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Full text of "Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes"

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M  É  M  0 1  R  E 


SLR  LK 


SYSTÈME  PRIMITIF  DES  VOYELLES 


DANS  LES 


LANGUES   INDO-EUROPEENNES 


PAR 


FERDINAND  DE  SAUSSURE. 


LEIPSICK 

EN    VENTE    CHEZ    B.   G.   TEUBNER- 

1S79. 


^>ner  Veiiag  von  B.  G.  Teubiier  iii  Leipzig. 

1878.    II.  Semester. 


Philologie  niid  Altertliumswisseiiscliaft. 

Anonymi  vulgo  Scjlacis  Caryandensis  periplum  maris  interni  cum 
appendice  iterum  recensuit  B.  Fabricius.  [41  S.]  gr.  8.  geh. 
n.  A  1.  20.  '■> 

Becker,  Paul,  uber  eine  dritte  Sammlung  uuedierter  Henkelinscliril'ten 
ans  dem  siidlichen  Russlaud  und  ûber  Dumout's  Inscriptions 
céramiques  de  Grèce  (Paris  1871).  Besonderer  Abdruck  aus 
dem  zehnten  Supplementband  der  Jahrbiicher  fur  classische 
Philologie.   [S.  1  —  117  ii.  209—231.]    gr.  8.    geh.  n.  A  3.  60. 

Cuno,  Johann  Gustav,  Vorgeschichte  Roms.  Erster  Theil. 
Die  Kelten.  [VI  u.  652  S.  mit  1  litliogr.  Tafel.J  8.  geh. 
n.  A  18.  — 

Draeger,  Dr.  A.,  Director  des  Gymnasimns  zu  Auricb,  historisclie 
Syntax  der  lateinlschen  Sprache.  Erster  Band.  2.  Aufl. 
[XXXII  II.  671  S.]     gr.  8.     geh.  n.  A  12.  — 

Der  zweite,  erst  in  diesem  Jahre  vollstaudig  gewordcnc  Band  crsclieiut  nocb  uicbt 
in  ncuer  Auflage. 

Herwerden,  H.  von,  Emendationes  Aeschyleae.  Commentât  io  ex 
supplemeutis  annalium  philologicorum  seorsum  expressa.  [S.  118 
—  163.]    gr.  8.     geh.  n.  J^  1 .  20. 

Heydenreicli,  Dr.  ph.  Eduard  C.  H.,  die  Hyginhandschriit 
der  Freiberger  Gyranasialbibliothek.  Eine  kritische 
Untersuchung.     [28  S.]     4.     geh.  n.  Al.  — ■ 

Horati  Flacci,  Qu.,  opéra.  Recensuerunt  0.  Kelleu  et  A.  Holder. 
Editio  minor.     [VIII  u.  252  S.]     gr.  8.     geh.  n.  A  é.  — 

Hug,  Arnoldi,  commentuoio  de  Xenophontis  Anabasis  codice  C  i.  e. 
Parisino  1640  ci.  iJditae  sunt  duae  tabulae  lithographae.^ 
[24  S.]     4.     geh.  n.  A  1.  60. 

Jahrbûcher  fur  class.  Philologie.  Herausgeg.  von  A.  Fleckeisen.' 
Zehutcr  Supplementban.l.  I.  Heft.  gr.  8.  |S.  1—231.] 
geh.  n.  A.  b.   — 

Nepotis,  Cornelii,  qui  cvciLul  liber  de  excellcntibus  diiciinto 
exterarum  gentium.  Aecedit  eiusdem  vita  Attici.  Ad  historiae 
Hdem  recognovit  et  usai  scholarum  accommodavit  Ei^uardl'S 
Oktmann,  Dr.  phil.  et  professor,  gymnasii  Hennebergici  cpiod 
est  apud  Silusinos  conrector.  îlditio  altéra  emendatior.  [VII 
M.  00  S.]     gr.  8.     geh.  A  1.    — 

Padolletti,  Quido,  Angust  Wilhelm  Zumpt.  Zur  Erinnerung  an 
sein  Lcben  und  .'^cinc  Schriften.  Besonderer  Abdruck  aus  dem 
/chnten  fSupplementband  der  Jahrbiicher  fllr  class.  Philologie^ 
|S.  164  — 205.J     gr.  8.     geh.  n.  A  1.   — 


M  y.  M  0  I  R  E 


SUR  LH 


SYSTËME  PRTirriF  DES  VOYRELES 


1>ANR  LKR 


LANGUES   INDO-EUROPEENNES 


PAR 


FERDINAND  DE  SAUSSURE. 


LEIPSICK 

EN    VENTE    CHEZ    B.    G.    TEUBNER. 

1879. 

74380 


LEirsiCK  :     IMriîlMEKIK    1).  (;.  TEUBNEIi, 


S  2e 


TABJ.K   DKS  MATII^^IIES. 

llcivue  doH  diffûioutea  opinions  émises  sur  le  Kystcnie  «les  (t 1 

Chapitre  1.  Les  liquitles  et  nasales  sonantes (i 

§  1.  Liquides  sonantes <> 

§  2.  Nasales  sonantes 18 

§  3.  Complément  aux  paragraphes  précédents 45 

Chapitre  11.  Le  phonème  a  dans  les  langues  européennes ôi» 

§  4.  La  voyelle  a  des  langues  dix  nord  a  une  double  origine    .    .  50 

§  5.  Equivalence  de  l'a  grec  et  de  Va  italique ôii 

§  (■>.  Le  phonème  a  dans  les  langues  du  nord 62 

Clia])itre  111.  Les  deux  o  gréco-italiques 69 

§  7.  0.J  gréco-italique.  —  a.^  indo-euroixJen 70 

§  8.  Second  0  gréco-italique 90 

Chapitre  IV.    §  9.  Indices  de  la  pluralité  des  a  dans  la  langue  luère 

indoeuropéenne , tl<> 

Chajjitrc  V.  Rôle  grammatical  des  dittérentes  espèces  d'« l-.'{ 

§  10.  La  racine  à  l'état  normal 12.3 

§  11.  Rôle  grammatical  des  phonèmes  A  et  o.    Système  complet 

des  voyelles  primordiales 134 

§  12.  Aperçu  synoptique  des  variations  du  vocalisme  amenées  par 

la  flexion 185 

§  13.  Aperçu  synoptique   des   variations  du  vocalisme  amenées 

par  la  formation  des  mots 228 

Chapitre  VI.    De  différents  phénomènes   relatifs   aux  sonantes  i,  u, 

r,  n,  m 239 

§  14.  Liquides  et  nasales  sonantes  longues 239 

§  15.  Phénomènes  spéciaux 275 

Additions  et  corrections 284 

Registre  des  mots  grecs 289 


Etudier  les  formes  multiples  sous  lesquelles  se  manifeste 
ce  qu'on  ai)pelle  Va  indo-européen,  tel  est  l'objet  immédiat  de  cet 
opuscule:  le  reste  des  voyelles  ne  sera  pris  en  considération 
qu'autant  que  les  phénomènes  relatifs  à  Va  en  fourniront  l'occa- 
sion. Mais  si,  arrivés  au  bout  du  champ  ainsi  circonscrit,  le 
tableau  du  vocalisme  indo-européen  s'est  modifié  peu  à  peu  sous 
nos  yeux  et  que  nous  le  voyions  se  grouper  tout  entier  autour 
de  l'a,  prendre  vis-à-vis  de  lui  une  attitude  nouvelle,  il  est  claii' 
qu'en  fait  c'est  le  système  des  voyelles  dans  son  ensemble  qui 
sera  entré  dans  le  rayon  de  notre  observation  et  dont  le  nom  doit 
C'tre  inscrit  à  la  première  page. 

