MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA
SOCIÉTÉ SAVOISIENNE
D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE
La Société laisse à chaque autour la responsabilité
de ses assertions et de ses opinions.
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIES PAR
D'HISTOIRE
ET D'ARCHÉOLOGIE
TOME XXXII
v/3+<iv
DEUXIEME SERIE TOME VII
CHAMBÉRY
IMPRIMERIE MÉNARD, RUE JUIVERIE (hÔTEL d'aLLINGES).
1893
y GENÎER
LIBRARY
BULLETIN DES SÉANCES
DE LA
SOCIETE SAVOISIENNE
D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE
1892-1893
I
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 14 août 189 S.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès- verbal de la séance du 3 juillet 1892
est lu et adopté.
Le Secrétaire annonce que, grâce à la bienveil-
lante intervention de M. le baron A. Manno, mem-
bre honoraire de la Société, le tome XIV des
MoNUMENTA HisTORLE Patrle , ConiUtorum
pars prior, qui manquait à notre collection, vient
de nous être transmis.
M. Mugnier fait don à la Société de la grosse
d'un acte d'échange passé à Aix-les-Bains le 21 no-
vembre 1815, c'est-à-dire pendant la période assez
courte comprise entre la chute de Napoléon P'"
VI
et les Cent Jours, et durant laquelle Louis XVIII
fut le souverain d'une partie de la Savoie. La for-
mule exécutoire commence par ces mots :
Louis dix-huit par la grâce de Dieu et les
Constitutions, roi des Français, à tous pré-
sents, etc.
Le Président informe l'assemblée de la mort de
M. Gustave Vallier, numismate distingué, mem-
bre honoraire de la Société, décédé à Grenoble le
23 juin dernier, et rappelle qu'une notice lui a été
consacrée dans le tome XXV des Mémoires.
La réunion décide que les notices suivantes se-
ront publiées dans le tome XXXI en cours d'im-
pression : Comptes de voyages du héraut Savoy e,
par M. François Rabut; — Les Elégances de la
langue latine de Valla et les Gloses de Jacques
Grept ; — Poésie de 1564, en patois savoyard,
par M. François Mugnier; — La Basoche de St-
Pierre d'Albigny, par M. Jules Guignes; — La
Préceptoriale d' Yenne, par M. Jean Létanchc.
Le Secrétaire lit une circulaire de M. le Minis-
tre de l'Instruction publique, du 12 de ce mois,
relative au Congrès des Sociétés savantes de 1893,
ainsi que le programme qui y est joint.
M. Auguste Boget lit une lettre adressée en
1683 par la duchesse-régente de Savoie, Marie-
Jeanne-Baptiste, au Premier Président du Sénat
de Chambéry, Janus de Bellegarde :
La Duchesse de Savoie, Reine de Chypre, etc.
Très cher, bien amé et féal Cons''. d'estat. Il est bien
VII
que le fils du Président de Saint- Pierre demeure quel-
que tems a Miolans pour y faire pénitence du manque-
ment qu'il a fait, et pour apprendre a la Noblesse de
Savoye l'obéissance qu'elle doit aux ordres de celuy qui
y commande. Nous ne doutons pas que Mons^". de Greno-
ble (1) ne permette aux Religieuses Ursulines de recevoir
la Comtesse de St-Pierre, mais no le faisant pas vous
en userés de la manière dont vous jugerés en devoir user
pour soutenir la dignité du service sans manquer aux
egars qui sont deus à ce Prélat.
Vous cominuerés a apporter vos soins pour faire que
ce Banquier de Lyon que nous vous avons recommandé
s'accommode avec celui qui a obtenu le sauf conduit,
lequel on ne révoquera pas sans l'en avertir. Sur quoy
nous prions Dieu qu'il vous ait en sa Sainte et digne
Garde, de Turin le 13 Aoust 1683.
M arie-Jeanne-Baptiste.
M. Mugnier présente la notice suivante :
UN LIVRE DE RECETTES MÉDICALES,
Manuscrit italien du XV*^ siècle.
Ce manuscrit se compose de 196 feuillets dont
les quatre premiers ont disparu et les trente der-
niers sont restés à peu près blancs ; il est sur pa-
pier de quatorze centimètres de haut et de dix de
large. Au dernier feuillet on voit pour filigrane
un pot peu marqué; sur divers feuillets de l'inté-
rieur le filigrane, coupé en partie^ semble être un
cor de chasse avec son cordon.
(1) L'évoque de Grenoble, cardinal Etienne Lecamus.
VIII
Le livre, sous le rapport de récriture, peut se
diviser en deux parties; la première ayant compris
les quatre feuillets manquants ainsi que les feuil-
lets 5 à 10; la seconde s'étendant du folio 12 au
folio 176.
La première partie est d'une assez mauvaise
écriture qui a souffert de l'humidité ; les titres des
recettes sont de la même encre noire, ayant jauni,
que les recettes elles-mêmes. La seconde partie au
contraire est fort bien écrite, en caractères ressem-
blant à ceux de notre ronde, avec de l'encre ex-
cellente qui n'a que très peu pâli ou jauni. Les
titres ou rubriques de chaque remède, fort nom-
breux, sont tous écrits avec un liquide rouge,
resté très vif et très frais.
Au-dessous de la dernière ligne du feuillet 176
v°, on lit '.finis, 1471. Un nom et des prénoms
qui se trouvaient au-dessous de cette date ont été,
il y a plusieurs siècles, barbouillés et rendus illi-
sibles.
Aux folios 181 v^ et 182 se trouvent deux pièces
en latin dont nous parlerons ci-après ; au folio
195 v°, on lit ces lignes, écrites à la fin du seiziè-
me siècle par quelque écolier qui voulait être
plaisant : « messieurs le dernier escrit et tout vray
<( je le vous dis et par moy le tout esprove en
« lanne 1598 1599 et par ensi vous que... eregar-
« des que le tout est bien esprove par moy qui
« mapelle tel quel je suis le grand fartant (1) (si-
(1) FarfaiU, grand farfant, est resté dans le x^atois sa-
voyard : farceur, grand farceur, un peu ridicule.
IX
« gnature illisible) . . ., le tout escrit et en la
« gran bretagne ».
Le médecin, ou copiste, était un bon calligra-
pbe; mais il écrivait dans une langue archaïque,
mélangée de latin, avec des constructions et des
abréviations qui rendent assez difficile la lecture
de son cahier.
Le fond vaut du reste beaucoup moins que la
forme, c'est un ramassis de prétendus remèdes,
et plutôt d'inepties, où les herbes et les poudres
merveilleuses jouent un rôle prépondérant. Cha-
que maladie peut être guérie par cinq, dix recettes
différentes.
La première est indiquée sous cette rubrique :
Ad purgare sensa periculu li humurri; la deu-
xième est bonne pour conserver la mémoire ; la
troisième est la poudre admirable de Frédéric,
empereur (1).
Au folio 139 on rencontre les pilules admira-
bles. Elles sont de l'invention de frère Albert, de
l'ordre des Mineurs, et se composent du mélange
de quarante ingrédients divers : anis, fenouil,
gingembre , galangue , noix muscate , cubèbe,
saxifrage, etc., etc. Le moine en a donné au pape,
comme d'un grand trésor, et aussi aux frères de
son couvent.
Dans Vêpilepsie il faut porter au cou une peau
de chien blanc n'ayant pas un seul poil noir. Un
(I) Sans doute Frédéric II, empereur d'Allemagne, qui
passait pour sorcier ; 1198-1250.
bon remède encore, au dire à' Augustin, c'est la
ciguë cuite dans le vin. Les Rois Mages aussi
sont efficaces : « leurs noms sont Gaspar, Balda-
zar et Melchior, il faut les porter sur toi et l'épi-
lepsie ne te fera plus de mal ».
On peut consulter le livre pour se délivrer du
démon et de la malice : Contra le demonia et
malie.
« Si teneri] incasa una erba cliiamata ranno
« cioe bullicana descaccia le demonia...
« Anco la calamita portata adosso pacifica dis-
« cordia tra moglie emarito...
« Anco si lo corallo si pista in casa dissolve le
« malie ».
La poudre de corail, celle de la dent de che-
val, de la mandragore, etc., sont souvent indi-
quées. Avec un peu de confiance et beaucoup de
crédulité ces remèdes pouvaient parfois guérir le
patient.
Notre manuscrit provient, croyoïis-nous, du
bourg de Talloires, où les de Quoëx et les Mer-
m.ier ont longtemps exercé la médecine et la
chirurgie; mais au commencement du seizième
siècle il a pu appartenir à un clerc du diocèse de
Genève appelé Jacques d'Acle, Jacobus de Acla,
qui, en mai 1506, obtenait à Rome, du pape Ju-
les II, la promesse de bénéfices vacants ou à va-
quer (lettres d'expectative) et s'en faisait investir
par l'apposition de son bonnet sur la tête. Il a
analysé les actes d'acceptation de ces futures con-
XI
cessions aux folios 180 et 181. On trouve là quel-
ques noms qu'il nous a paru utile de retenir, à
commencer par celui de Jacques de Acla, ainsi
que le fait de sa présence à Rome dans le palais
apostolique et jusque dans la chambre de Pierre
d'Accolt, évêque d'Ancône.
Au dix-septième siècle le manuscrit apparte-
nait à un Mermier, comme l'indique cette men-
tion de la dernière page : le présent liore est à
mot qui m'appelle Claude Mermier.
I
Anno a Nativitate Dni niillesimo quingentesimo
sexto, indictione [nona] die vero quinta décima mensis
maii, Pontificatus dni d. n. dni Julii papse secundi anno
tertio, personaliter constitutus d. Jacobus de Acla, cle-
ricus, gebennensis diocesis, princi|)alis citra tamen (1)
etc., qui vigore sue gratie expectative, per prefatum d. n.
papam sibi concesse et prout in ea continetur accepta-
vit quecumque bénéficia vacantia seu vacatura in et sub
dicta sua gratia expectativa comprehensa etc. Super
quibus, etc.
Actum Rome in Palatio apostolico in Aula regia die
fulminationis processuum, presentibus ibidem dominis
Nicolao Catia notario palatij causaram apostolicarum,
clerico mediolanensi et Andriano de Solario clerico As-
tensis diocesis.
(1) La clause citrà tamen signifie vraisemblablement que
Jacques de Acla est reconnu comme principal destinataire
des bénéfices vacants ou à vaquer sous la condition cepen-
dant qu'ils n'auraient pas déjà été attribués à quelque per-
sonne.
XII
II
Anno a Nativitate dni 1506 indictione nona die vero
15a mensis maii, Pontifîcatus S^i D. n. d. Julii papae se-
cundi anno tertio, constitutus Ja. de Acla, clericus, ge-
bcnnensis diocosis, principalis citra tamen etc., qui vi-
gore sue gratie expectative per prefatum d. n. papam
sibi concesse et prout in ea continetur acceptavil omnia
et quecumque bénéficia vacantia el vacatura in et sub
dicta sua gratia compreliensa etc. in forma, cui ego no-
tarius subscriptus vigore clausule ceierum etc., in pro-
cessibus de super fulminatis contente per birreti sui ca-
piti suo irapositionem providi etc. supra quibus etc..
Actum Rome in palatio apostolico in caméra R''i patris
d. Pétri de Accollis (1) episcopi Ancon[ensis]. Presen-
libus ibidem dnis Nicolao Toussani primicerio Metensi
et d. Petro Terij clerico Aretinensi, etc.
Le même membre présente une gravure du
XVII® siècle qui lui a été communiquée par M. Mi-
cliard, commandant des volontaires savoyards
durant la guerre de 1870-1871.
Cette gravure^ de 50 centimètres de largeur
sur 30 de hauteur, est relative à la Chapelle mira-
culeuse de N -D. de Myans, Elle avait été collée
sur une très forte planche de cliêne^ et eût été in-
téressante à étudier si elle s'était trouvée com-
plète; malheureusement le tiers environ en a été
déchiré et c'est la partie la plus curieuse, semble-
t-il, qui manque.
(1) Pierre d'Accolt, cvêque d'Ancône, 1505^ cardinal en
1511, mort en 1532.
XIII
L'image était divisée en trois grandes parties
entourées dans le haut, à droite et â gauche, de
petites scènes miraculeuses. La partie de gauche
représente d'une façon assez exacte le paysage de
Chignin avec ses tours, ses châteaux, le village
de Torméry , la route de Chambéry â Montmélian ;
au coin inférieur un duc de Savoie, avec le collier
de l'Annonciade, présente sa couronne, sans doute
à la Vierge qui se trouvait dans le panneau cen-
tral déchiré. Le panneau de droite montre la
chute du Mont-Granior sur la ville et le prieuré
de Saint-André; des diables dansent une sara-
bande dans les éclairs au-dessus de la malheu-
reuse cité ; d'autres précipitent sur elle d'énor-
mes blocs de rochers. Le panneau central nous
aurait très vraisemblablement représenté le chœur
de la chapelle de M y ans. L'on n'aperçoit que les
balustres c|ui le précédaient. Au-dessous des trois
panneaux est une longue notice sur la chute de
la montagne, d'après les Chroniques deSavoie,dQ
Paradln. Aux angles de la gravure l'on voit de
nombreux eœ-uotos suspendus dans la chapelle :
mannequins de jeunes enfants emmaillotés, têtes,
bustes, bras, jambes, béquilles (appelées joo^e/^-
ces au xvn" siècle).
Les scènes miraculeuses des encadrements sont
les suivantes : en haut, le petit Benoit de Che-
vron tombe du sommet d'une haute tour sans se
faire aucun mal ; « Noble Benoit de Chivron en-
core jeune tunibé du liaut d'une tour sans se
XIV
blesser, sa inè/'e faisant vœu en mesine temps
pour luj le 22 mars 1599 (1) ». — Charge de
cavalerie : A^. Claude Maurice Basin, de Saint-
Pierre d' Albigny frappé d'un boulet de canon,
est préservé de la mort ; — trois petites images
déchirées. — « Pierre Lambert, de Chambéry,
pris par les voleurs et attaché cl un arbre se
trouve dellié après son vœu le 3 Juin 1633 ; »
petite scène bien composée; on y voit quatre che-
vaux dessinés avec justesse.
Dans la bordure de gauche . deux scènes :
« Noble Jaccjues Carron, de Chambéry aagé de
8 ans tumbé du -^'"'^ estage de la maison de son
père sans se faire aucun mal le 16 juillet 1639 ; »
— une dame priant au pied de son lit à tentures
avec panaches : « Noble damoiselle Anne Bujfré,
de Grenoble abandonnée des médecins et tenue
pour morte recouvrela santé le 19 janvier 1638 )>.
Dans la bordure de droite^ un vaisseau assailli
par la tempête : « Noble Laurent de Donpors de
Chambéry sur la mer Britanique et délivré du
naufrage la tempête cessant soudain après son
vœu le 13 juillet 1613 »; — un magistrat à genoux
dans sa longue robe à larges manches ; on aper-
çoit la simarre à très large collet renversé... « Le
sieur sénateur More guérit d'une fluxion uni-
verselle de tout son corps en forme de paralysie
en avril 1623. » Figure expressive, jolie attitude.
(1) Benoit-Théophile de Chevron devint prieur des Bé-
nédictins de Talloires, puis archevêque de Tarentaise.
XV
En bas, séparant la notice historique en deux
parties, est l'écusson de Christine ou Chrestienne
de France, duchesse de Savoie, mi-parti de Sa-
voie et de France.
Tout en bas à droite :... fecii 165:1 . Le nom de
l'auteur de la composition, qui en était sans doute
aussi le graveur, a été déchiré. Peut-être était-ce
le sieur Humbelot dont le nom est sur une gra-
vure, beaucoup plus petite, mais avec des sujets
identiques, qui se trouve au Musée d'Annecy (1).
Dans son ouvrage sur les couvents de Savoie (2),
le Père Jacques Fodéré a rapporté diverses guéri-
son qu'il attribue à la Vierge de Myans, et c'est
en partie de ses récits que se sont inspirés les au-
teurs des gravures dont nous parlons. Il raconte
qu'il était novice en 1565 au couvent de Myans
et que huit ans avant qu'il y entrât, « il y floris-
« soit N. M. F. Jean-Baptiste Démolis, lequel avoit
« été archi- médecin des ducs de Savoye^l'un des
« plus doctes et expers de tout son temps en l'art
(1) Le baron C. Despine ; Sanctuaire et Abymes de
Myans, p. 14. Annecy, 18G2.
(2) Narration historique et topographiqnc des Convcns
de l'ordre de S. François et monastères S. Claire érigea
en la province anciennement appelée de Bourgongne, a
présent de S. Bonaoe/tture... par M. P. F. Jacqoes Fo-
dere (*), religieux de la régulière Observance dudit Ordre.
A Lyon, che^ Pierre Rigavd, rue Mercière, M DC XIX.
Ce libraire avait pour devise : Donec optata veniant
RIGABO.
(*■) Au bas ia la prôfauo il signo F. !.. FOVDKRÉ.
XVI
« de médecine. . . et nonobstant qu'il ne soit loi-
« sible aux prêtres de pratiquer cet art, à la re-
« quête des seigneurs et nobles de Savoie... obtint
« du pape Paul IV un bref lui permettant de l'exer-
« cer^ même avec dispense d'irrégularité. »
M. Marie-Girod présente le dessin de deux pla-
ques de cheminée, en font-e de fer.
1° Plaque de 1"^30 de large sur 0,80 c^''"" de
haut, à Saint-Pierre d'Albigny, chez M. Turrel,
notaire :
16 IHS 66
FPRXG DPNT
un arbre au-dessous de chacun de ces mots et une
fleurs de lys au-dessous de chaque arbre ;
2° A Leisse, chez M. Bazin, restaurateur :
17
O * L,
"1_
,J * O
33
*
1"
"1
•
■¥^
PIERRE |-
1.
~| BAZIN
-1
♦
N
T.
V.
B.
B.
M
Les initiales sont celles des pronoms de la fem-
me du père et de la mère de Pierre Bazin.
XVII
M. Miignier signale, parmi les Nouvelles acqui-
sitions latines de la Bibliothèque nationale et sous
les 11°^ 2224 et 2225 (1), deux documents qui
avaient paru intéressants pour l'histoire de Savoie.
Ce sont deux cahiers cartonnés contenant la plus
grande partie de deux livres de reconnaissances
féodcdes du xiv^ siècle^ dans la vallée d'Aoste et
dans le pays de Vaud ; quelques pages sont déchi-
rées ou portent des traces de feu.
Ces reconnaissances ont pour objet des biens
faisant partie du domaine privé des comtes de Sa-
voie,Edouard (1323-1329) et Aimon (1329-1343),
biens soumis à l'usufruit des ayants droit de Ma-
rie de Brabant, seconde femme du comte Amé-
dée V. Voici les premières lignes de chacun des
deux cahiers.
N» 2224. — Livre d'aveux et de tailles (les feuillets
1 à 14 manquent).
Anno domiui m" ccco xxixo, ind. xn»... in presencia
et ad instanciam mei Joliannis de Crevssiaco de Aqna-
bella publici notavii... more publiée persone vice, no-
mine et ad opus illustris et magnifici viri dni Eclduardi
comitis Sabaudie, heredumque et successorum suorum
in dicto comitatu quantum ad potestatcm et directum
dominium, ac vice^ nomine et ad opus domine dne
Marie de Brabancio dudum comitisse Sabaudie quan-
tum ad usumfructum et utile dominium, confitentur
(1) Ces documents ont été indiqués d'autre part au pré"
sident de la Société par un ami inconnu, qui signe Janingrosj
et que la réunion remercie de l'intérêt qu'il prend à nos tra-
vaux.
2
XVIII
persone infrascripte se esse homines eorum ligios et
francos, aliqui se esse eorum homines eorum tallia-
biles ad mysericor.liam et alii se esse homines tenem-
entarios seu cmphiteotos, et tenere ab iisdem et eisdem
tencre modo quo supra homagia, servicia,tallias,recep1a,
usagia et costumas (sic) alias ut particulalim inferius
conlinetur.
Suivent les reconnaissances ; on y trouve, comme
prénoms féminins, Mabillon, Clemencola ; Mahillon
est aussi un nom propre ; — l'indication d'un affranchis-
sement accordé, à la Tour de Vevey, le 26 novembre
1327, par le comte de Savoie, etc.
No 2226. — In nomine Domini, Amen. Anno a na-
tivitaie eiusdem Dni m» 000° quinquagesimo secundo,
ind. V'i, die xj mensis januarij... coram me Johanne
Guillent, de Vuachio, clericogebennensi... ad opus ma-
gnifici domini Sabaudie comitis Amedei (sic) et ceie-
rorum quorum poterit interesse... apud Montheolum...
Au folio 5 on trouve le nom de Marguerite, fille de
Jean de Lucinge, chevalier ; — folio 6, Jonodus li
hugonet, de Montheolo, clericus, rector capelle boati
Theodoli ; — 72 v», Agnes Orsa, filia quondam Eyde-
lin de Montet.
Séance du 16 novembre 1892.
(Présidence de M. Mugnier.j
Le procès-verbal de la séance précédente est
adopté après lecture. La Société reçoit les dons
suivants : du Conseil général de la Ilaute-Savoie,
XIX
le premier fascicule de V Inventaire des Archwes
de ce département, par M. Ducis ; — de M. Revil,
son ouvrage, Histoire de la Géologie des Alpes
de Savoie, 1779-1881; — de M. le chanoine Ulysse
Chevalier, sa conférence sur le Bréviaire romain
et son édition-type, ainsi que ses deux notices sur
la Poésie liturgique au moyen âge : Rythme et
Histoire ; — de M. Chiudius Blanchard, le Droit
de litre dans les églises de Savoie, en 1782 ; —
de M. Noguères, avocat général à la Cour d'appel
de Chambéry, son discours de rentrée, le Souve-
rain Sénat de Savoie; — de MM. A. Perrin et
V. Barbier, le premier fascicule de leur Biblio-
graphie Savoisienne ; de M. Mugnier, un exem-
plaire ({q^ Lettres Patentes du2maiî780, portant
établissement d'une nouvelle intendance dans le
lieu de Carouge.
Sur la présentation de MM. Mugnier et Odru,
MM. Alexis Jarre, conseiller â la Cour d'appel, et
Paul Charvet, président du Tribunal civil, â
Chambéry ; — sur celle de MM. Falcoz et Mu-
gnier, M. François Bombard, secrétaire deS.Em.
l'archevêque de Carthage, à Tunis, sont élus
membres effectifs de la Société.
M. Mugnier présente un acte d'hommage-lige
des seigneurs de la Croix ^ près Chambéry,
sur lesquels des documents ont été publiés déjà
par M. Charles Schefer, au tome XXVIII des
Mémoires de la Société (pages lxii-lxvi).
XX
Prestation d' hommage-lige au duc Louis, par Louis
de Rauoyre, au nom de Guigon de Ravoyre, sei-
gneur de la CroiXj son père (1) à Genève, dans le
couvent des Frères mineurs.
20 janvier 1441.
In nomine DoMiNi. Amen. Per hoc publicura instru-
mentum cunctis fiât manifestum quod anno a Nativi-
iate ejusdem sumpto niillesimo quatercentesimo qua-
drtigesirao primo, indicione quarta cum codem anno
sumpta et die vicesima mensis januarij, in civitate Ge-
bennarnm, videlicet in conventu fratrum minornm, pre-
sentibus spectabilibus, egregiis et nobilibus viris domi-
nis Petro Marcliiandi, cancellario, Johanne de Se^'ssello
domino Barati (Bariacti), marescallo Sabaudie, Johanne
de Montelupello, domino Choutagnie, Bartholomeo
Chabodi présidente compulorum, domino Excherene,
Guillermo Bolomeri magislro requestarum, Guigone
Gerbaysii, domino Billiaci, Johanne de Saxo, domino de
Bannens, Guigone de Ravorea, domino Cursinggij.mi-
litibus, Johanne de Costis, Mermeto Arnaudi, Jacobo
Rossetti, judice Chablaysii, legum doctoribus, Antonio
Bolomerii et pluribus aliis testibus ad infrascripta
adstantibus, Constitutus in presentia illustrissimi prin-
cipis domini nostri domini Ludovici ducis Sabaudie,
Chablaysii et Auguste, Sacri Romani imperii principis
vicariique perpetui^ marchionis in Ytalia, Comitis
Pedemontium ot Baugiaci, Valentinensisqueet dyensis,
nobilis Ludovicus filius et procurator nobilis Guigonis
de Ravoyria, domini Cj-ucis, ressorti Chamberiaci,
docens desuo procuratoriopublico instrumcntoper Ame-
(1) Copie do l'un des originaux, aux archives de la Société
savois. d'histoire et d'archéologie.
XXI
deum Mileti de Yenna uotarium publicum Anno Dni m^
cccc» xxxo y° indicione décima tertia et die tertia men-
sisdecembris recepto et signato.Quisiquidem Ludovicus
predicto nomine prefato domino nostro duci humiliter
supplicans ut ipsum investire et benigniter relinere di-
gnaretur in et de predicto Castro Crucis et illius juridi-
cione necnou hominibus homagiis ligiis et talliabi-
libus redditibusque censis servitiis eciam possessionibus
et prediis ac omnibus aliis rébus ftudalibus quas ipse
Guigo de feudo prefati domini nostri ducis presentia-
liter tenet in mandamentis Chamberiaci et Sancti
Albani et de quibus per ipsum dorainum nostrum
ducem alias inveslitus fuit et retentus, paratum se
ofïerendo idem Ludovicus, quo supra nomine, prefato
domino nostro duci propterea Iiomagiare et alia facere
que per eum eveneruut facieuda. Cuius supplicationi
prefatus dominus noster dux favore benevolo inclinatus
ipsum Ludovicum presentem ac pro eius pâtre suisque
heredibus et successoribus universis quibuscumque sti-
pulantem et recipientem de predictis Castro, juridictione,
hominibus, homagiis, fidehtatibus, censis, servitiis, red-
ditibus ac aliis feudis superius expressis, investivit et
retinuit traditione unius dague ac per concessionem
huius publici instrumenti, jure tamen feudi, fidelitatis,
homagii, directi feiidi, dominii, superioritatisque et res-
sorti ac alio quocumque ipsius domini nostri ducis
jure cum alterius racionein premissis semper salvis. Et
in super volens ipse dominus nosler dux eumdem
Guigonem gracia tractare uberiori eidem liberaliter
remisit omnem commissionem et escheytam si que
eidem domino nostro duci in premissis competerent ra-
cione tamen presentis inaestiture forte infra tempus
debitum non petite vel obtente.
XXII
Quibus sic gestis prenominatus Ludovicus quo supra
Domine debitum suum erga ipsum Dominum ducem
merito reddere volens, scienter et sponte de et pro pre-
dictis Castro Crucis, illiusque juridicione et pertinenciis
universis ac aliis feudis superius expressis prefato do-
mino duci presenti ac pro se suisque heredibus et suc-
cessoribus universis stipulanti, fecit, prestitit,recognovit,
pollicitus est et confessus fuit homagium ligium et fide-
litatem ligiam pre ceteris dominis et personis mundi ;
et hoc reverenter genibus flexis manibus conjunctis in-
ter manus ipsius domini nostri ducis positis ac interve-
niente oris osculo in signum perpetui et indissolubilis
federis cum aliis solempnitatibus in talibus opportunis.
Confitens idem Ludovicus quo supra nomine et tan-
quam in judicio constilutus publiée regnoscens se esse
velleque et debere esse hominem nobileni vassallumque
ligium et fidelem prefati domini nostri ducis et suorum
predictorum ; et hoc ratione et ad causam rerum feuda-
lium superius expressarum, ipsasque res feudales ab
eodem domino nostro duce tenere velleque et debere
tenere in feudum nobile ligium antiquum paternum et
avitum ac sub homagio et fidelitate nobilibus et ligiis
superius prestitis ; promittendo preterea idem Ludovi-
cus predicto nomine in animam predicti ejus patris ju-
ramento suo Evangeliis sacrosanctis ac sub suorum
omnium et singulorum presentium et futurorum expressa
obligatione bonorum per dictum Guigonem ejus patrem
et suos predictos perpétue existere probes et légales
homines vassalosque ligios et fidèles prefati domini
nostri ducis et suorum predictorum, ipsorumque hono-
rem statum et commodum ubique totis viribus procurare
et sinisira suo posse vitare, illaque revelare quampri-
mum ad eorum pervenerunt noticiam, deque predictis
XXII
rébus et feudis superius expressis eidem domino nostro
duci et suis servire fideliter pre et contra ceteros domi-
nos et personas muudi, ipsasque res feudales in manibus
ipsius domini nostri ducis commissariorum recognoscere,
confitere etnominare speciffice, particulariter et distincte
quamprimum et quatenus super hoc fuerunt requisiti.
Et generaliter omnia alia et singula erga ipsum domi-
num nostrum ducem et suos predictos facere et prestare
que homines nobiles vassalique ligii et fidèles domino
suo naturali et ligio facere tenentur et debent et que in
capitulis nove et veteris fidelitatis forme latius conti-
nentur. Et ulterius premissa omnia in presenti instru-
ment© contenta et descripta per dictum Guigonem ejus
patrem laudari et ratifficari facere publico instrumente
per eumdem Ludovicum in caméra computorum prefati
domini nostri ducis infra duos menses proximos red-
dendo et expediendo. — Renuntiando hoc facto idcirco
idem Ludovicus quo supra nomine in hoc facto sub vi
dicti sui jam prestiti juramenti omnibus juris et facti
exceptionibus, privilegiis, beneficiis et indultis patrie
et larrium consuetudinibus juribusque canonicis, civili-
bus,municipalibus et aliis omnibus quibusadveniendum
contra premissa seu ipsorum aliqua se juvare posset
quomodoHbet vel tuheri, signanter juridicenti generalem
renunciationem non valere nisi precesserit specialis.
De quibus premissis omnibus prefatus dominus nos-
ter dux jussit, dictus que Ludovicus quo supra nomine
requisiit, per me notarium publicum secretarium sub-
scriptum, fieri duo et plara tenoris ejusdem publica ins-
trumenla.
Ego vero Francisons Fabri de Yenna Bellicensis
dyocesis, publicus imperialis notarius ac suprascripti
domini nostri ducis Sabaudie secretarius, hujusmodi
XXIV
homagii et fidelitatis instrumenti rogatus recepi quod
aliis occupatus negociis per Stephanum Laborerii de
Bellitio, notarium, scribi feci ; indeque propria manu
me subscripsi ac solito mai tabelionatus signo signavi
in robur et testimonium in eodem instrumento conten-
torum.
M. Philibert Falcoz lit la notice suivante :
LE DOMAINE DES COMBILIOLES
A Sainte- Hélène-du- Lac
I
Les Combilioles forment un petit groupe de bâ-
timents assis sur le penchant d'une colline au bas
de laquelle se dessine le village pittoresque de
Sainte-Hélène-du-Lac. Au nombre de ces bâti-
ments figure une ancienne chapelle où fut trou-
vée une inscription, encore intacte, donnant à la
fois le nom de la fondatrice et l'époque de la fon-
dation. Elle est gravée sur une plaque de marbre
noir mesurant 50 centimètres de haut sur 40 de
large. Dans la partie supérieure on voit l'écusson
des Branet {de Sainte-Hélène-da-Lac) , tel que
M. de Foras l'a reproduit (1) : d'a:;ur auchev)ron
d'or accompagné de deux étoiles de même en
chef et d'une aigle d'argent becquée de gueules
naissant en pointes ; et au-dessous :
(1) Armoriai de Satoic, I, p. 284.
XXV
LANNE 1656 DAME
ANTHOINE TE BRVNET
VEFVE DV SEIGNEVR
DETIGNAC BARONNE
DAYPIERRE &... A FAICT
BASTIR CETTE CHAPPELE
ET ICELLE RENTE' POVR
DEVX MESSES CHASQVE
SEMEYNE A PERPETVITÉ
La dotation de la chapelle était de 3.200 florins
produisant un revenu annuel de 160 florins (en-
viron 96 francs).
M'" Jacques Pognient en fut le recteur, en mê-
me temps que de la chapelle du Saint-Esprit,
adossée jadis à l'église de Sainte-Hélène- du-Lac,
et de la présentation de sa famille (1).
II
Les Combilioles, jadis une grangerie très peu
importante, prirent de l'extension lorsque la fa-
mille Brunet en fut propriétaire. Elles lui prove-
(1) 11 était fils de Jean-Huiubert Pognient, munitionnaire
pour S.A. R. au château et préside de Montmélian, et de
Gasparde du Biollaj, issue peut-être de la famille de ce
nom, existante à Vaulx, canton de Rumilly, et qui s'éteignit
à cette époque. Né le 19 novembre 1G43, il fut ordonné prê-
tre à Saint-Jean de Maurienne aux fêtes de Pâques de 1671 ;
il alla à Lyon achever ses études de théologie tout en étant
précepteur. La faiblesse de sa santé paraît l'avoir empêché
d'exercer le saint ministère ; il se retira chez les dominicains
de Montmélian et fut inhumé chez eux le 7 décembre 1087.
(Archives de la famille Pognient.)
XXVI
naient de noble Antoine Rosaz ou Rose (1), grand-
père materne] de Melchiotte et d'Antoinette Bru-
net. Les successeurs de la baronne Brunet, fon-
datrice delà chapelle, vendirent la propriété des
Combilioles aux dominicains de Montmélian par
un acte du 11 octobre 1697, dont voici quelques
passages :
L'an 1697 et le 11 octobre par devant moy notaire
ducal soussigné, se sont personnellement establys et
constitués noble Gaspar Huber Deverduu et baron
Duboys, et demoiselle Antoinette de Verdun de Chalais,
frère et sœur, enfans de feu noble Gaspar Deverdun,
seigneur de Chalais, et de demoiselle Melchiotte Déti-
gnac (2), lesquels... vendent aux R'^s prieur et reli-
gieux du couvent de S* Dominique do Montmélian, à
l'acceptation du R'^ père Vincent Jacquet, prieur du dit
couvent et du R'i père Dominique Guillaume, procureur
du dit couvent, acceptants peureux et les autres religieux
... à savoir les biens ci-après spécifiés. . .
On stipule que les censés (fermages) arréragées sont
réservées au recteur de la chapelle des Combilioles.
Les dominicains conservèrent le domaine jus-
qu'en 1793,époque à laquelle M.Claude Bourgeois
(1) M. de Foras a lu Lo^a^r ou Lose.
(2) Cet acte ajoute deux chaînons à la généalogie donnée
par M. de Foras. On y voit que Pierre de Tignae, seigneur
d'Epierre, et Etiennctte Bruuet avalent eu une fille, Mel-
chiotte, mariée à Gaspard de Verdun, seigneur de Chalais,
et que de ce mariage naquirent Gaspard Hubert (ou Hum-
bert) de Verdun, seigneur do Chalais, baron du Bois, et An-
toinette do Verdun do Chalais.
XXVII
l'acbeta de la République, ainsi que l'indique
l'acte qui suit :
L'an onzième de la République française et le dix
messidor, à Ste-Hélène-du-Lac^ en présence des témoins
enfin nommés, le citoyen Claude, fils de feu François
Bourgeois domicilié de la commune de Chambéry ici
présent, a assencé ainsi que par le présent il assence au
citoyen Laurent, fils de feu François Rey, domicilié de
la commune de S^-Jean- Pied-Gauthier, ici présent et
acceptant, tout le domaine que le dit Bourgeois a acquis
de la République, procédé des dominicains de Montmé-
lian, situé sur les communes de St'^-Hélène-du-Lac, la
Chavanne et les Mollettes, etc.
M. Etienne Rey, natif de Villard-d'Héry, dé-
cédé le 27 octobre 1892, dans sa Sô'^ année, a
acheté les Combilioles en 1816, du sieur Claude
Bourgeois, par-devant Antoine Crépine, notaire à
Chambéry. A partir du 21 octobre 1892, les
Combilioles appartiennent à M. Léon Voguet,
rentier à Aix-les-Bains, propre neveu de M.
Etienne Rey.
Séance du 10 décembre 1892.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance du 6 novembre
est adopté après lecture.
M. Mugnier présente une patente, ou permis-
sion, d'exercer l'art de tanneur accordée le 22
XXVIII
juillet 1521 à Jean Rennapt par Jean Captin^ lieu-
tenant du roi des tanneurs de Savoie. La réunion
décide que ce document sera imprimé dans le
tome XXXII des Mémoires et qu'on le fera pré-
céder de l'étude sur les royautés des métiers pu-
bliée par M. Mugnier au compte rendu du Con-
grès de Chambéry de 1890.
M. Paul Leroy, docteur en droit à Orléans,
ayant découvert^dans les archives de l'Hôtel-Dieu
de Jargeau (Loiret), une pièce qui lui a paru in-
téressante pour notre histoire savoisienne, a eu
l'amabilité de nous la transmettre. La réunion
adresse ses remerciements à M. Leroy et s'em-
presse de publier le document avec la notice qui
l'accompagne. On y trouvera un récit bien plus
détaillé que dans la plupart des Mémoires du
temps de l'attaque du pont de Jargeau. le 28 mars
1652, par les troupes royales, ou plutôt par la pe-
tite armée ma^arinc (1) contre l'armée de la
Fronde commandée par les deux beaux-frères, les
ducs de Beaufort et de Genevois-Nemours (2) en
présence de Mademoiselle, la cousine du jeune
Louis XIV. Le régiment de Carignan ainsi que le
régiment de Piémont, malgré leurs noms ultra-
montains, étaient français.
(1) Henri Martin ; Histoire de Finance, XII, p. 397.
(2) Charles-Amédêe de Savoie, duc de Nemours et de
Genevois, marié h Elisabeth de Vendôme, fut, deux mois
plus tard, tue en duel à Paris par son beau-frère.
XXIX
Officiers savoyards au pont de Jargeau (1652)
Les Mémoires du maréchal duc do Navailles,
qui parurent en 1701 à Paris, contiennent d'inté-
ressants renseignements sur les Cours qu'il fré-
quenta et les campagnes auxquelles il prit part.
Tout d'abord il dépeint (p. 14) l'état de la Cour
de Savoie tel qu'il lui apparut à Turin en 1642.
« La Cour de Savoie, dit-il, était belle et nom-
« breuse, les étrangers y étaient bien reçus et par-
ce ticulièrement les Français. J'avais un équipage
« assez propre et j'étais là fort agréablement.
« Mais je faisais une dépense que je ne pouvais
(( soutenir longtemps. Ce qui m'obligea de m'en
« aller à mon régiment. . . »
Les sentiments c|ue rencontra à Turin le jeune
officier ne doivent point nous étonner, car on était
au lendemain des traités par lesquels les princes
de Savoie étaient rentrés dans l'alliance française.
« Le prince Thomas (de Savoie) qui avait toujours
« été attaché au service des Espagnols, le quitta
« cette année-là et joignit ses troupes à l'armée
« du roi que commandait le duc de Longucville. »
Après le récit des campagnes d'Italie, les Mémoi-
res du maréchal de Navailles nous conduisent à
la guerre delà Fronde. Après la prise d'Angers et
le combat du pontde Ce, la Cour se rendit à Blois,
rendez-vous général de toutes les troupes. Or-
léans ayant refusé d'ouvrir ses portes au roi, son
armée suivit la rive gauche de la Loire, tandis que
XXX
les troupes de Monsieur marchaient sur l'autre
rive. Ici se place la relation de l'attaque du pont
de Jargeau que nous croyons utile de citer en en-
tier parce qu'elle est le préambule naturel de la
publication de l'acte que nous signalons h la So-
ciété savoisienne d'histoire. Le maréchal s'exprime,
ainsi :
« On trouve sur le chemin que nous tenions la petite
yille de Gergeau où il y a un pont pour passer la Loire
et comme nous ne croiions pas que les ennemis osassent
tenter ce passage parce que c'est un pont de pierre qui
a un pont de bois au milieu, nous nous étions contentés
de l'envoyer garder par trente mousquetaires et un lieu-
tenant pour éviter les surprises. M. de Turenne, M. de
Clerambault et moi nous étions allés visiter ce passage
et nous arrivâmes heureusement dans le temps que le
régiment do l'Altesse qui marchait de l'autre côté de la
Loire à notre opposite commença à escarmoucher et à
faire tirer deux pièces de canon qu'il menait ordinaire-
ment à là tête du bataillon. Le canon ayant donné dans
la bascule du pont rompit les chaînes qui la tenaient et
fit baisser le pont-Jevis de sorte que le passage fut rendu
praticable. Les soldats qui le gardaient prirent l'épou-
vante et s'enfuirent. Ceux de l'Altesse profitèrent de
l'occasion et se saisirent du pont. Il y avait au bout du
côté où nous étions une grande porte fermée. M. de Tu-
renne la fit ouvrir et forma sur le pont une barricade
avec des tonneaux qu'il fit porter. Les ennemis crurent
que nous avions des troupes pour la soutenir et au lieu
de nous forcer ils en firent de leur côté une autre qui
partagea le pont. Cependant nous ralliâmes les trente
soldats qui s'étaient écartés. J'en postai dix dans une
XXXI
maison qui flanquait sur le pont et je leur fis tirer
quelques coups de mousquet qui tuèrent le baron de
Sirot. lieutenant-général des troupes de Monsieur.
Cette mort ralentit l'attaque. L'infanterie que nous
avions envoyé chercher arriva peu de temps après et
nous assura le passage. »
Le maréchal a surtout gardé le souvenir de la
mort du baron de Sirot et se tait sur les pertes
subies par l'armée royale. Mais l'histoire raconte
que Turenne s'élança lui-même contre la redoute
des Frondeurs à la tête de son escorte composée
de seize hommes et qu'il perdit la moitié de ses
compagnons dans cette sortie glorieuse. Le docu-
ment qu'on va lire nous montre que parmi les
officiers de cette escorte se trouvaient plusieurs
gentilshommes de Savoie. Le baron de la Val-
d'Isère, l'un d'eux, reçut une blessure mortelle
sur le pont de Jargeau. Voici, en elïet, la teneur
même d'un acte fort curieux tiré des archives de
l'hospice de. Jargeau :
Aujourd'hui, premier apvril mil six cent cinquante-
deux, après-midy, en mon hostel, sont personnellement
comparus, par devant moy Jacques Delestang, notaire,
garde nottes et tabellion de la ville et Chastellenye de
Jargeau, soubs-signé. Révérend père frère Bonadventure
Lebrun, religieux de Saint-François, natif de Cham-
béry en Savoye, docteur en théologie de la faculté de
Paris, et actuellement prédicateur en la ditte ville de
Jargeau, le sieur de Montfalcon, conseiller et secrétaire
de monseigneur le Prince Thomas de Savoye, et le sieur
XXXII
de Charbonneau, lieutenant au régiment de M. le prince
de Carignan, estant présent au dit Jargeau.
Lesquels ont tous juré, attesté et affirmé pour vérité
en leur conscience qu'assistant le sieur baron de la Val-
dizère, malade d'une blessure qu'il a reçue à la teste sur
le pont du dit Jargeau d'une mousquetade venue des
ennemis, dont il est mort ; le dit sieur baron se voyant
hors d'espérance de guérison a ordonné les ausmônes
suivantes, savoir : cinquante pistoUes pour l'hospital
des pauvres de la ditte ville de Jargeau, cent pistolles pour
l'hospital de ia ditte ville de Chambéry, pour estre les
dittes sommes mises en fonds de rente au soulagement
des pauvres des dits hospitaux. Autres (cinquante pis-
tolles aux pères du couvent de Sainte-Marie-les-Cham-
béry, pour être appliquées à une notable réparation du
dit couvent, les quelles sommes ci-dessus le dit déffunct
sieur baron de la Valdizère a ordonné être donné du
plus liquide de ses biens, oultre et par dessus les dons
et les ausmônes qu'il a laissé à la charge de ses héritiers.
Lesquels doncs cy-dessus ont esté faicts par icelluy ba-
ron de la Valdizère, estant en bon sens et lesquels il ne
put signer à cause que sa main dextre était déjà tombée
en paralizie, comme peu de temps après elle fut entiè-
rement perdue. Ce que les assistants jurent et affirment
comme dessus, comme moy notaire enfois (en fais) le
semblable y estant présent et ayant esté appelé pour
transcrire l'intention du sieur delà Valdizère. Dont lettre
fait régulièrement en présence de vénérable et dévote
personne, M'^ André Adam, prestre, demeurant au dit
Jargeau, et Simon Desfriches, temoings. La minute des
présentes est ainsy signée : Lebrun, relig. cord., S'" de
Montfalcon, A. Adam et Deleslang, notaire.
Comme on le voit, l'expédition seule de l'acte
XXXIII
est ici transcrite. Nous la devons à l'obligeance
d'un de nos compatriotes, M. Hannion^ adminis-
trateur de l'Hôtel-Dieu de Jargeau. Quant à la
minute elle-même, elle se trouve manifestement
dans l'élude du notaire de Jargeau^ qui compte
M. Delestang au nombre de ses prédécesseurs.
Les registres des receptes et mises de l'hostel-
Dieu de Jargeau que nous avons compulsés récem-
ment ne nous ont fourni aucune indication ni sur
le séjour du baron de la Valdizère, ni sur les
soins qu'auraient reçus d'autres soldats du régi-
ment de Carignan.
Les membres de la Société d'histoire sont mieux
placés c[ue nous pour étudier la biographie des
personnages qui figurent dans l'acte de 1652.
Déjà l'honorable président de cette Société a eu
la gracieuseté de nous communiquer, dans cet
ordre d'idées, des notes précieuses cjue nous uti-
liserons pour l'histoire de Jargeau. Qu'il nous per-
mette de lui en exprimer nos vifs remerciments.
Paul Leroy,
Docteur en droit, ancien magistrat.
Pour déférer au désir exprimé par notre savant
correspondant, M. Mugnier a recueilli, sur les per-
sonnages indiqués dans les dernières dispositions
du baron de la Val d'Isère, les notes qui suivent.
Le père Bonaventure Lebrun^ religieux de St-
François, docteur en théologie de la Faculté de
Paris, natif de Chambéry, était sans doute un
moine de cette ville.
3
XXXIV
Il y avait alors à Chambéry deux couvents de
Franciscains : l'un, le plus ancien, qui possédait
pour église le beau monument qui est devenu la
cathédrale de Chambéry ; l'autre, de la régulière
observance, dit de Sainte-Marie-Egyptienne et
dont les bâtiments ont été convertis en hôpital
militaire (l). Ce dernier avait été le 3 septembre
1574 l'objet d'une donation importante faite par
l'évêque de Genève-Annecy, Ange Justinien, des-
tinée à envoyer à Paris de jeunes religieux sa-
voyards de l'Observance, etâ les y entretenir aux
études de l'Université (2). Parmi les moines de ce
couvent qui furent docteurs de Paris, le P.
Fodéré cite les frères Michel Trépier et Claude
Gallesius (3). C'est certainement h cette maison
que le Père Lebrun appartenait, car la donation de
cent pistoles contenue au testament est faite au
couvent de Sainte-Marie-Egyptienne, et, d'autre
part, le nom de Lebrun ne figure pas à l'obituai-
re des Mineurs conventuels ou non réformés.
Le Père Lebrun était, au carême do 165.2, pré-
dicateur à Jargeau, mais il pouvait être en même
temps chapelain au régiment de Carignan, comme,
(1) Voir, sur le premier, la notice de M. François Rabut,
les Franciscains et leur obituaire, dans les Mémoires de la
Société savois. d'histoire, tome VI. Ce couvent, fondé vers
1470, était une filiation de celui de Myaus ; il fut érigé en
monastère séparé par bulles d'Alexandre VI du 17 décembre
1494. (Le.P. Fodéré, loc. cit., p. 939, 913.) — Les La Val-
disère y eurent leur tombeau.
(2) Mémoires de la Société savois. cl'hist., t. III, p. Il 8.
(3) Narration historique et topographique, p. 930, 951.
XXXV
un peu plus tard, le père Bernardin Caton des Mi-
neurs conventuels le fut dans les armées de
Louis XIV (1).
La famille de Charbonneau était du Dau-
pliiné (2). Ignace et Jean-Louis de Charbonneau,
fils de Pierre, prirent du service en Savoie et y
reçurent des patentes de noblesse le 25 août 1659.
Ils étaient alors^ ou tout au moins en 1660, capi-
taines dans un régiment de Savoie au service de
la République de Venise, et furent tués, Ignace
en 1664 dans une affaire contre les Turcs, Jean-
Louis, en 1672 dans une expédition à Savone (3).
C'est certainement l'un d'eux qui était, en 1652,
lieutenant au régiment de Carignan et qui assista
aux derniers moments de son colonel, le baron de
la Valdisère,
Le sieur de Montfalcon, conseiller et secrétaire
de Mgr l<i prince Thomas de Savoie, pouvait être
un fils de François de Montfalcon nommé Prési-
dent à la Chambre des Comptes de Savoie, par
patentes du l""" avril 1624, et qui eût, en 1658,
avec le sénateur François Crassus, une assez sotte
aventure (4). Ce François de Montfalcon remplit
(1) Obituaire, p. 39.
(2) De Sainte-Marie-d'Alloix^ au mandement de la Buis-
sière, tout près de la Savoie. (A. de Foras, Armoriai de
Savoie, t. I", p. 366.)
(3) Armoriai, loc. cit.
(4) Voir BuRNiER, Hist. du Sénat de Savoie, II, p. 48.
En 1765, on trouve, à Chambéry, François- Philibert do
Montfalcon, comte de Saint-Pierre. (Registres par. de Saint-
Léger.)
XXXVI
aussi quelques missions diplomatiques pour le duc
de Savoie (Galli ; Cariche ciel Pieinonte).
Le baron de la Val d'Isère, qui mourut le
!''•■ avril 1652, à Jargeau, des suites d'une blessure
à la tête, reçue dans le combat du 28 mars, était
Sigismond, fils de Pierre de Duing-Mareschal, ou
de Maréchal, de la Valtl'Isère, et do Jeanne An-
toine de Locatel, elle-même fille de J.-B. de Lo-
catel et baronne de Sainte-Hélène-des-Millières,
Plusieurs membres de la famille s'étaient distin-
gués au service militaire. Sur les six fils de Pierre
de Duin, quatre furent tués à la guerre (1). Jean-
Baptiste, l'aîné, se qualifie, en 1G49, de comte de
la Val d'Isère, vicomte de Tarentaise, seigneur
de Combefort (à Saint -Pierre- de- Soucy, près
Montmélian) et du Chastellard, commandeur et
comte des AUinges, gentilhomme ordinaire de la
Chambre de S. A. R,; quant au second fils, Sigis-
mond de Duin de la Val d'Isère, il était déjà, en
1648, lieutenant-colonel du régiment de Mgr le
prince de Carignan, et maréchal de bataille pour
le roi de France.
Il semble que les quatre plus jeunes frères
étaient déjà morts en 1645, lorsque Sigismond
écrivit à un ami la lettre suivante où il le prie d'in-
tervenir auprès de François de Bertrand, seigneur
de la Pérouse, premier président de la Chambre
des Comptes de Savoie, pour mener à bonne fin
un projet de transaction avec son frère aîné.
(1) Renseignements de M. le comtedeMareschaldeLueiane
XXXVII
Monsieur mon cher ami
La confience particulière que jay tousiours en vous
ma faist vous remeistre entièrement mes petis interés et
sachant mon frère le comte arrivé a Turin je me suis
soudain donné le bien de laler voir et de la a quelque
tamps laiant trouvé tout porté de bonne volonté a me
donner ma petite part, jay aussi correspondu avec autant
de franchise, si bien que jay passé une procure ample à
Ml' le Président de la Perrouse pour faire tout ce qu'il
voudrat, apreuvant absolument lentiere définition quil en
résoudrai, et parceque je nay aucun qui représente au dit
Si" président mes raisons que vous, comme estant du tout
informé Jay vouleu vous prier, comme je fays de maider
et prier mon dist S'' président de prendre cette peine et
mobliger de tout comme la personne que jonhore et estime
le plus, et qui a tousiours tesmoigné dentretenir une bonne
union dans nostre maison, faittes doncque mon cher ami
ma partie et tout ce que commanderat M . de la Perrouse ;
je lui en prie aussi par une mienne [lettré) ans fins quil
me veulie prendre en sa protection, vostre recommenda-
tion mi aiderat fort et les soins que prendres pour moy
desquels je ne ceray jamais ingrast puisque je vous suis,
Monsieur vostre très ASfectionne serviteur
S. DE Lavaldisehe
Jay remis la procure à M^ mon frère le comte. Mes
baise mains a Madame vostre tante à laquelle je mande
le petist chapelet qui ast touclié la vierge de Vérone (ou
Levrone).
De Brice ? ce 15 juin 1645.
Les pourparlers durèrent assez longtemps. Ce-
pendant la transaction eut lieu sous les auspices
du Premier président. Elle fut signée à Cliam-
XXXVIII
béry,dans sa maison, le 19 août 1649, par les deux
frères, en présence de François, baron de la Fié-
chère, gentilhomme ordinaire de la Chambre de
S. A. R., chevalier de l'Ordre des SS. Maurice
et Lazare, etc.
Cette transaction avait pour objet les biens
échus à Jean-Baptiste et à Sigismond dans la suc-
cession de leurs père, mère et frères ; il y avait
encore une rente sur la Maison de ville de Lyon,
à eux léguée « par une damoiselle Le Roux, leur
grand'mère ». (Archives du Sénat de Savoie;
Edits, Bulles, etc. R. 41 ; de 1646 à 1651.)
Avant d'aller rejoindre l'armée royale vers la
Loire, Sigismond de la Val d'Isère, cjui avait fait
un premier testament le 6 mars 1630 (au temps de
l'invasion de la Savoie par Louis XIII et Riche-
lieu), en écrivit de sa main un second, daté de
Romans (Daupbiné) le 5 décembre 1651, et qui
est suivi d'un codicille fait en présence de son
confesseur, de M. Vignon, docteur en médecine,
et signé Isabien, chirurgien-major du régiment
d'Uxelles. Le baron y fait un legs « au chirurgien
qui lui donne le premier appareil » et accorde
« la lieutenance de Sainte-Hélène à M. Charbon-
neau )) (1). Sigismond de la Val d'Isère aurait-il
alors reçu une blessure grave dans un duel ?
Nous n'avons pas retrouvé dans les archives
des Hospices de Chambéry la trace du legs fait à
Jargeau le 1«'' avril 1652.
(1) Renseignements de M. le comtedeMareschalde Luciane
XXXIX
Les armes des Duing sont : d'or à la croix de
gueules ; celles des Mareschal, de gueules char-
gées de trois coquilles cU argent (Comte A. de
Foras, le Blason^ verbo coquilles).
La lettre du 15 juin 1645 est tirée des archives
des Hospices civils de Chambéry, où nous avons
encore rencontré les indications suivantes :
1550. — Ratification de vente de servis, hommages
et autres tributs, au Bourg-Saint-Maurice, accordée par
N. Jean de Duing, seigneur de la Val d'Isère et de
Combefort, à Claude Ginet.
1585. — Constitution d'une rente de 250 florins par
Jean-Claude Mareschal de Duing, seigneur de Combe-
fort, baron de l'Hormoz, au profit de Jeanne Gariod,
sous le cautionnement de Jean Granet et d'André Mu-
gnier, châtelain de Montmélian.
1627, 6 janvier. — Louage du grefïe de labaronniede
de Sainte-Hélène-des-Millières, à me Jacques Taille-
fert (1), procureur au baillage de Savoie, au prix de
250 florins, par haut et puissant seigneur messire Char-
les-Emmanuel de Duing dit Mareschal de la Valdisère,
seigneur et baron de Sainte-Hélène-des-Millières, che-
valier de l'Ordre des S S. Maurice et Lazare, chambellan
et écuyer de Son Altesse Sérénissime, etc.
1629, 2 janvier. — Contrat semblable, en présence de
François, fils de feu noble Jean-François Courtagis ou
Courtagies, à Sainte-Hélène des-Millières.
1636, janvier et avril. — Quittance par le môme
Charles-Emmanuel..., gentilhomme de l'Altesse de
(]) C'était l'homme d'affaires do la famille.
XL
Monseigneur le Prince Cardinal, et commandeur de
Bellerive... II signe deux fois : S. Hélène la. valdisere.
^o
1637. — Au château de Sainte-Hélène (1). Procura-
tion à m'3 Jacques Taillefert, par Charles-Chrestien de
Duing de la Val d'Isère (2), seigneur de Combefort, ma-
jeur de 18 ans et mineur de 25.
1649. — Procès au baillage de Bugey entre Théodore
Boccon, procureur de la Religion des SS. Maurice er.
Lazare, en payement de la pension de 200 florins due
à l'Ordre, contre n. Jean-Baptiste de Duing, dit de Ma-
reschal, comte de la Val d'Isère, baron de Ternier, hé-
ritier de R*! dom Pierre- François de Rossillon, doyen
de l'église de N.-D. d'Annecy^ et commandeur de la
Commanderie des Allinges, dépendante de ladite Reli-
gion.
A propos du cardinal Maurice de Savoie et du
prince Thomas dont les noms viennent d'être
rappeléSj nous croyons utile de placer ici la gé-
néalogie de la Maison de Carignan qui ne se ren-
contre pas fréquemment dans nos ouvrages d'his-
toire locale.
(1) Le vaste château des La Val d'Isère, h Sainte-Hclène-
dcs-Millières est encore debout. On voit, dans l'âtre de la
cheminée du grand salon, une plaque do fonte aux armes
des Duing, des Mareschal et des Leseheraine. Nous avons
donné une assez longue descrij)tion du château de Sainte-
Hélène dans nos Savoyards en, Angleterre au XIll"
siècle.
(2) Il était le premier des deux fils du second lit de Pierre
de Duing-Mareschal, qui avait épousé en secondes noces
Anuo de Clerraont-Montolson.
XLI
GÉNÉALOGIE DES PrINCES DE CaRIGNAN
Charles-Emmanuel l'^i', fils du duc de Savoie Em-
manuel-Philibert et de Marguerite de Valois, eut pour
fils, 1» le duc Victor-Amédée l'^i', marié à Chrestienne
de France, fille de Henri IV ; décédé eu 1630 ;
2° Maurice, dit le cardinal Maurice, qui renonça à la
pourpre romaine et épousa à l'âge de 50 ans sa nièce
Louise de Savoie, qui n'en avait que 14; il moarut en
1658.
3° Thomas (1) prince de (îarignan (fief piémontais à
40 kilomètres de Turin), marié à Marie de Bourbon,
comtesse de Soissons,chef de la branche, décédé en 1656,
Ils eurent pour enfants :
Emmanuel-Philibert, marié à Angélique d'Esté, f en
i 1709.
Victor-Amédée, marié à Françoise de Suse, f en 1741.
n
Louis, marié à Christine de Hesse, f en 1778.
Victor-Amédée, marié à Josèphe de Lorraine, f en
\ 1780.
Charles-Emmanuel, marié à Caroline de Saxe-Cour-
I lande, f en 1800^ à Paris.
Le roi Charles-Albert, marié à Marie-Thérèse de Tos-
I cane, f le 28 juillet 1819, à Oporto.
Le roi Victor- Emmanuel II, marié à Marie-Adélaïde
I d'Autriche,! le 9 janvier 1878,à Rome.
Le roi Humbert l^^\ aujourd'hui régnant au Quirinal.
Eugène-Maurice, le second fils du prince Thomas,
(l)Le Musée de tableaux de Turin possède un magtiificjue
portrait du prince Thomas, peint par Van Dick.
XLII
avait épousé Olympe Mancini, nièce de Mazarin ; ils
eurent pour fils François-Eugène, dit le Prince Eu-
gène, né à Paris en 1663, mort sans alliance, à Vienne,
en 1736.
M. Mugnier analyse un acte de reconnaissance
d'emphytéose perpétuelle en faveur du chevalier
de RhodeSj frère Vincent Malletj commandeur
de SavoiCj pour une vigne située au Molard de
Chaux, c'est-à-dire non loin de Chambéry, près
de la Madeleine, entre les deux routes qui con-
diusent à Montmélian.
L'an du Seigneur 1452, indiction 15'' et le 14 novem-
bre à l'instance, postulation et requête de moi Pierre
Durand de Mugnet en Verromeis, paroisse de Virieu-
le-Peiit, diocèse de Genève, clerc, notaire et commis-
saire spécial en cette partie, au nom et pour le besoin
de spectable et égrège chevalier le seigneur et frère Vin-
cent Malet, précepteur de Savoie et de la Maison de
Saint Jean du Temple de Chambéry, ordre de St-Jean
de Jérusalem, et de ses successeurs dan> cette Maison....
s^est constitué discret homme Humbert Bernard, notaire,
de Bourg, habitant de Chambéry, qui.... spontané-
ment.... reconnaît tenir en emphytéose perpétuelle du
dit précepteur et provenant de son domaine direct, ainsi
qu'il l'a déjà reconnu entre les mains de discret Jacques
Malet, une vigne de dix fosserées située au Molard-de-
Chaux, in molario de calcibus, sous le servis annuel et
pe':-pétuel d'un denier fort, etc., etc.
Actum Chamberiaci in domo tompli sancti Johannis
predicti, presentibus domino Petro de Nante, presbitero,
discrète viro Mauricio Carrati et Anthonio Girodi, alias
XLHI
Costa, de Machiaco. Et me Petro Durandi, de Mn-
gneto, notario, etc.
(Arcliives des hospices civils de Cliambéry.)
M. Antony Dessaix envoie à la Société le ma-
nuscrit d'une Bévue de Chamhéry qu'il a fait
jouer, il y a quelques années, sur le théâtre de
cette ville. La pièce de notre collègue, pleine
d'humour et d'entrain, sera pour nos successeurs
un document bien précieux à consulter.
Séance du 8 janvier 1893.
(Présidence de M. Mugnier.j
Le procès-verbal de la séance précédente est
adopté après lecture.
Le Secrétaire donne lecture d'une lettre du 25
décembre dernier par laquelle M. Charles Buet,
le célèbre écrivain savoisien, écrit au Président,
à propos de la publication, au tome XXXI de nos
Mémoires, de diverses pièces concernant notre
compatriote le voyageur Brun-RoUet :
Je possède le journal intime et quantité de manuscrits
d'Alexandre Vaudey et des frères Poncet. Je n'ai mal-
heureusement pas le temps d'étudier ces documents oii
se trouvent des choses intéressantes. Mais si l'un des
membres de votre Société avait le désir de s'occuper de
cette si curieuse personnalité, je mettrais volontiers tous
les papiers à sa dis[)Osition, ainsi que des cartes, por-
traits et autres documents.
La réunion remercie M. Buet de son offre gra-
XLIV
cieuse. Elle sera sans doute mise à profit par quel-
que sociétaire.
M. Mugnier fait don à la Société : 1° d'une
ordonnance de la Chambre des Comptes de Sa-
voie, du 8 novembre 1554, rendue au nom de
François de Lorraine, duc de Guise, pair et grand
chambellan de France, lieutenant général pour le
Roy en Savoie, à la requête de Marie d'Alex,
veuve d'André Brocquier, écuyer ; 2° d'une pa-
tente (sur parchemin) de notaire, délivrée à Tu-
rin le 26 mai 1819, à François-Paul Ramus, de
Rumilly, par le roi de Sardaigne, Victor- Em-
manuel P''.
Le même membre signale aux archives de la
Société l'original ayant appartenu à Richard II de
la Chambre, vicomte de Maurienne, de la tran-
saction intervenue le 8 des calendes de février
1309 (25 janvier), entre ce seigneur et Amédée V,
comte de Savoie, au sujet de l'œuvre de la jus-
tice dans la Maurienne. Ce véritable traité a été
analysé par Léon Ménabréa dans son vaste ou-
vrage de V Origine des Fiefs dans les Alpes oc-
cidentales, p. 401, et le texte latin en a été pu-
blié en 1833 par M. Louis Cibrario au tome
XXXVI des Mémoires de l'Académie royale de
Turin. Le savant historien a sans doute eu sous
les yeux le double original délivré au comte de
Savoie.
Les sceaux des deux contractants, qui pen-
daient à la charte, ont disparu.
XLV
M. Jean Lé tanche envoie une étude sur l'Hôpi-
tal d'Yenne ; la réunion décide qu'elle sera pu-
bliée dans le tome XXXII des Mémoires.
M. Jules Guigues présente le travail suivant :
Projet de la fête civique du 20 prairial an ii
DE LA République française
A Saint -Pierre d'Albigny.
Parmi les nombreux décrets, plus ou moins en
faveur du progrès et de la civilisation, que rendit
la Convention nationale, du 22 septembre 1792
au 26 octobre 1795, il en est deux qui méritent
d'être signalés :
1° Décret concernant la fête de la déesse Rai-
son, 20 brumaire an II.
Après avoir décrété l'abolition du culte catholi-
que dans toutes les églises de Paris et de la pro-
vince, on institua celui de la déesse Raison. Hé-
bert et Chaumette furent les promoteurs de cette
transformation. Les grands historiens delà Révo-
lution française, Miche let entre autres, ont déjà
jugé sainement et apprécié à sa juste valeur l'acte
plus ou moins fantaisiste des Citoyens-Législa-
teurs de cette époque heureusement transitoire.
On connaît dans tous les détails les fêtes célébrées
dans l'église de Notre-Dame de Paris, convertie
en temple de la Raison. La divinité était repré-
sentée par une femme.
Les fondateurs du nouveau culte, dit Michelet
(Histoire de la Révolution, tome V, page 430),
XLVI
recommandaient « de choisir pour un rôle si au-
guste des personnes dont le caractère rende la
beauté respectable, dont la sévérité des mœurs et
des regards repousse la licence et remplisse les
cœurs de sentiments honnêtes et purs. »
Ce furent spécialement des demoiselles de fa-
milles estimées qui, de gré ou de force, devaient
représenter la Raison.
A Notre-Dame de Paris, le choix fut porté sur
M"^ Maillard, artiste illustre, aimée et estimée de
tout le monde parisien,
« Jusqu'ici, disait le citoyen Ghaumette, les
(( voûtes ont été frappées de la voix de l'erreur ;
(( jusqu'ici on a offert des sacrifices à de vaines
« images, à des idoles inanimées ; aujourd'hui
« c'est un chef-d'œuvre de la nature que nous
« avons choisi pour représenter la divinité; plus
« de prêtres, plus d'autres dieux que ceux que la
« nature nous offre. »
Voilà du pur matérialisme qui ne devait pas
être de nature à conserver la raison à ceux qui
faisaient un dieu de cette même Raison sous l'é-
gide de laquelle le peuple devait être régénéré. . .
2° Fête en Vlionneur de l'Être suprême, 20
prairial an II (10 juin 1794),
Robespierre, arrivé au pouvoir et briguant le
rôle de dictateur, fut jaloux, disent les historiens,
du succès de ses devanciers ; mais en lutte avec
les divers partis qui lui faisaient ombrage, il ré-
XL vil
sol ut d'entrer dans la voie de rapprochement en-
tre les trois forces collectives en jeu : les Jacobins,
le parti militaire et le clergé. Il sentait qu'il avait
besoin de l'appui de ces trois éléments réunis
pour arriver à son but. Il flétrit les récentes doc-
trines pratiquées dans le temple de la Déesse de
la Raison (1), réorganisa les fêtes nationales ré-
clamées par le peuple et fonda un simulacre de
religion.
Il décréta qu'il serait célébré, dans Paris et
dans toutes les villes de province, une fête civi-
que en l'honneur de l'Etre suprême.
Cette fête devait être célébrée le 20 prairial an
II (10 juin 1794).
« Nulle fête, dit Michelet (tome VI, page 247),
« n'excita jamais une si douce entente ; nulle ne
« fut célébrée avec tant de joie. La guillotine
« disparut le 19 prairial au soir. On crut que
« c'était pour toujours. Une mer de fleurs inonda
« Paris : les roses de vingt lieues à la ronde y
« furent apportées et des fleurs de toute sorte
« pour fleurir les maisons et les personnes d'une
« ville de sept cent mille âmes »
Ce qui se passa en grand à Paris eut son écho en
province.
Si, depuis la grande ville jusqu'à la dernière
bourgade, cette fête à l'Etre suprême fut célébrée,
(1) C'est cette divergence d'opinions qui nous a amené à
parler du décret du 20 brumaire an II.
XLVIII
il en est bien peu dont le souvenir ait été conservé,
soit par la tradition, soit par l'insertion du fait
dans les registres municipaux.
Nous avons été assez heureux de mettre la
main sur un manuscrit relatif à cette fête civique,
conservé dans les archives de la commune de
Fréterive. C'est le programme détaillé de cette
manifestation organisée à Saint-Pierre d'Albigny.
Ce programme (plan ou prospectus comme on
l'appelait alors) adressé aux citoyens maire et
officiers municipaux de Fréterive, pour lui donner
la plus grande publicité, était accompagné d'une
lettre émanant de la commission d'organisation
de la fête.
Ce sont ces deux documents, reproduits ci-après
in extenso j qui nous ont amené à la digression
historique qui précède. Nous en sommes redeva-
bles à la gracieuseté de M. Ch. Rey, le dévoué et
synîpathique maire de Fréterive.
I
Convocation faite par la Commission de la fête
CIVIQUE DU 20 prairial, an II, AUX CITOYENS MAIRE ET
OFFICIERS MUNICIPAUX DE LA COMMUNE DE FrÉTERIVE.
D'Albigny, ce 17^ prairial an 2^^ de la république
une, indivisible et démocratique.
Citoiens,
Au cas que les circonstances ne vous permettent pas
de célébrer dans votre commune la fête de l'Etre Suprê-
me qui doit avoir lieu décady prochain, 20 du cou-
XLIX
rant, nous vous invitons, citoiens, à vous joindre
à celle qui doit se célébrer dans ce chef-lieu de Can-
ton ; nous joignons icy un extrait du prospectus à fin
que vous y donniés la plus grande publicité pour que
vous puissiés plus aisément vous adjoindre le plus grand
nombre de vos concitoiens nos frères ; vous réunirés
vos ressources aux nôtres pour célébrer cette fête d'une
manière digne de l'Etre suprême et du but que la Con-
vention s'est proposée en la décrétant. Ce plant a été
approuvé par cette Municipalité.
Salut et fraternité. Vive»la République !
P. La Commission^ poiœ lorganisation de lad'^ fête.
Signé: J,-M. Mollot.
II
Plan de la Fête Civique qui doit se célébrer le
20*^ prairial an 2'' de la République.
La fête sera commencée par trois salves d'artillerie,
trois autres coups seront tirés le matin au lever de l'au-
rore pour annoncer au peuple que le moment est venu
auquel il doit se rendre au Champ de mars (cy devant
place d'arme) pour se disposer à la fête dédiée à l'Etre
suprême.
Là on travaillera à mettre un ordre à la marche que
l'on tiendra pour se rendre au temple, ainsi que suit :
D'abord la marche sera ouverte par deux gendarmes
à cheval et un piquet de gardes nationales armée.
Suivront les municipalités et autres autorités consti-
tuées du canton revêtues de leurs insignes, marchand
deux à deux dans un heureux mélange qui indiquera la
fraternité et l'ermonie qui doit régner entre des répu-
blicains .
4
Marcheront ensuite le plus grand nombre d'enfants
que Ton pourra recueillir vêtus en blanc, portants soit
des corbeilles plaines de fleurs, soit des guirlandes de
verdure ; on les choisira d'un âge te! que le caractère
d'inocence dont ils sont encore revêtus rende à la divi-
nité un hommage vraiment digne d'elle et qui ne peut
que lui être agréable.
Les sans culottes jacobins suivront les jeunes gens.
Paraîtront ensuite les pères et mères des delïenseurs
de la patrie qui ont déjà répendu ou qui rependent encore
leur sang pour consolider n^tre liberlé, en observant de
donner le premier rang aux parents de ceux (jui l'ont
déjà rependus.
Suivra ensuite la masse imposante du peuple dans
l'ordre suivant :
Les pères de famille mèneront leurs enfants malles
au devant d'eux en ligne ; les mères observeront le
même ordre à légard de leurs filles ; ce qui formera deux
colonnes qui devront marcher l'une à côté de l'autre, et
qui seront l'une et l'autre terminées par les viellards de
leur sexe, sexagénaires et audessus.
La marche sera terminée par un second piquet de
garde nationale et par les autres gendarmes à cheval.
A neuf heures une salve d'artillerie annoncera le mo-
ment de la marche pour se rendre au temple de l'être
suprême.
Un orateur sur la place môme annoncera le sujet de
la fête et fera quelques petits détails sur les motifs qui
ont sollicité le décret de la Convention.
Delà le cortège se rendra au temple en chantant diffé-
rentes hymnes civiques.
On observera en rentrant au temple de maintenir le
même ordre autant qu'il sera possible.
Ll
Les jeunes enfanis auront soin à Tentrée de ce même
temple de répendre leurs fleurs à droitte et à gauche
sur le parvis du temple pour rendre hommage à la
divinité.
Là un orateur gravira la montagne sainte pour y pro-
noncer un discours qui en nous présentant la divinité
sous le seul aquit digne d'elle et que tout homme raison-
nable peut lui donner, fasse en même tems connaître
au peuple le rédicule des erreurs dans lesquelles le fana-
tisme la plongé jusqu'à ce moment, lequel discours finira
par une prière à l'êlre suprême.
Ensuitte on entonnera quelques chants patriotiques
que l'on continuera dans la marche que l'on devra pren-
dre alors pour se rendre au champ de mars dans le
même ordre que cy dessus.
Arrivé là après avoir chanté l'himne marseillaise au-
tour de l'arbre de la liberté vert qui sera planté à cet
eflfet un membre du conseil général de cette Commune
prendra la ])arole pour faire sentir aux parents de nos
généreux défenseurs leur auguste qualité et combien
nous leur sommes redevables et ensuite on leur distri-
buera les secours accordés par la loi.
Les récompenses étant distribuées on commencera
sur la place même et dans une fraternelle confusion,
une farandole qui conduira tous les citoiens au banquet
civique pour lequel ks tables seront dressées dans les
champs élisées (appelle cy devant pre de Miolans), et
auquel chaque citoyen est invité à contribuer de la façon
qu'il le pourra, en observant que les citoyens aisés doi-
vent suppléer au défaut des pauvres.
Le repas ainsi que la fête seront terminés par une
farandole et encore un coup de canon qui annoncera la
clôture. — Par extrait, signi : J.-M. Mollot.
LU
La réunion décide que l'étude historique lue
par le président de la Société au dernier congrès
des Sociétés savantes de la Sorbonne : L'Expé-
dition du Concile de Belle à Constaniinople
en 1^37, sera imprimée au tome XXXII de nos
Mémoires. Elle a une grande importance pour
notre histoire locale et complète heureusement ce
que notre président honoraire, M. François Rabut,
avait, en 1859, et dans notre tome III, rapporté
déjà sur cette entreprise des Pères du Concile
pour arriver à l'union de l'Eglise grecque avec
l'Eglise latine. Au reste, sa publication au Bulle-
tin du Comité des Travaux historiques ne l'a pas
mise à la portée de tout le monde, et M. Mugnier
se propose do donner des développements nou-
veaux à ce qu'il a écrit sur Nicod de Menthon,
qui fut le capitaine de l'expédition, et sur quel-
ques autres circonstances importantes de sa vie.
Séance du 5 février 1893.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est lu
et adopté.
La Société a reçu en don de M. le Ministre de
l'Instruction publique, un nouveau volume des
Lettres dePeiresc aux frères Dupuy.
M. Mugnier présente une bulle de Benoît XIV,
du 17 des calendes de décembre 1727, ordonnant
LUI
aux religieux et vassaux de l'abbaye de Sixt en
Faucigny, d'obéir à l'abbé commenda taire Char-
les-Joseph de Valpergue.
Ces bulles paraissent avoir été retenues par le
Sénat de Savoie comme contraires aux lois do
notre pays.
16 novembre 1727 (1).
Benedictus episcopus servus servorum Dei dilectis
fiiiis vassallisque monasterii Sancle Marie deSitzGeben-
nensis diocesis salulem et apostolicam benedictionem.
Hodie monasterium abbativum nuncupatum Saacte
Marie Sixt vulgo de Sitz Ordinis Sancti Augustin! Ca-
nonicorum regularium Gebennensis diocesis certo tune
expresso modo illius commenda cessante vacans dilecto
fîlio Carolo Joseplio Valpergue presbitero Tarantha-
siensis diocesis per eum quoad vixerit tenendum regen-
dum et gubernandum de fratrum nostrorum consilio
apostolica auctoritate commendavimus curam regimen
et admiuistrationem dicti Monasterii et in spiritualibus
et temporalibus plenarie committendo prout in nostris
inde confectis litteris plenius continetur. Quocirca uni-
versitati vestre per apostolica scripta mandamus quatenus
eumdem Carolum Josephum commendatarium dévote
suscipientes et débiter bonorificenter prosequentes et
fidelitatem solitam nec non consueta servilia et iura sibi
a vobis débita intègre exhibere studeatis alioquin sen-
tentiam sive penam quam ipse Carolus Joseplius com-
mendatarius rite tulerit vel statuerit in rebelles ratam
habebimus et faciemus auctore Domino usque ad satis-
factionem condignam inviolabiliter observari.
(1) Archives du Sénat de Savoie, sous la rubrique : pièce
à déchiflrer.
LIV
Dat. Rome aputl Sanctum Petrum anno Incarnationis
dominice Millesimo septingintesimo vigesimo septimo
sexto Kalendas decembris, Pontificatus nostri anno
quarto.
Villa Soderinus
A. Larracinus A. Caraffa
Pontius Mosu. . . secretarius Sur le repli :
J. Orengue? (1)
Le mémo membre lit la notice suivante ;
Attibution de la perception
DE LAODS ET VENTES PAR LE COMTE DE SaVOIE, AmÉDÉE V,
AU SIRE DE LA RoCHETTE.
On sait que si, le 15 mai 1232, le comte de
Savoie, Thomas P^'^ acheta de Berlion le bourg de
Chambéry, le château de la petite ville resta entre
les mains de Berlion qui le vendit^ avant 1255, à
Othmar Alamand. Thomas II, comte de Flandre,
fils de Thomas P'', ayant payé diverses dettes
pour Othmar, celui-ci, le 12 mai 1255, dans le
château de Chambéry, se reconnut débiteur du
comte de 626 livres viennoises, pour la sûreté
desquelles il dut donner hypothèque sur le châ-
teau même. Le contrat fut ratifié par Marguerite,
femme d' Alamand, et par leurs fils Oddon et
Henri.
(1) C'est, scmble-t-il, le nom de celui qui a écrit le bref
avec ces caractères bizarres adoptés dans la chancellerie ro-
maine^ et qui a dessiné les ornements placés au-dessus de la
première ligne.
LV
Nous ignorons comment la dette fut remboursée ;
peut-être à l'aide d'un emprunt fait au seigneur
de la Rochette par la famille Alamand. L'on
trouve en effet François de la Rochette, fils de
Guigues, et sa femme Béatrix, propriétaires du
château de Chambéry, de son mandement et de
sa vicomte, le 6 février 1295 ; il les échangèrent
avec le comte de Savoie^ Amédée V, contre un
revenu de 100 livres viennoises, assigné sur des
immeubles dans les mandements de la Rochette
et d'Aiguebelle, outre un capital de 240 livres (1).
C'est comme corollaire de cet acte d'échange
que, dans la petite charte qui suit, datée du
premier dimanche de carême 1259, Amédée V
ordonne â ses châtelains d'Aiguebelle et de la
Rochette, de laisser percevoir par François de la
Rochette et Béatrix, les laods et ventes qui se-
ront dus, lors de l'aliénation, par les détenteurs
des fiefs sur lesquels est hypothéquée la rente de
cent livres stipulée dans le contrat du 6 février.
Cette petite pièce est fort bien conservée, mais
le sceau qui pendait à une languette détachée du
parchemin a été arraché et perdu.
Le Bourget, février 1295 (2).
Amedeus cornes Sabaudie dilectis suis castellanis
Aquebelle et Rupecule qui nunc sunt et qui pro tem-
(1) Voir, au t. V des Mémoires de la Société, ces divers
documents qui y ont été publiés par notre regretté collègue,
M. le général Auguste Dufour.
(2) Nous avons supprimé les très nombreuses abréviations
de cette charte.
LVI
pore facti erunt sulutem et dilectionera sinceram. Cum
nos dilectis nostris Francischo de rupecula et domine
beatrissie eius uxori in excambio castelli Camberiaci
asscctandum in mandamenlis castellaniarum vestrarum
centum librarum annui redditus super qnibusdam
rébus et feudis que tenebantur a nobis et que prefati
coniuges a nobis in feudum recognoverunt se tenere,
vobis etcuilibetvestrumsignificamus et mandamus quod
nostre voluntatis et intentionis est quod prefati coniuges
ei eorum heredes iiabeant et percipere debeant laudes et
vendas in dictis feudis percipere cousuetas. Unde quan-
doque ipsa feuda alienari contingerit per feudatarios
eorumdem et ea que nobis debebantur pro dictis feudis
contenta in assectamento predicto a die facti assecta-
menti atque eisdem coniugibus percipere permitatis ; in
cuius rei testimonium sigillum nostrum presentibus du-
ximus apponendum.
Datum burgeti die dominica in carnisprivio novo,
anno domini M» CC^ nonagesimo quinto. Scripto....
Datum ut supra, expedita est per d^™ Amblardum.
Le sceau a Hè arraché.
(Archives de la Société sav. d'histoire.)
M. Mugnier présente une charte de trois ans
postérieure à la précédente et qui se rapporte
également à la vallée de la Rochette en Savoie.
L'on y verra qu'en 1298 le château de l'Aiguille
(acus), appelé vulgairement de VHuille, a]:)parte-
naità un dauphinois, Ghabert de Morestel. C'est
un nouvel exemple de l'enclievètrement des fiefs
des seigneurs de la Savoieavec ceux des nobles du
LVII
Dauphiné (1). Chabert de Morestel investit le 17
juillet 1298, Jean de Ratel, de la Table, de biens
que celui-ci tenait de son frère Richard. L'acte
est reçu dans le château de l'Huille, par le notaire
Guillerme de Combafol.
1298j 16 des calendes d'août,
Anno D'^i M° 00° nonagesimo octavo, iudictione
Xla, XVIa kalendas augusti coram testibus infrascrip-
tis ad instantiam et requisitionem Joannis Ratelli de
tabula stipulantis et recipientis omnia et singula infras-
cripta nomine suo et lieredum suorum, nobilis vir Cha-
bertus de Morestello. dominas acus, nomine suo et here-
dum suorum recognovit et signo unius baculi investivit
dictum Johannem ut supra recipientem, et in possessio-
nem corporalem realera et personalem possuit salvo
usagiodicti Chaberti et jure alterius, de omnibus rébus,
possessionibus, bonis mobilibus et immobilibus que
quondam fuerunt Ricliardi Ratelli fratris quondam
dicti Joannis Ratelli et de hiis que fdictus] Richardus
habebat pro intermisso tempore morlis sue cum dicto
.Tohanni Ratelli, scilicet de terris, de pratis, domibus et
arboribus de animalibus et generaliterde omnibus bonis
mobilibus sive immobilibus que ipse Richardus habe-
bat habuisset vel recipere posset tempore vite sue. Et
inde confessus fuitdictus Chabertus habuisse etprecarie
récépissé a dicto Johanne pro recuperatione predicta bo-
norum predictorum novem libras bonorum viannen-
sium in bona pecunia numerata. Deinde dictus Chaber-
tus exceptioni non facte renuncians et non rite facte et
(1) Voir à ce sujet, Léon Ménabrka, Des Origines féo-
dales dans les Alpes occidentales, ch. IX, XI, XII.
LVIII
exceptioni doli mali metus et in factum et omni privile-
gio foriet exceptioni non habite pecunie (renoncia-
tion aux diverses autres exceptions).
Dicte partes mi notario infrascripto de isto facto fieri
jusscrunt duo publica instrumenta eiusdem tenoris de
quibus liabeat dictus Chabertus unum et dictus Johan-
nes aliud.
Actum apud Acum iuxta portam castri ubi fuerunt
testes vocati et rogati Reymondus de Masso, clericus,
Guillermus Cardis de tabula, Johannes Martini de Pro-
venchera. Et ego Guillermus de Corabafollo notarius
publions auctoritate imperiali hanc cartam vocatus et
rogatus scripsi et tradidi féliciter.
(Archives de la Société sav. d'histoire.)
Séance du 3 mars 1893.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès- verbal de la séance précédente est
adopté.
La réunion remercie MM. du Bois Melly et R.
Michel, membres de la Société, de l'hommage
qu'ils ont bleu voulu lui faire, le premier, de sa
deuxième étude sur les Ordonnances royales et
les mœurs sous le règne des derniers Valois ;
M. Michel, de son discours sur Antoine Favre,
prononcé par lui à la rentrée des cours de l'ensei-
gnement secondaire à Chambéry.
M. Perrot, trésorier de la Société, présente le
compte de sa gestion pour l'exercice de l'année
1893.
LIX
Les recettes,"^y compris le reliquat de 191 francs
10 centimes, de l'année 1891, se sont
élevées à 2.137 60
Les dépenses, à 1 . 733 30
Les recettes présentent ainsi un ex-
cédant de 405 30
La Société possède en outre un capital s'éle-
vant, au 31 décembre 1892, à 3.400 fr. Six cotisa-
tions restent à recouvrer.
Le compte du trésorier est vérifié ; il est re-
connu exact et approuvé.
M. Mugnier signale une charte du 14 des ca-
lendes d'août 1212 (19 juillet), publiée par M.
Poncet, curé de Marthod, à la page 99 du tome II
des Documents de l'Académie de la Val d'Isère :
Béatrix (1), comtesse de Savoie, mère du comte,
c'est-à-dire de Thomas P'', étant dans sa maison
de Salins, abandonne aux communiers de Haute-
cour la moitié des pâturages alpestres qui leur
revient et cj^u'elle avait retenue injustement. Elle
agit à la demande de Bernard de Chignin '^ ar-
clievêque de Tarentaise et du Chapitre, en présence
de Roland de Tournon, chevalier, de Pierre Gon-
tier, mistral de Moùtiers, d'Anselme de Cors, etc.
M. Poncet a tiré cette pièce de Ducange, v°
Alpagiwn.
L'auteur du célèbre Glossaire a écrit qu'il te-
nait ce document de l'abbé de Comnène. Ce n'est
(1) Béatrix de Viennois, quatrième femme d'Amôdce III.
LX
pas trop de la réunion de ces deux noms pour
nous faire croire à son authenticité.
Le même sociétaire présente trois documents
relatifs à la Maurienne.
I
Le 29 août 1360, sous l'épiscopat d'Amédée de
Savoie - Achaïe (1), à Saint-Etienne de Cuyne,
noble homme Gontier de Cuyne donne quittance à
Jean Jourdan, marchand (appothecaiHus) et cla-
vaire (greffier) du Chapitre de l'Eglise de Mau-
rienne, de la somme de cent florins, prix d'une
vente par lui consentie au Chapitre, dix jours
auparavant, devant le notaire Pierre Daval.
Saint-Etienne de Cuyne, 29 août 1362.
Anno Dni millesimo tricentesimo sexagesimo secundo,
indictione quinta décima, die vicesima nona mensis au-
gusti, venerabili pâtre dno Amedeo de Sabaudia Dei et
apostolice sedis gratia maurianensi episcopo existente,
Coram testibus infrascriptis ad instantiam et requisi-
tionem mei noiarii infrascripti more persone publiée
solempniter stipulantis et recipientis, vice, nomine et ad
opus venerabihs capituli maurianensis, — vir nobilis
dnus Gontarius de Cuyna, miles, confessus fuit publiée,
et manifeste recognovit se habuisse et récépissé a dicto
maurianensi capitulo per manum Joliannis Jordani ap-
pothecarii clavigerique dicti maurianensis capituli ple-
nam solulionem et integram satisfaclionera contum flo-
renorum auri boni ponderis in quibus dictum venerabile
(1) Evêque do Maurienne du 2 avril 13-19 à 13G9 ?
LXI
capitulum dicto dno Gonliero tenebatur ex certa emptione
et pro protio certarum rerum dicto venerabili capitule
per dictum dnum Gonterium venditarum inclusis tam
in prcsenti confessione [quam in] confess[ione] per
ipsum dominum Gonterium factamin instrumento ven-
ditionis dictarum rerum facto manu Pétri daval notarii
publici sub anno et indictione presentibus, die XIX^
presentis mensis Augusti. Faciens dictus dnus Gonte-
rius michi notario infrascripto, stipulanti et recipienti ut
superius, pacem, fînem, quitationem perpetuam et pac-
tum solempne ac expressum de aliquid ulterius non pe-
tendo de dictis centum florenis. Renuncians dictus dus
Gouterius in hoc facto exceptioni, etc. (Formules d'u-
sage.).
Actum fuit in Sancto Stephano de Cuyna, videlicet
in domo dicti dni Gonterii ubi testes ad hoc vocati fue-
runt et rogati Jacobus Prineti de Bardo, Johannes Fal-
conis et Johannes Andréas de dicto loco Sancti Stephani
de Cuyna.
Ego vero Johannes Gurvandi (1) de Jarciaco auctori-
tate imperiali et domus episcopalis maurianensis nota-
rius publicus hanc cartam vocatus et rogatus scripsi et
signo meo signavi.
II
Indulgences accordées par l'évéque Aymon de
Gerbaix à la chapelle de la Turne ou du Pensa-
ment, située sur la route qui conduit de Termi-
gnon au col de la Van noise. L'évéque de Mau-
rienne donne la permission au curé de Termignon
de célébrer, dans cette chapelle, une messe pour
(1) Il y a une abréviation sur ce mot.
LXII
l'heureuse délivrance des femmes qui accouchent
dans la montagne, c'est-à-dire dans les alpages
de Termignon. Il concède une indulgence de 40
jours à ceux qui visiteront la chapelle à certains
jours de fête ou qui mettront la main aux répara-
tions dont elle aura besoin.
Termignon, 27 novembre 1424.
Aymo GERBASsii(l) divina miseratione maurianensis
episcopus univcrsis et singulis Christi fidelibus présen-
tes nostras indulgcnciales litteras inspecturis salul.era et
sinceram in dno caritatem. Splendor paterne giorie qui
sua mundum illuminât ineffabili caritate pia vota fide-
lium de clemencia ipsius magestatis spectantium tune
percipere benigno favore prosequitur cum devota ipso-
rum humilitas sauclorum precibus et meritis adjuvatur;
cupientes igilur ut capella in honorera et reverenciam
Dni nostri Jesu Chrisli et béate marie virginis dedicata
et fundala in loco turne (ou curne) seu pensamenti (2)
parrocchie Termegnonis noslre maurianensis dyocesis
in magno monte Termegnionis congruis honoribus fre-
quentetur, cupientesque ipsam capellam salubribus doc-
tare muneribus et ut Chrisli fidèles se hbentius devo-
tionis causa confluant ad eamdem, quo uberius dono
celestis gracie ad eorum salutera animarum conspcxcrint
se refectos, curato sive vicario dicte parrochie Termegno-
nis, qui nunc est aut qui tempore futuro fuerit, licentiam
impartimur celebrandi in eadem capella predicta unam
missam singulis mulieribus jacentibus in purpura, sive
(1) Evéque de Mauricnne de novembre 1422 à mai 1432.
(2) Il existe encore quelques ruines de cette chapelle du
Pensamùit; on voit tout près une fontaine d'eau vive.
LXIII
in jacena, in eodem monte dicte parrochie Termignonis
parientibus, ut devotorum Chrisli fidelium devotio cres-
cat de bono in melius, jugiter augmentetur, de omnipo-
tentis dei misericordia beateque gloriose Marie Virginis
ejus matris, beatorum Pétri et Pauli apostolorum eius-
dera,ac beati Johannis Baptiste, patroninostri, omnium-
que sanctorura et sanctarum meritis et intercessionibus
confessis omnibus et siogulis vere penitentibus et confes-
sis qui dictam capellam in beucaristie dni nostri Jeshu
Christi, assuraptionis, nafivitatis, conceptionis^ [>urifi-
cationis, annunciationis béate Marie virginis, nativita-
tis, beati Johannis Baptiste, béate Marie Madelene
omniumque sanctorum festivitatibus ac vigiliis et o<3ta-
bis earumdem ad honorem béate virginis dicta capella,
ut premittitur, est f undata, singulisque diebus dominicis
et aliis singulis diebus, per curatum seu vicarium dicte
parrochie missam celebrandis, ut premittitur, devotionis
causa verecundi visitaverunt singulis diebus predictarum
festivitatnm vigiliarum, dominicalibus et celebrandis,
manusque suas ad tempus capelle reparationem et eius-
dem augmentationem porrexerunt advertentes de ube-
rioris dono gratie quadraginta dies dejunctis ? sibi peni-
tentiis misericordie in domino relaxamus.
Datum Termignone die vicesima septima mensis
novembris anno Domini millesimo quatercentesimo
vicesimo quarto. Sub nostri appositione rotondi sigilli
in testimonium promissorum.
(Deest sigillum)
Signé de langiaco.
(Archives de la Société savois. d'histoire.)
LXIV
III
Licence et privilège accordés par le duc de Sa-
voie Charles III à Jean Bernard, mineur {fabro),
de Saint-Martin-la-Porte, pour exploiter les mi-
nes de fer et d'acier, sur les paroisses de Saint-
Michel, Saint- Martin, Beaune, Valmeinier et
Hélie ? La patente comprend le droit d'établir
des fourneaux, d'élever des aqueducs, de placer
une roue sur les ruisseaux, et de couper le bois
nécessaire pour faire le charbon destiné à la fonte
du minerai.
La permission est donnée à titre d'albergement
perpétuel (emphytéose), sous la redevance en fa-
veur des finances ducales du vingtième du fer qui
sera produit et du quinzième de l'acier. C'était là
sans doute la redevance habituelle.
La patente est signée par le président de la
Chambre des Comptes de Savoie, Pierre Lam-
bert et par quatre maîtres des requêtes.
Cette concession passa dans la seconde moitié
du XVII® siècle à la famille Graneri , et fut
achetée, au siècle suivant, par Madame de Wa-
rens et M. de la Fournache. Après quelques an-
nées d'une exploitation qui ne fut pas heureuse,
la concession devint la propriété presque entière
de M. Camille Perrichon, ancien prévôt des mar-
chands à Lyon {D.
(1) Voir à ce sujet notre ouvrage : Madame de Warens
et J.-J. Rousseau ; Calmann Lévy, 1891 ; chap. VIII et IX.
LXV
Chambéry, 2 mai 1504.
Licentia data Johanni hernardifahri parrochie sanc-
ti Mai^tini de porta in Mauriana extrahendi menas
c alibis et ferri (1).
Carolas dux Sabaudie, etc. Notum sit quod cum prin-
cipibus interest ea que commodum et utilitatem ipso-
rum et totius reipublice concerouut et nemini jacturam
inferuut adoptatum deduci debere, nostra certa... scien-
tia pro nobis et nostris heredibus et successoribus uni-
versis, Johanai Bernardi fabri parrochie sancti Martini
de porta in Mauriana presenti idque nobis humiliter
supplicanti quem circa ea nominis exp... et suis here-
dibus et successoribus harum série licterarum potesta-
tem et facultatem damus et in perpetuum per présentes
perquirendi, fodendi, perquirereque et fodi t'acere in et
super parrociiiis nostris et communitatibus sancti Mi-
chaelis, sancti Martini, Baune, Helij ac Valiis meyniaci
mauriannensis quascumque menas callibis et ferri bas-
que fodendi seu fodi faciendi et in metallum converti,
convertendi et reducendi seu reduci faciendi.... nemi-
nem licebit cuiuscumque status et preheminentie existât
ibidem dictas menas callibis et ferri fodere perquirere seu
fodi et perquiri facere in dictis communitatibus et par-
rociiiis per quinquinginta passus prope crosas (2) earum-
dem menarum per dictum Johannem Bernardi seu pro
eo agentem fiendas... sub pena XXVlibrarum fortium
pro quolibet ac vice qualibet contrario tamen contem-
nendo et nobis applicanda necnon unum bornellumcum
(1) La charte a été pliée en deux dans le sens de la hau-
teur et l'écriture qui se trouve dans le pli a disparu. — Il
fallait sans doute /a6ro. — Clialyps, acier, fer trompé.
(2) Crosœ, fouilles, puits de mines.
5
LXVl
unarota super quovis rivo siveaqueductu ipsaruiu com-
munitatum et jjarrochiarum ad ipsas menas fodendum
construendi seu construi faeiendi necne ipsos aqueduc-
îus et eyrillia (1) fieri faeiendi citra tamen prejudiciura
cuiusvis alterius albergameuti forsau ibidem de dictis
menis calibis et ferri ac alterius speciei alteri per nos
facti, deque nemoribus, arboribus pro carbonibus ad
usum ipsarum fiendis capiendi ac alia circa hec négocia
faeiendi absque contradictione et impedimento aliquibus
fiendis, satisfaciendo tamen quibuscumque ex predictis
constructionibus fiendis danipna passuris proborum ex-
timatione per officiarios pênes quos tafia fient et cons-
trueutur efigendorum ; quasquidem menas fornellos
aqueductus et heyrila ? eidem Johanni Bernardi fabro
et suis predictis abergamus ac in albergamentumetem-
pfiyteosim perpetuam damus tradimus et concedimus per
présentes ad fiabendum, tenendum^ gaudendum, uten-
dum, fruendum, gauden... et quicquid sibietsuis pre-
dictis abinde placuerit faciendum, addito quod ipse Jo-
hannes Bernardi huiusmodi ficenfiam et albergamentum
cuipiam alteri alienare nec vendere possit sine nostra
licentia et mandato expressis, nichil juris, rationis vel
proprietatis ad nos neque nostros et premissis sumptis,
et ad nos retinentes calibis quindecimam et ferri vige-
simam partes quas nobis solvere habebit dictus Ber-
nardi, aut sui predicti, in manibus tiiesaurarii nostri
Sabaudie pro terapore [existenti] qui, de receptis, nobis
légitime in caméra compulorum habeatcomputare ; nec
non ipse Bernardus et sui predicti, anno quolibet dein-
ceps, predictum emolumentum pretextu liarum littera-
(1) Eyrillia ; plus loin heyrila. Mot venant peut-être de
hœreo ; il signifierait alors l'appareil destiné à descendre et
à monter les bennes dans les puits de mines.
LXVII
rum et albergamenti proveniens in dicta caméra com-
putorum noslromm consignare teneantur et debeant
sub pena XXV libraruin fortium. Mandantes propterea
consiliis nobiscum Cliamberiaci rcsidentibus, ballivo,
judiciac procuratori Sabaudieet Mauriaune, castellano-
que, clerico curie Maurianne et ceteris universis et sin-
gulis officiariis uostris, etc.... Datum Cliamberiaci die
secundamaiimillesimo quingentesimo vigessimo quarto.
Per dominum : Revi^i. Dnorum Pétri Lamberti, pre-
sidis, Johannis Bucteti, Johannis Vullieti, Sybueti Alar-
deti, Johannis Lamberti, magistrorum. (Arch. de la
Société sav. d'histoire.)
Séance du 9 avril 1893.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est ki
et adopté.
Le Président signale la naort, en mars dernier,
de l'un de nos membres les plus anciens, M. Joseph
Pépin, docteur en droit, propriétaire à Gilly,
près Albertville. Il s'était montré toujours dévoué
à la Société et lui avait adressé diverses commu-
nications relatives aux découvertes archéologi-
ques faites dans ses propriétés.
Le Président fait connaître encore le décès d'un
autre membre, M. Jean-Marie Cat, ancien con-
ducteur des Ponts et Chaussées. Il avait consacré
les loi'?irs de sa retraite à diriger les travaux de
reconstruction du Portail de Saint-Dominique .
Il est mort à Chambéry, le 2 avril courant, après
LXVIII
avoir achevé cette œuvre considérable et déli-
cate de restauration artistique ; au moment où,
sans doute, il aurait reçu la récompense des soins
prolongés et intelligents, du dévouement complet
qu'il y avait apportés,
M. Paul Leroy, d'Orléans, adresse une nou-
velle et précieuse communication. Il l'a extraite
des (( ARRETZ PASSÉS PAR JeHAN BoMN TABEL-
LION DE JaRGEAU pour RÉVÉREND PÈRE EN DiEU
Monseigneur levesque dOrléans depuis le
MERCREDI IIII'^ jour DE FEVRIER APRES NOE DAME
ChANDELLEUR LAN MIL CCCC ET DIX JUSQUES A
TROYS ANS ENSUIVENS. »
L'an mil Illt et onze le dimanche XIT jour
de juillet, en la pnce de Andre_de Coignet lieu-
ten. et Thomas de la hroce peur (procureur) et
en la pnce de moy Jehan Bonin tabellion fut foit
inventoire des bns (biens) de Jeu prinet Sibert
orbellet (arbalétrier) de Chambry en Savoie
mort seng hoir (sans héritiers).
Premièrement ung haubergeon de fer, ung
bernnier et ung gorgerin ung esvambraz guar-
debraz et ung gantellez, unes voiges (1)^ unes
robes linges a home , une lance un choseaulx
et ung s espérons.
Item en argent III fc (fran£s) V s. Ilîld.p.,
baillez a Jaquette sa chamber qui en fera la
despense de son obseque. Ung heval gris scelle
(1) Peut-être boiges, cofire à vêtements.
LXIX
et bifide. Item ung aut cheval moreau sur lequel
le paige du d. Sibert est cde a bloc/s. Une hoppe-
lande de vert brun doblee de telle en laquelle a
des maillettes d'argent.
Ce petit inventaire, dit M. Mugnier, est vrai-
ment intéressant ; il nous montre avec son atti-
rail complet non d'arbalétrier, mais d'homme
d'une lance, notre compatriote d'il y a cinq cents
ans, Périnet Sibert. Il a deux cottes de maille,
gantelets, brassards, cuissards, éperons ; la lon-
gue lance et la vouge ou guisarme ; un cheval
gris avec tout son harnachement, un cheval noir
pour son page qui s'en est allé à Blois. Il a aussi
Jaquette^ sa chambrière ; elle payera les obsèques
du damoiseau avec l'argent qu'elle a bien voulu
laisser dans son escarcelle.
A quelle famille de Savoie appartenait Périnet
Sibert, nous ne savons^ car le nom de Sibert ne
se rencontre pas dans nos annales locales (1). Ce
pouvait être un petit noble comme les Perrin, ou
les Maillard, de Rumilly, les Candie, etc.; et pas
encore écuyer, mUes, car s'il l'eût été il aurait eu
un ou deux compagnons de lance, et le soin de ses
funérailles n'eût pas été laissé à la chambrière. Sa
présence et sa mort à Jargeau, en juillet 1411 , n'ont
rien qui doive étonner. A cette époque néfaste de
(1) Le nom qui s'en rapproche le plus est celui de Sibnè
de Manrienne. Un Sibuet de la Ravoire faisait partie d'une
lance Savoyarde, en 1426.
LXX
la lutte sauvage des Armagnacs contre les Bour-
guignons, les aventuriers s'étaient abattus sur la
France de tous côtés. Il en était venu d'Angle-
terre, des Flandres, de la Gascogne, de la Lom-
bardie, du Piémont, de la Savoie... Parmi les
Savoyards, la plupart étaient au service de Jean-
sans-Peur; cependant, Périnet Sibert se trouvait
parmi les Armagnacs, puisque les princes d'Or-
léans, chefs de cette faction, adressaient le 14
juillet 1411, à la date même de la mort de Sibert,
un manifeste au peuple de Paris pour demander
vengeance du meurtre de leur père.
M. Mugnier lit la notice suivante :
Celse Morin, conseiller-clerc du Parlement
DE Chambéry.
La Court de Parlement établie à Chambéry
par le roi François P'', vers 1537, compta des
hommes d'une grande valeur scientifique et d'une
haute culture littéraire, tels que le premier pré-
sident Pélisson, le procureur général Tabouet,
l'avocat général Jean Thierrée, le conseiller-clerc
Jean de Boissonné, etc., appelés à Chambéry,
comme à l'annexion de ISGO, un peu de tous les
côtes de la France. Si l'on doit rendre hommage
à leur science, il n'en est pas de même pour leur
caractère. Le procès du premier président et du
procureur général, Reymond Pélisson et Julien
Tabouet, fut l'une des causes célèbres du xvi'^ siè-
cle ; elle occupa les Parlements de Grenoble, de
LXXI
Dijon et de Paris. Après Papon (1), MM. de Lacui-
sine (2) et Eugène Burnier (3) en ont raconté les
pliases diverses : la victoire, remportée d'abord
par Tabouet, puis la revanche éclatante, obtenue
par Pélisson.
Parmi les magistrats inculpés l'on rencontre un
ecclésiastique, le conseiller-clerc Celse Morin qui
fut relaxé après une simple réprimande (1550).
Ce magistrat, que M. Burnier dit être né àCliam-
béry, était en réalité originaire d'Autun, ainsi que
le prouve l'inscription gravée sur un bénitier de
pierre qu'il fit placer dans son prieuré de Conta-
mine en Faucigny :
CeLSO * MORINEO * I HeDVENSI * HUI^* | CON-
VENTVS* PrE * I FECTO * 1551 * M X.
[Placé] par Celse Morin, éduen (autunois)
préfet de ce couvent, 1551 (4).
Celse Morin avait été nommé conseiller au Par-
lement de Chambéry^ le 21 juin 1542; il siégea
pour la première fois le 20 février 1543. (Registre
des entrées de la Cour.)
La réprimande dont il fut l'objet en 1550 ne
lui porta pas grand préjudice, car l'année suivante
(1) Recueil d'arrêts mémorables des Cours souveraines
de France.
(2) Histoire du Parlement de Dijon.
(3) Histoire du Sénat de Savoie, t. I", p. 165 et suiv.
(4) Le Père F. Bouchage; Le Prieuré de Contamine-
sur-Arve, p. 74.
LXXII
il réussit à se faire pourvoir du prieuré béné-
dictin de Contamine. Le Père Boucliage place
sa nomination à l'année 1550; nous pensons qu'elle
doit être un peu postérieure , puisque le prieur
commendataire précédent, le cardinal-évêque Ro-
bert de Lenoncourt, nommé par bulles de Jules III,
du 1^'" mars 1549, avait, pris possession le 2 mars
1550 (1). On doit bien croire que le cardinal garda
le bénéfice durant quelques mois avant que Celse
Morin s'en saisit. « Dieu sait par quels moyens il
obtint le prieuré ! » , s'écrie l'austère rédempto-
riste; vraisemblablement en l'achetant du titulaire
qui en avait à revendre. Le bénitier fut un don de
joyeux avènement.
C'est aussi de 1551 ou 1552 qu'il faut dater la
pièce suivante. C'est une patente par laquelle le
prieur de Contamine, en qualité de seigneur de
Gex (paroisse de Samoëns en Faucigny), pourvoit
M"" François Borgoen, de l'office de châtelain de
cette seigneurie.
Celse Morin humble prieur de nre dame de Concta-
mine et seigneur de Gey conseiller du [roy en sa court]
de parlement de Chambery scavoir faisons que nous
constant des bonne vie meurs conversation fidélité expe-
[rience... de] m° Francoys Borgoen, icellui avons pro-
veu de l'office de chastelain et juge au dit lieu de
(1) Ibid.^ p. 73. II faut même, sans doute, avancer ces
dates d'un an^ puisque la chancellerie romaine ne commen-
çait l'année qu'au 25 mars.
LXXIII
Gey et en to[ut le] ressort du dit lieu pour par luy en
jouir tant qu il nous plaira en l'absence ou empesche-
ment de mons^' M [...] nostre juge ordinaire et stipendie
demeurant a la bonne ville, estre procède aux expéditions
de justice et al[tres] mesment criminelz esquels convient
user de grande célérité et diligence. Et pour ce faire
estre tousiours [...]. A la charge que aux sentences de
torture et deffinitive il sera tenu participe de conseil
avec le dit seig[neur...J et aultres en tel nombre qu'il
est requis par l'ordonnance. Et avons proveu le dit Bor-
goen des dits estatz a charge de ne commectre aucune
concussion composition ou aultre connivence ou dissi-
mulation a justice, etc.
Celso Morin, conseiller au Parlement, prieur
de Contamine, seigneur de Gey, possédait en
outre une maison à Chambéry, au nord et tout
près du couvent des Antonins ; et, alors que la
demeure de tant d'hommes qui ont illustré la
capitale de la Savoie par leurs talents ou leurs
vertus est restée inconnue, celle de Morin, grâce
à son goût pour les inscriptions lapidaires, pourra
se reconnaître encore longtemps.
La façade, sans doute alors dégagée et ayant
une certaine perspective, se voit aujourd'hui au
fond d'une allée étroite do la rue St-Antoine (1).
Les constructions postérieures au seizième siècle
en ont masqué la plus grande partie et n'ont laissé
(1) Au n"' 13. M. Burnier l'indique comme étant au n" 11.
Il est possible que depuis l'époque où il a écrit, 1 edilitô ait
ajouté un numéro à la rue.
LXXIV
à découvert que la portion édifiée par Celse Morin
en belles pierres de taille et où il a fait graver son
nom : Celsus Morineus me Posvit , avec des
ornements bizarres : sphères en relief, creux,
tétraèdres, etc. (Voir la planche) (1).
Cette maison était située dans Vallée de l'Epée
et tout près de la célèbre auberge de ce nom. Elle
avait d'abord appartenu à Aimard Oddinet, puis
à son fils, Jacques Oddinet, qui la vendit à Celse
Morin. Le conseiller eut, en 1559, nn procès avec
la Ville, parce qu'il voulait tenir close l'allée ou
raeite que les syndics prétendaient, au contraire,
être une voie publique.
Le duc Emmanuel-Philibert étant rentré dans
ses Etats cette même année 1559, le Parlement
cessa d'exister et fut remplacé par le Sénat de
Savoie. Quelques anciens magistrats y trouvèrent
place, mais il n'en fut pas ainsi pour Celse Mo-
rin. C'est pour cela sans doute qu'il vendit sa
maison. Le Président du nouveau Corps, Cathe-
rin Pobel (2), qui l'acheta, acquit en même temps
le procès. Les pièces de l'enquête prescrite par le
(1) La fenêtre éclaire actuellement un escalier intérieur de
l'hôtel du marquis Costa do Beauregard.
(2) Durant quelque temps, le Sénat de Savoie tint ses
séances dans la maison du Président. Elle fut achetée plus
tard do ses héritiers par Antoine Favre lorqu'il était simple
sénateur à ChambéI^^ Il l'habita de nouveau quand il y
revint en qualité de premier président.
A Ouij
Maison de Celse Morin à Chambéry
LXXV
Sénat, afin de déterminer quel était le véritable ca-
ractère de Vallée de l'Epée, sont encore aux archi-
ves de l'Hôtel- de-Ville de Chambéry ; nous en
détachons, parmi les nombreuses dépositions de
témoins, celle qui nous a paru la plus complète.
15 avril 1560.
Déposition de Pierre Munier, chapuis (charpentier),
âgé de 72 ans, de Saint-Cassin :
Dit qu'il y a environ 60 ans qu'il a commencé de
cognolstre la maison en laquelle nagueres soloit habi-
ter le conseiller Morin lors qu'il estoit en la présente
ville, laquelle maison estoit auparavant au s^" Aymard
Odinet, et, en après de luy, de Jaques Odinet son fils,
lequel la vendit au sieur conseiller Morin et en laquelle
a présent habite monsi' le président Pobel ; qu'au susdit
temps de 60 ans il a sceu et veu une ruette laquelle
estoit audevant de la rue St-Antoine de la présente ville
et aultres ruettes tendant aux molins de la cita et de
la aux aultres grandes rues publiques et estoit la dite
ruette commune a ung chacung comme les aultres rues
publiques de la dite ville, car par icelle on passoit à toutes
heures tant a pied que a cheval ainsi que voulloit sans
empêchement ny contradiction quelconques, et avoit
forme d'une ruette publique fréquentée à toutes heures
par tous ceux qui vouloient traverser de un à aultre
comme il scait pour y avoir passé souvent denpuis le
temps de 60 ans depuis lequel nya gueres sepmaines
qu'il n'y aye este en cette ville, le tout jusques a ce que
le dit sieur conseiller Morin a fait bocher et clore le dit
passage, sont passes six ou huictans, et sur icelluy pas-
sage et ruette a fait cdiflier le portai de sa dite maison
LXXV [
en Testât qu'il est a présent. . . et il n'y a plus moyen,
causant le dit édifice, de passer et traverser par la dite
rue au grand scandai le et préiudice de la communauté
et république de la dite ville.
Signé : Trouuxouz, commissaire.
La conduite que le conseiller-clerc avait tenue à
Chambéry et dans son prieuré était loin d'être édi-
fiante. Il donna un grand scandale en vivant avec
la femme de Louis des Clets, seigneur deLabitieu,
qu'il avait enlevée à son mari et qu'il emmenait
à Contamine lorsqu'il lui plaisait d'y exercer ses
fonctions ecclésiatiques.
Pour subvenir aux dépenses d'entretien de sa
maîtresse et de leur fils, il s'abstenait, dit le prieur
claustral Antoine Vidol dans une requête au
Sénat, de distribuer aux pauvres les aumônes que
le prieuré leur devait et en convertissait les fonds
« à son privé et particulier profit ».
Non seulement ce singulier personnage ne crai-
gnait pas de se rendre à Genève, soumise alors à la
domination despotique de Calvin et « d'y manger
chair le vendredi en sa chambre, de porter avec
ses compagnons des armes prohibées comme pis-
tolets, arquebuses et longs bois », il faisait encore
asseoir la dame des Clets sur son propre siège â
l'église et lui envoyait le coussin de l'autel pour
qu'elle le plaçât sous ses genoux (1).
(1) E. Burnier; Hist. du Sénat de Saooic, t. I, p. 369
à 371, 637, 638.
LXXVII
Une telle manière de vivre n'avait pas empêché
le Parlement de le désigner pour enquêter sur la
doctrine et les mœurs des Franciscains de Cham-
béry (1). Aussi, pensons-nous que si Celse Morin
ne fut pas nommé sénateur à la restauration d'Em-
manuel-Pliilibert, c'est parce qu'il subit le sort
commun à tous les magistrats français du Par-
lement, dont pas un ne fit {)artie du Sénat, sauf le
président Louis Oddinet de Montfort qui était
Savoyard. Les autres rentrèrent dans leur pays.
Les renseignements fournis par M. Burnier sur
Celse Morin, à ce sujet, sont assez incohérents.
Après avoir dit (p. 379) « que le duc de Savoie
eut soin de l'écarter de la nouvelle cour, car les
sénateurs ne l'eussent point admis dans leurs
rangs, il ajoute que Celse Morin se souvint Cju'il
était prêtre et alla s'établir dans son prieuré de
Contamine » . Cependant, à la page suivante, il
raconte que l'ex-conseiller n'avait pas attendu
qu'une assignation l'appelât au Palais pour se
défendre contre les accusations du prieur claus-
tral : « Depuis longtemps ses précautions étaient
prises, dit-il, il avait vendu sa maison de Cham-
béry et émigré en France (p. 370) ».
En définitive, il est possible que la première de
ces deux hypothèses soit la vraie, c'est-à-dire que
Celse se fût retiré au prieuré de Contamine qui,
dépendant de l'apanage de Jacques de Savoie,
(I) E. Burnikr; Histoire du Sénat de Savoie, images 590
à 592.
LXXVIII
duc de Nemours et comte de Genevois, pouvait,
par tolérance, être considéré comme n'étant pas
soumis aux arrêts du Sénat de Clmmbéry. Dans
ce cas, il y aurait supporté sans trop de gène la
condamnation à trois ans de bannissement et à
500 livres d'amende qui fut prononcée contre lui
en 1560 ou 1561.
A la page 13 de sa savante monographie du
prieuré de Contamine-sur-Arve, le père Bouchage
déclare qu'il n'a rien pu déterminer au sujet du
prieur qui doit être placé entre Rodolphe P'' et
Rodolphe IL II ne sait pas si ce prieur resté
inconnu serait ce Pierre dont Besson parle à la
page 156 de ses Mémoires ecclésiastiques des
diocèses de GenèvCj etc. Nous pouvons combler
cette lacune, grâce à une charte publiée, en 1875,
par M. Ulysse Chevalier, dans >on ouvrage inti-
tulé : Diplomatique de Bourgogne, de Pierre de
Riva:^ ; pièces annexes, p. 81.
DONATIO PRIORIS DE CaNTAMINA DECANO DE SaLANCHIA
120 1.
•ZAXAiSHôdONPViMiHO^aaoev
IN Domine sancte & individue Trinitatis, amen. Notum
sit omnibus hominibus tam presentibus quam futuris,
quoniara prior Umbertus de Contamina, natus deToriz,
donationem fecit ia Wuilermum decanum de Salangia
& in Aimonem filium ejus zelo caritatis studio pietalis,
scilicet oranes redditus ecclesiarum de Salangia & de
ecclesia Domessiaci & quecumque ad eas pertinent, ex-
LXXIX
cepto jure capellanie. Hoc donum fuit factum in claus-
tro Contamine, laudante saniori & meliori parte tocius
sui capituli & nullo contradicente, et laudante Nfantel-
mol Gebennensi episcopo & laudante domino A[nrico]
de Fuciniaco advocato predictarum ecclesiarum, pro C.
solidis & decem illius monete que lune temporis erat,
k pro uno modio frumenti & pro uno avene singulis an-
nis reddendis, & pro cibo preparando euntibus ad utili-
tatem predicte domus ut clericis quamdiu aller illorum
viveret. Et dominus A. promisit pactum & donationem
hinc Inde inrefragabiliter manu tenere. Testes hujus
pagine fuerunt : domuus Anricus, Berardus monacus,
Quono Contamine sacrista, Rodulfus monacus de lap-
leisiz, Giraudus monacus, Unbertus nepos prioris, Gi-
raudus capellanus de Contamina, Vuilermus villicus de
Salangia. Domnus Anricus jussit sub suo edicto ut qui-
cumque hanc scripturam deinceps attentare vel infrin-
gere voluerit, graviter corporaliter & civiliter puniatur.
Hec carta fuit facta in ecolesia Beati Jacobi de Salangia,
multis bonis viris videntibus, nullo contradicente, & eam
dictavitsollemniter domnus Rodulfus de Roseriaex pre-
cepto utraque parte, anno M. bis C. uno, ab Incarna-
lione Domini, régnante F[rederico] imperatore semper
augusto féliciter.
Il résulte de cette donation, faite par le prieur
de Contamine à Guillaume, doyen de Sallanclies,
que le successeur de Rodolphe P'' était, en 1201,
Humhert , né de Toriz (?) ; que le prieuré avait
pour sacristain Cono, et qu'au nombre des moines
l'on comptait encore Bérard, Rodolphe, Giraud,
Amaldric et Humbert, le neveu ou le petit-lils
(nepos) du prieur.
LXXX
La charte qui précède a une importance assez
grande, puisqu'il semble résulter de ces mots :
« laudante A[nrico] de Fuciniaco, advocato pre-
dictarum ecclesiaruin », que Henri, sire de Fau-
cigny, dont on place la mort vers 1197, vivait en-
core en 1201 après Flncarnation, 25 mars.
Le même membre fait la communication sui-
vante :
En parcourant le Syllabus scriptorum Pede-
montii de l'abbé André Rossotti, de Mondovi (1)
récemment acquis par la Bibliothèque publique
de Chambéry , nous y avons rencontré trois let-
tres assez importantes cju'il nous a paru utile de
publier dans le Bulletin de la Société, parce qu'elles
sont restées inconnues aux écrivains qui auraient
pu en faire emploi ou simplement les mention-
ner (2).
Les deux premières sont relatives à la mise en
liberté de Philippe d'Aglié, l'ami, le confident,
sinon plus encore, de la duchesse de Savoie, Ma-
rie-Christine de France, sœur de Louis XIII et
veuve du duc Victor-Amédée P'". On sait que la
résistance patriotique de Philippe d'Aglié aux
exi^rences de Richelieu avait été la cause de
'D^
(1) Syllabus scriptorum Pcdeinontii, par D. André Ros-
sotti, ln-4^ Monteregali (Montréal, Mondooi). Fr. M. Gis-
landi, mdclxvii.
(2) M. Gaudenzio Claretta, l'auteur de Storia délia Recj-
LXXXI
l'enlèvement du seigneur piëmontais et de son
internement au château de Vincennes. Le tout-
puissant cardinal mourut le 4 décembre 1G42 ;
Philippe fut mis en liberté le 15 janvier suivant,
grâce surtout aux sollicitations de Mazarin qui
commençait à devenir influent. Cependant Phi-
lippe d'Aglié fut retenu en France jusqu'après la
mort de Louis XIII, survenue le 14 mai 1643 ; c'est
à l'occasion de son retour auprès de la duchesse
que la reine Anne d'Autriche, qui avait aussi le
cœur sensible, et que Gaston d'Orléans, félicitent
leur sœur et belle-sœur de la liberté complète
accordée à son serviteur dévoué.
La troisième lettre contient l'avis donné par
Colbert à un médecin piémontais, François Vil-
lotti, de Mondovi, de la concession qui lui est
faite d'une pension par Louis XIV. Le médecin,
que parfois, dans les Lettres de Colbert (1), on
indique, à tort, comme Savoyard, avait dédié à
Mazarin, à l'occasion de sa guérison d'une grave
maladie, un livre intitulé : Morbosœ Europœ sa-
nitas instaurata, la santé de l'Europe malade ré-
gensa di Christina di Francia, duchessa di Savoj'a,
Turin, 1869; et nos collègaes MM. Dufour et F. Rabut, dans le
Père Monod et le cardinal de Richelieu, ne font aucune
allusion à ces deux lettres qui, d'ailleurs^ ne rentraient pas
directement dans le sujet des deux derniers auteurs.
(1) Voir PiERRK Clément, Lettres, instructions et mé-
moires de Colbert, V, p. xciii, 468, 470, 471, 628, 634, 640.
6
Lxxxn
tablie. Lo ministre fut sensible à la flatterie et la
pension fut accordée.
I.
Madame ma sœur,
Je n'ay pas eu moins de ioye de l'entière liberté que
leurs Maieslez ont donnée au comte Philippes, que ie ay
eu de douleur, et déplaisir, lorsque ie sceus que sans
aucune meure délibération, mais par l'animosité et pas-
sion particulière du cardinal de Ricliplieu, il avoit esté
arresté prisonnier. Geste procédure si extraordinaire
contre une personne innocente et ou votre autorité avoit
esté si blessée fut trouvée tellement estrange que incon-
tinent après la mort du dit Cardinal, le feu Roy Mon-
seigneur, et Frère ayant esté mieux informé de la sin-
cérité de ses intentions, le tira du Bois de Vincennes :
mais comme ce n'estoit pas assez pour la iustification
d'un Gentil Homme de son mérite, levons asseure que
ce m'a esté un suiet de satisfaction très sensible de ce
que leurs Maiestez luy ont permis de s'en retourner et
luy ont donné moyen de faire paroistre atout le Monde
qu'elle à tousiours este la fidélité de ses services, après
luy avoir donné ceste marque de leur estime. J'en ay une
si particulière pour luy, que i'ay désiré vous en rendre
ce lesmoignage, vous asseurant tousiours, que ie suis
de tout mon cœur,
Madame ma sœur,
vostre humble Frère
Gaston.
a Paris ce 14 Juillet 1G43.
