 1781 1
Mermier Pierre, docteur en droit et en méde-
cine à Talloires en 1622.
Mestrallet Jean-Baptiste, né à Termignon le
21 mai 1768, mort h Saint- Jean de Maurienne le
29 octobre 1850, chirurgien de Turin en 1798.
Son diplôme, émané du Prieur du collège de
chirurgie de l'athénée de Turin, mentionne qu'il
a pris les trois examens prescrits le 20 avril 1797,
le 17 mai même année et le 13 avril 1798 date du
diplôme qui l'autorise à exercer dans tous les Etats
sardes la chirurgie et les opérations chirurgicales.
Ce diplôme a été enregistré au gretîe du tribunal
de l'arrondissement de Saint-Jean de Maurienne
le 2 messidor an xi et le 5 au bureau de la sous-
préfecture de Maurienne. Il est en latin, écrit sur
parchemin.
Mestrallet ne parait pas avoir beaucoup prati-
qué. Il est nommé juge de paix du canton de Lans-
lebourg par décret impérial du 3 février 1809 et
syndic de Termignon par l'intendant Fernex le 15
mai 1818, notaire et tabellion le 20 août 1819 par le
roi Victor-Emmanuel P'", puis de nouveau juge de
mandement à Lanslebourg le 20 décembre 1822^
etc. ( Ces renseignements ont été fournis par son
petit-fils Camille Mestrallet, percepteur.)
191
MiCHAUD Charles , né à Saint-Innocent le 20
juin 1781, y mourut le 13 août 1862. Il avait fait
une ou deux années d'études chirurgicales, n'avait
pris aucun diplôme, arrachait les dents, et figure
comme chirurgien dans Y Annuaire de l'an xii.
MicHAUD Jean-Clément, né à Samoëns en 1820,
D. M. T. en 1845, mort en 1871 à l'Asile de Samt-
Jean-de-Dieu de Lyon. Sa biographie est dans
Cafîe (n° du 10 juillet 1871), dans les comptes
rendus de l'Association (1871, p. 6 et 10-11).
Médecins des prisons, il fut destitué en 1860"
pour un punch séparatiste offert aux officiers fran-
çais (Ga^. heb. de chirurgie, V juin 1860). Il fut
vaccinateur (1^'' avril 1863), membre du Comité
départemental d'hygiène , médecin assermenté ,
adjoint aux hôpitaux jusqu'à ce c^ue les taciuineries
du D'" Carret l'en eussent exclu, médecin des pau-
vres dès 1854 à 1871. L'un des organisateurs de
ce service comme membre de la Société médicale,
il mit 500 francs à sa disposition pour secours aux
convalescents. De même, il abandonna au service
de bienfaisance les honoraires qui lui étaient al-
loués pour soins aux cholériques. Il rédigea le Tarif
p/iannaceutique adopté par le bureau de bienfai-
sance de Chambéry. (Puthod, 1869.)
D'une activité qui devint à la fin pathologique,
d'une facilité d'écrivain égale à sa rapidité de con-
ception, d'un coeur chaud et dévoué, il fut, avec
Revel père, le plus efficace fondateur de ['Associa-
tion départementale et son secrétaire de 1862 à
192
1869; il eu rédigea avec autant de cliaruie que de
vigueur les comptes rendus, le mémoire l'Assis-
tance médicale rurale (1868) et les ordres du jour.
De même, à la Société médicale dont il fut secré-
taire de 1854 à 1858, et à laquelle il communiqua
sans relâche sur les épidémies, la déontologie ^ les
honoraires, les poêles en fonte, le cannabis indien
(Bulletin, 111, p. 37).
Entraîné par sa passion pour « redresser les
torts » , dans des luttes ardentes où ses adversai-
res ne se firent pas faute de dépasser les bornes
académiques et confraternelles, il subit à 49 ans
certaines fatales prédispositions à la manie et au
ramollissement cérébral.
Outre ses publications officielles, il donnait de
fréquents articles aux journaux du pays. Il écrivait
dans le Courrier de Savoie, sous le pseudonyme
de Le VERT. Il a donné ses lettres parisiennes :
« La spécialité, les spécialités, les spécialistes »
(Courrier des Alpes, passiin). A propos de
« dégel et de médailles dégelées » (Courrier de
Savoie, 7 février 1867 ) , signe Lannoy de Gall.
« La chasse au canard, nouvelles pharmaceuti-
ques » ( Courrier des Alpes, SS*" année, n° 15).
« Les médecins de Savoie et la France médicale »
(Courrier des Alpes, 1°'' janvier 1867). « Taxe
des honoraires des médecins pour rapport et ex-
pertise légales » (Courrier des Alpes, 31 décem-
bre 1868 et 2 janvier 1869 ). « Réponse à l'Ermite
do Cluny ». « Rappel à la Commission pour les
193
vaccinations ». « Plaintes d'un Anglais » (Cour-
rier des Alpes, 30 septembre 1864). « Sur le
service des indigents à Cliambéry » (Courrier des
Alpes, 3 décembre 1867 ).
MiCHAUD Jean-Baptiste, chirurgien, bourgeois
de Tlionon. Nous voyons (Biog. Dessaix, par Fol-
liet, p. 441) sa veuve, Louise Gentoz , épouser, à
Tlionon, le 30 janvier 1702, Philippe Dessaix, qui
émigra de Marignier à Bonneville, puis à Thonon,
et devint le père d'André- Joseph, maître chirur-
gien.
MicHAUD Joseph- Abraham, docteur en médecine
à Thonon, proto-médecin, syndic de Tlionon en
1738, 1742, 1743, 1746etl753. Enl742, il fut délé-
gué avec M. deSonnaz d'Habères, l'autre syndic,
auprès de dom Philippe pour demander un allége-
ment aux réquisitions dont la ville avait été frap-
pée. Mémoires et documents de V Académie cha-
blaisienne, I, p. 116, etPissard, Hist. de Thonon,
page 284.
MiCHAUD Maurice, docteur en médecine à Tlio-
non, l'un des syndics de cette ville en 1718 et en
1727. ( Acad. chab., I, p. 115 et 166.)
MicHAUD... vivait à Thonon en 1823, y exerçait.
MiCHAEL (niaitre) , « physicien et astrologue » ,
soignait les pauvres amore Dei, médecin de la
ville de Chambéry en 1411, après Jean de Perrière.
( Ménabréa, Histoire de Chambéry. ) Est-ce le
mémo que Michaël de Verrutis "i
13
194
Michel Jean-Baptiste, médecin, de Moûtiors,
émigré en 1793. (Listes do l'émigration du départe-
ment du Mont-Blanc, de l'an ii à l'an vu.)
Michel, médecin et astrologue, au service d'A-
médée VIII, en 1415. (Cibrario. Specchio cron.)
Est-ce le même à la femme duquel la princesse
Yolande donne pour étrennes, en 1466, un anneau
d'or garni d'un rubis ? ( Dufour et Rabut, Orfè-
vres, p. 99.)
MicHON Jean-Alexandre , d'Onnion en Fauci-
gny, suivait les cours de S*" année à Cliambéry, en
1830, et fut reçu docteur à Turin le 14 août 1837.
Figure parmi les praticiens de Modane de 1866
à 1878.
Milliard Claude, maître chirurgien à Cliam-
béry , natif d'Aoste en Daupliiné , 1730 , 1746.
(Reg. de l'état civil de Cliambéry.)
MiLLiAS, est porté à V Annuaire (1q 1776 comme
médecin , domicilié au faubourg Montmélian à
Cliambéry.
Million Prosper-Gabriel, né à Cliens, canton de
Douvaine, en 1817 et élève des Jésuites à Brigg.
Il commença ses études médicales à Lyon en
1837, passa à Montpellier en 1838 et à Paris en
1839 jusqu'en 1841, où il revint à Lyon concourir
pour l'internat. Après son stage . en novembre
1846, il prit son doctorat à Paris. En 1851, il était
nommé au concours médecin des hôpitaux de St-
Etienne; il y devint en 1856 médecin de la ma-
195
iiufacture d'armes, et reçut en 1874 la décoration
de la Légion d'honneur.
Million Gabriel-Alexandre^ frère de Prosper-
Gabriel, né comme lui à Chens en 1821, a fait ses
études scolaires chez les Jésuites, d'abord à Brigg,
puis à Mélan.
Il commença ses cours de médecine à Montpel-
lier en 1840, vint à Lyon en 1841, y fut lauréat,
1^'" prix en 1843, et reçu interne la même année,
se rendit à Paris en 1848 pour y présenter sa thèse
doctorale le 29 mars. Revenu à Evian, il fut mem-
bre du conseil d'hygiène de l'arrondissement en
1869, médecin-inspecteur d'Evian en 1875.
Million Jean-Pierre, de Megève, où il débuta
après avoir pris son doctorat à Turin le 4 juillet
1830. Il passa plus tard à Chamonix où il est mort.
MiLLioz Humbert, né à Saint-Pierre d'Albigny
le l'^'" décembre 1770, y est mort le 12 septembre
1826. Après avoir d'abord reçu, le 6 ventôse an
XI, un certificat de capacité, il prit à Paris, le 10
germinal an xii son diplôme de docteur, enregistré
à la préfecture du Mont-Blanc le 22 floréal an xii, et
au tribunal le 24. Sa thèse était intitulée : « Essai
sur le scorbut qui a régné k Alexandrie en Egypte,
pendant le blocus de cette place, en l'an ix, pré-
sentée et soutenue à l'Ecole de médecine de Paris le
....pluviôse an xi, par Humbert Millioz, médecin
et chirurgien de l''^ classe des armées ». Paris,
imp. Bossange, Masson et Besson, an xi (1803);
196
37 p. m-8°. Le 4 ventôse an xii, la Société de
médecine de Marseille le nommait correspondant.
Ses états de service, délivrés à Paris le l"'' plu-
viôse an XI, établissent qu'il fit les campagnes de
1793 comme médecin de 3" classe et fut au siège
de Toulon. Il fut attaché à l'hôpital militaire de
Toulon, médecin de 2" classe durant les années ii
à v. Promu en 1''' classe le 1®'' floréal an vi, il était
à la prise de Malte, au premier débarquement, à
la prise d'Alexandrie, aux batailles de Chébrais,
des Pyramides, de Salabée, aux sièges d'El-Arich,
de Jaffa, d'Acre, aux batailles du Mont-Tabor,
d'Aboukir (an vu), d'Héliopolis (30 ventôse an ix)
et d'Aboukir, au blocus d'Alexandrie.
Nommé en l'an x à la 72" demi-brigade comme
chirurgien de 2" classe, il protestait par lettre du
9 germinal au Conseil de santé des armées. La
réponse signée Parmentier, Coste et Heurteloup
(n germinal) constate qu'en Egypte le nombre
des titulaires de l'"^ classe étant alors illimité, per-
mit au médecin en chef de l'armée d'Orient de lui
délivrer une commission de 1'" classe en récom-
pense de son zèle ; mais, aujourd'hui, le nombre
étant fixé à 60, plusieurs chirurgiens distingués
promus en 1''® classe avant même que Millioz fut
au service ont dû redescendre en 2^ On lui offrait,
toutefois, de l'employer dans le grade qu'il avait
eu en Orient s'il lui plaisait de s'embarquer pour
Saint-Domingue .
Par sa lettre datée de Paris, rue de Seine, 115,
197
hôtel de France, 15 germinal, il refusa soit l'ex-
pédition de Saint-Domingue, soit la 72^ demi-
brigade.
MiRAMOND, officier de santé de l'Ecole de Paris
(16 mai 1825), devenu propriétaire en Savoie par
acquisition du domaine Raymond , à Fournet
(Méry), y signait : docteur médecin; y est mort
vers la fin de 1877, était de Pontoise.
MoiROux, né à Yenne, obtient en juillet 1883
une des deux places de médecin des enfants assis-
tés du canton d'Yenne. Le docteur Latlioud qui
avait l'autre place ayant obtenu C[ue la préfecture
rapportât le décret qui réparti ssait les services
sanitaires du canton en deux moitiés et ayant été
nommé seul, Moiroud quitta Yenne et devint mé-
decin de l'usine de Tenay (Ain). Il avait la réputa-
tion d'être exact, laborieux et rangé.
MoNROE Marie-Charles-François , né à Lyon lo
22 mai 1852, fils de M. Henri Monroë actuelle-
ment Premier Président de la Cour d'appel do
Chambéry; d. m. Lyon du 6 août 1879. Thèse :
Du Drainage capillaire par les crins, veuve Cha-
noine, Lyon, 1879. Cette thèse a été traduite en
espagnol par le D'" Baldomero Gonzalez Alvarez,
de Madrid.
De l'action des Eaux thermales d'Aix-les-
Bains dans le traitement de la sciadque, in-8°, 42
pages, Genève, imp. genevoise, 1888.
Le D'' Monroë est médecin-adjoint de riiôpital
198
d'Aix-les-Bains et membre de la Société savoi-
siemie d'histoire et d'archéologie.
MoLLARD Léon, de Bassens, docteur de Tmin
en 1834, devenu riche par son mariage avec M"® de
La Croix, et valétudinaire, avait à peu près re-
noncé à sa profession pour s'occuper d'agriculture
dans son beau domaine de la Cluse (St-Alban), où
il est mort en juillet 1-864. Il avait coopéré à la
fondation de la Société médicale de Chambéry.
Son fils, élève de l'Ecole des Chartes, est bi-
bliothécaire d'Auxerre et archiviste de l'Yonne.
(Voir Cafïc, 1884, p. 335.)
MoLLARD Charles-Louis, né à Chambéry en
1789. D. M. p. le 22 mai 1815, mort le 5 février
1865. Sa thèse sur « l'hygiène des femmes encein-
tes )> , dédiée au D"" Rey, préludait à sa spécialité
d'accoucheur apprécié.
11 fut nommé médecin des aliénés le 28 juin 1827
avec obligation de deux visites par semaine au
Betton : l'appointement était de 1,200 fr. Il y fut
remplacé en 1829 par le D'' Dianand, qui accepta
la résidence devenue nécessaire.
Il fut l'un des fondateurs de la Caisse d'épar-
gne de Chambéry et l'un de ses plus zélés admi-
nistrateurs dès avant 1837 , et devint, le 8 mars
1849, l'iui des vice-syndics de Chambéry.
Président aimé de la Société médicale de Cham-
béry et de notre Association départementale, sa
biogrn])hi(' se retrouve ;'i l;i pnge 6 des Comptes
199
rendus de cette Association (1865) ; aux 7 février
1865 du Courrier^ des Alpes ^ et 8 du Courrier de
Savoie et encore 21 mai de ce journal ; à la page
80deCafEe(20 février 1865), au Lyon médical
des 16 février et 1'"' mars ; au Léman du 12 fé-
vrier, au Bulletin de mars de la Société centrale
d'agriculture.
MoLLARD Pierre. Les archives Le Blanc men-
tionnent un médecin de ce nom à Moûtiers en
1572.
MoLLOz Jean-Dominique-Marie, d. m. t., mé-
decin juré du duché d'Aoste, auteur d'un « Traité
des eaux de Courmayeur » (Genève, 1728), analysé
par Bonino. (II, 825, et mentionné par Mont-Réal,
ms. 2^ fol. 221 et T. Chap., 68 du 2\)
Nous le nommons ici quoique Val-d'Aostain,
soit pour le mérite de son ouvrage d'hydrologie,
soit parce que cette province a, comme la Savoie,
formellement défendu sa langue française jusqu'à
1860 et même 1870.
MoNARD Jean , d'Aix-les-Bains , interne par
concours aux hôpitaux de Lyon, d. m., lauréat du
prix Gerdil en 1877, il a renoncé à ce bénéfice â la
fin de 1879 après avoir publié « Contribution à
l'étude de la détermination du principe sulfuré des
eaux minérales de Bagnère-de-Luchon. » (Paris,
1879, chez Delahaye.)
Il a inséré dans VEcho des villes d'eaux (août
1878) : « Valeur thérap(Mithique desphospliates »
200
et (octobre même année) « Une excursion à Bri-
des et Salins. Le Lyon médical (juillet 1880) a
donné son travail remarqué sur <( la métallothé-
rapie en 1820 » , dans lequel il restitue au docteur
C.-H.-A. Despines sa part légitime, et réduit à
leur valeur relativ^e les expériences du docteur.. . .
En automne 1881, il était envoyé au Sénégal
en mission scientifique ])our y étudier la fièvre
jaune.
Memljre de la Société médicale de Chambéry
le 17 décembre 1879; de l'Association départe-
mentale mai 1880; volontaire en 1870 dans les
Chasseurs des Alpes, il a obtenu la médaille mili-
taire « pour un an de service, une campagne et
une blessure.
Monnet Laurent, docteur et chevalier, membre
de la Société philanthropique savoisienne, sous
Y^oH 494 p^^Ij^ -j^4g^ ç^^ inscrit à Paris, rue de Lon-
dres, 7. Toutefois, nous le trouvons en septembre
18 . . , à Turin, complimentant à son passage Thiers
à la tête d'une députation de la colonie française.
MoNs Etienne (Montius), savoyard, professeur
et médecin au xvr siècle, a publié :
« De his qua) ad l'ationalis medici disciplinam,
laudes et prœmium pertinent libellus » , in-4°,
Lyon, 1537.
« Annotationnes in errata recentiojuin modi-
corum ». (Ms Mont-Héal.)
MoN.'^ Jéi'<')ni(\ pi'ofosseur au xvi'" siècl(^ fils de
20J
Etienne, suivant d'autres de Sébastien, a beau-
coup publié de 1534 à 1567 ; a été médecin et con-
seiller d'Henri II, ami de Symphorien Champier.
A publié entre autres :
1" « Anasceve morborum » , 3 v. Lyon, chez
Jean de Tournes, 1560, in-8° ;
2° « La médecine pratique ». Venise, in-8°, 1624.
3° (( Le voyageur, soit l'itinéraire »;
4° « De admirandis facultatibus quarum causse
latent, centurias duo ».
5° « Selecta aliquot in aphorismos reducta » , en
3 sections, suivies d'une déclamation contre la
louange de la médecine, par un impie Erasme.
Rotterdam ;
6° <( Un petit livre de la discipline » , savoir :
louanges, conseils et récompenses de la médecine;
7° « De la médecine théorique » , 1 v. Lyon,
chez J. de Tournes et Pujey, 1556, in-8" ;
8" « De re medicina , sex sermones (sectes ,
disciplines, devoir, excellence, conseils, stipendia
des dogmatiques; différences et jugements des hu-
meurs » ). Lyon, chez Trecsel, in-8^, 1534 ;
9° « Deux commentaires de la science active de
la médecine ». Lyon, de Tournes, in-8°, 1567. (Le
premier, de la salubrité pour prolonger la vie ; le
second, des canons universels pour la cure) ;
10'' (( Compendium très réduit de la science de la
cure ». (J. de Tournes, 1556, in-8^) On y a joint :
Sylloge des purgations ;
11" Halosie des fièvres ([ui sont les plus graves
202
des maladies », liv. 10. Lyon, in-4", 1556. J. de
Tournes ;
12" « Les secours de la chirurgie pour les afEec-
tions qui exigent une cure subite » ;
13° « Les cures du mal vénérien ot des maux
qui l'avoisinent ». (Ibid) ;
14" « Des fièvres des enfants et de la plupart des
autres maux ». (Ibid);
15° (( Un livre du mal français », Tournes et
Pujey, 1558, in-4°.
Nota. Les n°« 11, 10, 9, 12, 1, 2, sont attribués
par la Bibl. des scien. méd. de 1820 à Jérôme de
Monteux ou de Monteus.
MoNTAGNi Hyacinthe, chirurgien â Chambéry,
1748 (Etat civil).
MoNTFALCON Louis-Apollouie , originaire du
Pont-Beauvoisin , frère du général Montfalcon ,
baron de l'Empire, oncle du J^aron maire de Com-
pessières.
Le docteur Montfalcon (le savant historiogra-
phe, bibliothécaire de Lyon, s'orthographie Mon-
falcon et a prénom Jean-Baptiste). Est né vers 1760.
On voit son nom parmi les souscripteurs du Dic-
tionnaire de Grillet (1807). Sou diplôme est de
Tiii'in (1787); il s'établit ensuite à Carouge. (Dic-
tionnaire des médecins français, p. 266-7.)
Voir Mont-Réal, ms., IV, 92, et T. Chapperon,
II, 23, qui renvoient à la Bibl. britannique.
MoNTGELLAZ Picrrc-Joseph , n(' à Fhimet en
203
1795, D. M. p. 1820, et d. m. t. 1822, mort le 9
mars 1860. Sa thèse (Paris, 14 août) sur les « Irri-
tations intermittentes » , a été reproduite en 1821,
en 2 vol. in-8" (Paris), et a eu une nouvelle édition
en 1839.
Il avait en outre publié en 1828 : « Art de con-
server la santé et de prévenir les maladies hérédi-
taires » , et (( Reflexions sur la nature et le siège
des affections convulsives , comateuses , menta-
les )), etc.
Député cinq fois élu par le canton de Reignier
où il résidait, il a des articles nécrologicjues au
Courrier des Alpes (n° 126 de 1860) ; Caiïe, 30
mars; Académie de Savoie, vol. IV*" 1861, page
Lxvn. Larousse lui consacre dix lignes, ainsi que
Michaud; mais tous tous deux parlent plus spé-
cialement de sa femme, Fanny, nièce du célèbre
doyen de la Sorbonne, Burnier-Fontanel.
Fanny Montgellaz (1798-1830), auteur de Vln-
jluenec des feinines » , avait débuté par Louis
XVIII Qi Napoléon aux Chainps-Eli/sées ))jSSiD.s
nom d'auteur, qu'elle écrivit au bénéfice de la
grande souscription en faveur des Grecs, en 1825
chez la veuve de Bertholet, à Arcueil, et qui rap-
porta 1,200 fr. Cette note peu connue est tirée
d'une lettre écrite par le docteur au bibliothécaire
Bouchot, le 16 novemljre 1845. Voir Larousse,
Micliaud, Calïe et Hemrion. (Annuaire biogra-
phique.)
Mon(;ellaz Joseph, fdsde Pierre-Joseph, d. m. t.
204
le 30 août 1858, avec une thèse de 3*2 pages in-4°,
chez Speirani : « Considérations sur l'iiérédité dan s
les maladies ». Membre du conseil d'hygiène en
1869, maire de Reignier et conseiller général, il a
quitté Reignier en 1880, passant â Genève; mais
les élections municipales de mai 1884 le reportent
en tête de liste et à la mairie.
MoNTHOux, chirurgien à St-Michel, en l'anxn'
MoRARD Ignace, d. m. en 1573, propriétaire à
Bellecombe-le-Bois (Tarentaise) , portant pour ar-
moiries une tète de maure... Sa famille avait cons-
truit un château â Moùtiers, sur l'emplacement
c[u'occupe actuellement le clos Du Verger, et qui
avait passé d'un Pierre des Cours aux comtes de
Savoie. {Avcluvcs Le Blanc.)
MoRET Josepli-Etienne-Hippolyte, de Sallan-
ches, D. M. M. 10 messidor an xii.
MoRET Louis, de Magland, d. m. t. le 20 ou 30
juillet 1829; exerceat le 29 décembre 1834.
MoTTARD Antoine, Saint-Jean de Maurienne.
D. M. T. 11 juillet 1833, médecin des eauxd'Echail-
lon, vaccinatcur, magistrat sanitaire, médecin des
épidémies pour lesquelles son rapport de 1877 lui
valut une mention honorable (1880) ; absorbé ])ar
une pratique des plus actives, ai)pelé en outre par
la confiance de ses concitoyens â la. mairie et au
conseil divisionnaire (1859), Mottard a trouvé en-
core le temps de publier, soit dans les journaux.
205
soit à part, un (c Annuaire d'observations météo-
rologiques » paru de 1835 à 1843 ; « Reflexions
sur la petite vérole et la vaccine » (1839) ; « Ex-
traction de riiuile des pépins de raisins » (1839) ;
« Notice historique sur Fodéré » (Chambéry ,
Putliod, 1843) ; « Nécrologie du docteur Dupraz »
(Courrier des Alpes, 1857) ; « Les fonctionnaires
forcés à la résidence dans les foyers cholériques » ,
etc.
Président de la Société d'archéologie de Mau-
rienne , il a enrichi de plusieurs communications
cette institution fondée par lui ; conservateur du
jardin d'acclimatation Bonafous.
Son 50® anniversaire professionel a été fêté par
tous ses amis dans une réunion spontanée dont le
Courrier des Alpes a donné le récit, le 26 juillet
1883.
MouTHON Joseph-Marie, de Bupdignin? méde-
cin à Taninges, en vertu d'un certificat de la pré-
fecture du 15 messidor an xi.
MoYETTAz Eugène, à Thônes, d. m. m. 18 mars
1872, médecin des douanes, membre de l'Asso-
ciation.
MuGNiER Claude, maître chirurgien à Chambéry
en 1743 et en 1746. (Reg. état civil.) Le docteur
Salomon était à cette dernière date parrain de
son fils.
MuGNiER Claude-Eugène, de Bellecombe en
Tarentaise, d. m. p. mars 1865, médecin de la
206
Coiiip''' des paquebots traiisatlaiiticiucs, décembre
1868, et attaché clans une situation importante au
Canal de Suez par la bienveillance motivée de
Ferdinand de Lesseps en mai 1882, il avait débuté
à Moùtiers, et se trouve mentionné par Trésal dans
le numéro du 16 juillet 1865 de son journal, Bri-
des-Salins.
Notre Association départementale l'avait élu
conseiller en 1866.
MuRATORE Antoine, chirurgien de profession,
fils d'un cabaretier d'Asti, époux de certaine Ma-
rianne Muratore, détenue àMiolanspour sorcelle-
rie. (Tl/ïb/a/^^ yjmo/z c/'£'/rt^j p. 197.) Elle l'avait
quitté pour suivre un vagabond et se tua en se
précipitant du haut des remparts.
N
Naussac Hyacinthe-Charles-Emmanuel, d' Yon-
ne, D. M. p. 8 avril 1868, établi dans son pays natal,
il partageait en 1880 l'inspection des enfants assis-
tés avec le D'' Delavenay; mais, bientôt après, il
allait occuper le poste de médecin-adjoint â l'hos-
pice de St-Jean-de-Dieu, près Lyon, où il est mort
le 28 février 1883, âgé de 40 ans. La nécrologie
de cet estimé et sincèrement regretté collègue est
à la page 14 du Bulletin de notre Association^, et
au Lyon médical.
Neyret Jean-Claude, né à Lescherainos le 18
avril 1778, mort le 31 février 1864; maire de sa
207
commune, représentant de son canton au Conseil
provincial ; ce « patriarche des Bauges » a sa bio-
graphie dans le Bulletin de l'Association (Daii-
phiné médical^ 1864, et tii'age à part, et Léman
du 12 février 18G5). ]\lon hommage à ce vénérable
ami a été analysé par Caiïe (p. 94 ). (Voir aussi le
Courrier des Alpes du 20 février 1864.)
Jean-Claude était fils d'un médecin Charles-
Claude, cité par Fleury, clans son ouvrage sur la
Boisse (p. 35).
Il a eu lui-même un fils médecin, Julien, d, m. t.
de 1831, mort en 1862. (Voir Calïe, p. 159.)
Un quatrième du même nom, mais de Gy en
Genevois, avait commencé ses études médicales
en 1830 à Chambéry , mais il ne paraît pas c[u'il
ait continué.
Neyret Victor-François, de Faverges, où il
pratic[ue après avoir débuté en Bauges, d. m. p.
1^'" septembre 1870, mort en 1884 à 44 ans.
Neyrod Louis, de Chaumont, diplômé en chi-
rurgie à Turin en 1767, a pratiqué dans son pays
natal au-delà de la fin du siècle. (Dictionnaire des
médecins français, p. 268.)
Noël Claude-Marie, né à Tlionon en 1798, y a
pratiqué dès son doctorat pris à Paris le 24 juin
1826, et complété par l'Exerceat le 11 décembre
1834. Il est magistrat sanitaire en 1858 et meurt
en 1865? (Voir Calïe, cette année, p. 320.)
Un autre Noël signe, comme « chirurgien con-
208
sultant de l'armée » , au diplôme de François Ré-
mond, à Cliambéry, l'an ii,
NovEL (dit Catin), né à la Rochette, aide-major
à la brigade de Savoie en 1835; appliqué à l'hô-
pital militaire de Cliambéry, avec Rophile, en
1842; mort à Alexandrie où il avait pris sa retraite
en 1848.
Nycolas, physicien de Nice, vient à Ivrée traiter
le duc Philibert atteint de la pierre , février et
mars 1474. (Yolande, p. 100 et Orfèvra^.)
O
Obriot (dit La Palme), d'où l'on fit plus tard :
Aubriot de la Palme-Etienne Louis, cliirurgien,
né à Oréancey en Bourgogne, se maria à Cliam-
béry ; y faisait baptiser un premier enfant en 1707 ;
y avait perdu, le 30 novembre 1706, un frère?
André.
Origan (allias Oregan) N. Jacques, d. m., né à
Kisach en Irlande, marié à Chambéry le 3 août
1709, à M'"^ de Dalmas (ms. T. Chap.), signe, le
19 août 1722, « médecin du Roy de Sardaigne » ,
un certificat pour VEau Davdel.
Orsat Claude , « chirurgien et apothicaire , à
(( Rivière-Enverse ». (Certificat préfectoral du 15
messidor an xi.)
P
Paccard Michel -Gabriel , né à Chamonix ,
D. M. T. le 16 juin 1779, membre correspondant de
209
l'Académie des sciences de Turin le 13 mars 1785.
Paccard a publié en 1786 : « Premier voyage à
la cime de la plus haute montagne du continent » .
Son portrait, par Bakler, d'Albe, conservé à la
maison commune de Sallanches, porte en épin-
gle : « Scendit inaccessos brumali sydere mon-
tes ».
Voir : Grillet, I, 217, et II, 197; Bonino, II,
472; Dictionnaire des médecine français, 267;
Bourrit, Voyage à la sommité du Mont-Blanc,
1786; ms. T. Cliap.. 4« duIV^ et Mont-Réal, III,
501.
Paccard fit cette première ascension du Mont-
Blanc en 1786, avec Jacques Balmat : Saussure et
Bourrit l'avaient tentée inutilement en 1785.
Pacotte François, d. m. m. 15 décembre 1868,
domicilié à Aix jusqu'en 1879, où il vendit sa
maison au D'" Roë, et prit, l'année suivante, la di-
rection de l'établissement liydrotliérapique de
Serins, à Lyon en 1880.
Paget Antoine-Marie, de Montmélian, d. m. m.
25 juin 1874; membre de l'Association départe-
mentale.
Palmerins , né à Florence , médecin d'Amé-
dée VI et de la ville de Chambéry de 1355 à 1362.
(Voir Dufour et Rabut, Mém. et doc. de la Soc.
savoiv. dliist. et d'arcJi., tome XIV, p. 18.)
La ville de Chambéry s'adressa à lui pour em-
14
210
prunter 300 llorins afin de les offrir au comte
Vert à l'occasion de sa réception de chevalier.
Pannerin, d'Hauteville, à la Rocliette en 1714.
Panthot Jean-Baptiste, né vers 1640 à Lyon,
a publié :
(( Dissertation sur l'usage des bains chauds
principalement sur ceux des bains d'Aix en Sa-
voie », in-4°, Lyon, 1700. Bonino le croyait
Savoyard.
Pan VIN Amédée, médecin de Son Altesse au
château de Montmélian en 1700. Il reçoit en 1716,
sur déclaration du contrôleur général, une somme
de 8 livres, 2 sols, 4 deniers pour approvisionne-
ments, etc. (Dufour et Rabut, Montmélian^ place
forte.)
Parpaglianus, Parpalian Michel, de Seyssel,
professeur de médecine, a traduit Caton sous ce
titre : « Paraphrase sur les ouvrages de morale de
Caton » ; Lyon, 1546.
Parpalian Bernardin , conseiller du duc Char-
les-le-Bon, fut envoyé par le prince de Savoie à
Rome pour remercier le Pape de l'érection de
Chanibéry en évôché.
(Voir sur les deux Parpaglian ms. Mont-Réal,
Bonino, Michaud, etc.)
Pascal Hugues, médecin du comte de Savoie
Amédée VIII, en reçoit 40 coupes de froment.
(Compte du châtelain de Gex , 1406-7. Archives
do laCôte-d'Or).
211
Pascal Fraiiçois-Giiillauiiie , médecin à Do-
mène, né en 1753, marié à Marie- Anne Bertrand,
fille de Charles Bertrand, avocat à Chambéry.
Un Pascal A. , médecin du couvent et de l'hôpi-
tal de la Grande Chartreuse, médecin cantonal à
St-Laurent-du-Pont (Isère), a publié dans ce siè-
cle-ci un prospectus sur ses pilules végétales :
« Traitement spécifique et curatif du rhumatisme
et de la goutte. »
Pasteur, médecin à la Chambre en 1844, n'avait
pas pris ses grades.
Payot Joseph-Marie, d. m. m., est né à Bourg-
Saint-Maurice et mort le 30 novembre 1880, à
Saint-Laurent de Chamousset. Sa thèse, imprimée
en 1846, a pour sujet : « Essai sur la chorée ».
Il a d'abord pratiqué auprès de son oncle Bil-
liottet, puis à Saint-Laurent de Chamousset. L'on-
cle et le neveu étaient tous les deux bien doués,
le neveu, encore plus que l'oncle, avait une grande
facilité d'élocution.
Payot...., médecin à Sallanches, fut reçut dans
l'Association médicale en 1882.
Pelletier Jacques, du Mans , était médecin,
mathématicien et poète, a été attiré à la Cour de
Savoie par la duchesse Marguerite de France ,
épouse d'Emmanuel-Philibert. Il a parcouru la
Savoie et a publié à Annecy, chez Jacques Ber-
trand en 1572, un long poème intitulé : la Savoie,
212
dont Joseph Dessaix a donné une seconde édition
dans le premier volume des Mémoires de la So-
ciété savoisie/ine d'histoire et d'archéologie. Bo-
nino et Grillet font erreur sur la date de ce poème
qu'ils mettent en 1600.
Pellissier (alias Pellicier), d'Evian, d. m. t.
en 1833, mort en 1848; exerçait à Evian.
Pelloux Pierre-Joseph, nécâ la Roche, d. m, t.
en 1777, a exercé à la Roche. (Voir Dictionnaire
médical, p. 267.)
Pelloux Joseph-François, fils du précédent,
D. M. T. en 1821, année où il prit part aux tenta-
tives constitutionnelles et fut exilé avec Coster,
Pellegrini, Santa Rosa, Collegno, etc., conseiller
général en 1860. ( Voir CafEe , page 16 de 1867. )
Pelloux est mort en 1867 ou en fin de l'année
1866. Il avait été maire de la Roche où il était
très aimé; ses fils Louis-Jérôme et Thomas-Léon
ont fait partie de l'état-majoi- de l'armée d'Italie
en 1878.
Pelloux Thomas, de la Roche, non diplômé,
exerçait avec un certificat du préfet de Bonneville
du 7 prairial an xi. Nous ignorons sa parenté
avec les précédents.
Perraud ou Perrand , docteur-médecin de
Mgr de Bernex, évêc{ue d'Annecy en 1734. (Vie
de Mgr. de Rossillon de Bernex.)
Perret Jean- Jacques, né à Aix-les-Bains le 25
213
janvier 1762, mort au même lieu le 24 mars 1836.
Le D'' L. Bouvier a fait sa biographie (Assoc.
Jlorim., 8 janvier 1852; voir encore Bulletin des
eaux cVAix, par Constant Despines , Annecy,
1830; Larousse et MichaucL)
Perret C. -François, d. m. t. en 1831, mort en
1865, à 58 ans. Il étudiait à l'Ecole de médecine de
Chambéry en 1830; a exercé à St-Pierre d'Albi-
gny. 11 était conseiller général en 1869, il s'occu-
pait d'horticulture.
Perret Eugène , nommé officier de santé à
Strasbourg 7 novembre 1866, a exercé successive-
ment à Flumet en 1866, à Thônes en 1867, à Sal-
lenôve en 1882, à Cluses en 1883.
Perrier Pierre-Marie-François, né à Taninges,
chirurgien et apothicaire avec certificat du préfet
du 15 messidor an xi.
Le Dictionnaire des chirurgiens français cite
(page 364) un Perrier Pierre-François , chirur-
gien de Turin , 1772, exerçant à Saint-Pierre
d'Albigny, breveté chirurgien du fort de Miolan
en 1771 par Victor-Amédée^ et qui aurait exercé
pendant plusieurs années à l'hôpital militaire.
d'Aix, et enfin qui aurait été nommé inspecteur-
adjoint des eaux d'Aix par arrêté du 8 vendé-
miaire an IX. Ce doit être le mémo que Pierre-
Marie-François.
Socquet, dans \ Analyse des eau.c d'Aix, men-
214
tionne un Perrier dont il ne donne pas le pré-
nom, officier de santé h Aix en l'an xni.
Perrier, médecin k Albertville, y exerça vers
1833 et mourut à Saint-Gervais. C'était le frère
de l'avocat Perrier, juge de paix à Cliamoux.
Perissin François, d'Annecy, d. g. t. le 15
mars 1786.
Perissoud Jean-Marie, né à Thusy (Rumilly),
D. T. 23 janvier 1834, exerçait à Annecy, mort le
8 avril 1872. (Voir Cafïe, 15 janvier 1873 ; Asso-
ciation médicale, 1872, page 9 et 1873, page 8.)
A laissé mst un livre de famille.
Perollaz Marie, de Sallanches, d. m. t. 18
octobre 1784,
Perrotin Alphonse, de Chambéry, d. m. p.
« Des injections hypodermiques d'ergotine ». Pa-
rent, 1881, 50 p. in-S". Avait commencé ses étu-
des à Lyon et à Grenoble, adjoint aux hôpitaux
de Chambéry en 1883.
Perrotino, docteur-médecin piémontais, qui,
après avoir servi dans l'armée sarde, a exercé pen-
dant 14 ans la médecine civile à Chambéry où il
a laissé d'excellents souvenirs jusqu'en 1858, an-
née où il quitta Chambéry pour se reposer. Il est
mort à Acqui en juillet 1862. Avait reçu la croix
des saints Maurice et Lazare et la médaille de la
valeur civile.
Perroux Jacques, bourgeois d'Annecy, méde-
215
cin à Chambéry est obligé de vendre son mobilier
pour payer une dette envers le marchand Mathieu.
( 7 juin 1735, minutes du notaire Genin.)
PÉTHELLAZ Angel-Balthazard-Francois-Joseph ,
né à Lanslebourg (Savoie) le 13 juillet 1852,
D. M. M., médecin de 1''' classe de la marine,
nommé chevalier de la Légion d'honneur par dé-
cret du 7 juillet 1885, actuellement (1888) méde-
cin en chef de l'hôpital du Pénitentiaire de Saint-
Laurent-du-Maroni, à la Guyanne.
Thèse de doctorat : « Etude sur une épidémie
de choléra observée dans la province de Haï-
Dzuong (Tonkin) ». Montpellier, Firmin et Gabi-
ron, 1887.
Petit Alix, de Saint-Jean de Maurienne, né
en 1783, mort à Paris le 23 avril 1860, élève de
Daquin. (Voir Gaffe, 1860, p. 165, article repro-
duit par la Savoie.) Sa thèse, soutenue à l'Ecole
de médecine de Paris le 11 décembre 1806, est
intitulée : « Propositions sur divers points de mé-
decine et de chirurgie ». Il a légué ses livres et ses
manuscrits à la Société médicale.
Petit Maurice, de Saint-Jean de Maurienne,
D. M. T. 8 août 1850, a exercé à Saint-Jean de
Maurienne, puis au Ghàtelard. Il a été conseiller
général. Il a donné sa démission de l'Association
parce que Bouchot allait au Ghàtelard.
Petit Joseph, né à Ghambéry en 1814, a étudié
à Turin en 1838, a exercé à Albertville, proto-
216
médecin en 1847, vaccinateur en 1863, mort à Aix
chez le D'' Blanc, le 13 juillet 1869, à 55 ans. (Voir
Association, 1871, p. 6 ; article par Brachet.)
Petit Laurent, père du précédent, était chi-
rurgien et dentiste à Chambéry , chirurgien de
Turin 1789, fut contrôleur des banquets de la loge
des Amis réunis.
Petit Joseph, de Tresserve, d. m. p. 28 juin
1868; exerce à Aix, conseiller général.
Petit Eugène, de Chautagne. Thèse à Paris en
1878, sur la « Méningite dans l'endocardite »,
avait étudié à Grenoble, Lyon et Paris. Frère du
curé de Cognin, fixé à Saint-Pierre d'Albigny
en 1879.
Petitjean Joseph-François, docteur en 1818 ou
1820, mort â Moûtiers en mars 1865, à l'âge de
67 ans, médecin de l'hôpital des prisons, vaccina-
teur, membre de l'Association médicale. (Voir
Gaffe, 1865, p. 176.)
Petrus de Albiaco, phisicus. (Voir Académie,
tome II des Documents, p. 415.)
Petroz Cl. -Henri, né a MontméUan le 2 no-
vembre 1788, D. M. p., pharmacien â Paris où il
est mort le 10 janvier 1867. (Voir Albrier, Soc.
d'hist., tome XV, p. 400; Caffe, 1868, p. 112.)
Petroz Antoine-Pierre, fils d'Henri, mort l'i 29
ans, D. M. i>. en janvier 18.54.
217
Petroz Antoine d. m. p. 1808, né le 2 juillet
1781, à Montmélian, naturalisé le 3 octobre 1831,
mort le 29 août 1859 à sa campagne de Plessy-
Boucharcl (Seine-et-Oise). Son secrétaire, cle 1851
à 1859, Crétin, aussi de Montmélian, a publié en
1864 : « Etudes de thérapeutique et de matières
médicales », de Petroz, précédées d'une biographie
étendue. (Gaffe, 1859, p. 532, la biographie de
Michaud et Larousse.)
Peysson, collègue de Songeon en Pologne, mort
à Lyon le 22 mars 1848. (Voir Ga;:-eUe médicale ,
avril 1848.)
Peytavin Joseph-Emile, né aux Chapelles en
Tarentaise, était neveu du cardinal Billiet, d. m. m.
31 mars 18G8 ; thèse sur les « Calculs biliaires » ,
le 3 décembre 1867, médecin de la Compagnie
rovale des mines de Tarentaise.
Philbert E. , D. M, , médecin consultant à Brides
et à Salins, a publié une brochure sur le « Traite-
ment de l'obésité par les eaux de Salins » ; nommé
inspecteur des eaux de Salins en 1880 par suite
de la division de la place de Laissus. (Décret du
12 mars.)
PiAGET médecin du roi de France en 1750. ( V.
Michaud et Larousse.)
PiCHAT Bruno, du Pont-Beauvoisin, étudie h
Chambéry en 1830. d. m. m. 2 mai 1838 ; vaccina-
teur au Pont-Beauvoisin en 1860.
218
PiCHAT Jacques, chirurgien à Aix, 1670-1712.
PicHENOT, médecin adjoint à l'asile de Bassens
en 1883.
PicHOLLET Claude-François, d. m., né à Eloïse
le 16 mars 1784, fit comme chirurgien les campa-
gnes de Saxe et de France en 1813, 1814, il fut
maire à Eloïse pendant les Cent jours; mis à l'écart
à la Restauration, il fut syndic de cette commune
de 1815 à 1860, mort en juillet 1867. Sa bienveil-
lance et sa charité l'on fait appeler le Père de la
commune. (Voir VEcho du Salève, juillet 1867.)
PiCHOLLET Jean-Pierre, né à Sallenôve en 1802,
D. M. T. en 1827, a exercé jusqu'en 1878, mort en
1879. (Voir sa nécrologie par Cailles dans Asso-
ciation de la Haute-Savoie, 1879, p. 13-44.)
PicHON Guillaume, de Chambéry, exerçait dans
cette ville ; il donne en 1613 pour la chapelle de la
grande congrégation de N.-D. de l'Assomption,
22 ducatons et demi. (Girod, Soc. sav. hist. et
arcli., tome XXI, page 297.) Reçu dans la Con-
grégation en 1619, mort en 1630.
Pierre (maître), du Bourget, médecin (physi-
cien), est témoin dans une charte de 1249, par
laquelle le comte Amédée de Savoie donne aux
religieux du Boui^get la Icyde du sel dans Cham-
béry. (Voir Guichenon, Hist. çjénéaL, IV, 68 et
Buinier, sur le Bourget, p. 34 et 99.)
Pierre, médecin de la ville de Chambéry, est
219
témoin dans un acte de 1288. (Th. Cliapperon.)
Maître Pierre reçoit plus tard 40 livres d'honorai-
res. (Archives de la Côte-d'Or. Compte du châte-
lain de Pont-de-Vaux, de 1296-99.) C'est peut-être
le même que le précédent.
Pierre de Maçon, médecin en 1416. {Mcnioires
Société arch., tome XV, p. 8 et 21, Dufour et
Rabut.)
Pierre de l'Hôpital , chirurgien en 1731 à St-
Pierre d'Albigny. (Arch. Le Blanc.)
PiGNAL Jean-Louis, né à St-Geoire (Faucigny),
médecin et chirurgien, a pratiqué à Chambéry en
1840 et les années suivantes.
PiGNAL Gustave, né en 1846 à St-Jeoire où il
est décédé, avait un diplôme d'officier de santé.
A exercé à Ugines en 1871-72, puis à Chamonix.
PiLLET Amédée, né le 20 janvier 1738, d. m.,
est cité en 1778. marié à Chambéry à Gasparde
Pomcl en 1772; il fut le père ; 1° du chanoine
Maurice-Barthélémy; 2° de Marguerite, mariée à
M. Ménabréa ; 3° de Pierre-Louis, capitaine; 4° de
Louis, colonel. Il est l'ancêtre par Pierre-Louis
des Pillet de nos jours.
PiNGET Xavier, né à Boëge en 1798, a exercé â
Bonneville et à la Roche, mort en janvier 1868, à
70 ans. (Voir Cafîe, 1868, p. 96.)
PiNGET Joseph, né aux Villards- sur -Boëge,
D. M. T. 1827. Son Ererccai est du 27 décembre
220
1834, a pratiqué à Tlionon, avait commencé ses
études à l'Ecole cle médecine de Chambéry.
PiOLLET Pierre, né le 20 juillet 1794 à Yenne,
naturalisé français le 30 janvier 1822, chirurgien
aide-major à Belley en 1822. Il parait cju'il a été
reçu docteur-médecin à Paris en 1817; il était
déiste et libéral. On trouve c{uelc{ue part : né à
Lucey d'un père médecin.
Après avoir été successivement aide-major dans
la garde royale, et cliirurgien-major d'un régi-
ment d'artillerie, légionnaire, il s'est retiré à Lucey
où il exerçait avec avec désintéressement l'homéo-
pathie; mort à Toulouse en 1880,
PioT Charles-Jules-François, d. m. p. le 15 juin
1873, prati(|ue à Aiguebelle, membre de la Société
médicale de Chambéry en 1876 et de l'Association
des médecins.
PissARD Joseph-Marie, chirurgien à Sallanches,
certihcat du préfet du 15 messidor an xi.
Planchamp Claude-François, de Mieussy, cer-
tihcat de Turin du 4 janvier 1791.
PocQUEi., cliirurgien à Aix-les-Bains vers le
milieu du xvu'' siècle, épouse en secondes noces
Françoise Pimbel le 20 octobre 1672, meurt le 16
décembre 1675. (Livre cle raison Domenget.)
PoMEi ou PoMEY ( uoblc Jcan-Pierre), conseil-
ler et médecin du duc de Savoie en 1599. (T. C.)
Un autre Pomey, ])(Mit-ètre le mémo, est en
221
1664 lecteur ordinaire et médecin de Charles-
Emmanuel et des princes de Savoie, doyen du vé-
nérable collège médical de Turin. (Trompeo, 13:)
PoNET (alias Poncet), figure ainsi C|ue son fils
dans la réponse à Copponay en 1684.
PoNTicELLi (Dom Sylvestre comte de), premier
médecin de S. A. R. l'Infant dom Philippe en
Savoie, 1742-48. (Reg. état civil.)
PoNSARD Félix, aux Echelles, d. m. t. 6 août
1855, vaccinateur l'^'' avril 1863.
PoRTAY Jean-François, né à Féternes (Evian),
chirurgien à Thonon où il est mort. C'était un ex-
cellent opérateur. Il était chirurgien de l'hôpital.
Il a marié sa fille unique au docteur homéopathe
Dessaix.
Porte Jean-Charles, né à Moùtiers le 9 décem-
bre 1833. Sa thèse inaugurale, imprimée à Paris
1862, a pour sujet : « Le climat de la Savoie sous
le rapport hygiénique et médical » . Il était méde-
cin dans l'armée et fut nommé aide-major de 2""
classe le 31 décembre 1862. Mort en 1864.
PoTOT Pierre, d. m., doyen du collège de mé-
decine de Chambéry dull janvier 1685 au 21 juil-
let 1695; signe avec son fils Maurice, aussi d. m.,
la réponse au Sénat, des médecins, chirurgiens et
apothicaires jurés contre le laboratoire de Cop-
ponay en 1686.
Poulet Pierre, de St-Jorioz, d. m. t. 16 jan-
222
vierl844; mort le 10 juillet 1878, à l' cage de 62
ans. (Voir Callies dans Association de la Haute-
Savoie.)
Prallet, officier de santé, an xiv, â Arvillard
d'où il était natif ; mort â la Rochette. Il était plus
cultivateur que médecin.
Prallet Hippolyte, docteur le 29 mars 1854,
médecin à Chambéry, médecin de l' Hôtel-Dieu le
24 janvier 1874 jusqu'en juin 1881 ; a aussi été
vaccinateur en 1863, ce qui lui a valu une médaille
en 1868.
Prallet Laurent, d. m. à la Rochette, son
pays natal, en 1846 et 1847.
Prémaz Laurent, né â Montriond (Haute-Sa-
voie), D. M. T. en 1840, a exercé à Clievenoz, puis
à Evian en 1858, est mort dans cette ville en 1859.
Prévost, chirurgien à la Chambre (an xiii),
était de Faverges où il est retourné.
Probel Jean-Pierre, chirurgien de Turin 1774,
a exercé longtemps à Faverges, environ 28 ans.
(Voir Dict. des cliir. français, p. 364.)
Provence Michel, de Sallanches, d. t. 16 jan-
vier 1844. (Alias d. p. 22 juillet 1844.)
PuGET (Antoine du), chirurgien du duc de
Savoie en 1514, avec un traitement de 20 écus à
courir du 18 septembre. (Th. ChapperoiL)
PuGET Jean-Marie, â la Roche, d. m. p. 8 octo-
223
bre 1814, mort le 29 mars 1862, à 78 ans. Il prati-
quait à la Roche, était correspondant de l'Acadé-
mie des sciences de Savoie et de la Société médi-
cale de Chambéry. Sa thèse imprimée à Paris en
1814 est intitulé : « Essai sur l'éducation physi-
que des enfants ». (^'oir Caffe, p. 175 de 1863 et
troisième compte rendu de la Société mêd. , p. 10.)
PuGiN Charles, chirurgien, assiste à la question
de Jeanne David. (Burnier, Histoire du Sénat de
Savoie, II, 176; et à la question à laquelle fut
soumis le soldat Tranquillio à Miolan le 29 sep-
tembre; Dufour et Rabut, Miolan, p. 222.)
On trouve sur les registres de l'état civil de
Chambéry un autre Pugin Guillaume, chirurgien,
notamment en 1748.
PuiTz (Barthélémy du), chirurgien du duc Louis
de Savoie qui lui donne, pour lui et pour ses enfants,
les biens confisqués à Louis de Tison. (Compte
du Châtelain de Rossillon et Ordonnaz, de 1490.
Archives Côte-d'Or.)
QuoEX (M*^ Claude de), chirurgien-barbier â
Talloires en 1470-1476; souche d'une famille noble
d'Annecy , qui porta de gueules à la fasce d'or
chargée d'une fasce d'azur et accompagnée de six
bezans d'or, trois en chef et trois en pointe.
QuoEX (Nicolas de), chirurgien-barbier â Tal-
loires, 1520-1523.
224
QuoEx (Noble Jean de), l'an des chirurgiens
d'Emmanuel-Pliilibert ; ses lettres de chirurgien
sont du 6 juillet 1561. Il fut détaché, d'ordre du
duc, au service du comte de Tournon, gouverneur
de Savoie en 1570 et exempté de la taille. Il fut en
1582 chirurgien du duc de Genevois et Nemours.
QuÉTAND Marius-François, de Cliambéry, mé-
decin de la marine. Nommé au concours profes-
seur agrégé de médecine à l'Ecole navale de Tou-
lon, membre de l'Académie des sciences du Var.
Auteur d'un travail qui a pour titre : (( Topogra-
phie médicale de quelques contrées de la côte oc-
cidentale d'Afrique. »
Embarqué le 15 mars 1880 pour les Antilles, il
fut nommé, en septembre de l'année suivante, chef
du service de santé dans les Indes françaises, à l'âge
de 42 ans.
QuiNDET Jn-B'% médcciu â Moùtiers en 1810.
R
Rabut Jean-Jacques-Toussaint, fils de François,
né à Cliambéry, le 26 octobre 1854, a fait ses étu-
des secondaires au Lycée de Dijon, prit successi-
vement son baccalauréat des lettres et son bacca-
lauréat restreint des sciences, suivit pendant trois
années avec succès les cours de l'Ecole de méde-
cine de Dijon, étudia pendant un an à l'Ecole de
médecine navale de Brest d'où il sortit aide-mé-
decin de la marine en 1877 et, de là, fut envoyé â
Toulon, son port d'attache.
225
Le 25 janvier 1879, il alla à Brest pour s'embar-
quer sur le Calvados pour la Californie, en qualité
de médecin en sous-ordre. Il revint de ce voyage
et débarqua à Toulon le 7 novembre de la même
année, ce qui lui faisait neuf mois et quelques jours
d'embarquement; le 26 novembre, il embarqua sur
le Colhertj cuirassé de 1®'' rang, puis en décembre
sur le Cassardj puis sur la Dévastation en 1881,
et, à la fin de l'année, il venait de prendre les exa-
mens de concours pour le grade de médecin de 2^"
classe quand il fut atteint par la maladie gagnée
sur la Dévastation échouée.
11 revint au foyer paternel où il mourut, dans
les bras de ses parents ^ le 25 mars 1882, regretté
de tous ceux qui l'avaient connu. Les honneurs
militaires lui ont été rendus par l'état-major, le
corps de santé et la musique du 27" de ligne.
Ract Georges, né à Chambéry, docteur à Turin
en 1854. Thèse « du panaris » , mort en octobre
1868. Reçu membre de la Société médicale en
février 1858, a exercé dans sa ville natale où il a
été chirurgien adjoint à Carret, à l'hôpital. (Voir
Calïe, 1868, page 512; Courrier des Alpes, 12 dé-
cembre, et Journal de la Savoie, 25 novembre et
4 décembre.
Rafford Victor, de Megève, d. m. t. 10 décem-
bre 1779, émigré.
Ramel, de Montmélian, médecin de la Maison
de Savoie en 1261.
15
226
Rannaud Pierre- André, à Sixt, d. m. t. 20 no-
vembre 1823, figure au tableau en 1861 et en 1867;
disparaît entre 1867 et 1877.
Raoul, de Montmélian, médecin de la Maison
de Savoie en 1261 , professeur de médecine à
Vicenze. (Voir Trompée, page 26.)
Ratel Matliieu, né à Modane le 20 juillet 1769,
y est mort le 21 décembre 1840 ; docteur-chirur-
gien de Turin en l'an vu ; pratiquait à Modane
après avoir été trente ans chirurgien-major de la
brigade de Savoie, émigré.
Remonet François, d'Annecy, chirurgien l'ann
à Chambéry, a exercé aux armées pendant six ans,
puis à Ugines. (Die. chir. français, 365.)
Renand Gabriel, de Bonneville , d. m. t. 10
août 1818. (Listes de 1861, 1867 et 1877.)
Rendu, d. m. p. , mort à Compiègne en 1875, à
63 ans, était originaire de la Savoie. (\^oir Calïe,
page m, et Larousse.)
Revel Etienne-Edouard, né à Cluses en 1793,
pratiquait à Chambéry. Il était membre de l'iVca-
démie de Savoie, dont les Mémoires renferment
quelques-uns de ses travaux (1). Il avait déjà pu-
blié à Paris, en 1815, un mémoire sur « l'allaite-
ment maternel ». Il a aussi publié, dans le Journal
(1) 2"" série, tome I, page 227 et j)age lxxxiv. M. Revel
était trésorier de l'Académie.
227
de médecine de Turin, un article sur un « cas de
médecine légale ». Revel Etienne-Edouard est
mort le 31 décembre 1865. (Voir Courrier des
Alpes, 3 janvier 1866; Soc. méd. 26 janvier;
Acad. de Savoie^ tome IX, 2"^ série, page lxv et
suivantes, etc.)
Revel Edouard, fils du précédent , d. m. t 27
juillet 1852, né à Chambéry, y a exercé, trésorier
de l'Association médicale, archiviste de la Société
de médecine, ex-médecin du chemin de fer et des
liôiDitaux; fixé à Grésy-sur-Aix.
Rey Joseph-Robert, chirurgien agrégé de Turin
en 1779, professeur et chirurgien en chef de l'hos-
pice civil de Chambéry par patentes du 13 avril
1785, chirurgien des prisons. (Dict. des chirur-
giens français :, p. 365.)
Rey Aimé-Thérèse , fils du précédent, né à
Chambéry le 12 septembre 1782, mort le 15 mars
1855, D. c. p. en 1803. Sa thèse a pour sujet :
« Essai sur les hémorrhagies produites par des
causes externes, et sur les moyens propres à y
remédier ». Membre de l'Académie de Savoie et
de la Société médicale de Chambéry, de la Société
d'histoire naturelle, correspondant de la Société
de médecine clinique de Paris, a publié : « Hyper-
trophie delà langue ». (Acad., tome VII, p. 59.)
(Voir Comptes rendus. Société médicale, 1859 ;
Acad. de Savoie, tome IV, 2® série, lxvi, etc.)
228
Son fils Ennemond a suivi la carrière de son
père... (Voir les mêmes articles nécrologiques.)
Rey François, à Annecy, d. p. 28 juillet 1869.
Reymond Charles , d'une famille originaire de
Saint- Jean-de-Belle ville, d. m. t. 2 juillet 1857,
agrégé en 1866, professeur à Turin en 1873,
Reymond Claude-Marie, né aux Allues le 11
mai 1778, mort à Beaufort en juillet 1870. Il exer-
çait à Thônes lorsqu'il publia « Manuel théorique
et pratique sur les accouchements difficiles et
contre nature ». Moùtiers, 1838 , in-12, de 214 p.
(Voir Assoc. médicale, 1872, p. 9.)
REYiMOND Maxime , à Bozel, chirurgien, mort à
Beaufort en 1862 f
Richard Jean, à Montmélian, chirurgien l'an xn,
aide-major du P'" empire, prisonnier sur les pon-
tons anglais avec Songeon. mort peu après, en 1815.
Richard Jean-Baptiste^ né à Montmélian le 14
février 1810, fils du précédent, d. m. m. en 1845 à
son retour d'Afrique, mort le 28 février 1871.
(Voir l'article nécrologique par Louis Guilland,
Association mêd., page 6 de 1871.) Cafïe a repro-
duit l'article de Guilland, page 96 de 1872.
Richard Jean-Pierre, né à Termignon en 1824,
d. m. t. 22 décembre 1852 ; vaccinateur en 1863,
mort le 12 janvier 1876, a été maire de Thermi-
gnon. (Voir Assoc. méd., 1876, p. 5.)
RiEux Jean- Jacques-Germain, né à St-Pierre,
229
mort le 19 février 1876, vice-proto-médecin en
1840. (y oiv Société inécL, 1851, p. 38; Lyon méd.,
26 mars 1876; Caffe, 30 mai 1876.)
RiEux Léon, son fils, à Lyon, clievalier de St-
Sylvestre, a publié considérations sur « l'étran-
glement de l'intestin dans la cavité abdominale,
etc. )) , 1858.
RiNGUET Albert-Eugène, néàRumilly, d. m. t.
V janvier 1838, mort à 51 ans. (Voir Calïe, 10
mai 1863.)
RioNDET, médecin aux Echelles en 1765.
RiTAUD, médecin à Chambéry , Grande-Rue.
(Annuaire de 1776.)
RivoD, syndic, juré et bourgeois de Chambéry,
examine en 1717 les sorcières Coré et Ribollet,
détenues à Miolan. (Miolan, prison d'Etat, Du-
four et Rabut, pages 198 et 204.)
RivoLLET Maurice, de Veyrier, chirurgien do
Turin en 1785. (Voir Dict. dur. français, p. 268.)
Robert Alexis, né à Cluses le 17 février 1806,
D. M. p. 9 mai 1834, a pratiqué 5 ans à Paris,
est revenu à Cluses en 1839, y est mort le 21 mai
1874. (Voir Assoc. médic.)
Rochette Joseph-Louis, d'Annecy, d. c. t. le
18 août 1781 . Il a servi à l'hôpital civil comme élève
et comme chirurgien en chef. Despines, dans son
travail sur les reliques de saint François de Sales,
230
nous apprend que Rochette a enlevé ces reliques,
les a conservées pendant la révolution et « a en-
chaîné et arrangé ces ossements ainsi que ceux
de sainte Jeanne de Chantai. »
RoË (M'Roë, Monroë dit Roë). (V. Monroë.)
RoGÊs Jean-Charles, né à Talloires le 21 mars
1774, fils d'Antoine, bourgeois d'Annecy, et de
noble Elisabeth de Villarémond, Gilly et autres
lieux. Reçu docteur en médecine à Strasbourg le
28 vendémiaire an xii; il a exercé à Valloires
(Maurienne), à Alby et enfin à la Roche où il est
mort le 11 octobre 1852. (Renseignements fournis
par son petit-fils Rogès, curé d'Hauteville.)
RoGÈs Jean-Claude, né à Talloires le 17 janvier
1783, D. M. M. et œnophile, a été reçu docteur en
1837 et a pratiqué 50 ans à Talloires; il est mort en
1869. (Voir Assoc. mêd.) Rogès avait d'abord été
autorisé chirurgien à Turin où son père avait déjà
exercé.
