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MÉMOIRES  ET  DOCUMENTS 

PUBLIÉS   PAR   LA 

SOCIÉTÉ  SAVOISIENNE 

D'HISTOIRE  ET  D'ARCHÉOLOGIE 


La  Société  laisse  à  chaque  autour  la  responsabilité 
de  ses  assertions  et  de  ses  opinions. 


MÉMOIRES  ET  DOCUMENTS 


PUBLIES    PAR 


D'HISTOIRE 

ET   D'ARCHÉOLOGIE 


TOME    XXXII 


v/3+<iv 


DEUXIEME   SERIE TOME  VII 


CHAMBÉRY 

IMPRIMERIE  MÉNARD,    RUE  JUIVERIE    (hÔTEL  d'aLLINGES). 


1893 


y  GENÎER 
LIBRARY 


BULLETIN  DES  SÉANCES 


DE   LA 


SOCIETE  SAVOISIENNE 

D'HISTOIRE   ET   D'ARCHÉOLOGIE 
1892-1893 


I 

TRAVAUX   DE    LA    SOCIÉTÉ 


Séance  du  14  août  189 S. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Le  procès- verbal  de  la  séance  du  3  juillet  1892 
est  lu  et  adopté. 

Le  Secrétaire  annonce  que,  grâce  à  la  bienveil- 
lante intervention  de  M.  le  baron  A.  Manno,  mem- 
bre honoraire  de  la  Société,  le  tome  XIV  des 
MoNUMENTA  HisTORLE  Patrle  ,  ConiUtorum 
pars  prior,  qui  manquait  à  notre  collection, vient 
de  nous  être  transmis. 

M.  Mugnier  fait  don  à  la  Société  de  la  grosse 
d'un  acte  d'échange  passé  à  Aix-les-Bains  le  21  no- 
vembre 1815,  c'est-à-dire  pendant  la  période  assez 
courte  comprise  entre  la  chute  de  Napoléon  P'" 


VI 

et  les  Cent  Jours,  et  durant  laquelle  Louis  XVIII 
fut  le  souverain  d'une  partie  de  la  Savoie.  La  for- 
mule exécutoire  commence  par  ces  mots  : 

Louis  dix-huit  par  la  grâce  de  Dieu  et  les 
Constitutions,  roi  des  Français,  à  tous  pré- 
sents, etc. 

Le  Président  informe  l'assemblée  de  la  mort  de 
M.  Gustave  Vallier,  numismate  distingué,  mem- 
bre honoraire  de  la  Société,  décédé  à  Grenoble  le 
23  juin  dernier,  et  rappelle  qu'une  notice  lui  a  été 
consacrée  dans  le  tome  XXV  des  Mémoires. 

La  réunion  décide  que  les  notices  suivantes  se- 
ront publiées  dans  le  tome  XXXI  en  cours  d'im- 
pression :  Comptes  de  voyages  du  héraut  Savoy e, 
par  M.  François  Rabut;  —  Les  Elégances  de  la 
langue  latine  de  Valla  et  les  Gloses  de  Jacques 
Grept  ;  —  Poésie  de  1564,  en  patois  savoyard, 
par  M.  François  Mugnier;  —  La  Basoche  de  St- 
Pierre  d'Albigny,  par  M.  Jules  Guignes;  —  La 
Préceptoriale  d'  Yenne,  par  M.  Jean  Létanchc. 

Le  Secrétaire  lit  une  circulaire  de  M.  le  Minis- 
tre de  l'Instruction  publique,  du  12  de  ce  mois, 
relative  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  de  1893, 
ainsi  que  le  programme  qui  y  est  joint. 

M.  Auguste  Boget  lit  une  lettre  adressée  en 
1683  par  la  duchesse-régente  de  Savoie,  Marie- 
Jeanne-Baptiste,  au  Premier  Président  du  Sénat 
de  Chambéry,  Janus  de  Bellegarde  : 

La  Duchesse  de  Savoie,  Reine  de  Chypre,  etc. 
Très  cher,  bien  amé  et  féal  Cons''.  d'estat.  Il  est  bien 


VII 

que  le  fils  du  Président  de  Saint- Pierre  demeure  quel- 
que tems  a  Miolans  pour  y  faire  pénitence  du  manque- 
ment qu'il  a  fait,  et  pour  apprendre  a  la  Noblesse  de 
Savoye  l'obéissance  qu'elle  doit  aux  ordres  de  celuy  qui 
y  commande.  Nous  ne  doutons  pas  que  Mons^".  de  Greno- 
ble (1)  ne  permette  aux  Religieuses  Ursulines  de  recevoir 
la  Comtesse  de  St-Pierre,  mais  no  le  faisant  pas  vous 
en  userés  de  la  manière  dont  vous  jugerés  en  devoir  user 
pour  soutenir  la  dignité  du  service  sans  manquer  aux 
egars  qui  sont  deus  à  ce  Prélat. 

Vous  cominuerés  a  apporter  vos  soins  pour  faire  que 
ce  Banquier  de  Lyon  que  nous  vous  avons  recommandé 
s'accommode  avec  celui  qui  a  obtenu  le  sauf  conduit, 
lequel  on  ne  révoquera  pas  sans  l'en  avertir.  Sur  quoy 
nous  prions  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  Sainte  et  digne 
Garde,  de  Turin  le  13  Aoust  1683. 

M  arie-Jeanne-Baptiste. 

M.  Mugnier  présente  la  notice  suivante  : 

UN   LIVRE   DE    RECETTES  MÉDICALES, 
Manuscrit  italien  du  XV*^  siècle. 

Ce  manuscrit  se  compose  de  196  feuillets  dont 
les  quatre  premiers  ont  disparu  et  les  trente  der- 
niers sont  restés  à  peu  près  blancs  ;  il  est  sur  pa- 
pier de  quatorze  centimètres  de  haut  et  de  dix  de 
large.  Au  dernier  feuillet  on  voit  pour  filigrane 
un  pot  peu  marqué;  sur  divers  feuillets  de  l'inté- 
rieur le  filigrane,  coupé  en  partie^  semble  être  un 
cor  de  chasse  avec  son  cordon. 

(1)  L'évoque  de  Grenoble,  cardinal  Etienne  Lecamus. 


VIII 


Le  livre,  sous  le  rapport  de  récriture,  peut  se 
diviser  en  deux  parties;  la  première  ayant  compris 
les  quatre  feuillets  manquants  ainsi  que  les  feuil- 
lets 5  à  10;  la  seconde  s'étendant  du  folio  12  au 
folio  176. 

La  première  partie  est  d'une  assez  mauvaise 
écriture  qui  a  souffert  de  l'humidité  ;  les  titres  des 
recettes  sont  de  la  même  encre  noire,  ayant  jauni, 
que  les  recettes  elles-mêmes. La  seconde  partie  au 
contraire  est  fort  bien  écrite,  en  caractères  ressem- 
blant à  ceux  de  notre  ronde,  avec  de  l'encre  ex- 
cellente qui  n'a  que  très  peu  pâli  ou  jauni.  Les 
titres  ou  rubriques  de  chaque  remède,  fort  nom- 
breux, sont  tous  écrits  avec  un  liquide  rouge, 
resté  très  vif  et  très  frais. 

Au-dessous  de  la  dernière  ligne  du  feuillet  176 
v°,  on  lit  '.finis,  1471.  Un  nom  et  des  prénoms 
qui  se  trouvaient  au-dessous  de  cette  date  ont  été, 
il  y  a  plusieurs  siècles,  barbouillés  et  rendus  illi- 
sibles. 

Aux  folios  181  v^  et  182  se  trouvent  deux  pièces 
en  latin  dont  nous  parlerons  ci-après  ;  au  folio 
195  v°,  on  lit  ces  lignes,  écrites  à  la  fin  du  seiziè- 
me siècle  par  quelque  écolier  qui  voulait  être 
plaisant  :  «  messieurs  le  dernier  escrit  et  tout  vray 
<(  je  le  vous  dis  et  par  moy  le  tout  esprove  en 
«  lanne  1598  1599  et  par  ensi  vous  que...  eregar- 
«  des  que  le  tout  est  bien  esprove  par  moy  qui 
«  mapelle  tel  quel  je  suis  le  grand  fartant  (1)  (si- 

(1)  FarfaiU,  grand  farfant,  est  resté  dans  le  x^atois  sa- 
voyard :  farceur,  grand  farceur,  un  peu  ridicule. 


IX 

«  gnature  illisible) . . .,  le  tout  escrit  et  en  la 
«  gran  bretagne  ». 

Le  médecin,  ou  copiste,  était  un  bon  calligra- 
pbe;  mais  il  écrivait  dans  une  langue  archaïque, 
mélangée  de  latin,  avec  des  constructions  et  des 
abréviations  qui  rendent  assez  difficile  la  lecture 
de  son  cahier. 

Le  fond  vaut  du  reste  beaucoup  moins  que  la 
forme,  c'est  un  ramassis  de  prétendus  remèdes, 
et  plutôt  d'inepties, où  les  herbes  et  les  poudres 
merveilleuses  jouent  un  rôle  prépondérant.  Cha- 
que maladie  peut  être  guérie  par  cinq,  dix  recettes 
différentes. 

La  première  est  indiquée  sous  cette  rubrique  : 
Ad  purgare  sensa  periculu  li  humurri;  la  deu- 
xième est  bonne  pour  conserver  la  mémoire  ;  la 
troisième  est  la  poudre  admirable  de  Frédéric, 
empereur  (1). 

Au  folio  139  on  rencontre  les  pilules  admira- 
bles. Elles  sont  de  l'invention  de  frère  Albert,  de 
l'ordre  des  Mineurs,  et  se  composent  du  mélange 
de  quarante  ingrédients  divers  :  anis,  fenouil, 
gingembre ,  galangue ,  noix  muscate  ,  cubèbe, 
saxifrage,  etc.,  etc.  Le  moine  en  a  donné  au  pape, 
comme  d'un  grand  trésor,  et  aussi  aux  frères  de 
son  couvent. 

Dans  Vêpilepsie  il  faut  porter  au  cou  une  peau 
de  chien  blanc  n'ayant  pas  un  seul  poil  noir.  Un 

(I)  Sans  doute  Frédéric  II,  empereur  d'Allemagne,  qui 
passait  pour  sorcier  ;  1198-1250. 


bon  remède  encore,  au  dire  à' Augustin,  c'est  la 
ciguë  cuite  dans  le  vin.  Les  Rois  Mages  aussi 
sont  efficaces  :  «  leurs  noms  sont  Gaspar,  Balda- 
zar  et  Melchior,  il  faut  les  porter  sur  toi  et  l'épi- 
lepsie  ne  te  fera  plus  de  mal  ». 

On  peut  consulter  le  livre  pour  se  délivrer  du 
démon  et  de  la  malice  :  Contra  le  demonia  et 
malie. 

«  Si  teneri]  incasa  una  erba  cliiamata  ranno 
«  cioe  bullicana  descaccia  le  demonia... 

«  Anco  la  calamita  portata  adosso  pacifica  dis- 
«  cordia  tra  moglie  emarito... 

«  Anco  si  lo  corallo  si  pista  in  casa  dissolve  le 
«  malie  ». 

La  poudre  de  corail,  celle  de  la  dent  de  che- 
val, de  la  mandragore,  etc.,  sont  souvent  indi- 
quées. Avec  un  peu  de  confiance  et  beaucoup  de 
crédulité  ces  remèdes  pouvaient  parfois  guérir  le 
patient. 

Notre  manuscrit  provient,  croyoïis-nous,  du 
bourg  de  Talloires,  où  les  de  Quoëx  et  les  Mer- 
m.ier  ont  longtemps  exercé  la  médecine  et  la 
chirurgie;  mais  au  commencement  du  seizième 
siècle  il  a  pu  appartenir  à  un  clerc  du  diocèse  de 
Genève  appelé  Jacques  d'Acle,  Jacobus  de  Acla, 
qui,  en  mai  1506,  obtenait  à  Rome,  du  pape  Ju- 
les II,  la  promesse  de  bénéfices  vacants  ou  à  va- 
quer (lettres  d'expectative)  et  s'en  faisait  investir 
par  l'apposition  de  son  bonnet  sur  la  tête.  Il  a 
analysé  les  actes  d'acceptation  de  ces  futures  con- 


XI 

cessions  aux  folios  180  et  181.  On  trouve  là  quel- 
ques noms  qu'il  nous  a  paru  utile  de  retenir,  à 
commencer  par  celui  de  Jacques  de  Acla,  ainsi 
que  le  fait  de  sa  présence  à  Rome  dans  le  palais 
apostolique  et  jusque  dans  la  chambre  de  Pierre 
d'Accolt,  évêque  d'Ancône. 

Au  dix-septième  siècle  le  manuscrit  apparte- 
nait à  un  Mermier,  comme  l'indique  cette  men- 
tion de  la  dernière  page  :  le  présent  liore  est  à 
mot  qui  m'appelle  Claude  Mermier. 

I 

Anno  a  Nativitate  Dni  niillesimo  quingentesimo 
sexto,  indictione  [nona]  die  vero  quinta  décima  mensis 
maii,  Pontificatus  dni  d.  n.  dni  Julii  papse  secundi  anno 
tertio,  personaliter  constitutus  d.  Jacobus  de  Acla,  cle- 
ricus,  gebennensis  diocesis,  princi|)alis  citra  tamen  (1) 
etc.,  qui  vigore  sue  gratie  expectative,  per  prefatum  d.  n. 
papam  sibi  concesse  et  prout  in  ea  continetur  accepta- 
vit  quecumque  bénéficia  vacantia  seu  vacatura  in  et  sub 
dicta  sua  gratia  expectativa  comprehensa  etc.  Super 
quibus,  etc. 

Actum  Rome  in  Palatio  apostolico  in  Aula  regia  die 
fulminationis  processuum,  presentibus  ibidem  dominis 
Nicolao  Catia  notario  palatij  causaram  apostolicarum, 
clerico  mediolanensi  et  Andriano  de  Solario  clerico  As- 
tensis  diocesis. 

(1)  La  clause  citrà  tamen  signifie  vraisemblablement  que 
Jacques  de  Acla  est  reconnu  comme  principal  destinataire 
des  bénéfices  vacants  ou  à  vaquer  sous  la  condition  cepen- 
dant qu'ils  n'auraient  pas  déjà  été  attribués  à  quelque  per- 
sonne. 


XII 

II 

Anno  a  Nativitate  dni  1506  indictione  nona  die  vero 
15a  mensis  maii,  Pontifîcatus  S^i  D.  n.  d.  Julii  papae  se- 
cundi  anno  tertio,  constitutus  Ja.  de  Acla,  clericus,  ge- 
bcnnensis  diocosis,  principalis  citra  tamen  etc.,  qui  vi- 
gore  sue  gratie  expectative  per  prefatum  d.  n.  papam 
sibi  concesse  et  prout  in  ea  continetur  acceptavil  omnia 
et  quecumque  bénéficia  vacantia  el  vacatura  in  et  sub 
dicta  sua  gratia  compreliensa  etc.  in  forma,  cui  ego  no- 
tarius  subscriptus  vigore  clausule  ceierum  etc.,  in  pro- 
cessibus  de  super  fulminatis  contente  per  birreti  sui  ca- 
piti  suo  irapositionem  providi  etc.  supra  quibus  etc.. 
Actum  Rome  in  palatio  apostolico  in  caméra  R''i  patris 
d.  Pétri  de  Accollis  (1)  episcopi  Ancon[ensis].  Presen- 
libus  ibidem  dnis  Nicolao  Toussani  primicerio  Metensi 
et  d.  Petro  Terij  clerico  Aretinensi,  etc. 

Le  même  membre  présente  une  gravure  du 
XVII®  siècle  qui  lui  a  été  communiquée  par  M.  Mi- 
cliard,  commandant  des  volontaires  savoyards 
durant  la  guerre  de  1870-1871. 

Cette  gravure^  de  50  centimètres  de  largeur 
sur  30  de  hauteur,  est  relative  à  la  Chapelle  mira- 
culeuse de  N  -D.  de  Myans,  Elle  avait  été  collée 
sur  une  très  forte  planche  de  cliêne^  et  eût  été  in- 
téressante à  étudier  si  elle  s'était  trouvée  com- 
plète; malheureusement  le  tiers  environ  en  a  été 
déchiré  et  c'est  la  partie  la  plus  curieuse,  semble- 
t-il,  qui  manque. 

(1)  Pierre  d'Accolt,  cvêque  d'Ancône,   1505^  cardinal  en 
1511,  mort  en  1532. 


XIII 

L'image  était  divisée  en  trois  grandes  parties 
entourées  dans  le  haut,  à  droite  et  â  gauche,  de 
petites  scènes  miraculeuses.  La  partie  de  gauche 
représente  d'une  façon  assez  exacte  le  paysage  de 
Chignin  avec  ses  tours,  ses  châteaux,  le  village 
de  Torméry ,  la  route  de  Chambéry  â  Montmélian  ; 
au  coin  inférieur  un  duc  de  Savoie,  avec  le  collier 
de  l'Annonciade, présente  sa  couronne,  sans  doute 
à  la  Vierge  qui  se  trouvait  dans  le  panneau  cen- 
tral déchiré.  Le  panneau  de  droite  montre  la 
chute  du  Mont-Granior  sur  la  ville  et  le  prieuré 
de  Saint-André;  des  diables  dansent  une  sara- 
bande dans  les  éclairs  au-dessus  de  la  malheu- 
reuse cité  ;  d'autres  précipitent  sur  elle  d'énor- 
mes blocs  de  rochers.  Le  panneau  central  nous 
aurait  très  vraisemblablement  représenté  le  chœur 
de  la  chapelle  de  M  y  ans.  L'on  n'aperçoit  que  les 
balustres  c|ui  le  précédaient.  Au-dessous  des  trois 
panneaux  est  une  longue  notice  sur  la  chute  de 
la  montagne,  d'après  les  Chroniques  deSavoie,dQ 
Paradln.  Aux  angles  de  la  gravure  l'on  voit  de 
nombreux  eœ-uotos  suspendus  dans  la  chapelle  : 
mannequins  de  jeunes  enfants  emmaillotés,  têtes, 
bustes,  bras,  jambes,  béquilles  (appelées joo^e/^- 
ces  au  xvn"  siècle). 

Les  scènes  miraculeuses  des  encadrements  sont 
les  suivantes  :  en  haut,  le  petit  Benoit  de  Che- 
vron tombe  du  sommet  d'une  haute  tour  sans  se 
faire  aucun  mal  ;  «  Noble  Benoit  de  Chivron  en- 
core jeune  tunibé  du  liaut   d'une  tour  sans  se 


XIV 

blesser,  sa  inè/'e  faisant  vœu  en  mesine  temps 
pour  luj  le  22  mars  1599  (1)  ».  —  Charge  de 
cavalerie  :  A^.  Claude  Maurice  Basin,  de  Saint- 
Pierre  d' Albigny  frappé  d'un  boulet  de  canon, 
est  préservé  de  la  mort  ;  —  trois  petites  images 
déchirées.  —  «  Pierre  Lambert,  de  Chambéry, 
pris  par  les  voleurs  et  attaché  cl  un  arbre  se 
trouve  dellié  après  son  vœu  le  3  Juin  1633  ;  » 
petite  scène  bien  composée;  on  y  voit  quatre  che- 
vaux dessinés  avec  justesse. 

Dans  la  bordure  de  gauche .  deux  scènes  : 
«  Noble  Jaccjues  Carron,  de  Chambéry  aagé  de 
8  ans  tumbé  du  -^'"'^  estage  de  la  maison  de  son 
père  sans  se  faire  aucun  mal  le  16  juillet  1639  ;  » 
—  une  dame  priant  au  pied  de  son  lit  à  tentures 
avec  panaches  :  «  Noble  damoiselle  Anne  Bujfré, 
de  Grenoble  abandonnée  des  médecins  et  tenue 
pour  morte  recouvrela  santé  le  19  janvier  1638  )>. 

Dans  la  bordure  de  droite^  un  vaisseau  assailli 
par  la  tempête  :  «  Noble  Laurent  de  Donpors  de 
Chambéry  sur  la  mer  Britanique  et  délivré  du 
naufrage  la  tempête  cessant  soudain  après  son 
vœu  le  13  juillet  1613  »;  —  un  magistrat  à  genoux 
dans  sa  longue  robe  à  larges  manches  ;  on  aper- 
çoit la  simarre  à  très  large  collet  renversé...  «  Le 
sieur  sénateur  More  guérit  d'une  fluxion  uni- 
verselle de  tout  son  corps  en  forme  de  paralysie 
en  avril  1623.  »  Figure  expressive,  jolie  attitude. 

(1)  Benoit-Théophile  de  Chevron  devint  prieur  des  Bé- 
nédictins de  Talloires,  puis  archevêque  de  Tarentaise. 


XV 

En  bas,  séparant  la  notice  historique  en  deux 
parties,  est  l'écusson  de  Christine  ou  Chrestienne 
de  France,  duchesse  de  Savoie,  mi-parti  de  Sa- 
voie et  de  France. 

Tout  en  bas  à  droite  :...  fecii  165:1 .  Le  nom  de 
l'auteur  de  la  composition,  qui  en  était  sans  doute 
aussi  le  graveur,  a  été  déchiré.  Peut-être  était-ce 
le  sieur  Humbelot  dont  le  nom  est  sur  une  gra- 
vure, beaucoup  plus  petite,  mais  avec  des  sujets 
identiques,  qui  se  trouve  au  Musée  d'Annecy  (1). 

Dans  son  ouvrage  sur  les  couvents  de  Savoie  (2), 
le  Père  Jacques  Fodéré  a  rapporté  diverses  guéri- 
son  qu'il  attribue  à  la  Vierge  de  Myans,  et  c'est 
en  partie  de  ses  récits  que  se  sont  inspirés  les  au- 
teurs des  gravures  dont  nous  parlons.  Il  raconte 
qu'il  était  novice  en  1565  au  couvent  de  Myans 
et  que  huit  ans  avant  qu'il  y  entrât,  «  il  y  floris- 
«  soit  N.  M.  F.  Jean-Baptiste  Démolis,  lequel  avoit 
«  été  archi- médecin  des  ducs  de  Savoye^l'un  des 
«  plus  doctes  et  expers  de  tout  son  temps  en  l'art 

(1)  Le  baron  C.  Despine  ;  Sanctuaire  et  Abymes  de 
Myans,  p.  14.  Annecy,  18G2. 

(2)  Narration  historique  et  topographiqnc  des  Convcns 
de  l'ordre  de  S.  François  et  monastères  S.  Claire  érigea 
en  la  province  anciennement  appelée  de  Bourgongne,  a 
présent  de  S.  Bonaoe/tture...  par  M.  P.  F.  Jacqoes  Fo- 
dere  (*),  religieux  de  la  régulière  Observance  dudit  Ordre. 

A  Lyon,  che^  Pierre  Rigavd,  rue  Mercière,  M  DC  XIX. 
Ce  libraire  avait  pour  devise  :  Donec  optata    veniant 

RIGABO. 

(*■)  Au  bas  ia  la  prôfauo  il  signo  F.  !..  FOVDKRÉ. 


XVI 

«  de  médecine. . .  et  nonobstant  qu'il  ne  soit  loi- 
«  sible  aux  prêtres  de  pratiquer  cet  art,  à  la  re- 
«  quête  des  seigneurs  et  nobles  de  Savoie...  obtint 
«  du  pape  Paul  IV  un  bref  lui  permettant  de  l'exer- 
«  cer^  même  avec  dispense  d'irrégularité.  » 

M.  Marie-Girod  présente  le  dessin  de  deux  pla- 
ques de  cheminée,  en  font-e  de  fer. 

1°  Plaque  de  1"^30  de  large  sur  0,80  c^''""  de 
haut,  à  Saint-Pierre  d'Albigny,  chez  M.  Turrel, 
notaire  : 


16  IHS  66 

FPRXG  DPNT 

un  arbre  au-dessous  de  chacun  de  ces  mots  et  une 
fleurs  de  lys  au-dessous  de  chaque  arbre  ; 

2°  A  Leisse,  chez  M.  Bazin,  restaurateur  : 


17 

O        *        L, 

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33 

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PIERRE        |- 
1. 

~|        BAZIN 
-1 

♦ 

N 

T. 
V. 

B. 
B. 

M 

Les  initiales  sont  celles  des  pronoms  de  la  fem- 
me du  père  et  de  la  mère  de  Pierre  Bazin. 


XVII 

M.  Miignier  signale,  parmi  les  Nouvelles  acqui- 
sitions latines  de  la  Bibliothèque  nationale  et  sous 
les  11°^  2224  et  2225  (1),  deux  documents  qui 
avaient  paru  intéressants  pour  l'histoire  de  Savoie. 
Ce  sont  deux  cahiers  cartonnés  contenant  la  plus 
grande  partie  de  deux  livres  de  reconnaissances 
féodcdes  du  xiv^  siècle^  dans  la  vallée  d'Aoste  et 
dans  le  pays  de  Vaud  ;  quelques  pages  sont  déchi- 
rées ou  portent  des  traces  de  feu. 

Ces  reconnaissances  ont  pour  objet  des  biens 
faisant  partie  du  domaine  privé  des  comtes  de  Sa- 
voie,Edouard  (1323-1329)  et  Aimon  (1329-1343), 
biens  soumis  à  l'usufruit  des  ayants  droit  de  Ma- 
rie de  Brabant,  seconde  femme  du  comte  Amé- 
dée  V.  Voici  les  premières  lignes  de  chacun  des 
deux  cahiers. 

N»  2224.  —  Livre  d'aveux  et  de  tailles  (les  feuillets 
1  à  14  manquent). 

Anno  domiui  m"  ccco  xxixo,  ind.  xn»...  in  presencia 
et  ad  instanciam  mei  Joliannis  de  Crevssiaco  de  Aqna- 
bella  publici  notavii...  more  publiée  persone  vice,  no- 
mine  et  ad  opus  illustris  et  magnifici  viri  dni  Eclduardi 
comitis  Sabaudie,  heredumque  et  successorum  suorum 
in  dicto  comitatu  quantum  ad  potestatcm  et  directum 
dominium,  ac  vice^  nomine  et  ad  opus  domine  dne 
Marie  de  Brabancio  dudum  comitisse  Sabaudie  quan- 
tum ad  usumfructum   et  utile  dominium,  confitentur 

(1)  Ces  documents  ont  été  indiqués  d'autre  part  au  pré" 
sident  de  la  Société  par  un  ami  inconnu,  qui  signe  Janingrosj 
et  que  la  réunion  remercie  de  l'intérêt  qu'il  prend  à  nos  tra- 
vaux. 

2 


XVIII 

persone  infrascripte  se  esse  homines  eorum  ligios  et 
francos,  aliqui  se  esse  eorum  homines  eorum  tallia- 
biles  ad  mysericor.liam  et  alii  se  esse  homines  tenem- 
entarios  seu  cmphiteotos,  et  tenere  ab  iisdem  et  eisdem 
tencre  modo  quo  supra  homagia,  servicia,tallias,recep1a, 
usagia  et  costumas  (sic)  alias  ut  particulalim  inferius 
conlinetur. 

Suivent  les  reconnaissances  ;  on  y  trouve,  comme 
prénoms  féminins,  Mabillon,  Clemencola  ;  Mahillon 
est  aussi  un  nom  propre  ;  —  l'indication  d'un  affranchis- 
sement accordé,  à  la  Tour  de  Vevey,  le  26  novembre 
1327,  par  le  comte  de  Savoie,  etc. 

No  2226.  —  In  nomine  Domini,  Amen.  Anno  a  na- 
tivitaie  eiusdem  Dni  m»  000°  quinquagesimo  secundo, 
ind.  V'i,  die  xj  mensis  januarij...  coram  me  Johanne 
Guillent,  de  Vuachio,  clericogebennensi...  ad  opus  ma- 
gnifici  domini  Sabaudie  comitis  Amedei  (sic)  et  ceie- 
rorum quorum  poterit  interesse...  apud  Montheolum... 

Au  folio  5  on  trouve  le  nom  de  Marguerite,  fille  de 
Jean  de  Lucinge,  chevalier  ;  —  folio  6,  Jonodus  li 
hugonet,  de  Montheolo,  clericus,  rector  capelle  boati 
Theodoli  ;  —  72  v»,  Agnes  Orsa,  filia  quondam  Eyde- 
lin  de  Montet. 


Séance  du  16  novembre  1892. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.j 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est 
adopté  après  lecture.  La  Société  reçoit  les  dons 
suivants  :  du  Conseil  général  de  la  Ilaute-Savoie, 


XIX 


le  premier  fascicule  de  V Inventaire  des  Archwes 
de  ce  département,  par  M.  Ducis  ;  —  de  M.  Revil, 
son  ouvrage,  Histoire  de  la  Géologie  des  Alpes 
de  Savoie,  1779-1881;  —  de  M.  le  chanoine  Ulysse 
Chevalier,  sa  conférence  sur  le  Bréviaire  romain 
et  son  édition-type,  ainsi  que  ses  deux  notices  sur 
la  Poésie  liturgique  au  moyen  âge  :  Rythme  et 
Histoire  ;  —  de  M.  Chiudius  Blanchard,  le  Droit 
de  litre  dans  les  églises  de  Savoie,  en  1782  ;  — 
de  M.  Noguères,  avocat  général  à  la  Cour  d'appel 
de  Chambéry,  son  discours  de  rentrée,  le  Souve- 
rain Sénat  de  Savoie;  —  de  MM.  A.  Perrin  et 
V.  Barbier,  le  premier  fascicule  de  leur  Biblio- 
graphie Savoisienne  ;  de  M.  Mugnier,  un  exem- 
plaire ({q^ Lettres  Patentes  du2maiî780,  portant 
établissement  d'une  nouvelle  intendance  dans  le 
lieu  de  Carouge. 

Sur  la  présentation  de  MM.  Mugnier  et  Odru, 
MM.  Alexis  Jarre,  conseiller  â  la  Cour  d'appel, et 
Paul  Charvet,  président  du  Tribunal  civil,  â 
Chambéry  ;  —  sur  celle  de  MM.  Falcoz  et  Mu- 
gnier, M.  François  Bombard, secrétaire  deS.Em. 
l'archevêque  de  Carthage,  à  Tunis,  sont  élus 
membres  effectifs  de  la  Société. 

M.  Mugnier  présente  un  acte  d'hommage-lige 
des  seigneurs  de  la  Croix ^  près  Chambéry, 
sur  lesquels  des  documents  ont  été  publiés  déjà 
par  M.  Charles  Schefer,  au  tome  XXVIII  des 
Mémoires  de  la  Société  (pages  lxii-lxvi). 


XX 

Prestation  d' hommage-lige  au  duc  Louis,  par  Louis 
de  Rauoyre,  au  nom  de  Guigon  de  Ravoyre,  sei- 
gneur de  la  CroiXj  son  père  (1)  à  Genève,  dans  le 
couvent  des  Frères  mineurs. 

20  janvier  1441. 
In  nomine  DoMiNi.  Amen.  Per  hoc  publicura  instru- 
mentum  cunctis  fiât  manifestum  quod  anno  a  Nativi- 
iate  ejusdem  sumpto  niillesimo  quatercentesimo  qua- 
drtigesirao  primo,  indicione  quarta  cum  codem  anno 
sumpta  et  die  vicesima  mensis  januarij,  in  civitate  Ge- 
bennarnm,  videlicet  in  conventu  fratrum  minornm,  pre- 
sentibus  spectabilibus,  egregiis  et  nobilibus  viris  domi- 
nis  Petro  Marcliiandi,  cancellario,  Johanne  de  Se^'ssello 
domino  Barati  (Bariacti),  marescallo  Sabaudie,  Johanne 
de  Montelupello,  domino  Choutagnie,  Bartholomeo 
Chabodi  présidente  compulorum,  domino  Excherene, 
Guillermo  Bolomeri  magislro  requestarum,  Guigone 
Gerbaysii,  domino  Billiaci,  Johanne  de  Saxo,  domino  de 
Bannens,  Guigone  de  Ravorea,  domino  Cursinggij.mi- 
litibus,  Johanne  de  Costis,  Mermeto  Arnaudi,  Jacobo 
Rossetti,  judice  Chablaysii,  legum  doctoribus,  Antonio 
Bolomerii  et  pluribus  aliis  testibus  ad  infrascripta 
adstantibus,  Constitutus  in  presentia  illustrissimi  prin- 
cipis  domini  nostri  domini  Ludovici  ducis  Sabaudie, 
Chablaysii  et  Auguste,  Sacri  Romani  imperii  principis 
vicariique  perpetui^  marchionis  in  Ytalia,  Comitis 
Pedemontium  ot  Baugiaci,  Valentinensisqueet  dyensis, 
nobilis  Ludovicus  filius  et  procurator  nobilis  Guigonis 
de  Ravoyria,  domini  Cj-ucis,  ressorti  Chamberiaci, 
docens  desuo  procuratoriopublico  instrumcntoper  Ame- 

(1)  Copie  do  l'un  des  originaux,  aux  archives  de  la  Société 
savois.  d'histoire  et  d'archéologie. 


XXI 

deum  Mileti  de  Yenna  uotarium  publicum  Anno  Dni  m^ 
cccc»  xxxo  y°  indicione  décima  tertia  et  die  tertia  men- 
sisdecembris  recepto  et  signato.Quisiquidem  Ludovicus 
predicto  nomine  prefato  domino  nostro  duci  humiliter 
supplicans  ut  ipsum  investire  et  benigniter  relinere  di- 
gnaretur  in  et  de  predicto  Castro  Crucis  et  illius  juridi- 
cione  necnou  hominibus  homagiis  ligiis  et  talliabi- 
libus  redditibusque  censis  servitiis  eciam  possessionibus 
et  prediis  ac  omnibus  aliis  rébus  ftudalibus  quas  ipse 
Guigo  de  feudo  prefati  domini  nostri  ducis  presentia- 
liter  tenet  in  mandamentis  Chamberiaci  et  Sancti 
Albani  et  de  quibus  per  ipsum  dorainum  nostrum 
ducem  alias  inveslitus  fuit  et  retentus,  paratum  se 
ofïerendo  idem  Ludovicus,  quo  supra  nomine,  prefato 
domino  nostro  duci  propterea  Iiomagiare  et  alia  facere 
que  per  eum  eveneruut  facieuda.  Cuius  supplicationi 
prefatus  dominus  noster  dux  favore  benevolo  inclinatus 
ipsum  Ludovicum  presentem  ac  pro  eius  pâtre  suisque 
heredibus  et  successoribus  universis  quibuscumque  sti- 
pulantem  et  recipientem  de  predictis  Castro,  juridictione, 
hominibus,  homagiis,  fidehtatibus,  censis,  servitiis,  red- 
ditibus  ac  aliis  feudis  superius  expressis,  investivit  et 
retinuit  traditione  unius  dague  ac  per  concessionem 
huius  publici  instrumenti,  jure  tamen  feudi,  fidelitatis, 
homagii,  directi  feiidi,  dominii,  superioritatisque  et  res- 
sorti ac  alio  quocumque  ipsius  domini  nostri  ducis 
jure  cum  alterius  racionein  premissis  semper  salvis.  Et 
in  super  volens  ipse  dominus  nosler  dux  eumdem 
Guigonem  gracia  tractare  uberiori  eidem  liberaliter 
remisit  omnem  commissionem  et  escheytam  si  que 
eidem  domino  nostro  duci  in  premissis  competerent  ra- 
cione  tamen  presentis  inaestiture  forte  infra  tempus 
debitum  non  petite  vel  obtente. 


XXII 

Quibus  sic  gestis  prenominatus  Ludovicus  quo  supra 
Domine  debitum  suum  erga  ipsum  Dominum  ducem 
merito  reddere  volens,  scienter  et  sponte  de  et  pro  pre- 
dictis  Castro  Crucis,  illiusque  juridicione  et  pertinenciis 
universis  ac  aliis  feudis  superius  expressis  prefato  do- 
mino duci  presenti  ac  pro  se  suisque  heredibus  et  suc- 
cessoribus  universis  stipulanti,  fecit,  prestitit,recognovit, 
pollicitus  est  et  confessus  fuit  homagium  ligium  et  fide- 
litatem  ligiam  pre  ceteris  dominis  et  personis  mundi  ; 
et  hoc  reverenter  genibus  flexis  manibus  conjunctis  in- 
ter  manus  ipsius  domini  nostri  ducis  positis  ac  interve- 
niente  oris  osculo  in  signum  perpetui  et  indissolubilis 
federis  cum  aliis  solempnitatibus  in  talibus  opportunis. 

Confitens  idem  Ludovicus  quo  supra  nomine  et  tan- 
quam  in  judicio  constilutus  publiée  regnoscens  se  esse 
velleque  et  debere  esse  hominem  nobileni  vassallumque 
ligium  et  fidelem  prefati  domini  nostri  ducis  et  suorum 
predictorum  ;  et  hoc  ratione  et  ad  causam  rerum  feuda- 
lium  superius  expressarum,  ipsasque  res  feudales  ab 
eodem  domino  nostro  duce  tenere  velleque  et  debere 
tenere  in  feudum  nobile  ligium  antiquum  paternum  et 
avitum  ac  sub  homagio  et  fidelitate  nobilibus  et  ligiis 
superius  prestitis  ;  promittendo  preterea  idem  Ludovi- 
cus predicto  nomine  in  animam  predicti  ejus  patris  ju- 
ramento  suo  Evangeliis  sacrosanctis  ac  sub  suorum 
omnium  et  singulorum  presentium  et  futurorum  expressa 
obligatione  bonorum  per  dictum  Guigonem  ejus  patrem 
et  suos  predictos  perpétue  existere  probes  et  légales 
homines  vassalosque  ligios  et  fidèles  prefati  domini 
nostri  ducis  et  suorum  predictorum,  ipsorumque  hono- 
rem  statum  et  commodum  ubique  totis  viribus  procurare 
et  sinisira  suo  posse  vitare,  illaque  revelare  quampri- 
mum  ad  eorum  pervenerunt  noticiam,  deque  predictis 


XXII 

rébus  et  feudis  superius  expressis  eidem  domino  nostro 
duci  et  suis  servire  fideliter  pre  et  contra  ceteros  domi- 
nos et  personas  muudi,  ipsasque  res  feudales  in  manibus 
ipsius  domini  nostri  ducis  commissariorum  recognoscere, 
confitere  etnominare  speciffice,  particulariter  et  distincte 
quamprimum  et  quatenus  super  hoc  fuerunt  requisiti. 
Et  generaliter  omnia  alia  et  singula  erga  ipsum  domi- 
num  nostrum  ducem  et  suos  predictos  facere  et  prestare 
que  homines  nobiles  vassalique  ligii  et  fidèles  domino 
suo  naturali  et  ligio  facere  tenentur  et  debent  et  que  in 
capitulis  nove  et  veteris  fidelitatis  forme  latius  conti- 
nentur.  Et  ulterius  premissa  omnia  in  presenti  instru- 
ment© contenta  et  descripta  per  dictum  Guigonem  ejus 
patrem  laudari  et  ratifficari  facere  publico  instrumente 
per  eumdem  Ludovicum  in  caméra  computorum  prefati 
domini  nostri  ducis  infra  duos  menses  proximos  red- 
dendo  et  expediendo.  —  Renuntiando  hoc  facto  idcirco 
idem  Ludovicus  quo  supra  nomine  in  hoc  facto  sub  vi 
dicti  sui  jam  prestiti  juramenti  omnibus  juris  et  facti 
exceptionibus,  privilegiis,  beneficiis  et  indultis  patrie 
et  larrium  consuetudinibus  juribusque  canonicis,  civili- 
bus,municipalibus  et  aliis  omnibus  quibusadveniendum 
contra  premissa  seu  ipsorum  aliqua  se  juvare  posset 
quomodoHbet  vel  tuheri,  signanter  juridicenti  generalem 
renunciationem  non  valere  nisi  precesserit  specialis. 

De  quibus  premissis  omnibus  prefatus  dominus  nos- 
ter  dux  jussit,  dictus  que  Ludovicus  quo  supra  nomine 
requisiit,  per  me  notarium  publicum  secretarium  sub- 
scriptum,  fieri  duo  et  plara  tenoris  ejusdem  publica  ins- 
trumenla. 

Ego  vero  Francisons  Fabri  de  Yenna  Bellicensis 
dyocesis,  publicus  imperialis  notarius  ac  suprascripti 
domini  nostri  ducis    Sabaudie  secretarius,  hujusmodi 


XXIV 

homagii  et  fidelitatis  instrumenti  rogatus  recepi  quod 
aliis  occupatus  negociis  per  Stephanum  Laborerii  de 
Bellitio,  notarium,  scribi  feci  ;  indeque  propria  manu 
me  subscripsi  ac  solito  mai  tabelionatus  signo  signavi 
in  robur  et  testimonium  in  eodem  instrumento  conten- 
torum. 


M.  Philibert  Falcoz  lit  la  notice  suivante  : 

LE   DOMAINE    DES    COMBILIOLES 
A  Sainte- Hélène-du- Lac 

I 

Les  Combilioles  forment  un  petit  groupe  de  bâ- 
timents assis  sur  le  penchant  d'une  colline  au  bas 
de  laquelle  se  dessine  le  village  pittoresque  de 
Sainte-Hélène-du-Lac.  Au  nombre  de  ces  bâti- 
ments figure  une  ancienne  chapelle  où  fut  trou- 
vée une  inscription,  encore  intacte,  donnant  à  la 
fois  le  nom  de  la  fondatrice  et  l'époque  de  la  fon- 
dation. Elle  est  gravée  sur  une  plaque  de  marbre 
noir  mesurant  50  centimètres  de  haut  sur  40  de 
large.  Dans  la  partie  supérieure  on  voit  l'écusson 
des  Branet  {de  Sainte-Hélène-da-Lac) ,  tel  que 
M.  de  Foras  l'a  reproduit  (1)  :  d'a:;ur  auchev)ron 
d'or  accompagné  de  deux  étoiles  de  même  en 
chef  et  d'une  aigle  d'argent  becquée  de  gueules 
naissant  en  pointes  ;  et  au-dessous  : 

(1)  Armoriai  de  Satoic,  I,  p.  284. 


XXV 

LANNE  1656  DAME 

ANTHOINE   TE  BRVNET 

VEFVE  DV  SEIGNEVR 

DETIGNAC  BARONNE 

DAYPIERRE  &...  A  FAICT 

BASTIR  CETTE  CHAPPELE 

ET  ICELLE  RENTE'  POVR 

DEVX  MESSES  CHASQVE 

SEMEYNE  A  PERPETVITÉ 

La  dotation  de  la  chapelle  était  de  3.200  florins 
produisant  un  revenu  annuel  de  160  florins  (en- 
viron 96  francs). 

M'"  Jacques  Pognient  en  fut  le  recteur,  en  mê- 
me temps  que  de  la  chapelle  du  Saint-Esprit, 
adossée  jadis  à  l'église  de  Sainte-Hélène- du-Lac, 
et  de  la  présentation  de  sa  famille  (1). 

II 

Les  Combilioles,  jadis  une  grangerie  très  peu 
importante,  prirent  de  l'extension  lorsque  la  fa- 
mille Brunet  en  fut  propriétaire.  Elles  lui  prove- 

(1)  11  était  fils  de  Jean-Huiubert  Pognient,  munitionnaire 
pour  S.A.  R.  au  château  et  préside  de  Montmélian,  et  de 
Gasparde  du  Biollaj,  issue  peut-être  de  la  famille  de  ce 
nom,  existante  à  Vaulx,  canton  de  Rumilly,  et  qui  s'éteignit 
à  cette  époque.  Né  le  19  novembre  1G43,  il  fut  ordonné  prê- 
tre à  Saint-Jean  de  Maurienne  aux  fêtes  de  Pâques  de  1671  ; 
il  alla  à  Lyon  achever  ses  études  de  théologie  tout  en  étant 
précepteur.  La  faiblesse  de  sa  santé  paraît  l'avoir  empêché 
d'exercer  le  saint  ministère  ;  il  se  retira  chez  les  dominicains 
de  Montmélian  et  fut  inhumé  chez  eux  le  7  décembre  1087. 
(Archives  de  la  famille  Pognient.) 


XXVI 

naient  de  noble  Antoine  Rosaz  ou  Rose  (1),  grand- 
père  materne]  de  Melchiotte  et  d'Antoinette  Bru- 
net.  Les  successeurs  de  la  baronne  Brunet,  fon- 
datrice delà  chapelle,  vendirent  la  propriété  des 
Combilioles  aux  dominicains  de  Montmélian  par 
un  acte  du  11  octobre  1697,  dont  voici  quelques 
passages  : 

L'an  1697  et  le  11  octobre  par  devant  moy  notaire 
ducal  soussigné,  se  sont  personnellement  establys  et 
constitués  noble  Gaspar  Huber  Deverduu  et  baron 
Duboys,  et  demoiselle  Antoinette  de  Verdun  de  Chalais, 
frère  et  sœur,  enfans  de  feu  noble  Gaspar  Deverdun, 
seigneur  de  Chalais,  et  de  demoiselle  Melchiotte  Déti- 
gnac  (2),  lesquels...  vendent  aux  R'^s  prieur  et  reli- 
gieux du  couvent  de  S*  Dominique  do  Montmélian,  à 
l'acceptation  du  R'^  père  Vincent  Jacquet,  prieur  du  dit 
couvent  et  du  R'i  père  Dominique  Guillaume,  procureur 
du  dit  couvent,  acceptants  peureux  et  les  autres  religieux 
...  à  savoir  les  biens  ci-après  spécifiés. . . 

On  stipule  que  les  censés  (fermages)  arréragées  sont 
réservées  au  recteur  de  la  chapelle  des  Combilioles. 

Les  dominicains  conservèrent  le  domaine  jus- 
qu'en 1793,époque  à  laquelle  M.Claude  Bourgeois 

(1)  M.  de  Foras  a  lu  Lo^a^r  ou  Lose. 

(2)  Cet  acte  ajoute  deux  chaînons  à  la  généalogie  donnée 
par  M.  de  Foras.  On  y  voit  que  Pierre  de  Tignae,  seigneur 
d'Epierre,  et  Etiennctte  Bruuet  avalent  eu  une  fille,  Mel- 
chiotte, mariée  à  Gaspard  de  Verdun,  seigneur  de  Chalais, 
et  que  de  ce  mariage  naquirent  Gaspard  Hubert  (ou  Hum- 
bert)  de  Verdun,  seigneur  do  Chalais,  baron  du  Bois,  et  An- 
toinette do  Verdun  do  Chalais. 


XXVII 


l'acbeta   de  la    République,   ainsi  que  l'indique 
l'acte  qui  suit  : 

L'an  onzième  de  la  République  française  et  le  dix 
messidor,  à  Ste-Hélène-du-Lac^  en  présence  des  témoins 
enfin  nommés,  le  citoyen  Claude,  fils  de  feu  François 
Bourgeois  domicilié  de  la  commune  de  Chambéry  ici 
présent,  a  assencé  ainsi  que  par  le  présent  il  assence  au 
citoyen  Laurent,  fils  de  feu  François  Rey,  domicilié  de 
la  commune  de  S^-Jean- Pied-Gauthier,  ici  présent  et 
acceptant,  tout  le  domaine  que  le  dit  Bourgeois  a  acquis 
de  la  République,  procédé  des  dominicains  de  Montmé- 
lian,  situé  sur  les  communes  de  St'^-Hélène-du-Lac,  la 
Chavanne  et  les  Mollettes,  etc. 

M.  Etienne  Rey,  natif  de  Villard-d'Héry,  dé- 
cédé le  27  octobre  1892,  dans  sa  Sô'^  année,  a 
acheté  les  Combilioles  en  1816,  du  sieur  Claude 
Bourgeois,  par-devant  Antoine  Crépine,  notaire  à 
Chambéry.  A  partir  du  21  octobre  1892,  les 
Combilioles  appartiennent  à  M.  Léon  Voguet, 
rentier  à  Aix-les-Bains,  propre  neveu  de  M. 
Etienne  Rey. 


Séance  du  10  décembre  1892. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  6  novembre 
est  adopté  après  lecture. 

M.  Mugnier  présente  une  patente,  ou  permis- 
sion, d'exercer  l'art  de  tanneur   accordée    le  22 


XXVIII 

juillet  1521  à  Jean  Rennapt  par  Jean  Captin^  lieu- 
tenant du  roi  des  tanneurs  de  Savoie.  La  réunion 
décide  que  ce  document  sera  imprimé  dans  le 
tome  XXXII  des  Mémoires  et  qu'on  le  fera  pré- 
céder de  l'étude  sur  les  royautés  des  métiers  pu- 
bliée par  M.  Mugnier  au  compte  rendu  du  Con- 
grès de  Chambéry  de  1890. 

M.  Paul  Leroy,  docteur  en  droit  à  Orléans, 
ayant  découvert^dans  les  archives  de  l'Hôtel-Dieu 
de  Jargeau  (Loiret),  une  pièce  qui  lui  a  paru  in- 
téressante pour  notre  histoire  savoisienne,  a  eu 
l'amabilité  de  nous  la  transmettre.  La  réunion 
adresse  ses  remerciements  à  M.  Leroy  et  s'em- 
presse de  publier  le  document  avec  la  notice  qui 
l'accompagne.  On  y  trouvera  un  récit  bien  plus 
détaillé  que  dans  la  plupart  des  Mémoires  du 
temps  de  l'attaque  du  pont  de  Jargeau.  le  28  mars 
1652,  par  les  troupes  royales,  ou  plutôt  par  la  pe- 
tite armée  ma^arinc  (1)  contre  l'armée  de  la 
Fronde  commandée  par  les  deux  beaux-frères,  les 
ducs  de  Beaufort  et  de  Genevois-Nemours  (2)  en 
présence  de  Mademoiselle,  la  cousine  du  jeune 
Louis  XIV.  Le  régiment  de  Carignan  ainsi  que  le 
régiment  de  Piémont,  malgré  leurs  noms  ultra- 
montains,  étaient  français. 

(1)  Henri  Martin  ;  Histoire  de  Finance,  XII,  p.  397. 

(2)  Charles-Amédêe  de  Savoie,  duc  de  Nemours  et  de 
Genevois,  marié  h  Elisabeth  de  Vendôme,  fut,  deux  mois 
plus  tard,  tue  en  duel  à  Paris  par  son  beau-frère. 


XXIX 

Officiers  savoyards  au  pont  de  Jargeau  (1652) 

Les  Mémoires  du  maréchal  duc  do  Navailles, 
qui  parurent  en  1701  à  Paris,  contiennent  d'inté- 
ressants renseignements  sur  les  Cours  qu'il  fré- 
quenta et  les  campagnes  auxquelles  il  prit  part. 

Tout  d'abord  il  dépeint  (p.  14)  l'état  de  la  Cour 
de  Savoie  tel  qu'il  lui  apparut  à  Turin  en  1642. 

«  La  Cour  de  Savoie,  dit-il,  était  belle  et  nom- 
«  breuse,  les  étrangers  y  étaient  bien  reçus  et  par- 
ce ticulièrement  les  Français.  J'avais  un  équipage 
«  assez  propre  et  j'étais  là  fort  agréablement. 
«  Mais  je  faisais  une  dépense  que  je  ne  pouvais 
((  soutenir  longtemps.  Ce  qui  m'obligea  de  m'en 
«  aller  à  mon  régiment. . .  » 

Les  sentiments  c|ue  rencontra  à  Turin  le  jeune 
officier  ne  doivent  point  nous  étonner,  car  on  était 
au  lendemain  des  traités  par  lesquels  les  princes 
de  Savoie  étaient  rentrés  dans  l'alliance  française. 
«  Le  prince  Thomas  (de  Savoie)  qui  avait  toujours 
«  été  attaché  au  service  des  Espagnols,  le  quitta 
«  cette  année-là  et  joignit  ses  troupes  à  l'armée 
«  du  roi  que  commandait  le  duc  de  Longucville.  » 
Après  le  récit  des  campagnes  d'Italie,  les  Mémoi- 
res du  maréchal  de  Navailles  nous  conduisent  à 
la  guerre  delà  Fronde.  Après  la  prise  d'Angers  et 
le  combat  du  pontde  Ce,  la  Cour  se  rendit  à  Blois, 
rendez-vous  général  de  toutes  les  troupes.  Or- 
léans ayant  refusé  d'ouvrir  ses  portes  au  roi,  son 
armée  suivit  la  rive  gauche  de  la  Loire,  tandis  que 


XXX 

les  troupes  de  Monsieur  marchaient  sur  l'autre 
rive.  Ici  se  place  la  relation  de  l'attaque  du  pont 
de  Jargeau  que  nous  croyons  utile  de  citer  en  en- 
tier parce  qu'elle  est  le  préambule  naturel  de  la 
publication  de  l'acte  que  nous  signalons  h  la  So- 
ciété savoisienne d'histoire.  Le  maréchal  s'exprime, 
ainsi  : 

«  On  trouve  sur  le  chemin  que  nous  tenions  la  petite 
yille  de  Gergeau  où  il  y  a  un  pont  pour  passer  la  Loire 
et  comme  nous  ne  croiions  pas  que  les  ennemis  osassent 
tenter  ce  passage  parce  que  c'est  un  pont  de  pierre  qui 
a  un  pont  de  bois  au  milieu,  nous  nous  étions  contentés 
de  l'envoyer  garder  par  trente  mousquetaires  et  un  lieu- 
tenant pour  éviter  les  surprises.  M.  de  Turenne,  M.  de 
Clerambault  et  moi  nous  étions  allés  visiter  ce  passage 
et  nous  arrivâmes  heureusement  dans  le  temps  que  le 
régiment  do  l'Altesse  qui  marchait  de  l'autre  côté  de  la 
Loire  à  notre  opposite  commença  à  escarmoucher  et  à 
faire  tirer  deux  pièces  de  canon  qu'il  menait  ordinaire- 
ment à  là  tête  du  bataillon.  Le  canon  ayant  donné  dans 
la  bascule  du  pont  rompit  les  chaînes  qui  la  tenaient  et 
fit  baisser  le  pont-Jevis  de  sorte  que  le  passage  fut  rendu 
praticable.  Les  soldats  qui  le  gardaient  prirent  l'épou- 
vante et  s'enfuirent.  Ceux  de  l'Altesse  profitèrent  de 
l'occasion  et  se  saisirent  du  pont.  Il  y  avait  au  bout  du 
côté  où  nous  étions  une  grande  porte  fermée.  M.  de  Tu- 
renne  la  fit  ouvrir  et  forma  sur  le  pont  une  barricade 
avec  des  tonneaux  qu'il  fit  porter.  Les  ennemis  crurent 
que  nous  avions  des  troupes  pour  la  soutenir  et  au  lieu 
de  nous  forcer  ils  en  firent  de  leur  côté  une  autre  qui 
partagea  le  pont.  Cependant  nous  ralliâmes  les  trente 
soldats  qui  s'étaient  écartés.  J'en  postai  dix  dans  une 


XXXI 

maison  qui  flanquait  sur  le  pont  et  je  leur  fis  tirer 
quelques  coups  de  mousquet  qui  tuèrent  le  baron  de 
Sirot.  lieutenant-général  des  troupes  de  Monsieur. 
Cette  mort  ralentit  l'attaque.  L'infanterie  que  nous 
avions  envoyé  chercher  arriva  peu  de  temps  après  et 
nous  assura  le  passage.  » 

Le  maréchal  a  surtout  gardé  le  souvenir  de  la 
mort  du  baron  de  Sirot  et  se  tait  sur  les  pertes 
subies  par  l'armée  royale.  Mais  l'histoire  raconte 
que  Turenne  s'élança  lui-même  contre  la  redoute 
des  Frondeurs  à  la  tête  de  son  escorte  composée 
de  seize  hommes  et  qu'il  perdit  la  moitié  de  ses 
compagnons  dans  cette  sortie  glorieuse.  Le  docu- 
ment qu'on  va  lire  nous  montre  que  parmi  les 
officiers  de  cette  escorte  se  trouvaient  plusieurs 
gentilshommes  de  Savoie.  Le  baron  de  la  Val- 
d'Isère,  l'un  d'eux,  reçut  une  blessure  mortelle 
sur  le  pont  de  Jargeau.  Voici,  en  elïet,  la  teneur 
même  d'un  acte  fort  curieux  tiré  des  archives  de 
l'hospice  de.  Jargeau  : 

Aujourd'hui,  premier  apvril  mil  six  cent  cinquante- 
deux,  après-midy,  en  mon  hostel,  sont  personnellement 
comparus,  par  devant  moy  Jacques  Delestang,  notaire, 
garde  nottes  et  tabellion  de  la  ville  et  Chastellenye  de 
Jargeau,  soubs-signé.  Révérend  père  frère  Bonadventure 
Lebrun,  religieux  de  Saint-François,  natif  de  Cham- 
béry  en  Savoye,  docteur  en  théologie  de  la  faculté  de 
Paris,  et  actuellement  prédicateur  en  la  ditte  ville  de 
Jargeau,  le  sieur  de  Montfalcon,  conseiller  et  secrétaire 
de  monseigneur  le  Prince  Thomas  de  Savoye,  et  le  sieur 


XXXII 

de  Charbonneau,  lieutenant  au  régiment  de  M.  le  prince 
de  Carignan,  estant  présent  au  dit  Jargeau. 

Lesquels  ont  tous  juré,  attesté  et  affirmé  pour  vérité 
en  leur  conscience  qu'assistant  le  sieur  baron  de  la  Val- 
dizère,  malade  d'une  blessure  qu'il  a  reçue  à  la  teste  sur 
le  pont  du  dit  Jargeau  d'une  mousquetade  venue  des 
ennemis,  dont  il  est  mort  ;  le  dit  sieur  baron  se  voyant 
hors  d'espérance  de  guérison  a  ordonné  les  ausmônes 
suivantes,  savoir  :  cinquante  pistoUes  pour  l'hospital 
des  pauvres  de  la  ditte  ville  de  Jargeau, cent  pistolles  pour 
l'hospital  de  ia  ditte  ville  de  Chambéry,  pour  estre  les 
dittes  sommes  mises  en  fonds  de  rente  au  soulagement 
des  pauvres  des  dits  hospitaux.  Autres  (cinquante  pis- 
tolles aux  pères  du  couvent  de  Sainte-Marie-les-Cham- 
béry,  pour  être  appliquées  à  une  notable  réparation  du 
dit  couvent,  les  quelles  sommes  ci-dessus  le  dit  déffunct 
sieur  baron  de  la  Valdizère  a  ordonné  être  donné  du 
plus  liquide  de  ses  biens,  oultre  et  par  dessus  les  dons 
et  les  ausmônes  qu'il  a  laissé  à  la  charge  de  ses  héritiers. 
Lesquels  doncs  cy-dessus  ont  esté  faicts  par  icelluy  ba- 
ron de  la  Valdizère,  estant  en  bon  sens  et  lesquels  il  ne 
put  signer  à  cause  que  sa  main  dextre  était  déjà  tombée 
en  paralizie,  comme  peu  de  temps  après  elle  fut  entiè- 
rement perdue.  Ce  que  les  assistants  jurent  et  affirment 
comme  dessus,  comme  moy  notaire  enfois  (en  fais)  le 
semblable  y  estant  présent  et  ayant  esté  appelé  pour 
transcrire  l'intention  du  sieur  delà  Valdizère. Dont  lettre 
fait  régulièrement  en  présence  de  vénérable  et  dévote 
personne,  M'^  André  Adam,  prestre,  demeurant  au  dit 
Jargeau,  et  Simon  Desfriches,  temoings.  La  minute  des 
présentes  est  ainsy  signée  :  Lebrun,  relig.  cord.,  S'"  de 
Montfalcon,  A.  Adam  et  Deleslang,  notaire. 

Comme  on  le  voit,  l'expédition  seule  de  l'acte 


XXXIII 

est  ici  transcrite.  Nous  la  devons  à  l'obligeance 
d'un  de  nos  compatriotes,  M.  Hannion^  adminis- 
trateur de  l'Hôtel-Dieu  de  Jargeau.  Quant  à  la 
minute  elle-même,  elle  se  trouve  manifestement 
dans  l'élude  du  notaire  de  Jargeau^  qui  compte 
M.  Delestang  au  nombre  de  ses  prédécesseurs. 
Les  registres  des  receptes  et  mises  de  l'hostel- 
Dieu  de  Jargeau  que  nous  avons  compulsés  récem- 
ment ne  nous  ont  fourni  aucune  indication  ni  sur 
le  séjour  du  baron  de  la  Valdizère,  ni  sur  les 
soins  qu'auraient  reçus  d'autres  soldats  du  régi- 
ment de  Carignan. 

Les  membres  de  la  Société  d'histoire  sont  mieux 
placés  c[ue  nous  pour  étudier  la  biographie  des 
personnages  qui  figurent  dans  l'acte  de  1652. 
Déjà  l'honorable  président  de  cette  Société  a  eu 
la  gracieuseté  de  nous  communiquer,  dans  cet 
ordre  d'idées,  des  notes  précieuses  cjue  nous  uti- 
liserons pour  l'histoire  de  Jargeau.  Qu'il  nous  per- 
mette  de  lui  en  exprimer  nos  vifs  remerciments. 

Paul  Leroy, 

Docteur  en  droit,  ancien  magistrat. 

Pour  déférer  au  désir  exprimé  par  notre  savant 
correspondant, M. Mugnier  a  recueilli,  sur  les  per- 
sonnages indiqués  dans  les  dernières  dispositions 
du  baron  de  la  Val  d'Isère,  les  notes  qui  suivent. 

Le  père  Bonaventure  Lebrun^  religieux  de  St- 
François,  docteur  en  théologie  de  la  Faculté  de 
Paris,  natif  de  Chambéry,  était  sans  doute  un 
moine  de  cette  ville. 

3 


XXXIV 

Il  y  avait  alors  à  Chambéry  deux  couvents  de 
Franciscains  :  l'un,  le  plus  ancien,  qui  possédait 
pour  église  le  beau  monument  qui  est  devenu  la 
cathédrale  de  Chambéry  ;  l'autre,  de  la  régulière 
observance,  dit  de  Sainte-Marie-Egyptienne  et 
dont  les  bâtiments  ont  été  convertis  en  hôpital 
militaire  (l).  Ce  dernier  avait  été  le  3  septembre 
1574  l'objet  d'une  donation  importante  faite  par 
l'évêque  de  Genève-Annecy,  Ange  Justinien,  des- 
tinée à  envoyer  à  Paris  de  jeunes  religieux  sa- 
voyards de  l'Observance,  etâ  les  y  entretenir  aux 
études  de  l'Université  (2).  Parmi  les  moines  de  ce 
couvent  qui  furent  docteurs  de  Paris,  le  P. 
Fodéré  cite  les  frères  Michel  Trépier  et  Claude 
Gallesius  (3).  C'est  certainement  h  cette  maison 
que  le  Père  Lebrun  appartenait,  car  la  donation  de 
cent  pistoles  contenue  au  testament  est  faite  au 
couvent  de  Sainte-Marie-Egyptienne,  et,  d'autre 
part,  le  nom  de  Lebrun  ne  figure  pas  à  l'obituai- 
re  des  Mineurs  conventuels  ou  non  réformés. 

Le  Père  Lebrun  était,  au  carême  do  165.2,  pré- 
dicateur à  Jargeau,  mais  il  pouvait  être  en  même 
temps  chapelain  au  régiment  de  Carignan, comme, 

(1)  Voir,  sur  le  premier,  la  notice  de  M.  François  Rabut, 
les  Franciscains  et  leur  obituaire,  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  savois.  d'histoire,  tome  VI.  Ce  couvent,  fondé  vers 
1470,  était  une  filiation  de  celui  de  Myaus  ;  il  fut  érigé  en 
monastère  séparé  par  bulles  d'Alexandre  VI  du  17  décembre 
1494.  (Le.P.  Fodéré,  loc.  cit.,  p.  939,  913.)  —  Les  La  Val- 
disère  y  eurent  leur  tombeau. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  savois.  cl'hist.,  t.  III,  p.  Il 8. 

(3)  Narration  historique  et  topographique,  p.  930,  951. 


XXXV 


un  peu  plus  tard,  le  père  Bernardin  Caton  des  Mi- 
neurs conventuels  le  fut  dans  les  armées  de 
Louis  XIV  (1). 

La  famille  de  Charbonneau  était  du  Dau- 
pliiné  (2).  Ignace  et  Jean-Louis  de  Charbonneau, 
fils  de  Pierre,  prirent  du  service  en  Savoie  et  y 
reçurent  des  patentes  de  noblesse  le  25  août  1659. 
Ils  étaient  alors^  ou  tout  au  moins  en  1660,  capi- 
taines dans  un  régiment  de  Savoie  au  service  de 
la  République  de  Venise,  et  furent  tués,  Ignace 
en  1664  dans  une  affaire  contre  les  Turcs,  Jean- 
Louis,  en  1672  dans  une  expédition  à  Savone  (3). 

C'est  certainement  l'un  d'eux  qui  était,  en  1652, 
lieutenant  au  régiment  de  Carignan  et  qui  assista 
aux  derniers  moments  de  son  colonel,  le  baron  de 
la  Valdisère, 

Le  sieur  de  Montfalcon,  conseiller  et  secrétaire 
de  Mgr  l<i  prince  Thomas  de  Savoie,  pouvait  être 
un  fils  de  François  de  Montfalcon  nommé  Prési- 
dent à  la  Chambre  des  Comptes  de  Savoie,  par 
patentes  du  l"""  avril  1624,  et  qui  eût,  en  1658, 
avec  le  sénateur  François  Crassus,  une  assez  sotte 
aventure  (4).  Ce  François  de  Montfalcon  remplit 

(1)  Obituaire,  p.  39. 

(2)  De  Sainte-Marie-d'Alloix^  au  mandement  de  la  Buis- 
sière,  tout  près  de  la  Savoie.  (A.  de  Foras,  Armoriai  de 
Savoie,  t.  I",  p.  366.) 

(3)  Armoriai,  loc.  cit. 

(4)  Voir  BuRNiER,  Hist.  du  Sénat  de  Savoie,  II,  p.  48. 
En  1765,  on  trouve,  à  Chambéry,  François- Philibert  do 
Montfalcon,  comte  de  Saint-Pierre. (Registres  par.  de  Saint- 
Léger.) 


XXXVI 

aussi  quelques  missions  diplomatiques  pour  le  duc 
de  Savoie  (Galli  ;  Cariche  ciel  Pieinonte). 

Le  baron  de  la  Val  d'Isère,  qui  mourut  le 
!''•■  avril  1652,  à  Jargeau,  des  suites  d'une  blessure 
à  la  tête,  reçue  dans  le  combat  du  28  mars,  était 
Sigismond,  fils  de  Pierre  de  Duing-Mareschal,  ou 
de  Maréchal,  de  la  Valtl'Isère,  et  do  Jeanne  An- 
toine de  Locatel,  elle-même  fille  de  J.-B.  de  Lo- 
catel  et  baronne  de  Sainte-Hélène-des-Millières, 
Plusieurs  membres  de  la  famille  s'étaient  distin- 
gués au  service  militaire.  Sur  les  six  fils  de  Pierre 
de  Duin,  quatre  furent  tués  à  la  guerre  (1).  Jean- 
Baptiste,  l'aîné,  se  qualifie,  en  1G49,  de  comte  de 
la  Val  d'Isère,  vicomte  de  Tarentaise,  seigneur 
de  Combefort  (à  Saint -Pierre- de- Soucy,  près 
Montmélian)  et  du  Chastellard,  commandeur  et 
comte  des  AUinges,  gentilhomme  ordinaire  de  la 
Chambre  de  S.  A.  R,;  quant  au  second  fils,  Sigis- 
mond de  Duin  de  la  Val  d'Isère,  il  était  déjà,  en 
1648,  lieutenant-colonel  du  régiment  de  Mgr  le 
prince  de  Carignan,  et  maréchal  de  bataille  pour 
le  roi  de  France. 

Il  semble  que  les  quatre  plus  jeunes  frères 
étaient  déjà  morts  en  1645,  lorsque  Sigismond 
écrivit  à  un  ami  la  lettre  suivante  où  il  le  prie  d'in- 
tervenir auprès  de  François  de  Bertrand,  seigneur 
de  la  Pérouse,  premier  président  de  la  Chambre 
des  Comptes  de  Savoie,  pour  mener  à  bonne  fin 
un  projet  de  transaction  avec  son  frère  aîné. 

(1)  Renseignements  de  M. le  comtedeMareschaldeLueiane 


XXXVII 

Monsieur  mon  cher  ami 

La  confience  particulière  que  jay  tousiours  en  vous 
ma  faist  vous  remeistre  entièrement  mes  petis  interés  et 
sachant  mon  frère  le  comte  arrivé  a  Turin  je  me  suis 
soudain  donné  le  bien  de  laler  voir  et  de  la  a  quelque 
tamps  laiant  trouvé  tout  porté  de  bonne  volonté  a  me 
donner  ma  petite  part,  jay  aussi  correspondu  avec  autant 
de  franchise,  si  bien  que  jay  passé  une  procure  ample  à 
Ml'  le  Président  de  la  Perrouse  pour  faire  tout  ce  qu'il 
voudrat,  apreuvant  absolument  lentiere  définition  quil  en 
résoudrai,  et  parceque  je  nay  aucun  qui  représente  au  dit 
Si"  président  mes  raisons  que  vous,  comme  estant  du  tout 
informé  Jay  vouleu  vous  prier,  comme  je  fays  de  maider 
et  prier  mon  dist  S''  président  de  prendre  cette  peine  et 
mobliger  de  tout  comme  la  personne  que  jonhore  et  estime 
le  plus,  et  qui  a  tousiours  tesmoigné  dentretenir  une  bonne 
union  dans  nostre  maison,  faittes  doncque  mon  cher  ami 
ma  partie  et  tout  ce  que  commanderat  M .  de  la  Perrouse  ; 
je  lui  en  prie  aussi  par  une  mienne  [lettré)  ans  fins  quil 
me  veulie  prendre  en  sa  protection,  vostre  recommenda- 
tion  mi  aiderat  fort  et  les  soins  que  prendres  pour  moy 
desquels  je  ne  ceray  jamais  ingrast  puisque  je  vous  suis, 
Monsieur  vostre  très  ASfectionne  serviteur 

S.  DE  Lavaldisehe 

Jay  remis  la  procure  à  M^  mon  frère  le  comte.  Mes 
baise  mains  a  Madame  vostre  tante  à  laquelle  je  mande 
le  petist  chapelet  qui  ast  touclié  la  vierge  de  Vérone  (ou 
Levrone). 

De  Brice  ?  ce  15  juin  1645. 

Les  pourparlers  durèrent  assez  longtemps.  Ce- 
pendant la  transaction  eut  lieu  sous  les  auspices 
du  Premier  président.  Elle  fut  signée  à  Cliam- 


XXXVIII 


béry,dans  sa  maison,  le  19  août  1649, par  les  deux 
frères,  en  présence  de  François,  baron  de  la  Fié- 
chère,  gentilhomme  ordinaire  de  la  Chambre  de 
S.  A.  R.,  chevalier  de  l'Ordre  des  SS.  Maurice 
et  Lazare,  etc. 

Cette  transaction  avait  pour  objet  les  biens 
échus  à  Jean-Baptiste  et  à  Sigismond  dans  la  suc- 
cession de  leurs  père,  mère  et  frères  ;  il  y  avait 
encore  une  rente  sur  la  Maison  de  ville  de  Lyon, 
à  eux  léguée  «  par  une  damoiselle  Le  Roux,  leur 
grand'mère  ».  (Archives  du  Sénat  de  Savoie; 
Edits,  Bulles,  etc.  R.  41  ;  de  1646  à  1651.) 

Avant  d'aller  rejoindre  l'armée  royale  vers  la 
Loire,  Sigismond  de  la  Val  d'Isère,  cjui  avait  fait 
un  premier  testament  le  6  mars  1630  (au  temps  de 
l'invasion  de  la  Savoie  par  Louis  XIII  et  Riche- 
lieu), en  écrivit  de  sa  main  un  second,  daté  de 
Romans  (Daupbiné)  le  5  décembre  1651,  et  qui 
est  suivi  d'un  codicille  fait  en  présence  de  son 
confesseur,  de  M.  Vignon,  docteur  en  médecine, 
et  signé  Isabien,  chirurgien-major  du  régiment 
d'Uxelles.  Le  baron  y  fait  un  legs  «  au  chirurgien 
qui  lui  donne  le  premier  appareil  »  et  accorde 
«  la  lieutenance  de  Sainte-Hélène  à  M.  Charbon- 
neau  ))  (1).  Sigismond  de  la  Val  d'Isère  aurait-il 
alors  reçu  une  blessure  grave  dans  un  duel  ? 

Nous  n'avons  pas  retrouvé  dans  les  archives 
des  Hospices  de  Chambéry  la  trace  du  legs  fait  à 
Jargeau  le  1«''  avril  1652. 

(1)  Renseignements  de  M.  le  comtedeMareschalde  Luciane 


XXXIX 

Les  armes  des  Duing  sont  :  d'or  à  la  croix  de 
gueules  ;  celles  des  Mareschal,  de  gueules  char- 
gées de  trois  coquilles  cU argent  (Comte  A.  de 
Foras,  le  Blason^  verbo  coquilles). 

La  lettre  du  15  juin  1645  est  tirée  des  archives 
des  Hospices  civils  de  Chambéry,  où  nous  avons 
encore  rencontré  les  indications  suivantes  : 

1550.  —  Ratification  de  vente  de  servis,  hommages 
et  autres  tributs,  au  Bourg-Saint-Maurice,  accordée  par 
N.  Jean  de  Duing,  seigneur  de  la  Val  d'Isère  et  de 
Combefort,  à  Claude  Ginet. 

1585.  —  Constitution  d'une  rente  de  250  florins  par 
Jean-Claude  Mareschal  de  Duing,  seigneur  de  Combe- 
fort, baron  de  l'Hormoz,  au  profit  de  Jeanne  Gariod, 
sous  le  cautionnement  de  Jean  Granet  et  d'André  Mu- 
gnier,  châtelain  de  Montmélian. 

1627,  6  janvier. —  Louage  du  grefïe  de  labaronniede 
de  Sainte-Hélène-des-Millières,  à  me  Jacques  Taille- 
fert  (1),  procureur  au  baillage  de  Savoie,  au  prix  de 
250  florins,  par  haut  et  puissant  seigneur  messire  Char- 
les-Emmanuel de  Duing  dit  Mareschal  de  la  Valdisère, 
seigneur  et  baron  de  Sainte-Hélène-des-Millières,  che- 
valier de  l'Ordre  des  S  S.  Maurice  et  Lazare,  chambellan 
et  écuyer  de  Son  Altesse  Sérénissime,  etc. 

1629,  2  janvier.  —  Contrat  semblable,  en  présence  de 
François,  fils  de  feu  noble  Jean-François  Courtagis  ou 
Courtagies,  à  Sainte-Hélène  des-Millières. 

1636,  janvier  et  avril.  —  Quittance  par  le  môme 
Charles-Emmanuel...,    gentilhomme  de  l'Altesse  de 

(])  C'était  l'homme  d'affaires  do  la  famille. 


XL 


Monseigneur  le  Prince  Cardinal,  et  commandeur  de 


Bellerive...  II  signe  deux  fois  :  S.  Hélène  la.  valdisere. 


^o 


1637.  —  Au  château  de  Sainte-Hélène  (1).  Procura- 
tion à  m'3  Jacques  Taillefert,  par  Charles-Chrestien  de 
Duing  de  la  Val  d'Isère  (2),  seigneur  de  Combefort,  ma- 
jeur de  18  ans  et  mineur  de  25. 

1649.  —  Procès  au  baillage  de  Bugey  entre  Théodore 
Boccon,  procureur  de  la  Religion  des  SS.  Maurice  er. 
Lazare,  en  payement  de  la  pension  de  200  florins  due 
à  l'Ordre,  contre  n.  Jean-Baptiste  de  Duing,  dit  de  Ma- 
reschal,  comte  de  la  Val  d'Isère,  baron  de  Ternier,  hé- 
ritier de  R*!  dom  Pierre- François  de  Rossillon,  doyen 
de  l'église  de  N.-D.  d'Annecy^  et  commandeur  de  la 
Commanderie  des  Allinges,  dépendante  de  ladite  Reli- 
gion. 

A  propos  du  cardinal  Maurice  de  Savoie  et  du 
prince  Thomas  dont  les  noms  viennent  d'être 
rappeléSj  nous  croyons  utile  de  placer  ici  la  gé- 
néalogie de  la  Maison  de  Carignan  qui  ne  se  ren- 
contre pas  fréquemment  dans  nos  ouvrages  d'his- 
toire locale. 

(1)  Le  vaste  château  des  La  Val  d'Isère,  h  Sainte-Hclène- 
dcs-Millières  est  encore  debout.  On  voit,  dans  l'âtre  de  la 
cheminée  du  grand  salon,  une  plaque  do  fonte  aux  armes 
des  Duing,  des  Mareschal  et  des  Leseheraine.  Nous  avons 
donné  une  assez  longue  descrij)tion  du  château  de  Sainte- 
Hélène  dans  nos  Savoyards  en,  Angleterre  au  XIll" 
siècle. 

(2)  Il  était  le  premier  des  deux  fils  du  second  lit  de  Pierre 
de  Duing-Mareschal,  qui  avait  épousé  en  secondes  noces 
Anuo  de  Clerraont-Montolson. 


XLI 
GÉNÉALOGIE   DES    PrINCES  DE   CaRIGNAN 

Charles-Emmanuel  l'^i',  fils  du  duc  de  Savoie  Em- 
manuel-Philibert et  de  Marguerite  de  Valois,  eut  pour 
fils,  1»  le  duc  Victor-Amédée  l'^i',  marié  à  Chrestienne 
de  France,  fille  de  Henri  IV  ;  décédé  eu  1630  ; 

2°  Maurice,  dit  le  cardinal  Maurice,  qui  renonça  à  la 
pourpre  romaine  et  épousa  à  l'âge  de  50  ans  sa  nièce 
Louise  de  Savoie,  qui  n'en  avait  que  14;  il  moarut  en 
1658. 

3°  Thomas  (1)  prince  de  (îarignan  (fief  piémontais  à 
40  kilomètres  de  Turin),  marié  à  Marie  de  Bourbon, 
comtesse  de  Soissons,chef  de  la  branche,  décédé  en  1656, 
Ils  eurent  pour  enfants  : 

Emmanuel-Philibert,  marié  à  Angélique  d'Esté,  f  en 

i  1709. 

Victor-Amédée,  marié  à  Françoise  de  Suse,  f  en  1741. 

n 

Louis,        marié  à  Christine  de  Hesse,  f  en  1778. 

Victor-Amédée,  marié  à  Josèphe   de  Lorraine,  f  en 

\  1780. 

Charles-Emmanuel,  marié  à  Caroline  de  Saxe-Cour- 

I  lande,  f  en  1800^  à  Paris. 

Le  roi  Charles-Albert,  marié  à  Marie-Thérèse  de Tos- 

I       cane,  f  le  28  juillet  1819,  à  Oporto. 

Le  roi  Victor- Emmanuel  II,  marié  à  Marie-Adélaïde 

I  d'Autriche,!  le  9  janvier  1878,à  Rome. 

Le  roi  Humbert  l^^\  aujourd'hui  régnant  au  Quirinal. 

Eugène-Maurice,  le  second  fils  du   prince  Thomas, 

(l)Le  Musée  de  tableaux  de  Turin  possède  un  magtiificjue 
portrait  du  prince  Thomas,  peint  par  Van  Dick. 


XLII 

avait  épousé  Olympe  Mancini,  nièce  de  Mazarin  ;  ils 
eurent  pour  fils  François-Eugène,  dit  le  Prince  Eu- 
gène, né  à  Paris  en  1663,  mort  sans  alliance,  à  Vienne, 
en  1736. 

M.  Mugnier  analyse  un  acte  de  reconnaissance 
d'emphytéose  perpétuelle  en  faveur  du  chevalier 
de  RhodeSj  frère  Vincent  Malletj  commandeur 
de  SavoiCj  pour  une  vigne  située  au  Molard  de 
Chaux,  c'est-à-dire  non  loin  de  Chambéry,  près 
de  la  Madeleine,  entre  les  deux  routes  qui  con- 
diusent  à  Montmélian. 

L'an  du  Seigneur  1452,  indiction  15''  et  le  14  novem- 
bre à  l'instance,  postulation  et  requête  de  moi  Pierre 
Durand  de  Mugnet  en  Verromeis,  paroisse  de  Virieu- 
le-Peiit,  diocèse  de  Genève,  clerc,  notaire  et  commis- 
saire spécial  en  cette  partie,  au  nom  et  pour  le  besoin 
de  spectable  et  égrège  chevalier  le  seigneur  et  frère  Vin- 
cent Malet,  précepteur  de  Savoie  et  de  la  Maison  de 
Saint  Jean  du  Temple  de  Chambéry,  ordre  de  St-Jean 
de  Jérusalem,  et  de  ses  successeurs  dan>  cette  Maison.... 
s^est  constitué  discret  homme  Humbert  Bernard,  notaire, 
de  Bourg,  habitant  de  Chambéry,  qui....  spontané- 
ment.... reconnaît  tenir  en  emphytéose  perpétuelle  du 
dit  précepteur  et  provenant  de  son  domaine  direct,  ainsi 
qu'il  l'a  déjà  reconnu  entre  les  mains  de  discret  Jacques 
Malet,  une  vigne  de  dix  fosserées  située  au  Molard-de- 
Chaux,  in  molario  de  calcibus,  sous  le  servis  annuel  et 
pe':-pétuel  d'un  denier  fort,  etc.,  etc. 

Actum  Chamberiaci  in  domo  tompli  sancti  Johannis 
predicti,  presentibus  domino  Petro  de  Nante,  presbitero, 
discrète  viro  Mauricio  Carrati  et  Anthonio  Girodi,  alias 


XLHI 


Costa,  de  Machiaco.  Et  me  Petro  Durandi,  de  Mn- 
gneto,  notario,  etc. 

(Arcliives  des  hospices  civils  de  Cliambéry.) 

M.  Antony  Dessaix  envoie  à  la  Société  le  ma- 
nuscrit d'une  Bévue  de  Chamhéry  qu'il  a  fait 
jouer,  il  y  a  quelques  années,  sur  le  théâtre  de 
cette  ville.  La  pièce  de  notre  collègue,  pleine 
d'humour  et  d'entrain,  sera  pour  nos  successeurs 
un  document  bien  précieux  à  consulter. 


Séance  du  8  janvier  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.j 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est 
adopté  après  lecture. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  d'une  lettre  du  25 
décembre  dernier  par  laquelle  M.  Charles  Buet, 
le  célèbre  écrivain  savoisien,  écrit  au  Président, 
à  propos  de  la  publication,  au  tome  XXXI  de  nos 
Mémoires,  de  diverses  pièces  concernant  notre 
compatriote  le  voyageur  Brun-RoUet  : 

Je  possède  le  journal  intime  et  quantité  de  manuscrits 
d'Alexandre  Vaudey  et  des  frères  Poncet.  Je  n'ai  mal- 
heureusement pas  le  temps  d'étudier  ces  documents  oii 
se  trouvent  des  choses  intéressantes.  Mais  si  l'un  des 
membres  de  votre  Société  avait  le  désir  de  s'occuper  de 
cette  si  curieuse  personnalité,  je  mettrais  volontiers  tous 
les  papiers  à  sa  dis[)Osition,  ainsi  que  des  cartes,  por- 
traits et  autres  documents. 

La  réunion  remercie  M.  Buet  de  son  offre  gra- 


XLIV 

cieuse.  Elle  sera  sans  doute  mise  à  profit  par  quel- 
que sociétaire. 

M.  Mugnier  fait  don  à  la  Société  :  1°  d'une 
ordonnance  de  la  Chambre  des  Comptes  de  Sa- 
voie, du  8  novembre  1554,  rendue  au  nom  de 
François  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  pair  et  grand 
chambellan  de  France,  lieutenant  général  pour  le 
Roy  en  Savoie,  à  la  requête  de  Marie  d'Alex, 
veuve  d'André  Brocquier,  écuyer  ;  2°  d'une  pa- 
tente (sur  parchemin)  de  notaire,  délivrée  à  Tu- 
rin le  26  mai  1819,  à  François-Paul  Ramus,  de 
Rumilly,  par  le  roi  de  Sardaigne,  Victor- Em- 
manuel P''. 

Le  même  membre  signale  aux  archives  de  la 
Société  l'original  ayant  appartenu  à  Richard  II  de 
la  Chambre,  vicomte  de  Maurienne,  de  la  tran- 
saction intervenue  le  8  des  calendes  de  février 
1309  (25  janvier),  entre  ce  seigneur  et  Amédée  V, 
comte  de  Savoie,  au  sujet  de  l'œuvre  de  la  jus- 
tice dans  la  Maurienne.  Ce  véritable  traité  a  été 
analysé  par  Léon  Ménabréa  dans  son  vaste  ou- 
vrage de  V Origine  des  Fiefs  dans  les  Alpes  oc- 
cidentales, p.  401,  et  le  texte  latin  en  a  été  pu- 
blié en  1833  par  M.  Louis  Cibrario  au  tome 
XXXVI  des  Mémoires  de  l'Académie  royale  de 
Turin.  Le  savant  historien  a  sans  doute  eu  sous 
les  yeux  le  double  original  délivré  au  comte  de 
Savoie. 

Les  sceaux  des  deux  contractants,  qui  pen- 
daient à  la  charte,  ont  disparu. 


XLV 

M.  Jean  Lé  tanche  envoie  une  étude  sur  l'Hôpi- 
tal d'Yenne  ;  la  réunion  décide  qu'elle  sera  pu- 
bliée dans  le  tome  XXXII  des  Mémoires. 

M.  Jules  Guigues  présente  le  travail  suivant  : 

Projet  de  la  fête  civique  du  20  prairial  an  ii 

DE  LA  République  française 

A    Saint -Pierre    d'Albigny. 

Parmi  les  nombreux  décrets,  plus  ou  moins  en 
faveur  du  progrès  et  de  la  civilisation,  que  rendit 
la  Convention  nationale,  du  22  septembre  1792 
au  26  octobre  1795,  il  en  est  deux  qui  méritent 
d'être  signalés  : 

1°  Décret  concernant  la  fête  de  la  déesse  Rai- 
son, 20  brumaire  an  II. 

Après  avoir  décrété  l'abolition  du  culte  catholi- 
que dans  toutes  les  églises  de  Paris  et  de  la  pro- 
vince, on  institua  celui  de  la  déesse  Raison.  Hé- 
bert et  Chaumette  furent  les  promoteurs  de  cette 
transformation.  Les  grands  historiens  delà  Révo- 
lution française,  Miche let  entre  autres,  ont  déjà 
jugé  sainement  et  apprécié  à  sa  juste  valeur  l'acte 
plus  ou  moins  fantaisiste  des  Citoyens-Législa- 
teurs de  cette  époque  heureusement  transitoire. 
On  connaît  dans  tous  les  détails  les  fêtes  célébrées 
dans  l'église  de  Notre-Dame  de  Paris,  convertie 
en  temple  de  la  Raison.  La  divinité  était  repré- 
sentée par  une  femme. 

Les  fondateurs  du  nouveau  culte,  dit  Michelet 
(Histoire  de  la  Révolution,  tome  V,  page  430), 


XLVI 


recommandaient  «  de  choisir  pour  un  rôle  si  au- 
guste des  personnes  dont  le  caractère  rende  la 
beauté  respectable,  dont  la  sévérité  des  mœurs  et 
des  regards  repousse  la  licence  et  remplisse  les 
cœurs  de  sentiments  honnêtes  et  purs.  » 

Ce  furent  spécialement  des  demoiselles  de  fa- 
milles estimées  qui,  de  gré  ou  de  force,  devaient 
représenter  la  Raison. 

A  Notre-Dame  de  Paris,  le  choix  fut  porté  sur 
M"^  Maillard,  artiste  illustre,  aimée  et  estimée  de 
tout  le  monde  parisien, 

«  Jusqu'ici,  disait  le  citoyen  Ghaumette,  les 
((  voûtes  ont  été  frappées  de  la  voix  de  l'erreur  ; 
((  jusqu'ici  on  a  offert  des  sacrifices  à  de  vaines 
«  images,  à  des  idoles  inanimées  ;  aujourd'hui 
«  c'est  un  chef-d'œuvre  de  la  nature  que  nous 
«  avons  choisi  pour  représenter  la  divinité;  plus 
«  de  prêtres,  plus  d'autres  dieux  que  ceux  que  la 
«  nature  nous  offre.  » 

Voilà  du  pur  matérialisme  qui  ne  devait  pas 
être  de  nature  à  conserver  la  raison  à  ceux  qui 
faisaient  un  dieu  de  cette  même  Raison  sous  l'é- 
gide de  laquelle  le  peuple  devait  être  régénéré. . . 

2°  Fête  en  Vlionneur  de  l'Être  suprême,  20 
prairial  an  II  (10  juin  1794), 

Robespierre,  arrivé  au  pouvoir  et  briguant  le 
rôle  de  dictateur,  fut  jaloux,  disent  les  historiens, 
du  succès  de  ses  devanciers  ;  mais  en  lutte  avec 
les  divers  partis  qui  lui  faisaient  ombrage,  il  ré- 


XL  vil 

sol  ut  d'entrer  dans  la  voie  de  rapprochement  en- 
tre les  trois  forces  collectives  en  jeu  :  les  Jacobins, 
le  parti  militaire  et  le  clergé.  Il  sentait  qu'il  avait 
besoin  de  l'appui  de  ces  trois  éléments  réunis 
pour  arriver  à  son  but.  Il  flétrit  les  récentes  doc- 
trines pratiquées  dans  le  temple  de  la  Déesse  de 
la  Raison  (1),  réorganisa  les  fêtes  nationales  ré- 
clamées par  le  peuple  et  fonda  un  simulacre  de 
religion. 

Il  décréta  qu'il  serait  célébré,  dans  Paris  et 
dans  toutes  les  villes  de  province,  une  fête  civi- 
que  en  l'honneur  de  l'Etre  suprême. 

Cette  fête  devait  être  célébrée  le  20  prairial  an 
II  (10  juin  1794). 

«  Nulle  fête,  dit  Michelet  (tome  VI,  page  247), 
«  n'excita  jamais  une  si  douce  entente  ;  nulle  ne 
«  fut  célébrée  avec  tant  de  joie.  La  guillotine 
«  disparut  le  19  prairial  au  soir.  On  crut  que 
«  c'était  pour  toujours.  Une  mer  de  fleurs  inonda 
«  Paris  :  les  roses  de  vingt  lieues  à  la  ronde  y 
«  furent  apportées  et  des  fleurs  de  toute  sorte 
«  pour  fleurir  les  maisons  et  les  personnes  d'une 
«  ville  de  sept  cent  mille  âmes » 

Ce  qui  se  passa  en  grand  à  Paris  eut  son  écho  en 
province. 

Si,  depuis  la  grande  ville  jusqu'à  la  dernière 
bourgade,  cette  fête  à  l'Etre  suprême  fut  célébrée, 

(1)  C'est  cette  divergence  d'opinions  qui  nous  a  amené  à 
parler  du  décret  du  20  brumaire  an  II. 


XLVIII 

il  en  est  bien  peu  dont  le  souvenir  ait  été  conservé, 
soit  par  la  tradition,  soit  par  l'insertion  du  fait 
dans  les  registres  municipaux. 

Nous  avons  été  assez  heureux  de  mettre  la 
main  sur  un  manuscrit  relatif  à  cette  fête  civique, 
conservé  dans  les  archives  de  la  commune  de 
Fréterive.  C'est  le  programme  détaillé  de  cette 
manifestation  organisée  à  Saint-Pierre  d'Albigny. 
Ce  programme  (plan  ou  prospectus  comme  on 
l'appelait  alors)  adressé  aux  citoyens  maire  et 
officiers  municipaux  de  Fréterive,  pour  lui  donner 
la  plus  grande  publicité,  était  accompagné  d'une 
lettre  émanant  de  la  commission  d'organisation 
de  la  fête. 

Ce  sont  ces  deux  documents,  reproduits  ci-après 
in  extenso j  qui  nous  ont  amené  à  la  digression 
historique  qui  précède.  Nous  en  sommes  redeva- 
bles à  la  gracieuseté  de  M.  Ch.  Rey,  le  dévoué  et 
synîpathique  maire  de  Fréterive. 

I 

Convocation    faite  par  la  Commission  de  la  fête 

CIVIQUE  DU  20  prairial,  an  II,  AUX  CITOYENS  MAIRE  ET 
OFFICIERS  MUNICIPAUX  DE  LA  COMMUNE  DE  FrÉTERIVE. 

D'Albigny,  ce  17^  prairial  an  2^^  de  la  république 
une,  indivisible  et  démocratique. 

Citoiens, 

Au  cas  que  les  circonstances  ne  vous  permettent  pas 
de  célébrer  dans  votre  commune  la  fête  de  l'Etre  Suprê- 
me qui  doit  avoir  lieu   décady  prochain,  20  du  cou- 


XLIX 

rant,  nous  vous  invitons,  citoiens,  à  vous  joindre 
à  celle  qui  doit  se  célébrer  dans  ce  chef-lieu  de  Can- 
ton ;  nous  joignons  icy  un  extrait  du  prospectus  à  fin 
que  vous  y  donniés  la  plus  grande  publicité  pour  que 
vous  puissiés  plus  aisément  vous  adjoindre  le  plus  grand 
nombre  de  vos  concitoiens  nos  frères  ;  vous  réunirés 
vos  ressources  aux  nôtres  pour  célébrer  cette  fête  d'une 
manière  digne  de  l'Etre  suprême  et  du  but  que  la  Con- 
vention s'est  proposée  en  la  décrétant.  Ce  plant  a  été 
approuvé  par  cette  Municipalité. 

Salut  et  fraternité.  Vive»la  République  ! 

P.  La  Commission^  poiœ  lorganisation  de  lad'^  fête. 

Signé:  J,-M.  Mollot. 

II 

Plan  de  la  Fête  Civique  qui  doit  se  célébrer  le 
20*^  prairial  an  2''  de  la  République. 

La  fête  sera  commencée  par  trois  salves  d'artillerie, 
trois  autres  coups  seront  tirés  le  matin  au  lever  de  l'au- 
rore pour  annoncer  au  peuple  que  le  moment  est  venu 
auquel  il  doit  se  rendre  au  Champ  de  mars  (cy  devant 
place  d'arme)  pour  se  disposer  à  la  fête  dédiée  à  l'Etre 
suprême. 

Là  on  travaillera  à  mettre  un  ordre  à  la  marche  que 
l'on  tiendra  pour  se  rendre  au  temple,  ainsi  que  suit  : 

D'abord  la  marche  sera  ouverte  par  deux  gendarmes 
à  cheval  et  un  piquet  de  gardes  nationales  armée. 

Suivront  les  municipalités  et  autres  autorités  consti- 
tuées du  canton  revêtues  de  leurs  insignes,  marchand 
deux  à  deux  dans  un  heureux  mélange  qui  indiquera  la 
fraternité  et  l'ermonie  qui  doit  régner  entre  des  répu- 
blicains . 

4 


Marcheront  ensuite  le  plus  grand  nombre  d'enfants 
que  Ton  pourra  recueillir  vêtus  en  blanc,  portants  soit 
des  corbeilles  plaines  de  fleurs,  soit  des  guirlandes  de 
verdure  ;  on  les  choisira  d'un  âge  te!  que  le  caractère 
d'inocence  dont  ils  sont  encore  revêtus  rende  à  la  divi- 
nité un  hommage  vraiment  digne  d'elle  et  qui  ne  peut 
que  lui  être  agréable. 

Les  sans  culottes  jacobins  suivront  les  jeunes  gens. 

Paraîtront  ensuite  les  pères  et  mères  des  delïenseurs 
de  la  patrie  qui  ont  déjà  répendu  ou  qui  rependent  encore 
leur  sang  pour  consolider  n^tre  liberlé,  en  observant  de 
donner  le  premier  rang  aux  parents  de  ceux  (jui  l'ont 
déjà  rependus. 

Suivra  ensuite  la  masse  imposante  du  peuple  dans 
l'ordre  suivant  : 

Les  pères  de  famille  mèneront  leurs  enfants  malles 
au  devant  d'eux  en  ligne  ;  les  mères  observeront  le 
même  ordre  à  légard  de  leurs  filles  ;  ce  qui  formera  deux 
colonnes  qui  devront  marcher  l'une  à  côté  de  l'autre,  et 
qui  seront  l'une  et  l'autre  terminées  par  les  viellards  de 
leur  sexe,  sexagénaires  et  audessus. 

La  marche  sera  terminée  par  un  second  piquet  de 
garde  nationale  et  par  les  autres  gendarmes  à  cheval. 

A  neuf  heures  une  salve  d'artillerie  annoncera  le  mo- 
ment de  la  marche  pour  se  rendre  au  temple  de  l'être 
suprême. 

Un  orateur  sur  la  place  môme  annoncera  le  sujet  de 
la  fête  et  fera  quelques  petits  détails  sur  les  motifs  qui 
ont  sollicité  le  décret  de  la  Convention. 

Delà  le  cortège  se  rendra  au  temple  en  chantant  diffé- 
rentes hymnes  civiques. 

On  observera  en  rentrant  au  temple  de  maintenir  le 
même  ordre  autant  qu'il  sera  possible. 


Ll 

Les  jeunes  enfanis  auront  soin  à  Tentrée  de  ce  même 
temple  de  répendre  leurs  fleurs  à  droitte  et  à  gauche 
sur  le  parvis  du  temple  pour  rendre  hommage  à  la 
divinité. 

Là  un  orateur  gravira  la  montagne  sainte  pour  y  pro- 
noncer un  discours  qui  en  nous  présentant  la  divinité 
sous  le  seul  aquit  digne  d'elle  et  que  tout  homme  raison- 
nable peut  lui  donner,  fasse  en  même  tems  connaître 
au  peuple  le  rédicule  des  erreurs  dans  lesquelles  le  fana- 
tisme la  plongé  jusqu'à  ce  moment,  lequel  discours  finira 
par  une  prière  à  l'êlre  suprême. 

Ensuitte  on  entonnera  quelques  chants  patriotiques 
que  l'on  continuera  dans  la  marche  que  l'on  devra  pren- 
dre alors  pour  se  rendre  au  champ  de  mars  dans  le 
même  ordre  que  cy  dessus. 

Arrivé  là  après  avoir  chanté  l'himne  marseillaise  au- 
tour de  l'arbre  de  la  liberté  vert  qui  sera  planté  à  cet 
eflfet  un  membre  du  conseil  général  de  cette  Commune 
prendra  la  ])arole  pour  faire  sentir  aux  parents  de  nos 
généreux  défenseurs  leur  auguste  qualité  et  combien 
nous  leur  sommes  redevables  et  ensuite  on  leur  distri- 
buera les  secours  accordés  par  la  loi. 

Les  récompenses  étant  distribuées  on  commencera 
sur  la  place  même  et  dans  une  fraternelle  confusion, 
une  farandole  qui  conduira  tous  les  citoiens  au  banquet 
civique  pour  lequel  ks  tables  seront  dressées  dans  les 
champs  élisées  (appelle  cy  devant  pre  de  Miolans),  et 
auquel  chaque  citoyen  est  invité  à  contribuer  de  la  façon 
qu'il  le  pourra,  en  observant  que  les  citoyens  aisés  doi- 
vent suppléer  au  défaut  des  pauvres. 

Le  repas  ainsi  que  la  fête  seront  terminés  par  une 
farandole  et  encore  un  coup  de  canon  qui  annoncera  la 
clôture.  —  Par  extrait,  signi  :  J.-M.  Mollot. 


LU 


La  réunion  décide  que  l'étude  historique  lue 
par  le  président  de  la  Société  au  dernier  congrès 
des  Sociétés  savantes  de  la  Sorbonne  :  L'Expé- 
dition du  Concile  de  Belle  à  Constaniinople 
en  1^37,  sera  imprimée  au  tome  XXXII  de  nos 
Mémoires.  Elle  a  une  grande  importance  pour 
notre  histoire  locale  et  complète  heureusement  ce 
que  notre  président  honoraire,  M.  François  Rabut, 
avait,  en  1859,  et  dans  notre  tome  III,  rapporté 
déjà  sur  cette  entreprise  des  Pères  du  Concile 
pour  arriver  à  l'union  de  l'Eglise  grecque  avec 
l'Eglise  latine.  Au  reste,  sa  publication  au  Bulle- 
tin du  Comité  des  Travaux  historiques  ne  l'a  pas 
mise  à  la  portée  de  tout  le  monde,  et  M.  Mugnier 
se  propose  do  donner  des  développements  nou- 
veaux à  ce  qu'il  a  écrit  sur  Nicod  de  Menthon, 
qui  fut  le  capitaine  de  l'expédition,  et  sur  quel- 
ques autres  circonstances  importantes  de  sa  vie. 


Séance  du  5  février  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu 
et  adopté. 

La  Société  a  reçu  en  don  de  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  un  nouveau  volume  des 
Lettres  dePeiresc  aux  frères  Dupuy. 

M.  Mugnier  présente  une  bulle  de  Benoît  XIV, 
du  17  des  calendes  de  décembre  1727,  ordonnant 


LUI 

aux  religieux  et  vassaux  de  l'abbaye  de  Sixt  en 
Faucigny,  d'obéir  à  l'abbé  commenda taire  Char- 
les-Joseph de  Valpergue. 

Ces  bulles  paraissent  avoir  été  retenues  par  le 
Sénat  de  Savoie  comme  contraires  aux  lois  do 
notre  pays. 

16  novembre  1727  (1). 

Benedictus  episcopus  servus  servorum  Dei  dilectis 
fiiiis  vassallisque  monasterii  Sancle  Marie  deSitzGeben- 
nensis  diocesis  salulem  et  apostolicam  benedictionem. 
Hodie  monasterium  abbativum  nuncupatum  Saacte 
Marie  Sixt  vulgo  de  Sitz  Ordinis  Sancti  Augustin!  Ca- 
nonicorum  regularium  Gebennensis  diocesis  certo  tune 
expresso  modo  illius  commenda  cessante  vacans  dilecto 
fîlio  Carolo  Joseplio  Valpergue  presbitero  Tarantha- 
siensis  diocesis  per  eum  quoad  vixerit  tenendum  regen- 
dum  et  gubernandum  de  fratrum  nostrorum  consilio 
apostolica  auctoritate  commendavimus  curam  regimen 
et  admiuistrationem  dicti  Monasterii  et  in  spiritualibus 
et  temporalibus  plenarie  committendo  prout  in  nostris 
inde  confectis  litteris  plenius  continetur.  Quocirca  uni- 
versitati  vestre  per  apostolica  scripta  mandamus  quatenus 
eumdem  Carolum  Josephum  commendatarium  dévote 
suscipientes  et  débiter  bonorificenter  prosequentes  et 
fidelitatem  solitam  nec  non  consueta  servilia  et  iura  sibi 
a  vobis  débita  intègre  exhibere  studeatis  alioquin  sen- 
tentiam  sive  penam  quam  ipse  Carolus  Joseplius  com- 
mendatarius  rite  tulerit  vel  statuerit  in  rebelles  ratam 
habebimus  et  faciemus  auctore  Domino  usque  ad  satis- 
factionem  condignam  inviolabiliter  observari. 

(1)  Archives  du  Sénat  de  Savoie,  sous  la  rubrique  :  pièce 
à  déchiflrer. 


LIV 

Dat.  Rome  aputl  Sanctum  Petrum  anno  Incarnationis 
dominice  Millesimo  septingintesimo  vigesimo  septimo 
sexto  Kalendas  decembris,  Pontificatus  nostri  anno 
quarto. 

Villa  Soderinus 

A.  Larracinus  A.  Caraffa 

Pontius  Mosu. . .  secretarius  Sur  le  repli  : 

J.  Orengue?  (1) 

Le  mémo  membre  lit  la  notice  suivante  ; 
Attibution   de    la    perception 

DE  LAODS  ET  VENTES  PAR  LE  COMTE  DE  SaVOIE,  AmÉDÉE  V, 
AU    SIRE    DE    LA    RoCHETTE. 

On  sait  que  si,  le  15  mai  1232,  le  comte  de 
Savoie,  Thomas  P^'^  acheta  de  Berlion  le  bourg  de 
Chambéry,  le  château  de  la  petite  ville  resta  entre 
les  mains  de  Berlion  qui  le  vendit^  avant  1255,  à 
Othmar  Alamand.  Thomas  II,  comte  de  Flandre, 
fils  de  Thomas  P'',  ayant  payé  diverses  dettes 
pour  Othmar,  celui-ci,  le  12  mai  1255,  dans  le 
château  de  Chambéry,  se  reconnut  débiteur  du 
comte  de  626  livres  viennoises,  pour  la  sûreté 
desquelles  il  dut  donner  hypothèque  sur  le  châ- 
teau même.  Le  contrat  fut  ratifié  par  Marguerite, 
femme  d' Alamand,  et  par  leurs  fils  Oddon  et 
Henri. 

(1)  C'est,  scmble-t-il,  le  nom  de  celui  qui  a  écrit  le  bref 
avec  ces  caractères  bizarres  adoptés  dans  la  chancellerie  ro- 
maine^  et  qui  a  dessiné  les  ornements  placés  au-dessus  de  la 
première  ligne. 


LV 

Nous  ignorons  comment  la  dette  fut  remboursée  ; 
peut-être  à  l'aide  d'un  emprunt  fait  au  seigneur 
de  la  Rochette  par  la  famille  Alamand.  L'on 
trouve  en  effet  François  de  la  Rochette,  fils  de 
Guigues,  et  sa  femme  Béatrix,  propriétaires  du 
château  de  Chambéry,  de  son  mandement  et  de 
sa  vicomte,  le  6  février  1295  ;  il  les  échangèrent 
avec  le  comte  de  Savoie^  Amédée  V,  contre  un 
revenu  de  100  livres  viennoises,  assigné  sur  des 
immeubles  dans  les  mandements  de  la  Rochette 
et  d'Aiguebelle,  outre  un  capital  de  240  livres  (1). 

C'est  comme  corollaire  de  cet  acte  d'échange 
que,  dans  la  petite  charte  qui  suit,  datée  du 
premier  dimanche  de  carême  1259,  Amédée  V 
ordonne  â  ses  châtelains  d'Aiguebelle  et  de  la 
Rochette,  de  laisser  percevoir  par  François  de  la 
Rochette  et  Béatrix,  les  laods  et  ventes  qui  se- 
ront dus,  lors  de  l'aliénation,  par  les  détenteurs 
des  fiefs  sur  lesquels  est  hypothéquée  la  rente  de 
cent  livres  stipulée  dans  le  contrat  du  6  février. 

Cette  petite  pièce  est  fort  bien  conservée,  mais 
le  sceau  qui  pendait  à  une  languette  détachée  du 
parchemin  a  été  arraché  et  perdu. 

Le  Bourget,  février  1295  (2). 

Amedeus  cornes  Sabaudie  dilectis  suis  castellanis 
Aquebelle  et  Rupecule  qui  nunc  sunt  et  qui  pro  tem- 

(1)  Voir,  au  t.  V  des  Mémoires  de  la  Société,  ces  divers 
documents  qui  y  ont  été  publiés  par  notre  regretté  collègue, 
M.  le  général  Auguste  Dufour. 

(2)  Nous  avons  supprimé  les  très  nombreuses  abréviations 
de  cette  charte. 


LVI 

pore  facti  erunt  sulutem  et  dilectionera  sinceram.  Cum 
nos  dilectis  nostris  Francischo  de  rupecula  et  domine 
beatrissie  eius  uxori  in  excambio  castelli  Camberiaci 
asscctandum  in  mandamenlis  castellaniarum  vestrarum 
centum  librarum  annui  redditus  super  qnibusdam 
rébus  et  feudis  que  tenebantur  a  nobis  et  que  prefati 
coniuges  a  nobis  in  feudum  recognoverunt  se  tenere, 
vobis  etcuilibetvestrumsignificamus  et  mandamus  quod 
nostre  voluntatis  et  intentionis  est  quod  prefati  coniuges 
ei  eorum  heredes  iiabeant  et  percipere  debeant  laudes  et 
vendas  in  dictis  feudis  percipere  cousuetas.  Unde  quan- 
doque  ipsa  feuda  alienari  contingerit  per  feudatarios 
eorumdem  et  ea  que  nobis  debebantur  pro  dictis  feudis 
contenta  in  assectamento  predicto  a  die  facti  assecta- 
menti  atque  eisdem  coniugibus  percipere  permitatis  ;  in 
cuius  rei  testimonium  sigillum  nostrum  presentibus  du- 
ximus  apponendum. 

Datum    burgeti  die  dominica  in  carnisprivio  novo, 
anno  domini  M»  CC^  nonagesimo  quinto.  Scripto.... 
Datum  ut  supra,  expedita  est  per  d^™  Amblardum. 
Le  sceau  a  Hè  arraché. 

(Archives  de  la  Société  sav.  d'histoire.) 

M.  Mugnier  présente  une  charte  de  trois  ans 
postérieure  à  la  précédente  et  qui  se  rapporte 
également  à  la  vallée  de  la  Rochette  en  Savoie. 
L'on  y  verra  qu'en  1298  le  château  de  l'Aiguille 
(acus),  appelé  vulgairement  de  VHuille,  a]:)parte- 
naità  un  dauphinois,  Ghabert  de  Morestel.  C'est 
un  nouvel  exemple  de  l'enclievètrement  des  fiefs 
des  seigneurs  de  la  Savoieavec  ceux  des  nobles  du 


LVII 

Dauphiné  (1).  Chabert  de  Morestel  investit  le  17 
juillet  1298,  Jean  de  Ratel,  de  la  Table,  de  biens 
que  celui-ci  tenait  de  son  frère  Richard.  L'acte 
est  reçu  dans  le  château  de  l'Huille,  par  le  notaire 
Guillerme  de  Combafol. 

1298j  16  des  calendes  d'août, 

Anno  D'^i  M°  00°  nonagesimo  octavo,  iudictione 
Xla,  XVIa  kalendas  augusti  coram  testibus  infrascrip- 
tis  ad  instantiam  et  requisitionem  Joannis  Ratelli  de 
tabula  stipulantis  et  recipientis  omnia  et  singula  infras- 
cripta  nomine  suo  et  lieredum  suorum,  nobilis  vir  Cha- 
bertus  de  Morestello. dominas  acus, nomine  suo  et  here- 
dum  suorum  recognovit  et  signo  unius  baculi  investivit 
dictum  Johannem  ut  supra  recipientem,  et  in  possessio- 
nem  corporalem  realera  et  personalem  possuit  salvo 
usagiodicti  Chaberti  et  jure  alterius,  de  omnibus  rébus, 
possessionibus,  bonis  mobilibus  et  immobilibus  que 
quondam  fuerunt  Ricliardi  Ratelli  fratris  quondam 
dicti  Joannis  Ratelli  et  de  hiis  que  fdictus]  Richardus 
habebat  pro  intermisso  tempore  morlis  sue  cum  dicto 
.Tohanni  Ratelli,  scilicet  de  terris,  de  pratis,  domibus  et 
arboribus  de  animalibus  et  generaliterde  omnibus  bonis 
mobilibus  sive  immobilibus  que  ipse  Richardus  habe- 
bat habuisset  vel  recipere  posset  tempore  vite  sue.  Et 
inde  confessus  fuitdictus  Chabertus  habuisse  etprecarie 
récépissé  a  dicto  Johanne  pro  recuperatione  predicta  bo- 
norum  predictorum  novem  libras  bonorum  viannen- 
sium  in  bona  pecunia  numerata.  Deinde  dictus  Chaber- 
tus exceptioni  non  facte  renuncians  et  non  rite  facte  et 

(1)  Voir  à  ce  sujet,  Léon  Ménabrka,  Des  Origines  féo- 
dales dans  les  Alpes  occidentales,  ch.  IX,  XI,  XII. 


LVIII 

exceptioni  doli  mali  metus  et  in  factum  et  omni  privile- 
gio  foriet  exceptioni  non  habite  pecunie (renoncia- 
tion aux  diverses  autres  exceptions). 

Dicte  partes  mi  notario  infrascripto  de  isto  facto  fieri 
jusscrunt  duo  publica  instrumenta  eiusdem  tenoris  de 
quibus  liabeat  dictus  Chabertus  unum  et  dictus  Johan- 
nes  aliud. 

Actum  apud  Acum  iuxta  portam  castri  ubi  fuerunt 
testes  vocati  et  rogati  Reymondus  de  Masso,  clericus, 
Guillermus  Cardis  de  tabula,  Johannes  Martini  de  Pro- 
venchera.  Et  ego  Guillermus  de  Corabafollo  notarius 
publions  auctoritate  imperiali  hanc  cartam  vocatus  et 
rogatus  scripsi  et  tradidi  féliciter. 

(Archives  de  la  Société  sav.  d'histoire.) 


Séance  du  3  mars  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Le  procès- verbal  de  la  séance  précédente  est 
adopté. 

La  réunion  remercie  MM.  du  Bois  Melly  et  R. 
Michel,  membres  de  la  Société,  de  l'hommage 
qu'ils  ont  bleu  voulu  lui  faire,  le  premier,  de  sa 
deuxième  étude  sur  les  Ordonnances  royales  et 
les  mœurs  sous  le  règne  des  derniers  Valois  ; 
M.  Michel,  de  son  discours  sur  Antoine  Favre, 
prononcé  par  lui  à  la  rentrée  des  cours  de  l'ensei- 
gnement secondaire  à  Chambéry. 

M.  Perrot,  trésorier  de  la  Société,  présente  le 
compte  de  sa  gestion  pour  l'exercice  de  l'année 
1893. 


LIX 


Les  recettes,"^y  compris  le  reliquat  de  191  francs 
10  centimes,  de  l'année   1891,  se  sont 

élevées  à 2.137  60 

Les  dépenses,  à 1 . 733  30 

Les  recettes  présentent  ainsi  un  ex- 
cédant de 405  30 

La  Société  possède  en  outre  un  capital  s'éle- 
vant,  au  31  décembre  1892,  à  3.400  fr.  Six  cotisa- 
tions restent  à  recouvrer. 

Le  compte  du  trésorier  est  vérifié  ;  il  est  re- 
connu exact  et  approuvé. 

M.  Mugnier  signale  une  charte  du  14  des  ca- 
lendes d'août  1212  (19  juillet),  publiée  par  M. 
Poncet,  curé  de  Marthod,  à  la  page  99  du  tome  II 
des  Documents  de  l'Académie  de  la  Val  d'Isère  : 
Béatrix  (1),  comtesse  de  Savoie,  mère  du  comte, 
c'est-à-dire  de  Thomas  P'',  étant  dans  sa  maison 
de  Salins,  abandonne  aux  communiers  de  Haute- 
cour  la  moitié  des  pâturages  alpestres  qui  leur 
revient  et  cj^u'elle  avait  retenue  injustement.  Elle 
agit  à  la  demande  de  Bernard  de  Chignin  '^  ar- 
clievêque  de  Tarentaise  et  du  Chapitre,  en  présence 
de  Roland  de  Tournon,  chevalier,  de  Pierre  Gon- 
tier,  mistral  de  Moùtiers,  d'Anselme  de  Cors,  etc. 

M.  Poncet  a  tiré  cette  pièce  de  Ducange,  v° 
Alpagiwn. 

L'auteur  du  célèbre  Glossaire  a  écrit  qu'il  te- 
nait ce  document  de  l'abbé  de  Comnène.  Ce  n'est 

(1)  Béatrix  de  Viennois,  quatrième  femme  d'Amôdce  III. 


LX 


pas  trop  de  la  réunion  de  ces  deux  noms  pour 
nous  faire  croire  à  son  authenticité. 

Le  même  sociétaire  présente  trois  documents 
relatifs  à  la  Maurienne. 

I 

Le  29  août  1360,  sous  l'épiscopat  d'Amédée  de 
Savoie  -  Achaïe  (1),  à  Saint-Etienne  de  Cuyne, 
noble  homme  Gontier  de  Cuyne  donne  quittance  à 
Jean  Jourdan,  marchand  (appothecaiHus)  et  cla- 
vaire (greffier)  du  Chapitre  de  l'Eglise  de  Mau- 
rienne, de  la  somme  de  cent  florins,  prix  d'une 
vente  par  lui  consentie  au  Chapitre,  dix  jours 
auparavant,  devant  le  notaire  Pierre  Daval. 

Saint-Etienne  de  Cuyne,  29  août  1362. 

Anno  Dni  millesimo  tricentesimo  sexagesimo  secundo, 
indictione  quinta  décima,  die  vicesima  nona  mensis  au- 
gusti,  venerabili  pâtre  dno  Amedeo  de  Sabaudia  Dei  et 
apostolice  sedis  gratia  maurianensi  episcopo  existente, 
Coram  testibus  infrascriptis  ad  instantiam  et  requisi- 
tionem  mei  noiarii  infrascripti  more  persone  publiée 
solempniter  stipulantis  et  recipientis,  vice,  nomine  et  ad 
opus  venerabihs  capituli  maurianensis,  —  vir  nobilis 
dnus  Gontarius  de  Cuyna,  miles,  confessus  fuit  publiée, 
et  manifeste  recognovit  se  habuisse  et  récépissé  a  dicto 
maurianensi  capitulo  per  manum  Joliannis  Jordani  ap- 
pothecarii  clavigerique  dicti  maurianensis  capituli  ple- 
nam  solulionem  et  integram  satisfaclionera  contum  flo- 
renorum  auri  boni  ponderis  in  quibus  dictum  venerabile 

(1)  Evêque  do  Maurienne  du  2  avril  13-19  à  13G9  ? 


LXI 

capitulum  dicto  dno  Gonliero  tenebatur  ex  certa  emptione 
et  pro  protio  certarum  rerum  dicto  venerabili  capitule 
per  dictum  dnum  Gonterium  venditarum  inclusis  tam 
in  prcsenti  confessione  [quam  in]  confess[ione]  per 
ipsum  dominum  Gonterium  factamin  instrumento  ven- 
ditionis  dictarum  rerum  facto  manu  Pétri  daval  notarii 
publici  sub  anno  et  indictione  presentibus,  die  XIX^ 
presentis  mensis  Augusti.  Faciens  dictus  dnus  Gonte- 
rius  michi  notario  infrascripto,  stipulanti  et  recipienti  ut 
superius,  pacem,  fînem,  quitationem  perpetuam  et  pac- 
tum  solempne  ac  expressum  de  aliquid  ulterius  non  pe- 
tendo  de  dictis  centum  florenis.  Renuncians  dictus  dus 
Gouterius  in  hoc  facto  exceptioni,  etc.  (Formules  d'u- 
sage.). 

Actum  fuit  in  Sancto  Stephano  de  Cuyna,  videlicet 
in  domo  dicti  dni  Gonterii  ubi  testes  ad  hoc  vocati  fue- 
runt  et  rogati  Jacobus  Prineti  de  Bardo,  Johannes  Fal- 
conis  et  Johannes  Andréas  de  dicto  loco  Sancti  Stephani 
de  Cuyna. 

Ego  vero  Johannes  Gurvandi  (1)  de  Jarciaco  auctori- 
tate  imperiali  et  domus  episcopalis  maurianensis  nota- 
rius  publicus  hanc  cartam  vocatus  et  rogatus  scripsi  et 


signo  meo  signavi. 


II 


Indulgences  accordées  par  l'évéque  Aymon  de 
Gerbaix  à  la  chapelle  de  la  Turne  ou  du  Pensa- 
ment,  située  sur  la  route  qui  conduit  de  Termi- 
gnon  au  col  de  la  Van  noise.  L'évéque  de  Mau- 
rienne  donne  la  permission  au  curé  de  Termignon 
de  célébrer,  dans  cette  chapelle,  une  messe  pour 

(1)  Il  y  a  une  abréviation  sur  ce  mot. 


LXII 

l'heureuse  délivrance  des  femmes  qui  accouchent 
dans  la  montagne,  c'est-à-dire  dans  les  alpages 
de  Termignon.  Il  concède  une  indulgence  de  40 
jours  à  ceux  qui  visiteront  la  chapelle  à  certains 
jours  de  fête  ou  qui  mettront  la  main  aux  répara- 
tions dont  elle  aura  besoin. 

Termignon,  27  novembre  1424. 

Aymo  GERBASsii(l)  divina  miseratione  maurianensis 
episcopus  univcrsis  et  singulis  Christi  fidelibus  présen- 
tes nostras  indulgcnciales  litteras  inspecturis  salul.era  et 
sinceram  in  dno  caritatem.  Splendor  paterne  giorie  qui 
sua  mundum  illuminât  ineffabili  caritate  pia  vota  fide- 
lium  de  clemencia  ipsius  magestatis  spectantium  tune 
percipere  benigno  favore  prosequitur  cum  devota  ipso- 
rum  humilitas  sauclorum  precibus  et  meritis  adjuvatur; 
cupientes  igilur  ut  capella  in  honorera  et  reverenciam 
Dni  nostri  Jesu  Chrisli  et  béate  marie  virginis  dedicata 
et  fundala  in  loco  turne  (ou  curne)  seu  pensamenti  (2) 
parrocchie  Termegnonis  noslre  maurianensis  dyocesis 
in  magno  monte  Termegnionis  congruis  honoribus  fre- 
quentetur,  cupientesque  ipsam  capellam  salubribus  doc- 
tare  muneribus  et  ut  Chrisli  fidèles  se  hbentius  devo- 
tionis  causa  confluant  ad  eamdem,  quo  uberius  dono 
celestis  gracie  ad  eorum  salutera  animarum  conspcxcrint 
se  refectos,  curato  sive  vicario  dicte  parrochie  Termegno- 
nis, qui  nunc  est  aut  qui  tempore  futuro  fuerit,  licentiam 
impartimur  celebrandi  in  eadem  capella  predicta  unam 
missam  singulis  mulieribus  jacentibus  in  purpura,  sive 

(1)  Evéque  de  Mauricnne  de  novembre  1422  à  mai  1432. 

(2)  Il  existe  encore  quelques  ruines  de  cette  chapelle  du 
Pensamùit;  on  voit  tout  près  une  fontaine  d'eau  vive. 


LXIII 

in  jacena,  in  eodem  monte  dicte  parrochie  Termignonis 
parientibus,  ut  devotorum  Chrisli  fidelium  devotio  cres- 
cat  de  bono  in  melius,  jugiter  augmentetur,  de  omnipo- 
tentis  dei  misericordia  beateque  gloriose  Marie  Virginis 
ejus  matris,  beatorum  Pétri  et  Pauli  apostolorum  eius- 
dera,ac  beati  Johannis  Baptiste,  patroninostri,  omnium- 
que  sanctorura  et  sanctarum  meritis  et  intercessionibus 
confessis  omnibus  et  siogulis  vere  penitentibus  et  confes- 
sis  qui  dictam  capellam  in  beucaristie  dni  nostri  Jeshu 
Christi,  assuraptionis,  nafivitatis,  conceptionis^  [>urifi- 
cationis,  annunciationis  béate  Marie  virginis,  nativita- 
tis,  beati  Johannis  Baptiste,  béate  Marie  Madelene 
omniumque  sanctorum  festivitatibus  ac  vigiliis  et  o<3ta- 
bis  earumdem  ad  honorem  béate  virginis  dicta  capella, 
ut  premittitur,  est  f undata,  singulisque  diebus  dominicis 
et  aliis  singulis  diebus,  per  curatum  seu  vicarium  dicte 
parrochie  missam  celebrandis,  ut  premittitur,  devotionis 
causa  verecundi  visitaverunt  singulis  diebus  predictarum 
festivitatnm  vigiliarum,  dominicalibus  et  celebrandis, 
manusque  suas  ad  tempus  capelle  reparationem  et  eius- 
dem  augmentationem  porrexerunt  advertentes  de  ube- 
rioris  dono  gratie  quadraginta  dies  dejunctis  ?  sibi  peni- 
tentiis  misericordie  in  domino  relaxamus. 

Datum  Termignone  die  vicesima  septima  mensis 
novembris  anno  Domini  millesimo  quatercentesimo 
vicesimo  quarto.  Sub  nostri  appositione  rotondi  sigilli 
in  testimonium  promissorum. 

(Deest  sigillum) 

Signé  de  langiaco. 

(Archives  de  la  Société  savois.  d'histoire.) 


LXIV 

III 

Licence  et  privilège  accordés  par  le  duc  de  Sa- 
voie Charles  III  à  Jean  Bernard,  mineur  {fabro), 
de  Saint-Martin-la-Porte,  pour  exploiter  les  mi- 
nes de  fer  et  d'acier,  sur  les  paroisses  de  Saint- 
Michel,  Saint- Martin,  Beaune,  Valmeinier  et 
Hélie  ?  La  patente  comprend  le  droit  d'établir 
des  fourneaux,  d'élever  des  aqueducs,  de  placer 
une  roue  sur  les  ruisseaux,  et  de  couper  le  bois 
nécessaire  pour  faire  le  charbon  destiné  à  la  fonte 
du  minerai. 

La  permission  est  donnée  à  titre  d'albergement 
perpétuel  (emphytéose),  sous  la  redevance  en  fa- 
veur des  finances  ducales  du  vingtième  du  fer  qui 
sera  produit  et  du  quinzième  de  l'acier.  C'était  là 
sans  doute  la  redevance  habituelle. 

La  patente  est  signée  par  le  président  de  la 
Chambre  des  Comptes  de  Savoie,  Pierre  Lam- 
bert et  par  quatre  maîtres  des  requêtes. 

Cette  concession  passa  dans  la  seconde  moitié 
du  XVII®  siècle  à  la  famille  Graneri ,  et  fut 
achetée,  au  siècle  suivant,  par  Madame  de  Wa- 
rens  et  M.  de  la  Fournache.  Après  quelques  an- 
nées d'une  exploitation  qui  ne  fut  pas  heureuse, 
la  concession  devint  la  propriété  presque  entière 
de  M.  Camille  Perrichon,  ancien  prévôt  des  mar- 
chands à  Lyon  {D. 

(1)  Voir  à  ce  sujet  notre  ouvrage  :   Madame  de  Warens 
et  J.-J.  Rousseau  ;  Calmann  Lévy,  1891  ;  chap.  VIII  et  IX. 


LXV 

Chambéry,  2  mai  1504. 

Licentia  data  Johanni  hernardifahri  parrochie  sanc- 
ti  Mai^tini  de  porta  in  Mauriana  extrahendi  menas 
c alibis  et  ferri  (1). 

Carolas  dux  Sabaudie,  etc.  Notum  sit  quod  cum  prin- 
cipibus  interest  ea  que  commodum  et  utilitatem  ipso- 
rum  et  totius  reipublice  concerouut  et  nemini  jacturam 
inferuut  adoptatum  deduci  debere,  nostra  certa...  scien- 
tia  pro  nobis  et  nostris  heredibus  et  successoribus  uni- 
versis,  Johanai  Bernardi  fabri  parrochie  sancti  Martini 
de  porta  in  Mauriana  presenti  idque  nobis  humiliter 
supplicanti  quem  circa  ea  nominis  exp...  et  suis  here- 
dibus et  successoribus  harum  série  licterarum  potesta- 
tem  et  facultatem  damus  et  in  perpetuum  per  présentes 
perquirendi,  fodendi,  perquirereque  et  fodi  t'acere  in  et 
super  parrociiiis  nostris  et  communitatibus  sancti  Mi- 
chaelis,  sancti  Martini,  Baune,  Helij  ac  Valiis  meyniaci 
mauriannensis  quascumque  menas  callibis  et  ferri  bas- 
que fodendi  seu  fodi  faciendi  et  in  metallum  converti, 
convertendi  et  reducendi  seu  reduci  faciendi....  nemi- 
nem  licebit  cuiuscumque  status  et  preheminentie  existât 
ibidem  dictas  menas  callibis  et  ferri  fodere  perquirere  seu 
fodi  et  perquiri  facere  in  dictis  communitatibus  et  par- 
rociiiis per  quinquinginta  passus  prope  crosas  (2)  earum- 
dem  menarum  per  dictum  Johannem  Bernardi  seu  pro 
eo  agentem  fiendas...  sub  pena  XXVlibrarum  fortium 
pro  quolibet  ac  vice  qualibet  contrario  tamen  contem- 
nendo  et  nobis  applicanda  necnon  unum  bornellumcum 

(1)  La  charte  a  été  pliée  en  deux  dans  le  sens  de  la  hau- 
teur et  l'écriture  qui  se  trouve  dans  le  pli  a  disparu.  —  Il 
fallait  sans  doute /a6ro.  —  Clialyps,  acier,  fer  trompé. 

(2)  Crosœ,  fouilles,  puits  de  mines. 

5 


LXVl 

unarota  super  quovis  rivo  siveaqueductu  ipsaruiu  com- 
munitatum  et  jjarrochiarum  ad  ipsas  menas  fodendum 
construendi  seu  construi  faeiendi  necne  ipsos  aqueduc- 
îus  et  eyrillia  (1)  fieri  faeiendi  citra  tamen  prejudiciura 
cuiusvis  alterius  albergameuti  forsau  ibidem  de  dictis 
menis  calibis  et  ferri  ac  alterius  speciei  alteri  per  nos 
facti,  deque  nemoribus,  arboribus  pro  carbonibus  ad 
usum  ipsarum  fiendis  capiendi  ac  alia  circa  hec  négocia 
faeiendi  absque  contradictione  et  impedimento  aliquibus 
fiendis,  satisfaciendo  tamen  quibuscumque  ex  predictis 
constructionibus  fiendis  danipna  passuris  proborum  ex- 
timatione  per  officiarios  pênes  quos  tafia  fient  et  cons- 
trueutur  efigendorum  ;  quasquidem  menas  fornellos 
aqueductus  et  heyrila  ?  eidem  Johanni  Bernardi  fabro 
et  suis  predictis  abergamus  ac  in  albergamentumetem- 
pfiyteosim  perpetuam  damus  tradimus  et  concedimus  per 
présentes  ad  fiabendum,  tenendum^  gaudendum,  uten- 
dum,  fruendum,  gauden...  et  quicquid  sibietsuis  pre- 
dictis abinde  placuerit  faciendum,  addito  quod  ipse  Jo- 
hannes  Bernardi  huiusmodi  ficenfiam  et  albergamentum 
cuipiam  alteri  alienare  nec  vendere  possit  sine  nostra 
licentia  et  mandato  expressis,  nichil  juris,  rationis  vel 
proprietatis  ad  nos  neque  nostros  et  premissis  sumptis, 
et  ad  nos  retinentes  calibis  quindecimam  et  ferri  vige- 
simam  partes  quas  nobis  solvere  habebit  dictus  Ber- 
nardi, aut  sui  predicti,  in  manibus  tiiesaurarii  nostri 
Sabaudie  pro  terapore  [existenti]  qui,  de  receptis,  nobis 
légitime  in  caméra  compulorum  habeatcomputare  ;  nec 
non  ipse  Bernardus  et  sui  predicti,  anno  quolibet  dein- 
ceps,  predictum  emolumentum  pretextu  liarum  littera- 

(1)  Eyrillia  ;  plus  loin  heyrila.  Mot  venant  peut-être  de 
hœreo  ;  il  signifierait  alors  l'appareil  destiné  à  descendre  et 
à  monter  les  bennes  dans  les  puits  de  mines. 


LXVII 

rum  et  albergamenti  proveniens  in  dicta  caméra  com- 
putorum  noslromm  consignare  teneantur  et  debeant 
sub  pena  XXV  libraruin  fortium.  Mandantes  propterea 
consiliis  nobiscum  Cliamberiaci  rcsidentibus,  ballivo, 
judiciac  procuratori  Sabaudieet  Mauriaune,  castellano- 
que,  clerico  curie  Maurianne  et  ceteris  universis  et  sin- 
gulis  officiariis  uostris,  etc....  Datum  Cliamberiaci  die 
secundamaiimillesimo  quingentesimo  vigessimo quarto. 
Per  dominum  :  Revi^i.  Dnorum  Pétri  Lamberti,  pre- 
sidis,  Johannis  Bucteti,  Johannis  Vullieti,  Sybueti  Alar- 
deti,  Johannis  Lamberti,  magistrorum.  (Arch.  de  la 
Société  sav.  d'histoire.) 


Séance  du  9  avril  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  ki 
et  adopté. 

Le  Président  signale  la  naort,  en  mars  dernier, 
de  l'un  de  nos  membres  les  plus  anciens,  M.  Joseph 
Pépin,  docteur  en  droit,  propriétaire  à  Gilly, 
près  Albertville.  Il  s'était  montré  toujours  dévoué 
à  la  Société  et  lui  avait  adressé  diverses  commu- 
nications relatives  aux  découvertes  archéologi- 
ques faites  dans  ses  propriétés. 

Le  Président  fait  connaître  encore  le  décès  d'un 
autre  membre,  M.  Jean-Marie  Cat,  ancien  con- 
ducteur des  Ponts  et  Chaussées.  Il  avait  consacré 
les  loi'?irs  de  sa  retraite  à  diriger  les  travaux  de 
reconstruction  du  Portail  de  Saint-Dominique . 
Il  est  mort  à  Chambéry,  le  2  avril  courant,  après 


LXVIII 

avoir  achevé  cette  œuvre  considérable  et  déli- 
cate de  restauration  artistique  ;  au  moment  où, 
sans  doute,  il  aurait  reçu  la  récompense  des  soins 
prolongés  et  intelligents,  du  dévouement  complet 
qu'il  y  avait  apportés, 

M.  Paul  Leroy,  d'Orléans,  adresse  une  nou- 
velle et  précieuse  communication.  Il  l'a  extraite 

des  ((  ARRETZ  PASSÉS  PAR  JeHAN  BoMN  TABEL- 
LION DE  JaRGEAU  pour  RÉVÉREND  PÈRE  EN  DiEU 

Monseigneur  levesque   dOrléans   depuis    le 

MERCREDI  IIII'^  jour  DE  FEVRIER  APRES  NOE  DAME 
ChANDELLEUR  LAN  MIL  CCCC  ET  DIX  JUSQUES  A 
TROYS   ANS    ENSUIVENS.    » 

L'an  mil  Illt  et  onze  le  dimanche  XIT  jour 
de  juillet,  en  la  pnce  de  Andre_de  Coignet  lieu- 
ten.  et  Thomas  de  la  hroce  peur  (procureur)  et 
en  la  pnce  de  moy  Jehan  Bonin  tabellion  fut  foit 
inventoire  des  bns  (biens)  de  Jeu  prinet  Sibert 
orbellet  (arbalétrier)  de  Chambry  en  Savoie 
mort  seng  hoir  (sans  héritiers). 

Premièrement  ung  haubergeon  de  fer,  ung 
bernnier  et  ung  gorgerin  ung  esvambraz  guar- 
debraz  et  ung  gantellez,  unes  voiges  (1)^  unes 
robes  linges  a  home ,  une  lance  un  choseaulx 
et  ung  s  espérons. 

Item  en  argent  III  fc  (fran£s)  V  s.  Ilîld.p., 
baillez  a  Jaquette  sa  chamber  qui  en  fera  la 
despense  de  son  obseque.  Ung  heval  gris  scelle 

(1)  Peut-être  boiges,  cofire  à  vêtements. 


LXIX 

et  bifide.  Item  ung  aut  cheval  moreau  sur  lequel 
le  paige  du  d.  Sibert  est  cde  a  bloc/s.  Une  hoppe- 
lande  de  vert  brun  doblee  de  telle  en  laquelle  a 
des  maillettes  d'argent. 

Ce  petit  inventaire,  dit  M.  Mugnier,  est  vrai- 
ment intéressant  ;  il  nous  montre  avec  son  atti- 
rail complet  non  d'arbalétrier,  mais  d'homme 
d'une  lance,  notre  compatriote  d'il  y  a  cinq  cents 
ans,  Périnet  Sibert.  Il  a  deux  cottes  de  maille, 
gantelets,  brassards,  cuissards,  éperons  ;  la  lon- 
gue lance  et  la  vouge  ou  guisarme  ;  un  cheval 
gris  avec  tout  son  harnachement,  un  cheval  noir 
pour  son  page  qui  s'en  est  allé  à  Blois.  Il  a  aussi 
Jaquette^  sa  chambrière  ;  elle  payera  les  obsèques 
du  damoiseau  avec  l'argent  qu'elle  a  bien  voulu 
laisser  dans  son  escarcelle. 

A  quelle  famille  de  Savoie  appartenait  Périnet 
Sibert,  nous  ne  savons^  car  le  nom  de  Sibert  ne 
se  rencontre  pas  dans  nos  annales  locales  (1).  Ce 
pouvait  être  un  petit  noble  comme  les  Perrin,  ou 
les  Maillard,  de  Rumilly,  les  Candie,  etc.;  et  pas 
encore  écuyer,  mUes,  car  s'il  l'eût  été  il  aurait  eu 
un  ou  deux  compagnons  de  lance,  et  le  soin  de  ses 
funérailles  n'eût  pas  été  laissé  à  la  chambrière.  Sa 
présence  et  sa  mort  à  Jargeau,  en  juillet  1411 ,  n'ont 
rien  qui  doive  étonner.  A  cette  époque  néfaste  de 

(1)  Le  nom  qui  s'en  rapproche  le  plus  est  celui  de  Sibnè 
de  Manrienne.  Un  Sibuet  de  la  Ravoire  faisait  partie  d'une 
lance  Savoyarde,  en  1426. 


LXX 

la  lutte  sauvage  des  Armagnacs  contre  les  Bour- 
guignons, les  aventuriers  s'étaient  abattus  sur  la 
France  de  tous  côtés.  Il  en  était  venu  d'Angle- 
terre, des  Flandres,  de  la  Gascogne,  de  la  Lom- 
bardie,  du  Piémont,  de  la  Savoie...  Parmi  les 
Savoyards,  la  plupart  étaient  au  service  de  Jean- 
sans-Peur;  cependant,  Périnet  Sibert  se  trouvait 
parmi  les  Armagnacs,  puisque  les  princes  d'Or- 
léans, chefs  de  cette  faction,  adressaient  le  14 
juillet  1411,  à  la  date  même  de  la  mort  de  Sibert, 
un  manifeste  au  peuple  de  Paris  pour  demander 
vengeance  du  meurtre  de  leur  père. 

M.  Mugnier  lit  la  notice  suivante  : 

Celse  Morin,  conseiller-clerc  du  Parlement 
DE  Chambéry. 

La  Court  de  Parlement  établie  à  Chambéry 
par  le  roi  François  P'',  vers  1537,  compta  des 
hommes  d'une  grande  valeur  scientifique  et  d'une 
haute  culture  littéraire,  tels  que  le  premier  pré- 
sident Pélisson,  le  procureur  général  Tabouet, 
l'avocat  général  Jean  Thierrée,  le  conseiller-clerc 
Jean  de  Boissonné,  etc.,  appelés  à  Chambéry, 
comme  à  l'annexion  de  ISGO,  un  peu  de  tous  les 
côtes  de  la  France.  Si  l'on  doit  rendre  hommage 
à  leur  science,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  leur 
caractère.  Le  procès  du  premier  président  et  du 
procureur  général,  Reymond  Pélisson  et  Julien 
Tabouet,  fut  l'une  des  causes  célèbres  du  xvi'^  siè- 
cle ;  elle  occupa  les  Parlements  de  Grenoble,  de 


LXXI 

Dijon  et  de  Paris.  Après  Papon  (1), MM.  de  Lacui- 
sine  (2)  et  Eugène  Burnier  (3)  en  ont  raconté  les 
pliases  diverses  :  la  victoire,  remportée  d'abord 
par  Tabouet,  puis  la  revanche  éclatante,  obtenue 
par  Pélisson. 

Parmi  les  magistrats  inculpés  l'on  rencontre  un 
ecclésiastique,  le  conseiller-clerc  Celse  Morin  qui 
fut  relaxé  après  une  simple  réprimande  (1550). 

Ce  magistrat,  que  M. Burnier  dit  être  né  àCliam- 
béry,  était  en  réalité  originaire  d'Autun,  ainsi  que 
le  prouve  l'inscription  gravée  sur  un  bénitier  de 
pierre  qu'il  fit  placer  dans  son  prieuré  de  Conta- 
mine en  Faucigny  : 

CeLSO  *  MORINEO  *  I  HeDVENSI  *  HUI^*  |  CON- 
VENTVS*  PrE  *     I  FECTO    *   1551   *  M  X. 

[Placé]  par  Celse  Morin,  éduen  (autunois) 
préfet  de  ce  couvent,  1551  (4). 

Celse  Morin  avait  été  nommé  conseiller  au  Par- 
lement de  Chambéry^  le  21  juin  1542;  il  siégea 
pour  la  première  fois  le  20  février  1543.  (Registre 
des  entrées  de  la  Cour.) 

La  réprimande  dont  il  fut  l'objet  en  1550  ne 
lui  porta  pas  grand  préjudice,  car  l'année  suivante 

(1)  Recueil  d'arrêts  mémorables  des  Cours  souveraines 
de  France. 

(2)  Histoire  du  Parlement  de  Dijon. 

(3)  Histoire  du  Sénat  de  Savoie,  t.  I",  p.  165  et  suiv. 

(4)  Le  Père  F.  Bouchage;  Le  Prieuré  de  Contamine- 
sur-Arve,  p.  74. 


LXXII 


il  réussit  à  se  faire  pourvoir  du  prieuré  béné- 
dictin de  Contamine.  Le  Père  Boucliage  place 
sa  nomination  à  l'année  1550;  nous  pensons  qu'elle 
doit  être  un  peu  postérieure ,  puisque  le  prieur 
commendataire  précédent,  le  cardinal-évêque  Ro- 
bert de  Lenoncourt,  nommé  par  bulles  de  Jules  III, 
du  1^'"  mars  1549,  avait,  pris  possession  le  2  mars 
1550  (1).  On  doit  bien  croire  que  le  cardinal  garda 
le  bénéfice  durant  quelques  mois  avant  que  Celse 
Morin  s'en  saisit.  «  Dieu  sait  par  quels  moyens  il 
obtint  le  prieuré  !  »  ,  s'écrie  l'austère  rédempto- 
riste;  vraisemblablement  en  l'achetant  du  titulaire 
qui  en  avait  à  revendre.  Le  bénitier  fut  un  don  de 
joyeux  avènement. 

C'est  aussi  de  1551  ou  1552  qu'il  faut  dater  la 
pièce  suivante.  C'est  une  patente  par  laquelle  le 
prieur  de  Contamine,  en  qualité  de  seigneur  de 
Gex  (paroisse  de  Samoëns  en  Faucigny),  pourvoit 
M""  François  Borgoen,  de  l'office  de  châtelain  de 
cette  seigneurie. 

Celse  Morin  humble  prieur  de  nre  dame  de  Concta- 
mine  et  seigneur  de  Gey  conseiller  du  [roy  en  sa  court] 
de  parlement  de  Chambery  scavoir  faisons  que  nous 
constant  des  bonne  vie  meurs  conversation  fidélité  expe- 
[rience...  de]  m°  Francoys  Borgoen,  icellui  avons  pro- 
veu  de  l'office    de  chastelain  et  juge  au  dit  lieu  de 

(1)  Ibid.^  p.  73.  II  faut  même,  sans  doute,  avancer  ces 
dates  d'un  an^  puisque  la  chancellerie  romaine  ne  commen- 
çait l'année  qu'au  25  mars. 


LXXIII 


Gey  et  en  to[ut  le]  ressort  du  dit  lieu  pour  par  luy  en 
jouir  tant  qu  il  nous  plaira  en  l'absence  ou  empesche- 
ment  de  mons^'  M  [...]  nostre  juge  ordinaire  et  stipendie 
demeurant  a  la  bonne  ville,  estre  procède  aux  expéditions 
de  justice  et  al[tres]  mesment  criminelz  esquels  convient 
user  de  grande  célérité  et  diligence.  Et  pour  ce  faire 
estre  tousiours  [...].  A  la  charge  que  aux  sentences  de 
torture  et  deffinitive  il  sera  tenu  participe  de  conseil 
avec  le  dit  seig[neur...J  et  aultres  en  tel  nombre  qu'il 
est  requis  par  l'ordonnance.  Et  avons  proveu  le  dit  Bor- 
goen  des  dits  estatz  a  charge  de  ne  commectre  aucune 
concussion  composition  ou  aultre  connivence  ou  dissi- 
mulation a  justice,  etc. 

Celso  Morin,  conseiller  au  Parlement,  prieur 
de  Contamine,  seigneur  de  Gey,  possédait  en 
outre  une  maison  à  Chambéry,  au  nord  et  tout 
près  du  couvent  des  Antonins  ;  et,  alors  que  la 
demeure  de  tant  d'hommes  qui  ont  illustré  la 
capitale  de  la  Savoie  par  leurs  talents  ou  leurs 
vertus  est  restée  inconnue,  celle  de  Morin,  grâce 
à  son  goût  pour  les  inscriptions  lapidaires,  pourra 
se  reconnaître    encore    longtemps. 

La  façade,  sans  doute  alors  dégagée  et  ayant 
une  certaine  perspective,  se  voit  aujourd'hui  au 
fond  d'une  allée  étroite  do  la  rue  St-Antoine  (1). 
Les  constructions  postérieures  au  seizième  siècle 
en  ont  masqué  la  plus  grande  partie  et  n'ont  laissé 

(1)  Au  n"'  13.  M.  Burnier  l'indique  comme  étant  au  n"  11. 
Il  est  possible  que  depuis  l'époque  où  il  a  écrit,  1  edilitô  ait 
ajouté  un  numéro  à  la  rue. 


LXXIV 

à  découvert  que  la  portion  édifiée  par  Celse  Morin 
en  belles  pierres  de  taille  et  où  il  a  fait  graver  son 
nom  :  Celsus  Morineus  me  Posvit  ,  avec  des 
ornements  bizarres  :  sphères  en  relief,  creux, 
tétraèdres,  etc.  (Voir  la  planche)  (1). 

Cette  maison  était  située  dans  Vallée  de  l'Epée 
et  tout  près  de  la  célèbre  auberge  de  ce  nom.  Elle 
avait  d'abord  appartenu  à  Aimard  Oddinet,  puis 
à  son  fils,  Jacques  Oddinet,  qui  la  vendit  à  Celse 
Morin.  Le  conseiller  eut,  en  1559,  nn  procès  avec 
la  Ville,  parce  qu'il  voulait  tenir  close  l'allée  ou 
raeite  que  les  syndics  prétendaient,  au  contraire, 
être  une  voie  publique. 

Le  duc  Emmanuel-Philibert  étant  rentré  dans 
ses  Etats  cette  même  année  1559,  le  Parlement 
cessa  d'exister  et  fut  remplacé  par  le  Sénat  de 
Savoie.  Quelques  anciens  magistrats  y  trouvèrent 
place,  mais  il  n'en  fut  pas  ainsi  pour  Celse  Mo- 
rin. C'est  pour  cela  sans  doute  qu'il  vendit  sa 
maison.  Le  Président  du  nouveau  Corps,  Cathe- 
rin Pobel  (2),  qui  l'acheta,  acquit  en  même  temps 
le  procès.  Les  pièces  de  l'enquête  prescrite  par  le 

(1)  La  fenêtre  éclaire  actuellement  un  escalier  intérieur  de 
l'hôtel  du  marquis  Costa  do  Beauregard. 

(2)  Durant  quelque  temps,  le  Sénat  de  Savoie  tint  ses 
séances  dans  la  maison  du  Président.  Elle  fut  achetée  plus 
tard  do  ses  héritiers  par  Antoine  Favre  lorqu'il  était  simple 
sénateur  à  ChambéI^^  Il  l'habita  de  nouveau  quand  il  y 
revint  en  qualité  de  premier  président. 


A  Ouij 


Maison    de  Celse  Morin  à  Chambéry 


LXXV 

Sénat,  afin  de  déterminer  quel  était  le  véritable  ca- 
ractère de  Vallée  de  l'Epée,  sont  encore  aux  archi- 
ves de  l'Hôtel- de-Ville  de  Chambéry  ;  nous  en 
détachons,  parmi  les  nombreuses  dépositions  de 
témoins,  celle  qui  nous  a  paru  la  plus  complète. 

15  avril  1560. 
Déposition  de  Pierre  Munier,  chapuis  (charpentier), 
âgé  de  72  ans,  de  Saint-Cassin  : 

Dit  qu'il  y  a  environ  60  ans  qu'il  a  commencé  de 
cognolstre  la  maison  en  laquelle  nagueres  soloit  habi- 
ter le  conseiller  Morin  lors  qu'il  estoit  en  la  présente 
ville,  laquelle  maison  estoit  auparavant  au  s^"  Aymard 
Odinet,  et,  en  après  de  luy,  de  Jaques  Odinet  son  fils, 
lequel  la  vendit  au  sieur  conseiller  Morin  et  en  laquelle 
a  présent  habite  monsi'  le  président  Pobel  ;  qu'au  susdit 
temps  de  60  ans  il  a  sceu  et  veu  une  ruette  laquelle 
estoit  audevant  de  la  rue  St-Antoine  de  la  présente  ville 
et  aultres  ruettes  tendant  aux  molins  de  la  cita  et  de 
la  aux  aultres  grandes  rues  publiques  et  estoit  la  dite 
ruette  commune  a  ung  chacung  comme  les  aultres  rues 
publiques  de  la  dite  ville,  car  par  icelle  on  passoit  à  toutes 
heures  tant  a  pied  que  a  cheval  ainsi  que  voulloit  sans 
empêchement  ny  contradiction  quelconques,  et  avoit 
forme  d'une  ruette  publique  fréquentée  à  toutes  heures 
par  tous  ceux  qui  vouloient  traverser  de  un  à  aultre 
comme  il  scait  pour  y  avoir  passé  souvent  denpuis  le 
temps  de  60  ans  depuis  lequel  nya  gueres  sepmaines 
qu'il  n'y  aye  este  en  cette  ville,  le  tout  jusques  a  ce  que 
le  dit  sieur  conseiller  Morin  a  fait  bocher  et  clore  le  dit 
passage,  sont  passes  six  ou  huictans,  et  sur  icelluy  pas- 
sage et  ruette  a  fait  cdiflier  le  portai  de  sa  dite  maison 


LXXV  [ 

en  Testât  qu'il  est  a  présent. . .  et  il  n'y  a  plus  moyen, 
causant  le  dit  édifice,  de  passer  et  traverser  par  la  dite 
rue  au  grand  scandai  le  et  préiudice  de  la  communauté 
et  république  de  la  dite  ville. 

Signé  :  Trouuxouz,  commissaire. 

La  conduite  que  le  conseiller-clerc  avait  tenue  à 
Chambéry  et  dans  son  prieuré  était  loin  d'être  édi- 
fiante. Il  donna  un  grand  scandale  en  vivant  avec 
la  femme  de  Louis  des  Clets,  seigneur  deLabitieu, 
qu'il  avait  enlevée  à  son  mari  et  qu'il  emmenait 
à  Contamine  lorsqu'il  lui  plaisait  d'y  exercer  ses 
fonctions  ecclésiatiques. 

Pour  subvenir  aux  dépenses  d'entretien  de  sa 
maîtresse  et  de  leur  fils,  il  s'abstenait,  dit  le  prieur 
claustral  Antoine  Vidol  dans  une  requête  au 
Sénat,  de  distribuer  aux  pauvres  les  aumônes  que 
le  prieuré  leur  devait  et  en  convertissait  les  fonds 
«  à  son  privé  et  particulier  profit  ». 

Non  seulement  ce  singulier  personnage  ne  crai- 
gnait pas  de  se  rendre  à  Genève,  soumise  alors  à  la 
domination  despotique  de  Calvin  et  «  d'y  manger 
chair  le  vendredi  en  sa  chambre,  de  porter  avec 
ses  compagnons  des  armes  prohibées  comme  pis- 
tolets, arquebuses  et  longs  bois  »,  il  faisait  encore 
asseoir  la  dame  des  Clets  sur  son  propre  siège  â 
l'église  et  lui  envoyait  le  coussin  de  l'autel  pour 
qu'elle  le  plaçât  sous  ses  genoux  (1). 

(1)  E.  Burnier;  Hist.  du  Sénat  de  Saooic,  t.  I,  p.  369 
à  371,  637,  638. 


LXXVII 

Une  telle  manière  de  vivre  n'avait  pas  empêché 
le  Parlement  de  le  désigner  pour  enquêter  sur  la 
doctrine  et  les  mœurs  des  Franciscains  de  Cham- 
béry  (1).  Aussi,  pensons-nous  que  si  Celse  Morin 
ne  fut  pas  nommé  sénateur  à  la  restauration  d'Em- 
manuel-Pliilibert,  c'est  parce  qu'il  subit  le  sort 
commun  à  tous  les  magistrats  français  du  Par- 
lement, dont  pas  un  ne  fit  {)artie  du  Sénat,  sauf  le 
président  Louis  Oddinet  de  Montfort  qui  était 
Savoyard.  Les  autres  rentrèrent  dans  leur  pays. 
Les  renseignements  fournis  par  M.  Burnier  sur 
Celse  Morin,  à  ce  sujet,  sont  assez  incohérents. 
Après  avoir  dit  (p.  379)  «  que  le  duc  de  Savoie 
eut  soin  de  l'écarter  de  la  nouvelle  cour,  car  les 
sénateurs  ne  l'eussent  point  admis  dans  leurs 
rangs,  il  ajoute  que  Celse  Morin  se  souvint  Cju'il 
était  prêtre  et  alla  s'établir  dans  son  prieuré  de 
Contamine  »  .  Cependant,  à  la  page  suivante,  il 
raconte  que  l'ex-conseiller  n'avait  pas  attendu 
qu'une  assignation  l'appelât  au  Palais  pour  se 
défendre  contre  les  accusations  du  prieur  claus- 
tral :  «  Depuis  longtemps  ses  précautions  étaient 
prises,  dit-il,  il  avait  vendu  sa  maison  de  Cham- 
béry  et  émigré  en  France  (p.  370)  ». 

En  définitive,  il  est  possible  que  la  première  de 
ces  deux  hypothèses  soit  la  vraie,  c'est-à-dire  que 
Celse  se  fût  retiré  au  prieuré  de  Contamine  qui, 
dépendant  de   l'apanage  de  Jacques   de  Savoie, 

(I)  E.  Burnikr;  Histoire  du  Sénat  de  Savoie,  images  590 
à  592. 


LXXVIII 

duc  de  Nemours  et  comte  de  Genevois,  pouvait, 
par  tolérance,  être  considéré  comme  n'étant  pas 
soumis  aux  arrêts  du  Sénat  de  Clmmbéry.  Dans 
ce  cas,  il  y  aurait  supporté  sans  trop  de  gène  la 
condamnation  à  trois  ans  de  bannissement  et  à 
500  livres  d'amende  qui  fut  prononcée  contre  lui 
en  1560  ou  1561. 

A  la  page  13  de  sa  savante  monographie  du 
prieuré  de  Contamine-sur-Arve,  le  père  Bouchage 
déclare  qu'il  n'a  rien  pu  déterminer  au  sujet  du 
prieur  qui  doit  être  placé  entre  Rodolphe  P''  et 
Rodolphe  IL  II  ne  sait  pas  si  ce  prieur  resté 
inconnu  serait  ce  Pierre  dont  Besson  parle  à  la 
page  156  de  ses  Mémoires  ecclésiastiques  des 
diocèses  de  GenèvCj  etc.  Nous  pouvons  combler 
cette  lacune,  grâce  à  une  charte  publiée,  en  1875, 
par  M.  Ulysse  Chevalier,  dans  >on  ouvrage  inti- 
tulé :  Diplomatique  de  Bourgogne,  de  Pierre  de 
Riva:^ ;  pièces  annexes,  p.  81. 

DONATIO  PRIORIS  DE  CaNTAMINA  DECANO  DE  SaLANCHIA 

120  1. 

•ZAXAiSHôdONPViMiHO^aaoev 

IN  Domine  sancte  &  individue  Trinitatis,  amen.  Notum 
sit  omnibus  hominibus  tam  presentibus  quam  futuris, 
quoniara  prior  Umbertus  de  Contamina,  natus  deToriz, 
donationem  fecit  ia  Wuilermum  decanum  de  Salangia 
&  in  Aimonem  filium  ejus  zelo  caritatis  studio  pietalis, 
scilicet  oranes  redditus  ecclesiarum  de  Salangia  &  de 
ecclesia  Domessiaci  &  quecumque  ad  eas  pertinent,  ex- 


LXXIX 

cepto  jure  capellanie.  Hoc  donum  fuit  factum  in  claus- 
tro  Contamine,  laudante  saniori  &  meliori  parte  tocius 
sui  capituli  &  nullo  contradicente,  et  laudante  Nfantel- 
mol  Gebennensi  episcopo  &  laudante  domino  A[nrico] 
de  Fuciniaco  advocato  predictarum  ecclesiarum,  pro  C. 
solidis  &  decem  illius  monete  que  lune  temporis  erat, 
k  pro  uno  modio  frumenti  &  pro  uno  avene  singulis  an- 
nis  reddendis,  &  pro  cibo  preparando  euntibus  ad  utili- 
tatem  predicte  domus  ut  clericis  quamdiu  aller  illorum 
viveret.  Et  dominus  A.  promisit  pactum  &  donationem 
hinc  Inde  inrefragabiliter  manu  tenere.  Testes  hujus 
pagine  fuerunt  :  domuus  Anricus,  Berardus  monacus, 
Quono  Contamine  sacrista,  Rodulfus  monacus  de  lap- 
leisiz,  Giraudus  monacus,  Unbertus  nepos  prioris,  Gi- 
raudus  capellanus  de  Contamina,  Vuilermus  villicus  de 
Salangia.  Domnus  Anricus  jussit  sub  suo  edicto  ut  qui- 
cumque  hanc  scripturam  deinceps  attentare  vel  infrin- 
gere  voluerit,  graviter  corporaliter  &  civiliter  puniatur. 
Hec  carta  fuit  facta  in  ecolesia  Beati  Jacobi  de  Salangia, 
multis  bonis  viris  videntibus,  nullo  contradicente,  &  eam 
dictavitsollemniter  domnus  Rodulfus  de  Roseriaex  pre- 
cepto  utraque  parte,  anno  M.  bis  C.  uno,  ab  Incarna- 
lione  Domini,  régnante  F[rederico]  imperatore  semper 
augusto  féliciter. 

Il  résulte  de  cette  donation,  faite  par  le  prieur 
de  Contamine  à  Guillaume,  doyen  de  Sallanclies, 
que  le  successeur  de  Rodolphe  P''  était,  en  1201, 
Humhert ,  né  de  Toriz  (?)  ;  que  le  prieuré  avait 
pour  sacristain  Cono,  et  qu'au  nombre  des  moines 
l'on  comptait  encore  Bérard,  Rodolphe,  Giraud, 
Amaldric  et  Humbert,  le  neveu  ou  le  petit-lils 
(nepos)  du  prieur. 


LXXX 


La  charte  qui  précède  a  une  importance  assez 
grande,  puisqu'il  semble  résulter  de  ces  mots  : 
«  laudante  A[nrico]  de  Fuciniaco,  advocato  pre- 
dictarum  ecclesiaruin  »,  que  Henri,  sire  de  Fau- 
cigny,  dont  on  place  la  mort  vers  1197,  vivait  en- 
core en  1201  après  Flncarnation,  25  mars. 

Le  même  membre  fait  la  communication  sui- 
vante : 

En  parcourant  le  Syllabus  scriptorum  Pede- 
montii  de  l'abbé  André  Rossotti,  de  Mondovi  (1) 
récemment  acquis  par  la  Bibliothèque  publique 
de  Chambéry  ,  nous  y  avons  rencontré  trois  let- 
tres assez  importantes  cju'il  nous  a  paru  utile  de 
publier  dans  le  Bulletin  de  la  Société,  parce  qu'elles 
sont  restées  inconnues  aux  écrivains  qui  auraient 
pu  en  faire  emploi  ou  simplement  les  mention- 
ner (2). 

Les  deux  premières  sont  relatives  à  la  mise  en 
liberté  de  Philippe  d'Aglié,  l'ami,  le  confident, 
sinon  plus  encore,  de  la  duchesse  de  Savoie,  Ma- 
rie-Christine de  France,  sœur  de  Louis  XIII  et 
veuve  du  duc  Victor-Amédée  P'".  On  sait  que  la 
résistance  patriotique  de  Philippe  d'Aglié  aux 
exi^rences   de  Richelieu    avait  été   la   cause    de 


'D^ 


(1)  Syllabus  scriptorum  Pcdeinontii,  par  D.  André  Ros- 
sotti, ln-4^  Monteregali  (Montréal,  Mondooi).  Fr.  M.  Gis- 
landi,  mdclxvii. 

(2)  M.  Gaudenzio  Claretta,  l'auteur  de  Storia  délia  Recj- 


LXXXI 

l'enlèvement  du  seigneur  piëmontais  et  de  son 
internement  au  château  de  Vincennes.  Le  tout- 
puissant  cardinal  mourut  le  4  décembre  1G42  ; 
Philippe  fut  mis  en  liberté  le  15  janvier  suivant, 
grâce  surtout  aux  sollicitations  de  Mazarin  qui 
commençait  à  devenir  influent.  Cependant  Phi- 
lippe d'Aglié  fut  retenu  en  France  jusqu'après  la 
mort  de  Louis  XIII,  survenue  le  14  mai  1643  ;  c'est 
à  l'occasion  de  son  retour  auprès  de  la  duchesse 
que  la  reine  Anne  d'Autriche,  qui  avait  aussi  le 
cœur  sensible,  et  que  Gaston  d'Orléans,  félicitent 
leur  sœur  et  belle-sœur  de  la  liberté  complète 
accordée  à  son  serviteur  dévoué. 

La  troisième  lettre  contient  l'avis  donné  par 
Colbert  à  un  médecin  piémontais,  François  Vil- 
lotti,  de  Mondovi,  de  la  concession  qui  lui  est 
faite  d'une  pension  par  Louis  XIV.  Le  médecin, 
que  parfois,  dans  les  Lettres  de  Colbert  (1),  on 
indique,  à  tort,  comme  Savoyard,  avait  dédié  à 
Mazarin,  à  l'occasion  de  sa  guérison  d'une  grave 
maladie,  un  livre  intitulé  :  Morbosœ  Europœ  sa- 
nitas  instaurata,  la  santé  de  l'Europe  malade  ré- 

gensa  di  Christina  di  Francia,  duchessa  di  Savoj'a, 
Turin,  1869;  et  nos  collègaes  MM.  Dufour  et  F.  Rabut,  dans  le 
Père  Monod  et  le  cardinal  de  Richelieu,  ne  font  aucune 
allusion  à  ces  deux  lettres  qui,  d'ailleurs^  ne  rentraient  pas 
directement  dans  le  sujet  des  deux  derniers  auteurs. 

(1)  Voir  PiERRK  Clément,  Lettres,  instructions  et  mé- 
moires de  Colbert,  V,  p.  xciii,  468,  470,  471,  628,  634,  640. 

6 


Lxxxn 

tablie.  Lo  ministre  fut  sensible  à  la  flatterie  et  la 
pension  fut  accordée. 

I. 