(RossoTTi, p. 503).
LXXXIU
IL
Ma sœur,
Je ne doibs point, ce me semble, entrer à iustifier ce
qui a esté fait du passé ny a blasmer les actions qui ont
esté autorisées au nom du Roy Monseigneur. le en ay
veu qui m^ont percé le cœur, et luy avant que de mou-
rir a bien fait connoistre par sa conduite qu'il en avoit
toUerees quelquesunes qu'il n'avoit pas approuvez. De
reietter maintenant la faute sur ceux, ausquels il avoit
sa confiance, i'en fait difficulté pour ne blesser en quel-
que sorte la mémoire d'un si gran Roy. Il fut persuadé
que le bien de son service et le repos de la Maison de
Savoye dont il desiroit la reunion, l'obligeoient a se sai-
sir de la personne du comte Philippes ; il y a consentit
et l'ayant en ses mains, le fit traitter avec tant de dou-
ceur, qu'il en estoit aiysé à connoistre qu'il n'avoit point
de suiet at luy faire aucun mal, et qu'il en senloit d'a-
voir blessé la souveraineté d'une sœur qui luy estoit si
chère que vous : ilfut esclaircy des raisons qu'on avoit
alléguées, et ne les ayant pas approuvées, il lujjpendît la
liberté, voulut pourtant qu'il demeurât epKsa cour : or
n'ayant sceu quitter le désir de vous aller rendre ses
services, i'ay consenty à son dessein 'que i'ay trouvé
d'autant plus raisonnable, que sa conduite en prison et
en liberté ont donné à connoistre qu'il n'avoit iamais
manqué de respect, ny de fidélité ; si celle qu'il a eue
pour vous, ne vous le rendoit recommandable ie vous
prierois de l'avoir en considération ; mais c'est, ce me
semble, blesser ou vostre iugement, ou sa conduite que
d'entrer en ces termes. Pourtant sur l'asseurance qu'il
m'a donné de persévérer en son devoir envers vous, et
mon Neveu, et de demeurer lié au service de la France,
comme un suiet d'un Prince, qui m'est si cher, que
LXXXIV
vostre Fils Je peut, et le doit estre ; ie ne craindray point
de vous dire, que ie seray bien ayse, qu'il reçoive de
vostre bonté la protection dont vous honnorez vous fi-
dels subiets, et serviteurs, et qu'il ressentira tousiours de
la mienne Royale. Je suis
vostre bien bonne sœur
à Paris, ce 3 d'Aoust 1648. Annk
(RossoTTi, p. 502). (plus bas) de loinenie.
III.
Monsieur,
Les gratifications que le Roy continue de l'aire aux
Personnes des lettres d'un mérite extraordinaire m'of-
frant de temps a autre l'occasion de vous écrire, ie serois
bien fasché de la laisser escliaper sans me doner ceste
satisfaction. Comme ie scayl'estat que feu Monseigneur
le Cardinal Mazarin faisoit de vous ouvrages, et que ie
en connois encore le prix par eux mômes, ie ne puis
qu'avec beaucoup de contentement exécuter les bonnes
intentions de Sa Maiesté en vostre endroit, et ie me re-
iouis de voir la Place que vostre vertu et vostre scavoir
vous ont acquise dans sa bienveillance. Ce seront ces
mesmes qualitez qui vous en conserveront la possession
et bien que vous n'en puissiez pas désirer de meilleurs
tiltres ny de plus asseuré, ie ne laisseray pas néanmoins
de chercher tousiours avec soin le moyen de vous faire
connoistre que ie suis
Monsieur,
Vostre très humble, et très alïectioné serviteur
COLBERT.
Paris le 27 Aoust 1065.
(RossoTTi, p. 231).
LXXXV
« Le sieur Villiotto, savoyard bien versé dans
la médecine et les humanités », reçut une pen-
sion de GOO livres en 1664, 1665, 1666 et 1667.
C'était l'académicien Chapelain qui était chargé
par Colbert de correspondre avec les savants
étrangers, d'examiner leurs ouvrages et de pro-
poser les gratifications à leur accorder. Villiotto
avait composé en latin une Histoire abrégée du
Roy (Louis XIII) dans laquelle il mesurait l'éloge
à Mazarin. « Outre la faiblesse et Tinélégance de
son style, dit Chapelain, cette attribution presque
entière qu'il y a fait à la feue reyne mère (Anne
d'Autriche (1) de la conduite de l'Estat dans des
temps si difficiles, m'a semblé une chose cho-
quante et d'un homme ou très mal informé ou
mal disposé pour la mémoire de son bienfaiteur
et pour la satisfaction d'une personne comme vous
qui l'avez fait honorer des faveurs royales par la
seule considération des bons sentiments que sa
feue Eminence avait pour luy (2). »
Ailleurs , on manifeste le désir que Villiotto
traduise en italien son histoire de la Régence
d'Anne d'Autriche. Villiotto a dû toucher la gra-
tification de 600 livres environ huit ans.
(1) Morte le 20 janvier 16GG.
(2) Lettre de Chapelain à Colbert du 0 juin 1008 ; Lettres
et instructions, page 638.
LXXXVI
Séance du 7 mai 1893.
(Présidence de M. Mugnier.)
Le procès-verbal de la séance précédente est lu
et adopté.
Sur la présentation de MM. Mugnier et Michel
(Reymond), M. Charles Dufayard, docteur es let-
tres, professeur d'histoire au Lycée Hoche, à
Versailles, est reçu membre effectif de la Société.
M. Michel offre, au nom de notre nouveau col-
lègue, ses deux ouvrages : De Claudii Seissellii
vita et operihuSj in-S", 105 pages ; Le Connétable
de Lesdiguières, Paris, 1892, 614 pages. Ce sont
la thèse latine et la thèse française présentées par
M. Dufayard pour le doctorat es lettres et soute-
nues par lui avec un grand succès. Des remer-
ciements et de vives félicitations sont adressés à
notre compatriote, ancien prix d'honneur du Ly-
cée de Chambéry et ancien élève de l'Ecole nor-
male supérieure.
Le même membre remet un billet de la loterie
de la Généralité de Hollande de 1727. « N°9092,
devise pro Stephano et Joseph, dont l'original
est entre les mains de MM. les frères Cazenove,
d'Amsterdam ». Cette pièce est plutôt le reçu
d'un premier à, compte, de 6 livres 10 sols, sur la
somme totale de 26 livres que le billet entier de-
vait coûter. Il est signé par Gédéon Fournoy
et O^ , de Genève, qui étaient les intermédiaires
de la loterie de Hollande avec la Suisse et la Sa-
LXXXVII
J_f ^\. .A .A. V 11
voie. Le billet provient d'un procureur d'Annecy
au siècle dernier.
M. Mugnier présente un ordonnance de Guil-
laume Balland, docteur m utroque jure, conseil-
ler et sénateur au Sénat de Savoie, du 24 mars
1567, rendue dans un procès entre n. Georges de
Charanzonnai, seigneur de ce lieu, et Jean de la
Balme, seigneur de Ramasses. Guillaume Balland
avait été nommé commissaire du procès par paten-
tes de S. A. Marguerite de France, duchesse de
Savoie, lieutenante et gouvernante générale des
Etats d'Emmanuel-Philibert. Bien que toute la
procédure fût rédigée en français, car on rappelle
dans l'ordonnance les mémoires présentés par les
avocats des parties Genand, Dufour, Robert, et
commençant par ces mots : ne se trouvera^, etc ;
posé sans préjudice, etc. ; ce qui a esté, etc.j bien
que l'ordonnance elle-même eût été prononcée
en français aux parties à l'audience, le séna-
teur-commissaire et le greffier Dubernon crurent
devoir la traduire en latin, pour la meilleure in-
telligence du rapport : extractum ordinantie d.
de Balland, iraductum ex idiomaie gallico in
latinum ad maiorem inielligentiam rellationis.
Les légistes et praticiens avaient conservé du
temps de leurs études dans les Universités étran-
gères, où l'on parlait presque exclusivement latin,
l'habitude de penser et d'écrire en cette langue
qui leur était plus commode que le français, puis-
Lxxxvni
qu'alors tous les traités de droit étaient en latin.
On sait cependant que l'ordonnance de Villers-
Cotterets, par laquelle François I*"" prescrivit l'u-
sage de la langue française dans les actes publics
fut appliquée en Savoie en même temps qu'en
France, et qu'à la restauration d'Eniraanuel-Plii-
libert cette prescription fut renouvelée.
Dans son Histoire du Sénat de Savoie, t. P'",
p. 7, M. Eugène Burnier place au 19 janvier 1581
la nomination de Guillaume Balland en qualité de
Sénateur ; notre document prouve que cette no-
mination doit être reportée au moins quinze ans
en arrière, à l'année 1566.
Le même membre signale l'importance pour
l'histoire d'Amédée IV, comte de Savoie (1233-
1253), de deux chartes relatives à son second ma-
riage, qui font partie des archives départemen-
tales de Toulouse et qui ont été publiées dans les
Layettes du Trésor des Chartes (1).
Guichenon, dans son Histoire généalogique de
la Maison de Savoie, t. I""", p. 272, place à l'année
1222 le mariage d'Amédée, fils aine du comte de
Savoie, Thomas P'', avec Anne, fille d'André,
J)auphin, comte de Viennois. En décembre 1244
Amédée IV épousa en secondes noces Céci7e, fille de
Barrai F', seigneur de Baux en Provence, appelée
(1) Un exemplaire de cette publication se trouve à la Bi-
bliothèque publique de Chambéry.
LaXXIX
Passe-Rose à raison de sa beauté. Au tome IV,
p. 71, il publie le procès-verbal de ce mariage
contracté le 13 décembre (1) dans la chapelle de
la Bienheureuse Marie à Orange, par Humbertde
Seyssel, en qualité de procureur du comte de Sa-
voie. M. Dominique Carutti, dans ses Regesia co-
mitum Sabaudiœ, p. 255, indique encore, à la date
du 24 du même mois, une reconnaissance sous-
crite par Amédée IV à Barrai de Baux de l'assigna-
tion de dot faite par lui à la mariée. Mais nos di-
vers écrivains n'ayant pas signalé les documents
des archives de Toulouse, bien que Guichenon
semble avoir connu le premier (note marginale à
la page 272 du tome l" ), il nous a paru utile de
les rapporter ici.
La dot de Cécile devait être fournie par son
oncle, Raymond VII, comte de Toulouse. Amé-
dée IV accrédite en conséquence une mission au-
près de lui pour la débattre et la fixer. La pre-
mière pièce contient le mandat donné à cet effet,
à Charabérv, le 25 octobre 1244, à Adhémar de
Bressieux (2) Humbert de Seyssel et Aymon de
Compeis. Viennent ensuite une lettre datée d'Ec-
con (?) le 28 août et paraissant confier plus parti-
culièrement à Aymon de Compeis le pouvoir de
(1) Ajino Incarnationis M.CC.XLIV et XV calendas
lanuaril, par conséquent le 18 décembre 1244. Au tome I",
p. 272, Guichenon place, par inadvertance, le mariage au
mois de janvier 1244.
(2) Bressieux ; flef à 1.500 mètres N. de Cliambéry.
xc
traiter, puis le contrat de mariage par lequel le
comte de Toulouse promet à sa nièce une dot de
0,000 livres viennoises payables par fractions de
mille livres, d'année en année.
Les trois envoyés savoyards sont escortés d'un
secrétaire du duc de Savoie, Jacobus sci^iptor do-
mini comitis Sabaudiœ, afin d'être bien certains
que le contrat ne contiendrait pas d'autres clau-
ses que celles convenues ; il y a encore avec eux
les seigneurs Hugues de Mouxy, Hugues de Ma-
let, W. de BoUo et Pierre de Clermont (1).
La seconde charte (Layettes, t. III, p. 118) est
une lettre d'Amédée IV, du 9 mars 1251 ? aux
exécuteurs testamentaires de Raymond VII dé-
cédé, le 27 septembre 1249, sans avoir payé tous
les termes échus de la dot de la comtesse Cécile.
Il leur rappelle que, l'année précédente, il leur a
envoyé le prieur d'Hautecombe avec un secrétaire
pour leur réclamer 3,700 livres dues encore sur
la dot de sa femme, et qu'il a été étonné que mal-
gré le serment du comte Raymond et celui qu'eux-
(l) Mouxij, ancienne famille de Savoie; commune du
canton d'Aix-les-Bains ; Malet, famille du Bugoy; W. de
Dnilo, ce nom répond h celui de du Boulon, très répandu
en Chablais et en Faucigny ; P. de Clermont ; il y a tant de
Clermont qu'on ne peut rien affirmer au sujet de la natio-
lité de ce seigneur. La jîaroisse et le château de Clermont,
à trois lieues N. de Rumilly, faisaient alors partie du comté
de Genevois, où, à cette opoque, l'autorité d'Amédée IV et
de ses frères, Pierre et Philippe, était prépondérante.
XCI
mêmes ont prêté, d'acquitter ses dettes, ils n'en
aient rien fait. La dette est échue depuis long-
temps, écrit-il, et ils avaient promis de payer à la
Saint-Michel précédente. Ils ne voudront pas que
l'àme de l'illustre comte soit, pour une si petite
somme, chargée d'un parjure.
I.
Pactiones conjugales matrimonii contrahendi
inter Amedeum, comitem Sabaudie et Ceciliam
de Bauz, neptera comitis Tolosani. (I. 310. —
Toulouse, V, n° 23. Original scellé).
ABC. DEF. GJK.
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti.
Amen. — Notum sit omnibus quod nobiles
viri, videlicet, dominus Ademarus dominus
Breixiaci (1), dominus Umbertus de Saissello et
dominus Aymo de Compeis, nuncii destinati ab
illustri viro domino Amedeo, comité Sabaudie et
in Italia marchione, ad tractandum de matri-
monio contrahendo inter eumdem dominum
Amedeum et dominam Ceciliam, neptem illustris
viri domini R[aimundi], comitis Tolosani, filiam
nobilis viri Baralli del Bauz, litteras ejusdem
domini comitis Sabaudie patentes déférentes,
(1) Dans son index alphabétique, M. Teulet traduit domi-
nus Breixiaci par comte de Brescia, en Lombardie. C'est
évidemment une erreur qui, d'ailleurs, n'existe pas au texte.
XCII
[eas] in presencia prefati domini comitis Tolosani
et venerabilis patris domini R[aimundi] episcopi
Tolosani ostenderunt, quaruni ténor taliserat :
Notum sit omnibus quod nos Amedeus cornes Sa-
baudie et in Italia marchio, juramento prestito, promit-
limus ratum et firmum liabere in perpetuum quidquid
factum fnerit seu ordinatum aliquo modo per dilcctos
nostros et fidèles, videlicet Ademarum dominum
Bi'eixiaci et dominum Ubertum de Saissello viros vene-
rabiles et discretos, super matrimonio celebrando inter
nos ex una parte et neptem nobilis viri et discreti do-
mini comitis Tolosani, filiam domini Barraudi del
Bauz, ex altéra, et quidquid fecerint seu promiserint,
super eo matrimonio, facere totum sub eodem jura-
mento promittimus nos habere, tenere firmiter et obser-
vare et nunquam contra venire. Actum est hoc apud
Chamberiacum m» 00° xLinio indictione secunda, die
martis ante festura Omnium Sauctorum (id est die
XXV octobris).
Illustrissimo viro et amico karrissimo R. Dei gratta
comiti Tolosano et marchioni Provincie, Amedeus co-
rnes Sabaudie eadem gratia et marchio in Italia, sa-
lutem et paratam ad sua beneplacita voluntatem. — Do-
mi nationi vestre tenore presencium declaramus quod
ea que dilectus et fidelis noster dominus Aymo de Com-
peisio super matrimonio filie domini Barraudi del Bauz
ex parte nostra vobis dixerit, ac si vobis ore tenus dice-
rcmus firmiter crcdatis, promittontes bona lido quidquid
vobis dixerit, super dicto matrimonio locuturus inviola-
biliter observari et omnia firmitate (sic) attendentes.
Datumapud Eccon (?), dominica post festum Beati Bar-
lliolomei [id est die XXVIII augusti).
XCIII
Qui bus litteris inspectis et diligenter intellectis
et habito maturo et diligenti tractatu super pre-
dicto matrimonio faciendo, predicti nuncii do-
mini comitis Sabaudie sollempniter promiserunt :
que le comte de Savoie épousera Cécile de
Baux; le comte de Toulouse promet à sa nièce
six mille livres viennoises de dot payables
mille livres lorsque le mariage sera contracté et
le surplus à raison de mille livres chacune des
années suivantes : il donne diverses cautions en
la personne de prélats etde seigneurs toulousains.
Les envoyés de Savoie promettent à la future
un augment de mille marcs d'argent ; le tout, dot
et augment, est affecté sur Chambéry et Mont-
mélian. Pour la restitution de la dot et de Vaug-
ment, on suivra la coutume de Savoie.
Serment du comte de Toulouse et des envoyés
d'accomplir fidèlement ces conventions. Les en-
voyés scelleront l'acte de leurs sceaux et de celui
du comte de Savoiequ'ils ont apporté dans ce but.
Acta fuerunt hec apud Tolosam in Castro Nar-
bonensi ubi fuerunt testes vocati et rogati : vene-
rabilis pater R. episcopus Tolosanus, A. vice co-
rnes Narbone, R. prepositus Tolose, Coquardus
Alamandi, G. archidiaconus Villelonge, Poncius
de Villanova, dominus Hugo de Maxiaco {\),
Hugo Maleti, dominus \V. de BoUo, dominus
Petrus de CJaromonte et plures alii.
(1) Il faut lire de Moxiaco ou Mouxiaco, de Mouxy.
XCIV
Et ego Jacobus scriptor clomini comitis Sabau-
die liiis omnibus presens interfui et bas présentes
litteras per alphabetum divisas, anno domini
M°cc° xLiiii° X kalendas decerabris {22 nouembré)
indictiono secunda de mandato partium scripsi et
tradidi féliciter. (Il n'est resté à l'acte que le
sceau du comte de Toulouse).
II
[1251.] 9 mars.
Litteiw Amedcei, comitis Sahaudicc^ episcopo Tolo-
sano, Raimundo Gaucelmi et Sicardo (1) Alamanni,
quitus eos rogat ut de reliqua dote uxoris suce sibi
solvenda studeant.
(J. 310. — Toulouse, V, \r 39. — Original scellé.)
Reverendo in Cliristo patri ac Domino, Dei provi-
dencia episcopo Tholosano, atque viris nobilibus amicis
suiskarissimis, domino Rey[mundo] Gaucelmi domino
Lunelli, ac domino Sicardo Alamandi, Amedeus, 'cornes
Sabaudie et in Italia marchio, saliuem et paratam ad
eorum beneplacita et mandata voluntatem. Cum nos,
sicut vestra benignilas alque benignitas [sic), ut credi-
mus, non innorant, per religiosum virum dilectum
noslrum priorem de Alta-Comba (1) et per scriptorem
nostrum vobis in anno nuper preterito direxerimus
scripta nostra, ut nobis, per eosdem nuncios tria mi lia
vnc L, I., quas nobis debebat illustris vir dominus comes
Tholosanus bone memorie, et quas nobis, tactis Euvan-
geliis, pro dote neptis sue, uxoris nostre, promiscrat
(1) A la charte précédente on lit Coquardus Alamanni ;
ici, Sicardus, no faudrait-il pas Rlcardus.
(2) Burcliard, prieur de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.
xcv
bona fide efficaciter soluturas (sic) tramiltere curaretis,
cum vos, pro dicto comité Tholosano, nobis exstiterilis
fidejussores et principales, persacramenlum a vobis cor-
poraliter prestitum, et sitis etiam executores ipsius co-
mitis testamenti ; verum nobis per dictos nuncios nos-
tros nobis litteratorie intimastis quod vos vestrum
bonum ac certum nuntium, cum responsione plenaria et
décente, infra festum beati Michaelis nuper preteritum,
ad uostram presentiam mitteretis, quod nundum curavis-
tis facere : de quo non modicum admiramur. Quapropter
nos, coacti super hoc, iterato vobis duximus rescriben-
dum quatinus, sicut nobis, in dicta summa pecunie, per
sacramentum ex parte dicti comitis tenemini, et ipsius
domini comitis anima obligatur nobis similiter et tenetur,
tractare efficaciter debeatis ut dicta summa pecunie nobis
in proximoin integrum persolvatur ; et, ne ipsius pecu-
nie solutio ampiius de cetero differatur, cum solutionis
terminus, sicut scitis, jam diu est, sit elapsus, non de-
betis enimvero, ut nobis videtur élucide, pati ullatinus
quod tam illuslris viri anima, sicut domini comitis
Tholosani, pro tantilla summa pecunie de perjurio obli-
getur, nec vos valeatis similiter de perjurio repreliendi ;
hoc etiam taliter facientes quod vobis ccdat ad honorem
non modicum et nobis ad commodum et profectum, et
ut vobis teneamur ad gratiarum multimodas actiones,et
quicquid inde facere voluerilis, nobis per latorem pre-
sencium rescribatis. — Datum vno idus martii, indic-
tione viHia. (Layettes III, p. 118).
Nous signalons encore, aux tomes II et III des
Layettes, diverses pièces intéressantes pour l'his-
toire de la Maison de Savoie au xiii^ siècle :
— Testament nuncupatij de Reyniond Béren-
XCVI
(jer IV, comte de Provence et de Forcalqidei^ ;
Sisteron, 20 juin 1238 ; t. II, 378b ^ 382 (1).
— Renonciation de Jeanne, comtesse de Flan-
dre et de Hainantj à tout mariage avec Simon
de Montfort ; 12 avril 1237 ; pièce en français, II,
p. 356 ^ .
— Sentence des évêques de Laon, de Langres
et de Noyon sur la forme de l'hommage que
prêteront à Louis IX, roi de France, Thomas
de Savoie et sa femme, Jeanne, comtesse de
Flandre; Compiègne, décembre 1237 ; II, p. 355.
— Thomas de Savoie, comte de Flandre et de
Hainant et sa femme font connaître les condi-
tions auxquelles leur hommage au roi de France
a été prêté', Compiègne, décembre 1237; II,
p. 536. Cet acte est suivi de très nombreux actes
de sûreté donnés par les seigneurs flamands en
garantie de l'hommage de Thomas et de Jeanne.
— Testament de Jeanne de Flandre, épouse
de Thomas de Savoie; dimanche 4 décembre
1244 (2).
(1) Reymond Bôrenger ne mourut que le 19 août 124(5, à
Aix en Provence. Voir à ce sujet nos Savoyards en Angle-
terre, p. 59 à 62 et le ch. VII.
(2) Jeanne êtail âgée de 49 ans lorsqu'elle épousa en se-
condes noces Thomas de Savoie ; elle mourut le 5 décembre
4244. Voir les Sacot/ards en Angleterre, p. 24-25, 57 et
passiin. — Voir aussi dans Monument/k Histori.e Patri/e,
Chartarum, I, col. 1360-64, une bulle d'Innocent IV du 3
des noues de décembre 1243, confirmant la donation d'une
XCVII
— Lettres de Simon de Mont fort et de Pierre
de Savoie sur la prorogation de la trêve entre
Henri III, roi d'Angleterre, et Louis IX, roi de
France ; Paris^ juin 1255.
— Traité de paix entre Louis IX et Henri III;
ratification par Simon de Mont for tj comte de
Leiceste/', Pierre de Savoie et Hugues Le Bigod,
procureurs du, roi d' Angleterre ; Paris, mardi
28 mai 1258. Ce traité fut mis en garde à Paris
dans le Temple sous le sceau d'Eude Rigaud,
arclievêque de Rouen et de Raoul (Rodolphe I
Grossi), archevêque de Tarentaise ; III, p. 411 à
413'' (1).
— Lettres des mômes ambassade ws^ à Henri III,
28 et 29 mai, l^'" juin 1254, III, p. 413»^ et 415»^ .
— Ratification du traité par les prélats et ba-
rons d' Angleterre. Londres, 13 octobre 1259 ; III,
page 450.
Le premier nommé dans cet acte est l'arclievé-
que Boniface de Savoie, frère d'Amédée IV, de
Thomas et de Pierre de Savoie : « nos Boneface,
arcevesque de Cantorbire, primaz de tote Angle-
terre ». Pierre de Savoie est le dixième (sur
seize); III, page 490.
rente annuelle de 6,000 livres faite par Jeanne en faveur de
Thomas de Savoie, son mad, du consentement de sa sœur^
Marguerite de Dampierre.
(1) Voir aussi à cet égard Les Savoyards en Angleterre,
ch. VI.
7
XCVIII
— Hoinniage-Urje cV Henri III, toi rV Angle-
terre à Louis IX; Paris, 4 décembre 1259; III,
p. 497'' . L'hommage est prêté en présence de...
[Rodolphe] archevêque de Tarentaise en Savoie
et de Pierre de Savoie.
Séance du 4 juin 1893.
(Présidence de M. Mugnier.J
Le procès-verbal de la séance précédente est
lu et adopté.
MM. Charles Pépin, capitaine d'artillerie bre-
veté, à Grenoble, — Félix Perpéchon, bibliothé-
taire de la ville de Chambéry — et André Caralp,
avoué près la Cour d'appel, sont élus membres
effectifs de la Société.
M. Marie-Girod annonce la découverte de
trois squelettes, de grande stature et paraissant
très anciens, faite récemment dans la vigne de
M. RuUier, à Villaret, immédiatement au-dessous
de l'ancien chà'teau de Monterminod (commune
de Saint-Alban près Chambéry); — h rapprocher
d'une découverte du même genre faite dans la
vigne des Hospices, à Monterminod, signalée au
tome XXIX des Mémoires do la Société, page
XXVIII.
Dans la séance du 20 juillet 1890 (tome XXIX),
M. Jean Martin-Franklin a envoyé le relevé de
l'inscription qui se trouvait sur la pierre tombale
XCIX
du duc de la Tremoiiille, rua des premiers émi-
grés français, mort à Ciiambéry, et inhumé dans
l'église de Sainte-Marie-Egyptienne, M. Marie-
Girod donne lecture aujourd'hui de l'acte de décès
de ce personnage, extrait de l'Obituaire de Sainte-
Marie-Egyptienne :
« Le 19' may 1792 est mort et le 21 a été eossépulturé
à neuf heures du matin dans le tombeau des ancettres
du seigneur marquis d'Arvillard dans l'église de Sainte
Marie Egyptienne très haut et très puissant seigneur
Jean Breta2:ne Charles Godefrov de la Trimouille duc
et pair de France mareschal des camps et armées du
Roy chevalier de l'ordre royal et miUfairo de Saint
Louis, âgé d'environ »
Pour compléter la publication des actes de dé-
cès des émigrés français morts à Chambéry et
ensevelis dans l'église de Sainte-Marie-Egyp-
tienne, de 1789 à 1792, M. Marie-Girod présente
encore les actes suivants :
(( Le dix sept novembre 1790 est mort dans l'hôpital
dit hôtel- dieu et le vingt du susdit mois a esté trans-
porté à deux heures et demy après raidy dans l'Eglise
de Sainte Marie l^'.giplienne ou il a esté enssepulturé,
Révérend Marie Hp.nry Noble du Bois de Myret, natif
de Strasbourg curé de Barbonval dans le diocèse de
Soissons âgé d'environ trente ans lequel estoit fils de
Noble Louis du Bois desnoyer ancien militaire cheva-
lier de Saint Louis, plusieurs ecclésiastiques du diocèse
de Chambéry ont accompagné le cadavre depuis l'hôtel-
dieu jusqu'à l'Eglise de Sainte Marie Egiptienne. »
(( Signé Le chanoine Collard. »
« Le douze décembre mil sept cent quatre vingt et
dix est mort à Chambery et le treize a esté enssepulturé
à onze heures et demy du matin dans l'Eglise de Sainte
Marie Egiptienne le très haut et très puissant seigneur
Monseigneur Nicolas François Jules, comte de la tour
d' Auvergne, Chevalier Lieutenant gênerai des Armés
du Roy de France, Lieutenant gênerai des provinces
d'Anjou, Saumur et Saumure (sic), seigneur de Vei-
mars, Massac, La Margueride, Créqui, Seins, Fres-
seins et autres lieux né à Paris rue Tournon paroisse de
Saint-Sulpice âgé d'environ soixante dix ans. »
(( Le Chne COLLARD. ))
(( Le vingt cinq octobre mil sept cent quatre vingt et
onze est mort et le vingt six a esté enssepulturé dans
l'Eglise de Sainte Marie Egiptienne devant la chapelle
de Saint Antoine de padoûe précisément à coté de la
grosse pierre qui est au pied de la susdite chapelle du
côté de l'Epitre le Seigneur Paul Auguste Darnaud
de VittrollCj conseiller au parlement d'Aix, fils de No-
ble Jules François Alphonse Darnaud de Vittrolle aussi
conseiller dans le même parlement âgé d'environ cin-
quante quatre ans. »
« Le Ch'i-^ CoLLARD. »
« Le dix novembre 1791 est décédée et le onze a
estée inhumée dans l'Eglise de Sainte Marie Egiptienne
à deux heures et demy après midi au pied du marche-
pied de l'autel de Saint François soit chapelle du coté
de l'Evangile dame Josephte Jacquete Fardel, de Di-
jon en Bourgogne, épouse de Messire Pierre Anthelme
Passerat de la Chapelle, de chatillon de micaille (sic) en
Bugey vivant conseiller au parlement de Dijon. »
(( Le Ch'i^ CoLLARD. ))
CI
« Le 19s may 1792 est mort et le 20 a esté enssepul-
turé à sept heures après midy dans l'Eglise de Sainte
Marie Egiptienne Noble Jean François de Segneuret
Marquis de Cesseras Seigneur du dit lieu, diocèse de
Saint-Pons de tonniers. Agé d'environ soixante neuf
ans. » « Le chne Collard. »
M. Mugnier analyse la charte suivante ayant
f/our objet un contrat passé, le 19 juillet 1429,
entre l'abbé d'Abondance, Guillaume de Lugrin,
et Guillaume Bron ou Bronc, de Vacheresse,
homme du couvent (1).
19 juillet 1439
In Dei nomine amen. Anno a Christo nato cur-
rente millesimo quatercentesimo trigesimo nono, indic-
tione septima et decimo nono mensis julii. Per hoc
presens publicum instrumentum cunciis patefiat etma-
nifestum sit quod corara me notario publico subscripto
et testibus subscriptis ob hanc solam causam fuerit
personaliter et specialiter constitutus R'^^"'* in Christo
pater Dominus Guillelmus de Lugrin, Dei gratia et
sanctœ sedis apostolicœ abbas monasterii nostras do-
mina3 de abundantia, ordinis sancti Augustini, diœcesis
Gebennensis, tam suo nomine quam nomine totius sui
conventus in dicto monasterio ex una parte — et Guil-
lelmus Bron filius quondam Michaudi Bron du Fon-
tany parrochiœ de Vacheresses homo ex dicto monas-
terio et dominus abbas ex altéra (sic). Quiquidem R^^^^
dominus abbas sciens gratis et sponte motus de suis plene
(1) Nous avons supprimé les abréviations ; mais nous
avons laissé les barbarismes et les solécismes dont ]e notaire
de l'abbaye d'Abondance a émaillé son latin.
eu
juribus imbutus quam de illis antedicti sui monasterii
ut patefit, in ejus progressum tam presentem quam fulu
rum (ut ait) evidenter abbergat et in fundum omphy-
teosim perpetuam, dat, cedit, donat transfert, remitlit,
et perpetuo tam sao nomine quam dicti sui conventus
et successorum in diclo conventu professorum, et titulo
purœ, perpetuœ, perfectœ et irrevocabilis cessionis al-
bergamenti et id dicto Guillelmo Brou presenti, stipu-
lanli et pro se et suis successoribus universis recipienti,
sub homagio quo dictus Guillelmus Bron et alii de dicto
monasterio astrictus et dicto domino abbati, scilicet
unum molendinum, unam follam, unam sciam et unum
baptitorium. Qua3 dictus Guillelmus Bron et sui propriis
eorum expensis de novo curabunt construi in casalibus
silis in cursu aquas nigroo voccata3 la Dranse descen-
dentis es: montibus des Fontaines du Benaz (ouTenaz)
et de Darbon usque ad Sancti Martini passum in quo-
quidem aquarum decursu dictus Guillelmus Brou et
sui locum commodiorem et utilliorem convenient, scili-
cet a ponte dictas aquse nigrae quo petitur abundantia ex
loco de Vacheresses subtus usque ad certum nand voc-
catum le nand du Grassonay a fonte scilicet du Gras-
sonay ut taliter quod dictus Guillelmus uec sui turben-
tur per cursum rassiam (1) hominum communilatis du
Villard, sitam in dictis confinibus cum eorum lundis,
juribus, aquarum cursibus, ingressibus, egressibus,
eminentiis, preeminentis opportunis et dictorum tam
molendini quam folte, scia3 et baptitorij, appendiliis
universis et singulis, ad habendum, intrandum, tenen-
dum et pacifiée possidendum et per eumdem antedic-
lum Guillelmun et suos prcdictos exigendum, recupe-
randum et de fructibus ejusdem percipiendum ex
(1) Rassia, onna rais6e en patois; scie et scierie.
cm
eminaletis et emolumentis tam dictorum molcndini,
folla3, sciœ quam baptitorii et id perpetuo ad suum pro-
prium usagium et progressum convertendum. Quod
predictum albergamentum fit pro et mediante summa
viginti quattuor solidorum Gebenneasium de censu
annuali singulis annis per eundem Guillelmum et suos
perpetuo dicto R<io domino abbati et suis successoribus
solvenda in festo divi Andreaî apostoli in autumno,
mandans exinde et ordinans, volens et intendens dictus
pj^dus pus abbas tam suo nomine quam tolius sui monas-
terii etuniversi conventus inuri (?) idest liominibus suis
juridictionnariis parochi^e de Vacheresse solentibus
eorum legumina molere in certis veteribus molendinis
[dicti] monasterii existentibus in cursu dictseaquas nigras
apud pontem predictum appellatis molendinum centum
fontium, quo erigendo Guillelmus Bronc et sui aidifiea-
bunt dictes molendinum, follam, sciam et baptitorium
ut ibidem homines jinidictionnarii noslri de Vacheresse
ac eorum fuluri hercdes sint et debeant ex hoc in antea
futuris et suis temporibus venire et sint astricti eorum
legumina singula [etj omnia mollere in dicto molendino
eorum pannos fabricare in folla id est follare, ligna vero
sciare, denique canavos eorum singulos divertere et
gruere ac generaliter omnia alia ibidem facere sine al-
lioquovis mandato.
Promittentes dictïc partes quarum una intererit, sci-
licet dictus dominus abbas tam suo proprio nomine pre-
dicto quam nomine predicto per manum suam ad pectus
positam, ut moris est, religioso more, sub hypotheca
et obligalione omnium dicti monasterii bonorum et dic-
tus Guillelmus Bron pro se et suis suo juraraento corpo-
raliler prestito sui)er sacris Dei evangeliis sub hypo-
theca generali et obligatione suorum quorumcumquo
CIV
bonorura presentium et fulurorum habere omnia su-
prascripta grata, firma et stabilia et valida etinde eadem
servare, tenere, complere et inviolabiliter perpétue
observare nec ire nec venire contrarium facere per
ipsum seu per aliam interpositam personam nec per os
nec per opus, nec per consensum, directe nec indirecte
tam in judicio quam extra, quomodocumque sit et per
dictum dominum abbatem bene et 'decenter manutere,
debrigare et guerenlire suis propriis expensis in omni
defendere iudicio et extra in quoscumque (sic) res dicti
Guillelmo Bronc ut supra albergatas et per eundera
Guillelmum Bronc in futurum edificare debere dictos
molendinum, follam, sciam et baptitorium et bene an-
nualiter in futurum solvere perpétue dictos viginti qua-
tuor solidos de censu annuali in termino supra decla-
rato quorainus dicta molendinum, folla, scia, et bapti-
torium edificabuntur prout et suj^ra declaratum est.
Renuntiantes insuper etiam dictas partes in quantum
suo interest pro se et suis et nominibus supradictis
juramentis suis corporaliter prestilis sine omni dolo, vi,
metu nec facti voce, res supradictas et omne id scrip-
tum ac ut scripta3 sunt et non aliter in jure pro quo
relevatur, maiori pro minore si ledatur in hoc contractu
seu conventioue ac aliis omnibus juribus canonicis et
civilibus scriptis aut non scriptis consuetudinibus ac
omnibus aliis exceptionibus et mediis quibus ire, venire
ac facere potere in contrarium rei supradictas ac omni
juredicenti gencralem renuntiationem non valere nisi
specialitas ei précédât. — Volentes insuper dictœ partes
fieri duo publica instrumenta unius substantif ad opus
cuiuslibet ac tcnoris.
Acta fuere premissa in loco publico a Maresche in
liorto predicti R^^ Patris in Christo abbatis, adstantibus
cv
ibidem R'i's Dois Joanne Bernardo Bona dicti monas-
terii canonico et cnrato, Petro Grison etiam curato dicti
monasterii, Petro Combaz, Joanne Besson, Joanne
Mermed (sic) Bovier, Anthonio ac Andréa Cler, Ja-
cobo Gullien, Petro GuUien, Nicodo Lueret, Falleo-
nardo (sic) du Cou[stoa?] et Joanne Gerdil omnibus
parrochise de Vacheresse, testibus sumptis et vocatis.
Et me Berthet Soneij (ou Soveij, ou Doucii) ex
abundantia diocesis gebenensis, aucthoritate imperiali
uotario publico et jurato aulico nostri illustrissimi prin-
cipis Amedei ducis Sabaudias dum fuerat cornes fui
presens cum premissis testibus, dum presens tractatus
fieret et illum recepi uti débite requisitus, quem tamen
per alium notarium grossare iussi in fide dignum. Et
id vi aucthoritatis judicialiter mibi exbibitse, occupatus
alijs negotiis, mea tamen propria manu subscripsi cum
solito etiam meo sigillo in robur et testimonium verita-
tis omnium premissorum.
Ut autem presens publioum instrumentum maiorem
observet vim et valorem nos Guillelmus de Lugrin
abbas suprascriptus jussimus imponi et noslrum ma-
gnum sigillum quo in tallibus utimur, et ita est.
Signet du notaire : une espèce de croix de Malte en
diagonale dans un encadrement léger surmonté d'une
autre croix de Malte plus petite.
CVI
Le même membre lit le document suivant:
Election d'Anne de Saint-Thomas
Abbesse de Sainte-Claire, à Moùtiers.
12 novembre 1710.
Nous F. Jean Franc. Charroct docteur en Sainte-
Théologie et premier ex-provincial de la province de St
Bonaventure des Mineurs conventuels de S»- François,
commissaire provincial par patente du 27 octobre 170G,
signé Fr. Charles Rossel, provincial et commissaire
général , pour présider à l'élection d'une nouvelle
abbesse permanente au monastère de Sainte Claire de
Moustier, ladite abbaïe étant vaccante par la mort de
R'is dame sœur ylnne de S aint- Thomas arnvée \e 16
septembre de la dite année, à laquelle élection nous
aurions procédé, après avoir donné les termes canoni-
ques, suivant les reigles et constitutions de l'ordre, après
avoir célébré la messe du S^-Esprit, nous aurions as-
semblé toutes les dames professes et vocales du dit mo-
nastère de S''^ Claire, au son de la cloche dans le lieu
accoutumé de leurs assemblées et après les prières et
cérémonies en pareil cas, elles auroient procédé à ladite
éleclion par billiets et suffrages secrets et auroient nom-
mées pour abbesse permanente R"^*^ Dame Si'Christine de
Lesûheraines, religieuse du même ordre au monastère de
Chambéry, laquelle de quatorze voix qui composoicnt
tout le chapitre, elle en auroit eu douze en sa faveur,
ensuite de quoy nous l'aurions fait proclamer et déclarer
abbesse permanente au dit monastère de S^^ Claire de
Moustier quoique absente.
CVIl
En foy de quoy nous avons signé avec notre Secré-
taire et les dites Dames de Moustier, ce dix novembre
mil sept cents et dix.
Signé : Fr. Charroct commissaire. Sceau sur cire
rouge. Dans l'écu est un lion tourné à gauche avec
une étoile de chaque côté de la tête. L'écu est surmonté
d'un casque à visière fermée.
Signé encore : S^' Françoise Figuet, Si^ Charlotte-
Thérèse Gaud, Si' Gasparde de Galle, S^ Marianne Gui-
gouis, Si'Gabrielle Carron, S^' Marie-Cécile de Maison,
Si" Angélique Ferley, S'' Marianne Varambon. S'" Marie-
Christine de Ruphin, S»' Marie Guiller, S^ Morel, S''
Reyne Goybet, S"" Marie André et f. A Oudeard, se-
crétaire.
Sceau du couvent^ sur cire rouge : ovale, d'environ 2
centimètres 1/2 de haut. Légende : ... VSTERH.
1636. Ste Claire debout portant des deux mains l'hostie
dans un reliquaire.
Séance du S juillet 1893.
(Présidence de M. Mugnier.)
Après lecture, le procès-verbal de la séance
précédente est adopté.
Sur la présentation de MM. Marie-Girod et
Mugnier, M. le baron Hunibert d'Alexandry d'O-
rengiani, de Cliarabéry, est reçu membre effectif
de la Société.
M. Lathoud, secrétaire, donne lecture d'une cir-
culaire de M. le Ministre de l'Instruction publi-
que et des Beaux-Arts fixant au 27 mars pro-
CVIII
chain la réunion du Congrès des Sociétés savan-
tes de 1894, ainsi que du programme des questions
à traiter et des travaux de ce Congrès. Le prési-
dent attire l'attention des Sociétaires sur la né-
cessité d'adresser au Ministère, avant le 30 jan-
vier 1894, les manuscrits des lectures qu'ils ont
l'intention de faire au Congrès. Le Secrétaire si-
gnale l'envoi fait par le Ministère d'un nouveau
volume de la Correspondance de Peiresc.
Le Secrétaire lit encore une lettre de M. le
Maire de Chambéry faisant connaître à la Société
que le Conseil municipal de cette ville a, dans sa
délibération du 19 juin dernier, autorisé le comité
de la Bibliothèque populaire circulante à prendre
possession des ouvrages de cette bibliothèque dont
le dépôt avait été confié à la Société d'histoire
par une délibération en date du 8 mars 1878.
Le Président annonce qu'ensuite de cette lettre,
remise a été faite des ouvrages dont il s'y agit.
Il informe la réunion de la réception de di-
verses publications de la Société d'histoire et
d'antiquités de Bâle, notamment de l'important
ouvrage de M. Jean Bernouilli, Acta Pontijicam
Helveticaj in-4° de 534 pp.
La réunion vote la réimpression^ au tome
XXXII de ses Mémoires et Documents, du petit
poème de Claude-Etienne Nouvellet, Les Divi-
jiailles, par les soins de M. Girod, et la publica-
CIX
tion, par M. Mugnier, d'une généalogie de la fa-
mille de Montfort en Genevois et Franche-Comté.
A propos de Nouvellet qui fut curé de Rumilly
pendant quelques années au commencement du
XVII'' siècle^ M. Mugnier signale un acte reçu le
12 juin 1601, à Rumilly, par le notaire Gaillard,
portant que messire Claude-Etienne Nouvellet,
pourvu du bénéfice de Rumilly, ayant représenté
aux syndics qu'il n'avait aucune habitation déter-
minée et qu'il lui en fallait une, le Conseil pour
éviter les frais de reconstruction de la vieille cure,
acquit de messire Jean Viret, curé de Marcellaz,
pour le prix de 1.200 florins, une maison et un
jardin situés au lieu où a été construit le couvent
de la Visitation, et où se trouve aujourd'hui le
nouveau collège.
M. Eugène Grasset lit quelques pages d'une
étude historique et critique sur Joseph de Mais-
tre, qu'il est sur le point d'achever.
M. Mugnier présente diverses patentes de con-
seiller et sénateur du Sénat de Savoie concer-
nant François Crassus, Guillaume de Blanche-
ville, Albert Favier et François de Bertrand de
Chamousset.
I.
Patentes de Sénateur pour François Crassus.
lei" mai 1584. — (Parchemin).
CHARLES -EMANUEL (en hautes lettres d'or)
par la grâce de Dieu duc de Savoye Chablais Aousle et
ex
Genevois, prince et vicaire perpétuel du Saint-Empire
romain, marquis en Itallie ; prince de Piémont, comte
do Genève, Baugé, Romont, Nice, baron de Vaud, Gex
et Faucigny, seigneur de Bresse, etc. — A tous ceux
qui ces présentes verront, salul. Savoir faisons que voul-
lant à loisir pourvoir en Testât de conseiller et sénateur
de nostre Sénat de Savoye vacant pour le trcspas de feu
nre très cher bien amé et féal conseiller destat l'esleu
d'Aux(l)etestanta plain informédes prudliomie, doctri-
ne, expérience, diligence et aultres bonnes et louables qua-
lités estans en la personne de nostre très cher bien amé et
féal François Crassus, de Saint-Rambert, docteur es
droicts et des zèle et affection qu'il a tousiours eu a nos-
tre service ayant aussi esgard a la nomination qui de luy
nous a esté faicte pour le dict estât par les gens de nos-
tre dit Sénat (2). Pour ces causes et anllres considérations
a ce nous mou vans Avons de notre propre mouvement,
certaine science, plaine puissance et auctorité, icelluy
Crassus créé, constitué et député, créons, constituons et
députons par ces présentes pour nostre conseiller et sé-
nateur au dit Sénat pour le dict estât doresnavant tenir
et exercer aux honneurs, prérogatives, préeminance,
droits, prouffits etc. — Aux gages que a part luy seront
establys a la charge de prester au Sénat le serment en
tel cas requis et accoustumé. Si donnons en mandement
a nos treschers bien aracs et féaux conseillers les gens
tenant notre dit Sénat. . . tenir le dit Crassus pour con-
(1) Messlre Claude Milliet, abbé élu de l'abbaye d'Aulps.
(2) François Crassus, avocat h Chambéry, avait été jiré-
scnté par le Sénat en première ligne le 22 mars 1581 et par
dix voix sur trente-neuf.
CXI
sailler ot sénateur susdit le faisant et laissant jouir plei-
nement et paisiblement des honneurs, prérogatives et
aultres choses susdites. Car ainsi nous plait.
Donné à Turin le premier jour de may mil cinq cents
huitante quattre.
Signé : C Emanuel Vu : Milliet. Lacreste.
II.
Patentes de sénateur pour Guillaume
DE BlANCHEVILLE.
. . . 1628 ( Parchemin (1).
Charles Emanuel.,. comme en la distribution des
[emplois]... mesmementenceus delà Justice nous avons
tousiours soigneusement observé de choisir personnages
non seulement... mais aussi bien naiz f ôie^ nésj et de
[bonne vie...] afin que nos subiects [obtiennent la justice]
que nous leur désirons sur toutes autres choses.
Estant aujourd'hui vacquante une place de Sénateur
en nostre Sénat de Savoie par le décès de feu s^" Sarte-
rio (Salteur), Voulant aussi... d'un magistrat les qua-
litez requises et faicte. .. qui nous ont esté représenté de
nostre cher bien amé et féal noble Guillaume de Blan-
cheville de nostre ville de la bi... lequel par le progrès
de plusieurs années qu'il a fréquenté le barau en nostre
dit Sénat a donné des preuves de son savoir, et... au
moyen de quoy pouvant espérer qu'il sera capable de
l'exercice de telle charge, Nous avons icelluy choysi,
constitué et depputé et par ces présentes, de nostre cer-
taine science, pleine puissance et authorité souveraine,
choysissons, constituons et députons nostre conseiller et
(1) Cette pièce a été fort endommagée par l'humidité.
exil
sénateur au dit Sénat de Savoye au lieu et place du dit
Sartorio (1)... aux gages de 312 ducatons de liuictante
sols par tous les ans a la charge qu'il prestera le serment
en tel cas requis el accoustumé... (ordonne... que ses
gages lui soient payés par noble Bernardin Novarin,
trésorier général)... car ainsy nous plait.
Donné a Thurin le.... 1618.
Grand sceau de cire rouge, dans une boîte de cuivre,
avec la légende : Carolus Emanuel D. G. dvx Sa-
BAv. Chab. et Avg. comes astae.
III.
Patentes de quatrième Président au Sénat de
Savoie pour Guillaume de Blanciieville.
15 août 1643 (Sur papier).
CIIRESTIENNE DE FRANCE PAR LA
GRACE DE DIEU
Duchesse de Savoye, Reine de Chypre, Mère tutrice
de S. A. R. Charles Emanuel par la grâce de Dieu,
duc de Savoie, Chablais, etc. Régente de ses Etats,
etc. S'il est vrai comme il n'y a nul double que les Prin-
ces dans la distribution des charges de justice et autres
fassent particulièrement considération non seulement à
la naissance et autres qualités des personnes mais cn-
cores aux services qu'elles rendent, ceux que nous à
(I) Il s'agit probablement de Jacques Salteur qui avait été
nomme sénateur le 3 mars 1608. La nomination de Guillaume
de Blanchevillc, en qualité de sénateur, a été omise dans le
tableau dressé par M. Eugène Burnier^ Histoire du Sentit
de Sacoic, I, p. G et suivantes.
CXIII
rendu noble Guillaume de Blanchevllle des environs
vingt cinq ans (1) dans la charge de sénateur au Sénat de
Savoie en laquelle il a donné toute sorte de satisfaction
tant aux prédécesseurs de S. A. R. Monsieur mon fils
qu'a nous comme encores ceux très considérables ren-
dus par le baron de Blanclieville son frère dans touttes
les occasions de guerre arrivées despuis environ trente
cinq ans en ça ou il a aussy donne des preuves très cer-
taines par son courage et prudente conduitte de l'affection
qu'il a tousiours eu au service de cette Royalle couronne,
nous convient a luy en tesmoigner le souvenir que nous
luy en avons conserve et a le promouvoir en la charge
de quattriesme Président au Sénat de Savoie vaccante
par la promotion du Président Facier en celle de
treizième président au dict Sénat. Par ces causes et au-
res dignes considérations a ce nous mouvants, par ces
présentes signées de nostre main, de nostre science cer-
taine, plaine puissance et authorité souveraine, avec
l'assistance des SS^^es Princes Maurice et François To-
mas nos beaux frères et par l'advis du Conseil séant
près nostre personne, nous avons créé estably... ledit
noble Guillaume de Blanclieville quattriesme président'
au dict Sénat de Savoie... aux gages ordinaires lesquels
nous voulons lui estre payez par nostre trésorier gênerai
noble Pierre Champrouz... Car ainsy nous plaict.
Données à Rivolles le 15 aoust 1643.
Signé Chrestienne. Va Piscina, Va Castagnero, V»
Granerij.Soltdimid"! Piscina. Per amico (2) Perachioz.
(1) Ces mots indiquent bien qu'il avait été nommé séna-
teur en 1618.
(2) Le sieur Peracliioz étant Vami du nouveau président
lui fait cadeau des droits qu'il aurait pu percevoir.
8
CXIV
Livre '?( lire ? ) cinquanta una , sol. dodici ; Vaud,
agente. — R^^facorf pour six cent vingt deux ducatons,
à vingt blancs pièce, de gage, toute détraction faite des
droits de trésorerie. — (Grand sceau ducal en placard.)
IV.
Patentes de Président au Sénat pour François
DE ChAMOUSSET, après LE DÉCÈS DU PRÉSIDENT
G. DE Blancheville.
17 janvier 1647.
CHRESTIENNE DE FRANGE, par la grâce de
Dieu, duchesse de Savoye, princesse de Piémont, reine
de Chypre, mère et tutrissede ser^e Gharles Emanuel,
etc., et régente de ses états La probité, le zèle et
la capacité que nous avons espreuvé en la personne de
nostre 1res cher bien amé et féal noble François de Ber-
trand^ s'' de Chamosset, conseiller d'estat de S. A. R.
Monsieur mon fils^ référendaire et maistre de requestes
de Savoie dans les fonctions qu'il exerce auprès de nous
à nostre satisfaction nous obligeant de le destiner à de
plus importants emplois nous avons jugé nécessaire
pour le service de S.A. R. et pour le nostre de l'ho-
norer d'une dignité plus relevée et d'autant que cesloit
l'intention de fù S. A. R. Monseigneur Victor Amé
de gl. mémoire de prendre les maistres des reques-
tes de Savoie dans le corps du Sénat de Savoye et
que les considérations du bien public nous obligent
d'appreuver cette pensée nous avions crû estre très
a propos de donner au dit sieur de Chamosset la
qualité de président au dit Sénat pendant quoy nous
avons été très vivement supplié par notre cher bien amé
cxv
et féal conseiller d'estat et président au Sénat de Savoye
Guillaume de Blancheville seigneur de Martliod, de
conférer }3ar survivance au dit sieur de Chamosset sa
charge de président au Sénat de Savoye consentant que
le dit référendaire de Chamosset en soit porveu des a
présent pour en jouir toutes fois plainemeut après son
deces, et voulant donner au dit président de Blanche-
ville des marques de l'affeclion et de la confiance que
nous avons pour luy et de la connoissance que nous
avons des services qu'il a rendu et rend continuellement
a S. A. R, etal'estatdans l'administration de la justice,
en quoy nous scavons combien ses soins sont utiles et
nécessaires au bien public et nostre intention estant de
l'obliger à les continuer dans la charge de président au
dit Sénat et de monstrer en même temps combien sou
mérite est estimé de nous et ses services agréables,
n'ayant pas aussy oublié la mémoire du deffunct baron
de Blancheville, son frère, et dont la vie aiant été une
perpétuelle suitte d'illustres actions de fidélité et de va-
leur a l'avantage de cette Royalle couronne s'est termi-
née glorieusement dans le lit dhonneur en combattant
contre les ennemis de cet estât, nous avons accorde très
volontiers aux considérations que nous avons pour le
défïunct et pour le zelle et les services du vivant, la
grâce que celui-ci nous a demandée et iogaant a ces
raisons celles sur lesquelles nous fondons nos bonnes
volontés en faveur du dit s^ de Chamosset nous avons
résolu de le pourvoir de la charge de président au Sénat
de Savoye pour l'employer en cette qualité au service
de S. A. R. Monsieur mon fils et après le décès du dit
s"" Président de Blancheville en la <;harge de quatrième
président, ce que nous faisons pour une grcâce spéciale
et pour des raisons singulières qui regardent non seule-
CXVI
ment les recommandations de ceux qui nous en ont prié,
mais principalement les qualités personnelles de celuy
a qui nous octroions cette charge et les desseins des
emplois particuliers auxquels nous le destinons pour le
bien du service de S. A. R. Monsieur mon fils, ne vou-
lont pas que cette concession que nous faisons pour une
fois tant seulement puisse estre tirée en conséquence.
Et partant à ces causes..., avec l'assistance de Messieurs
les princes Maurice et François Thomas, faisons, créons
le dit noble François de Bertrand, s'" de Chamosset,
pour conseiller d'estat et Président ordinaire et effectif
au dit Sénat de Savoye a la charge qu'il prestera
des a présent le serment accoustumé, et ce fait, nous
servira en la dite qualité de Président aux emplois qu'il
sera destiné pour le service de S. A. R., près de nous et
après le décès du dit sieur de Blancheville en ladite
charge de quatrième Président Car ainsy le requiert
le service de S, A. R. Monsieur mon fils et nous plait.
Donné à Turiu le 17e janvier 1647.
Signé Chrestienne. Contre-signe de S^-Thomas.
Visa Piscina; Vtsa Granerij. — Scellées du grand sceau.
Patentes de Sénateur pour M. Albert Favier.
10 mai 1675 (sur papier).
Charles- Emanuel (II), etc.
A tous ceux qui les présentes verront salut : se
trouvant une charge de sénateur vacante par l'établis-
sement du sénateur Cholet à celle de procureur général,
l'estime que nous faisons de notre très cher, bien amé
et féal Noble Albert Favier nous convie de l'en pour-
ex VII
voir tant en considération de sa naissance que particu-
lièrement pour les bonnes informations que nous avons
de son mérite et de son savoir comme aussy pour luy
donner lieu par là de nous témoigner à l'exemple de
ses aveux qui ont esté employés dans nos magistratures
de Savoye le même zèle et fidélité qu'ils ont toujours
fait parétre pour nostre service et celui du public. Pour
ces causes par ces patentes signées de notre
main, nous faisons, créons le dit sieur Albert
Favier, conseiller et sénateur au lieu et place du dit
procureur général Cliolet et au gage ordinaire
de trois cens dix ducatons de 20 blancs pièce et 4 sols
monnoye de Savoye, à l'année
Donné à Turin le dixième jour de may mil six cent
septante cinq.
Signé : C. Emanuel. — Visa Buschet, visa Granerij.
— Rovera. Gallinat.
P ? Livre cenlo sette e soldi sei. — Per Vaudagna,
Eymonet. '
Sceau ducal de cire rouge, rond, dans une boîte en
tôle et cuivre, retenue par deux cordons de soie, blanc
et rouge.
M. Mugnier lit encore la lettre suivante signa-
lant le passage à Chambé'ry de la fameuse reine
Christine de Suède.
On sait que la savante et fantasque souveraine
avait abdiqué en 1654, à l'âge de 28 ans, le trône
qu'elle occupait depuis sa sixième année. C'est
deux ans après qu'elle passa à Chambéry, proba-
blement vêtue en homme suivant son habitude.
CXVIII
Elle mourut à Rome en 1689 après s'être con-
vertie au catholicisme.
Notre document établit que le duc de Savoie
Charles-Emmanuel II lui fit un bon accueil dans
ses Etats.
A Monsieur de Mouxy, a Grésy.
Annessy, ce 4 octobre 1656.
Je viens de recevoir ordre de Mons. le premier Pré-
sident Commandant au gouvernement de Savoie por-
tant commandement de faire scavoir à toute la noblesse
de cette province que la reine de Suéde doit passer à
Chambery au premier jour et que l'intention de S. A. R,
est qu'elle soit receue avec tout l'appareil que requiert
la gloire de la maison Royalle de Savoye qui consiste
particulièrement en Testai de sa noblesse laquelle sa dite
Alt. R, désire qu'elle y paraisse avec le meilleur équi-
page qu'elle pourra et qu'incontinent cet ad vis receu elle
se rende a Chambery pour tesmoigner le zèle qu'un
chascnn a de suivre les intentions de sa dite Alt. R. —
Je vous en donne advis, Monsieur, pour obéir au Com-
mandement que j'en ai eu et pour vous asseurer que
je suis de tout mon cœur, — Mons"" — Vostre très hum-
ble et très obéissant serviteur.
Le juge maje de Genevois. J. C. du Monal.
CXIX
II
MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ mmiUM D'HISTOIRE et D'ARCHÉOLOGIE
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Composition du Bureau.
MM. Muguier François, président.
Rabut François, président honoraire.
Toubin Alfred, vice-président.
Michel Raymond.
LathoudPaul. ) secretan-es.
Perrot Jacques, trésorier.
Odru et Grasset, bibliothécaires. -
Commission de publication.
Le Bureau | MM. Revoil Alphonse,
de la Société. ) Comte Alexandre.
Commission pour la recherche des chartes
et documents historiques.
MM. Descostes François.
Janin Edouard.
Marie-Girod.
MM. Odru Laurent.
Rabut François.
Revoil Alphonse.
cxx
Membres honoraires.
MM.
Adriani, professeur d'histoire à l'Université de Turin.
Angelucci xVngelo, major d'artillerie, conservateur du Musée
d'artillerie à Turin.
AuBERTiN Charles, conservateur du Musée et secrétaire de
la Société d'histoire de la ville de Beaune (Côte-d'Or).
BoLLATi DE Saint-Pierre (le baron), surintendant des Ar-
chives piémontaises à Turin.
Constantin Aimé, publiciste à Annecy.
Daguet Alexandre, professeur à Fribourg (Suisse).
Delisle Léopold , membre de l'Institut, directeur-adminis-
trateur de la Bibliothèque nationale, etc.^ à Paris.
Deigerik, archiviste-professeur à l'Athénée d'Anvers.
Du Bois-Belly, publiciste à Genève.
Dupuis, président de la Soc. arch. de l'Orléanais, à Orléans.
FoLLiET André, député de la Haute-Savoie.
Garmek Joseph, secrétaire de la Société des antiquaires de
Picardie, à Amiens.
GuicHARD, avocat, à Cousance (Jura).
GuiLLERMiN Charles, ancien adjoint au Maire, à Cliambéry.
JussiEU (de), arcliiviste honoraire de la Savoie, à Chambérj.
Manno Antoine (le baron), membre de l'Académie des
sciences, etc., à Turin.
MoNTET Albert (de), publiciste à Vevey (Suisse).
Moreau Frédéric, à Saint-Quentin (Aisne).
Rabut François, professeur honoraire d'histoire h Dijon.
Hevillod Gustave, bibliopUile à, Genève.
RiTTER Eugène, doyen de la Faculté des Lettres à Genève.
Schefer Charles, membre de l'Institut de France, à Paris.
VuY (.Iules), avocat à Carouge (Suisse), vice-président de
l'Institut genevois.
CXXI
Membres effectifs.
MM.
Alexandry Humbert (le baron d') à Bissy.
AxGL.vYS Auguste (le baron), avocat à Chambéry.
Armand Jules, docteur en médecine à Albertville.
Arminjon Ernest, ancien cens, à la Cour d'ap. de Chambéry.
Babuty Louis, avocat à Saint-Julien.
Bal Joseph, négociant à Chambéry, conseiller général.
Bard Georges, avocat à Bonneville.
Baud Charles, notaire à Rumilly.
Beauregard Alexandre, percepteur en retraite à Aiguebelle.
Beauregard Paul, greffier du Tribunal d'Asti (Italie).
Bel Jean-Baptiste, avocat à Chambéry.
Berthet Louis, docteur en médecine à Albertville.
Bertin Arthur, architecte à Chambéry.
Blanc Félix, juge au tribunal civil de Chambéry.
Blanchard Claudius, greffier en chef de la Cour d'appel de
Chambéry.
Blanchard Jean-Marie, inspecteur des forêts à Chambéry.
BoGET Auguste, géomètre à Chambéry.
BoMBARD (l'abbé F.-J.), secrétaire de l'archevêché de Gar-
thage, à Tunis.
BoNNKviE, vérificateur spécial du cadastre au Ministère des
Finances.
BoNTRON (Mme), née Burnier-Fontanel à Reignier.
Bouvier Charles, notaire à Rumilly.
Bouvier Louis, suppléant dujuge de paix de Saillans (Drôme).
Brachet Léon, docteur en médecine à Aix-les-Bains.
Brachet Paul, avocat à Albertville.
Brun Auguste, avoué à Chambéry.
Burnier François^ avoué à Chambéry^
BuTTET Marc (le baron de), au Bourget-du-Lac.
Caralp André, avoué à la Cour d'appel de Chambéry.
Carbon Césaire, capitaine en retraite à Amiens.
CXXII
C ARRET Jules, ancien député de la Savoie, docteur en méde-
cine à Chambéry.
Chabert Alfred, médecin principal de Ire classe en retraite,
à Chambéry.
Chaberth Albert, à Chambéry.
Challier Pierre, avoué à la Cour d'appel de Chambéry.
Charvet Paul, président du Tribunal civil de Chambéry.
Chastel Joseph, Président du Tribunal civil de Bonneville.
Chiron François , chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu à
Chambéry.
Cléret Louis, conseiller à la Cour d'appel à Chambéry.
CoLLONGE Joseph, manufacturier à Saint-Etienne (Loire).
Comte Alexandre, juge au Tribunal civil de Chambéry.
Coquet Adolphe, architecte à Lyon.
Crochet Louis, avocat à Lyon.
CuRTELiN François, percepteur à Chamoux.
Davat Adrien, propriétaire à Aix-lcs-Bains.
Dénarié Victor, architecte à Chambéry.
Descostes François, avocat à Chambéry, ancien président
de l'Académie de Savoie.
Dessaix Antony, ancien archiviste à Chambéry.
DiDELOT , professeur agrégé à la Faculté de médecine et de
pharmacie à Lyon.
DoiMENGE Joseph, banquier à Chambéry.
Drivet Claudius, chef de gare à Narbonne (Aude).
DuBOiN Eloi, procureur général à Grenoble.
DuBOui.oz Jacques, Proc. de la République à Bonneville.
DuBOULOz Jean-Marie, à Thonon.
DucRET François, ancien avoué à la Cour d'ap. à Chambéry,
DuFAYARD Charles, docteur es lettres, profes. à Versailles.
Du.NOVER Antoine, propriétaire à Chambéry.
DuNOVER Camille, pharmacien à Rumilly.
DuRANDARD Antoine, avoué h Moùticrs.
DuvAL César, maire de Saint-Julien, député de la Hie-Savoie.
EvROT Joseph, professeur au lycée de Montpellier.
Falcoz Philibert, au Crédit lyonnais à Grenoble.
CXXIII
Favier du Noyer Max (le baron), à Chambéry.
FiNET Auguste, ancien avoué à Chambéry.
Fontaine Alfred, juge d'instruction au Tribunal de St-Julien.
FoREST Charles, sénateur de la Savoie à Chambéry.
FfiAissARD François, c"-greffier à la Cour d'ap. de Chambéry.
Gex Albert, avoué à la Cour d'appel de Chambéry.
GiROD-Marie, géom., agent tech. des hosp. civils de Chambéry.
GoLLiET Aimé, conseiller à la Cour d'appel de Paris.
GoTTELAND Abel, ingénieur en chef de la mission française à
Athènes (Grèce).
Grasset Eugène, avoué à la Cour d'appel de Chambéry.
Grosbert J.-M., avocat à Aix-les-Bains.
GuiGUEs, conducteur des ponts et chaussées à Montmélian.
GuiNARD, inspecteur général des Ponts et Chaussées à Paris.
GuYON Jules, bibliothécaire de l'Ac. chablaisienne à Thonon.
Hollande Dieudonné, docteur, professeur au Lycée, directeur
de l'Ecole prépar. à l'enseignement supérieur à Chambéry.
Janin Edouard, professeur d'histoire à l'école Turgot (Paris).
Jarre Alexis, conseiller à la Cour d'appel à Chambéry.
Lacarrière, conseiller de préfecture à Bordeaux.
Lajoue Constant, avoué à Chambéry.
Lathoud Paul, architecte à Chambéry.
LÉTANCHE Jean, secrétaire de la mairie à Yenne.
Levet Eugène, ancien élève de l'Ecole polytec, à Annecy.
Loche (le comte de), à Grésy-sur-Aix.
Longue Joseph, avoué au Tribunal civil de Chambéry.
Mailland Joseph (chanoine), docteur en théologie, aumônier
des hospices civils à Chambéry.
Mailland Pierre, notaire à Aix-les-Bains.
Marchand (l'abbé), curé dé Varembon (Ain).
Marcoz François, insj^ecteur-voyer d'arrondissement en re-
traite à Thonon.
Martin-Franklin J., ancien oflûcier d'artillerie à Chambéry.
Masse Jules, avocat à Grenoble.
Masson Etienne, tanneur, juge au Trib. de com. à Chambéry.
Ménard Claude-Paul, imprimeur, conseiller d'arrondisse-
ment à Chambéry .
CXXIV
Mkrcier Jules, avocat, conseiller général à Thonon.
Mkstrallkt Camille, percepteur à Chambéry.
Michel Amédée, fabr. d'horl., supp. du juge depaix àThônes.
Michel Raymond^ professeur au Lycée à Chambéry.
Milan François, conseiller général de la Savoie, à Chambéry.
Milan Jules, notaire à la Rochette.
MiQUET François , contrôleur principal des contributions
directes à Roanne.
MoLLARD Noël, employé de banque à Chambéry.
MoNESTÈs Gustave, banquier à Chambéry.
MoNROE, dit RoE, Charles, docteur en méd. à Aix-les-Bains,
maire de Bonne.
MoTTET Joseph, à Aix-les-Bains.
JIoTTET Léon, conseiller de préfecture à Grenoble.
MuGNiER François, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry.
Odru Laurent, vice-j)résident du Tribunal civil de Chambéry.
Parent Auguste, avoué à Chambéry.
Passy Jean, directeur de l'école d'horlogerie à Thônes.
Pateck Léon (le comte de), à Thonon.
Pepin Charles, capitaine d'artillerie breveté à Grenoble.
Perrier Antoine, député, maire, cons. général à Chambéry.
Perrier Charles, directeur de la C'e le Soleil^ h Chambéry.
Perrot Jacques, huissier à Chambéry.
PiccARD L.-E., à Monnetier-Mornex.
PiERRON Jean, receveur-économe à l'asile de Bassens.
Ptllet Louis, avocat à Chambéry, président de l'Académie
de Savoie.
Proust, notaire, conseiller général à Ugines.
Revil Joseph, pharmacien à Chambéry.
Revoil Alphonse, professeur au Lycée de Chambéry.
Rey Emile, ancien sous-préfet, à Chambéry.
Rey, Pierre , manufacturier à la Rochette.
Robesson Joseph, avocat à Chambéry.
Ror.HAT Félix, avoué à la Cour d'appel à Chambéry.
RoussY DE Sales (le comte Eugène de), ancien officier d'ar-
tillerie, à Thorens-Sales.
cxxv
Saillet Jean-Claude, conseiller général à Boëge.
Sevez Clément, président du Tribunal civil à Albertville.
Tardy Guillaume, géomètre en chef du cadastre à Chambéry.
TaveRx\ier llippolyte, doct. en droit, juge de paix à Taninge.
Thouens Philippe, maire de Thonon.
TouBiN Alfred, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry.
Tredicini de Saint-Séverin (le M's), à Ghambéry-le-Vieux.
Vallet Jean, sculpteur, professeur lion, de stéréotomie à
l'Ecole supérieure de Chambéry.
VÈME Charles, procureur de la République à Aubusson.
Veyrat François, propriétaire à Grésy-sur-Isère.
VicAT Paul, négociant à Paris.
CXXVI
Sociétés correspondantes.
Agen Société cent, d'agr., sciences et arts.
Aix (B.-flu-Rhône). . Académie des Sciences.
Amiens Société des antiquaires de Picardie.
Angoulême Société archéologique de la Charente.
Annecy Société floriniontane.
— Académie salésienne.
Anvers Académie de Belgique.
Auxerye Société des sciences historiques et
naturelles de l'Yonne.
Avignon Académie de Vaucluse.
Bâle Société d'histoire et d'antiquités.
Beaune Société d'histoire et d'archéologie.
Beauvais Société académique de l'Oise.
Belfort Société belf or taise .
Besançon Académie des sciences et arts.
Bordeaux Société d'archéologie.
Bourg Société d'émulation de l'Ain.
Brest Société académique.
Bruxelles Académie royale.
Chalon-sur-Saône . . Société d'histoire et d'archéologie.
Chambéry Académie des sciences, belles-lettres.
et arts de Savoie.
— Société centrale d'agriculture.
— Société d'histoire naturelle.
Châteaudun Société dunoise d'archéologie.
Calmar Société d'histoire naturelle.
Constantine Société archéologique.
Dax Société du Borda.
Dijon Académie des se., arts et belles-lettres.
— Commission des antiquités du dépar-
tement de la Côte-d'Or.
— Société bourg, de géogr. et d'histoire.
CXXVII
Louai Société d'agriciilfure, sciences et arts.
Fribourg (Suisse) . Société helvétique de St-Maurice.
Gap Société d'études des Hautes-Alpes.
Gênes Società ligure di storia patria.
Genève Société d'histoire et d'archéologie.
— Institut national genevois.
Grat: (Sii/rie). . . . Comité historique.
Grenoble Académie delphinale.
— Société de statistique de l'Isère.
— Comité de l'enseignement supérieur.
Havre (le) Société havraise d'études diverses.
Lausanne Société d'hist. de la Suisse romande.
Limoges Société archéologique du Limousin.
Lyo7i Académie des Sciences et Belles Lettres
— Société littéraire.
Mans (le) Académie des Sciences.
Marseille ...... Société de statistique.
Melun Société d'archéologie, sciences et arts
de Seine-et-Marne.
Montauba7i Société d'histoire et d'archéologie de
Tarn-et-Garonne.
Montbéliard Société d'émulation.
Montpellier Académie des Scienc. et Belles Lettres.
Moulins Société d'émulation de l'Allier.
Moûtiers Académie de la Val-d'Isèrc.
Nancy Société d'archéologie.
Nantes. ....... Société académique.
Narbonne Commission archéologique et littéraire
Nice Société des lettres, sciences et arts.
Nîmes Académie du Gard.
Orléans Société archéologique de l'Orléanais.
Ottawa Institut canadien-français.
Paris Institut des provinces de France.
— Musée Guimet.
— Société d'anthropologie de France.
— Société des antiquaires de France.
CXXVIII
Piitj (le) Société agricole et scientifique de la
Huute-Loirc.
Rambouillet Société archéologique.
Rennes Sociétéarchéologique d'Ille-ct-Vilaine.
Romans Société d'archéologie religieuse des
diocèses de Valence, Grenoble, etc.
Rome Bibliothèque Vaticane.
Rouen Commission des antiquités de la Seine-
Inférieure.
St-Jean de Maur. . Société d'histoire et d'archéologie.
Saint-Omer Société des antiquaires de la Morinie.
Soissons Société archéol., hist. et scientifique.
Stockolm Académie royale d'histoire.
Torre Pcllice .... Société d'histoire Vaudoise.
Thonon Académie chablaisienne.
Toulon Société des se, lettres et arts du Var.
Toulouse Société archéol. du Midi de la France.
Troyes Société d'agriculture, sciences et arts
du département de l'Aube.
Turin Regia accademia délie scienze.
— Regia deputazione sovra gli studj di
storia patria.
Valence Société d'arch. et de stat.de la Drônie.
Vatines Société poljmathique du Morbihan.
Washington The Smithsonian Institution.
Zurich Société des antiquaires.
LES
ROIS DES MÉTIERS
PATENTES D'ARTISANS
PAR
François MUGNIER
LES ROIS DES MÉTIERS
Patentes d'artisans délivrées
PAR les Rois des métiers en Savoie
I
Dans un article publié en 1843 sur VOrganisa-
tion industrielle avant le ministère de Colbei^t^
M. L. Wolowski disait : « le fait dominant de l'an-
cienne organisation du travail c'est l'existence des
corporations... Elles servirent d'abord d'instru-
ment de travail et de défense contre l'oppression
des seigneurs ; plus tard elles devinrent entre les
mains de la royauté un puissant instrument poli-
tique pour la fondation de l'unité monarchique...
Elles auraient dû disparaître pour faire place à
une organisation mise en harmonie avec les inté-
rêts des travailleurs couverts de la protection du
pouvoir central... Mais des finances en désordre
suggérèrent sans cesse de nouveaux expédients
pour augmenter les ressources du Trésor. Les
corporations se survécurent à elles-mêmes et de-
vinrent un instrument commode de fiscalité. »
En France, sous Saint-Louis, l'on avait partagé
entre les divers officiers de la maison du roi le
privilège d'accorder les maîtrises des arts et mé-
tiers. L'on avait attribué à chaque dignitaire les
métiers qui avaient rapport k ses fonctions.
C'est ainsi que le Grand Chambr^i'er av?iit
pouvoir et juridiction sur les drapiers, les mer-
ciers, les pelletiers, les fripiers, les tapissiers. Le
Grand Panetier vendait les patentes des taleme-
liers, soit boulangers; le Mareschal de la Cour,
celles des charrons, forgerons, serruriers; VEdian-
son, celles des marchands de vin, etc. (1).
Ces officiers royaux, ne pouvant pas répondre
eux-mêmes aux nombreuses demandes d'autori-
sation d'exercice qui leur étaient adressées, mirent
en ferme les revenus de chaque branche d'indus-
trie. L'on eut alors le i^oi des boulangers, le 7'oi
des merciers, etc. Le droit de concéder ces royau-
tés, moyennant finance, passait, semble-t-il, du
souverain de l'Etat aux princes apanages^ dans
l'étendue de l'apanage. C'était donc un revenu du
domaine utile.
II
La première des patentes que nous publions ci-
après, datée de Rumilly, ... janvier 1500, émane
(1) Delamare, Traité de la Police, t. I. Consulter aussi
Du TiLLET, De la Maison et Couronne des Rois de France^
p. 290; Depping, Règlement des métiers, d'Estienno Boi-
leau ; clans les Documents inédits de l'Histoire de France,
1837.
5
d'un roi des merciers, qui tient son privilège du
souverain (1) ; mais il faut remarquer qu'à cette
époque la province de Genevois (2) dont Annecy
était le chef-lieu et dont la ville de Rumilly faisait
partie, était revenue complètement au duc de
Savoie. En 1514, le duc Charles III ayant donné
le Genevois en apanage à son frère Philippe, l'on
voit l'apanagiste concéder les royautés des mé-
tiers. C'est ainsi que Charlotte d'Orléans, veuve
de Phihppe, nomme un roi des merciers. Elle
agit en qualité de tutrice de son fils Jacques de
Savoie-Nemours (3). Celui-ci accorde en 1559 des
(1) Philibert II le Beau, époux de Marguerite cl' Autriche,
duc de Savoie, du 7 novembre 1497 au 10 se^Dtembre 1504.
(2) Dans son Histoire de Genève, Spon raj^i^orte un do-
cument établissant qu'en 1219 déjà, les comtes de Genevois
avaient auj)rès d'eux les grands officiers d'une Cour : le sé-
néchal, le ntaréchal, le panetier et le boutilier. Il en était
certainement de même à la Cour du comte de Savoie. Tho-
mas V, prince beaucoup plus puissant que son beau-père
Guillaume I", ou ses beaux-frères Humbert et Guillaume II.
Voici le passage de la charte, en date du 6 des ides d'oc-
tobre (10 octobre) 1219, par laquelle le comte Guillaume II
traite avec l'évèque Aymon de Granson au sujet de leurs
pouvoirs réciproques dans la ville de Genève : « Quatuor
vero offlciales comitis Senescalcus, Marescalctis, Pana-
terius et Boteillerius eadeni qua familia cpiscopi lihertate
gaudcbunt. » Les officiers du comte jouiront des mêmes pri-
vilèges que la maison épiscopale.
(.3) Duc de Nemours; comte de Genevois de novembre 1533
à juin 1585. Le comté de Genevois fut érigé en duché par
Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, le 31 décembre 1561.
Si en 155G Pierre Choppi se dit portier du duc de Gcjicvois
et de Nemours, c'est par flatterie ou pour abréger la formule.
patentes semblables à Pierre Choppi, qui se qua-
lifie de « portier de la maison de Monseigneur le
duc de Genevois et de Nemours. » Le roi des
merciers de 1498, Antoine Quiblat, étant aussi
portier du sérénissime duc de Savoie ; l'on doit
croire qu'il n'y a pas là une simple coïncidence,
mais que, en Savoie tout au moins, cette royauté
dépendait de la charge àQ portier, charge tout
honorifique d'ailleurs à cette époque. Le portier
avait donc le privilège d'acquérir, moyennant fi-
nance bien entendu, la royauté des merciers ;
c'est-â-dire la ferme des droits régaliens dus par
les maitres-jurés. Pierre Choppi, nommé en 1556,
exerce encore sa charge en 1572 ; il est donc tout
à fait vraisemblable que les charges de ce genre
étaient concédées à vie (1).
■ Dans des patentes de roi des cordonniers don-
nées à Saint-Germain-en-Laye, le 4 octobre 1560,
à Loys Quex, d'Annecy, Jacques de Savoie-
Nemours l'autorise à se servir du sceau de ses ar-
mes. Les armoiries de Savoie se trouvant déjà
sur le sceau de notre charte, il semble en résulter
que cette permission était de droit, afin que les
patentes accordées aux membres des maîtrises in-
diquassent le pouvoir dont elles émanaient par
(1) Dacis, Reçue Saooisiennc, 1883, p. 100, et 1884, p. 20.
Les armes de Savoie sont de gueules à la croix d'argent;
celles de Genevois-Nemours n'en diiTcrent que par la bordure
coniponce d'or et d'azur pour brisure, avec cette devise :
Suivant sa voye.
rintermédiaire du roi de la corporation. L'on
ajoutait à l'écusson du souverain le signe distinc-
tif de la corporation , une balance pour les mer-
ciers, et le roi le faisait entourer d'une légende
énonçant son nom et sa dignité.
Outre cette patente, purement fiscale pour ainsi
dire, mais dont^ malfieureusement, le notaire n'a
pas indiqué le prix, le marchand et l'artisan de-
vaient sans doute obtenir encore un diplôme du
chef de leur jurande, après avoir présenté le chef-
d'œuvre sans lequel, dans les corporations d'arti-
sans, l'apprenti ne passait pas au rang des maîtres.
C'est ainsi qu'à Chambéry, dans la seconde moitié
du siècle dernier, les maîtres-tailleurs s'adres-
saient à l'autorité pour qu'elle fît respecter leurs
statuts, interdisant « d'establir boutique de maî-
tre-tailleur sans subir examen, paj^er les droits et
faire chef-d'œuvre ;> (1).
(1) Arch. départ, de la Savoie, série C, carton 718. Les
maîtres- tailleurs rappellent, clans leur requête, que depuis
plus de trois siècles ils forment un corps de métier avec
droit de maîtrise. Outre un syndic et des conseillers i^ar eux
élus, ils ont eu, jusqu'en 1700, un surintendant nommé j)ar
le souverain, notamment par lettres patentes du20 juillet 1 631 ,
enregistrées au Sénat le 13 juin 1633. Ce surintendant, rem-
plaçant du roi des temps antérieurs, était i^rineipalement
chargé de connaître de la capacité des aspirants à la maîtrise
et d'ordonner sur les abus et manquements. Ce sont les
maîtres-jurés que le corps élit, ajoute la requête, qui l'ont
remplacé. L'aspirant doit payer « à la chapelle de la corpo-
ration une livre de cire fine^ un ducaton à chacun des quatre
jurés et faire chef-d'œuvre. »
8
Le notaire Morellet s'est, dans notre charte,
conformé certainement à un usage ancien, proba-
blement h un formulaire, en employant les mots :
assentare, adubare et adubamenium, jurisici-
dium. Cependant l'on ne retrouve, dans Ducange,
qii'adubare et adobamentum.
Le verbe assentare nous paraît signifier enrô-
ler (1). Qimnt k jiirisicïdiunij nous lui donnons le
sens de juridiction. Il est possible que ce terme
vienne dejurediiim (ou vice versa), ancienne ju-
ridiction des Scabins (2). Dans ce cas et dans no-
tre pièce il signifierait non pas cette juridiction
qui n'a peut-être jamais fonctionné en Savoie,
mais un tribunal spécial de pairs-jurés, ayant
déjà disparu en 1500, et dont le nom était resté
dans les formulaires.
Le mot d'adoubement d'abord, peut-être, ré-
servé à la cérémonie dans laquelle on conférait
l'ordre de la chevalerie aux gentilshommes (3), fut
aussi appliqué à la concession des lettres de ré-
ception dans les diverses corporations d'artisans.
Nous l'avons trouvé déjà à la fin du xv" siècle.
(1) Dans ce sens, on trouve en Piémont : assentare, enrôler
dans un corps : Vassento est la liste des enrôlés.
(2) Sur le tribunal des Scabins, voir Glasson, Histoire
du Droit et dos Institutions de la France, III, p. 345etsuiv.
(3) Léon Gautier; La Chooalerie ; voir, au chap.VIII, les
cérémonies do l'adoubement qui se terminaient, en France,
par la pauincc, c'est-à-dire par un violent coup de la paume
de la main porté par l'initiant au nouveau chevalier. M.
Gautier cite des cas assez noml)reux où l'ordre de chevalerie
est accordé à des roturiers.
LETTRES D'ADOUBEMENT [i
(Janvier 1500.)
SOMMAIRE
Après avoir indiqué l'origine de ses pouvoirs, Antoine
Qiiiblat, roi des merciers de Savoie^ déclare qu'il enrôle
dans le corps du métier de mercier Jean Greffi, bourgeois
de Rmnilly, qui accepte avec actions de grâces. Le roi
lui donne la faculté d'acheter et vendre dans toute la
patrie savoisienne et autres domaines du duc de Savoie ;
il prie en droit et requiert les autres rois des corporations
de regarder Greffî comme associé, et de le traiter com-
me ils voudraient l'être eux-mêmes par le roi des mer-
ciers. A son tour Grejfl jure sur les Evangiles, et sous
l'obligation de tous ses biens, qu'il observera loyalement
les statuts de la corporation et ne se livrera jarnais à des
actes malhonnêtes.
Anne Domine millesimo quingentisimo indicione ter-
cia cum eodem anno sumpta et die,., meusis jaDuarij,
ooram me notario ac testibus infrascriptis personaliter
constitutus Anthonius Qaiblati porterius serenissimi do-
mird nostri domini Philiberti ducis Sabaudie, Rex
merceriorum, constitutus Rex dictorum merccriorum,
ut constat per litteras patentes datas Chamberiaci per
dictum S. dominum ducem Sabaudie in tota patria Sa-
baudie citra montes, anno Domini millesimo cccco no-
nagesimo septimo et die octava mensis novembris sigil-
latas et signalas per (blanc) secretarium ducalem.
Dictusquo Anthonius Quiblati suum fecit, constituit
(1) Pièce d'une lecture extrêmement difficile.
10
tironem et assentavit Johannem GrefRi (1) burgensem
Rumilliaci ac suos heredes et successores quoscumque
deditque potestatem... prout hahet in vendendo, emeudo
ea que incumbunt merceriis ac omnibus aliis quibus
opportunum est in dicto ofRcio geoeraliter. Dictus nam-
que Rex recipit, constituit et adubat in mercerium dic-
tum Johannem Greffy et heredes suos quoscumque,
burgensem Rumilliaci, ibidem acceptantem cum gra-
ciamm actione pro se' et suis ut superius [ita utipse et]
heredes possint et valeant uti, gaudere ex nunc et in
antea predicto officio mercature in tota [patria] Sabaudie
et dicione et communitatibus eiusdera ubicumque vo-
luerit prout, et quemadmodum alii mercerii... utuntur seu
quomodolibet adubati in dicto officio seu misteriis (sic)
mercature, qualiter in tota dicta patria ubi [solitij sunt
vendere et usi sunt. Rogans in iurisicidium preterea et
requirens memoratus Rex ceteros quoscumque consti-
tutos officii Reges et prepositos ad quorum presenciam
dictum Johannem et suos contingerit venire quatenus
ipsum sit receptum et adubatum et suos in dicto officio
seu misterio mercature pro adubato et constituto admic-
tant, teneant atque tractent sine defïectione quacumque
et difficultate, prout ipsi Reges et prepositi in casu si-
mili vel maiori dictum Regem eis vellent facturum.
Ipse iam Johannes Grefïy pro se et suis promisit iuravit
juramento suo super sanctis dei evangeliis per ipsum
corporaliter prestito, subque suorum omnium et singu-
(1) La patente n'indique pas qu'Antoine Quiblat fût de
Runiilly; pourtant cela est vraisemblable, d'autant plus
qu'il y a encore actuellement dans cette ville des Qdiblet.
Dans les environs, on rencontre aussi des Grcffio^ ; et à An-
necy, ville voisine, il y a eu, au xvn' siècle, une famille de
magistrats du nom de Greffiù.
11
lorum obligationebonorum quorumcumque, in dicto of-
ficio legaliter exercere, statutaque et ordinationes dicli
misterii observare, ceteraque omnia et siûgula circa
ipsius officii exercitium incumbentià in omnibus et per
omnia adimplere et facere, semoto quolibet inhosnesto,
cum céleris promissionibus clausulis renunciationibus-
que solemnitatibus opportunis et necessariis...
Actum Rumilliaci in domo Pétri Blanchetti fabri,
presentibus Petro Paquardi de Contentenay parrochie
Marcellaci et Anthonio Sublecy de Exula parrochie
Salis, testibus ad hec premissa vocatis specialiter et
rogatis, Meque Jacobo Morelleti notario de Rurailliaco
qui presens hoc publicum instrumentum aduhamenti
merceriorum, seu prescntem littoram rogatus recepi et
manu mea propria scripsi et subscripsi signoque meo so-
lito signavi, unacum prenominatis testibus presens fui
et in hanc publicam formam redegi in robur et testimo-
nium omnium et singulorum premissorum.
Pend le sceau :
(siG. merceri)o(rvm r)e(gis) gviblati.
II
Notre deuxième pièce, tirée des archives des
Hospices civils de Chambéry, est de vingt ans
postérieure à la précédente. Elle émane non du
roi de l'art des tanneurs de Savoie, Jean Captin,
mais de son lieutenant. Le roi ou prévôt n'étant
qualifié que d'honnête, comme son lieutenant,
Jean Rcnnapt, on doit en conclure que c'était
aussi un artisan et probablement un marchand
tanneur.
12
Le mot eoccoffeiHus signifiait 7ion seulement
tanneur, mais encore cordonnier. Comme il s'agit
ici d'artisans qui préparaient les cuirs et les pelle-
teries et en faisaient un commerce étendu, on
doit croire qu'ils n'étaient pas de simples cordon-
niers qu'on aurait appelés plutôt suiores.
La charte est en mauvais état.
Patentes de Tanneur et Marchand de Peaux.
(22 juillet 1521.)
Sommaire
Devant le notaire Pierre Garrelli, bourgeois de
Chambéry, Jean Rennapt, tanneur, lieutenant de Jean
Captin, alias Bergonion, prévôt général, ou roi des
tanneurs de Savoie et visiteur des marchandises, en vertu
des pouvoirs que celui-ci lui a donnés par un acte du
12 mars précédent, et information prise de l'honnêteté,
bonne réputation et industrie de Claude Amblard ,
après la prestation de serment de celui-ci de gérer,
adouber et conduire honnêtement et sans fraude les choses
de son art, lui confère le pouvoir à perpétuité de vendre,
par lui et ses successeurs, les cuirs, peaux, pelleteries et
tous les genres de marchandises indiqués aux statuts de
la corporation.
Noverint universi et singuli presens inspecturi quod
anno Domiûi millesimo quingentesimo vigcsimo primo,
indictione nona et die vigesima secunda mensis Juillij,
in mis notarii publici et tostium subscriptorum presentia
personaliter constitutus honnestus vir Johannes Ren-
napti, burgensis Chamberiaci, exscoffcrius, locum-
tenens et procurator honnesti viri Johannis Captini alias
13
Bergonions, prepositi seu Régis generalis Sabaudite ad
visitandum pelles, corea, pellaterios et alia asseytamenla
nec non ad faciendum, creaudum et ordinandum, cons-
tituendumj licentiamque et polestatem dandj personis
bonnestis et bone famé ad premissa faciendum, cons-
tante ? potestate predicti Johannis Rennapti instrumente
publico recepto subscripto et signato per Barthollomeum
Callinj notarium publicum, recepto sub anno Mo quin-
gentesimo vigesimo primo, indictione nona et die duo-
decima mensis martij.
Quiquidem Johannes Rennapti, locumtenens pre-
dictus et procurator prefati Johannis Captini qui gratis
et eius spontanea [voluntate], eiusque certa scientia, et
deliberatus de lionnestate industria, bona fama preliba-
tarum, et lionnestate, industria predicti viri Glaudij
Amblardj plenam confidus potestatem. Igitur
eumdem Glaudium Amblardj presentem, stipullantem
et humiliter requirentem et recipientem pro se et suis
heredibus et successoribus quibuscumque ac sua domo,
perpetuo mercandi pelles, corea, pellaterios et quecum-
que mercat. . . in artem exscofïeriorum exercendi, condu-
cendi, asseytandi, preparandi, addobandi, vendendi
palam , publiée , ubicumque terrarum predictariim
Sabaudiœ et patrias et aliis locis exscofferii potestatis
dictus Johannes Renapti locumtenens predictus et obi ?
merces in artem exscofïeriorum et aliis merceriis pre-
dictis et expressis contentis in statutis exscofïerii mer-
candi, et asseytandi et ad personas advenarum et ven-
dendi prout in predictis statutis plenius contiuetur.
Receptus predictus Glaudius Amhlardi excorporali
jurato ad sanctis dei evangeliis (sic) in manibus dicti
Johannis locumtenentis prefati Johannis Captini gratus
lacta prefato et quod ipse... (un blanc dans le texte)
14
juste et probe dictam artem conducebit, h. , .ebit, ven-
debit, perducabit, asseytabit, addobabit et aliter omnia
alia et singula in predictiim artem agenda et facienda
utetur fruetur gaudeatur, pro eorum posse, nec non de-
fraudandoet generaliter omnia et singalaalia in présent!
publico instrumente contenta duceretur, gauderetur et
frueretur. . . et faciendo. . . opportuna et assueta ut mo-
ris est.
De quibus premissis omnibus et singulis dictus
Glaudius Amblardi petiit dictus (dicto ou dictam)
Johannes Rennapti locumtenens predicti Régis sibi
fieri presens pablicum instrumentum sive litteras pa-
tentes per me Petrum Gan'ellj, burgensem Chambe-
riaci, notarium publium subsignatum.
Acla fuerunt hec predicta Chamberiaci in domo mis
notarii subsignati, videlicet in caméra posteriori ; presen-
Ubus ibidem Anthonio Charanvellj procuratore et Fran-
cisco Rochaux, arbalesterio, habitantibus Chamberiaci,
testibus ad premissa vocatis et rogatis.
Signé : Garrellj.
Sceau rond, fruste, de deux centimètres et demi de
diamètre, pendant à une languette détachée du parche-
min. Ce sceau est sur papier et porte l'empreinte des
armes de Savoie, entourée peut-être d'une légende.
L'écriture de cette charte est détestable. Les abrévia-
tions y sont confuses et les solécismes, nombreux.
15
III
VENTE DE BANCS ET PLACES SUR LES MARCHÉS.
Dans nos petites villes de Savoie, resserrées
entre leurs murailles, l'espace était absorbé par
les hôtels des seigneurs, les bâtiments, les églises et
les jardins des couvents ; aussi les artisans se trou-
vaient-ils fort à l'étroit. Leurs échoppes, dont on
peut voir des spécimens au faubourg Mâché à
Chambéry, dans les rues sous le château à Ru-
milly, etc., étaient exiguës, sombres et malsaines.
C'est pourquoi les marchandises se vendaient
ordinairement à l'extérieur, sur les petites pla-
ces que le hasard, bien plus que le soin des édiles,
avait conservées. Les bancs ou étaux que chaque
corporation y possédait étaient l'objet de taxes du
prince ou de la communauté ; parfois ils appar-
tenaient à des nobles qui les affermaient ou les
vendaient à l'occasion.
Nous avons rencontré un exemple de ce genre
dans un acte du 1*''' aotÀt 1439 reçu à Rumilly par
le notaire Aymon Excalland, Deux gentilshom-
mes de cette ville, Jean et Jacques de Chavanes,
y vendent à François Gro;s, cordonnier, ou tan-
neur (escoffier us) , une banche avec l'emplacement
en dépendant (banchia cum plaieis aiinexis),
pour le prix de dix livres genevoises.
Plus tard, en janvier 1563, à Chambéry, devant
le notaire Louis Miquet, François^ fils de feu
16
Reymond de Leînes, un bouclier sans doute, vend
au prix de 80 écus d'or sol à André Cochet,
bourgeois de Chambéry, « deux bancs, l'un à
vendre chair, l'autre à vendre tripes », avec leurs
arrière-boutiques, ainsi que deux tours, avec
planclier et cordages, le tout situé le long (jouxte)
de la rue de la Boucherie. Peu de jours après,
Reymond de Leines obtient de son acheteur, Co-
chet, la faveur de pouvoir racheter les objets ven-
dus, dans le terme de dix ans.
Nous ne savons trop ce que pouvaient être les
deux tours achetées, distinctes des bancs et ar-
rière-boutiques..., à moins que cène fût des ap-
pareils ronds ou carrés où l'on suspendait les
corps des animaux morts, ne pouvant les placer
dans les étroites arrière-boutiques.
Il y avait déjà, en 15G3, vingt-trois ans que
l'usage de la langue française était, en Savoie
comme en France, obligatoire dans les actes cons-
tatant les contrats ordinaires ; il y a donc lieu de
s'étonner que le suivant soit si mal rédigé. La
forme ne vaut pas mieux d'ailleurs que le fond.
Nous constatons aussi que tous ces actes concer-
nant les artisans sont presque illisibles, alors que
d'autres écrits par les mêmes notaires, mais pour
personnes d'un ordre plus élevé, sont plus cor-
rects et beaucoup mieux écrits.
17
Vente de bancs de boucherie et de triperie
A Chambéry
(7 janvier 1563. )
Au nom de Dieu soyt à tous soyt (sic) notoire et
manifeste que comme aiosi soyt que François fils de
feu Remond de Leines aye vendu cédé quicté et remis
à honneste personne André Cochet hoargeois de Cham-
béry, savoir est deux bancs lung de bouchier a vendre
cher et aultre a vendre trippes avec les deux riere bou-
tique située et assis a Chambéry jouxte la rue publique
de la bocherie du couchant, le banc de honneste Jehan
Planche du soleil levant, le banc de Pernette Montai
lalee d'entre les bancs de la dite boucherie dentre deux
du vent, et jouxte leslable de M^ Philippe, la maison de
feu monssi' M^ Jehan Vulliet et de plusieurs aultres aussi
aulcune allé entre deux de vers la bise. liem, plus le dit
vendeur au dit Cochet auroyt vendu que dessus savoir
est ses deux tours plancher et cordage située au lieu
mesme jouxte les tours des hoyrs de feu Louys Vi liât et
de Anthoine Gany du soleil lèvent, maison des hoirs de
feu monssr M^ Poucet et l'eau d'Albanne du cuchent,
les tours du dit Cocher de bise, et jouxte la tourt des
hoyrs de feu Jacques Cadoz du vent, avec leurs aultres
meilleurs et plus véritables confins pour le prix de qua-
tre et vingts escus d'or sols coing du Roy de juste poix
comme est contenu par extrait du dit achat passe receu
par moy notaire soubs signé peu avant la prouontiation
du présent extrait.
Pour ce est il que Tan mil cinq cens soixante troys
et le septième jour du mois de janvier personnelle-
2
18
ment establi et constitue le dit André Cochet lequel
de son bon gre pour soy et les siens a donne et con-
cédé donne et concède de sa grâce specialle au dit
François de Leines présent acceptant pour soy et les
siens savoir racheat et grâce redemptive, pour le temps
de dix ans prochain venant, avec plein pouvoir de re-
hemere (réméré) reavoir et rachepter de luy et des siens
les dits bancs tours et riere bouiicque en luy payant ren-
dant et remboursant en une fois dans le dit temps de dix
ans et non après la dite somme de quatre vingts escus
avec tous despens et accessoires légitimes. Promectant
le dit André Cochet pour soy et les siens, etc.
Fait et passé à Chambéry au faubourg porte Mont-
mellian dans la maison de honneste George Bachu es
présences du dit Bachu Claude fils de Thomas, Nicod
et Pierre Pasquier, chapuis, habitants de Chambéry
témoins requis et appelés et moz Louys Miquet notaire
ducal.
[Archives delà Société sav. d'histoire.)
TABLE DES MATIERES
Pages.
Les Royautés des Métiers 3
Grands officiers des comtes de Genevois 5
Pierre Clioppi, roi des métiers, en Genevois 6
Antoine Quiblat, roi des merciers de Savoie 6
Louis Quex, roi des cordonniers de Genevois 6
Conditions des diplômes de maîtrise 7
L'adoubement 8
Lettres d'adoubement de Jean Greffi, mercier 9
Jean Captin, roi des tanneurs 12
Jean Rennapt, lieutenant du roi des tanneurs 12
Patentes de tanneur j^our Claude Amblard 12
Vente de bancs et places sur les marcliés 14
— à Rumilly 14
— à Chamljéry 15
Vente de bancs de boucherie et triperie à André Cochet,
par Reymond de Leines, boucher 17
•'4
Château de Menthon-Montrottier
NICOD DE MENTHON
PAR
François MUGNIER
AVANT- PROPOS
Nos collègues de la Société savoisienne d'histoire
ayant pensé que notre notice sur l'expédition envoyée,
en 1437, par le Concile de Bàle, à Constantinople,
sous la direction de Nicod de Menthon, devait trouver
place dans les Mémoires de cette Société, où elle com-
pléterait ce que notre président honoraire, M. Fran-
çois Rabut, en avait déjà fait connaître, nous nous
sommes rendu volontiers à leur désir.
Nous avons augmenté cette étude d'une seconde
partie où nous rappelons succinctement les nombreu-
ses missions et les charges publiques confiées au gen-
tilhomme savoisien, ainsi que divers événements des
règnes des ducs de Savoie, Amédée VIII et Louis,
auxquels il s'est trouvé mêlé avec sa famille, et où
son père, Pierre de Menthon, a fini par rencontrer une
mort tragique.
L'un et l'autre furent des serviteurs utiles et dé-
voués de leurs souverains et du pays. Ils obtinrent la
confiance entière d'Amédée et de Louis et en reçurent
des récompenses méritées ; mais ils ne surent pas
plaire à l'épouse de Louis, l'impérieuse Anne de Chy-
pre, et, moins encore, à son favori, Jean de Compey.
Ce sont, dans l'histoire de Savoie, de cette époque,
des figures du second ou du troisième plan ; les pre-
miers étant occupés par le grand Amédée, comte, duc
24
et pape, par Louis et Anne, parle remuant Philippe
Sans-Terre, leur fils ; puis par les Bolomier, Valper-
gue, Compey, le président de Feysigny, Jacques de
Montmayeur, les maréchaux de Savoie.
Les 'quelques pages que nous consacrons à Nicod
de Menthon et à son père seront donc suffisantes pour
donner une idée de la vie agitée, tourmentée et vio-
lente à laquelle se soumettaient, même en pleine paix,
les seigneurs savoisiens qui approchaient de la Cour
au xv^ siècle. Et tous s'y rendaient, car la vie isolée au
manoir paternel, c'était l'obscurité, l'ennui et la pau-
vreté.
NICOD DE MENTHON
ET
L'EXPÉDITION ENVOYÉE PAR LE CONCILE DE BALE
A CONSTANTINOPLE
SÉANCE DU 9 JUIN 1892.
(Extrait).
M. MuGNiER, conseiller à la cour d'appel de
Chambéry, correspondant du Ministère, lit un
mémoire sur l'expédition envoyée par le concile
de Bàle en 1437 à Constantinoplej afin d'en ame-
ner l'empereur et les patriarches auprès de lui et
de tenter l'union de l'Eglise grecque à l'Eglise
latine.
La direction politique de cette expédition fut
donnée par le concile à divers de ses membres et
le commandement militaire à un gentilhomme
savoisien, Nicod de Menthon, dont les historiens
ont jusqu'à présent défiguré le nom de diverses
façons.
Nicod, qui était alors gouverneur de Nice pour
le duc de Savoie, Amédée A'III, fréta, avec l'ar-
gent emprunté par lui ou prêté par la ville d'Avi-
gnon, six galères qu'il arma et garnit de trois
cents archers destinés à protéger l'expédition
contre les pirates et aussi contre le pape Eugène
IV, qui était alors en hostilité ouvcrLe avec le
26
concile. Après bien des embarras, la flotille arriva
à Constantinople (S-3 octobre 1437). Elle y avait
été précédée par une expédition rivale envoyée
par le pape, et une lutte sanglante faillit se pro-
duire. Cependant la dispute resta sur le terrain
diplomatique, et le pape l'emporta sur le concile.
Les Grecs se rendirent à Ferrare, puis à Flo-
rence. Nicod de Menthon dut ramener sa flotte
dans les Etats de Savoie; il arriva à Nice le 16
décembre et, en janvier suivant, retourna à Bàle
pour rendre aux Pères les insignes du comman-
dement qu'ils lui avaient confiés, et^ surtout, afin
de s'y faire rembourser les sommes qu'il avait
avancées et qui, suivant la minute du compte
présenté au concile et que M. Mugnier a retrou-
vée, s'élevaient au chifïre considérable de 20.595
ducats.
M. Siméon Luge félicite M. Mugnier de sa
communication, et saisit cette occasion pour
signaler l'importance qu'offrent souvent^ au point
de vue de notre histoire et même au point de vue
de l'histoire générale, certaines archives particu-
lières. Ainsi M. Mugnier, grâce au compte qu'il
a su découvrir, a pu reconstituer un épisode, assez
mal connu jusqu'à ce jour, de l'histoire du con-
cile de Bàle.
M. DE Mas Latrie, en reconnaissant le vif in-
térêt de la communication de M. Mugnier, re-
grette qu'il n'ait pas donné plus de développement
27
aux faits dominant la question, c'est-à-dire aux
efforts tentés aussi bien par les Pères du concile
que par les papes pour arriver à l'union des Egli-
ses d'Orient et d'Occident, et aux bases acceptées
à Florence pour sceller cette union. Les décisions
du concile de Florence sont loin d'être oubliées,
et si, comme tout semble l'indiquer, la grande
question est reprise de nos jours, ce sont les prin-
cipes déclarés et acceptés à Florence par Bessa-
rion qui seront le point de départ des nouvelles
conférences.
M. MuGxiER répond que, loin de méconnaître
l'importance du concile de Florence, il a^ dans les
notes de son travail, cité l'important ouvrage du
chanoine Cecconi , Studi storHci sul concilia di
Firen^Cj et qu'il a fait divers emprunts aux do-
cuments que contient cet ouvrage. Le temps li-
mité accordé à chaque lecture ne permettait pas
d'ailleurs ces développements, peut-être un peu
étrangers à son étude.
-H^
PREMIERE PARTIE
L'EXPEDITION DU CONCILE DE BALE
A CONSTANTINOPLE
POUR L UNION DE l'ÉGLISE GRECQUE A l'ÉGLISE LATINE
1437-1438
I
Le concile de Constance s'était clos à la fin
d'avril 1418. Le concile de Bàle suivit de près ;
il tint sa première session le 14 décembre 1431.
A Bàle comme à Constance, la lutte entre les
Pères et le pape, entre l'élément représentatif et
le pouvoir absolu, fut des plus violentes.
Eugène IV, le Vénitien Gabriel Gondolmere,
élu le 3 mars 1431, aurait bien voulu retarder la
réunion du concile, puis le disperser; il n'y réussit
pas. L'un des épisodes les plus curieux de la lutte
ardente, prolongée, qui s'éleva entre les deux
pouvoirs, fut la convocation des prélats de l'Eglise
grecque à se rendre au concile dans le but de
mettre fin au schisme d'Orient. Il semble que la
question fut soulevée par le parti d'Eugène IV,
afin d'atiirer le concile en Italie où le pape l'aurait
30
plus facilement tenu dans sa dépendance. L'assem-
blée de Bâle ne désirait pas que cette question
s'agitât devant elle. « Il y a trois cents ans, dirent
les Pères, que l'on nous rebat les oreilles de cette
chose et qu'on la renouvelle chaque année ! » (1)
Une fois soulevée cependant, il n'était pas prudent
de la rejeter. Le pape et son parti n'auraient pas
manqué d'accuser le concile de négliger les pre-
miers intérêts de la chrétienté.
Les Pères de Bâle nouèrent donc des pour-
parlers avec Constantinople. Les Grecs offrirent
de subvenir aux frais du concile si on le transférait
dans leur capitale ; ils acceptèrent pourtant sa
continuation en Occident à la condition d'être
défrayés complètement par les Latins. Le 7 sep-
tembre 1434, dans sa dix-neuvième session, le
concile approuva un accord intervenu entre ses
députés et les Grecs sur les bases suivantes :
L L'empereur Jean -Manuel Paléologue, le
patriarche de Constantinople, les trois autres
patriarches, les évêc[ues, etc., ainsi que les pléni-
potentiaires des pays relevant de l'Eglise grecque
comparaîtront au concile d'union.
II. Il y aura, auparavant, un synode grec pour
les frais duquel le concile de Bâle donnera
8,000 ducats.
III. Les Lating supporteront les frais d'aller et
de retour du voyage de l'empereur et de sept
(1) Fleury : Histoire ecclésiastique, t. XXII.
31
centt^ personnes, ainsi que ceux de leur entretien
dans la résidence du concile ; ils verseront 15,000
ducats au commencement du voyage, ils achète-
ront quatre grosses galères équipées pour la
double traversée et enverront, un peu plus tard,
à Constantinople quatre autres galères avec trois
cents archers.
IV. Les députés grecs feront leur possible pour
que le concile de Bàle soit accepté comme concile
d'union.
V. Cette convention sera soumise à la ratifica-
tion du pape, etc. (1).
En 1435, le concile envoya à Constantinople,
où elle arriva le 23 septembre, une nouvelle
ambassade composée de Jean de Raguse, Heinrich
Henger et Simon Fiéron ; puis, le 14 avril 1436,
dans sa vingt-quatrième session, il consacra
l'accord conclu par ses députés, qui lui donnait
le pouvoir de désigner pour la réunion du synode
d'union une ville maritime. Le cardinal Julien
de Saint-Ange (plus tard de Sainte- Sabine)
confirma la décision au nom de l'autorité pontifi-
cale (2). Les Pères n'eurent plus alors qu'à cher-
cher les sommes nécessaires à l'expédition et un
capitaine pour la mener à bonne fin.
La tenue d'un concile était la source de béné-
fices considérables pour la ville où il s'assemblait,
(1) HÉFELÉ : Histoire des conciles, t. XI, p. 300.
(2) Id., lac. cit.
32
d'un accroissement de pouvoir ou d'honneurs
pour les souverains des Etats où les prélats et le
pape même devaient se trouver réunis ; aussi
chaque pays désirait-il être choisi. L'Autriche,
la Hongrie réclamaient pour Vienne, Bude, etc.
Les Pères, voyant qu'ils ne pourraient pas déter-
miner les Grecs à se rendre à Bàle ou dans une
ville rapprochée, Chambéry, par exemple, Genève,
Lausanne, se décidèrent pour Avignon.
Bien que, depuis la mort du Savoyard Clé-
ment VII (Robert de Genève, 1394) et celle do
son successeur Benoît XIII (Pierre de Lune, 1424),
Avignon eût cessé d'être le siège de la papauté^
il n'en était pas moins resté le séjour préféré d'un
grand nombre de prélats, notamment d'un autre
Savoyard, Louis Alamand, cardinal-archevêque
d'Arles, l'un des personnages les plus influents du
concile qu'il présida après le départ du cardinal
Julien, Les Pères s'adressèrent donc aux magis-
trats d'Avignon pour obtenir les ressources néces-
saires à l'expédition; Ils leur promirent d'employer
tous leurs efiiorts à faire agréer par les Grecs le
choix de leur ville, et s'obligèrent à rembourser
les sommes qu'elle avancerait, si le projet ne
s'exécutait pas.
Le cardinal d'Arles agissait tant de son propre
mouvement qu'à l'instigation d'Alphonse, roi
d'Aragon, de Philippe-Marie, duc de Milan (1), et
(1) Philippe-Mario Visconti avait épousé, en 1428, Marie
do Savoie, fille d'Amédée VIII. Lonfant, Histoire. . . et du
33
d'Amédë VIII, duc de Savoie, retiré depuis quel-
que temps à Ripaille avec .^es chevaliers-ermites.
Au bout de la lutte entre Eugène IV et le concile,
Amédée VIII entrevoyait déjà la tiare ; et, en tra-
vaillant ostensiblement pour son souverain, Ala-
mand, a-t-on dit^ songeait secrètement à la ceindre
lui-même (1).
Il est certain que si le concile eût réussi à
ramener les Grecs dans le giron de l'Eglise catho-
lique, son prestige s'en fût singulièrement accru;
il aurait plus tôt encore déposé Eugène IV, et,
certainement, le pape aurait dû s'avouer vaincu.
Le capitaine choisi fut Nicod de Menthon, gen-
tilhomme savoyard, qui était alors gouverneur de
Nice pour le compte d'Amédée VllI, soit de son
fils Louis, lieutenant-général des Etats de Savoie
depuis 1434. Nicod sortait d'une des branches do
la nombreuse famille de Menthon (2). Né sur les
Concile de Belle, II, p. 203, commet une singulière méprise
en faisant de Pliilippe-Marie le beau-père du due de Savoie.
(1) Les auteurs font naitre Louis Alamand en Faucigny ou
dans le Bugey, pays faisant partie l'un et l'autre des Etats
du duc de Savoie. L'archevêque d'Arles avait été nommé
cardinal en 1426. M. Héfelé rapporte que l'archevêque de
Lyon, Amédée fl de Talaru, travaillait dans le même sens
et avec les mêmes visées personnelles.
(2) Le château de Menthon est situé au-dessus du lac
d'Annecy, dans la gorge qui fait communiquer ce charmant
petit lac avec les vallées d'Alex et de Thones. Pierre de
Menthon, père de Nicod, était seigneur de Montrottier ; il
fut assassiné à Chamljéry, en 1455, par Jean de Compey,
favori du duc Louis (Voir^ plus loin, la seconde partie de
cette étude.) 3
34
bords du lac de Genève, probablement dans l'une
de ses seigneuries de Versoix ou de Nernier, il
avait, dès son enfance, navigué sur le lac Léman,
qui appartenait alors tout entier au duc de Savoie,
et son gouvernement deNice l'avait habitué auxox-
péditions maritimes. Il avait déjà rempli, comme
plus tard il devait le faire souvent encore, diver-
ses missions diplomatiques. Sans doute aussi
connaissait-il bien Avignon où un membre de sa
famille avait occupé les fonctions de viguier sous
le pontificat de Clément VIL Le nom de Nicod de
Menthon se retrouve à chaque instant dans les
conseils des ducs Amédée VIII et Louis. C'est
dire qu'il possédait toute la confiance des ducs
de Savoie et connaissait leurs projets les plus
intimes (1).
Au commencement de novembre 1436, le conci-
(i) CiBRARio, Specchio cronolofjico di StorianadonaJc ,
éd. Turin, 1855, p. 251, place Nicod de Menthon parmi les
chevaliers-ermites de Saint-Maurice, qui, en 1431, accom-
pagnèrent Amédée VIII dans sa retraite de Ripaille. Ceux-
ci étant tous célibataires ou veufs, Nicod, qui était alors
marié, n'a i)as pu être de leur nombre. C'est donc avec rai-
son que d'autres écrivains ne l'y comprennent pas. Ce pre-
mier ordre de Saint-Maurice ne survécut pas h Amédée VIII.
— Il fut réinstitué, par bulles du 16 des cal. d'octobre 1572,
de Grégoire XIII, en faveur du duc de Savoie, Emmanuel-
Philibert ; mais avec des modifications considérables. En
noveniln'e suivant, le même pape unit à cet ordre celui de
Saint-Lazare.
35
le conclut avec Nicod de Menthon (1) une conven-
tion par laquelle celui-ci s'engaoait, moyennant
une indemnité de 30.800 ducats, à tenir prêts
pour le temps voulu deux grandes et deux petites
galères et trois cents archers ; il s'obligeait en
môme temps à fournir des cautions qui garanti-
raient la fidèle exécution du contrat. Le 19, les
Pères, réunis sous la présidence du cardinal
Julien, remirent en grande pompe au capitaine
savoisien un étendard aux armes de l'Église ainsi
que le bâton d'amiral (2).
A partir de ce moment, Nicod se mit en devoir
d'accomplir s'a mission. Il semble qu'il déploya
une grande activité. C'est ainsi qu'après avoir
emprunté, à Genève (3), six mille ducats pour
commencer ses préparatifs et s'être pourvu d'une
escorte personnelle et d'un bon médecin, il com-
manda à Gênes deux galères légères et une
Cl) Les auteurs étrangers à la Savoie ont donné à Nicod
de Menthon, seigneur de Nernier, divers noms se rappro-
chant plus ou moins du véritable. Maiisi, sacroram Conci-
liorum noua et amplissima coUectio, t. XXXI, p. 207,
l'appelle Nicodcmus de Monte: — Fleury, Histoire ecclé-
siastique, t. XXII, Nicolas Montone ou Moutone : cecconi,
Studi storici sul Concilio di Firenze (in-8', Florence 18G9),
Nicodus de Menichone, etc., etc.
(2) Mansi ; toc. cit. - et t. XXX, p. 1033, 1121, 1122.
(3) Son père y possédait alors une hôtellerie qu'il affer-
mait assez cher : c'était ce que nous appelons aujourd'hui
une maison de rapport. Borel, Les Foires de Genècc aa
xv° siècle.
36
galiote, en fit calfater et réparer deux autres, les
pourvut de vingt-quatre bancs de rameurs, en-
V03^a des émissaires à Nice et dans diverses loca-
lités de Provence pour recruter les trois cents
archers. Il demanda au roi René, qui se trouvait à
Aix, Tautoriîsation nécessaire. René l'accorda le
20 février 1437, sous cette restriction que l'on
ne pourrait engager ses propres sujets dont il avait
besoin pour une expédition qu'il préparait lui-
même. La même lettre contient encore un sauf-
conduit pour le passage de l'expédition en Pro-
vence et son retour avec les personnes de « toute
dignité, éminence, ou condition, royale, impériale,
patriarcale, avec leur bagages, or et joyaux »,
c'est-à-dire avec l'empereur deConstantinople, les
patriarches et leur suite que le capitaine-général
comptait amener bientôt à Avignon (1).
(1) Après avoir été retenu plusieurs années dans une
étroite captivité par Pliilippe-le-Bon, duc de Bourgogne^ le
roi René avait pu traiter avec lai. Mis en liberté définitive
le 3 février 1437, il quitta Lille du 8 au 11 , et le 22 février
il se serait trouvé à Pont-à-Mousson (Lecoy de la Marche,
le Roi René, t. I, p. 128).
La lettre du roi René a été publiée par M. François Rabut,
avec les protestations de Nicod de Menthon contre le podestat
de Chio, dans une agi'éable et fort substantielle notice impri-
mée au tome III des Mémoires de la Société savoisionne
d'histoire. La lettre royale semble indiquer que René était
à Aix en Provence le 30 du môme mois ; il faut croire qu'en
réalité le sauf-conduit n'émanait que de Jordan Bricii, juge
suprême de Provence. Le texte ne répugne pas ' absolument
à cette interprétation.
37
Eugène IV, de son côté, ne restait pas inactif.
Tenu rapidement au courant de ce qui se passait
au concile par ses amis et créatures, notamment
par son neveu Marc Gondolmere, archevêque de
Moùtiers en Tarentaise (Savoie), il avait préparé
un coup audacieux. Le 9 mai 1437, lorsque le'
concile dut fixer définitivement le lieu où les
Grecs seraient transportés, une minorité se hâta
de proposer et d'accepter une ville de l'Adria-
tique, Venise, Ravenne ou Rimini, alors que la
majorité désignait Avignon (1). Le 28 juin, le
pape confirma le décret de la minorité, et, comme
le concile avait nommé les prélats qui devaient
le représenter à Constantinople dans l'expédition
projetée, il leur fit intimer, le 20 juillet, par Marc
Gondolmere devenu son légat, l'ordre de ne pas
donner suite à cette mission. La lecture de
l'archevêque de Moùtiers fut accueillie par de
violentes injures ; les Pères le retinrent même
prisonnier dans sa maison, et l'on fit un assez
mauvais parti à son procureur, Arnold Rechsin •
chusen, qui avait voulu parler en sa faveur (2).
(1) Baronius ; Annales ccclesiastici, t. XXVIII, p. 229.
Le pape et ses partisans s'appuyaient sur ce que la minorité
était composée surtout de personnages élevés en dignité ; ils
l'appellent /)ars sanior. (R.P.Natalis Alxandri ; Hlsioria
eccleslastica, t IX, p. 432.)
(2) Baronius, loc. cit., p. 237... atroclbus injuriis. . .
loqul volcntciii ijuuïil/ii.< iiijcctis pcrcusserunt^ ac pcv
capillos ad carcercni iruhcrc conatl sunt.
38
Mais chaque parti s'obstinait. Le concile avait
envoyé h Avignon les évêques Jean de Lubeck^
Delphin cle Parme et Jean de Vicence. Ils y
furent reçus avec faveur ; on leur refusa cepen-
dant tout versement de fonds, parce que l'on
voulait savoir préalablement si le concile avait
voté non seulement une indulgence, mais encore
une dime sur le clergé, et si l'exécution de cette
taxe était autorisée par les princes, par le roi de
France notamment (1). FÀigène IV essaya d'em-
pêcher le concile de traiter ^ avec Avignon ; ses
messagers y nouèrent une intrigue à la suite de
laquelle deux partis se formèrent parmi les
citoyens. Finalement, l'on remit à Nicod de Men-
thon un peu moins de la moitié de la somme
demandée (2).
Le pape, c|ui se rendait alors à Bologne, ne
se borna pas à contrecarrer ainsi les desseins du
concile ; s'emparant du projet pour son propre
compte, il écjuipa à Venise, son pays natale des
galères destinés à transporter les Grecs auprès de
lui en Italie, bien que l'empereur Sigisraond et
Charles VII se fussent résolument prononcés
contre le choix d'ime ville italienne pour la tenue
du concile et la réception des représentants de
(1) Le concile avait imposé, en faveur de l'expédition,
une dime frappant toute personne ecclésiastique : etiamsi
Cardinalatus aut Pontijicatus dignitate prœfulgerent
(R. P. Alexandri, loc. cit.)
(2) TzHisMANN, I. c. p., 157, cité j)ar Héfelé, t. XL
39
l'Eglise grecque. Il confia le commandement de
l'expédition à un autre de ses neveux, Antoine
Gondolmere, qui emmena à Constantinople une
nombreuse ambassade présidée par l'archevêque
deTarentaise(l). Puis, le 18 septembre, il publia
solennellement une bulle transférant la tenue du
concile à Ferrare. Les Pères ripostèrent par
diverses mesures. Ils placèrent sous la protection
spéciale du concile le cardinal de Foix, légat
d'Avignon, chef de leur parti dans celte ville ;
ils citèrent le pape à comparaître devant eux
et interdirent à toute personne de quitter Bàle,
en vertu de la bulle de translation qu'ils décla-
rèrent nulle et non avenue.
II
Nicod de Menthon avait éprouvé divers contre-
temps; les Avignonnais, le cardinal d'Arles et les
autres prélats ne lui avaient pas fourni rapide-
ment l'argent nécessaire pour fréter les galères
et engager les archers. Le roi René avait même
séquestré un instant les navires, sans doute parce
qu'ils étaient débiteurs de droits de péage (2), ou
bien parce que l'on avait enrôlé quelques-uns de
ses sujets. Le capitaine-général dut^ pour aplanir
les difficultés, envoyer en Provence divers délé-
(1) HÉFELÉ, XI, p. 366 et suiv. ; Eugène IV avait encore
un troisième neveu, le cardinal François Gondolmere.
(2) On lit, au n° XVll du Compte ci-après, que plusieurs
galères avaient remonté le Rliône jusqu'à Arles.