Aucune  matière  n'est  plus  controversée;  les  opinions  sont 
divisées  presque  à  l'inlini,  et  les  différents  auteurs  ont  rarement 
fait  une  application  parfaitement  rigoureuse  de  leurs  idées.  A 
rcla  s'ajoute  que  la  question  de  Va  est  en  connexion  avec  une 
série  de  problèmes  de  phonétique  et  de  morphologie  dont  les 
uns  atteiulent  encore  leur  solution,  dont  plusieurs  n'ont  même 
})as  été  posés.  Aussi  aurons-nous  souvent,  dans  le  cours  de  notre 
pérégrination,  à  traverser  les  régions  les  plus  incultes  de  la 
linguistique  indo-européenne.  Si  néanmoins  nous  nous  y  aven- 
turons, bien  convaincu  d'avance  que  notre  inexpérience  s'égarera 
mainte  fois  dans  le  dédale,  c'est  que  pour  quiconque  s'occupe 
de  ces  études,  s'attaquer  à  de  telles  questions  n'est  pas  ime  témé- 
rité, comme  on  le  dit  souvent:  c'est  une  nécessité,  c'est  la  pre- 
mière école  où  il  faut  passer-,  car  il  s'agit  ici,  non  de  spéculations 
d'un  ordre  transcendant,  mais  de  la  recherche  de  données  élé- 
mentaires, sans  lesquelles  tout  Hotte,  tout  est  arbitraire  et  in- 
certitude. 

1 


2  Système  des  a  suivant  Curtius. 

Je  suis  obligé  de  retirer  plusieurs  des  opinions  que  j'ai 
émises  dans  un  article  des  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique 
de  Paris  intitulé:  «Essai  d'une  distinction  des  différents  a  indo- 
européens». Eu  particulier  la  ressemblance  de  av  avec  les  pho- 
nèmes sortis  du  r  mavait  conduit  à  rejeter,  fort  à  c(nitre-cœur, 
la  théorie  des  liquides  et  nasales  sonantes  à  laquelle  je  suis 
revenu  après  mûre  réflexion. 


Bopp  et  ceux  qui  suivirent  immédiatement  l'illustre  auteur 
de  la  Grammaire  Comparce  se  bornèrent  à  constater  qu'en  regard 
des  trois  voyelles  a  e  o  des  langues  européennes,  l'arien  montrait 
uniformément  a.  L'e  et  l'o  passèrent  dès  lors  pour  des  affaiblisse- 
ments propres  aux  idiomes  de  TOccident  et  relativement  récents 
de  Va  imique  indo-européen. 

Le  travail  de  M.  Curtius  dans  les  Sitzimgsberichte  der  Kgl. 
Sachs.  Ges.  der  Wissensch.  (1864)  enrichit  la  science  d'im  grand 
fait  de  plus:  M.  Curtius  montrait  que  \'e  apparaît  à  la  même 
place  dans  toutes  les  langues  d'Europe,  qu'il  ne  peut  par  consé- 
quent s'être  développé  indépendamment  dans  chacune  d'elles.  Et 
partant  de  l'idée  reçue  que  la  langue-mère  ne  possédait  que  les 
trois  voyelles  a  i  u,  il  tira  cette  conclusion,  que  tous  les  peuples 
européens  avaient  dû  traverser  une  période  commune,  où,  par- 
lant encore  une  même  langue,  ils  étaient  déjà  séparés  de  leurs 
frères  d'Asie:  que  durant  cette  période  une  partie  des  a  s'étaient 
—  sous  une  influence  inconnue  —  affaiblis  eu  e,  tandis  que  le 
reste  persistait  comme  a.  Plus  tard  les  différentes  langues  ont 
laissé  s'accomi^lir,  séparément  les  unes  des  autres,  un  second 
scindement  de  l'a  qui  a  j)roduit  l'o.  Au  sud  de  l'Europe  néan- 
moins, cette  voyelle  a  dû  prendre  naissance  dès  avant  la  fin  de 
la  ]tériode  gréco- italique,  vu  la  concordance  de  \'o  des  deux 
langues  classiques,  notamment  dans  la  déclinaison  des  thèmes 
masculins  en  -a  (ÏTCnog  =  cqnos). 

Nous  croyons  représenter  exactement  le  système  de  M.  C-ur- 
tius  par  le  tableau  suivant': 


1.  Il  y  faut  ajouter  cependant  la  remarque  suivante  des  Grundziige 
(p.  54):  «le  dualisme  (Zweiklang)  primiiif  gnu  <>\d.  yati  à-^ni)  et  gun  (skt. 


Systè^me  des  a  suivant  Fick  et  Schleichcr.  3 

Iii<lo-onrop.  a  a 
Kiir()))('('ii  a;  <•  a 
1*1  us  tnrtl       ao;  r       d 

L'ex])0,sc  (le  M.  ImcIc  (S|)racli('iiilK'it  dcr  TiKlo^criuaiioii  Eiiro- 
))iis.  j).  17()  seq.)  re})r()duit  en  gros  le  système  précédent.  L'an- 
cien a  s'est  scindé  dans  la  période  européenne  en  a  et  e.  Lors- 
(liTun  mot  montre  c  dans  toutes  les'langues,  il  faut  sup|30ser  que 
h)  cliangement  de  son  a  en  c  remonte  jusqu'à  cette  période; 
a])])araît-il  au  contraire  avec  a  ou  o,  ne  fût-ce  que  dans  une  seule 
langue,  il  faut  admettre  que  Va  subsistait  encore  à  l'époque  do  la 
communauté.  UabJxmt  du  grec  ôfQKo^ica  ôtdoQxa,  mais  surtout 
du  germanique  ila  at,  est  une  admirable  utilisation  du  scinde- 
ment  de  Va.  Sur  ce  dernier  point  chez  M.  Curtius  cf.  la  note  ci- 
dessous. 

Autre  était  le  système  de  Schleiclier.  Admettant  dans  cha- 
que série  vocalique  deux  degrés  de  renforcement  produits  par 
l'adjonction  d'un  ou  de  deux  a,  il  posait  pour  la  série  de  Va  les 
trois  termes:  a  aa^  aa. 

Il  retrouve  ces  trois  degrés  en  grec:  a  y  est  représenté  ordi- 
nairement par  £  (ex.  fôaj),  puis  par  o  {noàoç)  et  par  a  (ancav). 
a  -f-  a,  le  premier  renforcement,  est  représenté  par  o  lorsqu'il  se 
produit  sur  un  £,  ainsi  i'yÉ-yov-a,  forme  première:  rja-gân-a;  skr. 
<<^ga-(jdn-a,  à  côté  de  i-y£v-6}ir]v.»  Ce  même  degré  se  traduit  sous 
la  forme  de  â,  ■)],  lorsqu'il  a  ini  a  pour  base:  ëlaKov,  lékâxa.  Vie 
second  renforcement  est  a:  èççcoya.  —  Le  gothique  posséderait 
aussi  les  trois  degrés;  les  autres  langues  auraient  confondu  les 
deux  renforcements. 