Madame  ma  sœur, 

Je  n'ay  pas  eu  moins  de  ioye  de  l'entière  liberté  que 
leurs  Maieslez  ont  donnée  au  comte  Philippes,  que  ie  ay 
eu  de  douleur,  et  déplaisir,  lorsque  ie   sceus  que  sans 
aucune  meure  délibération,  mais  par  l'animosité  et  pas- 
sion particulière  du  cardinal  de  Ricliplieu,  il  avoit  esté 
arresté   prisonnier.    Geste  procédure  si    extraordinaire 
contre  une  personne  innocente  et  ou  votre  autorité  avoit 
esté  si  blessée  fut  trouvée  tellement  estrange  que  incon- 
tinent après  la  mort  du  dit  Cardinal,  le  feu   Roy  Mon- 
seigneur, et  Frère  ayant  esté  mieux  informé  de  la  sin- 
cérité de  ses  intentions,  le  tira  du   Bois  de  Vincennes  : 
mais  comme  ce  n'estoit  pas  assez   pour  la  iustification 
d'un  Gentil  Homme  de  son  mérite,  levons  asseure  que 
ce  m'a  esté  un  suiet  de  satisfaction  très  sensible  de  ce 
que  leurs  Maiestez  luy  ont  permis  de  s'en  retourner  et 
luy  ont  donné  moyen  de  faire  paroistre  atout  le  Monde 
qu'elle  à  tousiours  este  la  fidélité  de  ses  services,  après 
luy  avoir  donné  ceste  marque  de  leur  estime.  J'en  ay  une 
si  particulière  pour  luy,  que  i'ay  désiré  vous  en  rendre 
ce  lesmoignage,  vous  asseurant  tousiours,  que  ie  suis 
de  tout  mon  cœur, 

Madame  ma  sœur, 

vostre  humble  Frère 
Gaston. 
a  Paris  ce  14  Juillet  1G43. 
(RossoTTi,  p.  503). 


LXXXIU 

IL 

Ma  sœur, 
Je  ne  doibs  point,  ce  me  semble,  entrer  à  iustifier  ce 
qui  a  esté  fait  du  passé  ny  a  blasmer  les  actions  qui  ont 
esté  autorisées  au  nom  du  Roy  Monseigneur.  le  en  ay 
veu  qui  m^ont  percé  le  cœur,  et  luy  avant  que  de  mou- 
rir a  bien  fait  connoistre  par  sa  conduite  qu'il  en  avoit 
toUerees  quelquesunes  qu'il  n'avoit  pas  approuvez.  De 
reietter  maintenant  la  faute  sur  ceux,  ausquels  il  avoit 
sa  confiance,  i'en  fait  difficulté  pour  ne  blesser  en  quel- 
que sorte  la  mémoire  d'un  si  gran  Roy.  Il  fut  persuadé 
que  le  bien  de  son  service  et  le  repos  de  la  Maison  de 
Savoye  dont  il  desiroit  la  reunion,  l'obligeoient  a  se  sai- 
sir de  la  personne  du  comte  Philippes  ;  il  y  a  consentit 
et  l'ayant  en  ses  mains,  le  fit  traitter  avec  tant  de  dou- 
ceur, qu'il  en  estoit  aiysé  à  connoistre  qu'il  n'avoit  point 
de  suiet  at  luy  faire  aucun  mal,  et  qu'il  en  senloit  d'a- 
voir blessé  la  souveraineté  d'une  sœur  qui  luy  estoit  si 
chère  que  vous  :  ilfut  esclaircy  des  raisons  qu'on  avoit 
alléguées,  et  ne  les  ayant  pas  approuvées,  il  lujjpendît  la 
liberté,  voulut  pourtant  qu'il  demeurât  epKsa  cour  :  or 
n'ayant  sceu  quitter  le  désir  de  vous  aller  rendre  ses 
services,  i'ay  consenty  à  son  dessein  'que  i'ay  trouvé 
d'autant  plus  raisonnable,  que  sa  conduite  en  prison  et 
en  liberté  ont  donné  à  connoistre  qu'il  n'avoit  iamais 
manqué  de  respect,  ny  de  fidélité  ;  si  celle  qu'il  a  eue 
pour  vous,  ne  vous  le  rendoit  recommandable  ie  vous 
prierois  de  l'avoir  en  considération  ;  mais  c'est,  ce  me 
semble,  blesser  ou  vostre  iugement,  ou  sa  conduite  que 
d'entrer  en  ces  termes.  Pourtant  sur  l'asseurance  qu'il 
m'a  donné  de  persévérer  en  son  devoir  envers  vous,  et 
mon  Neveu,  et  de  demeurer  lié  au  service  de  la  France, 
comme  un  suiet  d'un   Prince,  qui  m'est  si  cher,  que 


LXXXIV 

vostre  Fils  Je  peut,  et  le  doit  estre  ;  ie  ne  craindray  point 
de  vous  dire,  que  ie  seray  bien  ayse,  qu'il  reçoive  de 
vostre  bonté  la  protection  dont  vous  honnorez  vous  fi- 
dels  subiets,  et  serviteurs,  et  qu'il  ressentira  tousiours  de 
la  mienne  Royale.  Je  suis 

vostre  bien  bonne  sœur 
à  Paris,  ce  3  d'Aoust  1648.  Annk 

(RossoTTi,  p.  502).  (plus  bas)     de  loinenie. 

III. 

Monsieur, 

Les  gratifications  que  le  Roy  continue  de  l'aire  aux 
Personnes  des  lettres  d'un  mérite  extraordinaire  m'of- 
frant  de  temps  a  autre  l'occasion  de  vous  écrire,  ie  serois 
bien  fasché  de  la  laisser  escliaper  sans  me  doner  ceste 
satisfaction.  Comme  ie  scayl'estat  que  feu  Monseigneur 
le  Cardinal  Mazarin  faisoit  de  vous  ouvrages,  et  que  ie 
en  connois  encore  le  prix  par  eux  mômes,  ie  ne  puis 
qu'avec  beaucoup  de  contentement  exécuter  les  bonnes 
intentions  de  Sa  Maiesté  en  vostre  endroit,  et  ie  me  re- 
iouis  de  voir  la  Place  que  vostre  vertu  et  vostre  scavoir 
vous  ont  acquise  dans  sa  bienveillance.  Ce  seront  ces 
mesmes  qualitez  qui  vous  en  conserveront  la  possession 
et  bien  que  vous  n'en  puissiez  pas  désirer  de  meilleurs 
tiltres  ny  de  plus  asseuré,  ie  ne  laisseray  pas  néanmoins 
de  chercher  tousiours  avec  soin  le  moyen  de  vous  faire 
connoistre  que  ie  suis 

Monsieur, 
Vostre  très  humble,  et  très  alïectioné  serviteur 

COLBERT. 

Paris  le  27  Aoust  1065. 
(RossoTTi,  p.  231). 


LXXXV 

«  Le  sieur  Villiotto,  savoyard  bien  versé  dans 
la  médecine  et  les  humanités  »,  reçut  une  pen- 
sion de  GOO  livres  en  1664,  1665,  1666  et  1667. 
C'était  l'académicien  Chapelain  qui  était  chargé 
par  Colbert  de  correspondre  avec  les  savants 
étrangers,  d'examiner  leurs  ouvrages  et  de  pro- 
poser les  gratifications  à  leur  accorder.  Villiotto 
avait  composé  en  latin  une  Histoire  abrégée  du 
Roy  (Louis  XIII)  dans  laquelle  il  mesurait  l'éloge 
à  Mazarin.  «  Outre  la  faiblesse  et  Tinélégance  de 
son  style,  dit  Chapelain,  cette  attribution  presque 
entière  qu'il  y  a  fait  à  la  feue  reyne  mère  (Anne 
d'Autriche  (1)  de  la  conduite  de  l'Estat  dans  des 
temps  si  difficiles,  m'a  semblé  une  chose  cho- 
quante et  d'un  homme  ou  très  mal  informé  ou 
mal  disposé  pour  la  mémoire  de  son  bienfaiteur 
et  pour  la  satisfaction  d'une  personne  comme  vous 
qui  l'avez  fait  honorer  des  faveurs  royales  par  la 
seule  considération  des  bons  sentiments  que  sa 
feue  Eminence  avait  pour  luy  (2).  » 

Ailleurs  ,  on  manifeste  le  désir  que  Villiotto 
traduise  en  italien  son  histoire  de  la  Régence 
d'Anne  d'Autriche.  Villiotto  a  dû  toucher  la  gra- 
tification de  600  livres  environ  huit  ans. 


(1)  Morte  le  20  janvier  16GG. 

(2)  Lettre  de  Chapelain  à  Colbert  du  0  juin  1008  ;  Lettres 
et  instructions,  page  638. 


LXXXVI 

Séance  du  7  mai  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu 
et  adopté. 

Sur  la  présentation  de  MM.  Mugnier  et  Michel 
(Reymond),  M.  Charles  Dufayard,  docteur  es  let- 
tres, professeur  d'histoire  au  Lycée  Hoche,  à 
Versailles,  est  reçu  membre  effectif  de  la  Société. 

M.  Michel  offre,  au  nom  de  notre  nouveau  col- 
lègue, ses  deux  ouvrages  :  De  Claudii  Seissellii 
vita  et  operihuSj  in-S",  105  pages  ;  Le  Connétable 
de  Lesdiguières,  Paris,  1892,  614  pages.  Ce  sont 
la  thèse  latine  et  la  thèse  française  présentées  par 
M.  Dufayard  pour  le  doctorat  es  lettres  et  soute- 
nues par  lui  avec  un  grand  succès.  Des  remer- 
ciements et  de  vives  félicitations  sont  adressés  à 
notre  compatriote,  ancien  prix  d'honneur  du  Ly- 
cée de  Chambéry  et  ancien  élève  de  l'Ecole  nor- 
male supérieure. 

Le  même  membre  remet  un  billet  de  la  loterie 
de  la  Généralité  de  Hollande  de  1727.  «  N°9092, 
devise  pro  Stephano  et  Joseph,  dont  l'original 
est  entre  les  mains  de  MM.  les  frères  Cazenove, 
d'Amsterdam  ».  Cette  pièce  est  plutôt  le  reçu 
d'un  premier  à,  compte,  de  6  livres  10  sols,  sur  la 
somme  totale  de  26  livres  que  le  billet  entier  de- 
vait coûter.  Il  est  signé  par  Gédéon  Fournoy 
et  O^ ,  de  Genève,  qui  étaient  les  intermédiaires 
de  la  loterie  de  Hollande  avec  la  Suisse  et  la  Sa- 


LXXXVII 


J_f  ^\.  .A  .A.  V   11 

voie.  Le  billet  provient  d'un  procureur  d'Annecy 
au  siècle  dernier. 


M.  Mugnier  présente  un  ordonnance  de  Guil- 
laume Balland,  docteur  m  utroque  jure,  conseil- 
ler et  sénateur  au  Sénat  de  Savoie,  du  24  mars 
1567,  rendue  dans  un  procès  entre  n.  Georges  de 
Charanzonnai,  seigneur  de  ce  lieu,  et  Jean  de  la 
Balme,  seigneur  de  Ramasses.  Guillaume  Balland 
avait  été  nommé  commissaire  du  procès  par  paten- 
tes de  S.  A.  Marguerite  de  France,  duchesse  de 
Savoie,  lieutenante  et  gouvernante  générale  des 
Etats  d'Emmanuel-Philibert.  Bien  que  toute  la 
procédure  fût  rédigée  en  français,  car  on  rappelle 
dans  l'ordonnance  les  mémoires  présentés  par  les 
avocats  des  parties  Genand,  Dufour,  Robert,  et 
commençant  par  ces  mots  :  ne  se  trouvera^,  etc  ; 
posé  sans  préjudice,  etc.  ;  ce  qui  a  esté,  etc.j  bien 
que  l'ordonnance  elle-même  eût  été  prononcée 
en  français  aux  parties  à  l'audience,  le  séna- 
teur-commissaire et  le  greffier  Dubernon  crurent 
devoir  la  traduire  en  latin,  pour  la  meilleure  in- 
telligence du  rapport  :  extractum  ordinantie  d. 
de  Balland,  iraductum  ex  idiomaie  gallico  in 
latinum  ad  maiorem  inielligentiam  rellationis. 

Les  légistes  et  praticiens  avaient  conservé  du 
temps  de  leurs  études  dans  les  Universités  étran- 
gères, où  l'on  parlait  presque  exclusivement  latin, 
l'habitude  de  penser  et  d'écrire  en  cette  langue 
qui  leur  était  plus  commode  que  le  français,  puis- 


Lxxxvni 


qu'alors  tous  les  traités  de  droit  étaient  en  latin. 
On  sait  cependant  que  l'ordonnance  de  Villers- 
Cotterets,  par  laquelle  François  I*""  prescrivit  l'u- 
sage de  la  langue  française  dans  les  actes  publics 
fut  appliquée  en  Savoie  en  même  temps  qu'en 
France,  et  qu'à  la  restauration  d'Eniraanuel-Plii- 
libert  cette  prescription  fut  renouvelée. 

Dans  son  Histoire  du  Sénat  de  Savoie,  t.  P'", 
p.  7,  M.  Eugène  Burnier  place  au  19  janvier  1581 
la  nomination  de  Guillaume  Balland  en  qualité  de 
Sénateur  ;  notre  document  prouve  que  cette  no- 
mination doit  être  reportée  au  moins  quinze  ans 
en  arrière,  à  l'année  1566. 

Le  même  membre  signale  l'importance  pour 
l'histoire  d'Amédée  IV,  comte  de  Savoie  (1233- 
1253),  de  deux  chartes  relatives  à  son  second  ma- 
riage, qui  font  partie  des  archives  départemen- 
tales de  Toulouse  et  qui  ont  été  publiées  dans  les 
Layettes  du  Trésor  des  Chartes  (1). 

Guichenon,  dans  son  Histoire  généalogique  de 
la  Maison  de  Savoie,  t.  I""",  p.  272,  place  à  l'année 
1222  le  mariage  d'Amédée,  fils  aine  du  comte  de 
Savoie,  Thomas  P'',  avec  Anne,  fille  d'André, 
J)auphin,  comte  de  Viennois.  En  décembre  1244 
Amédée  IV  épousa  en  secondes  noces  Céci7e,  fille  de 
Barrai  F',  seigneur  de  Baux  en  Provence, appelée 

(1)  Un  exemplaire  de  cette  publication  se  trouve  à  la  Bi- 
bliothèque publique  de  Chambéry. 


LaXXIX 

Passe-Rose  à  raison  de  sa  beauté.  Au  tome  IV, 
p.  71,  il  publie  le  procès-verbal  de  ce  mariage 
contracté  le  13  décembre  (1)  dans  la  chapelle  de 
la  Bienheureuse  Marie  à  Orange,  par  Humbertde 
Seyssel,  en  qualité  de  procureur  du  comte  de  Sa- 
voie. M.  Dominique  Carutti,  dans  ses  Regesia  co- 
mitum  Sabaudiœ,  p.  255,  indique  encore,  à  la  date 
du  24  du  même  mois,  une  reconnaissance  sous- 
crite par  Amédée  IV  à  Barrai  de  Baux  de  l'assigna- 
tion de  dot  faite  par  lui  à  la  mariée.  Mais  nos  di- 
vers écrivains  n'ayant  pas  signalé  les  documents 
des  archives  de  Toulouse,  bien  que  Guichenon 
semble  avoir  connu  le  premier  (note  marginale  à 
la  page  272  du  tome  l"  ),  il  nous  a  paru  utile  de 
les  rapporter  ici. 

La  dot  de  Cécile  devait  être  fournie  par  son 
oncle,  Raymond  VII,  comte  de  Toulouse.  Amé- 
dée IV  accrédite  en  conséquence  une  mission  au- 
près de  lui  pour  la  débattre  et  la  fixer.  La  pre- 
mière pièce  contient  le  mandat  donné  à  cet  effet, 
à  Charabérv,  le  25  octobre  1244,  à  Adhémar  de 
Bressieux  (2)  Humbert  de  Seyssel  et  Aymon  de 
Compeis.  Viennent  ensuite  une  lettre  datée  d'Ec- 
con  (?)  le  28  août  et  paraissant  confier  plus  parti- 
culièrement à  Aymon  de  Compeis  le  pouvoir  de 

(1)  Ajino  Incarnationis  M.CC.XLIV  et  XV  calendas 
lanuaril,  par  conséquent  le  18  décembre  1244.  Au  tome  I", 
p.  272,  Guichenon  place,  par  inadvertance,  le  mariage  au 
mois  de  janvier  1244. 

(2)  Bressieux  ;  flef  à  1.500  mètres  N.  de  Cliambéry. 


xc 

traiter,  puis  le  contrat  de  mariage  par  lequel  le 
comte  de  Toulouse  promet  à  sa  nièce  une  dot  de 
0,000  livres  viennoises  payables  par  fractions  de 
mille  livres,  d'année  en  année. 

Les  trois  envoyés  savoyards  sont  escortés  d'un 
secrétaire  du  duc  de  Savoie,  Jacobus  sci^iptor  do- 
mini  comitis  Sabaudiœ,  afin  d'être  bien  certains 
que  le  contrat  ne  contiendrait  pas  d'autres  clau- 
ses que  celles  convenues  ;  il  y  a  encore  avec  eux 
les  seigneurs  Hugues  de  Mouxy,  Hugues  de  Ma- 
let, W.  de  BoUo  et  Pierre  de  Clermont  (1). 

La  seconde  charte  (Layettes,  t.  III,  p.  118)  est 
une  lettre  d'Amédée  IV,  du  9  mars  1251  ?  aux 
exécuteurs  testamentaires  de  Raymond  VII  dé- 
cédé, le  27  septembre  1249,  sans  avoir  payé  tous 
les  termes  échus  de  la  dot  de  la  comtesse  Cécile. 
Il  leur  rappelle  que,  l'année  précédente,  il  leur  a 
envoyé  le  prieur  d'Hautecombe  avec  un  secrétaire 
pour  leur  réclamer  3,700  livres  dues  encore  sur 
la  dot  de  sa  femme,  et  qu'il  a  été  étonné  que  mal- 
gré le  serment  du  comte  Raymond  et  celui  qu'eux- 

(l)  Mouxij,  ancienne  famille  de  Savoie;  commune  du 
canton  d'Aix-les-Bains  ;  Malet,  famille  du  Bugoy;  W.  de 
Dnilo,  ce  nom  répond  h  celui  de  du  Boulon,  très  répandu 
en  Chablais  et  en  Faucigny  ;  P.  de  Clermont  ;  il  y  a  tant  de 
Clermont  qu'on  ne  peut  rien  affirmer  au  sujet  de  la  natio- 
lité  de  ce  seigneur.  La  jîaroisse  et  le  château  de  Clermont, 
à  trois  lieues  N.  de  Rumilly,  faisaient  alors  partie  du  comté 
de  Genevois,  où,  à  cette  opoque,  l'autorité  d'Amédée  IV  et 
de  ses  frères,  Pierre  et  Philippe,  était  prépondérante. 


XCI 


mêmes  ont  prêté,  d'acquitter  ses  dettes,  ils  n'en 
aient  rien  fait.  La  dette  est  échue  depuis  long- 
temps, écrit-il,  et  ils  avaient  promis  de  payer  à  la 
Saint-Michel  précédente.  Ils  ne  voudront  pas  que 
l'àme  de  l'illustre  comte  soit,  pour  une  si  petite 
somme,  chargée  d'un  parjure. 

I. 

Pactiones  conjugales  matrimonii  contrahendi 
inter  Amedeum,  comitem  Sabaudie  et  Ceciliam 
de  Bauz,  neptera  comitis  Tolosani.  (I.  310.  — 
Toulouse,  V,  n°  23.  Original  scellé). 

ABC.    DEF.   GJK. 

In  nomine  Patris  et  Filii  et  Spiritus  Sancti. 
Amen.  —  Notum  sit  omnibus  quod  nobiles 
viri,  videlicet,  dominus  Ademarus  dominus 
Breixiaci  (1),  dominus  Umbertus  de  Saissello  et 
dominus  Aymo  de  Compeis,  nuncii  destinati  ab 
illustri  viro  domino  Amedeo,  comité  Sabaudie  et 
in  Italia  marchione,  ad  tractandum  de  matri- 
monio  contrahendo  inter  eumdem  dominum 
Amedeum  et  dominam  Ceciliam,  neptem  illustris 
viri  domini  R[aimundi],  comitis  Tolosani,  filiam 
nobilis  viri  Baralli  del  Bauz,  litteras  ejusdem 
domini    comitis    Sabaudie   patentes    déférentes, 

(1)  Dans  son  index  alphabétique,  M.  Teulet  traduit  domi- 
nus Breixiaci  par  comte  de  Brescia,  en  Lombardie.  C'est 
évidemment  une  erreur  qui,  d'ailleurs,  n'existe  pas  au  texte. 


XCII 

[eas]  in  presencia  prefati  domini  comitis  Tolosani 
et  venerabilis  patris  domini  R[aimundi]  episcopi 
Tolosani  ostenderunt,  quaruni  ténor  taliserat  : 

Notum  sit  omnibus  quod  nos  Amedeus  cornes  Sa- 
baudie  et  in  Italia  marchio,  juramento  prestito,  promit- 
limus  ratum  et  firmum  liabere  in  perpetuum  quidquid 
factum  fnerit  seu  ordinatum  aliquo  modo  per  dilcctos 
nostros  et  fidèles,  videlicet  Ademarum  dominum 
Bi'eixiaci  et  dominum  Ubertum  de  Saissello  viros  vene- 
rabiles  et  discretos,  super  matrimonio  celebrando  inter 
nos  ex  una  parte  et  neptem  nobilis  viri  et  discreti  do- 
mini comitis  Tolosani,  filiam  domini  Barraudi  del 
Bauz,  ex  altéra,  et  quidquid  fecerint  seu  promiserint, 
super  eo  matrimonio,  facere  totum  sub  eodem  jura- 
mento promittimus  nos  habere,  tenere  firmiter  et  obser- 
vare  et  nunquam  contra  venire.  Actum  est  hoc  apud 
Chamberiacum  m»  00°  xLinio  indictione  secunda,  die 
martis  ante  festura  Omnium  Sauctorum  (id  est  die 
XXV  octobris). 

Illustrissimo  viro  et  amico  karrissimo  R.  Dei  gratta 
comiti  Tolosano  et  marchioni  Provincie,  Amedeus  co- 
rnes Sabaudie  eadem  gratia  et  marchio  in  Italia,  sa- 
lutem  et  paratam  ad  sua  beneplacita  voluntatem.  —  Do- 
mi  nationi  vestre  tenore  presencium  declaramus  quod 
ea  que  dilectus  et  fidelis  noster  dominus  Aymo  de  Com- 
peisio  super  matrimonio  filie  domini  Barraudi  del  Bauz 
ex  parte  nostra  vobis  dixerit,  ac  si  vobis  ore  tenus  dice- 
rcmus  firmiter  crcdatis,  promittontes  bona  lido  quidquid 
vobis  dixerit,  super  dicto  matrimonio  locuturus  inviola- 
biliter  observari  et  omnia  firmitate  (sic)  attendentes. 
Datumapud  Eccon  (?),  dominica  post  festum  Beati  Bar- 
lliolomei  [id  est  die  XXVIII  augusti). 


XCIII 


Qui  bus  litteris  inspectis  et  diligenter  intellectis 
et  habito  maturo  et  diligenti  tractatu  super  pre- 
dicto  matrimonio  faciendo,  predicti  nuncii  do- 
mini  comitis  Sabaudie  sollempniter  promiserunt  : 
que  le  comte  de  Savoie  épousera  Cécile  de 
Baux;  le  comte  de  Toulouse  promet  à  sa  nièce 
six  mille  livres  viennoises  de  dot  payables 
mille  livres  lorsque  le  mariage  sera  contracté  et 
le  surplus  à  raison  de  mille  livres  chacune  des 
années  suivantes  :  il  donne  diverses  cautions  en 
la  personne  de  prélats  etde  seigneurs  toulousains. 

Les  envoyés  de  Savoie  promettent  à  la  future 
un  augment  de  mille  marcs  d'argent  ;  le  tout,  dot 
et  augment,  est  affecté  sur  Chambéry  et  Mont- 
mélian.  Pour  la  restitution  de  la  dot  et  de  Vaug- 
ment,  on  suivra  la  coutume  de  Savoie. 

Serment  du  comte  de  Toulouse  et  des  envoyés 
d'accomplir  fidèlement  ces  conventions.  Les  en- 
voyés scelleront  l'acte  de  leurs  sceaux  et  de  celui 
du  comte  de  Savoiequ'ils  ont  apporté  dans  ce  but. 

Acta  fuerunt  hec  apud  Tolosam  in  Castro  Nar- 
bonensi  ubi  fuerunt  testes  vocati  et  rogati  :  vene- 
rabilis  pater  R.  episcopus  Tolosanus,  A.  vice  co- 
rnes Narbone,  R.  prepositus  Tolose,  Coquardus 
Alamandi,  G.  archidiaconus  Villelonge,  Poncius 
de  Villanova,  dominus  Hugo  de  Maxiaco  {\), 
Hugo  Maleti,  dominus  \V.  de  BoUo,  dominus 
Petrus  de  CJaromonte  et  plures  alii. 

(1)  Il  faut  lire  de  Moxiaco  ou  Mouxiaco,  de  Mouxy. 


XCIV 

Et  ego  Jacobus  scriptor  clomini  comitis  Sabau- 
die  liiis  omnibus  presens  interfui  et  bas  présentes 
litteras  per  alphabetum  divisas,  anno  domini 
M°cc°  xLiiii°  X  kalendas  decerabris  {22  nouembré) 
indictiono  secunda  de  mandato  partium  scripsi  et 
tradidi  féliciter.  (Il  n'est  resté  à  l'acte  que  le 
sceau  du  comte  de  Toulouse). 

II 

[1251.]  9  mars. 

Litteiw  Amedcei,  comitis  Sahaudicc^  episcopo  Tolo- 
sano,  Raimundo  Gaucelmi  et  Sicardo  (1)  Alamanni, 
quitus  eos  rogat  ut  de  reliqua  dote  uxoris  suce  sibi 
solvenda  studeant. 
(J.  310.  —  Toulouse,  V,  \r  39.  —    Original  scellé.) 

Reverendo  in  Cliristo  patri  ac  Domino,  Dei  provi- 
dencia  episcopo  Tholosano,  atque  viris  nobilibus  amicis 
suiskarissimis,  domino  Rey[mundo]  Gaucelmi  domino 
Lunelli,  ac  domino  Sicardo  Alamandi,  Amedeus, 'cornes 
Sabaudie  et  in  Italia  marchio,  saliuem  et  paratam  ad 
eorum  beneplacita  et  mandata  voluntatem.  Cum  nos, 
sicut  vestra  benignilas  alque  benignitas  [sic),  ut  credi- 
mus,  non  innorant,  per  religiosum  virum  dilectum 
noslrum  priorem  de  Alta-Comba  (1)  et  per  scriptorem 
nostrum  vobis  in  anno  nuper  preterito  direxerimus 
scripta  nostra,  ut  nobis,  per  eosdem  nuncios  tria  mi  lia 
vnc  L,  I.,  quas  nobis  debebat  illustris  vir  dominus  comes 
Tholosanus  bone  memorie,  et  quas  nobis,  tactis  Euvan- 
geliis,  pro  dote  neptis   sue,   uxoris  nostre,    promiscrat 

(1)  A  la  charte  précédente  on  lit  Coquardus  Alamanni  ; 
ici,  Sicardus,  no  faudrait-il  pas  Rlcardus. 

(2)  Burcliard,  prieur  de  l'abbaye  d'Hautecombe  en  Savoie. 


xcv 

bona  fide  efficaciter  soluturas  (sic)  tramiltere  curaretis, 
cum  vos,  pro  dicto  comité  Tholosano,  nobis  exstiterilis 
fidejussores  et  principales,  persacramenlum  a  vobis  cor- 
poraliter  prestitum,  et  sitis  etiam  executores  ipsius  co- 
mitis  testamenti  ;  verum  nobis  per  dictos  nuncios  nos- 
tros   nobis   litteratorie   intimastis    quod   vos    vestrum 
bonum  ac  certum  nuntium,  cum  responsione  plenaria  et 
décente,  infra  festum  beati  Michaelis  nuper  preteritum, 
ad  uostram  presentiam  mitteretis,  quod  nundum  curavis- 
tis  facere  :  de  quo  non  modicum  admiramur.  Quapropter 
nos,  coacti  super  hoc,  iterato  vobis  duximus  rescriben- 
dum  quatinus,  sicut  nobis,  in  dicta  summa  pecunie,  per 
sacramentum  ex  parte  dicti  comitis  tenemini,   et  ipsius 
domini  comitis  anima  obligatur  nobis  similiter  et  tenetur, 
tractare  efficaciter  debeatis  ut  dicta  summa  pecunie  nobis 
in  proximoin  integrum  persolvatur  ;  et,  ne  ipsius  pecu- 
nie solutio  ampiius  de  cetero  differatur,  cum   solutionis 
terminus,  sicut  scitis,  jam  diu  est,  sit  elapsus,  non  de- 
betis  enimvero,  ut  nobis  videtur  élucide,  pati   ullatinus 
quod  tam  illuslris  viri  anima,    sicut  domini    comitis 
Tholosani,  pro  tantilla  summa  pecunie  de  perjurio  obli- 
getur,  nec  vos  valeatis  similiter  de  perjurio  repreliendi  ; 
hoc  etiam  taliter  facientes  quod  vobis  ccdat  ad  honorem 
non  modicum  et  nobis  ad  commodum   et  profectum,  et 
ut  vobis  teneamur  ad  gratiarum  multimodas  actiones,et 
quicquid  inde  facere  voluerilis,  nobis  per  latorem  pre- 
sencium  rescribatis.  —  Datum  vno  idus  martii,  indic- 
tione  viHia.  (Layettes  III,  p.  118). 

Nous  signalons  encore,  aux  tomes  II  et  III  des 
Layettes,  diverses  pièces  intéressantes  pour  l'his- 
toire de  la  Maison  de  Savoie  au  xiii^  siècle  : 

—  Testament  nuncupatij  de  Reyniond  Béren- 


XCVI 

(jer  IV,  comte  de  Provence  et  de  Forcalqidei^  ; 
Sisteron,  20  juin  1238  ;  t.  II,  378b  ^  382  (1). 

—  Renonciation  de  Jeanne,  comtesse  de  Flan- 
dre et  de  Hainantj  à  tout  mariage  avec  Simon 
de  Montfort  ;  12  avril  1237  ;  pièce  en  français,  II, 
p.  356  ^ . 

—  Sentence  des  évêques  de  Laon,  de  Langres 
et  de  Noyon  sur  la  forme  de  l'hommage  que 
prêteront  à  Louis  IX,  roi  de  France,  Thomas 
de  Savoie  et  sa  femme,  Jeanne,  comtesse  de 
Flandre;  Compiègne,  décembre  1237  ;  II,  p.  355. 

—  Thomas  de  Savoie,  comte  de  Flandre  et  de 
Hainant  et  sa  femme  font  connaître  les  condi- 
tions auxquelles  leur  hommage  au  roi  de  France 
a  été  prêté',  Compiègne,  décembre  1237;  II, 
p.  536.  Cet  acte  est  suivi  de  très  nombreux  actes 
de  sûreté  donnés  par  les  seigneurs  flamands  en 
garantie  de  l'hommage  de  Thomas  et  de  Jeanne. 

—  Testament  de  Jeanne  de  Flandre,  épouse 
de  Thomas  de  Savoie;  dimanche  4  décembre 
1244  (2). 

(1)  Reymond  Bôrenger  ne  mourut  que  le  19  août  124(5,  à 
Aix  en  Provence.  Voir  à  ce  sujet  nos  Savoyards  en  Angle- 
terre, p.  59  à  62  et  le  ch.  VII. 

(2)  Jeanne  êtail  âgée  de  49  ans  lorsqu'elle  épousa  en  se- 
condes noces  Thomas  de  Savoie  ;  elle  mourut  le  5  décembre 
4244.  Voir  les  Sacot/ards  en  Angleterre,  p.  24-25,  57  et 
passiin.  —  Voir  aussi  dans  Monument/k  Histori.e  Patri/e, 
Chartarum,  I,  col.  1360-64,  une  bulle  d'Innocent  IV  du  3 
des  noues  de  décembre  1243,  confirmant  la  donation  d'une 


XCVII 

—  Lettres  de  Simon  de  Mont  fort  et  de  Pierre 
de  Savoie  sur  la  prorogation  de  la  trêve  entre 
Henri  III,  roi  d'Angleterre,  et  Louis  IX,  roi  de 
France  ;  Paris^  juin  1255. 

—  Traité  de  paix  entre  Louis  IX  et  Henri  III; 
ratification  par  Simon  de  Mont  for  tj  comte  de 
Leiceste/',  Pierre  de  Savoie  et  Hugues  Le  Bigod, 
procureurs  du,  roi  d' Angleterre  ;  Paris,  mardi 
28  mai  1258.  Ce  traité  fut  mis  en  garde  à  Paris 
dans  le  Temple  sous  le  sceau  d'Eude  Rigaud, 
arclievêque  de  Rouen  et  de  Raoul  (Rodolphe  I 
Grossi),  archevêque  de  Tarentaise  ;  III,  p.  411  à 
413''  (1). 

— Lettres  des  mômes  ambassade  ws^  à  Henri III, 
28  et  29  mai,  l^'"  juin  1254,  III,  p.  413»^  et  415»^  . 

—  Ratification  du  traité  par  les  prélats  et  ba- 
rons d' Angleterre.  Londres,  13  octobre  1259  ;  III, 
page  450. 

Le  premier  nommé  dans  cet  acte  est  l'arclievé- 
que  Boniface  de  Savoie,  frère  d'Amédée  IV,  de 
Thomas  et  de  Pierre  de  Savoie  :  «  nos  Boneface, 
arcevesque  de  Cantorbire,  primaz  de  tote  Angle- 
terre ».  Pierre  de  Savoie  est  le  dixième  (sur 
seize);  III,  page  490. 

rente  annuelle  de  6,000  livres  faite  par  Jeanne  en  faveur  de 
Thomas  de  Savoie,  son  mad,  du  consentement  de  sa  sœur^ 
Marguerite  de  Dampierre. 
(1)  Voir  aussi  à  cet  égard  Les  Savoyards  en  Angleterre, 

ch.  VI. 

7 


XCVIII 


—  Hoinniage-Urje  cV Henri  III,  toi  rV Angle- 
terre à  Louis  IX;  Paris,  4  décembre  1259;  III, 
p.  497'' .  L'hommage  est  prêté  en  présence  de... 
[Rodolphe]  archevêque  de  Tarentaise  en  Savoie 
et  de  Pierre  de  Savoie. 


Séance  du  4  juin  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.J 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est 
lu  et  adopté. 

MM.  Charles  Pépin,  capitaine  d'artillerie  bre- 
veté, à  Grenoble,  —  Félix  Perpéchon,  bibliothé- 
taire  de  la  ville  de  Chambéry  —  et  André  Caralp, 
avoué  près  la  Cour  d'appel,  sont  élus  membres 
effectifs  de  la  Société. 

M.  Marie-Girod  annonce  la  découverte  de 
trois  squelettes,  de  grande  stature  et  paraissant 
très  anciens,  faite  récemment  dans  la  vigne  de 
M.  RuUier,  à  Villaret,  immédiatement  au-dessous 
de  l'ancien  chà'teau  de  Monterminod  (commune 
de  Saint-Alban  près  Chambéry);  —  h  rapprocher 
d'une  découverte  du  même  genre  faite  dans  la 
vigne  des  Hospices,  à  Monterminod,  signalée  au 
tome  XXIX  des  Mémoires  do  la  Société,  page 

XXVIII. 

Dans  la  séance  du  20  juillet  1890  (tome  XXIX), 
M.  Jean  Martin-Franklin  a  envoyé  le  relevé  de 
l'inscription  qui  se  trouvait  sur  la  pierre  tombale 


XCIX 

du  duc  de  la  Tremoiiille,  rua  des  premiers  émi- 
grés français,  mort  à  Ciiambéry,  et  inhumé  dans 
l'église  de  Sainte-Marie-Egyptienne,  M.  Marie- 
Girod  donne  lecture  aujourd'hui  de  l'acte  de  décès 
de  ce  personnage,  extrait  de  l'Obituaire  de  Sainte- 
Marie-Egyptienne  : 

«  Le  19'  may  1792  est  mort  et  le  21  a  été  eossépulturé 
à  neuf  heures  du  matin  dans  le  tombeau  des  ancettres 
du  seigneur  marquis  d'Arvillard  dans  l'église  de  Sainte 
Marie  Egyptienne  très  haut  et  très  puissant  seigneur 
Jean  Breta2:ne  Charles  Godefrov  de  la  Trimouille  duc 
et  pair  de  France  mareschal  des  camps  et  armées  du 
Roy  chevalier  de  l'ordre  royal  et  miUfairo  de  Saint 
Louis,  âgé  d'environ » 

Pour  compléter  la  publication  des  actes  de  dé- 
cès des  émigrés  français  morts  à  Chambéry  et 
ensevelis  dans  l'église  de  Sainte-Marie-Egyp- 
tienne, de  1789  à  1792,  M.  Marie-Girod  présente 
encore  les  actes  suivants  : 

((  Le  dix  sept  novembre  1790  est  mort  dans  l'hôpital 
dit  hôtel- dieu  et  le  vingt  du  susdit  mois  a  esté  trans- 
porté à  deux  heures  et  demy  après  raidy  dans  l'Eglise 
de  Sainte  Marie  l^'.giplienne  ou  il  a  esté  enssepulturé, 
Révérend  Marie  Hp.nry  Noble  du  Bois  de  Myret,  natif 
de  Strasbourg  curé  de  Barbonval  dans  le  diocèse  de 
Soissons  âgé  d'environ  trente  ans  lequel  estoit  fils  de 
Noble  Louis  du  Bois  desnoyer  ancien  militaire  cheva- 
lier de  Saint  Louis,  plusieurs  ecclésiastiques  du  diocèse 
de  Chambéry  ont  accompagné  le  cadavre  depuis  l'hôtel- 
dieu  jusqu'à  l'Eglise  de  Sainte  Marie  Egiptienne.  » 
((  Signé  Le  chanoine  Collard.   » 


«  Le  douze  décembre  mil  sept  cent  quatre  vingt  et 
dix  est  mort  à  Chambery  et  le  treize  a  esté  enssepulturé 
à  onze  heures  et  demy  du  matin  dans  l'Eglise  de  Sainte 
Marie  Egiptienne  le  très  haut  et  très  puissant  seigneur 
Monseigneur  Nicolas  François  Jules,  comte  de  la  tour 
d' Auvergne,  Chevalier  Lieutenant  gênerai  des  Armés 
du  Roy  de  France,  Lieutenant  gênerai  des  provinces 
d'Anjou,  Saumur  et  Saumure  (sic),  seigneur  de  Vei- 
mars,  Massac,  La  Margueride,  Créqui,  Seins,  Fres- 
seins  et  autres  lieux  né  à  Paris  rue  Tournon  paroisse  de 
Saint-Sulpice  âgé  d'environ  soixante  dix  ans.  » 

((    Le  Chne  COLLARD.    )) 

((  Le  vingt  cinq  octobre  mil  sept  cent  quatre  vingt  et 
onze  est  mort  et  le  vingt  six  a  esté  enssepulturé  dans 
l'Eglise  de  Sainte  Marie  Egiptienne  devant  la  chapelle 
de  Saint  Antoine  de  padoûe  précisément  à  coté  de  la 
grosse  pierre  qui  est  au  pied  de  la  susdite  chapelle  du 
côté  de  l'Epitre  le  Seigneur  Paul  Auguste  Darnaud 
de  VittrollCj  conseiller  au  parlement  d'Aix,  fils  de  No- 
ble Jules  François  Alphonse  Darnaud  de  Vittrolle  aussi 
conseiller  dans  le  même  parlement  âgé  d'environ  cin- 
quante quatre  ans.  » 

«    Le  Ch'i-^  CoLLARD.   » 

«  Le  dix  novembre  1791  est  décédée  et  le  onze  a 
estée  inhumée  dans  l'Eglise  de  Sainte  Marie  Egiptienne 
à  deux  heures  et  demy  après  midi  au  pied  du  marche- 
pied de  l'autel  de  Saint  François  soit  chapelle  du  coté 
de  l'Evangile  dame  Josephte  Jacquete  Fardel,  de  Di- 
jon en  Bourgogne,  épouse  de  Messire  Pierre  Anthelme 
Passerat  de  la  Chapelle,  de  chatillon  de  micaille  (sic)  en 
Bugey  vivant  conseiller  au  parlement  de  Dijon.  » 

((    Le  Ch'i^  CoLLARD.  )) 


CI 

«  Le  19s  may  1792  est  mort  et  le  20  a  esté  enssepul- 
turé  à  sept  heures  après  midy  dans  l'Eglise  de  Sainte 
Marie  Egiptienne  Noble  Jean  François  de  Segneuret 
Marquis  de  Cesseras  Seigneur  du  dit  lieu,  diocèse  de 
Saint-Pons  de  tonniers.  Agé  d'environ  soixante  neuf 
ans.  »  «  Le  chne  Collard.  » 

M.  Mugnier  analyse  la  charte  suivante  ayant 
f/our  objet  un  contrat  passé,  le  19  juillet  1429, 
entre  l'abbé  d'Abondance,  Guillaume  de  Lugrin, 
et  Guillaume  Bron  ou  Bronc,  de  Vacheresse, 
homme  du  couvent  (1). 

19  juillet  1439 

In  Dei  nomine  amen.  Anno  a  Christo  nato  cur- 
rente  millesimo  quatercentesimo  trigesimo  nono,  indic- 
tione  septima  et  decimo  nono  mensis  julii.  Per  hoc 
presens  publicum  instrumentum  cunciis  patefiat  etma- 
nifestum  sit  quod  corara  me  notario  publico  subscripto 
et  testibus  subscriptis  ob  hanc  solam  causam  fuerit 
personaliter  et  specialiter  constitutus  R'^^"'*  in  Christo 
pater  Dominus  Guillelmus  de  Lugrin,  Dei  gratia  et 
sanctœ  sedis  apostolicœ  abbas  monasterii  nostras  do- 
mina3  de  abundantia,  ordinis  sancti  Augustini,  diœcesis 
Gebennensis,  tam  suo  nomine  quam  nomine  totius  sui 
conventus  in  dicto  monasterio  ex  una  parte  —  et  Guil- 
lelmus Bron  filius  quondam  Michaudi  Bron  du  Fon- 
tany  parrochiœ  de  Vacheresses  homo  ex  dicto  monas- 
terio et  dominus  abbas  ex  altéra  (sic).  Quiquidem  R^^^^ 
dominus  abbas  sciens  gratis  et  sponte  motus  de  suis  plene 

(1)  Nous  avons  supprimé  les  abréviations  ;  mais  nous 
avons  laissé  les  barbarismes  et  les  solécismes  dont  ]e  notaire 
de  l'abbaye  d'Abondance  a  émaillé  son  latin. 


eu 

juribus  imbutus  quam  de  illis  antedicti  sui  monasterii 
ut  patefit,  in  ejus  progressum  tam  presentem  quam  fulu 
rum  (ut  ait)  evidenter  abbergat  et  in  fundum  omphy- 
teosim  perpetuam,  dat,  cedit,  donat  transfert,  remitlit, 
et  perpetuo  tam  sao  nomine  quam  dicti  sui  conventus 
et  successorum  in  diclo  conventu  professorum,  et  titulo 
purœ,  perpetuœ,    perfectœ  et  irrevocabilis  cessionis  al- 
bergamenti  et  id  dicto  Guillelmo  Brou  presenti,  stipu- 
lanli  et  pro  se  et  suis  successoribus  universis  recipienti, 
sub  homagio  quo  dictus  Guillelmus  Bron  et  alii  de  dicto 
monasterio    astrictus    et  dicto   domino  abbati,  scilicet 
unum  molendinum,  unam  follam,  unam  sciam  et  unum 
baptitorium.  Qua3  dictus  Guillelmus  Bron  et  sui  propriis 
eorum  expensis  de  novo  curabunt  construi  in  casalibus 
silis  in  cursu  aquas  nigroo  voccata3  la  Dranse  descen- 
dentis  es:  montibus  des  Fontaines  du  Benaz  (ouTenaz) 
et  de  Darbon  usque  ad  Sancti  Martini  passum  in  quo- 
quidem  aquarum  decursu  dictus  Guillelmus  Brou  et 
sui  locum  commodiorem  et  utilliorem  convenient,  scili- 
cet a  ponte  dictas  aquse  nigrae  quo  petitur  abundantia  ex 
loco  de  Vacheresses  subtus  usque  ad  certum  nand  voc- 
catum  le  nand  du  Grassonay  a  fonte  scilicet  du  Gras- 
sonay  ut  taliter  quod  dictus  Guillelmus  uec  sui  turben- 
tur  per  cursum  rassiam  (1)  hominum  communilatis  du 
Villard,  sitam  in  dictis  confinibus  cum  eorum  lundis, 
juribus,   aquarum    cursibus,    ingressibus,    egressibus, 
eminentiis,   preeminentis  opportunis  et  dictorum  tam 
molendini    quam  folte,   scia3  et  baptitorij,    appendiliis 
universis  et  singulis,  ad  habendum,  intrandum,  tenen- 
dum  et  pacifiée  possidendum  et  per  eumdem  antedic- 
lum  Guillelmun  et  suos  prcdictos  exigendum,  recupe- 
randum    et    de    fructibus    ejusdem   percipiendum    ex 

(1)  Rassia,  onna  rais6e  en  patois;  scie  et  scierie. 


cm 

eminaletis  et  emolumentis  tam  dictorum  molcndini, 
folla3,  sciœ  quam  baptitorii  et  id  perpetuo  ad  suum  pro- 
prium  usagium  et  progressum  convertendum.  Quod 
predictum  albergamentum  fit  pro  et  mediante  summa 
viginti  quattuor  solidorum  Gebenneasium  de  censu 
annuali  singulis  annis  per  eundem  Guillelmum  et  suos 
perpetuo  dicto  R<io  domino  abbati  et  suis  successoribus 
solvenda  in  festo  divi  Andreaî  apostoli  in  autumno, 
mandans  exinde  et  ordinans,  volens  et  intendens  dictus 
pj^dus  pus  abbas  tam  suo  nomine  quam  tolius  sui  monas- 
terii  etuniversi  conventus  inuri  (?)  idest  liominibus  suis 
juridictionnariis  parochi^e  de  Vacheresse  solentibus 
eorum  legumina  molere  in  certis  veteribus  molendinis 
[dicti]  monasterii  existentibus  in  cursu  dictseaquas  nigras 
apud  pontem  predictum  appellatis  molendinum  centum 
fontium,  quo  erigendo  Guillelmus  Bronc  et  sui  aidifiea- 
bunt  dictes  molendinum,  follam,  sciam  et  baptitorium 
ut  ibidem  homines  jinidictionnarii  noslri  de  Vacheresse 
ac  eorum  fuluri  hercdes  sint  et  debeant  ex  hoc  in  antea 
futuris  et  suis  temporibus  venire  et  sint  astricti  eorum 
legumina  singula  [etj  omnia  mollere  in  dicto  molendino 
eorum  pannos  fabricare  in  folla  id  est  follare,  ligna  vero 
sciare,  denique  canavos  eorum  singulos  divertere  et 
gruere  ac  generaliter  omnia  alia  ibidem  facere  sine  al- 
lioquovis  mandato. 

Promittentes  dictïc  partes  quarum  una  intererit,  sci- 
licet  dictus  dominus  abbas  tam  suo  proprio  nomine  pre- 
dicto  quam  nomine  predicto  per  manum  suam  ad  pectus 
positam,  ut  moris  est,  religioso  more,  sub  hypotheca 
et  obligalione  omnium  dicti  monasterii  bonorum  et  dic- 
tus Guillelmus  Bron  pro  se  et  suis  suo  juraraento  corpo- 
raliler  prestito  sui)er  sacris  Dei  evangeliis  sub  hypo- 
theca generali    et  obligatione  suorum  quorumcumquo 


CIV 

bonorura  presentium  et  fulurorum  habere  omnia  su- 
prascripta  grata,  firma  et  stabilia  et  valida  etinde  eadem 
servare,  tenere,  complere  et  inviolabiliter  perpétue 
observare  nec  ire  nec  venire  contrarium  facere  per 
ipsum  seu  per  aliam  interpositam  personam  nec  per  os 
nec  per  opus,  nec  per  consensum,  directe  nec  indirecte 
tam  in  judicio  quam  extra,  quomodocumque  sit  et  per 
dictum  dominum  abbatem  bene  et  'decenter  manutere, 
debrigare  et  guerenlire  suis  propriis  expensis  in  omni 
defendere  iudicio  et  extra  in  quoscumque  (sic)  res  dicti 
Guillelmo  Bronc  ut  supra  albergatas  et  per  eundera 
Guillelmum  Bronc  in  futurum  edificare  debere  dictos 
molendinum,  follam,  sciam  et  baptitorium  et  bene  an- 
nualiter  in  futurum  solvere  perpétue  dictos  viginti  qua- 
tuor solidos  de  censu  annuali  in  termino  supra  decla- 
rato  quorainus  dicta  molendinum,  folla,  scia,  et  bapti- 
torium edificabuntur  prout  et  suj^ra  declaratum  est. 

Renuntiantes  insuper  etiam  dictas  partes  in  quantum 
suo  interest  pro  se  et  suis  et  nominibus  supradictis 
juramentis  suis  corporaliter  prestilis  sine  omni  dolo,  vi, 
metu  nec  facti  voce,  res  supradictas  et  omne  id  scrip- 
tum  ac  ut  scripta3  sunt  et  non  aliter  in  jure  pro  quo 
relevatur,  maiori  pro  minore  si  ledatur  in  hoc  contractu 
seu  conventioue  ac  aliis  omnibus  juribus  canonicis  et 
civilibus  scriptis  aut  non  scriptis  consuetudinibus  ac 
omnibus  aliis  exceptionibus  et  mediis  quibus  ire,  venire 
ac  facere  potere  in  contrarium  rei  supradictas  ac  omni 
juredicenti  gencralem  renuntiationem  non  valere  nisi 
specialitas  ei  précédât.  —  Volentes  insuper  dictœ  partes 
fieri  duo  publica  instrumenta  unius  substantif  ad  opus 
cuiuslibet  ac  tcnoris. 

Acta  fuere  premissa  in  loco  publico  a  Maresche  in 
liorto  predicti  R^^  Patris  in  Christo  abbatis,  adstantibus 


cv 

ibidem  R'i's  Dois  Joanne  Bernardo  Bona  dicti  monas- 
terii  canonico  et  cnrato,  Petro  Grison  etiam  curato  dicti 
monasterii,  Petro  Combaz,  Joanne  Besson,  Joanne 
Mermed  (sic)  Bovier,  Anthonio  ac  Andréa  Cler,  Ja- 
cobo  Gullien,  Petro  GuUien,  Nicodo  Lueret,  Falleo- 
nardo  (sic)  du  Cou[stoa?]  et  Joanne  Gerdil  omnibus 
parrochise  de  Vacheresse,  testibus  sumptis  et  vocatis. 

Et  me  Berthet  Soneij  (ou  Soveij,  ou  Doucii)  ex 
abundantia  diocesis  gebenensis,  aucthoritate  imperiali 
uotario  publico  et  jurato  aulico  nostri  illustrissimi  prin- 
cipis  Amedei  ducis  Sabaudias  dum  fuerat  cornes  fui 
presens  cum  premissis  testibus,  dum  presens  tractatus 
fieret  et  illum  recepi  uti  débite  requisitus,  quem  tamen 
per  alium  notarium  grossare  iussi  in  fide  dignum.  Et 
id  vi  aucthoritatis  judicialiter  mibi  exbibitse,  occupatus 
alijs  negotiis,  mea  tamen  propria  manu  subscripsi  cum 
solito  etiam  meo  sigillo  in  robur  et  testimonium  verita- 
tis  omnium  premissorum. 

Ut  autem  presens  publioum  instrumentum  maiorem 
observet  vim  et  valorem  nos  Guillelmus  de  Lugrin 
abbas  suprascriptus  jussimus  imponi  et  noslrum  ma- 
gnum sigillum  quo  in  tallibus  utimur,  et  ita  est. 

Signet  du  notaire  :  une  espèce  de  croix  de  Malte  en 
diagonale  dans  un  encadrement  léger  surmonté  d'une 
autre  croix  de  Malte  plus  petite. 


CVI 

Le  même  membre  lit  le  document  suivant: 

Election   d'Anne  de  Saint-Thomas 
Abbesse  de  Sainte-Claire,  à  Moùtiers. 

12  novembre  1710. 

Nous  F.  Jean  Franc.  Charroct  docteur  en  Sainte- 
Théologie  et  premier  ex-provincial  de  la  province  de  St 
Bonaventure  des  Mineurs  conventuels  de  S»-  François, 
commissaire  provincial  par  patente  du  27  octobre  170G, 
signé  Fr.  Charles  Rossel,  provincial  et  commissaire 
général ,  pour  présider  à  l'élection  d'une  nouvelle 
abbesse  permanente  au  monastère  de  Sainte  Claire  de 
Moustier,  ladite  abbaïe  étant  vaccante  par  la  mort  de 
R'is  dame  sœur  ylnne  de  S aint- Thomas  arnvée  \e  16 
septembre  de  la  dite  année,  à  laquelle  élection  nous 
aurions  procédé,  après  avoir  donné  les  termes  canoni- 
ques, suivant  les  reigles  et  constitutions  de  l'ordre,  après 
avoir  célébré  la  messe  du  S^-Esprit,  nous  aurions  as- 
semblé toutes  les  dames  professes  et  vocales  du  dit  mo- 
nastère de  S''^  Claire,  au  son  de  la  cloche  dans  le  lieu 
accoutumé  de  leurs  assemblées  et  après  les  prières  et 
cérémonies  en  pareil  cas,  elles  auroient  procédé  à  ladite 
éleclion  par  billiets  et  suffrages  secrets  et  auroient  nom- 
mées pour  abbesse  permanente  R"^*^  Dame  Si'Christine  de 
Lesûheraines,  religieuse  du  même  ordre  au  monastère  de 
Chambéry,  laquelle  de  quatorze  voix  qui  composoicnt 
tout  le  chapitre,  elle  en  auroit  eu  douze  en  sa  faveur, 
ensuite  de  quoy  nous  l'aurions  fait  proclamer  et  déclarer 
abbesse  permanente  au  dit  monastère  de  S^^  Claire  de 
Moustier  quoique  absente. 


CVIl 

En  foy  de  quoy  nous  avons  signé  avec  notre  Secré- 
taire et  les  dites  Dames  de  Moustier,  ce  dix  novembre 
mil  sept  cents  et  dix. 

Signé  :  Fr.  Charroct  commissaire.  Sceau  sur  cire 
rouge.  Dans  l'écu  est  un  lion  tourné  à  gauche  avec 
une  étoile  de  chaque  côté  de  la  tête.  L'écu  est  surmonté 
d'un  casque  à  visière  fermée. 

Signé  encore  :  S^'  Françoise  Figuet,  Si^  Charlotte- 
Thérèse  Gaud,  Si'  Gasparde  de  Galle,  S^  Marianne  Gui- 
gouis,  Si'Gabrielle  Carron,  S^' Marie-Cécile  de  Maison, 
Si"  Angélique  Ferley,  S''  Marianne  Varambon.  S'"  Marie- 
Christine  de  Ruphin,  S»'  Marie  Guiller,  S^  Morel,  S'' 
Reyne  Goybet,  S""  Marie  André  et  f.  A  Oudeard,  se- 
crétaire. 

Sceau  du  couvent^  sur  cire  rouge  :  ovale,  d'environ  2 
centimètres  1/2  de  haut.  Légende  :  ...  VSTERH. 
1636.  Ste  Claire  debout  portant  des  deux  mains  l'hostie 
dans  un  reliquaire. 


Séance  du  S  juillet  1893. 

(Présidence  de  M.  Mugnier.) 

Après  lecture,  le  procès-verbal  de  la  séance 
précédente  est  adopté. 

Sur  la  présentation  de  MM.  Marie-Girod  et 
Mugnier,  M.  le  baron  Hunibert  d'Alexandry  d'O- 
rengiani,  de  Cliarabéry,  est  reçu  membre  effectif 
de  la  Société. 

M.  Lathoud,  secrétaire,  donne  lecture  d'une  cir- 
culaire de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 
que et  des  Beaux-Arts  fixant  au  27  mars  pro- 


CVIII 

chain  la  réunion  du  Congrès  des  Sociétés  savan- 
tes de  1894,  ainsi  que  du  programme  des  questions 
à  traiter  et  des  travaux  de  ce  Congrès.  Le  prési- 
dent attire  l'attention  des  Sociétaires  sur  la  né- 
cessité d'adresser  au  Ministère,  avant  le  30  jan- 
vier 1894,  les  manuscrits  des  lectures  qu'ils  ont 
l'intention  de  faire  au  Congrès.  Le  Secrétaire  si- 
gnale l'envoi  fait  par  le  Ministère  d'un  nouveau 
volume  de  la  Correspondance  de  Peiresc. 

Le  Secrétaire  lit  encore  une  lettre  de  M.  le 
Maire  de  Chambéry  faisant  connaître  à  la  Société 
que  le  Conseil  municipal  de  cette  ville  a,  dans  sa 
délibération  du  19  juin  dernier,  autorisé  le  comité 
de  la  Bibliothèque  populaire  circulante  à  prendre 
possession  des  ouvrages  de  cette  bibliothèque  dont 
le  dépôt  avait  été  confié  à  la  Société  d'histoire 
par  une  délibération  en  date  du  8  mars  1878. 
Le  Président  annonce  qu'ensuite  de  cette  lettre, 
remise  a  été  faite  des  ouvrages  dont  il  s'y  agit. 

Il  informe  la  réunion  de  la  réception  de  di- 
verses publications  de  la  Société  d'histoire  et 
d'antiquités  de  Bâle,  notamment  de  l'important 
ouvrage  de  M.  Jean  Bernouilli,  Acta  Pontijicam 
Helveticaj  in-4°  de  534  pp. 

La  réunion  vote  la  réimpression^  au  tome 
XXXII  de  ses  Mémoires  et  Documents,  du  petit 
poème  de  Claude-Etienne  Nouvellet,  Les  Divi- 
jiailles,  par  les  soins  de  M.  Girod,  et  la  publica- 


CIX 

tion,  par  M.  Mugnier,  d'une  généalogie  de  la  fa- 
mille de  Montfort  en  Genevois  et  Franche-Comté. 
A  propos  de  Nouvellet  qui  fut  curé  de  Rumilly 
pendant  quelques  années  au  commencement  du 
XVII''  siècle^  M.  Mugnier  signale  un  acte  reçu  le 
12  juin  1601,  à  Rumilly,  par  le  notaire  Gaillard, 
portant  que  messire  Claude-Etienne  Nouvellet, 
pourvu  du  bénéfice  de  Rumilly,  ayant  représenté 
aux  syndics  qu'il  n'avait  aucune  habitation  déter- 
minée et  qu'il  lui  en  fallait  une,  le  Conseil  pour 
éviter  les  frais  de  reconstruction  de  la  vieille  cure, 
acquit  de  messire  Jean  Viret,  curé  de  Marcellaz, 
pour  le  prix  de  1.200  florins,  une  maison  et  un 
jardin  situés  au  lieu  où  a  été  construit  le  couvent 
de  la  Visitation,  et  où  se  trouve  aujourd'hui  le 
nouveau  collège. 

M.  Eugène  Grasset  lit  quelques  pages  d'une 
étude  historique  et  critique  sur  Joseph  de  Mais- 
tre,  qu'il  est  sur  le  point  d'achever. 

M.  Mugnier  présente  diverses  patentes  de  con- 
seiller et  sénateur  du  Sénat  de  Savoie  concer- 
nant François  Crassus,  Guillaume  de  Blanche- 
ville,  Albert  Favier  et  François  de  Bertrand  de 

Chamousset. 

I. 

Patentes  de  Sénateur  pour  François  Crassus. 
lei"  mai  1584.  —  (Parchemin). 

CHARLES -EMANUEL  (en  hautes  lettres  d'or) 
par  la  grâce  de  Dieu  duc  de  Savoye  Chablais  Aousle  et 


ex 

Genevois,  prince  et  vicaire  perpétuel  du  Saint-Empire 
romain,  marquis  en  Itallie  ;  prince  de  Piémont,  comte 
do  Genève,  Baugé,  Romont,  Nice,  baron  de  Vaud,  Gex 
et  Faucigny,  seigneur  de  Bresse,  etc.  —  A  tous  ceux 
qui  ces  présentes  verront,  salul.  Savoir  faisons  que  voul- 
lant  à  loisir  pourvoir  en  Testât  de  conseiller  et  sénateur 
de  nostre  Sénat  de  Savoye  vacant  pour  le  trcspas  de  feu 
nre  très  cher  bien  amé  et  féal  conseiller  destat  l'esleu 
d'Aux(l)etestanta  plain  informédes  prudliomie,  doctri- 
ne, expérience,  diligence  et  aultres  bonnes  et  louables  qua- 
lités estans  en  la  personne  de  nostre  très  cher  bien  amé  et 
féal  François  Crassus,  de  Saint-Rambert,  docteur  es 
droicts  et  des  zèle  et  affection  qu'il  a  tousiours  eu  a  nos- 
tre service  ayant  aussi  esgard  a  la  nomination  qui  de  luy 
nous  a  esté  faicte  pour  le  dict  estât  par  les  gens  de  nos- 
tre dit  Sénat  (2).  Pour  ces  causes  et  anllres  considérations 
a  ce  nous  mou  vans  Avons  de  notre  propre  mouvement, 
certaine  science,  plaine  puissance  et  auctorité,  icelluy 
Crassus  créé,  constitué  et  député,  créons,  constituons  et 
députons  par  ces  présentes  pour  nostre  conseiller  et  sé- 
nateur au  dit  Sénat  pour  le  dict  estât  doresnavant  tenir 
et  exercer  aux  honneurs,  prérogatives,  préeminance, 
droits,  prouffits  etc.  —  Aux  gages  que  a  part  luy  seront 
establys  a  la  charge  de  prester  au  Sénat  le  serment  en 
tel  cas  requis  et  accoustumé.  Si  donnons  en  mandement 
a  nos  treschers  bien  aracs  et  féaux  conseillers  les  gens 
tenant  notre  dit  Sénat. . .  tenir  le  dit  Crassus  pour  con- 

(1)  Messlre  Claude  Milliet,  abbé  élu  de  l'abbaye  d'Aulps. 

(2)  François  Crassus,  avocat  h  Chambéry,  avait  été  jiré- 
scnté  par  le  Sénat  en  première  ligne  le  22  mars  1581  et  par 
dix  voix  sur  trente-neuf. 


CXI 

sailler  ot  sénateur  susdit  le  faisant  et  laissant  jouir  plei- 
nement et  paisiblement  des  honneurs,  prérogatives  et 
aultres  choses  susdites.  Car  ainsi  nous  plait. 

Donné  à  Turin  le  premier  jour  de  may  mil  cinq  cents 
huitante  quattre. 

Signé  :  C  Emanuel       Vu  :  Milliet.       Lacreste. 

II. 

Patentes  de  sénateur    pour  Guillaume 

DE    BlANCHEVILLE. 

. . .  1628  (  Parchemin  (1). 

Charles  Emanuel.,.  comme  en  la  distribution  des 
[emplois]...  mesmementenceus  delà  Justice  nous  avons 
tousiours  soigneusement  observé  de  choisir  personnages 
non  seulement...  mais  aussi  bien  naiz  f  ôie^  nésj  et  de 
[bonne  vie...]  afin  que  nos  subiects  [obtiennent  la  justice] 
que  nous  leur  désirons  sur  toutes  autres  choses. 

Estant  aujourd'hui  vacquante  une  place  de  Sénateur 
en  nostre  Sénat  de  Savoie  par  le  décès  de  feu  s^"  Sarte- 
rio  (Salteur),  Voulant  aussi...  d'un  magistrat  les  qua- 
litez  requises  et  faicte.  ..  qui  nous  ont  esté  représenté  de 
nostre  cher  bien  amé  et  féal  noble  Guillaume  de  Blan- 
cheville  de  nostre  ville  de  la  bi...  lequel  par  le  progrès 
de  plusieurs  années  qu'il  a  fréquenté  le  barau  en  nostre 
dit  Sénat  a  donné  des  preuves  de  son  savoir,  et...  au 
moyen  de  quoy  pouvant  espérer  qu'il  sera  capable  de 
l'exercice  de  telle  charge,  Nous  avons  icelluy  choysi, 
constitué  et  depputé  et  par  ces  présentes,  de  nostre  cer- 
taine science,  pleine  puissance  et  authorité  souveraine, 
choysissons,  constituons  et  députons  nostre  conseiller  et 

(1)  Cette  pièce  a  été  fort  endommagée  par  l'humidité. 


exil 

sénateur  au  dit  Sénat  de  Savoye  au  lieu  et  place  du  dit 
Sartorio  (1)...  aux  gages  de  312  ducatons  de  liuictante 
sols  par  tous  les  ans  a  la  charge  qu'il  prestera  le  serment 
en  tel  cas  requis  el  accoustumé...  (ordonne...  que  ses 
gages  lui  soient  payés  par  noble  Bernardin  Novarin, 
trésorier  général)...  car  ainsy  nous  plait. 

Donné  a  Thurin  le....  1618. 

Grand  sceau  de  cire  rouge,  dans  une  boîte  de  cuivre, 
avec  la  légende  :  Carolus  Emanuel  D.  G.  dvx  Sa- 
BAv.  Chab.  et  Avg.  comes  astae. 

III. 

Patentes  de  quatrième  Président  au  Sénat  de 
Savoie  pour  Guillaume  de  Blanciieville. 

15  août  1643  (Sur  papier). 

CIIRESTIENNE  DE    FRANCE  PAR  LA 
GRACE  DE  DIEU 

Duchesse  de  Savoye,  Reine  de  Chypre,  Mère  tutrice 
de  S.  A.  R.  Charles  Emanuel  par  la  grâce  de  Dieu, 
duc  de  Savoie,  Chablais,  etc.  Régente  de  ses  Etats, 
etc.  S'il  est  vrai  comme  il  n'y  a  nul  double  que  les  Prin- 
ces dans  la  distribution  des  charges  de  justice  et  autres 
fassent  particulièrement  considération  non  seulement  à 
la  naissance  et  autres  qualités  des  personnes  mais  cn- 
cores  aux  services  qu'elles  rendent,  ceux  que  nous  à 

(I)  Il  s'agit  probablement  de  Jacques  Salteur  qui  avait  été 
nomme  sénateur  le  3  mars  1608.  La  nomination  de  Guillaume 
de  Blanchevillc,  en  qualité  de  sénateur,  a  été  omise  dans  le 
tableau  dressé  par  M.  Eugène  Burnier^  Histoire  du  Sentit 
de  Sacoic,  I,  p.  G  et  suivantes. 


CXIII 

rendu  noble  Guillaume  de  Blanchevllle  des  environs 
vingt  cinq  ans  (1)  dans  la  charge  de  sénateur  au  Sénat  de 
Savoie  en  laquelle  il  a  donné  toute  sorte  de  satisfaction 
tant  aux  prédécesseurs  de  S.  A.  R.  Monsieur  mon  fils 
qu'a  nous  comme  encores  ceux  très  considérables  ren- 
dus par  le  baron  de  Blanclieville  son  frère  dans  touttes 
les  occasions  de  guerre  arrivées  despuis  environ  trente 
cinq  ans  en  ça  ou  il  a  aussy  donne  des  preuves  très  cer- 
taines par  son  courage  et  prudente  conduitte  de  l'affection 
qu'il  a  tousiours  eu  au  service  de  cette  Royalle  couronne, 
nous  convient  a  luy  en  tesmoigner  le  souvenir  que  nous 
luy  en  avons  conserve  et  a  le  promouvoir  en  la  charge 
de  quattriesme  Président  au  Sénat  de  Savoie  vaccante 
par  la  promotion  du  Président  Facier  en  celle  de 
treizième  président  au  dict  Sénat.  Par  ces  causes  et  au- 
res  dignes  considérations  a  ce  nous  mouvants,  par  ces 
présentes  signées  de  nostre  main,  de  nostre  science  cer- 
taine, plaine  puissance  et  authorité  souveraine,  avec 
l'assistance  des  SS^^es  Princes  Maurice  et  François  To- 
mas  nos  beaux  frères  et  par  l'advis  du  Conseil  séant 
près  nostre  personne,  nous  avons  créé  estably...  ledit 
noble  Guillaume  de  Blanclieville  quattriesme  président' 
au  dict  Sénat  de  Savoie...  aux  gages  ordinaires  lesquels 
nous  voulons  lui  estre  payez  par  nostre  trésorier  gênerai 
noble  Pierre  Champrouz...  Car  ainsy  nous  plaict. 

Données  à  Rivolles  le  15  aoust  1643. 

Signé  Chrestienne.  Va  Piscina,  Va  Castagnero,  V» 
Granerij.Soltdimid"!  Piscina.  Per  amico  (2)  Perachioz. 

(1)  Ces  mots  indiquent  bien  qu'il  avait  été  nommé  séna- 
teur en  1618. 

(2)  Le  sieur  Peracliioz  étant  Vami  du  nouveau  président 
lui  fait  cadeau  des  droits  qu'il  aurait  pu  percevoir. 

8 


CXIV 

Livre '?( lire  ? )  cinquanta  una  ,  sol.  dodici  ;  Vaud, 
agente. —  R^^facorf  pour  six  cent  vingt  deux  ducatons, 
à  vingt  blancs  pièce,  de  gage,  toute  détraction  faite  des 
droits  de  trésorerie.  —  (Grand  sceau  ducal  en  placard.) 

IV. 

Patentes  de   Président   au   Sénat  pour   François 

DE     ChAMOUSSET,     après     LE     DÉCÈS     DU     PRÉSIDENT 

G.  DE  Blancheville. 

17  janvier  1647. 

CHRESTIENNE  DE  FRANGE,  par  la  grâce  de 
Dieu,  duchesse  de  Savoye,  princesse  de  Piémont,  reine 
de  Chypre,  mère  et  tutrissede  ser^e  Gharles  Emanuel, 

etc.,  et  régente  de  ses  états La  probité,  le  zèle  et 

la  capacité  que  nous  avons  espreuvé  en  la  personne  de 
nostre  1res  cher  bien  amé  et  féal  noble  François  de  Ber- 
trand^ s''  de  Chamosset,  conseiller  d'estat  de  S.  A.  R. 
Monsieur  mon  fils^  référendaire  et  maistre  de  requestes 
de  Savoie  dans  les  fonctions  qu'il  exerce  auprès  de  nous 
à  nostre  satisfaction  nous  obligeant  de  le  destiner  à  de 
plus  importants  emplois  nous  avons  jugé  nécessaire 
pour  le  service  de  S.A.  R.  et  pour  le  nostre  de  l'ho- 
norer d'une  dignité  plus  relevée  et  d'autant  que  cesloit 
l'intention  de  fù  S.  A.  R.  Monseigneur  Victor  Amé 
de  gl.  mémoire  de  prendre  les  maistres  des  reques- 
tes de  Savoie  dans  le  corps  du  Sénat  de  Savoye  et 
que  les  considérations  du  bien  public  nous  obligent 
d'appreuver  cette  pensée  nous  avions  crû  estre  très 
a  propos  de  donner  au  dit  sieur  de  Chamosset  la 
qualité  de  président  au  dit  Sénat  pendant  quoy  nous 
avons  été  très  vivement  supplié  par  notre  cher  bien  amé 


cxv 

et  féal  conseiller  d'estat  et  président  au  Sénat  de  Savoye 
Guillaume  de  Blancheville  seigneur  de  Martliod,  de 
conférer  }3ar  survivance  au  dit  sieur  de  Chamosset  sa 
charge  de  président  au  Sénat  de  Savoye  consentant  que 
le  dit  référendaire  de  Chamosset  en  soit  porveu  des  a 
présent  pour  en  jouir  toutes  fois  plainemeut  après  son 
deces,  et  voulant  donner  au  dit  président  de  Blanche- 
ville  des  marques  de  l'affeclion  et  de  la  confiance  que 
nous  avons  pour  luy  et  de  la  connoissance  que  nous 
avons  des  services  qu'il  a  rendu  et  rend  continuellement 
a  S.  A.  R,  etal'estatdans  l'administration  de  la  justice, 
en  quoy  nous  scavons  combien  ses  soins  sont  utiles  et 
nécessaires  au  bien  public  et  nostre  intention  estant  de 
l'obliger  à  les  continuer  dans  la  charge  de  président  au 
dit  Sénat  et  de  monstrer  en  même  temps  combien  sou 
mérite  est  estimé  de  nous  et  ses  services  agréables, 
n'ayant  pas  aussy  oublié  la  mémoire  du  deffunct  baron 
de  Blancheville,  son  frère,  et  dont  la  vie  aiant  été  une 
perpétuelle  suitte  d'illustres  actions  de  fidélité  et  de  va- 
leur a  l'avantage  de  cette  Royalle  couronne  s'est  termi- 
née glorieusement  dans  le  lit  dhonneur  en  combattant 
contre  les  ennemis  de  cet  estât,  nous  avons  accorde  très 
volontiers  aux  considérations  que  nous  avons  pour  le 
défïunct  et  pour  le  zelle  et  les  services  du  vivant,  la 
grâce  que  celui-ci  nous  a  demandée  et  iogaant  a  ces 
raisons  celles  sur  lesquelles  nous  fondons  nos  bonnes 
volontés  en  faveur  du  dit  s^  de  Chamosset  nous  avons 
résolu  de  le  pourvoir  de  la  charge  de  président  au  Sénat 
de  Savoye  pour  l'employer  en  cette  qualité  au  service 
de  S.  A.  R.  Monsieur  mon  fils  et  après  le  décès  du  dit 
s""  Président  de  Blancheville  en  la  <;harge  de  quatrième 
président,  ce  que  nous  faisons  pour  une  grcâce  spéciale 
et  pour  des  raisons  singulières  qui  regardent  non  seule- 


CXVI 

ment  les  recommandations  de  ceux  qui  nous  en  ont  prié, 
mais  principalement  les  qualités  personnelles  de  celuy 
a  qui  nous  octroions  cette  charge  et  les  desseins  des 
emplois  particuliers  auxquels  nous  le  destinons  pour  le 
bien  du  service  de  S.  A.  R.  Monsieur  mon  fils,  ne  vou- 
lont  pas  que  cette  concession  que  nous  faisons  pour  une 
fois  tant  seulement  puisse  estre  tirée  en  conséquence. 
Et  partant  à  ces  causes...,  avec  l'assistance  de  Messieurs 
les  princes  Maurice  et  François  Thomas,  faisons,  créons 
le  dit  noble  François  de  Bertrand,  s'"  de  Chamosset, 
pour  conseiller  d'estat  et  Président  ordinaire  et  effectif 

au  dit  Sénat  de  Savoye a  la  charge  qu'il  prestera 

des  a  présent  le  serment  accoustumé,  et  ce  fait,  nous 
servira  en  la  dite  qualité  de  Président  aux  emplois  qu'il 
sera  destiné  pour  le  service  de  S.  A.  R.,  près  de  nous  et 
après  le  décès  du  dit  sieur  de  Blancheville  en  ladite 

charge  de  quatrième  Président Car  ainsy  le  requiert 

le  service  de  S,  A.  R.  Monsieur  mon  fils  et  nous  plait. 

Donné  à  Turiu  le  17e  janvier  1647. 

Signé  Chrestienne.  Contre-signe  de  S^-Thomas. 
Visa  Piscina;  Vtsa  Granerij.  —  Scellées  du  grand  sceau. 


Patentes  de  Sénateur  pour  M.  Albert  Favier. 
10  mai  1675  (sur  papier). 

Charles- Emanuel  (II),  etc. 

A  tous  ceux  qui  les  présentes  verront  salut  :  se 
trouvant  une  charge  de  sénateur  vacante  par  l'établis- 
sement du  sénateur  Cholet  à  celle  de  procureur  général, 
l'estime  que  nous  faisons  de  notre  très  cher,  bien  amé 
et  féal  Noble  Albert  Favier  nous  convie  de  l'en  pour- 


ex  VII 

voir  tant  en  considération  de  sa  naissance  que  particu- 
lièrement pour  les  bonnes  informations  que  nous  avons 
de  son  mérite  et  de  son  savoir  comme  aussy  pour  luy 
donner  lieu  par  là  de  nous  témoigner  à  l'exemple  de 
ses  aveux  qui  ont  esté  employés  dans  nos  magistratures 
de  Savoye  le  même  zèle  et  fidélité  qu'ils  ont  toujours 
fait  parétre  pour  nostre  service  et  celui  du  public.  Pour 

ces  causes par  ces  patentes  signées  de  notre 

main,  nous  faisons,  créons le  dit  sieur  Albert 

Favier,  conseiller  et  sénateur  au  lieu  et  place  du  dit 

procureur  général  Cliolet et  au  gage  ordinaire 

de  trois  cens  dix  ducatons  de  20  blancs  pièce  et  4  sols 
monnoye  de  Savoye,  à  l'année 

Donné  à  Turin  le  dixième  jour  de  may  mil  six  cent 
septante  cinq. 

Signé  :  C.  Emanuel. — Visa  Buschet,  visa  Granerij. 
—  Rovera.  Gallinat. 

P  ?  Livre  cenlo  sette  e  soldi  sei.  —  Per  Vaudagna, 
Eymonet.  ' 

Sceau  ducal  de  cire  rouge,  rond,  dans  une  boîte  en 
tôle  et  cuivre,  retenue  par  deux  cordons  de  soie,  blanc 
et  rouge. 

M.  Mugnier  lit  encore  la  lettre  suivante  signa- 
lant le  passage  à  Chambé'ry  de  la  fameuse  reine 
Christine  de  Suède. 

On  sait  que  la  savante  et  fantasque  souveraine 
avait  abdiqué  en  1654,  à  l'âge  de  28  ans,  le  trône 
qu'elle  occupait  depuis  sa  sixième  année.  C'est 
deux  ans  après  qu'elle  passa  à  Chambéry,  proba- 
blement vêtue  en  homme  suivant  son  habitude. 


CXVIII 

Elle  mourut  à  Rome  en  1689  après  s'être  con- 
vertie au  catholicisme. 

Notre  document  établit  que  le  duc  de  Savoie 
Charles-Emmanuel  II  lui  fit  un  bon  accueil  dans 
ses  Etats. 

A  Monsieur  de  Mouxy,  a  Grésy. 

Annessy,  ce  4  octobre  1656. 

Je  viens  de  recevoir  ordre  de  Mons.  le  premier  Pré- 
sident Commandant  au  gouvernement  de  Savoie  por- 
tant commandement  de  faire  scavoir  à  toute  la  noblesse 
de  cette  province  que  la  reine  de  Suéde  doit  passer  à 
Chambery  au  premier  jour  et  que  l'intention  de  S.  A.  R, 
est  qu'elle  soit  receue  avec  tout  l'appareil  que  requiert 
la  gloire  de  la  maison  Royalle  de  Savoye  qui  consiste 
particulièrement  en  Testai  de  sa  noblesse  laquelle  sa  dite 
Alt.  R,  désire  qu'elle  y  paraisse  avec  le  meilleur  équi- 
page qu'elle  pourra  et  qu'incontinent  cet  ad  vis  receu  elle 
se  rende  a  Chambery  pour  tesmoigner  le  zèle  qu'un 
chascnn  a  de  suivre  les  intentions  de  sa  dite  Alt.  R. — 
Je  vous  en  donne  advis,  Monsieur,  pour  obéir  au  Com- 
mandement que  j'en  ai  eu  et  pour  vous  asseurer  que 
je  suis  de  tout  mon  cœur,  —  Mons""  —  Vostre  très  hum- 
ble et  très  obéissant  serviteur. 

Le  juge  maje  de  Genevois.         J.  C.  du  Monal. 


CXIX 


II 

MEMBRES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ  mmiUM  D'HISTOIRE  et  D'ARCHÉOLOGIE 


SOCIÉTÉS   CORRESPONDANTES 


Composition  du  Bureau. 

MM.  Muguier  François,  président. 

Rabut  François,  président  honoraire. 
Toubin  Alfred,  vice-président. 
Michel  Raymond. 


LathoudPaul.  )     secretan-es. 

Perrot  Jacques,  trésorier. 

Odru  et  Grasset,  bibliothécaires.  - 

Commission  de  publication. 

Le  Bureau  |     MM.  Revoil  Alphonse, 

de  la  Société.  )      Comte  Alexandre. 

Commission  pour  la  recherche  des  chartes 
et  documents  historiques. 


MM.  Descostes  François. 
Janin  Edouard. 
Marie-Girod. 


MM.  Odru  Laurent. 
Rabut  François. 
Revoil  Alphonse. 


cxx 

Membres  honoraires. 
MM. 

Adriani,  professeur  d'histoire  à  l'Université  de  Turin. 

Angelucci  xVngelo,  major  d'artillerie,  conservateur  du  Musée 
d'artillerie  à  Turin. 

AuBERTiN  Charles,  conservateur  du  Musée  et  secrétaire  de 
la  Société  d'histoire  de  la  ville  de  Beaune  (Côte-d'Or). 

BoLLATi  DE  Saint-Pierre  (le  baron),  surintendant  des  Ar- 
chives piémontaises  à  Turin. 

Constantin  Aimé,  publiciste  à  Annecy. 

Daguet  Alexandre,  professeur  à  Fribourg  (Suisse). 

Delisle  Léopold ,  membre  de  l'Institut,  directeur-adminis- 
trateur de  la  Bibliothèque  nationale,  etc.^  à  Paris. 

Deigerik,  archiviste-professeur  à  l'Athénée  d'Anvers. 

Du  Bois-Belly,  publiciste  à  Genève. 

Dupuis,  président  de  la  Soc.  arch.  de  l'Orléanais,  à  Orléans. 

FoLLiET  André,  député  de  la  Haute-Savoie. 

Garmek  Joseph,  secrétaire  de  la  Société  des  antiquaires  de 
Picardie,  à  Amiens. 

GuicHARD,  avocat,  à  Cousance  (Jura). 

GuiLLERMiN  Charles,  ancien  adjoint  au  Maire,  à  Cliambéry. 

JussiEU  (de),  arcliiviste  honoraire  de  la  Savoie,  à  Chambérj. 

Manno  Antoine  (le  baron),  membre  de  l'Académie  des 
sciences,  etc.,  à  Turin. 

MoNTET  Albert  (de),  publiciste  à  Vevey  (Suisse). 

Moreau  Frédéric,  à  Saint-Quentin  (Aisne). 

Rabut  François,  professeur  honoraire  d'histoire  h  Dijon. 

Hevillod  Gustave,  bibliopUile  à,  Genève. 

RiTTER  Eugène,  doyen  de  la  Faculté  des  Lettres  à  Genève. 

Schefer  Charles,  membre  de  l'Institut  de  France,  à  Paris. 

VuY  (.Iules),  avocat  à  Carouge  (Suisse),  vice-président  de 
l'Institut  genevois. 


CXXI 

Membres  effectifs. 


MM. 


Alexandry  Humbert  (le  baron  d')  à  Bissy. 

AxGL.vYS  Auguste  (le  baron),  avocat  à  Chambéry. 

Armand  Jules,  docteur  en  médecine  à  Albertville. 

Arminjon  Ernest,  ancien  cens,  à  la  Cour  d'ap.  de  Chambéry. 

Babuty  Louis,  avocat  à  Saint-Julien. 

Bal  Joseph,  négociant  à  Chambéry,  conseiller  général. 

Bard  Georges,  avocat  à  Bonneville. 

Baud  Charles,  notaire  à  Rumilly. 

Beauregard  Alexandre,  percepteur  en  retraite  à  Aiguebelle. 

Beauregard  Paul,  greffier  du  Tribunal  d'Asti  (Italie). 

Bel  Jean-Baptiste,  avocat  à  Chambéry. 

Berthet  Louis,  docteur  en  médecine  à  Albertville. 

Bertin  Arthur,  architecte  à  Chambéry. 

Blanc  Félix,  juge  au  tribunal  civil  de  Chambéry. 

Blanchard  Claudius,  greffier  en  chef  de  la  Cour  d'appel  de 

Chambéry. 
Blanchard  Jean-Marie,  inspecteur  des  forêts  à  Chambéry. 
BoGET  Auguste,  géomètre  à  Chambéry. 
BoMBARD  (l'abbé  F.-J.),   secrétaire  de  l'archevêché  de  Gar- 

thage,  à  Tunis. 
BoNNKviE,  vérificateur  spécial  du  cadastre  au  Ministère  des 

Finances. 
BoNTRON  (Mme),  née  Burnier-Fontanel  à  Reignier. 
Bouvier  Charles,  notaire  à  Rumilly. 

Bouvier  Louis,  suppléant  dujuge  de  paix  de  Saillans  (Drôme). 
Brachet  Léon,  docteur  en  médecine  à  Aix-les-Bains. 
Brachet  Paul,  avocat  à  Albertville. 
Brun  Auguste,  avoué  à  Chambéry. 
Burnier  François^  avoué  à  Chambéry^ 
BuTTET  Marc  (le  baron  de),  au  Bourget-du-Lac. 
Caralp  André,  avoué  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry. 
Carbon  Césaire,  capitaine  en  retraite  à  Amiens. 


CXXII 

C ARRET  Jules,  ancien  député  de  la  Savoie,  docteur  en  méde- 
cine à  Chambéry. 

Chabert  Alfred,  médecin  principal  de  Ire  classe  en  retraite, 
à  Chambéry. 

Chaberth  Albert,  à  Chambéry. 

Challier  Pierre,  avoué  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry. 

Charvet  Paul,  président  du  Tribunal  civil  de  Chambéry. 

Chastel  Joseph,  Président  du  Tribunal  civil  de  Bonneville. 

Chiron  François ,  chirurgien  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu  à 
Chambéry. 

Cléret  Louis,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  à  Chambéry. 

CoLLONGE  Joseph,  manufacturier  à  Saint-Etienne  (Loire). 

Comte  Alexandre,  juge  au  Tribunal  civil  de  Chambéry. 

Coquet  Adolphe,  architecte  à  Lyon. 

Crochet  Louis,  avocat  à  Lyon. 

CuRTELiN  François,  percepteur  à  Chamoux. 

Davat  Adrien,  propriétaire  à  Aix-lcs-Bains. 

Dénarié  Victor,  architecte  à  Chambéry. 

Descostes  François,  avocat  à  Chambéry,  ancien  président 
de  l'Académie  de  Savoie. 

Dessaix  Antony,  ancien  archiviste  à  Chambéry. 

DiDELOT ,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  et  de 
pharmacie  à  Lyon. 

DoiMENGE  Joseph,  banquier  à  Chambéry. 

Drivet  Claudius,  chef  de  gare  à  Narbonne  (Aude). 

DuBOiN  Eloi,  procureur  général  à  Grenoble. 

DuBOui.oz  Jacques,  Proc.  de  la  République  à  Bonneville. 

DuBOULOz  Jean-Marie,  à  Thonon. 

DucRET  François,  ancien  avoué  à  la  Cour  d'ap.  à  Chambéry, 

DuFAYARD  Charles,  docteur  es  lettres,  profes.  à  Versailles. 

Du.NOVER  Antoine,  propriétaire  à  Chambéry. 

DuNOVER  Camille,  pharmacien  à  Rumilly. 

DuRANDARD  Antoine,  avoué  h  Moùticrs. 

DuvAL  César,  maire  de  Saint-Julien,  député  de  la  Hie-Savoie. 

EvROT  Joseph,  professeur  au  lycée  de  Montpellier. 

Falcoz  Philibert,  au  Crédit  lyonnais  à  Grenoble. 


CXXIII 

Favier  du  Noyer  Max  (le  baron),  à  Chambéry. 

FiNET  Auguste,  ancien  avoué  à  Chambéry. 

Fontaine  Alfred,  juge  d'instruction  au  Tribunal  de  St-Julien. 

FoREST  Charles,  sénateur  de  la  Savoie  à  Chambéry. 

FfiAissARD  François,  c"-greffier  à  la  Cour  d'ap.  de  Chambéry. 

Gex  Albert,  avoué  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry. 

GiROD-Marie,  géom.,  agent  tech.  des  hosp.  civils  de  Chambéry. 

GoLLiET  Aimé,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Paris. 

GoTTELAND  Abel,  ingénieur  en  chef  de  la  mission  française  à 
Athènes  (Grèce). 

Grasset  Eugène,  avoué  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry. 

Grosbert  J.-M.,  avocat  à  Aix-les-Bains. 

GuiGUEs,  conducteur  des  ponts  et  chaussées  à  Montmélian. 

GuiNARD,  inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées  à  Paris. 

GuYON  Jules,  bibliothécaire  de  l'Ac.  chablaisienne  à  Thonon. 

Hollande  Dieudonné,  docteur,  professeur  au  Lycée,  directeur 
de  l'Ecole  prépar.  à  l'enseignement  supérieur  à  Chambéry. 

Janin  Edouard,  professeur  d'histoire  à  l'école  Turgot  (Paris). 

Jarre  Alexis,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  à  Chambéry. 

Lacarrière,  conseiller  de  préfecture  à  Bordeaux. 

Lajoue  Constant,  avoué  à  Chambéry. 

Lathoud  Paul,  architecte  à  Chambéry. 

LÉTANCHE  Jean,  secrétaire  de  la  mairie  à  Yenne. 

Levet  Eugène,  ancien  élève  de  l'Ecole  polytec,  à  Annecy. 

Loche  (le  comte  de),  à  Grésy-sur-Aix. 

Longue  Joseph,  avoué  au  Tribunal  civil  de  Chambéry. 

Mailland  Joseph  (chanoine),  docteur  en  théologie,  aumônier 
des  hospices  civils  à  Chambéry. 

Mailland  Pierre,  notaire  à  Aix-les-Bains. 

Marchand  (l'abbé),  curé  dé  Varembon  (Ain). 

Marcoz  François,  insj^ecteur-voyer  d'arrondissement  en  re- 
traite à  Thonon. 

Martin-Franklin  J.,  ancien  oflûcier  d'artillerie  à  Chambéry. 

Masse  Jules,  avocat  à  Grenoble. 

Masson  Etienne,  tanneur,  juge  au  Trib.  de  com.  à  Chambéry. 

Ménard  Claude-Paul,  imprimeur,  conseiller  d'arrondisse- 
ment à  Chambéry  . 


CXXIV 

Mkrcier  Jules,  avocat,  conseiller  général  à  Thonon. 

Mkstrallkt  Camille,  percepteur  à  Chambéry. 

Michel  Amédée,  fabr.  d'horl.,  supp.  du  juge  depaix  àThônes. 

Michel  Raymond^  professeur  au  Lycée  à  Chambéry. 

Milan  François,  conseiller  général  de  la  Savoie,  à  Chambéry. 

Milan  Jules,  notaire  à  la  Rochette. 

MiQUET  François  ,   contrôleur    principal  des  contributions 

directes  à  Roanne. 
MoLLARD  Noël,  employé  de  banque  à  Chambéry. 
MoNESTÈs  Gustave,  banquier  à  Chambéry. 
MoNROE,  dit  RoE,  Charles,  docteur  en  méd.  à  Aix-les-Bains, 

maire  de  Bonne. 
MoTTET  Joseph,  à  Aix-les-Bains. 
JIoTTET  Léon,  conseiller   de  préfecture  à  Grenoble. 
MuGNiER  François,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry. 
Odru  Laurent,  vice-j)résident  du  Tribunal  civil  de  Chambéry. 
Parent  Auguste,  avoué  à  Chambéry. 
Passy  Jean,  directeur  de  l'école  d'horlogerie  à  Thônes. 
Pateck  Léon  (le  comte  de),  à  Thonon. 
Pepin  Charles,  capitaine  d'artillerie  breveté  à  Grenoble. 
Perrier  Antoine,  député,  maire,  cons.  général  à  Chambéry. 
Perrier  Charles,  directeur  de  la  C'e  le  Soleil^  h  Chambéry. 
Perrot  Jacques,  huissier  à  Chambéry. 
PiccARD  L.-E.,  à  Monnetier-Mornex. 
PiERRON  Jean,  receveur-économe  à  l'asile  de  Bassens. 
Ptllet  Louis,  avocat  à  Chambéry,  président  de  l'Académie 

de  Savoie. 
Proust,  notaire,  conseiller  général  à  Ugines. 
Revil  Joseph,  pharmacien  à  Chambéry. 
Revoil  Alphonse,  professeur  au  Lycée  de  Chambéry. 
Rey  Emile,  ancien  sous-préfet,  à  Chambéry. 
Rey,  Pierre  , manufacturier  à  la  Rochette. 
Robesson  Joseph,  avocat  à  Chambéry. 
Ror.HAT  Félix,  avoué  à  la  Cour  d'appel  à  Chambéry. 
RoussY  DE  Sales  (le  comte  Eugène  de),  ancien  officier  d'ar- 

tillerie,  à  Thorens-Sales. 


cxxv 


Saillet  Jean-Claude,  conseiller  général  à  Boëge. 

Sevez  Clément,  président  du  Tribunal  civil  à  Albertville. 

Tardy  Guillaume,  géomètre  en  chef  du  cadastre  à  Chambéry. 

TaveRx\ier  llippolyte,  doct.  en  droit,  juge  de  paix  à  Taninge. 

Thouens  Philippe,  maire  de  Thonon. 

TouBiN  Alfred,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry. 

Tredicini  de  Saint-Séverin  (le  M's),  à  Ghambéry-le-Vieux. 

Vallet  Jean,  sculpteur,   professeur  lion,  de  stéréotomie  à 

l'Ecole  supérieure  de  Chambéry. 
VÈME  Charles,  procureur  de  la  République  à  Aubusson. 
Veyrat  François,  propriétaire  à  Grésy-sur-Isère. 
VicAT  Paul,  négociant  à  Paris. 


CXXVI 


Sociétés  correspondantes. 

Agen Société  cent,  d'agr.,  sciences  et  arts. 

Aix  (B.-flu-Rhône).  .  Académie  des  Sciences. 

Amiens Société  des  antiquaires  de  Picardie. 

Angoulême Société  archéologique  de  la  Charente. 

Annecy Société  floriniontane. 

—  Académie  salésienne. 
Anvers Académie  de  Belgique. 

Auxerye Société   des    sciences    historiques    et 

naturelles  de  l'Yonne. 

Avignon Académie  de  Vaucluse. 

Bâle Société  d'histoire  et  d'antiquités. 

Beaune Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

Beauvais Société  académique  de  l'Oise. 

Belfort Société  belf  or  taise . 

Besançon Académie  des  sciences  et  arts. 

Bordeaux Société  d'archéologie. 

Bourg Société  d'émulation  de  l'Ain. 

Brest Société  académique. 

Bruxelles Académie  royale. 

Chalon-sur-Saône .  .  Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

Chambéry Académie  des  sciences,  belles-lettres. 

et  arts  de  Savoie. 

—  Société  centrale  d'agriculture. 

—  Société  d'histoire  naturelle. 

Châteaudun Société  dunoise  d'archéologie. 

Calmar Société  d'histoire  naturelle. 

Constantine Société  archéologique. 

Dax Société  du  Borda. 

Dijon Académie  des  se.,  arts  et  belles-lettres. 

—  Commission  des  antiquités  du  dépar- 

tement de  la  Côte-d'Or. 

—  Société  bourg,  de  géogr.  et  d'histoire. 


CXXVII 

Louai Société  d'agriciilfure,  sciences  et  arts. 

Fribourg  (Suisse)  .  Société  helvétique  de  St-Maurice. 

Gap Société  d'études  des  Hautes-Alpes. 

Gênes Società  ligure  di  storia  patria. 

Genève Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

—  Institut  national  genevois. 
Grat:  (Sii/rie).   .   .  .  Comité  historique. 
Grenoble Académie  delphinale. 

—  Société  de  statistique  de  l'Isère. 

—  Comité  de  l'enseignement  supérieur. 

Havre  (le) Société  havraise  d'études  diverses. 

Lausanne Société  d'hist.  de  la  Suisse  romande. 

Limoges Société  archéologique  du  Limousin. 

Lyo7i Académie  des  Sciences  et  Belles  Lettres 

—  Société  littéraire. 

Mans  (le) Académie  des  Sciences. 

Marseille  ......  Société  de  statistique. 

Melun Société  d'archéologie,  sciences  et  arts 

de  Seine-et-Marne. 
Montauba7i Société  d'histoire  et  d'archéologie  de 

Tarn-et-Garonne. 

Montbéliard Société  d'émulation. 

Montpellier Académie  des  Scienc.  et  Belles  Lettres. 

Moulins Société  d'émulation  de  l'Allier. 

Moûtiers Académie  de  la  Val-d'Isèrc. 

Nancy Société  d'archéologie. 

Nantes.  .......  Société  académique. 

Narbonne Commission  archéologique  et  littéraire 

Nice Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 

Nîmes Académie  du  Gard. 

Orléans Société  archéologique  de  l'Orléanais. 

Ottawa Institut  canadien-français. 

Paris Institut  des  provinces  de  France. 

—  Musée  Guimet. 

—  Société  d'anthropologie  de  France. 

—  Société  des  antiquaires  de  France. 


CXXVIII 

Piitj  (le) Société  agricole  et  scientifique  de  la 

Huute-Loirc. 

Rambouillet Société  archéologique. 

Rennes Sociétéarchéologique  d'Ille-ct-Vilaine. 

Romans Société    d'archéologie    religieuse    des 

diocèses  de  Valence,  Grenoble,  etc. 

Rome Bibliothèque  Vaticane. 

Rouen Commission  des  antiquités  de  la  Seine- 
Inférieure. 

St-Jean  de  Maur.    .  Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

Saint-Omer Société  des  antiquaires  de  la  Morinie. 

Soissons Société  archéol.,  hist.  et  scientifique. 

Stockolm Académie  royale  d'histoire. 

Torre  Pcllice  ....  Société  d'histoire  Vaudoise. 

Thonon Académie  chablaisienne. 

Toulon Société  des  se,  lettres  et  arts  du  Var. 

Toulouse Société  archéol.  du  Midi  de  la  France. 

Troyes Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 

du  département  de  l'Aube. 

Turin Regia  accademia  délie  scienze. 

—  Regia  deputazione  sovra  gli  studj  di 

storia  patria. 

Valence Société  d'arch.  et  de  stat.de  la  Drônie. 

Vatines Société  poljmathique  du  Morbihan. 

Washington The  Smithsonian  Institution. 

Zurich Société  des  antiquaires. 


LES 

ROIS  DES  MÉTIERS 

PATENTES  D'ARTISANS 

PAR 

François  MUGNIER 


LES  ROIS  DES  MÉTIERS 


Patentes  d'artisans  délivrées 

PAR  les    Rois    des    métiers    en    Savoie 

I 

Dans  un  article  publié  en  1843  sur  VOrganisa- 
tion  industrielle  avant  le  ministère  de  Colbei^t^ 
M.  L.  Wolowski  disait  :  «  le  fait  dominant  de  l'an- 
cienne organisation  du  travail  c'est  l'existence  des 
corporations...  Elles  servirent  d'abord  d'instru- 
ment de  travail  et  de  défense  contre  l'oppression 
des  seigneurs  ;  plus  tard  elles  devinrent  entre  les 
mains  de  la  royauté  un  puissant  instrument  poli- 
tique pour  la  fondation  de  l'unité  monarchique... 
Elles  auraient  dû  disparaître  pour  faire  place  à 
une  organisation  mise  en  harmonie  avec  les  inté- 
rêts des  travailleurs  couverts  de  la  protection  du 
pouvoir  central...  Mais  des  finances  en  désordre 
suggérèrent  sans  cesse  de  nouveaux  expédients 
pour  augmenter  les  ressources  du  Trésor.  Les 
corporations  se  survécurent  à  elles-mêmes  et  de- 
vinrent un  instrument  commode  de  fiscalité.  » 


En  France,  sous  Saint-Louis,  l'on  avait  partagé 
entre  les  divers  officiers  de  la  maison  du  roi  le 
privilège  d'accorder  les  maîtrises  des  arts  et  mé- 
tiers. L'on  avait  attribué  à  chaque  dignitaire  les 
métiers  qui  avaient  rapport  k  ses  fonctions. 
C'est  ainsi  que  le  Grand  Chambr^i'er  av?iit 
pouvoir  et  juridiction  sur  les  drapiers,  les  mer- 
ciers, les  pelletiers,  les  fripiers,  les  tapissiers.  Le 
Grand  Panetier  vendait  les  patentes  des  taleme- 
liers,  soit  boulangers;  le  Mareschal  de  la  Cour, 
celles  des  charrons, forgerons,  serruriers;  VEdian- 
son,   celles  des  marchands  de  vin,  etc.  (1). 

Ces  officiers  royaux,  ne  pouvant  pas  répondre 
eux-mêmes  aux  nombreuses  demandes  d'autori- 
sation d'exercice  qui  leur  étaient  adressées,  mirent 
en  ferme  les  revenus  de  chaque  branche  d'indus- 
trie. L'on  eut  alors  le  i^oi  des  boulangers,  le  7'oi 
des  merciers,  etc.  Le  droit  de  concéder  ces  royau- 
tés, moyennant  finance,  passait,  semble-t-il,  du 
souverain  de  l'Etat  aux  princes  apanages^  dans 
l'étendue  de  l'apanage.  C'était  donc  un  revenu  du 
domaine  utile. 

II 

La  première  des  patentes  que  nous  publions  ci- 
après,  datée  de  Rumilly,  ...  janvier  1500,  émane 

(1)  Delamare,  Traité  de  la  Police,  t.  I.  Consulter  aussi 
Du  TiLLET,  De  la  Maison  et  Couronne  des  Rois  de  France^ 
p.  290;  Depping,  Règlement  des  métiers,  d'Estienno  Boi- 
leau  ;  clans  les  Documents  inédits  de  l'Histoire  de  France, 
1837. 


5 

d'un  roi  des  merciers,  qui  tient  son  privilège  du 
souverain  (1)  ;  mais  il  faut  remarquer  qu'à  cette 
époque  la  province  de  Genevois  (2)  dont  Annecy 
était  le  chef-lieu  et  dont  la  ville  de  Rumilly  faisait 
partie,  était  revenue  complètement  au  duc  de 
Savoie.  En  1514,  le  duc  Charles  III  ayant  donné 
le  Genevois  en  apanage  à  son  frère  Philippe,  l'on 
voit  l'apanagiste  concéder  les  royautés  des  mé- 
tiers. C'est  ainsi  que  Charlotte  d'Orléans,  veuve 
de  Phihppe,  nomme  un  roi  des  merciers.  Elle 
agit  en  qualité  de  tutrice  de  son  fils  Jacques  de 
Savoie-Nemours  (3).  Celui-ci  accorde  en  1559  des 

(1)  Philibert  II  le  Beau,  époux  de  Marguerite  cl' Autriche, 
duc  de  Savoie,  du  7  novembre  1497  au  10  se^Dtembre  1504. 

(2)  Dans  son  Histoire  de  Genève,  Spon  raj^i^orte  un  do- 
cument établissant  qu'en  1219  déjà,  les  comtes  de  Genevois 
avaient  auj)rès  d'eux  les  grands  officiers  d'une  Cour  :  le  sé- 
néchal, le  ntaréchal,  le  panetier  et  le  boutilier.  Il  en  était 
certainement  de  même  à  la  Cour  du  comte  de  Savoie.  Tho- 
mas V,  prince  beaucoup  plus  puissant  que  son  beau-père 
Guillaume  I",  ou  ses  beaux-frères  Humbert  et  Guillaume  II. 
Voici  le  passage  de  la  charte,  en  date  du  6  des  ides  d'oc- 
tobre (10  octobre)  1219,  par  laquelle  le  comte  Guillaume  II 
traite  avec  l'évèque  Aymon  de  Granson  au  sujet  de  leurs 
pouvoirs  réciproques  dans  la  ville  de  Genève  :  «  Quatuor 
vero  offlciales  comitis  Senescalcus,  Marescalctis,  Pana- 
terius  et  Boteillerius  eadeni  qua  familia  cpiscopi  lihertate 
gaudcbunt.  »  Les  officiers  du  comte  jouiront  des  mêmes  pri- 
vilèges que  la  maison  épiscopale. 

(.3)  Duc  de  Nemours;  comte  de  Genevois  de  novembre  1533 
à  juin  1585.  Le  comté  de  Genevois  fut  érigé  en  duché  par 
Emmanuel-Philibert,  duc  de  Savoie,  le  31  décembre  1561. 
Si  en  155G  Pierre  Choppi  se  dit  portier  du  duc  de  Gcjicvois 
et  de  Nemours,  c'est  par  flatterie  ou  pour  abréger  la  formule. 


patentes  semblables  à  Pierre  Choppi,  qui  se  qua- 
lifie de  «  portier  de  la  maison  de  Monseigneur  le 
duc  de  Genevois  et  de  Nemours.  »  Le  roi  des 
merciers  de  1498,  Antoine  Quiblat,  étant  aussi 
portier  du  sérénissime  duc  de  Savoie  ;  l'on  doit 
croire  qu'il  n'y  a  pas  là  une  simple  coïncidence, 
mais  que,  en  Savoie  tout  au  moins,  cette  royauté 
dépendait  de  la  charge  àQ  portier,  charge  tout 
honorifique  d'ailleurs  à  cette  époque.  Le  portier 
avait  donc  le  privilège  d'acquérir,  moyennant  fi- 
nance bien  entendu,  la  royauté  des  merciers  ; 
c'est-â-dire  la  ferme  des  droits  régaliens  dus  par 
les  maitres-jurés.  Pierre  Choppi,  nommé  en  1556, 
exerce  encore  sa  charge  en  1572  ;  il  est  donc  tout 
à  fait  vraisemblable  que  les  charges  de  ce  genre 
étaient  concédées  à  vie  (1). 
■  Dans  des  patentes  de  roi  des  cordonniers  don- 
nées à  Saint-Germain-en-Laye,  le  4  octobre  1560, 
à  Loys  Quex,  d'Annecy,  Jacques  de  Savoie- 
Nemours  l'autorise  à  se  servir  du  sceau  de  ses  ar- 
mes. Les  armoiries  de  Savoie  se  trouvant  déjà 
sur  le  sceau  de  notre  charte,  il  semble  en  résulter 
que  cette  permission  était  de  droit,  afin  que  les 
patentes  accordées  aux  membres  des  maîtrises  in- 
diquassent le  pouvoir  dont  elles  émanaient  par 

(1)  Dacis,  Reçue  Saooisiennc,  1883,  p.  100,  et  1884,  p.  20. 
Les  armes  de  Savoie  sont  de  gueules  à  la  croix  d'argent; 
celles  de  Genevois-Nemours  n'en  diiTcrent  que  par  la  bordure 
coniponce  d'or  et  d'azur  pour  brisure,  avec  cette  devise  : 
Suivant  sa  voye. 


rintermédiaire  du  roi  de  la  corporation.  L'on 
ajoutait  à  l'écusson  du  souverain  le  signe  distinc- 
tif  de  la  corporation ,  une  balance  pour  les  mer- 
ciers, et  le  roi  le  faisait  entourer  d'une  légende 
énonçant  son  nom  et  sa  dignité. 

Outre  cette  patente,  purement  fiscale  pour  ainsi 
dire,  mais  dont^  malfieureusement,  le  notaire  n'a 
pas  indiqué  le  prix,  le  marchand  et  l'artisan  de- 
vaient sans  doute  obtenir  encore  un  diplôme  du 
chef  de  leur  jurande,  après  avoir  présenté  le  chef- 
d'œuvre  sans  lequel,  dans  les  corporations  d'arti- 
sans, l'apprenti  ne  passait  pas  au  rang  des  maîtres. 
C'est  ainsi  qu'à  Chambéry,  dans  la  seconde  moitié 
du  siècle  dernier,  les  maîtres-tailleurs  s'adres- 
saient à  l'autorité  pour  qu'elle  fît  respecter  leurs 
statuts,  interdisant  «  d'establir  boutique  de  maî- 
tre-tailleur sans  subir  examen,  paj^er  les  droits  et 
faire  chef-d'œuvre  ;>  (1). 

(1)  Arch.  départ,  de  la  Savoie,  série  C,  carton  718.  Les 
maîtres- tailleurs  rappellent,  clans  leur  requête,  que  depuis 
plus  de  trois  siècles  ils  forment  un  corps  de  métier  avec 
droit  de  maîtrise.  Outre  un  syndic  et  des  conseillers  i^ar  eux 
élus,  ils  ont  eu,  jusqu'en  1700,  un  surintendant  nommé  j)ar 
le  souverain,  notamment  par  lettres  patentes  du20  juillet  1 631 , 
enregistrées  au  Sénat  le  13  juin  1633.  Ce  surintendant,  rem- 
plaçant du  roi  des  temps  antérieurs,  était  i^rineipalement 
chargé  de  connaître  de  la  capacité  des  aspirants  à  la  maîtrise 
et  d'ordonner  sur  les  abus  et  manquements.  Ce  sont  les 
maîtres-jurés  que  le  corps  élit,  ajoute  la  requête,  qui  l'ont 
remplacé.  L'aspirant  doit  payer  «  à  la  chapelle  de  la  corpo- 
ration une  livre  de  cire  fine^  un  ducaton  à  chacun  des  quatre 
jurés  et  faire  chef-d'œuvre.  » 


8 

Le  notaire  Morellet  s'est,  dans  notre  charte, 
conformé  certainement  à  un  usage  ancien,  proba- 
blement h  un  formulaire,  en  employant  les  mots  : 
assentare,  adubare  et  adubamenium,  jurisici- 
dium.  Cependant  l'on  ne  retrouve,  dans  Ducange, 
qii'adubare  et  adobamentum. 

Le  verbe  assentare  nous  paraît  signifier  enrô- 
ler (1).  Qimnt  k  jiirisicïdiunij  nous  lui  donnons  le 
sens  de  juridiction.  Il  est  possible  que  ce  terme 
vienne  dejurediiim  (ou  vice  versa),  ancienne  ju- 
ridiction des  Scabins  (2).  Dans  ce  cas  et  dans  no- 
tre pièce  il  signifierait  non  pas  cette  juridiction 
qui  n'a  peut-être  jamais  fonctionné  en  Savoie, 
mais  un  tribunal  spécial  de  pairs-jurés,  ayant 
déjà  disparu  en  1500,  et  dont  le  nom  était  resté 
dans  les  formulaires. 

Le  mot  d'adoubement  d'abord,  peut-être,  ré- 
servé à  la  cérémonie  dans  laquelle  on  conférait 
l'ordre  de  la  chevalerie  aux  gentilshommes  (3),  fut 
aussi  appliqué  à  la  concession  des  lettres  de  ré- 
ception dans  les  diverses  corporations  d'artisans. 
Nous  l'avons  trouvé  déjà  à  la  fin  du  xv"  siècle. 

(1)  Dans  ce  sens,  on  trouve  en  Piémont  :  assentare,  enrôler 
dans  un  corps  :  Vassento  est  la  liste  des  enrôlés. 

(2)  Sur  le  tribunal  des  Scabins,  voir  Glasson,  Histoire 
du  Droit  et  dos  Institutions  de  la  France,  III,  p.  345etsuiv. 

(3)  Léon  Gautier;  La  Chooalerie  ;  voir,  au  chap.VIII,  les 
cérémonies  do  l'adoubement  qui  se  terminaient,  en  France, 
par  la  pauincc,  c'est-à-dire  par  un  violent  coup  de  la  paume 
de  la  main  porté  par  l'initiant  au  nouveau  chevalier.  M. 
Gautier  cite  des  cas  assez  noml)reux  où  l'ordre  de  chevalerie 
est  accordé  à  des  roturiers. 


LETTRES  D'ADOUBEMENT  [i 

(Janvier  1500.) 

SOMMAIRE 

Après  avoir  indiqué  l'origine  de  ses  pouvoirs,  Antoine 
Qiiiblat,  roi  des  merciers  de  Savoie^  déclare  qu'il  enrôle 
dans  le  corps  du  métier  de  mercier  Jean  Greffi,  bourgeois 
de  Rmnilly,  qui  accepte  avec  actions  de  grâces.  Le  roi 
lui  donne  la  faculté  d'acheter  et  vendre  dans  toute  la 
patrie  savoisienne  et  autres  domaines  du  duc  de  Savoie  ; 
il  prie  en  droit  et  requiert  les  autres  rois  des  corporations 
de  regarder  Greffî  comme  associé,  et  de  le  traiter  com- 
me ils  voudraient  l'être  eux-mêmes  par  le  roi  des  mer- 
ciers. A  son  tour  Grejfl  jure  sur  les  Evangiles,  et  sous 
l'obligation  de  tous  ses  biens,  qu'il  observera  loyalement 
les  statuts  de  la  corporation  et  ne  se  livrera  jarnais  à  des 
actes  malhonnêtes. 

Anne  Domine  millesimo  quingentisimo  indicione  ter- 
cia  cum  eodem  anno  sumpta  et  die,.,  meusis  jaDuarij, 
ooram  me  notario  ac  testibus  infrascriptis  personaliter 
constitutus  Anthonius  Qaiblati  porterius  serenissimi  do- 
mird  nostri  domini  Philiberti  ducis  Sabaudie,  Rex 
merceriorum,  constitutus  Rex  dictorum  merccriorum, 
ut  constat  per  litteras  patentes  datas  Chamberiaci  per 
dictum  S.  dominum  ducem  Sabaudie  in  tota  patria  Sa- 
baudie citra  montes,  anno  Domini  millesimo  cccco  no- 
nagesimo  septimo  et  die  octava  mensis  novembris  sigil- 
latas  et  signalas  per  (blanc)  secretarium  ducalem. 

Dictusquo  Anthonius  Quiblati  suum  fecit,   constituit 

(1)  Pièce  d'une  lecture  extrêmement  difficile. 


10 

tironem  et  assentavit  Johannem  GrefRi  (1)  burgensem 
Rumilliaci  ac  suos  heredes  et  successores  quoscumque 
deditque  potestatem...  prout  hahet  in  vendendo,  emeudo 
ea  que  incumbunt  merceriis  ac  omnibus  aliis  quibus 
opportunum  est  in  dicto  ofRcio  geoeraliter.  Dictus  nam- 
que  Rex  recipit,  constituit  et  adubat  in  mercerium  dic- 
tum  Johannem  Greffy  et  heredes  suos  quoscumque, 
burgensem  Rumilliaci,  ibidem  acceptantem  cum  gra- 
ciamm  actione  pro  se' et  suis  ut  superius  [ita  utipse  et] 
heredes  possint  et  valeant  uti,  gaudere  ex  nunc  et  in 
antea  predicto  officio  mercature  in  tota  [patria]  Sabaudie 
et  dicione  et  communitatibus  eiusdera  ubicumque  vo- 
luerit  prout,  et  quemadmodum  alii  mercerii...  utuntur  seu 
quomodolibet  adubati  in  dicto  officio  seu  misteriis  (sic) 
mercature,  qualiter  in  tota  dicta  patria  ubi  [solitij  sunt 
vendere  et  usi  sunt.  Rogans  in  iurisicidium  preterea  et 
requirens  memoratus  Rex  ceteros  quoscumque  consti- 
tutos  officii  Reges  et  prepositos  ad  quorum  presenciam 
dictum  Johannem  et  suos  contingerit  venire  quatenus 
ipsum  sit  receptum  et  adubatum  et  suos  in  dicto  officio 
seu  misterio  mercature  pro  adubato  et  constituto  admic- 
tant,  teneant  atque  tractent  sine  defïectione  quacumque 
et  difficultate,  prout  ipsi  Reges  et  prepositi  in  casu  si- 
mili vel  maiori  dictum  Regem  eis  vellent  facturum. 
Ipse  iam  Johannes  Grefïy  pro  se  et  suis  promisit  iuravit 
juramento  suo  super  sanctis  dei  evangeliis  per  ipsum 
corporaliter  prestito,  subque  suorum  omnium  et  singu- 

(1)  La  patente  n'indique  pas  qu'Antoine  Quiblat  fût  de 
Runiilly;  pourtant  cela  est  vraisemblable,  d'autant  plus 
qu'il  y  a  encore  actuellement  dans  cette  ville  des  Qdiblet. 
Dans  les  environs,  on  rencontre  aussi  des  Grcffio^  ;  et  à  An- 
necy, ville  voisine,  il  y  a  eu,  au  xvn'  siècle,  une  famille  de 
magistrats  du  nom  de  Greffiù. 


11 

lorum  obligationebonorum  quorumcumque,  in  dicto  of- 
ficio  legaliter  exercere,  statutaque  et  ordinationes  dicli 
misterii  observare,  ceteraque  omnia  et  siûgula  circa 
ipsius  officii  exercitium  incumbentià  in  omnibus  et  per 
omnia  adimplere  et  facere,  semoto  quolibet  inhosnesto, 
cum  céleris  promissionibus  clausulis  renunciationibus- 
que  solemnitatibus  opportunis  et  necessariis... 

Actum  Rumilliaci  in  domo  Pétri  Blanchetti  fabri, 
presentibus  Petro  Paquardi  de  Contentenay  parrochie 
Marcellaci  et  Anthonio  Sublecy  de  Exula  parrochie 
Salis,  testibus  ad  hec  premissa  vocatis  specialiter  et 
rogatis,  Meque  Jacobo  Morelleti  notario  de  Rurailliaco 
qui  presens  hoc  publicum  instrumentum  aduhamenti 
merceriorum,  seu  prescntem  littoram  rogatus  recepi  et 
manu  mea  propria  scripsi  et  subscripsi  signoque  meo  so- 
lito  signavi,  unacum  prenominatis  testibus  presens  fui 
et  in  hanc  publicam  formam  redegi  in  robur  et  testimo- 
nium  omnium  et  singulorum  premissorum. 

Pend  le  sceau  : 

(siG.  merceri)o(rvm  r)e(gis)  gviblati. 

II 

Notre  deuxième  pièce,  tirée  des  archives  des 
Hospices  civils  de  Chambéry,  est  de  vingt  ans 
postérieure  à  la  précédente.  Elle  émane  non  du 
roi  de  l'art  des  tanneurs  de  Savoie,  Jean  Captin, 
mais  de  son  lieutenant.  Le  roi  ou  prévôt  n'étant 
qualifié  que  d'honnête,  comme  son  lieutenant, 
Jean  Rcnnapt,  on  doit  en  conclure  que  c'était 
aussi  un  artisan  et  probablement  un  marchand 
tanneur. 


12 

Le  mot  eoccoffeiHus  signifiait  7ion  seulement 
tanneur,  mais  encore  cordonnier.  Comme  il  s'agit 
ici  d'artisans  qui  préparaient  les  cuirs  et  les  pelle- 
teries et  en  faisaient  un  commerce  étendu,  on 
doit  croire  qu'ils  n'étaient  pas  de  simples  cordon- 
niers qu'on  aurait  appelés  plutôt  suiores. 

La  charte  est  en  mauvais  état. 

Patentes  de  Tanneur  et  Marchand  de  Peaux. 

(22  juillet  1521.) 

Sommaire 

Devant  le  notaire  Pierre  Garrelli,  bourgeois  de 
Chambéry,  Jean  Rennapt,  tanneur,  lieutenant  de  Jean 
Captin,  alias  Bergonion,  prévôt  général,  ou  roi  des 
tanneurs  de  Savoie  et  visiteur  des  marchandises,  en  vertu 
des  pouvoirs  que  celui-ci  lui  a  donnés  par  un  acte  du 
12  mars  précédent,  et  information  prise  de  l'honnêteté, 
bonne  réputation  et  industrie  de  Claude  Amblard , 
après  la  prestation  de  serment  de  celui-ci  de  gérer, 
adouber  et  conduire  honnêtement  et  sans  fraude  les  choses 
de  son  art,  lui  confère  le  pouvoir  à  perpétuité  de  vendre, 
par  lui  et  ses  successeurs,  les  cuirs,  peaux,  pelleteries  et 
tous  les  genres  de  marchandises  indiqués  aux  statuts  de 
la  corporation. 

Noverint  universi  et  singuli  presens  inspecturi  quod 
anno  Domiûi  millesimo  quingentesimo  vigcsimo  primo, 
indictione  nona  et  die  vigesima  secunda  mensis  Juillij, 
in  mis  notarii  publici  et  tostium  subscriptorum  presentia 
personaliter  constitutus  honnestus  vir  Johannes  Ren- 
napti,  burgensis  Chamberiaci,  exscoffcrius,  locum- 
tenens  et  procurator  honnesti  viri  Johannis  Captini  alias 


13 

Bergonions,  prepositi  seu  Régis  generalis  Sabaudite  ad 
visitandum  pelles,  corea,  pellaterios  et  alia  asseytamenla 
nec  non  ad  faciendum,  creaudum  et  ordinandum,  cons- 
tituendumj  licentiamque  et  polestatem  dandj  personis 
bonnestis  et  bone  famé  ad  premissa  faciendum,  cons- 
tante ?  potestate  predicti  Johannis  Rennapti  instrumente 
publico  recepto  subscripto  et  signato  per  Barthollomeum 
Callinj  notarium  publicum,  recepto  sub  anno  Mo  quin- 
gentesimo  vigesimo  primo,  indictione  nona  et  die  duo- 
decima  mensis  martij. 

Quiquidem  Johannes  Rennapti,  locumtenens  pre- 
dictus  et  procurator  prefati  Johannis  Captini  qui  gratis 
et  eius  spontanea  [voluntate],  eiusque  certa  scientia,  et 
deliberatus  de  lionnestate  industria,  bona  fama  preliba- 
tarum,  et  lionnestate,  industria  predicti  viri    Glaudij 

Amblardj plenam  confidus  potestatem.  Igitur 

eumdem  Glaudium  Amblardj  presentem,  stipullantem 
et  humiliter  requirentem  et  recipientem  pro  se  et  suis 
heredibus  et  successoribus  quibuscumque  ac  sua  domo, 
perpetuo  mercandi  pelles,  corea,  pellaterios  et  quecum- 
que  mercat. . .  in  artem  exscofïeriorum  exercendi,  condu- 
cendi,  asseytandi,  preparandi,  addobandi,  vendendi 
palam  ,  publiée ,  ubicumque  terrarum  predictariim 
Sabaudiœ  et  patrias  et  aliis  locis  exscofferii  potestatis 
dictus  Johannes  Renapti  locumtenens  predictus  et  obi  ? 
merces  in  artem  exscofïeriorum  et  aliis  merceriis  pre- 
dictis  et  expressis  contentis  in  statutis  exscofïerii  mer- 
candi,  et  asseytandi  et  ad  personas  advenarum  et  ven- 
dendi prout  in  predictis  statutis  plenius  contiuetur. 

Receptus  predictus  Glaudius  Amhlardi  excorporali 
jurato  ad  sanctis  dei  evangeliis  (sic)  in  manibus  dicti 
Johannis  locumtenentis  prefati  Johannis  Captini  gratus 
lacta  prefato  et  quod  ipse...  (un  blanc  dans  le  texte) 


14 

juste  et  probe  dictam  artem  conducebit,  h. ,  .ebit,  ven- 
debit,  perducabit,  asseytabit,  addobabit  et  aliter  omnia 
alia  et  singula  in  predictiim  artem  agenda  et  facienda 
utetur  fruetur  gaudeatur,  pro  eorum  posse,  nec  non  de- 
fraudandoet  generaliter  omnia  et  singalaalia  in  présent! 
publico  instrumente  contenta  duceretur,  gauderetur  et 
frueretur. . .  et  faciendo. . .  opportuna  et  assueta  ut  mo- 
ris  est. 

De  quibus  premissis  omnibus  et  singulis  dictus 
Glaudius  Amblardi  petiit  dictus  (dicto  ou  dictam) 
Johannes  Rennapti  locumtenens  predicti  Régis  sibi 
fieri  presens  pablicum  instrumentum  sive  litteras  pa- 
tentes per  me  Petrum  Gan'ellj,  burgensem  Chambe- 
riaci,   notarium  publium  subsignatum. 

Acla  fuerunt  hec  predicta  Chamberiaci  in  domo  mis 
notarii  subsignati,  videlicet  in  caméra  posteriori  ;  presen- 
Ubus  ibidem  Anthonio  Charanvellj  procuratore  et  Fran- 
cisco Rochaux,  arbalesterio,  habitantibus  Chamberiaci, 
testibus  ad  premissa  vocatis  et  rogatis. 

Signé  :  Garrellj. 

Sceau  rond,  fruste,  de  deux  centimètres  et  demi  de 
diamètre,  pendant  à  une  languette  détachée  du  parche- 
min. Ce  sceau  est  sur  papier  et  porte  l'empreinte  des 
armes  de  Savoie,  entourée  peut-être  d'une  légende. 

L'écriture  de  cette  charte  est  détestable.  Les  abrévia- 
tions y  sont  confuses  et  les  solécismes,  nombreux. 


15 

III 

VENTE  DE  BANCS  ET  PLACES  SUR  LES  MARCHÉS. 

Dans  nos  petites  villes  de  Savoie,  resserrées 
entre  leurs  murailles,  l'espace  était  absorbé  par 
les  hôtels  des  seigneurs,  les  bâtiments,  les  églises  et 
les  jardins  des  couvents  ;  aussi  les  artisans  se  trou- 
vaient-ils fort  à  l'étroit.  Leurs  échoppes,  dont  on 
peut  voir  des  spécimens  au  faubourg  Mâché  à 
Chambéry,  dans  les  rues  sous  le  château  à  Ru- 
milly,  etc.,  étaient  exiguës,  sombres  et  malsaines. 
C'est  pourquoi  les  marchandises  se  vendaient 
ordinairement  à  l'extérieur,  sur  les  petites  pla- 
ces que  le  hasard,  bien  plus  que  le  soin  des  édiles, 
avait  conservées.  Les  bancs  ou  étaux  que  chaque 
corporation  y  possédait  étaient  l'objet  de  taxes  du 
prince  ou  de  la  communauté  ;  parfois  ils  appar- 
tenaient à  des  nobles  qui  les  affermaient  ou  les 
vendaient  à  l'occasion. 

Nous  avons  rencontré  un  exemple  de  ce  genre 
dans  un  acte  du  1*'''  aotÀt  1439  reçu  à  Rumilly  par 
le  notaire  Aymon  Excalland,  Deux  gentilshom- 
mes de  cette  ville,  Jean  et  Jacques  de  Chavanes, 
y  vendent  à  François  Gro;s,  cordonnier,  ou  tan- 
neur (escoffier us) ,  une  banche  avec  l'emplacement 
en  dépendant  (banchia  cum  plaieis  aiinexis), 
pour  le  prix  de  dix  livres  genevoises. 

Plus  tard,  en  janvier  1563,  à  Chambéry,  devant 
le  notaire  Louis   Miquet,  François^  fils  de  feu 


16 

Reymond  de  Leînes,  un  bouclier  sans  doute,  vend 
au  prix  de  80  écus  d'or  sol  à  André  Cochet, 
bourgeois  de  Chambéry,  «  deux  bancs,  l'un  à 
vendre  chair,  l'autre  à  vendre  tripes  »,  avec  leurs 
arrière-boutiques,  ainsi  que  deux  tours,  avec 
planclier  et  cordages,  le  tout  situé  le  long  (jouxte) 
de  la  rue  de  la  Boucherie.  Peu  de  jours  après, 
Reymond  de  Leines  obtient  de  son  acheteur,  Co- 
chet, la  faveur  de  pouvoir  racheter  les  objets  ven- 
dus, dans  le  terme  de  dix  ans. 

Nous  ne  savons  trop  ce  que  pouvaient  être  les 
deux  tours  achetées,  distinctes  des  bancs  et  ar- 
rière-boutiques..., à  moins  que  cène  fût  des  ap- 
pareils ronds  ou  carrés  où  l'on  suspendait  les 
corps  des  animaux  morts,  ne  pouvant  les  placer 
dans  les  étroites  arrière-boutiques. 

Il  y  avait  déjà,  en  15G3,  vingt-trois  ans  que 
l'usage  de  la  langue  française  était,  en  Savoie 
comme  en  France,  obligatoire  dans  les  actes  cons- 
tatant les  contrats  ordinaires  ;  il  y  a  donc  lieu  de 
s'étonner  que  le  suivant  soit  si  mal  rédigé.  La 
forme  ne  vaut  pas  mieux  d'ailleurs  que  le  fond. 
Nous  constatons  aussi  que  tous  ces  actes  concer- 
nant les  artisans  sont  presque  illisibles,  alors  que 
d'autres  écrits  par  les  mêmes  notaires,  mais  pour 
personnes  d'un  ordre  plus  élevé,  sont  plus  cor- 
rects et  beaucoup  mieux  écrits. 


17 


Vente  de  bancs  de  boucherie  et  de  triperie 
A  Chambéry 

(7  janvier   1563.  ) 

Au  nom  de  Dieu  soyt  à  tous  soyt  (sic)  notoire  et 
manifeste  que  comme  aiosi  soyt  que  François  fils  de 
feu  Remond  de  Leines  aye  vendu  cédé  quicté  et  remis 
à  honneste  personne  André  Cochet  hoargeois  de  Cham- 
béry, savoir  est  deux  bancs  lung  de  bouchier  a  vendre 
cher  et  aultre  a  vendre  trippes  avec  les  deux  riere  bou- 
tique située  et  assis  a  Chambéry  jouxte  la  rue  publique 
de  la  bocherie  du  couchant,  le  banc  de  honneste  Jehan 
Planche  du  soleil  levant,  le  banc  de  Pernette  Montai 
lalee  d'entre  les  bancs  de  la  dite  boucherie  dentre  deux 
du  vent,  et  jouxte  leslable  de  M^  Philippe,  la  maison  de 
feu  monssi'  M^  Jehan  Vulliet  et  de  plusieurs  aultres  aussi 
aulcune  allé  entre  deux  de  vers  la  bise.  liem,  plus  le  dit 
vendeur  au  dit  Cochet  auroyt  vendu  que  dessus  savoir 
est  ses  deux  tours  plancher  et  cordage  située  au  lieu 
mesme  jouxte  les  tours  des  hoyrs  de  feu  Louys  Vi liât  et 
de  Anthoine  Gany  du  soleil  lèvent,  maison  des  hoirs  de 
feu  monssr  M^  Poucet  et  l'eau  d'Albanne  du  cuchent, 
les  tours  du  dit  Cocher  de  bise,  et  jouxte  la  tourt  des 
hoyrs  de  feu  Jacques  Cadoz  du  vent,  avec  leurs  aultres 
meilleurs  et  plus  véritables  confins  pour  le  prix  de  qua- 
tre et  vingts  escus  d'or  sols  coing  du  Roy  de  juste  poix 
comme  est  contenu  par  extrait  du  dit  achat  passe  receu 
par  moy  notaire  soubs  signé  peu  avant  la  prouontiation 
du  présent  extrait. 

Pour  ce  est  il  que  Tan  mil  cinq  cens  soixante  troys 
et  le  septième  jour  du  mois  de   janvier    personnelle- 

2 


18 

ment  establi  et  constitue  le  dit  André  Cochet  lequel 
de  son  bon  gre  pour  soy  et  les  siens  a  donne  et  con- 
cédé donne  et  concède  de  sa  grâce  specialle  au  dit 
François  de  Leines  présent  acceptant  pour  soy  et  les 
siens  savoir  racheat  et  grâce  redemptive,  pour  le  temps 
de  dix  ans  prochain  venant,  avec  plein  pouvoir  de  re- 
hemere  (réméré)  reavoir  et  rachepter  de  luy  et  des  siens 
les  dits  bancs  tours  et  riere  bouiicque  en  luy  payant  ren- 
dant et  remboursant  en  une  fois  dans  le  dit  temps  de  dix 
ans  et  non  après  la  dite  somme  de  quatre  vingts  escus 
avec  tous  despens  et  accessoires  légitimes.  Promectant 
le  dit  André  Cochet  pour  soy  et  les  siens,  etc. 

Fait  et  passé  à  Chambéry  au  faubourg  porte  Mont- 
mellian  dans  la  maison  de  honneste  George  Bachu  es 
présences  du  dit  Bachu  Claude  fils  de  Thomas,  Nicod 
et  Pierre  Pasquier,  chapuis,  habitants  de  Chambéry 
témoins  requis  et  appelés  et  moz  Louys  Miquet  notaire 
ducal. 

[Archives  delà  Société sav.  d'histoire.) 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 

Les  Royautés  des  Métiers 3 

Grands  officiers  des  comtes  de  Genevois 5 

Pierre  Clioppi,  roi  des  métiers,  en  Genevois 6 

Antoine  Quiblat,  roi  des  merciers  de  Savoie 6 

Louis  Quex,  roi  des  cordonniers  de  Genevois 6 

Conditions  des  diplômes  de  maîtrise 7 

L'adoubement 8 

Lettres  d'adoubement  de  Jean  Greffi,  mercier 9 

Jean  Captin,  roi  des  tanneurs 12 

Jean  Rennapt,  lieutenant  du  roi  des  tanneurs 12 

Patentes  de  tanneur  j^our  Claude  Amblard 12 

Vente  de  bancs  et  places  sur  les  marcliés 14 

—  à  Rumilly 14 

—  à  Chamljéry 15 

Vente  de  bancs  de  boucherie  et  triperie  à  André  Cochet, 

par  Reymond  de  Leines,  boucher 17 


•'4 


Château  de  Menthon-Montrottier 


NICOD  DE  MENTHON 


PAR 


François  MUGNIER 


AVANT- PROPOS 


Nos  collègues  de  la  Société  savoisienne  d'histoire 
ayant  pensé  que  notre  notice  sur  l'expédition  envoyée, 
en  1437,  par  le  Concile  de  Bàle,  à  Constantinople, 
sous  la  direction  de  Nicod  de  Menthon,  devait  trouver 
place  dans  les  Mémoires  de  cette  Société,  où  elle  com- 
pléterait ce  que  notre  président  honoraire,  M.  Fran- 
çois Rabut,  en  avait  déjà  fait  connaître,  nous  nous 
sommes  rendu  volontiers  à  leur  désir. 

Nous  avons  augmenté  cette  étude  d'une  seconde 
partie  où  nous  rappelons  succinctement  les  nombreu- 
ses missions  et  les  charges  publiques  confiées  au  gen- 
tilhomme savoisien,  ainsi  que  divers  événements  des 
règnes  des  ducs  de  Savoie,  Amédée  VIII  et  Louis, 
auxquels  il  s'est  trouvé  mêlé  avec  sa  famille,  et  où 
son  père,  Pierre  de  Menthon,  a  fini  par  rencontrer  une 
mort  tragique. 

L'un  et  l'autre  furent  des  serviteurs  utiles  et  dé- 
voués de  leurs  souverains  et  du  pays.  Ils  obtinrent  la 
confiance  entière  d'Amédée  et  de  Louis  et  en  reçurent 
des  récompenses  méritées  ;  mais  ils  ne  surent  pas 
plaire  à  l'épouse  de  Louis,  l'impérieuse  Anne  de  Chy- 
pre, et,  moins  encore,  à  son  favori,  Jean  de  Compey. 

Ce  sont,  dans  l'histoire  de  Savoie,  de  cette  époque, 
des  figures  du  second  ou  du  troisième  plan  ;  les  pre- 
miers étant  occupés  par  le  grand  Amédée,  comte,  duc 


24 

et  pape,  par  Louis  et  Anne,  parle  remuant  Philippe 
Sans-Terre,  leur  fils  ;  puis  par  les  Bolomier,  Valper- 
gue,  Compey,  le  président  de  Feysigny,  Jacques  de 
Montmayeur,  les  maréchaux  de  Savoie. 

Les  'quelques  pages  que  nous  consacrons  à  Nicod 
de  Menthon  et  à  son  père  seront  donc  suffisantes  pour 
donner  une  idée  de  la  vie  agitée,  tourmentée  et  vio- 
lente à  laquelle  se  soumettaient,  même  en  pleine  paix, 
les  seigneurs  savoisiens  qui  approchaient  de  la  Cour 
au  xv^  siècle.  Et  tous  s'y  rendaient,  car  la  vie  isolée  au 
manoir  paternel,  c'était  l'obscurité,  l'ennui  et  la  pau- 
vreté. 


NICOD     DE     MENTHON 

ET 

L'EXPÉDITION   ENVOYÉE  PAR   LE   CONCILE  DE  BALE 
A  CONSTANTINOPLE 


SÉANCE    DU   9   JUIN   1892. 

(Extrait). 

M.  MuGNiER,  conseiller  à  la  cour  d'appel  de 
Chambéry,  correspondant  du  Ministère,  lit  un 
mémoire  sur  l'expédition  envoyée  par  le  concile 
de  Bàle  en  1437  à  Constantinoplej  afin  d'en  ame- 
ner l'empereur  et  les  patriarches  auprès  de  lui  et 
de  tenter  l'union  de  l'Eglise  grecque  à  l'Eglise 
latine. 

La  direction  politique  de  cette  expédition  fut 
donnée  par  le  concile  à  divers  de  ses  membres  et 
le  commandement  militaire  à  un  gentilhomme 
savoisien,  Nicod  de  Menthon,  dont  les  historiens 
ont  jusqu'à  présent  défiguré  le  nom  de  diverses 
façons. 

Nicod,  qui  était  alors  gouverneur  de  Nice  pour 
le  duc  de  Savoie,  Amédée  A'III,  fréta,  avec  l'ar- 
gent emprunté  par  lui  ou  prêté  par  la  ville  d'Avi- 
gnon, six  galères  qu'il  arma  et  garnit  de  trois 
cents  archers  destinés  à  protéger  l'expédition 
contre  les  pirates  et  aussi  contre  le  pape  Eugène 
IV,  qui  était  alors   en   hostilité  ouvcrLe  avec  le 


26 

concile.  Après  bien  des  embarras,  la  flotille  arriva 
à  Constantinople  (S-3  octobre  1437).  Elle  y  avait 
été  précédée  par  une  expédition  rivale  envoyée 
par  le  pape,  et  une  lutte  sanglante  faillit  se  pro- 
duire. Cependant  la  dispute  resta  sur  le  terrain 
diplomatique,  et  le  pape  l'emporta  sur  le  concile. 

Les  Grecs  se  rendirent  à  Ferrare,  puis  à  Flo- 
rence. Nicod  de  Menthon  dut  ramener  sa  flotte 
dans  les  Etats  de  Savoie;  il  arriva  à  Nice  le  16 
décembre  et,  en  janvier  suivant,  retourna  à  Bàle 
pour  rendre  aux  Pères  les  insignes  du  comman- 
dement qu'ils  lui  avaient  confiés,  et^  surtout,  afin 
de  s'y  faire  rembourser  les  sommes  qu'il  avait 
avancées  et  qui,  suivant  la  minute  du  compte 
présenté  au  concile  et  que  M.  Mugnier  a  retrou- 
vée, s'élevaient  au  chifïre  considérable  de  20.595 
ducats. 

M.  Siméon  Luge  félicite  M.  Mugnier  de  sa 
communication,  et  saisit  cette  occasion  pour 
signaler  l'importance  qu'offrent  souvent^  au  point 
de  vue  de  notre  histoire  et  même  au  point  de  vue 
de  l'histoire  générale,  certaines  archives  particu- 
lières. Ainsi  M.  Mugnier,  grâce  au  compte  qu'il 
a  su  découvrir,  a  pu  reconstituer  un  épisode,  assez 
mal  connu  jusqu'à  ce  jour,  de  l'histoire  du  con- 
cile de  Bàle. 

M.  DE  Mas  Latrie,  en  reconnaissant  le  vif  in- 
térêt de  la  communication  de  M.  Mugnier,  re- 
grette qu'il  n'ait  pas  donné  plus  de  développement 


27 

aux  faits  dominant  la  question,  c'est-à-dire  aux 
efforts  tentés  aussi  bien  par  les  Pères  du  concile 
que  par  les  papes  pour  arriver  à  l'union  des  Egli- 
ses d'Orient  et  d'Occident,  et  aux  bases  acceptées 
à  Florence  pour  sceller  cette  union.  Les  décisions 
du  concile  de  Florence  sont  loin  d'être  oubliées, 
et  si,  comme  tout  semble  l'indiquer,  la  grande 
question  est  reprise  de  nos  jours,  ce  sont  les  prin- 
cipes déclarés  et  acceptés  à  Florence  par  Bessa- 
rion  qui  seront  le  point  de  départ  des  nouvelles 
conférences. 

M.  MuGxiER  répond  que,  loin  de  méconnaître 
l'importance  du  concile  de  Florence,  il  a^  dans  les 
notes  de  son  travail,  cité  l'important  ouvrage  du 
chanoine  Cecconi ,  Studi  storHci  sul  concilia  di 
Firen^Cj  et  qu'il  a  fait  divers  emprunts  aux  do- 
cuments que  contient  cet  ouvrage.  Le  temps  li- 
mité accordé  à  chaque  lecture  ne  permettait  pas 
d'ailleurs  ces  développements,  peut-être  un  peu 
étrangers  à  son  étude. 


-H^ 


PREMIERE  PARTIE 


L'EXPEDITION  DU  CONCILE  DE  BALE 

A    CONSTANTINOPLE 

POUR  L  UNION  DE  l'ÉGLISE  GRECQUE  A  l'ÉGLISE  LATINE 

1437-1438 


I 


Le  concile  de  Constance  s'était  clos  à  la  fin 
d'avril  1418.  Le  concile  de  Bàle  suivit  de  près  ; 
il  tint  sa  première  session  le  14  décembre  1431. 
A  Bàle  comme  à  Constance,  la  lutte  entre  les 
Pères  et  le  pape,  entre  l'élément  représentatif  et 
le  pouvoir  absolu,  fut  des  plus  violentes. 

Eugène  IV,  le  Vénitien  Gabriel  Gondolmere, 
élu  le  3  mars  1431,  aurait  bien  voulu  retarder  la 
réunion  du  concile,  puis  le  disperser;  il  n'y  réussit 
pas.  L'un  des  épisodes  les  plus  curieux  de  la  lutte 
ardente,  prolongée,  qui  s'éleva  entre  les  deux 
pouvoirs,  fut  la  convocation  des  prélats  de  l'Eglise 
grecque  à  se  rendre  au  concile  dans  le  but  de 
mettre  fin  au  schisme  d'Orient.  Il  semble  que  la 
question  fut  soulevée  par  le  parti  d'Eugène  IV, 
afin  d'atiirer  le  concile  en  Italie  où  le  pape  l'aurait 


30 

plus  facilement  tenu  dans  sa  dépendance.  L'assem- 
blée de  Bâle  ne  désirait  pas  que  cette  question 
s'agitât  devant  elle.  «  Il  y  a  trois  cents  ans,  dirent 
les  Pères,  que  l'on  nous  rebat  les  oreilles  de  cette 
chose  et  qu'on  la  renouvelle  chaque  année  !  »  (1) 
Une  fois  soulevée  cependant,  il  n'était  pas  prudent 
de  la  rejeter.  Le  pape  et  son  parti  n'auraient  pas 
manqué  d'accuser  le  concile  de  négliger  les  pre- 
miers intérêts  de  la  chrétienté. 

Les  Pères  de  Bâle  nouèrent  donc  des  pour- 
parlers avec  Constantinople.  Les  Grecs  offrirent 
de  subvenir  aux  frais  du  concile  si  on  le  transférait 
dans  leur  capitale  ;  ils  acceptèrent  pourtant  sa 
continuation  en  Occident  à  la  condition  d'être 
défrayés  complètement  par  les  Latins.  Le  7  sep- 
tembre 1434,  dans  sa  dix-neuvième  session,  le 
concile  approuva  un  accord  intervenu  entre  ses 
députés  et  les  Grecs  sur  les  bases  suivantes  : 

L  L'empereur  Jean -Manuel  Paléologue,  le 
patriarche  de  Constantinople,  les  trois  autres 
patriarches,  les  évêc[ues,  etc.,  ainsi  que  les  pléni- 
potentiaires des  pays  relevant  de  l'Eglise  grecque 
comparaîtront  au  concile  d'union. 

II.  Il  y  aura,  auparavant,  un  synode  grec  pour 
les  frais  duquel  le  concile  de  Bâle  donnera 
8,000  ducats. 

III.  Les  Lating  supporteront  les  frais  d'aller  et 
de  retour  du  voyage  de  l'empereur  et  de  sept 

(1)  Fleury  :  Histoire  ecclésiastique,  t.  XXII. 


31 

centt^  personnes,  ainsi  que  ceux  de  leur  entretien 
dans  la  résidence  du  concile  ;  ils  verseront  15,000 
ducats  au  commencement  du  voyage,  ils  achète- 
ront quatre  grosses  galères  équipées  pour  la 
double  traversée  et  enverront,  un  peu  plus  tard, 
à  Constantinople  quatre  autres  galères  avec  trois 
cents  archers. 

IV.  Les  députés  grecs  feront  leur  possible  pour 
que  le  concile  de  Bàle  soit  accepté  comme  concile 
d'union. 

V.  Cette  convention  sera  soumise  à  la  ratifica- 
tion du  pape,  etc.  (1). 

En  1435,  le  concile  envoya  à  Constantinople, 
où  elle  arriva  le  23  septembre,  une  nouvelle 
ambassade  composée  de  Jean  de  Raguse,  Heinrich 
Henger  et  Simon  Fiéron  ;  puis,  le  14  avril  1436, 
dans  sa  vingt-quatrième  session,  il  consacra 
l'accord  conclu  par  ses  députés,  qui  lui  donnait 
le  pouvoir  de  désigner  pour  la  réunion  du  synode 
d'union  une  ville  maritime.  Le  cardinal  Julien 
de  Saint-Ange  (plus  tard  de  Sainte- Sabine) 
confirma  la  décision  au  nom  de  l'autorité  pontifi- 
cale (2).  Les  Pères  n'eurent  plus  alors  qu'à  cher- 
cher les  sommes  nécessaires  à  l'expédition  et  un 
capitaine  pour  la  mener  à  bonne  fin. 

La  tenue  d'un  concile  était  la  source  de  béné- 
fices considérables  pour  la  ville  où  il  s'assemblait, 

(1)  HÉFELÉ  :  Histoire  des  conciles,  t.  XI,  p.  300. 

(2)  Id.,  lac.  cit. 


32 

d'un  accroissement  de  pouvoir  ou  d'honneurs 
pour  les  souverains  des  Etats  où  les  prélats  et  le 
pape  même  devaient  se  trouver  réunis  ;  aussi 
chaque  pays  désirait-il  être  choisi.  L'Autriche, 
la  Hongrie  réclamaient  pour  Vienne,  Bude,  etc. 
Les  Pères,  voyant  qu'ils  ne  pourraient  pas  déter- 
miner les  Grecs  à  se  rendre  à  Bàle  ou  dans  une 
ville  rapprochée,  Chambéry,  par  exemple,  Genève, 
Lausanne,  se  décidèrent  pour  Avignon. 

Bien  que,  depuis  la  mort  du  Savoyard  Clé- 
ment VII  (Robert  de  Genève,  1394)  et  celle  do 
son  successeur  Benoît  XIII  (Pierre  de  Lune,  1424), 
Avignon  eût  cessé  d'être  le  siège  de  la  papauté^ 
il  n'en  était  pas  moins  resté  le  séjour  préféré  d'un 
grand  nombre  de  prélats,  notamment  d'un  autre 
Savoyard,  Louis  Alamand,  cardinal-archevêque 
d'Arles,  l'un  des  personnages  les  plus  influents  du 
concile  qu'il  présida  après  le  départ  du  cardinal 
Julien,  Les  Pères  s'adressèrent  donc  aux  magis- 
trats d'Avignon  pour  obtenir  les  ressources  néces- 
saires à  l'expédition;  Ils  leur  promirent  d'employer 
tous  leurs  efiiorts  à  faire  agréer  par  les  Grecs  le 
choix  de  leur  ville,  et  s'obligèrent  à  rembourser 
les  sommes  qu'elle  avancerait,  si  le  projet  ne 
s'exécutait  pas. 

Le  cardinal  d'Arles  agissait  tant  de  son  propre 
mouvement  qu'à  l'instigation  d'Alphonse,  roi 
d'Aragon,  de  Philippe-Marie,  duc  de  Milan  (1),  et 

(1)  Philippe-Mario  Visconti  avait  épousé,  en  1428,  Marie 
do  Savoie,  fille  d'Amédée  VIII.  Lonfant,  Histoire. . .    et  du 


33 

d'Amédë  VIII,  duc  de  Savoie,  retiré  depuis  quel- 
que temps  à  Ripaille  avec  .^es  chevaliers-ermites. 
Au  bout  de  la  lutte  entre  Eugène  IV  et  le  concile, 
Amédée  VIII  entrevoyait  déjà  la  tiare  ;  et,  en  tra- 
vaillant ostensiblement  pour  son  souverain,  Ala- 
mand,  a-t-on  dit^  songeait  secrètement  à  la  ceindre 
lui-même  (1). 

Il  est  certain  que  si  le  concile  eût  réussi  à 
ramener  les  Grecs  dans  le  giron  de  l'Eglise  catho- 
lique, son  prestige  s'en  fût  singulièrement  accru; 
il  aurait  plus  tôt  encore  déposé  Eugène  IV,  et, 
certainement,  le  pape  aurait  dû  s'avouer  vaincu. 

Le  capitaine  choisi  fut  Nicod  de  Menthon,  gen- 
tilhomme savoyard,  qui  était  alors  gouverneur  de 
Nice  pour  le  compte  d'Amédée  VllI,  soit  de  son 
fils  Louis,  lieutenant-général  des  Etats  de  Savoie 
depuis  1434.  Nicod  sortait  d'une  des  branches  do 
la  nombreuse  famille  de  Menthon  (2).  Né  sur  les 

Concile  de  Belle,  II,  p.  203,  commet  une  singulière  méprise 
en  faisant  de  Pliilippe-Marie  le  beau-père  du  due  de  Savoie. 

(1)  Les  auteurs  font  naitre  Louis  Alamand  en  Faucigny  ou 
dans  le  Bugey,  pays  faisant  partie  l'un  et  l'autre  des  Etats 
du  duc  de  Savoie.  L'archevêque  d'Arles  avait  été  nommé 
cardinal  en  1426.  M.  Héfelé  rapporte  que  l'archevêque  de 
Lyon,  Amédée  fl  de  Talaru,  travaillait  dans  le  même  sens 
et  avec  les  mêmes  visées  personnelles. 

(2)  Le  château  de  Menthon  est  situé  au-dessus  du  lac 
d'Annecy,  dans  la  gorge  qui  fait  communiquer  ce  charmant 
petit  lac  avec  les  vallées  d'Alex  et  de  Thones.  Pierre  de 
Menthon,  père  de  Nicod,  était  seigneur  de  Montrottier  ;  il 
fut  assassiné  à  Chamljéry,  en  1455,  par  Jean  de  Compey, 
favori  du  duc  Louis  (Voir^  plus  loin,  la  seconde  partie  de 
cette  étude.)  3 


34 

bords  du  lac  de  Genève,  probablement  dans  l'une 
de  ses  seigneuries  de  Versoix  ou  de  Nernier,  il 
avait,  dès  son  enfance,  navigué  sur  le  lac  Léman, 
qui  appartenait  alors  tout  entier  au  duc  de  Savoie, 
et  son  gouvernement  deNice  l'avait  habitué  auxox- 
péditions  maritimes.  Il  avait  déjà  rempli,  comme 
plus  tard  il  devait  le  faire  souvent  encore,  diver- 
ses missions  diplomatiques.  Sans  doute  aussi 
connaissait-il  bien  Avignon  où  un  membre  de  sa 
famille  avait  occupé  les  fonctions  de  viguier  sous 
le  pontificat  de  Clément  VIL  Le  nom  de  Nicod  de 
Menthon  se  retrouve  à  chaque  instant  dans  les 
conseils  des  ducs  Amédée  VIII  et  Louis.  C'est 
dire  qu'il  possédait  toute  la  confiance  des  ducs 
de  Savoie  et  connaissait  leurs  projets  les  plus 
intimes  (1). 

Au  commencement  de  novembre  1436,  le  conci- 


(i)  CiBRARio,  Specchio  cronolofjico  di  StorianadonaJc , 
éd.  Turin,  1855,  p.  251,  place  Nicod  de  Menthon  parmi  les 
chevaliers-ermites  de  Saint-Maurice,  qui,  en  1431,  accom- 
pagnèrent Amédée  VIII  dans  sa  retraite  de  Ripaille.  Ceux- 
ci  étant  tous  célibataires  ou  veufs,  Nicod,  qui  était  alors 
marié,  n'a  i)as  pu  être  de  leur  nombre.  C'est  donc  avec  rai- 
son que  d'autres  écrivains  ne  l'y  comprennent  pas.  Ce  pre- 
mier ordre  de  Saint-Maurice  ne  survécut  pas  h  Amédée  VIII. 
—  Il  fut  réinstitué,  par  bulles  du  16  des  cal.  d'octobre  1572, 
de  Grégoire  XIII,  en  faveur  du  duc  de  Savoie,  Emmanuel- 
Philibert  ;  mais  avec  des  modifications  considérables.  En 
noveniln'e  suivant,  le  même  pape  unit  à  cet  ordre  celui  de 
Saint-Lazare. 


35 

le  conclut  avec  Nicod  de  Menthon  (1)  une  conven- 
tion par  laquelle  celui-ci  s'engaoait,  moyennant 
une  indemnité  de  30.800  ducats,  à  tenir  prêts 
pour  le  temps  voulu  deux  grandes  et  deux  petites 
galères  et  trois  cents  archers  ;  il  s'obligeait  en 
môme  temps  à  fournir  des  cautions  qui  garanti- 
raient la  fidèle  exécution  du  contrat.  Le  19,  les 
Pères,  réunis  sous  la  présidence  du  cardinal 
Julien,  remirent  en  grande  pompe  au  capitaine 
savoisien  un  étendard  aux  armes  de  l'Église  ainsi 
que  le  bâton  d'amiral  (2). 

A  partir  de  ce  moment,  Nicod  se  mit  en  devoir 
d'accomplir  s'a  mission.  Il  semble  qu'il  déploya 
une  grande  activité.  C'est  ainsi  qu'après  avoir 
emprunté,  à  Genève  (3),  six  mille  ducats  pour 
commencer  ses  préparatifs  et  s'être  pourvu  d'une 
escorte  personnelle  et  d'un  bon  médecin,  il  com- 
manda  à  Gênes    deux  galères    légères    et    une 

Cl)  Les  auteurs  étrangers  à  la  Savoie  ont  donné  à  Nicod 
de  Menthon,  seigneur  de  Nernier,  divers  noms  se  rappro- 
chant plus  ou  moins  du  véritable.  Maiisi,  sacroram  Conci- 
liorum  noua  et  amplissima  coUectio,  t.  XXXI,  p.  207, 
l'appelle  Nicodcmus  de  Monte:  —  Fleury,  Histoire  ecclé- 
siastique, t.  XXII,  Nicolas  Montone  ou  Moutone  :  cecconi, 
Studi  storici  sul  Concilio  di  Firenze  (in-8',  Florence  18G9), 
Nicodus  de  Menichone,  etc.,  etc. 

(2)  Mansi  ;  toc.  cit.  -  et  t.  XXX,  p.  1033,  1121, 1122. 

(3)  Son  père  y  possédait  alors  une  hôtellerie  qu'il  affer- 
mait assez  cher  :  c'était  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
une  maison  de  rapport.  Borel,  Les  Foires  de  Genècc  aa 
xv°  siècle. 


36 

galiote,  en  fit  calfater  et  réparer  deux  autres,  les 
pourvut  de  vingt-quatre  bancs  de  rameurs,  en- 
V03^a  des  émissaires  à  Nice  et  dans  diverses  loca- 
lités de  Provence  pour  recruter  les  trois  cents 
archers.  Il  demanda  au  roi  René,  qui  se  trouvait  à 
Aix,  Tautoriîsation  nécessaire.  René  l'accorda  le 
20  février  1437,  sous  cette  restriction  que  l'on 
ne  pourrait  engager  ses  propres  sujets  dont  il  avait 
besoin  pour  une  expédition  qu'il  préparait  lui- 
même.  La  même  lettre  contient  encore  un  sauf- 
conduit  pour  le  passage  de  l'expédition  en  Pro- 
vence et  son  retour  avec  les  personnes  de  «  toute 
dignité,  éminence,  ou  condition,  royale, impériale, 
patriarcale,  avec  leur  bagages,  or  et  joyaux  », 
c'est-à-dire  avec  l'empereur  deConstantinople,  les 
patriarches  et  leur  suite  que  le  capitaine-général 
comptait  amener  bientôt  à  Avignon  (1). 

(1)  Après  avoir  été  retenu  plusieurs  années  dans  une 
étroite  captivité  par  Pliilippe-le-Bon,  duc  de  Bourgogne^  le 
roi  René  avait  pu  traiter  avec  lai.  Mis  en  liberté  définitive 
le  3  février  1437,  il  quitta  Lille  du  8  au  11 ,  et  le  22  février 
il  se  serait  trouvé  à  Pont-à-Mousson  (Lecoy  de  la  Marche, 
le  Roi  René,  t.  I,  p.  128). 

La  lettre  du  roi  René  a  été  publiée  par  M.  François  Rabut, 
avec  les  protestations  de  Nicod  de  Menthon  contre  le  podestat 
de  Chio,  dans  une  agi'éable  et  fort  substantielle  notice  impri- 
mée au  tome  III  des  Mémoires  de  la  Société  savoisionne 
d'histoire.  La  lettre  royale  semble  indiquer  que  René  était 
à  Aix  en  Provence  le  30  du  môme  mois  ;  il  faut  croire  qu'en 
réalité  le  sauf-conduit  n'émanait  que  de  Jordan  Bricii,  juge 
suprême  de  Provence.  Le  texte  ne  répugne  pas  '  absolument 
à  cette  interprétation. 


37 

Eugène  IV,  de  son  côté,  ne  restait  pas  inactif. 
Tenu  rapidement  au  courant  de  ce  qui  se  passait 
au  concile  par  ses  amis  et  créatures,  notamment 
par  son  neveu  Marc  Gondolmere,  archevêque  de 
Moùtiers  en  Tarentaise  (Savoie),  il  avait  préparé 
un  coup  audacieux.  Le  9  mai  1437,  lorsque  le' 
concile  dut  fixer  définitivement  le  lieu  où  les 
Grecs  seraient  transportés,  une  minorité  se  hâta 
de  proposer  et  d'accepter  une  ville  de  l'Adria- 
tique, Venise,  Ravenne  ou  Rimini,  alors  que  la 
majorité  désignait  Avignon  (1).  Le  28  juin,  le 
pape  confirma  le  décret  de  la  minorité,  et,  comme 
le  concile  avait  nommé  les  prélats  qui  devaient 
le  représenter  à  Constantinople  dans  l'expédition 
projetée,  il  leur  fit  intimer,  le  20  juillet,  par  Marc 
Gondolmere  devenu  son  légat,  l'ordre  de  ne  pas 
donner  suite  à  cette  mission.  La  lecture  de 
l'archevêque  de  Moùtiers  fut  accueillie  par  de 
violentes  injures  ;  les  Pères  le  retinrent  même 
prisonnier  dans  sa  maison,  et  l'on  fit  un  assez 
mauvais  parti  à  son  procureur,  Arnold  Rechsin  • 
chusen,  qui  avait  voulu  parler  en  sa  faveur  (2). 

(1)  Baronius  ;  Annales  ccclesiastici,  t.  XXVIII,  p.  229. 
Le  pape  et  ses  partisans  s'appuyaient  sur  ce  que  la  minorité 
était  composée  surtout  de  personnages  élevés  en  dignité  ;  ils 
l'appellent /)ars  sanior.  (R.P.Natalis  Alxandri  ;  Hlsioria 
eccleslastica,  t   IX,  p.  432.) 

(2)  Baronius,  loc.  cit.,  p.  237...  atroclbus  injuriis. . . 
loqul  volcntciii  ijuuïil/ii.<  iiijcctis  pcrcusserunt^  ac  pcv 
capillos  ad  carcercni  iruhcrc  conatl  sunt. 


38 

Mais  chaque  parti  s'obstinait.  Le  concile  avait 
envoyé  h  Avignon  les  évêques  Jean  de  Lubeck^ 
Delphin  cle  Parme  et  Jean  de  Vicence.  Ils  y 
furent  reçus  avec  faveur  ;  on  leur  refusa  cepen- 
dant tout  versement  de  fonds,  parce  que  l'on 
voulait  savoir  préalablement  si  le  concile  avait 
voté  non  seulement  une  indulgence,  mais  encore 
une  dime  sur  le  clergé,  et  si  l'exécution  de  cette 
taxe  était  autorisée  par  les  princes,  par  le  roi  de 
France  notamment  (1).  FÀigène  IV  essaya  d'em- 
pêcher le  concile  de  traiter  ^  avec  Avignon  ;  ses 
messagers  y  nouèrent  une  intrigue  à  la  suite  de 
laquelle  deux  partis  se  formèrent  parmi  les 
citoyens.  Finalement,  l'on  remit  à  Nicod  de  Men- 
thon  un  peu  moins  de  la  moitié  de  la  somme 
demandée  (2). 

Le  pape,  c|ui  se  rendait  alors  à  Bologne,  ne 
se  borna  pas  à  contrecarrer  ainsi  les  desseins  du 
concile  ;  s'emparant  du  projet  pour  son  propre 
compte,  il  écjuipa  à  Venise,  son  pays  natale  des 
galères  destinés  à  transporter  les  Grecs  auprès  de 
lui  en  Italie,  bien  que  l'empereur  Sigisraond  et 
Charles  VII  se  fussent  résolument  prononcés 
contre  le  choix  d'ime  ville  italienne  pour  la  tenue 
du  concile  et  la  réception  des  représentants  de 

(1)  Le  concile  avait  imposé,  en  faveur  de  l'expédition, 
une  dime  frappant  toute  personne  ecclésiastique  :  etiamsi 
Cardinalatus  aut  Pontijicatus  dignitate  prœfulgerent 
(R.  P.  Alexandri,  loc.  cit.) 

(2)  TzHisMANN,  I.  c.  p.,  157,  cité  j)ar  Héfelé,  t.  XL 


39 

l'Eglise  grecque.  Il  confia  le  commandement  de 
l'expédition  à  un  autre  de  ses  neveux,  Antoine 
Gondolmere,  qui  emmena  à  Constantinople  une 
nombreuse  ambassade  présidée  par  l'archevêque 
deTarentaise(l).  Puis,  le  18  septembre,  il  publia 
solennellement  une  bulle  transférant  la  tenue  du 
concile  à  Ferrare.  Les  Pères  ripostèrent  par 
diverses  mesures.  Ils  placèrent  sous  la  protection 
spéciale  du  concile  le  cardinal  de  Foix,  légat 
d'Avignon,  chef  de  leur  parti  dans  celte  ville  ; 
ils  citèrent  le  pape  à  comparaître  devant  eux 
et  interdirent  à  toute  personne  de  quitter  Bàle, 
en  vertu  de  la  bulle  de  translation  qu'ils  décla- 
rèrent nulle  et  non  avenue. 

II 

Nicod  de  Menthon  avait  éprouvé  divers  contre- 
temps; les  Avignonnais,  le  cardinal  d'Arles  et  les 
autres  prélats  ne  lui  avaient  pas  fourni  rapide- 
ment l'argent  nécessaire  pour  fréter  les  galères 
et  engager  les  archers.  Le  roi  René  avait  même 
séquestré  un  instant  les  navires,  sans  doute  parce 
qu'ils  étaient  débiteurs  de  droits  de  péage  (2),  ou 
bien  parce  que  l'on  avait  enrôlé  quelques-uns  de 
ses  sujets.  Le  capitaine-général  dut^  pour  aplanir 
les  difficultés,  envoyer  en  Provence  divers  délé- 

(1)  HÉFELÉ,  XI,  p.  366  et  suiv.  ;  Eugène  IV  avait  encore 
un  troisième  neveu,  le  cardinal  François  Gondolmere. 