RoGÈs Jean-Baptiste, d'Aix, d. m. t. en 1838,
a été président de la Société locale de l'Aube ; il
est mort à Troyes en 1868, et non en 1852 comme
le dit Albrier, à l'âge de 68 ans. (Voir Comptes
rendus de V Associatioii , 1868-69 , p. 5 ; Caffe,
p. 208 de 1868.)
RoGULR de Beaufort (le baron), docteur-méde-
cin, aide-major au 7^ d'infanterie sarde, mort ;i
Turin le 22 août 1858. (Voir CatTc, 308.)
Est-il Snvovard ■?
231
RoHEL, médecin à Fa verges, grand-père de la
femme d'Alfred Puget.
RoNiA Pierre, de Chambéry, compagnon-chi-
rurgien à l'Hôtel-Dieu de Lyon en 1821. Le com-
pagnon-chirurgien était un élève chargé des pan-
sements. (Voir Petrequin. Histoire de l' Hôtel-
Dieu de Lyon, p. 103.)
RoPHiLE François, de Saint- Jeoire en Fauci-
gny, étudia en médecine à Chambéry et à Turin,
attaché au 2® régiment de Savoie, qu'il suivit à
Nice en 1838 où il fut appliqué à l'hospice militaire
sous le docteur Jarrin, chirurgien en chef; puis
chirurgien en second à l'hôpital militaire de Cham-
béry en 1842, major de 2"" classe en 1843, détaché
plus tard au fort de Lesseillon, chirurgien en chef
à Peschiera où il se distingua ; mort à Turin en
1858. (VoirCafîe, 350.)
RossET Nicolas , de Méry , chirurgien à Aix
en 1719.
RossET Joseph-Marie-François, né à Albens le
27 décembre 1767, d. m. t., mort à Saint-Girod
le 7 septembre 1846, a été chirurgien-major dans
les armées du roi de Sardaigne, puis de la France
et fît les campagnes d'Italie et d'Allemagne, com-
manda en chef à l'hôpital d'Alexandrie. Admis à
la retraite en 1815, il fixa sa résidence légale au
Pont-Beauvoisin (France) et passa les vingt der-
nières années de sa vie tantôt au Pont-Beauvoisin,
tantôt à son château de Marcellaz à Saint-Girod,
232
où il soignait les pauvres et les aidait de ses aumô-
nes. Il avait été naturalisé français le 15 août 1817.
RossET Amédée , de Chambéry , médecin à
Chambéry, était originaire de la Maurienne, mort
en 1853. Neveu du précédent.
RossET Léon, médecin à Aibens, d. m. p. 20
août 1867, protecteur de l'enfance en 1880, mem-
bre de l'Association médicale en 1881, a été con-
seiller général.
Rossi (alias Roux ) , médecin de la Cour do
Savoie sous Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours.
Il fut aussi attaché au président de Lescheraines,
affecté d'une maladie mentale; il vint respirer
l'air natal à Saint-Pierre d'Albigny. Il y était
déjà venu en mai 1707, année où il traita le prési-
dent dans cette localité d'où il regagna Turin l'an-
née suivante au mois d'octobre.
RosTAiNG Jean-François, à St-Michel, d. m. t.
5 août 1851, conseiller général en 1861, vaccina-
teur au l*" avril 1863; a été maire de sa commune.
RouHAULT Pierre-Simond, premier chirurgien
du roi de Sardaigne et de ses armées, médecin
consultant du duc d'Aoste à Turin le 12 avril 1725,
mort en 1740, i)rofesseur de chirurgie à Turin,
très habile dans son art. Enti'cî autres ouvrages
insérés dans les Mémoires des Académies de Turin
et de Paris, citons le meilleur des ouvrages connus
sur « les plaies de la tète », Turin, 1720. (Voir
Bonino qui lui altribua une participation à l'ou-
233
verture du cadavre du duc d'Aoste le 12 avril
1726 ; voir encore Larousse et Michaud.)
RouPH en consultation pourLavini, 1769. (Voir
Miolan, p. 308.)
Roussel, de Genève, mais propriétaire et habi-
tant de CoUonges-sous-Salève, a eu le prix de
1,000 fr. de l'Académie en 1879 pour travaux sur
« Transfusion du sang ». (Voir Echo du Salève.)
Il a été promoteur de l'ambulance de Collonges
en 1870, chez les soeurs de la Charité.
RoussET François , attaché à la personne des
princes de Savoie à la fin du xvi^ et au commen-
cement du XVII'' siècle, gradué à Montpellier sous
la présidence de Rondelet et sous la protection de
Saporta, dont il fut l'hôte. Chirurgien habile, il
inventa des procédés très ingénieux et des plus
méthodiques pour l'opération de la taille.
Il a publié : « Assertio historica pro partu Ca3-
sareo ». Paris, 1560 ; « Apologia pro partu Csesa-
reo ». Paris, 1598. On ignore le lieu de sa nais-
sance.
Roux Louis, chirurgien à Aix, 1713.
Roux Jules- Amédée, né en France de parents
savoyards; Cafîe le dit originaire d'Annecy. Il fit
ses études avec succès à Paris où il fut prosecteur
du professeur Gerdy. Attaché à l'ambassade de
France à Madrid qu'il quitta à cause de sa santé, se
rendit à Smyrne puis en Russie où il fut médecin
234
du gouverneur de laroslaw; fut amené à Péters-
bourg où il fut un des médecins du Théâtre fran-
çais impérial; revint en France où il mourut subi-
tement à Paris ou à Passy en 1856. Il était venu
en Savoie l'année précédente. (Voir article très
curieux de CafEe, p. 195 du t. XXI\^ et 30 mars
1850.) A fait des legs à l'hôpital d'Annecy et aux
écoles de Pass}^
RuBiN Claude, de la Roche, d. m. t. en 1774.
(Voir Larousse.)
RuFFiER, chirurgien à Aix, an xni.
RuLLiER Pierre-Fortuné, d. m. t. le 4 août
1849, né le 21 avril 1820; vaccinateur en 1863,
exerçait encore à Bourg-Saint-Maurice en 1869.
S.\rFON Guillaume. (Voir Guillaume.)
Salomon, médecin juif. ( Voir Mémoires de la
Soc. savois. d'hist. et d'arch., t. XV, p. 20.)
Sallavuard, médecin à Abondance en 1858,
a étudié la médecine à l'Ecole de Chambéry.
Salomon Jean-Baptiste, docteur-médecin, ma-
rié avec Françoise Rivol en 1731 ; il maria sa fille
Marie-Marguerite (née à St-Jean de Maurienne)
avec Louis-François Gariod le 17 avril 1740. Il est
témoin au testament de Georges Aimé, avocat,
le 22 février 1749 ; médecin de M'"'' de Warens
et (le Rousseau, après le docteur Grossy.
235
Salomon Joachim-Laurent-Thomas, né à Ugi-
nesen 1800, mort auTouveten 1856, était officier
de santé, a toujours dit qu'il était docteur en chi-
rurgie et en médecine de Turin, a exercé àUgines
de 1825 à 1845; puis, au Touvet de 1845 à 1856.
Salomon Mathieu, médecin, conservateur du
vaccin l'an xni à Annecy. Il était de Saint-Jean
de Maurienne.
Salteur Geoffroy, médecin au fort de Mont-
mélian le 1*"' octobre 1594.
Saluce Claude, chirurgien à la Rochette l'an
xni, né le 27 janvier 1761, dans ce bourg, a étu-
dié à Lyon, est mort à la Rochette le 14 décem-
bre 1818; conscrit en 1721, il a servi pendant 12
ans dans les hôpitaux militaires de Turin et autres
lieux. Parlant avec facilité le latin et l'italien, il
fut en 1814 un des interprètes pendant l'invasion ;
son fils a été un des pharmaciens les plus instruits
de Chambéry.
Salvy-le-Grifoul, chirurgien â Thonon (1682-
1690).
Sanson (maître), médecin juif, soigne Cathe-
rine, fille d'Amédée V, au château du Bourget en
1310, avec maître Barthélémy et son fils. (Spe-
cht'o cron.j, Dufour et Rabut, vol. XV. p. 18 des
Mémoires de la Société sav. d'hist.)
Sandouville Albert, h Evian, d. m. p. 7 juil-
let 1823, figure au tableau en 1861.
236
Sauthier, à Menthonex près Rumilly, 17
18..
Sauthier Jean-Marie , de Magland , thèse à
Paris, 8 août 1822, sur les « phénomènes essen-
tiels à l'apoplexie ».
Savigny Pierre- Alexandre, de Perly-Certoux
(canton de Confignon), a étudié la médecine à
Chambéry en 1835-40, d. g. t. 30 juillet 1842,
pro-docteur de Turin 23 juillet 1841, mort en
1863 à Genève, membre du grand Conseil.
Savoye Antoine, de Saint- Jean de Maurienne,
médecin de Saïd-Pacha, vice-roi d'Egypte, mort
au Caire du choléra le 16 juin 1855, à 40 ans. (V.
Caffe, page 420.)
Savoyen Louis, de Moûtiers, mort en 1861, à 50
ans environ, a été un moment professeur à Cham-
béry, réformateur des études à Moûtiers. « Travaux
sur l'ozone ». (Voir Caffe, 56.)
ScHAYNE Balthazard, de Chambéry, chirurgien
breveté 1°"' juin 1624, le second de la série. (Voir
Petrequin. Histoire de V Hôtel-Dieu de Lyon,
page 192.)
Sécretan, de Lausanne, propriétaire des bains
de la Caille, mort en 1860 à Onex, près Genève.
(Voir Cafïe, 1861, pa^-e 42.)
Seigle François-Joseph, docteur-médecin à Aix
eu 1684, signe, cette année, la requête pour le
collèi''e do médecine de Chanibérv du 17 novem-
237
bre. Il proteste contre Dubois, d'Aix, qui pratique
à Chambéry sans être agrégé (1689). Il est con-
damné à une amende le 31 janvier 1695 , « pour
être en arrière de tout le passé et n'avoir daigné
se rendre à son devoir c|uoique convoqué par
billet d'assemblée et encore qu'on l'ait envoyé
chercher. »
Sestier H^^acinthe, de Lanslebourg, chirur-
gien, breveté le 16 juin 1685. (Voir Petreciuin,
ibidem, pages 101, 126, 154 et 189.)
Sevez Auguste, du Bourget-du-Lac, aide-mé-
decin de la marine â Toulon où il meurt à 24 ans,
en juin 1878, victime de son travail et de son dé-
vouement.
SiBiLAT ou SiBiLLAT Authclme, né au Pont-
Beauvoisin (Savoie) en 1772^ officier de santé et
chirurgien dans les armées, mort en 1860. (Voir
CafÊe, p. 308, une colonne.)
SiLVA Louis, de Chambéry, mort en août 1875,
exerçait à Genève. (Voir Echo du Salève.)
Simon François , né au Chàtelard, d. m. t. , a
pratiqué au Chàtelard en 1846, conseiller provin-
cial, mort en 1860. (Voir Cafie, 1860, p. 294.) Un
de ses neveux est mort étudiant en médecine.
SocQUET Joseph-Marie, né à Megève en 1771,
D. M. T. , médecin des armées sardes, puis des ar-
mées françaises jusqu'au traité de Campo-Formio
(1797) , 1^'' démonstrateur au grand Collège de
238
pharmacie de Venise, docteur es- sciences de Paris,
professeur de physique et de chimie à l'Ecole cen-
trale de Clermont-Ferrand , puis à l'Ecole centrale
du Mont-Blanc et au Collège de Chambéry où il
enseignait les sciences en 1808; secrétaire de l'A-
cadémie de Lyon, correspondant de l'Académie
des sciences de Turin, officier de l'Université.
(Voir Grillet, I, 218, et III, 24, qui le fait naître
en 1769; Albrier qui le fait naître en 1768 et na-
turaliser en 1818; voir surtout Saint-Maitin, bio-
graphie de Socquet en 1839.)
Socquet est mort à Turin le 17 juin 1839 ; il a
laissé de nombreux ouvrages ; thèses sur la chi-
mie , traitement du choléra , analyse des eaux
d'Aix, de la Perrière, etc., extraction des mines,
manuel de vaccination, essai sur la pneumonie ;
et autres.
Socquet Jean-Antoine, né à Aiguebelle le 15
janvier 1810, d. m. p., médecin des hôpitaux de
Lyon, naturalisé français en 1836, mort à Lyon
le 10 septembre 1883. Il a publié :
(( Mémoire sur une nouvelle combinaison de
l'iode )) (Lyon, 1854).
« Principes d'économie médicale » (1849). Et un
grand nombre d'autres mémoires Cjui lui ont valu
plusieurs médailles d'or, entre autres de la Société
médicale de Bordeaux. (V. Albrier, Naturalisés ;
Société sav. d'hist., XII, 420.) Il avait aussi pro-
fessé quelque temps la médecine dans l'Ecole de
Lvon.
239
SoiGNON Girard, chirurgien du Daupliiné, habi-
tant à Lyon, reçoit du duc de Savoie, par lettres
datées du Villars, du 20 août 1451, une vigne en
albergement. (Arch. Côte-d'Or. Compte du châte-
lain de Treffort, de 1451-53.)
SoNGEON Joseph-Marie, né à Chambéry le 20
janvier 1780, mort dans cette ville le 18 juillet 1874
à l'âge de 95 ans , avait servi dans les armées
françaises et a été prisonnier sur les pontons de
l'Angleterre, vint à la Restauration exercer dans
sa ville natale en 1816. Thèse : « Aperçu sur l'em-
ploi des antispasmodiques dans les fièvres inter-
mittentes ». 1807, Paris. (Voir CafEe, 1874, p. 286
et suivantes ; Association médicale, Société médi-
cale de Savoie et Revue savoisienne, 28 février
1875.)
Sonnet Gabriel, né à la Chavanne en 1802,
pharmacien de l'Ecole de Lyon; il partit pour
Buenos-Ayres en 1828 et s'y fit recevoir médecin,
revint en Savoie en décembre 1850, prit un nou-
veau doctorat à Montevideo en 1855 et y fut mé-
decin du président de la République de l'Uruguai.
Il y mourut le 17 juin 1863. Il a publié « Observa-
tions topographiques et médicales recueillies sur
les bords de la Plata. »
SouRDET Jules, de Séez, d. m. p. Sa thèse a
pour titre : « Accidents et complications des avor-
tements spontanés , provoqués et criminels » ,
1876. Aide-major aux mobiles de Maçon (siège de
240
Paris 1780-71), passe en féviicr 1798 clans Seine-
et-Oise.
Su ARES, né à Saint-Sigismond où il est cliiru-
gien en l'an xiii. C'est peut-être bien lui qui signe
Georges Suare:^ une consultation à l'hôpital de
Cliambéry avec Falquet le 20 novembre 1811. Il
passait pour descendre d'un médecin venu en Sa-
voie avec les troupes espagnoles et resté à Ugines.
SucHARD Jean-Marie, d. m. t. 7 novembre 1853,
(alias 8 août) , médecin à la Roclic , du conseil
d'hygiène en 1869, mort le 14 juin. 1880. (Voir
Association de la Haute-Savoie, 1880, p. 23.)
Sylvoz Joseph-Philippe , de Grésy-sur-Isère,
chirurgien à Chambéry en 1781, a exercé â Grésy-
sur-Isère pendant de longues années, cité par Da-
quin. fVoir Dictionnaire chir. franc., p. 365.)
Taberlet François, d. m. t. en 1829, mort en
1830.
Taberlet Jean-François , d'Evian , neveu du
précédent, d. m. p. 7 septembre 1864. Sa thèse
est sur « les eaux d'Evian et d'Amphion ». Il avait
commencé ses études à Turin; il exerce à Evian
et a exercé quelque temps à Thonon , a eu en 1883
l'inspectorat d'Evian, a été député en 1872.
Tardy, chirurgien à Saint-Pierre d'Albigny en
1705. (Archives Leblanc.)
241
Tard Y François-Lazare dit Zaret, de Cliambéry ,
de la promotion de 1830, n'a pas pratiqué; mort
en 1880, le 8 mars à Cliambéry, à 70 ans.
Tardy Lazare, fils du précédent, élève du Val-
de-Grâce. Thèse en 1877 : ^( Altération des nerfs
dans la paralysie générale » . Sa carte porte : an-
cien chef de clinique ophtalmologique. Il annonce
dans les journaux : consultation gratuite le samedi
pour le mal des yeux.
Tavernier Franc. -Joseph, de Morzine, d. m. t.
30 janvier 1834, exerce à Thonon; du conseil
d'hygiène en 1869; aux eaux d'Aix en 1870-74 ;
membre de l'Association médicale.
Teixeira, portugais, officier de santé, exerçait
la médecine à Yenne. Il avait servi comme aide-
major dans le corps d'armée espagnol, enrôlé par
Napoléon; se trouvant sans emploi, il vint, vers
1824, avec un nommé Gevaudan, exploiter à Yenne
une prétendue mine de charbon de pierre. Après
la déconfiture de cette Société , ayant arrangé
avec succès une jambe cassée, il a exercé pendant
15 ou 20 ans la médecine et la petite chirurgie à
Yenne. Il y était encore en 1858.
Tempia laissait vacant le proto-médicat de Ta-
rentaise en 1776. (Voir Annuaire de 1776.)
Ternerier Denis, médecin du duc de Savoie
en 1469. (Dufour et Rabut, vol. XV, page 22 des
Mémoires de la Soc. sav. d'hist.)
16
242
Terrier Franrois, d'Annecy, né en 1793, mé-
deciç à l'hôpital militaire, puis aide-chirurgien de
la marine sous le P'' Empire, mort le 24 décembre
1874, au château de Periaz, à Seynod près d'An-
necy. C'était un homme très libéral dans tous les
sens du mot ; imbu des idées philosophiques du
XVIII® siècle, il prit part au mouvement constitu-
tionnel de 1821 et fut interné pour 15 ans à Sey-
nod. Il y exerçait gratuitement la médecine pour
les pauvres qui sortaient rarement du château de
Periaz sans emporter des marques de sa généro-
sité. Il était cependant dépourvu de fortune. (Voir
Cafïe, 1875, p. 80.)
Terrier Louis-Nicolas, hls du précédent, d'An-
necy, D. M. T. 23 juillet 1855, a été camarade de
Callies ; a été attaché au service de santé de la Com-
pagnie du canal de Suez où il est mort en 18G9.
(Voir Cafïe, p. 512.)
Tessier, né en Savoie, médecin du grand hô-
pital Saint-Jean, docteur coUégié à Turin en 1842;
auteur d'un traité sur les bains dans les affections
de la peau, est mort il y a peu d'années à Turin
dans un âge avancé.
Thevenet Pierre-Marie, de Magland, d. g. t.
28 mars 1789.
Thevenot (alias Tiievenod) Jules-François-
Félix, D.M. T. 28 juin 1828, mort à Viuz-en-Sallaz
le 2 mars 1865, à 61 ans.
Thevenot Jean-Louis, de Muz-en-Sallaz, c. m.
243
1788, reçu la iiièiiie année à Turin, exerçait clans
sa ville natale. (Dict. chir.fvan., p. 268.)
Thiébaud Charles-Antoine, amené à Evian par
un sieur de Blonay enl750, d. m. t. en 1753, mort
très âgé.
Thiébaud Charles-François, fils du précédent,
né à Evian, pharmacien en 1778, d. m. c. t. en
1783, mort à Evian en 1840. Médecin distingué et
habile administrateur, il a été maire sous la Répu-
blique et sous l'Empire. Thiébaud passa, le 15
août 1784 à Paris, une convention avec Doppet et
Magnin pour élever à Turin un baquet mesmerien.
On connaît des lettres adressées par Doppet, de
Turin, à Thiébaud, chirurgien, hôtel du St-Esprit,
rue de Tournon, faubourg Saint-Germain, à Paris,
les 12 septembre et 2 octobre 1784.
Thiébaud Charles-Gabriel, fils du précédent, a
étudié en France sous l'Empire. Il était aux hôpi-
taux de Besançon pendant le typhus de 1814,
D. M. c. T. en 1815, vint à Evian. et à Thonon où
il fut pendant 25 ans chirurgien de l'hôpital, mort
en septembre 1846.
Thomas, d. m. , aide-major au 79" en garnison
à Thonon où il est mort en 1862. Devait être
alsacien.
Thonion Bernard, docteur en 1858, exerce à
Annecy où il fut membre du conseil d'hygiène en
1869, trésorier de l'Association.
244
TiOLLiER Joseph , do Chambéry , auteur du
« Brevis medecimi' discursus ». Lausanne, 1677,
in-16.
TiVAT Joseph-François, à GaiUard (St-Julien),
D. T. 12 avril 1842.
TissoT chirurgien à Arvillard, an xni, mort en
1805 ou 1806 à l'âge d'environ 55 ans.
TissoT Joseph, né à Chambéry, d. m. c. t.
6 août 1847; est resté en Italie.
TissoT Jean, de Chambéry, reçu le premier au
concours d'octobre 1877, aide-médecin de la ma-
rine à 21 ans, à Toulon.
TouRNiER Antoine, né à Chambéry le 2 avril
1849, élève des lycées de Chambéry et de Lyon,
a fait ses études médicales avec succès. Reçu doc-
teur le 13 janvier 1875; médecin stagiaire au Val-
de-Gràce 1876, a fait une campagne à Constantine
1877, a été un an à l'hôpital militaire de Rennes
1878, a fait une station thermale à Bourbonne-les-
Bains 1879, puis a été aide-major de 1'° classe au
109'' de ligne à Chaumont (Haute-Marne).
Sa thèse : (. Etude sur les inflammations popu-
leuses de la peau ». Montpellier, 1875, 56 pages
in-4°. En 1870, il avait été envoyé de Lyon a Aix
pour soigner les blessés à l'hôpital militaire.
Travers Philippe, né à St- Félix le 17 septem-
bre 1799, D. M. T. 1'' juillet 1830. Devenu riche
par im mariage, il a abandonné la médecine, mort
o
245
en 1887 le 28 mai. Il a été plusieurs années maire
d'Albens.
Trelat Ulysse, né à Paris vers 1827, vient s'é-
tablir à Mentlion en octobre 1876.
Tremey Jean-Pierre, médecin de la fonderie
royale d'Albertville et des mines où il succédait à
Villard le 13 avril 1833. Il était né à Moûtiers le
11 mai 1792. Officier de santé, il avait été chirur-
gien de la jeune garde en 1813 avec Domenget ; il
est mort à Aime le 26 mars 1864. Il a publié :
« Instruction sur le régime à suivre par les ou-
vriers des mines royales de Savoie afin de se pré-
munir du choléra et sur la conduite à suivre si la
maladie se déclare » , 1836 , in-8^ , cliez Blanc à
Moûtiers.
Trépied Jean-Baptiste, chirurgien des prisons
de Chaml^éry en 1784. Il fut bâtonné par le capi-
taine Togrola parce qu'il avait causé une hémor-
rliagie en coupant le filet à un de ses enfants, et en
eut une indemnité de 280 livres. (Miolan, p. 259.)
Trésal Jean-Baptiste, né à Hauteville-Gondon
19 janvier 1789. Thèse le 19 mai 1815 : a Essai
sur la lièvre adipeuse qui a régné dans l'ile de
Walcheren en 1809, précédé d'un aperçu topo-
graphique de la même île )). Paris, Didot, in-4'\
Il y était probablement attaché à l'hôpital mili-
taire. Il a exercé à Moûtiers, à Aoste, à Aime où
il revint en 1854 ; magistrat de santé ;ï Moûtiers
en 1856, poète, membre et lauréat de l'Académie
246
de Savoie, auteur de VAinédéïcie, poème en six
chants, publié en 1844 et en 1847, du poème sur
le dignement de l'Isère, etc., des bulletins des
eaux de Salins, etc., membre de l'Association mé-
dicale, mort le 11 juin 1873. (Voir Caffe, p. 256.)
Trésal Alexandre son fils, médecin à Bourg-
St-Maurice, puis à Moûtiers, vaccinateur en 1863,
mort le 20 février 1877 ; auteur d'une excursion à
Tignes (Galette niécl. de Lyon, 16 janvier 1865.)
Trombenat Jean, séquestré à Thonon pour
avoir saigné un pestiféré, septembre 1578. (Pic-
card, Histoi/'c de Thonon^ p. 220.)
Trouillet Thomas, chirurgien à Paris, né à
Chambéiy le 23 février 1763, naturalisé français
le 2 juillet 1820. (Voir Albricr.)
Truchet Victor-Félix, à Annecy, né en 1798,
D. M. M. 28 avril 1835, mort en 1874. (Voir Cafïe,
page 368 de 1874.)
Truffaz Joseph-Marie, de Bons en Chablais,
D. M. T. en 1829, mort à Bons entre 1850 et 1860.
TuRiNAz Humbert, du Chàtclard , cousin du
docteur François Guilland ; mort à Amiens.
TuRiNAZ Jean-Joseph, a publié chez Didot en
1828 : (( Conseils à une jeune mère » , in-4''.
TuRiNAZ Alfred , né au Chàtclard, a étudié <i Grc-
no1^I(^ en 1871-73, à Paris en 1873-74; reçu à Gre-
jioblconicier de santé eu 1874, protecteur de l'en-
fance en 1880, membre d(^ l'Association médicale.
247
U
Ulliel Philibert, médecin, mort le 11 octobre
1777 à Moùtiers, collègue d'Abondance.
UsANNAz Maurice, d'Aimé, officier de santé en
1858-09, vaccinateur en 1863, né aux Chapelles
(canton de Bourg- St-Maurice) ; il a laissé des notes
originales^ des éphémérides, etc.
V
Vallet, chirurgien ;ï Chambéry, a signé le 14
février 1676 les statuts de la confrérie des saints
Cosme et Damien.
Valliend, officier de santé à la Trinité, an (xni) ,
n'exerçait pas, vivait solitaire, sans besoin et sans
bruit, fumant sa pipe du matin au soir ; mort en-
tre 1818, 1820.
Vandiol François, de Bagnol, amené par le
prince Victor-Amédée de Carignan vers 1712 à
Turin, s'y fixa et fut chirurgien de la citadelle par
patentes royales du 11 mars 1732 et de la compa-
gnie des gardes suisses par lettres du 12 avril
même année ; professeur de chirurgie â l'Univer-
sité, médecin de la maison de Caiignan, mort le
5 octobre 1756 nonagénaire.
Vandiol René, fils du précédent, lui succéda
dans toutes ses places, fut en outre chirurgien du
collège des nobles et mourut en mai 1712. il avait
épousé une domoiselle Ailloud, do Grésy-sur-Aix.
248
Vasta, médecin l'an xiii h la Chambre. Ex-
pulsé de Naples pour causes politiques; il vint
exercer à la Chambre où pendant 20 ans il a joui
d'une bonne réputation. Il s'est rapatrié vers 1820
et a écrit plusieurs fois à ses amis savoyards de-
puis Nola (Naples).
Vauduc Jean-Jacques, docteur en médecine à
Chambéry où il possédait une maison rue Juiverie
en 1564. (Note fournie par M. Mugnier, conseiller
à la Cour d'appel.) Peut-être faut-il lire Bauduc.
Vaudey, ollicicr do santé à Moùtiers (an xni).
Le nom de Vaudey se trouve à Montvalesan-sur-
Belleville et aux Chapelles.
Vaullet François , né à la Roche, a d'abord
exercé à Paris, puis k la Roche où sa santé l'avait
ramené au ]^ays natal en 1871.
Vauthier Pierre-Achille, d. t. 31 août 1868,
exerce à Thonon en 1878, mond)re do l'Associa-
tion médicale.
Vège (alias Veigié) (noble Pierre de), né ;\ la
Roche, vivait vers la lin du xvr siècle. Cité par
Rossoto, Grillct, III, 215etBonino I, 347 qui don-
nent les titres de ses deux ouvrages : a Pax fidis-
sima et probatissima méthodicorum seu Galeni-
corum, etc. , » et « Pcstis prœca vendre et curand(ïi
mcthodus, etc.... «
( )n hii doit encore « Foiimila' de Epilepsiie Po-
dagiM', liy(]ro]>isis et Icprn' curatic^no », Lyon,
249
1619, in-8^ et 1620, in-12; Genève 1688, in-12.
11 a été chiriigien au fort de Montmélian .
A'erine Jean-Baptiste, né a Chevron ou à Mer-
cury-Gemilly en juillet 1806, d. m. t. 20 juin
1834; exerçait à Albertville depuis son doctorat,
vaccinateur en 1863, médecin de la maison cen-
trale et de la garnison jusqu'en 1876, année de sa
mise à la retraite. Il est mort le 17 juin 1881. (V.
Comptes rendus de V Aasociaiion du 11 juin 1881
et le Journal d'Albertville.)
Verrutis (]\licliael de), médecin ducal en 1471
(Ménabréa, Yolande, p. 12).
Vespre Jean, chirurgien à Chambéry, signe le
14 février 1674 les statuts de la confrérie des
saints Cosme et Damien. Il possédait en 1732 une
maison rue Saint- Antoine.
Veuillet de Vulliet François, né à Cham-
bérv le 6 septembre 1790, d. m. m. en 1822, mort
à Paris le 20 février 1866. (V. Cafîe, 1866, p. 95.)
Verna (alias Vernat) , signe comme prieur du
collège à Turin les diplômes de Rosset et autres,
et à Chambéry celue do Sylvoz Joseph-Philippe.
Veyrat, de Montmélian, d. m. p., a épousé la
fille du sénateur Parent, est venu exercer à Cham-
béry; a pour spécialité les maladies do l'oreille et
du nez.
Veyrat Jean-Pierre, à Grésy-sur-Isère, second
de la promotion de 1830.
250
Veyrat Auguste-Emile , d. m. p. en 1825, à
Turin en 1849, a exercé à Aix en 1841, mort à
l'Hôtel-Dieu de Chambéry à 67 ans en 1808. (Voir
sa nécrologie au compte rendu de V Association
médicale de 1868, et Caffe 1868, p. 191.)
ViALLET Louis, D. M. P. On le croit d'une fa-
mille originaire de Beaufort en Tarentaise qui a
fourni des banquiers à Toulouse. Médecin à Ro-
dez (Aveyron) , professeur d'accouchement à la
maternité de cette ville, fondateur du premier
hospice ophthalmique de France (asile de Saint-
Cyrice), ce qui lui a valu une médaille d'honneur
de la Société d'encouragement de Paris, auteur de
nombreux travaux de médecine et d'archéologie.
ViAUD (alias Vian), Pierre-François, chirur-
gien en 1750 et 1760 à 1770, à Saint-Pierre d'Al-
bigny où il est né, chirurgien-major du fort de
Miolaii. (Miolaii, Dufour et Rabut, p. 378.) C'est
sans doute le même qui, en 1796, conseille de con-
cert avec Rouph une tisane anti-oplitlialmic[ue
pour Lavini. (Ibidem, p. 303, et arch. Leblanc.)
Vidal François, néà Aix-les-Bains où il exerce;
notre condisciple au Collège de Chambéry, d. m. t.
6 juin 1843; auteur de nombreux ouvrages sur
les eaux, sur l'hospice d'Aix-les-Bains, etc. (Voir
Bihl. aixienne.)
Vidal Georges, père de François, d. m. m.,
mort à Aix le 4 juillet 1864 à 73 ans. (X'oir Catïe,
jxige 464 de la seizième année, ot Société médicale
de Chambéry.)
251
^^iDiRNÉ OU ^^iRGiNÉ, médecin du faubourg
Montmélian à Chambéry. Il en est question dans
V Histoire du Sénat, de Burnier, II, 236.
M. Mugnier vient de communiquer à la Société
d'histoire une note que l'on croit devoir repro-
duire ici :
« Vers 1715 , un juif passant par Chambéry y
était décédé et avait été enseveli dans un ter-
rain acheté par ses coreligionnaires. Son corps
fut bientôt exhumé par le chirurgien Virginé.
Ce praticien en fit un squelette qu'il exposa
dans sa boutique du faubourg Montmélian.
La communauté des Juifs de Turin s'émut avec
raison de ce singulier moyen de réclame et se
plaignit au roi. Victor-Améclée montra l'esprit
de justice dont il était animé en faisant remettre
le corps à un mandataire envoyé par les Israé-
lites de Turin, et en prescrivant au premier
président de faire amener devant lui le chirurgien
et de le blâmer de son action. Il semble qu'il crai-
gnait que la population n'eût pas à l'égard des
Juifs les mêmes sentiments que lui, car il recom-
manda à M. Gaud de faire accompagner le com-
missionnaire par un de ses gardes. »
Voici cette pièce curieuse :
Le Roi de Sicile, de Hierusalem, et de Chypre, etc.
Très Cher,' bien amé et féal ConseilJer d'Etat. L'Vni-
uersité des Hébreux de cette ville (Turin) nous a très
humblement fait représenter qu'vn de leur nation étant
252
mort en Savoie pendant cet été, ses camarades l'aucient
par notre permission expresse fait enterrer dans vn
endroit prés de Chambery, dont ils ont achetté le ter-
rein, et qu'elle a cependant apris que le Chirurgien
Virginé du fauxbourg de Montmeillan a deshumé le
Cadavre du df Juif, et en a fait une anatomie, et a as-
semblé l'ossature, qui forme le squelettre, qui esta pré-
sent dans sa Boutique, nous aiant très humblement fait
supplier de vouloir donner les ordres pour que le dit
squelettre fût remis au présent porteur de leur nation,
pour qu'il l'apportât ici pour être enseueli dans leur
Cimetière, et leur demande étant très juste vous enuoie-
rez prendre le dit Chirurgien, auquel vous ferez vue
forte reprimende sur la témérité qu'il a eu, et lui ordon-
nerez de remettre incessamment la ditte ossature au
Porteur du présent, le quel vous ferez à ce sujet accom-
pagner par vn de vos Gardes, qui puisse vous asseurer
de l'effectiue remission, et qui accompagne, s'il est
besoin, le Juif jusques où il le requerra. Priant Dieu au
reste qu'il vous ait en sa S<e Garde.
Signé : V. Amédée.
Conti'esigné : de S '-Thomas.
(Archives du Sénat.)
Vii';iLLARD Franrois-Marie , cliii'ui'gieii du dtic
de Savoie qui donne, en 1579, 150 écus de pension
aux enfants de Vieillard : Marguerite, Charles,
Julie, Philibert et Jean-Baptiste.
ViKii.LAiin Jean-Baptiste, lils du i))'écédent,
reniplaee son père auprès du i)rince. (Comptes de
riiôtel de Savoie.)
Vir.NET Claude, cliiiuigicu à Aix (mi 1()92 et
253
1(395. Il ligure alors comme témoin clans des actes
notariés. (Minutes ^^idal.)
ViGNON, chirurgien à Cbambéry, témoigne en
faveur de Copponay 1677 et en 1683.
ViLLARD (aliasYihhARU), officier de santé l'an
xni, médecin de la compagnie royale des mines
de Tarentaise, né à Cliambéry en 17. ., il est mort
à Peisey en mars 1845. Il avait servi dans l'armée
d'Italie, caractère jovial.
ViNAY, né à Tlionon le 15 novembre 1845 ,
D. M. p. 1873. Fixé à Lyon depuis la fin de ses
études, il y a conquis une situation très honora-
ble. Il a concouru pour l'agrégation â la fln de
l'année 1879 et a été nommé l'année suivante;
médecin des hôpitaux de Lyon , rédacteur du
Lyon médical où il a inséré en 1883, en août et
en septembre une étude sur les causes qui ont
préservé Lyon du choléra.
Voisin Benoit, d'Annecy, fils d'un père savant
botaniste, a publié :
1° « La Panacée végétale composée à Talloire
et dépuratif du sang.. .. »
2° Le Médecin familier et sincère.... »
Nous reproduisons ici un article bibliographi-
que de F. Rabut sur ce livre dont la préface ren-
ferme des détails autobiographiques de Voisin, ar-
ticle inséré dans le Patriote du 4 septembre 1881 :
Ce livre, dont il y a eu plusieurs éditions en français
et eu italien, et des traductions eu allemand et en anglais.
254
a pour titre : Le Médecin familier et sincère qui ap-
prend à un chacun à se guérir soi-même de toutes les
maladies vénériennes, de même que de la goutte nou-
velle, et de calmer les douleurs de celle qui est invété-
rée, et d'en retarder les attaques des années entières
et plus, et de guérir plusieurs autres espèces de mala-
dies avec son secret qu'il a du dépui^atif du sang et de
sa panacée végétale, composé et distribué par le sieur
Benoît VOISIN à Turin, 1741; in-12, de 132 pa-
ges chiffrées et 18 non chiffrées.
Ce livre a paru cette année 1741 en deux éditions,
une françoise et l'autre italienne. Il y a une édition ita-
lienne de 1747, in-8o, d'après Bonino, qui a consacré
une page à Voisin ou Voysin dans sa Biografia medica
piemontese.
Benoît Voisin nous apprend à la page 11 de son livre
qu'il est bourgeois de la ville d'Annecy. C'est dans cette
ville qu'il naquit en 1686 et qu'il fut initié par son père
aux élémeuts de la botanique et de la chirurgie.
Son père était, dit-il, un des plus habiles botanistes de
son temps. Il alla ensuite continuer ses études à Paris,
où il travailla deux ans ans à l' Hôtel-Dieu et deux ans
à la Charité des hommes. Protégé par le prince Eugène
de Savoie, il fut nommé médecin et chirurgien-major
de l'armée de l'archiduc Charles, en Catalogne, alors
que, dans la guerre de la succession d'Espagne, ce prince
autrichien disputait le trône de Madrid au petit-fils de
Louis XIV, Philippe d'Anjou, proclamé sous le nom de
Philippe V.
En 1709, il suivit l'archiduc à Francfort et assista à
son couronnement comme empereur. Mais il ne tarda
pas à revenir en Savoie et auprès du duc Victor-Amé-
dée, qui le nomma médecin et chirurgien-major de ses
gardes-du-corps et de sa maison en campagne.
255
A ce titre, il le suivit clans ses expéditions militaires
(1733-34).
Le duc le nomma encore inspecteur des hôpitaux mili-
taires. Il revint ensuite à Anneciavec le titre de docteur
en médecine et de professeur de chirurgie en Savoie.
Enfin, il fut cliirurgien-major du régiment de Taren-
taise. Il avait 71 ans quand il donna la 2^ édition du
« Médecin familier. »
Mais revenons au livre qui nous a])prendra diverses
autres choses, et d'abord, qu'en 1741 il résidait à An-
necy; puis que la royale Université de médecine de
Turin a approuvé son li^•re, son dépuratif du sang et sa
]janacée végétale composée de plus de 65 sortes de sim-
ples, en 1737^ et que le roi de Sardaigne a permis d'im-
jjrimer avec privilège, la même année.
Voisin n'est pas modeste : ses remèdes et ses cures
ont attiré, dit-il, l'admiration de tous les généraux et
j)rincipaux officiers des armées de France et de Sardai-
gne. Les témoignages lui en arrivent d'un nombre de
villes.
Laissons-le-parler :
« Outre toutes les opérations de la chirurgie que je
fais avec dextérité, j'excelle dans celle de la litotomie et
dans celle de la fistule à l'anus ; je suis oculiste, et je fais
celle de la cataracte, de la fistule lacrimatoire, etc. »
Son dépuratif du sang est un secret que lui a donné un
savant philosophe et alchimiste , Abraham Melkutot-
Mordacay, qui venait de pèlerinage à Saint-Jacques, à
Alexandrie, où Voisin était alors chirurgien-major, le 20
octobre 1733, et qui avait alors cent moins deux ans,
mais n'en paraissait avoir que cinquante. Ouf î II y a des
pages entières comme cela.
256
A la page 88, il parle de deux médecins de ses amis
qui sont morts de la goutte, l'un nommé Fernex, âgé de
cinquante-huit ans, très savant dans la médecine, et l'au-
tre nommé Bucliard, âgé de 43 ans, très savant aussi.
Voisin ne manque pas d'avertir le public et de le met-
tre en garde vis-à-vis de la contrefaçon. Ses pillules sont
pliées dans un carreau de papier où sont imprimés ses
armes et son nom, et sa panacée est renfermée dans des
boîtes d'étain fin, sur le couvercle desquelles figurent les-
dites armes.
Ces armoiries sont gravées sur bois et se trouvent au
revers du faux-titre de son livre, au-dessous des armes
du roi de Sardaigne : un lion rampant sur un fond d'or
dans un écu ovale, surmonté d'un casque et soulenu par
deux palmes, à l'entour de la légende : Benedictus
Voysinus D. M. Sabaudus, et dans le bas ces
mots : Privilégié de S. M.
A propos d'image, rappelons que le portrait de Voisin
a été dessiné et gravé par Gardella.
Le livre de Voisin coûtait 10 sols et était donné pour
rien à ceux qui achetaient une certaine quantité de ses
drogues.
On le trouvait à Lyon, chez M. Delaroche, imprimeur
et libraire, rue Mercière, et chez tous ceux qui tenaient
des bureaux (lisez dépôts) des produits pharmaceutiques
de notre empirique.
Or, ces bureaux étaient très nombreux. Leur liste qui
termine le volume contient 128 villes, et les grandes
villes avaient deux ou trois bureaux. 0 sainte réclame !
Je finis en transcrivant de cette liste les bureaux de la
Savoie et ceux des villes étrangères tenus par des Sa-
voyards ;
257
A Chambén/^ chez le sieur Morel, marchand-perru-
quier.
A Saint-Jean de Maurienne, chez le sieur Salo-
mon fils.
A Moustievj chez le sieur Gazagne.
A Thonon, chez le sieur J ou rclan, marchand.
A la Bonne Ville, chez le sieur Berard, maître chi-
rurgien.
A Sallanche, chez le sieur Dumont, maître chirur-
gien.
A Orléans^, chez le sieur Beaufort , marchand sa-
voyard.
A Livouvne , chez le sieur Mufiiat, marchand sa-
voyard.
A Leipzic, chez le sieur Couturier, marchand sa-
voyard.
A Cologne, chez le sieur Dulcis, marchand savoyard.
A Hanovre, chez le sieur Bouchendy, marchand sa-
voyard.
A Nuremberg , chez le sieur Léaval, marchand sa-
voyard.
A Aushourg, chez le sieur Mainard, marchand sa-
voyard.
A Franfort , chez le sieur Termignon , marchand
savoyard.
A la Cité d'Aoste, chez M. Léaval, très habile maî-
tre chirurgien, etc., etc.
Aujourd'hui, le livre de Voisin est coté 3 fr. 50 dans
les catalogues des livres anciens.
VouTiER Joseph, à Aime en 1871, puis â Albert-
ville en 1877; protecteur de l'enfance en 1880,
mort le 14 décembre 1880.
17
258
VouTTiER François, à St-Julien , docteur en
1858, 10 août; il exerce à St-Julien de 1867 à 1877,
alité dès octobre 1879 à avril 1880, mort le 11 de
ce mois. (Voir Association de la Haute-Savoie,
page 22.)
VuLLiEL François , docteur-médecin a Ferté-
St- Aubin (Loiret), figure sous le n° 71 de la Société
ph i lanthropi que sa voisienne .
VuLLiET (Voir Catïe, 1869, p. 40.)
VuLLiEz Louis, d'Evian, docteur-médecin sous
l'Empire, en France, mort en 1840.
Werner de Lachenal (voy. Lachenal), doc-
teur en médecine et en physique, né à Bàle en
1736. Thèse imprimée à Bàle en 1776 : « Observa-
tiones bot. med. ... )> ; l^otaniste distingué que les
Delachenal, de la Savoie, croient parent de leur
famille. (Voir Larousse et biog. Micliaud.)
Y
YsAAC (Jacot), juif, médecin de la ville de
Chambéry en 1418-1427, au traitement de 18 flo-
rins. (Chapperon.)
c— ï-v^jCH^j-»
MÉDECINS ET OFFICIERS DE SANTÉ
EXERÇANT DANS LES DÉPARTEMENTS DE LA SAVOIE
ET DE LA HAUTE-SAVOIE EN 1888.
SAVOIE.
Docteurs en médecine.
Anselme Joseph, la Rochette.
Armand Jules, Albertville.
Armand Joseph, Grésy-sur-Isère.
Arnal Gabriel, Albertville.
Arnaud Joseph-Léopold, la Rochette.
Basin Auguste, Chambéry.
Berthet Jean-Louis-Hyacinthe, Albertville.
Boudrie Guillaume, Bassens.
Brachet Léon, Aix-les-Bains.
Broquère, Bassens,
Buthod Louis, Chambéry.
Carret François, Chambéry.
Carret Jules, Chambéry.
Cazalis Henry, Aix-les-Bains.
Chaboud Jean, Aix-les-Bains.
Cliiron François, Chambéry.
Davat Gaspard, Aix-les-Bains.
Debeauge Jean, Saint-Genix.
Demeaux Marc-Antoine, Aix-les-Bains.
Dénarié Gaspard, Chambéry.
Dénarié Antoine-Amédée, Chambéry.
Dubouloz Jean-Baptiste, Montmélian.
Empereur Constantin, Bourg-Saint-Maurice.
Emonet Claude-Félix, de Serrières.
Folhet Antoine-Marie, Aix-les-Bains.
Fusier François, Chambéry.
Gaillard César, Aix-les-Bains.
(iaillard Jean-Marie, Serrières,
260
Gasca Gaétan, ]a Motte-Servolex.
Grand François, Chambéry.
Guilland Jean, Aix-les-Bains.
Grange Gaspard-Victor, St-Jean de Maurienne.
Gravier Emilien, Modane.
Humbert François-Agricole, Aix-les-Bains.
Jarre Léon, Saint-Genix.
Jarrin François, Chambéry.
Laissus Camille, Moûtiers.
Lathoud François-Benoît, Yenne.
Lagrange Maximin, Aix-les-Bains.
Liénard Jacques, les Echelles.
Macé Charles, Aix-les-Bains.
Masson Albert-Marie, Chambéry.
Massolaz Sabin, Chambéry.
Michel François-Henri-Eugène, Moûtiers.
Monnard Jean, Aix-les-Bains.
M'Roë Charles, Aix-les-Bains.
Mottard Antoine, Saint-Jean de Maurienne.
Paget Antone-Marie, Montmélian.
Petit Joseph, Aix-les-Bains.
Petit Eugène, Saint-Pierre d'Albigny.
Peytavin Emile, les Chapelles.
Pichat Bruno, Pont-Beauvoisin.
Piot Charles-Jules-François, Aiguebelle.
Prallet Hippolyte, Chambéry.
Puistienne Josepli, Aix-les-Bains.
Rendal Stanley-Morton, Aix-les-Bains.
Revel Edouard, Grésy-sur-Aix.
Raymondon Louis-Antoine- Prosper, Chambéry.
Richard Edouard-Cyrille, Tcrmignon.
Rosset Léon, Albens.
Rullier Fortuné, Bourg-Saint-Maurice.
Travers Philippe, Albens.
Veyrat Ernest, Chambéry.
Vidal François, Aix-les-Bains.
Wakehel Willam, Aix-les-Bains.
Officiers de santé.
Ringuelet Auguste, Valloires.
261
Turinaz Alfred, le Châtelard.
Waill Georges, à Queige.
HAUTE-SAVOIE
Docteurs en médecine.
ARRONDISSEMENT D ANNECY.
Adam, à Talloires.
Boymond Marie- A., à Annecy.
Callies Jules-Arist., à Annecy.
Carlioz Jean-Marie, à Rumilly.
Comoz F.-J., à Rumilly.
De Lavenay Camille, à Pringy.
Duparc Claude-Marie, à Annecy.
Favre Hyacinthe, à Faverges.
Francoz Félix, à Annecy.
Gaillard, à Annecy.
Madelain, à Annecy.
Moyettaz Eugène, à Thônes.
Rey François,, à Annecy.
Thonion Bernard, à Annecy.
ARRONDISSEMENT DE BONNEVILLE .
Anthonioz François, à Taninges.
Berthet Alphonse, à Taninges.
Besson Jean, à Saint-Jeoire.
Bonnefoy J.-E., à Sallanchcs.
Duport René, à la Roche.
Gallais à Bonneville.
Gavard Alexandre, à Viuz-en-Sallaz.
Girod Louis, à Cluses.
Grivel Alfred, à Cluses.
Guebey Jean, à Saint-Jeoire.
Guy Hector, à Bonneville.
Laffin Jean, à Sallanches.
ARRONDISSEMENT DE SAINT-JULIEN.
Chatenoud Alexis, à Frangy.
Chautemps Amédée, à Sainl-Julien.
Dupuis Albert, à Annemasse.
262
Favre Charles-Eugène, à Annemasse.
Goy Emile, à Reignier,
Jacquet Louis, à Saint-Julien.
Lassalle, à Seyssel.
Mcliling Stanislas, à Saint-Julien.
Montgellaz François-Joseph, à Reignier.
ARRONDISSEMENT DE THONON.
Albert Joseph, à Thonon.
Blanchard Jean-François, à Thonon.
Bordet Gaspard, à Evian.
Dénarié Alphonse, à Thonon.
Dubouloz Joseph, à Thonon.
Du mur, à Evian.
Garnier François, à Montriond.
Genoud P. -F., à Thonon.
Germain François, à Douvaine.
Million G. -A,, Evian-lcs-Bains.
Rocques Henry, à Evian-les-Bains.
Taberlet, à Evian-les-Bains.
Tavernier Fran-çois, à Thonon.
Vauttier Pierre-Achille, id.
Officiers de santé.
Boimond Jean-M., à St-Jeoire.
Bouchet Louis, à Cruseilles.
Deluermoz Eugène, à Vul])cns.
Gallet Jean-Claude, à Rumilly.
Perret E., à Alby.
ERRATA ET ADDENDA
Page 32, ligne 5, au lieu de : Voraclunn'i dite, lisez : Va-
ruclinoïditc.
J \ au lieu de : Berthier, lisez : Bertier.
— 41 — 3, )
— 51 — 4, au lieu de : c/;a/'/a/r//(/f'r, lisez : (7(r^s-
t ai (j nier.
— 51 — 14, aulieude :Z)o/);?«i'ye/', lisez:Z)o/»e/i(7f'^
— 54 — S, pablicatieas, lisez :p(iblicatio/is.
— 58 — 11, aulieude : C«/ir/<_7/i«/H, lisez : C?//(//;-
ghani.
— 72 — 9, au lieu de : M" Pierre du Bnrget, lisez :
de Burgeto,
— 81 — '11, 'àXi-lieViàQ: plaiiisantcric,\\s,Qz : plai-
santerie.
— 84 — 27, au lieu de : Gai-ouUas Allogrogiuni,
lisez Garoccllas Allohrogium.
— 85 — 13, aulieu de : /j/(/?yy/n«/r«, lisez : /)A/pr/-
iiiatia.
— 85 — 17, au lieu de : psoas, lisez : proas.
— 86 — 5, aulieu de: «/-cA-co//;., lisez : «/•cA.croy/.
— 88 — 3, ajouter : a exercé k Cliambéry.
— 88 — 9, au lieu de : ciivandi, lisez : curandi.
— 96 — 4, au lieu de : 1952-1815) , lisez : (1 752-
1815).
— 125 — 22, au lieu de : Pignet, lisez : Pugnet.
— 128 — 11, au lieu de : ont Ut dan.^, lisez : on lit.
— 128 — 14, au lieu de : soriètè, lisez : société.
— 150 — 9, au lieu de : baluea, lisez : halnea
— 154 — 20, au lieu de : nova, lisez : nocœ.
- 155 — 6, au lieu de : nota, lisez : novœ.
— 156 — 15, au lieu de : Aimé, lisez : aîné.
264
Page 166, ligne 15, au lieu de : M.-C, lisez : Chutdo-
Philibcrt.
— 174 — 23, au lieu de: P('/t'7«///, lisez : Pt'?/r 7 ?«■/«.
— 209 — 5, au lieu de : en épingle, lisez : on épi-
graphe.
212 — 9, au lieu de : 4777, lisez : 1777.
225 — 13, ajouter aj^rès il mourut ces mots :
à Dijun.
— 234 — à la dernière ligne ajoutez : vit encore
en 1753.
— 235 — au lieu de : 1721, lisez ■.1781
J'avais d'abord pensé à donner en un supplément les
renseignements qui m'étaient parvenus pendant l'impres-
sion de ce travail; mais, mieux conseillé, je laisse pas-
ser quelque temps avant de le faire, pensant que ceux
qui auront lu le livre pourront, d'ici à ce moment, m'a-
dresser des faits ignorés ou même des noms nouveaux.
Je remercie aujourd'hui ceux qui m'ont fourni quelques
détails pour com^iléter l'œuvre de mon regretté ami.
R. F.
TANINGE
ET
SES ENVIRONS
MÉMOIRE DESCRIPTIF ET HISTORIQUE
PAR
Hippolyte TAVERNIER
Docteur en Droit ;
Membre de la Société savoisienne d'Histoire et d'Arcliéologie;
Membre correspondant de l'Institut Genevois ;
Lauréat de la Société Florimontane.
il Nescio qua. natale solum dulcediite captos
u Ducit, et immemorcs non sinit esse siii. »
« La terre natale a je ne sais quel attrait qui
nous enchaîne et ne nous permet pas d'en
perdre le souvenir. »
(Ovide; Politiques, L. i, lettre }.)]
TANINGE ET SES ENVIRONS
I
De l'étroit d'Antai't à Taninge. — Le bourg ; premier as-
pect. — Origines historiques et étymologie du nom. —
Franchises et Bourgeoisie. — Le Comté. — Chute du
régime féodal. — Familles distinguées. — Monuments
et curiosités. — La Aille moderne. — Institutions et
commerce.
Franchir la cluse d'Antart est l'afîaire de quel-
ques minutes. Le défilé est étroit et ne laisse de
place que pour le Gilïre et la chaussée. Jadis, un
cordon calcaire, d'une hauteur quelconque, unis-
sait par la base les deux monts voisins, Orsaix et
Antart ; la rivière, rencontrant cet obstacle, a
formé en amont un lac. Avec les siècles, les eaux,
rompant le barrage, se sont écoulées peu à peu.
Les cassures du rocher, sur l'une et l'autre rive,
attestent assez ce travail de la nature. « Combien
d'anciens bassins lacustres on reconnaît encore au
l)ied des remparts ébréchés des montagnes. Telles
sont les plaines do Sallanclies, de Bonncville, de
Taninge, de Samoëns et tant d'autres ayant en-
core riiorizontalité de niveau que leur ont donnée
les alluvions déposées par les eaux dormantes.
Dans ces incessantes révolutions, la nature, qui
avait formé ces lacs, s'est servie de la même cause
pour les détruire. Les torrents avaient empli les
bassins, ils les ont vidés plus tard en rongeant les
parois inférieures (1). »
On débouche sur un terrain plat. La vue est
circonscrite : à droite, par une colline verdoyante ;
à gauche, par une grande montagne à escarpements
rocheux. La plaine s'élargit, animée par les cultu-
res, les hameaux, les vergers; elle s'enchâsse lon-
guement entre des versants mi- boisés, couverts
de végétation jusqu'à la ligne de faite. Voici la
tour haute et grise d'un clocher et, dans le loin-
tain, la coupole blanche du Buet. La route court
entre uue fromagerie et un gros village à campa-
nile, passe entre des bâtiments de ferme et un
faubourg, et, bientôt, vous entrez dans une petite
bourgade. Un torrent, un beau pont neuf, des
quais ombragés de tilleuls, une vaste église, des
maisons proprettes aux toits d'ardoises, une villa
somptueuse, un monticule herbeux : tel est le
premier aspect de la ville.
Taninge, bourg de 780 habitants, commune de
2,316 âmes, avec une superficie de 4,001 hectares,
(1) Elisée Reclus, Nouvelle géographicj 1887, p. 209.
chef-lieu de canton (altitude 645 mètres). Hôtels :
les Balances, l'Union ; plusieurs auberges et
cafés. Situé sur la ligne transversale des cols des
Gets et de Chàtillon ; au point d'intersection de la
route départementale de Bonneville â Samoëns et
de la route nationale n° 20,2, de Grenoble à Tho-
non ; à l'angle d'une belle plaine, entre Je moUard
de Brion et le pied du Marcelly, â l'entrée des
gorges du Foron : « Bourg bien bâti, mais mal
percé, » a dit un voyageur. Allons d'une rue à
l'autre et esquissons la chronique.
Histoire
Tout d'abord, écrivons Taninge sans Vs final,
comme on écrivait généralement avant 1860. L'o-
rigine de ce bourg se perd dans l'obscurité des
siècles. S'il faut en croire Albanis Beaumont, « la
ville de Taninge a été fondée par une colonie de
Bourguignons qui chassèrent de cette vallée une
tribu celtique. Suivant le même écrivain, la loi
Goinbeite y fut en vigueur jusqu'au x"" siècle (1).
(1) Description des Alpes, II, 120. « D'après les reclier-
olies que j'ai faites sur les lieux, la ville de Taninge n'est
pas ancienne ; elle daterait du vi' siècle, époque où elle fut
fondée par une colonie de Bourguignons qui chassèrent de
cette vallée une tribu celtique indépendante malgré la con-
quête romaine. Elle formait vme espèce do. p a g us qui déj)en-
dait, à la vérité, des Acitacones, mais, comme les Romains
n'avaient pas jugé cette vallée, alors couverte de forêts,
Quoiqu'il en soit, le nom de Taninge (Tagninge,
d'après le patois oral ; Tagningium, d'après les
manuscrits latins), a une terminaison du Nord. Le
radical Tan, Tcuin ou Tanne ^ qu'il signifie ca-
verne, sapin ou plutôt chêne (1), a pu être le nom
propre d'un chef burgonde, dont un descendant,
Amédée de Taninge, vivait en 12G2. Vien-
nent ensuite Johannette de Taninge, en 1317 ;
Rodolphe de Taninge, en 1357 ; Guillaume, do-
minus Guillelmus de Tagningioj en 1369 ; noble
Aimon de Taninge, juge du Faucigny, 1414-1425 ;
Pierre de Taninge, licencié en droit, homme-lige
du prince, qui déclare tenir de ce dernier en fief
des terres situées dans la paroisse de Flérier. En-
fin, un Antoine de Taninge possédait un droit
d'aigage, dans le Foron, en 1506 (2). Les biens de
cette famille sont passés aux nobles de la Grange
dans le xvi*" siècle.
digne de leurs regards, ils s'étaient contentés d'un tribut
que leur payaient les habitants de cette contrée alpine. Ce
qu'il y a de bien certain c'est que les lois Gombettes y ont
été en vigueur jusques vers le x° siècle. Il en est fait mention
dans les diverses chroniques du pays qui viennent à l'ap-
pui de ce que j'ai avancé ci-dessus, d'après un vieux ma-
nuscrit du xii" siècle, que j'ai eu occasion de consulter et
qui est encore en ma j^ossession. »
(1) Tanncc (coït). — Chênaie. Taniic, T<inncii (allcm.),
Sapin, de Sapin; Ta/i-zia (i^atois) grotte.
(2) Regeste GeiiecoiSj p. 237. — Inccntaire de l'ahhaye
d'Aulps. — Arch. do Turin. — Abeille de Chanwnix, juil-
let 1864.
7
D'après une légende, la bourgade s'élevait sur
la rive droite du Foron. Un éboulement de rochers
l'aurait détruite i^resque en entier ; après le désas-
tre, l'église fut transférée au village de Flérier.
Au moyen âge, Taninge dépendait de la châtelle-
nie de Chàtillon et Cluses. Notre bourg ne devint
chef -lieu de mandement, avec un juge spécial,
qu'en 1815. Il dut son importance au commerce et
son histoire n'est guère un peu connue que dès le
commencement des temps modernes, soit dès la
fin du XY" siècle.
En 1457, le bourg de Taninge obtient le marché
du jeudi et la foire d'avril. Plus tard, en 1543, Char-
lotte d'Orléans, mère et tutrice de Jacc[ues de Sa-
voie-Nemours, concède un conseil de ville, deux
syndics, un châtelain, juge des causes minimes, plus
des libertés assez étendues dont la teneur est codi-
fiée en vingt-six articles. Ces franchises s'appelaient
la Bourgeoisie. On devient bourgeois par Lettres-
patentes, ou par le fait de demeurer depuis un an
dans l'enceinte d'un territoire déterminé. Le bour-
geois est lige et franc ; il est sous la protection du
prince, il dispose à volonté de ses biens ; s'il meurt
intestat, ses parents sont ses héritiers. Il peut
tenir des fiefs francs, placer des bancs sous la
halle en payant un droit à la ville et au domaine.
La prison pour dette civile est abolie. Octroi sur
la vente du vin au profit de la ville. Telles furent
les principales dispositions de ces franchises (1).
(1) Documents III, IV, VIII. — Arcli. de Turin et du
château du "Waclie.
8
Ces privilèges profitaient à ceux qui demeuraient
clans le bourg et sa banlieue, depuis Flérier in-
clusivement juscju'à Chessins, et depuis les forges
des Vuavres jusqu'au pont d'Etaisières. Les fran-
chises commerciales sont ensuite augmentées de
trois autres foires, celle de la saint Bartliélemi,
en 1563, celles du 7 janvier et du 3 novembre, en
1696. Ces deux dernières foires ont été accordées
par le prince « en récompense de la fidélité des
habitants et de leur bonne conduite pendant la
guerre, et sans finance payer » (1).
En dehors du bourg franc, le territoire se parta-
geait entre divers fiefs ou rentes féodales de pro-
priété privée et le fief du prince. Ce dernier, ap-
pelé aussi le Domaine^ était de beaucoup plus
considérable : il fut aliéné par Victor- Amédée, en
1700, pour le prix de 72,000 florins, à Paul-Jo-
seph de Gex, baron de Saint-Christophe et érigé
en titre de comté (2). Quinze ans plus tard, ce fief
a pour maître le président Joachim de la Grange.
Mais l'institution ne fut heureuse pour personne.
Il y eut lutte entre le nouveau comte et ses com-
patriotes, lutte plus âpre encore après l'établisse-
ment des communes, en 1738, et qui finit par
l'extinction du comté. En effet, le roi accorde aux
communes de Taninge et de Rivière-Enverse le
droit de rachat, après c|uoi ces communes se font
rétrocéder le fief pour le prix de 49,000 livres
(1) Arcli. de Turin. — Dor/nncji/ \I1I.
(2) Document X ci XV.
(1762) (1). Dès ce moment on affranchit corps et
biens les habitants taillables. Les autres posses-
seurs de fiefs en firent autant, si bien que phi-
sieurs années avant la fin du même siècle, le peu-
ple se trouva libéré de la taillabilité dans toute
l'étendue de la paroisse de Flérier (2).