L'arbre  généalogique  des  langues,  tel  que  le  construisait 
Schleicher,  n'étant  pas  celui  que  la  plupart  des  autres  savants 
ont  adopté  et  ne  comportant  pas  de  période  européenne,  il  est 


«parf.  g'a-gân-a),  hJiar  (skt.  hhar-â-mi)  et  hhâr  (skt.  hJiâra-s  fardeau)  de- 
«vint  par  une  substitution  insensible  d'abord:  gen  gon,  hher  bhar,  puis  gcn 
«gon  {y8véc9ai,  yéyova),  bher  hhor  {cpèçco,  qpôpog).  Mais  lien  ne  peut  faire 
«penser  qu'il  y  ait  jamais  eu  une  période  où  y^v  et  yov,  cpeç  et  cpoç  se 
«seraient  échangés  arbitrairement,  de  telle  sorte  qu'il  eût  pu  arriver  de 
«dire  yovéa&cci,  cpôçoi  ou  inversement  yîyëvci,  cpéçog.»  Ici  par  conséquent, 
le  savant  professeur  admet  une  diversité  originaire  de  Ve  et  de  Vo  et  fait 
remonter  l'o  de  yéyovoc  à  l'indo-européen  «. 

1* 


4  Système  des  ((  suivant  Schleiclier  et  Amelung, 

clair  que  Ve  des  langues  d'Europe  ne  remonte  pas  pour  lui  à  une 
origine  commune.  En  particulier  1/  gothique  a  dans  son  Com- 
pendium  une  toute  autre  place  que  Vs  grec:  ce  dernier  est  consi- 
déré comme  le  représentant  régulier  de  l'a  indo-européen,  Vi 
gothique  comme  un  affaiblissement  anormal.  Nous  faisons  donc 
abstraction  de  l'idée  d'un  développement  historique  commun  du 
vocalisme  européen,  en  formulant  dans  le  schéma  suivant  le 
système  de  Schleicher: 

Indo-europ.      a  aa         da 

Européen       a  e  o        a  o  a        ci 
Il  faut  noter  en  outre  que  l'a  grec  et  l'a  latin  ne  sont  pas  men- 
tioimés  comme  degrés  renforcés. 

Dans  un  opuscule  intitulé:  «Die  bildung  der  tempusstiimme 
durch  vocalsteigerung»  (Berlin  1871),  le  germaniste  Amelung, 
prématurément  enlevé  à  la  science,  a  essayé  d'appliquer  le  sys- 
tème de  Schleicher  d'ime  manière  plus  conséquente  en  le  combi- 
nant avec  la  domiée  de  Ve  commmi  européen.  Cet  e  est  à  ses 
yeux  le  seul  représentant  normal  de  l'a  non  renforce.  L'a  euro- 
péen —  sous  lequel  il  comprend  aussi  Vo,  comme  l'avait  fait 
M.  Curtius  —  remonte  au  premier  renforcement  qu'il  désigne  })ar 
îij  et  le  second  renforcement  (a)  est  l'«  long  des  langues  d'Euroi)e. 
Les  présents  tels  que  goth.  fara,  gr.  aya,  o^a  montrent  donc  une 
voyelle  renforcée,  et  il  faut  admettre  que  ce  sont  des  dénomina- 
tifs. —  En  un  mot  le  dualisme  d'e  et  a  est  primitif,  et  le  rapport 
qu'il  y  a  entre  eux  est  celui  de  la  voyelle  simple  à  la  voyelle  ren- 
forcée.  Voici  le  tableau: 


ludo-europ 

(1 

II 

à 

(Arieu 

(i 

a  (1 

") 

Européen 

a 

a 

a 

Gothique 

l 

a 

o 

Grec 

ê 

a  0 

Ci  a 

Le  débat  qu'Amelung  a  eu  sur  cette  question  avec  M.  Léo 
Meyer  dans  le  Journal  de  Kuhn  (XXI  et  XXII)  n'a  pas  ap- 
porté de  modification  essentielle  à  ce  système  qui  a  été  exposé 
uik;  seconde  fois  d'une  imuiière  détailb'c  dans  la  Zcitschrift  fiir 
dmtsclu;^  Altcrthuni  \N\\\  IGl  .seq. 

M.  Brugman  (Studieu  IX  3(17  s.'<|.  K.  Z.  XXIV  2)  fait  rr- 
iiioiiier  l'existence  de  Ve,  en  tant  (jue  voycllf  distincte  de  toute 


LcH  phonrinc'K  o,  et  a.,  de  iJrii^uuui.  5 

autre,  à  la  période  indo-europrciiuc,  sans  prétendre  par  là  (pie  sa 
prononciation  ait  été  dès  l'origine  celle  d'un  e;  et  il  en  désigne  le 
prototype  par  «^  Concurremcnt  à  cette  voyelle,  le  même  savant 
trouve  dans  gr.  lat.  slav.  o  =  lith.  gotli.  a  =  skr.  a  (du  moins 
dans  les  syllabes  ouvertes)  un  phonème  plus  fort  qu'il  appelle  n.^ 
et  dont  la  naissance  serait  provoquée  par  l'accent. 

D'après  cette  théorie  on  dresse  assez  géiiéralement  le  tableau 
suivant,  qui  cei)endant  n'est  certainement  pas  celui  qu'approuve- 
rait M.  Brugman  lui-même,  puisqu'il  fait  allusion  (Studien  IX 
381)  à  la  possibilité  d'un  plus  grand  nombre  d'«  primitifs: 

Indo-euroi).       ^  ^  a 

Européen       c        a        ci 

On  voit  qu'en  résumé,  pour  ce  qui  est  des  langues  de  l'Occi- 
dent, les  différents  auteurs,  quel  que  soit  leur  point  de  vue,  opè- 
rent avec  trois  grandeurs;  l'e,  l'a  et  Va  des  langues  européennes. 
Notre  tâche  sera  de  mettre  en  lumière  le  fait  qu'il  s'agit  en 
réalité  de  quatre  termes  différents,  et  non  de  trois;  que  les 
idiomes  du  nord  ont  laissé  se  confondre  deux  phonèmes  fonda- 
mentalement distincts  et  encore  distingués  au  sud  de  l'Europe:  a, 
voyelle  simple,  opposée  à  l'e;  et  o,  voyelle  renforcée,  qui  n'est 
qu'un  e  à  sa  plus  haute  expression.  La  dispute  entre  les  parti- 
sans du  scindement  (a  primitif  affaibli  partiellement  en  c)  et 
ceux  du  double  a  originaire  {a^,  a^  devenus  e  et  «),  cette  dispute, 
il  faut  le  dire,  porte  dans  le  vide,  parce  qu'on  comprend  sous  le 
nom  d'à  dés  langues  d'Europe  un  aggrégat  qui  n'a  point  d'unité 
organique. 