(2)  On  lit,  au  n°  XVll  du  Compte  ci-après,  que  plusieurs 
galères  avaient  remonté  le  Rliône  jusqu'à  Arles. 


40 

gués  choisis  dans  son  escorte,  Pierre  du  Bois, 
chevalier  de  Saint-Jean,  précepteur  de  Fouille 
(Puliacij  et  de  Salins,  Mermet  Lombard,  Bar- 
thélémy Tavel  (Vaudois),  les  frères  de  Cohen- 
dier,  les  frères  Suchet,  Jean  de  Mécorax,  etc.  (1). 
En  mars  et  en  avril  1437,  ses  archers,  profitant 
du  repos  forcé  où  il  les  laissait,  se  débandè- 
rent en  emportant  ce  qu'ils  trouvèrent  à  leur 
convenance.  La  chaleur,  et  la  peste  à  sa  suite, 
étant  survenues,  le  capitaine  dut  se  pourvoir 
d'une  sixième  galère  et,  sur  l'ordre  des  prélats, 
chefs  politiques  de  l'expédition,  quitter  Nice, 
dont  le  séjour  était  devenu  dangereux,  pour 
regagner  Marseille  ou  Arles.  Ce  fut  dans  ce 
voyage,  croyons-nous,  que  la  flottille  reçut  la 
chasse  de  Rodrigue  de  Lyson,  pirate  catalan,  qui 
s'empara  de  l'une  des  galères,  la  pilla  et  emmena 
prisonniers  les  archers  qui  la  montaient.  Il  est 
vrai  que  le  pirate  fut  bientôt  capturé  à  son  tour  (2). 
Les  Pères,  craignant  que  cette  fâcheuse  aventure 
eiit  découragé  leur  amiral,  envoyèrent,  le27sep- 


(1)  Compte,  n°  XXI. 

(2)  Compte,  no  XIX.  Au  document  179  de  Ceeconi,  op. 
cit.,  et  dans  le  rapport  adressé  au  concile  par  les  évèquos 
de  Viseu  et  de  Lausanne,  on  lit  que  Nicod  de  Menthon 
exigea  une  galère  de  plus  à  raison  de  ia  chaleur  et  de  la 
presse.  Peut-être,  au  lieu  de  ce  dernier  mot,  fallait-il  do  la 
peste,  à  moins  que  le  mot  employé  ne  signifie  que  les 
navires  étaient  trop  petits  pour  le  nombre  des  archers  joint 
à,  celui  des  membres  de  rexpédition  et  des  rameurs. 


41 

tembre  1437,  au  duc  Amédée,  un  de  ses  con- 
seillers, Jean  de  Grolée,  custode  de  Lyon  (1), 
pour  le  prier  d'écrire  à  Nicod  et  l'encourager  à 
terminer  l'œuvre  commencée.  Il  devait  assurer 
le  capitaine  que  Dieu  le  récompenserait  au  double, 
et  que,  s'il  réussissait  à  amener  les  Grecs  au 
concile,  il  obtiendrait  de  grosses  sommes  d'argent. 
Nicod  n'avait  pas  attendu  ces  consolations  ;  déjà 
il  s'était  mis  en  route  pour  Constantinople. 

Les  galères  étaient  commandées  sous  sa  direc- 
tion par  Pierre  du  Bois,  chevalier  de  Saint- Jean 
de  Jérusalem,  Claude  de  Menthon,  seigneur  de 
Cormand,  Théobald  de  la  Brige,  du  diocèse  de 
Besançon,  Jean  de  Grimaldi,  de  Nice^  et  Mermet 
Lombard,  citoyen  de  Genève.  Les  troupes  avaient 
pour  chefs  Antoine  de  Varennes,  frère  Georges  de 
Valpergue,  précepteur  de  Bresse  ?  (Brixie), 
François  de  Chissé,  Berthet  des  Allues  (de  Allo- 
dio)  et  Jean  du  Bois  (2).  On  comptait  encore  dans 

(1)  Voir  la  lettre  du  concile  dans  Gioffredo,  Storia  délie 
Alpi  maritime,  in  Monumenta  Historiée  Patrice,  Scrijp- 
toruni,  II,  col.,  1059. 

Les  Grolée,  comme  les  La  Palud,  étaient  Bressans,  sujets, 
par  conséquent,  d'Amédée  VIII.  Le  titre  de  conseiller  ducal 
était  accordé  à  toutes  les  personnes  de  haute  condition  ou 
de  science  qui  approchaient  le  Souverain.  Souvent  il  était 
purement  honorifique. 

(2)  Rabut  ;  Protestation  de  Nicod  de  Menthon  contre 
le  Podestat  de  Chio^  passini.  —  Cormand  était  une  petite 
seigneurie  à  l'ouest  d'Annecy;  Claude  de  Menthon  était  le 
frère  cadet  de  Nicod. 


42 

l'expédition  Jacques  de  Valpergue,  docteur  es 
droits,  qu'Amédée  VIII  semble  avoir  donné  à 
Nicod  pour  son  conseiller. 

A  côté  de  ces  clercs  ou  soldats,  et  y  exerçant 
une  autorité  prépondérante,  la  flotte  portait  les 
ambassadeurs  du  concile,  Louis  de  la  Palud, 
évêque  de  Lausanne,  Louis,  évêque  de  Viseu  en 
Portugal  et  maître  Jean  de  Raguse,  professeur  en 
théologie  sacrée, auxquels  s'était  joint  Nicolas  Car- 
bonel,  aussi  professeur  en  théologie^  ambassadeur 
d'Alphonse,  roi  d'Aragon.  Dans  leur  suite,  nous 
trouvons  D.  Guillaume^  abbé  du  lac  de  Joux,  au 
diocèse  de  Lausanne,  frère  Adam  Tuillier  (Tegu- 
lavii),  vicaire  du  prieur  de  Payerne,  Philibert  de 
la  Palud,  Jacques  Huglin,  clerc  bâlois,et  Théodore 
Winckelman,  clerc  de  Cologne  (1). 

La  flotte  pontificale  avait  devancé  à  Constan- 
tinople  les  galères  du  concile.  Quand  elles  arrivè- 
rent, Antoine  Gondolmere  voulut  les  empêcher 
d'aborder.  L'empereur  dut  interdire  aux  deux 
partis  d'en  venir  aux  mnins.  «  Alors,  dit  Jean  de 
Raguse,  la  flotte  déployant  dans  les  airs  les 
bannières  de  l'Eglise,  au  son  éclatant  des  trom- 
pettes et  des  autres  instruments  de  musique, 
s'avançantavec  pompe  dans  un  ordre  merveilleux, 
partit  de  Péra,  et,  h  la  joie  du  peuple  des  deux 
villes,   entra  dans    le    port    de    Constantinoplo, 

(1)  Tous  ces  noms  se  rencontrent  dans  le  Compte  de 
l'expédition,  ou  dans  la  Protestation. 


43 

forçant  ses  émules  mêmes  à  lui  accorder  leurs 
louanges  et  leur  admircition  (1).  »  Le  même  jour, 
3  octobre,  Nicod  de  Mentlion  et  Pierre  du  Bois 
présentèrent  leurs  lettres  de  créance  :  celui-ci  au 
nom  du  roi  de  France,  Nicod  au  nom  du  duc  de 
Savoie  (2).  Le  6,  Louis  de  la  Palud  adressa  une 
allocution  à  l'empereur  ;  mais  il  ne  réussit  pas  à 
le  persuader.  Les  Grecs  s'entendirent  avec  l'arche- 
vêque de  Tarentaise  et  les  autres  envoyés  du  pape. 
Jean  Paléologue  ne  molesta  pas  cependant  les 
représentants  du  concile.  De  temps,  en  temps,  il 
leur  fit  des  cadeaux  de  poisson  ou  de  gibier.  Au 
moment  du  départ,  il  envoya  à  Nicod  de  Mentlion 
un  faucon,  une  selle  de  cheval  avec  son  tabarin, 

(1)  Mandavit  (imperator)  ne  quis  inciperet  facere  aliquani 
novitatem.  Et  ita  seeuritate  reddita,  proteusis  in  altum 
vexillis  Eeelesie  cum  maximo  ordine  et  honore,  eoncrepan- 
tibus  tubis  et  machinis  aliisque  generibus  musicoruni  in 
galeis,  ex  parte  civitati's  Perensis,  cam  magna  lœtitia  utrius- 
que  eivitatis  populi,  classis  vestra  portum  Constantinopoli- 
tanum  intravit  :  et  absque  dubio  cum  talibus  ordine  et 
apparatu  ut  etiam  emuli  et  mirari  et  laudare  cogerentur 
(Cecconi,  Doc.  DXII). 

(2)  C'est  certainement  à  raison  de  cette  double  représenta- 
tion que  les  chefs  de  la  flottille  déclarent  toujours  agir  au  nom 
de  la  nation  gallicane  qui  comprenait  tous  les  peuples  parlant 
français.  Bien  que  les  galères  eussent  été  achetées  ou  nolisées 
pour  le  compte  du  concile,  Nicod  les  indique  partout  comme 
appartenant  au  duc  de  Savoie.  C'était  peut-être  une  précau- 
tion à  rencontre  des  Vénitiens  ou  de  tous  autres  agresseurs 
que  les  anathémes  du  concile  n'auraient  pas  tenus  en 
respect. 


44 

une  épée  et  une  masse  (d'armes)  dorée  à  la  turque. 
Tels  ne  furent  pas  les  procédés  des  pontificaux. 
L'archevêque  de  Tarentaise  adressa  un  jour  de 
vifs  reproches  à  Jean  de  Raguse,  et  ses  partisans, 
commandés  sans  doute  par  Antoine  Gondolmere, 
enlevèrent  Jean  Piémont,  le  héraut  du  duc  de 
Savoie.  Ils  prétendirent  l'avoir  envoyé  à  Venise 
alors  qu'on  les  accusait  de  l'avoir  fait  noyer  dans 
le  port  de  Constantinople  (1). 

III 

Les  ambassadeurs  du  concile  s'en  allèrent, 
mécontents  et  fort  humiliés,  au  moment  où  les 
Grecs  se  préparaient  à  monter  sur  les  galères  du 
pape.  Nicod  mit  à  la  voile  le  l®''  novembre  ;  mais, 
contrarié  par  le  vent  et  par  une  grosse  mer,  il  se 
vit  contraint  d'entrer  le  8  au  soir  dans  le  port  de 
Chio,  «  distant,  dit-on,  de  40  milles  italiens  de 
Constantinople  ».  Le  10,  la  mer  étant  devenue 
meilleure,  il  s'apprêtait  à  lever  l'ancre  au  milieu 
de  la  nuit,  lorsqu'il  s'aperçut  que  la  route  était 
barrée  par  deux  gros  navires.  Un  certain  Lucien 
Pinella  en  sortit  et  vint  sur  la  galère  montée  par 
le  capitaine  et  l'évêque  de  Lausanne  les  inviter  à 
difïérer  leur  départ. 

(1)  Cecconi,  ouGvagc  cite.  —  Il  y  avait  à  la  cour  ducale 
un  autre  héraut  Sacorje  qui,  à  cette  même  époque,  voyageait 
pour  son  maître  un  peu  de  toas  côtés;  souA^ent  aussi  au  péril 
dosa  vie.  (Voir  aux  Mémoires  de  la  Société  sacoisicnne 
d'Iiiëtoire,  t.  XXXI,  p.  393,  les  Comptes  des  coijages  du 
Héraut  Scwoye,  publiés  par  M.  Rabut.) 


45 

Le  lendemain  Guillet  et  Christophe  Justi- 
niani  (1),  consuls  de  la  ville,  se  rendirent  à  bord 
pour  réclamer  Nicolas  Carbonel,  l'ambassadeur 
du  roi  d'Aragon,  leur  ennemi,  c'est-à-dire  celui 
des  Génois  sous  la  domination 'de  qui  l'île  de  Chio 
se  trouvait  alors.  Ils  formulèrent  en  outre  une 
prétention  bien  singulière  qu'ils  affirmaient  ce- 
pendant être  dans  les  usages  maritimes,  celle 
d'avoir  le  droit  de  se  saisir  des  navires  rencon- 
trés en  mer  pour  les  contraindre  à  combattre 
avec  eux  la  flotte  catalane  qui  naviguait  près  de 
l'île  avec  le  dessein  de  l'attaquer  {Protestation, 
p.  18).  Les  pourparlers  durèrent  plusieurs  jours, 
pendant  lesquels  Nicod  fut  obligé  de  tenir  table 
ouverte  à  son  bord,  à  la  façon  des  capitaines 
(N°  XXV  du  Compte  des  dépenses).  Nicod  refusa 
péremptoirement  de  livrer  Carbonel  ;  il  ordonna 
même  à  ses  officiers  et  à  ses  soldats  de  tout  pré- 
parer pour  se  défendre  contre  la  communauté  de 
Chio,  recommandant  à  chacun  «  de  faire  virile- 
ment son  devoir  (Protestation,  p.  87)  «. 

Cette  résolution  désespérée  ne  fut  pas  du  goût 
des  évêques  et  des  clercs.  Après  avoir  constaté 
que  la  flottille  était  cernée  et  que  toute  manifes- 

(l)  Un  membre  de  cette  famille,  Andreolo  Justiniani 
Banca,  composait,  à  cette  époque  même,  un  poème,  en  vers 
italiens  i-imés,  sur  l'assaut  donné  à  l'ile  de  Chio,  en  1431, 
par  les  Vénitiens  (Miscellanea  cU  storia  iialiaiia,  VI, 
p.  543).  Un  autre  Justiniani  (Angelo)  devint  évoque  do  Ge- 
nève-Annecy au  siècle  suivant  (15G8-1579). 


46 

tation  hostile  qu'elle  ferait  pourrait  amener  sa 
destruction  complète  (1),  ils  réussirent  à  per- 
suader le  capitaine-général  de  traiter.  Nicod  ne 
s'y  décida  qu'après  avoir  obtenu  l'assurance  que 
l'ambassadeur  d'Aragon  et  les  autres  Catalans  de 
la  flotte  ne  seraient  pas  inquiétés  (2).  Le  22  no- 
vembre les  galères  purent  quitter  l'Ile  où  elles 
n'avaient  peut-être  été  retenues  que  sous  des 
prétextes  mensongers  et,  en  réalité,  pour  plaire 
au  parti  italien.  Elles  arrivèrent  le  15  décembre 
à  Monaco. 

Le  gouverneur  de  Nice  était  dés  lors  chez  lui. 
Il  put  licencier  ses  marins  et  ses  archers,  vendre 
ses  galères  devenues  inutiles.  Nicod  revint  à 
Bâle  où  les  évêques  l'avaient  précédé  et  avaient 
déjcâ,  le  29  janvier  1438,  remis  leur  rapport,  ré- 
digé par  Jean  de  Raguse. 

Le  25  février,  le  capitaine-général  se  présenta 
devant  l'assemblée  générale  du  concile  convoquée 
pour  le  recevoir,  et  entouré  sans  doute  de  ses 
officiers  qu'il  avait  ramenés  sains  et  saufs,  excepté 
cependant   le    héraut   de   Savoie,  il   remit   aux 

(1)  Nicod  voulait  faire  une  trouée^  espérant  sans  doute 
sauver  la  j^lus  grande  partie  de  sa  flottille  par  le  sacrifice 
d'un  ou  deux  navires.  La  crainte  d'être  coules  ou  faits  pri- 
sonniers détourna  facilement  les  évoques  et  les  mercenaires 
d'un  acte  d'héroïsme  inutile.  L'esclavage  était  fort  dur  pour 
les  uns,  et  la  rançon  exigée  des  autres,  exorbitante  le  plus 
souvent. 

(2j  Ces  détails  sont  tirés  du  document  publié  par  M.  Rabut. 


47 

Pères  l'étendard  et  le  sceptre  de  l'Eglise,  insi- 
gnes du  commandement  qu'ils  lui  avaient  confiés 
l'année  précédente. 

Le  même  jour,  le  concile  adressa  à  Louis, 
lieutenant-général  des  Etats  de  Savoie,  des  let- 
tres où  on  lit  : 

«  Après  avoir  achevé  sa  mission,  Nicod  de 
Menthon,  chevalier,  chambellan  de  l'Excellence 
de  votre  Père...  en  sa  qualité  de  capitaine  de 
l'Eglise,  a  dirigé  les  choses  à  l'honneur  de  celle-ci, 
bien  que  le  résultat  n'ait  pas  été  tel  que  nous  le 
voulions...  Nous  regrettons  singulièrement  ce 
qui  est  arrivé  à  votre  héraut  Jean  Piémont  ;  nous 
désirons  qu'il  soit  mis  en  liberté,  s'il  est  détenu. 
S'il  est  mort,  les  prières  de  l'Eglise  monteront 
vers  le  Très-Haut  pour  qu'il  le  place  parmi  les 
Bienheureux. 

«  Les  sujets  Génois  de  l'ile  de  Chio  ont  retenu 
nos  galères  contre  la  volonté  de  nos  orateurs  et 
du  capitaine  ;  que  Votre  Excellence  aide  le  con- 
cile à  obtenir  les  dommages  qui  lai  sont  dus.  Et 
ce  pirate,  détenu  en  votre  pouvoir,  qui  a  enlevé 
au  capitaine  un  navire  avec  ses  arbalétriers,  con- 
traignez-le à  réparer  aussi  le  dommage  causé  à 
celui-ci  et  au  concile. 

«  Nous  recommandons  le  capitaine  à  votre  bien- 
veillance ,  en  considération  du  concile  et  de 
l'Eglise  catholique  à  laquelle  il  a  obéi.  Il  a  rendu 
aujourd'hui  avec  honneur  les  insignes  dont  il 
avait  été  investi  par  le  saint  Synode  et  nous  les 


48 

avons  reçus  en  l'honneur  de  Votre  Excellence,  do 
celle  de  votre  illustre  père  et  de  sa  vaillance. 
Donnée  à  Bàle  le  5  des  calendes  de  mars  1438. 
Signé  :  N.  Bovis  (1)  ». 

Ces  éloges  et  cette  recommandation  du  concile 
sauvegardaient  bien  l'amour-propre  du  chevalier; 
cependant,  il  ne  pouvait  se  le  dissimuler,  il  n'avait 
rapporté  ni  la  gloire  ni  le  profit  qu'il  avait  espé- 
rés. L'expédition  avait  complètement  échoué, 
non  par  sa  faute  à  la  vérité  ;  mais  parce  que  le 
pape  avait  été  plus  fort  ou  plus  habile  que  les  Pè- 
res du  concile  et  que  les  évoques,  leurs  représen- 
tants en  Orient. 

Nicod  de  Menthon,  en  outre,  avait  compromis 
son  patrimoine  et  s'était  endetté,  pour  faire  mar- 
cher l'expédition.  Le  document  que  nous  pu- 
blions plus  loin  établit  qu'il  avait  avancé  pour  elle 
des  sommes  considérables. 

Après  avoir  porté  au  duc  de  Savoie  la  lettre 
du  concile  et  lui  avoir  fait  le  récit  des  péripéties 
variées  de  l'expédition.  Nicod  dressa  le  compte 
de  ses  avances,  depuis  le  jour  où  il  s'était  rendu 
à  Bàle  pour  y  recevoir  ses  premières  instructions 
jusqu'à  celui  où,  de  retour  de  Constantinople,  il 
était  revenu  auprès  du  concile  et  lui  avait  remis 

(1)  «  Tiis'ujnia  sibi  alias...  tradita  quœ  nos  ah  code/n 
rccipimus  in  commendacioiicm  exccllentiœ  tuœ,  ac  tui  gc- 
niloris  illiistris,  ac  strenuitatis  illias. y  —Ex  actibus  M.  S. 
ConciJii  Basiliensis,  dans  Gioffredo,  loc.  cit.,    col.    1061. 


49 

les  insignes  du  commandement.  C'est  la  minute 
de  ce  compte,  celle  sur  laquelle  a  dû  être  copié  le 
mémoire  remis  aux  Pères,  que  nous  avons  retrou- 
vée, après  quatre  siècles  et  demi  à  Gruffy  (1). 

La  somme  que  le  capitaine  réclame  s'élève 
au  chiffre  considérable  de  20,595  ducats.  Il  n'a- 
vait, ce  semble,  pas  conservé  de  notes  bien  régu- 
lières de  ses  avances,  car  souvent  il  ne  sait  pas 
exactement  ce  qu'il  a  dépensé  pour  telle  ou  telle 
opération,  et  dit  qu'elle  lui  a  coûté  plus  de  cent, 
deux  cents  ducats.  Les  trésoriers  du  concile  de- 
mandèrent, sans  doute,  des  justifications  plus  dé- 
taillées, car  si  l'on  paie  sans  compter  quand  une 
grande  affaire  a  réussi^  l'on  se  montre  rigoureux 
lorsqu'elle  a  échoué. 

IV 

L'empereur  et  les  prélats  grecs  partis  le  24  no- 
vembre arrivèrent  à  Venise  le  8  février  1438 
après  une  longue  et  pénible  traversée  ;  le  7  mars 

(1)  Gruffy^  paroisse  du  canton  d'Alby,  à  15  kilomètres 
sud  d'Annecy  et  de  Montrottier.  On  y  trouve  les  ruines 
d'un  château  féodal  qui  a  appartenu  à  la  famille  de  Men- 
thon-Montrotlier.  Nieod  a  dû  y  séjourner  à  diverses  reprises. 
Il  est  assez  singulier  que  la  minute  du  compte  ait  i:)assé  des 
archives  du  château  dans  les  papiers  d'un  j^ropriétaire  rural 
de  la  localité-. 

C'est  du  même  château,  sans  doute,  que  provient  le  par- 
chemin publié  en  1851)  par  M.  François  Rabut  qui  le  tenait 
de  M.  A.  Finet,  procureur  à  Ghambéry,  membre  de  la  Société 
sav.  d'histoire. 

4 


50 

ils  firent  leur  entrée  solennelle  à  Ferrare  où  le 
pape  les  attendait. 

Le  27  mars,  le  concile  de  Bàle,  dont  le  cardinal 
d'Arles  était  devenu  le  président  depuis  le  départ 
du  cardinal  Julien,  renouvela  la  suspension  qu'il 
avait  prononcée  contre  Eugène  IV. 

Les  ressources  de  la  ville  de  Ferrare,  où  la  peste 
sévissait  d'ailleurs,  s'étant  assez  vite  épuisées  et 
les  Florentins  offrant  des  sommes  considérables 
aux  Grecs  et  au  pape,  Eugène  transféra  le  concile 
à  Florence,  où,  après  des  discussions  nombreuses 
et  prolongées  entre  les  représentants  des  deux 
Eglises,  l'union  des  Grecs  aux  Latins  fut  procla- 
mée. Le  6  juillet  1439,  le  cardinal  Julien  Cœsa- 
rini  lut  d'abord  le  décret  en  latin  ;  le  savant  Bes- 
sarion,  métropolitain  de  Nicée,  en  fit  ensuite  la 
lecture  en  langue  grecque  (1).  Mais,  on  le  sait,  ce 
décret  resta  sans  force  ;  les  prêtres  et  la  nation 
grecs  ne  ratifièrent  pas  la  décision  de  l'empereur 
et  des  patriarches  qui  y  avaient  adhéré.  Trois 
cent  cinquantes  années  se  sont  écoulées  et  la  ques- 
tion n'a  pas  fait  un  pas.  Le  César  de  Moscou  a 

(1)  HÉFÉLÉ^  Histoire  des  conciles,  XI,  p.  378,  392,  463. 
—  Les  Grecs  hésitèrent  jusqu'au  dernier  moment.  La  part 
considérable  prise  à  l'union  par  Bcssarion  le  rendit  odieux 
h  ses  compatriotes,  c'est  pourquoi  il  resta  en  Italie  où  il  fut 
bientôt  élevé  au  cardinalat.  11  devint  l'ami  d'un  Savoyard 
pieux  et  instruit,  Guillaume  Fichet,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Paris  et  l'introducteur  «le  l'imprimerie  dans  cette 
ville  en  1470. 


51 

remplacé  à  la  tête  de  l'Eglise  orthodoxe  le  faible 
PaléologLie  ;  il  n'est  pas  près  de  soumettre  à  Rome 
sa  suprématie  religieuse  (1). 

Cependant  le  concile  de  Bàle  continuait  ses  ses- 
sions, et  son  irritation  contre  le  pape  allait  crois- 
sant. Le  25  juin  1439  il  prononça  sa  déposition  et 
renvoya  à  deux  mois  l'élection  de  son  successeur. 
Le  30  novembre,  après  avoir  reçu  la  communion 
des  mains  du  cardinal  d'Arles,  les  trente-deux 
Pères  électeurs  entrèrent  en  conclave  ;  le  5  no- 
vembre, au  cinquième  tour  de  scrutin,  ils  élurent 
pape  le  duc  de  Savoie,  Amédée  VIII,  et  le  cardi- 
nal Alamand  s'empressa  de  proclamer  l'élection. 
On  sait  qu'Amédée^  après  une  résistance  de  pure 
forme,  accepta  la  tiare.  Il  abdiqua  au  bout  de  dix 
années  en  faveur  de  Nicolas  V,  successeur  d'Eu- 
gène IV. 

(1)  On  doit  noter  toutefois  une  tentative  faite  en  1719  au- 
près de  Pierre-le-Grand  par  l'entremise  d'un  certain  nombre 
de  docteurs  de  la  Faculté  de  théologie  ;  le  résultat  de  leurs 
négociations  a  été  consigné  dans  cxuelques  écrits  du  temps. 


52 

Compte   des  avances  de  Nicod   de   Menthon 
POUR  l^expédition  envoyée  par   le  Concile  de  Bale 

EN  Orient  (1) 

Sequuntur  expense  nécessaire  et  quasi  ordinarie  facte 
per  magnificum  militem  Dominum  Nicodum  de  Men- 
thone  sacri  basiliensis  [concilii]  capitancum  ad  opus 
officii  sibi  iniuncti  pro  sacro  ooncilio  exequendi. 

I.  —  Primo  quod  dictus  dominus  capitaneus  venerit 
basileara  ipsius  sacri  concilii  raandato  pro  intendendo 
in  négocie  administrationis  sibi  iniancte.  Ubi  longam 
moram  traxit  et  raulta  documenta  solvit  in  quibus  om- 
nibus exposuit  tam  ordinarie  quam  extraordinarie, 
plusquam 111°  L.  d. 

II.  —  Item  eo  quod  non  liabuit  prestantiam  sex 
minium  ducatorum  quos  sibi  cum  primum  Gebennas 
applicuisset  solvi  debebat  pro  preparatione  rerum  ad  ne- 
gocium  spectantium  ne  ob  illam  causam  res  ipsa  deffi- 
ceret.  Mutuo  cepit  ducatos  sex  milia  quos  tenuit  a 
vicesima  decembris  usque  ad  quindecimam  martij  ex 
quibus  solvit  ducatos V^   d. 

III.  —  Item  pro  preparatione  negocii  ut  celerius  ex- 
pedirentur  omnia  misit  ducaiem  nicee  receptorem. 
Georgium  Arnaud]  commictivum  f  et  tabelionem,  Ja- 
nuam  pro  fieri  faciendo  duas  giiUeas  subtiles  et  galeo- 

(1)  Sur  deux  feuillets  de  papier  de  0,29  de  haut  sur  0,22 
de  large.  Au  dos  on  lit  :  17  o)"  {Concilii  ?)  Extraovdiiiaria 
generalia.  Ce  papier  cergè,  sans  pontuseaux,  a  pour  fili- 
grane un   raisin. 

Les  numéros  d'ordre  n'existent  pas  sur  l'original. 


53 

tam,  qui  ibidem  moram  continuam  traxerunt  iisque  quo 
gallee  nicee  reducte  sunt,  exposuerunt     .     .     LX  d. 

IV.  —  Item  solvit  pro  pretio  dictarum  subtilium  gal- 
learum  et  galleote  viginti  quatuor  banchorum  que  Do- 
minus  arelathensis  fieri  fecit  cum  aliuude  fustes  haberi 
non  possent Ul^  IIIIc   d. 

V.  —  Item  pro  calafatandis  etreparandis  aliis  duobus 
grossis  galleis  et  potissime  una  que  nunquam  naviga- 
verat,  quam  ut  novam  refficere  opus  fuit,  omnibus  que 
necessariis  fulcimeutis  fulcivit  ita  quod  exposuit  plus 
quam M.  VIIIc  d. 

VI.  —  Item  pro  diversis  locis  perquirendo  et  congre- 
gando  tam  tricentos  balisterios  quam  omnes  ad  classam 
(sicj  maritinorum  necessarios  anteponendisque  connes- 
tablariis  datis  exposuit  plusquam 11°  d. 

VII.  —  Item  occasione  promissorum  sibi  a  sacro 
concilio  facle  (sic)  de  solvendo  sex  millibus  ducatorum 
octava  Januarij  misit  trinavicum  Avinionem  dominum 
Petrum  Cobenderij  et  duos  alios  qui  tamen  nihil  operati 
sunt  et  exposuerunt XXV  d. 

VIII.  —  Item  eamdem  ob  causam  misit  dominum 
Petrum  Cohenderij  et  Johannem  Cobenderij  fraires  et 
dominum  Johannem  de  Mecorax  (1)  diversis  vicibus  hic 
ad  Basileam  ita  quod  hiidem  exposuerunt.     .     LX  d. 

IX.  —  Item  ipso  sacro  concilio  ipsum  ad  fidejuben- 
dum  vehementer  actente  per  magistrum  Erardura  Ro- 

(1)  De  Cohencliei',  de  Mécorax,  noms  savoyards.  Le  fief 
de  Cohendier  est  près  de  la  Roche,  en  Faucigny  ;  celui  de 
Mécorax,  à  Scrrières,  arrondissement  de  Chambéry,  rive 
gauche  du  Rhône. 


54 

selli  et  rigide  ;  quam  ob  rem  eideni  necessariura  fuit 
eius  fideiussores  magnis  cum  laboribus  et  impensis  Ge- 
bennas  congregare  ubi  plus  eam  ob  causam  exposuit 
quam  ducatos C  d. 

X.  —  Item  quia  sacrum  concilium  et  natio  gallicana 
cum  R.  D.  arelathensi  et  ceteris  prelatis  sepissime 
eidem  et  mandaverint  et  rescripserint  quodquod  eorum 
parte  non  implessent  eorum  promissa  nuUam  ob  causam 
promicteret  omnia  parari  facere,  unde  eorum  exorta- 
tionibus  singularique  aiïectione  quam  ad  rem  perfi- 
ciendam  habebat,  pro  balistariis  sob'endo  et  ceteris 
subslinendo,  mutuo  cepit  decem  millia  ducatorum  ex 
quibus  tam  de  cambio  quam  de  interesse  solutis  patitur 
damnum Md. 

XI.  —  Ilem  mandate  ipsius  sacri  Concilii  idem  do- 
minus  capitaneus  misit  pro  salvo  conductu  ad  regem 
Aragonumet  regem  Renatum  (1)  et  Januenses  in  qui- 
bus exposuit  plus  quam LX  d. 

XII.  —  Item  gallois  ipsis  in  optima  perfectione  per- 
fectis,  favoribus  régis  Renati  instantibus  quibusdam, 
exquisito  colore  quod  viagium  illnd  persoqui  non  de- 
debant,  sequestrate  fuissent,  stipradictus  dus  capitaneus 
ibidem  misit  R.  militem  Petrum  de  Bosco  preceptorem 
Puliaci  (2)  ad  illarum  relaxationem  prosequendam  qui 
ibidem  longam  moram  traxit  et  Niciam  conduci  fecit. 
Ita  quod  illam  ob  causam  exposuit  plus  quam.     .     C  d. 

(1)  Nous  avons  parlé  plus  haut  do  ce  saui'-conduit  dont 
l'original  est  conservé  aux  archives  de  Genève  et  dont  le 
texte  a  été  publié  par  M.  François  Rabat. 

(2)  Révérend  chevalier  (de  Saint  Jean  de  Jérusalem) 
Pierre  du  Bois,  précepteur  de  Pouille.  Le  Bois,  flef  de  Ta- 
rentaise. 


55 

XIII.  —  Item  cum  primuui  sacri  concilii  predict 
oratores  Avinionem  pervenerunt  misit  predictus  Dus 
capitaneus  ad  illos  Mermetum  (1)  Lombardj,  Bartholo- 
meumTavelIi  et  unum  tabellionem  pro  sibi  débit  o  petendo 
ubi  moram  Iraxerunt  tribus  mensibus,  ibique  exposue- 
runt CL  d. 

XIV.  —  Item  mictenlibus  ipsis  oratoribus  ipsi  domino 
capitaneo  ut  virura  sufficentiori  mandato  munitum  ad 
illos  micteret  cum  potestate  alios  dies  gesta  ratificandj 
mixit  Reverendum  militem  dominum  preceptorem  Pu- 
liaci  qui  ibidem  tam  diu  moram  traxit  quod  exposuit 
plus  quam C  d. 

XV.  —  Item  mictentibus  ipsis  dominis  ambasciato- 
ribus  lam  pro  perficiendo  negocio  pecuniarum  per  Avi- 
nionem exbursandarum  quam  ut  niciam  portaret  et  pe- 
cunie  tucius  portarentur  ut  urbem  Arelathensem  peteret 
cum  duabus  galleis,  in  urbe  Avinionensi  ita  longam 
moram  traxit  pro  illis  perfîciendis  quod  exposuit  in  hos- 
picio IIIc  d. 

XVI.  —  Item  postquam  supradictus  dominus  capita- 
neus requisiverat  duos  oratores  ut  sibi  perfîcerent  que 
ex  parte  sacri  Concilii  restabant  ad  implenda,  lam  super 
fideiussione  prestanda  quam  stipendiis  eius  solvendis 
ipsique  repondissent  se  ad  hoc  mandalura  non  habere. 
Quam  ob  rem  ei  fuit  necessarium  ad  sacrum  Concilium 
mictera  dominuui  Claudium  Sucheti  et  Franciscum 
Sucheti  fratres  pro  supradictis  requirendis,  qui  eidem 
costarunt XXX  d. 

(1)  Mermet  ;  ce  prénom  fort  répandu  en  Savoie  au  nioyen 
âge  est  devenu  un  nom  patronymique. 


56 

XVII.  —  Item  cum  primum  per  Avinionenses  exbur- 
sata  fuit  summa  pecuniarum  sacro  Concilio  promissa- 
rum  divulgata  fuit  publica  vox  et  fama  per  urbem  et 
totam  patriara  quod  alique  galee  pirratarum  tune  in  pro- 
vincia  residentiam  et  Rege  Renato  moram  gerentiuni, 
qui  tune  negocio  adversabatnr,  capere  volebant  et  galleas 
et  pecunias  exbursatas,  quamobrem  propter  indicia  ve- 
hementia  necessarium  fuit  eidem  quamplures  explora- 
tores  per  Provinciam  miciere,  cum  vero  cum  galleis 
ipsis  per  Rodanum  descenderet  prolata  fama  quod 
proxime  erant  galeote  et  eisdem  consocie  obviavit  quam 
cepit  et  propriis  sumptibus  ad  tutelam  rerura  et  pro  in- 
formatione  habenda  Niciam  duxit  non  invento  ?  galleo- 
tam  illam  culpabilem  cui  dampna  reservare  opus  fuit  ; 
quibus  omnibus  rébus  solvit  plusquam  ducatos..    LX  d. 

XVIII.  —  Item  ob  moram  quam  galloe  ad  receden- 
dum  traxerunt  a  prima  marcii  usque  ad  primam  augusti 
quam  ob  rem  victualia  et  cetere  provisiones  consumpte 
fuerunt  ita  ut  maxima  cum  penuria  ei  iterum  fuit  ne- 
cessarium providere,  ex  qua  passus  est  detrimentum 
plus  quam  de IIIc  d. 

XIX.  —  Item  ut  galee  tucius  iront  et  otiam  ob  cau- 
sam  pestis  que  in  Nicia  supervenerat  ne  ipse  galee  infî- 
cerentur  ordinaverunt  ipsi  sacri  Concilii  oratores  ipsum 
capitaneum  ducere  galeotam  et  navim,  pro  quibus  am- 
bobus  eidem  pro  toto  viagio  promiserunt  tria  millia  du- 
catorum  quibus  ipse  assensit  pro  uiilitato  negocii  quam- 
vis  magno  cum  suo  intéresse  cum  de  sua  galleola  solveret 
sexcentum  ducatos  pro  mense.  Navis  vero  parum  minus 
eostabat  que  plurium  mensium  stipendium  rcceperat. 
Ita  quod  pro  utraquc  solvit  plus  quam  habuit     MCC^  d. 


XX.  —  Item  supradictus  dominus  capitaneus  émit 
navim  sexingentarum  vegetarum  capacem  que  modo  to- 
taliter  est  destructa  pro  negocio^  costat  sibi.     .     M.  d. 

XXI.  —  Item  propter  longam  moram  quam  gallee  ad 
recedendum  traxerunt  quod  fuit  a  prima  mardi  usque 
ad  primam  augusti,  dum  ipse  vacaverit  Nicie,  per  pro- 
vinciam  et  Rippariam  (1)  fugerunt  tôt  balistarij  mari- 
narij  et  alii  qui  prestantiam  babebant  quod  portarunt  de 
pecuniis  suiseidem  inrecupperabilibus  plusquam.     M  d. 

XXII.  —  Item  ipso  existente  in  Constautinopoli, 
vidente  et  arbitrante  quia  navis  sua  non  veniebat  aliquod 
simstrum  sibi  evenisse  que  unam  magnam  partem 
balistariorum  portabat,  ne  illam  ob  causam  negocium 
defficeret  hinc  inde  providit  quamplures  balistarios 
inerrando  (2)  qui  sibi  costiterant  plus  quam. . .     11^  d. 

XXIII.  —  Item  quia  sacrum  Concilium  non  provi- 
debat  pro  galleis  de  tentoris,  coperturis,  banderiis  at  que 
vexilliis  ut  facere  debebat,  ipse  providit  et  exposuit  plus 
quam M  d. 

XXIV.  —  Item  quando  gallee  per  illos  de  Syot  (Chio) 
fuerunt  arrestale  precipientes  dominis  oratoribus  ut  sibi 
de  passagio  provideret,  conduxit  unam  navim  mille 
vegetum,  ex  qua  solvit Vie  d. 

XXV.  —  Item  eo  quod  longa  mora  tracta  fuit  ante- 
quam  classis  recedere  posset  fuit  necessarium,  ut  modus 

(1)  Ripparia,  la  Rio  Ivre  de  Gênes. 

(2)  Inerrando,  en  donnant  des  arrhes.  Il  avait  donné  des 
arrhes  {erres  en  patois  savoisien)  à  un  grand  nonubro 
d'archers  qu'il  avait  engagés  dans  la  crainte  où  il  était  que 
le  vaisseau  attendu  n'arrivât  ])as.   Cette  crainte  ne  s'(M;int 

pas  vérifiée,  le  capitaine  dut  laisser  les  arrhes  aux  archers. 


58 

capitaneorura  est,  magnum  stalum  teneret.  Ita  quod 
patroni  galearum  conestablorum  et  nobiles  plures  alios 
in  negocio  existentes  continuo  erant  in  prandio  et  cena 
cum  eod3m,  ac  eciam  plures  alii  ad  bec  négocia  videnda 
venientes,  pro  quibus  exposuit  plus  quam Vie  d. 

XXVI.  —  Item  quia  per  patres  sacri  Concilii  sibi  pro 
statu  suo  non  fuit  provisum  et  ei  fuit  necessariam  com- 
plures  nobiles  pro  statu  suo  secum  habere  ;  duxit  eciam 
pro  salule  negocii  peritissimum  in  fisica  doctorem,  fecit 
et  propterea  fîeri  pro  bonore  sacri  Concilii  plus 
quam  V^  vestes  librata  sua,  in  quibus  exposuit  plus 
quam II"  d. 

XXVII.  —  Item  in  suo  moderne  adventu  exponit  qua- 
libet  die  decem  florenos  Alamagnie  qui  in  paucis  diebus 
ad  raagnam  summam  ascendant  nisi  per  P.  V.  R. 
(  Paternitates  Vestras  Reverendisssimas)  celeriter  expe- 
diatur  quibus  supplicat  ut  in  supradictis  dignentur 
habere  respectum  et  supra  eisdem  ei  taliter  providere 
quod  possit  suis  creditoribus  satisfacere  et  boni  et  fidelis 
suscepti  servilij  retributionem  aliqualem  suscipiat,  cum 
eidem  magna  facultatum  suarum  expositione  cutn  quanta 
l)Otuerit  diligentia  serviverit  et  in  statu  sint  gallee  sue, 
ut  putat,  adhuc  melius  quam  unquam  fuerunt  ipso  sacro 
coneilio  serviende  (Aucune  somme  n'est  indiquée j 
l'article  est  bàtonné). 

XXVIII.  —  Item  cum  michi  necessarium  fuerit  tam 
excrtationibus  sacri  Concilii  quam  propter  necessitatem 
eminentem  ne  negocium  destrueretur  cum  Avinionenses 
pecunias  non  haberent  tradere  eisdem  summam  XV" 
ducalorum  quam  mutuo  a  merchatoribus  cepi.  Ex  qua 
necessarium    michi   fuit  tam   pro  cambio    quam    pro 


59 

interesse    ducatorum    tria    millia    et   octingentos    sol- 
vere III^'  Ville  d. 

XXIX.  —  Item  pro  ultimo  eius  ad  Basileam  adventu 
tam  in  veniendo  quam  in  Basileam  morando  quam  aliis 
expensis  ob  illam  causam  exposuit  ducatorum. . .     VIo 

SuMMA  XX«  DXCV  d. 


DEUXIEME  PARTIE 
Diverses  charges  de  Nicod  de  Menthon 

La  famille  de  Menthon  est  certainement  l'une 
des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres  de  cette 
partie  de  la  Savoie,  connue  sous  le  nom  de  Ge- 
nevois, qui  correspond  à  l'étendue  de  l'ancien 
diocèse  de  Genève.  Beaucoup  de  ses  membres, 
dans  les  temps  anciens,  comme  aux  siècles  der- 
niers ont  exercé  des  charges  importantes.  Le  plus 
illustre,  toutefois,  est  saint  Bernard  de  Menthon, 
qui  fonda,  vers  1046,  l'hospice  du  Mont-Joux  ou 
du  Grand-Saint-Bernard  (1).  Elle  se  divisa  assez 
tôt  en  diverses  branches,  dont  les  principales 
sont  les  Menthon,  seigneurs  de  ce  lieu,  les  Men- 
thon de  Montrottier  et  les  Menthon  d'Aviernoz- 
des  Costes-Lornay  (2). 

Divers  membres  de  ces  familles  furent  baillis 
de  Vaud,  de  Genevois,  de  Faucigny^  de  Savoie. 
On  les  voit  ordinairement  dans  l'entourage  des 
comtes  de  Genevois,  puis  des  ducs  de  Savoie. 
Grillet  nous  montre^  auprès  d'Amédée  VIII,  Henri 

(1)  M.  Ducis,  archiviste  de  la  Haute-Savoie,  donne  comme 
dates  les  plus  plausibles  de  sa  naissance  et  de  sa  mort  les 
années  998-1082.  (Reçue  savoisieniic,  1890,  p.  166.) 

(2)  Grillet^  Dictionnaire  Idstorique  du  département  du 
Léman,  II,  p.  28  et  sui\antes. 


61 

de  Menthon  et  son  iils  Guillaume.  C'est  encore  là 
que  nous  trouvons  Pierre  de  Menthon,  seigneurs 
de  Montrottier  et  de  Grésy,  son  fils  aîné  Nicod, 
seigneur  de  Nernier,  au  bord  du  lac  Léman  et  son 
fils  cadet  Claude,  seigneur  de  Cormand. 

En  1426,  Pierre  est  chambellan  d'Amédée  VIII 
et  devient  bailli  de  Genevois.  A  la  même  époque, 
Nicod  de  Menthon  est  «  escuyer  d'escuirie  »  du 
duc  de  Savoie.  Ces  dignitaires  avaient  le  privi- 
lège d'entrer  à  toutes  les  heures^  et  sans  se  faire 
annoncer,  dans  la  chambre  du  prince  ;  ils  choisis- 
saient ses  chevaux  et  ses  armes,  avaient  la  garde 
de  ses  bannières,  l'escortaient  dans  les  combats, 
dirigeaient  l'éducation  de  ses  pages,  etc.  (1). 

En  1426,  le  2  novembre,  Nicod  est  à  Turin,  âla 
tête  de  trois  lances,  pour  prendre  part  à  la  guerre 
contre  Philippe-Marie  Visconti,  duc  de  Milan  (2). 
Après  la  campagne  de  1426,  la  perte  de  la  bataille 
de  Macalô,  le  11  octobre  1427,  Visconti  détacha 
Amédée  VIII  de  l'alliance  des  Vénitiens,  en  lui 
cédant  la  ville  et  le  comté  de  Verceil,  dont  Main- 
froi  de  Saluées^  maréchal  de  Savoie,  prit  posses- 
sion le  8  décembre  suivant.  En  même  temps,  il 
demandait  la  main  de  Marie,  la  fille  aînée  du  duc. 
Elle  lui  fut  accordée  bien  qu'on  l'accusât  d'avoir, 

(1)  Marquis  Léom  de  Costa  de  Beauregard,  Souvenirs 
du  règne  d'Amédée  VIII,  p.  21o. 

(2)  Ibid.,  p.  121.  Ses  deux  chefs  de  lance  sont  Pierre  de 
Lucinge  et  Picne  de  Saint-Laurent. 


62 

sur  un  soupçon  d'infidélité,  fait  décapiter  Béatrix 
de  Tende,  sa  première  femme. 

L'on  mit  neuf  mois  à  préparer  le  trousseau  de 
Marie  de  Savoie,  le  chariot  magnifique  qui  la 
devait  transporter  à  Pavie,  les  chevaux  et  mules, 
la  composition  de  la  petite  cour  et  de  l'escorte. 
Nicod  de  Menthon  fut  consulté  sur  le  choix  des 
étoffes  ;  il  acheta  les  harpes  aussi  bien  que  les 
destriers  et  les  haquenées  et  fut  le  directeur  du 
cortège  dans  sa  marche  de  Thonon  à  Verceil,  où 
le  mariage  fut  célébré,  puis  à  Pavie  où  le  duc  ré- 
sidait ordinairement. 

A  son  retour,  1429,  Nicod,  à  qui  l'on  donne 
alors  les  titres  de  chevalier  et  de  chambellan,  fut 
envoyé  en  ambassade  en  France,  en  Angleterre 
et  auprès  du  duc  de  Bourgogne  (1). 

Vers  la  fin  de  l'année  1430,  le  seigneur  de 
Nernier  épousa  Machilde,  ou  Mathilde,  fille  et 
héritière  universelle  de  François  de  Rouge- 
mont  (2). 

En  novembre  1431,  il  fut  envoyé  avec  Mainfroi 

(1)  Costa  loc.  cit.,  p.  38,  219. 

(2)  Nous  fixons  le  mariage  à  cette  date,  parce  que  le  19 
octobre  1430,  Pierre  de  Mentlion,  père  de  Nicod,  agissant 
en  qualité  d'administrateur  de  son  fils  et  de  sa  future, 
Mathilde  de  Rougemont,  reconnaît  tenir  en  fief  noble,  an- 
cien et  paternel  la  maison-forte  dite  la  Bâtie  de  Rougemont, 
à  Moye,  canton  de  Rumiliy  (Archives  du  déjmrtement  de  la 
Savoie,  série  C,  carton  1799).  Le  mariage  ne  dut  pas  être 
postérieur  de  beaucoup. 


63 

de  Salaces,  maréchal  de  Savoie^  auprès  du  mar- 
quis de  Montferrat  et  du  duc  de  Milan  pour  con- 
clure un  traité  avec  eux.  N'ayant  pas  réussi 
auprès  du  premier,  ils  furent  plus  lieureuK  auprès 
de  Philippe-Marie  (1).  Revenu  en  Savoie,  nous 
voyons  Nicod  de  Menthon  assister  fréquemment 
aux  conseils  d'Araédée  VIII  dont  il  était  cham- 
bellan. Le  23  octobre  1433,  notamment,  il  est  â 
Thonon,  présent  au  renouvellement  des  franchises 
d'Evian.  Si  l'on  en  croit  l'indication  de  Cibrario, 
rapportée  dans  notre  première  partie  (p.  34), 
Nicod  serait,  en  novembre  1434,  devenu  l'un  des 
chevaliers-ermites  de  Saint-Maurice  et  le  com- 
pagnon d'Amédée  à  Ripaille.  Les  autres  cheva- 
liers étaient  Henri  du  Colombier,  Claude  du 
Saix ,  Lambert  Oddinet ,  François  de  Bussy  , 
Amédée  Champion  et  Louis  de  Chevelu.  Mais, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  com- 
pagnons d'Amédée  étaient  veufs  ou  célibataires, 
et  Nicod,  dont  la  femme  vivait  encore  en  décem- 
bre 1481,  n'étant  ni  l'un,  ni  l'autre,  on  peut 
croire  que  l'indication  de  M.  Cibrario  a  été  le 
résultat  d'une  confusion  de  notes. 

En  1432,  Pierre  de  Menthon,  seigneur  de 
Montrottier,  fut  envoyé  à  Rome  par  le  roi  de 
France,  Charles  VII,  et  les  ducs  de  Savoie  et  de 


(1)  GuiciiENON.  Histoire  génèaloçilque  de  la  Maison  de 
Sacole,  t.  II,  p.  48. 


64 

Bourgogne,  pour  tenter  un  rappiochemeut  entre 
Eugène  IV  et  le  Concile  de  Bàle  (1). 

Le  poste  le  plus  difficile,  le  plus  périlleux  peut- 
être,  parmi  ceux  que  le  duc  de  Savoie  devait 
confier  à  ses  officiers,  était  le  gouvernement  de 
Nice.  Cette  ville  se  trouvait  extrêmement  éloignée 
de  Thonon  et  de  Genève,  villes  où  la  Cour  de  Sa- 
voie résidait  alors  ordinairement.  L'accès,  presque 
impossible  par  mer,  puisque^  pour  l'atteindre,  il 
fallait  d'abord  traverser  le  Daupliiné  et  la  Pro- 
vence, était  très  difficile  par  les  montagnes  du 
Piémont.  Les  Turcs  et  les  pirates  inquiétaient  le 
littoral,  et  quand  le  souverain  était  en  paix  avec 
ses  voisins,  des  luttes  intestines  divisaient  le  pays. 
En  1430,  Jacques  de  Rosset,  de  Montmélian,  y 
était  juge  mage,  et  Pierre  de  Beaufort,  gouver- 
neur (2).  Vers  1435  ou  1436,  Nicod  de  Menthon 
l'y  remplaça.  Giofïredo  qui  lui  donne  les  titres  de 
seigneur  de  Versoix  et  d'Herny  (Nernier),  l'ap- 
pelle un  homme  ayant  l'expérience  de  nombreu- 
ses et  importantes  atïaires  (3).  C'est  a  Nice  sans 
doute  qu'il  fréta  les  navires  de  la  flotille  da  Con- 
cile et  c'est  là  qu'il  la  ramena  en  février  1438. 
Après  avoir  réglé  ses  comptes  avec   l'Assemblée 

(1)  GuicHENON,  II,  p.  Gl.  Voir  aussi  IV,  p.  256. 

(2)  GioFFREDO.  Storia  délie  Alpi  maritime,  Colonne  1052. 
—  François  de  Rougeniont  avait  été  gouverneur  de  Nice 
vers  1400.  Id.  col.  980. 

(3)  Id.  col.  1058. 


65 

de  Bàle,  il  reprit  la  direction  de  son  gouverne- 
ment. En  1440,  il  put  terminer  l'agrandissement 
du  château  de  Nice,  auquel  il  s'était  appliqué  dès 
sa  nomination.  Les  habitants  reconnaissants  firent 
graver  sur  une  table  de  marbre  cette  inscription 
qui  existait  encore  aux  temps  de  Giofîredo  (se- 
conde partie  du  xvn''  siècle). 

MCCCCLX 

Hoc  opas,  liane  molem  Mentlionis  stiri^e  creatus 
Effeeit  Nicea  et  rector  milesque  Nycodus. 
Ad  Ducis  exeelsi,  quem  tota  Sabaudia  adorât, 
Et  Pedemontani,  et  Nicea  antiquissima  laudem. 

Nicod  était  à  Nice  lorsque,  en  juin  1441,  son 
père,  le  seigneur  de  Montrottier,  y  fut  envoyé 
par  le  duc  Louis  pour  s'aboucher  avec  le  représen- 
tant du  doge  de  Gènes  dans  le  but  d'amener  les 
Génois  à  reconnaître  l'obédience  de  Félix  V  et  à 
contracter  une  alliance.  Le  traité  fut  conclu,  et,  le 
25  juillet,  il  fut  stipulé  dans  un  acte  séparé  qu'en 
cas  de  difHcultés,  elles  seraient  soumises  à  l'ar- 
bitrage de  Pierre  de  Menthon  ou  de  Nicod,  et  à 
leur  défaut,  â  celui  du  plus  âgé  de  leurs  descen- 
dants. 

Nicod  s'employa  ensuite  à  compléter  l'arme- 
ment de  Nice  et  des  forts  voisins  en  les  pour- 
voyant d'artillerie  à  plus  longue  portée  et  d'autres 
instruments  de  guerre  (1). 

(1)  GioFFREDo;  col.  1072  à  1097. 


G6 

Gioffredo  (col.  1079)  rapporte  que,  suivant  une 
note  du  chevalier  de  GuichenoUj  Nicod  de  Men- 
thon  aurait,  en  1443,  été  remplacé  à  Nice  par 
Théobald  d'Autry  ;  mais  il  pense  que  l'historio- 
graphe de  la  Maison  de  Savoie  s'est  trompé.  C'est 
avec  raison,  car  diverses  pièces  démontrent  cette 
erreur. 

Le  marquis  Léon  Costa  a  puljlié,  dans  ses 
Souvenirs  du  règne  d'Amédée  VIII  (p.  39,  204 
à  207),  une  longue  et  intéressante  lettre,  par  la- 
quelle Nicod  rend  compte  au  duc  Louis  des  circons- 
tances d'une  visite  qu'il  a  faite  au  duc  et  à  la  du- 
chesse de  Milan,  en  février  1445.  Il  se  trouvait, 
dit-il,  en  Savoie,  en  1444,  lorsque  Philippe-Marie 
lui  écrivit  à  plusieurs  reprises  de  se  rendre  auprès 
de  lui.  Etant  revenu  à  Nice,  il  partit  à  la  fin  de 
janvier  et  passa  une  dizaine  de  jours  à  la  cour  du 
seigneur  de  Milan.  Il  le  vit  dans  l'intimité  et  put 
chaque  jour  s'entretenir  avec  la  duchesse  Marie. 
Ils  le  chargèrent  de  s'entremettre  auprès  du  duc 
de  Savoie  pour  qu'il  leur  donnât  son  fils  «  mon- 
sieur le  prince,  accompagné  d'un  gracieux  état  ». 
Le  duc  et  la  duchesse  étaient  sans  enfants  et 
auraient  fait  du  prince  de  Savoie  leur  propre  fils. 
Cette  proposition  n'eut  pas  de  suite.  Si  elle  avait 
été  acceptée^  peut-être  les  choses  eussent-elles 
grandement  changé  pour  la  Maison  de  Savoie 
et  eût-elle  pu  recueiUir  facilement  l'héritage  de 
Philippe-Marie,  lors  de  sa  mort,  quelques  années 


67 

plus  tard  (1)  ;  mais  déjà  se  faisait  sentir  l'iii- 
fluence  du  dauphin,  le  futur  Louis  XI,  beau-frère 
du  duc  de  Savoie,  dont  il  est  longuement  ques- 
tion dans  la  lettre  de  Nicod. 

Avec  ces  renseignements  politiques,  le  seigneur 
de  Nernier  transmet  au  duc  Louis  les  menues  com- 
missions de  la  duchesse  de  Milan,  y  compris 
<(  une  bonne  liaquenée  pour  son  despartement  et 
esbattement  ce  printemps  ». 

Les  détails  de  cette  lettre  prouvent  que  Marie 
de  Savoie  n'était  pas  cette  victime  que,  suivant 
CoriOj  le  bizarre  et  cruel  Visconti  aurait  tenue 
dans  une  réclusion  permanente. 

Nicod  s'en  revint  à  Nice  en  passant  par  Casai 
où  il  vit  les  princes  de  Montferrat  et  tâcha  de 
démêler  leurs  véritables  sentiments  pour  le  duc 
de  Savoie.  Dans  l'été  on  le  trouve  à  la  Cour  ;  le 
10  juillet  1445,  il  est  avec  elle  à  Genève  et  siège 
au  Conseil  ducal  avec  son  père;  le  secrétaire  ducal 
le  qualifie  encore  de  gouverneur  de  Nice  (2). 

(1)  «  M.  de  Mylan,  dit  Nicod  de  Mentlion,  y  pourrait  pren- 
dre tel  plaisir  qu'il  (le  prince)  sentiroit  toute  sa  vie  ;  aussi 
les  citoyens  de  Milan  le  prendroient  en  amour  et  le  cas 
advenant,  le  pourroient  prendre  j)our  seigneur.  » 

Notons  que,  dans  cette  lettre,  datée  de  Turin  le  18  février 
1 445^  Nicod  de  Monthon  parle  de  Jean  de  Compey  sans  rien 
en  dire  de  défavorable. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  savois.  d'histoire,  t.  XV,  p.  33. 
Le  marquis  Costa,  loc.  cit.,  p.  39,  date  de  1446  la  lettre  du 
18  février  ;  mais  à  la  page  207  et  dans  le  texte  de  la  lettre 


68 

Anne  de  Chypre,  lière  de  sa  beauté,  de  sa  su- 
perbe lignée,  abusait  de  l'ascendant  qu'elle  avait 
pris  sur  son  mari.  Amie  comme  lui  des  arts  et  de 
la  magnificence^  ceux-là,  qui  flattaient  son  orgueil 
et  ses  goûts,  seuls  lui  plaisaient.  Si  elle  dominait 
son  mari  (1),  elle  était  dominée,  à  son  tour,  par  les 
seigneurs  cipriotes  venus  en  Savoie  avec  elle  et  par 
quelques  favoris  dont  le  plus  hautain  était  Jean  de 
Compey,  seigneur  de  Thorens,  chevalier  fastueux 
et  hardi,  qui  avait  acquis  de  la  célébrité  dans  les 
tournois  (2).  Sa  morgue  offensait  les  autres  sei- 
gneurs savoisiens  ;  ils  se  plaignirent  à  diverses 
reprises  au  duc  Louis,  qui  laissa  leurs  doléances 
sans  réponse.  S'étant  réunis  au  château  de  Va- 
rembon,  en  Bresse,  chez  François  de  la  Palud, 
l'un  d'eux,  ils  formèrent  une  ligue  contre  le  favori. 
Pierre  de  Menthon  et  ses  fils  en  faisaient  partie. 

on  lit  bien  14 15.  Peut-être  cet  auteur  a-t-il  j^ensé  que  Nicod 
employait  le  style  pascal .  Nous  croyons  au  contraire  qu'il 
devait  user  du  style  de  Noël,  aano  a  Natioitate  Domini, 
dont  les  comtes  et  ducs  de  Savoie  se  servaient  exclusi- 
vement. 

(1)  Voir  à  ce  sujet  dans  Monumenta  histori.e  patri.e, 
Scriptoruin,  t.  I",  la  chronique  anonyme  latine,  véritable 
pami)lilet  contre  le  duc  Louis  et  Anne. 

(2)  Voir,  notamment  dans  les  Mémoires  d'Olivier  de  la 
Marche,  le  récit  du  Pas  d'armes  de  l'arbre  de  Charlemagne, 
entre  Nuits  et  Dijon,  juillet  1443  ;  et,  dans  Guiclienon, iffs^. 
généalogique,  t.  I",  p.  512,  la  joute  de  Jean  de  Compey 
avec  le  célèbre  chevalier  arragonais,  Jean  de  Bouiface,  à 
Turin,  le  12  décembre  1449, 


69 

Nicod  et  son  père  furent  chargés  de  renouveler 
leurs  instances  auprès  du  duc,  tout  en  protestant 
de  leur  soumission  à  sa  personne  et  de  leur  respect 
pour  la  famille  souveraine,  les  membres  de  l'Ordre 
et  la  justice.  Ce  fut  encore  en  vain  ;  aussi  quel- 
ques-uns d'entre  eux,  parmi  lesquels  se  trouvait 
Claude  de  Menthon,  rencontrant  un  jour  Compey 
à  la  chasse,  au  pied  du  Salôve,  avec  le  duc  de 
Savoie,  la  duchesse  et  leur  bru,  Yolande  de  France, 
le  frappèrent  de  leur  épée  au  visage  (1).  Cet  événe- 
ment s'était  passé  le  29  août  1446  ;  il  avait  vive- 
ment irrité  la  Cour  et  augmenté  encore  l'exaspé- 
ration de  Compey.  Cependant  l'intervention  de 
Félix  V  réussit,  en  apparence  du  moins,  à  calmer 
les  esprits  (2)  ;  le  favori  obtint  d'ailleurs  une  com- 
pensation. Par  patentes  du  22  novembre  1448,  il 
fut  nommé  lieutenant- général  des  armées  de  Sa- 
voie, envoyées  alors  en  Italie  contre  les  Vénitiens. 
Après  quelques  légers  succès,  Compey  fut  com- 
plètement battu  par  Barthélémy  Colleone  et  fait 
prisonnier  avec  quatre  cents  cavaliers.  En  septem- 
bre 1449,  il  put  payer  sa  rançon  et  revenir  à  la 
Cour  de  Savoie  où  il  ressaisit  toute  son  influence  ; 

(1)  Costa  de  Beauregard,  Les  Compey,  p.  50,  90  et 
suivantes. 

(,2)  Cette  intervention  s'étant  produite  avant  1448  et  avant 
la  nomination  de  Jean  de  Compey  au  commandement  supé- 
rieur de  l'armée  de  Savoie,  Amédée  VIII  était  encore  le 
Souverain  Pontife  ;  il  ne  devint  et  on  ne  l'appela  le  légat, 
qu'après  son  abdication  delà  papauté  le  1)  avril  14-41). 


70 

il  en  profita  pour  provoquer  des  poursuites  judi- 
diciaires  contre  ses  anciens  adversaires. 

Ceux-ci,  que  le  duc  Louis  avait  convoqués  à 
comparaître  devant  lui  au  Pont-de-Boauvoisin, 
crurent  prudent  de  ne  pas  s'y  rendre  en  personne  ; 
ils  redoutaient  les  menées  de  Compey  qui,  outre 
la  faveur  de  la  duchesse,  avait  réussi  à  obtenir 
celle  du  dauphin  de  France,  le  futur  Louis  XL 
Ils  envoyèrent  donc  un  simple  procureur,  qui  ne 
fut  pas  écouté.  Les  poursuites  se  terminèrent  en 
1452  par  une  sentence  qui  les  bannissait  à  perpé- 
tuité des  Etats  de  Savoie,  confisquait  leurs  terres, 
les  déclarait  déchus  de  leurs  charges  et  prescrivait 
la  destruction  du  château  de  Varembon. 

Les  proscrits  se  réfugièrent  à  Màcon^  dans  le 
duché  de  Bourgogne.  Le  duc  Louis  y  fit  sommer, 
par  son  héraut  Savot/e  (Jehan  de  la  Chapelle),  le 
maréchal  de  Seyssel^  François  de  Varembon  et 
Guillaume  de  Luyrieux,  seigneur  de  la  Cueille, 
d'avoir  à  restituer  le  collier  de  V Ordre  dont  ils 
étaient  décorés  (1).  Leurs  biens  et  ceux  de  leurs 
femmes  avaient  été  donnés  aux  Cipriotes  et  aux 
amis  de  Compey;  ils  se  trouvaient  donc  dans  une 

(1)  GuicHENON,  Hist.  généalogique,  t.  2,  p.  89.  Le  mar- 
quis Costa  place  la  condamnation  en  1451,  mais  elle  est  cer- 
tainement de  1452^  puisque,  dans  leur  recours  à  Charles  VII, 
les  gentilshommes  savoisiens  rapportent  qu'ils  ont  été  cités 
à  se  rendre  au  Pont-de- Beau  voisin  «  dej^uis  un  an  en  ça 
après  le  trépas  de  feu  Monsieur  le  légat  »  (Amédée-Félix, 
mort  à  Genèye  le  7  janvier  1451). 


71 

situation  vraiment  misérable.  La  protection  de 
Philippe-le-Bon,  duc  de  Bourgogne,  oncle  du  duc 
de  Savoie,  n'étant  pas  suffisamment  etlicace,  ils 
se  tournèrent  vers  Charles  VII,  qui  avait  contre 
le  duc  Louis  divers  griefs,  dont  le  principal  était 
le  mariage  du  dauphin  avec  Charlotte  de  Savoie, 
contracté  sans  son  autorisation  (1).  Le  roi  de 
France  leur  fut  favorable,  et,  grâce  à  son  inter- 
vention, le  duc  Louis  prit  à  Cleppié  en  Forez,  le 
27  octobre  1452,  l'engagement  formel  de  remettre 
dans  les  trois  mois  tous  les  seigneurs  bannis  dans 
leurs  biens,  états  et  charges  comme  ils  étaient 
avant  leur  condamnation.  Il  ne  tint  pas  sa  parole, 
et  ce  ne  fut  qu'après  de  nouvelles  et  plus  pressan- 
tes démarches  de  Charles  VII,  que,  par  des  lettres 
données  à  Cbambéry  les  2  juillet  et  4  août  1454, 
et  à  Annecy  le  30  septembre  suivant,  le  duc  de 
Savoie  amnistia  définitivement  les  bannis  ainsi 
que  leurs  adhérents  et  leur  fit  rendre  leurs  fonc- 
tions et  leurs  biens. 

La  paix  fut  accueillie  avec  de  grandes  démons- 
trations de  joie  dans  toute  la  Savoie,  à  Cbambéry 
surtout  où  l'on  s'appliqua  à  fêter  les  ambassadeurs 

(1)  M.  de  Costa,  Les  Compey,  p.  59,  fixe  la  date  de  l'acte 
de  mariage  du  daujAin  avec  Charlotte,  fille  du  duc  Louis 
et  d'Anne  de  Chypre,  à  Genève,  le  14  février  1452  ;  d'après 
Daniel,  Hist.  de  France,  t.  VI,  p.  267.  En  réalité,  le  ma- 
riage fut  contracté  à  Chambôry,  le  8  mars  1451.  (Guiche- 
non,  t.  2  ,  p.  107.)  La  difilérence  du  millésime  peut  encore 
provenir  de  la  différence  des  styles. 


7^ 

français.  Mais  si  la  réconciliation  était  sur  les 
lèvres,  elle  n'existait  pas  dans  les  cœurs  ;  quatre 
jours  après  la  conclusion  de  la  paiXj  le  31  mars 
1455,  le  seigneur  de  Thorens,  Jean  de  Compey, 
attaqua,  dans  les  rues  de  Chambéry ,  Nicod  de  Men- 
tlion  et  son  père  qui  succomba  à  ses  blessures  (1). 
Ce  nouveau  crime  ne  profita  pas  à  Gompey,  et 
la  faveur  dont  il  jouissait  déclina  rapidement.  Il 
vécut  longtemps  encore  et  se  trouva  parmi  les 
vaincus  de  Grandson,  bien  que,  faisant  partie  du 
corps  du  comte  de  Romont,  il  n'eût  pas  pris  part 
à  la  bataille.  Il  s'en  revint  avec  son  corps  à  Vevey, 
dans  les  domaines  du  duc  de  Savoie,  et  où  son 
fils  et  lui-même  possédaient  des  seigneuries.  Il 
opprima  les  habitants  et  menaça  d'incendier  la 
ville,  et,  un  jour  d'avril  1476,  il  insulta  et  violenta 
le  vice-châtelain  (2).  La  population  irritée  voulut 
lui  faire  un  mauvais  parti.  Comme  on  cherchait  à 
s'emparer  de  sa  personne,  il  réussit  à  s'enfuir  de 
Vevey,  mais  il  fut  poursuivi  et  atteint  dans  le  bois 
du  Devin.  Pendant  qu'on  le  ramenait  à  Vevey,  il 
fut  tué  par  deux  bourgeois,  aux  cris  des  assistants  : 
«  Qu'il  meure  le  faux  traître  qui  ne  Jît  jamais 
que  mal  !  (3)  » 

(1)  Les  Compcy,  p.  59-61  ;  documents  (5  à  11. 

(2)  Prenant  l'abréviation  macro,  magistro,  pour  un  nom 
propre,  on  avait  donné  au  châtelain  le  nom  de  Macrc.  M. 
Albert  de  Montet  a  démontré  l'erreur.  Le  vice-chàtelain 
s'appelait  Yblei  de  Gerdilli. 

(3)  Albert  de  Montet;  Le  Meurtre  du  Sire  Jean  de 
Compey-Thorcns  ;  Chambéry,  1890. 


73 

Philibert  de  Compey,  son  fils  aîné,  héritier  de 
la  seigneurie  de  Thorens,  fut  peut-être  pire 
encore.  Parmi  ses  nombreux  méfaits,  nous  ne 
citerons  que  le  guet-â-pens  dans  lequel,  le  17  sep- 
tembre 1479,  il  poignarda  de  sa  propre  main 
Bernard  de  Menthon,  chef  de  la  branche  aînée  de 
cette  famille. 

Nicod  de  Menlhon,  devenu  seigneur  de  Mon- 
trottier  par  la  mort  de  son  père,  était  rentré  dans 
les  conseils  du  duc  de  Savoie.  On  le  trouve  auprès 
de  lui  en  1456  et  les  années  suivantes,  notamment 
à  Genève,  en  octobre  1462,  lorsque  Louis,  à  la 
prière  peut-être  d'Anne,  sa  femme  mourante,  dut 
pardonner  à  Philippe-Sans-Terre,  le  meurtre  du 
seigneur  d'Aix,  maréchal  de  Savoie,  et  l'assassinat 
juridique  du  vice-chancelier  Jacques  de  Valper- 
gue,  l'ancien  compagnon  de  Nicod  de  Menthon 
à  Constantinople  (1). 

Après  la  mort  du  duc  Louis,  survenue  à  Lyon 
le  29  janvier  1465,  il  entre  au  service  d'Amédée  IX 
et  d'Yolande  de  France,  sœur  de  Louis  XI.  Il 
assiste  au  traité  de  paix  entre  celle-ci  et  ses  beaux- 
frères,  conclu  à  Chambéry  le  5  septembre  1471. 

En  1473,  il  est  présent  aux  conventions  du 
mariage  de  Charles,  second  fils  d'Amédée  IX, 
avec  Louise,  fille  de  Janus  de  Savoie,  passées  le 
10  avril  au  château  d'Annecy  (2). 

(1)  BoLLATi  DE  Saint-Pierre.  La  Ribellione  di  Filippo 
S  en;:  a  Terra,  p.  48. 

(2)  GuiCHENON,  t.  4%  p.  414  et  432. 


74 

Nicod  de  Menthon,  qui  avait  testé  le  12  jan- 
vier 1471,  mourat  avant  1481  et  sans  postérité, 
car,  le  22  décembre  de  cette  année-là^  Micbalde 
de  Rougemont,  sa  veuve,  fait  son  testament  et 
donne  son  fief  de  Rougement  à  Maurice  et  Aubert 
de  la  Fontaine,  fils  de  Philippe  de  la  Fontaine  et 
de  Bonne  de  Beaufort.  (Archives  départementales 
de  la  Savoie,  section  C.) 


GÉNÉALOGIE    DE    LA    BRANCHE    DES    MeNTHON 
DE     MONTROTTIER. 

L'un  des  comtes  de  Menthon  actuels  a  fait  im- 
primer, il  y  a  quelques  années,  «  un  tableau  généa- 
logique de  cette  maison,  d'après  l'histoire  généa- 
logique qu'en  a  écrite  R*^  A.  Besson,  prêtre  du 
diocèse  de  Genève  en  1751,  reproduit  d'un  ancien 
tableau  et  complété  sur  titres  et  actes  authenti- 
ques des  archives  du  château  de  Menthon.  »  Nous 
lui  empruntons  les  indications  qui  suivent  : 

Jean  de  Menthon,  seigneur  de  Beaumont  (vers  1201). 

Thomas  I,  transige  en  1216. 

Thomas  II,  marié  en  mars  1237  à  Prisée  de  Compey  ; 
teste  en  mai  1271. 

Pierre  /,  second  fils  de  Thomas  II,  seigneur  de  Beau- 
mont,  marié  à  Guigonne  de  Lucinge  ;  mort  vers  1296. 

Henry,  marié  à  Margueronne  de  Châtel-sur-Sallan- 
ches,  soit  de  Bourbonges. 

Nicolet,  chevalier;  caution  en  1356. 

François  I,  bailh  de  Genevois,  marié  le  10  janvier 
1372  à  Jeanne  de  Chissé;  mort  après  le  20  mai  1420. 


75 

Pierre  II,  seigneur  de  Montrottier,  Petit-Graisy  el 
Sauterens,  co-seigneur  de  Pontverre,  bailli  de  Gene- 
vois, etc  ;  marié  le  17  novembre  1399  à  Jeanne  de 
Ville  ;  acquit  en  1427  le  chà'eau  de  Montrottier  ;  testa 
le  8  avril  1451;  sa  femme,  le  25  mai  1452;  fut  tué  le 
31  mars  1455. 

Nicod,  gouverneur  de  Nice,  marié  à  Mechilde  de 
Rougemont  ;  teste  le  12  janvier  1471. 

Claude  I,  seigneur  de  Cormand,  frère  cadet  de  Nicod, 
marié  à  Claudine,  fille  de  Lancelotde  Luyrieux. 

Charles  I,  marié  en  1476  à  Anne  d'Allinges  ;  mort 
en  1508. 

Charles  II,  marié  à  Louise  de  Duin  ;  écuyer'  de  la 
duchesse  de  Nemours  ;  teste  en  septembre  1529. 

Pierre  II,  marié  à  Françoise  de  la  Chesnaye,  veuve 
de  Charles  de  la  Forest  (1)  ;  mort  avant  1567. 

Charles  III,  baron,  puis  comte  de  Montrottier  (1596 
et  1632)  ,  marié  le  3  octobre  1597  à  Marie  de  Châtillon, 
dame  des  Haies  Gascelin  et  de  la  Rigodeau  ;  teste  en 
1536  ;  mort  sans  enfants  ;  donne  ses  biens  de  Savoie  à 
Bernard  F,  comte  de  Menthon. 

(1)  Nous  avons  publié  la  pi  us  grande  partie  de  son  testament 
au  Bulletin  de  la  Société  savoisienne  d'histoire,  t.  XXIII, 
p.  xLvni  à  Liv.  Il  résulte  de  ce  testament,  fait  après  1581, 
qu'au  lieu  des  trois  enfants  indiqués  au  tableau  généalogi- 
que, Charles,  Claude-Amé,  chevalier  de  Malte,  et  Emma- 
nuelle-Philiberte,  ils  en  eurent  encore  deux  autres  :  Claude, 
chanoine  de  Saint-Pierre  de  Genève,  et  Marin,  appelé  aussi 
dans  le  testament,  seigneur  de  Montrottier,  comme  Charles, 
le  flls  aîné. 


re 


Le  CHATEAU  DE  Menthon-Montrottier 

Ce  château  est  situé  dans  la  commune  de 
Lovagny,  arrondissement  d'Annecy  ;  comme  l'in- 
dique son  nom,  il  est  placé  sur  un  large  rocher 
détaché  et  isolé  du  mont  supérieur  (mons  riiptus, 
ou  plutôt  en  italien  monte  rotto).  Il  surplombe  de 
cent  mètres,  à  quelques  pas  en  arrière  cependant, 
la  rive  droite  du  Fier  qui  roule  ses  eaux  tantôt 
bleues  et  blanches,  tantôt  jaunes  et  furieuses, 
dans  l'étroite  gorge  sur  laquelle  est  jeté  le  pont 
de  Pontverre. 

Bien  que  bâti  au  fond  d'une  vallée  sauvage  et 
fermée  de  tous  côtés,  le  vieux  manoir,  l'un  des 
mieux  conservés  de  nos  contrées,  n'a  jamais  dû 
présenter  un  aspect  farouche  ou  triste.  Tout 
ensoleillé,  entouré  de  vignes  de  bonne  qualité,  il 
a  pu  être  un  séjour  ordinairement  tranquille  et 
agréable,  visité,  malgré  les  dillicultés  de  son  accès, 
par  les  nombreux  petits  seigneurs  des  alentours 
de  Rurailly  et  d'Annecy  et  les  quelques  bénédic- 
tins des  minuscules  prieurés  de  Lovagny  (1)  et  de 
Sillingy. 

La  photographie  placée  en  tète  de  cette  étude 
nous  présente  le  donjon  et  les  tours  de  Montrot- 
tier  tels,  sauf  les  toitures,  que  Pierre  de  Mentlion 

(1)  Le  village,  l'église  et  l'ancien  prieuré  do  Lovagny  sont 
ïi  1.500  mètres  environ  du  cluUeau  et  ;\  une  altitude  plus 
considérable. 


77 

et  ses  fils  les  ont  édifiés  au  xv^  siècle.  Les  châteaux 
voisins  du  Petit-Graisy,  des  Rochers,  de  Chave- 
roche  ont  en  revanche  disparu.  La  grande 
maison  qu'on  aperçoit  entre  le  donjon  au  midi  et 
la  cour  carrée  à  l'ouest,  est  moderne.  C'est  l'œuvre 
sans  doute  du  père  du  général  Dufour,  de  Genève, 
qui  acheta  le  château  à  la  Révolution  française 
et  le  revendit  à  la  famille  de  Rochette  <ie  qui  la 
tient  le  propriétaire  actuel  ,  M.  Victor  Frère- 
jean. 

Aujourd'hui,  une  gare  s'étale  dans  le  pré  du 
Seigneur  à  Lovagny  ;  mais,  pour  l'établir,  il  n'a 
pas  fallu  percer  moins  de  trois  tunnels  et  jeter 
moins  de  sept  ponts  sur  le  Fier.  Cela  fait,  l'on  a 
suspendu,  dans  la  gorge  étroite  et  profonde  où  la 
rivière  écume,  une  galerie  qui,  durant  250  mètres, 
court  légèrement  sur  l'abîme.  Des  milliers  de 
curieux  la  parcourent  pendant  la  belle  saison, 
venant  et  s'en  allant  sous  l'ombre  des  hêtres  du 
bois  du  Poète,  pouvant  se  reposer  de  leurs  émo- 
tions dans  des  chalets  où  l'hospitalité  se  vend  à 
des  prix  modérés.  A  quelques  pas  une  usine 
d'asphalte  envoie  ses  pains  noirâtres  à  Paris, 
Londres,  etc.... 

Couché  parfois  sur  ma  lande  de  Cret-Dieu^ 
là-haut  à  l'ouest,  émerveillé  de  cette  affluence,  de 
cette  civilisation,  dans  cette  vallée  étroite  et  ca- 
chée que  la  nature  semblait  avoir  condamnée  à  un 


78 

isolement    perpétuel,    j'ai    souvent    évoqué    ses 
anciens  habitants  : 

«  Seigneurs  et  dames  deMenthon,  de  Montrot- 
tier,  de  Chaveroclie  et  de  Pontverre,  pensais-je, 
chanoines  de  Saint-Pierre,  prieurs  de  Lovagny, 
de  SilKngy,  de  Vaulx,  du  Saint- Sépulcre  ou  de 
Notre-Dame- Joyeuse,  juges  et  châtelains,  que  dit 
votre  âme  lorsque,  blottie  sous  la  feuille  rougie 
des  grands  fayards,  ou  perchée  invisible  sur  la 
girouette  grinçante  du  donjon,  se  rappelant  les 
pénibles  chevauchées  sur  vos  destriers  et  vos 
mules, à  travers  les  marécages,  les  pentes  abruptes 
ou  glissantes^  la  maigre  pitance  ou  le  grossier 
festin,  la  chambre  nue  à  la  fenêtre  étroite, que  dit 
votre  âme  quand  elle  respire  l'odeur  balsamique 
du  bitume  cuisant  à  l'usine,  qu'elle  entend  le 
sifflet  du  train  et  le  bruit  du  convoi  stoppant  à  la 
gare  et  dominant  la  clameur  du  Fier  ;  quand  elle 
voit  la  foule  suivre  le  guide  et  dérouler  ses 
anneaux  sur  ces  abîmes  cjue  votre  œil  n'osait  pas 
mesurer,  s'a?seoir  au  restaurant,  y  savourant  ces 
truites  que  vous  connaissiez  bien,  s'abreuvant 
d'un  vin  plus  pétillant  que  celui  de  Bourbonges  et 
c|ue  vous  ignoriez,  payer  â  leur  hôte  une  note  plus 
grosse  que  la  dot  do  vos  données  ;  se  hâter  ou 
rester,  selon  qu'un  papier  bleu  apporte  jusque  là 
un  avis  venu  du  grand  Paris,  du  lointain  Orient 
où  vos  galères  ont  navigué,  de  la  brûlante  Afrique 
ou  des  pays  fabuleux  que  Colomb  a  découverts  ?  » 


79 

«  Ames!  de  nos  prédécesseurs,  quand  de  son  vol 
de  chauve-souris,  votre  aile  traverse  sans  s'y 
heurter  les  fils  du  télégraphe,  êtes- vous  étonnées, 
indignées  ou  ravies  ?  Est-ce  que  vous  nous  plai- 
gnez, est-ce  que  vous  nous  enviez?  Ou  bien,  plus 
jamais,  n'avez-vous  revu  les  vieilles  tours,  les  bois 
noirs  ou  verts,  les  seigles  élancés,  le  froment  doré, 
les  bœufs  roux,  la  cavale  et  son  poulain,  la  vache 
aux  flancs  rebondis  et  le  paysan  toujours  suant, 
travaillant,  nous  nourrissant?  Dormez-vous,  là- 
bas,  vaguement  heureuses  de  ne  plus  sentir,  de 
ne  plus  penser  ?  » 


-^^ 


TABLE  DES  iMATIERES 


Pages. 

Avant-Propos 23 

Extrait  du  compte  rendu  du  Congrès  de  la  Sorbonne  de 

Juin  1892 25 

Première  Partie 

L'expédition  du  Concile  de  Bàle  à  Constantinople. 

Préliminaires 29 

Nicod  de  Mentlion  nommé  capitaine  de  l'expédition ...  33 

Préparatifs 35 

Les  membres  de  l'expédition 40 

Arrivée  à  Constantinople  ;  l'expédition  rivale 42 

Echec  et  retour  ;  séjour  forcé  à  Cliio 44 

Arrivée  devant  le  Concile  à  Bàle 46 

Union  des  Grecs  et  des  Latins  au  Concile  de  Florence.  50 

Compte  des  dépenses  de  l'expédition 52 

Deuxième  Partie 

Diverses  charges  de  Pierre  et  de  Nicod  de  Menthon ...  60 

Généalogie  des  Menthon-Montrottier 74 


'X^.X' 


L'HOPITAL  D'YENNE 


PAR 

J.  LÉTANCHE 

Membre  de  la  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie. 


L'HOPITAL  D'YENNE 


I 

Nous  allons  essayer  do  décrire  chronologique- 
ment, et  d'après  des  documents  authentiques,  les 
actes  administratifs  principaux  ainsi  que  les  fon- 
dations et  legs  faits  à  Y  ancien  hôpital  d'  Yenne  (1) 
par  de  généreux  donateurs  dont  les  noms  peu 
connus  méritent  d'être  conservés  à  la  reconnais- 
sance publique,  au  moment  où  le  Parlement  dis- 
cute un  projet  de  loi  sur  l'assistance  médicale  dans 
les  campagnes  (1893). 

Cet  hospice  paraît  avoir  pris  son  développe- 
ment vers  l'époque  où  finissait  un  établissement 
hospitalier  d'un  genre  spécial,  existant  aux  portes 
d'Yenne,  depuis  le  commencement  du  xii*^  siècle  (2). 

(1)  Voir  La  Maladrerie  d'Yenne,  de  l'auteur,  ouvrage 
public  par  la  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie, 
t.  XXX,  1891. 

(2)  A  propos  de  la  ville  d'Yenne,  nous  croyons  utile  de 
publier  ici  une  inscription  qui,  suivant  le  pèi^e  Fodérc, 
Narration  historique  et  topographique,  p.  777,  se  lisait 
dans  l'église  des  Frères  Mineurs  de  Belley  :  «  Hic  jacet  cor- 
pus nobilis  Sybill;^  filicc  quondam  N.  Ahtonij  Papon  de 
Yenna  uxor[is]  quondam  M.  Antonij  de  Yenna  civis  Belli- 
censis,  cujus  anima  requiescat  in  pace  :  Hec  est  prima 
nmlier  tumulata  in  prœsenti  Ecclesia  quse  decessit  mense 
Maij  1470.  » 


84 

II 

L'origine  de  l'hôpital  n'est  pas  exactement 
connue.  Ce  qui  restait  des  anciens  bcâtiments,  dit 
un  rapport  du  19  septembre  1837,  semble  dater 
du  xV  siècle.  (V.  pièce  justificative  n°  I). 

Son  but  est  le  soulagement  des  pauvres  à  domi- 
cile ou  dans  les  salles  de  l'hôpital . 

11  était  primitivement  entretenu  au  moyen  de 
de  libéralités  annuelles  de  personnes  charitables, 
parcelles  des  Chartreux  de  Pierre-Chàtel,  patrons 
du  prieuré  d'Yenne,  ou  par  des  subventions  pa- 
roissiales. 

Les  vieux  documents  manquent  presque  com- 
plètement aux  archives  consultées. 

Pendant  longtemps  cet  établissement  n'a  pos- 
sédé, en  propre,  que  ses  bâtiments  avec  un  jardin 
contigu,  une  petite  vigne  dont  le  produit  apparte- 
nait au  recteur  de  la  chapelle  de  l'hôpital  pour  son 
vin  de  messe,  et  un  journal  de  terre  ensemencé 
de  céréales  dont  la  paille  devait  garnir  le  lit  des 
malades. 

Les  bâtiments  très  anciens  étaient,  au  xv!!*" 
siècle,  en  mauvais  état,  et  les  legs  de  cette  époque 
généralement  destinés  à  leur  réparation. 

III 

1650.  —  «  Noble  Jean  Vulhet,  S^'  de  la  Saunière, 
«  conseiller  d'Estat  de  S.  A.  R.  maistre  auditeur  en  la 
«  chambre  des  Comptes  et  général  des  estappes  en  Sa- 


85 

«  voye,  (1)  lègue  mille  florins  à  l'hospital  d'Yenne,  » 
dont  la  moitié  pour  servir  à  réparer  les  bâtiments  en 
mauvais  état. 

1655,  ]6  octobre.  —  Les  exécuteurs  testamentaires 
de  noble  Jean  Vulliet  donnent  prix-fait,  par  acte  Bour- 
bon notaire,  de  réparer  les  bâtiments,  pour  la  somme 
de  cinq  cents  florins.  (V.  pièc-;  IL) 

1656,  7  septembre.  —  Rév^i  mes^e  Charles  Bell}'- 
lègue  par  «  son  testament  solennel  à  l'hospital  d'Yenne 
«  la  somme  de  sept  cents  florins^  pour  la  rente  estre  em- 
«  ployée  aux  pauvres  passants  et  pèlerins,  par  les  S''** 
«  directeurs  dudict  hospital.  » 

1666,  12  décembre.  —  Par  son  testament  reçu  par 
Me  Guyouz  notaire,  hon^^^  Jean-Jacques  Vulliet  lègue 
((  à  l'hospital,  la  somme  de  deux  cents  livres  pour  les 
((  revenus  estre  employés  à  soulager  les  pauvres  infir- 
((  mes  et  vieillards  de  la  paroisse  d'Yenne.  » 

1675,  23  avril.  —  Un  acte  d'état  des  lieux,  reçu  par 
Me  Daviet,  notaire  curial,  constate  le  délabrement  d'une 
partie  des  bâtiments.  (V.  pièce  IIL) 

1679,  8  avril.  —  Autre  acte  du  même  notaire  cons- 
tatant également  le  mauvais  état  de  la  chapelle  de  l'hô- 
pital. (V.  pièce  IV.) 

1687,  17  mars.  —  «  Par  acte  Daviet,  notaire,  noble 
«  Lou}^s  Dorlyé,  en  qualité  de  procureur  estably  et  cons- 
i(  titué  par  les  officiers,  scindicqs  et  communiers  de  la 
((  ville  d'Yenne, baille  prix-faict  à  Jacques  Louys  Lom- 

(1)  Père  de  messire  Jean-François  de  la  Saunièrc,  baron  do 
Chevelu,  conseiller  d'Etat  et  Président  en  la  chambre  des 
Comptes,  à  qui  la  ville  et  paroisse  d'Yenne  fut  inféodée  à 
titre  de  marquisat  par  lettre-patente  du  25  mars  1699. 


86 

«  bard  maisiro  maçon  et  Nicollas  Burdinat  maisire 
«charpentier  »,  de  faire  des  réparations  aux  murailles 
et  toitures  de  l'hôpital,  pour  une  somme  de  544  florins, 
à  prendre,  partie  sur  le  capital  légué  en  1656  par  Rév^ 
Belly,  pai'tie  sur  les  intérêts  en  arrérage  de  ce  legs. 

1732,  11  juin.  —  Prudent  Revardel,  par  son  testa- 
ment reçu  par  M^  Reveyron  notaire,  lègue  à  l'hôpital  la 
somme  de  cent  livres. 

1738.  —  Les  revenus  de  l'hôpital  atteignent  environ 
200  livres. 

1749,  29  janvier.  —  Par  son  testament  reçu  par  M« 
Belly  notaire,  Gabriel  Clerc,  maître  apothicaire  à  Yenne, 
lègue  à  l'hôpital  de  celte  ville,  ses  immeubles  liquidés 
plus  tard  à  environ  cinquante  livres  de  rente  ;  plus^  tous 
les  meublesi  effets  et  drogues  contenus  dans  sa  bouliqae. 
Il  fut  à  cet  effet  dressé  un  inventaire  curieux  des  dro- 
gues composant  l'officine  d^m  apothicaire  rural  au  com- 
mencement du  xvnio  siècle  et  un  procès-verbal  d'esti- 
mation de  ces  drogues.  (V.  pièce  V.) 

1750,  5  décembre.  —  Délibération  nommant  Révi 
Prudent  DuUin  recteur  de  la  chapelle  de  Notre-Dame 
de  l'hôpital  et  le  présentant  à  l'institution  canonique  de 
l'évoque  deBelley  (1). 

1752,  20  avril.  —  Louage  des  biens  ruraux  de  l'hô- 
pital pour  40  livres. 

1756,  4  janvier.  —  Par  son  testament  reçu  par  M''  J. 
Daviet  notaire,  Jacques  Delaporte  lègue  à  l'hôpital  de 
la  ville  d'Yenne,  une  pièce  de  terre  de  la  contenance  de 

(1)  Yenne  faisait  alors  partie  du  diocèse  de  Delley.Les  ad- 
ministrateurs de  l'hôjDital  étaient  le  syndic  avec  quatre  con- 
seillers délégués,  plus  le  châtelain,  le  curé  et  le  recteur  de 
la  chapelle. 


87 

dix  journaux  de  Savoie  et  située  à  Proferraz,  tout  près 
de  lii  ville.  Par  le  même  testament,  ce  généreux  dona- 
teur léguait  tout  le  reste  des  biens  qu'il  possédait  danS 
la  paroisse  à  la  Préceptoriale,  pour  l'instruction  des 
enfants  pauvres  d'Yenne  (1). 

1757,  i'-'r  août.  —  Acte  Rubat  notaire,  portant  instal- 
lation comme  Recteur  de  la  chapelle  de  N.-D.  de  l'Hô- 
piial,  de  Rév-^  Claude  Boytal,  ancien  curé  de  Lucey, 
prébendier  du  prieuré  d'Yenne. 

1758,  29  juin.  —  Le  Conseil  de  la  communauté 
d'Yenne  donne  prix-fait  à  Hugue  Symond,  charpentier 
et  Claude  Bouvier,  maçon,  de  réparer  le  bâtiment  de 
l'hôpital  suivant  un  devis  montant  à  275  livres. 

1762,  18  janvier.  —  Prix-fait  à  Isaac  Dognin,  bou- 
langera Yenne,  de  fournir  aux  pauvres  de  l'hôpital  du 
lieu  tout  le  pain  à  leur  livrer,  soit  par  jour,  soit  par  se- 
maine, ((  à  raison  de  quarante  livres  par  bichette  de 
«  froment,  poids  du  pays.  On  luy  délivrera  du  bon  et 
«  beau  bled  et  luy,  de  son  cotté,  délivrera  du  pain  bien 
«  boulangé  et  conditionné  ». 

1776,  30  décembre.  —  A  forme  d'un  acte  reçu  par 
M'^  Belly  notaire,  il  est  dû  à  l'hospice,  la  rente  annuelle 
d'un  pot  et  quart  d'huile,  à  fournir  à  la  Saint-Michel, 
(de  provenance  pie). 

1791.  —  Le  cadastre  porte  à  la  cote  de  l'hôpital 
d'Yenne,  23  journaux  de  champs,  prés,  vignes  et  bâti- 
ments. 

1793,  26  février.  —  Testament  déposé  aux  minutes  de 
Me  Belly,   notaire  à   Yenne,    «  du  citoyen  Jean-Louis 

(1)  V  la  Préccptoriale  d'Yenne,  de  l'auteur  ;  notice  pu- 
bliée par  la  Socictc  sav.  d'histoire  et  d'archéologie  (1892). 


88 

Vulliet,  cy-devant  marquis  d'Yenne  (1),  »  qui  lègue 
à  l'hôpital  de  cette  commune,  la  somme  de  trois  mille 
livres. 

1793,  15  frimaire,  an  2.  —  Arrêté  du  district  de 
Chambéry  réquisitionnant  les  cloches.  En  exécution  de 
cet  arrêté,  est  livrée  la  cloche  de  la  chapelle  de  l'hôpital, 
du  poids  de  quatre-vingt-deux  livres. 

1798,  14  thermidor,  an  6.  —  «  La  commission  d'ad- 
«  ministration  de  Tliospice  civil,  dit  hôpital  d'Yenne, 
«  considérant  que,  par  contrat  du  3  juillet  1787^  R3- 
((  veyron,  notaire,  le  citoyen  Amédée  Rubod,  fermier 
((  des  cy-devants  chartreux  de  Pierre- C h âtel,  se  seroit 
«  reconnu  débiteur  envers  eux  et  la  communauté 
«  d'Yenne  de  la  somme  de  4.732  livres  de  Piedmond, 
((  pour  restant  du  prix  de  l'aumône  que  lesdits  char- 
«  treux  dévoient  aux  pauvres  d'Yenne,  en  date  du  2 
«  juillet  1787,  Léger  notaire  »,  assigne  ledit  Amédée 
Rubod  en  paiement  de  ce  capital  et  des  intérêts  en  re- 
tard depuis  le  l^r  janvier  1788  (2). 

(1)  Jean-Louis  Vulliet  de  la  Saunière  (père  du  dernier 
marquis  d'Yenne)  est  mort  en  cette  ville,  le  25  mars  1793. 

(2)  Les  chartreux  de  Pierre-Châtel,  hauts  clécimateurs  de 
la  paroisse  et  patrons  spirittiels  du  prieuré  d'Yenne,  Ta,t- 
tachés  à  ladite  chartreuse,  par  bulle  du  pape  Clément  VII, 
le  2  mars  1391,  étaient  tenus  par  le  contrat  de  transaction 
passé  parle  notaire  Chambet  le  18  février  1688  et  conflrmé 
par  la  transaction  finale  du  7  mai  1762,  Rubat  notaire,  de 
faire  distribuer  tous  les  lundis,  de  la  Circoncision  h  la  St- 
Jean-Baptiste,  la  quantité  de  dix  mille  neuf  cent  septante- 
deux  livres  de  pain.  Cette  distribution  se  faisait  à  7  heures 
du  matin  en  hiver  et  à  5  heures  du  matin  en  été.  Le  mar- 
guiller  de  la  communauté  devait  sonner  par  coups  la  gros- 


1804,  6  pluviôse,  an  12.- —  Arrêté  de  la  Préfecture 
du  département  du  Mont-Blanc,  portant  que  les  biens 
de  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Vallombreuse  (érigée 
anciennement  au  village  du  Bas-Sômont,  commune 
d'Yenne),  et  non  vendus  comme  biens  nationaux,  sont 
attribués  à  l'hospice  de  cette  commune.  Ces  biens  con- 
sistent en  prés  et  champs  d'une  contenance  de  13  jour- 
naux 1/2.  Cette  mesure  semble  aux  yeux  de  l'adminis- 
tration locale  de  l'époque,  être  comme  une  sorte  de 
restitution  incomplète  des  biens  de  la  Préceptoriale 
vendus  par  la  Nation.  (V^'  la  Préceptoriale  d'Yenne.) 

Le  dernier  Recteur  de  la  chapelle  de  Vallombreuse, 
Révd  François  Clavelet,  vicaire  d'Yenne,  avait  été  ins- 
tallé par  acte  Rubat  notaire  du  15  juillet  1774. 

1807,  30  août.  —  La  commission  administrative 
dresse  un  état  constatant  que  quatre  veuves  et  six  filles 
sont  logées  à  Thôpital  et  que  quinze  familles  sont  secou- 
rues à  domicile. 

Cette  situation  reste  à  peu  près  la  môme  jusqu'en 
1815  oîi  l'on  trouve  quarante  secourus  dont  huit  sont 
hospitalisés. 

1816,  7  décembre.  —  Testament  olographe  de  Rév^. 
Dom  Charles-François  Burdet,  ancien  moine  qui  lègue 
4,000  livres  à  l'hôpital  pour  les  pauvres,  plus  une  pa- 
reille somme  k  la.  Préceptoriale  pour  l'instruction  des 
enfants  pauvres. 

1818,  14  octobre.  —  Testament  reçu  par  M^  Rumilly 

se  cloche  de  l'église  pendant  une  heure,  pour  informer  le 
public  de  la  distribution  à  laquelle  un  député  du  conseil 
assistait  pour  examiner  les  quantité  et  qualité  de  pain  et 
aussi  ceux  qui  en  rececaietit.  (Archives  municipales.) 


-90 

notaire,  par  lequel  Claude  Delabaye  lègue  à  l'hospice 
d'Yenne  la  rente  annuelle  de  50  livres. 

1821,  25  novembre.  —  Lettre  du  syndic  d'Yenne  à 
l'intendant  général,  expliquant  qu'il  existe  dans  cette  ville 
une  espèce  d'hôpital  dont  rorigine  est  ti^ès  ancienne  et 
dont  le  bâtiment  en  assez  mauvais  état,  sert  à  loger  ac- 
tuellement neuf  femmes  infirmes  et  vieilles  auxquelles 
on  fournit  le  pain  ;  et  que  les  biens  de  cet  hôpital  consis- 
tent en  36  journaux  et  271  toises  de  terres,  925  livres  de 
rente  en  argent,  100  bicheltes  de  blé  et  7  quintaux  de 
paille. 

1825,  3  février.  —  Arrêt  du  Sénat  de  Savoie  ré> orga- 
nisant l'administration  de  l'hôpital  d'Yenne,  en  confiant 
le  service  intérieur  aux  sœurs  hospitalières  de  Saint- 
Joseph,  récemment  appelées  à  y  diriger  l'école  de  filles, 
et  nommant  un  conseil  de  charité,  composé  du  juge  de 
mandement,  du  curé,  du  syndic  et  de  quatre  conseillers. 
L'article  l^r  porte  que  les  revenus  continueront  à  être 
employés  conformément  aux  intentions  des  fondateurs 
et  aux  usages  en  vigueur  en  1792. 

Le  23  avril  suivant,  les  administrateurs  s'inspirant 
de  l'arrêt  susvisé,  dressent  un  règlement  pour  llios- 
pice  de  charité  d'Yenne.  L'article  2  confie  le  service 
intérieur  à  quatre  sœurs  de  St-Joseph.  L'article  3  dit 
qu'il  y  aura  d^'ux  salles  pour  les  malades,  dont  l'une 
payante,  et  à  deux  lits  chacune.  L'article  4^  que,  lors- 
que ce  sera  possible,  il  pourra  être  logé  à  l'hospice 
quelques  femmes  vieilles  et  infirmes  que  les  sœurs  em- 
ploieront à  des  travaux  utiles  à  l'établissement.  L'ar- 
ticle 7,  que  l'administration  continuera  à  faire,  selon 
l'usage,  distribuer  des  secours  à  domicile  aux  vieillards, 
aux  infirmes  et  aux  orphelins. 


91 

1826,  14  novembre.  —  Donation  de  675  livres  à 
l'hospice,  par  Rév^.  Jean- Baptiste  Desgeorge,  curé 
d'Yenne,  acte  Reveyron  notaire. 

1827,  12  janvier.  —  Donation  de  600  livres  par 
Mme  Andrevon  veuve  Goybet,  acte  DuUin  notaire. 

1828,  23  août.  —  Par  acte  Reveyron  notaire^  le  même 
Desgeorge  donne  encore  àThospice.  parties  de  maison, 
grange,  cour  et  jardin,  pour  agrandir  les  bâtiments,  le 
tout  d'une  valeur  de  2.400  livres. 

1837,  24  mars.  —  Testament  olographe  déposé  le  27 
août  1836  aux  minutes  de  M^  Ge&oy,  notaire  à  l'île 
Maurice,  par  M.  Joseph  Rubod,  natif  d'Yenne,  et  mort 
à  Maurice  (île  de  France)  ;  lègue  aux  malheureux  de  sa 
ville  natale,  4.000  piastres  (20.000  livres  neuves),  pour 
la  rente  en  être  délivrée  par  son  frère  Claude  ou  ses 
enfants.  Une  transaction  du  22  octobre  1840,  Berthier 
notaire,  a  réglé  cette  délivrance  de  rente  par  la  famille 
Rubod. 

Ce  legs  est  aujourd'hui  à  la  libre  disposition  de  la 
commission  administrative  au  même  titre  que  les  autres 
fondations. 

1846,  15  août.  —  Par  son  testament,  reçu  M^  Re- 
veyron, M«  Charles  Goybet,  d'Yenne,  a  légué  à  la  Con- 
grégation de  charité,  pour  les  pauvres  de  cette  pa- 
roisse, un  capital  de  12,000  livres  pour  les  intérêts  être 
employés  annuellement  à  distribuer  des  aumônes  en 
argent  ou  en  pain  et  une  somme  de  2.000  livres  pour 
l'hôpital  (bâtiment).  Par  ce  même  testament  il  lègue 
encore  18.000  livres  pour  l'éducation  des  enfants  pau- 
vres. 

1850,  5  septembre.  —  Compte  administratif  consta- 
tant une  distribution  annuelle  de  5.390  kilogrammes  de 


92 

pain  aux  indigents  secourus,  quantité  à  peu  près  pa- 
reille à  celle  que  distribuaient  les  chartreux  do  Pierre- 
Châtel  avant  la  Révolution^mais  les  6  premiers  mois  de 
chaque  année  seulement. 

1858,  5  septembre.  — Testament  de  M.  Pierre  Fran- 
din,  ancien  juge  du  mandement  d'Yenne,  qui  lègue  aux 
pauvres  de  cette  commune  la  somme  de  1.500  livres, 
payable  au  décès  du  dernier  de  ses  enfants.  (Décès  sur- 
venu le  15  novembre  1886.) 

1867,  9  novembre.  —  M^e  Marthe,  née  Victoire  Bur- 
det,  d'Yenne,  lègue  un  capital  de  10.000  francs  à  la 
commune  d^  Yenne  pour  l'établissement  et  l'entretien  de 
deux  lits  d'hôpital,  un  pour  homme  et  un  pour  femme. 
Ce  legs,  payable  au  décès  de  M.  Marthe,  époux  de  la 
testatrice,  a  été  réalisé  en  1877  par  la  commune  qui  en 
a  l'administration  directe. 

IV 

L'ancien  hôpital,  ou  hospice  d'Yenne ,  dénommé, 
après  la  Restauration,  Congrégation  de  Charité,  est 
devenu,  à  l'annexion,  le  Bureau  de  Bienfaisance,  ses 
ressources  étant  insuffisantes  pour  permettre  une  hos- 
pitalisation permanente. 

Les  anciens  bâtiments,  reconstruits  en  1885,  ont  été 
appropriés  au  logement  des  institutrices  communales, 
et,  cette  même  année,  par  une  délibération  du  7  mai,  le 
Conseil  municipal  a  affecté  au  service  hospitalier,  le 
bâtiment  de  l'ancienne  mairie  (ancienne  Préceptoriale), 
et  y  a  installé  les  àeux  lits  d'hôpital  de  la  fondation 
Marthe. 

La  commission  administrative  du  Bureau  de  Bien- 
faisance est  actuellement  composée,  conformément  aux 


93 

prescriptions  de  la  loi  du  5  août  1879,  du  maire,  prési- 
dent, de  deux  membres  délégués  par  le  Conseil  muni- 
cipal et  de  quatre  membres  désignés  par  le  Préfet. 

Un  règlement  du  30  août  1876,  approuvé  le  28  octobre 
suivant,  continue  d'en  régler  le  fonctionnement. 

Le  Bureau  de  Bienfaisance  possède  en  propre  actuel- 
lement, indépendament  des  10.000  francs  de  la  fonda- 
tion Marthe  et  du  bâtiment  affecté  par  la  commune  à 
cette  fondation,  savoir  : 

Huit  hectares  trente  centiares  de  champs  cultivés,  af- 
fermés, en  18  lots,  1.158  francs  et  représentant  une  va- 
leur en  capital  d'environ  trente-cinq  mille  francs; 

Plus,  des  capitaux  représentant,  au  cours  actuel  de  la 
Bourse,  un  total  approximatif  de  112.000  francs  placés  : 
83.000  francs  sur  l'Etat  français,  6.000  francs  surl'Etat 
italien,  18.000  francs  sur  particuliers  et  5.000  francs  sur 
la  commune. 

Sur  ces  ressources,  le  Bureau  de  Bienfaisance  doit 
prélever  tout  d'abord  une  rente  annuelle  de  2.000  francs 
versée  dans  la  caisse  municipale,  à  titre  de  subvention 
à  la  Caisse  des  Ecoles.  Cette  somme  représente  en  chif- 
fres ronds,  le  revenu  des  capitaux  légués  spécialement 
pour  l'instruction  des  enfants  pauvres  (Vi^  la  Précep- 
toriale) . 

Les  ressources  ont  baissé  depuis  que  les  capitaux  pla- 
cés sur  particuliers  au  5  0/0,  ne  produisent  plus,  au  fur 
et  à  mesure  de  leur  remboursement  et  remploi  en  rentes 
sur  l'Etat,  que  le  3  0/0. 

Néanmoins,  indépendamment  de  la  rente  Marthe,  de 
365  francs  3  0/0,  employée  par  la  commune  en  secours 
aux  indigents  malades,  le  Bureau  de  Bienfaisance  tous 
frais  d'administration  et  de  subvention  aux  écoles  pré- 
levés, dispose  encore  d'un  revenu  net  de  près  de  trois 


94 

mille  francs,  lui  permettant  de  secourir  annuellement, 
une  moyenne  de  soixante-quinze  familles^  en  leur  fai- 
sant distribuer  à  domicile  environ  6.500  kilogrammes 
de  pain,  600  francs  en  argent  et  400  francs  en  médica- 
ments, comestibles,  etc.  [Compte  de  Vexercice  1892.) 

Nous  espérons  que  l'intéressante  petite  cité,  si 
bien  dotée  par  ses  généreux  fils,  d'oeuvres  d'uti- 
lité publique  et  de  bienfaisance,  verra  s'augmen- 
ter encore,  dans  l'avenir,  la  liste  déjà  si  longue  de 
ses  bienfaiteurs. 


95 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 

I 

Rapport  fait  par  les  administrateurs  de  l'hôpital  d'Yen- 
ue,  en  exécution  de  l'Edit  royal  du  24  décembre  1836. 

L'origine  de  la  fondation  de  l'hôpital  n'est  pas  connue  ; 
les  premiers  titres  sont  égarés.  Les  monuments  de  ses 
bâtiments  (sic)  semblent  dater  du  xve  siècle.  En  1738, 
ses  revenus  étaient  de  200  livres  anciennes  environ.  Le 
but  et  l'intention  des  fondateurs  est  le  soulagement  des 
pauvres  de  la  commune  d'Yenne,  soit  à  domicile,  soit 
dans  les  salles  de  l'hôpital 

Cet  hôpital  possède  actuellement  trente-six  mille  li- 
vres en  capital...  (Rapport  du  19  septembre  1837. — 
Archives  municipales.) 

II 

L'an  1655,  et  le  seizième  du  moys  d'octobre,  par  de- 
vant moy  notaire  ducal...  Rév^  messire  Guignes  Vul- 
liet,  archidiacre  de  la  Ste-Chappelle  de  Chambéri,  tuteur 
des  enfants  du  feu  seigni'  Jean  Vulliet,  son  frère,  cons''»" 
d'estatpour  S.A.  R.  maistre  auditeur  en  la  soubveraine 
chambre  des  Comptes  de  Savoj^e  et  général  des  estappes, 
et  messire  Jacques  Chastellain  archyprestre  et  curé 
d'Yenne,  et  noble  Claude  Dugoy  S^'  de  Fonville,  capi- 
taine de  S.  A.  R.,  lesquels  establys  en  qualité  d'exécu- 
teurs testamentaires  dud*^  seig'"  Vulliet  baillent  le  prix- 
faict  suyvant  à  hont^^s  biaise  Jance  dict  Saudy,  hugues 
Soudan  dict  Vignolet  et  charle  Arcollière  dict  Dognin, 
maistres  massons,  de  refaire  les  deux  maistresses  mu- 


/ 


96 

railles  de  l'hospital  d'Yenne  situé  au  fauxbourg  du  Tour- 
nassat,  du  costé  du  vent  et  bize  tant  les  fondations  s}' 
elles  ne  sont  aulcunes  bonnes  que  despuys  terre  jusques 
au  coubvert  avec  quattre  fenestres  du  costé  du  vent  et 
troys  du  costé  de  bize  et  une  porte  basse  de  chaque  costé... 
pour  la  somme  de  cinq  cents  florins  à  prendre  sur  le  lé- 
gat de  mille  florins  faict  audict  liospitaï  par  le  seig"" 
Vulliet,  et  payable  pour  la  feste  des  roys  proche  venant... 
(Minutaire  Borbon  n'e.) 

III 

L'an  1G75,  et  le  vingt-troizième  jour  du  moys  d'ap- 
vril,  a  comparu  par  devant  nous  officiers  soubs"^^  lion. 
Claude  Carron,  gardiateur  de  Thospital  d'Yenne,  lequel 
auroit  remonstré  à  hon^^^  Jacque  louys  Lombard  et  ma- 
thieu  Jance  dict  Saudy,  scindicqs  modernes,  et  aultres 
de  la  piit.e  ville  d'Yenne,  comme  la  grande  chambre  du- 
dict  hospital  ou  logent  et  couchent  les  pauvres,  le  planché 
d'ycelle  estant  tout  à  faict  gasté  et  pourrit...  (Minutaire 
Daviet  ni*^.) 

IV 

L'an  1679,  et  le  huitième  jour  du  moys  d'apvril... 
Révti  messire  claude  Vivier,  dict  Godclard,  presfre  sa- 
cristain d'Yenne,  en  qualité  de  recteur  de  la  cliappelle 
de  Nostre-Dame  de  Compassion,  fondée  dans  l'hospital 
de  la  ville  d'Yenne,  requiert  le  maistre  charpentier 
Claude  Durand  et  le  maistre  masson  philibert  Soudan 
dict  Vignollet,  de  rapporter  Testât  d'ycelle  attendu  quelle 
est  entièrement  ruynée  et  ne  s'y  peut  célébrer  messe  ny 
rendre  le  service  quelle  ne  soye  réstablye,  et  déclarant 
que  pour  ce  restablissemcnt  il  est  prest  à  relascher  pour 
l'espace  de  troys  années  tous  les  revenus  d'ycelle  et  pro- 


97 

mettant  d'y  faire  le  service  yncontinent  quelle  sera  res- 
lablj'e,  requérant  les  procureurs  ducU  hospital,  sort  les 
scindicqs  conseilliers  et  bourgeoys  présentataires  d'ycelle 
chappelle,  d'y  tenir  la  ni^in...  (Vlinulaire  Daviet  nr«.) 

V 

L'an  1748,  et  le  second  jour  du  moys  de  juUiet,  à 
sept  heures  du  mattin,  je  soussigné  pliilibert  Rubat  n''*' 
r^i  collégié  de  la  ville  d'Yenne^  ensuitte  de  la  commis- 
sion qui  m'a  esté  donnée  par  ordonnance  sénatoriale  du 
sept  juin  dernier  signée  par  le  seigneur  sénateur  Bour- 
geois, je  me  serois  transporté  dans  la  maison  délaissée 
par  feu  S^  gabriel  Clerc  (maistre  apothicaire),  où  il 
habiloit  dans  laquelle  maison  où  il  y  a  une  boutique  où 
ledt  S'"  Clerc  tenoit  ses  drogues,  meubles  et  effets  ser- 
vant à  la  pharmatie,  le  tout  quoy  il  a  légué  aux  pauvres 
de  l'hôpital  fondé  à  Yenne  et  par  son  testament  du  vingt- 
neuf«  janvier  1746,  et  estant  dans  ladte  maison  à  lad^ 
heure  de  sept^  assisté  du  Si'  françois  Falcouz  en  qualité 
d'héritier  universel  dudt  feu  S^  Clerc  et  encore  assisté 
de  noble  philibert  Courtois  S^d'ArcoUière  en  qualité  de 
députté  et  procureur  du  conseil  dudt  hôpital,  nous  nous 
serions  transportés  à  la  porte  de  ladte  boutique  qui  es- 
toit  cachetée.  Les  scsaux  ayant  esté  trouvés  de  la  même 
manière  que  je  les  avois  mis,  nous  les  avons  levés  et 
ensuite  serions  entrés  dans  lad^a  boutique  de  pharma- 
cie...,, nous  y  aurions  trouvé  : 

Premièrement, un  tome  d'un  livre  intitulé  :  Les  com- 
mentaires de  monsieur  pierre  andré.  —  Mathiolus  sur 
disacoride. —  Item^  Cours  de  chymie. —  Item,  La  chi- 
rurgie compleite.  —  Item,  Les  nouvelles  formules  de 
médecine  latines  et  françoyses. —  Item,  Le  prix  et  va- 


98 

leur  des  médicamens  tant  simples  que  composés.  — 
Item, Les  observations  de  M.  Rioiève.  —  Item,  Lazari 
Riverij  consiliarij  Rœgij.  —  Item^  Nounelle  formule 
pour  l'hôpital  de  Lyon.  —  Item,  Nouvelle  chymie 
raisonnée.  —  Item,  Lesse  crets  et  merveilles  de  la 
nature.  —  Item,  48  pots  de  fayence  tant  grands  que 
petits,  vides.  —  Item,  24  pots  de  fayance  intitulés  : 
Oleum  olivum.  —  Extractum  camomile.  —  Oleum 
horirij. —  Huile  d^aspic.  —  Unguentum  altea. —  Miel. 

—  Oleum  camomile.  —  Oleum  hyperici.  —  Basili- 
cum  soit  emplâtre.  —  Extrait  de  ginièvre,  —  Onguent 
néapolitain.  —  Onguent  rouge.  —  Onguent  vert.  — 
Sirop  de  rose.  —  Huile  de  laurier.  —  Siropus  de 
pavoux  rouges.  —  Sirop  dejîeur  de  pescher.  —  Oleum 
amidalarum.  —  Térébantine.  —  Mannes.  —  Théria- 
que.  —  Chardon  bény.  —  Cristal  minéral.  —  Pilulus 
cinaglopum  de  1742.  —  Item,  60  boetes  soit  petites  et 
grandes  dans  toutles  lesquelles  il  3^  a  des  drogues  à  nous 
inconnues.  —  Item,  13  bouteilles  en  verre  intitulées  : 
Aqua  portularum.  —  Aqua  anezi.  —  Aqua  disascor- 
dij .  —  Aqua  chicorij.  —  Aqua  horaginis.  —  Aqua 
arthemesiœ.  —  Aqua  plantaginis.  —  Aqua  salvice. 

—  Aqua  bit uminis.  — Aqua  nieleziœ.  —  Aqua  ab- 
sinthi.  —  Aqua  cocleana.  —  Suc  de  coin.  —  Item, 
8  verres  intitulés  :  Scordium  en  poudre.  —  Jalappi. — 
Poudre  de  gottet.  —  Santal  rouge.  —  Glicirize.  — 
Cartamy.  —  Pulvis  diatragonij  frugidi.  —  Santali 
parati.  —  Item,  35  fiolles  intitulées  :  Esprit  de  soufre. 
— ■  Chopale  de  pécor.  —  Sel  armonial  purifié.  — 
Rebarbar  nostrali.  —  Sel  de  saturne.  —  Tartre  vi- 
triollé.  —  Oculi  cancrorum  preparatorum.  —  Sel  de 
tartre.  —  Diaforetera  antimonij.  —  Troc/ùsque  de 
scarabeno.  —  Pulvis  pro  oculis.  —  Vitriol  blanc.  — 


99 

Pulvis  seme.m  contra.  —  Aqua  assopi.  —   Esprit  de 
vitriol.  -^  Eau  de  fleur  d'orange.  —  Tartre  martial. 
Sel  végétal.  — Blanc  de  h  alêne.  —  Trochisque  aran- 
dal.  —   E matiste préparé .  —  Trochisque  dogaria.  — 
Pulvis   de   cucuvias.  —   Pulvis  recoris  vilpinium.  — 
Ruhiginiferrei  parati.  —  Lapis  hyacinthorum  pre- 
paratorum.  —  Pulvis  absinthi.  —   Pulvis  triunsanta- 
norum.  —  Pulvis  aromatisati.  —  Pulvis  pro  hydro- 
pisia.  —  Trochis  arbirasis.  —  Elebore  blanc.  —  Aris- 
setui  poterij.  —  Pulvis  aricomposiii.  —  Pulvis  dia- 
messi  dulcilante.  —  Item,   une  petite  fiolle  sans  inti- 
tulation  ou  il  y  a  des  pelites  pierres   bleues  dedans.  — 
Item,  une  très  petite  boete  en  fer  blanc  ou  il  y  a  envi- 
ron une  once  de  thériaque.  —  Item,  une   fiolle  longue 
intitulée  Aqua  esarificorum.  —  Item,  un  petit  mortier 
de  fer  avec  son   pilon.  —    Item,  un  alambic  de   cuivre 
avec  fourneau  et  chapiteau.  —   Item  un   fourneau  avec 
bassine  de  cuivre.  —  [tem,  un  grand  tamis  de  soye  avec 
son  tambour  de  peau  de  mouton  dessus  et  dessous.  — 
Item,  une  petite  boete  ou  il  y  a  environ  une  livre  de  poix 
de  bourgogne.  —  Item,  une  pierre  de  marbre  à  faire  des 
onguents  avec  ses  trois  autres  petites  pierres.  —  Item, 
six  ventouses  de  verre.  —  Item,  des  petites  balances  de 
cuivre.  —  Item,  un  petit  estui  de  chagrin  à  aiguilles  et 
soye  pour  coudre  les  playes.  —  Item,  un  petit  couteau 
faisant  tranchet,  une  petite  rappe  et  trois  certains  outils 
de  fer.  —  Item,  une  mauvaise  banque  de  noyer  à  tiroir 
et  deux  bufïets  sans  clef.  Et  tous  lesquels   efïects  meu- 
bles et  drogues  ci-dessus  inventoriés  ont  été  remis  audit 
sr  noble  Courtois  d'Arcollière  qui  s'en  est  chargé  et  les  a 
fait  transporter  dans  sa  maison  à  Yenne.  —  (Archives 
municipales.) 


CANDIE 


MAISON- FORTE  AVEC  JURIDICTION 
A    SAINTE-OMBRE 

(  Chambéry  -  LE  -Vieux  ) 


MAISON  -  FORTE    AVEC    JURIDICTION 

A    SAINTE-OMBRE 


Cette  seigneurie  est  très  ancienne  ;  elle  a  d'abord  appar- 
tenu à  des  seigneurs  qui  ne  portaient  que  son  nom  de 
Candie. 

La  maison-forte  a  aussi  porté  autrefois  le  nom  de 
Chaffardon. 

Le  titre  le  plus  ancien  que  l'on  trouve  est  une  inves- 
titure faite  le  11  février  1344  à  nobles  Rollet  et  Aimon 
de  Candie, 

Le  14  février  1377,  noble  Humbert,  fils  de  feu  Aimon 
de  Candie  reconnaît  sa  maison-forte  de  Chafïardon  à 
S*«-Ombre  et  diverses  terres, entreautrcs, un  bois  venant 
de  Jaquemet  Flamenchi,  son  homme  taillable  décédé 
sans  héritier. 

Le  27  juin  1414,  n.  Aimon,  fils  de  feu  ledit  noble 
Humbert,  reconnaît  sa  maison-forte  et  diverses  rentes. 

Le  11  février  146G,  n.  Maurice  et  Aimon  de  Candie, 
frères,  reçoivent  l'investiture  de  la  maison-forte  et  des 
terres  qui  en  dépendent. 

1507-37.  Galvand  de  Candie. 

On  trouve  encore  que  le  21  août  1547,  n.  Claude- 
François  de  Candie  fit  hommage,  pour  sa  seigneurie,  au 
roi  de  France  qui  occupait  alors  la  Savoie. 

11  y  avait  des  branches  collatérales  qui  paraissent  éga- 
lement s'être  éteintes  vers  la  même  époque.  Ainsi,  le 
17  février  1377,  n.  Jean,  fils  de  feu  n.  Antoine  de  Can- 


104 

die,  passa  reconnaissance  d'une  rente  sur  deux  maisons 
à  Chambéry,  et  encore  d'une  autre  rente  à  Montagnole, 
sous  charge  de  12  deniers  forts  au  rauage  du  seigneur. 
Il  reconnut  encore,  le  10  juin  1378,  diverses  rentes 
venant  de  feu  Etienne  de  Candie. 

Le  18  janvier  1415,  n.  Claude,  son  fils,  passa  recon- 
naissance des  mêmes  rentes. 

Le  14  octobre  1500,  n.  Gai  van  d  et  Jean  de  Candie, 
frères,  reconnaissent  encore  diverses  rentes,  au  nombre 
desquelles  celles  de  Montagnole  qu'ils  disent  procédées 
de  n.  Claude  et  Rollet  de  Candie. 

Enfin,  on  voit  encore  un  n.  Pierre  de  Candie,  escuyer, 
syndic  de  Chambéry  en  15G7.  Ce  sont  les  derniers  per- 
sonnages que  j'ai  trouvés  appartenant  à  la  famille  de 
Candie. 

Nous  voyons  ensuite  apparaître,  comme  possédant  ce 
fief,  la  famille  Juge,  sans  qu'il  soit  dit  à  quel  titre  ;  si 
c'est  par  acquisition,  par  mariage  ou  par  succession.  On 
voit  seulement  que  le  duc  de  Savoie,  se  trouvant  pressé 
d'argent  en  raison  des  événements  qui  s'étaient  succédé 
dans  les  années  précédentes,  dut  se  créer  des  ressources 
en  aliénant  divers  droits  de  la  Couronne.  Le  25  septem- 
bre 1579,  n.  Pierre  Juge,  seigneur  de  Candie,  reçut 
l'inféodation  de  la  juridiction  de  Chambéry-le-Vieux, 
suivant  les  confins  qui  sont  indiqués  en  la  patente  dudit 
jour,  moyennant  la  somme  de  400  écus  d'or  d'Italie.  Le 
28  août  1589,  le  duc  lui  céda  encore  la  mieux- value  et 
droit  de  rachat,  moyennant  300  écus  d'Italie.  Mais  la 
Chambre  ne  vérifia  cette  patente,  le  19  décembre  sui- 
vant, qu'en  réservant  expressément  à  S.  A.  R.  le  droit 
de  rachat  perpétuel. 

Cette  réserve  n'était   pas   une  lettre    morte,  car  le 
28  mai  1599,  Charles  de  Rochette,  premier  président  du 


105 

Sénat  de  Savoie^  acquit  également  Ja  plus-value  de 
cette  seigneurie,  moyennant  500  écus  d'or  au  soleil,  et 
la  Chambre  ne  vérifia  encore  cette  inféodatijn  que  sous 
la  réserve  de  rachat  perpétuel. 

Le  4  aoiàt  1599,  Jean- François  Berliet,  archevêque  de 
Tarentaise,  acheta  de  Pierre  Juge,  le  fief  de  Candie, 
avec  moulins,  hommages,  dépendances,  etc.;  mais  il  ne 
le  garda  pas  longtemps  ainsi  que  les  autres  propriétés 
qu'il  acquit  vers  la  même  époque.  Le  14  février  1603, 
il  revendit  la  seigneurie  de  Candie  à  Jean- André  Sardoz  ; 
ce  dernier,  pour  se  mettre  en  règle,  se  fit  faire  cession, 
le  26  mars  1599,  par  le  président  Charles  de  Rochette, 
seigneur  du  Donjon,  et  le  27  mars  suivant,  par  n.  Pierre 
Juge,  fils  de  feu  Antoine  et  héritier  de  Pierre,  de  tous 
les  droits  qui  pouvaient  leur  compéter  sur  ladite  sei- 
gneurie de  Candie,  moyennant  200  écus  d'or. 

Dès  lors,  la  famille  Sardoz,  ou  Sarde,  est  restée  en 
possession  entière  du  fief  dont  il  s'agit. 

Le  même  Jean-André  Sardoz,  seigneur  de  Candie, 
Montagny,  Les  Déserts  et  Fenestraux,  passa  reconnais- 
sance le  12  novembre  1614,  pour  le  château  de  Candie, 
autrefois  appelé  Chafîardon. 

Le  4  juillet  1626,  n.  Balthazard  Sarde  reçut  égale- 
ment investiture  du  fief. 

Nobles  Vincent  et  Joseph,  fils  de  feu  n.  Louis  Sarde, 
en  passèrent  reconnaissance  le  24  janvier  1700. 

Le  même  noble  Vincent  Sarde  en  fit  le  consignement 
le  12  mars  1735,  en  y  comprenant  un  pigeonnier. 

Enfin,  et  c'est  le  dernier  acte  féodal  qu'on  rencontre 
se  rapportant  à  Candie,  n.  Henry  Sarde  en  fut  investi, 
le  6  septembre  1790,  en  titre  de  baronnie,  pour  lui  et  ses 
descendants,  moyennant  une  somme  de  1.000  livres 
payée  au  trésor. 


106 

Comme  on  le  voit,  ce  fief  passa  en  un  grand  nombre 
de  familles  depuis  le  moment  où  il  commence  à  se 
montrer  au  xiv^  siècle.  De  simple  maison-forte,  il  devint 
seigneurie  avec  juridiction,  et  finit  par  être  érigé  en  ba- 
ronnie. 

Cette  maison-forte  existe  à  peu  près  telle,  selon  toute 
apparence,  qu^elle  avait  été  construite  ;  elle  est  en  très 
bon  état  et  se  présente  d'une  manière  pittoresque  au 
sommet  d'une  colline  derrière  laquelle  descend  un  fort 
joli  bois  de  sapins.  Elle  est  située  au-dessus  de  la  route 
de  Chambéry  au  Bourget,  à  peu  près  au  milieu  de  la 
distance  qui  sépare  ces  deux  localités.  C'est  maintenant 
la  propriété  de  M.  le  marquis Tredicini  de  Saint-Séverin. 

La  famille  de  Candie  était  très  ancienne  comme  on 
l'a  vu  par  ce  qui  précède  (1).  Elle  possédait  une  maison 
sur  la  place  Saint-Léger,  près  de  l'ancienne  allée  des 
Picards  (2).  On  voit  figurer  son  nom  dans  la  liste  des 

(1)  Une  branche  de  cette  famille  existait  à  Rumilly.  Nous 
avons  cité  dans  notre  Corps  des  Fondations  pieuses  enja- 
veur  de  l'Eglise  et  de  V Hôpital  de  Rumilly  :  13  mai  1363, 
François  Candie,  chevalier,  fait  un  accord  avec  le  recteur 
de  l'hôpital  ;  12  avril  1369,  il  est  membre  da  conseil  d'admi- 
nistration de  cet  hôpital.  François  Candie  eut  pour  fds  Ga- 
briel, marié  à  Bèatrix  de  Nuceto,  et  François.  Gabriel 
teste  le  27  mai  1401,  dans  sa  maison-haute  de  Sala- 
gine  (à  Bloye,  4  Idl.  S.  de  Rumilly),  et  institue  héritier 
universel  son  fils  Jacques.  Celui-ci  était  mort  avant  le 
7  mai  1414.  Sa  mère  et  héritière  s'était  remariée  à  noble  et 
vén.  Jean  de  Beaufort,  chancelier  de  Savoie;  n.  François 
Candie,  frère  de  Gabriel  eut  pour  héritier  n.  Richard  de 
Langin.  (Note  de  M.  F.  Mugnier.) 

(2)  Jean  Candie  possédait,  en  1382,  une  maison  dans  la 
Grand'rue,  à  Chambéry,  imposée  à  raison  de  trois  toises. 
{Mémoires  de  la  Société,  t.  V.,  p.  378.  —  F.  M.) 


.107 

syndics  de  cette  ville  :  Antoine  de  Candie  était  syndic 
en  1356,  Claude  de  Candie,  damoiseau,  en  1422,  1423, 
1424  et  encore  en  1429,  1432  ;  il  fut  au  nombre  des  gen- 
tilshommes que  Chambéry  dutenvoyer  à  Bourg  en  1398 
pour  assister  au  duel  judiciaire  qui  eut  lieu  entre  Otbon 
de  Grandson  et  Gérard  d'Estavayer.  Maurice  de  Candie, 
damoiseau,  fut  aussi  syndic  de  Chambéry  en  1460. 
Cette  famille  était  alliée  à  un  certain  nombre  de  maisons 
considérables.  Etiennette  de  Candie  était  femme  de  n. 
Jean  Bonnivard,  mort  syndic  en  fonctions  en  1361. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  cette  race  paraît  avoir 
fini  dans  la  seconde  moitié  du  xyi^  siècle. 

On  trouve  deux  nobles  de  Candie  au  nombre  des  te- 
nants du  tournoi  donné  à  Chambéry  en  1348,  et  un  autre 
parmi  les  tenants  du  tournoi  donné  à  Genève  le  19  mars 
1498.  Leurs  armes  étaient  :  de  gueule  semé  de  fleurs  de 
lys  d'or  à  la  cottice  d'or  sur  le  tout  (1).  Guichenon  les 
établit  de  même.  D'après  Ferrero,  les  de  Candie  de 
Savoie  portaient  les  mêmes  armes  que  les  Candie  de 
Loesc  et  Leal  en  Bresse,  dont  une  demoiselle,  Cathe- 
rine, épousa  le  8  juin  1574,  Antoine-Marie  de  Conzié, 
seigneur  de  Conzier,  Vauchier  et  Bolomier. 

La  famille  Juge  est  de  Rumilly  en  Haute-Savoie.  A 
la  fin  du  xve  siècle,  elle  se  composait  de  trois  frères  : 
Benoît,  qui  avait  été  secrétaire  ducal  ;  Jean  et  Pierre  (2), 
procureurs  au  Conseil  d'Etat.   Le  20  août  1498,  Jean 

(1)  An  tournoi  de  1348,  les  armes  avaient  pour  cimier  un 
chaperon  ducal  d'or,  sommé  d'une  tète  d'épervier  de  sable, 
lasguée  d'or  et  à  chaque  côté  du  timbre  une  écrevisse  de 
pourpre  versée  et  sur  lem's  têtes  et  serres  ces  lettres  :  G.  R. 
Candie. 

(2)  Ce  Pierre  Juge  teste  à  Rumilly  le  19  novembre  1521  ; 
il  lègue  à  l'église  de  Sainte-x\gathe,  10  sols  de  rente  pour 


108  ■ 

Champaneis,  comte  palatin,  leur  accorda  des  lettres  de 
noblesse  et  leur  donna  des  armoiries  d'azur  à  trois 
roses  d'or,  2  et  1. 

Le  20  mai  1592,  le  duc  de  Savoie,  sur  le  vu  de  la 
patente  de  1498,  accorda  des  lettres  d'ancienne  noblesse 
à  Pierre  Juge  (1)  et  à  Jean  et  Pierre,  fils  de  feu  Antoiue- 
Amédée,  ses  neveux. 

Le  15  novembre  1599,  n.  Mauris,  fils  de  Claude 
Juge,  de  Rumilly,  obtint  de  nouvelles  lettres  patentes 
dans  lesquelles  on  relate  l'anoblissement  de  1498,  époque 
antérieure  à  celle  où  l'Empereur  Maximilien  enleva  aux 
comtes  palatins  le  droit  dedonner  des  lettres  de  noblesse. 
On  ajoute  que  si  ses  prédécesseurs  ont  fait  quelques 
années  de  pratique  judiciaire,  lui  Maurice,  a  toujours 
fait  profession  des  armes  dans  la  cavalerie  et  l'infanterie  ; 
en  conséquence,  le  duc  de  Savoie,  en  confirmant  les 
lettres  du  20  mai  1592,  le  réhabilite  au  besoin  en  même 
temps  que  Claude,  son  père,  et  Jean  et  Pierre,  fils  de  feu 
Antoine- Aimé,  ses  cousins.  Ces  lettres  ne  furent  enre- 

son  anniversaire.  Un  Pierre  Juge  est  notaire  à  Rumilly 
en  1539  ;  Louis  Juge,  notaire  en  1573;  Jacques  Juge,  no- 
taire à  R.  en  1538-1553,  paraît  avoir  testé  le  27  août  1543, 
jour  oii  il  fonda  une  messe  annuelle  {Corps  des  Fondations 
pieuses  à  Ru/niUjj,  passim).  N.  Philiberte'  Juge,  fille  de 
Claude  Juge,  veuve  do  Maurice  Tbomasset,  procureur,  et 
d'Amblard-Pliilibert  de  Vidomne  de  Noveiry,  décédée  le  16 
novembre  1650,  a  fait  des  dons  importants  au  collège  et  à 
l'église  de  Rumilly  (Croisollet,  Hist.  de  Rumilly,  I,  p.  108). 
Note  de  M.  Mugnier, 

(1)  C'est  probablement  ce  Pierre  Juge,  seigneur  de  Candie, 
qui  fut  nommé  sénateur  au  Sénat  de  Savoie,  le  1"  avril  1580. 
Note  de  M.  Mugnier. 


109 

gistrées  que  le  6  mai  1602.  Maurice  fût  châtelain  de 
Rumilly. 

Catte  famille,  qui  a  produit,  dès  lors,  des  magistrats 
et  de  hauts  fonctionuiares  administratifs,  existe  encore 
à  Rumilly,  en  la  personnne  de  M.  Charles  de  Juge. 

La  famille  Sarde,  qui  a  possédé  Candie  jusqu'à  la 
Révolution  française,  était  originaire  de  Quiers,  soit 
Chieri,  en  Piémont.  Son  nom  réel  était /Sarc^o^  et  même 
Saldoz,  dont  la  prononciation  modifiée  en  Savoie  a  pro- 
duit Sarde.  Elle  s'établit  à  Chambéry  vers  la  fin  du 
xvi«  siècle,  et  y  exerçait  le  commerce.  Le  plus  ancien 
que  l'on  y  trouve  est  Sire  Jean-André  Sardoz,  marchand, 
qui  obtint  le  20  novembre  1585,  permission  de  posséder 
fiefs  nobles.  Le  4  juillet  1598,  il  lui  fut  octroyé  de  nou- 
velles lettres  patentes  qui  lui  conférèrent  la  noblesse,  en 
raison,  y  est-il  dit,  de  ses  nombreux  services.  11  fut  dé- 
claré que,  nonobstant  ces  lettres  de  noblesse,  il  lui  était 
permis  de  «  continuer  trafRc  et  marchandises  à  lui  et 
aux  siens,  en  gros  ou  autrement  pour  douze  années, 
devant  faire  rentrer  ce  qui  lui  était  deu  ».  Les  armes 
qui  lui  étaient  concédées  sont  exposées  comme  il  suit  : 

D'azur  faiscé  d'un  scare  ou  sardaine  d'argent  au 
chef  de  gueules  à  trois  estoyles  d'or.  Le  heaume  clos 
en  parjil  décoré,  et  timbré  de  la  hure  d'une  halaine 
yssante  d'azur,  la  gueule  ouverte  de  gueules  et  comme 
relascant  gratieusement  ung  petit  poisson  d'argent^ 
por  devise  aoec  le  mot  escript  en  ung  rolleau  voilant 
par  dessus  :  Inest  sua  gloria  parvis. 

Sire  Jean-André  Sardoz  mourut  le  17  décembre  1616. 
Il  avait  de  nouveau  obtenu  le  12  juillet  IGIO  la  permis- 
sion de  continuer  son  commerce  pendant  douze  ans,  sans 
déroger. 


110 

Son  fils  Baltbazard,  entra  dans  la  magistrature  et  fut 
conseiller  et  auditeur  des  Comptes.  Jean-Jacques,  un 
autre  de  ses  fils,  suivit  la  carrière  du  commerce,  il  obtint 
le  l'^r  décembre  1617,  l'autorisation  de  continuer  le  né- 
goce pendant  12  ans,  pour  retirer  ce  qui  lui  était  dîi. 
Cette  permission  lui  fut  renouvelée  pour  10  ans,  le 
2  octobre  1G25,  avec  pouvoir  de  trafiquer  en  gros  et 
même  en  détail. 

La  famille  Sardoz,  puis  Sarde,  se  divisa  en  plusieurs 
branches  qui  possédèrent  plusieurs  seigneuries  et  qui 
se  sont  éteintes  successivement.  La  dernière  a  fini  au 
commencement  de  ce  siècle. 

La  mère  du  premier  Jean- Andréa  Sardoz  était  en- 
terrée à  S^''-Marie-Egyptienne. 

Plusieurs  membres  de  cette  famille  ont  été  syndics 
de  Chambéry  :  André,  en  1588  ;  Jean-Jacques,  le  mar- 
chand, en  1617  ;  Balthazard,  en  1622.  Quelques-uns 
suivirent  la  carrière  de  la  magistrature  ;  sur  la  fin,  plu- 
sieurs avaient  pris  du  service  en  pays  étrangers. 

Quant  à  l'étendue  de  la  seigneurie  de  Candie,  voici 
comment  les  confins  en  sont  indiqués  dans  l'inféodation 
faite  au  sénateur  Pierre  Juge,  moyennant  400  écus  d'or 
le  25  septembre  1579  : 

((  Dès  la  rivière  de  la  Laysse  au  couchant.  —  De  cette 
rivière  sous  le  molard  des  Avandeliers  traversant  les 
prés  vers  les  moulins  dos  Martin  compris  en  la  juridi- 
diction.  Il  est  expliqué  que  le  molard  dont  il  s'agit 
se  trouve  vis-à-vis  de  l'ancien  cours  de  la  rivière  et  du 
pré  Mallet.  —  De  là  en  remontant  sur  la  teppe  des  Po- 
liers  dite  des  Avandeliers  jusqu'au  chemin  tendant  des- 
dils  moulins  à  Pugnet  montant  par  une  combe  au-des- 


111 

sous  la  maison  du  sieur  de  Caremagne  et  jusqu'au  grand 
chemin  de  Chambéry  à  Chambéry-le- Vieux,  laquelle 
rencontre  a  lieu  sous  ladite  maison  qui  reste  exclue 
av^ec  son  pourpris.  —  Continuant  par  ledit  chemin  jus- 
qu'à la  croisée  du  grand  chemin  à  l'endroit  de  la  grange 
et  jardin  du  dit  sieur  de  Caramagne  remontant  par  ledit 
chemin  au  village  de  Pugnet  passant  devant  la  maison 
de  Claude  Boutillet  qui  reste  excluse,  en  tirant  en  ar- 
rière et  contournant  au  pied  des  maisons  des  Villats  est 
des  Santet,  qui  sont  incluses,  continuant  jusqu'au  grand 
chemin  à  la  croix  de  fer.  —  De  là  par  la  moraine  dans 
les  terres  des  Blanchet,  par  le  sentier  sur  la  dite  mai- 
son qui  est  confins  de  Chambéry-le-Vieux.  —  De  là  par 
le  pied  de  la  vigne  des  Barandiers  qui  reste  incluse, 
continuant  au-dessus  jusqu'au  grand  chemin  tendant 
de  Noiray  à  Sonnaz  près  les  maisons  des  Rossiers 
excluses,  près  la  maison  du  sieur  Du  Port  incluse  ; 
traversant  le  cliemin  et  entrant  aux  terres  de  la  dite 
paroisse  et  dismerie  ;  descendant  vers  les  vignes  des 
Rossiers  et  des  Barandiers,  tirant  à  la  resse  qui  était 
des  Mantel  et  que  tiennent  les  Chambon,  finissant  au 
ruisseau  le  Tillet  séparant  la  juridiction  de  Chambéry- 
le-Vieux  de  la  juridiction  de  Montagny,  dès  la  Laysse 
au  dit  ruisseau  faisant  confins  au  couchant  et  du  vent. — 
Et  de  la  Laysse  tirant  contre  bise  au  long  du  ruisseau 
jusqu'au  coin  et  triangle  du  pré  des  Jarrets,  joignant  le 
pré  dit  de  Verdon  (aux  Sulpis),  ledit  triangle  faisant 
séparation  de  la  juridiction  du  S^'  de  Serras  avec  Cham- 
béry-le-Vieux du  levant.  —  Dès  le  Tillet  et  dit  triangle 
des  Jarrets,  remontant  contre  le  couchant  au  travers  des 
prés  Jarrets  et  Verdon,  42  pas  environ  jusqu'au  rcflex 
et  contour  du  grand  chemin  venant  des  moulins  et 
teppes  dits  des  Micollines  tirant  à  Sonas  remontant  par 


112 

le  chemin  des  Micollines  jusqu'à  rencontre  d'autre  grand 
chemin  tirant  du  Noiret  à  Sonas  reflexement  et  se  con- 
tournant contre  vent  jusqu'au  chemin  de  Malle  Charme, 
remontant  à  l'occident  dès  l'entrée  d'iceluy  jusqu'à  la 
croisée  du  grand  chemin  d'Aix  ;  traversant  le  dit  che- 
min tirant  par  le  chemin  prenant  son  entrée  en  celui-ci 
pour  aller  au  bois  de  Chambéry-le- Vieux  et  aux  maisons 
des  Saquins  et  moulins  de  Candie.  —  Là  laissant  le 
chemin  vers  les  moulins  et  tournant  contre  bise  conti- 
nuant le  grand  chemin  des  dits  bois  finissant  à  la  des- 
cente et  auprès  le  chemin  tirant  de  Bissy  à  Ragiez  par 
les  buis  des  Bavard  faisant  séparation  de  la  juridiction 
du  Bourget  el  de  Sonaz.  Traversant  ce  chemin  entrant 
sur  le  finage  et  dismerie  de  Chambéry-le-Vieux  com- 
mençant au  dit  endroit  et  sur  la  terre  de  Betto  et  sous 
le  chasal  desdits  Betto,  iceluy  sous  un  rnollard.  — 
De  ce  moUard  descendant  par  sur  le  terroir  dit  de  Bonard 
jusqu'au  grand  chemin  tirant  de  Chambéry-le-Vieux 
à  Voglans,  traversant  le  grand  chemin  entrant  aux  prai- 
ries dites  de  Bissy  de  la  paroisse  de  Chambéry-le-Vieux 
en  premier  lieu  et  par  dessus  la  léchère  de  Bonnard 
joignant  au  chemin  tirant  au  couchant  par  ladite  prairie 
et  le  pré  dit  du  Lurchet  jusque  près  la  grange  de  Pierre 
VuUiod  dit  Matrat  continuant  par  une  issue  de  chemm 
jusqu'à  Laysse  à  l'endroit  de  la  pièce  de  Bertallin  Paltet 
comprise.  —  Et  dès  le  dit  Tillet  jusqu'ici  faisant  confin 
de  bise  et  quelquefois  du  levant.  —  De  Laysse  audit 
lieu  remontant  le  cours  au  rnollard  des  Avendolliers, 
vieux  cours  de  Laysse,  la  dite  rivière  au  couchant.  » 

En  1733,  le  château  de  Candie  fîit  déclaré  féodal  avec 
un  pigeonnier  et  90  journaux  de  champs,  prés  et  bois  ; 
ces  terres  féodales  étaient  confinées  d'après  la  recon- 
naissance du  12  novembre  1614,  par  l'eau  de  la  Pérou- 


113 

saz,  du  côté  du  bois,  et  de  l'autre  côté,  par  les  biens  de 
noble  Anselme  Roberty,  qui  possédait  la  maison-forte 
de  S^-Ombre,  au  bas  du  monticule  où  se  trouve  le  châ- 
teau de  Candie,  passée  ensuite  au  marquis  de  Samoëns. 

Il  y  eut  également  à  la  même  époque  une  déclaratoire 
pour  les  biens  ecclésiastiques.  On  n'y  voit  figurer  que 
la  cure.  La  déclaratoire  porte  l'église,  la  cure,  I  jour- 
nal et  1/2  vigne,  cour,  jardin  et  verger,  possédés  en  1549 
par  DUe  Anne  Bellotte,  9  journaux  de  terre  possédés  en 
1458  par  nobles  Maurice  et  Aimon  de  Candie,  et  3  jour- 
naux il'2  possédés  en  3505  par  noble  Pierre  Ballin, 
maître  des  monnaies  à  Chambéry,  qui  les  reconnut  en 
arrière-fief  à  nobles  Humbert  et  Jean  Bonivard,  de  Vi- 
mines. 

Plusieurs  rentes  s'exigeaient  dans  la  commune  : 

Rente  du  château  de  Chambéry,  à  Sa  Majesté. 

Rente  de  Montagny,  à  dame  Esther  Doncieu,  tutrice 
de  Pierre-François  AUery,  son  et  du  feu  comte  et  pré- 
sident fils,  seigneur  de  la  Roche  en  Chautagne  et  de 
Montagny,  suivant  tutelle  du  15  octobre  1722  :  4  car- 
tans  3/12  d'avoine  ;  2  2/3  1/6  deniers  forts  ;  2  bons 
chapons  ;  2  deniers  forts. 

Servis  dus  au  marquis  de  Challes  :  5  cartaus  froment  ; 
2  mouduriers  châtaignes  ;  5  cartans  avoine  ;  9  deniers 
forts  ;  3/4  faix  peysseaux  ;  1  géline. 

Servis  dus  à  noble  François-Hyacinte  Ducloz  Frenoy, 
à  Moras  :  7  cartans  avoine. 

Servis  dû  à  la  commanderie  de  S t- Antoine  :  1  cre- 
veiron  avoine  ;  9  3/4  creveirons  froment  ;  9  ]/4  1/8  1/48 
cartans  froment  ;  2  deniers. 

Servis  dû  à  n.  Maurice  de  Pradel  d'Hauterive,  à 
Moraz  :  9  1/2  cartans  froment  ;  11  deniers  forts  ;  1/2 


114 

poule.  —  A  Candie  :  35  cartans  froment  ;   1  poule  ; 

1  florin  10  deniers. 

Servis  à  n.  François  Piochet,  seigneur  de   Salins  : 

2  vaissels  2  cartans  froment  ;  1  cartan  avoine  ;  1  poule  ; 
2  sols  6  deniers  forts. 

Servis  dus  à  la  coramanderie  de  Lémenc  :  35  deniers 
forts  ;  4  cartans  froment  ;  8  deniers  viennois. 

Cure  de  S^-Pierre.  —  Dû  à  la  Sainte-Chapelle  • 
24  cartans  8  mouduriers  froment  ;  12  deniers  gros  ; 
2  sols  29  deniers  forts. 

Prieuré  du  Bourget.  —  Dû  aux  Jésuites. 

Château  de  Serraz. —  Dû  au  marquis  d'Aix  :  6  gros  ; 
2  1/2  setiers  vin  ;  1/2  setier  vin. 

Rente  de  Moncharvin,  la  Croix  et  la  Colliette. —  Dû, 
au  comte  de  la  Barre. 

Servis  dus  à  la  chapelle  de  St"-Catherine  en  l'église 
de  Lémenc  :  ]/2vaissel  froment. 

Servis  dus  au  marquis  de  Faverges  :  20  vaissels 
1  cartan  froment;  2  vaissels  seigle;  3  1/4  cartans 
noyaux  ;  13  poules  ;  4  poulets  ;  3  florins  p.  p.  ;  60  sols 
5  1/2  deniers  forts  ;  108  deniers  gros. 

Servis  dus  à  n.  Vincent  Sarde,  seigneur  de  Candie. 

Servis  dus  à  l'Hôpital  de  S^-François  :  6  carlans, 
4  mouduriers,  4  creveirons  froment. 

Rente  procédée  du  S^"  de  Charpène.  —  Dû  au  mar- 
quis de  Lucey  :  1/2  moudurier  3/2  creiverons  ;  1/2  1/3 
1/8  1/16  bonne  géline. 

Servis  dû  au  Chapitre  de  Lémenc  :  6  deniers  forts  ; 
1 1/2  denier  viennois  ;  3  1/2  pietés  fortes  ;  10  deniers. 

Servis  dus  à  M.  de  Villeneuve  :  9  cartans  14  mou- 
duriers 14  creveirons  froment  ;  2  cartans  21  mouduriers 
12  creveirons  avoine  ;  6  sols  6  deniers  forts  ;  2  deniers 


115 

maille  viennois  ;  2  deniers  viennois  ;  1/2  poulet  ;  1/6 
géline. 

Servis  dus  à  la  commanderie  du  Temple. 

Servis  dus  à  la  Collégiale  d'Aix  :  27  sols. 

Servis  dus  à  nobles  Chollet  et  de  Butet,  barons  du 
Bourget  :  1/2  livre  gingembre  et  autres  denrées. 

(Tiré  des  papiers  de  M.  Timoléon  Chapperon,  par 
M.  Jean-Martiii-Franklïn,  membre  de  la  Société 
savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie). 


Addition. 

Parmi  les  nobles  de  notre  pays  qui,  en  1355,  allèrent 
guerroyer  à  Saint-Omer,  sous  la  conduite  du  comte  de 
Savoie  pour  le  roi  de  France,  on  trouve  François  de 
Candie,  avec  deux  autres  écuyers,  venus  de  Rumilly. 
(GuiCHENON,  Histoire  généal.,  t.  IV,  p.  198.) 


^^ 


LISTE 


DES 

CHATELAINS 

DE 

BRESSE,  BUGEY,  VALROMEY  ET  GEX 

sous    LA    MAISON    DE    SAVOIE 

PAR 

ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DES  CHATELLENIES 

DRESSÉE 

Par  François  RABUT 

Membre  de  la  Commission  des  Aiitiç[uités  de  la  Côte-d'Or. 


If 


La  Bresse  est  entrée  dans  la  maison  de  Savoie 
en  1282  par  le  mariage  d'Amédée  V.  Elle  y  est 
restée  jusqu'au  traité  de  Lyon  (1601). 

Par  ce  traité  le  duc  de  Savoie  perdait  : 

1°  La  Bresse  avec  la  portion  du  Bugey  située 
au-delà  du  Rhône,  c'est-câ-dire  sur  la  rive  droite; 

2°  Le  pays  de  Gex  acheté  par  Amédée  V  en 
partie  en  1292  et  le  surplus  cédé  en  1355  à  Amé- 
dée VI  (traité  de  Paris); 

3°  Le  Valromey  acheté  en  1359  de  Catherine 
de  Savoye,  fille  du  dernier  sire  de  Vaud. 

En  1601,  tous  ces  pays  furent  réunis  à  la  pro- 
vince de  Bourgogne,  et  les  pièces  qui  leur  étaient 
relatives  furent  envoyées  de  Chambéri  à  Dijon. 

Ces  pays  ont  été  occupés  par  François  P''  et 
par  Henri  II,  de  1535  à  1559  pendant  plus  de 
23  ans. 

Cette  liste  de  châtelains,  tirée  des  archives  de 
la  Côte-d'Or,  est  dressée  par  ordre  alphabétique 
des  noms  de  lieux. 


LES  CHATELAINS 


Ambronay 


1318-19.  —  Jean  d'Aix  (de  aquis),  moine  d'Ambronay. 

1331-34.  —  Pierre  de  la  Balme,  damoiseau. 

1335-37.  —  Pierre  de  Genos,  chevalier. 

1339-41.  —  Etienne  de  Fromentes,  chevalier. 

1341-43.  —  Croso  de  Monlmaïeur,  clerc. 

1343-44.  —  Jean  de  Crozo. 

1344-50.  —  Etienne  de  Belmont  ou  Beaumont. 

1350-51.  —  Jacques  de  Beaumont. 

1352-53.  —  Jacques  de  Cheveluto,  damoiseau. 

1354-55.  —  François  de  Longecombe,  damoiseau. 

1355-56.  —  Joffroy  de  Marcelle,  damoiseau. 

1356-57.  —  Pierre  de  la  Salle,  chevalier. 

1357-67.  —  Jean  Coqui,  de  Nantua,  chevalier. 

1367-71.   —  Aymon  Coqui,  fils  de  Jean,  seigneur  de 

Genissiaz,  chevalier. 
1371-79.  —  Jean  Gillet. 

1414-28.  —  N.  et  puisst  seigf  Bonifacede  Cbalant,  che- 
valier, châtelain  à  vie. 
Nota.  —  La  châtellenie  d'Ambronay  a  été 
réunie  à  celle  de  Pont-d'Ain,  à  la  mort  de 
Boniface  de  Chalant,  en  1428. 

Ardent 

1416-30.  —  N.  Pierre  Alamand,  chevalier. 

1430-34.  —  Louis  et  Hugon  Alamand,  fils  de  Pierre. 


122 

Bagé 

1273-84.  —  Pierre  de  Montfaucon,  chevalier. 
1294-97.  —  Pierre  de  Serraval. 
1297-98.  —  Barthélémy  Silvestre. 

1301.  —  Hugues  Amblard,  bailli  de  Bagé. 

1302.  —  Geoffroy  Guiot. 

1303-5.    —  Hugues  de  Rocheclaire,  chevalier,  bailli 

de  Bagé  et  de  Coligny. 
1305-6.    —  Guillaume  Bertrand,  juge  de  Bagé. 
1307-8.    —  Pierre  Tliorin,  de  Montmélian. 
1308-9.    —  Pierre  de  Montmerle  (1). 
1309-11.  —  Pierre  de  Montmélian,  clerc. 
1311-14.  —  Pierre  d'Eslrées. 
1315-19.  —  Théobald  d'Avigliana,  clerc. 
1324-36.  —  Jean  Mareschal,  damoiseau. 
1336-37.  —  François  de  Serraval, chevalier. 
1337-42.  —  Pierre  Berré,  familier  du  comte. 
1342-43.  —  Georges  de  Salion. 
1343-44.  —  Jean  Ravais,  docteur  en  lois. 
1344-45.  —  Gérard  de  Gramniont,  bailli  de  Bagé. 
1345-47.  —  Pierre  Cundin  de  Duyn,  chi',  bailli  de  Bagé. 
1348-49.  —  Jean  de  Lhuys,  clerc  receveur  de  la  ch'«. 
1349-50.  —  Pierre  de  Dron,  vice-châtelain. 
1350-53.  —  N.  sire  Jean  de  S<-Amour. 
1353-55.  —  Lancelot  de  Châtillon. 
1354-59.  —  Philippe  de  Juis,  chevalier. 
1359-66.  —  Nicod   François  ,   chevalier  (  en  1365,  il 

prend  le  litre  de  seig»'  des  Alemor). 
1366-73.  —  Pierre  Grangeat,  chevalier. 
1373-82.  —  Pierre  d'Estrées. 

(1)  Je  crois  que  c'est  P.  de  Montmélian  qu'il  faut  lire. 
Cf.  avec  le  précédent  et  le  suivant. 


123 

1382-85.  —  Pierre  Andrevet,  de  Pont-de-Vaux,  damoi- 
seau. 

1385-87.  —  N.  Guicliard  de  Groslée,  chevalier. 

1389-92.  —  Pierre  Andrevet  de  Pont-de-Vaux. 

1393-1402.  —  N.  Jean  de  Corgemon,  seigi"  ^q  Mel- 
lionas,  chevalier. 

1402-20.  —  N.  Pierre  Andrevet,  de  Pont-de-Vaux. 
(Lettres  du  30  mai  1402,  du  Bourget.) 

1420-39.  —  Philibert  Andrevet,  de  Pont-de-Vaux. 

1439-45.  —  N.  Georges  de  Varax. 

1445-46.  —  Pierre  Masuerii. 

1446-51.  —  Sire  Jean  de  Seyssel,  seigr  de  Barjact  et 
de  la  Rocliette,  mareschal  de  Savoie. 

1451-54.  —  N.  Perrin  d'Anthioche,  seig^  de  Tossiat 
(Thoissey).  (Jean  de  Seyssel  lui  livre  ses 
pouvoirs  le  25  mai.) 

1454-56.  —  Jean  de  Seyssel,  chevr,  bailli  de  Bresse. 
(en  1462,  magnif.  seig»'  J.  de  S.j  lieute- 
nant du  comte). 

1466-72.  —  Guyon  de  la  Balme,  seig»"  de  la  Roche. 

1473-90.  —  N.  Jacques  de  Challant^  capitaine,  seig^ 
de  Saix.  (En  1488,  n»  et  puissant  seigr). 

1490-1517.  —  Puissant  chevalier  le  sire  Guy  de  la  Bal- 
me, chambellan,  seig.  de  la  Roche,  capi- 
taine. 

1517-31.  —  Claude  de  la  Balme,  chev.,  seig^'  de  Beau- 
vernet,  de  Toulongeon,  de  Mont-Saint- 
Sernin,  capitaine  pour  Marguerite  d'Au- 
triche, veuve  de  Philibert-le-Beau. 

1533-34.  —  Antoine  Berard. 

1549-50.  —  N.  Antoine  de  L'Esglise,  commis  de  n. 
François  Cadenel,  chevalier. 

1554-55.  —  Claude  de  la  Balme. 


124 

Balon,  Leaz  et  l'Ecluse 

1291.        —  Pierre  et  Aimon  de  la  Balme  chevaliers. 

1311-18.  —  Etienne  de  Silans  dit  Michaillat. 

1319-24.  —  Berlion  du  Pont,  damoiseau. 

1326-29.  —  Pierre  de  Chatillon,  bourgeois  de  Seyssel 
et  Pierre  de  Livron^  damoiseau ,  chev. 

1332-43.  —  Parceval  de  Chissia,  damois.  (ouChissey). 

1337-39.  —  Guillaume  Drol,  de  Ripaille,  châ.  de  Balon. 

1342-47.  —  Tiercelet  de  Beaumont,  damoiseau. 

1343-45.  —  Tiercelet  de  Beaumont  et  Jean  Quocus,  de 
Nantua. 

1344.        —  Etienne  de  Chatillon. 
—  Tiercelet  de  Beaumont. 

1346-47.  —  Les  héritiers  de  Jean  Tavel,  de  Genève, 
naguère  châtelain. 

1348-49.  —  Richard  de  Viriaz,  chevalier. 

1352-53.  —  Pierre  de  S*aint-Aper,  chevalier. 

1353.        —  Pierre  de  Loyes,  chevalier. 

1353-58.  —  Pierre  de  Saint-Aper,  chevalier. 

1359-60.  —  Guillaume  Lyotard,  damoiseau. 

1361-62.  —  (Compte  d'un  châtelain  dont  le  nom  n'est 
pas  connu). 

1363-65.  —  Humbert  de  Chatillon,  damoiseau. 

1366-67.  —  François  Turombert,   de  Grammont,  da- 
moiseau. 

13.69-77.  —  Gonrard  de  Chatillon,  chev.  (alias  Conrad). 

1381-84.  —  Hugonin  de  Verbouz,  damoiseau. 

1385-87.  —  François  de  Verbouz,  fils  d'IIugonin. 

1389-91.  —  Amédée  de  Livron. 

1392-93  (1)  Jean  d'Avanchères,  damoiseau. 

(1)  Probablement  Jean  a  continué  dans  l'intervalle  de 
1393  à  1396. 


125 

1396-1410.  —Jean  et  Théobald  d'Avanchères  (qualifiés 

de  nobles  depuis  1409). 
1411-1450.  —  N.  Jean  d'Avancliers,  damoiseau,  gouver- 
neur du  fils  aîné  du  duc  Louis  depuis 
1433  ;  il  a  pour  lient,  son  fils  Guillaume. 
1451-61.  —  N.  Guillaume  d'Avanchères. 
1463-79.  —  N.  Louis  d'Avanchères,  fils  et  héritier  de 
Guillaume,  gouverneur  de  Janus,  fils  du 
duc  Louis. 
1480-1532. —  N.  et  puissant  seigr  Claude  d'Avanchè- 
res, fils  de  Louis,  chevalier  depuis  1503, 
il  est  qualifié  :  Claude  de  Balleyson 
seigr  d'Avanchères,  grand  châtelain  de 
Balon,  et  il  a  un  lieutenant. 
1535-38.  —  N.  Claude  Morein,  châtelain  (pour  le  roi 

de  France. 
1540-42.  —  N.  Pierre  de  Forax. 
1543-44.  —  Charles  Méraud,  commis  du  châtelain. 
1546-47.  —  Me  Antoine  de  la  Porte,  chat,   et  receveur. 
1549-51.  —  Gabriel  Bertet. 

1552-54.  —  N.  et  puissant  seigf  Antoine  d'Avanchy 
dit  de  Cusinens ,  baron  de  Corgeron, 
grand  châtelain. 

La  Barre-sur-Saint-Genix  et  Cordon. 

1436-42.  —  Noble  homme  Jacques  de  Fontaine. 

Beauregard-sur-Saône  ? 

1380-92.  —  N.  Jean  de  Treverny. 

1392-93.  —  Guillaume  de  Corgeron,  chevalier,  seig'  de 

Chaumont. 
1399-1405.  —  N.  Pierre  de  Marraont. 
1405-1409.  —  Etienne  de  Buxy. 


126 

Beauregard  en  Savoie  (ootes  spéciales). 
Belley. 

1337-40.  —  Humbert  Berset,  garde  de  Belley. 

BiLLIAT  (1). 

1317-18.  —  Viffred  de  Channet. 

1318-20.  —  Rodolphe  de  Cons. 

1320-24.  —  Geoffroy  de  Martello  et  Pierre  Ronde. 

1324-31.  —  Pierre  Le  Fol,  Pierre  Ronde,  Guillaume 

Cocus  et  Lancelot  de  Châtillon. 
1331-35.  —  Lancelot  de  Châtillon. 
1337-40.  —  Huldric  de  Châtillon,  damoiseau. 
1340-44.  —  Jean  Cocas,  de  Nantua. 
1344-51.  —  Pierre  Prévôt,  damoiseau. 
1351-52.  —  Antoine  Prévôt. 
1352-55.  —  Etienne  de  Châtillon. 
1356-63.  —  Guigon  de  Rivoire^  chevalier. 
1364-72.  —  Amédée  de  Châtillon,  damoiseau. 