40
gués choisis dans son escorte, Pierre du Bois,
chevalier de Saint-Jean, précepteur de Fouille
(Puliacij et de Salins, Mermet Lombard, Bar-
thélémy Tavel (Vaudois), les frères de Cohen-
dier, les frères Suchet, Jean de Mécorax, etc. (1).
En mars et en avril 1437, ses archers, profitant
du repos forcé où il les laissait, se débandè-
rent en emportant ce qu'ils trouvèrent à leur
convenance. La chaleur, et la peste à sa suite,
étant survenues, le capitaine dut se pourvoir
d'une sixième galère et, sur l'ordre des prélats,
chefs politiques de l'expédition, quitter Nice,
dont le séjour était devenu dangereux, pour
regagner Marseille ou Arles. Ce fut dans ce
voyage, croyons-nous, que la flottille reçut la
chasse de Rodrigue de Lyson, pirate catalan, qui
s'empara de l'une des galères, la pilla et emmena
prisonniers les archers qui la montaient. Il est
vrai que le pirate fut bientôt capturé à son tour (2).
Les Pères, craignant que cette fâcheuse aventure
eiit découragé leur amiral, envoyèrent, le27sep-
(1) Compte, n° XXI.
(2) Compte, no XIX. Au document 179 de Ceeconi, op.
cit., et dans le rapport adressé au concile par les évèquos
de Viseu et de Lausanne, on lit que Nicod de Menthon
exigea une galère de plus à raison de ia chaleur et de la
presse. Peut-être, au lieu de ce dernier mot, fallait-il do la
peste, à moins que le mot employé ne signifie que les
navires étaient trop petits pour le nombre des archers joint
à, celui des membres de rexpédition et des rameurs.
41
tembre 1437, au duc Amédée, un de ses con-
seillers, Jean de Grolée, custode de Lyon (1),
pour le prier d'écrire à Nicod et l'encourager à
terminer l'œuvre commencée. Il devait assurer
le capitaine que Dieu le récompenserait au double,
et que, s'il réussissait à amener les Grecs au
concile, il obtiendrait de grosses sommes d'argent.
Nicod n'avait pas attendu ces consolations ; déjà
il s'était mis en route pour Constantinople.
Les galères étaient commandées sous sa direc-
tion par Pierre du Bois, chevalier de Saint- Jean
de Jérusalem, Claude de Menthon, seigneur de
Cormand, Théobald de la Brige, du diocèse de
Besançon, Jean de Grimaldi, de Nice^ et Mermet
Lombard, citoyen de Genève. Les troupes avaient
pour chefs Antoine de Varennes, frère Georges de
Valpergue, précepteur de Bresse ? (Brixie),
François de Chissé, Berthet des Allues (de Allo-
dio) et Jean du Bois (2). On comptait encore dans
(1) Voir la lettre du concile dans Gioffredo, Storia délie
Alpi maritime, in Monumenta Historiée Patrice, Scrijp-
toruni, II, col., 1059.
Les Grolée, comme les La Palud, étaient Bressans, sujets,
par conséquent, d'Amédée VIII. Le titre de conseiller ducal
était accordé à toutes les personnes de haute condition ou
de science qui approchaient le Souverain. Souvent il était
purement honorifique.
(2) Rabut ; Protestation de Nicod de Menthon contre
le Podestat de Chio^ passini. — Cormand était une petite
seigneurie à l'ouest d'Annecy; Claude de Menthon était le
frère cadet de Nicod.
42
l'expédition Jacques de Valpergue, docteur es
droits, qu'Amédée VIII semble avoir donné à
Nicod pour son conseiller.
A côté de ces clercs ou soldats, et y exerçant
une autorité prépondérante, la flotte portait les
ambassadeurs du concile, Louis de la Palud,
évêque de Lausanne, Louis, évêque de Viseu en
Portugal et maître Jean de Raguse, professeur en
théologie sacrée, auxquels s'était joint Nicolas Car-
bonel, aussi professeur en théologie^ ambassadeur
d'Alphonse, roi d'Aragon. Dans leur suite, nous
trouvons D. Guillaume^ abbé du lac de Joux, au
diocèse de Lausanne, frère Adam Tuillier (Tegu-
lavii), vicaire du prieur de Payerne, Philibert de
la Palud, Jacques Huglin, clerc bâlois,et Théodore
Winckelman, clerc de Cologne (1).
La flotte pontificale avait devancé à Constan-
tinople les galères du concile. Quand elles arrivè-
rent, Antoine Gondolmere voulut les empêcher
d'aborder. L'empereur dut interdire aux deux
partis d'en venir aux mnins. « Alors, dit Jean de
Raguse, la flotte déployant dans les airs les
bannières de l'Eglise, au son éclatant des trom-
pettes et des autres instruments de musique,
s'avançantavec pompe dans un ordre merveilleux,
partit de Péra, et, h la joie du peuple des deux
villes, entra dans le port de Constantinoplo,
(1) Tous ces noms se rencontrent dans le Compte de
l'expédition, ou dans la Protestation.
43
forçant ses émules mêmes à lui accorder leurs
louanges et leur admircition (1). » Le même jour,
3 octobre, Nicod de Mentlion et Pierre du Bois
présentèrent leurs lettres de créance : celui-ci au
nom du roi de France, Nicod au nom du duc de
Savoie (2). Le 6, Louis de la Palud adressa une
allocution à l'empereur ; mais il ne réussit pas à
le persuader. Les Grecs s'entendirent avec l'arche-
vêque de Tarentaise et les autres envoyés du pape.
Jean Paléologue ne molesta pas cependant les
représentants du concile. De temps, en temps, il
leur fit des cadeaux de poisson ou de gibier. Au
moment du départ, il envoya à Nicod de Mentlion
un faucon, une selle de cheval avec son tabarin,
(1) Mandavit (imperator) ne quis inciperet facere aliquani
novitatem. Et ita seeuritate reddita, proteusis in altum
vexillis Eeelesie cum maximo ordine et honore, eoncrepan-
tibus tubis et machinis aliisque generibus musicoruni in
galeis, ex parte civitati's Perensis, cam magna lœtitia utrius-
que eivitatis populi, classis vestra portum Constantinopoli-
tanum intravit : et absque dubio cum talibus ordine et
apparatu ut etiam emuli et mirari et laudare cogerentur
(Cecconi, Doc. DXII).
(2) C'est certainement à raison de cette double représenta-
tion que les chefs de la flottille déclarent toujours agir au nom
de la nation gallicane qui comprenait tous les peuples parlant
français. Bien que les galères eussent été achetées ou nolisées
pour le compte du concile, Nicod les indique partout comme
appartenant au duc de Savoie. C'était peut-être une précau-
tion à rencontre des Vénitiens ou de tous autres agresseurs
que les anathémes du concile n'auraient pas tenus en
respect.
44
une épée et une masse (d'armes) dorée à la turque.
Tels ne furent pas les procédés des pontificaux.
L'archevêque de Tarentaise adressa un jour de
vifs reproches à Jean de Raguse, et ses partisans,
commandés sans doute par Antoine Gondolmere,
enlevèrent Jean Piémont, le héraut du duc de
Savoie. Ils prétendirent l'avoir envoyé à Venise
alors qu'on les accusait de l'avoir fait noyer dans
le port de Constantinople (1).
III
Les ambassadeurs du concile s'en allèrent,
mécontents et fort humiliés, au moment où les
Grecs se préparaient à monter sur les galères du
pape. Nicod mit à la voile le l®'' novembre ; mais,
contrarié par le vent et par une grosse mer, il se
vit contraint d'entrer le 8 au soir dans le port de
Chio, « distant, dit-on, de 40 milles italiens de
Constantinople ». Le 10, la mer étant devenue
meilleure, il s'apprêtait à lever l'ancre au milieu
de la nuit, lorsqu'il s'aperçut que la route était
barrée par deux gros navires. Un certain Lucien
Pinella en sortit et vint sur la galère montée par
le capitaine et l'évêque de Lausanne les inviter à
difïérer leur départ.
(1) Cecconi, ouGvagc cite. — Il y avait à la cour ducale
un autre héraut Sacorje qui, à cette même époque, voyageait
pour son maître un peu de toas côtés; souA^ent aussi au péril
dosa vie. (Voir aux Mémoires de la Société sacoisicnne
d'Iiiëtoire, t. XXXI, p. 393, les Comptes des coijages du
Héraut Scwoye, publiés par M. Rabut.)
45
Le lendemain Guillet et Christophe Justi-
niani (1), consuls de la ville, se rendirent à bord
pour réclamer Nicolas Carbonel, l'ambassadeur
du roi d'Aragon, leur ennemi, c'est-à-dire celui
des Génois sous la domination 'de qui l'île de Chio
se trouvait alors. Ils formulèrent en outre une
prétention bien singulière qu'ils affirmaient ce-
pendant être dans les usages maritimes, celle
d'avoir le droit de se saisir des navires rencon-
trés en mer pour les contraindre à combattre
avec eux la flotte catalane qui naviguait près de
l'île avec le dessein de l'attaquer {Protestation,
p. 18). Les pourparlers durèrent plusieurs jours,
pendant lesquels Nicod fut obligé de tenir table
ouverte à son bord, à la façon des capitaines
(N° XXV du Compte des dépenses). Nicod refusa
péremptoirement de livrer Carbonel ; il ordonna
même à ses officiers et à ses soldats de tout pré-
parer pour se défendre contre la communauté de
Chio, recommandant à chacun « de faire virile-
ment son devoir (Protestation, p. 87) «.
Cette résolution désespérée ne fut pas du goût
des évêques et des clercs. Après avoir constaté
que la flottille était cernée et que toute manifes-
(l) Un membre de cette famille, Andreolo Justiniani
Banca, composait, à cette époque même, un poème, en vers
italiens i-imés, sur l'assaut donné à l'ile de Chio, en 1431,
par les Vénitiens (Miscellanea cU storia iialiaiia, VI,
p. 543). Un autre Justiniani (Angelo) devint évoque do Ge-
nève-Annecy au siècle suivant (15G8-1579).
46
tation hostile qu'elle ferait pourrait amener sa
destruction complète (1), ils réussirent à per-
suader le capitaine-général de traiter. Nicod ne
s'y décida qu'après avoir obtenu l'assurance que
l'ambassadeur d'Aragon et les autres Catalans de
la flotte ne seraient pas inquiétés (2). Le 22 no-
vembre les galères purent quitter l'Ile où elles
n'avaient peut-être été retenues que sous des
prétextes mensongers et, en réalité, pour plaire
au parti italien. Elles arrivèrent le 15 décembre
à Monaco.
Le gouverneur de Nice était dés lors chez lui.
Il put licencier ses marins et ses archers, vendre
ses galères devenues inutiles. Nicod revint à
Bâle où les évêques l'avaient précédé et avaient
déjcâ, le 29 janvier 1438, remis leur rapport, ré-
digé par Jean de Raguse.
Le 25 février, le capitaine-général se présenta
devant l'assemblée générale du concile convoquée
pour le recevoir, et entouré sans doute de ses
officiers qu'il avait ramenés sains et saufs, excepté
cependant le héraut de Savoie, il remit aux
(1) Nicod voulait faire une trouée^ espérant sans doute
sauver la j^lus grande partie de sa flottille par le sacrifice
d'un ou deux navires. La crainte d'être coules ou faits pri-
sonniers détourna facilement les évoques et les mercenaires
d'un acte d'héroïsme inutile. L'esclavage était fort dur pour
les uns, et la rançon exigée des autres, exorbitante le plus
souvent.
(2j Ces détails sont tirés du document publié par M. Rabut.
47
Pères l'étendard et le sceptre de l'Eglise, insi-
gnes du commandement qu'ils lui avaient confiés
l'année précédente.
Le même jour, le concile adressa à Louis,
lieutenant-général des Etats de Savoie, des let-
tres où on lit :
« Après avoir achevé sa mission, Nicod de
Menthon, chevalier, chambellan de l'Excellence
de votre Père... en sa qualité de capitaine de
l'Eglise, a dirigé les choses à l'honneur de celle-ci,
bien que le résultat n'ait pas été tel que nous le
voulions... Nous regrettons singulièrement ce
qui est arrivé à votre héraut Jean Piémont ; nous
désirons qu'il soit mis en liberté, s'il est détenu.
S'il est mort, les prières de l'Eglise monteront
vers le Très-Haut pour qu'il le place parmi les
Bienheureux.
« Les sujets Génois de l'ile de Chio ont retenu
nos galères contre la volonté de nos orateurs et
du capitaine ; que Votre Excellence aide le con-
cile à obtenir les dommages qui lai sont dus. Et
ce pirate, détenu en votre pouvoir, qui a enlevé
au capitaine un navire avec ses arbalétriers, con-
traignez-le à réparer aussi le dommage causé à
celui-ci et au concile.
« Nous recommandons le capitaine à votre bien-
veillance , en considération du concile et de
l'Eglise catholique à laquelle il a obéi. Il a rendu
aujourd'hui avec honneur les insignes dont il
avait été investi par le saint Synode et nous les
48
avons reçus en l'honneur de Votre Excellence, do
celle de votre illustre père et de sa vaillance.
Donnée à Bàle le 5 des calendes de mars 1438.
Signé : N. Bovis (1) ».
Ces éloges et cette recommandation du concile
sauvegardaient bien l'amour-propre du chevalier;
cependant, il ne pouvait se le dissimuler, il n'avait
rapporté ni la gloire ni le profit qu'il avait espé-
rés. L'expédition avait complètement échoué,
non par sa faute à la vérité ; mais parce que le
pape avait été plus fort ou plus habile que les Pè-
res du concile et que les évoques, leurs représen-
tants en Orient.
Nicod de Menthon, en outre, avait compromis
son patrimoine et s'était endetté, pour faire mar-
cher l'expédition. Le document que nous pu-
blions plus loin établit qu'il avait avancé pour elle
des sommes considérables.
Après avoir porté au duc de Savoie la lettre
du concile et lui avoir fait le récit des péripéties
variées de l'expédition. Nicod dressa le compte
de ses avances, depuis le jour où il s'était rendu
à Bàle pour y recevoir ses premières instructions
jusqu'à celui où, de retour de Constantinople, il
était revenu auprès du concile et lui avait remis
(1) « Tiis'ujnia sibi alias... tradita quœ nos ah code/n
rccipimus in commendacioiicm exccllentiœ tuœ, ac tui gc-
niloris illiistris, ac strenuitatis illias. y —Ex actibus M. S.
ConciJii Basiliensis, dans Gioffredo, loc. cit., col. 1061.
49
les insignes du commandement. C'est la minute
de ce compte, celle sur laquelle a dû être copié le
mémoire remis aux Pères, que nous avons retrou-
vée, après quatre siècles et demi à Gruffy (1).
La somme que le capitaine réclame s'élève
au chiffre considérable de 20,595 ducats. Il n'a-
vait, ce semble, pas conservé de notes bien régu-
lières de ses avances, car souvent il ne sait pas
exactement ce qu'il a dépensé pour telle ou telle
opération, et dit qu'elle lui a coûté plus de cent,
deux cents ducats. Les trésoriers du concile de-
mandèrent, sans doute, des justifications plus dé-
taillées, car si l'on paie sans compter quand une
grande affaire a réussi^ l'on se montre rigoureux
lorsqu'elle a échoué.
IV
L'empereur et les prélats grecs partis le 24 no-
vembre arrivèrent à Venise le 8 février 1438
après une longue et pénible traversée ; le 7 mars
(1) Gruffy^ paroisse du canton d'Alby, à 15 kilomètres
sud d'Annecy et de Montrottier. On y trouve les ruines
d'un château féodal qui a appartenu à la famille de Men-
thon-Montrotlier. Nieod a dû y séjourner à diverses reprises.
Il est assez singulier que la minute du compte ait i:)assé des
archives du château dans les papiers d'un j^ropriétaire rural
de la localité-.
C'est du même château, sans doute, que provient le par-
chemin publié en 1851) par M. François Rabut qui le tenait
de M. A. Finet, procureur à Ghambéry, membre de la Société
sav. d'histoire.
4
50
ils firent leur entrée solennelle à Ferrare où le
pape les attendait.
Le 27 mars, le concile de Bàle, dont le cardinal
d'Arles était devenu le président depuis le départ
du cardinal Julien, renouvela la suspension qu'il
avait prononcée contre Eugène IV.
Les ressources de la ville de Ferrare, où la peste
sévissait d'ailleurs, s'étant assez vite épuisées et
les Florentins offrant des sommes considérables
aux Grecs et au pape, Eugène transféra le concile
à Florence, où, après des discussions nombreuses
et prolongées entre les représentants des deux
Eglises, l'union des Grecs aux Latins fut procla-
mée. Le 6 juillet 1439, le cardinal Julien Cœsa-
rini lut d'abord le décret en latin ; le savant Bes-
sarion, métropolitain de Nicée, en fit ensuite la
lecture en langue grecque (1). Mais, on le sait, ce
décret resta sans force ; les prêtres et la nation
grecs ne ratifièrent pas la décision de l'empereur
et des patriarches qui y avaient adhéré. Trois
cent cinquantes années se sont écoulées et la ques-
tion n'a pas fait un pas. Le César de Moscou a
(1) HÉFÉLÉ^ Histoire des conciles, XI, p. 378, 392, 463.
— Les Grecs hésitèrent jusqu'au dernier moment. La part
considérable prise à l'union par Bcssarion le rendit odieux
h ses compatriotes, c'est pourquoi il resta en Italie où il fut
bientôt élevé au cardinalat. 11 devint l'ami d'un Savoyard
pieux et instruit, Guillaume Fichet, professeur à l'Univer-
sité de Paris et l'introducteur «le l'imprimerie dans cette
ville en 1470.
51
remplacé à la tête de l'Eglise orthodoxe le faible
PaléologLie ; il n'est pas près de soumettre à Rome
sa suprématie religieuse (1).
Cependant le concile de Bàle continuait ses ses-
sions, et son irritation contre le pape allait crois-
sant. Le 25 juin 1439 il prononça sa déposition et
renvoya à deux mois l'élection de son successeur.
Le 30 novembre, après avoir reçu la communion
des mains du cardinal d'Arles, les trente-deux
Pères électeurs entrèrent en conclave ; le 5 no-
vembre, au cinquième tour de scrutin, ils élurent
pape le duc de Savoie, Amédée VIII, et le cardi-
nal Alamand s'empressa de proclamer l'élection.
On sait qu'Amédée^ après une résistance de pure
forme, accepta la tiare. Il abdiqua au bout de dix
années en faveur de Nicolas V, successeur d'Eu-
gène IV.
(1) On doit noter toutefois une tentative faite en 1719 au-
près de Pierre-le-Grand par l'entremise d'un certain nombre
de docteurs de la Faculté de théologie ; le résultat de leurs
négociations a été consigné dans cxuelques écrits du temps.
52
Compte des avances de Nicod de Menthon
POUR l^expédition envoyée par le Concile de Bale
EN Orient (1)
Sequuntur expense nécessaire et quasi ordinarie facte
per magnificum militem Dominum Nicodum de Men-
thone sacri basiliensis [concilii] capitancum ad opus
officii sibi iniuncti pro sacro ooncilio exequendi.
I. — Primo quod dictus dominus capitaneus venerit
basileara ipsius sacri concilii raandato pro intendendo
in négocie administrationis sibi iniancte. Ubi longam
moram traxit et raulta documenta solvit in quibus om-
nibus exposuit tam ordinarie quam extraordinarie,
plusquam 111° L. d.
II. — Item eo quod non liabuit prestantiam sex
minium ducatorum quos sibi cum primum Gebennas
applicuisset solvi debebat pro preparatione rerum ad ne-
gocium spectantium ne ob illam causam res ipsa deffi-
ceret. Mutuo cepit ducatos sex milia quos tenuit a
vicesima decembris usque ad quindecimam martij ex
quibus solvit ducatos V^ d.
III. — Item pro preparatione negocii ut celerius ex-
pedirentur omnia misit ducaiem nicee receptorem.
Georgium Arnaud] commictivum f et tabelionem, Ja-
nuam pro fieri faciendo duas giiUeas subtiles et galeo-
(1) Sur deux feuillets de papier de 0,29 de haut sur 0,22
de large. Au dos on lit : 17 o)" {Concilii ?) Extraovdiiiaria
generalia. Ce papier cergè, sans pontuseaux, a pour fili-
grane un raisin.
Les numéros d'ordre n'existent pas sur l'original.
53
tam, qui ibidem moram continuam traxerunt iisque quo
gallee nicee reducte sunt, exposuerunt . . LX d.
IV. — Item solvit pro pretio dictarum subtilium gal-
learum et galleote viginti quatuor banchorum que Do-
minus arelathensis fieri fecit cum aliuude fustes haberi
non possent Ul^ IIIIc d.
V. — Item pro calafatandis etreparandis aliis duobus
grossis galleis et potissime una que nunquam naviga-
verat, quam ut novam refficere opus fuit, omnibus que
necessariis fulcimeutis fulcivit ita quod exposuit plus
quam M. VIIIc d.
VI. — Item pro diversis locis perquirendo et congre-
gando tam tricentos balisterios quam omnes ad classam
(sicj maritinorum necessarios anteponendisque connes-
tablariis datis exposuit plusquam 11° d.
VII. — Item occasione promissorum sibi a sacro
concilio facle (sic) de solvendo sex millibus ducatorum
octava Januarij misit trinavicum Avinionem dominum
Petrum Cobenderij et duos alios qui tamen nihil operati
sunt et exposuerunt XXV d.
VIII. — Item eamdem ob causam misit dominum
Petrum Cohenderij et Johannem Cobenderij fraires et
dominum Johannem de Mecorax (1) diversis vicibus hic
ad Basileam ita quod hiidem exposuerunt. . LX d.
IX. — Item ipso sacro concilio ipsum ad fidejuben-
dum vehementer actente per magistrum Erardura Ro-
(1) De Cohencliei', de Mécorax, noms savoyards. Le fief
de Cohendier est près de la Roche, en Faucigny ; celui de
Mécorax, à Scrrières, arrondissement de Chambéry, rive
gauche du Rhône.
54
selli et rigide ; quam ob rem eideni necessariura fuit
eius fideiussores magnis cum laboribus et impensis Ge-
bennas congregare ubi plus eam ob causam exposuit
quam ducatos C d.
X. — Item quia sacrum concilium et natio gallicana
cum R. D. arelathensi et ceteris prelatis sepissime
eidem et mandaverint et rescripserint quodquod eorum
parte non implessent eorum promissa nuUam ob causam
promicteret omnia parari facere, unde eorum exorta-
tionibus singularique aiïectione quam ad rem perfi-
ciendam habebat, pro balistariis sob'endo et ceteris
subslinendo, mutuo cepit decem millia ducatorum ex
quibus tam de cambio quam de interesse solutis patitur
damnum Md.
XI. — Ilem mandate ipsius sacri Concilii idem do-
minus capitaneus misit pro salvo conductu ad regem
Aragonumet regem Renatum (1) et Januenses in qui-
bus exposuit plus quam LX d.
XII. — Item gallois ipsis in optima perfectione per-
fectis, favoribus régis Renati instantibus quibusdam,
exquisito colore quod viagium illnd persoqui non de-
debant, sequestrate fuissent, stipradictus dus capitaneus
ibidem misit R. militem Petrum de Bosco preceptorem
Puliaci (2) ad illarum relaxationem prosequendam qui
ibidem longam moram traxit et Niciam conduci fecit.
Ita quod illam ob causam exposuit plus quam. . C d.
(1) Nous avons parlé plus haut do ce saui'-conduit dont
l'original est conservé aux archives de Genève et dont le
texte a été publié par M. François Rabat.
(2) Révérend chevalier (de Saint Jean de Jérusalem)
Pierre du Bois, précepteur de Pouille. Le Bois, flef de Ta-
rentaise.
55
XIII. — Item cum primuui sacri concilii predict
oratores Avinionem pervenerunt misit predictus Dus
capitaneus ad illos Mermetum (1) Lombardj, Bartholo-
meumTavelIi et unum tabellionem pro sibi débit o petendo
ubi moram Iraxerunt tribus mensibus, ibique exposue-
runt CL d.
XIV. — Item mictenlibus ipsis oratoribus ipsi domino
capitaneo ut virura sufficentiori mandato munitum ad
illos micteret cum potestate alios dies gesta ratificandj
mixit Reverendum militem dominum preceptorem Pu-
liaci qui ibidem tam diu moram traxit quod exposuit
plus quam C d.
XV. — Item mictentibus ipsis dominis ambasciato-
ribus lam pro perficiendo negocio pecuniarum per Avi-
nionem exbursandarum quam ut niciam portaret et pe-
cunie tucius portarentur ut urbem Arelathensem peteret
cum duabus galleis, in urbe Avinionensi ita longam
moram traxit pro illis perfîciendis quod exposuit in hos-
picio IIIc d.
XVI. — Item postquam supradictus dominus capita-
neus requisiverat duos oratores ut sibi perfîcerent que
ex parte sacri Concilii restabant ad implenda, lam super
fideiussione prestanda quam stipendiis eius solvendis
ipsique repondissent se ad hoc mandalura non habere.
Quam ob rem ei fuit necessarium ad sacrum Concilium
mictera dominuui Claudium Sucheti et Franciscum
Sucheti fratres pro supradictis requirendis, qui eidem
costarunt XXX d.
(1) Mermet ; ce prénom fort répandu en Savoie au nioyen
âge est devenu un nom patronymique.
56
XVII. — Item cum primum per Avinionenses exbur-
sata fuit summa pecuniarum sacro Concilio promissa-
rum divulgata fuit publica vox et fama per urbem et
totam patriara quod alique galee pirratarum tune in pro-
vincia residentiam et Rege Renato moram gerentiuni,
qui tune negocio adversabatnr, capere volebant et galleas
et pecunias exbursatas, quamobrem propter indicia ve-
hementia necessarium fuit eidem quamplures explora-
tores per Provinciam miciere, cum vero cum galleis
ipsis per Rodanum descenderet prolata fama quod
proxime erant galeote et eisdem consocie obviavit quam
cepit et propriis sumptibus ad tutelam rerura et pro in-
formatione habenda Niciam duxit non invento ? galleo-
tam illam culpabilem cui dampna reservare opus fuit ;
quibus omnibus rébus solvit plusquam ducatos.. LX d.
XVIII. — Item ob moram quam galloe ad receden-
dum traxerunt a prima marcii usque ad primam augusti
quam ob rem victualia et cetere provisiones consumpte
fuerunt ita ut maxima cum penuria ei iterum fuit ne-
cessarium providere, ex qua passus est detrimentum
plus quam de IIIc d.
XIX. — Item ut galee tucius iront et otiam ob cau-
sam pestis que in Nicia supervenerat ne ipse galee infî-
cerentur ordinaverunt ipsi sacri Concilii oratores ipsum
capitaneum ducere galeotam et navim, pro quibus am-
bobus eidem pro toto viagio promiserunt tria millia du-
catorum quibus ipse assensit pro uiilitato negocii quam-
vis magno cum suo intéresse cum de sua galleola solveret
sexcentum ducatos pro mense. Navis vero parum minus
eostabat que plurium mensium stipendium rcceperat.
Ita quod pro utraquc solvit plus quam habuit MCC^ d.
XX. — Item supradictus dominus capitaneus émit
navim sexingentarum vegetarum capacem que modo to-
taliter est destructa pro negocio^ costat sibi. . M. d.
XXI. — Item propter longam moram quam gallee ad
recedendum traxerunt quod fuit a prima mardi usque
ad primam augusti, dum ipse vacaverit Nicie, per pro-
vinciam et Rippariam (1) fugerunt tôt balistarij mari-
narij et alii qui prestantiam babebant quod portarunt de
pecuniis suiseidem inrecupperabilibus plusquam. M d.
XXII. — Item ipso existente in Constautinopoli,
vidente et arbitrante quia navis sua non veniebat aliquod
simstrum sibi evenisse que unam magnam partem
balistariorum portabat, ne illam ob causam negocium
defficeret hinc inde providit quamplures balistarios
inerrando (2) qui sibi costiterant plus quam. . . 11^ d.
XXIII. — Item quia sacrum Concilium non provi-
debat pro galleis de tentoris, coperturis, banderiis at que
vexilliis ut facere debebat, ipse providit et exposuit plus
quam M d.
XXIV. — Item quando gallee per illos de Syot (Chio)
fuerunt arrestale precipientes dominis oratoribus ut sibi
de passagio provideret, conduxit unam navim mille
vegetum, ex qua solvit Vie d.
XXV. — Item eo quod longa mora tracta fuit ante-
quam classis recedere posset fuit necessarium, ut modus
(1) Ripparia, la Rio Ivre de Gênes.
(2) Inerrando, en donnant des arrhes. Il avait donné des
arrhes {erres en patois savoisien) à un grand nonubro
d'archers qu'il avait engagés dans la crainte où il était que
le vaisseau attendu n'arrivât ])as. Cette crainte ne s'(M;int
pas vérifiée, le capitaine dut laisser les arrhes aux archers.
58
capitaneorura est, magnum stalum teneret. Ita quod
patroni galearum conestablorum et nobiles plures alios
in negocio existentes continuo erant in prandio et cena
cum eod3m, ac eciam plures alii ad bec négocia videnda
venientes, pro quibus exposuit plus quam Vie d.
XXVI. — Item quia per patres sacri Concilii sibi pro
statu suo non fuit provisum et ei fuit necessariam com-
plures nobiles pro statu suo secum habere ; duxit eciam
pro salule negocii peritissimum in fisica doctorem, fecit
et propterea fîeri pro bonore sacri Concilii plus
quam V^ vestes librata sua, in quibus exposuit plus
quam II" d.
XXVII. — Item in suo moderne adventu exponit qua-
libet die decem florenos Alamagnie qui in paucis diebus
ad raagnam summam ascendant nisi per P. V. R.
( Paternitates Vestras Reverendisssimas) celeriter expe-
diatur quibus supplicat ut in supradictis dignentur
habere respectum et supra eisdem ei taliter providere
quod possit suis creditoribus satisfacere et boni et fidelis
suscepti servilij retributionem aliqualem suscipiat, cum
eidem magna facultatum suarum expositione cutn quanta
l)Otuerit diligentia serviverit et in statu sint gallee sue,
ut putat, adhuc melius quam unquam fuerunt ipso sacro
coneilio serviende (Aucune somme n'est indiquée j
l'article est bàtonné).
XXVIII. — Item cum michi necessarium fuerit tam
excrtationibus sacri Concilii quam propter necessitatem
eminentem ne negocium destrueretur cum Avinionenses
pecunias non haberent tradere eisdem summam XV"
ducalorum quam mutuo a merchatoribus cepi. Ex qua
necessarium michi fuit tam pro cambio quam pro
59
interesse ducatorum tria millia et octingentos sol-
vere III^' Ville d.
XXIX. — Item pro ultimo eius ad Basileam adventu
tam in veniendo quam in Basileam morando quam aliis
expensis ob illam causam exposuit ducatorum. . . VIo
SuMMA XX« DXCV d.
DEUXIEME PARTIE
Diverses charges de Nicod de Menthon
La famille de Menthon est certainement l'une
des plus anciennes et des plus illustres de cette
partie de la Savoie, connue sous le nom de Ge-
nevois, qui correspond à l'étendue de l'ancien
diocèse de Genève. Beaucoup de ses membres,
dans les temps anciens, comme aux siècles der-
niers ont exercé des charges importantes. Le plus
illustre, toutefois, est saint Bernard de Menthon,
qui fonda, vers 1046, l'hospice du Mont-Joux ou
du Grand-Saint-Bernard (1). Elle se divisa assez
tôt en diverses branches, dont les principales
sont les Menthon, seigneurs de ce lieu, les Men-
thon de Montrottier et les Menthon d'Aviernoz-
des Costes-Lornay (2).
Divers membres de ces familles furent baillis
de Vaud, de Genevois, de Faucigny^ de Savoie.
On les voit ordinairement dans l'entourage des
comtes de Genevois, puis des ducs de Savoie.
Grillet nous montre^ auprès d'Amédée VIII, Henri
(1) M. Ducis, archiviste de la Haute-Savoie, donne comme
dates les plus plausibles de sa naissance et de sa mort les
années 998-1082. (Reçue savoisieniic, 1890, p. 166.)
(2) Grillet^ Dictionnaire Idstorique du département du
Léman, II, p. 28 et sui\antes.
61
de Menthon et son iils Guillaume. C'est encore là
que nous trouvons Pierre de Menthon, seigneurs
de Montrottier et de Grésy, son fils aîné Nicod,
seigneur de Nernier, au bord du lac Léman et son
fils cadet Claude, seigneur de Cormand.
En 1426, Pierre est chambellan d'Amédée VIII
et devient bailli de Genevois. A la même époque,
Nicod de Menthon est « escuyer d'escuirie » du
duc de Savoie. Ces dignitaires avaient le privi-
lège d'entrer à toutes les heures^ et sans se faire
annoncer, dans la chambre du prince ; ils choisis-
saient ses chevaux et ses armes, avaient la garde
de ses bannières, l'escortaient dans les combats,
dirigeaient l'éducation de ses pages, etc. (1).
En 1426, le 2 novembre, Nicod est à Turin, âla
tête de trois lances, pour prendre part à la guerre
contre Philippe-Marie Visconti, duc de Milan (2).
Après la campagne de 1426, la perte de la bataille
de Macalô, le 11 octobre 1427, Visconti détacha
Amédée VIII de l'alliance des Vénitiens, en lui
cédant la ville et le comté de Verceil, dont Main-
froi de Saluées^ maréchal de Savoie, prit posses-
sion le 8 décembre suivant. En même temps, il
demandait la main de Marie, la fille aînée du duc.
Elle lui fut accordée bien qu'on l'accusât d'avoir,
(1) Marquis Léom de Costa de Beauregard, Souvenirs
du règne d'Amédée VIII, p. 21o.
(2) Ibid., p. 121. Ses deux chefs de lance sont Pierre de
Lucinge et Picne de Saint-Laurent.
62
sur un soupçon d'infidélité, fait décapiter Béatrix
de Tende, sa première femme.
L'on mit neuf mois à préparer le trousseau de
Marie de Savoie, le chariot magnifique qui la
devait transporter à Pavie, les chevaux et mules,
la composition de la petite cour et de l'escorte.
Nicod de Menthon fut consulté sur le choix des
étoffes ; il acheta les harpes aussi bien que les
destriers et les haquenées et fut le directeur du
cortège dans sa marche de Thonon à Verceil, où
le mariage fut célébré, puis à Pavie où le duc ré-
sidait ordinairement.
A son retour, 1429, Nicod, à qui l'on donne
alors les titres de chevalier et de chambellan, fut
envoyé en ambassade en France, en Angleterre
et auprès du duc de Bourgogne (1).
Vers la fin de l'année 1430, le seigneur de
Nernier épousa Machilde, ou Mathilde, fille et
héritière universelle de François de Rouge-
mont (2).
En novembre 1431, il fut envoyé avec Mainfroi
(1) Costa loc. cit., p. 38, 219.
(2) Nous fixons le mariage à cette date, parce que le 19
octobre 1430, Pierre de Mentlion, père de Nicod, agissant
en qualité d'administrateur de son fils et de sa future,
Mathilde de Rougemont, reconnaît tenir en fief noble, an-
cien et paternel la maison-forte dite la Bâtie de Rougemont,
à Moye, canton de Rumiliy (Archives du déjmrtement de la
Savoie, série C, carton 1799). Le mariage ne dut pas être
postérieur de beaucoup.
63
de Salaces, maréchal de Savoie^ auprès du mar-
quis de Montferrat et du duc de Milan pour con-
clure un traité avec eux. N'ayant pas réussi
auprès du premier, ils furent plus lieureuK auprès
de Philippe-Marie (1). Revenu en Savoie, nous
voyons Nicod de Menthon assister fréquemment
aux conseils d'Araédée VIII dont il était cham-
bellan. Le 23 octobre 1433, notamment, il est â
Thonon, présent au renouvellement des franchises
d'Evian. Si l'on en croit l'indication de Cibrario,
rapportée dans notre première partie (p. 34),
Nicod serait, en novembre 1434, devenu l'un des
chevaliers-ermites de Saint-Maurice et le com-
pagnon d'Amédée à Ripaille. Les autres cheva-
liers étaient Henri du Colombier, Claude du
Saix , Lambert Oddinet , François de Bussy ,
Amédée Champion et Louis de Chevelu. Mais,
ainsi que nous l'avons dit plus haut, les com-
pagnons d'Amédée étaient veufs ou célibataires,
et Nicod, dont la femme vivait encore en décem-
bre 1481, n'étant ni l'un, ni l'autre, on peut
croire que l'indication de M. Cibrario a été le
résultat d'une confusion de notes.
En 1432, Pierre de Menthon, seigneur de
Montrottier, fut envoyé à Rome par le roi de
France, Charles VII, et les ducs de Savoie et de
(1) GuiciiENON. Histoire génèaloçilque de la Maison de
Sacole, t. II, p. 48.
64
Bourgogne, pour tenter un rappiochemeut entre
Eugène IV et le Concile de Bàle (1).
Le poste le plus difficile, le plus périlleux peut-
être, parmi ceux que le duc de Savoie devait
confier à ses officiers, était le gouvernement de
Nice. Cette ville se trouvait extrêmement éloignée
de Thonon et de Genève, villes où la Cour de Sa-
voie résidait alors ordinairement. L'accès, presque
impossible par mer, puisque^ pour l'atteindre, il
fallait d'abord traverser le Daupliiné et la Pro-
vence, était très difficile par les montagnes du
Piémont. Les Turcs et les pirates inquiétaient le
littoral, et quand le souverain était en paix avec
ses voisins, des luttes intestines divisaient le pays.
En 1430, Jacques de Rosset, de Montmélian, y
était juge mage, et Pierre de Beaufort, gouver-
neur (2). Vers 1435 ou 1436, Nicod de Menthon
l'y remplaça. Giofïredo qui lui donne les titres de
seigneur de Versoix et d'Herny (Nernier), l'ap-
pelle un homme ayant l'expérience de nombreu-
ses et importantes atïaires (3). C'est a Nice sans
doute qu'il fréta les navires de la flotille da Con-
cile et c'est là qu'il la ramena en février 1438.
Après avoir réglé ses comptes avec l'Assemblée
(1) GuicHENON, II, p. Gl. Voir aussi IV, p. 256.
(2) GioFFREDO. Storia délie Alpi maritime, Colonne 1052.
— François de Rougeniont avait été gouverneur de Nice
vers 1400. Id. col. 980.
(3) Id. col. 1058.
65
de Bàle, il reprit la direction de son gouverne-
ment. En 1440, il put terminer l'agrandissement
du château de Nice, auquel il s'était appliqué dès
sa nomination. Les habitants reconnaissants firent
graver sur une table de marbre cette inscription
qui existait encore aux temps de Giofîredo (se-
conde partie du xvn'' siècle).
MCCCCLX
Hoc opas, liane molem Mentlionis stiri^e creatus
Effeeit Nicea et rector milesque Nycodus.
Ad Ducis exeelsi, quem tota Sabaudia adorât,
Et Pedemontani, et Nicea antiquissima laudem.
Nicod était à Nice lorsque, en juin 1441, son
père, le seigneur de Montrottier, y fut envoyé
par le duc Louis pour s'aboucher avec le représen-
tant du doge de Gènes dans le but d'amener les
Génois à reconnaître l'obédience de Félix V et à
contracter une alliance. Le traité fut conclu, et, le
25 juillet, il fut stipulé dans un acte séparé qu'en
cas de difHcultés, elles seraient soumises à l'ar-
bitrage de Pierre de Menthon ou de Nicod, et à
leur défaut, â celui du plus âgé de leurs descen-
dants.
Nicod s'employa ensuite à compléter l'arme-
ment de Nice et des forts voisins en les pour-
voyant d'artillerie à plus longue portée et d'autres
instruments de guerre (1).
(1) GioFFREDo; col. 1072 à 1097.
G6
Gioffredo (col. 1079) rapporte que, suivant une
note du chevalier de GuichenoUj Nicod de Men-
thon aurait, en 1443, été remplacé à Nice par
Théobald d'Autry ; mais il pense que l'historio-
graphe de la Maison de Savoie s'est trompé. C'est
avec raison, car diverses pièces démontrent cette
erreur.
Le marquis Léon Costa a puljlié, dans ses
Souvenirs du règne d'Amédée VIII (p. 39, 204
à 207), une longue et intéressante lettre, par la-
quelle Nicod rend compte au duc Louis des circons-
tances d'une visite qu'il a faite au duc et à la du-
chesse de Milan, en février 1445. Il se trouvait,
dit-il, en Savoie, en 1444, lorsque Philippe-Marie
lui écrivit à plusieurs reprises de se rendre auprès
de lui. Etant revenu à Nice, il partit à la fin de
janvier et passa une dizaine de jours à la cour du
seigneur de Milan. Il le vit dans l'intimité et put
chaque jour s'entretenir avec la duchesse Marie.
Ils le chargèrent de s'entremettre auprès du duc
de Savoie pour qu'il leur donnât son fils « mon-
sieur le prince, accompagné d'un gracieux état ».
Le duc et la duchesse étaient sans enfants et
auraient fait du prince de Savoie leur propre fils.
Cette proposition n'eut pas de suite. Si elle avait
été acceptée^ peut-être les choses eussent-elles
grandement changé pour la Maison de Savoie
et eût-elle pu recueiUir facilement l'héritage de
Philippe-Marie, lors de sa mort, quelques années
67
plus tard (1) ; mais déjà se faisait sentir l'iii-
fluence du dauphin, le futur Louis XI, beau-frère
du duc de Savoie, dont il est longuement ques-
tion dans la lettre de Nicod.
Avec ces renseignements politiques, le seigneur
de Nernier transmet au duc Louis les menues com-
missions de la duchesse de Milan, y compris
<( une bonne liaquenée pour son despartement et
esbattement ce printemps ».
Les détails de cette lettre prouvent que Marie
de Savoie n'était pas cette victime que, suivant
CoriOj le bizarre et cruel Visconti aurait tenue
dans une réclusion permanente.
Nicod s'en revint à Nice en passant par Casai
où il vit les princes de Montferrat et tâcha de
démêler leurs véritables sentiments pour le duc
de Savoie. Dans l'été on le trouve à la Cour ; le
10 juillet 1445, il est avec elle à Genève et siège
au Conseil ducal avec son père; le secrétaire ducal
le qualifie encore de gouverneur de Nice (2).
(1) « M. de Mylan, dit Nicod de Mentlion, y pourrait pren-
dre tel plaisir qu'il (le prince) sentiroit toute sa vie ; aussi
les citoyens de Milan le prendroient en amour et le cas
advenant, le pourroient prendre j)our seigneur. »
Notons que, dans cette lettre, datée de Turin le 18 février
1 445^ Nicod de Monthon parle de Jean de Compey sans rien
en dire de défavorable.
(2) Mémoires de la Société savois. d'histoire, t. XV, p. 33.
Le marquis Costa, loc. cit., p. 39, date de 1446 la lettre du
18 février ; mais à la page 207 et dans le texte de la lettre
68
Anne de Chypre, lière de sa beauté, de sa su-
perbe lignée, abusait de l'ascendant qu'elle avait
pris sur son mari. Amie comme lui des arts et de
la magnificence^ ceux-là, qui flattaient son orgueil
et ses goûts, seuls lui plaisaient. Si elle dominait
son mari (1), elle était dominée, à son tour, par les
seigneurs cipriotes venus en Savoie avec elle et par
quelques favoris dont le plus hautain était Jean de
Compey, seigneur de Thorens, chevalier fastueux
et hardi, qui avait acquis de la célébrité dans les
tournois (2). Sa morgue offensait les autres sei-
gneurs savoisiens ; ils se plaignirent à diverses
reprises au duc Louis, qui laissa leurs doléances
sans réponse. S'étant réunis au château de Va-
rembon, en Bresse, chez François de la Palud,
l'un d'eux, ils formèrent une ligue contre le favori.
Pierre de Menthon et ses fils en faisaient partie.
on lit bien 14 15. Peut-être cet auteur a-t-il j^ensé que Nicod
employait le style pascal . Nous croyons au contraire qu'il
devait user du style de Noël, aano a Natioitate Domini,
dont les comtes et ducs de Savoie se servaient exclusi-
vement.
(1) Voir à ce sujet dans Monumenta histori.e patri.e,
Scriptoruin, t. I", la chronique anonyme latine, véritable
pami)lilet contre le duc Louis et Anne.
(2) Voir, notamment dans les Mémoires d'Olivier de la
Marche, le récit du Pas d'armes de l'arbre de Charlemagne,
entre Nuits et Dijon, juillet 1443 ; et, dans Guiclienon, iffs^.
généalogique, t. I", p. 512, la joute de Jean de Compey
avec le célèbre chevalier arragonais, Jean de Bouiface, à
Turin, le 12 décembre 1449,
69
Nicod et son père furent chargés de renouveler
leurs instances auprès du duc, tout en protestant
de leur soumission à sa personne et de leur respect
pour la famille souveraine, les membres de l'Ordre
et la justice. Ce fut encore en vain ; aussi quel-
ques-uns d'entre eux, parmi lesquels se trouvait
Claude de Menthon, rencontrant un jour Compey
à la chasse, au pied du Salôve, avec le duc de
Savoie, la duchesse et leur bru, Yolande de France,
le frappèrent de leur épée au visage (1). Cet événe-
ment s'était passé le 29 août 1446 ; il avait vive-
ment irrité la Cour et augmenté encore l'exaspé-
ration de Compey. Cependant l'intervention de
Félix V réussit, en apparence du moins, à calmer
les esprits (2) ; le favori obtint d'ailleurs une com-
pensation. Par patentes du 22 novembre 1448, il
fut nommé lieutenant- général des armées de Sa-
voie, envoyées alors en Italie contre les Vénitiens.
Après quelques légers succès, Compey fut com-
plètement battu par Barthélémy Colleone et fait
prisonnier avec quatre cents cavaliers. En septem-
bre 1449, il put payer sa rançon et revenir à la
Cour de Savoie où il ressaisit toute son influence ;
(1) Costa de Beauregard, Les Compey, p. 50, 90 et
suivantes.
(,2) Cette intervention s'étant produite avant 1448 et avant
la nomination de Jean de Compey au commandement supé-
rieur de l'armée de Savoie, Amédée VIII était encore le
Souverain Pontife ; il ne devint et on ne l'appela le légat,
qu'après son abdication delà papauté le 1) avril 14-41).
70
il en profita pour provoquer des poursuites judi-
diciaires contre ses anciens adversaires.
Ceux-ci, que le duc Louis avait convoqués à
comparaître devant lui au Pont-de-Boauvoisin,
crurent prudent de ne pas s'y rendre en personne ;
ils redoutaient les menées de Compey qui, outre
la faveur de la duchesse, avait réussi à obtenir
celle du dauphin de France, le futur Louis XL
Ils envoyèrent donc un simple procureur, qui ne
fut pas écouté. Les poursuites se terminèrent en
1452 par une sentence qui les bannissait à perpé-
tuité des Etats de Savoie, confisquait leurs terres,
les déclarait déchus de leurs charges et prescrivait
la destruction du château de Varembon.
Les proscrits se réfugièrent à Màcon^ dans le
duché de Bourgogne. Le duc Louis y fit sommer,
par son héraut Savot/e (Jehan de la Chapelle), le
maréchal de Seyssel^ François de Varembon et
Guillaume de Luyrieux, seigneur de la Cueille,
d'avoir à restituer le collier de V Ordre dont ils
étaient décorés (1). Leurs biens et ceux de leurs
femmes avaient été donnés aux Cipriotes et aux
amis de Compey; ils se trouvaient donc dans une
(1) GuicHENON, Hist. généalogique, t. 2, p. 89. Le mar-
quis Costa place la condamnation en 1451, mais elle est cer-
tainement de 1452^ puisque, dans leur recours à Charles VII,
les gentilshommes savoisiens rapportent qu'ils ont été cités
à se rendre au Pont-de- Beau voisin « dej^uis un an en ça
après le trépas de feu Monsieur le légat » (Amédée-Félix,
mort à Genèye le 7 janvier 1451).
71
situation vraiment misérable. La protection de
Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, oncle du duc
de Savoie, n'étant pas suffisamment etlicace, ils
se tournèrent vers Charles VII, qui avait contre
le duc Louis divers griefs, dont le principal était
le mariage du dauphin avec Charlotte de Savoie,
contracté sans son autorisation (1). Le roi de
France leur fut favorable, et, grâce à son inter-
vention, le duc Louis prit à Cleppié en Forez, le
27 octobre 1452, l'engagement formel de remettre
dans les trois mois tous les seigneurs bannis dans
leurs biens, états et charges comme ils étaient
avant leur condamnation. Il ne tint pas sa parole,
et ce ne fut qu'après de nouvelles et plus pressan-
tes démarches de Charles VII, que, par des lettres
données à Cbambéry les 2 juillet et 4 août 1454,
et à Annecy le 30 septembre suivant, le duc de
Savoie amnistia définitivement les bannis ainsi
que leurs adhérents et leur fit rendre leurs fonc-
tions et leurs biens.
La paix fut accueillie avec de grandes démons-
trations de joie dans toute la Savoie, à Cbambéry
surtout où l'on s'appliqua à fêter les ambassadeurs
(1) M. de Costa, Les Compey, p. 59, fixe la date de l'acte
de mariage du daujAin avec Charlotte, fille du duc Louis
et d'Anne de Chypre, à Genève, le 14 février 1452 ; d'après
Daniel, Hist. de France, t. VI, p. 267. En réalité, le ma-
riage fut contracté à Chambôry, le 8 mars 1451. (Guiche-
non, t. 2 , p. 107.) La difilérence du millésime peut encore
provenir de la différence des styles.
7^
français. Mais si la réconciliation était sur les
lèvres, elle n'existait pas dans les cœurs ; quatre
jours après la conclusion de la paiXj le 31 mars
1455, le seigneur de Thorens, Jean de Compey,
attaqua, dans les rues de Chambéry , Nicod de Men-
tlion et son père qui succomba à ses blessures (1).
Ce nouveau crime ne profita pas à Gompey, et
la faveur dont il jouissait déclina rapidement. Il
vécut longtemps encore et se trouva parmi les
vaincus de Grandson, bien que, faisant partie du
corps du comte de Romont, il n'eût pas pris part
à la bataille. Il s'en revint avec son corps à Vevey,
dans les domaines du duc de Savoie, et où son
fils et lui-même possédaient des seigneuries. Il
opprima les habitants et menaça d'incendier la
ville, et, un jour d'avril 1476, il insulta et violenta
le vice-châtelain (2). La population irritée voulut
lui faire un mauvais parti. Comme on cherchait à
s'emparer de sa personne, il réussit à s'enfuir de
Vevey, mais il fut poursuivi et atteint dans le bois
du Devin. Pendant qu'on le ramenait à Vevey, il
fut tué par deux bourgeois, aux cris des assistants :
« Qu'il meure le faux traître qui ne Jît jamais
que mal ! (3) »
(1) Les Compcy, p. 59-61 ; documents (5 à 11.
(2) Prenant l'abréviation macro, magistro, pour un nom
propre, on avait donné au châtelain le nom de Macrc. M.
Albert de Montet a démontré l'erreur. Le vice-chàtelain
s'appelait Yblei de Gerdilli.
(3) Albert de Montet; Le Meurtre du Sire Jean de
Compey-Thorcns ; Chambéry, 1890.
73
Philibert de Compey, son fils aîné, héritier de
la seigneurie de Thorens, fut peut-être pire
encore. Parmi ses nombreux méfaits, nous ne
citerons que le guet-â-pens dans lequel, le 17 sep-
tembre 1479, il poignarda de sa propre main
Bernard de Menthon, chef de la branche aînée de
cette famille.
Nicod de Menlhon, devenu seigneur de Mon-
trottier par la mort de son père, était rentré dans
les conseils du duc de Savoie. On le trouve auprès
de lui en 1456 et les années suivantes, notamment
à Genève, en octobre 1462, lorsque Louis, à la
prière peut-être d'Anne, sa femme mourante, dut
pardonner à Philippe-Sans-Terre, le meurtre du
seigneur d'Aix, maréchal de Savoie, et l'assassinat
juridique du vice-chancelier Jacques de Valper-
gue, l'ancien compagnon de Nicod de Menthon
à Constantinople (1).
Après la mort du duc Louis, survenue à Lyon
le 29 janvier 1465, il entre au service d'Amédée IX
et d'Yolande de France, sœur de Louis XI. Il
assiste au traité de paix entre celle-ci et ses beaux-
frères, conclu à Chambéry le 5 septembre 1471.
En 1473, il est présent aux conventions du
mariage de Charles, second fils d'Amédée IX,
avec Louise, fille de Janus de Savoie, passées le
10 avril au château d'Annecy (2).
(1) BoLLATi DE Saint-Pierre. La Ribellione di Filippo
S en;: a Terra, p. 48.
(2) GuiCHENON, t. 4% p. 414 et 432.
74
Nicod de Menthon, qui avait testé le 12 jan-
vier 1471, mourat avant 1481 et sans postérité,
car, le 22 décembre de cette année-là^ Micbalde
de Rougemont, sa veuve, fait son testament et
donne son fief de Rougement à Maurice et Aubert
de la Fontaine, fils de Philippe de la Fontaine et
de Bonne de Beaufort. (Archives départementales
de la Savoie, section C.)
GÉNÉALOGIE DE LA BRANCHE DES MeNTHON
DE MONTROTTIER.
L'un des comtes de Menthon actuels a fait im-
primer, il y a quelques années, « un tableau généa-
logique de cette maison, d'après l'histoire généa-
logique qu'en a écrite R*^ A. Besson, prêtre du
diocèse de Genève en 1751, reproduit d'un ancien
tableau et complété sur titres et actes authenti-
ques des archives du château de Menthon. » Nous
lui empruntons les indications qui suivent :
Jean de Menthon, seigneur de Beaumont (vers 1201).
Thomas I, transige en 1216.
Thomas II, marié en mars 1237 à Prisée de Compey ;
teste en mai 1271.
Pierre /, second fils de Thomas II, seigneur de Beau-
mont, marié à Guigonne de Lucinge ; mort vers 1296.
Henry, marié à Margueronne de Châtel-sur-Sallan-
ches, soit de Bourbonges.
Nicolet, chevalier; caution en 1356.
François I, bailh de Genevois, marié le 10 janvier
1372 à Jeanne de Chissé; mort après le 20 mai 1420.
75
Pierre II, seigneur de Montrottier, Petit-Graisy el
Sauterens, co-seigneur de Pontverre, bailli de Gene-
vois, etc ; marié le 17 novembre 1399 à Jeanne de
Ville ; acquit en 1427 le chà'eau de Montrottier ; testa
le 8 avril 1451; sa femme, le 25 mai 1452; fut tué le
31 mars 1455.
Nicod, gouverneur de Nice, marié à Mechilde de
Rougemont ; teste le 12 janvier 1471.
Claude I, seigneur de Cormand, frère cadet de Nicod,
marié à Claudine, fille de Lancelotde Luyrieux.
Charles I, marié en 1476 à Anne d'Allinges ; mort
en 1508.
Charles II, marié à Louise de Duin ; écuyer' de la
duchesse de Nemours ; teste en septembre 1529.
Pierre II, marié à Françoise de la Chesnaye, veuve
de Charles de la Forest (1) ; mort avant 1567.
Charles III, baron, puis comte de Montrottier (1596
et 1632) , marié le 3 octobre 1597 à Marie de Châtillon,
dame des Haies Gascelin et de la Rigodeau ; teste en
1536 ; mort sans enfants ; donne ses biens de Savoie à
Bernard F, comte de Menthon.
(1) Nous avons publié la pi us grande partie de son testament
au Bulletin de la Société savoisienne d'histoire, t. XXIII,
p. xLvni à Liv. Il résulte de ce testament, fait après 1581,
qu'au lieu des trois enfants indiqués au tableau généalogi-
que, Charles, Claude-Amé, chevalier de Malte, et Emma-
nuelle-Philiberte, ils en eurent encore deux autres : Claude,
chanoine de Saint-Pierre de Genève, et Marin, appelé aussi
dans le testament, seigneur de Montrottier, comme Charles,
le flls aîné.
re
Le CHATEAU DE Menthon-Montrottier
Ce château est situé dans la commune de
Lovagny, arrondissement d'Annecy ; comme l'in-
dique son nom, il est placé sur un large rocher
détaché et isolé du mont supérieur (mons riiptus,
ou plutôt en italien monte rotto). Il surplombe de
cent mètres, à quelques pas en arrière cependant,
la rive droite du Fier qui roule ses eaux tantôt
bleues et blanches, tantôt jaunes et furieuses,
dans l'étroite gorge sur laquelle est jeté le pont
de Pontverre.
Bien que bâti au fond d'une vallée sauvage et
fermée de tous côtés, le vieux manoir, l'un des
mieux conservés de nos contrées, n'a jamais dû
présenter un aspect farouche ou triste. Tout
ensoleillé, entouré de vignes de bonne qualité, il
a pu être un séjour ordinairement tranquille et
agréable, visité, malgré les dillicultés de son accès,
par les nombreux petits seigneurs des alentours
de Rurailly et d'Annecy et les quelques bénédic-
tins des minuscules prieurés de Lovagny (1) et de
Sillingy.
La photographie placée en tète de cette étude
nous présente le donjon et les tours de Montrot-
tier tels, sauf les toitures, que Pierre de Mentlion
(1) Le village, l'église et l'ancien prieuré do Lovagny sont
ïi 1.500 mètres environ du cluUeau et ;\ une altitude plus
considérable.
77
et ses fils les ont édifiés au xv^ siècle. Les châteaux
voisins du Petit-Graisy, des Rochers, de Chave-
roche ont en revanche disparu. La grande
maison qu'on aperçoit entre le donjon au midi et
la cour carrée à l'ouest, est moderne. C'est l'œuvre
sans doute du père du général Dufour, de Genève,
qui acheta le château à la Révolution française
et le revendit à la famille de Rochette <ie qui la
tient le propriétaire actuel , M. Victor Frère-
jean.
Aujourd'hui, une gare s'étale dans le pré du
Seigneur à Lovagny ; mais, pour l'établir, il n'a
pas fallu percer moins de trois tunnels et jeter
moins de sept ponts sur le Fier. Cela fait, l'on a
suspendu, dans la gorge étroite et profonde où la
rivière écume, une galerie qui, durant 250 mètres,
court légèrement sur l'abîme. Des milliers de
curieux la parcourent pendant la belle saison,
venant et s'en allant sous l'ombre des hêtres du
bois du Poète, pouvant se reposer de leurs émo-
tions dans des chalets où l'hospitalité se vend à
des prix modérés. A quelques pas une usine
d'asphalte envoie ses pains noirâtres à Paris,
Londres, etc....
Couché parfois sur ma lande de Cret-Dieu^
là-haut à l'ouest, émerveillé de cette affluence, de
cette civilisation, dans cette vallée étroite et ca-
chée que la nature semblait avoir condamnée à un
78
isolement perpétuel, j'ai souvent évoqué ses
anciens habitants :
« Seigneurs et dames deMenthon, de Montrot-
tier, de Chaveroclie et de Pontverre, pensais-je,
chanoines de Saint-Pierre, prieurs de Lovagny,
de SilKngy, de Vaulx, du Saint- Sépulcre ou de
Notre-Dame- Joyeuse, juges et châtelains, que dit
votre âme lorsque, blottie sous la feuille rougie
des grands fayards, ou perchée invisible sur la
girouette grinçante du donjon, se rappelant les
pénibles chevauchées sur vos destriers et vos
mules, à travers les marécages, les pentes abruptes
ou glissantes^ la maigre pitance ou le grossier
festin, la chambre nue à la fenêtre étroite, que dit
votre âme quand elle respire l'odeur balsamique
du bitume cuisant à l'usine, qu'elle entend le
sifflet du train et le bruit du convoi stoppant à la
gare et dominant la clameur du Fier ; quand elle
voit la foule suivre le guide et dérouler ses
anneaux sur ces abîmes cjue votre œil n'osait pas
mesurer, s'a?seoir au restaurant, y savourant ces
truites que vous connaissiez bien, s'abreuvant
d'un vin plus pétillant que celui de Bourbonges et
c|ue vous ignoriez, payer â leur hôte une note plus
grosse que la dot do vos données ; se hâter ou
rester, selon qu'un papier bleu apporte jusque là
un avis venu du grand Paris, du lointain Orient
où vos galères ont navigué, de la brûlante Afrique
ou des pays fabuleux que Colomb a découverts ? »
79
« Ames! de nos prédécesseurs, quand de son vol
de chauve-souris, votre aile traverse sans s'y
heurter les fils du télégraphe, êtes- vous étonnées,
indignées ou ravies ? Est-ce que vous nous plai-
gnez, est-ce que vous nous enviez? Ou bien, plus
jamais, n'avez-vous revu les vieilles tours, les bois
noirs ou verts, les seigles élancés, le froment doré,
les bœufs roux, la cavale et son poulain, la vache
aux flancs rebondis et le paysan toujours suant,
travaillant, nous nourrissant? Dormez-vous, là-
bas, vaguement heureuses de ne plus sentir, de
ne plus penser ? »
-^^
TABLE DES iMATIERES
Pages.
Avant-Propos 23
Extrait du compte rendu du Congrès de la Sorbonne de
Juin 1892 25
Première Partie
L'expédition du Concile de Bàle à Constantinople.
Préliminaires 29
Nicod de Mentlion nommé capitaine de l'expédition ... 33
Préparatifs 35
Les membres de l'expédition 40
Arrivée à Constantinople ; l'expédition rivale 42
Echec et retour ; séjour forcé à Cliio 44
Arrivée devant le Concile à Bàle 46
Union des Grecs et des Latins au Concile de Florence. 50
Compte des dépenses de l'expédition 52
Deuxième Partie
Diverses charges de Pierre et de Nicod de Menthon ... 60
Généalogie des Menthon-Montrottier 74
'X^.X'
L'HOPITAL D'YENNE
PAR
J. LÉTANCHE
Membre de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.
L'HOPITAL D'YENNE
I
Nous allons essayer do décrire chronologique-
ment, et d'après des documents authentiques, les
actes administratifs principaux ainsi que les fon-
dations et legs faits à Y ancien hôpital d' Yenne (1)
par de généreux donateurs dont les noms peu
connus méritent d'être conservés à la reconnais-
sance publique, au moment où le Parlement dis-
cute un projet de loi sur l'assistance médicale dans
les campagnes (1893).
Cet hospice paraît avoir pris son développe-
ment vers l'époque où finissait un établissement
hospitalier d'un genre spécial, existant aux portes
d'Yenne, depuis le commencement du xii*^ siècle (2).
(1) Voir La Maladrerie d'Yenne, de l'auteur, ouvrage
public par la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie,
t. XXX, 1891.
(2) A propos de la ville d'Yenne, nous croyons utile de
publier ici une inscription qui, suivant le pèi^e Fodérc,
Narration historique et topographique, p. 777, se lisait
dans l'église des Frères Mineurs de Belley : « Hic jacet cor-
pus nobilis Sybill;^ filicc quondam N. Ahtonij Papon de
Yenna uxor[is] quondam M. Antonij de Yenna civis Belli-
censis, cujus anima requiescat in pace : Hec est prima
nmlier tumulata in prœsenti Ecclesia quse decessit mense
Maij 1470. »
84
II
L'origine de l'hôpital n'est pas exactement
connue. Ce qui restait des anciens bcâtiments, dit
un rapport du 19 septembre 1837, semble dater
du xV siècle. (V. pièce justificative n° I).
Son but est le soulagement des pauvres à domi-
cile ou dans les salles de l'hôpital .
11 était primitivement entretenu au moyen de
de libéralités annuelles de personnes charitables,
parcelles des Chartreux de Pierre-Chàtel, patrons
du prieuré d'Yenne, ou par des subventions pa-
roissiales.
Les vieux documents manquent presque com-
plètement aux archives consultées.
Pendant longtemps cet établissement n'a pos-
sédé, en propre, que ses bâtiments avec un jardin
contigu, une petite vigne dont le produit apparte-
nait au recteur de la chapelle de l'hôpital pour son
vin de messe, et un journal de terre ensemencé
de céréales dont la paille devait garnir le lit des
malades.
Les bâtiments très anciens étaient, au xv!!*"
siècle, en mauvais état, et les legs de cette époque
généralement destinés à leur réparation.
III
1650. — « Noble Jean Vulhet, S^' de la Saunière,
« conseiller d'Estat de S. A. R. maistre auditeur en la
« chambre des Comptes et général des estappes en Sa-
85
« voye, (1) lègue mille florins à l'hospital d'Yenne, »
dont la moitié pour servir à réparer les bâtiments en
mauvais état.
1655, ]6 octobre. — Les exécuteurs testamentaires
de noble Jean Vulliet donnent prix-fait, par acte Bour-
bon notaire, de réparer les bâtiments, pour la somme
de cinq cents florins. (V. pièc-; IL)
1656, 7 septembre. — Rév^i mes^e Charles Bell}'-
lègue par « son testament solennel à l'hospital d'Yenne
« la somme de sept cents florins^ pour la rente estre em-
« ployée aux pauvres passants et pèlerins, par les S''**
« directeurs dudict hospital. »
1666, 12 décembre. — Par son testament reçu par
Me Guyouz notaire, hon^^^ Jean-Jacques Vulliet lègue
(( à l'hospital, la somme de deux cents livres pour les
(( revenus estre employés à soulager les pauvres infir-
(( mes et vieillards de la paroisse d'Yenne. »
1675, 23 avril. — Un acte d'état des lieux, reçu par
Me Daviet, notaire curial, constate le délabrement d'une
partie des bâtiments. (V. pièce IIL)
1679, 8 avril. — Autre acte du même notaire cons-
tatant également le mauvais état de la chapelle de l'hô-
pital. (V. pièce IV.)
1687, 17 mars. — « Par acte Daviet, notaire, noble
« Lou}^s Dorlyé, en qualité de procureur estably et cons-
i( titué par les officiers, scindicqs et communiers de la
(( ville d'Yenne, baille prix-faict à Jacques Louys Lom-
(1) Père de messire Jean-François de la Saunièrc, baron do
Chevelu, conseiller d'Etat et Président en la chambre des
Comptes, à qui la ville et paroisse d'Yenne fut inféodée à
titre de marquisat par lettre-patente du 25 mars 1699.
86
« bard maisiro maçon et Nicollas Burdinat maisire
«charpentier », de faire des réparations aux murailles
et toitures de l'hôpital, pour une somme de 544 florins,
à prendre, partie sur le capital légué en 1656 par Rév^
Belly, pai'tie sur les intérêts en arrérage de ce legs.
1732, 11 juin. — Prudent Revardel, par son testa-
ment reçu par M^ Reveyron notaire, lègue à l'hôpital la
somme de cent livres.
1738. — Les revenus de l'hôpital atteignent environ
200 livres.
1749, 29 janvier. — Par son testament reçu par M«
Belly notaire, Gabriel Clerc, maître apothicaire à Yenne,
lègue à l'hôpital de celte ville, ses immeubles liquidés
plus tard à environ cinquante livres de rente ; plus^ tous
les meublesi effets et drogues contenus dans sa bouliqae.
Il fut à cet effet dressé un inventaire curieux des dro-
gues composant l'officine d^m apothicaire rural au com-
mencement du xvnio siècle et un procès-verbal d'esti-
mation de ces drogues. (V. pièce V.)
1750, 5 décembre. — Délibération nommant Révi
Prudent DuUin recteur de la chapelle de Notre-Dame
de l'hôpital et le présentant à l'institution canonique de
l'évoque deBelley (1).
1752, 20 avril. — Louage des biens ruraux de l'hô-
pital pour 40 livres.
1756, 4 janvier. — Par son testament reçu par M'' J.
Daviet notaire, Jacques Delaporte lègue à l'hôpital de
la ville d'Yenne, une pièce de terre de la contenance de
(1) Yenne faisait alors partie du diocèse de Delley.Les ad-
ministrateurs de l'hôjDital étaient le syndic avec quatre con-
seillers délégués, plus le châtelain, le curé et le recteur de
la chapelle.
87
dix journaux de Savoie et située à Proferraz, tout près
de lii ville. Par le même testament, ce généreux dona-
teur léguait tout le reste des biens qu'il possédait danS
la paroisse à la Préceptoriale, pour l'instruction des
enfants pauvres d'Yenne (1).
1757, i'-'r août. — Acte Rubat notaire, portant instal-
lation comme Recteur de la chapelle de N.-D. de l'Hô-
piial, de Rév-^ Claude Boytal, ancien curé de Lucey,
prébendier du prieuré d'Yenne.
1758, 29 juin. — Le Conseil de la communauté
d'Yenne donne prix-fait à Hugue Symond, charpentier
et Claude Bouvier, maçon, de réparer le bâtiment de
l'hôpital suivant un devis montant à 275 livres.
1762, 18 janvier. — Prix-fait à Isaac Dognin, bou-
langera Yenne, de fournir aux pauvres de l'hôpital du
lieu tout le pain à leur livrer, soit par jour, soit par se-
maine, (( à raison de quarante livres par bichette de
« froment, poids du pays. On luy délivrera du bon et
« beau bled et luy, de son cotté, délivrera du pain bien
« boulangé et conditionné ».
1776, 30 décembre. — A forme d'un acte reçu par
M'^ Belly notaire, il est dû à l'hospice, la rente annuelle
d'un pot et quart d'huile, à fournir à la Saint-Michel,
(de provenance pie).
1791. — Le cadastre porte à la cote de l'hôpital
d'Yenne, 23 journaux de champs, prés, vignes et bâti-
ments.
1793, 26 février. — Testament déposé aux minutes de
Me Belly, notaire à Yenne, « du citoyen Jean-Louis
(1) V la Préccptoriale d'Yenne, de l'auteur ; notice pu-
bliée par la Socictc sav. d'histoire et d'archéologie (1892).
88
Vulliet, cy-devant marquis d'Yenne (1), » qui lègue
à l'hôpital de cette commune, la somme de trois mille
livres.
1793, 15 frimaire, an 2. — Arrêté du district de
Chambéry réquisitionnant les cloches. En exécution de
cet arrêté, est livrée la cloche de la chapelle de l'hôpital,
du poids de quatre-vingt-deux livres.
1798, 14 thermidor, an 6. — « La commission d'ad-
« ministration de Tliospice civil, dit hôpital d'Yenne,
« considérant que, par contrat du 3 juillet 1787^ R3-
(( veyron, notaire, le citoyen Amédée Rubod, fermier
(( des cy-devants chartreux de Pierre- C h âtel, se seroit
« reconnu débiteur envers eux et la communauté
« d'Yenne de la somme de 4.732 livres de Piedmond,
(( pour restant du prix de l'aumône que lesdits char-
« treux dévoient aux pauvres d'Yenne, en date du 2
« juillet 1787, Léger notaire », assigne ledit Amédée
Rubod en paiement de ce capital et des intérêts en re-
tard depuis le l^r janvier 1788 (2).
(1) Jean-Louis Vulliet de la Saunière (père du dernier
marquis d'Yenne) est mort en cette ville, le 25 mars 1793.
(2) Les chartreux de Pierre-Châtel, hauts clécimateurs de
la paroisse et patrons spirittiels du prieuré d'Yenne, Ta,t-
tachés à ladite chartreuse, par bulle du pape Clément VII,
le 2 mars 1391, étaient tenus par le contrat de transaction
passé parle notaire Chambet le 18 février 1688 et conflrmé
par la transaction finale du 7 mai 1762, Rubat notaire, de
faire distribuer tous les lundis, de la Circoncision h la St-
Jean-Baptiste, la quantité de dix mille neuf cent septante-
deux livres de pain. Cette distribution se faisait à 7 heures
du matin en hiver et à 5 heures du matin en été. Le mar-
guiller de la communauté devait sonner par coups la gros-
1804, 6 pluviôse, an 12.- — Arrêté de la Préfecture
du département du Mont-Blanc, portant que les biens
de la chapelle de Notre-Dame de Vallombreuse (érigée
anciennement au village du Bas-Sômont, commune
d'Yenne), et non vendus comme biens nationaux, sont
attribués à l'hospice de cette commune. Ces biens con-
sistent en prés et champs d'une contenance de 13 jour-
naux 1/2. Cette mesure semble aux yeux de l'adminis-
tration locale de l'époque, être comme une sorte de
restitution incomplète des biens de la Préceptoriale
vendus par la Nation. (V^' la Préceptoriale d'Yenne.)
Le dernier Recteur de la chapelle de Vallombreuse,
Révd François Clavelet, vicaire d'Yenne, avait été ins-
tallé par acte Rubat notaire du 15 juillet 1774.
1807, 30 août. — La commission administrative
dresse un état constatant que quatre veuves et six filles
sont logées à Thôpital et que quinze familles sont secou-
rues à domicile.
Cette situation reste à peu près la môme jusqu'en
1815 oîi l'on trouve quarante secourus dont huit sont
hospitalisés.
1816, 7 décembre. — Testament olographe de Rév^.
Dom Charles-François Burdet, ancien moine qui lègue
4,000 livres à l'hôpital pour les pauvres, plus une pa-
reille somme k la. Préceptoriale pour l'instruction des
enfants pauvres.
1818, 14 octobre. — Testament reçu par M^ Rumilly
se cloche de l'église pendant une heure, pour informer le
public de la distribution à laquelle un député du conseil
assistait pour examiner les quantité et qualité de pain et
aussi ceux qui en rececaietit. (Archives municipales.)
-90
notaire, par lequel Claude Delabaye lègue à l'hospice
d'Yenne la rente annuelle de 50 livres.
1821, 25 novembre. — Lettre du syndic d'Yenne à
l'intendant général, expliquant qu'il existe dans cette ville
une espèce d'hôpital dont rorigine est ti^ès ancienne et
dont le bâtiment en assez mauvais état, sert à loger ac-
tuellement neuf femmes infirmes et vieilles auxquelles
on fournit le pain ; et que les biens de cet hôpital consis-
tent en 36 journaux et 271 toises de terres, 925 livres de
rente en argent, 100 bicheltes de blé et 7 quintaux de
paille.
1825, 3 février. — Arrêt du Sénat de Savoie ré> orga-
nisant l'administration de l'hôpital d'Yenne, en confiant
le service intérieur aux sœurs hospitalières de Saint-
Joseph, récemment appelées à y diriger l'école de filles,
et nommant un conseil de charité, composé du juge de
mandement, du curé, du syndic et de quatre conseillers.
L'article l^r porte que les revenus continueront à être
employés conformément aux intentions des fondateurs
et aux usages en vigueur en 1792.
Le 23 avril suivant, les administrateurs s'inspirant
de l'arrêt susvisé, dressent un règlement pour llios-
pice de charité d'Yenne. L'article 2 confie le service
intérieur à quatre sœurs de St-Joseph. L'article 3 dit
qu'il y aura d^'ux salles pour les malades, dont l'une
payante, et à deux lits chacune. L'article 4^ que, lors-
que ce sera possible, il pourra être logé à l'hospice
quelques femmes vieilles et infirmes que les sœurs em-
ploieront à des travaux utiles à l'établissement. L'ar-
ticle 7, que l'administration continuera à faire, selon
l'usage, distribuer des secours à domicile aux vieillards,
aux infirmes et aux orphelins.
91
1826, 14 novembre. — Donation de 675 livres à
l'hospice, par Rév^. Jean- Baptiste Desgeorge, curé
d'Yenne, acte Reveyron notaire.
1827, 12 janvier. — Donation de 600 livres par
Mme Andrevon veuve Goybet, acte DuUin notaire.
1828, 23 août. — Par acte Reveyron notaire^ le même
Desgeorge donne encore àThospice. parties de maison,
grange, cour et jardin, pour agrandir les bâtiments, le
tout d'une valeur de 2.400 livres.
1837, 24 mars. — Testament olographe déposé le 27
août 1836 aux minutes de M^ Ge&oy, notaire à l'île
Maurice, par M. Joseph Rubod, natif d'Yenne, et mort
à Maurice (île de France) ; lègue aux malheureux de sa
ville natale, 4.000 piastres (20.000 livres neuves), pour
la rente en être délivrée par son frère Claude ou ses
enfants. Une transaction du 22 octobre 1840, Berthier
notaire, a réglé cette délivrance de rente par la famille
Rubod.
Ce legs est aujourd'hui à la libre disposition de la
commission administrative au même titre que les autres
fondations.
1846, 15 août. — Par son testament, reçu M^ Re-
veyron, M« Charles Goybet, d'Yenne, a légué à la Con-
grégation de charité, pour les pauvres de cette pa-
roisse, un capital de 12,000 livres pour les intérêts être
employés annuellement à distribuer des aumônes en
argent ou en pain et une somme de 2.000 livres pour
l'hôpital (bâtiment). Par ce même testament il lègue
encore 18.000 livres pour l'éducation des enfants pau-
vres.
1850, 5 septembre. — Compte administratif consta-
tant une distribution annuelle de 5.390 kilogrammes de
92
pain aux indigents secourus, quantité à peu près pa-
reille à celle que distribuaient les chartreux do Pierre-
Châtel avant la Révolution^mais les 6 premiers mois de
chaque année seulement.
1858, 5 septembre. — Testament de M. Pierre Fran-
din, ancien juge du mandement d'Yenne, qui lègue aux
pauvres de cette commune la somme de 1.500 livres,
payable au décès du dernier de ses enfants. (Décès sur-
venu le 15 novembre 1886.)
1867, 9 novembre. — M^e Marthe, née Victoire Bur-
det, d'Yenne, lègue un capital de 10.000 francs à la
commune d^ Yenne pour l'établissement et l'entretien de
deux lits d'hôpital, un pour homme et un pour femme.
Ce legs, payable au décès de M. Marthe, époux de la
testatrice, a été réalisé en 1877 par la commune qui en
a l'administration directe.
IV
L'ancien hôpital, ou hospice d'Yenne , dénommé,
après la Restauration, Congrégation de Charité, est
devenu, à l'annexion, le Bureau de Bienfaisance, ses
ressources étant insuffisantes pour permettre une hos-
pitalisation permanente.
Les anciens bâtiments, reconstruits en 1885, ont été
appropriés au logement des institutrices communales,
et, cette même année, par une délibération du 7 mai, le
Conseil municipal a affecté au service hospitalier, le
bâtiment de l'ancienne mairie (ancienne Préceptoriale),
et y a installé les àeux lits d'hôpital de la fondation
Marthe.
La commission administrative du Bureau de Bien-
faisance est actuellement composée, conformément aux
93
prescriptions de la loi du 5 août 1879, du maire, prési-
dent, de deux membres délégués par le Conseil muni-
cipal et de quatre membres désignés par le Préfet.
Un règlement du 30 août 1876, approuvé le 28 octobre
suivant, continue d'en régler le fonctionnement.
Le Bureau de Bienfaisance possède en propre actuel-
lement, indépendament des 10.000 francs de la fonda-
tion Marthe et du bâtiment affecté par la commune à
cette fondation, savoir :
Huit hectares trente centiares de champs cultivés, af-
fermés, en 18 lots, 1.158 francs et représentant une va-
leur en capital d'environ trente-cinq mille francs;
Plus, des capitaux représentant, au cours actuel de la
Bourse, un total approximatif de 112.000 francs placés :
83.000 francs sur l'Etat français, 6.000 francs surl'Etat
italien, 18.000 francs sur particuliers et 5.000 francs sur
la commune.
Sur ces ressources, le Bureau de Bienfaisance doit
prélever tout d'abord une rente annuelle de 2.000 francs
versée dans la caisse municipale, à titre de subvention
à la Caisse des Ecoles. Cette somme représente en chif-
fres ronds, le revenu des capitaux légués spécialement
pour l'instruction des enfants pauvres (Vi^ la Précep-
toriale) .
Les ressources ont baissé depuis que les capitaux pla-
cés sur particuliers au 5 0/0, ne produisent plus, au fur
et à mesure de leur remboursement et remploi en rentes
sur l'Etat, que le 3 0/0.
Néanmoins, indépendamment de la rente Marthe, de
365 francs 3 0/0, employée par la commune en secours
aux indigents malades, le Bureau de Bienfaisance tous
frais d'administration et de subvention aux écoles pré-
levés, dispose encore d'un revenu net de près de trois
94
mille francs, lui permettant de secourir annuellement,
une moyenne de soixante-quinze familles^ en leur fai-
sant distribuer à domicile environ 6.500 kilogrammes
de pain, 600 francs en argent et 400 francs en médica-
ments, comestibles, etc. [Compte de Vexercice 1892.)
Nous espérons que l'intéressante petite cité, si
bien dotée par ses généreux fils, d'oeuvres d'uti-
lité publique et de bienfaisance, verra s'augmen-
ter encore, dans l'avenir, la liste déjà si longue de
ses bienfaiteurs.
95
PIÈCES JUSTIFICATIVES
I
Rapport fait par les administrateurs de l'hôpital d'Yen-
ue, en exécution de l'Edit royal du 24 décembre 1836.
L'origine de la fondation de l'hôpital n'est pas connue ;
les premiers titres sont égarés. Les monuments de ses
bâtiments (sic) semblent dater du xve siècle. En 1738,
ses revenus étaient de 200 livres anciennes environ. Le
but et l'intention des fondateurs est le soulagement des
pauvres de la commune d'Yenne, soit à domicile, soit
dans les salles de l'hôpital
Cet hôpital possède actuellement trente-six mille li-
vres en capital... (Rapport du 19 septembre 1837. —
Archives municipales.)
II
L'an 1655, et le seizième du moys d'octobre, par de-
vant moy notaire ducal... Rév^ messire Guignes Vul-
liet, archidiacre de la Ste-Chappelle de Chambéri, tuteur
des enfants du feu seigni' Jean Vulliet, son frère, cons''»"
d'estatpour S.A. R. maistre auditeur en la soubveraine
chambre des Comptes de Savoj^e et général des estappes,
et messire Jacques Chastellain archyprestre et curé
d'Yenne, et noble Claude Dugoy S^' de Fonville, capi-
taine de S. A. R., lesquels establys en qualité d'exécu-
teurs testamentaires dud*^ seig'" Vulliet baillent le prix-
faict suyvant à hont^^s biaise Jance dict Saudy, hugues
Soudan dict Vignolet et charle Arcollière dict Dognin,
maistres massons, de refaire les deux maistresses mu-
/
96
railles de l'hospital d'Yenne situé au fauxbourg du Tour-
nassat, du costé du vent et bize tant les fondations s}'
elles ne sont aulcunes bonnes que despuys terre jusques
au coubvert avec quattre fenestres du costé du vent et
troys du costé de bize et une porte basse de chaque costé...
pour la somme de cinq cents florins à prendre sur le lé-
gat de mille florins faict audict liospitaï par le seig""
Vulliet, et payable pour la feste des roys proche venant...
(Minutaire Borbon n'e.)
III
L'an 1G75, et le vingt-troizième jour du moys d'ap-
vril, a comparu par devant nous officiers soubs"^^ lion.
Claude Carron, gardiateur de Thospital d'Yenne, lequel
auroit remonstré à hon^^^ Jacque louys Lombard et ma-
thieu Jance dict Saudy, scindicqs modernes, et aultres
de la piit.e ville d'Yenne, comme la grande chambre du-
dict hospital ou logent et couchent les pauvres, le planché
d'ycelle estant tout à faict gasté et pourrit... (Minutaire
Daviet ni*^.)
IV
L'an 1679, et le huitième jour du moys d'apvril...
Révti messire claude Vivier, dict Godclard, presfre sa-
cristain d'Yenne, en qualité de recteur de la cliappelle
de Nostre-Dame de Compassion, fondée dans l'hospital
de la ville d'Yenne, requiert le maistre charpentier
Claude Durand et le maistre masson philibert Soudan
dict Vignollet, de rapporter Testât d'ycelle attendu quelle
est entièrement ruynée et ne s'y peut célébrer messe ny
rendre le service quelle ne soye réstablye, et déclarant
que pour ce restablissemcnt il est prest à relascher pour
l'espace de troys années tous les revenus d'ycelle et pro-
97
mettant d'y faire le service yncontinent quelle sera res-
lablj'e, requérant les procureurs ducU hospital, sort les
scindicqs conseilliers et bourgeoys présentataires d'ycelle
chappelle, d'y tenir la ni^in... (Vlinulaire Daviet nr«.)
V
L'an 1748, et le second jour du moys de juUiet, à
sept heures du mattin, je soussigné pliilibert Rubat n''*'
r^i collégié de la ville d'Yenne^ ensuitte de la commis-
sion qui m'a esté donnée par ordonnance sénatoriale du
sept juin dernier signée par le seigneur sénateur Bour-
geois, je me serois transporté dans la maison délaissée
par feu S^ gabriel Clerc (maistre apothicaire), où il
habiloit dans laquelle maison où il y a une boutique où
ledt S'" Clerc tenoit ses drogues, meubles et effets ser-
vant à la pharmatie, le tout quoy il a légué aux pauvres
de l'hôpital fondé à Yenne et par son testament du vingt-
neuf« janvier 1746, et estant dans ladte maison à lad^
heure de sept^ assisté du Si' françois Falcouz en qualité
d'héritier universel dudt feu S^ Clerc et encore assisté
de noble philibert Courtois S^d'ArcoUière en qualité de
députté et procureur du conseil dudt hôpital, nous nous
serions transportés à la porte de ladte boutique qui es-
toit cachetée. Les scsaux ayant esté trouvés de la même
manière que je les avois mis, nous les avons levés et
ensuite serions entrés dans lad^a boutique de pharma-
cie...,, nous y aurions trouvé :
Premièrement, un tome d'un livre intitulé : Les com-
mentaires de monsieur pierre andré. — Mathiolus sur
disacoride. — Item^ Cours de chymie. — Item, La chi-
rurgie compleite. — Item, Les nouvelles formules de
médecine latines et françoyses. — Item, Le prix et va-
98
leur des médicamens tant simples que composés. —
Item, Les observations de M. Rioiève. — Item, Lazari
Riverij consiliarij Rœgij. — Item^ Nounelle formule
pour l'hôpital de Lyon. — Item, Nouvelle chymie
raisonnée. — Item, Lesse crets et merveilles de la
nature. — Item, 48 pots de fayence tant grands que
petits, vides. — Item, 24 pots de fayance intitulés :
Oleum olivum. — Extractum camomile. — Oleum
horirij. — Huile d^aspic. — Unguentum altea. — Miel.
— Oleum camomile. — Oleum hyperici. — Basili-
cum soit emplâtre. — Extrait de ginièvre, — Onguent
néapolitain. — Onguent rouge. — Onguent vert. —
Sirop de rose. — Huile de laurier. — Siropus de
pavoux rouges. — Sirop dejîeur de pescher. — Oleum
amidalarum. — Térébantine. — Mannes. — Théria-
que. — Chardon bény. — Cristal minéral. — Pilulus
cinaglopum de 1742. — Item, 60 boetes soit petites et
grandes dans toutles lesquelles il 3^ a des drogues à nous
inconnues. — Item, 13 bouteilles en verre intitulées :
Aqua portularum. — Aqua anezi. — Aqua disascor-
dij . — Aqua chicorij. — Aqua horaginis. — Aqua
arthemesiœ. — Aqua plantaginis. — Aqua salvice.
— Aqua bit uminis. — Aqua nieleziœ. — Aqua ab-
sinthi. — Aqua cocleana. — Suc de coin. — Item,
8 verres intitulés : Scordium en poudre. — Jalappi. —
Poudre de gottet. — Santal rouge. — Glicirize. —
Cartamy. — Pulvis diatragonij frugidi. — Santali
parati. — Item, 35 fiolles intitulées : Esprit de soufre.
— ■ Chopale de pécor. — Sel armonial purifié. —
Rebarbar nostrali. — Sel de saturne. — Tartre vi-
triollé. — Oculi cancrorum preparatorum. — Sel de
tartre. — Diaforetera antimonij. — Troc/ùsque de
scarabeno. — Pulvis pro oculis. — Vitriol blanc. —
99
Pulvis seme.m contra. — Aqua assopi. — Esprit de
vitriol. -^ Eau de fleur d'orange. — Tartre martial.
Sel végétal. — Blanc de h alêne. — Trochisque aran-
dal. — E matiste préparé . — Trochisque dogaria. —
Pulvis de cucuvias. — Pulvis recoris vilpinium. —
Ruhiginiferrei parati. — Lapis hyacinthorum pre-
paratorum. — Pulvis absinthi. — Pulvis triunsanta-
norum. — Pulvis aromatisati. — Pulvis pro hydro-
pisia. — Trochis arbirasis. — Elebore blanc. — Aris-
setui poterij. — Pulvis aricomposiii. — Pulvis dia-
messi dulcilante. — Item, une petite fiolle sans inti-
tulation ou il y a des pelites pierres bleues dedans. —
Item, une très petite boete en fer blanc ou il y a envi-
ron une once de thériaque. — Item, une fiolle longue
intitulée Aqua esarificorum. — Item, un petit mortier
de fer avec son pilon. — Item, un alambic de cuivre
avec fourneau et chapiteau. — Item un fourneau avec
bassine de cuivre. — [tem, un grand tamis de soye avec
son tambour de peau de mouton dessus et dessous. —
Item, une petite boete ou il y a environ une livre de poix
de bourgogne. — Item, une pierre de marbre à faire des
onguents avec ses trois autres petites pierres. — Item,
six ventouses de verre. — Item, des petites balances de
cuivre. — Item, un petit estui de chagrin à aiguilles et
soye pour coudre les playes. — Item, un petit couteau
faisant tranchet, une petite rappe et trois certains outils
de fer. — Item, une mauvaise banque de noyer à tiroir
et deux bufïets sans clef. Et tous lesquels efïects meu-
bles et drogues ci-dessus inventoriés ont été remis audit
sr noble Courtois d'Arcollière qui s'en est chargé et les a
fait transporter dans sa maison à Yenne. — (Archives
municipales.)
CANDIE
MAISON- FORTE AVEC JURIDICTION
A SAINTE-OMBRE
( Chambéry - LE -Vieux )
MAISON - FORTE AVEC JURIDICTION
A SAINTE-OMBRE
Cette seigneurie est très ancienne ; elle a d'abord appar-
tenu à des seigneurs qui ne portaient que son nom de
Candie.
La maison-forte a aussi porté autrefois le nom de
Chaffardon.
Le titre le plus ancien que l'on trouve est une inves-
titure faite le 11 février 1344 à nobles Rollet et Aimon
de Candie,
Le 14 février 1377, noble Humbert, fils de feu Aimon
de Candie reconnaît sa maison-forte de Chafïardon à
S*«-Ombre et diverses terres, entreautrcs, un bois venant
de Jaquemet Flamenchi, son homme taillable décédé
sans héritier.
Le 27 juin 1414, n. Aimon, fils de feu ledit noble
Humbert, reconnaît sa maison-forte et diverses rentes.
Le 11 février 146G, n. Maurice et Aimon de Candie,
frères, reçoivent l'investiture de la maison-forte et des
terres qui en dépendent.
1507-37. Galvand de Candie.
On trouve encore que le 21 août 1547, n. Claude-
François de Candie fit hommage, pour sa seigneurie, au
roi de France qui occupait alors la Savoie.
11 y avait des branches collatérales qui paraissent éga-
lement s'être éteintes vers la même époque. Ainsi, le
17 février 1377, n. Jean, fils de feu n. Antoine de Can-
104
die, passa reconnaissance d'une rente sur deux maisons
à Chambéry, et encore d'une autre rente à Montagnole,
sous charge de 12 deniers forts au rauage du seigneur.
Il reconnut encore, le 10 juin 1378, diverses rentes
venant de feu Etienne de Candie.
Le 18 janvier 1415, n. Claude, son fils, passa recon-
naissance des mêmes rentes.
Le 14 octobre 1500, n. Gai van d et Jean de Candie,
frères, reconnaissent encore diverses rentes, au nombre
desquelles celles de Montagnole qu'ils disent procédées
de n. Claude et Rollet de Candie.
Enfin, on voit encore un n. Pierre de Candie, escuyer,
syndic de Chambéry en 15G7. Ce sont les derniers per-
sonnages que j'ai trouvés appartenant à la famille de
Candie.
Nous voyons ensuite apparaître, comme possédant ce
fief, la famille Juge, sans qu'il soit dit à quel titre ; si
c'est par acquisition, par mariage ou par succession. On
voit seulement que le duc de Savoie, se trouvant pressé
d'argent en raison des événements qui s'étaient succédé
dans les années précédentes, dut se créer des ressources
en aliénant divers droits de la Couronne. Le 25 septem-
bre 1579, n. Pierre Juge, seigneur de Candie, reçut
l'inféodation de la juridiction de Chambéry-le-Vieux,
suivant les confins qui sont indiqués en la patente dudit
jour, moyennant la somme de 400 écus d'or d'Italie. Le
28 août 1589, le duc lui céda encore la mieux- value et
droit de rachat, moyennant 300 écus d'Italie. Mais la
Chambre ne vérifia cette patente, le 19 décembre sui-
vant, qu'en réservant expressément à S. A. R. le droit
de rachat perpétuel.
Cette réserve n'était pas une lettre morte, car le
28 mai 1599, Charles de Rochette, premier président du
105
Sénat de Savoie^ acquit également Ja plus-value de
cette seigneurie, moyennant 500 écus d'or au soleil, et
la Chambre ne vérifia encore cette inféodatijn que sous
la réserve de rachat perpétuel.
Le 4 aoiàt 1599, Jean- François Berliet, archevêque de
Tarentaise, acheta de Pierre Juge, le fief de Candie,
avec moulins, hommages, dépendances, etc.; mais il ne
le garda pas longtemps ainsi que les autres propriétés
qu'il acquit vers la même époque. Le 14 février 1603,
il revendit la seigneurie de Candie à Jean- André Sardoz ;
ce dernier, pour se mettre en règle, se fit faire cession,
le 26 mars 1599, par le président Charles de Rochette,
seigneur du Donjon, et le 27 mars suivant, par n. Pierre
Juge, fils de feu Antoine et héritier de Pierre, de tous
les droits qui pouvaient leur compéter sur ladite sei-
gneurie de Candie, moyennant 200 écus d'or.
Dès lors, la famille Sardoz, ou Sarde, est restée en
possession entière du fief dont il s'agit.
Le même Jean-André Sardoz, seigneur de Candie,
Montagny, Les Déserts et Fenestraux, passa reconnais-
sance le 12 novembre 1614, pour le château de Candie,
autrefois appelé Chafîardon.
Le 4 juillet 1626, n. Balthazard Sarde reçut égale-
ment investiture du fief.
Nobles Vincent et Joseph, fils de feu n. Louis Sarde,
en passèrent reconnaissance le 24 janvier 1700.
Le même noble Vincent Sarde en fit le consignement
le 12 mars 1735, en y comprenant un pigeonnier.
Enfin, et c'est le dernier acte féodal qu'on rencontre
se rapportant à Candie, n. Henry Sarde en fut investi,
le 6 septembre 1790, en titre de baronnie, pour lui et ses
descendants, moyennant une somme de 1.000 livres
payée au trésor.
106
Comme on le voit, ce fief passa en un grand nombre
de familles depuis le moment où il commence à se
montrer au xiv^ siècle. De simple maison-forte, il devint
seigneurie avec juridiction, et finit par être érigé en ba-
ronnie.
Cette maison-forte existe à peu près telle, selon toute
apparence, qu^elle avait été construite ; elle est en très
bon état et se présente d'une manière pittoresque au
sommet d'une colline derrière laquelle descend un fort
joli bois de sapins. Elle est située au-dessus de la route
de Chambéry au Bourget, à peu près au milieu de la
distance qui sépare ces deux localités. C'est maintenant
la propriété de M. le marquis Tredicini de Saint-Séverin.
La famille de Candie était très ancienne comme on
l'a vu par ce qui précède (1). Elle possédait une maison
sur la place Saint-Léger, près de l'ancienne allée des
Picards (2). On voit figurer son nom dans la liste des
(1) Une branche de cette famille existait à Rumilly. Nous
avons cité dans notre Corps des Fondations pieuses enja-
veur de l'Eglise et de V Hôpital de Rumilly : 13 mai 1363,
François Candie, chevalier, fait un accord avec le recteur
de l'hôpital ; 12 avril 1369, il est membre da conseil d'admi-
nistration de cet hôpital. François Candie eut pour fds Ga-
briel, marié à Bèatrix de Nuceto, et François. Gabriel
teste le 27 mai 1401, dans sa maison-haute de Sala-
gine (à Bloye, 4 Idl. S. de Rumilly), et institue héritier
universel son fils Jacques. Celui-ci était mort avant le
7 mai 1414. Sa mère et héritière s'était remariée à noble et
vén. Jean de Beaufort, chancelier de Savoie; n. François
Candie, frère de Gabriel eut pour héritier n. Richard de
Langin. (Note de M. F. Mugnier.)
(2) Jean Candie possédait, en 1382, une maison dans la
Grand'rue, à Chambéry, imposée à raison de trois toises.
{Mémoires de la Société, t. V., p. 378. — F. M.)
.107
syndics de cette ville : Antoine de Candie était syndic
en 1356, Claude de Candie, damoiseau, en 1422, 1423,
1424 et encore en 1429, 1432 ; il fut au nombre des gen-
tilshommes que Chambéry dutenvoyer à Bourg en 1398
pour assister au duel judiciaire qui eut lieu entre Otbon
de Grandson et Gérard d'Estavayer. Maurice de Candie,
damoiseau, fut aussi syndic de Chambéry en 1460.
Cette famille était alliée à un certain nombre de maisons
considérables. Etiennette de Candie était femme de n.
Jean Bonnivard, mort syndic en fonctions en 1361.
Comme je l'ai dit plus haut, cette race paraît avoir
fini dans la seconde moitié du xyi^ siècle.
On trouve deux nobles de Candie au nombre des te-
nants du tournoi donné à Chambéry en 1348, et un autre
parmi les tenants du tournoi donné à Genève le 19 mars
1498. Leurs armes étaient : de gueule semé de fleurs de
lys d'or à la cottice d'or sur le tout (1). Guichenon les
établit de même. D'après Ferrero, les de Candie de
Savoie portaient les mêmes armes que les Candie de
Loesc et Leal en Bresse, dont une demoiselle, Cathe-
rine, épousa le 8 juin 1574, Antoine-Marie de Conzié,
seigneur de Conzier, Vauchier et Bolomier.
La famille Juge est de Rumilly en Haute-Savoie. A
la fin du xve siècle, elle se composait de trois frères :
Benoît, qui avait été secrétaire ducal ; Jean et Pierre (2),
procureurs au Conseil d'Etat. Le 20 août 1498, Jean
(1) An tournoi de 1348, les armes avaient pour cimier un
chaperon ducal d'or, sommé d'une tète d'épervier de sable,
lasguée d'or et à chaque côté du timbre une écrevisse de
pourpre versée et sur lem's têtes et serres ces lettres : G. R.
Candie.
(2) Ce Pierre Juge teste à Rumilly le 19 novembre 1521 ;
il lègue à l'église de Sainte-x\gathe, 10 sols de rente pour
108 ■
Champaneis, comte palatin, leur accorda des lettres de
noblesse et leur donna des armoiries d'azur à trois
roses d'or, 2 et 1.
Le 20 mai 1592, le duc de Savoie, sur le vu de la
patente de 1498, accorda des lettres d'ancienne noblesse
à Pierre Juge (1) et à Jean et Pierre, fils de feu Antoiue-
Amédée, ses neveux.
Le 15 novembre 1599, n. Mauris, fils de Claude
Juge, de Rumilly, obtint de nouvelles lettres patentes
dans lesquelles on relate l'anoblissement de 1498, époque
antérieure à celle où l'Empereur Maximilien enleva aux
comtes palatins le droit dedonner des lettres de noblesse.
On ajoute que si ses prédécesseurs ont fait quelques
années de pratique judiciaire, lui Maurice, a toujours
fait profession des armes dans la cavalerie et l'infanterie ;
en conséquence, le duc de Savoie, en confirmant les
lettres du 20 mai 1592, le réhabilite au besoin en même
temps que Claude, son père, et Jean et Pierre, fils de feu
Antoine- Aimé, ses cousins. Ces lettres ne furent enre-
son anniversaire. Un Pierre Juge est notaire à Rumilly
en 1539 ; Louis Juge, notaire en 1573; Jacques Juge, no-
taire à R. en 1538-1553, paraît avoir testé le 27 août 1543,
jour oii il fonda une messe annuelle {Corps des Fondations
pieuses à Ru/niUjj, passim). N. Philiberte' Juge, fille de
Claude Juge, veuve do Maurice Tbomasset, procureur, et
d'Amblard-Pliilibert de Vidomne de Noveiry, décédée le 16
novembre 1650, a fait des dons importants au collège et à
l'église de Rumilly (Croisollet, Hist. de Rumilly, I, p. 108).
Note de M. Mugnier,
(1) C'est probablement ce Pierre Juge, seigneur de Candie,
qui fut nommé sénateur au Sénat de Savoie, le 1" avril 1580.
Note de M. Mugnier.
109
gistrées que le 6 mai 1602. Maurice fût châtelain de
Rumilly.
Catte famille, qui a produit, dès lors, des magistrats
et de hauts fonctionuiares administratifs, existe encore
à Rumilly, en la personnne de M. Charles de Juge.
La famille Sarde, qui a possédé Candie jusqu'à la
Révolution française, était originaire de Quiers, soit
Chieri, en Piémont. Son nom réel était /Sarc^o^ et même
Saldoz, dont la prononciation modifiée en Savoie a pro-
duit Sarde. Elle s'établit à Chambéry vers la fin du
xvi« siècle, et y exerçait le commerce. Le plus ancien
que l'on y trouve est Sire Jean-André Sardoz, marchand,
qui obtint le 20 novembre 1585, permission de posséder
fiefs nobles. Le 4 juillet 1598, il lui fut octroyé de nou-
velles lettres patentes qui lui conférèrent la noblesse, en
raison, y est-il dit, de ses nombreux services. 11 fut dé-
claré que, nonobstant ces lettres de noblesse, il lui était
permis de « continuer trafRc et marchandises à lui et
aux siens, en gros ou autrement pour douze années,
devant faire rentrer ce qui lui était deu ». Les armes
qui lui étaient concédées sont exposées comme il suit :
D'azur faiscé d'un scare ou sardaine d'argent au
chef de gueules à trois estoyles d'or. Le heaume clos
en parjil décoré, et timbré de la hure d'une halaine
yssante d'azur, la gueule ouverte de gueules et comme
relascant gratieusement ung petit poisson d'argent^
por devise aoec le mot escript en ung rolleau voilant
par dessus : Inest sua gloria parvis.
Sire Jean-André Sardoz mourut le 17 décembre 1616.
Il avait de nouveau obtenu le 12 juillet IGIO la permis-
sion de continuer son commerce pendant douze ans, sans
déroger.
110
Son fils Baltbazard, entra dans la magistrature et fut
conseiller et auditeur des Comptes. Jean-Jacques, un
autre de ses fils, suivit la carrière du commerce, il obtint
le l'^r décembre 1617, l'autorisation de continuer le né-
goce pendant 12 ans, pour retirer ce qui lui était dîi.
Cette permission lui fut renouvelée pour 10 ans, le
2 octobre 1G25, avec pouvoir de trafiquer en gros et
même en détail.
La famille Sardoz, puis Sarde, se divisa en plusieurs
branches qui possédèrent plusieurs seigneuries et qui
se sont éteintes successivement. La dernière a fini au
commencement de ce siècle.
La mère du premier Jean- Andréa Sardoz était en-
terrée à S^''-Marie-Egyptienne.
Plusieurs membres de cette famille ont été syndics
de Chambéry : André, en 1588 ; Jean-Jacques, le mar-
chand, en 1617 ; Balthazard, en 1622. Quelques-uns
suivirent la carrière de la magistrature ; sur la fin, plu-
sieurs avaient pris du service en pays étrangers.
Quant à l'étendue de la seigneurie de Candie, voici
comment les confins en sont indiqués dans l'inféodation
faite au sénateur Pierre Juge, moyennant 400 écus d'or
le 25 septembre 1579 :
(( Dès la rivière de la Laysse au couchant. — De cette
rivière sous le molard des Avandeliers traversant les
prés vers les moulins dos Martin compris en la juridi-
diction. Il est expliqué que le molard dont il s'agit
se trouve vis-à-vis de l'ancien cours de la rivière et du
pré Mallet. — De là en remontant sur la teppe des Po-
liers dite des Avandeliers jusqu'au chemin tendant des-
dils moulins à Pugnet montant par une combe au-des-
111
sous la maison du sieur de Caremagne et jusqu'au grand
chemin de Chambéry à Chambéry-le- Vieux, laquelle
rencontre a lieu sous ladite maison qui reste exclue
av^ec son pourpris. — Continuant par ledit chemin jus-
qu'à la croisée du grand chemin à l'endroit de la grange
et jardin du dit sieur de Caramagne remontant par ledit
chemin au village de Pugnet passant devant la maison
de Claude Boutillet qui reste excluse, en tirant en ar-
rière et contournant au pied des maisons des Villats est
des Santet, qui sont incluses, continuant jusqu'au grand
chemin à la croix de fer. — De là par la moraine dans
les terres des Blanchet, par le sentier sur la dite mai-
son qui est confins de Chambéry-le-Vieux. — De là par
le pied de la vigne des Barandiers qui reste incluse,
continuant au-dessus jusqu'au grand chemin tendant
de Noiray à Sonnaz près les maisons des Rossiers
excluses, près la maison du sieur Du Port incluse ;
traversant le cliemin et entrant aux terres de la dite
paroisse et dismerie ; descendant vers les vignes des
Rossiers et des Barandiers, tirant à la resse qui était
des Mantel et que tiennent les Chambon, finissant au
ruisseau le Tillet séparant la juridiction de Chambéry-
le-Vieux de la juridiction de Montagny, dès la Laysse
au dit ruisseau faisant confins au couchant et du vent. —
Et de la Laysse tirant contre bise au long du ruisseau
jusqu'au coin et triangle du pré des Jarrets, joignant le
pré dit de Verdon (aux Sulpis), ledit triangle faisant
séparation de la juridiction du S^' de Serras avec Cham-
béry-le-Vieux du levant. — Dès le Tillet et dit triangle
des Jarrets, remontant contre le couchant au travers des
prés Jarrets et Verdon, 42 pas environ jusqu'au rcflex
et contour du grand chemin venant des moulins et
teppes dits des Micollines tirant à Sonas remontant par
112
le chemin des Micollines jusqu'à rencontre d'autre grand
chemin tirant du Noiret à Sonas reflexement et se con-
tournant contre vent jusqu'au chemin de Malle Charme,
remontant à l'occident dès l'entrée d'iceluy jusqu'à la
croisée du grand chemin d'Aix ; traversant le dit che-
min tirant par le chemin prenant son entrée en celui-ci
pour aller au bois de Chambéry-le- Vieux et aux maisons
des Saquins et moulins de Candie. — Là laissant le
chemin vers les moulins et tournant contre bise conti-
nuant le grand chemin des dits bois finissant à la des-
cente et auprès le chemin tirant de Bissy à Ragiez par
les buis des Bavard faisant séparation de la juridiction
du Bourget el de Sonaz. Traversant ce chemin entrant
sur le finage et dismerie de Chambéry-le-Vieux com-
mençant au dit endroit et sur la terre de Betto et sous
le chasal desdits Betto, iceluy sous un rnollard. —
De ce moUard descendant par sur le terroir dit de Bonard
jusqu'au grand chemin tirant de Chambéry-le-Vieux
à Voglans, traversant le grand chemin entrant aux prai-
ries dites de Bissy de la paroisse de Chambéry-le-Vieux
en premier lieu et par dessus la léchère de Bonnard
joignant au chemin tirant au couchant par ladite prairie
et le pré dit du Lurchet jusque près la grange de Pierre
VuUiod dit Matrat continuant par une issue de chemm
jusqu'à Laysse à l'endroit de la pièce de Bertallin Paltet
comprise. — Et dès le dit Tillet jusqu'ici faisant confin
de bise et quelquefois du levant. — De Laysse audit
lieu remontant le cours au rnollard des Avendolliers,
vieux cours de Laysse, la dite rivière au couchant. »
En 1733, le château de Candie fîit déclaré féodal avec
un pigeonnier et 90 journaux de champs, prés et bois ;
ces terres féodales étaient confinées d'après la recon-
naissance du 12 novembre 1614, par l'eau de la Pérou-
113
saz, du côté du bois, et de l'autre côté, par les biens de
noble Anselme Roberty, qui possédait la maison-forte
de S^-Ombre, au bas du monticule où se trouve le châ-
teau de Candie, passée ensuite au marquis de Samoëns.
Il y eut également à la même époque une déclaratoire
pour les biens ecclésiastiques. On n'y voit figurer que
la cure. La déclaratoire porte l'église, la cure, I jour-
nal et 1/2 vigne, cour, jardin et verger, possédés en 1549
par DUe Anne Bellotte, 9 journaux de terre possédés en
1458 par nobles Maurice et Aimon de Candie, et 3 jour-
naux il'2 possédés en 3505 par noble Pierre Ballin,
maître des monnaies à Chambéry, qui les reconnut en
arrière-fief à nobles Humbert et Jean Bonivard, de Vi-
mines.
Plusieurs rentes s'exigeaient dans la commune :
Rente du château de Chambéry, à Sa Majesté.
Rente de Montagny, à dame Esther Doncieu, tutrice
de Pierre-François AUery, son et du feu comte et pré-
sident fils, seigneur de la Roche en Chautagne et de
Montagny, suivant tutelle du 15 octobre 1722 : 4 car-
tans 3/12 d'avoine ; 2 2/3 1/6 deniers forts ; 2 bons
chapons ; 2 deniers forts.
Servis dus au marquis de Challes : 5 cartaus froment ;
2 mouduriers châtaignes ; 5 cartans avoine ; 9 deniers
forts ; 3/4 faix peysseaux ; 1 géline.
Servis dus à noble François-Hyacinte Ducloz Frenoy,
à Moras : 7 cartans avoine.
Servis dû à la commanderie de S t- Antoine : 1 cre-
veiron avoine ; 9 3/4 creveirons froment ; 9 ]/4 1/8 1/48
cartans froment ; 2 deniers.
Servis dû à n. Maurice de Pradel d'Hauterive, à
Moraz : 9 1/2 cartans froment ; 11 deniers forts ; 1/2
114
poule. — A Candie : 35 cartans froment ; 1 poule ;
1 florin 10 deniers.
Servis à n. François Piochet, seigneur de Salins :
2 vaissels 2 cartans froment ; 1 cartan avoine ; 1 poule ;
2 sols 6 deniers forts.
Servis dus à la coramanderie de Lémenc : 35 deniers
forts ; 4 cartans froment ; 8 deniers viennois.
Cure de S^-Pierre. — Dû à la Sainte-Chapelle •
24 cartans 8 mouduriers froment ; 12 deniers gros ;
2 sols 29 deniers forts.
Prieuré du Bourget. — Dû aux Jésuites.
Château de Serraz. — Dû au marquis d'Aix : 6 gros ;
2 1/2 setiers vin ; 1/2 setier vin.
Rente de Moncharvin, la Croix et la Colliette. — Dû,
au comte de la Barre.
Servis dus à la chapelle de St"-Catherine en l'église
de Lémenc : ]/2vaissel froment.
Servis dus au marquis de Faverges : 20 vaissels
1 cartan froment; 2 vaissels seigle; 3 1/4 cartans
noyaux ; 13 poules ; 4 poulets ; 3 florins p. p. ; 60 sols
5 1/2 deniers forts ; 108 deniers gros.
Servis dus à n. Vincent Sarde, seigneur de Candie.
Servis dus à l'Hôpital de S^-François : 6 carlans,
4 mouduriers, 4 creveirons froment.
Rente procédée du S^" de Charpène. — Dû au mar-
quis de Lucey : 1/2 moudurier 3/2 creiverons ; 1/2 1/3
1/8 1/16 bonne géline.
Servis dû au Chapitre de Lémenc : 6 deniers forts ;
1 1/2 denier viennois ; 3 1/2 pietés fortes ; 10 deniers.
Servis dus à M. de Villeneuve : 9 cartans 14 mou-
duriers 14 creveirons froment ; 2 cartans 21 mouduriers
12 creveirons avoine ; 6 sols 6 deniers forts ; 2 deniers
115
maille viennois ; 2 deniers viennois ; 1/2 poulet ; 1/6
géline.
Servis dus à la commanderie du Temple.
Servis dus à la Collégiale d'Aix : 27 sols.
Servis dus à nobles Chollet et de Butet, barons du
Bourget : 1/2 livre gingembre et autres denrées.
(Tiré des papiers de M. Timoléon Chapperon, par
M. Jean-Martiii-Franklïn, membre de la Société
savoisienne d'histoire et d'archéologie).
Addition.
Parmi les nobles de notre pays qui, en 1355, allèrent
guerroyer à Saint-Omer, sous la conduite du comte de
Savoie pour le roi de France, on trouve François de
Candie, avec deux autres écuyers, venus de Rumilly.
(GuiCHENON, Histoire généal., t. IV, p. 198.)
^^
LISTE
DES
CHATELAINS
DE
BRESSE, BUGEY, VALROMEY ET GEX
sous LA MAISON DE SAVOIE
PAR
ORDRE ALPHABÉTIQUE DES CHATELLENIES
DRESSÉE
Par François RABUT
Membre de la Commission des Aiitiç[uités de la Côte-d'Or.
If
La Bresse est entrée dans la maison de Savoie
en 1282 par le mariage d'Amédée V. Elle y est
restée jusqu'au traité de Lyon (1601).
Par ce traité le duc de Savoie perdait :
1° La Bresse avec la portion du Bugey située
au-delà du Rhône, c'est-câ-dire sur la rive droite;
2° Le pays de Gex acheté par Amédée V en
partie en 1292 et le surplus cédé en 1355 à Amé-
dée VI (traité de Paris);
3° Le Valromey acheté en 1359 de Catherine
de Savoye, fille du dernier sire de Vaud.
En 1601, tous ces pays furent réunis à la pro-
vince de Bourgogne, et les pièces qui leur étaient
relatives furent envoyées de Chambéri à Dijon.
Ces pays ont été occupés par François P'' et
par Henri II, de 1535 à 1559 pendant plus de
23 ans.
Cette liste de châtelains, tirée des archives de
la Côte-d'Or, est dressée par ordre alphabétique
des noms de lieux.
LES CHATELAINS
Ambronay
1318-19. — Jean d'Aix (de aquis), moine d'Ambronay.
1331-34. — Pierre de la Balme, damoiseau.
1335-37. — Pierre de Genos, chevalier.
1339-41. — Etienne de Fromentes, chevalier.
1341-43. — Croso de Monlmaïeur, clerc.
1343-44. — Jean de Crozo.
1344-50. — Etienne de Belmont ou Beaumont.
1350-51. — Jacques de Beaumont.
1352-53. — Jacques de Cheveluto, damoiseau.
1354-55. — François de Longecombe, damoiseau.
1355-56. — Joffroy de Marcelle, damoiseau.
1356-57. — Pierre de la Salle, chevalier.
1357-67. — Jean Coqui, de Nantua, chevalier.
1367-71. — Aymon Coqui, fils de Jean, seigneur de
Genissiaz, chevalier.
1371-79. — Jean Gillet.
1414-28. — N. et puisst seigf Bonifacede Cbalant, che-
valier, châtelain à vie.
Nota. — La châtellenie d'Ambronay a été
réunie à celle de Pont-d'Ain, à la mort de
Boniface de Chalant, en 1428.
Ardent
1416-30. — N. Pierre Alamand, chevalier.
1430-34. — Louis et Hugon Alamand, fils de Pierre.
122
Bagé
1273-84. — Pierre de Montfaucon, chevalier.
1294-97. — Pierre de Serraval.
1297-98. — Barthélémy Silvestre.
1301. — Hugues Amblard, bailli de Bagé.
1302. — Geoffroy Guiot.
1303-5. — Hugues de Rocheclaire, chevalier, bailli
de Bagé et de Coligny.
1305-6. — Guillaume Bertrand, juge de Bagé.
1307-8. — Pierre Tliorin, de Montmélian.
1308-9. — Pierre de Montmerle (1).
1309-11. — Pierre de Montmélian, clerc.
1311-14. — Pierre d'Eslrées.
1315-19. — Théobald d'Avigliana, clerc.
1324-36. — Jean Mareschal, damoiseau.
1336-37. — François de Serraval, chevalier.
1337-42. — Pierre Berré, familier du comte.
1342-43. — Georges de Salion.
1343-44. — Jean Ravais, docteur en lois.
1344-45. — Gérard de Gramniont, bailli de Bagé.
1345-47. — Pierre Cundin de Duyn, chi', bailli de Bagé.
1348-49. — Jean de Lhuys, clerc receveur de la ch'«.
1349-50. — Pierre de Dron, vice-châtelain.
1350-53. — N. sire Jean de S<-Amour.
1353-55. — Lancelot de Châtillon.
1354-59. — Philippe de Juis, chevalier.
1359-66. — Nicod François , chevalier ( en 1365, il
prend le litre de seig»' des Alemor).
1366-73. — Pierre Grangeat, chevalier.
1373-82. — Pierre d'Estrées.
(1) Je crois que c'est P. de Montmélian qu'il faut lire.
Cf. avec le précédent et le suivant.
123
1382-85. — Pierre Andrevet, de Pont-de-Vaux, damoi-
seau.
1385-87. — N. Guicliard de Groslée, chevalier.
1389-92. — Pierre Andrevet de Pont-de-Vaux.
1393-1402. — N. Jean de Corgemon, seigi" ^q Mel-
lionas, chevalier.
1402-20. — N. Pierre Andrevet, de Pont-de-Vaux.
(Lettres du 30 mai 1402, du Bourget.)
1420-39. — Philibert Andrevet, de Pont-de-Vaux.
1439-45. — N. Georges de Varax.
1445-46. — Pierre Masuerii.
1446-51. — Sire Jean de Seyssel, seigr de Barjact et
de la Rocliette, mareschal de Savoie.
1451-54. — N. Perrin d'Anthioche, seig^ de Tossiat
(Thoissey). (Jean de Seyssel lui livre ses
pouvoirs le 25 mai.)
1454-56. — Jean de Seyssel, chevr, bailli de Bresse.
(en 1462, magnif. seig»' J. de S.j lieute-
nant du comte).
1466-72. — Guyon de la Balme, seig»" de la Roche.
1473-90. — N. Jacques de Challant^ capitaine, seig^
de Saix. (En 1488, n» et puissant seigr).
1490-1517. — Puissant chevalier le sire Guy de la Bal-
me, chambellan, seig. de la Roche, capi-
taine.
1517-31. — Claude de la Balme, chev., seig^' de Beau-
vernet, de Toulongeon, de Mont-Saint-
Sernin, capitaine pour Marguerite d'Au-
triche, veuve de Philibert-le-Beau.
1533-34. — Antoine Berard.
1549-50. — N. Antoine de L'Esglise, commis de n.
François Cadenel, chevalier.
1554-55. — Claude de la Balme.
124
Balon, Leaz et l'Ecluse
1291. — Pierre et Aimon de la Balme chevaliers.
1311-18. — Etienne de Silans dit Michaillat.
1319-24. — Berlion du Pont, damoiseau.
1326-29. — Pierre de Chatillon, bourgeois de Seyssel
et Pierre de Livron^ damoiseau , chev.
1332-43. — Parceval de Chissia, damois. (ouChissey).
1337-39. — Guillaume Drol, de Ripaille, châ. de Balon.
1342-47. — Tiercelet de Beaumont, damoiseau.
1343-45. — Tiercelet de Beaumont et Jean Quocus, de
Nantua.
1344. — Etienne de Chatillon.
— Tiercelet de Beaumont.
1346-47. — Les héritiers de Jean Tavel, de Genève,
naguère châtelain.
1348-49. — Richard de Viriaz, chevalier.
1352-53. — Pierre de S*aint-Aper, chevalier.
1353. — Pierre de Loyes, chevalier.
1353-58. — Pierre de Saint-Aper, chevalier.
1359-60. — Guillaume Lyotard, damoiseau.
1361-62. — (Compte d'un châtelain dont le nom n'est
pas connu).
1363-65. — Humbert de Chatillon, damoiseau.
1366-67. — François Turombert, de Grammont, da-
moiseau.
13.69-77. — Gonrard de Chatillon, chev. (alias Conrad).
1381-84. — Hugonin de Verbouz, damoiseau.
1385-87. — François de Verbouz, fils d'IIugonin.
1389-91. — Amédée de Livron.
1392-93 (1) Jean d'Avanchères, damoiseau.
(1) Probablement Jean a continué dans l'intervalle de
1393 à 1396.
125
1396-1410. —Jean et Théobald d'Avanchères (qualifiés
de nobles depuis 1409).
1411-1450. — N. Jean d'Avancliers, damoiseau, gouver-
neur du fils aîné du duc Louis depuis
1433 ; il a pour lient, son fils Guillaume.
1451-61. — N. Guillaume d'Avanchères.
1463-79. — N. Louis d'Avanchères, fils et héritier de
Guillaume, gouverneur de Janus, fils du
duc Louis.
1480-1532. — N. et puissant seigr Claude d'Avanchè-
res, fils de Louis, chevalier depuis 1503,
il est qualifié : Claude de Balleyson
seigr d'Avanchères, grand châtelain de
Balon, et il a un lieutenant.
1535-38. — N. Claude Morein, châtelain (pour le roi
de France.
1540-42. — N. Pierre de Forax.
1543-44. — Charles Méraud, commis du châtelain.
1546-47. — Me Antoine de la Porte, chat, et receveur.
1549-51. — Gabriel Bertet.
1552-54. — N. et puissant seigf Antoine d'Avanchy
dit de Cusinens , baron de Corgeron,
grand châtelain.
La Barre-sur-Saint-Genix et Cordon.
1436-42. — Noble homme Jacques de Fontaine.
Beauregard-sur-Saône ?
1380-92. — N. Jean de Treverny.
1392-93. — Guillaume de Corgeron, chevalier, seig' de
Chaumont.
1399-1405. — N. Pierre de Marraont.
1405-1409. — Etienne de Buxy.
126
Beauregard en Savoie (ootes spéciales).
Belley.
1337-40. — Humbert Berset, garde de Belley.
BiLLIAT (1).
1317-18. — Viffred de Channet.
1318-20. — Rodolphe de Cons.
1320-24. — Geoffroy de Martello et Pierre Ronde.
1324-31. — Pierre Le Fol, Pierre Ronde, Guillaume
Cocus et Lancelot de Châtillon.
1331-35. — Lancelot de Châtillon.
1337-40. — Huldric de Châtillon, damoiseau.
1340-44. — Jean Cocas, de Nantua.
1344-51. — Pierre Prévôt, damoiseau.
1351-52. — Antoine Prévôt.
1352-55. — Etienne de Châtillon.
1356-63. — Guigon de Rivoire^ chevalier.
1364-72. — Amédée de Châtillon, damoiseau.
Bons (arrondissement de Belley Ain).
1382-83. — François de Belmont, damoiseau.