Ces  quatre  espèces  d'«  que  nous  allons  essayer  de  retrou- 
ver à  la  base  du  vocalisme  européen,  nous  les  poursuivrons  plus 
haut  encore,  et  nous  arriverons  à  la  conclusion  qu'ils  apparte- 
naient déjà  à  la  langue-mère  d'où  sont  sorties  les  langues  de 
l'Orient  et  de  l'Occident. 


(3  Liquides  sonantes. 

Cliapitre  I. 
Les  liquides  et  nasales  sonantes. 

Avaut  de  commencer  une  recherclie  sur  l'a,  il  est  indispen- 
sable de  bien  déterminer  les  limites  de  son  domaine,  et  ici  se 
présente  d'emblée  la  question  des  liquides  et  nasales  sonantes: 
car  quiconque  admet  ces  phonèmes  dans  la  langue -mère  consi- 
dérera une  foule  de  voyelles  des  périodes  historique  de  la  langue 
comme  récentes  et  comme  étrangères  à  la  question  de  l'a. 

Lhypotlièse  des  nasales  sonantes  a  été  mise  en  avant  et 
développée  jjar  M.  Brugman,  Studien  IX  287  seq.  Dans  le  même 
travail  (p.  325),  l'auteur  a  touché  incidemment  le  sujet  des  liquides 
sonantes,  dont  la  première  idée  est  due,  paraît-il,  à  M.  OsthofiF. 

§  1.  Liquides  sonantes. 

Dans  la  langue -mère  indo-européenne  la  liquide  ou  les 
liquides,  si  Ion  en  admet  deux,  existaient  non-seulement  à  l'état 
de  consonnes,  mais  encore  à  l'état  de  sonantes,  c'est-à-dire  qu'elles 
étaient  susceptibles  d'accent  syllabique,  capables  de  former  une 
syllabe.  C'est  ce  qui  a  lieu,  comme  on  sait,  en  temps  historique, 
dans  le  sanskrit.  Tout  porte  à  croire  que  les  liquides  sonantes 
n'ont  jamais  pris  naissance  que  par  un  affaiblissement,  eu  raison 
duquel  l'a  qui  précédait  la  liquide  se  trouvait  expulsé;  mais  cela 
n'empêche  pas,  comme  nous  le  verrons,  de  les  placer  exactement 
sur  le  même  rang  que  i  et  ii. 

11  est  certain  tout  d'abord  (juau  r  indien'  correspond  pres- 
que constamment  en  zeud  un  ])honème  particulier,  très-voisin 


1.  Le  signe  diacritique  que  nous  adoptons  pour  marquer  les  liquides 
et  nasales  sonantes  (r  n  m)  a  un  emploi  différent  dans  les  Grundzvige  der 
Jjautphjsiologie  de  Sievers  (p.  89).  Aussi  avons-nous  cherché  à  Téviter, 
mais  inutilement:  qu'on  considère  que  la  désignation  ordinaire  /•  devenait 
impossible,  puisqu'elle  eiU  entraîné  la  confusion  de  la  nasale  sonante  (//) 
avec  la  nasale  cérébrale  sanskrite;  que  d'antre  part  la  dét-ignation  r  (Sie- 
vers, l^rugman)  ne  saurait  être  introduite  dans  la  transcription  du  sanskrit, 
qu'enfin  le  caractère  >'  a  été  employé  déjà  par  M.  Ascoli  précisément  avec 
la  valeur  du  /•-voyelle,  et  l'on  reconnaîtra  que  si  nous  irmovons,  c'est  du 
moins  dans  la  plus  petite  mesure  jjossible. 


Liquides  sonuiitcs  dans  len  lanf^iie»  d'Kurope.  7 

siiiis  (loiiie  (lu  r-voyelle,  sîivoir  érr:  .lu.s.si  le  r  de  la  jj(;riod(!  indo- 
iranienne ne  trouvera  ])liis  aujourd'hui  de  sceptiques  bien  dé- 
cidés. —  L'ancien  })er.se,  il  est  vrai,  n'offre  rien  de  senihlahle,  si 
ce  n'est  peut-être  akunavam  =  skr.  âlntavam.  Eji  re<^ard  du  skr. 
Jcrfâ,  du  zd.  livrêta,  il  montre  hirta,  et  il  n'y  a  point  là  d'inexacti- 
tude de  l'écriture,  car  la  transcription  grecque  nous  donne  aç, 
par  exemple  dans  a^|tç)oj  =  skr.  '>^(ji2)yâ,  zd.  crezifya  «faucons  ^ 
Les  noms  qui  contiennent  'Jçra-  sont  moins  probants  à  cause  du 
zend  aslui  qm,  lui  aussi,  remonte  à  *arta  en  dépit  du  skr.  rtâ. 

En  présence  de  l'accord  du  zend  et  du  sanskrit,  on  est  forcé 
d'admettre  que  le  perse  a  confondu  des  phonèmes  dift'érents  à 
l'origine,  et  c'est  là  un  des  exemples  les  plus  patents  de  la  ten- 
dance générale  des  langues  ariennes  à  la  monotonie  du  voca- 
lisme; l'iranien  en  cela  rend  des  points  au  sanskrit,  mais  dans  le 
sein  de  l'iranien  même  l'ancien  perse  est  allé  plus  loin  que  le 
zend. 

En  regard  du  r  des  langues  ariennes,  les  langues  d'Europe 
montrent  toutes  mi  /'-consonne  (ou  /-consonne)  accompagné  d'une 
voyelle  distinctement  articulée.  Mais  cette  voyelle  est,  chez  plu- 
sieurs d'entre  elles,  de  telle  nature,  qu'on  ne  saurait  ramener 
simplement  le  groupe  phonique  où  elle  se  trouve  h  a  -{-  r,  et  que 
tout  parle  au  contraire  pour  qu'elle  ne  soit  qu'un  développement 
anaptyctique  survenu  postérieurement. 
Au  r  arien  et  indo-européen  réj^ond: 

En  grec:  «p,  al;  ça,  ka 

En  latin:  o/',  ul  (oJ) 

En  gothique:  adr,  ul 
Le  slave  et  le  lithuanien  n'ont  pas  conservé  d'mdice  positif 
du  r.   On  peut  dire  seulement  que  cette  dernière  langue  l'a  rem- 
placé souvent  par  ir,  il. 

1.  La  forme  perse  a  dû  être  arziflya.  Disons  tout  de  suite  que  le  mot 
existe  aussi  en  grec  avec  la  substitution  régulière:  d'abord  dans  l'idiome 
macédonien  où  il  a  la  forme  ccQyînovç  (Hes.)  pour  laquelle  M.  Fick  (K.  Z. 
XXII  200)  a  tort  de  chercher  une  autre  étymologie.  A  côté  à'ÙQyînovç 
FEtymol.  Mag.  nous  a  conservé  alyCnoxp'  dazoç  vno  McchsôÔvcov  qui  est 
évidemment  le  ïnême  mot,  et  ceci  nous  amène  avec  sûreté  au  grec  càyv- 
tclÔç.  La  disparition  du  g  a  son  analogie  dans  deux  autres  cas  de  r-voj'elle: 
lianssiv  de  nâçmco  et  ai'yXr]  =  skr.  rgrd.  Pour  W  à.'aiyvniôg  et  d'ai'yXr] 
V.  ces  mots  au  registre. 