Bons  (arrondissement  de  Belley  Ain). 
1382-83.  —  François  de  Belmont,  damoiseau. 

Bourg. 

1274-80.  —  Brunet  de  Montcellous. 

1284-88.  —  Olivier  de  Perrigny. 

1289-92.  —  Pierre  de  Châtillon,  bailli  de  Bagé. 

1287-91.  —  Etienne  Serlet,  receveur  du  péage. 

1293-96.  —  Guichard  de  la  Pérouse,       id. 

1295-98.  —  Pierre  de  la  Balme,  bailli  de  Bugey. 

1295-98.  —  Pierre  de  Châtillon. 

(1)  Cliâtellenie  distraite  d'Ochiat. 


127 

1298-1300.  —  Guillaume  de  Peyladru,  chevalier,  bailli 
de  Bagé  et  Coligny. 

1304-05.  —  Pierre  du  Cloz. 

1305-08.  —  Humbert  Maréchal. 

1310-22.  —  Guichard  de  Pérouse,  receveur  du  péage. 

1313-15.  —  Humbert  de  Sales,  bailli  de  Bagé  et  Coligni. 

1315-18.  —  Pierre  de  Tournay,  bailli  de  Bourg. 

1319-22.  —  Guillaume  de  Châtillon,  bailli,  et  Humbert 
de  Montmayeur. 

1328-29.  —  Bertet  de   operatorio  (  naguères  châtelain 
de  Mariiez). 

1328-40.  —  André  Beaugarçon,  receveur  du  péage. 

1329-30.  —  Humbert  de  ChâtilIon-en-Michaille,    bailli 
de  Bourg. 

1334-35.  —  Odon  de  Chaudeya,  cliev.,  bailli  et  chcâtel. 

1348-49.  —  N.  Guichard  Bufïard,  châtelain. 

1349-77.—  Humbert  de  Corgeron,  chevalier,   bailli, 
seigr  de  Meillonaz. 

1377-89.  —  N.  Jean  de  Corgeron,  chev.,  fils  de  Hum- 
bert ;  il  était  receveur  du  péage  l'année 
précédente,   soit  en  1388. 
Noble  depuis  1385,  chcâtelain  et  péager. 

1389-93.  —  Jean  du  Vernet  ou  du  Vernoy  (deVerneto), 
chevalier,  bailli  de  Bresse. 

1393-1408.  —  N.  et  puissant  seig^  Jean  de  Corgeron, 
chevalier,  bailli  de  Bresse,  châtelain  de 
Bourg,  substiiué  à  Jean  du  Vernet,  de 
1400  .à  1401  ;  il  avait  comme  châtelain  à 
Bourg  avec  lui  Jacques  de  la  Balme, 
seigi-  de  l'Albergeraent^  bailli  de  Bresse, 
lieutenant  de  la  patrie  d'outre  l'Ain. 
1408.  —  Amédée  et  Anne  de  Corgeron,  filles  et  hé- 
ritières du  précédent. 


128 

1408-10.  —  N.  et  puissant  seig»"  Jean  de  Montbel,  bailli 
de  Bresse  et  châtelain  de  Bourg. 

1410-12.  —  Georges  de  Montbel,  bailli  de  Bresse  ;  frère 
du  précédent. 

1412-23.  —  N.  et  puissant  Guigon  de  la  Palud,  sire  de 
Varambon,  lieut.  de  Mgr  en  Bresse,  dans 
les  Dombes,  le  Revermont  et  Valbonne^ 
bailli  de  Bresse  (Lettres du  5  octobre). 

1424.  —  Claude  de  Saix,  sire  de  Ravoire,  conseil- 
ler et  maître  d'hôtel  du  duc  de  Savoie, 
lieutenant  général  en  Bresse  {cum  om- 
nimoda  gladii  potestatej. 

1424-25.  —  Laurent  Brenat,  damoiseau. 

1425-29.  —  N.  et  puissant  seigi'  Hugonin ,  seig""  de 
Chandeye,  bailli  et  lieutenant  de  Bresse. 

1429-34.  —  OddetdeChandeye,  bailli,  fils  du  précédent. 
(Lettres  du  18  jaDAderl430,  Thonon.) 

1434-40.  —  Aymon  [de  Ghâteauvieux  et  Verjon  ,  che- 
valier, bailli  de  Bresse. 

1440.        —  Ses  héritiers. 

1441-47.  —  Jacques  de  la  Balme,  seig^  de  l'Alberge- 
ment,  bailli  de  Bresse. 

1447-51.  —  Jean  de  Seyssel,  seig^de  Barjat,  mareschal 
de  Savoie,  bailli  de  Bresse,  Dombes, 
Revermont  (Lettres  du  30  juillet). 

1451-52.  —  Jean,  bâtard  d'Armagnac,  seigi'  de  Gordon 
et  de  Tournon,  chevalier,  bailli  de  Bresse. 

1452-53.  —  Jean  de  Ghâteauvieux. 

1453-54.  —  Humbert  de  Montluel,  chevalier,  bailli  de 
Bresse  (Lettres  du  4  mai). 

1454-66.  —  Jean  de  Seyssel,  seig''  de  Barjat  et  de  la 
Rochette,  mareschal  de  Savoie,  lieute- 
nant et  bailli  (Lettres  du  30  septembre). 


129 

1460.  —  N.  François  Berger,  vice-châtelain,  rece- 
veur du  don  gratuit. 

1463.  —  Jean  Jacquet,  secrétaire  ducal  et  Jean  Ré- 
gis, notaire,  commissaire  aux  extentes. 

1466-72.  —  Guillaume  de  la  Balme,  seig""  d'Illens,  gou- 
verneur et  bailli  de  Bresse  (Lettres  du 
7  mai). 

1472-82.  —  Hugonin  de  Chandée,  chevalier,  seigr  du 
dit  lieu,  bailii  de  Bresse  (du  1er  mars). 

1482-85.  —  Amédée  de  Genève,  chevalier,  seigr  de 
Buringe;  lieut.-gén.  ,  bailli  de  Bresse. 
Jean  Berger,  lient,  dans  la  châtellenie. 

1485-95.  —  Antoine  delà  Palud,  seigf  de  Saint-Julien, 
lieutenant-général,  bailli  de  Bresse. 

1496-97.  —  Guigon,  seigi'  de  Châteauvieux,  bailli. 

1497-99.  —  Jean  Palluat  (pour  le  châtelain  Guigon). 

1499-1505.  —  Jean  seig'"  de  Challes,  bailli,  gouverneur 
de  Bresse. 

1505-25.  —  Louis  de  Gorrevod,  baron  de  Montagny, 
grand  châtelain  et  bailli  de  Bresse  (pour 
Marguerite  d'Autriche) . 
—  N.  André  de  St-Barthélemy   (châtelain  de 

Béatrix  de  Portugal). 

1544-49.  —  Jean  Boms  et  Pierre  Rancé,  châtelains 
(pour  le  roi  de  France). 

CfIATE  AU  NEUF-DE-  RoMANS. 

1344-46.  —  Jean  du  Grot,  de  Montluel. 

Chateauneuf-de-Valromey. 

1355-56.  —  Lancelot  de  Châtillun,  chevalier,  bailli  de 
Bugey  et  Valromey. 


130 

1358-59.  —  Richelin,  chevalier,  bailli  de  Bugey. 
1363-66.—  Pierre  de    Gerbais,    de   Belley.  Il  reçoit 

en  augmentation  de  fief  la  terre  de  Son- 

gier,  puis  Sinliieux,  ancien  trésorier  du 

comte  qui  lui  devait. 
1377-08.  —  Burnon  de  Cliignin,  chevalier. 
1378.        —  Thomas  de  Pignerol. 
1378-83.  —  Thomas  Orselli  (le  même  ?j. 
1383-98,  —  Amédée  de  Chaland,  damoiseau,  chevalier, 

fils  d'Aymon. 
1397-1402.  —Amblard  Gerbais,  seigr  de  Billiat. 
1403-04.  —  Antoine  Boulemier. 
1406-07.  —  N.  Hannet  d'Aliex. 
1414-16.  —  Louis  de  Virieux,    notaire  (receveur  pour 

Odon  de  Villars,  donataire  par  la  vente 

du  Genevois). 

1415.  —  Pierre  de  Cusinens,  notaire,  receveur  des 

extentes  (pour  le  duc  de  Savoie). 

1416.  —  N.  Guigonnet  Mareschal,  châtelain. 

1417.  —  Pierre  Martel. 

1417.        —  N.  Guyon  Mareschal,  de  Ghambéry. 

1418-24.  —  N.  Pierre  Martel. 

1426.        —  Peyrat  de  Belmont. 

1426-29.  —  N.  André  de  Mareste. 

1430-38.  —  N.  et  puissant   seigi"  Jean  de  Compeys  , 

chevalier. 
1438-40.  —  Jean  de  Seyssel,  châtelain,  soigr  de  Barjat 

et  de  Ripailles,  mareschal  de  Savoie.  (1) 

(1)  Nommé  i:)i'opter  tldoi  intemerate  constantiam,  l'ruc- 
tuoso  que  obsequio  per  spectabilem  consanguineum  cousilia- 
rium  (Bourget,  22  septembre). 

Abergeuient  par  Amédée  VIII  (Chambory,  17  mars  1434). 


131 

1440-01.  —  N.  Nicod  de  Menthon,  chevalier  (Lettres 
du  13  septembre  1440,  Genève). 

1441-45.  —  Antoine  Boulemier  (Lettres  du  1*^''  septem- 
bre 1441,  Chambéry). 

1445-52.  —  N.  Hannet  d'Aliex. 

1452-56.  —  N.  Jean  de  Saix,  seigi'  de  Bannens. 

1457-59.  —  Sire  Amédée  de  Cliallant,  seig'"  de  Varey, 
conseiller,  chambellan. 

1460-67.  —  Denis  Cervèze,  docteur  es  arts  et  en  méde- 
cine, châtelain  de  Châteauneuf  et  de  Châ- 
teaurouge  (Rossillon) ,  et  Amédée  de 
Cliallant  (ensemble). 

1467-74.  —  Amédée  de  Cliallant,  châtelain  de  Château- 
neuf  et  de  Châteaurouge. 

1474-85.  (1).  —  Boniface  de  Challant,  conseiller  ducal. 

1485-89.  —  Jacques  de  Challant,  conseiller,  chambel- 
lan^ seigi'  de  Varey. 
Il  y  a  eu  entre  deux  un  Aymard  Panet, 
cela  résulte  des  lettres  d'institution  de 
Cranz,  où  il  est  parlé  de  plainte  faite 
contre  ledit  Panet. 

1491-93.  —  Michel  de  Cranz. 

1493-1500.  —  Jacques  de  Challant. 

1500-05.  —  Claude  de  Valeyson  (2),  seigi'  dudit  lieu 
(Lettres  du  18  septembre). 

1510.  — Amédée  Durand  (pour  Madame  Claude 
duchesse  de  Savoie,  vicomtesse  de  Bri- 
viers,  dame  de  Châteauneuf). 

(1)  En  1481,  2  s.  viennois  à  la  chartreuse  d'Arvières  pour 
luminaire  devant  le  corps  du  Christ,  légués  par  le  duc  de 
Savoie. 

(2)  Balaison  ? 


132 

1513-19.  —  Claude  de  Valeyson. 

1523-24.  —  Amédée  Durand. 

1530-32.  —  N.   Louis  Vincent. 

1534.  —  Pierre  Sarpol  (pour  le  duc  Charles,  puis 
pour  le  roi  de  France,  dès  le  30  sep- 
tembre 1535). 

1540-55.  —  N.  Bernard  Bellot,  commis  du  précédent, 
puis  châtelain  le  17  mars  1442. 

Chatillon-lez-Dombes. 

1287-1301.  —  Pierre  d'Estrées. 

1301-17.  —  Mermet  Cadot,  alias  Cadout. 

1317-23.  —  Pierre  Villiene. 

1324-28.  —  Pierre  d'Estrées. 

1327-29.  —  Louis  Rivoire,  chevalier. 

1330-31.  —  André  de  Coygnin,  damoiseau. 

1332-33.  —  Gérard  de  Grandmont,  chevalier,  bailli  de 
Bresse. 

1333-35.  —  Jacquemet  Prévôt,  de  Virieu. 

1335.  ■     —  Pierre,  de  Châlillon  de  Michailles. 

1339-40.  —  Louis  Rivoire,  chev.,  seigr  de  Damaisin. 

1341-43.  —  François  de  Serraval,  chevalier. 

1343-44,  —  Pierre  de  Montfaucon. 

1344-45.  —  Varucher  de  la  Balme,  chevalier. 

1345-47.  —  Pierre  Villene,  chevalier. 

1348-49.  —  Pierre  de  Salle,  chevalier. 

1352-56.  —  Henri  de  Sachins. 

1356-62.  —  Varucher  de  Balmc,  chevalier. 

1363-71.  —  Pierre  d'Estrées,  chevalier. 

1372-73.  —  Joard  Provana,  chevalier. 

1377-83.  —  N.  Ilumbert  de  Langes,  damoiseau. 

1383.  —  Jean  do  Lentenay,  de  Poncin,  naguère  tré- 
sorier de  Bresse. 


133 

1383-88.  —  N,  Hunibert  de  Langes,  continue  sa  charge. 

1388-91.  —  Guillaume  de  Corgeron,  damoiseau. 

1395-1403.  —  N.  Jean  seig»'  de  Corgeron, 

1403-07.  —  Etienne  Burdet,  de  Clmtiilon. 

1406-35.  —  André,  sf  de  Glarens,  appelé  Clermaux  (1). 
(Lettres du  18  octobre.) 

1435-41,  —  N,  Pierre  Soiturier,  de  Treffort, 

(En  1438,  N.  Antoine  Sarrazin,  notaire, 
commissaire  aux  extentes.) 

1442-44.  —  N.  Benoît  Boulemier. 

1444-45.  —  N,  André  de  la  Vernea,  châtelain  et  capi- 
taine de  la  place. 

1446-48.  —  N.  Guillaume  de  la  Balms,  écuyer. 

1448-55.  —  Pierre  de  Thouars  (de  Toueria),  écuyer, 

1455-64.  —  N.  Jean  de  Guers  (de  GurgiteJ  (2)  (Lettres 
du  11  juillet), 

1464-65.  —  N,  Glaude  Louacti,  seig^  d'Argental,  capi- 
taine et  châtelain  (Lettres  du  18  avril, 
datées  de  Nogent-le-Roy). 

1465-67,  —  Louis  de  Versey  ,  écuyer  (Lettres  du  30 
avril). 

1467-1504.  —  N.  Antoine,  seigr  de  Genost. 

1505-12.  —  N.  .lérôme  de  Ventes,  capitaine  et  châtelain. 

1514-39.  —  N.  Philibert  Guigonard  ,  écuyer,  grand 
châtelain. 

Chazey-sur-Ain. 

1355-71.  —  Egide  d'Arloz,  chevalier. 

(1)  Il  avait  épousé  Jeannette,  bâtarde  de  Savoie,  (|ui  eut 
4.00Ufl.  de  dot. 

(2)  Dépenses  :  fait  faire  un  copoii  en  fer  au  lieu  d'un  en 
bois  pour  percevoir  le  droit  de  la  leyde  ou  du  coponagc. 

9 


134 

1473.  —  N .  Guillaume  de  Varax  et  Donat  de  Romans 
(pour  noble  et  puissant  seigr  Georges 
de  Varax,  damoiseau,  uaguères  seig'" 
du  lieu). 

1474-78.  —  Jean  Constantin  (pour  Margt^  de  Bourbon). 

1478-85.  —  Antoine  Renaud. 

1485-86.  —  N.  Guillaume  Donat  de  Varax. 

1486  (1).  —  Compte  annonyme. 

1505-10.  —  Jean  le  Bègue,  de  Chazey,  assensateur  des 
château  et  châtellenie. 

1512.  — Jean  Dubois,         id. 

1513.  —  Claude  Mathieu,  id. 

1515-17.  —  Claude  Mathieu  et  noble  Fournier,  id. 

Coligny-le-Neuf. 

1313-14.  —  Jean  Verneuil,  damoiseau. 

1314-15.  —  Aymon  de  St-Jean. 

1315-16.  —  Humbert  Chambuc. 

1316-17.  —  Guiot  Rongia,  damoiseau. 

1317-19.  —  Humbert  de  Bocsozelle. 

1532.        —  N.  JeanBoulemier  (pour  Béatrix,  duchesse 

de  Savoie); 
1532-34  —  Puis  pour  le  duc  Charles. 

CONZIEU. 

1327-33.  —  Joan  Cugnct,  mistral. 
1335-43,  —  Antoine  d'Eviau  (de  Aquiano). 

(1)  Mention  de  séjour  du  sire  de  Malval  seig'  de  Polinge, 
et  sa  suite,  du  18  octobre  au  2  décembre.  Dépenses  pour  lui 
et  ceux  qui  le  visitent. 


135 

CORBIÈRES. 

139Û-95.  —  Jean  Santere,  damoiseau. 

1413-40.  —  Etiemi3  de  Lavigna,  écuyâr  de  noble  et 
puissant,  seigneur  M»'*'  Humbert  bâtard 
de  Savoie,  seig'"  de  Corbières,  chevalier. 

Cordon. 

1344-1352.  — Jean Richerin^ damoiseau, a/m.s  RiclieJin. 
13G3-G4.  —  François  de  Longecombe,  damoiseau. 
1364.       —  Jean  Richerin  (1). 
1379-85.  —  Jean  Perrin  dirt  Maillard,  damoiseau. 
1385-85.  —  Humbert  de Toysiafsicj  (Lettre  du  24  mai). 

Cressieu. 

1341-42.  —  Humbert  Verset,  familier  du  comte  de  Sa- 
voie, receveur  des  revenus  do  cette  sei- 
gneurie. 

EcHETS  (les). 

1515.  —  Jean  Bongain  (boni  lacri),  notaire.  Compte 
des  receptes  et  dépenses  du  dessèchement 
du  lac  des  Echets. 

1561.  —  Guillaume  Langlois,  commis  au  revenu  des 
terres  autrefois  occupées  par  le  lac.  Com- 
mission du  28  avril. 

15G8-77.  —  Jacques  Gabet  et  Antoine  d'Antin,  capitai- 
nes ((  des  echets  »  et  gardiateurs  du  lac. 

1578-82.  —  Antoine  d'Antin. 

(1)  In  exituayarum,  videlicet  nemorum,  collectarum. 


136 

FoiSSIAT. 

1313-23.  —  Vifrecl  Malemain,  châtelain. 
1338-39.  —  Jean  de  Félin,  chevalier,  châtelain. 

Gex. 

Avtl342. —  M  élan  Gasterand^  signalé  comme  prédé- 
cesseur immédiat  du  suivant. 

1342-43.  —  Nicolas  Serand. 

1353-54.  —  Aymon  de  Pont-Vitry  (Pontverre),  damoi- 
seau, seigneur  d' Aigrement,  ancien  bailli 
de  Gex. 

1353-54.  —  Bertrand  Carrigat. 

1353-57.  —  Pierre  Chasal,  damoiseau,  receveur  de  la 
seigneurie  de  Florimont-lez-Gex. 

1355-70.  —  Jacques  Mareschal,  chevalier,  châtelain. 

1368-72.  —  NycodTaveau,spécialementpour  Florimont. 

1370-77.  —  Aimon  de  Chatillon  dit  Bouchard,  seigneur 
de  Saunas,  chevalier. 

1377-82.  —  Thomas  Orselli,  de  Pignerol,  secrétaire  du 
comte  de  Savoie. 

1382-89.  —  N.  Jacques  de  Ravoire,  de  Montmélian. 

1389-1426.  —  N.  et  puist  seigneur  Boniface  de  Challant, 
chevalier  seigneur  de  Ferney.  Lettres  du 
26  juillet. 

1401-15.  —  Georges  Palluol,  administrateur  des  deniers 
des  judicatures  ,  c'est-à-dire  provenant 
du  grand  et  du  petit  sceau. 

1416-17  et  24-25.  —  Raymond  d'Orsières,  id.,  id. 

1426-41.  —  Boniface  et  Amédée  de  Chalant,  fils  et  hé- 
ritiers de  n.  et  puist-  seigi'  Boniface  de 
Challant. 


137 

1432-43,  —  Gérard  Bourgeois  de  Challex,  receveur  des 

reconnaissances    et   des  extentes   de  ]a 

châtellenie.  Lettre  du  6  février. 
1442-48.  —  Christophe  Boniface,  de  Genève. 
1444-51.  —  Jacques  Nicod,  vice-châtelain. 
1448-51.  —  Guillaume  de  Villarsel,  châtelain  (pour  mes- 

sire  Antoine  des  Prés,  évêque  d'Aoste, 

alias j  évêque  de  Maurienne  (1451). 
1451-57.  —  Antoine  Boulemier  (Bolomier,  Bolomerii) 

(Lettres  du  16  mars  jusqu'au  jour  où  le 

comte  de  Danois  prit  possession). 
1466.  N.  Jean  de  Genton,  châtelain  provisoire  de 

Gex, revendu  parDunois  au  duc  de  Savoie. 
1466-82.  —  N.  et  puissant  Pierre  Bonnivard,  seig^'  de 

Barre. 
1483-87.  —  N.  François-Louis  de  Belletruches. 
1485-87.  —  Egrèges  Mermet  Michaud,  Nicod  de  Ser- 

gier  et  Claude  de  Crosa,  receveurs   des 

extentes. 
1493-99.  —  Messire  Pierre  ou  Petrequim  (l)de  Pesmes, 

châtelain  de  Versoix,  réuni  à  Gex  par 

Blanche  de  Savoie. 
1499-1504.  —  Antoine  de  Belletruches,  conseiller  ducal. 
1525-27.  —  N.  François  de  Laconay,  châtelain, fermier 

et  accensateur  de  Gex  pour  3  ans. 
1601.  Messire  Jean  de   Beau-Château,  au   nom 

d'Henri  IV. 

GOURDANS    EN    VaLBONNE. 

1357-60.  —  Guillaume  Pasquier. 

1415-19.  —  Pierre  Gabet,  notaire,  reC'de  la  châtellenie. 

(1)  Diminutif  allemand  de  Pierre. 


138 

1419-25.  —  Guillaume  Rigaud,  châtelain. 

1426-27.  —  Nicollet  duMollars. 

1427-29.  —  Antoine  Chevalier. 

1429-51.  —  Guillaume    Rigaud,    écuyer    d'hôtel    du 

Prince  du  Piémont  (Lettres  du  26  août). 
1451-54.  —  Nobles    Hugueuin  de  Genay  et  Aymone 

de  Sele,  sa  femme,  établis  pour  leur  vie 

naturelle  seulement  et  pas  au-delà.  (Ad 

eorum  vltam  naturalem  duntaxat  et  non 

ultra.) 
1454-71.  —  ClaudedeMontferrand, capitaine, châtelain. 
1471-79.  —  Messire  Humbert  de  Montluel,  chevalier, 

seigneur  de  Chautagne  et  de  la  Crête, 
,  chambellan  et  châtelain  pour  Janus  de 

Savoie. 

1480-84.  —  Boniface  de  Challant,  capitaine- châtelain, 
(pour  Janus  de  Savoie). 

1484-86.  —  Le  même  et  Jacques  de  la  Croix,  écuyer. 
1493-95.  —  Jean-François  Champion,  écuyer  ducal. 
1495-99.  —  N.  Alexandre  du  Puits,  pour  le  duc^  puis 
pour  le  bâtard  René  de  Savoie. 

'  1503.  N.  Jean  Mouton      /  pour  Marguerite  d'Autnche  veuve 

1504.  N.  Antoine  Vaermy)        de  Pliilibert-le-Beau. 

Groslée 

1442-43.  —  Manfrcd  Besson  (Beczon),  ancien  maître 
de  la  Chambre  des  Comptes. 

1443-49.  —  Philibert,  bâtard  de  Gerbais,  par  lettres  du 
2  juillet. 

1449-52.  —  Manfred  Besson  (Beczon),  par  lettre  du 
11  juin  1448. 


1316-17. 


J39 

Jasseron. 

1304-5.  —  Guyon  de  Lornay. 
1305-7.   -  Vilfred  de  Cliaunay. 

,  Jean  Benard. 
1307-15.  —  ,  Hurabert  de  Luyrieu. 
'  Etienne  de  Challes. 

{  Humbert  de  Rocsoselle. 
(  Je,m  Renard. 

1318.  Jean  Cornu  et  Jean  Mareschal  de  Mont- 

merle, 

,  Jean  de  Mairay. 
1319-23.  —     Hugonet  de  Gramont. 
(  Berlion  de  la  Mar. 

1323-30.  —  Perronin  d'Estrée. 

1348-49.  —  Etienne  de  Fromentes,  écuyer,  par  lettre 

du  13  juillet. 
1349-50.  —  Jean  de  Jailleron,  damoiseau. 
1350-51.  —  N.  Pierre  de  Salle. 

1351-52.  —  Amédée  Le  Roux,  de  St-Rambert,  damois. 
1351-53.  —  Guillaume  de  Saix,  damoiseau. 
1353-54.  —  Guill'^  de  Saix  et  Pierre  de  Salle  (succesr). 
1354-55.  —  Pierre  de  Salle,  écuyer. 
1355-56.  —  Girard  Bertliod,  damoiseau. 
1356-57.  —  Henri  de  Sachin,  damoiseau. 
1357-62.  —  Perronin  d'Estrée. 
1363-64.  —  Jean  de  Vullafin. 
1364-71.  —  Hurabert  Julien,  damoiseau. 
1371-78.  —  Humbert  de  Langes. 
1378-80.  —  Messirc  Josserand  de  Saix,  chevalier  (pour 

Amédée  fils  du  comte). 
1380-92.  —  Claude  de  Saix. 


140 

1392-98.  —  Pierre  d'Entremont,  du  Bourget,  pour  la 
comtesse  Bonne  de  Bourbon. 

1398-1439.  —  Guillaume  de  Geuost,  écu)'er  (pour  le 
comte).  Lettres  du  14  février. 

1439-62.  —  N.  N.  et  puissants  hommes,  messire  Eus- 
tache,  chevalier,  et  Louis,  seig''  de 
Genost,  fils  du  précédent. 

1446-47.  —  Guillaume  Bernard,  commis*^  aux  extentes. 

1458.  —  Jean  Veuorin,  vice-châtelain. 

1459.  —  Jean  de  Verrozet,  vice-châtelain. 
1466-83.  —  N.  Louis  de  Genost,  seig''  de  Chille,  châ- 
telain de  J.  et  de  Saysseriat. 

1483-1503.  —  N.  Antoine,  chevalier,  seigi'  ^q  Genost, 
pour  Philippe  de  Savoie. 

1505-30.  —  N.  et  puissant  Sibuet  de  la  Balme,  seig"*  de 
Ramassiat  et  de  Charançonnay,  capi- 
taine et  grand  châtelain  (pour  Marguerite 
d'Autriche). 

1563-65.  —  Antoine  Boisset,  fermier  de  la  châtellenie 
pour  Son  Altesse. 

Lent. 

1378.  N.  Guillaume  de  Mal  val,  châtelain  (pour 

Amédée  de  Savoie,  fils  du  comte), 

LOMPNES. 

1272.        —  Pierre  et  Etienne  Arlaud  frères. 

1281.        —  Pierre  de  Co  |uino,  châtelain  de  Lompnes 

et  de  Saint-Rambert. 
1301-5.     —  Pierre  Chaîne  (Cathene). 
1305-10.  —  Guichard  Ponsard. 
1316.        —  Jean  Mareschal. 


141 

1317-18.  —  Guichard  Ponsard. 

1318-19.  —  Perrenet  de  Chcâtillon. 

1322-26.  —  Aymon  de  la  Chambre. 

1328-32.  —  Amédée  Ponsard. 

1332-36.  —  Hugues  de  Felinz. 

1336-38.  —  Jean  de  Félins,  fils  du  précédent,  damoiseau. 

1338-39.  —  Constantin  de  Jaillon,  damoiseau. 

1340-41.  —  N.  Hugues  de  Boisselle,  chevalier. 

1341-50.  —  Mamfroid  de  Ruotte,  k.mbard   (emprunt). 

1343-44.  —  Humbert  de  Corgeron. 

1346-47.  —  Aymon  Cocus  de  Nantua,  damoiseau. 

—       —  Jacques  Prévôt. 
1350-51.  —  Antoine  et  François  Prévôt,  ses  fils. 
1351-52.  —  Pierre  de  Salle,  chevalier. 
1353-55.  —  Philippe  de  Juys,  chevalier. 
1354-55.  —  Lancelot  de  Châtillon. 
1356-57.  —  Hambert  de  Châtillon,  damoiseau. 
1367-69.  —  Jacquemet  de  Chongiat. 
1424-51.  —  Aymon  de  Beauvoir. 
En  1342-44.  —  Guichard  Ponsard  lui  est  associé. 

LOYES. 

1423-24.  —  N.  Antoine  Rigaud  de  Rossillon. 
1425-29.  —  N.  Louis  Fran(.ois,  écuyer. 
1429-32.  —  N.  François  dit  l'Ane  de  Lange. 
1481-84.  —  Georges  deMenthon. 
1485-1500.  —  Pierre  Châtelain,  receveur   de  la  chatel- 
lenie  (pour  René,  bâtard  de  Savoie). 

LOYETTE. 

1360-6L  —  Egide  d'Arlo,  chevalier. 
1372-93.  —  François  Camus,  de  Chenay. 


142 

1415-19.  —  Pierre  Gabet. 

1419-31.  —  Pierre  de  Cheynay,  dit  Camus,  damoiseau. 
1431-39.  —  N.  Gilet  d'Arloz,  seigneur  de  Servette. 
1439-43.  —  N.  Philibert,  bâtard  de  Gerbais   (Lettre  du 

13  aoiit,  Ripailles) . 
1451.        —  N.  Henri  de  Gouilliona,  écu3^er.  28  mai. 
1453-55.  —  Pierre  Masuyer. 

Prend  possession  à  main  armée  comme  bailly  de 
Bugeij  ;  il  en  chasse  Jacc[ues  de  Seyssel  et  autres 
partisans  de  Samuel  de  Sarast  et  gens  serviteurs  de 
quelques  nobles  de  Savoie,  lesquels  avaient  escaladé  le 
clf^teau  et  en  avaient  chassé  le  bâtard  de  Villars  qui 
le  tenait  au  nom  du  sire  de  Volverd  et  du  Dauphin. 
(Puis  lettres  du  14  juillet  1454.) 
1467-72. —  Jean  Constantin,  notaire  (pour  Marguerite 

de  Bourbon). 
1478-97.  —  Antoine  Régnât,  dit  Alanette,  de  Peroges 

(pour  le  même). 
1513-15.  —  N.  N.  Jean  Dubois  et  Claude  Mathey. 
1518-21.  —  N.  N.  Claude  Mathey  et  Franc.  Dumolar. 

Marboz. 

1322-28.  —  Berthet  de  Hoperatorio  (do  l'ouvroir). 
1334-35.  —  Guillaume  Ceci,  de  Nanlua. 
1343-44.  —  Etienne  Chalard,  chevalier. 

Matafelon. 

1414-32.  —  N.  André  de  Moyria,  damoiseau. 

1432-35.  —  N.  Jean  Moyssard  de  Mat;ifelon. 

1435-45.  —  Alexandre  Guddot. 

1445-59.  —  N.  Parceval  Moyssard. 

1455-73.  —  N.  et  puissant  Georges  de  Chàteauvieux. 


143 

1473-78,  —  N.  x\ndré  Bonard,  prévost  des  marescbaux, 
capilaiue  de  Montréal ,  châtelain  (  pour 
Yolande). 

1478-90.  —  Georges  de  Château  vieux  (  pour  Blanche 
de  Savoie). 

1490-94.  —  Guyon,  seig""  de  Châteauvieux  (pour  Blan- 
che de  Savoie). 

1404-96.  —  N.  Philibert  Arestelle  (  pour  Blanche  de 
Savoie). 

1496-1501.  —  Guyou  de  Châteauvieux  et  de  Verjon 
(pour  Blanche  de  Savoie). 

1502-06.  —  N.  Antoine  de  Cordon. 

1506-32.  —  N.  N.  et  puissants  seigrs  Claude  et  Phili- 
bert de  Châteauvieux,  fils  et  héritiers  de 
Guyon  ,  châtelains  (pour  le  duc). 

1532.        —  Claude  Reydelet. 

1535-37.  —  Jean  Domenget  (pour  le  roi  de  France), 

1540-58.  —  Claude  Reydelet,  fils  d'honorable  et  sage 
homme  Me  Claude  Reydelet,  châtelain. 

MlRlBEL. 

1355-59.  —  Amblard  de  la  Balme  dit  de  Fromente. 
1359-63.  —  Jean  de  Palacio,  dit  Guers,  damoiseau. 
1363-78.  —  Guyon  Ferlay,  écuyer. 
1378-83.  —  Guyon  Ferlay,  fils  du  précédent. 
1383-89.  —  Jean  de  Lenthenay,  alias  Lentenay. 
1389-74.  —  Heniide  Villette,  dit  Charbuclé,  damois. 
1395-98.  —  N.  et    puissant   Guillaume  de  Corgeron, 
chevalier  (1),  seigi'  de  Chaumont. 

(1)  Son  compte  est  rendu  à  Chambéry,  par  un  juif  Moïse 
de  Costa. 


144 

1398-1436.  —  Heori  de  VilleUe,  damoiseau  (1). 

1403.        —  Guillaume  Escoffier,  receveur  des  extentes. 

1437-49.  —  N.  Jean  Guj^ot  dit  de  la  Garde. 

1449-53.  —  Le  même  et  Jean  dit  de  la  Garde,  son  fils, 
nommé  son  coadjuteur  avec  promesse  de 
succéder  au  titulaire  après  sa  mort;  il  est 
bientôt  tout  seul. 

1454-66.  —  N.  Guillaume  de  la  Balme  dit  Morellet, 
écuyer  du  duc  de  Savoie ,  capitaine  et 
châtelain  ((  dum  benefecerit  ». 

1466-71.  —  N.  Philibert  de  la  Balme,  chevalier,  seig^ 
de  Perés,  fils  du  précédent  et  de  noble 
Louise  Genost  sa  mère  (  9  août  1466). 

1471-72.  —  N.  François  de  Briord,  capitaine,  châtelain 
(pour  Philippe  de  Savoie), 

1472-74.  —  Georges  de  Varax,  receveur  de  tous  les  re- 
venus de  la  châtellenie  qui  lui  sont  en- 
gagés à  concurrence  d'une  somme  à  lui 
due  par  le  comte  de  Bagé. 

1474-78.  —  Noble  et  puissant  homme  Gaspard  de  Chan- 
dey,  seigr  de  Versailleux  et  du  Châtel. 

1483-86.  — ,  capitaine  châtelain. 

1487-92.  —  Guyon,  seigneur  de  Châteauvieux. 

1494-95.  —  Guillaume  de  Corgeron,  chevalier,  sei- 
gneur de  Chaumont  (Pat.  du  24  novem- 
bre. Le  juif  Moïse  Costa  est  receveur.) 

1496-150L  —  Guyon  de  Châteauvieux  et  Jean  Oriol, 
seigr  de  Challes,  gouverneur  de  Bresse. 

1502-5.    —  Jean  Oriol^  seigneur  de  Challes. 

(1)  11  avait  pour  lieutenant  dans  les  dernières  années  noble 
Jean.  Guyot,  dit  la  Garde. 


145 

1505-25.  —  Laurent  de  Gorrevod  (magnifique  seig'^), 
chevalier,  baron  de  Monta gney,  grand 
châtelain  pour  le  duc,  puis  pour  Margue- 
rite d'Autriche. 

MONTDIDIER. 

1407-8     —  Gauthier  de  Ville,  assençateur. 

1415-39.  —  N.  Hugues  d'Oyonnax,  damoiseau. 

1439-46.  —  Guyon  Collomb. 

1446-50.  —  Gauthier  de  Ville,  lieutenant  du  précédent. 

3450-51.  —  Guillaume  de  Luyrieu,  chevalier,  seigneur 
de  la  Cueille. 

1451-54.  —  Gauthier  de  Ville,  châtelain. 

1454-68.  —  Guillaume  de  Luyrieu. 

1470-71.  —  llumbert  de  Luyrieu,  chevalier,  seigneur 
de  la  Cueille  ;  dans  yes  patentes  est  qua- 
lifié consanguineus  de  Philippe  de  Sa- 
voie, seig'"de  Bagé. 

1471-74.  —  N.  Jean  Magnien  (20  novembre  1471). 

1474-77.  —  N.  Pierre  Bernard. 

1477.  —  

1478.  —  Amédée  de  Scey. 

1480-81.  — (Le  nom  manque). 

1482-1504.  —  N.  Jean  Oriol,  seigneur  de  Challes. 
1505  11.  —  Puissant    seigneur  Laurent  de  Gorrevod, 

baron  de  Montagny,  gouverneur  et  bailli 
de  Bresse. 
1512-33.  —  Philibert  Guigonard. 

MONTLUEL. 

1355-56.  —  N.  Jean  de  St- Amour,  bailli  de  Valbonne. 
1356-57.  —  P.  deGrengiat,chcvalier,bainide  Valbonne. 


146 

1359-63.  —  Aymon   de   Rougemont,  damoiseau,  bailli 

de  Valbonne. 
1363-71.  —  Janiard  Pro varia,  chevalier,  id.  id. 
1371-73.  —  N.  Pierre   d'Estrées,    clievalier,    bailli    et 

châtelain . 
1373-1412.  —  N.  Jean   de  Grangiat,  chevalier,  bailli  et 

châtelain  (40 ans). 
1413-17.  —  Ses  héritiers,  Antoine  et  autres. 
1417  22.  — N.   et   puissant  seigneur   Louis  Ravoire, 

seigneur  de  Gerbais,  bailli  et  châtelain. 

1422-24.  —  N.  Humbertde  Seyssel,  seigneur  de  Bar- 
jact,  écuj'er  et  consanguineus  du  duc, 
bailli  et  châtelain. 

1424-26.  —  François  d'Annecy,  de  Lagneux,  damoi- 
seau, bailli  et  châtelain. 

1427-29.  —  N.  Claude  Oriol,  dam.,  bailli  et  châtelain. 
1429-36.  —  N.  et   puissant  seigneur   Louis  François, 

seigr  heremorum,  alias  allemorum,  bailli 

et  châtelain. 
1436-39.  —  N.  et  puissant  homme  Lancelot,  seigneur 

de  Lagnieux,  bailli. 
1339-40.  —  Humbert  de  Grux. 
1448-44.  —  N.  et  puissant   Louis  Fi-ançois,  chevalier, 

seigneur  des  Abymes,  bailli  et  châtelain. 
1444-49.  —  N.  Jean  de  Lornay,  seigneur  dudit  lieu, 

capitaine  et  châtelain. 
1449-50.  —  N.  et  P.  Jean  de  Montluel,  seigneur  de 

Ghautagne,  chevalier,  conseiller  et  bailli. 

1450-51.  —  N.  Jean  de  Lornay. 

1451-54.  —  N.  Louis  François,  chevalier,  etc. 

1454-61.  —  N.  Jean  de  Lornay. 

1466.        —  N.  Antoine d'Aurilliac. 


147 

1467-69.  —  N.  Odel  de  Cliandieux,  seigneur  de  Vas  • 
sailleux,  écnyer,  bailli  et  châtelain. 

1471-85.  —  Boniface  de  Chaland,  chambellan,  conseil- 
ler, bailli  et  châtelain,  seig»'  de  Retorton. 

1485.        — (Nom  en  blanc). 

1486-87.  —  N.  Michelet  de  Montgilbert. 

1483-89.  —  N.  seigneur  Jean  de  Grangiat,  chevalier, 
bailli  et  châtelain. 

1497.  —  N.  et  puissant  Guillaume,  seigneur  de  Ge- 
lerie,  conseiller,  chambellan. 

1502-29.  —  Etienne  Chevrier,  camérierde  Savoie, bailli 
et  châtelain. 

1526-28.  —  Compte  particulier    de    Raymond    Colin, 
maître  de  la  Monnaie  de  Montluel. 
Id.,  de  Jacques  Sabatier^  maître  par  lettre 
du  12  septembre  1527.  40  feuillets. 

1440-41.  —  N.  homme  François  Rubat. 

1449-54.  —  N.  Balthazar  Rubat. 

MONTMERLE. 

1341-42.  —  Sire  Jean  de  Saint-Amour,  bailli  de  Savoie. 

1380.  —  Pierre  de  Marmont,  damoiseau,  frère  et 
héritier  de  n.  seigneur  Jean  de  Marmont, 
naguère  châtelain  et  capitaine  de  Mont- 
merle  (13.  .-1380),  à  la  place  de  qui  il  a 
été  nommé  pour  tout  le  temps  que  le 
comte  sera  en  guerre  avec  le  seigneur  de 
Baugé  (2  juin  1380). 

1403-04.  —  N.  et  puissant  Jean,  seigneur  de  la  Cham- 
bre, bailli  de  Savoie. 

Montréal. 

1414-25.  —  N.  Guillaume  Genost,  damoiseau. 
1418-19.  —  Bachillard,  receveur  des  extentes. 


148 

1424-25.  —  Faciot  Blanc,  clavaire. 

1425-39.  —  Aynard  de  Beaumont. 

1439-49.  —  N.  Philibert  d'Aurilliac  (d^Orlier  ?)  de 
Naiilua,  capitaine  et  châtelain. 

1449-50.  —  N.  Jacques  d'Avanchiaz,  capit.  et  châtelain. 

1450-51.  —  N.  Philibert  d'Aurilliac. 

1451-53.  —  N.  Jacques  d'Avanchiaz. 

1455-89.  —  N.André  Bonard^  écuyer,  capit.,  châtelain. 

1489-1510. —  Hugues  de  Luyrieux,  seigneur  de  Vele- 
rie,  capitaine. 

1537-42.  —  Jehan  Dommanget,institué  par  François  I^r. 

1543-05.  —  Claude  Picard. 

1546-47.  —  Jehan  Branche,  commis  du  précédent. 

1548-51.  — Jacques  Molesni. 

1552.        —  Gonin  Guerin. 

1559.        —  Claude  Rambert. 

1563-65.  —  Antoine  Clianu,  Loys  de  Lilia  et  Jehan 
Branche,  co-fermiers  d'une  tierce  part 
chacun  dans  des  mandements  de  Mont- 
réal et  Matefellon. 

MoNTRmOUD. 

1415-18.  —  Pierre  Frechet,  de  Joyaz,  notaire,  receveur 
du  château  et  mandement  de  M. 

Nantua. 

1307-08.  —  Martin  de  Châtillon  et  Aymon  son  fils,  rec- 
teur au  vicariat  de  la  terre  de  Nantua. 

Ordonnaz. 

1338-41.  —  Martin  Fabre. 

1343-44.  —  Thomas  de  Langres,  chevalier. 


149 

1352-54.  —  Renaud  de  Longecombe. 

1357-63.  —  Jean  Ravaysy,  docteur  eu  lois,  cliev.  (1). 

1363-78.  —  Jean  Layset,  de  Latigny. 

1380-82.  —  Aymonet  Rigaud,  citoyen  de  Belley. 

1382-83.  —  François  de  Beaumont,  damoiseau. 

1383-89.  —  Petreman  Ravoisy,  damoiseau. 

1389-90.  —  N.  François  de  Sarraval,  damoiseau. 

Nota.  Depuis  1391,  cet!e  châlellenie  est 
réunie  à  celle  de  Rossillon. 

Perouges. 

1355-62.  —  Henri  de  la  Balme,  chevalier. 

1372-64.  —  Guillaume  de  Calomonte. 

1365-67.  —  Egide  de  Ario,  chevalier. 

1366-75.  —  Guillaume   de    Calmonte   (  Chaumont    ou 
Chalamont  ). 

1375-1409.  —  Jean  Mareschal,  chevalier. 

1409-21.  —  Etienne  de  Buxy,  Damoiseau. 

4421-24.  —  Marguerite  de  Buxy,  fille  d'Etienne  et  fem- 
me de  Guillaume  Lyobard. 

1424-26.  —  Henii  Gillet,  damoiseau. 

1426-35.  ~  Guillaume  de  Malacalle  (MaWaux)  ? 

1435-44.  —  Guillaume  Lyobard. 

1444-47.  —  Noble  homme  Pierre  Du  Puis  (de  Puiheo) 
bourgeois  de  Montlucl. 

1447-54.  — •  N.  Antoine  de  Lyans. 

1454-66.  —  N.  Humbert  Fabry,  de  Perouges. 

1466-74.  —  N.  et  puissant  seigr  Pierre  de  Chissey 
(de  Chifisiaco),  seigi'  de  Châtillon  de  la 
val  d'Aoste,  capitaine  et  châtelain  (pour 
Philippe  de  Bresse). 

(1)  Chevalier  eu  61,  63. 


150 

1475-1504.  —  Etienne  de  Laya. 

1504-OG.  —  Les  héritiers  d'Etienne  de  Laya. 

1506-10.  —  Etienne  de  Laya. 

1510-14.  —  Antoine  de  Laya,  fils  d'Etienne,  précédent 

châtelain. 
1514-15.  —  François  Mareschal,  seigi'  de  Miximieux. 
1515-18.  —  Les  héritiers  d'Etienne  de  Laya. 
1518-30.  —  Magnifique  et  puissant  François  Mareschal, 

seigr  de  Meximieux,  grand  châtelain. 
1531-32.  —  N.  Georges  Trouillet. 
1532-34.  —  Benoît  Vernatet. 
1537-41.  —  Noble  homme   Guillaume    Turrel    (pour 

François  I-^'). 
1541-44.  —  Antoine  de  la  Cua. 
1544-47.  —  Noble  homme  Jean  Dommanget. 
1551-54.  —  Charles-Philibert   de  la  Chambre ,    grand 

châtelain. 

Pierre  Chatel. 

1346  47.  —  Michel  Boutzein. 

1351-52.  —  Etienne  Mistralis. 

1352-59.  —  Jean  Ravaysy  doct.  es  lois,  chevalier   (1). 

1359-63.  —  Jean  Fardel  de  Cou,  damoiseau. 

1363-64.  —  Pierre  de  Claux,  damoiseau. 

1373-75.  —  Pierre  Poncet. 

1380-83.  —  Amédée  Malet. 

1383-84.  —  Pierre  de  Claux. 

1383-90.  —  Mermet  Rouget,  de  Belloy,  secrétaire  du 

comte  de  Savoie. 
1390-96.  —  Jacques  Bouczanis,  damoiseau. 
1395-1406.  —  Guigon  de  Notages,  damoiseau. 

(1)  Manassés,  juif;  pûager^  1355,  58,  59. 


151 

1406  12.  —  N.  Amblard  Gerbais,  mistral  de  Rochefort, 
de  Bellev  et  de  la  Chartreuse. 

1412-18.  —  Guigon,  Jean,  Amblard,  Urbain  Gerbais, 
fils  du  précédent. 

1465  67.  —  Pierre  du  Port,  fermier  du  péage. 

PoNCiN,  Cordon,   Barri  et  Beauvoir. 


r 

& 


1362-63.  —  François  de  Longecombe,  damoiseau,  seig 

de  Tuey. 
1402-05.  —  François  de  Compeys,  écuyer,  capitaine, 

de  Poncin. 
1405-06.  —  François  Lyons,  receveur. 
1423-30.  —  Noble  homme  Claude  de  la  Baume  (  de 

Poncin). 
1424-34.  —  Jean  Veysie  (de  Cordon  et  Barri). 
1430-33.  —  Eudes  Bonateri  de  Cormano,  receveur  et 

cellerier  (de  Poncin). 
1434-37.  —  Noble  homme  Antoine  Cavalier. 
1437-57.  —  Amédée  d'Avrilly,  receveur  et  cellerier  (de 

Poncin). 
1457-59.  —  Honorable   personne   Humbert  de  Pingon, 

secrétaire  ducal  (22  septembre). 
1459  69.  —  Pierre  Veysie. 
1469-71.  —  Antoine  Billions. 

1471-73.  —  Philibert  de  La  Palud,  seigi"  de  St-Julien. 
1473-74.  —  N.  Etienne  de  Bongain  (boni  lucre). 
1474-75.  —  N.  Etienne  de  Breuil  (18  novembre)'. 
1475-78.  —  Laurent  RoUin. 
1478-88.  —  Pierre  Bordes,  secrétaire  ducal. 
1488-93.  —  Antoine  Bérard,  de  Neuville. 
1464-99.  —  N.  Jean  Billions. 
1500  02.  —  N.  Claude  Brun. 


152 

1502.       —  Le  même  et  Humbert  Boissier 

1505-08.  —  Le  même  seul. 

1509.        —  Philibert  Briczand,  constitué  pour  un  an. 

1518-23.  —  Claude  Brun. 

1530-33.  N.  Etienne  Clerc. 

Pont-d'Ain. 

1303-04.  —  Guillaume  Musi. 

1305.        —  Guillaume  Epoisse. 

1305.        —  Guy  de  Les  Clauz. 

1305.       —  Guillaume  de  St-Cyr. 

1305-06.  —  Guillaume  d'Epoisse  qui  avait  été  mis  à  la 

tête  d'une  compagnie  d'hommes  d'armes 

pour  défendre  la  ville. 
1305-06.  —  Hudry  de  Testière  (de  Testeria),  receveur 

de  la  fortification  de  Pont-d'Ain. 
1306-07.  —  Perret  Bel. 
1307-00.  —  Perret  de  St-Oyan  (Eugendi). 
1309-12.  —  Hugonnet  de  la  Balmei 
1312-19.  —  Guillaume  d'Oncieu. 
1319-20.  —  Perronetde  Cognin  (Cognino). 
1320-21.  —  Guillaume  d'Oncieu. 
1321-25.  —  Thomas  de  Langes,  damoiseau. 
1325.       —  Jaczod  de  la  Motte. 
1325-27.  —  Pierre  de  Genos,  chevalier. 
1327-28.  —  Galois  de  la  Balme,  chevalier. 
1328-32.  —  Pierre  de  Genos,  chevalier. 
1332.        —  Edouard  do  Corgeron,  chevalier. 
1332-49.  —  Jean  Bérard,  dit  Cusin. 
1339-40.  Sandy  Pharofli  et  Bernard   Robert  son  valet, 

maître  des  monnaies  de  Pont-d'Ain. 
347-49.  —  Pierre  Fournier,  péager  et  pontonnier,  de 

Pont-d'Ain. 


153 

1349-52.  —  Bonnacorsi,  de  Florence,  111°  de  la  monnaie 
de  Pont-d'Ain. 

1349-51.  —  Amédée  Rnffin,  de  St-Rambert. 

1350-60.  —  Jean  de  Doncieux,  clerc,  garde  et  receveur 
des  vins  et  provisions  de  comte  à  Pont- 
d'Ain. 

1351-53.  —  Jean  Bérard. 

1352.  —  Jean  de  Marboz,   clerc,  régisseur  (rector) 

des  forêts  et  étangs  des  baillages  de  Bres- 
se, du  revenu  des  glands  de  la  garde  des 
étangs,  et  de  l'artillerie  du  comte. 

1353.  —  Bertrand  de  Saxo,  chevalier. 

1354-55.  —  Bonnacorsi,  de  Florence,  m'=  des  monnaies. 

1354-56.  —  Pierre  de  Genos,  chevalier. 

1356-58.  —  Jean,  bailli  de  Villars,  damoiseau. 

1358-61.  —  Gui,  vicomte  de  Baldisset,  damoiseau. 

1361-62.  —  Jean  des  Bordes  (Bordellis). 

1362-75.  —  Bonnacorsi,  de  Florence. 

1375-77.  —  Philippe  Baroncelle,  de  Florence.  (Lettres 
d'institution  sont  datées  de  Bourg,  24 
octobre.) 

1375-80.  —  Sibuet  Briord  ,  damoiseau  ,  commissaire 
pour  administrer  les  biens  de  Bonnacorsi 
qui  a  quitté  les  Etats  en  cachette  sans 
rien  dire  à  personne). 

1375-83.  —  Rolet  de  Feyssigniat,  damoiseau. 

1383.        —  François  de  Beaumont,  damoiseau. 

1383-84.  —  Guigon  Ravaisy,  damoiseau. 

1385-1403.  —  Guillemet  de  la  Forêt,  damoiseau. 

1403-30.  —  N.  Claude  de  Saxo. 

1430-38.  —  Jean  de  Saxo,  écuyer,  fils  du  précédent. 

1438-40.  —  N.  et  puissant  seig^  Louis  François,  che- 
valier, seigf  Aremorum,  capit.  et  chat. 


154 

1440-43.  —  N.  Jean  Lyobard  le  jeune,  secrétaire  du 

duc,  capitaine  et  châtelain. 
1443-51.  —  N.  Antoine  de  Châtillon,  écuyer,  capitaine. 
1451-52.  —  Noble  homme  Czie  Jeannin,  écu3"er. 
1452-65.  —  N.  homme  Humbert  Barmey,  capitaine  et 

châtelain. 
1466-75.  —  N.  homme  Jean  Wagnion    (des  seigneurs 

de   Truffarel,  écuyer,  maître   d'hôtel  de 

Philippe  de  Savoie,  comte  de  Bresse). 

(Châtelain,  12  août  1466.) 
1475-84.  —  N.  homme  Hugues  de  la  Forêt,  capitaine 

et  châtelain. 
1484-90.  —  Jean  Aycard,  lieutenant  de  Hugues   de  la 

Forêt. 
1490-1530.  —  Hugues  de  la  Forêt. 
1530-33.  —  Ses  héritiers. 
1533-35.  —  Jean  Morel. 

1549.        —  Jean  Du  Moulin,  capitaine  (pour  le  roi). 
1555-57.  —  N.  Du  Moulin,  seigneur  de  Maison  Neuve. 

(Probablement  le  même.) 
1563-65.  —  Guillaume  Baudet,  fermier  des  revenus. 

Pont-de-Vaux. 

1264.        —  Bertrand  d'Onciaz,  chevalier. 

1275.        —  Jean  Chenel,  receveur. 

1275.        —  Arduyn  de  Sala. 

1285-86.  —  Barthélémy  Silvestre. 

1286-87.  —  Aymar  do  Bardonesca,  juge  de  Bagé. 

1287.        —  Guespet  de  Varax. 

1288-93.  —  Guigonet  de  Saint-Germain. 

1294.        —  Hugonet  de  Châteauneuf. 

1294-96.  —  Hugonet  Medici. 


155 

1296-99.  —  Guifred  de  Chaney. 

1300.        —  Joffroy  Guiot. 

1300-18.  —  Guigon  de  Saint-Germain,  chevalier. 

1324-25.  —  Pierre,  seigneur  de  Châtillon,  damoiseau. 

1325-27.  —  Thomas  de  Langres. 

1327-30.  —  Jean  Loup. 

1348-49.  —  Amédée  Macet  de  Pont-de-Veyle,  damoi- 
seau, institué  par  le  comte  Amédée  de 
Savoie,  le  28  juillet,  jour  de  la  fête  de 
Blanche  de  Bourgogne  qui  le  tenait  en 
douaire. 

1349-51.  —  Jean  Berard  dit  Cusin,  damoiseau. 

1351-56.  —  Pierre  de  Crangy,  chevalier. 

1355-59.  —  Jean  de  Saint-Amour,  chevalier. 

1359-64.  —  Pierre  de  Crangy. 

1364-76.  —  Anterinet  de  Montferrand. 

1376-96.  —  Sibuet  de  Briord,  damoiseau. 

1396-99.  —  N.  et  puissant  seigneur  Jean  de  la  Baume, 
chevalier,  seigneur  de  Valuffin  et  de 
l'abergement. 

1399-1402.  —  Guionet  de  Saint-Amour,  damoiseau. 
1402-11.  —  N.  homme  Jocerand  Trépier  de  Châlon. 
1407-1433.  —  Philibert  Vallier  (commissaire    pour  re- 
construire le  moulin). 
1411-30.  —  Bertrand  Mellin,  écuyer. 
1422-30.  —  Bertrand  et  Guillaume. 

1430-66.  —  N.  homme  Guillaume  Mellin,  du  vivant  de 
son  père.  (Pendant  ce  temps,  1422-30, 
son  frère  Bertrand  était  commissaire 
pour  la  reconstruction  d'une  halle  neuve.) 

1444-48.  —  Prudhomme  GuiHaume-Garccl  (notaire  et 
commissaire  pour  les  limites). 


156 

14oG-74.  —  Pierre  de  Frassia  (maître  d'hôtel  de  Phi- 
lippe de  Savoie,  comte  de  Bresse  et  par 
lui). 

1474-1511. —  Antoine  de  Rossillon,  chevalier,  seigneur 
de  Beauretour  (conseiller,  maître  d'hô- 
tel, ca])itaine  et  châtelain). 

1512-19.  —  Laurent  de  Gorrevod,  baron  de  Montaney, 
gouverneur  et  bailli  de  Bresse. 

Pont-de-Veyle. 

1301-7.    —  Molard  de  Gileria,  damoiseau. 

1308.        —  Mermet  Cadoud. 

1324-26.  —  Guillaume  Prévôt. 

1326-27.  —  Humbert  de  Langres,  chevalier. 

1327-29.  —  Jean  de  Tournoux  (de  Tournus),  damois. 

1329-30.  —  Laucelot  de  Chaudia  (Cliaudeyaco)  chev. 

1325-30.  —  Jean  Prévôt,  clerc,  receveur  de  la  châtelnw. 

1348-49.  —  Jean  Porset,  clerc,  receveur  de  Pont-de- 
Veyle. 

1349-50.  —  Roletde  Serraval,  damoiseau,  châtelain. 

1350-74.  —  Amédée  Macet^  damoiseau. 

1374-79.  —  Jean  de  Marmont,  chevalier. 

1379-82.  —  Pierre  Andrevet. 

1382-81.  —  Pierre  de  Marmont,  damoiseau. 

1395-96.  —  Berthier  de  Nantelles,  châtelain  (pour 
Bonne  de  Bourbon). 

1396-1423.  —  Pierre  Andrevet. 

1423-40.  —  Philibert  Andrevet,  fils  et  héritier  du  pré- 
cédent (nommé  en  1424). 

1440-47.  —  Claude  Andrevet,  fils  et  héritier  du  précéda. 

1446-47.  —  N.  homme  Saltier  Tliorin  (5  novembre). 

1447-51.  —  Claude  Andrevet. 


157 

1451-55.  —  EustachedeChandiaz,  seig^  de  Vassalieux. 

1455-71.  —  Claude  Andrevet. 

1471-1510.  —  Philibert  Andrevet,  seigneur  de  Corsans 
(30  mai). 

15n_15.  _  Guy  de  la  Baume,  chevalier,  seigneur  de 
Montrevel,  grand  chevalier  (pour  Mar- 
guerite d'Autriche,  qui  institue). 

1511-22.  —  Aimon  de  Bagé,  châtelain. 

1516-2G.  —  Marc  de  la  Baume,  comte  de  Montavel, 
grand  châtelain. 

1522.        —  Jean  de  la  Vernée,  châtelain. 

1^28.  —  Claude  de  la  Baume  ,  seigneur  de  Saint- 
Saturnin  et  de  Montribloux,  grand  châ- 
telain. 

1559.        ~  Abel  Dignet,  châtelain. 

1560-62.  —  Jean  de  la  Moussière,  marchand  à  Pont- 
de-Veyle  (commis  pour  vente  du  sel). 

Remens  (en  Bugey,  près  de  la  rivière  de  l'Ain). 

1346.        —  Pierre  de  la  Balme,  bailli  de  Bugey. 
1347-51.  —  Jean  de  Croze  de  Montmerle. 

Amblardde  la  Baume    seig''  de  Froment. 
1351-54.  —  l  Pierre  de  Rossillon,  damoiseau. 

Jean  de  Montferrand,  damoiseau. 

RiVOIRE   ET    RlGNAT. 

1580-82.  —  Jean  Gros,  bourgeois  et  marchand  de  Bourg, 
fermier  desdites  seigneuries. 

ROCHETAILLÉE. 

1321-22  —  Etienne  lîumbert,  châtelain  (pour  Aymon 
de  Savoie). 


158 

RossiLLON  (depuis  1391.  Rossillon  et  Ordonnaz). 

1306-09.  —  Humbert  de  Chivrions,  bailli  de  Bugey  et 

de  Novalaise. 
1315-18.  —  Humbert  de  Bacin,  chev.,  bailli  de  Bugey 

et  de  Novalaise. 
1319-21.  —  Jean  de  Bagnol,  chevalier,  bailli. 
1321-23.  —  Hugues  de  Châtelar,  damoiseau,  bailli. 
1331-34.  —  Maître  Bonchrétien.  )  ^^  même?. 

1334-36.  —  André    Bonchréiien,  chev.  ) 
1336-39.  —  Jean  de  Montmélian,  dam.  )  ^^  même? 
1341-43.  —  Jean  Mareschal,  de  Montm.) 
1343-47.  —  Jean  de  S  ion,  chevalier. 
1347-51.  —  Gui  Richard,  seig^de  Rions,  chevalier. 
1353-62.  —  Jean  Ravaisy,  docteur  en  droit  et  chev. 
1362-78.  —  Jean  Luiset  de  Laligny. 
1378-82.  —  Aymon  Rigaud,  citoyen  de  Belley. 
1382-83.  —  François  de  Belmont,  damoiseau. 
1383-89.  —  Petremand  Ravaisy,  damoiseau. 
1389-95.  —  François  de  Serraval,  damoiseau. 
1395-98.  —  Guigon  Ravaisy,  seigi'  de  St- Maurice. 
1398-1436.  —  Guillaume  de  la  Forêt,  damoiseau. 
1436-63.  —  Jean  de  la  Forêt,  fils  et  suce  de  Guillaume. 
1463-66.  —  Noble  homme  Humbert  Fabry,  lieutenant 

de  Jean  de  la  Forêt^  grand  châtelain. 
1466-1523.  —  Hugues  et  Antoine  de  la  Forest,  fils  de 

Jean  de  la  Forêt. 
1531-37..  —  Jean  Tréfort  (15  février). 
1538-44.  —  Jacques  JuUiard  (pour  le  roi  de  France). 
1544-53.  —  Vincent  Julliard. 

Sagy. 

1274.        —  Guillaume  de  Sestenay,  châtelain. 


159 

Saint-André-de-Briord. 

1355-56.  —  Humbert  de  Luyrieux,  chevalier,  seigr  de 

Corcelles. 
1356-60.  —  Pierre  Bonet,  chevalier. 
1360-64.  —  Pierre  de  Natage,  damoiseau,  châtelain. 
1364-65.  —  Guigon,  fils  et  héritier  de  Pierre  de  Nalage, 

damoiseau. 
1365-76.  —  Humbert  de  Châlillon,  damoiseau. 
1376-79.  —  Nicod  de  Foras,  damoiseau. 
1379-90.  —  Amédée  de  Foras,  damoiseau. 
1391-92.  —  Jean  Gros  de  St-Genix. 

Saint-Amdré-de-Revermont. 

1297-98.  —  Molard  de  Geleria. 

1298.        —  Jean  Picard. 

1308-10.  —  Jean  Geleria,  chevalier. 

1311-12.  —  André  de  la  Baume. 

1312-16.  —  Perronet  d'Arche,  dit  Gringallet,  damois. 

1316-18.  —  André  de  Cognin,  damoiseau. 

1324-25.  —  Rolet  de  la  Rocheite,  damoiseau. 

1326-34.  —  André  de  Coignin,  damoiseau. 

1336-42.  —  Guillaume  Coci,  de  Nantua,  domoiseau. 

1342-43.  —  Jean  de  Saint-Amour,  chevalier. 

1345-46.  —  Aimon  de  Coci,  damoiseau. 

1346  47.  —  Pierre  de  la  Salle,  chevalier. 

1340-50.  — Jean  de  Feillens,  clievalier. 

1350-64.  —  Aimon  de  Coci^  damoiseau. 

1365-74.  —  Bonnacorsi,  bourgeois  (1),  de  Florence. 

1375-76.  —  Rolet  de  Fressigny. 

Cette  châtellenie    est    réunie  à  celle    de 
Pont-d'Ain, 

(1)  Mal  traduit  Burgi. 


160 

Saint-Etienne-du-Bois. 

1351-52.  —Jean  de  Feillens. 

1352-53.  —  Humbert  Musici,  clievalier. 

Saint-Genis  et  Cordon. 

1389-94.  —  Humbert  de  Coisiat,  damoiseau. 
1401-02.  —  Luquin  de  Saluées,  chevalier. 
1407-08.  —  Guigon  de  Notage,  damoiseau. 
1409-10.  —  André  Roffier,  commissaire  du  comte,  chat. 
1412-13.  — Jean  Bazin,  damoiseau. 
1314-15.  —  N.  Jacques  de  Fislilliat. 
1419-33.  —  Guigon  de  Fislilliat. 
1434-35.  —  Jean  bâtard  de  Ravaisy. 
1442-49.  —  Guigon  de  Rougemont. 
1450.        —  Jacques  Malet,  commissaire. 
1453-72.  —  Noble  homme  Amédée  de  Bocsozelle. 
1467-73.  —  Jean    Melioret ,    péager  de   Saint-Genis  , 
Seyssel,  etc.,  etc. 

1479.        —  Robert  Orliat,  écuyer. 

1488-89.  — François  Beczon. 

1492-98. — Perrolin,  seigf  de  iMonlfleury,    écuyer  du 

duc,  capitaine  et  châtelain. 
1502.        —  Antoine  de  Cordon,  écuyer,  grand  châtelain. 
1511-16.  —  Jean  de  Seyssel,  seig^'  de  Saint-Cassin,  do 

Bardelle  ,  conseiller  et  président  de   la 

Chambre  des  comptes  de  Chambéry. 
1522-32.  —  Louis  Chabod,  seigr  de  Lescheraine  et  de 

Villeneuve. 
1539-40.  —  François  Bienvenu,  châtelain   (pour  le  roi 

de  France). 
1554-55.  —  Pierre  Trottin,  châtelain,  (id). 


IGl 
Saint-Germain. 

1307-08.  —  Ponce  de  Chàlilljn,  prieur  de  la  vil  e  et  du 
château. 

1320-21.  —  Conrad  Lombard,  habitant  d'Ambérieux. 

1321-22.  —  Amédée  Ponsard. 

1322.        —  Jean  de  Luyrieux,  péager. 

1333-24.  —  Humbert  de  Montmayeur,  damoiseau. 

1324-25.  —  Thomas  de  Langues  (sic). 

1325-29.  —  Amédée  de  Rougemont,  damoiseau. 

1330-32.  —  Humbert  de  Châtillon  dit  Pronavit,  da- 
moiseau, bailli  du  Bugey. 

1332-33.  —  Girard  de  Grandmoiit,  chevalier. 

1333-34.  —  Jacques,  seig^  de  Quart,  bailli  de  Bugey. 

1335-37.  —  Humbert  de  Langres. 

1337-38.  —  Amédée  de  Beauvois,  bailli  du  Bugey  et 
Bagé. 

1338-39.  —  Hugues  de  Menestreux  (Menestro),  cheva- 
lier, bailli  de  Bugey  et  Bagé. 

1339-40.  —  Varruque  de  la  Balme,  bailli. 

1341-42.  —  Girinde  Saint-Symphorien,  bailli. 

1342.        —  Jacques  de  Clermont,  chevalier,  bailli. 

1343-46.  —  Pierre  de  la  Balme,  chevalier,  bailli. 

1346-47.  —  Guichard  de  Bourg,  bailli. 

1347-49.  —  Amédée  de  Falino,  chevalier,  bailli. 

1347-52.  —  Jean  de  Croso  de  Montraélian,  receveur  de 
péage. 

1349-52.  —  Hugues  de  Boczelle,  chevalier,  bailli. 

1353-64.  —  Guigon  Richarme  dit  Deryeus,  chevalier. 

1364-65.  —  Aymon  de  Rougemont,  damoiseau^  bailli. 

1366-70.  —  Nicod  François,  chevaher,  bailli. 

1366-71.  --  Jean  de  Croso,  péager. 

1371-77.  —  Michel  de  Croso,  péager. 


162 

1375-77.  —  Hugonet  Garnier  dit  Ronda,  damoiseau, 
bailli  deBugey  et  Novalaise. 

1377-78.  —  Richard  de  Clairefontaine  (1)  dit  Goliart, 
damoiseau,  bailli  deBugey  et  Novalaise. 

1378-81. — Joannard  Provane,  chevalier,  bailli  de 
Bresse  et  Novalaise,  châtelain  de  Saint- 
Rambert  el  Saint-Geuix. 

1382-85.  —  Nicod  de  Foras,  damoiseau,  bailli  de  Bugey 
et  Novalaise. 

1385-99.  —  François  de  Rougemont  dit  Corna^  damoi- 
seau,bailli  deBugey, Novalaise  et  Valrora. 

1400-2.  —  Humbert  de  Coise,  damoiseau,  bailli  de 
Bugey,  Novalaise  et  Valromey. 

1403-8.  —  Petceval  de  Morée,  alias  de  Meyrier,  che- 
valier, bailli  de  Bugey,  Novalaise  et 
Valromey. 

1408-29.  —  Yvon  Garnier,  alias  Rode,  damoiseau, 
bailli,  de  Bugey,  Novalaise  et  Valrom. 

1429-31.  —  Antoine  de  Montferrand,  chevalier,  seigneur 
d'Attignat,  bailli  de  Bugey,  Novalaise^ 
Valromey  et  de  la  Montagne. 

1431-39.  —  Jean  d'Aimavigne. 

1439-50.  —  N.  Pierre  Masuer,  bailli. 

1450-57.  —  Gaspard  Chevalier, seigi"  de  VaraXj bailli,  id. 

1451-54.  —  N.  Pierre  Masuer,  id. 

1454-55.  —  Louis  François,  seigneur  (Heremorum), 
bailli,  id. 

1455.        —  N.  P.  Masuer. 

1455-62.  —  Gaspard,  seigneur  de  Varax,  chevr,  bailli. 

1462-64.  —  Amédée  de  la  Baume. 

1465-69.  —  Humbert  Favre. 

(1)  Peut-être  Clarafont. 


103 

1470-71.  —  Anlhehne  de  Vallis  Myolani,  bailli. 

1471-72.  —  Iliigonin  de  la  Palud,  seigneur  de  Saint- 
Maure,  et  Guilberte  de  Varax,  sa  femme, 
réintégrés  baillis  de  Bugey  et  châtelains 
de  Saint- Germain. 

1472-79.  —  Louis  de  Vilette,  vice-bailli  de  Bugey. 

1479-90.  —  Louis  de  Miolans. 

1512.  —  Guillciume  Thevenin  dit  de  la  Motte  (pour 
Mme  Claude,  duchesse,  douairière). 

1513-25.  —  Jacques  de  Grolée,  conseiller  et  chambel- 
lan du  duc,  bailli. 

1525-31.  —  François  Belle. 

1532-36.  —  Jean  Rubat. 

1536-38.  —  François  Trouillet. 

1539-46.  —  André  Hennon. 

1547.        —  Jean  Chabod. 

Saint-Julien-suk-Reyssouce. 

1521-23.  —  Jacques  Olivier,  alias  Grana  (pour  Phili- 
berte  de  Savoie,  duchesse  de  Nemours). 

Saint-Laurent-lez-Macon. 

1312-13.  —  Guillaume  de  Malacalle. 
1313-15.  —  Pierre  de  Reyvoire. 
1315.        —  Guillaume  de  Malavalle. 
1315-20.  —  Jocerand  de  Monliernoux. 
1320-22.  — Jocerand  de  Buenco. 
1322-24.  — Corraud  Berard  d'Ambronay. 
1324.       —  Jocerand  de  Montiernoux. 
1324-27.  — Jean  Bonis  de  Marboz. 
1327-28.  —  Philippe  d'Oncieu. 
1328-30.  —  Jean  de  Meyriat. 
1330-37.  —  Perronin  d'Estres. 


164 

1339-42.  —  Pierre  Berre. 
1343-45.  —  Girard  de  Grandmont. 
1345-46.  —  Pierre  Condui  deDuygniou. 
1349-53.  —  Pierre  deDron.  vice-châtelain. 
1353-54.  —  Lancelot.  de  Châtillon,  chevalier. 
1355-56.  —  Philippe  de  Juys. 

1500.        —  Guy  de  la  Baume,  seigneur  de  la  Roche. 
(Voir,  pour  la  suite,  les  comptes  de  la 
châtellenie  de  Bagc.) 

Saint-Martin. 

1275-76.  —  Etienne  Speysola. 

1293-98.  -r-  Guidon  de  Saint- André. 

1298-1301.  —  Pierre  de  Montmélian. 

1308  10.  —  Humbert  de  la  Balme  de  St-Jean-d'Arvey. 

1310-23.  —  Jean  de  Perrière. 

1324-34.  —  Dédier  de  Ciers. 

1335-36.  —  Gardel  de  Mielliat. 

1340-42.  —  Gardel  de  Mielliat. 

1342-43.  —  Pascal  de  Fabrique  (?  Faverges). 

1343-50.  —  Godefroi  du  Puit. 

1351-59.  —  Gardel  de  Planchia,  clerc. 

1359  62.  —  Jean  de  Marboz,  clerc  du  comte. 

1362-66.  —  Etienne  Mareschal,  damoiseau. 

1366-68.  —  Jean  Chacipoulle  de  Marboz. 

1370-75.  —  Etienne  Mareschal. 

1375-78.  —  Sibuetde  Briord. 

1376-88.  —  Les  enfants    et   héritiers    d'Antermet    de 

Montferrand. 
1389-1401,  — Antoine  de  Montferrand,  damoiseau. 
1427-29.  —  Jean  Clopet,  bourgeois  de  Bourg. 
1440-48.  —  (juillaume  de  llanty,  ccuyer. 
1481-87.  —  Humbert  de  Lucinges,  seigneur  de  Alymes. 


165 


Saint-Rambert. 


1274-75.  —  EiienneArthod. 

1298-1300.  —  Berlion  d'Apremorit. 

1301.       —  Rodet  de  Landres. 

1301-2.    —  Barthélémy  de  Châtillon. 

1304-6.    —  Henri  de  Chorgeu. 

1307-11.  —  Guillaume  de  la  Baume. 

1311-12.  —  Jean  de  Froment. 

1312.        —  Pierre  de  Veau  (Vitidi)  de  Rougemont  et 

Humbert  son  frère. 

1312.       —  Michel  de  Chigoin,  damoiseau, 

1315-18. —  Artaud  de  Montfalcon. 

1318-20.  —  Antermet  de  Cuygnins  dit  Ravela. 

1320-21.  —  Pierre  de  Châtillon. 

1321-22.  —  Amédée  Ponsard. 

1322-23.  —  Pierre  de  Genos. 

1323-24.  —  Aymon  Bonivard,  vice-cbatelain.    • 

1324.       —  Jean  de  Chignin  dit  la  Cuisine  (?) 

1325-27.  —  Conrad  Berard  de  Rippes. 

1327-30.  —  Jean  Berard  de  Rippes. 

1330-33.  —  Humbert  de  Châtillon. 

1333.        —  Girard  de  Grandmont,  chy. ,  bailli  de  Bugey 

1333  33.  —  Jacques,  seigneur  de  Quarto. 

1335.       —  Hugues  de  Bocezelle,  chevalier. 

1334-40.  —  Pierre  Coci  de  Nantua. 

1340-41.  —  Constantin  de  Jayllono,  damoiseau. 

1341-42.  —  Pierre  de  la  Baume,  chevalier. 

1343-44.  —  Ginioux. 

1344.       —  Guillaume  de  Châiillon  fils  de  Martin. 

1344-46.  —  Jacques  Prévôt. 

1352.       —  Jacques  de  Beaumont. 

11 


1G6 

1353-55.  —  Jean  de  Longecombe,  damoiseau. 
1356-60.  —  Guigon  Richarniedit  Dérions,  chevalier. 
1360-64.  —  Ses  héritiers. 
1364-66.  —  Aimon  de  Rougemont,  damoiseau. 
1966-70.  —  Nicod  François,  chevalier,  bailli  de  Bugey 
et  Novalaise. 

1371-75.  —  Jean  de  Rougemont,  chevalier. 

1375-77.  —  Hugues  Garnier  dit  Rondaz,  damoiseau, 
bailli  de  Bugey  et  Novalaise. 

1377-78.  —  Richard  de  Clairefontaine  ,  damoiseau  , 
bailli  de  Bugey  et  Novalaise. 

1378-82.  —  Johannard  Provane,  bailli  de  Bugey  et  No- 
valaise. 

1382-85.  —  Nicod  de  Foras,  damoiseau,  bailli  de  Bugey, 
Novalaise  et  Valromey. 

1385-98.  —  François  de  Rougemont  alias  Corna,  da- 
moiseau, bailli  de  Bugey,  Novalaise  et 
Valromey. 

1400-2.  —  Humbert  de  Coissia,  damoiseau,  bailli  de 
Bugey,  Novalaise  et  Vais. 

1403-8.  —  Perceval  de  Moiria,  chevalier,  bailli  de 
Bugey,  Novalaise  et  Valromey. 

1408-29.  — Yvon  Garnier  alias  Rode,  damoiseau,  bailli 
de  Bugey,  Novalaise  et  Valromey. 

1429-31.  —  Antoine  de  Montferrand,  chevalier,  seigneur 
d'Attignat,  bailli  de  Bugey,  Novalaise, 
Valromey  et  de  la  Montagne. 

1431-39.  —  Noble  homme  Jean  de  Aimevigne,  bailli,  id. 
1439-56.  —  Noble  Pierre  Masuer,  bailli,  id. 
1456-62.  —  Gaspard  de  Varax. 

1462-64.  —  Aniédée  de  la  Baume,  seigneur  de  Tiret, 
bailli,  id. 


167 

1464-69.  —  Ilumbert  Fabri,  lieutenant  an  grand  clià- 

telain. 
1469-71.  —  Magnifique  et  puissant  Anthelme  de  Mio- 

lans,  bailli  de  Bugey. 
1471-72.  —  Hugues  de  La  Pallud,  seigneur  de  Saint- 
1472-75.  —      Maurice  et  sa  femme  Gilberte  de  Varax, 

baillis  de  Bugey. 
1475.       —  Hugues  de   Curty  dit  Briffaut,   vice-bailli 

de  Bugey. 
1475-94. — Anthelme,  seigneur    de  Miolans,  bailli  de 

Bugey. 
1495-1599.  —  Louis  d:î  Miolans,  seigneur  de  la  Serve. 

bailli  de  Bugey. 
1509.       —  Philibert    Brisand  (amodiateur  de  la  châ- 

tellenie). 
1510-11.  —  Jean  Gros. 
1512.       —  Guillaume  Thevenin  dit  Laraote. 

1513-24.  —  Hugues,  seigneur    de    Grolée,   conseiller, 

chambellan  du  duc  de  Savoie,  bailli  de 

Bugey. 
1530-32.  —  Noble  François  Belli. 
1532-36.  —  Jean  Rubat. 
1536-38.  —  Noble  François Trouillei,  commis  de  Claude 

Guichard. 
1540-43.  —  Noble  Henryon,  commis  d'André  Joussand. 
1544-49.  —  Le   même  et  Jean    Chabot  (en   la  même 

qualité). 

1549-55.  —  Jean  Chabot  (en  la  môme  qualité). 

1555-56.  —  Pierre  Crassus. 

1559-60.  —  Jean  Rubat  (institué  par  Emmanuel  Phi- 
libert, 22  septembre),  châtelain  de  St- 
Rambert  et  de  Saint-Germain. 


1G8 

15G1  6'2.  —  Gaspard  de  Ville,  fermier  des  châtellenies 
susdites. 

Saint-Sorlin  et  Lagnieu. 

1356-57.  —  Hugues  de  Grandmont. 

1358-62.  —  Pierre  de  Montdragon,  chevalier. 

1363-64.  —  Amédée  fils  de  Pierre  de  Montdragon. 

1364-65.  —  Jean  de  Surmont  dit  Cornus,  damoiseau. 

1365.       —  Richard  de  Cuyne,  chevalier. 

1365-69.  —  Aymon  de  Saini-Pierre,  damoiseau. 

1369-75.  —  Pierre  Bonard,  chevalier. 

1375-91.  —  Aymon  d'Ameysin,  chevalier. 

1391-1404.  —  Humbcrt  fils  d'Aymon  d'Ameysin. 

1413.  —  François  de  Rougemont  (pour  subside  gra- 
cieux). 

1414-18.  —  Jean  Bounier,  notaire,  receveur  et  celerier 
(pour  Eudes  de  Villars). 

1418-27.  —  François  de  Rougemont. 

1427-31.  —  Pierre  Masuer. 

1431-33.  ^  Noble  homme  Phébus  le  Blanch  de  Bussy. 

1433-47.  —  Jean  de  Buenco. 

1447-53.  —  Pierre  et  Antoine  fils  et  héritiers  de  Jean  de 
Buenco. 

1454.        —  Noble  homme  Jean  Ginod  alias  Lagarde. 

1454-56.  —  Guillaume  de  la  Baume  fils  de  Pierre, 
écuyer. 

1456-60.  —  Pierre  et  Antoine  de  Buenco. 

1462-63.  —  Amédée  de  la  Baume,  seigneur  du  Tiret. 

1466-89.  —  Antoine  de  Forêt. 

1489-90.  —  Antoine  de  Gordon,  écuyer  du  duc,  châte- 
lain et  capitaine. 

1490-95.  —  Noble  et  puissant  seigneur  Guillaume  de 
Rossillon. 


169 

1495-96.  —  Antoine  de  Forêt,  capitaine  et  châtelain. 

1497-1.502.  —  Jacques  de  Buxy,  seigneur  d'Heyrieux  et 
d'Isernore,  écayer  ducal,  capitaine  et 
châtelain. 

1502-8.    —  Noble  Amblard  Ponnet. 

1508  9  —  Pierre  Gorray,  commissaire  ducal  au  con- 
seil de  Chambéry. 

1511.  —  Autoine  Merin  fermier  (pour  M^e  Claude, 
douairière). 

1518-20.  —  Claude  de  Montfalcon. 

Saint-Trivier. 

1273-74.  —  Ilumbert  de  la  Baume. 

1276-77.  —  Putou,  receveur  et  châtelain   (pour  Uldric 

de  Seyssel). 
1279-80.  —  Guillaume  Cadout. 
1280-82.  —  Guillaume  d'Antisen. 
1282-83.  —  GuillaumeCadout. 
1285.       —  Pierre  de  Châlillon,  bailli  de  Bagé. 
1285-87.  —  Riurters,  chevalier. 
1287  -88.  —  Perret  de  la  Balme. 
1288-89.  —  Girard  de  Langes. 
1291-94.  —  Barthélémy  Silvestre. 
1294-96.  —  Guigon  de  Seurre  (Surrà). 
1296-99.  —  Etienne  de  Franchilens,  chevalier. 
1290-1301.  —  Jean  Archon,  chevalier. 
1302-3.    —  Pierre  de  Cognin. 
1303-4.    —  Barthélémy  Baraillet. 
1304-7.    —  Pierre  de  la  Baume,  chevalier. 
1308-13.  —  Guillaume  de  CLetis. 
1318-23.  —  Antoine  de   Saint-Damien,  clerc,  receveur 

de  la  châtellenie. 


170 

1324-29.  —  Lancelotde  Chandeyat,  chevalier. 

1329-49.  —  Antoine  de  Saint-Trivier. 

1351-2.    —  Amédée  de  Félin. 

1352-5.    — Hugonet  de  Chandeyat. 

1355-9.    —  Jean,  seigneur  de  Saint- Amour. 

1359-66.  —  Géoffroi  de  Saint-Amour. 

1368-88.  —  André  de  Saint-Amour. 

1388-9.    —  Guigonet  de  Saint- Amoar. 

1389-98.  —  André  de  Saint-Amour. 

1399-1403.  —  Jean  de  la  Baume,  chevalier,  seigneur  de 

Valaffin. 
1403-16.  —  Jean  de  Corgeron  (lettres  du  19  février  1403, 

Bourg). 
1416  7.    —  Girard  Leroy,  clerc  du  diocèse  de  Reims, 

notaire  public. 
1417-20.  —  Amédée  et  Agnès  de  Corgeron. 
1420-32.  —  Amédée  Macet  (lettres  du  18  octobre  1419, 

Aix). 
1432-35.  —  Noble  homme  Jacques  Macet  (lettres  du  22 

janvier  1433,  Thonon). 
1435-48.  —  Noble  homme  Guillaume  Ruffan  (ou  Ruf- 

fain). 
1448-50.  —  Jean  de  Saxo  (du  Saix),  chevalier,  conseil- 
ler et  chambellan  du  duc. 
1450-1.    —  Philibert  de  la  Palud. 
1451-4.    —  Jean,  seigneur  de  Cha\  annes. 
1454-66.  —  Philibert  de  la  Palud. 
1466-80.  —  Jacques  d'Eyria,  écuyer  d'écurie. 
1482-99.  —  Jacques  de  Bussy,  seigneur  d'Eyria. 
1499-1518.  —  Laurent  de  Gorrevod. 
1518        —  Claude  de  Falamanie. 
1519-29  —  Laurent  de  Gorrevod. 
1531.       —  Peronnet  Guillet. 


171 

1531-2.    —  Philibert  Ferrand. 

1534-5.    —  Noble  Jean  Dubois. 

1558-59.  — Noble  Benoît  de  Bona  (pour  le  roi  de  France). 

1559.  —  Buscard  de  Lialod,  seigneur  de  Briol, 
écuyer  (pour  Enamanuel  -  Philibert  (let- 
tres du  24  octobre,  Bourg). 

Skyssel  et  Dorches. 

1279-81.  —  Pierre 

1296-8.    —  Guillaume  Briord. 

1299-1305.  —  Pierre  de  Serra valle. 

1306-7.    —  Hugues  de  la  Rochette,  chevalier. 

1307-8.    —  Pierre  de  Villene. 

1308-13.  —  Martin  de  Mootgelat. 

1313-5.    —  Jean  des  Urtières. 

1318-9.    —  Lancelot  de  Chandya, 

1332-3.    —  Pierre  Coqui. 

Seyssel. 

1344-52.  —  Jean  de  Coci,  de  Nantua,  damoiseau. 
1357-63.  —  Aymon  de  Bonnivard,  de  Chambéry,  chev. 
1374-80.  —  François  Bonnivard,         id.,   damoiseau. 
1385-91.  —  Aymon  Bonnivard,  chevalier. 
1401-21.  —  François  de  Bussy,  damoiseau. 
1421-22. — François,  bâtard  de  Bussy  et  André    do 

Marestc. 
1427-37.  —  N.  Andr(>  de  Mareste. 
1443-48.  —  Ségurand  Gerbaix. 
1448-51.  —  Louis  de  Beauford,  écuyer. 
1451-55.  —  Guillaume  de  Virieux ,  maître  d'hôtel  du 

duc. 
1456-57.  —  Nicod  de  Menthou,  chevalier. 


172 

1458-71.  —  Guillaume  de  \'irieux. 

147G-77.  —  N.  Claude  Vigniod,  vice-chât.  du  suivant. 

1479-87.  —  Louis  de  Villelte,  écuyer  du  duc. 

J 487- 89.  —  N.  Pierre  de  Vanens,  écuyer. 

1489-91.  —  Gabriel  Burgié. 

1491-96.  —  Jean  Chinard. 

1497-1507.  —  Louis   de  Baillain,  seigneur  de  Verbos, 

écuyer,  grand  châtelain. 
1512-18.  —  Alexandre,  scig""  de    Salenôve,  conseiller 

ducal,  grand  châtelain. 
1520-22.  —  N.  Udric  de  Châiillon,  co-seig»de  Dorclies. 
1523-24.  —  N.  Bernard  Denis,  chevalier. 

Treffort. 

12S9-93.  —  Pierre  de  la  Baume. 

1293-94.  —  Guillaume  de  Espeysi. 

1294-97.  —  Guicliard,  seig'  de  Corgeron. 

1299-1300.  —  N.  de  Puit-Gauthier,  chevalier. 

1302-3.    —  Guidon  de  Luaysi. 

1303-4.    —  Etienne  de  Bayo,  chevalier. 

1304-5.    —  Regneau  Boiche. 

1305-6.    —  Guichard,  seigf  de  Corgeron. 

1306-7.    —  Tliierrion  de  Seplime. 

1307-10.  —  Hugues  de  Feilleus^  chevalier. 

1311-22.  —  Jean  de  Feillens,  chevalier. 

1322-24.  —  Josserand  de  Buenco,   dit  Effurniou,  dam. 

1324-25.  — Pierre  Bressier,  chevalier. 

1325-29.  —  Jean  de  Feillens. 

1330.        —  André  de  Cognin. 

1348-49.  —  llugonet  de  Chandyaz,  damoiseau. 

1349-50.  —  Guillaume  de  Verione,  chevalier. 

1350-52.  —  Jean  de  Feillens,  chevalier. 


173 

1352-62.  —  Humbert  Musici,  chevalier. 

1362-63.  —  Tliibaut  Musici,  frère  et  héritier  d'IIumbert. 

1363-85.  —  Humbert  Froment,  damoiseau. 

1385-91.  —  N.  Humbert  de  la  Baume,  chevalier,  seig'^' 

de  Froment. 
1391-1402.  —  Bon  de  la  Baume,  seig''  de  Froment. 
1402-9.    —  Jacquemard,  seig''de  Cologniazet  d'Andelle. 
1409-11.  —  Pliilibert  Corent  et  Pierre  de  Marmont. 
1411.        —  Pierre  de  Marmont,  damoiseau. 
1411-24.  —  Hugues,  seig''  de  Chandyat,  chevalier. 
1425-26.  —  Guillaume  Raffan. 
1426-35.  —  N.  Pierre  de  Seyturier. 
1435-47.  —  Eustache  de  Chandyat. 
1447-08.  —  N.  Jean  Se^^torier. 
1448-50.  —  N.  Claude  Seytorier. 
1450  03.  —  N.  Philibert  Venel. 
1455-64.  —  Humbert  de  Rougemont. 
1464-66.  —  Les  fils  et  héritiers  du  précédent. 
1466-72.  —  Louis  de  Genost,  seig'  de  Chilley. 
1472-73.  —  François  de  Briord. 
1473-83.  —  Louis  de  Genost. 
1483-99.  —  Guy,  seigi"  de  Châteauvieux. 
1499-1505.  —  Jean,  seig''  de  Challes. 
1505-32.  —  Laurent  de  Gorrovod,  gouverneur  et  bailli 

de  Bresse,  grand  châtelain. 
1532-33.  —  Jean  Mercier. 
15.34.        —  Jean  Pelletrat  (Let.  de  Béatrix  de  Portugal). 

Uffelle. 

1414-36.  —  André  Dortant,  clievalicr. 
1436-57.  —  Hugonin  de  Dortant,  fils  d'André. 
1457-87.  —  Antoine,  fils  d'Hugonin  de  Dortant. 
1487-1524.  —  Perceval,  fils  d'Antoine  de  Dortant. 


174 

Varey. 

1355-57.  —  Girard  Berchod  (pour  Amédée  VI). 

135G-G5.  —  Jean  Coci,  de  Nanlua. 

1369-70.  —  Jean  de  Croso,  secrétaire  du  comte. 

Versoy. 

1295-96.  —  Anthelme  Port. 
1296-1306.  —  Guillaume  de  Cluitillon. 
1313-16.  —  Humbert  de  Grésy. 
1316-20.  —  Raymond  d'Alunges. 
1320-22.  —  Mermet  d'Arbignon. 
1322-26.  —  Guillaume  Coqui,  de  Nantua. 
1326-28.  —  Galois  de  la  Baume,  conseiller,  bailli  de 
Chablais. 

1329-30.  —  Henri  de  Grésy,  damoiseau. 
1330-37.  —  Guigonde  Saint- Apre. 
1337-39.  —  Guichard-Ponsard  de  Seyssel. 
1339-40.  —  Anthelme  de  Myolan,  vice-gouvi".  de  Gen. 
1341.        —  Guillaume  Reynard. 
1341-43.  —  Jean  d'Aigueblanche ,  damoiseau. 
1343.        —  Constantin,  de  Jallon. 
1343-45.  —  Viffred  Fournier,  de  Tournon. 
1345-50.  —  Humbert  Prinaygin. 
1350-78.  —  Richard,  co  seigneur  de  Virieux. 
1378-1424.  —  Jean  de  Vernet. 
1427-30.  —  Rolet  de  Pierre,  de  Thonon. 
1430-31.  —  Jean  Joly,  lieutenant  du  châtelain. 
1431-33.  —  Pierre  de  Mornay  (la  châtellenie  de  Ver- 
soy est  réunie  à  celle  de  Gex). 


175 

ViLLARS. 

1423-25.  —  Claude  de  la  Baume. 

1425-27.  —  Claude  et  Amblard  de  la  Baume. 

1427-30.  —  Claude  et  Amblard  Morelletde  la  Baume, 
trois  frères  ;  fils  de  Perceval  de  la  Baume. 

1430-32.  —  François  de  Montrouzart. 

1474-75.  —  Boniface  de  Cliallant,  chev.,  seigr  de  Varet. 

1482-83.  —  Georges  de  Menthon,  chevalier^  conseiller, 
chambellan  du  duc. 

1483-87.  —  Jacques  de  la  Serrée,  chevalier,  conseiller 
et  gouverneur. 

1489-95.  —  Louis  Alamand,  seig^'  d'Arbent,  puis  Jac- 
ques, seig''  de  Grolée,  gouverneurs  du  duc. 

1496-7.    —  Antoine  Leudey,  secrétaire  ducal. 

1499-1500.  —  Jacques,  seigneur  de  Grolée. 

1502-4.    —  Pierre  Châtelain,  receveur  de  la  châtellenie. 

1505.        —  Odet  Coret,  receveur  de  la  châtellenie. 

1515-19.  —  François  Oriol,  seigneur  de  Marguerite 
d'Autriche. 

1519-23.  —  Odet  de  Coret. 

Ville-lèz-Genève. 
1317-9.    —  Humbert  de  Colombier. 

Virieux-le-Grand. 
1381-6.    —  Aymonet  Rigaud,  de  Belley. 

ViRiEux  ET  Bons. 

1392.        —  Antoniet  de  Solers,  d'Yvrée. 

ViRiEux  (seul). 

1392-3.    —  Luquin  de  Saluées,  damoiseau. 
1402-9.    —  Amédée  Malingre,  de  Saiut-Genix. 
1425.        —  Pierre  Pelligon  (pour  Bonne  de  Savoie). 


176 

1432.  —  Jean  Berlhier  (pour  Bonne  de  Savoie). 

1434-9.  —  Mermetde  Grières. 

1541-2.  —  Jean  de  Sestalci. 

1531-2.  —  Arthaud  Drujon. 

Yenne,   Rochefort  et  Chanaz. 

(Je  mets  cette  chàtellenie  quoique  restée  à  la  Maison 

de  Savoie  en  1601.) 

1295-7.    —  Aymon   Barrai,  châtelain  et    receveur  du 

péage  de  Chanaz. 
1293-1300.  —  Martin  Montgela. 
1300-1.    —  Nicolas  de  Compeis. 
1316-7.    —  Guichard  de  Bourg. 
1321-2.    —  A^^mon  de  la  Chambre,  damoiseau. 
1322-3.    —  Pierre  Ravaisy. 
1341-2.    —  Antoine  de  Soleirs. 
1342-3.    —  Humbert  Bertrand,  damoiseau. 
1343-9.    —  Bernard  de  Miribel,  damoiseau. 
1350-60.  —  Boniface  delà  Motte. 
1366-7.     —  Jean  de  Latigny  dit  Luiset. 
1410-11.  —  Amblard  Gerbaix,  damoiseau. 
1413-31.  —  Guigon,  Jean,    Amblard  et  Urbain,  fils  du 

précédent. 
1431-2.    —  Jean  Richard  alias  Barbier. 
14.32-3.     —  Hugues  Cadot. 
1433  4.    —  Les  fils  d'Ambiard  Gerbaix. 
1434-5.    — Antoine  Malet, 
1439-42.  —  Les  fils  Gerbais. 
1475-82.  —  Anthelme,  seigneur  de  Miolan. 
1488-90.  —  Urbain  de  Sômont  (sub  Monte). 
1495-1507.  —  Louis  Mercier. 
1531-53.  —  Noble  Arthaud  Drujon. 


PLAIDOYER 

DK 

MARIE-GASPARDE  DE   GOPPONAY 

EN    FAVEUR 

DE  L'ENSEIGNEMENT  DES  SCIENCES  AUX   DAMES 

(  Vers   1 7 1 4  ) 

AVEC  DNE  NOTICE  SDR  LES  GRISIALDI  DE  COPPONSY 
Par    François    MUGNIER 


NOTICE 


Il  y  a  bientôt  deux  siècles,  une  jeune  fille  de 
Cliambéry  présentait  à  l'évéque  d'Annecy,  Mgr  de 
Bernex  (1),  un  gros  cahier  où  elle  plaidait  le  droit 
des  femmes  de  se  livrer  à  l'étude  dos  sciences  (2). 
La  demande  parut  hardie  sans  doute  au  prélat 
bienfaisant  qui  fut  le  protecteur  de  Madame  de 
Warens. 

L'auteur  ne  vit  pas  la  réalisation  de  ses  vœux, 
et    bien    des    années    se    passèrent   sans    qu'un 
changement   se    produisît   dans    l'enseignement 
donné  d'une  main    parcimonieuse  au  sexe  fémi- 
nin. Mais  si  la   première  moitié  de  notre  siècle 
s'est  montrée  avare,  la  seconde  est  généreuse  ; 
prodigue  même,  affirment  quelques-uns.  Cham- 
béry  sous  ce  rapport  s'est  vite  placé  au  rang  des 
villes  privilégiées.  Depuis  quinze  ans,  elle  possé- 
dait un  cours  d'instruction  secondaire  pour  les 
jeunes  filles,  quand,  en  octobre  1892,  cette  école 
a  été  convertie  en  un  magnifique  lycée,  plein  d'air 
et  de  soleil,  où  d'habiles  institutrices  distribuent 
à  deux  cents   élèves  une  instruction  embrassant 
une  grande  partie  des  sciences  humaines. 

(1)  Evèqae  de  Genève- Annecy  de  1G97  à  17.34. 

^2)  Co  manuscrit,  décent  pages,  est  la  propriété  de  M.  Jean 
Faga^  généalogiste  et  bibliopliiic  cliamborieii,  qui  a  bien 
voulu  nous  le  communiquer. 


180 

L'on  n'y  apprend  pas  le  grec  et  le  latin  ,  et  les 
écolières  ne  peuvent  encore,  en  quittant  ses  bancs, 
s'asseoir  sur  ceux  des  Facultés  pour  devenir  mé- 
decines, avocates  ou  ingénieuses.  Malgré  cette 
lacune,  Marie-Gasparde  de  Copponay  serait  satis- 
faite s'il  lui  était  donné  de  visiter  l'élégant  édifice 
du  Verney  et  d'assister  aux  savantes  leçons  des 
dix  à  douze  maîtresses  qui  y  enseignent  les  ma- 
thématiques, les  sciences  physiques  et  naturelles, 
la  psychologie  et  la  morale,  la  langue  et  la  litté- 
rature françaises,  l'histoire  et  la  géographie,  les 
langues  allemande  et  anglaise,  le  dessin,  la  musi- 
que, la  couture  et  la  gymnastique. 

Mais  qu'était  donc  cette  désireuse  de  science  ; 
que  voulait-elle'^ 

Vers  1680  l'on  avait  vu  arriver  à  Chambéry  un 
savant,  un  simple  charlatan,  disaient  ses  adver- 
saires. C'était  un  petit  seigneur,  de  récente  no- 
blesse, Denis  Moëne-Grimaldy,  se  disant  écuyer, 
seigneur  de  Copponay  près  de  Genève,  de  Chàtil- 
lon  et  de  Tavolle  (1).  Après  s'être  longtemps  oc- 
cupé de  chimie,  il  composa  un  remède  qui  devait 
être  une  panacée  universelle,  et  en  1683  il  obtint 
des  patentes  du  duc  de  Savoie,  Victor-Amédée  II. 
l'autorisant  à  établir  à  Chambéry  une  Académie 
chimique.  Los  médecins  et  les  apothicaires  pro- 
testèrent. Grâce  aux  nombreux  protecteurs  qui 

(1)  Voii'  la  généalogie  à  la  fin. 


181 

croyaient  avoir  été  guéris  par  lui^  Copponay  resta 
vainqueur.  En  mêrae  temps  qu'il  accablait  ses 
adversaires  sous  ses  traités  et  ses  brochures,  il  fai- 
sait donner  à  son  fils  et  à  ses  filles  une  éducation 
scientifique  et  littéraire  développée.  Ses  luttes, 
ses  travaux  et  ses  ouvrages  ont  été  étudiés  avec 
quelques  détails  dans  une  notice  de  M.  Timoléon 
Ghapperon,  publiée  en  1844  dans  l'Album  de  la 
Suisse  romande,  et  dans  une  autre  de  M.  Lau- 
rent Sevez,  en  1859,  au  tome  111  des  Mémoires 
de  la  Société  savoisienne  d'histoire. 

Denis  de  Copponay  mourut  en  septembre 
1717  (1).  Le  29  mai  1707,  il  avait  émancipé  son 
fils  Antoine-Théodore,  et  le  même  jour,  il  lui 
avait  fait,  avec  sa  femme  Marie  Vincent  du  Ram- 
bion,  donation  de  tous  ses  biens,  sous  la  charge 
de  payer  3.000  livres  à  chacune  de  ses  sœurs.  Ce- 
pendant il  s'était  réservé  son  cabinet  de  chimie 
oit  sont  ses  plus  rares  curiosités.  Il  habitait  alors 
la  maison  du  Roy,  dite  la  maison  blanche,  au 
faubourg  de  Mâché. 

Le  1-''  Avril  1716,  il  fit  son  testament,  laissa 
l'usufruit  de  tous  ses  biens  à  sa  femme,  avec  di- 
verses dispositions  en  faveur  de  ses  filles,  de  ses 
petits-enfants,  de  son  neveu  Claude-Abel  et  de  sa 
gouvernante,  Il  institua  héritier  universel  son  fils 
Antoine-Théodore,  seigneur  de  Copponay  et  delà 

(1)  D'après  les  notes  de    M.    Timoléon    Chapperon,  et 
celles  de  M.  Faga. 


182 

maison  forte  de  la  Fontaine  (1)^  qui  paraît  être 
décédé  sans  enfants,  et  qui  fît  héritier,  par  son 
testament  du  3  mai  1731,  Claude- Josepli  Favier 
du  Noyer,    lîls  de  François-Hyacinthe  (2). 

a  Les  trois  filles  de  Denis  de  Copponay,  dit 
M.  Cliapperon,  quoique  graduées  en  philosophie 
et  en  chimie  suivirent  probablement  la  voie  la  plus 
commune  et  en  même  temps  la  plus  sûre.  Il  est  à 
croire  qu'elles  se  marièrent  sans  bruit,  furent  de 
paisibles  mères  de  famille  et  eurent  sinon  autant 
de  gloire,  du  moins  un  peu  plus  de  bonheur  tran- 
quille que  l'infatigable  auteur  de  leurs  jours.  » 

Cela  n'est  pas  bien  certain.  D'abord  Denis  de 
Copponay  n'avait  pas  seulement  trois  filles,  mais 
cinq  :  Louise  mariée,  en  1705,  à  N.  Jean-Baptiste 
de  Launay,  morte  avant  1716;  Laurence-Fran- 
çoise mariée,  en  17Û6,  à  François  Lejeusne-Don- 
zel  ;  Marie,  Marie-Gasparde,  Marie-Josèphe  et 
Bernarde,  religieuse  au  couvent  de  Sainte- 
Claire  de  Chambéry. 


(1)  La  Fontaine,  seigneurie  à  Saiiit-Genix  en  Savoie.  La 
seigneurie  de  Copponay  appartenait  à  la  fin  du  seizième 
siècle  à  Alexandrine  de  C,  qui  la  transmit  à  son  mari, 
Etienne  Goyet.  Des  Goyct  elle  passa  bientôt  aux  Moync 
(A.  DE  Foras,  Armoriai  de  Sacoie,  t.   II,   ■v°  Co^iponay)  ; 

et  ces  Moyiie  sont  sans  doute  les  Moëne-Grimaldy. 

(2)  Et  non  du  sénateur  Albert-Eugène,  comme  M.  Chap- 
peron  l'a  dit,  par  erreur^  dans  sa  brochure.  —  Voir  la  do- 
nation et  le  testament  de  Denis  de  Copponay  aux  pièces  jus- 
tiflcatives. 


183 

La  vie  de  Marie-Gasparde  semble  avoir  été 
assez  tourmentée,  et  M.  Sevez  a  retrouvé  une 
brochure  démontrant  que  Marie-Josèplie,  la  plus 
jeune^  probablement,  des  filles  du  pvoto médecin, 
directeur  de  l'Académie  chimique,  continua  son 
art  déserté  sans  doute  par  Antoine-Théodore, 
malgré  les  recommandations  paternelles. 

En  1684j  le  père  habitait  à  Chambéry  dans 
la  maison  du  sieur  de  Villeneuve,  c'est-à-dire  der- 
rière la  pharmacie  Bonjean  ;  en  1736,  Marie- 
Josèphe  demeurait  dans  la  rue  Saint-François, 
chez  M.  de  Droz,  proche  [l'église  de]  Saint-Léger. 
C'est  là  qu'elle  continuait,  dit-elle  dans  une  bro- 
chure imprimée  à  Annecy  (1),  de  travailler  à 
tous  les  excellents  remèdes  de  son  père.  Les  prix 
en  sont  assez  élevés.  Elle  traite  les  maladies  chez 
elle,  le  matin  de  huit  à  dix  heures  et  par  corres- 
pondance. 

Suivant  Grillet,  Dictionnaire  historique,  v° 
Chambéry,  la  femme  de  Denis  de  Copponay  au- 
rait fait  imprimer  en  1715  V Apologie  des  femmes. 
Les  erreurs  chez  cet  auteur  étant  fréquentes,  nous 
craignons  bien  qu'il  y  en  ait  une,  là  encore,  et  que 
V Apologie  des  femmes  ne  soit  autre  que  le  tra- 
vail que  nous  allons  analyser. 

Quelques  paroles  de  l'auteur  du  plaidoyer  indi- 
quent pourtant  que  îi-a.   mère  était  une  personne 

(1)  Notice  de  M.  Sevez,  p.  62  et  04.  L'auteur  n'y  indique 
pas  moins  de  quinze  ouvrages  de  Denis  de  Copponay,  outre 
des  vers  et  des  cliansoiis  fort  ruédiocres. 


184 

vertueuse  et  instruite,  ayant  veillé  à  ce  que  ses 
tilles  reçussent  une  éducation  soignée. 

Marie-Gasparde  de  Copponay,  lorsqu'elle  com- 
posa son  petit  traité,  vivait  à  la  campagne  où^ 
pour  se  reposer  des  travaux  littéraires  et  scienti- 
fiques, elle  se  livrait,  semble-t-il,  à  une  exploita- 
tion agricole.  Par  ce  moyen,  elle  avait  pu  réaliser 
un  petit  pécule:  deux  créances,  deux  vaches  lai- 
tières et  un  veau  de  trois  ans.  Ce  fut  un  appoint 
à  la  dot  que  ses  parents  lui  donnèrent  (1). 

On  doit  croire  qu'elle  ne  jouissait  pas  de  cette 
médiocrité  dorée^  vantée  par  le  poète  latin,  et 
dont  sa  philosophie  se  serait  contentée,  car,  en 
juillet  1717,  elle  dut  faire  un  mariage  de  raison. 
Elle  épousa  un  avocat,  Claude-François  de  Ma- 
gny,  ancien  syndic  (maire)  d'Annecy.  Il  était  âgé 
de  58  ans  et  veuf  de  Marguerite  Pelard  de  Châ- 
teau vieux,  dont  il  avait  deux  filles  et  cinq  fils.  Il 
ne  paraît  pas  qu'ils  aient  eu  des  enfant^. 

Claude-François  de  Magny  mourut  avant  sa 
femme  (2).  Quant  à  Marie-Gasparde,  elle  décéda  à 
Chambéry ,  et,  le  17  janvier  1740,  f utensevelie  dans 
l'église  de  l'un  des  couvents  de  Sainte-Claire  (3). 

(1)  Voir  son  contrat  de  mariage  ci-après. 

(2)  A.  DE  Foras,  Armoriai  de  Savoie,  t.  II,  p.  155. 

(3)  17  janvier  1740.  «  Ce  jour,  a  été  enterrée  à  Sainte-Claire 
demoiselle  Marie-Gasparde  de  Grimaldi  de  Copponai,  veuve 
de  feu  noble  Constantin  de  Magni.  »  (Reg.  par.  de  Saint- 
Léger,  à  Chambéry). 


185 

Son  instruction  semble  avoir  été  assez  étendue, 
si  tant  est  que  ses  citations  latines  des  Livres- 
Saints,  celles  de  Platon,  de  Sénèque,  et  même 
de  Grégoire  de  Tours,  soient  le  produit  de  ses 
propres  études  et  qu'elle  ne  les  ait  pas  prises  tout 
simplement  dans  quelque  ouvrage  traitant  le 
même  sujet.  Si  elle  connaît  l'Antiquité  et  la  Re- 
naissance, si  elle  cite  même  Descartes,  elle  ignore 
les  auteurs  contemporains;  pas  la  moindre  allu- 
sion à  Fénelon  et  à  M"^^  de  Maintenon.  Si  elle 
réfute  la  thèse  du  «  bonhomme  Chrysale  »  : 

Il  n'est  pas  bien  honnête,  et  pour  beaucoup  de  causes, 
Qu'une  femme  étudie  et  sache  tant  de  choses. 
Former  aux  bonnes  mœurs  l'esprit  de  ses  enfants, 
Faire  aller  son  ménage,  avoir  l'œil  sur  ses  gens, 
Et  régler  la  dépense  avec  économie, 
Doit  être  son  étude  et  sa  philosophie  (1)... , 

il  n'est  pas  certain  du  tout  qu'elle  ait  jamais  lu 
Molière,  qu'elle  ait  vu  jouer  quelqu'une  de  ses 
pièces. 

Son  ambition  pour  le  sexe  féminin  n'était  pas 
bien  gTcinde.  Elle  ne  s'élève  pas  contre  les  lois 
tenant  la  femme  en  tutelle  bien  plus  que  de  nos 
jours  ;  elle  ne  réclame  pas  pour  elle  le  pouvoir 
dans  la  famille  ou  dans  la  société.  Si  elle  place  la 
femme  au  niveau  de  l'homme,  si  même  elle  la 
considère  comme  supérieure  à  lui  «  parce  que 
l'homme  a  été  tiré  du  limon   do  la  terre,  tandis 

(1)  Les  Femmes  saoantcs,  1672;  acte  ii^  scène  vu. 


186 

que  sa  compagne  l'a  été  de  sa  côte  ou  de  son  es- 
sence, parce  qu'elle  a  des  organes  plus  délicats, 
elle  est  bien  loin  de  conclure  comme  on  l'a  fait 
de  nos  jours  (1)  «  que  l'émancipation  civile  et  po- 
litique de  la  femme  est  pour  la  France  une  ques- 
tion de  vie  ou  de  mort».  Elle  veut,  plus  modeste- 
ment, que  les  femmes  reçoivent  une  instruction 
égale  à  celle  des  hommes  et  que  parmi  elles  se 
forme  un  corps  d'institutrices  ou  professeurs  pou- 
vant enseigner  les  personnes  de  leur  sexe.  Ce  vœu 
est  maintenant  largement  exaucé. 

Le  style  de  Marie-Gasparde  de  Copponay  est 
incorrect;  ses  arguments  sont  parfois  naïfs;  sa 
dialectique  n'est  pas  pressante.  Sa  cause  pourtant 
était  bonne,  c'est  pourquoi,  le  temps  aidant,  elle 
est  actuellement  complètement  gfignée. 

Ajoutons  que  la  fille  savante  est  bonne  catho- 
lique. Elle  s'aperçoit  bien  qu'en  fouillant  trop 
avant  dans  l'étude  des  sciences,  son  orthodoxie 
peut  recevoir  quelques  atteintes,  aussi  proteste-t- 
elle,  en  terminant,  de  sa  soumission  à  toutes  les 
lois  de  l'Eglise. 


(1)  Parmi  les  innombrables  ouvrages  que  la  question  du 
Droit  des  femmes  a  fait  surgir,  nous  citerons  comme  l'un 
des  plus  complets  et  surtout  des  plus  sincères,  l'Essai  sur  la 
condition  des  femmes  en  Europe  et  en  Amèi-ique,  par 
M.  Léon  Giraud,  docteur  en  droit,  avocat  à  la  Cour  d'appel 
de  Paris,  mort  à  Grasse,  le  23  mars  1893,  après  une  longue 
maladie.  Paris,  A.  Gliio,  •'l-i2  ])p  ,  in-8°,  1883. 


187 
LE  DROIT  DU  SEXE  POUR  L'ÉTUDE  DES  SCIENCES 

I.  —  Dédicace  à  Monseigneur  l'illustrissime  et 
révérendissime  Michel-Gabriel  de  Roussillon  de 
Bernex,  évêque  et  prince  de  Genève;  quatre 
pages  signées  : 

«  Monseigneur  ,  de  Votre  Grandeur ,  la  très 
humble,  très  obéissante,  très  soumise  servante  (1), 
Man'e-Gasparde  de  Gvimaldy  de  Copponayy>  . 

IL  —  Au  LECTEUR.  Où  il  est  prouvé  qu'il  est 
utile  au  monde  de  donner  les  sciences  au  sexe 
féminin  ayant  la  facilité  de  les  apprendre  avec 
l'esprit  d'en  faire  un  bon  usage. 

On  y  lit  :  «  Dieu  par  sa  bonté  m'a  donné  une 
mère  vraiment  chrétienne,  qui,  après  avoir  donné 
tout  ce  qui  était  nécessaire  à  mon  éducation  et  à 
celle  de  mes  soeurs,  après  nous  avoir  occupées  à 
tous  les  exercices  nécessaires  à  notre  sexe,  d'ou- 
vrage et  du  domestique^  afin  de  remplir  certains 
moments  qui,  restant  vuides  à  la  campagne  où 
nous  sommes,  nous  a  procuré  des  entretiens  avec 
des  personnes  de  piété,  de  probité  et  de  science, 
qui  nous  ont  inspiré  l'amour  pour  les  belles-let- 
tres et  pour  les  sciences  ;  c'est  cependant  ce  qui 
n'a  pas  été  hors  de  censure  de  certains  esprits.  Je 
m'abstiens  des  termes  rudes  dont  je  pourrais  user 
à  leur  égard,  parce  que  c'est  manc|uer  d'esprit, 
dit  le  Sage,  que  de  dire  une  insulte  à  un  autre  : 
qui  profert  injuriam,  iiisipiens  est  ». 

(1)  Au  ]ieu  de  servante  il  y  avait  d'abord  fil  te. 


188 
III.  —  Table  des  chapitres  : 

1.  —  De  V Excellence  de  la  science. 

IL  —  De  la  Nécessité  de  la  science  à  l'un  et  à 
l'autre  sexe. 

III.  —  De  l'Utilité  que  le  monde  recevrait  si 
l'on  enseignait  la  science  au  sexe. 

IV. — De  l'Utilité  que  lesexe  mèmeenj^ecevrait. 

V. —  Qu'il  est  facile  d'apprendre  la  science  au 
sexe. 

VI.  —  Première  preuve  de  cette  facilité  par  la 
première  manière  cju'on  reçoit  la  science,  qui  est 
par  infusion. 

VII.  —  Seconde  preuve  par  la  seconde  ma- 
nière qui  est  par  l'étude. 

VIII.  —  Troisième  pî^euoe  de  cette  facilité  par 
l'exemple  des  savantes. 

IX.  —  Diverses  difficultés  qu'on  fait  sur  les 
dangers  qu'il  y  a  d'enseigner  la  science  au  sexe  ; 
première  réponse. 

X.  —  Réponse  à  la  première  difficulté  qui 
résout  aussi  les  ?%  3"  et  4^. 

XI.  —  Réponse  à  la  cinquièm,e  difficulté  que  le 
sexe  n'userait  de  la  science  que  par  vanité. 

XII.  —  Réponse  à  la  sixième  difficulté  que  la 
science  du  sexe  serait  inutile  dans  un  ménage. 

XIII.  —  Réponse  à  la  deuxième  difficulté  qu'il 
y  aurait  du  danger  pour  celui  qui  enseignerait. 

XIV.  —  Conclusion  de  tout  ce  qu'on  a  dit. 

XV.  —  Exhortation  au  sexe. 


189 


CHAPITRE  P'-. 

On  ne  peut  rien  ajouter  à  ce  que  le  Sage  (1)  a 
écrit  en  faveur  de  la  science  :  dans  sa  nature,  elle 
est  une  belle  lumière  qui  dissipe  toutes  les  ténè- 
bres de  l'esprit,  qui  éclaire  l'homme  dans  toute  sa 
conduite,  plus  éclatante  que  le  soleil  et  plus  admi- 
rable que  la  disposition  des  astres. 

CHAPITRE  n. 

L'homme  et  la  femme  ne  peuvent  être' dans 
leur  lustre  et  leur  beauté  que  par  la  connaissance 
de  la  science.  L'auteur  prend  occasion  ici  de  rap- 
peler les  éléments  constitutifs  de  l'être  humain  : 
((  Sel,  souffre  et  mercure,  sans  lesquels  notre 
machine  ne  pourrait  garder  l'ordre  qu'elle  a  reçu 
dans  sa  formation  ;  le  sel,  principe  qui  préserve  le 
corps  humain  de  toute  putréfaction  ;  c'est  le  plus 
essentiel  végétable  de  la  terre  qui  fait  produire 
toutes  les  plantes  ;  le  soufre,  feu  centrique,  baume 
de  vie,  chaleur  naturelle,  enfin  le  mercure  qui 
modère  la  chaleur  de  l'un  et  tempère  la  siccité  de 
l'autre  ». 

Déclina  a  malo  et  fac  bonuin  ;  pour  suivre 
cette  maxime,  la  science  est  nécessaire.  C'est  un 
soleil  et  de  même  que  cet  astre  répand  sa  lumière 
sur  les  femmes  aussi  bien  que  sur  les  hommes, 

(1)  Liove  de  la  Sagesse,  ch.  I",  p.  8. 


190 

pourquoi  n'en  serait-il  pas  ainsi  des  rayons  de  la 
science?...  Les  femmes  possèdent  aussi  la  nature, 
la  fortune  et  l'art,  qui,  selon  Platon,  sont  les  trois 
principes  que  nous  devons  le  plus  considérer. 
Pourquoi  donc  faire  une  distinction  notable  dans 
une  même  espèce  ;  pourquoi  les  avantages  ne  sont- 
ils  pas  égaux  là  où  il  y  a  même  nécessité  ?  Il  n'y  a 
d'ailleurs  pas  de  différence  entre  les  sens,  les  or- 
ganes, l'esprit  de  l'un  et  l'autre  sexe.  La  délica- 
tesse ou  la  faiblesse  même  du  sexe  féminin  le  rend 
plus  apte  à  acquérir  la  science,  étant  débarrassé 
de  la  masse  masculine. 

Les  Gaulois,  lorsqu'ils  se  partageaient  la  gloire 
de  la  paix  et  de  la  guerre  avec  les  femmes,  se 
réservaient  les  armes  et  laissaient  l'établissement 
des  lois  et  la  conservation  de  la  République  aux 
femmes. 

«  L'esprit  seul  étant  capable  de  nous  bien  con- 
duire pour  éviter  mille  dangers  qui  arrivent  dans 
la  vie,  nous  devons  dire  avec  David  :  Bonitatein 
ci  disciplinam  et  scientiam  doce  me  ».  Psal.  228. 

CHAPITRE  III 

Le  monde  serait  moins  rempli  de  ténèbres  et 
d'erreurs  si  l'on  enseignait  les  sciences  aux  femmes 

«  Platon  a  bien  connu  cette  vérité  lorsqu'il 
enseigne  dans  le  premier  livre  de  ses  lois  qu'on 
doit  employer  les  femmes  aux  mêmes  exercices 
que  les  hommes.  Il  tâche  de  prouver  qu'elles  en 


191 

sont  capables  et  dit  que  si  l'on  se  servait  d'elles, 
chaque  ville  qui  ne  semble  que  demie  serait  dou- 
ble. 

«  Si  leur  force  corporelle  n'égale  pas  celle  de 
l'homme,  celle  de  leur  esprit  pourrait  prévaloir  ou 
du  moins  égaler.  Dans  les  rencontres  où  l'on  ne 
demande  que  des  actions  considérables,  l'esprit 
aussitôt  instruit  le  corps  qu'il  anime  ;  c'est  lui  qui 
fait  les  amazones,  qui  fait  ces  dames  qui  défendi- 
rent Agria  contre  les  Turcs.  » 

L'auteur  cite  divers  autres  exemples  :  une  dame 
combattant  auprès  de  son  mari  et  vengeant  sa 
mort  ;  une  autre,  à  Chypre,  mettant  le  feu  aux 
galères  turques;  ceux  de  Déborah,  de  l'impéra- 
trice Pulchério  qui  régla  si  bien  toutes  les  affai- 
res de  l'Etat,  qu'il  serait  à  désirer  que  le  trône 
de  l'Empire  eût  toujours  été  occupé  par  une  Pul- 
chérie  ;  —  la  reine  Isabelle-la-Catliolique,  Mar- 
guerite de  Parme,  gouvernante  des  Pays-Bas, 
Clotilde,  Blanche,  et  «  la  reine  d'Angleterre  en 
est  encore  aujourd'hui  un  exemple  héroïque  (1)  ». 

Elle  cite  encore  les  conseils  donnés  à  Auguste 
parLivie;  à  saint  Louis,  par  Marguerite  de  Sa- 
voie (2).  Les  armées  ont  trouvé  en  elles  de  grands 

(1)  La  reine  Anne,  qui  régna  de  1702  à  1714.  Si  l'on  prend 
à  la  lettre  le  mot  aujourd'hui  de  cet  exemple,  il  faut  dire 
que  M'"  de  Copponay  a  composé  son  petit  ouvrage  avant 
1714 

(2)  Marguerite  de  Provence,  fille  de  Raymond  Béronger  IV 
et  de  Béatrix  de  Savoie,  éjwuse  de  Louis  IX. 


192 

capitaines;  Rome  doit  la  liberté  à  deux  femmes  ; 
la  France  doit  la  sienne  à  la  Pucelle  d'Orléans... 
Sémiramis.Tliomiris,  Zénobie,  etc.,  etc.;  enfin  les 
diaconesses,  les  veuves. 

Sainte  Catherine  de  Sienne  persuada  Grégoire 
XI  de  transporter  le  Saint-Siège  d'Avignon  à 
Rome,  afin  d'y  apaiser  les  schismes  et  les  guerres 
que  les  Bannerets  causaient  dans  toute  l'Italie. 
Sainte  Thérèse  a  fondé  et  réformé  l'ordre  des 
Carmélites.  Sainte  Catherine,  la  philosophe,  est 
aussi  digne  de  remarque. 

CHAPITRE  IV 

Nous  naissons  tous  ignorants  par  le  péché  de 
nos  premiers  pères  ;  nous  expérimentons  tous  que 
l'ignorance  a  des  effets  fâcheux  qu'on  ne  saurait 
empêcher  que  par  le  secours  des  sciences.  Notre 
esprit  a  besoin  d'être  éclairé,  premièrement  pour 
connaître  l'union  qu'il  a  avec  Dieu  ;  puis,  pour 
connaître  l'erreur  où  nous  vivons  lorsque  nous  ne 
faisons  attention  qu'aux  sentiments  plus  vifs  que 
nos  lumières. 

La  science  fortifiera  le  cœur  des  dames  contre 
les  divers  événements  de  la  fortune  ;  elles  en  re- 
cevront l'égalité  d'esprit  qui  nous  met  au-dessus 
des  plus  grandes  infortunes  ;  elle   élève  l'àme  et 

peut  la  fortifier  contre  les  passions  perverses 

C'est  de  quoi  était  bien  convaincu  Sénèquo  lors- 
qu'il souhaite  à  sa  mère  la  philosophie  morale  : 


193 

«  plût  à  Dieu,  lui  dit  ce  savant  stoïcien,  que  mon 
«  père  n'eût  point  tant  déféré  à  la  coutume  et 
«  qu'il  eût  permis  que  vous  eussiez  employé  plus 
(c  de  temps  à  la  morale,  vous  auriez  moins  d'afflic- 
«  tion  et  je  serais  moins  en  peine  de  vous  conso- 
«  1er  et  de  chercher  des  raisons  pour  vous  rendre 
((  mon  bannissement  plus  supportable...  » 

((  Quel  avantage  ne  serait-ce  pas  qu'une  femme 
fût  savante  dans  sa  famille,  ne  servirait-elle  pas  de 
collège,  d'université  et  de  pédagogue  pour  l'ins- 
truire, ou  bien  chaque  famille  ne  serait-elle  pas 
autant  de  collèges,  d'universités  ?  L'on  ferait 
moins  do  dépenses  et  les  enfants  seraient  plus  ins- 
truits. Mais,  posé  le  cas  que  chaque  mère  ne  vou- 
lût pas  prendre  la  peine  d'enseigner,  l'on  suivrait 
la  maxime  des  hommes,  l'on  choisirait  les  plus 
éclairées,  les  plus  savantes  femmes  pour  enseigner 
les  autres  >  et  l'on  donnerait  à  l'étude  le  temps 
qu'on  perd  en  bagatelles  dans  les  premières  années. 

Nous  avons  les  mêmes  lois  à  suivre  que  les 
hommes,  les  mêmes  maladies  à  guérir,  une  même 
âme  à  instruire,  une  même  nature  à  corriger, 
nous  avons  donc  besoin  d'un  même  secours... 

N'est-ce  pas  une  injustice  de  nous  priver  de 
cette  source  de  lumière  (la  science)...  Avec  elle 
nous  marcherions  d'un  pas  plus  ferme  dans  nos 
actions...;  la  coquetterie,  la  galanterie,  et  si  je 
puis  dire  encore  la  fainéantise,  n'auraient  pas  en- 
trée dans  notre  cœur...  Le  monde  vivrait  dans  une 

plus  grande  perfection  ». 

13 


194 

CHAPITRE  V 

Citation  d'Aristote  (en  latin)  :  Scire^  est  rem 
per  propriam  causain  cognoscere.  Il  ne  faut 
qu'être  capable  de  raisonnement  pour  acquérir 
une  connaissance.  Les  femmes  en  sont  capables  et 
même  plus  que  les  hommes,  etc., 

CHAPITRE  VI 

Nous  possédons  la  science  de  deux  manièT'es  : 
ou  par  infusion,  ou  par  étude  ;  la  première  est 
celle  qui  descend  du  ciel.  Exemples  d'Adam,  de 
Salomon,  qui  furent  savants  tout  d'un  coup,  sans 
études  ;  de  saint  Paul,  qui  reçut  du  ciel  l'intel- 
lio^ence  des  vérités  de  l'Evanf^ile  et  des  mvstères 
de  la  grâce  sans  enseignement. 

La  science,  acquise  est  celle  que  l'on  apprend 
par  les  méditations  de  l'esprit,  en  fréquentant 
les  universités.  C'est  pour  cette  science  qu'il  y  a 
une  faculté  à  Louvain,  en  Flandre  (1),  la  Sor- 
bonne,  à  Paris,  l'université  de  Salamanque,  en 
Espagne,  de  Prague,  en  Bohême,  d'Oxford,  en 
Angleterre,  de  Padoue,  en  Italie,  et  en  plusieurs 
autres  provinces. 

Quant  à  la  science  infuse,  l'auteur  rappelle 
sainte  Caiherine  de  Sienne  et  sainte  Catherine, 
martyre. 

(1)  Fréquentée  par  les  Savoyards,  surtout  par  ceux  du  dio- 
cèse de  Gcn(''\e-Annecy,  en  faveur  de  qui  Eustache  Cliapuis, 
conseiller  de  Charles -Quint,  y  avait  fondé  un  collège  en  1554. 


195 
CHAPITRE  VII 

Pour  la  science  acquise ,  la  femme  y  a  plus 
d'aptitude  que  l'homme.  Nihil  est  i/i  intellectù 
quin  prius  fuerit  in  se/isii.  La  créature  moins 
chargée  de  matière  a  plus  de  disposition  aux 
sciences  que  celle  qui  en  esi  plus  chargée.  Exem- 
ple des  Anges,  qui  sont  des  savants,  parce  qu'ils 
sont  de  purs  esprits.  Platon  a  enseigné  que  nos 
âmes,  avant  que  d'être  unies  à  nos  corps,  étaient 
également  savantes,  mais  qu'elles  devenaient  plus 
ou  moins  ignorantes,  selon  que  le  corps  auquel 
elles  étaient  unies  était  plus  ou  moins  matériel. 
On  dit  que  saint  Thomas  attribue  même  l'excel- 
lence naturelle  de  J.-C.  à  la  délicatesse  de  sa 
complexion. 

Les,  sens  plus  délicats  extérieurs  correspondent 
à  des  sens  plus  délicats  intérieurs.  «  L'âme  forme 
des  idées  moins  confuses  et  conçoit  plus  distincte- 
ment, soit  que  les  impressions  des  objets  se  fas- 
sent dans  la  glande  pinéale,  qui  est  la  source  et 
le  centre  où  tous  les  nerfs  se  vont  joindre  à  la 
tête,  comme  enseigne  M.  Descarte,  —  soit  que 
les  impressions  sensibles  se  fassent  dans  le  cer- 
veau et  que,  là,  l'esprit  spiritualise  les  espèces  que 
les  objets  extérieurs  y  ont  introduites  par  la  voie 
des  yeux,  des  oreilles,  ou  autres  sens,  comme  di- 
sent les  péripatéticiens  ». 

Supériorité  du  corps  do  la  femme  sur- celui  de 
l'homme  fait  du  limon  de  la  terre,  —  soit  que 


19G 

l'on  prenne  le  mot  côte  à  la  lettre,  c'est  une  ma- 
tière plus  solide,  plus  stable  et  plus  parfaite  que 
la  boue,  —  soit  que  l'on  prenne  l'explication  de 
l'hébreu  et  du  syriaque  où  le  mot  costa  signifie 
essence  ou  quinlessence. 

Une  plus  grande  partie  animale  rend  en  quel- 
que sorte  moins  capable  des  choses  du  ciel  et  de 
l'esprit,  selon  l'expression  de  saint  Paul.  —  Elle 
cite  aussi  à  ce  sujet  Hippocrate  et  Galien. 

CHAPITRE  YllI 

Exemples  des  savantes  :  il  y  en  a  eu  dans  tous 
les  siècles  et  dans  toutes  sortes  de  sciences  :  Eve, 
sainte  Brigitte,  sainte  Catherine  de  Sienne,  sainte 
Thérèse  (celle-ci  avait  écrit  sur  le  Cantique  des 
Canticiues  [un  livre]  qu'un  confesseur  indiscret 
lui  fit  jeter  au  feu  ;  elle  a  laissé  plusieurs  autres 
ouvrages)  ;  madame  la  comtesse  d'Auchy  écrivant 
sur  les  lettres  de  saint  Paul,  —  Tècle,  Priscille, 
Barbe,  disciple  d'Origène,  les  femmes  qui  ont 
excellé  sous  la  conduite  de  saint  Jérôme. 

Dans  les  lettres  humaines,  Aspasie.  qui  fut 
jugée  digne  d'enseigner  Périclés,  qui  était  capa- 
ble d'instruire  tout  le  monde  (1)  ;  Cornélie^  mère 
des  Gracques,  Pamphile,  Sémiramis;  dans  la  mo- 
rale, Diotime,  qui  enseigna  â  Socrate. 

(1)  Aspasie  de  Milet,  que  Pédclès  épousa.  Platon  fait 
vanter  par  Socrate  sa  science,  son  éloquence  et  sa  valeur 
morale.  Aristophane,  au  contraire,  pour  nuire  à  Pcriclès, 
l'a  accusée  d'actions  infâmes. 


1137 
CHAPITRE  IX 

Dangers  d'enseigner  la  science  au  sexe. 

1°  Les  femmes  ne  sauraient  pas  ménager  leur 
science;  elles  prendraient  le  faux  pour  le  vrai  ; 

2°  Manqueraient  en  matière  de  foi  ;  commet- 
traient des  hérésies  que  leur  opiniâtreté  lem^  fe- 
rait soutenir  ; 

3°  Renverseraient  les  Saintes-Ecritures. 

Réponse. —  Exemple  de  Cassandre  (1), demoi- 
selle vénitienne  qui,  sur  les  sciences  humaines,  la 
philosophie,  la  théologie,  etc.,  soutint  à  Venise 
et  à  Padoue  des  discussions  qui  étonnèrent  tous 
les  assistants  ;  musicienne,  jouant  de  plusieurs 
instruments  qu'elle  accordait  fort  bien  avec  sa 
charmante  voix. 

Elle  eut  amplement  de  la  science  pour  former 
des  hérésies,  et  cependant  on  n'en  rencontre 
aucune  dans  ses  écrits,  qui  ont  été  loués  par  plu- 
sieurs, et  notamment  par  Ange  Politien,  en  ces 
termes  :  «  O  liUe  !  l'honneur  et  la  lumière  de 
l'Italie,,  quel  remerciement  te  donnerai-je  qui 
puisse  égaler  l'honneur  que  tu  m'as  fait  de  la 
communication  et  correspondance  de  tes  belles 
lettres  ?  Je  ne  pouvois  sans  doute  espérer  cette 
faveur  que  de  la  courtoisie  (efïacé,  remplacé  par 

(1)  Cassandra  Fcclele,  femme  aimable  et  savante,  qui  fut 
en  correspondance  avec  Léon  X  et  la  plupart  des  savants 
de  son  temps.  Elle  fut  mariée  à  un  médecin  qui  l'enimcna 
quelque  temps  à  Chypre. 


198 

générosité)  d'une  dame,  plutôt  d'une  lîUe  et 
vierge  toute  céleste  en  mérite  d'un  prix  infini,  tel 
que  les  anciens  laissent  à  leurs  muses  et  sybilles  ». 

4'»  Ei  les  renverseraient  toutes  choses  ; 

5°  Ne  se  serviraient  de  la  science  que  pour  la 
vanité  et  l'ostentation  d'avoir  un  bel  esprit  ; 

6°  Leur  science  serait  inutile  dans  un  ménage, 
leur  ferait  abandonner  le  soin  de  la  famille  ; 

7°  Grands  dangers  à  craindre  pour  ceux  qui 
enseigneraient. 

Réponse.  —  Il  faudrait  donc  nous  laisser  à  nos 
fuseaux  et  à  nos  quenouilles. 

Avant  de  discuter  chaque  point  :  est-ce  que  les 
hommes  savants  sont  toujours  sans  défauts  ;  et 
parfois  la  science  ne  les  change-t-elle  pas  ?  Pour 
cela  faut-il  ne  pas  la  leur  enseigner  :  Sensus  enini 
et  cogitatio  hwnani  coj^dis  in  nialiun  pro?ii  sunt 
ab  adolescentia. 

Les  remèdes  du  corps  ne  peuvent  nous  exemp- 
ter de  la  mort,  de  même  les  sciences  ne  peuvent 
nous  rendre  impeccables  ?  Les  sciences  sont-elles 
dignes  du  mépris  parce  qu'il  y  a  eu  des  savants 
qui  ont  été  vicieux  ?  Aristote  a  été  amoureux  ; 
Sénèque  a  été  soupçonné  d'avoir  quelque  dessein 
pour  l'Empire  ;  Platon  a  aimé  le  luxe,  et  ainsi 
des  autres. 

La  science  peut  laisser  dos  passions  dans  celui 
qui  s'adonne  à  l'étude,  mais  je  n'accorderai  pas 
qu'elle  nous  y  conduise...  Au  contraire  :  si sœpius 
provisa  lœdunt,    quid   improvisa  nisi  graviter 


199 

feriant.  Dieu  n'a  pas  créé  les  ténèbres,  a  dit  un 
Saint-Père. 

CHAPITRE  X 

Réponse  aux  quatre  premières  difficultés.  — 
On  fait  des  erreurs  par  plusieurs  principes  : 

1°  Par  défaut  de  respect  pour  les  choses  saintes, 
les  iconoclastes  ; 

2°  Par  une  trop  grande  présomption,  les  pélas- 
giens  ; 

3°  Par  fausse  interprétation,  les  ariens  et  nos 
calvinistes  (1)  qui  ont  entendu  allégoriquemont  ce 
qui  doit  s'entendre  au  sens  réel  ; 

4''  Par  défaut  de  connaissance  de  Dieu,  les 
athées  ; 

5°  Par  ignorance  du  devoir  de  son  état,  les  pé- 
cheurs. 

Réfutation.  —  Les  femmes  sont  moins  sujettes 
à  ces  erreurs  que  les  hommes.  Ce  fut  une  femme 
qui  la  première  reçut,  à  Athènes^  la  prédication 
de  saint  Paul  pendant  qu'une  partie  de  l'Aréopage 
se  moquait  de  lui  et  remettait  sa  conversion  au 
lendemain. 

La  vierge  Démétriade  ne  se  laissa  pas  convain- 
cre par  Pélasge  ;  l'évangile  dit  que  les  femmes 
témoignèrent  plus  de  fermeté  que  les  hommes 
auprès  de  Jésus-Christ  au  temps  de  sa  passion... 
Autour  de  la  croix,  il  y  eut  trois  Marie- et  un 
seul  disciple...  Tous  les  hérétiques  furent  du  sexe 

(1)  Elle  vivait  près  de  Genève. 


200 

masculin.  Si  nous  remontons  au  premier  homme, 
c'est  lui  qui  a  répandu  l'erreur,  c'est  de  lui 
qu'est  venue  la  semence  de  nos  maux  :  Moi'bida 
sola  pecus  infecit  omne  pecus. 

En  aimant  la  sagesse^les  femmes  ne  s'en  appli- 
queraient que  mieux  aux  devoirs  do  leur  état. 

CHAPITRE  XI 

Cinquième  difficulté. La  science  rend  vaniteux: 
il  faut  savoir  quelle  science.  L'auteur  de  Y  Imita- 
tion de  Jésus-Christ  nous  l'enseigne: —  c'est  non 
celle  que  l'on  apprend  dans  le  seul  dessein  de 
savoir,  ou  pour  se  faire  une  réputation  dans  le 
monde:  vanitas  est,  diabolique  et  insupportable; 
mais  il  y  en  a  une  qui  a  pour  but  de  mieux  con- 
naître et  aimer  Dieu,  et  édifier  le  prochain  :  cari- 
tas  auteni  edijîcat. 

<(  Je  ne  prétends  point  que  les  dames  sachent, 
comme  Sapho  et  Sempronie,  bien  pincer  un  luth 
ou  bien  parler,  mais  qu'elles  sachent  la  manière 
de  bien  penser  et  de  bien  écrire...  Nous  avons 
beaucoup  de  livres  français  qui  nous  apprennent 
le  devoir  de  chrétiens,  mais  il  y  en  a  plusieurs 
latins  qui  n'en  disent  pas  moins  et  qui  ont  beau- 
coup plus  d'action.  Quelle  vanité,  mon  Dieu,  y 
a-t-il,  si  l'on  apprend  la  langue  latine  afin  de  pou- 
voir lire  et  entendre  les  livres  saints,  s'embaumer 
de  leur  onction  et  s'enflammer  de  l'amour  de 
Dieu  avec  les  auteurs  qui  les  ont  composés  et  qui 
n'ont  point  parlé  dans  la  langue  vulgaire. 


201 

«  Au  reste,  je  ne  sais  comment  de  vrais  savants 
peuvent  être  vains.  La  mullitude  des  choses 
qu'ils  ignorent  n'est-elle  pas  plus  grande  que  ce 
qu'ils  savent?  Il  pourra  y  avoir  des  filles  savan- 
tes vaniteuses,  mais  il  y  a  aussi  des  savants  vani- 
teux. Parce  qu'il  y  a  des  hommes  qui  prennent  du 
vin  hors  de  mesure  faut-il  arracher  les  vignes  ?  » 

CHAPITRE  XII 

Science  inutile  dans  un  ménage.  J'avoue  que 
si  une  dame  ou  une  fille  ne  savait  pas  prendre  son 
temps  pour  son  étude,  il  y  aurait  de  l'inconvé- 
nient ;  qu'un  ménage  n'irait  pas  bien  et  qu'un 
mari  se  soucierait  peu  d'une  femme  qui,  dans  le 
temps  qu'il  faudrait  vaquer  aux  afïaires  regar- 
dant sa  personne  ou  celle  de  la  famille,  irait  s'en- 
tretenir à  la  lecture  d'une  Enéide,  d'une  Odyssée, 
d'une  élégie  ou  de  quelque  métamorphose  d'Ovide, 
etc  ;  mais  si  une  dame  ou  une  fille  prenait  si  bien 
son  temps  qu'après  avoir  pourvu  à  son  ménage, 
au  lieu  de  demeurer  les  bras  croisés  à  une  fenêtre 
regarder  tous  ceux  qui  passent  dans  la  rue,  de 
perdre  le  temps  à  la  galanterie  ou  à  la  coquetterie, 
aux  jeux  ou  à  des  visites  inutiles,  s'occupait  à  la 
lecture  de  beaux  et  bons  livres  qui  l'éclaireraient 
davantage,  son  mari  serait-il  si  mal  partagé?  Ne 
trouverait-il  pas  en  elle  la  femme  forte  dont  parle 
le  Sage,  si  précieuse  qu'il  faut  la  chercher  jus- 
qu'aux extrémités  de  la  terre  ?  Ne  mettrait-il  pas 


202 

toute  sa  confiance  en  elle,  neserait-il  pas  heureux? 
Deatus  qui  habitai  cum  muliere  sensata  (Eccle- 
siastici,  cli.  25,  v.  11). 

CHAPITRE  XIII 

Danger  pour  qui  enseignerait.  Peut-on  bien 
penser  et  dire  que  celui  qui  nous  enseignerait 
pourrait  se  perdre  en  suivant  la  lumière,  tomber 
dans  le  précipice  en  nous  donnant  les  moyens  de 
l'éviter  ? 

L'auteur  accorde  qu'il  peut  y  avoir  cependant 
quelque  danger  pour  le  professeur,  mais  jamais  pour 
l'élève,  parce  que  l'amour  de  l'honnêteté  est  natu- 
rel au  sexe  féminin  qui  a  comme  sucé  avec  le  lait 
l'amour  de  la  vertu,  de  la  pudeur^  de  la  bienséance: 
exemple  (Grégoire  de  Tours,  L.VI;  ch.22(l).  Puis, 
nos  savantes  ne  feraient-elles  pas  à  leur  tour 
l'office  de  professeurs  ?  Elles  deviendraient  des 
Tècle,  des  Eustochium. 

CHAPITRE    XIV. 

CONCLUSION. 

Il  faut  donc  enseiiJfnoi'  les  sciences  aux  femmes, 
à  moins  que  par  contrariété  ou  par  envie,  crai- 
gnant que  nous  leur  devenions  supérieures  les 
hommes  ne  s'y  opposent  :  exemples  de  faiblesses: 
Samson,   Salomon,   Hercules.   «  Le  Sage  a  dit  : 

(1)  La  citation  est  erronée  par  rapport  à  l'édition  de  Dom 
Bouquet  ;  Paris  mdccxxx  ix. 


203 

iiiLilierem  foriem  qia's  inveniet?  n'avait-il  pas 
aussi  bien  sujet  de  s'écrier  :  virum  foriem,  ou 
viruin  stahilein  et  inconcussum  quis  inveniet  ? 

L'àme  de  la  femme  doit  avoir  les  mêmes  pré- 
rogatives que  celle  de  l'homme.  La  différence  de 
traitement  vient-elle  de  ce  que  les  hommes  veu- 
lent nous  empêcher  de  secouer  le  joug  d'une  dé- 
pendance injuste,  de  crainte  qu'ouvrant  les  yeux 
nous  n'apercevions  l'esclavage  où  nous  plonge 
notre  ignorance? 

Si  Dieu  nous  avait  voulu  soumettre  h  l'homme, 

il  nous  aurait  tirées  de  son  talon  et  aurait  dit  : 

faciamus  ei  servam,  au  lieu  qu'il  a  dit  \faciamus 

adjutorium  e/,  siinile  sibi,  faisons  lui   un  second 

lui-même  qui  soit  toute  sa  consolation  et  son  bien. 

CHAPITRE  XV. 

Exhortation  au  sexe  pour  l'étude.  —  «  Je  m'es- 
timerois  très  heureuse  ,  ô  généreux  sexe,  si  je 
pouvais  entrer  dans  votre  esprit  par  tout  ce  que 
j'ai  dit  en  faveur  du  droit  et  du  pouvoir  que  nous 
avons  pour  acquérir  les  sciences  ;  j'estiraerois  ma 
peine  bien  récompensée  si  je  pouvois  vous  char- 
mer par  l'excellence  que  je  vous  ai  montrée  de  la 

science Iners   inalorum  omnium  ignorantia 

est.  Doctus  inter  imperitos  asinus,  inter  simias.  » 

«  Notto.  —  La  défiance  que  je  dois  avoir  de  moy 
même  me  fait  croire  que  ce  petit  ouvrage  n'est 
pas  sans  erreur,  cependant  ie  prie  le  lecteur  qui  en 


204 

trouvera  quelqu'une  de  la  regarder  d'un  œil  chari- 
table. Je  déclare  que  je  suis  trop  soumise  à  l'Eglise 
pour  avoir  des  sentiments  formellement  opposés 
aux  siens  que  je  ferai  gloire  de  suivre  à  l'aveugle 
en  tout  et  partout  ». 


205 


Essai  de  généalogie  des   Moine  de  Grimaldi 
de   copponay. 

Ces  notes  généalogiques  sont  extraites  de  V Ar- 
moriai et  Nobiliaire  de  Savoie  de  M.  le  comte 
Amédée  de  Foras,  de  tableaux  généalogiques  iné- 
dits de  M.  Jean  Faga,  des  notes  de  i'état-civil 
laissées  par  M.  Timoléon  Chapperon,  que  nous 
avons  contrôlées  par  des  recherches  dans  les  re- 
gistres paroissiaux  des  églises  de  Saint-Léger, 
de  Lémenc  et  de  Saint-Pierre  sous  le  Château,  à 
Chambéry^  et  surtout  des  Archives  du  Tabellion 
de  Chambéry,  au  greffe  du  Tribunal  civil. 

Armes  :  Ecartelé  aux  premier  et  quatrième 
de  gueules  à  l'ombre  d'un  soleil  d'argent  ;  aux 
deuxième  et  troisième,  fuselé  d'or  et  de  gueu- 
les (1). 

—  I.  Gaspard  Moine  de  Copponay,  marié  le  20 
octobre  1629  à  Anne  de  Maubec  (Registres  par.  de 
Saint-Genis) ,  fille  de  N.  Antoine  Gaspard  de 
Maubec  (Arch.  Costa). 

Ont  eu  pour  enfants  : 

1°  Philibert,  seigneur  de  Copponay  en  1675, 

(1)  Ce  dernier  blason  est  celui  des  Grimaldi.  (Notes  de 
M.  Faga.)  Ne  pourrait-on  pas  se  demander  si  le  nom  de 
Moine,  pris  en  Savoie  par  ces  vrais  ou  faux  Grimaldi, 
ne  serait  pas  simplement  la  traduction  de  l'italien  Monaco, 
seigneurie  principale  des  Grj'maldi  '^ 


206 

premier  sous-brigadier  des  gentilhommes  de  la 
garde,  à  qui  le  duc  de  Savoie  accorda  l'usfige  de 
la  Maison- Blanche,  à  Chambéry-Maché  (1)  ;  sei- 
gneur de  Maubec  ;  mort  le  24  février  1710. 

—  IL  2"  Denis  Moine  de  Grimaldy,  seigneur  de 
Coppunay,  marié  à  Marie  Vincent  du  Rambion, 
mort  à  l'âge  de  84  ans,  le  10  septembre  1717,  à 
Chambéry,  après  avoir  testé  le  30  juin  1677 
(Arcli.  Costa),  puis  le  1*^'' avril  1716. 

On  a  fait  parfois  deux  personnages  de  ces  deux 
Denis  ;  nous  pensons  qu'il  n'y  en  a  qu'un  seul, 
a3'ant  fort  bien  pu  tester  une  première  fois  en 
1677j  à  l'âge  de  44  ans.  Marie  du  Rambion  testa 
le  1^''  janvier  1717  et  mourut  le  14  janvier  1725. 

3°  Claude-Abel  (Moine?)  coseigneur  de  Coppo- 
nay,  enseveli  le  19  mai  1686  dans  la  chapelle  de 
Saint-Martin  à  l'église  de  Lémenc  (R.  P.  de  Lé- 
menc  ;  vérifié). 

Le  Claude-Abel  de  Copponay,  neveu  de  Denis 
et  à  qui  celui-ci  fait  un  legs  dans  son  testament  de 
1716,  est  sans  doute  le  fils  de  ce  premier  Claude- 
Abel,  et  le  même  qui  est  témoin  à  la  donation  du 
29  mai  1707  sous  le  nom  de  Claude-Abel  de 
Cliastillon,  Il  est  ainsi  appelé,  probablement,  a 
raison  de  la  terre  de  Châtillon  à  Copponay  ou  à 
Cernex,  terre  sur  laquelle  Denis  était  décimateur. 

(1)  Tiin.  Chapperon,  Cha/nbêrt/  à  Uifiii  du  xiv^  siècle, 
p.  141.  —  Cet  usage  n'a-t-il  pas  plutôt  été  accorde  à  Denis, 
le  chimiste? 


207 

Enfants  de  Denis  de  Copponay  et  de  Marie 
de  Vincent  du  Rambion  : 

—  III.  Antoine-Théodore^  émancipé  le  19  mai 
1707;  reçoit  le  même  jour  une  donationde  son  père; 
marié  le  14  juillet  1707  à  Françoise  Carron  ;  teste, 
à  Saint-Genis,  le  3  mai  1731,  en  faveur  de  Claude- 
Joseph  Favier  du  Noyer  (R.  P.  de  Saint-Genis). 
Il  mourut  à  Saint-Genis^  sans  doute,  le  13  juillet 
1747,  car  son  testament  fut  ouvert  le  14,  dans  cette 
localité  (1). 

Louise  de  Copponay,  mariée  â  n.  Jean-Baptiste 
de  Launay  (contrat  dotal  du  17  octobre  1705)  ; 
morte  avant  1716,  laissant  deux  fils  et  cinc[  filles. 

Marie,  sur  laquelle  nous  ne  savons  rien,  sinon 
qu'elle  est  nommée  dans  le  testament  de  son  père 
du  1*"'  avril  1716. 

Laurence-Françoise,  mariée  à  François  Le- 
jeune-Donzel,  l'un  des  conseillers  de  la  ville  de 
Chambéry  ;  ensevelie  dans  l'église  de  Saint- Fran- 
çois, le  28  janvier  1743  (R.  P.  de  la  paroisse  de 
Saint-Léger  ;  vérifié). 

Marie- Gasparde   mariée  à    Claude- François 

(1)  Un  Claude- Joseph  Favier,  avocat  au  Sénat,  était  fils 
du  Procureur  général  Hyacinthe  Favier  et  de  Marie  Carron, 
dame  de  la  Biguerne.  Leur  lils  aîné,  Aynard  Favier,  était 
officier  dans  le  Régiment  national  de  Chablais  (1738).  Si, 
comme  nous  le  pensons,  Françoise  et  Marie  Carron  étaient 
soiurs,  Antoine-Théodore  de  Copponay  se  trouvait  oncle  par 
alliance  des  frères  Favier^  et  s'il  testa  en  faveur  de  Claude- 
Joseph,  c'est  sans  doute  afin  d'avoir  un  héritier  mâle. 


208 

Constantin  de  Magny,  ancien  syndic  d'Annecy 
(contrat  de  1717)  ;  ensevelie  à  Cliarabéry  au  cou- 
vent de  Sainte-Claire,  le  17  janvier  1740  (R.  P. 
de  Saint-Léger;  vérifié). 

Bernarde,  religieuse  à  Sainte-Claire,  vivante 
en  171G. 

Suivant  les  notes  laissées  par  M.  Cliapperon, 
une  Marie  de  Copponay  serait  née  à  Chambéry, 
le  6  septembre  1702;  une  Françoise,  le  18  avril 
1707  ;  une  Marguerite,  le  8  avril  1708.  Nous  n'a- 
vons cependant  retrouvé  aucune  de  ces  trois  nais- 
sances sur  les  registres  paroissiaux  de  Lémenc, 
de  Saint-Léger  et  de  Saint-Pierre  sous  le  Châ- 
teau. Il  est  vrai  que  les  registres  de  Saint-Léger, 
correspondant  à  cette  époque,  ont  disparu  il  y  a 
déjà  assez  longtemps  ;  mais  il  en  existe  une 
table  générale  dressée  avant  leur  perte.  Nous 
l'avons  vérifiée  soigneusement  et  nous  n'y 
avons  trouvé  aucun  de  ces  trois  actes  de  nais- 
sance. Il  s'agit  très  probablement  de  tilles  des 
sieurs  de  Launay  ou  Donzel.  —  Françoise  est  in- 
diquée par  la  note  de  M.  Chapperon  comme  fil- 
leule de  Denis  de  Copponay  ;  on  peut  donc 
croire  que  c'était  sa  petite-fille. 

La  seigneurie  de  Copponay  n'appartint  pas 
longtemps  aux  Favier  du  Noyer.  Par  un  acte  passé 
à  Chambéry,  le  25  juillet  1757  devant  le  notaire 
Marchand,  niessire  Claude-Joseph,  hls  de  m''^ 
François-Hyacinthe  Favier  de  Grimaldi,  seigneur 


209 

de  Copponay,  la  vendit  pour  le  prix  de  15.400 
livres,  à  Pierre-Nicolas  Colomb  de  Battine  (1), 
marié  à  Marie-Claudine  de  Launay  (8). 

Le  dernier  seigneur  de  Copponay  fut  François 
CoUomb  de  Battine,  leur  fils,  né  à  Copponay  le 
7  août  1746  ;  poursuivi  en  1777  à  Genève,  pour 
meurtre,  il  fut  condamné  à  mort.  Sa  peine  ayant 
été  commuée  en  une  détention  perpétuelle,  il 
mourut  dans  la  prison  de  cette  ville  le  22  février 
1791  (3). 

(1)  Archives  du  Tabellion,  1757,  2e  partie,  i°  757. 

(2)  Les  Favier  n'avaient  pas  cependant  al>andonné  les 
noms  de  Gvimaldi  de  Copponay,  car  ils  sont  donnés  à  Ai- 
nard  du  Noyer,  après  la  mort  de  son  frère,  Claude-Joseph. 
(Armoriai  de  Savoie  y°  Favicr.) 

(3)  Voir  Jules  Vuy.  Le  dernier  Seigneur  de  Copponex, 
broch.  in-8%  35  pp.  Genève,  Vaney,  18G1. 

J.  Vuy,  Convention  arbitrale  entre  la  ville  de  Cruseille 
et  l'abbaye  de  Porniers,  p.  28,  brochure  in-8°,  Genève  1860, 
et  dans  les  Mémoires  de  l'Institut  genevois. 


210 


PIECES  JUSTIFICATIVES 


Emancipation  d'Antoine-Théodore  de  Copponay 

Le  29  mai  1707,  noble  Denys  de  Grimalcly  de  Cop- 
ponay et  son  fils  se  présentent  à  Chambéry  devant 
spectable  du  Vergier,  lieutenant  du  Juge-Maje.  Le  ma- 
gistrat fait  asseoir  le  père  auprès  de  lui,  puis  :  «  avons 
fait,  dit  le  procès- ver  bal,  mettre  à  genoux  devant  son  père 
le  dit  Antoine-Théodore,  tête  nue,  les  mains  jointes, 
auquel  le  dit  noble  Denys  de  Grimaldy  de  Copponay 
les  aurait  ouvert  et  fermé  par  Irois  diverses  fois  en  lui 
disant  :  i7ion  fils,  je  f  émancipe  et  te  mets  hors  de 
mes  biens  et  puissance  paternelle  avec  pouvoir  que  je 
te  donne  de  contracter ,  transiger,  acquérir,  etc.  » 
(Arch.  du  Tabellion  ;  1707,  lie  partie,  fo  920  yo.) 

II 

Donation  a  Antoine-Théodore  de  Copponay 

Le  même  jour,  29  mai  1707,  après  l'émancipation, 
le  père  et  la  mère  font  à  leur  fils  une  donation  de  tous 
leurs  biens,  sous  la  charge,  qu'il  accepte,  de  payer  3.000 
livres  à  chacune  de  ses  sœurs,   et  sous  la  réserve  de  la 


211 

perception  de  dîmes  à  Cernex  et  à  Copponay,  appelées 
les  dîmes  de  Chastillon  et  de  Veyssière,  et  des  biens 
que  soD  père  a  acquis  de  messieurs  les  frères  de  Coc- 
que  à  Sainte-Ombre. 

Le  vieux  chimiste  se  réserve  aussi  son  cabinet  où 
sont  contenues  ses  plus  rares  curiosités,  lequel  cabinet 
est  estably  dans  la  Maison  blanche  de  S.  A.  R.  située  au 
faubourg  de  Mâché  (1),  où  est  establye  l'Université  chi- 
mique de  sa  dite  Altesse  Royale,  de  laquelle  Université 
le  dit  S''  de  Copponay  veut  et  entend  que  le  dit  sieur 
son  fils  donataire  exerce  pendant  sa  vie  et  fasse  exercer 
par  les  siens,  après  son  décès  la  dite  Université  des  uns 
aux  autres  à  perpétuité  suivant  l'intention  de  S.  A.  R. 
A  ces  fins,  le  dit  sieur  de  Copponay  père  donne  au  dit 
sieur  donataire  tous  les  droits  et  sommes  qu'il  a  em- 
ployés pour  reparer  la  dite  maison,  comme  encore  tous 
les  magasins  garnys,  laboratoires  et  autres  choses  y  con- 
tenues qui  sont  nécessaires  audit  exercice,  comme  aussi 
les  meubles  de  bibliothèque,  sans  rien  se  réserver  que 
le  susdit  cabinet  et  tout  ce  qui  est  dans  icelluy.  —  (Arch. 
du  TabelHon  ;  1707,  li''^  partie,  fo  900.) 

III. 

Testament  de  Denis  de  Copponay 

1"  avril  1716. 

Denys  de  Copponex  est  alité  dans  son  habitation  de 
la  Maison  blanche  j  le  notaire  et  les  témoins,  spectable 
Louis  Roybet,  avocat  au  Sénat,  etc.,  sont  autour  de  lui  ; 
il  dicte  son  testament  et  fait  les  dispositions  suivantes  : 

(1)  C'est  le  presbytère  actuel  de  la  cure  de  Mâché,  à 
Cliambcry. 


212 

S'il  meurt  à  Copponay  il  veut  y  être  enseveli  au  tom- 
beau de  ses  prédécesseurs  ;  si  c'est  à  Chambéry,  dans 
l'église  de  Sainte-Claire  (en  ville)  ;  il  lègue  cent  florins 
au  curé  de  Copponay  et  cinquante  au  curé  de  Lancy  pour 
dire  messes  pour  le  repos  de  son  âme  (à  raison  d'un 
florin  la  messe)  ;  il  donne  l'usufruit  de  tous  ses  biens  à  sa 
femme  Marie  de  Vincent  de  Rambion,  une  rente  à  leur 
vieille  gouvernante  «  l'Hylaire  Rippaz  »;  —  à  son  ne- 
veu Claude- Ahel  de  Copponay,  une  pièce  de  terre  avec 
300  florins  pour  la  mettre  en  état  ;  —  à  Louis,  Pierre, 
Georges ,  Marie  et  Jacqueline ,  enfants  de  sa  fille 
Louise  (décédée)  et  de  noble  Jean-Baptiste  de  Launay, 
une  somme  de  150  florins  outre  ce  qui  avait  été  consti- 
tué à  leur  mère  dans  son  contrat  de  mariage  du  17  oc- 
tobre 1705,  reçu  M<=  Bellay,  notaire;  —  à  sa  fille  Lau- 
rence-Françoise femme  de  François  Lejeune-Donzel, 
5  sols,  outre  ce  qu'elle  avait  reçu  par  son  contrat  de 
mariage  du  27  janvier  1706  ;  —  à  Marie,  à  Marie- 
Gasparde  et  à  Marie- Josèphe,  ses  trois  filles,  2,000 
livres  pour  chacune,  soit  6,000  livres  pour  les  trois  ; 
à  sa  fille  Betmarde,  religieuse  à  Sainte-Claire  de  la 
présente  ville,  un  louis  d'or  neuf  ;  —  à  Marguerite  Don- 
zel,  sa  petite-fille  et  filleule,  une  petite  somme  ;  cent 
écus  aux  pauvres   de  Copponay.  Il  institue  enfin  pour 

son  héritier  universel  son  fils  Antoine-Théodore 

et  signe  de  Copponay  de  Grimaldv. 

(Archives  du  Tabellion  de  Chambéry  ;  1716,  l^'o  par- 
tie, f"  353). 


213 
IV. 

Contrat  de  mariage  de  Claude-François  Constantin 
DE  Magny  et  Marie-Gasparde  de  Copponay. 

L'an  1717  et  le  10^  du  mois  de  juillet,  se  sont  cons- 
titués noble  et  spectable  Claude-François,  fils  de  feu 
noble  André  Constantin  de  Magny,  des  bourgeois  et 
ancien  sindic  de  la  ville  d'Annecy  et  demoiselle  Ma- 
rie-Gasparde, fille  de  noble  Denys  de  Copponay,  sei- 
gneur du  dit  lieUj  et,  de  son  consentement,  demoiselle 
Marie  de  Vincent  de  Rambion,  père  et  mère  de  la  fu- 
ture. Constitution  de  dot  :  4.000  livres  dont  un  tiers 
par  le  père  et  deux  tiers  par  la  mère  ;  outre  les  trossel, 
fardel,  nippes  et  meubles  portés  dans  l'inventaire  (que 
nous  n'avons  pas  retrouvé),  évalués  à  800  livres. 

En  outre  la  dite  demoiselle  ,  du  consentement  de 
ses  dits  père  et  mère,  a  constitué  au  dit  seigneur  futur 
époux  :  lo  18  ducatons  faisant  84  livres  à  elle  dus  par 
François  Baussaz  par  contrat  du  27  mars  1717,  et  la 
somme  de  100  livres  à  elle  due  par  Alexandre  Ma- 
gnin  par  contrat  du  3  juin  1717,  reçus  M^  Challut,  no- 
taire, et  finalement  un  veau  de  trois  ans  de  poil  châtain, 
une  vache  tirant  sur  le  poil  châtain,  âgée  de  cinq  ans, 
autre  vache  tirant  sur  le  noir,  âgée  de  quatre  ans  avec 
son  veau  de  Tannée  courante 

Fait  et  prononcé  à  Chambéry,  dans  la  maison  du 
Roy,  appelée  la  Maison  Blanche,  —  en  présence  de 
noble  Claude-Abel  de  Chastilon ,  d'hon.  François 
Baussaz  le  jeusne  de  Cercier,  et  de  Claude  Cherrier, 
des  serviteurs  ordinaires  de  la  ville  d'Annecy. 