Enfin le roi Charles- Albert accorde au bourg de
Taninge le titre et les privilèges de ville (29 dé-
cembre 1835) (3). La ville paraît avoir des armoi-
ries qui, suivant M. François Rabut, sont « écar-
telé en sautoir, à dextre et à senestre d'azur, en
chef et en pointe de gueules, à trois chevrons d'ar-
gent, ceux du chef renversés, sur le tout de Sa-
voie. Ces armes sont à enquérir » (4).
Au nombre des familles distinguées, aujour-
d'hui éteintes ou émigrées, qui ont lialnté le bourg
de Taninge, il y eut, outre les nobles dits de Ta-
ninge, les suivantes : d'Avonay, de Mandolle, de
Chignin, Burdet, Goudard, Duclos, de la Grange,
toutes qualifiées nobles. Entre les familles qui ont
donné des notaires et des avocats, on compte cel-
(1) Areh. de Turin, Patentes n° 56.
(2) JoacluDi^ quinzième enfant de Jean de la Grange, né
à Taninge le 4 août 1G74, juge-mage du Faucigny à 24 ans,
sénateur à Cliambéry, puis président an même Sénat. En
1742^ s'étant trouvé momentanément gouverneur de cette
ville, il la préserva du pillage en calmant le général espagnol
à qui les habitants voulaient en refuser l'entrée. (Grillet,
Diction. III, 403.)
(3) Document XI.
{A) Renie sacoisiennc, 1863, p. 24.
10
les-ci : Pleyson, Mermct, Fabry, Faurc, Ducret-
tct, Jay, Clerc, Miillin, Duchastel, Perron, Par-
chet, Sacldoz, Pellis, Danthon, Richard, Moënne,
Montant^ Jacquier Joacliim, Messy, etc.
Maintenant, disons un mot de quelques-unes
de ces maisons et des principaux édifices et monu-
ments.
L'Église
Dédiée à saint Jean-Baptiste, construite en
1825-1832, sur le dessin de l'architecte Prosper
Dunant, l'église est de style néo-grec. La façade
principale est ornée de quatre pilastres d'ordre
dorique avec leur entablement et fronton, le tout
reposant sur un socle qui fait le tour de 1 édifice.
La porte, garnie d'un chambranle avec frise et
corniche, occupe l'entre-pilastre central. Deux
niches sans moulures. La façade, qui fait attique
au-dessus de l'ordre, est terminée par une corni-
che avec sa frise ; elle est percée d'une grande fe-
nêtre demi-circulaire avec son bandeau qui repose
sur une plinthe. La décoration intérieure montre
des pilastres d'ordre corinthien simplifié, avec
leur entablement et attique, disposés sur chaque
pied-droit des portiques. La voûte est à berceau, à
plein cintre, divisée par des arcs doubleaux et
renfoncement qui correspondent aux pilastres et
aux pieds-droits des portiques. Les arcs des porti-
ques sont ornés d'une archivolte et d'une imposte
avec moulures ; au niveau do rim])oste est placée
la tribune garnie d'une balustrade et supportée
11
par des colonnes d'ordre dorique grec. Les bas-
côtés ont neuf autels ou chapelles. La voûte, do-
minant le sanctuaire, est un quart de sphère em-
belli de peintures imitant des rosaces dans des
caissons. La nef, y compris le sanctuaire et le ves-
tibule, a, dans oeuvre, 49 mètres de longueur et
11 mètres de largeur. Bref, le visiteur suppléera
le reste (1). La tour du clocher, avec sa lanterne
octogone, a 39 mètres. Un touriste a trouvé que
la flèche n'était pas en liarmonie avec la tour :
« Ce clocher, dit-il, a des prétentions qui ne se
continuent pas. « Beau temple qui attend encore
ses orgues.
Edifices et maisons historiques
En remontant la rue principale, notons quel-
ques anciennes demeures des autres siècles : 1°
Château des nobles Duclos (hôtel des Balances),
lia vivait, en 1635, noble Claude-Urbain Duclos,
seigneur d'Hauteville (Combloux), veuf de Mi-
chelle Mermet, remarié à Antonine Desbordes.
Vient ensuite son neveu, noble Balthasard Duclos,
marié à Marguerite d'Arenthon d'Alex, dont il a
a) Antoine, né à Taninge en 1671, officier de dra-
gons ; 6) Marguerite, femme de noble Claude Du-
boin ; c) Isidore qui continua la branche aînée, à
Cluses et à la Place (Thiez) ; le suivant, noble
Charles Duclos, mort en 1 729, marié h noble Marie
(1) Plan-devis, aux archives de la mairie.
12
cle Comnéne, veuve Delarieii, dont il eut : Jean,
Isidore et Jean-François. Ce dernier, par son tes-
tament du 26 mai 1768, Pralon, notaire, fait héri-
tier noble Jacques-Gabriel Duclos, seigneur de la
Place, et lègue trois mille livres à Jean Duclos
fils de la Marie Chappuis. La maison-forte devint,
à la fin du siècle dernier, une auberge tenue par
Jean-Dominique Duclos. La place, devant l'église,
faisait partie du manoir. 2° Maison de Chignin
(aux frères Pralon). Elle est flanquée d'une tour à
pigeonnière. Les nobles de Chignin, de Taninge,
ainsi que la l^ranclie qui demeura à Cluses et qui
eut la seigneurie de la Place, descendaient de
l'illustre famille de Chignin, près Chambéry, à
laquelle appartient saint Anthelme, évoque de
Belley, général des Chartreux. En 1626 vivaient,
à Taninge, Georges, 80 ans ; Jean, fils de Nicolas,
43 ans; Etienne, chanoine de Moùtiers, 40 ans ;
Georges, fils de Nicolas, 41 ans ; François, 30 ans.
Après avoir donné un curé à la paroisse, en 1480,
R^ Ambigar de Chignin, et plusieurs autres ecclé-
siastiques, vicaires, recteurs de sainte Anne et
régents de l'école publique, plus des syndics, à la
ville et des femmes à plusieurs maisons cle la val-
lée, nos de Chignin s'éteignent â François, marié
à noble Philiberte de Marigny, qui fut son héri-
tière (1). Une console de cheminée porte les armes
de la famille : « de gueules au chevron cliargé de
mouclietures d'hermine. »
(1) Registres du presbytère.
13
3° Maison Vuy (ù Charles Rouge). Cette mai-
son, qui fait angle sur la place, était, en 1651, une
hôtellerie tenue par Félix Vuy, pour devenir en-
suite la demeure des notaires Pierre et François-
Joseph Vuy et du châtelain Georges Vuy. La
famille s'est partagée en trois l^ranches : l'une est
allée s'établir â Contamine-sur-Arve et ^e là à
Carouge ; l'autre, en Piémont ; la troisième, en
Allemagne. Celle-ci, qui vient de s'éteindre, eut
pour chef Pierre-Joseph Vuy, médecin de l'arche-
vêque de Trêves, mort k Sarrebruck k l'âge de 109
ans (1). A la branche de Carouge appartient M.
Jules Vuy, jurisconsulte, poète et historien, père
de M. Alphonse- Jules-Aimé ; né le 21 septembre
1815, docteur en droit.
4° Maison des nobles d'Avonay (à Joseph La-
vanchy) , sur le Char^ contiguë à la maison Joë-
gne. Nous parlerons de cette famille à l'article
« village d'Avonay. »
5° Maison actuelle Crochon-Signoud, au-dessus
de la fontaine et regardant la place publique.
Quels furent les anciens habitants de cette mai-
son remarquable, aux fenêtres géminées, avec
meneaux, accolades et chanfreins ? Peut-être les
Burdet ou les Goudard, deux familles contem-
poraines et sans doute alliées. Pierre Burdet,
fondateur de la chapelle de saint Antoine, en
l'église de Flérier, vivait en 1391. On trouve en-
(1) Lettre au maire de Taninge de M. Karl Alberts^ li-
braire à Oberweseb dont la mère est uiie demoiselle Vuy
(20 septembre 1883).
14
suite Claude et Lancelot en 1437 (ce dernier,
ainsi que Pierre, était notaire), les frères, Fran-
çois, docteur en droit, Henri et Claude, en 1456 ;
noble Angelin Burdet, en 1568 ; noble Aimon,
père d'Etienne et de Claude Burdet, en 1585 (1).
Raoul Goudard achète d' Aimon Passerat des
prés, an Pradelis, en 1372.
Laurent Goudard était notaire en 1480, et
noble Nicolas Goudard en 1522. Ces deux derniè-
res maisons sont assises sur les déclivités du mont
Brion.
Brion
Ce monticule protège la ville contre le torrent.
11 a reçu son nom (bry) haut, (on) eau, de la tribu
gauloise qui vint camper alentour. Il appartient
au triasique moyen, repose sur le terrain houiller
et présente, avec des marnes jaunâtres ou rougeà-
tres, un calcaire peu utilisable. Ce calcaire, gris
ou noir, en plaques ou en rognons, brécliiforme
ou jaspoïde, renferme des traces de végétaux in-
déterminables. L'ancien glacier du Gifîre est venu
buter là et y a laissé, outre un grand dépôt argi-
leux, une surface polie au sud-est. Quoiqu'on dise
Albanis Beaumont, on n'a pas la preuve que notre
mamelon eut un château-fort au moyen âge (1).
Une chapelle, sous le vocable du Saint-Sacrement,
(1) Arcli. de Turin. — Visites des évèques de Genève.
(2) Au xii" siècle le bourg'de Taninge, dit M. Beaumont,
était déjà fermé de hautes murailles flanquées de tours et
défendu par un château dont il ne reste que quelques masu-
15
fondée le 10 juin lG32,Ducrettet notaire, par noble
François de Cliignin, y subsiste jusqu'en 1794.
Jolie vue sur la vallée. A son flanc sud-occidental
fut construite la Voie-Neuve, à la fin de l'autre
siècle, chemin qui a succédé à un antique sentier
dont on aperçoit les traces parmi les broussailles
et dont une branche descendait vers le Foron pour
atteindre, par un pont en bois, le hameau des
Vuavres.
Chapelle de sainte Anne
Au sommet de la place et sur les bords du Fo-
ron, voici un vieil édifice avec beffroi aplati en
oignon, une sorte de clocher à la russe. C'était une
chapelle dédiée à la mère de la Vierge Marie. Un
cartouche en pierre de la façade porte le millésime
1583. Suivant une légende, ce fat à la suite d'une
grande inondation qu'on aurait bâti là une cha-
pelle protectrice. Son histoire n'est bien connue
qu'à partir de 1606, année où le conseil de ville
fondait une rente de 40 florins annuels « pour re-
cevoir les prédicateurs de carême. » La chapelle
devint comme une succursale du culte, on y chan-
tait, fêtes et dimanches, les Vêpres fondées en
1727 par la comtesse de Taninge, dame Marguerite
d'Arestel.Unie à la régence du Saint-Esprit (celle-
res et qui fut détruit par les barons de Faueigny, les habi-
tants ayant refusé d'obéir aux ordres de ces princes pour se
lier avec le seigneur de Vercliei. (Description des Alpes,
II, 129.)
Beauniont, suivant son habitude, ne cite aucune source.
16
ci école publique) , sainte Anne eut des recteurs
qui furent en même temps les instituteurs ou
régents jusqu'à la Révolution (1). Après avoir été
un instant le temple de la Raison , où se tenaient
les assemblées populaires, l'édifice reprit sa desti-
nation religieuse qu'il perd en 1833. Rappelons
que vers 1G38, les évéques, députés pour informer
sur la béatification de saint François de Sales,
savoir André Frémiot, archevêque de Bourges,
Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, et dom
Juste Guérin, « choisirent, pour faire les enquêtes
en Faucigny, la chapelle de sainte Anne, à Ta-
ninge. On y entendit 137 témoins, dont environ 80
répondirent en attestant un ou deux miracles sous
la foi du serment (2). » Ce palladium de la bour-
gade est aujourd'hui une scierie avec habitation
du propriétaire.
Jaquemart
Avant de quitter la place pul)hquc n'oubhons
pas feu l'Hôtel-de- Ville et sa cloche appelant les
plaideurs aux audiences du juge du mandement.
L'horloge publique, auparavant â Sainte-Anne,
avait pour compagnon Jaquemart, le gai sonneur
des heures. Le vieux serviteur municipal est main-
tenant â la retraite, mais il aime encore la foule et
le bruit. Il faut le voir, le lendemain de la vogue,
faisant avec entrain son tour de la ville en habit à
(1) Arch. de la mairie et du presbytère.
(2) Pouvoir de saint François de Sales. — Annecy, 1865,
in-8°, chez Burdet.
17
épaulettes, chapeau gancé, bottes à l'écuvère.
Toujours populaire, Jaquemart.
Le Foron
Traversons sur le vieux pont notre torrent. Fo-
ron du gaulois^/b/' (amont), et de o/i (eau), l'eau
d'en haut ou le torrent. 11 a ses jours de colère.
Ainsi, en juillet 1571, il emporte le pont, des
moulins, des maisons. Citons aussi les dates : 20
novembre 1825, 2 septembre 1853, 1*"'' novembre
1859. La crue de 1853 est décrite en ces termes
dans une délibération du conseil municipal : « Un
sac d'eau tombé sur la montagne a grossi Foron au
point qu'il s'est répandu de toutes parts en em-
portant les artifices et presque toute la promenade
publique avec les arbres séculaires c|ui en faisaient
l'ornement. Il s'est replié ensuite sur la rive gau-
che où il a rompu une digue en pierres de taille,
construite à grands frais, il y a douze ans, pour
protéger la route provinciale. » Plus fortement
digue que jamais, le fougueux torrent se rabat sur
son lit qu'il creuse profondément en mettant à
découvert un banc de grès houiller.
La villa Humbert
Au débouché du pont, voici, sur des terrasses
disposées en parterre, le Clos-du-Chalet, une
belle résidence créée en 1856-1857, par M. Hum-
bert, dans l'ancien parc des comtes de Taninge.
18
Le 7 août 1859, le comte de Cavour, venant de
Chamonix par le col d'Anterne, avec un cousin,
M. de la Rive, l'intendant Bergoin et le guide
Auguste Balmat, arrive â Taninge. Grand dîner à
la villa, dîner auquel sont conviés les notables de
la ville. M. de Cavour parla peu, écouta bien, se
montra gracieux. Pas un mot de politique : crai-
gnit-il, le célèbre ministre, de laisser échapper
son secret, car lui seul savait, à cette heure, que
dans quelques mois la contrée, berceau de la fa-
mille royale, cesserait d'être italienne ? Il passa
ici deux jours. Le 24, même mois, viennent à leur
tour les princes de Savoie, Humbert et Amédée,
accompagnés du géologue Sismonda. Les princes
sont gais, enjoués, comme des écoliers en vacan-
ces. Le futur roi d'Italie cause de chasse et de la
faune des Alpes ; le duc d'Aoste joue au billard et
bat son monde au carambolage. De Taninge les
fils de Victor-Emmanuel vont à Sixt, d'où, reve-
nus à Samoëns, ils assistent à une fête de nuit, au
milieu des illuminations et de l'allégresse géné-
rale.
Le Clos-du-Chalet occupe les dépendances du
château des comtes de Taninge, comme nous l'a-
vons dit. Ce manoir, acquis par la commune de la
marquise du Wache, en 1850, fut vendu à M.
Humbert 30,000 francs, le 21 mars 1857. Le
château, que le nouveau propriétaire fit raser,
s'élevait là où se montre aujourd'hui la caserne
de la gendarmerie. Il était de l'autre siècle, à toit
19
aigu d'ardoises et comprenait : « au rez-de-cliaus-
sée, trois caves, une cuisine, lavoir et chambre
voûtée ; au premier étage, cinq chambres, une
chapelle, archives voûtées ; au deuxième étage,
sept chambres, deux greniers à plafond, galetas
au-dessus. » L'on verra au Decument XV la gé-
néalogie de ses anciens habitants.
'o'
Hospice des Capucins
Au XVII*' siècle, les Pères, le plus souvent des
Cordeliers de Cluses, qui venaient prêcher le ca-
rême â la chapelle de sainte Anne, logeaient à
l'hôtellerie (la Croix -Blanche). Frappé de cet
inconvénient, un marchand, Claude Desbois, leur
donna sa maison appelée dès lors V Hospice des
Capucins. C'est aujourd'hui l'auberge Pessat.
L'Ecole du Saint-Esprit
On passeaubas du Clos-du-Chalet et l'on atteint,
à l'angle sud-ouest, la croix dite du Saint-Esprit.
Ce nom l'appelle le souvenir de la première école
publique du pays dont la maison se trouvait là.
« Par acte du 28 avril 1632, Delagrange notaire,
Jean fils de Pierre Roget, fondait, dans la chapelle
de sainte Anne, un autel dédié au Saint-Esprit, à
charge^par le recteur qui sera nommé, d'enseigner
la jeunesse et d'y célébrer la messe les jours fé-
20
riaux. » La Régence, ainsi que s'appelait l'insti-
tution, prospéra. Jean Roget avait donné à cette
fin quatre journaux de terre au Cruat, une mon-
tagne aux VerchèreSj une vigne à Cliàtillon ; cinq
cents florins, plus une maison et son jardin, lieu
dit vej^s la Tour. Ces dons s'accrurent, dans la
suite, de plusieurs fondations particulières îi charge
de messes. Jusqu'à 1793 cette école eut huit ins-
tituteurs ecclésiastiques, les Révérends François
Pavy, Benoît Delarieu, François Delarieu, Jean-
François Delagrange, Claude Chastry, Bernard
Bel, Jean-Baptiste Martin et Jean-Baptiste Briffoz.
Dès lors, ce furent des instituteurs laïcs jusqu'en
1833, année où l'on confia l'instruction primaire
aux Frères des écoles chrétiennes. (Arch. de la
mairie et du presbytère de Taningc.)
Maison Pellis
Tout auprès, sous le n° 4092, se montrait la
maison des Pellis, aujourd'hui à M. Basile Orsat.
On trouve les notaires Jean et Jacques Pellis ;
ensuite Jean Pellis, docteur en droit, en 1G93,
marié à Marie Delagrange ; enfin, l'avocat Jean-
François 'Pellis, marié à Charlotte-Françoise Jo-
rand. Josephte Pellis, l'une de leurs quatre filles,
eut, dans le partage du 7 avril 1734, quatre jour-
naux de terre au Clos-Devant.
21
Bregil. La Tour
Vient ensuite Bregil ou Brésil et la Toui\ petit
faubourg où se voit, avec de jolies demeures, un
superbe moulin à turl)ine, dirigé par M. Jean-
Claude Bel. Ce nom de La Tour semble remémo-
rer quelque construction féodale; mais légende et
manuscrits sont muets.
A Bregil demeura, pendant près de deux siècles,
la branche cadette des delà Grange ou Delagrange,
domaine acquis d'un François Pittet, le 29 mars
1598, Deronis notaire, pour 3,300 florins. Là se
sont succédé, de père en fils, au sein d'une fa-
mille nombreuse, les notaires Aimé, François,
Jean, autre François et Jean-Claude Delagrange ;
ils s'allièrent, par mariage, aux familles Carrier,
DumuUin, Bastian, Famel, Antlioine, Bel, Dû-
ment, de Verdale, Presset, etc. On trouve Fran-
çois-Joseph Delagrange, avocat, François-Louis-
Marie, sénateur, et Joseph -Marie, procureur à
Bonne ville. Ce dernier vend Bregil le 3 septembre
1774, M*' Jean- Claude Delagrange notaire, au no-
taire François-Joseph Jacquier. A Bonne ville, les
Delagrange donnèrent des femmes aux familles
Bastian, Décret, Jacquier, Pacthod, Rey, etc. A
cette branche appartiennent dom Claude Dela-
grange , religieux du Saint - Bernard , prieur
d'Aulps et de Chésery, et Claude- Jacques Dela-
grange, curé-doyen de Viry.
22
Haute- Ville
Remontons le quartier qui s'élève en côte sur les
premiers gradins de la montagne. Voici d'abord,
au lieu dit en Bellegarde, François Lullin, tour-
neur de son état. Ce beau vieillard vous apprendra
qu'il descend, par une branche émigrée de Ge-
nève à la Réformation, des nobles Lullin de cette
ville, « la plus ancienne, dit Galifïe, de toutes nos
familles genevoises actuelles. La branche aînée fut
]:)roscrite par le parti intolérant (1). » Nos Lullin,
de Taninge, avant de s'établir ici, il y a un siècle
et demi, demeuraient à Loëx, près Fillinges.
Grillet rappelle cette origine en parlant de Jean
Lullin, né à Taninge le 20 février 1729, et qui fut,
à Chambéry, un libraire-éditeur de renom (2).
Ce vieux faubourg éparpille ses maisons et ses
martinets sur un sol inégal coupé de murgiers.
Les pierres, dont sont formés les murs secs, spnt
toutes de ce calcaire brèche de la haute monta-
gne qui domine l'endroit. La présence de ces blocs,
comme l'aspect des lieux, accusent un ancien
éboulement. La catastrophe aurait eu pour point
do départ cette dent sans nom qui précède le pic
de Marcelly, dent qui se montre encore fière,
sinon menaçante ; heureusement les couches s'in-
clinent vers l'intérieur du massif. Il y a, sur cet
(1) Familles genevoises^ p. 83.
(2) Diction. III, 401.
23
événement, une tradition dont nous parlons plus
loin. En amont de ce quartier, au lieu dit Epi-
nettesj jaillit du sol une source assez abondante
pour alimenter d'une excellente eau les cinq fon-
taines de la ville.
Quittons la ville haute et, longeant le nant de
Croyère, rentrons dans la ville basse par le fau-
bourg qui avoisine le Foron. Ici furent autrefois
les meilleurs moulins du pays avec le grand four
banal.
Voici maintenant la rue des Arcades, rue bor-
dée à droite de maisons à jardins qui furent les
demeures d'anciens bourgeois, et, à gauche, d'une
ligne de maisons avec magasins et ateliers ornés
de portiques. Cette rue aboutit à la partie orien-
tale du bourg, au débouché du val des Gets et de
la vallée d'Aulps, quartier peuplé d'auberges et
fort commerçant. Entrepôt d'ardoises de Mor-
zine. Les carrières fournissent par an deux mil-
lions de ces ardoises ; le marché principal est à
Taninge. Les grosses, de beaucoup plus nom-
breuses, vendues vers 1873 jusqu'à 45 francs le
millier, coûtent, en 1886, de 30 â 33 francs. Le
haut de ce faubourg, au pied du rocher, s'appelle
à la Pendue, nom patibulaire dont l'origine est
perdue, mais qui doit rappeler quelque tragique
événement. Ici, pour traverser la ville, la route
nationale emprunte la route dite de Sixt à An-
nemasse. Cette dernière route, créée vers 1853,
aux fiais des communes riveraines, a coûté ii la
24
commune de Taninge, pour sa part, cinquante
mille francs. Voie très fréquentée ; les comptages
des ponts et chaussées donnent 80 colliers par
jour.
Le marché du jeudi, huit foires, des banques-
escomptes donnent au trafic local une vive impul-
sion (1). Outre les animaux domestiques et leurs
produits, on vend des écorces, planches, bois de
chaufïage, bois d'oeuvre pour charpente, charro-
nage, menuiserie, des rcâteaux, etc. Il y a une
brasserie, des martinets, des scieries, des taillan-
deries, des tanneries, etc. Deux foires de poulains.
Les mulets et mules de Taninge sont très deman-
dés en Piémont, en Dauphiné et jusqu'en Espa-
gne ; la race est à la fois fine et robuste.
La première moitié de ce siècle jusqu'en 1860
(année h laquelle s'arrêtent nos recherches), le
conseil communal et l'initiative individuelle ont
été d'une activité remarquable. Après la construc-
tion de cette grande église et du presbytère sont
venus divers travaux, embellissements, institu-
tions. De ce nombre sont : les bâtiments scolaires,
fontaines, quais-digues, éclairage de la ville, etc.
Ont été établies , la gendarmerie ( carabiniers
royaux) en 1822, la musique en 1838, la pliarma-
(1) Deux courriers et deux diligences par jour. — Il y a
soixante ans, le service de la poste aux lettres se i'aisait pav
un pédon venant de Bonneville à Taninge deux fois i:)ar
semaine.
25
cie en 1839, la compagnie des pompiers en 1844,
la société pliilanthropique en 1853, etc., le tout
sans subvention du département ni de l'Etat. Ce
mouvement s'est accentué encore depuis 1860,
notamment en matière de voirie. Ainsi les con-
quêtes du progrès s'enchaînent les unes aux au-
tres ; chaque génération apporte son contingent
pour en transmettre l'héritage aux descen-
dants (1).
(1) En 1848, les trois mandements réunis de Taninge,
Saint-Jeoire et Samoëns forment un collège électoral pour
nommer un député au parlement Sarde. La votation se fit
dans notre bourg. On élut le baron Georges-Marie Alla-
mand de Sixt, ancien juge du mandement de Taninge, et,
successivement, l'avocat François Bastian, l'ingénieur Som-
meiller, le comte de la Flécher e.
26
II
Industrie et mœurs. — La mine de charbon. — Anciennes
forges et maîtres fabricants. — La chaudronnerie. —
Ouvriers en bâtiment ; colonie genevoise. — Emigration
et millionnaires. — Mouvement de la population. —
Familles anciennes et familles modernes.
Avant de commencer nos promenades par monts
et par vaux, un mot sur la vie industrielle du pays
dans le passé et au temps présent.
Voici d'abord un produit naturel du sol qui, s'il
se présentait dans les conditions voulues, serait de
nature à améliorer considérablement la situation
économique de la vallée. A quelques cents mètres
en amont de la ville, les gorges du Foron mon-
trent un cliétif hameau appelé Vers les Vuovres.
Là, sur les deux rives du torrent affleure un char-
bon fossile, mine qui, dans ce siècle, a été plus
d'une fois l'objet de recherclies, jamais d'une ex-
ploitation régulière. Signalé, dès la fin de l'autre
siècle par le Journal de Genève, exploré dès lors
par des personnes du pays, par un Anglais, M.
Farr, ce gisement fut étudié par les géologues vers
1850, au moment qu'un autre étranger, M. Mar-
chand, y faisait des fouilles. On a constaté, en cette
27
localité, la présence de roches triasiques(cargnieule
et g3i3se), et, plus bas^ le grès liouiller bien carac-
térisé. Ce dernier terrain renferme des végétaux
déclarés identiques aux espèces du terrain liouil-
ler. M. Heer regarde Taninge comme l'endroit le
plus riche en plantes fossiles et il en donne la
liste (1).
D'autre part, M. François Burtin, de Taninge,
ingénieur des mines, a examiné ce bassin dans un
rapport manuscrit adressé, en 1856, au directeur
des mines de Saint-Etienne. Il explique géologi-
quement la formation de ce charbon, dans les con-
ditions où ce dernier se trouve relativement aux
roches cristallines delà chaîne des Alpes, et il dit
c^ue l'absence de principes gazéïfiables doit le faire
placer parmi les anthracites, espèce de charbon
qui se rapproche plus ou moins de la houille. En-
fin, après avoir fait l'historique des recherches,
M. Burtin termine par ces considérations : « Il est
(le charbon des Vuavres) d'un noir grisâtre, bril-
lant, à texture feuilletée ; il a une densité qui
varie entre 1.60 et 1.70; il brûle en laissant une
cendre grisâtre, ne s'agglutinant pas, impropre à
la fabrication du coke. Pour brûler, il exige un
courant d'air continu, de sorte que le menu de ce
(1) Alph. Favre, Recherches géologiques, II, §302. Nous
avons donné au musée d'Annecy plusieurs de ces emprein-
tes végétales. Il s'y est trouvé un échantillon de Sigillarla
qui, d'après M. Rovon, manquait dans les plantes fossiles de
la Savoie. (Lettre du 8 décembre 1882.)
28
combustible serait sans emploi ; mais, avec les
procédés comius d'agglomération , on pourrait
l'utiliser avec avantage. Le charbon de Taninge,
moins utilisable pour les forges, peut, selon moi,
être employé dans les hauts fourneaux pour cuire
la chaux, pour le chauffage domestique, chauffage
des chaudières, etc. Il serait à souhaiter qu'une
compagnie riche se mît à faire des recherches acti-
ves pour connaître l'allure et la richesse du gîte.
Cette mine est d'un accès facile et, à très peu de
frais, on établirait une bonne route pour venir en
ville. Je suis convaincu que des hommes de l'art,
visitant soigneusement ces montagnes, y décou-
vriraient d'autres gîtes très utiles et peut-être
abondants, tels que minerais de fer, de plomb ou
d'étain. »
Une tentative d'exploitation a été faite, en 1878,
par M. Antoine Laroche ; la mine fut attaquée
vigoureusement par trois galeries, une sur la rive
droite, deux sur la rive gauche. On recueille quel-
ques beaux échantillons, on lance un pont sur le
torrent, on construit un four à plâtre. Mais, faute
de capitaux, à ce qu'il parait, ce dernier essai ne
réussit pas mieux que les autres.
Si l'on remonte à deux ou trois siècles, on trouve
que le vallon des Vuavres avait une usine où l'on
fabriquait des faux et autres instruments à l'usage
de l'agriculture. Ces outils, dit un écrivain du
XVII" siècle, Augustin Cliiesa, étaient l'objet
29
d'un commerce considérable tant en Savoie qu'en
Piémont et en Lombardie (1).
(( Taninge borgo non molto grande ma assai
populato come quello che eccede 1,500 persone,
ove si fabricano e si vendono le falci le quali
non solamente per tuta la baronia di Faucigny et
Savoja, ma anche per Lombardia e Piemonte in
tanta quantità si distribuiscono, ch' alcuni hanno
creduto baver da esse la provincia il nome di
Falciniacum riportato. » (Corona reale^ II, 89).
Jacques du Mullin, « maistre feseur de daux et
dailles, » fabriquait ici des faux portant la mar-
que d'un rasoir surmonté du soleil. Des rivaux lui
prennent sa marque, il réclame ; le duc de Savoie
lui accorde le privilège (1578) (2). Au nombre des
maîtres « faucheurs ou faucheux, » comme on
appelait ces fabricants, citons : Aimon Foncet,
Jean Dessuet, Jean-François Pittet, Joseph Moge-
nier, etc. Jean Roget, l'mi d'eux, travailla aux
forges de Vizille pour le fameux Lesdiguières. Le
gouverneur du Daupliiné en fut très content. Par
un certificat élogieux, délivré à ce Taningeois, il
déclare qu'il l'a servi fidèlement deux ans (20
août 1612) (3).
Le fer, employé par nos ouvriers, provenait sans
doute de l'usine de Sixt, celle-ci créée par l'ab-
(1) GriUet, Diction. III, p. 403.
(2) Arch. de Turin, sect. III, reg. n° 17.
(3) Arch. de la famille Roget.
30
baye. Cependant la ruche de" nos forgerons avait
essaimé. D'après une légende, quelques-uns,
comme Joseph Foncet, s'en allèrent en Allema-
gne, emportant avec eux le secret de leur art. Un
autre, Jean Ducrest, part pour le Dauphiné; il
obtient d'Henri, duc de Genevois, la marque de
fabrique, « un dauphin autour duquel il gravera
son nom, » et il épouse Luciane, sœur de l'avocat
Jean Pellis. En 1639, il demeurait à Voiron où il
fabriquait « des faux belles et bonnes qu'on débi-
tait dans tout'le royaume de France. » Un jour, le
roi Louis XIII se trouvant au château du sire de la
Buisse, voulut visiter les forges de Jean Ducrest
et demanda à voir confectionner une faux ; ce qui
fut fait. Charmé , le monarque fait distribuer
quelques pièces d'or aux ouvriers et confirme au
patron la possession de la marque du dauphin
couronné. Ses descendants ont continué là cette
profession jusqu'à 1836. Leur aciérie de la Tivo-
liére était devenue célèbre. De nos jours la famille
est représentée par M. Camille Ducrest, comman-
dant de cavalerie en retraite, et par M. Louis
Gautier, président à la Cour d'appel de Grenoble,
fils d'Aspasie Ducrest ; tous les deux sont venus à
Taninge et nous les avons accompagnés vers les
Vuavres. Un Louis Ducrest et son camarade
nommé Rophillie, de Taninge, émigrèrent en
Espagne d'où ils ne sont pas revenus (1).
(1) Arch. de la famille Ducrest.
31
Le nom de Vuavres ou Forges est resté à
l'endroit qui, autrefois, s'appelait en Pellis. Notre
houille n'aurait pas été, ce semble, employée dans
ces martinets. Les clouteries et forges qui se
trouvaient à Taninge en 1782, consommaient,pour
faire du charbon, deux mille chariots de bois qai
provenait en partie de Sixt (1). On ne fabrique
plus de faux dans notre bourg, mais la taillande-
rie prospère toujours.
Il y eut aussi, à une époque, les travailleurs en
cuivre, et l'on faisait un commerce assez actif
d'ustensiles fabriqués avec ce métal. L'un d'eux,
Jean Foncet, s'établit, dans l'autre siècle, à Saint-
Jeoire, où il fit de bonnes affaires. Son fils, Jean-
Joseph, excellent jurisconsulte et conseiller d'Etat,
est la tige des barons Foncet de cette dernière
ville. Un Joseph Avril, bourgeois de Taninge et
chaudronnier, partit pour l'Alsace et demeura à
Bïichelberg. Son fils, Claude Avril, était, en 1773,
greffier de S. A. le prince de Heitersheim, dans le
Palatinat (2).
Une autre industrie, toujours en vigueur, c'est
l'art du bâtiment. Suivant Albanis Beaumont,
cette profession remonterait jusqu'aux Burgondes.
« C'est à cet amour pour le travail, dit-il, qu'il
faut attribuer l'aisance, la propreté et le degré
d'instruction que l'on observe dans cette partie du
(1) Arch. de la mairie de Taninge.
(2) Areh. de la mairie de Taninge.
32
Faucigny. Chaque homme qui sort de chez lui
pour aller exercer au dehors l'état de maçon ou de
tailleur de pierre, rapporte, dans l'année, une
moyenne de 250 livres, et, comme chaque prin-
temps il sort de la vallée quinze cents hommes, il
y rentre ainsi plus de trois cent mille livres» (1).
Le chantier principal est à Genève. A partir de
1850, époque où l'enceinte fortifiée a été rasée,
cette ville a doublé sa population. Or, elle a eu
jusqu'à trois cents travailleurs de Taninge. Plu-
sieurs d'entre eux, devenus contre-maîtres, entre-
preneurs, architectes, se sont créé une honnête
aisance et y sont demeurés. Ils conservent entre
compatriotes des relations aimables. Travail, hon-
neur, probité, voilà leur devise ; un bon exemple
à toute la colonie. Cependant le souvenir de la
patrie est resté vivant dans les cœurs. Des bords
du lac on aperçoit la grande Pointe de Marcelly.
Lorsque l'été arrive, ils songent aux parents, à la
maison natale. Une excursion est arrêtée et vite en
voiture.
Laissons l'un d'entre eux raconter à sa manière
leur arrivée à Taninge : « Nous entrons dans une
vallée resserrée, les rochers nous surplombent, le
ruisseau coule au fond du ravin, le paysage est
splendide. Les vigies, perchées sur l'impériale,
signalent, dans le lointain, le clocher de la ville :
nous y voilà. Mais, que se passe-t-il ? Des raes-
(1) Op. cit. II, 127, 129.
33
sieurs en barrent l'entrée, des tables sont dressées
sur la place, on tire les boîtes. Y a-t-il fête ? oui^
c'est la fête de tout le monde. Ils ont appris le
projet de leurs parents et amis, ils les reçoivent
dignement. C'est le maire, c'est le notaire qui nous
souhaitent la bienvenue. Notre président, dit le
Petit-Gris (M. Pierre Grange), qui a la parole à
son commandement, leur répond. On trinque, on
boit, on retrinque, en un mot l'on est heureux. La
musique de cuivre s'en mêle et nous accompagne à
l'hôtel. Bref, la fête est complète. » (Souvenirs
d'une promenade dans la vallée du Giffrej 11
pages in-8°.)
Nos émigrants ont abordé les grandes villes de
France : Grenoble, Lyon, Marseille, Bordeaux,
Paris, etc. A Paris, où elle prospère, la colonie
des enfants du pays vient de se grouper en une
Société de secours mutuels portant le titre
^ Union fraternelle delà vallée du Giffre, sous la
présidence de M. Bourgoin, négociant. Plusieurs
sont allés en Algérie, en Amérique et jusqu'en
Austrahe. La famille d'André Burtin possède à
Novo (Illinois) un domaine agricole valant deux
millions de dollars. Le récit de toutes ces émigra-
tions serait trop long (1).
Au groupe des voyageurs en France, sous le
régime sarde, appartiennent M. Humbert, an-
(1) Elles méritent une notice spéciale dont nous recueLllons
les éléments.
34
cieiî négociant en bois, et M. Kubin Marie- Au-
guste, né au Châtelard, près Taninge. Ce dernier,
pauvre et orphelin, partit fort jeune pour Paris.
Plus tard, il gagna le Pérou d'où il est revenu, il y
a quelques années, possesseur de dix-huit cent
mille francs. Il vient de mourir céliljataire après
avoir testé ; il laisse 5,000 francs à chacun des
hospices de Saint-Sigismond, de Cluses et d'An-
necy, ainsi C|u'une égale somme aux représentants
de chaque branche collatérale de sa famille ; il
donne 25,000 francs à la ville do Lima, « en re-
connaissance, dit-il, de l'amitié que j'ai reçue dans
ce pays où j'ai fait ma fortune. » Enfin, il crée
pour ses héritiers les hospices de Paris.
Mais ces départs multipliés entraînent la dépo-
pulation de nos villages. Voici quelques chiffres
qui le prouvent assez. La population de la paroisse
entière de Flérier, y compris la Rivière, était, en
1412, d'environ 800 âmes ; en 17G5, elle s'élevait à
2,200. Seule, la commune de Taninge avait, en
1801, 2,534 habitants, chiffre qui est allé en aug-
mentant juscju'à l'année 1844, où il atteignait le
beau chiffre de 4,200 (1). Dès lors, la population
n'a cessé de décroître ; elle ne compte plus,
en 1881, que 2,253 âmes. De 1812 à 1822 la
moyenne annuelle des décès fat de 63, celle des
naissances de 84. De 1860 à 1870 cette moyenne
(1) Visites des évêques, à la Bibliothèque de Genève. —
Avcli. de la mairie de Taninge.
35
est de 70 pour les décès et de 56 pour les naissan-
ces. Cette diminution, que l'on constate ainsi dans
la commune de Taninge seule, se rencontre égale-
ment dans les autres communes du canton, excepté
à Côte-d'Arbroz. Ainsi, le canton de Taninge qui,
il y a quarante ans, avait 9,000 habitants, n'en
compte plus aujourd'hui que 6,650.
Si au lieu d'un petit canton des Alpes on re-
garde le pays en général, on voit la même chose
un peu partout. « Dans toute la France, dit M.
Leroy-Beaulieu, la population urbaine est le tiers,
la population rurale est les deux tiers du nombre
total des Français. Or, depuis plusieurs années, on
remarque ce grand fait économique, savoir : pro-
grès constant de la population des grandes villes
et décroissance de la population rurale. D'autre
part, et pour le territoire envisagé dans son en-
semble, on signale comme un symptôme fâcheux,
inquiétant même pour un prochain avenir, à sa-
voir que l'accroissement se ralentit progressive-
ment depuis 1851, et que l'on peut prévoir l'épo-
que où cet accroissement s'arrêtera peut-être pour
se transformer en un mouvement rétrograde.
L'augmentation vient surtout de l'émigration
d'étrangers. Si les moeurs ne se réforment pas,
avant quinze ou vingt ans nous n'aurons plus au-
cun excédent de naissances sur les décès, et il se
produira une sorte de migration occulte, mais
continue d'éléments étrangers, belges, allemands,
italiens, conquérant la France â la dérobée, et.
36
dans quelques siècles, l'élément purement français
pourra ne plus être en majorité dans notre vieille
Gaule )) (1). Dieu nous en préserve !
La lutte pour la vie et le besoin d'acquérir un
peu d'aisance ne sont pas le seul mobile de ce cou-
rant des gens de la campagne vers les villes ; il y
a aussi le désir de devenir riclie en peu d'années.
Mais ce désir est-il bon ? La fortune a son ivresse,
et l'une des erreurs du parvenu est de croire que
l'argent c'est tout. D'ailleurs, ainsi que l'a dit un
spirituel écrivain : u la fortune, tant enviée de
ceux qui en sont privés, ne fait pas le bonheur de
ceux qui l'ont, parce que ceux qui l'ont ne s'en
servent pas assez pour faire le bonheur de ceux qui
ne l'ont pas » (2). Enfin, si la spéculation enricjiit
vite, elle ruine plus vite encore.
Vu l'état économique dans lequel se trouve
aujourd'hui la vallée du Gitîre, beaucoup de nos
concitoyens, sans doute, sont contraints d'émigrei .
Toutefois, depuis 1850, ce mouvement est exces-
sif. Quelques-uns abandonnent tout esprit de re-
tour, vont jusqu'à vendre leur patrimoine ; mais
viendront les regrets, et plus d'un peut-être redira
cette plainte toujours si vraie exprimée par ce
couplet de nous ne savons plus quel auteur :
(1) Journal officiel, 30 août 1882.
(2) Alexandre Dumas fils. Discours pour le prix Mon-
tliyon, 1877.
37
— « Vous m'avez dit : à Paris, jeune pâtre,
Viens, suis-nous, cède à tes nobles pencliants ;
Notre or, nos soins, l'étude et le théâtre
T'auront bientôt fait oublier les champs !
— Je suis venu ; mais voyez mon visage :
Sous tant do fleurs mon printemps s'est fané !
Ali ! rendez-moi, rendez-moi mon village
Et la chaumière où je suis né ! »
Les étrangers prendront les places vacantes.
Cependant à Taninge on tient encore bon avec la
forte réserve des vieilles familles, celles-ci répon-
dant à quarante-quatre noms patronymiques. Voici
ces noms : Amoudruz, Avril, Baud, Bel, Bon,
Bosonnet, Bouvet, Brun, Burtin, Coste, De-
costaz, Delintraz, Deront (jadis Derons), Des-
suet, Devant, Dorier, Dumont, Emonet, Favre,
Gay, Gerdil, Grange, Henriod, Humbert, Jac-
quier, Laurat, Lavanchy, Marcelly (autrefois de
Marciller), Michallat, Mogenier, Montant, Mu-
gnier, MuUatier, Passerat, Pel, Perrier, Pralon,
Pittet, aliàs Pictet, Naclion, Rouge, Roget, Roul-
let, Rubin, Vu y (1). Les personnes qui portent
ces noms forment les cinq sixièmes de la popula-
tion totale. Les Burtin et les Grange comptent
jusqu'à trente feux. Les registres anciens de la
paroisse renferment des noms d'hommes, noms
(1) Document II, où sont dénommés cent chefs de ménage
de la paroisse de Flérier, relevés par le duc Louis de certaines
déchéances encourues pour omission d'investitures. (Arch.
de Turin.)
88
aujourd'hui perdus, tels que : Biron, Boudard,
Bullier, Cathan, Deleschaux, Descombes, Dufour,
Dumulliu,Duperrier, Durier, Faure, Gentil, Gonet,
Guyat, Isambert, Lethant, Levet, Maclieret, Ro-
bert, Rophilie,Foncet, etc. A côté des anciennes
familles précitées et non éteintes, il en existe en-
core d'autres, de nos jours, familles plus ou moins
récentes et qui comptent jusqu'à soixante-quatre
noms. Elles sont, pour la plupart, venues des
communes des environs ; quelques-unes sont ori-
ginaires du Dauphiné ou de la Franche-Comté.
Parmi les derniers étrangers venus ici, il y en a
de la Suisse et du Piémont, une douzaine de mé-
nages en tout. Le sang indigène, nous l'espérons,
se défendra toujours.
D'autre part, quelques-uns de nos émigrés sont
déjà rapatriés, tout heureux. A leur imitation,
d'autres rentreront sans doute dans cette vallée
que la nature a parée de tant de charmes et qui
leur offre de nobles et doux souvenirs.
39
III
Mélan. — Aspect et monuments. — Signification du nom
et origines liistoriques. — Une \dlla princière. — La
Cliartreuse et Béatrix de Faucigny. — Donateurs illus-
tres et sépultures. — Le Collège et son Observatoire. —
Pourpris et paysage.
Mélan, au sud-est et à un demi -kilomètre de la
ville de Taninge ; agglomération de bâtiments aux
toits d'ardoises, isolés dans la plaine, entre le Giffre
et le Foron. Collège d'instruction secondaire, au-
trefois chartreuse et prieuré de Dames. Curiosités
principales : une chapelle gothique et des cloî-
tres.
Albanis Beaumont explique le nom de Mélan
par « les eaux traversant les terres de Mars. » Il y
eut là, ajoute cet écrivain, un village qui fut sub-
mergé parle Giffre au viii'' siècle (1). Mais l'éty-
mologie de ce nom n'est pas si compliquée : Mé-
lan signifie tout simplement, comme Milan, le
milieu du pays. « En effet, dit M. Ch. Toubin,
professeur au lycée d'Alger, au temps de la Gaule
indépendante, chaque tribu avait une localité où
(1) Description des Alpes, II, p. 131-139.
40
résidaient les druides et où se tenaient les assem-
blées annuelles des guerriers. Cette localité, située
au centre même du territoire, était appelée mêdio-
lan et meado/i, mots qui tous deux signifiaient
sanctuaire central et qui, en s'altérant, sont deve-
nus, au moyen âge, Moklon, Mêdion, Malaitij
Meylan, Montmélian , etc. De toutes les parties
du territoire, les personnages marquants s'y fai-
saient transporter après leur mort pour y être in-
humés » (1). Bref, temple, meus ou nécropole,
Mélan ne nous a transmis de ces temps reculés
que son vocable gaulois.
Les seigneurs de Faucigny firent de Mélan une
belle résidence à leur usage. Agnès, épouse du
comte Pierre de Savoie, dictait, à Mélan, son
testament à son clerc Jean de Collonges, en pré-
sence de son médecin Gilibert, de son chapelain
Veste vent et de huit autres personnes, prêtres sé-
culiers, moines, chevaliers (mai 1262). Ce docu-
ment, en langue romane, est clos en ces termes :
(( Fait au mandement de Chastelion, en la terre de
Fucignie, en la parroche de Fleirie, en un lue qui
est appelez Melans, dedans la chapelle. » (Saint-
Genis, Hist. de Savoie, III, p. 441-446.)
Agnès et le comte Pierre étant morts, Béatrix,
leur fille, gouverne le Faucigny. De son mariage
avec le daupliin Guignes VII, elle a trois enfants,
Anne, Catherine et Jean. Formée à l'école du
(1) Lettre au maire do Taiiinue, 8 mai 1880.
41
Petit-Charlemagne, son père, cette princesse ad-
ministrait ses Etats d'une main à la fois ferme et
libérale ; on l'appelait la Grande Daupldne. Jean,
son fils, qui devait lui succéder, était sa joie et
son orgueil ; mais, hélas, il trépassa à l'âge de
dix-huit ans, à Bonne ville. La pauvre mère, en
proie à une douleur qui ne peut se décrire, s'arra-
chait les cheveux, déchirait ses vêtements. Ses
femmes la contenaient à grande peine, et, pour la
consoler, lui présentent un jeune enfant issu du
mariage de sa fille Anne avec Humbert, sire de la
Tour (1).
Les grandes épreuves rapprochent de Dieu
l'àme humaine. La pensée de la fragilité des cho-
ses de ce monde n'aura pas été étrangère au pro-
jet que Béatrix méditait pour l'exécuter bientôt :
établir un couvent et y finir ses jours. Le Fauci-
gny avait déjà plusieurs monastères d'hommes ;
il n'avait encore aucun couvent de femmes. Or,
une institution de ce genre devait répondre aux
mœurs de l'époque. Il y avait plus décent ans que
saint Anthelme de Chignin, prieur de la Grande-
Chartreuse, sollicité par de saintes femmes qui
voulaient vivre en communauté sous la règle de
Saint-Bruno, avait chargé le bienheureux Jean
d'Espagne de leur rédiger des statuts. Telle fut
l'origine des chartreuses de dames dont la ferveur
s'est soutenue jusqu'à la fin de l'autre siècle (2).
(1) CiBRARio, Storia, II.
(2) Petits BoUandistes, Saint-Antliolmo.
42
En 1284, deux ans après la mort du dauphin
Jean, Béatrix se trouvait à Mélan le samedi après
Saint-Luc, et aussi le 4 novembre. L'année sui-
vante, le 3 juin, elle posait à Mélan les bases d'une
chartreuse de filles h établir dans sa propre villa.
Cette donation est antérieure de sept ans à la date
jusqu'ici admise par les historiens ; on en trouve
la preuve dans un inventaire manuscrit et inédit
des titres de ce couvent (1). Le pape Clément Vet
Gaston de Baugé, second mari de Béatrix, don-
nent leur approbation. Puis, le 12 avril 1292, elle
fait rédiger la grande charte de fondation (2). Ce
document énumère les biens donnés en 1285, sa-
voir les bâtiments de Mélan et leur pourpris jus-
qu'à l'Ile de Chessins, l'alpe de Roy, le pré de
Lyex, le tènement de Brédillon, etc. Il en ajoute
d'autres comme la pêche du Gifïre. Il y aura 40
religieuses et 7 religieux prêtres, dont deux, le
vicaire et le procureur, sont chargés de l'adminis-
tration. A la tête de la communauté est une
prieure. Catherine, sa fille, y prend le voile.
Cependant Béatrix n'oubliait pas ses devoirs de
souveraine. Elle donne au bourg du Château,
Burgum castri, le nom de Bonneville. Cette ville
qu'elle aimait est dotée par elle de franchises et
de li])ertés considérables pour l'époque (1289) (3).
(1) In-'I" cartonné, 56 feuillets utiles, sur papier ; analyse
(le .394 pièces, sacs de procès et liasses ; 1285-1788.
(2) Arcli. de la mairie de Rivière-Enverse .
(3) Charte pul)lièe par MM. Lnllin et Lefort, d'après une
copie trouvée par M. Eugène Bui'iiier.
43
Comme elle avançait en cage, elle met Hugues
Dauphin, son petit-fils, en possession de la terre
de Faucigny, se réservant pour elle les mande-
ments de Sallanches et de Chàtillon. Après quoi
elle se retire à Mëlan et meurt le 10 avril 1310. On
enterra Béatrix dans la chapelle de ce couvent où,
dit-on, reposait déjà son premier mari (1). Plus
tard, Humbert de Cholay, le célèbre ministre
des derniers barons de Faucigny, choisissait de
même sa sépulture h Mélan, dans une chapelle
qu'il fonda à cette fin en 1345. Ainsi Mélan eut
après Contamine-sur-Arve l'honneur d'être une
nécropole princière.
Les biens de Mélan, affranchis par le prince,
étaient allodiaux. La chartreuse exploitait ses
possessions par les mains de certains serviteurs
appelés Frères donnés, Sœurs données. Les
princes de Savoie prirent ce prieuré sous leur pro-
tection spéciale et Amédée YU y fondait une cha-
pelle en 1374 (2). La chartreuse se recrutait dans
les premières familles du pays, familles toujours
peuplées de nombreux enfants. Elle subsiste ainsi
paisiblement pendant cinq siècles. En 1793, ces
Dames sont expulsées, leurs biens sont confis-
qués. Les terres, autour du monastère, furent lo-
(1) A. Chiesa, op. cit. p. 9.5 : « Moi-ta hiUinto la veehia
Béatrice nel 1.310 e sepolta ne] la cliiesa dclle monaclie cer-
tosine in Mclan, eonie scrisse il Chenè. »
(2) Inventaire précité .
44
tisées en cent portions et vendues (1). Restait le
corps principal de l'édifice, avec les jardins, que
l'abbé Ducrey achète quelques années plus tard
pour y créer un collège qu'il dirige jusqu'en 1833.
Viennent ensuite les PP. de la Compagnie de
Jésus qui y demeurent quinze ans avec trois cents
élèves. Aujourd'hui, Mélan est un petit séminaire
diocésain sous la conduite des PP. de Saint-
François de Sales, prêtres savoisiens ; il y a cent
étudiants.
Les monuments les plus intéressants à voir sont,
avons-nous dit, l'église et les cloîtres. M. le cha-
noine Poucet les a fort bien décrits : « L'église,
dit-il, longue de 31'"40, large de 9"'95, et d'une
élévation égale, à une seide nef, frappe au pre-
mier coup d'œil. Elle est d'une ampleur qui sé-
duit et d'un calme qui convenait merveilleuse-
ment aux saintes filles qui devaient la fréquenter.
Dégradée avant la Révolution, sous prétexte de
peintures et de restaurations à l'italienne, elle
vient, grcàce à l'intelligente initiative du P. Mes-
selod, d'être rétablie dans ses anciennes formes.
Cl) Arcli. de la mairie, — Suivant une légende orale, la
chartreuse était gardée par de gros eliiens dont le souvenir
est resté dans un proverbe local. Niez- vous, par exemple, un
méfait qu'on vous impute? de suite on vous répliquera : N'y
est portant pas lou chin de Melon (ce ne sont pourtant pas
les cliicns de Mélan). » A Taninge on dit, en patois, Melon,
avec une tendance marquée à j)rononcer les suffixes an en
on.
45
Les arcs doubleaux et les nervures k cinq pans de
la voûte retombent sur des culs-de-lampe. Le
fond du chœur, carré, est éclairé par une grande
et magnifique fenêtre, à deux meneaux, dont la
baie centrale est plus élevée que les deux voisi-
nes, et qui vient d'être enrichie, comme celle-ci,
.d'un très beau vitrage à personnages. Tout cela
est contenu dans un vaste encadrement ogival,
décrit, à l'extérieur, par un évasement à double
retraite, surmonté d'une archivolte faisant goutte
pendante. L'intérieur de l'église est encore orné
de belles et nombreuses stalles et du riche parquet
en bois de diverses couleurs qui s'y trouvait du
temps des chartreuses. Cette belle construction,
faite en grandes assises de tuf, rappelle celle des
abbayes d'Aulps et d'Abondance, bien qu'un peu
postérieure. Les mêmes matériaux et les mêmes
formes architectoniques se trouvent encore à la
chapelle de Flérier, chœur conservé de l'ancienne
église de Taninge. Ces deux édifices sont bien du
xni® siècle.
« Chose remarquable, en examinant les ancien-
nes constructions du petit cloître ou bâtiment ex-
térieur qui servait de logement aux prêtres atta-
chés à la maison, on aperçoit, dans le bas des
murailles, de petites fenêtres romanes entièrement
bouchées. Ceci parait indiquer que, antérieure-
ment à la construction du grand couvent et de
l'église, il y avait déjà là, peut-être, un commen-
cement de communauté avec une chapelle. C'est là,
46
sans doute, ce qui aurait déterminé le choix de
l'emplacement actuel.
(( En rentrant au couvent, on trouve une cons-
truction élevée, deux siècles plus tard, qui sert de
vestibule à l'église : c'est le cloître. La longueur
des galeries est de 23 mètres d'un côté du préau,
et de 17"'60 sur le côté perpendiculaire, ce qui*
donne un carré long. La largeur est de 3"'85 sur
une hauteur de 3"'G3. Cette élévation peu considé-
rable, mais suffisante pour des religieuses, eu
égard à l'àpreté du climat, est justifiée, du reste,
par laposition des fenêtres du couvent qu'une plus
grande élévation aurait bouchées. Les voûtes de
ce cloître sont à nervures allongées, k cavet, et
reposent, ainsi que les arcs doubleaux, sur des
culs-de-lampe. Les galeries sont partagées, dans
leur longueur, par des arcades dont les trumeaux
sont en pierre de taille avec colonnettes prisma-
tiques aux tores espacés sur les angles. Une belle
porte d'entrée de même style avec trois colonnet-
tes de chaque côté, encadrant le linteau et la vous-
sure, et une quatrième, portant un pinacle, a été
construite simultanément pour l'église, l'utilité de
la galerie le demandait. En face, sur l'un des tru-
meaux, a été placé également un beau bénitier
élégamment taillé et faisant corps avec celui-ci.
Toute cette construction, dont les caractères ap-
partiennent évidemment à la dernière période
ogivale, est d'iyie date qui n'est pas douteuse du
reste ; on a eu soin de l'écrire sur une espèce de
47
cartouclie, à l'angle sud-est de cette galerie :
1530. )) (1).
Le bâtiment extérieur, aux fenêtres romanes
1)0ucliées, devait être, à l'origine, la chapelle de
la villa princière qui a précédé le couvent, clia-
pelle desservie par un aumônier ou chapelain. On
voit encore, â Mélan,la chapelle du Comte-Rouge,
avec les armes de Savoie sculptées au-dessus de
la porte d'entrée, plus une autre chapelle latérale
montrant l'épitaphe de l'abbé Ducrey. Celle-ci est
peut-être la chapelle sépulcrale qui, au témoi-
gnage de l'inventaire des titres de notre char-
treuse, aurait été fondée par le sire de Cholay.
Quoiqu'il en soit, les monuments funéraires, s'ils
ont jamais existé, relatifs à ces anciens et illustres
morts, sont perdus. On ne retrouve pas les tom-
bes de Béatrix, du Dauphin son époux, ni celle de
leur fils Jean.
A l'exception d'un second étage construit par
les jésuites, et de l'entrée principale du monas-
tère qu'ils ont changée en la reportant du levant
au couchant, Mélan est encore â peu près tel qu'on
le voyait avant 1793. Un observatoire météorolo-
gique et hydrométrique, créé et dirigé par
l'abbé Alexandre Montagneux, professeur de phy-
sique et médaillé du Ministère, est installé dans
(1) Etude sur les anciennes églises de la Sacoic, Mém.
de l'Académie Salcsieiine, tom. VII
48
les jardins ; il correspond avec Annecy et Pa-
ris (1).
Autour de la plaine fleurie se déroule une dou-
ble colline avec ses hameaux et ses prés-bois
d'une splendide verdure, le tout couronné par un
panorama onduleux de cimes, depuis le Môle jus-
qu'aux neiges du Buet. Il n'a pas son égal
le massif du Marcelly (2), vu de cette plaine, de
jour comme de nuit, per arnica silentia lunœ ; il
se dresse là, pareil à une tente gigantesque mon-
trant les ombres et les reliefs de ses plis, pompeux
décors sculptés dans la grande montagne. Annales
plus de six fois séculaires, traditions pieusement
conservées, lieu favorable à l'étude, air pur, pai-
sible athénée, séjour aimé, voilà Mélan.
(1) Il i'audrait tout un volume pour faire la monographie
complète de Mélan. Une plume élégante et autorisée saura
l'écrire.
(2) De marow mor, grand, et de celly^ cellier, bois.
49
IV
De Taninge à Cliâtillon . — Le pont d'Etaisières et le Ijois
des Dames. — Le Fayet : traversée du coL — Le rocher
du Cuar et ses ruines. — Chronique du château.
Aimon II et le Petit-Charlemagne. — Le Faucigny et
les Dauphins de France. — Autour du manoir : un sujet
de peinture, le gaz hydrogène carboné. — La Pointe
d'Avy.
Un joli ruban de route, bordé d'arbres plantés
de nos jours, partant de la ville, va droit au sud
et atteint, après avoir traversé la plaine dans sa
plus grande largeur, le pont d'Etaisières (1 kilo-
mètre et demi). Ce pont, un bel ouvrage, construit
par l'Etat en 1876, sous la direction de M. Xavier
Vidonno, entrepreneur de travaux publics, rem-
place un vieux pont à tablier étroit, en pierres de
cargnieule et à deux arches. Ce dernier succédait
à un pont primitif en bois porté sur des piles ou
étais de môme, circonstance qui explique le voca-
ble Etaisières et non les Tésières (1).
Au débouché du pont neuf on laisse à droite un
(1 ) M . Vidonne vient d'achever avec succès la route na-
tionale n° 202, de Taninge à la Dranse par les Gets.
50
joli motif de promenade, le Bois-des-Daines, ainsi
nommé en souvenir des religieuses de Mélan qui
possédaient la ferme de Brédillon ; on laisse â
gauche le Petit-Scunt-Bernard, auberge pittores-
que ; et, suivant les lacets d'un sentier coupant la
vieille route, le long des sapins du Bois au Sei-
gneur, on atteint un bouquet de hêtres, au Fayet.
Jolie vue sur Mélan, le bourg de Taninge et le
grand pic de Marcelly. Le Fi\jei,/agetum, en-
droit peuplé de fayards, rappelle le substantif ^ao
(hêtre) du vieux celtique, mot resté dans le patois.
Le Fayet marque l'entrée du passage, heureu-
sement peu élevé (700 met.), qui conduit dans la
vallée de l'Arve.Le sol, formé de sables et de gra-
viers d'alluvions, laisse voir des cailloux roulés
cristallins, gneiss, micaschistes, etc. La présence
de ces pierres prouve que les torrents glaciaires
de Chamonix ont une fois bavé sur le GifEre. On
traverse un plateau, jadis un étang, on prend à
gauche, entre la chapelle de Moiit-Proveni et
l'école, un chemin neuf; on aborde un village
rustique, et, par une courte rampe, que l'on vient
d'adoucir, on escalade la terrasse où se montre
l'église (765 mètres ; 45 minutes de Taninge).
Tout auprès se dressent des pans de murs bru-
nis par le temps, La façade orientale, haute de 40
pieds, tapissée de lierres, est percée de trois ou-
vertures superposées, 1)aies d'anciennes croisées,
celles-ci dépourvues de leurs pieds-droits et de
leurs linteaux. Ces ruines, allant du nord-est au
51
sud-ouest, forment un parallélogramme. Le corps
principal de l'édifice mesure 24 mètres sur 17
mètres de largeur, non compris l'épaisseur des
murailles qui est de l'"30. A l'ouest, les restes
d'une tour carrée à trois étages. Plus de charpente
ni de toit. Les cargnieules taillées des angles sont
enlevées. Au-delà de ces ruines vient un bouquet
de sapinettes suivi d'un promenoir gazonné domi-
nant de 300 mètres la plaine de l'Arve. Belle vue
sur la vallée de Cluses-Bonne ville et sur les monts
sévères où se cache la chartreuse du Reposoir. Ce
belvédère s'appelle le Cuar^ et l'endroit Chàtil-
lon.