8  Classificatioa  des  racines  contenant  e. 

Nous  passons  à  l'éuiimératioii  des  cas  : 
1..  Syllabe  radicale. 

L'ordre  adopté  ici,  pour  distinguer  les  différents  cas  où  ap 
paraît  r,  se  base  sur  une  classification  nouvelle  des  racines,  qui 
ne  pourra  être  justifiée  que  plus  tard  mais  qui  ne  saurait  non 
plus  désorienter  le  lecteur. 

Nous  ne  nous  occuperons  que  des  racines  contenant  e.  — 
Toute  racine  qui  dans  les  langues  d'Europe  contient  c,  a  la  fa- 
culté d'expulser  cet  e  et  de  prendre  ainsi  une  forme  plus  faible,  à 
condition  seulement  que  les  combinaisons  phoniques  ainsi  pro- 
duites puissent  se  prononcer  commodément. 

Sont  à  ranger  dans  les  racines  contenant  e:  les  racines  où 
se  trouvent  les  diplitliongues  ei  et  eu  et  qu'on  a  l'habitude  de 
citer  sous  leur  forme  affaiblie,  privée  d'e;  ainsi  Tid,  sreu,  deil\ 
hlieugh  (Jâ,  sru,  dïli,  hJnigh). 

h'i  et  Vu  de  ces  racines,  ainsi  que  la  liquide  et  la  nasale  des 
racines  telles  que  derîc  bhendh,  peuvent  prendre  le  nom  de  cocfft- 
cimt  sonantique.  Ils  concourent  au  vocalisme  de  la  racine.  Sui- 
vant que  Ve  persiste  ou  disparaît,  leur  fonction  varie:  r,  l,  m,  n, 
de  consomies  deviennent  sonantes;  i  et  u  passent  de  l'état  sym- 
plitliomjue  à  l'état  autopJitJwngue. 

A.  Racines  terminées  par  un  coefficient  sonantique. 

Exemples  liei  (forme  faible  là)  sreu  (f.  fble  urtt)  hhcr  (f. 
fble  hhr)  men  (f.  fble  mn). 

B.  Racines  renfermant  un  coefficient  sonantique  suivi  d'une 
consonne. 

Ex.  deih  (f.  fble  diJc)  hhciujh  (f.  fble  hluujli)  dcrlc  (f.  ïhh 
drh)  bhendh  (f.  fble  hhndh). 
C  Racines  sans  coefficient  sonantique,  terminées  par  une  con- 
sonne. 

Ex.  pet  (f.  fl)lc  j>^)  sel  (f.  fl)lt'  sic)  scd  (f.  fble  ^d). 
N(nis  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici  des  l'iiciiies  terminées 
[>ar  c,  comme,  en  grec,  d^e  de  ê. 

Dans  la  forme  faible,  selon  «(uc  le  sullixc  iijoiiic'  commence 

|t;ir  iiiic  consonne  ou  par  une  voyelle,  les  racines  de  la  classe  A 

seront  jissiinilables  à  celles  de  la  cliisse  R  ou  à  celles  de  la  classe  C. 

En  effet,  dans  la  classi;  R,  le  cofriicieut  sonant  ique,  à  l'instant 


Liquides  sonantcs  de  Taoriste  thématique.  9 

où  l'e  (li.s[)ariiît^  prend  iiécessairemciit  lu  l'onction  do  v(jyel]e  puis- 
qu'il se  trouve  entre  deux  consonnes.  C'est  là  aussi  ce  qui  arrive 
pour  les  racines  de  la  classe  A,  lorsqu'elles  prennent  un  suffixe 
commençant  par  une  consonne:  ainsi  mn-to. 

Mais  si  le  suflixe  commence  par  une  voyelle,  leur  coefficient 
sonantique  aura  la  qualité  de  consomie,  et  ces  mêmes  racines 
]-osserab]eront  de  tout  point  aux  racines  de  la  classe  C;  ainsi 
i-jil-6-^f}v  comme  è-Ox-o-v. 

En  vue  du  but  spécial  que  nous  nous  proposons  dans  ce  cha- 
pitre, nous  tirons  des  remarques  qui  précèdent  l'avantage  sui- 
vant: c'est  que  nous  connaissons  le  point  précis  où  il  faut  s'at- 
tendre à  trouver  les  liquides  sonantes  et  que  nous  assistons  pour 
ainsi  dire  à  leur  formation;  la  comparaison  seule  d'un  r  indien 
avec  un  kq  grec  n'a,  en  effet,  qu'une  valeur  précaire  si  l'on  ne 
voit  pas  comment  cet  aç  a  pris  naissance  et  s'il  y  a  une  proba- 
bilité pour  que  ce  soit  un  ar  ordinaire.  Partout  où  l'e  tombe 
normalement,  partout  en  particulier  où  apparaît  Vi  on  Vk  auto- 
pli  tliongue,  les  liquides  sonantes  doivent  régulièrement  exister 
ou  avoir  existé,  si  la  position  des  consoimes  les  forçait  à  fonc- 
tionner comme  voyelles. 

a.    FORMATIONS    VEKJiALES. 

Aoriste  thématique.  On  a  dit  souvent  que  ce  temps  co'i'n- 
cidait  entièrement,  pour  ce  qui  est  de  la  forme,  avec  l'imparfait 
de  la  sixième  classe  verbale  des  grammairiens  hindous.  Reste  à 
savoir  si  cette  sixième  formation  remonte  aux  temj)s  indo-euro- 
péeus,  comme  cela  est  indubitable  pour  notre  aoriste,  mais  iji- 
finiment  moins  certain  pour  le  présent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cet  aoriste  réclame  l'expulsion  de  Ve  — 
ou  de  l'a  dans  les  langues  ariennes  — .  En  consécj[uence  les  racines 
des  classes  A  et  C  (v.  plus  haut)  font  en  grec  très-régulièrement: 
jcsl:      i-jil-6-^ïjv  net:  é-7ir-6-^t]v 

{i)y£Q'.  {s)'yQ-s-to  6e%:  'b-6%-o-v 

1  Gin:  e-ôTt-o-v 

2  ôen:  èvC-on-a^ 


1.  La  présence  de  Vs  dans  les  trois  derniers  exemples  atteste  l'au- 
cieuneté  de  cette  formation.  —  En  ce  qui  concerne  ivianf  on  ne  peut  re- 
pousser complètement  Tidée  qu'il  y  a  là  un  imparfait  dont  le  présent 


10  Liquides  sonantes  de  l'aoriste  thématique. 

Les  impératifs  Ox^'à  ^^  ivtGTTsg  ont  déterminé  M.  Curtius  à 
admettre  dans  ces  deux  aoristes  la  métatlièse  de  la  racine^. 
]\r.  Ostlioff  dans  son  livre:  clas  Verhutn  in  der  Nominalcomposition 
1>.  340,  a  déjà  déclaré  ne  pouvoir  souscrire  à  une  opinion  sem- 
blable de  léminent  linguiste  relative  aux  présents  comme  yCyvo- 
^ai,  ^C^vco,  et  cela  en  partant  aussi  de  la  conviction,  que  la  dé- 
gradation de  la  racine  y  est  absolument  normale.  Comment 
d'ailleurs  la  métatlièse  se  mettra-t-elle  d'accord  avec  le  vocalisme 
des  thèmes  0xe  0%o,  Otts  ajto?  —  Ces  impératifs  ont  donc  suivi 
l'analogie  de  d-eg,  sg. 