Signé  :  [Ambroise]  Favro,  notaire  (Arch.  du  Tabel- 
lion, 1717,  2«  partie  f»  189). 


214 

V. 

Testaments  de  François  feu  Benoît  Donzel  et  de 
Laurence-Françoise  de  Copponay. 

Le  17  septembre  1736,  à  Chambéry,  les  deux  époux 
font  ensemble  leur  testament.  N'ayant  plus  d'enfanis 
dans  le  monde,  ils  s'instituent  réciproquement  héritier 
universel  l'un  de  l'autre,  font  quelques  legs  pies  et  don- 
nent des  pensions  à  la  sœur  Marie  des  Anges,  reli- 
gieuse bernardine,  leur  fille  ;  au  révérend  Père  Pacifi- 
que, carme  déchaussé,  et  au  révérend  Père  Joseph- 
Marie  Donzel,  religieux  aux  Grands-Augustins,  leurs 
deux  fils. 

Madame  Donzel  fut  ensevelie  le  18  janvier  1743.  Le 
testament  des  deux  époux  fut  ouvert  le  1er  février 
suivant.  (Arch.  du  Tabellion  ;  1743,  l''«  partie,  P^  109 
à  110). 


-yyvtft-... 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 

Notice. 

Avant-propos 179 

Renseignements  biographiques 180 

Marie-Gasparde  de   Coppona^^,    son  instruction,    son 

mariage 181 

Le  droit  du  sexe  pour  l'étude  des  sciences. 

Dôdieaco 187 

Table  des  chapitres 188 

Analyse  des  divers  chapitres 189-204 

Essai  de  généalogie  des  Moine  de  Grimaldi  de  Copponay .  205 

Vente  de  la  seigneurie;  le  dernier  seigneur  de  Copponay.  208 

Pièces  justificatives. 

Emancipation  d'A.-Th.  de  Copponay 209 

Donation  au  même 209 

Testament  de  Denys  de  Copponay 210 

Contrat  de  mariage  de  Marie-Gasparde  de  Copponay..  212 
Testaments  de  François  Donzel  et  de  Laurence  de  Cop- 
ponay   


213 


"-^^y 


IsT  O  T  I  O  E 

Claude-Etienne  Nouvellet  est  né  en  1537  ou 
1538  (1). 

Il  ne  doit  pas  être  confondu  avec  un  autre 
Claude-Etienne  Nouvellet  ou  Novellet,  bénédic- 
tin de  Talloires,  né  vers  1510,  précepteur  d'Em- 
manuel-Philibert de  Pingon  et  auteur  d'un  ou- 
vrage intitulé  :  Pétri  Aurioli  Franciscain  cardi- 
nalis  compendiosa  in  universam  sacram  scrip- 
turam  conimentaria  édita  a  Claudio  Stephano 
Noveletto  Talluerino,  ParisiiSj  1585. 

Grillet,  qui  ne  consacre  que  quatre  lignes  à 
notre  auteur,  dit  qu'il  fut  poète  et  orateur  distin- 
gué de  son  temps.  Il  signale,  parmi  ses  ouvrages 
les  plus  drolatiques  : 

1°  Le  Braquemart,  poème  en  100  sonnets  ; 

2°  Odes  sur  les  funérailles  du  chevalier  de 
Voyer,  Paris,  1591. 

3°  Les  Diainailles,  en  style  burlesque.  Lyon, 
1571. 

Tous  les  auteurs  qui  ont  copié  Grillet  répètent 
après  lui  que  les  Divinailles  sont  écrites  en  style 
burlesque.  Cette  appréciation  est  trop  sévère.  La 

(1)  Son  portrait  à  l'âge  de  trente  ans,  propriété  de  la 
Société  florimontane,  est  déposé  au  musée  d'Annecy. 

15 


218 

pièce,  où  la  vcrvo  de  Nouvellet  se  donne  libre 
carrière,  n'est,  en  définitive,  qu'une  longue  et 
ingénieuse  demande  de  protection  et  de  secours  à 
l'ambassadeur  que  le  duc  Emmanuel- Philibert 
avait  envoyé  en  mission  à  Paris,  le  comte  de 
Mouxy  de  Montréal. 

Mais  sa  muse  ne  dédaignait  pas  de  s'exercer 
dans  le  genre  facétieux.,  témoins  les  titres  de  ses 
autres  ouvrages,  et  l'on  a  eu  quelque  raison  de 
l'appeler  le  Scarron  savoyard. 

Les  Divinailles  ne  furent  pas  publiées  en  1571, 
mais  en  1578,  à  Lyon,  chez  Jean  de  Tournes. 

Au  moment  où  il  composait  ces  vers,  Nouvellet 
était  étudiant  en  Sorbonne  où, plus  tard,  il  obtint 
le  titre  de  docteur. 

Chanoine  de  la  cathédrale  d'Annecy,  Nouvellet 
parait  avoir  été  attaché  à  Anne  d'Est,  duchesse 
de  Genevois-Nemours,  qui  le  choisit  pour  son 
aumônier. 

En  1596,  il  fut  nommé  sacristain  et  théologal 
de  la  collégiale  de  Notre-Dame-de- Liesse,  à  An- 
necy, par  Henri,  duc  de  Genevois-Nemours. 

Il  se  démit  de  ces  fonctions  en  faveur  de  Janus 
des  Oches,  pour  entrer  au  chapitre  de  St-Pierre. 

On  le  trouve  curé  de  Rumilly  de  IGOl  à  1605. 

En  1602,  à  l'occasion  du  sacre  de  saint  François 
de  Sales,  les  mémoires  du  temps  nous  apprennent 
qu'il  harangua  fort  éloquemment  le  nouvel  évêque 
à  son  entrée  dans  l'église  cathédrale  et  prit  pour 


219 

son  thème  :  Benedidus  qui  venii  in  nomine  Do- 
mini. 

11  fut  admis  dans  l'Académie  florimontane,  fon- 
dée en  1606  et  1607  par  saint  François  de  Sales  et 
le  président  Favre,  et  mourut  en  octobre  1613  (1). 

Comme  on  le  voit,  on  ne  sait  que  peu  de  choses 
sur  la  vie  de  Claude-Etienne  Nouvellet,  lequel, 
comme  les  autres  poètes  savoyards  du  xvi"  siècle, 
est  dès  longtemps  complètement  délaissé  et  en 
quelque  sorte  perdu  (2). 

Mérite -t-il  cette  indifférence  et  cet  oubli?  La 
lecture  du  poème  que  nous  rééditons  permettra 
de  se  faire  une  opinion  à  cet  égard. 

Pour  nous,  il  nous  a  paru  qu'il  n'était  pas  sans 
mérite.  Il  nous  a  même  semblé  que  les  vers  de 
Nouvellet  pouvaient,  sans  y  perdre,  supporte! 
la  comparaison  avec  ceux  des  poètes  ses  contem- 
porains. On  ne  trouve  pas,  en  effet,  dans  les 
Dicinaillcs,  les  singularités  de  style,  l'abus  des 
mots  composés  et  des  diminutifs  qu'on  a  reprochés 
à  notre  Marc-Claude  de  Buttet.  On  n'y  voit  pas 
non  plus  cette  affectation  d'érudition,  ni  cette 
prodigalité    de    digressions    mythologiques    qui 

(1)  Sources  :  Grillet,  Dictionnaire  historique  ;  l'abbé 
Ducis,  Société  florimontane,  1881  ;  F.  Mugnier,  Corys  des 
fondations  pieuses  de  l'église  de  Rumilly  ;  Manuscrit  de 
la  bibliothèque  de  Chambéry  ;   Della  Chiesa  ;  Rossotti. 

(2)  Il  faut  en  excepter  le  plus  célèbre  de  tous,  Marc-Claude 
de  Buttet,  dont  les  œuvres  ont  été  rééditées  par  le  biblio- 
phile Jacob,  et  plus  récemment,  à  Lyon,  par  M.  Philibert- 
Soupé. 


220 

déparent  les  plus  petites  productions  de  Ronsard 
et  qui  ont  fait  dire  à  Boileau  : 

Que  sa  muse  en  français  parla  grec  et  latin. 

C'est  à  peine  si  dans  les  cinq  cent  soixante 
alexandrins  qui  composent  les  Divinailles,  on 
trouve  quelques  locutions  telles  que  fosselette, 
sauteler,  etc.,  qui  rappellent  les  imperfections 
reprochées  aux  poètes  de  la  Renaissance. 

En  un  mot,  la  langue  nous  paraît  plus  souple 
et  plus  noble  chez  notre  auteur  que  chez  ses 
prédécesseurs  immédiats  et  môme  ses  contem- 
porains. 

Sans  doute,  Nouvellet  n'est  pas  sans  défaut, 
mais  la  vivacité  de  son  imagination  et  la  facilité 
de  sa  veine  méritaient  que  son  petit  poème  des 
Divinailles  fût  tiré  de  l'oubli. 

Au  surplus,  nous  n'avons  pas  le  droit  de 
délaisser  nos  moindres  titres  de  gloire,  et  l'une 
des  principales  attributions  de  la  Société  d'his- 
toire et  d'archéologie  est  de  faire  revivre  les 
hommes  qui  ont  honoré  notre  pays.  C'est  ce 
qui  nous  a  décidé  à  publier  de  nouveau  les  Divi- 
nailles, de  Claude-Etienne  Nouvellet,  d'après  un 
manuscrit  que  nous  avons  acquis  d'un  bouqui- 
niste il  y  a  quelques  années,  et  qui  nous  paraît 
être  de  18i0  ou  environ.  C'est  une  copie  de 
l'édition  parue  à  Lyon,  en  1578,  chez  Jean  de 
Tournes  et  mentionnée  dans  Brunet.  Cette  édi- 
tion est  aujourd'hui  à  peu  près  introuvable. 

Marie- GiROD. 


LES  DIVINAILLES 

DE     NOUQELLET 


A  Treshavt  et  Puissant  Seigneur 

MESSIRE     GEORGE     DE     MOUXI 

Conte  de  Montréal 

B  T 

Ambassadeur  pour  Son  Altesse  de  Savoye 
en  France 


Va,  mon  petit   liuret,  ic  ne  charge  ton  front 
D'un  tiltrc  ambicicux,  comme  ores  plusieurs  font, 
le  hay  l'architecteur,  qui,  priué  de  raison, 
Fait  plus  grand  le  portail  que  toute  la  maison. 


A  LYON 
par  Jean  de  Tovrnes,  imprimevr  du  Roy 

MD.LXXVfïl. 


222 


IN    CLAUDII    STEPHANI    NOVELLETIl 

DIUINALIA    ANAGRAMMATA. 


Claudius   Stephanus  Nouelletiiis. 
Noms  ille  vatcs  Delphiciis  natiis. 

Carminé  fatidico    referans    oracla   Nouellus, 
Est  vates    natvs    Delpliicvs   ille   novvs 
?Allohrogos   célébrât  partit   Latona   recenti. 
Liice   noua  gaudet  fratris  cApollo   noui. 

Claude  Estienne   ^ouuellef. 
C'est   le  nouveau   'Delien   né, 

IDclia,  dicta   Deis,    das  diuinalia,    diiius, 
Naturae   numen   nate,   Nouelle   novum. 

Claudio   Stephano   V^ouelleio. 
T*oeta   venutto   al   sol   d'Hclicon. 

Sol,   Helicon,   (Musae  vatem  fccere  l^ouellum , 
Qui   Solem,  [Musas,   ac  Ilelicona   capit, 

Facicbat  Clavdius  Morcllus 
Vallcfinivs. 


223 

LES    DIVINAILLES 


A  Treshavt  et  Pvissant  Seio-jtevr,  messire  Georoe  de 
Mouxi,  conte  de  Montréal,  et  ambassadeur  pour  son 
Altesse  en  France. 

L'artisan,  qui  ne  peut  viure  de  son  mestier, 
Pour  n'estre  reconnu,  tel  qu'il  est,  bon  ouurier, 
Marri  de  ne  pouuoir  monstrer  son  industrie, 
Se  desbauche  et  s'en  va  chercher  ailleurs  sa  vie  : 
Enrag-é  quand  il  voit  tant  de  grossiers  esprits 
Proffiter  mieux  que  lui,  et  l'auoir  en  mespris. 
Il  va  par  cy,  par  la,  par  ville  et  par  village, 
Cherchant  s'il  trouuera  qui  prise  son  ouuragc. 
Chacun  le  prise  bien,  et  ne  treuue  celuy. 
Si  ce  n'est  l'ignorant,  qui  n'ayt  pitié  de  luy. 
Tandis  de  son  sçauoir  l'honneur  il  ne  dcscœuure 
Pour  n'auoirles  outils  qu'il  pourroit  mettre  en  œuure. 
Il  ne  laisse  pourtant  de  s'informer  par  tout, 
Et  demander  conseil,  pour  en  venir  à  bout. 
Au  moyen  d'un  support  autre  que  le  vulgaire, 
Comme  vulgaire  n'est  l'ouurage  qu'il  sçait  faire. 
L'un  luy  dit  qu'il  faudroit  suyure  les  grands  seigneurs, 
Que  ce  n'est  aux  petits  de  payer  ses  labeurs. 
L'autre  dit  au  contraire,  et  qu'a  l'heure  qu'on  pense 
Mieux  faire  pour  les  grands,    on  perd  la  récompense. 
L'un  dira  qu'il  faudroit  de  patrie  changer. 
L'autre  dira  que  non.  Chacun  conseil  luy  donne. 
Mais  pour  le  secourir  il  ne  treuue  personne, 
le  suis  cet  artisan  (dit-on),  et  ie  scay  bien 
Que  i'ay  plus  d'un  mestier,  mais  ic  n'y  gaigne  rien. 


224 

Les  maistrcs  disent  bien  que  i'y  sçay  quelque   chose, 

Et  qu'il  fait  mauuais  voir  qu'oisif  ie  me  repose  : 

Mais  à  faute  d'engins  ne  pouuant  faire  voir 

Mille  desseins  que  i'ay,  ie  ferme  mon  ouuroir, 

D'esprit  de  voir  braucr  tant  d'artisans  ignares 

Du  gain  qui  n'est  point  dcu  à  leurs  bourses  auarcs. 

Je  monstre  à  mes  amis  et  à  mes  bons  seigneurs 

Quelques  eschantillons  de  mes  petits  labeurs  : 

On  s'en  contente  assez,  et  me  donnant  courage, 

On  me  conseille  bien  d'en  faire  d'auantage. 

On  me  dit  qu'ils  sont  bons,  on  me  dit  qu'ils  sont  beaux 

Et  qu'en  l'autruy  moisson  ie  ne  fourre  ma  faux. 

Or'  l'un  me  désespère,  or'  l'autre  me  conforte  : 

Quand  lun  dit,  fay  cecy,  l'autre  dit  d'autre  sorte. 

Apres  tant  de  conseils,  ie  suis  aussi  sçauant 

A  résoudre  mon  faict,  que  i'estoy  parauant. 

Tandis  le  temps  s'en  va,  et  la  saison  meilleure 

De  mon  aage  meilleur  s'escoule  d'heure  en  heure. 

La  vieillesse  viendra  si  ie  ne  meurs  premier, 

Lors  ie  ne  pourroy  plus  pratiquer  mon  mesticr  : 

Ainsi,  ne  scruant  rien,  tout  ce  qu'on  me  conseille, 

Comme  il  entre  par  l'une,  il  sort  par  l'autre  oreille. 

Cela  me  ressouuient  d'une  fois  que  i'auoy 

Une  grand'  fieure  quarte,  et  quand  plus  i'esprouuoy 

Ce  que  les  médecins  me  conseilloyent  de  faire. 

Et  qu'il  seruoit  de  moins,  ie  fy  tout  au  contraire 

Car,  en  lieu  de  chercher  par  art  ma  guerison, 

Je  prins  des  Recipés  sans  art  et  sans  raison  : 

Des  breuets  attachés,  des  amandes  escrites, 

Des  grands  mots  barbotes,  des  patenostrcs  dites 

Tousiours  en  nombre  impair,  et  si  ie  croyoy  bien 

Qu'à  la  fin  tout  cela  ne  seruiroit  de  rien. 

Mais  une  noire  humeur,  mère  des  resueries. 


225 


Me  faisoit  essayer  toutes  ces  cingeries. 
Non  obstant  tout  cela  la  fleure  fit  son  cours, 
Et  en  Dieu  seulement  ie  trouuoy  mon  secours. 
J'en  ay  faict  tout  de  mesme  en  cette  maladie 
Du  languissant  malheur  qui  tourmente  ma  vie. 
Car,  puis  que  des  amis  le  conseil  i'ay  suyui, 
Et  que  ma  diligence  en  rien  ne  m'a  serui, 
J'ay  voulu  esprouuer  à  toutes  auentures, 
Les  oracles  de  ceux  qui  aux  choses  futures 
Se  reputent  sçauans,  et  n'y  treuuant  rien  scur, 
J'ay  remis  tout  à  Dieu  le  bon  et  le  mal  heur. 

Je  ne  lairroy  pourtant,  Seigneur,  de  vous  en  dire 
Le  fantasque  discours  :  et  s'il  vous  plait  de  lire 
Et  auerer  cela  qu'on  m'a  diuinaillé, 
J'auroy,  sans  y  penser,  diuinement  baillé 
A  mes  bigearres  vers  le  nom  de  diuinailles  : 
Nom  pris  d'un  sort  qu'icy  Ion  fait  des  espousailles 
Et  des  folles  amours,  quand  les  voisins  amis, 
A  la  feste  des  Rois,  d'ordre  au  foyer  assis, 
La  femme  plus  aagee  empongne  la  palette 
Dont  on  couure  le  feu,  creuse  une  fosselette 
Ecartillant  la  cendre,  et  pour  les  deux  amans. 
Prend  deux  grains  de  froment,  et  les  icttc  dedans  : 
Puis  selon  ce  qu'on  void,  par  la  chaleur  de  l'atre, 
Ces  deux  grains  sauteler,  s'accorder  ou  combattre, 
Se  suyure  ou  se  fuir,  on  iuge  par  cela 
Qui  aime  plus  ou  moins  de  ces  deux  amans-là. 

La  diuinaillerie  estoit  presque  finie 
Que  (comme  i'y  suruin)  toute  la  compagnie 
Riant  me  condamna  qu'il  faloit  à  mon  tour. 
Comme  les  autres  dire  ou  ie  faisoy  l'amour. 
Et  bien,  i'en  fu  contant  :  et  forgeay  de  ma  teste, 
Sans  aimer,  un  amour,  pour  ne  troubler  la  feste. 


226 

La  dame,  dy-ie  alors,  que  ie  vay  poursuyuant, 
A  de  légèreté  cent  fois  plus  que  le  vent  : 
C'est  une  grand'  putain,  et  qui  n'aime  personne 
Dès  qu'on  l'a  mérité,  au  reste  s'abandonne 
A  tous  poltrons  vcnans,  comme  la  louue  fait, 
Qui  des  loups  amoureux  prend  tousiours  le  plus  laid. 
Elle  est  aueugle, et  sourde  :  il  est  vray  qu'elle  est  riche: 
Mais  prodigue  aux  meschans,  et  aux  gens  de  bien  chiche. 
Je  ne  l'aime  pourtant  qu'a  cause  de  son  bien  : 
Car  la  vertu  sans  elle  auiourd'huy  ne  peut  rien  : 
Auiourd'huy  la  vertu  n'est  prisée  sans  elle. 
Fortvne  c'est  le  nom  de  ceste  damoiselle. 

On  mit  alors  deux  grains  :  le  mien  alloit  fuyant 
De  Fortune  le  grain,  qui  s'en  fuyoit  deuant. 
Et  iugca  ton  par  là,  que  ceste  aueugle  amie, 
Ainsi  qu'auparauant  me  scroit  ennemie. 
J'cscoutoy  tout  cela,  et  ne  disoy  sinon, 
Peut  estre  il  sera  vray,  et  peut  estre  que  non. 

J'allay  depuis  treuuer  un  de  ces  sçauans  hommes, 
Qui  sçauent  la  fortune  à  qui  subiects  nous  sommes, 
Sçaucnt  l'un  et  l'autre  heur,  et  les  biens  et  les  maux 
Par  le  cours  erratic  des  célestes  flambeaux  : 
Et  m'addressant  à  luy  :   «  O  de  qui  la  science, 
Dy-ie.  monte  plus  haut  que  l'humaine  prudence, 
S'il  est  vray  que  celui,  qui  de  ccst  uniucrs 
Du  chaos  embrouillé  lit  rorncmcnt  diuers. 
Tout  puissant  maçonna  pour  nostre  humain  cstage 
La  terre,  l'onde  et  l'air,  couurant  ce  grand'ouurage 
De  la  voûte  du  ciel,  et  d'astre  gouuerneurs 
Par  leur  influxion  des  corps   infcricurs  : 
Soy  gardant  toutefois  la  prouidcnce  unique. 
Et  la  surintendance  à  toute  la  fabrique. 
Pour  faire  que  le  ciel,  quand  bon  lui  semblera, 


227 

Sortira  son  cffect.  ou  sans  effet  sera. 
Et  s'il  est  vray  cncor  qu'il  permette,  propice, 
Aux  hommes  en  auoir  par  art  quelque  notice, 
Aux  hommes,  comme  toy,  dignes  d'un  tel  sçauoir, 
Pour  ce  qui  est  futvu-  présentement  preuoir  : 
Ne  me  cèle,  ô  prudent,  quelle  est  ma  destinée, 
Comment  elle  sera,  mauvaise,  ou  fortunée. 
Et  si  tu  me  prédis  que  mon  mal  durera, 
N'attendre  aucun  confort  mon  seul  confort  sera  : 
Ou,  si  le  ciel  me  garde  enfin  quelque  avanture. 
Au  moins  ie  me  paistray  d'espérance  future.  » 

Ainsi  parlay-ie.  Et  lui  grauement  attentif, 
Estoit  comme  raui,  profondement  pensif, 
Sans  mot  dire,  et  voulant  vray  oracle  me  rendre, 
De  la  teste  et  la  main  me  fît  signe  d'attendre. 
Il  regarda  son  liure  et  forma  deux  quarreaux, 
Serrans  de  tous  côtés  trois  triangles  égaux. 
Au  quarré  du  milieu  il  mit  l'heure  et  l'année, 
Et  le  jour  que  premier  me  fut  vie  donnée. 
Autre  part  il  posa  les  planettes,  ainsi 
Qu'elles  regnoyent  alors,  et  les  signes  aussi. 
Il  y  pensa  long  temps  :  puis  en  profond  silence 
Fit  une  diuinaille  en  une  autre  science. 

Sur  un  beau  papier  blanc  il  paignit  une  croix  ; 
Mit  un  nom  tetragramme  en  ses  quatre  angles  droits  : 
Murmura  certains  mots  :  fit  ne  sçay  quelles  mines  : 
Contemplant  picotta  quatre  quartrains  de  lignes 
Par  poincts  auantureux  :  tous  ces  points  il  lia, 
Les  couplant  deux  à  deux,  et  les  multiplia 
Tant  par  impair  et  pair  (mistcricux  augures  !  ) 
Qu'il  en  fît  quatre  fois  sortir  quatre  figures. 
Il  retourna  mon  nom  sur  lequel  il  resua 
Jusqu'à  tant  qu'un  dicton,  songeard,  il  y  trcuua. 


228 

Il  le  remit  a  droit,  et  sur  chacune  lettre, 
Attentif,  ie  lui  vis  certaine  chiffre  mettre. 
Me  regarda  la  main,  me  fit  froncer  le  front. 
Et  beaucoup  d'autres  cas  que  ces  divincurs  font. 

Non  content  de  cela,  il  iette  à  l'aduanture 
Deux  dés  qu'il  manioit,  et  faisant  ouuerture 
D'un  Virgile,  il  trouva  un  vers,  au  point  de  dix, 
Qui  dit,  Vosmet  Rébus  servate  secvndis. 

Et,  à  fin  que  de  tout  plus  vray  iugement  sorte, 
Tant  de  sorts  assemblés  l'un  à  l'autre  il  rapporte  : 
Calcule  cestuy  cy,  songe  sur  cestuy  là  : 
Et,  résolu  de  tout,  en  ce  poinct  me  parla  : 

((  Par  périlleux  trauail,  par  infinie  peine, 
Se  passe  le  sentier  qui  a  vertu  nous  mcine. 
Et  qui,  à  la  volée,  adressera  ses  pas 
Apres  la  volupté,  n'y  arriuera  pas, 
Le  sage,  qui  pensoit  souvent  naissance  prendre, 
Le  nous  fit  par  sa  lettre  ouuertement  entendre. 
Sa  lettre  tout  d'un  tronc  deux  rameux  engendroit  : 
Le  dextre  visoit  haut,  contre  le  ciel  tout  droit, 
A  grimper  malaisé  :  mais  le  cœur  magnanime 
Se  trouuait  en  repos  arriuant  à  la  cime. 
L'autre  penchoit  en  bas,  large  et  doux  au   marcher, 
Mais  glissant,  sur  la  fin,  forçoit  à  trébucher. 
Ne  t'esbahis  pourtant  ;  la  peine  n'est  point  dure 
Quand  pour  auoir  le  prix  de  vertu  l'on  endure. 
Qui  essuyura  le  vice,  ou,  paresseux  fuira 
L'honorable  trauail,  malheureux  périra. 
Escoute  donc,  afin  qu'en  vain  je  ne  te  tienne. 
Par  le  même,  que  c'est  de  l'aducnturc  tienne. 
Et,  puis  que  mon  aduis  sur  cela  tu  attens, 
Escoute  quel  secours  t'est  gardé  par  le  temps. 
Pressé  d'un  bas  pouuoir,  poussé  d'un    haut   courage, 


229 

Tu  pers,  à  grand  regret,  le  meilleur  de  ton  aage. 

Et,  pour  estre  en  repos,  il  te  faudroit  auoir, 

Ou  le  désir  plus  bas,  ou  plus  haut  le  pouuoir. 

Un  désir  généreux  en  une  ame  gentile, 

Imprimé  par  le  ciel  a  perdre  n'est  facile  ; 

Et,  tant  forcé  soit  il,  ne  peut  estre  tenu 

Qu'il  ne  s'esleue  au  ciel,  comme  du  ciel  venu. 

Dieu  ne  t'a  point  ainsi  l'affection  poussée, 

Pour  ne  t'en  départir  que  la  seule  pensée  : 

C'est  un  signe  euident  qu'il  a  de  toy  le  soin, 

Et  t'enuoyra,  bénin,  son  secours  au  besoin. 

Marche  donc  hardiment  où  ton  vouloir  te  guide, 

Et  du  cours  entrepris  ne  destourne  la  bride  : 

Ne  t'arreste  au  vulgaire  :  admire  la  grandeur 

Des  vertueux  et  grands,  pour  iouir  d'un  grand  heur. 

De  la  maison  dixième,  et  celle  qui  précède. 

Et  de  celle  qui  suit  ta  fortune  procède. 

Car  par  là  ie  preuoy  que  ton  mal  doit  finir, 

Avec  un  grand  plaisir  de  t'en  ressouuenir. 

Que  si  tu  as  souffert  tant  de  choses  aduerses. 

Sois  prest  à  endurer  encor  mille  trauerses. 

De  seruir  aux  ingrats  c'est  énorme  péché  : 

Tu  te  repentiras  de  t'y  estre  empesché. 

Mais  ne  t'cstonne  point  :  tes  fortunes  prospères 

Viendront  à  l'imporucu,  d'où  moins  tu  les  espères. 

L'estudeet  la  vertu  finiront  tes  malheurs 

Hors  de  ton  lieu  natal  ;  cherche  fortune  ailleurs.  )) 

Voyla,  Seigneur,  comment  le  sage  fatidique 
Diuinailloit  de  moy  par  art  astronomique. 
Moy,  cuidant  auancer  le  destin,  qui  ne  peut 
Se  hâter  ny  tarder  plus  que  sa  borne  veut. 
Je  courtisoy  les  grands,  i'honoroy  la  noblesse. 
Les  doctes  et  les  bons  :  tous  me  faisoyent  caresse. 


230 

Tous  m'aimoyent  de  leur  grâce,  et  ne  trouuoy  pourtant 

(Le  temps  n'estoit  encor)  ce  que  i'attendoy  tant. 

Pource,  désespéré,  ie  disoy  mille  iniures 

A  mon  beau  prometteur  de  bonnes  auantures, 

Sommes  nous  pas  bien  fols,  disoy-ie  que  croyons 

Ces  flambeaux  que  de  nuict  luire  au  ciel  nous  voyons. 

Ce  Saturne,  ce  Mars,  ce  soleil,  ceste  lune, 

Pouuoir  à  l'homme  oster  ou  donner  sa  fortune  > 

Que  l'équité  des  Dieux  pi'enne  de  nous  souci, 

Puis  que  sans  équité  tout  se  gouuerne  icy  ? 

Puis  qu'on  void  aux  meschans  la  fortune  propice, 

Contraire  à  la  vertu,  seulement  rire  au  vice  ? 

Que  sert  donc  de  fuïr  la  douce  volupté 

Et  viure  cependant  en  toute  malheurté? 

Ne  vaudroit  il  pas  mieux  viure  à  toute  auanture, 

Et  gaudir  le  bon  temps  en  porceau  d'Epicure? 

Deuenir  vaut-neant,  et  à  rien  ne  songer. 

Fors  qu'à  truandement  dormir,  boire   manger, 

Flatter,  dissimuler,  bannir  la  preud'hommie. 

Pour  viure,  sans  souci,  une  ioyeuse  vie  ? 

Non  suyure  sans  proffit,  dès  nostre  aage  premier, 

Vertu,  et  de  vertu  l'inutile  mesticr. 

Auquel  si  pouremcnt  nous  gaignons  notre  vie, 

Que  de  mille  malheurs  tousiours  elle  est  suyuie  ? 

Voyla  les  beaux  propos  que  ie  souloy  tenir 
Voyant  l'heur  présagé  si  tardif  à  venir. 
Et  m'eust-on  veu,  peut-cstre,  abastardir  mon  âme, 
Dégénérer  de  moy  et  esteindre  la  flame 
Qui  m'embrasoit  au  cœur  un  amoureux  vouloir 
De  viure  homme  de  bien,  d'apprendre,  et  de  scauoir: 
Sans  que  mon  bon  génie  (à  fin  que  retirée 
En  un  meilleur  chemin  fusl  ma  vie  esgaree) 
En  songe  m'apparut,  long  temps  après  minuict, 


231 

Sur  le  pûinct  e;[uc  l'Aurore  en  nostrc  horison  luit. 
Et,  en  me  consolant,  ((  Pren,  disoit-il  courage 
De  poursuyure  ta  route,  en  despit  de  l'orage  : 
Vogue,  vogue  plustost  à  la  merci  des  vents, 
Que  de  viure  inconnu  le  reste  de  tes  ans  : 
Endure  fortement.  Patience,  enfin,  domte 
Le  contraire  destin,  et  le  malheur  surmonte. 
Mais  decasane  toy  :  ie  seroy  le  guidon 
Qui  ne  te  laisseroy  aller  à  l'abandon. 
Suy  moy.  ))  Je  le  suyuoy,  et  grimpant  ie  m'accroche 
Aux  pierres  et  buissons  d'une  espineuse  roche. 
Et  quand  i'eu  ce  rocher  pénible  surmonté. 
Je  vey,  ce  me  sembloit,  d'Athènes  la  cité. 
Pallas  faisoit  la  ronde  au  dessus  des  murailles, 
Quand  voyey,  forcené,  le  fier  Dieu  des  batailles 
Se  camper  à  l'entour,  qui  le  seiour  troubla 
De  Phoebus  et  ses  soeurs  que  i'alloy  chercher  là. 
Il  estoit  faict  de  moy.  Mais  voycy  csleuee 
Des  monts  sauoisiens,  qui  l'air  serein  fendant, 
Sembloit  rougir  en  feu,  et  sur  moy  descendant 
Pour  m'oster  du  danger,  d'une  griffe  azurine 
Et  d'un  bec  azuré  m'empongne  à  la  poitrine. 
Mais  las  !  volant  au  ciel  me  laissa  choir  d'en  haut. 
De  la  cheute  effrayé  ie  mesueille  en  sursaut. 

Troisnuicts,et  chaque  nuict  trois  fois  voyant  ce  songe 
Je  le  iugeay  plustost  oracle  que  mensonge. 
Et  discourant,  pensif,  sur  cette  visjon, 
Afin  d'en  esclaircir  l'interprétation, 
Athènes  c'est  Paris,  Pallas,  laissant  la  Grèce, 
(Disoy-ie  lors)  choisit  pour  Ahtenes  Lutece. 
Il  me  faut  aller  là  par  beaucoup  d'encombriers, 
C'est  le  roc  cspincux  et  le  Dieu  des  guerriers, 
Que  j'av  veu  se  camper  au  tour  de  ceste  ville, 


232 

Y  viendra  rebrouiller  quelque  guerre  ciuile. 
Il  en  aduint  ainsi  :  car,  comme  i'arriuay 

A  Paris  pour  l'estude,  effrayé,  ie  trouuay 

Qu'on  y  renouueloit  l'assoupie  querelle 

De  la  secte  qu'on  dit  religion  nouvelle. 

Lors  ie  vey  se  troubler  la  ville  et  la  cité, 

Et  des  doctes  esprits  de  l'Université. 

Le  peuple,  ores  guerrier,  lors  inexpert  gendarme, 

Trembloit  oyant  parler  et  d'assaut  et  d'alarme. 

Puis  tantost  entendant  tant  de  tons  de  tambours 

Battre  par  tout  aux  murs,  par  tout  aux  carrefours. 

Battre  aux  portes  par  tout,  et  par  tout  battre  en  rue, 

Y  court  tout  estonné,  tout  estourdi  s'y  rue, 

Et,  s'entourant  au  tour  sans  rang  en  grand  randon 

Suit  le  soufflé  sifflet  du  fifre  au  franc  fredon 

Comme  on  void  l'escadron  des  nouvelles  auettcs, 

A  la  foule  fuir  leurs  pressées  logettes 

Pour  s'esgarer  aux  champs,  si  le  bruyant  métal 

Ne  les  reassembloit,  utile  espouuental. 

Qui  sortoit,  qui  entroit,  qui  remuoit  mesnage. 

Qui  s'enfuyoit  aux  champs,  qui  venoit  du  village 

S'asseurer  en  la  ville,  et  qui,  de  toutes  parts, 

La  hotte  sur  le  dos,  s'en  couroit  aux  ramparts. 

Le  marchand  desbauché  oublioit  sa  bouriquc, 

Le  plaideur  son  procès,  l'artizan  sa  boutique, 

Et  plus  ne  voyoit  en  l'homme  iusticier, 

Du  peuple,  en  long  habit,  se  diuersifier. 

Tous  couroyent  aux  harnois,  le  prestre,   le  chanoine. 

Le  prélat,  le  curé,  le  religieux,  le  moyne, 

Et  tous  ceux  que  Ion  conte  au  nombre  du  clergé. 

Se  trouuoycnt  en  esmoy  pour  Paris  assiégé. 

Et,  mal  duits  à  la  guerre,  helas  !  prcnoycnt  les  armes, 

Douteux  que  l'oraison,  les  pénitentes  larmes, 


233 

Et  le  ieune  ordonné,  n'eussent  de  force  assez 
A  repousser  le  choc  des  temples  menasses. 

Entre  tant  de  malheurs,  qu'eusse  ie  sceu  que  faire 
Fors  me  désespérer,  m'ennuyer,  me  desplaire, 
Me  plaindre,  qu'ayant  creu  un  songe,  un  deuineur, 
Jauoy  trouué  ma  mort,  en   cherchant  mon  bon-heur  ? 
Je  ne  trouuoy  pas  bon  de  gaigner  à  la  fuite, 
Le  soudart,  le  voleur,  estoyent  à  la  poursuite  : 
Je  ne  trouuoy  pas  bon  ny  seur  de  demeurer, 
Voyant  de  iour  en  iour  les  troubles  empirer. 
J'estoy  comme  une  nef  qui  flotte  vagabonde 
Sans  voile  et  sans  pilote  à  la  merci  de  l'onde. 
Portée  ores  d'un  vent  qui  s'eslongne  du  bord, 
Tantost  d'un  autre  vent  qui  l'csbranle  plus  fort  ; 
Jusqu'à  tant  qu'approchant  de  quelque  mieux  le  terme. 
Je  vcy,  ce  me  sembloit,  esclairer  mon   sainct    Herme. 
Je  vey,  ce  me  sembloit,  reluire  un  phare  ardant. 
Qui  de  bien  aborder  me  fit  signe  euident. 
Quand  voyey  suruenir  l'Aigle  que  i'auoy  veuë 
En  songe  m'apparoir,  à  moy  lors  inconnue. 
L'aigle  estoit  mon  du  Crest,mon  Mécène  et  Seigneur: 
L'aigle  estoit  vrayement  l'aigle  de  Mont-Mayeur  : 
L'aigle  dont  ses  ayeuls,  doctes-vaillans  gensdarmes, 
Ornoyent  leur  togue  forte  et  leurs  scauantes  armes,- 
Pour  auoir  de  tous  temps  sceu  par  expérience 
Combien  le  sçavoirvaut  à  l'effort  de  la  lance. 
Cardans  de  père  en  fils,  de  l'antique  Romain 
Les  vertus  au  cerueau  et  l'enseigne  en  la  main. 
Ainsi  ie  prins  pour  luy  l'aigle  qui  en  mon  songe 
Me  venoit  secourir,  et  ne  fut  point  mensonge  : 
Car,  soudain  qu'il  me  veit,  il  m'aduoua  pour  sien. 
Me  connut,  et  tachoit  à  me  faire  du  bien. 

16 


234 

Mais  le  ciel,  obstine  au  malheur  de  ma  vie, 
Fit  voir  qu'il  me  portoit  de  ce  bon-heur  enuic  : 
Lors  que,  le  rappellant,  monstra  ne  vouloir  pas 
Que  nous  humains  eussions  tant  de  bien  icy  bas. 
Ha  !  i'auoy  bien  douté  quand  Taigle  messagère 
Du  souuerain  Jupin,  daile  forte  et  légère 
Au  ciel  s'en  reuola,  qu'il  aduicndroit  ainsi, 
Et  que  machcute  en  bas  me  presageoit  cecy. 

Ho  !  Dieu  luy  fasse  paix-  Las  !  iamais  depuis  l'heure 
Qu'il  eut  abandonné  nostre  humaine  demeure, 
Je  n'ay  souffert  que  mal,  nuict  et  jour  tormenté 
De  douleur,  de  regret,  d'ennuy,  de  malheurté. 
Dès  lors  ie  ne  vy  plus  :  ie  n'appelle  point  viure 
Celuy  qui  n'est  iamais  d'infortune  deliure. 
Mais  si  i'ay  mille  fois  arrosé  son  tombeau, 
Desbondant  de  mes  yeux  des  larmes  un  ruisseau. 
Si  ce  torrent  de  pleurs,  meslés  à  l'eau  bénite 
Que  ie  luy  ay  ietté,  m'a  fait  un  Heraclite  : 
Si,  par  un  desespoir,  de  ma  vie  fâché. 
J'ai  meurdri  ma  poitrine  et  ma  barbe  arraché  : 
Si  au  seul  souvenir  de  sa  valeur  ie  pasmc 
Et  outrée  de  deuil  m'abandonne  mon  amc  : 
Et  si,  les  bras  croisés,  ore  escriuant  ces  vers 
Estouffé  de  sanglots,  ie  suis  cheu  à  l'enuers  : 
Je  croy  que  tout  cela  a  fleschi  son  Génie 
A  reprendre  pitié  de  ma  dolente  vie  : 
Et  qu'il  vous  inspira  de  m'aimcr,  et  qu'après 
De  mesme  il  inspira  Monseigneur  de  Perez  : 
Tous  trois  ensemble  amis,  et  tous  trois  remarquables 
(Je  ne  vous  flatte  point)  de  vertus  admirables  : 
Du  grand  Emanvel  tous  trois  ambassadeurs  : 
Tous  trois  doctes-vaillans,  tous  trois  mes  bons  seigneurs 
Et  que  sçait  on  encore  si  ce  ternaire  augure 


235 

Me  pourroy  présager  quelque  bonne  auanturc  ? 

Les  nombres,  comme  on  dit,  sont  tous  misterieux, 

Mais  trois  est  le  plus  sainct  et  plus  religieux. 

Pythagore  le  dit,  et  les  sçauans  qui  lisent 

Nostre  sainte  escriture,  outre  lui,  le  nous  disent. 

Quand  à  moi  ie  le  croy  et  n'ay  iamais  pensé 

Que  ce  ternaire  soit  sans  mystère  passé  : 

De  trouuer  trois  seigneurs  ornés  d'une  triade 

Triplée  de  sçauoir,  d'armes,  et  d'ambassade, 

Qui  m'ont  tous  trois  de  suite  entre  les  leurs  tenu. 

Sans  qu'ils  m'eussent  iamais  au  parauant  connu, 

Cela  n'est  point  en  vain  :  et  si  croy  d'auantage, 

Qu'on  en  pourroit  tirer  quelque  diuin  présage. 

Car  comme  en  Dieu  trinun  une  est  la  trinité, 

Et  qu'en  ce  Dieu  trinum  est  trine  l'unité, 

Ainsi  d'un  se  fait  trois,  puis  se  fait  du  ternaire 

Le  solide  premier  quatre  fois  trianglaire. 

Trois  triangles  vont  haut  au  plus  eminent  poinct, 

Le  quart  est  en  la  base  ou  il  ne  se  void  point. 

Mais,  quand  les  trois  se  vont  pyramider  au  centre, 

Le  quatrième  remonte  et  par  dessous  y  entre 

Esleué  sous  les  trois.  Prophanes  loin  d'icy, 

Loin  loin,  ie  ne  veux  point  vous  declairer  cecy. 

Mais  vous,  diuins  Esprits,  de  qui  la  sapience 

Du  sage  renaissant  scait  garder  le  silence. 

Oyez  bas  en  l'oreille,  et  d'un  taire  discret 

Cachetez  vostre  bouche  et  gardez  mon  secret. 

Le  vulgaire  riroit  de  la  theosophie, 

Qu'admirans  vous  tirez  de  l'arithmologie. 

Les  trois  triangles  sont  trois  ternaires  seigneurs 

En  triple  honneur  sçauans,  guerriers,  ambassadeurs. 

Je  suis  celuy  d'embas,  inconnu  iusqu'a  Ihcure 

Qu'ils  voudront  m'esleuer  en  ligure  meilleure 


236 

Vers  le  poinct  du  milieu,  ou  ils  s'assemblent  tous, 

Tous  venons  de  ce  poinct  c[ui  est  Dieu  auec  nous. 

Et  bien  que  l'un  des  trois  semble  n'estrc  en  nature, 

Si  est  il  toutes  fois  :  Car  comme  la  figure 

Et  le  nombre  s'entend  séparé  de  son  corps, 

Tout  ainsi  le  faut  il  oster  du  rang  des  morts, 

Viuant  encor  l'esprit,  et  l'ame  et  le  génie 

Trinement  unissans  son  immortelle  vie  : 

Voire  des  autres  deux  la  vie  est  seulement 

En  l'esprit,  au  génie  et  en  l'entendement  : 

Et  seroit  prophaner  ces  numéraux  augures 

De  les  assubiettir  es  corps  de  leurs  figures. 

Tout  est  spirituel  :  et  pource  i'ay  cuidé 

Qu'un  génie  trinun  les  a  tous  trois  guidé, 

Mais  mot,  ie  parle  trop,  silence,  bouche  close  : 

Je  ne  veux  reueler  ccstc  metempsychose. 

Vive  heureux  Montmayeur,  qui  viuant  a  taché 

D'esleuer  au  bon  poinct  mon  triangle  caché. 

Il  vit  heureux  aussi,  et  ie  scay  bien  qu'il  tache 

Que  ce  triangle  mien  inconnu  ne  se  cache, 

Faisant  prière  a  Dieu,  lequel  il  void  es  cieux, 

D'auoir  pitié  de  moy  et  de  m'enuoyer  mieux. 

Pource  ie  luy  bâti,  i'entaille,  ie  cizelle, 

A  l'outil  de  ma  plume,  une  tombe  si  belle 

Que  les  maistres  ouuriers  pourront  dire,  il  a  mis 

Son  œuvre  à  bonne  fin,  comme  il  auait  promis. 

Je  lui  donra}^  cela.  Et,  pour  sacrer  la  gloire 

De  mon  braue  Percz  à  la  longue  mémoire, 

Je  veux  lui  ériger  un  triomphal  perron, 

Où  pendra  le  rouët,  la  voile  et  l'auiron, 

Et  l'instable  boulet  de  fortune  abbatue, 

Quand  sa  fortc.vertu  pour  moy  l'aura  vaincue, 

Comme  il  m'a  faict  espoir.  le  ccindray  de  laurier 


237 

Ses  armes  de  la  Baume  au  plus  haut  du  pilier. 
J'y  graueray  des  vers,  qui  declairans  l'emprise, 
Diront,  Ceste  vertic  La  Forivne  maistrise. 

Et  à  vous,  Seigneur  Comte,  ou  i'ay  veu  les  effects 
D'un  libéral  secours,  comblé  de  vos  bienfaits, 
Vous  qui  m'auez  tendu  vostre  main  aideresse. 
Au  gouffre  où  m'embourboit  ceste  aveugle  Déesse, 
I'ay  dressé  de  nouveau,  sur  de  nouueaux  trepiers, 
Une  neuue  cortine,  et  entre  vos  lauriers, 
J'ay  creusé,  fanatiq,  les  antres  maniacles 
D'où  mont  esté  rendus  tant  d'ambigus  oracles. 
Attendant  faire  mieux,  ic  les  vous  donne,  à  fin 
Que  ie  puisse  sçavoir  quelle  en  sera  la  fin. 
Car,  s'ils  ont  rien  de  vray,  i'ay  mille  coniectures 
Pour  espérer  de  vous  des  bonnes  auentures, 
Me  souvenant  qu'un  iour  ce  généreux  du  Crest, 
Comme  pour  son  seruice  il  me  cognoissoit  prest, 
M'envoya  de  Paris  en  ce  pais,  pour  faire 
Ce  qu'il  m'auoit  chargé  sur  quelque  sien  affaire 
Dépendant  de  sa  charge  :  Il  m'enioignit  bien  fort 
Ne  m'addresser  ailleurs  qu'au  Seigneur  de  Mont-Fort 
Comte  de  Mont-real,  et  me  dit,  ie  t'asseure 
Que  Ment-lie  al  fera  ta  Fortune  meillevre. 
Je  le  creu  :  mais  pourtant  ce  ne  fut  pas  celuy 
Mont-real  que  pour  lors  ie  vin  voir  de  part  luy. 
Ce  ne  fut  point  vostre  oncle  :  en  vous  la  prophétie 
Du  présageant  seigneur  se  doit  voir  accomplie. 
Ces  généreux  héros  approchants  leurs  trespas, 
Prophétisent  souuent  et  ne  le  cuident  pas. 
Non  plus  que  la  prestresse,  en  Delphe  effarouchée, 
N'entendoit  point  le  Dieu  qui  l'auoit  embouchée. 
Et  non  plus  que  le  prestre,  en  Dcle  effarouché, 
N'entendoit  point  le  Dieu  qui  l'auoit  embouché. 


238 

Cependant,  mon  Seigneur,  si  cncor  à  ceste  heure 
De  vostre  Nouuellet  quelque  soin  vous  demeure, 
Et  si,  comme  autrefois,  la  bonne  affection 
Que  luy  auez  porté,  vous  fait  compassion 
De  le  voir  perdre  ainsi  dedans  sa  cahuette, 
Où  il  demeure  oiseux  et  sa  Muse  muette, 
Faites  l'oracle  vray,  qui  luy  a  présagé 
Que  par  vostre  moyen  il  seroit  soulagé. 
Et  ne  retardez  point  pour  ce  que  les  augures 
Luy  promettent  à  tard  ses  bonnes  auantures  : 
Car  ce  tard  est  venu  :  ou  bien  si  désormais 
Il  n'est  prest  d'arriuer,  il  ne  viendra  iamais. 
Et  fortune  ne  peut  lui  estre  que  tardiue, 
Si  par  vostre  faveur  bien  tost  elle  n'arriue. 

Souuent  auez  vous  dit,  que  ie  meritoy  bien 
D'avoir  plus  que  je  n'ay  de  bonheur  et  de  bien. 
Le  bien  que  ie  désire  est  qu'on  face  la  preuue 
Du  peu  que  ie  scay  faire.  Et  venant  qu'on  me  treuue 
Digne  de  travailler,  que  i'aye  les  outils 
Sans  lesquels  mes  mestiers  languissent  inutils. 
Je  ne  recherche  point  l'excessive  abondance. 
Je  ne  veuil  pas  grand  cas,  ie  veuil  la  suffisance. 
Afin  que  ie  ne  soy  distrait  par  le  dcffaut 
De  pouvoir  librement  leuer  l'esprit  en  haut, 
A  l'heure  que  le  Dieu  de  nostre  poésie 
Viendra  pour  m'inspirer  sa  sainte  frénésie, 
Sans  laquelle,  les  vers  que  ie  vous  chante  icy 
Ne  me  semblent  point  vers,  -parce  que  le  soucy, 
Qui  chagrineux  me  poind,  mortifie  mon  ame, 
La  dcsaccoustumant  de  son  enthusiasme, 
Si  bien  que  ie  ne  puis  célébrer  à  plaisir 
Vostre  los  mérité,  comme  i'cn  ay  désir. 
Soit  pour  une  autre  fois  :  cela  soit  pour  quelque  heure 


239 

Que  ie  pourray  iouir  de  ma  veine  meilleure  : 

Lors  ie  ne  tairoy  point  comme,  non  les  faueurs, 

Mais  la  seule  vertu,  vous  ont  mis  aux  honneurs, 

Et  aux  plus  grands  estats  fidèle  à  son  Altesse, 

Du  peuple  reueré,  chéri  de  la  noblesse, 

Qui  void  que,  pour  cela,  vous  n"auez  point  quitté 

Les  offices  courtois  de  vostre  humanité. 

Les  prudens  font  ainsi  :  Les  lettres  et  les  armes 

Qui  vous  ont  embelli,  embelliront  mes  carmes. 

Non  que  poète  ie  soy  :  mais  qui  est  fauori 

Est  appreuué  des  grands,  des  muses  est  chéri. 

Et  poëte  sera,  par  un  miracle  estrange, 

Celuy  qu'ils  choisiront  chantre  de  leur  louange. 

Non  moins  que  s'il  estoit  enfant  du  docte  chœur 

Des  Mnemosidcs  sœurs,  yure  de  la  liqueur 

Que  d'un  fort  coup  de  pied  l'empennaché  Pégase 

Fit  sourdre  au  mont  voisin  du  Phebeen  Parnasse. 

Des  Princes  et  des  Rois  et  des  grands  la  faucur 

Donne  plus  qu'Apollon  poétique  fureur. 

Mais  prenez  que  par  là  les  vers  que  ie  compose 
Ne  viendront  en  crédit,  ie  sçay  faire  autre  chose. 
Je  sçay  faire  autre  chose,  et  ne  fay  rien  pourtant 
Fors  plaindre  le  destin  qui  me  tormente  tant. 
M'en  plaindre,  dy-ie,  à  vous,  et  si  ne  le  veux  dire 
Au  vulgaire  ignorant,  qui  n'en  fcroit  que  rire. 

Le  malade  angoissé  sa  douleur  ne  dira 
Au  moqueur  euenté  qui  èe  luy  se  rira  : 
Bien  qu'au  Seigneur  ami,  ^ui  pitoyable  escoutc, 
Auec  quelque  plaisir,  il  la  contera  toute. 
Car  comme  estrc  moqué  le  rend  plus  tormente, 
Ainsi  de  se  voir  plaint  luy  vaut  demy  santé. 

Tandis  ie  me  resou  que  le  destin  contraire, 
Quoy  qu'il  fasse,  ne  peut  m'empescher  de  bien  faire. 


240 

D'attendre  constamment  de  Dieu  la  volonté, 

D'espérer  tout  mon  bien  de  sa  grande  bonté, 

De  le  louer  de  tout,  et  prenant  patience, 

Me  laisser  gouuerner  selon  sa  prouidence, 

Qui  congnoitmieux  quemoy  quand  doit  venir  le  temps 

De  borner  mes  désirs,  ou  les  rendre  contens. 

FIN 
A  Monsieur   NOUVELLET  I. 

DE  CHEUIGNY  BEAUNOIS. 

L'on  connoit  (ce  dit  on) 
Aux  ongles  le  Lion, 
Et  l'ouurier  à  l'ouurage  : 
Ton  Phebeen  langage 
Te  couronne  le  front  : 
Mesme  tes  Diuinailles, 
Docte  Nouucllet,  font 
Que  par  tout  diuin  ailles. 


241 


GÉNÉALOGIES 


DE    LA 

FAMILLE  DE  MONTFORT 

En  Genevois  et  en  Franche-Comté 

ET 

DE    LA   FAMILLE    DE   GONZIÉ 

AVEC    DOCUMENTS' 

Publiés  et  Annotés 

Par    François    MU  G  NIER 

Conseiller  doyen  de  la  Cour  d'appel  de  Chambéry,  Président  de  la  Société 
savoisieune  d'histoire  et  d'archéologie. 


243 

AYANT-PROPOS 


Le  mot  Monifort  employé  pour  indiquer  une 
éminence  plus  ou  moins  fortifiée,  se  rencontre 
souvent,  et  les  familles  nobles  de  ce  nom  sont 
nombreuses.  On  en  trouve  dès  le  onzième  et  le 
douzième  siècles  en  Savoie,  en  Dauphiné,  en 
Bourgogne  et  dans  l'ancienne  France^  sans  par- 
ler des  Montfort  de  Languedoc,  de  Bretagne  et 
d'Angleterre. 

Dans  nos  contrées,  il  y  avait  deux  châteaux 
principaux  de  Monifort  ;  l'un  près  de  Saint- Ju- 
lien en  Genevois,  dans  la  commune  actuelle 
d'Archamp  ;  l'autre  dans  le  Graisivaudan,  à  deux 
lieues  N.-E.  de  Grenoble. 

A  propos  de  la  donation,  qu'en  janvier  1309, 
Béatrix  de  Faucigny  fît  de  ce  château  du  Graisivau- 
dan à  Hugues,  son  petit-fîls,  le  Régesie  genevois 
(p.  413  et  510)  l'indique  comme  «  étant  le  manoir 
originaire  d'une  famille  noble  de  Savoie  ».  Le 
Régeste  n'apportant  aucune  preuve  à  l'appui  de 
cette  opinion,  nous  suivrons  celle  de  Léon  Mé- 
nabréa  dans  son  grand  ouvrage  des  Origines  féo- 
dales dans  les  Alpes  occidentales  (1),  livre  auquel 

(1  )  Cet  ouvrage,  imprimé  aj)rès  la  mort  de  l'auteur,  i)ar  les 
soins  de  sa  sœur,  la  comtesse  Elisa  Brunet,  a  été  publié  dans 
les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  l'urin  aux  tomes 
XXII  et  XXIII  de  la  deuxième  série.  Il  en  a  été  fait  un  ti- 
rage à  part  dont  les  exemplaires  ne  sont  pas  très  nom- 
breux. 


244 

il  est  toujours  bon  de  recourir  quand  on  étudie 
riiistoire  des  familles  de  nos  pays. 

M.  Ménabréa  s'exprime  ainsi  :  «  Non  loin  de 
Genève,  sur  le  territoire,  je  crois,  de  la  commune 
de  Bernex  (Archamp)  s'élevait  le  manoir  des  sires 
de  Montfort  qui  occupaient  une  place  distinguée 
dans  la  série  des  familles  du  Genevois.  Outre  le 
château  de  Montfort  et  celui  d'Arbusigny^  proches 
de  Reignier  (1),  ces  Seigneurs  possédaient  la  c/on- 
faloniierie  du  Genevois  qui  consistait  à  maintenir 
en  bon  état  la  bannière  du  suzerain,  à  l'arborer  sur 
le  donjon  des  forteresses  prises  d'assaut,  à  garder 
le  champ  clos  dans  les  duek  juridiques,  à  percevoir 
le  tiers  des  amendes  imposées  aux  champions 
vaincus  et  à  retirer  exclusivement  les  armures 
ou  dépouilles.  Ces  usages  sont  rappelés  dans  une 
reconnaissance  de  1338  passée  en  faveur  du  com- 
te de  Genève  (Guillaume  111),  par  un  seigneur  de 
de  Montfort.  » 

Au  Seizième  siècle,  des  personnes  de  cette  fa- 
mille seraient  allées  s'élablir  en  Franche-Comté, 
suivant  la  généalogie  dressée  en  1663  par  un 
membre  de  cette  branche  ;  mais  elles  ne  sont  cer- 
tainement pas  les  premiers  Montfort  de  ce  pays, 
car  nous  en  rencontrons  d'antérieurs,  et  précisé- 
ment dans  le  baillage  de  Dôle,  comme  les  ancê- 
tres de  notre  généalogiste.  C'est  ainsi  que  parmi 

(1)  Les  Montfort  possédaient  aussi  un  cliàteau  à  Chieddes 
ou  Chèdc,  dans  la  commune  de  Passy,  près  de  Sallauclies. 


245 

les  nobles  appelés  à  des  montres  d'armes  ou  re- 
censements des  hommes  de  l'arrière-ban,  nous 
trouvons,  en  octobre-décembre  14G9,  à  Sceilz  en 
Varats,  au  ressort  d'Ornans,  Jean  de  Montfort, 
âgé  de  soixante  ans,  et  ses  trois  fils  Claude,  26 
ans,  Jacques,  23  ans,  Jean,  20  ans.  Les  trois  fils 
sont  forts  et  vîtes  (alertes)  Qi  fréquentant  les  ar- 
mes ;  à  Montfort,  ressort  de  Quingey,  «  Jehan  de 
Vergier,  seigneur  de  Montfort,  âgé  de  40  ans,  le- 
quel par  grosseur  de  sa  personne  ne  pourroit  bon- 
nement exercer  les  armes.  »  Dans  une  autre  mon- 
tre d'armes  du  même  arrière-ban.  de  juin  1519, 
nous  voyons  Guillaume  de  Montfort  au  service 
du  roy  (d'Espagne?)  (1).  L'on  doit  donc  tenir  pour 
certain  qu'il  y  a  eu  en  Franche-Comté  au  moins 
deux  familles  de  Montfort  ou  Monfort,  celle  ti- 
rant son  nom  de  la  localité  de  Monfort,  au  bail- 
lage  de  Dole  et  celle  c[ui,  plus  tard,  y  est  venue 
de  Savoie. 

Cette  émigration  partielle  do  la  famille  de 
Montfort  a,  sans  doute,  eu  pour  cause  les  allian- 
ces contractées  par  quelques-uns  de  ses  membres 
en  Franche- Comté,  à  la  suite  des  rapports  noués 
entre  compagnons  d'^armes  dans  les  armées  de 
Charles-Quint,  lorsque  François  F'"  se  fut  em- 
paré de    la  Savoie,    en   février  1536.  Les  deux 

(1)  Jules  Gauthier  ;  les  Montres  d'armes  fhr.  Rière  han 
des  ressorts  de  Dole  et  d'Aval,  dans  Mémoires  de  l'Aca- 
démie  de  Besançon^  année  1883,  p.  94,  97  et  104. 


246 

familles  conservèrent  toujours  des  relations  in- 
times, et  c'est  pour  cela  que  nous  avons  pu  re- 
trouver dans  les  archives  des  Mouxy  de  Rumilly, 
héritiers  des  Montfort,  seigneurs  de  Reinex  et 
seigneurs  ou  co-seigneurs  de  Conzy,  la  généalogie 
dressée  en  Franche-Comté ,  que  nous  publions 
ci-après.  Ces  familles  n'eurent  d'ailleurs  rien  de 
commun  avec  les  Oddinet  de  Montfort  du  seiziè- 
me siècle  à  Ghambéry,  les  Arestan  de  Montfort 
du  dix-septième,  ni  avec  la  famille  de  Montfort 
dont  quelques  membres  vivent  encore  dans  cette 
ville. 

A  la  suite  de  ces  généalogies  des  Montfort 
viendra  celle  de  la  famille  de  Confié  de  qui  les 
Montfort  avaient  acquis  les  seigneuries  de  Conzié, 
à  Bloye  près  Rumilly  et  à  Rufïieux  en  Chautagne. 


Nous  placerons,  entre  crochets,  h  la  suite  de 
chaque  degré  de  la  généalogie,  ou  parfois  de 
chaque  personnage ,  les  renseignements  restés 
inconnus  au  généalogiste  comtois  et  que  nous 
avons  puisés  dans  différents  travaux  sur  notre 
histoire  nationale,  dans  les  registres  paroissiaux 
de  la  ville  de  Rumilly,  etc.,  les  archives  do  la 
famille  de  Mouxy,  etc.  Nous  rapporterons  ensuite 
une  généalogie  dressée,  au  cours  de  ce  siècle,  à 
Chambéry,  où  nous  intercalerons  aussi  nos  rensei- 
gnements particuliers  et  les  documents  intéressants 
que  nous  avons  pu  retrouver  sur  quelques  mem- 


247 

bres  de  la  famille.  Nous  donnerons  enfin,  dans  dos 
notes  au  bas  des  pages,  divers  éclaircissements  et 
nous  rectifierons  quelques  erreurs  échappées  aux 
généalogistes. 

Armes  des  Montfort  de  Savoie. 

Les  Montfort  de  SsLYoie-Genevois  portaient  : 
paie  d'or  et  d'a^ur^  de  six  pièces.  Supports  :  deux 
sauvages  tenant  leur   massue  sur  l'épaule,   et 
ceints  de  feuillages. 

Les  armes  de  seigneurs  de  Mionnax  étaient  : 
coupé  de  gueules  et  d'azur  au  pal  d'argent  frété 
de  sable. 

Celles  de  Loblaz,  ou  de  l'Hoblaz  à  Chaumont 
en  Genevois  (1)  :  d'azur  à  trois  pals  de  sinople. 

Les   Conzié,  enfin,   portaient  d'azur  au  chef 
d'or  chargé  d'un  lion  issant  de  gueules. 

Les  pals  ou  pieux,  symbolisant  l'opiniâtreté 
dans  la  résistance,  caractérisaient  l'écusson  de  nos 
divers  Montfort,  et  jusqu'à  ses  derniers  jours 
leur  race  a  fourni  aux  armées  de  vaillants  et 
fidèles  officiers. 

La  famille  de  Pontverre,  à  Lovagny,  près 
d'Annecy,  avait  des  armoiries  semblables  :  «  Ni- 
colette  de  Pontverre  (vers  1228)  laquelle  portait 
d'or  à  trois  paux  d'azur  qui  sont  les  mêmes  ar- 

(1)  Voii"  ce  que  nous  avons  dit  de  cette  localité  et  de  son 
château  dans  nos  Comptes  de  ChcUelaiii.i,  p.  97  à  102. 


248 

moiries  que  la  maison  de  Montfort,  selon  l'armo- 
riai du  sieur  de  Puoncet  (1)  ». 

RÉSIDENCES. 

Les  diverses  résidences  des  Montfort  depuis  leur 
alliance  avec  Mie  de  Bellegarde,  dame  de  Mion- 
naz,  furent  à  Mionnaz,  Conzié,  Reinex,  et  surtout 
dans  la  petite  ville  de  Rumilly,  où  demeuraient 
beaucoup  de  familles  nobles  et  où  se  retiraient  sou- 
vent les  vieux  gentilshommes  quand  ils  avaient 
quitté  le  service  militaire.  Rumilly  était  une  ville 
fortifiée  dans  laquelle  il  y  avait  d'ordinaire  une 
garnison  assez  considérable.  Tout  autour  étaient 
de  fort  nombreux  petits  châteaux  dont  les  habi- 
tants venaient  volontiers  passer  l'hiver  à  la  ville, 
lorsque  leurs  ressources  le  permettaient,  car  les 
nobles  de  Rumilly  ont  toujours  été  plus  riches 
d'honneur  que  de  biens. 

Depuis  la  restauration  de  la  Maison  de  Savoie, 
en  1559j  la  famille  principale  de  Rumilly  était 
celle  des  Maillard,  seigneurs  du  Bouchot,  puis 
comtes  de  Tournon  en  Savoie,  marquis  de  Saint- 
Damian  en  Piémont,  etc.  (2).  Venaient   ensuite 

(1)  Poxirpris  historique  de  la  Maison  de  Sales,  par  Char- 
les-Auguste de  Sales,  à  Annessy,  chez  Jacques  Clerc, 
M.DC.LIX,  p.  152. 

(2)  Voir  sur  cette  famille  :  Aug.  Dofour  et  F.  Muonier, 
Les  Maillard  de  Tournon,  au  tomo  XXVIII  dos  Mémoi- 
res de  la  Société  sav.  d'histoire. 


249 

les  Chavannes,  les  Portier  de  Mieudry  et  du 
Belair,  les  Monifori  de  Conzier  ou  Conzy 
et  de  Reinex  ,  les  Lornay,  les  Juge,  les  de 
Gantelet,  à'Amères,  les  Pe^î'eUj  de  Rochette, 
les  Perret,  les  Gavent,  les  Salteur,  Déniot^,  de 
Alouxt/j  les  Bracorens  de  Savoiroux^  les  CAe- 
rï7er_,  descendants  d'Humbert  Chevrier,  chan- 
celier de  Savoie  au  quinzième  siècle; —  les  avocats, 
les  médecins,  les  notaires,  le  corps  des  altariens 
ou  prêtres  de  l'église  de  Sainte- Agathe,  les  Béné- 
dictins de  Nantua,  puis  de  Talloires,  desservant 
le  prieuré  de  Rumilly,  les  Oratoriens,  professeurs 
du  collège,  les  Bernardines  (cisterciennes  réfor- 
mées) et  les  Visitandines,  enfin  les  Capucins. 

La  gentilhommière  de  Mionnaz  existe  encore  ; 
elle  est  située  à  7  kilomètres  N.  environ,  sur  la 
commune  de  Menthonnex-sous-Clermont,  tout  au 
bord  de  la  grand'route  de  Rumilly  à  Genève. 
Elle  a  survécu  presque  tout  entière  avec  ses  tou- 
relles, et,  dans  la  salle  inférieure  ou  cuisine,  la 
vaste  cheminée  sous  laquelle  se  sont  abritées  les 
générations  des  Montfort.  Elle  a  appartenu,  après 
les  Montfort,  aux  Chabod  de  Saint-Maurice  et 
aux  de  Grenaud;  elle  est  actuellement  la  propriété 
do  M.  de  Grasset  qui  l'a  fait  restaurer. 

CoNziÉ  était  un  fief  assez  important  à  Bloye, 
petite  commune  à  4  kilomètres  S.  de  Rumilly. 
La  famille  principale  de  Conzié  a  eu  pour  illustra- 


9p; 


50 

tions  — ,  au  commencement  du  quinzième  siècle, 
François  de  Conzié;,  évéque  de  Grenoble  (  1380- 
1387),  puis  archevêque  d'Arles,  ensuite  de  Tou- 
louse et  de  Narbonne,  camérier  des  antipapes 
Clément  VII  et  Benoit  XIII,  fondateur  des  cha- 
pelles de  Saint-Claude  dans  l'église  de  Rumilly  (1) 
et  de  Saint- Jean-Baptiste  âBloye;  — dans  le  dix- 
huitième  siècle,  Joseph  de  Conzié,  l'ami  de  ma- 
dame deWarens  et  de  Jean- Jacques  Rousseau  (2). 
A  peu  près  en  face  de  Conzié  était  le  château 
de  Saiagine,  fief  des  Pezieu  puis  des  de  Rochetie; 
tout  à  fait  en  face,  le  château  de  Saint-Marcel  ; 
au-delà  du  Chéran,  les  châteaux  de  Mieudry,  du 
Barioz,  de  Lupigny;  un  peu  au-dessus  de  Conzié 
était  le  château  d'une  famille  éteinte,  les  CAa- 
lansonnai,  qui  avaient  compté  diverses  illustra- 
tions locales  au  quinzième  siècle;  àVallières,  le 
grand  château  de  Chitry,  à  Lornay^  le  château  des 
Menthon,  etc.,  etc. 

La  grande  et  belle  maison  appelée  encore  le 
Château  de  Conzié,  à  Bloye,  ayant  appartenu 
depuis  la  Révolution  à  la  famille  Girod ,  de 
Rumilly  ,  est  actuellemment  la  propriété  de 
M.  Joseph  Collonges,   aussi  de  Rumilly,  manu- 

(1)  Voir  le  titre  de  cette  fondation  dans  notre  ouvrage  : 
Corps  des  Fondations  pieuses  de  l'église  et  de  l'hôpital 
de  Rumilly,  p.  89  et  91 . 

(2)  Voir  sur  Joseph  de  Conzié  notre  ouvrage  Madame  de 
Warens  et  J.-J.  Rousseau  ;  Paris,  Calmann  Lôvy,  1891 


251 

facturier  à  Saint-Etienne.  Devenue,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle,  la  demeure  de 
quelques  Montfort  de  Mionnaz^  elle  passa,  au 
siècle  suivant,  à  Maurice  de  Montfort,  l'un  d'eux 
appelé  alors  de  Montfort  de  Confié  ou  de  Consy, 
suivant  la  prononciation  locale,  et  à  ses  succes- 
seurs. 

Ce  château  avait  au  moins  deux  tours  puisqu'on 
lit  dans  une  charte  :  in  aida  magne  iurrîs  castri 
Conziad;  il  était  précédé  d'un  pont-levis.  Tout 
cela  a  disparu. 

La  chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste  au  contraire 
est  restée  debout,  grâce  à  ses  murs  d'un  mètre  et 
demi  d'épaisseur  à  la  base,  et  aux  contreforts  pla- 
cés aux  quatre  angles  de  l'édifice. 

Cette  chapelle,  plus  simple  que  celle  de  Saint- 
Claude  à  Rumilly,  est  construite  sur  le  même 
plan  (1).  A  l'intérieur  quatre  colonnes  engagées 
légèrement  dans  le  mur  viennent  se  rejoindre  en 
arceaux  à  la  clé  de  voûte.  Le  trait  caractéristique 
des  deux  chapelles  est  la  hauteur  de  leur  voûte. 
On  voit  que  l'architecte,  et  l'archevêque  son  ins- 
pirateur, aimaient  l'air  et  la  lumière.  La  porte 
d'entrée  au  couchant  est  presque  à  plein  ceintre; 
elle  est  loin  d'être  aussi  ornée  que  celle  de  la  cha- 
pelle de  Rumilly.  Sans  doute,  comme  à  Rumilly, 
il  y  avait  au  levant  une  grande  fenêtre,  mais  elle 

(1)  Voir  la  description  de  la  chapelle  de  Saint-Claude  et 
les  actes  de  fondation  des  deux  cliapelles  à  la  troisième 
partie. 


252 

a  été  détruite  pour  donner  accès  aux  deux  étages 
du  presbytère  qui  a  été  appliqué  contre  lachapelle. 

Reinex,  petit  fief  sur  la  rive  gauche  de  la  Né- 
phaz,  à  3  kilomètres  sud  de  Rumilly,  avec  une 
fabrique  de  poterie.  Il  y  avait  là  une  ou  deux 
tourelles  qui  ont  disparu  depuis  environ  trente 
ans.  C'était  la  résidence  d'été  des  Chacannes,  puis 
des  Montfort-Reinex  leurs  alliés  etleurs  héritiers. 

Cha VANNES,  domaine  rural,  avec  une  maison 
assez  jolie,  à  1.200  mètres  S.-O.  de  Rumilly  ;  il  y 
avait  une  rue  de  ce  nom  dans  la  ville. 

La  maison  ou  château  de  Montfort,  à  Rumilly, 
est  située  à  l'extrémité  nord  de  \2i  place  du  Bourg, 
Bâtie  sur  la  rive  droite  de  la  Néphaz,  à  deux  cents 
mètres  environ  du  confluent  de  cette  petite  riviè- 
re avec  le  Chéran ,  elle  s'élève  au  niveau  de  la 
place  publique,  mais  en  retrait,  sur  deux  rangs  de 
souterrains  superposés,  souterrains  qui,  dit-on, 
communiquaient  avec  ceux  duchâtcau  de  Rumilly, 
se  dressant  au  confluent  morne  des  deux  rivières. 
Les  constructions  extérieures  semblent  dater  du 
dix-septième  siècle.  On  voit,  au  second  étage,  des 
restes  de  cheminées  ;  mais  il  ne  paraît  pas  que  les 
diverses  chambres  qu'il  aurait  pu  contenir  aient 
jamais  été  terminées.  Un  pont  auquel  on  descend 
par  d'assez  nombreuses  marches,  permet  de  traver- 
ser la  Népliaz  et  d'arriver  dans  le  domaine  dit  de 
Beaufort,  dont  la  maison  d'habitation  est  située 
en  haut  du  faubourg  de  la  Curdy  (Corderie). 


253 
PREMIÈRE  PARTIE 


Mémoires  de  la  Maison  de  Montfort,  dressés 
par  P.-E.  DE  Montfort  seiir  les  Tiltres  qu'il 
at  de  la  Maizon 

Fait  à  Gray,  le  14™'  janvier  1663. 
Premier  degré. 

Il  y  a  dessous  la  montagne  de  Salève  et  proche 
de  l'abbaye  de  Pommier  (1),  encore  présentement, 
de  vieilles  masures  d'un  château  du  nom  de 
Montfort  que  ceux  de  ladite  maizon  y  avaient 
bâti  autrefois  et  lui  avaient  donné  le  nom  de  leur 
maison. 

Un  Aymonet  seigneur  dudit  Montfort  épousa 
dame  lordane,  fille  de  n.  Pierre  de  Chedde, 
unique  héritière  de  la  maison  de  Chèdes  en 
Faucigny,  à  laquelle  ceux  de  celle  de  Montfort 
ont  donné  leur  nom.  Ce  mariage  est  de  l'année 
1278.  Ledit  Aymon  fut  très  valeureux  soldat 
et  grand  capitaine  ;  il  fit  plusieurs  entreprises 
sous  les  souverains  de  Savoie,  sous  lescpels  il 
prit  le  château  de  Montliouz.  Ensuite  de  quoi  il 
entreprit  sur  la  ville  de  Genève  et  lui  fit  la  guerre. 
Il  me  conste  encore  du  môme  mariage,  par  lettre 
de  vente  de  certains  biens  à  ladite  dame  lordane, 

(1)  Alors  couvent  de  chartreux,  dans  l'arrondissement  de 
Saint-Julien. 


254 

^^v  Nicoletde  Daviel,  le  4  juillet- 1303.  De  ce 
mariage  naquirent  AymoneUe  et  Nicod.  [On  lit 
en  marge  :  Cet  Aymon  a  servi  le  comte  de  Ge- 
nève.] 

[Le  Rêgesie  genevois  cite  un  Pierre  de  Mont- 
fort,  probablement  père  ou  frère  d'At/monetj  soit 
Aymon.] 

Le  6  juillet  1270,  ce  Pierre  de  Montfort  est  au 
nombre  des  garants  de  la  dot  apportée  par  Cons- 
tance de  Béarn  à  Aimon  II,  comte  de  Genevois, 
et  celui-ci  lui  fait  un  don  dans  son  testament,  daté 
de  Mont  de  Marsan,  le  12  novembre  1280.  On 
peut  donc  supposer  que  Pierre  de  Montfort 
avait  suivi,  avec  d'autres  nobles  du  pays,  le  comte 
de  Genevois  dans  les  possessions  de  sa  femme, 
Constance  de  Béarn,  veuve  de  Henri,  dit  d'Alle- 
magne, fils  de  Richard  de  Cornouailles. 

Pierre  de  Montfort  est  garant  du  comte  Amé  III 
de  Genevois  (frère  d' Aymon  II),  le  22  novembre 
1287,  pour  la  paix  conclue  avec  Amé  V,  comte  de 
Savoie.  Le  30  novembre  1288,  Amé  III  charge 
Pierre  de  Montfort  d'évaluer  des  biens  qu'il  veut 
céder  à  la  famille  de  Confîgiion  (1). 

En  1293,  il  y  avait  au  château  de  Montfort  des 
prisonniers  faits  à  Nyon  ;  par  le  traité  du  10  dé- 
cembre 1293,  la  paix  est  conclue  à  Aix,  entre  le 
comte  de  Genevois  Amé  II  et  le  comte  de  Savoie 
Amé  V.  Il  est  stipulé,  entre  autres,  que  les  pri- 

{l)  Régeste  geneoois  n."'  11G3,  1170,1254  et  1273. 


255 

sonniers  seront  mis  en  liberté.  Âymon  de  Mont- 
fort,  damoiseau  (il  est  au  nombre  des  domicelli 
et  non  des  milites),  est  l'un  des  garants  du  comte 
de  Genevois.  Dans  ce  traité,  le  comte  de  Genevois 
se  subordonne  complètement  au  comte  de  Sa- 
voie (1). 

Le  7  juillet  1297,  les  deux  comtes  procèdent 
entre  eux  au  renouvellement  de  la  garantie  don- 
née pour  la  paix  d'Aix  de  1293  ;  Aymon  de  Mont- 
fort,  damoiseau,  est  encore  parmi  les  garants 
d'Amô  III  (2).  En  septembre  1306,  Aymon  de 
Montfori,  damoiseau,  est  châtelain  de  Gaillard 
pour  le  comte  Amé  III  de  Genevois  (3);  en  1308 
il  est  devenu  chevalier. 

Le  26  octobre  1308,  Guillaume  III,  comte  de 
Genevois,  notifie  hAimon  de  Montfort,  devenu 
chevalier,  et  à  d'autres  vassaux,  qu'il  a  conclu  la 
paix  avec  Amé  V,  comte  de  Savoie  (4). 

Le  9  des  calendes  de  mai  1311  (23  avril),  Aimon 
de  Montfort  assiste  à  Saint- Victor  de  Genève  à 
une  transaction  entre  le  comte  Guillaume  III  et 
Pierre,  coseigneur  de  Duin  (5)]. 

{\)  Règ este  genevois,  w."  \^'èQ). 

(2)  Régeste  genevois,  no  1429. 

(3)  Gaillard,  paroisse  et  château  des  comtes  de  Genevois, 
à  une  lieue  E.  de  Genève  ;  —  Règeste  genevois  n°  1596. 

(4)  Regeste  genevois,  n°  1628. 

(5)  Abbé  Lavanchy,  Les  C/uUeaux  de  Duin,  p.  77. 


256 

2e  deeré. 


•'ô'- 


Ayinonette,  fille  d'Aymon  et  de  Jordane  de 
Clièdes,  fut  mariée  à  noble  Jacques  de  Montliouz 
proche  de  la  ville  d'Annecy  (1).  Elle  est  nommée 
au  testament  de  sa  mère  fait  au  château  de  Mon- 
thouz  près  d'Annecy. 

Nicod,  seigneur  de  Montfort,  chevalier,  épousa 
une  dame  Isabelle.  Il  appert  de  sa  filiation  par 
un  accord  qu'il  fit  avec  ill""®  prince  Amed,  comte 
de  Genève,  l'an  1343  (Amédée  III)  au  sujet  des 
biens  laissés  par  sa  mère,  ainsi  que  de  l'acte  de 
fidélité  prêté  au  même  prince  en  1347  pour  les 
biens  laissés  par  ses  père  et  mère  dans  le  mande- 
ment de  Charosse  (Haut-Faucigny).  Il  eut  d'Isa- 
belle sept  enfants  :  Jean,  Aymon  ou  Aymonet, 
Jacques,  Hugonin,  Ramus,  Pierre,  Peronette.  Je 
n'ai  de  titres  que  sur  Ramus. 

[Le  Pourprés  historique  de  la  Maison  de  Sales_, 
fixe  à  l'année  1342  un  hommage  de  Nicod  de  Mont- 
fort  au  comte  de  Genève.  Nicod  est  au  nombre 
des  chevaliers  échangés  le  11  février  1354  entre  le 
dauphin  Charles,  fils  aîné  du  roi  Jean,  à  l'occasion 
de  la  remise  faite  par  lui  du  Faucigny,  de  Gex  et 
d'Hermance  au  comte  de  Savoie  Amédée  YI  en 


(1)  Il  y  avait  deux  châteaux  do  Montliouz  :  l'un  près  de 
Genève  et  l'autre  près  d'Annecy.  Suivant  le  Pourpvis  his- 
torique, p.  418,  00  mariage  aurait  eu  lieu  en  1325. 


257 

retour  de  ses  possessions  du  Dauphiné  (1).  Le 
15  avril  1349,  à  Etrembières,  près  de  Genève, 
n.  Nicod  de  Ciiuyt,  aurait  épousé  Péronne  de 
Monifort  (Pourpris  historique,  p.  370)]. 

3e  degré. 

Bamus,  seigneur  de  Montfort,  damoiseau, 
épousa  une  dame  de  la  maison  de  Lucinge,  il  en 
eut  trois  enfants  :  Jacob,  Jean  et  Marie.  Il  maria 
ses  fils  aux  filles  de  Jean  de  la  Croix,  et  épousa 
lui-même  la  veuve  de  celui-ci^  Catherine.  En  1357, 
il  souscrit  une  obligation  à  Hugues  de  Containî- 
nette  pour  la  dot  de  sa  fille  Marie. 

En  1378,  Richard  de  la  Croix  fait  à  Ramus 
de  Montfort  une  quittance  de  onze  florins  qui  lui 
étaient  dus  par  Catherine,  veuve  de  Jean  de  la 
Croix. 

[Le  6  des  calendes  de  juillet  1304  (2G  juin)  Ra- 
mus de  Montfort,  damoiseau,  prête  le  serment 
de  fidélité-lige  à  Amédée,  comte  de  Genève, 
pour  les  biens  que  Marie,  veuve  d'Humbert,  vi- 
domne  de  la  Roche,  a  possédés  longtemps  après 
la  mort  dudit  Ilumbert  dans  la  paroisse  de  Graisy 
et  en  fief  du  comte  de  Genève  (2), 

Ramus  de  Montfort  va,  le  26  mai  1338,  faire 

(1)  Saint-Genis,  Histoire  de  Saooie,  I,  p.  358,  et  III, 
p.  454. 

(2)  Fr.  MuGNiER,  Répertoire  de  titres  et  documents  re- 
latifs à  l'ancien  cotntè  de  Genéce  et  Geneoois,  n"  cx.xi. 

17 


258 

sa  cour  à  la  comtesse  de  Genève,  Matin Ido  de 
Boulogne,  au  château  de  Clerraont  en  Gene- 
vois (1). 

Le  Régeste  {n^  1G77)  signale  déjà  la  présence 
de  Ramus  de  Montfort,  damoiseau,  dans  ce  même 
château  de  Clermont  le  23  février  1311.  Il  est 
bien  difficile  de  concilier  ces  dates  avec  celle  de 
1378  donnée  par  le  généalogiste.  D'après  la  gé- 
néalogie qui  suit,  Ramus  de  Montfort  aurait  testé 
en  1412.  On  doit  donc  croire  Cju'il  y  a  eu  deux 
Ramus,  ayant  vécu  à  un  demi-siècle  d'intervalle 
et  que  l'on  a  confondus  en  un  seul  et  même  per- 
sonnage. 

Sur  les  autres  enfants  de  Nicod  de  Montfort, 
voir  ci-après  la  seconde  généalogie.] 

4=  degré. 

Jacob,  soit  Jacques,  fils  de  Ramus  de  Montfort, 
épousa  Mathilde,  fille  de  n.  Jean  de  la  Croix.  Ils 
laissèrent  deux  fils  :  Guillaume  et  Pierre. 

Jean  de  Montfort,  frère  de  Jacob,  épousa  Ni- 
colette  de  la  Croix,  sœur  de  Mathilde,  ainsi  qu'il 
appert  de  la  donation  c|ue  lui  fit  son  père  Ramus 
en  1402.  Jean  laissa  cinq  enfants  :  Nicodj  Fran- 
çois, Guillemette,  Jacquemette  et  Péronnette. 

[Jean  de  Montfort^  damoiseau,  assiste^  avec  un 
grand  nombre  d'autres  seigneurs,  à  la  transac- 
tion passée  le  21  décembre  1358,  à  Genève,  dans 

(1)  Répertoire,  u"  clxviii  (à  la  p.  47j. 


259 

la  maison  de  François  des  Médicis^  lombard 
(banquier),  entre  Amé  VI,  comte  de  Savoie,  et 
Amé  III  ,  comte  de  Genevois  ^  relativement  ii 
leurs  possessions  réciproques  dans  le  Haut-Fau- 
cigny  {Mémoires  de  la  Société  d'histoire  de 
Genève,  t.  xxii,  p.  62)]. 

Marie  de  Monifort,  épouse  d'Hugonin  de  Con- 
taminette,  fait,  en  1420,  cjuittance  de  sa  dot  à 
François  de  Montfort,  son  neveu. 

[Il  y  a,  en  1402,  à  la  cour  du  duc  de  Savoie , 
Amédée  VIII,  un  Rolet  de  Montfort  (1)]. 

Se  degré. 

Nicod  de  Montfort  épousa  Claudine  de  Quin- 
tal (2)  vers  1435.  En  1420,  il  donna  quittance  à 
son  neveu  François  de  l'administration  de  ses 
biens  pendant  ses  vo^^'ages  dans  les  pays  étran- 
gers. Il  eut  cinq  enfants  :  Nicod,  Pierre,  André, 
Antoinette  et  Gabrielle. 

François  de  Montfort  épousa  en  premières 
noces  une  demoiselle  de  Quintal,  comme  il  ap- 
pert d'un  contrat  passé  à  Rumilly  en  l'assistance 
de  son  père  et  en  présence  de  la  comtesse  Ma- 

(1)  Costa  de  Beauregard,  Souoenirs  du  rè(jne  d'Ainé- 
dée  VIII,  p.  210. 

(2)  Commune  à  8  kilomètres  S.  d'Annecy.  Le  Pourpris 
historique  fixe  ce  mariage  au  0  juin  1435,  p.  224  et  299.  Il 
appelle  avec  raison  la  mariée  Claudie. 


260 

tliilde    (1).   Il  en  eut  Guillemette    et   Michicre. 

L'an  1446,  il  épousa  en  secondes  noces  Jean- 
nette, fille  de  n.  François  d'Arenthon,  seigneur 
d'Alex  (2).  Il  était  en  grand  crédit  auprès  de 
Louis  onzième^  duc  de  Savoie,  et  de  Janus,  comte 
de  Genève  (3),  ainsi  qu'il  résulte  d'une  lettre  du- 
dit  prince  (lequel  ?). 

Il  était  écuyer  d'illustre  dame  Maliaut,  du- 
chesse de  Bavière,  princesse  palatine  du  Rhin, 
comme  il  résulte  d'une  lettre  datée  de  Heidelberg 
le  4  novembre  146.2  à  lui  adressée  par  cette  prin- 
cesse. Sa  seconde  femme  était  dame  d'honneur 

(1)  La  seule  comtesse  Mathildc  qui  ait  habité  Rutnilly 
est  Mahaut  ou  Mathildc  de  Boulogne,  femme  du  comte 
de  Genève  Amèdée  III,  mère  des  comtes  Amédèe  IV,  Pierre 
et  Robert  de  Genève  l'antipape  Clément  VII)  ;  mais  elle 
est  morte  à  Rumilly  (peu  après,  août  1396),  longtemps  avant 
le  mariage  de  François  de  Montfort.  Il  s'agit  peut-être  de 
Mathildc  de  Joincille,  veuve  du  comte  Pierre  et  qui  pos- 
séda Rumilly  jusqu'en  1-411,  ou  de  Blanche  do  Sacoie  qui 
résidait  à  Rumilly  et  y  mourut  en  1421. 

(2)  Arenthon,  commune  de  l'arrondissement  de  Bonne- 
ville  ;  Alex,  commune  de  l'arrondissement  d'Annecy.  Le 
Pourpris  historique  p.  224,  donne  à  la  mariée  ce  prénom 
de  Françoise  et  rapporte  que  le  mariage  eut  lieu  à  Genève, 
le  10  novembre  1 IIG. 

(3)  Le  généalogiste  a,  par  inadvertance,  appelé  onzième 
le  duc  Louis  de  Savoie  ;  il  a  peut-être  confondu  avec  son 
gendre  Louis  XI,  roi  de  France.  Janus  de  Savoie  fut  créé 
comte  de  Genevois  par  son  père,  le  même  duc  Louis,  le 
26  février  1460. 


261 

de  la  duchesse,  ainsi  qu'il  résulte  de  deux  lettres 
que  celle-ci  écrivit  en  1462  de  Heidelberg. 

En  1457,  François  d'Arentlion  consent  à  Fran- 
çois de  Montfort  une  obligation  de  200  florins  re- 
lative à  la  dot  de  Jeannette. 

En  1466,  Marie  de  Montfort,  tante  de  François 
de  Montfort,  donne  quittance  de  tous  les  droits 
qu'elle  pourrait  avoir  sur  les  biens  laissés  à  Fran- 
çois par  leur  père  Jean  de  Montfort. 

Il  me  conste  que  François  et  Nicod  étaient  frè- 
res par  le  cautionnement  prêté  pour  eux  par  u. 
Mathieu  de  la  Frasse,  Claude  de  Cornillon  (1)  et 
autres  envers  l'insigne  chapitre  de  Saint-Pierre 
de  Genève,  à  raison  de  cens  qu'ils  devaient  à  ce 
chapitre. 

GuilleineUe,  sœur  de  François,  fut  mariée  à  n. 
Jean  de  Vtllette  (2),  comme  il  me  conste  par  trois 
quittances  des  deniers  dotaux  de  celle-ci  faites, 
—  la  première  en  faveur  de  François  et  de  Nicod 
de  Montfort  en  1405,  —  la  seconde  en  1437  par 
Nicod,  fils  de  Jean  de  Villette  ;  la  troisième,  en 
1438,  par  ledit  Nicod  de  Villette. 

Jacquemette,  sœur  de  la  précédente,  fut  mariée 
an.  Jean  de  Calluver  [f],  comme  il  me  conste  par 

(1)  La  Frasse,  Cornillon,  eomniunes  de  l'arrondissement 
de  Bonneville. 

(2)  Peut  être  de  la  famille  de  Chevr»n- Villette.  Beaucoup 
de  localités  en  Savoie  sont  appelées  Villette. 


263 

la  quittance  qu'elle  fait  de  sa  dot  à  Jean,  son  père, 
en  1412. 

Péronette,  sœur  des  précédentes,  fut  mariée  à 
n.  Henri  de  Bessonet  de  Bable^one  ;  il  ni'en 
conste  par  la  quittance  qu'il  fît  de  la  dot  de  sa 
femme,  en  1426,  à  François  et  Nicod  de  Mont- 
fort. 

6e  degré. 

Jean  (II),  seigneur  de  il/o/z //br/!^  chevalier,  fils 
de  François  et  de  Jeannette  d'Arenthon  épousa  en 
1477  Guillemeite,  fille  de  n.  Angellos  de  Belle- 
garde  (1),  comme  il  m'en  conste  par  leur  contrat 
de  mariage.  Ils  euveni  André,  Hudric,  François, 
Bérard,  Michel,  Pierre  et  Claudine. 

Il  me  conste  d'André,  Hudric,  François  et  Bé- 
rard par  une  reconnaissance  que  fait  Hudric  l'an 
1533  à  illustre  prince  Philippe  (2),  duc  de  Nemours, 
des  biens  de  la  maison  de  Montfort,  mouvants  du- 
dit  prince,  et  d'une  autre  faite  par  tous  les  quatre 
en  1532  à  illustre  prince  Philibert  de  Savoie,  ba- 
ron de  Faucigny 

Françoise,  sœur  de  Jean  11^  fut  mariée  à  An- 
toine de  Cliastelard,  comme  il  me  conste  par  la 

(1)  Famille  du  Faucigny,  soit  de  rarrondissement  de 
Bonneville. 

(2)  Frère  de  Charles  III,  duc  de  Savoie;  il  avait  reçu  le 
Genevois  et  le  Faucigny  en  apanage,  le  14  août  1514. 

Philippe  de  Savoie,  d'abord  êvèque  de  Genève,  aban- 
donna l'état  ecclésiastique  le  14  août  1414. 


263 

quittance  qu'en  1490  Louis  et  François  de  Chas- 
telard  firent  de  sa  dot  au  dit  Jean. 

Michiève,  son  autre  sœur,  fut  mariée  à  Jean- 
Michel  de  Thônes  (1),  quittance  de  dot,  en  1513. 

Guillemeite  fut  mariée  à  Pierre  de  Dariel  ? 

Nicod  de  Mont  fort,  fils  de  Nicod  et  de  Clau- 
dine de  Quintal,  fut  homme  d'église  et  protono- 
taire du  Saint-Siège  apostolique  par  bulles  obte- 
nues à  Rome  l'an  1438. 

Pierre  de  Alontfort,  frère  du  précédent,  épousa 
dame  Jeannette,  fille  de  Nicod  de  la  Frasse.  Il 
m'en  conste  par  une  donation  que  ladite  Jeannet- 
te fit  en  15G8  à  m''*'  Jean  Cussenet,  recteur  de  la 
chapelle  fondée  en  l'église  paroissiale  de  Saint- 
Pierre  de  Passy  (2)  par  les  seig'^'  de  Montfort,  en 
l'honneur  et  sous  le  vocable  de  saint  Théodule. 

Gabrielle,  sœur  du  dit  Pierre  {sic),  fut  mariée 
an.  Urbain  Vuillignynt,  comme  il  me  conste  par 
une  quittance  de  dot  cju'elle  fit  en  1488  audit 
Pierre. 

Il  reçut  en  apanage  de  son  frère  le  due  de  Savoie,  Charles 
III,  le  comté  de  Genève  et  les  baronnies  de  Faueigny  et  de 
Beaufort.  Il  fut  fait  duc  de  Nemours  par  le  roi  de  France 
François  1er,  le  22  décembre  1528^  et  mourut  en  4532.  L'apa- 
nage passa  à  son  fils  Jacques.  Fr.  Mugnier  ;  Chronologies 
pour  les  études  historiques  en  Saooie,  p.  55. 

(1)  Chef-lieu  de  canton  dans  l'arrondissement  d'Annecy. 

(2)  ComDîune  du  Haut-Faucigny,  près  de  Chedde,  de 
Charosse  et  du  Mont-Blanc,  arrondissement  de  Bonneville. 


?64 

7'  degré. 


'^O'- 


André  de  Montfort,  fils  de  Jean  et  de  Guille- 
mette  de  Bellegarde,  fut  gouverneur  de  la  comté 
de  Nice  en  Provence,  pendant  lequel  temps  il  dé- 
fendit la  ville  contre  le  coursai re  Barberousse  qui 
l'a  tenait  assiégée  avec  une  puissante  armée.  Il 
donna  de  puissantes  marques  de  son  courage  et 
de  sa  constance,  lorsque  étant  sommé  de  se  rendre 
de  la  part  de  Barberousse  il  répondit  à  celui  qui 
lui  portait  la  parole  que  l'empereur  s'adressait 
mal  et  qu'assurément  il  ne  savait  ni  son  nom,  ni 
la  devise,  ni  les  armes  de  sa  maison;  que  son  nom 
était  Montfort;  la  devise,  il  me  faut  tenir,  et  les 
armes  d'or  à  trois  pals  d'azm\  et  que  par  ainsi 
il  ne  devait  attendre  de  lui  qu'une  résistance  très 
rigoureuse  et  une  constance  inébranble,  puisque 
les  pals  de  ses  armes  étaient  un  véritable  sym- 
bole. Ce  que  prenant  en  considération  ledit  empe- 
reur leva  le  siège  qu'il  avait  mis  devant  Nice. 

André  épousa  dame  Mione  de  Mionnaz  ;  ils 
eurent  un  fils  nommé  Georges.  (Voir  la  2^  partie.) 

Hudry,  frère  d'André,  fut  chambellan  de  Char- 
les (III),  duc  de  Savoie,  et  son  ambassadeur  ordi- 
naire en  France.  Il  m'en  conste  par  plusieurs  let- 
tres de  ce  prince  écrites  à  Hudry  en  1523.  Il  épousa 
dame  Claudine  de  Granvelle  (1).  Il  m'en  conste 

(1)  Une  tante  ou  une  'sœur  du  célèbre  cardinal  Antoine 
Perenot  de  Granvelle. 


2G5 

par  l'acte  de  vente  de  certains  biens  passé  en  1541 
par  Jean  de  la  Chinai  à  ladite  dame  Claudine  ; 
lesdits  biens  provenus  de  demoiselle  Péroniiette, 
fille  de  Michel  de  Montfort,  frère  dudit  Hudry.  — 
De  ce  mariage  naquit  une  fille  nommée  Charlotte, 
et  aussi  une  fille  donnée  nommée  Perronetie,  fille 
d'une  d^'^"^  INIichière  Saultier. 

'  François  de  Montfort,  frère  d'Hudry,  épousa 
Claude  de  Bay  {ou  de  Ray),  dont  il  eut  Claude, 
Catherine,  Christophe  &i  Jeanne  ',  puis,  en  secon- 
des noces,  Françoise  de  Villequindry  de  laquelle 
il  eut  François  et  Claude;  enfin,  en  troisièmes 
noces,  Guillemeite  de  Lavoncour  dont  il  n'eut 
pas  d'enfants. 

Il  me  conste  de  ces  trois  mariages  par  son  tes- 
tament du  5  mars  1559,  où  il  est  fait  mention 
d'Amédée  de  Montfort  son  frère,  de  Georges  son 
neveu,  de  Bérard  son  frère  aussi,  prieur  de  Ville- 
neuve, protonotaire  et  chanoine  de  Notre-Dame 
de  Lallee  (de  Liesse)  d'Annecy.  lime  conste  encore 
plus  particulièrement  des  deux  autres  mariages 
par  les  contrats  dotaux  passés  le  18  mai  1545  en- 
tre ledit  François  et  Françoise  de  Villequindry, 
et  entre  le  même  et  Guillemette  de  Lavoncourt  le 
24  mai  1567. 

Bérard,  frère  du  précédent,  protonotaire,  cha- 
noine de  Notre-Dame  de  Liesse,  fait  son  testa- 
ment en  1577  en  faveur  de  son  frère  François  et 


266 

de  divers  neveux  et  petits-neveux.  Il  laissa  une 
fille  donnée,  nommée  Mye. 

[Bérard  de  Montfort  était  prieur  de  l'église  de 
Boussan?  qu'il  avait  demandée  et  obtenue  avec 
joie,  —  qui  qiddem  expeiii  et  accipit  hilariiei\ 
et  où  cependant  il  ne  résidait  pas,  se  bornant  à 
en  retirer  les  fruits  et  revenus.  Sur  la  plainte  des 
paroissiens,  l'évêque  de...,  HugoninMartellay,  lui 
fit  donner  aux  prônes  des  églises  voisines  un 
avertissement  d'avoir  à  se  conformer  aux  pres- 
criptions du  concile  de  Trente.  Cette  ordonnance 
épiscopale,  donnée  in  civitate  sedis,  est  du  16  juin 
1573.  —  D'après  l'original.] 

Il  ne  me  conste  point  par  titres  des  autres  frè- 
res de  Bérard,  comme  de  Michel,  grand  écuyer 
du  duc  de  Lorraine,  de  Pierre,  lieutenant  de 
M.  de  Bayart  dans  la  compagnie  des  Cent  gen- 
tilshommes du  Rov  de  France,  mort  sans  alliance 
en  1518;  de  Claudine,  mariée  à  n.  Claude  de 
Riddes,  seign.  des  Kobins  (1),  l'an  1528;  mais 
seulement  par  les  vieux  mémoires  sus  allégués. 

8°  degré. 

George  de  Montfort,  fils  d'André  et  de  dame 
Mionne  de  Mionnaz  épousa  Anne,  fille  de  Claude 
de  Mentlion.  Il  ne  me  conste  de  ce  mariage  que 

(1)  Famille  de  la  commune  deFlumet(f),  arrondis*  actuel 
d'Albertville.  (Sur  les  de  Riddes  de  Savoie,  v.  le  t.  XI  des 
Mémoires  de  la  Société  savoisienne  d'histoire,  p.  85  et  sui- 
vantes. 


267 

par  les  Mémoires  ;  mais  il  m'apparaît  de  la  filia- 
tion par  une  quittance  de  1561,  faite  par  Claude 
de  Daniel  auxdits  André  et  George,  de  la  somme 
de  300  escus  d'or  constituée  en  dot  à  dame  Anne 
de  Mont-Saint-Ligier,  par  François,  frère  d'An- 
dré et  oncle  dudit  George.  Du  mariage  de  George 
naquirent  Marin,  Amé,  Claude,  Charles,  Suzanne, 
Ennemonde,  Philiberte  et  André. 

Charlotte,  fille  d'Hudry  de  Montfort,  épousa 
n.  George  du  Port  (au  plus  tard  en  1550),  etc. 

Perronette,  fille  donnée  d'Hudry  et  d'une  Mi- 
chellede  Saultier,  fut  mariée  à  Anselme  de  Cava- 
luz  de  Sal [ins?]  (en  1538,  pour  le  plus  tard);  etc. 

Claude,  fils  de  François  de  Montfort  et  de  Clau- 
dine de  Ray,  épousa  Jeanne  fille  de  n.  Pierre 
de  Mont-Saint-Ligier,  dont  il  eut  plusieurs  en- 
fants, entre  autres  Claudine,  Jean,  Anne  et 
Michel.  Son  contrat  dotal  est  du  18  mai  1545.  Il  fut 
homme  docte  et  très  valeureux,  fort  expérimenté 
en  fait  de  guerre,  et  fit  plusieurs  voyages  avec  son 
frère,  entre  autres  à  Thérouanne,  St-Quantin,  St- 
Dizier,  Gravelines,  Landrecies,  Argier,  Piedmont 
et  en  Flandres.  Il  fut  maréchal  des  logis  de  la 
compagnie  de  Laurent  de  Gorrevod,  comte  de 
Pont-de-Vaulx.  Il  mourut  en  la  ville  de  Douai, 
âgé  de  45  ans  et  fut  enterré  le  19  février  1557. 

Catherine,  sœur  dudit  Claude  de  Montfort,  fut 
mariée  à  n.  Gaspard,  fils  do  Pierre  de  Mont- 
Saint-Ligier,  avant  juin  1557. 


268 

Christophe  de  Monifort,  leur  frère,  épousa  Gas- 
parde  de  Beaujeu,  fille  de  messireHuguede  Beau- 
jeu,  chevalier  du  Saint-Sépulcre  de  Hyérusalem 
(contrat  de  mariage  du  6  décenabre  15G1).  Ils  eu- 
rent François,  Ferdinand  et  Prospéra. 

Christophe  fut  de  tous  les  voyages  de  son  frère 
Claude.  Il  fut  gentilhomme  de  la  maison  de  S.  A.R. 
Emmanuel-Philibert,  duc  de  Savoie,  en  vertu  de 
lettres  du  2""^  décembre  1559,  gentilhomme  de  la 
bouche  le  30  septembre  1560,  gentilhomme  de  la 
chambre  le  26  juin  1567.  Le  prince  lui  fit  une  pen- 
sion en  récompense  de  ses  bons  et  agréables  ser- 
vices par  lettres  données  à  Gex  ?  le  15  septembre 
1567.  Il  fut  nommé  lieutenant  gouverneur  du  fort 
de  Saint-Maurice  à  Bourg  en  Bresse.  Le  duc  le 
commit,  en  1568,  pour  aller  en  Lorraine/) /a  m  (ire 
la  mort  de  madame  Jeanne  de  Savoie,  femme  de 
Nicolas  de  Lorraine,  comte  de  Vaudemont  ;  il 
l'envoya  à  Rome  en  1567,  auprès  du  pape  Pie  V, 
afin  de  procurer  quelques  faveurs  aux  afïaires  de 
Claude  de  la  Baume,  cardinal,  archevêque  de  Be- 
sançon. Il  mourut  au  fort  de  Saint-Maurice-lès- 
Bourg,  âgé  de  46  ans,  le  14  février  1573,  et  fut 
enterré  en  l'église  de  Saint-Dominique  de  Bourg. 
Il  testa  comme  il  me  conste  par  son  testament 
du  x"'*^  septembre  1559,  et  sa  femme  dame  Gaspar- 
de,  le  8  décembre  1583.  Conste  encore  dudit 
Christophe  la  donacion  que  lui  fait  le  3  avril  15..., 
François  son  frère,  de  la  terre  de  Charanteray  ; 
comme  aussi  par  la  donacion  mutuelle  faite  [entre] 


2G9 

ledit  Chris  lophe  et!  a  dite  dame  Gasparde,  sa  femme 
le  14  octobre  1563. 

Jeanne,  sœur  des  précédents,  fut  mariée  à  n, 
Jacques  de  Montureux,  seigneur  de  Blondefon- 
taine,  avant  octobre  1556. 

François,  fils  de  François  de  Montfort  et  de 
Françoise  de  Villeguindry  ,  mourut  en  aage  de 
puberté. 

Claude,  frère  du  précédent,  fut  induit  à  être 
d'église,  par  Christophe  son  autre  frère,  qui  le 
logea  avec  le  cardinal  Claude  de  la  Baume,  arche- 
vêque de  Besançon;  mais  il  changea  de  profes- 
sion, et  fut  homme  de  guerre,  en  Italie,  Flandre, 
France  et  Espagne.  Il  fut  envoyé  vers  le  roi  Phi- 
lippe n  pour  le  remercier  de  son  entremise  auprès 
du  Pape  Grégoire  XIIP  en  1517  (Ij,  pour  la  pro- 
motion do  Claude  de  la  Baume  au  cardinalat.  Il 
épousa  Jeanne,  fille  de  haut  et  puissant  seigneur 
Claude  de  Bouiechou,  chevalier,  garde  des  sceaux 
et  président  de  Bourgoigne  et  de  dame  Charlotte 
de  Vandencsse;  le  contrat  en  fut  stipulé  le  4  sep- 
tembre 1579.  Le  mariage  fut  célébré  par  le  Révé- 
rendissime  cardinal  au  château  de  Mutigne.  En 
1585,  il  fut  député  par  la  noblesse  de  Bourgoigne 
auprès  de  l'Altesse  d'Alexandre  Farnèse,  duc  de 
Parme,  gouverneur  des  Pays-Bas, avec  ordre  de 

(1)  Lapsus  calaini ;  il  faut  sans  doute  1577,  car  Grégoire 
XIII  fut  pape  de  1572  à  1585. 


270 

passer  s'il  le  fallait,  en  Espagne,  auprès  du  Roy 
(Philippe  II).  Il  fut  de  reclief  en  Flandre  pour 
procurer  la  promocion  du  conseiller  Tricornat 
à  la  court  de  Parlement  de  Bourgoigne  ,  et 
ce  par  office  d'ami  et  devoir  de  bien  bon  disci- 
ple qu'il  rendait  audit  conseiller  Tricornat  qui 
avait  été  son  successeur.  Il  fît  voyage  à  Rome 
où  il  obtint  du  Pape  Grégoire  XIII,  par  bulles 
du  9  décembre  1579,  la  confirmation  des  pri- 
vilèges de  la  Confrérie  des  72  disciples ^  qu'il 
envoya  le  10  février  1588,  aux  confrères  lors  as- 
semblés à  Gray  ?  pour  la  mort  de  Simon  Ravier 
dudit  Gray,  confrère.  Il  fut  en  Savoie  aux  guer- 
res contre  les  Bernois  et  ceux  de  Genève,  assis- 
tant au  recouvrement  de  la  ville  de  Bonne,  du 
château  de  Monthouz,  de  la  ville  de  Gex,  etc.  Il 
fut  chargé  par  le  duc  Charles-Emmanuel  de  trai- 
ter plusieurs  choses  importantes  avec  le  prince 
Frédéric,  comte  de  Montbéliard  et  duc  de  Wir- 
temberg;  en  1592  ,  il  passa  en  Espagne  avec 
le  congé  de  l'Infante  Dona  Catelina  d'Autriche, 
duchesse  de  Savoie  (1),  pour  y  obtenir  du  roi  le 
gouvernement  du  comté  de  Bourgogne  à  Claude 
de  Vergy,  comte  de  Champlite. 

En  1595,  Claude  de  Vergy,  gouverneur  du  pays 
et  comté  de  Bourgoigne,  donna  à  Claude  de  Mont- 
fort  la  charge  de  commissaire  général  des  gens  de 


(1)  Fille  de  Pliilippe  11^  épouse  du  duc  Charles-Emma- 
nuel. 


271 

guerre  en  Bourgogne,  charge  dans  laquelle  il  fut 
confirmé  par  patentes  du  roi  du  20  avril  1597,  puis 
par  d'autres  du  9  novembre  1599  de  L.  L.  A.  A. 
S.  S.  Albert  et  Isabelle,  archiduc  et  archidu- 
chesse d'Autriche. 

Il  eut  de  ladite  dame  Claude  de  Boutechou, 
Claude- René,  Charlotte,  Claudine,  Anne-Renée, 
Philippe-Emmanuel  et  Pierre-Gabriel. 

Mye,  fille  donnée  deBérard,  fut  mariée  à  Pierre 
de  Ansermet,  comme  il  me  conste  par  la  quit- 
tance des  deniers  dotaux  de  ladite  noble  Mye, 
que  firent^  en  15G2,  Pierre  et  Claude  de  Anser- 
met. 

Se  degré. 

Marin  de  Montfort,  fils  de  Georges,  mourut  â 
l'âge  de  22  ans,  le  24  mai  1574  [après  avoir  testé 
la  veille]. 

Amê  de  Montfort,  son  frère,  fut  gentilhomme 
de  la  maison  de  Jacques  de  Savoie,  duc  de  Ne- 
mours [comte,  puis  duc  de  Genevois]. 

Claude  de  Montfort ^  leur  frère,  fut  tué  à 
Annecy. 

André  de  Montfort,  leur  frère,  suivit  les  guer- 
res de  Flandre,  dans  le  régiment  du  marquis  do 
Varcmbon  ;  ensuite,  en  1582,  il  passa  à  Malte 
pour  y  prendre  la  croix,  mais  il  en  fut  dissuadé  à 
cause  de  l'absence  d'Ame  et  de  la  mort  de  Claude, 
ses  frères. 


272 

Ennemonde,  leur  sœur,  fut  religieuse  au  cou- 
vent de  Sainte-Catherine,  proche  Annecy  (1). 

Pliiliberte  fut  mariée  à  Hyeroninc  de  Richar- 
don,  seigneur  de  Besse,  l'an  1575. 

Suzanne  mourut  jeune  (2). 

[Il  y  avait  encore  un  frère  prénommé  Charles, 
cité  dans  plusieurs  testaments]. 

Claudine  de  Montfori,  fille  de  Claude  et  de 
dame  Jeanne  de  Mont-Saini-Ligier,  fut  mariée  en 
Lorraine  à  Pierre  de  Montangon,  fils  de  Lance- 
lot  de  Montangon  et  de  dame  Alix  de  Salvans. 
Contrat  de  mariage  du  25  novembre  15GG. 

Jean,  frère  de  Claudine,  fut  homme  d'église  et 
et  religieux  au  prieuré  de  Gigny  ;  il  m'en  conste 
par  le  testament  de  François,  son  père,  qui  lui 
légua  une  pension  de  15  francs,  et  par  une  do- 
nation que  fit  ledit  Jean  à  son  frère,  le  9  avril 
1561. 

Amie  de  Montfori,  sa  soeur,  fut  religieuse  en 
l'abbaye  de  N.-D.  du  Bayton,  proche  les  murail- 
les de  Besançon,  et  devint  abbesse  de  ce  couvent. 
En  1594,  ennuyée  des  travaux  (tracas)  qui  lui 
donnaient  les  religieuses,  elle  résigna  l'abbaye  à 
dame  Claudine  Luilier,  fille  de  M.  de  Preygney. 

(1)  Monastère  de  Cisterciennes.  Voir  notre  Histoire  des 
abbayes  de  Sainte-Catherine  et  de  Bonlieu . 

(2)  Après  le  testament  d'André,  1578. 


273 

Michel  de  Montfort,  son  frère,  fut  nourri  en 
Allemagne.  Il  suivit  les  guerres  de  Flandres  où  il 
mourut  l'an  1577,  au  régiment  de  Henry  de 
Vienne,  baron  de  Chevraulx. 

François  de  Montfori,  fils  de  Christophe  et  de 
Gasparde  deBeaujeu.  ne  vécut  que  15  jours. 

Fernand-Pierre,  son  frère,  fut  donné  page  de 
Charles-Emmanuel  P'',  duc  de  Savoie,  où  ayant 
fait  les  cours,  et  ayant  été  mis  hors  de  page,  il  fut 
logé  tramis  l'infanterie  espagnole  tenant  pour  lors 
Genève.  En  1595,  il  fut  lieutenant  d'une  com.pa- 
gnie  de  chevau-légers  sous  le  commandement  de 
M.  de  Grilly.  Etant  revenu  en  Bourgogne,  il  fut 
lâchement  assassiné  par  le  comte  de  Chysardin  ? 
étant  lors  en  fiançailles  avec  Guillemeile  de  Par- 
dessus, comme  il  me  conste  par  les  articles  de 
contrat  de  mariage  du  25  mai  1600.  Il  avait  fait 
son  testament  le  l®i'  août  1595. 

Prospéra  de  Montfort,  son  frère,  naquit  à  La- 
voncourt  et  eut  pour  parrain  et  marraine  Prosper 
de  Genève,  marquis  de  Lullin,  et  la  comtesse  de 
Pancalier.  gouvernante  pour  lors  de  Charles-Em- 
manuel, duc  de  Savoie  ;  il  mourut  en  âge  de  pu- 
berté. 

Claude-René  de  Montfort,  épousa  dame  Clau- 
dine de  Thoire,  fille  de  noble  et  puissant  Philippe 
de  Thoire  et  de  Marie  de  Volduic  ;  contrat  de 
mariage  du  18  février  1G03.  De  ce  mariage  sont 

issus  : 

18 


274 

Louis- François,  Pliilippe-Charloite,  Béairix 
et  Henriette.  Claude-René  testa  le  8  août  1G20. 
Il  fut  capitaine  de  200  hommes  de  pied  dans  le 
régiment  Bourguignon  ;  il  m'en  conste  par  pa- 
tentes datées  à  Bruxelles  le  2  février  1621.  Il  fut 
tué  au  siège  de  Julliers  en  1622. 

Sa  femme  testa  le  23  décembre  1648,  comme  il 
me  conste  par  son  testament  et  par  l'acte  de  la  pu- 
blication d'icelui  faite  le  4  juillet  1649,  à  Cliédes- 
sous-Montfort,  en  la  maison  dudit  feu  Claude, 
seigneur  de  Montfort  ;  elle  fut  enterrée  dans  la 
chapelle  fondée  par  les  seigneurs  de  Montfort,  en 
l'église  de  Saint-Pierre-de-Passy. 

Charlotte  de  Montfort,  sa  sœur,  naquit  à  Gray 
le  20  novembre  1582  ;  elle  mourut  bientôt  et  fut 
enterrée  en  la  chapelle  de  haut  et  puissant  sei- 
gneur Claude  de  Boutechou,  son  grand-père,  dans 
l'église  paroissiale  de  Gray. 

Charlotte,  sœur  de  la  précédente  Charlotte,  na- 
quit à  Besançon  le  mardi  12  juin  1584  ;  elle  fut 
mariée  à  noble  Renebert  de  Mont-Saint-Ligier, 
seigneur  d'Augisse,  et  lui  porta  en  dot  la  terre  de 
Fleurey  ;  contrat  de  mariage  du  20  juillet  1612. 
Elle  eut  trois  enfants  de  son  mari,  lesquels  étant 
morts,  elle  fit  héritier  Philippe-E ininanuel,  fils 
de  Louis-François  de  Montfort,  suivant  testament 
publié  au  baillage  d'Amont  (ressort  de  Gray),  le  3 
novembre  1657. 

Claudine,  sœur  de  Charlotte,  naquit  à  Mont- 


275 

Saint-Ligier  le  29  novembre  1586;  ne  me  conste 
pas  qu'elle  ait  été  mariée. 

Anne-RenéCj  sa  sœur,  née  à  Gray  le  22  sep- 
tembre 1589  ;  morte  aussi  sans  alliance. 

Philippe-E mmanuel,  leur  frère,  est  né  à  Gray 
le  25  mai  1594  (1592)  ;  il  eut  pour  parrain  le  prince 
Philippe-Emmanuel  (1),  fils  aîné  de  Charles-Em- 
manuel P'",  duc  de  Savoie,  et  pour  marraine  Do- 
rothée de  Lorraine^  duchesse  de  Brunswick  ; 
mais,  comme  au  temps  de  sa  naissance,  il  était  fort 
malade,  et  Claude  de  Montfort,  son  père,  était  en 
Espagne,  et  que  par  suite  de  la  mort  de  Claude  de 
Boutechou,  garde  des  sceaux  et  président  de  Bour- 
gogne, son  grand-père,  il  n'y  eut  loisir  de  faire  à 
son  baptême  les  cérémonies  et  solennités  que  l'on 
espérait  si  les  députés  du  parrain  et  de  la  mar- 
raine y  fussent  été  appelés.  Cependant  la  sérénis- 
sime  infante  Dona  Catalina  (la  mère  du  parrain) 
ne  laissa  pas  d'envoyer  au  mois  de  septembre  sui- 
vant, visiter  la  mère  et  l'enfant  au  nom  du  par- 
rain, et  écrivit  à  la  mère  la  lettre  suivante  : 

«  Très  chière  et  bien  aymée  Nous  plaignons  que  l'in- 
disposition de  vos  tre  nouveau-né  jointe  à  d'autres  acci- 
dens  qui  vous  ont  visitée  en  mesme  temps  pendant  l'ab- 
sence de  nostre  très  chier  et  bien  aimé  le  seigneur  vostre 
mari,  ayt  levée  l'occasion  de  faire  porter  cette  petite 
créature,  seur  les  fons  de  baptême  au  nom  du  prince 

(1)  Mort  sans  avoir  régné;  le  9  février  1605,  ùgè  de  9  ans. 


276 

ayné  nostre  fils  pour  l'envie  qu'avions  d'y  faire  [partir] 
un  gentilhomme  à  cet  effect  ettesmoigner  en  ce  la  sou- 
venance qu'avons  de  vous,  mais  puis  que  Dieu  a  esté 
servi  d'en  disposer  autrement,  avons  bien  voulu  vous 
envoyer  par  le  S^'  de  Montfort  vostre  mari  retournant  de 
son  voyage  d'Espagne  les  présents  qui  consonnent  à 
l'âge  du  Prince  nostre  fils,  en  attendant  qu'en  croissant 
il  puisse  ci-après  faire  mieux  en  commémoration  des 
bons  et  agréables  services  que  recevons  jornellement 
de  vostre  mari.  A  tant  nostre  Seigneur  vous  ayt  en  sa 
ste  et  digne  garde.  De  Nice  ce  15^  septembre  1592. 

((  Signé  :  La  Infanta  Dona  Catalina.  » 

Ledit  Philippe-Emmanuel  de  Montfort  fut 
homme  d'église  et  abbé  de  l'abbaye  de  N.-D.  du 
Lieu-Croissant,  dite  Les  Trois  Roys,  il  en  obtint 
la  coadjutorerie  le  4  décembre  1620^  en  Flandre, 
par  les  soins  de  Claude-René,  son  frère,  qui  était 
alors  au  service  de  l'archiduc  Albert  et  de  l'archi- 
duchesse Isabelle,  et  suivant  la  faculté  accordée 
le  9^  avril  1620  par  la  CouFt  de  Parlement  de  Dôle 
et  la  permission  obtenue  le  4  du  même  mois  du 
Révérendissime  général  de  Cîsteaux.  L'institution 
(comme  abbé),  par  le  même  général,  est  du  22 
août  1046. 

Ledit  Philippe  fut  un  homme  adroit  et  expéri- 
menté dans  les  affaires  d'Etat  du  comté  de  Bour- 
gogne. Même,  en  l'an  1024,  les  Trois-Etats  assem- 
blés à  Dôle,  procédant  selon  leur  pratique  ordinai- 
re àl'élection  des  neuf  personnages  auxquels  ils  ont 
accoutumé  de  conûer  la  conduite  et  maniance  de 


277 


leurs  affaires,  le  choisirent  pour  député  de  l'église 
au  baillage  d'Amont,  laquelle  commission  lui  fut 
de  nouveau  donnée  en  1633  et  en  laquelle  il  a  con- 
tinué jusqu'au  mois  d'avril  1G54.  Au  cours  des 
guerres  il  rendit  de  signalés  services  au  roi  (d'Es- 
pagne) et  au  public,  et  Sa  Majesté  ayant  été  in- 
formée du  déplorable  état  auquel  les  malheurs 
avaient  réduit  son  abbaye,  lui  donna  le  prieuré  de 
Moustier-Haute-Pierre,  de  Tordre  de  Cluny,  où  il 
introduisit  la  réforme. 

En  avril  1650,  S.  M.  l'honora  de  la  charge  de 
maistre  aux  requêtes  et  conseiller  au  souverain 
Parlement  de  Dôle.  Le  général  de  Cîsteaux  l'auto- 
risa, quoique  religieux,  à  porter  l'habit  de  cette 
charge  ;  de  quoi  il  conste  par  la  lettre  d'avis  dudit 
Parlement  écrite  au  Roi  le  9  décembre  1649,  dont 
la  teneur  s'ensuit  : 

«  Sire, 

{(  Ensuite  du  commandement  de  V.  M.  avons...  exa- 
miné la  requête  que  D.  Philippe-Ei  de  Moutfort  abbé 
des  Trois  Roys  lui  a  présentée  tendante  à  être  pourvu 
delà  charge  de  maître  aux  requêtes  en  ce  parlement  et 
pour  en  donner  avis  à  V.  M.  ...  Vu  la  noble  extraction 
du  suppliant  et  les  services  de  ses  prédécesseurs...  les 
siens...  son  intelligence  et  pratique  des  affaires  de  la 
province....  que  dès  lors  il  ne  pourrait  qu'être  utile  à 
cette  compagnie  pour  y  avoir  voix  délibérative  aux  affai- 
res d'Etat  et  publiques  et  consultative  aux  autres,  amsi 
que  cela  s'est  pratiqué  à  l'endroit  de  ceux  qui  ont  été 
pourvus  ci-devant  de  semblable  office,  n'étant  pas  chose 


278 

nouvelle  de  voir  des  prélats  religieux  dans  le  Conseil  de 
nos  Rois,  pour  ce  qu'il  yen  a  assez  d'exemples,  et  néan- 
moins nous  n'avons  rien  trouvé  dans  nos  registres  dès 
ce  Remy  d'Ocourt  allégué  par  la  requête  du  dit  sup- 
pliant encore  qu^il  assure  avoir  plusieurs  titres  en  son 
abbaye  qui  le  qualifient  maître  aux  requêtes  en  ce  parle- 
ment. En  tout  cas  nous  ne  voyons  point  que  la  qualité 
d'abbé  régulier  le  doive  exclure  de  tel  ofRce,  puisqu'il 
n'oblige  pas  à  une  assiduité  et  que  parmi  les  occasions 
qui  se  présenteront  en  ce  parlement  de  traiter  du  service 
de  V.  M.  et  choses  publiques  il  aura  moyen  de  choisir 
les  temps  libres  pour  bien  visiter  et  examiner  la  régence 
de  ses  deux  bénéfices.  Nous  nous  en  remettons  au  bon 
vouloir  de  V.  M.  d'en  ordonner  ce  qu'elle  aura  de  plus 
agréable,  et  après  lui  avoir  baisé  les  mains  en  toute  hu- 
milité nous  prions  Dieu  de  la  conserver.  » 

Ledit  Philippe  fit,  le  3  juin  1638,  donation  à 
Louis- B'rançois,  fils  de  Claude-René  de  Mont- 
fort,  avec  permission  du  général  de  Cîsteaux,  de 
tous  les  biens,  meubles  et  immeubles,  argent 
monnayé  et  non  monnayé,  qui  ne  seraient  pas 
ornements  de  l'église,  qui  se  rencontreraient  dans 
la  maison  qu'il  avait  fait  bâtir  pour  son  abbaye, 
à  Besançon,  et  lui  appartenant  â  l'heure  de  son 
décès.  Il  mourut  à  Dole,  le  10  janvier  1G5G.  Voici 
l'épitaphe  que  Philippe-Emmanuel,  fils  de  Louis- 
François  de  Montfort  lui  a  fait  faire  : 


279 

ÉPITAPIIION 

Philippe  Emanueli  de  Montfort. 

Loci  Cressentis  abbati  priori  monasterii  Altee 
Petrœ.  Regioe  Catholicoe  Majestatis  in  suprcmo  soqua- 
norum  Senatu  Consiliario  ac  libellorum  supplicum 
Magistro, 

Generosa  apud  Allobroges  familia  oriondo 

Doctrina,  facundia  et  mira  in  rébus  gerendis 

Dexteritate  et  Prudentia  insigni 

Variis  ac  Prœcipuis  in  comiciis  Sequanicis 

(Quibus  etiam  prœfuit)  muneribus 

Et  ad  Principis  Lcgationibus  Gloriose  perfuncto 

De  patria  in  ipsis  etiam  bellorum  tumultibus 

Consiliis  et  indefesso  labore  benemerito 

Philippus  Emanuel  de  Montfort 

Dominus  de  dicto  loco,  Couppelin,  Cessey,  Fleurey 
Batherans 

Patruo  Patrino  ac  Mœcenati  grandissime 

Hoc  gratitudinis  et  memoriœ  suœ  monumentum 
posteris  reliquit 

Devixit  anno  œtatis  suœ  62. 

Reparatœ  vero  salutis  M.D.CLVI. 
Requiescat  in  pace. 

Pierre-Gabriel,  fi-ère  de  Philippe-Emmanuel, 
naquit  le  17  mars,  jour  de  Saint-Gabriel,  l'an 
1594,  à  Gray,  et  mourut  jeune. 

10e  degré. 

Louis- François  de  Montfort,  fils  de  Claude- 
René  et  de  Georgine  de  Thoire,  fut  élevé  aux 
écoles  et  aux  académies  par  le  susdit  abbé  des 


280 

Trois-Rois,  son  oncle;  après  quoi,  âgé  de  17  ans, 
il  passa  aux  Pays-Bas  pour  y  suivre  le  roi  en  ses 
armées  en  qualité  de  capitaine  d'infanterie  (pa- 
tentes du  27  février  1655)  dans  le  régiment  du 
marquis  d'Oliani,  d'où  il  passa  en  Allemagne. 
L'année  suivante,  il  fut  au  siège  de  Ratisbonne 
et  à  la  bataille  de  Nordlingen,  après  quoi  le  mar- 
quis de  Saint-Martin,  colonel  d'un  régiment  de 
cuirasse,  lui  fit  semondre  une  compagnie  dans 
sondit  régiment,  où  ayant  vu.... 

Là  s'arrête  le  manuscrit  auquel  il  manque  une 
page  ou  deux. 


Nota.  —  Par  suite  d'un  lapsus  calami,  la  gé- 
néalogie a  indiqué,  au  neuvième  degré,  Philippe- 
Emmanuel  de  M.  comme  né  en  1594,  le  25  mai  ; 
il  faut  lire  1592,  car  la  lettre  de  félicitation  de  la 
duchesse  de  Savoie  à  l'occasion  de  cette  nais- 
sance est  de  septembre  1592,  et  la  mort  du  garde 
des  sceaux,  Claude  de  Boutecliou,  qui  empêcha 
le  baptême  d'être  célébré  solennellement,  eut 
lieu  aussi  en  1592. 


281 
Les  Montfort  de  Piémont. 

Une  consultation  d'un  avocat  de  Chambéry, 
adressée  le  17  janvier  1725  à  M.  de  Montfort^  ca- 
pitaine de  grenadiers  au  régiment  de  Savoie,  à 
Alexandrie,  nous  apprend  que  des  Montfort  de 
Savoie  ou  de  Bourgogne  s'étaient,  au  seizième 
siècle,  fixés  en  Piémont. 

Il  s'y  agit  du  testament  de  «  magnifique  sei- 
gneur Thomas  Montfort  »,  de  la  ville  de  Fos- 
sano,  en  date  du  29  avril  1578,  reçu  par  M*"  Bar- 
tholomé  Pelasso,  citoyen  de  Fossano  et  notaire 
public. 

Ce  testament  instituait  héritiers  du  seigneur 
Thomas,  Charles  et  Claude  de  Montfort  (ainsi 
qu'un  troisième  dont  le  nom  avait  été  omis  dans 
la  copie  soumise  à  ravocat)^  et  leur  substituait, 
en  cas  de  décès  de  chacun  d'eux  sans  enfant  mâle, 
le  capitaine  Jean-Mathias  et  le  seigneur  Stro- 
phùi  Montfort  ;  il  substituait  enfin  à  ceux-ci 
«  les  seigneurs  de  Monfort,  de  Savoye  et  de  Bour- 
gogne, qui  porteront  le  nom  et  les  armes  des 
Monfort  ». 

Il  ne  paraît  pas  que  Charles  de  Montfort  de 
Reinex,  qui  avait  déniché  le  testament  de  1578, 
vraisemblablement  pendant  les  loisirs  d'une  garni- 
son à  Fossano,  ait  poussé  plus  loin  ses  recherches 
sur  la  succession  de  ses  arrière-cousins  italiens. 


282 


DEUXIEME  PARTIE 


Autre  généalogie  manuscrite. 

Cette  généalogie,  fort  sommaire,  a  été  dressée 
à  Chambéry  sur  les  notes  de  M.  Jean  Faga.  Elle 
complète  parfois  la  précédente,  mais  elle  contient 
aussi  quelques  erreurs.  Nous  croyons  pouvoir  les 
rectifier  à  peu  près  complètement,  à  l'aide  des 
renseignements  que  nous  avons  puisés  dans  les 
registres  paroissiaux  de  Rumilly,  Bloye,  Mas- 
singy  et  Menthonnex-sous-Clermont,  et  grâce  à 
l'abondance  des  documents  que  M.  Claudius  de 
Mouxy  de  Reinex  a  mis  à  notre  disposition  avec 
la  plus  gracieuse  complaisance. 

Ainsi  que  nous  l'avons  annoncé,  nous  interca- 
lerons dans  la  généalogie  les  pièces  assez  nom- 
breuses qui  nous  ont  paru  présenter  un  intérêt 
historique  ou  qui  fournissent  quelques  détails  ca- 
ractéristiques de  l'époque. 

I. 

N.  AiMON  de  Montfort,  bailli  de  Genevois 
en  1310;  marié  à  Claudine-Jordane,  fille  unique 
de  Pierre  de  Cliiede  ;  elle  teste  en  1343.  — 
Etienne,  1325  ;  —  Girard,  sieur  de  Boisy  [près 
Genève],  ou  plutôt  Simon  ;  —  Nicolette  (fille 


283 

de  Simon  ?),  darne  de  Boisy,  mariée  à  Albert  des 
Clés,  1378. 

IL 

AiMONETTE  [fille  d'Aimon],  mariée  en  1325  à 
Jacques  de  Monthouz,  près  d'Annecy. 

NicoD  DE  MoNTFORT,  chcvalier,  bailli  de  Fau- 
cigny,  marié  à  Isabelle....  Il  traita  avec  le  comte 
de  Genève,  en  1343,  pour  les  biens  de  sa  mère. 

(Eurent  Jacques,  Pernette,  Ramus,  Jean,  Pierre, 
Hugues  et  Aimon.) 

III. 

Jacques,  marié  à  Antoinette  de  La  Frasse, 
d'où  Marguerite  de  Montfort,  mariée  à  Pierre  de 
Monthouz. 

Pernette,  mariée  à  Nicod  de  Chiet,  (Chuit?) 
en  1344  (Généalogie  manuscrite  d'Allinges). 

m. 

Ramus,  seigneur  de  Montfort.  Le  3  mars  1340, 
il  transige  avec  le  comte  de  Genève  au  sujet  de 
la  juridiction  d'Arbusigny.  Marié,  1°  câ  ...  (1)  ; 
2°  à  Catherine....,  veuve  de  Jean  de  la  Croix.  11 
teste  en  1412.  (Eurent  pour  enfants  Jacques  et 
lean,  ci-après.) 

Jean  de  Montfort.  En  1367,  il  prêta  le  serment 
ie  fidélité,  tant  en  son  nom  que  d'Aimon  son  frère, 

(1)  La  première  généalogie  dit  :  à  une  dame  de  la  maison 
ie  Lucinge. 


284 

pour  les  biens  du  mandement  de  Charosse  (Haut- 
Faucigny). 

Pierre,  gendarme  en  France. 

Hugues,  seigneur  d'Arbusigny,  fit  hommage 
au  duc  de  Savoie,  en  1430.  Marié  à  Jeanne,  fille 
d'Emeric  Pignier.  Il  testa  en  1382?.  (Eurent  pour 
enfants  .Jean  etHugonin,  ci-après.) 

AiMON,  chevalier,  surprit  le  château  de  Mon- 
thoux  ;  marié  à  Françoise,  fille  de  Rolet  de  Thoire  ; 
il  testa  à  Arbusigny,  le  21  septembre  1360.  (Eu- 
rent pour  enfants  Pierre  et  Nicolet,  ci-après.) 

IV. 

Jacques  de  Montfort  [fils  de  Ram  us  de 
MontfortJ,  marié  à  Mathie,  fille  de  Jean  de  la 
Croix. 

Jean  (fils  du  même),  marié  à  Nicolette,  fille  de 
Jean  de  la  Croix.  [Jacques  et  Jean  paraissent  avoir 
épousé  les  filles  du  premier  lit  de  la  seconde  femme 
de  leur  père  Ramus  de  Montfort.  ] 

Jean  de  Montfort  [fils  de  Hugues],  marié  à 
Mye  de  Compey,  fille  de  Philibert  de  Compey, 
seigneur  de  la  Chapelle  (d'Abondance). 

HuGONiN,  fils  de  Hugues  ;  seigneur  d'Arbusi- 
gny ;  marié  à  Jeannette,  fille  de  François  d'Aren- 
thon  ;  il  teste  en  faveur  de  Jean,  son  frère  aine, 
le.... 


285 

Pierre,  fils  d'Aimon  II  de  Montfort,  légué  (1) 
par  son  père. 

NicoLET  de  Montfort,  fils  d'Aimon,  son  héritier 
universel  ;  marié  à  Jeannette  de  Menthonay,  sœur 
de  Jacques,  cardinal  de  Menthonay.  Les  Compey 
héritèrent  de  Nicolet  de  Montfort  de  la  seigneurie 
d'Arbusigny ,  vers  143G.  (Sommaire  des  fiefs.) 

V. 

Pierre  de  Montfort,  fils  de  Jacques  II  ;  ma- 
rié à  Jeannette  de  La  Frasse  ;  testa  en  1459. 

Claude,  fils  du  même  ;  marié  à de  Chissé. 

NicoD  de  Montfort  (fils  de  Jean  qui  était  fils  de 
de  Ramus)  ;  marié  à  Claudine  [de]  Quintal,  le  9 
juin  1435  ( Pour pri^  historique  de  la  maison  de 
Sales). 

François  de  Montfort,  écuyer,  marié  :  1°  à  Jac- 
i^ueline  de  Quintal,  en  1416  ;  2°  à  Jeanne- Fran- 
çoise d'Arenthon,  le  10  novembre  1446  (Pour- 
oris  historique). 

Guillemette  [fille  de  Jean  qui  était  fils  de 
Hugues]^  dame  d'Arbusigny  ;  mariée  â  Jean 
i'AUinges,  chevalier,  sieur  de  Coudre,  le  4  juin 
1470.  Cette  alliance  a  apporté  à  la  maison  d'Al- 
inges  la  terre  de  Montfort,  sous  le  Mont-Salève, 

(1)  C'est-à-dire  exclu  de  la  succession  paternelle  moycn- 
lant  un  legs  particulier. 


286 

et  autres  terres.  (Généalogie  manuscrite  d'Allin- 
ges.  —  [La  première  généalogie  ajoute  :  Jacque- 
meite  et  Péronneite.] 

VI. 

Béràrd  de  Montfort  [fils  de  Claude]  ;  marié  à 
Marguerite  du  Saix  ;  il  testa  en  1503. 

Michel,  fils  de  François. 

Jean  DE  Montfort  [fils  du  même],  marié,  en 
1477,  à  Guillermette,  fille  d'Angelon  de  Belle- 
garde. 

François  (fils  du  même). 

VIL 

Anselme  de  Montfort  (filsdeBerard?),  marié 
à  Jeanne  de  Villette. 

François  de  Montfort  [fils  de  Jean  et  de  Guille- 
mette  de  Bellegarde],  écuyer,  marié  à  Françoise 
de  Vilguindrey,  le...  Fit  branche  en  Bourgogne. 

Indication  des  membres  de  cette  branche  (1). 

VIII. 

Christophe  de  Montfort,  écuyer,  gentilhomme 
de  bouche  du  duc  de  Savoie,  Emmanuel-Phili- 
bert, marié  à  Gasparde  de  Beaujeu,  de  laquelle  il 

(1)  Voir,  li   la  première  généalogie,  des    renseignements 
plus  exacts  et  de  très  nombreux  détails. 


287 
eut  plusieurs  enfants  qui  moururentsans  avoir  été 
mariés  ;  mort  à  Bourg  le  14  février  1573. 

Claude  de  Montfort,  écuyer,  marié,  le  11 
septembre  1579,  à  Jeanne  de  Bouteclioux. 

IX. 

Charlotte  [fille  de  Christophe]^  mariée,  en 
1612,  à  Robert  de  Montléger  [Mont-Saint-Ligier]. 

PuiLmERT-EMMANUEL  [fils  du  même],  abbé  des 
Trois-Rois,  etc. 

Claude-René  de  Montfort  [fils  de  Claude], 
écuyer,  capitaine  d'infanterie  aux  terres  de  Bour- 
gogne, marié  à  Georgine,    fille   de  Philippe   de 

Thoire,  le  IG  février  1603. 

X. 

Béatrix  de  m.  [fille  de  Claude-René],  mariée  à 
Baltazard  de  Bottelier,  seigneur  deDingy. 

Henriette  de  M.  [fille  du  même],  mariée  à 
Henri-François  de  Dieux,  seigneur  de  Plaison. 

Louis-François  de  Montfort  [fils  du  même], 
écuyer,  capitaine  d'infanterie,  marié  à  Béatrix  de 
Beaujeu. 

XL 

Philippe  -  Emmanuel  de  Montfort  [(ils  de 
Louis-François],  vivant  en  1661  [Auteur  de  la  gé- 
néalogie précédente  de  1663]. 


288 

[Suite  de  la  branche  de  Savoie.] 

VIL 

André  de  Montfort  (fils  de  Jean  et  de  Guil- 
leraette  de  Bellegarde) ,  seigneur  de  Miorinaz , 
gouverneur  de  Nice,  chambellan  de  S.  A.  (le  duc 
de  Savoie  Charles  III),  marié  à  Mye,  dame  de 
Mionnaz.  —  (Voir  la  première  généalogie.) 

[André  (I*^'")  de  Montfort  était  déjà  gouverneur 
de  Nice  en  1538.  Il  parait  avoir  succédé  à  Nicod 
de  Beaufort,  seigneur  de  Salagine  (1),  un  autre 
Rumillien.  Il  mourut  peut-être  en  1556,  après  le 
mois  de  mar«,  époque  à  laquelle  il  était  encore  en 
fonctions.  En  août  1554,  il  avait  reçu  du  ministre 
du  duc  Emmanuel-Philibert,  à  Verceil,  la  lettre 
suivante  : 

A  Monsi'  De  Montfort  gouverneur  de  Nyce 
et  a  Mons»"  le  collatéral... 

Monsî"  le  gouverneur...  Je  suis  este  adverty  que  le 
prothonotaire  de  Bueilet  Challux  son  frère  sen  sont  allez 
a  la  court  de  France  sans  point  de  congié.  Bien  esbay 
(ébahi)  que  suis  que  men  ayes  point  donné  de  notice.  Et 
pour  ce  qu  (trou..,)  a  mons''  le  grand  prieur  ce  que  rae 
semble  fort  (trou)  [du]  service  de  Monseigneur  vous  ne 
feres  faulte  vous  i[rouver]  avecque  luy  et  y  feres  la  con- 
sidération que  sera  requise.  Et  du  succès  ce  me  sera  pjai- 

(1)  Château  et  fief  ii  4  kilomètres  S.  de  Rumilly. 


289 

sir  destre  adverty.  En  quel  endroit  me  recommandant  a 
vous  de  bon  cueur,  prieraydieu  vous  donne  monsieur  le 
gouverneur  ce  que  vous  desires  .  De  Verceil  le  xijm« 
d'aoust  1554. 

P  (?)  S.  —  Acvertischa  che   quel    goavcrno   si   la 

gustisia  e  in  le  sue  mane  et  la  essequiscion  corne  sono 

done  1*  corne  sera  il  seroicio  di  sua  Alteza.  Et  e  cosa 

di  mallo  esempio  chi  i  [vi]  belli  (?)  stieno  in  que   [trou 

sla]  corne  mi...  reto  oltera  li  malli  manecij  chi  poter- 

reno  reusire  et  cosi  v.  s.   non  manchi  di  provederli 

corne  me  confido  ; 

d.  V.  s.  bono  amico 

Amé  de... 

(D'après  Voriginal  assez  détérioré.) 

A  Nice,  André  de  M.  habitait  la  maison  de 
Saint- Jean-de -Jérusalem.  En  1539,  il  soutint  le 
duc  Charles  III  dans  son  refus  d'échanger,  avec 
François  T^  le  comté  de  Nice  contre  d'autres  pos- 
sessions (1)]. 

Ulrich  de  Montfort  [fils  des  mêmes  ;  c'est 
VHudric  de  la  première  généalogie],  gentilhomme 
du  duc  de  Savoie,  marié  à  Claudine  de  Gra[n]- 
velle  (2),  de  laquelle  il  eut  Charlotte  mariée  à 
Georges  Duport. 

[Vers  1530  il  fut  envoyé  en  mission  par  Char- 
les III,  duc  de  Savoie]. 

(1)  GiOFFREDDO,  Storia  délie  Alpi  marltiime,  col.  1336, 
1303,  1-478. 

(2)  Une  tante  ou  une  sœur  da  célèbre  cardinal   Antoine 

Pércnot  de  Granvelle. 

19 


290 

Pierre  de  INI.  [fils  des  mômes],  protonotaire 
apostolique  (1). 

Michel  de  M.  [id..],  écuyer,  établi  en  Lorraine. 

VIII. 

Georges  de  Monfort  [fils  d'André  et  de  Mie 
de  Bellegarde,  dame  de  Mionnaz],  chambellan  du 
duc  de  Savoie;  marié  en  1551  à  Anne  de  Men- 
thon-Montrottier. 

[Cette  branche  des  Montfort  avait,  depuis  le 
mariage  d'André,  son  siège  à  Mionnaz.  Le  10  juin 
1551,  jour  de  son  contrat  de  mariage  et  de  son 
mariage  aussi,  dans  la  maison-forte  de  ce  lieu, 
Anne  de  Mentlion,  en  l'assistance  de  son  mari 
Georges  de  Montfort,  cède  et  transporte  à  ses 
frères  Pierre  et  Charles  de  Menthon,  tous  les 
droits  qui  peuvent  lui  appartenir  sur  les  biens  de 
la  famille  situés  dans  les  mandements  de  Faver- 
ges  et  de  Tournon  en  Savoie,  moyennant  200  écus 
d'or  sol  payés  pour  sa  dot  par  ses  frères...  «  Fait 
et  passé  à  Myonnaz,  mandement  de  Clermont,  en 
la  sale  de  la  mayson  de  noble  Mye  de  INIyonnaz, 
mère  du  prénommé  noble  George  de  Montfort  en 
présence  de  révérends  seigneurs  Angellon  de 
Bellegarde,  doien  d'Annessy,  Berard  de  Mont- 
fort, Nycod  de  Menthon  et  Janus  Regard,  apos- 
toliques protonotaires,  noble  et  puissant  Claude 

(1)  En  1535,  Pierre  de   Mionnaz   fait   un   accord    avec 
Claude  de  Mouxy. 


291 

de  Seyterier,  s''  de  Pomyt  (Pomiers  f),  Pierre  de 
Manessie,  Jehan  Portier  de  Charnées,  Gaspard 
BorgCYs,  ^'i^cent  Thorens,  coseigneur  de  Rouge- 
mont  et  François  Marchand,  prévost  de  Gene- 
voys,  prins  pour  tesmoins  ». 

L'acte  est  reçu  par  M®  Donat  Daviet,  d'Alby, 
notaire..] 

[Nous  croyons  devoir  attribuer  à  Georges  de 
Montfort  hi  lettre  suivante,  écrite  d'Antibes,  le 
25  mars  1556  à  André  de  Montfort,  gouverneur 
de  Nice,  son  père  : 

«  A  MoET.  Monsï.  de  Montfort,  gouverneur  de  Nice. 
A  Nice. 

Monseigi'.  Jay  reçeu  vre  Ire  et  a  treuve  fort  estrange 
que  le  capitaine  pierre  admirai  prent  aulcune  chose  des 
biens  de  madame  de  gatieres.  Je  y  manderes  ce  jour- 
d'hui  un  home  exprès  pour  entendre  delly  (de  lui)  sur 
quelle  authorite  il  fait  cela,  le  procureur  Rostaigny  qua 
este  icy  de  vers  moy  a  veu  ce  que  je  lui  ay  commande 
pœsant  luy  (ce  que  fay  commandé  nu  capitaine  en 
■présence  du  procureur)  ce  que  me  faict  panser  qu'il 
soyt  fol  de  en  [tendre]....  a  faires.  Monseig»'  [son]  conte 
sera  bien  tost  de  part  dessa  ou  je  suis  seu[r]  quil  [rece- 
vra] sellon  quil  mérite  des  desoubeysances  quil  faict.  Je 
ne  vous  en  foirois  plus  long  propos  me  recommandant 
sur  ce  a  vos  bonnes  grâces, 
priant  Dieu 

Monseigi'  vous  tienne  en  sancte  très  bonne  et  longue 
vye.  Dantibes  ce  xxv«  mars  1556. 

Vre  serviteur  et  obeyssant  hls 
de  monforts  » 


292 

Cette  lettre  (1)  indique  que  ce  fils  d'André  de 
Montfort  avait  reçu  une  éducation  soignée.  Mal- 
heureusement la  pièce  est  un  peu  déchirée  ;  le 
papier  a  pour  filigrane  une  oie  enif  ouvani  les 
ailes,  entourée  d'un  cercle. 

André  de  Montfort  n'avait  pas  dû  s'enrichir 
dans  son  gouvernement  de  Nice.  Le  duc  Charles 
III,  mort  â  Verceil  le  16  septembre  1553,  et  son 
successeur,  le  grand  capitaine  Emmanuel  Phili- 
bert^ étaient  trop  pauvres  pour  faire  de  grandes 
largesses  â  leurs  serviteurs,  même  les  plus  fidè- 
les. Si  donc  Georges  de  Montfort  put  acquérir 
des  Conzié  de  Rumilly  et  Poncin,  leurs  deux 
châteaux  ou  maisons-fortes  de  ce  nom  à  Blo5''e  et 
à  Ruffieux,  ce  fut  sans  doute  au  moyen  des  200 
écus  d'or  de  la  dot  de  sa  femme,  Anne  de  Men- 
thon. 

Nous  allons  rapporter  l'acte  d'achat  de  la  mai- 
son-forte de  Conzié  en  Chautagne,  près  de  Rumil- 
ly, vendue  le  22  juillet  1547  â  Georges  de  Mont- 
fort par  Claude  de  Conzié,  à  qui  en  le  mariant  â 
Jeanne  de  Bouvent,  le  21  février  précédent,  son 
père  Guibert  de  Conzié  avait  fait  donation  de  la 
maison  de  Conzié  et  de  tous  les  biens  en  dépen- 
dants. 

Une  autre  pièce,  reproduite  également  ci-après, 
indique  que  le  château  de  Conzié,  à  Bloye,  avait 
déjà  été  vendu  par  Guibert  et  Claude  de  Conzié 

(1)  Archives  de  Mouxy. 


293 

à  André  et  à  Georges  de  Alontfort  le  4  septem- 
bre 1546. 

Les  vendeurs  s'étaient,  dans  les  deux  cas,  ré- 
servé les  meubles  de  leurs  maisons.  Bien  qu'ils 
eussent  été  inventoriés,  Georges  de  Montfort  au- 
rait laissé  s'accréditer  le  bruit  qu'ils  lui  apparte- 
naient comme  les  immeubles.  Aussi,  le  15  sep- 
tembre 1549,  Claude  de  Conzié  vint-il  revendiquer 
ces  meubles,  en  présence  d'un  notaire,  dans  une 
scène  probablement  concertée  entre  les  parties  et 
qui  se  passa  devant  le  pont-levis  du  château 
(pièce  II). 

1. 

Vente  delà  maison-forte  de  Conzié  a  Ruffieux. 

L'an  de  grâce  courant  1547,  indiction  cinquiesme,  et 
22^  jour  du  mois  de  juillet,  par  la  teneur  de  ce  présent, 
à  ung  chascung  soit  manifeste  que  es  présences  de  moy 
notaire  et  des  témoings...  S'est  estably  en  propre  per- 
sonne noble  Claude  fils  de  noble  Guilbert  de  Conzié 
habitant  a  Poncin  an  bieugeoys  lequel  sachant  de  son 
bon  gré  et  spontanée  volonté...  vend...  a  noble  et  puis- 
sant George  de  Montfort  présent  acceptant...  a  savoir 
une  MAISON-FORTE  assisc  en  Chaustagne  appelé  Conzier 
en  la  paroisse  de  Rufïieu  mandement  de  Chastillon,  en- 
semble vignes  terres  prés  et  autres  biens  dependantz 
de  la  dite  maison  forte  jouxte  et  a  la  forme  des  confins 
escripz  et  contenus  en  ung  acte  de  vendition  par  le  dit  sei- 
gneuL-  vend(uu'  et  noble  Guilbert  de  Conzié  son  père  par 
cy-devant  faicte  a  vénérable  messire  Antoine  Pribnard 
avec  leurs  fonds  droicts  entrées  cortinages  et  appartc- 


294 

nances,  a  avoir,  tenir,  gaudir  et  posséder  par  le  dit  noble 
achepteur  et  les  siens  et  d'ici  en  avant  en  faire  a  son 
bon  plaisir^  pour  le  prix  de  douze  vingt  écus  d'or  sol 
coing  du  roy  Henry  et  réellement  receus  par  le  dit  noble 
vendeur  du  dict  noble  achepteur  tout  en  escus  en  pré- 
sence de  moy  notaire  soubsigné  et  des  tesmoings,  et  du- 
quel prix  le  dict  noble  vendeur  le  dict  noble  achepteur 
et  les  siens  en  soult  et  quicte  par  ces  présentes  avec 
pacte  exprès  de  n'en  jamais  a  cause  du  dit  prix  en  rien 
demander  en  jugement  ne  dehors  et  se  sous  ladite  mai- 
son-forte prés  terres  vignes  dessus  vendus  en  pur  et 
franc  allod...  donnant  au  surplus  le  dit  seigneur  ven- 
deur au  dit  noble  achepteur  et  es  siens  toutte  la  préval- 
lence  des  dits  biens  susvendus  quelle  qu'elle  soit  tant 
moderne  que  future  par  pure  et  entière  donation  qu'il  a 
dicte  estre  faicte  entre  vifs...  l'investissant  par  la  tradi- 
tion d'une  plume... 

Promettant  le  dit  noble  ^Claude  de  Conzier  vendeur 
pour  luy  et  les  siens  par  son  serment  sur  les  sainctes 
escriptures  de  dieu  par  luy  es  mains  de  moy  notaire 
corporellement  touché  et  presié  et  soubs  l'obligation  de 
tous  et  chacun  ses  biens  meubles  et  immeubles... 

Faict  à  Mionnax  dans  la  salle  de  la  maison-forte  de 
Mionnax  présents  noble  et  puissant  Pierre  de  Mionnax 
Jean  Chocard  de  Trefïort,  Estienne  de  la  Croix,  Amed 
Paris  et  François  Gresseyns,  temoinge  a  ce  appelés  et 
requis. 

Et  moy  notaire  Claude  Arnold  de  Mcgeve  mande- 
ment de  Sallanches.... 


295 

IL 

Revendication   et   inventaire  des  meubles  des 

DEUX   MAISONS-FORTES    DE    CoNZiÉ. 

L'an  1549,  le  15  T'^^'^,  devant  la  grand  porte  et  pont- 
levis  du  château  de  Conzié,  en  la  paroisse  de  Bloye, 
mandement  de  Rumilly,  a  comparu  devant  moi  notaire 
royal,  noble  Claude  de  Conzié,  lequel  parlant  à  la  per- 
sonne de  noble  George  de  Montfort,  treuvé  au  dit  lieu 
a  dit  et  proféré  telles  et  semblables  paroles  : 

«  Monsieur  de  Montfort,  monsieur  de  Conzié  mon 
«  père  ayant  esté  averty  que  gasties  tous  les  meubles 
«  qu'il  vous  a  laissé  dans  cette  maison  de  Conzié  et 
{(  que  vous  vous  vanties  qu'ils  estoient  vostres  et  les 
((  avies  acheptes  et  vous  les  voulies  faire  transporter  a 
«  vostre  maison  de  Mionnaz  m'a  envoyé  expressément 
((  vers  vous  en  cet  lieu  avecque  un  notaire  a  cette  fin 
«  de  vous  sommer  ou  interpeller,  ce  que  ie  fay  presente- 
((  ment  au  uom  du  sieur  mon  père,  de  vouloir  prendre 
((  les  dits  meubles  tant  ceux  qui  sont  en  cette  maison 
«  de  CoDzie  que  ceux  aussy  qui  sont  en  l'autre  maison 
((  de  Conzié  assise  en  Chautagne  que  mon  dit  père  y  a 
«  laissé,  par  bon  et  loyal  inventaire  et  ainsi  que  vous  y 
((  êtes  obligé  par  le  contrat  de  reacliept  que  vous  avons 
«  octroyé  a  mon  dit  père  et  à  moy  lequel  ie  tiens  en 
((  main  afin  qu'en  fassies  lectiire  receu  pour  M^  Rossan 
((  notaire  de  Trepfort  en  Bresse  le  4e  de  septembre 
«  1546  pour  garder  et  conserver  iceux  meubles  et  en 
((  faire  la  restitution  quand  en  sera  besoin  et  requis  ». 

Auxquelles  paroles  le  dit  sieur  de  Montfort  a  res- 
pondu  comme  s'ensuit  : 


29S 

«  Monsieur  de  Conzié  ceux  qui  ont  fait  entendre  à 
((  monsieur  mon  oncle  vostre  père  que  ie  gastois  ses 
«  meubles  et  les  voulois  faire  porter  en  ma  maison  de 
((  Mionnaz  sont  des  menteurs  et  méchants,  car,  Dieu 
«  mercy,  ie  ay  asses  d'autres  meubles  sans  les  siens  ny  les 
((  vostres  et  quand  a  l'interpellation  que  vous  me  faistes 
((  au  nom  de  vostre  père  recepvoir  et  prendre  en  inven- 
((  taire  les  meubles  par  devant  notaire  l'en  suis  content 
((  et  ie  veux  bien  puisque  par  la  lecture  du  dit  contract 
((  il  appert  que  ie  suis  tenu  et  pour  ce  ie  consens  les 
((  susdits  meubles  estre  inventoriés  et  scavoir  iceux  et  non 
«  aultres  desquels  déjà  me  suis  charge  par  mémoires 
((  escriptes  par  vous  et  par  moy  signés  et  par  inventaire 
((  fait  à  ma  requeste  par  M'^  Jean  de  la  Croix,  curial  de 
((  Rumilly.  » 

Sur  ce  consentement  du  s''  de  Montfort  après  estre 
[entré]  dans  le  dit  château  et  en  la  salle  d'iceluy  a  esté 
procédé  à  la  description  des  dits  meubles. 

S'ensuivent  les  meubles  que  M.  de  Montfort  a  par 
inventaire  du  château  de  Conzié  rière  la  chambre  de 
la  tour  : 

lo  Quatre  bosses  ferrées  et  quatre  autres  dans  le 
sertout  (cellier). 

Item  au  dit  sertout  deux  arches  l'une  de  chêne,  l'au- 
tre de  sapin,  et  une  tine  à  la  porte  du|dit  serlaut. 

Item  à  la  chambre  basse,  deux  lits  un  grand  et  un 
petit  faits  en  menuiserie,  —  etc. 

Item,  à  la  cuisine,  deux  landiers,  un  cumacle^  une 
palette,  une  grande  olle,  une  chaudière,  une  table  et 
tretaux,  la  poric  du  four  de  fer,  un  pafer  (pal  de  fer), 
une  arche,  un  buiîet,  une  selle  persee,  un  lit  et  couver- 
ture et  un  landier. 


297 

Item  à  la  chambre  du  pavillon,  deux  lits  avec  deux 
couvertes,  un  coussin  et  un  landier  assez  neuf,  deux 
tables,  l'une  carrée  [avec]  charriot  dessoubs  et  l'autre 
longue. 

Item  a  la  salle,  une  table  avec  deux  trétaux  quatre 
escabelles  et  deux  chères  ; 

Item  à  la  chambre  dessus  la  tour,  trois  arquebuses  à 
rouet  avec  un  vieux  marchebart. 

Item  au  gallelas  dessus  la  salle  une  grande  arche  ; 

Item  à  la  chambre  derrière  le  pavillon,  un  tour  pour 
arbareste,  une  casse  frissoire  et  cassolette,  un  grand  per- 
ret  (péril,  chaudron)  tenant  quatre  seilles,  deux  chande- 
liers un  grand  et  un  patit,  deux  pots  d'étain  tenant  cinq 
javelots  et  l'autre  demi-pot. 

La  vaisselle.  1°  Six  grands  plats,  8  quadrots,  1  sail- 
lière,  3  escuelles  plates,  et  les  dits  plats  quadrots,  grelots, 
escuelles  a  oreilles  et  plats  non  rompus  sinon  une  escuelle 
plate,  le  tout  armoirié  des  armes  de  Conzié. 

Le  notaire  constate  que  les  objets  ci-dessus  étaient 
indiqués  dans  l'inventaire  de  1546  et  continue  : 

2  lits  avec  leur  ciel  et  courtines 

2  contres  de  plumes  assez  bonnes  ;  —  2  coussins  de 
plumes 

2  couvertes  de  toile  piquée  ;  —  2  linceuls  rompus  ;  — 
2  mantils  r  —  3  serviettes  ;  —  2  landiers  de  fer  et  un 
cumacle  ;  —  1  paire  de  mouchette  ;  —  1  holle  ;  —  1  gril 
de  fer  ;  —  3  cassettes  ;  —  1  pot  ;  —  1  eschauffelit  ; 
1  table  avec  ses  trétaux  ;  —  4  chères  de  noyer  ;  1  coffre 
de  no3er  ferré  a  la  clef  ;  1  lavemain  ferré  dessoubs  à  la 
clef  ;  —  2  casses  assez  bonnes  ;  —  1  escabelle  de  noyer  ; 
—  7  pots  d'étain  ;  —  3  chandeliers;  —  1  coquemard  ;  — 


298 

1  grand  bassin  et  6  petits  ;  1  pouz  à  cbapler  herbes 
(planche  à  hacher)  ;  —  1  chassie  de  fenestres  ;  — 
1  chaudière  tenant  une  seille  ;  —  2  braiselettes  ;  — 
1  grand  pot  de  mestail  —  1  mort  de  cheval  ;  —  1  escrip- 
toire. 

Troisième  inventaire  :  1  lavemain  de  bois  et  armoire 
d'iceluy,  6  grands  plats,  6  escuelles  plates,  5  escuelles 
creuses  a  oreilles  et  2  savogerets  et  grellots,  9  assiettes; 
—  le  tout  d'estain. 

En  Chautagne  :  1  coultre  ,  1  putyère  ,  3  couvertes, 
3  linceuls,  —  1  grande  oUe  et  1  petite  ;  1  grand  pot  et 
1  petit  ;  1  bassin  a  brassier  et  1  pour  la  scelle  ;  1  poche 
et  1  escumoir  ;  1  casse  et  1  hotte,  1  rosaine  ;  —  1  selle, 

I  ramot,  1  corne  de  cerf,  2  taravelles  ;  —  3  quattre  fines 
ensemble  le  broge  (ou  troge)  garni  ;  —  1  grand  seillier, 

II  grandes  bosses,  2  petites  et  1  seytier  :  4  cornues  et  3 
gerles,  1  emboyaux  de  bosse,  2  grappes,  1  david,  1  ra- 
clouz,  1  deloire. 

De  tout  quoi  Mr  de  Montfort  déclare  se  charger  pour 
en  rendre  compte  en  temps  et  lieu  comme  de  raison,  en 
présence  de  M"'  Pierre  Vertier  prêtre  de  Rumilly,  de 
Claude  Fauge  de  S*- Félix,  etc.  — 

Le  17  mars  1558,  n.  Georges  de  Montfort,  sei- 
gneur de  la  Calie  ?  et  seigneur  de  Conzié,  alberge 
à  un  notaire  de  Saint-Félix  (1)  un  demi-journal 
de  terre  obtenu  par  écliute  en  vertu  des  reconnais- 
sances de  la  seigneurie  de  Conzié. 

(1)  Commune  limitrophe  de  Bloye. 


299 

Le  29  janvier  1564,  Georges  de  Montfort.  sei- 
gneur de  Consy  (Conzié)  et  de  Mionriaz.  reçoit 
deux  livres  de  terriers,  à  Cliâtillon  en  Chautagne, 
du  mandataire  de  Charles  de  Seyssel,  baron  d'Aix. 

Le  21  mars  1573,  Jeanne  de  Bovent,  ou  Bo- 
vand.  veuoe  de  Claude  de  Conzié  [de  Poncin  (1)], 
remet  à  Georges  de  Montfort  un  grand  nombre 
de  titres  de  la  maison  de  Conzié.  (Voir  plus  loin, 
a  la  troisième  partie  :  Les  Conzié.) 

Le  3  janvier  1578  (2)  dans  la  maison  de  Geor- 
ges de  Montfort  à  Conzié  en  Chautagne,  celui-ci 
transige  avec  Marin  de  Conzié  fils  de  Claude  et 
de  Jeanne  de  Bovant,  sa  veace,  sur  un  procès  qui 
s'était  élevé  entre  cette  veuve  et  Georges  de 
Montfort,  lequel  est  dit,  dans  l'acte,  escuyer  du 
lieu  de  Clormont  en  Genevois]. 

IX 

Amé  ou  Aimé  de  Montfort,  et  de  Mionnaz, 
marié  à  Michel  le  de  Cerisier,  ou  Cirizier.  [Le  28 
janvier  1640,  mort  à  Mionnaz,  d'Ame  de  Mont- 
fort, seigneur  de  Mionnaz  et  de  Loblaz.  R.  P.J 

Marin  de  Montfort  ;  teste  le  23  mai  1574  ; 
[mort  le  lendemain  ;  1'®  généalogie]. 

[Dans  son  testament,  il  se  dit  fils  de  feu  Georges  de 
Montfort  et  d'Anne  de  Menthon,  à  qui  il  donne  l'usu- 
fruit de  tous  ses  biens. 

(1)  Poncin,  dans  le  Bugey,  entre  Pont-d'Ain  et  Nantua. 