Chàtillon, castra ni Castellwnis, a donné son
nom à une noble famille, dont trois membres sont
témoins de certaines donations faites aux char-
treux du Reposoir par les princes du Faucigny :
Alimard de Chàtillon, en 1185 ; Conon, en 1203,
et Girard, vice doininus de Castellone, en 1209 (1).
Au xnie siècle, le château aj^partient à Aimon II,
seigneur souverain du Faucigny ; il y réside.
Cluses est la capitale de la contrée. Ce prince
régna cinquante ans et porta haut le nom de
Faucigny : à lui remontent les premières franchi-
chises codifiées dont jouirent les petites villes du
pays. Agnès, sa fille et héritière, est mariée à un
prince de Savoie ; « Pierre, sixième fils du comte
Thomas qui fut, par sa vertu et prouesse, sur-
(1) Regeste genenevois. — Menabrca, O////. fèod.
52
nommé le Petit-Cliarlemagno )> (1). Les fiançail-
les sont célébrées à Cliàtillon (février 1234) (2).
Le fiancé a trente ans, il est déjà célèbre, il gran-
dira encore en renommée : maître du Chablais, du
Bas- Valais, du pays de Vaud, protecteur de
Berne, possesseur de l'anneau de Saint-Maurice,
signe d'investiture des Etats burgondes, conseiller
du roi d'Angleterre Henri III, son neveu, arbitre
entre ce prince et St-Louis roi de France^ son autre
neveu ; il allait devenir, en 1263, comte titulaire
de Savoie (3). L'époux d'Agnès prend soin des
forteresses du Faucignj^, répare le château de
Châtillon et meurt, comme sa femme, en 1263,
sans avoir eu le tein|)s d'accomplir le dessein de
restaurer au profit de la Maison de Savoie l'anti-
que royaume de Bourgogne. Le Petit-Chaiiema-
gne et son beau-père, Aimon 11, auraient, dit-on,
caressé ce projet en causant ensemble sur le ro-
cher de Cliàtillon.
Béatrix, leur fille, héritière du Faucigny, garda,
nous l'avons dit, le château de Châtillon jusqu'à
sa mort (4). Enfin, le dernier baron, Humbert Dau-
(1) Chronique de Sacoie, p. 162.
(2) Regeste genevois, p. 177.
(3) Wurstembergei^ Pt'/er Grafcon ^ftco/yc/^ Berne, 1856.
Regesto genevois, p. 23.5.
(4) 13 février 1280. — Vente par Jean, seig' cl'Albon, h
Béatrix, dame de Faucigny, de la juridiction qu'il avait
dans la vallée de Certons pour 130 livres. — Actum apud
Caslellionem in castro sibi in caméra juxtà salam ubi inter-
53
pliiii, inféode à Béatrix de Vienne, sa tante,
femme de Hugues de Chalons-Arlay, le mande-
ment de Cluses et Cliàtillon. Abattu par la perte
de sa femme, sans enfants, dégoûté du monde, ce
prince céda ses États à la couronne de France
(1349). C'est en souvenir de cette cession que les
fils aînés de la Maison de France ont porté le titre
de Dauphins. Ainsi le Faucigny obéit, pendant six
ans, au roi Jean dit le Bon^ jusqu'au traité de
Paris par lequel cette baronnie fut rétrocédée au
comte de Savoie Amédée VI (5 janvier 1355).
Mais le château de Chàtillon resta encore pen-
dant cinquante ans aux mains des héritiers de
Béatrix de Vienne, jusqu'à l'abandon que Jean de
Chalons-Arlay fit de tous ses droits au duc Amé-
dée VIII (13 janvier 1406) (1).
Dès lors notre château cesse d'être une demeure
princière ; il ne sera plus que la résidence des offi-
ciers, les châtelains placés à la tête du mande-
ment ou châtellenie, jusqu'à l'époque inconnue où
il tomba pour ne plus se relever (2). On dit qu'il
fuerunt viri dni Guillti^ de Prissiaco miles, Giletus Ala-
maiidi, Ihes de Revoreya, Jaequetus do Boegio, Ponetus
Cla^'elli et Amedeus de Nuereto. Et ego Radiilplius de
Vahe P.
(Arch. de Tm-in. Sect. I. Paq. 10).
Gérions ou Certous fut le nom que porta, au moyen âge ,
la partie supérieure delà vallée du Gilîre.
(1) Arch. de Turin, seet. III, n" 7, paquet 6 et n° 10.
(2) Voir, au Document V, les noms do plusieurs de ces
fonctionnaires.
54
lut Ijrùlë par les Bernois en 1589. Avec ses débris
on a bâti l'église actuelle. Auparavant l'église de-
vait se trouver au bas du rocher, au village de
Martelet (raarteret, mortuarium) , vocable qui
rappelle le souvenir d'un ancien cimetière. Ce ro-
cher, où se sont agitées les graves affaires de la
politique et de l'administration, est maintenant
désert. De l'orgueilleux manoir il ne reste que des
décombres cachés sous la mousse et les broussail-
les, linceuls de toutes les raines, comme pour rap-
peler au passant l'éclat fugitif des grandeurs hu-
maines.
Le rocher de Chàtillon, de calcaire brèche, est
coupé verticalement à l'est et jDlonge sur les mai-
tairies et les vergers ; ce roc couronné d'arbris-
seaux, cette église, ces ruines féodales, etc., le
tout ensemble présente un tableau qui mérite l'at-
tention des artistes. A côté de ce paysage, le sol
montre une merveille d'un autre genre : il s'agit
d'une émanation de gaz hydrogène carboné, llam-
bant à l'allumette. On peut voir ce fluide chez uu
villageois, Victor Grangerat, ([ui, par un trou
pratiqué dans le ])ois du planclier, en éclaire sa
chambre du poêle. Ce gaz, dit M. Alphonse Fa-
vre, rappelle, sur une petite échelle, ce qu'on l'a-
conte des flammes qui sortent de terre aux envi-
rons du Caucase et au mont Olympe, i)hénomène
observé par Pline (1). Ces sources d'hydrogène
(1) Rcr/icrclics f/(''<i/()f/if/ii('.<, II, §404.
55
carboné, rares dans les anciens Etats sardes, car
on n'en avait trouvé que dans l'Ile de Sardaigne,
ont été signalées sur plusieurs points, en Italie,
surtout au pied des Apennins. Il y a de ces gaz qui
brûlent depuis les temps les plus anciens, comme
au mont Chimère, dans l'Asie-Mineure. Les lieux
de l'Asie où se dégagent ainsi des matières inflam-
mables ou enflammées ont été en grande vénéra-
tion parmi les adorateurs du feu, comme chez les
Guébres. Généralement, disent les livres, on uti-
lise ces feux naturels pour la cuisson de la chaux,
des briques, des poteries. Dans quelques contrées
le peuple les emploie pour faire cuire ses aliments,
et souvent il provoque le dégagement du gaz,c[u'il
enflamme ensuite par des trous plus ou moins
profonds (1). Ce gaz, qui se manifeste plus prés
du Gifire, au hameau de Prèle, ne serait peut-être
autre chose que le gaz détonnant des houillères,
le grisou, et proviendrait du terrain houiller de
Taninge.
De Chàtillon on peut, en passant par les crêtes
de Vellard et par l' ermitage-oratoire du bienheu-
reux Innocent (2), un anachorète, gravir la pointe
d'Orsaix (2 heures). D'autre part, une promenade
agréable^ c'est à la croix d'Agy ou de la Repo-
sière (1 heures 1/2). Il faut monter à Balmotte
(862 mètres). Au-delà de ce hameau on laisse à
(1) Beudant, M'uièralocjlc, ^ITÎ).
(2) L'existence de cet ermite est attestée par Augustin
Chicsa : « Castiglione, patria del B. Innocenzo anacoreta il
cui corpo in quella chiesa riiwsa. » Op. cit. II, 90.
56
droite la crête de Guidon, on suit cà travers
champs un chemin facile et, après avoir fait un
coude près d'un oratoire, on grimpe aux Hauts-
C heseaux (i ,0d4: mètres). Berceau de la famille
Puthon, jadis Pucton : en 1489 vivait Martin
Pucton de altis casalibus (1). Ce nom gaulois,
Vncion, àe puch, puy (haut), et de ton, ioun
(village), traduirait à la lettre le vocable mo-
derne Hauts-Cheseaux. Ce hameau dépassé, on
laisse à droite la route de Saint-Sigismond pour
prendre, sur le dos de la colline, un sentier bordé
de trembles, d'aubépines et de sorbiers. C'est
ainsi que, au chant des pâtres et des bruants, on
arrive à l'orée d'un bois noir, et au pied d'un ma-
melon constellé d'orchis lilas, de genêts d'or et
de campanules bleues. Quelques minutes encore
et vous atteignez le sommet planté d'une croix
monumentale bardée de fer-blanc (1,311 mètres).
Vue sur le bassin de l'Arve et sur le val de Gilïre,
et panorama circulaire de montagnes que com-
mande le roi des monts, à la tète neigeuse, d'une
blancheur immaculée.
Agy ou Avy (de aciiSj aiguille) est le point
terminal à l'est, comme Orsaix â l'ouest, du V
très ouvert entre les branches duquel passe le col
de Chàtillon ; c'est pour notre vallée un petit
Rigi qui aura un jour son chalet-restaurant, pie-
mière halte d'une excursion au lac de Flaine et à
Pointe-Pelouse.
(1) Ai'cli. de la maiviedc Cliâlillon; vol. do Roeonnaissances
poiu- l'église déco lieu.
57
V
De la ville au rocher cVAntart. — Faubourg et banlieue. ~
Souvenirs du xiii" siècle. — Flérier : étymologie du
nom. — L'ancienne église et sa légende. — Chronique
féodale. — Vieilles familles. — Un tumulus l)urgonde.
— L'cboulement du Perray . La Aoie gallo-romaine .
— Vallon des Suets et ses alentours .
Au sortir de la bourgade par le pont neuf, la
route sillonne la plaine entre le domaine de Ma-
negaet et le Clos-Devant qui attend sa villa.
Vient ensuite Bregil-la-Tour , un faubourg animé
par le tic-tac des superbes moulins à turbine, dits
du Commerce^ dont il a été déjà parlé.
Ici, vous quittez la route pour prendre à gau-
che un chemin sinueux (l'ancienne grande route),
qui passe entre deux fermes. Ces fonds de terre.
Contamine et Vevs-les-Chênes, rappellent un don
que fit Agnès de Faucigny aux l)énédictins de
Contamine-sur-Arve, en ces termes : « Encor
doin et outroi à la maison de Contamine l'arber-
gement dou Prel ensemble toz ses appendimenz,
salve l'autrui raison, liquez arbergement assis
entre la ville de Floirie et la ville <jui est appelée
58
li Clicnaz » (1). Li Chena< veut dire les Chciics ;
il y avait donc là, à une époque, des habitations ;
le mot villa indiquant, dans le parler du moyen
âge, un hameau, un village. A cet endroit il y
avait encore, au commencement de notre siècle,
des chênes séculaires. Le dernier de ces beaux
arbres, le chêne de Melly, abattu il y a quelques
années, mesurait plus de cinq mètres de tour.
Voici, maintenant, à un kilomètre de la ville
de Taninge, FlérieVj gros village avec une cha-
pelle. La chapelle, abrégé de la vieille église pa-
roissiale, conserve le chevet de celle-ci avec des
fenêtres trilobées, en tufs calcaires, dans le style
gothique lancéolé. Au bas du maitre-autel sont
couchées deux pierres tombales en mémoire,
l'une de Jean Roget fils de Pierre (1620), l'autre,
d'un curé de la paroisse, noble Benoit fils de Ma-
rin Delaunoy (1G7G). A l'cntour est le cimetière,
supprimé en août 1825, et qui, jadis, se prolon-
geait, en aval de la route, dans les vergers où l'on
a trouvé des cercueils en pierre de cheliou, sorte
de calcaire ardoisier qui se débite bien on dalles.
Flérier, Florie, Floiric, Fleyrier, en patois
Fleyri, en latin Flcyriacmn : vu son antiquité, le
vocable mérite une certaine attention. La vieille
finale ac, rendue en roman, puis en français, par
ie, ier,y, ay, ey, etc.^ a souvent, dans les substan-
tifs communs, le sens de collectivité tiré des objets
(1) Saint-Genis, H if^ foire de Sa raie, loc. cit.
59
de la nature, plantes, pierre, eau, etc., et, pour
les noms propres d'hommes, le sens d'apparte-
nance, de domaine, de famille. En effet, les Gau-
lois employaient les suffixes ac, ec ; les Romains,
acus, acum, pour adjectiver des noms d'hommes
et en faire des noms de propriétés. Si donc on
applique ces données au nom qui nous occupe,
Flérier viendrait deJloSj la flein\ et voudrait dire
un lieu abondant en fleurs, le Fleuri, ou bien,
et plus vraisemblablement, de F/orus, un pro-
priétaire gallo-romain (1). En souvenir de cet
indigène on aura appelé sa vilhi d'abord Floriac
ou Floiriac, ensuite, après l'invasion burgonde,
Fleyry, par suite de la propension qu'a le pa-
tois local de changer la diphtliongue oi en ey et
Vier en y.
Quoiqu'il en soit, le village de Flérier devint le
chef-lieu de hi paroisse. Suivant une tradition
rappelée dans une requête du conseil de Taninge
(1) A l'Académie des inscriptions et belles-lettres, M.
d'Arbois de JubaiiiAdlle coiiamuniquait une note sur le ftiii-
dus (domaine) et la cilla (constructions servant à l'habita-
tion du cultivateur et du propriétaire) : « Les noms de lieux
de la Gaule, dit-il, ayant la terminaison iacus, dérivent, on
général^ de gentilices (noms de famille) romains ou gallo-
romains. Ils ont été formés à l'aide du suffixe celtique a-cos.
Ce sont des noms de fandi, comme l'établit la comjiaraison
avec la « Table alimentaire » de Veleia, où l'on trouve no-
tamment un << fil ad as Qiiintiacus. » Joui'ual ojjlcid,!
juillet 188G. (Voir Houzé, Signification des noms de lieux
en France, p. 73.)
GO
au préfet du Léman, M. de B< usante, requête si-
gnée par le maire, M. Jean-François Orsat, en
1804 : « L'église était anciennement au bourg ;
« des ravins, soit éboulements, l'avant détruite
« avec la majeure partie du bourg, on fut forcé de
(( profiter de l'église de Fleyrier qui appartenait
« à des moines » (1). Telle est la légende ; une
variante de cette tradition ajoute que la première
église s'élevait dans la côte de Nale, à l'ouest do
notre ville. A part cette légende on ne trouve
rien pour éclairer les origines de cette église. Les
chartes en font j)our la première fois mention sous
l'épiscopat d'Aimon de Grandson, évéque de Ge-
nève, en 1227. Les premiers curés connus sont
Antlielme, en 1250, et Pierre de Bonne, en 1301.
La paroisse reçut des visites pastorales en 1411,
1471, 1481, 1517. etc.; visites dont les procès-ver-
baux se voient aux archives de Genève. Le pre-
mier do ces titres donne à la paroisse 160 feux, le
second, 200 feux. Flérier, situé dans la partie oc-
cidentale du territoire, n'était pas un chef-lieu
convenable, surtout lorsque la paroisse com-
prenait encore la rive gauche du Giffre. Aussi, en
1825, on transféra l'église â la ville où, pendant la
durée des travaux, on fit le service divin dans la
chapelle de Sainte-Anne.Nous parlerons, dans une
notice spéciale, de l'histoire ecclésiastique do la
paroisse de Flérier.
(1) Ai'ch. do l;i mairie.
61
Au xv" siècle, le territoire de Flérier se parta-
geait entre deux fiefs principaux, le fief de Nex
et le fief du Saix (1), du nom de leurs anciens maî-
tres. Le premier de ces fiefs, après noble Antoine
de Nex, est passé successivement à divers proprié-
taires : aux nobles Mercier, à Jean Avril, docteur
ès-lois, au notaire Humbert Montain, etc., pour
tomber ensuite entre les mains des sires de Clii-
gnin. Ceux-ci, outre leur maison de la ville,
avaient, à Flérier, un manoir, aujourd'hui maison
Pol. Leur héritière, la dame de Berbey, Marie de
Marigny, comtesse d'Aviernoz, vendait, en 1737,
actes Joseph Biord, notaire, divers biens et terres
situés à Flérier, entre autres huit journaux à M*"
Joseph Pralon, avec le droit à la chapelle de Sainte-
Catherine, en l'église paroissiale.
Entre les familles, aujourd'hui disparues, qui
demeuraient à Flérier, citons les Platel, les Cour-
tois, les Garin, le notaire Pierre Jay, « aberga-
taire des protocoles de M° François Jay, son père, »
etc. Au nombre des familles anciennes non étein-
tes, il y a les Montant, MontempSj Montain^ qui
eurent deux notaires au siècle dernier ; les Bur-
tin qui donnèrent, en 1597, un curé à la paroisse,
R'i Humbert Burtin ; les Laurat, un curé à la
même paroisse et un notaire, Claude Laurat, en
(1) Inventaire h nob. Jean de Saxo et à ladame de Mus-
siaco, sa mère, pour ses cliâteaux, fiefs et arrièrc-flef s .
(Arch. de Turin. Scct. I).
62
1G32, tige do toLites les biaiiclies actuelles des
Laurut; les Pel, dont un ancêtre, Jacques Pel,
était déjà affranchi, en 1574, par le prince Jac-
ques de Savoie, suivant l'original sur parchemin
en nos archives. Les Pralon eurent, dans le siècle
dernier, un médecin, deux notaires et un avocat.
Le village de Flérier, gardien de tant de souve-
nirs, a l'aspect d'une rusticjue aisance : bon climat,
beau vallon et doux nom qui résume â lui seul la
vieille patrie locale.
Au-delà de Flérier on rejoint, en face de la fro-
magerie, la grande route. Tout auprès se mon-
trent deux monticules herbeux que relie une cour-
bure en forme de selle de cheval. Derrière ces
frères jumeaux se cache, au pied des chênes, une
combette mignonne, dite les Cochenées om Coiiibe-
Clicnaie. Le mamelon occidental, défriché en
1829, puis fouillé archéologiquement en 1880, a
donné une dizaine de tombes en dalles de cette
pierre schisteuse vulgairement nommée c/ie/?o«(l).
Dans l'une de ces tombes gisait une belle tête
entière, dont un côté, où se voyaient quelques
cheveux, était fracassé : un caillou ovale, de la
grosseur d'une pierre de fronde, était tout proche
(1) MM. le docteur Antlionioz, Louis-Antoine Orsat, no-
taire, et Eugène-Franç'ois Mornal, greffier, nous ont aidé
dans ces recherches. En 1820, on avait trouvé trente tom-
bes dont une en dalles de grès plus grande que les autres.
(Récit de M. le docteur Antlionioz qui a vu défricher l'en-
droit.)
63
de ce cràiie. Dans les autres tombes, dont Tune
était maçonnée avec des briques ou fragments de
tuiles, on a trouvé divers ossements humains
avec quelques têtes bien conservées, un morceau
de poterie, deux plaques en métal où se voit une
croix. Ces objets, mis sous les yeux de M. Louis
Revon, nous ont valu les solutions que voici :
« Votre fragment'de pierre verte appartient à des
vases fabriqués avec une serpentine tendre appe-
lée yj/e/ve ollatre, parce qu'on en faisait et qu'on
en fait encore, dans les Grisons, des ustensiles et
des fourneaux travaillés au tour. Ces vases se ren-
contrent à la fin de l'époque romaine, mais sur-
tout pendant toute la période burgonde. Le mor-
ceau de tuile rouge est une tegula romaine, tuile
à rebords qui alternait avec les tuiles rondes, les
imbrices. On en rencontre souvent dans les tombes
des Burgondes, ceux-ci utilisant les matériaux
fabriqués par leurs prédécesseurs. Les ronds sont
tracés avec le doigt par le potier comme marque
de fabrique. Les agrafes de baudrier sont en fer
avec un placage en cuivre et un alliage blanc. Il y
a l'empreinte d'une étoffe que la rouille a conser-
vée. Les tombes que vous trouvez sont évidem-
ment burgondes (V-x'' siècles) (l).» Ces têtes et ces
agrafes sont au musée d'Annecy.
Dans le voisinage, un joli hameau nommé Pom-
pagny ; en amont, rocher de quartzite qui doit
(1) Lettre du 7 janvier 1881.
64
recouvrir le terrain liouiller. \^ieiit ensuite le
Perray, grande accumulation de blocs où croît
un bois de fayards. Cette traînée de pierres s'é-
tend du pied de la montagne jusqu'au Giiïre. La
plaine en montre du volume d'un grenier ; on en
détruit beaucoup de notre temps. Ces blocs, tous,
sont de cette brèche qui compose le massif du
Marcelly : ils proviennent non pas d'une moraine
glaciaire, mais d'un éboulement. Des hommes ont-
ils été témoins de ce drame de la nature ? Nul ne
le sait (1). Il ne faut pas confondre cette chute de
rochers avec F éboulement dont il est parlé plus
haut ; l'un est à quinze cents mètres de l'autre.
Tout porte à croire que l'événement est fort an-
cien ; aucun titre n'en fait mention et la tradition
est muette. Si d'en bas on lève les yeux vers le
haut de la montagne, on remarque une coupe
verticale sillonnant, à angle rentrant, une partie
de la surface ainsi que de larges déchirures des
couches ; c'est l'endroit d'où serait partie l'ava-
lanche de pierres. Au bas de cette paroi vient
une pelouse verte, jadis boisée ; on y faisait du
charbon au xvn'' siècle. Un jour que la peste sé-
vissait à Flérier, les habitants étaient allés se ré-
fugier dans cette lanche (2).
(1) A Flérier on croit que l'cboulcment est contemporain
de saint François de Sales. C'est une erreur : on coni'ond
avec le» chutes de rochers survenues à Sixt en 1600 et en
1G02.
(2) Archives du presbytère, 1655.
65
Le hameau des Montant campe sur ces abîmes.
D'ici, on prend le vieux chemin circulant au pied
d'une crête d'abord boisée, ensuite rocheuse, aux
redans de laquelle s'accrochent des ifs éplorés et
un beau lis, le lilium croceiim (chaix), de couleur
jaune, très rare en France, et qui parait avoir été
acclimaté dans nos jardins. Au point de départ du
tronçon de la route, rectifiée depuis peu, un ou-
vrier a trouvé, à deux mètres de profondeur, une
médaille bronze de Julia Aqidlia Severa, femme
de l'empereur Elogabale. ^^ue pittoresque sur la
gorge d'Antart et ses alentours. Ce tronçon neuf
vous conduit au village des Suets (45 minutes de
Taninge).
Suet, Soet ou, avec le son doux du C, Çoet,
tire son nom antique des bois au milieu desquels
ce village est construit. Un ruisselet court parmi
des roches éboulées. On aperçoit le Mont-Blanc.
Ce territoire formait une fois un fief, dont le seul
titulaire connu fut noble François de Chignin,
coseigneur des Suets. Le village a donné son nom
auxDessuet, fort ancienne famille du pays.
Au-delà des maisons s'étend, entre le versant
septentrional du mont Antart et le pied du Mar-
celly, un très joli vallon que traversait, au moyen
âge, la route de Taninge à Genève (1). Voici, k
(1) Le nom Antart a son jjetit ah- gaulois, mais n'abu-
sons pas de l'étymologie. On trouve passiin dans les char-
tes, « Entert. »
GG
gauclie,Ui prairie fraîche et rapide clés Pra-pencu :
on y voit un bloc erratique, de calcaire noir, me-
surant 4 mètres de hauteur sur 5 de largeur et 7
mètres de longueur. Un peu plus loin, rencontre
d'une source, mère du ruisselet : cette eau, la
Fontaine d'Antart des chartes, était la limite
juridictionnelle entre la Salteria de Flérier et la
Salteria de Mieussy. On passe au bas d'une
grande lanche boisée, surface unie comme on n'en
voit nulle part, et, prenant un sentier bordant la
paroi nord - occidentale, on gravit le sommet
(915 mètres). Vue sur le bassin de Mieussy et sur
le bassin central de Taninge-Samoëns. Les chê-
nes, de l'espèce rouvre, qui croissent autour de ce
rocher, ont abrité, une fois, la bète qui aime les
glands : son nom est resté au mas dit le Beis au
Sanglier, comme le nom de l'ours à son voisin,
le mont Orsaix (ursi saxum).
Revenons sur nos pas. Après avoir tourné l'an-
gle nord-est d'Antart, où se voit un calcaire à
pierre de taille, on atteint, sur la droite, un pan
vertical du rocher, surface polie comme une stèle,
où sont gravés ces deux vers :
« Aimez Dieu de tout votre cœur ;
Lui seul donne le vrai bonlicur.
— par François Final. 1831. »
Le signataire de l'inscription rupestre a tenu,
dans la maison voisine, une école privée dont on
se souvient encore au pays. Sur Châiel, nom de
G7
cet écart, est une oasis de verdure attachée au
flanc oriental de ce rocher. Enfin, à l'angle sud-
est et près du défilé d'Antart, se montre, au
Rocher-Rosset, un banc de marbre rouge brun,
non encore exploité. Une plaquette, donnée au
musée d'Annecy par le maire de Taninge, M.
Jean-Claude Humbert, a été très remarquée. Le
conservateur, M. Louis Revon, nous écrivit ceci :
« Votre marbre est magnifique, les teintes en sont
variées, agréablement mêlées et vives, sans être
trop criardes. C'est supérieur à tout ce que j'ai pu
comparer dans notre nombreuse série de brèches
savoisiennes (1), » En 1820, Flérier et les Suets
avaient 328 habitants.
(1) Lettre du 18 janvier 1882.
68
VI.
De Taninge à Verchey. — Panorama de la vallée. — Les
Six-Villages. — Villas modernes et vieux manoirs. —
Familles et souvenirs. — La voie antique et les méfaits
du Gift're. — Visite aux ruines d'un eliàteau. — Avo-
nay : le commandant d'Avonay et le général Perrier. —
La montagne de Loy. — Roches cristallines.
Au sortir de la ville, par la porte orientale, le
voyageur a sous les yeux une plaine longue et
étroite courant entre deux versants mi-boisés.
Derrière un rideau de vernes, coule sournoisement
le Gifïre. Dans le fond, se dresse fièrement une
chaîne de rochers lamés de névés, avec ses hautes
cimes : Criou, l'Avoudru, le Buet, les Aiguilles
rouges et une pointe chamoniarde, l'Aiguille-
Verte. Dans un plan inférieur, la robe verte et
fraîche des alpages. En avant, vous aurez, s'égre-
nant le long de la route, une série de hameaux et
de villettes qui vous présenteront leurs habitants,
anciens et nouveaux. Une brève esquisse en
passant, cher lecteur !
Voici d'abord une grosse ferme, avec maison de
maître, appelée, de son nom antique, vers les
Hôtes. Assise devant un tableau unique en son
69
genre : au premier plan, la chartreuse de Mélan,
campée dans sa plaine fertile ; au second plan, les
prés-bois de la rive gauche, avec Avy, la gentille
montagnette. Celle-ci, verte en été de la base au
sommet, se pare, en automne, d'une tunique déli-
catement nuancée. Les pentes en sont douces, la
cime est arrondie; bref, un vrai ballon des Vosges
en plein Faucigny. A la villa des Hôtes vécurent,
à. la fin de l'autre siècle, le médecin Jean Andrier
et sa femme, noble Françoise- Josephte Lejeune,
de Samoëns (1). Ils eurent : 1° Claude-François
Andrier, notaire et châtelain à Taninge, marié à
Jeanne-Pauline Anthonioz, dont est né Jean-Bap-
tiste Louis, notaire à Taninge ; 2° Jean-Baptiste,
percepteur, marié à Marie-Thérèse Folliet, dont
sont nés Joseph, curé de Lugrin ; François, méde-
cin à Evian, marié à Annette Jordan, qui ont
Thérésa, femme de l'avocat Grivaz, et Edouard,
notaire â Evian, marié à Eugénie Grobel.
Vient ensuite, dans un riche territoire, la ferme
des BuchiUes^ avec une vieille porte en pierre
(1) Au nombre des médecins, chirurgiens, docteurs en
médecine qui ont exercé à Taninge, il y eut : Gervais
Duniullin, 1684 ; François Pralon, 1693 ; Etienne Perret,
1698 ; Jean-Claude Perret, 1704 ; Jean-Jacques Riclaard,
1706 ; Claude-François Richard, 1724 ; François Bel, 1742 ;
Jean-Baptiste Boëjat, 1760 ; Pierre Perrier, 1757 ; François
Perrier, 1792 ; Dominique Lavancliy, François Boi'jat,
1793; François-Martin, 1814-1860; Alfred-Jacquier, 1870-
1876. Aujourd'hui, il y a les docteurs François Anthonioz et
Berthet Ah^honse. Jadis on les nomm^xi pi lysicicns.
70
taillée, cintrée, ouvrant sur la route. Ici fut une
fois la résidence des nobles de MandoUe ou Man-
dollaz, seigneurs des Boddllies, avec une maison-
forte. Le souvenir oral de cette seigneurie et de
ses maîtres est perdu. La mention qu'en font les
manuscrits remonte au xv" siècle. On trouve un
Amédée de Mandolle et sa femme, Nicolarde de
Marigny, en 1414 ; Jacques, vice-bailli du Fauci-
gny, en 1475. Annable, fille de Philibert de Man-
dolle et de Pernette de Chignin, épousa spectable
Claude-Nicolas Arpaud, ce juge-mage du Genevois
qui ouvrit le testament de saint François de
Sales (1). Le dernier seigneur des Bucliilles fut
noble Jean-Gaspard de Mandolle, mort en 1659.
Cette famille est au nombre des fondateurs des
franchises de notre bourg et lui a donné des syn-
dics et des conseillers. En 1716, un comte d'A-
viernoz possédait le fief de Mandolle, fief qui
comprenait un martinet aux Vuavres, l'ociége de
Routine et quatre-vingts poses de terre.
Près des Buchilles, entre la plaine et le coteau,
se montre un petit hameau, Gelinge, GUI in g iu m,
où vivait, en 1297, un Rodolphe de GiUinge. Sur
une console de cheminée de la maison Garin sont
gravées les armes des Mandolle : « d'or à la l^ande
(1) En 1G.30, ces doux époux fondent et dotent une cha-
pelle à Annccy-lc-Vi(!ux, près de Bj'ogny, où ils sont en-
terrés. On a trouvé leur pierre tombale avec une inscrii")tion.
(Reçue sacoisie/mc, 1800, p. 81.)
71
d'azur, accompagnée de trois cotices de sable » (1).
En 1820, Gelinge avait 27 habitants. Des Buchil-
les on arrive à Chessins, patrie de Fabbë Eugène
Ducrettet, de l'ordre des pères Maristes, mission-
naire dans les îles de l'Océan Pacifique. Un Amé
de Chissins est mentionné dans le testament
d'Agnès de Faucigny, comme père nourricier d'un
certain Aimon. Au-delà de Chessins, la route tra-
verse, à la Minière, un ancien marais que tom"-
nait, en amont, la vieille route, au lieu dit Haute-
Rive.
A vingt minutes du bourg on atteint la Palud,
village qui tire son nom latin palus d'un ancien
marais ; peuplé, en 1830, de 67 âmes. A gauche
se voit une grosse villa, créée par M. Audéoud,
qui essaya d'y acclimater la race ovine des méri-
nos. Familles éteintes : Lhoste, Delavilla, Ros,
etc. Un Rodolph Puthod, de Vuipens (canton de
Fribouro-), est venu «'v fixer dans l'autre siècle.
Résidence du notaire Jean Guicquet, en 1607, et
(1) Les noms de lieux de la SaA^oie septentrionale termi-
nés par ifige sont vraisemblablement formés avec le suffixe
germanique iiig ou oig. Ce suffixe est un patronymique et
s'atiaelie à des noms d'homme : il désigne l'ensemble d'une
famille et, de là, son centre d'habitation. Il en serait de
même de Neydens, Franclens, Usinens, Vulbens, etc., et
des noms de la vallée du Gifîre, Chessins, Samocns, Secocn,
etc. Tous ces noms désigneraient des localités formées à l'é-
poque burgonde. (Voir notre notice sur les noms de lieux
en ingc. — Rcmic savoisiennc^ 1881, j). 20.)
72
du notaire Pierre Perrier, époux cl' Anne-Cathe-
rine Dunoyer, dont la fille, Françoise, est la mère
du cardinal Gerdil. Ce domaine appartient au-
jourd'hui â M. Moget François. Ce village rap-
pelle, par deux exemples d'infortune, le danger
qu'il y a, pour le campagnard, de vouloir mener
de front deux choses à la fois, l'agriculture et le
négoce, alors surtout c|u'il peut déjà vivre du tra-
vail de ses terres.
En amont de la Palud et près d'un territoire dit
à la Vigne, il y a un joli hameau qui donna son
nom de Veniaix ou Vernex k une antique fa-
mille. En 1C60, le hameau avait pour habitants,
Aimé Rubin, Laurent Henriod, Jean IMichallat,
Aimé Devant et ses neveux. Aujourd'hui^ les no-
tables de l'endroit sont MM. Nicolas Sermonet et
Joseph Devant.
A 30 minutes c'est Plonnay, au bas d'une
combctte d'où une cascatclle se précipite sur la
roue d'un moulin. Jolie habitation de M. P. Saul-
nier, descendant de Jean - Claude Saulnier, de
Bonne, et de Marie Gandin, dont le fils Henri
épouse, le 9 décembre 1772, Françoise Vuy.
Source minérale cachée par la végétation dans le
verger de M. Joseph Nicodex. Patrie des quatre
frères Grange, arrivés par leur travail à une hon-
nête aisance. L'un d'eux demeure encore ;\ Pay-
sandu (Amérique du Sud). Berceau de la famille
Vuy, alias Gaillard.
Voici Verdevant ou VerdeveuH ; au pied d'un
73
roc sourcilleux le Guillainiow VuiUamy ; sur les
bords d'un torrent peu aimable (146 habitants en
1820). Maison d'école avec un campanile ; capitale
des Six- Villages (les autres sont la Palud, Plon-
nay, les deux Juteninge et Etry). Patrie du capi-
taine Chométy, du IQ"- de ligne, à Nantes. An-
ciennes sont les familles Henriod, Michallat, Mu-
gnier (1).
Un marchand de ce village, Joseph Puthon,
émigravers 1727, en Lorraine ; il s'établit à Re-
miremont, devint échevin de cette ville et y fit
souche de bourgeois. Son fils et son petit-fils sont
avocats au Parlement. La famille se partage en-
suite en deux branches anoblies, l'une de robe et
l'autre d'épée. Celle-ci a donné plusieurs officiers
distingués, entre autres le colonel Marc- Antoine
Puton, baron d'Empire, aide de camp de cet autre
Savoyard, l'héroïque général Humbert immorta-
lisé par le poète Ponsard dans la légende du Lion
amoureux (2). La branche militaire est aujour-
d'hui représentée par le baron Victor Puton, ca-
pitaine du génie. L'autre branche est représentée
par Auguste, docteur en médecine à Remiremont,
(1) Ainionct de Verdeveiis était notaire en 1383. Nicolas
Gay, notaire, y demeura en 158G.
(2) Notice sur les Puthon (nom qui a perdu l'A en Lor-
raine), par Albert Albrier, dans le tome XV des Mémoires
de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie. — Ce
général Humbert serait originaire de Bcllentre, en 1 arentaiso
(Savoie).
74
et par M. François Alfred Piilon, inspecteur gé-
néral des forêts, directeur de l'Ecole forestière à
Nancy, officier de la Légion d'honneur. Notre sa-
vant professeur, docteur en droit, a publié plu-
sieurs ouvrages ; citons entre autres, la Louveterie
et un Manuel du code forestier devenu classicjue
en France. Il aime la Savoie et, depuis vingt ans,
il se plait à nous le redire clans des lettres char-
mantes (1). Son fils, Bernard, est avocat à la Cour
d'appel de Nancy.
Au-delà de Verdevens on traverse des filets
d'eau sulfureuse et ferrugineuse et l'on atteint,
près de la villa de M. Pierre-Joseph Gerdil, un
antique village, Juteninge, Jusiigningiuin et, dans
le patois oral, Chegninge. Sous cette dernière
forme le nom signifierait un lieu abondant en
chênes, ki chênaie, étymoiogie que confirme la
flore locale. Le village est partagé en deux grou-
pes, le Grand- Juteninge et le Petit-Juteninge.
Le premier a sa chapelle dédiée à la Vierge-
Marie et à saint Théodule, et un vieux tilleul.
Résidence d'une vieille famille de ce nom : noble
Vincent de Jutigninge et son fils Hi]^polyte, en
1517 ; Nicoud, fils de noble Jean de Jutigninge,
(1) Eli 1872, comme il clierehait le berceau de sa famille,
M. François-Alfred Puton (init par découvrir, à l'aide des
titres conservés chez des cousins, Ignace et Jean Puthon de
Vci'devons, son ])ays d'origine à Taninge (ancienne jmroisse
de Fléricr), et plus anciennement à Saint-Sigismond, i)rès
Taninge.
75
1559, mari cl' Aima de Marigny, mort sans enfants.
Une branche de ces gentilshommes, alliée aux
Galiffe,de Genève, demeurait dans cette ville d'où
elle fut expulsée avec les autres grandes familles
savoyardes attachées au parti ducal. Plus tard,
vint â Juteninge noble Louis-Auguste INIarin, un
petit-fils de Claude Marin, l'ami de saint François
de Sales, à Thonon ; ce Louis-Auguste était marié
à demoiselle Marie Duboin, de Samoëns (1). La
maison Gerdil ,près du tilleul , montre , dans son f enil ,
un vieux salon avec des lambeaux de peinture à la
fresque. Alentour est le lieu dit la Vieille-Tour.
Ces villages eurent, au xvn'' siècle, les notaires
Mathieu Vuillet et Pierre Amoudru. Ancienne et
nombreuse est la famille Nachon ; remarquable,
la famille Coppel. M. Joseph, fils de Michel Cop-
pel, géomètre, est, en ce moment, entrepreneur
de travaiLx publics dans l'Ain. En 1820,leGrand-
Juteninge avait 82 habitants ; le Petit, G7.
L'ancienne route, à partir de Chessins, serpen-
tait entre plaine et coteau et desservait chacun de
ces villages. L'entretien était à la charge des pro-
priétaires riverains, sous la surveillance du châ-
telain. La plaine, sans défenses, était livrée au
bon plaisir du Gifïrc. En 1763, une crue terrible,
survenue à trois reprises, ravagea 541 journaux de
terre, perte qu'on évalua à 37,515 livres, une
grosse somme pour ce temps-là. « On construisit
(1) Registres de la paroisse.
76
des digues en pilots à un ou deux rangs remplis
de fascines et surchargés de pierres. Les digues
du Foron furent à arches remplies de gros cail-
loux, ou à chevalets, et couchées de gros arbres
surchargés de pierres » (1). De nos jours, les ri-
verains, associés en syndicat, font de grands tra-
vaux d'encliguement avec des pierres brutes tirées
de l'éboulement du Perray (Flérier).
Au sortir du Petit-Juteninge on laisse à droite
le hameau de CIos-Luche, à gauche le chemin qui
mène au hameau à'Eti'y ; on passe au sommet du
cône d'évasement du torrent de Graveruaz et l'on
aborde un moulin campé devant une cascade.
Après avoir franchi le nant on tourne, au sud, un
mamelon boisé et, gravissant la côte près d'une
ferme isolée, on atteint une terrasse que bor-
dent les fayards. Jolie vue sur la vallée.- Cette
esplanade, large de 18 mètres, longue de 40 mè-
tres, est flanquée de pans de murailles en maçon-
nerie. Ruines d'un château féodal au pied duquel
passait jadis la route de Taninge à Samoëns. Ce
manoir, dit Albnnis Beaumont, appartenait à une
famille qui s'est éteinte au xiV siècle. « Vuillelme
de Verchei, dernier rejeton de ces seigneurs, eut
la tète tranchée pour avoir refusé d'adhérer à cer-
taines soumissions qu'exigeait de lui Hugues de
Genève, lieutenant général du dauphin llunibert,
(l) Arch. do la inaiiie.
77
en Faucigny » (1). Quoi qu'il en soit, les chroni-
ques du xv''. siècle parlent d'une maison-forte de
Gravernel (2) et mentionnent des personnes de ce
nom. Humbert de Gravernel fut abbé de Sixt ;
François de Gravernel fit la campagne de Milan
sous le duc Amédée VIII ; un autre Humbert de
Gravernel reçoit, en 1463, l'investiture des fiefs
(ju'il possède en Faucigny (3). Armes : (' De sa-
isie à la croix d'argent, cantonnée de 4 coquilles
oreillées d'or (Besson). » Cette seigneurie, qui
s'étendait en partie sur les Six- Villages, passa
aux sires de Tlioire et, de ceux-ci, aux barons de
Saint-Christophe, de Samoëns. Ces villages ont
des pâturages et bois communs, fonds dont la
propriété leur a été reconnue par un arrêt de la
Cour d'appel de Charabéry du 10 juillet 1857.
Les ruines appelées au Devant ou Devens ont
pour propriétaire le père Brun. Le voici qui vient
à nous et, d'un air paterne, prend la parole : « Un
jour que je fouillais dans ces décombres, dit-il,
j'ai trouvé trois pièces d'or carrées que je vendis
à Genève pour cinq piastres. En 1848, au moment
qu'ils furent expulsés de Mélan, les jésuites, vou-
lant bâtir ici un pavillon d'été, m'offraient trois
mille livres pour prix de cette terrasse. » Le
(1) Description des Alpes, IV^ 139.
(2) Gravernel, d'après le comte A. de Foras. On trouve
aussi le nom écrit Graceruel.
(3) Arch. de Turin. Riondel, Rec. sac. 1875, p. 69.
78
bon vieillard nous parla en outre d'un sac de par-
chemins que son frère avait jetés au feu. Faut-il
regretter d'être venu trop tard et de ne pas en sa-
voir davantage ? — Non, dit Méry : « l'histoire
précise tue la fleur de ] 'émotion ; devant la ruine
rien n'est beau que le vague de l'ignorance ! »
Mais laissons à leur solitude cette poussière féo-
dale et son gardien. Après avoir une dernière fois
contemplé le paysage, nous descendons par les prés
en fleurs au chant des merles sous la ramée. La
nature est toujours jeune.
Nos Six- Villages occupent le versant méridio-
nal du chaînon de Loy, celui-ci séparant la vallée
du Giffre du val des Gets. A la partie sud-ouest
de ce massif et à un kilomètre en amont du bourg
de Taninge, se montre un ancien village, Avonay.
Dans les temps préhistoriques la langue de terre
bordant la rive gauche du Foron à partir du Brion
jusqu'au roc de Cheray, aurait été peuplée d'aul-
nes et de frênes. L'endroit planté d'aulnes fut dé-
nommé par les premiers habitants Ver net, nom
qui subsiste encore, et la localité où le frêne domi-
nait, Onne/i ou Aunnay. En effet, le patois oral a
gardé cette forme en Aunnay pour désigner le
village que les chartes écriveiit Avonay . Or, ce
nom d' Aunnay est celtique, il désigne un lieu
abondant en frênes, Vàji'ênaie (1). A l'entrée du
village se voit une chapelle dédiée à saint Guérin,
(1) Houzé, op. cit., p. 23.
79
abbé d'Aulps. Une peinture à l'huile y représente
le bienheureux monté sur une inule au moment
cle quitter son couvent pour se rendre à Sion, dont
il était évèquG. Le petit édihce fut construit par
les notables et syndics de la dizaine d'Avonay,
suivant acte du 5 mai 1726, Perrier notaire, et
]jénit le 28 août par le curé, R'i Favre. Avonay
avait, en 1820, 309 habitants ; il en a perdu plus
de la moitié. Familles anciennes qui y subsistent
encore : Bosonnet,Brun, Delintraz, Jacquier, Per-
rier, Pralon. Ce village a donné son nom à une
antique famille ; on y trouve Rodolphe et Rolet
d'Avonay, notaires (1421-1433). Vient ensuite
noble Louis d'Avonay, commissaire à terrier de la
chartreuse du Reposoir et fondateur, en 1470, de
la chapelle de saint Pierre, en l'église de Flérier.
En 1565 vivaient nobles Rolet, François, Jacques
et vénérable M'® Claude d'Avonay qui transigent
avec les syndics de la ville de Taninge au sujet
d'un emplacement joignant la halle (1) ; en 1580,
nobles Bernard, Jean-François, Claude l'aîné et
Claude le jeune, fils de noble Rolet d'Avonay. Ce
Bernard d'Avonay fut capitaine sous le baron
d'Hermance, au château- vieux des Allinges, et
servit avec habileté et bravoure les ducs de Sa-
voie à la fin du xyi*^ siècle (2). La famille, après
(1) Minutes Coruut, notaire à Samoëns.
(2) Arcli. de M. le commandant d'Avonay, à Besançon.
Presque tous les titres de famille, qui étaient nombreux, ont
été perdus lors de l'invasion de 1815. — (Document VII.)
80
avoir donné des syndics et des conseillers de ville
à notre bourg, émigra en Franche-Comté. De 1620
à 16G4, ils vendent à Nicolas de la Grange une
maison, le droit de patronage de la chapelle de
saint Pierre et un domaine à la montagne de Loy,
au pra-Gontra^ (1). Les d'Avonay ont gardé, au-
delà du Jura, les traditions d'honneur qu'ils
avaient emportées du pays d'origine ; ils sont au-
jourd'hui représentés par un commandant d'artil-
lerie en retraite, M. Jean-Fortuné-Adrien-Adol-
phe d'Avonay, officier de la Légion d'honneur, et
par sa sœur. M. d'Avonay est venu, en 1805, à
Taninge, visiter le berceau de sa famille ; il a été
reçu par M. Jean-Joseph Perrier, conseiller du
village.
Avonay est la patrie des frères Perrier, fils de
Marie Perrier, médecin, et de noble Jeanne de la
Grange, l'un major, l'autre général de division en
Piémont. Celui-ci, Louis-François, né à Taninge
le 10 novembre 1804, est décédé, près Chambéry,
au château de la Croix-Rouge, domaine que lui
avait légué sa tante par alliance, dame Marthe
Favre de Saint-Etienne, veuve du chevalier Jo-
seph-Marie de la Grange. Il laisse de son mariage
avec Thérèse Caréna, entre autres, un fils, M. Char-
les Perrier, que nous avons eu le plaisir de visiter
dans son gracieux manoir. La mémoire de ces
(1) Inventaire manuscrit des comtes de Taninge, en nos
archives.
81
deux officiers supérieurs reste attacbëe àla Brigade
de Savoie, qu'ils ont illustrée dans les guerres
d'Italie, 1848-1859. Ils ont, àAvonay, de proches
parents du nom de Perrier (1).
On traverse le village, on passe devant l'au-
berge Au Soleil levant, et, laissant à gauche la
route nationale, on prend en écharpe, dans le co-
teau, le chemin qui monte à la montagne de Loy.
On laisse à droite le Moni, village entouré de
beaux vergers, au pied d'une forêt noire. On atteint
l'écart des Quatre-Vey, où est né le photographe
François Delintraz, élève du célèbre Nadar, à
Paris. On côtoie une belle terrasse qu'on laisse à
gauche, on serpente parmi les hêtres et les cou-
driers, après quoi on débouche, au Laquey, vers
les premiers chalets. On laisse à droite le sentier
qui, par les Linières, la Biolle, etc., se dirige vers
le centre de la montagne, et l'on prend à gauche
le chemin qui domine le ravin du Foron. On passe
(1) Louis-François a été cadet garde du Corj)s du roi de
Sardaigne en 1826, lieutenant en 1831, capitaine en 1842,
major en 1848, colonel du 2° régiment dans la Brigade-Sa-
voie en 1856, major-général commandant cette brigade en
1850; a fait les campagnes d'Italie, s'est distingué au combat
de la Sforesca et à Novare. Officier de l'Ordre militaire de
Savoie pour valeur dans le combat du 24 juin 1859, à la
Madona délie Scoi^erte, puis commandant du même Ordre;
créé le 11 décembre 1850 officier des SS. Maurice et La-
zare, et, le 12 janvier 1860, commandeur de l'Ordre de la
Légion d'honneur. (Etat de services du général Perrier, d'a-
près un Mémoire imprimé, en nos arcliives.)
82
au Sair de Loy, près d'un banc ardoisier, jadis
exploité. Ces ardoises, comme celles du Pradelis,
blanchissent vite; mais, contrairement aux prévi-
sions des géologues, elles ont duré longtemps sur
nos toits. Aujourd'hui la carrière est abandonnée.
Après avoir traversé la combe des Mex, on at-
teint, sur une motte, un beau chalet couvert
d'ardoises appartenant à M. Jean Puthon, à la Ro-
sière (altitude 1,400 mètres). Jolie vue sur le val
des Gets et sur le massif du Pradelis.
Le nom de Loy, Luex, Lueys, est peut-être une
variante de Lex ou Lêe (pâturage) ou de Lesche,
Lechère (prairie marécageuse) ; il s'emploie pour
désigner l'ensemble de la montagne, celle-ci con-
finant au levant le sommet de Verchey. La Ro-
sière, ([ui est le bijou de l'endroit, redit le souve-
nir de Béatrix de Faucigny. Le 2 novembre 1285,
cette princesse donnait à Sadoc de Cellières
« trente seyturées de pré en ses bougeries de Luex^
au lieu dit Vers Mayes. » Dès l'an 1308, la char-
treuse de Mélan y posséda des biens achetés de
Laurette de Cellière en 1317, de Marie Racliex
en 1384, de Polet Maniguet en 1572, etc. (Inven-
taire des arch. de Mélan, fol. 19, 21.) Mais la
merveille de la Rosière a trait à la géologie et à la
minéralogie. Ici, comme à la montagne des Gets,
on trouve, dans un terrain tertiaire éocène, des
roches en place des premiers âges, serpentine, stéa-
tite, euphotido, hyporsthène, ophite, porphyre,
granit, etc. Nous en parlerons dans une notice
83
spéciale, en attendant la solution scientifique des
questions que soulève la présence de ces pierres
si variées et si rares ci cette distance de la chaîne
des Alpes (1).
(1) Roches cristallines dans le canton de Taninge, par H.
Tavernier. — Annecy, Abry, 1888, in-8°, 15 images.
84
VII
Rivière-Enverse. — Premier coup d'œil. — Village de Seil-
1ères : chronique féodale. — Le gros Fayard et Nicodex.
— Le village de Morty et l'église : origines paroissiales.
— La pierre des Fontaines et moraine quaternaire. —
Les Marvel. — Le général Henriod. — Anciennes fa-
milles. — Laboureurs et horlogers. — Emigration. —
Le bonheur champêtre.
Lorsque du bourg de Taninge on se dirige vers
le Gifïre, on a devant soi une colline s'élevant en
pente douce au-dessus de la plaine de Mclan. C'est
le territoire de Rivière-Enverse, ainsi appelé à
cause de sa situation sur la rive gauche du Gilïre.
Point de nudités rocheuses ni de ravins : ha-
meaux, champs et prairies alternent avec les
massifs arrondis des fayards, zone d'émeraude
enchâssée entre la ligne argentée de la rivière et
un long ruban de sapins noirs.
Après avoir franchi le pont d'Etaisières on
prend à gauche la grande route, on traverse le
hameau d'Arsenay, on laisse en amont, caché
dans les hêtres du Saix, un rocher nummulitiquc
et, en 30 minutes, on arrive à Scillères. Seillères
ou Cellières, en patois Seillires (du celtique seille
85
ou ceille, bois). Village assis sur un tertre qui, par
un tronçon de vieux chemin, vient baigner ses
pieds dans le Gifîre. Séjour d'une antique famille,
bienfaitrice de l'abbaye d'Aulps, et qui compta
parmi ses membres Rodolphe de Cellières, Aimé
son frère, Pierre et Girod ses neveux, en 1235;
Vuillerme, Henri et Bonne de Cellières, en 1243 ;
Jacques et Mermet, en 1362 (1). Souvenir de
Pierre, comte de Savoie, qui, en 1259, achète de
Martin de Samoëns, la rente en blé que ce dernier
possède à Seillères (2). Viennent ensuite les Sad-
dod ou Saddoz, famille originaire de Bonne ville,
qui donna à la paroisse de Flérier des notaires et
des instituteurs ecclésiastiques, recteurs de la
chapelle de Sainte-Anne; Pierre Sadclod était
notaire en 1531. Enfin, un chevalier de Gascogne,
noble Jean-Louis Delarieu, ou de la Ruz, épouse,
à la fin du xv!*" siècle, demoiselle Etienna, fille de
Laurent Saddod, et fait souche de seigneur à Seil-
lères pendant plus d'un siècle. Les Delarieu s'al-
lient aux familles nobles de Bellegarde, de Sau-
vage, de Comnène ; celle-ci, d'après M. A. de
Foras, «appartenant aux grands Comnène de Cliam-
l)éry ; » ils possèdent, en l'église de Flérier, la
chapelle de Saint-Sébastien. Une branche de-
meura à Bonneville où naquit, en 1682, Jacc|ues-
(1) Inventaire des titres de l'abbaye d'Aulps, à la mairie
de Saint-Jean d'Aulps. Mermet, « curé de Cellière. »
(2) Document, I.
86
François Delarieu, marié à noble Jeanne-Gas-
parde de Lucinge. François-Hyacintlie, officier
d'armée, momait à Turin en 1708, après avoir
vendu au comte de Taninge la rente de Coindier,
au mas de Seillères. Jacques-Philibert, en 1688,
avait fondé et doté la chapelle sous le vocable de
Saint-Grat. Tombé à la fin de l'autre siècle, le
petit édifice fut relevé par les habitants du ha-
meau, suivant acte Orsat notaire, en 1818. En
155G, le village avait son notaire, M® Jean Moge-
nier (1).
Au-delà de Seillères la route passe sous des
hêtres à Fargot, longe, à Evagny, une jolie ter-
rasse avec des maisons sacrifiées aux arbres frui-
tiers trop toufïus, et atteint le Gros-Fayard (1 h.
de Taninge). Ce hêtre est plein de vigueur, il
donne déjà cinq mètres de tour et monte à plus de
vingt mètres. Il abrite, depuis le 15 août 1884,
une grotte artificielle dédiée à la Mère du Sau-
veur ; joli oratoire fondé par M'"^ veuve Humbert
née* Larmaz et ses enfants. Un touriste, M. P.
Trabaud, désirerait voir construire au pied de ce
bel arbre une grille circulaire pour le protéger
contre les injures des passants qui se plaisent îi
(1) Ils eurent Gaspard Delarieu, officier de cavalerie, mort
en 1 GG5 ; marié à noljle Jafxueline de Bellegarde, dont sont
nés noble Jacques-François, seigneur de Bellecombe, Phili-
herte et Jeanne, religieuses à Melan ; François, né en 1635,
mari de Pôronnc-Gasparde de Sauvage. (Arcli. du presby-
tère de Taninge.)
87
graver leurs noms sur l'écorce. En amont se voit
un petit hameau où, jadis, avant l'établissement
de la commune, en 1738, se tenait, suivant la cou-
tume, l'assemblée des chefs de famille. Résidence
du notaire Nicolas Nicodex qui y fonda, au xvn*"
siècle, la chapelle sous le vocable de l'Annoncia-
tion. Vient ensuite Brochère où, laissant à
gauche la grande route, on prend, à droite, le che-
min qui monte au chef -lieu .
Mortier ou Morty, de mov (grand) et de ty
(habitation), soit le Grand- Village, médiocre-
ment bâti et trop encombré de pommiers ; centre
communal avec une église constituée en paroisse
séparée de Flérier en 1770, sous le vocable de
saint Pierre, apôtre. L'angle du cimetière mon-
tre une croix dont la pierre vient d'un IjIoc erra-
tique gisant à mi-côte dans les environs. Ce bloc,
appelé la pierre des Fontaines, est situé près du
village de les Montées ou les Montex, à trois cents
mètres au-dessus de la plaine ; depuis un siècle, il
donne de la bonne pierre de taille, calcaire urgo-
nien venu du fond de la vallée, et cube encore
près de cent mètres. Cette pierre sert de point de
repère pour étudier la moraine glaciaire dont les
tronçons s'étendent à partir du col de Chàtillon
jusqu'à Vercland. Cette moraine est composée de
débris plus ou moins volumineux, calcaires noirs
ou bleus, gault pétri de fossiles, et ce grès mou-
cheté, sorte de mollasse éocène, vulgairement ap-
pelé/ô/v-'a/^, dont est formée en partie cette chaîne
88
de montagnes. Jadis fort nombreux, ces l)locs
sont entrés dans la construction des maisons et des
murs de clôture. Longtemps obstacle à l'extension
de l'agriculture, les blocs de grande dimension
n'ont cédé qu'à la poudre de mine. Un de ces té-
moins du passé, qu'on aurait dû respecter, c'est la
pierre de Cuvin, ancienne limite paroissiale entre
Flérier et Morillon. Il y eut débat au sujet des
confins de ces deux paroisses, débat qui s'est
reproduit plus tard entre la paroisse de Morillon
et celle de Ri vière-En verse. (Voir les ordonnan-
ces des évêques d'Annecy sur cette question, aux
archives du presbytère de Rivière-Enverse.)
Du chef-lieu on descend au Petit-Marvd , ha-
meau qu'animent un moulin et une auberge, à la
Croix-Blanche. Patrie de M. Félix Bergoin, né
en 1806, docteur en droit, ancien intendant du
Faucigny^ chevalier des SS. Maurice et Lazare (1).
La route, rectifiée en 1884, longe un petit biez, tra-
verse le village du Grand-Marvel d'où elle at-
teint, au lieu dit en Plan, une jolie plaine où
demeure M. Apollinaire Orsat, maire actuel. \\iq
sur plusieurs petits hameaux : la Biolle, Crava-
ri/i, les Taites, les P rats, etc. C'est dans l'un de
ces modestes groupes d'habitation qu'est né, le 23
octobre 1763, Jean-François Henriod,fils de Jean-
(1) Ses flls, MM. Aristide et Agénor Bergoin, sont, le
premier, conseiller d'Etat, le second, docteur-médecin, en
Italie.
89
François et de INlichelle Burtin ; maréchal de
camp, baron militaire et chevalier de Saint-Louis.
Ce général de brigade s'est distingué surtout à la
bataille d'Heilsberg, le 10 juin 1807, où il fut
blessé. Le 3 mars 1810, il reçoit une dotation
de c|uatre mille francs de rente. Commandeur de
la Légion d'honneur, il portait pour armes :
(( d'azur au lion armé d'or issant d'une rivière en
fasce d'argent et accompagné en chef de deux
fleurs de pensée de même ». INIort aux eaux de
Néris (Allier), le 20 juin 1825 ; compatriote et
ami de M. Jean-François Orsat, notaire. Un ne-
veu du général Henriod, M. Victor Dénarié, fut
capitaine de gendarmerie à Genève.
Si l'on excepte le fief seigneurial de Seillères
et sa maison-forte, cette côte ne forma c|ue de
petites rentes féodales appelées du nom de ses
possesseurs, Marco ssay, de Thoire, Pobel, etc.,
rentes qui passèrent plus tard aux comtes de Ta-
ninge. Les papiers terriers mentionnent des fa-
milles aujourd'hui éteintes ou absentes du pays,
savoir : Bebey, Bel, Cherbod, Fillod^ Syndique,
Chappuis, de Cuvin, Nachon. Un nom patrony-
mique ancien, Bourgoin, présente une significa-
tion parlante avec le souvenir d'un ancêtre bour-
guignon.
Dans ce territoire de 860 hectares, on est la-
boureur, économe, pacifique et doux. Le sol,
sable-schisteux dans la plaine, est meilleur dans
la côte 01 1 il est formé d'une épaisse couche cl'ar-
90
gile glaciaire. Dans la vallée, on récolte le fro-
ment, l'orge, l'avoine, et, comme partout,- la
pomme de terre pour la consommation des mé-
nages. Un temps fut où l'on exerçait à la Rivière
l'art de l'horloger, ce cjui se devine à l'ampleur
des croisées dans quantité de maisons. Cette in-
dustrie, commencée à Cluses vers 1720, et qui, en
1807, occupait clans le canton de ce nom près de
mille ouvriers, s'est étendue jusqu'aux bords du
Gifïre (1). Ces horlogers de la Rivière sont allés
s'établir en Valais, à Aoste, à Turin, etc. L'ha-
bitant, que son domaine morcelé par les partages
ne fait plus vivre, quitte le pays. En 18G8, cent
hommes et treize femmes demeuraient à Paris,
vingt-neuf hommes et douze femmes à Genève et
dans les autres départements; sept jeunes gens, en
Amérique. Cependant, restés fidèles à l'amour du
toit natal, plusieurs d'entre eux reviennent pour
ne phis quitter ces choses que vantait déjà le poète
romain : « Une campagne de médiocre étendue
avec un jardin, une source d'eau vive près de la
maison, et, en outre, un petit bois. » (2). La po-
pulation qui, en 1831, comptait 900 âmes, n'en a
plus aujourd'hui que 59G. Les familles anciennes
de l'endroit, familles qui y existent encore
(l)Grillot, Diction. II, 2:n.
(2) Hoc evyt in votis ; modus agri non iU'i nuignus,
Hortus ubi, etc.
(Horace, Sal. II, (>).
91
aujourd'hui, sont : Bauclier, Besson, Bourgoin
(qui tend à prendre la forme de Bergoin, Ber-
goën), Buffet, Delesmontex, Dénarié, Desbois,
Gay, Granger, Maniguet , Mauris, Mogenier,
Mouchet,Nicodex,Orsat, Pel, Revillod, Richard,
Vallet. Furent notaires : Jean de les Montex,
1550; Claude Nicodex, 1644; Rolet Mogenier,
1645.
92
VIII
De la ville au Pradells. — Le Pontet : la vie en montagne.
— Ascension du Marcelly. — Le Pradelis : aspect gé-
néral. — Cirque de Grons. — Du lac de Roy au pie de
de Chalune. — La prairie des Munes et la corne
d'Uble. — Val de Butigny. — Chronifj^ue alpestre. —
Derniers grands animaux sauvages. — Du village de
Fry à la croix des Combes. — Jadis et aujourd'hui. —
Adieux.