Bourg.
1274-80. — Brunet de Montcellous.
1284-88. — Olivier de Perrigny.
1289-92. — Pierre de Châtillon, bailli de Bagé.
1287-91. — Etienne Serlet, receveur du péage.
1293-96. — Guichard de la Pérouse, id.
1295-98. — Pierre de la Balme, bailli de Bugey.
1295-98. — Pierre de Châtillon.
(1) Cliâtellenie distraite d'Ochiat.
127
1298-1300. — Guillaume de Peyladru, chevalier, bailli
de Bagé et Coligny.
1304-05. — Pierre du Cloz.
1305-08. — Humbert Maréchal.
1310-22. — Guichard de Pérouse, receveur du péage.
1313-15. — Humbert de Sales, bailli de Bagé et Coligni.
1315-18. — Pierre de Tournay, bailli de Bourg.
1319-22. — Guillaume de Châtillon, bailli, et Humbert
de Montmayeur.
1328-29. — Bertet de operatorio ( naguères châtelain
de Mariiez).
1328-40. — André Beaugarçon, receveur du péage.
1329-30. — Humbert de ChâtilIon-en-Michaille, bailli
de Bourg.
1334-35. — Odon de Chaudeya, cliev., bailli et chcâtel.
1348-49. — N. Guichard Bufïard, châtelain.
1349-77.— Humbert de Corgeron, chevalier, bailli,
seigr de Meillonaz.
1377-89. — N. Jean de Corgeron, chev., fils de Hum-
bert ; il était receveur du péage l'année
précédente, soit en 1388.
Noble depuis 1385, chcâtelain et péager.
1389-93. — Jean du Vernet ou du Vernoy (deVerneto),
chevalier, bailli de Bresse.
1393-1408. — N. et puissant seig^ Jean de Corgeron,
chevalier, bailli de Bresse, châtelain de
Bourg, substiiué à Jean du Vernet, de
1400 .à 1401 ; il avait comme châtelain à
Bourg avec lui Jacques de la Balme,
seigi- de l'Albergeraent^ bailli de Bresse,
lieutenant de la patrie d'outre l'Ain.
1408. — Amédée et Anne de Corgeron, filles et hé-
ritières du précédent.
128
1408-10. — N. et puissant seig»" Jean de Montbel, bailli
de Bresse et châtelain de Bourg.
1410-12. — Georges de Montbel, bailli de Bresse ; frère
du précédent.
1412-23. — N. et puissant Guigon de la Palud, sire de
Varambon, lieut. de Mgr en Bresse, dans
les Dombes, le Revermont et Valbonne^
bailli de Bresse (Lettres du 5 octobre).
1424. — Claude de Saix, sire de Ravoire, conseil-
ler et maître d'hôtel du duc de Savoie,
lieutenant général en Bresse {cum om-
nimoda gladii potestatej.
1424-25. — Laurent Brenat, damoiseau.
1425-29. — N. et puissant seigi' Hugonin , seig"" de
Chandeye, bailli et lieutenant de Bresse.
1429-34. — OddetdeChandeye, bailli, fils du précédent.
(Lettres du 18 jaDAderl430, Thonon.)
1434-40. — Aymon [de Ghâteauvieux et Verjon , che-
valier, bailli de Bresse.
1440. — Ses héritiers.
1441-47. — Jacques de la Balme, seig^ de l'Alberge-
ment, bailli de Bresse.
1447-51. — Jean de Seyssel, seig^de Barjat, mareschal
de Savoie, bailli de Bresse, Dombes,
Revermont (Lettres du 30 juillet).
1451-52. — Jean, bâtard d'Armagnac, seigi' de Gordon
et de Tournon, chevalier, bailli de Bresse.
1452-53. — Jean de Ghâteauvieux.
1453-54. — Humbert de Montluel, chevalier, bailli de
Bresse (Lettres du 4 mai).
1454-66. — Jean de Seyssel, seig'' de Barjat et de la
Rochette, mareschal de Savoie, lieute-
nant et bailli (Lettres du 30 septembre).
129
1460. — N. François Berger, vice-châtelain, rece-
veur du don gratuit.
1463. — Jean Jacquet, secrétaire ducal et Jean Ré-
gis, notaire, commissaire aux extentes.
1466-72. — Guillaume de la Balme, seig"" d'Illens, gou-
verneur et bailli de Bresse (Lettres du
7 mai).
1472-82. — Hugonin de Chandée, chevalier, seigr du
dit lieu, bailii de Bresse (du 1er mars).
1482-85. — Amédée de Genève, chevalier, seigr de
Buringe; lieut.-gén. , bailli de Bresse.
Jean Berger, lient, dans la châtellenie.
1485-95. — Antoine delà Palud, seigf de Saint-Julien,
lieutenant-général, bailli de Bresse.
1496-97. — Guigon, seigi' de Châteauvieux, bailli.
1497-99. — Jean Palluat (pour le châtelain Guigon).
1499-1505. — Jean seig'" de Challes, bailli, gouverneur
de Bresse.
1505-25. — Louis de Gorrevod, baron de Montagny,
grand châtelain et bailli de Bresse (pour
Marguerite d'Autriche) .
— N. André de St-Barthélemy (châtelain de
Béatrix de Portugal).
1544-49. — Jean Boms et Pierre Rancé, châtelains
(pour le roi de France).
CfIATE AU NEUF-DE- RoMANS.
1344-46. — Jean du Grot, de Montluel.
Chateauneuf-de-Valromey.
1355-56. — Lancelot de Châtillun, chevalier, bailli de
Bugey et Valromey.
130
1358-59. — Richelin, chevalier, bailli de Bugey.
1363-66.— Pierre de Gerbais, de Belley. Il reçoit
en augmentation de fief la terre de Son-
gier, puis Sinliieux, ancien trésorier du
comte qui lui devait.
1377-08. — Burnon de Cliignin, chevalier.
1378. — Thomas de Pignerol.
1378-83. — Thomas Orselli (le même ?j.
1383-98, — Amédée de Chaland, damoiseau, chevalier,
fils d'Aymon.
1397-1402. —Amblard Gerbais, seigr de Billiat.
1403-04. — Antoine Boulemier.
1406-07. — N. Hannet d'Aliex.
1414-16. — Louis de Virieux, notaire (receveur pour
Odon de Villars, donataire par la vente
du Genevois).
1415. — Pierre de Cusinens, notaire, receveur des
extentes (pour le duc de Savoie).
1416. — N. Guigonnet Mareschal, châtelain.
1417. — Pierre Martel.
1417. — N. Guyon Mareschal, de Ghambéry.
1418-24. — N. Pierre Martel.
1426. — Peyrat de Belmont.
1426-29. — N. André de Mareste.
1430-38. — N. et puissant seigi" Jean de Compeys ,
chevalier.
1438-40. — Jean de Seyssel, châtelain, soigr de Barjat
et de Ripailles, mareschal de Savoie. (1)
(1) Nommé i:)i'opter tldoi intemerate constantiam, l'ruc-
tuoso que obsequio per spectabilem consanguineum cousilia-
rium (Bourget, 22 septembre).
Abergeuient par Amédée VIII (Chambory, 17 mars 1434).
131
1440-01. — N. Nicod de Menthon, chevalier (Lettres
du 13 septembre 1440, Genève).
1441-45. — Antoine Boulemier (Lettres du 1*^'' septem-
bre 1441, Chambéry).
1445-52. — N. Hannet d'Aliex.
1452-56. — N. Jean de Saix, seigi' de Bannens.
1457-59. — Sire Amédée de Cliallant, seig'" de Varey,
conseiller, chambellan.
1460-67. — Denis Cervèze, docteur es arts et en méde-
cine, châtelain de Châteauneuf et de Châ-
teaurouge (Rossillon) , et Amédée de
Cliallant (ensemble).
1467-74. — Amédée de Cliallant, châtelain de Château-
neuf et de Châteaurouge.
1474-85. (1). — Boniface de Challant, conseiller ducal.
1485-89. — Jacques de Challant, conseiller, chambel-
lan^ seigi' de Varey.
Il y a eu entre deux un Aymard Panet,
cela résulte des lettres d'institution de
Cranz, où il est parlé de plainte faite
contre ledit Panet.
1491-93. — Michel de Cranz.
1493-1500. — Jacques de Challant.
1500-05. — Claude de Valeyson (2), seigi' dudit lieu
(Lettres du 18 septembre).
1510. — Amédée Durand (pour Madame Claude
duchesse de Savoie, vicomtesse de Bri-
viers, dame de Châteauneuf).
(1) En 1481, 2 s. viennois à la chartreuse d'Arvières pour
luminaire devant le corps du Christ, légués par le duc de
Savoie.
(2) Balaison ?
132
1513-19. — Claude de Valeyson.
1523-24. — Amédée Durand.
1530-32. — N. Louis Vincent.
1534. — Pierre Sarpol (pour le duc Charles, puis
pour le roi de France, dès le 30 sep-
tembre 1535).
1540-55. — N. Bernard Bellot, commis du précédent,
puis châtelain le 17 mars 1442.
Chatillon-lez-Dombes.
1287-1301. — Pierre d'Estrées.
1301-17. — Mermet Cadot, alias Cadout.
1317-23. — Pierre Villiene.
1324-28. — Pierre d'Estrées.
1327-29. — Louis Rivoire, chevalier.
1330-31. — André de Coygnin, damoiseau.
1332-33. — Gérard de Grandmont, chevalier, bailli de
Bresse.
1333-35. — Jacquemet Prévôt, de Virieu.
1335. ■ — Pierre, de Châlillon de Michailles.
1339-40. — Louis Rivoire, chev., seigr de Damaisin.
1341-43. — François de Serraval, chevalier.
1343-44, — Pierre de Montfaucon.
1344-45. — Varucher de la Balme, chevalier.
1345-47. — Pierre Villene, chevalier.
1348-49. — Pierre de Salle, chevalier.
1352-56. — Henri de Sachins.
1356-62. — Varucher de Balmc, chevalier.
1363-71. — Pierre d'Estrées, chevalier.
1372-73. — Joard Provana, chevalier.
1377-83. — N. Ilumbert de Langes, damoiseau.
1383. — Jean do Lentenay, de Poncin, naguère tré-
sorier de Bresse.
133
1383-88. — N, Hunibert de Langes, continue sa charge.
1388-91. — Guillaume de Corgeron, damoiseau.
1395-1403. — N. Jean seig»' de Corgeron,
1403-07. — Etienne Burdet, de Clmtiilon.
1406-35. — André, sf de Glarens, appelé Clermaux (1).
(Lettres du 18 octobre.)
1435-41, — N, Pierre Soiturier, de Treffort,
(En 1438, N. Antoine Sarrazin, notaire,
commissaire aux extentes.)
1442-44. — N. Benoît Boulemier.
1444-45. — N, André de la Vernea, châtelain et capi-
taine de la place.
1446-48. — N. Guillaume de la Balms, écuyer.
1448-55. — Pierre de Thouars (de Toueria), écuyer,
1455-64. — N. Jean de Guers (de GurgiteJ (2) (Lettres
du 11 juillet),
1464-65. — N, Glaude Louacti, seig^ d'Argental, capi-
taine et châtelain (Lettres du 18 avril,
datées de Nogent-le-Roy).
1465-67, — Louis de Versey , écuyer (Lettres du 30
avril).
1467-1504. — N. Antoine, seigr de Genost.
1505-12. — N. .lérôme de Ventes, capitaine et châtelain.
1514-39. — N. Philibert Guigonard , écuyer, grand
châtelain.
Chazey-sur-Ain.
1355-71. — Egide d'Arloz, chevalier.
(1) Il avait épousé Jeannette, bâtarde de Savoie, (|ui eut
4.00Ufl. de dot.
(2) Dépenses : fait faire un copoii en fer au lieu d'un en
bois pour percevoir le droit de la leyde ou du coponagc.
9
134
1473. — N . Guillaume de Varax et Donat de Romans
(pour noble et puissant seigr Georges
de Varax, damoiseau, uaguères seig'"
du lieu).
1474-78. — Jean Constantin (pour Margt^ de Bourbon).
1478-85. — Antoine Renaud.
1485-86. — N. Guillaume Donat de Varax.
1486 (1). — Compte annonyme.
1505-10. — Jean le Bègue, de Chazey, assensateur des
château et châtellenie.
1512. — Jean Dubois, id.
1513. — Claude Mathieu, id.
1515-17. — Claude Mathieu et noble Fournier, id.
Coligny-le-Neuf.
1313-14. — Jean Verneuil, damoiseau.
1314-15. — Aymon de St-Jean.
1315-16. — Humbert Chambuc.
1316-17. — Guiot Rongia, damoiseau.
1317-19. — Humbert de Bocsozelle.
1532. — N. JeanBoulemier (pour Béatrix, duchesse
de Savoie);
1532-34 — Puis pour le duc Charles.
CONZIEU.
1327-33. — Joan Cugnct, mistral.
1335-43, — Antoine d'Eviau (de Aquiano).
(1) Mention de séjour du sire de Malval seig' de Polinge,
et sa suite, du 18 octobre au 2 décembre. Dépenses pour lui
et ceux qui le visitent.
135
CORBIÈRES.
139Û-95. — Jean Santere, damoiseau.
1413-40. — Etiemi3 de Lavigna, écuyâr de noble et
puissant, seigneur M»'*' Humbert bâtard
de Savoie, seig'" de Corbières, chevalier.
Cordon.
1344-1352. — Jean Richerin^ damoiseau, a/m.s RiclieJin.
13G3-G4. — François de Longecombe, damoiseau.
1364. — Jean Richerin (1).
1379-85. — Jean Perrin dirt Maillard, damoiseau.
1385-85. — Humbert de Toysiafsicj (Lettre du 24 mai).
Cressieu.
1341-42. — Humbert Verset, familier du comte de Sa-
voie, receveur des revenus do cette sei-
gneurie.
EcHETS (les).
1515. — Jean Bongain (boni lacri), notaire. Compte
des receptes et dépenses du dessèchement
du lac des Echets.
1561. — Guillaume Langlois, commis au revenu des
terres autrefois occupées par le lac. Com-
mission du 28 avril.
15G8-77. — Jacques Gabet et Antoine d'Antin, capitai-
nes (( des echets » et gardiateurs du lac.
1578-82. — Antoine d'Antin.
(1) In exituayarum, videlicet nemorum, collectarum.
136
FoiSSIAT.
1313-23. — Vifrecl Malemain, châtelain.
1338-39. — Jean de Félin, chevalier, châtelain.
Gex.
Avtl342. — M élan Gasterand^ signalé comme prédé-
cesseur immédiat du suivant.
1342-43. — Nicolas Serand.
1353-54. — Aymon de Pont-Vitry (Pontverre), damoi-
seau, seigneur d' Aigrement, ancien bailli
de Gex.
1353-54. — Bertrand Carrigat.
1353-57. — Pierre Chasal, damoiseau, receveur de la
seigneurie de Florimont-lez-Gex.
1355-70. — Jacques Mareschal, chevalier, châtelain.
1368-72. — NycodTaveau,spécialementpour Florimont.
1370-77. — Aimon de Chatillon dit Bouchard, seigneur
de Saunas, chevalier.
1377-82. — Thomas Orselli, de Pignerol, secrétaire du
comte de Savoie.
1382-89. — N. Jacques de Ravoire, de Montmélian.
1389-1426. — N. et puist seigneur Boniface de Challant,
chevalier seigneur de Ferney. Lettres du
26 juillet.
1401-15. — Georges Palluol, administrateur des deniers
des judicatures , c'est-à-dire provenant
du grand et du petit sceau.
1416-17 et 24-25. — Raymond d'Orsières, id., id.
1426-41. — Boniface et Amédée de Chalant, fils et hé-
ritiers de n. et puist- seigi' Boniface de
Challant.
137
1432-43, — Gérard Bourgeois de Challex, receveur des
reconnaissances et des extentes de ]a
châtellenie. Lettre du 6 février.
1442-48. — Christophe Boniface, de Genève.
1444-51. — Jacques Nicod, vice-châtelain.
1448-51. — Guillaume de Villarsel, châtelain (pour mes-
sire Antoine des Prés, évêque d'Aoste,
alias j évêque de Maurienne (1451).
1451-57. — Antoine Boulemier (Bolomier, Bolomerii)
(Lettres du 16 mars jusqu'au jour où le
comte de Danois prit possession).
1466. N. Jean de Genton, châtelain provisoire de
Gex, revendu parDunois au duc de Savoie.
1466-82. — N. et puissant Pierre Bonnivard, seig^' de
Barre.
1483-87. — N. François-Louis de Belletruches.
1485-87. — Egrèges Mermet Michaud, Nicod de Ser-
gier et Claude de Crosa, receveurs des
extentes.
1493-99. — Messire Pierre ou Petrequim (l)de Pesmes,
châtelain de Versoix, réuni à Gex par
Blanche de Savoie.
1499-1504. — Antoine de Belletruches, conseiller ducal.
1525-27. — N. François de Laconay, châtelain, fermier
et accensateur de Gex pour 3 ans.
1601. Messire Jean de Beau-Château, au nom
d'Henri IV.
GOURDANS EN VaLBONNE.
1357-60. — Guillaume Pasquier.
1415-19. — Pierre Gabet, notaire, reC'de la châtellenie.
(1) Diminutif allemand de Pierre.
138
1419-25. — Guillaume Rigaud, châtelain.
1426-27. — Nicollet duMollars.
1427-29. — Antoine Chevalier.
1429-51. — Guillaume Rigaud, écuyer d'hôtel du
Prince du Piémont (Lettres du 26 août).
1451-54. — Nobles Hugueuin de Genay et Aymone
de Sele, sa femme, établis pour leur vie
naturelle seulement et pas au-delà. (Ad
eorum vltam naturalem duntaxat et non
ultra.)
1454-71. — ClaudedeMontferrand, capitaine, châtelain.
1471-79. — Messire Humbert de Montluel, chevalier,
seigneur de Chautagne et de la Crête,
, chambellan et châtelain pour Janus de
Savoie.
1480-84. — Boniface de Challant, capitaine- châtelain,
(pour Janus de Savoie).
1484-86. — Le même et Jacques de la Croix, écuyer.
1493-95. — Jean-François Champion, écuyer ducal.
1495-99. — N. Alexandre du Puits, pour le duc^ puis
pour le bâtard René de Savoie.
' 1503. N. Jean Mouton / pour Marguerite d'Autnche veuve
1504. N. Antoine Vaermy) de Pliilibert-le-Beau.
Groslée
1442-43. — Manfrcd Besson (Beczon), ancien maître
de la Chambre des Comptes.
1443-49. — Philibert, bâtard de Gerbais, par lettres du
2 juillet.
1449-52. — Manfred Besson (Beczon), par lettre du
11 juin 1448.
1316-17.
J39
Jasseron.
1304-5. — Guyon de Lornay.
1305-7. - Vilfred de Cliaunay.
, Jean Benard.
1307-15. — , Hurabert de Luyrieu.
' Etienne de Challes.
{ Humbert de Rocsoselle.
( Je,m Renard.
1318. Jean Cornu et Jean Mareschal de Mont-
merle,
, Jean de Mairay.
1319-23. — Hugonet de Gramont.
( Berlion de la Mar.
1323-30. — Perronin d'Estrée.
1348-49. — Etienne de Fromentes, écuyer, par lettre
du 13 juillet.
1349-50. — Jean de Jailleron, damoiseau.
1350-51. — N. Pierre de Salle.
1351-52. — Amédée Le Roux, de St-Rambert, damois.
1351-53. — Guillaume de Saix, damoiseau.
1353-54. — Guill'^ de Saix et Pierre de Salle (succesr).
1354-55. — Pierre de Salle, écuyer.
1355-56. — Girard Bertliod, damoiseau.
1356-57. — Henri de Sachin, damoiseau.
1357-62. — Perronin d'Estrée.
1363-64. — Jean de Vullafin.
1364-71. — Hurabert Julien, damoiseau.
1371-78. — Humbert de Langes.
1378-80. — Messirc Josserand de Saix, chevalier (pour
Amédée fils du comte).
1380-92. — Claude de Saix.
140
1392-98. — Pierre d'Entremont, du Bourget, pour la
comtesse Bonne de Bourbon.
1398-1439. — Guillaume de Geuost, écu)'er (pour le
comte). Lettres du 14 février.
1439-62. — N. N. et puissants hommes, messire Eus-
tache, chevalier, et Louis, seig'' de
Genost, fils du précédent.
1446-47. — Guillaume Bernard, commis*^ aux extentes.
1458. — Jean Veuorin, vice-châtelain.
1459. — Jean de Verrozet, vice-châtelain.
1466-83. — N. Louis de Genost, seig'' de Chille, châ-
telain de J. et de Saysseriat.
1483-1503. — N. Antoine, chevalier, seigi' ^q Genost,
pour Philippe de Savoie.
1505-30. — N. et puissant Sibuet de la Balme, seig"* de
Ramassiat et de Charançonnay, capi-
taine et grand châtelain (pour Marguerite
d'Autriche).
1563-65. — Antoine Boisset, fermier de la châtellenie
pour Son Altesse.
Lent.
1378. N. Guillaume de Mal val, châtelain (pour
Amédée de Savoie, fils du comte),
LOMPNES.
1272. — Pierre et Etienne Arlaud frères.
1281. — Pierre de Co |uino, châtelain de Lompnes
et de Saint-Rambert.
1301-5. — Pierre Chaîne (Cathene).
1305-10. — Guichard Ponsard.
1316. — Jean Mareschal.
141
1317-18. — Guichard Ponsard.
1318-19. — Perrenet de Chcâtillon.
1322-26. — Aymon de la Chambre.
1328-32. — Amédée Ponsard.
1332-36. — Hugues de Felinz.
1336-38. — Jean de Félins, fils du précédent, damoiseau.
1338-39. — Constantin de Jaillon, damoiseau.
1340-41. — N. Hugues de Boisselle, chevalier.
1341-50. — Mamfroid de Ruotte, k.mbard (emprunt).
1343-44. — Humbert de Corgeron.
1346-47. — Aymon Cocus de Nantua, damoiseau.
— — Jacques Prévôt.
1350-51. — Antoine et François Prévôt, ses fils.
1351-52. — Pierre de Salle, chevalier.
1353-55. — Philippe de Juys, chevalier.
1354-55. — Lancelot de Châtillon.
1356-57. — Hambert de Châtillon, damoiseau.
1367-69. — Jacquemet de Chongiat.
1424-51. — Aymon de Beauvoir.
En 1342-44. — Guichard Ponsard lui est associé.
LOYES.
1423-24. — N. Antoine Rigaud de Rossillon.
1425-29. — N. Louis Fran(.ois, écuyer.
1429-32. — N. François dit l'Ane de Lange.
1481-84. — Georges deMenthon.
1485-1500. — Pierre Châtelain, receveur de la chatel-
lenie (pour René, bâtard de Savoie).
LOYETTE.
1360-6L — Egide d'Arlo, chevalier.
1372-93. — François Camus, de Chenay.
142
1415-19. — Pierre Gabet.
1419-31. — Pierre de Cheynay, dit Camus, damoiseau.
1431-39. — N. Gilet d'Arloz, seigneur de Servette.
1439-43. — N. Philibert, bâtard de Gerbais (Lettre du
13 aoiit, Ripailles) .
1451. — N. Henri de Gouilliona, écu3^er. 28 mai.
1453-55. — Pierre Masuyer.
Prend possession à main armée comme bailly de
Bugeij ; il en chasse Jacc[ues de Seyssel et autres
partisans de Samuel de Sarast et gens serviteurs de
quelques nobles de Savoie, lesquels avaient escaladé le
clf^teau et en avaient chassé le bâtard de Villars qui
le tenait au nom du sire de Volverd et du Dauphin.
(Puis lettres du 14 juillet 1454.)
1467-72. — Jean Constantin, notaire (pour Marguerite
de Bourbon).
1478-97. — Antoine Régnât, dit Alanette, de Peroges
(pour le même).
1513-15. — N. N. Jean Dubois et Claude Mathey.
1518-21. — N. N. Claude Mathey et Franc. Dumolar.
Marboz.
1322-28. — Berthet de Hoperatorio (do l'ouvroir).
1334-35. — Guillaume Ceci, de Nanlua.
1343-44. — Etienne Chalard, chevalier.
Matafelon.
1414-32. — N. André de Moyria, damoiseau.
1432-35. — N. Jean Moyssard de Mat;ifelon.
1435-45. — Alexandre Guddot.
1445-59. — N. Parceval Moyssard.
1455-73. — N. et puissant Georges de Chàteauvieux.
143
1473-78, — N. x\ndré Bonard, prévost des marescbaux,
capilaiue de Montréal , châtelain ( pour
Yolande).
1478-90. — Georges de Château vieux ( pour Blanche
de Savoie).
1490-94. — Guyon, seig"" de Châteauvieux (pour Blan-
che de Savoie).
1404-96. — N. Philibert Arestelle ( pour Blanche de
Savoie).
1496-1501. — Guyou de Châteauvieux et de Verjon
(pour Blanche de Savoie).
1502-06. — N. Antoine de Cordon.
1506-32. — N. N. et puissants seigrs Claude et Phili-
bert de Châteauvieux, fils et héritiers de
Guyon , châtelains (pour le duc).
1532. — Claude Reydelet.
1535-37. — Jean Domenget (pour le roi de France),
1540-58. — Claude Reydelet, fils d'honorable et sage
homme Me Claude Reydelet, châtelain.
MlRlBEL.
1355-59. — Amblard de la Balme dit de Fromente.
1359-63. — Jean de Palacio, dit Guers, damoiseau.
1363-78. — Guyon Ferlay, écuyer.
1378-83. — Guyon Ferlay, fils du précédent.
1383-89. — Jean de Lenthenay, alias Lentenay.
1389-74. — Heniide Villette, dit Charbuclé, damois.
1395-98. — N. et puissant Guillaume de Corgeron,
chevalier (1), seigi' de Chaumont.
(1) Son compte est rendu à Chambéry, par un juif Moïse
de Costa.
144
1398-1436. — Heori de VilleUe, damoiseau (1).
1403. — Guillaume Escoffier, receveur des extentes.
1437-49. — N. Jean Guj^ot dit de la Garde.
1449-53. — Le même et Jean dit de la Garde, son fils,
nommé son coadjuteur avec promesse de
succéder au titulaire après sa mort; il est
bientôt tout seul.
1454-66. — N. Guillaume de la Balme dit Morellet,
écuyer du duc de Savoie , capitaine et
châtelain (( dum benefecerit ».
1466-71. — N. Philibert de la Balme, chevalier, seig^
de Perés, fils du précédent et de noble
Louise Genost sa mère ( 9 août 1466).
1471-72. — N. François de Briord, capitaine, châtelain
(pour Philippe de Savoie),
1472-74. — Georges de Varax, receveur de tous les re-
venus de la châtellenie qui lui sont en-
gagés à concurrence d'une somme à lui
due par le comte de Bagé.
1474-78. — Noble et puissant homme Gaspard de Chan-
dey, seigr de Versailleux et du Châtel.
1483-86. — , capitaine châtelain.
1487-92. — Guyon, seigneur de Châteauvieux.
1494-95. — Guillaume de Corgeron, chevalier, sei-
gneur de Chaumont (Pat. du 24 novem-
bre. Le juif Moïse Costa est receveur.)
1496-150L — Guyon de Châteauvieux et Jean Oriol,
seigr de Challes, gouverneur de Bresse.
1502-5. — Jean Oriol^ seigneur de Challes.
(1) 11 avait pour lieutenant dans les dernières années noble
Jean. Guyot, dit la Garde.
145
1505-25. — Laurent de Gorrevod (magnifique seig'^),
chevalier, baron de Monta gney, grand
châtelain pour le duc, puis pour Margue-
rite d'Autriche.
MONTDIDIER.
1407-8 — Gauthier de Ville, assençateur.
1415-39. — N. Hugues d'Oyonnax, damoiseau.
1439-46. — Guyon Collomb.
1446-50. — Gauthier de Ville, lieutenant du précédent.
3450-51. — Guillaume de Luyrieu, chevalier, seigneur
de la Cueille.
1451-54. — Gauthier de Ville, châtelain.
1454-68. — Guillaume de Luyrieu.
1470-71. — llumbert de Luyrieu, chevalier, seigneur
de la Cueille ; dans yes patentes est qua-
lifié consanguineus de Philippe de Sa-
voie, seig'"de Bagé.
1471-74. — N. Jean Magnien (20 novembre 1471).
1474-77. — N. Pierre Bernard.
1477. —
1478. — Amédée de Scey.
1480-81. — (Le nom manque).
1482-1504. — N. Jean Oriol, seigneur de Challes.
1505 11. — Puissant seigneur Laurent de Gorrevod,
baron de Montagny, gouverneur et bailli
de Bresse.
1512-33. — Philibert Guigonard.
MONTLUEL.
1355-56. — N. Jean de St- Amour, bailli de Valbonne.
1356-57. — P. deGrengiat,chcvalier,bainide Valbonne.
146
1359-63. — Aymon de Rougemont, damoiseau, bailli
de Valbonne.
1363-71. — Janiard Pro varia, chevalier, id. id.
1371-73. — N. Pierre d'Estrées, clievalier, bailli et
châtelain .
1373-1412. — N. Jean de Grangiat, chevalier, bailli et
châtelain (40 ans).
1413-17. — Ses héritiers, Antoine et autres.
1417 22. — N. et puissant seigneur Louis Ravoire,
seigneur de Gerbais, bailli et châtelain.
1422-24. — N. Humbertde Seyssel, seigneur de Bar-
jact, écuj'er et consanguineus du duc,
bailli et châtelain.
1424-26. — François d'Annecy, de Lagneux, damoi-
seau, bailli et châtelain.
1427-29. — N. Claude Oriol, dam., bailli et châtelain.
1429-36. — N. et puissant seigneur Louis François,
seigr heremorum, alias allemorum, bailli
et châtelain.
1436-39. — N. et puissant homme Lancelot, seigneur
de Lagnieux, bailli.
1339-40. — Humbert de Grux.
1448-44. — N. et puissant Louis Fi-ançois, chevalier,
seigneur des Abymes, bailli et châtelain.
1444-49. — N. Jean de Lornay, seigneur dudit lieu,
capitaine et châtelain.
1449-50. — N. et P. Jean de Montluel, seigneur de
Ghautagne, chevalier, conseiller et bailli.
1450-51. — N. Jean de Lornay.
1451-54. — N. Louis François, chevalier, etc.
1454-61. — N. Jean de Lornay.
1466. — N. Antoine d'Aurilliac.
147
1467-69. — N. Odel de Cliandieux, seigneur de Vas •
sailleux, écnyer, bailli et châtelain.
1471-85. — Boniface de Chaland, chambellan, conseil-
ler, bailli et châtelain, seig»' de Retorton.
1485. — (Nom en blanc).
1486-87. — N. Michelet de Montgilbert.
1483-89. — N. seigneur Jean de Grangiat, chevalier,
bailli et châtelain.
1497. — N. et puissant Guillaume, seigneur de Ge-
lerie, conseiller, chambellan.
1502-29. — Etienne Chevrier, camérierde Savoie, bailli
et châtelain.
1526-28. — Compte particulier de Raymond Colin,
maître de la Monnaie de Montluel.
Id., de Jacques Sabatier^ maître par lettre
du 12 septembre 1527. 40 feuillets.
1440-41. — N. homme François Rubat.
1449-54. — N. Balthazar Rubat.
MONTMERLE.
1341-42. — Sire Jean de Saint-Amour, bailli de Savoie.
1380. — Pierre de Marmont, damoiseau, frère et
héritier de n. seigneur Jean de Marmont,
naguère châtelain et capitaine de Mont-
merle (13. .-1380), à la place de qui il a
été nommé pour tout le temps que le
comte sera en guerre avec le seigneur de
Baugé (2 juin 1380).
1403-04. — N. et puissant Jean, seigneur de la Cham-
bre, bailli de Savoie.
Montréal.
1414-25. — N. Guillaume Genost, damoiseau.
1418-19. — Bachillard, receveur des extentes.
148
1424-25. — Faciot Blanc, clavaire.
1425-39. — Aynard de Beaumont.
1439-49. — N. Philibert d'Aurilliac (d^Orlier ?) de
Naiilua, capitaine et châtelain.
1449-50. — N. Jacques d'Avanchiaz, capit. et châtelain.
1450-51. — N. Philibert d'Aurilliac.
1451-53. — N. Jacques d'Avanchiaz.
1455-89. — N.André Bonard^ écuyer, capit., châtelain.
1489-1510. — Hugues de Luyrieux, seigneur de Vele-
rie, capitaine.
1537-42. — Jehan Dommanget,institué par François I^r.
1543-05. — Claude Picard.
1546-47. — Jehan Branche, commis du précédent.
1548-51. — Jacques Molesni.
1552. — Gonin Guerin.
1559. — Claude Rambert.
1563-65. — Antoine Clianu, Loys de Lilia et Jehan
Branche, co-fermiers d'une tierce part
chacun dans des mandements de Mont-
réal et Matefellon.
MoNTRmOUD.
1415-18. — Pierre Frechet, de Joyaz, notaire, receveur
du château et mandement de M.
Nantua.
1307-08. — Martin de Châtillon et Aymon son fils, rec-
teur au vicariat de la terre de Nantua.
Ordonnaz.
1338-41. — Martin Fabre.
1343-44. — Thomas de Langres, chevalier.
149
1352-54. — Renaud de Longecombe.
1357-63. — Jean Ravaysy, docteur eu lois, cliev. (1).
1363-78. — Jean Layset, de Latigny.
1380-82. — Aymonet Rigaud, citoyen de Belley.
1382-83. — François de Beaumont, damoiseau.
1383-89. — Petreman Ravoisy, damoiseau.
1389-90. — N. François de Sarraval, damoiseau.
Nota. Depuis 1391, cet!e châlellenie est
réunie à celle de Rossillon.
Perouges.
1355-62. — Henri de la Balme, chevalier.
1372-64. — Guillaume de Calomonte.
1365-67. — Egide de Ario, chevalier.
1366-75. — Guillaume de Calmonte ( Chaumont ou
Chalamont ).
1375-1409. — Jean Mareschal, chevalier.
1409-21. — Etienne de Buxy, Damoiseau.
4421-24. — Marguerite de Buxy, fille d'Etienne et fem-
me de Guillaume Lyobard.
1424-26. — Henii Gillet, damoiseau.
1426-35. ~ Guillaume de Malacalle (MaWaux) ?
1435-44. — Guillaume Lyobard.
1444-47. — Noble homme Pierre Du Puis (de Puiheo)
bourgeois de Montlucl.
1447-54. — • N. Antoine de Lyans.
1454-66. — N. Humbert Fabry, de Perouges.
1466-74. — N. et puissant seigr Pierre de Chissey
(de Chifisiaco), seigi' de Châtillon de la
val d'Aoste, capitaine et châtelain (pour
Philippe de Bresse).
(1) Chevalier eu 61, 63.
150
1475-1504. — Etienne de Laya.
1504-OG. — Les héritiers d'Etienne de Laya.
1506-10. — Etienne de Laya.
1510-14. — Antoine de Laya, fils d'Etienne, précédent
châtelain.
1514-15. — François Mareschal, seigi' de Miximieux.
1515-18. — Les héritiers d'Etienne de Laya.
1518-30. — Magnifique et puissant François Mareschal,
seigr de Meximieux, grand châtelain.
1531-32. — N. Georges Trouillet.
1532-34. — Benoît Vernatet.
1537-41. — Noble homme Guillaume Turrel (pour
François I-^').
1541-44. — Antoine de la Cua.
1544-47. — Noble homme Jean Dommanget.
1551-54. — Charles-Philibert de la Chambre , grand
châtelain.
Pierre Chatel.
1346 47. — Michel Boutzein.
1351-52. — Etienne Mistralis.
1352-59. — Jean Ravaysy doct. es lois, chevalier (1).
1359-63. — Jean Fardel de Cou, damoiseau.
1363-64. — Pierre de Claux, damoiseau.
1373-75. — Pierre Poncet.
1380-83. — Amédée Malet.
1383-84. — Pierre de Claux.
1383-90. — Mermet Rouget, de Belloy, secrétaire du
comte de Savoie.
1390-96. — Jacques Bouczanis, damoiseau.
1395-1406. — Guigon de Notages, damoiseau.
(1) Manassés, juif; pûager^ 1355, 58, 59.
151
1406 12. — N. Amblard Gerbais, mistral de Rochefort,
de Bellev et de la Chartreuse.
1412-18. — Guigon, Jean, Amblard, Urbain Gerbais,
fils du précédent.
1465 67. — Pierre du Port, fermier du péage.
PoNCiN, Cordon, Barri et Beauvoir.
r
&
1362-63. — François de Longecombe, damoiseau, seig
de Tuey.
1402-05. — François de Compeys, écuyer, capitaine,
de Poncin.
1405-06. — François Lyons, receveur.
1423-30. — Noble homme Claude de la Baume ( de
Poncin).
1424-34. — Jean Veysie (de Cordon et Barri).
1430-33. — Eudes Bonateri de Cormano, receveur et
cellerier (de Poncin).
1434-37. — Noble homme Antoine Cavalier.
1437-57. — Amédée d'Avrilly, receveur et cellerier (de
Poncin).
1457-59. — Honorable personne Humbert de Pingon,
secrétaire ducal (22 septembre).
1459 69. — Pierre Veysie.
1469-71. — Antoine Billions.
1471-73. — Philibert de La Palud, seigi" de St-Julien.
1473-74. — N. Etienne de Bongain (boni lucre).
1474-75. — N. Etienne de Breuil (18 novembre)'.
1475-78. — Laurent RoUin.
1478-88. — Pierre Bordes, secrétaire ducal.
1488-93. — Antoine Bérard, de Neuville.
1464-99. — N. Jean Billions.
1500 02. — N. Claude Brun.
152
1502. — Le même et Humbert Boissier
1505-08. — Le même seul.
1509. — Philibert Briczand, constitué pour un an.
1518-23. — Claude Brun.
1530-33. N. Etienne Clerc.
Pont-d'Ain.
1303-04. — Guillaume Musi.
1305. — Guillaume Epoisse.
1305. — Guy de Les Clauz.
1305. — Guillaume de St-Cyr.
1305-06. — Guillaume d'Epoisse qui avait été mis à la
tête d'une compagnie d'hommes d'armes
pour défendre la ville.
1305-06. — Hudry de Testière (de Testeria), receveur
de la fortification de Pont-d'Ain.
1306-07. — Perret Bel.
1307-00. — Perret de St-Oyan (Eugendi).
1309-12. — Hugonnet de la Balmei
1312-19. — Guillaume d'Oncieu.
1319-20. — Perronetde Cognin (Cognino).
1320-21. — Guillaume d'Oncieu.
1321-25. — Thomas de Langes, damoiseau.
1325. — Jaczod de la Motte.
1325-27. — Pierre de Genos, chevalier.
1327-28. — Galois de la Balme, chevalier.
1328-32. — Pierre de Genos, chevalier.
1332. — Edouard do Corgeron, chevalier.
1332-49. — Jean Bérard, dit Cusin.
1339-40. Sandy Pharofli et Bernard Robert son valet,
maître des monnaies de Pont-d'Ain.
347-49. — Pierre Fournier, péager et pontonnier, de
Pont-d'Ain.
153
1349-52. — Bonnacorsi, de Florence, 111° de la monnaie
de Pont-d'Ain.
1349-51. — Amédée Rnffin, de St-Rambert.
1350-60. — Jean de Doncieux, clerc, garde et receveur
des vins et provisions de comte à Pont-
d'Ain.
1351-53. — Jean Bérard.
1352. — Jean de Marboz, clerc, régisseur (rector)
des forêts et étangs des baillages de Bres-
se, du revenu des glands de la garde des
étangs, et de l'artillerie du comte.
1353. — Bertrand de Saxo, chevalier.
1354-55. — Bonnacorsi, de Florence, m'= des monnaies.
1354-56. — Pierre de Genos, chevalier.
1356-58. — Jean, bailli de Villars, damoiseau.
1358-61. — Gui, vicomte de Baldisset, damoiseau.
1361-62. — Jean des Bordes (Bordellis).
1362-75. — Bonnacorsi, de Florence.
1375-77. — Philippe Baroncelle, de Florence. (Lettres
d'institution sont datées de Bourg, 24
octobre.)
1375-80. — Sibuet Briord , damoiseau , commissaire
pour administrer les biens de Bonnacorsi
qui a quitté les Etats en cachette sans
rien dire à personne).
1375-83. — Rolet de Feyssigniat, damoiseau.
1383. — François de Beaumont, damoiseau.
1383-84. — Guigon Ravaisy, damoiseau.
1385-1403. — Guillemet de la Forêt, damoiseau.
1403-30. — N. Claude de Saxo.
1430-38. — Jean de Saxo, écuyer, fils du précédent.
1438-40. — N. et puissant seig^ Louis François, che-
valier, seigf Aremorum, capit. et chat.
154
1440-43. — N. Jean Lyobard le jeune, secrétaire du
duc, capitaine et châtelain.
1443-51. — N. Antoine de Châtillon, écuyer, capitaine.
1451-52. — Noble homme Czie Jeannin, écu3"er.
1452-65. — N. homme Humbert Barmey, capitaine et
châtelain.
1466-75. — N. homme Jean Wagnion (des seigneurs
de Truffarel, écuyer, maître d'hôtel de
Philippe de Savoie, comte de Bresse).
(Châtelain, 12 août 1466.)
1475-84. — N. homme Hugues de la Forêt, capitaine
et châtelain.
1484-90. — Jean Aycard, lieutenant de Hugues de la
Forêt.
1490-1530. — Hugues de la Forêt.
1530-33. — Ses héritiers.
1533-35. — Jean Morel.
1549. — Jean Du Moulin, capitaine (pour le roi).
1555-57. — N. Du Moulin, seigneur de Maison Neuve.
(Probablement le même.)
1563-65. — Guillaume Baudet, fermier des revenus.
Pont-de-Vaux.
1264. — Bertrand d'Onciaz, chevalier.
1275. — Jean Chenel, receveur.
1275. — Arduyn de Sala.
1285-86. — Barthélémy Silvestre.
1286-87. — Aymar do Bardonesca, juge de Bagé.
1287. — Guespet de Varax.
1288-93. — Guigonet de Saint-Germain.
1294. — Hugonet de Châteauneuf.
1294-96. — Hugonet Medici.
155
1296-99. — Guifred de Chaney.
1300. — Joffroy Guiot.
1300-18. — Guigon de Saint-Germain, chevalier.
1324-25. — Pierre, seigneur de Châtillon, damoiseau.
1325-27. — Thomas de Langres.
1327-30. — Jean Loup.
1348-49. — Amédée Macet de Pont-de-Veyle, damoi-
seau, institué par le comte Amédée de
Savoie, le 28 juillet, jour de la fête de
Blanche de Bourgogne qui le tenait en
douaire.
1349-51. — Jean Berard dit Cusin, damoiseau.
1351-56. — Pierre de Crangy, chevalier.
1355-59. — Jean de Saint-Amour, chevalier.
1359-64. — Pierre de Crangy.
1364-76. — Anterinet de Montferrand.
1376-96. — Sibuet de Briord, damoiseau.
1396-99. — N. et puissant seigneur Jean de la Baume,
chevalier, seigneur de Valuffin et de
l'abergement.
1399-1402. — Guionet de Saint-Amour, damoiseau.
1402-11. — N. homme Jocerand Trépier de Châlon.
1407-1433. — Philibert Vallier (commissaire pour re-
construire le moulin).
1411-30. — Bertrand Mellin, écuyer.
1422-30. — Bertrand et Guillaume.
1430-66. — N. homme Guillaume Mellin, du vivant de
son père. (Pendant ce temps, 1422-30,
son frère Bertrand était commissaire
pour la reconstruction d'une halle neuve.)
1444-48. — Prudhomme GuiHaume-Garccl (notaire et
commissaire pour les limites).
156
14oG-74. — Pierre de Frassia (maître d'hôtel de Phi-
lippe de Savoie, comte de Bresse et par
lui).
1474-1511. — Antoine de Rossillon, chevalier, seigneur
de Beauretour (conseiller, maître d'hô-
tel, ca])itaine et châtelain).
1512-19. — Laurent de Gorrevod, baron de Montaney,
gouverneur et bailli de Bresse.
Pont-de-Veyle.
1301-7. — Molard de Gileria, damoiseau.
1308. — Mermet Cadoud.
1324-26. — Guillaume Prévôt.
1326-27. — Humbert de Langres, chevalier.
1327-29. — Jean de Tournoux (de Tournus), damois.
1329-30. — Laucelot de Chaudia (Cliaudeyaco) chev.
1325-30. — Jean Prévôt, clerc, receveur de la châtelnw.
1348-49. — Jean Porset, clerc, receveur de Pont-de-
Veyle.
1349-50. — Roletde Serraval, damoiseau, châtelain.
1350-74. — Amédée Macet^ damoiseau.
1374-79. — Jean de Marmont, chevalier.
1379-82. — Pierre Andrevet.
1382-81. — Pierre de Marmont, damoiseau.
1395-96. — Berthier de Nantelles, châtelain (pour
Bonne de Bourbon).
1396-1423. — Pierre Andrevet.
1423-40. — Philibert Andrevet, fils et héritier du pré-
cédent (nommé en 1424).
1440-47. — Claude Andrevet, fils et héritier du précéda.
1446-47. — N. homme Saltier Tliorin (5 novembre).
1447-51. — Claude Andrevet.
157
1451-55. — EustachedeChandiaz, seig^ de Vassalieux.
1455-71. — Claude Andrevet.
1471-1510. — Philibert Andrevet, seigneur de Corsans
(30 mai).
15n_15. _ Guy de la Baume, chevalier, seigneur de
Montrevel, grand chevalier (pour Mar-
guerite d'Autriche, qui institue).
1511-22. — Aimon de Bagé, châtelain.
1516-2G. — Marc de la Baume, comte de Montavel,
grand châtelain.
1522. — Jean de la Vernée, châtelain.
1^28. — Claude de la Baume , seigneur de Saint-
Saturnin et de Montribloux, grand châ-
telain.
1559. ~ Abel Dignet, châtelain.
1560-62. — Jean de la Moussière, marchand à Pont-
de-Veyle (commis pour vente du sel).
Remens (en Bugey, près de la rivière de l'Ain).
1346. — Pierre de la Balme, bailli de Bugey.
1347-51. — Jean de Croze de Montmerle.
Amblardde la Baume seig'' de Froment.
1351-54. — l Pierre de Rossillon, damoiseau.
Jean de Montferrand, damoiseau.
RiVOIRE ET RlGNAT.
1580-82. — Jean Gros, bourgeois et marchand de Bourg,
fermier desdites seigneuries.
ROCHETAILLÉE.
1321-22 — Etienne lîumbert, châtelain (pour Aymon
de Savoie).
158
RossiLLON (depuis 1391. Rossillon et Ordonnaz).
1306-09. — Humbert de Chivrions, bailli de Bugey et
de Novalaise.
1315-18. — Humbert de Bacin, chev., bailli de Bugey
et de Novalaise.
1319-21. — Jean de Bagnol, chevalier, bailli.
1321-23. — Hugues de Châtelar, damoiseau, bailli.
1331-34. — Maître Bonchrétien. ) ^^ même?.
1334-36. — André Bonchréiien, chev. )
1336-39. — Jean de Montmélian, dam. ) ^^ même?
1341-43. — Jean Mareschal, de Montm.)
1343-47. — Jean de S ion, chevalier.
1347-51. — Gui Richard, seig^de Rions, chevalier.
1353-62. — Jean Ravaisy, docteur en droit et chev.
1362-78. — Jean Luiset de Laligny.
1378-82. — Aymon Rigaud, citoyen de Belley.
1382-83. — François de Belmont, damoiseau.
1383-89. — Petremand Ravaisy, damoiseau.
1389-95. — François de Serraval, damoiseau.
1395-98. — Guigon Ravaisy, seigi' de St- Maurice.
1398-1436. — Guillaume de la Forêt, damoiseau.
1436-63. — Jean de la Forêt, fils et suce de Guillaume.
1463-66. — Noble homme Humbert Fabry, lieutenant
de Jean de la Forêt^ grand châtelain.
1466-1523. — Hugues et Antoine de la Forest, fils de
Jean de la Forêt.
1531-37.. — Jean Tréfort (15 février).
1538-44. — Jacques JuUiard (pour le roi de France).
1544-53. — Vincent Julliard.
Sagy.
1274. — Guillaume de Sestenay, châtelain.
159
Saint-André-de-Briord.
1355-56. — Humbert de Luyrieux, chevalier, seigr de
Corcelles.
1356-60. — Pierre Bonet, chevalier.
1360-64. — Pierre de Natage, damoiseau, châtelain.
1364-65. — Guigon, fils et héritier de Pierre de Nalage,
damoiseau.
1365-76. — Humbert de Châlillon, damoiseau.
1376-79. — Nicod de Foras, damoiseau.
1379-90. — Amédée de Foras, damoiseau.
1391-92. — Jean Gros de St-Genix.
Saint-Amdré-de-Revermont.
1297-98. — Molard de Geleria.
1298. — Jean Picard.
1308-10. — Jean Geleria, chevalier.
1311-12. — André de la Baume.
1312-16. — Perronet d'Arche, dit Gringallet, damois.
1316-18. — André de Cognin, damoiseau.
1324-25. — Rolet de la Rocheite, damoiseau.
1326-34. — André de Coignin, damoiseau.
1336-42. — Guillaume Coci, de Nantua, domoiseau.
1342-43. — Jean de Saint-Amour, chevalier.
1345-46. — Aimon de Coci, damoiseau.
1346 47. — Pierre de la Salle, chevalier.
1340-50. — Jean de Feillens, clievalier.
1350-64. — Aimon de Coci^ damoiseau.
1365-74. — Bonnacorsi, bourgeois (1), de Florence.
1375-76. — Rolet de Fressigny.
Cette châtellenie est réunie à celle de
Pont-d'Ain,
(1) Mal traduit Burgi.
160
Saint-Etienne-du-Bois.
1351-52. —Jean de Feillens.
1352-53. — Humbert Musici, clievalier.
Saint-Genis et Cordon.
1389-94. — Humbert de Coisiat, damoiseau.
1401-02. — Luquin de Saluées, chevalier.
1407-08. — Guigon de Notage, damoiseau.
1409-10. — André Roffier, commissaire du comte, chat.
1412-13. — Jean Bazin, damoiseau.
1314-15. — N. Jacques de Fislilliat.
1419-33. — Guigon de Fislilliat.
1434-35. — Jean bâtard de Ravaisy.
1442-49. — Guigon de Rougemont.
1450. — Jacques Malet, commissaire.
1453-72. — Noble homme Amédée de Bocsozelle.
1467-73. — Jean Melioret , péager de Saint-Genis ,
Seyssel, etc., etc.
1479. — Robert Orliat, écuyer.
1488-89. — François Beczon.
1492-98. — Perrolin, seigf de iMonlfleury, écuyer du
duc, capitaine et châtelain.
1502. — Antoine de Cordon, écuyer, grand châtelain.
1511-16. — Jean de Seyssel, seig^' de Saint-Cassin, do
Bardelle , conseiller et président de la
Chambre des comptes de Chambéry.
1522-32. — Louis Chabod, seigr de Lescheraine et de
Villeneuve.
1539-40. — François Bienvenu, châtelain (pour le roi
de France).
1554-55. — Pierre Trottin, châtelain, (id).
IGl
Saint-Germain.
1307-08. — Ponce de Chàlilljn, prieur de la vil e et du
château.
1320-21. — Conrad Lombard, habitant d'Ambérieux.
1321-22. — Amédée Ponsard.
1322. — Jean de Luyrieux, péager.
1333-24. — Humbert de Montmayeur, damoiseau.
1324-25. — Thomas de Langues (sic).
1325-29. — Amédée de Rougemont, damoiseau.
1330-32. — Humbert de Châtillon dit Pronavit, da-
moiseau, bailli du Bugey.
1332-33. — Girard de Grandmoiit, chevalier.
1333-34. — Jacques, seig^ de Quart, bailli de Bugey.
1335-37. — Humbert de Langres.
1337-38. — Amédée de Beauvois, bailli du Bugey et
Bagé.
1338-39. — Hugues de Menestreux (Menestro), cheva-
lier, bailli de Bugey et Bagé.
1339-40. — Varruque de la Balme, bailli.
1341-42. — Girinde Saint-Symphorien, bailli.
1342. — Jacques de Clermont, chevalier, bailli.
1343-46. — Pierre de la Balme, chevalier, bailli.
1346-47. — Guichard de Bourg, bailli.
1347-49. — Amédée de Falino, chevalier, bailli.
1347-52. — Jean de Croso de Montraélian, receveur de
péage.
1349-52. — Hugues de Boczelle, chevalier, bailli.
1353-64. — Guigon Richarme dit Deryeus, chevalier.
1364-65. — Aymon de Rougemont, damoiseau^ bailli.
1366-70. — Nicod François, chevaher, bailli.
1366-71. -- Jean de Croso, péager.
1371-77. — Michel de Croso, péager.
162
1375-77. — Hugonet Garnier dit Ronda, damoiseau,
bailli deBugey et Novalaise.
1377-78. — Richard de Clairefontaine (1) dit Goliart,
damoiseau, bailli deBugey et Novalaise.
1378-81. — Joannard Provane, chevalier, bailli de
Bresse et Novalaise, châtelain de Saint-
Rambert el Saint-Geuix.
1382-85. — Nicod de Foras, damoiseau, bailli de Bugey
et Novalaise.
1385-99. — François de Rougemont dit Corna^ damoi-
seau,bailli deBugey, Novalaise et Valrora.
1400-2. — Humbert de Coise, damoiseau, bailli de
Bugey, Novalaise et Valromey.
1403-8. — Petceval de Morée, alias de Meyrier, che-
valier, bailli de Bugey, Novalaise et
Valromey.
1408-29. — Yvon Garnier, alias Rode, damoiseau,
bailli, de Bugey, Novalaise et Valrom.
1429-31. — Antoine de Montferrand, chevalier, seigneur
d'Attignat, bailli de Bugey, Novalaise^
Valromey et de la Montagne.
1431-39. — Jean d'Aimavigne.
1439-50. — N. Pierre Masuer, bailli.
1450-57. — Gaspard Chevalier, seigi" de VaraXj bailli, id.
1451-54. — N. Pierre Masuer, id.
1454-55. — Louis François, seigneur (Heremorum),
bailli, id.
1455. — N. P. Masuer.
1455-62. — Gaspard, seigneur de Varax, chevr, bailli.
1462-64. — Amédée de la Baume.
1465-69. — Humbert Favre.
(1) Peut-être Clarafont.
103
1470-71. — Anlhehne de Vallis Myolani, bailli.
1471-72. — Iliigonin de la Palud, seigneur de Saint-
Maure, et Guilberte de Varax, sa femme,
réintégrés baillis de Bugey et châtelains
de Saint- Germain.
1472-79. — Louis de Vilette, vice-bailli de Bugey.
1479-90. — Louis de Miolans.
1512. — Guillciume Thevenin dit de la Motte (pour
Mme Claude, duchesse, douairière).
1513-25. — Jacques de Grolée, conseiller et chambel-
lan du duc, bailli.
1525-31. — François Belle.
1532-36. — Jean Rubat.
1536-38. — François Trouillet.
1539-46. — André Hennon.
1547. — Jean Chabod.
Saint-Julien-suk-Reyssouce.
1521-23. — Jacques Olivier, alias Grana (pour Phili-
berte de Savoie, duchesse de Nemours).
Saint-Laurent-lez-Macon.
1312-13. — Guillaume de Malacalle.
1313-15. — Pierre de Reyvoire.
1315. — Guillaume de Malavalle.
1315-20. — Jocerand de Monliernoux.
1320-22. — Jocerand de Buenco.
1322-24. — Corraud Berard d'Ambronay.
1324. — Jocerand de Montiernoux.
1324-27. — Jean Bonis de Marboz.
1327-28. — Philippe d'Oncieu.
1328-30. — Jean de Meyriat.
1330-37. — Perronin d'Estres.
164
1339-42. — Pierre Berre.
1343-45. — Girard de Grandmont.
1345-46. — Pierre Condui deDuygniou.
1349-53. — Pierre deDron. vice-châtelain.
1353-54. — Lancelot. de Châtillon, chevalier.
1355-56. — Philippe de Juys.
1500. — Guy de la Baume, seigneur de la Roche.
(Voir, pour la suite, les comptes de la
châtellenie de Bagc.)
Saint-Martin.
1275-76. — Etienne Speysola.
1293-98. -r- Guidon de Saint- André.
1298-1301. — Pierre de Montmélian.
1308 10. — Humbert de la Balme de St-Jean-d'Arvey.
1310-23. — Jean de Perrière.
1324-34. — Dédier de Ciers.
1335-36. — Gardel de Mielliat.
1340-42. — Gardel de Mielliat.
1342-43. — Pascal de Fabrique (? Faverges).
1343-50. — Godefroi du Puit.
1351-59. — Gardel de Planchia, clerc.
1359 62. — Jean de Marboz, clerc du comte.
1362-66. — Etienne Mareschal, damoiseau.
1366-68. — Jean Chacipoulle de Marboz.
1370-75. — Etienne Mareschal.
1375-78. — Sibuetde Briord.
1376-88. — Les enfants et héritiers d'Antermet de
Montferrand.
1389-1401, — Antoine de Montferrand, damoiseau.
1427-29. — Jean Clopet, bourgeois de Bourg.
1440-48. — (juillaume de llanty, ccuyer.
1481-87. — Humbert de Lucinges, seigneur de Alymes.
165
Saint-Rambert.
1274-75. — EiienneArthod.
1298-1300. — Berlion d'Apremorit.
1301. — Rodet de Landres.
1301-2. — Barthélémy de Châtillon.
1304-6. — Henri de Chorgeu.
1307-11. — Guillaume de la Baume.
1311-12. — Jean de Froment.
1312. — Pierre de Veau (Vitidi) de Rougemont et
Humbert son frère.
1312. — Michel de Chigoin, damoiseau,
1315-18. — Artaud de Montfalcon.
1318-20. — Antermet de Cuygnins dit Ravela.
1320-21. — Pierre de Châtillon.
1321-22. — Amédée Ponsard.
1322-23. — Pierre de Genos.
1323-24. — Aymon Bonivard, vice-cbatelain. •
1324. — Jean de Chignin dit la Cuisine (?)
1325-27. — Conrad Berard de Rippes.
1327-30. — Jean Berard de Rippes.
1330-33. — Humbert de Châtillon.
1333. — Girard de Grandmont, chy. , bailli de Bugey
1333 33. — Jacques, seigneur de Quarto.
1335. — Hugues de Bocezelle, chevalier.
1334-40. — Pierre Coci de Nantua.
1340-41. — Constantin de Jayllono, damoiseau.
1341-42. — Pierre de la Baume, chevalier.
1343-44. — Ginioux.
1344. — Guillaume de Châiillon fils de Martin.
1344-46. — Jacques Prévôt.
1352. — Jacques de Beaumont.
11
1G6
1353-55. — Jean de Longecombe, damoiseau.
1356-60. — Guigon Richarniedit Dérions, chevalier.
1360-64. — Ses héritiers.
1364-66. — Aimon de Rougemont, damoiseau.
1966-70. — Nicod François, chevalier, bailli de Bugey
et Novalaise.
1371-75. — Jean de Rougemont, chevalier.
1375-77. — Hugues Garnier dit Rondaz, damoiseau,
bailli de Bugey et Novalaise.
1377-78. — Richard de Clairefontaine , damoiseau ,
bailli de Bugey et Novalaise.
1378-82. — Johannard Provane, bailli de Bugey et No-
valaise.
1382-85. — Nicod de Foras, damoiseau, bailli de Bugey,
Novalaise et Valromey.
1385-98. — François de Rougemont alias Corna, da-
moiseau, bailli de Bugey, Novalaise et
Valromey.
1400-2. — Humbert de Coissia, damoiseau, bailli de
Bugey, Novalaise et Vais.
1403-8. — Perceval de Moiria, chevalier, bailli de
Bugey, Novalaise et Valromey.
1408-29. — Yvon Garnier alias Rode, damoiseau, bailli
de Bugey, Novalaise et Valromey.
1429-31. — Antoine de Montferrand, chevalier, seigneur
d'Attignat, bailli de Bugey, Novalaise,
Valromey et de la Montagne.
1431-39. — Noble homme Jean de Aimevigne, bailli, id.
1439-56. — Noble Pierre Masuer, bailli, id.
1456-62. — Gaspard de Varax.
1462-64. — Aniédée de la Baume, seigneur de Tiret,
bailli, id.
167
1464-69. — Ilumbert Fabri, lieutenant an grand clià-
telain.
1469-71. — Magnifique et puissant Anthelme de Mio-
lans, bailli de Bugey.
1471-72. — Hugues de La Pallud, seigneur de Saint-
1472-75. — Maurice et sa femme Gilberte de Varax,
baillis de Bugey.
1475. — Hugues de Curty dit Briffaut, vice-bailli
de Bugey.
1475-94. — Anthelme, seigneur de Miolans, bailli de
Bugey.
1495-1599. — Louis d:î Miolans, seigneur de la Serve.
bailli de Bugey.
1509. — Philibert Brisand (amodiateur de la châ-
tellenie).
1510-11. — Jean Gros.
1512. — Guillaume Thevenin dit Laraote.
1513-24. — Hugues, seigneur de Grolée, conseiller,
chambellan du duc de Savoie, bailli de
Bugey.
1530-32. — Noble François Belli.
1532-36. — Jean Rubat.
1536-38. — Noble François Trouillei, commis de Claude
Guichard.
1540-43. — Noble Henryon, commis d'André Joussand.
1544-49. — Le même et Jean Chabot (en la même
qualité).
1549-55. — Jean Chabot (en la môme qualité).
1555-56. — Pierre Crassus.
1559-60. — Jean Rubat (institué par Emmanuel Phi-
libert, 22 septembre), châtelain de St-
Rambert et de Saint-Germain.
1G8
15G1 6'2. — Gaspard de Ville, fermier des châtellenies
susdites.
Saint-Sorlin et Lagnieu.
1356-57. — Hugues de Grandmont.
1358-62. — Pierre de Montdragon, chevalier.
1363-64. — Amédée fils de Pierre de Montdragon.
1364-65. — Jean de Surmont dit Cornus, damoiseau.
1365. — Richard de Cuyne, chevalier.
1365-69. — Aymon de Saini-Pierre, damoiseau.
1369-75. — Pierre Bonard, chevalier.
1375-91. — Aymon d'Ameysin, chevalier.
1391-1404. — Humbcrt fils d'Aymon d'Ameysin.
1413. — François de Rougemont (pour subside gra-
cieux).
1414-18. — Jean Bounier, notaire, receveur et celerier
(pour Eudes de Villars).
1418-27. — François de Rougemont.
1427-31. — Pierre Masuer.
1431-33. ^ Noble homme Phébus le Blanch de Bussy.
1433-47. — Jean de Buenco.
1447-53. — Pierre et Antoine fils et héritiers de Jean de
Buenco.
1454. — Noble homme Jean Ginod alias Lagarde.
1454-56. — Guillaume de la Baume fils de Pierre,
écuyer.
1456-60. — Pierre et Antoine de Buenco.
1462-63. — Amédée de la Baume, seigneur du Tiret.
1466-89. — Antoine de Forêt.
1489-90. — Antoine de Gordon, écuyer du duc, châte-
lain et capitaine.
1490-95. — Noble et puissant seigneur Guillaume de
Rossillon.
169
1495-96. — Antoine de Forêt, capitaine et châtelain.
1497-1.502. — Jacques de Buxy, seigneur d'Heyrieux et
d'Isernore, écayer ducal, capitaine et
châtelain.
1502-8. — Noble Amblard Ponnet.
1508 9 — Pierre Gorray, commissaire ducal au con-
seil de Chambéry.
1511. — Autoine Merin fermier (pour M^e Claude,
douairière).
1518-20. — Claude de Montfalcon.
Saint-Trivier.
1273-74. — Ilumbert de la Baume.
1276-77. — Putou, receveur et châtelain (pour Uldric
de Seyssel).
1279-80. — Guillaume Cadout.
1280-82. — Guillaume d'Antisen.
1282-83. — GuillaumeCadout.
1285. — Pierre de Châlillon, bailli de Bagé.
1285-87. — Riurters, chevalier.
1287 -88. — Perret de la Balme.
1288-89. — Girard de Langes.
1291-94. — Barthélémy Silvestre.
1294-96. — Guigon de Seurre (Surrà).
1296-99. — Etienne de Franchilens, chevalier.
1290-1301. — Jean Archon, chevalier.
1302-3. — Pierre de Cognin.
1303-4. — Barthélémy Baraillet.
1304-7. — Pierre de la Baume, chevalier.
1308-13. — Guillaume de CLetis.
1318-23. — Antoine de Saint-Damien, clerc, receveur
de la châtellenie.
170
1324-29. — Lancelotde Chandeyat, chevalier.
1329-49. — Antoine de Saint-Trivier.
1351-2. — Amédée de Félin.
1352-5. — Hugonet de Chandeyat.
1355-9. — Jean, seigneur de Saint- Amour.
1359-66. — Géoffroi de Saint-Amour.
1368-88. — André de Saint-Amour.
1388-9. — Guigonet de Saint- Amoar.
1389-98. — André de Saint-Amour.
1399-1403. — Jean de la Baume, chevalier, seigneur de
Valaffin.
1403-16. — Jean de Corgeron (lettres du 19 février 1403,
Bourg).
1416 7. — Girard Leroy, clerc du diocèse de Reims,
notaire public.
1417-20. — Amédée et Agnès de Corgeron.
1420-32. — Amédée Macet (lettres du 18 octobre 1419,
Aix).
1432-35. — Noble homme Jacques Macet (lettres du 22
janvier 1433, Thonon).
1435-48. — Noble homme Guillaume Ruffan (ou Ruf-
fain).
1448-50. — Jean de Saxo (du Saix), chevalier, conseil-
ler et chambellan du duc.
1450-1. — Philibert de la Palud.
1451-4. — Jean, seigneur de Cha\ annes.
1454-66. — Philibert de la Palud.
1466-80. — Jacques d'Eyria, écuyer d'écurie.
1482-99. — Jacques de Bussy, seigneur d'Eyria.
1499-1518. — Laurent de Gorrevod.
1518 — Claude de Falamanie.
1519-29 — Laurent de Gorrevod.
1531. — Peronnet Guillet.
171
1531-2. — Philibert Ferrand.
1534-5. — Noble Jean Dubois.
1558-59. — Noble Benoît de Bona (pour le roi de France).
1559. — Buscard de Lialod, seigneur de Briol,
écuyer (pour Enamanuel - Philibert (let-
tres du 24 octobre, Bourg).
Skyssel et Dorches.
1279-81. — Pierre
1296-8. — Guillaume Briord.
1299-1305. — Pierre de Serra valle.
1306-7. — Hugues de la Rochette, chevalier.
1307-8. — Pierre de Villene.
1308-13. — Martin de Mootgelat.
1313-5. — Jean des Urtières.
1318-9. — Lancelot de Chandya,
1332-3. — Pierre Coqui.
Seyssel.
1344-52. — Jean de Coci, de Nantua, damoiseau.
1357-63. — Aymon de Bonnivard, de Chambéry, chev.
1374-80. — François Bonnivard, id., damoiseau.
1385-91. — Aymon Bonnivard, chevalier.
1401-21. — François de Bussy, damoiseau.
1421-22. — François, bâtard de Bussy et André do
Marestc.
1427-37. — N. Andr(> de Mareste.
1443-48. — Ségurand Gerbaix.
1448-51. — Louis de Beauford, écuyer.
1451-55. — Guillaume de Virieux , maître d'hôtel du
duc.
1456-57. — Nicod de Menthou, chevalier.
172
1458-71. — Guillaume de \'irieux.
147G-77. — N. Claude Vigniod, vice-chât. du suivant.
1479-87. — Louis de Villelte, écuyer du duc.
J 487- 89. — N. Pierre de Vanens, écuyer.
1489-91. — Gabriel Burgié.
1491-96. — Jean Chinard.
1497-1507. — Louis de Baillain, seigneur de Verbos,
écuyer, grand châtelain.
1512-18. — Alexandre, scig"" de Salenôve, conseiller
ducal, grand châtelain.
1520-22. — N. Udric de Châiillon, co-seig»de Dorclies.
1523-24. — N. Bernard Denis, chevalier.
Treffort.
12S9-93. — Pierre de la Baume.
1293-94. — Guillaume de Espeysi.
1294-97. — Guicliard, seig' de Corgeron.
1299-1300. — N. de Puit-Gauthier, chevalier.
1302-3. — Guidon de Luaysi.
1303-4. — Etienne de Bayo, chevalier.
1304-5. — Regneau Boiche.
1305-6. — Guichard, seigf de Corgeron.
1306-7. — Tliierrion de Seplime.
1307-10. — Hugues de Feilleus^ chevalier.
1311-22. — Jean de Feillens, chevalier.
1322-24. — Josserand de Buenco, dit Effurniou, dam.
1324-25. — Pierre Bressier, chevalier.
1325-29. — Jean de Feillens.
1330. — André de Cognin.
1348-49. — llugonet de Chandyaz, damoiseau.
1349-50. — Guillaume de Verione, chevalier.
1350-52. — Jean de Feillens, chevalier.
173
1352-62. — Humbert Musici, chevalier.
1362-63. — Tliibaut Musici, frère et héritier d'IIumbert.
1363-85. — Humbert Froment, damoiseau.
1385-91. — N. Humbert de la Baume, chevalier, seig'^'
de Froment.
1391-1402. — Bon de la Baume, seig'' de Froment.
1402-9. — Jacquemard, seig''de Cologniazet d'Andelle.
1409-11. — Pliilibert Corent et Pierre de Marmont.
1411. — Pierre de Marmont, damoiseau.
1411-24. — Hugues, seig'' de Chandyat, chevalier.
1425-26. — Guillaume Raffan.
1426-35. — N. Pierre de Seyturier.
1435-47. — Eustache de Chandyat.
1447-08. — N. Jean Se^^torier.
1448-50. — N. Claude Seytorier.
1450 03. — N. Philibert Venel.
1455-64. — Humbert de Rougemont.
1464-66. — Les fils et héritiers du précédent.
1466-72. — Louis de Genost, seig' de Chilley.
1472-73. — François de Briord.
1473-83. — Louis de Genost.
1483-99. — Guy, seigi" de Châteauvieux.
1499-1505. — Jean, seig'' de Challes.
1505-32. — Laurent de Gorrovod, gouverneur et bailli
de Bresse, grand châtelain.
1532-33. — Jean Mercier.
15.34. — Jean Pelletrat (Let. de Béatrix de Portugal).
Uffelle.
1414-36. — André Dortant, clievalicr.
1436-57. — Hugonin de Dortant, fils d'André.
1457-87. — Antoine, fils d'Hugonin de Dortant.
1487-1524. — Perceval, fils d'Antoine de Dortant.
174
Varey.
1355-57. — Girard Berchod (pour Amédée VI).
135G-G5. — Jean Coci, de Nanlua.
1369-70. — Jean de Croso, secrétaire du comte.
Versoy.
1295-96. — Anthelme Port.
1296-1306. — Guillaume de Cluitillon.
1313-16. — Humbert de Grésy.
1316-20. — Raymond d'Alunges.
1320-22. — Mermet d'Arbignon.
1322-26. — Guillaume Coqui, de Nantua.
1326-28. — Galois de la Baume, conseiller, bailli de
Chablais.
1329-30. — Henri de Grésy, damoiseau.
1330-37. — Guigonde Saint- Apre.
1337-39. — Guichard-Ponsard de Seyssel.
1339-40. — Anthelme de Myolan, vice-gouvi". de Gen.
1341. — Guillaume Reynard.
1341-43. — Jean d'Aigueblanche , damoiseau.
1343. — Constantin, de Jallon.
1343-45. — Viffred Fournier, de Tournon.
1345-50. — Humbert Prinaygin.
1350-78. — Richard, co seigneur de Virieux.
1378-1424. — Jean de Vernet.
1427-30. — Rolet de Pierre, de Thonon.
1430-31. — Jean Joly, lieutenant du châtelain.
1431-33. — Pierre de Mornay (la châtellenie de Ver-
soy est réunie à celle de Gex).
175
ViLLARS.
1423-25. — Claude de la Baume.
1425-27. — Claude et Amblard de la Baume.
1427-30. — Claude et Amblard Morelletde la Baume,
trois frères ; fils de Perceval de la Baume.
1430-32. — François de Montrouzart.
1474-75. — Boniface de Cliallant, chev., seigr de Varet.
1482-83. — Georges de Menthon, chevalier^ conseiller,
chambellan du duc.
1483-87. — Jacques de la Serrée, chevalier, conseiller
et gouverneur.
1489-95. — Louis Alamand, seig^' d'Arbent, puis Jac-
ques, seig'' de Grolée, gouverneurs du duc.
1496-7. — Antoine Leudey, secrétaire ducal.
1499-1500. — Jacques, seigneur de Grolée.
1502-4. — Pierre Châtelain, receveur de la châtellenie.
1505. — Odet Coret, receveur de la châtellenie.
1515-19. — François Oriol, seigneur de Marguerite
d'Autriche.
1519-23. — Odet de Coret.
Ville-lèz-Genève.
1317-9. — Humbert de Colombier.
Virieux-le-Grand.
1381-6. — Aymonet Rigaud, de Belley.
ViRiEux ET Bons.
1392. — Antoniet de Solers, d'Yvrée.
ViRiEux (seul).
1392-3. — Luquin de Saluées, damoiseau.
1402-9. — Amédée Malingre, de Saiut-Genix.
1425. — Pierre Pelligon (pour Bonne de Savoie).
176
1432. — Jean Berlhier (pour Bonne de Savoie).
1434-9. — Mermetde Grières.
1541-2. — Jean de Sestalci.
1531-2. — Arthaud Drujon.
Yenne, Rochefort et Chanaz.
(Je mets cette chàtellenie quoique restée à la Maison
de Savoie en 1601.)
1295-7. — Aymon Barrai, châtelain et receveur du
péage de Chanaz.
1293-1300. — Martin Montgela.
1300-1. — Nicolas de Compeis.
1316-7. — Guichard de Bourg.
1321-2. — A^^mon de la Chambre, damoiseau.
1322-3. — Pierre Ravaisy.
1341-2. — Antoine de Soleirs.
1342-3. — Humbert Bertrand, damoiseau.
1343-9. — Bernard de Miribel, damoiseau.
1350-60. — Boniface delà Motte.
1366-7. — Jean de Latigny dit Luiset.
1410-11. — Amblard Gerbaix, damoiseau.
1413-31. — Guigon, Jean, Amblard et Urbain, fils du
précédent.
1431-2. — Jean Richard alias Barbier.
14.32-3. — Hugues Cadot.
1433 4. — Les fils d'Ambiard Gerbaix.
1434-5. — Antoine Malet,
1439-42. — Les fils Gerbais.
1475-82. — Anthelme, seigneur de Miolan.
1488-90. — Urbain de Sômont (sub Monte).
1495-1507. — Louis Mercier.
1531-53. — Noble Arthaud Drujon.
PLAIDOYER
DK
MARIE-GASPARDE DE GOPPONAY
EN FAVEUR
DE L'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES AUX DAMES
( Vers 1 7 1 4 )
AVEC DNE NOTICE SDR LES GRISIALDI DE COPPONSY
Par François MUGNIER
NOTICE
Il y a bientôt deux siècles, une jeune fille de
Cliambéry présentait à l'évéque d'Annecy, Mgr de
Bernex (1), un gros cahier où elle plaidait le droit
des femmes de se livrer à l'étude dos sciences (2).
La demande parut hardie sans doute au prélat
bienfaisant qui fut le protecteur de Madame de
Warens.
L'auteur ne vit pas la réalisation de ses vœux,
et bien des années se passèrent sans qu'un
changement se produisît dans l'enseignement
donné d'une main parcimonieuse au sexe fémi-
nin. Mais si la première moitié de notre siècle
s'est montrée avare, la seconde est généreuse ;
prodigue même, affirment quelques-uns. Cham-
béry sous ce rapport s'est vite placé au rang des
villes privilégiées. Depuis quinze ans, elle possé-
dait un cours d'instruction secondaire pour les
jeunes filles, quand, en octobre 1892, cette école
a été convertie en un magnifique lycée, plein d'air
et de soleil, où d'habiles institutrices distribuent
à deux cents élèves une instruction embrassant
une grande partie des sciences humaines.
(1) Evèqae de Genève- Annecy de 1G97 à 17.34.
^2) Co manuscrit, décent pages, est la propriété de M. Jean
Faga^ généalogiste et bibliopliiic cliamborieii, qui a bien
voulu nous le communiquer.
180
L'on n'y apprend pas le grec et le latin , et les
écolières ne peuvent encore, en quittant ses bancs,
s'asseoir sur ceux des Facultés pour devenir mé-
decines, avocates ou ingénieuses. Malgré cette
lacune, Marie-Gasparde de Copponay serait satis-
faite s'il lui était donné de visiter l'élégant édifice
du Verney et d'assister aux savantes leçons des
dix à douze maîtresses qui y enseignent les ma-
thématiques, les sciences physiques et naturelles,
la psychologie et la morale, la langue et la litté-
rature françaises, l'histoire et la géographie, les
langues allemande et anglaise, le dessin, la musi-
que, la couture et la gymnastique.
Mais qu'était donc cette désireuse de science ;
que voulait-elle'^
Vers 1680 l'on avait vu arriver à Chambéry un
savant, un simple charlatan, disaient ses adver-
saires. C'était un petit seigneur, de récente no-
blesse, Denis Moëne-Grimaldy, se disant écuyer,
seigneur de Copponay près de Genève, de Chàtil-
lon et de Tavolle (1). Après s'être longtemps oc-
cupé de chimie, il composa un remède qui devait
être une panacée universelle, et en 1683 il obtint
des patentes du duc de Savoie, Victor-Amédée II.
l'autorisant à établir à Chambéry une Académie
chimique. Los médecins et les apothicaires pro-
testèrent. Grâce aux nombreux protecteurs qui
(1) Voii' la généalogie à la fin.
181
croyaient avoir été guéris par lui^ Copponay resta
vainqueur. En mêrae temps qu'il accablait ses
adversaires sous ses traités et ses brochures, il fai-
sait donner à son fils et à ses filles une éducation
scientifique et littéraire développée. Ses luttes,
ses travaux et ses ouvrages ont été étudiés avec
quelques détails dans une notice de M. Timoléon
Ghapperon, publiée en 1844 dans l'Album de la
Suisse romande, et dans une autre de M. Lau-
rent Sevez, en 1859, au tome 111 des Mémoires
de la Société savoisienne d'histoire.
Denis de Copponay mourut en septembre
1717 (1). Le 29 mai 1707, il avait émancipé son
fils Antoine-Théodore, et le même jour, il lui
avait fait, avec sa femme Marie Vincent du Ram-
bion, donation de tous ses biens, sous la charge
de payer 3.000 livres à chacune de ses sœurs. Ce-
pendant il s'était réservé son cabinet de chimie
oit sont ses plus rares curiosités. Il habitait alors
la maison du Roy, dite la maison blanche, au
faubourg de Mâché.
Le 1-'' Avril 1716, il fit son testament, laissa
l'usufruit de tous ses biens à sa femme, avec di-
verses dispositions en faveur de ses filles, de ses
petits-enfants, de son neveu Claude-Abel et de sa
gouvernante, Il institua héritier universel son fils
Antoine-Théodore, seigneur de Copponay et delà
(1) D'après les notes de M. Timoléon Chapperon, et
celles de M. Faga.
182
maison forte de la Fontaine (1)^ qui paraît être
décédé sans enfants, et qui fît héritier, par son
testament du 3 mai 1731, Claude- Josepli Favier
du Noyer, lîls de François-Hyacinthe (2).
a Les trois filles de Denis de Copponay, dit
M. Cliapperon, quoique graduées en philosophie
et en chimie suivirent probablement la voie la plus
commune et en même temps la plus sûre. Il est à
croire qu'elles se marièrent sans bruit, furent de
paisibles mères de famille et eurent sinon autant
de gloire, du moins un peu plus de bonheur tran-
quille que l'infatigable auteur de leurs jours. »
Cela n'est pas bien certain. D'abord Denis de
Copponay n'avait pas seulement trois filles, mais
cinq : Louise mariée, en 1705, à N. Jean-Baptiste
de Launay, morte avant 1716; Laurence-Fran-
çoise mariée, en 17Û6, à François Lejeusne-Don-
zel ; Marie, Marie-Gasparde, Marie-Josèphe et
Bernarde, religieuse au couvent de Sainte-
Claire de Chambéry.
(1) La Fontaine, seigneurie à Saiiit-Genix en Savoie. La
seigneurie de Copponay appartenait à la fin du seizième
siècle à Alexandrine de C, qui la transmit à son mari,
Etienne Goyet. Des Goyct elle passa bientôt aux Moync
(A. DE Foras, Armoriai de Sacoie, t. II, ■v° Co^iponay) ;
et ces Moyiie sont sans doute les Moëne-Grimaldy.
(2) Et non du sénateur Albert-Eugène, comme M. Chap-
peron l'a dit, par erreur^ dans sa brochure. — Voir la do-
nation et le testament de Denis de Copponay aux pièces jus-
tiflcatives.
183
La vie de Marie-Gasparde semble avoir été
assez tourmentée, et M. Sevez a retrouvé une
brochure démontrant que Marie-Josèplie, la plus
jeune^ probablement, des filles du pvoto médecin,
directeur de l'Académie chimique, continua son
art déserté sans doute par Antoine-Théodore,
malgré les recommandations paternelles.
En 1684j le père habitait à Chambéry dans
la maison du sieur de Villeneuve, c'est-à-dire der-
rière la pharmacie Bonjean ; en 1736, Marie-
Josèphe demeurait dans la rue Saint-François,
chez M. de Droz, proche [l'église de] Saint-Léger.
C'est là qu'elle continuait, dit-elle dans une bro-
chure imprimée à Annecy (1), de travailler à
tous les excellents remèdes de son père. Les prix
en sont assez élevés. Elle traite les maladies chez
elle, le matin de huit à dix heures et par corres-
pondance.
Suivant Grillet, Dictionnaire historique, v°
Chambéry, la femme de Denis de Copponay au-
rait fait imprimer en 1715 V Apologie des femmes.
Les erreurs chez cet auteur étant fréquentes, nous
craignons bien qu'il y en ait une, là encore, et que
V Apologie des femmes ne soit autre que le tra-
vail que nous allons analyser.
Quelques paroles de l'auteur du plaidoyer indi-
quent pourtant que îi-a. mère était une personne
(1) Notice de M. Sevez, p. 62 et 04. L'auteur n'y indique
pas moins de quinze ouvrages de Denis de Copponay, outre
des vers et des cliansoiis fort ruédiocres.
184
vertueuse et instruite, ayant veillé à ce que ses
tilles reçussent une éducation soignée.
Marie-Gasparde de Copponay, lorsqu'elle com-
posa son petit traité, vivait à la campagne où^
pour se reposer des travaux littéraires et scienti-
fiques, elle se livrait, semble-t-il, à une exploita-
tion agricole. Par ce moyen, elle avait pu réaliser
un petit pécule: deux créances, deux vaches lai-
tières et un veau de trois ans. Ce fut un appoint
à la dot que ses parents lui donnèrent (1).
On doit croire qu'elle ne jouissait pas de cette
médiocrité dorée^ vantée par le poète latin, et
dont sa philosophie se serait contentée, car, en
juillet 1717, elle dut faire un mariage de raison.
Elle épousa un avocat, Claude-François de Ma-
gny, ancien syndic (maire) d'Annecy. Il était âgé
de 58 ans et veuf de Marguerite Pelard de Châ-
teau vieux, dont il avait deux filles et cinq fils. Il
ne paraît pas qu'ils aient eu des enfant^.
Claude-François de Magny mourut avant sa
femme (2). Quant à Marie-Gasparde, elle décéda à
Chambéry , et, le 17 janvier 1740, f utensevelie dans
l'église de l'un des couvents de Sainte-Claire (3).
(1) Voir son contrat de mariage ci-après.
(2) A. DE Foras, Armoriai de Savoie, t. II, p. 155.
(3) 17 janvier 1740. « Ce jour, a été enterrée à Sainte-Claire
demoiselle Marie-Gasparde de Grimaldi de Copponai, veuve
de feu noble Constantin de Magni. » (Reg. par. de Saint-
Léger, à Chambéry).
185
Son instruction semble avoir été assez étendue,
si tant est que ses citations latines des Livres-
Saints, celles de Platon, de Sénèque, et même
de Grégoire de Tours, soient le produit de ses
propres études et qu'elle ne les ait pas prises tout
simplement dans quelque ouvrage traitant le
même sujet. Si elle connaît l'Antiquité et la Re-
naissance, si elle cite même Descartes, elle ignore
les auteurs contemporains; pas la moindre allu-
sion à Fénelon et à M"^^ de Maintenon. Si elle
réfute la thèse du « bonhomme Chrysale » :
Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes,
Qu'une femme étudie et sache tant de choses.
Former aux bonnes mœurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage, avoir l'œil sur ses gens,
Et régler la dépense avec économie,
Doit être son étude et sa philosophie (1)... ,
il n'est pas certain du tout qu'elle ait jamais lu
Molière, qu'elle ait vu jouer quelqu'une de ses
pièces.
Son ambition pour le sexe féminin n'était pas
bien gTcinde. Elle ne s'élève pas contre les lois
tenant la femme en tutelle bien plus que de nos
jours ; elle ne réclame pas pour elle le pouvoir
dans la famille ou dans la société. Si elle place la
femme au niveau de l'homme, si même elle la
considère comme supérieure à lui « parce que
l'homme a été tiré du limon do la terre, tandis
(1) Les Femmes saoantcs, 1672; acte ii^ scène vu.
186
que sa compagne l'a été de sa côte ou de son es-
sence, parce qu'elle a des organes plus délicats,
elle est bien loin de conclure comme on l'a fait
de nos jours (1) « que l'émancipation civile et po-
litique de la femme est pour la France une ques-
tion de vie ou de mort». Elle veut, plus modeste-
ment, que les femmes reçoivent une instruction
égale à celle des hommes et que parmi elles se
forme un corps d'institutrices ou professeurs pou-
vant enseigner les personnes de leur sexe. Ce vœu
est maintenant largement exaucé.
Le style de Marie-Gasparde de Copponay est
incorrect; ses arguments sont parfois naïfs; sa
dialectique n'est pas pressante. Sa cause pourtant
était bonne, c'est pourquoi, le temps aidant, elle
est actuellement complètement gfignée.
Ajoutons que la fille savante est bonne catho-
lique. Elle s'aperçoit bien qu'en fouillant trop
avant dans l'étude des sciences, son orthodoxie
peut recevoir quelques atteintes, aussi proteste-t-
elle, en terminant, de sa soumission à toutes les
lois de l'Eglise.
(1) Parmi les innombrables ouvrages que la question du
Droit des femmes a fait surgir, nous citerons comme l'un
des plus complets et surtout des plus sincères, l'Essai sur la
condition des femmes en Europe et en Amèi-ique, par
M. Léon Giraud, docteur en droit, avocat à la Cour d'appel
de Paris, mort à Grasse, le 23 mars 1893, après une longue
maladie. Paris, A. Gliio, •'l-i2 ])p , in-8°, 1883.
187
LE DROIT DU SEXE POUR L'ÉTUDE DES SCIENCES
I. — Dédicace à Monseigneur l'illustrissime et
révérendissime Michel-Gabriel de Roussillon de
Bernex, évêque et prince de Genève; quatre
pages signées :
« Monseigneur , de Votre Grandeur , la très
humble, très obéissante, très soumise servante (1),
Man'e-Gasparde de Gvimaldy de Copponayy> .
IL — Au LECTEUR. Où il est prouvé qu'il est
utile au monde de donner les sciences au sexe
féminin ayant la facilité de les apprendre avec
l'esprit d'en faire un bon usage.
On y lit : « Dieu par sa bonté m'a donné une
mère vraiment chrétienne, qui, après avoir donné
tout ce qui était nécessaire à mon éducation et à
celle de mes soeurs, après nous avoir occupées à
tous les exercices nécessaires à notre sexe, d'ou-
vrage et du domestique^ afin de remplir certains
moments qui, restant vuides à la campagne où
nous sommes, nous a procuré des entretiens avec
des personnes de piété, de probité et de science,
qui nous ont inspiré l'amour pour les belles-let-
tres et pour les sciences ; c'est cependant ce qui
n'a pas été hors de censure de certains esprits. Je
m'abstiens des termes rudes dont je pourrais user
à leur égard, parce que c'est manc|uer d'esprit,
dit le Sage, que de dire une insulte à un autre :
qui profert injuriam, iiisipiens est ».
(1) Au ]ieu de servante il y avait d'abord fil te.
188
III. — Table des chapitres :
1. — De V Excellence de la science.
IL — De la Nécessité de la science à l'un et à
l'autre sexe.
III. — De l'Utilité que le monde recevrait si
l'on enseignait la science au sexe.
IV. — De l'Utilité que lesexe mèmeenj^ecevrait.
V. — Qu'il est facile d'apprendre la science au
sexe.
VI. — Première preuve de cette facilité par la
première manière cju'on reçoit la science, qui est
par infusion.
VII. — Seconde preuve par la seconde ma-
nière qui est par l'étude.
VIII. — Troisième pî^euoe de cette facilité par
l'exemple des savantes.
IX. — Diverses difficultés qu'on fait sur les
dangers qu'il y a d'enseigner la science au sexe ;
première réponse.
X. — Réponse à la première difficulté qui
résout aussi les ?% 3" et 4^.
XI. — Réponse à la cinquièm,e difficulté que le
sexe n'userait de la science que par vanité.
XII. — Réponse à la sixième difficulté que la
science du sexe serait inutile dans un ménage.
XIII. — Réponse à la deuxième difficulté qu'il
y aurait du danger pour celui qui enseignerait.
XIV. — Conclusion de tout ce qu'on a dit.
XV. — Exhortation au sexe.
189
CHAPITRE P'-.
On ne peut rien ajouter à ce que le Sage (1) a
écrit en faveur de la science : dans sa nature, elle
est une belle lumière qui dissipe toutes les ténè-
bres de l'esprit, qui éclaire l'homme dans toute sa
conduite, plus éclatante que le soleil et plus admi-
rable que la disposition des astres.
CHAPITRE n.
L'homme et la femme ne peuvent être' dans
leur lustre et leur beauté que par la connaissance
de la science. L'auteur prend occasion ici de rap-
peler les éléments constitutifs de l'être humain :
(( Sel, souffre et mercure, sans lesquels notre
machine ne pourrait garder l'ordre qu'elle a reçu
dans sa formation ; le sel, principe qui préserve le
corps humain de toute putréfaction ; c'est le plus
essentiel végétable de la terre qui fait produire
toutes les plantes ; le soufre, feu centrique, baume
de vie, chaleur naturelle, enfin le mercure qui
modère la chaleur de l'un et tempère la siccité de
l'autre ».
Déclina a malo et fac bonuin ; pour suivre
cette maxime, la science est nécessaire. C'est un
soleil et de même que cet astre répand sa lumière
sur les femmes aussi bien que sur les hommes,
(1) Liove de la Sagesse, ch. I", p. 8.
190
pourquoi n'en serait-il pas ainsi des rayons de la
science?... Les femmes possèdent aussi la nature,
la fortune et l'art, qui, selon Platon, sont les trois
principes que nous devons le plus considérer.
Pourquoi donc faire une distinction notable dans
une même espèce ; pourquoi les avantages ne sont-
ils pas égaux là où il y a même nécessité ? Il n'y a
d'ailleurs pas de différence entre les sens, les or-
ganes, l'esprit de l'un et l'autre sexe. La délica-
tesse ou la faiblesse même du sexe féminin le rend
plus apte à acquérir la science, étant débarrassé
de la masse masculine.
Les Gaulois, lorsqu'ils se partageaient la gloire
de la paix et de la guerre avec les femmes, se
réservaient les armes et laissaient l'établissement
des lois et la conservation de la République aux
femmes.
« L'esprit seul étant capable de nous bien con-
duire pour éviter mille dangers qui arrivent dans
la vie, nous devons dire avec David : Bonitatein
ci disciplinam et scientiam doce me ». Psal. 228.
CHAPITRE III
Le monde serait moins rempli de ténèbres et
d'erreurs si l'on enseignait les sciences aux femmes
« Platon a bien connu cette vérité lorsqu'il
enseigne dans le premier livre de ses lois qu'on
doit employer les femmes aux mêmes exercices
que les hommes. Il tâche de prouver qu'elles en
191
sont capables et dit que si l'on se servait d'elles,
chaque ville qui ne semble que demie serait dou-
ble.
« Si leur force corporelle n'égale pas celle de
l'homme, celle de leur esprit pourrait prévaloir ou
du moins égaler. Dans les rencontres où l'on ne
demande que des actions considérables, l'esprit
aussitôt instruit le corps qu'il anime ; c'est lui qui
fait les amazones, qui fait ces dames qui défendi-
rent Agria contre les Turcs. »
L'auteur cite divers autres exemples : une dame
combattant auprès de son mari et vengeant sa
mort ; une autre, à Chypre, mettant le feu aux
galères turques; ceux de Déborah, de l'impéra-
trice Pulchério qui régla si bien toutes les affai-
res de l'Etat, qu'il serait à désirer que le trône
de l'Empire eût toujours été occupé par une Pul-
chérie ; — la reine Isabelle-la-Catliolique, Mar-
guerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas,
Clotilde, Blanche, et « la reine d'Angleterre en
est encore aujourd'hui un exemple héroïque (1) ».
Elle cite encore les conseils donnés à Auguste
parLivie; à saint Louis, par Marguerite de Sa-
voie (2). Les armées ont trouvé en elles de grands
(1) La reine Anne, qui régna de 1702 à 1714. Si l'on prend
à la lettre le mot aujourd'hui de cet exemple, il faut dire
que M'" de Copponay a composé son petit ouvrage avant
1714
(2) Marguerite de Provence, fille de Raymond Béronger IV
et de Béatrix de Savoie, éjwuse de Louis IX.
192
capitaines; Rome doit la liberté à deux femmes ;
la France doit la sienne à la Pucelle d'Orléans...
Sémiramis.Tliomiris, Zénobie, etc., etc.; enfin les
diaconesses, les veuves.
Sainte Catherine de Sienne persuada Grégoire
XI de transporter le Saint-Siège d'Avignon à
Rome, afin d'y apaiser les schismes et les guerres
que les Bannerets causaient dans toute l'Italie.
Sainte Thérèse a fondé et réformé l'ordre des
Carmélites. Sainte Catherine, la philosophe, est
aussi digne de remarque.
CHAPITRE IV
Nous naissons tous ignorants par le péché de
nos premiers pères ; nous expérimentons tous que
l'ignorance a des effets fâcheux qu'on ne saurait
empêcher que par le secours des sciences. Notre
esprit a besoin d'être éclairé, premièrement pour
connaître l'union qu'il a avec Dieu ; puis, pour
connaître l'erreur où nous vivons lorsque nous ne
faisons attention qu'aux sentiments plus vifs que
nos lumières.
La science fortifiera le cœur des dames contre
les divers événements de la fortune ; elles en re-
cevront l'égalité d'esprit qui nous met au-dessus
des plus grandes infortunes ; elle élève l'àme et
peut la fortifier contre les passions perverses
C'est de quoi était bien convaincu Sénèquo lors-
qu'il souhaite à sa mère la philosophie morale :
193
« plût à Dieu, lui dit ce savant stoïcien, que mon
« père n'eût point tant déféré à la coutume et
« qu'il eût permis que vous eussiez employé plus
(c de temps à la morale, vous auriez moins d'afflic-
« tion et je serais moins en peine de vous conso-
« 1er et de chercher des raisons pour vous rendre
(( mon bannissement plus supportable... »
(( Quel avantage ne serait-ce pas qu'une femme
fût savante dans sa famille, ne servirait-elle pas de
collège, d'université et de pédagogue pour l'ins-
truire, ou bien chaque famille ne serait-elle pas
autant de collèges, d'universités ? L'on ferait
moins do dépenses et les enfants seraient plus ins-
truits. Mais, posé le cas que chaque mère ne vou-
lût pas prendre la peine d'enseigner, l'on suivrait
la maxime des hommes, l'on choisirait les plus
éclairées, les plus savantes femmes pour enseigner
les autres > et l'on donnerait à l'étude le temps
qu'on perd en bagatelles dans les premières années.
Nous avons les mêmes lois à suivre que les
hommes, les mêmes maladies à guérir, une même
âme à instruire, une même nature à corriger,
nous avons donc besoin d'un même secours...
N'est-ce pas une injustice de nous priver de
cette source de lumière (la science)... Avec elle
nous marcherions d'un pas plus ferme dans nos
actions...; la coquetterie, la galanterie, et si je
puis dire encore la fainéantise, n'auraient pas en-
trée dans notre cœur... Le monde vivrait dans une
plus grande perfection ».
13
194
CHAPITRE V
Citation d'Aristote (en latin) : Scire^ est rem
per propriam causain cognoscere. Il ne faut
qu'être capable de raisonnement pour acquérir
une connaissance. Les femmes en sont capables et
même plus que les hommes, etc.,
CHAPITRE VI
Nous possédons la science de deux manièT'es :
ou par infusion, ou par étude ; la première est
celle qui descend du ciel. Exemples d'Adam, de
Salomon, qui furent savants tout d'un coup, sans
études ; de saint Paul, qui reçut du ciel l'intel-
lio^ence des vérités de l'Evanf^ile et des mvstères
de la grâce sans enseignement.
La science, acquise est celle que l'on apprend
par les méditations de l'esprit, en fréquentant
les universités. C'est pour cette science qu'il y a
une faculté à Louvain, en Flandre (1), la Sor-
bonne, à Paris, l'université de Salamanque, en
Espagne, de Prague, en Bohême, d'Oxford, en
Angleterre, de Padoue, en Italie, et en plusieurs
autres provinces.
Quant à la science infuse, l'auteur rappelle
sainte Caiherine de Sienne et sainte Catherine,
martyre.
(1) Fréquentée par les Savoyards, surtout par ceux du dio-
cèse de Gcn(''\e-Annecy, en faveur de qui Eustache Cliapuis,
conseiller de Charles -Quint, y avait fondé un collège en 1554.
195
CHAPITRE VII
Pour la science acquise , la femme y a plus
d'aptitude que l'homme. Nihil est i/i intellectù
quin prius fuerit in se/isii. La créature moins
chargée de matière a plus de disposition aux
sciences que celle qui en esi plus chargée. Exem-
ple des Anges, qui sont des savants, parce qu'ils
sont de purs esprits. Platon a enseigné que nos
âmes, avant que d'être unies à nos corps, étaient
également savantes, mais qu'elles devenaient plus
ou moins ignorantes, selon que le corps auquel
elles étaient unies était plus ou moins matériel.
On dit que saint Thomas attribue même l'excel-
lence naturelle de J.-C. à la délicatesse de sa
complexion.
Les, sens plus délicats extérieurs correspondent
à des sens plus délicats intérieurs. « L'âme forme
des idées moins confuses et conçoit plus distincte-
ment, soit que les impressions des objets se fas-
sent dans la glande pinéale, qui est la source et
le centre où tous les nerfs se vont joindre à la
tête, comme enseigne M. Descarte, — soit que
les impressions sensibles se fassent dans le cer-
veau et que, là, l'esprit spiritualise les espèces que
les objets extérieurs y ont introduites par la voie
des yeux, des oreilles, ou autres sens, comme di-
sent les péripatéticiens ».
Supériorité du corps do la femme sur- celui de
l'homme fait du limon de la terre, — soit que
19G
l'on prenne le mot côte à la lettre, c'est une ma-
tière plus solide, plus stable et plus parfaite que
la boue, — soit que l'on prenne l'explication de
l'hébreu et du syriaque où le mot costa signifie
essence ou quinlessence.
Une plus grande partie animale rend en quel-
que sorte moins capable des choses du ciel et de
l'esprit, selon l'expression de saint Paul. — Elle
cite aussi à ce sujet Hippocrate et Galien.
CHAPITRE YllI
Exemples des savantes : il y en a eu dans tous
les siècles et dans toutes sortes de sciences : Eve,
sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, sainte
Thérèse (celle-ci avait écrit sur le Cantique des
Canticiues [un livre] qu'un confesseur indiscret
lui fit jeter au feu ; elle a laissé plusieurs autres
ouvrages) ; madame la comtesse d'Auchy écrivant
sur les lettres de saint Paul, — Tècle, Priscille,
Barbe, disciple d'Origène, les femmes qui ont
excellé sous la conduite de saint Jérôme.
Dans les lettres humaines, Aspasie. qui fut
jugée digne d'enseigner Périclés, qui était capa-
ble d'instruire tout le monde (1) ; Cornélie^ mère
des Gracques, Pamphile, Sémiramis; dans la mo-
rale, Diotime, qui enseigna â Socrate.
(1) Aspasie de Milet, que Pédclès épousa. Platon fait
vanter par Socrate sa science, son éloquence et sa valeur
morale. Aristophane, au contraire, pour nuire à Pcriclès,
l'a accusée d'actions infâmes.
1137
CHAPITRE IX
Dangers d'enseigner la science au sexe.
1° Les femmes ne sauraient pas ménager leur
science; elles prendraient le faux pour le vrai ;
2° Manqueraient en matière de foi ; commet-
traient des hérésies que leur opiniâtreté lem^ fe-
rait soutenir ;
3° Renverseraient les Saintes-Ecritures.
Réponse. — Exemple de Cassandre (1), demoi-
selle vénitienne qui, sur les sciences humaines, la
philosophie, la théologie, etc., soutint à Venise
et à Padoue des discussions qui étonnèrent tous
les assistants ; musicienne, jouant de plusieurs
instruments qu'elle accordait fort bien avec sa
charmante voix.
Elle eut amplement de la science pour former
des hérésies, et cependant on n'en rencontre
aucune dans ses écrits, qui ont été loués par plu-
sieurs, et notamment par Ange Politien, en ces
termes : « O liUe ! l'honneur et la lumière de
l'Italie,, quel remerciement te donnerai-je qui
puisse égaler l'honneur que tu m'as fait de la
communication et correspondance de tes belles
lettres ? Je ne pouvois sans doute espérer cette
faveur que de la courtoisie (efïacé, remplacé par
(1) Cassandra Fcclele, femme aimable et savante, qui fut
en correspondance avec Léon X et la plupart des savants
de son temps. Elle fut mariée à un médecin qui l'enimcna
quelque temps à Chypre.
198
générosité) d'une dame, plutôt d'une lîUe et
vierge toute céleste en mérite d'un prix infini, tel
que les anciens laissent à leurs muses et sybilles ».
4'» Ei les renverseraient toutes choses ;
5° Ne se serviraient de la science que pour la
vanité et l'ostentation d'avoir un bel esprit ;
6° Leur science serait inutile dans un ménage,
leur ferait abandonner le soin de la famille ;
7° Grands dangers à craindre pour ceux qui
enseigneraient.
Réponse. — Il faudrait donc nous laisser à nos
fuseaux et à nos quenouilles.
Avant de discuter chaque point : est-ce que les
hommes savants sont toujours sans défauts ; et
parfois la science ne les change-t-elle pas ? Pour
cela faut-il ne pas la leur enseigner : Sensus enini
et cogitatio hwnani coj^dis in nialiun pro?ii sunt
ab adolescentia.
Les remèdes du corps ne peuvent nous exemp-
ter de la mort, de même les sciences ne peuvent
nous rendre impeccables ? Les sciences sont-elles
dignes du mépris parce qu'il y a eu des savants
qui ont été vicieux ? Aristote a été amoureux ;
Sénèque a été soupçonné d'avoir quelque dessein
pour l'Empire ; Platon a aimé le luxe, et ainsi
des autres.
La science peut laisser dos passions dans celui
qui s'adonne à l'étude, mais je n'accorderai pas
qu'elle nous y conduise... Au contraire : si sœpius
provisa lœdunt, quid improvisa nisi graviter
199
feriant. Dieu n'a pas créé les ténèbres, a dit un
Saint-Père.
CHAPITRE X
Réponse aux quatre premières difficultés. —
On fait des erreurs par plusieurs principes :
1° Par défaut de respect pour les choses saintes,
les iconoclastes ;
2° Par une trop grande présomption, les pélas-
giens ;
3° Par fausse interprétation, les ariens et nos
calvinistes (1) qui ont entendu allégoriquemont ce
qui doit s'entendre au sens réel ;
4'' Par défaut de connaissance de Dieu, les
athées ;
5° Par ignorance du devoir de son état, les pé-
cheurs.
Réfutation. — Les femmes sont moins sujettes
à ces erreurs que les hommes. Ce fut une femme
qui la première reçut, à Athènes^ la prédication
de saint Paul pendant qu'une partie de l'Aréopage
se moquait de lui et remettait sa conversion au
lendemain.
La vierge Démétriade ne se laissa pas convain-
cre par Pélasge ; l'évangile dit que les femmes
témoignèrent plus de fermeté que les hommes
auprès de Jésus-Christ au temps de sa passion...
Autour de la croix, il y eut trois Marie- et un
seul disciple... Tous les hérétiques furent du sexe
(1) Elle vivait près de Genève.
200
masculin. Si nous remontons au premier homme,
c'est lui qui a répandu l'erreur, c'est de lui
qu'est venue la semence de nos maux : Moi'bida
sola pecus infecit omne pecus.
En aimant la sagesse^les femmes ne s'en appli-
queraient que mieux aux devoirs do leur état.
CHAPITRE XI
Cinquième difficulté. La science rend vaniteux:
il faut savoir quelle science. L'auteur de Y Imita-
tion de Jésus-Christ nous l'enseigne: — c'est non
celle que l'on apprend dans le seul dessein de
savoir, ou pour se faire une réputation dans le
monde: vanitas est, diabolique et insupportable;
mais il y en a une qui a pour but de mieux con-
naître et aimer Dieu, et édifier le prochain : cari-
tas auteni edijîcat.
<( Je ne prétends point que les dames sachent,
comme Sapho et Sempronie, bien pincer un luth
ou bien parler, mais qu'elles sachent la manière
de bien penser et de bien écrire... Nous avons
beaucoup de livres français qui nous apprennent
le devoir de chrétiens, mais il y en a plusieurs
latins qui n'en disent pas moins et qui ont beau-
coup plus d'action. Quelle vanité, mon Dieu, y
a-t-il, si l'on apprend la langue latine afin de pou-
voir lire et entendre les livres saints, s'embaumer
de leur onction et s'enflammer de l'amour de
Dieu avec les auteurs qui les ont composés et qui
n'ont point parlé dans la langue vulgaire.
201
« Au reste, je ne sais comment de vrais savants
peuvent être vains. La mullitude des choses
qu'ils ignorent n'est-elle pas plus grande que ce
qu'ils savent? Il pourra y avoir des filles savan-
tes vaniteuses, mais il y a aussi des savants vani-
teux. Parce qu'il y a des hommes qui prennent du
vin hors de mesure faut-il arracher les vignes ? »
CHAPITRE XII
Science inutile dans un ménage. J'avoue que
si une dame ou une fille ne savait pas prendre son
temps pour son étude, il y aurait de l'inconvé-
nient ; qu'un ménage n'irait pas bien et qu'un
mari se soucierait peu d'une femme qui, dans le
temps qu'il faudrait vaquer aux afïaires regar-
dant sa personne ou celle de la famille, irait s'en-
tretenir à la lecture d'une Enéide, d'une Odyssée,
d'une élégie ou de quelque métamorphose d'Ovide,
etc ; mais si une dame ou une fille prenait si bien
son temps qu'après avoir pourvu à son ménage,
au lieu de demeurer les bras croisés à une fenêtre
regarder tous ceux qui passent dans la rue, de
perdre le temps à la galanterie ou à la coquetterie,
aux jeux ou à des visites inutiles, s'occupait à la
lecture de beaux et bons livres qui l'éclaireraient
davantage, son mari serait-il si mal partagé? Ne
trouverait-il pas en elle la femme forte dont parle
le Sage, si précieuse qu'il faut la chercher jus-
qu'aux extrémités de la terre ? Ne mettrait-il pas
202
toute sa confiance en elle, neserait-il pas heureux?
Deatus qui habitai cum muliere sensata (Eccle-
siastici, cli. 25, v. 11).
CHAPITRE XIII
Danger pour qui enseignerait. Peut-on bien
penser et dire que celui qui nous enseignerait
pourrait se perdre en suivant la lumière, tomber
dans le précipice en nous donnant les moyens de
l'éviter ?
L'auteur accorde qu'il peut y avoir cependant
quelque danger pour le professeur, mais jamais pour
l'élève, parce que l'amour de l'honnêteté est natu-
rel au sexe féminin qui a comme sucé avec le lait
l'amour de la vertu, de la pudeur^ de la bienséance:
exemple (Grégoire de Tours, L.VI; ch.22(l). Puis,
nos savantes ne feraient-elles pas à leur tour
l'office de professeurs ? Elles deviendraient des
Tècle, des Eustochium.
CHAPITRE XIV.
CONCLUSION.
Il faut donc enseiiJfnoi' les sciences aux femmes,
à moins que par contrariété ou par envie, crai-
gnant que nous leur devenions supérieures les
hommes ne s'y opposent : exemples de faiblesses:
Samson, Salomon, Hercules. « Le Sage a dit :
(1) La citation est erronée par rapport à l'édition de Dom
Bouquet ; Paris mdccxxx ix.
203
iiiLilierem foriem qia's inveniet? n'avait-il pas
aussi bien sujet de s'écrier : virum foriem, ou
viruin stahilein et inconcussum quis inveniet ?
L'àme de la femme doit avoir les mêmes pré-
rogatives que celle de l'homme. La différence de
traitement vient-elle de ce que les hommes veu-
lent nous empêcher de secouer le joug d'une dé-
pendance injuste, de crainte qu'ouvrant les yeux
nous n'apercevions l'esclavage où nous plonge
notre ignorance?
Si Dieu nous avait voulu soumettre h l'homme,
il nous aurait tirées de son talon et aurait dit :
faciamus ei servam, au lieu qu'il a dit \faciamus
adjutorium e/, siinile sibi, faisons lui un second
lui-même qui soit toute sa consolation et son bien.
CHAPITRE XV.
Exhortation au sexe pour l'étude. — « Je m'es-
timerois très heureuse , ô généreux sexe, si je
pouvais entrer dans votre esprit par tout ce que
j'ai dit en faveur du droit et du pouvoir que nous
avons pour acquérir les sciences ; j'estiraerois ma
peine bien récompensée si je pouvois vous char-
mer par l'excellence que je vous ai montrée de la
science Iners inalorum omnium ignorantia
est. Doctus inter imperitos asinus, inter simias. »
« Notto. — La défiance que je dois avoir de moy
même me fait croire que ce petit ouvrage n'est
pas sans erreur, cependant ie prie le lecteur qui en
204
trouvera quelqu'une de la regarder d'un œil chari-
table. Je déclare que je suis trop soumise à l'Eglise
pour avoir des sentiments formellement opposés
aux siens que je ferai gloire de suivre à l'aveugle
en tout et partout ».
205
Essai de généalogie des Moine de Grimaldi
de copponay.
Ces notes généalogiques sont extraites de V Ar-
moriai et Nobiliaire de Savoie de M. le comte
Amédée de Foras, de tableaux généalogiques iné-
dits de M. Jean Faga, des notes de i'état-civil
laissées par M. Timoléon Chapperon, que nous
avons contrôlées par des recherches dans les re-
gistres paroissiaux des églises de Saint-Léger,
de Lémenc et de Saint-Pierre sous le Château, à
Chambéry^ et surtout des Archives du Tabellion
de Chambéry, au greffe du Tribunal civil.
Armes : Ecartelé aux premier et quatrième
de gueules à l'ombre d'un soleil d'argent ; aux
deuxième et troisième, fuselé d'or et de gueu-
les (1).
— I. Gaspard Moine de Copponay, marié le 20
octobre 1629 à Anne de Maubec (Registres par. de
Saint-Genis) , fille de N. Antoine Gaspard de
Maubec (Arch. Costa).
Ont eu pour enfants :
1° Philibert, seigneur de Copponay en 1675,
(1) Ce dernier blason est celui des Grimaldi. (Notes de
M. Faga.) Ne pourrait-on pas se demander si le nom de
Moine, pris en Savoie par ces vrais ou faux Grimaldi,
ne serait pas simplement la traduction de l'italien Monaco,
seigneurie principale des Grj'maldi '^
206
premier sous-brigadier des gentilhommes de la
garde, à qui le duc de Savoie accorda l'usfige de
la Maison- Blanche, à Chambéry-Maché (1) ; sei-
gneur de Maubec ; mort le 24 février 1710.
— IL 2" Denis Moine de Grimaldy, seigneur de
Coppunay, marié à Marie Vincent du Rambion,
mort à l'âge de 84 ans, le 10 septembre 1717, à
Chambéry, après avoir testé le 30 juin 1677
(Arcli. Costa), puis le 1*^'' avril 1716.
On a fait parfois deux personnages de ces deux
Denis ; nous pensons qu'il n'y en a qu'un seul,
a3'ant fort bien pu tester une première fois en
1677j à l'âge de 44 ans. Marie du Rambion testa
le 1^'' janvier 1717 et mourut le 14 janvier 1725.
3° Claude-Abel (Moine?) coseigneur de Coppo-
nay, enseveli le 19 mai 1686 dans la chapelle de
Saint-Martin à l'église de Lémenc (R. P. de Lé-
menc ; vérifié).
Le Claude-Abel de Copponay, neveu de Denis
et à qui celui-ci fait un legs dans son testament de
1716, est sans doute le fils de ce premier Claude-
Abel, et le même qui est témoin à la donation du
29 mai 1707 sous le nom de Claude-Abel de
Cliastillon, Il est ainsi appelé, probablement, a
raison de la terre de Châtillon à Copponay ou à
Cernex, terre sur laquelle Denis était décimateur.
(1) Tiin. Chapperon, Cha/nbêrt/ à Uifiii du xiv^ siècle,
p. 141. — Cet usage n'a-t-il pas plutôt été accorde à Denis,
le chimiste?
207
Enfants de Denis de Copponay et de Marie
de Vincent du Rambion :
— III. Antoine-Théodore^ émancipé le 19 mai
1707; reçoit le même jour une donationde son père;
marié le 14 juillet 1707 à Françoise Carron ; teste,
à Saint-Genis, le 3 mai 1731, en faveur de Claude-
Joseph Favier du Noyer (R. P. de Saint-Genis).
Il mourut à Saint-Genis^ sans doute, le 13 juillet
1747, car son testament fut ouvert le 14, dans cette
localité (1).
Louise de Copponay, mariée â n. Jean-Baptiste
de Launay (contrat dotal du 17 octobre 1705) ;
morte avant 1716, laissant deux fils et cinc[ filles.
Marie, sur laquelle nous ne savons rien, sinon
qu'elle est nommée dans le testament de son père
du 1*"' avril 1716.
Laurence-Françoise, mariée à François Le-
jeune-Donzel, l'un des conseillers de la ville de
Chambéry ; ensevelie dans l'église de Saint- Fran-
çois, le 28 janvier 1743 (R. P. de la paroisse de
Saint-Léger ; vérifié).
Marie- Gasparde mariée à Claude- François
(1) Un Claude- Joseph Favier, avocat au Sénat, était fils
du Procureur général Hyacinthe Favier et de Marie Carron,
dame de la Biguerne. Leur lils aîné, Aynard Favier, était
officier dans le Régiment national de Chablais (1738). Si,
comme nous le pensons, Françoise et Marie Carron étaient
soiurs, Antoine-Théodore de Copponay se trouvait oncle par
alliance des frères Favier^ et s'il testa en faveur de Claude-
Joseph, c'est sans doute afin d'avoir un héritier mâle.
208
Constantin de Magny, ancien syndic d'Annecy
(contrat de 1717) ; ensevelie à Cliarabéry au cou-
vent de Sainte-Claire, le 17 janvier 1740 (R. P.
de Saint-Léger; vérifié).
Bernarde, religieuse à Sainte-Claire, vivante
en 171G.
Suivant les notes laissées par M. Cliapperon,
une Marie de Copponay serait née à Chambéry,
le 6 septembre 1702; une Françoise, le 18 avril
1707 ; une Marguerite, le 8 avril 1708. Nous n'a-
vons cependant retrouvé aucune de ces trois nais-
sances sur les registres paroissiaux de Lémenc,
de Saint-Léger et de Saint-Pierre sous le Châ-
teau. Il est vrai que les registres de Saint-Léger,
correspondant à cette époque, ont disparu il y a
déjà assez longtemps ; mais il en existe une
table générale dressée avant leur perte. Nous
l'avons vérifiée soigneusement et nous n'y
avons trouvé aucun de ces trois actes de nais-
sance. Il s'agit très probablement de tilles des
sieurs de Launay ou Donzel. — Françoise est in-
diquée par la note de M. Chapperon comme fil-
leule de Denis de Copponay ; on peut donc
croire que c'était sa petite-fille.
La seigneurie de Copponay n'appartint pas
longtemps aux Favier du Noyer. Par un acte passé
à Chambéry, le 25 juillet 1757 devant le notaire
Marchand, niessire Claude-Joseph, hls de m''^
François-Hyacinthe Favier de Grimaldi, seigneur
209
de Copponay, la vendit pour le prix de 15.400
livres, à Pierre-Nicolas Colomb de Battine (1),
marié à Marie-Claudine de Launay (8).
Le dernier seigneur de Copponay fut François
CoUomb de Battine, leur fils, né à Copponay le
7 août 1746 ; poursuivi en 1777 à Genève, pour
meurtre, il fut condamné à mort. Sa peine ayant
été commuée en une détention perpétuelle, il
mourut dans la prison de cette ville le 22 février
1791 (3).
(1) Archives du Tabellion, 1757, 2e partie, i° 757.
(2) Les Favier n'avaient pas cependant al>andonné les
noms de Gvimaldi de Copponay, car ils sont donnés à Ai-
nard du Noyer, après la mort de son frère, Claude-Joseph.
(Armoriai de Savoie y° Favicr.)
(3) Voir Jules Vuy. Le dernier Seigneur de Copponex,
broch. in-8% 35 pp. Genève, Vaney, 18G1.
J. Vuy, Convention arbitrale entre la ville de Cruseille
et l'abbaye de Porniers, p. 28, brochure in-8°, Genève 1860,
et dans les Mémoires de l'Institut genevois.
210
PIECES JUSTIFICATIVES
Emancipation d'Antoine-Théodore de Copponay
Le 29 mai 1707, noble Denys de Grimalcly de Cop-
ponay et son fils se présentent à Chambéry devant
spectable du Vergier, lieutenant du Juge-Maje. Le ma-
gistrat fait asseoir le père auprès de lui, puis : « avons
fait, dit le procès- ver bal, mettre à genoux devant son père
le dit Antoine-Théodore, tête nue, les mains jointes,
auquel le dit noble Denys de Grimaldy de Copponay
les aurait ouvert et fermé par Irois diverses fois en lui
disant : i7ion fils, je f émancipe et te mets hors de
mes biens et puissance paternelle avec pouvoir que je
te donne de contracter , transiger, acquérir, etc. »
(Arch. du Tabellion ; 1707, lie partie, fo 920 yo.)
II
Donation a Antoine-Théodore de Copponay
Le même jour, 29 mai 1707, après l'émancipation,
le père et la mère font à leur fils une donation de tous
leurs biens, sous la charge, qu'il accepte, de payer 3.000
livres à chacune de ses sœurs, et sous la réserve de la
211
perception de dîmes à Cernex et à Copponay, appelées
les dîmes de Chastillon et de Veyssière, et des biens
que soD père a acquis de messieurs les frères de Coc-
que à Sainte-Ombre.
Le vieux chimiste se réserve aussi son cabinet où
sont contenues ses plus rares curiosités, lequel cabinet
est estably dans la Maison blanche de S. A. R. située au
faubourg de Mâché (1), où est establye l'Université chi-
mique de sa dite Altesse Royale, de laquelle Université
le dit S'' de Copponay veut et entend que le dit sieur
son fils donataire exerce pendant sa vie et fasse exercer
par les siens, après son décès la dite Université des uns
aux autres à perpétuité suivant l'intention de S. A. R.
A ces fins, le dit sieur de Copponay père donne au dit
sieur donataire tous les droits et sommes qu'il a em-
ployés pour reparer la dite maison, comme encore tous
les magasins garnys, laboratoires et autres choses y con-
tenues qui sont nécessaires audit exercice, comme aussi
les meubles de bibliothèque, sans rien se réserver que
le susdit cabinet et tout ce qui est dans icelluy. — (Arch.
du TabelHon ; 1707, li''^ partie, fo 900.)
III.
Testament de Denis de Copponay
1" avril 1716.
Denys de Copponex est alité dans son habitation de
la Maison blanche j le notaire et les témoins, spectable
Louis Roybet, avocat au Sénat, etc., sont autour de lui ;
il dicte son testament et fait les dispositions suivantes :
(1) C'est le presbytère actuel de la cure de Mâché, à
Cliambcry.
212
S'il meurt à Copponay il veut y être enseveli au tom-
beau de ses prédécesseurs ; si c'est à Chambéry, dans
l'église de Sainte-Claire (en ville) ; il lègue cent florins
au curé de Copponay et cinquante au curé de Lancy pour
dire messes pour le repos de son âme (à raison d'un
florin la messe) ; il donne l'usufruit de tous ses biens à sa
femme Marie de Vincent de Rambion, une rente à leur
vieille gouvernante « l'Hylaire Rippaz »; — à son ne-
veu Claude- Ahel de Copponay, une pièce de terre avec
300 florins pour la mettre en état ; — à Louis, Pierre,
Georges , Marie et Jacqueline , enfants de sa fille
Louise (décédée) et de noble Jean-Baptiste de Launay,
une somme de 150 florins outre ce qui avait été consti-
tué à leur mère dans son contrat de mariage du 17 oc-
tobre 1705, reçu M<= Bellay, notaire; — à sa fille Lau-
rence-Françoise femme de François Lejeune-Donzel,
5 sols, outre ce qu'elle avait reçu par son contrat de
mariage du 27 janvier 1706 ; — à Marie, à Marie-
Gasparde et à Marie- Josèphe, ses trois filles, 2,000
livres pour chacune, soit 6,000 livres pour les trois ;
à sa fille Betmarde, religieuse à Sainte-Claire de la
présente ville, un louis d'or neuf ; — à Marguerite Don-
zel, sa petite-fille et filleule, une petite somme ; cent
écus aux pauvres de Copponay. Il institue enfin pour
son héritier universel son fils Antoine-Théodore
et signe de Copponay de Grimaldv.
(Archives du Tabellion de Chambéry ; 1716, l^'o par-
tie, f" 353).
213
IV.
Contrat de mariage de Claude-François Constantin
DE Magny et Marie-Gasparde de Copponay.