(2)  On  lirait  plutôt  1568. 


300 

11  lègue  à  chacune  de  ses  sœurs,  Orionne,  Philiberie 
et  Suzanne,  cent  florins  ;  —  à  Mye,  fille  donnée  de 
Pierre  de  Montiort,  60  florins  outre  une  robe  de  drap 
de  Paris  valant  12  florins  l'aune,  et  une  cotte  de  sarge 
de  même,  valant  8  florins  l'aune  ;  —  à  Jehan  Laurens, 
prêtre,  30  florins  pour  faire  une  robe  et  acheter  un  bon- 
net carré  ;  —  il  fait  de  petits  legs  aux  serviteurs  et  aux 
deux  chambrières  ;  institue  héritiers  universels  ses  frè- 
res, Amedj  Claude,  André  e[  Charles. 

Il  les  charge  :  &  de  faire  construire  une  chapelle  des- 
sus la  grande  porte  en  ceste  sienne  maison  de  Mycnnax 
pour  en  icelle  estre  faict  le  divin  office  et  y  célébrer  deux 
messes  la  semaine  pour  le  remède  de  l'âme  du  dit  tes- 
tateur et  de  ses  prédécesseurs  et  successeurs,  et  laquelle 
chapelle  les  dits  héritiers  seront  tenus  doter  de  5  cou- 
pes de  bled  mesure  de  Clermont,  à  la  charge  que  le 
recteur  d'icelle  sera  prebtre  souffizaut  pour  faire  le  dit 
divin  office  ».  ] 

Orionne  ou  Ennemonde  de  m.,  religieuse  à 
l'abbaye  de  Sainte-Catherine,  dès  avant  1578. 

Philiberte  de  m.  ;  —  Suzanne  de  M. 

IX 

André  2""^  de  Montfort,  sieur  de  Conzy;  marié 
à  Mye,  fille  de  François  de  Mannessy  ,  sieur  des 
Combes,  à  Quincy  (1)  et  de  Marie  du  Cliastel  (2). 

[Le  13  août  1578,  il  teste  ainsi  : 

(1)  Quincy,  paroisse  de  Chilly,  ou  le  chùte<au  de  Qaiucy 
existe  encore.  Il  y  a  un  autre  Quincy  dans  la  commune  voi- 
sine de  Sillingy. 

(2)  Mai'ie  du  Chastel  testa  le  16  décembre  IGS'î  et  mourut 
le  même  mois. 


301 

André  de  Montfort,  fils  de  feu  n.  et  p.  Georges  de 
Montfort  de  Mionnax,  en  pleine  santé  et  sur  son  départ 
pour  aller  en  guerre  au  pays  de  Flandres,  fait  son  tes- 
tament, reçu  par  le  notaire  Curtet;  —  il  veut  être  en- 
terré dans  réglise  de  Menthonnex  s'il  meurt  chez  lui  ; 
—  lègue  l'usufruit  de  ses  biens  à  sa  mère  Anne  de 
Menthon  ;  —  cinq  florins  à  sa  sœur  Ennemonde  reli- 
gieuse au  couvent  de  SainLe-Catlierine  ;  —  à  ses  autres 
sœurs  Philiberthe  et  Suzanne  cents  florins  pp.  payables 
à  leur  mariage  ;  —  institue  héritiers  universels  ses  frères 
Amé,  Claude  Qi  Charles,  les  substituant  les  uns  aux 
autres  ;  «  et  cas  advenant  que  l'un  de  ses  dits  frères  vint 
à  vendre  et  dissiper  iuduement  ses  biens,  contrevenant 
à  Dieu  et  à  raison,  de  manière  qu'il  en  fut  reprins  par 
justice  il  le  dejette  et  prive  de  ses  dits  biens  et  en  insti- 
tue héritier  ses  dits  autres  frères  sages^  bien  vivants  et 
de  bonne  conversation  et  renommée.  )) 

((  Fait  et  récité  au  dit  Mionnax,  devant  la  grande 
porte  de  la  maison-forte  du  dit  lieu.  »  ] 

Nous  ne  savons  si  André  de  Montfort  se  rendit 
en  Flandre.  S'il  y  est  allé,  il  était  déjà  de  retour 
à  Mionnaz  en  juillet  1580.  Depuis  lors,  il  ne  sem- 
ble pas  qu'il  ait  quitté  le  pays.  Comme  à  son  frère 
aine,  on  lui  donne  le  titre  d'écui/er,  remplaçant 
le  mot  latin  miles. 

Il  vivait  encore  en  avril  1G08;  était  décédé 
avant  juillet  IGIC] 

Claude  de  Montfort  [cité  aux  testaments  de 
ses  frères.] 

[1578,17  juin,  à  Turin.  Saufconduit accordé  par 


302 

le  duc  Emmanuel  Philibert  à  nobles  Amed  et 
Claude  de  Montfort  et  Pierre  de  Menthon,  sei- 
gneur de  la  Balme,  ci-devant  détenu  (Amed  de 
Montfort  l'était  encore)  pour  avoir  reçu  et  logé 
quelques  soldats  étrangers,  ayant  reconnu  qu'ils 
étaient  pleinement  innocents  de  cette  accusation. 
(Archives  du  Sénat  de  Savoie,  registre  desEdits, 
etc.,  n°19,  folio  42  v°)  ]. 

1580,  13  juillet.  Les  frères  Claude,  André, 
Charles  et  Amed  (celui-ci  représenté  par  un  man- 
dataire) donnent  hypothèque  à  leur  mère  Anne 
de  Menthon,  sur  leur  maison-forte  de  Conzié,  à 
Bloye  et  sur  la  rente  d'Alby,  Charansonnay,  etc., 
acquise  de  feu  n.  Pierre  de  Mionnaz  et  de  sa  fem- 
me Nicolline  de  Menthon,  par  André  de  Mont- 
fort et  Georges,  son  fils  ;  ils  donnent  encore  hy- 
pothèque sur  leur  pari  de  la  maison  de  Montfort 
au  lieu  de  Chièdes,  paroisse  de  Passy  en  Fauci- 

1580.  Procès  entre  la  veuve  de  Georges  de 
Montfort,  Anne  de  Menthon,  ses  fils  et  ses  filles 
Ennemonde  et  Suzanne,  contre  Antoine-Marin  de 
Conzié,  dit  de  Bolomier,  demandeur  en  action 
rescisoire. 

159G,  5  août.  Echange  de  rentes  féodales  entre 
Bérard  de  Pingon,  baron  de  Cusy,  et  Amed  et 
André  de  Montfort,  feu  Georges,  seigneurs  de 
Mionnaz  et  de  Ci/si/. 

1597,  23  mars.  Transaction  entre  n.  Claude  Goy 
de  Saint-Agnès  et  Amed  et  André  de  Montfort. 


303 

1607,  14  avril,  à  Seyssel.  Promesse  de  tran- 
saction entre  Antoine  de  Conzié  et  Amed  et  André 
de  Monlfort  et  de  Mionnaz.  Le  premier  promet 
aux  seigneurs  de  Montfort  de  leur  abandonner 
tous  les  droits  qu'il  peut  avoir  sur  la  maison-forte 
de  Conzié  à  Bloye  et  en  Chautagne  pour  le  prix 
de  4.000  florins,  outre  cent  ducatons  de  drôlerie 
ou  drolière  (ôtrennes). 

1608,  10  avril.  Amed  et  André  de  Montfort 
sont  sommés,  au  nom  dem*"®  Sylvestre  de  Saluce, 
abbé  d'Hautecombe,  de  reconnaître  les  redevan- 
ces féodales  dues  par  leurs  biens  de  Conzié  se 
m  ou  vans  de  l'abbaye. 

C'est  â  l'un  de  ces  deux  frères,  Amé  et  André 
de  Montfort,  que  doit  se  rapporter  cette  sauve- 
garde du  15  février  1598  : 

((  Charles  Emmanuel  etc.  Scavoir  faisons  que  dési- 
rant singulièrement  aux  maysons  et  biens  de  nos  prin- 
cipaulx  gentilshommes  nos  vassaux  soit  porté  le  respect 
qu'il  convient  à  leur  qualité  et  qu'en  iceux  ne  soient 
prins  enlevé  aulcune  chose  ny  commis  acte  d'hostilité. 
A  GESTE  CAUSE  en  considération  de  la  qualité  et  mérite 
du  s''  de  Montfort  et  de  Myonnax  et  à  l'affection  qu'il 
adémonstré  en  nostre  endroit  par  les  services  qu'il  nous 
a  rendu  en  plusieurs  occasions  d'importance  nous  avons 
prins  mis  et  reteneu,  prenons,  mettons  et  retenons  sous 
nostre  protection  et  sauvegarde  spéciale  iceluy  s^"  de 
Montfort  et  sa  famille,  serviteurs,  domestiques,  fermiers, 
rentiers  et  grangiers,  ensemble  ses  chasteaulx,  maysons, 
granges,  possessions  et  biens  a  luy   appartenants   avec 


304 

tout  ce  qui  en  peult  despendre  et  niesnie  les  biens  qui 
sont  assiz  au  village  de  Doucy,  paroisse  de  Menthonex, 
mandement  de  Clermont  en  Genevois,  défendant  très 
expressément  a  tous  chefs,  collonels,  capitaines  et  con- 
ducteurs de  gents  de  guerre  tant  de  pied  comme  de  che- 
val, soldats,  et  aultres  qu'il  appartiendra  notamment  a 
tous  receveurs  commissaires  sasdicts  et  habitants  du 
dit  Doucy  de  prendre,  enlever  ny  fourrager...  meubles, 
■vin,  graines,  pailles...  qui  sont  aux  dits  cbasteaulx, 
maysons...  sous  peine  contre  les  chefs  de  nostre  indi- 
gnation et  d'esttre  les  susdits  prins  et  chastiés  corporel- 
lement,  moins  donner  aulcune  incommodité  et  fascherie 
a  ses  grangiers  et  serviteurs. 

Données  à  Chambéry  le  quinze  febvrier  mil  cinq  cents 
nonante  huict.  Signé  ;  C.  Emanuel.  ))  ] 

Pierre -Aimé  de  Montfort  [lils  d'Aimé], 
écuyer,  seigneur  de  Montfort,  de  l'Hoblaz  (1)  et 
de  Mionnaz,  baron  de  Crète,  en  Genevois  (2)  ; 
marié  à  Françoise  de  Lucinge,  dame  de  Montro- 
zard  en  Bombes,  ou  Montrozat.  Elle  apporta  cette 
seigneurie  c\  son  mari.  (Nous  n'avons  pas  trouvé 
la  preuve  de  cet  apport.) 

[Pierre-Aimé  de  Montfort  est  né  à  Mionnaz  et  a 
été  baptisé  à  l'église  de  Saint-Georges-de-Men- 
thonnex-sous-Clermont,  le  26  août  1G18  ;  il  eut 
pour  marraine  Aimée  de  Cirisier,  religieuse  à 
Sainte-Catherine  (R.  P.),  et  sœur?  de  Pernetto 

(1)  Ou  mieux  Lohlcu,  fief  à  Chaumont  en  Genevois. 

(2)  Creste  ou  Crête,  petit  hameau  de  la  commune  de 
Versoiinex,  à  12  kil.  N.  environ  do  R.,  au  S.-O.  de  Mionnaz. 
Voir  plus  loin  la  notice  sur  le  cliàteau  de  Crète, 


305 

de  Cirizier.  abbesso  de  ce  monastère  en  1622  (Ij. 
Sa  femme,  n.  Françoise  de  Lucinge  des  Aly- 
mes  ou  des  Alimmes,  mourut  veuve,  à  Seyssel,  le 
13  juillet  1688,  et  fut  ensevelie  à  Menthonnex, 
«  dans  le  tombeau  de  la  maison  de  Mionnaz  ». 
(Reg.  paroissiaux  de  Menthonne.\.) 

Le  22  octobre  1G78  Pierre- Aimé  de  M.,  seigneur  de 
Mionnaz,  Loblaz,  Cohendier,  les  Sauterens,  baron  de 
Creste,  fait  son  testament....  il  lègue  à  son  fils  Hyacinthe 
2000  ducalions  lorsqu'il  achètera  quelque  charge,  ou 
pour  le  dégager  en  cas  qu'il  devienne  prisonnier  en 
quelque  lieu.  —  à  Françoise-Michelle,  Anne-Clau- 
dine, et  Jeanne-Françoise  ses  filles,  4000  ducatons  si 
elles  se  marient  ;  2000  si  elles  se  font  religieuses,  —  à 
Françoise  et  Michelle-Catherine  ses  filles,  religieuses 
de  la  Visitation  de  Rumilly,  9  florins  ;  —  à  Marguerite, 
femme  de  n.  Alphonse  de  Berthier,  seigneur  de  Saint 
Vincent,  10  florins  outre  sa  constitution  dotale  ;  à  B^ran- 
çoise  fille  de  n.  Joseph  de  Rides  et  de  Marie  de  Montfort 
10  fl  ;  à  Jacques-Joseph  de  M.,  son  fils,  4000  ducatons 
pour  lui  acheter  quelque  charge  ou  terre,  lorsque  sa  veuve 
ou  son  héritier  universel  le  jugeront  à  propos  ;  jusque  là 
ils  lui  payeront  une  pension  de  200  ducatons  ;  —  institue 
liéritier  universel  son  fils  Charles-Emmanuel,  lui  sub- 
stitue Jacques-Joseph  et  à  celui-ci,  Hyacinthe. . . 

Fait  dans  la  maison  forte  de  Mionnaz  en  présence  de 

n)  Voir  notre  Histoire  des  abbayes  de  S aiate-C atheriiie 
et  de  Bonlieu,  p.  74,  75,  81,  83.  Los  religieuses  de  ces  cou- 
vents allaient  assez  souvent  faire  de  longs  séjours  dans  leurs 
familles  ;  c'est  ainsi  qu'Aymée  de  M.  put  être  marraine  à 
Mionnaz, 

20 


306 

Mres  Henri  Pépin,  curé  de  Veillèro  (Vallières).  François 
Fiévet,  curé  de  Versonnex,  spectable  Antoine  Besson, 
docteur-médecin  de  Seyssel  et  un  apothicaire  du  nnéme 
lieu.  (Archives  du  Sénat  de  Savoie;  E dits.  Bulles; 
Registre  54.)] 

[P. -A.  de  Montfort  est  qualifié  de  gentilhomme 
ordinaire  de  S.  A.  R.  dans  une  transaction  du 
G  août  1680  entre  sa  veuve  et  son  fils  aine. 

Le  4  janvier  1643,  au  château  de  Mionnaz,  il 
avait  ratifié  la  transaction  du  27  août  1618  entre 
son  père  et  son  oncle  Maurice  et  ce,  dit-il,  pour 
confirmer  l'amitié  et  union  qui  sont  entre  lui  et 
ses  cousins,  les  seigneurs  de  Montfort  et  de 
Conzié. 

Pierre-Amé  de  Montfort,  seigneur  de  Mionnaz, 
de  Loblaz,  baron  de  Creste,  avait  donc  pour 
enfants  : 

Françoise,  ou  en  religion,  Fi^ançoise- Inno- 
cente, déjà  professe  en  1660  à  la  Visitation  de 
Rumilly,  décédée  à  son  couvent  en  1692. 

Caiherine-Michelle ,  religieuse  au  même  cou- 
vent, y  fit  profession  en  1678  ;  élue  supérieure  le 
29  septembre  1712,  elle  y  mourut  le  10  juillet 
1714,  à  l'âge  de  54  ans.  Elle  avait  fait  commencer 
les  travaux  de  l'église  du  monastère  et  son  nom 
est  gravé  sur  la  pierre  commémorative  de  cette 
construction  (1). 

(1)  Croisollet.  Extrait  des  Annales  de  la  Visitation  de 
Rumilhj,  au  t.  XXII  des  Mémoires  de  la  Société  savoi- 
sienne  d"Jiistoire.  —  Le  vaste  clos  do  la  Visitation  de   Ru- 


307 

Marie,  qui,  le  21  octobre  1765,  épousa  noble 
Joseph  de  Rides,  chevalier  des  S  S.  Maurice  et 
Lazare,  et  mourut  le  5  juin  1673  dans  la  maison 
de  son  père. 

Michelle  ou  Michelle-Françoise ,  née  à  Mion- 
naz  le  30  septembre  1663,  eut  pour  parrain  et 
marraine  son  frère  Charles-Emmanuel  et  sa  sœur 
Marie  ;  elle  épousa,  le  18  octobre  1682;,  à  Mionnaz, 
noble  François-Marie  Carreli,  maître  des  requêtes 
à  la  Chambre  des  comptes  de  Savoie  (R.  P.). 

Une  autre  fille  prénommée  encore  Françoise, 
née  probablement  le  25  septembre  1667  ou  le  18 
avril  1668.  Dans  le  second  cas,  la  même  que  Jean- 
ne-Françoise, dont  les  cérémonies  du  baptême  eu- 
rent lieu  le  23  juillet  1668  (R.  P.). 

Hyacinthe,  sur  qui  le  testament  du  père  mon- 
tre que  ses  parents  comptaient  peu  ;  Charles- 
Emmanuel  et  Jacques-Joseph.] 

[Pierre-Amé  de  M.,  seigneur  de  Loblaz  avait 
épousé  Françoise  de  Lucinge.  II  s'était  sans  doute 
réclamé  de  cette  alliance  auprès  du  duc  de  Savoie, 
Charles-Emmanuel  II,  afin  d'obtenir  de  l'avance- 
ment pour  un  de  ses  fils,  pour  Hyacinthe  peu^t- 
être.  Il  reçut  la  réponse  suivante  : 

millyost  occapè  actuellement  par  le  collège  et  petit  sémi- 
naire qui  compte  200  élèves  dont  150  internes.  11  n'y  reste 
que  j)ou  de  traces  de  l'ancien  monastère  ;  l'église,  ])ien  que 
consacrée  en  1719  seulement,  a  complètement  disparu. 


308 

A  ni'e  très  cher  bien  amé  et  féal  le  vassal  de  Montfort 

à  Chambéry. 

Le  duc  de  Savoie,  etc., 

Très  clier  bien  amé  et  féal.  Comme  ce  n'est  pas  notre 
inlention  que  les  officiers  qui  servent  dans  le  régiment 
Royal  de  cavallerie  du  Prince  mon  fils  soient  privés  des 
emplo3'S  auxquels  ils  ont  droit  de  prétendre  lorsqu'il  y 
en  a  quelqu'un  de  vacant,  nous  escrivons  au  marquis  de 
Lucinge  de  nous  envoyer  une  notte  distincte  de  tous  les 
officiers  de  ce  corps  selon  leur  rang  et  ancienneté  et 
lorsque  nous  l'aurons  reciie  si  vostre  fils  doit  estre  avancé 
vous  pouves  estre  asseuré  qu'on  luy  fera  justice.  Vous 
connoistres  en  cela  l'estime  que  nous  avons  pour  vous  et 
pour  toute  vostre  famille,  et  nous  vous  en  donnerons 
d'autres  marques  a  mesure  que  les  occasions  s'en  pré- 
senteront. Ce  que  vous  nous  représentés  cependant  par 
vostre  lettre  du  21  du  passé  nous  a  esté  agréable.  Et 
n'ayant  rien  de  plus  a  vous  dire  pour  response  nous 
prions  Dieu  qu'il  vous  aye  en  sa  sti^  garde.  De  Turin  ce 
9°  mars  1674. 

Signé  C.  Emanuel.  (Arch.  de  Mouxy.) 

Marguerite  de  M.  fut  mariée  le  7  février  1667 
à  Alphonse  Bertier  de  Saint- Vincent  (1). 

Anne-Claudine  ou  Claudine,  baptisée  le  29  sep- 
tennbre  1665,  à  Mentlionnex  (R.  P.),  mariée  dan.s 
la  chapelle  du  château  de  Mionnaz  le  1°''  août  1689 
avec  François  de  Bouvans,  seigneur  de  Chàtillon, 
de  Musinens  et  autres  places;  l'un  des  témoins  est 
Claude-François    de    la    Fa  verge,    seigneur    de 

(1)  De  Crempigny,  paroisse  au  nord  de  Mionnaz. 


309 

Bevy  (1).  Mgr  d'Arenthon  d'Alex,  évêque  de 
Genève  à  Annecy,  avait  commis  pour  célébrer  le 
mariage  «  Rd  seigneur  de  Pezieu,  prieur  de  Chêne 
et  abbé  dans  l'ordre  de  Saint-Benoît  (2).  »] 

XI 

Charles-Emmanuel  de  Montfort,  deMionnaz, 
baron  de  Crête,  etc.  [Après  la  mort  de  son  père, 
il  fut  sur  le  point  d'avoir  un  procès  avec  sa  mère 
Françoise  de  Lucinge  des  Allimes.  Grâce  à  l'in- 
tervention de  Melchior  de  Livron^  seigneur  de 
Marlioz  (près  Frangy),  chevalier  de  Saint-Jean 
de  Jérusalem,  et  de  Gaspard-Joseph  de  Ballon  ; 
les  parties  transigèrent  à  Mionnaz,  le  6  août  1680. 

La  veuve  de  Pierre-Aimé  de  M.  déclara  qu'elle 
s'adresserait  au  curateur  de  la  succession  de  sa 
belle-mère  Michelle  de  Cerisier  pour  obtenir  le 
paiement  d'un  legs  qu'elle  avait  reçu  de  celle-ci, 
la  succession  de  cette  dame  n'ayant  été  acceptée 
ni  par  son  fils  Pierre-Amé,  ni  par  son  petit-fils 
Charles-Emmanuel  ;  —  qu'elle  tiendrait  compte 
à  son  fils  de  la  moitié  des  dots  payées  à  Marie- 
Charlotte,  femme  du  sieur  de  Riddes  et  aux  deux 
visitandines  de  Rumilly  (400  livres  â  chacune).] 

XI 

Jacques  Joseph,  fils  de  Pierre- Amé  et  de 
Françoise  de  Lucinge  [n'est  autre  probablement 

(1)  En  1G85,  on  voit  un  noble  de  Bevy,  soigneur  de  Mont- 
pon.  La  Faverge  et  Bevy,  petite  nobles  de  Ci'empigny. 
(2j  Abbé  des  Bénédictins  de  Nantua. 


310 

que  Jacques-Gaspard  de  Montfort,  seigneur  do 
Loblaz,  chanoine  du  chapitre  de  Saint-Pierre  de 
Genève  à  Annecy,  en  1642,  grand- vicaire  et  officiai 
de  l'ëvêché  de  Nice  (  Ch.  Mercier  op.  cit.  p.  314  et 
319(1).  En  1047,  on  le  trouve  curé  de  Saint-Eusèbe 
au  mandement  de  Rumilly  ;  il  prête  42  florins  à 
son  fermier  pour  acheter  des  boeufs  afin  de  cul- 
tiver la  terre  de  la  cure  ;  le  27  avril  1663,  il  avait 
été  désigné  comme  devant  être  l'un  des  adminis- 
trateurs du  séminaire  que  l'évêque  Jean  d'Aren- 
thon  voulait  instituer  ;\  Annecy.  En  1667,  1668, 
nous  le  trouvons  parfois  qualifié  de  grand  vicaire 
d'Annecy. 

Nommé  prévôt  du  chapitre  d'Annecy,  le  1*^'' 
avril  1675,  il  mourut  le  20  du  même  mois.  Son 
portrait  existe  à  Annecy,  à  la  bibliothèque  du 
Grand  Séminaire,  dans  la  cjalerie  des  Prévôts  du 
Chapitre.  On  lit  sur  la  toile  cette  inscription  : 
Iacobus  de  Montfort  de  Loblas,  prœpositus, 
disciplinœ  ecclesiasticœ  ;;elantissimus.  Sedit 
per  diem.  Obiit  20"  aprilis  1675.  (François 
Mugnier,  les  Evoques  de  Genève- Annecy ,  p.  117, 
118,  327.) 

Le  25  septembre  1650,  il  vend  à  noble  Charles 
de  Pilly  des  terres  à  Motz  en  Chautagne  pour 
payer  une  dette  envers  le  couvent  des  Augustins 

(1)  Cet  auteur,  p.  3i'J,  indique  encore  un  Charle-i  de 
Moidfovt  de  Loblcu  comme  chanoine  du  même  chapitre  le 
1='  avril  1G30. 


311 

de  Seyssel,  représenté   à  l'acte  par  le  P.  Jean 
Cosme,  vicaire  général  de  ce  couvent.] 

Nous  trouvons  de  lui  deux  pièces  importantes. 
La  première  est  la  minute  d'une  supplique  qu'il 
adresse  au  Duc  de  Savoie  pour  le  maintien  de 
privilèges  nobiliaires  en  sa  faveur  et  en  celle  de 
son  frère  Charles-Emmanuel.  Le  second  est  une 
lettre  assez  verte  à  l'un  de  ses  cousins  de  Conzié. 

1 
A  S.  A.  R. 

Supplient  en  toute  humilité  ses  très  humbles  et  très 
fîdelles  sujets  et  vassaux  les  sieurs  de  Montfort  et  de 
Loblaz  et  disent  :  que  v,  A.  R^*^  ayant  accordé  au 
Si'  de  la  Forest  l'usufruit  dans  son  mandement  de  Ru- 
milly  (1)  en  l'année  1660  en  considération  de  la  con- 
version de  sa  famé  à  la  foy  catholique,  la  Chambre 
des  Comptes  par  son  arrest  qui  en  vérifia  le  don  excep- 
ta les  Geniilshommes  leurs  biens  et  leurs  domestiques 
de  la  juridiction  d'iceluy  et  les  réserva  à  celle  de  S.  A. 
R^**,  soit  de  son  juge-maje. 

Le  dit  sieur  de  Rumilly  ayant  prétendu  que  cette 
exception  des  biens  des  Gentilshommes  ne  s'entendrait 
qu'au  civil  seulement  et  non  point  au  criminel  :  et  celle 
de  domestique  n'afïecteraii  que  ceux  qui  servent  les 
personnes  des  Gentilshommes  et  non  pas.  ceux  qu'ils 
tiennent  dans  leurs  maisons  pour  cultiver  et  faire  va- 
valoir  leurs  biens,  a  donné  naissance  par  cette  préten- 
tion à  des  différences  et  des  divisions  qui  prenant  tous 

(1)  Rumilly-sous-CornilIon,  i^rès  de  la  Roche. 


312 

les  jours  de  nouveaux  accroissements  peuvent  avoir  des 
suites  funestes  entre  leurs  familles  et  celle  du  S^"  de 
Rumilly,  s'il  n'en  est  pourveu  par  l'autorité  de  S.  A.  R^-^ 
qui  seule  peut  dissiper  et  en  tenir  la  source  et  à  laquelle 
ils  recourent  comme  à  leur  unique  espérance  après 
D  fieu]  aux  fins  : 

Qu'en  conservant  aux  Gentilsbommcs  la  liberté  pour 
laquelle  ses  serenissismes  prédessesseurs  ont  rendu 
tant  d'editz  et  d'autres  si  glorieuses  marques  qu'elles 
remplissent  le  cœur  de  leurs  sujets  et  aussy  des  estrangers. 

Or  pour  redonner  la  paix  et  le  calme  aux  gentils- 
hommes qui  ont  du  bien  dans  le  dit  mandement  de  Ru- 
milly pour  le  moins  de  ceux  qui  y  ont  des  maisons-for- 
tes qui  ne  sont  que  trois  en  nombre  dont  deux  sont  desja 
infeudees  à  la  3*^  qui  est  celle  de  Cohend  [ier]  a  cette  ré- 
serve [faite]  anciennement  par  le  prince  pour  le  comté  de 
Genevois,  V.  A.  Rie  :  l»  Daigne  déclarer  qu'elle  entend 
que  l'exemption  des  biens  des  Gentilshommes  soit  pour 
le  criminel  aussi  bien  que  pour  le  civil  :  et  celle  de  leurs 
domestiques  autant  pour  ceux  qui  demourentdans  leurs 
biens  en  leur  absence  pour  cultiver  et  faire  valoir  leurs 
biens  que  pour  ceux  qui  servent  leurs  personnes  des 
présens  ou  habitans  en  la  dite  ville  ; 

2o  Qu'il  plaise  à  V.  A.  Rie  pour  donner  plus  de  paix 
et  de  tranquilité  aux  suppliants  de  transporter  ce  qu'ils 
ont  de  juridiction  sur  les  personnes  de  leurs  hommes 
habitans  rière  le  mandement  de  la  Rochette  sur  ceux  de 
leurs  doomestiques  grangers  et  habitans  en  leurs  mai- 
sons pour  en  cultiver  les  biens  sur  partie  desquels  ils 
ont  déjà  justice  par  diverses  conventions  faites  à  leurs 
autheurs  par  les  serenissismes  prédécesseurs  de  V.  A. 
Ri'3  en  considération  des  services  rendus  à  leur  cou- 
ronne. 


313 

3"  qu'il  plaise  à  V.  A.  Ri"^  de  réunir  sur  les  biens 
et...  des  roturiers  les  plus...  [rapprochés?]  de  leur 
maison  forte  de  Cohend  [ier]  desquels...  de  juridic- 
tion personnelle  et  réelle  dans  les  mandements  de  la 
Roche  et  de  Rumilly  en  outre  des  concessions  susdi- 
tes lesquelles  il  relascheront  en  eschange  à  V.  A.  W^ 
pour  éviter  les  embarras  qui  leur  peuvent  venir  d'avoir 
plus  de  moyens  de  conserver  par  ceste  union  une  mai- 
son de  la  conservation  de  laquelle  [dépend  ?]  celle  des 
villages  qui  sont  audessous  et  de  leurs  territoires  et  pour 
les  autres  raisons  celles  aux  mémoires  cy-joints  sur  les- 
quels elle  est  très  humblement  suppliée  de  vouloir  ré- 
fleschir  et  agréer  leur  équité  et  ils  donneront  outre  le 
reâchement  cent  ducalons  pour  une  fois  à  V.  A.  R'«  et 
prieront  tousiours  Dieu  pour  la  prospérité  de  sa  Royale 
personne  et  celle  de  Monseigneur  le  prince  de  Piémont, 
implorant  sa  bonté  et  sa  protection. 

Signé  :  J.  de  Montfort,  suppliant. 

Dans  la  lettre  suivante  le  chanoine  J.  de  Mont- 
fort  relève  vivement  et  d'une  façon  pleine  de  di- 
gnité des  récriminations  auxquelles  l'un  de  ses 
cousins,  probablement  Jacques-Aimé  de  Mont- 
fort,  seigneur  de  Conzié,  s'était  livré  après  une 
transaction  qui  l'obligeait  à  remettre  aux  frères 
de  Montfort  de  Mionnaz  et  de  Lablaz  des  biens 
dont  il  s'était  cru  quelque  temps  le  propriétaire 
définitif.  Par  cette  transaction  en  date  du  27  juin 
1G88,  Jacques-Aimé  de  Conzié  s'obligeait  à  exé- 
cuter la  sentence  arbitrale  [prononcée  le  l''^  octo- 
bre précédent  par  l'évèquc  de  Genève-Annecy 
entre  lui  et  le  chanoine  son  cousin,  c'est-à-dire  à 


314 

permettre  à  celui-  ci,  qui  avait  renoncé  à  la  succes- 
sion de  son  père,  de  faire  évincer  les  acquéreurs 
auxquels  Jacques-Aymé  avait  aliéné  des  biens 
substitués  par  Anne  de  Menthon  et  son  aïeul 
Georges  de  Montfort,  en  sa  faveur  ;  Jacques-Ay- 
mé, dit  l'acte,  étant , à  cause  de  son  infirmité,  in- 
capable d'en  rendre  possesseur  son  cousin  de 
Montfort  de  Loblaz. 

f  W  Jésus  en  Marie 

Axineci,  lo  20°  décembre  1668. 
Monsieur, 

Je  dois  response  a  v«  (votre)  lettre  des  7*^,  13^  et  14° 
de  ce  mois  par  laquelle  oubliant  ce  que  vous  deves  a 
Dieu  et  a  la  vérité  vous  me  charges  sans  sujet  d'ou- 
trages et  de  calomnies  après  avoir  donné  tous  les  soins 
qui  m'ont  été  possibles  a  vos  satisfactions  avecque  toute 
la  cordialité  des  plus  sincères  qui  aye  iamais  esté  parmy 
les  personnes  qui  font  une  véritable  profession  d'iion- 
neur.  J 'épreuve  par  la  présente  de  ce  que  m'ont  prédit 
ceux  qui  vous  cognossoit  mieux  que  moy  et  la  satisfac- 
tion que  mon  frère  et  moy  deviens  attendre  de  vous 
après  que  nous  vous  aurions  rendu  tous  les  services  qui 
nous  seroit  possibles. 

Vous  m'y  reprochez  entre  autres  d'avoir  uzé  de  bri- 
coles (1)  avec  vous  de  UK^scognesçance  pour  l'amour  et 
la  passion  que  vous  avez  eu  pour  moy  au  préiudice  de 
ve  femme  et  de  vos  enfants. 


(1)  User  de  bricoles,  user  de  voies  trompeuses  et   dé- 
tournées. 


315 

Vous  me  menassez  que  vous  vous  plaindres  de  moy 
et  de  mes  cruautés  en  toutes  compagnies  et  rencontres. 

Vous  diies  que  vous  ne  voudries  pas  parcstre  devant 
Dieu  et  devant  le  monde  chargé  des  iniustices  que  ie 
vous  ay  fait.  Et  que  vous  porteres  vos  plaintes  au  Sénat 
des  vexations  que  vous  receves  de  ma  part.  L'on  m'y 
écoutera  et  l'on  m'y  trouvera,  aydant  Dieu,  innocent  de 
vos  accusations.  Et  on  ny  aura  pas  encore  oublié  le  ser- 
vice que  ie  vous  y  rendis  le  mois  de  février  passé,  si 
bien  vous  n'en  aves  plus  de  resouvenir  ny  de  ressenti- 
ment d-3  ce  que  iy  (j'y)  souffris  de  peine  et  de  frais  pour 
vous  y  maintenir  le  bien  de  v^  fis. 

Pour  repondre  aux  bricoles  dont  vous  me  chargés 
sans  sujet,  je  n'ay  rien  mesnage  avecque  vous  pour  mes 
interests  quavec  une  entière  franchise  je  vous  fis  prier 
d'une  amiable  (1)  pour  mes  droicts,  par  IVD' de  Luize 
il  vous  escrivit  [unel(^ttre]  qui  portoit  le  fondement  de 
mes  prétensions.  Mons.  le  baron  de  Pezieu  (2)  vous  en 
pria  de  ma  part,  je  vous  en  priayjmoymesme  en  cette  ville 
et  ie  vous  portai  enfin  mes  prières  a  Conzy.Une  année  et 
davantage  s'est  escoulee  jusques  a  l'assemblé  qui  nous 
a  réglé  sur  mes  pretensions  dont  vous  aviez  le  roole,  et 
mesme  des  copies  eu  main  d'une  partie  des  tiltres  sur 
lesquels  elles  sont  fondées.  Vous  avés  acquiescé  a  la 
sentence  qui  nous  a  réglé  :  vous  n'avez  pas  mesme 
voulu  d'autre  arbitre  que  celui  qui  l'a  rendue  et  vous 
l'en  avez  prié  devantque  moy  (3)  et  sans  que  ie  vous  l'eusse 
proposé,  et  madame  v"  femme  lui  témoigna  par  sa  lettre 

(1)  D'une  amm^/c  composition,  —  d'une  transaction. 

(2)  Franc;ois  de  Pezieu,  baron  de  Salagine,  marié  à  Clau- 
dine de  Blonay,  mort  à  Rumilly,  le  19  décembre  1674. 

(3)  Decaid  que  mol  ;  avant  moi. 


316 

l'agreeraent  au  choix  que  vous  en  aviés  fait   pour  nous 
sortir  d'affaire,  et  tout  ce  qui  s'est  passé  en  suitte  entre 
vous  et  moy  n'a  esté  qu'en  conséquence   de  v«  juste 
acquiescement  a  icelle.  vous  ayie  [ai-jej  demandé  plus 
que  porte  cette  sentence. 

Quant  a  la  mecognoisseance  de  l'amour  et  de  la  pas- 
sion que  vous  dites  avoir  eu  pour  moy  au  préiudice  de 
ve  femme  et  de  vos  enfants  ;  j'ay  receu  avec  recognos- 
ceance  et  toule  la  gratitude  possible  ce  que  vous  aves 
fait  avecque  iustice  et  qu'elle  vous  obligeoit  en  cons- 
cience en  me  relaschant  un  bien  que  vous  ne  pouviez 
pas  posséder  en  bonne  foy  non  plus  que  vos  enfants  et 
tous  ceux  qui  l'auroient  hu  de  vous. 

Que  si  vous  n'avancés  que  la  vérité  es  compagnie  ou 
vous  parleres  de  moy  je  n'y  passerai  iamais  que  pour 
une  personne  sans  reproche  quoy  que  par  vos  fausses 
suppositions  vous  travaillez  a  vous  mettre  a  couvert  du 
tort  que  vous  aves  de  moy  et  du  blasme  que  les  gen- 
tilshommes donneront  à  ve  procède  a  mon  endroit. 

Pour  ce  qui  est  de  Dieu  ie  me  sens  criminel  devant 
luy  et  ie  crains  sa  iustice  formidable,  mais  si  n'estoit 
qua  cause  des  iniustices  dont  vous  m'accuses,  j'y  pares- 
trois  avec  beaucoup  d'assurance. 

Pour  ce  qui  est  du  monde  j'y  suis  Dieu  merci  sans 
reproche  et  je  ne  craindrai  jamais  de  sousmettre  tout  ce 
que  j'y  fais  avec  vous  a  l'examen  le  plus  sc^vere  de  toutes 
les  personnes  ecclésiastiques  ou  séculières  qui  possèdent 
les  qualités  nécessaires  pour  en  porter  un  solide  iuge- 
ment  ce  que  vous  n'oseries  jamais  faire,  m'avancer  de- 
devant  eux  ce  dont  vous  me  chargés  par  v^  lettre  sans 
y  estre  de  rechef  condamne,  ce  que  ie  dis  avec  une  en- 
tière assurance  et  ic  vous  prie  de  le  bien  remarquer. 

Vous  n'y  oseries  avancer  aucune  proposition  que  je 


317 

vous  aye  faite  pour  vous  surprendre  et  vous  perdre 
ainsy  d'honneur  et  de  bien  ;  jay  ménagé  ve  honneur 
avec  autant  de  soin  que  le  mien  propre  :  pour  vos  biens 
pouves-vuus  treuver  mauvais  que  ie  vous  aye  demande 
raison  en  amiable  des  droits  que  j 'a vois  sur  iceux  après 
que  vous  avies  sceuque  mon  propre  frère  ne  l'avoit  faite 
sur  ce  qu'il  en  possède  de  sujets  aux  mesmes  droits  sur 
lesquels  esloient  fondes  mes  iustes  pretensions. 

Que  si  vous  désirez  la  continuation  des  effets  de  l'a- 
mitié que  mon  frère  et  moy  vous  avons  accordé  si  géné- 
reusement ne  vous  despartés  pas  de  la  correspondance 
que  vous  y  deves  et  que  vous  nous  avies  promise  si 
solennellement  et  que  cependant  vous  aves  abandonné 
sans  sujet  jusques  a  abuzer  par  des  emportements  ca- 
lomnieux de  la  modération  et  du  respect  que  ie  dois  a 
mon  caractère  que  ie  vous  prie  de  considérer  mieux  que 
vous  n'avés  fait  afin  que  jaye  sujet  d'estre  toujours 

Monsieur, 
vostre  très  humble  serviteur, 
I.-G.  DE  MoNTFORT,  p^'e  ind.  (prètve  indigne). 

En  1679,  les  trois  fils  de  Pierre-Amed  de  M. 
de  Loblaz,  qui  sont  appelés  Joseph  (le  chanoine), 
Charles-Aymé  et  Hyacinthe,  sont  cités  par  leurs 
cousins  de  Bloye,  en  garantie  dans  le  procès  in- 
tenté contre  eux  par  Claude  deConzié  deBolomier. 

X. 

Maurice  de  Montfort^  seigneur  de  Conzié, 
fils  d'André  de  M.  et  de  Mye  de  Manessy. 

En  1610,  il  constitue  déjà  un  procureur  pour 
plaider  à  Chambéry  devant  le  Sénat  do  Savoie. 


318 

Vers  1615,  un  procès  s'engagea  entre  Pierre- 
Amé,  seigneur  de  Montfort,  de  Mionnaz  et  de 
Loblaz,  et  Maurice  de  Montfort,  fils  à' André,  à 
raison,  serable-t-il,  de  la  substitution  établie  au 
testament  de  Marin  de  Montfort,  On  allait  jus- 
qu'à contester  la  validité  du  mariage  à! André  de 
Montfort,  père  de  Maurice,  avec  Mye  de  Man- 
necy. 

Amô  de  M.  avait  obtenu  de  faire  une  enquête 
close  à  ce  sujet  ;  elle  n'était  pa^  encore  ouverte 
lorsque,  le  27  août  1618,  les  parties  transigèrent. 
La  transaction  fut  homologuée  par  arrètdu  Sénat 
de  Savoie  du  29  février  1620. 

Il  fut  convenu  dans  cet  acte  que  Maurice  de 
Montfort  et  sa  mère  (Mie  de  Manecy  vivait  donc 
encore  en  1620)  relâcheraient  à  Anié  de  M.  la 
rente  qui  dépendait  anciennement  de  la  maison- 
forte  de  Mionnaz,  et  lui  en  remettraient  les  terriers 
avec  la  paisible  possession  de  la  vigne  et  d'un 
journal  de  terre,  lieu  dit  e«  Ccdaniont,  àRuffieux... 
«  moyennant  quoy  ledit  Maurice  sera  reconnu 
comme  fils  naturel  et  légitime  dudit  André,  et 
portera  le  nom  et  les  armes  de  Montfort  avec 
l'adjonction  de  celles  de  seigneur  de  Consy,  qu'il 
aura  la  pleine  propriété  de  la  maison-forte  de 
Consy,  à  Bloye,  près  Rumilly,  la  maison,  pres- 
soir, meubles,  vignes  et  terres  de  Rufilieux,  sauf 
celles  dites  en  Calamont.  »  On  règle  ensuite  l'or- 
dre des  substitutions  pour  le  cas  de  décès  sans 
enfants  mâles,  dans  l'une  ou  l'autre  branche. Puis 


319 

«  demeureront  tous  procès  assoupis  et  terminés  ; 
néantmoins  demeurera  l'enquête  faite  par  le  dit 
s'"  de  Montfort  cachetée,  de  laquelle  il  ne  pourra 
se  servir  ni  les  siens  qu'en  tant  seulement  que 
le  dit  sr  de  Consy  et  les  siens  voudraient  contre- 
dire à  la  dite  sentence  arbitrale...  » 

Le  19-  janvier  1620,  Maurice  de  M.  épousa 
Suzanne,  fille  de  feu  Marinde  MigieuouMingieu. 

Le  contrat  estpasséau  château  de  Malagny  (1), 
appartenant  au  seigneur  Jacques  de  Monthou, 
baron  de  Confignon,  seigneur  de  Beaumont,  Ma- 
lagny, etc..  en  présence  d'Amed  de  Montfort, 
oncle  de  l'époux,  noble  Ciprien  du  Port,  etc.  La 
future  signe  :  Su^^anne  de  Migeu. 

Le  4  septembre  1622,  au  château  de  Pingon,  à 
Cusy  (2),  Maurice  de  M.  achète  de  Bérard  de 
Pingon,  seigneur  de  Cusy,  la  rente  féodale  appar- 
tenant à  celui-ci  dans  les  mandements  de  Ru- 
milly,  Salagine  et  Montfalcon,  pour  le  prix  de 
1.200  florins  et  deux  doubles  d'or  de  «  drolieres  «^ 
le  tout  payé  comptant. 

Le  8  juin  1625,  Maurice  de  M.,  accompagné 
d'un  notaire,  se  rend  à  Quincy,  et,  arrivé  près  de 
la  maison  de  Jean-François  de  Manessy,  sieur  des 
Combes,  interpelle  ainsi  son  oncle  : 

(1)  Commune  de  Viry  en  Genevois. 

(2)  Au  bord  du  Chéran,  rive  gauclie. 


320 

«  Monsieur,  je  suis  icy  venu  avec  Baussan  no- 
ce taire,  tant  de  ma  part  que  de  dame  Mye  de 
«  Manessy,  ma  mère,  pour  vous  sommer,  comme 
«  je  vous  somme,  de  satisfere  aux  promesses  et 
«  traités  entre  vous  et  moy  le  15"'''  mars  dernier 
«  en  l'an  1G23,  ce  faisant  qu'ayés  à  me  payer  dans 

((  8  jours  prochains  la  somme  de  1.200  florins 

((  et  à  faulte  de  ce  fere  je  proteste  contre  vous  de 
«  tous  despends,  dommages  et  intérests,  et  de 
((  pourvoir  ainsi  et  comme  je  verrai  afferro  par 
«  raison.  » 

Maurice  de  Montfort  mourut  vers  la  fin  de  1G27 
laissant  cinq  enfants  en  état  de  minorité  et  dont 
leur  grand-mère,  Mye  de  Manessy,  et  leur  mère, 
Suzanne  de  Migieu,  eurent  l'administration. 

Celle-ci  termina  un  procès  commencé  entre  son 
mari  et  le  Chapitre  de  Saint-Pierre  de  Genève 
(résidant  à  Annecy),  au  sujet  de  la  chapelle  de 
Saint-Jean-Baptiste,  de  Bloye.  Le  Chapitre  re- 
fusait aux  Montfort  de  Conzié  le  droit  de  patro- 
nage ot  de  nomination  du  recteur  parce  qu'ils 
n'étaient  pas  issus  c/e  la  tige  des  Conzié;  de  son 
côté  la  veuve  de  Maurice  de  Conzié  soutenait 
qu'elle  n'était  plus  tenue  d'administrer  les  biens 
de  la  chapelle. 

Une  transaction  eut  lieu  le  7  février  1628,  signée 
;i  Annecy  «  dans  la  maison  où  habite  mon  dit  sei- 
gneur de  Genève  »  (l'évêque  Jean-François  de 
Sales),  en  vertu  de  laquelle  la  chapelle  fut  com- 


321 

plètement  unie  au  chapitre  de  Saint-Pierre  qui  se 
chargea  de  faire  célébrer  à  ses  frais  la  messe  heb- 
domadaire du  jeudi  et  de  pourvoir  à  toutes  les 
dépenses  (1).  Il  céda  à  la  famille  de  Montfort  tous 
les  biens  affectés  à  la  dotation  de  la  chapelle  par 
l'archevêque  de  Narbonne,  François  de  Conzié, 
suivant  le  contrat  de  fondation  du  30  août  1419, 
et  reçut  en  compensation  une  somme  de  3.715 
florins,  dont  3.000  payés  comptant,  outre  300  flo- 
rins pour  les  revenus  et  récoltes  des  années  162G 
et  1627,  à  tant  réduits  par  les  arbitres. 

En  1633,  les  715  florins  non  payés  furent  cons- 
titués en  une  rente  perpétuelle  qui  devint  l'objet 
d'un  procès  en  1667. 

Maurice  de  Montfort  et  Suzanne  de  MiiJjieu  eu- 


■&" 


(])Les  chanoines, formant  plus  des  deux  tiers  du  chapitre, 
qui  donnent  leur  consentement,  sont  :  Charles  de  Rouer, 
seigneur  de  Bressieu,  François  Roux,  Jacques  Brunet  (de 
Doucy,  à  Monthonex  où  il  mourut  le  15  octobre  1G32)^  chan- 
tre, Estienne  de  la  Combe,  sacristain,  Jean  de  Regard, 
Charles  Grosset,  François  Vieux,  Claude  Favre,  Pierre- 
François  Jay,  Georges-Louis  Martinet, François  Gariod, Jean- 
François  de  Maillant,  Gabriel  Ducrest,  Dominique  Mar- 
chand, François  de  l'Allée,  Nicolas  Beytaz  et  Georges  Rol- 
land. —  (Georges-Louis  Martinet  ou  Martinet,  François 
Gariod  et  François  Vieux  ne  figurent  pas  dans  la  liste 
donnée  par  M.  le  clianoine  J.  Mercier,  dans  son  Chapiire 
de  St-Plerrc  de  Geiièce,  p.  318  et  319  ;  peut-être  François 
Vieux  est-il  le  François  Avril  indiqué  à  la  date  de  1G07,  — 
Il  faut  en  outre  remonter  sonsiblement  l'existence  canoniale 
de  Claude  Favre  et  de  Pierre-François  Jay.) 

21 


322 

rent  pour  enfants  :  Jacques-Aimé,  Jcan-Michelj 
Aimé-Philibert,  Charles- Aimé. 

Les  daines  de  Montfort  (la  grand'mère  et  la 
mère),  les  envoyèrent  étudier  à  Chambéry.  Sui- 
vant l'habitude,  un  percepteur  vivait  avec  eux. 

D'un  reçu  daté  du  30  novembre  1G34  et  signé 
Sébastiemie  Bruiiet,  il  résulte  qu'ils  habitèrent 
chez  cette  dame  au  cours  des  années  1G33  à  1635  ; 
la  pension  et  le  logement  des  ([u  itre  frères, y  com- 
pris ceux  du  maître,  était  de  (320  florins,  de  20  sols 
pièce,  outre  6  vaisseaux  de  blé  froment. 

XI 

Amed-Philibert  de  Montfort, fils  de  Maurice, 
né  à  Mionnaz,  le  19  avril  1620,  d'Aimé  et  de  Mi- 
chelle  de  Cirizier  :  parrain,  n.  Philibert  de  Vi- 
donne  de  Novéry  ;  marr.,  Péroime  de  Montfort, 
dame  de. . .  et  de  Bétex  (R.  P.  de  Menthonnex). 

Le  6  janvier  1043,  Amed  ou  Aimé-  Phili- 
bert de  Montfort  et  son  frère  Jacques  -  Aimé 
passent  leur  contrat  de  mariage  avec  les  deux 
sœurs  Marie  et  Claudine,  filles  de  Charles  de 
Chavannes  (1),  de  Uumilly,  seigneur  de  Reinex, 
ancien  avocat  au  Sénat,  et  de  demoiselle  de  Ger- 
baix  de  Sonnaz.  La  dot  de  chacune  d'elles  est  do 
2.000  ducatons,  outre  une  robe  de  tabit,  une  cotto 

(!)  Décédé  à  R.,  le  19  novembre  1648. 


?>23 

de  satin,  deux  robes  de  taffetas  avec  leurs  jupes 
et  les  clincants  d'argent,  le  tout  de  fresche  cou- 
ture. Les  futurs  donnent  aux  futures  200  duca- 
tons  qui  ont  été  employés  aux  autres  robes  et 
habits  nuptiaux.  —  Fait  dans  la  maison-forte  de 
Reinex  en  présence  de  m'"®  Louis  Gerbaix  do 
Sonnaz,  prieur  de  Chindrieux. 

Le  même  jour,  après  la  célébration  des  maria- 
ges, Charles  de  Chavanes,  pour  payer  à  ses  gen- 
dres la  dot  promise  à  ses  filles,  leur  donne  toute 
sa  seigneurie  de  Reinex.  Puis  «  pour  conserver  en 
état  les  deux  maisons  de  Consy  et  de  Reinex,  » 
Claudine  de  Chavannes,  femme  de  Jacques-Aimé 
de  M.,  cède  et  transporte  à  son  beau-frère  Aimé- 
Philibert  de  M.  tous  les  droits  qu'elle  a  reçus 
de  son  père;  et  réciproquement,  Aymé-Philibert 
cède  à  sa  belle-sœur  Claudine  tous  ses  droits  sur 
l'hoirie  de  ses  père  et  mère. 

Au  moyen  de  ce  contrat,  Aymé-Philibert  do 
LIontfort  et  sa  femme  Marie  de  Ch.  devenaient 
uniques  propriétaires  de  la  seigneurie  de  Reinex, 
et  Jacques  -  Aimé  de  Montfort  ajoutai!  à  ses 
droits  sur  Conzié,  ceux  qui  avaient  appartenu  à 
son  frère  Aymé-Philibert. 

En  conséquence  ,  à  partir  de  1643  ,  Jacques- 
Aimé  de  Montfort  est  plus  spécialement  seigneur 
de  Conzié;  Aymé-Philibort  et  ses  héritiers  sont 
seigneurs  de  Reinex. 

Le  l"'"  août  1650,  Aymé-Philibert  paye  à  N. 


324 

Jean-Antoine  Faugc,  de  Sainl-Fëlix^  une  dette  de 
son  beau-père  Cli.  de  Chavannes. 

En  1G65,  il  a,  devant  le  Sénat,  un  procès  contre 
Fraiiçois-Joseph-Gerbaix  de  Sonnaz,  afin  d'obte- 
nir une  augmentation  de  la  dot  de  sa  belle-nrière, 
née  de  Gerbaix. 

En  1667^  il  obtient  un  monitoire  ayant  pour 
objet  de  recueillir  des  témoignages  constatant  que 
le  lundi  de  Pâques,  sa  femme,  Marie  de  Chava- 
nes,  avait  été  i nsol entée  qX  injuriée  par  des  per- 
sonnes qui  lui  avaient  dit  :  «  1°  Vous  êtes  f  n  pos- 
session de  faire  des  bestises.  Vous  êtes  une  beste 
et  je  vous  laisse  beste  ».  —  2°  que  le  mardi  de 
Pâques,  dans  la  croisée  du  grand  chemin  tirant 
du  prieuré  à  la  maison  de  lui  s''  de  Reinex,  cer- 
taines personnes  auraient  porté  des  coups  d'espée 
â  noble  François-Joseph  de  Montfort  fds  du  s''  de 
Reinex,  dont  il  auroit  été  blessé,  etc. 

En  IGGl,  Aymé-Philibert  de  M.,  seigneur  de 
Reinex  avait  été  arbitre  avec  Charles-Chrestien 
de  Maillard,  marquis  de  Saint-Damien  (de  Ru- 
milly),  dans  un  procès  relatif  au  Logis  de  la 
Couronne  à  R.  (1). 

Sa  femme,  INIarie  de  Chavancs,  mourut  â  R.,  le 
1^'-  mai  1668  (R.  P.). 

(1)  Il  y  avait  dans  ce  logis,  ou  auberge,  la  Chambre  des 
muletiers.  Le  procès  devait  d'abord  se  terminer  par  un  ser- 
ment litis-décisoiro  «  à  prêter  sur  les  reliques  de  Monsei- 
gneur Saint-Antoine  »,  mais  la  partie  mourut  avant  le  jour 
fixé  pour  jurer. 


325 
XI 

Jacques-Aimè  de  Montfort  [fils  de  Maurice], 
seigneur  de  Conzié,  fut  marié,  le  6  janvier  1G43, 
à  Claudine  de  Chavanes,  qui  testa  à  Conzié,  le 
23  avril  1657  {!).  Devenu  veuf,  il  épousa,  le  20 
février  1659,  Claudine  de  Mongenix,  veuve  deNoël 
Buttet,  appelée  le  plus  souvent, dans  les  actes, C/r«(- 
dinede  Mojonnier.  Jacques-Aimé  mourut  le  9  jan- 
vier 1674.  Un  inventaire  de  ses  meubles  fait  le 
lendemain,  n'ajouta  à  la  nomenclature  qu'on  trou- 
vera ci-après  qu'un  fusil  à  la  aerceloise  et  un  gros 
landier  dans  la  cuisine.  Le  20  juin  1647,  à  Chau- 
mont  en  Genevois^  il  se  reconnaît  débiteur  de 
545  florins  en  faveur  d'il!,  seign.  Claude-Louis 
de  Novéry,  vidomne  de  Chaumont,  seign,  de  la 
Chapelle  et  baron  du  Saint-Empire,  en  présence 
de  n.  Jean-Antoine  de  TliioUa  (2). 

Le  18  août  delà  même  année,  il  emprunte  des 
Carmélites  décliaussées  deChambéry  (3)  une  som- 
me de  6.000  florins,  au  moyen  d'une  rente  an- 
nuelle de  190  florins. 

(1)  Elle  lègue  à  sa  fille  Françoise  1.100  ducatons  et  500 
seulement  si  elle  se  fait  religieuse  ;  institue  héritier  universel 
son  fils  Joseph- A-lphonse  et  laisse  à  son  mari  l'usufruit  de 
ses  biens  (Claude  Grinjon,  notaire). 

(2)  Tiolla^,  petit  flef  au-dessous  de  Chaumont,  tout  à 
fait  au  bas  de  la  vallée. 

(.'?)  Le  couvent  des  Carmélites  de  Chaml)éry  avait  été 
fondé  assez  récemment,  en  IGoI,  par  le  duc  et  la  duchesse 
de  Ventadour. 


326 

La  somme  est  payée  en  167  esc  us  d'or  sol  au  coing 
du  roy  de  France,  200  ducatons  de  200  crosats,  39  ])is- 
tolcs  d'Italie,  et  le  reste  en  bonne  monnoie  de  Savoie  ; 
le  prêt  est  consenti  par  les  douze  soeurs  indiquées  ci- 
après:  R'^'-  mère  Thérèse  de  Jésus,  prieure,  Rdo  Agnès 
de  Jésus-Maria,  sous-prieure,  sœur  Marie-Thérèse  de 
S^  Joseph,  sœur  Marie- Liesse  de  S'«  Thérèse,  sœur 
Madeleine  de  la  Conception,  sœur  Marie  de  Tous  les 
Saints,  sœur  Anne-Marie  de  St  Joseph,  sœur  Paule 
Anthonie  de  la  Mère  de  Dieu,  sœur  Thérèse  de  la  Na- 
tivité, sœur  Dorothée  de  Sainte-Thérèse,  sœur  Claire- 
Thérèse  du  S.  Sacrement,  et  sœur  Angélique  du  S. 
Esprit. 

Nous  Irouvons,  à  la  date  du  28  mars  1650,  la 
reconnaissance  d'un  prêt  de  mille  pistoles  d'Espa- 
gne fait  \)3iY  Jacques  de  Montfort,  seigneur  de  Con- 
zié,  à  Antoine  Gory,  de  Mognard  en  Savoie.  L'acte 
est  passé  à  Bruxelles,  en  Belgique,  en  présence  de 
Jean-Claude  Fossurier,de  Marigny,près  Runiilly. 
Ces  trois  Savoyards  étaient  en  Brabant  sans  doute 
comme  soldats.  S'agit-il  bien  de  Jacques-Aymé 
de  M.,  qui,  le  31  janvier  précédent,  se  trouvait  à 
Bloye,  et  qui  s'y  trouve  encore  en  septembre  1651? 

Le  28  juin  1647,  il  avait  emprunté  150  pistoles 
d'Espagne  d'illustre  seigneur  M'"  Charles  de 
Fauge,  baron  du  Saint-Empire  romain,  général 
des  armées  de  S.  A.  S'""  de  Lorraine.  En  1662, 
le  créancier  était  mort  ah  intestat,  et  ses  héritiers 
poursuivent  vivement  le  remboursement  de  la 
créance.  Ce  sont  :  «  n.  Claude-Henry  de  Fauge, 


3:37 

aide-de-camp  des  troupes  de  S.  A.  R.,  n.  Char- 
les, fils  de  feu  n.  Jean-Claude  de  Fange,  frère 
du  baron  défunt,  habitant  au  pays  du  comté  de 
Champagne,  Bernard  Tliomasset  pour  les  droits 
de  sa  mère  Bernardinede  Fauge,  Martin  Merraier 
pour  ceux  de  Cl2udme  de  Fauge,  sa  femme,  aussi 
sœur  dudit  baron.  » 

Le  22  mai  1G54,  Jacques-Aimé  de  M.,  seign. 
de  Conzié,  vend,  sous  pacte  de  réméré,  un  pié 
situé  à  Bloye,  aux  religieuses  de  la  Visitation  de 
Rumilly.  Le  conseil  de  ce  couvent  est  composé 
des  dévotes  et  pieuses  mères  Françoise-Innocente 
de  la  Fléchère,  supérieure  ;  Marie-Agnès  Passerat, 
assistante  ;  Claire-Françoise  de...,  Marie-Fran- 
çoise Cirace  et  Marie-Chres tienne  de  St-Maurice. 

Le  9  avril  1657,  il  écrit  à  son  procureur  de 
Cimmbéry  : 

«  A  Conzy  ce  9"  avril  1657. 

Monsieur 

Ne  pouvant  aller  à  Chambéry  solliciter  mes  affaires 
à  cause  de  l'extrémité  maladie  ou  est  ma  femme  (1)  je 
vous  ay  fait  ces  lignes  qui  vous  reassureront  de  la  con- 
tinuation de  mes  services  et  pour  vous  prié  de  me  faire 
scavoir  Testât  do  mon  procès  contre  mad^  ducoudray... 
et  de  vous  présenter  pour  moy,  contre  m^  Billiet  de 
Rumilly....  Je  suis  readjourne  à  aujourdhuy  en  2^  def- 
faut.  Obligez-moy  de  ne  mettre  les  présentations  qu'au 
dernier  jour  qu'il  puisse  obtenir  3'-  deffaul.  Je  le  uiene- 

(1)  Nous  avons  vu  qu'elle  testa  le  23  du  uirme  mois. 


3 -2  8 

rai  par  un  cliemin  qu'il  ne  sçail  pas  encore,  et  luy  feray 
coîinoistre  qu'il  n'en  est  pas  où  il  pense  par  ce  qu'il 
n'use  pas  de  la  civilité  requise  à  mon  endroit...  Le  pré- 
sent porteur  vous  remettra  8  sols  pour  mettre  les  pré- 
sentations. Si  tost  que  je  seray  en  liberté,  je  suis  à  vous 
et  vous  feray  porter  votre  vin  pour  en  boire  ensembie- 
ment.  Je  vous  recommande  le  soin  de  touttes  choses  et 
vous  conjure  de  me  croire  pour  le  reste  de  mes  jours, 
Monsieur,  votre  /.  de  Montfort  de  Consy.  » 

A  peine  remarié  avec  Claudine  de  Mojonnier,  il 
a  de  nouveaux  procès  pour  le  compte  de  celle-ci. 

Le  8  décembre  1663,  il  marie  sa  fille  du  premier 
lit,  Françoise,  avec  n.  Dom  Jean-Baptiste  de  Re- 
gard de  Morgenex,  fils  d'Alexandre- Gaspard  de 
Morgenex,  baron  de  Vars,  et  lui  donne  tous  ses 
biens  de  Cessons,  de  Chautagne,  la  seigneurie  de 
Conzié  avec  le  château,  sous  réserve  de  l'usufruit, 
sa  vie  durant,  des  droits  de  son  fils  du  premier  lit, 
Joseph-Alphonse,  et  de  ceux  d'Anne,  fille  de  sa 
seconde  femme.  Fait  à  Conzié,  en  présence  de 
M''®  François  de  Clermont,  baron  de  Mont-Saint- 
Jean  et  de  la  Bâtie  et  Flaxieu,  lieutenant-général 
de  l'escadron  de  Savoie,  n.  J.-B'«  de  Clermont, 
seign.  du  Mont  de  Cersonnex  (M*  Saxonnay),etc. 

Ce  contrat  fut  bientôt  la  source  de  procès.  La 
donation  ne  pouvait  que  difficilement  comprendre 
ce  que  l'on  appelait  le  grangeage  de  Conzié,  qui 
était  indivis  entre  Jacques-Aimé  et  ses  cousins, 
les  frères  Pierre- Amed  de  M.,  baron  de  Crète,  et 


329 

le  vicaire  général  Jacques-Gaspard  de  Montfort 
ou  leurs  héritiers.  L'un  de  ces  procès  éclata  en 
1687,  à  propos  de  la  vérification  des  substitutions 
contenues  dans  les  testaments  des  divers  Mont- 
fort  de  Mionnaz,  notamment  de  Georges.  (Voir  ci- 
devant  à  Joseph-Gaspard  de  Mionnaz.) 

11  semble  bien  qu'à  cette  époque  les  affaires  de 
Jacques-Aimé  n'allaient  pas  bien.  Il  était  ma- 
lade, car  l'acte  de  juin  1688  parle  de  son  incom- 
modité, et  le  31  août  suivant,  il  recevait  de  son 
cousin  Pierre-Aimé  de  Mionnaz  une  jument  en 
commande  : 

. . .  N.  Jacques-Aymé  de  Montfort,  conseigneur  de 
Conzié,  confesse  avoir  et  tenir  à  bonne  et  loyalle 
comande  de  n.  et  puissant  P. -A.  de  Montfort,  s.  de 
Mionnaz,  baron  deCreste...,  une  jument  poil  bay  astre 
au  front  aagé  d'environ  5  ans  sous  le  chadal  et  prix  ca- 
pital de  12  pistolles  d'Espagne,  laquelle  jument  il  pro- 
met bien  nourrir  et  entretenir  en  vrai  bon  père  de 
famille,  d'icelle  et  du  nourrain  si  aucun  y  en  a,  à  peine 
de  tous  despends  et  dommages. 

La  jument  appartenait  peut-être  au  seigneur  de 
Conzié,  et  l'on  avait  recours  à  une  commande  afin 
d'en  empêcher  la  saisie  par  quelqu'un  de  ses 
créanciers. 

En  1671,  Jacques-Aimé  de  Conzié  est  pour- 
suivi par  le  sieur  Fauge,  de  Saint- Félix,  et  par 
le  baron  de  Chcàteauneuf  qui  l'avaient  fait  saisir 
au  corps  et  écroucr  aux  prisons  ducales  de  Cham- 


ooU 

béry.  Il  présente,  de  sa  prison,  une  requête  au 
Sénat  où  —  après  de  très  vives  récrimiiialions 
entre  son  gendre  le  chevalier  de  Regard  de 
Morgenex  (mari  de  Françoise  de  M.)  «  qui,  en  le 
tourmentant  dans  les  maladies  dont  il  est  accablé 
depuis  dix  ans,  et  dont  il  a  acheté  l'alliance  au 
prix  de  tous  ses  biens,  loin  de  payer  ses  dettes 
ainsi  qu'il  s'y  était  obligé,  veut  le  faire  passer  par 
Je  détroit  ou  le  feu  seigneur  de  Morgenex,  son 
père,  a  passé  en  mourant,  »  —  il  demande  à  être 
admis  k  la  cession  de  biens. 

A  l'appui  de  sa  supplique,  il  fournit  le 20  août 
1671,  une  note  de  ses  biens  mobiliers  et  immobi- 
liers où  nous  relevons  les  énonciations  suivantes  : 

1'^  La  maison-forte  de  Conzy,  avec  ses  granges,  es- 
quiries,  étables,  four,  volière,  etc.,  avec  ses  meubles; 
dans  la  grande  chambre  basse  1  grand  pressoir,  2  cu- 
ves, une  quinzaine  de  petits  et  grands  tonneaux. —  En 
la  cuisine  7  à  8  pois,  chaudières  à  cuire,  le  tout  vieux 
et  de  peu  de  valeur,  2  grandes  armoires  à  tenir  la  viande 
et  vaiceUe,  ou  il  y  a  environ  200  livres  d'estain  en  plats 
et  assiettes  et  autres  meubles  de  table,  le  tout  vieux  et 
usé,  2  grands  chenets  de  fer  avec  les  crémaillères,  poêles 
à  frire  et  à  feu.  2  tables  et  bancs,  avec  des  chezes  bas- 
ses et  autres  meubles  de  cuisine  ;  —  au  poile  (la  cham- 
bre derrière  la  cuisine,  cliauffée  par  l'âtre  df  la  chemi- 
née de  celle-ci)  il  y  a  2  lits  garnis  de  leurs  coites, 
matelas,  coussins  et  couvertes  tant  seulement,  les  tentes 
du  grand  lict  faictes  a  fleurs  relevés  en  soye  et  le  tapis 
assortissent  appartenant  à  d""  Claudine  de  Mojonier, 
sa  femme,  comme  justifie  le  conirat  dotal,  —  une  table 


331 

pliante  avec  13  c'iezes  tapissées  et  une  dizaine  d'arque- 
buses à  fusil  au  ralelier  ;  un  cabinet  de  noyer  à  layettes 
(boites)  dans  lesquelles  sont  les  livres  de  reconnais- 
sances, et  deux  coffres  de  ladite  dame  de  Conzy  sa 
femme  seconde;  —  en  une  chambre  basse,  divers  us- 
tensilles,  grand  et  petit  poids,  crible,  vaisselle,  petits 
et  semblables  embarras  de  maison  avec  saloires  et  2  ou 
3  grandes  bartellieres  à  mettre  bleds  et  farines  ;  —  en 
la  grande  salle  dessus  des  meubles  de  bois  rompus  et 
ne  servant  plus  ;  —  en  la  chambre  joignante  dite  le  pa- 
villon 3  licts  garnis  avec  les  chezes,  tables  et  tapis,  2 
grands  bancs  tapissés  de  moquette  comme  les  chezes, 
1  grande  garderobe  où  il  y  a  du  linge  de  table  et  des 
licts  en  petite  quantité  [du  linge  pour  les  lits)  avec 
une  vingtaine  de  tableaux  ou  portraits  (1). 

—  Les  rentes  de  ladite  maison  qui  ont  varié  de  600 
à  350  florins.  —  Le  droit  de  patronage  des  chapelles 
fondées  par  ses  prédécesseurs  aux  cimistières  des  égli- 
ses paroissiales  de  Rumilly  et  de  Bloye. 

—  150  journaux  de  terres  et  prés,  bois,  châtaigne- 
raies, vergers  et  jardin,  autour  de  la  maison  en  une 
pièce  ;  30  seitorées  de  pré  à  foin  de  cheval  situés  en  di- 
vers endroits  dont  12  environ  sont  tenus  par  le  chapitre 
de  Genève  pour  la  somme  de  4.000  florins. 

—  Au  village  de  Givry,  une  maison  vieille,  presque 
en  ruine,  convertie  en  grange  depuis  qu'elle  fut  incen- 
diée en  1663  ;  —  30  journaux  de  terre,  dont  2  journaux 
soni  tenus  par  le  baron  d'Arvillars  créancier  de  1.000 
florins...;  a  Bloye,  environ  20   journaux    de   vignes 

(1)  lien  reste  i>eut-ètre  deux  aetaellement,  d'un  prince  et 
d'une  princesse  au  service  desquels  un  des  Montiort  de 
Conzié  aura  été. 


33,2 

vieilles,  de  médiocre  valeur  ;  à  Cessens,  une  maison 
incendiée  en  1667  et  2  granges  avec  une  tuilerie,  en- 
viron 400  journaux  de  terre  la  plupart  en  friche  et  de 
peu  de  valeur.  Le  tout  sans  aucun  bétail  à  Conzy  et 
ailleurs  pour  avoir  été  contraint  de  le  vendre  pour  sou- 
tenir les  procèîi  (1)^  et  les  frais  des  grandes  maladies 
qu'il  a  souffertes  depuis  dix  années,  sauf  une  jument 
estropiée  et  de  peu  de  valeur,  quelques  poules  et  coqs 
d'inde  et  pijons  (il  est  encore  propriétaire  de  nombreu- 
ses terres,  ou  incultes  ou  données  en  gage  à  ses  créan- 
ciers, ((  d'une  notable  quantité  d'arrérages  de  servis, 
sufferies  et  lods^  mais  peu  considérable  à  raison  des  pro- 
cès et  contestes  qu'il  faut  avoir  pour  en  tirer  paiement).» 

XI 

Charles-Aimé  or^  Montfort,  fils  de  Maurice. 
La  généalogie  de  Chambéry  l'indique  comme 
ayant  été  sergent-major  du  régiment  de  Pallavi- 
cini  (régiment  piémoniais  servant  parfois  à  l'é- 
trangorj.  Il  avait  testé  à  Rurailly  le  18  mars  164^ 
avant  d'aller  aux  «guerres  d'Allemagne»  et  il  sem- 
ble qu'il  était  mort  assez  rapidement.  Charles- 
Aimé  de  M.  avait  légué  300  florins  à  chacun  de 
ses  trois  frères  et  institué  héritière  universelle 
Mie  de  Manessy,  sa  inèreat/eule  (sa  grund' mère) 
avec  obligation  de  transmettre  l'héritage  â  celui 
de  ses  frères  qui  conserverait  la  maison  et  tige  do 

(1)  En  1670,  durait  encore  le  procès  des  Montfort  de  Con- 
zic  et  de  Roinex  avec  Iciu'  cousin  le  vicaire-général  J. -Gas- 
pard de  Montfort  de  I.obUiz  et  son  frère  Pierre-Anicd  do  M., 
baron  de  Creste. 


333 

Conzié.  Le  testament  est  fait  dans  le  poêle  de  la 
maison-forte  de  Conzié  en  présence  de  n.  Claude- 
Henri  Fauge,  capitaine  au  régiment  d'infanterie 
du  sieur  de  la  Val  d'Isère, avec  qui  le  jeune  testa- 
teur devait  sans  doute  se  rendre  aux  armées  (1). 

XI 

Jean-Michel  de  ]Montfort  (fils  de  Maurice). 
La  même  généalogie  l'indique  comme  religieux  à 
Saint-Claude,  au  comté  de  Bourgogne,  et  ayant 
testé  le 26 juillet  1650. 

Il  nous  paraît  certain  qvie  Jean-Michel  n'a  pas 

(1)  Le  24  août  1G90,  les  frères  Jacques,  Charles  et  Mi- 
chel de  Montfort,  fiJs  de  Philibert,  firent  procéder  à  une 
enquête  pour  constater  que  leur  oncle  Charles  de  Montfort, 
fils  de  Maurice,  avait  quitté,  vers  1650,  le  château  de  Con- 
zié, à  Bloye,  où  il  habitait  avec  son  frère,  «  pour  s'en  aller 
à  la  guerre  en  Allemagne,  »  et  que  depuis  lors  il  n'avait  pas 
envoyé  de  ses  nouvelles.  Par  un  arrêt  du  même  mois  le 
Sénat  de  Savoie  commit  les  trois  neveux  à  la  garde  des 
biens  de  leur  oncle  Charles,  absent  du  pays.»  (Edits, Bulles; 
Reg.  de  1690.) 

Vei's  1643,  plusieurs  gentilshommes  savoyards  s'engagè- 
rent dans  le  régiment  de  Pallavicini  et  allèrent  guerroyer  en 
Autriche  et  en  Hongrie.  (Voir  à  la  page  xxxv  de  ce  même 
volume.)  Il  est  probable  que  le  colonel  avait  tenu  garnison  à 
Rumilly  el  qu'il  put  y  apprécier  les  dames  de  la  Visitation 
chez  qui  il  envoya,vers  1675,  deux  de  ses  filles,  ou  parentes, 
Marie-Anne  et  Marie-Madeleine  Pallavicini,  qui  y  mouru- 
rent, la  première  en  1734,  la  seconde  en  1723,  après  61  ans 
et  48  ans  de  profession.  (CROisoLLET,A/i7io^es  de  la  Visita- 
tion de  Rumilly,  au  tome  XXII  des  Mémoires  de  la  So- 
ciété savoisienne  d'histoire,  p.  283  et  305.) 


334 

été  religieux,  car  dans  son  testament  fait  à  Con- 
zié  (Bloye)  à  la  date  susdite,  il  ne  prend  aucun 
titre  ecclésiastique  et  ne  fait  aucune  disposition 
indiquant  un  ancien  moine.  Après  avoir  recom- 
mandé son  àmc  à  Dieu  et  à  la  glorieuse  vierge 
Marie  en  qui  il  a  toujours  eu  une  grande  con- 
fiance...  ayant  été  au  nombre  de  ses  congrcga- 
nistes  (1),  il  élit  sépulture  dans  la  chapelle  de 
Saint  Jean-Baptiste^  et  institue  héritier  universel 
son  frère  Jacques-Aymé  avec  qui  il  habita  à 
Conzié  jusqu'à  sa  mort  qui  suivit  de  près  le  testa- 
ment. Il  fut  enseveli  le  l*"'  août  1G50  (R.  P.). 

Enfans  de  Jacques-Aymé  de  Montfort, 
seigneur  de  conzié. 

XII 

Françoise  de  Montfort.  Sa  mère,  Claudine 
de  Chavanes,  dans  son  testament  du  23  avril  1G57, 
lui  lègue  1.100  ducatons  ;  mariée,  le  8  décembre 
1663,  à  Jean-Baptiste  de  Regard  de  Morgonex, 
teste  le  23  avril  1667  et  meurt  le  17  mars  1669,  ne 
laissant  qu'une  fille,  Françoise  de  Regard.  En 
1669,  son  mari  était  premier  syndic  d'Annecy  ; 
elle  fut  ensevelie  au  Saint-Sépulcre.  (Rcg.  par. 
de  Saint-Maurice  d'Annecy.) 

XII 

Joseph -Alphonse  de  Montfort  de  Conzié, 
nls  des  mêmes.  Etudia  à  Tlionon  chez  les  Barna- 

(I)  Sans  doute  lorsqu'il  était  à  Cliambéry^  aux  études. 


335 

biles  et  cliorclia  à  entrer  â  l'abbaye  de  Saint- 
Maurice-en- Valais  ;  n'ayant  pas  réussi,  il  devint 
novice  à  celle  de  Sixt  en  Faucigny  (1).  Un  an  et 
demi  après,  le  15  avril  1G74,  à  la  veille  de  faire 
profession,  il  testa,  instituant  héritier  universel 
son  cousin  François-Joseph  de  Montfort-Reinex 
et  lui  substituant  Claude  et  Joseph,  frères  de  ce- 
lui-ci ;  il  lègue  3.000  florins  à  sa  sœur  consan- 
guine Anne-Péronne,  â  la  condition  que  dans  la 
huitaine  où  elle  en  serait  requise  par  son  héritier 
François-Joseph,  la  dame  de  Mongenis  remettrait 
à  celui-ci  la  maison  de  Conzié  et  tous  les  biens  et 
titres  d'icelle  ;  —  il  constitue,  en  faveur  de  son 
couvent  (chanoines  réguliers  de  Saint-Augustin), 
une  rente  de  4  pistoles,  rachetable  par  un  capi- 
tal de  400  florins. 

François-Joseph  deMontfort-Reinex  étant  mort 
assez  vite  et  sans  alliance,  les  biens  de  Conzie 
passèrent  à  ses  frères  Claude  et  Joseph. 

(1)  Ces  renseignements  sont  tirés  d'une  donation  du  17 
décembre  1669^  reçue  à  Tlionon  par  le  notaire  J.-J.  Fros- 
sard,  en  l'assistance  de  noble  Urbain  Rigot^  curateur  de 
Josepli-A-lphonse  de  Montfort. 

Après  trois  ans  de  séjour  à  N.-D.  de  Sixt,  J.-A.  de  Mont- 
fort  y  avait  obtenu  un  canonicat  par  patentes  du  duc  Char- 
les-Emmanuel II,  du  17  février  1672.  Lors  de  sa  profession 
le  couvent  se  composait  de  M'"  Gaspard  Ducis,  prieur  claus- 
tral, François  Descroz,  sous-prieur,  Claude  Disuard,  Jean- 
François  Roy,  Louis-François  de  Musy,  François  Mogand, 
Jean-Georges  Si ratioz,  présens  ;  Jean-Michel  Filliard,  Aymé 
du  Crest  et  Gabriel  de  Ville,  absens. 


336 

Anne  Péronne  (fille  de  Jacques-Aimé  de  Al.  et 
de  Claudine  de  Mongenis  ou  Mojonnier),  née  le  21 
juillet  IGGO,  mariée  à  Louis  de  la  Fléchère. 

XII 

Enfans    d'Aimé  -  Philibert    de   Montfort- 
Reinex  et  de  Marie  de  Chavanes. 

François-Joseph  de  Montfort-Reinex.  Le  2 
octobre  1670,  il  transige  avec  sa  tante  Adrienne- 
Françoise,  troisième  fille  de  Charles  de  Cha- 
vanes ,  laquelle  n'était  pas  entrée  en  religion, 
mais  avait  épousé  Louis  de  Montfalcon,  seigneur 
du  Cengle. 

Le  28  octobre  1672,  à  Rumilly,  «  au  poêle  de 
Gallatin,  mon  hoste  »  il  écrit  lui-même  son  tes- 
tament militaire  «  en  mon  despart  pourPiedmont 
ou  j'ay  l'honneur  de  conduire  une  compagnie 
d'infanterie  pour  le  service  de  Son  Altesse  Roj^ale 
mon  maître  ».  Il  y  fait  divers  legs  à  ses  sœurs, 
la  dame  de  Cliarrière,  et  Charlotte  ;  donne  200 
florins  à  ses  camarades  qu'il  a  enrcMés  aux  envi- 
rons de  Reinex  et  qui  reviendraient  estropiés  ; 
institue  héritiers  universels  ses  frères  Claude  et 
Joseph. 

Le  2  mars  1675,  le  testament  tut  ouvert  k  R. 
par  le  juge-maje  de  Savoie  (1),  à  qui  on  certifia 
qu'il  «  estoit  mort  en  la  campagne  dernière  du 

(1)  Il  descandi t  au  logis  où  pend  pour  enseigne /a  Gou- 
rou m'  ruijale. 


337 

costê  d'FIollande,  an  dire  de  personnes  qui  ont 
esté  présentes  à  son  décès  et  sépulture  ». 

Le  29  mai  1674.  il  était  capitaine  au  régiment 
de  Genevois,  et  au  service  de  S.  M.  Très-Chres- 
tienne;  il  avait  obtenu  des  lettres  ducales  de  sur- 
séance à  tous  les  procès  qu'il  pourrait  avoir  du- 
rant son  absence.  Le  19  octobre  1674,  il  avait, 
par  l'intermédiaire  de  Bernard  Thomasset,  major 
de  la  ville  de  Rumilly,  emprunté  20  pistoles  de 
n.  Jean  François  de  Cordon,  seign.  de  Vérin. 

Marie-Marguerite  de  M.  de  Reinex, mariée. 
1°  le  16  février  1670,  à  J.-B'«  de  Mouxy^  seigneur 
do  Charriôre-s  (eurent  un  fils  prénommé  Fran- 
çois, tilleul  de  François-Joseph  de  M.,  qui  lui 
légua  500  florins  dans  son  testament  sus  indiqué)  ; 
2°  à  n,  Théodore  Perret. 

Elle  est  appelée  Marie-Charlotte  dans  l'acte  de 
naissance  de  son  fils  Dominique-Auguste,,  du  7 
juillet  1682;  Charlotte- Françoise,  dans  celui  de 
son  fils  Charles-Chrestien,  du  l^-''  septembre  1683. 
30  juillet  1694,  décès  à  R.  de  Charlotte  de  M,, 
femme  de  Théodore  Perret,  âgée  de  4.5  ans. 

XII.  Claude  de  Montfort,  seigneur  de  Rei- 
nex et  de  Corbonnex,  puis  de  Conzy  ;  épouse, 
câ  Bonneville,  Guillermine  de  Rochette,  le  16  no- 
vembre 1676.  Elle  mourut  à  R.,  le  26  mars  1732, 
âgée  de  75  ans. 

Le  11  novembre  1674,  il  emprunte  «  30  louis  d'or 
de  n.  Jean-François  de  Cordon,  seign.  de  Veirin, 

9î> 


338 

capitaine  au  régiment  de  Genevois,  à  présentai! 
service  du  Roy  de  France  »,  en  présence  du  sieur 
Bernard  Thomasset,  major  de  la  ville  et  ressort 
de  Rumilly. 

En  1679  et  les  années  suivantes,  il  suit  avec  son 
frère  Joseph  les  procès  de  famille  entre  les  Mont- 
fort  de  Mionnaz  et  contre  Claude  de  Conzié, 
seign.  de  Bolomior,  fils  de  défunt  Antoine-Louis. 

Le  25  mars  1689,  et  pour  le  prix  de  1.900  fl.,  il 
vend  tous  ses  revenus  féodaux  de  Vallières,  Saint- 
Eusèbe  et  Ilauteville,  à  Maurice  deChabod,  comte 
de  Saint-Jeoire,  seigneur'  de  Chitry,  Vallières  et 
maison-forte  de  Vallières,  maréchal  de  camp  des 
armées  du  duc  de  Savoie,  grand-maitre  de  l'ar- 
tillerie de  Savoie. 

Le  3  janvier  1689,  à  R.,  la  marquise  de  Saint- 
Damien,  veuve  d'un  Maillard  de  Tournon,  déclare 
à  Claude  et  à  Joseph  de  Montfort  qu'elle  ne  se 
prévaudra  pas  du  legs  que  leur  frère  François- 
Joseph  lui  avait  fait.  Elle  signe  ainsi  :  <»  beiii  que 
d'ostre  ineùis  la  présente  des  claration  soy  es- 
criie,  iiisy  est  et  eiifoy  de   coa    ieslay  signée  : 

Marguerite  de  Pesieu. 
La  marquise  de  Seindamien.  »  (1). 

En  1690,  Claude  de  Montfort  est  capitaine  dans 
le  régiment  de  Montferrat. 

(1)  Née  à  Rumilly,  le  20  septembre  1618,  de  François  de 
Pezieu,  baron  de  Salagine,  et  de  Claudine  de  Blonay.  décé- 
déc  à  R..  le  2'J  avril  1713.  Elle  est  fort  souvent  marraine. 


ooJ 

Vivant  encore  à  la  fin  de  1G98,  Claude  de  M. 
était  décédé  avant  août  1703. 

XII.  Joseph  de  Montfort,  néàKuniilly  le  25 
février  1053,  marié  le  4  février  1677  à  Claudine- 
Isabeau  (soit  Isabelle  ou  Elisabeth)  Chevrier,  née 
vers  1040,  morte  le  11  juillet  1731,  à  l'âge  de 
85  ans. — Le  contrat  de  mariage  reçu  par  M^  Franc. 
Billet,  not.,  est  du  5  novembre  1070. 

Le  26  février  1077,  il  transigea  avec  son  frère 
Claude  au  sujet  des  biens  de  la  maison-forte  de 
Conzié.  Il  fut  convenu  que  Claude  en  percevrait 
tous  les  revenus  sous  les  charges  de  payer  4  pis- 
toiles  par  an  au  chapitre  de  Saint-Pierre,  50  flo- 
rins chaque  année  à  son  frère  Joseph^  et  d'entre- 
tenir le  gros  Benoît,  ancien  domestique  de  la 
maison. 

Joseph  de  M.  fut  enseveli  àR.,  le  3  février  1094, 
«  dans  la  chapelle  de  Saint-Claude,  tombeau  de 
leur  maison,  avec  tous  les  honneurs  dus  à  leur 
mérite,  quatre  capitaines  du  régiment  de  Clérem- 
bault  (1)  portaient  les  quatrecoins  du  drap. (R. P.)» 
Il  était  syndic  de  R.  en  1089. 

Voici  une  lettre  qu'il  adressait  en  1085  à  l'un 
de  ses  alliés  : 


(I)  Régiment  français  de  garnison  àRumilly.  L'armée  de 
Louis  XIV  occupait  la  Savoie  dej)uis  le  milieu  d'août  1690. 


310 

f  Monsieur,  Monsieur  Thoraasset  l'aisné  à  Massingy. 

A  Conzy  ce  19  juillet  1685. 

Monsieur  et  cher  cousin, 

Votre  vallet  présent  porteur  a  rancontré  le  garçon  que 
je  vous  ay  envoyé  avec  deux  lignes  que  je  vous  ay  es- 
criptes  en  excuse  de  ce  que  je  ne  me  suis  pu  rendre  ce 
matin  à  Massingy  (1)  et  pour  responoe  a  celle  que  vous 
aviez  pris  la  peine  de  m'escrire  je  vous  diray  que  je  ne 
manqueray  d'envoyer  aajourdhuy  a  Clermont  pour  sca- 
voir  si  le  seigneur  de  Morgenex  (2)  se  voudra  Irenver 
jeudy  prochain  a  Mecorax  en  Chautagne  (3)  lieu  choisy 
])ar  nions''  de  Richard  (4)  de  quoy  je  lui  donneray  prompt 
avis  aussi  bien  qu'au  seigneur  de  Renay  (Reinex)  en- 
suitte  de  ce  qui  me  fut  ordonné  hier  par  le  seig.  de 
Richard  par  celle  qu'il  m'escript  par  mon  vallet  que  je 
luy  envoya  hier  exprès.  Je  suis  grandement  marry  que 
mon  frère  soit  maltraité  de  l'affaire  dont  vous  m'escrip- 
vez,  qui  s'oblige  follement  largement  paye^  je  n'en  suis 
pas  la  cause,  en  aucune  façon,  s'il  avoit  si  bien  examiné 
que  raoy  l'affaire  il  n'en  auroit  pas  passé  si  légèrement 
expédient,  et  je  m'estonne  qu'il  ause  dire  que  jamais 
j'ay  este  présent  quand  il  en  a  parlé  au  s''  Chivillard 
puisque  je  ne  luy  en  ay  jamais  parlé  en  sa  personne  ni 

(1)  Paroisse  limitropliede  BIoye,imnièdiatemont  à  l'ouest 
et  au-dessus  de  Couzié,  et  où  la  famille  Tliomassct^  de  la 
bonne  bourgeoisie  de  Rumilly,  avait  un  domaine. 

(2)  De  Regard  de  Morgenex, possédant  alors  le  très  impor- 
tant fief  de  Clermont,  où  l'on  remarquait  l'élégant  cbàteau, 
bâti  vers  1577  par  Gallois  de  Regard,  évèque  de  Baguorca. 

(3)  Môcorax,  vieux  fief  en  Cliautagne. 

(1)  Magistrat  ;  il  devint  avocat  fiscal  de  Genevois. 


341 

autrement  ;  au  reste  pour  lui  faire  voir  que  je  ue  m'op- 
pose pas  sans  raison  a  sa  demande  et  que  j"ay  bien  exa- 
miné mon  droict,  je  me  soubmet  a  payer  le  tout  quand 
j'en  debvray  la  moitié  et  le  luy  rambourser  avec  doma- 
ges  interests  et  tous  despens  par  luy  soufferts  quand  je 
ne  feray  pas  voir  clairement  que  luy  et  moy  n'en  deb- 
vons  point  pour  la  constitution  dotalle  ;  s'il  s'en  treuve 
deub  un  pour  l'eschange,  chacun  en  payera  ce  qui  le 
touche,  enfin  l'assemblée  nous  en  jugera  définitivement 
s'il  luy  plait  de  s'y  soubmetlre,  si  du  moins  il  en  usera 
commil  luy  plaira;  son  gronder  m'a  beaucoup  mortifié 
jusqu'à  présent,  mais  pourtant,  il  ne  me  fera  pas  faire 
des  choses  que  je  ne  debvray  pas  et  contre  raison  pour 
avoir  la  paix  qui  m'est  indifi"erente  pourveu  que  je  ne 
luy  en  donne  pas  un  autre  subject  que  celuy  la  et  que  le 
tort  ne  soit  jamais  de  mon  costé  ;  Je  me  contente  bien 
de  payer  ce  que  je  doibs  sans  payer  ce  que  je  ne  doibs 
pas.  Vous  verrez  par  la  cy  jointe  que  vous  portoit  mon 
vallet  ce  dequoy  je  vous  priois  envers  mons'"  votre  frère 
qu'il  seroit  bien  plus  pressant  et  raisonnable  que  ce  que 
je  ne  doibs  pas,  je  vous  ranvoye  la  lettre  dudit  seigneur 
de  Richard  et  vous  asseure  tous  en  gênerai  et  particulier 
de  mes  services,  demeurant  de  vous  principalement 
Monsieur,  votre  très  humble  serviteur  et  affectionné 

cousin,  J.   DE    MONTFORT    DE    CoNSY. 

Enfans  dk  Claude  de  M.,  coseigneur  de 

ReINEX    et    de  CoNZIÉ   et    de   GUILLERMINE   DE 

Rochette. 

XIII.  Marguerite,  née  le  28  novembre  1677; 
dccédée  le  24  juin  1725. 


Marie-Louise,  née  le  8  janvier  1G80. 

Marie,  née  le  5  août  1682  ;  sans  doute  la  môme 
que  Marie-Prospère;  baptisée  à  R.,  le  30  sep- 
tembre 1682;  prend  l'habit  de  cistercienne,  à  l'ab- 
baye de  Sainte-Catherine  pi'ès  Annecy,  le  28 
octobre  1708  ;  y  décède  le  18  mai  1753  (1). 

Charles-Emmanuel,  né  le  11  janvier  1684. 

Françoise,  née  le  9  août  1685  :  parrain,  noble 
Jacques  Mugnier,  avocat;  marraine,  Françoise  de 
Pesieu,  femme  de  Lambert  de  Rochette  ;  mariée 
le  7  septembre  1726  à  Jean-Pierre-Joseph  Pelard, 
seigneur  d'Epagny  et  Vigier  ;  elle  ne  signe  pas  à 
son  contrat  de  mariage  de  la  veille  «  pour  estre 
illitérée  ». 

Marie^  née  le  22  octobre  1686. 

Jacques,  né  à  la  fin  d'août  1687  ;  mort  le  20 
septembre  suivant. 

Henry,  né  le  25  janvier  1689. 

Emmanuelle,  née  en  mars  1692  ;  mariée  k  n. 
J.-B.  VioUon  de  Novelles;  elle  teste  le  26  avril 
1748  et  institue  héritière  universelle  sa  sœur  Ma- 
rie-Madeleine, dame  de  Mouxy. 

Claudine-Elisabeth,  née  à  Reinex  (Massingy), 
le  8  octobre  1693. 

Madeleine  (ou  Marie-Madeleine),  née  à  R.,  le 
10  février  1696,  mariée  le  21  février  1732,  à  Louis 

(1)  Histoire  de  l'abbaye  de  Sainte-Catherine. 


343 

de  Mouxy  du  Villard,  lils  de  défunt  Pierre-Gas- 
pard (contrat  dotal  du  18  janvier).  Jusqu'à  son 
mariage  elle  se  mêla  activement  des  affaires  delà 
famille  ;  était  veuve  en  1751  ;  mourut  le  19  juillet 
1768  àR.  (R.  P.) 

xin 

Jacques  de  Montfort  de  Reinex,  lieutenant 
dans  le  régiment  de  Savoie  en  1701,  capitaine  le 
29  décembre  1701,  major  en  1725,  en  remplace- 
ment du  sieur  de  Courbeau  :  promu  lieutenant- 
colonel  du  même  régiment  en  1734  ;  décédé  à 
Reinex,  enseveli  le  17  janvier  1742,  au  pied  du 
bénitier  dans  l'église  de  Massingy  (R.  P.) 

Il  n'avait  pas  fait  de  testament  et  ses  sœurs, 
les  dames  de  Nouvelles  et  de  Mouxy,  Emma- 
nuelle et  Madeleine  ou  Magdelon  héritèrent  delui. 

XIII 

Charles  de  Montfort,  né  à  R.,  le  20  mai  1681, 
capitaine  dans  le  régiment  de  Cliablais  en  1726  ; 
en  1730,  étant  capitaine  au  régiment  provisoire 
de  Tarentaise,  il  y  est  promu  major;  à  la  fin  de 
septembre  1731  étant  en  Piémont,  il  reçoit  l'ordre 
de  conduire  au  fort  de  Ceva,  la  marquise  de  Spi- 
gno,  épouse  morganatique  du  roi  Victor-Amé- 
dée  II,  qui  après  avoir  abdiqué  le  trône  de  Sar- 
daignecn  1730.  avait  eu  des  velléités  do  reprendre 
le  gouvernement. 

Voici  les  lettres  de  service  qu'il  reçut  à  cette 
occasion  : 


:J44 


Au    MAJOR    DE    NOTRE    RÉGIMENT    DE    SaVOIE  , 
DE    MONTFORT 

Le  Roi  de  Sardaigne,  de  Chipre,  etc. 

Major  de  Montfort.  Vous  ayant  destiné  pour  com- 
mander provisionnelleraent  et  jusqu'à  nouvel  ordre  dans 
le  fort  de  Ceve  et  d'y  faire  garder  avec  soin  les  prison- 
niers d'Etat  qui  y  sont  actuellement  et  autres  que  nous 
pourrions  y  envoyer  dans  la  suite,  nous  vous  fesons 
remettre  une  lettre  à  cachet  adressée  au  chevalier  de 
Bellegarde,  commandant  du  dit  Fort,  par  laquelle  nous 
lui  ordonnons  de  vous  en  remettre  le  commandement  et 
de  vous  faire  consigner  les  prisonniers  susdits. 

Et  comme  notre  intention  est  de  faire  conduire  aussi 
au  même  fort  la  marquise  de  Spigno,  vous  devriés  à  la 
réception  de  la  présente  vous  mettre  avec  elle  dans  la 
cliaize,  qui  vous  sera  fournie  à  cet  effet,  et  faire  monter 
dans  une  autre  chaize  de  suite  la  femme  de  chambre, 
avec  un  bas  officier  de  vôtre  Régiment  bien  affidé,  et 
partir  aussitôt  pour  le  dit  Fort  de  Ceve  sous  l'escorte 
d'un  capitaine  et  de  trente  hommes  de  notre  Régiment 
de  Dragons  de  Piémont  que  nous  avons  destinés  pour 
mieux  assurer  la  traduction  de  ladite  dame, avec  laquelle 
vous  devrés  user  de  toute  la  modération,  et  manières  les 
plus  propres,  sans  pourtant  manquer  en  rien  de  ce  qui  a 
raport  a  la  sûreté  de  sa  personne,  ne  permettant  à  qui 
que  ce  soit  de  lui  parler,  ni  en  chemin  ni  ailleurs,  hors  à 
la  femme  de  chambre,  et  ne  marchant  que  pendant  la 
nuit,  et  bien  entendu  que  la  femme  de  chambre  aussy 
ne  puisse  parler  uniquement  qu'à  sa  maîtresse. 

Vous  pourres  garder  au  dit  Fort  le  détachement  de 
Dragons  jusqu'à  ce  qu'on  y  envoie  une  garnison  suffi- 


845 

santé  pour  mieux   assurer  le  service  des  dits   prison- 
niers (1). 

Et  sur  ce  nous  prions  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  s^'^ 
garde, 

A  Turin  ce  28  septembre  1731. 

C.  Emanuel  ;  et  plus  bas  de  Caroli. 

Il  rè  di  Sardegua,  di  Cipro  e  di  Gerusalemme. 
Maggiore  di  Monfort.  Essendo  mente  nostra  che  il 
dislaccamento  r1e  Dragon  de  Piemonte  quale  si  rilrova 
costi  comandato  si  restituisca  al  suo  corpo^  abbiamo 
ordinaloal  conte  di  S.  Nazar  governatore  del  Mondovi 
di  somministrare  altro  distaccamento  di  sirail  numéro 
d'homini  del  Baltaglione  Svizzero  gia  di  Belmont  cola 
presidiato  comandato  da  un  luogotoncnte  par  rendersi  a 
restare  costi  sotto  gli  ordini  vostri  in  vece  di  quelle  di 
detti  Dragon  onde  dovrete  ricevera  dette  novo  distacca- 
mento in  cotesto  Forte  al  suo  arrive  in  esso  e  lasciar 
partir  l'altro,  inseguendo  l'ordine  di  Tappa  che  vi  verra 
transmesso  dalla  segretaria  nostra  di  guerra.  Tanto  ese- 
guiie  e  nostresignore  vi  conservi. 

Torino  li  14  &>'<^  1731. 

Signé  :  C  Emanuele. 

Contresigné  :  Taglianti  ou  Jaglianti. 

Al  Maggiore  di  Moufort. 

Deux  mois  plus  tard,  le  roi  de  Sardaigne  con- 
sentit à  réunir  la  marquise  à  Victor-Amédëe,  et  le 
major  de  Montfort  fut  encore  chargé  de  l'amener 
à  Moncalier,  en  suivant  un  itinéraire   déterminé. 

Par  une  lettre  du  7  décembre,  signée  Ch.  Em- 
manuel et  contre-signée  d'Ormea,  on  lui  écrit  : 

(l)  Cette  garnif-on  fut  envoyée  au  milieu  du  mois  suivant^ 
comme  l'indique  l'ordre  du  14  octobre. 


346 

Puisque,  à  cause  de  la  pluie,  vous  ne  pourries  exé- 
cuter l'ordre  à  la  lettre  sans  faire  des  efforts  qui  pour- 
roient  incommoder  la  dite  Marquise  ou  causer  des  in- 
convéniens  bruyans  sur  la  route,  que  vous  prenies  telle 
route  qui  vous  sera  plus  commode  et  y  employés  le 
tems  qui  vous  sera  nécessaire  en  évitant  les  inconvéniens 
susdits,  persuadé  que  vous  ferés  au  reste  toute  la  dili- 
gence qui^  indépendamment  de  cela,  dépendra  de  vous. 

Le  11  juillet  1735,  Charles  de  Montfort  qui  est 
alors  commandant  du  fort  de  la  Brunetta  (1), 
achète  des  terres  à  Gela  (2)  ;  il  est  représenté  par 
son  allié  Jean-Baptiste  de  Nouvelles. 

Il  mourut  le  9  février  1742,  à  Suse  (Piémont), 
où  il  commandait  le  régiment  caserne  à  la  cita- 
delle. Il  était  aussi  général  des  milices,  si  l'on 
peut  traduire  ainsi  son  acte  de  décès  : 

u  Die  nona  Fobruarij  1742.  lll^us  Dus,Caiolus  de 
Monfort  dux  Icgionis  in  eadem  Arce  (Segusie)  et 
generalis  militiœ  S.  R.  M.  Sardiniœ  et  Sabau- 
dus...  obiit.  »  (R.  P.). 


(1)  Fort  près  de  Suse,  Piémont. 

(2)  Hameau  de  Rumilly,  à  peu  de  distance  de  Reinex,  au- 
dessus  de  la  maison  de  C/iaca/mc. 


347 
XIII. 

Enfans  de  Joseph  de  Montfort  et  de 
Claudine  Isabeau  Chevrier. 

Marie-Madeleine  de  Montfort,  de  Conzié, 
née  à  R.  le  8  décembre  1677;  mariée  le. . . .  à  n. 
Louis  d'Aniéres,  déjà  veuve  en  1714,  héritière 
universelle  de  son  père,  fait  une  transaction  de  fa- 
mille le  4  avril  1722;  très  nombreux  actes;  elle 
signe  d'une  écriture  élégante,  ferme  et  dégagée  ; 
Marie  de  Montfort  ;  ensevelie  à  R.  le  23  juin 
1751,  à  l'âge  de  74  ans. 

François-Thadée  de  Montfort,  ne  à  R.  le  6 
novembre  1678. 

Emmanuel-Philibert,  né  à  R.  le  10  mai  1681. 

Julien,  né  à  R.  le  28  octobre  1682. 

Andréanne  de  Montfort,  née  à  R.  le  18 
novembre  1683,  décédée  le  17  août  suivant. 

Marie-Anne  de  Montfort,  née  à  R.  le  14 
mai  1685.  On  trouve  dans  les  R.  P.  Anne-Marie 
de  Consy,  décédée  à  R.  le  1®''  avril  1696. 

Françoise  de  Montfort,  née  à  R.  le  25  sep- 
tembre 1686. 

Marguerite  de  Montfort,  née  à  R.  le  12 
août  1689,  décédée  à  R.  le  24  juin  1725. 

Claude  de  Montfort,  fils  de  Joseph,  décédé 
à  R.  le  8  février  1694,  enseveli  dans  la  chapelle 
de  Saint-Claude. 


348 

Il  semble  que  tous  les  enfants  de  Joseph  do 
Montfort  moururent  jeunes  et  sans  se  marier,  sauf 
Marie- Madeleine,  femme  de  Louis  d'Anières, 
car  c'est  au  nom  de  noble  d'Anières  que  la  mai- 
son de  Montfort,  de  la  place  du  Bourg  k  Rumilly, 
fut  inscrite  sur  le  cadastre  de  1730-1738.  Il  s'agit 
probablement  d'un  fils  de  Louis  et  de  Marie- 
Madeleine  de  Montfort. 

On  trouve  au  Registre  56  des  Edits,  Bulles,  etc. 
(Archives  du  Sénat  de  Savoie)  :  Pierre  Revilliot, 
maître  chirurgien,  bourgeois  de  Rumilly,  nommé 
le  23  juillet  1710,  tuteur  de  n.  Joseph-Franrois 
de  Con^i/,  «  aux  gages  de  230  florins  par  an,  ou- 
tre les  frais  de  sa  nourriture  et  de  celle  do  son 
cheval  lorsqu'il  vaquera  pour  les  intérêts  du 
pupille  ». 

La  filiation  n'est  pas  indiquée;  il  ne  peut  s'agir 
de  François-Joseph,  fils  d'Aimé-Philibert,  qui 
mourut  au  comiiiencement  de  1G75.  (V.  le  12*'  do- 
gré.) 

Enfans  de  Charles  -  Emmanuel  de  Mont- 
fort, DE  MiONNAZ  de  LoBLAZ,  BARON  DE  CrESTE 

(frère   du     vicaire   général    Joseph-Gaspard    de 
Montfort). 

Dans  une  pièce  de  procédure  de  1679  ,  Charles- 
Emmanuel  est  appelé  Charles-Aymé;  nous  avons 
trouve  sur  les  registres  paroissiaux  de  Menthon- 
nex.  â  la  daic  du   12  janvier  1606,  Ma/'ie-A/uie 


349 

de  Fondras,  épouse  du  seigneur  baron  de  Creste  ; 
et  à  diverses  reprises  la  mention  de  Charles  de 
Montfort,  Ijaron  de  Creste* 

Nous  sommes  sans  renseignements,  depuis  ce 
moment,  sur  lui  et  sur  son  frère  Hyacinthe. 

1701,  14  mai,  décès  de  François-Joseph  de 
Monifori,  seigneur  de  Mionnaz  et  Loblaz  (R.  P. 
de  Menthonnex). 

On  trouve  sur  les  registres  paroissiaux  de  Crem- 
pigny,  en  1694,  l'indication  des  mariés  n.  J.  Bap- 
tiste de  Macliet,  seigneur  de  la  maison-forte  de 
Mionnaz  et  n.  Géorgie  de  Launay.  Celle-ci  mou- 
rut veuve,  à  Crerapigny  le  4  mai  1G96. 


Outre  les  différents  personnages  énumérés  jus- 
qu'ici, nous  avons  rencontré  divers  noms  qu'il  est 
assez  difficile  de  placer  exactement. 

1670,  février,  Pierre-François  de  Consy;  est 
témoin  au  mariage  de  Marie-Marguerite  de  Mon- 
fort  avec  J.-B.  de  Mouxy.  Il  s'agit  probablement 
de  François-Joseph  de  Montfort  (xii''  degré). 

1686,  26  février,  sépulture  à  II.  de  Louise  de 
Montfort  âgée  de  7  ans. 

1696,  16  février,  Claire  de  Confié  est  marraine 
à  Massingy  ;  mariée  à  n.  etp'  Jean-Joseph  de  Bra- 
corens  de  Savoiroux  ;   est   prénommée   Berthe- 


350 

Claire,  dan«  l'acte  de  naissance  de  leur  fils 
Pierre-Franrois  qui  a  pour  parrain,  le  10  novem- 
bre 1695,  Pierre-Franrois  de  Consy  ;  —  appelée 
Claire  de  Coucy  et  Claire  de  Coussy  dans  les  actes 
de  naissance  de  leur  fille  Anne,  2  avril  1710  et  de 
leur  fils  Franrois-Sigismond,  9  décembre  1705, 
etc.  (R.  P.  de  R.) 

Si  cette  dame  s'appelait  Claire  df  Coucy,  et  il 
semble  bien  qu'il  en  est  ainsi,  elle  sortait  do  la 
famille  de  ce  nom  à  Cliillv,  commune  au  nord  de 
Menthonnex. 

Marie- Auguste  ou  Marie-Aug ustine  de  Mont- 
fort,  religieuse  à  la  Visitation  de  R.,  y  décédëe 
en  février  1750,  après  3G  ans  de  profession,  âgée 
de  56  ans,  née  en  conséquence  vers  1691. 

1762,  9  février,  naissance  à  Bloye  d'un  enfant 
de  Michel  Chenal,  bourgeois  de  R.  et  d'Anne  de 
Consy  (R.  P.  de  Bloye). 


351 


TROISIÈME  PARTIE 


Lks  Conzié 

La  généalogie  de  cette  famille  importante  a  été 
dressée  à  diverses  reprises.  M.  le  comte  Amédée 
de  Foras  l'a  publiée  au  tome  II  de  son  Armoriai 
et  Nobiliaire  de  Savoie,  p.  157  à  163  ;  il  y  a  fondu 
avec  ses  propres  renseignements  ceux  qu'il  a  tirés 
de  GuiCHENON,  Histoire  de  Bresse  et  de  Bugey, 
verbo  Conzié,  de  Grillet,  même  nom,  de  La 
Chenaye  des  Bois,  Dictionnaire  de  la  noblesse, 
et  enfin  d'un  «  Mémoire  généalogique,  imprimé 
à  Paris  en  1780,  contenant  l'analyse  des  titres 
produits  pour  établir  la  filiation  des  différentes 
branches  de  la  maison  de  Conzié  » .  C'est  le  texte 
de  ce  Mémoire  que  M.  de  Foras  a  suivi  de  pré- 
férence et  nul  mieux  que  le  savant  et  conscien- 
cieux liéraldiste  n'aurait  pu  faire  ce  choix  avec  le 
discernement  éclairé  qu'exige  l'étude  de  ces  ma- 
tières souvent  obscures  ou  confuses. 

Nous  n'avons  pas,  évidemment,  l'intention  de 
rectifier  un  travail  fort  bien  fait.  Nous  voulons  le 
suivre  au  contraire  en  y  ajoutant  les  renseigne- 
ments nouveaux  et  parfois  différents,  que  la  pos- 
session de  nombreuses  pièces  nous  a  fait  connaî- 
tre, et  en  publiant  des  extraits   ou  des  analyses 


352 

des  documents  présentant  un  intérêt  spécial.  C'est 
ainsi  que  nous  publierons  en  entier  la  protestation 
présentée  en  1747  au  roi  d'Espagne  par  le  comte 
de  Conzié  contre  les  exactions  de  l'administra- 
tion espagnole  en  Savoie. 

La  quatrième  p;irtie  de  notre  travail  contiendra 
les  chartes  de  fondation  des  chapelles  des  Conzié 
à  Bloye  et  à  Rumilly  celles  des  Montfort  àGray  ' 
et  à  Passy,  et  quelques  indications  sur  les  ruines  du 
château  de  Crèle  à  Versonnex  (canton  de  Rumilly). 

Parmi  les  différentes  localités  portant  le  nom 
de  Conzié  dans  nos  régions,  nous  croyons  que 
celle  de  Conzié,  à  Bioye,  près  Rumilly^  a  donné 
son  nom  a  la  famille.  Nous  ne  pensons  pas,  qu'au 
contraire^  c'est  ce  petit  fief  qui  a  reçu  le  nom  d'un 
noble  du  onzième  siècle  ou  du  douzième,  qui  se- 
rait venu  s'y  établir  et  v  construire  un  château. 
Le  nom  de  Conzié,  qu'on  prononce  encore  Con:;y 
dans  le  pays,  est  écriture  Cotuiaco  en  latin  ;  il  a 
exactement  la  mhiie  forme  que  celle  des  noms  de 
la  localité  importante  de  la  contrée,  Rumilly,  c/e 
RLunillaco,  et  de  toutes  les  paroisses  avoisinantes, 
de  Bloiaco,  Bloye,  de  Massingiaco,  de  Moiaco, 
de  Marigniaco,  de  Boussiaco,  de  Albiaco  ou  Ar- 
biaco  ;  paroisses  qui  existaient  toutes  avec  ces 
noms  au  onzième  siècle.  (Voir  les  Cartidaires  des 
abbayes  de  Savigtiy^  d'Aùiay,  etc.)  Comme  ceux 
de  ces  paroisses^  le  nom  de  Conzié,  attaché  â  la 
localité,  doit  remonter  à  une  haute  antiquité. 


353 
Premiers  degrés  selon  La  Chesnaye 
(A.  DE  Foras;  Armoriai  II,  p.  158). 

I.  GaléaSj  seigneur  de  Conzié,  chevalier,  vi- 
vant en  1103,  possédait  aussi  Vauchier,  en  Bugcy. 
Il  laissa  de  Catherine  de  INIalagnier  : 

1°  II.  Guy-Conrad,  seigneur  de  Conzié,  vivant 
en  1150,  marié  à  jMarlhe  de  Marsie,  fille  d'Hubert 
de  Marsie. 

2°  Nicod;  il  lait  la  brandie  des  seigneurs  de 
Vauchier  ;  épousa  Guigonne,  fille  d'Armand,  sei- 
gneur de  Candie  (1);  eut  pour  fils  : 

III.  RoLLET,  seigneur  de  Vauchier,  un  des  gen- 
tilshommes qui  prirent  la  croix  en  114G  et  accom- 
pagnèrent en  Terre- Sainte  Amédée  111,  comte 
de   Savoie.  Alliance  inconnue. 

Rollet  eut  pour  descendans  Guigues,  seigneur 
de  Vauchier,  et  Perrette  ,  mariée  :  1°  à  Jean 
Potremont  de  Montfalcon  (2)  ;  2°  à  Jacques  de 
Balleyson.  Guigues,  laissa  d'Anne  de  Balleyson  : 
Jean,  damoiseau,  marié  à  Berthe  de  Syon  (3); 
Aymon,  seigneur  de  Vauchier,  chevalier,  1279, 
alliance  et  postérité  inconnues;  Louis,  marié  à 
Françoise  Maréchal,  Gabrielle,  à  Guillaume  do 
Portier  (4). 

(1)  Candie,  tout  près  de  Chambéry. 

(2)  Montfalcon,  seigneurie  à  l'ouest  d'Albens,  à  1:2  kilo- 
mètres sud  de  Rumilly. 

(3)  Sjioii  ou  Sion,  paroisse  à  7  kilomètres  sud-ouest  de 
Rumilly. 

(-4)  Portier,  vieille  famille  de  Rumilly,  ayant  des  fiefs  à 
Boussy,  à  Bloye.  23 


354 

III.  Aymon  [fils  de  Guy-Conrad],  seigneur  de 
Conzié,  chevalier,  marié,  le  14  mars  1194,  à  Ga- 
brielle,  fille  de  Jean,  seigneur  de  Liicinge,  issue 
des  barons  souverains  do  Faucigny  [?].  Un  titre, 
du  6  des  nones  de  mars  1240,  prouve  qu'il  s'était 
retiré  au  monastère  de  Montjoux  (1). 

Il  eut  trois  fils,  Vautier  et  Guillaume,  l'un  et 
l'autre  religieux  à  Montjoux,  et 

IV.  Pierre,  seigneur  de  Conzié,  chevalier;  vi- 
vait encore  en  1270  et  fut  père  de 

V.  Pierre  II,  chevalier,  marié  k  Briande  d'Hau- 
te ville  (2). 

Avant  dépasser  à  la  généalogie  d'après  Guiclie- 
non  et  le  Mémoire  cité,  M.  de  Foras,  p.  159,  in- 
dique : 

Théobald  de  Confié  passant  reconnaissance,  le 
16  juillet  1280,  de  ce  qu'il  possède  à  Grulïy 
(Sommaire  des  fiefs  de  Savoie).  —  [Nous  avons 
trouvé,  outre  cette  indication,  celle  que  ce  Théo- 
bald éi?àX  fi\s  àQ  Pierre,  car  il  reconnaît  tenir  en 
fief  de  Robert  de  Genève,  évoque  de  Genève,  les 
biens,  à  GrufEy  et  à  Bloye,  déjà  reconnus  par  son 
père  Pierre  de  Conzié  en  1278  (3).  Ce  Théobald 
est  donc  fils  de  Pierre  I  de  Conzié   et  frère  de 

(1)  Le  Grand-Saint-Bernard. 

(2)  Hautemlle  en  Genevois,  paroisse  à  7  kilomètres  nord 
de  Rumilly  ;  le  cliàteau  et  la  seigneurie  passèrent  à  de  nom- 
breux possesseurs  ou  co-seigneurs. 

(3)  Fr.  MuGNiER,  Répertoire  de  titres  et  documents  re- 
latifs à  l'ancien  comté  de  Genevois,  p.  15. 


355 

Pierre  II  ;  ]  —  prête  hommage  au  comte  de  Gene- 
vois le  17  juin  1308  (Inventaire  Savoiroux).  — 
Guillaume  de  Coiuié,  prête  hommage  à  l'évêque 
de  Genève,  le  25  octobre  1278,  pour  ses  fiefs  de 
Rumilly]  ?]  et  de  Charansonnox. —  Guillaume  de 
Confié,  dit  le  Vieux^  donne  à  Aimon  de  Conzié 
ses  fiefs  de  Vaudry  [Vauchierf]  etc.;  mort  en 
1279,  enterré  au  prieuré  de  l'Aumône  [à  Rumilly, 
sur  la  rive  gauche  du  Chéran]. 

Un  Guillaume  de  Conzié,  mort  avant  1285,  au- 
rait eu  :  1°  Hugon  de  Conzié,  marié  à  Jucque- 
mette,  fille  de  feu  Wiilelme  de  Rumilly.  Le  10 
des  calendes  de  mars  1285  (Arch.  Savoiroux), 
Aymonet  de  Rumilly,  frère  de  l'épouse,  donne 
caution  pour  sa  dot  ;  2°  M""'  Martin  ;  c'est  entre 
ses  mains  que  sera  payée  la  dot  promise  à  son 
frère.  [Descendance  inconnue.] 

[Nous  trouvons  un  Aymon  de  Conzié,  curé  de 
Rumilly  en  février  1323  (1). 

Sur  ces  premiers  Conzié  et  sur  le  prieuré  de 
Notre-Dame  de  l'Aumône  à  Rumilly,  voir  la  qua- 
trième partie,  V  et  VI]. 


(1)  MuGNiER.   Corps  dos  Fondations  de  l'église  de  Ru- 
miWj,  page  IGO, 


356 

Généalogie  suivant  Guichenon  et  le  Mémoire 
cité  (A.  de  Foras,  p.  159.)  —  Branche  aînée. 

I.  Jean  de  Gonzié,  mentionné  par  son  fils  en 
1313.  [Jean  de  Gonzié,  père  de  Guillame,  est  in- 
diqué comme  décédé  déjà  en  octobre  1278  (1)]. 
Guichenon  l'appelle  Pierre.  Ses  fils  :  1°  IL 
Pierre,  seigneur  de  Gonzié,  chevalier,  marié  k 
Briande  d'Hauteville-en-Genevois  ,  mort  avant 
1337  (ce  degré  II  correspond  au  V"  de  La  Ghes- 
naye)  ;  2'"  Rolet  de  Gonzié;  fit  la  branche  des 
seigneurs  de  Vauchier,  teste  le  10  février  1270  ['^], 
marié  à  Madeleine  de  Marcossey  (2).  Prèle  hom- 
mage au  comte  de  Genevois,  le  12  des  calendes  do 
novembre  1313,  pour  ses  biens  de  Rumilly,  Gha- 
ransonnay,  Bissina,  etc.  (3).  Rolet  est  père  de  Gi- 
rard de  Con^^ié,  marié  le  23  juillet  1324  ou  1334, 
à  Broisette  de  Lornay  (4),  qui  teste  le  25  avril 
1381  ;  lui,  le 31  juillet  1386  ou  1390.  etc. 

Branche  cadette. 

Girard  fut  père  de  Pierre,  seigneur  de  Vau- 
chier, conseiller,  maître  d'hôtel  et  ambassadeur 
d'Amédé  Yll,  comte  de  Savoie,  marié,  le  18  août 

(1)  Répertoire  cité,  p.  13. 

(2)  Marcossey,  localité  du  Faucigny. 

(3)  Charaiiscnnarj,  liamcau  de  la  jDaioissc  de  Massiiigy 
Bessina,  hameau  de  la  paroisse  do  Moyc. 

(4)  Lornay,  paroisse  du  canton  do  Rumilly,  ainsi  que  les 
deux  précédentes,  et  Bonnegucte. 


357 

1385,  âNicolotte,  fille  de  Jacques  d'Epagny  (1); 
testa  le  4  janvier  1418  ;  il  fut  père  de  Jacques, 
seigneur  de  Vauchier  et  de  Conzié,  près  Rumilly. 

Nous  reviendrons  à  ce  Jacques  de  Conzié. 

[Il  semble  que  c'est  à  Pierre  de  Con:^ié,  sei- 
gneur de  Vauchier,  que  se  rapporte  un  acte  de 
réachept  des  biens  de  la  chapelle  de  Conzié,  â 
Bloye,  reçu  parM^  du  Rhône,  notaire  à  Rumilly, 
le  31  août  1419]. 

Branche  aînée. 

II.  Pierre,  marié  à  Briande  d'Hauteville-en- 
Genevois,  a  eu  pour  enfans  :  i"  Pernette  de 
Conzié,  mariée  1°  à  Nicolet  de  Charansonnay  ;  2°  à 
Péronet  de  Syon  ;  —  2°  Thibaud,  mort  jeune,  et 
d'autres  frères  dont  le  nom  est  resté  inconnu  et 
qui,  le  12  août  1337,  possédaient  une  maison  à 
Rumilly. 

3°  III.  Jean,  seigneur  de  Conzié,  qui  teste  le  4 
juin  13G1,  épouse  Françoise  ou  Catherine  de 
Montluel  ;  chevalier,  seigneur  do  Chàtillon-en- 
Chautagne,  mort  avant  1372. 

Jean  a  pour  enfans  :  Briande  ou  Briancie,  ma- 
riée, après  le  23  mars  1372,  à  Guillaume  de  Ma- 
reste  [noble  savoyard,  en  Chautagne];  — Jean, 
damoiseau,  et  —  Pierre  (2)  ;  —Pierre,  seigneur 

(1)  EpcKjiiij,  paroisse  au  nord-ouest  d'Annecy. 

(2)  M.  de  Foras  place  ici  :  (?)  Tkèobald  de  Co/icic,  prieur 
de  Honneguête  en  mai  1381. 


358 

de  Conzié,  épouse  Amphélise  de  Verboz  (1).  Il  eut 
pour  enfans  :  Plu'liberte,  femme  de  Jean  de  Sacco- 
nay  [près  Genève]  ;  Marguerite,  seconde  femme  de 
Pierre  Alleman,  seigneur  d'Arbent  [en  Bugey], 
mère  du  cardinal  Louis  Allemand  [on  Allamand]; 
Bernarde ,  mariée  à  François  de  Menthon  ,  et 
Jean  de  Conzié. 

V.  Jean,  seigneur  de  Conzié^  épouse  Jeannette, 
fille  de  Jacques  d'Orlier  et  d'Aynarde  de  Din- 
giô  (2),  qui  teste  le  11  août  1396  (3).  Elle  est 
tutrice  de  son  fils  en  mai  1379. 

Pierre  de  Conzié  et  Amphélise  de  Verboz  eu- 
rent encore  pour  fils  :  François  de  Conzié   [le 

(1)  Vcrbos  ou.  Verfcou^,  fief  en  Semine  (Genevois),  rive 
gauche  du  Rhône.  D'après  Grillet,  Dictionnaire  du  Mont- 
Blanc,  t.  II,  ce  Pierre  (III)  fut  conseiller  et  maître  d'hôtel 
d'Amédée  VIII  qui,  en  1413,  l'envoya  en  ambassade  extra- 
ordinaire auprès  de  l'empereur  Sigismond  pour  obtenir  l'é- 
rection de  la  Savoie  en  duché,  ce  qui  fut  effectué  à  Cliam- 
béry  le  16  février  1416. 

(2)  D'Orlier j  nobles  du  Genevois,  près  d'Aix-les-Bains. 
Dingrjj  paroisse  entre  Annecy  et  Thônes. 

(3)  Dans  notre  Corps  des  Fondations  pieuses  de  l'Eglise 
et  de  l'Hôpital  de  Rumilltj,  nous  avons  signalé  Louis  de 
Confié,  prêtre,  au  nombre  des  chapelains  (cappelani)  de 
l'église  de  Sainte- Agathe,  de  Rumilly,  en  1396  ;  et,  en  1418, 
vénérable  Hugonin  de  Consiè,  légataire  de  Jean  de  Conzié, 
notamment  pour  des  bien  .s  à  Bessine,  paroisse  do  Moye.  Ce 
dernier  doit  être  le  même  que  M"  Hugues  de  Conzié,  cha- 
noine de  Saint-Pierre-d'Avignon.  Louis  est  sans  doute  le 
même  que  Louis  de  Conzié,  fils  de  Jacques,  curé  de  Son- 
naz,  prieur  de  Saintc-IIéléne- des  Millières. 


359 

plus  illustre  desarace.etâ  qui  nous  consacrons,  à  la 
quatrième  partie,  une  notice  spéciale  et  détaillée]. 

VI.  Jean  de  Gonzié,  fils  de  Jean  et  de  Jean- 
nette d'Orlier.  En  lui  faillit  la  ligne  directe  des 
Conzié,  car  il  n'eut  pas  d'enfants  d'Antoinette^ 
fille  de  Thibaut  de  Chàtillon,  co-seigneur  deMar- 
lioz  (1)  ;  suivant  le  Mémoù^e,  sa  veuve  se  serait 
remariée  avec  Jean  d'Orlier. 

Il  teste  le  l^r  février  1402,  à  Avignon  ;  veut  être  en- 
terré dans  l'église  paroissiale  de  Rumilly,  au  tombeau 
de  ses  prédécesseurs.  Fait  des  legs  à  sa  mère,  à  sa  fem- 
me, aux  église  et  léproserie  de  Rumilly,  à  N.-D.  de 
l'Aumône,  Bloye,  etc.  A  défaut  par  lui  d'avoir  des  en- 
fans  mâles,  nomme  héritier  universel  son  oncle,  l'ar- 
chevêque de  Narbonne,  qu'il  charge  de  régler  ses  obsè- 
ques ,  comme  personne  privée  [et  comme  le  principal 
représentant  de  la  race  des  Conzié],  «  tanquam  princi- 
paliter  exeuntem  de  génère,  cognomen  et  arma  ha- 
beniemillorum  generis  de  Conziaco.  »  Après  l'arche- 
vêque, il  nomma  héritier  le  fils  aîné  de  Pierre  de  Conzié, 
son  consanguin  [cousin],  damoiseau,  du  diocèse  de  Ge- 
nève, puis  le  second.  A  défaut,  il  substitue  un  des  mâles 
d' Etrangle  de  Sion,  femme  de  N.  Pierre  de  Balley- 
son  (2),  fin  ^  de  feu  Péronette  de  Conzié,  lequel  porterait 

(1)  Marlio:;,  nom  assez  répandu  en  Savoie.  Il  peut  s'agir 
de  Marlioz,  mas  h  Boussy  avec  maison-forte,  rive  droite  du 
Chéran,  tout  près  de  Rumilly  ;  et,  plutôt,  de  la  seigneurie 
de  Marlioz,  paroisse  au-dessus  des  Usses,  près  Frangy. 

(2)  Ce  Pierre  de  Ballaison  sera  choisi  pour  arbitre,  en 
1413,  à  Rumilly,  par  l'archevêque  François  de  Conzié,  son 


360 

le  nom  et  les  armes  pures  de  Conzié  ;  autrement  il  ap- 
pelle un  des  mâles  de  N.  Hugonin  Brunier,  damoiseau, 
son  cousin,  qui  prendra  son  nom  et  ses  armes.  11  recon- 
naît avoir  reçu,  pour  la  dot  d'Antoinette  de  CMtillon, 
sa  femme,  cent  florins,  par  les  mains  de  Georges  de 
Marlioz,  chevalier,  oncle  de  ladite  Antoinette.  (A.  de 
Foras,  loc.  cit.,  p.  158). 

Revenons  à  la  branche  cadette  des  Conzié,  hé- 
ritière de  la  branche  aînée  : 

Jacques  de  Conzié,  seigneur  de  Vauchier  et 
de  Conzié,  fils  de  Pierre  et  de  Nicolette  d'Epa- 
gny.  —  Légataire  de  l'archevêque  de  Narbonne; 
—  marié,  en  1464,  à  Isabelle,  fille  de  Philippe  de 
Mouxy;  ou,  d'après  Grillet,  à  Nicolette,  fille 
d'Humbertde  Mouxy.  [Le  10  janvier  1455,  il  passe 
une  convention  avec  Michel,  Claude,  Antoine  et 
Jean  de  Balleyson,  frères,  fils  de  Jean  do  Balley- 
son  par  laquelle  ils  s'engagent  mutuellement  à 
se  transmettre  leurs  biens  par  fidéicommis.  à 
défaut,  par  eux,  d'avoir  des  enfants  mâles  légiti- 
mes. (Voir  ci-après.)] 

Il  avait  un  frère  Claude  de  Conzié,  écuyer  de 
Marie  de  Bourgogne,  femme  d'Amédée  VIII,  duc 

oncle?  (Voir  ci  après).  Gaigues  de  Ballaison  était  sacristain 
du  prieuré  bénédictin,  de  Rumilly,  en  1338  (Corps  des 
Fondations  pieuses,  p.  37  et  43),  et,  suivant  le  Pourpris 
historique,  p.  180,  déjà  le  24  mars  1328.  —  Voir  aussi  la 
transaction  du  10  janvier  1455  ci-après. 


361 

de  Savoie,  mort  en  1451  sans   postérité  ;  —  et 
deux  sœurs  Jeannette  et  Giiille mette. 
Il  eut  pour  enfants. 

M''^  Hugues  de  Conzié?,  Rolette,  Amédée  qui 
continua  la  famille,  —  Louis,  curé  de  Sonnaz, 
prieur  de  Sainte-Hélône-des-Millières,  celui,  vrai- 
semblablement, qui  résigna  la  chapellenie  de 
Saint-Jean-Baptiste,  —  VI,  Jean,  seigneur  de 
Conzié  et  Vauchier,  ambassadeur  à  Venise  (1)  ; 
épousa  Rolette  de  Mouxy,  fille  de  Guy,  testa  le 
5  juillet  1483  ;  n'eut  pas  d'enfants  légitimes,  mais 
xme,  fille  donnée,  Jacquemette. 

[Nous  trouvons,  dans  un  inventaire  de  pièces , 
la  mention  «  de  lettres  obtenues  par  n.  Jean  de 
Confié,  de  feu  Louis,  duc  de  Savoie,  de  la  juridic- 
tion et  fondation  de  Conzié,  près  Rumilly,  du  12 
mars  1439;  signées  Boscod.  » 

Convention  du  10  janvier  1455 

Transactlo  fada  inter  nobiles  et  patentes  viros  Mi- 

CHAELEM,   ClAUDIUM,  AnTONIUM  Gt  JoANNEM  DE  BaLEY- 

soN,fratres,filios  et  heredes  unicersales  n.  et  pot.  vlri 
guondam  Joannis  de  Baleysone  militis,  dnmini  loci 
Baletjsonis,  ex  una  ;  —  et  n.  et  pot.  Jacobum  de  Con- 
ziaco,  dominum  ipsius  loci  prope  Bumiliacum  in  Al~ 
banesio,  ex  altéra. 

(1)  Suivant  Guichenon,  Histoire  de  Bresse  et  de  Bi(fjc(/. 
Ce  Jean  de  Conzié  fut  homme  de  lettres,  envoyé  à  Venise 
par  le  duc  Louis,  pour  traiter  avec  la  République,  de  son 
droit  au  royaume  de  Chypre. 


362 

Les  parties  s'assemblent  à  Genève,  et  le  10  janvier 
1455,  dans  le  couvent  des  Dominicains  de  cette  ville, 
stipulent  par  le  ministère  de  François  Fabri,  d'Yenne 
en  Bugey,  dioc.  de  Belley,  notaire  et  secrétaire  ducal, 
en  présence  des  témoins  :  magnifiques  et  puissants 
seign.  Jacques,  comte  de  Afontmayeur  j  François  de 
la  Palud,  seign.  de  Varambon  et  comte  de  la  Roche 
(Rupe?);  Guill.  de  Luyrieux,  s.  de  Cueille  ;  Bertrand 
de  Duin,  s.  de  la  Val-d'Isère,  conseillers  ducaux  et  de- 
meurant actuellement  avec  Mgr  le  duc  de  Savoie,  Hu- 
gues de  Copponai/,  s.  dudit  lieu  ;  Christophe,  l'un  des 
trésoriers  patrimoniaux  de  Savoie,  et  les  honnêtes  hom- 
mes, Jean  Jeanneret.  de  Lausanne  et  Girard  A  y  mon, 
habitans  de  Genève. 

Les  contractans  déclarent  qu'ils  veulent  éviter  tous 
procès  futurs  et  rappellent  le  testament  de  Jean  de  Ba- 
leyson  du  24  mai  1444,  reçu  par  le  not.  Jean  Liece- 
niti  (1),  du  dioc.  de  Grenoble,  et  après  avoir  vu  et  lu 
les  substitutions  qui  y  sont  indiquées,  arrêtent  :  que  s 
les  frères  de  Baleyson  meurent  sans  enfans  mâles  et  lé- 
gitimes, s'il  ne  reste  d'eux  aucun  enfant  de  ce  genre, 
leur  cousin  (consanguineusj  l^ean  de  Conzié  ou  ses  suc- 
cesseurs deviendront  les  héritiers  de  tous  leurs  biens 
situés  dans  les  patries  de  Chablais,  Genevois,  Faucigny, 
et  autres  du  duché  de  Savoie,  sous  la  réserve  qu'ils  font 
pour  eux  et  leurs  successeurs  :  1°  qu'ils   puissent  tou- 

(1)  La  copie,  très  bien  conservée,  a  été  faite  à  Chanibcry 
le  4  février  1G59,  sur  l'expédition  originale,  en  vertu  d'or- 
donnance du  juge-maje  de  Savoie,  Janus  de  Bcllegarde.  La 
date  du  testament  de  Jean  do  Conzié,  n'est  pas  indiquée.  Il 
s'agit  sans  doute  du  testament  du  1°'  février  1402  ;  le  nom 
du  notaire  Jean  Lieceniti  a  été  certainement  mal  lu. 


363 

jours  et  en  tout  cas  disposer  en  faveur  de  qui  ils  vou- 
dront d'une  somme  de  500  florins  p.  p.  monnaie  de  Sa- 
voie ;  —  2»  que  tant  que  leur  parent  n.  Guigne  de 
Baleyson  (cognatus  germanus  dictorum  nobilium),  ou 
l'un  de  ses  successeurs,  mâle  et  légitime,  vivra,  la  subs- 
titution en  faveur  des  Conzié,  sera  non  avenue. 

Réciproquement,  Jacques  de  Conzié  substitue  les 
nobles  de  Baleyson  en  cas  de  décès  de  lui-même  ou  de 
ses  successeurs  sans  enfants  mâles  et  légitimes,  tout  en 
se  réservant  de  disposer  librement  du  quart  de  ses  biens, 
la  descendance  féminine  étant  nominativement  exclue, 
et  c'est  pour  tous  les  biens  qu'il  a  reçus  à  titre  héré- 
ditaire de  son  oncle  (aouncidi)  feu  Jean  de  Conzié  et  de 
feu  Pierre  de  Conzié  son  père. 

Les  parties  déclarent  encore,  que  les  héritiers  en  vertu 
de  la  présente  substitution,  devront  porter  le  nom  et 
prendre  les  armes  de  la  famille  à  laquelle  ils  succéde- 
ront, tout  en  ayant  le  droit  de  les  éearteler  des  leurs  pro  • 
près  :  «  ialis  succedens  tenehitar  portare  nomen  et  arma 
oui  succedebant  ;  si  tamen  volueriné  eis  licitum  et 
commodum  fuerit  cum  hiis  (suisarmis)  escartellatis.  )> 

Et  parce  qu'il  arrive  très  souvent,  disent  les  contrac- 
tans  que  d'infinies  difficultés  surgissent  de  l'examen  d'ac- 
tes de  ce  genre  par  les  seigneurs  juristes,  ils  s'interdisent 
pour  toujours  de  recourir  aux  légistes  et  interprètes  des 
lois  ;  ils  devront  s'adresser  à  de  bons  parents  et  amis  au 
nombre  de  quatre  à  qui  ils  confieront  le  pouvoir  d'arbi- 
trer souverainement  et  qui  décideront  ainsi  sur  tous  dé- 
saccords (1). 

Les  parties  prêtent  serment  d'observer  le  pacte  qui 
vient  d'être  conclu,  sous  l'obligation  de  tous  leurs  biens 

(1)  Cette  excellente  disposition  contenait  pour  les  Conzié 
un  bon  conseil  qu'ils  ont  eu  le  tort  de  ne  pas  suivre. 


364 

et  avec  les  clauses  ordinaires  et  extraordinaires  de  re- 
nonciation à  toutes  les  exceptions  de  fait  et  de  droit  qui 
pouvaient  être  invoquées  dans  les  procès.  —  (Leur  énu- 
mération  tient  deux  pages  et  demie). 

Branche  cadette  (suite). 

VI.  Amédée  de  ConziÉj  fils  de  Jacques  et  d'Isa- 
belle de  Mouxy ,  seigneur  de  Conzié,  de  Vauchier 
et  Bolomier,  époux  à! Antoine,  fille  et  héritière 
de  Pierre  de  Bolomier,  grand  châtelain  de  Poncin; 
son  testament  est  du  8  mars  1485  (arrêt  du  Par- 
lement de  Dijon  de  1624).  Il  teste  à  Poncin  lel^*" 
mars  1494.  Sa  femme,  veuve  avant  le  24  octo- 
bre 1495,  teste  le  17  juin  1508. 

Amédée  de  Conzié  eut  unejïlle  donnée,  pré- 
nommée Péronnette,  et  de  son  mariage,  deux 
filles  :  Anne  et  Marguerite,  et  deux  fils  :  François 
et  Guibert,  An/ie  épousa  un  noble  de  Verboz,  sei- 
gneur dudit  lieu  et  de  Meras  en  Semine  Mar- 
guerite se  maria ,  1°  h  Jean  de  la  Charme  [Cha- 
rine]  (1);  2°  à  Jean  de  la  Beyvière. 

Testament  d'Amédée  de  Conzié 
1"  mars  I4di. 

N.  et  P"^  Amédée  de  Poncin,  rappelle  d'abord  au  no- 
taire Me  Amédée  de  Pingon,  de  Poncin,  que  l'année 
précédente  se  trouvant  malade  il  a  fait  devant  lui  le  17 

(1)  Ou  de  la  Charinc  ;  voir  ci-après  le  testament  de  Fran- 
çois de  Conzié,  1515. 


365 

avril  un  premier  leslament  qu'il  veut  remplacer  par  le 
présent. 

Après...  il  veut,  s'il  meurt  à  Poncin,  être  enseveli 
devant  le  grand  autel  de  l'église  dans  le  tombeau  des 
Bolomier,  et,  s'il  meurt  à  Conzié,  dans  l'une  de  ses 
chapelles  de  Rumilly  et  de  Bloye  ;  avec  six  torches, 
laissant  le  surplus  de  son  luminaire  à  la  disposition  de 
son  épouse  Antoine  de  Bolomier  ;  veut  13  pauvres 
vêtus  d'habits  blancs,  200  prêtres  disant  messe  le  jour  de 
sa  sépulture,  outre  200  messes  dans  les  40  jours  sui- 
vans  ;  don  à  chaque  pauvre,  ce  jour-là,  de  trois  quarts 
de  monnaie  ;  legs  à  diverses  chapelles  ;  aux  chanoines 
de  Poncin,  400  florins,  etc.;  —  à  6  jeunes  filles  de  Pon- 
cin, de  bonne  réputation,  10  florins  (pour  chacune)  en 
l'honneur  des  plaies  de  N.-S.  Jésus-Christ  ;  —  il  or- 
donne de  payer  ses  dettes  et  de  recouvrer  ses  créances 
au  chiffre  que  ses  créanciers  ou  ses  débiteurs  déclare- 
ront sous  la  foi  du  serment,  s'ils  jouissent  d'une  bonne 
réputation  ;  —  il  donne  20  florins  pour  la  dot  d'Alexie 
Guillote,  de  Cordon,  et  autant  pour  celle  de  Catherine 
Miltant  de  Massingy  ;  —  lègue  à  son  frère  vén.  D. 
Louis  de  Conzié,  prieur  de  Sainte-IIélène-des- Miniè- 
res, 5  florins  pour  tous  droits  quelconques  ;  —  à  vénér. 
D.  Georges  de  Bolomier,  cousin  de  sa  femme,  le  vivre 
et  le  vêlement  tant  qu'il  vivra  et  demeurera  avec  ses 
héritiers,  s'employant  à  la  conservation  de  leurs  biens  ; 
—  il  donne  à  Jacquemette  fille  donnée  de  Jean  de  Con- 
zié, son  défunt  frère  (1),  100  florins  outre  la  dot  que  le  dit 
Jean,  père  de  celle-ci,  lui  avait  constituée  ;  —  il  lègue  à 
Péronette  sa  propre  donnée  qui  demeure  avec  sa  sœur 
(la  sœur  du  testateur,  Rolette),  100  florins  pour  la  ma- 

(1)  Celui  qui  fut  ambassadeur  à  Venise. 


366 

rier,  outre  son  vêtement  nuptial  ;  —  à  noble  Rolette,  sa 
sœur,  veuve  de  n.  Hambert  Prière  ou  Prieur,  de  Duiu, 
5  florins  pour  tous  droits  de  partage,  etc.  ;  —  an. 
Anne  et  Marguerite  ses  très  chères  filles  de  lui  et 
d'Antonie  de  Bolomier,  à  chacune  1000  florins  pp.  outre 
leurs  vêtements  nuptiaux  suivant  l'usage,  et  dont  elles 
devront  se  contenter  pour  tous  droits  ;  il  recommande  à 
Marguerite  de  se  faire  religieuse,  si  telle  est  sa  volonté, 
et  lui  lègue  pour  ce  cas  une  rente  de  25  florins  qui  lui 
sera  payée  par  ses  héritiers  jusqu'à  ce  qu'ils  l'aient 
pourvue  d'un  bénéfice  qui  la  fasse  vivre  honnêtement  ; 
—  s'il  a  un  ou  une  posthume,  ou  des  posthumes,  il  veut 
qu'ils  soient  ecclésiastiques  ou  religieux  et  que  ses  héri- 
tiers leur  servent  une  pension  de  40  florins  jusqu'à  ce 
qu'ils  leur  aient  fourni  un  bénéfice  ou  une  prébende  qui 
les  fasse  vivre  honnêtement  suivant  leur  condition. 

Il  ordonne  à  ses  héritiers  de  faire  procéder  dans  l'an- 
née qui  suivra  son  décès  aux  funérailles  de  son  père 
Jacques  de  Conziéet  de  son  frère  qui  n'ont  pas  encore 
été  célébrées,  et  conformément  à  leurs  dispositions  par- 
ticulières (i). 

Il  veut  que  sa  femme,  Antoniede  Bolomier,  soit  usu- 
fruitière, gouvernante  et  tutrice  de  ses  héritiers  univer- 
sels tant  qu'elle  restera  veuve  ;  si  par  hasard  elle  ne 
voulait  pas  vivre  avec  ses  fils,  il  lui  donne  pour  rési- 
dence sa  maison  forte  de  Conzié  à  Bloye  avec  les  reve- 
nus des  biens  y  attachés  et  une  rente  de  100  florins  ;  il 

(1)  Les  funérailles  des  seigneurs  entraînaient  d'ordinaire 
de  grandes  dépenses  ;  elles  devaient  être  précédées  de  pré- 
paratifs et  de  convocations  que  lo  manque  d'argent,  ordinai- 
rement^ la  maladie  ou  d'autres  circonstances  faisaient  sou- 
vent retarder. 


367 

lui  fait  don  encore  de  ses  joyaux  nuptiaux,  ou  de  leur 
valeur  à  dire  d'experts,  et  de  tous  les  biens  qu'il  a  ac- 
quis dans  le  mandement  de  Poncin  et  au  delà  de  la  ri- 
vière d'Ain. 

Il  veut  que  ses  legs  soient  payés  par  ses  héritiers  uni- 
versels à  concurrence  de  deux  tiers  pour  François  son 
fils  aîné,  et  d'un  tiers  pour  Guiberé,  son  fils  cadet  ;  il 
institue  héritiers  universels  François  et  Guibert  ;  par 
égales  parts,  si  ce  n'est  qu'il  attribue  à  l'alné  et  aux  aînés 
successifs,  à  l'infini  :  1°  le  droit  de  patronage  sur  les 
chapelles  de  la  famille  à  Rumilly  et  à  Bloye,  la  maison 
forte  de  Conzié  à  Bloye  avec  toutes  ses  dépendances  en 
Chautagne  (1).  Le  surplus  seulement  de  son  hérédité  de- 
vra se  partager  également  entre  les  deux  fils. 

Il  substitue  Guibert  à  François,  sa  fille  Anne  à  Gui- 
bert, sa  fille  Marguerite  à  Anne,  sa  sœur  Rolette  à 
Marguerite.  Il  désigne  enfin  pour  exécuteurs  testamen- 
taires n.  Jean  Oddinet  et  Amédée  de  Galliac,  seigneur 
de  Grehe.  Le  testament  est  fait  en  présence  de  deux  cha- 
noines de  Poncin,  et  de  six  habitants  du  même  lieu. 

VIL  —  François  de  Conzié,  fils  d'Amédée, 
commanda  une  compagnie  de  cent  arquebusiers 
à  cheval  [au  service  de  la  France]  ;  testa  le  17 
avril  1515  avant  de  partir  pour  la  guerre,  en  Ita- 
lie, où  il  mourut  en  1525. 


(l)  On  peut  croire  que  le  nom  de  Confié  n'avait  été 
donné  à  la  maison  forte  de  Ruffieux  que  parce  qu'elle  ap- 
partenait aux  Conzié.  La  plus  grande  partie  du  territoire  de 
la  Chautagne,  les  vastes  vignobles  surtout,  appartenaient  à 
la  noblesse  et  à  la  bourgeoisie  de  Rumilly. 


3G8 

Tl':STAMENT    DM    FRANÇOIS  D1':  CoNZIÉ. 
17  août  151a. 

Devant  M^  Jean-Guillaume  Laurent,  curial  et  no- 
taire à  Poncin,  le  17  août  1515,  François  de  G.  en 
bonne  sanlé,  mais  se  rendant  à  la  guerre  en  Italie  dans 
les  troupes  de  François  P''  et  craignant  d'y  mourir, 
((  volens  gressus  suos  pergere  ad  hélium  pro  serenis- 
simo  rege  Francorum  ultra  montes  dubitans  decedere 
ab  huinanis  )),  décide  de  faire  son  testament,  parce  que 
rien  n'est  plus  incertain  que  l'heure  do  la  mort,  et  qu'il 
est  bon  de  tester  lorsque  l'intelligence  est  intacte  «  dum 
in  mente  viget  ratio  ». 

Il  fixe  le  lieu  de  sa  sépulture  dans  l'une  des  églises  de 
Rumilly  ou  de  Bloye,  laissant  le  soin  de  la  convoca- 
tion des  prêtres  à  son  oncle  maternel  Georges  de  Bolo- 
mier  ;  il  lègue  aux  chanoines  de  Poncin  en  augmenta- 
lion  de  la  dotation  du  service  religieux  fondé  à  l'église 
de  Saint-Martin  de  Poncin  par  ses  prédécesseurs,  les 
dîmes  et  lods  qui  lui  appartiendront  à  sa  mort,  et  une 
rente  à  Pont  d'Ain  ;  —  il  lègue  à  Eulalie,  fille  donnée 
de  son  oncle  Georges  de  Bolomler,  cent  écus  d'or  sol 
pour  la  marier  ;  —  il  lègue  à  sa  sœur  Anne,  épouse  du 
n.  seigneur  de  Mécorax  «  Annœ,  uxori  nobilis  dni  de 
Mecorax  eius  sorori  charissimœ  »  400  florins  outre  sa 
dot;  —  à  Marguerite,  sa  sœur,  femme  du  seigneur  de 
la  Charine  (1)  200  florins  ;   —  à   vén.  D.  Georges  de 

(1)  M.  de  Foras  a  lu  :  de  la  Cliariue  ;  il  y  a  cependant  . 
sur  notre  copie,  un  point  sur  le  premier  jambage  de  la  lettre 
<lii'll  a  lue  m  ;  ce  point  est  très  nettement  marqué  comme 
sur  les  mots  nobili,  domiid.  — Mecorax,  fief  en  Ghauta- 
gne. 


369 

Bolomier,  son  oucle,  les  fruits  et  récoltes  de  ses  im- 
meubles du  mandemeut  de  Poncin  ;  —  à  son  frère 
Guibert,  tous  ses  biens  situés  en  Chautagne  ;  institue 
son  dit  frère  Guibert  héritier  universel  et  nomme  exécu- 
teur testamentaire  le  spectable  et  puissant  seigneur  de 
Baleyson. 

Suivant  Guicheiion,  François  de  Conzié  serait 
décédé  en  1525,  sans  postérité.  La  prétérition  du 
nom  de  sa  mère  dans  son  testament  prouve  qu'elle 
était  morte  déjà  à  l'époque  de  la  confection  de  cet 
acte]. 

VIL  Guibert  de  Conzié  [fils  des  mêmes], 
épousa  le  20  novembre  1517  (1)  (le  31  décembre 
1519,  suivant  Guicbenon),  Pliiliberte  de  Madan. 
Guibert  assigna  à  sa  femme  [en  garantie  de  sa  dot], 
ses  maisons  fortes  de  Conzié  à  Blove  et  à  RufHeux. 

Ils  eurent  pour  entdnis  Jeanne,  vivante  en  152G 
et  Claude. 

31  décembre  1519,  donation  par  Guibert  de  C. 
et  Philiberte  de  Madan  à  leur  fils  aîné  Claude  de 
Conzié.  [Cette  date  est  vraisemblablement  erro- 
née puisque  l'Armoriai  énonce  que  Claude  est  né 
le  4  novembre  1519]. 

17  décembre  1539,  à  Blove,  dans  la  grande  tour 
du  château  de  Conzié,  et  devant  le  notaire  Claude 
Lanczard,  d'Héry  (sur  Alby),  cession  d'alberge- 
mentà  Massingy,  par  Guibert  de  Conzié  en  faveur 
d'Antoine  Thomassod  de  Massingy. 

(1)  Nous  avons  aussi   retrouvé  cette  date  de  1517  |)our 

24 


leur  mariage. 


370 

VIII.  Claude  de  Conzié,  iié  le  4  décembre 
1519,  d'après  le  mémoire  consulté  par  ]\I.  de 
Foras,  épouse,  le  21  février  1547,  Jeanne,  fille  de 
feu  Jean  de  Bouvens  et  de  Jeanne  de  La  Palud. 
Son  père  lui  abandonne  la  maison  forte  de  Conzié 
et  tous  les  biens  en  dépendans.  Sa  femme  teste  le 
2  février  1591.  Claude  avait  testé  le  3  juin  1571. 

Ils  eurent  pour  enfans  :  Charles  et  Jean,  morts 
après  leur  père  sans  avoir  été  mariés  ;  Antoinet- 
te, mariée  à  Louis  de  Vignod,  seigneur  de  Biolée, 
—  Antoine- Marin  et  Edouard  [posthume]  dont 
nous  parlerons  plus  loin. 

[Nous  avons  vu  dans  la  deuxième  partie  que 
Claude  de  Confié  avait  vendu  la  seigneurie  de 
Conzié  sur  Bloye  à  André  de  Montfort  et  à  son 
fils  Georges  par  acte  du  4  septembre  1546,  reçu 
M"  Rossan,  notaire  â  Trefïort,  et  nous  y  avons 
rapporté  l'acte  du  22  juillet  1547,  par  lequel  il  ven- 
dit encore  à  Georges  de  Montfort  ses  biens  de 
Chautagne,  ainsi  quela  scène  de  revendication  des 
meubles  qui  eut  lieu  le  15  septembre  1549  devant 
le  pont-levis  du  château  de  Conzié.  Depuis  cette 
époque  les  Montfort  ajoutèrent  â  leur  nom  et  â 
leurs  titres  celui  de  seigneur  de  Conzié,  pendant 
que  les  Con::-ié  restés  en  Bresse  conservaient 
aussi  ce  nom  et  qu'Edouard  de  Con:;ié,  S"'""  du 
nom,  revenu  en  Savoie,  fixa  sa  principale  rési- 
dence â  Rumilly  où  il  avait,  dans  la  rue  de  Mont- 
pelat,    une   maison   indépendante  de  celles  des 


371 

Monlfort  de  Conzié,  et  que  sa  famille  y  avait 
peut-être  conservée  depuis  le  quatorzième  siècle. 
Ainsi,  bien  qu'il  n'y  eût  pas  entre  elles  de  liens 
de  parenté,  les  deux  familles  portaient  simulta- 
nément le  même  nom  dans  le  même  pays,  à 
Chambéry,  Turin,  Rumilly,  etc.  Il  est  vrai  que 
tout  en  signant  de  Confié  et  surtout  de  Consy,  les 
Montfort  n'omettaient  jamais  de  faire  précéder 
ce  mot  de  leur  premier  nom  de  Montfort. 

Testament  de  Claude  de  Conzié  (en  français). 

9  juin  1571. 

L'an  1571  et  le  neuviesme  jour  de  juin,  noble  homme 
Claude  de  Conzié,  escuyer,  s.  dudit  lieu,  grand  clias- 
tellain  de  Poncin  (1),  sain  de  ses  sons  et  entendement 
bien  que....  débile  et  mal  disposé  de  sa  personne...  or- 
donne qu'on  l'ensevelisse  à  Poncin  devant  le  grand 
autel  de  l'église  de  Saint-Martin  ;  —  laisse  ses  obsèques 
à  la  discrétion  de  dame  Jeanne  de  la  Palud  sa  belle- 
mère  et  de  damoiselle  Jeanne  de  Bouvent  sa  femme  ; 
—  demande  13  pauvres  pour  assister  à  sa  sépulture 
lesquels  seront  habillés  de  drap  noir  et  recevront  cha- 
cun 6  gros  et  porteront  chacun  une  torche  allumée  ;  — 
lègue  à  Jeanne  Folliet  qu'il  nourrit  à  présent  cinquante 
florins  et  veut  qu'elle  soit  conduite  à  Lyon  dans  quel- 
que hôpital  ;  à  François  du  Bourg,  son  serviteur  60 
florins  outre  un   manteau,  saye,    chausses  et   bonnet 

(1)  Le  testateur  ne  fait  aucune  aUusion  aux  biens  do  la 
famille  situés  aux  environs  de  Rumilly.  II  estj^robable  qu'en 
1371  il  avait  aliéné  même  les  meubles  qu'il  s'était  réservés 
dans  les  ventes  des  immeubles. 


372 

eu  drap  noir;  — id.  à  M'^  Pierre  Marchand  aussi  sou  ser- 
viteur ;  à  Claude  et  à  Benoîte,  ses  chambrières  :  10  fl. 
à  la  première,  3  à  l'autre  ;  —  il  confirme  les  assigna- 
tions de  biens  faites  par  lui  à  sa  femme  suivant  actes 
reçus  par  les  notaires  Setour,  de  Poncin,  et  Chaudet, 
de  Chambéry,  lui  lègue  l'usufruit  de  ses  biens  tant 
qu'elle  restera  veuve;  lègue  à  sa  fille  Anthoine  3.000 
florins  monnaie  de  Savoie  et  200  florins  pour  ses  ha- 
billements quand  elle  se  mariera  ;  —  au  cas  où  sa 
femme  se  trouverait  estre  enceinte  et  qu'elle  accouchast 
d'un  fils,  veut  et  entend  que  (sauf  la  distraction  de  300 
florins)  il  demeure  héritier  par  esgale  portion  avec  ses 
autres  enfans,  et  si  d'avanture  elle  accouchoit  d'une  fille, 
veut  et  ordonne  qu'elle  soit  religieuse  et  qu'il  lui  soit 
donné  500  fl.  pour  entrer  en  la  dite  religion,  et  là  où  elle 
ne  voudroit  estre  religieuse  veut  et  ordonne  qu'il  lui  soit 
baillé  seulement  la  somme  de  1.500  fl.  pour  tous  et  un 
chascun  ses  droits  ;  —  institue  héritiers  universels  Ma- 
rin, Charles  et  Jehaji  ses  chers  enfants  procréés  en  loyal 
mariage  du  dict  testateur  et  de  sa  dicte  femme.  —  Or- 
donne qne  Marin,  sou  fils  aîné  ait  eu  prérogative  tous 
les  patronages  de  Poncin  et  d'ailleurs,  chapelles,  cha- 
noinies  et  autres,  —  voulant  aussi  que  si  le  dit  Marin 
avoit  moyen  de  coUoquer  ses  deux  frères  cohéritiers  en 
biens  d'esglise  jusques  à  la  somme  de  300  florins  pour 
un  chascun  dont  ils  puissent  avoir  moyen  de  vivre  selon 
leur  qualité,  il  prie  les  dits  Charles  et  Jean  ses  dits  eu- 
fans  et  si  leur  commande  de  se  contenter  de  ce  et  de 
laisser  sa  dite  hoyrie  au  dit  Marin  afin  qu'elle  soit  saine 
et  demeure  entière...;  substitue  à  ses  fils  sa  fille  Anthoine 
à  charge  de  porter  les  armes  et  nom  du  testateur  ;  et  j'açoy 
que  ses  héritiers  soient  déjà  hors  de  tutelle ,  ordonne 
qu'ils  n'ayeul  à  se  mesler  ny  s'immiscer  aux  dits  biens 


373 

jusqu'à  ce  qu'ils  aient  et  excèdent  l'âge  de  25  ans,  ains  en 
laissent  l'entière  jouissance  à  leur  mère,  laquelle  il 
prie,  autant  qu'ils  sont  siens  comme  à  lui,  les  faire  ap- 
prendre et  instruire  es  bonnes  lettres  le  mieux  qu'il  luy 
sera  possible  afin  qu'elle  en  puisse  avoir  contentement  et 
honneur  ;  nomme  tuteur  es  biens  et  personnes  de  ses  dits 
enfants  et  héritiers,  sa  belle  mère,  sa  femme^  noble  hom- 
me George  de  Loriol,  seig.  de  S. -André  du  Bochoux,  et 
Me  André  Gravel,  sou  compère. 

Fait  à  Poncin,  dans  la  maison  du  testateur,  dans  la 
chambre  basse  delà  tour,  où  il  est  malade.... 

Charles  et  Jean  de  Conzié  moururent  sans  avoir 
été  mariés  et  les  biens  de  la  famille  se  seraient 
concentrés  entre  les  mains  de  Marin  ou  Antoine- 
Marin,  s'il  n'était  survenu  un  posthume  Edouard, 
né  vers  le  commencement  de  1572,  et  dont  la 
mère  Jeanne  de  Bouvent  exerça  la  tutelle  durant 
de  longues  années]. 

IX.  Antoine-Marin  de  Conzié,  dit  de  Bo- 
lomier,  [avait  plus  de  20  ans  en  juin  1571  et  moins 
de  25].  Il  épousa  :  1°,  le  8  juin  1574,  Catherine  de 
Candie,  fille  d'Ame,  seigneur  de  Loese,  laquelle 
testa  en  1583  (1)  ;  2°,  le  30  août  1583,   Claudine 

(1)  Nous  avons  trouvé  dans  les  pièces  j^ar  nous  étudiées 
un  «  Mémoire  pour  faire  voir  qu'Edouard  de  Conzy  est 
né  en  adultère  ».  On  y  lit  :  «  si  bien  le  testament  de  Cathe- 
rine de  Candie  est  de  l'an  158-3  et  l'extrait  de  baptême  d'E- 
douard est  de  1587,  elle  peut  avoir  encore  vécu  cj^uelques  an- 
nées et  le  testament  toujours  prouvera  qu  Antoine-Marin  a  eu 
Catherine  de  Candie  pour  sa  première  femme  et  que  Claudine 
îBoccon,  sa  seconde  femme,  était  sa  servante  pendant  le  pvo- 


374 

Boccon  [sa  servante]  ;  il  testa  à  Poncin  le  11  mai 
1G14,  [le  20  ... .  1619,  suivant  une  pièce  écrite  en 
1672;  mourut  le  13  février  1634;  Claudine  ou 
Claudaz  Boccon  mourut  le  16  mars  1640]. 

Il  eut  de  son  premier  lit  Claudine  ou  Louise, 
femme  de  Charles  de  Blanchecour,  dame  d'hon- 
neur de  la  duchesse  de  Brunswick.  Dans  son  tes- 
tament, son  père  réduit  sa  dot,  à  cause  du  nom- 
bre de  ses  enfants,  et  «  attendu  aussi  les  ingrati- 
tudes et  les  ditïamatoires  façons  d'elle  et  son  mari 
contre  la  révérence,  bonne  famé  et  réputation 
de  d^"*"  Claudine  Boccon  leur  belle-mère  (1)  )>.  — 
— Louise,  mariée  à  Philibert  de  la  Gelière  ;  Jeanne, 
non  mariée  ;  René,  mort  de  maladie  aux  guerres 
des  Pays-Bas,  avant  1614  ;  Claude- François^ 
mort  au  siège  d'Ostende,  ayant  testé  le  l'^''mai  1603 
[le  14  mai,  suivant  l'arrêt  de  Dijon]  ;  et  Claudine 
la  cadette  ; 

Antoine-Marin  eut  de  son  mariage  avec  Clau- 
dine Boccon,  Cliarloiie,  née  le  23  janvier  1585  ; 
—  Denise,  née  le  1^''  janvier  1586,  et  Edouard  II, 
né  le  21  mars  1588,  mort  le  11  janvier  1617  (Ex- 
traits des  actes  de  baptême  et  de  décès  produits 
dans  un  procès  de  1672). 

mier  mariage  ».  Il  n'y  avait  là  qu'une  Insinuation  calona- 
nieuse,  au  moins  en  ce  qui  concerne  Edouard,  né  aj)rès  ses 
sœurs  Charlotte  et  Denise. 

Il  y  avait  alors  à  Ponein  un  notaire  du  nom  de  Boccon . 

(l)  Sans  doute,  parce  que  la  belle  more  avait  d'abord  été 
cJiainbrcère  dans  la  maison. 


[Nous  avons  vu,  dans  la  deuxième  partie, qu'  en 
1580,  Antoine-Marin  de  Gonzié  plaidait  contre 
les  Montfort  en  action  rescisoire ,  c'est-à-dire 
pour  faire  casser  les  actes  de  vente  des  maisons 
fortes  de  Conzié.  L'on  arriva,  plus  tard,  en  1607, 
à  une  transaction. 

D'après  Grillet,  loc.  cit.,  p.  240,  «  Antoine- 
Marin  fit  ses  études  à  Paris,  où  il  se  distiiigua  par 
ses  talents  pour  la  poésie.  Duverdier  qui  le  con- 
naissait particulièrement  parle  de  ses  ouvrages 
sous  l'an  1569.  Ils  consistent  en  poésies  amou- 
reuses et  en  un  recueil  de  sonnets  ».] 

IX.  Edouard  (l'"'"  de  ce  nom)  de  COxNzié,  seigneur 
de  Vauchier,  capitaine  d'une  compagnie  de  gens 
de  pied  sous  le  marquis  deTrefîort,  blessé  à  l'as- 
saut du  château  des  Echelles  (Savoie),  mort  de 
sa  blessure  le  17  août  1592,  enterré  à  Ghambëry, 
dans  l'église  des  Gordeliers  hors  ville  [Sainte 
Marie-Egyptienne].  D'un  mariage  avec  N.  N.  lais- 
sa un  fils,  Marc  de  Conzié. 