Au sortir de la ville, par le faubourg de Croyère,
on suit le cliemin pierreux qui escalade le flanc
sud-oriental du Marcelly. On passe à Che^-Ma-
gnùi, hameau jadis appelé Lucu, on traverse le
creux de Nonfei ou Nant-Sec, on laisse à gauche
un sentier forestier qui, lorsqu'il sera amélioré,
deviendra la voie Li pkis courte pour gravir la
Grand'Poinie, et, après avoir franchi le pas de
Leschaux, on atteint (35 minutes) l'oratoire des
Combes (altitude 925 mètres).
Ici le chemin se bifurque : on laisse à droite le
chemin qui, par les Combes, Rons et Fry, monte
aux sources du Foron, et l'on prend à gauche.
L'écart de ChciKillij (h'passé, la voie rapide et
caillouteuse se recourbe en S an bas d'un grand
93
rocher vertical ; on traverse la Lapicu, bancs cle
calcaire ardoisier dans lequel les Dames de Mélan
ont fait tailler le passage; on aperçoit les cascatel-
lesdu Bruinant ; enfin, voici une ëcliancrure du
rocher décrivant, sur le fond du ciel bleu, comme
les deux branches d'une fourche. Bientôt, tournant
le dos au val du Foron, vous abordez, au souffle
d'une brise plus fraîche, le Pontet (1 h. 40 min.).
Bon gîte chez Pierre Grange.
Le Pontet (altitude 1,393 mètres) a sa petite
histoire toute récente ; voici le maître de céans qui
vous la contera. « En 1859, j'ai acheté, dit-il, de
M. Rocliat, vingt-trois hectares de terre, prés, pâ-
turages et bois, cinq mille francs ; le tout, d'un re-
venu annuel de 109 francs, pouvait nourrir deux
vaches. J'ai miné et défriché sept hectares qui ont
été ensuite cultivés en céréales, orge, avoine, pom-
mes de terre, trèfle, fenasse, sainfoin, etc. Douze
ans plus tard, la même ferme nourrissait quinze
vaches, sans compter du menu bétail. Jamais cé-
réales n'avaient été vues en ces lieux. J'ai essayé
môme la culture du froment. » Le récit est long ;
pour abréger, retranchons bien des détails attes-
tant l'infatigable activité de cet homme qui,
malgré ses soixante ans, conserve la verdeur de la
jeunesse. Lauréat de concours cantonaux, il vient
d'obtenir, au concours régional de Grenoble , pour
ses irrigations, une médaille et un prix de sept
cents francs. Les commissaires experts, venus à
cette occasion et que nous avons accompagnés,
94
furent MM. du Peyrat, inspecteur générai d'agri-
culture, son secrétaire Rougane de Clianteloup,
A. Tavan, Arnoux, Genin et Eugène Raspail, lau-
réats de concours régionaux. En quittant le Pon-
tet, M. du Peyrat donnait à Pierre Grange ce sage
conseil : « Ne faites pas de céréales à cette alti-
tude, c'est trop chanceux ; desséchez encore vos
prés et fumez-les dru, dru ! » Le climat est très
variable ici ; en 1879, on y a semé du froment le 20
mai ; l'année suivante, trois ouvriers en bras de
chemise labouraient une pièce de terre avec la
pelle carrée, le 18 mars. Pendant l'hiver, notre
montagnard, pour tuer le temps, fait des obser-
vations météorologiques. Un ruisselet à truites
coule au bas de la maison. Panorama delà chaîne
du Mont-Blanc.
Vue d'ici, la Pointe de Marcelly n'a plus ce
grand air offert au spectateur c|ui la contemple de
la vallée, elle est comme ramassée sur elle-même
et vieillie; mais cet aspect est passager. D'ailleurs,
le Pontet n'est pas le belvédère que vous aurez
tout à l'heure ; la vue est bornée par des plans qui
s'inclinent en entonnoir entre le chalet élégant de
M. le juge Vulliez et les bougeries du Planay aux
arêtes verdoyantes. Ces frètes vont se souder à la
Pointe et c'est par là qu'on y monte ordinairement,
même sans guide, pour ceux qui ont l'habitude de
la montagne. Un sentier y est presque partout
tracé. A mesure que vous approchez du sommet, la
pente devient plus forte. Avec le bâton de l'alpi-
95
nistc, cette troisième jambe, vous ne craignez pas
le vertige. Enfin, le vide se fait autour de vous,
vous êtes arrivé (2,009 mètres suivant les uns,
2, 166 mètres suivant d'autres). Le point culminant
a sept mètres de largeur sur quatorze mètres de
longueur. Cette pyramide est triangulaire et, au
sud-est, elle plonge à pic jusque dans le vallon
de Flërier. Asseyez-vous sur le tapis des fleurs,
primevères odorantes, dryas à huit pétales, alchi-
milles aux folioles de satin, trolles d'or, etc., et,
tandis que les hirondelles au croupion blanc cin-
glent dans les airs, vous contemplez le panorama.
La dent de Marcellyest, entre le Jura et les Alpes,
un observatoire de premier ordre. Un géologue,
doublé d'un alpiniste, en parle en ces termes :
« De Saussure, en contemplant la vue du Cra-
ment, a été saisi d'un enthousiasme que j'ai peu
partagé ; la vue de la Pointe de Marcelly m'a cap-
tivé bien davantage. L'isolement dans lequel on
se trouve ajoute au charme du spectacle, et de ce
belvédère élevé, j'ai reconnu la structure du pays
avec une clarté et une précision dont les cartes
ne m'avaient jusque-là donné aucune idée » (1).
Revenons au Pontet pour suivre, en le quittant,
le grand chemin. On gravit la rampe de Canevet,
on laisse à droite les sapins du Jorat et, en vingt-
cinq minutes, on aborde un plateau où sont cam-
pés des chalets avec une chapelle minuscule. C'est
(1) A. Favre, Recherches gèolocjiqueSj II, 44.
96
ici, à proprement parler, le Pràdelis, pratu m de
lieys (1,510 mètres). Pradelis ! doux nom qui
chante comme la mélodie du Ran:- des vaches.
Très vivant est, en effet, l'endroit : partout des
chalets, des troupeaux à la pâture, des vêlements
de bergers mêlés au carillons des clochettes. La
chapelle dédiée aux saints Jaccpes et Christophe
a été fondée et dotée par Pierre Jay, en 1G60. Ce
chef-lieu pastoral avait, autrefois, sa vogue,
bruyant rendez-vous des pâtres.
Orientons-nous. La région dont le Pradelis fait
partie est creusée dans un massif de rochers d'un
aspect particulier. Le sol est moutonné. Elle
forme deux bassins irréguliers et d'inégale gran-
deur, l'un et l'autre débouchant au sud-est et ver-
sant leurs eaux dans le Foron. Ce cirque a plu-
sieurs lieues de tour ; il est dominé par des
cimes cjue relie entre elles une chaîne ovale, à
partir du Planay, passant par le pic de Marcelly,
les crêtes de Roy, le mont Fleury, Veran, Craz,
par les rocs de Vesine, de Chalune et parla corne
d'Uble, pour se terminer aux Têtes du Pontet.
L'aspect général est déterminé par la nature pé-
trographique du sol. C'est une brèche, espèce de
conglomérat, dit M. Alphonse Favre, tantôt fin,
tantôt grossier, composé de roches variées, en
général calcaires, et de grès contenant des frag-
ments dedolomie jaunâtre, de parcelles de schistes
talqueux et de schistes argilo-micacés. Avec cela
on voit des espèces d'ardoises noires, grises, rou-
97
ges et verdàtres, etc. Les couches sont plissées,
bouleversées. De là des excavations et des bosses,
des combes et des monticules, le tout entremêlé
de brusques déchirures ; il y manque cette har-
monie des lignes, ces crêtes bien dessinées qui se
voient ailleurs clans les montagnes crétassiques.
Cependant le paysage a ses attraits tour à tour
riants et sévères.
En amont du plateau de la chapelle, il y a trois
plateaux encore : les Bétais, Grons et Roy. Des
Bétais (étable), ancienne bougerie des Dames de
Mélan, on traverse les granges du Brésil et l'on
monte en Grons. Grand cirque à pâturages sans
chalets, Grons est adossé à clés éboulis de rochers
plaqués de névés jusqu'en août. Le fond est en
partie tourbeux, montrant des fragments de sapins
fossiles ; il parait avoir été formé par le comble-
ment d'un ancien lac, comme Viin Gvund de
l'Hasli, dans l'Oberland. Les pentes sont tapissées
d'une riche flore, rosages, daphnés, anémones,
etc. On cueille, dans le terreau frais a voisinant
les blocs, une petite pensée jaune et cette douce et
frêle compagne des neiges, la soldanelle aux yeux
bleus. Les accenteurs, fauvettes des déserts alpins,
gazouillent leurs tirits, iirits, en volant parmi les
fougères et les raisins d'ours. Effrayée à votre ap-
proche une gelinotte s'enfuit d'une aile lourde
au-delà des crêtes. Ces roches éboulées, au nord-
est de la pointe de ^Larcelly, prouveraient que
celle-ci a perdu de son ancienne élévation. Grons
98
a son histoire qui remonte au dauphin Humbert.
Le 28 juin 1329, ce prince albergeait à la char-
treuse de Mélan et aux consorts de Flérier « l'alpe
de Grons et sa jore depuis la Forcla jusqu'au pré
de l'Evêque, tendant vers les mouilles d'Alève et
de là aux Mones jusqu'à l'entrée de Fruyez par le
liant de Butigny d'en l^as et dés ladite entrée
tendant en la Forcla» (1). A cotte jouissance in-
divise qui dura des siècles, succéda le partage en-
tre les albergataires. Cette division ne se fit pas
sans peine, et l'on plaida longtemps. Le différend
portait, entre autres choses, sur les confins ; on ne
savait où prendre la Forcla qX l'entrée de Fry (2).
Un arrêt de la Cour d'appel de Chambéry, du 18
mars 1861, fixe le premier de ces confins à certain
roc situé à l'angle nord-est de la combe de Grons ,
là où commençait la forêt albergée, et le second à
l'endroit où se termine le bois de Vlniria. Enfin,
le débat prit fin au contrat de partage du 10 jan-
vier 1867, Jacquier, notaire à Bonneville (3).
En quittant Grons on escalade une côte her-
beuse et, par mi petit col, on pénètre dans un
nouveau cirque, celui de Roy. Beau chalet au toit
d'ard,oises en avant d'un laquet. L'alpe de Roy,
séparée du Pradelis par des escarpements rocheux,
(1) Inventaire des titres de la chartreuse de Mclan, iol. I.
(2) Forcla, gorge, col, fourche.
(3) Mémoire imprimé de l'avocat R. Perrier de la Bâtliio
(procès de Grons. Arch. delà mairie).
99
est un petit bassin à part. Elle comprend trois
parties : la combe du chalet, la combette du lac, et
un troisième circ|ue appelé Belleconibe. Le lac est
de forme ovale (altitude 1,674 mètres). Il avait, en
1738, une contenance de onze journaux, 254 toi-
ses. Ses bords sont peuplés de ménianthes, gra-
cieux trèfles d'eau cjui montrent, à la fin de juin,
leurs fleurs roses et blanches. Des poissons minus-
cules fendent l'onde avec la rapidité d'une flèche.
Ces pâturages, RoeiSj Rueœ^ donnés par Béatrix
de Faucigny à la chartreuse de Mélan, sont au-
jourd'hui la propriété de MM. Ferrier, de Genève.
Ces derniers, accompagnés de cjuelciues amateurs
du pays, viennent chasser dans ce massif ; en sep-
tembre 1874, ils ont tué neuf chamois adultes et
capturé vivant un chevreau de l'année.
Au midi du lac s'étend un chaînon secondaire
d'où se détachent deux cimes jumelles d'un aspect
agréable. La plus élevée, la pointe de Roy, a été
prise quelquefois pour la dent de Marcelly ou
pour le mont Fleury. Celui-ci doit son nom â la
richesse de son tapis végétal, orchis noir à senteur
de vanilles, gnaphales aux pattes de chat blanches
ou roses, immortelles des pacages, lis martagon,
et cette délicate plante, à la corolle de neige, in-
clinée sur sa tige et qu'on appelle d'un nom virgi-
nal le lis de saint Bruno. Au bas du Fleury s'ou-
vre un col d'où on peut descendre aux chalets de
Rogepalud.
Le cirque de Roy débouche au nord, dans la
100
direction des eaux du lac. Celles-ci vont, après
avoir fait le saut du Nandan, se perdre dans une
gorge profonde. Laissons-les courir. Le chemin
longe des combes retranchées dans l'épaisseur du
chaînon qui sépare le bassin du Pradelis du bas-
sin de Somens, serpente sous les sapins à barbe
grise de la jore du Ban, et l'on arrive au bas
d'une aiguille cjui figure une mitre, au Pré-l' Evo-
que. Avant d'aller plus loin, envoyons une bonne
efficléej comme on dit à la montagne, aux échos
de ces lieux ! Un jour d'octobre 1669, les officiers
de la chartreuse de Vallon étaient venus aux Mu-
nes avec les procureurs du Tiers-d'Aval^goxMwnQ
question de limites, lorsque tout à coup on voit
venir par le Pré-l'Evêque une troupe d'hommes
armés. Les uns portent des haches, les autres des
pistolets ou des fusils, tous faisant grand tapage.
Heureusement, il n'y eut pas de sang versé ; les
manifestants, au nombre de soixante-douze, fu-
rent condamnés par le juge de ce couvent à payer
chacun dix livres d'amende (1).
Du Pré-l'Evêque on descend, pour le traverser,
dans une espèce de vallon-col qui mène à Somens ;
on laisse à droite le chemin qui, par les Mouilles-
d'AlèvCj mène aux chalets des Munes, et l'on
passe le long d'un massif rocheux et boisé. Puis,
laissant à gauche le sentier qui, par les Rochers-
(1) Archives de la chartreuse de Vallon, d'après l'abbé
Brand.
101
Rouges, monte au col de Vêsine pour descendre
aux chalets de Petétaulps, on arrive au Chalet-
Blanc. Roches grisâtres ou rougeâtres, d'aspect
dolomitique ; herbages plantureux, encombrés de
lapiaz et de blocs éboulés.
A partir du Chalet-Blanc on commence l'ascen-
sion du pic de Chalune. On prend en écharpe un
sentier frayé parle bétail, ensuite, faisant un coude
en avant du col de Foron, on s'élève le long d'un
précipice à droite et bientôt on arrive au sommet
(2,123 mètres). Il y a, comme au Marcelly, place
pour plus de dix personnes. Vue circulaire très
belle au nord et â l'est, trois sections du lac Lé-
man avec ce qu'on a appelé « le drame em-
brouillé des monts chablaisiens, » Alpes du Va-
lais, lesDents-du-Midi, etc. La pointe de Chalune,
d'une dolomie grise, est taillée verticalement du
côté de Belle vaux. Il faut descendre par où l'on
est monté et c'est en se gardant du précipice â
gauche. Par le brouillard, le danger est grand.
Nous en fimes un jour l'expérience avec nos collè-
gues de la section du Mont-Blanc du Club alpin
français. Pendant que nous déjeunions tranquille-
ment sur la cime, celle-ci fut soudain enveloppée
par un nuage épais. Descente à tâtons. Par bon-
heur, une éclaircie de quelques secondes nous tira
d'aiï.urc, au moment que nous allions tomber dans
l'à-pic c{ui plonge dans le bassin de Souvro^.
On passe aux Mimes (Mon nés. Mornes), <( pas-
quérages et joi'ies » qut^ les chartreux de Vallon
102
albergèrent, en 1275, à Pernet de Biissy et, en
1465, à plusieurs hommes de Mieussy, pour seize
florins d'introge et l'ociége d'un jour. Ils devaient
(( tenir close de pierres et de bois la montagne de
Clialonna » (1). Tous ces pacages, Vesine, Cha-
lune, les INI unes et Foron, sont situés dans le bas-
sin du Gifïre. Les seigneurs de Faucigny en firent
donation, ainsi que nous l'avons dit, aux moines
de Vallon. C'est pourquoi, de nos jours, ce terri-
toire fait partie de l'arrondissement de Tlionon.
Ces riches prairies dépassées, on descend le long
d'un rieu qui sautille sur des bancs de roches
moussues; on a, à gauche, le cône penché d'Uble.
Uble, Oubles (nions Oblarum), est une haute pe-
louse ornée à sa base d'une ceinture de forêts. On
monte, en foulant l'herbe des gazons fleuris, au
sommet (1,900 mètres). Le long des bois s'échelon-
nent les granges à foin et les bougeries. Une
charte d'Amédée VI, du 2 décembre 1355, donne
en emphytéose la jouissance commune de cette
montagne à divers chefs de famille des paroisses
de Flérier, de Chàtillon et de Thiez, pour cin-
quante florins d'introge et six sols genevois de
censé. Cette indivision subsiste encore entre les
successeurs de ces premiers albergataires et le titre
précité (à l'exception du domaine direct du prince),
est encore en vigueur pour l'ensemble de ses dis-
(1) Ai'ch. do Vallon
103
positions (1). En 1776, l'alpe d'Uble voyait pâtu-
rer dix brebis, trente-quatre chèvres, vingt-trois
chevaux, deux cents vaches.
On descend ensuite par les granges de Folliet
et de Rosset, à Biitigny, vallon encaissé entre une
épaisse foret noire, V Intria, et une paroi rocheuse;
on laisse, à droite, une mine d'ardoises jadis ex-
ploitée, mais non épuisée, et, par une gorge som-
bre et fi^oide, on débouche, à l'entrée de Fry,
dans le val du Foron (2).
Mais loin de nous la pensée d'avoir tout vu et
tout signalé ; l'excursion du Pradelis n'est jamais
finie ; chaque fois que vous allez là-haut vous trou-
vez de l'inattendu et de l'inédit. Du reste, ainsi
que l'écrivait avec raison W. Coxe, un alpiniste
de l'autre siècle, â propos de certains endroits de
la Suisse, « sous la plume tout se ressemble, au
lieu que dans la nature il n'est pas une alpe, un
roc, un précipice, une cascade qui ne soient dis-
tingués de tout autre objet de même espèce par
une infinité de modifications et ]:>ar toutes sortes
de nuances. » Bref, il n'y a pas en Faucigny un
bassin alpestre où la population soit plus dense,
où, dans le passé comme aujourd'hui, la vie esti-
vale soit aussi variée, aussi animée. Si donc, aux
avantages tirés de la nature on ajoute l'intérêt
(1) Ai'cli. d'Alexis Baiid, de Cliâtillon, et copie en nos
archives.
(2) Ancien chemin du Pradelis.
104
qu'oSre l'histoire humaine, avec tout le mouve-
ment qu'apporte aux chalets cette rëpul^lique de
pasteurs, on s'explique assez la juste renommée
dont jouit le Pradelis.
On quitte le val de Butigny et, descendant par
le val du Foron, on laisse à gauche le plateau de
Bonneval et sa cascade où les religieuses de Mé-
lan avaient un domaine alpestre que Perret de
Bussy leur avait légué en 1361, sous la désigna-
tion de « jorie et près de Bonneval », don qui fut
ratifié par le Comte- Vert (1). Bientôt on arrive
aux Côtes. Un jour, suivant la tradition orale,
dans la forêt voisine, un sieur Emonet coupait du
bois. Tout à coup il sent comme deux pesantes
mains s'abattre à la fois sur ses épaules ; il se re-
tourne et se trouve nez à nez avec un ours de belle
taille. Impossible de refuser le duel ; l'homme et
la bête s'empoignent et roulent à terre. Le bûche-
ron parvient à se saisir de sa hache, il en porte un
coup solide à son adversaire, il crie au secours, des
hommes arrivent. Ce que voyant, le compère bat
en retraite et disparaît, non sans laisser sur ses
pas une trace sanglante, vers le haut de la mon-
tagne. C'était au commencement du siècle ; onc-
ques, depuis, on n'a revu ours au pays. Un lieu
dit la Plata-à-l'Ors se voit aux environs. En 1641,
le conseil de ville, à Taninge, paya dix florins à
(1) Inventaire de l:i cluirtreiise de Mékui.
105
Etienne Duret qui avait tué un ours (1). Le dernier
cerf fut pris à la forêt deLoy, par un nommé Du-
crot,ily a cent ans. Depuis cinquante ans, les loups
ont disparu de la vallée du Giffre.
On franchit le Vuépi, mauvais pas que corrige
un projet rectificatif de ce chemin, on laisse à
droite une crête boisée, à gauche la Provence ou
Provenche, un roc formidable au pied duquel le
Recard fait angle entre les deux torrents, et l'on
atteint le plateau de Fry. Fry, Frocs, Frueys,
porte un nom sauvage comme son site ; bien campé
toutefois à l'embranchement de trois gorges, en
face du Pont-des-Gets, ce village est pittoresque.
Peuplé, en 1523, par des familles Burtin, Grange,
Derons, Dufour, Fert, Roget, etc., il a perdu ces
trois dernières pour garder les Grange et les Bur-
tin. Des branches de ses derniers sont allées pren-
dre domicile à Flérier et dans les environs où elles
ont formé autrefois, avec les habitants do cette
plaine, une communauté connue sous le nom de
Tiers d'aval et de la Côte. Suivant la tradition^
Fry serait le berceau de nos Burtin (2). Ce village
avait, ou 1820, 10.5 âmes.
(1) Arcli. de la mairie^ comptes des syndics.
(2) On trouve, au Journal officiel, MM. Burtin, major,
officier de la Légion d'honneur, et M. Burtin, élève de la
Maison d'éducation de Saint-Denis (1871) ; Burten, prési-
dent honoraire delà Société de géographie de Paris (1872) ;
Burtin, juge de paix à Haroué (Meurthe-et-Moselle), (1874);
Burtin, commandant dans le 10° corps d'armée, ;ï Montpel-
lier (1870).
106
A partir de Fry, le chemin serpente entre des
bois de hêtre et les bords escarpés du Foron, le
long d'une côte cultivée, et l'on atteint Rons. Ce
village qui, à la même époque, avait 118 habitants,
est peuplé, de nos jours, par des Burtin et des
Grange encore, et par des familles Deront ou
Derons, Dorier, Humbert. Il eut des familles ré-
pondant aux noms de Baud, Curton^ Genod, Ro-
bert, etc. Suivant une légende, les premiers hal^i-
tants de Fry et de Rons furent des bûcherons venus
d'Italie. A ce propos, notons le penchant qu'on a,
dans la campagne, à se créer une origine étrangère.
Les uns viennent de l'Espagne, les autres de la
Suisse ou des divers départements de France. Par
exemple, les Jacquier-Picard viennent de Picardie.
Cependant c'est là presque toujours une erreur,
erreur due à l'émigration, dans ces contrées, de
quelques membres de nos familles indigènes ; le
voyageur, une fois rapatrié, reçoit bien vite, pour
surnom, le nom national du pays où il a demeuré
pendant un certain temps. Ainsi, de nos jours, M.
Basile Deront, qui revient du Missouri, est volon-
tiers 'ày^QlèV Américain. Peut-être aussi la forme
du génitif donné souvent par les chartes latines
aux noms patronymiques connne Burtini pour
Burtin, Dcronis pour Derons, Rubei pour Rouge,
etc., aura-t-elle contribué â répandre ce dit-on de
l'origine italienne f
Au-del;i délions ontraverseleBruinant ou/i/vV/-
Nant, aux eaux rapides et tapageuses, et l'on ar-
107
rive aux Combes^ petit hameau abrité contre les
avalanches par un bouquet de grands fayards.
Patrie de M. Humbert, notre milUonnaire, qui a
fondé là et doté une école primaire. En quittant
les Combes l'on atteint bientôt, au débouché du
Pradelis, l'oratoire creusé dans le rocher et l'on
vient se reposer sur son banc de pierre. Vue sur
la ville et sa iDanlieue.
Ici, récapitulant les âges, vous songez au temps
où, dans les cabanes rondes au toit conic[ue, on
parlait allobroge au pied du Marcelly ; où l'on
portait les braies et la saie, pantalon et blouse
des Gaulois ; vous rencontrez sous sa casaque en
peau de bête fauve le pâtre-chasseur burgonde à
la haute taille ; vous regardez, sous sa veste de
laine bhmche et son large chapeau de feutre, le
serf du moyen âge défricher une lande déserte,
et, dans sa maison étroite et sombre, manger son
pain noir. Enfin, après avoir vu la terre affran-
chie passer aux mains du paysan, vous arrivez à
notre siècle où l'on est mieux vêtu, mieux logé,
mieux nourri, plus libre et plus lettré.
Mais trêve de ces pensées et de ces douces pro-
menades ; il faut retourner au métier qui fait
vivre. Adieu donc à tous ces morts de la patrie
locale ! aux vivants, salut cordial, et souhaitons
longue prospérité au beau pays de Taningc-Flé-
rier !
aVWVwvj- ■
DOCUMENTS
I.
Pierre de Savoie achète de Martin de Samoëns le revenu
en biè que celui-ci possède à Sellières.
(Juillet 1259).
(Texte inédit).
Nos henricus abbas de Syz. notum facimus universis
presentem litteram inspecturis. quod martinus dictus de
Samoyn. in nostra presentia non ui non dolo. non timoré
constitiitus. Vendidit pensata ntraque voluntate dno
j)etro de Sabaudia omne bladum quod liabebat vel ha-
bere debebat apud Sesleres. sive in villa dicta Sesleres
infra parrocliicim de fleriertam incensu. quam decimis.
territoriis. excepta décima Vgonis de Sesleres. Et traditit
dicto dno j^etro de Sabaudia et posteritati sue dictum
bladum sub titulo expresse venditionis in posterum pa-
cifiée possidendum. de qua vendicione bladi prcfati
dictus martinus recepit a dicto dno petro de Sabaudia
viginti et quinque libras bonorum geben. de quibus
denariis se tenet dictus martinus intègre ])ro pagato.
abrenunciavit siquidem dictus mailinusomni exception!
super hoc sibi competenti. et oniiii jiiri t;un canonico
(|uam civili. hujus rei sic geste, testes sun Nos licnricus
abbas de Syz. lianrers de codem loco. Nantelnms tune
1em|:)oris castellamus do castellione. petrus cappollanus
de bareyc. sive presbiter. bcnedictus de clusis dictus
109
Ruphus. et multi alii. ut auteni islucl non posset ab
aliquo p calumpnia iu posterum inpediri presentem
litteram ad peticionem utriusque partis sigilli nostri
munimine tradidimus confirmatam. Actuni mense julii
anuo dni milesimo ducentesimo quinquagesimo nono.
Original sur lîarcliemin avec le sceau i^endant
de l'abbé de Sixt.
(Arcli. de Turin, sect. I. Province deFaueigny^ n° 1,
paquet 0).
II.
Rennso faite par le duc de Savoie à ses hommes
de la paroisse de Flèricr.
15 octobre 1445.
(Inédit).
Ludovicus, dux Sabaudie, etc.
Universis série presentium fiât manifestum Quod cum
Joli, et Jaquetus de Graugia alias Dessuetz fratres habi-
tatores de Suetz. Laurentius, Aimo, Johannes, Mernie-
tus et Jaquetus de Moliis fratres. Johannes de Antart.
Laurentius et Jaquetus Platelli fratres. Rodulphus filius
Stephani Montens et Roleta ejus uxor filia quondam
pétri de Grangia. Jaquetus et Ste^^h, Balli fratres fîlii
quondam Rodulphi Balli. Aimo Balli. Perretus Greon
et Guill. Greon. Mermetus Generis et Huguetus ejus
filius. Lorentius Rubini alias Maruglerii et Roleta ejus
uxor. Petrus de Dompnus. Rodulphus Alliodi de flerier.
Johan. Garini de Pompagnier. Petrus, Imgoninus,
110
Nycodus et Claudius Goudardi fratres filii quondam
Laurentii Goudardi. Jolian. et Rodulphiis Burtini fra-
tres. Henricus, petrus et aymo Burtini. Peroneta relicta
Johan. Burtini, Petrus Vulliodi. N. de Monte, N. de
Calcibus. Petrus filius Andrée Joly. Petrus et Claudius
filii Guill. de Furno. Johan. des Combes. Rodulphus
de Rons, Guill^ et Marg*afilie quondam Ansernii Ruplii
de Rons, N. de Sersonay. — de Decimaria Fleriaci.
Rod. et Johan. de Grangia habitatores de Chissins.
Petrus de palude. Johan. Jacobus et. . . Geyat fratres de
Chissins. Johan. de facoz deTagningio. Petrus, aymo,
Jaquetus et Johan. de Vernex fratres. Catharina filia
Pétri Johodi de Monte. Petrus et aymo Delintraz de
avonay. Johan filius ansermi Floret. Joli, filius quon-
dam Rod. Floret. Petrus filius quondam Aym. Floret.
Petrus filius quondam pétri Floret. Rodulphus Messat.
Rodulphus Pereon. Johan. Germez de Monte. Anser-
metus Guilliot. Johan. Aymo et Jacobus Mulaterii, An-
serm. Guilliot. Hugonetus et Jaquetus Guilliot. Johan.
Galliardi de Plonnay. Mermetus de Passu. Francesia
Guffaz. Petrus filius quondam Jaqueti Michallat. Petrus
Bufïet. Petrus Michallat de Verdevens. Petrus Pictet.
Nicoletus et henricus Mugnerii de Jutigningio. — de
Tercio de Medio.
Omnes de parrochia et de Salteria Fleriaci manda-
menti nostri Castellionis et Clusarum homines nostri
tam talliabiles franchi quam censati a nobis teneant ex
vendicione permuiacione afïrancamento donacione inter
vivos donacione contractus matrimoniiquam aliis dona-
cionibus quibuscumque tam in feudum taiilabile fran-
chum censitum quam censale certas res et possessiones
quas nuper recognoverunt in manibus Aimonis Barberii
Commissarii nostri.
111
(Suit le narré des faits, après quoi, dans un court dis-
positif, le prince les tient quittes moyennant la finance
de 66 flor. d'or p. p.)
Areh. de Turin, sect. 1 . Jean de Clauso, tom I, f 139
III.
Quittance du droit du sceau des Lettres-Patentes
relatives à la création d'un marché et d' une foire dans la
paroisse de Fléricr.
12 octobre 1457.
(Inédit).
Recepit ab hominibus et communitate fleriaci pro
sigillo litterarum per quas domiuus eisdem concessit
mercatura in die jouis et uundenas in festo Sancti
Georgii pro et mediantibus quadraginta floreuis p. p.
habitis manibus G. de Cardona tliesaurarii qui compu-
tare habet ut per litteras ipsas datas Chamberiaci die
duodecima octobris millesimo IIIILVIIo signatas per
Lestelley.
Arcli. de Turin, sect. 3, registre n° 70^ intitulé : « Compu-
tus Caneellarie Sabaudie unius anni integri noveni
septimanarum et unius diei finitorum die 8° Januar.
1458. »
IV.
Lettres patentes de Charlotte d'Orléans, duc/œsse
de Nemours, accordant le titre de bourgeoisie et des
franchises municipales à la tille de Taninge.
10 mai 1543.
Charlotte d'Orlean duchesse de Nemour, comtesse
112
douairière de Genève et de Genevois baronesse de Fou-
cigny et Beaufort, tutrice ayant la garde noble gouver-
nement et administration des personne et biens de notre
très cher et bien aymé fils illustre Jacques de Savoye
duc de Nemour comte de Genève et Genevois baron de
Foucigny et Beaufort et Seigneur, etc.
Scavoir faisons comme nos cliers et bien aymes sujets
les manants et habitants de Taninge Nous ayant requis
leur voulloir octroyer et accorder titre de Bourgeoisie
dans les limites sous escrites avec aucune franchise et
liberté plus à plain ci dessous spécifiées et annotées
mesme pour ce que plusieurs leurs circonvoisins ont
par cy devant obtenu de nos aucestres et prédécesseurs
telles franchises et libertés au moyen desquelles ont été
édifiés plusieurs bourgs et ville' très utiles et profitables
pour la retraite des pauvres sujetz en temps de guerre et
pour demeures en seurté leurs personnes et biens Pour
ce est il que Nous considéré que cest chose de prince et
princesse d'accomoder les sujetz en cas non dérogeants
ny prejudiciantz a noz autorités et Sefgniories et d'élever
ceux qui par leurs mérites doivent être eu recomman-
dation comme sont lesdits de Taninge qui a Jamais et de
tout temps se sont si bien acquités a l'obéissance de
Nous et de noz prédécesseurs en tous actes et debvoir de
subgection si quils méritent obtenir choses dont eux et
les leurs a perpétuité s'en puissent ressentir De la requête
et très humble supplication desquels veuillant obtem-
pérer, désirant le bien commodité et proffît de noz dits
sujets de Taninge nous humblement requérant leur
volloir sur ce impartir notre grâce ;
Pourquoi Nous ces choses considérées libéralement à
leur dite requête, en faveur mememeut des bons servi-
ces que espérons ils nous feront et à notre très cher et
113
très aymé fils, pour ces causes et autres à ce nous mou-
vants Nous les avons par ces présentes faitz créez érigés
et establis, faisons créons érigeons et establissons de
notre grâce spéciale et pl.eine puissance bourgeois, et
voulions que à perpétuité de titre et bourgeoisie ils usent
Jouissent et gaudissent aussy des franchises libertés et
prelieminences cy sous par articles annotés même les
manants et habitants dudit Taninge et que pour l'ad ve-
nir habiteront et feront résidence dans les confins et
limites cy sous spécifiés.
1. Premièrement Nous ordonnons et voilons les li-
mites et confins du dit Bourg de Taninge estre des le
pont d'Eteysieres tendant aval suyvant la reviere de
Gifïre Jusque à l'endroit du chemin public tendant du
dit pont à la croix de Platel ou des Beaulx, et des ladite
croix droit par le chemin tirant Jusques au Bachaix de
la Chenal sus le clos Corthey, et des le dit Bachaix
Jusques à la grange appartenant à Rond Goudard de
Nales, et des la dite grange tirant au moulin damont les
Espinettes en la forge de Vuavres, et des dits Vuavres
tirant par dessus Brion à la croix de Chissin et des la
croix th'ant aux verneys de Melan, retournant des dits
verneys de Melan droit au pont d'Eteysieres.
2. Plus, que les habitants dans lesdits confins puissent
et doivent toutes les années et à Jour par eux esleu et
ordonné eslire deux sindicques et les conseillers néces-
saires il assistants le Châtelain de Chatillon ou son lieu-
tenant quils seront tenus y appeler Lesquels sindics
auront pouvoir de faire pour les affaires de la ville ainsy
que aux autres lieux est accoustumé A scavoir pour
leurs négoces et bien des bourgeois ils puissent avec tous
les habitants du dit lieu s'assembler pour tenir leur con-
114
seil el conférer par ensembles de ses négoces y assistant
le dit châtelain ou son lieutenant qu'ils seront tenus
comme dessus appeler et le dit châtelain pour affaires
urgens et nécessaires y assister.
3. Plus, ils auront plain pouvoir de tenir et achepter
tous fiefs francs, rentes censés et directes comme les
bourgeois des autres villes.
4. Plus, qu'ils puissent tester et disposer à la fin de
leurs Jours de tous leurs biens comme les hommes lièges
et francs.
5. Plus, que lesdits sindics aient pouvoir d'eslire et
constituer audit lieu un serviteur de ville pour les affai-
res de la ville lequel ils présenteront au châtelain de
Chatillon pour faire le serment en ses mains.
6. Plus, que nul des dits bourgeois ne soit ny doive
estre tiré hors dudit lieu pour respondre pardevant le
châtelain ny pour cas méritant détention corporelle, ains
soient tenus les officiers tenir la Court en la banche du-
dit lieu tous les Jours de marché le Jeudy d'une chacune
semaine comme il est accoutumé et les autres Jours
nécessaires.
7. Plus, que nul des dits Bourgeois ne soit emprison-
nés pour dettes civiles, ains soit contraint tenir l'arrest
en la ville de Taninge et en aultre lieu qu'en sa maison
et de ses parens et illec demeurer à ses despends sans
aultre coustance sinon qu'il rompit l'arrest et le débiteur
fust obligé à prinse de corps.
8. Plus, que le châtelain du lieu doive marquer toute
mesure et poids Justes et raysonnables de nos armes
estans evocqué et requis de ce fere par les sindics dudit
lieu.
115
9. Plus, que les dits sindics aient pouvoir d'amoindrir
les mesures de vin que l'on vendra au dit lieu d'un quar-
teron pour chacune chevallée et ce qui s'exigera du dit
amoindrissement convertir au profit de la dite ville.
10. Plus, que nulle personne puisse vendre du vin aux
dites mesures sinon les Bourgeois ny aussi hors lesdites
limites de leur bourgeoisie.
11. Plus, que les dits sindics aient le pouvoir de cons-
tituer bochiers à la dite ville et défendre aux aultres de
n'en vendre pomt de chairs que lesdits bochiers esleus,
réservant les langues a Madame ou à qui elle les a
donnez.
12. Plus, que le châtelain ne doive fere point de Visi-
tation en la dite ville sans la présence des dits sindics
mesmes es choses concernant les affaires de la ville.
13. Plus, que les dits sindics aient le pouvoir de visi-
ter les maisons dudit lieu et de contraindre les habitans
à icelles réparer tant pour dangers de feu qu'autres.
14. Plus, que les dits sindics puissent fere les égan-
ces de toute la paroisse de Fleyrier pour les négoces et
supportation des charges d'icelle du consentement des
conseillers esleus, mesmement pour les réparations de
l'esglise ou affaires du commun de la ville et non
aultres.
15. Plus, que les dits sindics avec leurs conseillers
aient plain pouvoir de recevoir et admettre en leurs li-
bertés et franchises des aultres bourgeoys lesquels Joui-
ront des dites libertés.
16. Plus, que tous ceux qui habiteront dans la dite
ville un an et un Jour ou riere les limites d'icelle estre
116
premièrement receuz bourgeoys par les dits Sindics,
Soyent lièges et francs et participants eu toutes libertés
accoustumées à la dite bourgeoisie.
17. Plus, que tous bourgeois et liabitans dedans les
dites limites et Jurés de la dite ville tant leurs person-
nes que leurs biens soient mis et réduits maintenus et
gardé perpétuellement sous notre protection et sauve-
garde.
18. Plus, que tous les bourgeois et Jurés puissent de
leur volonté tester codiceller, donner par donation à
cause de mort ou autrement et que leur dernière volonté
soyt tenue et observée.
19. Plus, que si un bourgeois venait à mourir sans
enfans de son propre corps sans tester ou disposer de ses
biens, que les plus prochains parents puissent succéder
es biens du dit deffunct.
20. Plus, que tous ceux et celles qui feront le pain
pour vendre puissent seulement gagnier un sol pour
octane luy estre déduis ses despends et labeurs, et fesant
le contraire, que le dit pain soit levé par les dits sindics
et donné aux pauvres.
21. Plus, que les sindics dudit lieu appellent le châ-
telain dudit lieu qui assiste avec eulx puissent et doivent
visiter les poids et mesures des marchands et hostes de
ladite ville quand bon leur semblera pour fere punir les
personnes qui se trouveront tenir laulx poids et mesures
et que les sindics du dit lieu puissent mettre ordre es
affaires de la ville concernant le bien public.
22. Plus, que nul ne soit osé de vendre eu menu en
la dite ville à poids ny à mesure (luilz ne soyent marqués
et signés de nos armes.
117
23. Plus, qu'en l'asle dudit Taninge les bourgeois
puissent fere des bancs environs tant quilz voudront et
les bancs ascenser et convertir au proufit de la dite ville
a la charge qnilz seront tenus maintenir ladite asle à
leurs propre cousts et des))ends et icelle ensemble les
bancs recognoistre es mains dés commissaires de noz
Extentes de Chatillon, nous rendanlz de servis annuel
trois gros quils seront tenus payer es mains de notre
Châtelain du dit lieu à chascune feste de S^ Michel
archange.
24. Plus, quilz ayent au bourg de Taninge et dans les
limites de leur dite Bourgeoisie toutes les années une
foyre le Jour de la veille de S^ François.
25. Plus, que les dils Bourgeois manants et habitans
soyent francs des leydes de leur Bourgeoisie et aussy en
notre ville de Cluses tant les Jours de marchés que
aultres.
26. Plus, quilz ne puissent accepter à bourgeois aul-
cung taillable de main morte et que ne soit franc et liège,
et desquelles susdites franchises libertés et preheminen-
ces sus annotées et par articles escripts nous voulons que
tous manants et habitans dans les susdits confins et y
fesant résidence doresnavant et doivent et puissent Jouir
user gaudir plainement et pleseblement et sans contre-
dicts quelconques.
Si donnons en mandement aux gouverneurs de Gene-
vois, gens de notre Conseil et de la Chambre des Comp-
tes de Genevois, ballits, Juges, procureurs châtelains
officiers et à tous nos autres officiers et sujets et à ung
chascun d'eux respectivement à peine de cent livres
genevoises pour ung chascuns des dils gouverneurs du
Conseil et de la Chambre moiiidres, que de la dite Bour-
118
geoisie et libertés franchises preheminences prérogatives
authorité droit profit et émolument d'icelles ils mettent
les dits de Tagninge en possession et saisine, les facent
et souffrent Jouir et user plainement paisiblementet sans
contredicts et à eulx obeyr et entendre de tous ceux et
ainsi qu'il appartiendra es choses touchant la dite Bour-
geoisie et franchises, Car tel est Notre plaisir. En témoin
de quoy Nous avons signé ces présentes de notre main,
faict sceller du scel de Nos armes et contresigner par
lung de nos Secretayres. Donnes a Chambéry le dixième
de may en l'année mil cinq cent quarante trois. Signé :
Charlotte, et au replis : par Mad*^ la duchesse en son
Conseil : Granier.
Arch. de Turin, section .3, registre n° 9 : « Contrats
passés en la Chambre des Comptes de Genevois.»
— Et copie aux arcli. du château du A^'ache. —
Publié par la Soc. sav. d'hist. et d'arcli., tome
XXIII. "
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VI.
(Inédit.)
Concession d'une n^arqnc de fahriqrœ à Jacques Dumoidrn,
fabricant de faux, à Taninge.
24 septembre 1578.
(Arch. de Turin. Sect. III. « Lettres de dons
et constitutions d'offices. )) Genevois. Reg. n" 17,
fol. 223).
Jacques de Savoie, duc de Genevois, etc. A tous ceux
qui ces présentes verront salut.
Receu avons l'humble supplication et requeste de
lion'^i® Jacques Du Moliu l'un des faucheurs de Ta-
gninge rierc notre mandement de Chastillon et Cluses
contenant comme tant lui son père que ayeul paternel
auroient exercé et continué en Testât et mestier de fau-
cheur Et que pour descerner leur besongne et ovre d'avec
celles des aultres faucheurs du dit lieu auroient toujours
accoustumé mettre et graver aux daulx et dallies par
eulx faites l'impression et marque dung rasoer et du
pirasset, et encoures le suppliant dempuis quelque temps
en ça pour obvier à la fraude que se pouvait ferc i)ar
aultres faisant et usans de tel mestier de faucheur et
marquant leur besongne de semblables marques que les
susdites auroit adjouxté a iccllcs la marque ou figure du
soleil dont il auroit use des et dempuis le dil temps jus-
qua ce Jourdhuy Et pour ce que se double que quelques
aultres pour donner cours et ven'e ;\ leur marchandise
que ne se trouverait de telle bonté cl si bien faite que
123
celle diidit suppliant ne usent des dites marques Et afRn
de cognoistre ceux qui travallieront et besongneront plus
fidèlement Nous auroit très-humblement requis et sup-
plié lu}- volloir donner en abergement les de» marques
de rasoer de pirasset et celle du soleil afin den user pour
descernement de sa besongne et ouvrage comme dict est
A laquelle requeste comme Juste et raisonnable nous
inclinant ensu y vaut sur ce ladvis et délibération des gens
de No Chambre des Comptes et procureur fiscal auquel
la de requeste auroit esté communiquée, de noire certaine
science pour Nous et les nostres hoiers et successeurs
quelconques aud' Jacques Du Molin et aux siens perpé-
tuellement avons donne et alberge donnons et albergeons
par ces présentes les d^^ marques du rasoer de pirasset
et figure du soleil avec plein pouvoir authorité et faculté
de marquer et engraver les daulx et dallies que par eux
seront des hores faictes des d^^ marques du rasoer du
pirasson et du soleil tant pour luy que pour ses entre-
metteurs et en user comme le suppliant et ses entremet-
teurs en ont par cy devant use de telles ou semblables
marques faisant inhibition et défïense a tous riere
notre obéissance a peyne de cent livres et de confiscation
de leur marchandise de ne user de telles marques Et
cecy avons fait et faisons tant libéralement et de grâce
spéciale et pour ce que a plen faire moyennant la somme
de six escus d'or pistollets par Nous dud' du Molin heu
et receu par les mains de notre bien amé Delespine
recepveur de nos parties casuelles qui nous en demeu-
rera comptable comme aussy moyennant la somme de
trois deniers genevois de servis annuel et perpétuel que
sera tenu païer a chaque feste de St André apporter es
mains de n'« châtelain fermier ou recepveur de notre
mandement de Chaslilloii et Cluses lequel servis et
124
marques suscle"? led* du Molin suppliant et les siens
seront tenus nous recognoistre entre les mains de notre
bien amé le comm''® de notre dit mandement ])resent et
qui sera pour ladvenir.
Si donnons en mandement, etc. (Clause de formule
exécutoire.)
En foy de quoi avons octroyé ces des Patentes. An-
nessy ce 24^ Jour de septembre 1578. Signé : « Jac-
ques. »
VII.
Lettre adressée à Noble Bernard d'Avonay par
le Conseil d'Etat de C/iambèri/.
31 mai 1591.
A M'' d'Avonay, des capitaines de son Altesse, aux
Allinges. Nous avons heu advis de la prinse de M^ le
le baron d'Harmance dont nous avons esté très déplai-
sant, et parce que cela porroit donner plus de veue a
l'ennemi d'entreprendre chose nouvelle tant sur le fort
des Allinges qu'autres lieux de ce Gouvernement là,
Nous avons estimé convenable vous faire la présente
pour vous dire que le service de son Altesse requiert en
cette occasion que vous usiez de la même vigilance et
fidélité que vous avez usé par ci devant, vous condui-
sant en bonnes gardes et aiilros choses requises pour la
conservation de cette forteresse avec le nicnie ordre que
l'on a leini par ci-devant, attendant ])lus ample com-
mandeuient de Son Excellence, et laquelle nous mande
en diligence et aussi pour vous faire pourvoir d'argoiit
de vivres de munitions de guerre et autres choses neces-
125
saires, et sur russurance que nous avons en votre Mileur
et fidélité.
Vos meilleurs amis à vous faire service
Les Gens tenant le Conseil d'Etat
Signé : De la Court.
P. S. Si par méchanceté ceux de Genève font escrire
quelque chose de contraire au service de Son Altesse, ne
croies pas mais usez de vertu.
(Archives de la famille d'Avouay^ à Besançon.)
VIII.
Patentes portant confirmation d'anciens privilèges an
hourç] (Je Taningc et concession de nouvelles foires.
20 novembre 1598.
(Arch. de Turin. Sect. III. V^ Patentes. Reg. no 23,
fol. 126-127).
(Inédit).
« Charles Emanuel par la grâce de Dieu duc de
Savoie, etc.
A tous ceux qui ces présentes verront scavoir faisons
avoir receu la très humble supplication de nos chers
bien amés et feaulx les sindicz manantz et habitantz de
notre ville de Taninge Mandement de Chatillon sur
Cluses en Fauciguy contenant comme leurs prédéces-
seurs auroient obtenu plusieurs privilèges des sérén'"cs
ducs de Savoie nos progéniteurs mesme entre autres ung
marché le Jour de Jeudi toutes les semaines et deux
foires l'année a tenir le Jour et feste de S^. George et
i2G
l'autre aujour de S'. ADclré comme résulte des dits Pri-
vilèges à euxfaicts par le duc Louis en l'année 1457 12
octobre despuis confirmés par Dame Blanche duchesse
de Savoye tutrice du duc Charles son fils le l^' Juin
1492. Autre confirmation faite par le duc Philibert le 18
février 1500, et finalement par le duc Charles notre
ayeul le 9 Juin 1508. Desquels privilèges droits et aultres
choses en deppendants lesdits supp*^ ont Joui et Jouis-
sent et useni encore de ])résent. Nous suppliant par ce
très humblement qu'il soit notre bon plaisir leur vouloir
octroyer nos Lettres de confirmation et en outre leur
voulloir accorder deux aultres foyres lune a la feste des
Roys et lautre à la Magdeleine estant icelles comme les
deux autres deux ensemble leur marché les voulloir
déclarer franches et libres au moyen de quoy les circon-
voisins et tous aultres et puissent venir librement pour
doultant plus se prévaloir en cela de noire bonté et grâce
et dailleurs se pouvoir par là remettre des grandes char-
ges misères et désolations que le malheur de la guerre
leur apporte.
Sur quoy ayant fait voir a notre Conseil d'Etat rési-
dant près notre personne les privilèges libertés franchi-
ses et aultres droits a eux concédés par nos ])redecesseurs
et faite due considération sur iceux au rapport que nous
eu a esté fait en l'assemblée de notre Conseil et veuil-
lantz gratifier les suppliantz en considération principale-
ment de la très louable fidélité et obéissance quils ont
toujours porté el tout ce que leur a esté commande pour
notre secours et ayant égard aux grandes charges et
dépenses quils ont supportés pendant la guerre et pour
leur donner moyen de se remettre a ladvenir.
A ceste cause inclinant libéralement a la requête que
nous a esté faite par Nobles philibert de Mandolla Seig''
127
de Boucliillics, Bernard d'Avoiiay, M^^^ pierre Merniet
et Michel Danllion dud' lieu, Avous de notre certaine
science plaine puissance et authorité souveraine confirmé
et approuvé et ])ar ces présentes avec ladvis de notre
Conseil confirmons et approuvons aux dits sindics bour-
geois manantz et liabitantz de notre ville de Taninge et
leurs successeurs a perpétuité tous les dits privilèges de
foires marché franchises libertés et exemptions a eux
concédés par nos Seig^'^ prédécesseurs de point en point
selon leur forme et teneur avec déclaration que nous
faisons que le changement qui a ete fait ci-devant de la
foire a eux concédée le jour de S^ André a celle de S*.
Barthélémy continuera attendu que le dit Jour S^ André
la ville de Cluses voisine des suppliants dune lieue se
trouve avoir obtenu de nos prédécesseurs une foire audit
Jour. Et pour démonstration de la bienveillance que
Nous avons à Tendroit diceulx et en rendre témoniage a
la postérité au bénéfice desdits suppliants et de leurs
successeurs comme aussy en considération de la pau-
vreté où ils se trouvent constitués pour les grandes
charges quils ont supportées comme dit est pendant la
guerre De quoy nous sommes très certain et asseurés et
de la fidélité quils ont toujours démontré a nostre obéis-
sance Nous leur avons semblablement concédé et oc-
troyé de n''^ grâce spéciale et authorité souveraine des
aultres foires outre les deux susdites qui se tiendront les
jours et festes des Roys et S^e Magdeleine Lesquelles 4
foires ensemble le marché susdit nous déclarons libres
franches avec entière permission a tous circonvoisins et
aultres quelconques dy pouvoir venir librement et en
toute seurté avec leurs marchandises et denrées et le
jour des dites foires le jour auparavant et subséquent
comme aussy celuy du marché aulcuns des dits etran-
128
giers et aultres venaiilz auxdiles foires et marché ne
puissent être emprisonnés de leur personne ny leurs
marchandises bestail denrées quelconques détenues pour
alcungs debtes civils Veullants quils eu soient et demou-
rent immunes et exemplz par privilège spécial a jamais
irrévocable Et ce avons fait et faisons de n^'Q grâce spé-
ciale et afin de les relever de la pauvreté en laquelle ils
ont été ])ar le moyeu des ravages et ruynes par eulx
souffertes aux présentes guerres tant par diverses courses
de l'ennemy sur iceux que séjours de nos armées tant en
garnison que de passage et sansaussy quils soient tenus
nous payer aulcune finance pour raison de ce soit a notre
Chambre des Comptes ou ailleurs de laquelle en tant que
de besoing nous leur avons fait et faisons par ces pré-
sentes don put- et irrévocable en considération des choses
susdfes £(-] pQm. principalement en cela leur impartir nos
grâces et faveurs pour doresnavant des susdt® privilèges
foires et marché a eulx concédés comme dessus ensem-
ble des aultres deux foires que nous leur avons de plus
augmenté les Jours etfestesdes Roys et de S'e. Magde-
leine toutes les années et marché susdit franches et libres
de tous emprisonnements détentions de leurs dt*» mar-
chandises bestails ny aultres choses quelconques les
Jours des d^^ 4 foires ung auparavant icelles et lautre
ensuyvant comme cely dud^ marché pour debtes citils
comme dit est Jouyr et user plainement et paisiblement
tout ainsy quils ont fait ci-devant deuement et Juste-
ment et en jouissent encore de présent En ce néanmoins
quils ne se trouveront contraires aux bonnes mœurs
edicts règlements et Status tant nostres que de nos pré-
décesseurs et sans préjudice du droit du tiers.
Si donnons en mandement a nos très cher bien âmes
et feaulx conseillers les gens tenant notre Sénat et
129
Chambre des Comptes de Savoie et tous aultres nos
Ministres Justiciers officiers vassaux et Subjects quil
appartiendra que de nos pt«s lettres de confirm^'^ et con-
cession des dits privilèges et franchises ils fassent lais-
sent jouyr et user lesdts suppts et leurs success^s a per-
pétuité sans permettre ny souffrir leur estre fait mis ou
donne ors ou pour ladvenir en manière que ce soit aul-
cuns destourbies ny empeschement nonobstant quils
nayent rapporté la confirmation des privilèges susdits de
feu Monseig'" et père le duc Em^ Philibert et toutes autres
difficultés qui leur pourraient être opposées au contraire
A quoy de notre grâce spéciale et autorité souveraine
avons dérogé et dérogeons comme aussy a tous Statuts
edicts règlement arrests et toutes autres choses mesmes
à la dérogatoire de la dérogatoire y contenus Car tel est
notre plaisir. En tesmoing de quoy avons signé ces pré-
sentes de n''<3 main et a icelles fait aposté le scel de nos
armoiries.
Données à Thonon le 20 Q^^e 1598. Signé. C. Emanuel.
V. Rochette Pi' M'" le Grand chancelier soussigné Ron-
caz Scellées en scel pendant. »
IX.
Lettres de Bourgeoisie de Taninge en faiseur
de Jean Roget.
25 mars 1607.
« L'an courant mil six cent et sept et le vingt cinquième
Jour du mois de mars, Parde^'ant nioy notaire ducal
soussigné et présents les témoings soubs nommés, Soy
130
sont establis en leurs personnes hon^'^^s jehan Micliallat
et Frans Dumullin le jeune Scindicqs modernes de la
ville de Tagninge agissant au présent acte par l'advis et
consentement de Noble George de Chignyn, Noble Ber-
nard d'Avonay, égrége François Dumullin l'ainé, lion'^^^
Claude Dumullin son frère, lion^^'^ Jehan Parchet,
Jehan Bidal, Jehan Pavy et égr. Estienne Durier, leurs
conseillers de la d^ ville ; Lesquels scachant et bien ad-
visés de leur bon gré pour eux et les leurs, font, créent,
constituent reçoyvent et admettent par la teneur du pré-
sent acte en bourgeoys et habitant de la dite ville de
Taninge, Scavoir honneste Jehan fils de feu Philibert
Roget mercier icy présent acceptant stipulant et recep-
vant avec condignes remerciations pour soy ses hoirs et
successeurs quelconques, Lequel a preste le serment en
tel cas requis et accoustumé.
Promectant ledit hon^^^ Jehan Roget estre loyal à
Monseigneur et aux scindicq et bourgeois de la d^ ville
procurer de tout son pouvoir le proufit et utilité de mon-
dit Seigneur et de la d^ ville éviter leur dommaige.
Luy donnant plein pouvoir lesdits S)*» Scindicqs et
constituent audit Jehan Roget de Jouir et gaudir dores-
navant des libertés, franchises^ privilèges, comme les
autres bourgeoys de la de ville, a la charge qu'il ])ayera
et suportera toutes charges comme les autres bourgeoys
selon ses moyens et facultés de ses biens. Et ce ont fait
lesdits S''« Scindicqs et conseillers avec promissions de
serments respectivement faits et prestes d'avoir aggré
tout le contenu au présent acte et a iceluy ne contrevenir
en Jugement ni dehors. Renonciations de tous droits à ce
contraires et autres clausules icy nécessaires et requises.
Fait et passé au dessoubs lasle de Taninge, présents
Claude Robert du villaige de Rond et Jehan feu Jeanyn
131
de Marcillier du lieu des Combes p'^se ^q Fleyrier tes-
moins requis, et moy dit Notaire soubsigné requis. »
(( Par commandement des dits
Ss^^ Sciudicqs et Conseillers. »
Signé : Guicguet notaire.
Jean.
Et plus bas :
« Je soussigné Jean Guicguet atteste que le devant
nommé Jean Roget bourgeoys a realement livré aux
devant nommés Sindicqs sept ducatons pièces quil a
financées pour la bourgeoisie ensemble les drulleries
accoustumées, cejourd'hui 25^6 mars 1607. En foy de
quoy a signé cette Recognoiss'-® audt Jean Roget. »
Ainsi est : Guicguet.
(Arcliives de la famille Roget^ de Taninge.)
X.
Inféodation et cvcctlon en comté de la Terre de Taninge
22 avril 1700.
(Inédit).
Victor Amé II, par la grâce de Dieu duc de Savoie,
prince de Piémont, etc. A tous ceux qui ces présentes
verront Salut. Aïant été obligé d'aliéner nos domaines
de Savoie pour le paiement des dépenses qu'il nous con-
vient de faire pour les fortifications de nos places et pour
acquitter partie des dettes que nous avons contractées
pendant la dernière guerre, pour ne pas surcharger nos
sujets Nous avions fait un Edit le 22 novembre 1698
vérifié par notre Chambre des Comptes de Savoie le 28
132
du même mois dont les publications auraient été faites
dans les lieux accoutumés de nos Etats delà les monts,
et sur la remontrance de notre très cher et bien amé et
féal conseiller d'Etat procureur patrimonial, le bourg de
Taninge et la paroisse de Fleyrier leurs appartenances et
dépendances ayant été publiés et assignation donnée de
la première enchère par deux fois, les miseurs renvoyés
au 10 mars année courante pour comparoir au Buteau de
notre de Chambre pour être expédiés au plus offrant et
dernier enchérisseur, la chandelle été allumée par trois
différentes fois à la manière accoutumée. Le dit bourg
de Taninge paroisse de Fleyrier et dépendances auroient
été expédiés le même Jour à l'extinction de la dernière
chandelle à notre très cher et bien amé féal Noble Rd
Mre Prosper de Gex de S^ Christophe doïen de Sallan-
che agissant au nom de notre très cher et bien amé féal
Noble Paul Joseph de Gex de S^ Christophe son neveu
baron du dit lieu de S^ Christophe, de Couvette, Vallon
et Morillon, pour la somme de 55,000 florins le 17 du
dit mois par le tiercement au sieur La Grange pour
56,500 et finalement par autre arrêt du 24 duditmois sur
le doublement au dit sieur doïen de Sallanche faisant au
nom dudit baron de S^^ Xplie son neveu pour le prix de
72^500 florins sous notre bon plaisir, lequel auroit eu
recours à Nous pour obtenir des L. P. portant ratifica-
tion et confirmation de lad^ vente faite sous les réserves
portées par notre Edit et sous les conditions insérées en
son parti d'ériger led^ bourg de Taninge et paroisse de
Fleyrier en Comté à la forme ci-après.
A cette cause par les présentes signées de notre main
de notre certaine science pleine puissance et autorité
souveraine, eu sur ce l'avis de notre Conseil Résident
près de notre personne, Nous avons confirmé approuvé
133
ratifié, rattifions confirmons et approuvons lad^ vente et
expédition et en tant que de besoin vendons de nouveau
audit Noble Paul Joseph de Gex le dit bourg de Taninge
et paroisse de Flérier appartenances et dépendances, en-
semble le droit de fiefs, de le3^de, poids, dixme, hommes,
hommages, emphitéoses, domaines, directes, rentes,
censés, servis, soufertes, commises, échutes, pensions,
plaids, gardes, courvées, laods et vends, laods d'indem-
nité, taillabilités réelles et personnelles, bans, clames,
cours d'eau, rivages, moulins, foulons et autres artifices
et droit d'en faire construire, banalité de fours et mou-
lins, péages, messeleries, sauveries, charriages, maisons,
terres, prés, bois, montagnes, affouages, aussieges, j^ê-
ches, chasses, chemins, droit de geôle et de marque,
boucheries, langues bouvines, mines, minéraux. Juri-
diction omnimode, haute, moyenne et basse, mère et
mixte empire, avec pouvoir d'établir Juges châtelains,
curial, métrai et autres officiers pour l'adininistration de
la justice et police, droit de percevoir les amendes et,
généralement, tous les droits qui nous appartiennent et
peuvent appartenir dont Nous avons Joui et pu Jouir
dans toute l'étendue du dit bourg de Taninge, paroisse
de Flerier et dépendances, sans rien nous réserver aux
choses sus vendues sauf le droit de Souveraineté et
d'arrière-fief, les personnes nobles, leurs domestiques,
maison et pourpris d'icelle en conformité de l'Edit d'alié-
nation du Domaine et arrêt de vérification d'icelui.
Est c'est pour et moyennant la somme de 72,500
florins avec manutention à la forme du droit, laquelle
somme a été païée entre les mains de notre Trésorier
général de là les monts pour être em])loïée suivant la
disposition dudit Edit.