L'an 1717 et le 10^ du mois de juillet, se sont cons-
titués noble et spectable Claude-François, fils de feu
noble André Constantin de Magny, des bourgeois et
ancien sindic de la ville d'Annecy et demoiselle Ma-
rie-Gasparde, fille de noble Denys de Copponay, sei-
gneur du dit lieUj et, de son consentement, demoiselle
Marie de Vincent de Rambion, père et mère de la fu-
ture. Constitution de dot : 4.000 livres dont un tiers
par le père et deux tiers par la mère ; outre les trossel,
fardel, nippes et meubles portés dans l'inventaire (que
nous n'avons pas retrouvé), évalués à 800 livres.
En outre la dite demoiselle , du consentement de
ses dits père et mère, a constitué au dit seigneur futur
époux : lo 18 ducatons faisant 84 livres à elle dus par
François Baussaz par contrat du 27 mars 1717, et la
somme de 100 livres à elle due par Alexandre Ma-
gnin par contrat du 3 juin 1717, reçus M^ Challut, no-
taire, et finalement un veau de trois ans de poil châtain,
une vache tirant sur le poil châtain, âgée de cinq ans,
autre vache tirant sur le noir, âgée de quatre ans avec
son veau de Tannée courante
Fait et prononcé à Chambéry, dans la maison du
Roy, appelée la Maison Blanche, — en présence de
noble Claude-Abel de Chastilon , d'hon. François
Baussaz le jeusne de Cercier, et de Claude Cherrier,
des serviteurs ordinaires de la ville d'Annecy.
Signé : [Ambroise] Favro, notaire (Arch. du Tabel-
lion, 1717, 2« partie f» 189).
214
V.
Testaments de François feu Benoît Donzel et de
Laurence-Françoise de Copponay.
Le 17 septembre 1736, à Chambéry, les deux époux
font ensemble leur testament. N'ayant plus d'enfanis
dans le monde, ils s'instituent réciproquement héritier
universel l'un de l'autre, font quelques legs pies et don-
nent des pensions à la sœur Marie des Anges, reli-
gieuse bernardine, leur fille ; au révérend Père Pacifi-
que, carme déchaussé, et au révérend Père Joseph-
Marie Donzel, religieux aux Grands-Augustins, leurs
deux fils.
Madame Donzel fut ensevelie le 18 janvier 1743. Le
testament des deux époux fut ouvert le 1er février
suivant. (Arch. du Tabellion ; 1743, l''« partie, P^ 109
à 110).
-yyvtft-...
TABLE DES MATIERES
Pages.
Notice.
Avant-propos 179
Renseignements biographiques 180
Marie-Gasparde de Coppona^^, son instruction, son
mariage 181
Le droit du sexe pour l'étude des sciences.
Dôdieaco 187
Table des chapitres 188
Analyse des divers chapitres 189-204
Essai de généalogie des Moine de Grimaldi de Copponay . 205
Vente de la seigneurie; le dernier seigneur de Copponay. 208
Pièces justificatives.
Emancipation d'A.-Th. de Copponay 209
Donation au même 209
Testament de Denys de Copponay 210
Contrat de mariage de Marie-Gasparde de Copponay.. 212
Testaments de François Donzel et de Laurence de Cop-
ponay
213
"-^^y
IsT O T I O E
Claude-Etienne Nouvellet est né en 1537 ou
1538 (1).
Il ne doit pas être confondu avec un autre
Claude-Etienne Nouvellet ou Novellet, bénédic-
tin de Talloires, né vers 1510, précepteur d'Em-
manuel-Philibert de Pingon et auteur d'un ou-
vrage intitulé : Pétri Aurioli Franciscain cardi-
nalis compendiosa in universam sacram scrip-
turam conimentaria édita a Claudio Stephano
Noveletto Talluerino, ParisiiSj 1585.
Grillet, qui ne consacre que quatre lignes à
notre auteur, dit qu'il fut poète et orateur distin-
gué de son temps. Il signale, parmi ses ouvrages
les plus drolatiques :
1° Le Braquemart, poème en 100 sonnets ;
2° Odes sur les funérailles du chevalier de
Voyer, Paris, 1591.
3° Les Diainailles, en style burlesque. Lyon,
1571.
Tous les auteurs qui ont copié Grillet répètent
après lui que les Divinailles sont écrites en style
burlesque. Cette appréciation est trop sévère. La
(1) Son portrait à l'âge de trente ans, propriété de la
Société florimontane, est déposé au musée d'Annecy.
15
218
pièce, où la vcrvo de Nouvellet se donne libre
carrière, n'est, en définitive, qu'une longue et
ingénieuse demande de protection et de secours à
l'ambassadeur que le duc Emmanuel- Philibert
avait envoyé en mission à Paris, le comte de
Mouxy de Montréal.
Mais sa muse ne dédaignait pas de s'exercer
dans le genre facétieux., témoins les titres de ses
autres ouvrages, et l'on a eu quelque raison de
l'appeler le Scarron savoyard.
Les Divinailles ne furent pas publiées en 1571,
mais en 1578, à Lyon, chez Jean de Tournes.
Au moment où il composait ces vers, Nouvellet
était étudiant en Sorbonne où, plus tard, il obtint
le titre de docteur.
Chanoine de la cathédrale d'Annecy, Nouvellet
parait avoir été attaché à Anne d'Est, duchesse
de Genevois-Nemours, qui le choisit pour son
aumônier.
En 1596, il fut nommé sacristain et théologal
de la collégiale de Notre-Dame-de- Liesse, à An-
necy, par Henri, duc de Genevois-Nemours.
Il se démit de ces fonctions en faveur de Janus
des Oches, pour entrer au chapitre de St-Pierre.
On le trouve curé de Rumilly de IGOl à 1605.
En 1602, à l'occasion du sacre de saint François
de Sales, les mémoires du temps nous apprennent
qu'il harangua fort éloquemment le nouvel évêque
à son entrée dans l'église cathédrale et prit pour
219
son thème : Benedidus qui venii in nomine Do-
mini.
11 fut admis dans l'Académie florimontane, fon-
dée en 1606 et 1607 par saint François de Sales et
le président Favre, et mourut en octobre 1613 (1).
Comme on le voit, on ne sait que peu de choses
sur la vie de Claude-Etienne Nouvellet, lequel,
comme les autres poètes savoyards du xvi" siècle,
est dès longtemps complètement délaissé et en
quelque sorte perdu (2).
Mérite -t-il cette indifférence et cet oubli? La
lecture du poème que nous rééditons permettra
de se faire une opinion à cet égard.
Pour nous, il nous a paru qu'il n'était pas sans
mérite. Il nous a même semblé que les vers de
Nouvellet pouvaient, sans y perdre, supporte!
la comparaison avec ceux des poètes ses contem-
porains. On ne trouve pas, en effet, dans les
Dicinaillcs, les singularités de style, l'abus des
mots composés et des diminutifs qu'on a reprochés
à notre Marc-Claude de Buttet. On n'y voit pas
non plus cette affectation d'érudition, ni cette
prodigalité de digressions mythologiques qui
(1) Sources : Grillet, Dictionnaire historique ; l'abbé
Ducis, Société florimontane, 1881 ; F. Mugnier, Corys des
fondations pieuses de l'église de Rumilly ; Manuscrit de
la bibliothèque de Chambéry ; Della Chiesa ; Rossotti.
(2) Il faut en excepter le plus célèbre de tous, Marc-Claude
de Buttet, dont les œuvres ont été rééditées par le biblio-
phile Jacob, et plus récemment, à Lyon, par M. Philibert-
Soupé.
220
déparent les plus petites productions de Ronsard
et qui ont fait dire à Boileau :
Que sa muse en français parla grec et latin.
C'est à peine si dans les cinq cent soixante
alexandrins qui composent les Divinailles, on
trouve quelques locutions telles que fosselette,
sauteler, etc., qui rappellent les imperfections
reprochées aux poètes de la Renaissance.
En un mot, la langue nous paraît plus souple
et plus noble chez notre auteur que chez ses
prédécesseurs immédiats et môme ses contem-
porains.
Sans doute, Nouvellet n'est pas sans défaut,
mais la vivacité de son imagination et la facilité
de sa veine méritaient que son petit poème des
Divinailles fût tiré de l'oubli.
Au surplus, nous n'avons pas le droit de
délaisser nos moindres titres de gloire, et l'une
des principales attributions de la Société d'his-
toire et d'archéologie est de faire revivre les
hommes qui ont honoré notre pays. C'est ce
qui nous a décidé à publier de nouveau les Divi-
nailles, de Claude-Etienne Nouvellet, d'après un
manuscrit que nous avons acquis d'un bouqui-
niste il y a quelques années, et qui nous paraît
être de 18i0 ou environ. C'est une copie de
l'édition parue à Lyon, en 1578, chez Jean de
Tournes et mentionnée dans Brunet. Cette édi-
tion est aujourd'hui à peu près introuvable.
Marie- GiROD.
LES DIVINAILLES
DE NOUQELLET
A Treshavt et Puissant Seigneur
MESSIRE GEORGE DE MOUXI
Conte de Montréal
B T
Ambassadeur pour Son Altesse de Savoye
en France
Va, mon petit liuret, ic ne charge ton front
D'un tiltrc ambicicux, comme ores plusieurs font,
le hay l'architecteur, qui, priué de raison,
Fait plus grand le portail que toute la maison.
A LYON
par Jean de Tovrnes, imprimevr du Roy
MD.LXXVfïl.
222
IN CLAUDII STEPHANI NOVELLETIl
DIUINALIA ANAGRAMMATA.
Claudius Stephanus Nouelletiiis.
Noms ille vatcs Delphiciis natiis.
Carminé fatidico referans oracla Nouellus,
Est vates natvs Delpliicvs ille novvs
?Allohrogos célébrât partit Latona recenti.
Liice noua gaudet fratris cApollo noui.
Claude Estienne ^ouuellef.
C'est le nouveau 'Delien né,
IDclia, dicta Deis, das diuinalia, diiius,
Naturae numen nate, Nouelle novum.
Claudio Stephano V^ouelleio.
T*oeta venutto al sol d'Hclicon.
Sol, Helicon, (Musae vatem fccere l^ouellum ,
Qui Solem, [Musas, ac Ilelicona capit,
Facicbat Clavdius Morcllus
Vallcfinivs.
223
LES DIVINAILLES
A Treshavt et Pvissant Seio-jtevr, messire Georoe de
Mouxi, conte de Montréal, et ambassadeur pour son
Altesse en France.
L'artisan, qui ne peut viure de son mestier,
Pour n'estre reconnu, tel qu'il est, bon ouurier,
Marri de ne pouuoir monstrer son industrie,
Se desbauche et s'en va chercher ailleurs sa vie :
Enrag-é quand il voit tant de grossiers esprits
Proffiter mieux que lui, et l'auoir en mespris.
Il va par cy, par la, par ville et par village,
Cherchant s'il trouuera qui prise son ouuragc.
Chacun le prise bien, et ne treuue celuy.
Si ce n'est l'ignorant, qui n'ayt pitié de luy.
Tandis de son sçauoir l'honneur il ne dcscœuure
Pour n'auoirles outils qu'il pourroit mettre en œuure.
Il ne laisse pourtant de s'informer par tout,
Et demander conseil, pour en venir à bout.
Au moyen d'un support autre que le vulgaire,
Comme vulgaire n'est l'ouurage qu'il sçait faire.
L'un luy dit qu'il faudroit suyure les grands seigneurs,
Que ce n'est aux petits de payer ses labeurs.
L'autre dit au contraire, et qu'a l'heure qu'on pense
Mieux faire pour les grands, on perd la récompense.
L'un dira qu'il faudroit de patrie changer.
L'autre dira que non. Chacun conseil luy donne.
Mais pour le secourir il ne treuue personne,
le suis cet artisan (dit-on), et ie scay bien
Que i'ay plus d'un mestier, mais ic n'y gaigne rien.
224
Les maistrcs disent bien que i'y sçay quelque chose,
Et qu'il fait mauuais voir qu'oisif ie me repose :
Mais à faute d'engins ne pouuant faire voir
Mille desseins que i'ay, ie ferme mon ouuroir,
D'esprit de voir braucr tant d'artisans ignares
Du gain qui n'est point dcu à leurs bourses auarcs.
Je monstre à mes amis et à mes bons seigneurs
Quelques eschantillons de mes petits labeurs :
On s'en contente assez, et me donnant courage,
On me conseille bien d'en faire d'auantage.
On me dit qu'ils sont bons, on me dit qu'ils sont beaux
Et qu'en l'autruy moisson ie ne fourre ma faux.
Or' l'un me désespère, or' l'autre me conforte :
Quand lun dit, fay cecy, l'autre dit d'autre sorte.
Apres tant de conseils, ie suis aussi sçauant
A résoudre mon faict, que i'estoy parauant.
Tandis le temps s'en va, et la saison meilleure
De mon aage meilleur s'escoule d'heure en heure.
La vieillesse viendra si ie ne meurs premier,
Lors ie ne pourroy plus pratiquer mon mesticr :
Ainsi, ne scruant rien, tout ce qu'on me conseille,
Comme il entre par l'une, il sort par l'autre oreille.
Cela me ressouuient d'une fois que i'auoy
Une grand' fieure quarte, et quand plus i'esprouuoy
Ce que les médecins me conseilloyent de faire.
Et qu'il seruoit de moins, ie fy tout au contraire
Car, en lieu de chercher par art ma guerison,
Je prins des Recipés sans art et sans raison :
Des breuets attachés, des amandes escrites,
Des grands mots barbotes, des patenostrcs dites
Tousiours en nombre impair, et si ie croyoy bien
Qu'à la fin tout cela ne seruiroit de rien.
Mais une noire humeur, mère des resueries.
225
Me faisoit essayer toutes ces cingeries.
Non obstant tout cela la fleure fit son cours,
Et en Dieu seulement ie trouuoy mon secours.
J'en ay faict tout de mesme en cette maladie
Du languissant malheur qui tourmente ma vie.
Car, puis que des amis le conseil i'ay suyui,
Et que ma diligence en rien ne m'a serui,
J'ay voulu esprouuer à toutes auentures,
Les oracles de ceux qui aux choses futures
Se reputent sçauans, et n'y treuuant rien scur,
J'ay remis tout à Dieu le bon et le mal heur.
Je ne lairroy pourtant, Seigneur, de vous en dire
Le fantasque discours : et s'il vous plait de lire
Et auerer cela qu'on m'a diuinaillé,
J'auroy, sans y penser, diuinement baillé
A mes bigearres vers le nom de diuinailles :
Nom pris d'un sort qu'icy Ion fait des espousailles
Et des folles amours, quand les voisins amis,
A la feste des Rois, d'ordre au foyer assis,
La femme plus aagee empongne la palette
Dont on couure le feu, creuse une fosselette
Ecartillant la cendre, et pour les deux amans.
Prend deux grains de froment, et les icttc dedans :
Puis selon ce qu'on void, par la chaleur de l'atre,
Ces deux grains sauteler, s'accorder ou combattre,
Se suyure ou se fuir, on iuge par cela
Qui aime plus ou moins de ces deux amans-là.
La diuinaillerie estoit presque finie
Que (comme i'y suruin) toute la compagnie
Riant me condamna qu'il faloit à mon tour.
Comme les autres dire ou ie faisoy l'amour.
Et bien, i'en fu contant : et forgeay de ma teste,
Sans aimer, un amour, pour ne troubler la feste.
226
La dame, dy-ie alors, que ie vay poursuyuant,
A de légèreté cent fois plus que le vent :
C'est une grand' putain, et qui n'aime personne
Dès qu'on l'a mérité, au reste s'abandonne
A tous poltrons vcnans, comme la louue fait,
Qui des loups amoureux prend tousiours le plus laid.
Elle est aueugle, et sourde : il est vray qu'elle est riche:
Mais prodigue aux meschans, et aux gens de bien chiche.
Je ne l'aime pourtant qu'a cause de son bien :
Car la vertu sans elle auiourd'huy ne peut rien :
Auiourd'huy la vertu n'est prisée sans elle.
Fortvne c'est le nom de ceste damoiselle.
On mit alors deux grains : le mien alloit fuyant
De Fortune le grain, qui s'en fuyoit deuant.
Et iugca ton par là, que ceste aueugle amie,
Ainsi qu'auparauant me scroit ennemie.
J'cscoutoy tout cela, et ne disoy sinon,
Peut estre il sera vray, et peut estre que non.
J'allay depuis treuuer un de ces sçauans hommes,
Qui sçauent la fortune à qui subiects nous sommes,
Sçaucnt l'un et l'autre heur, et les biens et les maux
Par le cours erratic des célestes flambeaux :
Et m'addressant à luy : « O de qui la science,
Dy-ie. monte plus haut que l'humaine prudence,
S'il est vray que celui, qui de ccst uniucrs
Du chaos embrouillé lit rorncmcnt diuers.
Tout puissant maçonna pour nostre humain cstage
La terre, l'onde et l'air, couurant ce grand'ouurage
De la voûte du ciel, et d'astre gouuerneurs
Par leur influxion des corps infcricurs :
Soy gardant toutefois la prouidcnce unique.
Et la surintendance à toute la fabrique.
Pour faire que le ciel, quand bon lui semblera,
227
Sortira son cffect. ou sans effet sera.
Et s'il est vray cncor qu'il permette, propice,
Aux hommes en auoir par art quelque notice,
Aux hommes, comme toy, dignes d'un tel sçauoir,
Pour ce qui est futvu- présentement preuoir :
Ne me cèle, ô prudent, quelle est ma destinée,
Comment elle sera, mauvaise, ou fortunée.
Et si tu me prédis que mon mal durera,
N'attendre aucun confort mon seul confort sera :
Ou, si le ciel me garde enfin quelque avanture.
Au moins ie me paistray d'espérance future. »
Ainsi parlay-ie. Et lui grauement attentif,
Estoit comme raui, profondement pensif,
Sans mot dire, et voulant vray oracle me rendre,
De la teste et la main me fît signe d'attendre.
Il regarda son liure et forma deux quarreaux,
Serrans de tous côtés trois triangles égaux.
Au quarré du milieu il mit l'heure et l'année,
Et le jour que premier me fut vie donnée.
Autre part il posa les planettes, ainsi
Qu'elles regnoyent alors, et les signes aussi.
Il y pensa long temps : puis en profond silence
Fit une diuinaille en une autre science.
Sur un beau papier blanc il paignit une croix ;
Mit un nom tetragramme en ses quatre angles droits :
Murmura certains mots : fit ne sçay quelles mines :
Contemplant picotta quatre quartrains de lignes
Par poincts auantureux : tous ces points il lia,
Les couplant deux à deux, et les multiplia
Tant par impair et pair (mistcricux augures ! )
Qu'il en fît quatre fois sortir quatre figures.
Il retourna mon nom sur lequel il resua
Jusqu'à tant qu'un dicton, songeard, il y trcuua.
228
Il le remit a droit, et sur chacune lettre,
Attentif, ie lui vis certaine chiffre mettre.
Me regarda la main, me fit froncer le front.
Et beaucoup d'autres cas que ces divincurs font.
Non content de cela, il iette à l'aduanture
Deux dés qu'il manioit, et faisant ouuerture
D'un Virgile, il trouva un vers, au point de dix,
Qui dit, Vosmet Rébus servate secvndis.
Et, à fin que de tout plus vray iugement sorte,
Tant de sorts assemblés l'un à l'autre il rapporte :
Calcule cestuy cy, songe sur cestuy là :
Et, résolu de tout, en ce poinct me parla :
(( Par périlleux trauail, par infinie peine,
Se passe le sentier qui a vertu nous mcine.
Et qui, à la volée, adressera ses pas
Apres la volupté, n'y arriuera pas,
Le sage, qui pensoit souvent naissance prendre,
Le nous fit par sa lettre ouuertement entendre.
Sa lettre tout d'un tronc deux rameux engendroit :
Le dextre visoit haut, contre le ciel tout droit,
A grimper malaisé : mais le cœur magnanime
Se trouuait en repos arriuant à la cime.
L'autre penchoit en bas, large et doux au marcher,
Mais glissant, sur la fin, forçoit à trébucher.
Ne t'esbahis pourtant ; la peine n'est point dure
Quand pour auoir le prix de vertu l'on endure.
Qui essuyura le vice, ou, paresseux fuira
L'honorable trauail, malheureux périra.
Escoute donc, afin qu'en vain je ne te tienne.
Par le même, que c'est de l'aducnturc tienne.
Et, puis que mon aduis sur cela tu attens,
Escoute quel secours t'est gardé par le temps.
Pressé d'un bas pouuoir, poussé d'un haut courage,
229
Tu pers, à grand regret, le meilleur de ton aage.
Et, pour estre en repos, il te faudroit auoir,
Ou le désir plus bas, ou plus haut le pouuoir.
Un désir généreux en une ame gentile,
Imprimé par le ciel a perdre n'est facile ;
Et, tant forcé soit il, ne peut estre tenu
Qu'il ne s'esleue au ciel, comme du ciel venu.
Dieu ne t'a point ainsi l'affection poussée,
Pour ne t'en départir que la seule pensée :
C'est un signe euident qu'il a de toy le soin,
Et t'enuoyra, bénin, son secours au besoin.
Marche donc hardiment où ton vouloir te guide,
Et du cours entrepris ne destourne la bride :
Ne t'arreste au vulgaire : admire la grandeur
Des vertueux et grands, pour iouir d'un grand heur.
De la maison dixième, et celle qui précède.
Et de celle qui suit ta fortune procède.
Car par là ie preuoy que ton mal doit finir,
Avec un grand plaisir de t'en ressouuenir.
Que si tu as souffert tant de choses aduerses.
Sois prest à endurer encor mille trauerses.
De seruir aux ingrats c'est énorme péché :
Tu te repentiras de t'y estre empesché.
Mais ne t'cstonne point : tes fortunes prospères
Viendront à l'imporucu, d'où moins tu les espères.
L'estudeet la vertu finiront tes malheurs
Hors de ton lieu natal ; cherche fortune ailleurs. ))
Voyla, Seigneur, comment le sage fatidique
Diuinailloit de moy par art astronomique.
Moy, cuidant auancer le destin, qui ne peut
Se hâter ny tarder plus que sa borne veut.
Je courtisoy les grands, i'honoroy la noblesse.
Les doctes et les bons : tous me faisoyent caresse.
230
Tous m'aimoyent de leur grâce, et ne trouuoy pourtant
(Le temps n'estoit encor) ce que i'attendoy tant.
Pource, désespéré, ie disoy mille iniures
A mon beau prometteur de bonnes auantures,
Sommes nous pas bien fols, disoy-ie que croyons
Ces flambeaux que de nuict luire au ciel nous voyons.
Ce Saturne, ce Mars, ce soleil, ceste lune,
Pouuoir à l'homme oster ou donner sa fortune >
Que l'équité des Dieux pi'enne de nous souci,
Puis que sans équité tout se gouuerne icy ?
Puis qu'on void aux meschans la fortune propice,
Contraire à la vertu, seulement rire au vice ?
Que sert donc de fuïr la douce volupté
Et viure cependant en toute malheurté?
Ne vaudroit il pas mieux viure à toute auanture,
Et gaudir le bon temps en porceau d'Epicure?
Deuenir vaut-neant, et à rien ne songer.
Fors qu'à truandement dormir, boire manger,
Flatter, dissimuler, bannir la preud'hommie.
Pour viure, sans souci, une ioyeuse vie ?
Non suyure sans proffit, dès nostre aage premier,
Vertu, et de vertu l'inutile mesticr.
Auquel si pouremcnt nous gaignons notre vie,
Que de mille malheurs tousiours elle est suyuie ?
Voyla les beaux propos que ie souloy tenir
Voyant l'heur présagé si tardif à venir.
Et m'eust-on veu, peut-cstre, abastardir mon âme,
Dégénérer de moy et esteindre la flame
Qui m'embrasoit au cœur un amoureux vouloir
De viure homme de bien, d'apprendre, et de scauoir:
Sans que mon bon génie (à fin que retirée
En un meilleur chemin fusl ma vie esgaree)
En songe m'apparut, long temps après minuict,
231
Sur le pûinct e;[uc l'Aurore en nostrc horison luit.
Et, en me consolant, (( Pren, disoit-il courage
De poursuyure ta route, en despit de l'orage :
Vogue, vogue plustost à la merci des vents,
Que de viure inconnu le reste de tes ans :
Endure fortement. Patience, enfin, domte
Le contraire destin, et le malheur surmonte.
Mais decasane toy : ie seroy le guidon
Qui ne te laisseroy aller à l'abandon.
Suy moy. )) Je le suyuoy, et grimpant ie m'accroche
Aux pierres et buissons d'une espineuse roche.
Et quand i'eu ce rocher pénible surmonté.
Je vey, ce me sembloit, d'Athènes la cité.
Pallas faisoit la ronde au dessus des murailles,
Quand voyey, forcené, le fier Dieu des batailles
Se camper à l'entour, qui le seiour troubla
De Phoebus et ses soeurs que i'alloy chercher là.
Il estoit faict de moy. Mais voycy csleuee
Des monts sauoisiens, qui l'air serein fendant,
Sembloit rougir en feu, et sur moy descendant
Pour m'oster du danger, d'une griffe azurine
Et d'un bec azuré m'empongne à la poitrine.
Mais las ! volant au ciel me laissa choir d'en haut.
De la cheute effrayé ie mesueille en sursaut.
Troisnuicts,et chaque nuict trois fois voyant ce songe
Je le iugeay plustost oracle que mensonge.
Et discourant, pensif, sur cette visjon,
Afin d'en esclaircir l'interprétation,
Athènes c'est Paris, Pallas, laissant la Grèce,
(Disoy-ie lors) choisit pour Ahtenes Lutece.
Il me faut aller là par beaucoup d'encombriers,
C'est le roc cspincux et le Dieu des guerriers,
Que j'av veu se camper au tour de ceste ville,
232
Y viendra rebrouiller quelque guerre ciuile.
Il en aduint ainsi : car, comme i'arriuay
A Paris pour l'estude, effrayé, ie trouuay
Qu'on y renouueloit l'assoupie querelle
De la secte qu'on dit religion nouvelle.
Lors ie vey se troubler la ville et la cité,
Et des doctes esprits de l'Université.
Le peuple, ores guerrier, lors inexpert gendarme,
Trembloit oyant parler et d'assaut et d'alarme.
Puis tantost entendant tant de tons de tambours
Battre par tout aux murs, par tout aux carrefours.
Battre aux portes par tout, et par tout battre en rue,
Y court tout estonné, tout estourdi s'y rue,
Et, s'entourant au tour sans rang en grand randon
Suit le soufflé sifflet du fifre au franc fredon
Comme on void l'escadron des nouvelles auettcs,
A la foule fuir leurs pressées logettes
Pour s'esgarer aux champs, si le bruyant métal
Ne les reassembloit, utile espouuental.
Qui sortoit, qui entroit, qui remuoit mesnage.
Qui s'enfuyoit aux champs, qui venoit du village
S'asseurer en la ville, et qui, de toutes parts,
La hotte sur le dos, s'en couroit aux ramparts.
Le marchand desbauché oublioit sa bouriquc,
Le plaideur son procès, l'artizan sa boutique,
Et plus ne voyoit en l'homme iusticier,
Du peuple, en long habit, se diuersifier.
Tous couroyent aux harnois, le prestre, le chanoine.
Le prélat, le curé, le religieux, le moyne,
Et tous ceux que Ion conte au nombre du clergé.
Se trouuoycnt en esmoy pour Paris assiégé.
Et, mal duits à la guerre, helas ! prcnoycnt les armes,
Douteux que l'oraison, les pénitentes larmes,
233
Et le ieune ordonné, n'eussent de force assez
A repousser le choc des temples menasses.
Entre tant de malheurs, qu'eusse ie sceu que faire
Fors me désespérer, m'ennuyer, me desplaire,
Me plaindre, qu'ayant creu un songe, un deuineur,
Jauoy trouué ma mort, en cherchant mon bon-heur ?
Je ne trouuoy pas bon de gaigner à la fuite,
Le soudart, le voleur, estoyent à la poursuite :
Je ne trouuoy pas bon ny seur de demeurer,
Voyant de iour en iour les troubles empirer.
J'estoy comme une nef qui flotte vagabonde
Sans voile et sans pilote à la merci de l'onde.
Portée ores d'un vent qui s'eslongne du bord,
Tantost d'un autre vent qui l'csbranle plus fort ;
Jusqu'à tant qu'approchant de quelque mieux le terme.
Je vcy, ce me sembloit, esclairer mon sainct Herme.
Je vey, ce me sembloit, reluire un phare ardant.
Qui de bien aborder me fit signe euident.
Quand voyey suruenir l'Aigle que i'auoy veuë
En songe m'apparoir, à moy lors inconnue.
L'aigle estoit mon du Crest,mon Mécène et Seigneur:
L'aigle estoit vrayement l'aigle de Mont-Mayeur :
L'aigle dont ses ayeuls, doctes-vaillans gensdarmes,
Ornoyent leur togue forte et leurs scauantes armes,-
Pour auoir de tous temps sceu par expérience
Combien le sçavoirvaut à l'effort de la lance.
Cardans de père en fils, de l'antique Romain
Les vertus au cerueau et l'enseigne en la main.
Ainsi ie prins pour luy l'aigle qui en mon songe
Me venoit secourir, et ne fut point mensonge :
Car, soudain qu'il me veit, il m'aduoua pour sien.
Me connut, et tachoit à me faire du bien.
16
234
Mais le ciel, obstine au malheur de ma vie,
Fit voir qu'il me portoit de ce bon-heur enuic :
Lors que, le rappellant, monstra ne vouloir pas
Que nous humains eussions tant de bien icy bas.
Ha ! i'auoy bien douté quand Taigle messagère
Du souuerain Jupin, daile forte et légère
Au ciel s'en reuola, qu'il aduicndroit ainsi,
Et que machcute en bas me presageoit cecy.
Ho ! Dieu luy fasse paix- Las ! iamais depuis l'heure
Qu'il eut abandonné nostre humaine demeure,
Je n'ay souffert que mal, nuict et jour tormenté
De douleur, de regret, d'ennuy, de malheurté.
Dès lors ie ne vy plus : ie n'appelle point viure
Celuy qui n'est iamais d'infortune deliure.
Mais si i'ay mille fois arrosé son tombeau,
Desbondant de mes yeux des larmes un ruisseau.
Si ce torrent de pleurs, meslés à l'eau bénite
Que ie luy ay ietté, m'a fait un Heraclite :
Si, par un desespoir, de ma vie fâché.
J'ai meurdri ma poitrine et ma barbe arraché :
Si au seul souvenir de sa valeur ie pasmc
Et outrée de deuil m'abandonne mon amc :
Et si, les bras croisés, ore escriuant ces vers
Estouffé de sanglots, ie suis cheu à l'enuers :
Je croy que tout cela a fleschi son Génie
A reprendre pitié de ma dolente vie :
Et qu'il vous inspira de m'aimcr, et qu'après
De mesme il inspira Monseigneur de Perez :
Tous trois ensemble amis, et tous trois remarquables
(Je ne vous flatte point) de vertus admirables :
Du grand Emanvel tous trois ambassadeurs :
Tous trois doctes-vaillans, tous trois mes bons seigneurs
Et que sçait on encore si ce ternaire augure
235
Me pourroy présager quelque bonne auanturc ?
Les nombres, comme on dit, sont tous misterieux,
Mais trois est le plus sainct et plus religieux.
Pythagore le dit, et les sçauans qui lisent
Nostre sainte escriture, outre lui, le nous disent.
Quand à moi ie le croy et n'ay iamais pensé
Que ce ternaire soit sans mystère passé :
De trouuer trois seigneurs ornés d'une triade
Triplée de sçauoir, d'armes, et d'ambassade,
Qui m'ont tous trois de suite entre les leurs tenu.
Sans qu'ils m'eussent iamais au parauant connu,
Cela n'est point en vain : et si croy d'auantage,
Qu'on en pourroit tirer quelque diuin présage.
Car comme en Dieu trinun une est la trinité,
Et qu'en ce Dieu trinum est trine l'unité,
Ainsi d'un se fait trois, puis se fait du ternaire
Le solide premier quatre fois trianglaire.
Trois triangles vont haut au plus eminent poinct,
Le quart est en la base ou il ne se void point.
Mais, quand les trois se vont pyramider au centre,
Le quatrième remonte et par dessous y entre
Esleué sous les trois. Prophanes loin d'icy,
Loin loin, ie ne veux point vous declairer cecy.
Mais vous, diuins Esprits, de qui la sapience
Du sage renaissant scait garder le silence.
Oyez bas en l'oreille, et d'un taire discret
Cachetez vostre bouche et gardez mon secret.
Le vulgaire riroit de la theosophie,
Qu'admirans vous tirez de l'arithmologie.
Les trois triangles sont trois ternaires seigneurs
En triple honneur sçauans, guerriers, ambassadeurs.
Je suis celuy d'embas, inconnu iusqu'a Ihcure
Qu'ils voudront m'esleuer en ligure meilleure
236
Vers le poinct du milieu, ou ils s'assemblent tous,
Tous venons de ce poinct c[ui est Dieu auec nous.
Et bien que l'un des trois semble n'estrc en nature,
Si est il toutes fois : Car comme la figure
Et le nombre s'entend séparé de son corps,
Tout ainsi le faut il oster du rang des morts,
Viuant encor l'esprit, et l'ame et le génie
Trinement unissans son immortelle vie :
Voire des autres deux la vie est seulement
En l'esprit, au génie et en l'entendement :
Et seroit prophaner ces numéraux augures
De les assubiettir es corps de leurs figures.
Tout est spirituel : et pource i'ay cuidé
Qu'un génie trinun les a tous trois guidé,
Mais mot, ie parle trop, silence, bouche close :
Je ne veux reueler ccstc metempsychose.
Vive heureux Montmayeur, qui viuant a taché
D'esleuer au bon poinct mon triangle caché.
Il vit heureux aussi, et ie scay bien qu'il tache
Que ce triangle mien inconnu ne se cache,
Faisant prière a Dieu, lequel il void es cieux,
D'auoir pitié de moy et de m'enuoyer mieux.
Pource ie luy bâti, i'entaille, ie cizelle,
A l'outil de ma plume, une tombe si belle
Que les maistres ouuriers pourront dire, il a mis
Son œuvre à bonne fin, comme il auait promis.
Je lui donra}^ cela. Et, pour sacrer la gloire
De mon braue Percz à la longue mémoire,
Je veux lui ériger un triomphal perron,
Où pendra le rouët, la voile et l'auiron,
Et l'instable boulet de fortune abbatue,
Quand sa fortc.vertu pour moy l'aura vaincue,
Comme il m'a faict espoir. le ccindray de laurier
237
Ses armes de la Baume au plus haut du pilier.
J'y graueray des vers, qui declairans l'emprise,
Diront, Ceste vertic La Forivne maistrise.
Et à vous, Seigneur Comte, ou i'ay veu les effects
D'un libéral secours, comblé de vos bienfaits,
Vous qui m'auez tendu vostre main aideresse.
Au gouffre où m'embourboit ceste aveugle Déesse,
I'ay dressé de nouveau, sur de nouueaux trepiers,
Une neuue cortine, et entre vos lauriers,
J'ay creusé, fanatiq, les antres maniacles
D'où mont esté rendus tant d'ambigus oracles.
Attendant faire mieux, ic les vous donne, à fin
Que ie puisse sçavoir quelle en sera la fin.
Car, s'ils ont rien de vray, i'ay mille coniectures
Pour espérer de vous des bonnes auentures,
Me souvenant qu'un iour ce généreux du Crest,
Comme pour son seruice il me cognoissoit prest,
M'envoya de Paris en ce pais, pour faire
Ce qu'il m'auoit chargé sur quelque sien affaire
Dépendant de sa charge : Il m'enioignit bien fort
Ne m'addresser ailleurs qu'au Seigneur de Mont-Fort
Comte de Mont-real, et me dit, ie t'asseure
Que Ment-lie al fera ta Fortune meillevre.
Je le creu : mais pourtant ce ne fut pas celuy
Mont-real que pour lors ie vin voir de part luy.
Ce ne fut point vostre oncle : en vous la prophétie
Du présageant seigneur se doit voir accomplie.
Ces généreux héros approchants leurs trespas,
Prophétisent souuent et ne le cuident pas.
Non plus que la prestresse, en Delphe effarouchée,
N'entendoit point le Dieu qui l'auoit embouchée.
Et non plus que le prestre, en Dcle effarouché,
N'entendoit point le Dieu qui l'auoit embouché.
238
Cependant, mon Seigneur, si cncor à ceste heure
De vostre Nouuellet quelque soin vous demeure,
Et si, comme autrefois, la bonne affection
Que luy auez porté, vous fait compassion
De le voir perdre ainsi dedans sa cahuette,
Où il demeure oiseux et sa Muse muette,
Faites l'oracle vray, qui luy a présagé
Que par vostre moyen il seroit soulagé.
Et ne retardez point pour ce que les augures
Luy promettent à tard ses bonnes auantures :
Car ce tard est venu : ou bien si désormais
Il n'est prest d'arriuer, il ne viendra iamais.
Et fortune ne peut lui estre que tardiue,
Si par vostre faveur bien tost elle n'arriue.
Souuent auez vous dit, que ie meritoy bien
D'avoir plus que je n'ay de bonheur et de bien.
Le bien que ie désire est qu'on face la preuue
Du peu que ie scay faire. Et venant qu'on me treuue
Digne de travailler, que i'aye les outils
Sans lesquels mes mestiers languissent inutils.
Je ne recherche point l'excessive abondance.
Je ne veuil pas grand cas, ie veuil la suffisance.
Afin que ie ne soy distrait par le dcffaut
De pouvoir librement leuer l'esprit en haut,
A l'heure que le Dieu de nostre poésie
Viendra pour m'inspirer sa sainte frénésie,
Sans laquelle, les vers que ie vous chante icy
Ne me semblent point vers, -parce que le soucy,
Qui chagrineux me poind, mortifie mon ame,
La dcsaccoustumant de son enthusiasme,
Si bien que ie ne puis célébrer à plaisir
Vostre los mérité, comme i'cn ay désir.
Soit pour une autre fois : cela soit pour quelque heure
239
Que ie pourray iouir de ma veine meilleure :
Lors ie ne tairoy point comme, non les faueurs,
Mais la seule vertu, vous ont mis aux honneurs,
Et aux plus grands estats fidèle à son Altesse,
Du peuple reueré, chéri de la noblesse,
Qui void que, pour cela, vous n"auez point quitté
Les offices courtois de vostre humanité.
Les prudens font ainsi : Les lettres et les armes
Qui vous ont embelli, embelliront mes carmes.
Non que poète ie soy : mais qui est fauori
Est appreuué des grands, des muses est chéri.
Et poëte sera, par un miracle estrange,
Celuy qu'ils choisiront chantre de leur louange.
Non moins que s'il estoit enfant du docte chœur
Des Mnemosidcs sœurs, yure de la liqueur
Que d'un fort coup de pied l'empennaché Pégase
Fit sourdre au mont voisin du Phebeen Parnasse.
Des Princes et des Rois et des grands la faucur
Donne plus qu'Apollon poétique fureur.
Mais prenez que par là les vers que ie compose
Ne viendront en crédit, ie sçay faire autre chose.
Je sçay faire autre chose, et ne fay rien pourtant
Fors plaindre le destin qui me tormente tant.
M'en plaindre, dy-ie, à vous, et si ne le veux dire
Au vulgaire ignorant, qui n'en fcroit que rire.
Le malade angoissé sa douleur ne dira
Au moqueur euenté qui èe luy se rira :
Bien qu'au Seigneur ami, ^ui pitoyable escoutc,
Auec quelque plaisir, il la contera toute.
Car comme estrc moqué le rend plus tormente,
Ainsi de se voir plaint luy vaut demy santé.
Tandis ie me resou que le destin contraire,
Quoy qu'il fasse, ne peut m'empescher de bien faire.
240
D'attendre constamment de Dieu la volonté,
D'espérer tout mon bien de sa grande bonté,
De le louer de tout, et prenant patience,
Me laisser gouuerner selon sa prouidence,
Qui congnoitmieux quemoy quand doit venir le temps
De borner mes désirs, ou les rendre contens.
FIN
A Monsieur NOUVELLET I.
DE CHEUIGNY BEAUNOIS.
L'on connoit (ce dit on)
Aux ongles le Lion,
Et l'ouurier à l'ouurage :
Ton Phebeen langage
Te couronne le front :
Mesme tes Diuinailles,
Docte Nouucllet, font
Que par tout diuin ailles.
241
GÉNÉALOGIES
DE LA
FAMILLE DE MONTFORT
En Genevois et en Franche-Comté
ET
DE LA FAMILLE DE GONZIÉ
AVEC DOCUMENTS'
Publiés et Annotés
Par François MU G NIER
Conseiller doyen de la Cour d'appel de Chambéry, Président de la Société
savoisieune d'histoire et d'archéologie.
243
AYANT-PROPOS
Le mot Monifort employé pour indiquer une
éminence plus ou moins fortifiée, se rencontre
souvent, et les familles nobles de ce nom sont
nombreuses. On en trouve dès le onzième et le
douzième siècles en Savoie, en Dauphiné, en
Bourgogne et dans l'ancienne France^ sans par-
ler des Montfort de Languedoc, de Bretagne et
d'Angleterre.
Dans nos contrées, il y avait deux châteaux
principaux de Monifort ; l'un près de Saint- Ju-
lien en Genevois, dans la commune actuelle
d'Archamp ; l'autre dans le Graisivaudan, à deux
lieues N.-E. de Grenoble.
A propos de la donation, qu'en janvier 1309,
Béatrix de Faucigny fît de ce château du Graisivau-
dan à Hugues, son petit-fîls, le Régesie genevois
(p. 413 et 510) l'indique comme « étant le manoir
originaire d'une famille noble de Savoie ». Le
Régeste n'apportant aucune preuve à l'appui de
cette opinion, nous suivrons celle de Léon Mé-
nabréa dans son grand ouvrage des Origines féo-
dales dans les Alpes occidentales (1), livre auquel
(1 ) Cet ouvrage, imprimé aj)rès la mort de l'auteur, i)ar les
soins de sa sœur, la comtesse Elisa Brunet, a été publié dans
les Mémoires de l'Académie des sciences de l'urin aux tomes
XXII et XXIII de la deuxième série. Il en a été fait un ti-
rage à part dont les exemplaires ne sont pas très nom-
breux.
244
il est toujours bon de recourir quand on étudie
riiistoire des familles de nos pays.
M. Ménabréa s'exprime ainsi : « Non loin de
Genève, sur le territoire, je crois, de la commune
de Bernex (Archamp) s'élevait le manoir des sires
de Montfort qui occupaient une place distinguée
dans la série des familles du Genevois. Outre le
château de Montfort et celui d'Arbusigny^ proches
de Reignier (1), ces Seigneurs possédaient la c/on-
faloniierie du Genevois qui consistait à maintenir
en bon état la bannière du suzerain, à l'arborer sur
le donjon des forteresses prises d'assaut, à garder
le champ clos dans les duek juridiques, à percevoir
le tiers des amendes imposées aux champions
vaincus et à retirer exclusivement les armures
ou dépouilles. Ces usages sont rappelés dans une
reconnaissance de 1338 passée en faveur du com-
te de Genève (Guillaume 111), par un seigneur de
de Montfort. »
Au Seizième siècle, des personnes de cette fa-
mille seraient allées s'élablir en Franche-Comté,
suivant la généalogie dressée en 1663 par un
membre de cette branche ; mais elles ne sont cer-
tainement pas les premiers Montfort de ce pays,
car nous en rencontrons d'antérieurs, et précisé-
ment dans le baillage de Dôle, comme les ancê-
tres de notre généalogiste. C'est ainsi que parmi
(1) Les Montfort possédaient aussi un cliàteau à Chieddes
ou Chèdc, dans la commune de Passy, près de Sallauclies.
245
les nobles appelés à des montres d'armes ou re-
censements des hommes de l'arrière-ban, nous
trouvons, en octobre-décembre 14G9, à Sceilz en
Varats, au ressort d'Ornans, Jean de Montfort,
âgé de soixante ans, et ses trois fils Claude, 26
ans, Jacques, 23 ans, Jean, 20 ans. Les trois fils
sont forts et vîtes (alertes) Qi fréquentant les ar-
mes ; à Montfort, ressort de Quingey, « Jehan de
Vergier, seigneur de Montfort, âgé de 40 ans, le-
quel par grosseur de sa personne ne pourroit bon-
nement exercer les armes. » Dans une autre mon-
tre d'armes du même arrière-ban. de juin 1519,
nous voyons Guillaume de Montfort au service
du roy (d'Espagne?) (1). L'on doit donc tenir pour
certain qu'il y a eu en Franche-Comté au moins
deux familles de Montfort ou Monfort, celle ti-
rant son nom de la localité de Monfort, au bail-
lage de Dole et celle c[ui, plus tard, y est venue
de Savoie.
Cette émigration partielle do la famille de
Montfort a, sans doute, eu pour cause les allian-
ces contractées par quelques-uns de ses membres
en Franche- Comté, à la suite des rapports noués
entre compagnons d'^armes dans les armées de
Charles-Quint, lorsque François F'" se fut em-
paré de la Savoie, en février 1536. Les deux
(1) Jules Gauthier ; les Montres d'armes fhr. Rière han
des ressorts de Dole et d'Aval, dans Mémoires de l'Aca-
démie de Besançon^ année 1883, p. 94, 97 et 104.
246
familles conservèrent toujours des relations in-
times, et c'est pour cela que nous avons pu re-
trouver dans les archives des Mouxy de Rumilly,
héritiers des Montfort, seigneurs de Reinex et
seigneurs ou co-seigneurs de Conzy, la généalogie
dressée en Franche-Comté , que nous publions
ci-après. Ces familles n'eurent d'ailleurs rien de
commun avec les Oddinet de Montfort du seiziè-
me siècle à Ghambéry, les Arestan de Montfort
du dix-septième, ni avec la famille de Montfort
dont quelques membres vivent encore dans cette
ville.
A la suite de ces généalogies des Montfort
viendra celle de la famille de Confié de qui les
Montfort avaient acquis les seigneuries de Conzié,
à Bloye près Rumilly et à Rufïieux en Chautagne.
Nous placerons, entre crochets, h la suite de
chaque degré de la généalogie, ou parfois de
chaque personnage , les renseignements restés
inconnus au généalogiste comtois et que nous
avons puisés dans différents travaux sur notre
histoire nationale, dans les registres paroissiaux
de la ville de Rumilly, etc., les archives do la
famille de Mouxy, etc. Nous rapporterons ensuite
une généalogie dressée, au cours de ce siècle, à
Chambéry, où nous intercalerons aussi nos rensei-
gnements particuliers et les documents intéressants
que nous avons pu retrouver sur quelques mem-
247
bres de la famille. Nous donnerons enfin, dans dos
notes au bas des pages, divers éclaircissements et
nous rectifierons quelques erreurs échappées aux
généalogistes.
Armes des Montfort de Savoie.
Les Montfort de SsLYoie-Genevois portaient :
paie d'or et d'a^ur^ de six pièces. Supports : deux
sauvages tenant leur massue sur l'épaule, et
ceints de feuillages.
Les armes de seigneurs de Mionnax étaient :
coupé de gueules et d'azur au pal d'argent frété
de sable.
Celles de Loblaz, ou de l'Hoblaz à Chaumont
en Genevois (1) : d'azur à trois pals de sinople.
Les Conzié, enfin, portaient d'azur au chef
d'or chargé d'un lion issant de gueules.
Les pals ou pieux, symbolisant l'opiniâtreté
dans la résistance, caractérisaient l'écusson de nos
divers Montfort, et jusqu'à ses derniers jours
leur race a fourni aux armées de vaillants et
fidèles officiers.
La famille de Pontverre, à Lovagny, près
d'Annecy, avait des armoiries semblables : « Ni-
colette de Pontverre (vers 1228) laquelle portait
d'or à trois paux d'azur qui sont les mêmes ar-
(1) Voii" ce que nous avons dit de cette localité et de son
château dans nos Comptes de ChcUelaiii.i, p. 97 à 102.
248
moiries que la maison de Montfort, selon l'armo-
riai du sieur de Puoncet (1) ».
RÉSIDENCES.
Les diverses résidences des Montfort depuis leur
alliance avec Mie de Bellegarde, dame de Mion-
naz, furent à Mionnaz, Conzié, Reinex, et surtout
dans la petite ville de Rumilly, où demeuraient
beaucoup de familles nobles et où se retiraient sou-
vent les vieux gentilshommes quand ils avaient
quitté le service militaire. Rumilly était une ville
fortifiée dans laquelle il y avait d'ordinaire une
garnison assez considérable. Tout autour étaient
de fort nombreux petits châteaux dont les habi-
tants venaient volontiers passer l'hiver à la ville,
lorsque leurs ressources le permettaient, car les
nobles de Rumilly ont toujours été plus riches
d'honneur que de biens.
Depuis la restauration de la Maison de Savoie,
en 1559j la famille principale de Rumilly était
celle des Maillard, seigneurs du Bouchot, puis
comtes de Tournon en Savoie, marquis de Saint-
Damian en Piémont, etc. (2). Venaient ensuite
(1) Poxirpris historique de la Maison de Sales, par Char-
les-Auguste de Sales, à Annessy, chez Jacques Clerc,
M.DC.LIX, p. 152.
(2) Voir sur cette famille : Aug. Dofour et F. Muonier,
Les Maillard de Tournon, au tomo XXVIII dos Mémoi-
res de la Société sav. d'histoire.
249
les Chavannes, les Portier de Mieudry et du
Belair, les Monifori de Conzier ou Conzy
et de Reinex , les Lornay, les Juge, les de
Gantelet, à'Amères, les Pe^î'eUj de Rochette,
les Perret, les Gavent, les Salteur, Déniot^, de
Alouxt/j les Bracorens de Savoiroux^ les CAe-
rï7er_, descendants d'Humbert Chevrier, chan-
celier de Savoie au quinzième siècle; — les avocats,
les médecins, les notaires, le corps des altariens
ou prêtres de l'église de Sainte- Agathe, les Béné-
dictins de Nantua, puis de Talloires, desservant
le prieuré de Rumilly, les Oratoriens, professeurs
du collège, les Bernardines (cisterciennes réfor-
mées) et les Visitandines, enfin les Capucins.
La gentilhommière de Mionnaz existe encore ;
elle est située à 7 kilomètres N. environ, sur la
commune de Menthonnex-sous-Clermont, tout au
bord de la grand'route de Rumilly à Genève.
Elle a survécu presque tout entière avec ses tou-
relles, et, dans la salle inférieure ou cuisine, la
vaste cheminée sous laquelle se sont abritées les
générations des Montfort. Elle a appartenu, après
les Montfort, aux Chabod de Saint-Maurice et
aux de Grenaud; elle est actuellement la propriété
do M. de Grasset qui l'a fait restaurer.
CoNziÉ était un fief assez important à Bloye,
petite commune à 4 kilomètres S. de Rumilly.
La famille principale de Conzié a eu pour illustra-
9p;
50
tions — , au commencement du quinzième siècle,
François de Conzié;, évéque de Grenoble ( 1380-
1387), puis archevêque d'Arles, ensuite de Tou-
louse et de Narbonne, camérier des antipapes
Clément VII et Benoit XIII, fondateur des cha-
pelles de Saint-Claude dans l'église de Rumilly (1)
et de Saint- Jean-Baptiste âBloye; — dans le dix-
huitième siècle, Joseph de Conzié, l'ami de ma-
dame deWarens et de Jean- Jacques Rousseau (2).
A peu près en face de Conzié était le château
de Saiagine, fief des Pezieu puis des de Rochetie;
tout à fait en face, le château de Saint-Marcel ;
au-delà du Chéran, les châteaux de Mieudry, du
Barioz, de Lupigny; un peu au-dessus de Conzié
était le château d'une famille éteinte, les CAa-
lansonnai, qui avaient compté diverses illustra-
tions locales au quinzième siècle; àVallières, le
grand château de Chitry, à Lornay^ le château des
Menthon, etc., etc.
La grande et belle maison appelée encore le
Château de Conzié, à Bloye, ayant appartenu
depuis la Révolution à la famille Girod , de
Rumilly , est actuellemment la propriété de
M. Joseph Collonges, aussi de Rumilly, manu-
(1) Voir le titre de cette fondation dans notre ouvrage :
Corps des Fondations pieuses de l'église et de l'hôpital
de Rumilly, p. 89 et 91 .
(2) Voir sur Joseph de Conzié notre ouvrage Madame de
Warens et J.-J. Rousseau ; Paris, Calmann Lôvy, 1891
251
facturier à Saint-Etienne. Devenue, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, la demeure de
quelques Montfort de Mionnaz^ elle passa, au
siècle suivant, à Maurice de Montfort, l'un d'eux
appelé alors de Montfort de Confié ou de Consy,
suivant la prononciation locale, et à ses succes-
seurs.
Ce château avait au moins deux tours puisqu'on
lit dans une charte : in aida magne iurrîs castri
Conziad; il était précédé d'un pont-levis. Tout
cela a disparu.
La chapelle de Saint-Jean-Baptiste au contraire
est restée debout, grâce à ses murs d'un mètre et
demi d'épaisseur à la base, et aux contreforts pla-
cés aux quatre angles de l'édifice.
Cette chapelle, plus simple que celle de Saint-
Claude à Rumilly, est construite sur le même
plan (1). A l'intérieur quatre colonnes engagées
légèrement dans le mur viennent se rejoindre en
arceaux à la clé de voûte. Le trait caractéristique
des deux chapelles est la hauteur de leur voûte.
On voit que l'architecte, et l'archevêque son ins-
pirateur, aimaient l'air et la lumière. La porte
d'entrée au couchant est presque à plein ceintre;
elle est loin d'être aussi ornée que celle de la cha-
pelle de Rumilly. Sans doute, comme à Rumilly,
il y avait au levant une grande fenêtre, mais elle
(1) Voir la description de la chapelle de Saint-Claude et
les actes de fondation des deux cliapelles à la troisième
partie.
252
a été détruite pour donner accès aux deux étages
du presbytère qui a été appliqué contre lachapelle.
Reinex, petit fief sur la rive gauche de la Né-
phaz, à 3 kilomètres sud de Rumilly, avec une
fabrique de poterie. Il y avait là une ou deux
tourelles qui ont disparu depuis environ trente
ans. C'était la résidence d'été des Chacannes, puis
des Montfort-Reinex leurs alliés etleurs héritiers.
Cha VANNES, domaine rural, avec une maison
assez jolie, à 1.200 mètres S.-O. de Rumilly ; il y
avait une rue de ce nom dans la ville.
La maison ou château de Montfort, à Rumilly,
est située à l'extrémité nord de \2i place du Bourg,
Bâtie sur la rive droite de la Néphaz, à deux cents
mètres environ du confluent de cette petite riviè-
re avec le Chéran , elle s'élève au niveau de la
place publique, mais en retrait, sur deux rangs de
souterrains superposés, souterrains qui, dit-on,
communiquaient avec ceux duchâtcau de Rumilly,
se dressant au confluent morne des deux rivières.
Les constructions extérieures semblent dater du
dix-septième siècle. On voit, au second étage, des
restes de cheminées ; mais il ne paraît pas que les
diverses chambres qu'il aurait pu contenir aient
jamais été terminées. Un pont auquel on descend
par d'assez nombreuses marches, permet de traver-
ser la Népliaz et d'arriver dans le domaine dit de
Beaufort, dont la maison d'habitation est située
en haut du faubourg de la Curdy (Corderie).
253
PREMIÈRE PARTIE
Mémoires de la Maison de Montfort, dressés
par P.-E. DE Montfort seiir les Tiltres qu'il
at de la Maizon
Fait à Gray, le 14™' janvier 1663.
Premier degré.
Il y a dessous la montagne de Salève et proche
de l'abbaye de Pommier (1), encore présentement,
de vieilles masures d'un château du nom de
Montfort que ceux de ladite maizon y avaient
bâti autrefois et lui avaient donné le nom de leur
maison.
Un Aymonet seigneur dudit Montfort épousa
dame lordane, fille de n. Pierre de Chedde,
unique héritière de la maison de Chèdes en
Faucigny, à laquelle ceux de celle de Montfort
ont donné leur nom. Ce mariage est de l'année
1278. Ledit Aymon fut très valeureux soldat
et grand capitaine ; il fit plusieurs entreprises
sous les souverains de Savoie, sous lescpels il
prit le château de Montliouz. Ensuite de quoi il
entreprit sur la ville de Genève et lui fit la guerre.
Il me conste encore du môme mariage, par lettre
de vente de certains biens à ladite dame lordane,
(1) Alors couvent de chartreux, dans l'arrondissement de
Saint-Julien.
254
^^v Nicoletde Daviel, le 4 juillet- 1303. De ce
mariage naquirent AymoneUe et Nicod. [On lit
en marge : Cet Aymon a servi le comte de Ge-
nève.]
[Le Rêgesie genevois cite un Pierre de Mont-
fort, probablement père ou frère d'At/monetj soit
Aymon.]
Le 6 juillet 1270, ce Pierre de Montfort est au
nombre des garants de la dot apportée par Cons-
tance de Béarn à Aimon II, comte de Genevois,
et celui-ci lui fait un don dans son testament, daté
de Mont de Marsan, le 12 novembre 1280. On
peut donc supposer que Pierre de Montfort
avait suivi, avec d'autres nobles du pays, le comte
de Genevois dans les possessions de sa femme,
Constance de Béarn, veuve de Henri, dit d'Alle-
magne, fils de Richard de Cornouailles.
Pierre de Montfort est garant du comte Amé III
de Genevois (frère d' Aymon II), le 22 novembre
1287, pour la paix conclue avec Amé V, comte de
Savoie. Le 30 novembre 1288, Amé III charge
Pierre de Montfort d'évaluer des biens qu'il veut
céder à la famille de Confîgiion (1).
En 1293, il y avait au château de Montfort des
prisonniers faits à Nyon ; par le traité du 10 dé-
cembre 1293, la paix est conclue à Aix, entre le
comte de Genevois Amé II et le comte de Savoie
Amé V. Il est stipulé, entre autres, que les pri-
{l) Régeste geneoois n."' 11G3, 1170,1254 et 1273.
255
sonniers seront mis en liberté. Âymon de Mont-
fort, damoiseau (il est au nombre des domicelli
et non des milites), est l'un des garants du comte
de Genevois. Dans ce traité, le comte de Genevois
se subordonne complètement au comte de Sa-
voie (1).
Le 7 juillet 1297, les deux comtes procèdent
entre eux au renouvellement de la garantie don-
née pour la paix d'Aix de 1293 ; Aymon de Mont-
fort, damoiseau, est encore parmi les garants
d'Amô III (2). En septembre 1306, Aymon de
Montfori, damoiseau, est châtelain de Gaillard
pour le comte Amé III de Genevois (3); en 1308
il est devenu chevalier.
Le 26 octobre 1308, Guillaume III, comte de
Genevois, notifie hAimon de Montfort, devenu
chevalier, et à d'autres vassaux, qu'il a conclu la
paix avec Amé V, comte de Savoie (4).
Le 9 des calendes de mai 1311 (23 avril), Aimon
de Montfort assiste à Saint- Victor de Genève à
une transaction entre le comte Guillaume III et
Pierre, coseigneur de Duin (5)].
{\) Règ este genevois, w." \^'èQ).
(2) Régeste genevois, no 1429.
(3) Gaillard, paroisse et château des comtes de Genevois,
à une lieue E. de Genève ; — Règeste genevois n° 1596.
(4) Regeste genevois, n° 1628.
(5) Abbé Lavanchy, Les C/uUeaux de Duin, p. 77.
256
2e deeré.
•'ô'-
Ayinonette, fille d'Aymon et de Jordane de
Clièdes, fut mariée à noble Jacques de Montliouz
proche de la ville d'Annecy (1). Elle est nommée
au testament de sa mère fait au château de Mon-
thouz près d'Annecy.
Nicod, seigneur de Montfort, chevalier, épousa
une dame Isabelle. Il appert de sa filiation par
un accord qu'il fit avec ill""® prince Amed, comte
de Genève, l'an 1343 (Amédée III) au sujet des
biens laissés par sa mère, ainsi que de l'acte de
fidélité prêté au même prince en 1347 pour les
biens laissés par ses père et mère dans le mande-
ment de Charosse (Haut-Faucigny). Il eut d'Isa-
belle sept enfants : Jean, Aymon ou Aymonet,
Jacques, Hugonin, Ramus, Pierre, Peronette. Je
n'ai de titres que sur Ramus.
[Le Pourprés historique de la Maison de Sales_,
fixe à l'année 1342 un hommage de Nicod de Mont-
fort au comte de Genève. Nicod est au nombre
des chevaliers échangés le 11 février 1354 entre le
dauphin Charles, fils aîné du roi Jean, à l'occasion
de la remise faite par lui du Faucigny, de Gex et
d'Hermance au comte de Savoie Amédée YI en
(1) Il y avait deux châteaux do Montliouz : l'un près de
Genève et l'autre près d'Annecy. Suivant le Pourpvis his-
torique, p. 418, 00 mariage aurait eu lieu en 1325.
257
retour de ses possessions du Dauphiné (1). Le
15 avril 1349, à Etrembières, près de Genève,
n. Nicod de Ciiuyt, aurait épousé Péronne de
Monifort (Pourpris historique, p. 370)].
3e degré.
Bamus, seigneur de Montfort, damoiseau,
épousa une dame de la maison de Lucinge, il en
eut trois enfants : Jacob, Jean et Marie. Il maria
ses fils aux filles de Jean de la Croix, et épousa
lui-même la veuve de celui-ci^ Catherine. En 1357,
il souscrit une obligation à Hugues de Containî-
nette pour la dot de sa fille Marie.
En 1378, Richard de la Croix fait à Ramus
de Montfort une quittance de onze florins qui lui
étaient dus par Catherine, veuve de Jean de la
Croix.
[Le 6 des calendes de juillet 1304 (2G juin) Ra-
mus de Montfort, damoiseau, prête le serment
de fidélité-lige à Amédée, comte de Genève,
pour les biens que Marie, veuve d'Humbert, vi-
domne de la Roche, a possédés longtemps après
la mort dudit Ilumbert dans la paroisse de Graisy
et en fief du comte de Genève (2),
Ramus de Montfort va, le 26 mai 1338, faire
(1) Saint-Genis, Histoire de Saooie, I, p. 358, et III,
p. 454.
(2) Fr. MuGNiER, Répertoire de titres et documents re-
latifs à l'ancien cotntè de Genéce et Geneoois, n" cx.xi.
17
258
sa cour à la comtesse de Genève, Matin Ido de
Boulogne, au château de Clerraont en Gene-
vois (1).
Le Régeste {n^ 1G77) signale déjà la présence
de Ramus de Montfort, damoiseau, dans ce même
château de Clermont le 23 février 1311. Il est
bien difficile de concilier ces dates avec celle de
1378 donnée par le généalogiste. D'après la gé-
néalogie qui suit, Ramus de Montfort aurait testé
en 1412. On doit donc croire Cju'il y a eu deux
Ramus, ayant vécu à un demi-siècle d'intervalle
et que l'on a confondus en un seul et même per-
sonnage.
Sur les autres enfants de Nicod de Montfort,
voir ci-après la seconde généalogie.]
4= degré.
Jacob, soit Jacques, fils de Ramus de Montfort,
épousa Mathilde, fille de n. Jean de la Croix. Ils
laissèrent deux fils : Guillaume et Pierre.
Jean de Montfort, frère de Jacob, épousa Ni-
colette de la Croix, sœur de Mathilde, ainsi qu'il
appert de la donation c|ue lui fit son père Ramus
en 1402. Jean laissa cinq enfants : Nicodj Fran-
çois, Guillemette, Jacquemette et Péronnette.
[Jean de Montfort^ damoiseau, assiste^ avec un
grand nombre d'autres seigneurs, à la transac-
tion passée le 21 décembre 1358, à Genève, dans
(1) Répertoire, u" clxviii (à la p. 47j.
259
la maison de François des Médicis^ lombard
(banquier), entre Amé VI, comte de Savoie, et
Amé III , comte de Genevois ^ relativement ii
leurs possessions réciproques dans le Haut-Fau-
cigny {Mémoires de la Société d'histoire de
Genève, t. xxii, p. 62)].
Marie de Monifort, épouse d'Hugonin de Con-
taminette, fait, en 1420, cjuittance de sa dot à
François de Montfort, son neveu.
[Il y a, en 1402, à la cour du duc de Savoie ,
Amédée VIII, un Rolet de Montfort (1)].
Se degré.
Nicod de Montfort épousa Claudine de Quin-
tal (2) vers 1435. En 1420, il donna quittance à
son neveu François de l'administration de ses
biens pendant ses vo^^'ages dans les pays étran-
gers. Il eut cinq enfants : Nicod, Pierre, André,
Antoinette et Gabrielle.
François de Montfort épousa en premières
noces une demoiselle de Quintal, comme il ap-
pert d'un contrat passé à Rumilly en l'assistance
de son père et en présence de la comtesse Ma-
(1) Costa de Beauregard, Souoenirs du rè(jne d'Ainé-
dée VIII, p. 210.
(2) Commune à 8 kilomètres S. d'Annecy. Le Pourpris
historique fixe ce mariage au 0 juin 1435, p. 224 et 299. Il
appelle avec raison la mariée Claudie.
260
tliilde (1). Il en eut Guillemette et Michicre.
L'an 1446, il épousa en secondes noces Jean-
nette, fille de n. François d'Arenthon, seigneur
d'Alex (2). Il était en grand crédit auprès de
Louis onzième^ duc de Savoie, et de Janus, comte
de Genève (3), ainsi qu'il résulte d'une lettre du-
dit prince (lequel ?).
Il était écuyer d'illustre dame Maliaut, du-
chesse de Bavière, princesse palatine du Rhin,
comme il résulte d'une lettre datée de Heidelberg
le 4 novembre 146.2 à lui adressée par cette prin-
cesse. Sa seconde femme était dame d'honneur
(1) La seule comtesse Mathildc qui ait habité Rutnilly
est Mahaut ou Mathildc de Boulogne, femme du comte
de Genève Amèdée III, mère des comtes Amédèe IV, Pierre
et Robert de Genève l'antipape Clément VII) ; mais elle
est morte à Rumilly (peu après, août 1396), longtemps avant
le mariage de François de Montfort. Il s'agit peut-être de
Mathildc de Joincille, veuve du comte Pierre et qui pos-
séda Rumilly jusqu'en 1-411, ou de Blanche do Sacoie qui
résidait à Rumilly et y mourut en 1421.
(2) Arenthon, commune de l'arrondissement de Bonne-
ville ; Alex, commune de l'arrondissement d'Annecy. Le
Pourpris historique p. 224, donne à la mariée ce prénom
de Françoise et rapporte que le mariage eut lieu à Genève,
le 10 novembre 1 IIG.
(3) Le généalogiste a, par inadvertance, appelé onzième
le duc Louis de Savoie ; il a peut-être confondu avec son
gendre Louis XI, roi de France. Janus de Savoie fut créé
comte de Genevois par son père, le même duc Louis, le
26 février 1460.
261
de la duchesse, ainsi qu'il résulte de deux lettres
que celle-ci écrivit en 1462 de Heidelberg.
En 1457, François d'Arentlion consent à Fran-
çois de Montfort une obligation de 200 florins re-
lative à la dot de Jeannette.
En 1466, Marie de Montfort, tante de François
de Montfort, donne quittance de tous les droits
qu'elle pourrait avoir sur les biens laissés à Fran-
çois par leur père Jean de Montfort.
Il me conste que François et Nicod étaient frè-
res par le cautionnement prêté pour eux par u.
Mathieu de la Frasse, Claude de Cornillon (1) et
autres envers l'insigne chapitre de Saint-Pierre
de Genève, à raison de cens qu'ils devaient à ce
chapitre.
GuilleineUe, sœur de François, fut mariée à n.
Jean de Vtllette (2), comme il me conste par trois
quittances des deniers dotaux de celle-ci faites,
— la première en faveur de François et de Nicod
de Montfort en 1405, — la seconde en 1437 par
Nicod, fils de Jean de Villette ; la troisième, en
1438, par ledit Nicod de Villette.
Jacquemette, sœur de la précédente, fut mariée
an. Jean de Calluver [f], comme il me conste par
(1) La Frasse, Cornillon, eomniunes de l'arrondissement
de Bonneville.
(2) Peut être de la famille de Chevr»n- Villette. Beaucoup
de localités en Savoie sont appelées Villette.
263
la quittance qu'elle fait de sa dot à Jean, son père,
en 1412.
Péronette, sœur des précédentes, fut mariée à
n. Henri de Bessonet de Bable^one ; il ni'en
conste par la quittance qu'il fît de la dot de sa
femme, en 1426, à François et Nicod de Mont-
fort.
6e degré.
Jean (II), seigneur de il/o/z //br/!^ chevalier, fils
de François et de Jeannette d'Arenthon épousa en
1477 Guillemeite, fille de n. Angellos de Belle-
garde (1), comme il m'en conste par leur contrat
de mariage. Ils euveni André, Hudric, François,
Bérard, Michel, Pierre et Claudine.
Il me conste d'André, Hudric, François et Bé-
rard par une reconnaissance que fait Hudric l'an
1533 à illustre prince Philippe (2), duc de Nemours,
des biens de la maison de Montfort, mouvants du-
dit prince, et d'une autre faite par tous les quatre
en 1532 à illustre prince Philibert de Savoie, ba-
ron de Faucigny
Françoise, sœur de Jean 11^ fut mariée à An-
toine de Cliastelard, comme il me conste par la
(1) Famille du Faucigny, soit de rarrondissement de
Bonneville.
(2) Frère de Charles III, duc de Savoie; il avait reçu le
Genevois et le Faucigny en apanage, le 14 août 1514.
Philippe de Savoie, d'abord êvèque de Genève, aban-
donna l'état ecclésiastique le 14 août 1414.
263
quittance qu'en 1490 Louis et François de Chas-
telard firent de sa dot au dit Jean.
Michiève, son autre sœur, fut mariée à Jean-
Michel de Thônes (1), quittance de dot, en 1513.
Guillemeite fut mariée à Pierre de Dariel ?
Nicod de Mont fort, fils de Nicod et de Clau-
dine de Quintal, fut homme d'église et protono-
taire du Saint-Siège apostolique par bulles obte-
nues à Rome l'an 1438.
Pierre de Alontfort, frère du précédent, épousa
dame Jeannette, fille de Nicod de la Frasse. Il
m'en conste par une donation que ladite Jeannet-
te fit en 15G8 à m''*' Jean Cussenet, recteur de la
chapelle fondée en l'église paroissiale de Saint-
Pierre de Passy (2) par les seig'^' de Montfort, en
l'honneur et sous le vocable de saint Théodule.
Gabrielle, sœur du dit Pierre {sic), fut mariée
an. Urbain Vuillignynt, comme il me conste par
une quittance de dot cju'elle fit en 1488 audit
Pierre.
Il reçut en apanage de son frère le due de Savoie, Charles
III, le comté de Genève et les baronnies de Faueigny et de
Beaufort. Il fut fait duc de Nemours par le roi de France
François 1er, le 22 décembre 1528^ et mourut en 4532. L'apa-
nage passa à son fils Jacques. Fr. Mugnier ; Chronologies
pour les études historiques en Saooie, p. 55.
(1) Chef-lieu de canton dans l'arrondissement d'Annecy.
(2) ComDîune du Haut-Faucigny, près de Chedde, de
Charosse et du Mont-Blanc, arrondissement de Bonneville.
?64
7' degré.
'^O'-
André de Montfort, fils de Jean et de Guille-
mette de Bellegarde, fut gouverneur de la comté
de Nice en Provence, pendant lequel temps il dé-
fendit la ville contre le coursai re Barberousse qui
l'a tenait assiégée avec une puissante armée. Il
donna de puissantes marques de son courage et
de sa constance, lorsque étant sommé de se rendre
de la part de Barberousse il répondit à celui qui
lui portait la parole que l'empereur s'adressait
mal et qu'assurément il ne savait ni son nom, ni
la devise, ni les armes de sa maison; que son nom
était Montfort; la devise, il me faut tenir, et les
armes d'or à trois pals d'azm\ et que par ainsi
il ne devait attendre de lui qu'une résistance très
rigoureuse et une constance inébranble, puisque
les pals de ses armes étaient un véritable sym-
bole. Ce que prenant en considération ledit empe-
reur leva le siège qu'il avait mis devant Nice.
André épousa dame Mione de Mionnaz ; ils
eurent un fils nommé Georges. (Voir la 2^ partie.)
Hudry, frère d'André, fut chambellan de Char-
les (III), duc de Savoie, et son ambassadeur ordi-
naire en France. Il m'en conste par plusieurs let-
tres de ce prince écrites à Hudry en 1523. Il épousa
dame Claudine de Granvelle (1). Il m'en conste
(1) Une tante ou une 'sœur du célèbre cardinal Antoine
Perenot de Granvelle.
2G5
par l'acte de vente de certains biens passé en 1541
par Jean de la Chinai à ladite dame Claudine ;
lesdits biens provenus de demoiselle Péroniiette,
fille de Michel de Montfort, frère dudit Hudry. —
De ce mariage naquit une fille nommée Charlotte,
et aussi une fille donnée nommée Perronetie, fille
d'une d^'^"^ INIichière Saultier.
' François de Montfort, frère d'Hudry, épousa
Claude de Bay {ou de Ray), dont il eut Claude,
Catherine, Christophe &i Jeanne ', puis, en secon-
des noces, Françoise de Villequindry de laquelle
il eut François et Claude; enfin, en troisièmes
noces, Guillemeite de Lavoncour dont il n'eut
pas d'enfants.
Il me conste de ces trois mariages par son tes-
tament du 5 mars 1559, où il est fait mention
d'Amédée de Montfort son frère, de Georges son
neveu, de Bérard son frère aussi, prieur de Ville-
neuve, protonotaire et chanoine de Notre-Dame
de Lallee (de Liesse) d'Annecy. lime conste encore
plus particulièrement des deux autres mariages
par les contrats dotaux passés le 18 mai 1545 en-
tre ledit François et Françoise de Villequindry,
et entre le même et Guillemette de Lavoncourt le
24 mai 1567.
Bérard, frère du précédent, protonotaire, cha-
noine de Notre-Dame de Liesse, fait son testa-
ment en 1577 en faveur de son frère François et
266
de divers neveux et petits-neveux. Il laissa une
fille donnée, nommée Mye.
[Bérard de Montfort était prieur de l'église de
Boussan? qu'il avait demandée et obtenue avec
joie, — qui qiddem expeiii et accipit hilariiei\
et où cependant il ne résidait pas, se bornant à
en retirer les fruits et revenus. Sur la plainte des
paroissiens, l'évêque de..., HugoninMartellay, lui
fit donner aux prônes des églises voisines un
avertissement d'avoir à se conformer aux pres-
criptions du concile de Trente. Cette ordonnance
épiscopale, donnée in civitate sedis, est du 16 juin
1573. — D'après l'original.]
Il ne me conste point par titres des autres frè-
res de Bérard, comme de Michel, grand écuyer
du duc de Lorraine, de Pierre, lieutenant de
M. de Bayart dans la compagnie des Cent gen-
tilshommes du Rov de France, mort sans alliance
en 1518; de Claudine, mariée à n. Claude de
Riddes, seign. des Kobins (1), l'an 1528; mais
seulement par les vieux mémoires sus allégués.
8° degré.
George de Montfort, fils d'André et de dame
Mionne de Mionnaz épousa Anne, fille de Claude
de Mentlion. Il ne me conste de ce mariage que
(1) Famille de la commune deFlumet(f), arrondis* actuel
d'Albertville. (Sur les de Riddes de Savoie, v. le t. XI des
Mémoires de la Société savoisienne d'histoire, p. 85 et sui-
vantes.
267
par les Mémoires ; mais il m'apparaît de la filia-
tion par une quittance de 1561, faite par Claude
de Daniel auxdits André et George, de la somme
de 300 escus d'or constituée en dot à dame Anne
de Mont-Saint-Ligier, par François, frère d'An-
dré et oncle dudit George. Du mariage de George
naquirent Marin, Amé, Claude, Charles, Suzanne,
Ennemonde, Philiberte et André.
Charlotte, fille d'Hudry de Montfort, épousa
n. George du Port (au plus tard en 1550), etc.
Perronette, fille donnée d'Hudry et d'une Mi-
chellede Saultier, fut mariée à Anselme de Cava-
luz de Sal [ins?] (en 1538, pour le plus tard); etc.
Claude, fils de François de Montfort et de Clau-
dine de Ray, épousa Jeanne fille de n. Pierre
de Mont-Saint-Ligier, dont il eut plusieurs en-
fants, entre autres Claudine, Jean, Anne et
Michel. Son contrat dotal est du 18 mai 1545. Il fut
homme docte et très valeureux, fort expérimenté
en fait de guerre, et fit plusieurs voyages avec son
frère, entre autres à Thérouanne, St-Quantin, St-
Dizier, Gravelines, Landrecies, Argier, Piedmont
et en Flandres. Il fut maréchal des logis de la
compagnie de Laurent de Gorrevod, comte de
Pont-de-Vaulx. Il mourut en la ville de Douai,
âgé de 45 ans et fut enterré le 19 février 1557.
Catherine, sœur dudit Claude de Montfort, fut
mariée à n. Gaspard, fils do Pierre de Mont-
Saint-Ligier, avant juin 1557.
268
Christophe de Monifort, leur frère, épousa Gas-
parde de Beaujeu, fille de messireHuguede Beau-
jeu, chevalier du Saint-Sépulcre de Hyérusalem
(contrat de mariage du 6 décenabre 15G1). Ils eu-
rent François, Ferdinand et Prospéra.
Christophe fut de tous les voyages de son frère
Claude. Il fut gentilhomme de la maison de S. A.R.
Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, en vertu de
lettres du 2""^ décembre 1559, gentilhomme de la
bouche le 30 septembre 1560, gentilhomme de la
chambre le 26 juin 1567. Le prince lui fit une pen-
sion en récompense de ses bons et agréables ser-
vices par lettres données à Gex ? le 15 septembre
1567. Il fut nommé lieutenant gouverneur du fort
de Saint-Maurice à Bourg en Bresse. Le duc le
commit, en 1568, pour aller en Lorraine/) /a m (ire
la mort de madame Jeanne de Savoie, femme de
Nicolas de Lorraine, comte de Vaudemont ; il
l'envoya à Rome en 1567, auprès du pape Pie V,
afin de procurer quelques faveurs aux afïaires de
Claude de la Baume, cardinal, archevêque de Be-
sançon. Il mourut au fort de Saint-Maurice-lès-
Bourg, âgé de 46 ans, le 14 février 1573, et fut
enterré en l'église de Saint-Dominique de Bourg.
Il testa comme il me conste par son testament
du x"'*^ septembre 1559, et sa femme dame Gaspar-
de, le 8 décembre 1583. Conste encore dudit
Christophe la donacion que lui fait le 3 avril 15...,
François son frère, de la terre de Charanteray ;
comme aussi par la donacion mutuelle faite [entre]
2G9
ledit Chris lophe et! a dite dame Gasparde, sa femme
le 14 octobre 1563.
Jeanne, sœur des précédents, fut mariée à n,
Jacques de Montureux, seigneur de Blondefon-
taine, avant octobre 1556.
François, fils de François de Montfort et de
Françoise de Villeguindry , mourut en aage de
puberté.
Claude, frère du précédent, fut induit à être
d'église, par Christophe son autre frère, qui le
logea avec le cardinal Claude de la Baume, arche-
vêque de Besançon; mais il changea de profes-
sion, et fut homme de guerre, en Italie, Flandre,
France et Espagne. Il fut envoyé vers le roi Phi-
lippe n pour le remercier de son entremise auprès
du Pape Grégoire XIIP en 1517 (Ij, pour la pro-
motion do Claude de la Baume au cardinalat. Il
épousa Jeanne, fille de haut et puissant seigneur
Claude de Bouiechou, chevalier, garde des sceaux
et président de Bourgoigne et de dame Charlotte
de Vandencsse; le contrat en fut stipulé le 4 sep-
tembre 1579. Le mariage fut célébré par le Révé-
rendissime cardinal au château de Mutigne. En
1585, il fut député par la noblesse de Bourgoigne
auprès de l'Altesse d'Alexandre Farnèse, duc de
Parme, gouverneur des Pays-Bas, avec ordre de
(1) Lapsus calaini ; il faut sans doute 1577, car Grégoire
XIII fut pape de 1572 à 1585.
270
passer s'il le fallait, en Espagne, auprès du Roy
(Philippe II). Il fut de reclief en Flandre pour
procurer la promocion du conseiller Tricornat
à la court de Parlement de Bourgoigne , et
ce par office d'ami et devoir de bien bon disci-
ple qu'il rendait audit conseiller Tricornat qui
avait été son successeur. Il fît voyage à Rome
où il obtint du Pape Grégoire XIII, par bulles
du 9 décembre 1579, la confirmation des pri-
vilèges de la Confrérie des 72 disciples ^ qu'il
envoya le 10 février 1588, aux confrères lors as-
semblés à Gray ? pour la mort de Simon Ravier
dudit Gray, confrère. Il fut en Savoie aux guer-
res contre les Bernois et ceux de Genève, assis-
tant au recouvrement de la ville de Bonne, du
château de Monthouz, de la ville de Gex, etc. Il
fut chargé par le duc Charles-Emmanuel de trai-
ter plusieurs choses importantes avec le prince
Frédéric, comte de Montbéliard et duc de Wir-
temberg; en 1592 , il passa en Espagne avec
le congé de l'Infante Dona Catelina d'Autriche,
duchesse de Savoie (1), pour y obtenir du roi le
gouvernement du comté de Bourgogne à Claude
de Vergy, comte de Champlite.
En 1595, Claude de Vergy, gouverneur du pays
et comté de Bourgoigne, donna à Claude de Mont-
fort la charge de commissaire général des gens de
(1) Fille de Pliilippe 11^ épouse du duc Charles-Emma-
nuel.
271
guerre en Bourgogne, charge dans laquelle il fut
confirmé par patentes du roi du 20 avril 1597, puis
par d'autres du 9 novembre 1599 de L. L. A. A.
S. S. Albert et Isabelle, archiduc et archidu-
chesse d'Autriche.
Il eut de ladite dame Claude de Boutechou,
Claude- René, Charlotte, Claudine, Anne-Renée,
Philippe-Emmanuel et Pierre-Gabriel.
Mye, fille donnée deBérard, fut mariée à Pierre
de Ansermet, comme il me conste par la quit-
tance des deniers dotaux de ladite noble Mye,
que firent^ en 15G2, Pierre et Claude de Anser-
met.
Se degré.
Marin de Montfort, fils de Georges, mourut â
l'âge de 22 ans, le 24 mai 1574 [après avoir testé
la veille].
Amê de Montfort, son frère, fut gentilhomme
de la maison de Jacques de Savoie, duc de Ne-
mours [comte, puis duc de Genevois].
Claude de Montfort ^ leur frère, fut tué à
Annecy.
André de Montfort, leur frère, suivit les guer-
res de Flandre, dans le régiment du marquis do
Varcmbon ; ensuite, en 1582, il passa à Malte
pour y prendre la croix, mais il en fut dissuadé à
cause de l'absence d'Ame et de la mort de Claude,
ses frères.
272
Ennemonde, leur sœur, fut religieuse au cou-
vent de Sainte-Catherine, proche Annecy (1).
Pliiliberte fut mariée à Hyeroninc de Richar-
don, seigneur de Besse, l'an 1575.
Suzanne mourut jeune (2).
[Il y avait encore un frère prénommé Charles,
cité dans plusieurs testaments].
Claudine de Montfori, fille de Claude et de
dame Jeanne de Mont-Saini-Ligier, fut mariée en
Lorraine à Pierre de Montangon, fils de Lance-
lot de Montangon et de dame Alix de Salvans.
Contrat de mariage du 25 novembre 15GG.
Jean, frère de Claudine, fut homme d'église et
et religieux au prieuré de Gigny ; il m'en conste
par le testament de François, son père, qui lui
légua une pension de 15 francs, et par une do-
nation que fit ledit Jean à son frère, le 9 avril
1561.
Amie de Montfori, sa soeur, fut religieuse en
l'abbaye de N.-D. du Bayton, proche les murail-
les de Besançon, et devint abbesse de ce couvent.
En 1594, ennuyée des travaux (tracas) qui lui
donnaient les religieuses, elle résigna l'abbaye à
dame Claudine Luilier, fille de M. de Preygney.
(1) Monastère de Cisterciennes. Voir notre Histoire des
abbayes de Sainte-Catherine et de Bonlieu .
(2) Après le testament d'André, 1578.
273
Michel de Montfort, son frère, fut nourri en
Allemagne. Il suivit les guerres de Flandres où il
mourut l'an 1577, au régiment de Henry de
Vienne, baron de Chevraulx.
François de Montfori, fils de Christophe et de
Gasparde deBeaujeu. ne vécut que 15 jours.
Fernand-Pierre, son frère, fut donné page de
Charles-Emmanuel P'', duc de Savoie, où ayant
fait les cours, et ayant été mis hors de page, il fut
logé tramis l'infanterie espagnole tenant pour lors
Genève. En 1595, il fut lieutenant d'une com.pa-
gnie de chevau-légers sous le commandement de
M. de Grilly. Etant revenu en Bourgogne, il fut
lâchement assassiné par le comte de Chysardin ?
étant lors en fiançailles avec Guillemeile de Par-
dessus, comme il me conste par les articles de
contrat de mariage du 25 mai 1600. Il avait fait
son testament le l®i' août 1595.
Prospéra de Montfort, son frère, naquit à La-
voncourt et eut pour parrain et marraine Prosper
de Genève, marquis de Lullin, et la comtesse de
Pancalier. gouvernante pour lors de Charles-Em-
manuel, duc de Savoie ; il mourut en âge de pu-
berté.
Claude-René de Montfort, épousa dame Clau-
dine de Thoire, fille de noble et puissant Philippe
de Thoire et de Marie de Volduic ; contrat de
mariage du 18 février 1G03. De ce mariage sont
issus :
18
274
Louis- François, Pliilippe-Charloite, Béairix
et Henriette. Claude-René testa le 8 août 1G20.
Il fut capitaine de 200 hommes de pied dans le
régiment Bourguignon ; il m'en conste par pa-
tentes datées à Bruxelles le 2 février 1621. Il fut
tué au siège de Julliers en 1622.
Sa femme testa le 23 décembre 1648, comme il
me conste par son testament et par l'acte de la pu-
blication d'icelui faite le 4 juillet 1649, à Cliédes-
sous-Montfort, en la maison dudit feu Claude,
seigneur de Montfort ; elle fut enterrée dans la
chapelle fondée par les seigneurs de Montfort, en
l'église de Saint-Pierre-de-Passy.
Charlotte de Montfort, sa sœur, naquit à Gray
le 20 novembre 1582 ; elle mourut bientôt et fut
enterrée en la chapelle de haut et puissant sei-
gneur Claude de Boutechou, son grand-père, dans
l'église paroissiale de Gray.
Charlotte, sœur de la précédente Charlotte, na-
quit à Besançon le mardi 12 juin 1584 ; elle fut
mariée à noble Renebert de Mont-Saint-Ligier,
seigneur d'Augisse, et lui porta en dot la terre de
Fleurey ; contrat de mariage du 20 juillet 1612.
Elle eut trois enfants de son mari, lesquels étant
morts, elle fit héritier Philippe-E ininanuel, fils
de Louis-François de Montfort, suivant testament
publié au baillage d'Amont (ressort de Gray), le 3
novembre 1657.
Claudine, sœur de Charlotte, naquit à Mont-
275
Saint-Ligier le 29 novembre 1586; ne me conste
pas qu'elle ait été mariée.
Anne-RenéCj sa sœur, née à Gray le 22 sep-
tembre 1589 ; morte aussi sans alliance.
Philippe-E mmanuel, leur frère, est né à Gray
le 25 mai 1594 (1592) ; il eut pour parrain le prince
Philippe-Emmanuel (1), fils aîné de Charles-Em-
manuel P'", duc de Savoie, et pour marraine Do-
rothée de Lorraine^ duchesse de Brunswick ;
mais, comme au temps de sa naissance, il était fort
malade, et Claude de Montfort, son père, était en
Espagne, et que par suite de la mort de Claude de
Boutechou, garde des sceaux et président de Bour-
gogne, son grand-père, il n'y eut loisir de faire à
son baptême les cérémonies et solennités que l'on
espérait si les députés du parrain et de la mar-
raine y fussent été appelés. Cependant la sérénis-
sime infante Dona Catalina (la mère du parrain)
ne laissa pas d'envoyer au mois de septembre sui-
vant, visiter la mère et l'enfant au nom du par-
rain, et écrivit à la mère la lettre suivante :
« Très chière et bien aymée Nous plaignons que l'in-
disposition de vos tre nouveau-né jointe à d'autres acci-
dens qui vous ont visitée en mesme temps pendant l'ab-
sence de nostre très chier et bien aimé le seigneur vostre
mari, ayt levée l'occasion de faire porter cette petite
créature, seur les fons de baptême au nom du prince
(1) Mort sans avoir régné; le 9 février 1605, ùgè de 9 ans.
276
ayné nostre fils pour l'envie qu'avions d'y faire [partir]
un gentilhomme à cet effect ettesmoigner en ce la sou-
venance qu'avons de vous, mais puis que Dieu a esté
servi d'en disposer autrement, avons bien voulu vous
envoyer par le S^' de Montfort vostre mari retournant de
son voyage d'Espagne les présents qui consonnent à
l'âge du Prince nostre fils, en attendant qu'en croissant
il puisse ci-après faire mieux en commémoration des
bons et agréables services que recevons jornellement
de vostre mari. A tant nostre Seigneur vous ayt en sa
ste et digne garde. De Nice ce 15^ septembre 1592.
(( Signé : La Infanta Dona Catalina. »
Ledit Philippe-Emmanuel de Montfort fut
homme d'église et abbé de l'abbaye de N.-D. du
Lieu-Croissant, dite Les Trois Roys, il en obtint
la coadjutorerie le 4 décembre 1620^ en Flandre,
par les soins de Claude-René, son frère, qui était
alors au service de l'archiduc Albert et de l'archi-
duchesse Isabelle, et suivant la faculté accordée
le 9^ avril 1620 par la CouFt de Parlement de Dôle
et la permission obtenue le 4 du même mois du
Révérendissime général de Cîsteaux. L'institution
(comme abbé), par le même général, est du 22
août 1046.
Ledit Philippe fut un homme adroit et expéri-
menté dans les affaires d'Etat du comté de Bour-
gogne. Même, en l'an 1024, les Trois-Etats assem-
blés à Dôle, procédant selon leur pratique ordinai-
re àl'élection des neuf personnages auxquels ils ont
accoutumé de conûer la conduite et maniance de
277
leurs affaires, le choisirent pour député de l'église
au baillage d'Amont, laquelle commission lui fut
de nouveau donnée en 1633 et en laquelle il a con-
tinué jusqu'au mois d'avril 1G54. Au cours des
guerres il rendit de signalés services au roi (d'Es-
pagne) et au public, et Sa Majesté ayant été in-
formée du déplorable état auquel les malheurs
avaient réduit son abbaye, lui donna le prieuré de
Moustier-Haute-Pierre, de Tordre de Cluny, où il
introduisit la réforme.
En avril 1650, S. M. l'honora de la charge de
maistre aux requêtes et conseiller au souverain
Parlement de Dôle. Le général de Cîsteaux l'auto-
risa, quoique religieux, à porter l'habit de cette
charge ; de quoi il conste par la lettre d'avis dudit
Parlement écrite au Roi le 9 décembre 1649, dont
la teneur s'ensuit :
« Sire,
{( Ensuite du commandement de V. M. avons... exa-
miné la requête que D. Philippe-Ei de Moutfort abbé
des Trois Roys lui a présentée tendante à être pourvu
delà charge de maître aux requêtes en ce parlement et
pour en donner avis à V. M. ... Vu la noble extraction
du suppliant et les services de ses prédécesseurs... les
siens... son intelligence et pratique des affaires de la
province.... que dès lors il ne pourrait qu'être utile à
cette compagnie pour y avoir voix délibérative aux affai-
res d'Etat et publiques et consultative aux autres, amsi
que cela s'est pratiqué à l'endroit de ceux qui ont été
pourvus ci-devant de semblable office, n'étant pas chose
278
nouvelle de voir des prélats religieux dans le Conseil de
nos Rois, pour ce qu'il yen a assez d'exemples, et néan-
moins nous n'avons rien trouvé dans nos registres dès
ce Remy d'Ocourt allégué par la requête du dit sup-
pliant encore qu^il assure avoir plusieurs titres en son
abbaye qui le qualifient maître aux requêtes en ce parle-
ment. En tout cas nous ne voyons point que la qualité
d'abbé régulier le doive exclure de tel ofRce, puisqu'il
n'oblige pas à une assiduité et que parmi les occasions
qui se présenteront en ce parlement de traiter du service
de V. M. et choses publiques il aura moyen de choisir
les temps libres pour bien visiter et examiner la régence
de ses deux bénéfices. Nous nous en remettons au bon
vouloir de V. M. d'en ordonner ce qu'elle aura de plus
agréable, et après lui avoir baisé les mains en toute hu-
milité nous prions Dieu de la conserver. »
Ledit Philippe fit, le 3 juin 1638, donation à
Louis- B'rançois, fils de Claude-René de Mont-
fort, avec permission du général de Cîsteaux, de
tous les biens, meubles et immeubles, argent
monnayé et non monnayé, qui ne seraient pas
ornements de l'église, qui se rencontreraient dans
la maison qu'il avait fait bâtir pour son abbaye,
à Besançon, et lui appartenant â l'heure de son
décès. Il mourut à Dole, le 10 janvier 1G5G. Voici
l'épitaphe que Philippe-Emmanuel, fils de Louis-
François de Montfort lui a fait faire :
279
ÉPITAPIIION
Philippe Emanueli de Montfort.
Loci Cressentis abbati priori monasterii Altee
Petrœ. Regioe Catholicoe Majestatis in suprcmo soqua-
norum Senatu Consiliario ac libellorum supplicum
Magistro,
Generosa apud Allobroges familia oriondo
Doctrina, facundia et mira in rébus gerendis
Dexteritate et Prudentia insigni
Variis ac Prœcipuis in comiciis Sequanicis
(Quibus etiam prœfuit) muneribus
Et ad Principis Lcgationibus Gloriose perfuncto
De patria in ipsis etiam bellorum tumultibus
Consiliis et indefesso labore benemerito
Philippus Emanuel de Montfort
Dominus de dicto loco, Couppelin, Cessey, Fleurey
Batherans
Patruo Patrino ac Mœcenati grandissime
Hoc gratitudinis et memoriœ suœ monumentum
posteris reliquit
Devixit anno œtatis suœ 62.
Reparatœ vero salutis M.D.CLVI.
Requiescat in pace.
Pierre-Gabriel, fi-ère de Philippe-Emmanuel,
naquit le 17 mars, jour de Saint-Gabriel, l'an
1594, à Gray, et mourut jeune.
10e degré.
Louis- François de Montfort, fils de Claude-
René et de Georgine de Thoire, fut élevé aux
écoles et aux académies par le susdit abbé des
280
Trois-Rois, son oncle; après quoi, âgé de 17 ans,
il passa aux Pays-Bas pour y suivre le roi en ses
armées en qualité de capitaine d'infanterie (pa-
tentes du 27 février 1655) dans le régiment du
marquis d'Oliani, d'où il passa en Allemagne.
L'année suivante, il fut au siège de Ratisbonne
et à la bataille de Nordlingen, après quoi le mar-
quis de Saint-Martin, colonel d'un régiment de
cuirasse, lui fit semondre une compagnie dans
sondit régiment, où ayant vu....
Là s'arrête le manuscrit auquel il manque une
page ou deux.
Nota. — Par suite d'un lapsus calami, la gé-
néalogie a indiqué, au neuvième degré, Philippe-
Emmanuel de M. comme né en 1594, le 25 mai ;
il faut lire 1592, car la lettre de félicitation de la
duchesse de Savoie à l'occasion de cette nais-
sance est de septembre 1592, et la mort du garde
des sceaux, Claude de Boutecliou, qui empêcha
le baptême d'être célébré solennellement, eut
lieu aussi en 1592.
281
Les Montfort de Piémont.
Une consultation d'un avocat de Chambéry,
adressée le 17 janvier 1725 à M. de Montfort^ ca-
pitaine de grenadiers au régiment de Savoie, à
Alexandrie, nous apprend que des Montfort de
Savoie ou de Bourgogne s'étaient, au seizième
siècle, fixés en Piémont.
Il s'y agit du testament de « magnifique sei-
gneur Thomas Montfort », de la ville de Fos-
sano, en date du 29 avril 1578, reçu par M*" Bar-
tholomé Pelasso, citoyen de Fossano et notaire
public.
Ce testament instituait héritiers du seigneur
Thomas, Charles et Claude de Montfort (ainsi
qu'un troisième dont le nom avait été omis dans
la copie soumise à ravocat)^ et leur substituait,
en cas de décès de chacun d'eux sans enfant mâle,
le capitaine Jean-Mathias et le seigneur Stro-
phùi Montfort ; il substituait enfin à ceux-ci
« les seigneurs de Monfort, de Savoye et de Bour-
gogne, qui porteront le nom et les armes des
Monfort ».
Il ne paraît pas que Charles de Montfort de
Reinex, qui avait déniché le testament de 1578,
vraisemblablement pendant les loisirs d'une garni-
son à Fossano, ait poussé plus loin ses recherches
sur la succession de ses arrière-cousins italiens.
282
DEUXIEME PARTIE
Autre généalogie manuscrite.
Cette généalogie, fort sommaire, a été dressée
à Chambéry sur les notes de M. Jean Faga. Elle
complète parfois la précédente, mais elle contient
aussi quelques erreurs. Nous croyons pouvoir les
rectifier à peu près complètement, à l'aide des
renseignements que nous avons puisés dans les
registres paroissiaux de Rumilly, Bloye, Mas-
singy et Menthonnex-sous-Clermont, et grâce à
l'abondance des documents que M. Claudius de
Mouxy de Reinex a mis à notre disposition avec
la plus gracieuse complaisance.
Ainsi que nous l'avons annoncé, nous interca-
lerons dans la généalogie les pièces assez nom-
breuses qui nous ont paru présenter un intérêt
historique ou qui fournissent quelques détails ca-
ractéristiques de l'époque.
I.
N. AiMON de Montfort, bailli de Genevois
en 1310; marié à Claudine-Jordane, fille unique
de Pierre de Cliiede ; elle teste en 1343. —
Etienne, 1325 ; — Girard, sieur de Boisy [près
Genève], ou plutôt Simon ; — Nicolette (fille
283
de Simon ?), darne de Boisy, mariée à Albert des
Clés, 1378.
IL
AiMONETTE [fille d'Aimon], mariée en 1325 à
Jacques de Monthouz, près d'Annecy.
NicoD DE MoNTFORT, chcvalier, bailli de Fau-
cigny, marié à Isabelle.... Il traita avec le comte
de Genève, en 1343, pour les biens de sa mère.
(Eurent Jacques, Pernette, Ramus, Jean, Pierre,
Hugues et Aimon.)
III.
Jacques, marié à Antoinette de La Frasse,
d'où Marguerite de Montfort, mariée à Pierre de
Monthouz.
Pernette, mariée à Nicod de Chiet, (Chuit?)
en 1344 (Généalogie manuscrite d'Allinges).
m.
Ramus, seigneur de Montfort. Le 3 mars 1340,
il transige avec le comte de Genève au sujet de
la juridiction d'Arbusigny. Marié, 1° câ ... (1) ;
2° à Catherine...., veuve de Jean de la Croix. 11
teste en 1412. (Eurent pour enfants Jacques et
lean, ci-après.)
Jean de Montfort. En 1367, il prêta le serment
ie fidélité, tant en son nom que d'Aimon son frère,
(1) La première généalogie dit : à une dame de la maison
ie Lucinge.
284
pour les biens du mandement de Charosse (Haut-
Faucigny).
Pierre, gendarme en France.
Hugues, seigneur d'Arbusigny, fit hommage
au duc de Savoie, en 1430. Marié à Jeanne, fille
d'Emeric Pignier. Il testa en 1382?. (Eurent pour
enfants .Jean etHugonin, ci-après.)
AiMON, chevalier, surprit le château de Mon-
thoux ; marié à Françoise, fille de Rolet de Thoire ;
il testa à Arbusigny, le 21 septembre 1360. (Eu-
rent pour enfants Pierre et Nicolet, ci-après.)
IV.
Jacques de Montfort [fils de Ram us de
MontfortJ, marié à Mathie, fille de Jean de la
Croix.
Jean (fils du même), marié à Nicolette, fille de
Jean de la Croix. [Jacques et Jean paraissent avoir
épousé les filles du premier lit de la seconde femme
de leur père Ramus de Montfort. ]
Jean de Montfort [fils de Hugues], marié à
Mye de Compey, fille de Philibert de Compey,
seigneur de la Chapelle (d'Abondance).
HuGONiN, fils de Hugues ; seigneur d'Arbusi-
gny ; marié à Jeannette, fille de François d'Aren-
thon ; il teste en faveur de Jean, son frère aine,
le....
285
Pierre, fils d'Aimon II de Montfort, légué (1)
par son père.
NicoLET de Montfort, fils d'Aimon, son héritier
universel ; marié à Jeannette de Menthonay, sœur
de Jacques, cardinal de Menthonay. Les Compey
héritèrent de Nicolet de Montfort de la seigneurie
d'Arbusigny , vers 143G. (Sommaire des fiefs.)
V.
Pierre de Montfort, fils de Jacques II ; ma-
rié à Jeannette de La Frasse ; testa en 1459.
Claude, fils du même ; marié à de Chissé.
NicoD de Montfort (fils de Jean qui était fils de
de Ramus) ; marié à Claudine [de] Quintal, le 9
juin 1435 ( Pour pri^ historique de la maison de
Sales).
François de Montfort, écuyer, marié : 1° à Jac-
i^ueline de Quintal, en 1416 ; 2° à Jeanne- Fran-
çoise d'Arenthon, le 10 novembre 1446 (Pour-
oris historique).
Guillemette [fille de Jean qui était fils de
Hugues]^ dame d'Arbusigny ; mariée â Jean
i'AUinges, chevalier, sieur de Coudre, le 4 juin
1470. Cette alliance a apporté à la maison d'Al-
inges la terre de Montfort, sous le Mont-Salève,
(1) C'est-à-dire exclu de la succession paternelle moycn-
lant un legs particulier.
286
et autres terres. (Généalogie manuscrite d'Allin-
ges. — [La première généalogie ajoute : Jacque-
meite et Péronneite.]
VI.
Béràrd de Montfort [fils de Claude] ; marié à
Marguerite du Saix ; il testa en 1503.
Michel, fils de François.
Jean DE Montfort [fils du même], marié, en
1477, à Guillermette, fille d'Angelon de Belle-
garde.
François (fils du même).
VIL
Anselme de Montfort (filsdeBerard?), marié
à Jeanne de Villette.
François de Montfort [fils de Jean et de Guille-
mette de Bellegarde], écuyer, marié à Françoise
de Vilguindrey, le... Fit branche en Bourgogne.
Indication des membres de cette branche (1).
VIII.
Christophe de Montfort, écuyer, gentilhomme
de bouche du duc de Savoie, Emmanuel-Phili-
bert, marié à Gasparde de Beaujeu, de laquelle il
(1) Voir, li la première généalogie, des renseignements
plus exacts et de très nombreux détails.
287
eut plusieurs enfants qui moururentsans avoir été
mariés ; mort à Bourg le 14 février 1573.
Claude de Montfort, écuyer, marié, le 11
septembre 1579, à Jeanne de Bouteclioux.
IX.
Charlotte [fille de Christophe]^ mariée, en
1612, à Robert de Montléger [Mont-Saint-Ligier].
PuiLmERT-EMMANUEL [fils du même], abbé des
Trois-Rois, etc.
Claude-René de Montfort [fils de Claude],
écuyer, capitaine d'infanterie aux terres de Bour-
gogne, marié à Georgine, fille de Philippe de
Thoire, le IG février 1603.
X.
Béatrix de m. [fille de Claude-René], mariée à
Baltazard de Bottelier, seigneur deDingy.
Henriette de M. [fille du même], mariée à
Henri-François de Dieux, seigneur de Plaison.
Louis-François de Montfort [fils du même],
écuyer, capitaine d'infanterie, marié à Béatrix de
Beaujeu.
XL
Philippe - Emmanuel de Montfort [(ils de
Louis-François], vivant en 1661 [Auteur de la gé-
néalogie précédente de 1663].
288
[Suite de la branche de Savoie.]
VIL
André de Montfort (fils de Jean et de Guil-
leraette de Bellegarde) , seigneur de Miorinaz ,
gouverneur de Nice, chambellan de S. A. (le duc
de Savoie Charles III), marié à Mye, dame de
Mionnaz. — (Voir la première généalogie.)
[André (I*^'") de Montfort était déjà gouverneur
de Nice en 1538. Il parait avoir succédé à Nicod
de Beaufort, seigneur de Salagine (1), un autre
Rumillien. Il mourut peut-être en 1556, après le
mois de mar«, époque à laquelle il était encore en
fonctions. En août 1554, il avait reçu du ministre
du duc Emmanuel-Philibert, à Verceil, la lettre
suivante :
A Monsi' De Montfort gouverneur de Nyce
et a Mons»" le collatéral...
Monsî" le gouverneur... Je suis este adverty que le
prothonotaire de Bueilet Challux son frère sen sont allez
a la court de France sans point de congié. Bien esbay
(ébahi) que suis que men ayes point donné de notice. Et
pour ce qu (trou..,) a mons'' le grand prieur ce que rae
semble fort (trou) [du] service de Monseigneur vous ne
feres faulte vous i[rouver] avecque luy et y feres la con-
sidération que sera requise. Et du succès ce me sera pjai-
(1) Château et fief ii 4 kilomètres S. de Rumilly.
289
sir destre adverty. En quel endroit me recommandant a
vous de bon cueur, prieraydieu vous donne monsieur le
gouverneur ce que vous desires . De Verceil le xijm«
d'aoust 1554.
P (?) S. — Acvertischa che quel goavcrno si la
gustisia e in le sue mane et la essequiscion corne sono
done 1* corne sera il seroicio di sua Alteza. Et e cosa
di mallo esempio chi i [vi] belli (?) stieno in que [trou
sla] corne mi... reto oltera li malli manecij chi poter-
reno reusire et cosi v. s. non manchi di provederli
corne me confido ;
d. V. s. bono amico
Amé de...
(D'après Voriginal assez détérioré.)
A Nice, André de M. habitait la maison de
Saint- Jean-de -Jérusalem. En 1539, il soutint le
duc Charles III dans son refus d'échanger, avec
François T^ le comté de Nice contre d'autres pos-
sessions (1)].
Ulrich de Montfort [fils des mêmes ; c'est
VHudric de la première généalogie], gentilhomme
du duc de Savoie, marié à Claudine de Gra[n]-
velle (2), de laquelle il eut Charlotte mariée à
Georges Duport.
[Vers 1530 il fut envoyé en mission par Char-
les III, duc de Savoie].
(1) GiOFFREDDO, Storia délie Alpi marltiime, col. 1336,
1303, 1-478.
(2) Une tante ou une sœur da célèbre cardinal Antoine
Pércnot de Granvelle.
19
290
Pierre de INI. [fils des mômes], protonotaire
apostolique (1).
Michel de M. [id..], écuyer, établi en Lorraine.
VIII.
Georges de Monfort [fils d'André et de Mie
de Bellegarde, dame de Mionnaz], chambellan du
duc de Savoie; marié en 1551 à Anne de Men-
thon-Montrottier.
[Cette branche des Montfort avait, depuis le
mariage d'André, son siège à Mionnaz. Le 10 juin
1551, jour de son contrat de mariage et de son
mariage aussi, dans la maison-forte de ce lieu,
Anne de Mentlion, en l'assistance de son mari
Georges de Montfort, cède et transporte à ses
frères Pierre et Charles de Menthon, tous les
droits qui peuvent lui appartenir sur les biens de
la famille situés dans les mandements de Faver-
ges et de Tournon en Savoie, moyennant 200 écus
d'or sol payés pour sa dot par ses frères... « Fait
et passé à Myonnaz, mandement de Clermont, en
la sale de la mayson de noble Mye de INIyonnaz,
mère du prénommé noble George de Montfort en
présence de révérends seigneurs Angellon de
Bellegarde, doien d'Annessy, Berard de Mont-
fort, Nycod de Menthon et Janus Regard, apos-
toliques protonotaires, noble et puissant Claude
(1) En 1535, Pierre de Mionnaz fait un accord avec
Claude de Mouxy.
291
de Seyterier, s'' de Pomyt (Pomiers f), Pierre de
Manessie, Jehan Portier de Charnées, Gaspard
BorgCYs, ^'i^cent Thorens, coseigneur de Rouge-
mont et François Marchand, prévost de Gene-
voys, prins pour tesmoins ».
L'acte est reçu par M® Donat Daviet, d'Alby,
notaire..]
[Nous croyons devoir attribuer à Georges de
Montfort hi lettre suivante, écrite d'Antibes, le
25 mars 1556 à André de Montfort, gouverneur
de Nice, son père :
« A MoET. Monsï. de Montfort, gouverneur de Nice.
A Nice.
Monseigi'. Jay reçeu vre Ire et a treuve fort estrange
que le capitaine pierre admirai prent aulcune chose des
biens de madame de gatieres. Je y manderes ce jour-
d'hui un home exprès pour entendre delly (de lui) sur
quelle authorite il fait cela, le procureur Rostaigny qua
este icy de vers moy a veu ce que je lui ay commande
pœsant luy (ce que fay commandé nu capitaine en
■présence du procureur) ce que me faict panser qu'il
soyt fol de en [tendre].... a faires. Monseig»' [son] conte
sera bien tost de part dessa ou je suis seu[r] quil [rece-
vra] sellon quil mérite des desoubeysances quil faict. Je
ne vous en foirois plus long propos me recommandant
sur ce a vos bonnes grâces,
priant Dieu
Monseigi' vous tienne en sancte très bonne et longue
vye. Dantibes ce xxv« mars 1556.
Vre serviteur et obeyssant hls
de monforts »
292
Cette lettre (1) indique que ce fils d'André de
Montfort avait reçu une éducation soignée. Mal-
heureusement la pièce est un peu déchirée ; le
papier a pour filigrane une oie enif ouvani les
ailes, entourée d'un cercle.
André de Montfort n'avait pas dû s'enrichir
dans son gouvernement de Nice. Le duc Charles
III, mort â Verceil le 16 septembre 1553, et son
successeur, le grand capitaine Emmanuel Phili-
bert^ étaient trop pauvres pour faire de grandes
largesses â leurs serviteurs, même les plus fidè-
les. Si donc Georges de Montfort put acquérir
des Conzié de Rumilly et Poncin, leurs deux
châteaux ou maisons-fortes de ce nom à Blo5''e et
à Ruffieux, ce fut sans doute au moyen des 200
écus d'or de la dot de sa femme, Anne de Men-
thon.
Nous allons rapporter l'acte d'achat de la mai-
son-forte de Conzié en Chautagne, près de Rumil-
ly, vendue le 22 juillet 1547 â Georges de Mont-
fort par Claude de Conzié, à qui en le mariant â
Jeanne de Bouvent, le 21 février précédent, son
père Guibert de Conzié avait fait donation de la
maison de Conzié et de tous les biens en dépen-
dants.
Une autre pièce, reproduite également ci-après,
indique que le château de Conzié, à Bloye, avait
déjà été vendu par Guibert et Claude de Conzié
(1) Archives de Mouxy.
293
à André et à Georges de Alontfort le 4 septem-
bre 1546.
Les vendeurs s'étaient, dans les deux cas, ré-
servé les meubles de leurs maisons. Bien qu'ils
eussent été inventoriés, Georges de Montfort au-
rait laissé s'accréditer le bruit qu'ils lui apparte-
naient comme les immeubles. Aussi, le 15 sep-
tembre 1549, Claude de Conzié vint-il revendiquer
ces meubles, en présence d'un notaire, dans une
scène probablement concertée entre les parties et
qui se passa devant le pont-levis du château
(pièce II).
1.
Vente delà maison-forte de Conzié a Ruffieux.
L'an de grâce courant 1547, indiction cinquiesme, et
22^ jour du mois de juillet, par la teneur de ce présent,
à ung chascung soit manifeste que es présences de moy
notaire et des témoings... S'est estably en propre per-
sonne noble Claude fils de noble Guilbert de Conzié
habitant a Poncin an bieugeoys lequel sachant de son
bon gré et spontanée volonté... vend... a noble et puis-
sant George de Montfort présent acceptant... a savoir
une MAISON-FORTE assisc en Chaustagne appelé Conzier
en la paroisse de Rufïieu mandement de Chastillon, en-
semble vignes terres prés et autres biens dependantz
de la dite maison forte jouxte et a la forme des confins
escripz et contenus en ung acte de vendition par le dit sei-
gneuL- vend(uu' et noble Guilbert de Conzié son père par
cy-devant faicte a vénérable messire Antoine Pribnard
avec leurs fonds droicts entrées cortinages et appartc-
294
nances, a avoir, tenir, gaudir et posséder par le dit noble
achepteur et les siens et d'ici en avant en faire a son
bon plaisir^ pour le prix de douze vingt écus d'or sol
coing du roy Henry et réellement receus par le dit noble
vendeur du dict noble achepteur tout en escus en pré-
sence de moy notaire soubsigné et des tesmoings, et du-
quel prix le dict noble vendeur le dict noble achepteur
et les siens en soult et quicte par ces présentes avec
pacte exprès de n'en jamais a cause du dit prix en rien
demander en jugement ne dehors et se sous ladite mai-
son-forte prés terres vignes dessus vendus en pur et
franc allod... donnant au surplus le dit seigneur ven-
deur au dit noble achepteur et es siens toutte la préval-
lence des dits biens susvendus quelle qu'elle soit tant
moderne que future par pure et entière donation qu'il a
dicte estre faicte entre vifs... l'investissant par la tradi-
tion d'une plume...
Promettant le dit noble ^Claude de Conzier vendeur
pour luy et les siens par son serment sur les sainctes
escriptures de dieu par luy es mains de moy notaire
corporellement touché et presié et soubs l'obligation de
tous et chacun ses biens meubles et immeubles...
Faict à Mionnax dans la salle de la maison-forte de
Mionnax présents noble et puissant Pierre de Mionnax
Jean Chocard de Trefïort, Estienne de la Croix, Amed
Paris et François Gresseyns, temoinge a ce appelés et
requis.
Et moy notaire Claude Arnold de Mcgeve mande-
ment de Sallanches....
295
IL
Revendication et inventaire des meubles des
DEUX MAISONS-FORTES DE CoNZiÉ.
L'an 1549, le 15 T'^^'^, devant la grand porte et pont-
levis du château de Conzié, en la paroisse de Bloye,
mandement de Rumilly, a comparu devant moi notaire
royal, noble Claude de Conzié, lequel parlant à la per-
sonne de noble George de Montfort, treuvé au dit lieu
a dit et proféré telles et semblables paroles :
« Monsieur de Montfort, monsieur de Conzié mon
« père ayant esté averty que gasties tous les meubles
« qu'il vous a laissé dans cette maison de Conzié et
{( que vous vous vanties qu'ils estoient vostres et les
(( avies acheptes et vous les voulies faire transporter a
« vostre maison de Mionnaz m'a envoyé expressément
(( vers vous en cet lieu avecque un notaire a cette fin
« de vous sommer ou interpeller, ce que ie fay presente-
(( ment au uom du sieur mon père, de vouloir prendre
(( les dits meubles tant ceux qui sont en cette maison
« de CoDzie que ceux aussy qui sont en l'autre maison
(( de Conzié assise en Chautagne que mon dit père y a
« laissé, par bon et loyal inventaire et ainsi que vous y
(( êtes obligé par le contrat de reacliept que vous avons
« octroyé a mon dit père et à moy lequel ie tiens en
(( main afin qu'en fassies lectiire receu pour M^ Rossan
(( notaire de Trepfort en Bresse le 4e de septembre
« 1546 pour garder et conserver iceux meubles et en
(( faire la restitution quand en sera besoin et requis ».
Auxquelles paroles le dit sieur de Montfort a res-
pondu comme s'ensuit :
29S
« Monsieur de Conzié ceux qui ont fait entendre à
(( monsieur mon oncle vostre père que ie gastois ses
« meubles et les voulois faire porter en ma maison de
(( Mionnaz sont des menteurs et méchants, car, Dieu
« mercy, ie ay asses d'autres meubles sans les siens ny les
(( vostres et quand a l'interpellation que vous me faistes
(( au nom de vostre père recepvoir et prendre en inven-
(( taire les meubles par devant notaire l'en suis content
(( et ie veux bien puisque par la lecture du dit contract
(( il appert que ie suis tenu et pour ce ie consens les
(( susdits meubles estre inventoriés et scavoir iceux et non
« aultres desquels déjà me suis charge par mémoires
(( escriptes par vous et par moy signés et par inventaire
(( fait à ma requeste par M'^ Jean de la Croix, curial de
(( Rumilly. »
Sur ce consentement du s'' de Montfort après estre
[entré] dans le dit château et en la salle d'iceluy a esté
procédé à la description des dits meubles.
S'ensuivent les meubles que M. de Montfort a par
inventaire du château de Conzié rière la chambre de
la tour :
lo Quatre bosses ferrées et quatre autres dans le
sertout (cellier).
Item au dit sertout deux arches l'une de chêne, l'au-
tre de sapin, et une tine à la porte du|dit serlaut.
Item à la chambre basse, deux lits un grand et un
petit faits en menuiserie, — etc.
Item, à la cuisine, deux landiers, un cumacle^ une
palette, une grande olle, une chaudière, une table et
tretaux, la poric du four de fer, un pafer (pal de fer),
une arche, un buiîet, une selle persee, un lit et couver-
ture et un landier.
297
Item à la chambre du pavillon, deux lits avec deux
couvertes, un coussin et un landier assez neuf, deux
tables, l'une carrée [avec] charriot dessoubs et l'autre
longue.
Item a la salle, une table avec deux trétaux quatre
escabelles et deux chères ;
Item à la chambre dessus la tour, trois arquebuses à
rouet avec un vieux marchebart.
Item au gallelas dessus la salle une grande arche ;
Item à la chambre derrière le pavillon, un tour pour
arbareste, une casse frissoire et cassolette, un grand per-
ret (péril, chaudron) tenant quatre seilles, deux chande-
liers un grand et un patit, deux pots d'étain tenant cinq
javelots et l'autre demi-pot.
La vaisselle. 1° Six grands plats, 8 quadrots, 1 sail-
lière, 3 escuelles plates, et les dits plats quadrots, grelots,
escuelles a oreilles et plats non rompus sinon une escuelle
plate, le tout armoirié des armes de Conzié.
Le notaire constate que les objets ci-dessus étaient
indiqués dans l'inventaire de 1546 et continue :
2 lits avec leur ciel et courtines
2 contres de plumes assez bonnes ; — 2 coussins de
plumes
2 couvertes de toile piquée ; — 2 linceuls rompus ; —
2 mantils r — 3 serviettes ; — 2 landiers de fer et un
cumacle ; — 1 paire de mouchette ; — 1 holle ; — 1 gril
de fer ; — 3 cassettes ; — 1 pot ; — 1 eschauffelit ;
1 table avec ses trétaux ; — 4 chères de noyer ; 1 coffre
de no3er ferré a la clef ; 1 lavemain ferré dessoubs à la
clef ; — 2 casses assez bonnes ; — 1 escabelle de noyer ;
— 7 pots d'étain ; — 3 chandeliers; — 1 coquemard ; —
298
1 grand bassin et 6 petits ; 1 pouz à cbapler herbes
(planche à hacher) ; — 1 chassie de fenestres ; —
1 chaudière tenant une seille ; — 2 braiselettes ; —
1 grand pot de mestail — 1 mort de cheval ; — 1 escrip-
toire.
Troisième inventaire : 1 lavemain de bois et armoire
d'iceluy, 6 grands plats, 6 escuelles plates, 5 escuelles
creuses a oreilles et 2 savogerets et grellots, 9 assiettes;
— le tout d'estain.
En Chautagne : 1 coultre , 1 putyère , 3 couvertes,
3 linceuls, — 1 grande oUe et 1 petite ; 1 grand pot et
1 petit ; 1 bassin a brassier et 1 pour la scelle ; 1 poche
et 1 escumoir ; 1 casse et 1 hotte, 1 rosaine ; — 1 selle,
I ramot, 1 corne de cerf, 2 taravelles ; — 3 quattre fines
ensemble le broge (ou troge) garni ; — 1 grand seillier,
II grandes bosses, 2 petites et 1 seytier : 4 cornues et 3
gerles, 1 emboyaux de bosse, 2 grappes, 1 david, 1 ra-
clouz, 1 deloire.
De tout quoi Mr de Montfort déclare se charger pour
en rendre compte en temps et lieu comme de raison, en
présence de M"' Pierre Vertier prêtre de Rumilly, de
Claude Fauge de S*- Félix, etc. —
Le 17 mars 1558, n. Georges de Montfort, sei-
gneur de la Calie ? et seigneur de Conzié, alberge
à un notaire de Saint-Félix (1) un demi-journal
de terre obtenu par écliute en vertu des reconnais-
sances de la seigneurie de Conzié.
(1) Commune limitrophe de Bloye.
299
Le 29 janvier 1564, Georges de Montfort. sei-
gneur de Consy (Conzié) et de Mionriaz. reçoit
deux livres de terriers, à Cliâtillon en Chautagne,
du mandataire de Charles de Seyssel, baron d'Aix.
Le 21 mars 1573, Jeanne de Bovent, ou Bo-
vand. veuoe de Claude de Conzié [de Poncin (1)],
remet à Georges de Montfort un grand nombre
de titres de la maison de Conzié. (Voir plus loin,
a la troisième partie : Les Conzié.)
Le 3 janvier 1578 (2) dans la maison de Geor-
ges de Montfort à Conzié en Chautagne, celui-ci
transige avec Marin de Conzié fils de Claude et
de Jeanne de Bovant, sa veace, sur un procès qui
s'était élevé entre cette veuve et Georges de
Montfort, lequel est dit, dans l'acte, escuyer du
lieu de Clormont en Genevois].
IX
Amé ou Aimé de Montfort, et de Mionnaz,
marié à Michel le de Cerisier, ou Cirizier. [Le 28
janvier 1640, mort à Mionnaz, d'Ame de Mont-
fort, seigneur de Mionnaz et de Loblaz. R. P.J
Marin de Montfort ; teste le 23 mai 1574 ;
[mort le lendemain ; 1'® généalogie].