X.  Marc  de  Gonzié;  son  oncle  [Antoine-Marin] 
lui  lègue  la  jouissance  de  certains  biens  sa  vie 
durant;  mortà  Verceilenl614,  portant  les  armes 
pour  le  duc  de  Savoie  ;  testa  le  premier  juin  1614 
[au  profit  d'Antoine-Louis  et  de  Henri/  de  Con- 
zié, fils  d'Edouard  2'"^] 

X.  Edouard  2"*^  de  Conzié  [baptisé  à  Poncin  le 
21  mars  1588,  fils  d'Antoine-Marin  et  de  Clauduz 


376 

Boccon],  épousa,  le  2  mars  1614,  Catherine,  fille  de 
Jean  de  Malomont,  écuyer,  prévôt  de  Pierrefitte. 
[Le  contrat  de  mariage  serait  du  20  mai  1613.  In- 
ventaire cité.]  Son  père  lui  fait  don  des  châteaux 
de  Vauchier  et  de  Conzié.  [Ces  maisons-fortes  ou 
châteaux  de  Conzié  étaient  vendus  depuis  long- 
temps.] Suivant  Guichenon,  il  mourut  avant  son 
père.  [C'est  exact,  le  11  janvier  1617.  —  Extrait 
mortuaire.] 

Il  eut  une  fille  naturelle  C/a^c/me  à  laquelle  son 
grand-père  légua  100  florins  en  1614,  pour  l'aider 
à  se  marier;  —  et  de  son  mariage  Antoine- Louis 
et  Henry  de  Confié. 

[De  1620  à  1627,  Antoine  Bolliet,  notaire  à  Poncin, 
dut  sonteni.',  en  qualité  de  curateur  d'Antoine- Louis  et 
de  Henry  fils  de  feu  Edouard  de  Conzié,  un  procès  con- 
tre d^iie  Jehanne  de  Grenaud,  veuve  de  Claude  des  Bor- 
des, sieur  de  Chastellet.  Il  se  termina  (pour  la  plus 
grande  partie  des  questions)  par  un  arrêt  du  Parlement 
de  Dijon,  rendu  en  Tourncllo  le  21  jans^ier  1627,  qui 
tranche,  en  faveur  des  Conzié,  diverses  questions  de 
substitution,  c'est-à-dire,  serable-t-il,  qui  obligea  les 
acheteurs  à  restituer  des  biens  aliénés  par  la  famille  et 
qui  étaient  grevés  de  substitutions.  Le  Parlement,  tou- 
tefois, n'usa  pas  d'une  rigueur  complète.  11  ordonna  que  : 
((  1"  les  biens  provenant  de  Pierre  de  Bolomier  et  d'An- 
toinette de  Bolomier  (sa  fille,  femme  d'Amédée  de  Con- 
zié) seraient  rendus  chargés  de  la  substitution  envers  An- 
toine-Louis et  Henr}' de  Conzié; —  2°  à  l'égard  des 
biens  ayant  appartenu  à  Claude  de  Conzié  (fils  de  Gui- 
bert)  et  autres  que  ceux  provenant  des  susdits  Bolomier, 


377 

qu'ils  seraient  pareillement  rendus  chargés  de  la  subsli- 
lulion  envers  les  mêmes,  le  cas  échéant,   distraction 
faite,  au  profit  des  créanciers  d'Antoine-Marin  de  Con  - 
zié,  delà  moitié  desdits  biens  pour  la  légitime  des  en- 
fants dudit  Claude  de  Conzié,  et  du  quart  de  l'autre  moi- 
tié pour  la  trébellianique  (1)  ;  —  3"  en  ce  qui  concerne 
les  biens  de  Jeanne  de  Bouvent,  femme   de  Claude  de 
Conzié  ,  que  la    substitution  contenue  en   son   testa- 
ment,  n'aurait  lieu   au  profit  d'Antoine- Louis   et  de 
Henry  de  Conzié  que  pour  600  livres  le  cas  échéant,  et 
que  le  surplus  appartenant  audit  Antoine-Marin,  serait 
vendu  au  profit  de  ses  créanciers  ;  —  4°  l'arrêt  fait  dis- 
traction, au  profit  d'Antoine-Louis  et  Henry,  des  biens 
provenant  de  Marc  de  Conzié,  suivant  son  testament  du 
ler  juin  1614  et  de  ceux  contenus  en  la   donation    de 
Claude-François  de  Conzié  du  14  mai  1603.  Et,  quant 
aux  autres  opposiiions,  il  y  sera  fait  droit  après  qu'il  aura 
été  procédé  plus  amplement  devant  le  conseiller  rappor- 
teur. )) 

Cet  arrêt  n'enrichit  pas  Antoine-Louis  et  Henry 
de  Conzié,  car,  en  1634,  ils  furent  obligés  de  re- 
noncer à  la  succession  d'Antoine-Marin  de  Con- 
zié, leur  grand-père,  «  et  en  tant  que  de  besoin  à 
celle  de  feu  EdiTiond  de  Conzié,  leur  père,  de 
crainte  qu'ils  ont  que  ces  hoiries  ne  leur  soient 
plus  injurieuses  que  profitables,  desquelles  ils  se 
sont  abstenus  en  protestant  de  ne  vouloir  s'y 
immiscer,  de  façon  que  ce  soit  aisé  de  recouvrer 

(1)  Le  quart  que  l'hcntier  institué  avait  droit  de  retenir 
sur  la  succession  grevée  de  substitution,  lorsqu'il  remettait 
cette  succession. 


378 

sur  icelles  tout  ce  qu'ils  sont  grevés  de  leur  ren- 
dre par  arrêt  du  Parlement  ».  Antoine-Louis  de 
Conzié  demeurait  alors  à  Paris,  rue  de  la  Bouche- 
rie, avec  sa  mère,  Catherine  de  Malomont.  La 
renonciation  fut  faite  le  15  juillet  1634  devant  le 
châtelain  du  Poncin]. 

XL  Antoine-Louis  DE  Conzié  [écuyer,  seigneur 
de  Conzié]  et  de  Vauchier,  baptisé  à  Poncin  le  13 
février  1615  [Extrait  de  baptême]  ;  épousa,  par 
contrat  dotal  du  13  décembre  1640  [dont  l'analyse 
va  suivre]  Claudine,  fille  de  noble  Claude  Catin, 
laquelle  teste,  étant  veuve,  le  13  mai  1672. 

Contrat  de  mariage  d'x\ntoine-Louis 

DE  Conzié 

13  décembre  1610. 

Antoine-Louis  de  Conzié,  écuyer,  seigneur  d 3  Conzié, 
Bolomier  et  Vauchier,  fils  de  feu  Edouard,  jouissant  de 
ses  avoirs  de  majorité,  et  néanmoins  de  licence  et  auto- 
rilé  de  d^n^  Catherine  de  Malomont,  sa  mère,  suivant 
procuration  ci-jointe,  —  et  d^ii'^  Claude  Catin,  fille  de 
noble  Claude  Catin,  seigneur  de  Villotte,  en  Bourgo- 
gne, conseiller  du  roy  et  trésorier  de  finances  et  inten- 
dant des  finances  audit  duché  de  Bourgogne,  et  de  doiiQ 
Claude  Morillion,  ses  père  et  mère  ;  de  leur  consente- 
ment et  de  l'avis  de  Monsieur  Jean  Caltin,  conseiller  du 
roy  au  Parlement  de  Dijon,  et  M^^  Père  Marmet  Cattin, 
religieux  et  aumosnier  à  Saint-Seigne,  ses  frères  (de  la 
future),  se  marieront  le  plus  tôt  que  l'aire  se  pourra, — 
ils  seront  conjoints  et  associés   par  moitié  pour  tous 


379 

meubles  et  acquêts  selon  la  coutume  de  Boui-gogne  sui- 
vant laquelle  ils  entendent  régler  ce  contrat  de  mariage  ; 
—  la  future  aura  un  douaire  de  300  livres  par  an,  ra- 
chetable  pour  2000  livres  par  le  futur  ou  ses  héritiers  ;  — 
le  iutur  donnera  à  la  future  des  bagues  et  joyaux  pour 
2000  livres  ;  —  le  survivant  emportera  les  habits  tenant 
à  sa  personne  et  sa  chambre  garnie,  ou  pour  cette  cham- 
bre 1000  livres  ;  si  c'est  le  futur,  il  emportera  en  outre 
ses  armes  et  chevaux  ou  2000  livres  à  son  choix  ;  si 
c'est  la  future,  outre  ses  bagues  et  joyaux,  2000  livres 
outre  son  carrosse  et  chevaux  dont  le  futur  lui  fait  do- 
nation ;  —  le  futur  se  marie  pour  ses  droits  paternels 
échus  et  pour  les  biens  qui  lui  sont  donnés  par  la  dame 
Catherine  de  Malomont,  sa  mère,  et  par  d^HQ  Margue- 
rite de  Malomont,  sa  tante  ;  —  la  future  se  marie  (ap- 
porte  en  dot)  par  mariage  divis,  pour  droits  paternels 
et  maternels  la  somme  de  6000  livres  dont  4000  seront 
payées  à  d^He  Denise  de  Conzié,  femme  du  s^  de  Bo- 
che (1),  dont  le  futur  lui  est  débiteur  par  transaction 
passée  à  Bourg  en  septembre  dernier  ;  et  ont  promis 
(les  parens)  d'habiller  ladite  deii«  future  épouse  selon  sa 
qualité  dans  la  solennité  desdites  noces  ;  —  les  époux 
pourront  se  faire  réciproquement  par  testament  ou  au- 
trement, donation  de  tous  leurs  biens  ou  de  partie,  re- 
nonçant quant  au  présent  article  à  la  coutume  de  ce  du- 
ché de  Bourgogne  et  à  celle  du  Bugey  et  de  Barrois  qui 
le  prohibent. 

XL  Henry  de  Conzié  [frère  d'Antoine-Louis], 
capitaine  au  régiment  de  Vernancourt,  tué  le  12 
avrill638  au  siège  de  Brisach,  à  21  ans.   [Il  était 

(1)  l'ante  du  futur. 


380 

né,  le  19  juin  1616,  à  Poncin.  Nous  avons  vu 
qu'il  avait  été  obligé  de  répudier  la  succession  de 
son  grand-père  et  celle  de  son  père]. 

[Antoine- Louis  de  Conzié  et  Clauda  Catin  eu- 
rent cinq  filles  et  quatre  fils]  :  Jeanne,  Marie, 
Elisabeth,  qui  furent  très  probablement  religieu- 
ses à  Seyssel,  Barbe,  mariée  à  Joseph  de  Juge, 
seigneur  de  Candie,  Denise,  mariée  à  Nicolas  de 
Regard,  seigneur  de  Chanay,  morte  le  22  avril 
1722.  (Baux.  Nobiliaire  de  V Ain). 

[Barbe  et  Denise  de  Confié  revinrent  donc  ha- 
biter en  Savoie.  i?ar6e,  femme  de  Joseph  Juge  (1). 
lequel  n'est  jamais  appelé  seigneur  de  Candie  dans 
les  R.  P.  de  Rumilly,  eut  le  15  février  1687,  une 
fille,  Martine,  qui  eut  pour  parrain  noble  INIartin 
de  Regard,  seigneur  de  Chanay  et  Mognard  (2), 
pour  marraine,  Guillermine  Juge  ;  —  et,  le  5 
mai  1690,  un  fils,  Joseph-Honoré. 

Denise  de  Confié  est  marraine,  à  Rumilly,  le 
20  août  1701  ;  elle  est  appelée  Denise  de  Consy, 
dame  de  la  Balme. 

(■1)  D'une  famille  de  Rumilly  qui  s'est  éteinte  en  1803 
par  la  mort  sans  postérité  de  M.  Charles  de  Juge,  à  son  cliù- 
teau  de  Pieullet^  paroisse  de  Sales,  près  Runiilh^  (Voir  sur 
les  Juge,  seigneur  de  Candie,  le  Mémoire  de  feu  M.  Chap- 
peron  au  présent  volume). 

(2)  Mognard,  paroisse  entre  Albens  et  Aix-les-Bains  ; 
le  Chanay,  petit  fief,  tout  près  de  Chambcry,  devenu  la 
demeure  élégante  de  notre  illuslro  compatriote,  M.  le  baron 
Albert  Blanc,  écrivaiu  et  diplomate,  ancien  ambassadeur 
d'Italie  à  Constantinople. 


381 
Fils  D'ANTOI^E-LouIS 


XII.  Claude  (2"'')  de  Conzié,  seigneur  de  Bo- 
lomier,  grand  châtelain  de  Poncin,  âgé  de  29  ans 
en  1G70.  Il  épousa  :  1'^  Jeanne  de  Baschod  [con- 
trat dotal  du  12  décembre  1GG3]  ;  2°  Claudine 
Griffon.  Enseveli,  à  Poncin,  le  18  septembre  1729. 
[En  1676,  il  soutenait  encore  contre  les  Montfort 
et  devant  le  Sénat  de  Savoie  le  procès  relatif  aux 
successions  de  son  grand-père  et  de  son  arrière- 
grand-père  Edouard. 

Jean  de  Conzié,  seigneur  de  Vauchier,  de  St- 
^Iartin-du-]Mont,  baron  de  Pommiers,  marié  à 
Catherine  de  Beuverand  ;  testa  le  2  mai  1747. 

Mamert  de  Conzié,  né  le  11  mars  1654  ;  prêtre, 
doyen  de  l'église  collégiale  de  Poncin,  [parrain  à 
Rumilly,  le  20  août  1701  de  Denise  (P^),  fille  de 
son  frère  Edouard  et  de  Marguerite  d'AUemo- 
gne]. 

Edouard  de  Conzié  [3«]  ;  voir  ci-après. 

Claude  (2'"^)  eut  du  premier  lit  :  Denise-Aga- 
ilie  et  Jeanne;  du  second  lit,  Charles. 

XIII.  Charles,  seig^'  de  Bolomier,  grand  chat, 
de  Poncin  et  Beauvoir,  capitaine  de  grenadiers 

(1)  Il  s'agit  d'Antoiue-Balthazard  deThoy  de  Pesieu,  bri- 
gadier des  armées  dn  Roy,  colonel  d'un  régiment  d'infante- 
rie étranger,  commandant  en  Savoie  les  armées  de  S.  M. 
Louis  XIV.  Le  31  décembre  1691,  il  est  parrain,  à  Rumilly, 
du  fils  de  Lambert  de  Rochetto  et  de  Françoise  de  Pesieu- 
Longecombc-Salagine  ;  —  il  signe  Thoy  de  Pksieu. 


382 

au  régiment  étranger  de  Tlioiry  (1)  (sic  La  Gh.); 
épousa  Marie-Madeleine  de  Saint-Loup  ;  eurent 
pour  fils. 

XIV.  Jean-Charles,  seigneur  de  Bolomier,  né 
à  Poncinle  17  mars  1725  ;  épousa,  le  6  mai  1754, 
Marianne-Gabrielle  de  Marrois  de  Meillonnas. — 
Ils  eurent  Marie-Claudine  de  Gonzié,  dernière 
du  nom,  mariée  à  M.  de  la  Beyvière,  morte  à  son 
château  de  Longes,  le  6  février  18G8. 

XIII.  François-Mamert  de  Gonzié,  fils  de 
Jean  et  de  Gatherine  de  Bouverand,  né  le  29 
avril  1G95.  épousa,  en  juin  ou  juillet  1728,  Isa- 
belle d'Anlezy  ;  testa  le  28  avril  1745  ;  ils  eu- 
rent Marie-Charlotte  et  Marie- Philiberte  qui 
furent  religieuses  ;  —  Louis- François- Marc- 
Hilaire,  évêque  de  Saint-Oraer  en  1766,  d'Arras 
en  1769  ;  —  Joacliim-François-Mamert,  évêque 
de  Saint-Oaier  en  1769,  puis  archevêque  de  Tours; 
—  et  Marie- Antoinette-Françoise,  m:iV\éQ,  le  15 
avril  1752,  à  Charles-Amédée  de  Lombard  de  la 
Balrae.  seigneur  de  la  Balmeet  de  Gourtenay. 

XI 1.  Edouard  (3'"'')  de  Gonzié  [quatrième  fils 
de  Claude,  lit  revivre  la  famille  en  Savoie].  Né  le 
24  mars  1658,  à  Poncin,  capitaine  d'une  compa- 
gnie au  régiment  de  Savoie,  le  27  avril  1690.  [En 
août  1702,  dans  un  acte  passé  à  Rumilly,  il  est 
qualifie  do  capitaine  au  régiment  des  Gardes  de 


383 

S.  A.  R.;il  signe  Confié].  Il  commandait,  cnlG9G, 
Je  2™^  bataillon  du  régiment  étranger  de  Thoy,  au 
service  de  la  France.  (Vraisemblablement  il  n'a- 
vait pas  cjuitté  la  Savoie  à  l'invasion  de  ce  pays 
par  l'armée  de  Louis  XIV  en  août  1G90). 

Le  8  mai  1697  «  à  Ypres,  ressort  du  Parlement 
de  Tournai,  en  présence  de  Joseph  de  Migieux,  es- 
cuier,  capitaine  au  régiment  de  Thoij  fs?cj,  Claude- 
Eugène  du  Cret  de  Thénésol,  capitaine  de  grena- 
diers au  réojiment  roval  de  Savoie, reconnaît  devoir 
à  Edouard  de  Gonzié,  escuier,  commandant  du 
second  bataillon  du  régiment  estrangerde  Tlioy, 
quatorze  livres,  monnaie  de  France  ».  (Arch.  de 
Mouxy). 

II  devint  marquis  d'AUemogne  (1),  comte  de 
Clioisy-la-Balme,  par  son  premier  mariage  avec 
Marguerite  de  Livron  d'AUemogne,  fille  d'André- 
Gaspard  d'AUemogne  et  de  Reymondine  de 
Reydet,  comtesse  de  la  Balme-Ghoisy,  dont  on 
rencontre  les  noms  à  chaque  page  dans  les  regis- 
tres paroissiaux  de  Rumilly  (2). 

II  eurent  :  1"  Louis,  qui  suivra  ; 

2°  François-Baltha~ard,  né  à  Rumilly  le  13 
août  1099,  baptisé  le  15,  qui  eut  pour  parrain  et 
marraine  Gharles  Broissand  et. . .  Broissand  ,  de 


(1)  Fief  sur  la  commune  de  Tlioiry,  près  Genève. 

(2)  Reymondine  de  Reydet  fut  ensevelie  à  R.  le  17  octobre 
1712,  à  l'âge  de  70  ans  ;  son  fils  Ballliazard  de  Livron 
d'AUemogne,  y  mourut  le  1"  février  1720,  Agé  de  40  ans. 


384 

la  paroisse  de  Blouij  (Bloye)  ;  probablement  deux 
cultivateurs  appelés  parce  que  le  nouveau-né  était 
malade  et  près  de  mourir.  (Nous  n'avons  pas  cepen- 
dant retrouvé  l'acte  de  décès  sur  les  registres  de 
Rumilly.  L'enfant  a  dû  mourir  en  nourrice  dans 
une  paroisse  voisine.) 

3°  DetiisQ,  née  le  20  août  1701  ;  baptisée  le  19 
septembre  suivant;  parrain,  Révérend  Mamert 
de  Conzy,  doyen  de  la  collégiale  de  Poncin;  mar- 
raine, mademoiselle  Denise  de  Conzv,  dame  de  la 
Balme.  Cette  enfant  est  décédée  le  10  mai  1702 
à  Rumilly  (R.  P.). 

Edouard  de  Conzié  épousa  en  secondes  noces, 
le  14  novembre  1705,  à  Chambéry  (contrat  du  21 
septembre  précédent).  Louise  Favre  des  Charmet- 
tes,  de  Félicia,  etc.^  fille  de  Joseph-Philibert  Fa- 
vre, comte  de  Chanaz  (près  Chambéry),  baron  des 
Charmettes,  et  d'Aimée-Madeleine  de  Lucinge. 
Ils  eurent  : 

V François-Joseph,  qui  suivra. 

2°  Denise  (2'"0,  née  à  R.  le  27  août  1708  ;  céré- 
monies du  baptême,  le  29  mars  1709.  Parrain,  n. 
Jérôme  de  Chappois  ?  seigneur  de  Bienassis  ;  mar- 
raine, Denise  de  Conzié,  dame  de  Chanex.  Dans 
le  contrat  d'entrée  en  religion  de  cotte  Denise  à 
Sainte-Claire-hors-ville,  à  Chambéry,  du  30  juin 
1725,  son  frère  François-Joseph  lui  constitue  une 
dot  de  3.000  livres. 

3°  Péronne-Marjdelaine   (appelée  Françoise- 


385 

Claudine-Magdelaine  dans  VArinorial)  née  à  R. 
en  novembre  1709,  baptisée  le  29  du  morne  mois, 
fille  de  feu  n.  Edouard  de  Conzy  et  de  demoisel- 
le Jeanne-Louise  de  Charmettes,  mariés  (R.  P.). 
C'est  donc  l'enfant  posthume  prévu  au  testament 
du  père.  Elle  épousa  le  28  octobre  1722  à  R., 
Claude  J.-B.  de  Gerbaix  de  Sonnaz  d'Habères, 
et  mourut  à  Thonon,  le  10  juin  1792,  âgée  de  83 
ans.  —  Avait  eu  pour  parrain  M'*"  Pierre,  abbé 
de  Lucinge  {sic),  représenté  par  n.  Joseph  Juge, 
et  pour  marraine,  demoiselle  Barbe  de  Conzié, 
femme  de  ce  dernier. 

Edouard  de  Conzié  fit  son  testament  le  28  août 
1709,  et  fut  enseveli  à  Rumilly,  le  trois  septem- 
bre (Reg.  Par.). 

Testament  d'Edouard  de  Conzié 

Le  28  août  1709,  dans  sa  maison  à  Rumilly,  Edouard 
de  Conzié  dicte  son  testament  au  notaire  Dubossou.  Il 
déclare  qu'il  veut  être  enterré  dans  sa  chapelle  de  Saint- 
Claude  joignant  l'église  de  Rumilly  ;  fait  divers  legs  : 
200  florins  aux  Capucins,  —  100  florins  aux  Bénédic- 
tins de  l'église  paroissiale,  —  à  la  Confrérie  de  la  cha- 
rité, —  à  ses  servantes  Denise  Lovel  et  Louise  Journet  ; 
—  il  lègue  3.000  florins  à  sa  fille  Denise  que  lui  a  don- 
née sa  deuxième  femme  Louise  de  Charmettes  ;  —  3.000 
florins  à  l'eiUfant  ou  aux  enfants  posthumes  dont  ladite 
femme  est  enceinte  ;  1.000  ducatons  pour  le  garçon,  et 
s'il  s'agit  d'une  fille  3.000  florins.  —  Il  donne  à  sa  fem- 
me l'usufruit  et  le  gouvernement  de  ses  biens  ;  puis  il 
institue  héritiers  universels  et  par  part  égale  ses  deux 

25 


38G 

iils  Louis,  issu  de  son  mariage  avec  Marguerite   de 
Chevron,  et  le  second  François-Joseph,  de  son  mariage 
avec  Louise  de  Charmettes.  les  substituant  Tun  à  l'autre. 
Il  date,  et  signe  Conzié. 

Puis  se  ravisant  et,  sans  doute,  lorsqu'il  s'est  trouvé 
seul,  il  écrit  de  sa  main  et  avec  son  style  particulier  : 
«  Et  comme  le  Père  Trufïon,  moine  fin  et  rusé  me 
«  voudroit  insinuer  de  faire  deux  héritiers  et  que  le 
u  bien  seroit  de  trop  petite  conséquence  entre  deux  je 
«  fais  Loys  de  Conzié  mon  héritier  universel  et  don- 
«  ne  à  François-Joseph  mon  cadet  la  somme  de  1.000 
«  ducatons,  et  madame  de  Conzié  aura  la  bonté  après 
«  l'année  de  son  veuvage  de  se  retirer  dans  sa  famille 
«  ordonnant  à  mon  héritier  [de  la  nourrir]  le  temps 
«  qu'elle  ne  voudra  pas  rester,  et  si  les  frères  ou  sœurs 
«  de  mon  héritier  venaient  à  mourir  je  prétends  que 
«  cella  {mon  héritage)  lui  revienne.  Voilà  mes  deruiè- 
((  res  prétentions.  Mon  héritier  me  fera  dire  là  ou  mon 
((  corps  [sera  déposé]  deux  messes  par  jour  pendant 
«  toute  l'année.  Je  défends  à  mon  héritier  sous  peine 
((  d'estre  privé  du  bénéfice  de  mon  héritage  de  mettre 
«  que  quatre  {de  mettre  plus  de  quatre)  flambeaux 
«  d'une  livre  autour  de  mon  corps  et  six  d'une  demi- 
«  livre  pour  mestre  sur  le  maistre  autel  ». 

Scellé  et  signé  Conzier,  testateur. 

Le  testament  est  remis  aux  mains  du  notaire  Dubos- 
son  en  présence  deDom  Pierre-Célestin  TrufTon,  prieur 
de  Sainle-Agathe  de  Rumilly,  de  Jean-Grégoire  de 
Rouillât,  supérieur  de  l'Oratoire  et  Collège  de  R.,  de  n. 
Joseph  de  Bracorand,  S'  de  Savoyroux,  de  n.  Joseph 
Juge,  do  Joseph  Merle,  docteur  en  médecine  et  François 
Chapuis,  maître  chirurgien. 


387 

Edouard  de  Conzié  mourut  le  3  septembre 
ainsi  que  nous  l'apprend  la  demande  d'ouverture 
de  son  testament  faite  par  sa  veuve,  dès  le  5  du 
même  mois  «  attendu  la  conjoncture  du  temps 
de  guerre  ». 

Le  testament  est  ouvert  dans  la  maison  du  dé- 
funt où  il  est  présenté  par  son  beau- frère,  Bal- 
thazard  de  Livron,  au  juge  commis  qui  en  fait  une 
description  minutieuse,  dans  laquelle  est  consta- 
tée l'addition  que  nous  venons  de  reproduire  (I). 

L'on  doit  croire  que  le  P.  Truffon,  poussé  par 
la  seconde  femme,  avait  excité  le  testateur  à  di- 
viser son  bien  entre  les  fils  des  deux  lits,  et  que 
pour  échapper  aux  obsessions  qui  auraient  en- 
touré ses  derniers  moments,  Edouard  do  Conzié 
y  avait  consenti,  se  réservant  de  modifier  cette 
disposition  dès  qu'il  serait  seul.  Son  bien,  dit-il, 
était  trop  peu  important  pour  être  donné  à  deux 
héritiers.  Dans  le  corps  du  testament  il  avait  lais- 
sé ses  funérailles  à  la  volonté  de  sa  femme  ;  dans 
le  codicille  par  la  disposition  finale,  il  donne  un 
exemple  de  modestie  assez  rare  en  réduisant  au 
strict  nécessaire  le  nombre  des  flambeaux  qui 
doivent  brûler  à  sa  sépulture. 

XIII.  Louis  de  Conzié,  né  à  R.,  le  2G  novem- 
bre 1G97  (cérémonies  du  baptême  le  10  février 
1698),  d'Edouard  de  Conzié   et   de  Marguerite 

(1)  Archives  du  Greffe  du  Tribunal  civil  d'Annecy  ;  Mi- 
nutes des  notaires  de  Rutnilhj,  année  1709,  i°  413  et  suiv. 


OQQ 


88 

d'AUemogne ,  moit  à  Allemogne  le  15  janvier 
1763  (1),  enseveli  à  Rumilly.  [Probablement  dans 
la  chapelle  de  Saint-Claude,  quoiqu'elle  appartint 
aux  Montfort  deConzié;  les  registres  de  R.  ne 
mentionnent  pas  cette  sépulture,] 

Il  épousa,  1°  le  14  avril  1713  (1731?),  Georgine 
Dupuis,  ou  du  Puitz,  fille  de  Claude  de  Montagny, 
morte  le  11  janvier  1742,  à  R.,  âgée  d'environ  51 
ans  (R.  P,)  ;  2"  le  25  février  1743,  à  Chambéry, 
Maguerite  de  Mareste,  fille  de  Louis  de  Maresto, 
marquis  de  Lucey. 

Il  eut  du  premier  lit  :  Marguerite-Madeleine 
mariée  le  20  septembre  1742  [?]  à  J.-B. -Gabriel  do 
Regard,  comte  de  Vars  ;  —  du  second  lit,  Fran- 
çoise-Caroline Polixène  (2) ,  née  à  Chambéry  le 
29  septembre  1744,  mariée  à  Pierre-Hyacinthe  do 
Buttet,  de  Tresserve  ;  —  François-Louis,   né  à 

(0  II  s'est  glissé  clans  l'A /-morm/f  quelques  inexactitudes, 
ou  plutôt  quelques  erreurs  de  copie  ei  d'impression,  au  su- 
jet des  deraiers  Gonzié.  C'est  ainsi  qu'on  n'y  voit  qu'une 
seule  Z)e/iïse,  fille  d'Edouard  de  Conzié  ;  qu'on  y  lit  que 
Louis  de  Conzié,  décédé  en  1763,  testa  le  15  août  1784, 
que  François-Joseph  de  Conzié  aurait  eu  74  ans  en  1768. 

La  date  do  1713  donnée  au  premier  mariage  de  Louis  de 
Conzié  nous  parait  douteuse  puisqu'il  n'aurait  été  âgé  que  de 
quinze  ans  et  demi  ;  sans  doute  il  y  a  ou  interversion  de 
cliiiTres,  et  il  faut  lire  1731.  Les  registres  n'indiquent  pas  sa 
première  femme  comme  morte  à  57  ans,  mais  i\  51  ans  en- 
viron ;  l'imprimeur  aura  pris  le  chiffre  1  iwur  le  cIiiiTro  7. 

(2)  Polixène  ;  l'un  des  prénoms  de  la  reine  de  Sardaigno, 
épouse  de  Charles-Emmanuel  III. 


389 

Cliambéry  le  22  octobre  1745  ;  —  Agathe-Sophie, 
— François-Joseph  (S*^),  né  à  Cliambéry  le  3  février 
1747;  — Alexis,  né  à  Cliambéry  le  29  avril  1750, 
et  François-Joseph-Gaspard,  né  à  Cliambéry  le 
5  septembre  1753  (voir  pour  le  11**  degré,  ['Ar- 
moriai et  Nobiliaire,  p.  162). 

XIII.  François-Joseph  de  Conzié  ,  fils  d'E- 
douard et  de  Louise  Favre  des  Cliarmettes,  né  à 
Rumilly  le  11  février  1707  (1),  décédé  à  Cliam- 
béry, sans  avoir  été  marié,  le  8  mai  1789.  âgé 
de  83  ans. 

[Le  17  avril  1730,  à  R.,  par  un  acte,  Descostes 
notaire,  il  traite  avec  sa  mère  au  sujet  des  droits 
dotaux,  augment  et  joyaux  de  celle-ci,  fixés  à 
39,000  florins  par  son  contrat  de  mariage  du  21 
septembre  1705,  Blanc  notaire.  Le  fils  du  premier 
lit  d'Edouard  de  C,  Louis,  comte  de  Clianaz,  ba- 
ron d'Arenthon,  en  doit  la  moitié,  faisant  10,285 
livres  14  sols  6  deniers.  L'acte  signé  Joseph  de 
Con.^ié,  est  passé  en  présence  du  bénédictin  de 
l'abbaye  de  Talloires,  D.  Ildefonse  Belly,  un  ami 

(1)  «  L'an  1707  et  l'onzième  jour  du  mois  de  février  est  né 
un  fils  de  noble  Edouard  de  Consier  et  de  demoiselle  Loùj^se 
de  Cliarmettes,  mariés,  de  cette  jjarroisse,  et  le  13  a  été 
baptisé;  on  lui  a  imposé  le  nom  de  Joseph-François.  Son 
parrain  a  été  noble  Claude-François  de  Cliarmettes  ;  la  mar- 
raine Marie  do  Charmettes,  faisants  pour  Joseph-Philibert 
Favre,  comte  de  Charmettes,  et  pour  Françoise  Lucinge  (^ic) 
comtesse  Dunoyer. 

«  Signé  :  P.  Rcmondier,  vie.  gardiateur  »  (R.  P.  do  U).» 


390 

de  la  famille,  car,  en  1725,  il  avait  déjà  assisté  au 
contrat  d'entrée  en  religion  de  Denise  de  Con- 
zié  (1). 

Il  avait  testé  en  1762  (2)  et  testa  de  nouveau 
le  24  août  1786  (Armoriai,  p.  162,  note). 

Nous  avons^  dans  un  autre  ouvrage  (3),  donné 
sur  Joseph  de  Conzié  et  sur  sa  liaison  avec  Ma- 
dame de  Warens  et  Rousseau  de  nombreux  ren- 
seignemems.  Nous  y  avons  publié  onze  lettres 
inédites  du  gentilhomme  savoisien  à  son  malheu- 
reux et  soupçonneux  ami.  IL  lui  offrit  généreuse- 
ment un  abri  aux  Charmettes  et  dans  le  petit 
château  d'Arenthun  où  le  philosophe  aurait  trouvé 
un  curé  tolérant,  l'abbé  Baussand,  dont  Joseph 
de  Conzié  a  célébré  les  vertus  en  vers  latins. 

L'amitié  d'un  grand  homme  est  un  bienfait 
des  dieux  ;  aussi  les  relations  de  Joseph  de  Con- 
zié avec  Jean-Jacques  ont-elles  beaucoup  plus 
contribué  a  conserver  sa  mémoire  que  les  services 
réels  qu'il  s'efforça  de  rendre  à  ses  concitoyens, 

(1)  En  1725  il  était  prieur  du  prieuré  de  Runiilly  ;  il  de- 
vint abbé  claustral  de  Talloires  en  1736.  —  Madame  de  Con- 
zié avait  alors  quelques  dettes;  elle  devait,  notamment, 
000  livres  empruntées  par  elle,  en  Piémont,  du  seigneur  de 
Montfort,  major  du  régiment  de  Tarcnlaise. 

(2)  Archives  du  Tabellion  à  Chambéry,  année  17(52,  I" 
partie,  folio  005;  il  n'y  a  que  le  procès-verbal  de  déclaration 
de  testament. 

(3)  Madame  de  Warens  et  J.-J.  Rousseau,  Paris,  Cal- 
mann  Lévy,  1801,  in-S",  avec  4  planches 


391 

lors  de  la  longue  et  dure  occupation  de  la  Savoie 
par  l'armée  espagnole,  de  1742  à  1749. 

\J Armoriai  de  Savoie ,  page  162,  l'indique 
comme  député  de  la  noblesse  en  1746  [auprès  du 
roi  d'Espagne].  La  pièce  suivante  établit  qu'il  fut 
envoyé  à  la  Cour  de  Madrid  par  le  pays  tout  en- 
tier, «  par  les  627  communautés  comprises  dans 
les  six  proviaces  qui  composent  le  duché  de 
Savoie  ». 

Après  avoir  obtenu   une   audience   du  roi  en 

1746,  il  en  sollicita  une  autre  et  parait  avoir  été 
reçu  de  nouveau  par  le  roi  Ferdinand  le  4  janvier 

1747.  Il  fut  admis  à  lui  présenter,  sur  les  faits 
contenus  dans  un  mémoire,  qu'il  avait  sans  doute 
rédigé  à  Ghambéry  en  collaboration  avec  les  prin- 
cipaux personnages  de  la  ville,  des  explications 
c[u'il  n'aurait  pas  été  prudent  d'énoncer  par  écrit. 

Le  Mémoire  (1),  imprimé  sur  deux  colonnes, 
l'une  en  espagnol,  l'autre  en  français,  contient  un 
exposé  sommaire  et  précis  des  diverses  taxes  im- 
posées par  les  conquérants  à  la  Savoie^  taxes  dé- 
passant de  beaucoup  les  limites  fixées  par  Phi- 

(1)  II  est  imprimé  sm*  deux  feuilles  de  papier  de  0,  32 
centimètres  de  haut  sur  0,22  de  large  et  ne  porte  ni  date  le 
lieu  d'impression,  ni  nom  d'imprimeur. 

Le  texte  espagnol  commence  ainsi  : 

SENOR 
Il  Condc  di  Conciè,  DlpiUndo  General  de   las  627  Co- 
tnnnidadcs  entre  du  laies.  Villas,  y  Poblacioncs ,  etc. 


392 

lippe  V  lors  de  la  prise  de  possession  du  pays 
en  septembre  1742,  par  les  troupes  espagnoles 
avec  la  connivence  de  la  France.  Les  suppliants 
y  concluent  à  ce  que  les  peuples  savoisiens  ne 
paient  ni  taxes  ni  impôts  plus  élevés  que  ceux 
auxquels  ils  étaient  soumis  sous  le  roi  de  Sardai- 
gne,  et  à  ce  que  tout  ce  qui  avait  été  si  durement 
exigé  en  sus  fût  imputé  sur  les  taxes  et  impôts 
ordinaires  à  recouvrer  depuis  ce  moment. 

La  rareté  et  l'importance  historique  de  ce  do- 
cument nous  engagent  à  en  publier  ici  intégrale- 
ment le  texte  français. 

Mémorial  présenté  a  Sa  Majesté  le  Roy  Dom 
Ferdinand  des  Espagnes,  au  nom  des  Peu- 
ples DE  Savoye,  le  4  janvier  1747. 

Sire, 

1.  Le  Comte  de  Conzié,  Député  Général  des  627. 
Coramunautez,  tant  Villes,  que  Bourgs  et  Villages,  com- 
prises dans  les  six  Provinces  qui  composent  le  Duché  de 
SavoA'^e,  se  présente  de  nouveau,  avec  un  profond  respect, 
aux  pieds  de  Votre  Majesté  ,  s'y  trouvant  forcé,  vu 
que  le  contenu  de  l'Ordre  Royal  que  lui  a  remis  le  Minis- 
tre Marquis  de  la  Ensenada,  pour  l'Intendant  du  Duché 
de  Savoye,  se  trouve  être  d'une  différente  substance  que 
la  Représentation  faite  ci-devant  par  le  Député  supliant 
à  V.  M.  dans  sa  première  Audience  ;  puisque  par  l'Or- 
dre Royal  susmentionné  V.  M.  mande  au  susdit  Inten- 
dant, «  qu'il  aye  à  traiter  les  mentionnées  Communau- 
tez  avec  douceur,  suivant  que  les  circonstances  le  per- 


393 

mettront  »  :  Mais  le  Député  d'icelles  avoit  supplié  V. 
M.  verbalement  et  par  écrit,  qu'usant  de  sa  Clémence 
Royale  Elle  daignasse  supprimer  les  Contributions  ex- 
cessives et  hors  de  juste  règle,  dont  ces  provinces  ont  été 
surchargées,  vu  le  pied  que  I3  Glorieux  Monarque,  Père 
de  V.  M.  avoit  établi,  qu'elles  contribueroient  dès  le 
commencement  de  sa  Cathohque  Domination. 

2.  Cet  équivoque,  dans  le  point  essentiel,  peut  provenir 
de  ce  que  le  Député  supliant  n'avoit  pas  réussi  à  établir 
suffisamment  et  en  diië  forme  l'objet  de  sa  Commission, 
puisqu'il  ne  s'étoitpas  plaint  à  V.  M.  de  l'Intendant  ac- 
tuel de  Savoye,  du  Pouvoir  duquel  ne  dépend  plus  au- 
jourd'hui le  remède  nécessaire  aux  souffrances  de  ce 
misérable  Peuple  :  Le  Député  supliant  répétera  à  V. 
M.  dans  cette  humble  Supplication  les  principaux  motifs 
qui  animent  les  coeurs  des  susdites  627.  très  loyales  et 
très  affligées  Communautez  à  espérer  de  la  Clémence  de 
V.  M.  (dans  l'auguste  Personne  de  laquelle  ils  voyent 
couler  et  revivre  le  Sang  Royal  des  précédans  Monar- 
ques delà  Savoye),  à  espérer,  dis-je,  la  suppression  des 
insupportables  poids,  qui  ont  produit  la  ruine  de  ces 
Provinces,  contre  tous  les  Etablissements  et  Règles  que 
le  Glorieux  et  Catholique  Monarque,  Père  de  V.  M., 
avoit  donnez  pour  baze  et  principes  de  son  Gouverne- 
ment, ainsi  qu'il  sera  démontré  par  les  faits  suivans. 

3.  Les  Royales  et  Catholiques  Armées  de  V.  M.  étant 
entrées  le  premier  de  Septembre  1742,  dans  Chambéry, 
Capitale  de  toutes  les  six  Provinces  du  Duché  de  Savoye, 
il  fut  publié  dans  tout  le  Duché  un  Edit  général,  au 
nom  du  Glorieux  Monarque  Philippe  V,  très  digne 
Père  de  V.  M.,  paroii  il  étoit  déclaré,  «  Que  les  Etats 
de  Savoye  ne  seroient  point  surchargez,  mais  au  con- 
traire, qu'ils  seroient  maintenus,  tout  ainsi  que  le  Roi 


394 

de  Sardaigae  les  avoit  traitez,  et  que  les  cent  mille 
Sacs  de  grains,  le  foin  et  la  paille,  fournis  aux  Trou- 
pes Catholiques  leur  seroient  payez  et  bonifiez  sur  le 
montant  de  la  Taille,  et  des  Royales  Contributions, 
moyennant  des  Reçus  légitimes  »  :  Et  le  Marquis  de  la 
Ensenade  demandant  aux  mômes  Etats  de  Savoye  la 
continuation  des  fournitures,  en  mêmes  espèces  de 
grain,  foin  et  paille,  au  Royal  nom  du  Serenissime  In- 
fant Don  Philippe,  Lieutenant-Général  pour  S.  M.  dans 
les  Païs  conquis,  tant  pour  le  Politique,  le  Civil,  le  Mi- 
litaire, et  Finance  Royale  ;  Ce  Ministre  repéta  dans  ses 
Ordres,  des  13,  22,  et  26  de  Septembre,  et  du  9  Octobre 
de  la  même  année  1742.,  «  Que  moyennant  les  Reçus 
que  les  Particuliers  produiroient  desdites  fournitures  de 
grain,  foin  et  paille,  elles  leur  seroient  payées  et  boni- 
fiées en  déduction  de  la  Taille,  déclarant  que  l'intention 
de  Son  Alt.  Royale  éloit  qu'elles  leur  fussent  passées  en 
compte  »  ;  ainsi  que  da  tout,  le  Député  supliant  fera 
conster  en  dùë  forme  et  en  conséquence.  Les  Etats  de 
Savoyefournirent  avec  les  ceot  mille  Sacs  de  toutes  es- 
pèces de  grains,  tout  le  foin,  le  bois,  et  la  paille  nécessai- 
re à  l'Armée. 

4.  Le  19.  Janvier  de  la  suivante  année  1743.  le  Gou- 
verneur de  Savoye  ordonna  que  les  Etats  fournissent 
demi  Vache,  par  jour,  à  chaque  Bataillon,  à  quoi  le  mê- 
me Ministre,  Marquis  delà  Ensenade  promit  verbale- 
ment, ((  que  le  montant  en  valeur  desdites  Vaches 
seroit  bonifié  »,  et  elles  ont  été  de  môme  ponctuellement 
fournies  par  le  Duché  de  Savoye. 

5.  Le  premier  de  Février  1743.  le  Duché  de  Savoye 
suppliât  le  même  Ministre,  Marquis  de  la  Ensenade,  de 
faire  faire  le  payement,  ou  bonification  desdites  espèces 
de  grains  foin,  paille,  bois,  Vaches  et  plusieurs  autres 


395 

fournitures,  et  il  répondit  que,  n  quand  les  Etats  des  dif- 
férons Bureaux  seroient  remis  à  la  Secretairie  d'Etat,  il 
douneroit  en  conséquence  les  provisions  nécessaires.  » 

G.  Le  8.  Avril  delà  mênie  année  1743.  le  susdit  Mi- 
nistre ordonna  ,  au  nom  de  S.  A.  R.  à  tout  le  Duché  de 
Savoye,  «  qu'il  paycât  aux  Royales  Finances  de  V.  M., 
la  Taille  ou  Contribution  ordinaire  et  extraordinaire,  sur 
le  même  pied  qu'il  la  payoit  précédemment  au  Roi  de 
Sardaigne,  déclarant  que  pour  tout  l'avenir,  l'intention 
de  S.  A,  R.  étoit  que  les  Etats  de  Savoye  ne  fussent  sur- 
chargez, en  aucune  manière,  voulant  les  maintenir  en 
tout,  comme  le  Roi  de  Sardaigne  l'avoit  pratiqué,  préfé- 
rant son  inclination  naturelle  d'être  bienfaisant^  plutôt 
que  les  intérêts  de  ses  Revenus,  auxquels  les  Loix  de  la 
guerre  l'auroit  pn  autoriser.  » 

7.  La  Royale  volonté  de  l'Auguste  Monarque,  Père 
deV.  M.,  étant  ainsi  déclarée  par  tant  de  solennelles 
ratifications,  designées  et  manifestées  par  les  faits  ci- 
dessus,  dont  le  Député  est  prêt  à  justifier  par  Titres  :  Et 
le  Duché  de  Savoye  depuis  la  dernière  évaluation  de  tout 
son  Territoire  et  propriété,  sujette  aux  Tributs  Royaux, 
évaluation  faite  en  1738.  par  laquelle  l'imposition  de  la 
Taille  ordinaire  fut  réglée  à  un  Million  quatorze  mille 
quatre  cent  soixante  et  quinze  livres  de  Piémont  chaque 
année,  comme  encore  cent  soixante  neuf  mille  soixante 
et  dix-neuf  livres  3.  sols  4.  deniers,  pour  cause  de  Taille 
repartie  au  cadastre,  laquelle  somme  étoit  appliquée  aux 
payemens  des  gages  des  Secrétaires,  Sindics,  Exacteurs 
et  autres  dépenses  de  Communauté:  Et  qu'en  toms  de 
Guerre,  de  môme,  l'on  payoit  sur  le  pied  de  ladite  Eva- 
luation, et  en  lieu  et  place  de  Capitation  extraordinaire, 
trois  cent  trente-huit  mille  cent  cinquante-huit  livres  de 
la  même  monnoye,  par  chaque  année,  ainsi  que  du  tout 


896 

il  estcoûsté  endùë  forme  aux  Ministres  Royaux  de  V. 
M.  ea  Savoye  :  11  est  sensible  que  depuis  le  premier  de 
Septembre  1742.  (tems  de  Guerre  coutinué  jusqu'à  ce 
jour)  l'on  n'auroit  pas  dû  charger  les  527.  Comniunautez 
qui  composent  la  Savoye,  pour  toutes  sortesde  Contribu- 
tions, au-delà  d'un  Million  cinq  vingt-un  mille  sept  cent 
douze  livres  3.  sols  4.  deniers,  que  composent  les  trois 
parties  de  11 mposition  ci-dessus,  désignée  pour  chaque 
année,  et  que  de  cette  Somme  totale  on  auroit  dîi  rabattre 
tout  le  montant  des  prédits  cent  mille  Sacs  de  grains,  le 
foin,  la  paille,  le  bois,  les  Vaches  et  autres  choses  four- 
nies. 

8.  Cependant  bien  au  contraire,  SIRE,  la  Savoye  a 
payé  aux  Royales  Finances  de  V.  M.  et  paye  tous  les 
ans  les  susdites  1521712.  Livres  3.  sols  4.  deniers,  ainsi 
et  comme  elle  payoit  au  Roi  de  Sardaigne,  en  tems  de 
Guerre,  et  de  surplus,  elle  a  payé  depuis  le  premier 
d'Août  1743.  et  continué  de  payer,  au  premier  jour  de 
chaque  mois,  40775.  Ecus  au  par  sus  (1)  du  ReglenîÇTît 
établi  par  le  très  Clément  Roi,  Père  de  V.  M . ,  et  c'est  en 
vertu  des  ordres  et  prétendues  pourvoyances  de  l'Inten- 
dant Don  .loseph  Aviles  du  premier  de  Juillet  de  la  mê- 
me année  qui  déclara  par  ses  Lettres  des  17.  21.  et  29  du 
même  mois  de  Juillet,  «  que  ladite  quantité  de  40775. 
Ecus  à  payer  chaque  premier  jour  des  mois,  n'est  point 
une  nouvele  imposition,  mais  un  équivalent  en  argent 
de  ce  que  la  Savoye  avoit  contribué,  ))  et  par  ses  Lettres 
suivantes  du  31.  Juillet,  du  2.  du  7.  et  du  20.  Août  de 
la  même  année  143.  il  répète  que  la  somme  ci-dessus 
exprimée,  «  est  une  conversion  en  Argenl,  et  un  équi- 
valent des  Ustensiles  que  S.  M.  a  trouvé  bon  par  plu- 

(1)  Au  par  sus,  au  delà. 


on'T 


97 

sieurs  considérations,  de  réduire,  et  fixer  en  argent 
comptant,  vu  les  difficultez  et  les  inégalitez  qui  se  ren- 
controient  dans  le  recouvrement  des  Ustensiles  en  natu- 
re ;  Ajoutant  que  la  Savoye  seroit  indemnisée  de  tout  ce 
qu'elle  pourroit  contribuer  en  espèces  depuis  le  premier 
Août  en  avant,  moyennant  la  présentation  des  Titres 
justificatifs.  » 

9.  Le  même  Intendant  Dom  Joseph  Aviles,  par  sa 
Lettre  du  28.  du  même  mois  d'Août  1743.  obligea  la 
Ville  Capitale  de  Chamberi,  qui  à  l'instance  des  Minis- 
tres de  V.  M.  s'étoit  chargée  des  Hôpitaux  Royaux, 
moyennant  quatorze  sols  par  place  de  chaque  malade 
pour  chaque  jour  ;  il  l'obligea  dis-je  de  «  fournir,  a  des 
nouveaux  Entrepreneurs  auxquels  il  transmit  les  Hôpi- 
taux Royaux  au  prix  de  vingt-deux  Sols  par  jour  par 
chaque  place,  etauquels  il  fit  remettre  tous  les  Meubles, 
et  Ustencilles  que  la  Ville  avoit  acheté  pour  cet  étabhs- 
sement,  »  ordonnant  cependant,  «  qu'estimation  fusse 
faite  pour  indemniser  ladite  Ville  des  dommages  que  l'on 
pourroit  faire  auxd.  Meubles  et  Ustencilles,  ou  de  leur 
totale  valeur,  en  cas  qu'ils  ne  lui  fussent  pas  restituez.  » 

10.  En  absence  dud.  Intendant  effectif,  l'Intendant 
provisionel  Amorin  ordonna  le  31.  Août  de  la  même 
année  1743.  que  les  Licts  des  Casernes  fussent  de  mô- 
me livrez,  après  leur  évaluation,  aux  nouveaux  Entre- 
preneurs des  Hôpitaux. 

11.  Le  susd.  Intendant  provisionel  Amorin  par  sa 
Lettre  du  15.  Octobre  de  la  même  année,  ordonna  de 
faire  un  Approvisionnement  de  628000.  Rubs  de  Paille, 
et  56000.  de  Foin,  déclarant  que  les  deux  espèces  se- 
roient  payées. 

12.  Le  16.  du  même  mois  d'Octobre,  il  ordonna  de 
faire  la  provision  de  158000.  Rubs  de  Bois,  déclarant 


398 

que  les  Etats  de  Savoye  en  seroient  payez  comme  de  la 
Paille. 

13.  L'Intendant  efïeclif  Avilcs  à  son  retour  de  l'Ar- 
mée, contre  les  dispositions  de  son  Substitut  du  31.  Août, 
touchant  les  Licts  des  Casernes,  ordonna  que  l'on  dût 
de  nouveau  fournir  de  Licts  lesd.  Casernes,  le  tout  à 
neuf,  avec  tout  leur  nécessaire,  déclarant  que  pour  le 
payement  des  anciens  Meubles,  il  donneroit  les  dispo- 
sitions convenables  et  proportionnées. 

14.  Le  même  Intendant  Aviles,  par  ses  Lettres  du 
11.  et  16.  Novembre  ordonna  que  l'on  fil  fournir  de  la 
même  façon  que  ci-dessus  tous  les  Bois  nécessaires  aux 
Palais,  Office,  Domestiques  et  Conirolleurs  de  S.  A.  R. 
et  qu'à  toute  l'Armée  l'on  fournit  le  Bois,  la  Vaclie, 
l'Huile,  les  Chandelles,  le  Charbon  et  les  Licts. 

15.  Et  par  une  autre  Lettre  du  IG.  Novembre  il  dé- 
clara, ((  que  les  40775.  Ecus  dussent  être  toujours  payez 
au  premier  jour  de  chaque  mois  sans  que  l'on  en  dût  es- 
compter ni  rabattre  la  Paille,  le  Bois  et  autres  Usten- 
ciles,  defïendant  Expressément  aux  Etats  de  Savoye 
toutes  Représentations  et  Recours.  » 

16.  Le  môme  Intendant  Avilès,  par  sou  ordre  du  24. 
Janvier  1744.  ordonna  qu'il  fut  fourni  une  Provision  de 
25240.  Rubs  de  Bois  pour  trois  Châteaux,  laquelle  dit- 
il,  dans  sa  Lettre,  «  sera  payée  immédiatement  après  la 
présentation  des  Récépissés  des  Gardes  Magazins. 

17.  De  môme  les  Etats  de  Savoye  ont  fourni  ])ar  or- 
dre, dans  les  deux  occasions  que  l'Armée  alloit  partir 
près  de  800.  Bêtes  de  charge,  tant  Chevaux  que  Mu- 
lets, lesquels  ont  suivi  les  Armées  en  Campagne,  et  y 
ont  tous  péri. 

18.  Finalement  la  Savoye  depuis  le  l^r.  Septembre 
1742.  a  fourni  toute  la  Paille,  Foin,  Bois,  Huile,  Chan- 


399 

délie,  Charbon,  Licls  garnis,  Logeraens,  Bois  pour  les 
Fours,  Vaches  et  plusieurs  autres  choses,  sous  les  pro- 
messes que  le  tout  lui  seroitpayé,  moyennant  justifica- 
tion et  Récépissé,  cependant  il  ne  lui  a  pas  été  bonifié 
un  seul  Maravedis  jusques  à  ce  jour. 

19.  Les  misérables  Peuples  de  Savoye,  par  l'excès 
desd.  Contributions  depuis  le  lec.  Aoiît  1743.  ne  s'arrê- 
teront point  à  démontrer  les  exceptions  et  contradictions 
qui  résultent  des  dift'erens  ordres  citez  ci-dessus,  n'y  à 
blâmer  la  conduite  des  Intendants  Avilès,  et  Amorin,  ce 
n'est  point  leur  intention  de  se  plaindre  d'eux,  n'y 
d'aucun  autre  Ministre,  non  plus  que  de  personne  quel- 
conque, ils  gémissent  seulement  aux  pieds  de  V.  M.,  en 
lui  représentant  les  maux  qu'ils  souffrent. 

20.  Ces  mêmes  misérables  Peuples  de  Savoye  con- 
serveront toujours  dans  leur  fidèle  cœur  le  souvenir  de 
la  paternelle  bonté,  avec  laquelle  le  très  Clément  Mo- 
narque Père  de  V.  M.  les  a  adoptez  pour  ses  fidèles  Su- 
jets, sans  autre  Contribution  que  celle  qu'ils  avoient 
payé  jusques  alors  au  Roi  de  Sardaigne  ;  Ils  savent 
qu'ils  n'ont  pas  donné  le  moindre  motif  contre  le  Royal 
Service,  pour  qu'on  les  prive  d'une  telle  grâce,  publiée 
et  ratifiée  avec  tant  de  solennité  en  Savoye. 

21.  Leur  plus  grande  douleur  a  été  par  conséquent 
qu'on  leur  eut  interdit  tous  Recours  au  très  Clément  Roi 
Père  de  V.  V.,  touchant  une  Imposition  si  excessive,  et 
redoublée  sous  un  seul  et  même  nom,  ou  titre  d'Usten- 
ciles  qui  n'avoit  jamais  été  exigé  chez  ces  Peuples,  ne 
croyant  point  d'ailleurs  cette  excessive  Imposition  au- 
Ihorisée  par  un  Décret,  ou  Edit  émané  du  Trône,  n'y  par 
ordre  de  quelque  principal  Ministre  d'Etat  ou  des  Fi- 
nances, résident  auprès  de  sa  Royale  Personne,  comme 


400 

il  semble  qu'il  auroit  dû  ê(re  pratiqué  si  la  chose  avoit 
émané  de  la  Catholique  conscience  de  S.  M. 

22.  Pour  donner  à  V.  M.  une  sorte  d'idée  de  ce  que 
rapporte  annuellement  tout  le  Territoire,  ou  le  Sol  des 
six  Provinces  qui  composent  le  Duché  de  Savoj^e.  Le 
Député  d'icelles  a  l'honneur  d'exposer  comme  un  fit  (fait) 
certain,  que  dans  l'année  1738.  il  s'en  fit  une  Evalua- 
tion juridique  par  le  Roi  Victor  de  Sardaigne,  d'où  il 
résulta  que  la  totale  valeur  du  produit  de  toutes  les 
Terres  de  Savoj-e  pour  chaque  année  n'alloit  qu'à 
1804500.  Ecus  de  quinze  Reaux  de  Billon,  y  compre- 
nant les  Biens  feodeaux,  et  ceux  de  l'ancien  Patrimoine 
de  l'Eglise,  et  que  sur  ce  pied  ce  Souverain  imposa  en 
faveur  de  ses  Royales  Finances  la  Taille,  ou  la  Contri- 
bution annuelle  de  305105.  Ecus,  et  quatre  Reaux,  qui 
est  la  cinquième  partie  de  tous  les  Revenus  annuels  que 
peuvent  tirer  le^  Habilans  desd.  six  Provinces,  et  qui 
correspond  aux  1014475.  Livres  de  Piémont  marquées 
dans  l'Article  septième  ci-dessus,  et  que  de  même  elles 
payent  à  V.  M. 

23.  De  tout  ce  que  dessus  rapporté  en  exacte  vérité  et 
que  surabonda GQraent  le  Député  est  près  de  justifier.  La 
Royale  Clémence  de  V.  M.  pourra  aisément  juger  de  la 
stérilité  desdite?  six  Provinces  qui  sont  de  plus  conster- 
nées aujourd'hui  par  la  mortalité  des  Bestiaux,  en  quoi 
consistoit  leur  principal  Revenu,  de  sorte  que  par  ce 
fléau,  et  par  la  susdite  augmentation,  de  40775.  Ecus 
d'indue  Contribution  payable  à  chaque  premier  jour  du 
mois,  sous  le  titre  et  prétexte  des  Utencilles,  comme 
aussi  par  la  fourniture  en  nature  des  mêmes  Utencilles, 
conjoints  au  payement  de  leur  prétendue  évaluation, 
comme  encore  par  le  défaut  de  payement  de  la  part  dos 
Royales  Finances,  ou  recompensation,  ou  bonification 


401 

des  susdits  Grains,  Foin,  Paille,  Vaches,  Bois,  Licts 
et  autres  diverses  fournitures,  que  la  Royale  Intention 
du  très  Clément  Roi  Père  de  V.  M.,  comptoit  et  en- 
tendoit  qui  se  payasse,  ou  bonifiasse  au  Pais,  ce  qui  n'a 
pas  été  exécuté  pour  la  valeur  d'un  seul  Maurauedis, 
jusqucs  à  ce  jour.  Nous  éprouvons  dans  ces  Provinces 
une  désertion  de  plusieurs  de  nos  habitans  que  la  mi- 
sère fait  abandonner  leurs  femmes  et  leurs  enfans,  les- 
quels restent  exposez  aux  dernières  extremitez,  men- 
diant de  porte  en  porte,  dans  le  propre  Païs,  ou  dans  les 
Pais  étrangers. 

24.  Les  Etats  de  Savoye  ni  le  Député  suppliant  ne 
sont  pas  capables  d'avancer  la  moindre  chose  contre  la 
vérité,  sur  tout  ce  qui  a  été  rais  sous  les  yeux  de  V.  M., 
et  au  besoin  ils  s'offrent  d'en  faire  conster  par  des  Titres 
incontestables,  et  dans  ce  triste  état,  si  digne  de  la  com- 
passion de  V.  M.,  la  malheureuse  situation  de  la  Répu- 
blique de  Gènes,  causée  par  la  Cour  de  Vienne  ne  nous 
pourroit  servir  d'exemple,  ni  les  circonstances  si  notoi- 
rement difïerentes  ;  mais  bien  plutôt  le  Modenois  con- 
quis par  le  Roi  de  Sardaigne,  qui  n'en  exige  que  les 
mêmes  Contributions  qu'en  exigeoit  son  propre  Sou- 
verain, à  l'imitation  de  la  même  Règle^  pratiquée  dans 
les  ordres  qui  étoient  émanez  du  glorieux  Père  de  V.  M., 
à  regard  de  la  Savoye. 

En  considération  de  tous  ces  objets  ;  Le  Député  de 
ces  malheureuses  Communautez  supplie  avec  un  pro- 
fond respect  la  Clémence  Royale  de  V.  M.,  qu'usant  de 
compassion  envers  elles,  vu  qu'elles  n'ont  pas  été  moins 
fidelles  que  les  autres  Sugets  des  Royaumes  de  V.  M., 
et  qui  les  Peuples  de  Savoye  ont  l'avantage  de  voir 
couler  dans  vos  augustes  veines  le  Royal   Sang  de  leur 

26 


402 

précèdent  Monarque,  V.  M.  daigne^  les  délivrer  des  sus- 
dites excessives  Contributions,  ordonnant  à  ses  Royaux 
Ministres  en  Savoye,  qu'à  l'avenir  on  ne  les  charge  sous 
aucun  prétexte,  d'aucunes  autres  Impositions  que  de 
celles  qu'ils  payoient  du  tems  des  précédons  Rois  de 
Sardaigne,et  qu'il  leur  soit  payé,  ou  au  moins  bonifié  à 
compte  desd.  Impots  pour  l'avenir,  tout  ce  qu'ils  ont 
payé  de  plus  en  vertu  des  Ordres,  et  Provisions  de  l'In- 
tendant Avilès,  aussi  bien  que  la  valeur  du  Capital 
qu'ils  ont  fourni  en  différentes  espèces  de  grains,  et  au- 
tres choses,  ainsi  qu'il  avoit  été  ordonné,  par  le  très 
Clément  Prince,  l'Auguste  Père  de  V.  M.  (1),  en  quoi 
ces  Peuples  recevront  une  consolation  et  une  grâce  digne 
delà  pieté  innée  de  Vôtre  Majesté  (2). 

En  terminant  rappelons  que  François -Joseph 
de  Conzié  fut  l'un  des  promoteui^s  de  l'établisse- 
ment d'une  société  d'agriculture  à  Ghambéry.  Il 
en  était  membre  en  1775,  et  publia  «  un  discours 
sur  l'Agriculture.  )) 


(1)  Philippe  V  avait  épousé  en  secondes  noces  Elisabeth 
de  Parme,  dont  il  eut  Ferdinand  VI  à  qui  M.  de  Conzié 
s'adresse  dans  ce  mémoire,  et  l'infant  Don  Philippe  qui 
gouverna  la  Savoie  et  tint  une  petite  cour  ù  Ghambéry 
durant  l'occupation. 

(2)  Voir,  sur  le  même  objet,  le  Mémoire  du  Sénat  de  Sa- 
voie, de  novembre  1713,  dans  Bur.nier  ,  Histoire  du  Sénat 
de  Savoie,  II.  484,  etla  S iipplir/ tic  du  Sénat,  dans  Sai.xï- 
Genis,  Histoire  de  Sacoie,  III,  7(). 


403 
QUATRIÈME   PARTIE 


I 

François  de  Conzié,  archevêque  de  Narbonne 

François,  fils  de  Pierre  III  de  Conzié  et  d'Am- 
phélize  ou  Ancelize  de  Verboz.  Né  dans  le  pays 
de  Belley,  dit  la  Gallia  Chrisiiana  (1),  mais  plutôt 
à  Rumilly  où  sa  famille  possédait  deux  maisons  ; 
évêque  élu  de  Grenoble,  le  16  février  1380;  arche- 
vêque d'Arles,  le  31  janvier  1388;  de  Toulouse, 
le  17  novembre  1390,  et  de  Narbonne,  le  19  no- 
vembre 1391.  Il  mourut  le  31  décembre  1432. 

Vraisemblablement  il  dut  sa  fortune  ecclésias- 
tique, d'abord,  à  Rodolphe  de  Chissé  (2)  son  pa- 

(\)  In  pago  BeUlccnsl ;  Gallia  Christiaiia,  t.  i",  colonne 
580.  Il  est  possible,  à  la  rigueur,  que  François  de  C.  soit  né 
dans  les  environs  de  Belley,  où  sa  famille  avait  la  seigneurie 
de  Vaucliier,  mais  il  est  bien  plus  probable  qu'il  naquit  à 
Rnmilly  ou  à  Bloye,  dans  le  comté  de  Genevois,  où  les 
Conzié  possédaient  des  fiefs  plus  nombreux  et  plus  impor- 
tants. On  remarque  à  ce  sujet  que,  dans  son  épltaphe,  il 
n'est  dit  ni  bugésien  ou  bressan,  sebusianus,  ni  sabaudus, 
mais  qu'il  est  indiqué  comme  né  dans  le  diocèse  de  Genève, 
dont  Rumilly  et  Bloye  faisaient  partie,  génère  nohilis,  le- 
gu/n  doctor,  diocesis  gebcnnensis.  Cette  désignation  du 
diocèse  est  toujours  tenue  pour  une  preuve  suffisante  du 
pays  d'origine. 

(2)  D'une  famille  de  la  Roche  en  Genevois.  Nommé  arche- 
vêque de  Tarentaise  en  1380,  il  fut  assassiné  en  1385  près  de 
Moû  tiers. 


404 

rent  (1),  évèque  de  Grenoble,  auquel  il  succéda; 
puis,  et  surtout,  à  Robert  de  Genève,  d'Annecy, 
élu  pape  le  21  septembre  1378,  et  auprès  de  qui 
il  avait  pu  se  trouver  lorsque  le  prince  savoyard 
n'était  que  cardinal  et  général  de  l'armée  de 
l'Eglise  contre  les  Toscans. 

On  sait  que  Robert  de  Genève,  devenu  le  pape 
ou  l'antipape  Clément  VII,  et  reconnu  pour  sou- 
verain Pontife  par  la  plus  grande  partie  de  la 
calliolicité,  transféra  h  Avignon  le  siège  de  la  pa- 
pauté. 

François  de  Conzié  devint  son  camérier  et  fut 
l'un  de  ses  ambassadeurs  ordinaires  ;  il  fut  ré- 
compensé de  ses  services  d'abord  par  ses  divers 
archevêchés,  et  par  les  richesses  qu'ils  procu- 
raient ;  plus  tard,  parles  fonctions  de  légat  et  le 
titre  de  patriarche  de  Constantinople. 

(1)  Son  oncle,  dit  M.  Hauréau,  Gallia  Christ,  t.  XVI, 
col.  250.  On  ne  comprend  pas  comment  il  aurait  pu  en  être 
ainsi.  Il  ne  devait  y  avoir  entre  les  Chissé  (voir  à  ce  nom 
Y  Armoriai  de  Saooie,  II,  p.  43)  et  les  Consié  ou  les  Vcrbo^^ 
qu'une  parenté  assez  éloignée  et  l'archevêque  ne  nomme  au- 
cun Chissé  dans  son  testament.  —  Quelques  auteurs  ont 
indique  un  François  de  Chissé  comme  archevêque  d'Arles  et 
camérier  du  pape  en  1390.  La  confusion  est  évidente,  il 
s'agit  de  François  de  Conzié.  Il  est  ditficile  encore  d'admettre 
que  Pierre  de  Chissé,  chevalier,  ait,  le  27  septembre  1300, 
fondé  un  anniversaire  pour  F.  de  Conzié,  archevêque  d'Arles, 
en  même  temps  qu'il  fondait  le  sien  propre,  et  ceux  de  Ro- 
dolphe de  Ciiissé,  arch.  do  Tarenlaisc  et  d'Aymon  de  Chissé, 
évèque  de  Grenoble.  (Armoriai  de  S.,  II,  \"  Chissé,  p.  48). 


405 

Les  successeurs  de  Cléineiit  VII ,  Benoit  XIII 
(Pierre de  Lune),  Alexandre  V  (Pierre  de  Cati' 
die),  Jean  X.^Ul(Balthazard  Cossa),  Martin  V  et 
même  Eugène  IV  eurent  en  lui  la  même  confiance. 

Martin  V,  croyons-nous,  le  créa  patriarche  de 
Constantinople.  Il  fut  investi  de  la  légation  du 
Comtat  Venaissin  et  des  pays  adjacents  depuis  la 
création  de  cotte  charge,  en  1409,  jusqu'à  sa 
mort  (1).  Il  eut  alors  pour  successeur  Marc  Gon- 
dolmère,  neveu  d'Eugène  IV  et  qui  devint  bien- 
tôt urchevéque  de  Tarentaise. 

François  de  Conzié  était  docteur  es  lois  ;  sa 
science  juridique  dut  lui  être  souvent  utile  dans 
l'exercice  de  ses  délicates  fonctions  de  légat  du 
Saint-Siège. 

On  lui  attribue  la  construction  «  du  mur  nou- 
veau entre  le  grand  palais  et  le  petit  et  la  tour  », 
au  Palais  des  Papes  (MS'%  n°  2885). 

Il  séjourna  fort  peu,  pas  du  tout  peut-être,  dans 
ses  villes  épiscopales,  sauf  à  Arles,  à  raison  de 
la  proximité  de  cette  ville  d'Avignon.  Son  évéché 
de  Grenoble  fut  géré  pour  lui  par  Etienne  du  Port, 
prieur  d'Entremont(2)qui  y  promulgua  des  statuts 

(1)  La  légation  d'Avignon  aurait  été  créée  par  Alexandre 
V,  le  2  novembre  1409,  an  I"  de  son  i^ontiftcat.  (Historia 
Celestinoruin  Acenionciisium...  a  la  Bibliothèque  d'Avi- 
gnon. MS'\  n°  2885). 

(2)  11  ne  s'agit  probablement  pas  d'Entreniont  entre Thônes 
et  Bonneville  (prieuré  d'Augustins),  parce  que  le  prieur  do 
ce  couvent  était  alors  Jacques  de  Verboz  indiqué  par  Bcsson 
en  1397  ou  Pierre  de  Verboz  indiqué  en  1417. 


40G 

synodaux,  le  6  décembre  1681  (Gallia  Christ. 
XVI,  col.  250).  Ses  vicaires  généraux  gouvernèrent 
les  archevêchés  de  Toulouse  et  de  Narbonne. 

Lorsqu'il  n'était  pas  en  ambassade,  François  de 
Conzié  exerçait  à  Avignon  les  devoirs  de  sa  char- 
ge auprès  de  Clément  VII.  C'est  ainsi  cju'il  assis- 
ta, le  19  novembre  1393,  à  la  déclaration  de  ce 
pape,  par  laquelle  il  décide  qu'Humbert  de  Vil- 
lars  lui  succédera  (1)  dans  la  souveraineté  du 
comté  de  Genevois,  ainsi  que  le  comte  Pierre 
l'avait  prescrit  dans  son  testament  du  24  mars 
1392^  anno  a  Nativiiate  (2).  Clément  VII  l'a- 
vait désigné  pour  être  son  exécuteur  testamen- 
taire, avec  les  cardinaux  Jean,  du  titre  de  Saiute- 
Anastasie,  dit  de^^iviers  (le  cardinal  de  Brogny), 
et  Jean  du  titre  de  Saint- Vital,  dit  de  Murol, 
personnages  en  qui  il  avait  une  grande  et  spéciale 
confiance,  de  quitus  multuin  et  specialiter  con- 
/idebat{3).  Ce  fut  par  ses  soins,  surtout,  que  fut 
élevé,  en  1401,  le  splendide  mausolée  de  ce  pape, 
dans  l'église   des  Célestins  tombeau   dont  il  ne 

(1)  Robert  de  Genève  avait  succédé  à  ses  frères  Amèdée  IV, 
Janus  ou  Jean  et  Pierre.  Sa  mère,  Mathilde  de  15oulogne, 
veuve  d'Araédée  III,  gouvernait  pour  lui;  elle  se  qualifiait 
de  gubernatrix  pro  sanctissimo  domino  Clemcnti  pape 
scptiino,  hcreditario  Jure  co/nite  co/nitatiis  gebenncnsis. 

(2)  Clément  VII  datait  ses  bulles  et  brefs  suivant  le  style 
adopté  dans  le  diocèse  de  Genève,an/io  a  Natioitate  dotnini. 

(3)  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  de  Genève,  2"  série, 
III,  p.  182. 


407 

reste  rien,  pas  plus  que  de  celui  de  François  de 
Conzié. 

Cette  confiance  de  son  suzerain  temporel  lui 
fut  continuée  par  Humbert  de  Villars,  successeur 
de  Robert  de  Genève  qui,  dans  son  testament, 
dicté  dans  le  château  d'Annecy,  le  10  mars  1400, 
le  nomma  également  .^on  exécuteur  testamen- 
taire, avec  le  cardinal  de  Viviers,  l'évèque  de  Lau- 
sanne, Girard  de  Ternier,  etc.  (1). 

Uantipape  Benoit  XIII  (Pierre  de  Lune),  suc- 
cesseur de  Clément  VII,  confirma,  le  19  janvier 
1395,  François  de  Conzié  dans  sa  charge  de  ca- 
mérier  et  lui  confia  aussi  diverses  missions,  no- 
tamment en  Espagne  auprès  du  roi  d'Aragon.  Il 
accompagna  encore  le  pape  Martin  V  (2)  au  con- 
cile de  Constance  en  qualité  de  camérier.  Ce  pape 
l'établit  aussi  son  légat  à  Avignon  et  dans  le  Com- 
tat,  charge  qui  lui  fut  continuée  par  Eugène  IV  (3). 

On  a  dit  encore  qu'Amédée  VIII,  qui  était  déjà 
son  seigneur  quant  aux  propriétés  que  l'arche- 
vêque et  sa  famille  possédaient  en  Bugey,  et  qui 

(1)  Fr.  Mugnier;  Répertoire  de  documents  relatifs  à  l'an- 
cien comté  de  Genevois,  n"^  CC  et  CCV. 

(2)  Othon  Colonna,  éla  pape  par  le  Concile,  le  11  novem- 
bre 1417,  mort  le  21  février  1431  ;  remplacé  par  Eugène  IV 
(Gabriel  Gondolmère)  élu  le  3  mars  1-431 . 

(3)  Gallia  Christiana,  VI,  col.  96.  —  Besson,  Histoire 
ecclésiastique  des  diocèses  de  Gc.nccc,  etc.  p.  175.  —  Gui- 
CHENON,  Histoire  de  Bresse  et  de  Bngc;/,  2'  partie  de  la  3" 
partie,  p.  88. 


408 

le  devint  pour  les  fiefs  du  Genevois  par  la  cession 
qu'Oddon  de  Villars  (1)  lui  fit  de  ce  comté  le  5  août 
1401,  employa  à  son  tour  François  de  Conzié.  Il 
l'envoya  en  mission  en  1413  auprès  de  l'empereur 
Sigismond  pour  obtenir  l'érection  de  la  Savoie 
en  duché.  Ses  efforts  ne  furent  pas  inutiles, 
puisque  cette  érection  fut  faite  en  février  141G  (2). 

Le  Somniatre  des  Fiefs  de  Savoie  (3)  signale  : 
1°  à  la  date  du  28  juillet  1418,  l'investiture  en 
faveur  de  François  de  Conzié,  archevêque  de 
Narbonne,  en  qualité  d'héritier  de  Jean  de  Conzié, 
son  neveu,  de  la  maison-forte  de  Blay,  en  Taren- 
taise,  et  de  tous  les  fiefs,  rière-fiefs,  hommages, 
rentes,  etc.,  qui  en  dépendent; 

2°  à  la  date  du  20  décembre  1425,  un  acte  par 
lequel  Guillaume  de  Verboz,  procureur  universel 
de  l'archevêque  de  Narbonne,  héritier  universel 
testamentaire  de  feu  Jean  de  Conzy  de  Rumilly 
{sic),   reconnaît  tenir  du  duc  Amédée  VIII  do 

(1)  Oddon  de  Villars,  seigneur  do  Saint-Sorlin  (en  Bresse) 
avait  été  recteur,  soit  viguier,  d'Avignon  et  du  Conitat^ 
vers  1389.  Il  avait  succédé,  dans  cette  charge,  à  Henry  de 
Sévery,  prieur  de  Romain -Motier,  cvèquo  de  Saint-Jean 
de  Maurienne. 

(2)  Cette  érection,  suivant  M.  Vingtrinier,  aurait  été  si- 
gnée à  Montluelle  3  février  1 IHJ.  Elle  fut  proclamée  so- 
lennellement  à  Cliambéry,  le  IG  du  même  mois. 

(3)  Inventaire  des  Archives  du  département  de  la  Savoie, 
C.  n"  4772.  L'inventaire  donne  au  neveu  de  Fr.  de  C.  le  pré- 
nom de  Guillaume  ;  en  réalité,  le  Sommaire  porte  le  prénom 
de  Gio,  c'est-à-dire  Giovanni,  Jean. 


409 

Savoie  :  V  sa  maison-forte  de  Bloye,  des  rentes 
féodales  à  Bloye,  à  Gruffy  et  à  Mognard;  2"  con- 
fesse devoir  à  Pierre  de  Thoire  16  deniers  gene- 
vois annuels  pour  sa  grande  maison,  située  à 
Rumilly^  et  6  deniers  genevois  pour  une  autre 
maison  placée  devant  la  grande  (1). 

François  de  Conzié  testa  le  12  décembre  1431. 
Il  institua  héritier  universel  de  ses  biens  le  nou- 
veau pape  Eugène  IV  et  la  chambre  apostolique. 
11  lit  des  legs  â  Guillaume,  fils  de  défunt  François 
de  Verbouz  ;  â  Henry  de  Sacconay,  chanoine  sa- 
cristain en  l'église  et  comte  de  Lyon;  à  Jacques 
de  Conzié,  fils  de  Pier.e  ;  â  François,  fils  de 
François  de  Mentlion(2);àPierrede  Sacconay;  à 
Claude  de  Bardonnenche,  qui,  tous,  étaient  ses 
neveux.  Ses  exécuteurs  testamentaires  furent 
Louis  (Allamand),  cardinal  d'Arles  (du  titre  de 
Sainte-Cécile),  soi  neveu;  Pierre  Cotin,  évéque 
de  Castres  ;  Pierre  de  la  Treille,  évoque  de  Lo- 

(1)  Archives  de  la  Savoie,  C.  n'  1799,  f  117. 

(2)  Il  faut,  sans  doute,  lire  François  de  Monthouz,  l'ècxajcr 
de  l'arche vèque-légat.  Dans  ce  cas,  l'alliance  avec  les  Mcn- 
thoH,  indic[uée  par  Guichenon,  disparaîtrait. 

Le  manuscrit  2885  de  la  Bibl.  d'Avignon,  à  la  page  333, 
dans  une  note  marginale,  indique  que,  deux  sœurs  et  frères 
de  Fr.  de  Conzié  furent  ensevelis  dans  l'église  de  Bas- 
saco  :  daas  sorores  et  fratres  habuit  sepultos  in  ecclcsia 
de  Bassaco.  Ne  faudrait  il  pas  lire  de  Bloiaco  ? 

La  note  ajoute  :  nepotes  [habuit]  Henricum  de  Saconoy, 
Ludocicum  AlemcnSj  Joannein  de  Conziaco,  et  Guillcr- 
tnuni  de  Verbou.~, 


410 

déve  ;  Henry  de  Sacconay,  chanoine  et  comte  de 
de  Lyon,  son  neveu  ;  Antoine  des  Prés,  chanoine 
de  Lausanne;  Romuald  Talon,  prévôt  de  Forcal- 
quier  (1). 

Il  mourut  le  31  décembre  1432  k  Avignon,  et  y 
fut  enseveli  dans  l'église  des  Célestins.  On  lit 
dans  le  Recueil  des  inscriptions  des  églises  d'Avi- 
gnon, par  Jean-Reymond  de  Véras  (1750)  : 

<(  Dans  la  chapelle  (de  l'église  des  Célestins) 
<(  qui  est  la  plus  proche  du  grand  autel,  est  un 
((  beau  mausolée  dans  lequel  est  enseveli  Mgr  de 
«  Conzi  (sic)  bienfaiteur  de  ce  couvent  et  oncle 
«  maternel  du  B.  Louis  Lalleraen  (sic),  cardinal 
«  d'Arles.  On  voit  sa  statue  de  grandeur  humai- 
«  ne,  en  marbre  blanc,  contre  la  muraille,  et  on 
«  y  lit  en  lettres  gothiques  : 

IllC  lACET  ReVERENDISSIMUS  IN  ChRISTO  PATER  DOMI- 
NUS  FrANCISCUS  GENERE  NOBILIS,  LEGUM  DOCTOR, 
DIŒCESIS  GeBENNENSIS,  PRIMO  GrATIANOPOLIS  EPISCO- 
PUS,  ROMAN.E  ECCLESI.E  CaMERARIUS  ,  ArELATENSIS  ET 
INDE    TOLOSANENSIS    ET    ULTIMO    NaRBONENSIS     ARCHIE- 

PISC.   QUI  OBIIT    ANNO    UOMINI  1432,  DIE   ULTIMA  MEN- 

SIS   DECEMBRIS,   CUJUS    ANIMA    IN   PAGE    REQUIESCAT  (2)  ». 

Ce  tombeau  fut  sans  doute  élevé  à  François  de 
Conzié  par  les  soins  pieux  de  ses  légataires,  de 

(1)  GuicHENON,  Histoire  de  Bresse  et  de  Baf)ci/,  loc. 
cit.,  et  Grillet,  II,  p.  239. 

(2)  Bibliothèque  d'Avignon  ;  Manuscrit  n"  1738,  page 
107  ;  Gallia  Christiana,  VI,  col.  96, 


411 

Louis  Alamand,  archevêque  d'Arles  surtout,  qui 
fut  promu  au  cardinalat  en  1426.  On'a  remarqué 
que  François  de  Conzié  ne  fut  pas  revêtu  de  cette 
dignité;  peut-être  préféra-t-il  que  son  neveu  en 
fût  investi» 

Il  eut  pour  secrétaire  Jean  Ludooici  (Louis)  et 
pour  écuyor  François  de  INIonthouz  (MS,  n°  2885, 
page  330). 

Une  discussion  s'e.st  élevée  pour  savoir  si  Jean 
de  Sacconay  n'aurait  pas  remplacé  François  de 
Conzié  sur  le  siège  de  Narbonne  en  1398.  La  fa- 
mille de  Sacconay  avait  envoyé  à  ce  sujet  des 
renseignements  qui  n'avaient  pas  le  sens  qu'elle 
leur  attribuait.  Les  documents  que  nous  publions 
plus  loin,  établissent  de  plus  fort  que  François 
de  Conzié  n'avait  pas  résigné  son  archevêché,  et 
qu'il  en  était  encore  investi  en  1413.  Il  l'a  con- 
servé, du  reste,  jusqu'à  sa  mort.  Peut-être  Jean  de 
Sacconay  fut-il  son  vicaire  général. 

Par  une  singulière  inadvertance,  Guichenon, 
loc.  cit.,  rapporte  que  François  de  Conzié  avait 
été  nommé  archevêque  de  Narbonne  en  1431,  par 
le  pape  Martin  V  (mort  le  21  février  1431).  Par 
erreur  aussi,  il  lui  donne  pour  successeur  Jean  de 
Harcourt.  En  réalité,  ce  fut  le  neveu  d'Eugène  IV, 
François Gondolmère,  cardinal  de  Saint-Clément, 
qui  succéda  à  François  de  Conzié  sur  le  siège  de 


412 

Narbonne,  et  qui  le  résigna  en  1430  à  Jean  de 
Harcourt  (1). 

On  possède  de  François  de  Conzié,  trois  ou 
quatre  lettres  et  quelques  mémoires  sur  les  hé- 
résies du  temps  (Gallia  Christiana,  etGRiLLET). 

Les  archives  départementales  d'Avignon,  la 
bibliothèque  publique  de  cette  ville  et  la  riche 
bibliothèque  Iiirjuiinbertine,  de  Carpentras,  ren- 
ferment de  très  nombreuses  lettres  et  actes  di- 
vers de  l'archevêque  de  Narbonne.  Le  temps  nous 
a  fait  défaut  pour  parcourir  ces  vastes  in-folios, 
la  lecture  d'un  seul  étant  parfois  l'œuvre  de  plu- 
sieurs journées.  Nous  nous  bornerons  à  signaler 
les  pièces  suivantes. 

Lettres  et  actes  de  François  de  Conzié,  camérier 
DES  Papes  a  Avignon  (2). 

—  1384,  février,  an  VI  da  Pontificat.  Serment  de 
fîdéliié  et  hommage  au  Saint-Père  (Clément  Vil),  prêté 
parles  consuls  d'Avignon  entre  les  mains  de  son  camé- 
rier lequel,  de  son  côté,  a  juré  d'observer  les  conventions 
delà  ville  (Archives  départementales  de  Vaucluse  ;  B. 
no  928). 

—  1384,  31  mars.  Lettre  de  François  de  Conzié,  évo- 
que de  Grenoble,  camérier  du  Pape,  à  Henri  de  Sivi- 
riaco  (de  Siviry,  ou  Severv),  recteurdu  Comtat,  relative 

(1)  GuiCHENON,  Histoire  de  Bresse  et  de  Bugcfj,  loc.  cit.; 
et  Gallia  Christiana,  I,  archevêché  de  Narbonne,  et  Vl^ 
col.  0(). 

(2)  Toutes  ces  pièces  sont  eu  hitin  ot  n'existent  qu'en  co- 
pie ;  in-folio,  parclieniin. 


413 

à  l'invasion  du  pays  par  certains  méchants  (quosdam 
malignos),  et  à  un  prêt  de  cent  florins  d'or,  fait  au  Pape 
(Archives  de  Vaucluse  ;  B.  n"  7,  folio  98). 

—  1384,  12  avril.  Lettre  de  Fr.  de  Conzié  à  Plenri 
de  Severy,  évoque  de  Maurienne,  recteur  du  ('omtat, 
lui  donnant  le  pouvoir  de  contraindre  les  ecclésiastiques 
et  rnênie  les  monnayeurs  à  payer  la  contribution  imposée 
pour  les  fortifications  (Archives  de  Vaucluse  ;  B.  n»  7, 
folio  67  vo). 

—  1384,  20  juillet  et  2  septembre.  Lettres  de  Fr.  de 
Conzié,  au  même  (B.  7,  folio  99). 

—  1386, 17  mai.  Lettre  de  Fr.  de  Conzié  (B.  7,  fo78). 

—  1388,13  octobre,  an  XII  du  Pontificat.  Lettre  de  Fr. 
de  Conzié  à  Henri  de  Severy,  évoque  de  Maurienne, 
recteur  du  Comtat  (B.  7,  folio  103). 

—  1389,  février.  Lettre  de  Fr.  de  Conzié,  archevêque 
d'Arles,  camerier  de  notre  Saint-Père,  par  laquelle  i 
exempte  les  cardinaux  du  paiement  des  gabelles  à  l'en- 
trée de  la  ville  d'Avignon,  à  charge  par  eux  de  signer 
une  attestation  que  les  choses  inti-oduites  sont  pour  leur 
provision  (Inventaire  des  Archives  de  Vaucluse,  t.  le'', 
n"  979). 

—  1389,  2  octobre,  an  XII.  Conlirmation  par  Fr.  de 
Conzié,  arch.  d'Arles,  camerier,  de  la  remise  faite  par 
Clément  VII  à  Pierre,  évêque  de  Carpentras,  de  500 
florins  sur  2,000  que  celui-ci  devait  payer  pour  les  for- 
tifications de  Carpentras  (Bibliothèque  de  Carpentras, 
MSt^noll3) 

—  1390,  lo»"  août,  an  XII.  Lettre  de  Fr.  de  Conzié  à 
Oddon  de  Villars  (1),  recteur  du  Comtat  (Arch.  de  Vau- 
cluse ;  B.  7,  folio  71  v°). 

(1)  Parent  rapprochô  do  Clément  VII. 


414 

—  1390^  !««'  septembre.  Lettre  de  Fr.  de  Conzîé,  ar- 
chevêque d'Arles  à  noble  Hurabert  de  Foras(l),  sous-vi- 
caire et  tabulaire  (receceur  des  deniers  pontificaux)  de 
Carpentras  (B.  7,  folio 71). 

— 1391, 14  janvier,  an  XIIÎ.  Lettre  de  Fr.  de  Conzié, 
faisant  remise,  moyennant  100  florins  de  chambre,  de  la 
peine  encourue  par  un  condamné  (B.  7,  f"^'  73). 

—  1391,  pénultième  février.  Letire  de  Fr.  de  Conzié, 
archevêque  de  Toulouse,  obligeant  les  exemptés  des  tail- 
les et  des  vaintenies  (gabelles,  péages)  à  les  acquitter 
(B.  7,  folio  75). 

—  1392,  janvier.  Lettre  de  Fr.  de  Conzié,  archevê- 
que de  Narbonnc,  camérier,  nommant  Humbert  de  Fo- 
ras, viguier  de  Mormoiron,  arrondissement  de  Carpen- 
tras (de  Murmurione,  B.  7,  folio  76,  verso). 

—  1392,  22  janvier,  an  XIV,  à  Nativitate.  Lettre  de 
Fr.  de  Conzié,  arch.  de  Narbonne,  camérier  accordant 
une  grâce  à  un  habitant  de  l'Isle  (sur  Sorgues,  B.  7, 
folio  103.) 

—  1411,  septembre.  Conventions  et  traités  passés 
entre  les  habitants  d'Avignon  et  les  Catalans  qui  occu- 
paient le  palais  des  Papes,  par  François  de  Conzié,  ar- 
chevêque de  Narbonne,  camérier  et  vicaire  général  de 
N.  S.  Père  (Jean  XXIII)  à  Avignon  et  dans  le  Comtat 
Venaissin,  Jean  de  Poitiers,  évèque  de  Valence  et  de 
Die,  recteur  du  Venaissin^  et  Constantin  de  Pergula, 
vicaire  du  Pape,  d'une  part;  et  d'autre  part,  Bernard 

(1)  Gentilhomme  de  Menthonnex-sous-Clcrmont,  en  Ge- 
nevois. On  trouve,  dans  l'Armoriai  de  Savoie,  t.  II,  p.  410 
et  413,  Humbert  de  Foras  vivant  en  1108  et  Marqnct  de 
Foras,    clianoine    de   Saint-Agricol-d'Avignon  ,   en   1389. 


415 

de  Sono  et  Rodei'ic  de  Luna  (2),  commandeur  de  l'Or- 
dre de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  chefs  des  canonniers  et 
combattans  du  Palais  (Inventaire  des  Arch.  de  Vau- 
cluse,  no  1317). 

—  1415,  juillet.  Déclaration  de  la  ville  d'Avignon  à 
Fr.  de  Conzié,  arch.  de  Narbonne,  au  sujet  de  l'expo- 
sition du  Concile  général  (de  Constance),  qui  a  déposé 
Jean  XXIII  delà  Papauté,  que  par  sa  réponse  elle  n'en- 
tend pas  se  soustraire  à  l'obéissance  du  Saint-Siège  (In- 
ventaire, n»  1233). 

—  1422,  20  aoiit,  an  V  (du  Pape  Martin  V)  à  Nati- 
vitate  Domini.  Pouvoirs  accordés  par  Fr.  de  Conzié, 
arch.  de  Narbonne,  camérier  du  Pape,  vicaire-général 
du  Comfat  et  pays  adjacens,  à  Gaufrid  de  Venasta  de 
Malaucène,  vassal  du  Pape  et  de  l'Eglise  romaine. 

«  Données  à  Avignon  sous  le  sceau  de  notre  caméra- 
riat,  le  20  août  de  l'an  de  la  Nativité  1422,  au  5^  du 
pontificat  de  N.  S.  Père  Martin V  »  (Arch.  de  Vaucluse, 
B.  7,  folio  m  verso  ;  latin). 


(2)  Neveu  du  défunt  pape,  Benoit'XIII. 


416 

II 
La  CHAPELLE  DE  Salnt-Jean-Baptiste,  aBloye. 

Cette  chapelle,  dont  nous  avons  donné  une  des- 
cription sommaire  dans  l'avant-propos,  a  été  fon- 
dée et  construite  par  les  ordres  et  aux  frais  de 
François  de  Conzié  à  une  date  que  nous  n'avons 
pu  déterminer  d'une  façon  absolument  précise. 
Le  document  suivant  démontre  qu'en  décembre 
1390,  elle  n'existait  que  depuis  peu  de  temps,  post- 
inodunij  et  qu'elle  n'avait  pas  encore  eu  de  rec- 
teur. Ayant  alors  assuré  sa  dotation,  l'archevêque 
de  Toulouse  demanda  au  pape  Clément  VII  des 
bulles  qui  Tinstituassont  patron  de  la  chapelle 
avec  le  droit  dénomination  et  celui  de  révocation, 
adnutum.  Elles  lui  furent  accordées  !el9  décem- 
bre à  Avignon.  Le  4  janvier  suivant,  François 
de  Conzié  nomma  pour  premier  recteur  Jacques 
Cuerdel(f),  clerc-acolyte  du  diocèse  de  Genève,  et 
chargea  Jean  de  Chissé,  un  autre  Savoyard  et 
l'un  de  ses  familiers,  de  l'investir  de  son  petit 
bénéfice.  (1) 

Le  pape  ordonnait,  qu'après  la  mort  de  l'évê- 
que,  le  droit  de  nomination  appartiendrait  au 
chapitre  de  l'église  de  Saint-Pierre  de  Genève 
pour  passer  au  prévôt  si  le  chapitre  omettait  do 

(1)  Probablement  celui  qui  lui  nommé  doyen  de  la  Collé- 
giale de  Sallanches  en  1391.  (k.  df.  Foras;  Armoriai  de  S., 
t.  Il,  p.  46). 


417 

l'exercer  dans  les  deux  mois  de  la  vacance  ;  — 
la  chapelle  restant  toutefois  soumise  à  l'autorité 
épiscopale. 

Elle  ne  fut  cependant  définitivement  dotée  par 
François  de  Conzié  que  par  un  acte  du  30  août  1419 
(M^  de  Rodano,  not.  à  R.),  dans  lequel  il  lui 
alloua  les  revenus  de  800  florins  d'or. 

La  famille  de  Conzié  conserva  le  droit  de  pré- 
sentation puisque,  en  1628,  les  Montfort  de  Conzié 
durent  s'en  dessaisir.  (Voir,  ci-devant,  Maurice 
de  Conzié). 

Un  autre  document,  fort  bien  conservé,  nous 
fait  connaître  que  sous  le  pape  Innocent  VIII 
(1484-1492),  un  procès  s'engagea  devant  la  curie 
romaine  entre  Antoine  de  Bolomier  et  Jean  de 
Charansonnay,  clercs  du  diocèse  de  Genève,  pour 
la  possession  du  rectorat  de  la  chapelle  de  Saint- 
Jean-Baptisto.  Il  continua  durant  la  première 
année  du  pontificat  d'Alexandre  VI  (Rodrigue 
Borgia,  1492-1503).  Comme  l'on  n'en  était  alors 
qu'à  l'enquête  devant  l'oflicial  de  l'évéché  de  Bel- 
ley,  il  a  dû  durer  longtemps  encore. 

Nous  avons  examiné  une  seconde  décision  de 
la  curie  romaine  relative  à  un  litige  du  même 
genre  et  ayant  aussi  pour  objet  la  chapelle  de 
Bloye.  Elle  relate  les  circonstances  de  la  cessation 
d'un  procès   entre  Jean   de  Chavansonnay  (1), 

(1)  Ou  trouve    plusieurs  Jean  de  Charansonnay,  clercs 

Savoyards,  au  15'  et  au  IG'  siècles. 

27 


418 

recteur  do  la  chapelle,  et  Louis  de  Conzié,  par  la 
cession  et  la  résignation  que  celui-ci  a  faites  de 
tous  ses  droits  sur  le  bénéfice  dont  les  revenus 
sont  évalués  par  la  curie  à  24  livres  tournoises. 

Cette  cession  est  constatée  par  Jean,  cardinal 
d'Alexan[drie],  devant  le  pape  ;  le  procès-verbal 
est  daté  d'Ostie  le  18  des  calendes  de  décembre, 
année  sixième  du  pontificat  d'un  pape  dont  le  nom 
n'est  pas  indiqué,  et  sans  millésime. 

Jean  de  C haransonnay  est  vraisemblablement 
le  même  clerc  que  celui  qui  plaidait  en  1493  con- 
tre Antoine  de  Bolomier,  oncle  ?  de  Louis  de  Con- 
zié  et  qui  avait  pu  céder  ses  droits  à  celui-ci.  S'il 
en  a  été  ainsi,  notre  pièce  pourrait  être  datée  de 
1497,  année  6'"*"  du  pontificat  d'Alexandre  VI,  ou 
de  1508,  année  6'"''  de  celui  de  son  second  succes- 
seur, Jules  II,  qui  fut  pape  de  1503  à  1513. 

TENEUR   DE    BEULLES    (1)    (bulles) 
4  janvier  1391 

Franciscus  miserafione  divina  archiepiscopus  tollosa- 
nus  dni  pape  camarerius  ,  dilecto  in  cliristo  Jacobo 
Cuerdefi  ?  clerico  gebennensis  diocesis  salutem  in  do- 
mino. Vita  ac  morum  honestas  aliaque  probilatis  et  vir- 
tulura  mérita  supra  quibus  apud  nos  fidei  dignorum 
testimonio  eommendaris  ?  nos  inducunt  ut  cedamus  ad 
gratiam  libérales.  Cum  itaque  cappella  quam  pro  iioslra 
parentiumque  meoraui   auimarum  salute  et  remedio 

(1)  Copie  duxviis  siècle^  sur  papier,  bien  conservée,  mais 
écrite  trop  rapidement  et  remplie  do  fautes. 


419 

iusta  parrocliialem  ecclesiam  de  Bloye  gebennensis  dio- 
cesis  in  honore  et  veneratione  Beati  Johannis  baptiste 
construi  ac  fondari  fecimus  quamquidem  post  modum 
tam  de  patrimonialibus  quam  aliis  nobis  a  Deo  collalis 
bonis  dotavimus  rectore  careat  qui  quando  commode 
poterit  missam  perpetuo  per  se  vel  alium  celebrare  et 
personalem  residentiara  in  eam  facere  teneatur  cappelle 
que  predicte  collatio  et  dominatio  ac  l'ectoris  eiusdem 
promissio  et  instilutio  ac  eliam  destitutio  et  revocatio  ac 
omnimoda  dispensatio  ad  nos  es  concessione  par  sere- 
nissimum  in  christo  principem  et  dominum  nostrum 
Clementem  divina  providentia  papam  seplimum  nobis 
data  ac  attributa  pertineat  et  spectet  pleno  jure  ut  cons- 
tat quibusdam  patentibus  licteris  appostolica  ad  [ab] 
eodem  dno  nostro  emanatis  ejusque  bulla  plonibea  cum 
filis  sericiaâ  [sericij  crocei  et  rubei  collorum,  more  ro- 
mane curie  buUatis,  quarum  ténor  de  verbo  ad  verbum 
sequitur  in  bec  verba. 

(18  décembre  1390) 

Cleniens  episcopus  servus  servorum  Dei  venc- 
rabili  fratri  Francisco  episcopo  toUosanentio 
[tolosano,  nuntio  ?]  camerario  nostro  salutem  et 
appostolicam  benedictionem.  Cum  attenta  me- 
ditatione  pensamus  eximie  devotionis  ali'ec- 
tuni  quo  nos  et  roinanarn  ecclesiam  venereris 
grataque  plurimum  et  accepta  per  te  nobis  et 
appostolice  sedi  hactenus  ac  quotidie  impensa  ser- 
vitia  fideliter  et  lirraitcr,  condignum  ?  reputamus 
etcongruumut  personam  tuam  cum  dignis  quan- 
tum deo  possumu5  in  hiis  presertim  qui  divinum 
cultum  respiciunt  iionoribus  atk)llamus  ;  nuper  si- 


420 

quidem  nobis  exposuisti  quam  tu  cupiens  terrena 
in  celestia  et  transitoria  in  eterna  felix  convertio 
[felici  conversione]  commutare  pro  tuo  et  paren- 
tium  tuorum  animarum  remedio  et  salute  iuxta 
parrochialem  ecclesiam  de  Bloye  gebennensis 
diocesis  quandam  cappellam  in  honore  beati  Jo- 
hannis  baptiste  construi  fecisti  eamque  tam  de  pa- 
ti'imonialibus  quam  de  aliis  et  deo  tibi  collatis 
bonis  pro  uno  perpetuo  cappellano  qui  in  ea  per 
se  vel  per  alium  missam  cum  comode  poterit  cele- 
brareetcontinuam  residentiam  personaliter  faciat 
sulïïcienter  dotare  properavisti.  Nos  igitur  divi- 
num  cultura  adaugeri  tuis  que  in  hac  parte  suppli- 
cationibus  annuere  cupientes,  fraternitati  tue  ut 
dote  sufficienti  huiusmodi  penitus  assignata  dic- 
tani  cappellam  vice  prima  et  quamdiu  vixeris 
persone  idonee  conferre  et  ab  ea  illam  pro  solo 
motu  destituere  sive  amovere  valeas  et  postquam 
ab  hac  luce  migraveris  dilecti  fîlii  capituli  eccle- 
sie  gebennensis  communiter  et,  si  per  duos  men- 
ses  id  distulerint,  dilectus  filius  propositus  ipsius 
ecclesie  mensibus  hujusmodi  lapsis  ea  vice  et  quo- 
ties  similis  casus  occurrerit  etiam  dictam  cappel- 
lam persone  idonee  conferre  possit  absque  eo 
quod  ratione  collationis  huiusmodi  dicta  cappella 
episcopo  gebennensi  qui  est  et  erit  pro  tempore  sit 
subiocta  tenore  presentium  indulgendum.  Volu- 
mus  tamen  quam  si  capituli  (sic)  aut  propositus 
prcdicti  eandem  cappellam  persone  que  de  col- 
legio  ecclesie  gebennensis  et  in  prioratus  ordino 


421 

constituta  non  fuerit  conférant,  coUatio  bujus- 
moni  nuUius  existât  roboris  vel  momenti.  Et  si 
persona  ipsa  tempore  collationis  liujusmodi  bene- 
ficiam  curatum  vel  residentiam  personalem  re- 
quirentem  obtinuerit  et  infra  mensem  a  terapore 
assecutionis  pacifîce  dicte  cappoUe  comprehendo 
benefîcium  huJLismodi  non  dimiserit,  vel  etiam  si 
persone  dictam  cappellam  obtinenti  benefîcium 
bujusmodi  conferatis  et  infra  mensem  et  a  tem- 
pore assecutionis  pacifice  ipsius  compreben- 
dum  illud  non  dimiserit ,  dicta  cappella  vacet 
eo  ipso.  —  Nulli  ergo  omnino  bominum  liceat 
banc  paginam  nostre  concessionis  et  voluntatis 
infringere  vel  ausu  temerario  contraire,  si  quis 
autem  lioc  attentare  presumpserit  indignationem 
omnipotentis  dei  et  beatorum  pétri  et  pauli  apos- 
tolorum  eius  se  noverit  incursurum. 

Datuni  Avenioni  decimum  quartum  calendas 
Jannuarii,  Pontificatus  nostri  anno  tertio  decimo. 

Hinc  est  quod  ,  nos  premissorum  meritorum  tuo- 
rum  intuitu  et  authoritate  appostolica  nobis,  ut  prefer- 
tur,  concessa,  dictam  cappellam  cum  omnibus  et  univer- 
sis  singulis  suis  redditibus  et  provcntibus  juribus  et  ob- 
venti[on]ibus  universis  tibi  in  accolitatus  ordine  con- 
stitulo  dum  autem  quod  primum  commode  poteris  ad 
prioratus  ordinem  te  facias  promoveri,  ad  vitam  tuam 
conferimus  et  etiara  per  présentes  donamus  et  in  ea 
rectorem,  seu  cappellanum  instituentcs  de  eadera  com- 
mittentes  earumdem  licterarum  tenoro  omnimodam 
potestatem  tribuentes  venerabili  vifo  domino  Johanni 


400 

de  Chissiaco  (1)  canonico  ecclesie  gebennensis  quod  va- 
leat  in  realem  et  corporalem  possessionem  cappelle 
redituum  et  proventuum  bonorum  rerum  jurium  ac 
obventionum  suorum  prcdictorum  ponot  et  indicat  ac 
de  ipsis  tibi  faciat  integr;iliter  respondendum.  Ta  vero 
nobis  promisisti  et  ad  Sancta  Dei  evangelia  jurasti  dic- 
tam  cappellam  cum  suis  bonis  rébus  et  jaribus  quibus- 
cumque  bene  et  fideliter  regere  et  gubernare  defendere 
que  manutenere  et  totis  viribus  comparari  bonaque  res  et 
jura  hujusmodi  tam  mobilia  quana  immobilia  [non]  dis- 
trahere  vendere  seu  aliter  aut  quomodolibet  alienare  et 
de  ipsis  inventariuni  sub  fide  publici  instrumenti  facere 
nec  non  missam  predictam  per  te  vel  alium  sicut  in 
dictis  appostolicis  litteris  canonice  celebrare  et  alla  que- 
cumque  probabiliter  agere  vel  circa  premissa  fore  nos- 
cantur  rationabiliter  facienda.  In  quorum  testimo- 
nium  présentes  litteras  tibi...  fecimus  et  sigilli  nostri 
camariatus  officii  jussimus  appensione  muniri  dictam 
cartam,  Avenioni  die  quarta  mensis  jannuarii  anno  a 
nativitate  Domini  millesimo  tercentesimo  nonagesimo 
primo,  Ponlificatus  domini  nostri  pape  [Clementis]  sep- 
timi  anno  tertio  decimo,  presentibus  venerabilibus  \iris 
dominis  Guigone  Salvagii  priore  prioralus  Sancti  Geor- 
gii  (2)  gratianopolitane  diocesis  Johanne  de  Chissiaco 
canonico  ecclesie  gebennensis  predicto  et  nobili  Jacobo 


(1)  Jean  de  Chissè,  clerc  des  environs  de  La  Roche,  dio- 
cèse de  Genève,  appartenant  à  une  famille  qui  a  donné 
quatre  évêques  à  Grenoble  :  Jean  et  Rodolphe  avant  Fran- 
çois de  Conzié,  Airnoa  1"  et  Ai/non  II  après  lui. 

(2)  Jean  Servais,  prieur  du  prieuré  de  Saint-Jeoire,  entre 
Chambôry  et  Montnièlian. 


423 

de  Charansonnay  (1)  diocesis  gebennensis  testibus  ad 
premissa  vocatis  specialiter  et  rogatis  et  augmentum  ? 
Et  rae  Johanne  Ludovic!  clerico  gratianopolitane 
diocesis  authoritatibus  appostolica  et  imperiali  publico 
notario  ac  memorati  domini  camerarii  secretario  oui 
predictus  colator  donator  dicte  cappelle  investitureque 
commissioni  et  juramenti  prestituri  ac  premissis  omni- 
bus dum  sic  ut  premittitur  per  eumdem  camerarium 
agerentur  et  facere  unacum  prenominatis  testibus  pre- 
sens  fui  et  de  mandato  supradicti  domini  camerarii 
présentes  liiteras  peralium  scribi  in  hanc  formam  pu- 
bliôam  redegi  feci  et  hic  manu  mea  propria  me  sub- 
scripsi  signo  meo  consueto  signavi  in  robur  et  testimo- 
nium  premissorum. 

Commission  de  l'Auditeur  de  la  Curie  a 

l'official  de  Belley 

1  mars  1"  1493. 

Egerdus?  episcopus  Slep...  unus  ex sacripalatii apos- 
tolici  causarum  auditoribus  locumtenens  ven.  viro  dno 
officiali  Bellicensi  salutem...  Noveritis  quod  felicis  re- 
cordationis  Innocentius  papa  octavus  quamdam  com- 
missioûis  seu  supplicationis  cedulam  Rf^»  patri  dno 
Guillermo  de  Pereriis  decretorum  doctori  subdecano... 
dicti  palatii  apost.  causarum  auditoris...  mandavit  in- 
frascripti  tenoris  : 

Dignetur  Sanctitas  vestra  causam...  et  appellationem 
a  quadam  précisa  definitiva  sive  interlocutoria  senten- 
tia  per  ven.  virum  Petrum   Brevis  (Court?)  oflicia- 

(1)  Jacques  de  Charansonnay,  du  château  de  ce  nom,  sous 
Massingy,  h  un  quart  de  lieue  de  Conzié. 


424 

lem  gebennensem  apostolice  sedis,  ut  dicebat,  delega- 
tum  in  causa  que  inter  devotum  oratoreiii  Antonium 
Bolomierii  clericum  gebennensis  diocesis  ex  una,  et 
quemdam  lohannem  de  Carazonex  (1)  assertum  cleri- 
cum adversarium  actorem  de  et  super  cappellania  sancti 
lohannis  Baptiste  iuxta  parochialem  ecclesiam  de  Bloyes 
gebenn.  diocesis  constructa...  On  explique  que  la  con- 
naissance de  V affaire  fat  dévolue  à  Vauditeur  Guil- 
laume de  ou  des  Périers,  mais  qu'à  raison  de  sa 
maladie,  propter  eiusdem  adversam  valetudinem  et  sui 
corporis  alterationem,  il  dût  être  remplacé  par  l'écè- 
que  de  Slep...  Egerdus,  et  par  Dominique  Jacobassio, 
autres  auditeurs,  auprès  desquels  agirent  Michel  Bonet 
ou  Bovet,  procureur  d'Ant.  de  Bolomier  et  maître 
Didier  d'Angeriey,  procureur  de  Jean  de  Charan- 
sonnex.  L'évèque  donne  mandat  à  Pojficial  de  Belley 
de  réclamer  to  us  les  titres  et  documens  de  V affaire, 
m.ème  cachés,  sous  peine  des  censures  ecclésiastiques. 
Datnra  et  actuin  Rome  in  domo  iiabitationis  nostre 
sub  anno  a  Nativitate  Dni  1493,  indictione  undecima, 
die  vero  veneris  prima  mensiis  marcii,  Pontilicatus  pre- 
fati  Sanctissimi  in  Christo  Pal  ris  et  domini  nostri  do- 
mini  Alexandri  divina  providentia  pape  sexti  anno 
primo,  —  en  présence  de  maîtres  Jean  Vicomte  et 
Jean  Volquin,  nos  notaires  clercs  des  diocèses  de 
Constance  et  de  Moùtiers  ?  (Monasteriensis).  L'acte 
est  écrit  par  Nicolas  Albi  (ou  Blanc)  notaire  du  susdit 
révérend  Guillaume  des  Périers. 


(I)  Jean  de  Charannonncx 


425 

Radiation  du   procès  de  Jean  de  Charanson- 
NAY  AVEC  Louis  de  Conzié  au  sujet  de    la 

CHAPELLE  de   SaINT- JeAN-BaPTISTE. 

Cessio  juris   et  litis  in  favorem 

colligantis  Gebennen  fep  ?    Perieri. 

Beatissime  pater  dudum  perpetuam  capellaniam  ad 
altare  Sancti  Joliannis  Baptiste  ecclesie  predicte  Bloiaci, 
Gebeiinensis  diocesis  cootigna  joersona  ?  vac  ..  devotus 
orator  vester  lohannes  de  Charanzonnay  clericus  eius- 
dem  diocesis  de  il  la  apostolica  auctoritate  sibi  pro  vider  i 
obtinuit.  Orta  postmodam  lis  in  Romana  curia  corani 
domiuis  causarum  vestri  sacri  palatii  apostolici  audito- 
toribus  inter  [dictum]  oratorem  actorem  ex  una.  Et 
quendara  Ludovicum  de  Conziaco  de  et  super  dicta 
capellania  ex  altéra.  Jean  avait  déjà  obtenu  deux  sen- 
tences et  Louis  avait  porté  Vaffaire  en  troisième  ins- 
tance devant  un  autre  Auditeur  lorsqu'il  renonça  au 
bénéfice  :  idem  Ludovicus,  certis  ex  causis  animum 
suum  moventibus,  proponit,  proui  cedit  et  résignât  de 
presenti.  Supplicat  propterea  R.  E.  V.,  Dominus  lohan- 
nes orator  quatenus  cessionem  et  resignationem  huius- 
modi  admicteri,  etc.,  etc.  —  Concessit  petit,  inpresen- 
iia.  ppAo.  car.  Alexan[drie]  (patriarche  d'Alexandrie). 

Dat.  Ostie  decimo  octavo  kal.  Decembris  Anno  sexto. 

Les  registres  du  presbytère  de  Bloye  contiennent 
l'indication,  sans  daie,  de  la  donation  d'une  vigne  d'en- 
viron huit  seitérées  (2  hectares  et  demi),  faite  à  Fèglise 
de  Bloye  par  un  seigneur  de  Conzy,  à  la  charge  d'y 
chanter,  toutes  les  fêtes,  et  dimanches  les  Gaude  (1),  et 

(1)  Une  fondation  semblable  existaità  l'église  de  Rmuilly; 
une  autre  existe  encore  à  celle  de  Crempigny. 


426 

les  dimanches  de  Carême,  le   Siabatj  à  l'issue  de  la 
messe,  dans  la  chapelle  du  Rosaire. 

Dans  un  inventaire  de  pièces  dressé  en  1574,  on  ren- 
contre les  indications  suivantes  : 

«  Une  bulle  signée  Magnin^  scellée  de  plomb,  de  la 
chapelle  de  Saint  Jean-Baptiste,  fondée  au  cimetière  de 
l'église  de  Bloye  : 

«  Item,  le  reachept  des  biens  de  la  dite  chapelle  à  n. 
Pierre  de  Conzié,  sieur  de  Vigne  (de  Vauchier  ?),  reçu 
et  signé  par  M®  Pierre  de  Rodane  (de  Rodano),  le  31 
août  1419  ; 

«  Item,  une  transaction  faite  entre  le  seigneur  de 
Charansonnay  et  le  seigneur  Amed  de  Conzié,  signée 
Gilet  ; 

«  Item,  lettre  obtenue  par  n.  Jean  de  Conzié  de  feu 
Louis  [duc]  de  Savoye,  de  la  juridiction  et  fondation 
de  Conzié,  près  de  Rurailly,  du  12  mars  1439.  » 


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II, 


CHAPELLE  DE   S'-CLAUDE   A    RUMILLY 


427 
III 

La  chapelle  ue  Saint-Claude 

Bien  que  cela  ne  soit  pas  énoncé  formellement 
dans  l'acte  du  5  juin  1413,  il  semble  que  la  fon- 
dation de  la  chapelle  de  Saint-Claude^  si  elle  a  été 
réalisée  par  l'archevêque  François  de  Conzié, 
avait  été  ordonnée  par  son  neveu,  Jean  de  Con- 
zié, dans  un  testament  en  date  du  l'^'"  février  1402. 
On  lit,  en  efïet,  dans  l'inventaire  sus-indiqué  : 

((  Item,  une  fondation  de  chapelle  sous  le  vo- 
cable de  Saint-Claude,  de  Ramilly,  reçue  et  si- 
gnée par  M*'  Jacques  de  Rodane,  de  Rumilly,  par 
n.  Jean-  de  Conzié,  en  l'an  1402,  V  février. 

((  Item,  la  bulle  de  ladite  chapelle,  scellée  en 
plomb  et  signée  au  repli  «S^/»o/^c/^))  —  Elle  éma- 
nait sans  doute  de  Benoit  XIII. 

Quoiqu'il  en  soit,  la  convention  passée  entre 
l'archevêque  camérier  du  pape  et  le  prieur  du 
prieuré  bénédictin  de  Rumilly  pour  obtenir  la 
permission  de  construire  la  chapelle,  n'eut  lieu 
que  le  5  juin  1413. 

Ce  jour-là,  après  des  pourparlers,  peut-être 
déjà  longs,  et  ensuite  de  l'intervention  amiable 
de  nobles  Pierre  de  Ballaison  et  Girard  Portier, 
amis  des  parties,  le  prélat  traita  avec  Dom 
Georges  de  Thoire,  prieur  du  prieuré  de  Ru- 
milly (1).  François   de   Conzié,   représenté   par 

(1)  L'église  de  Sainte-Ai^athe  de  Rumilly  dépendait  de 
l'abbaye  Bénédictine  de  Nantua  c^ui  possédait  le  prieuré  de 


428 

son  mandataire,  Jacques  de  Beaiirières  (1),  dé- 
clare que,  pour  se  conformer  au  désir  exprimé  par 
son  neveu  Jean  de  Gonzié,  «  il  y  a  longtemps,  à 
l'époque  de  sa  mort  »,  il  fera  construire  une  cha- 
pelle sous  le  vocable  de  Saint-Claude  (2),  avec  un 
autel  pour  la  célébration  du  service  divin.  Elle 
sera  placée  sur  le  tombeau  des  Conzié,  pour  s'é- 
tendre du  mur  de  la  chapelle  de  la  bienheureuse 
Marie- Madeleine  jusqu'au  passage  (alatoriuin) 
allant  du  prieuré  à  la  rue  de  Montpellat  (3).  Dom 
Georges  de  Thoire  consent  à  cet  établissement 
moyennant  la  (Constitution  en  faveur  du   prieuré 

Rumilly  et  nommait  aux  prébendes  d'un  corps  de  chape- 
lains dits  Altariens. 

(1)  On  lit  dans  le  texte  Jacobus  de  Baerits  ou  Bcatlis 
avec  le  signe  de  l'abréviation  cronrc.  Nous  traduisons  de 
Beanrières,  nom  d'une  paroisse  de  l'arrondissement  actuel 
de  Die  (Drôme).  M.  de  Foras  {Armoriai,  II,  p.  48.  V"  Chis- 
sè),  indique  un  Guichard  de  Chissé,  fils  naturel  d'Aymon 
de  Chissé,  bénédictin,  prieur  de  Burctiis,  au  diocèse  de  Die 
(Drome),  vers  1400  ;  il  peut  s'agir  dans  notre  cliarte  d'un 
autre  Savoyard,  son  successeur,  au  prieuré  de  Beaurières. 

(2)  On  lit  dans  cette  charte  et  dans  la  suivante  :  ad  intu- 
mullationcm  spccialem  heati  Glaudii  ;  il  semble  qu'il  fau- 
drait lire  :  ad  iiitiiulationein. 

(3)  Ces  passages  étroits,  très  nombreux  à  Rumilly,  ville 
de  guerre  assez  i'ortc  au  moyen  âge,  y  étaient  appelés  bic- 
(jnoiis.  Ils  ont  tous  successivement  disparu.  Les  indications 
de  l'emplacement  delà  chapelle  de  Saint-Claude  sont  encore 
exactes,  mais  V alatoriuni  a  été  élargi  et  une  cure  moderne 
a  remplacé  l'ancien  prieuré. 


429 

d'une  rente  annuelle  de  5  sols  genevois  et  d'une 
coupe  (80  litres)  de  beau  froment. 

Le  24  septembre  suivant,  Jean  de  Beaurières 
charge  d'acquitter  la  rente  un  paysan  des  envi- 
rons, débiteur  de  servis  envers  les  héritiers  de 
Jean  de  Conzié  (1). 

La  chapelle  fut  donc  érigée  sur  l'emplacement 
d'un  ancien  tombeau  de  famille  ou  caveau  (tumu- 
liis  seu  crota)  placé  peut-être  dans  le  cimetière 
extérieur  (2)  qui  entourait  l'église^  à  laquelle  elle 
ne  fut  reliée  que  par  son  mur  du  nord.  La  porte 
d'entrée,  dans  la  façade  du  couchant,  s'ouvrait 
non  dans  l'église  mais  sur  le  cimetière  ;  la  grande 
fenêtre  du  levant  donnait  sur  un  coin  de 
celui-ci  et  sur  la  rue  conduisant  de  l'église  dans 
le  quartier  de  Montpelat.  C'est  grâce  à  cette  si- 
tuation, en  dehors,  que  la  chapelle  de  Conzié, 


(1)  Ces  deux  actes  sont  cités  exactement  au  Potirpris 
historique,  p.  180  ;  et,  comme  dans  la  transaction  du  10 
janvier  1455,  l'auteur  y  donne  à  Pierre  de  Baleyson,  époux 
d'Estrangie  de  Sion^  le  titre  de  seigneur  de  Beauregard. 

(2)  Le  cimetière  des  derniers  siècles  était  superposé  sur  un 
autre  plus  ancien  renfermant  une  grande  quantité  da  tom- 
bes composées  de  six  dalles  de  grès  bien  ajustées.  Les  cada- 
vres avaient  les  pieds  tournés  au  levant.  Le  sol  de  l'église 
a  été  abaissé  pour  le  mettre  au  niveau  de  la  rue  de  Mont- 
pelat ou  du  Collège,  et  l'on  accède  aujourd'hui  de  l'intérieur 
dans  la  chapelle  de  Saint-Claude,  devenue  la  sacristie,  par 
un  escalier  de  trois  marches. 


430 

oa  de  Saint-Claude  (1),  a  ccliappê  aux  divers  in- 
cendies qui  ont  atteint  l'église  de  Rumilly  et  ont 
amené  sa  caducité,  puis  ont  nécessité  sa  démoli- 
tion et  sa  réfection  complète  de  1837  à  1840. 

La  chapelle  de  Siint-Claude,  édifiée  à  une  épo- 
que où  les  richesses  de  François  deConzié  s'étaient 
augmentées  de  l'héritage  de  son  neveu  et  surtout 
des  gros  revenus  de  ses  archevêchés  et  bénéfices, 
est  construite  sur  le  même  plan  que  la  chapelle 
de  Saint-Jean-Baptiste  de  Bloye  ;  tnais  elle  est 
plus  grande  et  surtout  bien  plus  ornée. 

Mesurée  à  l'extérieur,  la  chapelle  a  neuf  mètres 
et  demi  de  long  (  façade  du  midi),  sur  environ 
huit  mètres  de  large.  La  façade  du  nord  est  deve- 
nue le  mur  intérieur  de  l'église  au  midi,  de  telle 
sorte  que  les  colonnettes  des  angles  N.-EetN.-O., 
de  l'intérieur  ont  été  enfouies  dans  ce  mur  à  par- 
tir de  l'origine  de  la  voûte  et  qu'ainsi  l'on  n'en  voit 

(1)  Nous  n'avons  pu  savoir  pour  quel  motif  la  chapelle  a 
été  éi'igée  sous  le  vocable  de  Saiat-Ciaude.  Il  n'y  a  dans  la 
l'amille  de  Conzié,  et,  jusqu'à  cette  époque,  aucun  person- 
nage prénommé  Claude,  si  ce  n'est  Claude  de  Conzié, 
écuyer  de  Mirie  de  Boufgogue,  femin3  du  comte  Amé- 
dée  VIII,  mort  sans  postérité  en  1451  {Armoriai  de  S.,  II , 
j).  151)).  Ou  ne  peut  pas  supposer  que  ce  Claude  ayant  rendu 
quelques  services  importants  à  la  famille,  François  de  Conzié 
ait  voulu  montrer  sa  reconnaissance  en  donnant  pour  patron 
à  la  chapelle  le  saint  dont  sou  cousin  portait  le  nom.  Depuis 

lors,  on  rencontre  dans    la  généalogie  d'assez    nombreux 

Claude  et  Claudine. 


431 

plus  les  parties  inférieures.  Au  contraire^  les  deux 
colonnettes  des  angles  opposés,  S.-E.  et  S.-O., 
sont  restées  intactes.  Malheureusement,  la  partie 
inférieure  a  été  enfermée  dans  des  buffets  de  bois 
où  sont  serrés  les  ornements  sacerdotaux.  Le 
renflement  de  la  boiserie  semble  indiquer  que  les 
colonnes  reposaient  sur  un  socle  sensiblement 
plus  large  que  le  fût. 

Dans  son  Eiade  historique  et  artistique  sur 
les  anciennes  églises  de  la  Savoie  (1)  M.  le  cha- 
noine P. -F.  Poncet  a  donné  de  la  chapelle  de 
Saint-Claude  la  description  suivante  : 

((  Par  sa  construction  extérieure,  toute  en  assises 
de  grès,  par  son  beau  doublet  ogival,  aux  baies 
trilobées,  avec  trois  cœurs  en  flammes  au  tympan, 
qui  est  surmonté,  dans  un  riche  encadrement,  des 
armes  aujourd'hui  mutilées  de  la  noble  famille 
des  Gonzier  ;  par  sa  voûte  à  nervures  rondes,  avec 
filets  sur  la  face,  ses  colonnettes  de  môme  nature 
et  ses  chapiteaux  avec  anges  portant  des  armoi- 
ries, cette  chapelle  dont  le  style  est  du  commen- 
cement du  xv^  siècle,  ofîre  peut-être  le  seul  mor- 
ceau d'architecture  du  moyen-càge,  d'une  valeur 
réelle,  que  possède  la  ville  de  Rumilly  ».  Cette 
description  n'est  ni  complète,  ni  tout  à  fait  exacte  : 
l'encadrement  qui  surmonte  la  grande  fenêtre  do 
la  façade  du  levant,  ne  semble  pas  avoir  contenu 
des  armoiries,  mais  plutôt  un  grand  calice,  et  la 

(1)  Annecy,  imp.  Niérat,  in-8°,  1881,  p.  08. 


432 

partie  restée  intacte,  spécialement  le  socle,  indique 
d'une  façon  certaine  que  les  armoiries  des  Conzié 
n'y  étaient  pas  sculptées.  (Planche  I.) 

Ces  armes,  champ  d'à.:; tir,  au  chef  d'or  charrié, 
d'un  lion  issant,  avaient  été  placées  à  l'intérieur 
et  sont  encore  intactes  sur  les  colonnottes  où  elles 
remplacent  le  chapiteau  à  la  naissance  de  la 
voûte.  Chaque  écusson  est  tenu  à  la  main  par 
deux  anges  ailé?.  L'écu  du  S.-E.  e^t  surmonté 
d'une  croix  archiépiscopale;  celui  du  S.-O.,  d'un 
panache  ;  symbolisant  ainsi  l'illustration  de  la  fa- 
mille dans  les  armes  et  dans  l'église  (2). 

Les  quatres  colonnette^,  engagées  au  tiers  dans 
le  mur,  se  rejoignent  à  la  clef  de  voûte  sur  la- 
quelle est  sculpté,  en  très  haut  relief,  un  Père 
éternel  bénissant  des  deux  mains.  Buste  drapé 
de  gauche  à  droite,  reposant  sur  un  nuage  ;  tête 
nue  à  très  longs  cheveux,  longue  barbe  ;  figure 
noble,  expressive,  finement  travaillée. 

Les  mains  qui  dépassent  notablement  le  champ 
de  la  pierre  centrale  sont  trouées  au  milieu  de  la 
paume.  Par  mesure  de  précaution,  sans  doute, 
elles  avaient  été  fixées  à  la  voûte  par  un  clou  qui 


(2)  Voir  la  planche  II.  Les  dispositions  nialôrielles  de 
l'iiitcrieui'  do  la  chapelle  n'ont  pas  permis  d'obtenir  une  re- 
productioa  bien  nette  des  colonnettes  supportant  les  deux 
écus.  —  Les  deux  fenêtres  ont  pu  être  garnies  de  vitraux  do 
couleur,  mais  il  n'en,  reste  aucune  trace.  Il  n'y  avait  à  la 
porto  ni  meneau,  ni  tympan. 


CLE    DE    VOUTE 


INTÉRIEUR    DE    LA    CHAPELLE 


433 

est  tombé  sans  entraîner  cependant  la  chute  des 
bras  ou  des  mains. 

Cette  sculpture  remarquable  (  planche  n"  II) 
n'a  pas  été  étudiée  par  M.  Poncet,  non  plus  que 
la  jolie  porte  gothique  de  la  façade  du  couchant  et 
l'encadrement  placé  au-dessus.  La  porte  étant 
murée  et,  en  partie,  masquée  par  le  tambour  de 
bois,  établi  pour  protéger  contre  le  froid  la  porte 
latérale  de  la  nouvelle  église,  peut  échapper  à 
l'œil  d'un  visiteur  pressé. 

Elle  est  de  forme  légèrement  ogivale,  flanquée 
de  deux  colonnettes  reposant  sur  un  double  sou- 
bassement dont  le  supérieur  seul  est  sculpté.  Le 
fût  de  90  cent,  de  haut  est  surmonté  d'un  cha- 
piteau de  35  centimètres,  orné  de  feuillages  grêles 
et  de  raisins  assez  détériorés.  Le  cordon  inférieur 
del'archivolte  s'étend  de  chaque  côté  de  la  porte.  Il 
était,  àses  deux  extrémités,  surmonté  d'une  sculp- 
ture, un  lion  accroupi,  semble-t-il,  qui  a  été  mu- 
tilée. La  porte  a  1  mètre  18  d'ouverture  et  2  mè- 
tres 96  de  hauteur,  du  sol  au  sommet  de  l'ogive. 
Par  suite  de  l'abaissement  de  la  chaussée,  ce  seuil 
se  trouve  actuellement  â  1  mètre  50  du  sol. 

L'encadrement  placé  au-dessus  de  la  porte 
contenait  une  sculpture,  assez  compliquée,  qui  a 
subi  une  mutilation  plus  complète  encore  que 
celle  de  la  façade  opposée.  Il  semble  que  l'on  s'est 
servi  du  ciseau  pour  faire  sauter  toute  la  partie 
en  relief;  cependant  on  distingue  nettement  une 

28 


434 

croix  placée  au  -  dessus  d'attributs  religieux  (?) 
sculptés  dans  le  cadre. 

La  hauteur  intérieure  de  la  chapelle  de  Saint- 
Claude  est  de  9  mètres  25.  Elle  e^t  éclairée  non 
seulement  par  la  grande  fenêtre  du  levant,  mais 
par  une  autre  encore,  au  midi,  à  plein  cintre  dans 
l'intérieur,  et  rectangulaire  à  l'extérieur  (1).  Il  y 
avait  aussi  près  de  la  porte  d'entrée  une  petite 
fenêtre  permettant  de  voir  les  personnes  qui  de- 
mandaient à  entrer. 

Les  tableaux  placés  extérieurement,  au-dessus 
de  la  grande  fenêtre  et  de  la  porte,  sont  entoures 
d'un  cordon  fort  saillant,  ou  corniche,  avec  gorge 
profonde,  mais  de  trois  côtés  seulement.  Au  lieu 
de  se  poursuivre  à  la  partie  inférieure,  ce  cordon 
s'étend  liorizontalement  à  droite  et  à  gauche  , 
comme  l'archivolte  de  la  porte  du  couchant  (1). 


(1)  Voir  cette  fenêtre  à  la  façade  méridionale,  dans  l'om- 
bre ;  à  gauclie  d'un  cadran  solaire  qui  y  a  été  tracé,  il  y  a 
trente  ou  quarante  ans,  par  un  capucin. 

(2;  Voir  la  planche  I.  Voir  encore  dans  Albert  Liînoir, 
Architecture  monastique,  2=  partie,  p.  193,  la  chapelle  du 
prieuré  de  Corelli  (Côte-d'Or),  où  l'archivolte  de  la  porte 
d'entrée  se  prolonge  aussi  h  droite  et  à  gauche. 

Cette  disposition  architecturale  a  été  suivie  dans  la  cons- 
truction des  maisons  de  Rumilly  au  XVIe  siècle  :  la  nôtre, 
la  belle  maison  de  Rochette,  l'une  et  l'autre  dans  la  rue 
d'Hautcville;  la  maison  de  Beau  fort  (ancienne  caserne),  etc. 
On  la  trouve  déjà  dans  un  arceau  placé  au-dessus  de  la  porte 
de  la  chapelle  do  Saint-Jean-Baptiste  ù  Bloye. 


435 

La  chapelle  de  Saint-Claude  n'avait  pas  de  con- 
treforts ;  elle  avait  été  construite  assez  solidement 
pour  qu'elle  ait  résisté  à  la  suppression  d'un  arc 
dont  on  aperçoit  encore  l'amorce  au  mur  du  sud, 
en  avant  de  la  montre  solaire.  L'abaissement  con- 
sidérable du  sol  a  cepend;int  causé  une  lézarde 
dans  le  mur  occidental. 

Voici  l'acte  constatant  l'accord  intervenu  entre 
l'archevêque  François  de  Conzié  et  le  prieur  de 
Rumilly  pour  la  construction  de  cette  chapelle. 

Fondation  de  la  chapelle  de  Saint-Claude 
Par  François  de  Conzié ^  archevêque  de  Narhonne. 

5  juin  1413. 

In  nomine  doinini  amen.  Anno  ejusdem  Domini 
mo  quatercentesimo  decimo  tertio  indictione  sexta,  die 
quinta  mensis  Junii.  Per  hoc  presens  publ.  instrumen- 
tam  cunctis  fiât  manifestum,  [quodj  Coram  me  notario 
publicoettestibus  infrascriptis  constitutis  person.  hono- 
rab.  et  religioso  viro  domino  Georgio  de  Thoria  priore 
prioratus  Rumilliaci  in  Albanesio,  geb.  dioc,  ex  una 
parte  et  lionorabili  viro  dompao  Jacobo  de  Boeriis  ? 
capellano  velud...  procuratore  et  nomine  procuratorio 
Reverendissimi  in  Christo  Patris  et  D"i  D"i  Francisci 
de  Conziaco  Narbonensis  archiepiscopi  et  domini  nostri 
Pape  camerarii,  heredis  universahs,  ut  dicitur,  nobilis 
Johannis  de  Conziaco  ejus  nepolis  quondam,  ex  alia 
parte  > 

Cum  ita  sit  quod  prefatus  d^  archiepiscopus,  diu  est 
intellexerit,  alque  plaries  audiverit,  dicium  Joliannem 


436 

nepotem  suum,tempore  mortis  sue  gralia  Si  Spiritus  in- 
butum,  diutius  afïectare  incessanter  bonis  suis  a  Deo 
collalis  et  per  eum  acquisitis  fondare  et  doctare,  cons- 
Irufero]  et  edifïïcare,  Doi  adjutorio  mediante,  in  Emis- 
tcrioet  ecclesia béate  Marie  Agate  (sic)  (1)  Rumilliaci  pre- 
dicli,  potissime  supra  tuiuuUum,  vel  crotam,  parentium 
suoruni,  videl.  a  muro  capelle  bcate  Marie  Magdalenc 
usque  ad  quoddam  alatorium  exclusive  protendons  de 
domo  dicti  prioratus  ad  carrieram  publicani  tendentern 
de  dicta  ecclesia  versus  Montempellatum,  unani  capel- 
lam  eum  uno  altari  pro  divino  officio  ibidem  perpetuo 
celebrando  ad  lionorem  Dei  omnipotentis  et  gloriose 
matris  ejus  Marie  et  ad  intumullationem  (2)  specialem 
beati  Glaudii,  cuius  auxilio  in  hac  parte  implorabat  pro 
ramedio  anime  sue  et  parentium  suorum.  Et  cura  pre- 
dicta  fieri  debeant  tara  jure  quam  de  consuetudine  de 
consensu  et  auctoritate  prefati  Domni  prioris,  idcirco 
dictus  D»  Jacobus  nomine  quo  supra...  stit  insequendo 
ordinanciani  teslamentariara  prefati  quondara  Johannis 
de  Conziaco,  preCato  D'^  priori  quatenus...  per  dictura 
quondara  Johannera  proposita  et  ordinata  amore  Dei  et 
intuitu  pietatis  concedere  dignaret.  Qui  D^  prier  predicta 
petitione  et  requisitioneconsonantibus  rationi,  videns  et 
assec...  quod  divinus  cultus  per  dictam  capellam  et  ip- 
sius  rectorera  in  ecclesia  antedicta  augmentatibur  in 
futurum...  semper  et  non  iramerito  est  augendus. 
Et  prefatus  D»  prier  considerans  quod  conditio  eccle- 
sie...    predicte  propter  dictam  capellara  et  donalionem 

(1)  Le  copiste  a  sans  doute  mis  lo  mot  Marie  jjar  inadver- 
tance ;   il  fallait  simplement  heate  A(jatc. 

(2)  Le  copiste  de  1444  aura  mal  lu  ;  il  semble  qu'il  faut 
ad  iiitiiulatioHCin. 


437 

ipsius  raelius  efficiatur   in  futurum ,   ejus    spontanea 
voluntate   pro  se  et  suis  successoribus  ia  futurum,  et 
eliam  contemplalione  et  amore  prefati  DUieredis  cul  li- 
benter  in  po[ssibilibus  compl[ac]ere  vellet,  dat  et  concedit 
p[erpetuo]  prefato  Domino  archiepiscopo  heredi  anledicto 
seu  dicto  D>^  Jacobo  ejus  procuratori  procur.   nomine, 
licentiam,  consensum,  auctoritatem,  specialeque  manda- 
tum  et  omnimodam  [potestatemj  predictam  capellam  cum 
dicto  altari  edifficandi,conficiendi  et  doctandi  per  se  vel 
quemcumque  nomine  dicti  Johannis  testatoris  quondam 
alium  in  loco  supra  [dicto],  quotienscumque  de  ipsius  D"i 
archiepiscopi  heredis  antedicfi  processerit  auctoritate,sub 
tamen  condiiione  et  pacte  infrascripiis  [et]  declaratis  trac- 
latu  amicabili  nobilium  Peiri  de  Ballesone  et  [Girardi] 
Porterii  amicorum  hoc  modo  per  superiusnominatas  par- 
tes electorum,  intervenienle,  videlicet,  quod  prefatus  D^ 
archiepiscopus  hères  predictus  pro  se  et  suis  det  et  con- 
cédât dare  [et  cou]cedere  teneatur  et  sit  astrictus  per  se 
seu  ejus  officiaiios  pro  p[lena]  (1)  recompensatione  dicti 
loci  et  platée  ubi  fiet  [...]  dicta  capella  prefato  domino 
priori  prioratus  et  suis  successoribus,  videlicet  unam  cu- 
pam  frumenti  pulcri  et  receptabilis  mensure  R<^i  et  quin- 
que  solidos  geben.  annuales  seu  de  servitio  annuali  ia 
festo  Si  Michaelis  affectandos  et  assignandos  de  [niero]  et 
franco  allodio  in  de  et  super  feudum  ipsius  quondam  Jo- 
hannis... ac  [supra]  res,possessiones  etbonapro  quibusut 
supra  obligare,  ...tradere,  rccognoscere  facere  dicto  do- 
mino  priori,    suo    et  dicti  sui  prioratus  nomine,  quod 
bienniis  fieri  poterit,  aut  saltem   bene  et  sufficienter... 
de  premissis  adimplendis  ...dem  novi  fiât.   Item  quod 

(1)  A  pai'tii-  du  tiers  du  parchemin,  la  pièce  présente  un 
plus  grand  nombre  de  troics. 


438 

prefatus  Dominus  hères  seu  of[fîciarii]  ipsius  nomine 
teneantur  et  debeant  se...  in  circonstanciis  ipsius  prio- 
ratus  supradicti  lamen  et  expen...  per  dictum  heredem 
tôt  teysias  mûri  grossitudinis  et  langitudinis  quod  repe- 
rieûtur  esse  in  loco  predicto  fondatione  predicta  aut... 
solvere  dicto  domino  priori  et  [adjejus  requisitionem 
pro  qualibet  teysia  ut  prefertur  refîcienda  quatuor  flo- 

renos  auri  parvi  ponderis  tanturamodo  sive  ali 

ipsis  teysiis  reffîciendis,  salvis  etiam  etexp...  dictum 
dominum  priorem  tota  maeria  (1)  et  tecto  [in  ea]  exis- 
tentibus  que  ad  se  retinet,  excepto  quod  si  gentes  et 
officiarii  predicti  Di  heredis  necessario  habere  vellent  de 
dicto  t[ecto],  haberent  et  habere  possint  teyssiam  dicti 
tecii  pro  duodecim  solidis  a...  [et  casu]  tamen  quo  nol- 
lent  dictum  tectum  habere  et  in  eo  [fie]  ret  per  dictos 
officiarios  aliqualis  destructio  quod  illud  emendare  te- 
neatur  dictus  D»  hères  seu  ejus  ofBciarii  dicto  D"  priori 
ad  dictum  et  ordinationem  duorum  operariorum  in  tali 
arte  [peritorjum  incontinenti  et  sine  fraude.  Que  omnia 
et  singula  predicta  promictunt  dicte  partes  et  qu  [alibet] 
ipsarum,  jurate,  videlicet,  dictus  D^  prior  sub  voto  reli- 
gionis  sue  manus  ad  pectus  mict[endo]  more  religioso- 
rum  et  dictus  D^^  Jacobus  super  evangehis  Dei  tactis  et 
obh'gatione  omnium  bonorum  dicii  domini  heredis  [pre- 
sentium]  et  futurorum,  rata,  grataet  firma  habere  perpe- 
tuo  tenere  et  non  contrafacere  dicere  vel  venire  per  se 
vel  per  alium  quovisraodo,  predicta  ratifficare  facere 
prefato  domino  heredi,  renunliando  perpetuo  omnibus 
actionibus  et  exceptionnibus  canonicis  et  civilibus,  etc. 
Actum  RumilUaci  in  domo  dicti  prioris  ;  presentibus 

(1)  Maeria,  bois  pour  charponto. 


439 

prenominatis  Petro  de  Balleysone,  Girardo  Porterii, 
domino  Micliaele  Peyrollerii  capellanis,  Petro  Mosses, 
Guigone  de  Lugduno,  domicellis  et  Andréa  de  Emisterio 
mandamenti  Mornaci,  ad  premissa  vocatis  et  rogatis. 

(Copie  tirée  des  protocoles  de  feu  Jean  Milliet,  notaire 
à  R.,  par  Guigon  Tardit,  de  Grenoble,  not.  à  R.,  et 
écrite  de  la  main  de  Jean  de  Balnesio,  not.  son  coadju- 
teur,  en  vertu  de  commission  accordée  à  Morge  le  5  août 
1444,  par  le  duc  Louis,  à  la  requête  de  vénér.  frère 
François  de  Ravoyref/Jaoor/ri'ej,  prieur  du  prieuré  de  R). 

—  Le  24  septembre  1413,  devant  le  même  notaire, 
on  rappelle  les  clauses  de  l'acte  qui  précède,  c'est-à- 
dire  le  droit  accordé  par  le  prieur  à  l'archevêque  de 
Narbonne,  camérier  du  pape,  de  construire  une  cha- 
pelle, de  préférence  sur  le  tombeau  des  ancêtres  de 
Jean  de  Conzié,  et  ad  intumidlationem  specialem  heali 
Glaudii,  et  l'obligation  prise  au  nom  de  l'archevêque 
par  son  chapelain  Jacques  de  Baeriis,  de  payer  au  prieur 
chaque  année  une  coupe  de  froment  et  5  sols  genevois. 
C'est  pourquoi,  ce  dit  jour  24  septembre,  se  constitue 
Jean  des  Granges,  du  Bouchet  de  Broyse,  qui  du  man- 
dat exprès  dudit  chapelain  déclare  tenir  en  emphytéose 
du  prieur  une  pièce  déterre  d'un  journal  environ  située 
au  Bouchet,  lieu  dit  Sous  les  Bois,  qu'il  tenait  au  même 
titre  de  feu  Jean  de  Conzié,  et  s'engager  à  payer  au 
prieur  le  servis  d'une  coupe  de  froment  et  de  6  deniers 
genevois  comme  auparavant  h  Jean  de  Conzié. 

(Arch.  de  Rumilly  ;  carton  de  1401  à  1450). 


440 

En  1641,  en  vertu  d'un  accord  entre  les  reli- 
gieux du  prieuré  de  Ruinilly  et  les  Montfort  de 
Conzié,  la  chapelle  de  Saint-Claude  fut  unie  et 
incorporée  à  ce  prieuré  sous  la  dépendance  de 
l'abbaye  de  Talloires  et  congrégation  bénédictine 
des  AUobroges,  avec  la  réserve  du  droit  de  sépul- 
ture et  du  maintien  «  de  leurs  armoiries  qui  y  sont 
gravées.  » 

En  1767,  François-Joseph  {2")  de  Conzié,  mar- 
quis d'Allemogne,  protestecontre  le  projet  des  moi- 
nes de  Talloires,  qui  avaient  abandonné  le  prieuré 
de  Rumilly,  de  dire,  dans  leur  couvent,  une  por- 
tion des  messes  fondées  dans  l'église  de  Rumilly, 
«  parce  que  le  tombeau  de  la  famille  des  Conzié 
était  dans  la  chapelle  de  Siint-Claude  où  il  y  a 
le  corps  du  seigneur  Edouard  de  Conzié,  grand- 
père  de  l'opposant  et  de  ses  prédécesseurs.  )> 


On  trouve  dans  Baluze,  Vitw  Paparuin  Ave- 
nionensium ,  t.  II,  p.  1052,  un  traité  passé  à  Mende 
le  9  août  1390,  entre  le  pape  Clément  VII,  repré- 
senté par  l'évêque  de  Maguelone,  et  Reymond  de 
Turenne.  Les  conventions  sont  ratifiées  le  20  du 
même  mois,  à  Mende,  semble-t-il,  «  par  messire 
François  ,  archevesque  d'Arles ,  chambellan  de 
N.  S.  P.,  »  avec  serment  sur  les  Saintes  Ecritu- 
res et  apposition  de  son  scel  ;  elles  le  sont  encore 
par  le  comte  de  Genevois  [Pierre,  frère  du  pape]. 


441 

IV 

La  Chape). le  de  Notre-Dame  de  l'Aumône 

a  rumilly. 

Au  temps  où  les  ponts  d'une  large  portée  étaient 
à  peu  près  inconnus,  les  piétons  traversaient  les 
rivières  sur  de  légers  échafaudages  ou  d'étroites 
passerelles;  les  cavaliers  et  les  bêtes  de  somme 
les  passaient  à  gué.  Un  peu  en  amont  de  Rumilly, 
au  levant,  existait  un  gué  de  ce  genre  dans  la  ri- 
vière de  Cliéran  qui,  plus  loin,  est  encaissée  entre 
des  roches  profondes  et  à  pic  jusqu'à  sa  jonction 
avec  le  Cier  (aujourd'hui  le  Fier).  Parfois  aussi 
l'on  traversait  les  rivières  à  l'aide  de  bacs  ou  ba- 
teaux. Ces  divers  moyens  étaient  sans  doute  em- 
ployés, suivant  la  quantité  des  eaux,  au  gué  de 
Rumilly  où  devait  affluer  la  foule  des  passants, 
mendiants,  routiers,  pèlerins,  étrangers  quelcon- 
ques, auxquels  les  portes  de  la  ville 'étaient  pru- 
demment fermées.  Dès  les  temps  les  plus  reculés 
il  s'y  établit  une  petite  maison  de  refuge,  qui, 
vers  le  douzième  siècle,  prit  le  nom  d'hospice  de 
Notre-Dame  de  l'Aumône  et  devint  un  petit 
prieuré  dépendant  des  Augustins  du  Grand-Saint- 
Bernard.  Cette  union  résulte  d'une  bulle  du  pape 
Alexandre  III,  du  18  juin  1177  et  d'une  autre 
d'Honorius  IV,  du  11  juin  1286  (1  ).  Le  religieux 

(1)  MoNUMENTA  Histori.î:  Patri^,  Chartaruin,  II,  col. 
1056-58;  domiun  de  Romiliaco,  cutn  omnibus  pertincntiis. 


442 

qui  le  desservait  pouvait  être  en  même  temps  le 
collecteur  des  revenus  du  péage  (1)  établi  en  fa- 
veur du  seigneur,  mais  qui  ne  paraît  pas  avoir 
duré  longtemps. 

Suivant  une  légende  déjà  ancienne,  la  chapelle 
de  Notre-Dame  de  l'Aumône  aurait  été  bâtie  par 
un  Conzié.  Ce  seigneur,  disent  MM.  Groisollet  et 
Morand  (2),  aperçut,  un  jour  qu'il  avait  chassé  sans 
succès,  une  statuette  de  la  Vierge  dans  le  creux 
d'un  arbre.  Il  décocha  contre  elle  une  flèche  qui 
revint  sur  lui  et  le  rendit  aveugle.  Pour  apaiser 
la  Vierge  et  recouvrer  la  vue  il  aurait,  non  pas 
fondé  le  petit  prieuré,  mais  doté  la  chapelle  où 
fut  déposée  la  statue  de  la  Vierge  noire  qu'on  y 
voit  encore  aujourd'hui. 

La  légende  peut  bien  reposer  sur  quelque  fait 
positif,  car  Aymon  de  Gonzié,  chevalier,  se  retira 
au  monastère  du  Grand-Saint-Bernard  auquel  il 
donna  de  grands  biens  par  un  acte  du  6  des  nones 
de  mars  1240. 

Deux  de  ses  fils,  Vautier  (acte  du  4  des  calen- 

MénioiresàQl'A  Société  d'hist.  de  Genève,  XV,  Supp'.,  p.  25, 
cellatn  que  dlcitur  Elemosina  de  RuniUUaco  in  Albanesto, 
cuin  pertinentiis  suis. 

(1)  C'est  ainsi  ([n'At/mon  de  Pellier,  curé  de  Rumilly, 
était  en  1331  receveur  du  péage  et  de  la  gabelle  du  comte  de 
Savoie,  à  Chanaz  sur  le  Rhône  (Mémoires  de  la  Société  sav. 
d'hist.  V,  p.  Lin. 

(2)  Histoire  de  Raniilhj,  p.  21).  L.  Morand,  Le  Sanc- 
tuaire de  N.-D.  de  l'Aumône,  p.  11. 


443 

des  (le  janvicrl258,  et  G uillauine lurent rehgiQux 
au  même  monastère  (1). 

Nous  nous  sommes  vainement  adressé,  pour 
retrouver  ces  actes,  à  M.  le  Prévôt  du  Grand- 
Saint-Bernard  ,  au  savant  abbé  Gremand ,  et 
au  très  obligeant  surintendant  des  archives  de 
Turin.  Nos  recherches  ont  été  sans  résultat. 

V 

La  chapelle  des  Boutechou  et  des  Montfort, 
A  Gray  (Haute- Saône). 

Les  Boutechou  possédaient  une  chapelle  dans 
l'église  paroissiale  de  Gray  depuis  un  temps  re- 
culé. L'inscription  suivante,  qui  se  lit  sur  un  pi- 
lier de  l'église,  semble  indiquer  qu'ils  en  firent 
construire  une  autre  au  xvii®  siècle;  ou,  plutôt, 
qu'arrivés  alors  à  l'apogée  de  leur  prospérité,  ils 
firent  reconstruire  la  première. 

L'an  mil  vc  xvii  le  vni  de  julet  fut  fondée 
geste  chapelle  po[ur  et]  nom  de  noble  home 
MAisTRE  Jehan  Botechou   (2)  secrétaire    de 

l'empereur  et  la  PMIERE  PIERE  POSEE  PAR  Hu- 

GUE  ET  Claude  ses  fils. 

C'est  dans  cette  chapelle  que  furent  ensevelis 
Charlotte  de  Montfort,  née  à  Gray,  le  20  novem- 

(1)  Armoriai  de  Savoie,  II,  p.  158. 

(2)  Jean  Boutechou,  lieutenant  général  du  baillage  d'A- 
mont^ en  1595,  fut  secrétaire  d'Etat  de  Philippe  II,  roi  d'Es- 
pagne, 1605;  puis  de  l'empereur  Maximilicn,  ICll. 


444 

bre  1582,  le  président  du  Parlement  de  Bourgo- 
gne, Claude  de  Boutecliou,  mort  en  1592,  et  sans 
doute,  les  autres  Boutechou  et  les  Montfort  dé- 
cèdes dans  la  Comté. 

Dans  la  liste  des  Vicomtes-Majeurs  de  Gray, 
on  lit  le  nom  de  Philibert-Emmanuel  de  Mont- 
fort ,  seigneur  de  Fleurey  ;  1671-1673;  1677- 
1679  (1). 

VI 

Le   CHATEAU    DE    CrÈTE,  A  VeRSONNEX. 

Ce  château,  dont  il  ne  reste  que  des  rumos, 
avait  été  bâti  à  l'extrémité  N.-O.  de  la  commune 
de  Versonnex,  sur  une  éminence  d'où  la  vue  s'é- 
tend, au  midi,  sur  la  plus  grande  partie  des  can- 
tons de  Rumilly,  Albens,  Alby  et  Aix,  avec,  au 
fond,  les  montagnes  des  Bauges  et  de  Chambéry. 
Le  paysage  est  merveilleux. 

L'étendue  de  l'édifice  n'était  pas  très  considé- 
rable. Bâti  en  forme  de  parallélogramme,  exacte- 
ment oriente  suivant  les  quatre  points  cardinaux, 
ses  façades  du  nord  et  du  midi  avaient  trente- 
quatre  mètres  de  longueur,  celles  du  levant  et  du 
couchant,  quarante-huit.  Le  château  était  dominé, 
au  nord,  par  un  monticule  plus  élevé  encore  et 
dont  il  n'était  sépare  que  par  une  dépression  peu 

(1)  Voir^  au  sujet  do  l'église  de  Gray  :  Histoire  de  la  ville 
de  Gray  et  de  ses  monuments  ;  nouvelle  édition.  Gray,  chez 
Perron,  1892. 


445 

profonde  et  de  faible  étendue  ;  aussi  est-ce  de  ce 
côté  qu'il  avait  été  le  plus  fortifié. 

Les  murailles  ont  2  mètres  10  c.  d'épaisseur  ; 
celle  du  nord,  seule,  est  un  peu  conservée.  Celle 
du  levant  se  voit  cependant  encore,  au  ras  du  sol, 
sur  les  trois  quarts  de  sa  longueur.  Il  y  avait  pro- 
bablement des  tours  aux  quatre  angles  ;  actuelle- 
ment il  ne  reste  de  traces  que  de  deux  tours  ron- 
des aux  angles  du  mur  septentrional. 

Ces  deux  tours  ont  aussi,  au  niveau  de  l'inté- 
rieur du  château,  2  mètres  10 d'épaisseur;  à  l'ex- 
térieur et  dans  la  partie  inférieure,  cette  épais- 
seur était  encore  plus  considérable.  L'espace  vide 
de  l'intérieu'"  était  d'environ  douze  mètres  carrés 
pour  la  tour  du  N.-O.^  et  de  seize  pour  la  tour  du 
N.-E.,  qui,  plus  grosse,  et  sans  doute  plus  élevée, 
faisait  à  l'intérieur  une  saillie  égale  à  celle  qui 
dépassait  les  murs  au  dehors. 

Comme  au  château  de  Chauraont  (1),  dont  l'o- 
rientation était  la  même,  la  porte  d'accès  paraît 
avoir  été  placée  dans  le  mur  du  couchant.  La  ma- 
çonnerie est  en  grès  grisâtre ,  extrait  sur  place 
et  taillé  en  moellons  de  0,50,  GO,  ou  70  centi- 
mètres sur  0,08,  10,  12.  Les  tours  qui,  il  y  a 
trente  ou  quarante  ans,  s'élevaient  encore  à  plu- 
sieurs mètres  au-dessus  du  mur  du  nord,  au  ni- 
veau duquel  elles  sont  maintenant,  s'écrouleront 

(1)  Nous  avons  décrit  les  ruines  de  ce  château  dans  nos 
Comptes  de  Châtelains  aux  A7V'c  et  XV'  siècles,  p.  99. 


44G 

bientôt;  car,  déjà  le  mur  septentrional  qui  les  re- 
lie l'une  à  l'autre  est  percé  en  divers  endroits.  Le 
tout  roulera  dans  le  petit  vallon  du  nord. 

Parmi  les  droits  féodaux  dcpendans  du  châ- 
teau de  Crète,  on  comptait  celui  des  langues  bo- 
vines dans  toute  l'étendue  du  mandement  de 
Clermont  en  Genevois.  En  novembre  1681,  il  est 
revendiqué  par  le  seigneur  de  Montfort,  baron  de 
Crète  (acte  Sertour,  notaire  à,  Rumilly). 

VIL 

Les  Montfort  de  Passy  et  Chèdes 
EN  Faucigny. 

Il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  rechercher 
nous-mêmes  les  traces  des  Montfort  à  Passy. 
D'après  la  première  généalogie,  la  seigneurie  de 
Chèdes  serait  parvenue  à  Aymonet  de  Montfort 
(!*''■  degré)  par  son  mariage  avec  Jordano,  fille  de 
Pierre  de  Chèdes.  Une  branche  des  Montfort  la 
posséda  jusqu'au  dix- septième  siècle  ;  peut-être 
même  plusieurs  branches  y  exercèrent-elles  des 
droits  simultanément. 

Les  Montfort  fondèrent,  dans  l'église  paroissiale 
de  Saint-Pierre-de-Passy,  et  sous  le  vocable  de 
saint  Thâodule,  une  chapelle  à  laquelle,  en  15G8, 
Jeannette  de  la  Frasse,  femme  de  Pierre  de  Mont- 
fort (6^  degré),  fit  une  donation,  acceptée  par  le 
recteur,  messire  Jean  Cussenet. 

Le  testament  de  Claudine  de  Tlioire  femme  de 


447 

Claude-René  de  Montfort  (9°  degré),  avait  été 
ouvert  à  Cbèdes-sous-Montfort,  le  4  juillet  1649, 
et  cette  dame  aurait  été  ensevelie  un  peu  aupara- 
vant «  dans  la  chapelle  fondée  par  les  seigneurs 
de  Montfort  dans  l'église  de  Saint-Pierre-de- 
Passy  ». 

Les  registres  de  l'état-civil,  assez  mal  et  fort 
laconiquement  tenus  durant  une  partie  du  dix- 
septième  siècle,  portent  ces  indications  : 

«  Le  10  décembre  1648,  a  été  sépulture  Guil- 
((  laume  de  Bottolier  de  Montfort. 

«  Le  26  décembre  1648,  a  été  sépulturée  la 
«  Georgine  de  Thoire,  veuve  de  Monsieur  de 
«  Monfort.  » 

Les  archives  du  presbytère  de  Passy  mention- 
nent encore  un  legs  «  de  d"*^  Georgine  de  Thoire 
«  do  Montfort,  dans  son  testament  reçu  par  le 
«  notaire  Thierriaz,  le...,  de  cent  florins  pour 
«  fondation  de  trois  grand'messes  avec  l'office  des 
«  morts  et  répons  ».  Les  trois  messes  ont  été  ré- 
duites à  deux,  lors  de  la  visite  pastorale  du  15 
octobre  1664. 

On  peut  s'étonner  de  rencontrer  dans  les  titres 
de  l'église  de  Passy  la  mention  des  chapelles  do 
saint  Jean-Baptiste,  de  sainte  Anne  et  de  sainte 
Barbe,  et  pas  un  mot  de  la  chapelle  de  saint 
Théodule.  Les  premières,  du  reste,  n'existent  pas 
plus  aujourd'hui  que  cette  dernière  (1). 

(1)  Renseignements  dus  à  l'obligeance  de  M.  l'abbé 
V,  Henry,  "vicaire  de  Passy. 


448 

Un  territoire  sur  la  rive  gaucho  de  l'Arc  porte 
le  nom  de  Côie-Montfort.  C'est  une  montagne 
boisée,  au  pied  de  laquelle  passe  la  nouvelle  route 
de  Ghamounix  avant  de  pénétrer  dans  le  vallon 
du  Châtelard. 

Dans  la  séance  du  14  août  188G  de  la  Société 
floriniontane,  M.  le  chanoine  Ducis,  archiviste  de 
la  Haute-Savoie,  faisait  connaître  «  qu'il  avait 
visité,  au  hameau  de  Chède,  dans  la  commune  de 
Passy,  les  ruines  du  château  et  de  la  tour  de 
Montfort,  où  ont  été  passés  les  actes  dont  il  a 
parlé  dans  la  séance  de  la  même  Société  du  25 
janvier  1885,  auxquels  s'ajoutent  ceux  qu'il  a  vus 
aux  archives  de  la  mairie,  dans  les  reconnaissances 
féodales  de  la  famille  de  Montfort  ».  D'autre  part, 
on  lit  dans  le  procès- verbal  de  cette  séance  de 
1885  que  «  le  célèbre  André  de  Montfort,  qui 
soutint  le  siège  de  Nice,  en  1543,  était  de  Passy, 
en  Faucigny,  et  non  de  Rurailly,  en  Albanais, 
comme  plusieurs  auteurs  l'ont  avancé  »,  et  l'on 
annonçait  qu'un  article  paraîtrait  dans  la  Revue 
saooisienne  à  ce  sujet  (1). 

Cet  article  n'a  pas  encore  vu  le  jour.  Il  est  pos- 
sible qu'il  démontre  qu'André  de  Montfort  a  pu 
naître  à  Passy  ;  mais,  jusqu'à  ce  que  de  nouveaux 
éléments  viennent  prouver  le  contraire,  nous  pen- 
sons qu'on  doit  le  tenir  comme  né  au  château  de 

(1)  Reçue  sacoisiennc,  1886,  p.  345,  et  1885  p.  86. 


449 

Mionnaz,  dans  la  commune  de  Monthonnex-sous- 
Clermont,  c'est-à-dire  dans  un  pays  dont  la  loca- 
lité principale  et  prépondérante  était  Rumilly. 
C'est  à  ce  titre  que  M.  Croisollet  (1)  a  pu  l'appeler 
gentilhomme  de  Rumilly  et  gentilhomme  rumil- 
lien.  Grillet,  au  contraire,  s'est  trompé  complète- 
ment, lorsqu'il  a  attribué  à  Odinet,  baron  de 
Montfort,  gentilhomme  chambêrien^  la  réponse 
faite  le  5  août  1543  par  André  de  Montfort  au 
corsaire  Barberousse  (.2).  Louis  Oddinet,  baron  de 
Montfort,  de  Chambéry,  fut  nommé  président  de 
chambre  au  Sénat  de  Savoie,  le  25  avril  1560  ;  il 
a  rempli  d'importantes  missions  diplomatiques 
pour  le  duc  Emmanuel-Philibert,  mais  il  n'a  ja- 
mais été  chargé  de  commander  des  places  de 
guerre,  ou  de  services  militaires  quelconques.  Et, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  le  fief  de  Montfort, 
à  La  Motte  prés  Chambéry,  qui,  des  Oddinet  a 
passé  aux  Arestan  n'a  rien  de  commun  avec  le 
fief  des  Montfort,  dont  nous  nous  sommes  occupé. 
Louis  Oddinet  avait  acquis  sa  baronnie  de  Mont- 
fort du  duc  Emmanuel-Philibert,  en  l'année 
1563  (3). 

(1)  Histoire  de  Rumilly,  p.  74  ;  Supplément,  p.  189. 

(2)  Dictionnaire  historique,  I,  p.  98. 

(3)  Archives  de  la  Saooie,  sévie  C,  n"  1782. 

En  1780,  la  baronnie  de  Montfort  appartenait  à   Cl.-Fr. 
Alex.  Morand,  seigneur  de  Saint-Sulpice. 


29 


450 

Il  y  avait  à  Genève  des  Mont  fort  détachés 
d'un  rameau  de  la  famille  de  Savoie  et  paraissant 
se  rattacher  aux  d'Allinges  de  Coudrée  (1). 