Donnant à ces fins pouvoir audf noble Paul Joseph de
134
Gex de tirer droit cédé de noire procureur patrimonial
auquel nous mandoiis de ce faire et de remettre aud*
acquéreur tous les titres et terriers pour l'exaction
des droits et revenus susvendus et qu'il est en droit de
percevoir avec pouvoir de rechercher toutes les usupa-
tions faites à notre préjudice riere lade terre et ses dé-
pendances et généralement exercer tous les droits et
actions que notre patrimonial a et peut avoir, pour avoir
jouir gaudir et posséder à l'exclusion de tout autre tout
ce qui Nous appartient ou pourroit nous appartenir dont
nous avons joui et den jouir à cause de lad^ terre et ses
dépendances et, généralement, tous les droits et devoirs
seigneuriaux portés par les livres terriers tant anciens
que modernes stipulés à cause de lads terre et ses dépen-
dances de quelle nature et espèce qu'ils soient et en quel
lieu qu'ils soient dus et situés, le subrogeant en tout et
pour le tout en notre propre lieu droit et place avec en-
tière cession de droit et clause de constitut Desquelles
choses sus vendues ledf' acquéreur pourra prendre pos-
session réelle et actuelle quand bon lui semblera dont
nous sommes dévêtus et l'avons invetus sans que l'on
puisse demander ancuns laod de la présente vente duquel
nous le libérons de même que ceux qui achetteront de
lui le tout ou partie j)endant l'année de la vérification
des présentes lesquels ne seront non plus tenus de nous
en payer aucuns, étant compris dans la présente vente
les revenus dès le paiement dclad^ somme, avec pouvoir
de faire ériger fourches patibulaires à 4 pilliers et piloris
dans les endroits que bon lui semblera et bancs de Cours,
les appellations toutefois des juges qui seront par lui
établis réservées à notre Juge-Maje de Foucigni.
Est voulant témoignor aud' Noble Paul Joseph do Gex
135
]a considération que Nous avons pour les bons services
de ses prédécesseurs, Nous avons érigé et érigeons lad^
Terre de Tauinge et Flérier en titre de comté qui s'ap-
pellera le Comté de Taninge, Voulant qu'il jouisse des
honneurs dignités prééminences prérogatives et privilè-
ges dont jouissent les autres comtes de nos Etats delà les
Monts, le libérant pour ce sujet de donner aucun dénom-
brement de ses biens et des autres astrictions prescrites
par l'Edit du dernier octobre 1576 et autres semblables,
auxquels nous avons dérogé et dérogeons et à la déroga-
tion de la dérogation, étant informé qu'il en a suffisam-
ment.
Si donnons en mandement à nos très cliers bien amés
et féaux conseillers les gens tenants notre Chambre des
Comptes delà les Monts, de \érifier et enlériner les pré-
sentes de point en point selon leur forme et teneur sans
aucune limitation ni restriction quelleconque, dérogeant
à toutes lois et édits qui pourraient y estre contraires,
voulant que la présente venle sorte son plein et entier
efïet, mandant à ces fins à nos patrimoniaux de tenir
main à l'observation et exécution des présentes que nous
voulons servir aux uns et aux autres de l'"e, 2"'o et 3'"e
finale et péremption jussion et commandement précis.
Car ainsi nous plait. Donné à Turin ce 22 avril 1700.
Signé : Victor Amé. Vu ; Bellegarde, Gropelly, etc.
(Scellé au grand sceau pendant et contresigné :
Lanfranchi.)
Arcli. de Turin. Reg. des Patentes ii° 56. p. 34 1^ 345.
136
XI.
(Inédit).
Le roi Charles- Albert accorde le titre rie ville an bourg
(le Taninr/e.
29 décembre 1835.
Les habitants de Taninges, province de Faucigny,
Nous ont représenté que leur Commune avait été érigée
en titre de ville par Lettre Patentes en date du 11 avril
1562 par lesquelles Jacques de Savoie duc de Nemours^
comte de Genevois, avait approuvé et ratilié les privil-
léges que leur avait précédemment accordés sa mère
Charlotte d'Orléans duchesse de Nemours par Lettres
Patentes du 10 mai 1543.
Ils nous ont en conséquence supplié d'ordonner que le
bourg de Taninges sera considéré comme ville et jouira
des privilèges attachés à ce titre.
Le dévouement de ses habitants envers Nos augustes
prédécesseurs, l'importance de ce bourg sous le rapport
de son étendue et de son aisance, Nous ont déterminé à
accueillir favorablement ses demandes ;
C'est pourquoi par les présentes de notre certaine
science Royale autorité et notre Conseil entendu, Nous
avons accordé ainsi que Nous accordons le titre de ville
au bourg et territoire de Taninge avec les honneurs pré-
rogatives et prééminences attachés à ce titre dont nous
l'autorisons à se décorer à l'avenir, ce que nous avons
fait et faisons de noire grâce spéciale pour et moyennant
la. finance de cinq cents livres que la conmiune payera
en notre trésorerie générale.
137
Mandons à notre Chambre des Comptes d'entériner
les présentes.
Données à Turin ce vingt-neuf du mois de décembre
l'an de grâce mil huit cent trente cinq, et de notre règne
le cinquième.
Signé : C. Alberto.
Vu Barbaroux g^e des Sceaux.
Signé : di Pralormo.
Enregistrées au Contrôle gén'
ce 29 mars 1836
Re 79. Patentes C» 279.
Le Me auditeur chef Di^'°°
Signé Traggia.
Enreg''^'^ à la Roy'° Chambre des Comptes
le 11 avril 1836.
j^ju-egées au Sénat de Savoie
le 7 mai 1836.
Le M"-' auditeur Bellemin
No 572.
Emolument livres 237. 50.
Sceau — 39. 58.
Finance — 500.
Le 24 mars 1836.
?'■ le M^' auditeur émolumentateur royal
Signé : Moris
Lettres Patentes par lesquelles V. M. accorde le titre
de Ville à la commune de Taninges.
Enregées au Ministère des Finances
Re 7« Patentes Etat C^s 206.
Signé : Vigliotti.
138
XII
L'ancien conseil de ville. — Conseil conunundl
de 1732 à 1793. — Le Budget . — Quinte et Lei/dc. —
Administration. — Maires et Syndics.
Avant la création de la commune et d'un conseil
unique pour toute la ])aroisse, le territoire se partageait
en quatre districts : le bourg et Tiers du Milieu, le Tiers
d'aval et de la Côte, les Six- Villages, Rivière-Enverse.
Ces districts, ayant chacun une espèce de communauté,
parfois nommés dixains, dizaines, dimeries, hameaux,
avaient à leur tête un s^nidic élu par les chefs de famille,
un rôle ou cottet de taille, et un procureur pour exiger
les quartiers d'impositions levés pour le prince. Mais
toute la vie municipale était concentrée dans la jjartie
franche du territoire, au bourg et dans l'enceinte des
Franchises. Chaque année, les bourgeois et contribua-
bles « excédant en nombre les deux parts de trois, les
trois faisant le tout, » réunis sous la halle, nomment les
deux syndics et les conseillers (1). Le châtelain, sorte
de defensor de la cité , agent du pouvoir central ,
assiste aux élections. Les syndics procèdent aux ré-
ceptions des nouveaux bourgeois. Le 12 avril 1G27,
Jean Vuy, cordonnier, est reçu par les syndics as-
sistés du secrétaire de la ville. La ville a son petit
budget. L'actif dérive do trois sources principales :
(1) Deux syndics: imitation des f/«»/)HV7'S romains, deux
magistrats chargés, avec le conseil niunici[)a], de l'adminis-
tration de la ville.
139
l'impôt sur la boucherie, sur les bancs, sur la vente du
vin en détail. Pour recouvrer ces taxes, on mettait la
recette aux enchères : elle était adjugée à ceux qui « fai-
saient la meilleure condition, » depuis le 4 0/0 au-des-
sous. Les fonds sont remis par les exacteurs par moitié
aux syndics, qui en font l'emploi convenable. La ville
entretient le pont, les digues, la halle, l'horloge ; elle
paie le salaire du serviteur de ville et des gardes-foires,
les frais du prédicateur de Sainte-Anne, etc.
Parfois, les syndics acquittaient certaines dépenses à
la charge delà paroisse entière. Mais, à la réception des
comptes, ces articles étaient rejetés, sauf aux syndics
leur recours contre tous les habitants. A côté des dépen-
ses normales, il y a des dépenses extraordinaires ; mais
il n'y avait pas bien de quoi faire avec si peu de res-
sources. Le compte rendu par chaque syndic est reçu
par deux procureurs à ce députés, en l'assistance do
deux auditeurs ; il est apuré par le juge de Faucigny
qui vient à Taninge accompagné de son scribe. (Do-
cument XIII.)
Voici quelques noms de syndics : Jean Saddo et
Humbert Montemps, 1565 ; François de Chignin, 1619;
Jean Roget et Pierre Laurat, 1626 ; Jean Bel, syndic
du Tiers du Milieu, 1631 ; Bernard Durier, syndic du
Tiers-d'aval, 1641 ; Nicolas Duperrier, 1645 ; Claude
Desbois et François Michallat, 1653 ; Jean-Baptiste Pel,
syndic du bourg et Tiers du Milieu, 1667 ; Claude-
François Guyat, 1673 ; Claude-Antoine Bovet, 1674 ;
Jean-François Pralon, 1696 ; Jean-Jacques Richard,
1608 ; George Pittet, syndic du Tiers-d'aval, 1698.
Le revenu principal était la Quinte, impôt levé sur les
cabaretiers et sur les débitants do vin excepté les bour-
geois vendant en détail le vin de leur crû. Or, la
140
quinte, remontant aux franchises de 1543, fut d'abord
d'un quarteron ou deux pots, puis de trois et même de
quatre pots par chevallée, celle-ci étant de 64 pots (1).
Ainsi cet impôt a été successivement de 3^2 ,de^, et de ^.
Ce dernier, le plus lourd, n'était pas toujours perçu sans
opjjosition, témoin cette requête adressée par François-
Joseph Jacquier à sp'^^^Bastian, juge à Taninge : « Que
(( le 27 mars 1763, la quinte du vin qui se débite par les
(( cabaretiers riôre Taninge lui a été expédiée à raison
<( de 4 pots par chevallée soit de 16 pots par tonneau,
(( comme il est de coutume de Tacenser et de la faire
« payer au cabaretiers, sauf qu'ils ne soient abonnés
(( avec le fermier. Le suppliant alla chez Me Messy no-
ie taire et châtelain, chez Claude Rouge, Jacques Bo-
(( sonnet, Aimé Lacroix, François Joëgne, Joseph Du-
(( pont et Jean Derons, pour faire la visite et leur donner
(( les ouches qu'ils refusèrent en disant qu'ils ne paye-
ce raient qu'à raison de deux pots par chevallée. Ce n'est
(( pas le cabarelier qui paie la quinte, mais celui qui va
(( boire chez lui ; tout le monde sait que le pot de quinte
« est d'un verre plus grand cpie le pot de débit du caba-
(( reticr. Le défendeur le reconnaît en s'ofïrant de payer
« 8 pots par tonneau, soit cinq livres pour le prix de
(( huit pots. ))
Le fermier, percepteur de la quinte, se présentait chez
le débitant où il se livrait à certaine opération dont le
détail nous échapj)e, mais qui paraît à j^eu près indiqué
dans la plainte de Jean Derons, au banc du châtelain, en
1762 : (( Que le 26 octobre, il s'est présenté chez Joseph
(( Dupont aubergiste, nuini des ouches usitées pour
« marquer le \in (|u'il a^aii à marquer (un tomieau en
(1) A Taninge, ;i Snnioiins, ;ï Saint-Jeolrc, le pot de quinte
tenait 2 litres 25 c, le pot de débit 2 litres 05 c.
141
« mou), lequel répondit qu'il n'avait aucun vin à mar-
« quer. Sur quoi le plaignant, qui ne peut pas forcer
« les caves ni les personnes, s'est retiré avec les ou-
« ches sans rien marquer (3). » Le 5 février 1764, le
Conseil décide qu'il sera fait un pot de quinte en cui-
vre et un pot vendant j le premier devant être à la mesure
d'un quarteron de Genève, le second, d'un verre moins.
La quinte, toujours payée en nature, finit par se payer
en argent, à raison de 6 deniers par pot. En 1780, la
ferme de cette taxe fut adjugée à Joseph Rouge pour
350 livres et 50 pots de bon vin, savoir, 30 pots pour
ceux qui se mettent sous les armes le jour du « Corps
Dieu )) et 20 pots pour les Capucins qui prêchent le ca-
rême.
Une autre taxe, la letjde, frappait les denrées et mar-
chandises, au moment de leur mise en vente. On la
percevait les jours de foire et de marché de tous les
marchands excepté des bourgeois non forains, suivant
un tarif qui, à l'origine fut le suivant : pour une vache,
3 deniers ; pour un animal de race chevaline, 4 deniers ;
pour un mouton, 1 denier ; pour un cuir de vache, 3
deniers ; pour un porc hiverné, 2 deniers ; pour Tan-
nage du drap et de la toile, chaque pièce, 9 deniers, etc.
Sur les objets de consommation ou sur certaines mar-
chandises^ le leydier levait une pièce à son choix, après
que le vendeur en avait levé deux : (( de aliis rébus que
(( in foro venduntur, veluti solutaribus, ustensilibus et
(( ferraturis, leyderius levabat unam peciam illius mer-
ce cancie quam vol ébat, levatis prius per venditorem ip-
(( sarum duabus peciis » (1). La leyde appartenait au
prince ; on l'affermait jusqu'à 510 florins. Le fermier
(1) Arch. du château de Wache.
142
tenait sur la place du marché un connnis muni des poids
et mesures nécessaires. On ne pouvait ni vendre ni
acheter hors du lieu du marché.
L edit royal du 15 septembre 1738, de la péréquation
générale, porte (c qu'il y a un conseil dans toutes les pa-
roisses pour la conservation des droits et des intérêts
d'icelles. » Une lettre de l'Intendant du Fauciguy aux
syndics de Taninge, du 17 novembre, trace ainsi les rè-
gles touchant l'élection du syndic et des conseillers :
(( Le conseil doit être pris parmi les plus aisés et plus
(( apparents^ les plus intègres et les plus capables. »
Puis, dans ses instructions au châtelain, il ajoute :
(( L'élection sera faite à la pluralité ; le syndic aura un
« gage convenable et réglé par nous. Celui qui aura été
(( syndic sortira du conseil l'année de son syndicat ré-
« volue. Le plus âgé des conseillers de cette nomination
(( sera syndic l'année suivante ; il sortira de même en
« son temps du conseil, et, à la place du syndic qui
(( sortira chaque année du conseil, le même avec les
(( conseillers restants nommeront un autre sujet chaque
(( année, et les sujets ainsi nommés seront syndics à leur
(( tour par ordre de réception. Si la paroisse a plusieurs
(( hameaux, chaque hameau donnera un sujet, s'il y en
(( a de capables ; et, s'il y a plus de hameaux que de
(( conseillers, ils en auront un chacun à son tour )) (1).
L'édit royal est publié, ici, le 23 novembre. Le châte-
lain convoque aussitôt les chefs de famille en assemblée
générale au son de la cloche, sur la place ]3ublique, pour
le 26 même mois. Là, vérification laite qu'ils sont au
nombre de plus des deux tiers, M^ Joachim Jacquier
écrit les noms de chacun d'eux et recueille les suffrages.
'■o^
(1) Arch. de la mairie.
143
Il y a 193 électeurs : 40 pour le bourg, 25 pour la dizaine
d'Avonay, 43 pour les Six-Villages, 40 pour la Côte et
45 pour le Tiers-d'aval. Plusieurs femmes, des veuves,
sont de ce nombre. Le résultat donne pour syndic M.
Joseph Pralon, pour conseillers Jean-Claude Montant,
François Bel, Jean - Baptiste Emonet, Joseph Bon,
Etienne Mugnier et Joseph Bernaz (1). On voit par là
que les fonctions de syndic et de conseillers étaient
obligatoires, plus redoutées que recherchées. Il en fut de
même sous les Romains : chaque ville avait un conseil
municipal appelé CMn'e.Ceuxqui possédaient 25 arpents
de terre étaient forcément curiales j ils ne pouvaient
s'en dispenser.
Pour délibérer, le conseil de Taninge s'assemblait
après midi, au son de la cloche. Le châtelain, sorte de
ministère public, nommé par l'Intendant du roi, as-
sistait de droit aux séances. Cette organisation munici-
pale dura jusqu'à 1792.
SYNDICS
1739. — Joseph Pralon.
1741. — François Bel.
1742. — Etie"^<= Mugnier.
1743. — Joseph Bon.
1744. — Laurent Derons.
1745. — François Messy.
1746. — Francs Perrier.
1747. — Pi-e Bosonnet.
1748. — France Derons.
1749. — Jn-BteBoëjat.
1750. — France Burtin.
1751. — Jn-Cdû Michallat
1752. — Jn-Cde Rouge.
1753. — Joseph Jacquier.
1754. — F^-J 11 Richard.
1755. — Joseph Burtin.
1756. — jqies.ps Burtin.
1757. — Francs Roullet.
1758. — France Chatel.
1759. — Joseph Grange.
1760. — Franc® Jacquier.
1761. — Jn-Btô Boëjat.
1762. — Nicol^Humbcrt.
1763. — Jacques Nachou
1764. — Etienne Rouge.
1765.
Ji' Bosonnet.
(1) Arcli. de la mairie.
144
17G6. —
Cde-jh Avril.
1776.
— Jn-Cde Derons.
1767. —
Joseph Dessuet.
1777.
— Jn-B'e Devant.
1768.
Joseph Coppel.
1778.
— Jn-B^e Claret.
1769. —
jn_jrs Garin.
1779.
— France* Nachon.
1770.
Jn-Fs Derons.
1780.
— Jean Dupont.
1771. —
Nicol-^ Derons.
1781.
— Joachini Bel.
1772. —
jques Bosonnet.
1782.
— Joseph Burtin.
1773.
jn-Bte Baud.
1790.
— Di"e Lavanchy.
1774.
Bernard Rouge.
1791.
— Cào-Jh Coppel.
1775. —
Mi-Fs Bouillon.
1792.
— Cde-Jli Roget.
MAIRES
1792. —
François Messy.
1800-1805. — Jean- France
1793. —
pbert Curtou.
Orsat.
1794. —
Fs-jim Jacquier.
1805-1814. — C<i«- Francs
1795. —
François Bel.
SYN
DICS
Jacquier.
1815-1839. — Fs Martin.
1858-1860. — BasiieOrsat.
1839-1848. — Jn-B^e An-
1860.
— Cie-M'e Garin,
drier.
président de la
1848-1849. — L« Orsat.
Junte munici-
1849-1854. — Jû Giiebey.
pale.
1854-1858. — Jn-Jii Rouge
A partir de 1860 ont été maires : MM. Ilumbert Lau-
rent-Marie, 1860-1863; Garin Claude-Marie, 1863-
1865; Anthonioz François, 1865-1878; Tétaz Joseph-
Alfred, 1878-1879. M. Humbert Jean-Claude est maire
depuis 1879.
M. Joseph Jacquier, notaire, fut pendant 43 ans se-
crétaire de la commune.
145
XIII
Compte que rend hon" Estienne Dollion Scindicque du
ticr du Millieu l'année mil six cent quarante un du
maniement quil a heu:; de la moitié des recenus du
Bourg de Taninge A M° Hugonin Peron M' Jean Des-
suet procureurs de la Communauté du dit Bourg.
(Inédit).
1641.
Produit et affermé j^ar le comptable en présence de M"
Hugonin Perron et JeanDessuet et en l'assistance d'honora-
ble François Delesmontex et Pierre Clerc, auditeurs respec-
tivement convenus et assermentés.
Premièrement se charge de la moitié du revenu de la
quinte de l'admodiation quil ha passe a fran. Michallat
le 30e mars 1641 receu par Me De la Grange notre et
Sre audit lieu tout compris fl. 197 6
Plus se charge de la moitié du revenu de la
Bocherie de la dite année a forme de l'admodia-
tion a Nicolas Jacquet dict daulz le 25'"e mars
de la de année receu par qui dessus tout com-
pris fl- 32
Plus se charge de la moitié du revenu des
Bancs dudit Tagninge de lade année a forme de
l'admodiation passée a Me Hugonin Perron
soubs la caution d'honte Claude Nachon tout
compris A- 75
Plus se charge davoir receuz de l'exacteur du
lier de la Reuiere psse de fleyrier la somme de
A reporter fl 304 6
146
Report fl. 304 6
dix florins p^ la moitié part compétant audit tier
de la despense des Pères prédicateurs delad© an-
née il. 10
Plus se charge dauoir retiré des exacteurs de
la Coste d'Avonay et des six villages de chacun
deulx un ducaton p'" leur part de la d^ des-
pence fl. 21
Total fl. 335 6
(En marge de chaque article est écrit : accepté).
Descharge du présent compte.
Premièrement demande estre descharge de la Somme
de cent six florins trois sols quil a payé pi" sa moitié part
à honte Robert Chastel pour la despence des pères pré-
dicateurs de la ds année 11. 106 3
Plus demande luy estre alloue demy ducatton
quil a paye p'' un disne à l'arrivée des R^s Pères
prédicateurs, présents Mes Gonin Peron, Jean
Dessuet et Jean Bel 11. 3 6
Item pour avoir fourny un pain de sucre audt
Rii Père prédicateur et p»' la moitié fl. 3 6
Plus demande estre descharge de quatre flo-
rins quil a paye pour sa moitié part a ceux qui
ont descharge la neige qui accablait le couvert
de Ihasle du dt bourg (alloué pour 2 florins) . .fl. 2
Item demande luy estre alloue deux florins six
sols quil a fourny pour sa moitié part pour auoir
fait accomoder le pont dudt Tagninge a la foire
de St George en lad^ année 11. 2 6
Item demande luy estre alloué la somme de
vingt six florins quil a paye p'" sa moitié part a
147
lacquis et façon dune robbe p'" le vallet de
viUe fl. 26
Plus six florins six sols p'' les despens de
presbtres et altres servans a lesglise valet de
ville estans en procession à Cluses (alloué pour
4 florins) fl. 4
Plus sept florins quil a paye a lacquis dune
douzaine d'hais que pour les appliquer à la répa-
ration du pont de Tagninge a la foire de la Mag-
deleyne de lad^ année (alloué pour 6 florins), .fl. 6
Plus cinq florins payé pour sa moitié part à
Etientie Duret qui auoit tué un ours fl . 5
Pour avoir fait raccomoder la Croix estant au
devant la chapelle de Tagninge fl. 0 9
Item pour auoir faict mettre une colonne au
pont et iceluy redresser en sa moitié part trois
florins six sols fl. 3 6
Item cinq florins payé en sa moitié part p* lac-
quis du beurre envoyé à St Julien au R'^'^ pères
Capucins fl . 5
Item vingt florins quil a payé au S'' Recteur de
la chapelle de S^e Anne pour la moitié de la censé
anniie qui luy est due en telle qualité fl. 20
Item sept florins quil a paye p"" sa moitié part
p' les despens des presbtres et autres officiers de
lesglise que p'' les conseilliers estant en proces-
sion es Giets (alloué pour 3 florins six sols) . .fl. 3 6
Item trois florins p* sa moitié part p'' avoir
faict porter au lieu de S^ Julien les bardes des
R<is pères prédicateurs fl . 3
Plus deux ducattons quil a paye à ceulx qui
onz sonné l'Aue Maria et fait battre l'horloge la
de année fl. 14
148
Item dix sept florins six sols quil a paye en sa
moite part p'' le disne du S'" Recteur presbtre et
et aultres quonz assisté au disne le jour de Ste
Anne (alloué pour 14 florins) fl . 14
Item huit florins quil paye aux gardes quil a
establis aux quatre foires de Tagninge fl. 8
Item trois florins qu'il a paye le jour de S"^
Nicolas tant pour luy que p^' la moitié du disné
du valet de ville fl . 3
Item quatre florins quil a paye tant pour luy
que pi' la moitié des vacations du vallet de ville
faisant nettoyer les cheminées (alloue pour 2
florins six sols) fl. 2 6
Item dix neuf florins quil a paye a deux sol-
dats des gardes de S. E. au logis de la Croix
Blanche p'' sa moitié part (non alloué, sauf au
comptable recours sur le général de la paroisse).
Item cinq florins p'" la dresse du présent
compte fl . 5
Pour la despence de bouche faicte a la redi-
tion du présent compte fl. 10
Pour Vous Monsieur le Juge quauez ouy et
examiné le présent compte fl. 10
Pour M. Joliuet vi« scribe fl. 5
Pour les auditeurs p^' chascun deulx un flo-
rin fl. 2
(En marge de chaque article est écrit : (alloué ou al-
loué pour...)
La recepte du présent Compte se monte trois cents
trente cinq florins six sols et la despense deux cents
149
soixante huit et par ce le comptable débiteur de soixante
sept florins six sols.
A Tagninge ce 7 avril 1653.
Signé : Meclard (1).
XIV
Acte d'élection de Srjndic et conseillers en la paroisse de
Tanin g c.
(Archives municipales, paquet n» 38.)
Du 2G novembre 1738.
(Inédit).
L'an mil sept cent trente huit et le vingt six du mois
de novembre, au milieu de la place publique du Bourg
de Taninge, paroisse de fleyrier, étant ainsy qu'ajjres
avoir publié le vingt-trois du courant, l'édit de la Péré-
quation générale du 15 septembre dernier, J'aye en
même tems fait lecture aux Communiers assemblés
])our lors à l'issue des offices divins, de la Lettre de M'"
de Favier Intendant de la province du faucigny en exé-
cution delaquelle j'aurois notifiés aux dits communiers
qu'ils eussent à s'assembler ce jourd'hui à une heure
après midy, et après le son de la cloche, sur le lieu ac-
coutumé à tenir les assemblées, pour procéder à l'élec-
tion d'un Syndique et de six conseillers marqués dans
la susdite lettre, et intimé à tous les chefs de famille de
se trouver à ladite assemblée a peine de désobéissance,
et de cinq écus d'or d'amende. Pour ce, est-il qu'ai)rès
(1) Arcli. de. la mah'ie de Taninge. — Compte de 1(541,
n" 7.
150
auoir fait sonner la cloche quelque tems auparauant, je
me serois rendu cejourdhuy a la dite heure dans le sus-
dit lieu où étant auroient comparus pardevant moy Joa-
chim Jacquier châtelain soussigné de la présente pa-
roisse :
(Suivent les noms de 193 chefs de famille des divers
hameaux. Les veuves remplacent leurs maris dé-
funts) (1).
Et tous ensemble chefs de famille possédant biens
dans la susdite paroisse, en nombre excédants les deux
tiers, les trois faisant le tout, lesquels après avoir en-
tendu la lecture que je leur ai de nouveau fait du susdit
Edit, et de la susdite Lettre, dont je leur ai bien expli-
qué le contenu, après auoir pris le suffrage d'un chacun,
ont nommés ainsy qu'ils nomment tous unanimement
pour le syndique de ladite ])aroisse le sieur Josepli Pra-
lon, et pour conseillers les sieurs Jean Claude Montant,
Joseph Bernaz, Me françois Bel, Jean Baptiste Emonet,
Joseph Bon d'Auonex et Estienne Mugnier, tous natifs
et habitants de la ])résente paroisse, en déclarant que
parmi les plus aisés d'entre eux ils ont reconnus les dits
élus, et les plus capables et plus en état d'agir et mieux
seruir la Communauté, ensuite de laquelle nomination,
Je châtelain susdit ai notifié aux dits Syndiq et Conseil-
lers qu'ils ne doiuent s'assembler, faire aucunes fonc-
tions, ny prendre possession de leurs charges qu'aupa-
rauant le Conseil ainsy formé n'aye été a])prouué par
ledit Seigneur de Favier Intendant.
Fait et passé au lieu que dessus en présence d'hon'J^°
(1) C'était alors un usage général dans les assemblées des
communautés i^aroissiales. (Voir notanunout Mugnu-.r, Los
lu-v(/((cs de Gcnève-A/uiecy, p. 279, note 3.)
151
Bernard Antlionioz natif et habitant de la paroisse des
Gets, Joseph Bufflaz natif de Pellionex habitant dudit
Taninge, témoins requis. » —
(Suivent les signatures au nombre de 51, et les mar-
ques au nombre de 142.)
(( Les deux témoins étant illitérés enquis par Je châ-
telain soubsigné recevant le sudit jour. » Signé: J. Jac-
quier châtelain.
XV
Chronique du comté de Taiiiiige.
1700-1762.
Dans la paroisse de Flérier le domaine du prince, re-
montant aux seigneurs de Faucigny, était le plus consi-
dérable d'entre les fiefs du territoire ; il n'avait pas cessé
d'être de la dépendance immédiate de la Couronne.
Voici en quoi il consistait : outre la juridiction et les
émoluments qui en dérivaient, il y avait la leyde, le
poids public, les langues de boucherie, le quart et demi
de la dime appelée la grande dime, Tociége d'Uble et de
Planajoux, le péage de Saint-Jean d'Aulps, la chasse et
les cours d'eau, ainsi que les diverses prestations en
nature et en argent dues par les possesseurs des terres
domaniales.
Mais les finances ducales étaient épuisées ; d'un au-
tre côté, le fief rendait assez peu, surtout à cause des
frais de perception. C'est pourquoi Victor- Amédée prend
le parti de l'aliéner. L'acquéreur est un riche gentil-
homme de Samoëns, Paul-Joseph de Gex, baron de
Saint-Christophe ; le prix de vente est de 72,000 flo-
152
rius ; le fief est érigé en titre de comté (1). Le 12 juillet
suivant, la Chambre des comptes entérine la vente en
disant : « Qu'il sera permis au nouveau comte de plan-
ter des fourches patibulaires à quatre piliers, au pont
d'Etézières, et un pilori en place publique du bourg en
bas de la maison de Nicolas Rouge où il a toujours été,
à la charge par ledit seigneur de reconnaître le comté de
l'arrière-fief du prince et de lui prêter l'hommage, fidé-
lité et tous autres devoirs auxquels sont tenus les autres
vassaux» (2).
Cet événement fut mal accueilli ici. Sans doute les
franchises du bourg restaient intactes. Mais, et chacun
le comprit bien, le vassal ne pouvait être aussi hon
prince que le Souverain. Si le fief rendait peu au Tré-
sor, ne devait-on pas craindre que le comte ne lui fit
rendre davantage ? Le juge, le châtelain, jusqu'ici
choisi par le prince, allaient être nommés par le comte.
Un parti hostile, le sien, n'allait-il point se former au
détriment de la paix publique dans le pays ? Ces craintes
étaient fondées. La tenue du sire de Gex dura quinze
ans. A l'exception d'un recours à la Chambre des
comptes pour la leyde qu'on cherchait à éluder, ce dé-
but ne fut pas signalé par de grands orages. Du reste le
baron de Sf. Christophe ne tenait pas beaucoup à son
comté. Un enfant de l'endroit le convoitait.
Dès l'an 1711, .Toachim de la Grange et Paul-Joseph
de Gex échangent une promesse de vente du comté, pro-
messe qui est réalisée à Chambéry, le 5 septembre 1715
par acte du notaire Girerd. Le vendeur cède la terre de
(1) Voir Docuiiient X.
(2)Arch. do Turin. Scct. l. Province de Faucigny. Ta-
ninge, paquet 10, n" '.].
153
Taninge telle qu'il l'a acquise lui-même du Domaine. Il
cède, en outre, tout ce qu'il y possède de son patrimoine
propre, en fiefs et hommages ; le tout pour le prix de
82,000 florins (1). Mais la couronne du comte aura
bientôt ses épines. Pas plus que bon prophète l'on est
bon seigneur dans son pays. Les rapports entre M. de la
Grange et ses compatriotes ne tardent pas à s'aigrir.
Le 4 octobre 1725, quinze individus de Rivière-En-
verse déclarent, par serment, à Taninge, devant le séna-
teur Sclarandi Spada, que le seigneur comte les a me-
nacé de procès par ses sergents ; qu'il leur a fait renou-
veler dM-A^\k de la juste valeur, payer des arrérages mal
à propos et promettre de payer des droits non dûs. Des
plaintes non moins vives partent de la rive droite. Le
comte, disait-on, poursuit les échutes, les lods, à la der-
nière rigueur ; il fait exécuter des bans champêtres inu-
sités ; il empêche le chapelain du bourg d'assister le curé
de Flérier les fêtes et dimanches ; enfin, il gâte avec
excès les récoltes en chassant avec ses chiens. On plaide.
Il existe, en effet, aux archives de Turin, certaines piè-
ces démontrant que, entre les années 1726 et 1731, la
bataille était engagée sur toute la ligne devant le juge-
mage et au Sénat. Le récit de cette première phase de
la lutte offre peu d'intérêt.
Voici des détails plus amples sur les revenus de la
terre de Taninge ; on les trouve dans la consignation
qu'en dut faire le président Joachim à la délégation
ro}^^^ le 1er août 1734. Il déclare : « Que les biens
annexés à la dite comté, rentes, fiefs et revenus, décla-
rés féodaux par arrêt de la Chambre de délégation géné-
rale du 10 décembre 1733, consistent, savoir : 1» deux
(1) Arcli. (lo la, niaii-ie.
154
journaux 230 toises, rière Taninge, rendant 4 quarts et
demi de froment, 2 quarts d'orge, 13 quarts d'avoine,
un quart et deux douzaines d'autres ; 2» 7G sols gene-
vois, une livre et deux onces poivre ; 3° le quart et demi
de la dîme qui rend 300 livres ; 4° le droit de leyde qui
s'exige les jours de foire et de marché, ainsi que le droit
de poids, le péage qui s'exige dans la paroisse de S*.
Jean d'Aulps, l'ociége dans les monlagnes d'Onion, le
tout rendant 400 livres ; 5° langues des bovines qui se
tuent à la boucherie, 10 livres ; 6° plus les rentes et fiefs
que ledit comte a acquis du baron de S^. Christophe et
déclarés féodaux, lesquels consistent en servis annuels,
savoir : 14 quarts et demi de froment, 1 quart d'orge, 15
quarts et deux tiers avoine, 1 quart et demi et un dou-
zain fèves ; 76 sols genevois, 1 chapon et onze parts
d'autre ; et de tous lesquels servis ledit seigneur dit n'en
percevoir que les trois quarts, eu égard aux frais d'exac-
tion, minutie ; partie brisée et insolvabilité d'icelles. Il
déclare, de plus, qu'il est obligé, pour regard des autres
revenus sus-spécifîés, de payer tous les trois ans vingt
livres pour l'établissement des juges ; et, à l'égard des
biens-fonds, ledit seigneur s'en rapporte à l'estime qui
en sera faite, déclarant que tous les droits, biens et re-
venus, relèvent du direct domaine do S. M. et ne sont
tenus à aucune redevance » (1).
Cependant le roi venait d'établir le cadastre et de
transformer les paroisses en autant de communes ; deux
institutions considérables, l'une (pii établissait l'égalité
des maîtres du sol devant l'impôt, l'autre qui appelait les
mandataires du peuple à gérer, dans des réunions pério-
diques, les affaires de la généralité des habitants. Ces
(1) Arch. de Turin (ihid.j.
155
deux institutions portent un coup mortel à ce qui restait
du régime féodal ; elles seront d'un grand secours pour
aider les Taningeois à saper le comté.
Malheureusement rinvasion espagnole vient pour
plusieurs années suspendre ces efforts, La déclaration
des hostilités est annoncée, ici, le 8 septembre 1742, à
cinq heures du soir. Le Conseil assemblé délibère :
« Au nom de Dieu, à tous soit notoire que S.A. R. dom
Phili])pe, infant d'Espagne, par son ordre général du 6
septembre, a ordonné à tous les bourgs, villes et lieux de
ses Etats de Savoie d'élire et députer une personne pour
comparaître au camp de St. Jean de Maurienne et se
présenter dans cinq jours à S. A. R. pour luy prester
serment de fidélité ; — en exécution duquel s'étant as-
semblé dans la maison de Je secrétaire lieu accoutumé à
tenir le Conseil, après avoir fait battre la cloche, suivant
l'usage, Etienne Mugnier, syndic, Joseph Bernard,
François Messy, Jean-Baptiste Bidard, conseillers du
bourg, Joseph Bon, conseiller d'Avonay, Laurent Do-
rons, conseiller de la Coste, Joseph Burtin, conseiller
du Tiers-d'aval, représentant tous le conseil ordinaire de
la paroisse, lesquels ont élu et député François à feu M^
Pierre Bel, et c'est pour se transporter à S*. Jean de
Maurienne pardevant S. A. R. dom Philippe pour luy
prester liommago et fidélité en l'âme des susnommés
syndic et conseillers, comme dès à présent ils le jurent
au nom que dessus, moy notaire et secrétaire acceptant
pour sérénissime dom Philippe, de promettre d'estre à
jamais bons et fidèles sujets de S. A. R. » (1).
Le sieur Bel étant parti, on apprend que le marquis
d'Ensenadaz a levé en Faucignv une contribution de
^G'
(1) Arcli. de la mairie.
156
mille vaisseaux de froment et de 600 vaisseaux d'avoine.
Taninge doit pour sa part 25 coupes. Nouvelles réquisi-
tions, le 22 septembre : cette commune est taxée 62 cou-
pes froment, 57 coupes orge, 48 coupes seigle et avoine.
Le conseil décide que la taille de la paroisse étant de
4,613 livres, chaque livre de cadastre paiera deux livres
trois quarts de froment, etc.
1743, fév. 10. — Deux compagnies de cavalerie du
régiment de Séville sont logées à Taninge. Le Conseil
délibère que M. Duclos donnera sa grange ]30ur maga-
sin de fourrages. On fournit du bois et de la paille. Les
soldats sont logés dans les maisons du bourg, ainsi que
les chevaux. Chaque dragon a quatre onces d'huile, le
commandant, deux chandelles ])arnuit.
1747, août 3. — Ordre de loger 16 cavaliers du régi-
ment de Séville. Le capitaine, M. d'Aguila, est logé
chez Etienne Rouge.
Le 17 novembre 1743, le Conseil avait notifié que la
commune était taxée pour la contribution de guerre à la
grosse somme de 613 livres par mois. Bref, après six
ans de cette funeste occupation étrangère, le pays est
délivré, 17 octobre 1748. Le souvenir n'en est pas en-
core perdu tout-à-fait : on parle encore des courses que
faisaient les soldats pour ramasser des œufs de poule
dont ils étaient friands. L'un d'eux est resté à Taninge,
le nommé Rodriguez, dont la descendance a subsisté
jusqu'à nos jours.
On va reprendre la lutte contre le président de la
Grange et le comté ; l'aflaire ira vile. Suivant l'Edii. du
22 avril 1445, le domaine de la Couronne était inaliéna-
ble. Cette règle de notre droit public dut fléchir plus
d'une fois. Dans tous les cas le prince, malgré la vente
de son fief, conservait le droit de rachat et ce droit pou-
157
vait être cédé à des tiers. Or, si nos deux communes,
Taninge et Rivière-Euverse, se font céder par le roi le
droit de racheter le comté, elles forceront le comte à le leur
re\endre. La voie était trouvée ; on s'y jette avec ar-
deur, et un recours dans ce sens est adressé à la Cour de
Turin. La requête articule les griefs ; elle ajoute ceci :
(( Le comte veut se faire payer la centième partie de
tous les biens pour doter sa fille mariée il y a 18 ans.
Pour fixer cette somme, le seigneur demande une décla-
ration assermentée de la valeur de ces biens. L'exaction
de ce droit met le peuple dans la consternation et va
obliger beaucoup de personnes à quitter le pays pour
aller chercher un asile dans des Etats où ils pourront se
mettre à l'abri de la taillabilité. Ils prendront ce parti
plutôt que de donner au public une note de leurs dettes
et affaire de commerce, ou de se rendre parjures en ne
donnant pas cette note juste » (1).
Enfin, par lettres du 25 octobre 1754, le roi accorde la
faculté de racheter le comté. Dès que le rachat sera
exercé, y est-il dit, le comté demeurera éteint ; les com-
munautés rétrocéderont à la Couronne la juridiction des
dits lieux ; elles rembourseront au comte le prix de son
acquisition, avec les dommages ; elles verseront au Tré-
sor la somme de 24,000 livres.
Opposition, mais la Cour des comptes l'en déboute ce-
pendant. Les formalités à remplir viennent retarder le
moment heureux où l'on pourra signer l'acte du rachat.
Huit années se passent à attendre. Dans l'intervalle, le
président Joachim passe de vie à trépas. Son fils, Jo-
seph, jaloux de ne pas déchoir, achète du marquis de
Lescheraines, pour 116,000 livres, la seigneurie du Wa-
(1) Arcli. de la mairie.
1^8
che qu'on venait d'ériger en marquisat, 3 septembre
1758(1).
Quatre ans plus tard, le roi supprime en Savoie la
taillabilité personnelle, par édit du 20 janvier 17G2. Le
15 septembre suivant, le marquis du Waclie revend aux
communes de Taninge et de la Rivière la juridiction et
fief de ces lieux pour 49,000 livres, prix payé comp-
tant (2). Ces communes s'empressent d'affranchir leurs
comnmniers. A lui seul le Conseil de Taninge passe
375 contrats, la plupart pour taillabilité personnelle.
Chaque affranchi paie une somme en rapport avec sa
fortune et sa cotte de tailles. Cette opération produit
25,191 livres. Puis, en 1763, on vend aux enchères, les
choses ci-après détaillées : au notaire Jean-Claude De-
lagrange, le quart et demi de la dîme du Tiers-d'aval et
de la Côte ; au notaire Joachim Jacquier les leyde et
poids. 9,000 livres ; au S^' Boëjal, le péage de S^. Jean
d'Aulps et l'ociège d'Uble et d'Onion, 900 livres ; au
sieur Jean-Aimé Rouge, le droit des langues de bouche-
rie, 420 livres. Le premier article fut expédié pour
7,500 livres. Les vingt-quatre mille livres dues au Tré-
sor furent levées par mode de capitation sur la base des
ressources de chaque habitant. C'était, en tout,uuesomme
de 73,000 livres qu'il fallut débourser presque dans le
même temps. Si à ce gros chiffre ou ajoute les frais de
procès, on voit quels lourds sacrifices le pays a dû s'im-
poser.
Ce grand acte de l'affranchissement du peuple rece-
vait, en Savoie, depuis deux siècles un commencement
d'exécution. Par son Edit du 18 octobre 1561, Emma-
(1) Areh. de la mairie.
(2) Arch. du château du Wache.
159
nuel Philibert avait déclaré la taillabilité personnelle
éteinte et rachetable à des conditions modérées. Ce mou-
vement d'émancipation sociale se termina avec les Edits
des 19 décembre 1771 et 10 décembre 1773, autorisant les
villes et communes à tenir des assemblées générales
pour demander l'affranchissement de toute taillabilité.
Ici, on fut donc libéré du régime féodal avant la Révo-
tion. La terre était passée sans secousses politiques aux
mains de ceux qui la cultivent.
Ainsi finit le comté, dernier soupir de la féodalité
mourante, après une courte durée de Q2 ans.
GÉNÉALOGIE
DE LA FAMILLE DE LA GRANGE
De la Grange, de Grangia, nom fort ancien à Ta-
ninge, est, aujourd'hui encore, le nom de famille le plus
répandu après celui de Burtin dans cette commune. Il y
est resté scus la forme Grange tout court. Le de s'est
conservé dans les deux branches des notaires de la
Grange.
1303, nov. 24. — a lo. de Grangia de FLérié cleri-
cus, » est témoin au testament de Martin de St. Ger-
main, évêque de Genève (1).
1339, juin 29. — Peronetus de Grangia est au nom-
bre des albergataires de l'alpe de Grons, à Taninge.
Plus tard, on trouve des notaires, avec la suite des
générations comme suit :
I. — Jean de la Grange dit la « Tesse, » notaire et
commissaire d'extentes du duc de Nemours, rière Flé-
(1) Chartes d'Ed. Mallet, Genève, p. 318.
160
rier et Scionzier ; ép. Tliévencia Mogenicr dont il a :
lo Pliiliberte, ép. n. Guillet ; 2° Nicolarcle, ép. Fran-
çois Piltet, puis Jacques Rouge ; 3^ Angeline^ ép. Jean
Pittet ; 40 autre Pbiliberte, ép. Jean Pellis ; 5» Aima,
ép. M° Claude Bailly ; 6° Pierre, dont l'alliance est in-
connue, eut plusieurs enfants, entre autres, Humbert et
Jean, prêtres, et Pernette, ép. M^ Guillaume Henrioux ;
70 le suivant :
II. — Jean, notaire et commissaire d'extentes. En
1597, le procureur fiscal procède contre lui ]30ur l'obli-
ger à la réception des Reconnaissances et Terriers des
Saulteries de Flérier et de Scionzier. (Arch. de Turin.)
De son mariage avec Claude-Urbaine, fille de Me Go-
nin Mermet et de Pernette Martin, il eut :
1» Rd Jean, premier vicaire de Vaise, aumônier de
Sk Pierre, à Lyon ; 2° Rd Claude D'' en tliéolopie, vi-
caire à la Collégiale de Lyon, aumônier de S. A. R. le
duc de Savoie (Besson, p. 320), le désigna pour un évê-
clié de ses Etats ; il refusa et mourut doyen de la Col-
légiale d'Aix le 7 juillet 1G58, âgé de 76 ans ; 3" Lau-
rent ; 40 Etienne ; 5° Jean-Baptiste ; 6° Clauda-Louise ;
70 Me Aimé, notaire, auteur de la branche de Brésil ;
8'J le suivant :
III. — Nicolas, marchand, ép. Annable DumuUin,
dont il a entre autres enfants : 1° Claude, bapt. le 27
mars 1625 ; 2° François ; 3e Jeanne-Philiberte ; 4° le
suivant :
IV. — Jean, notaire, décédé à Taninge en 1702, à 78
ans, a de son mariage avec D^ie Andréanne, fille des
nob. Claude Duboin et Guillermine de la Pérouse : 1°
Rd François, D^' en Sorbonne, chanoine d'Annecy ; 2°
IGl
Nicolas, en 1G5-2 ; 3° Françoise, en 1G56 ; Claudine, en
1668 ; 5° Jean-Gaspard, en 1659 ; 6c Joseplite, en 1660;
7o Marie, en 1665, ursuline, à Thonon ; 8" Jean-Bap-
tiste, en 1667; D" Michel, en 1669; 10» Anne, en 1672;
11° Jose])Ii, en 1676 ; 12° Balthasarde ; 13" Françoise-
Gasparde ; 14" Pèronne, à Jean-François Bel ; 15° le
suivant :
V. — Joachim, baptisé à Flérier, le 4 août 1674 ; sé-
nateur et président de Chambre au Sénat de Savoie ;
comte de Taninge (1); ép. Antuine-Marguerited'yiresiîeZ,
dont il a :
1° Thomas-François, né à Taninge le 26 septembre
1709 ; 2o François-Nicolas, né k Taninge en 1710,
mort en 1731 ; 3° Françoise-Marguerite, née à Taninge
en 1712, ursuline, à Thonon ; 4° le suivant :
VI. — JosepJi-Nicolas, D^' en droit, né à Chambéry,
décédé à Taninge le 13 septembre 1799, âgé de 86 ans ;
comte de Taninge, marquis du Wache et de Chaumont,
ép. Georgine-Françoise de la Fléclière de Chàtillon,
dont il a :
lo Augustin-François-Marie, né à Chambéry, rec-
teur de la chapelle de S*. Pierre, à Flérier (6nov.l771) ;
2» Xavier-Françoise-Marie, dite Jeanne ; ép. à Taninge
(1) Le pi'j-e du président Joachim de la Grange « pour
aider celui-ci à soutenir avec plus d'éclat les frais qu'il est
obligé de faire dans son emploi, lui donne les l)iens qu'il
avait licritôs des nobles Jean et Michel de la Grauge, biens
o.\)\)Ql(i-!i\'d rente de Taninge . (Areh. de Turin.) Cette déno-
mination donne à croire que la rente dont il s'agit ici, com-
prenait l'emplacement où s'éleva plus tard le château des
comtes de Taninge, emplacement qui aurait appartenu à
l'antique famille des nobles cUts de Taninge, prénommés.
162
le 10 novembre 1800, Marie Perrier, chirurgien. « avec
dispense de disparité de conditions ; » 3° Joseph-Marie,
ba]3t. à Flérier le 14 mars 1753, officier d'infanterie,
appelé le « chevalier Bourbonge, » ép. Marthe Favre
de St. Etienne, sans enfants ; 4° Joséphine, à M. de
Cevins (veuve le 26 ventôse, an V) ; 5° le suivant :
VII. — François-Marie (1), né à Taninge le 3 juillet
1751, mort a Carouge en 1842, marquis de Chaumont
et du Wache, chambellan du roi de Sardaigne, colonel ;
ép. en li'es noces Marie- Antoinette Favre de S^. Estienne,
de Bramans ; 2^'^^ noces ép. Charlotte- Françoise de
Grailly, dite Caroline^ dont il a un fils qui suit :
VIII. — Gaston Louis-Marie-JosejjJi, né à Carouge
le lei' janvier 1822, marquis de Chaumont et du Wache,
connu sous le nom de Gaston de Chaumont, ép. Hen-
riette Esther d'Arces.
Les de la Grange portent : « d'azur, au chevron d'ar-
gent, accompagné de trois gerbes d'or » (2).
(1) Par son testament du 9 mars 1839, Boucliet notaire,
le marquis du Wache a légué aux écoles de Taninge plu-
sieurs créa aces en motivant ce don par un mot gracieux :
« Je fais cette libéralité à la commune de Taninge, dont ma
famille est originaire, en reconnaissance de la bonne conduite
des liabitants envers mes parents dans des temps critiques,
de l'attachement qu'ils m'ont toujours témoigné et que je les
prie de conserver à mon fils. » Ici, M. de la Grange vivait
dans l'intimité de son notaire, M. Jean-François Orsat,
celui-ci x)ôrede M. Alexandre Orsat, j)rcsident à la Cour de
Grenoble.
(2) Ai'ch, de la mairie de Taninge.
— Livres de comptes des sires de la Grange.
— Registres des baptêmes, mariages, sépultures de la pa-
roisse de Flérier.
TABLE
Pages.
I. De l'étroit d'Antart à Taninge. Le bourg; ses
origines; familles, institutions et commerce. 3
II. Industrie et mœurs ; émigration 26
III. Mélan; aspect, origine. — Le collège; j)Ourpris
et paysage 29
IV. Cliâtillon et ses ruines; chronique du château;
la pointe d'Avy 49
V Flérier et ses alentours; Vallon de Suets 57
VI. De Taninge à Verchey; la montagne de Loy. . 68
VII. RiTiore-Enverse et ses hameaux 84
VIII. Le tour du Pradelis 92
DOCUMENTS
I. Un achat de Pierre II de Savoie à Sellières. . . 108
II. Coni3ession par le duc Louis aux hommes de
Flérier (1445) 109
III. Quittance de droit de sceau (1457) 111
IV. Franchises de Taninge (10 mai 1543) 111
V. Liste des châtelains et vice-châtelains 119
VI. Concession d'une marque de fabrique de faux
(1578) 122
164
VII. Lettre du Conseil d'Etat à Bernard d'Avonay
(1591) 124
VIII. Confirmation deiwivilèges à Taninge (1598). . . 125
IX. Lettres de bourgeoisie à Taninge (1G07) 129
X • Erection de la Terre de Taninge en comté (1 700) . 1 31
XI. Concession du titre de tille à Taninge (1835) ... 136
XII. Les conseils; le budget; administration 138
XIII. Comptes d^m syndic (1641) 145
XIV. Election d'un syndic et de conseiDers (1738). . . 149
XV . Chronique du comté de Taninge (1 700-1 762) ... 151
Généalogie de la famille de la Grange 159
CORRECTIONS
Page 40, ligne 18, au lieu de Vestevent, lisez Vertevent.
Page 52, ligne 13, au lieu de 1263, lisez 1268.
Page 68, ligne 15, au lieu de Anthelme, lisez Anselme.
DEDIE
A LA VILLE DE CHAMBÉRY
LETTRES
DES
PPiimS M U II
IF
1^ un
A LA VILLE DE CIL\MBÉR\
(1393 à 1528)
Tl
U
LES FILIGRANES DES PAPIERS EN SAVOIE
PAR
François MUGNIER
Conseiller à la Cour d'appel de Chambéry,
Correspondant du ministère de l'Instruction publique,
Chevalier de la Légion d'honneur,
Officier de la Couronne d'Italie . etc.
DES PRINCES DE SÂÏOIE AUX SYNDICS DE CllÂlÉRY
(1393 à 1328)
Les archives de. la ville de Chambéry sont fort
riches. Elles contiennent la charte originale des
franchises c[ui lui furent accordées en 1232 par le
comte Thomas I de Savoie. On y trouve les comp-
tes des Syndics, — souvent avec les picèes à
l'appui. Ils forment une série presque ininterrom-
pue allant du milieu du quatorzième siècle jusqu'à
nos jours. Ces comptes et une foule d'autres pièces
intéressantes ont été consultés et mis k profit
par les érudits savoisiens, Léon Ménabréa, Timo-
léon Chapperon, François Rabut, etc. Depuis quel-
ques années, grâce à un classement complet de
tous ces documents et à une table raisonnée et
méthodique des matières exécutée par les soins de
M. Charles Guillermin , ancien président de la
Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, les
reclierches sont devenues faciles. A notre tour
nous avons puisé dans ce riche trésor de notre
histoire politique et municipale. Nous y avons re-
cueilli de précieux renseignements pour notre
170
Histoire du Théâtre en Savoie; aujourd'hui,
nous publions une série de lettres de princes et
de princesses de la Maison de Savoie adressées à
leur bonne ville de Chambéry. Elles commencent
à 1393 et s'arrêtent au règne de Charles III.
Nous les ferons précéder de quelques notes et
éclaircissements. Celles d'Amédée IX et de sa
femme Yolande de France, sœur de Louis XI,
étant en nombre bien supérieur aux autres, nous
donnerons un précis des événements auxquels elles
se rapportent, et nous y joindrons les délibéra-
tions prises à leur occasion par les syndics et con-
seillers de Chambéry (1).
Nous terminerons notre traAuil par l'indication
des divers filigranes servant de marque aux papiers
sur lesquels les lettres sont écrites, ainsi que de
ceux que nous avons rencontrés sur les papiers
employés en Savoie aux mêmes époques.
(1) A propos de ces lettres et des documents semblables
non dates, nous siiinalons l'utilité du bol ouvrage de M. P.
Vayra : Autorjraji clei Principi socrani délia Casa di Sa-
coin. Les fac-similé qu'on y trouve de l'écriture et de la
signature des princes et des princesses de la Maison de Sa-
voie, depuis Bonne de Berry, et de celles de leurs divers
secrétaires, aident souvent ;\ retrouver l'autour de pièces
d'une lecture difficile ainsi que la date dos documents.
171
Lettres de Jean, duc de Berry et d'Auvergne
ET DE Bonne de Berry, sa fille,
COMTESSE DE SaVOIE.
Amédée VII, dit le Comte Rouge,, était devenu
comte de Savoie en 1383; il mourut à Ripaille le
l'''' novembre 1391, laissant pour héritier et suc-
cesseur son fils Amédée VIII , âgé d'environ neuf
ans. La tutelle du jeune prince fut disputée par
sa mère, Bonne de Berry, et par sa grand'mère,
Bonne de Bourbon, veuve d' Amédée VI, le Comte
Vert. Les deux lettres qui suivent sont relatives
aux difficultés survenues à cette occasion.
La première est du 7 novembre; la seconde du
12. L'année n'étant pas indiquée, nous allons es-
sayer de la déterminer à l'aide des énonciations
des lettres elles-mêmes.
Le 8 mai 1393, un accord était intervenu entre
les deux princesses et leurs partisans réciproques.
Le mariage d' Amédée VllI, qui avait alors onze
ans, devait être conclu le 28 septembre, à Cliàlon-
sur-Saône, avec Marie, fille du duc de Bourgogne,
Amédée conduit au château de Chambéry, et la
régence exercée par Bonne de Bourbon. Au jour
désigné, une partie seulement de ce programme
fut réalisée. Il semble que Bonne de Berry garda
encore quelque temps son fils auprès d'elle, à Me-
hun-sur-Yèvre (près de Bourges)^ où, le 8 jan-
vier suivant, elle se remariait avec Bernard, comte
d'Armagnac; — à moins que l'enfant ne soit resté
172
à Paris à Vhostel de neelle avec son grand-père.
Le duc de Berry dit, en efîet, dans sa lettre du 7
novembre qu'il l'amènera lui-même en Savoie.
Un autre indice, que les lettres sont de 1303,
résulte de ce que Jean de Berry rappelle aux syn-
dics que le comté de Genève doit appartenir à son
petit-fils, et il y avait, précisément alors, des
contestations à ce sujet. Humbert de Tlioire-
Villards, fils d'Humbert, sire de Tlioire-Villards,
et de Marie de Genève, était en instance auprès
de son oncle , Robert de Genève (F anti-pape Clé-
ment VII), pour qu'il lui cédât ses droits sur le
Comté de Genevois. Le 19 novembre 1393, le Pape
lui en faisait la donation authentique, au Palais
d'Avignon, dans la chambre du Cerf{l).
La lettre du duc de Berry, écrite à Paris, semble
avoir été envoyée d'abord û Bonne de Berry, à
Melmn-sur-Yèvre, où la comtesse y joignit la
sienne propre.
L
Suscription :
A nos chiers et bien amez les nobles bourgeois et coni-
munité de la ville de Chambéry.
De par le Duc de Berry et dauverg-ne conte de Poitou
de boulongne et dauvergne
(1) GuicHFNON. Hlst. gciiùal., tome II, ^. 15 et Prouves.
Arcli. de Turin. Diic/iè de Gencrots. Toutefois, le comte
ne passa définitivement à Amédée VIII que par la vente
qu'Odon de Villards, oncle et héritier d'Humbert, lui on lit
à Paris^ le 5 août 1401.
Bonne de Bourljon gouvernait k Chambéry en mars 1393.
173
Chiers et bien araez nous avons sceu par 1res que
nous ont envoyées aucuns des marches de Savoie de
morienne de tharente et de faucignie que on semé pa rel-
ies au pays de Savoye que belle cousine de Savoie doit
briesveraent retourner au dit pays de Savoie (2) et y estre
restituée et avoir son bien comme elle souloit avoir. Si
vueilles savoir que de ce il nest riens et vous en tenir
tous seurs. Car beau frère de bourgne est charge de ceste
matière Et se ne fust que luy et nous avons este occupes
d'aucunes grosses besongnes dont mons»' le Roy nous a
charges p deçà espescialement beau frère qui encore est
augure pour mon dit seigneur, nous des la fes!e de
toussains dernière passée eussions este p delà pour mectre
en ordenance le fait de nre dit fils especialement le fait
touchant ceste matière. Et au plaisir de dieu, beau frère
venu p deçà nous partirons pour y aler ou au moins lun
de nous et amènerons avec nous nre dit fils pour demou-
rer a Chambely ou il a du tout son désir daler — Pour-
quoy nous vous prions et ueantmoins mandons que ce
pendant vous ayez toujours nre dit fils et ses faiz et be-
soings pour bien recomande ainsi que de tous tems aves
et dont nous vous mercions. Et monsi' vous ait en sa
garde. Escrit a paris en nre hostel de neelle le vije jour
de novembre.
Et si vous estes requis par les gens du conseil de nre
très cher ame fils sur quoy ? nous sommes bien informez
si vous y emploircz de fait et ainsi que vous y estes tenus
et que toujours len avez aide a garder et acroistre sa
chevance et honneur Escrit comme dessus.
Signé : Jehan.
(2) Il y a tantôt Sacoic, tantôt Sacotjc.
174
II.
Copie de 1res (1) de la Comtesse de Savoie.
Suscription : A nos très chers et bien amez les nobles
bourgeois et hommes de Chambéry.
Très chers et bien amez nous avons receu 1res que
monsf mon père nous a envoyées ]) le porteur de ces
jjresentes tochant le fait de nre ti^es cher et... fils le conte
de Savoye et de son pais. Et aussi mon dit s^' mon père
vous en escript par le porteur, ^y vous prions bien, afïet-
tueusement et sur tout le plaisir que fere nous voulez que
le contenu des 1res que mon dit s^" mon père vous envoyé
veuillez acomi)lir, que comme vous savez mon dit s''
mon pe ne vouldroit riens escripre ne mander qui ne
fust profitable et au pffit de nre dit fils et de son pais. Et
se chose voulez que fere puissions escripvez le nous car
nous [/e] ferons voluntiers. mess, vous ait en sa garde.
Escript à Mehun le xij^ jour de novembre.
(Pas de signature.)
(1) L'IiunLidUé a altéré cette lettre et en a rendu une partie
presque illisible. Les mots en italiques sont ceux que nous
avons restitués.
175
Lettres d'Amédée viii.
I.
Nous plaçons ici une lettre qui semble provenir
cl'Amédée Mil, et se rapporter aux mêmes affai-
res. Elle est de 1396 à 1400.
Suscription :
A noz bien amez et feaulx les sindiques de nre ville
de Cliambêry
Le conte de Savoye
Nous vous saluons. Nre trescher seigneur et père le
Duc de bourgne nous a hastement escript que dimanche
dernièrement passée il partit davignon pour sen venir a
mascon ou a tournuez (Tournus) pour soy aider à mectre
bonne conclusion en nre M. Si est nre entencion au
plaisir de dieu de nous traire ]3 devers lui au lieu ou il
sera, de mascon ou de tournuez. pour ce vous mandons
et vous prions expressément q vehues (vues) ces 1res vous
enveuilles venir p devers nous pour nous accompagner et
conseller a cest voyage. A dieu soes. Donne a bagie le
xnje jour de juillet.
(Sans aucune signature.)
IL
Amcdêe VIII invite les villes de Chambérv ,
Montmélian, Moùtiers et St-Jean deMamienne à
lui envoyer à Tlionon, le 30 août 1431, des délé-
gués ayant pleins pouvoirs pour qu'ils assistent à
un fianccment. Il s'agissait de celui de Margue-
176
rite de Savoie, fille du duc et de INIarie de Bour-
gogne avec Louis, duc d'Anjou et du don (jva-
tuilii donnera cette occasion.
Aux mêmes.
Le duc de Savoye. Copia (1).
Nous vous saluons pour certain fiancement quavons
présentement affaire pour le bien de nous et tout nre
pays vous mandons et prions tant expressément que plus
povons que le dernier jour de cest moys vous soyez a
thonon ])ar devers nous ou la ou lors serons en amenant
avecques vous un des sindiques de nos lieux et bonnes
villes de chamberi de mont melian de moustier en la-
renthayse et de cliescung lieu dyceulx ayant pleyne puys-
sance des scindics de leur dit lieu de faire pour nous
ycelluy fiaocement Si vous garde bien qu'il nyait faulte
entant quames nre honiour et estât.
adieu soyes Escript a chamberi le x^ jour daoust mil
cccc et XXXI.
Datum pro copia facta collatione cum orir/inali.
Item n. l. philippi.
(1) Copie du temps.
177
Lettres du Duc Louis.