[Dans son testament, il se dit fils de feu Georges de
Montfort et d'Anne de Menthon, à qui il donne l'usu-
fruit de tous ses biens.
(1) Poncin, dans le Bugey, entre Pont-d'Ain et Nantua.
(2) On lirait plutôt 1568.
300
11 lègue à chacune de ses sœurs, Orionne, Philiberie
et Suzanne, cent florins ; — à Mye, fille donnée de
Pierre de Montiort, 60 florins outre une robe de drap
de Paris valant 12 florins l'aune, et une cotte de sarge
de même, valant 8 florins l'aune ; — à Jehan Laurens,
prêtre, 30 florins pour faire une robe et acheter un bon-
net carré ; — il fait de petits legs aux serviteurs et aux
deux chambrières ; institue héritiers universels ses frè-
res, Amedj Claude, André e[ Charles.
Il les charge : & de faire construire une chapelle des-
sus la grande porte en ceste sienne maison de Mycnnax
pour en icelle estre faict le divin office et y célébrer deux
messes la semaine pour le remède de l'âme du dit tes-
tateur et de ses prédécesseurs et successeurs, et laquelle
chapelle les dits héritiers seront tenus doter de 5 cou-
pes de bled mesure de Clermont, à la charge que le
recteur d'icelle sera prebtre souffizaut pour faire le dit
divin office ». ]
Orionne ou Ennemonde de m., religieuse à
l'abbaye de Sainte-Catherine, dès avant 1578.
Philiberte de m. ; — Suzanne de M.
IX
André 2""^ de Montfort, sieur de Conzy; marié
à Mye, fille de François de Mannessy , sieur des
Combes, à Quincy (1) et de Marie du Cliastel (2).
[Le 13 août 1578, il teste ainsi :
(1) Quincy, paroisse de Chilly, ou le chùte<au de Qaiucy
existe encore. Il y a un autre Quincy dans la commune voi-
sine de Sillingy.
(2) Mai'ie du Chastel testa le 16 décembre IGS'î et mourut
le même mois.
301
André de Montfort, fils de feu n. et p. Georges de
Montfort de Mionnax, en pleine santé et sur son départ
pour aller en guerre au pays de Flandres, fait son tes-
tament, reçu par le notaire Curtet; — il veut être en-
terré dans réglise de Menthonnex s'il meurt chez lui ;
— lègue l'usufruit de ses biens à sa mère Anne de
Menthon ; — cinq florins à sa sœur Ennemonde reli-
gieuse au couvent de SainLe-Catlierine ; — à ses autres
sœurs Philiberthe et Suzanne cents florins pp. payables
à leur mariage ; — institue héritiers universels ses frères
Amé, Claude Qi Charles, les substituant les uns aux
autres ; « et cas advenant que l'un de ses dits frères vint
à vendre et dissiper iuduement ses biens, contrevenant
à Dieu et à raison, de manière qu'il en fut reprins par
justice il le dejette et prive de ses dits biens et en insti-
tue héritier ses dits autres frères sages^ bien vivants et
de bonne conversation et renommée. ))
(( Fait et récité au dit Mionnax, devant la grande
porte de la maison-forte du dit lieu. » ]
Nous ne savons si André de Montfort se rendit
en Flandre. S'il y est allé, il était déjà de retour
à Mionnaz en juillet 1580. Depuis lors, il ne sem-
ble pas qu'il ait quitté le pays. Comme à son frère
aine, on lui donne le titre d'écui/er, remplaçant
le mot latin miles.
Il vivait encore en avril 1G08; était décédé
avant juillet IGIC]
Claude de Montfort [cité aux testaments de
ses frères.]
[1578,17 juin, à Turin. Saufconduit accordé par
302
le duc Emmanuel Philibert à nobles Amed et
Claude de Montfort et Pierre de Menthon, sei-
gneur de la Balme, ci-devant détenu (Amed de
Montfort l'était encore) pour avoir reçu et logé
quelques soldats étrangers, ayant reconnu qu'ils
étaient pleinement innocents de cette accusation.
(Archives du Sénat de Savoie, registre desEdits,
etc., n°19, folio 42 v°) ].
1580, 13 juillet. Les frères Claude, André,
Charles et Amed (celui-ci représenté par un man-
dataire) donnent hypothèque à leur mère Anne
de Menthon, sur leur maison-forte de Conzié, à
Bloye et sur la rente d'Alby, Charansonnay, etc.,
acquise de feu n. Pierre de Mionnaz et de sa fem-
me Nicolline de Menthon, par André de Mont-
fort et Georges, son fils ; ils donnent encore hy-
pothèque sur leur pari de la maison de Montfort
au lieu de Chièdes, paroisse de Passy en Fauci-
1580. Procès entre la veuve de Georges de
Montfort, Anne de Menthon, ses fils et ses filles
Ennemonde et Suzanne, contre Antoine-Marin de
Conzié, dit de Bolomier, demandeur en action
rescisoire.
159G, 5 août. Echange de rentes féodales entre
Bérard de Pingon, baron de Cusy, et Amed et
André de Montfort, feu Georges, seigneurs de
Mionnaz et de Ci/si/.
1597, 23 mars. Transaction entre n. Claude Goy
de Saint-Agnès et Amed et André de Montfort.
303
1607, 14 avril, à Seyssel. Promesse de tran-
saction entre Antoine de Conzié et Amed et André
de Monlfort et de Mionnaz. Le premier promet
aux seigneurs de Montfort de leur abandonner
tous les droits qu'il peut avoir sur la maison-forte
de Conzié à Bloye et en Chautagne pour le prix
de 4.000 florins, outre cent ducatons de drôlerie
ou drolière (ôtrennes).
1608, 10 avril. Amed et André de Montfort
sont sommés, au nom dem*"® Sylvestre de Saluce,
abbé d'Hautecombe, de reconnaître les redevan-
ces féodales dues par leurs biens de Conzié se
m ou vans de l'abbaye.
C'est â l'un de ces deux frères, Amé et André
de Montfort, que doit se rapporter cette sauve-
garde du 15 février 1598 :
(( Charles Emmanuel etc. Scavoir faisons que dési-
rant singulièrement aux maysons et biens de nos prin-
cipaulx gentilshommes nos vassaux soit porté le respect
qu'il convient à leur qualité et qu'en iceux ne soient
prins enlevé aulcune chose ny commis acte d'hostilité.
A GESTE CAUSE en considération de la qualité et mérite
du s'' de Montfort et de Myonnax et à l'affection qu'il
adémonstré en nostre endroit par les services qu'il nous
a rendu en plusieurs occasions d'importance nous avons
prins mis et reteneu, prenons, mettons et retenons sous
nostre protection et sauvegarde spéciale iceluy s^" de
Montfort et sa famille, serviteurs, domestiques, fermiers,
rentiers et grangiers, ensemble ses chasteaulx, maysons,
granges, possessions et biens a luy appartenants avec
304
tout ce qui en peult despendre et niesnie les biens qui
sont assiz au village de Doucy, paroisse de Menthonex,
mandement de Clermont en Genevois, défendant très
expressément a tous chefs, collonels, capitaines et con-
ducteurs de gents de guerre tant de pied comme de che-
val, soldats, et aultres qu'il appartiendra notamment a
tous receveurs commissaires sasdicts et habitants du
dit Doucy de prendre, enlever ny fourrager... meubles,
■vin, graines, pailles... qui sont aux dits cbasteaulx,
maysons... sous peine contre les chefs de nostre indi-
gnation et d'esttre les susdits prins et chastiés corporel-
lement, moins donner aulcune incommodité et fascherie
a ses grangiers et serviteurs.
Données à Chambéry le quinze febvrier mil cinq cents
nonante huict. Signé ; C. Emanuel. )) ]
Pierre -Aimé de Montfort [lils d'Aimé],
écuyer, seigneur de Montfort, de l'Hoblaz (1) et
de Mionnaz, baron de Crète, en Genevois (2) ;
marié à Françoise de Lucinge, dame de Montro-
zard en Bombes, ou Montrozat. Elle apporta cette
seigneurie c\ son mari. (Nous n'avons pas trouvé
la preuve de cet apport.)
[Pierre-Aimé de Montfort est né à Mionnaz et a
été baptisé à l'église de Saint-Georges-de-Men-
thonnex-sous-Clermont, le 26 août 1G18 ; il eut
pour marraine Aimée de Cirisier, religieuse à
Sainte-Catherine (R. P.), et sœur? de Pernetto
(1) Ou mieux Lohlcu, fief à Chaumont en Genevois.
(2) Creste ou Crête, petit hameau de la commune de
Versoiinex, à 12 kil. N. environ do R., au S.-O. de Mionnaz.
Voir plus loin la notice sur le cliàteau de Crète,
305
de Cirizier. abbesso de ce monastère en 1622 (Ij.
Sa femme, n. Françoise de Lucinge des Aly-
mes ou des Alimmes, mourut veuve, à Seyssel, le
13 juillet 1688, et fut ensevelie à Menthonnex,
« dans le tombeau de la maison de Mionnaz ».
(Reg. paroissiaux de Menthonne.\.)
Le 22 octobre 1G78 Pierre- Aimé de M., seigneur de
Mionnaz, Loblaz, Cohendier, les Sauterens, baron de
Creste, fait son testament.... il lègue à son fils Hyacinthe
2000 ducalions lorsqu'il achètera quelque charge, ou
pour le dégager en cas qu'il devienne prisonnier en
quelque lieu. — à Françoise-Michelle, Anne-Clau-
dine, et Jeanne-Françoise ses filles, 4000 ducatons si
elles se marient ; 2000 si elles se font religieuses, — à
Françoise et Michelle-Catherine ses filles, religieuses
de la Visitation de Rumilly, 9 florins ; — à Marguerite,
femme de n. Alphonse de Berthier, seigneur de Saint
Vincent, 10 florins outre sa constitution dotale ; à B^ran-
çoise fille de n. Joseph de Rides et de Marie de Montfort
10 fl ; à Jacques-Joseph de M., son fils, 4000 ducatons
pour lui acheter quelque charge ou terre, lorsque sa veuve
ou son héritier universel le jugeront à propos ; jusque là
ils lui payeront une pension de 200 ducatons ; — institue
liéritier universel son fils Charles-Emmanuel, lui sub-
stitue Jacques-Joseph et à celui-ci, Hyacinthe. . .
Fait dans la maison forte de Mionnaz en présence de
n) Voir notre Histoire des abbayes de S aiate-C atheriiie
et de Bonlieu, p. 74, 75, 81, 83. Los religieuses de ces cou-
vents allaient assez souvent faire de longs séjours dans leurs
familles ; c'est ainsi qu'Aymée de M. put être marraine à
Mionnaz,
20
306
Mres Henri Pépin, curé de Veillèro (Vallières). François
Fiévet, curé de Versonnex, spectable Antoine Besson,
docteur-médecin de Seyssel et un apothicaire du nnéme
lieu. (Archives du Sénat de Savoie; E dits. Bulles;
Registre 54.)]
[P. -A. de Montfort est qualifié de gentilhomme
ordinaire de S. A. R. dans une transaction du
G août 1680 entre sa veuve et son fils aine.
Le 4 janvier 1643, au château de Mionnaz, il
avait ratifié la transaction du 27 août 1618 entre
son père et son oncle Maurice et ce, dit-il, pour
confirmer l'amitié et union qui sont entre lui et
ses cousins, les seigneurs de Montfort et de
Conzié.
Pierre-Amé de Montfort, seigneur de Mionnaz,
de Loblaz, baron de Creste, avait donc pour
enfants :
Françoise, ou en religion, Fi^ançoise- Inno-
cente, déjà professe en 1660 à la Visitation de
Rumilly, décédée à son couvent en 1692.
Caiherine-Michelle , religieuse au même cou-
vent, y fit profession en 1678 ; élue supérieure le
29 septembre 1712, elle y mourut le 10 juillet
1714, à l'âge de 54 ans. Elle avait fait commencer
les travaux de l'église du monastère et son nom
est gravé sur la pierre commémorative de cette
construction (1).
(1) Croisollet. Extrait des Annales de la Visitation de
Rumilhj, au t. XXII des Mémoires de la Société savoi-
sienne d"Jiistoire. — Le vaste clos do la Visitation de Ru-
307
Marie, qui, le 21 octobre 1765, épousa noble
Joseph de Rides, chevalier des S S. Maurice et
Lazare, et mourut le 5 juin 1673 dans la maison
de son père.
Michelle ou Michelle-Françoise , née à Mion-
naz le 30 septembre 1663, eut pour parrain et
marraine son frère Charles-Emmanuel et sa sœur
Marie ; elle épousa, le 18 octobre 1682;, à Mionnaz,
noble François-Marie Carreli, maître des requêtes
à la Chambre des comptes de Savoie (R. P.).
Une autre fille prénommée encore Françoise,
née probablement le 25 septembre 1667 ou le 18
avril 1668. Dans le second cas, la même que Jean-
ne-Françoise, dont les cérémonies du baptême eu-
rent lieu le 23 juillet 1668 (R. P.).
Hyacinthe, sur qui le testament du père mon-
tre que ses parents comptaient peu ; Charles-
Emmanuel et Jacques-Joseph.]
[Pierre-Amé de M., seigneur de Loblaz avait
épousé Françoise de Lucinge. II s'était sans doute
réclamé de cette alliance auprès du duc de Savoie,
Charles-Emmanuel II, afin d'obtenir de l'avance-
ment pour un de ses fils, pour Hyacinthe peu^t-
être. Il reçut la réponse suivante :
millyost occapè actuellement par le collège et petit sémi-
naire qui compte 200 élèves dont 150 internes. 11 n'y reste
que j)ou de traces de l'ancien monastère ; l'église, ])ien que
consacrée en 1719 seulement, a complètement disparu.
308
A ni'e très cher bien amé et féal le vassal de Montfort
à Chambéry.
Le duc de Savoie, etc.,
Très clier bien amé et féal. Comme ce n'est pas notre
inlention que les officiers qui servent dans le régiment
Royal de cavallerie du Prince mon fils soient privés des
emplo3'S auxquels ils ont droit de prétendre lorsqu'il y
en a quelqu'un de vacant, nous escrivons au marquis de
Lucinge de nous envoyer une notte distincte de tous les
officiers de ce corps selon leur rang et ancienneté et
lorsque nous l'aurons reciie si vostre fils doit estre avancé
vous pouves estre asseuré qu'on luy fera justice. Vous
connoistres en cela l'estime que nous avons pour vous et
pour toute vostre famille, et nous vous en donnerons
d'autres marques a mesure que les occasions s'en pré-
senteront. Ce que vous nous représentés cependant par
vostre lettre du 21 du passé nous a esté agréable. Et
n'ayant rien de plus a vous dire pour response nous
prions Dieu qu'il vous aye en sa sti^ garde. De Turin ce
9° mars 1674.
Signé C. Emanuel. (Arch. de Mouxy.)
Marguerite de M. fut mariée le 7 février 1667
à Alphonse Bertier de Saint- Vincent (1).
Anne-Claudine ou Claudine, baptisée le 29 sep-
tennbre 1665, à Mentlionnex (R. P.), mariée dan.s
la chapelle du château de Mionnaz le 1°'' août 1689
avec François de Bouvans, seigneur de Chàtillon,
de Musinens et autres places; l'un des témoins est
Claude-François de la Fa verge, seigneur de
(1) De Crempigny, paroisse au nord de Mionnaz.
309
Bevy (1). Mgr d'Arenthon d'Alex, évêque de
Genève à Annecy, avait commis pour célébrer le
mariage « Rd seigneur de Pezieu, prieur de Chêne
et abbé dans l'ordre de Saint-Benoît (2). »]
XI
Charles-Emmanuel de Montfort, deMionnaz,
baron de Crête, etc. [Après la mort de son père,
il fut sur le point d'avoir un procès avec sa mère
Françoise de Lucinge des Allimes. Grâce à l'in-
tervention de Melchior de Livron^ seigneur de
Marlioz (près Frangy), chevalier de Saint-Jean
de Jérusalem, et de Gaspard-Joseph de Ballon ;
les parties transigèrent à Mionnaz, le 6 août 1680.
La veuve de Pierre-Aimé de M. déclara qu'elle
s'adresserait au curateur de la succession de sa
belle-mère Michelle de Cerisier pour obtenir le
paiement d'un legs qu'elle avait reçu de celle-ci,
la succession de cette dame n'ayant été acceptée
ni par son fils Pierre-Amé, ni par son petit-fils
Charles-Emmanuel ; — qu'elle tiendrait compte
à son fils de la moitié des dots payées à Marie-
Charlotte, femme du sieur de Riddes et aux deux
visitandines de Rumilly (400 livres â chacune).]
XI
Jacques Joseph, fils de Pierre- Amé et de
Françoise de Lucinge [n'est autre probablement
(1) En 1G85, on voit un noble de Bevy, soigneur de Mont-
pon. La Faverge et Bevy, petite nobles de Ci'empigny.
(2j Abbé des Bénédictins de Nantua.
310
que Jacques-Gaspard de Montfort, seigneur do
Loblaz, chanoine du chapitre de Saint-Pierre de
Genève à Annecy, en 1642, grand- vicaire et officiai
de l'ëvêché de Nice ( Ch. Mercier op. cit. p. 314 et
319(1). En 1047, on le trouve curé de Saint-Eusèbe
au mandement de Rumilly ; il prête 42 florins à
son fermier pour acheter des boeufs afin de cul-
tiver la terre de la cure ; le 27 avril 1663, il avait
été désigné comme devant être l'un des adminis-
trateurs du séminaire que l'évêque Jean d'Aren-
thon voulait instituer ;\ Annecy. En 1667, 1668,
nous le trouvons parfois qualifié de grand vicaire
d'Annecy.
Nommé prévôt du chapitre d'Annecy, le 1*^''
avril 1675, il mourut le 20 du même mois. Son
portrait existe à Annecy, à la bibliothèque du
Grand Séminaire, dans la cjalerie des Prévôts du
Chapitre. On lit sur la toile cette inscription :
Iacobus de Montfort de Loblas, prœpositus,
disciplinœ ecclesiasticœ ;;elantissimus. Sedit
per diem. Obiit 20" aprilis 1675. (François
Mugnier, les Evoques de Genève- Annecy , p. 117,
118, 327.)
Le 25 septembre 1650, il vend à noble Charles
de Pilly des terres à Motz en Chautagne pour
payer une dette envers le couvent des Augustins
(1) Cet auteur, p. 3i'J, indique encore un Charle-i de
Moidfovt de Loblcu comme chanoine du même chapitre le
1=' avril 1G30.
311
de Seyssel, représenté à l'acte par le P. Jean
Cosme, vicaire général de ce couvent.]
Nous trouvons de lui deux pièces importantes.
La première est la minute d'une supplique qu'il
adresse au Duc de Savoie pour le maintien de
privilèges nobiliaires en sa faveur et en celle de
son frère Charles-Emmanuel. Le second est une
lettre assez verte à l'un de ses cousins de Conzié.
1
A S. A. R.
Supplient en toute humilité ses très humbles et très
fîdelles sujets et vassaux les sieurs de Montfort et de
Loblaz et disent : que v, A. R^*^ ayant accordé au
Si' de la Forest l'usufruit dans son mandement de Ru-
milly (1) en l'année 1660 en considération de la con-
version de sa famé à la foy catholique, la Chambre
des Comptes par son arrest qui en vérifia le don excep-
ta les Geniilshommes leurs biens et leurs domestiques
de la juridiction d'iceluy et les réserva à celle de S. A.
R^**, soit de son juge-maje.
Le dit sieur de Rumilly ayant prétendu que cette
exception des biens des Gentilshommes ne s'entendrait
qu'au civil seulement et non point au criminel : et celle
de domestique n'afïecteraii que ceux qui servent les
personnes des Gentilshommes et non pas. ceux qu'ils
tiennent dans leurs maisons pour cultiver et faire va-
valoir leurs biens, a donné naissance par cette préten-
tion à des différences et des divisions qui prenant tous
(1) Rumilly-sous-CornilIon, i^rès de la Roche.
312
les jours de nouveaux accroissements peuvent avoir des
suites funestes entre leurs familles et celle du S^" de
Rumilly, s'il n'en est pourveu par l'autorité de S. A. R^-^
qui seule peut dissiper et en tenir la source et à laquelle
ils recourent comme à leur unique espérance après
D fieu] aux fins :
Qu'en conservant aux Gentilsbommcs la liberté pour
laquelle ses serenissismes prédessesseurs ont rendu
tant d'editz et d'autres si glorieuses marques qu'elles
remplissent le cœur de leurs sujets et aussy des estrangers.
Or pour redonner la paix et le calme aux gentils-
hommes qui ont du bien dans le dit mandement de Ru-
milly pour le moins de ceux qui y ont des maisons-for-
tes qui ne sont que trois en nombre dont deux sont desja
infeudees à la 3*^ qui est celle de Cohend [ier] a cette ré-
serve [faite] anciennement par le prince pour le comté de
Genevois, V. A. Rie : l» Daigne déclarer qu'elle entend
que l'exemption des biens des Gentilshommes soit pour
le criminel aussi bien que pour le civil : et celle de leurs
domestiques autant pour ceux qui demourentdans leurs
biens en leur absence pour cultiver et faire valoir leurs
biens que pour ceux qui servent leurs personnes des
présens ou habitans en la dite ville ;
2o Qu'il plaise à V. A. Rie pour donner plus de paix
et de tranquilité aux suppliants de transporter ce qu'ils
ont de juridiction sur les personnes de leurs hommes
habitans rière le mandement de la Rochette sur ceux de
leurs doomestiques grangers et habitans en leurs mai-
sons pour en cultiver les biens sur partie desquels ils
ont déjà justice par diverses conventions faites à leurs
autheurs par les serenissismes prédécesseurs de V. A.
Ri'3 en considération des services rendus à leur cou-
ronne.
313
3" qu'il plaise à V. A. Ri"^ de réunir sur les biens
et... des roturiers les plus... [rapprochés?] de leur
maison forte de Cohend [ier] desquels... de juridic-
tion personnelle et réelle dans les mandements de la
Roche et de Rumilly en outre des concessions susdi-
tes lesquelles il relascheront en eschange à V. A. W^
pour éviter les embarras qui leur peuvent venir d'avoir
plus de moyens de conserver par ceste union une mai-
son de la conservation de laquelle [dépend ?] celle des
villages qui sont audessous et de leurs territoires et pour
les autres raisons celles aux mémoires cy-joints sur les-
quels elle est très humblement suppliée de vouloir ré-
fleschir et agréer leur équité et ils donneront outre le
reâchement cent ducalons pour une fois à V. A. R'« et
prieront tousiours Dieu pour la prospérité de sa Royale
personne et celle de Monseigneur le prince de Piémont,
implorant sa bonté et sa protection.
Signé : J. de Montfort, suppliant.
Dans la lettre suivante le chanoine J. de Mont-
fort relève vivement et d'une façon pleine de di-
gnité des récriminations auxquelles l'un de ses
cousins, probablement Jacques-Aimé de Mont-
fort, seigneur de Conzié, s'était livré après une
transaction qui l'obligeait à remettre aux frères
de Montfort de Mionnaz et de Lablaz des biens
dont il s'était cru quelque temps le propriétaire
définitif. Par cette transaction en date du 27 juin
1G88, Jacques-Aimé de Conzié s'obligeait à exé-
cuter la sentence arbitrale [prononcée le l''^ octo-
bre précédent par l'évèquc de Genève-Annecy
entre lui et le chanoine son cousin, c'est-à-dire à
314
permettre à celui- ci, qui avait renoncé à la succes-
sion de son père, de faire évincer les acquéreurs
auxquels Jacques-Aymé avait aliéné des biens
substitués par Anne de Menthon et son aïeul
Georges de Montfort, en sa faveur ; Jacques-Ay-
mé, dit l'acte, étant , à cause de son infirmité, in-
capable d'en rendre possesseur son cousin de
Montfort de Loblaz.
f W Jésus en Marie
Axineci, lo 20° décembre 1668.
Monsieur,
Je dois response a v« (votre) lettre des 7*^, 13^ et 14°
de ce mois par laquelle oubliant ce que vous deves a
Dieu et a la vérité vous me charges sans sujet d'ou-
trages et de calomnies après avoir donné tous les soins
qui m'ont été possibles a vos satisfactions avecque toute
la cordialité des plus sincères qui aye iamais esté parmy
les personnes qui font une véritable profession d'iion-
neur. J 'épreuve par la présente de ce que m'ont prédit
ceux qui vous cognossoit mieux que moy et la satisfac-
tion que mon frère et moy deviens attendre de vous
après que nous vous aurions rendu tous les services qui
nous seroit possibles.
Vous m'y reprochez entre autres d'avoir uzé de bri-
coles (1) avec vous de UK^scognesçance pour l'amour et
la passion que vous avez eu pour moy au préiudice de
ve femme et de vos enfants.
(1) User de bricoles, user de voies trompeuses et dé-
tournées.
315
Vous me menassez que vous vous plaindres de moy
et de mes cruautés en toutes compagnies et rencontres.
Vous diies que vous ne voudries pas parcstre devant
Dieu et devant le monde chargé des iniustices que ie
vous ay fait. Et que vous porteres vos plaintes au Sénat
des vexations que vous receves de ma part. L'on m'y
écoutera et l'on m'y trouvera, aydant Dieu, innocent de
vos accusations. Et on ny aura pas encore oublié le ser-
vice que ie vous y rendis le mois de février passé, si
bien vous n'en aves plus de resouvenir ny de ressenti-
ment d-3 ce que iy (j'y) souffris de peine et de frais pour
vous y maintenir le bien de v^ fis.
Pour repondre aux bricoles dont vous me chargés
sans sujet, je n'ay rien mesnage avecque vous pour mes
interests quavec une entière franchise je vous fis prier
d'une amiable (1) pour mes droicts, par IVD' de Luize
il vous escrivit [unel(^ttre] qui portoit le fondement de
mes prétensions. Mons. le baron de Pezieu (2) vous en
pria de ma part, je vous en priayjmoymesme en cette ville
et ie vous portai enfin mes prières a Conzy.Une année et
davantage s'est escoulee jusques a l'assemblé qui nous
a réglé sur mes pretensions dont vous aviez le roole, et
mesme des copies eu main d'une partie des tiltres sur
lesquels elles sont fondées. Vous avés acquiescé a la
sentence qui nous a réglé : vous n'avez pas mesme
voulu d'autre arbitre que celui qui l'a rendue et vous
l'en avez prié devantque moy (3) et sans que ie vous l'eusse
proposé, et madame v" femme lui témoigna par sa lettre
(1) D'une amm^/c composition, — d'une transaction.
(2) Franc;ois de Pezieu, baron de Salagine, marié à Clau-
dine de Blonay, mort à Rumilly, le 19 décembre 1674.
(3) Decaid que mol ; avant moi.
316
l'agreeraent au choix que vous en aviés fait pour nous
sortir d'affaire, et tout ce qui s'est passé en suitte entre
vous et moy n'a esté qu'en conséquence de v« juste
acquiescement a icelle. vous ayie [ai-jej demandé plus
que porte cette sentence.
Quant a la mecognoisseance de l'amour et de la pas-
sion que vous dites avoir eu pour moy au préiudice de
ve femme et de vos enfants ; j'ay receu avec recognos-
ceance et toule la gratitude possible ce que vous aves
fait avecque iustice et qu'elle vous obligeoit en cons-
cience en me relaschant un bien que vous ne pouviez
pas posséder en bonne foy non plus que vos enfants et
tous ceux qui l'auroient hu de vous.
Que si vous n'avancés que la vérité es compagnie ou
vous parleres de moy je n'y passerai iamais que pour
une personne sans reproche quoy que par vos fausses
suppositions vous travaillez a vous mettre a couvert du
tort que vous aves de moy et du blasme que les gen-
tilshommes donneront à ve procède a mon endroit.
Pour ce qui est de Dieu ie me sens criminel devant
luy et ie crains sa iustice formidable, mais si n'estoit
qua cause des iniustices dont vous m'accuses, j'y pares-
trois avec beaucoup d'assurance.
Pour ce qui est du monde j'y suis Dieu merci sans
reproche et je ne craindrai jamais de sousmettre tout ce
que j'y fais avec vous a l'examen le plus sc^vere de toutes
les personnes ecclésiastiques ou séculières qui possèdent
les qualités nécessaires pour en porter un solide iuge-
ment ce que vous n'oseries jamais faire, m'avancer de-
devant eux ce dont vous me chargés par v^ lettre sans
y estre de rechef condamne, ce que ie dis avec une en-
tière assurance et ic vous prie de le bien remarquer.
Vous n'y oseries avancer aucune proposition que je
317
vous aye faite pour vous surprendre et vous perdre
ainsy d'honneur et de bien ; jay ménagé ve honneur
avec autant de soin que le mien propre : pour vos biens
pouves-vuus treuver mauvais que ie vous aye demande
raison en amiable des droits que j 'a vois sur iceux après
que vous avies sceuque mon propre frère ne l'avoit faite
sur ce qu'il en possède de sujets aux mesmes droits sur
lesquels esloient fondes mes iustes pretensions.
Que si vous désirez la continuation des effets de l'a-
mitié que mon frère et moy vous avons accordé si géné-
reusement ne vous despartés pas de la correspondance
que vous y deves et que vous nous avies promise si
solennellement et que cependant vous aves abandonné
sans sujet jusques a abuzer par des emportements ca-
lomnieux de la modération et du respect que ie dois a
mon caractère que ie vous prie de considérer mieux que
vous n'avés fait afin que jaye sujet d'estre toujours
Monsieur,
vostre très humble serviteur,
I.-G. DE MoNTFORT, p^'e ind. (prètve indigne).
En 1679, les trois fils de Pierre-Amed de M.
de Loblaz, qui sont appelés Joseph (le chanoine),
Charles-Aymé et Hyacinthe, sont cités par leurs
cousins de Bloye, en garantie dans le procès in-
tenté contre eux par Claude deConzié deBolomier.
X.
Maurice de Montfort^ seigneur de Conzié,
fils d'André de M. et de Mye de Manessy.
En 1610, il constitue déjà un procureur pour
plaider à Chambéry devant le Sénat do Savoie.
318
Vers 1615, un procès s'engagea entre Pierre-
Amé, seigneur de Montfort, de Mionnaz et de
Loblaz, et Maurice de Montfort, fils à' André, à
raison, serable-t-il, de la substitution établie au
testament de Marin de Montfort, On allait jus-
qu'à contester la validité du mariage à! André de
Montfort, père de Maurice, avec Mye de Man-
necy.
Amô de M. avait obtenu de faire une enquête
close à ce sujet ; elle n'était pa^ encore ouverte
lorsque, le 27 août 1618, les parties transigèrent.
La transaction fut homologuée par arrètdu Sénat
de Savoie du 29 février 1620.
Il fut convenu dans cet acte que Maurice de
Montfort et sa mère (Mie de Manecy vivait donc
encore en 1620) relâcheraient à Anié de M. la
rente qui dépendait anciennement de la maison-
forte de Mionnaz, et lui en remettraient les terriers
avec la paisible possession de la vigne et d'un
journal de terre, lieu dit e« Ccdaniont, àRuffieux...
« moyennant quoy ledit Maurice sera reconnu
comme fils naturel et légitime dudit André, et
portera le nom et les armes de Montfort avec
l'adjonction de celles de seigneur de Consy, qu'il
aura la pleine propriété de la maison-forte de
Consy, à Bloye, près Rumilly, la maison, pres-
soir, meubles, vignes et terres de Rufilieux, sauf
celles dites en Calamont. » On règle ensuite l'or-
dre des substitutions pour le cas de décès sans
enfants mâles, dans l'une ou l'autre branche. Puis
319
« demeureront tous procès assoupis et terminés ;
néantmoins demeurera l'enquête faite par le dit
s'" de Montfort cachetée, de laquelle il ne pourra
se servir ni les siens qu'en tant seulement que
le dit sr de Consy et les siens voudraient contre-
dire à la dite sentence arbitrale... »
Le 19- janvier 1620, Maurice de M. épousa
Suzanne, fille de feu Marinde MigieuouMingieu.
Le contrat estpasséau château de Malagny (1),
appartenant au seigneur Jacques de Monthou,
baron de Confignon, seigneur de Beaumont, Ma-
lagny, etc.. en présence d'Amed de Montfort,
oncle de l'époux, noble Ciprien du Port, etc. La
future signe : Su^^anne de Migeu.
Le 4 septembre 1622, au château de Pingon, à
Cusy (2), Maurice de M. achète de Bérard de
Pingon, seigneur de Cusy, la rente féodale appar-
tenant à celui-ci dans les mandements de Ru-
milly, Salagine et Montfalcon, pour le prix de
1.200 florins et deux doubles d'or de « drolieres «^
le tout payé comptant.
Le 8 juin 1625, Maurice de M., accompagné
d'un notaire, se rend à Quincy, et, arrivé près de
la maison de Jean-François de Manessy, sieur des
Combes, interpelle ainsi son oncle :
(1) Commune de Viry en Genevois.
(2) Au bord du Chéran, rive gauclie.
320
« Monsieur, je suis icy venu avec Baussan no-
ce taire, tant de ma part que de dame Mye de
« Manessy, ma mère, pour vous sommer, comme
« je vous somme, de satisfere aux promesses et
« traités entre vous et moy le 15"''' mars dernier
« en l'an 1G23, ce faisant qu'ayés à me payer dans
(( 8 jours prochains la somme de 1.200 florins
(( et à faulte de ce fere je proteste contre vous de
« tous despends, dommages et intérests, et de
(( pourvoir ainsi et comme je verrai afferro par
« raison. »
Maurice de Montfort mourut vers la fin de 1G27
laissant cinq enfants en état de minorité et dont
leur grand-mère, Mye de Manessy, et leur mère,
Suzanne de Migieu, eurent l'administration.
Celle-ci termina un procès commencé entre son
mari et le Chapitre de Saint-Pierre de Genève
(résidant à Annecy), au sujet de la chapelle de
Saint-Jean-Baptiste, de Bloye. Le Chapitre re-
fusait aux Montfort de Conzié le droit de patro-
nage ot de nomination du recteur parce qu'ils
n'étaient pas issus c/e la tige des Conzié; de son
côté la veuve de Maurice de Conzié soutenait
qu'elle n'était plus tenue d'administrer les biens
de la chapelle.
Une transaction eut lieu le 7 février 1628, signée
;i Annecy « dans la maison où habite mon dit sei-
gneur de Genève » (l'évêque Jean-François de
Sales), en vertu de laquelle la chapelle fut com-
321
plètement unie au chapitre de Saint-Pierre qui se
chargea de faire célébrer à ses frais la messe heb-
domadaire du jeudi et de pourvoir à toutes les
dépenses (1). Il céda à la famille de Montfort tous
les biens affectés à la dotation de la chapelle par
l'archevêque de Narbonne, François de Conzié,
suivant le contrat de fondation du 30 août 1419,
et reçut en compensation une somme de 3.715
florins, dont 3.000 payés comptant, outre 300 flo-
rins pour les revenus et récoltes des années 162G
et 1627, à tant réduits par les arbitres.
En 1633, les 715 florins non payés furent cons-
titués en une rente perpétuelle qui devint l'objet
d'un procès en 1667.
Maurice de Montfort et Suzanne de MiiJjieu eu-
■&"
(])Les chanoines, formant plus des deux tiers du chapitre,
qui donnent leur consentement, sont : Charles de Rouer,
seigneur de Bressieu, François Roux, Jacques Brunet (de
Doucy, à Monthonex où il mourut le 15 octobre 1G32)^ chan-
tre, Estienne de la Combe, sacristain, Jean de Regard,
Charles Grosset, François Vieux, Claude Favre, Pierre-
François Jay, Georges-Louis Martinet, François Gariod, Jean-
François de Maillant, Gabriel Ducrest, Dominique Mar-
chand, François de l'Allée, Nicolas Beytaz et Georges Rol-
land. — (Georges-Louis Martinet ou Martinet, François
Gariod et François Vieux ne figurent pas dans la liste
donnée par M. le clianoine J. Mercier, dans son Chapiire
de St-Plerrc de Geiièce, p. 318 et 319 ; peut-être François
Vieux est-il le François Avril indiqué à la date de 1G07, —
Il faut en outre remonter sonsiblement l'existence canoniale
de Claude Favre et de Pierre-François Jay.)
21
322
rent pour enfants : Jacques-Aimé, Jcan-Michelj
Aimé-Philibert, Charles- Aimé.
Les daines de Montfort (la grand'mère et la
mère), les envoyèrent étudier à Chambéry. Sui-
vant l'habitude, un percepteur vivait avec eux.
D'un reçu daté du 30 novembre 1G34 et signé
Sébastiemie Bruiiet, il résulte qu'ils habitèrent
chez cette dame au cours des années 1G33 à 1635 ;
la pension et le logement des ([u itre frères, y com-
pris ceux du maître, était de (320 florins, de 20 sols
pièce, outre 6 vaisseaux de blé froment.
XI
Amed-Philibert de Montfort, fils de Maurice,
né à Mionnaz, le 19 avril 1620, d'Aimé et de Mi-
chelle de Cirizier : parrain, n. Philibert de Vi-
donne de Novéry ; marr., Péroime de Montfort,
dame de. . . et de Bétex (R. P. de Menthonnex).
Le 6 janvier 1043, Amed ou Aimé- Phili-
bert de Montfort et son frère Jacques - Aimé
passent leur contrat de mariage avec les deux
sœurs Marie et Claudine, filles de Charles de
Chavannes (1), de Uumilly, seigneur de Reinex,
ancien avocat au Sénat, et de demoiselle de Ger-
baix de Sonnaz. La dot de chacune d'elles est do
2.000 ducatons, outre une robe de tabit, une cotto
(!) Décédé à R., le 19 novembre 1648.
?>23
de satin, deux robes de taffetas avec leurs jupes
et les clincants d'argent, le tout de fresche cou-
ture. Les futurs donnent aux futures 200 duca-
tons qui ont été employés aux autres robes et
habits nuptiaux. — Fait dans la maison-forte de
Reinex en présence de m'"® Louis Gerbaix do
Sonnaz, prieur de Chindrieux.
Le même jour, après la célébration des maria-
ges, Charles de Chavanes, pour payer à ses gen-
dres la dot promise à ses filles, leur donne toute
sa seigneurie de Reinex. Puis « pour conserver en
état les deux maisons de Consy et de Reinex, »
Claudine de Chavannes, femme de Jacques-Aimé
de M., cède et transporte à son beau-frère Aimé-
Philibert de M. tous les droits qu'elle a reçus
de son père; et réciproquement, Aymé-Philibert
cède à sa belle-sœur Claudine tous ses droits sur
l'hoirie de ses père et mère.
Au moyen de ce contrat, Aymé-Philibert do
LIontfort et sa femme Marie de Ch. devenaient
uniques propriétaires de la seigneurie de Reinex,
et Jacques - Aimé de Montfort ajoutai! à ses
droits sur Conzié, ceux qui avaient appartenu à
son frère Aymé-Philibert.
En conséquence , à partir de 1643 , Jacques-
Aimé de Montfort est plus spécialement seigneur
de Conzié; Aymé-Philibort et ses héritiers sont
seigneurs de Reinex.
Le l"'" août 1650, Aymé-Philibert paye à N.
324
Jean-Antoine Faugc, de Sainl-Fëlix^ une dette de
son beau-père Cli. de Chavannes.
En 1G65, il a, devant le Sénat, un procès contre
Fraiiçois-Joseph-Gerbaix de Sonnaz, afin d'obte-
nir une augmentation de la dot de sa belle-nrière,
née de Gerbaix.
En 1667^ il obtient un monitoire ayant pour
objet de recueillir des témoignages constatant que
le lundi de Pâques, sa femme, Marie de Chava-
nes, avait été i nsol entée qX injuriée par des per-
sonnes qui lui avaient dit : « 1° Vous êtes f n pos-
session de faire des bestises. Vous êtes une beste
et je vous laisse beste ». — 2° que le mardi de
Pâques, dans la croisée du grand chemin tirant
du prieuré à la maison de lui s'' de Reinex, cer-
taines personnes auraient porté des coups d'espée
â noble François-Joseph de Montfort fds du s'' de
Reinex, dont il auroit été blessé, etc.
En IGGl, Aymé-Philibert de M., seigneur de
Reinex avait été arbitre avec Charles-Chrestien
de Maillard, marquis de Saint-Damien (de Ru-
milly), dans un procès relatif au Logis de la
Couronne à R. (1).
Sa femme, INIarie de Chavancs, mourut â R., le
1^'- mai 1668 (R. P.).
(1) Il y avait dans ce logis, ou auberge, la Chambre des
muletiers. Le procès devait d'abord se terminer par un ser-
ment litis-décisoiro « à prêter sur les reliques de Monsei-
gneur Saint-Antoine », mais la partie mourut avant le jour
fixé pour jurer.
325
XI
Jacques-Aimè de Montfort [fils de Maurice],
seigneur de Conzié, fut marié, le 6 janvier 1G43,
à Claudine de Chavanes, qui testa à Conzié, le
23 avril 1657 {!). Devenu veuf, il épousa, le 20
février 1659, Claudine de Mongenix, veuve deNoël
Buttet, appelée le plus souvent, dans les actes, C/r«(-
dinede Mojonnier. Jacques-Aimé mourut le 9 jan-
vier 1674. Un inventaire de ses meubles fait le
lendemain, n'ajouta à la nomenclature qu'on trou-
vera ci-après qu'un fusil à la aerceloise et un gros
landier dans la cuisine. Le 20 juin 1647, à Chau-
mont en Genevois^ il se reconnaît débiteur de
545 florins en faveur d'il!, seign. Claude-Louis
de Novéry, vidomne de Chaumont, seign, de la
Chapelle et baron du Saint-Empire, en présence
de n. Jean-Antoine de TliioUa (2).
Le 18 août delà même année, il emprunte des
Carmélites décliaussées deChambéry (3) une som-
me de 6.000 florins, au moyen d'une rente an-
nuelle de 190 florins.
(1) Elle lègue à sa fille Françoise 1.100 ducatons et 500
seulement si elle se fait religieuse ; institue héritier universel
son fils Joseph- A-lphonse et laisse à son mari l'usufruit de
ses biens (Claude Grinjon, notaire).
(2) Tiolla^, petit flef au-dessous de Chaumont, tout à
fait au bas de la vallée.
(.'?) Le couvent des Carmélites de Chaml)éry avait été
fondé assez récemment, en IGoI, par le duc et la duchesse
de Ventadour.
326
La somme est payée en 167 esc us d'or sol au coing
du roy de France, 200 ducatons de 200 crosats, 39 ])is-
tolcs d'Italie, et le reste en bonne monnoie de Savoie ;
le prêt est consenti par les douze soeurs indiquées ci-
après: R'^'- mère Thérèse de Jésus, prieure, Rdo Agnès
de Jésus-Maria, sous-prieure, sœur Marie-Thérèse de
S^ Joseph, sœur Marie- Liesse de S'« Thérèse, sœur
Madeleine de la Conception, sœur Marie de Tous les
Saints, sœur Anne-Marie de St Joseph, sœur Paule
Anthonie de la Mère de Dieu, sœur Thérèse de la Na-
tivité, sœur Dorothée de Sainte-Thérèse, sœur Claire-
Thérèse du S. Sacrement, et sœur Angélique du S.
Esprit.
Nous Irouvons, à la date du 28 mars 1650, la
reconnaissance d'un prêt de mille pistoles d'Espa-
gne fait \)3iY Jacques de Montfort, seigneur de Con-
zié, à Antoine Gory, de Mognard en Savoie. L'acte
est passé à Bruxelles, en Belgique, en présence de
Jean-Claude Fossurier,de Marigny,près Runiilly.
Ces trois Savoyards étaient en Brabant sans doute
comme soldats. S'agit-il bien de Jacques-Aymé
de M., qui, le 31 janvier précédent, se trouvait à
Bloye, et qui s'y trouve encore en septembre 1651?
Le 28 juin 1647, il avait emprunté 150 pistoles
d'Espagne d'illustre seigneur M'" Charles de
Fauge, baron du Saint-Empire romain, général
des armées de S. A. S'"" de Lorraine. En 1662,
le créancier était mort ah intestat, et ses héritiers
poursuivent vivement le remboursement de la
créance. Ce sont : « n. Claude-Henry de Fauge,
3:37
aide-de-camp des troupes de S. A. R., n. Char-
les, fils de feu n. Jean-Claude de Fange, frère
du baron défunt, habitant au pays du comté de
Champagne, Bernard Tliomasset pour les droits
de sa mère Bernardinede Fauge, Martin Merraier
pour ceux de Cl2udme de Fauge, sa femme, aussi
sœur dudit baron. »
Le 22 mai 1G54, Jacques-Aimé de M., seign.
de Conzié, vend, sous pacte de réméré, un pié
situé à Bloye, aux religieuses de la Visitation de
Rumilly. Le conseil de ce couvent est composé
des dévotes et pieuses mères Françoise-Innocente
de la Fléchère, supérieure ; Marie-Agnès Passerat,
assistante ; Claire-Françoise de..., Marie-Fran-
çoise Cirace et Marie-Chres tienne de St-Maurice.
Le 9 avril 1657, il écrit à son procureur de
Cimmbéry :
« A Conzy ce 9" avril 1657.
Monsieur
Ne pouvant aller à Chambéry solliciter mes affaires
à cause de l'extrémité maladie ou est ma femme (1) je
vous ay fait ces lignes qui vous reassureront de la con-
tinuation de mes services et pour vous prié de me faire
scavoir Testât do mon procès contre mad^ ducoudray...
et de vous présenter pour moy, contre m^ Billiet de
Rumilly.... Je suis readjourne à aujourdhuy en 2^ def-
faut. Obligez-moy de ne mettre les présentations qu'au
dernier jour qu'il puisse obtenir 3'- deffaul. Je le uiene-
(1) Nous avons vu qu'elle testa le 23 du uirme mois.
3 -2 8
rai par un cliemin qu'il ne sçail pas encore, et luy feray
coîinoistre qu'il n'en est pas où il pense par ce qu'il
n'use pas de la civilité requise à mon endroit... Le pré-
sent porteur vous remettra 8 sols pour mettre les pré-
sentations. Si tost que je seray en liberté, je suis à vous
et vous feray porter votre vin pour en boire ensembie-
ment. Je vous recommande le soin de touttes choses et
vous conjure de me croire pour le reste de mes jours,
Monsieur, votre /. de Montfort de Consy. »
A peine remarié avec Claudine de Mojonnier, il
a de nouveaux procès pour le compte de celle-ci.
Le 8 décembre 1663, il marie sa fille du premier
lit, Françoise, avec n. Dom Jean-Baptiste de Re-
gard de Morgenex, fils d'Alexandre- Gaspard de
Morgenex, baron de Vars, et lui donne tous ses
biens de Cessons, de Chautagne, la seigneurie de
Conzié avec le château, sous réserve de l'usufruit,
sa vie durant, des droits de son fils du premier lit,
Joseph-Alphonse, et de ceux d'Anne, fille de sa
seconde femme. Fait à Conzié, en présence de
M''® François de Clermont, baron de Mont-Saint-
Jean et de la Bâtie et Flaxieu, lieutenant-général
de l'escadron de Savoie, n. J.-B'« de Clermont,
seign. du Mont de Cersonnex (M* Saxonnay),etc.
Ce contrat fut bientôt la source de procès. La
donation ne pouvait que difficilement comprendre
ce que l'on appelait le grangeage de Conzié, qui
était indivis entre Jacques-Aimé et ses cousins,
les frères Pierre- Amed de M., baron de Crète, et
329
le vicaire général Jacques-Gaspard de Montfort
ou leurs héritiers. L'un de ces procès éclata en
1687, à propos de la vérification des substitutions
contenues dans les testaments des divers Mont-
fort de Mionnaz, notamment de Georges. (Voir ci-
devant à Joseph-Gaspard de Mionnaz.)
11 semble bien qu'à cette époque les affaires de
Jacques-Aimé n'allaient pas bien. Il était ma-
lade, car l'acte de juin 1688 parle de son incom-
modité, et le 31 août suivant, il recevait de son
cousin Pierre-Aimé de Mionnaz une jument en
commande :
. . . N. Jacques-Aymé de Montfort, conseigneur de
Conzié, confesse avoir et tenir à bonne et loyalle
comande de n. et puissant P. -A. de Montfort, s. de
Mionnaz, baron deCreste..., une jument poil bay astre
au front aagé d'environ 5 ans sous le chadal et prix ca-
pital de 12 pistolles d'Espagne, laquelle jument il pro-
met bien nourrir et entretenir en vrai bon père de
famille, d'icelle et du nourrain si aucun y en a, à peine
de tous despends et dommages.
La jument appartenait peut-être au seigneur de
Conzié, et l'on avait recours à une commande afin
d'en empêcher la saisie par quelqu'un de ses
créanciers.
En 1671, Jacques-Aimé de Conzié est pour-
suivi par le sieur Fauge, de Saint- Félix, et par
le baron de Chcàteauneuf qui l'avaient fait saisir
au corps et écroucr aux prisons ducales de Cham-
ooU
béry. Il présente, de sa prison, une requête au
Sénat où — après de très vives récrimiiialions
entre son gendre le chevalier de Regard de
Morgenex (mari de Françoise de M.) « qui, en le
tourmentant dans les maladies dont il est accablé
depuis dix ans, et dont il a acheté l'alliance au
prix de tous ses biens, loin de payer ses dettes
ainsi qu'il s'y était obligé, veut le faire passer par
Je détroit ou le feu seigneur de Morgenex, son
père, a passé en mourant, » — il demande à être
admis k la cession de biens.
A l'appui de sa supplique, il fournit le 20 août
1671, une note de ses biens mobiliers et immobi-
liers où nous relevons les énonciations suivantes :
1'^ La maison-forte de Conzy, avec ses granges, es-
quiries, étables, four, volière, etc., avec ses meubles;
dans la grande chambre basse 1 grand pressoir, 2 cu-
ves, une quinzaine de petits et grands tonneaux. — En
la cuisine 7 à 8 pois, chaudières à cuire, le tout vieux
et de peu de valeur, 2 grandes armoires à tenir la viande
et vaiceUe, ou il y a environ 200 livres d'estain en plats
et assiettes et autres meubles de table, le tout vieux et
usé, 2 grands chenets de fer avec les crémaillères, poêles
à frire et à feu. 2 tables et bancs, avec des chezes bas-
ses et autres meubles de cuisine ; — au poile (la cham-
bre derrière la cuisine, cliauffée par l'âtre df la chemi-
née de celle-ci) il y a 2 lits garnis de leurs coites,
matelas, coussins et couvertes tant seulement, les tentes
du grand lict faictes a fleurs relevés en soye et le tapis
assortissent appartenant à d"" Claudine de Mojonier,
sa femme, comme justifie le conirat dotal, — une table
331
pliante avec 13 c'iezes tapissées et une dizaine d'arque-
buses à fusil au ralelier ; un cabinet de noyer à layettes
(boites) dans lesquelles sont les livres de reconnais-
sances, et deux coffres de ladite dame de Conzy sa
femme seconde; — en une chambre basse, divers us-
tensilles, grand et petit poids, crible, vaisselle, petits
et semblables embarras de maison avec saloires et 2 ou
3 grandes bartellieres à mettre bleds et farines ; — en
la grande salle dessus des meubles de bois rompus et
ne servant plus ; — en la chambre joignante dite le pa-
villon 3 licts garnis avec les chezes, tables et tapis, 2
grands bancs tapissés de moquette comme les chezes,
1 grande garderobe où il y a du linge de table et des
licts en petite quantité [du linge pour les lits) avec
une vingtaine de tableaux ou portraits (1).
— Les rentes de ladite maison qui ont varié de 600
à 350 florins. — Le droit de patronage des chapelles
fondées par ses prédécesseurs aux cimistières des égli-
ses paroissiales de Rumilly et de Bloye.
— 150 journaux de terres et prés, bois, châtaigne-
raies, vergers et jardin, autour de la maison en une
pièce ; 30 seitorées de pré à foin de cheval situés en di-
vers endroits dont 12 environ sont tenus par le chapitre
de Genève pour la somme de 4.000 florins.
— Au village de Givry, une maison vieille, presque
en ruine, convertie en grange depuis qu'elle fut incen-
diée en 1663 ; — 30 journaux de terre, dont 2 journaux
soni tenus par le baron d'Arvillars créancier de 1.000
florins...; a Bloye, environ 20 journaux de vignes
(1) lien reste i>eut-ètre deux aetaellement, d'un prince et
d'une princesse au service desquels un des Montiort de
Conzié aura été.
33,2
vieilles, de médiocre valeur ; à Cessens, une maison
incendiée en 1667 et 2 granges avec une tuilerie, en-
viron 400 journaux de terre la plupart en friche et de
peu de valeur. Le tout sans aucun bétail à Conzy et
ailleurs pour avoir été contraint de le vendre pour sou-
tenir les procèîi (1)^ et les frais des grandes maladies
qu'il a souffertes depuis dix années, sauf une jument
estropiée et de peu de valeur, quelques poules et coqs
d'inde et pijons (il est encore propriétaire de nombreu-
ses terres, ou incultes ou données en gage à ses créan-
ciers, (( d'une notable quantité d'arrérages de servis,
sufferies et lods^ mais peu considérable à raison des pro-
cès et contestes qu'il faut avoir pour en tirer paiement).»
XI
Charles-Aimé or^ Montfort, fils de Maurice.
La généalogie de Chambéry l'indique comme
ayant été sergent-major du régiment de Pallavi-
cini (régiment piémoniais servant parfois à l'é-
trangorj. Il avait testé à Rurailly le 18 mars 164^
avant d'aller aux «guerres d'Allemagne» et il sem-
ble qu'il était mort assez rapidement. Charles-
Aimé de M. avait légué 300 florins à chacun de
ses trois frères et institué héritière universelle
Mie de Manessy, sa inèreat/eule (sa grund' mère)
avec obligation de transmettre l'héritage â celui
de ses frères qui conserverait la maison et tige do
(1) En 1670, durait encore le procès des Montfort de Con-
zic et de Roinex avec Iciu' cousin le vicaire-général J. -Gas-
pard de Montfort de I.obUiz et son frère Pierre-Anicd do M.,
baron de Creste.
333
Conzié. Le testament est fait dans le poêle de la
maison-forte de Conzié en présence de n. Claude-
Henri Fauge, capitaine au régiment d'infanterie
du sieur de la Val d'Isère, avec qui le jeune testa-
teur devait sans doute se rendre aux armées (1).
XI
Jean-Michel de ]Montfort (fils de Maurice).
La même généalogie l'indique comme religieux à
Saint-Claude, au comté de Bourgogne, et ayant
testé le 26 juillet 1650.
Il nous paraît certain qvie Jean-Michel n'a pas
(1) Le 24 août 1G90, les frères Jacques, Charles et Mi-
chel de Montfort, fiJs de Philibert, firent procéder à une
enquête pour constater que leur oncle Charles de Montfort,
fils de Maurice, avait quitté, vers 1650, le château de Con-
zié, à Bloye, où il habitait avec son frère, « pour s'en aller
à la guerre en Allemagne, » et que depuis lors il n'avait pas
envoyé de ses nouvelles. Par un arrêt du même mois le
Sénat de Savoie commit les trois neveux à la garde des
biens de leur oncle Charles, absent du pays.» (Edits, Bulles;
Reg. de 1690.)
Vei's 1643, plusieurs gentilshommes savoyards s'engagè-
rent dans le régiment de Pallavicini et allèrent guerroyer en
Autriche et en Hongrie. (Voir à la page xxxv de ce même
volume.) Il est probable que le colonel avait tenu garnison à
Rumilly el qu'il put y apprécier les dames de la Visitation
chez qui il envoya,vers 1675, deux de ses filles, ou parentes,
Marie-Anne et Marie-Madeleine Pallavicini, qui y mouru-
rent, la première en 1734, la seconde en 1723, après 61 ans
et 48 ans de profession. (CROisoLLET,A/i7io^es de la Visita-
tion de Rumilly, au tome XXII des Mémoires de la So-
ciété savoisienne d'histoire, p. 283 et 305.)
334
été religieux, car dans son testament fait à Con-
zié (Bloye) à la date susdite, il ne prend aucun
titre ecclésiastique et ne fait aucune disposition
indiquant un ancien moine. Après avoir recom-
mandé son àmc à Dieu et à la glorieuse vierge
Marie en qui il a toujours eu une grande con-
fiance... ayant été au nombre de ses congrcga-
nistes (1), il élit sépulture dans la chapelle de
Saint Jean-Baptiste^ et institue héritier universel
son frère Jacques-Aymé avec qui il habita à
Conzié jusqu'à sa mort qui suivit de près le testa-
ment. Il fut enseveli le l*"' août 1G50 (R. P.).
Enfans de Jacques-Aymé de Montfort,
seigneur de conzié.
XII
Françoise de Montfort. Sa mère, Claudine
de Chavanes, dans son testament du 23 avril 1G57,
lui lègue 1.100 ducatons ; mariée, le 8 décembre
1663, à Jean-Baptiste de Regard de Morgonex,
teste le 23 avril 1667 et meurt le 17 mars 1669, ne
laissant qu'une fille, Françoise de Regard. En
1669, son mari était premier syndic d'Annecy ;
elle fut ensevelie au Saint-Sépulcre. (Rcg. par.
de Saint-Maurice d'Annecy.)
XII
Joseph -Alphonse de Montfort de Conzié,
nls des mêmes. Etudia à Tlionon chez les Barna-
(I) Sans doute lorsqu'il était à Cliambéry^ aux études.
335
biles et cliorclia à entrer â l'abbaye de Saint-
Maurice-en- Valais ; n'ayant pas réussi, il devint
novice à celle de Sixt en Faucigny (1). Un an et
demi après, le 15 avril 1G74, à la veille de faire
profession, il testa, instituant héritier universel
son cousin François-Joseph de Montfort-Reinex
et lui substituant Claude et Joseph, frères de ce-
lui-ci ; il lègue 3.000 florins à sa sœur consan-
guine Anne-Péronne, â la condition que dans la
huitaine où elle en serait requise par son héritier
François-Joseph, la dame de Mongenis remettrait
à celui-ci la maison de Conzié et tous les biens et
titres d'icelle ; — il constitue, en faveur de son
couvent (chanoines réguliers de Saint-Augustin),
une rente de 4 pistoles, rachetable par un capi-
tal de 400 florins.
François-Joseph deMontfort-Reinex étant mort
assez vite et sans alliance, les biens de Conzie
passèrent à ses frères Claude et Joseph.
(1) Ces renseignements sont tirés d'une donation du 17
décembre 1669^ reçue à Tlionon par le notaire J.-J. Fros-
sard, en l'assistance de noble Urbain Rigot^ curateur de
Josepli-A-lphonse de Montfort.
Après trois ans de séjour à N.-D. de Sixt, J.-A. de Mont-
fort y avait obtenu un canonicat par patentes du duc Char-
les-Emmanuel II, du 17 février 1672. Lors de sa profession
le couvent se composait de M'" Gaspard Ducis, prieur claus-
tral, François Descroz, sous-prieur, Claude Disuard, Jean-
François Roy, Louis-François de Musy, François Mogand,
Jean-Georges Si ratioz, présens ; Jean-Michel Filliard, Aymé
du Crest et Gabriel de Ville, absens.
336
Anne Péronne (fille de Jacques-Aimé de Al. et
de Claudine de Mongenis ou Mojonnier), née le 21
juillet IGGO, mariée à Louis de la Fléchère.
XII
Enfans d'Aimé - Philibert de Montfort-
Reinex et de Marie de Chavanes.
François-Joseph de Montfort-Reinex. Le 2
octobre 1670, il transige avec sa tante Adrienne-
Françoise, troisième fille de Charles de Cha-
vanes , laquelle n'était pas entrée en religion,
mais avait épousé Louis de Montfalcon, seigneur
du Cengle.
Le 28 octobre 1672, à Rumilly, « au poêle de
Gallatin, mon hoste » il écrit lui-même son tes-
tament militaire « en mon despart pourPiedmont
ou j'ay l'honneur de conduire une compagnie
d'infanterie pour le service de Son Altesse Roj^ale
mon maître ». Il y fait divers legs à ses sœurs,
la dame de Cliarrière, et Charlotte ; donne 200
florins à ses camarades qu'il a enrcMés aux envi-
rons de Reinex et qui reviendraient estropiés ;
institue héritiers universels ses frères Claude et
Joseph.
Le 2 mars 1675, le testament tut ouvert k R.
par le juge-maje de Savoie (1), à qui on certifia
qu'il « estoit mort en la campagne dernière du
(1) Il descandi t au logis où pend pour enseigne /a Gou-
rou m' ruijale.
337
costê d'FIollande, an dire de personnes qui ont
esté présentes à son décès et sépulture ».
Le 29 mai 1674. il était capitaine au régiment
de Genevois, et au service de S. M. Très-Chres-
tienne; il avait obtenu des lettres ducales de sur-
séance à tous les procès qu'il pourrait avoir du-
rant son absence. Le 19 octobre 1674, il avait,
par l'intermédiaire de Bernard Thomasset, major
de la ville de Rumilly, emprunté 20 pistoles de
n. Jean François de Cordon, seign. de Vérin.
Marie-Marguerite de M. de Reinex, mariée.
1° le 16 février 1670, à J.-B'« de Mouxy^ seigneur
do Charriôre-s (eurent un fils prénommé Fran-
çois, tilleul de François-Joseph de M., qui lui
légua 500 florins dans son testament sus indiqué) ;
2° à n, Théodore Perret.
Elle est appelée Marie-Charlotte dans l'acte de
naissance de son fils Dominique-Auguste,, du 7
juillet 1682; Charlotte- Françoise, dans celui de
son fils Charles-Chrestien, du l^-'' septembre 1683.
30 juillet 1694, décès à R. de Charlotte de M,,
femme de Théodore Perret, âgée de 4.5 ans.
XII. Claude de Montfort, seigneur de Rei-
nex et de Corbonnex, puis de Conzy ; épouse,
câ Bonneville, Guillermine de Rochette, le 16 no-
vembre 1676. Elle mourut à R., le 26 mars 1732,
âgée de 75 ans.
Le 11 novembre 1674, il emprunte « 30 louis d'or
de n. Jean-François de Cordon, seign. de Veirin,
9î>
338
capitaine au régiment de Genevois, à présentai!
service du Roy de France », en présence du sieur
Bernard Thomasset, major de la ville et ressort
de Rumilly.
En 1679 et les années suivantes, il suit avec son
frère Joseph les procès de famille entre les Mont-
fort de Mionnaz et contre Claude de Conzié,
seign. de Bolomior, fils de défunt Antoine-Louis.
Le 25 mars 1689, et pour le prix de 1.900 fl., il
vend tous ses revenus féodaux de Vallières, Saint-
Eusèbe et Ilauteville, à Maurice deChabod, comte
de Saint-Jeoire, seigneur' de Chitry, Vallières et
maison-forte de Vallières, maréchal de camp des
armées du duc de Savoie, grand-maitre de l'ar-
tillerie de Savoie.
Le 3 janvier 1689, à R., la marquise de Saint-
Damien, veuve d'un Maillard de Tournon, déclare
à Claude et à Joseph de Montfort qu'elle ne se
prévaudra pas du legs que leur frère François-
Joseph lui avait fait. Elle signe ainsi : <» beiii que
d'ostre ineùis la présente des claration soy es-
criie, iiisy est et eiifoy de coa ieslay signée :
Marguerite de Pesieu.
La marquise de Seindamien. » (1).
En 1690, Claude de Montfort est capitaine dans
le régiment de Montferrat.
(1) Née à Rumilly, le 20 septembre 1618, de François de
Pezieu, baron de Salagine, et de Claudine de Blonay. décé-
déc à R.. le 2'J avril 1713. Elle est fort souvent marraine.
ooJ
Vivant encore à la fin de 1G98, Claude de M.
était décédé avant août 1703.
XII. Joseph de Montfort, néàKuniilly le 25
février 1053, marié le 4 février 1677 à Claudine-
Isabeau (soit Isabelle ou Elisabeth) Chevrier, née
vers 1040, morte le 11 juillet 1731, à l'âge de
85 ans. — Le contrat de mariage reçu par M^ Franc.
Billet, not., est du 5 novembre 1070.
Le 26 février 1077, il transigea avec son frère
Claude au sujet des biens de la maison-forte de
Conzié. Il fut convenu que Claude en percevrait
tous les revenus sous les charges de payer 4 pis-
toiles par an au chapitre de Saint-Pierre, 50 flo-
rins chaque année à son frère Joseph^ et d'entre-
tenir le gros Benoît, ancien domestique de la
maison.
Joseph de M. fut enseveli àR., le 3 février 1094,
« dans la chapelle de Saint-Claude, tombeau de
leur maison, avec tous les honneurs dus à leur
mérite, quatre capitaines du régiment de Clérem-
bault (1) portaient les quatrecoins du drap. (R. P.)»
Il était syndic de R. en 1089.
Voici une lettre qu'il adressait en 1085 à l'un
de ses alliés :
(I) Régiment français de garnison àRumilly. L'armée de
Louis XIV occupait la Savoie dej)uis le milieu d'août 1690.
310
f Monsieur, Monsieur Thoraasset l'aisné à Massingy.
A Conzy ce 19 juillet 1685.
Monsieur et cher cousin,
Votre vallet présent porteur a rancontré le garçon que
je vous ay envoyé avec deux lignes que je vous ay es-
criptes en excuse de ce que je ne me suis pu rendre ce
matin à Massingy (1) et pour responoe a celle que vous
aviez pris la peine de m'escrire je vous diray que je ne
manqueray d'envoyer aajourdhuy a Clermont pour sca-
voir si le seigneur de Morgenex (2) se voudra Irenver
jeudy prochain a Mecorax en Chautagne (3) lieu choisy
])ar nions'' de Richard (4) de quoy je lui donneray prompt
avis aussi bien qu'au seigneur de Renay (Reinex) en-
suitte de ce qui me fut ordonné hier par le seig. de
Richard par celle qu'il m'escript par mon vallet que je
luy envoya hier exprès. Je suis grandement marry que
mon frère soit maltraité de l'affaire dont vous m'escrip-
vez, qui s'oblige follement largement paye^ je n'en suis
pas la cause, en aucune façon, s'il avoit si bien examiné
que raoy l'affaire il n'en auroit pas passé si légèrement
expédient, et je m'estonne qu'il ause dire que jamais
j'ay este présent quand il en a parlé au s'' Chivillard
puisque je ne luy en ay jamais parlé en sa personne ni
(1) Paroisse limitropliede BIoye,imnièdiatemont à l'ouest
et au-dessus de Couzié, et où la famille Tliomassct^ de la
bonne bourgeoisie de Rumilly, avait un domaine.
(2) De Regard de Morgenex, possédant alors le très impor-
tant fief de Clermont, où l'on remarquait l'élégant cbàteau,
bâti vers 1577 par Gallois de Regard, évèque de Baguorca.
(3) Môcorax, vieux fief en Cliautagne.
(1) Magistrat ; il devint avocat fiscal de Genevois.
341
autrement ; au reste pour lui faire voir que je ue m'op-
pose pas sans raison a sa demande et que j"ay bien exa-
miné mon droict, je me soubmet a payer le tout quand
j'en debvray la moitié et le luy rambourser avec doma-
ges interests et tous despens par luy soufferts quand je
ne feray pas voir clairement que luy et moy n'en deb-
vons point pour la constitution dotalle ; s'il s'en treuve
deub un pour l'eschange, chacun en payera ce qui le
touche, enfin l'assemblée nous en jugera définitivement
s'il luy plait de s'y soubmetlre, si du moins il en usera
commil luy plaira; son gronder m'a beaucoup mortifié
jusqu'à présent, mais pourtant, il ne me fera pas faire
des choses que je ne debvray pas et contre raison pour
avoir la paix qui m'est indifi"erente pourveu que je ne
luy en donne pas un autre subject que celuy la et que le
tort ne soit jamais de mon costé ; Je me contente bien
de payer ce que je doibs sans payer ce que je ne doibs
pas. Vous verrez par la cy jointe que vous portoit mon
vallet ce dequoy je vous priois envers mons'" votre frère
qu'il seroit bien plus pressant et raisonnable que ce que
je ne doibs pas, je vous ranvoye la lettre dudit seigneur
de Richard et vous asseure tous en gênerai et particulier
de mes services, demeurant de vous principalement
Monsieur, votre très humble serviteur et affectionné
cousin, J. DE MONTFORT DE CoNSY.
Enfans dk Claude de M., coseigneur de
ReINEX et de CoNZIÉ et de GUILLERMINE DE
Rochette.
XIII. Marguerite, née le 28 novembre 1677;
dccédée le 24 juin 1725.
Marie-Louise, née le 8 janvier 1G80.
Marie, née le 5 août 1682 ; sans doute la môme
que Marie-Prospère; baptisée à R., le 30 sep-
tembre 1682; prend l'habit de cistercienne, à l'ab-
baye de Sainte-Catherine pi'ès Annecy, le 28
octobre 1708 ; y décède le 18 mai 1753 (1).
Charles-Emmanuel, né le 11 janvier 1684.
Françoise, née le 9 août 1685 : parrain, noble
Jacques Mugnier, avocat; marraine, Françoise de
Pesieu, femme de Lambert de Rochette ; mariée
le 7 septembre 1726 à Jean-Pierre-Joseph Pelard,
seigneur d'Epagny et Vigier ; elle ne signe pas à
son contrat de mariage de la veille « pour estre
illitérée ».
Marie^ née le 22 octobre 1686.
Jacques, né à la fin d'août 1687 ; mort le 20
septembre suivant.
Henry, né le 25 janvier 1689.
Emmanuelle, née en mars 1692 ; mariée k n.
J.-B. VioUon de Novelles; elle teste le 26 avril
1748 et institue héritière universelle sa sœur Ma-
rie-Madeleine, dame de Mouxy.
Claudine-Elisabeth, née à Reinex (Massingy),
le 8 octobre 1693.
Madeleine (ou Marie-Madeleine), née à R., le
10 février 1696, mariée le 21 février 1732, à Louis
(1) Histoire de l'abbaye de Sainte-Catherine.
343
de Mouxy du Villard, lils de défunt Pierre-Gas-
pard (contrat dotal du 18 janvier). Jusqu'à son
mariage elle se mêla activement des affaires delà
famille ; était veuve en 1751 ; mourut le 19 juillet
1768 àR. (R. P.)
xin
Jacques de Montfort de Reinex, lieutenant
dans le régiment de Savoie en 1701, capitaine le
29 décembre 1701, major en 1725, en remplace-
ment du sieur de Courbeau : promu lieutenant-
colonel du même régiment en 1734 ; décédé à
Reinex, enseveli le 17 janvier 1742, au pied du
bénitier dans l'église de Massingy (R. P.)
Il n'avait pas fait de testament et ses sœurs,
les dames de Nouvelles et de Mouxy, Emma-
nuelle et Madeleine ou Magdelon héritèrent delui.
XIII
Charles de Montfort, né à R., le 20 mai 1681,
capitaine dans le régiment de Cliablais en 1726 ;
en 1730, étant capitaine au régiment provisoire
de Tarentaise, il y est promu major; à la fin de
septembre 1731 étant en Piémont, il reçoit l'ordre
de conduire au fort de Ceva, la marquise de Spi-
gno, épouse morganatique du roi Victor-Amé-
dée II, qui après avoir abdiqué le trône de Sar-
daignecn 1730. avait eu des velléités do reprendre
le gouvernement.
Voici les lettres de service qu'il reçut à cette
occasion :
:J44
Au MAJOR DE NOTRE RÉGIMENT DE SaVOIE ,
DE MONTFORT
Le Roi de Sardaigne, de Chipre, etc.
Major de Montfort. Vous ayant destiné pour com-
mander provisionnelleraent et jusqu'à nouvel ordre dans
le fort de Ceve et d'y faire garder avec soin les prison-
niers d'Etat qui y sont actuellement et autres que nous
pourrions y envoyer dans la suite, nous vous fesons
remettre une lettre à cachet adressée au chevalier de
Bellegarde, commandant du dit Fort, par laquelle nous
lui ordonnons de vous en remettre le commandement et
de vous faire consigner les prisonniers susdits.
Et comme notre intention est de faire conduire aussi
au même fort la marquise de Spigno, vous devriés à la
réception de la présente vous mettre avec elle dans la
cliaize, qui vous sera fournie à cet effet, et faire monter
dans une autre chaize de suite la femme de chambre,
avec un bas officier de vôtre Régiment bien affidé, et
partir aussitôt pour le dit Fort de Ceve sous l'escorte
d'un capitaine et de trente hommes de notre Régiment
de Dragons de Piémont que nous avons destinés pour
mieux assurer la traduction de ladite dame, avec laquelle
vous devrés user de toute la modération, et manières les
plus propres, sans pourtant manquer en rien de ce qui a
raport a la sûreté de sa personne, ne permettant à qui
que ce soit de lui parler, ni en chemin ni ailleurs, hors à
la femme de chambre, et ne marchant que pendant la
nuit, et bien entendu que la femme de chambre aussy
ne puisse parler uniquement qu'à sa maîtresse.
Vous pourres garder au dit Fort le détachement de
Dragons jusqu'à ce qu'on y envoie une garnison suffi-
845
santé pour mieux assurer le service des dits prison-
niers (1).
Et sur ce nous prions Dieu qu'il vous ait en sa s^'^
garde,
A Turin ce 28 septembre 1731.
C. Emanuel ; et plus bas de Caroli.
Il rè di Sardegua, di Cipro e di Gerusalemme.
Maggiore di Monfort. Essendo mente nostra che il
dislaccamento r1e Dragon de Piemonte quale si rilrova
costi comandato si restituisca al suo corpo^ abbiamo
ordinaloal conte di S. Nazar governatore del Mondovi
di somministrare altro distaccamento di sirail numéro
d'homini del Baltaglione Svizzero gia di Belmont cola
presidiato comandato da un luogotoncnte par rendersi a
restare costi sotto gli ordini vostri in vece di quelle di
detti Dragon onde dovrete ricevera dette novo distacca-
mento in cotesto Forte al suo arrive in esso e lasciar
partir l'altro, inseguendo l'ordine di Tappa che vi verra
transmesso dalla segretaria nostra di guerra. Tanto ese-
guiie e nostresignore vi conservi.
Torino li 14 &>'<^ 1731.
Signé : C Emanuele.
Contresigné : Taglianti ou Jaglianti.
Al Maggiore di Moufort.
Deux mois plus tard, le roi de Sardaigne con-
sentit à réunir la marquise à Victor-Amédëe, et le
major de Montfort fut encore chargé de l'amener
à Moncalier, en suivant un itinéraire déterminé.
Par une lettre du 7 décembre, signée Ch. Em-
manuel et contre-signée d'Ormea, on lui écrit :
(l) Cette garnif-on fut envoyée au milieu du mois suivant^
comme l'indique l'ordre du 14 octobre.
346
Puisque, à cause de la pluie, vous ne pourries exé-
cuter l'ordre à la lettre sans faire des efforts qui pour-
roient incommoder la dite Marquise ou causer des in-
convéniens bruyans sur la route, que vous prenies telle
route qui vous sera plus commode et y employés le
tems qui vous sera nécessaire en évitant les inconvéniens
susdits, persuadé que vous ferés au reste toute la dili-
gence qui^ indépendamment de cela, dépendra de vous.
Le 11 juillet 1735, Charles de Montfort qui est
alors commandant du fort de la Brunetta (1),
achète des terres à Gela (2) ; il est représenté par
son allié Jean-Baptiste de Nouvelles.
Il mourut le 9 février 1742, à Suse (Piémont),
où il commandait le régiment caserne à la cita-
delle. Il était aussi général des milices, si l'on
peut traduire ainsi son acte de décès :
u Die nona Fobruarij 1742. lll^us Dus,Caiolus de
Monfort dux Icgionis in eadem Arce (Segusie) et
generalis militiœ S. R. M. Sardiniœ et Sabau-
dus... obiit. » (R. P.).
(1) Fort près de Suse, Piémont.
(2) Hameau de Rumilly, à peu de distance de Reinex, au-
dessus de la maison de C/iaca/mc.
347
XIII.
Enfans de Joseph de Montfort et de
Claudine Isabeau Chevrier.
Marie-Madeleine de Montfort, de Conzié,
née à R. le 8 décembre 1677; mariée le. . . . à n.
Louis d'Aniéres, déjà veuve en 1714, héritière
universelle de son père, fait une transaction de fa-
mille le 4 avril 1722; très nombreux actes; elle
signe d'une écriture élégante, ferme et dégagée ;
Marie de Montfort ; ensevelie à R. le 23 juin
1751, à l'âge de 74 ans.
François-Thadée de Montfort, ne à R. le 6
novembre 1678.
Emmanuel-Philibert, né à R. le 10 mai 1681.
Julien, né à R. le 28 octobre 1682.
Andréanne de Montfort, née à R. le 18
novembre 1683, décédée le 17 août suivant.
Marie-Anne de Montfort, née à R. le 14
mai 1685. On trouve dans les R. P. Anne-Marie
de Consy, décédée à R. le 1®'' avril 1696.
Françoise de Montfort, née à R. le 25 sep-
tembre 1686.
Marguerite de Montfort, née à R. le 12
août 1689, décédée à R. le 24 juin 1725.
Claude de Montfort, fils de Joseph, décédé
à R. le 8 février 1694, enseveli dans la chapelle
de Saint-Claude.
348
Il semble que tous les enfants de Joseph do
Montfort moururent jeunes et sans se marier, sauf
Marie- Madeleine, femme de Louis d'Anières,
car c'est au nom de noble d'Anières que la mai-
son de Montfort, de la place du Bourg k Rumilly,
fut inscrite sur le cadastre de 1730-1738. Il s'agit
probablement d'un fils de Louis et de Marie-
Madeleine de Montfort.
On trouve au Registre 56 des Edits, Bulles, etc.
(Archives du Sénat de Savoie) : Pierre Revilliot,
maître chirurgien, bourgeois de Rumilly, nommé
le 23 juillet 1710, tuteur de n. Joseph-Franrois
de Con^i/, « aux gages de 230 florins par an, ou-
tre les frais de sa nourriture et de celle do son
cheval lorsqu'il vaquera pour les intérêts du
pupille ».
La filiation n'est pas indiquée; il ne peut s'agir
de François-Joseph, fils d'Aimé-Philibert, qui
mourut au comiiiencement de 1G75. (V. le 12*' do-
gré.)
Enfans de Charles - Emmanuel de Mont-
fort, DE MiONNAZ de LoBLAZ, BARON DE CrESTE
(frère du vicaire général Joseph-Gaspard de
Montfort).
Dans une pièce de procédure de 1679 , Charles-
Emmanuel est appelé Charles-Aymé; nous avons
trouve sur les registres paroissiaux de Menthon-
nex. â la daic du 12 janvier 1606, Ma/'ie-A/uie
349
de Fondras, épouse du seigneur baron de Creste ;
et à diverses reprises la mention de Charles de
Montfort, Ijaron de Creste*
Nous sommes sans renseignements, depuis ce
moment, sur lui et sur son frère Hyacinthe.
1701, 14 mai, décès de François-Joseph de
Monifori, seigneur de Mionnaz et Loblaz (R. P.
de Menthonnex).
On trouve sur les registres paroissiaux de Crem-
pigny, en 1694, l'indication des mariés n. J. Bap-
tiste de Macliet, seigneur de la maison-forte de
Mionnaz et n. Géorgie de Launay. Celle-ci mou-
rut veuve, à Crerapigny le 4 mai 1G96.
Outre les différents personnages énumérés jus-
qu'ici, nous avons rencontré divers noms qu'il est
assez difficile de placer exactement.
1670, février, Pierre-François de Consy; est
témoin au mariage de Marie-Marguerite de Mon-
fort avec J.-B. de Mouxy. Il s'agit probablement
de François-Joseph de Montfort (xii'' degré).
1686, 26 février, sépulture à II. de Louise de
Montfort âgée de 7 ans.
1696, 16 février, Claire de Confié est marraine
à Massingy ; mariée à n. etp' Jean-Joseph de Bra-
corens de Savoiroux ; est prénommée Berthe-
350
Claire, dan« l'acte de naissance de leur fils
Pierre-Franrois qui a pour parrain, le 10 novem-
bre 1695, Pierre-Franrois de Consy ; — appelée
Claire de Coucy et Claire de Coussy dans les actes
de naissance de leur fille Anne, 2 avril 1710 et de
leur fils Franrois-Sigismond, 9 décembre 1705,
etc. (R. P. de R.)
Si cette dame s'appelait Claire df Coucy, et il
semble bien qu'il en est ainsi, elle sortait do la
famille de ce nom à Cliillv, commune au nord de
Menthonnex.
Marie- Auguste ou Marie-Aug ustine de Mont-
fort, religieuse à la Visitation de R., y décédëe
en février 1750, après 3G ans de profession, âgée
de 56 ans, née en conséquence vers 1691.
1762, 9 février, naissance à Bloye d'un enfant
de Michel Chenal, bourgeois de R. et d'Anne de
Consy (R. P. de Bloye).
351
TROISIÈME PARTIE
Lks Conzié
La généalogie de cette famille importante a été
dressée à diverses reprises. M. le comte Amédée
de Foras l'a publiée au tome II de son Armoriai
et Nobiliaire de Savoie, p. 157 à 163 ; il y a fondu
avec ses propres renseignements ceux qu'il a tirés
de GuiCHENON, Histoire de Bresse et de Bugey,
verbo Conzié, de Grillet, même nom, de La
Chenaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse,
et enfin d'un « Mémoire généalogique, imprimé
à Paris en 1780, contenant l'analyse des titres
produits pour établir la filiation des différentes
branches de la maison de Conzié » . C'est le texte
de ce Mémoire que M. de Foras a suivi de pré-
férence et nul mieux que le savant et conscien-
cieux liéraldiste n'aurait pu faire ce choix avec le
discernement éclairé qu'exige l'étude de ces ma-
tières souvent obscures ou confuses.
Nous n'avons pas, évidemment, l'intention de
rectifier un travail fort bien fait. Nous voulons le
suivre au contraire en y ajoutant les renseigne-
ments nouveaux et parfois différents, que la pos-
session de nombreuses pièces nous a fait connaî-
tre, et en publiant des extraits ou des analyses
352
des documents présentant un intérêt spécial. C'est
ainsi que nous publierons en entier la protestation
présentée en 1747 au roi d'Espagne par le comte
de Conzié contre les exactions de l'administra-
tion espagnole en Savoie.
La quatrième p;irtie de notre travail contiendra
les chartes de fondation des chapelles des Conzié
à Bloye et à Rumilly celles des Montfort àGray '
et à Passy, et quelques indications sur les ruines du
château de Crèle à Versonnex (canton de Rumilly).
Parmi les différentes localités portant le nom
de Conzié dans nos régions, nous croyons que
celle de Conzié, à Bioye, près Rumilly^ a donné
son nom a la famille. Nous ne pensons pas, qu'au
contraire^ c'est ce petit fief qui a reçu le nom d'un
noble du onzième siècle ou du douzième, qui se-
rait venu s'y établir et v construire un château.
Le nom de Conzié, qu'on prononce encore Con:;y
dans le pays, est écriture Cotuiaco en latin ; il a
exactement la mhiie forme que celle des noms de
la localité importante de la contrée, Rumilly, c/e
RLunillaco, et de toutes les paroisses avoisinantes,
de Bloiaco, Bloye, de Massingiaco, de Moiaco,
de Marigniaco, de Boussiaco, de Albiaco ou Ar-
biaco ; paroisses qui existaient toutes avec ces
noms au onzième siècle. (Voir les Cartidaires des
abbayes de Savigtiy^ d'Aùiay, etc.) Comme ceux
de ces paroisses^ le nom de Conzié, attaché â la
localité, doit remonter à une haute antiquité.
353
Premiers degrés selon La Chesnaye
(A. DE Foras; Armoriai II, p. 158).
I. GaléaSj seigneur de Conzié, chevalier, vi-
vant en 1103, possédait aussi Vauchier, en Bugcy.
Il laissa de Catherine de INIalagnier :
1° II. Guy-Conrad, seigneur de Conzié, vivant
en 1150, marié à jMarlhe de Marsie, fille d'Hubert
de Marsie.
2° Nicod; il lait la brandie des seigneurs de
Vauchier ; épousa Guigonne, fille d'Armand, sei-
gneur de Candie (1); eut pour fils :
III. RoLLET, seigneur de Vauchier, un des gen-
tilshommes qui prirent la croix en 114G et accom-
pagnèrent en Terre- Sainte Amédée 111, comte
de Savoie. Alliance inconnue.
Rollet eut pour descendans Guigues, seigneur
de Vauchier, et Perrette , mariée : 1° à Jean
Potremont de Montfalcon (2) ; 2° à Jacques de
Balleyson. Guigues, laissa d'Anne de Balleyson :
Jean, damoiseau, marié à Berthe de Syon (3);
Aymon, seigneur de Vauchier, chevalier, 1279,
alliance et postérité inconnues; Louis, marié à
Françoise Maréchal, Gabrielle, à Guillaume do
Portier (4).
(1) Candie, tout près de Chambéry.
(2) Montfalcon, seigneurie à l'ouest d'Albens, à 1:2 kilo-
mètres sud de Rumilly.
(3) Sjioii ou Sion, paroisse à 7 kilomètres sud-ouest de
Rumilly.
(-4) Portier, vieille famille de Rumilly, ayant des fiefs à
Boussy, à Bloye. 23
354
III. Aymon [fils de Guy-Conrad], seigneur de
Conzié, chevalier, marié, le 14 mars 1194, à Ga-
brielle, fille de Jean, seigneur de Liicinge, issue
des barons souverains do Faucigny [?]. Un titre,
du 6 des nones de mars 1240, prouve qu'il s'était
retiré au monastère de Montjoux (1).
Il eut trois fils, Vautier et Guillaume, l'un et
l'autre religieux à Montjoux, et
IV. Pierre, seigneur de Conzié, chevalier; vi-
vait encore en 1270 et fut père de
V. Pierre II, chevalier, marié k Briande d'Hau-
te ville (2).
Avant dépasser à la généalogie d'après Guiclie-
non et le Mémoire cité, M. de Foras, p. 159, in-
dique :
Théobald de Confié passant reconnaissance, le
16 juillet 1280, de ce qu'il possède à Grulïy
(Sommaire des fiefs de Savoie). — [Nous avons
trouvé, outre cette indication, celle que ce Théo-
bald éi?àX fi\s àQ Pierre, car il reconnaît tenir en
fief de Robert de Genève, évoque de Genève, les
biens, à GrufEy et à Bloye, déjà reconnus par son
père Pierre de Conzié en 1278 (3). Ce Théobald
est donc fils de Pierre I de Conzié et frère de
(1) Le Grand-Saint-Bernard.
(2) Hautemlle en Genevois, paroisse à 7 kilomètres nord
de Rumilly ; le cliàteau et la seigneurie passèrent à de nom-
breux possesseurs ou co-seigneurs.
(3) Fr. MuGNiER, Répertoire de titres et documents re-
latifs à l'ancien comté de Genevois, p. 15.
355
Pierre II ; ] — prête hommage au comte de Gene-
vois le 17 juin 1308 (Inventaire Savoiroux). —
Guillaume de Coiuié, prête hommage à l'évêque
de Genève, le 25 octobre 1278, pour ses fiefs de
Rumilly] ?] et de Charansonnox. — Guillaume de
Confié, dit le Vieux^ donne à Aimon de Conzié
ses fiefs de Vaudry [Vauchierf] etc.; mort en
1279, enterré au prieuré de l'Aumône [à Rumilly,
sur la rive gauche du Chéran].
Un Guillaume de Conzié, mort avant 1285, au-
rait eu : 1° Hugon de Conzié, marié à Jucque-
mette, fille de feu Wiilelme de Rumilly. Le 10
des calendes de mars 1285 (Arch. Savoiroux),
Aymonet de Rumilly, frère de l'épouse, donne
caution pour sa dot ; 2° M""' Martin ; c'est entre
ses mains que sera payée la dot promise à son
frère. [Descendance inconnue.]
[Nous trouvons un Aymon de Conzié, curé de
Rumilly en février 1323 (1).
Sur ces premiers Conzié et sur le prieuré de
Notre-Dame de l'Aumône à Rumilly, voir la qua-
trième partie, V et VI].
(1) MuGNiER. Corps dos Fondations de l'église de Ru-
miWj, page IGO,
356
Généalogie suivant Guichenon et le Mémoire
cité (A. de Foras, p. 159.) — Branche aînée.
I. Jean de Gonzié, mentionné par son fils en
1313. [Jean de Gonzié, père de Guillame, est in-
diqué comme décédé déjà en octobre 1278 (1)].
Guichenon l'appelle Pierre. Ses fils : 1° IL
Pierre, seigneur de Gonzié, chevalier, marié k
Briande d'Hauteville-en-Genevois , mort avant
1337 (ce degré II correspond au V" de La Ghes-
naye) ; 2'" Rolet de Gonzié; fit la branche des
seigneurs de Vauchier, teste le 10 février 1270 ['^],
marié à Madeleine de Marcossey (2). Prèle hom-
mage au comte de Genevois, le 12 des calendes do
novembre 1313, pour ses biens de Rumilly, Gha-
ransonnay, Bissina, etc. (3). Rolet est père de Gi-
rard de Con^^ié, marié le 23 juillet 1324 ou 1334,
à Broisette de Lornay (4), qui teste le 25 avril
1381 ; lui, le 31 juillet 1386 ou 1390. etc.
Branche cadette.
Girard fut père de Pierre, seigneur de Vau-
chier, conseiller, maître d'hôtel et ambassadeur
d'Amédé Yll, comte de Savoie, marié, le 18 août
(1) Répertoire cité, p. 13.
(2) Marcossey, localité du Faucigny.
(3) Charaiiscnnarj, liamcau de la jDaioissc de Massiiigy
Bessina, hameau de la paroisse do Moyc.
(4) Lornay, paroisse du canton do Rumilly, ainsi que les
deux précédentes, et Bonnegucte.
357
1385, âNicolotte, fille de Jacques d'Epagny (1);
testa le 4 janvier 1418 ; il fut père de Jacques,
seigneur de Vauchier et de Conzié, près Rumilly.
Nous reviendrons à ce Jacques de Conzié.
[Il semble que c'est à Pierre de Con:^ié, sei-
gneur de Vauchier, que se rapporte un acte de
réachept des biens de la chapelle de Conzié, â
Bloye, reçu parM^ du Rhône, notaire à Rumilly,
le 31 août 1419].
Branche aînée.
II. Pierre, marié à Briande d'Hauteville-en-
Genevois, a eu pour enfans : i" Pernette de
Conzié, mariée 1° à Nicolet de Charansonnay ; 2° à
Péronet de Syon ; — 2° Thibaud, mort jeune, et
d'autres frères dont le nom est resté inconnu et
qui, le 12 août 1337, possédaient une maison à
Rumilly.
3° III. Jean, seigneur de Conzié, qui teste le 4
juin 13G1, épouse Françoise ou Catherine de
Montluel ; chevalier, seigneur do Chàtillon-en-
Chautagne, mort avant 1372.
Jean a pour enfans : Briande ou Briancie, ma-
riée, après le 23 mars 1372, à Guillaume de Ma-
reste [noble savoyard, en Chautagne]; — Jean,
damoiseau, et — Pierre (2) ; —Pierre, seigneur
(1) EpcKjiiij, paroisse au nord-ouest d'Annecy.
(2) M. de Foras place ici : (?) Tkèobald de Co/icic, prieur
de Honneguête en mai 1381.
358
de Conzié, épouse Amphélise de Verboz (1). Il eut
pour enfans : Plu'liberte, femme de Jean de Sacco-
nay [près Genève] ; Marguerite, seconde femme de
Pierre Alleman, seigneur d'Arbent [en Bugey],
mère du cardinal Louis Allemand [on Allamand];
Bernarde , mariée à François de Menthon , et
Jean de Conzié.
V. Jean, seigneur de Conzié^ épouse Jeannette,
fille de Jacques d'Orlier et d'Aynarde de Din-
giô (2), qui teste le 11 août 1396 (3). Elle est
tutrice de son fils en mai 1379.
Pierre de Conzié et Amphélise de Verboz eu-
rent encore pour fils : François de Conzié [le
(1) Vcrbos ou. Verfcou^, fief en Semine (Genevois), rive
gauche du Rhône. D'après Grillet, Dictionnaire du Mont-
Blanc, t. II, ce Pierre (III) fut conseiller et maître d'hôtel
d'Amédée VIII qui, en 1413, l'envoya en ambassade extra-
ordinaire auprès de l'empereur Sigismond pour obtenir l'é-
rection de la Savoie en duché, ce qui fut effectué à Cliam-
béry le 16 février 1416.
(2) D'Orlier j nobles du Genevois, près d'Aix-les-Bains.
Dingrjj paroisse entre Annecy et Thônes.
(3) Dans notre Corps des Fondations pieuses de l'Eglise
et de l'Hôpital de Rumilltj, nous avons signalé Louis de
Confié, prêtre, au nombre des chapelains (cappelani) de
l'église de Sainte- Agathe, de Rumilly, en 1396 ; et, en 1418,
vénérable Hugonin de Consiè, légataire de Jean de Conzié,
notamment pour des bien .s à Bessine, paroisse do Moye. Ce
dernier doit être le même que M" Hugues de Conzié, cha-
noine de Saint-Pierre-d'Avignon. Louis est sans doute le
même que Louis de Conzié, fils de Jacques, curé de Son-
naz, prieur de Saintc-IIéléne- des Millières.
359
plus illustre desarace.etâ qui nous consacrons, à la
quatrième partie, une notice spéciale et détaillée].
VI. Jean de Gonzié, fils de Jean et de Jean-
nette d'Orlier. En lui faillit la ligne directe des
Conzié, car il n'eut pas d'enfants d'Antoinette^
fille de Thibaut de Chàtillon, co-seigneur deMar-
lioz (1) ; suivant le Mémoù^e, sa veuve se serait
remariée avec Jean d'Orlier.
Il teste le l^r février 1402, à Avignon ; veut être en-
terré dans l'église paroissiale de Rumilly, au tombeau
de ses prédécesseurs. Fait des legs à sa mère, à sa fem-
me, aux église et léproserie de Rumilly, à N.-D. de
l'Aumône, Bloye, etc. A défaut par lui d'avoir des en-
fans mâles, nomme héritier universel son oncle, l'ar-
chevêque de Narbonne, qu'il charge de régler ses obsè-
ques , comme personne privée [et comme le principal
représentant de la race des Conzié], « tanquam princi-
paliter exeuntem de génère, cognomen et arma ha-
beniemillorum generis de Conziaco. » Après l'arche-
vêque, il nomma héritier le fils aîné de Pierre de Conzié,
son consanguin [cousin], damoiseau, du diocèse de Ge-
nève, puis le second. A défaut, il substitue un des mâles
d' Etrangle de Sion, femme de N. Pierre de Balley-
son (2), fin ^ de feu Péronette de Conzié, lequel porterait
(1) Marlio:;, nom assez répandu en Savoie. Il peut s'agir
de Marlioz, mas h Boussy avec maison-forte, rive droite du
Chéran, tout près de Rumilly ; et, plutôt, de la seigneurie
de Marlioz, paroisse au-dessus des Usses, près Frangy.
(2) Ce Pierre de Ballaison sera choisi pour arbitre, en
1413, à Rumilly, par l'archevêque François de Conzié, son
360
le nom et les armes pures de Conzié ; autrement il ap-
pelle un des mâles de N. Hugonin Brunier, damoiseau,
son cousin, qui prendra son nom et ses armes. 11 recon-
naît avoir reçu, pour la dot d'Antoinette de CMtillon,
sa femme, cent florins, par les mains de Georges de
Marlioz, chevalier, oncle de ladite Antoinette. (A. de
Foras, loc. cit., p. 158).
Revenons à la branche cadette des Conzié, hé-
ritière de la branche aînée :
Jacques de Conzié, seigneur de Vauchier et
de Conzié, fils de Pierre et de Nicolette d'Epa-
gny. — Légataire de l'archevêque de Narbonne;
— marié, en 1464, à Isabelle, fille de Philippe de
Mouxy; ou, d'après Grillet, à Nicolette, fille
d'Humbertde Mouxy. [Le 10 janvier 1455, il passe
une convention avec Michel, Claude, Antoine et
Jean de Balleyson, frères, fils de Jean do Balley-
son par laquelle ils s'engagent mutuellement à
se transmettre leurs biens par fidéicommis. à
défaut, par eux, d'avoir des enfants mâles légiti-
mes. (Voir ci-après.)]
Il avait un frère Claude de Conzié, écuyer de
Marie de Bourgogne, femme d'Amédée VIII, duc
oncle? (Voir ci après). Gaigues de Ballaison était sacristain
du prieuré bénédictin, de Rumilly, en 1338 (Corps des
Fondations pieuses, p. 37 et 43), et, suivant le Pourpris
historique, p. 180, déjà le 24 mars 1328. — Voir aussi la
transaction du 10 janvier 1455 ci-après.
361
de Savoie, mort en 1451 sans postérité ; — et
deux sœurs Jeannette et Giiille mette.
Il eut pour enfants.
M''^ Hugues de Conzié?, Rolette, Amédée qui
continua la famille, — Louis, curé de Sonnaz,
prieur de Sainte-Hélône-des-Millières, celui, vrai-
semblablement, qui résigna la chapellenie de
Saint-Jean-Baptiste, — VI, Jean, seigneur de
Conzié et Vauchier, ambassadeur à Venise (1) ;
épousa Rolette de Mouxy, fille de Guy, testa le
5 juillet 1483 ; n'eut pas d'enfants légitimes, mais
xme, fille donnée, Jacquemette.
[Nous trouvons, dans un inventaire de pièces ,
la mention « de lettres obtenues par n. Jean de
Confié, de feu Louis, duc de Savoie, de la juridic-
tion et fondation de Conzié, près Rumilly, du 12
mars 1439; signées Boscod. »
Convention du 10 janvier 1455
Transactlo fada inter nobiles et patentes viros Mi-
CHAELEM, ClAUDIUM, AnTONIUM Gt JoANNEM DE BaLEY-
soN,fratres,filios et heredes unicersales n. et pot. vlri
guondam Joannis de Baleysone militis, dnmini loci
Baletjsonis, ex una ; — et n. et pot. Jacobum de Con-
ziaco, dominum ipsius loci prope Bumiliacum in Al~
banesio, ex altéra.
(1) Suivant Guichenon, Histoire de Bresse et de Bi(fjc(/.
Ce Jean de Conzié fut homme de lettres, envoyé à Venise
par le duc Louis, pour traiter avec la République, de son
droit au royaume de Chypre.
362
Les parties s'assemblent à Genève, et le 10 janvier
1455, dans le couvent des Dominicains de cette ville,
stipulent par le ministère de François Fabri, d'Yenne
en Bugey, dioc. de Belley, notaire et secrétaire ducal,
en présence des témoins : magnifiques et puissants
seign. Jacques, comte de Afontmayeur j François de
la Palud, seign. de Varambon et comte de la Roche
(Rupe?); Guill. de Luyrieux, s. de Cueille ; Bertrand
de Duin, s. de la Val-d'Isère, conseillers ducaux et de-
meurant actuellement avec Mgr le duc de Savoie, Hu-
gues de Copponai/, s. dudit lieu ; Christophe, l'un des
trésoriers patrimoniaux de Savoie, et les honnêtes hom-
mes, Jean Jeanneret. de Lausanne et Girard A y mon,
habitans de Genève.
Les contractans déclarent qu'ils veulent éviter tous
procès futurs et rappellent le testament de Jean de Ba-
leyson du 24 mai 1444, reçu par le not. Jean Liece-
niti (1), du dioc. de Grenoble, et après avoir vu et lu
les substitutions qui y sont indiquées, arrêtent : que s
les frères de Baleyson meurent sans enfans mâles et lé-
gitimes, s'il ne reste d'eux aucun enfant de ce genre,
leur cousin (consanguineusj l^ean de Conzié ou ses suc-
cesseurs deviendront les héritiers de tous leurs biens
situés dans les patries de Chablais, Genevois, Faucigny,
et autres du duché de Savoie, sous la réserve qu'ils font
pour eux et leurs successeurs : 1° qu'ils puissent tou-
(1) La copie, très bien conservée, a été faite à Chanibcry
le 4 février 1G59, sur l'expédition originale, en vertu d'or-
donnance du juge-maje de Savoie, Janus de Bcllegarde. La
date du testament de Jean do Conzié, n'est pas indiquée. Il
s'agit sans doute du testament du 1°' février 1402 ; le nom
du notaire Jean Lieceniti a été certainement mal lu.
363
jours et en tout cas disposer en faveur de qui ils vou-
dront d'une somme de 500 florins p. p. monnaie de Sa-
voie ; — 2» que tant que leur parent n. Guigne de
Baleyson (cognatus germanus dictorum nobilium), ou
l'un de ses successeurs, mâle et légitime, vivra, la subs-
titution en faveur des Conzié, sera non avenue.
Réciproquement, Jacques de Conzié substitue les
nobles de Baleyson en cas de décès de lui-même ou de
ses successeurs sans enfants mâles et légitimes, tout en
se réservant de disposer librement du quart de ses biens,
la descendance féminine étant nominativement exclue,
et c'est pour tous les biens qu'il a reçus à titre héré-
ditaire de son oncle (aouncidi) feu Jean de Conzié et de
feu Pierre de Conzié son père.
Les parties déclarent encore, que les héritiers en vertu
de la présente substitution, devront porter le nom et
prendre les armes de la famille à laquelle ils succéde-
ront, tout en ayant le droit de les éearteler des leurs pro •
près : « ialis succedens tenehitar portare nomen et arma
oui succedebant ; si tamen volueriné eis licitum et
commodum fuerit cum hiis (suisarmis) escartellatis. )>
Et parce qu'il arrive très souvent, disent les contrac-
tans que d'infinies difficultés surgissent de l'examen d'ac-
tes de ce genre par les seigneurs juristes, ils s'interdisent
pour toujours de recourir aux légistes et interprètes des
lois ; ils devront s'adresser à de bons parents et amis au
nombre de quatre à qui ils confieront le pouvoir d'arbi-
trer souverainement et qui décideront ainsi sur tous dé-
saccords (1).
Les parties prêtent serment d'observer le pacte qui
vient d'être conclu, sous l'obligation de tous leurs biens
(1) Cette excellente disposition contenait pour les Conzié
un bon conseil qu'ils ont eu le tort de ne pas suivre.
364
et avec les clauses ordinaires et extraordinaires de re-
nonciation à toutes les exceptions de fait et de droit qui
pouvaient être invoquées dans les procès. — (Leur énu-
mération tient deux pages et demie).
Branche cadette (suite).
VI. Amédée de ConziÉj fils de Jacques et d'Isa-
belle de Mouxy , seigneur de Conzié, de Vauchier
et Bolomier, époux à! Antoine, fille et héritière
de Pierre de Bolomier, grand châtelain de Poncin;
son testament est du 8 mars 1485 (arrêt du Par-
lement de Dijon de 1624). Il teste à Poncin lel^*"
mars 1494. Sa femme, veuve avant le 24 octo-
bre 1495, teste le 17 juin 1508.
Amédée de Conzié eut unejïlle donnée, pré-
nommée Péronnette, et de son mariage, deux
filles : Anne et Marguerite, et deux fils : François
et Guibert, An/ie épousa un noble de Verboz, sei-
gneur dudit lieu et de Meras en Semine Mar-
guerite se maria , 1° h Jean de la Charme [Cha-
rine] (1); 2° à Jean de la Beyvière.
Testament d'Amédée de Conzié
1" mars I4di.
N. et P"^ Amédée de Poncin, rappelle d'abord au no-
taire Me Amédée de Pingon, de Poncin, que l'année
précédente se trouvant malade il a fait devant lui le 17
(1) Ou de la Charinc ; voir ci-après le testament de Fran-
çois de Conzié, 1515.
365
avril un premier leslament qu'il veut remplacer par le
présent.
Après... il veut, s'il meurt à Poncin, être enseveli
devant le grand autel de l'église dans le tombeau des
Bolomier, et, s'il meurt à Conzié, dans l'une de ses
chapelles de Rumilly et de Bloye ; avec six torches,
laissant le surplus de son luminaire à la disposition de
son épouse Antoine de Bolomier ; veut 13 pauvres
vêtus d'habits blancs, 200 prêtres disant messe le jour de
sa sépulture, outre 200 messes dans les 40 jours sui-
vans ; don à chaque pauvre, ce jour-là, de trois quarts
de monnaie ; legs à diverses chapelles ; aux chanoines
de Poncin, 400 florins, etc.; — à 6 jeunes filles de Pon-
cin, de bonne réputation, 10 florins (pour chacune) en
l'honneur des plaies de N.-S. Jésus-Christ ; — il or-
donne de payer ses dettes et de recouvrer ses créances
au chiffre que ses créanciers ou ses débiteurs déclare-
ront sous la foi du serment, s'ils jouissent d'une bonne
réputation ; — il donne 20 florins pour la dot d'Alexie
Guillote, de Cordon, et autant pour celle de Catherine
Miltant de Massingy ; — lègue à son frère vén. D.
Louis de Conzié, prieur de Sainte-IIélène-des- Miniè-
res, 5 florins pour tous droits quelconques ; — à vénér.
D. Georges de Bolomier, cousin de sa femme, le vivre
et le vêlement tant qu'il vivra et demeurera avec ses
héritiers, s'employant à la conservation de leurs biens ;
— il donne à Jacquemette fille donnée de Jean de Con-
zié, son défunt frère (1), 100 florins outre la dot que le dit
Jean, père de celle-ci, lui avait constituée ; — il lègue à
Péronette sa propre donnée qui demeure avec sa sœur
(la sœur du testateur, Rolette), 100 florins pour la ma-
(1) Celui qui fut ambassadeur à Venise.
366
rier, outre son vêtement nuptial ; — à noble Rolette, sa
sœur, veuve de n. Hambert Prière ou Prieur, de Duiu,
5 florins pour tous droits de partage, etc. ; — an.
Anne et Marguerite ses très chères filles de lui et
d'Antonie de Bolomier, à chacune 1000 florins pp. outre
leurs vêtements nuptiaux suivant l'usage, et dont elles
devront se contenter pour tous droits ; il recommande à
Marguerite de se faire religieuse, si telle est sa volonté,
et lui lègue pour ce cas une rente de 25 florins qui lui
sera payée par ses héritiers jusqu'à ce qu'ils l'aient
pourvue d'un bénéfice qui la fasse vivre honnêtement ;
— s'il a un ou une posthume, ou des posthumes, il veut
qu'ils soient ecclésiastiques ou religieux et que ses héri-
tiers leur servent une pension de 40 florins jusqu'à ce
qu'ils leur aient fourni un bénéfice ou une prébende qui
les fasse vivre honnêtement suivant leur condition.
Il ordonne à ses héritiers de faire procéder dans l'an-
née qui suivra son décès aux funérailles de son père
Jacques de Conziéet de son frère qui n'ont pas encore
été célébrées, et conformément à leurs dispositions par-
ticulières (i).
Il veut que sa femme, Antoniede Bolomier, soit usu-
fruitière, gouvernante et tutrice de ses héritiers univer-
sels tant qu'elle restera veuve ; si par hasard elle ne
voulait pas vivre avec ses fils, il lui donne pour rési-
dence sa maison forte de Conzié à Bloye avec les reve-
nus des biens y attachés et une rente de 100 florins ; il
(1) Les funérailles des seigneurs entraînaient d'ordinaire
de grandes dépenses ; elles devaient être précédées de pré-
paratifs et de convocations que lo manque d'argent, ordinai-
rement^ la maladie ou d'autres circonstances faisaient sou-
vent retarder.
367
lui fait don encore de ses joyaux nuptiaux, ou de leur
valeur à dire d'experts, et de tous les biens qu'il a ac-
quis dans le mandement de Poncin et au delà de la ri-
vière d'Ain.
Il veut que ses legs soient payés par ses héritiers uni-
versels à concurrence de deux tiers pour François son
fils aîné, et d'un tiers pour Guiberé, son fils cadet ; il
institue héritiers universels François et Guibert ; par
égales parts, si ce n'est qu'il attribue à l'alné et aux aînés
successifs, à l'infini : 1° le droit de patronage sur les
chapelles de la famille à Rumilly et à Bloye, la maison
forte de Conzié à Bloye avec toutes ses dépendances en
Chautagne (1). Le surplus seulement de son hérédité de-
vra se partager également entre les deux fils.
Il substitue Guibert à François, sa fille Anne à Gui-
bert, sa fille Marguerite à Anne, sa sœur Rolette à
Marguerite. Il désigne enfin pour exécuteurs testamen-
taires n. Jean Oddinet et Amédée de Galliac, seigneur
de Grehe. Le testament est fait en présence de deux cha-
noines de Poncin, et de six habitants du même lieu.
VIL — François de Conzié, fils d'Amédée,
commanda une compagnie de cent arquebusiers
à cheval [au service de la France] ; testa le 17
avril 1515 avant de partir pour la guerre, en Ita-
lie, où il mourut en 1525.
(l) On peut croire que le nom de Confié n'avait été
donné à la maison forte de Ruffieux que parce qu'elle ap-
partenait aux Conzié. La plus grande partie du territoire de
la Chautagne, les vastes vignobles surtout, appartenaient à
la noblesse et à la bourgeoisie de Rumilly.
3G8
Tl':STAMENT DM FRANÇOIS D1': CoNZIÉ.
17 août 151a.
Devant M^ Jean-Guillaume Laurent, curial et no-
taire à Poncin, le 17 août 1515, François de G. en
bonne sanlé, mais se rendant à la guerre en Italie dans
les troupes de François P'' et craignant d'y mourir,
(( volens gressus suos pergere ad hélium pro serenis-
simo rege Francorum ultra montes dubitans decedere
ab huinanis )), décide de faire son testament, parce que
rien n'est plus incertain que l'heure do la mort, et qu'il
est bon de tester lorsque l'intelligence est intacte « dum
in mente viget ratio ».
Il fixe le lieu de sa sépulture dans l'une des églises de
Rumilly ou de Bloye, laissant le soin de la convoca-
tion des prêtres à son oncle maternel Georges de Bolo-
mier ; il lègue aux chanoines de Poncin en augmenta-
lion de la dotation du service religieux fondé à l'église
de Saint-Martin de Poncin par ses prédécesseurs, les
dîmes et lods qui lui appartiendront à sa mort, et une
rente à Pont d'Ain ; — il lègue à Eulalie, fille donnée
de son oncle Georges de Bolomler, cent écus d'or sol
pour la marier ; — il lègue à sa sœur Anne, épouse du
n. seigneur de Mécorax « Annœ, uxori nobilis dni de
Mecorax eius sorori charissimœ » 400 florins outre sa
dot; — à Marguerite, sa sœur, femme du seigneur de
la Charine (1) 200 florins ; — à vén. D. Georges de
(1) M. de Foras a lu : de la Cliariue ; il y a cependant .
sur notre copie, un point sur le premier jambage de la lettre
<lii'll a lue m ; ce point est très nettement marqué comme
sur les mots nobili, domiid. — Mecorax, fief en Ghauta-
gne.
369
Bolomier, son oucle, les fruits et récoltes de ses im-
meubles du mandemeut de Poncin ; — à son frère
Guibert, tous ses biens situés en Chautagne ; institue
son dit frère Guibert héritier universel et nomme exécu-
teur testamentaire le spectable et puissant seigneur de
Baleyson.
Suivant Guicheiion, François de Conzié serait
décédé en 1525, sans postérité. La prétérition du
nom de sa mère dans son testament prouve qu'elle
était morte déjà à l'époque de la confection de cet
acte].
VIL Guibert de Conzié [fils des mêmes],
épousa le 20 novembre 1517 (1) (le 31 décembre
1519, suivant Guicbenon), Pliiliberte de Madan.
Guibert assigna à sa femme [en garantie de sa dot],
ses maisons fortes de Conzié à Blove et à RufHeux.
Ils eurent pour entdnis Jeanne, vivante en 152G
et Claude.
31 décembre 1519, donation par Guibert de C.
et Philiberte de Madan à leur fils aîné Claude de
Conzié. [Cette date est vraisemblablement erro-
née puisque l'Armoriai énonce que Claude est né
le 4 novembre 1519].
17 décembre 1539, à Blove, dans la grande tour
du château de Conzié, et devant le notaire Claude
Lanczard, d'Héry (sur Alby), cession d'alberge-
mentà Massingy, par Guibert de Conzié en faveur
d'Antoine Thomassod de Massingy.
(1) Nous avons aussi retrouvé cette date de 1517 |)our
24
leur mariage.
370
VIII. Claude de Conzié, iié le 4 décembre
1519, d'après le mémoire consulté par ]\I. de
Foras, épouse, le 21 février 1547, Jeanne, fille de
feu Jean de Bouvens et de Jeanne de La Palud.
Son père lui abandonne la maison forte de Conzié
et tous les biens en dépendans. Sa femme teste le
2 février 1591. Claude avait testé le 3 juin 1571.
Ils eurent pour enfans : Charles et Jean, morts
après leur père sans avoir été mariés ; Antoinet-
te, mariée à Louis de Vignod, seigneur de Biolée,
— Antoine- Marin et Edouard [posthume] dont
nous parlerons plus loin.
[Nous avons vu dans la deuxième partie que
Claude de Confié avait vendu la seigneurie de
Conzié sur Bloye à André de Montfort et à son
fils Georges par acte du 4 septembre 1546, reçu
M" Rossan, notaire â Trefïort, et nous y avons
rapporté l'acte du 22 juillet 1547, par lequel il ven-
dit encore à Georges de Montfort ses biens de
Chautagne, ainsi quela scène de revendication des
meubles qui eut lieu le 15 septembre 1549 devant
le pont-levis du château de Conzié. Depuis cette
époque les Montfort ajoutèrent â leur nom et â
leurs titres celui de seigneur de Conzié, pendant
que les Con::-ié restés en Bresse conservaient
aussi ce nom et qu'Edouard de Con:;ié, S"'"" du
nom, revenu en Savoie, fixa sa principale rési-
dence â Rumilly où il avait, dans la rue de Mont-
pelat, une maison indépendante de celles des
371
Monlfort de Conzié, et que sa famille y avait
peut-être conservée depuis le quatorzième siècle.
Ainsi, bien qu'il n'y eût pas entre elles de liens
de parenté, les deux familles portaient simulta-
nément le même nom dans le même pays, à
Chambéry, Turin, Rumilly, etc. Il est vrai que
tout en signant de Confié et surtout de Consy, les
Montfort n'omettaient jamais de faire précéder
ce mot de leur premier nom de Montfort.
Testament de Claude de Conzié (en français).
9 juin 1571.
L'an 1571 et le neuviesme jour de juin, noble homme
Claude de Conzié, escuyer, s. dudit lieu, grand clias-
tellain de Poncin (1), sain de ses sons et entendement
bien que.... débile et mal disposé de sa personne... or-
donne qu'on l'ensevelisse à Poncin devant le grand
autel de l'église de Saint-Martin ; — laisse ses obsèques
à la discrétion de dame Jeanne de la Palud sa belle-
mère et de damoiselle Jeanne de Bouvent sa femme ;
— demande 13 pauvres pour assister à sa sépulture
lesquels seront habillés de drap noir et recevront cha-
cun 6 gros et porteront chacun une torche allumée ; —
lègue à Jeanne Folliet qu'il nourrit à présent cinquante
florins et veut qu'elle soit conduite à Lyon dans quel-
que hôpital ; à François du Bourg, son serviteur 60
florins outre un manteau, saye, chausses et bonnet
(1) Le testateur ne fait aucune aUusion aux biens do la
famille situés aux environs de Rumilly. II estj^robable qu'en
1371 il avait aliéné même les meubles qu'il s'était réservés
dans les ventes des immeubles.
372
eu drap noir; — id. à M'^ Pierre Marchand aussi sou ser-
viteur ; à Claude et à Benoîte, ses chambrières : 10 fl.
à la première, 3 à l'autre ; — il confirme les assigna-
tions de biens faites par lui à sa femme suivant actes
reçus par les notaires Setour, de Poncin, et Chaudet,
de Chambéry, lui lègue l'usufruit de ses biens tant
qu'elle restera veuve; lègue à sa fille Anthoine 3.000
florins monnaie de Savoie et 200 florins pour ses ha-
billements quand elle se mariera ; — au cas où sa
femme se trouverait estre enceinte et qu'elle accouchast
d'un fils, veut et entend que (sauf la distraction de 300
florins) il demeure héritier par esgale portion avec ses
autres enfans, et si d'avanture elle accouchoit d'une fille,
veut et ordonne qu'elle soit religieuse et qu'il lui soit
donné 500 fl. pour entrer en la dite religion, et là où elle
ne voudroit estre religieuse veut et ordonne qu'il lui soit
baillé seulement la somme de 1.500 fl. pour tous et un
chascun ses droits ; — institue héritiers universels Ma-
rin, Charles et Jehaji ses chers enfants procréés en loyal
mariage du dict testateur et de sa dicte femme. — Or-
donne qne Marin, sou fils aîné ait eu prérogative tous
les patronages de Poncin et d'ailleurs, chapelles, cha-
noinies et autres, — voulant aussi que si le dit Marin
avoit moyen de coUoquer ses deux frères cohéritiers en
biens d'esglise jusques à la somme de 300 florins pour
un chascun dont ils puissent avoir moyen de vivre selon
leur qualité, il prie les dits Charles et Jean ses dits eu-
fans et si leur commande de se contenter de ce et de
laisser sa dite hoyrie au dit Marin afin qu'elle soit saine
et demeure entière...; substitue à ses fils sa fille Anthoine
à charge de porter les armes et nom du testateur ; et j'açoy
que ses héritiers soient déjà hors de tutelle , ordonne
qu'ils n'ayeul à se mesler ny s'immiscer aux dits biens
373
jusqu'à ce qu'ils aient et excèdent l'âge de 25 ans, ains en
laissent l'entière jouissance à leur mère, laquelle il
prie, autant qu'ils sont siens comme à lui, les faire ap-
prendre et instruire es bonnes lettres le mieux qu'il luy
sera possible afin qu'elle en puisse avoir contentement et
honneur ; nomme tuteur es biens et personnes de ses dits
enfants et héritiers, sa belle mère, sa femme^ noble hom-
me George de Loriol, seig. de S. -André du Bochoux, et
Me André Gravel, sou compère.
Fait à Poncin, dans la maison du testateur, dans la
chambre basse delà tour, où il est malade....
Charles et Jean de Conzié moururent sans avoir
été mariés et les biens de la famille se seraient
concentrés entre les mains de Marin ou Antoine-
Marin, s'il n'était survenu un posthume Edouard,
né vers le commencement de 1572, et dont la
mère Jeanne de Bouvent exerça la tutelle durant
de longues années].
IX. Antoine-Marin de Conzié, dit de Bo-
lomier, [avait plus de 20 ans en juin 1571 et moins
de 25]. Il épousa : 1°, le 8 juin 1574, Catherine de
Candie, fille d'Ame, seigneur de Loese, laquelle
testa en 1583 (1) ; 2°, le 30 août 1583, Claudine
(1) Nous avons trouvé dans les pièces j^ar nous étudiées
un « Mémoire pour faire voir qu'Edouard de Conzy est
né en adultère ». On y lit : « si bien le testament de Cathe-
rine de Candie est de l'an 158-3 et l'extrait de baptême d'E-
douard est de 1587, elle peut avoir encore vécu cj^uelques an-
nées et le testament toujours prouvera qu Antoine-Marin a eu
Catherine de Candie pour sa première femme et que Claudine
îBoccon, sa seconde femme, était sa servante pendant le pvo-
374
Boccon [sa servante] ; il testa à Poncin le 11 mai
1G14, [le 20 ... . 1619, suivant une pièce écrite en
1672; mourut le 13 février 1634; Claudine ou
Claudaz Boccon mourut le 16 mars 1640].
Il eut de son premier lit Claudine ou Louise,
femme de Charles de Blanchecour, dame d'hon-
neur de la duchesse de Brunswick. Dans son tes-
tament, son père réduit sa dot, à cause du nom-
bre de ses enfants, et « attendu aussi les ingrati-
tudes et les ditïamatoires façons d'elle et son mari
contre la révérence, bonne famé et réputation
de d^"*" Claudine Boccon leur belle-mère (1) )>. —
— Louise, mariée à Philibert de la Gelière ; Jeanne,
non mariée ; René, mort de maladie aux guerres
des Pays-Bas, avant 1614 ; Claude- François^
mort au siège d'Ostende, ayant testé le l'^''mai 1603
[le 14 mai, suivant l'arrêt de Dijon] ; et Claudine
la cadette ;
Antoine-Marin eut de son mariage avec Clau-
dine Boccon, Cliarloiie, née le 23 janvier 1585 ;
— Denise, née le 1^'' janvier 1586, et Edouard II,
né le 21 mars 1588, mort le 11 janvier 1617 (Ex-
traits des actes de baptême et de décès produits
dans un procès de 1672).
mier mariage ». Il n'y avait là qu'une Insinuation calona-
nieuse, au moins en ce qui concerne Edouard, né aj)rès ses
sœurs Charlotte et Denise.
Il y avait alors à Ponein un notaire du nom de Boccon .
(l) Sans doute, parce que la belle more avait d'abord été
cJiainbrcère dans la maison.
[Nous avons vu, dans la deuxième partie, qu' en
1580, Antoine-Marin de Gonzié plaidait contre
les Montfort en action rescisoire , c'est-à-dire
pour faire casser les actes de vente des maisons
fortes de Conzié. L'on arriva, plus tard, en 1607,
à une transaction.
D'après Grillet, loc. cit., p. 240, « Antoine-
Marin fit ses études à Paris, où il se distiiigua par
ses talents pour la poésie. Duverdier qui le con-
naissait particulièrement parle de ses ouvrages
sous l'an 1569. Ils consistent en poésies amou-
reuses et en un recueil de sonnets ».]
IX. Edouard (l'"'" de ce nom) de COxNzié, seigneur
de Vauchier, capitaine d'une compagnie de gens
de pied sous le marquis deTrefîort, blessé à l'as-
saut du château des Echelles (Savoie), mort de
sa blessure le 17 août 1592, enterré à Ghambëry,
dans l'église des Gordeliers hors ville [Sainte
Marie-Egyptienne]. D'un mariage avec N. N. lais-
sa un fils, Marc de Conzié.
X. Marc de Gonzié; son oncle [Antoine-Marin]
lui lègue la jouissance de certains biens sa vie
durant; mortà Verceilenl614, portant les armes
pour le duc de Savoie ; testa le premier juin 1614
[au profit d'Antoine-Louis et de Henri/ de Con-
zié, fils d'Edouard 2'"^]
X. Edouard 2"*^ de Conzié [baptisé à Poncin le
21 mars 1588, fils d'Antoine-Marin et de Clauduz
376
Boccon], épousa, le 2 mars 1614, Catherine, fille de
Jean de Malomont, écuyer, prévôt de Pierrefitte.