Chose  étonnante,  le  sanskrit  ne  forme  cet  aoriste  que  sur 
les  racines  de  la  classe  B:  les  formes  comme  ë-nt-E-to  lui  sont 
étrangères;  la  seule  trace  qu'il  en  offre  peut-être  est  la  3"^®  per- 
soime  du  plur.  h-ânta  qui,  à  côté  de  âhata  (3^  pi.)  a  l'air  d'être 
une  forme  thématique;  qu'on  veuille  bien  comparer  plus  bas  ce 
qui  a  trait  aux  nasales  des  désinences  ^. 

En  revanche  les  exemples  abondent  pour  les  racines  de  la 
forme  B:  rôliati  àruhat,  vârdliati  âvrdlicd  etc.  En  grec  (pevy  idài 
f(pvyov,  Craix  fait  eGtiiov^  de  même,  et  c'est  là  que  nous  en  vou- 
lions venir, 

ôtQxo^cct  fait  f-ôçaK-o-}^  (skr.  âdrram) 

jiBQÔa  -     è-Ttaçô-o-v 

rÉQTta  -        tccQTC-co-^isd^a 

erçciTtov  de  rçÉna  vient  aussi  d'une  forme  hrTtov,  mais  ici 
c'est  mie  liquide  prt'm/rt«^  l'c  qui  s'est  transformée  en  sonante. 

Aoriste  thématique  kedoublé.  Il  n'est  pas  certain  que  les 
aoristes  eausatifs  du  sanskrit  soient  immédiatement  comparables 
aux  aoristes  «rrecs  redoublés.   Mais  il  existe  d'autres  aoristes  in- 


sérait *ï-an-m.    Cf.  l'-ax-m,  nl-m-a  et  notre  note  1,  puge  11.    Il  faudrait 
donc  diviser  ainsi:  èv-î-ait-s. 

1.  Dans  les  autres  aoristes  on  aurait  la  syncope.   Verbnm  II  7. 

2.  M.  Delbriick  (Altind.  Verb.  p.  G3)  dit  bien  que  sran  dans  avasran 
(K.  V.  IV  2,  19)  contient  la  voyelle  thématique.  Mais  les  preuves  positives 
manquent  et  Gi'assmann  interprète  cette  forme  d'une  manière  toute  diffé- 
rence {a-vas-ran).  —  d-gama-t  est  d'une  autre  formation  qui  se  reproduit 
en  grec  danH  le  dorien  ^-tuto-v,  dans  l'attiq.  ^-Tffio-v.  Cet  aoriste-là  coïn- 
cide pour  la  forme  ;ivec  l'imparfait  de  la  l''^  classe  verbale.  C'est  l'aoriste 
non-bigmatique  slave:  nesii. 


Liquides  sonautcb  du  l'aoïùstc  thématique  reduublo.  1  i 

(lions,  moins  nombreux,  qui  coïncick'Jit  exactement  avec  les  l'oi-iiu-s 
grecques:  ici  encore  Va  (e)  est  invariablement  expulsé. 
Racines  des  formes  A  et  C: 

hVv.  sac:  a-sa-f('-a-l^         ^fv.  OeTc:     i-Gn-t-o&ra 
jmi:  à-pa-pt-a-t  xeX:  ê-xt-xl-i-ro 

(ptv:  t-nt-rpv-o-v 
te^:  è'-rs-t^-o-v 
Racines  île  la  forme  B,  avec  i,  u  pour  coefficient  sonanti((ue: 
skr.  tvcs:  d-ti-tviè-a-nta       (^r.  Tcscd".  7C6-7iLd--t-oiyccL 

nsvd-:  TtB-nvd'-é-G^ai 
Et  enfin  avec  une  liquide  pour  coefficient  sonantique: 

skr.  darh:  â-da-drli-a-nta  gr.  xeqti:  TS-râçTt-s-zo 
M.  Delbrûck  range  une  partie  de  ces  formes  indiennes  dans 
le  plus-que-parfait;  mais  si  l'on  peut  accéder  sans  réserves  à  sa 
manière  de  voir  pour  les  formes  sans  voyelle  thématique  comme 
agabhartana j  on  n'en  sera  que  plus  enclin  à  placer  les  premières 
sous  la  rubrique  aoriste. 

Parfait.  Le  parfait  indo-européen  affaiblissait  la  racine  au 
pluriel  et  au  duel  de  l'actif,  et  dans  tout  le  moyen.  \oy.  en  parti- 
culier Brugman  Stud.  IX  314.   Ce  mode  de  formation  s'est  con- 
servé intact  dans  les  langues  ariemies. 
Racines  des  formes  A  et  C: 

skr.  sar:  sa-sr-ûs        pat:  pa-pt-iis 
Devant  les  suffixes  commençant  par  une  consonne,  certaines 
racines  en  r  n'admettent  pas  Yi  de  liaison,  et  l'on  a  alors  un  r 
comme  dans  ca-kr-mà.    Ce  même  i  de  liaison  permet,  chez  les 
racines  de  la  classe  C,  des  formes  telles  qu.Q pa-pt-ima-. 

1.  On  dira  qvCdsarcat  est  imparfait  (présent  sdçcati);  sans  doute,  mais 
il  n'y  a  pas  de  limite  fixe  entre  les  deux  temps.  Les  aoristes  redoublés  sont 
les  imparfaits  d'une  classe  verbale  que  la  grammaire  hindoue  a  oubliée  et 
dans  laquelle  rentreraient,  avec  sdçcati,  le  skr.  sidati,  le  part,  pibdamuna, 
le  gr.  TtÎTCTco,  yi-yvo^ai,  ^u(ivco,  (i8i.i,§lsr<xi  etc. 

2.  M.  Brugman  (Studien  IX  386)  éprouve  une  certaine  hésitatiou  à 
attribuer  aux  périodes  les  plus  anciennes  des  formes  comme  piiptima,  et 
croit  plutôt  qu'elles  doivent  le  jour  à  l'analogie  de  ca-lr-  etc.  Au  fond 
la  question  reviendrait  à  cette  autre,  de  savoir  si  la  voyelle  de  liaison 
existait  déjà  dans  la  langue-mère,  auquel  cas  pat  faisait  nécessairement 
papt-  au  parfait  pluriel.    Or  l'w  des  formes  germaniques  (bundî<m ,  bun- 

dwts)  s'accorderait  bien  avec  cette  hypothèse,  et  Va  du  grec  yfyr'iQ-aiifv 


12  Liquides  sonantes  du  parfait. 

En  arrivant  aux  racines  de  la  forme  B  nous  pouvons  tout  de 
suite  mettre  le  gothique  eu  regard  de  lindien: 

hlmugh:  skr.  hu-bhug-imd         goth.  hiuj-um 
et  avec  r: 

vart:        skr.  va-vrt-imà  gotli.  vaiojj-îtm 

C'f.  goth.  haiiff  =  huhhoga,  varf  =  vavârta. 