Louis, associé au pouvoir dès 1434 par son père
Amédée YIII, et devenu duc de Savoie en 1440,
lorsque son père fut intronisé pape sous le nom de
Félix V, régna longtemps, mais sans gloire. Les
conseils de son père, qui ne mourut qu'en janvier
1451, puis le souvenir de ce grand homme préser-
vèrent la Savoie de maux pires encore que ceux
déjà bien considérables qu'elle eut à supporter.
Anne de Lusignan ou de Chypre^ femme de
Louis, avait amené à sa suite une quantité de
gentilshommes cypriotes dont l'influence fut per-
nicieuse. Ces étrangers étaient odieux au pays et
ce sentiment rejaillissait un peu sur le duc et la du-
chesse. Il semble même que les voisins de Louis
cherchaient à profiter du désaccord entre les villes
et le souverain pour s'attirer leur amitié à son dé-
triment. On peut lire à ce sujet une lettre fort
curieuse adressée, le 4 avril 1455, par Charles MI
à la ville de Bourg (1).
Louis et Anne avaient de nombreux enfants.
Suivant l'habitude, les fils furent apanages, au
grand détriment de l'État, et il fallut doter les
filles. Les finances étaient gaspillées et obérées ;
l'on devait donc recourir au peuple pour obtenir
ce qui s'appela, longtemps encore, un don gratuit;
mais qui, en réalité, était un impôt forcé.
(1) BoLLATi DE Saint-Pierre ; Comitioriun, pars pn'or ;
colonne 253, note, dans Monumenta patri.e, XIV.
178
Louis, ayant marié sa fille avec Jean, comte de
Montferrat , s'adressa à ses sujets qui firent la
sourde oreille. La dot de Marguerite de Savoie
ne fut pas la seide cause des demandes de Louis.
Il voulait que les villes l'indemnisassent des dé-
penses qu'il avait faites en se rendant auprès de
Charles VII à Saint-Pourçain et à Gannat, et sur-
tout qu'elles ratifiassent le traité qu'il avait conclu
avec le roi de France. Les villes trouvaient la de-
mande de subsides trop lourde et le traité attenta-
toire à leurs franchises. Elles refusèrent. Louis eut
alors recours à la menace. Il envoya, dans les cités
récalcitrantes, des commissaires armés du droit de
frapper les syndics et bourgeois d'amendes consi-
dérables et du pouvoir de les emprisonner en cas de
résistance. Devant de tels arguments, les villes du-
rent céder. Les États généraux, tenus à Chambéry
avant avril 1457, accordèrent un don gi'atuit de 25
deniers gros par chaque homme faisant feu. Les
barons et bannerets ne furent taxés qu'à 14 de-
niers (1).
I.
Le duc reproche aux habitants de Chambéry
l'opposition (ju'ils font au traité conclu avec Char-
les VII et les invite â le ratifier.
(1) États généraux de Tui'iii. — Lettre du duc Louis, du
21 juillet 1456, à Jean des Costes et à Jacques de Sandillanc,
coinniissaires pour Montniéllan ; Coinitiorum^ pars prior ;
col. 253, 257 et suiv.
179
LE DUC DE SAVOYE
Nous VOUS saluons. Vous avez sceu et entendu les cho-
ses que dernièrement de nre part et en vre présent furent
exposées aux trois estatz de nos pais tant de ca que de la
les montz Et par principal touchant les ratifications et
scelez qui sont a faire par aucunes de nos bonnes villes
entre lesquelles estes lune sur le fait des ailliances et
autres choses accordées entre Monsieur le Roi et Nous.
tenes aussy lassignacion faicte auxdits trois estatz au
premier jour de Juilliet prouchain a revenir devers nous
a puissance soufRsante pour acomplir les choses dessus
dictes selon la promesse quen avons faicte a mondt sgi"
le Roy. Sy nous a este rapporte comme nagueres entre
vous et en vre conseil avez j^rinse sur ceste matière
aucune asses estrange deliberacion et conclusion toute
contraire a ce que nous avons ordonne et commande.
Dont véritablement avons este et encore sommes et a
bonne cause bien merveilleux et desplaisant et a pièce ?
neussions ])ense que vous qui estes lune des principales
de noz bonnes villes en laquelle avons eu et en laquelle
encore avons tant de fiance amour et dilection et qui ca
devant avez este des premiers qui tousiours et en toutes
choses avez oubey a nos commandements que mainte-
nant soyez en cause de donner aucune probacion en ces
matières qui si grandement touchent le bien honneur et
estât de nous et de nre maison et de tout le pays aussy.
S y sûmes tous certains que ces choses ne viennent pas
de la voulonté de j^lusieurs bons et loyaulx qui estes la.
Ames daucuns a petit nombre qui plustout ont regard a
leurs affections passionnées quils nont au bien du pays
et de la chose publique et qui bien petitement entendent
lepoys de ces matières. Pourtant voulontiers vous escri-
180
vons toutes ces choses afin que soyez advertiz de nre
inteucion et ayez bon advis sur tout et mesmement que
au joor assigne aucuns notables a povoir souffisant pour
ratifier et faire ce que de nre part vous a este ordonne et
commande. Et ce sans aucune faulte en tant que vous
aurez le bien et honneur de nous de nre maison et de
tout le pays. Et en tant que doubtez encourir nre indi-
gnacion perpétuelle vous advertissant que seaultrement
le faictes Nous y ferons telle provision quil en sera mé-
moire en temps advenir et exemples aux aultres. Sy
vous mandons et aussy pryons très acertes que mainte-
nant ne veuillez faillir âmes féaux etoubeyr comme jus-
que cy avez fait et comme en vous en avons nre parfaite
fiance Et a dieu soyez Escript a bourg le xxxiije [sic
pour xxvuje) jour de iuing mil ccccLvj.
Signé : Loys ; et plus bas Lestelley.
Suscription : a nos bien amez et feaulx les sindiques
conseillers et communauté de nre bonne ville de Cham-
bery.
II.
Envoi de Claude Perlet k Chambéry pour inti-
mer aux Sviidics l'ordre de se soumettre.
Dux Sabaudie, etc.
Salute premissa. miramur displicenter ferentes cur
ratifficationem confcderationuni inter Regiam mages-
tatem hinc inhitarum et nos inde nedum transmictere
curastis quare ad hoc vobis destinaverimus dilectum
fidelem secretarium nostrum Claudium perleii . Volontés
circa hec expeditionem celerem fieri nec rem hanc ad
morosa vota vra proclielari cum ca exosa censeamus.
181
Vobis hoc ideo per expressum mandamus hac dilatione
pro pheutoria. ut sine ulterioris more dispeiidio ratiffi-
cacionem ipsam illico nobis mictalis. Eciam iiitentum
circa liée nrm est de opportune excogitare valeamusque
remediis nec defficiatis in quesitum. disgraciani nostrani
incurrere formidatis. Et valete. Scriptuni gebenuis die
xvj octobris milo cccco lvjo.
Signé LOYS e.i plus bas de Clauso.
Suscription, au dos.
scindicis et Communitati ville nre Chamberiaci.
182
Lettres d'Amédée IX, d'Yolande de France
ET de leur fils PHILIBERT P''.
Le 14 août 1436, Amé, prince de Piémont, fils
aîné de Louis et d'Anne de Chypre, avait épousé
Yolande, fille de Charles VII, roi de France. La
mariée avait trois ans ; l'époux, né â Tlionon le
1*^'' février 1435, avait un an et demi. On ne
les mit toutefois en ménage qu'en octobre 1452,
à Feurs en Forey, lorsque Amédée eut atteint sa
dix-septième année.
L'année précédente, le dauphin Louis avait
épousé la sœur d'Amédée^ Charlotte de Savoie.
Le mariage eut lieu à Chambéry le 8 mars 1451 ;
l'on s'y passa du consentement de Charles VII.
La duchesse Anne mourut â Genève le 11 no-
vembre 1462 ; le duc Louis, â Lyon, le 29 janvier
1465, à son retour d'un voyage auprès de son
gendre Louis XI, qui aurait voulu l'entraîner â
faire avec lui la guerre contre la ligue si impro-
prement dite du bien public.
A la mort de son père, le prince de Piémont,
qui vivait à Bourg, devint souverain sous le nom
d'Amédée IX. La faiblesse de sa santé, de son
intelligence aussi, peut-être, l'obligea à abandon-
ner à sa femme le soin du gouvernement. Elle
eut comme conseillers prépondérants trois gentils-
hommes savoyards : Antelme de Miolans, Louis
de Bonnivard, seigneur de Oreiller, et Antoine
d'Orlyé.
183
Amëdée avait de nombreux frères ; tous fort
alertes de corps et d'esprit, si ce n'est Louis,
l'indolent roi de Chypre. Les autres étaient :
Janus de Savoie, comte de Genève (1); Jacques
de Savoie, comte de Romont, baron de Vaud (2);
Philippe de Savoie, comte de Baugé, dit Phi-
lippe-Monsieur (3) ; Pierre de Savoie, évéque de
Genève à huit ans et archevêque de Tarentaise, qui
mourut à l'âge de 18 ans et fut remplacé dans
ses charges ecclésiastiques par son frère Jean-
Louis de Savoie. C'est ce dernier qui est l'évéque
de Genève dont le nom revient si souvent dans
l'histoire de cette époque (4) > Il y avait enfin F/'a/z-
çois de Savoie, qui fut aussi évéque de Genève,
puis archevêque d'Auch (5).
Les comtes de Genève, de Romont, de Baugé
et l'évéque Jean-Louis étaient fort mécontents de
n'avoir pas dans l'Etat l'autorité qu'ils se croyaient
en droit d'y exercer; ils résolurent de l'obtenir par
la force.
(1) Décédé à Annecy, le 22 décembre 1490.
(2) Mort à Ham, le 30 janvier 1486.
(3) Mort à Chanibéry, le 7 novembre 1497.
(4) Mort à Tm-in, le 11 juin 1482. Il avait d'abord été
connu sous le nom de protonoiaire de Sacoie. Il était en
effet protonotaire apostolique.
Louis et Anne de Chypre avaient eu 15 enfants dont deux
seulement moururent en bas âge.
(5) Après la mort d'Yolande et de Philippe, il fut à son
tour gouverneur de Savoie et de Piémont ; il avait eu un fils
naturel nommé Jean-Françoi<5 de Savoie qui fut aussi évoque
de Genève.
184
En juillet 1471, Philippe entra en Savoie avec
une armée et tenta de s'emparer du château de
Montmélian où la duchesse et Amédée s'étaient
enfermés. Le comte de Genève arriva" et imposa
au duc un traité léonin que la duchesse accepta,
mais avec l'intention de ne pas l'exécuter. Elle
profitait des leçons de duplicité qu'elle recevait
de son frère Louis XI; les traités servant alors
à se tirer d'un mauvais pas avec le moins de dom-
mage possible.
Le château de Montmélian ayant été livré aux
comtes, ils s'emparèrent de la personne d' Amédée.
Yolande, prétextant quelque dévotion à faire à la
chapelle de la Vierge de Myans, au moment, sans
doute, où on les conduisait à Chambéry, réussit à
s'enfuir au château tout voisin d'Apremont. De
là, elle dépécha des messagers au gouverneur du
Dauphiné et à Louis XL Le roi de France lui
envoya une troupe d'honunes commandée par le
gouverneur Jean, bâtard d'Armagnac, comte de
Comminges, et qui devait être placée sous les ordres
de Charles, fils aîné d'Amédée et d'Yolande (1);
mais le jeune prince mourut de la dyssenterie à
Orléans, au moment où il venait de se mettre en
route.
Le comte de Connninges rejoignit Châteauneuf ,
maréchal du Dauphiné, (jui était cantonné â la
(1) Mort à l'âge de 15 ans. Le jeune prince avait été élevé
à la cour de son oncle Louis XL
185
Bussière, assez près d'Apremont, et auprès duquel
se trouvait Jean-Louis de Savoie. Guichenou, à
qui nous empruntons la plupart de ces détails his-
toriques, raconte qu'il vinrent assiéger le château
d'Apremont et qu'ils emmenèrent Yolande aux
Jlam beaux. 11 n'y eut certes pas besoin de siège.
Au moyen d'une marche rapide, ils franchirent
dans la soirée les deux ou trois lieues qui séparent
la Bussière d'Apremont (1), et dès que leur pré-
sence fut signalée, on dut s'empresser de leur en
ouvrir les portes. Bien que la duchesse eût écrit le
12 août aux syndics de Chambéry que son intention
n'était pas de .se retirer en Dauphiné, à savoir à
la Bussière^ elle n'hésita pas à prendre cette
résolution. Elle. y fut peut-être déterminée par les
nouvelles que son fourrier, Claude cVAinbel^ rap-
porta de Chambéry, où elle l'avait envoyé (2).
Les lettres que Claude d'Ambel porta aux chers
et biens aînés syndics sont empreintes de con-
fiance et d'affection.
A l'exemple encore de son frère^ elle s'apj^uyait
sur les villes; mais moins heureuse que lui, la
mort ne la débarrassa pas des turbulents adver-
(1) Malgré son nom significatif, le château d'Apremont
n'est élevé que de quelques mètres au-dessus de la plaine,
un peu accidentée, qui s'étend de Chambéry aux Marches.
L'anecdote du voyage à N.-D. de Myans doit jieut-être se
placer plus tard.
(2) Voir la lettre IV ci-apros.
186
saires qu'elle comptait dans sa propre famille (1).
La férocité que^ six ans auparavant^ le comte
Jacques de Montmayeur avait montrée dans ce
même château d'Apremont en faisant décapiter
Guy de Fésigny, le chef de la justice de Savoie,
devait lui faire redouter de tomber entre les mains
de Philippe et de ses amis. Elle pouvait se souve-
nir de l'exécution sommaire du chancelier de
Savoie, Jacc^ues de Valpergue, jeté dans le lac de
Genève en 1452; et si, à ce moment, Louis de la
Chambre manifestait déjà les instincts de violence
et de rapacité cpi'il satisfit en 1481, l'on comprend
que la duchesse cherchât partout l'appui des
bonnes villes. Il semble que Chambéry, Montmé-
lian, Thonon, Rumilly (2) lui furent toujours
dévoués. Nous ne parlons pas d'Annecy parce que
cette ville était de l'apanage du comte de Gene-
vois, qui y résidait fréquemment et y imposait sa
volonté. Les comptes des syndics de Chambéry
font foi des efforts qu'ils firent pour aider à la
pacification du pays. Cependant, l'on était près de
se battre, lorsqu'il y eut au chcâteau de la Pérouse,
près de MontméHan, ime entrevue entre les dé-
putés des deux partis et les ambassadeurs de
Berne et de Fribourg. Elle amena une paix mo-
(1) CliïU'le.s, (lue de Guyenne en dernier lieu, frère d'Yo-
lande et de Louis XI, l'un des pires cnnoniis du l'oi de
France, monrut à Bordeaux, le 21 mai 1472.
(2) Yolajidc était dame de Rumilly, du IJourget et de Vil-
lefranclie.
187
mentanée, conclue h Cliambëry le 5 septembre,
et en vertu cle laquelle les ambassadeurs des ligues
furent cliaro-ës de oarder Cliambérv et Montmélian.
Les conseillers ordinaires des souverains furent
changés. Guiclienon rapporte que les sceaux furent
enlevés à Humbert Clievrier, de Rumilly, et don-
nés à Sibuel de Loriol, président de Savoie; c'est-
à-dire du Conseil résident, successeur de Guy de
Fésigny. Nous pensons qu'il se trompe en rappor-
tant que le chancelier était prévenu de crime,
car nous retrouvons bientôt Humbert Clievrier
avec ce titre, en possession duquel il paraît être
mort au mois de mai 1473, à Turin. Ses obsèques,
du moins, y furent faites à cette époque (1).
Disons, en passant, qu'une clause du traité rédui-
sait à douze le nombre des secrétaires du duc.
Amédée et Yolande s'en allèrent en Piémont.
Le duc résida surtout à Verceil où il mourut la
veille de Pâques 1472 (28 mars), laissant deux,
fils, Philibert âgé de moins de six ans et Charles
qui n'en avait que quatre.
Le jour même de sa mort, l'on écrit aux syndics
(1) Mes ABRKX.C /ironiques de Yolande de Fi-ance,i). *J9.
Humbert Clievrier avait des vignes près deCliauibéry et ven-
dait son vin en détail dans cette ville. C'est à lui que les
syndics s'adressèrent pour fournir le vin livré aux ambassa-
deurs suisses ; on lui en paya 28 sommées, de 135 litres
l'une environ, en 1471-1472. La ville était aussi dans l'usa-
ge de lui faire chaque année des (îadeaux, en remerciement
des facilités, qu'en sa qualité de cliancelicr il lui accordait
pour l'exécution des lettres et ordonnances qu'elle sollicitait
188
de Chambéry au nom du nouveau duc (1) ; mais
bientôt la tutelle est donnée à Yolande qui, depuis
ce moment, 11 avril, administre en son propre
nom, et ne rappelle que rarement sa qualité do
tutrice. Les beaux-frères de la duchesse voulurent
de nouveau avoir leur part d'autorité. Yolande,
s'étant rendue en Savoie, dut encore s'enfermer
au château de Montmélian. Les comtes de Ro-
mont et Baugé l'y assiégèrent. Elle capitula, laissa
son fils entre leurs mains et s'enfuit â Grenoble (2).
L'on traita ; la régence fut confirmée à Yolande,
mais on lui imposa, comme premier conseiller,
Jean-Louis de Savoie, l'évêque de Genève. En
1474, les beaux-frères de la régente esssayèrent
encore, mais sans succès, de s'emparer du gouver-
nement.
L'on était â l'époque des grandes luttes d'in-
fluence entre Louis XI et le duc de Bourgogne,
Charles le Terrible ou le Téméraire. Yolande
avait pris le parti de Charles, entraînée peut-être
par son beau- frère, le comte de Romont qui vou-
hiit recouvrer son apanage dont les Suisses lui
avaient enlevé une partie. C'est alors, 2 mars
1476, que Charles et Romont furent battus à
Granson. Cette défaite fut suivie, le 22 juin, du
désastre de Morat dont Charles ne se releva [)as.
(1) Voir lettres XV et XVI.
(2) C'est peut-être alors ([u'eut lieu la simulation d'une
visite à N.-I). de Mvans.
189
Il dut s'enfuir à Morges, où il arriva avec une
escorte rëckiite à douze cavaliers. La duchesse
était à Lausanne où elle attendait les événements.
Elle rejoignit Charles à Gex. Après quelques con-
férences, le prince et la princesse se séparèrent.
Charles devait rentrer en Bourgogne, et la duchesse
dans ses états. Le duc s'aperçut sans doute que,
ne consultant que ses propres intérêts, Yolande
allait s'allier à Louis XI ; aussi fut-elle à peine
sortie de Gex, qu'il donna l'ordre à Olivier de la
Marche , l'un de ses capitaines , de s'emparer
d'elle, de ses enfants et de son escorte. Olivier
s'embusqua prés de Genève, et, profitant de
l'obscurité de la nuit, fit la duchesse prisonnière
avec ceux qui l'accompagnaient Quelques-uns
réussirent, toutefois, â s'échapper et parvinrent
mémCj grâce au désordre de ce coup de main
nocturne, à se saisir de Philibert. Olivier mit la
duchesse en croupe sur son cheval, et ne s'avisa
de la disparition du petit duc que lorsque celui-ci
était déjà en sûreté clans Genève. Le sieur de la
Marche emmena Yolande à travers la Comté et la
conduisit au château de Rouvres, près de Dijon,
où elle fut retenue par Charles juscju'aumois d'oc-
tobre suivant. Les affaires du duc de Boui^gogne
allaient de mal en pis ; la sur\'eillance exercée sur
la prisonnière se relâcha, et ses amis purent, du
consentement de Louis XI, aller la délivrer et
l'amener à Tours, auprès de lui.
Dans ces circonstances douloureuses, la bonne
190
ville de Chambéry n'avait pas abandonné la du-
chesse. Elle lui adressa à Rouvres divers messa-
gers et enyoya de véritables ambassades à Louis XI
qui résidait alors à Plessis-les-Tours.
En décembre 1476, Yolande est de retour on Sa-
voie. Elle convoque les Etats généraux à Cham-
béry et leur fait connaître qu'elle a dû jurer de
former amitié avec Louis XI et de renoncer à
toute alliance qu'elle aurait formée en son nom
ou eii celui de ses enfants avec le duc de Bourgo-
gne.
Sur le rapport présenté à l'assemblée par Antoine
Lambert, doyen de Savoie, les Etats approuvent
la conduite de la régente ; et, le 14 décembre, ra-
tifient sa promesse. Le procès-verbal est signé
par le comte de Genevois, par Urbain Bonivard,
évêque de Verceil, Pierre de St-Michel de St-
Cyr, chancelier de Savoie, Louis, comte de la
Chambre, l'abbé de Tamié, Urbain de Chivron,
protonotaire apostolique, Gabriel de Seyssel, sei-
gneur d'Aix, et plusieurs autres. ( Coinitiorum .,
pars prior, dans Monumenta historl-î: patri.e.)
Yolande se retira ensuite en Piémont et mourut
au château de Moncaprel le 29 août 1478, au mo-
ment où son pouvoir commençait à n'être plus dis-
cuté. Rassurons-nous d'ailleurs sur ses malheurs.
Personne plus qu'elle ne sut s'entourer de fêtes
et de jeux (1).
(1) Clu'oniqiic (le la duchesse Yolande.
191
Aussitôt après sa mort l'on convoqua les Etats-
généraux. La peste étant à Cliambéryj on annonça
que la réunion se tiendrait à Rumilly et serait
ouverte le 26 septembre. Des liéraults furent en-
voyés dans tous les pays de la domination de Sa-
voie : le Piémont, Aoste, Gex, le pays de Vaud,
Gruyère, la Bresse, le comté de Villars, etc.
La convocation avait pour but de signifier le
décès de la duchesse-régente et de pourvoir au
gouvernement du pays et de la personne de Phi-
liloert L'' qui était encore mineur.
Le 29 septembre, les Etats assemblés résolurent
d'envoyer un ambassadeur auprès de Louis XI et
élurent le magnifique seigneur Etienne Movel,
président du Conseil résident. Morel s'acquitta de
sa commission, et Louis XI, après l'avoir entendu
à Tours, cliargea, le 27 novembre 1478, M. d'Es-
pergery (ou d'Orprangery), président de Toulouse,
cju'il avait envoyé en ambassade â Rome , de
s'arrêter en Savoie et de faire connaître ses réso-
lutions aux trois Etats. Le roi déclare dans ses
instructions qu'il veut le bien du duc, « son ne-
veu, et de ses états, de la même « façon qu'il dé-
« sire le bien de son fils le dauphin et de la
« France » ; puis, dans le dernier article : j'n
cauda venenum, il annonce « qu'il a délibéré
« d'aider le duc et ses sujets dans toutes leurs
« aft'aires ; qu'en conséquence ceux-ci pourront
« recourir à lui. »
Les Etats comprirent ; après avoir entendu les
192
aiiibassacleurs du roi, ils déclarèrent : « que aux
« dits estas ne soit fait autrement senon ainsi
« comme le Roy a déclairé son vouloir 'et son
« l)on plaisir, . . car selon son avis et son bon
« plaisir veuillent procéder et cpie autres n'ayent
« entremise ne autrement senon comme le Roy le
« dit et declaire aux dits ambassadeurs. Ils prient
« le roi d'autoriser les alliés (1) à assister à leurs
« conférences, non par manière d'estats mais pour
« avoir conseil. » Ils terminent en décidant de dé-
pêcher un homme auprès du roi pour le supplier
« d'envoyer par devers mon dit seigneur {le duc)
« im ou deux nottalîles personnaiges a estre au
« temps et avec les dits estats a conduire les
(( matières et traictier pour le faire venir à bonne
« fin et conclusion au l3on vouloir du Roy hon-
« neur et utilité de mon dit seigneur et de ses
« pays. »
Ils profitent de la circonstance pour prier le
roi d'amener les comtes de Genève et de Baugé
à payer leur part de la dette de Savoie envers les
Ligues et les Fribourgeois.
Ces seigneurs paraissent avoir voulu rejeter sur
les villes et les provinces les frais qu'ils avaient
faits pour eux-mêmes. C'est ainsi que Louis do
la Chambre réclamait aux patries de Tai'cntaise
et de Maurienne 1,200 florins p. ]>. (ju'il avait
(1) Los ligues de Berne et les Fribourgeois.
193
dépensés en se rendant auprès du roi (1). Les Etats
généraux, réunis en janvier 1479, à Cliambéry,
rappelèrent que le seid envoyé des Etats de
Rumilly avait été le président Etienne INIorel, et
que le Comte de la Chambre n'avait reçu aucune
mission; ils décidèrent, en conséquence, que les
provinces ne devaient payer que leurs propres
frais (2).
Louis de La Chambre était allé à Tours dans
son intérêt particulier ; il parvint à y gagner la
confiance de Louis XI, qui le nomma lieutenant-
général des Etats de Philibert. Il ne conserva pas
longtemps cette situation. Les oncles du roi la
convoitaient ; ils réussirent à la lui enlever.
Philibert mourut à Lyon, le 22 avril 1482. Il
eut pour successeur son frère Charles P" qui régna
environ 7 ans, et mourut à Pignerol, le 13 mars
1479, laissant pour héritier son fils Charles- Jean-
Amé qui n'avait pas encore un an. Les mêmes
compétitions pour la régence et l'administration
du royaume se renouvelèrent. L'on se battit pour
(1) Les députés de Chambéry, aux Etats généraux de Ru-
niilly, restèrent absents 14 jours. Il y avait entre autres
Guigon Banderet, S' de Racorèe, docteur en droit, avocat
de la ville de Chambéry et Jean Micliot, avec leurs gens.
(Comptes de Chambéry de 1478, P 28.) En novembre, la
ville de Chambéry fit faii-e des cérémonies religieuses à l'oc-
casion de la mort de la duchesse Yolande.
Louis XI mourut le 30 août 1483.
(2) Coinitiorum pars prior.
194
toutes sortes de choses et même pour révéclié de
Genève. Le jeune duc mourut à Montmélianj le
16 avril 1496.
Philippe-Monsieur, âgé alors de 58 ans, put
enfin réaliser ses désirs de souveraineté. Devenu
duc de Savoie, il oublia les injures reçues par le
comte de Bresse (1) et usa du pouvoir avec modé-
ration. 11 eut pu vivre encore de longs jours et
se faire pardonner, en rendant le pays fort et
prospère, les maux qu'il lui avait occasionnés. La
fortune ne le lui permit pas. Il mourut à Cham-
béry, le 7 novembre 1497.
I
Lettres d'Amédée IX.
Suscription : a nos très chers bien âmes et feaulx
les conseillers et syndics de n''' l)onne ville de
Chambéry.
Le duc invite les sj-ndics â se rendre auprès de
lui â All)in (Arbin, près de Montmélian).
I
Le duc de Savoie
Très chers bien âmes et feaulx pour aulcunes choses
que lung vous dira do n'^ part vous mandons et neant-
moyns prions que incontinant verres ces présentes venes
par devers nous en cette ville dalbin et uy veuillez faillir
(1) C'est à son exemple qu'en 1498 Louis XII dut oublier
les injures faites au duc d'Orléans.
195
en tan que noz vouldres obeyr et doubtes desplayre. Et
a dieu que vous ayt en sa saincte garde. Escript albin
le XXVI" jour d'aoust |" 1471 ? ].
II
Aux riièmes.
Relative à une contestation entre le prieur des
Bénédictins de Lémenc et la ville de Chambéry au
sujet du recteur de l'hôpital de Paradis, situé vers
la porte du Reclus. Pour diverses raisons qu'il
énumère, mais principalement à cause des services
de Benoît frère de Jaccjues Tortellet, le duc or-
donne à la ville de ne pas maintenir l'élection
qu'elle avait faite de m''^ Antoine Robert.
Le duc de Savoye,
Chers bien âmes et feaulx aulcune différence est entre
R n''^ très cher et bien ame orateur le prieur de lemens
et vous à cause de lospital quest assis auprès dune des
portes de Chambéry par ausi que lung noz a rappourte
sur ce que le dit prieur contre celly a qui affiert du dit
hospital a pourveu n^e bien ame orateur messire guigue
tortellet quest home vertueux de bonne vie a ce propre.
Et auquel lan par consideracion de ce que est comme
aussi pour les services que touiours sans cesser noz
fetz n'e bien ame serviteur benoyt son frère (1) avons
singullier amour. Toultefois vous prétendant en ce avoyr
droyt par faveur aussi daulcunes lettres a la poursuyte
de messire Anthoine Robert énoncées aves fectz diclluy
ou daultre élection. Mes a celle fin que tochant cette
(1) Il était .socrétaii'C ducal.
196
matière soyes anpleyn de n'-^ valoir informes, ne volons
et a bonne cause que personne que a noz ne soyt bien
confidente du dit hospital en ayt ladministration a cause
du lieu la ou il est assis pour les griefz esclandre et
domages que a ladite ville pourroyent avenir. Et lant
avons le dit messire guigue tortellet par la confidence
quant au rectorage du dit hospital pour ce memement
quest dycelle ville et pour ce aussi que violence ne
n . . . es droitz du dit prieure ne soyt fecte a pillement
pour le bien de pays vous prions et aftectueu sèment
que au dit messire guigue veuilles par contemplacion de
noz céder et remettre le droyt que au dit hosj^ital tant
pour regard delection comme aultrement pourries avoir
en le benignement mantenant et faysant juj'r paysible-
ment de la possession dudit hospital que sera a nous
chose aggreable laquelle cognoystrons en temps et lieu Et
a dieu soyez. Escript a Vercel le xxvie jour de janvier.
Signé .• Amed, et plus bas Beczon (1).
Lettres d'Yolande de France, duchesse
DE Savoie.
I
A nos chers bien amez les sindiques de Chambéry
(l'humidité a détruit quelques parties de la lettre).
Relative au prédicateur du carême.
La duchesse de Savoye
Chers et bien amez vous saves comme ca devant déjà
long temps passe a este et sy est accustumc que au
(1) Nous avons publié, au tome XXIII, i)agexxii, dos
Mémowes de la Société sav. d'iiist. et d'areh., une autre
lettre d'Amédée IX, datée de Morges, alors qu'il n'était (lUc
197
temps de caresme l'on fait predicaciou a Chambéiy cest
ascavoir l'une des caresmes au couvent de Sainct Franc-
zois et ]aultre des Ireres prêcheurs. Neantmoins avons
entendu combien que la dite predicacion vienne de
fere (1) ces te prochaine caresme au couvent de Sainct
Franczois la veuilles faire sermonner oultre lusance en
leglise de Sainct Legier. Pour quoy vous prions et man-
dons que ensuj^vant la d, usance ne souffries fere la d.
predicacion ceste caresme [ailleurs que] au couvent de
Sainct Franczois.
[Escript a] Rumillier le... 1471 ?
Signé : Yolant et plus bas Lestelley.
Cette lettre et toutes les autres d'Yolande de
France étaient fermées par un petit sceau sur hos-
tie au armes delà duchesse : France qI Savoie.
IL
Envoi de Pierre Lambert, secrétaire de la du-
chesse, aux syncUcs.
Aux mêmes.
Chers et bien âmes nous vous saluons Nous envoyons
nre cher et bien ame pierre lambert p devers vous le-
quel vous dira certaynes choses de nre part auquel veuil-
les croyre come a nous. Et non aultre pour le presens.
prince de Piémont (6 mars 1461). Il y prie le juge du Cha-
blals, le seign. de Blonay, d'accorder un sursis à Louis
Bouvard, seigneur de Chaste! .
(1) C'est-à-dire : doice se faire. Il y avait deux cai'êmes,
celui de VAccnt et celui qui commençait le mercredi des
Cendres et qui est resté en usage..
198
Dieu soyt garde de vous. Escript a Montmelian le ix^
jour de juihg [1471 [.
YOLANT.
(Le secrétaire n'a pas signé.)
m.
Lettre écrite après l'accord de Montmelian, en
1471, annonçant l'arrivée à Cliambéry des comtes
de Bagé et de Romont et de leurs troupes, ainsi
que le prochain départ de la duchesse pour assis-
ter à un mariage.
Aux mêmes.
La Duchesse de Savoye,
Chers et bien âmes. Mon très redoubte seigr et mes
frères les contes de Bagie et de Romont (1) sen vont a
Chambery et mont promis mes dits frères que les alciers i?
(archiers f) nentreront point en la ville ne feront aulcun
desplaisir, pourtant nous vous mandons et prions tant
expressément que pouvons q incontinent le (les) receves
et loges comme gens a cheval car au plaisir dieu se tout
[si tôt) que serons venus d'espouser nous nous en irons
de p de la et ferons ensemble comme est, aydant nre
sgr que vous ait en sa ste gde. Escript a Montmelian le
xvj« jour de juing [1471].
Nous y envoyons nre ecuyer Jehan Faure avecques
le forier de nre fre le conte de Bagie pr y aider"^ a fera
les logis.
YoLANT. et plus bas Floret.
(1) Philippe comte de Bagé ou Baugé, de Bieugey ou
Beugcy, et de Bi'esse ; Jacques, comte de Romont.
199
IV.
La duchesse déclare que son intention est de
résider à Chambéry et non en Danpliiné.
Aux mêmes.
La Duchesse de Savoye
Chers et bien amez nous envoyons pntement par delà
non^e cher et bien arae fourrier giaude dambel pour là
pparer les logis de mon très redoute segr et de nous. Or
est voicy que avons sceu que Ion vous a rapporte que nous
voulions encoures retirer au Dauphine Cest assavoir a la
buxer (La Bussière) que na pas este de nre intencion Vray
est que hyer f usmes au chasteau de Montmelian mais pour
ce que le logis nest pas bien adorne sûmes venue cy Et
car nre intencion tout ellememe est de résider a Cham-
béry avec mon dit très redoute seigr. Pour tant vous
mandons que faictes ....ture au dit fourrier : ladrecez :
le tenez seur et en oultre vous prestez tellement en ceste
matière ainsi quen vous nous confions. Et a dieu so3'-ez.
Escript a Aspremont le xije jour d'aoust [1471 ?].
YoLANT et au bas Lestelley.
V.
La duchesse rappelle aux syndics qu'ils ont
nommé M''^ Ant. Robert, recteur de l'hôpital de
Mâché et leur recommande de faire sortir à effet
cette nomination.
A nos chers et bien âmes les sindiques et bourgeois
de Chambéry.
La duchesse de Savoye
Très chers et bien âmes vous saves corne a nre reques-
200
tre et faveur nous esianls de par delà vous donnaltes a
vénérable nre bien arae clianlre et cliapeliaiu messire
Antlioine Robert lospital de mâche et despuys obstauts
aucuns empecheraens q en j'celly luy ont estes fais nen
a lieu aucune jouyssance combien quen signe de posses-
sion luy eussies [remis] les clefs Et car nre intencion est
de luy ayder a garder ce q a nre requeste luy aves done
nous vous mandons et prions très acertes q en observa-
cion de ce q par deliberacion de tout vre conseil nous
aves promis luy veuilles fere avoir plainne jouyssance
dud hospital et de ses appartenances Et tellement lavoir
pour recomande quil cognoisse que pour amour de nous
la chose sortisse bon efïait ce que reputerons a bien grand
plaisir lequel recoignoistrons quant choses vouldres que
puissions Sy ny veuillez faillir car nous nous confions
du tout a vre promesse Et a dieu. E script a Verceil le
iiije jour de novembre [1471 1\.
YoLANT et au bas Floret.
VI.
La duchesse remercie les habitants de leur em-
pressement aux fortifications, leur envoie la con-
firmation de leurs piivilèges et leur dit de suivre
les instructions dont elle a chargé pour eux le sei-
gneur de la Barre.
Aux mêmes.
Chers et bien aniez Nous avons sceu et cogneu le bon
vouloir quavez a la fortificacion delà d ville de Cham-
béry dont en verile sommes très contente. \q\\ mesme-
ment que mon très redoubte seigr et nous sommes icelle
fortificacion très fort desirans. Sy avons mon dit seigr et
201
nous este meuz a vous octroj-er et vous concéder les
privilèges chapitres et manclemens en faveur de tenure?
contenus es lettres patentes sur ce faictes lesquelles vous
baillera nre très cher et bien ame le seigr de la barre
porteur des j^resentes Pour ce vous mandons et jurions
le plus acertes que pouvons que veuilliez monstrer par
effaict le bon vouloir que dessus. Et mectez en ceste ma-
tière tel ordre et telle dilligence quen vous il y puisse
apparoir. Et que rien ne se perde de ce que est des d^^
tenure ? ains dilligentement submissez a exécution les
sud Ires ainsy que monseig et nous en avons parfaicte
fiance Par ainsy quavons commis au dit seigr de la
barre toutes ces choses plus a plain vous dire de part
nous Auquel veuillez feablemeut croire comme a nous
mesmes. Et a dieu chers et bien amez qui soit garde de
vous. Escript a Verceil le xvje de novembre mil cccclxxj .
YoLANT et au bas Lambert.
VII
La Duchesse envoie à Cliambéry Léonard de
Gourt (I), maître de l'artillerie, et Uu donne une
mission pour les syndics.
Aux mêmes.
La Duchesse de Savoye
Chers et bien araes nous envoyons présentement do
par délia nre cher et bien ame Lyonnard du Gourd au-
quel avons done charge vous dire aulcunes choses do
(1) Léonard de Gord, ou du Gourt, possédait une tour à
Cliambéry. Il y eut dans cette ville une Montre le 1" juillet
1471, dans remplacement situe entre cette tour et celle de
Donat Far fin. (Comptes des syndics.)
202
lire part tant pour aulcunes vos afferes comme pour la
fortiflicacion de la ville pour laquelle escrivons a nre
cher et bien ame cosin le mareschal de Savoye (1). Sy
vous mandons et neantmoins prions que incontinent
faictes et accomplisse tout ce que vous comandons Et
aussy croyes le dit lyonard de ce qui vous dira de nre
part et ses rapports mectez a bon et brefz effectz et quand
qque chose vouldres de nos voulontiers noz le ferons,
chers et bien âmes nre sgr soyt garde de vous. Escript
a Verceille XXVI Je jour de novembre [1471?]
Volant et au bas Tortellet.
VIII
La ducliesse recommande de nouveau aux
syndics de mettre m'" Ant. Rol)ert en possession
do riiôpital de Mâché, le prieur des Bénédictins
de Lémenc ayant échoué dans la contestation
qu'il avait soulevée â ce sujet.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoie,
Chers et bien âmes dernièrement nous estaus a Cham-
bery pour contemplacion et a la requeste de nous lut
délibère par vous de pourreoir de recteur en lospital de
mâche nre cher et bien anic orateur et chantre de la
chapelle de mon très redoute seigr. messire Anthoine
Robert. Et persévérant en vre bonne volonté et désir
nous fere playsir a la contredicte du prieur de lemens
vous estes submiz a lordonnance de deux docteurs les-
(1)11 y avait deux mavécliaux de Savoie. Eu 1471, les
maréchaux étaient le comte de Gruere et le comte de Seyssel.
203
quels ont ordonnes et proniinces sur ce nomme avons
et sûmes informez Et que par vous na este ne reste que
vre promesse a nous en faveur du d messiro Anthoine
faicte naye lieu, âmes p. led prieur contrediseur a lor-
donnance et prononciacion desd docteurs eslitz combien
que point ou bien peu aye auctorite et le droit aud
hôpital. Si vous mercions vre bon vouloir et désir et
vous prions que vre dite promesse veuillez mectre a
efîert et pourveoir au dit messire Anthoine du dit hospi-
tal en mantenant vos droitz lesquels cas avenant voulons
soultenir et défendre avecques vous, au plaisir dieu chers
et bien amez qui vous ait en sa sainte garde. Escript a
Verceil le V^ jo^" de décembre mil cccclxxi.
YoLANT et plus bas Lestelley.
IX
La duchesse recommande aux syndics les habi-
tants du faubourg dit de Montmélian, auxquels le
duc a fait don de ses droits sur le revenu du four
et du commundu vin dans ce faubourg. Elle prie
la ville de leur donner de son côté une somme an-
nuelle pour les aider â rebâtir.
La duchesse de Savoye
Chers et bien amez. Les requestes envoyées par vous
en faveur des habitans au bourg dit de la porte Mont-
meliant ont este j^resentees à mon très redoulte seigr et
a son conseil et pour le présent y a este pourveu comme
verrez escript apprcs une chascune requeste et y a deux
points qui principalement touchent toute la communité
cest le four situe et le comnum du vin ([ui se prend en
ce bourg, lesqueulx en tant que touchent a mond dit
204
seig'' il a oultroyé es dits de ce bourg. Mais appres
mond seigi' a vous tous en comun touche principalement
la réparation du dit bourg quest lung des bons membres
et principalx de la ville et bien peu fera cela a celle
réparation de laquelle bien et asses plus avant vous
debvez employer et mon dit seigr pour faveur dicelle
nagueres vous a donne des privilèges grands bons et
prouffitables que pas ne nous desplait. Mais de ce nous
fait fere coraraemoracion la pitié quavons des bons ha-
bitants dudit bourg qui assez voluntairoment sont ainsy
gouvernes? Et pour ce vous prions de bon cuer que oultre
les dits four et partie du commun Entre vous ordonnes
quelque annuelle somme dargent debvoir a payer et expe-'
die es dits du bourg pi' la reparacion seulement des
maisons et ediffîces. Et cela faisant mond seig'" et nous
adviserons d'aulcuns aultres biens fere a ceste mesme
matière Et vous en gênerai et en particulier aurons
tousiours en singulière memoyre. Sy vous prions de
richief q ceste nro requeste soit mise a bonne et bricve
exequicion et telle q bien nous doive estre agréable ; chers
et bien âmes nre seigr vous ait en sa ste garde. Escript
de Verceil le xifto jo»' de décembre mcccclxxj.
YoLANT et plus bas L. peclet.
X
La duchesse recommande la vigihxncc dans la
garde de la ville et annonce nn succès procliain.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoy e
Chers et bien amez nous vous voulons advertir et
prier que ayes lœil afere fere bon guetet bonne garde lan1
205
en la ville corne es portes dicelle et sil vous en vatroj-)
a garder advises de bien garder les principales et clore
les aiiltres (1). Et surtout vous gardes doubles en ayant
lœil au boys corne aves faict jusques cy. Car en briefs
jours nous espérons que aj^dant nre sgr et nos bons amys
nous vous et tous les bons subgetz garderons de force et
violence Et cognoistrons ceulx que nous auront bien
servye. Au plaisir dieu qui vous ait en sa garde. Escript
a Rivolles le viije jour de janvier (1472?)
YoLANT et plus bas Ducheri.
XI
La duchesse remercie les syndics de la nomina-
tion d'Antoine Robert au rectorat de l'hôpital de
Mâché; elle les prie de lui accorder un délai pour se
rendre â son poste, parce que son absence de la cha-
pelle du duc, dont il est chantre, serait nuisible (2).
Aux mêmes.
La duchesse de Savoye
Chers et bien amez Nous avons sceu et cogneu lafïec-
tion et vouloir de complayre quavez heu envers de nous
en pourvoyant de los])ital de macliie a vénérable nre
chier et bien ame serviteur et chantre de la chapelle de
(1 ) On suivit le conseil de la ducliesse et pour diminuer le
fardeau des gardes, l'on mura la porte du Reclus : « murando
de grossis lapidlbtis et contra pontein Iccaioriuin porte
Reclusi ad ccrtaiidum pcriculu/ii i/tierre. » (Comptes dos
syndics.)
(2) Guigue Tortellct et Antoine Robert n'a-s -aient obtenu
ni l'un, ni l'autre, semble-t-il, le rectorat de l'iiôpital de
Paradis ; ils sont encore concurrents l'année suivante pour
l'hôpital de Mâché.
206
mon très redoucte seigr messire Anthoine Robert selon
la promesse dernièrement snr ce a nous faicte nous
vous mercions de très bon cuer Et pour tant que le
dit hospital requiert du dit recteur ou soufïisant lieute-
nant la résidence ainsy quest accoustiime, voulait le dit
messire Anthoine aller par devers vous p fere son devoir
et obéir a ce q. par vous seroj^t ordonne. Sy nest possible
pour le présent l'envoyer car son absence a la dite cha-
pelle seroit nuysible et sa présence est moult nécessaire.
Néant moins avons délibère le plus tou^. que fere se
pourra donner licence au d' messire Anthoine. lequel
singulièrement vous recomandons Et quant aulcune
chose vouldrez que puissions nous la ferons de très bon
cuer ainsy que plus a plain vous informerons nos très
chers et bien amez pierre Lambert, estienne Rosset et
girardin esquelx avons donne sur ce charge, et a ung
chacun deux ; Sy les veuillez croyre Et a dieu chers et
bien amez qui vous ait en sa garde. Escript a Verceil le
xie joi" de janvier mil ccccLXXij
YoLANTCtplus bas Toltems [L. Totems'?) (1).
XII
Lu duchesse abuiidonue M''' Antoine Kol)ert et
recommande pour le rectorat de Fliôpitai de
Mâché, M'"'' Guigue Tortellet, le candidat même du
prieur de Lémenc ; elle prie le conseil de renoncer
aux droits qu'il prétend avoir de faire l'élection.
Aux mêmes,
La duchesse de Savoye,
Chers et bien âmes nagayres que vous avo)is rescript en
(1) Il y avait ;i Runiiily, nu xvi' siMo, nno f;uuille de
ce nom.
207
faveur de mess. Anthe Robert sur ce que le vousise (pour
voulussiez) avoir pr recomande es élections et rece-
torage de TOspital appelle hospital de Machies car alors
nestoys pas informée des droys que aud hospital a nre
bien ame orateur messire guigne tortellet par vigueur
de la colation aly du d hospital fecte par R. nre t. cher et
bien anie orateur le prieur de Saint pierre de lemenc
Toutefïoys noz a este rapourte que vous pretendans aud
hospital avoyr droyt delection aureries dones turbe aud
messire guigne en la possession dicelluy hospital etcart
nre intencion nest pas que soubz lombre et colleur de
nos d. 1res ce droys dud prieur vreynet? a ceux dud,
messire guigue soyt fecte ([uecunques lésion ne violence
Mes ayns par vigueur dicelles soyent mantenu et pserve
Pourquoy aussi p'' le bien du pays et aultres raysons
desquelles plus au pleyn vous rescript mon très red. sgr
Vous prions que deshorsmays aud. messire guigue ne
veuilles au rectorage du d. hospital dones impeschement
mais ce queque droyt en ycelluy aves, ])^ contemplacion
de nos le luy remectes en le benignement maintenant en
la possession dud. hospital et feysant juj-r dicelle poysi-
blement. que a noz sera chose bien agréable laquelle
recognoystrons en temps et lieu. Et adieu soyes. Escript
a verceil le xxvj jour de janvyer 1472.
YoLANT et plus bas Beczon.
XIII
Envoi de Léonard de Gourt à Cliambéry.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoye,
Chers et bien amez nous envoyons par delà nre cher
208
et bien ame escuyer leonard du gort maistre de nos ar-
tillieries. Auquel avons donne charge de vous dire
aucunes choses de nre part, desquelles le croies com-
me nous mesmes et ses rappourt mectes a execusion.
Et a dieu soyes escript à Rivolles le x jour de février
[1472]
YoLANT et au bas Lestelley.
XIV
Louis Charrier, organiste delà chapelle ducale,
est envoyé aux syndics de Chambéry pour l'affaire
du rectorat de l'hôpital de Mâché.
La duchesse de Savoye
Chers et bien âmes nous avons charge aucunes choses
a nre cher et bien ame messire loys charrier chantre et
organiste de la chapelle de monsgr touchant le fait de
Ihospital de Machy vous dire de nre part. Sy vous prions
et mandons que sur ycelles iîablement le croyez et les
desnie (daignez) mectre a bon efïaict. Et chers et bien
amez dieu soit garde de vous. Escript a Verceil le xije
jour de février [1472],
Signé : Yolant et au l)as Lestelley.
Lettres de Philibert L''.
Bien qu'émanant du duc de Savoie, les deux
lettres qui suivent proviennent évidemment
d'Yolande, sa mère.
XV
Aux mêmes.
Notification de la mort d'Amédée IX et recomman-
dation de s'approvisionner de vivres et d'artillerie.
209
Le duc de Savoye
Chers bien âmes et feaulx. 11 a pieu a dieu fere son
commandement A mou très red sgi' et père monsgi-
le duc ame que dieu absolve laquelle cliouse vous avons
vouslu fere savoir. Comme a nous bons feaulx subgectz
et voilons que en la ville et es passages et lieux de garde
faictes et ordonnez fere jour et nuyt bonne garde et aussy
provision de vivres et artilleries avisant nen mectre de-
dans plus fort q vous savez m (mieux) fere. Et a ce ne
faictes faulte en tant q nous âmes et redoubtez. Et A
dieu soyez.
E script a Verceil le lendemain de pasques mil cccc
Lxxii (30 mars).
Signé au bas, Peclet.
XVI
Envoi de Léonard de.Gourt à Cliambéry avec des
instructions pour la Ville.
Le duc de Savoye
Chers bien âmes et feaulx Apprès ce q vous avons
escript. touchant le bon gueyt et garde comme verres par
noz lectres. Nous avons avise et par conseil délibère,
voz. dire et commander ancoures chouses de nre part
lesquelles avons comises a nre : bien ame féal serviteur
leonard de gourt porteur des pntes. Et voilons que es
rappours quil vous fera et a ce v dira de nre part aious-
tiez pleine foy et créance Et preniez poyne dacomplir
comme vous prions et en vous avons une parfaicte fiance
Et A dieu quil... vous ait en sa gd. Escript a Verceil
le dernier jour do mars mil cccclxxu.
Signé au bas, Peclet.
210
XMl (1)
La ducliesse revient à Antoine Ro1)ert pour le
rectorat de l'hôpital de Maclié.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoye
Chers et bien âmes pour ce que soyes informes du
vouloir quavons au fait delospitalde Machy lequel aves
donne a n™ requeste a messire Anthoine Robert nous
vous signifhons que sûmes délibérée de ly tenir la main
en son bon droit encontre tous non obstant toutes aul-
tres lettres faisans au contraire que pourrions autrefois
avoir escriptes. Pourtant vous mandons et prions ceste
foys pour toutes que semblablement vous veuillez ayder
et maintenir et garder le bon droit du dit messire An-
thoine. Et en oultre faire vre devoir a j^reserver les droyis
du dit hospital come pourres plus a plain voir par le con-
tenu des lettres patentes que sur ce vous seront adrecees.
Et a dieu soyez. E script à verceil le xxi^ jour davril
MCCCCLXXn.
YoLANT et au bas, /. de Puteo (Dupuis).
XVIII
Le duchesse recommande la vigilance dans la
garde de la ville et ordonne de n'y recevoir per-
sonne si ce n'est les députés de Berne et de Fri-
bourg qu'il faudra loger au château et défrayer.
La duchesse de Savoye
Chers et bien âmes pour certaines causes dont avons
este avverti nous vous mandons et prions le plus acertes
que povons quayez continuellement bon advis sur la
(1) Suite des lettres de la Duchesse Yolande.
211
garde de la dite ville de Chambéry faisant bon guet jour
et nu}'t et en manières du monde ne souffrez entrer de-
dans personnes quelconques de quel estât ou condition
que ce soit plus puissant de vous Ames se quelcung il
vouloit entrer a puissance dictes luy questes assez puis-
sant pour la garder. Et vous y portes tellement que nul
inconvénient, que dieu ne veuille, ny puisse survenir
ainsy quen vous en avons fiance. En oultre l'advoyer
de berne et panillard (ou Pavillard) Boursier de fribourg
sen vont présentement par delà. Sy vous prions que les
veuilles pourvoir et les faire bonne chiere et accueil et
encoure les mectez dedans le chastel. et se quelque af-
faire vous survenoit, conseilles vous par eulx come ceulx
en qui avons toute fiance. Et a dieu très chers et bien
âmes que soit garde de vous. E script a Verceil le xxi^
jour davril mil cccc lxxii.
YoLANT et au bas, Lambert.
XIX
La Duchesse remercie la ville de son dévoue-
ment et lui adresse des instructions par les dépu-
tés de Chambérv retournant chez eux.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoye
Cliers et bien amez Nous avons veu ce que nous avez
escript par nos chers et bien amez guigonet mares-
chal (1) et pierre lambert. Et ouy bien au long ce quils
nous ont dit de part vous. Sy vous mercions vos bonnes
offertes ensemble le bon et grand vouloir quavez envers
(1) Giiigoniiet Marescluil, trésorier des guerros.
212
nous et nre très cher et très ame fils Philibert duc de
Savoie, prions très affectueusement que tousiours y
veuillez perserver corne jusques cy l'avez faict et en vous
en avons parfaicte fiance. Veuillez aussy continuelle-
ment avoir bon advis sur la garde de la sd ville corne
bien faire le sperez. Et ne souffrez en aucune manière
entrer dedans icelle personne quelconque plus puissant
de vous, tellement que aucun inconvénient que dieu ne
veuille uen puisse survenir. Par aussi quavons charge
auxd guigonet et pierre et a chun d'eulx plus a plain le
vous dire de nre part Auquelx veuillez sur ce fiablement
croire comme a nous mesmes Et a dieu chers et bien amez
qui soit garde de vous. Escript à Verceil le xxi^ jour
d'avril mil cccclxxu.
YoLANT et au bas Lambert.
XX.
La duchesse annonce c^u'elle recourt au comte
de Nemours (1) et dit de recevoir les soldats qui
seront envoyés à Chambéry.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoye
Chers et bien âmes et fealx. Pour les occurans desja
a vous assez notoires, il est expédiant come d'aultre part
rescourons a nre trescher et ame cousin le conte denne-
mours (juon face bon gueyt et garde en la ville et au
(1) Jacques (rArmaguac, due de Nemours, ennemi de
Louis XI, ([ui le fit décapiter aux Halles de Paris, le 1 août
1477. Les fils du condamne furent, a-t-on dit, placés sous
récliafuud afin que le sang du pore coulât sur leur tète.
213
cliasteau. Sy ^'ous mandons que faictes et ordonnez en
la ville fere tout ce quappartiendra a la bien garder et
venant la les advoyers de berne et de fribourg ou aultres
mandes i^ar eux en armes ou aultremeut a la garde et
préservation de la ville et du chasteau honnorablement
les recepvez et loges come sappartient au nom de nre
très cher et très ame fils le duc Philibert votre seigr. Et
gardez quil ny ait faulte. Et a dieu soyez. Escript a
Verceil le xxje d'avril mcccclxxij.
Signe : Yolant et au bas Peclet.
XXL
Mission à Pierre Lambert auprès de la ^^ille.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoye
Chers et bien ame nre cher et bien ame pierre Lam -
bert pourteur des présentes sen va présentement par delà
auquel avons comis aucunes choses vous dire de nre part
sy vous prions et mandons très a certes que sur ycelles
le veuilles croire feablement come nous mesmes et ses
rapports mectre a bon effect ainsy que en a^sons en vous
nre pfaite fiance. A dieu soyes. Escript a Verceil le vnje
jour de may [1472].
Yolant et au bas Beczon.
XXIL
La Duchesse envoie, par Georges d'Ivonne, des
lettres patentes relatives aux fortifications de
Chambéry. Elle ordonne de suspendre les travaux
afin que le peuple ne soit plus mécontent.
A nos très chers et bien âmes les seigrs de Grelh'cr et
214
de la barre, conseiller de Lescheraine et pierre carion,
escuyer, capitaine et sindiques de Cliambery.
La duchesse de Savoye
Très chers et bien amez Nous avons concède lettres
pour les fossaulx fortifficacions et aultres choses men-
tionnées en ycelles lesquelles pourte nre cher et bien
ame escuyer georges dyvone présent pourteur que ne
voulons au présent mectre a execucion affin que le peu-
ple ne soit mal content Sy vous mandons que ne per-
mectez ycelles mectre a execucion de présent Et sur ce
croes le dit george comme nous mesme a dieu très cher
et bien amez que vous ait en sa s^ garde. E script à
Montcallier le x^ jour de may [1472].
YoLANT et au bas Beczon.
XXIII.
La duchesse remercie les syndics et charge d'un
message, pour eux, Antoine LamTjcrt, doyen de
Savoie (1), qui retourne à Chambéry.
Suscription : A nos très chers et bien âmes les sindi-
ques conseillers hommes et communite de Chambéry.
(En marge de cette suscription, ou lit : la lectre resceue
le xxviije joi" de may de mos'' le doyen de Savoye ; — - et
d'une écriture plus récente : lettre escritte et signée de la
main de dame Yolant a la ville de Chambéry).
La duchesse de Savoye
Chers et bien amez. Nous sûmes bien pleinement in-
(1) Le territoire formant la plus grande partie du diocèse
actuel de Chambéry faisait partie du diocèse de Grenoble et
formait le décanal de Savoie^ dont Antohie Lambert était
alors le clief .
215
formée des bous vouloir amor si affection quavez envers
nous et nre tresclier et ame fils le duc Aussi quest
garde et fortiffications que faictes continuellement au 4it
Chambery. Dont vous scavons très bon gre et seurement
le recougnoistrons et ferons recougnoistre par nre dit fils
p manière que cougnoistrez qaaurez servy nous et ly.
Révérend père en Dieu nre tresclier et bien ame conseiller
mess^'e antlie Lambert doyen do Savoye sen va'p delà
Auquel avons comis aucunes choses vous dire de nre
part crées le corne nous mesme. Et ses rapports mectez
a bon effect comme en avons en vous nre parfaite fiance.
Cliers et bien amez nre sgr soit garde de vous. Escript a
Montcalier le xxje joi" de may.
Puis, ces lignes de la main de la duchesse :
« Jay entendeu vre bon voir dont je vous mersie et
« vous prie que veulies continuer et garde en manière
« que la puises rendre vous a quy cela doit estre et que
(( venant, veres sa dieu plet et au regart de moy. pryes
« âmes que je ly plaise a cors et bien pour vous garde
« et de fandre et écrit de ma mein. ))
YoLANT et au bas Beczon.
XXIV.
Lettre de crédit adressée aux Syndics
DE Chambery
pour Léonard du Gourt.
Aux mêmes.
Yolant de France duchesse
Et Philibert duc de Savoye
Chers et bien amez Nre cher et bien ame lyonnard du
Gours pnt pourteur sen va présentement p delà auque]^
216
avons comis aucunes choses vous dire de nre part sy
^'ous prions et mandons très acertes que sur icelles le
veuillez croire feablement comme et nous mesmes et ses
rapports mectre a bon effect ainsy que en vous en vous
(pour avons) nre parfaicte fiance Cliers et bien âmes nre
sgr soit garde de vous. Escript a Verceil le xxix® joi" de
may mcccclxxij.
YoLANT et au bas Beczon.
XXV
La duchesse adjure les habitants de Chambéry
d'achever les fortihcations et menace d'amende et
de peines dont on gardera mémoire ceux c[ui y
mettront obstacle (1).
A nos bien âmes tous les défenceurs de la ville
de Chambéry.
La duchesse de Savoye
Bien âmes Nous avons entendu q lorsque fat pinns
de dihgence a prefaire les fauses brayes (2) du dit lieu de
Chambéry et autres ordres concernant la fortification
messire Claude de Seyssel feu mareschal de Savoye sur
fortification de ce dit lieu de Chambéry. Et ce pour le
deflt'aut daucuns de vous qui vous rendez lens et négli-
gens a ceste œuvre tant louable dont sûmes fort mer-
veilleuse Et ne pouvons aucunement comprendre dont
cecy vient si non pour ce que ceulx de vous qui se
rendent lens et negligens a lœuvre vouldroient come
pensons que survinst quelque inconvénient a la ville en
(1) Voir la lettre XXII.
(2) Fausses brayes, espèces de bastions avec porto.
217
quoy navons point de bonnes suspicions. Vous savez
combien lœuvre est nécessaire et urgente et quelle acce-
leration elle requiert (1), sy desirons de tout nre cuer et
surtout noz autres désirs briesve expedicion dicelle.
Pourquoi nous vous mandons et comandons et expressé-
ment soub nre indignacion perpétuelle et paine de cent
marcz dargent por ung chun de vous que incontinent
veues ces présentes faictes mectre œuvre es dits
fauses brayes a toute puissance et par plusieurs ouvriers
continuellement jusqu'à la perfection dicelles. tellement
quelles soient briesvement acomplies et que nayons
cause destre mal contente de vous et seurement se ny
diligentez nous sûmes délibérée de scavoir a qui de vous
y tiendra Et en après ceux par qui la chose restera ou
retardera pourveoir tellement quil en sera mémoire
Faictes doncque bonne diligence a ce quaions cause de
nous contenter de vous Et a dieu soyez. Escript à Yvree
le xxe jour de Janvier mil cccc^ Lxxnij.
YoLANT et au bas Luhidon.
XXM
La duchesse recommande de travailler aux for-
tifications et annonce un secours prochain.
Aux syndics, etc.
Très chers et bien âmes Nous avons comis au sgr daix
la fortiiicacion et creacion des fossez de Chambéry. Sy
vous mandons et expressément q de vre couste et en
tant que vous touche veuillez diligenter et vaquer en
cest œuvre tellement quelle soit mise a chef le plus tost
que fere se pourra pour plus legiere garde de vous et du
pays, touchant les gens darmes nous espérons que ne
(1) Remarquer cette phrase toute moderne.
218
vous en souffrez mais vous tenez fors et faictes bon guet
et bonne garde car se chose que sûrement dieu ne veuille
nous sûmes délibérée de vous donner et mender inconti-
nent tel secours que leur résisterez et pourrez résister
a laide nro sgr qui soit garde de vous. Et a dieu soyez.
Escript a Lausanne le pénultième jour de mars mil
CCCC LXXVI.
YoLANT et au bas Rohin.
XXVII
La Duchesse est partie pour se joindre à Charles
le Téméraire. Pendant son absence, elle a confié
la garde de Chambéry au seigneur d'Aix. Elle no-
tifie sa nomination aux syndics de la ville.
Chers et bien amez Nos avons constitue nrc Irôs cher
et bien ame cousin le sgr days cappitaine des cliastel et
ville de Chambéry Sy voulons et commandons très
acertes que lui assistiez et obéissiez come a noz propre
daultre j^art sûmes informes des paynes fraicts et labeurs
quaves prins et procures tous les jours a la garde fortif-
ficacion et gueyte de la ville de Chambéry dont vous
savons bon gré vous priant que y veuillez persévérer Et
noz le recoignoistrons en temps et lieu a laide dieu chers
et bien amcs que ^■os ait en sa Sainte garde. Escript à
lausaune le xxni jor de may [1476].