[Le contrat de mariage serait du 20 mai 1613. In-
ventaire cité.] Son père lui fait don des châteaux
de Vauchier et de Conzié. [Ces maisons-fortes ou
châteaux de Conzié étaient vendus depuis long-
temps.] Suivant Guichenon, il mourut avant son
père. [C'est exact, le 11 janvier 1617. — Extrait
mortuaire.]
Il eut une fille naturelle C/a^c/me à laquelle son
grand-père légua 100 florins en 1614, pour l'aider
à se marier; — et de son mariage Antoine- Louis
et Henry de Confié.
[De 1620 à 1627, Antoine Bolliet, notaire à Poncin,
dut sonteni.', en qualité de curateur d'Antoine- Louis et
de Henry fils de feu Edouard de Conzié, un procès con-
tre d^iie Jehanne de Grenaud, veuve de Claude des Bor-
des, sieur de Chastellet. Il se termina (pour la plus
grande partie des questions) par un arrêt du Parlement
de Dijon, rendu en Tourncllo le 21 jans^ier 1627, qui
tranche, en faveur des Conzié, diverses questions de
substitution, c'est-à-dire, serable-t-il, qui obligea les
acheteurs à restituer des biens aliénés par la famille et
qui étaient grevés de substitutions. Le Parlement, tou-
tefois, n'usa pas d'une rigueur complète. 11 ordonna que :
(( 1" les biens provenant de Pierre de Bolomier et d'An-
toinette de Bolomier (sa fille, femme d'Amédée de Con-
zié) seraient rendus chargés de la substitution envers An-
toine-Louis et Henr}' de Conzié; — 2° à l'égard des
biens ayant appartenu à Claude de Conzié (fils de Gui-
bert) et autres que ceux provenant des susdits Bolomier,
377
qu'ils seraient pareillement rendus chargés de la subsli-
lulion envers les mêmes, le cas échéant, distraction
faite, au profit des créanciers d'Antoine-Marin de Con -
zié, delà moitié desdits biens pour la légitime des en-
fants dudit Claude de Conzié, et du quart de l'autre moi-
tié pour la trébellianique (1) ; — 3" en ce qui concerne
les biens de Jeanne de Bouvent, femme de Claude de
Conzié , que la substitution contenue en son testa-
ment, n'aurait lieu au profit d'Antoine- Louis et de
Henry de Conzié que pour 600 livres le cas échéant, et
que le surplus appartenant audit Antoine-Marin, serait
vendu au profit de ses créanciers ; — 4° l'arrêt fait dis-
traction, au profit d'Antoine-Louis et Henry, des biens
provenant de Marc de Conzié, suivant son testament du
ler juin 1614 et de ceux contenus en la donation de
Claude-François de Conzié du 14 mai 1603. Et, quant
aux autres opposiiions, il y sera fait droit après qu'il aura
été procédé plus amplement devant le conseiller rappor-
teur. ))
Cet arrêt n'enrichit pas Antoine-Louis et Henry
de Conzié, car, en 1634, ils furent obligés de re-
noncer à la succession d'Antoine-Marin de Con-
zié, leur grand-père, « et en tant que de besoin à
celle de feu EdiTiond de Conzié, leur père, de
crainte qu'ils ont que ces hoiries ne leur soient
plus injurieuses que profitables, desquelles ils se
sont abstenus en protestant de ne vouloir s'y
immiscer, de façon que ce soit aisé de recouvrer
(1) Le quart que l'hcntier institué avait droit de retenir
sur la succession grevée de substitution, lorsqu'il remettait
cette succession.
378
sur icelles tout ce qu'ils sont grevés de leur ren-
dre par arrêt du Parlement ». Antoine-Louis de
Conzié demeurait alors à Paris, rue de la Bouche-
rie, avec sa mère, Catherine de Malomont. La
renonciation fut faite le 15 juillet 1634 devant le
châtelain du Poncin].
XL Antoine-Louis DE Conzié [écuyer, seigneur
de Conzié] et de Vauchier, baptisé à Poncin le 13
février 1615 [Extrait de baptême] ; épousa, par
contrat dotal du 13 décembre 1640 [dont l'analyse
va suivre] Claudine, fille de noble Claude Catin,
laquelle teste, étant veuve, le 13 mai 1672.
Contrat de mariage d'x\ntoine-Louis
DE Conzié
13 décembre 1610.
Antoine-Louis de Conzié, écuyer, seigneur d 3 Conzié,
Bolomier et Vauchier, fils de feu Edouard, jouissant de
ses avoirs de majorité, et néanmoins de licence et auto-
rilé de d^n^ Catherine de Malomont, sa mère, suivant
procuration ci-jointe, — et d^ii'^ Claude Catin, fille de
noble Claude Catin, seigneur de Villotte, en Bourgo-
gne, conseiller du roy et trésorier de finances et inten-
dant des finances audit duché de Bourgogne, et de doiiQ
Claude Morillion, ses père et mère ; de leur consente-
ment et de l'avis de Monsieur Jean Caltin, conseiller du
roy au Parlement de Dijon, et M^^ Père Marmet Cattin,
religieux et aumosnier à Saint-Seigne, ses frères (de la
future), se marieront le plus tôt que l'aire se pourra, —
ils seront conjoints et associés par moitié pour tous
379
meubles et acquêts selon la coutume de Boui-gogne sui-
vant laquelle ils entendent régler ce contrat de mariage ;
— la future aura un douaire de 300 livres par an, ra-
chetable pour 2000 livres par le futur ou ses héritiers ; —
le iutur donnera à la future des bagues et joyaux pour
2000 livres ; — le survivant emportera les habits tenant
à sa personne et sa chambre garnie, ou pour cette cham-
bre 1000 livres ; si c'est le futur, il emportera en outre
ses armes et chevaux ou 2000 livres à son choix ; si
c'est la future, outre ses bagues et joyaux, 2000 livres
outre son carrosse et chevaux dont le futur lui fait do-
nation ; — le futur se marie pour ses droits paternels
échus et pour les biens qui lui sont donnés par la dame
Catherine de Malomont, sa mère, et par d^HQ Margue-
rite de Malomont, sa tante ; — la future se marie (ap-
porte en dot) par mariage divis, pour droits paternels
et maternels la somme de 6000 livres dont 4000 seront
payées à d^He Denise de Conzié, femme du s^ de Bo-
che (1), dont le futur lui est débiteur par transaction
passée à Bourg en septembre dernier ; et ont promis
(les parens) d'habiller ladite deii« future épouse selon sa
qualité dans la solennité desdites noces ; — les époux
pourront se faire réciproquement par testament ou au-
trement, donation de tous leurs biens ou de partie, re-
nonçant quant au présent article à la coutume de ce du-
ché de Bourgogne et à celle du Bugey et de Barrois qui
le prohibent.
XL Henry de Conzié [frère d'Antoine-Louis],
capitaine au régiment de Vernancourt, tué le 12
avrill638 au siège de Brisach, à 21 ans. [Il était
(1) l'ante du futur.
380
né, le 19 juin 1616, à Poncin. Nous avons vu
qu'il avait été obligé de répudier la succession de
son grand-père et celle de son père].
[Antoine- Louis de Conzié et Clauda Catin eu-
rent cinq filles et quatre fils] : Jeanne, Marie,
Elisabeth, qui furent très probablement religieu-
ses à Seyssel, Barbe, mariée à Joseph de Juge,
seigneur de Candie, Denise, mariée à Nicolas de
Regard, seigneur de Chanay, morte le 22 avril
1722. (Baux. Nobiliaire de V Ain).
[Barbe et Denise de Confié revinrent donc ha-
biter en Savoie. i?ar6e, femme de Joseph Juge (1).
lequel n'est jamais appelé seigneur de Candie dans
les R. P. de Rumilly, eut le 15 février 1687, une
fille, Martine, qui eut pour parrain noble INIartin
de Regard, seigneur de Chanay et Mognard (2),
pour marraine, Guillermine Juge ; — et, le 5
mai 1690, un fils, Joseph-Honoré.
Denise de Confié est marraine, à Rumilly, le
20 août 1701 ; elle est appelée Denise de Consy,
dame de la Balme.
(■1) D'une famille de Rumilly qui s'est éteinte en 1803
par la mort sans postérité de M. Charles de Juge, à son cliù-
teau de Pieullet^ paroisse de Sales, près Runiilh^ (Voir sur
les Juge, seigneur de Candie, le Mémoire de feu M. Chap-
peron au présent volume).
(2) Mognard, paroisse entre Albens et Aix-les-Bains ;
le Chanay, petit fief, tout près de Chambcry, devenu la
demeure élégante de notre illuslro compatriote, M. le baron
Albert Blanc, écrivaiu et diplomate, ancien ambassadeur
d'Italie à Constantinople.
381
Fils D'ANTOI^E-LouIS
XII. Claude (2"'') de Conzié, seigneur de Bo-
lomier, grand châtelain de Poncin, âgé de 29 ans
en 1G70. Il épousa : 1'^ Jeanne de Baschod [con-
trat dotal du 12 décembre 1GG3] ; 2° Claudine
Griffon. Enseveli, à Poncin, le 18 septembre 1729.
[En 1676, il soutenait encore contre les Montfort
et devant le Sénat de Savoie le procès relatif aux
successions de son grand-père et de son arrière-
grand-père Edouard.
Jean de Conzié, seigneur de Vauchier, de St-
^Iartin-du-]Mont, baron de Pommiers, marié à
Catherine de Beuverand ; testa le 2 mai 1747.
Mamert de Conzié, né le 11 mars 1654 ; prêtre,
doyen de l'église collégiale de Poncin, [parrain à
Rumilly, le 20 août 1701 de Denise (P^), fille de
son frère Edouard et de Marguerite d'AUemo-
gne].
Edouard de Conzié [3«] ; voir ci-après.
Claude (2'"^) eut du premier lit : Denise-Aga-
ilie et Jeanne; du second lit, Charles.
XIII. Charles, seig^' de Bolomier, grand chat,
de Poncin et Beauvoir, capitaine de grenadiers
(1) Il s'agit d'Antoiue-Balthazard deThoy de Pesieu, bri-
gadier des armées dn Roy, colonel d'un régiment d'infante-
rie étranger, commandant en Savoie les armées de S. M.
Louis XIV. Le 31 décembre 1691, il est parrain, à Rumilly,
du fils de Lambert de Rochetto et de Françoise de Pesieu-
Longecombc-Salagine ; — il signe Thoy de Pksieu.
382
au régiment étranger de Tlioiry (1) (sic La Gh.);
épousa Marie-Madeleine de Saint-Loup ; eurent
pour fils.
XIV. Jean-Charles, seigneur de Bolomier, né
à Poncinle 17 mars 1725 ; épousa, le 6 mai 1754,
Marianne-Gabrielle de Marrois de Meillonnas. —
Ils eurent Marie-Claudine de Gonzié, dernière
du nom, mariée à M. de la Beyvière, morte à son
château de Longes, le 6 février 18G8.
XIII. François-Mamert de Gonzié, fils de
Jean et de Gatherine de Bouverand, né le 29
avril 1G95. épousa, en juin ou juillet 1728, Isa-
belle d'Anlezy ; testa le 28 avril 1745 ; ils eu-
rent Marie-Charlotte et Marie- Philiberte qui
furent religieuses ; — Louis- François- Marc-
Hilaire, évêque de Saint-Oraer en 1766, d'Arras
en 1769 ; — Joacliim-François-Mamert, évêque
de Saint-Oaier en 1769, puis archevêque de Tours;
— et Marie- Antoinette-Françoise, m:iV\éQ, le 15
avril 1752, à Charles-Amédée de Lombard de la
Balrae. seigneur de la Balmeet de Gourtenay.
XI 1. Edouard (3'"'') de Gonzié [quatrième fils
de Claude, lit revivre la famille en Savoie]. Né le
24 mars 1658, à Poncin, capitaine d'une compa-
gnie au régiment de Savoie, le 27 avril 1690. [En
août 1702, dans un acte passé à Rumilly, il est
qualifie do capitaine au régiment des Gardes de
383
S. A. R.;il signe Confié]. Il commandait, cnlG9G,
Je 2™^ bataillon du régiment étranger de Thoy, au
service de la France. (Vraisemblablement il n'a-
vait pas cjuitté la Savoie à l'invasion de ce pays
par l'armée de Louis XIV en août 1G90).
Le 8 mai 1697 « à Ypres, ressort du Parlement
de Tournai, en présence de Joseph de Migieux, es-
cuier, capitaine au régiment de Thoij fs?cj, Claude-
Eugène du Cret de Thénésol, capitaine de grena-
diers au réojiment roval de Savoie, reconnaît devoir
à Edouard de Gonzié, escuier, commandant du
second bataillon du régiment estrangerde Tlioy,
quatorze livres, monnaie de France ». (Arch. de
Mouxy).
II devint marquis d'AUemogne (1), comte de
Clioisy-la-Balme, par son premier mariage avec
Marguerite de Livron d'AUemogne, fille d'André-
Gaspard d'AUemogne et de Reymondine de
Reydet, comtesse de la Balme-Ghoisy, dont on
rencontre les noms à chaque page dans les regis-
tres paroissiaux de Rumilly (2).
II eurent : 1" Louis, qui suivra ;
2° François-Baltha~ard, né à Rumilly le 13
août 1099, baptisé le 15, qui eut pour parrain et
marraine Gharles Broissand et. . . Broissand , de
(1) Fief sur la commune de Tlioiry, près Genève.
(2) Reymondine de Reydet fut ensevelie à R. le 17 octobre
1712, à l'âge de 70 ans ; son fils Ballliazard de Livron
d'AUemogne, y mourut le 1" février 1720, Agé de 40 ans.
384
la paroisse de Blouij (Bloye) ; probablement deux
cultivateurs appelés parce que le nouveau-né était
malade et près de mourir. (Nous n'avons pas cepen-
dant retrouvé l'acte de décès sur les registres de
Rumilly. L'enfant a dû mourir en nourrice dans
une paroisse voisine.)
3° DetiisQ, née le 20 août 1701 ; baptisée le 19
septembre suivant; parrain, Révérend Mamert
de Conzy, doyen de la collégiale de Poncin; mar-
raine, mademoiselle Denise de Conzv, dame de la
Balme. Cette enfant est décédée le 10 mai 1702
à Rumilly (R. P.).
Edouard de Conzié épousa en secondes noces,
le 14 novembre 1705, à Chambéry (contrat du 21
septembre précédent). Louise Favre des Charmet-
tes, de Félicia, etc.^ fille de Joseph-Philibert Fa-
vre, comte de Chanaz (près Chambéry), baron des
Charmettes, et d'Aimée-Madeleine de Lucinge.
Ils eurent :
V François-Joseph, qui suivra.
2° Denise (2'"0, née à R. le 27 août 1708 ; céré-
monies du baptême, le 29 mars 1709. Parrain, n.
Jérôme de Chappois ? seigneur de Bienassis ; mar-
raine, Denise de Conzié, dame de Chanex. Dans
le contrat d'entrée en religion de cotte Denise à
Sainte-Claire-hors-ville, à Chambéry, du 30 juin
1725, son frère François-Joseph lui constitue une
dot de 3.000 livres.
3° Péronne-Marjdelaine (appelée Françoise-
385
Claudine-Magdelaine dans VArinorial) née à R.
en novembre 1709, baptisée le 29 du morne mois,
fille de feu n. Edouard de Conzy et de demoisel-
le Jeanne-Louise de Charmettes, mariés (R. P.).
C'est donc l'enfant posthume prévu au testament
du père. Elle épousa le 28 octobre 1722 à R.,
Claude J.-B. de Gerbaix de Sonnaz d'Habères,
et mourut à Thonon, le 10 juin 1792, âgée de 83
ans. — Avait eu pour parrain M'*" Pierre, abbé
de Lucinge {sic), représenté par n. Joseph Juge,
et pour marraine, demoiselle Barbe de Conzié,
femme de ce dernier.
Edouard de Conzié fit son testament le 28 août
1709, et fut enseveli à Rumilly, le trois septem-
bre (Reg. Par.).
Testament d'Edouard de Conzié
Le 28 août 1709, dans sa maison à Rumilly, Edouard
de Conzié dicte son testament au notaire Dubossou. Il
déclare qu'il veut être enterré dans sa chapelle de Saint-
Claude joignant l'église de Rumilly ; fait divers legs :
200 florins aux Capucins, — 100 florins aux Bénédic-
tins de l'église paroissiale, — à la Confrérie de la cha-
rité, — à ses servantes Denise Lovel et Louise Journet ;
— il lègue 3.000 florins à sa fille Denise que lui a don-
née sa deuxième femme Louise de Charmettes ; — 3.000
florins à l'eiUfant ou aux enfants posthumes dont ladite
femme est enceinte ; 1.000 ducatons pour le garçon, et
s'il s'agit d'une fille 3.000 florins. — Il donne à sa fem-
me l'usufruit et le gouvernement de ses biens ; puis il
institue héritiers universels et par part égale ses deux
25
38G
iils Louis, issu de son mariage avec Marguerite de
Chevron, et le second François-Joseph, de son mariage
avec Louise de Charmettes. les substituant Tun à l'autre.
Il date, et signe Conzié.
Puis se ravisant et, sans doute, lorsqu'il s'est trouvé
seul, il écrit de sa main et avec son style particulier :
« Et comme le Père Trufïon, moine fin et rusé me
« voudroit insinuer de faire deux héritiers et que le
u bien seroit de trop petite conséquence entre deux je
« fais Loys de Conzié mon héritier universel et don-
« ne à François-Joseph mon cadet la somme de 1.000
« ducatons, et madame de Conzié aura la bonté après
« l'année de son veuvage de se retirer dans sa famille
« ordonnant à mon héritier [de la nourrir] le temps
« qu'elle ne voudra pas rester, et si les frères ou sœurs
« de mon héritier venaient à mourir je prétends que
« cella {mon héritage) lui revienne. Voilà mes deruiè-
(( res prétentions. Mon héritier me fera dire là ou mon
(( corps [sera déposé] deux messes par jour pendant
« toute l'année. Je défends à mon héritier sous peine
(( d'estre privé du bénéfice de mon héritage de mettre
« que quatre {de mettre plus de quatre) flambeaux
« d'une livre autour de mon corps et six d'une demi-
« livre pour mestre sur le maistre autel ».
Scellé et signé Conzier, testateur.
Le testament est remis aux mains du notaire Dubos-
son en présence deDom Pierre-Célestin TrufTon, prieur
de Sainle-Agathe de Rumilly, de Jean-Grégoire de
Rouillât, supérieur de l'Oratoire et Collège de R., de n.
Joseph de Bracorand, S' de Savoyroux, de n. Joseph
Juge, do Joseph Merle, docteur en médecine et François
Chapuis, maître chirurgien.
387
Edouard de Conzié mourut le 3 septembre
ainsi que nous l'apprend la demande d'ouverture
de son testament faite par sa veuve, dès le 5 du
même mois « attendu la conjoncture du temps
de guerre ».
Le testament est ouvert dans la maison du dé-
funt où il est présenté par son beau- frère, Bal-
thazard de Livron, au juge commis qui en fait une
description minutieuse, dans laquelle est consta-
tée l'addition que nous venons de reproduire (I).
L'on doit croire que le P. Truffon, poussé par
la seconde femme, avait excité le testateur à di-
viser son bien entre les fils des deux lits, et que
pour échapper aux obsessions qui auraient en-
touré ses derniers moments, Edouard do Conzié
y avait consenti, se réservant de modifier cette
disposition dès qu'il serait seul. Son bien, dit-il,
était trop peu important pour être donné à deux
héritiers. Dans le corps du testament il avait lais-
sé ses funérailles à la volonté de sa femme ; dans
le codicille par la disposition finale, il donne un
exemple de modestie assez rare en réduisant au
strict nécessaire le nombre des flambeaux qui
doivent brûler à sa sépulture.
XIII. Louis de Conzié, né à R., le 2G novem-
bre 1G97 (cérémonies du baptême le 10 février
1698), d'Edouard de Conzié et de Marguerite
(1) Archives du Greffe du Tribunal civil d'Annecy ; Mi-
nutes des notaires de Rutnilhj, année 1709, i° 413 et suiv.
OQQ
88
d'AUemogne , moit à Allemogne le 15 janvier
1763 (1), enseveli à Rumilly. [Probablement dans
la chapelle de Saint-Claude, quoiqu'elle appartint
aux Montfort deConzié; les registres de R. ne
mentionnent pas cette sépulture,]
Il épousa, 1° le 14 avril 1713 (1731?), Georgine
Dupuis, ou du Puitz, fille de Claude de Montagny,
morte le 11 janvier 1742, à R., âgée d'environ 51
ans (R. P,) ; 2" le 25 février 1743, à Chambéry,
Maguerite de Mareste, fille de Louis de Maresto,
marquis de Lucey.
Il eut du premier lit : Marguerite-Madeleine
mariée le 20 septembre 1742 [?] à J.-B. -Gabriel do
Regard, comte de Vars ; — du second lit, Fran-
çoise-Caroline Polixène (2) , née à Chambéry le
29 septembre 1744, mariée à Pierre-Hyacinthe do
Buttet, de Tresserve ; — François-Louis, né à
(0 II s'est glissé clans l'A /-morm/f quelques inexactitudes,
ou plutôt quelques erreurs de copie ei d'impression, au su-
jet des deraiers Gonzié. C'est ainsi qu'on n'y voit qu'une
seule Z)e/iïse, fille d'Edouard de Conzié ; qu'on y lit que
Louis de Conzié, décédé en 1763, testa le 15 août 1784,
que François-Joseph de Conzié aurait eu 74 ans en 1768.
La date do 1713 donnée au premier mariage de Louis de
Conzié nous parait douteuse puisqu'il n'aurait été âgé que de
quinze ans et demi ; sans doute il y a ou interversion de
cliiiTres, et il faut lire 1731. Les registres n'indiquent pas sa
première femme comme morte à 57 ans, mais i\ 51 ans en-
viron ; l'imprimeur aura pris le chiffre 1 iwur le cIiiiTro 7.
(2) Polixène ; l'un des prénoms de la reine de Sardaigno,
épouse de Charles-Emmanuel III.
389
Cliambéry le 22 octobre 1745 ; — Agathe-Sophie,
— François-Joseph (S*^), né à Cliambéry le 3 février
1747; — Alexis, né à Cliambéry le 29 avril 1750,
et François-Joseph-Gaspard, né à Cliambéry le
5 septembre 1753 (voir pour le 11** degré, ['Ar-
moriai et Nobiliaire, p. 162).
XIII. François-Joseph de Conzié , fils d'E-
douard et de Louise Favre des Cliarmettes, né à
Rumilly le 11 février 1707 (1), décédé à Cliam-
béry, sans avoir été marié, le 8 mai 1789. âgé
de 83 ans.
[Le 17 avril 1730, à R., par un acte, Descostes
notaire, il traite avec sa mère au sujet des droits
dotaux, augment et joyaux de celle-ci, fixés à
39,000 florins par son contrat de mariage du 21
septembre 1705, Blanc notaire. Le fils du premier
lit d'Edouard de C, Louis, comte de Clianaz, ba-
ron d'Arenthon, en doit la moitié, faisant 10,285
livres 14 sols 6 deniers. L'acte signé Joseph de
Con.^ié, est passé en présence du bénédictin de
l'abbaye de Talloires, D. Ildefonse Belly, un ami
(1) « L'an 1707 et l'onzième jour du mois de février est né
un fils de noble Edouard de Consier et de demoiselle Loùj^se
de Cliarmettes, mariés, de cette jjarroisse, et le 13 a été
baptisé; on lui a imposé le nom de Joseph-François. Son
parrain a été noble Claude-François de Cliarmettes ; la mar-
raine Marie do Charmettes, faisants pour Joseph-Philibert
Favre, comte de Charmettes, et pour Françoise Lucinge (^ic)
comtesse Dunoyer.
« Signé : P. Rcmondier, vie. gardiateur » (R. P. do U).»
390
de la famille, car, en 1725, il avait déjà assisté au
contrat d'entrée en religion de Denise de Con-
zié (1).
Il avait testé en 1762 (2) et testa de nouveau
le 24 août 1786 (Armoriai, p. 162, note).
Nous avons^ dans un autre ouvrage (3), donné
sur Joseph de Conzié et sur sa liaison avec Ma-
dame de Warens et Rousseau de nombreux ren-
seignemems. Nous y avons publié onze lettres
inédites du gentilhomme savoisien à son malheu-
reux et soupçonneux ami. IL lui offrit généreuse-
ment un abri aux Charmettes et dans le petit
château d'Arenthun où le philosophe aurait trouvé
un curé tolérant, l'abbé Baussand, dont Joseph
de Conzié a célébré les vertus en vers latins.
L'amitié d'un grand homme est un bienfait
des dieux ; aussi les relations de Joseph de Con-
zié avec Jean-Jacques ont-elles beaucoup plus
contribué a conserver sa mémoire que les services
réels qu'il s'efforça de rendre à ses concitoyens,
(1) En 1725 il était prieur du prieuré de Runiilly ; il de-
vint abbé claustral de Talloires en 1736. — Madame de Con-
zié avait alors quelques dettes; elle devait, notamment,
000 livres empruntées par elle, en Piémont, du seigneur de
Montfort, major du régiment de Tarcnlaise.
(2) Archives du Tabellion à Chambéry, année 17(52, I"
partie, folio 005; il n'y a que le procès-verbal de déclaration
de testament.
(3) Madame de Warens et J.-J. Rousseau, Paris, Cal-
mann Lévy, 1801, in-S", avec 4 planches
391
lors de la longue et dure occupation de la Savoie
par l'armée espagnole, de 1742 à 1749.
\J Armoriai de Savoie , page 162, l'indique
comme député de la noblesse en 1746 [auprès du
roi d'Espagne]. La pièce suivante établit qu'il fut
envoyé à la Cour de Madrid par le pays tout en-
tier, « par les 627 communautés comprises dans
les six proviaces qui composent le duché de
Savoie ».
Après avoir obtenu une audience du roi en
1746, il en sollicita une autre et parait avoir été
reçu de nouveau par le roi Ferdinand le 4 janvier
1747. Il fut admis à lui présenter, sur les faits
contenus dans un mémoire, qu'il avait sans doute
rédigé à Ghambéry en collaboration avec les prin-
cipaux personnages de la ville, des explications
c[u'il n'aurait pas été prudent d'énoncer par écrit.
Le Mémoire (1), imprimé sur deux colonnes,
l'une en espagnol, l'autre en français, contient un
exposé sommaire et précis des diverses taxes im-
posées par les conquérants à la Savoie^ taxes dé-
passant de beaucoup les limites fixées par Phi-
(1) II est imprimé sm* deux feuilles de papier de 0, 32
centimètres de haut sur 0,22 de large et ne porte ni date le
lieu d'impression, ni nom d'imprimeur.
Le texte espagnol commence ainsi :
SENOR
Il Condc di Conciè, DlpiUndo General de las 627 Co-
tnnnidadcs entre du laies. Villas, y Poblacioncs , etc.
392
lippe V lors de la prise de possession du pays
en septembre 1742, par les troupes espagnoles
avec la connivence de la France. Les suppliants
y concluent à ce que les peuples savoisiens ne
paient ni taxes ni impôts plus élevés que ceux
auxquels ils étaient soumis sous le roi de Sardai-
gne, et à ce que tout ce qui avait été si durement
exigé en sus fût imputé sur les taxes et impôts
ordinaires à recouvrer depuis ce moment.
La rareté et l'importance historique de ce do-
cument nous engagent à en publier ici intégrale-
ment le texte français.
Mémorial présenté a Sa Majesté le Roy Dom
Ferdinand des Espagnes, au nom des Peu-
ples DE Savoye, le 4 janvier 1747.
Sire,
1. Le Comte de Conzié, Député Général des 627.
Coramunautez, tant Villes, que Bourgs et Villages, com-
prises dans les six Provinces qui composent le Duché de
SavoA'^e, se présente de nouveau, avec un profond respect,
aux pieds de Votre Majesté , s'y trouvant forcé, vu
que le contenu de l'Ordre Royal que lui a remis le Minis-
tre Marquis de la Ensenada, pour l'Intendant du Duché
de Savoye, se trouve être d'une différente substance que
la Représentation faite ci-devant par le Député supliant
à V. M. dans sa première Audience ; puisque par l'Or-
dre Royal susmentionné V. M. mande au susdit Inten-
dant, « qu'il aye à traiter les mentionnées Communau-
tez avec douceur, suivant que les circonstances le per-
393
mettront » : Mais le Député d'icelles avoit supplié V.
M. verbalement et par écrit, qu'usant de sa Clémence
Royale Elle daignasse supprimer les Contributions ex-
cessives et hors de juste règle, dont ces provinces ont été
surchargées, vu le pied que I3 Glorieux Monarque, Père
de V. M. avoit établi, qu'elles contribueroient dès le
commencement de sa Cathohque Domination.
2. Cet équivoque, dans le point essentiel, peut provenir
de ce que le Député supliant n'avoit pas réussi à établir
suffisamment et en diië forme l'objet de sa Commission,
puisqu'il ne s'étoitpas plaint à V. M. de l'Intendant ac-
tuel de Savoye, du Pouvoir duquel ne dépend plus au-
jourd'hui le remède nécessaire aux souffrances de ce
misérable Peuple : Le Député supliant répétera à V.
M. dans cette humble Supplication les principaux motifs
qui animent les coeurs des susdites 627. très loyales et
très affligées Communautez à espérer de la Clémence de
V. M. (dans l'auguste Personne de laquelle ils voyent
couler et revivre le Sang Royal des précédans Monar-
ques delà Savoye), à espérer, dis-je, la suppression des
insupportables poids, qui ont produit la ruine de ces
Provinces, contre tous les Etablissements et Règles que
le Glorieux et Catholique Monarque, Père de V. M.,
avoit donnez pour baze et principes de son Gouverne-
ment, ainsi qu'il sera démontré par les faits suivans.
3. Les Royales et Catholiques Armées de V. M. étant
entrées le premier de Septembre 1742, dans Chambéry,
Capitale de toutes les six Provinces du Duché de Savoye,
il fut publié dans tout le Duché un Edit général, au
nom du Glorieux Monarque Philippe V, très digne
Père de V. M., paroii il étoit déclaré, « Que les Etats
de Savoye ne seroient point surchargez, mais au con-
traire, qu'ils seroient maintenus, tout ainsi que le Roi
394
de Sardaigae les avoit traitez, et que les cent mille
Sacs de grains, le foin et la paille, fournis aux Trou-
pes Catholiques leur seroient payez et bonifiez sur le
montant de la Taille, et des Royales Contributions,
moyennant des Reçus légitimes » : Et le Marquis de la
Ensenade demandant aux mômes Etats de Savoye la
continuation des fournitures, en mêmes espèces de
grain, foin et paille, au Royal nom du Serenissime In-
fant Don Philippe, Lieutenant-Général pour S. M. dans
les Païs conquis, tant pour le Politique, le Civil, le Mi-
litaire, et Finance Royale ; Ce Ministre repéta dans ses
Ordres, des 13, 22, et 26 de Septembre, et du 9 Octobre
de la même année 1742., « Que moyennant les Reçus
que les Particuliers produiroient desdites fournitures de
grain, foin et paille, elles leur seroient payées et boni-
fiées en déduction de la Taille, déclarant que l'intention
de Son Alt. Royale éloit qu'elles leur fussent passées en
compte » ; ainsi que da tout, le Député supliant fera
conster en dùë forme et en conséquence. Les Etats de
Savoyefournirent avec les ceot mille Sacs de toutes es-
pèces de grains, tout le foin, le bois, et la paille nécessai-
re à l'Armée.
4. Le 19. Janvier de la suivante année 1743. le Gou-
verneur de Savoye ordonna que les Etats fournissent
demi Vache, par jour, à chaque Bataillon, à quoi le mê-
me Ministre, Marquis delà Ensenade promit verbale-
ment, (( que le montant en valeur desdites Vaches
seroit bonifié », et elles ont été de môme ponctuellement
fournies par le Duché de Savoye.
5. Le premier de Février 1743. le Duché de Savoye
suppliât le même Ministre, Marquis de la Ensenade, de
faire faire le payement, ou bonification desdites espèces
de grains foin, paille, bois, Vaches et plusieurs autres
395
fournitures, et il répondit que, n quand les Etats des dif-
férons Bureaux seroient remis à la Secretairie d'Etat, il
douneroit en conséquence les provisions nécessaires. »
G. Le 8. Avril delà mênie année 1743. le susdit Mi-
nistre ordonna , au nom de S. A. R. à tout le Duché de
Savoye, « qu'il paycât aux Royales Finances de V. M.,
la Taille ou Contribution ordinaire et extraordinaire, sur
le même pied qu'il la payoit précédemment au Roi de
Sardaigne, déclarant que pour tout l'avenir, l'intention
de S. A, R. étoit que les Etats de Savoye ne fussent sur-
chargez, en aucune manière, voulant les maintenir en
tout, comme le Roi de Sardaigne l'avoit pratiqué, préfé-
rant son inclination naturelle d'être bienfaisant^ plutôt
que les intérêts de ses Revenus, auxquels les Loix de la
guerre l'auroit pn autoriser. »
7. La Royale volonté de l'Auguste Monarque, Père
deV. M., étant ainsi déclarée par tant de solennelles
ratifications, designées et manifestées par les faits ci-
dessus, dont le Député est prêt à justifier par Titres : Et
le Duché de Savoye depuis la dernière évaluation de tout
son Territoire et propriété, sujette aux Tributs Royaux,
évaluation faite en 1738. par laquelle l'imposition de la
Taille ordinaire fut réglée à un Million quatorze mille
quatre cent soixante et quinze livres de Piémont chaque
année, comme encore cent soixante neuf mille soixante
et dix-neuf livres 3. sols 4. deniers, pour cause de Taille
repartie au cadastre, laquelle somme étoit appliquée aux
payemens des gages des Secrétaires, Sindics, Exacteurs
et autres dépenses de Communauté: Et qu'en toms de
Guerre, de môme, l'on payoit sur le pied de ladite Eva-
luation, et en lieu et place de Capitation extraordinaire,
trois cent trente-huit mille cent cinquante-huit livres de
la même monnoye, par chaque année, ainsi que du tout
896
il estcoûsté endùë forme aux Ministres Royaux de V.
M. ea Savoye : 11 est sensible que depuis le premier de
Septembre 1742. (tems de Guerre coutinué jusqu'à ce
jour) l'on n'auroit pas dû charger les 527. Comniunautez
qui composent la Savoye, pour toutes sortesde Contribu-
tions, au-delà d'un Million cinq vingt-un mille sept cent
douze livres 3. sols 4. deniers, que composent les trois
parties de 11 mposition ci-dessus, désignée pour chaque
année, et que de cette Somme totale on auroit dîi rabattre
tout le montant des prédits cent mille Sacs de grains, le
foin, la paille, le bois, les Vaches et autres choses four-
nies.
8. Cependant bien au contraire, SIRE, la Savoye a
payé aux Royales Finances de V. M. et paye tous les
ans les susdites 1521712. Livres 3. sols 4. deniers, ainsi
et comme elle payoit au Roi de Sardaigne, en tems de
Guerre, et de surplus, elle a payé depuis le premier
d'Août 1743. et continué de payer, au premier jour de
chaque mois, 40775. Ecus au par sus (1) du ReglenîÇTît
établi par le très Clément Roi, Père de V. M . , et c'est en
vertu des ordres et prétendues pourvoyances de l'Inten-
dant Don .loseph Aviles du premier de Juillet de la mê-
me année qui déclara par ses Lettres des 17. 21. et 29 du
même mois de Juillet, « que ladite quantité de 40775.
Ecus à payer chaque premier jour des mois, n'est point
une nouvele imposition, mais un équivalent en argent
de ce que la Savoye avoit contribué, )) et par ses Lettres
suivantes du 31. Juillet, du 2. du 7. et du 20. Août de
la même année 143. il répète que la somme ci-dessus
exprimée, « est une conversion en Argenl, et un équi-
valent des Ustensiles que S. M. a trouvé bon par plu-
(1) Au par sus, au delà.
on'T
97
sieurs considérations, de réduire, et fixer en argent
comptant, vu les difficultez et les inégalitez qui se ren-
controient dans le recouvrement des Ustensiles en natu-
re ; Ajoutant que la Savoye seroit indemnisée de tout ce
qu'elle pourroit contribuer en espèces depuis le premier
Août en avant, moyennant la présentation des Titres
justificatifs. »
9. Le même Intendant Dom Joseph Aviles, par sa
Lettre du 28. du même mois d'Août 1743. obligea la
Ville Capitale de Chamberi, qui à l'instance des Minis-
tres de V. M. s'étoit chargée des Hôpitaux Royaux,
moyennant quatorze sols par place de chaque malade
pour chaque jour ; il l'obligea dis-je de « fournir, a des
nouveaux Entrepreneurs auxquels il transmit les Hôpi-
taux Royaux au prix de vingt-deux Sols par jour par
chaque place, etauquels il fit remettre tous les Meubles,
et Ustencilles que la Ville avoit acheté pour cet étabhs-
sement, » ordonnant cependant, « qu'estimation fusse
faite pour indemniser ladite Ville des dommages que l'on
pourroit faire auxd. Meubles et Ustencilles, ou de leur
totale valeur, en cas qu'ils ne lui fussent pas restituez. »
10. En absence dud. Intendant effectif, l'Intendant
provisionel Amorin ordonna le 31. Août de la même
année 1743. que les Licts des Casernes fussent de mô-
me livrez, après leur évaluation, aux nouveaux Entre-
preneurs des Hôpitaux.
11. Le susd. Intendant provisionel Amorin par sa
Lettre du 15. Octobre de la même année, ordonna de
faire un Approvisionnement de 628000. Rubs de Paille,
et 56000. de Foin, déclarant que les deux espèces se-
roient payées.
12. Le 16. du même mois d'Octobre, il ordonna de
faire la provision de 158000. Rubs de Bois, déclarant
398
que les Etats de Savoye en seroient payez comme de la
Paille.
13. L'Intendant efïeclif Avilcs à son retour de l'Ar-
mée, contre les dispositions de son Substitut du 31. Août,
touchant les Licts des Casernes, ordonna que l'on dût
de nouveau fournir de Licts lesd. Casernes, le tout à
neuf, avec tout leur nécessaire, déclarant que pour le
payement des anciens Meubles, il donneroit les dispo-
sitions convenables et proportionnées.
14. Le même Intendant Aviles, par ses Lettres du
11. et 16. Novembre ordonna que l'on fil fournir de la
même façon que ci-dessus tous les Bois nécessaires aux
Palais, Office, Domestiques et Conirolleurs de S. A. R.
et qu'à toute l'Armée l'on fournit le Bois, la Vaclie,
l'Huile, les Chandelles, le Charbon et les Licts.
15. Et par une autre Lettre du IG. Novembre il dé-
clara, (( que les 40775. Ecus dussent être toujours payez
au premier jour de chaque mois sans que l'on en dût es-
compter ni rabattre la Paille, le Bois et autres Usten-
ciles, defïendant Expressément aux Etats de Savoye
toutes Représentations et Recours. »
16. Le môme Intendant Avilès, par sou ordre du 24.
Janvier 1744. ordonna qu'il fut fourni une Provision de
25240. Rubs de Bois pour trois Châteaux, laquelle dit-
il, dans sa Lettre, « sera payée immédiatement après la
présentation des Récépissés des Gardes Magazins.
17. De môme les Etats de Savoye ont fourni ])ar or-
dre, dans les deux occasions que l'Armée alloit partir
près de 800. Bêtes de charge, tant Chevaux que Mu-
lets, lesquels ont suivi les Armées en Campagne, et y
ont tous péri.
18. Finalement la Savoye depuis le l^r. Septembre
1742. a fourni toute la Paille, Foin, Bois, Huile, Chan-
399
délie, Charbon, Licls garnis, Logeraens, Bois pour les
Fours, Vaches et plusieurs autres choses, sous les pro-
messes que le tout lui seroitpayé, moyennant justifica-
tion et Récépissé, cependant il ne lui a pas été bonifié
un seul Maravedis jusques à ce jour.
19. Les misérables Peuples de Savoye, par l'excès
desd. Contributions depuis le lec. Aoiît 1743. ne s'arrê-
teront point à démontrer les exceptions et contradictions
qui résultent des dift'erens ordres citez ci-dessus, n'y à
blâmer la conduite des Intendants Avilès, et Amorin, ce
n'est point leur intention de se plaindre d'eux, n'y
d'aucun autre Ministre, non plus que de personne quel-
conque, ils gémissent seulement aux pieds de V. M., en
lui représentant les maux qu'ils souffrent.
20. Ces mêmes misérables Peuples de Savoye con-
serveront toujours dans leur fidèle cœur le souvenir de
la paternelle bonté, avec laquelle le très Clément Mo-
narque Père de V. M. les a adoptez pour ses fidèles Su-
jets, sans autre Contribution que celle qu'ils avoient
payé jusques alors au Roi de Sardaigne ; Ils savent
qu'ils n'ont pas donné le moindre motif contre le Royal
Service, pour qu'on les prive d'une telle grâce, publiée
et ratifiée avec tant de solennité en Savoye.
21. Leur plus grande douleur a été par conséquent
qu'on leur eut interdit tous Recours au très Clément Roi
Père de V. V., touchant une Imposition si excessive, et
redoublée sous un seul et même nom, ou titre d'Usten-
ciles qui n'avoit jamais été exigé chez ces Peuples, ne
croyant point d'ailleurs cette excessive Imposition au-
Ihorisée par un Décret, ou Edit émané du Trône, n'y par
ordre de quelque principal Ministre d'Etat ou des Fi-
nances, résident auprès de sa Royale Personne, comme
400
il semble qu'il auroit dû ê(re pratiqué si la chose avoit
émané de la Catholique conscience de S. M.
22. Pour donner à V. M. une sorte d'idée de ce que
rapporte annuellement tout le Territoire, ou le Sol des
six Provinces qui composent le Duché de Savoj^e. Le
Député d'icelles a l'honneur d'exposer comme un fit (fait)
certain, que dans l'année 1738. il s'en fit une Evalua-
tion juridique par le Roi Victor de Sardaigne, d'où il
résulta que la totale valeur du produit de toutes les
Terres de Savoj-e pour chaque année n'alloit qu'à
1804500. Ecus de quinze Reaux de Billon, y compre-
nant les Biens feodeaux, et ceux de l'ancien Patrimoine
de l'Eglise, et que sur ce pied ce Souverain imposa en
faveur de ses Royales Finances la Taille, ou la Contri-
bution annuelle de 305105. Ecus, et quatre Reaux, qui
est la cinquième partie de tous les Revenus annuels que
peuvent tirer le^ Habilans desd. six Provinces, et qui
correspond aux 1014475. Livres de Piémont marquées
dans l'Article septième ci-dessus, et que de même elles
payent à V. M.
23. De tout ce que dessus rapporté en exacte vérité et
que surabonda GQraent le Député est près de justifier. La
Royale Clémence de V. M. pourra aisément juger de la
stérilité desdite? six Provinces qui sont de plus conster-
nées aujourd'hui par la mortalité des Bestiaux, en quoi
consistoit leur principal Revenu, de sorte que par ce
fléau, et par la susdite augmentation, de 40775. Ecus
d'indue Contribution payable à chaque premier jour du
mois, sous le titre et prétexte des Utencilles, comme
aussi par la fourniture en nature des mêmes Utencilles,
conjoints au payement de leur prétendue évaluation,
comme encore par le défaut de payement de la part dos
Royales Finances, ou recompensation, ou bonification
401
des susdits Grains, Foin, Paille, Vaches, Bois, Licts
et autres diverses fournitures, que la Royale Intention
du très Clément Roi Père de V. M., comptoit et en-
tendoit qui se payasse, ou bonifiasse au Pais, ce qui n'a
pas été exécuté pour la valeur d'un seul Maurauedis,
jusqucs à ce jour. Nous éprouvons dans ces Provinces
une désertion de plusieurs de nos habitans que la mi-
sère fait abandonner leurs femmes et leurs enfans, les-
quels restent exposez aux dernières extremitez, men-
diant de porte en porte, dans le propre Païs, ou dans les
Pais étrangers.
24. Les Etats de Savoye ni le Député suppliant ne
sont pas capables d'avancer la moindre chose contre la
vérité, sur tout ce qui a été rais sous les yeux de V. M.,
et au besoin ils s'offrent d'en faire conster par des Titres
incontestables, et dans ce triste état, si digne de la com-
passion de V. M., la malheureuse situation de la Répu-
blique de Gènes, causée par la Cour de Vienne ne nous
pourroit servir d'exemple, ni les circonstances si notoi-
rement difïerentes ; mais bien plutôt le Modenois con-
quis par le Roi de Sardaigne, qui n'en exige que les
mêmes Contributions qu'en exigeoit son propre Sou-
verain, à l'imitation de la même Règle^ pratiquée dans
les ordres qui étoient émanez du glorieux Père de V. M.,
à regard de la Savoye.
En considération de tous ces objets ; Le Député de
ces malheureuses Communautez supplie avec un pro-
fond respect la Clémence Royale de V. M., qu'usant de
compassion envers elles, vu qu'elles n'ont pas été moins
fidelles que les autres Sugets des Royaumes de V. M.,
et qui les Peuples de Savoye ont l'avantage de voir
couler dans vos augustes veines le Royal Sang de leur
26
402
précèdent Monarque, V. M. daigne^ les délivrer des sus-
dites excessives Contributions, ordonnant à ses Royaux
Ministres en Savoye, qu'à l'avenir on ne les charge sous
aucun prétexte, d'aucunes autres Impositions que de
celles qu'ils payoient du tems des précédons Rois de
Sardaigne,et qu'il leur soit payé, ou au moins bonifié à
compte desd. Impots pour l'avenir, tout ce qu'ils ont
payé de plus en vertu des Ordres, et Provisions de l'In-
tendant Avilès, aussi bien que la valeur du Capital
qu'ils ont fourni en différentes espèces de grains, et au-
tres choses, ainsi qu'il avoit été ordonné, par le très
Clément Prince, l'Auguste Père de V. M. (1), en quoi
ces Peuples recevront une consolation et une grâce digne
delà pieté innée de Vôtre Majesté (2).
En terminant rappelons que François -Joseph
de Conzié fut l'un des promoteui^s de l'établisse-
ment d'une société d'agriculture à Ghambéry. Il
en était membre en 1775, et publia « un discours
sur l'Agriculture. ))
(1) Philippe V avait épousé en secondes noces Elisabeth
de Parme, dont il eut Ferdinand VI à qui M. de Conzié
s'adresse dans ce mémoire, et l'infant Don Philippe qui
gouverna la Savoie et tint une petite cour ù Ghambéry
durant l'occupation.
(2) Voir, sur le même objet, le Mémoire du Sénat de Sa-
voie, de novembre 1713, dans Bur.nier , Histoire du Sénat
de Savoie, II. 484, etla S iipplir/ tic du Sénat, dans Sai.xï-
Genis, Histoire de Sacoie, III, 7().
403
QUATRIÈME PARTIE
I
François de Conzié, archevêque de Narbonne
François, fils de Pierre III de Conzié et d'Am-
phélize ou Ancelize de Verboz. Né dans le pays
de Belley, dit la Gallia Chrisiiana (1), mais plutôt
à Rumilly où sa famille possédait deux maisons ;
évêque élu de Grenoble, le 16 février 1380; arche-
vêque d'Arles, le 31 janvier 1388; de Toulouse,
le 17 novembre 1390, et de Narbonne, le 19 no-
vembre 1391. Il mourut le 31 décembre 1432.
Vraisemblablement il dut sa fortune ecclésias-
tique, d'abord, à Rodolphe de Chissé (2) son pa-
(\) In pago BeUlccnsl ; Gallia Christiaiia, t. i", colonne
580. Il est possible, à la rigueur, que François de C. soit né
dans les environs de Belley, où sa famille avait la seigneurie
de Vaucliier, mais il est bien plus probable qu'il naquit à
Rnmilly ou à Bloye, dans le comté de Genevois, où les
Conzié possédaient des fiefs plus nombreux et plus impor-
tants. On remarque à ce sujet que, dans son épltaphe, il
n'est dit ni bugésien ou bressan, sebusianus, ni sabaudus,
mais qu'il est indiqué comme né dans le diocèse de Genève,
dont Rumilly et Bloye faisaient partie, génère nohilis, le-
gu/n doctor, diocesis gebcnnensis. Cette désignation du
diocèse est toujours tenue pour une preuve suffisante du
pays d'origine.
(2) D'une famille de la Roche en Genevois. Nommé arche-
vêque de Tarentaise en 1380, il fut assassiné en 1385 près de
Moû tiers.
404
rent (1), évèque de Grenoble, auquel il succéda;
puis, et surtout, à Robert de Genève, d'Annecy,
élu pape le 21 septembre 1378, et auprès de qui
il avait pu se trouver lorsque le prince savoyard
n'était que cardinal et général de l'armée de
l'Eglise contre les Toscans.
On sait que Robert de Genève, devenu le pape
ou l'antipape Clément VII, et reconnu pour sou-
verain Pontife par la plus grande partie de la
calliolicité, transféra h Avignon le siège de la pa-
pauté.
François de Conzié devint son camérier et fut
l'un de ses ambassadeurs ordinaires ; il fut ré-
compensé de ses services d'abord par ses divers
archevêchés, et par les richesses qu'ils procu-
raient ; plus tard, parles fonctions de légat et le
titre de patriarche de Constantinople.
(1) Son oncle, dit M. Hauréau, Gallia Christ, t. XVI,
col. 250. On ne comprend pas comment il aurait pu en être
ainsi. Il ne devait y avoir entre les Chissé (voir à ce nom
Y Armoriai de Saooie, II, p. 43) et les Consié ou les Vcrbo^^
qu'une parenté assez éloignée et l'archevêque ne nomme au-
cun Chissé dans son testament. — Quelques auteurs ont
indique un François de Chissé comme archevêque d'Arles et
camérier du pape en 1390. La confusion est évidente, il
s'agit de François de Conzié. Il est ditficile encore d'admettre
que Pierre de Chissé, chevalier, ait, le 27 septembre 1300,
fondé un anniversaire pour F. de Conzié, archevêque d'Arles,
en même temps qu'il fondait le sien propre, et ceux de Ro-
dolphe de Ciiissé, arch. do Tarenlaisc et d'Aymon de Chissé,
évèque de Grenoble. (Armoriai de S., II, \" Chissé, p. 48).
405
Les successeurs de Cléineiit VII , Benoit XIII
(Pierre de Lune), Alexandre V (Pierre de Cati'
die), Jean X.^Ul(Balthazard Cossa), Martin V et
même Eugène IV eurent en lui la même confiance.
Martin V, croyons-nous, le créa patriarche de
Constantinople. Il fut investi de la légation du
Comtat Venaissin et des pays adjacents depuis la
création de cotte charge, en 1409, jusqu'à sa
mort (1). Il eut alors pour successeur Marc Gon-
dolmère, neveu d'Eugène IV et qui devint bien-
tôt urchevéque de Tarentaise.
François de Conzié était docteur es lois ; sa
science juridique dut lui être souvent utile dans
l'exercice de ses délicates fonctions de légat du
Saint-Siège.
On lui attribue la construction « du mur nou-
veau entre le grand palais et le petit et la tour »,
au Palais des Papes (MS'% n° 2885).
Il séjourna fort peu, pas du tout peut-être, dans
ses villes épiscopales, sauf à Arles, à raison de
la proximité de cette ville d'Avignon. Son évéché
de Grenoble fut géré pour lui par Etienne du Port,
prieur d'Entremont(2)qui y promulgua des statuts
(1) La légation d'Avignon aurait été créée par Alexandre
V, le 2 novembre 1409, an I" de son i^ontiftcat. (Historia
Celestinoruin Acenionciisium... a la Bibliothèque d'Avi-
gnon. MS'\ n° 2885).
(2) 11 ne s'agit probablement pas d'Entreniont entre Thônes
et Bonneville (prieuré d'Augustins), parce que le prieur do
ce couvent était alors Jacques de Verboz indiqué par Bcsson
en 1397 ou Pierre de Verboz indiqué en 1417.
40G
synodaux, le 6 décembre 1681 (Gallia Christ.
XVI, col. 250). Ses vicaires généraux gouvernèrent
les archevêchés de Toulouse et de Narbonne.
Lorsqu'il n'était pas en ambassade, François de
Conzié exerçait à Avignon les devoirs de sa char-
ge auprès de Clément VII. C'est ainsi cju'il assis-
ta, le 19 novembre 1393, à la déclaration de ce
pape, par laquelle il décide qu'Humbert de Vil-
lars lui succédera (1) dans la souveraineté du
comté de Genevois, ainsi que le comte Pierre
l'avait prescrit dans son testament du 24 mars
1392^ anno a Nativiiate (2). Clément VII l'a-
vait désigné pour être son exécuteur testamen-
taire, avec les cardinaux Jean, du titre de Saiute-
Anastasie, dit de^^iviers (le cardinal de Brogny),
et Jean du titre de Saint- Vital, dit de Murol,
personnages en qui il avait une grande et spéciale
confiance, de quitus multuin et specialiter con-
/idebat{3). Ce fut par ses soins, surtout, que fut
élevé, en 1401, le splendide mausolée de ce pape,
dans l'église des Célestins tombeau dont il ne
(1) Robert de Genève avait succédé à ses frères Amèdée IV,
Janus ou Jean et Pierre. Sa mère, Mathilde de 15oulogne,
veuve d'Araédée III, gouvernait pour lui; elle se qualifiait
de gubernatrix pro sanctissimo domino Clemcnti pape
scptiino, hcreditario Jure co/nite co/nitatiis gebenncnsis.
(2) Clément VII datait ses bulles et brefs suivant le style
adopté dans le diocèse de Genève,an/io a Natioitate dotnini.
(3) Mémoires de la Société d'histoire de Genève, 2" série,
III, p. 182.
407
reste rien, pas plus que de celui de François de
Conzié.
Cette confiance de son suzerain temporel lui
fut continuée par Humbert de Villars, successeur
de Robert de Genève qui, dans son testament,
dicté dans le château d'Annecy, le 10 mars 1400,
le nomma également .^on exécuteur testamen-
taire, avec le cardinal de Viviers, l'évèque de Lau-
sanne, Girard de Ternier, etc. (1).
Uantipape Benoit XIII (Pierre de Lune), suc-
cesseur de Clément VII, confirma, le 19 janvier
1395, François de Conzié dans sa charge de ca-
mérier et lui confia aussi diverses missions, no-
tamment en Espagne auprès du roi d'Aragon. Il
accompagna encore le pape Martin V (2) au con-
cile de Constance en qualité de camérier. Ce pape
l'établit aussi son légat à Avignon et dans le Com-
tat, charge qui lui fut continuée par Eugène IV (3).
On a dit encore qu'Amédée VIII, qui était déjà
son seigneur quant aux propriétés que l'arche-
vêque et sa famille possédaient en Bugey, et qui
(1) Fr. Mugnier; Répertoire de documents relatifs à l'an-
cien comté de Genevois, n"^ CC et CCV.
(2) Othon Colonna, éla pape par le Concile, le 11 novem-
bre 1417, mort le 21 février 1431 ; remplacé par Eugène IV
(Gabriel Gondolmère) élu le 3 mars 1-431 .
(3) Gallia Christiana, VI, col. 96. — Besson, Histoire
ecclésiastique des diocèses de Gc.nccc, etc. p. 175. — Gui-
CHENON, Histoire de Bresse et de Bngc;/, 2' partie de la 3"
partie, p. 88.
408
le devint pour les fiefs du Genevois par la cession
qu'Oddon de Villars (1) lui fit de ce comté le 5 août
1401, employa à son tour François de Conzié. Il
l'envoya en mission en 1413 auprès de l'empereur
Sigismond pour obtenir l'érection de la Savoie
en duché. Ses efforts ne furent pas inutiles,
puisque cette érection fut faite en février 141G (2).
Le Somniatre des Fiefs de Savoie (3) signale :
1° à la date du 28 juillet 1418, l'investiture en
faveur de François de Conzié, archevêque de
Narbonne, en qualité d'héritier de Jean de Conzié,
son neveu, de la maison-forte de Blay, en Taren-
taise, et de tous les fiefs, rière-fiefs, hommages,
rentes, etc., qui en dépendent;
2° à la date du 20 décembre 1425, un acte par
lequel Guillaume de Verboz, procureur universel
de l'archevêque de Narbonne, héritier universel
testamentaire de feu Jean de Conzy de Rumilly
{sic), reconnaît tenir du duc Amédée VIII do
(1) Oddon de Villars, seigneur do Saint-Sorlin (en Bresse)
avait été recteur, soit viguier, d'Avignon et du Conitat^
vers 1389. Il avait succédé, dans cette charge, à Henry de
Sévery, prieur de Romain -Motier, cvèquo de Saint-Jean
de Maurienne.
(2) Cette érection, suivant M. Vingtrinier, aurait été si-
gnée à Montluelle 3 février 1 IHJ. Elle fut proclamée so-
lennellement à Cliambéry, le IG du même mois.
(3) Inventaire des Archives du département de la Savoie,
C. n" 4772. L'inventaire donne au neveu de Fr. de C. le pré-
nom de Guillaume ; en réalité, le Sommaire porte le prénom
de Gio, c'est-à-dire Giovanni, Jean.
409
Savoie : V sa maison-forte de Bloye, des rentes
féodales à Bloye, à Gruffy et à Mognard; 2" con-
fesse devoir à Pierre de Thoire 16 deniers gene-
vois annuels pour sa grande maison, située à
Rumilly^ et 6 deniers genevois pour une autre
maison placée devant la grande (1).
François de Conzié testa le 12 décembre 1431.
Il institua héritier universel de ses biens le nou-
veau pape Eugène IV et la chambre apostolique.
11 lit des legs â Guillaume, fils de défunt François
de Verbouz ; â Henry de Sacconay, chanoine sa-
cristain en l'église et comte de Lyon; à Jacques
de Conzié, fils de Pier.e ; â François, fils de
François de Mentlion(2);àPierrede Sacconay; à
Claude de Bardonnenche, qui, tous, étaient ses
neveux. Ses exécuteurs testamentaires furent
Louis (Allamand), cardinal d'Arles (du titre de
Sainte-Cécile), soi neveu; Pierre Cotin, évéque
de Castres ; Pierre de la Treille, évoque de Lo-
(1) Archives de la Savoie, C. n' 1799, f 117.
(2) Il faut, sans doute, lire François de Monthouz, l'ècxajcr
de l'arche vèque-légat. Dans ce cas, l'alliance avec les Mcn-
thoH, indic[uée par Guichenon, disparaîtrait.
Le manuscrit 2885 de la Bibl. d'Avignon, à la page 333,
dans une note marginale, indique que, deux sœurs et frères
de Fr. de Conzié furent ensevelis dans l'église de Bas-
saco : daas sorores et fratres habuit sepultos in ecclcsia
de Bassaco. Ne faudrait il pas lire de Bloiaco ?
La note ajoute : nepotes [habuit] Henricum de Saconoy,
Ludocicum AlemcnSj Joannein de Conziaco, et Guillcr-
tnuni de Verbou.~,
410
déve ; Henry de Sacconay, chanoine et comte de
de Lyon, son neveu ; Antoine des Prés, chanoine
de Lausanne; Romuald Talon, prévôt de Forcal-
quier (1).
Il mourut le 31 décembre 1432 k Avignon, et y
fut enseveli dans l'église des Célestins. On lit
dans le Recueil des inscriptions des églises d'Avi-
gnon, par Jean-Reymond de Véras (1750) :
<( Dans la chapelle (de l'église des Célestins)
<( qui est la plus proche du grand autel, est un
(( beau mausolée dans lequel est enseveli Mgr de
« Conzi (sic) bienfaiteur de ce couvent et oncle
« maternel du B. Louis Lalleraen (sic), cardinal
« d'Arles. On voit sa statue de grandeur humai-
« ne, en marbre blanc, contre la muraille, et on
« y lit en lettres gothiques :
IllC lACET ReVERENDISSIMUS IN ChRISTO PATER DOMI-
NUS FrANCISCUS GENERE NOBILIS, LEGUM DOCTOR,
DIŒCESIS GeBENNENSIS, PRIMO GrATIANOPOLIS EPISCO-
PUS, ROMAN.E ECCLESI.E CaMERARIUS , ArELATENSIS ET
INDE TOLOSANENSIS ET ULTIMO NaRBONENSIS ARCHIE-
PISC. QUI OBIIT ANNO UOMINI 1432, DIE ULTIMA MEN-
SIS DECEMBRIS, CUJUS ANIMA IN PAGE REQUIESCAT (2) ».
Ce tombeau fut sans doute élevé à François de
Conzié par les soins pieux de ses légataires, de
(1) GuicHENON, Histoire de Bresse et de Baf)ci/, loc.
cit., et Grillet, II, p. 239.
(2) Bibliothèque d'Avignon ; Manuscrit n" 1738, page
107 ; Gallia Christiana, VI, col. 96,
411
Louis Alamand, archevêque d'Arles surtout, qui
fut promu au cardinalat en 1426. On'a remarqué
que François de Conzié ne fut pas revêtu de cette
dignité; peut-être préféra-t-il que son neveu en
fût investi»
Il eut pour secrétaire Jean Ludooici (Louis) et
pour écuyor François de INIonthouz (MS, n° 2885,
page 330).
Une discussion s'e.st élevée pour savoir si Jean
de Sacconay n'aurait pas remplacé François de
Conzié sur le siège de Narbonne en 1398. La fa-
mille de Sacconay avait envoyé à ce sujet des
renseignements qui n'avaient pas le sens qu'elle
leur attribuait. Les documents que nous publions
plus loin, établissent de plus fort que François
de Conzié n'avait pas résigné son archevêché, et
qu'il en était encore investi en 1413. Il l'a con-
servé, du reste, jusqu'à sa mort. Peut-être Jean de
Sacconay fut-il son vicaire général.
Par une singulière inadvertance, Guichenon,
loc. cit., rapporte que François de Conzié avait
été nommé archevêque de Narbonne en 1431, par
le pape Martin V (mort le 21 février 1431). Par
erreur aussi, il lui donne pour successeur Jean de
Harcourt. En réalité, ce fut le neveu d'Eugène IV,
François Gondolmère, cardinal de Saint-Clément,
qui succéda à François de Conzié sur le siège de
412
Narbonne, et qui le résigna en 1430 à Jean de
Harcourt (1).
On possède de François de Conzié, trois ou
quatre lettres et quelques mémoires sur les hé-
résies du temps (Gallia Christiana, etGRiLLET).
Les archives départementales d'Avignon, la
bibliothèque publique de cette ville et la riche
bibliothèque Iiirjuiinbertine, de Carpentras, ren-
ferment de très nombreuses lettres et actes di-
vers de l'archevêque de Narbonne. Le temps nous
a fait défaut pour parcourir ces vastes in-folios,
la lecture d'un seul étant parfois l'œuvre de plu-
sieurs journées. Nous nous bornerons à signaler
les pièces suivantes.
Lettres et actes de François de Conzié, camérier
DES Papes a Avignon (2).
— 1384, février, an VI da Pontificat. Serment de
fîdéliié et hommage au Saint-Père (Clément Vil), prêté
parles consuls d'Avignon entre les mains de son camé-
rier lequel, de son côté, a juré d'observer les conventions
delà ville (Archives départementales de Vaucluse ; B.
no 928).
— 1384, 31 mars. Lettre de François de Conzié, évo-
que de Grenoble, camérier du Pape, à Henri de Sivi-
riaco (de Siviry, ou Severv), recteurdu Comtat, relative
(1) GuiCHENON, Histoire de Bresse et de Bugcfj, loc. cit.;
et Gallia Christiana, I, archevêché de Narbonne, et Vl^
col. 0().
(2) Toutes ces pièces sont eu hitin ot n'existent qu'en co-
pie ; in-folio, parclieniin.
413
à l'invasion du pays par certains méchants (quosdam
malignos), et à un prêt de cent florins d'or, fait au Pape
(Archives de Vaucluse ; B. n" 7, folio 98).
— 1384, 12 avril. Lettre de Fr. de Conzié à Plenri
de Severy, évoque de Maurienne, recteur du ('omtat,
lui donnant le pouvoir de contraindre les ecclésiastiques
et rnênie les monnayeurs à payer la contribution imposée
pour les fortifications (Archives de Vaucluse ; B. n» 7,
folio 67 vo).
— 1384, 20 juillet et 2 septembre. Lettres de Fr. de
Conzié, au même (B. 7, folio 99).
— 1386, 17 mai. Lettre de Fr. de Conzié (B. 7, fo78).
— 1388,13 octobre, an XII du Pontificat. Lettre de Fr.
de Conzié à Henri de Severy, évoque de Maurienne,
recteur du Comtat (B. 7, folio 103).
— 1389, février. Lettre de Fr. de Conzié, archevêque
d'Arles, camerier de notre Saint-Père, par laquelle i
exempte les cardinaux du paiement des gabelles à l'en-
trée de la ville d'Avignon, à charge par eux de signer
une attestation que les choses inti-oduites sont pour leur
provision (Inventaire des Archives de Vaucluse, t. le'',
n" 979).
— 1389, 2 octobre, an XII. Conlirmation par Fr. de
Conzié, arch. d'Arles, camerier, de la remise faite par
Clément VII à Pierre, évêque de Carpentras, de 500
florins sur 2,000 que celui-ci devait payer pour les for-
tifications de Carpentras (Bibliothèque de Carpentras,
MSt^noll3)
— 1390, lo»" août, an XII. Lettre de Fr. de Conzié à
Oddon de Villars (1), recteur du Comtat (Arch. de Vau-
cluse ; B. 7, folio 71 v°).
(1) Parent rapprochô do Clément VII.
414
— 1390^ !««' septembre. Lettre de Fr. de Conzîé, ar-
chevêque d'Arles à noble Hurabert de Foras(l), sous-vi-
caire et tabulaire (receceur des deniers pontificaux) de
Carpentras (B. 7, folio 71).
— 1391, 14 janvier, an XIIÎ. Lettre de Fr. de Conzié,
faisant remise, moyennant 100 florins de chambre, de la
peine encourue par un condamné (B. 7, f"^' 73).
— 1391, pénultième février. Letire de Fr. de Conzié,
archevêque de Toulouse, obligeant les exemptés des tail-
les et des vaintenies (gabelles, péages) à les acquitter
(B. 7, folio 75).
— 1392, janvier. Lettre de Fr. de Conzié, archevê-
que de Narbonnc, camérier, nommant Humbert de Fo-
ras, viguier de Mormoiron, arrondissement de Carpen-
tras (de Murmurione, B. 7, folio 76, verso).
— 1392, 22 janvier, an XIV, à Nativitate. Lettre de
Fr. de Conzié, arch. de Narbonne, camérier accordant
une grâce à un habitant de l'Isle (sur Sorgues, B. 7,
folio 103.)
— 1411, septembre. Conventions et traités passés
entre les habitants d'Avignon et les Catalans qui occu-
paient le palais des Papes, par François de Conzié, ar-
chevêque de Narbonne, camérier et vicaire général de
N. S. Père (Jean XXIII) à Avignon et dans le Comtat
Venaissin, Jean de Poitiers, évèque de Valence et de
Die, recteur du Venaissin^ et Constantin de Pergula,
vicaire du Pape, d'une part; et d'autre part, Bernard
(1) Gentilhomme de Menthonnex-sous-Clcrmont, en Ge-
nevois. On trouve, dans l'Armoriai de Savoie, t. II, p. 410
et 413, Humbert de Foras vivant en 1108 et Marqnct de
Foras, clianoine de Saint-Agricol-d'Avignon , en 1389.
415
de Sono et Rodei'ic de Luna (2), commandeur de l'Or-
dre de Saint-Jean de Jérusalem, chefs des canonniers et
combattans du Palais (Inventaire des Arch. de Vau-
cluse, no 1317).
— 1415, juillet. Déclaration de la ville d'Avignon à
Fr. de Conzié, arch. de Narbonne, au sujet de l'expo-
sition du Concile général (de Constance), qui a déposé
Jean XXIII delà Papauté, que par sa réponse elle n'en-
tend pas se soustraire à l'obéissance du Saint-Siège (In-
ventaire, n» 1233).
— 1422, 20 aoiit, an V (du Pape Martin V) à Nati-
vitate Domini. Pouvoirs accordés par Fr. de Conzié,
arch. de Narbonne, camérier du Pape, vicaire-général
du Comfat et pays adjacens, à Gaufrid de Venasta de
Malaucène, vassal du Pape et de l'Eglise romaine.
« Données à Avignon sous le sceau de notre caméra-
riat, le 20 août de l'an de la Nativité 1422, au 5^ du
pontificat de N. S. Père Martin V » (Arch. de Vaucluse,
B. 7, folio m verso ; latin).
(2) Neveu du défunt pape, Benoit'XIII.
416
II
La CHAPELLE DE Salnt-Jean-Baptiste, aBloye.
Cette chapelle, dont nous avons donné une des-
cription sommaire dans l'avant-propos, a été fon-
dée et construite par les ordres et aux frais de
François de Conzié à une date que nous n'avons
pu déterminer d'une façon absolument précise.
Le document suivant démontre qu'en décembre
1390, elle n'existait que depuis peu de temps, post-
inodunij et qu'elle n'avait pas encore eu de rec-
teur. Ayant alors assuré sa dotation, l'archevêque
de Toulouse demanda au pape Clément VII des
bulles qui Tinstituassont patron de la chapelle
avec le droit dénomination et celui de révocation,
adnutum. Elles lui furent accordées !el9 décem-
bre à Avignon. Le 4 janvier suivant, François
de Conzié nomma pour premier recteur Jacques
Cuerdel(f), clerc-acolyte du diocèse de Genève, et
chargea Jean de Chissé, un autre Savoyard et
l'un de ses familiers, de l'investir de son petit
bénéfice. (1)
Le pape ordonnait, qu'après la mort de l'évê-
que, le droit de nomination appartiendrait au
chapitre de l'église de Saint-Pierre de Genève
pour passer au prévôt si le chapitre omettait do
(1) Probablement celui qui lui nommé doyen de la Collé-
giale de Sallanches en 1391. (k. df. Foras; Armoriai de S.,
t. Il, p. 46).
417
l'exercer dans les deux mois de la vacance ; —
la chapelle restant toutefois soumise à l'autorité
épiscopale.
Elle ne fut cependant définitivement dotée par
François de Conzié que par un acte du 30 août 1419
(M^ de Rodano, not. à R.), dans lequel il lui
alloua les revenus de 800 florins d'or.
La famille de Conzié conserva le droit de pré-
sentation puisque, en 1628, les Montfort de Conzié
durent s'en dessaisir. (Voir, ci-devant, Maurice
de Conzié).
Un autre document, fort bien conservé, nous
fait connaître que sous le pape Innocent VIII
(1484-1492), un procès s'engagea devant la curie
romaine entre Antoine de Bolomier et Jean de
Charansonnay, clercs du diocèse de Genève, pour
la possession du rectorat de la chapelle de Saint-
Jean-Baptisto. Il continua durant la première
année du pontificat d'Alexandre VI (Rodrigue
Borgia, 1492-1503). Comme l'on n'en était alors
qu'à l'enquête devant l'oflicial de l'évéché de Bel-
ley, il a dû durer longtemps encore.
Nous avons examiné une seconde décision de
la curie romaine relative à un litige du même
genre et ayant aussi pour objet la chapelle de
Bloye. Elle relate les circonstances de la cessation
d'un procès entre Jean de Chavansonnay (1),
(1) Ou trouve plusieurs Jean de Charansonnay, clercs
Savoyards, au 15' et au IG' siècles.
27
418
recteur do la chapelle, et Louis de Conzié, par la
cession et la résignation que celui-ci a faites de
tous ses droits sur le bénéfice dont les revenus
sont évalués par la curie à 24 livres tournoises.
Cette cession est constatée par Jean, cardinal
d'Alexan[drie], devant le pape ; le procès-verbal
est daté d'Ostie le 18 des calendes de décembre,
année sixième du pontificat d'un pape dont le nom
n'est pas indiqué, et sans millésime.
Jean de C haransonnay est vraisemblablement
le même clerc que celui qui plaidait en 1493 con-
tre Antoine de Bolomier, oncle ? de Louis de Con-
zié et qui avait pu céder ses droits à celui-ci. S'il
en a été ainsi, notre pièce pourrait être datée de
1497, année 6'"*" du pontificat d'Alexandre VI, ou
de 1508, année 6'"'' de celui de son second succes-
seur, Jules II, qui fut pape de 1503 à 1513.
TENEUR DE BEULLES (1) (bulles)
4 janvier 1391
Franciscus miserafione divina archiepiscopus tollosa-
nus dni pape camarerius , dilecto in cliristo Jacobo
Cuerdefi ? clerico gebennensis diocesis salutem in do-
mino. Vita ac morum honestas aliaque probilatis et vir-
tulura mérita supra quibus apud nos fidei dignorum
testimonio eommendaris ? nos inducunt ut cedamus ad
gratiam libérales. Cum itaque cappella quam pro iioslra
parentiumque meoraui auimarum salute et remedio
(1) Copie duxviis siècle^ sur papier, bien conservée, mais
écrite trop rapidement et remplie do fautes.
419
iusta parrocliialem ecclesiam de Bloye gebennensis dio-
cesis in honore et veneratione Beati Johannis baptiste
construi ac fondari fecimus quamquidem post modum
tam de patrimonialibus quam aliis nobis a Deo collalis
bonis dotavimus rectore careat qui quando commode
poterit missam perpetuo per se vel alium celebrare et
personalem residentiara in eam facere teneatur cappelle
que predicte collatio et dominatio ac l'ectoris eiusdem
promissio et instilutio ac eliam destitutio et revocatio ac
omnimoda dispensatio ad nos es concessione par sere-
nissimum in christo principem et dominum nostrum
Clementem divina providentia papam seplimum nobis
data ac attributa pertineat et spectet pleno jure ut cons-
tat quibusdam patentibus licteris appostolica ad [ab]
eodem dno nostro emanatis ejusque bulla plonibea cum
filis sericiaâ [sericij crocei et rubei collorum, more ro-
mane curie buUatis, quarum ténor de verbo ad verbum
sequitur in bec verba.
(18 décembre 1390)
Cleniens episcopus servus servorum Dei venc-
rabili fratri Francisco episcopo toUosanentio
[tolosano, nuntio ?] camerario nostro salutem et
appostolicam benedictionem. Cum attenta me-
ditatione pensamus eximie devotionis ali'ec-
tuni quo nos et roinanarn ecclesiam venereris
grataque plurimum et accepta per te nobis et
appostolice sedi hactenus ac quotidie impensa ser-
vitia fideliter et lirraitcr, condignum ? reputamus
etcongruumut personam tuam cum dignis quan-
tum deo possumu5 in hiis presertim qui divinum
cultum respiciunt iionoribus atk)llamus ; nuper si-
420
quidem nobis exposuisti quam tu cupiens terrena
in celestia et transitoria in eterna felix convertio
[felici conversione] commutare pro tuo et paren-
tium tuorum animarum remedio et salute iuxta
parrochialem ecclesiam de Bloye gebennensis
diocesis quandam cappellam in honore beati Jo-
hannis baptiste construi fecisti eamque tam de pa-
ti'imonialibus quam de aliis et deo tibi collatis
bonis pro uno perpetuo cappellano qui in ea per
se vel per alium missam cum comode poterit cele-
brareetcontinuam residentiam personaliter faciat
sulïïcienter dotare properavisti. Nos igitur divi-
num cultura adaugeri tuis que in hac parte suppli-
cationibus annuere cupientes, fraternitati tue ut
dote sufficienti huiusmodi penitus assignata dic-
tani cappellam vice prima et quamdiu vixeris
persone idonee conferre et ab ea illam pro solo
motu destituere sive amovere valeas et postquam
ab hac luce migraveris dilecti fîlii capituli eccle-
sie gebennensis communiter et, si per duos men-
ses id distulerint, dilectus filius propositus ipsius
ecclesie mensibus hujusmodi lapsis ea vice et quo-
ties similis casus occurrerit etiam dictam cappel-
lam persone idonee conferre possit absque eo
quod ratione collationis huiusmodi dicta cappella
episcopo gebennensi qui est et erit pro tempore sit
subiocta tenore presentium indulgendum. Volu-
mus tamen quam si capituli (sic) aut propositus
prcdicti eandem cappellam persone que de col-
legio ecclesie gebennensis et in prioratus ordino
421
constituta non fuerit conférant, coUatio bujus-
moni nuUius existât roboris vel momenti. Et si
persona ipsa tempore collationis liujusmodi bene-
ficiam curatum vel residentiam personalem re-
quirentem obtinuerit et infra mensem a terapore
assecutionis pacifîce dicte cappoUe comprehendo
benefîcium huJLismodi non dimiserit, vel etiam si
persone dictam cappellam obtinenti benefîcium
bujusmodi conferatis et infra mensem et a tem-
pore assecutionis pacifice ipsius compreben-
dum illud non dimiserit , dicta cappella vacet
eo ipso. — Nulli ergo omnino bominum liceat
banc paginam nostre concessionis et voluntatis
infringere vel ausu temerario contraire, si quis
autem lioc attentare presumpserit indignationem
omnipotentis dei et beatorum pétri et pauli apos-
tolorum eius se noverit incursurum.
Datuni Avenioni decimum quartum calendas
Jannuarii, Pontificatus nostri anno tertio decimo.
Hinc est quod , nos premissorum meritorum tuo-
rum intuitu et authoritate appostolica nobis, ut prefer-
tur, concessa, dictam cappellam cum omnibus et univer-
sis singulis suis redditibus et provcntibus juribus et ob-
venti[on]ibus universis tibi in accolitatus ordine con-
stitulo dum autem quod primum commode poteris ad
prioratus ordinem te facias promoveri, ad vitam tuam
conferimus et etiara per présentes donamus et in ea
rectorem, seu cappellanum instituentcs de eadera com-
mittentes earumdem licterarum tenoro omnimodam
potestatem tribuentes venerabili vifo domino Johanni
400
de Chissiaco (1) canonico ecclesie gebennensis quod va-
leat in realem et corporalem possessionem cappelle
redituum et proventuum bonorum rerum jurium ac
obventionum suorum prcdictorum ponot et indicat ac
de ipsis tibi faciat integr;iliter respondendum. Ta vero
nobis promisisti et ad Sancta Dei evangelia jurasti dic-
tam cappellam cum suis bonis rébus et jaribus quibus-
cumque bene et fideliter regere et gubernare defendere
que manutenere et totis viribus comparari bonaque res et
jura hujusmodi tam mobilia quana immobilia [non] dis-
trahere vendere seu aliter aut quomodolibet alienare et
de ipsis inventariuni sub fide publici instrumenti facere
nec non missam predictam per te vel alium sicut in
dictis appostolicis litteris canonice celebrare et alla que-
cumque probabiliter agere vel circa premissa fore nos-
cantur rationabiliter facienda. In quorum testimo-
nium présentes litteras tibi... fecimus et sigilli nostri
camariatus officii jussimus appensione muniri dictam
cartam, Avenioni die quarta mensis jannuarii anno a
nativitate Domini millesimo tercentesimo nonagesimo
primo, Ponlificatus domini nostri pape [Clementis] sep-
timi anno tertio decimo, presentibus venerabilibus \iris
dominis Guigone Salvagii priore prioralus Sancti Geor-
gii (2) gratianopolitane diocesis Johanne de Chissiaco
canonico ecclesie gebennensis predicto et nobili Jacobo
(1) Jean de Chissè, clerc des environs de La Roche, dio-
cèse de Genève, appartenant à une famille qui a donné
quatre évêques à Grenoble : Jean et Rodolphe avant Fran-
çois de Conzié, Airnoa 1" et Ai/non II après lui.
(2) Jean Servais, prieur du prieuré de Saint-Jeoire, entre
Chambôry et Montnièlian.
423
de Charansonnay (1) diocesis gebennensis testibus ad
premissa vocatis specialiter et rogatis et augmentum ?
Et rae Johanne Ludovic! clerico gratianopolitane
diocesis authoritatibus appostolica et imperiali publico
notario ac memorati domini camerarii secretario oui
predictus colator donator dicte cappelle investitureque
commissioni et juramenti prestituri ac premissis omni-
bus dum sic ut premittitur per eumdem camerarium
agerentur et facere unacum prenominatis testibus pre-
sens fui et de mandato supradicti domini camerarii
présentes liiteras peralium scribi in hanc formam pu-
bliôam redegi feci et hic manu mea propria me sub-
scripsi signo meo consueto signavi in robur et testimo-
nium premissorum.
Commission de l'Auditeur de la Curie a
l'official de Belley
1 mars 1" 1493.
Egerdus? episcopus Slep... unus ex sacripalatii apos-
tolici causarum auditoribus locumtenens ven. viro dno
officiali Bellicensi salutem... Noveritis quod felicis re-
cordationis Innocentius papa octavus quamdam com-
missioûis seu supplicationis cedulam Rf^» patri dno
Guillermo de Pereriis decretorum doctori subdecano...
dicti palatii apost. causarum auditoris... mandavit in-
frascripti tenoris :
Dignetur Sanctitas vestra causam... et appellationem
a quadam précisa definitiva sive interlocutoria senten-
tia per ven. virum Petrum Brevis (Court?) oflicia-
(1) Jacques de Charansonnay, du château de ce nom, sous
Massingy, h un quart de lieue de Conzié.
424
lem gebennensem apostolice sedis, ut dicebat, delega-
tum in causa que inter devotum oratoreiii Antonium
Bolomierii clericum gebennensis diocesis ex una, et
quemdam lohannem de Carazonex (1) assertum cleri-
cum adversarium actorem de et super cappellania sancti
lohannis Baptiste iuxta parochialem ecclesiam de Bloyes
gebenn. diocesis constructa... On explique que la con-
naissance de V affaire fat dévolue à Vauditeur Guil-
laume de ou des Périers, mais qu'à raison de sa
maladie, propter eiusdem adversam valetudinem et sui
corporis alterationem, il dût être remplacé par l'écè-
que de Slep... Egerdus, et par Dominique Jacobassio,
autres auditeurs, auprès desquels agirent Michel Bonet
ou Bovet, procureur d'Ant. de Bolomier et maître
Didier d'Angeriey, procureur de Jean de Charan-
sonnex. L'évèque donne mandat à Pojficial de Belley
de réclamer to us les titres et documens de V affaire,
m.ème cachés, sous peine des censures ecclésiastiques.
Datnra et actuin Rome in domo iiabitationis nostre
sub anno a Nativitate Dni 1493, indictione undecima,
die vero veneris prima mensiis marcii, Pontilicatus pre-
fati Sanctissimi in Christo Pal ris et domini nostri do-
mini Alexandri divina providentia pape sexti anno
primo, — en présence de maîtres Jean Vicomte et
Jean Volquin, nos notaires clercs des diocèses de
Constance et de Moùtiers ? (Monasteriensis). L'acte
est écrit par Nicolas Albi (ou Blanc) notaire du susdit
révérend Guillaume des Périers.
(I) Jean de Charannonncx
425
Radiation du procès de Jean de Charanson-
NAY AVEC Louis de Conzié au sujet de la
CHAPELLE de SaINT- JeAN-BaPTISTE.
Cessio juris et litis in favorem
colligantis Gebennen fep ? Perieri.
Beatissime pater dudum perpetuam capellaniam ad
altare Sancti Joliannis Baptiste ecclesie predicte Bloiaci,
Gebeiinensis diocesis cootigna joersona ? vac .. devotus
orator vester lohannes de Charanzonnay clericus eius-
dem diocesis de il la apostolica auctoritate sibi pro vider i
obtinuit. Orta postmodam lis in Romana curia corani
domiuis causarum vestri sacri palatii apostolici audito-
toribus inter [dictum] oratorem actorem ex una. Et
quendara Ludovicum de Conziaco de et super dicta
capellania ex altéra. Jean avait déjà obtenu deux sen-
tences et Louis avait porté Vaffaire en troisième ins-
tance devant un autre Auditeur lorsqu'il renonça au
bénéfice : idem Ludovicus, certis ex causis animum
suum moventibus, proponit, proui cedit et résignât de
presenti. Supplicat propterea R. E. V., Dominus lohan-
nes orator quatenus cessionem et resignationem huius-
modi admicteri, etc., etc. — Concessit petit, inpresen-
iia. ppAo. car. Alexan[drie] (patriarche d'Alexandrie).
Dat. Ostie decimo octavo kal. Decembris Anno sexto.
Les registres du presbytère de Bloye contiennent
l'indication, sans daie, de la donation d'une vigne d'en-
viron huit seitérées (2 hectares et demi), faite à Fèglise
de Bloye par un seigneur de Conzy, à la charge d'y
chanter, toutes les fêtes, et dimanches les Gaude (1), et
(1) Une fondation semblable existaità l'église de Rmuilly;
une autre existe encore à celle de Crempigny.
426
les dimanches de Carême, le Siabatj à l'issue de la
messe, dans la chapelle du Rosaire.
Dans un inventaire de pièces dressé en 1574, on ren-
contre les indications suivantes :
« Une bulle signée Magnin^ scellée de plomb, de la
chapelle de Saint Jean-Baptiste, fondée au cimetière de
l'église de Bloye :
« Item, le reachept des biens de la dite chapelle à n.
Pierre de Conzié, sieur de Vigne (de Vauchier ?), reçu
et signé par M® Pierre de Rodane (de Rodano), le 31
août 1419 ;
« Item, une transaction faite entre le seigneur de
Charansonnay et le seigneur Amed de Conzié, signée
Gilet ;
« Item, lettre obtenue par n. Jean de Conzié de feu
Louis [duc] de Savoye, de la juridiction et fondation
de Conzié, près de Rurailly, du 12 mars 1439. »
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II,
CHAPELLE DE S'-CLAUDE A RUMILLY
427
III
La chapelle ue Saint-Claude
Bien que cela ne soit pas énoncé formellement
dans l'acte du 5 juin 1413, il semble que la fon-
dation de la chapelle de Saint-Claude^ si elle a été
réalisée par l'archevêque François de Conzié,
avait été ordonnée par son neveu, Jean de Con-
zié, dans un testament en date du l'^'" février 1402.
On lit, en efïet, dans l'inventaire sus-indiqué :
(( Item, une fondation de chapelle sous le vo-
cable de Saint-Claude, de Ramilly, reçue et si-
gnée par M*' Jacques de Rodane, de Rumilly, par
n. Jean- de Conzié, en l'an 1402, V février.
(( Item, la bulle de ladite chapelle, scellée en
plomb et signée au repli «S^/»o/^c/^)) — Elle éma-
nait sans doute de Benoit XIII.
Quoiqu'il en soit, la convention passée entre
l'archevêque camérier du pape et le prieur du
prieuré bénédictin de Rumilly pour obtenir la
permission de construire la chapelle, n'eut lieu
que le 5 juin 1413.
Ce jour-là, après des pourparlers, peut-être
déjà longs, et ensuite de l'intervention amiable
de nobles Pierre de Ballaison et Girard Portier,
amis des parties, le prélat traita avec Dom
Georges de Thoire, prieur du prieuré de Ru-
milly (1). François de Conzié, représenté par
(1) L'église de Sainte-Ai^athe de Rumilly dépendait de
l'abbaye Bénédictine de Nantua c^ui possédait le prieuré de
428
son mandataire, Jacques de Beaiirières (1), dé-
clare que, pour se conformer au désir exprimé par
son neveu Jean de Gonzié, « il y a longtemps, à
l'époque de sa mort », il fera construire une cha-
pelle sous le vocable de Saint-Claude (2), avec un
autel pour la célébration du service divin. Elle
sera placée sur le tombeau des Conzié, pour s'é-
tendre du mur de la chapelle de la bienheureuse
Marie- Madeleine jusqu'au passage (alatoriuin)
allant du prieuré à la rue de Montpellat (3). Dom
Georges de Thoire consent à cet établissement
moyennant la (Constitution en faveur du prieuré
Rumilly et nommait aux prébendes d'un corps de chape-
lains dits Altariens.
(1) On lit dans le texte Jacobus de Baerits ou Bcatlis
avec le signe de l'abréviation cronrc. Nous traduisons de
Beanrières, nom d'une paroisse de l'arrondissement actuel
de Die (Drôme). M. de Foras {Armoriai, II, p. 48. V" Chis-
sè), indique un Guichard de Chissé, fils naturel d'Aymon
de Chissé, bénédictin, prieur de Burctiis, au diocèse de Die
(Drome), vers 1400 ; il peut s'agir dans notre cliarte d'un
autre Savoyard, son successeur, au prieuré de Beaurières.
(2) On lit dans cette charte et dans la suivante : ad intu-
mullationcm spccialem heati Glaudii ; il semble qu'il fau-
drait lire : ad iiitiiulationein.
(3) Ces passages étroits, très nombreux à Rumilly, ville
de guerre assez i'ortc au moyen âge, y étaient appelés bic-
(jnoiis. Ils ont tous successivement disparu. Les indications
de l'emplacement delà chapelle de Saint-Claude sont encore
exactes, mais V alatoriuni a été élargi et une cure moderne
a remplacé l'ancien prieuré.
429
d'une rente annuelle de 5 sols genevois et d'une
coupe (80 litres) de beau froment.
Le 24 septembre suivant, Jean de Beaurières
charge d'acquitter la rente un paysan des envi-
rons, débiteur de servis envers les héritiers de
Jean de Conzié (1).
La chapelle fut donc érigée sur l'emplacement
d'un ancien tombeau de famille ou caveau (tumu-
liis seu crota) placé peut-être dans le cimetière
extérieur (2) qui entourait l'église^ à laquelle elle
ne fut reliée que par son mur du nord. La porte
d'entrée, dans la façade du couchant, s'ouvrait
non dans l'église mais sur le cimetière ; la grande
fenêtre du levant donnait sur un coin de
celui-ci et sur la rue conduisant de l'église dans
le quartier de Montpelat. C'est grâce à cette si-
tuation, en dehors, que la chapelle de Conzié,
(1) Ces deux actes sont cités exactement au Potirpris
historique, p. 180 ; et, comme dans la transaction du 10
janvier 1455, l'auteur y donne à Pierre de Baleyson, époux
d'Estrangie de Sion^ le titre de seigneur de Beauregard.
(2) Le cimetière des derniers siècles était superposé sur un
autre plus ancien renfermant une grande quantité da tom-
bes composées de six dalles de grès bien ajustées. Les cada-
vres avaient les pieds tournés au levant. Le sol de l'église
a été abaissé pour le mettre au niveau de la rue de Mont-
pelat ou du Collège, et l'on accède aujourd'hui de l'intérieur
dans la chapelle de Saint-Claude, devenue la sacristie, par
un escalier de trois marches.
430
oa de Saint-Claude (1), a ccliappê aux divers in-
cendies qui ont atteint l'église de Rumilly et ont
amené sa caducité, puis ont nécessité sa démoli-
tion et sa réfection complète de 1837 à 1840.
La chapelle de Siint-Claude, édifiée à une épo-
que où les richesses de François deConzié s'étaient
augmentées de l'héritage de son neveu et surtout
des gros revenus de ses archevêchés et bénéfices,
est construite sur le même plan que la chapelle
de Saint-Jean-Baptiste de Bloye ; tnais elle est
plus grande et surtout bien plus ornée.
Mesurée à l'extérieur, la chapelle a neuf mètres
et demi de long ( façade du midi), sur environ
huit mètres de large. La façade du nord est deve-
nue le mur intérieur de l'église au midi, de telle
sorte que les colonnettes des angles N.-EetN.-O.,
de l'intérieur ont été enfouies dans ce mur à par-
tir de l'origine de la voûte et qu'ainsi l'on n'en voit
(1) Nous n'avons pu savoir pour quel motif la chapelle a
été éi'igée sous le vocable de Saiat-Ciaude. Il n'y a dans la
l'amille de Conzié, et, jusqu'à cette époque, aucun person-
nage prénommé Claude, si ce n'est Claude de Conzié,
écuyer de Mirie de Boufgogue, femin3 du comte Amé-
dée VIII, mort sans postérité en 1451 {Armoriai de S., II ,
j). 151)). Ou ne peut pas supposer que ce Claude ayant rendu
quelques services importants à la famille, François de Conzié
ait voulu montrer sa reconnaissance en donnant pour patron
à la chapelle le saint dont sou cousin portait le nom. Depuis
lors, on rencontre dans la généalogie d'assez nombreux
Claude et Claudine.
431
plus les parties inférieures. Au contraire^ les deux
colonnettes des angles opposés, S.-E. et S.-O.,
sont restées intactes. Malheureusement, la partie
inférieure a été enfermée dans des buffets de bois
où sont serrés les ornements sacerdotaux. Le
renflement de la boiserie semble indiquer que les
colonnes reposaient sur un socle sensiblement
plus large que le fût.
Dans son Eiade historique et artistique sur
les anciennes églises de la Savoie (1) M. le cha-
noine P. -F. Poncet a donné de la chapelle de
Saint-Claude la description suivante :
(( Par sa construction extérieure, toute en assises
de grès, par son beau doublet ogival, aux baies
trilobées, avec trois cœurs en flammes au tympan,
qui est surmonté, dans un riche encadrement, des
armes aujourd'hui mutilées de la noble famille
des Gonzier ; par sa voûte à nervures rondes, avec
filets sur la face, ses colonnettes de môme nature
et ses chapiteaux avec anges portant des armoi-
ries, cette chapelle dont le style est du commen-
cement du xv^ siècle, ofîre peut-être le seul mor-
ceau d'architecture du moyen-càge, d'une valeur
réelle, que possède la ville de Rumilly ». Cette
description n'est ni complète, ni tout à fait exacte :
l'encadrement qui surmonte la grande fenêtre do
la façade du levant, ne semble pas avoir contenu
des armoiries, mais plutôt un grand calice, et la
(1) Annecy, imp. Niérat, in-8°, 1881, p. 08.
432
partie restée intacte, spécialement le socle, indique
d'une façon certaine que les armoiries des Conzié
n'y étaient pas sculptées. (Planche I.)
Ces armes, champ d'à.:; tir, au chef d'or charrié,
d'un lion issant, avaient été placées à l'intérieur
et sont encore intactes sur les colonnottes où elles
remplacent le chapiteau à la naissance de la
voûte. Chaque écusson est tenu à la main par
deux anges ailé?. L'écu du S.-E. e^t surmonté
d'une croix archiépiscopale; celui du S.-O., d'un
panache ; symbolisant ainsi l'illustration de la fa-
mille dans les armes et dans l'église (2).
Les quatres colonnette^, engagées au tiers dans
le mur, se rejoignent à la clef de voûte sur la-
quelle est sculpté, en très haut relief, un Père
éternel bénissant des deux mains. Buste drapé
de gauche à droite, reposant sur un nuage ; tête
nue à très longs cheveux, longue barbe ; figure
noble, expressive, finement travaillée.
Les mains qui dépassent notablement le champ
de la pierre centrale sont trouées au milieu de la
paume. Par mesure de précaution, sans doute,
elles avaient été fixées à la voûte par un clou qui
(2) Voir la planche II. Les dispositions nialôrielles de
l'iiitcrieui' do la chapelle n'ont pas permis d'obtenir une re-
productioa bien nette des colonnettes supportant les deux
écus. — Les deux fenêtres ont pu être garnies de vitraux do
couleur, mais il n'en, reste aucune trace. Il n'y avait à la
porto ni meneau, ni tympan.
CLE DE VOUTE
INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE
433
est tombé sans entraîner cependant la chute des
bras ou des mains.
Cette sculpture remarquable ( planche n" II)
n'a pas été étudiée par M. Poncet, non plus que
la jolie porte gothique de la façade du couchant et
l'encadrement placé au-dessus. La porte étant
murée et, en partie, masquée par le tambour de
bois, établi pour protéger contre le froid la porte
latérale de la nouvelle église, peut échapper à
l'œil d'un visiteur pressé.
Elle est de forme légèrement ogivale, flanquée
de deux colonnettes reposant sur un double sou-
bassement dont le supérieur seul est sculpté. Le
fût de 90 cent, de haut est surmonté d'un cha-
piteau de 35 centimètres, orné de feuillages grêles
et de raisins assez détériorés. Le cordon inférieur
del'archivolte s'étend de chaque côté de la porte. Il
était, àses deux extrémités, surmonté d'une sculp-
ture, un lion accroupi, semble-t-il, qui a été mu-
tilée. La porte a 1 mètre 18 d'ouverture et 2 mè-
tres 96 de hauteur, du sol au sommet de l'ogive.
Par suite de l'abaissement de la chaussée, ce seuil
se trouve actuellement â 1 mètre 50 du sol.
L'encadrement placé au-dessus de la porte
contenait une sculpture, assez compliquée, qui a
subi une mutilation plus complète encore que
celle de la façade opposée. Il semble que l'on s'est
servi du ciseau pour faire sauter toute la partie
en relief; cependant on distingue nettement une
28
434
croix placée au - dessus d'attributs religieux (?)
sculptés dans le cadre.
La hauteur intérieure de la chapelle de Saint-
Claude est de 9 mètres 25. Elle e^t éclairée non
seulement par la grande fenêtre du levant, mais
par une autre encore, au midi, à plein cintre dans
l'intérieur, et rectangulaire à l'extérieur (1). Il y
avait aussi près de la porte d'entrée une petite
fenêtre permettant de voir les personnes qui de-
mandaient à entrer.
Les tableaux placés extérieurement, au-dessus
de la grande fenêtre et de la porte, sont entoures
d'un cordon fort saillant, ou corniche, avec gorge
profonde, mais de trois côtés seulement. Au lieu
de se poursuivre à la partie inférieure, ce cordon
s'étend liorizontalement à droite et à gauche ,
comme l'archivolte de la porte du couchant (1).
(1) Voir cette fenêtre à la façade méridionale, dans l'om-
bre ; à gauclie d'un cadran solaire qui y a été tracé, il y a
trente ou quarante ans, par un capucin.
(2; Voir la planche I. Voir encore dans Albert Liînoir,
Architecture monastique, 2= partie, p. 193, la chapelle du
prieuré de Corelli (Côte-d'Or), où l'archivolte de la porte
d'entrée se prolonge aussi h droite et à gauche.
Cette disposition architecturale a été suivie dans la cons-
truction des maisons de Rumilly au XVIe siècle : la nôtre,
la belle maison de Rochette, l'une et l'autre dans la rue
d'Hautcville; la maison de Beau fort (ancienne caserne), etc.
On la trouve déjà dans un arceau placé au-dessus de la porte
de la chapelle do Saint-Jean-Baptiste ù Bloye.
435
La chapelle de Saint-Claude n'avait pas de con-
treforts ; elle avait été construite assez solidement
pour qu'elle ait résisté à la suppression d'un arc
dont on aperçoit encore l'amorce au mur du sud,
en avant de la montre solaire. L'abaissement con-
sidérable du sol a cepend;int causé une lézarde
dans le mur occidental.
Voici l'acte constatant l'accord intervenu entre
l'archevêque François de Conzié et le prieur de
Rumilly pour la construction de cette chapelle.
Fondation de la chapelle de Saint-Claude
Par François de Conzié ^ archevêque de Narhonne.
5 juin 1413.
In nomine doinini amen. Anno ejusdem Domini
mo quatercentesimo decimo tertio indictione sexta, die
quinta mensis Junii. Per hoc presens publ. instrumen-
tam cunctis fiât manifestum, [quodj Coram me notario
publicoettestibus infrascriptis constitutis person. hono-
rab. et religioso viro domino Georgio de Thoria priore
prioratus Rumilliaci in Albanesio, geb. dioc, ex una
parte et lionorabili viro dompao Jacobo de Boeriis ?
capellano velud... procuratore et nomine procuratorio
Reverendissimi in Christo Patris et D"i D"i Francisci
de Conziaco Narbonensis archiepiscopi et domini nostri
Pape camerarii, heredis universahs, ut dicitur, nobilis
Johannis de Conziaco ejus nepolis quondam, ex alia
parte >
Cum ita sit quod prefatus d^ archiepiscopus, diu est
intellexerit, alque plaries audiverit, dicium Joliannem
436
nepotem suum,tempore mortis sue gralia Si Spiritus in-
butum, diutius afïectare incessanter bonis suis a Deo
collalis et per eum acquisitis fondare et doctare, cons-
Irufero] et edifïïcare, Doi adjutorio mediante, in Emis-
tcrioet ecclesia béate Marie Agate (sic) (1) Rumilliaci pre-
dicli, potissime supra tuiuuUum, vel crotam, parentium
suoruni, videl. a muro capelle bcate Marie Magdalenc
usque ad quoddam alatorium exclusive protendons de
domo dicti prioratus ad carrieram publicani tendentern
de dicta ecclesia versus Montempellatum, unani capel-
lam eum uno altari pro divino officio ibidem perpetuo
celebrando ad lionorem Dei omnipotentis et gloriose
matris ejus Marie et ad intumullationem (2) specialem
beati Glaudii, cuius auxilio in hac parte implorabat pro
ramedio anime sue et parentium suorum. Et cura pre-
dicta fieri debeant tara jure quam de consuetudine de
consensu et auctoritate prefati Domni prioris, idcirco
dictus D» Jacobus nomine quo supra... stit insequendo
ordinanciani teslamentariara prefati quondara Johannis
de Conziaco, preCato D'^ priori quatenus... per dictura
quondara Johannera proposita et ordinata amore Dei et
intuitu pietatis concedere dignaret. Qui D^ prier predicta
petitione et requisitioneconsonantibus rationi, videns et
assec... quod divinus cultus per dictam capellam et ip-
sius rectorera in ecclesia antedicta augmentatibur in
futurum... semper et non iramerito est augendus.
Et prefatus D» prier considerans quod conditio eccle-
sie... predicte propter dictam capellara et donalionem
(1) Le copiste a sans doute mis lo mot Marie jjar inadver-
tance ; il fallait simplement heate A(jatc.
(2) Le copiste de 1444 aura mal lu ; il semble qu'il faut
ad iiitiiulatioHCin.
437
ipsius raelius efficiatur in futurum , ejus spontanea
voluntate pro se et suis successoribus ia futurum, et
eliam contemplalione et amore prefati DUieredis cul li-
benter in po[ssibilibus compl[ac]ere vellet, dat et concedit
p[erpetuo] prefato Domino archiepiscopo heredi anledicto
seu dicto D>^ Jacobo ejus procuratori procur. nomine,
licentiam, consensum, auctoritatem, specialeque manda-
tum et omnimodam [potestatemj predictam capellam cum
dicto altari edifficandi,conficiendi et doctandi per se vel
quemcumque nomine dicti Johannis testatoris quondam
alium in loco supra [dicto], quotienscumque de ipsius D"i
archiepiscopi heredis antedicfi processerit auctoritate,sub
tamen condiiione et pacte infrascripiis [et] declaratis trac-
latu amicabili nobilium Peiri de Ballesone et [Girardi]
Porterii amicorum hoc modo per superiusnominatas par-
tes electorum, intervenienle, videlicet, quod prefatus D^
archiepiscopus hères predictus pro se et suis det et con-
cédât dare [et cou]cedere teneatur et sit astrictus per se
seu ejus officiaiios pro p[lena] (1) recompensatione dicti
loci et platée ubi fiet [...] dicta capella prefato domino
priori prioratus et suis successoribus, videlicet unam cu-
pam frumenti pulcri et receptabilis mensure R<^i et quin-
que solidos geben. annuales seu de servitio annuali ia
festo Si Michaelis affectandos et assignandos de [niero] et
franco allodio in de et super feudum ipsius quondam Jo-
hannis... ac [supra] res,possessiones etbonapro quibusut
supra obligare, ...tradere, rccognoscere facere dicto do-
mino priori, suo et dicti sui prioratus nomine, quod
bienniis fieri poterit, aut saltem bene et sufficienter...
de premissis adimplendis ...dem novi fiât. Item quod
(1) A pai'tii- du tiers du parchemin, la pièce présente un
plus grand nombre de troics.
438
prefatus Dominus hères seu of[fîciarii] ipsius nomine
teneantur et debeant se... in circonstanciis ipsius prio-
ratus supradicti lamen et expen... per dictum heredem
tôt teysias mûri grossitudinis et langitudinis quod repe-
rieûtur esse in loco predicto fondatione predicta aut...
solvere dicto domino priori et [adjejus requisitionem
pro qualibet teysia ut prefertur refîcienda quatuor flo-
renos auri parvi ponderis tanturamodo sive ali
ipsis teysiis reffîciendis, salvis etiam etexp... dictum
dominum priorem tota maeria (1) et tecto [in ea] exis-
tentibus que ad se retinet, excepto quod si gentes et
officiarii predicti Di heredis necessario habere vellent de
dicto t[ecto], haberent et habere possint teyssiam dicti
tecii pro duodecim solidis a... [et casu] tamen quo nol-
lent dictum tectum habere et in eo [fie] ret per dictos
officiarios aliqualis destructio quod illud emendare te-
neatur dictus D» hères seu ejus ofBciarii dicto D" priori
ad dictum et ordinationem duorum operariorum in tali
arte [peritorjum incontinenti et sine fraude. Que omnia
et singula predicta promictunt dicte partes et qu [alibet]
ipsarum, jurate, videlicet, dictus D^ prior sub voto reli-
gionis sue manus ad pectus mict[endo] more religioso-
rum et dictus D^^ Jacobus super evangehis Dei tactis et
obh'gatione omnium bonorum dicii domini heredis [pre-
sentium] et futurorum, rata, grataet firma habere perpe-
tuo tenere et non contrafacere dicere vel venire per se
vel per alium quovisraodo, predicta ratifficare facere
prefato domino heredi, renunliando perpetuo omnibus
actionibus et exceptionnibus canonicis et civilibus, etc.
Actum RumilUaci in domo dicti prioris ; presentibus
(1) Maeria, bois pour charponto.
439
prenominatis Petro de Balleysone, Girardo Porterii,
domino Micliaele Peyrollerii capellanis, Petro Mosses,
Guigone de Lugduno, domicellis et Andréa de Emisterio
mandamenti Mornaci, ad premissa vocatis et rogatis.
(Copie tirée des protocoles de feu Jean Milliet, notaire
à R., par Guigon Tardit, de Grenoble, not. à R., et
écrite de la main de Jean de Balnesio, not. son coadju-
teur, en vertu de commission accordée à Morge le 5 août
1444, par le duc Louis, à la requête de vénér. frère
François de Ravoyref/Jaoor/ri'ej, prieur du prieuré de R).
— Le 24 septembre 1413, devant le même notaire,
on rappelle les clauses de l'acte qui précède, c'est-à-
dire le droit accordé par le prieur à l'archevêque de
Narbonne, camérier du pape, de construire une cha-
pelle, de préférence sur le tombeau des ancêtres de
Jean de Conzié, et ad intumidlationem specialem heali
Glaudii, et l'obligation prise au nom de l'archevêque
par son chapelain Jacques de Baeriis, de payer au prieur
chaque année une coupe de froment et 5 sols genevois.
C'est pourquoi, ce dit jour 24 septembre, se constitue
Jean des Granges, du Bouchet de Broyse, qui du man-
dat exprès dudit chapelain déclare tenir en emphytéose
du prieur une pièce déterre d'un journal environ située
au Bouchet, lieu dit Sous les Bois, qu'il tenait au même
titre de feu Jean de Conzié, et s'engager à payer au
prieur le servis d'une coupe de froment et de 6 deniers
genevois comme auparavant h Jean de Conzié.
(Arch. de Rumilly ; carton de 1401 à 1450).
440
En 1641, en vertu d'un accord entre les reli-
gieux du prieuré de Ruinilly et les Montfort de
Conzié, la chapelle de Saint-Claude fut unie et
incorporée à ce prieuré sous la dépendance de
l'abbaye de Talloires et congrégation bénédictine
des AUobroges, avec la réserve du droit de sépul-
ture et du maintien « de leurs armoiries qui y sont
gravées. »
En 1767, François-Joseph {2") de Conzié, mar-
quis d'Allemogne, protestecontre le projet des moi-
nes de Talloires, qui avaient abandonné le prieuré
de Rumilly, de dire, dans leur couvent, une por-
tion des messes fondées dans l'église de Rumilly,
« parce que le tombeau de la famille des Conzié
était dans la chapelle de Siint-Claude où il y a
le corps du seigneur Edouard de Conzié, grand-
père de l'opposant et de ses prédécesseurs. )>
On trouve dans Baluze, Vitw Paparuin Ave-
nionensium , t. II, p. 1052, un traité passé à Mende
le 9 août 1390, entre le pape Clément VII, repré-
senté par l'évêque de Maguelone, et Reymond de
Turenne. Les conventions sont ratifiées le 20 du
même mois, à Mende, semble-t-il, « par messire
François , archevesque d'Arles , chambellan de
N. S. P., » avec serment sur les Saintes Ecritu-
res et apposition de son scel ; elles le sont encore
par le comte de Genevois [Pierre, frère du pape].
441
IV
La Chape). le de Notre-Dame de l'Aumône
a rumilly.
Au temps où les ponts d'une large portée étaient
à peu près inconnus, les piétons traversaient les
rivières sur de légers échafaudages ou d'étroites
passerelles; les cavaliers et les bêtes de somme
les passaient à gué. Un peu en amont de Rumilly,
au levant, existait un gué de ce genre dans la ri-
vière de Cliéran qui, plus loin, est encaissée entre
des roches profondes et à pic jusqu'à sa jonction
avec le Cier (aujourd'hui le Fier). Parfois aussi
l'on traversait les rivières à l'aide de bacs ou ba-
teaux. Ces divers moyens étaient sans doute em-
ployés, suivant la quantité des eaux, au gué de
Rumilly où devait affluer la foule des passants,
mendiants, routiers, pèlerins, étrangers quelcon-
ques, auxquels les portes de la ville 'étaient pru-
demment fermées. Dès les temps les plus reculés
il s'y établit une petite maison de refuge, qui,
vers le douzième siècle, prit le nom d'hospice de
Notre-Dame de l'Aumône et devint un petit
prieuré dépendant des Augustins du Grand-Saint-
Bernard. Cette union résulte d'une bulle du pape
Alexandre III, du 18 juin 1177 et d'une autre
d'Honorius IV, du 11 juin 1286 (1 ). Le religieux
(1) MoNUMENTA Histori.î: Patri^, Chartaruin, II, col.
1056-58; domiun de Romiliaco, cutn omnibus pertincntiis.
442
qui le desservait pouvait être en même temps le
collecteur des revenus du péage (1) établi en fa-
veur du seigneur, mais qui ne paraît pas avoir
duré longtemps.
Suivant une légende déjà ancienne, la chapelle
de Notre-Dame de l'Aumône aurait été bâtie par
un Conzié. Ce seigneur, disent MM. Groisollet et
Morand (2), aperçut, un jour qu'il avait chassé sans
succès, une statuette de la Vierge dans le creux
d'un arbre. Il décocha contre elle une flèche qui
revint sur lui et le rendit aveugle. Pour apaiser
la Vierge et recouvrer la vue il aurait, non pas
fondé le petit prieuré, mais doté la chapelle où
fut déposée la statue de la Vierge noire qu'on y
voit encore aujourd'hui.
La légende peut bien reposer sur quelque fait
positif, car Aymon de Gonzié, chevalier, se retira
au monastère du Grand-Saint-Bernard auquel il
donna de grands biens par un acte du 6 des nones
de mars 1240.
Deux de ses fils, Vautier (acte du 4 des calen-
MénioiresàQl'A Société d'hist. de Genève, XV, Supp'., p. 25,
cellatn que dlcitur Elemosina de RuniUUaco in Albanesto,
cuin pertinentiis suis.
(1) C'est ainsi ([n'At/mon de Pellier, curé de Rumilly,
était en 1331 receveur du péage et de la gabelle du comte de
Savoie, à Chanaz sur le Rhône (Mémoires de la Société sav.
d'hist. V, p. Lin.
(2) Histoire de Raniilhj, p. 21). L. Morand, Le Sanc-
tuaire de N.-D. de l'Aumône, p. 11.
443
des (le janvicrl258, et G uillauine lurent rehgiQux
au même monastère (1).
Nous nous sommes vainement adressé, pour
retrouver ces actes, à M. le Prévôt du Grand-
Saint-Bernard , au savant abbé Gremand , et
au très obligeant surintendant des archives de
Turin. Nos recherches ont été sans résultat.
V
La chapelle des Boutechou et des Montfort,
A Gray (Haute- Saône).
Les Boutechou possédaient une chapelle dans
l'église paroissiale de Gray depuis un temps re-
culé. L'inscription suivante, qui se lit sur un pi-
lier de l'église, semble indiquer qu'ils en firent
construire une autre au xvii® siècle; ou, plutôt,
qu'arrivés alors à l'apogée de leur prospérité, ils
firent reconstruire la première.
L'an mil vc xvii le vni de julet fut fondée
geste chapelle po[ur et] nom de noble home
MAisTRE Jehan Botechou (2) secrétaire de
l'empereur et la PMIERE PIERE POSEE PAR Hu-
GUE ET Claude ses fils.
C'est dans cette chapelle que furent ensevelis
Charlotte de Montfort, née à Gray, le 20 novem-
(1) Armoriai de Savoie, II, p. 158.
(2) Jean Boutechou, lieutenant général du baillage d'A-
mont^ en 1595, fut secrétaire d'Etat de Philippe II, roi d'Es-
pagne, 1605; puis de l'empereur Maximilicn, ICll.
444
bre 1582, le président du Parlement de Bourgo-
gne, Claude de Boutecliou, mort en 1592, et sans
doute, les autres Boutechou et les Montfort dé-
cèdes dans la Comté.
Dans la liste des Vicomtes-Majeurs de Gray,
on lit le nom de Philibert-Emmanuel de Mont-
fort , seigneur de Fleurey ; 1671-1673; 1677-
1679 (1).
VI
Le CHATEAU DE CrÈTE, A VeRSONNEX.
Ce château, dont il ne reste que des rumos,
avait été bâti à l'extrémité N.-O. de la commune
de Versonnex, sur une éminence d'où la vue s'é-
tend, au midi, sur la plus grande partie des can-
tons de Rumilly, Albens, Alby et Aix, avec, au
fond, les montagnes des Bauges et de Chambéry.
Le paysage est merveilleux.
L'étendue de l'édifice n'était pas très considé-
rable. Bâti en forme de parallélogramme, exacte-
ment oriente suivant les quatre points cardinaux,
ses façades du nord et du midi avaient trente-
quatre mètres de longueur, celles du levant et du
couchant, quarante-huit. Le château était dominé,
au nord, par un monticule plus élevé encore et
dont il n'était sépare que par une dépression peu
(1) Voir^ au sujet do l'église de Gray : Histoire de la ville
de Gray et de ses monuments ; nouvelle édition. Gray, chez
Perron, 1892.
445
profonde et de faible étendue ; aussi est-ce de ce
côté qu'il avait été le plus fortifié.
Les murailles ont 2 mètres 10 c. d'épaisseur ;
celle du nord, seule, est un peu conservée. Celle
du levant se voit cependant encore, au ras du sol,
sur les trois quarts de sa longueur. Il y avait pro-
bablement des tours aux quatre angles ; actuelle-
ment il ne reste de traces que de deux tours ron-
des aux angles du mur septentrional.
Ces deux tours ont aussi, au niveau de l'inté-
rieur du château, 2 mètres 10 d'épaisseur; à l'ex-
térieur et dans la partie inférieure, cette épais-
seur était encore plus considérable. L'espace vide
de l'intérieu'" était d'environ douze mètres carrés
pour la tour du N.-O.^ et de seize pour la tour du
N.-E., qui, plus grosse, et sans doute plus élevée,
faisait à l'intérieur une saillie égale à celle qui
dépassait les murs au dehors.
Comme au château de Chauraont (1), dont l'o-
rientation était la même, la porte d'accès paraît
avoir été placée dans le mur du couchant. La ma-
çonnerie est en grès grisâtre , extrait sur place
et taillé en moellons de 0,50, GO, ou 70 centi-
mètres sur 0,08, 10, 12. Les tours qui, il y a
trente ou quarante ans, s'élevaient encore à plu-
sieurs mètres au-dessus du mur du nord, au ni-
veau duquel elles sont maintenant, s'écrouleront
(1) Nous avons décrit les ruines de ce château dans nos
Comptes de Châtelains aux A7V'c et XV' siècles, p. 99.
44G
bientôt; car, déjà le mur septentrional qui les re-
lie l'une à l'autre est percé en divers endroits. Le
tout roulera dans le petit vallon du nord.
Parmi les droits féodaux dcpendans du châ-
teau de Crète, on comptait celui des langues bo-
vines dans toute l'étendue du mandement de
Clermont en Genevois. En novembre 1681, il est
revendiqué par le seigneur de Montfort, baron de
Crète (acte Sertour, notaire à, Rumilly).
VIL
Les Montfort de Passy et Chèdes
EN Faucigny.
Il ne nous a pas été possible de rechercher
nous-mêmes les traces des Montfort à Passy.
D'après la première généalogie, la seigneurie de
Chèdes serait parvenue à Aymonet de Montfort
(!*''■ degré) par son mariage avec Jordano, fille de
Pierre de Chèdes. Une branche des Montfort la
posséda jusqu'au dix- septième siècle ; peut-être
même plusieurs branches y exercèrent-elles des
droits simultanément.
Les Montfort fondèrent, dans l'église paroissiale
de Saint-Pierre-de-Passy, et sous le vocable de
saint Thâodule, une chapelle à laquelle, en 15G8,
Jeannette de la Frasse, femme de Pierre de Mont-
fort (6^ degré), fit une donation, acceptée par le
recteur, messire Jean Cussenet.
Le testament de Claudine de Tlioire femme de
447
Claude-René de Montfort (9° degré), avait été
ouvert à Cbèdes-sous-Montfort, le 4 juillet 1649,
et cette dame aurait été ensevelie un peu aupara-
vant « dans la chapelle fondée par les seigneurs
de Montfort dans l'église de Saint-Pierre-de-
Passy ».
Les registres de l'état-civil, assez mal et fort
laconiquement tenus durant une partie du dix-
septième siècle, portent ces indications :
« Le 10 décembre 1648, a été sépulture Guil-
(( laume de Bottolier de Montfort.
« Le 26 décembre 1648, a été sépulturée la
« Georgine de Thoire, veuve de Monsieur de
« Monfort. »
Les archives du presbytère de Passy mention-
nent encore un legs « de d"*^ Georgine de Thoire
« do Montfort, dans son testament reçu par le
« notaire Thierriaz, le..., de cent florins pour
« fondation de trois grand'messes avec l'office des
« morts et répons ». Les trois messes ont été ré-
duites à deux, lors de la visite pastorale du 15
octobre 1664.
On peut s'étonner de rencontrer dans les titres
de l'église de Passy la mention des chapelles do
saint Jean-Baptiste, de sainte Anne et de sainte
Barbe, et pas un mot de la chapelle de saint
Théodule. Les premières, du reste, n'existent pas
plus aujourd'hui que cette dernière (1).
(1) Renseignements dus à l'obligeance de M. l'abbé
V, Henry, "vicaire de Passy.
448
Un territoire sur la rive gaucho de l'Arc porte
le nom de Côie-Montfort. C'est une montagne
boisée, au pied de laquelle passe la nouvelle route
de Ghamounix avant de pénétrer dans le vallon
du Châtelard.
Dans la séance du 14 août 188G de la Société
floriniontane, M. le chanoine Ducis, archiviste de
la Haute-Savoie, faisait connaître « qu'il avait
visité, au hameau de Chède, dans la commune de
Passy, les ruines du château et de la tour de
Montfort, où ont été passés les actes dont il a
parlé dans la séance de la même Société du 25
janvier 1885, auxquels s'ajoutent ceux qu'il a vus
aux archives de la mairie, dans les reconnaissances
féodales de la famille de Montfort ». D'autre part,
on lit dans le procès- verbal de cette séance de
1885 que « le célèbre André de Montfort, qui
soutint le siège de Nice, en 1543, était de Passy,
en Faucigny, et non de Rurailly, en Albanais,
comme plusieurs auteurs l'ont avancé », et l'on
annonçait qu'un article paraîtrait dans la Revue
saooisienne à ce sujet (1).
Cet article n'a pas encore vu le jour. Il est pos-
sible qu'il démontre qu'André de Montfort a pu
naître à Passy ; mais, jusqu'à ce que de nouveaux
éléments viennent prouver le contraire, nous pen-
sons qu'on doit le tenir comme né au château de
(1) Reçue sacoisiennc, 1886, p. 345, et 1885 p. 86.
449
Mionnaz, dans la commune de Monthonnex-sous-
Clermont, c'est-à-dire dans un pays dont la loca-
lité principale et prépondérante était Rumilly.
C'est à ce titre que M. Croisollet (1) a pu l'appeler
gentilhomme de Rumilly et gentilhomme rumil-
lien. Grillet, au contraire, s'est trompé complète-
ment, lorsqu'il a attribué à Odinet, baron de
Montfort, gentilhomme chambêrien^ la réponse
faite le 5 août 1543 par André de Montfort au
corsaire Barberousse (.2). Louis Oddinet, baron de
Montfort, de Chambéry, fut nommé président de
chambre au Sénat de Savoie, le 25 avril 1560 ; il
a rempli d'importantes missions diplomatiques
pour le duc Emmanuel-Philibert, mais il n'a ja-
mais été chargé de commander des places de
guerre, ou de services militaires quelconques. Et,
comme nous l'avons déjà dit, le fief de Montfort,
à La Motte prés Chambéry, qui, des Oddinet a
passé aux Arestan n'a rien de commun avec le
fief des Montfort, dont nous nous sommes occupé.
Louis Oddinet avait acquis sa baronnie de Mont-
fort du duc Emmanuel-Philibert, en l'année
1563 (3).
(1) Histoire de Rumilly, p. 74 ; Supplément, p. 189.
(2) Dictionnaire historique, I, p. 98.
(3) Archives de la Saooie, sévie C, n" 1782.
En 1780, la baronnie de Montfort appartenait à Cl.-Fr.
Alex. Morand, seigneur de Saint-Sulpice.
29
450
Il y avait à Genève des Mont fort détachés
d'un rameau de la famille de Savoie et paraissant
se rattacher aux d'Allinges de Coudrée (1).
On trouve aux archives départementales de la
Haute-Savoie, Série E, Montfort : 21 août 1544,
vente faite par la ville de Genève à François, fils
de feu Jean de Montfort, de 18 coupes de fro-
ment dues précédemment au couvent de Pallex,
pour le prix de 540 florins.
Ce Montfortétait sans doute passé aucalvinisme.
Le 18 juinlG66, à Cusy, Jacques de Pingon,
baron de Pingon, se qualifie encore de seigneur
de Bonvillaret et Montfort. Malgré les rapports
d'affaires assez nombreux que les Pingon eurent
au dix-septième siècle avec les Montfort de Con-
zié, sur Bloye, on doit croire que le fief dont ils
se disaient alors seigneurs était celui des envi-
rons de Chambéry, se rattachant à la baronnie de
Pingon, sur la paroisse de la Motte- Servolex.