Eu  grec  la  forme  du  singulier  a  peu  à  peu  empiété  sur  celle 
du  pluriel;  dans  les  quelques  restes  de  la  formation  primitive  du 
pluriel  actif  (Curtius  Verb.  II  169)  nous  trouvons  encore  tni- 
TCLd^fiEv  en  regard  de  TCÉnoi^a,  eïuxov  en  regard  de  eoLica,  mais  le 
liasard  veut  qu'aucun  cas  de  r  n'ait  subsisté  ^.  Le  moyen  du  moins 
s'est  mieux  conservé: 

Racines  de  la  forme  A: 

ûTieQ:    e-ôTtaç-raL  718q:    Tte-TiccQ-^évoç 

Ôsq:      ds-Ôaç-^évog  ôtsk:  s-Ora^-^at 

(pd'SQ:  e-cpO-aQ-^ai  cf.  è'-cpd^oQ-a 

^eq:      H-aciQ-xca,  et  s-^(iQa  rat  Hes.  —  cf.  s-^L^OQ-a 
Il  est  superflu  de  faire  remarquer  encore  ici  que  s-cp^aQ-^at 
est  à  q)d^£Q  ce  que  e-0Gv-^aL  est  à  6£v. 

Les  langues  italiques  ont  trop  uniformisé  la  flexion  verbale 
pour  qu'on  puisse  s'attendre  à  retrouver  cbez  elles  l'alternance 
des  formes  faibles  et  des  formes  fortes.  Mais  il  est  fort  jiossible 
que  les  doublets  comme  verto  —  vorto  proviennent  de  cette  source. 
On  ne  doit  pas  attacher  beaucouj)  d'importance  à  pepidi  de  pcllo, 
pcrculi  àa  percello;  il  y  a  peut-être  là  le  même  aôaiblissement  de 
•la  voyelle  radicale  que  dans  detineo,  colligo,  avec  cette  dift'érence 
que  l'influence  du  l  aurait  déterminé  la  teinte  u  au  lieu  d'«. 

L'ombrien  possède,  en  regard  de  l'impératif  kuvertu,  le 
futur  antérieur  vurtus  —  prononcé  sans  doute  vortus  —  formé 

n'y  répugne  pas,  bien  qu'il  s'explique  plus  probablement  par  la  contami- 
nation du  singulier  yéyrj&a  et  de  la  3®  p.  du  plur.  ysyi^d-aci;  qu'on  com- 
pare enfin  le  latin  -ivixs  dans  tuliiiiKS.  —  Dans  cette  question  il  faut  con- 
sidf'rer  aussi  les  parfaits  indiens  comme  sah'nid,  gothiques  tels  que  sctwii, 
et  latins  tels  que  sèdimus  qui  sont  reconnus  pour  contenir  la  racine  re- 
doublf'-e  et  dénuée  de  voyelle.  Ainsi  scdiuid  =  ^sa-zd-hixi.  Il  va  sans  dire 
que  la  même  analyse  lîhonétique  ne  serait  pas  applicable  à  chacune  de 
ces  formes:  la  formation  s'est  généralisée  par  analogie. 

1.  té-tlà-ui-v  vient  de  la  rac.  rXâ  conjuie  fcrà/tfv  de  azâ;  son  la  ne 
remonte  pas  à  une  liquide  sonantc. 


Liquides  sonantes  du  pnisent.  13 

sur  le  thème  faible  du  parfait.  Sur  les  tables  en  écriture  latine 
on  a  covertu  et  covortus.  Si  Fou  était  certain  que  covorkiso  fût  un 
parfait  (v.  Bréal^  Tables  Eugubines  p.  )>01),  cette  forme  serait 
])récieuse.  Seulement  il  ne  faut  ])a.s  perdre  de  vue  que  sur  sol 
italiciue  vort-  représente  aussi  bien  va./t-  que  vrt-,  en  sorte  que 
toutes  ces  formes  ont  peut-être  pour  point  de  départ  le  singulier 
du  parfait,  non  pas  le  pluriel;  eiles  n'en  restent  pas  moins  remar- 
(juables.  Autre  exemple:  persnimu,  pepurkurent. 

Présent.  Dans  la  2°  et  la  15°  classe  verbale,  au  présent  et  à 
l'imparfait,  la  racine  ne  conserve  sa  forme  normale  qu'aux  trois 
j)ers()nnes  du  singulier  de  l'actif;  le  duel,  le  pluriel  et  tout  le 
moyen  demandent  l'expulsion  de  l'a:  ainsi,  en  sanskrit,  pour  ne 
citer  que  des  racines  de  la  forme  A  : 

c    fait  i-mâs  Jcar  fait  hr-thâs  (véd.) 

ho    -    f/H-hu-mas  par    -   pi-pr-màs 

En  grec  TcC^-nla-^EV  corresj^ond  exactement  à  pi-pr-mâs; 
cette  forme,  en  effet,  n'appartient  point  à  une  racine  tcXcc  qui  serait 
la  métatlièse  de  ns^,  autrement  les  Dorions  diraient  TiL^Tilâ^i. 
L'î^  panliellèue  indique  au  contraire  que  7tî^7th]^L  est  une  trans- 
formation récente  de  ^m^TieX^i  =  Bkv.  piparmi^. 

La  rac.  (pBQ  prend  la  forme  m-cpQa-  (dans  iCKpQâvai)  qui  est 
égale  au  skr.  hi-hhr-  (hihhrmâs).  Les  traces  nombreuses  de  Vs,  par 
exemple  dans  q)Qtg  (Curtius  Stud.  VIII  328  seq.),  nous  garantis- 
sent que  la  racine  était  bien  (p£Q,  non  cpQâ. 

Les  autres  formations  du  présent  n'offrant  dans  les  langues 
d'Europe  que  des  traces  incertaines  de  r,  il  n'y  aurait  pas  grand 
avantage  à  les  passer  en  revue.  Rappelons  seulement  le  latin 
po{r)sco  identique  à  l'indien  prcchâmi.  Si  la  racine  est  bien  praJc, 
le  r  est  né  ici  de  la  même  manière  que  dans  stçaTtov  de  tQSTtc}. 
Pour  comparer  ces  deux  présents,  il  faut  partir  de  l'idée  que 
posco  est  bien  le  descendant  direct  de  la  forme  indo-européenne, 
exempt  de  toute  contamination  venant  des  autres  formes  ver- 


1.  11  existe,  il  est  vi"ai,  des  formes  comme  nlâ&oç  (v.  Joh.  Schmidt 
Vocal.  II  321),  mais  celles  qui  .se  trouvent  chez  les  tragiques  attiques  sont, 
suivant  Ahrens,  des  dorismes  de  mauvais  aloi,  et  celles  des  inscriptions 
peuvent  provenir,  comme  les  formes  éléeunes  bien  connues,  d'un  passage 
secondaire  d'à  à  a.  On  pourrait  du  reste  admettre  que  nXâ  existait  parallè- 
lement à  Tisl.    Cf.  récemment  Schrader  Studieu  X  324. 