On  trouve  aux  archives  départementales  de  la 
Haute-Savoie,  Série  E,  Montfort  :  21  août  1544, 
vente  faite  par  la  ville  de  Genève  à  François,  fils 
de  feu  Jean  de  Montfort,  de  18  coupes  de  fro- 
ment dues  précédemment  au  couvent  de  Pallex, 
pour  le  prix  de  540  florins. 

Ce  Montfortétait  sans  doute  passé  aucalvinisme. 

Le  18  juinlG66,  à  Cusy,  Jacques  de  Pingon, 
baron  de  Pingon,  se  qualifie  encore  de  seigneur 
de  Bonvillaret  et  Montfort.  Malgré  les  rapports 
d'affaires  assez  nombreux  que  les  Pingon  eurent 
au  dix-septième  siècle  avec  les  Montfort  de  Con- 
zié,  sur  Bloye,  on  doit  croire  que  le  fief  dont  ils 
se  disaient  alors  seigneurs  était  celui  des  envi- 
rons de  Chambéry,  se  rattachant  à  la  baronnie  de 
Pingon,  sur  la  paroisse  de  la  Motte- Servolex. 


(1)  En  1563,  m^e  François  d'Allinges,  soigneur  de  Coudrée 
avait  divers  fils  dont  l'aîné  ?  Pierre,  portait  le  titre  de  sei- 
gneur de  Montfort  (Mémoires  de  l'Académie  cliablaisienne, 
t.  W,  page  xv). 


551 

VIII 

Notes   sur  les  Conzié  et  les  Montfort,  ex- 
traites   DES    ARCHIVES    DÉPARTEMENTALES  DE 

LA  Savoie. 

1278,  25  octobre,  Vulielme  ou  Guillaume  de  Conzié, 
fils  de  défunt  Jean.  Reconnaissance  de  ce  qu'il  tient 
dans  la  paroisse  de  Tavagny  ?  de  Rumilly  (sic)  et  dans 
celle  de  Chalansonnex  (1)  (Archives  de  la  Savoie,  C 
no  1799,  fosllOetlll). 

1278, 11  décembre,  Pierre  de  Conzié.  Reconnaissance 
decequ'iltientà  BloyeetàSalagine(2)  (Arch.  ic?.  foll2). 

1280,  16  juillet.  Théohald  de  Conzié.  Reconnaissance 
de  ce  qu'il  tient  dans  le  même  mandement  [id.  P  113). 

1313,  21  octobre.  Rollet,  fils  de  Jean  de  Conzié;  fi- 
délité à  Guillaume (III),  comte  de  Genevois  [id.  foll4). 

1336,  11  décembre.  François  et  Amédée  de  Conzié 
transigent  avec  le  comte  de  Genevois,  Amédée  (III),  pour 
leur  juridiction  [id.  f»  115). 

1374,  9  mars.  Reconnaissance  passée  par  my^  Guil- 
laume de  Mareste  et  Bjùancie  de  Montfort  sa  femme, 
fille  de  m^e  Jean  de  Conzié  et  de  Jeannette  [de  Lucin- 
ge],  veuve  dudit  Jean,  [laquelle  Briancie  est]  tutrice  et 
agit  au  nom  de  Jean  fils  dudit  Jean  de  Conzy  {sic),  par 
laquelle  ils  déclarent  tenir  en  fief  ancien  et  paternel, 
leur  maison  forte  de  Bloye,  etc.,  et  une  rente  féodale, 
sous  charge  de  l'hommage-lige  [id.,  f»  116). 

1447,  9  octobre.  Investiture  en  faveur  de  Jacques  de 
Conzié  des  fiefs  qu'il  tient  dans  le  mandement  de  Ru- 
milly [id.,  fo  118). 

(1)  Il  n'y  a  jamais  eu  de  paroisse  de  Tavagny  ;  Chalan- 
sonnex est  de  la  paroisse  de  Massingy. 

(2)  Salagine  est  de  la  paroisse  de  Bloye. 


452 

1455,  24  mai.  Investiture  des  mêmes  fiefs  à  Jacques 
de  Conzié,  fils  de  noble  Pierre  de  Conzié  [id.,  f»  119). 

1495,  24  octobre.  Reconnaissance  par  n.  et  généreuse 
Antoinette,  fille  de  feu  n.  Pierre  Bolomier,  veuve  de  n. 
André  feu  Jacques  de  Conzy,  comme  tutrice  testamen- 
taire de  François  et  Guibert  de  Conzié,  ses  fils,  pour 
1"  la  maison  forte  de  Conzié  à  Bloye;  2»,  etc. 

1734^  2  septembre.  Consignement  passé  par  m''^  Louis 
de  Conzié,  fils  de  feu  Edouard,  par  lequel  il  reconnaît 
tenir  et  posséder  par  succession  paternelle  des  biens 
féodaux  à  Bloye,  sous  les  n^s  852  à  862  inclusivement, 
882  et  883  du  cadaslre  [id.,  fo  121). 

1734,  Louis  de  Conzié  est  cotisé  à  37  livres  10  sols 
d'impôt  de  cavalcade  pour  sa  maison  forte  de  Conzié 
(Archives,  C,  no  1495.) 

Ces  deux  dernières  indications  semblent  dé- 
montrer qu'au  temps  d'Edouard  (2^)  de  Conzié, 
père  de  Louis  et  de  François-Joseph,  les  anciens 
Conzié  avaient  repris  possession  de  la  maison  forte 
de  Bloye,  sans  doute  en  vertu  d'une  cession  ou 
d'une  revente  à  eux  faite  par  les  Montfort.  Le  ca- 
dastre de  Bloye,  dressé  en  1732,  porte,  en  effet, 
à  la  cote  de  Louis  de  Conzié  et  frère,  et  sous  58 
numéros,  dos  biens  qui  paraissent  constituer  la 
vieille  seigneurie  de  Conzié.  Nous  ne  citerons  que 
les  suivants,  situés  lieu  dit  à  Conzié  : 


853  écurie. 

854  terrasse. 

855  maison. 
857  four. 


858  grange  et  place. 

859  grange. 

8G0  cour  et  place. 


453 

Ces  immeubles  d'une  superficie  de  2  journaux 
84  toises  1  pied  (65  ares  14  centiares),  et  d'un  re- 
venu cadastral  de  19  livres,  n'étaient  pas  soumis 
à  la  taille,  comme  biens  nobles. 

Nous  nous  sommes  assuré  que  ces  numéros 
étaient  bien  ceux  sous  lesquels  la  maison  forte  ou 
château  de  Conzié  et  ses  dépendances  avaient  été 
indiquées  au  cadastre  de  1732. 

Poursuivant  nos  recherches  au  Iwre  des  muta- 
tions ùnniobilières  de  Bloye  nous  avons  constaté 
que  le  domaine  de  Conzié  était  passé  en  juin  1748 
à  Jean-Guillaume  Gromet  ou  Gromé-Frizé,  né 
à  Gayani,  province  de  Bielle  en  Piémont,  établi 
depuis  quelque  temps  à  Bloye;  et  que  Joseph- 
François  de  Conzié,  marquis  d'AUemogne,  le  ra- 
cheta devant  m^  Gojon,  notaire  à  Chambéry,  le  11 
novembre  1783,  au  prix  de  41,000  livres  (1). 

Très  vraisemblablement  le  marquis  ne  put  pas 
payer  immédiatement  le  prix  de  son  acquisition. 
Ayant  émigré  en  1793,  il  n'eut  plus  la  possibilité 
de  s'acquitter  envers  son  vendeur;  le  fils  de  celui- 
ci  ,  Joseph  Gromé-Frizé ,  ancien  receveur  des 
douanes  et  alors  rentier  à  Vésenaz,  près  Saint- 
Julien,  le  fit  condamner  par  jugements  du  tribu- 


(1)  L'acte  est  passé  «  en  l'hôtel  du  marquis  d'AUemogne, 
situé  proche  de  la  cathédrale  ».  L'acheteur  se  ciualifie  de  ca- 
pitaine à  la  suite  au  régiment  de  Savoie,  des  premiers 
écuyers  de  S.  A.  R.  Madame  la  princesse  de  Savoye,  et  signe 
Joseph  de  Con:;ié. 


454 

nal  civil  du  Mont-Blanc  des  17  pluviôse  et  17 
ventôse  an  VII,  à  lui  payer  une  somme  de  18.5C0 
francs  montant  de  sa  créance  à  cette  date.  L'émi- 
gré, ou  l'absent  de  la  République,  comme  disent 
les  jugements,  dut  subir  l'expropriation  de  ses 
biens.  Ils  furent  adjugés  aux  enchères  publiques 
du  tribunal,  le  16  prairial  de  la  même  année,  en 
contradictoire  de  m®  Crépine,  représentant  Vab- 
sent,  au  citoyen  Joseph  Gromé-Frizé,  pour  le  prix 
de  26,400  francs  (1). 

Cette  adjudication  comprenait,  outre  les  biens 
de  Bloye,  quelques  terres  sur  le  territoire  de  Ru- 
milly.  Leur  contenance  était,  sur  Bloye^  de  140 
journaux  et  demi  ;  sur  Rumilly,  de  12  journaux 
et  demi.  Ces  terres  payaient  alors  un  impôt  de  210 
francs. 

L'expropriation  avait  été  suivie,  lit-on  au  ma- 
nifeste ou  placard,  «  contre  Joseph-François  Con- 
zié,  cy-devant  officier  au  service  du  roi  Sarde  et 
écuyer  à  la  Cour  dudit  roi,  domicilié  au  lieu  des 
Charmettes  lorsqu'il  faisait  sa  résidence  dans  la 
cy-devant  Savoye,  pour  congé  de  service.  » 

Le  sieur  Gromé-Frizé  vendit  de  nouveau  le  do- 
maine de  Conzié,  le  25  vendémiaire  an  XI  à  Jean- 
Louis  Pétellaz,  feu  Laurent,  de  Rumilly,  qui  le 
céda  le  14  décembre  1827  à  M.  Victor- François 


(1)  Archives  de  la  Cour  d'appel  de  Chambéry.  Registres 
du  tribunal  civil  du  Mont-Blanc,  de  germinal  à  prairial, 
an  VII. 


455 

Girod,  ancien  notaire,  de  Rumilly,  dans  la  suc- 
cession de  qui,  son  fils,  M.  Louis  Girod,  qui  fut 
premier  président  de  la  Cour  d'appel  de  Cham- 
béry,  les  a  recueillis. 

Le  domaine  des  Montfort  à  Reinex,  paroisse  de 
Massingy,  se  composait,  outre  69  pièces  de  terre, 
prés,  champs,  bois,  etc.,  des  numéros  suivants 
du  cadastre  : 


236  moulin  et  battoir. 

237  grenier. 

238  pré  et  battoir. 

239  jardin,  moulin. 

250  maison,  écurie,  four  et 

cour. 

251  pré,    colombier  et  ré- 
servoir. 


253  maison,  grange  et  cour. 
262  fourneau  à  huile. 
26-3-267  broussailles. 
268  grenier. 

215  (au  Ligny),   grange  et 
cour. 


d'un  revenu  cadastral  de  58  livres  et 2  sols;  le  tout 
frappé  d'une  taille  de  onze  livres  neuf  sols  quatre 
deniers. 

Les  Sommaires  des  fiefs,  aux  Archives  du  dé- 
partement de  la  Savoie,  contiennent  encore,  sur  les 
différents  Montfort,  diverses  indications  peut-être 
un  peu  confuses.  Nous  y  avons  relevé  les  suivan- 
tes qui  nous  paraissent  se  rapporter  à  la  famille 
qui  fait  l'objet  de  cette  notice  : 

1305,  l^r  janvier.  Quittance  passée  à  Béatrix,dame  de 
Faucigny,  par  Nicod  de  Crolle,  de  la  somme  de  15  li- 
vres pour  les  corvées  de  bois  par  elle  eues  en  échange 


456 

de  divers   particuliers,  sis  (les  bois)  sous  le  château  de 
Montfort.  (Archives  ;  C,  n»  1783,  fo  204.) 

1330,  4  janvier.  Investiture  du  château  de  Montfort 
en  faveur  de  Nicod  de  Montfort  et  de  son  fils  Jean.  (Ar- 
chives; C.,nol795,fo  115.) 

1346,  18  mars.  Investiture  en  faveur  de  Jean  de 
Montfort,  fils  de  Nicolas  (sic,  Nicod),  du  château  de 
Montfort  (dit,  dans  la  rubrique,  en  Chozal),  reçu  de 
son  père,  sauf  l'hommage  au  comte  de  Genevois.  (Ar- 
chives ;  C,  no  1795,  fo  111  et  153.) 

1354,  6  septembre.  Hommage  au  comte  de  Genevois 
par  Jean  de  Montfort  pour  des  biens  à  Balaison.  (Ar- 
chives; C,  no  1354.) 

1387,  15  novembre.  Investiture  du  château  de  Mont- 
fort en  faveur  de  Marguerite  de  Afont/ort.  (Archives; 
id.,  fo  115.) 

1447,  24  juin.  Investiture  du  château  de  Montfort  (en 
Chablais  (sic),  en  faveur  de  Jean  et  de  Girard  de  Mont- 
fort. 

1447,  10  juillet.  Investiture  de  la  maison  forte  de 
Montfort  en  faveur  de  Jean  el;  Girard  de  Montfort  et  de 
Lambert  Oddinet  (sic).  (Archives;  C,  f»  114  et  115.) 

1464, 14  avril.  Investiture  de  la  maison  forte  de  Mour- 
nié,  avec  fief,  etc.,  dans  le  mandement  de  Cbarosse 
(Passy),  en  faveur  de  C/aac?e  deMontfort.  (Archives;  C, 
no  1795,  fo  114)  ;  —  en  faveur  de  François  de  Montfort. 
(Archives;  C,  no  1783,  fo  232.) 

1567,  12  novembre.  Guillaume  de  Bottolier  consent 
un  albergement. 


457 

]571,  29  mars.  Alexandre  de  Bottolier,  seigneur  de 
Dingy,  consent  un  albergement.  (Id.  fo»  17  et  18.) 

1594,  14  octobre.  Rd  Bérard,  André ^  Hudric  et 
François  de  Montfort,  et  ensuite  (sic)  Claude  et  Amé- 
déede  Montfort,  consignent  tenir  de  S.  A.  en  fief  noble, 
paternel  et  antique,  leurs  hommes,  terres,  homma- 
ges, etc.,  dans  les  lieux  de  Charosse,  Passy  et  villages  du 
mandement  de  Charosse.  (Archives;  C,  n»  1785,  fo  5.) 


*Tx^Çj>^  ' 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 

Avant-Propos 243 

Les  diverses  familles  et  localités  de  Montfort  ;  —   en 

Savoie,  en  Franche-Comté 245 

Armoiries  des  Montfort 247 

Résidences  :  Mionnas  ;  Consié,  Reinex,  etc 248 

Première  Partie. 

Mémoires  de  la  maison  de  Montfort,  dressés  par  Phili- 
bert-Emmanuel de  Montfort 253 

Premier  degré,  Aymonet  de  Montfort,  etc 253 

—  Addition  :  Pierre  de  Montfort,  etc 254 

Deuxième  degré,  Nicod  de  Montfort 256 

Addition 256 

Troisième  degré,  Ramus  de  Montfort 257 

—  Addition 257 

Quatrième  degré,  Jacques  et  Jean  de  Montfort 258 

Addition '. 258 

Cinquième  degré,  François  de  Montfort,  etc 259 

Sixième  degré,  Jean  (II),  Nicod  (II),  Pierre,  etc 262 

Septième  degré,  André   de  Montfort^  gouverneur  de 

Nice,  Hudrtj,  François  {\l),  Bèrard 264 

—  Addition  sur  Bèrard 266 

Huitième  degré,  Georges  de  Montjort,  Claude,  Chris- 
tophe    267 

Neuvième  degré,  Marin,  André,   Amé,  Claude,  An- 
dré (II)j  Jean,  Michel,  François  (III),    Fcrnand- 

Pierre,  Prospéra,  Claude-René 271 

—  Philippe-Emmanuel  de  Montfort 275 

—  Lettre  de  la  duchesse  de  Savoie  à  Toccasion  de  son 
baptême  (1592) 275 

—  du  Parlement  de  Dôle  à  son  sujet  (1649) 277 


460 

—  Soa  épitaphe 279 

Dixième  degré,  Louis-  François  de  Montfort 279 

Les  Montfort  de  Piémont 281 

Deuxième  partie. 

AUTRE     GÉNÉALOGIE. 

Membres  de  la  branche  de  Bourgogne 286 

Suite  de  la  branche  de  Savoie • . .  288 

André  de  Montfort,  gouverneur  de  Nice.  Lettre  du  12 

août  5541  à  lui  adressée 288 

Georges  de  Montfort,  son  contrat  de  mariage 290 

—  Sa  lettre  à  son  père,  25  mars  1556 291 

—  Son  achat  des  seigneuries  de  Conzié,  à  Bloye  et  à 
Ruffleux 292 

Revendication  des  meubles  des  deux  maisons  fortes  de 
Conzié  à  l'encontre  de  George  de  Montfort,  et  inven- 
taire de  ces  meubles 295 

Testament  de  Marin  de  Montfort  (1574) 299 

Testament  à' André  (II)  de  Montfort  (1578) 301 

Sauf-conduit,  actes  divers  (1578  à  1G08) 302 

Sauvegarde  acccordée  par  le  duc  Charles-Emmanuel 

(1598) 303 

Pierre- Aimé  de  Montfort,  son  testament  (1678) 305 

Lettre  dn  duc  Charles-Emmanuel  II  (1674) 308 

Charles-Emmanuel  de  Montfort,  transaction  avec  sa 

mère 309 

Jacques-Gaspard  de  Montfort  de  Lohlas 310 

—  Son  mémoire  relatif  au  duc  de  Savoie  (vers  1662). .  311 

—  Sa  lettre  à  son  cousin  Jacques- Aimé  de  M.  de  Conzié.  314 
Maurice   de  Montfort  de   Con:;ié,   sa  réclamation  à 

son  beau-frère  Jean-François  de  Manessy 319 

Procès  divers 320 

Amé-Philibert  et  Jacqucs-Amù  de  Montfort,  leur  al- 
liance avec  les  deux  soeurs  de  Chavannes 322 

Injures  à  la  femme  d'Amé-Philibert  de  Montfort 324 

Jacques-Amé  de  Montfort,  son  second  mariage,  ses 

emprunts 325 


461 

Les  Carmélites  déchaussées  de  Cliambéry  en  1647 326 

Charles  de  Fauge^  général  des  armées  du  duc   de 

Lorraine  (1657) 326 

Lettre  de  J.-A.  de  Montfori,  à  son  procureur  (1657).  327 

—  Mariage  de  sa  fille  Françoise 328 

—  Il  est  incarcéré  pour  dettes  ;  inventaire  de  son  mo- 
bilier de  Conzié,  et  de  ses  immeubles 330 

Charles-Aimé  de   Montfort,  son  testament,   sa  dis- 
parition    332 

Jean-Michel  de  Montfort,  son  testament 333 

Joseph-Alphonse  de  Montfort,  moine  à  Sixt  ;  son  tes- 
tament  

Claude  de  Montfort,  seigneur  de  Reinex,  capitaine  au  335 

régiment  de  Montferrat 337 

Joseph  de  Montfort,  son  mariage,  sa  sépulture 339 

—  Sa  lettre  à  M.  Thomasset  (1685) 340 

Emfans   de   Claude  de   Montfort  ,   coseigneur    de 

Reinex  et  de  Conzié 341 

Jacques  de  Montfort,  lieutenant-colonel  du  régiment 

de  Savoie  en  1734 343 

Charles  de  Montfort,  major  au  régiment  de  Savoie. .  343 
Ordre  de  conduire  la  marquise  de  Spigno  à  la  forte- 
resse de  Ceva  (14  octobre  1731) 344 

—  Ordre  de  la  transférer  à  Montcalier  (  7  décembre 
1731) 345 

Acte  de  décès  à  S  use  de  Ch.  de  Montfort 346 

Enfans  de  Joseph  de  Montfort 347 

Divers  Montfort  de  filiation  incertaine 349 

Troisième    partie. 

Les  Conzié. 

Diverses  généalogies  de  cette  famille 351 

Du  nom  de  Confié 352 

Premiers  degrés  de  la  généalogie,  selon  La  Chesnaye.  353 

—  Addition 354 

Généalogie  suivant  Guiclienon 356 


462 

Testament  de  Jean  III  de  Conzié  (1°'  février  1402) 359 

Convention  entre  les  Conzié  et  les  Balaison  (1455). . . .  361 

Testament  d'Amédée  de  Conzié  (1"  mars  1494) 364 

Testament  de  François  de  Conzié  (17  août  1515) 368 

testament  de  Claude  de  Conzié  (9  juin  1571) 371 

Antoine-Marin  de  Conzié,  son  second  mariage  avec 

Claudine  Boccon 373 

Procès  des  fils  d'Edouard  (2')  de  Conzié  devant  le  Par- 
lement de  Dijon 376 

Contrat  de  mariage  d'Antoine-Louis  de  Conzié  (13  dé- 
cembre 1646) 378 

Retour  des  Conzié  en  Savoie 380 

Edouard  (3=)  de  Conzié,  ses  deux  mariages 382 

Ses  enfants 383 

Son  testament  (28  août  1709) 383 

Louis  de  Conzié,  marquis  d'Allemogne 387 

François-Joseph  de  Conzié,  son  acte  de  naissance 389 

Mission  de  François-Joseph  de  Conzié  auprès  du  roi 

d'Espagne 391 

—  Son  Mémorial  au  roi  d'Espagne 392 

Quatrième  partie. 

Notice  sur   François  de  Conzié,  camcrier  des   papes 

d'Avignon,  archevêque  (1378-1432) 403 

—  Son  tombeau  et  son  épitaphe 410 

Indication  de  lettres  et  actes  de  François  de  Conzié. . .  412 

La  chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste  à  Bloye 416 

Nomination  de  son  premier  recteur  (1391) 418 

Bulles  d'érection  par   Clément    Vil  (1391) 419 

Commission  à  l'offlcial  de  Belley  relative  à  cette  cha- 
pelle (1493) 423 

Radiation  à  la  Cour  romaine  d'un  procès  entre  Jean  de 

Gharansonnay  et  Louis  de  Conzié  (1497  ?  ) 425 

Autres  indications A'iQ 

La  chapelle  de  Saint-Claude  (sacristie  de  Rumilly) . . .  427 

Les  sculptures  :  porte,  fenêtres,  armoiries,  clef  de  voûte  431 


463 

Acte  de  fondation  de  la  chapelle  par  rarchevêque  Fran- 
çois de  Conzié  (1413) 435 

Difficultés  relatives  à  la  chapelle  de  Saint-Claude. . . .  440 

François  de  Conzié  à  Mende  (1390) 440 

La  chapelle  de  Notre-Dame  de  l'Aumône,  à  Rumilly . .  441 

La  chapelle  des  Boutechou  et  des  Montfort  à  Gray . ...  443 

Le  château  de  Crète,  à  Versonnex 444 

Les  Montfort  de  Passy  et  Chèdes 446 

Lieu  de  naissance  d'André  de  Montfort,  gouverneur  de 

Nice 448 

Les  Montfort  de  Genève;  les  d'AUinges  de  Montfort; 

—  J.  de  Pingon,  seigneur  de  Montfort 430 

Notes  sur  les  Conzié  et  les  Montfort,  extraites  des  ar- 
chives départementales  de  la  Savoie 451 

Indications  du  cadastre  de  Bloye  sur  le  domaine  de 

Conzié  ;  ventes  successives 452 

Indications  du  cadastre  de  Massingy  sur  Reinex 45o 

Indications  du  Sommaire  des  Fiefs  sur  les  différents 

Montfort 445 


t 


UN 

AVENTURIER   NAPOLITAIN 

EN    1870 


FRANZINI 

Commandant  des  Mobilisés  de  la  Hante-Savoie. 


NOTICE 

Par  C.  DUVAL 

Dùputé  de  la  Haute-Savoie,  maire  de  Saint-Julien, 
membre  de  la  Société  savoisienne  d'histoire,  etc. 


467 


«  Vous  avez  rappelé  ce  que  vous  avez  fait  pendant  la 
«  guerre  et  j'aurais  voulu  que  bien  des  départements 
«  français  vous  imitassent. 

«  Oui,  s'il  y  a  un  pays  dans  tout  le  territoire 
«  français  qui  ait  noblement  fait  son  devoir-,  sans  cal- 
«  eul,  sans  arrière-pensée,  sans  hésitation,  de  plein 
«  élan,  de  cœur  et  d'âme,  qui  ait  donné  ses  enfants  et 
«  son  or  sans  compter  et  sans  réfractaire,  j'aime  à  le 
«  répéter  :  c'est  la  Savoie  et  la  Haute-Savoie.  j> 

Ga.mbetta.  —  Discours  de  Saint-Julien, 
le  2  octobre  1872. 


A   MES   CAMARADES   DES   LÉGIONS   MOBILISÉES 

DE  LA  Haute-Savoie. 

Les  légendes,  surtout  loracju'elles  sont  absolu- 
ment fausses,  ont  la  vie  dure  et  il  est  véritable- 
ment extraordinaire  de  les  voir  renaître  et  se 
perpétuer,  malgré  les  démentis  et  les  rectifications 
les  plus  indiscutables. 

Les  légions  mobilisées  de  la  Haute-Savoie  en 
ont  fait  et  en  font  encore  la  triste  expérience  et  la 
présente  notice  a  pour  but  de  protester  contre  une 
reproduction  récente  de  l'erreur  commise  à  leur 
encontre. 

Sur  la  foi  d'une  dépêche,  lancée  inconsidéré- 
ment par  un  général  affolé,  qui  ne  nous  connais- 
sait pas,  ne  nous  avait  pas  vus  et  ignorait  abso- 
lument notre  situation,  nous  avons  été  accusés 


468 

d'av'oir  refusé  de  marcher  contre  les  Prussiens, 
au  moment  même  où  nos  bataillons  arrivaient  à 
Dijon,  où  ils  ont  fait  tout  aussi  bonne  figure  que 
les  autres,  bien  que  n'étant  ni  armes,  ni  équipés, 
ni  même  organisés. 

Cette  calomnie  effroyable,  cette  accusation  im- 
méritée, reparaissent  de  temps  à  autre  et  consti- 
tuent un  outrage  intolérable  contre  lequel  nous 
avons  le  droit  de  protester  énergiquement. 

Les  mobilisés  de  la  Haute-Savoie,  comme  leurs 
cadets  de  l'armée  active  ou  de  la  mobile,  étaient 
animés  de  sentiments  patriotiques,  parfaitement 
décidés  et  très  résolus  à  tous  les  sacrifices  pour 
l'honneur  du  drapeau. 

Au  début,  leur  bonne  volonté,  leur  zèle  et  leur 
ardeur  ont  été  p^alysés  pendant  un  certain 
temps  ,  précisément  par  des  chefs  indignes  qui 
avaient  réussi,  dans  ce  moment  de  trouble  et  de 
bouleversement  général,  à  surprendre  la  confiance 
et  la  bonne  foi  du  gouvernement  de  la  Défense 
nationale. 

C'est  l'histoire  de  ces  aventuriers  que  je  veux 
faire  connaître,  pour  dégager  notre  responsabilité 
à  nous  qui  ne  désespérions  pas  du  salut,  à  nous  qui 
partions  pleins  d'ardeur .  prêts  à  remplir  tout 
notre  devoir. 

Au  moment  où  la  garde  nationale  mobilisée  fut 
appelée  sous  les  armes,  les  comités  de  Défense 
nationale,    formés  dans  chaque  arrondissement, 


469 

après  avoir  constaté  la  pénurie  d'anciens  officiers 
dans  le  pays,  réclamèrent  avec  instance  la  nomi- 
nation, à  la  tête  des  légions,  d'officiers  de  l'armée 
active,  capables  de  les  organiser  militairement  et 
de  les  mettre  en  état  de  servir  avec  honneur. 

Par  divers  arrêtés  insérés  au  Moniteur  offi- 
ciel, le  commandement  de  la  garde  nationale  mo- 
bilisée de  la  Haute-Savoie  fut  constitué  comme 

suit  : 

Commandant  supérieur  , 

Franzini,  qualifié  d'ancien  officier  d'état-major. 

Lieutenant-colonel  commandant  la  1^'^  légion, 
MiGNOTTE,  ancien  capitaine  de  recrutement. 

Lieutenant-colonel  commandant  la  2^  légion. 
De  Lyoen,  capitaine  au  titre  auxiliaire,  n'ayant 
jamais  appartenu  à  l'armée  active. 

Lieutenant-colonel  commandant  la  3^  légion, 
Baudon  d'Issoncourt,    ancien   maréchal   des 
logis  de  cavalerie. 

Lieutenant- colonel  commandant  la  4"  légion, 
ViTTiNi,  qualifié  d'officier  de  chasseurs. 

M.  de  Lyoën,  ayant  dû  donner  sa  démission, 
fut  remplacé  par  M.  de  Combarel,  capitaine  au 
80*^  régiment  d'infanterie,  évadé  des  prisons  de 
l'ennemi. 

Nous  ferons  connaître  les  états  de  service  de 
ces  officiers  supérieurs  et  on  pourra  juger  de  la 
valeur  de  l'état-major,  placé  â  notre  tête. 


470 

Nous  devons  toutefois,  dés  à  présent,  mettre 
hors  de  cause  le  commandant  de  la  2^  légion,  M. 
de  Combarel,  qui  fut  véritablement  à  la  hauteur 
de  sa  mission. 

Le  choix  le  plus  fâcheux  fut  celui  du  comman- 
dant supérieur  Franzini,  aventurier  napolitain, 
que  le  général  Lambert,  qui  l'avait  connu  caporal 
à  la  légion  étrangère,  qualifiait  de  «  vulgaire  in- 
trigant, doué  d'un  aplomb  peu  commun  ». 

J'ai  réussi,  après  beaucoup  de  recherches  et 
beaucoup  de  peine,  à  reconstituer  en  partie  le 
passé  de  cet  aventurier. 

La  présente  publication  a  pour  but  de  faire 
connaître  le  personnage  à  tous  mes  anciens  cama- 
rades, et  aussi  à  tous  ceux  dont  la  bonne  foi  a  été 
surprise  et  qui  s'étonneront,  sans  nul  doute,  qu'un 
pareil  choix  ait  pu  être  fait. 

Franzini  s'est  présenté  à  Tours,  comme  un  an- 
cien officier  d'état-major,  ce  qm  était  faux. 

Aussitôt  pourvu  de  sa  nomination^  Franzini, 
qui  n'avait  que  le  grade  de  colonel  auxiliaire,  et 
qui  aurait  dû  porter  l'uniforme  du  corps  qu'il  était 
appelé  à  commander,  commença  par  revêtir  illé- 
galement l'uniforme  de  général  de  brigade  de 
l'armée  active  et,  aussitôt  arrivé  à  Annecy,  se 
constitua  non  moins  illégalement  un  état-major 
de  quinze  à  vingt  officiers  auxquels  il  distribua 
généreusement  le  grade  de  capitaine  d'état-major. 


471 

Les  agissements  du  personnage,  dont  les  hâ- 
bleries dissimulaient  mal  la  nullité,  l'eurent  bien- 
tôt fait  apprécier  à  sa  juste  valeur,  et  c'est  préci- 
sément pour  se  soustraire  à  la  vigilance  des  auto- 
rités du  département,  notamment  du  préfet  (1), 
que  le  soi-disant  général  remua  ciel  et  terre  pour 
faire  sortir  du  département  les  bataillons  mobili- 
sés dont  l'organisation  était  à  peine  ébauchée. 

II  ne  réussit  que  trop  bien.  Sur  l'annonce  qu'il 
avait  six  bataillons  organisé?,  composés  de  soli- 
des montagnards,  prêts  à  marcher,  le  ministre 
de  la  guerre  donna  l'ordre  d'envoyer  ces  six  ba- 
taillons à  Dijon,  c'est-à-dire  en  face  de  l'ennemi. 

Or,  aucun  de  ces  bataillons  n'était  encore  or- 
ganisé. Les  compagnies  recrutées  dans  chaque 
canton  présentaient  les  effectifs  les  plus  variés. 
Les  officiers  et  sous-officiers  nommés  à  l'élec- 
tion n'avaient  aucune  notion  de  l'art  militaire  et 
avaient  été  élus  d'après  la  loi  sur  la  garde  natio- 
nale. Un  grand  nombre  de  compagnies  avaient 
deux  capitaines,  ce  qui  ne  facilitait  pas  le  service. 

L'habillement  seul  était  bien  conditionné.  L'ar- 
mement, de  pure  forme,  consistait  en  anciens 
fusils  à  pierre  de  gros  calibre,  transformés  en  fu- 
sils à  piston,  achetés  en  Suisse  et  hors  d'état  de 
servir;  quant  à  l'équipement,  il  faisait  défaut  et 

(1)  Le  préfet  de  la  Haute-Savoie  était  l'excellent  Jules 
Philippe,  qui  resta  en  fonctions  jusqu'au  24  mai  1873,  et 
fut  ensuite  député  de  la  Haute-Savoie  de  187G  à  1888. 


472 

nos  mobilisés  n'avaient  pas  même  de  porte-baïon- 
nette. 

Les  commandants  des  six  bataillons  ont  rédigé, 
à  la  date  du  29  janvier  1871,  une  relation  histori- 
que des  événements  auxquels  ils  ont  pris  part  (1). 
Ce  récit  a  été  complété  par  une  publication  du 
capitaine  Joseph  Berlioz  (2). 

A  ces  navrants  souvenirs,  je  puis  ajouter  quel- 
ques renseignements  sur  le  S'^  bataillon  de  la  3® 
légion,  dont  j'ai  fait  partie. 

Ce  bataillon,  recruté  dans  les  cantons  d' Anne- 
masse,  Reignier  et  Gruseilles^  fut  appelé  à  la  fin 
de  décembre,  mais  l'inclémence  de  la  saison,  le 
sol  recouvert  de  neige,  la  rigueur  de  la  tempéra- 
ture et  surtout  l'absence  de  fusils  empêchèrent 
absolument  toute  instruction  militaire.  De  plus, 
le  manque  de  logements  obligea  le  commandant 
à  laisser  les  hommes  chez  eux  jusqu'au  moment 
du  départ. 

Le  15  janvier  1871,  au  matin,  le  bataillon  fut 
rassemblé,  reçut  l'armement  défectueux  décrit 
ci-dessus  et  fut  acheminé  immédiatement  sur 
Rumilly,  où  il  arriva  le  surlendemain  pour  être 
embarqué  en  chemin  de  fer   et  dirigé  sur  Dijon. 

Parvenu  à  Beaune,  le  mercredi,  à  4  heures  du 
matin,  le  bataillon  reçut  l'ordre  du  chef  de  gare 
de  s'arrêter  et  de  se  cantonner  dans  la  ville  où   il 

(1)  Voir  ci-après  la  relation  des  commandants. 

(2)  Les  Mobilisés  de  la  Hauie-Savoic. 


473 

erra  jusqu'à  la  pointe  du  jour,  par  une  pluie  bat- 
tante, sans  que  le  pseudo-général  eût  pris  la  peine 
d'envoyer  à  la  gare  un  des  nombreux  officiers  de 
son  état-major. 

Et  comme  Franzini  avait  encore  un  certain 
nombre  de  créatures  à  pourvoir  de  grades,  il  pro- 
voqua la  démission  des  officiers  du  bataillon,  ce 
qui  n'était  pas  le  moyen  d'activer  son  organisa- 
tion. (1) 

Les  six  bataillons  réunis  à  Beaune,  où  ils  sé- 
journèrent trois  jours^  n'eurent  pas  même  le  loisir 
de  faire  quelques  exercices,  vu  les  ordres  et  con- 
tr'ordres  incessants  du  commandant  supérieur. 

Le  dimanche  suivant ,  ces  bataillons  furent 
appelés  à  Dijon,  attaqué  par  l'armée  prussienne, 
et  c'est  alors  que,  prévoyant  une  débâcle,  Fran- 
zini, au  lieu  d'aller  à  Dijon^  se  dirigea  sur  Gha- 
gny  avec  deux  bataillons,  laissant  sans  instruc- 
tion les  quatre  autres  massés  dans  l'avenue  de  la 
gare.  Ils  y  stationnèrent  de  sept  heures  du  ma- 
tin à  cinq  heures  du  soir,  sans  vivres,  recevant  la 
pluie  et  pataugeant  dans  la  boue.  Il  se  produisit 
alors,  il  est  vrai,  du  désordre  parmi  ces  bataillons; 
mais  à  qui  la  faute  ? 

Des  hommes  mouillés  jusqu'aux  os  et  affamés 
quittèrent  les  rangs  et  se  répandirent  dans  les 
cabarets  du  voisinage  ;  d'autres,  sollicités  par  des 

(1)  Voir  ci-après  la  lettre  collective  des  officiers  du  batail- 
lon. 


474 

habitants  qui  transportaient  sur  le  front  des  trou- 
pes le  vin  généreux  de  leur  dernière  récolte,  pour 
le  vendre  et  en  tirer  bon  parti,  burent  plus  que 
de  raison  et,  surexcités,  réclamèrent  des  chasse- 
pots  pour  marcher  à  l'ennemi.  Mais  tout  cela 
n'eut  pas  de  conséquence  et  lorsque  le  soir,  les 
trains  du  chemin  de  fer  furent  enfin  préparés, 
tout  rentra  dans  l'ordre  et  les  quatre  bataillons 
s'embarquèrent  pour  Dijon,  sans  aucune  difficulté, 
bientôt  suivis  parles  deux  emmenés  à  Cliagny, 
qui  revinrent  sur  leurs  pas,  aussitôt  que  Franzini 
eût  été  révoqué  et  arrêté  par  Tordre  du  ministre 
de  la  guerre. 

Faisons  remarquer,  en  passant,  qu'aucun  des 
lieutenants-colonels  commandant  les  légions  n'é- 
tait présent;  ils  ne  rejoignirent  que  plus  tard,  au 
camp  de  Sathonay. 

Arrivés  k  Dijon,  nos  bataillons  firent  bonne  con- 
tenance ,  bien  que  privés  de  leurs  chefs  supé- 
rieurs et  il  me  sera  permis  de  leur  rendre  cette 
justice  en  racontant  un  épisode  de  cotte  journée 
qui  leur  fait  le  plus  grand  honneur. 

Le  23  janvier,  au  moment  où  la  troisième  atta- 
que des  Prussiens  se  prononçait  contrôla  ville,  ces 
bataillons  reçurent  l'ordre  de  se  tenir  prêts  à  mar- 
cher, bien  que  n'ayant  reçu  aucune  distribution  de 
cartouches.  Sur  la  réclamation  des  commandants, 
un  tonneau  de  cartouches  fut  apporté  dans  la  cour 
de  la  gare,  et,  comme  la  plupart  des  hommes  ne 
connaissaient  pas  le  maniement  du  fusil,  il  fallut 


475 

leur  apprendre,  séance  tenante,  à  déchirer  la  car- 
touche et  à  charger  leur  arme. 

Ces  cartouches  étaient  celles  des  anciens  fusils 
de  l'armée  française,  d'un  calibre  beaucoup  plus 
petit  que  celui  des  fusils  que  nous  avions  ;  par 
contre  les  capsules  durent  être  fendues  au  couteau 
pour  pouvoir  être  appliquées  sur  les  cheminées. 

Les  fusils,  une  fois  chargés,  les  officiers  recom- 
mandèrent aux  hommes,  lorsqu'ils  seraient  en 
vue  des  Prussiens,  de  ne  lâcher  leur  coup  de  fusil 
qu'au  commandement,  et,  sans  essayer  de  rechar- 
ger, ce  qui  aurait  été  impossible,  de  courir  à  la 
baïonnette  sur  l'ennemi. 

Tous  ces  braves  gens  promirent  de  faire  hon- 
neur au  nom  savoyard  et  ils  auraient  certainement 
tenu  parole. 

De  fait  ils  marchèrent  avec  résolution  lorsqu'ils 
furent  appelés  enligne^  et  toute  la  nuit  ils  se  tin- 
rent sous  les  armes  dans  les  postes  de  première 
ligne  où  ils  avaient  été  appelés. 

Heureusement  l'attaque  des  Prussiens  fut  re- 
poussée ;  l'ennemi  ne  revint  pas  et  se  retira  défi- 
nitiv^ement. 

Nous  pouvons  faire  appel  hardiment  aux  hom- 
mes de  bonne  foi  et  leur  demander  quelle  troupe 
aurait  fait  mieux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'autorité  militaire  recon- 
naissant l'insuffisance  de  l'armement,  de  l'orga- 
nisation et  de  l'instruction  de  nos  bataillons,  dé- 
cida qu'ils  seraient  renvoyés  au  camp  de  Satlio- 


476 

Yiay  pour  y  être  armés,  organisés  et  instruits.  Le 
départ  eut  lieu  le  lendemain.  Mais,  avant  de  par- 
tir, les  commandants  des  six  bataillons  me  char- 
gèrent d'une  mission  auprès  du  général  Gari- 
baldi,  avec  lequel  j'avais  été  en  relations  quelques 
années  auparavant. 

Je  devais  demander  au  général  de  faire  con- 
duire au  camp  de  Sathonay  les  sous-officiers  et 
soldats  de  nos  six  bataillons  et  d'organiser  en 
compagnie  franche  tous  leurs  officiers  pour  être 
employés  aux  avant- postes  de  l'armée  des  Vosges. 

Malgré  mes  efforts,  je  ne  pus  rejoindre  le  gé- 
néral Garibaldi  avant  la  mise  en  route  de  nos  ba- 
taillons, et  un  des  officiers  supérieurs  de  son  état- 
major,  auquel  je  fis  part  de  ma  mission,  en  le  priant 
de  la  transmettre  au  général,  me  répondit  que  la 
présence  de  nos  officiers,  ayant  la  confiance  de 
leurs  hommes,  serait  indispensable  pour  l'organi- 
sation et  l'instruction  de  leurs  bataillons  et  ren- 
drait plus  de  services  à  la  Défense  nationale  que 
l'organisation  d'une  nouvelle  compagnie  de  francs- 
tireurs. 

Quelques  jours  plus  tard  nos  mobilisés  étaient 
installés  au  camp  de  Sathonay.  où  ils  furent  bien- 
tôt rejoints  par  les  3"  bataillons  de  chaque  légion. 

Sur  le  vœu  unanime  des  officiers,  M.  le  comte 
Charles  de  Foras,  ancien  major  au  2""  régiment  de 
/  Savoie,  ancien  officier  d'ordonnance  du  roi  Vic- 
tor-Emmanuel,   fut   appelé    au   commandement 


477 

supérieur  des  mobilisés  de  la  Haute-Savoie  (1). 
Sous  la  direction  de  ce  brave  soldat,  nos  trois 
légions  furent  réorganisées  et  instruites,  de  telle 
sorte  que  moins  d'un  mois  plus  tard,  à  la  suite  de 
manœuvres  militaires  et  d'une  revue  passée  par 
le  général  Barrai,  inspecteur  général  des  camps, 
celui-ci  félicita  le  commandant  supérieur  et  les 
officiers  des  corps  stationnés  à  Sathonay,  en  leur 
disant  que  si,  dans  son  inspection,  il  avait  rencon- 
tré beaucoup  de  corps  instruits  et  organisés  com- 
me eux,  il  n'hésiterait  pas  à  proposer  au  gouver- 
neur de  continuer  la  lutte. 

En  terminant  ces  explications  préliminaires, 
pouvons- nous  espérer  que  nous  verrons  disparaî- 
tre, une  fois  pour  toutes,  les  calomnies  dont  nous 
sommes  victimes  depuis  si  longtemps. 

Quoiqu'il  arrive,  nous  dirons  avec  notre  ancien 
camarade  Berlioz  : 

«  Lorsque  comme  nous,  on  a  été  témoin  de  la 
«  noble  conduite  de  nos  frères  de  la  Haute-Savoie, 
«  lorsqu'on  les' a  vus  transis  de  froid,  sans  solde, 
«  souffrir  sans  se  plaindre,  les  injures  d'un  hiver 
«  rigoureux^  les  insultes  d'une  presse  ignorante, 
«  obéir  c^uand  même  aux  ordres  d'un  général  (2), 
«  qui  ne  méritait  pas  un  pareil  titre,  peut-on  gar- 
«  der  le  silence  et  ne  pas  protester  ? 

(1)  Voir,  plus  loin,  les  états  de  services  de  M.  de  Foras. 
(2j  Franzini 


478 

«  Lorsqu'on  les  a  vus  prendre  les  armes,  ces 
«  fusils  de  rebut,  et  avec  ces  vieux  fers,  aller  et 
«  partir,  lorsqu'on  les  a  vus  marcher,  là  où  le  de- 
ce  voir  les  appelait  avec  courage  et  sans  récrimi- 
«  nation,  dociles  et  fermes,  soumis  même  sous 
((  leur  général,  lui  un  étranger  qui  les  abandon- 
<(  nait,  inconscient  de  son  honneur  d'homme  et 
«  de  cehii  de  ses  soldats  ,  lorsqu'on  les  a  admirés 
((  dans  leur  héroïsme,  peut-on  et  doit-on  rester 
((  muet? 

((  Non,  le  silence,  en  pareil  cas,  selon  nous, 
((  serait  une  véritable  lâcheté.  » 

C.  DUVAL, 

député  de  la  Haute-Savoie,  ancien  aide-major. 


479 


AVANT-PROPOS 


Lorsque  la  France  vaincue  et  envahie  en  1870, 
fit  appel  à  tous  ses  enfants  pour  la  défense  du  ter- 
ritoire, les  provinces  annexées  en  1860  répondirent 
avec  le  plus  noble  empressement,  fournirent  de 
nombreux  contingents  et  s'imposèrent  généreuse- 
ment les  plus  grands  sacrifices. 

Les  deux  départements  de  Savoie,  notamment, 
se  montrèrent  fidèles  à  leur  glorieux  passé  :  soldats 
de  l'armée  active,  francs-tireurs,  mobiles  et  mobi- 
lisés, rivalisèrent  de  zèle  et  de  dévouement  et 
ajoutèrent  une  page  honorable  à  l'histoire  militaire 
de  notre  pays. 

Des  hommes  plus  compétents  que  moi  ont  rendu 
un  hommage  mérité  à  la  bravoure,  à  la  constan- 
ce de  nos  concitoyens. 

Il  me  suffit  de  citer  : 

La  Savoie  année  pendant  la  guerre  franco- 
allemande^  par  M.  Frédéric  Sassonne;  iî/b7>i/nes 
et  choses  de  Savoie,  par  M.  François  Descostes  ; 
Journal  du  3"'®  bataillon  des  mobiles  de  la  Haute- 
Savoie,  par  un  mobile  ;  Les  mobilisés  de  la  Haute- 
Savoie,  par  M.  Joseph  Berlioz,  etc^  etc. 

Mais  le  meilleur  témoignage  que  nous  puissions 
invoquer,  est  celui  du  grand  patriote  qui,  après 
Sedan  et  Metz,  a  assumé  la  périlleuse  responsa- 


480 

bilité  de  la  Défense  nationale,  et   en  qui  s'était 
incarnée  l'âme  de  la  Patrie. 

Gambetta  dans  les  discours  prononcés  en  1872 
dans  les  villes  de  la  Savoie  et  de  la  Haute-Savoie, 
a  rendu  à  notre  patriotisme  le  plus  éclatant  hom- 


mage. 


En  ce  qui  concerne  la  Haute-Savoie,  voici 
quelques  chiffres  qui  prouveront  que  Gambetta 
avait  raison,  lorsqu'il  nous  rendait  si  hautement 
justice. 

Le  département  de  la  Haute-Savoie  qui  avait 
voté  pour  la  Défense  nationale  un  emprunt  de 
1.170.000  fr.  souscrit  dans  la  même  journée,  four- 
nit plus  de  23,000  hommes  à  la  Patrie  en  danger. 

Cet  effectif  se  décompose  comme  suit  : 

Armée  active  ;  contingent  des  classes  de 
1863  à  1870inclus  et  engagés  volontaires  (1)^  7 .  367 

Francs-tireurs  du  Mont-Blanc 120 

Garde  nationale  mobile  :  contingents 
des  classes    de  1865  à  1870  inclus 5.434 

Garde  nationale  mobilisée  (célibataires 
de  20  à  40  ans),  quatre  légions  à  3  bat- 
taillons  et  3  batteries  d'artillerie 8.209 

Anciens  militaires  de  25  à  35  ans  rappelés 

A  reporter. . .  21.220 

(1)  114  engagements  volontaires  ont  été  contractés  à  la 
mairie  de  Saint-Julien.  (Voir  plus  loin.) 


481 

Report..  21.220 
et  incorporés  dans  l'armée   active,  envi- 
ron (1) 2.000 

Total 23.220 

Aces  chiffres,  il  faudrait  ajouter  les  nombreux 
citoyens  de  notre  département  établis  dans  l'in- 
térieur de  la  France  et  qui  ont  été  incorporés, 
soit  dans  l'armée  active,  soit  dans  les  différents 
corps  organisés  dans  leur  résidence. 

Voilà  d'une  manière  sommaire  quel  a  été  le 
concours  de  notre  département  dans  la  Défense 
nationale  en  1870-1871. 

Ajoutons  en  terminant  que  notre  département 
envoya  de  nombreux  secours  en  argent,  en  effets 
et  en  denrées  de  toute  sorte  aux  soldats  en  cam- 
pagne et  aux  blessés,  dont  un  grand  nombre  furent 
recueillis  et  soignés  dans  ses  divers  établissements, 
et  que,  malgré  ces  sacrifices  et  les  grosses  dépen- 
ses personnelles  des  23.000  soldats  qui  prirent  part 
à  la  campagne,  il  vint  encore  en  aide,  dans  une 
large  mesure,  aux  départements  français  ravagés 
par  la  guerre. 

(\)  11  n'a  pas  été  possible  de  retrouver  le  chiffre  exact  des 
anciens  militaires  de  25  à  35  ans  rappelés  au  service.  Nous 
faisons  remarquer  à  ce  sujet  que  le  nombre  de  ces  militaires 
a  été  plus  considérable  dans  les  départements  annexés  en 
1860,  que  dans  les  autres  départements  frnçais,  par  le  fait 
que  la  loi  sarde  en  vigueur  avant  l'annexion  soumettait 
tout  le  contingent  au  service  militaire,  la  deuxième  partie 
de  ce  contingent  ne  faisait  que  6  mois  de  service,  mais  tous 
ont  été  rappelés  comme  anciens  militaires.  31 


482 

Dans  un  rapport  du  Comité  central  des  sociétés 
suisses  d'agriculture  pour  procurer  aux  popula- 
tions ravagées  par  la  guerre,  des  semences  de 
printemps,  on  lit  ceci  : 

«  Nos  voisins  de  la  Haute-Savoie,  sollicités 
également  de  prendre  part  à  cette  grande  oeuvre 
de  bienfaisante  charité,  ont  répondu  à  notre  appel 
delà  manière  h  la  fois  la  plus  large  et  la  plus  bien- 
veillante, en  nous  envoyant  plus  de  700  francs  en 
espèces,  834  quintaux  de  pommes  de  terre,  69 
sacs  de  grains  (froment,  avoine,  etc.),  ainsi  qu'un 
chiffre  considérable  de  graines  potagères^  etc.  » 

Qu'on  nous  montre  une  région  ayant  fait  mieux 
pour  la  patrie  française  ! 


UN  AVENTURIER  NAPOLITAIN 

En  1870 


FRANZINI 

Quelques  jours  après  l'arrivée  de  Franzini  à 
Annecy  et  au  moment  où  chacun  s'étonnait  de 
voir  cet  homme  pourvu  du  commandement  des 
mobilisés  de  la  Haute-Savoie,  le  bruit  courut  que 
cet  individu  s'était  présenté  au  gouvernement  de 
la  Défense  nationale  avec  les  papiers  d'un  capi- 
taine d'état- major,  décédé  au  Mexique,  disaient 
les  uns,  en  Crimée,  disaient  les  autres.  D'où  ve- 
nait cette  rumeur,  c'est  ce  qu'il  a  été  impossible 
de  savoir,  mais  elle  parait  probable. 

Franzini  a  été  nommé  par  un  arrêté  du  minis- 
tre de  l'intérieur. 

Malgré  les  recherches  les  plus  minutieuses,  il 
n'a  pas  été  possible  de  retrouver  dans  les  archi- 
ves du  ministère  de  l'intérieur,  aucun  document 
se  rapportant  à  cette  nomination. 

J'ai  consulté  à  cet  égard  les  anciens  collabora- 
teurs de  Gambetta,  notamment  mes  collègues  à 
la  Chambre  des  députés,  Spuller,  Ranc  et  Anto- 
nin  Dubost  ;  aucun  d'eux  n'a  pu  me  donner  le 
moindre  renseignement. 


484 

Mais  dans  les  archives  du  ministère  de  la  Guerre, 
j'ai  retrouvé  un  état  de  services  adressé  par  Fran- 
zini  lui-même  le  18  juin  1871.  Voici  la  repro- 
duction de  la  première  partie  de  ce  document 
dont  l'authenticité  n'est  certifiée  que  par  Franzini 
lui-môme. 

((  1851,  sorti  de  l'école  d'état-raajor  des  Deux-Siciles, 
((  il  fut  attaché  à  la  suite  du  prince  de  Satriano,  vice- 
«  roi  de  Palerme,  et  fit  campagne  de  1851  à  1853. 

«  Après  sa  majOx"ité,  le  Gouvernement  voulu  (sic) 
«  de  lui  une  déclaration  de  rester  sujet  d'Italie.  Etant 
((  fils  de  Louis,  ancien  officier  supérieur  d'état-major, 
«  qui,  après  avoir  fait  toutes  les  campagnes  du  premier 
((  Empire,  en  sa  qualité  de  Corse,  Sa  Majesté  l'attacha 
((  à  la  suite  du  roi  Murât.  Il  déclara  ses  enfants  au 
«  consul  de  France  et  le  lieutenant  d'état-major  Fran- 
ce zini  ne  voulut  point  changer  sa  nationalité.  Il  donna 
((  sa  démission  et  revint  en  France. 

^(  iMigagé  volontaire  au  l^r  régiment  de  la  l""*^  Légion 
«  le  13  février  1856. 

((  Passé  au  2«  régiment  étranger  le  10  aoirt  1856.  Ca- 
((  poral  le  3  septembre  1856.  Caporal  de  voltigeurs  le 
((  6  décembre  1856.  Sergent  le  19  août  1857.  Sergent- 
(f  fourrier  le  21  septembre  1857.  Sergent  le  28  septem- 
«  bre  1858.  Réformé  par  la  commission  spéciale  du 
«  département  du  Gard  le  29  juillet  1859,  pour  blessure 
((  vicieuse  à  la  main  gauche.  » 

Campagnes  et  blessures. 

Embarqué  à  Ajaccio  (Corse)  le  24  mars  1856.  Débar- 
qué à  Oran  le  29  dudit. 


485 

En  Afrique,  1856-57-58.  Embarqué  pour  la  France 
le  19  avril  1859.  Débarqué  à  Marseille  le  22  dudit. 

A  été  blessé  à  la  nuque  et  au  bras  gauche  par  deux 
coups  de  feu  le  30  septembre  1856  en  Kabylie. 

Cité  à  l'ordre  de  l'armée  le  30  septembre  1856  à  l'af- 
faire des  Beni-Kouffy  (Kabylie). 

Cité  à  l'ordre  de  l'armée  le  24  juin  1857,  pour  être 
entré  le  premier  avec  le  capitaine  Mariotti  dans  Uam- 
buscade (sic)  d'Ischindeu  (Kabylie). 

Inutile  de  dire  que,  sauf  ce  qui  concerne  les 
grades  dans  la  Légion  étrangère,  il  n'y  a  pas  un 
mot  de  vrai  dans  ce  roman. 

La  vérité  est  que  Franzini,  né  à  Naples  le  23 
janvier  1834  ,  était  fils  de  Louis  Franzini,  na- 
tif de  Florence  en  Toscane,  âgé  de  54  ans,  qua- 
lifié propriétaire,  demeurant  rue  San  Giovani- 
nello,  li"  7,  et  de  Ursule  Malaguzzi,  âgée  de 
32  ans,  native  de  Palerme,  son  épouse  (1). 

Le  père,  âgé  de  54  ans,  est  qualifié  dans  un 
autre  document  d'inspecteur  de  police  à  Naples. 
Par  conséquent,  il  n'était  pas  Corso,  n'a  jamais 
été  officier  supérieur  d'état-major  et  n'a  jamais 
servi  le  roi  Murât.  Les  archives  du  consulat  gé- 
néral de  France  à  Naples  ne  portent  aucune  men- 
tion de  Franzini  et  de  son  père. 

En  ce  qui  concerne  les  services  militaires  de 
Franzini  fils  à  Naples,  ils  sont  des  plus  modestes. 
Enrôlé  en   1851,  dans  le  12"  bataillon  de  clias- 

(1)  Voir,  plus  loin,  facto  de  naissance  de  Franzini. 


486 

seurs,  provenant  du  Royal  hospice  de  San  Lo- 
renzo  di  Averso,  il  passa  au  10^  bataillon,  puis  au 
13®  régiment  d'infanterie  de  ligne,  où  il  arriva 
au  grade  de  fourrier  qu'il  n'a  jamais  dépassé;  il 
quitta  l'armée  napolitaine  au  commencement  de 
l'année  1856. 

Voici  maintenant  ses  états  de  service  militaire 
en  France  : 

Engagé  volontaire  pour  cinq  ans  au  l«r  régiment  de 
la  Légion  étrangère  (7739)  le  13  février  1856  ; 

Passé  au  2®  régiment  étranger  (3373)  le  10  août  1856; 

Caporal  le  3  septembre  1856  ; 

Caporal  de  voltigeurs  le  6  décembre  1856  ; 

Sergent  le  19  aotit  1857  ; 

Sergent-fourrier,  le  21  septembre  1857  ; 

Sergent  le  28  septembre  1858  ; 

Réformé  le  29  juillet  1859  ; 

Rayé  des  contrôles  le  l^r  août  1859. 

Campagnes  : 

Du  24  mars  1856  au  22  avril  1859.  Afrique  :  blessu- 
res. Coup  de  feu  à  la  nuque  et  au  bras  gauche  le  30 
septembre  1856,  en  Kabylie. 

De  citation  à  l'ordre  du  jour  nulle  mention. 

Un  de  nos  compatriotes,  officier  supérieur, 
ayant  fait  une  brillante  carrière  dans  la  Légion 
étrangère,  en  Afrique  et  au  Tonkin,  a  bien  voulu, 
sur  ma  demande^  faire  les  recherches  nécessaires 
dan?5  les  archives  du  corps,  et  voici  les  renseigne- 
ments qu'il  m'a  fournis. 


487 

((  Si  les  états  de  service  sont  muets  au  sujet  des 
citations,  c'est  que  ces  citations  n'ont  jamais 
existé  que  dans  l'imagination  de  leur  auteur. 

«  L'historique  de  la  Légion  contient  les  men- 
tions suivantes  au  sujet  de  1856-1857  : 

«  30  septembre  1856^  Beni-bou-Addou.  Nou- 
velle attaque  des  villages  ;  le  2"  bataillon,  sous  le 
commandement  du  capitaine  Aubry,  prend  part 
à  cette  opération  qui  réussit,  grâce  au  courage  et 
à  l'opiniâtreté  de  nos  troupes. 

«  Cette  affaire  nous  coûte  le  sergent-major 
Wagner  et  douze  hommes  blessés. 

«  24  juin  1857,  Beiii-Raien.  Journée  d'Isché- 
riden  à  jamais  mémorable  pour  la  Légion  étran- 
gère et  le  2"  zouaves. 

«  Le  capitaine  Mariotti,  entré  le  premier  dans 
les  retranchements,,  serait  infailliblement  enlevé 
si  le  sergent  Mori  Ubaldini,  et  les  grenadiers 
Pietrovic,  Van-Leyden,  Douven,  les  voltigeurs 
Cuelmam  et  Sommer,  ne  l'avaient  dégagé.  » 

Il  n'est  pas  question  du  sergent  Franzini,  et 
assurément  s'il  avait  été  près  du  capitaine  Ma- 
riotti, les  documents  de  l'époque  en  auraient  fait 
mention. 

Voilà  la  vérité  en  ce  qui  concerne  les  services 
militaires  de  Franzini  qui  ne  ressemblent  guère 
à  ceux  dont  il  se  targuait. 

Voici  ses  services  civils  : 

Rayé  des  contrôles  de  l'armée  le  1"'"  août  1859, 


488 

il  fut  nommé,  le  29  décembre  suivant,  percepteur 
des  contributions  directes  à  Champs  (Cantal), 
5®  classe. 

Chose  singulière,  non  seulement  cette  nomina- 
tion fut  faite  en  violation  de  la  loi,  qui  exige  de 
tous  les  fonctionnaires  de  l'Etat  la  nationalité 
française,  mais  encore  son  cautionnement  fut 
fourni  sur  les  fonds  de  la  cassette  impériale. 

Cette  extraordinaire  faveur  que  rien  ne  justi- 
fiait ofRciellementj  fut  sans  doute  la  récompense 
de  services,  d'un  ordre  spécial  qu'il  n'est  pas  dif- 
ficile de  deviner. 

On  peut  d'autant  plus  faire  cette  supposition 
que  l'avancement  du  nouveau  percepteur  eut  lieu 
très  rapidement,  malgré  les  plaintes  nombreuses 
provoquées  par  ses  agissements  inqualifiables  et 
ses  procédés  vis-à-vis  de  ses  chefs  et  des  contri- 
buables. 

Il  fut  nommé  successivement  le  1*^'' janvier  1862, 
percepteur  à  Chélicu  (Isère),  4**  classe;  le  27  juin 
1864,  à  Fruges  (Pas-de-Calais),  3^  classe;  et  le 
21  juin  1868,  à  Guerchy  (Yonne),  2®  classe  ;  mal- 
gré l'opposition  de  l'administration,  il  installa  sa 
résidence  à  Joigny. 

Une  note  qui  m'a  été  communiquée,  indique 
que  ses  allures  et  la  manière  dont  il  gérait  sa  per- 
ception auraient  dû  le  faire  révoquer  dix  fois, 
mais  les  plaintes  de  ses  supérieurs  et  celles  dos 
contribuables  ne  servirent  qu';\  lui  faire  obtenir 
un  avancement  rapide. 


489 

Bien  mieux^  en  1868,  il  essaya,  au  moyen  de 
documents,  altérés  et  irréguliers,  de  se  faire  dé- 
livrer une  somme  importante  par  le  receveur  par- 
ticulier de  son  arrondissement.  Celui-ci  constata 
la  fraude  et  signala  le  fait,  mais  ce  fut  lui  qui  fut 
mis  à  la  retraite  d'office  et  Franzini  fut  envoyé 
dans  l'Yonne  avec  avancement. 

En  1870,  au  moment  de  l'invasion  allemande, 
il  songea  à  organiser  une  compagnie  de  tirailleurs 
de  l'Yonne  dont  il  se  constitua  le  capitaine,  puis, 
bien  que  l'armée  allemande  ne  soit  arrivée  à  Joi- 
gny  que  le  17  novembre,  il  quitta  son  poste  le  12 
en  emportant  la  caisse  et  en  falsifiant  ses  livres 
de  perception. 

C'est  alors  qu'il  se  rendit  à  Tours  où  il  réussit, 
probablement  grâce  à  la  même  influence  mysté- 
rieuse qui  l'avait  protégé  si  efficacement  jusqu'a- 
lors, à  se  faire  nommer  commandant  supérieur 
des  mobilisés  de  la  Haute-Savoie. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  il  a  été  impossible 
de  retrouver  trace  des  documents  produits  pour 
cette  nomination  et  des  recommandations  dont 
cet  aventurier  a  dû  être  l'objet. 

Il  y  avait  eu  dans  l'armée  française  un  Franzini, 
capitaine  à  la  légion  étrangère,  officier  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  blessé  mortellement  devant  Sé- 
bastopol  dans  la  nuit  du  22  au  23  mai  1855.  Mais 
ce  Franzini  (Siro-Antoine),  né  à  Trivulzio  (Pié- 
mont), le  20  novembre  1805,  fils  de  Jean-Domi- 
nique et  do  Rose  Françoise,  ayant  servi  dans  le 


490 

régiment  de  Hohenlohe,  en  Espagne  et  â  la  légion 
étrangère,  n'avait  aucun  lien  de  parenté  avec  celui 
qui  nous  occupe.  Celui-ci  avait-il  entendu  parler 
de  cet  officiera  la  légion  étrangère  ?  A-t-il  pu  se 
procurer  ses  états  de  service  et  en  user  auprès  du 
gouvernement  de  la  Défense  nationale  ?  je  n'ai  pu 
le  savoir  d'une  manière  positive,  mais  on  peut 
supposer  que  c'est  à  cela  que  se  rattachait  le  bruit 
qui  courut,  à  Annecy,  en  janvier  1871. 

Après  son  équipée  de  Beauno,  Franzini  fut 
arrêté  le  22  janvier  et  révoqué  de  ses  fonctions  de 
commandant  supérieur  le  31  du  même  mois.  Mis 
en  liberté,  il  se  rendit  à  Lyon  où  il  essaya  d'en 
imposer  au  général  Crouzat,  mais  en  vain  ;  puis 
il  se  rendit  à  Bordeaux,  suivi  du  vicomte  d'Antio- 
che,  un  de  ses  aides  de  camp,  qui,  de  son  côté, 
s'était  affublé  de  l'uniforme  de  capitaine  d'ctat- 
major  de  l'armée  active. 

A  Bordeaux,  il  continua  ses  intrigues,  mais  eut 
la  malecliance  d'être  reconnu  par  le  colonel  Lam- 
bert, commandant  de  place  de  la  ville,  ancien  ca- 
pitaine adjudant-major  de  la  légion  étrangère  qui, 
rencontrant  son  ancien  caporal  avec  l'uniforme  de 
général  de  brigade,  n'hésita  pas  à  le  faire  arrêter 
et  incarcérer. 

Franzini,  démasqué,  fat  mis  en  liberté  après 
avoir  reconnu  par  écrit  qu'il  n'avait  aucun  droit 
de  porter  son  uniforme  et  avoir  pris  l'engagement 
de  ne  plus  se  montrer  avec  (1). 

(1)  Voir,  phis  loin,  le  rapport  du  colonel  Lambert. 


491 

Il  se  rendit  alors  à  Paris,  où  la  Commune  ve- 
nait d'être  établie.  Il  essaya  de  se  faire  confier  un 
commandement  militaire  et  joua,  pendant  toute  la 
durée  de  l'insurrection,  un  double  jeu,  comme  tant 
d'autres  aventuriers  accourus  à  Paris, pour  profiter 
des  événements. 

En  relation  avec  les  hommes  do  la  Commune 
et  voulant  se  créer  des  titres  de  sauvegarde  vis- 
à-vis  du  gouvernement  régulier  établi  à  Versail- 
les, il  s'employa  à  faire  sortir  de  Paris  quelques 
personnes  ayant  de  la  notoriété,  notamment  ma- 
demoiselle Darboy,sœur  de  l'archevêque  de  Paris; 
la  femme  et  les  enfants  du  lieutenant-colonel  Del- 
loye  (1)  et  quelques  sœurs  de  charité  de  la  Maison 
Blanche,  d'Auteuil  et  d'Arcueil. 

Le  27  mai  1871,  Franzini  fut  arrêté  sur  la 
place  de  la  Bastille,  au  moment  où  il  cherchait  à  pé- 
nétrer dans  le  faubourg  Saint-Antoine,  et  conduit 
devant  le  lieutenant-colonel  Berge  (2),  comman- 
dant les  batteries  d'artillerie  qui  tiraient  sur  les 
barricades  du  faubourg  Saint-Antoine. 

Le  colonel  Berge  allait  le  faire  arrêter  comme 
espion,  lorsqu'il  réussit  à  s'échapper,  profitant 
d'un  moment  où  le  colonel  faisait  rectifier  le  tir 
d'une  batterie. 

(t)  Le  lieutenant-colonel  Delloye  a  commandé  très  long- 
temps le  30=  régiment  d'infanterie,  à  Annecy.  11  est  devenu 
général  de  division. 

(2)  Hier  encore  gouverneur  militaire  de  Lyon,  comman- 
dant le  14=  corps  d'armée.  Voir  son  rapport. 


492 

Après  la  répression  de  l'insurrection  parisienne, 
Franzini  continua  ses  intrigues  (1)  pour  obtenir 
soit  une  situation,  soit  la  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur, qu'il  sollicitait  également  pour  son  aide  de 
camp,  le  vicomte  d'Antioche  ;  mais  n'obtenant 
aucun  résultat  et  craignant  pour  ses  agissements  à 
Joigny,  il  passa  en  Angleterre,  puis  au  Brésil,  où 
il  obtint  du  gouvernement  la  concession  d'un  ter- 
ritoire considérable  pour  y  fonder  une  colonie  soi- 
disant  avec  le  concours  de  capitalistes  anglais. 
Pour  obtenir  cette  concession,  il  s'était  qualifié  de 
général  français,  officier  de  la  Légion  d'honneur, 
mais  le  gouvernement  brésilien  prit  des  informa- 
tions auprès  du  gouvernement  français  et,  natu- 
rellement, la  concession  fut  annulée. 

Pendant  ce  temps,  il  était  l'objet  d'une  instruc- 
tion judiciaire  à  Joigny  pour  sa  gestion  de  per- 
cepteur avant  la  guerre  et  on  releva  contre  lui 
73  abus  de  confiance,  21  faux  en  écriture  publi- 
que et  le  détournement  des  fonds  contenus  dans 
la  caisse  au  moment  de  son  départ. 

Le  20  juin  1872,  la  Cour  d'assises  de  l'Yonne  le 
condamna  par  contumace  à  8  ans  de  réclusion  et 
100  francs  d'amende. 

Arrêté  à  Londres,  où  il  était  revenu,  extradé  et 
remis     aux    autorités    françaises,    il    comparut 


(l)  Franzini  se  servit  de  la  fausse  qualité  de  général  pour 
faire  libérer  un  certain  nombre  de  communards  internés  à 
Versailles. 


493 

le  28  aoiàt  1874,  devant  la  Cour  d'assises  de 
l'Yonne  et  fut  condamné  à  5  ans  de  réclusion  et 
550  francs  d'amende. 

L'année  suivante,  sa  peine  fut  commuée  en  un 
emprisonnement  qu'il  subit  à  la  maison  centrale 
de  Melun,  après  quoi  il  fut  expulsé  du  territoire 
français  et  reconduit  à  la  frontière  italienne. 

En  1882,  son  fils  aîné,  né  à  Chélieu  (Isère),  en 
18G2,  fut  inscrit  sur  le  tableau  de  recrutement, 
mais  Franzini,  qui  invoquait  la  nationalité  fran- 
çaise pour  se  faire  nommer  commandant  supé- 
rieur des  mobilisés  ou  percepteur,  s'empressa  de 
la  répudier  et  de  revendiquer  sa  nationalité  ita- 
lienne pour  éviter  à  son  fils  le  service  militaire. 
Il  est  curieux  de  comparer  les  lettres  adressées 
de  Londres  en  1882  au  préfet  de  l'Isère  avec  cel- 
les qu'il  adressait  aux  autorités  militaires  en  1871 
ou  1872. 

Ce  sont  toujours,  mais  en  sens  inverse,  les  mê- 
mes impudentes  rodomontades. 

En  1887,  Franzini  essaya  de  surprendre  la  con- 
fiance d'un  de  nos  concitoyens  établi  à  Turin.  De 
reclief  il  se  dit  Corse  et  général  français.  Mais 
le  Consul  français,  consulté,  prit  des  renseigne- 
ments à  la  Préfecture  de  la  Haute- Savoie  ,  et 
l'aventurier  en  fut  pour  ses  frais. 

Voilà  l'homme  mis  à  notre  tête  en  1870  ! 
Est-il  étonnant  qu'avec  un  chef  pareil    notre 
bonne  volonté  et  notre  ardeur  patriotique  aient 
été  paralysées  pendant  un  temps  f 


494 

Et  après  avoir  subi  cette  humiliation  imméri- 
tée, supporté  des  déboires  pareils,  devrons-nous 
voir  se  produire  éternellement  cette  calomnieuse 
et  outrageante  accusation  dont  nous  avons  été 
victimes. 

Aux  hommes  de  bonne  foi  à  répondre! 


Il  parait  utile  de  compléter  cette  publication 
par  quelques  documents  et  par  les  états  de  ser- 
vice des  quatre  chefs  des  légions  mobilisées  de 
la  Haute-Savoie. 

Comme  contraste,  nous  joignons  les  brillants 
états  de  service  du  comte  Charles  de  Foras,  qui 
fut,  lui,  un  vrai  soldat,  aussi  modeste  que  dévoué 
à  ses  fonctions  et  à  la  tâche  patriotique  qu'il  avait 
assumée. 


495 


DOCUMENTS 


1 

Les  Mobilisés  de  la  Haute-Savoie. 

Les   officiers  de  la  brigade  de    la  Haute-Savoie, 
à  leurs  concitoyens. 

CaDi])  de  Satlionay,  le  29  janvier  1871. 

La  courte,  mais  instructive  campagne  des  mobilisés 
de  la  Haute- Savoie  a  donné  lieu  dans  maints  journaux 
à  diverses  interprétations  toutes  plus  ou  moins  fausses, 
toutes  plus  ou  moins  tronquées. 

Dans  la  course  vagabonde  où  nous  sommes  lancés 
depuis  quinze  jours,  nous  avons  enfin  vingt-quatre  heu- 
res de  répit  et  nous  devons  à  notre  pays,  à  nous-mê- 
mes, de  faire,  en  peu  de  mots,  le  récit  exact,  sans 
commentaire,  de  ce  qui  s'est  passé  :  le  public  jugera 
ensuite. 

Le  samedi  14  Janvier,  ordre  du  ministre  de  la  guerre 
était  transmis  au  général  Franzini  de  diriger  sur  Dijon 
les  mobilisés  de  la  Plante- Savoie.  Ces  troupes  formaient 
un  efifectif  de  3.000  hommes.  Sur  ce  chiflTe,  1.000  en- 
viron étaient  armés  depuis  douze  jours,  tenaient  garni- 
son à  Rumilly  (Haute-Savoie)  et  avaient  pu  faire  dans 
les  chambrées  quelques  exercices  de  maniement  d'armes  : 
vingt-cinq  centimètres  de  neige  empêchant  tout  exercice 
au-dehors  ;  1.000  autres  étaient  armés  depuis  cinq 
jours  :  enfin  les  1.000  derniers  furent  armes  le  lende- 
main, le  dimanche  15  janvier. 


496 

Ce  qu'étaient  leurs  armes  est  impossible  à  décrire  :  la 
plupart  n'avaient  pas  de  chien,  ou  n'avaient  que  des 
baïonnettes  ne  s'adaptant  pas  au  canon  ;  il  y  avait  au 
moins,  parmi  ces  fusils,  quatre  ou  cinq  calibres  dif- 
férents, le  tout  rouillé,  malpropre  (nous  n'avions  pas  de 
nécessaires  d'armes), à  tel  point  que  les  hommes  compé- 
tents, inspectant  les  armes,  ont  pu  dire  que  cela  avait 
tout  au  plus  quelque  valeur  comme  vieux  fer. 

Le  2®  bataillon  de  la  2^  légion  n'avait  ni  bidons,  ni 
marmites,  ni  objets  de  campement.  Le  corps  médical 
n'avait  aucun  objet  de  pansement. 

Néanmoins,  lundi,  [16J  les  deux  premiers  bataillons 
(Ire légion)  partaient  pour  Dijon,  où  le  défautde  place  pour 
les  loger  les  faisait  arrêter  à  Beaune  ;  le  lendemain  ar- 
rivait la  2ô  légion,  et  le  jeudi  la  3^  ;  n'oublions  pas  que 
ces  derniers,  qui  arrivaient  à  Beaune  le  19  janvier,  étaient 
encore,  le  15,  dans  leurs  foyers,  n'a^-ant  jamais  assisté 
à  aucun  exercice,  n'ayant  jamais  manié  une  arme,  et 
que  quatre  jours  après  ils  étaient  à  Beaune,  à  moins  de 
50  kilomètres  de  l'ennemi. 

A  Beaune,  on  nous  promit  quinze  jours  de  tranquillité 
pour  nous  organiser,  former  nos  bataillons  en  six  com- 
pagnies, faire  quelques  exercices,  et  nous  préparer  en 
un  mot  à  affronter  dignement  l'ennemi. 

Quelque  problématique  que  put  nous  paraître  ce  cal- 
me de  quinze  jours,  nous  nous  mîmes  bravement  à 
l'œuvre.  Nos  soldats  étaient  dispersés  chez  l'habitant, 
les  vivres  arrivaient  quelquefois,  manquaient  le  plus 
souvent  ;  on  réussissait,  tant  bien  que  mal,  à  nourrir 
les  soldats  et  à  faire  faire  l'ordinaire  tantôt  à  une  heure 
tantôt  à  l'autre  ;  le  reste  du  temps  fut  employé  à  faire 
quelques  exercices  de  maniement  d'armes. 

Notre  séjour,  du  reste,  ne  fut  pas  de  longue  durée; 


497 

les  derniers  bataillons  étaient  arrivés  le  jeudi,  le  saniedi 
soir,  le  général  Pélissier  donnait  l'ordre  au  général 
Franzini  de  se  rendre  à  Dijon,  gravement  menacé  par 
l'ennemi. 

Les  premiers  arrivés  étaient  donc  restés  cinq  jours  à 
Beaune  ;  les  derniers,  trois  jours  ;  nos  armes  étaient  tou- 
jours les  mêmes,  notre  instruction  à  peu  près  nulle.  Le 
général  réunit  immédiatement  ses  différents  chefs  de 
corpSj  donna  connaissance  des  dépêches  qui  l'appelaient 
sans  retard  à  Dijon,  nous  dit  que,  déjà,  il  avait  télégra- 
phié l'impossibilité  où  il  se  trouvait  de  marcher  à  l'en- 
nemi avec  de  pareilles  troupes,  que  la  conscience  qu'il 
avait  de  son  devoir  le  lui  interdisait,  mais  qu'il" n'avait 
rien  voulu  faire  sans  demander  la  sanction  de  ses  actes 
aux  officiers  de  son  corps.  Les  olïîciers,  à  l'unanimité, 
déclarèrent  que  dans  les  conditions  d'armement  et  d'ins- 
truction où  se  trouvaient  leurs  hommes,  il  était  impos- 
sible d'aller  de  l'avant.  Le  général  télégraphia  l'état  dos 
choses  au  général  Pélissier,  au  ministre  et  demanda 
en  même  temps  dans  la  nuit  au  Préfet  de  Mâcon  s'il 
avait  un  local  pour  nos  troupes.  Sur  la  réponse  affirma- 
tive de  ce  dernier,  il  fut  décidé,  le  lendemain  matin,  que 
les  troupes  se  masseraient  dans  l'avenue  de  la  gare  à 
huit  heures  et  demie  et  que  trois  trains,  de  demi-heure 
en  demi-heure,  emmèneraient  nos  mobilisés  à  Màcon. 
Le  premier  train  partit  à  neuf  heures  ;  trente  mmutes 
après  son  départ,  on  apprenait  à  Beaune  qu'il  était  arrê- 
té à  Chagny. 

Ici,  pour  la  clarté  du  récit,  disons  en  peu  de  mots  se 
qui  se  passa  d'abord  à  Chagny,  puis  à  Beaune,  dans 
cette  journée  du  22. 

A  l'arrivée  du  l''>' train  à  Chagny,  10  h.  20  minutes,  le 

32 


498 

général  descendit  de  wagon,  sur  l'invitalion  du  chef  de 
gare,  lui  disant  qu'un  commissairedu  gouvornemnetavait 
des  ordres  à  lui  communiquer.  Quelques  instants  après, 
le  général  Franzini  sortait  du  bureau  du  chef  de  gare, 
appelait  à  lui  tous  les  officiers  des  deux  premiers  ba- 
taillons et  leur  disait:  ((  On  veut  que  nous  retournions 
àDijon  ;  la  chose  est  impossible,  dites  à  vos  compagnies 
que  nous  ne  partirons  que  pour  Mâcon.  » 

L'ordre  fut  exécuté.  Pendant  ce  temps,  deux  gendar- 
mes arrêtaient  le  général  qui  revint  nous  dire  :  «  Je 
suis  prêt  à  partir  pour  Dijon,  mais  comme  soldat;  lâ- 
chez de  faire  remonter  vos  hommes  en  wagon  ;  »  et  il 
donnait  le  premier  l'exemple  en  se  réinstallant  dans  le 
coupé.  Cette  scène  avait  duré  trois  heures  :  les  hommes 
s'impatientaient,  le  désordre  s'était  mis  dans  les  rangs 
et  les  officiers  ne  purent  faire  remonter  leurs  troupes 
qu'en  leur  promettant  de  s'arrêter  à  Beaune  pour  con- 
sulter les  officiers  des  autres  légions.  Ils  rentraient  à 
Beaune  à  4  h.  1/2  du  soir. 

Dans  cette  dernière  localité  où  restait  l'elîeclif  des  2" 
et  3e  légions,  les  troupes  étaient^  sans  avoir  eu  le  temps 
de  faire  l'ordinaire,  massées  depuis  8  heures  et  demit> 
du  matin  dans  l'avenue  de  la  gare,  dans  une  boue  li- 
quide. Le  bruit  que  le  premier  train  arrêté  à  Chagny 
rétrogradait  sur  Dijon  n'avait  pas  tardé  à  transpirer. 
L'allée  et  la  venue  des  chefs  qui  délibéraient  sur  la 
conduite  à  tenir,  tout  les  avait  mis  au  courant  de  ce  qui 
se  passait.  Le  désordre  se  mit  bientôt  dans  ces  troupes 
de  huit  jours,  qui  n'étaient  pas  habituées  encore  à  rester 
sept  heures  dans  la  bouc  et  sur  les  rangs.  La  plupart 
envahirent  les  cabarets  voisins  et,  lorsqu'à  trois  heures 
les  chefs,  sur  l'ordre  exprès  qui  leur  était  enfin  transmis, 
se  décidèrent  à  marcher  sur  Dijon,  il  devenait  presque 


499 

impossible  de  faire  monter  les  hommes  en  voitures. 
Cette  scène  de  désordre  dura  jusqu'à  l'arrivée  du  pre- 
mier train,  à  quatre  heures  et  demie.  Les  officiers  alors, 
à  l'unanimité,  dirent  à  leurs  soldats  :  «  Nous  partirons 
pour  Dijon,  nous  allons  obéir  aux  ordres  reçus  ;  que 
ceux  qui  veulent  venir  nous  suivent  ;  »  et  ils  montèrent 
tous  en  w.igon.  Le  soir,  à  Dijon,  à  l'appel  de  neuf  heu- 
res, il  manquait  151  hommes  sur  3  000. 

La  matinée  du  lundi  23  fut  employée  à  tâcher  de 
faire  vivre  nos  hommes.  L'après-midi,  dès  2  heures,  on 
entendait  le  canon  dans  la  direction  de  la  porte  Saint- 
Nicolas.  Nos  mobilisés  étaient  cantonnés  dans  les  bâti- 
ments de  la  gare  où  ils  attendaient  des  ordres.  A  trois 
heures,  arriva  l'ordre  de  réunir  nos  troupes  dans  l'em- 
placement qu'elles  occupaient  et  de  leur  distribuer  des 
cartouches.  A  quatre  heures,  les  tonneaux  de  cartouches 
furent  remis  aux  chefs  de  bataillon  et  l'on  en  faisait  ladis- 
tribution  lorsque  se  produisit  dans  Dijon  cette  fameuse 
panique  produite  par  le  recul  d'une  batterie  d'artillerie, 
établie  à  1 .500  mètres  de  la  porte  Saint-Nicolas.  Les  fem- 
mes affolées  poussaient  des  cris  affreux,  les  boutiques  se 
fermèrent  en  un  clin  d'œil  ,  deux  chevaux  effrayés 
arrivèrent  à  fond  de  train  jusque  dans  la  gare.  C'était 
le  moment  où  l'on  distribuait  les  cartouches.  Quelques 
compagnies  qui  n'avaient  pas  encore  reçu  leur  distri- 
bution et  qui  se  trouvaient  devant  la  gare  se  laissèrent 
entraîner  à  ce  sauve  qui  peut  et  reculèrent  à  quelques 
mètres  delà,  jusque  dans  la  gare,  où  les  auires  batail- 
lons chargeaient  tranquillement  leurs  armes.  Moins  de 
cinq  minutes  après,  elles  étaient,  du  reste,  sur  les  rangs. 
C'est  à  ce  moment  que  l'on  nous  donnait  l'ordre  de  nous 
masser  sur  la  roule  de  Langres,  depuis  avant  la  porte 
Saint-Nicolasjusquesurla  place  Guillaume.  A  cinq  heu- 


500 

res,  nos  troupes  étaient  à  l'endroit  assigné  ;  trois  com- 
pagnies du  l^r  bataillon  (l'*^  légion)  étaient  en  avant,  à 
peu  près  sur  remplacement  de  la  batterie  démontée  ; 
toutes  les  troupes  sont  restées  là  jusqu'à  neuf  heures  du 
soir  dans  l'ordre  et  le  calme  le  plus  complet. 

A  neuf  heures  du  soir,  on  les  fit  rentrer  dans  leurs 
cantonnements  et  chacun  alla  dormir,  moins  celles  des 
compagnies  qui  furent  désignées  pour  le  service  de  la 
place  et  de  rondes  qui  ne  rentrèrent  qu'à  onze  heures  du 
matin. 

Le  lendemain,  on  recevait  Tordre  de  partir  pour  Lyon  : 
la  2'^  légion  partait  la  première,  arrivait  à  Lyon  le  mer- 
credi matin  et  delà  se  dirigeait  sur  Montluel  ;  les  deux 
autres  légions  arrivèrent  à  Lyon  dans  l'après  midi  du 
25,  attendirent  jusqu'à  huit  heures  du  soir  un  ordre 
quelconque  dans  la  cour  de  la  gare  et  puis  partirent 
pour  le  camp  de  Sathonay  où  elles  arrivèrent  à  onze  heu- 
res du  soir. 

Là,  personne  ne  les  attendait  :  après  une  heure  pas- 
sée dans  la  boue,  l'on  mit  soldats  et  officiers  dans  une 
écurie,  sans  paille,  et  cela  encore  grâce  aux  bons  soins 
du  général  du  camp  qui,  pris  à  l'improviste,  a  fait  son 
possible. 

Le  lendemain  à  midi,  nous  repartions  pour  Miribel 
et  Meximieux. 

Le  jeudi  ?oir,  23,  les  troupes  parent  enfin  se  reposer 
jusqu'au  samedi  matin,  où  elles  reçurent  l'ordre  de 
revenir  au  camp.  Nous  n'y  sommes  que  depuis  vingt- 
quatre  heures,  et  nul  ne  peut  dire  ])our  combien  de  mi- 
nutes encore. 

Voilà  le  récit  des  faits;  au  public  de  nous  juger. 
Quanta  la  responsabilité  des  choses  qui  se  sont  passées, 
elle  retombera  sur  ceux  qui,   sans  souci  du  lendemain, 


501 

sans  souci  de  l'honneur  de  noire  pays  de  Savoie,  ont 
laissé  partir  pour  Dijon  des  troupes  sans  armes  et  tota- 
lement dépourvues  d'instruction  ;  sur  ceux  qui  ont  écrit 
au  ministre  de  la  guerre  que  nous  étions  prêts,  alors 
que  pour  la  plupart  nous  n'étions  pas  encore  sous  les 
drapeaux  ;  sur  ceux  qui  ont  trouvé  logique  d'envoyer 
des  troupes  à  10  kilomètres  de  l'ennemi,  se  berçant  de 
l'illusion  qu'elles  y  trouveraient  le  calme  nécessaire  pour 
se  former  au  dur  métier  des  armes. 

Quant  à  nous,  nous  nous  renfermerons  pour  le  mo- 
ment dans  la  douleur  que  nous  avons  tous  éprouvée  au 
triste  spectacle  auquel  nous  avons  assisté,  douleur  allé- 
gée par  la  conscience,  que  nous  avons  tous,  d'avoir  fait 
notre  devoir  et  de  n'avoir  point  terni  les  belles  couleurs 
de  notre  Savoie. 

En  finissant,  il  nous  reste  à  remercier  encore  une  fois 
nos  frères,  les  mobilisés  de  la  Savoie,  qui,  les  premiers, 
oui  protesté  contre  les  odieuses  interprétations  qui  nous 
atteignaient.  Nous  n'attendions  pas  moins  d'eux  ;  ils 
nousont  prouvé  une  fois  de  plus,  qu'enfants  du  même 
pays,  nous  sommes  dignes  de  marcher  la  main  dans  la 
main. 

Pour  les  officiers  du  1"  bataillon  delà  1"  légion. 

Le  commandant,  J.   Moret. 
Pour  les  officiers  du  2'  bataillon  de  la  1"  légion, 
Le  commandant,     Gantin. 
Pour  les  officiers  du  2"  bataillon  de  la  3=  légion, 

Le  commandant, Evig.  Mérard. 
Pour  les  officiers  du  1='  bataillon  de  la  2=  légion, 

Le  chef  de  bataillon,    Germain. 
Pour  les  officiers  du  1''  bataillon  de  la  3=  légion, 
Le  chef  de  bataillon,  J.   Ramel. 


502 

II 

Le   97"    RÉGIMENT   DE    MOBILES. 

Les  officiers  des  trois  bataillons  de  la  garde  mobile 
de  la  Haute-Savoie  formant  le  97"=  régiment  de  mobiles, 
publièrent  une  adresse^  datée  de  Langres  (Haute-Mar- 
ne), le  7  mars  1871,  dans  laquelle  nous  trouvons  les 
passages  suivants  : 

((  Nous  tenons,  comme  citoyens  et  comme  soldats,  à 
affirmer  hautement,  en  face  de  la  France  grande  et  glo- 
rieuse jusque  dans  ses  désastres,  que  nous  sommes  in- 
capables de  rompre,  à  l'heure  de  l'infortune,  un  enga- 
gement librercent  contracté  dans  les  jours  de  prospérité. 

«  La  Savoie,  dont  nous  sommes  fiers  d'èlre  les  en- 
fants, est  trop  digne  et  a  le  cœur  trop  haut  pour  se  prêter 
jamais  à  des  aspirations  et  à  des  actes  qui  la  feraient  ac- 
cuser d'être  ingrate,  de  préférer  le  bien-être  à  l'iionneur 
et  de  n'avoir  pas  l'énergie  de  partager  avec  le  reste  de  la 
nation  les  embarras  et  les  douleurs  de  la  situation  ac- 
tuelle. Quand  nous  nous  donnons,  c'est  franchement, 
loyalement  et  sans  réserves  :  nous  sommes  Français  et 
les  malheurs  momentanés  de  la  France  sont  une  raison 
de  plus  pour  que  nous  restions  Français. 

((  Malgré  les  accusations  injustes  et  vivement  ressen- 
ties par  nous,  qu'une  dépêche  officielle  a  jetées,  jadis, 
d'une  façon  si  légère,  à  la  face  de  nos  raobiUsés,  qu'on 
appelait  à  combattre,  quand  ils  n'avaient  encore  ni  ar- 
mes sérieuses,  ni  instruction  militaire  sufhsante,  l'his- 
toire impartiale  dira  que  dans  les  campagnes  de  1870-71, 


503 

les  enfants  de  la  Savoie,  ont  scellé  par  le  pacte  du  sang 
verséj  leur  union  à  la  France.  .^ 

Quant  à  nous,  nous  avons  fait  partout  notre  devoir  ; 
nos  trois  bataillons  ont  été  cités  plus  d'une  fois  à  l'ordre 
du  jour  de  la  garnison  de  Langres,  et  nous  allons  revoir 
nos  foyers,  emportant  dans  nos  douleurs  patriotiques,  la 
consolation  d'avoir  mérité  Testime  de  chefs  aimés  et  des 
populations  qui  ont  appris  à  nous  connaître,  et  !a  joie  de 
laisser,  après  avoir  combattu  sous  ses  murs,  la  place  de 
Langres,  vierge  presque  seule  des  souillures  de  l'étran- 


ger. 


«  Qu  on  ne  vienne  donc  pas,  à  un  pareil  moment, 
nous  soupçonner  d'une  défection  politique  !  Nous  som- 
mes la  sève  et  la  jeunesse  de  la  Savoie,  et  nos  pères, 
qui  vont  nous  revoir,  ne  nous  dédiront  pas. 

((  Après  avoir  dignement  tenu  notre  place,  près  do 
nos  frères  aimés,  dans  la  grande  lutte  nationale,  nous 
voulons  rester  associés  au  deuil,  aux  charges  et  aux  es- 
pérances de  la  Patrie,  et  nous  ne  consentirons  jamais, 
de  près  ni  de  loin,  à  solliciter  de  l'ennemi,  que  nous 
combattions  hier,  la  honteuse  faveur  d'êire  démembres 
du  sol  pour  lequel  nous  avons  exposé  notre  vie  et  versé 
notre  sang.  » 

Suivent  les  signatures  des  officiers  savoyards  des 
trois  bataillons  de  mobiles  de  la  Haute-Savoie,  formant 
le  97<^  provisoire. 

Les  officiers  soussignés,  qui,  sans  être  savoisiens, 
ont  partagé  avec  les  bataillons  de  la  llaule-Savoie, 
l'honneur  et  les  épreuves  de  la  campagne,  sont  heureux 


504 

de  s'associer  à  la  protestation  de  leurs  camarades  et  les 
en  remercient  au  nom  de  la  vieille  France, 

Signé  :  Vigouroux,  lieutenant-colonel,  commandant 
l(i  régiment  ;  D^' Aluison,  médecin-major;  Guignod, 
capitaine;  Tomasi  ,  lieutenant  (1er  bataillon);  de  la 
Chauvinière,  capitaine  ;  Bremont,  médecin  aide-ma- 
jor (2**  bataillon)  ;  Dlbié,  Landolphe,  capitaines  ;  Le- 
MoiNE,  lieutenant  ;  Dr  Fournier,  aide-major  (3''  batail- 
lon) ;  DuNAND,  lieutenant  (l^'  bataillon)  ;  Mathieu,  lieu- 
tenant (2e  bataillon). 

(Journal  de  Langres). 


505 


111 

Mairie  de  Saint-Julien  (Haute-Savoie) 


Engagements  volontaires  contractés  à  la  Mairie 
de  Saint- Julien^  en  1870-1871. 

Date  des  actes  d'engagé-  Noms  et  pre'noms  des  eogage's 

11  août  1S70. .     Peillonnex  Jean,  cultivateur,  de  Col- 

loDges-sous-Salève. 
13        —  Charvier  Eloi,  cultivateur,  de  Beau- 

mont. 

13  —  Neurry  Louis,  cultivateur,  de  Veigy- 

Foncenex. 

14  —  Pugin  Martin,  cultivateur,  de  Bossey. 
16        —              Boujon  Jean^  cultivateur,  de  Conta- 
mines-sous-M  arlioz. 

16        —  Rosset  Léon-Joseph,  s.  p.,  de  Saint- 

Julien. 

16        —  Compagnon  Alfred,  commis,  de  Saint- 

Julien. 

16        —  Y vrard  Benoît- Léonard,  coiffeur^  de 

Saint- Julien. 

16  —  Prost  Louis-Arthur,  de  Morez  (Jura). 

17  —  Poncet  Pierre,  de  Billat  (Ain). 
17        —  Gantoy  François,  de  Saint-Julien. 
17        —  Cartier  Bonaventure,  de  Vers. 

17  —  Cornier  Joseph,  de  Bellevaux. 

17  —  Péchoud  Joseph,  de  La  Clusaz. 

17  —  Pernod  Joseph-Marie,  d'Allonzier. 

17  —  Martin  Pierre-Camille,  de  Mulhouse. 

18  —  Bouvard  Jacques,  de  Savigny. 


506 

Date  des  actes  d'engagt  Noms  et  pre'ooms  des  eogagés 

18  août. .  1870  Paccot  François-Marie. 

18        —  Dupaoloup    André -François,    d'An- 

nemasse. 

18        —  Philippe  Marie,  de  Vulbens. 

18        —  Ardouin  Antoine,  d'Angoulême. 

18  —  Chappuis  Paul,  de  Cranves-Sales. 

19  —  Cusin  Joseph,  de  Viry. 

19  —  Gavard  Joseph,  d'Ambilly. 

19  —  Duborgel  Marie,  de  Messery. 

19  —  Roch  Jean,  de  Veigy-Foncenex. 

22  —  Baug  François-Barihélemy,  de  Vier- 

zon  (Cher). 

22  —  Roch  André-Marie,  de  Cornier. 

24  —  Breton  Joseph,  de  Versonnex. 

24  —  Car  Léon-Marie,  de  Burdignin. 

25  —  Huissoux  Jean-Marie,  de   Juvigny. 
25  —  Buet  Julien,  de  Viry. 

25        —  Boyniond  Félix-Claudius,  deThairy. 

27        —  Verdun   François,  de   Saint-Pierre- 

de- la -Tour. 
27        —  Dietrich  Louis,  de  Strasbourg. 

29        —  Vieux  Victor,  de  Cernex. 

29  —  Carrel   Jean- François,    de    Lagnicu 

(Ain). 

30  —  Perolhon  Charles  des  Esserts-Esery. 

31  —  Calvi    Amos  -  André,    de    Bergame 

(Italie). 
l'-'"  sept.  Descombes    Philémon-Frédéric,    de 

Vienne  (Isère). 
1er        —  Bouvier  Jean-B^plisto,    d'Aix-lcs- 

Bains. 


507 

Date  des  actes  d'engagé  Noms  et  preDoms  des  engage's 

2  sept.  1870..   Vigano  Jean-Ambroise  ,  de    Mon7a 

(Italie). 
2        —  Chevalier  Pierre- Henri- Martial,  de 

Paris. 
6        —  Reymarin  Jeaa-Jacques- François,  de 

Genève  (Suisse). 
6        —  Loudet  Joseph-Bertrand,  de  Lyon. 

6  —  Chatenoud  Jacques,  de  Gaillard. 

7  —  Mulatier  Jean,  d'Annemasse. 

8  —  Janiu  Louis,  de  Marlioz. 

8        —  Jacom  Henri-Georges,  de  St-Julien. 

0        —  Ménessié  Joseph  -  Frédéric,   de   La 

Villette. 
10        —  Garnier   Charles,    de  Vétraz  -  Mon- 

thoux. 
13        —  Quiblier  François,  d'Yvoire. 

13        —  Déruaz  Claude,  de  Chavanod. 

13        —  Blanc  Jean,  de  Savigny. 

15  —  Antoine  Joseph,  Lsson ville  (Vosges). 

16  —  Vogel  Guillaume,  de  Sai  nte- Marie - 

aux- Mines. 
16        —  Jacques  Antoine-Léonard,  de  Saint- 

Julien. 

20  —  Charaussy  Jean -Baptiste,  de  Lyon. 

21  —  Foucaud    Pierre,    de    Saint- Martin 

(Charente). 

21         —  Dapuis  Joseph-Ferdinand,  de  Saint- 

Julien. 

21         —  Bovmond    Pierre-Gaslon-Marie,   de 

Saint-Julien. 

26        —  Benolotti  Joseph,  de  Saint-Julien. 


508 

Date  des  actes  d'engagt  Noms  et  prénoms  des  ecgage's 

27    sept.  1870    Descombes  François,  de  Monnetier- 

Mornex. 
27        —  Vachet  François,  de  Copponex. 

27        —  Fusay  Alphonse-Louis-François,  de 

Collonges-sous-Salève. 

27  —  Favre  Jules,  de  Saint-Julien. 

28  —  Mathis    François-Marie,    de   Passy 

(Haute- Savoie), 
ler  octobre  Moreau    Jean- Baptiste- Léon,     de 

Verrides  (S.-et-M.) 
4        —  Clialigné  Paul,  de  Forges  (S.-et-M.) 

4  —  Mos  Alexis,  de  Paris. 

5  —  Etehégaray    Henri-Eugène-Charles, 

de  Dax. 

6  —  Mormin  Biaise,  de  Gaillard. 
6        —  Lecoq  Henri,  de  Besançon. 
6        —              Lecoq  Louis,  de  Besançon. 

6        —  Gautier   Michel- César  -  Marius,   de 

Grenoble. 
8        —  Thérisson   Jean- Félix -Prudent,   de 

Neuilly. 
8        —  Prévend  Jean,  de  Cranves-Sales. 

10        —  Péjat  François,  de  Naves. 

10        —  Dupardy  Joseph,  d'Annonay. 

12  —  Gaillard  Prosper,  de  Viuz-en-Sallaz. 

12  —  Rameau    Paul- Michel -Charles,   de 

Thann. 

14  —  Tissot  François,  de  Viry. 

14  —  Ramus  Jean- Marie,  de  Vulbens. 

14  —  Saulhier  Henri,  de  Jonzicr-Epagny. 

14  —  Vuaillet  Pierre-Louis,  de  Thoiry. 


509 

Date  des  actes  d'engagé  Noms  et  pre'Doiiis  des  engagés 

16  octobre  1870.  Coudol  Baptiste- Louis,  de  Nantes. 
18         —  Paris  Marie,  de  Présilly. 

18        —  Cohannier  Claude-Jph,  de  Reignier. 

18  —  Brand  Louis-Mario,  de  Saint-Julien. 

21  —  Mégevand  Louis,  de  Beaumont. 

22  —  Corajod  Fçois,de  Monnctier-Mornex. 

23  —  Perret  Octave,  de  Saint-Benoît  (Ain). 
10  novem.  1870.  Bauer   Charles-Louis,   d'Oberbrùnu 

(Bas-Rhin). 
IG        —  Brenet  Charles  -  Jean  -  Baptiste,    de 

Lons-le-Saulnier. 

17  —  Brudder  Joseph,  de  Mulhouse. 

21  —  Mugnier  Joseph,  de  Beaumont. 

24  —  Vérel  Pierre-Charles,  de  Yenne. 

24  —  Gathier  Emmanuel,  de  Gaillard. 

25  —  Dupont  Jean-Jacques,  de  Fernex. 

26  —  Génardini  Antoine,  de  Châlons-s-S. 
2  décem.  1870.  Cognasse  Henri,  d'Ambert. 

7  —  Cheneval  Ferdinand,  d'Albertville. 

9  —  Dupanloup  Joseph,  du  Sappey. 

12  —  Genoud  Félix,  d'Habère-Lullin. 
14  —  Dupont  Louis,  de  Viry. 

19  —  Désille  Louis,  de  Menthonnex-sous- 

Clermont. 

22  —  Gras  Jean,  de  Cruseilles. 

10  janvier  1871     Gras  François,  des  Esserts-Esery. 
17        —  Marion  Joseph-Eugène,  de  Montmé- 

rol  (Drôme). 

25  —  Bernard  Alfred-Marie,  de  S-Cergues. 

26  —  Albert  Alexandre,  de  Lyon. 

28        —  Duchêne  Jean-Marie,  de   Samoëns. 

13  février  Guttin  Pierre,  de  Lyon. 


510 

IV 

COMUNE     DI    NaPOLI. 

Archivio  dello  stato  civile. 

Estratto  da^  registri  degli  atti  di  nnscità  del  1834 

délia  sezione  S  an-Carlo  alV  Avena. 

L'aimo  mille  otto'^eiito  Irenta  quattro  il  cl'i  vintiquattro 
del  mese  di  gennaio  aile  ore  dieciotto,  avanti  di  noi 
Francesco-Antonio  Romano,  eletto  ed  ufRziale  dello 
stato  civile  del  sudetto  quartiere  S.  Carlo  ail'  Arena,  co- 
mune  di  Napoli,  provincia  di  Napoli,  e  comparso  Luigi 
Franzini,  di  Firenze  in  Toscana,  di  anni  cinquanta 
quattro,  proprietario  domiciliato  strada  San-Giovani- 
nello,  sette,  quale  ci  ha  prescntato  un  maschio  secon- 
dochè  abbiamo  riconosciuto,  ed  ha  dichiaratoche  lo  stesso 
è  nato  dà  lui  dichiarante,  et  da  donna  Orsola  Mala- 
guzzi,  di  Palermo,  di  anni  trentadue,  sua  raoglie  eon 
esso  domiciliata,  nel  giorno  veutitrè  del  mese  suddotto 
anno  corrente,  aile  ore  sedici,  nella  casa  di  propria  abi- 
tazione,  sita  come  sopra. 

Lo  stesso  ci  ha  in  oltre  dichiarato  di  dare  al  medesimo 
i  nomi  di  Michelle-Maria  Franzini. 

La  presentatione  et  dichiarazione  anzidetta  si  è  fatta 
alla  presenza  di  Salvator  Bruno,  di  Napoli,  di  anni  qua- 
ranta  sette,  di  professions  tissitore,  domiciliato  strada 
San  Giovaninello,  quaranta  et  di  Francesco  Rippa,  di 
Napoli^  di  aoni  cinquantuno,  di  professione  scrivente 
domiciliato  Vico  Pertusillo  quattro,  testiraoni  interve- 
venuti  al  présente  atto,  e  dul  dichiarante  prodotti. 

Il  présente  atto  che  abbiamo  formato  ail'  uopo,  e  stato 
inscritto  nei  due  registri,  letto  al  dichiarante  ed  a'  testi- 
moni,  od  indi  nel  giorno,  mese  ed  anno  come  sopra,  da 


511 

noi  firmato  et  dai  medesirui  Luigi  Franzini,  Salvalor 
Bruno,  Francesco  Rippa,  Fraucesco- Antonio  Romano, 
eletto. 

La  présenta  copia  è  conforme  ail'  originale,  etc. 
Napoli,  lGaprilel889. 

Ilsindaco, 
(Signatnre  illisible). 
Riscontrata. 
L'uffiziale  del  carico, 

S.  Garda.  (Sceau  de  la  ville). 

V 

A  Son  Excellence  Monsieur  le  Ministre  de  la  guerre, 

à  Bordeaux. 

Les  soussignés,  officiers  dans  le  2»  bataillon  de  la  3» 
légion  de  la  Haute-Savoie,  croient  devoir  vous  donner 
les  molifs  qui  les  ont  déterminés  à  déposer  leurs  démis- 
sions des  fonctions  qu'ils  occupaient  dans  le2e  bataillon, 
et  c'est  pour  cela  qu'ils  exposent  que  :  le  jour  de  leur 
départ  du  département  de  la  Haute-Savoie,  ils  arrivaient 
à  Beaune,  point  de  concentration  indiqué ,  où  après 
une  nuit  d'orage  passée  par  les  officiers  et  soldats  avec 
autant  de  courage  que  de  dévouement,  ils  arrivèrent  à 
quatre  heures  du  matin  à  la  station,  où  sans  guide  et  sans 
ordres,  ils  errèrent  à  l'aventure  clierclier  un  logement 
que  le  commandant  et  les  officiers  parvinrent  à  leur  pro- 
curer. 

Co  devoir  accompli  par  les  officiers,  ceux-ci,  à  leur 
tour,  cherchèrent  gîte  pour  se  mettre  à  l'abri,  tout  en 
ayant  transmis,  aux  hommes  de  leurs  compagnies,  l'or- 
dre de  se  réunir  à  deux  heures  pour  recevoir  les  instruc- 


r 


1-2 


tions  que  le  commandant  devait  aller  prendre  à  Tétat- 
mcijor. 

Sans  tenir  compte  du  zèle  que  le  commandant  avait 
apporté  à  l'accomplissement  de  ses  devoirs  et  sans  avis 
préalable,  le  général  commandant  supérieur  (Franzini) 
crut  devoir  provoquer  la  destitution  du  commandant, sans 
tenir  compte  de  l'unanimité  des  suffrages  qui  avaient 
porté  ce  dernier  à  ces  fonctions  :  suffrages  inspirés  par 
la  pleine  confiance  que  le  bataillon  et  les  officiers  avaient 
en  lui,  et  en  n'alléguant  pour  motifs  de  cette  détermina- 
tion que  des  dénonciations  anonymes  à  lui  faites  relati- 
vement au  caractère  et  aux  aptitudes  du  commandant. 

En  face  d'une  pareille  négation  de  nos  droits  et  sur- 
tout de  nos  suffrages,  les  soussignés  ont  cru  devoir  dé- 
poser entre  les  mains  de  feur  général  la  démission  de 
leurs  fonctions,  à  l'accomplissement  desquelles  ils  se 
proposaient,  ainsi  que  le  commandant,  d'apporter  tout  le 
zèle  de  véritables  citoyens  et  d'honnêtes  républicains. 

Si(jné  :  Michel  CoUiard,  capitaine  adjudant- 
major.  —  Louis  Aimeras,  capi- 
taine, lr«  compagnie.  —  Tappon- 
nier,  capitaine,  S*"  compagnie.  — 
Alphonse  Perréard,  capitaine,  4« 
compagnie. —  Jean  Gavard,  lieu- 
tenant, l»'s  compagnie. —  A.  Per- 
réard, lieutenant,  V^  compagnie. 
—  Pierre  Béguin,  sous-lieute- 
nant, 1»'«  compagnie.  —  Jean 
Charrey,  sous  -  lieutenant,  l»» 
compagnie. 

Beaune  (Cùte-d'Or),  le  20  janvier  1871. 


513 

VI  • 

Lettre  de  M.   F.  de  Blonay 

au  général  directeur  du  personnel  au  Ministère 
de  la  guerre. 

Monsieur, 

Quoique  je  n'ai  pas  l'honneur  d'être  connu  de  vous, 
je  vous  prie  néanmoins  de  vouloir  bien  me  lire  jusqu'au 
bout  et  vous  verrez  si  vous  pouvez  donner  satisfaction 
aux  griefs  que  j'ai  l'iioimeur  de  vous  exposer. 

Je  suis  Savoyard  et  habitant  le  département  de  la 
Haute-Savoie. 

Il  y  a  plus  d'un  mois  que  notre  préfet  nous  présenta 
M.  Franzini,  comme  général  chargé  de  venir  prendre  le 
commandement  des  gardes  nationaux  mobilisés  du  dé- 
partement. J'ai  causé  souvent  avec  lVT.  Franzini,  et  je 
crois  pouvoir  dire  que  ce  n'est  pas  là  l'homme  sérieux 
dont  on  a  besoin  par  le  temps  qui  court. 

Outre  les  vantardises  inouïes  que  je  lui  ai  entendu 
dire,  comme  par  exemple,  que  tous  les  généraux  actuels 
étaient  incapables  et  que  lai  seul  était  destiné  à  sauver 
la  France  !  son  origine  me  paraît  suspecte.  Il  m'a  dit 
être  né  à  Naples  où  son  père  était  venu  avec  le  roi  Mu- 
rat  ;  il  a  épousé  une  Lorraine  et  était  dernièrement  per- 
cepteur à  Joigny.  On  m'a  assuré  qu'il  était  Corse.  Mais 
ce  que  je  sais,  c'est  que  pendant  qu'il  commande  à 
Beaune  les  mobilisés  de  la  Haute- Savoie,  sa  femme 
reste  en  Lorraine,  au  milieu  des  Prussiens.  A  peine  ar- 
rivé à  son  corps.  M,  Franzini  a  nommé  toute  sa  parenté 
aux  grades  qu'il  a  voulus.  Ainsi  un  beau-frère  qui  était 
au  début  de  la  guerre  sous-lieutenant  dans  les  mobiles,  il 
en  fait  un  lieutenant-colonel,  commanlant  une  légion  ; 

33 


514 

un  cousin,  qui  était  bourgeois,  il  on  fait  un  capi laine 
adjaclant-major.  Un  autre  Monsieur  d3  22  ans,  qui 
avait  su  éviter  d'être  pris  dans  les  mobiles  et  qui  était 
réfractaire,  il  le  fait  lieutenant  et  officier  d'oi'donnance 
attaché  à  sa  personne.  Plus  tard,  il  le  nomma  capitaine 
d'état-major.  J'en  passe  bien  d'autres. 

Mais  le  côté  le  plus  sérieux  est  celui-ci.  La  Savoie, 
du  temps  qu'elle  appartenait  au  Piémont,  fournissait  de 
bons  soldats  et  de  bons  généraux,  pourquoi  le  gouverne- 
ment nous  fait-il  gratuitement  l'affront  de  ne  pas  nous 
donner  un  général  savoyard  et  de  nous  mettre  sous  les 
ordres  d'un  homme  comme  Franzini. 

Vous  aviez  le  général  de  Rolland,  qui  aurait  pu  faire 
un  excellent  chef  ;  il  y  a  encore  M.  de  Foras  qui  était 
lieutenant-colonel  en  Piémont,  qui  est  officier  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  qui  a  fait  les  campagnes  d'Italie  et  de 
Crimée,  qui  serait  parfaitement  à  sa  place  pour  com- 
mander nos  mobilisés.  Les  préfets  pourraient  vous  faire 
connaître,  dans  chaque  dépariemenl,  ceux  qui  pourraient 
servir. 

Mais,  je  vous  en  prie,  ne  faites  pas  cet  affront  à  notie 
fierté  nationale,  en  nous  donnant  des  Franzini  pour  nous 
commander.  Vous  savez  que  quand  le  soldat  n'a  pas  con- 
fiance en  ses  chefs,  on  ne  Tentraîne  pas  bien  au  feu.  Je 
suis  venu  à  Bordeaux  exprès  pour  parler  de  tout  ceci  à 
M.  de  Freycinet,  mais  je  n'ai  pu  le  voir  à  cause  de  sa 
maladie.  Je  sais  que  quelqu'un  de  mes  amis  avait  déjà 
parlé  à  M.  de  Lovcrdo  et  que  partout  je  m'enlends  dire  : 
M.  Franzinijje  ne  connais  pas.  Vous  pourriez  prendre 
des  informations  et  replacer  ce  général  percepteur  à  une 
bonne  recelte,  c'est  je  crois,  la  place  qui  lui  conviendrait 
le  mieux.  Quant  à  moi,  ce  n'est  que  pour  l'intérêt  com- 
mun que  nous  portons  tous  à  celte  pauvre   France  qui 


515 

m'a  fait  venir  ici,  et  je  serais  heureux  si,  en  venant,  j'ai 
pu  prévenir  un  malheur. 

Agréez,  etc. 

Signé  :  Baron  F.  dk  Blonay. 
Bordeaux,  ce  24  janvier  1871. 

VII 

Lettre  adressée  par  M.  le  baron  Berge,  lieutenant- 
colonel  d'artillerie,  à  M.  le  général  Appert,  com- 
mandant la  subdivision  de  Seine-et-Oise. 

Reims,  le  27  juin  1871. 

Mon  général,  le  sieur  Franzioi,  se  disant  général  de 
brigade,  m'a  été  amené  le  27  mai,  dans  l'après-midi, 
dans  nn  moment  où  je  dirigeais,  sur  la  mairie  de  Popin- 
court,  le  feu  de  diverses  batteries  mises  momentanément 
à  ma  disposition. 

La  barricade  de  l'entrée  de  la  rue  du  faubourg  Saint- 
Antoine  formait  la  limite  du  4°  corps  et  la  rue  était 
encore,  depuis  le  coude  qu'elle  fait  à  150  mètres  de  la 
place  de  la  Bastille,  au  pouvoir  des  insurgés. 

La  sieur  Franzini,  très  bien  vêtu  en  bourgeois  et 
muni  d'un  parapluie,  m'aborde  en  me  disant  :  «  Colonel, 
je  désire  faire  une  course  au  no  49  de  la  rue  du  faubourg 
Saint-Antoine,  on  refuse  de  me  laisser  passer  sans 
votre  autorisation  ».  Le  dialogue  suivant  s'engage  : 

B.  On  a  bien  fait  et  je  vous  la  refuse  ;  qui  êtes- 
vous  ? 

7?.  Général  de  brigade.  (Je  fus  immédiatement  con- 
vaincu qu'il  mentait). 

D.  Français  ? 

i?.  Oui. 

B.  Au  titre  régulier  ? 


516 

R.  Au  titre  auxiliaire. 

D.  Et  quel  est  votre  grade  ? 

R.  Colonel. 

D.  Colonel  français  ? 

R.  Oui. 

D.  Colonel  de  l'un  des  200  régiments  de  ligne,  cava- 
lerie ou  armes  spéciales  ? 

R.  Colonel  de  la  garde  mobile. 

D.  C'est-à-dire  que  vous  avez  l'impudence  de  m'abor- 
der  en  le  prenant  du  ton  d'un  supérieur  et  que  je 
découvre,  en  allant  au  fond  des  choses,  que  vous  n'êtes 
pas  même  militaire  ? 

R.  Voici  mes  papiers. 

D.  Ce  n'est  pas  un  ami  que  vous  allez  voir  au  n"  49, 
ce  sont  vos  amis. 

L'individu  pâlit  et  se  déconcerta  devant  le  ton  qui 
accompagnait  cette  observation. 

Le  changement  de  sa  ligure  ne  me  laissa  aucun 
doute  sur  son  rôle  d'espion  et  je  m'apprêtais  à  le  faire 
arrêter. 

En  ce  moment,  un  de  mes  officiers  vint  m'adresser 
une  question  relative  au  tir  de  sa  batterie  et  pendant 
que  je  m'occupais  de  lui  répondre,  le  sieur  Franzini 
s'éclipsa.  Les  hommes  qui  me  l'avaient  amené  eurent 
le  tort  de  le  laisser  partir,  croyant  que  son  départ  était  le 
résultat  de  notre  conversation  et  avait  mon  approbation. 

J'étais  néanmoins  tellement  sûr  d'avoir  eu  à  faire  à 
un  homme  dangereux  que  je  regrettais  vivement  son 
évasion. 

J'ai  appris,  i)Ius  tard,  les  antécédents  du  sieur  Fran- 
zini, sa  qualité  d'ancien  caporal  et  son  expulsion  du 
corps  de  Garibaldi. 

Je  demande  que  Franzini  soit  arrêté,  que  les  motifs 


517 

de  sa  présence  sur  la  place  de  la  Bastille,  le  27  mai, 
soient  éclaircis,  et  enfin  que  si  le  sieur  Franzini  n'est 
pas  citoyen  français,  il  soit  expulsé  du  territoire. 

Le  Lieutenant- Colonel  du  23*^  d^artillerie, 
Signé  :  Berge. 

VIII 

l''e  Divisjiin  militaire       A  u  Général-Directeur  du  personnel 

au  Ministère  de  la  guerre. 

2=  Subdivision 
PLACE  DEVERSAILLES  ^.         .,,         ,      _  .    ...    ,    ._, 

_  Versailles,  le  6  juillet  1871. 

Mon  général, 

Je  m'empresse  de  v^ous  adresser  les  renseignements 
que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  me  demander  sur 
les  sieurs  Franzini  et  d'Antioche,  que  j'ai  eu  l'occasion 
de  voir  à  Bordeaux,  où  ils  se  faisaient  remarquer  dans 
les  restaurants  et  sur  les  promenades  portant  l'uniforme 
réglementaire,  le  premier  de  général  de  brigade  et  le 
second  de  capitaine  d'état-major. 

Franzini  était  caporal  à  la  légion  étrangère  à  l'époque 

où  j'y  étais  adjudant-major  ;  c'est  un  vulgaire  intrigant 

d'un  aplomb  peu  commun.  I!  a  eu  l'impudence  de  faire 

des  visites,  à   Bordeaux,   aux   généraux    Foltz  et  de 

Lascours,  ainsi  qu'au  général  Ducrot,  en   s'annonçant 

comme  général  de   brigade  du  cadre  auxiliaire.  11  a 

même  eu   l'impudence  d'affirmer  à  ce  dernier  officier 

général    qu'il    avait    été    autrefois    officier    dans    les 

zouaves. 

Les  allures  de  ces  deux  personnages  avaient  causé 

une  véritable  émotion  parmi  les  officiers  de  la  garnison. 

L'aide-de-camp  boitillait  en  s'appuyanl  sur  une  canne, 

circonstance  qui,  ajoutée  à  son  très  jeune  âge,  le  rendait 


518 

intéressant,  parce  qu'il  se  disait  blessé  dans  un  combat 
quelconque.  Je  les  fis  venir  à  mon  bureau  et  j'exami- 
nais leurs  pièces.  J'appris  alors  que  Franzini  n'avait 
jamais  été  autorisé  à  se  dire  général  de  brigade  ni  à  en 
porter  les  insignes.  Le  seul  titra  qu'il  pouvait  produire 
le  désignait  sous  la  qualité  de  commandant  supérieur 
des  mobilisés  de  la  Haute-Savoie  et  révoqué  par  le 
membre  du  gouvernement  de  la  Défense  Nationale 
délégué  à  la  Guerre. 

Je  rappelai  à  ce  général  fantaisiste  qu'il  n'avait  plus 
le  droit  de  porter  aucun  uniforme  et  que  s'il  osait 
encore  paraître  dans  les  rues  avec  celui  de  général  de 
brigade,  je  le  ferai  arrêter  par  la  gendarmerie.  Et 
comme  deux  ou  trois  jours  après  cet  avertissement, 
Franzini  se  montrait  encore  en  tenue  (en  se  cachant, 
à  la  vérité),  je  le  fis  arrêter  par  deux  gendarmes  et 
écrouer  à  la  maison  d'arrêt,  d'où  M.  le  général  Le  Flô 
m'autorisa  à  le  faire  sortir,  après  avoir  reçu  de  cet 
usurpateur  de  costume  une  déclaration  écrite,  par 
laquelle  il  reconnaissait  et  acceptait  sa  révocation  et 
s'engageait  à  ne  plus  se  vêtir  d'un  uniforme  qu'il 
n'avait  aucun  droit  de  porter. 

Quant  à  M.  d'Antioche,  après  l'avoir  fait  visiter  par 
un  médecin  de  la  place,  qui  a  déclaré  que  la  seule 
blessure  de  cet  agréable  farceur,  provenait  d'une  légère 
plaie  occasionnée  par  une  chaussure  trop  étroite,  je  lui 
visai  une  feuille  de  route  pour  retourner  à  Autibcs, 
comme  il  le  désirait,  en  le  prévenant  également  qu'à 
défaut  de  partir  le  lendemain,  je  l'y  ferais  conduire  par 
la  gendarmerie,  s'il  ne  pouvait  prouver  qu'il  était  libéré 
vis-à-vis  de  la  loi  du  recrutement. 

Franzini    s'est   fait   remarquer,   à    Versailles,    par 


l'impudente  insistance  qu'il  mit  à  donner  sa  carte  à  des 
personnes  qui  ont  des  parents  détenus,  comme  ayant 
pris  part  à  l'insurrection. 

Cette  insistance  à  protéger  des  individus  compromis 
a  paru  élraoge  aux  officiers  chargés  de  l'instruction  et 
leur  a  donn.''  l'éveil.  On  m'a  demandé  si  je  connaissais 
ce  général  Franzini  qui  s'intéressait  si  singulièrement 
aux  insurgés  et  dont  les  recommandations  devenaient 
si  fréquentes.  La  carte  portant  simplement  «  le  général 
Franzini  »  avait  trompé  plusieurs  officiers,  qui  cro- 
yaient réellement  qu'il  s'agissait  d'un  officier  général 
de  l'armée. 

Franzini  s'est  flatté,  m'a-t-on  dit,  d'avoir  été  assez 
influent,  pour  faire  metti-e  en  liberté  plusieurs  otages 
de  la  Commune,  entr'autres  Madame  Hauër,  femme 
d'un  chef  de  bataillon,  ainsi  que  la  sœur  de  Monsei- 
gneur Darboy.  Je  ne  sais  rien  de  positif  à  ce  sujet, 
mais  je  vous  envoie  la  copie  d'une  lettre  adressée  au 
général  Appert,  par  M.  Berge,  lieutenant- colonel 
d'artillerie,  et  qui  attribue,  au  personnage  sur  lequel 
vous  demandez  des  renseignements,  un  rôle  qui  mérite 
attention. 

En  terminant,  je  crois  pouvoir  vous  assurer  que  les 
antécédents  de  Franzini  sont  particulièrement  connus 
du  général  Hacca,  en  ce  moment  à  Versailles,  et  qu'ils 
forment  un  dossier  utile  à  consulter. 

Veuillez,  etc. 

Le  Lieutenant-Colonel, 

Lambert. 


520 

IX 

Le  Ministre  des  affaires  étrangères  au  Ministre 
de  la  guerre. 

Paris,  1"'  seiitenibre  1872. 

M.  Franzini^  se  disant  général  français  et  officier  de 
la  Légion  d'honneur,  a  passé  avec  le  gouvernement  bré- 
silien un  contrat  pour  obtenir  l'émigration  des  européens 
au  Brésil  et  a  obtenu  une  concession  de  terrains  de  120 
lieues  dans  la  province  de  «  Espiritu  Santo  ».  11  veut 
monler  une  Société  de  colonisation  avec  des  capilalistes 
anglais  et  français. 

M.  le  Consul  do  France  à  Rio-de-Janeiro  réclame 
aujourd'hui  mon  intervention  au  nom  de  M.  le  Ministre 
de  l'intérieur  brésilien,  dans  le  but  de  savoir  si  M .  Fran- 
zini  est  connu  dans  l'armée  française  et  à  la  grande 
chancellerie  de  la  Légion  d'honneur. 

Je  vous  prie,  en  conséquence,  de  me  mettre  en  mesure 
à  cette  demande. 
Agréez,  etc. 

X 

Le  Ministre  de  la  guerre  au  Ministre  des  affaires 

étrangères. 

Paris,  lo  24  septembre  1872. 

Par  votre  dépêche  du  11  septembre  courant,  vous 
m'avez  demandé,  au  nom  de  M.  le  ministre  de  l'inté- 
rieur brésilien,  des  renseignements  sur  un  sieur  Fran- 
zini,  se  disant  général  français  et  officier  de  la  Légion 
d'honneur,  qui  a  obtenu  une  concession  de  terrains  au 
Brésil,  et  s'occupe  d'y  monter  une  société  de  colonisa- 
teurs avec  des  capitalistes  anglais  et  français. 


521 

J'ai  l'honneur  de  porter  à  votre  connaissance  une  série 
de  faits  qui  pourront  vous  édifier  sur  la  moralité,  la  con- 
sisl;incc  et  l'honorabilité  du  sieur  Franzini. 

Ancien  sous  officier  au  régiment  étranger,  il  a  obtenu 
un  emploi  de  percepteur  des  finances  le  29  novembre 
1859.  Au  moment  de  la  guerre  contre  la  Prusse,  il  s'est 
fait  nommer  d'abord  capitaine  des  tirailleurs  de  l'Yonne 
et  peu  de  lemps  après,  et  par  arrêté  du  ministre  de  l'in- 
lérieur,  le  30  novembre  1870^  commandant  supérieur 
des  mobilisés  de  la  Haute- Savoie.  Les  fonctions  de 
commandant  supérieur  des  mobilisés  donnaient  en  gé- 
néral par  assimilation  aux  titulaires  le  rang  de  colonel  au 
titre  auxifiaire.  Il  servit  en  cette  qualité  au  20'^  corps 
de  l'armée  de  l'Est  (1). 

Appelé,  avec  ses  troupes,  à  la  défense  de  Dijon,  le  21 
janvier  1871,  il  refusa  de  marcher  sous  prétexte  que  ses 
soldats  étaient  mal  armés  et  fut  révoqué  de  ses  fonctions 
par  décision  du  ministre  de  la  guerre  le  31  janvier  sui- 
vant. Arrêté  à  Bordeaux  pour  port  illégal  d'uniforme  et 
d'insignes  militaires,  il  fut  écroué  à  la  maison  d'arrêt 
de  cette  ville,  d'où  M.  le  général  Le  Flô  le  fit  sortir, après 
avoir  reçu  de  lui  une  déclaration  écrite  par  laquelle  il 
reconnaissait  et  acceptait  sa  révocation  et  s'engageait  à 
ne  plus  porter  un  uniforme  auquel  il  n'avait  pas  droit. 
Plus  tard,  ses  menées  à  Versailles  lors  de  l'insurrection 
de  la  Commune,  et  même  à  Paris,  à  la  date  du  27  mai, 
donnèrent  lieu  à  des  plaintes  qui  ne  paraissent  pas  avoir 
été  suivies  d'effet.  Au  mois  d'octobre  1871,  l'ex-colonel 

(1)  C'est  une  erreur  qui  s'explique  d'autant  moins  que  la 
minute  indiquait  que  c'était  à  l'armée  des  Vosges  comman- 
dée par  Garibaldi,  ce  qui  est  vrai.  Cette  dernière  mention  a 
été  biflée  et  rectiliée. 


522 

de  mobilisés,  Franzini,  était  détenu  à  la  maison  d'arrêt 
de  Joigny,  sons  la  prévention  de  faux  en  écriture  publi- 
que. J'ignore  qu'elle  a  été  l'issue  de  ce  procès.  En  ré- 
sumé, le  sieur  Franzini  n'a  jamais  figuré  dans  les  ca- 
dres de  l'état-major  ginéral.  1]  n'a  jamais  non  plus  été 
offi'-ier  de  la  Légion  d'honneur,  ni  même  chevalier,  titre 
qu'il  sollicitait  encore  à  la  d  itc  du  18  juin  1871  et  qui  ne 
lui  a  jamais  éié  accordé. 

XI 

Notice  des  services  de  M.   Mignotte 

Mignotte  (Antoine- Pierre),  fils  de  Jean-Bapliste  ei  de 
Marie  Ja';;quiû,  né  le  2  déc3mbre  1821  à  Arnay-le-Duc 
(Côte-d'Or). 

Marié,  le  14  novembre  1852,  à  MH"  Louise-Catlie- 
rine  Fromagcot  (Autorisation  ministérielle  du  20  octobre 
1855). 

Engagé  volontaire  au  17"^  régiment  d'infanterie  de 
ligne,  le  10  août  1840. 

Caporal  le  22  février  1841. 

Passé  avec  son  grade  au  34^  régiment  d'uifanterie  de 
ligne,  le  16  avril  1842. 

Sergent  le  13  mai  1842. 

Employé  au  dépôt  de  recrutement,  à  Troyes,  le  11 
1842. 

Sous-lieutenant  au  34^  régiment  d'infanterie  de  ligne, 
le  9  juin  1848. 

Employé  au  dépôt  de  recrutement  de  la  Marne,  à 
Chàlons,  le  31  octobre  1819. 

Lieutenant  au  9*^  régiment  d'infanlerie  de  ligne,  le  G 
mai  1854.  (Reste  atlaohé  au  recrutement  de  la  Marne.) 


523 

Emplo3'è  au  dépôt  de  recrutement  du  Doubs,  h  Besan- 
çon, le  16  avril  1857. 

Capitaine  le  21  mai  1859. 

Démissionnaire  le  30  avril  1861. 

Nommé  par  le  minisire  de  l'intérieur  licutenanf-co- 
lunel  commandant  la  l^Q  légion  des  mobilisés  de  la 
Haute-Savoie,  le  30  novembre  1870. 

Passé  au  compte  du  département  de  la  guerre  le  16 
janvier  1871. 

Licencié  le  5  mars  1871. 

Campagnes  :  1859,  1860  et  1831  Afrique,  1871  contre 
l'Allemagne. 

XII 

Notice  des  services  de  M.  de  Lyoen 

De  Lyoën  (Emile-René),  sans  autres  indications. 
Lieutenant  au  ler  bataillon  de  Francs-Tireurs  de  Paris, 
le  4  septembre  1870. 

Officier  d'ordonnance  du  général  d'Aurelle  de  Pala- 
dines,  le  12  octobre  1870. 

Capitaine  au  titre  de  l'armée  auxiliaire,  le  3  novem- 
bre 1870. 

Lientenant-colonel  commandant  la  2«  Légion  de  la 
garde  nationale  mobilisée  de  la  Haute-Savoie,  le  15 
décembre  1870  (sans  renseignements  ultérieurs)  (1). 

Campagne  :  1870  contre  l'Allemagne. 

(1)  Dans  une  brochure  publiée  à  Genève,  il  y  a  quelques 
années,  sous  le  titre  «  La  police  secrète  sur  les  bords  du 
Léman  »,  il   est  question  d'un  sieur  do  Lyuën,  Est-ce  lo 


524 

XIII 

Notice  des  sermces  de  M.  de  Combarel 

De  Combarel  (Louis-Antoniii)  fils  de  Pierre-Antoine 
et  de  Marie-Eugénie  Teillard-Nozerolle,  né  le  20  mars 
1836,  à  AIbi  (Tarn). 

Marié  le  28  aoiàt  1873,  à  MH"  Fortuna  Labey  (auto- 
risation ministérielle  du  3  août  1873). 

Elève  à  l'école  spéciale  militaire  le  18  janvier  1855 
(avait  contracté  un  engagement  volontaire  le  17  dudit). 

Sous-lieutenant  au  92*^  régiment  d'infanterie  le  lei"  oc- 
tobre 185G. 

Lieutenant  le  24  août  1863. 

Passé  au  2<^  régiment  de  voltigenrs  de  la  garde  im- 
périale le  25  septembre  1865. 

Capitaine  au  81"  régiment  d'infanterie  le  9  juillet 
1870. 

Prisonnier  de  guerre  le  29  octobre  1870. 

Evadé  des  prisons  de  l'ennemi  le  26  décembre  1870. 

Nommé,  par  le  ministère  de  l'intérieur,  lieutenant- 
colonel  de  la  2«  Légion  des  gardes  nationales  mobilisées 
de  la  Haute -Savoie  le  10  janvier  1871. 

Passé  au  compte  du  département  de  la  guerre  le  17 
janvier  1871. 

Licencié  le  5  mars  1871. 

Mis  en  non  activité  par  suite  de  ce  licenciement,  le 
28  nKirsl87l. 

Mis  en  non  activité  par  reirait  d'emploi  le  14  dé- 
cembre 1871. 

Capilaine  au  60«  régiment  d'infanterie  le  23  avril  1872. 

Mis  en  non  acli\ité  pour  inlii-milés  in  airaMes  le  15 
juin  1875. 


525 

Rayé  des  contrôles  le  1'^'"  juillet  1875. 
A  oblenii  une  pension  militaire  de  réforme  de  10G6  fr. 
par  décret  du  18  septembre  1875. 

Campagne  :  1870-1871  contre  l'Allemagne. 

XIV 

Notice   des  services    de  M.  Baudon  d'Issoncourt. 

Baudon  d'issoncourt  (Léon- François -Nicolas),  fils  de 
Cliarles- Jean-François  et  de  Marguerite-Mélanie-An- 
toine,  né  le  9  octobre  1834  à  Saint-Mihiel  (Meuse). 

Engagé  volontaire  au  3" régiment  de  chasseurs  ache- 
vai, le  ]8  novembre  1852  ; 

Brigadier,  le  3  novembre  1853  ; 

Maréchal  des  logis,  le  8  novembre  1854  ; 

Maréchal  des  logis  fourrier,  le  28  juin  1855  ; 

Maréchal  des  logis,  le  2G  décembre  1855  ; 

Rengagé  pour  sept  ans,  le  14  février  1856,  à  partir 
du  18  novembre  1859  ; 

Maréchal  des  logis  fourrier,  le  23  octobre  1857  ; 

Maréchal  des  logis,  le  24  novembre  1859  ; 

Rengagé  pour  trois  ans,  le  16  août  1863,  à  partir  du 
18  novembre  1866  ; 

Remis  chasseur  de  2-  classe  pour  être  mis  en  congé 
illimité,  le  8  octobre  1869  ; 

Libéré  définitivement,  le  18  novembre  1869  ; 

Lieutenant  dans  la  garde  nntionale  mobile  de  l'Yonne, 
le  14  août  1870  ; 

Adjudant-major,  le  18  octobre  1870  ; 

Nommé,  parle  Ministre  de  l'Intérieur,  chef  de  la  3" 
légion  des  gardes  nationales  mobilisées  de  la  Haute- 
Savoie,  le  15  décembre  1870  ; 

Passé  au  compte  du  Département  de  la  Guerre,  le  18 
janvier  1871  ; 


5.26 

Licencié,  le  5  mars  1871. 

Campagnes  :  Du  13  oclobi'e  1861  au  11  octobre  1865, 
Afrique;  du  7  novembre  1867  au  30  décembre  1867, 
Rome  (a  reçu  la  médaille  de  Pie  IX)  ;  1870-1871,  con- 
tre l'Allemagne. 

Services  civils  :  1872.  Avril  26,  nommé  inspecteur 
spécial  de  police,  sur  les  chemins  de  fer  de  l'Ouest,  à 
Cherbourg. 

1872.  Décembre  15.  Nommé  en  la  même  qualité  à 
la  gare  de  Bellegarde  (Ain). 

1874.  Février  11.  Elevé  à  la  l^e  classe. 
1874.  Octobre   13.    Nommé   inspecteur  de    police  à 
Saint-.Iean-de-Luz  (Ire  classe). 
Démissionnaire,  le  3  décembre  1875. 
Le  7  mars  1871,   aussitôt  après  le  licenciement  des 
mobilisés  de  la  Haute-Savoie,  mon    excellent  ami  et 
collègue  Félix  Brunier,  ancien  capitaine  adjudant-ma- 
jor de  la  li-e  légion,  ancien  commandant  intérimaire  du 
2e  bataillon  de  la  3e  légion,  se  rendit  dans  un  café  d'An- 
necy où  se  trouvait,  l'ex-colonel  de  la  3^  légion,  Baudon 
d'Issoncourt,  et  là,  en  présence  d'un  nombreux  public, 
le  souffleta. 

Un  mois  plus  tard,  le  journal  le  Moni- Blanc,  d'An- 
necy, j3ubliait  la  lettre  suivanîe  de  MM.  J.  Moret, 
commandant,  et  L.  Boch  (1),  capitaine  au  1er  bataillon 
de  la  l'e  légion. 

((  Nous  lisons  dans  votre  journal  une  lettre  signée 
de  M,  Vaganay  et  de  M.  Bartolomé  (?),  soi-disant,  té- 
moins de  M.  Baudon  d'Issoncourt,  dans  laquelle  ces 
messieurs  se  livrent,  au  nom  de  M.  Baudon,  h  des  re- 
domontades  auxquelles  nous  ne  pouvons  mieux  répon- 

(1)  M.  Bosli  est  actuellement  maire  d'Annecy. 


527 

dre  qu'en  vous  adressant  le  proûès-verbal  relatant  noire 
entrevue  avec  MM.  Vittini  et  Vaganay  et  les  faits  qui 
l'ont  précédée  et  suivie. 

Teneur  de  procès-cerhal. 

Nous  soussignés,  J.  Moret  et  L.  Boch,  certifions  sur 
notre  honneur  la  vérité  des  faits  suivants  : 

M.  Briniier  Félix,  avocat,  ex-sapitaine  adjudant  ma- 
jor des  mobilisés  de  la  Haute-Savoie,  infligea  publique- 
ment, le  7  mars,  à  M.  Baudon  d'Issoncourt,  ex-colonel, 
une  injure  des  plus  graves  ;  il  fit,  dans  la  soirée,  par- 
venir à  M.  Baudon  une  lettre  dans  laquelle  il  déclarait 
se  tenir  à  sa  disposition  jusqu'au  lendemain  à  midi. 

Le  8  mars,  vers  onze  heures,  M.  Viltini,  colonel  de 
la  4<^' légion  des  mobilisés,  se  présentait,  au  nom  de  M. 
d'Issoncourt,  chez  M.  Brunier,  celui-ci  se  mit  de  nou- 
veau à  rentière  disposition  de  M.  d'Issoncourt,  et  un 
rendez-vous  fut  fixé  pour  une  entrevue  entre  les  témoins. 

A  l'heure  indiquée,  nous   rencontrâmes  MM.    Vittini 
et  Vaganay.   Après    quelques  explications   relatives   à 
une  plainte  déposée  au  parquet  par  M.  d'Issoncourt,  ex- 
plications desquelles  il  résulte  que  M.  d'Issoncourt  avait 
fait  cette  démarche  dans  V intérêt  de  sa  sûreté  person- 
nelle, MM.  Vittini  et  Vaganay  nous  déclarèrent  que  le 
général  commandant  la  division  militaire  avait  été  con- 
sulté par  l'intermédiaire  du  commandant  d'armes,  sur 
le  point  de  savoir  si  M.  Brunier  était  encore  militaire, 
et  ajoutèrent  que,  aussitôt  que  la  réponse  serait  parve- 
nue, ils  s'empresseraient   de  nous  le  faire  connaître, 
une  telle  injure  ne  pouvant,  disaient-ils,  être  lacée  que 
dans  le  sang.  Nous  répondîmes  que    nous  reporterions 
fidèlement  leurs  paroles  à   M.  Brunier,  mais  que,  dès 
à  présent,  nous  pouvions  leur  affirmer  que,  en  infligeant 


528 

une  coivection  il  M.  d'Issoncourt,  M.  Brunier  en  avait 
prévu  toutes  les  conséquences,  et  qu'il  était  prêt  à  les 
subir. 

Sur  ce,  nous  nous  séparâmes  après  avoir  échangé 
nos  adresses.  Nous  rendîmes  immédiatement  compte  à 
M.  Brunier  du  résultat  de  notre  mission.  Dans  la  soi- 
rée, il  nous  adressa  la  lettre  suivante  : 

Annecv,  le  9  mars  1871. 

Messieurs, 

J'ai  donné  en  plein  café,  devant  plus  de  quarante  per- 
sonnes, la  plupart  militaires,  un  soufflet  mérité  à  l'ex- 
colonel  Baudon  d'Issoncourt,  ce  gentilhomme,  au  lieu 
de  chercher  une  réparation  par  les  armes,  a  essayé  do 
me  faire  emprisonner  en  portant  une  plainte  au  parquet. 
N'ayant  que  médiocrement  réussi,  il  a  envoyé  deux  mi- 
litaires, ses  témoins,  vous  prier  d'attendi-e  qu'il  eût 
reçu  avis  de  la  division  de  Grenoble,  s'il  lui  restait  en- 
core, oui  ou  non,  le  moyen  de  me  faire  fusiller  comme 
militaire. 

Devant  de  pareils  faits,  et  c'est  pour  ce,  Messieurs, 
que  je  vous  écris,  il  ne  me  reste  plus  qu'à  vous  prier  de 
dire  à  ces  messieurs  que  je  ne  puis  plus  rien  avoir  à 
faire  avec  eux. 

Je  n'ai  qu'un  regret,  au  fond  du    cœur,  celui  d'avoir 

môle  des  hommes  d'honneur  tels  que  vous  à  toute  celle 

affaire. 

Votre  afifeclionné, 

Félix  Brunier, 

avocat,  es-capitaine  adjudant-major  des  mobilisés  do  la  Haute-Savoie. 

Notre  mission  étant  ainsi  terminée,  nous  avons  dres- 
sé le  présent  procès- verbal  que  nous  tenons  à  la  dispo- 


529 

sition  de  M,  Branier,  pour  en  faire   tel  usage  qu'il 
jugerait  convenable. 

Annec\",  le  9  mars  1871, 

Les  témoins, 

Signé  ;  J.  MoRb.T,    L.  Boch. 

Nous  devons  ajouter  que,  pendant  plus  de  vingt  jours, 
ni  M.  d'Issoncourt,  ni  M.  Vittini,  ni  M.  Vagauay 
n'ont  donné  signe  de  vie  et  que  ce  n'est  que  le  jour  mê- 
me du  départ  de  M.  Brunier  pour  l'Italie  que,  bizarre 
coïncidence,  M.  Vaganay,  qui  était  depuis  cinq  jours 
à  Annecy,  songea  à  rechercher  une  nouvelle  entrevue 
avec  les  témoins  de  M.  Brunier. 

Quant  à  M.  Bartholomé  qui,  paraît-il,  aurait  remplacé 
M.  Vittini  dans  sa  fonction  de  témoin,  il  nous  est  en- 
core complètement  inconnu. 

Nous  vous  prions.  Monsieur  le  rédacteur,  d'insérer 
cette  lettre  dans  votre  prochain  numéro,  et  veuillez 
agréer,  avec  nos  remerciements,  l'expression  de  nos 
sentiments  distingués. 

,  L.    BoCH.     J.   MORET. 

XV 

M.  Vittini. 

Le  Moniteur  officiel  du  23  janvier  1871,  publiait  un 
arrêté  du  JVlinistre  de  l'intérieur  nommant  le  nommé 
Vittini,  qualifié  officier  de  ciiasseurs,  au  grade  de  lieu- 
teuant-colonnel,  commandant  la  4^  légion  mobilisée  de 
la  llautc-Savoie. 

Il  a  été  impossible  de  recueillir  un   renseignemen 
quelconque  sur  cet  officier.   S'il  a  été  officier  de  chas- 
seurs, ce  n'est  siîrement  pas  en  France  ;  aucune  men- 

34 


530 

tion  le  concernant  n'existe  aux  archives  du  ministère  de 
la  guerre  on  de  l'intérieur.  —  C'était  un  parent  de  P'ran- 
zini. 

XVI 

De  Foras  du  Bourg,   Charles. 

Fils  de  Marie-Amé-Joseph  et  d'Elisabeth  Vichard  de 
Saint-Réal,  né  le  28  janvier  1825  à  Gênes  (Italie)  ;  ma- 
rié le  l-^r  octobre  1860,  à  M'i^'  Jeanne-Marie  Des  vignes 
de  Surrigny. 

Soldat  volontaire  au  l^i'  régiment  de  la  brigade  d'3 
Savoie  le  14  octobre  1840. 

Sous-caporal  d'honneur  le  l'i'  janvier  1841. 

Sous-caporal  effectif  le  l^r  mars  1841. 

Caporal  d'honneur  le  V^  avril  1841. 

Sous-lieutenant  sans  ancienneté  le  14  avril  1842. 

Sous-lieutenant, ancienneté  fixée  au  19  septembre  1843 . 

Lieutenant  au  2e  régiment  de  la  brigade  de  Savoie,  le 
12  juin  1848. 

Capitaine  le  31  mars  1851. 

Officier  d'ordonnance  du  roi  Victor-Emmanuel  le  31 
décembre  1851. 

Major  au  2'-  régiment  de  la  brigade  de  Savoie  le  4 
mars  1860. 

Démissionnaire  le  ...  avril  1860. 

Nommé  colonel  commandant  supérieur  de  la  garde 
nationale  mobilisée  de  la  Haute-Savoie  le  8  février  1871. 

Licencié  le  7  mars  1871. 

Nommé  lieutenant-colonel  commandant  le  107^  régi- 
ment territorial  d'infanterie  le  30  juillet  1875. 

Démissionnaire  le  9  février  1881. 

Campagnes  :  1848  et  1849,  Italie  (a  reçu  les  deux 
médailles  commémoratives)  ;  1856^  Orient  (a  reçu  la 


531 

médaille  de  Crimée)  ;  1859,  Italie  (a  regu  la  médaille 
d'Italie). 

Actions  d" éclat  : 

Décoré  de  la  médaille  militaire  de  Sardaigne  pour 
action  d'éclat,  lors  de  l'attaque  de  Volta,  où  il  est  entré 
le  premier  {26  juillet  1848).  —  Décoré  d'une  seconde 
médaille  pour  action  d'éclat,  lors  des  batailles  de  la 
Sforzesca,  où  il  défit  avec  ses  chasseurs,  un  escadron 
de  hussards  (21  mars  1849J,  et  do  Novarre,  où  il  fut  re- 
marqué pour  les  preuves  de  bravoure  qu'il  donna  (23 
mars  1849). 

Décorations  : 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  le  14  mars  1859. 

—  Officier  le  12  août  1859.  —  Décoré  de  la  médaille  en 
argent  de  la  valeur  militaire  de  Sardaigne  le24  août  1848. 

—  Décoré  d'une  seconde  médaille  en  argent  de  la  va- 
leur militaire  de  Sardaigne  le  5  novembre  1849.  — 
Chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Savoie  le  12  juin  1856. 

—  Chevalier  de  l'ordre  des  Saints- Maurice  et  Lazare  do 
Sardaigne  le  20  juillet  1859.  —  Officier  le  4  septembre 
1859.  —  Décoré  de  l'ordre  de  Sainte-Anne  de  Russie 
le  10  décembre  1857. 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages 

A  mes  Camarades  des  Légions  mobilisées  de  la  Haute- 
Savoie  407 

Avant-Propos 479 

Un  aventurier  napolitain.  Franzini 483 

Documents. 

I.  Relation  des  commandants  des  six  bataillons  en- 

voyés à  Dijon  (29  janvier  1871) 495 

II.  Adresse  des  officiers  de  la  garde  mobile  de  la 

Haute  Savoie  (97'  régiment) 502 

III.  Etat   des    engagements  volontaires  contractes 

à  la  mairie  de  Saint-Julien  en  1870-71 505 

IV.  Acte  de  naissance  de  Franzini 510 

V.  Lettre  des  officiers  du  2°  bataillon  de  la  3=  lé- 
gion au  ministre  de  la  guerre  (20  janvier 
1871) 511 

VI        Lettre  du  baron  de  Blonay,  ex-commandant  du 
i"  bataillon  de  la  3=  légion,  au  général  direc- 
teur du  personnel  au  ministère  de  la  guerre 
(24  janvier  1871) 513 

VII.     Rapport   du  lieutenant-colonel  baron  Berge  au 

général  Apj^ert  (27  juin  1871) 515 

VIIL  Rapport  du  colonel  Lambert  au  général  directeur 
du  personnel  au  ministère  de  la  guerre  (6 
juillet  1871) 517 

IX.      Letire  du  ministre  dos  afl'aircs  étrangères  an  dù- 

nistre  de  la  guerre  (Il  septembre  1872). . . .     520 

X  Réponse  du  ministre  de  la  guerre  (24  septembre 

1872j   520 

XI  Etat  de  services  de  M.   Mignotto,   lieutenant- 

colonel  de  la  11"  légion -'522 


534 

XII.  Etat  de  services  de  M.  de  Lyoëii,  lieutenant-co- 

lonel de  la  2=  légion 523 

XIII.  Etat  de  services  de  M.  de  Combarel,  lieutenant- 

colonel  de  la  2°  légion 524 

XIV.  Etat  de  services  de  M.  Baudon  d'Issoncourt, lieu- 

tenant-colonel de  la  3°  légion 525 

—  Lettre  de  MM.  Moret  et  Boch,  d'Annecy  (5 
avril  1871) 523 

XV.  M.  Vittini,  lieutenant-colonel  commandant  la 

4=  légion 529 

XVI.  Etat  de  services  de  M.  Charles  de  Foras  du 

Bourg,  colonel   commandant   supérieur  des 
légions  mobilisées  de  la  Haute-Savoie 530 


535 


Additions  et  corrections. 


Membres  élus  depuis  t impression  du  Bulletin. 

MM.  Félix  Perpéchon  ,    bibliothécaire  de  la  ville  ,    à 

Chambéry. 
Max  Bruchet,  archiviste  du  département  de  la 

Haute-Savoie,  à  Annecy. 
J.- Jules   Vernier,  archiviste  du  département  de 

la  Savoie,  à  Chambéry. 


Page  292,  ligne  49,  au  lieu  de  Rumillt/,  lisez  Ruffieux. 

«     301,  ligne     9,  au  lieu  de  cents^  lisez  cent. 

((     313,  ligne  25,  au  lieu  de  Lahloz,  lisez  Loblaz. 

«     333,  ligne  22,  au  lieu  de  ce  lisez  le. 


■^x^i^x^ 


536 


M.  FRANÇOIS  RABUT  ' 

Président  honoraire  de  la  Société  savoisiennc 
d'histoire  et   d'archéologie. 


La  Société  savoisienne  d'histoire  vient  de  faire 
une  perte  considérable. 

M.  François  Rabut,  né  à  Chambéry,  le  20  dé- 
cembre 1819 ,  professeur  honoraire  d'histoire  à 
Dijon,  est  décédé  dans  cette  ville  le  5  novembre 
1893. 

Des  discours  ont  été  prononcés  à  ses  funérailles, 
le  7  novembre,  par  MM.  d' Hugues  ,  professeur 
à  la  Faculté  de  Dijon,  et  Lamé,  professeur  de 
rhétorique  au  Lycée  de  la  môme  ville. 

Le  Président  de  la  Société  savoisienne  d'his- 
toire et  d'archéologie  a  publié  dans  le  Républicain 
de  la  Savoie^  n"  du  7  novembre,  un  article  où, 
après  avoir  rappelé  que  M.  François  Rabut  avait 
été  l'un  des  fondateurs  de  cette  Société  et  le  plus 
important  do  ses  collaborateurs,  il  a  indiqué  ses 
principaux  travaux  historiques  (Voir  tome  XXV, 
page 408),  et  s'est  fait  l'interprète  des  sentiments 
de  reconnaissance  de  tous  les  sociétaires,  ainsi  que 
des  vifs  regrets  causés  par  la  mort  de  cet  éminont 
collègue. 

La  dépouille  mortelle  de  notre  président  hono-   H 
raire  sera  transportée  à  Chambéry,  afin  que  Rabut  ■ 
repose  auprès  des  siens  dans  celte  terre  de  Savoie 
qu'il  aimait  tant  et  qui  a  fait  l'objet  de  ses  œuvres 
de  prédilection.  François  M. 


ÎABLES  DES  IIAÎIIIIES 


BULLETIN 

Pages, 

I.  Trwaux  de  la  Société v 

Séance  du  14  août  1892.  Dons  de  livres  et  docu- 
ments   V 

Une  lettre  de  Marie-Jeanne-Baptiste,  duchesse  de 
Savoie;  communication  de  M.  A.  Boget. . vi 

Un  licrc  de  recettes  médicales,  manuscrit  italien 
du  xv=  siècle.  Lettres  d'expectative  de  bénéftces 
en  faveur  de  Jacobus  de  Acla; vu 

Notice  sur  une  gravure  du  xvii*  siècle  de  la  cha- 
pelle de  N.-D.  de  Myaiis  ;  communications  de 
M.  François  Mugnier xii 

Descrixîtion  de  deux  anciens  contre-cœurs  de  che- 
minées, i^ar  M.  Marie-Girod xvi 

Indication  de  deux  nouveaux  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  nationale  :  livres  de  reconnais- 
sance pour  Aoste,  —  pour  le  pays  de  Vaud;  par 
M.  François  Mugnier xva 

Séance  du  17  novembre  1892.  —  Dons  de  livres 
et  documents.  —  Elections  de  MM.  Jo/vy;,  con- 
seiller à  la  Cour  d'appel  de  Chambéry  ;  Char- 
vet,  président  du  Tribunal  civil,  et  abbé  Bom- 
bard,  secrétaire  de  S.  E.  le  cardinal  de  Car- 
thagc,  en  qualité  de  membres  effectifs  de  la 
Société XIX 

Hommage-lige  pour  Guigon  de  Raooyre,  sei- 
gneur de  la  Croix,  à  Louis,  duc  de  Savoie,  20 
janvier  1441;  communication  de  M.  Mugnier.  xx 

Le  Domaine  des  Combilloles,  à  Sainte-riélèno  du 


538 

Lac;  notice  par  M.  Philibert  Falcoz 

Séance  du  1 0  décembre  1892.  —  OJflclers  saooijardà 
au  Pont  de  Jargeau  (  1652)  ;  mémoire  de  M.  Paul 
Leroy,  d'Orléans 

Notice  sur  les  personnages  indiqués  au  mémoire 
précédent  :  les  La  Val  d'Isère.  —  Généalogie 
des  Princes  de  Carignan  ;  communication  de 
M.  Mugnier 

Acte  d'empbytéose  en  faveur  de  Fr.  Vincent 
Mallet,  chev.  de  Rhodes,  commandeur  de  Sa- 
voie (14^2);  communication  du  même 

Séance  du  8  janvier  1893.  —  Ofîre  de  documents 
sur  le  voyageur  savoyard  Brun-RoUet,  par  M. 
Cbarles  Huet 

Don  de  documents  et  indication  de  l'original  exis- 
tant aux  archives  de  la  Société  du  traité  du  25 
janvier  1399  entre  Amé  V,  comte  de  Savoie  et 
Richard  II  de  la  Chambre  ;  communication  de 
M.  Mugnier 

Fête  civique  du  20  prairial  an  II  à  Saint-Pierre 
d'Albigny  ;  mémoire  par  M.  Jules  Guignes 

Séance  du  5  février  1893.  —  Bulle  de  Benoît  XIV 
en  faveur  de  Charles-Joseph  de  Valpergue, 
abbé  de  Sixt  (1727)  ; 

Attribution  de  laods  par  le  comte  de  Savoie 
Amé  V  au  sire  de  la  Rochette,  février  1295;. . 

Investiture  de  biens  en  faveur  de  Jean  de  Ratel, 
par  Chabert  de  Morestel,  seigneur  de  l'Huille  , 
17  juillet  1278  ;  communications  do  M.  Mugnier. 

Séance  du  5  mars  1893.  —  Don  de  livres 

Comptes  du  trésorier  pour  1892 

Indication  d'une  cbartc  de  Bcatrix  de  Savoie  , 
mère  du  comte  Thomas  I"  ;  19  juillet  121  ;. . . . 

Quittance  de  prix  de  vente  au  clavaire  du  chapi- 
de  Maurienne  ;  29  août  1362  ; 

Indulgences  accordées  ])ar  révéf(ue  Aymon    de 


XXIV 


XVVIII 


XXXIV 


XLll 


XLIll 


XLIV 
XLV 

Lin 

LIV 
LVI 

Lviir 

I.IX 
LIX 
LIX 


539 

Gerbaix  à  la  chapelle  du  Pcnsament,  à  Teniii- 

gnon  ;  27  novembre  1424  ; lxi 

Concession  de  mines  de  fer  et  d'acier  en  Mau- 
rienne  à  Jean  Bernard  par  le  duc  Charles  111  ; 
2  mai  1504  ;  communications  de  M.  Mugnier. .  ixiv 

Séance  du  9  avril  1893.  -  Décès  de  MM.  Joseph 
Pépin  et  Jean-Marie  Cat,  sociétaires lxvii 

Décès  de  Perinet  Sibert,  homme  d'armes,  savoyard, 
à  Jarcieau.  en  1411  ;  communication  de  M.  Paul 
Leroy lxviii 

Celsk  Morin,  conseiller-clerc  du  Parlement  de 
Chambéry;  samaison  de  Chambéry,  son  inscrip- 
tion ;  son  prieuré  de  Contamine  en  Faucigny  ; 
son  inscription  ;  donation  au  i^rieuré  de  Conta- 
mine, 1201  ;  mémoire,  par  M.  Mugnier lxx 

Mise  en  liberté  de  Philippe  d'Agité  ;  lettres  de 
Gas  ton  d^  Orléans  et  d'Anne  cV  Autriche  à  ChTé- 
tienne  de  France,  duchesse  de  Savoie,  1043  ;. .  lxxx 

Pension  au  médecin  Vuilloto  ;  lettre  de  Colbert  à 
Vuilloto  ;  communications  de  M.  Mugnier. . . .       lxxxiv 

Séance  du  7  mai  1893  —  Election  de  M.  Charles 
Dufayard,  en  qualité  de  membre  effectif lxxxvi 

Rapport  de  M.  Michel  sur  deux  ouvrages  de 
M.  Dufayard » 

Un  billet  de  la  loterie  de  Hollande  de  1727 » 

Une  ordonnance  latine  de  1567,  de  Guillaume 
Balland,  sénateur; lxxxvu 

Note  sur  le  mariage  du  comte  de  Savoie,  Amé- 
dée  IV  avec  Cécile  de  Baux,  1244  ;  reproduc- 
tion de  deux  chartes  des  archives  de  Toulouse 
relatives  à  ce  mariage,  tirées  des  Layettes  du 
trésor  des  chartes  ;  indication  de  divers  docu- 
ments relatifs  à  l'histoire  de  Savoie  à  la  même 
époque  ;  communications  de  M.  Mugnier lxxxviii 

Séance  du  4  juin  1893.—  Election  de  MM.  Char- 
les Pépin,  Félix Perpcvhou  et  André  Caralp, 


540 

en  qualité  de  membres  effectifs ; xcviii 

Découverte  d'une  sépulture  ancienne  à  Saint- 
Albanprès  Cluimbéry;  indication  de  M.  Marie- 

Girod xcvni 

Actes  de  décès  du  duc  de  la  Trcmouille  et  de  di- 
vers autres  émigrés  _à  Chambéry    en   1792  ; 

communication  de  M.  Marie-Girod xcix 

Convention  du  19  juillet  1429  entre  l'abbé'd' Abon- 
dance et  Guillaume  Bron  ; c 

Election  d'Anne  de  Saint-Thomas,  abbesse  de 
Sainte-Claire,  à  Moûtiers  ;  communications  de 

M.  Mugnier cvi 

Séance  du  2  juillet  1893.  —  Election  de  M.  le 
baron    Humbert    d'Alexandry,  en  qualité    de 

membre  effectif , cvii 

Remise  de  la  Bibliothèque  populaire  circulante . 
Renseignements    sur  Claude-Etienne  Nouvellet, 

curé  de  Rumilly,  en  IGOl cix 

Patentes  de  sénateur  pour  François  Crassus  (1584)  ex 
Patentes  de  sénateur  pour  Guillaume  de  Blanche- 
ville  (1628) CXI 

Patentes  de  président  pour  le  même  (1613) cxn 

Patentes  pour  François  de  Chamousset  (1617)  . . .  cxiv 

Patentes  de  sénateur  pour  Albert  Favler  (1675) . ,  cxvi 

Lettre  relative  au  passage  de  Christine  de  Suède 
à  Chambéry  en  1656  ;  communications  de  M. 
Mugnier ,    ....         cxviii 

II.  Membres  de  la  Sociétk. 

Bureaux  et  commissions cxix 

MtMrilires  honoraires c.xx 

Membres  elïcctifs cxxr 

Sociétés  correspondantes cxxvi 

Mémoires. 

Les  Rois  des  Métikrs     Patentes  d'artisans  en 

Sur  de;  par  M  François  Mugnier 1 


541 

NiCOD  DE  MeNTHON  ET  l'exPKDITION  ENVOYÉE  A 
Co.NSTANTtNOPLE     PAR     LE    CONCILE     DE    H.VLE     EN 

1437  ;  par  M.  François  Mngnier. 23 

L'Hôpital  d'Yenne,  par  M.  Jean  Létanche 81 

Candie,  Maison-Forte  a  Sainte-Ombre,  notes 
de  M.  Timoléon  Cliapperon,  publiées  par  M.Jean 

Martin-Franklin 101 

Liste  des  Châtelains  de  Bresse,  Bugey,  Val- 
ROMEY  ET  Gex,  SOUS  Ui  Maison  de  Savoie,  par 

M.  François  Rabut 117 

Plaidoyer  ue  Marie-Gasparde  de  Copponay  en 
faveur  de  l'enseignement  des  sciences  aux 
dames,  avec  notice  de  M.  François  Mugnier. . . .  177 

Le.s  Divinailles,  de  Claude-Etienne  Nouvellet  ; 

réédition  avec  notice,  par  M.  Marie  Girod 217 

Généalogie  des  familles  de  Montfort  en  Ge- 
nevois ET  de  Conzié,  avec  notices,  notes  et 
documents  inédits,  par  M.  François  Mugnier. . .  241 

Un  Aventurier  nap-jlitain  en  1870  ;  par  M.  César 

Duval 465 

Additions 535 

Membres  nouveaux 535 

Corrections 535 

Décès  de  M.  François  Rabut,  président  honoraire 
de  la  Société 53G 


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