(1) En 1563, m^e François d'Allinges, soigneur de Coudrée
avait divers fils dont l'aîné ? Pierre, portait le titre de sei-
gneur de Montfort (Mémoires de l'Académie cliablaisienne,
t. W, page xv).
551
VIII
Notes sur les Conzié et les Montfort, ex-
traites DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE
LA Savoie.
1278, 25 octobre, Vulielme ou Guillaume de Conzié,
fils de défunt Jean. Reconnaissance de ce qu'il tient
dans la paroisse de Tavagny ? de Rumilly (sic) et dans
celle de Chalansonnex (1) (Archives de la Savoie, C
no 1799, fosllOetlll).
1278, 11 décembre, Pierre de Conzié. Reconnaissance
decequ'iltientà BloyeetàSalagine(2) (Arch. ic?. foll2).
1280, 16 juillet. Théohald de Conzié. Reconnaissance
de ce qu'il tient dans le même mandement [id. P 113).
1313, 21 octobre. Rollet, fils de Jean de Conzié; fi-
délité à Guillaume (III), comte de Genevois [id. foll4).
1336, 11 décembre. François et Amédée de Conzié
transigent avec le comte de Genevois, Amédée (III), pour
leur juridiction [id. f» 115).
1374, 9 mars. Reconnaissance passée par my^ Guil-
laume de Mareste et Bjùancie de Montfort sa femme,
fille de m^e Jean de Conzié et de Jeannette [de Lucin-
ge], veuve dudit Jean, [laquelle Briancie est] tutrice et
agit au nom de Jean fils dudit Jean de Conzy {sic), par
laquelle ils déclarent tenir en fief ancien et paternel,
leur maison forte de Bloye, etc., et une rente féodale,
sous charge de l'hommage-lige [id., f» 116).
1447, 9 octobre. Investiture en faveur de Jacques de
Conzié des fiefs qu'il tient dans le mandement de Ru-
milly [id., fo 118).
(1) Il n'y a jamais eu de paroisse de Tavagny ; Chalan-
sonnex est de la paroisse de Massingy.
(2) Salagine est de la paroisse de Bloye.
452
1455, 24 mai. Investiture des mêmes fiefs à Jacques
de Conzié, fils de noble Pierre de Conzié [id., f» 119).
1495, 24 octobre. Reconnaissance par n. et généreuse
Antoinette, fille de feu n. Pierre Bolomier, veuve de n.
André feu Jacques de Conzy, comme tutrice testamen-
taire de François et Guibert de Conzié, ses fils, pour
1" la maison forte de Conzié à Bloye; 2», etc.
1734^ 2 septembre. Consignement passé par m''^ Louis
de Conzié, fils de feu Edouard, par lequel il reconnaît
tenir et posséder par succession paternelle des biens
féodaux à Bloye, sous les n^s 852 à 862 inclusivement,
882 et 883 du cadaslre [id., fo 121).
1734, Louis de Conzié est cotisé à 37 livres 10 sols
d'impôt de cavalcade pour sa maison forte de Conzié
(Archives, C, no 1495.)
Ces deux dernières indications semblent dé-
montrer qu'au temps d'Edouard (2^) de Conzié,
père de Louis et de François-Joseph, les anciens
Conzié avaient repris possession de la maison forte
de Bloye, sans doute en vertu d'une cession ou
d'une revente à eux faite par les Montfort. Le ca-
dastre de Bloye, dressé en 1732, porte, en effet,
à la cote de Louis de Conzié et frère, et sous 58
numéros, dos biens qui paraissent constituer la
vieille seigneurie de Conzié. Nous ne citerons que
les suivants, situés lieu dit à Conzié :
853 écurie.
854 terrasse.
855 maison.
857 four.
858 grange et place.
859 grange.
8G0 cour et place.
453
Ces immeubles d'une superficie de 2 journaux
84 toises 1 pied (65 ares 14 centiares), et d'un re-
venu cadastral de 19 livres, n'étaient pas soumis
à la taille, comme biens nobles.
Nous nous sommes assuré que ces numéros
étaient bien ceux sous lesquels la maison forte ou
château de Conzié et ses dépendances avaient été
indiquées au cadastre de 1732.
Poursuivant nos recherches au Iwre des muta-
tions ùnniobilières de Bloye nous avons constaté
que le domaine de Conzié était passé en juin 1748
à Jean-Guillaume Gromet ou Gromé-Frizé, né
à Gayani, province de Bielle en Piémont, établi
depuis quelque temps à Bloye; et que Joseph-
François de Conzié, marquis d'AUemogne, le ra-
cheta devant m^ Gojon, notaire à Chambéry, le 11
novembre 1783, au prix de 41,000 livres (1).
Très vraisemblablement le marquis ne put pas
payer immédiatement le prix de son acquisition.
Ayant émigré en 1793, il n'eut plus la possibilité
de s'acquitter envers son vendeur; le fils de celui-
ci , Joseph Gromé-Frizé , ancien receveur des
douanes et alors rentier à Vésenaz, près Saint-
Julien, le fit condamner par jugements du tribu-
(1) L'acte est passé « en l'hôtel du marquis d'AUemogne,
situé proche de la cathédrale ». L'acheteur se ciualifie de ca-
pitaine à la suite au régiment de Savoie, des premiers
écuyers de S. A. R. Madame la princesse de Savoye, et signe
Joseph de Con:;ié.
454
nal civil du Mont-Blanc des 17 pluviôse et 17
ventôse an VII, à lui payer une somme de 18.5C0
francs montant de sa créance à cette date. L'émi-
gré, ou l'absent de la République, comme disent
les jugements, dut subir l'expropriation de ses
biens. Ils furent adjugés aux enchères publiques
du tribunal, le 16 prairial de la même année, en
contradictoire de m® Crépine, représentant Vab-
sent, au citoyen Joseph Gromé-Frizé, pour le prix
de 26,400 francs (1).
Cette adjudication comprenait, outre les biens
de Bloye, quelques terres sur le territoire de Ru-
milly. Leur contenance était, sur Bloye^ de 140
journaux et demi ; sur Rumilly, de 12 journaux
et demi. Ces terres payaient alors un impôt de 210
francs.
L'expropriation avait été suivie, lit-on au ma-
nifeste ou placard, « contre Joseph-François Con-
zié, cy-devant officier au service du roi Sarde et
écuyer à la Cour dudit roi, domicilié au lieu des
Charmettes lorsqu'il faisait sa résidence dans la
cy-devant Savoye, pour congé de service. »
Le sieur Gromé-Frizé vendit de nouveau le do-
maine de Conzié, le 25 vendémiaire an XI à Jean-
Louis Pétellaz, feu Laurent, de Rumilly, qui le
céda le 14 décembre 1827 à M. Victor- François
(1) Archives de la Cour d'appel de Chambéry. Registres
du tribunal civil du Mont-Blanc, de germinal à prairial,
an VII.
455
Girod, ancien notaire, de Rumilly, dans la suc-
cession de qui, son fils, M. Louis Girod, qui fut
premier président de la Cour d'appel de Cham-
béry, les a recueillis.
Le domaine des Montfort à Reinex, paroisse de
Massingy, se composait, outre 69 pièces de terre,
prés, champs, bois, etc., des numéros suivants
du cadastre :
236 moulin et battoir.
237 grenier.
238 pré et battoir.
239 jardin, moulin.
250 maison, écurie, four et
cour.
251 pré, colombier et ré-
servoir.
253 maison, grange et cour.
262 fourneau à huile.
26-3-267 broussailles.
268 grenier.
215 (au Ligny), grange et
cour.
d'un revenu cadastral de 58 livres et 2 sols; le tout
frappé d'une taille de onze livres neuf sols quatre
deniers.
Les Sommaires des fiefs, aux Archives du dé-
partement de la Savoie, contiennent encore, sur les
différents Montfort, diverses indications peut-être
un peu confuses. Nous y avons relevé les suivan-
tes qui nous paraissent se rapporter à la famille
qui fait l'objet de cette notice :
1305, l^r janvier. Quittance passée à Béatrix,dame de
Faucigny, par Nicod de Crolle, de la somme de 15 li-
vres pour les corvées de bois par elle eues en échange
456
de divers particuliers, sis (les bois) sous le château de
Montfort. (Archives ; C, n» 1783, fo 204.)
1330, 4 janvier. Investiture du château de Montfort
en faveur de Nicod de Montfort et de son fils Jean. (Ar-
chives; C.,nol795,fo 115.)
1346, 18 mars. Investiture en faveur de Jean de
Montfort, fils de Nicolas (sic, Nicod), du château de
Montfort (dit, dans la rubrique, en Chozal), reçu de
son père, sauf l'hommage au comte de Genevois. (Ar-
chives ; C, no 1795, fo 111 et 153.)
1354, 6 septembre. Hommage au comte de Genevois
par Jean de Montfort pour des biens à Balaison. (Ar-
chives; C, no 1354.)
1387, 15 novembre. Investiture du château de Mont-
fort en faveur de Marguerite de Afont/ort. (Archives;
id., fo 115.)
1447, 24 juin. Investiture du château de Montfort (en
Chablais (sic), en faveur de Jean et de Girard de Mont-
fort.
1447, 10 juillet. Investiture de la maison forte de
Montfort en faveur de Jean el; Girard de Montfort et de
Lambert Oddinet (sic). (Archives; C, f» 114 et 115.)
1464, 14 avril. Investiture de la maison forte de Mour-
nié, avec fief, etc., dans le mandement de Cbarosse
(Passy), en faveur de C/aac?e deMontfort. (Archives; C,
no 1795, fo 114) ; — en faveur de François de Montfort.
(Archives; C, no 1783, fo 232.)
1567, 12 novembre. Guillaume de Bottolier consent
un albergement.
457
]571, 29 mars. Alexandre de Bottolier, seigneur de
Dingy, consent un albergement. (Id. fo» 17 et 18.)
1594, 14 octobre. Rd Bérard, André ^ Hudric et
François de Montfort, et ensuite (sic) Claude et Amé-
déede Montfort, consignent tenir de S. A. en fief noble,
paternel et antique, leurs hommes, terres, homma-
ges, etc., dans les lieux de Charosse, Passy et villages du
mandement de Charosse. (Archives; C, n» 1785, fo 5.)
*Tx^Çj>^ '
TABLE DES MATIERES
Pages.
Avant-Propos 243
Les diverses familles et localités de Montfort ; — en
Savoie, en Franche-Comté 245
Armoiries des Montfort 247
Résidences : Mionnas ; Consié, Reinex, etc 248
Première Partie.
Mémoires de la maison de Montfort, dressés par Phili-
bert-Emmanuel de Montfort 253
Premier degré, Aymonet de Montfort, etc 253
— Addition : Pierre de Montfort, etc 254
Deuxième degré, Nicod de Montfort 256
Addition 256
Troisième degré, Ramus de Montfort 257
— Addition 257
Quatrième degré, Jacques et Jean de Montfort 258
Addition '. 258
Cinquième degré, François de Montfort, etc 259
Sixième degré, Jean (II), Nicod (II), Pierre, etc 262
Septième degré, André de Montfort^ gouverneur de
Nice, Hudrtj, François {\l), Bèrard 264
— Addition sur Bèrard 266
Huitième degré, Georges de Montjort, Claude, Chris-
tophe 267
Neuvième degré, Marin, André, Amé, Claude, An-
dré (II)j Jean, Michel, François (III), Fcrnand-
Pierre, Prospéra, Claude-René 271
— Philippe-Emmanuel de Montfort 275
— Lettre de la duchesse de Savoie à Toccasion de son
baptême (1592) 275
— du Parlement de Dôle à son sujet (1649) 277
460
— Soa épitaphe 279
Dixième degré, Louis- François de Montfort 279
Les Montfort de Piémont 281
Deuxième partie.
AUTRE GÉNÉALOGIE.
Membres de la branche de Bourgogne 286
Suite de la branche de Savoie • . . 288
André de Montfort, gouverneur de Nice. Lettre du 12
août 5541 à lui adressée 288
Georges de Montfort, son contrat de mariage 290
— Sa lettre à son père, 25 mars 1556 291
— Son achat des seigneuries de Conzié, à Bloye et à
Ruffleux 292
Revendication des meubles des deux maisons fortes de
Conzié à l'encontre de George de Montfort, et inven-
taire de ces meubles 295
Testament de Marin de Montfort (1574) 299
Testament à' André (II) de Montfort (1578) 301
Sauf-conduit, actes divers (1578 à 1G08) 302
Sauvegarde acccordée par le duc Charles-Emmanuel
(1598) 303
Pierre- Aimé de Montfort, son testament (1678) 305
Lettre dn duc Charles-Emmanuel II (1674) 308
Charles-Emmanuel de Montfort, transaction avec sa
mère 309
Jacques-Gaspard de Montfort de Lohlas 310
— Son mémoire relatif au duc de Savoie (vers 1662). . 311
— Sa lettre à son cousin Jacques- Aimé de M. de Conzié. 314
Maurice de Montfort de Con:;ié, sa réclamation à
son beau-frère Jean-François de Manessy 319
Procès divers 320
Amé-Philibert et Jacqucs-Amù de Montfort, leur al-
liance avec les deux soeurs de Chavannes 322
Injures à la femme d'Amé-Philibert de Montfort 324
Jacques-Amé de Montfort, son second mariage, ses
emprunts 325
461
Les Carmélites déchaussées de Cliambéry en 1647 326
Charles de Fauge^ général des armées du duc de
Lorraine (1657) 326
Lettre de J.-A. de Montfori, à son procureur (1657). 327
— Mariage de sa fille Françoise 328
— Il est incarcéré pour dettes ; inventaire de son mo-
bilier de Conzié, et de ses immeubles 330
Charles-Aimé de Montfort, son testament, sa dis-
parition 332
Jean-Michel de Montfort, son testament 333
Joseph-Alphonse de Montfort, moine à Sixt ; son tes-
tament
Claude de Montfort, seigneur de Reinex, capitaine au 335
régiment de Montferrat 337
Joseph de Montfort, son mariage, sa sépulture 339
— Sa lettre à M. Thomasset (1685) 340
Emfans de Claude de Montfort , coseigneur de
Reinex et de Conzié 341
Jacques de Montfort, lieutenant-colonel du régiment
de Savoie en 1734 343
Charles de Montfort, major au régiment de Savoie. . 343
Ordre de conduire la marquise de Spigno à la forte-
resse de Ceva (14 octobre 1731) 344
— Ordre de la transférer à Montcalier ( 7 décembre
1731) 345
Acte de décès à S use de Ch. de Montfort 346
Enfans de Joseph de Montfort 347
Divers Montfort de filiation incertaine 349
Troisième partie.
Les Conzié.
Diverses généalogies de cette famille 351
Du nom de Confié 352
Premiers degrés de la généalogie, selon La Chesnaye. 353
— Addition 354
Généalogie suivant Guiclienon 356
462
Testament de Jean III de Conzié (1°' février 1402) 359
Convention entre les Conzié et les Balaison (1455). . . . 361
Testament d'Amédée de Conzié (1" mars 1494) 364
Testament de François de Conzié (17 août 1515) 368
testament de Claude de Conzié (9 juin 1571) 371
Antoine-Marin de Conzié, son second mariage avec
Claudine Boccon 373
Procès des fils d'Edouard (2') de Conzié devant le Par-
lement de Dijon 376
Contrat de mariage d'Antoine-Louis de Conzié (13 dé-
cembre 1646) 378
Retour des Conzié en Savoie 380
Edouard (3=) de Conzié, ses deux mariages 382
Ses enfants 383
Son testament (28 août 1709) 383
Louis de Conzié, marquis d'Allemogne 387
François-Joseph de Conzié, son acte de naissance 389
Mission de François-Joseph de Conzié auprès du roi
d'Espagne 391
— Son Mémorial au roi d'Espagne 392
Quatrième partie.
Notice sur François de Conzié, camcrier des papes
d'Avignon, archevêque (1378-1432) 403
— Son tombeau et son épitaphe 410
Indication de lettres et actes de François de Conzié. . . 412
La chapelle de Saint-Jean-Baptiste à Bloye 416
Nomination de son premier recteur (1391) 418
Bulles d'érection par Clément Vil (1391) 419
Commission à l'offlcial de Belley relative à cette cha-
pelle (1493) 423
Radiation à la Cour romaine d'un procès entre Jean de
Gharansonnay et Louis de Conzié (1497 ? ) 425
Autres indications A'iQ
La chapelle de Saint-Claude (sacristie de Rumilly) . . . 427
Les sculptures : porte, fenêtres, armoiries, clef de voûte 431
463
Acte de fondation de la chapelle par rarchevêque Fran-
çois de Conzié (1413) 435
Difficultés relatives à la chapelle de Saint-Claude. . . . 440
François de Conzié à Mende (1390) 440
La chapelle de Notre-Dame de l'Aumône, à Rumilly . . 441
La chapelle des Boutechou et des Montfort à Gray . ... 443
Le château de Crète, à Versonnex 444
Les Montfort de Passy et Chèdes 446
Lieu de naissance d'André de Montfort, gouverneur de
Nice 448
Les Montfort de Genève; les d'AUinges de Montfort;
— J. de Pingon, seigneur de Montfort 430
Notes sur les Conzié et les Montfort, extraites des ar-
chives départementales de la Savoie 451
Indications du cadastre de Bloye sur le domaine de
Conzié ; ventes successives 452
Indications du cadastre de Massingy sur Reinex 45o
Indications du Sommaire des Fiefs sur les différents
Montfort 445
t
UN
AVENTURIER NAPOLITAIN
EN 1870
FRANZINI
Commandant des Mobilisés de la Hante-Savoie.
NOTICE
Par C. DUVAL
Dùputé de la Haute-Savoie, maire de Saint-Julien,
membre de la Société savoisienne d'histoire, etc.
467
« Vous avez rappelé ce que vous avez fait pendant la
« guerre et j'aurais voulu que bien des départements
« français vous imitassent.
« Oui, s'il y a un pays dans tout le territoire
« français qui ait noblement fait son devoir-, sans cal-
« eul, sans arrière-pensée, sans hésitation, de plein
« élan, de cœur et d'âme, qui ait donné ses enfants et
« son or sans compter et sans réfractaire, j'aime à le
« répéter : c'est la Savoie et la Haute-Savoie. j>
Ga.mbetta. — Discours de Saint-Julien,
le 2 octobre 1872.
A MES CAMARADES DES LÉGIONS MOBILISÉES
DE LA Haute-Savoie.
Les légendes, surtout loracju'elles sont absolu-
ment fausses, ont la vie dure et il est véritable-
ment extraordinaire de les voir renaître et se
perpétuer, malgré les démentis et les rectifications
les plus indiscutables.
Les légions mobilisées de la Haute-Savoie en
ont fait et en font encore la triste expérience et la
présente notice a pour but de protester contre une
reproduction récente de l'erreur commise à leur
encontre.
Sur la foi d'une dépêche, lancée inconsidéré-
ment par un général affolé, qui ne nous connais-
sait pas, ne nous avait pas vus et ignorait abso-
lument notre situation, nous avons été accusés
468
d'av'oir refusé de marcher contre les Prussiens,
au moment même où nos bataillons arrivaient à
Dijon, où ils ont fait tout aussi bonne figure que
les autres, bien que n'étant ni armes, ni équipés,
ni même organisés.
Cette calomnie effroyable, cette accusation im-
méritée, reparaissent de temps à autre et consti-
tuent un outrage intolérable contre lequel nous
avons le droit de protester énergiquement.
Les mobilisés de la Haute-Savoie, comme leurs
cadets de l'armée active ou de la mobile, étaient
animés de sentiments patriotiques, parfaitement
décidés et très résolus à tous les sacrifices pour
l'honneur du drapeau.
Au début, leur bonne volonté, leur zèle et leur
ardeur ont été p^alysés pendant un certain
temps , précisément par des chefs indignes qui
avaient réussi, dans ce moment de trouble et de
bouleversement général, à surprendre la confiance
et la bonne foi du gouvernement de la Défense
nationale.
C'est l'histoire de ces aventuriers que je veux
faire connaître, pour dégager notre responsabilité
à nous qui ne désespérions pas du salut, à nous qui
partions pleins d'ardeur . prêts à remplir tout
notre devoir.
Au moment où la garde nationale mobilisée fut
appelée sous les armes, les comités de Défense
nationale, formés dans chaque arrondissement,
469
après avoir constaté la pénurie d'anciens officiers
dans le pays, réclamèrent avec instance la nomi-
nation, à la tête des légions, d'officiers de l'armée
active, capables de les organiser militairement et
de les mettre en état de servir avec honneur.
Par divers arrêtés insérés au Moniteur offi-
ciel, le commandement de la garde nationale mo-
bilisée de la Haute-Savoie fut constitué comme
suit :
Commandant supérieur ,
Franzini, qualifié d'ancien officier d'état-major.
Lieutenant-colonel commandant la 1^'^ légion,
MiGNOTTE, ancien capitaine de recrutement.
Lieutenant-colonel commandant la 2^ légion.
De Lyoen, capitaine au titre auxiliaire, n'ayant
jamais appartenu à l'armée active.
Lieutenant-colonel commandant la 3^ légion,
Baudon d'Issoncourt, ancien maréchal des
logis de cavalerie.
Lieutenant- colonel commandant la 4" légion,
ViTTiNi, qualifié d'officier de chasseurs.
M. de Lyoën, ayant dû donner sa démission,
fut remplacé par M. de Combarel, capitaine au
80*^ régiment d'infanterie, évadé des prisons de
l'ennemi.
Nous ferons connaître les états de service de
ces officiers supérieurs et on pourra juger de la
valeur de l'état-major, placé â notre tête.
470
Nous devons toutefois, dés à présent, mettre
hors de cause le commandant de la 2^ légion, M.
de Combarel, qui fut véritablement à la hauteur
de sa mission.
Le choix le plus fâcheux fut celui du comman-
dant supérieur Franzini, aventurier napolitain,
que le général Lambert, qui l'avait connu caporal
à la légion étrangère, qualifiait de « vulgaire in-
trigant, doué d'un aplomb peu commun ».
J'ai réussi, après beaucoup de recherches et
beaucoup de peine, à reconstituer en partie le
passé de cet aventurier.
La présente publication a pour but de faire
connaître le personnage à tous mes anciens cama-
rades, et aussi à tous ceux dont la bonne foi a été
surprise et qui s'étonneront, sans nul doute, qu'un
pareil choix ait pu être fait.
Franzini s'est présenté à Tours, comme un an-
cien officier d'état-major, ce qm était faux.
Aussitôt pourvu de sa nomination^ Franzini,
qui n'avait que le grade de colonel auxiliaire, et
qui aurait dû porter l'uniforme du corps qu'il était
appelé à commander, commença par revêtir illé-
galement l'uniforme de général de brigade de
l'armée active et, aussitôt arrivé à Annecy, se
constitua non moins illégalement un état-major
de quinze à vingt officiers auxquels il distribua
généreusement le grade de capitaine d'état-major.
471
Les agissements du personnage, dont les hâ-
bleries dissimulaient mal la nullité, l'eurent bien-
tôt fait apprécier à sa juste valeur, et c'est préci-
sément pour se soustraire à la vigilance des auto-
rités du département, notamment du préfet (1),
que le soi-disant général remua ciel et terre pour
faire sortir du département les bataillons mobili-
sés dont l'organisation était à peine ébauchée.
II ne réussit que trop bien. Sur l'annonce qu'il
avait six bataillons organisé?, composés de soli-
des montagnards, prêts à marcher, le ministre
de la guerre donna l'ordre d'envoyer ces six ba-
taillons à Dijon, c'est-à-dire en face de l'ennemi.
Or, aucun de ces bataillons n'était encore or-
ganisé. Les compagnies recrutées dans chaque
canton présentaient les effectifs les plus variés.
Les officiers et sous-officiers nommés à l'élec-
tion n'avaient aucune notion de l'art militaire et
avaient été élus d'après la loi sur la garde natio-
nale. Un grand nombre de compagnies avaient
deux capitaines, ce qui ne facilitait pas le service.
L'habillement seul était bien conditionné. L'ar-
mement, de pure forme, consistait en anciens
fusils à pierre de gros calibre, transformés en fu-
sils à piston, achetés en Suisse et hors d'état de
servir; quant à l'équipement, il faisait défaut et
(1) Le préfet de la Haute-Savoie était l'excellent Jules
Philippe, qui resta en fonctions jusqu'au 24 mai 1873, et
fut ensuite député de la Haute-Savoie de 187G à 1888.
472
nos mobilisés n'avaient pas même de porte-baïon-
nette.
Les commandants des six bataillons ont rédigé,
à la date du 29 janvier 1871, une relation histori-
que des événements auxquels ils ont pris part (1).
Ce récit a été complété par une publication du
capitaine Joseph Berlioz (2).
A ces navrants souvenirs, je puis ajouter quel-
ques renseignements sur le S'^ bataillon de la 3®
légion, dont j'ai fait partie.
Ce bataillon, recruté dans les cantons d' Anne-
masse, Reignier et Gruseilles^ fut appelé à la fin
de décembre, mais l'inclémence de la saison, le
sol recouvert de neige, la rigueur de la tempéra-
ture et surtout l'absence de fusils empêchèrent
absolument toute instruction militaire. De plus,
le manque de logements obligea le commandant
à laisser les hommes chez eux jusqu'au moment
du départ.
Le 15 janvier 1871, au matin, le bataillon fut
rassemblé, reçut l'armement défectueux décrit
ci-dessus et fut acheminé immédiatement sur
Rumilly, où il arriva le surlendemain pour être
embarqué en chemin de fer et dirigé sur Dijon.
Parvenu à Beaune, le mercredi, à 4 heures du
matin, le bataillon reçut l'ordre du chef de gare
de s'arrêter et de se cantonner dans la ville où il
(1) Voir ci-après la relation des commandants.
(2) Les Mobilisés de la Hauie-Savoic.
473
erra jusqu'à la pointe du jour, par une pluie bat-
tante, sans que le pseudo-général eût pris la peine
d'envoyer à la gare un des nombreux officiers de
son état-major.
Et comme Franzini avait encore un certain
nombre de créatures à pourvoir de grades, il pro-
voqua la démission des officiers du bataillon, ce
qui n'était pas le moyen d'activer son organisa-
tion. (1)
Les six bataillons réunis à Beaune, où ils sé-
journèrent trois jours^ n'eurent pas même le loisir
de faire quelques exercices, vu les ordres et con-
tr'ordres incessants du commandant supérieur.
Le dimanche suivant , ces bataillons furent
appelés à Dijon, attaqué par l'armée prussienne,
et c'est alors que, prévoyant une débâcle, Fran-
zini, au lieu d'aller à Dijon^ se dirigea sur Gha-
gny avec deux bataillons, laissant sans instruc-
tion les quatre autres massés dans l'avenue de la
gare. Ils y stationnèrent de sept heures du ma-
tin à cinq heures du soir, sans vivres, recevant la
pluie et pataugeant dans la boue. Il se produisit
alors, il est vrai, du désordre parmi ces bataillons;
mais à qui la faute ?
Des hommes mouillés jusqu'aux os et affamés
quittèrent les rangs et se répandirent dans les
cabarets du voisinage ; d'autres, sollicités par des
(1) Voir ci-après la lettre collective des officiers du batail-
lon.
474
habitants qui transportaient sur le front des trou-
pes le vin généreux de leur dernière récolte, pour
le vendre et en tirer bon parti, burent plus que
de raison et, surexcités, réclamèrent des chasse-
pots pour marcher à l'ennemi. Mais tout cela
n'eut pas de conséquence et lorsque le soir, les
trains du chemin de fer furent enfin préparés,
tout rentra dans l'ordre et les quatre bataillons
s'embarquèrent pour Dijon, sans aucune difficulté,
bientôt suivis parles deux emmenés à Cliagny,
qui revinrent sur leurs pas, aussitôt que Franzini
eût été révoqué et arrêté par Tordre du ministre
de la guerre.
Faisons remarquer, en passant, qu'aucun des
lieutenants-colonels commandant les légions n'é-
tait présent; ils ne rejoignirent que plus tard, au
camp de Sathonay.
Arrivés k Dijon, nos bataillons firent bonne con-
tenance , bien que privés de leurs chefs supé-
rieurs et il me sera permis de leur rendre cette
justice en racontant un épisode de cotte journée
qui leur fait le plus grand honneur.
Le 23 janvier, au moment où la troisième atta-
que des Prussiens se prononçait contrôla ville, ces
bataillons reçurent l'ordre de se tenir prêts à mar-
cher, bien que n'ayant reçu aucune distribution de
cartouches. Sur la réclamation des commandants,
un tonneau de cartouches fut apporté dans la cour
de la gare, et, comme la plupart des hommes ne
connaissaient pas le maniement du fusil, il fallut
475
leur apprendre, séance tenante, à déchirer la car-
touche et à charger leur arme.
Ces cartouches étaient celles des anciens fusils
de l'armée française, d'un calibre beaucoup plus
petit que celui des fusils que nous avions ; par
contre les capsules durent être fendues au couteau
pour pouvoir être appliquées sur les cheminées.
Les fusils, une fois chargés, les officiers recom-
mandèrent aux hommes, lorsqu'ils seraient en
vue des Prussiens, de ne lâcher leur coup de fusil
qu'au commandement, et, sans essayer de rechar-
ger, ce qui aurait été impossible, de courir à la
baïonnette sur l'ennemi.
Tous ces braves gens promirent de faire hon-
neur au nom savoyard et ils auraient certainement
tenu parole.
De fait ils marchèrent avec résolution lorsqu'ils
furent appelés enligne^ et toute la nuit ils se tin-
rent sous les armes dans les postes de première
ligne où ils avaient été appelés.
Heureusement l'attaque des Prussiens fut re-
poussée ; l'ennemi ne revint pas et se retira défi-
nitiv^ement.
Nous pouvons faire appel hardiment aux hom-
mes de bonne foi et leur demander quelle troupe
aurait fait mieux.
Quoi qu'il en soit, l'autorité militaire recon-
naissant l'insuffisance de l'armement, de l'orga-
nisation et de l'instruction de nos bataillons, dé-
cida qu'ils seraient renvoyés au camp de Satlio-
476
Yiay pour y être armés, organisés et instruits. Le
départ eut lieu le lendemain. Mais, avant de par-
tir, les commandants des six bataillons me char-
gèrent d'une mission auprès du général Gari-
baldi, avec lequel j'avais été en relations quelques
années auparavant.
Je devais demander au général de faire con-
duire au camp de Sathonay les sous-officiers et
soldats de nos six bataillons et d'organiser en
compagnie franche tous leurs officiers pour être
employés aux avant- postes de l'armée des Vosges.
Malgré mes efforts, je ne pus rejoindre le gé-
néral Garibaldi avant la mise en route de nos ba-
taillons, et un des officiers supérieurs de son état-
major, auquel je fis part de ma mission, en le priant
de la transmettre au général, me répondit que la
présence de nos officiers, ayant la confiance de
leurs hommes, serait indispensable pour l'organi-
sation et l'instruction de leurs bataillons et ren-
drait plus de services à la Défense nationale que
l'organisation d'une nouvelle compagnie de francs-
tireurs.
Quelques jours plus tard nos mobilisés étaient
installés au camp de Sathonay. où ils furent bien-
tôt rejoints par les 3" bataillons de chaque légion.
Sur le vœu unanime des officiers, M. le comte
Charles de Foras, ancien major au 2"" régiment de
/ Savoie, ancien officier d'ordonnance du roi Vic-
tor-Emmanuel, fut appelé au commandement
477
supérieur des mobilisés de la Haute-Savoie (1).
Sous la direction de ce brave soldat, nos trois
légions furent réorganisées et instruites, de telle
sorte que moins d'un mois plus tard, à la suite de
manœuvres militaires et d'une revue passée par
le général Barrai, inspecteur général des camps,
celui-ci félicita le commandant supérieur et les
officiers des corps stationnés à Sathonay, en leur
disant que si, dans son inspection, il avait rencon-
tré beaucoup de corps instruits et organisés com-
me eux, il n'hésiterait pas à proposer au gouver-
neur de continuer la lutte.
En terminant ces explications préliminaires,
pouvons- nous espérer que nous verrons disparaî-
tre, une fois pour toutes, les calomnies dont nous
sommes victimes depuis si longtemps.
Quoiqu'il arrive, nous dirons avec notre ancien
camarade Berlioz :
« Lorsque comme nous, on a été témoin de la
« noble conduite de nos frères de la Haute-Savoie,
« lorsqu'on les' a vus transis de froid, sans solde,
« souffrir sans se plaindre, les injures d'un hiver
« rigoureux^ les insultes d'une presse ignorante,
« obéir c^uand même aux ordres d'un général (2),
« qui ne méritait pas un pareil titre, peut-on gar-
« der le silence et ne pas protester ?
(1) Voir, plus loin, les états de services de M. de Foras.
(2j Franzini
478
« Lorsqu'on les a vus prendre les armes, ces
« fusils de rebut, et avec ces vieux fers, aller et
« partir, lorsqu'on les a vus marcher, là où le de-
ce voir les appelait avec courage et sans récrimi-
« nation, dociles et fermes, soumis même sous
(( leur général, lui un étranger qui les abandon-
<( nait, inconscient de son honneur d'homme et
« de cehii de ses soldats , lorsqu'on les a admirés
(( dans leur héroïsme, peut-on et doit-on rester
(( muet?
(( Non, le silence, en pareil cas, selon nous,
(( serait une véritable lâcheté. »
C. DUVAL,
député de la Haute-Savoie, ancien aide-major.
479
AVANT-PROPOS
Lorsque la France vaincue et envahie en 1870,
fit appel à tous ses enfants pour la défense du ter-
ritoire, les provinces annexées en 1860 répondirent
avec le plus noble empressement, fournirent de
nombreux contingents et s'imposèrent généreuse-
ment les plus grands sacrifices.
Les deux départements de Savoie, notamment,
se montrèrent fidèles à leur glorieux passé : soldats
de l'armée active, francs-tireurs, mobiles et mobi-
lisés, rivalisèrent de zèle et de dévouement et
ajoutèrent une page honorable à l'histoire militaire
de notre pays.
Des hommes plus compétents que moi ont rendu
un hommage mérité à la bravoure, à la constan-
ce de nos concitoyens.
Il me suffit de citer :
La Savoie année pendant la guerre franco-
allemande^ par M. Frédéric Sassonne; iî/b7>i/nes
et choses de Savoie, par M. François Descostes ;
Journal du 3"'® bataillon des mobiles de la Haute-
Savoie, par un mobile ; Les mobilisés de la Haute-
Savoie, par M. Joseph Berlioz, etc^ etc.
Mais le meilleur témoignage que nous puissions
invoquer, est celui du grand patriote qui, après
Sedan et Metz, a assumé la périlleuse responsa-
480
bilité de la Défense nationale, et en qui s'était
incarnée l'âme de la Patrie.
Gambetta dans les discours prononcés en 1872
dans les villes de la Savoie et de la Haute-Savoie,
a rendu à notre patriotisme le plus éclatant hom-
mage.
En ce qui concerne la Haute-Savoie, voici
quelques chiffres qui prouveront que Gambetta
avait raison, lorsqu'il nous rendait si hautement
justice.
Le département de la Haute-Savoie qui avait
voté pour la Défense nationale un emprunt de
1.170.000 fr. souscrit dans la même journée, four-
nit plus de 23,000 hommes à la Patrie en danger.
Cet effectif se décompose comme suit :
Armée active ; contingent des classes de
1863 à 1870inclus et engagés volontaires (1)^ 7 . 367
Francs-tireurs du Mont-Blanc 120
Garde nationale mobile : contingents
des classes de 1865 à 1870 inclus 5.434
Garde nationale mobilisée (célibataires
de 20 à 40 ans), quatre légions à 3 bat-
taillons et 3 batteries d'artillerie 8.209
Anciens militaires de 25 à 35 ans rappelés
A reporter. . . 21.220
(1) 114 engagements volontaires ont été contractés à la
mairie de Saint-Julien. (Voir plus loin.)
481
Report.. 21.220
et incorporés dans l'armée active, envi-
ron (1) 2.000
Total 23.220
Aces chiffres, il faudrait ajouter les nombreux
citoyens de notre département établis dans l'in-
térieur de la France et qui ont été incorporés,
soit dans l'armée active, soit dans les différents
corps organisés dans leur résidence.
Voilà d'une manière sommaire quel a été le
concours de notre département dans la Défense
nationale en 1870-1871.
Ajoutons en terminant que notre département
envoya de nombreux secours en argent, en effets
et en denrées de toute sorte aux soldats en cam-
pagne et aux blessés, dont un grand nombre furent
recueillis et soignés dans ses divers établissements,
et que, malgré ces sacrifices et les grosses dépen-
ses personnelles des 23.000 soldats qui prirent part
à la campagne, il vint encore en aide, dans une
large mesure, aux départements français ravagés
par la guerre.
(\) 11 n'a pas été possible de retrouver le chiffre exact des
anciens militaires de 25 à 35 ans rappelés au service. Nous
faisons remarquer à ce sujet que le nombre de ces militaires
a été plus considérable dans les départements annexés en
1860, que dans les autres départements frnçais, par le fait
que la loi sarde en vigueur avant l'annexion soumettait
tout le contingent au service militaire, la deuxième partie
de ce contingent ne faisait que 6 mois de service, mais tous
ont été rappelés comme anciens militaires. 31
482
Dans un rapport du Comité central des sociétés
suisses d'agriculture pour procurer aux popula-
tions ravagées par la guerre, des semences de
printemps, on lit ceci :
« Nos voisins de la Haute-Savoie, sollicités
également de prendre part à cette grande oeuvre
de bienfaisante charité, ont répondu à notre appel
delà manière h la fois la plus large et la plus bien-
veillante, en nous envoyant plus de 700 francs en
espèces, 834 quintaux de pommes de terre, 69
sacs de grains (froment, avoine, etc.), ainsi qu'un
chiffre considérable de graines potagères^ etc. »
Qu'on nous montre une région ayant fait mieux
pour la patrie française !
UN AVENTURIER NAPOLITAIN
En 1870
FRANZINI
Quelques jours après l'arrivée de Franzini à
Annecy et au moment où chacun s'étonnait de
voir cet homme pourvu du commandement des
mobilisés de la Haute-Savoie, le bruit courut que
cet individu s'était présenté au gouvernement de
la Défense nationale avec les papiers d'un capi-
taine d'état- major, décédé au Mexique, disaient
les uns, en Crimée, disaient les autres. D'où ve-
nait cette rumeur, c'est ce qu'il a été impossible
de savoir, mais elle parait probable.
Franzini a été nommé par un arrêté du minis-
tre de l'intérieur.
Malgré les recherches les plus minutieuses, il
n'a pas été possible de retrouver dans les archi-
ves du ministère de l'intérieur, aucun document
se rapportant à cette nomination.
J'ai consulté à cet égard les anciens collabora-
teurs de Gambetta, notamment mes collègues à
la Chambre des députés, Spuller, Ranc et Anto-
nin Dubost ; aucun d'eux n'a pu me donner le
moindre renseignement.
484
Mais dans les archives du ministère de la Guerre,
j'ai retrouvé un état de services adressé par Fran-
zini lui-même le 18 juin 1871. Voici la repro-
duction de la première partie de ce document
dont l'authenticité n'est certifiée que par Franzini
lui-môme.
(( 1851, sorti de l'école d'état-raajor des Deux-Siciles,
(( il fut attaché à la suite du prince de Satriano, vice-
« roi de Palerme, et fit campagne de 1851 à 1853.
« Après sa majOx"ité, le Gouvernement voulu (sic)
« de lui une déclaration de rester sujet d'Italie. Etant
(( fils de Louis, ancien officier supérieur d'état-major,
« qui, après avoir fait toutes les campagnes du premier
(( Empire, en sa qualité de Corse, Sa Majesté l'attacha
(( à la suite du roi Murât. Il déclara ses enfants au
« consul de France et le lieutenant d'état-major Fran-
ce zini ne voulut point changer sa nationalité. Il donna
(( sa démission et revint en France.
^( iMigagé volontaire au l^r régiment de la l""*^ Légion
« le 13 février 1856.
(( Passé au 2« régiment étranger le 10 aoirt 1856. Ca-
(( poral le 3 septembre 1856. Caporal de voltigeurs le
(( 6 décembre 1856. Sergent le 19 août 1857. Sergent-
(f fourrier le 21 septembre 1857. Sergent le 28 septem-
« bre 1858. Réformé par la commission spéciale du
« département du Gard le 29 juillet 1859, pour blessure
(( vicieuse à la main gauche. »
Campagnes et blessures.
Embarqué à Ajaccio (Corse) le 24 mars 1856. Débar-
qué à Oran le 29 dudit.
485
En Afrique, 1856-57-58. Embarqué pour la France
le 19 avril 1859. Débarqué à Marseille le 22 dudit.
A été blessé à la nuque et au bras gauche par deux
coups de feu le 30 septembre 1856 en Kabylie.
Cité à l'ordre de l'armée le 30 septembre 1856 à l'af-
faire des Beni-Kouffy (Kabylie).
Cité à l'ordre de l'armée le 24 juin 1857, pour être
entré le premier avec le capitaine Mariotti dans Uam-
buscade (sic) d'Ischindeu (Kabylie).
Inutile de dire que, sauf ce qui concerne les
grades dans la Légion étrangère, il n'y a pas un
mot de vrai dans ce roman.
La vérité est que Franzini, né à Naples le 23
janvier 1834 , était fils de Louis Franzini, na-
tif de Florence en Toscane, âgé de 54 ans, qua-
lifié propriétaire, demeurant rue San Giovani-
nello, li" 7, et de Ursule Malaguzzi, âgée de
32 ans, native de Palerme, son épouse (1).
Le père, âgé de 54 ans, est qualifié dans un
autre document d'inspecteur de police à Naples.
Par conséquent, il n'était pas Corso, n'a jamais
été officier supérieur d'état-major et n'a jamais
servi le roi Murât. Les archives du consulat gé-
néral de France à Naples ne portent aucune men-
tion de Franzini et de son père.
En ce qui concerne les services militaires de
Franzini fils à Naples, ils sont des plus modestes.
Enrôlé en 1851, dans le 12" bataillon de clias-
(1) Voir, plus loin, facto de naissance de Franzini.
486
seurs, provenant du Royal hospice de San Lo-
renzo di Averso, il passa au 10^ bataillon, puis au
13® régiment d'infanterie de ligne, où il arriva
au grade de fourrier qu'il n'a jamais dépassé; il
quitta l'armée napolitaine au commencement de
l'année 1856.
Voici maintenant ses états de service militaire
en France :
Engagé volontaire pour cinq ans au l«r régiment de
la Légion étrangère (7739) le 13 février 1856 ;
Passé au 2® régiment étranger (3373) le 10 août 1856;
Caporal le 3 septembre 1856 ;
Caporal de voltigeurs le 6 décembre 1856 ;
Sergent le 19 aotit 1857 ;
Sergent-fourrier, le 21 septembre 1857 ;
Sergent le 28 septembre 1858 ;
Réformé le 29 juillet 1859 ;
Rayé des contrôles le l^r août 1859.
Campagnes :
Du 24 mars 1856 au 22 avril 1859. Afrique : blessu-
res. Coup de feu à la nuque et au bras gauche le 30
septembre 1856, en Kabylie.
De citation à l'ordre du jour nulle mention.
Un de nos compatriotes, officier supérieur,
ayant fait une brillante carrière dans la Légion
étrangère, en Afrique et au Tonkin, a bien voulu,
sur ma demande^ faire les recherches nécessaires
dan?5 les archives du corps, et voici les renseigne-
ments qu'il m'a fournis.
487
(( Si les états de service sont muets au sujet des
citations, c'est que ces citations n'ont jamais
existé que dans l'imagination de leur auteur.
« L'historique de la Légion contient les men-
tions suivantes au sujet de 1856-1857 :
« 30 septembre 1856^ Beni-bou-Addou. Nou-
velle attaque des villages ; le 2" bataillon, sous le
commandement du capitaine Aubry, prend part
à cette opération qui réussit, grâce au courage et
à l'opiniâtreté de nos troupes.
« Cette affaire nous coûte le sergent-major
Wagner et douze hommes blessés.
« 24 juin 1857, Beiii-Raien. Journée d'Isché-
riden à jamais mémorable pour la Légion étran-
gère et le 2" zouaves.
« Le capitaine Mariotti, entré le premier dans
les retranchements,, serait infailliblement enlevé
si le sergent Mori Ubaldini, et les grenadiers
Pietrovic, Van-Leyden, Douven, les voltigeurs
Cuelmam et Sommer, ne l'avaient dégagé. »
Il n'est pas question du sergent Franzini, et
assurément s'il avait été près du capitaine Ma-
riotti, les documents de l'époque en auraient fait
mention.
Voilà la vérité en ce qui concerne les services
militaires de Franzini qui ne ressemblent guère
à ceux dont il se targuait.
Voici ses services civils :
Rayé des contrôles de l'armée le 1"'" août 1859,
488
il fut nommé, le 29 décembre suivant, percepteur
des contributions directes à Champs (Cantal),
5® classe.
Chose singulière, non seulement cette nomina-
tion fut faite en violation de la loi, qui exige de
tous les fonctionnaires de l'Etat la nationalité
française, mais encore son cautionnement fut
fourni sur les fonds de la cassette impériale.
Cette extraordinaire faveur que rien ne justi-
fiait ofRciellementj fut sans doute la récompense
de services, d'un ordre spécial qu'il n'est pas dif-
ficile de deviner.
On peut d'autant plus faire cette supposition
que l'avancement du nouveau percepteur eut lieu
très rapidement, malgré les plaintes nombreuses
provoquées par ses agissements inqualifiables et
ses procédés vis-à-vis de ses chefs et des contri-
buables.
Il fut nommé successivement le 1*^'' janvier 1862,
percepteur à Chélicu (Isère), 4** classe; le 27 juin
1864, à Fruges (Pas-de-Calais), 3^ classe; et le
21 juin 1868, à Guerchy (Yonne), 2® classe ; mal-
gré l'opposition de l'administration, il installa sa
résidence à Joigny.
Une note qui m'a été communiquée, indique
que ses allures et la manière dont il gérait sa per-
ception auraient dû le faire révoquer dix fois,
mais les plaintes de ses supérieurs et celles dos
contribuables ne servirent qu';\ lui faire obtenir
un avancement rapide.
489
Bien mieux^ en 1868, il essaya, au moyen de
documents, altérés et irréguliers, de se faire dé-
livrer une somme importante par le receveur par-
ticulier de son arrondissement. Celui-ci constata
la fraude et signala le fait, mais ce fut lui qui fut
mis à la retraite d'office et Franzini fut envoyé
dans l'Yonne avec avancement.
En 1870, au moment de l'invasion allemande,
il songea à organiser une compagnie de tirailleurs
de l'Yonne dont il se constitua le capitaine, puis,
bien que l'armée allemande ne soit arrivée à Joi-
gny que le 17 novembre, il quitta son poste le 12
en emportant la caisse et en falsifiant ses livres
de perception.
C'est alors qu'il se rendit à Tours où il réussit,
probablement grâce à la même influence mysté-
rieuse qui l'avait protégé si efficacement jusqu'a-
lors, à se faire nommer commandant supérieur
des mobilisés de la Haute-Savoie.
Comme je l'ai dit plus haut, il a été impossible
de retrouver trace des documents produits pour
cette nomination et des recommandations dont
cet aventurier a dû être l'objet.
Il y avait eu dans l'armée française un Franzini,
capitaine à la légion étrangère, officier de la Lé-
gion d'honneur, blessé mortellement devant Sé-
bastopol dans la nuit du 22 au 23 mai 1855. Mais
ce Franzini (Siro-Antoine), né à Trivulzio (Pié-
mont), le 20 novembre 1805, fils de Jean-Domi-
nique et do Rose Françoise, ayant servi dans le
490
régiment de Hohenlohe, en Espagne et â la légion
étrangère, n'avait aucun lien de parenté avec celui
qui nous occupe. Celui-ci avait-il entendu parler
de cet officiera la légion étrangère ? A-t-il pu se
procurer ses états de service et en user auprès du
gouvernement de la Défense nationale ? je n'ai pu
le savoir d'une manière positive, mais on peut
supposer que c'est à cela que se rattachait le bruit
qui courut, à Annecy, en janvier 1871.
Après son équipée de Beauno, Franzini fut
arrêté le 22 janvier et révoqué de ses fonctions de
commandant supérieur le 31 du même mois. Mis
en liberté, il se rendit à Lyon où il essaya d'en
imposer au général Crouzat, mais en vain ; puis
il se rendit à Bordeaux, suivi du vicomte d'Antio-
che, un de ses aides de camp, qui, de son côté,
s'était affublé de l'uniforme de capitaine d'ctat-
major de l'armée active.
A Bordeaux, il continua ses intrigues, mais eut
la malecliance d'être reconnu par le colonel Lam-
bert, commandant de place de la ville, ancien ca-
pitaine adjudant-major de la légion étrangère qui,
rencontrant son ancien caporal avec l'uniforme de
général de brigade, n'hésita pas à le faire arrêter
et incarcérer.
Franzini, démasqué, fat mis en liberté après
avoir reconnu par écrit qu'il n'avait aucun droit
de porter son uniforme et avoir pris l'engagement
de ne plus se montrer avec (1).
(1) Voir, phis loin, le rapport du colonel Lambert.
491
Il se rendit alors à Paris, où la Commune ve-
nait d'être établie. Il essaya de se faire confier un
commandement militaire et joua, pendant toute la
durée de l'insurrection, un double jeu, comme tant
d'autres aventuriers accourus à Paris, pour profiter
des événements.
En relation avec les hommes do la Commune
et voulant se créer des titres de sauvegarde vis-
à-vis du gouvernement régulier établi à Versail-
les, il s'employa à faire sortir de Paris quelques
personnes ayant de la notoriété, notamment ma-
demoiselle Darboy,sœur de l'archevêque de Paris;
la femme et les enfants du lieutenant-colonel Del-
loye (1) et quelques sœurs de charité de la Maison
Blanche, d'Auteuil et d'Arcueil.
Le 27 mai 1871, Franzini fut arrêté sur la
place de la Bastille, au moment où il cherchait à pé-
nétrer dans le faubourg Saint-Antoine, et conduit
devant le lieutenant-colonel Berge (2), comman-
dant les batteries d'artillerie qui tiraient sur les
barricades du faubourg Saint-Antoine.
Le colonel Berge allait le faire arrêter comme
espion, lorsqu'il réussit à s'échapper, profitant
d'un moment où le colonel faisait rectifier le tir
d'une batterie.
(t) Le lieutenant-colonel Delloye a commandé très long-
temps le 30= régiment d'infanterie, à Annecy. 11 est devenu
général de division.
(2) Hier encore gouverneur militaire de Lyon, comman-
dant le 14= corps d'armée. Voir son rapport.
492
Après la répression de l'insurrection parisienne,
Franzini continua ses intrigues (1) pour obtenir
soit une situation, soit la croix de la Légion d'hon-
neur, qu'il sollicitait également pour son aide de
camp, le vicomte d'Antioche ; mais n'obtenant
aucun résultat et craignant pour ses agissements à
Joigny, il passa en Angleterre, puis au Brésil, où
il obtint du gouvernement la concession d'un ter-
ritoire considérable pour y fonder une colonie soi-
disant avec le concours de capitalistes anglais.
Pour obtenir cette concession, il s'était qualifié de
général français, officier de la Légion d'honneur,
mais le gouvernement brésilien prit des informa-
tions auprès du gouvernement français et, natu-
rellement, la concession fut annulée.
Pendant ce temps, il était l'objet d'une instruc-
tion judiciaire à Joigny pour sa gestion de per-
cepteur avant la guerre et on releva contre lui
73 abus de confiance, 21 faux en écriture publi-
que et le détournement des fonds contenus dans
la caisse au moment de son départ.
Le 20 juin 1872, la Cour d'assises de l'Yonne le
condamna par contumace à 8 ans de réclusion et
100 francs d'amende.
Arrêté à Londres, où il était revenu, extradé et
remis aux autorités françaises, il comparut
(l) Franzini se servit de la fausse qualité de général pour
faire libérer un certain nombre de communards internés à
Versailles.
493
le 28 aoiàt 1874, devant la Cour d'assises de
l'Yonne et fut condamné à 5 ans de réclusion et
550 francs d'amende.
L'année suivante, sa peine fut commuée en un
emprisonnement qu'il subit à la maison centrale
de Melun, après quoi il fut expulsé du territoire
français et reconduit à la frontière italienne.
En 1882, son fils aîné, né à Chélieu (Isère), en
18G2, fut inscrit sur le tableau de recrutement,
mais Franzini, qui invoquait la nationalité fran-
çaise pour se faire nommer commandant supé-
rieur des mobilisés ou percepteur, s'empressa de
la répudier et de revendiquer sa nationalité ita-
lienne pour éviter à son fils le service militaire.
Il est curieux de comparer les lettres adressées
de Londres en 1882 au préfet de l'Isère avec cel-
les qu'il adressait aux autorités militaires en 1871
ou 1872.
Ce sont toujours, mais en sens inverse, les mê-
mes impudentes rodomontades.
En 1887, Franzini essaya de surprendre la con-
fiance d'un de nos concitoyens établi à Turin. De
reclief il se dit Corse et général français. Mais
le Consul français, consulté, prit des renseigne-
ments à la Préfecture de la Haute- Savoie , et
l'aventurier en fut pour ses frais.
Voilà l'homme mis à notre tête en 1870 !
Est-il étonnant qu'avec un chef pareil notre
bonne volonté et notre ardeur patriotique aient
été paralysées pendant un temps f
494
Et après avoir subi cette humiliation imméri-
tée, supporté des déboires pareils, devrons-nous
voir se produire éternellement cette calomnieuse
et outrageante accusation dont nous avons été
victimes.
Aux hommes de bonne foi à répondre!
Il parait utile de compléter cette publication
par quelques documents et par les états de ser-
vice des quatre chefs des légions mobilisées de
la Haute-Savoie.
Comme contraste, nous joignons les brillants
états de service du comte Charles de Foras, qui
fut, lui, un vrai soldat, aussi modeste que dévoué
à ses fonctions et à la tâche patriotique qu'il avait
assumée.
495
DOCUMENTS
1
Les Mobilisés de la Haute-Savoie.
Les officiers de la brigade de la Haute-Savoie,
à leurs concitoyens.
CaDi]) de Satlionay, le 29 janvier 1871.
La courte, mais instructive campagne des mobilisés
de la Haute- Savoie a donné lieu dans maints journaux
à diverses interprétations toutes plus ou moins fausses,
toutes plus ou moins tronquées.
Dans la course vagabonde où nous sommes lancés
depuis quinze jours, nous avons enfin vingt-quatre heu-
res de répit et nous devons à notre pays, à nous-mê-
mes, de faire, en peu de mots, le récit exact, sans
commentaire, de ce qui s'est passé : le public jugera
ensuite.
Le samedi 14 Janvier, ordre du ministre de la guerre
était transmis au général Franzini de diriger sur Dijon
les mobilisés de la Plante- Savoie. Ces troupes formaient
un efifectif de 3.000 hommes. Sur ce chiflTe, 1.000 en-
viron étaient armés depuis douze jours, tenaient garni-
son à Rumilly (Haute-Savoie) et avaient pu faire dans
les chambrées quelques exercices de maniement d'armes :
vingt-cinq centimètres de neige empêchant tout exercice
au-dehors ; 1.000 autres étaient armés depuis cinq
jours : enfin les 1.000 derniers furent armes le lende-
main, le dimanche 15 janvier.
496
Ce qu'étaient leurs armes est impossible à décrire : la
plupart n'avaient pas de chien, ou n'avaient que des
baïonnettes ne s'adaptant pas au canon ; il y avait au
moins, parmi ces fusils, quatre ou cinq calibres dif-
férents, le tout rouillé, malpropre (nous n'avions pas de
nécessaires d'armes), à tel point que les hommes compé-
tents, inspectant les armes, ont pu dire que cela avait
tout au plus quelque valeur comme vieux fer.
Le 2® bataillon de la 2^ légion n'avait ni bidons, ni
marmites, ni objets de campement. Le corps médical
n'avait aucun objet de pansement.
Néanmoins, lundi, [16J les deux premiers bataillons
(Ire légion) partaient pour Dijon, où le défautde place pour
les loger les faisait arrêter à Beaune ; le lendemain ar-
rivait la 2ô légion, et le jeudi la 3^ ; n'oublions pas que
ces derniers, qui arrivaient à Beaune le 19 janvier, étaient
encore, le 15, dans leurs foyers, n'a^-ant jamais assisté
à aucun exercice, n'ayant jamais manié une arme, et
que quatre jours après ils étaient à Beaune, à moins de
50 kilomètres de l'ennemi.
A Beaune, on nous promit quinze jours de tranquillité
pour nous organiser, former nos bataillons en six com-
pagnies, faire quelques exercices, et nous préparer en
un mot à affronter dignement l'ennemi.
Quelque problématique que put nous paraître ce cal-
me de quinze jours, nous nous mîmes bravement à
l'œuvre. Nos soldats étaient dispersés chez l'habitant,
les vivres arrivaient quelquefois, manquaient le plus
souvent ; on réussissait, tant bien que mal, à nourrir
les soldats et à faire faire l'ordinaire tantôt à une heure
tantôt à l'autre ; le reste du temps fut employé à faire
quelques exercices de maniement d'armes.
Notre séjour, du reste, ne fut pas de longue durée;
497
les derniers bataillons étaient arrivés le jeudi, le saniedi
soir, le général Pélissier donnait l'ordre au général
Franzini de se rendre à Dijon, gravement menacé par
l'ennemi.
Les premiers arrivés étaient donc restés cinq jours à
Beaune ; les derniers, trois jours ; nos armes étaient tou-
jours les mêmes, notre instruction à peu près nulle. Le
général réunit immédiatement ses différents chefs de
corpSj donna connaissance des dépêches qui l'appelaient
sans retard à Dijon, nous dit que, déjà, il avait télégra-
phié l'impossibilité où il se trouvait de marcher à l'en-
nemi avec de pareilles troupes, que la conscience qu'il
avait de son devoir le lui interdisait, mais qu'il" n'avait
rien voulu faire sans demander la sanction de ses actes
aux officiers de son corps. Les olïîciers, à l'unanimité,
déclarèrent que dans les conditions d'armement et d'ins-
truction où se trouvaient leurs hommes, il était impos-
sible d'aller de l'avant. Le général télégraphia l'état dos
choses au général Pélissier, au ministre et demanda
en même temps dans la nuit au Préfet de Mâcon s'il
avait un local pour nos troupes. Sur la réponse affirma-
tive de ce dernier, il fut décidé, le lendemain matin, que
les troupes se masseraient dans l'avenue de la gare à
huit heures et demie et que trois trains, de demi-heure
en demi-heure, emmèneraient nos mobilisés à Màcon.
Le premier train partit à neuf heures ; trente mmutes
après son départ, on apprenait à Beaune qu'il était arrê-
té à Chagny.
Ici, pour la clarté du récit, disons en peu de mots se
qui se passa d'abord à Chagny, puis à Beaune, dans
cette journée du 22.
A l'arrivée du l''>' train à Chagny, 10 h. 20 minutes, le
32
498
général descendit de wagon, sur l'invitalion du chef de
gare, lui disant qu'un commissairedu gouvornemnetavait
des ordres à lui communiquer. Quelques instants après,
le général Franzini sortait du bureau du chef de gare,
appelait à lui tous les officiers des deux premiers ba-
taillons et leur disait: (( On veut que nous retournions
àDijon ; la chose est impossible, dites à vos compagnies
que nous ne partirons que pour Mâcon. »
L'ordre fut exécuté. Pendant ce temps, deux gendar-
mes arrêtaient le général qui revint nous dire : « Je
suis prêt à partir pour Dijon, mais comme soldat; lâ-
chez de faire remonter vos hommes en wagon ; » et il
donnait le premier l'exemple en se réinstallant dans le
coupé. Cette scène avait duré trois heures : les hommes
s'impatientaient, le désordre s'était mis dans les rangs
et les officiers ne purent faire remonter leurs troupes
qu'en leur promettant de s'arrêter à Beaune pour con-
sulter les officiers des autres légions. Ils rentraient à
Beaune à 4 h. 1/2 du soir.
Dans cette dernière localité où restait l'elîeclif des 2"
et 3e légions, les troupes étaient^ sans avoir eu le temps
de faire l'ordinaire, massées depuis 8 heures et demit>
du matin dans l'avenue de la gare, dans une boue li-
quide. Le bruit que le premier train arrêté à Chagny
rétrogradait sur Dijon n'avait pas tardé à transpirer.
L'allée et la venue des chefs qui délibéraient sur la
conduite à tenir, tout les avait mis au courant de ce qui
se passait. Le désordre se mit bientôt dans ces troupes
de huit jours, qui n'étaient pas habituées encore à rester
sept heures dans la bouc et sur les rangs. La plupart
envahirent les cabarets voisins et, lorsqu'à trois heures
les chefs, sur l'ordre exprès qui leur était enfin transmis,
se décidèrent à marcher sur Dijon, il devenait presque
499
impossible de faire monter les hommes en voitures.
Cette scène de désordre dura jusqu'à l'arrivée du pre-
mier train, à quatre heures et demie. Les officiers alors,
à l'unanimité, dirent à leurs soldats : « Nous partirons
pour Dijon, nous allons obéir aux ordres reçus ; que
ceux qui veulent venir nous suivent ; » et ils montèrent
tous en w.igon. Le soir, à Dijon, à l'appel de neuf heu-
res, il manquait 151 hommes sur 3 000.
La matinée du lundi 23 fut employée à tâcher de
faire vivre nos hommes. L'après-midi, dès 2 heures, on
entendait le canon dans la direction de la porte Saint-
Nicolas. Nos mobilisés étaient cantonnés dans les bâti-
ments de la gare où ils attendaient des ordres. A trois
heures, arriva l'ordre de réunir nos troupes dans l'em-
placement qu'elles occupaient et de leur distribuer des
cartouches. A quatre heures, les tonneaux de cartouches
furent remis aux chefs de bataillon et l'on en faisait ladis-
tribution lorsque se produisit dans Dijon cette fameuse
panique produite par le recul d'une batterie d'artillerie,
établie à 1 .500 mètres de la porte Saint-Nicolas. Les fem-
mes affolées poussaient des cris affreux, les boutiques se
fermèrent en un clin d'œil , deux chevaux effrayés
arrivèrent à fond de train jusque dans la gare. C'était
le moment où l'on distribuait les cartouches. Quelques
compagnies qui n'avaient pas encore reçu leur distri-
bution et qui se trouvaient devant la gare se laissèrent
entraîner à ce sauve qui peut et reculèrent à quelques
mètres delà, jusque dans la gare, où les auires batail-
lons chargeaient tranquillement leurs armes. Moins de
cinq minutes après, elles étaient, du reste, sur les rangs.
C'est à ce moment que l'on nous donnait l'ordre de nous
masser sur la roule de Langres, depuis avant la porte
Saint-Nicolasjusquesurla place Guillaume. A cinq heu-
500
res, nos troupes étaient à l'endroit assigné ; trois com-
pagnies du l^r bataillon (l'*^ légion) étaient en avant, à
peu près sur remplacement de la batterie démontée ;
toutes les troupes sont restées là jusqu'à neuf heures du
soir dans l'ordre et le calme le plus complet.
A neuf heures du soir, on les fit rentrer dans leurs
cantonnements et chacun alla dormir, moins celles des
compagnies qui furent désignées pour le service de la
place et de rondes qui ne rentrèrent qu'à onze heures du
matin.
Le lendemain, on recevait Tordre de partir pour Lyon :
la 2'^ légion partait la première, arrivait à Lyon le mer-
credi matin et delà se dirigeait sur Montluel ; les deux
autres légions arrivèrent à Lyon dans l'après midi du
25, attendirent jusqu'à huit heures du soir un ordre
quelconque dans la cour de la gare et puis partirent
pour le camp de Sathonay où elles arrivèrent à onze heu-
res du soir.
Là, personne ne les attendait : après une heure pas-
sée dans la boue, l'on mit soldats et officiers dans une
écurie, sans paille, et cela encore grâce aux bons soins
du général du camp qui, pris à l'improviste, a fait son
possible.
Le lendemain à midi, nous repartions pour Miribel
et Meximieux.
Le jeudi ?oir, 23, les troupes parent enfin se reposer
jusqu'au samedi matin, où elles reçurent l'ordre de
revenir au camp. Nous n'y sommes que depuis vingt-
quatre heures, et nul ne peut dire ])our combien de mi-
nutes encore.
Voilà le récit des faits; au public de nous juger.
Quanta la responsabilité des choses qui se sont passées,
elle retombera sur ceux qui, sans souci du lendemain,
501
sans souci de l'honneur de noire pays de Savoie, ont
laissé partir pour Dijon des troupes sans armes et tota-
lement dépourvues d'instruction ; sur ceux qui ont écrit
au ministre de la guerre que nous étions prêts, alors
que pour la plupart nous n'étions pas encore sous les
drapeaux ; sur ceux qui ont trouvé logique d'envoyer
des troupes à 10 kilomètres de l'ennemi, se berçant de
l'illusion qu'elles y trouveraient le calme nécessaire pour
se former au dur métier des armes.
Quant à nous, nous nous renfermerons pour le mo-
ment dans la douleur que nous avons tous éprouvée au
triste spectacle auquel nous avons assisté, douleur allé-
gée par la conscience, que nous avons tous, d'avoir fait
notre devoir et de n'avoir point terni les belles couleurs
de notre Savoie.
En finissant, il nous reste à remercier encore une fois
nos frères, les mobilisés de la Savoie, qui, les premiers,
oui protesté contre les odieuses interprétations qui nous
atteignaient. Nous n'attendions pas moins d'eux ; ils
nousont prouvé une fois de plus, qu'enfants du même
pays, nous sommes dignes de marcher la main dans la
main.
Pour les officiers du 1" bataillon delà 1" légion.
Le commandant, J. Moret.
Pour les officiers du 2' bataillon de la 1" légion,
Le commandant, Gantin.
Pour les officiers du 2" bataillon de la 3= légion,
Le commandant, Evig. Mérard.
Pour les officiers du 1=' bataillon de la 2= légion,
Le chef de bataillon, Germain.
Pour les officiers du 1'' bataillon de la 3= légion,
Le chef de bataillon, J. Ramel.
502
II
Le 97" RÉGIMENT DE MOBILES.
Les officiers des trois bataillons de la garde mobile
de la Haute-Savoie formant le 97"= régiment de mobiles,
publièrent une adresse^ datée de Langres (Haute-Mar-
ne), le 7 mars 1871, dans laquelle nous trouvons les
passages suivants :
(( Nous tenons, comme citoyens et comme soldats, à
affirmer hautement, en face de la France grande et glo-
rieuse jusque dans ses désastres, que nous sommes in-
capables de rompre, à l'heure de l'infortune, un enga-
gement librercent contracté dans les jours de prospérité.
« La Savoie, dont nous sommes fiers d'èlre les en-
fants, est trop digne et a le cœur trop haut pour se prêter
jamais à des aspirations et à des actes qui la feraient ac-
cuser d'être ingrate, de préférer le bien-être à l'iionneur
et de n'avoir pas l'énergie de partager avec le reste de la
nation les embarras et les douleurs de la situation ac-
tuelle. Quand nous nous donnons, c'est franchement,
loyalement et sans réserves : nous sommes Français et
les malheurs momentanés de la France sont une raison
de plus pour que nous restions Français.
(( Malgré les accusations injustes et vivement ressen-
ties par nous, qu'une dépêche officielle a jetées, jadis,
d'une façon si légère, à la face de nos raobiUsés, qu'on
appelait à combattre, quand ils n'avaient encore ni ar-
mes sérieuses, ni instruction militaire sufhsante, l'his-
toire impartiale dira que dans les campagnes de 1870-71,
503
les enfants de la Savoie, ont scellé par le pacte du sang
verséj leur union à la France. .^
Quant à nous, nous avons fait partout notre devoir ;
nos trois bataillons ont été cités plus d'une fois à l'ordre
du jour de la garnison de Langres, et nous allons revoir
nos foyers, emportant dans nos douleurs patriotiques, la
consolation d'avoir mérité Testime de chefs aimés et des
populations qui ont appris à nous connaître, et !a joie de
laisser, après avoir combattu sous ses murs, la place de
Langres, vierge presque seule des souillures de l'étran-
ger.
« Qu on ne vienne donc pas, à un pareil moment,
nous soupçonner d'une défection politique ! Nous som-
mes la sève et la jeunesse de la Savoie, et nos pères,
qui vont nous revoir, ne nous dédiront pas.
(( Après avoir dignement tenu notre place, près do
nos frères aimés, dans la grande lutte nationale, nous
voulons rester associés au deuil, aux charges et aux es-
pérances de la Patrie, et nous ne consentirons jamais,
de près ni de loin, à solliciter de l'ennemi, que nous
combattions hier, la honteuse faveur d'êire démembres
du sol pour lequel nous avons exposé notre vie et versé
notre sang. »
Suivent les signatures des officiers savoyards des
trois bataillons de mobiles de la Haute-Savoie, formant
le 97<^ provisoire.
Les officiers soussignés, qui, sans être savoisiens,
ont partagé avec les bataillons de la llaule-Savoie,
l'honneur et les épreuves de la campagne, sont heureux
504
de s'associer à la protestation de leurs camarades et les
en remercient au nom de la vieille France,
Signé : Vigouroux, lieutenant-colonel, commandant
l(i régiment ; D^' Aluison, médecin-major; Guignod,
capitaine; Tomasi , lieutenant (1er bataillon); de la
Chauvinière, capitaine ; Bremont, médecin aide-ma-
jor (2** bataillon) ; Dlbié, Landolphe, capitaines ; Le-
MoiNE, lieutenant ; Dr Fournier, aide-major (3'' batail-
lon) ; DuNAND, lieutenant (l^' bataillon) ; Mathieu, lieu-
tenant (2e bataillon).
(Journal de Langres).
505
111
Mairie de Saint-Julien (Haute-Savoie)
Engagements volontaires contractés à la Mairie
de Saint- Julien^ en 1870-1871.
Date des actes d'engagé- Noms et pre'noms des eogage's
11 août 1S70. . Peillonnex Jean, cultivateur, de Col-
loDges-sous-Salève.
13 — Charvier Eloi, cultivateur, de Beau-
mont.
13 — Neurry Louis, cultivateur, de Veigy-
Foncenex.
14 — Pugin Martin, cultivateur, de Bossey.
16 — Boujon Jean^ cultivateur, de Conta-
mines-sous-M arlioz.
16 — Rosset Léon-Joseph, s. p., de Saint-
Julien.
16 — Compagnon Alfred, commis, de Saint-
Julien.
16 — Y vrard Benoît- Léonard, coiffeur^ de
Saint- Julien.
16 — Prost Louis-Arthur, de Morez (Jura).
17 — Poncet Pierre, de Billat (Ain).
17 — Gantoy François, de Saint-Julien.
17 — Cartier Bonaventure, de Vers.
17 — Cornier Joseph, de Bellevaux.
17 — Péchoud Joseph, de La Clusaz.
17 — Pernod Joseph-Marie, d'Allonzier.
17 — Martin Pierre-Camille, de Mulhouse.
18 — Bouvard Jacques, de Savigny.
506
Date des actes d'engagt Noms et pre'ooms des eogagés
18 août. . 1870 Paccot François-Marie.
18 — Dupaoloup André -François, d'An-
nemasse.
18 — Philippe Marie, de Vulbens.
18 — Ardouin Antoine, d'Angoulême.
18 — Chappuis Paul, de Cranves-Sales.
19 — Cusin Joseph, de Viry.
19 — Gavard Joseph, d'Ambilly.
19 — Duborgel Marie, de Messery.
19 — Roch Jean, de Veigy-Foncenex.
22 — Baug François-Barihélemy, de Vier-
zon (Cher).
22 — Roch André-Marie, de Cornier.
24 — Breton Joseph, de Versonnex.
24 — Car Léon-Marie, de Burdignin.
25 — Huissoux Jean-Marie, de Juvigny.
25 — Buet Julien, de Viry.
25 — Boyniond Félix-Claudius, deThairy.
27 — Verdun François, de Saint-Pierre-
de- la -Tour.
27 — Dietrich Louis, de Strasbourg.
29 — Vieux Victor, de Cernex.
29 — Carrel Jean- François, de Lagnicu
(Ain).
30 — Perolhon Charles des Esserts-Esery.
31 — Calvi Amos - André, de Bergame
(Italie).
l'-'" sept. Descombes Philémon-Frédéric, de
Vienne (Isère).
1er — Bouvier Jean-B^plisto, d'Aix-lcs-
Bains.
507
Date des actes d'engagé Noms et preDoms des engage's
2 sept. 1870.. Vigano Jean-Ambroise , de Mon7a
(Italie).
2 — Chevalier Pierre- Henri- Martial, de
Paris.
6 — Reymarin Jeaa-Jacques- François, de
Genève (Suisse).
6 — Loudet Joseph-Bertrand, de Lyon.
6 — Chatenoud Jacques, de Gaillard.
7 — Mulatier Jean, d'Annemasse.
8 — Janiu Louis, de Marlioz.
8 — Jacom Henri-Georges, de St-Julien.
0 — Ménessié Joseph - Frédéric, de La
Villette.
10 — Garnier Charles, de Vétraz - Mon-
thoux.
13 — Quiblier François, d'Yvoire.
13 — Déruaz Claude, de Chavanod.
13 — Blanc Jean, de Savigny.
15 — Antoine Joseph, Lsson ville (Vosges).
16 — Vogel Guillaume, de Sai nte- Marie -
aux- Mines.
16 — Jacques Antoine-Léonard, de Saint-
Julien.
20 — Charaussy Jean -Baptiste, de Lyon.
21 — Foucaud Pierre, de Saint- Martin
(Charente).
21 — Dapuis Joseph-Ferdinand, de Saint-
Julien.
21 — Bovmond Pierre-Gaslon-Marie, de
Saint-Julien.
26 — Benolotti Joseph, de Saint-Julien.
508
Date des actes d'engagt Noms et prénoms des ecgage's
27 sept. 1870 Descombes François, de Monnetier-
Mornex.
27 — Vachet François, de Copponex.
27 — Fusay Alphonse-Louis-François, de
Collonges-sous-Salève.
27 — Favre Jules, de Saint-Julien.
28 — Mathis François-Marie, de Passy
(Haute- Savoie),
ler octobre Moreau Jean- Baptiste- Léon, de
Verrides (S.-et-M.)
4 — Clialigné Paul, de Forges (S.-et-M.)
4 — Mos Alexis, de Paris.
5 — Etehégaray Henri-Eugène-Charles,
de Dax.
6 — Mormin Biaise, de Gaillard.
6 — Lecoq Henri, de Besançon.
6 — Lecoq Louis, de Besançon.
6 — Gautier Michel- César - Marius, de
Grenoble.
8 — Thérisson Jean- Félix -Prudent, de
Neuilly.
8 — Prévend Jean, de Cranves-Sales.
10 — Péjat François, de Naves.
10 — Dupardy Joseph, d'Annonay.
12 — Gaillard Prosper, de Viuz-en-Sallaz.
12 — Rameau Paul- Michel -Charles, de
Thann.
14 — Tissot François, de Viry.
14 — Ramus Jean- Marie, de Vulbens.
14 — Saulhier Henri, de Jonzicr-Epagny.
14 — Vuaillet Pierre-Louis, de Thoiry.
509
Date des actes d'engagé Noms et pre'Doiiis des engagés
16 octobre 1870. Coudol Baptiste- Louis, de Nantes.
18 — Paris Marie, de Présilly.
18 — Cohannier Claude-Jph, de Reignier.
18 — Brand Louis-Mario, de Saint-Julien.
21 — Mégevand Louis, de Beaumont.
22 — Corajod Fçois,de Monnctier-Mornex.
23 — Perret Octave, de Saint-Benoît (Ain).
10 novem. 1870. Bauer Charles-Louis, d'Oberbrùnu
(Bas-Rhin).
IG — Brenet Charles - Jean - Baptiste, de
Lons-le-Saulnier.
17 — Brudder Joseph, de Mulhouse.
21 — Mugnier Joseph, de Beaumont.
24 — Vérel Pierre-Charles, de Yenne.
24 — Gathier Emmanuel, de Gaillard.
25 — Dupont Jean-Jacques, de Fernex.
26 — Génardini Antoine, de Châlons-s-S.
2 décem. 1870. Cognasse Henri, d'Ambert.
7 — Cheneval Ferdinand, d'Albertville.
9 — Dupanloup Joseph, du Sappey.
12 — Genoud Félix, d'Habère-Lullin.
14 — Dupont Louis, de Viry.
19 — Désille Louis, de Menthonnex-sous-
Clermont.
22 — Gras Jean, de Cruseilles.
10 janvier 1871 Gras François, des Esserts-Esery.
17 — Marion Joseph-Eugène, de Montmé-
rol (Drôme).
25 — Bernard Alfred-Marie, de S-Cergues.
26 — Albert Alexandre, de Lyon.
28 — Duchêne Jean-Marie, de Samoëns.
13 février Guttin Pierre, de Lyon.
510
IV
COMUNE DI NaPOLI.
Archivio dello stato civile.
Estratto da^ registri degli atti di nnscità del 1834
délia sezione S an-Carlo alV Avena.
L'aimo mille otto'^eiito Irenta quattro il cl'i vintiquattro
del mese di gennaio aile ore dieciotto, avanti di noi
Francesco-Antonio Romano, eletto ed ufRziale dello
stato civile del sudetto quartiere S. Carlo ail' Arena, co-
mune di Napoli, provincia di Napoli, e comparso Luigi
Franzini, di Firenze in Toscana, di anni cinquanta
quattro, proprietario domiciliato strada San-Giovani-
nello, sette, quale ci ha prescntato un maschio secon-
dochè abbiamo riconosciuto, ed ha dichiaratoche lo stesso
è nato dà lui dichiarante, et da donna Orsola Mala-
guzzi, di Palermo, di anni trentadue, sua raoglie eon
esso domiciliata, nel giorno veutitrè del mese suddotto
anno corrente, aile ore sedici, nella casa di propria abi-
tazione, sita come sopra.
Lo stesso ci ha in oltre dichiarato di dare al medesimo
i nomi di Michelle-Maria Franzini.
La presentatione et dichiarazione anzidetta si è fatta
alla presenza di Salvator Bruno, di Napoli, di anni qua-
ranta sette, di professions tissitore, domiciliato strada
San Giovaninello, quaranta et di Francesco Rippa, di
Napoli^ di aoni cinquantuno, di professione scrivente
domiciliato Vico Pertusillo quattro, testiraoni interve-
venuti al présente atto, e dul dichiarante prodotti.
Il présente atto che abbiamo formato ail' uopo, e stato
inscritto nei due registri, letto al dichiarante ed a' testi-
moni, od indi nel giorno, mese ed anno come sopra, da
511
noi firmato et dai medesirui Luigi Franzini, Salvalor
Bruno, Francesco Rippa, Fraucesco- Antonio Romano,
eletto.
La présenta copia è conforme ail' originale, etc.
Napoli, lGaprilel889.
Ilsindaco,
(Signatnre illisible).
Riscontrata.
L'uffiziale del carico,
S. Garda. (Sceau de la ville).
V
A Son Excellence Monsieur le Ministre de la guerre,
à Bordeaux.
Les soussignés, officiers dans le 2» bataillon de la 3»
légion de la Haute-Savoie, croient devoir vous donner
les molifs qui les ont déterminés à déposer leurs démis-
sions des fonctions qu'ils occupaient dans le2e bataillon,
et c'est pour cela qu'ils exposent que : le jour de leur
départ du département de la Haute-Savoie, ils arrivaient
à Beaune, point de concentration indiqué , où après
une nuit d'orage passée par les officiers et soldats avec
autant de courage que de dévouement, ils arrivèrent à
quatre heures du matin à la station, où sans guide et sans
ordres, ils errèrent à l'aventure clierclier un logement
que le commandant et les officiers parvinrent à leur pro-
curer.
Co devoir accompli par les officiers, ceux-ci, à leur
tour, cherchèrent gîte pour se mettre à l'abri, tout en
ayant transmis, aux hommes de leurs compagnies, l'or-
dre de se réunir à deux heures pour recevoir les instruc-
r
1-2
tions que le commandant devait aller prendre à Tétat-
mcijor.
Sans tenir compte du zèle que le commandant avait
apporté à l'accomplissement de ses devoirs et sans avis
préalable, le général commandant supérieur (Franzini)
crut devoir provoquer la destitution du commandant, sans
tenir compte de l'unanimité des suffrages qui avaient
porté ce dernier à ces fonctions : suffrages inspirés par
la pleine confiance que le bataillon et les officiers avaient
en lui, et en n'alléguant pour motifs de cette détermina-
tion que des dénonciations anonymes à lui faites relati-
vement au caractère et aux aptitudes du commandant.
En face d'une pareille négation de nos droits et sur-
tout de nos suffrages, les soussignés ont cru devoir dé-
poser entre les mains de feur général la démission de
leurs fonctions, à l'accomplissement desquelles ils se
proposaient, ainsi que le commandant, d'apporter tout le
zèle de véritables citoyens et d'honnêtes républicains.
Si(jné : Michel CoUiard, capitaine adjudant-
major. — Louis Aimeras, capi-
taine, lr« compagnie. — Tappon-
nier, capitaine, S*" compagnie. —
Alphonse Perréard, capitaine, 4«
compagnie. — Jean Gavard, lieu-
tenant, l»'s compagnie. — A. Per-
réard, lieutenant, V^ compagnie.
— Pierre Béguin, sous-lieute-
nant, 1»'« compagnie. — Jean
Charrey, sous - lieutenant, l»»
compagnie.
Beaune (Cùte-d'Or), le 20 janvier 1871.
513
VI •
Lettre de M. F. de Blonay
au général directeur du personnel au Ministère
de la guerre.
Monsieur,
Quoique je n'ai pas l'honneur d'être connu de vous,
je vous prie néanmoins de vouloir bien me lire jusqu'au
bout et vous verrez si vous pouvez donner satisfaction
aux griefs que j'ai l'iioimeur de vous exposer.
Je suis Savoyard et habitant le département de la
Haute-Savoie.
Il y a plus d'un mois que notre préfet nous présenta
M. Franzini, comme général chargé de venir prendre le
commandement des gardes nationaux mobilisés du dé-
partement. J'ai causé souvent avec lVT. Franzini, et je
crois pouvoir dire que ce n'est pas là l'homme sérieux
dont on a besoin par le temps qui court.
Outre les vantardises inouïes que je lui ai entendu
dire, comme par exemple, que tous les généraux actuels
étaient incapables et que lai seul était destiné à sauver
la France ! son origine me paraît suspecte. Il m'a dit
être né à Naples où son père était venu avec le roi Mu-
rat ; il a épousé une Lorraine et était dernièrement per-
cepteur à Joigny. On m'a assuré qu'il était Corse. Mais
ce que je sais, c'est que pendant qu'il commande à
Beaune les mobilisés de la Haute- Savoie, sa femme
reste en Lorraine, au milieu des Prussiens. A peine ar-
rivé à son corps. M, Franzini a nommé toute sa parenté
aux grades qu'il a voulus. Ainsi un beau-frère qui était
au début de la guerre sous-lieutenant dans les mobiles, il
en fait un lieutenant-colonel, commanlant une légion ;
33
514
un cousin, qui était bourgeois, il on fait un capi laine
adjaclant-major. Un autre Monsieur d3 22 ans, qui
avait su éviter d'être pris dans les mobiles et qui était
réfractaire, il le fait lieutenant et officier d'oi'donnance
attaché à sa personne. Plus tard, il le nomma capitaine
d'état-major. J'en passe bien d'autres.
Mais le côté le plus sérieux est celui-ci. La Savoie,
du temps qu'elle appartenait au Piémont, fournissait de
bons soldats et de bons généraux, pourquoi le gouverne-
ment nous fait-il gratuitement l'affront de ne pas nous
donner un général savoyard et de nous mettre sous les
ordres d'un homme comme Franzini.
Vous aviez le général de Rolland, qui aurait pu faire
un excellent chef ; il y a encore M. de Foras qui était
lieutenant-colonel en Piémont, qui est officier de la Lé-
gion d'honneur, qui a fait les campagnes d'Italie et de
Crimée, qui serait parfaitement à sa place pour com-
mander nos mobilisés. Les préfets pourraient vous faire
connaître, dans chaque dépariemenl, ceux qui pourraient
servir.
Mais, je vous en prie, ne faites pas cet affront à notie
fierté nationale, en nous donnant des Franzini pour nous
commander. Vous savez que quand le soldat n'a pas con-
fiance en ses chefs, on ne Tentraîne pas bien au feu. Je
suis venu à Bordeaux exprès pour parler de tout ceci à
M. de Freycinet, mais je n'ai pu le voir à cause de sa
maladie. Je sais que quelqu'un de mes amis avait déjà
parlé à M. de Lovcrdo et que partout je m'enlends dire :
M. Franzinijje ne connais pas. Vous pourriez prendre
des informations et replacer ce général percepteur à une
bonne recelte, c'est je crois, la place qui lui conviendrait
le mieux. Quant à moi, ce n'est que pour l'intérêt com-
mun que nous portons tous à celte pauvre France qui
515
m'a fait venir ici, et je serais heureux si, en venant, j'ai
pu prévenir un malheur.
Agréez, etc.
Signé : Baron F. dk Blonay.
Bordeaux, ce 24 janvier 1871.
VII
Lettre adressée par M. le baron Berge, lieutenant-
colonel d'artillerie, à M. le général Appert, com-
mandant la subdivision de Seine-et-Oise.
Reims, le 27 juin 1871.
Mon général, le sieur Franzioi, se disant général de
brigade, m'a été amené le 27 mai, dans l'après-midi,
dans nn moment où je dirigeais, sur la mairie de Popin-
court, le feu de diverses batteries mises momentanément
à ma disposition.
La barricade de l'entrée de la rue du faubourg Saint-
Antoine formait la limite du 4° corps et la rue était
encore, depuis le coude qu'elle fait à 150 mètres de la
place de la Bastille, au pouvoir des insurgés.
La sieur Franzini, très bien vêtu en bourgeois et
muni d'un parapluie, m'aborde en me disant : « Colonel,
je désire faire une course au no 49 de la rue du faubourg
Saint-Antoine, on refuse de me laisser passer sans
votre autorisation ». Le dialogue suivant s'engage :
B. On a bien fait et je vous la refuse ; qui êtes-
vous ?
7?. Général de brigade. (Je fus immédiatement con-
vaincu qu'il mentait).
D. Français ?
i?. Oui.
B. Au titre régulier ?
516
R. Au titre auxiliaire.
D. Et quel est votre grade ?
R. Colonel.
D. Colonel français ?
R. Oui.
D. Colonel de l'un des 200 régiments de ligne, cava-
lerie ou armes spéciales ?
R. Colonel de la garde mobile.
D. C'est-à-dire que vous avez l'impudence de m'abor-
der en le prenant du ton d'un supérieur et que je
découvre, en allant au fond des choses, que vous n'êtes
pas même militaire ?
R. Voici mes papiers.
D. Ce n'est pas un ami que vous allez voir au n" 49,
ce sont vos amis.
L'individu pâlit et se déconcerta devant le ton qui
accompagnait cette observation.
Le changement de sa ligure ne me laissa aucun
doute sur son rôle d'espion et je m'apprêtais à le faire
arrêter.
En ce moment, un de mes officiers vint m'adresser
une question relative au tir de sa batterie et pendant
que je m'occupais de lui répondre, le sieur Franzini
s'éclipsa. Les hommes qui me l'avaient amené eurent
le tort de le laisser partir, croyant que son départ était le
résultat de notre conversation et avait mon approbation.
J'étais néanmoins tellement sûr d'avoir eu à faire à
un homme dangereux que je regrettais vivement son
évasion.
J'ai appris, i)Ius tard, les antécédents du sieur Fran-
zini, sa qualité d'ancien caporal et son expulsion du
corps de Garibaldi.
Je demande que Franzini soit arrêté, que les motifs
517
de sa présence sur la place de la Bastille, le 27 mai,
soient éclaircis, et enfin que si le sieur Franzini n'est
pas citoyen français, il soit expulsé du territoire.
Le Lieutenant- Colonel du 23*^ d^artillerie,
Signé : Berge.
VIII
l''e Divisjiin militaire A u Général-Directeur du personnel
au Ministère de la guerre.
2= Subdivision
PLACE DEVERSAILLES ^. .,, , _ . ... , ._,
_ Versailles, le 6 juillet 1871.
Mon général,
Je m'empresse de v^ous adresser les renseignements
que vous m'avez fait l'honneur de me demander sur
les sieurs Franzini et d'Antioche, que j'ai eu l'occasion
de voir à Bordeaux, où ils se faisaient remarquer dans
les restaurants et sur les promenades portant l'uniforme
réglementaire, le premier de général de brigade et le
second de capitaine d'état-major.
Franzini était caporal à la légion étrangère à l'époque
où j'y étais adjudant-major ; c'est un vulgaire intrigant
d'un aplomb peu commun. I! a eu l'impudence de faire
des visites, à Bordeaux, aux généraux Foltz et de
Lascours, ainsi qu'au général Ducrot, en s'annonçant
comme général de brigade du cadre auxiliaire. 11 a
même eu l'impudence d'affirmer à ce dernier officier
général qu'il avait été autrefois officier dans les
zouaves.
Les allures de ces deux personnages avaient causé
une véritable émotion parmi les officiers de la garnison.
L'aide-de-camp boitillait en s'appuyanl sur une canne,
circonstance qui, ajoutée à son très jeune âge, le rendait
518
intéressant, parce qu'il se disait blessé dans un combat
quelconque. Je les fis venir à mon bureau et j'exami-
nais leurs pièces. J'appris alors que Franzini n'avait
jamais été autorisé à se dire général de brigade ni à en
porter les insignes. Le seul titra qu'il pouvait produire
le désignait sous la qualité de commandant supérieur
des mobilisés de la Haute-Savoie et révoqué par le
membre du gouvernement de la Défense Nationale
délégué à la Guerre.
Je rappelai à ce général fantaisiste qu'il n'avait plus
le droit de porter aucun uniforme et que s'il osait
encore paraître dans les rues avec celui de général de
brigade, je le ferai arrêter par la gendarmerie. Et
comme deux ou trois jours après cet avertissement,
Franzini se montrait encore en tenue (en se cachant,
à la vérité), je le fis arrêter par deux gendarmes et
écrouer à la maison d'arrêt, d'où M. le général Le Flô
m'autorisa à le faire sortir, après avoir reçu de cet
usurpateur de costume une déclaration écrite, par
laquelle il reconnaissait et acceptait sa révocation et
s'engageait à ne plus se vêtir d'un uniforme qu'il
n'avait aucun droit de porter.
Quant à M. d'Antioche, après l'avoir fait visiter par
un médecin de la place, qui a déclaré que la seule
blessure de cet agréable farceur, provenait d'une légère
plaie occasionnée par une chaussure trop étroite, je lui
visai une feuille de route pour retourner à Autibcs,
comme il le désirait, en le prévenant également qu'à
défaut de partir le lendemain, je l'y ferais conduire par
la gendarmerie, s'il ne pouvait prouver qu'il était libéré
vis-à-vis de la loi du recrutement.
Franzini s'est fait remarquer, à Versailles, par
l'impudente insistance qu'il mit à donner sa carte à des
personnes qui ont des parents détenus, comme ayant
pris part à l'insurrection.
Cette insistance à protéger des individus compromis
a paru élraoge aux officiers chargés de l'instruction et
leur a donn.'' l'éveil. On m'a demandé si je connaissais
ce général Franzini qui s'intéressait si singulièrement
aux insurgés et dont les recommandations devenaient
si fréquentes. La carte portant simplement « le général
Franzini » avait trompé plusieurs officiers, qui cro-
yaient réellement qu'il s'agissait d'un officier général
de l'armée.
Franzini s'est flatté, m'a-t-on dit, d'avoir été assez
influent, pour faire metti-e en liberté plusieurs otages
de la Commune, entr'autres Madame Hauër, femme
d'un chef de bataillon, ainsi que la sœur de Monsei-
gneur Darboy. Je ne sais rien de positif à ce sujet,
mais je vous envoie la copie d'une lettre adressée au
général Appert, par M. Berge, lieutenant- colonel
d'artillerie, et qui attribue, au personnage sur lequel
vous demandez des renseignements, un rôle qui mérite
attention.
En terminant, je crois pouvoir vous assurer que les
antécédents de Franzini sont particulièrement connus
du général Hacca, en ce moment à Versailles, et qu'ils
forment un dossier utile à consulter.
Veuillez, etc.
Le Lieutenant-Colonel,
Lambert.
520
IX
Le Ministre des affaires étrangères au Ministre
de la guerre.
Paris, 1"' seiitenibre 1872.
M. Franzini^ se disant général français et officier de
la Légion d'honneur, a passé avec le gouvernement bré-
silien un contrat pour obtenir l'émigration des européens
au Brésil et a obtenu une concession de terrains de 120
lieues dans la province de « Espiritu Santo ». 11 veut
monler une Société de colonisation avec des capilalistes
anglais et français.
M. le Consul do France à Rio-de-Janeiro réclame
aujourd'hui mon intervention au nom de M. le Ministre
de l'intérieur brésilien, dans le but de savoir si M . Fran-
zini est connu dans l'armée française et à la grande
chancellerie de la Légion d'honneur.
Je vous prie, en conséquence, de me mettre en mesure
à cette demande.
Agréez, etc.
X
Le Ministre de la guerre au Ministre des affaires
étrangères.
Paris, lo 24 septembre 1872.
Par votre dépêche du 11 septembre courant, vous
m'avez demandé, au nom de M. le ministre de l'inté-
rieur brésilien, des renseignements sur un sieur Fran-
zini, se disant général français et officier de la Légion
d'honneur, qui a obtenu une concession de terrains au
Brésil, et s'occupe d'y monter une société de colonisa-
teurs avec des capitalistes anglais et français.
521
J'ai l'honneur de porter à votre connaissance une série
de faits qui pourront vous édifier sur la moralité, la con-
sisl;incc et l'honorabilité du sieur Franzini.
Ancien sous officier au régiment étranger, il a obtenu
un emploi de percepteur des finances le 29 novembre
1859. Au moment de la guerre contre la Prusse, il s'est
fait nommer d'abord capitaine des tirailleurs de l'Yonne
et peu de lemps après, et par arrêté du ministre de l'in-
lérieur, le 30 novembre 1870^ commandant supérieur
des mobilisés de la Haute- Savoie. Les fonctions de
commandant supérieur des mobilisés donnaient en gé-
néral par assimilation aux titulaires le rang de colonel au
titre auxifiaire. Il servit en cette qualité au 20'^ corps
de l'armée de l'Est (1).
Appelé, avec ses troupes, à la défense de Dijon, le 21
janvier 1871, il refusa de marcher sous prétexte que ses
soldats étaient mal armés et fut révoqué de ses fonctions
par décision du ministre de la guerre le 31 janvier sui-
vant. Arrêté à Bordeaux pour port illégal d'uniforme et
d'insignes militaires, il fut écroué à la maison d'arrêt
de cette ville, d'où M. le général Le Flô le fit sortir, après
avoir reçu de lui une déclaration écrite par laquelle il
reconnaissait et acceptait sa révocation et s'engageait à
ne plus porter un uniforme auquel il n'avait pas droit.
Plus tard, ses menées à Versailles lors de l'insurrection
de la Commune, et même à Paris, à la date du 27 mai,
donnèrent lieu à des plaintes qui ne paraissent pas avoir
été suivies d'effet. Au mois d'octobre 1871, l'ex-colonel
(1) C'est une erreur qui s'explique d'autant moins que la
minute indiquait que c'était à l'armée des Vosges comman-
dée par Garibaldi, ce qui est vrai. Cette dernière mention a
été biflée et rectiliée.
522
de mobilisés, Franzini, était détenu à la maison d'arrêt
de Joigny, sons la prévention de faux en écriture publi-
que. J'ignore qu'elle a été l'issue de ce procès. En ré-
sumé, le sieur Franzini n'a jamais figuré dans les ca-
dres de l'état-major ginéral. 1] n'a jamais non plus été
offi'-ier de la Légion d'honneur, ni même chevalier, titre
qu'il sollicitait encore à la d itc du 18 juin 1871 et qui ne
lui a jamais éié accordé.
XI
Notice des services de M. Mignotte
Mignotte (Antoine- Pierre), fils de Jean-Bapliste ei de
Marie Ja';;quiû, né le 2 déc3mbre 1821 à Arnay-le-Duc
(Côte-d'Or).
Marié, le 14 novembre 1852, à MH" Louise-Catlie-
rine Fromagcot (Autorisation ministérielle du 20 octobre
1855).
Engagé volontaire au 17"^ régiment d'infanterie de
ligne, le 10 août 1840.
Caporal le 22 février 1841.
Passé avec son grade au 34^ régiment d'uifanterie de
ligne, le 16 avril 1842.
Sergent le 13 mai 1842.
Employé au dépôt de recrutement, à Troyes, le 11
1842.
Sous-lieutenant au 34^ régiment d'infanterie de ligne,
le 9 juin 1848.
Employé au dépôt de recrutement de la Marne, à
Chàlons, le 31 octobre 1819.
Lieutenant au 9*^ régiment d'infanlerie de ligne, le G
mai 1854. (Reste atlaohé au recrutement de la Marne.)
523
Emplo3'è au dépôt de recrutement du Doubs, h Besan-
çon, le 16 avril 1857.
Capitaine le 21 mai 1859.
Démissionnaire le 30 avril 1861.
Nommé par le minisire de l'intérieur licutenanf-co-
lunel commandant la l^Q légion des mobilisés de la
Haute-Savoie, le 30 novembre 1870.
Passé au compte du département de la guerre le 16
janvier 1871.
Licencié le 5 mars 1871.
Campagnes : 1859, 1860 et 1831 Afrique, 1871 contre
l'Allemagne.
XII
Notice des services de M. de Lyoen
De Lyoën (Emile-René), sans autres indications.
Lieutenant au ler bataillon de Francs-Tireurs de Paris,
le 4 septembre 1870.
Officier d'ordonnance du général d'Aurelle de Pala-
dines, le 12 octobre 1870.
Capitaine au titre de l'armée auxiliaire, le 3 novem-
bre 1870.
Lientenant-colonel commandant la 2« Légion de la
garde nationale mobilisée de la Haute-Savoie, le 15
décembre 1870 (sans renseignements ultérieurs) (1).
Campagne : 1870 contre l'Allemagne.
(1) Dans une brochure publiée à Genève, il y a quelques
années, sous le titre « La police secrète sur les bords du
Léman », il est question d'un sieur do Lyuën, Est-ce lo
524
XIII
Notice des sermces de M. de Combarel
De Combarel (Louis-Antoniii) fils de Pierre-Antoine
et de Marie-Eugénie Teillard-Nozerolle, né le 20 mars
1836, à AIbi (Tarn).
Marié le 28 aoiàt 1873, à MH" Fortuna Labey (auto-
risation ministérielle du 3 août 1873).
Elève à l'école spéciale militaire le 18 janvier 1855
(avait contracté un engagement volontaire le 17 dudit).
Sous-lieutenant au 92*^ régiment d'infanterie le lei" oc-
tobre 185G.
Lieutenant le 24 août 1863.
Passé au 2<^ régiment de voltigenrs de la garde im-
périale le 25 septembre 1865.
Capitaine au 81" régiment d'infanterie le 9 juillet
1870.
Prisonnier de guerre le 29 octobre 1870.
Evadé des prisons de l'ennemi le 26 décembre 1870.
Nommé, par le ministère de l'intérieur, lieutenant-
colonel de la 2« Légion des gardes nationales mobilisées
de la Haute -Savoie le 10 janvier 1871.
Passé au compte du département de la guerre le 17
janvier 1871.
Licencié le 5 mars 1871.
Mis en non activité par suite de ce licenciement, le
28 nKirsl87l.
Mis en non activité par reirait d'emploi le 14 dé-
cembre 1871.
Capilaine au 60« régiment d'infanterie le 23 avril 1872.
Mis en non acli\ité pour inlii-milés in airaMes le 15
juin 1875.
525
Rayé des contrôles le 1'^'" juillet 1875.
A oblenii une pension militaire de réforme de 10G6 fr.
par décret du 18 septembre 1875.
Campagne : 1870-1871 contre l'Allemagne.
XIV
Notice des services de M. Baudon d'Issoncourt.
Baudon d'issoncourt (Léon- François -Nicolas), fils de
Cliarles- Jean-François et de Marguerite-Mélanie-An-
toine, né le 9 octobre 1834 à Saint-Mihiel (Meuse).
Engagé volontaire au 3" régiment de chasseurs ache-
vai, le ]8 novembre 1852 ;
Brigadier, le 3 novembre 1853 ;
Maréchal des logis, le 8 novembre 1854 ;
Maréchal des logis fourrier, le 28 juin 1855 ;
Maréchal des logis, le 2G décembre 1855 ;
Rengagé pour sept ans, le 14 février 1856, à partir
du 18 novembre 1859 ;
Maréchal des logis fourrier, le 23 octobre 1857 ;
Maréchal des logis, le 24 novembre 1859 ;
Rengagé pour trois ans, le 16 août 1863, à partir du
18 novembre 1866 ;
Remis chasseur de 2- classe pour être mis en congé
illimité, le 8 octobre 1869 ;
Libéré définitivement, le 18 novembre 1869 ;
Lieutenant dans la garde nntionale mobile de l'Yonne,
le 14 août 1870 ;
Adjudant-major, le 18 octobre 1870 ;
Nommé, parle Ministre de l'Intérieur, chef de la 3"
légion des gardes nationales mobilisées de la Haute-
Savoie, le 15 décembre 1870 ;
Passé au compte du Département de la Guerre, le 18
janvier 1871 ;
5.26
Licencié, le 5 mars 1871.
Campagnes : Du 13 oclobi'e 1861 au 11 octobre 1865,
Afrique; du 7 novembre 1867 au 30 décembre 1867,
Rome (a reçu la médaille de Pie IX) ; 1870-1871, con-
tre l'Allemagne.
Services civils : 1872. Avril 26, nommé inspecteur
spécial de police, sur les chemins de fer de l'Ouest, à
Cherbourg.
1872. Décembre 15. Nommé en la même qualité à
la gare de Bellegarde (Ain).
1874. Février 11. Elevé à la l^e classe.
1874. Octobre 13. Nommé inspecteur de police à
Saint-.Iean-de-Luz (Ire classe).
Démissionnaire, le 3 décembre 1875.
Le 7 mars 1871, aussitôt après le licenciement des
mobilisés de la Haute-Savoie, mon excellent ami et
collègue Félix Brunier, ancien capitaine adjudant-ma-
jor de la li-e légion, ancien commandant intérimaire du
2e bataillon de la 3e légion, se rendit dans un café d'An-
necy où se trouvait, l'ex-colonel de la 3^ légion, Baudon
d'Issoncourt, et là, en présence d'un nombreux public,
le souffleta.
Un mois plus tard, le journal le Moni- Blanc, d'An-
necy, j3ubliait la lettre suivanîe de MM. J. Moret,
commandant, et L. Boch (1), capitaine au 1er bataillon
de la l'e légion.
(( Nous lisons dans votre journal une lettre signée
de M, Vaganay et de M. Bartolomé (?), soi-disant, té-
moins de M. Baudon d'Issoncourt, dans laquelle ces
messieurs se livrent, au nom de M. Baudon, h des re-
domontades auxquelles nous ne pouvons mieux répon-
(1) M. Bosli est actuellement maire d'Annecy.
527
dre qu'en vous adressant le proûès-verbal relatant noire
entrevue avec MM. Vittini et Vaganay et les faits qui
l'ont précédée et suivie.
Teneur de procès-cerhal.
Nous soussignés, J. Moret et L. Boch, certifions sur
notre honneur la vérité des faits suivants :
M. Briniier Félix, avocat, ex-sapitaine adjudant ma-
jor des mobilisés de la Haute-Savoie, infligea publique-
ment, le 7 mars, à M. Baudon d'Issoncourt, ex-colonel,
une injure des plus graves ; il fit, dans la soirée, par-
venir à M. Baudon une lettre dans laquelle il déclarait
se tenir à sa disposition jusqu'au lendemain à midi.
Le 8 mars, vers onze heures, M. Viltini, colonel de
la 4<^' légion des mobilisés, se présentait, au nom de M.
d'Issoncourt, chez M. Brunier, celui-ci se mit de nou-
veau à rentière disposition de M. d'Issoncourt, et un
rendez-vous fut fixé pour une entrevue entre les témoins.
A l'heure indiquée, nous rencontrâmes MM. Vittini
et Vaganay. Après quelques explications relatives à
une plainte déposée au parquet par M. d'Issoncourt, ex-
plications desquelles il résulte que M. d'Issoncourt avait
fait cette démarche dans V intérêt de sa sûreté person-
nelle, MM. Vittini et Vaganay nous déclarèrent que le
général commandant la division militaire avait été con-
sulté par l'intermédiaire du commandant d'armes, sur
le point de savoir si M. Brunier était encore militaire,
et ajoutèrent que, aussitôt que la réponse serait parve-
nue, ils s'empresseraient de nous le faire connaître,
une telle injure ne pouvant, disaient-ils, être lacée que
dans le sang. Nous répondîmes que nous reporterions
fidèlement leurs paroles à M. Brunier, mais que, dès
à présent, nous pouvions leur affirmer que, en infligeant
528
une coivection il M. d'Issoncourt, M. Brunier en avait
prévu toutes les conséquences, et qu'il était prêt à les
subir.
Sur ce, nous nous séparâmes après avoir échangé
nos adresses. Nous rendîmes immédiatement compte à
M. Brunier du résultat de notre mission. Dans la soi-
rée, il nous adressa la lettre suivante :
Annecv, le 9 mars 1871.
Messieurs,
J'ai donné en plein café, devant plus de quarante per-
sonnes, la plupart militaires, un soufflet mérité à l'ex-
colonel Baudon d'Issoncourt, ce gentilhomme, au lieu
de chercher une réparation par les armes, a essayé do
me faire emprisonner en portant une plainte au parquet.
N'ayant que médiocrement réussi, il a envoyé deux mi-
litaires, ses témoins, vous prier d'attendi-e qu'il eût
reçu avis de la division de Grenoble, s'il lui restait en-
core, oui ou non, le moyen de me faire fusiller comme
militaire.
Devant de pareils faits, et c'est pour ce, Messieurs,
que je vous écris, il ne me reste plus qu'à vous prier de
dire à ces messieurs que je ne puis plus rien avoir à
faire avec eux.
Je n'ai qu'un regret, au fond du cœur, celui d'avoir
môle des hommes d'honneur tels que vous à toute celle
affaire.
Votre afifeclionné,
Félix Brunier,
avocat, es-capitaine adjudant-major des mobilisés do la Haute-Savoie.
Notre mission étant ainsi terminée, nous avons dres-
sé le présent procès- verbal que nous tenons à la dispo-
529
sition de M, Branier, pour en faire tel usage qu'il
jugerait convenable.
Annec\", le 9 mars 1871,
Les témoins,
Signé ; J. MoRb.T, L. Boch.
Nous devons ajouter que, pendant plus de vingt jours,
ni M. d'Issoncourt, ni M. Vittini, ni M. Vagauay
n'ont donné signe de vie et que ce n'est que le jour mê-
me du départ de M. Brunier pour l'Italie que, bizarre
coïncidence, M. Vaganay, qui était depuis cinq jours
à Annecy, songea à rechercher une nouvelle entrevue
avec les témoins de M. Brunier.
Quant à M. Bartholomé qui, paraît-il, aurait remplacé
M. Vittini dans sa fonction de témoin, il nous est en-
core complètement inconnu.
Nous vous prions. Monsieur le rédacteur, d'insérer
cette lettre dans votre prochain numéro, et veuillez
agréer, avec nos remerciements, l'expression de nos
sentiments distingués.
, L. BoCH. J. MORET.
XV
M. Vittini.
Le Moniteur officiel du 23 janvier 1871, publiait un
arrêté du JVlinistre de l'intérieur nommant le nommé
Vittini, qualifié officier de ciiasseurs, au grade de lieu-
teuant-colonnel, commandant la 4^ légion mobilisée de
la llautc-Savoie.
Il a été impossible de recueillir un renseignemen
quelconque sur cet officier. S'il a été officier de chas-
seurs, ce n'est siîrement pas en France ; aucune men-
34
530
tion le concernant n'existe aux archives du ministère de
la guerre on de l'intérieur. — C'était un parent de P'ran-
zini.
XVI
De Foras du Bourg, Charles.
Fils de Marie-Amé-Joseph et d'Elisabeth Vichard de
Saint-Réal, né le 28 janvier 1825 à Gênes (Italie) ; ma-
rié le l-^r octobre 1860, à M'i^' Jeanne-Marie Des vignes
de Surrigny.
Soldat volontaire au l^i' régiment de la brigade d'3
Savoie le 14 octobre 1840.
Sous-caporal d'honneur le l'i' janvier 1841.
Sous-caporal effectif le l^r mars 1841.
Caporal d'honneur le V^ avril 1841.
Sous-lieutenant sans ancienneté le 14 avril 1842.
Sous-lieutenant, ancienneté fixée au 19 septembre 1843 .
Lieutenant au 2e régiment de la brigade de Savoie, le
12 juin 1848.
Capitaine le 31 mars 1851.
Officier d'ordonnance du roi Victor-Emmanuel le 31
décembre 1851.
Major au 2'- régiment de la brigade de Savoie le 4
mars 1860.
Démissionnaire le ... avril 1860.
Nommé colonel commandant supérieur de la garde
nationale mobilisée de la Haute-Savoie le 8 février 1871.
Licencié le 7 mars 1871.
Nommé lieutenant-colonel commandant le 107^ régi-
ment territorial d'infanterie le 30 juillet 1875.
Démissionnaire le 9 février 1881.
Campagnes : 1848 et 1849, Italie (a reçu les deux
médailles commémoratives) ; 1856^ Orient (a reçu la
531
médaille de Crimée) ; 1859, Italie (a regu la médaille
d'Italie).
Actions d" éclat :
Décoré de la médaille militaire de Sardaigne pour
action d'éclat, lors de l'attaque de Volta, où il est entré
le premier {26 juillet 1848). — Décoré d'une seconde
médaille pour action d'éclat, lors des batailles de la
Sforzesca, où il défit avec ses chasseurs, un escadron
de hussards (21 mars 1849J, et do Novarre, où il fut re-
marqué pour les preuves de bravoure qu'il donna (23
mars 1849).
Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur, le 14 mars 1859.
— Officier le 12 août 1859. — Décoré de la médaille en
argent de la valeur militaire de Sardaigne le24 août 1848.
— Décoré d'une seconde médaille en argent de la va-
leur militaire de Sardaigne le 5 novembre 1849. —
Chevalier de l'ordre militaire de Savoie le 12 juin 1856.
— Chevalier de l'ordre des Saints- Maurice et Lazare do
Sardaigne le 20 juillet 1859. — Officier le 4 septembre
1859. — Décoré de l'ordre de Sainte-Anne de Russie
le 10 décembre 1857.
TABLE DES MATIERES
Pages
A mes Camarades des Légions mobilisées de la Haute-
Savoie 407
Avant-Propos 479
Un aventurier napolitain. Franzini 483
Documents.
I. Relation des commandants des six bataillons en-
voyés à Dijon (29 janvier 1871) 495
II. Adresse des officiers de la garde mobile de la
Haute Savoie (97' régiment) 502
III. Etat des engagements volontaires contractes
à la mairie de Saint-Julien en 1870-71 505
IV. Acte de naissance de Franzini 510
V. Lettre des officiers du 2° bataillon de la 3= lé-
gion au ministre de la guerre (20 janvier
1871) 511
VI Lettre du baron de Blonay, ex-commandant du
i" bataillon de la 3= légion, au général direc-
teur du personnel au ministère de la guerre
(24 janvier 1871) 513
VII. Rapport du lieutenant-colonel baron Berge au
général Apj^ert (27 juin 1871) 515
VIIL Rapport du colonel Lambert au général directeur
du personnel au ministère de la guerre (6
juillet 1871) 517
IX. Letire du ministre dos afl'aircs étrangères an dù-
nistre de la guerre (Il septembre 1872). . . . 520
X Réponse du ministre de la guerre (24 septembre
1872j 520
XI Etat de services de M. Mignotto, lieutenant-
colonel de la 11" légion -'522
534
XII. Etat de services de M. de Lyoëii, lieutenant-co-
lonel de la 2= légion 523
XIII. Etat de services de M. de Combarel, lieutenant-
colonel de la 2° légion 524
XIV. Etat de services de M. Baudon d'Issoncourt, lieu-
tenant-colonel de la 3° légion 525
— Lettre de MM. Moret et Boch, d'Annecy (5
avril 1871) 523
XV. M. Vittini, lieutenant-colonel commandant la
4= légion 529
XVI. Etat de services de M. Charles de Foras du
Bourg, colonel commandant supérieur des
légions mobilisées de la Haute-Savoie 530
535
Additions et corrections.
Membres élus depuis t impression du Bulletin.
MM. Félix Perpéchon , bibliothécaire de la ville , à
Chambéry.
Max Bruchet, archiviste du département de la
Haute-Savoie, à Annecy.
J.- Jules Vernier, archiviste du département de
la Savoie, à Chambéry.
Page 292, ligne 49, au lieu de Rumillt/, lisez Ruffieux.
« 301, ligne 9, au lieu de cents^ lisez cent.
(( 313, ligne 25, au lieu de Lahloz, lisez Loblaz.
« 333, ligne 22, au lieu de ce lisez le.
■^x^i^x^
536
M. FRANÇOIS RABUT '
Président honoraire de la Société savoisiennc
d'histoire et d'archéologie.
La Société savoisienne d'histoire vient de faire
une perte considérable.
M. François Rabut, né à Chambéry, le 20 dé-
cembre 1819 , professeur honoraire d'histoire à
Dijon, est décédé dans cette ville le 5 novembre
1893.
Des discours ont été prononcés à ses funérailles,
le 7 novembre, par MM. d' Hugues , professeur
à la Faculté de Dijon, et Lamé, professeur de
rhétorique au Lycée de la môme ville.
Le Président de la Société savoisienne d'his-
toire et d'archéologie a publié dans le Républicain
de la Savoie^ n" du 7 novembre, un article où,
après avoir rappelé que M. François Rabut avait
été l'un des fondateurs de cette Société et le plus
important do ses collaborateurs, il a indiqué ses
principaux travaux historiques (Voir tome XXV,
page 408), et s'est fait l'interprète des sentiments
de reconnaissance de tous les sociétaires, ainsi que
des vifs regrets causés par la mort de cet éminont
collègue.
La dépouille mortelle de notre président hono- H
raire sera transportée à Chambéry, afin que Rabut ■
repose auprès des siens dans celte terre de Savoie
qu'il aimait tant et qui a fait l'objet de ses œuvres
de prédilection. François M.
ÎABLES DES IIAÎIIIIES
BULLETIN
Pages,
I. Trwaux de la Société v
Séance du 14 août 1892. Dons de livres et docu-
ments V
Une lettre de Marie-Jeanne-Baptiste, duchesse de
Savoie; communication de M. A. Boget. . vi
Un licrc de recettes médicales, manuscrit italien
du xv= siècle. Lettres d'expectative de bénéftces
en faveur de Jacobus de Acla; vu
Notice sur une gravure du xvii* siècle de la cha-
pelle de N.-D. de Myaiis ; communications de
M. François Mugnier xii
Descrixîtion de deux anciens contre-cœurs de che-
minées, i^ar M. Marie-Girod xvi
Indication de deux nouveaux manuscrits de la
Bibliothèque nationale : livres de reconnais-
sance pour Aoste, — pour le pays de Vaud; par
M. François Mugnier xva
Séance du 17 novembre 1892. — Dons de livres
et documents. — Elections de MM. Jo/vy;, con-
seiller à la Cour d'appel de Chambéry ; Char-
vet, président du Tribunal civil, et abbé Bom-
bard, secrétaire de S. E. le cardinal de Car-
thagc, en qualité de membres effectifs de la
Société XIX
Hommage-lige pour Guigon de Raooyre, sei-
gneur de la Croix, à Louis, duc de Savoie, 20
janvier 1441; communication de M. Mugnier. xx
Le Domaine des Combilloles, à Sainte-riélèno du
538
Lac; notice par M. Philibert Falcoz
Séance du 1 0 décembre 1892. — OJflclers saooijardà
au Pont de Jargeau ( 1652) ; mémoire de M. Paul
Leroy, d'Orléans
Notice sur les personnages indiqués au mémoire
précédent : les La Val d'Isère. — Généalogie
des Princes de Carignan ; communication de
M. Mugnier
Acte d'empbytéose en faveur de Fr. Vincent
Mallet, chev. de Rhodes, commandeur de Sa-
voie (14^2); communication du même
Séance du 8 janvier 1893. — Ofîre de documents
sur le voyageur savoyard Brun-RoUet, par M.
Cbarles Huet
Don de documents et indication de l'original exis-
tant aux archives de la Société du traité du 25
janvier 1399 entre Amé V, comte de Savoie et
Richard II de la Chambre ; communication de
M. Mugnier
Fête civique du 20 prairial an II à Saint-Pierre
d'Albigny ; mémoire par M. Jules Guignes
Séance du 5 février 1893. — Bulle de Benoît XIV
en faveur de Charles-Joseph de Valpergue,
abbé de Sixt (1727) ;
Attribution de laods par le comte de Savoie
Amé V au sire de la Rochette, février 1295;. .
Investiture de biens en faveur de Jean de Ratel,
par Chabert de Morestel, seigneur de l'Huille ,
17 juillet 1278 ; communications do M. Mugnier.
Séance du 5 mars 1893. — Don de livres
Comptes du trésorier pour 1892
Indication d'une cbartc de Bcatrix de Savoie ,
mère du comte Thomas I" ; 19 juillet 121 ;. . . .
Quittance de prix de vente au clavaire du chapi-
de Maurienne ; 29 août 1362 ;
Indulgences accordées ])ar révéf(ue Aymon de
XXIV
XVVIII
XXXIV
XLll
XLIll
XLIV
XLV
Lin
LIV
LVI
Lviir
I.IX
LIX
LIX
539
Gerbaix à la chapelle du Pcnsament, à Teniii-
gnon ; 27 novembre 1424 ; lxi
Concession de mines de fer et d'acier en Mau-
rienne à Jean Bernard par le duc Charles 111 ;
2 mai 1504 ; communications de M. Mugnier. . ixiv
Séance du 9 avril 1893. - Décès de MM. Joseph
Pépin et Jean-Marie Cat, sociétaires lxvii
Décès de Perinet Sibert, homme d'armes, savoyard,
à Jarcieau. en 1411 ; communication de M. Paul
Leroy lxviii
Celsk Morin, conseiller-clerc du Parlement de
Chambéry; samaison de Chambéry, son inscrip-
tion ; son prieuré de Contamine en Faucigny ;
son inscription ; donation au i^rieuré de Conta-
mine, 1201 ; mémoire, par M. Mugnier lxx
Mise en liberté de Philippe d'Agité ; lettres de
Gas ton d^ Orléans et d'Anne cV Autriche à ChTé-
tienne de France, duchesse de Savoie, 1043 ;. . lxxx
Pension au médecin Vuilloto ; lettre de Colbert à
Vuilloto ; communications de M. Mugnier. . . . lxxxiv
Séance du 7 mai 1893 — Election de M. Charles
Dufayard, en qualité de membre effectif lxxxvi
Rapport de M. Michel sur deux ouvrages de
M. Dufayard »
Un billet de la loterie de Hollande de 1727 »
Une ordonnance latine de 1567, de Guillaume
Balland, sénateur; lxxxvu
Note sur le mariage du comte de Savoie, Amé-
dée IV avec Cécile de Baux, 1244 ; reproduc-
tion de deux chartes des archives de Toulouse
relatives à ce mariage, tirées des Layettes du
trésor des chartes ; indication de divers docu-
ments relatifs à l'histoire de Savoie à la même
époque ; communications de M. Mugnier lxxxviii
Séance du 4 juin 1893.— Election de MM. Char-
les Pépin, Félix Perpcvhou et André Caralp,
540
en qualité de membres effectifs ; xcviii
Découverte d'une sépulture ancienne à Saint-
Albanprès Cluimbéry; indication de M. Marie-
Girod xcvni
Actes de décès du duc de la Trcmouille et de di-
vers autres émigrés _à Chambéry en 1792 ;
communication de M. Marie-Girod xcix
Convention du 19 juillet 1429 entre l'abbé'd' Abon-
dance et Guillaume Bron ; c
Election d'Anne de Saint-Thomas, abbesse de
Sainte-Claire, à Moûtiers ; communications de
M. Mugnier cvi
Séance du 2 juillet 1893. — Election de M. le
baron Humbert d'Alexandry, en qualité de
membre effectif , cvii
Remise de la Bibliothèque populaire circulante .
Renseignements sur Claude-Etienne Nouvellet,
curé de Rumilly, en IGOl cix
Patentes de sénateur pour François Crassus (1584) ex
Patentes de sénateur pour Guillaume de Blanche-
ville (1628) CXI
Patentes de président pour le même (1613) cxn
Patentes pour François de Chamousset (1617) . . . cxiv
Patentes de sénateur pour Albert Favler (1675) . , cxvi
Lettre relative au passage de Christine de Suède
à Chambéry en 1656 ; communications de M.
Mugnier , .... cxviii
II. Membres de la Sociétk.
Bureaux et commissions cxix
MtMrilires honoraires c.xx
Membres elïcctifs cxxr
Sociétés correspondantes cxxvi
Mémoires.
Les Rois des Métikrs Patentes d'artisans en
Sur de; par M François Mugnier 1
541
NiCOD DE MeNTHON ET l'exPKDITION ENVOYÉE A
Co.NSTANTtNOPLE PAR LE CONCILE DE H.VLE EN
1437 ; par M. François Mngnier. 23
L'Hôpital d'Yenne, par M. Jean Létanche 81
Candie, Maison-Forte a Sainte-Ombre, notes
de M. Timoléon Cliapperon, publiées par M.Jean
Martin-Franklin 101
Liste des Châtelains de Bresse, Bugey, Val-
ROMEY ET Gex, SOUS Ui Maison de Savoie, par
M. François Rabut 117
Plaidoyer ue Marie-Gasparde de Copponay en
faveur de l'enseignement des sciences aux
dames, avec notice de M. François Mugnier. . . . 177
Le.s Divinailles, de Claude-Etienne Nouvellet ;
réédition avec notice, par M. Marie Girod 217
Généalogie des familles de Montfort en Ge-
nevois ET de Conzié, avec notices, notes et
documents inédits, par M. François Mugnier. . . 241
Un Aventurier nap-jlitain en 1870 ; par M. César
Duval 465
Additions 535
Membres nouveaux 535
Corrections 535
Décès de M. François Rabut, président honoraire
de la Société 53G
^
y^
M/y
GETTY CENTER LIBRARY
3 3125 00694 637fi