YoLANT et au bas Beczon
XXVIII
Li-rTiir: de crédit au s'' de Verchamp, frère de
LA COMTE.SSE D'EnTREMONT
Aux mêmes.
La ducliesse de Savoye
Très chers et biens âmes le sgr de Verchamp senva
219
présentement par delà por visiter la clame dentremont
auquel avons comis et prie qu'il veuille prendre la pay-
ne daviser la forlifficacion tant de la ville que du chastel
Sy Vous mandons et prions que le recepviez honnora-
ment Et ly délivres bon logis car il est personnaige que
vault beaucoup Semblablement quon ly baille des vivres
et autres choses a ly et a ses gens nécessaires moyen-
nant salaire compétent Et ny faicte aucunement faulte
corne plus a plain vous dira Glaude dambel pnt por^' A
dieu soyez Escript a lausanne le xxvie jor de may [1476].
YoLANT et au bas Rocherij
XXIX
Nouvelle lettre pour le sieur de Vercliamp.
Aux mêmes
La duchesse de Savoye,
Chers et bien amez nous avons veu ce que nous avez
appris ])ar Valyer (1 ) et entendu sa créance Et au regart
des diligences que faictes aux susd. castelle et fortiffica-
tions de Chambéry vous en savons très bon gre priant
quen icelle veuillez tousiours tr diligement persévérer
ainsi que vees que est mesti (mestier, besoin ), Au regart
des gens du sgi' de Vercliamp comme nous aves ad-
verty, seurement il ne s'en va a Chambéry synon pour
visiter sa seur la dame d'Entremont, layder et conforter
ainsy que parait au cas. Et de ce avons adverty le gou-
verneur du dauphine par dambel. Et por plus monstrer
cecy estre vray lui mandasmes icy [lettrées ?)pov
(1 ) Procureur de la ville de Chambéry envoyé auprès de
la duchesse à Thonon.
220
faire renvoyer toutes ses gens desquelx il se porra pas-
ser a son simple estât Et ainsi naura cause personne
quelconque de soy irriter a la cause de la venue dud sgr
de Verchamp lequel toutefois vous recommandons com-
me nre tresclier amy et serviteur priant en oultre que
faictes fere procession présentement? en grande devocion
por la conservacion do nou Et adieu soyes.
Escript a Thonon le xxix? de may.
YoLANT et au bas Rocherii. (1.)
. XXX.
La duchesse remercie les syndics et bourgeois
des ])rocessions qu'ils font pour le bien de l'État
et les prie de continuer.
Elle est à Gex, après la défaite de Morat.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoie,
Chers et bien âmes Nous avons sceu la peyne que
prenez a faire fere processions et aultres prières pour la
conservacion et accroissement de nreestaz. et vous mer-
cions. Si vous prions que tousiours en celly bien veuillez
continuer sans cesser... indhuyses le peuple a plus dé-
votement le bon commencement ensuyvre Et a dieu chers
et bien âmes qui soyt garde de vous. Escript a Geys le
xvnjo jour de Juing [1476].
YoLANT ; et au l)as Tortcllet.
XXXL
La duchesse envoie de Gex un messager aux
syndics de Chambéry.
(1) Des taches d'iinniidité cmpèclient de lii'e certains ])as-
sages de cette lettre.
221
Aux mêmes.
Chers et bien âmes Nous envoyons présentement
pdevers vous le juge de Tbarentaise auquel avons donne
charge vous dire aucunes choses de nre part Si vous
mandons et prions que le croyes Et ces raports mectez
a brefs effectz. Chers et bien âmes nre sgr soit garde de
vous. Escript a Geys le xxnije jour de Juiug [1476].
YoLANT ; et au bas TorteUet.
XXXII.
La duchesse écrit de Montereaii ?, lorsc^u'elle
est conduite au château de Rouvres ; elle remercie
la Ville, prie de veiller aux fortifications et de
faire contribuer tout le monde aux frais, même les
ecclésiastiques.
Aux mêmes.
La duchesse de Savoie
Chers et bien âmes pour avons veu vos letres et ouy
ce que nre bien ame glaude Vallier (1) procureur et bour-
geois de Chambery nous a dist de vre part touchant la
response quavions charge franco bourgeois de Cham-
bery dont sûmes et avons este bien contente de vous et
de vos bons vouloyr et avons fort agréable lad response.
Nous vous prions et mandons que en suyvant vos
prédécesseurs veuilles fere come dites p manyere quen-
treteues toujour ce don vosd. prédécesseurs ont heu sy
bonne reputacion entre tous les aultres des pays de mon
très cher et très ame fils le duc que quant mon dit fils
sera de âge quil puisse cognoistrc vos bons services et
fidélité Et quant aussy le ferons come le tenons scure-
(1) Procureur de la ville.
222
ment et sans doubte vons nous trouverez tousiours déli-
bérée de fere pour vous ce que nous sera possible, nous
avons parle plus largement aud. glaude Vallier lequel
vous rapportera nre intencion sur cecy Au regard de la
fortiffîcacion nous vous prions et mandons que la des-
pesche et le plus tôt que fere se pourra nous avons asses
pourveu contre tous ceulx qui estoient résistons faictes
exécuter nos lettres contre tous sans nul exception Et se
aucun contredit signifies le nous par nom et nous y
pourvoyrons en manière quil cognoystra quil na pas fait
son devoir. Au regard des gens deglise nous leur rescu-
pérons ? Et ce p. cestes (fois) ne font leur devoir nous y
pourvoyrons p manière quils cognoistront quils ne sont
pas bien ad vises ne ceulx quils doivent estre et sy feront
leur devoir, nre sgr cliers et bien âmes vous ait en su ste
garde Escript a Mont eraud (1) le xxix jour de Juing
[1476].
YoLANT et au bas Monyer.
XXXIII
La Ducliessc remercie le cominaudcur de Saint-
Michel, président du conseil résideiit, le révérend
prieiu" de S*-Antoine et Amcd Am])er (2) de la
peine qu'ils prennent pour son cas (sa délivrance),
malgré les menaces que ses ennemis leur adres-
sent.
(1) Il semble que la dudiosse a été détenue quelques jours
à Mont Eraud (Moiitereau?) avant d'être renfermée au châ-
teau do Rouvres.
(2) Nous n'avons pas retrouvé ce nom dans les comptes des
syndics. Quant aux deux autres et à Boni face de Lazc ou de
Laezio, nous allons voir ce que leurs missions coûtèrent à la
ville.
223
A Révérend : noz très chers et bien amez conseillers
et commandeur de Sainct Michel et amed Amber envoyés
par nre ville de Chambery et chcun deulx.
(En note, d'une écriture du temps : ibi detinehatur
lUus''^^ Dna cum duobusquefllijs excepta duci nostro a
duce hiœgondie).
Révérend. Chers et bien amez conseillers par le rap-
port de nre cher et bien ame boniface de lase avons sceu
la dilecte vre peyne et travail quaves prins et prenes po'^'
la poursuyte de nre cas. dont ne vous pourrions a suffi-
sence mercier. Et combien que par nos adversaires de
par delà en ayes a cause de noz malveulliances par
plusieurs menasses. Neantmoyns vous prions très acer-
tes que pourtant ne laisses de continuer et persévérer
pour diligenter de plus en plus nre d. cas ainsy quil
nous est bon besoing sy quen avons en vous parfaicte
confiance A divertissence que nous experons bien avoir
des bonnes nouvelles lesquelles heues vous signiffierons
incontinent Et par temps et lieu cognoistrez envers vous
les services que nous aurons receuz de vos en ce temps
de tribulacion. Ainsy quavons plus a plain commis
vous dire aud. boniface, lequel crées come nous mesme.
priant nre sgr que révérend très chers et bien amez
conseillers ait en sa digne garde. E script à Rouvres
lexxvije jour de septembre [1476].
YoLANT et au bas Rocherii.
Nous avons dit que la ville de Chambery se
montra fidèle à Yolande. Voici les divers mes-
sagers qu'elle lui adressa alors.
Le 30 juin, elle lui dépêche Galvaiid Piochcti,
doctem" es lois, pro certis ardais neffociin.
224
Le 12 juillet, Jean Dompnier, docteur es lois, et
Léonard doit Gourt, lui sont envoyés â Gex.
Le l'"" août, l'on a appris à Cliambéry l'enlève-
ment de la duchesse par Olivier de la Marche ;
aussitôt on mande auprès d'elle, ad partes Bur-
guridie, Boniface de Laczio. Il met onze jours
pour faire son voyage, aller et retour.
« Item libraverunt , disent les comptes des
(( syndics, nobili Bonifacio de Lazcio destinato
« parte dicte communitatis ad illustrissimam
« dominam nostram duchissam ad partes Bur-
« gondie (ad ipsam visitando ex ordinatione super
« hoc facta die prima Augusti) , ad cjue vacavit
« cum duobus equis spatio undecim dierum tam
« eundo, stando, cjuam redeunclo ratione septem
(( denariorum grossorum pro persona et ecjuo et
(( die qualibet, que sunt simul. xii fl. x d. g.
(( pro locagioef|uorum. ii fl. ix d. g.
Le 11 août au soir ou le 12, Boniface put
rendre compte de sa mission. Sans doute, la Du-
chesse l'avait chargé de demander à la ville d'in-
plorer en sa faveur le concours de son frère. La
ville s'y décide immédiatement, et le 14 août elle
envoie à Louis XI rev'* père en Christ, le prieur
de S*^ Antoine, avec Philippe Chcvrier (1), Jean
Malet et Antoine Royal.
Les ambassadeurs ont à se rendre â Tours , à
(1) Il sera encore envoyé en Piémont, au mois de novem-
Vjro 1178, époque à Inquelle la ville fait eélébror un se^^"ice
funèbre pour la duchesse délunte.
225
Rouvres et auprès du duc de Bourgogne, aussi
leur voyage est-il long ; il dure 39 jours, ii compter
du 16 août.
« Libraverunt die 14^ Augusti (1476) ex ordi-
« natione facta in magno reffectorio fratrum mi-
(( norum per nobiles et burgenses dicte communi-
« tatis ambaxiatam ad serenissimum regem Fran-
« cie, ill. dominam nostrara ducliissam sabaudio
« et ducem Burgundie cuni licteris credencie et
(( informationibus ad requirendum festim expe-
« ditionem ad patriam sabaudie ipsius domine
« nostre que occupabatur armis per armigeros
« prefati domini ducis Burgondie (s?c). »
La Duchesse est délivrée et arrive auprès de
Louis XI; alors, nouvelle ambassade et plus solen-
nelle encore. Elle est composée du prieur de S*-
Antoine, avec 6 chevaux et 5 personnes; du Pré-
sident du Conseil résident avec 5 chevaux et 4
personnes, de Jean Millet avec 3 chevaux et 2 per-
sonnes, de Boniface de Lazcio avec 2 chevaux et 1
personne et d'Antoine INIaitre avec 2 chevaux et 1
personne ; le total des 18 personnes et 18 montures
coûta â la ville 320 florins. L'ambassade fut de
retour â Chambéry le 1"' décembre.
Signalons encore deux députations envoyées
par la ville de Chambéry auprès de la duchesse :
celle de Boniface de Lazcio qui, le 25 avril 1477,
va à Annecy où Yolande s'était rendue pour l'ap-
pointeinent avec les Allemands (Suisses)^ et celle
de Pierre Carrion, capitaine de ville, en 1478.
226
Lettre de Charles P'' (1482-1490).
Le duc recommande aux syndics de Chambéry
de convoquer les chanoines du chapitre de la S'®
Chapelle et aultres aux processions, si nombreuses
alors, et pour lesquelles la ^^ille payait chaque an-
née de grosses notes chez le fournisseur des torches
de cire que les syndics y portaient. Les aultres
sont la suite du chapitre : sa chapelle, itmocents
ou enfants de chœur, 1)edeaux, etc. Le prince
n'indique pas la place que le chapitre devra occu-
per; il prévoit que celui-ci n'obtiendra pas, sans
lutte, la prééminence.
Le duc de Savoye
Chers bien amez et feaulx. Nous avons sceu que sou-
ventes foys aves fait fere ])rocessions générales et parti-
culières pour la paix et le bien publique. Et aussy pour
la préservation et la prospérité de nostre estât. De quoy
vous scavous très bon gre. En lesquelles naves point
évoques sellon quavons entendu les chanoines et aultres
de nre chapelle collégiale de Chambéry dont sommes
esmerveiUes. Si vous mandons que en toutes les proces-
sions que désormais fere les evoquies et les y faictes
venir en leur lieu et place deue en observant leur pré-
rogative preheminences et privilèges, car tel est nre
vouloir. Et si par aventure esdites processions a point de
difficulté et defïense entre les ecclésiastiques le nous
rescripves affin que puissions pourvoir de remède opor-
tune et a dieu Escript à Savillian le no jour de juing.
Signé : Chaule ; et plus bas Lestelley.
99
/
Lettres de Philippe de Savoie,
COMTE de Baugé.
Nous rencontrons d'abord deux très courtes let-
tres en latin datées de Tlionon le 14 janvier, sans
millésime. La façon pressante dont le comte de
Baugé y invite les syndics de Cliambéry à se ren-
dre à Genève auprès de lui, le 28 du même mois,
nous fait croire qu'elles sont de 1462, ou, sur-
tout, de 1463. On sait qu'en octobre 1462, Philippe
réussit à s'emparer du chancelier Jacques de Val-
pergue qu'il fit juger à Morges par des hommes de
loi du pays qui le condamnèrent à mort. Valper-
gue fut jeté au lac; d'autres de ses parents et amis
furent tués aussi, ou durement rançonnés. Le duc
Louis voulut se venger du meurtre du chancelier
et eut recours à Louis XL Philippe, s'étant rendu
en France au printemps de 1463, fut arrêté à
Vierzon (1) et resta détenu au château de Loches
pendant trois ans environ.
Avant l'expédition contre Valpergue et les Cy-
priotes à Tlionon, le comte de Baugè avait cherché
â nouer amitié avec la Ville de Cliambéry. Nous
relevons, en effet, dans le Comptes des syndics
qu'en août 1462, elle avait député Claude Vcdter
(1) Philippe fut arrêté le 12 avril 1463, suivant les uns ;
1464, suivant d'autres. Cette divergence tient peut-être à ce
qu'en France l'année commençait à Pâques tandis qu'on
Savoie elle commençait à Noël.
228
auprès de Philippe, â Genève, en même temps
qu'elle envoyait une ambassade au duc Louis.
Le 20 septembre une nouvelle députation se
rendit dans cette ville auprès du duc. Parmi les
délégués se trouvait l'avocat de la Ville qui eut, le
23 ou le 24, une entrevue secrète avec un émis-
saire de Philippe : « Pro duobus pastis quos
« huic dominus advocatus cum ipsis ambaxiatori-
« bus uno alio quem huic Johannes Amadulphi
« qui veniebat a loco ubi erat dominus Philippus
« de Sabaudia (1), qui venit ad conferendum cum
« ambaxiatoribus (sic) ». En janvier 14G3, Phi-
lippe qui s'était aperçu de la colère de son père
cherchait sans doute quelque combinaison pour y
échapper et c'est, vraisemblablement, dans le but
d'obtenir leur aide, qu'il appelait les syndics de
Chambéry auprès de lui (2).
(1) Philippe était à Romont. Voir la RibelUone ili Pl-
lippo Seiu-a terra, publiée par M. E. Bollati, dans le tome
XVI des Miscellanea cli storia patriu, p. 487. C'est une
chronique française fort curieuse de la révolte de Philippe.
(2) En 1467, la ville de Chambéry offrit à Philippe en
don de joyeuse arrivée six vases d'argent pesant 12 marcs et
2 onces et demie; le marc valant 10 florins.
229
I
Lettre DE CRÉANCK a Claude du Saix (1).
Dilectis nostris sinclicis ville Cliaraberiaci.
Cornes Bagiaci
Sainte premissa quedani comisimus dileclo consilia-
rio noslro Glaudio de Saxo vobis reffei-enda iiostra parte
Eius relalionibus credere velitis fiducialiler tanquani
nobis Valete Scriptum Tliononij die xviiij Januarij.
Signé au bas Dyvoxa (2),
II.
Aux mêmes.
Cornes Bagiaci
Salule premissa niandamus vobis rogando quantum
plus possumus expresse qts (quatenus) die vigesima oc-
tava mcnsis liuius Januarij ad nos apud gebennas in-
fallibiliter intersitis quedam audituri jjer nos vobis ex-
ponenda nobis mandata p. illustrissimum dnum meum
metuendissimum vobis exponeuda. Nec defficere veli-
tis quomodolibet in preraissis Valete Scriptum Tliononij
die xinj Januarij.
(Pas de signature. L'écriture est celle du
secrétaire à! Yvonne).
(1) Claude du Saix avait été maître d'hôtel d'Ainédée VIII ;
Jean du Saix partagea à Loches la captivité de Pliilippe.
(2) Les à'Yi-onnc, de Chambèry, ùtaiout appelés aussi du
Bourrjet.
230
III.
Donation d'une maison a la villic
DK Chambéry.
Cette troisième lettre de Philippe-Monsieur,
n'a pas de millésime non plus; mais il est facile de
le ti'ouver, car les archives de Chambéry contien-
nent l'original de l'acte authentique qui fut passé,
quatre jours après, le 7 septembre 1491, pour ré-
gulariser la donation contenue dans la lettre (1).
La maison était celle que le comte de la Chambre
possédait à Cliam béry et qui avait été confisquée
avec ses autres biens après la défaite que Pliilippe
lui avait infligée à Lancy, près de Genève.
A noz t cliiers et bien aiiiez les sindiques et conseillers
de Chambéry.
Chiers et bien âmes le clavaire (greffier) présent por-
teur a este ycy qui ma requis de vre part q je vous vou-
lusse faire don de la maison du seigneur de la chambre
estant a Chambéry pour vous aider tant a tenir vre conseil
loger vre artillerie et servir a vos affaires Et pour ce que
je vous ai trouve bons et loyaulx subgets et debvoues de
vous acc|uiter et rendre vre devoir Je vous octroyé et donne
lad maison VA quant bien me requerreries de plus grant
chose cognoissant vre bon vouloir vous deves estre asseu-
res quil ne vous seroyt pas reffuse Comme pr nre sg^' qui
vous ayt t. chiers et bien âmes en sa saincte garde Escript
a la chambre (en Maurienne) le ni^ jour de septembre.
Le conte de beugie lieuten gnal et gouverneur de Savoie
PiuL DE Savoie ; et au bas Sauvage.
(1) Archives municii^ales. L'acte est signé par Plhlippe
Clievrier, devenu président de Savoie, etc.
231
Lettre de Philibert II le Beau.
Le duc convoque les Etats généraux à Genè\'e
pour le 31 juillet.
Cette lettre n'a pas de millésime. II est possible
qu'elle soit de 1498. Cette année-là, et le 19 mars,
Pliilil^ert II avait donné un tournoi à Genève.
Nous n'avons pas ti'ouvé, dans le grand ouvrage
de M. Bollati de St-Pierre, d'Etats généraux te-
nus à Genève le 31 juillet.
A nos chers bien âmes et feaulx les sindiques bour-
geois et habitans de Chamljéry
Le duc de Savoie
Cliers bien âmes et feaulx Pour aucunes choses qui
présentement nous occurrent touchent grandement a la
préservation de nos estats et pays avons ordonne das-
sembler les gens des estats de ce pays de Savoye en ceste
ville au dernier jour du prochain moys de Juillet pour
avoir leur advis ayde et conseil si vous prions et man-
dons que y veuillez envoyer au dit jour ung ou deux de
vous pour ouyr conseller et conclure sur ce que lors de
nre ])art sera propose A quoy ne faictes faulte. Et a dieu
soyez Escript a Genève le xxi Juing
Signé Philibert; et au bas Buctet.
La signature du duc est à [)cu près illisible;
mais elle est semblable au fac-similé publié par
M. de Quinsonnas, dans Matériaux pour servir
à l'histoire de Marguerite d'Autriche, tome III,
planche II; c'est donc bien celle de Philibert II.
232
Lettres du Duc Charles 111.
L'une de ces deux lettres, étant adressée au
seigneur de Dérée, président du Conseil résident,
les deux pièces s'emplacent de 1513 à 1528, époque
durant laquelle Louis Dérée exerça cette fonction.
Le Saint-Suaire était alors déposé à la Chapelle
du Château. Nos lettres prouvent que le souverain
emportait dans ses voyages les clés du meuble (jui
renfermait la reli(|ue. La fête du Saint-Suaire
étant proche, le Conseil de ville délègue l'un des
syndics pour aller les demander au duc, et celui-
ci les fait porter par son aumônier au président de
Dérée. Il a soin de charger la ville de défrayer le
messager qu'il lui envoie.
Les lettres sont écrites d'Annec^' où le duc
s'était rendu peut-être afin d'éviter la peste (jui
sévissait à Chambéry.
L
Le duc de Savoye
Très chers bien amez et feaulx nous a\'ons reccu vro
Ire par le sinclique pnt porteur et pour ce que nre iuleii-
tion est se doive monstrer le Sainct Suayre le jour de sa
teste Et que a ceste cause envoyrons Rf^ nre haulmosnier
labbe de Cavor qui portera les clefs vous prions donner
ordre sur les vivres et demeurant suivant vre bonne
coustuiue de sorte que inconvénient ny advienne Et
vous nous feres plaisir vous disant adieu très chers bien
amez et feaulx que vous ait en sa garde, dannessy ce
xxvn jour davril.
Signé Charles ; et plus bas Roquier.
233
Suscription : a nos très chers bien amez et feaulx les
scindiques hommes et communauté de Chambery. —
Petit sceau sur hostie ; écusson avec la croix de Savoie
surmonté d'une couronne ducale.
II.
Le duc de Savoie
Très cher bien ame et féal conseiller nous avons receu
vre lettre que la communauté de Chambery nous at
envoyé par km des scindiques dicelle put porteur |)our
scavoir nre intention de moustrer le Saiuct Suayre le
jour de sa feste Et pour ce que comme leur escripvons
nre intention est telle se doit monstrer le dit jour pour ce
quoy envoyrons R'^' nre haulmosnier labbe de ca^'or qui
portera les clefs A ceste cause vous jurions faire venir les
sindiques et principaulx conseillers de la ville pdevant
vous pour donner ordre sur le tout tel que vous verres
estre nécessaire de sorte que nul inconvénient de peste
ny aultre y advienne. Et vous nous feres plaisir vous
disant a dieu très cher bien ame et féal conseiller que
vous ait en sa garde de Annessy le xxvn davril.
Charles ; et plus l)as Roquier.
Suscription : A nre très cher bien ame et féal conseil-
ler président eu Savoye le s^' de Deree. (Il ny a pan de
miUcHinic).
234
RELATION DE L'AFFAIRE D'APREMONT-LA BUSSIÈRE,
tirée des archives de Grenoble (1).
I. De obsidione Montis Meliani et capcione Dorrô^
Sabaudie ducisfactaper ejus fratres. — Anno Do-
mini M'' IIIJo LXXJmo a Nativitate sumpto et de mense
jullii, illustris et magnificus dom^ Philippus de Sabau-
dia , dominiis Bressie , associatus multis Burgondis ,
Alamanis et Sabaudiensibus, vi armorum obsidionem
firmavit ante Montem Melianum, ubi se retraxerat se-
renissimus dom'' (Amédée IX) dux Sabaudie, ejus fra-
ter, et illustrissima dom^ Yolanda de Francia, duchissa
ejus uxor, et eorum liberi, et taliler ipsos terruit quod
se reddideruntetfuit captuni castrum cum villa predicta
Montis Meliani ; dictas dom. dux fuit translatus et cap-
tivatus ad voluntateni et beneplacitum dicti domini
Breyssie, et per diversa loca ducatus Sabaudie ductus.
II. De decessu dom) principia Pedemoniis.
L'annaliste y rapporte la mort de Cliarles fils aine
d' Amédée IX, à Orléans.
III. De capcione dom^ duchisse Sabaudie capiicate
in castra Asperimontis. — Dictas vero dom. conies
Comenarum (de Comenges), volons exequi precep-
tum regium sibi factam, se transtulit ad hanc patriam
Dalphinatus et, congregato toto exercitu armatorum pos-
(1) Nous croyons utile de j^ublior ici cette relation peu
connue que nous avons extraite de Clioix de docrimcnts
hisioriquci siii' Ir Ddiip/iiiic, par l'abbé C.-U.-J. Chevalier,
Lyon, Auguste lîruii, I.STI, p. ;J92 et 5. (Ce précieux ou-
vrage est tiré (lu t. \\ (le la 3' série du Bulletin de la So-
ctcté (le s(atisti'/i/c i\o l'Isère.)
235
sibili, accessit apucl Buxeriam, ubi jam certa pars ar-
mate aderat sub conductu mag^-i domini Castri Novi,
marescalli dicti Dalphioatus ; qui una cum domo epis-
copo Gebennensi (Jean-Louis de Savoie), qui cum dicto
dom. comité venerat, accesserunt ad castrum Asperi-
montis, ubi dicta dom. ducliissa Sabaudie et sui liberi
f uerant repositi et captivati (1). Quibus ibidem applicatis
circa mediam noctem, aliquo forte (2) priori tractatu
hahito cum custodibus dicti castri, ipsum castrum fuit
in manibus dicti dom. comitis Comenarumtraditum ;
qui eum custodiendum commisit dom" Francisco de
Viennesio, militi, et ipsa dom. duchissa cum fassibus
tota nocte fuit ducta lionorifRce, cum dictis suis liberis,
dominabus et domicellis sue domus, usque ad villam
Buxerie ubi applicuerunt circa solis ortum.
IV. Qualiter dom^ duchissa intravit honoriffice ci-
vitatem Gracionopolis. — In crastinum vero dicta dom.
duchissa, associata dictis dnis comité Comenarun, epis-
copo Gebennensi, domino Castri Novi et aliis magnati-
bus et nobilibus dicti Dalphinatus, venit ad hanc civi-
latem Gracionopolis, ubi fuit recepta honorifice : sicut
factum fuit prefato domino nostro régi, tune dalphino,
quando primo eandem civitatem intravit ; que fuit bos-
pitata cum statu suo in domo thesaurarie dalphinalis,
ubi mansit per spatium unius mensis vel circa.
(1) Erreur de l'analyste. La dueliesse s'était réfugiée elle-
même à Apremont.
(2) Au lieu Ae forte l'on aurait pu écrire ccrtc. Ceci con-
firme nettement ce que nous avons dit plus haut de l'accord
entre Yolande et le comte de Conienges. Elle le reçut, jion
en ennemi, mais comme un libérateur.
236
V. De obsicUone Jîrniata ante villam Chamheviaci.
— Qua doin'> duchissa in ipsa civilate Gracionopolis,
exislente, prefatus dominus noster rex in succursum
siiuni niandavit certos capitaneos cum magna comiti va
armatorum, videl. dominum Crusseolij capitaneum cen-
luni lancearura, dom"' Rufïetum, senescallum Belli
Cadri, capitaneum IIU™ francorum arclieriorum ; item
doni'' Acquitanie dux (Charles, duc de Guyenne), frater
dicte dom. duchisse, pariter mandavit in ejus succur-
smn dominum de Corton necnon senescallos Armagniaci
et de Agenneys cum centum et quinquagenta lanceis.
Qui omnes transitum fecerunt per liane civitatem Gra-
cionopolis et, una cum dictis dnis comité Comenarum,
e])iscopo Gebennensi et domino Castri Novi, marescallo
Dalphinatus, arrociaverunt prefatam dom. duchissam
cum suis liberis et eorum statu usque ad dictum cas-
trum Asperimontis; et tandem totus exercitus armato-
rum predict., circa ]^rincipium mensis augusti anno
])redicto, obsidionem firmaverunt ante villam Chambe-
riaci, \\h\ circa par octo dies steterunt : in quo loco
Chamberiaci erant in garnisione inlrusi dominus de
Romon (Jacques), frater dicti dominiBressiefP7u7/)jpejj
necnon dominus du Lau, cum magna quanlitate Ala-
manorum.
VI. Qualiter iotus exercitus intravit villam Moniis
Meliani. — Paulo post dictes octo dies dicti dom. comes
Comenarum et alii capitanei et armigeri prefati, liabcn-
tes ut diccl)atur super hoc spéciale mandatum a prel'alo
domino nostro rege, (|ui nolebat quod terre suorum nepo-
tum destruerentur, se retraxerunt in foresta Sancti Geo-
rii (St-Jeoire) ad unan leucam prope Chamberiacum,
ubi steterunt circa per alios octo dies ; et po^niodum
237
iverunt et se hospitaverunt infra villam Monlis Meliaiii,
ubi steterunt circa per quindecim clies et donec castruni
dicti loci fuit redditum obediencie dicte dom. duchisse,
mediante certo tractatu pacis facto inler dictam dom.
duchissam etprefatum dominum Breyssie : quo tractatu
mediante dictus dom. dux Sabaudie fuit relaxatus et in
suo libero arbitrio positus, et ipsa dom. duchissafuit
reintegrata in possessione regiminis dicti ducatus Sa-
baudie, de consensu prefati domini nostri régis; que
tandem reccssit ad principatum Pedemontis, ubi resi-
denciam fecit spatio duorum annorum continuorum.
238
SYNDICS DE CHAMBÈRY, DE 1459 A 1505.
1459 - 1460. — Claude Testi.
1461. — Claude Robert.
1460-1461. — Maurice Candie ; Antoine Rapié.
1461 - 1462. — Pierre Carion ; Guigues d'Andace.
1462-1465. — Claude de Verel ; Jelian de Charan-
sonnay.
1465 - 1466. — Vincent Oddinet ; Antoine Oddinet.
1466-1468. — Pierre Mareschal ; Claude Veronèse.
1468-1469. — Antoine Maczonet, docteur es lois ;
Pierre de Verel, alias Brùlefer.
1469-1470. — Pierre Castellan; Claude Garrel.
1470-1471. — Pierre Castellan ; Jean de Clairvaux.
1471 - 1472. — Jacques Vilard ; Guignes d'Andace.
Après la mort de Vilard , Jean de
Clairvaux.
1472 - 1474. — Jean de Clairvaux ; Guignes d'Andace.
1474 - 1475. — Lambert Oddinet ; Jelian de Leschaux
(De Calcibus).
1475 - 1476. — Antoine Mietre ; Gallois Jacquemard.
1476 - 1477. — Michel Maczon ; Jelian de Truc.
1477-1478. — Peronet Emeric; Pierre Lomet.
1478-1479. — Pierre Verel; Claude Honoilier.
1480. — Antoine d'Andace; Georges de Pradel.
1481 . — C lande Perlet ; P ierre de Verel .
1482. — Jean de Clairvaux ; Galliac Gruet.
1483. — Guigues Bauderet ; Gallois Jacque-
mard.
1484. — Claude Garrel ; Pierre Brùlefer.
1485-1486. — Jacques Lambert; Etienne Camellin.
1487. — Philippe Allegret ; Antoine Janin.
1488. — Jean Lestelley; Claude Honoflier.
239
1489. — Martin de Sutriac; Benoît Lancri.
1490-1491. — Antoine de Belletrucbe , seigneur de
Gerbaix; Georges Anterni.
1492. — Etienne Camellin; Jean Ginod.
1493. _ Pierre Lambert; Claude Paquelet.
1494. — Jean de Lestelley ; id.
1495. — Jean de Leschaux; Jean d'Yvonne.
4496. — Pierre Salteur, docteur en médecine;
'Antoine de Trêve, alias Janin.
1497. — Pierre Tenand; Antoine de Trêve.
1498. — Ponet Emeric; Antoine de Trêve,
1499. — Pierre de Feysigny; Antoine de Trêve.
1500. — Etienne Canielin ; Pierre Dieulefils,
1501. — Etienne Camelin ; Louis Carrion.
1502. — François Mercier, docteur es droits;
Pierre Millanês.
1503. _ Etienne Camellin ; Antoine de Trêve.
1504 - 1505. — Aymon Gringalet, docteur es droits ;
Ginet de Rognas.
240
LES FILIGRANES.
Les lettres qui précèdent sont toutes écrites sur du
papier de chiffons dont l'usage à la Cour de France re-
montait à Philippe VI de Valois (vers 1330). Le papier
fut sans doute employé à la Cour de Savoie à la même
époque , peut-être même un peu auparavant à cause du
voisinage de l'Italie où les battoirs de papiers étaient déjà
assez nombreux au commencement duxive siècle (1).
(1) Il s'agit de l'iisdfjc cota-an t. En réalité, le papier de
chiff'e ou de chiiïons est employé dans nos pays depuis le
xi' siècle. On consultera avec fruit, à ce sujet, l'étude de
M. C.-M. Briquet, de Genève : Recherches sw les premiers
papiers emplor/ès e/i Occident et en Orient du x" au xiv'
siècle^ Paris, 1886; dans le tome XLVI des Mémoires de la
Société des Antiquaires de France. Le savant auteur jm-
bliera, incessamment, daiis les A tti délia Società ligure cli
Storia pcdria, un nouveau Mémoire intitulé : Papiers et
Jlligranes des Archives de Gênes — 11.54 à 1700— avec
593 dessins de filigranes.
MM. Midoux et Matton ont publié chez Dumoulin à Paris,
en 1868, une excellente Etude sur les ^filigranes desjjapiers
emplogès en France aux xiv' et xv° siècles. Elle contient
environ 1,800 dessins. Voir aussi: au Bulletin archéologi-
(jue du Comité des Travaux historiques, numéro 1 de 1888,
un article de M. J.-M. Richard : Filigranes de papiers de
la première moitié du xiv° siècle, — avec dessins; — Sa-
muel Leigh Sotheby, Paper-marhs in t/te earlg hlock-
hooks of the NetJierlands and Germcuiy (première partie
àePrincipia tgpograph ira, ) ,hondrefi, 1858; — enfin Jansen,
Essai sur l'origine de la gravure en bois et en taille-douce;
Paris, 1808, 2 volumes. Les filigranes y tioniiont luie ]Aaco
importante.
• 241
Le parchemin n'eu continua pas moins à servir pour les
actes aulientiques et pour les pièces destinées à former
titre. Dans notre pays, les copies et les extraits des actes
publics ne commencent à être écrits sur papier que
vers 1540; l'usage du parchemin est même prépondérant
jusqu'en 1570.
Les fabricants de papier ont, dès l'origine, apposé
leur marque sur leurs produits, au moyen de figures
ou dessins appelés filigranes placés dans la pâte, et
qui apparaissent plus ou moins extérieurement. Plu-
sieurs de nos lettres ont un filigrane ; un plus grand
nombre n'en porte pas^ parce que la feuille de papier
étant coupée en divers morceaux la marque ne se rencon-
trait que sur l'un d'eux.
Beaucoup parmi les signes les plus employés de nos
jours existaient déjà au moyen âge et au xve siècle , le
raisin (c'est platôt, d'abord, une pormne de pin) , le
potj la cloche, etc.
Les syndics avaient été établis à Chambéry en 1330.
En 1344, leurs employés écrivent les détails des comptes
sur du papier ayant pour filigrane un dessin ressem-
blant vaguement à une corme d'abondance.
Nous rencontrons ensuite les filigranes suivants : en
1374 : trois ronds au bout de trois tiges (branche d'ar-
bre avec fruits'^) autre branche d' arbre avec fruits (c'est
le numéro 51, de l'article de M. Richard) ; une espèce
de casque léger. Plus tard ce filigrane, plus accentué,
se rencontre souvent. En 1393, un cercle traversé par
une tige surmontée d'une étoile à 5 rais; — une rosace
à 5 branches (papier un peu grossier J j une dague j
1394, rosace à 6 branches j\2Ql , grande cloche j 1398,
croix de Malte,
242
Au xive siècle, le iiligrane qui se rencontre le plus
souvent est la rosace à 6 branches.
En 1403, nous trouvons, sur beau papier, des ciseaux;
1407, une roue avec ornements à la circonférence; 1409,
étoile à 8 rais; — à 11 rais. Une patente de 1412
d'Amédée VIII aux syndics de Chambéry a une tète
d'homme sans barbe, coiffée d'un bonnet (seul exemplaire
de filigrane à tète humaine, dessin bien plus correct que
celui des têtes de l'article de M. R ichard, nos g, 15 et 40);
lAlA, fleur de lys héraldique; 1420^ un cercle surmonté
d'une croix, lettres gothiques I. P. ; 1426, 2 cercles con-
centriques surmontés d'une croix j 1427, tète de bête à
cornes avec une tige ornée au-dessus de la tète (nom-
breux types de ce genre de filigrane) ; fleur de lys sur
tige contournée (divers types); — raisin; espèce de
nœud surmonté d'une croix de Malte ; une main ou-
verte.
1430, 1431, 1432, 1437; \o\xe feuille d'arbre, une
roue; un raisin; une tète de vache ; un chien; une main;
une feuille de trèfle avec tige droite ou en spirale ( le
papier au trèft'e est le plus grossier de tous); 1463, ro-
sace à 8 pans; pot ; couronne; balances ; dague ; 1473,
jmt sans anses ; 1493, 1496, tète très allongée de va-
che; — tète plus large; un cercle ; — feur de lys ;\q\\
pot avec une anse; un triangle; une her^se à labourer ;
un cœur ; dessin en spirale ; raisin; une espèce d''écu
surmonté d'une croix ornée; trois dessins différents
fort confus. Les filigranes à la fleur de lys sont en
grand nombre. On peut en conclure que Ton se fournis-
sait volontiers de papier en France, vraisemblablement
en Dau|)hiné.
En 149(S, grand raisin sur papier de grand format;
IhQQ, fleurs de lys, triangle, trèfe; 1504, main, mar-
243
teau, raisin, tvbjle, quadrupède ressemblant à une chè-
vre (à jambes courtes), divers dessins rappelant vague-
ment une ra^ae^^e y 1505, cœur allongé surmonté d'une
croix; 1507 , petit pot ; espèce de petite lyre ; calice,
verre à pied, chien ; 1512, une coquille avec un man-
che à jour et un ornement au-dessus , d'un joli dessin,
ressemblant à un miroir à main; — ornement supérieur
d'un sceptre; trèjle ; 1514-1517, sur une procédure de
Tofficialité de Genève pour l'église de Rumilly, une li-
corne, une jïeur de lys ornée surmontée d'une croix;
une croix à branches diagonales sur un socle en lo-
sange contenant une croix; autre c/^oi'a? à branches dia-
gonales sur un socle en forme de croix; en 1592, à
Rumilly, sur un terrier un écu surmonté d'un diadème
et contenant les lettres M, B. reliées par un signe s'éle-
vant au-dessus d'elles ; en 1568 à Annecy, les armes de
Genève, aigles et clef; en 1580, à Montmélian , un
cœur dans lequel on lit les tettres T (?) C ; en 1581, à
Bourg, deux triangles superposés en sens inverse et
surmontés d'une couronne; en 1598, à Chambéry, dans
un carré long la lettre P avec un quatre-feuille à droite
et à gauche; etc., etc.
Les archives départementales d'Annecy possèdent un
rouleau sur papier, très étroit et fort long (12 à 15 mè-
tres), sur lequel est écrite une enquête faite à Ugines
(à 2 petites lieues de Faverges) en 1339. Le papier,
assez blanc, soyeux, a été découpé en bandes que l'on a
cousues les unes au-dessus des autres. L'on a ainsi
coupé le filigrane en deux parties inégales. Ce filigrane
se compose d'un cercle en renfermant un second de
moitié moins grand, traversés l'un et l'autre par une
raie horizontale, avec des appendices un peu triangu-
laires se terminant par des renflements ou petites bon-
244
les ; il y a aussi deux petits ronds à droite et à gauche de
la base de l'appendice supérieur.
Dans les lettres que nous publions, l'on trouve les
filigranes suivants :
Lettres d'Amédée VIII : l^yz/s entrelacés sans des-
sin précis ; 2° une main ouverte vue de dos, avec bro-
derie simulant la manchette. La lettre d'Amédée IX,
du 26 janvier, a pour filigrane un trait en spii^ale, sur
du papier presque fin.
La lettre II de la duchesse Yolande, écrite à Mont-
calier (Piémont), porte un trèfle j ses lettres V, VI, VII,
XVI, XXV, ont une pomme de pin; la lettre VIII, trois
cercles concentinques avec des dessins confus à l'inté-
rieur ; la lettre X, un croissant léger sur une tige ; la
lettre XVIII, un quadrupède paraissant supporter 2 oi-
seaux superposés, dessin confus.
La lettre de Philippe-Monsieur, de 1491, porte une
cloche ; celle de Philibert II, une tète de bœuf surmon-
tée d'une tige terminée par un ornement; celles de
Charles III : la première, une tète de bœuf; la seconde,
une espèce de siphon. L'on rencontre encore une assez
grande quantité de filigranes à dessins qui semblent faits
au hasard tant ils sont confus et qui ne peuvent être
décrits.
Nous pensons, avons-nous dit, qu'en Savoie l'on ti-
rait du Dauphiné une partie des papiers employés, ceux
d lajleur de lySj notamment. Il en devait venir aussi
beaucoup du Piémont et de Genève. Ce n'est pas, toute-
fois, que notre province ne possédât pas de battoirs à
papiers. (jÙWqI (Dict. liist., II, p. 269) rapporte qu'il
en existait un à Faverges en 1352. M. Briquet a bien
voulu nous faire connaître que, sur un parchemin du 15
245
décembre 1436, il a lu le nom de Jean de la Pérose,
PAPiRiER, habitant alors à Annecy. M. Briquet ajoute
que le battoir d'Arentlion en Faucigny fonctionnait en
1551 et, qu'en 1668, il était la propriété de N. César et
Jean Diodati. La papeterie de Ct^an, près d'Annecy, était
exploitée en 1685 ; il est possible qu'elle soit bien plus
ancienne.
La papeterie de Leijsse, près Chambéry, aurait, sui-
vant Grillet, été fondée en 1740. Un peu plus tard et à
l'époque de l'invention des aérostats , elle ap^mrtenait
aux Montgolfière d'Annonay. C'est son directeur-pro-
priétaire actuel, M. Charles Forest, conseiller général
du département de la Savoie, qui a fourni le beau papier,
dit japonais, sur lequel ont été tirés cent exemplaires
de notre ouvrage.
On pourra y voir ce filigrane : dans un carré long
formé par quatre morceaux de bainboUjles mots. Bam-
bou-Japon Lerjsse suivis d'un signe japonais àQ fantai-
sie, et au-dessous marque déposée.
Autrefois, les papiers à la cuve fabriqués dans les pa-
peteries de Leysse avaient, au milieu de la feuille, un
filigrane représentant, ordinairement, l'objet donnant le
nom du format, tel que : cloche^ coquille, etc..
Depuis , les papiers faits à la machine n'ont reçu
d'autre filigrane que le nom du fabricant.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Avant-propos. Archives de la ville de Chambéry 169
Lettres de Jean , duc de Berry et de Bonne
de Berry 171
Lettre du due de Berry aux syndics de Chambéry, re-
lative au prochain retour du jeune comte Amédée
VIII à Chambéry 173
Lettre de la comtesse Bonne de Berry 174
Lettres d' Amédée VIIL
I. Il prie les syndics de venir à Mâcon pom* lui
donner conseil 175
II. Convoquant les syndics au flancement de sa fille
Marguerite, à Thonon 176
Lettres du duc Louis.
Notice 177
I. Lettre du 27 juin 1466, réclamant la ratification
du traité conclu avec Charles VII 179
II. Intimation pour le même objet 180
Lettres d' Amédée IX , d'Yolande de France
et de leur fils Philibert P'".
Notice historique 182
I. Lettre d' Amédée IX invitant les syndics à se ren-
dre à Arbin 1 94
II. Relative à la nomination du recteur de l'hôpital
de Paradis 195
Lettres de la duchesse Yolande
I. Lettre relative au prédicateur du carême 196
II. Envoi de Pierre Lambert aux syndics 197
III. Avis de l'arrivée des comtes de Baugé et de Ro-
mont 198
248
IV. La ducliesse écrit qu'elle ne se retirera pas en
Dauphinc 199
V. Lettre en faveur de M'" Antoine Robert pour le
rectorat de l'hôpital de Machô 199
VI. Envoi d'instructions relatives aux fortifications
de la ville (16 novembre 1471) 200
VII. Pour le même objet 201
VIII. Nouvelle reeonimandation pour M" Antoine
Robert (5 décembre 1471) 202
IX. Recommadation en faveur des habitants du fau-
bourg de Montmélian h Cliambéry (12 décem-
bre 1471) 203
X. Avis de faire bonne garde 204
XI. Remerciements de la nomination d'Antoine
Robert et demande d'un délai en sa faveur
(11 janvier 1472) 205
XII. Demande de remplacement de M'" Antoine
Robert, par Guigne Tortellet, au rectorat de
l'hôpital de Mâché (26 janvier 1472) 206
XIII. Envoi à Cliambéry de Léonard du Gom't, maî-
tre de l'artillerie 207
XIV. Envoi de Louis Charrier pour l'affaire du rec-
torat de l'hôpital de Mâché 208
XV. Lettre du 30 mars 1472, écrite au nom de Phi-
libert I", notifiant aux syndics le décès d'Amé-
dée IX 208
XVI. Envoi de Léonard du Gourt 209
XVII. Lettre de la duchesse du 16 avril 1472, recom-
mandant de nouveau Antoine Robert 210
XVIII. La duchesse recommande la vigilance aux
syndics, et les invite à recevoir les envoyés
suisses (21 avril 1472) 210
XIX. Lettre du même jour relative à la garde de la
ville 2îl
XX. Lettre du même jour annonçant l'arrivée de
gens de guerre qu'il faudra recevoir 212
249
XXI. Envoi de Pierre Lambert auprès des syndics. 212
XXII. Avis de surseoir aux ti^a-\vaux des fortifications
afin de ne pas mécontenter le peuple 213
XXXIII. Lettre autogi-aphc de remerciements aux
syndics et mission à Antoine Lambert, doyen
de Savoie. (Autographe de la duchesse) 214
XXIV. Lettre de créance pour Léonard de Gourt (29
mai 1472) ; 215
XXV. Ordre d'achever les fortifications ( 20 janvier
1473 216
XXVI. Ordre de travailler aux fortifications ; avis
d'mi secours procliain (de Lausanne, le 30
mars 147G) 217
XXVII. Le seigneur d'Aix est chargé de la garde de
Chambéry 218
XXVIII. Lettre de crédit pour le s' de Verchamp 218
XXIX. Lettre pour le même 219
XXX. Demande aux syndics de continuer les pro-
cessions (de Gex, le 18 juin 1476) 220
XXXI. Envoi d'un message aux syndics (de Gex, le
24 juin 1476 220
XXXII. Lettre de la duchesse détenue aux syndics
(29 juin 1476) 221
XXXIII. Remerciements au président du conseil ré-
sident et au prieur de St-Antoine ( de Rou-
vres, le 27 septembre 1476) 222
Missions de la ville auj^rès de la duchesse en Bour-
gogne, et auprès de Louis XI 224
Lettre du duc Charles P'".
Elle est relative à la convocation du chapitre de
la Ste-Chapelle aux processions 226
Lettres de Philippe-Monsieur.
Notice 227
I. Lettre de créance à Claude du Saix 229
IL II demande aux syndics de se rendre h Genève au-
près de lui 229
250
m. Don à la ville deChanibéry d'une maison confis-
quée sur Louis de la Chambre 230
Lettre de Philibert II
11 convoque la ville de Chambéry à des Etats
généraux 231
Lettres du duc Charles III.
Notice 232
I. Lettre relative au Saint Suaire 232
II. Lettre pour le même objet à Louis, seigneur de
Derée, président du conseil résident 233
Relation de l'atïaire d'Apremont-La Bussière,
tirée des Archives dauphinoises (1471) 234
Liste des syndics de Chambéry
de 1459 à 1505 \ 238
Les Filigranes
Filigranes des papiers employés en Savoie au xiv'
et au xv" siècles 240
Quelques anciennes papeteries savoisiennes 245
Filigranes de la papeterie actuelle deLcrjsse près Cham-
béry 245
— o>^)^<—
251
LOI des 30-31 mars 1887, relative à la conser-
vation des monuments et objets d'art ayant un
intérêt historique et artistique.
CHAPITRE I". — IMMEUBLES ET MONUMENTS HISTORIQUJLS
OU MÉGALITHIQUES.
Article 1er. Les immeubles par nature ou ])ar desti-
nation dont la conservation peut avoir, au point de vue de
l'histoire ou de l'art, un intérêt national, seront classés
en totalité ou en partie par les soins du ministre de Tins-
truction publique et des beaux-arts.
S. L'immeuble appartenant à l'Etat sera classé par
arrêté du ministre de l'instruction publique et des beaux-
arts, en cas d'accord avec le ministre, dans les attribu-
tions duquel l'immeuble se trouve placé. Dans le cas
contraire, le classement sera prononcé par un décret rendu
en la forme des règlements d'administration publique.
L'immeuble appartenant h un département , à une
commune, à une fabrique ou à tout autre établissement
public, sera classé par arrêté du ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts, s'il y a consentement de
l'établissement propriétaire, et avis conforme du ministre,
sous l'autorité duquel l'établissement est placé. En cas de
désaccord, le classement sera prononcé par undécret rendu
en la forme des règlements d'administration publique.
3. L'immeuble appartenant à un particulier sera
classé par arrêté du ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts, mais ne pourra l'être qu'avec le consen-
tement du propriétaire. L'arrêt déterminera les condi-
tions du classement.
S'il y a contestation sur l'interprétation et sur l'exé-
cution de cet acte, il sera statué par le ministre de l'ins-
truction publique et des beaux-arts, sauf recours au
Conseil d'Etat statuant au contentieux'.
4. L'immeuble classé ne pourra être détruit, même
en partie, ni être l'objet d'un travail de restauration, de
réparation ou de modification quelconque, si le ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts n'y a consenti.
L'expropriation pour cause d'utilité publique d'un im-
meuble classé ne pourra être poursuivie qu'a])rès que
le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts
aura été appelé à présenter ses observations.
252
Les servitudes d'alignement et autres qui pourraient
causer la dégradation des monuments ne sont pas appli-
cables aux immeubles classés.
Les effets du classement suivront l'immeuble classé,
en quelques mains qu'il passe.
5. Le ministre de l'instruction publique et des beaux-
arts pourra, en se conformant aux prescriptions de la loi
du 3 mai 1841, poursuivre l'expropriation des monu-
ments classés ou qui seraient de sa part l'objet d'une
proposition de classement refusée par le particulier pro-
priétaire.
iFpourra, dans les mômes conditions, poursuivre l'ex-
propriation des monuments mégalithiques ainsi que celle
des terrains sur lesquels ces monuments sont placés.
6. Le déclassement, total ou partiel, pourra être de-
mandé par le ministre dans les attributions duquel se
trouve l'immeuble classé par le département, la com-
mune, la fabrique, l'établissement public et le particu-
lier propriétaire de l'immeuble.
Le déclassement aura lieu dans les mêmes formes et
sous les mêmes distinctions que le classement.
Toutefois, en cas d'aliénation consentie à un particu-
lier de l'immeuble classé appartenant à un département,
à une commune, à une fabrique, ou à tout autre établis-
sement public, le déclassement ne pourra avoir lieu que
conformément au § 2 de l'article 2.
7. Les disposition de la présente loi sont applicables
aux monuments historiques régulièrement classés après
sa promulgation.
I Toutefois, lorsque l'Etat n'aura fait aucune dépense
pour un monument appartenant à un particulier, ce mo-
nument sera déclassé de droit dans le délai de six mois
après la réclamation que le propriétaire pourra adresser
au ministre dep'instruction publique et des beaux-arts,
pendant l'année qui suivra la promulgation de la pré-
sente loi.
CHAPITRE n. — 'objets MOBILIERS.
8. Il sera fait par les soins du ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts, un classement des objets
mobiliers appartenant à l'Etat, aux départoments, aux
communes, aux fabriques et autres établissements pu-
253
blics, dont la conservation présente, au point de vue de
l'histoire ou de l'art, un intérêt national.
9. Le classement deviendra définitif si le départe-
ment, les communes, les fabriques et autres établisse-
sements publics n'ont pas réclamé, dans le délai de six
mois, à dater de la notification qui leur en sera faite. En
cas de réclamation, il sera statué par décret rendu en la
forme des règlements d'administration publique.
Le déclassement, s'il y a lieu, sera prononcé par le
ministre de l'instruction publique et des beaux-arts. En
cas de contestation, il sera statué comme il vient d'être
dit ci-dessus.
Un exemplaire de la liste des objets classés sera dé-
posé au ministère de l'instruction publique et des beaux-
arts, et à la préfecture de chaque département, où le pu-
blic pourra en prendre connaissance sans déplacement.
10. Les objets classés et appartenant à l'Etat seront
inaliénables et imprescriptibles.
11 Les objets classés et appartenant aux départements,
aux communes, aux fabriques ou autres établissements
publics, ne pourront être restaurés, réparés ni aliénés
par vente, don ou échange, qu'avec l'autorisation du
ministre de l'instruction publique et des beaux-arts.
IS. Les travaux, de quelque nature qu'ils soient,
exécutés en violation des articles qui précèdent, donne-
ront lieu, au profit de l'Etat, à une action en dommages-
intérêts contre ceux qui les auraient ordonnés ou fait
exécuter.
Les infractions seront constatées et les actions inten-
tées et suivies devant les tribunaux civils ou correction-
nels, à la diligence du ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts, ou des parties intéressées.
13. L'aliénation faite en violation de l'article 11 sera
nulle et la nullité en sera poursuivie par le propriétaire
vendeur ou par le ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts, sans préjudice des dommages-intérêts
qui pourraient être réclamés contre les parties contrac-
tantes et contre l'officier public qui aura prêté son con-
cours à l'acte d'aliénation.
Les objets classés qui auraient été aliénés irréguliè-
rement, perdus ou volés, pourront être revendiqués pen-
254
pendant trois ans, conformément aux dispositions des
articles 2279 et 2280, C. civ. La revendication pourra
être exercée par les propriétaires, et, à leur défaut, par
le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts.
CHAPITRE 111. — FOUILLES.
14. Lorsque, par suite de fouilles, de travaux ou d'un
fait quelconque, on aura découvert des monuments, des
ruines, des inscriptions ou des objets pouvant intéres-
ser l'archéologie, l'histoire ou l'art, sur des terrains ap-
partenant à l'Etat, à un département, à une commune,
à une fabrique ou autre établissement public, le maire de
la commune devra assurer la conservation provisoire des
objets découverts, et aviser immédiatement le préfet du
département des mesures qui auront été prises.
Le préfet en référera,, dans le plus bref délai, au mi-
nistre de l'instruction publique et des beaux-arts, qui
statuera sur les mesures définitives à prendre.
Si la découverte a eu lieu sur le terrain d'un i)articu-
lier, le maire en avisera le préfet. Sur le rapport du pré-
fet, et après avis de la commission des monuments his-
toriques, le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts pourra poursuivre l'expropriation dudit ter-
rain en tout ou en partie pour cause d'utilité publique,
sui vaut les formes de la loi du 3 mai 1841 .
15. Les décisions prises par le ministre de Tinstruc-
tioii publique et des beaux-arts, en exécution de la pré-
sente loi, seront rendues après avis de la commission des
monuments historiques.
CHAPITRE IV. — DISPOSITIONS spéciales a l'algérie
ET AUX PAYS DE PROTECTORAT.
16. La présente loi est applicable à l'Algérie.
Dans cette partie de la France, la propriété des objets
d'art ou d'archéologie, édifices, mosaïques, bas-reliefs,
statues, médailles, vases, colonnes, inscriptions, qui
pourraient exister sur et dans le sol des immeubles ap-
partenant à l'Etat ou concédés par lui à des établisse-
mciits publics ou à des particuliers, sur et dans des ter-
rains militaires, est réservée àrEtal.
17. Les mêmes mesures seront étendues à tous les
pays placés sous le protectorat de la Franco et dans les-
quels il n'existe pas déjà une législation spéciale.
mu Ml lïïlIfiES
BULLETIN
Pages.
I. Travaux de la Société (1887 - 1888) v
Séance du 6 novembre 1887. Réception de MM. Jo-
seph Collongeet baron Auguste Angleys, en qua-
lité de membres effectifs v
Contrat de rachat de (h'oits féodaux par la com-
munauté de Saint-Jean-de-Chevelu en 1784. (Com-
munication de M. Fuzier, avocat.) v
Rai^port de M. Mugnier sur la bibliothèque de l'an-
cien Collège des Jésuites à Chambéry, annexée
en 1887 à la BlUiothèque publique de Chambéry. vi
Mort de M. Spencer Fullerton Bair, secrétaire de la
Smithsonian Institution ix
Séance du 18 décembre 1887. Réception de MM. Guil-
laume Tardy et J. Martin-Franklin x
Don de livres x
Description d'une épingle romaine trouvée à Saint-
Just, Lj'on, j)ar M. Laurent Rabut x
Renseignements sur l'ancienne église du Bourget-
du-Lac, par M. Latlioud xi
Communication, par M. Revillod, secrétaire général
de la mairie de Saigon, d'un acte de vente d'une
terre à Cognin, en 1562, par les Dominicains de
Chambéry xi
M. Marie-Girod présente une copie manuscrite du
rarissime poème de Nouvellet, les Dicinaillcs ;
citations xvi
256
Vente de flefs au Vivier et dans les environs, par
Charles-Emmanuel l" k la famille de Sonnaz.
(Communication de M. Charles Caljaud.) xvn
Séance du 29 janvier 1888. Demande d'estampages
d'inscriptions romaines par le Ministère de l'ins-
truction publique xviii
Afflclio d'un concert franco-italien à Chambéry vers
1835. (Communication de M. A. Boget.). ...... xix
Présentation du manuscrit de M. Tavernier : Ta-
ninge et ses environs xix
Mission envoyée par la ville de Bourg en 1442 au-
près du pape Félix V à Bâle xix
Testaments de Catherin Pobel, premier présient du
Sénat de Savoie au xvie siècle; de Reymond Po-
bel et de Claude-François Pobel, comte de Saint-
Alban. (Communications de M. Mugnier.) xx
M. Charles Schefer, membre de l'Institut, est élu
membre honoraire de la Société xxvi
Notice sur Borée, auteur dramatique, par M. An-
tony Dessaix xxvi
Séance du 19 février 1888 xxix
Comptes du trésorier xxx
Election du bureau de la Société xxx
Lettre à cachet de Victor-Aniédée II , au premier
président Gaud (vers 1716), relative au squelette
d'un juif exposé par le chirurgien Virginé, dans
sa boutique, à Chambéry, ( Communication de
M. Mugnier.) xxxi
Analyse, par M. Mugnier, de deux testaments de
Louise de la Chambre , veuve du comte de Mont-
réal, 1623 et 1628 xxxn
Bulle du pape Benoît xiv, présentée par M . A . Finet. xxxv
Carte de membre da Club de Cruseilies vers 1793,
présentée par M. Carie xxxvi
Traité do logique; manuscrit ayant appartenu à
François-Amé Milliet, archevêque de Tarentaise.
257
(Communication de M. Marie-Girod.) xxxvi
Patentes de confirmation de nol)lesse en 1605,
jDOur Etienne Gentil. ( Communication de
M. Latlioud.) xxxvii
Etude de M. Mugnier sm' une ordonnance de taxe
des denrées à Cliambéry, promulguée par le
prince Thomas de Savoie, en janvier 1632 xxxvui
Séance du 11 mars 1888. Réception de MM. Victor
Roche et François Pelaz xu
Avis relatif au congrès des Sociétés savantes à la
Sorbonne xui
Présentation de chartes, par M. Charles Cabaud :
quittance par Barthélemi de Boczosel , 1478 ;
vente par Guiguet de Bergin , de St-Jean-
de-Chevelu, 1482; vente de la maison de Belle-
garde, rue Juiverie à Cliambéry, et échange de
biens aux Marches, entre les Bellegarde et les
Deville, mai et août 1564; nomination de Jean-
François Gabet au sous-secrétariat des affaires
étrangères à Turin le 7 août 1773 xlii
Lettre du 3 décembre 1737, de Frédéric-Guillaume,
roi de Prusse, au roi de Sardaigne, relative à la
succession du savoisien Claude Burnet, mort à
Stettin. (Communication de M. Mugnier.) xuv
Communication du même, sur des lettres et un
sceau de M"° de Wareus xlv
Séance du 22 avril 1888. Réception do M. Eugène
Levet xLv-i
Dons do livres à la Société xlvii
Le 1" volume des Mémoires de l'Académie cha-
blaisicnne xlu
Affiche électorale du collège d'Annecy présentant la
candidature du comte de Cavour ; — mariage d'Es-
pagnols à Chambéry en 1745; — à-'Aïcha, captive
dotée j)ar Victor- Amédée II; reconnaissance de
fiefs sous le mont Nivolet, par la famille Cartier,
258
h la fin du xvi° siècle. (Coui°° de M. Mugnier.).. xLviii
Séance du 20 mai 1888. Réception de M. Paul Ber-
tulus. Dons de livres à la Société l
Analyse et publication , par M. Mugnier, d'une
charte de 1311, relative aux possessions de l'ab-
baye de Vallon ; nombreux personnage désignés . li
Séance du 24 juin 1888 lvu
Traduction française, par A. de Gumoëns, du t. 1"
de la vie de Pierre II, comte de Savoie, de Wurs-
teniberger lvu
Traité de combourgeoisie de la ville de Seyssel en
Bugey, avec la ville de Rumilly en 1619. (Com-
munication de M. Croisollet.) ' lviu
Le prieuré de Saint-Bernard et de Saint-Clair, et
charte de 1293 relative à un droit d'affouage ac-
cordé à ce 2>rieuré par le comte de Genevois.
(Lecture de M. Mugnier.) lx
II. Membres de la Société et Sociétés corres-
pondantes. — Bureau et Commissions. . . liv
Mémoires. — Première partie.
Notes pour servir à l'histoire des Savoyards de
divers états 1
Les Médecins, par feu le docteur Louis Guilland
et M. François Rabut 5
Deuxième partie.
Taninge et ses environs, par Hippolyte Tavernier, 1
Lettres des Princes de la Maison de Savoie à la
ville de Chambéry. — Les Filigranes des anciens
papiers en Savoie, jpar François Mugnier 165
Loi pour la conservation des monuments et oV)jets
d'art ayant un intérêt historique et artistique . . . 251
FIN DU TOME VINGT- SEPTIEME
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GETTY CEN
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