14  Liquides  sonantes  des  thèmes  nominaux. 

baies,  et  une  telle  supposition  aura  toujours  quelque  chose  de 
périlleux,  étant  donnée  l'habitude  des  dialectes  italiques  de  passer 
le  niveau  sur  le  vocalisme  de  la  racine  et  de  propager  une  seule 
et  même  forme  à  travers  toute  la  flexion.  Mais,  dans  le  cas  de 
posco,  c'est  sans  doute  précisément  la  forme  du  présent  qu'on  a 
généralisée  de  la  sorte.  —  Avec  les  mêmes  réserves,  on  peut 
rapprocher  liorreo  et  torreo,  ce  dernier  dans  le  sens  in  transitif 
seulement,  des  présents  indiens  hrsyati  et  i'rsyati^\  ces  deux  ra- 
cines montrent  Ye  dans  les  formes  grecques  non  affaiblies:  itQ- 
6og,  TBQOo^ai. 

b.    FOEMATIONS    NOMIXAI.ES. 

Dans  les  langues  ariennes,  le  participe  passé  passif  eu  -ta 
rejette  régulièrement  l'a  radical,  si  cela  est  possible,  c'est-à-dire 
si  la  racine  est  de  la  forme  A  ou  B  (page  8).  Ainsi  en  sanskrit  yo 
donne  yu-tâ,  en  zend  dar  donne  dere-ia,  etc.  A  la  dernière  forme 
citée  correspond  exactement  le  grec  ôaç-ro  ou  àça-xô  de  ôéçco^ 
et  l'on  a  de  même  G'XccQTÔg  de  Gti&q,  naçtôg  de  xeq,  (7tcc^-)(pd-aQ- 
rog  de  g)&£Q. 

Dans  cpsQTog,  dans  cc-ôsQxrog  et  dans  les  autres  adjectifs 
semblables,  il  faut  voir  des  formations  récentes.  C'est  ainsi,  pour 
ne  citer  que  cet  exemple  entre  cent,  qu'à  côté  de  l'ancien  TCvG-ri-g 
=  skr.  huddlii,  nous  voyons  apparaître  nsvCig,  formé  à  nouveau 
sur  l'analogie  de  jtsvd^ojiai. 

La  racine  de  ôTtaQTov  (câble)  est  gtisq,  comme  on  le  voit  par 

OTCSlQa. 

liXaCTog  =  skr.  vrddhâ  montre  aussi  un  la  fort  régulier; 
mais  comme  ce  participe  a  perdu  son  iirésent,  notre  principal 
moyen  de  contrôle,  savoir  Vs  des  formes  congénères,  nous  fait  ici 
défaut. 

Le  latin  a  pulsus  de  peïlo,  vulsiis  de  vello,  percidsus  de  per-cdlo, 
sqmltus  de  sepclio. 

M.  Fick  identifie  mirt'us —  (|ui  paraît  être  sorti  de  *cortns  — 
au  grec  'tcaçtôg. 

pro-cul  rajjpelle  vivement  l'indien  vi-pra-h-s-fa (éloigné), pa- 
hrs-fa  (long,  grand,  en  parlant  d'une  distance);  il  faudrait  alors 
le  ramener  à  un  cas  du  thème  *procidsto-^.   receUo  et  piocello  ont 

1.  Mémoires  de  la  Soc.  de  Linguistique  III  283. 

2.  Ou  au  comiiaratif  neutre  *proculstis,  *proculsts? 


Liquides  sonantca  des  thrmos  noniinaiix.  If) 

(l'iiillcurs  un  sena  voisiji  (U;  celui  «lu  skr.  kaiïi,  mais  cijiujik;  ccrro 
s'on  ai)i)roche  encore  davantage,  toute  cette  combinaison  est 
sujette  il  caution.        *• 

On  a  coTUparé  l'aucicu  mot  foyrtiis  (('oi-sson  Auss|ir.  |-  lOl) 
au  skr.  dr<jhà  de  darli. 

L'étymologie  porta  a  j)ortand()  étant  difficile  à  accepter,  jwr/rt 
doit  être  un  participe  de  la  racine  pcr  (d'où  gr.  tulqoj,  àia^TCSQtg), 
et  il  équivaudrait  à  une  forme  grecque  '^TiaQxri. 

Le  gothique  a  les  ijarticipes  J)aurft{(i)-s,  daurst{a)-s, 
faurht{a)-s,  handu-vaurJd(a)-s,  sJiuld{a)-s. 

L'adjonction  du  suffixe  -ti  nécessite  également  l'expulsion 
de  l'a  (e)  radical.  Nous  ne  citons  que  les  cas  où  cette  loi  a  dornié 
naissance  au  r: 

Les  exemples  abondent  dans  les  langues  d'Asie:  skr.  hJtr-ti, 
zend  herc-ti  de  la  rac.  hhar,  et  ainsi  de  suite. 

Le  grec  a  xâç-Gig  de  ksq.  Hésycliius  doime:  àyaçQLg'  ad^çoL- 
Cig  (l'accent  paraît  être  corrompu)  qui  doit  remonter  à  *ayaQ- 
Ci-g  de  âysLQCo.  —  GrâX-Gig  de  6teX  est  d'une  époque  tardive. 

Le  gothique  forme  sur  hairan:  ()a-haiirji{t)-s,  sur  tairan:  ga- 
taî(r]){i)-s ;  de  même  ^aurft(i)-s,  fra-vanrJU(i)-s. 

Le  latin  fors  (thème  for-ti-)  de  fera  co'incide  avec  le  skr. 
h]trtL  —  mors  est  l'équivalent  du  skr.  mrti,  seulement  le  prés. 
morior  et  le  grec  ^Qorôg  montrent  que  Vo  est  répandu  par  toute 
la  racine  et  recommandent  donc  la  prudence. 

sors,  pour  *sorti-s,  paraît  être  sorti  de  la  même  racine  se)' 
qui  a  domié  cxsero,  descro,  praesertim  *.  Le  mot  serait  donc  à  l'ori- 
gine simplement  synonyme  d'exsertmn. 

Si  les  adverbes  en  -tim  dérivent,  comme  on  le  pense,  de 
thèmes  nominaux  en  -ti,  il  faut  citer  ici  l'ombrien  trah-vorfi  = 
iransversim;  cf.  covertu. 

Le  SUFFIXE  -u  demande,  dans  la  règle,  l'affaiblissement  de 


1.  Toute  différente  est  la  racine  de  con-sero,  as-scro  qui  signifie  attu- 
dier.  Le  scro  dont  nous  parlons  est  le  skr.  sârati ,  sisarti  «couler,  avan- 
cer»: composé  avec  la  préposition  pra  il  a  aussi  le  sens  transitif  et  donne 
le  védique  jirrt  hahàvâ  sisarti  (R.  V.  II  38,  2)  «il  étend  les  bras»,  exacte- 
ment le  grec  x^^Q^s  tûXXsiv  (==  Gi-aal-i/Biv,  ei-al-ysiv).  Le  verbe  insero 
peut  appartenir  à  l'une  ou  à  l'autre  des  deux  racines  en  question. 


\Q  Liquides  sonantes  des  thèmes  nominaux. 

la  racine.    En  dehors  des  langues  ariennes,  le  r  ainsi  produit  se 
reflète  encore  fidèlement  dans  l'adjectif  gothique: 
Jjaursus  (rac.  ^ers)  =  skr.  trsii 

Nous  insistons  moins  sur  les  adjectifs  grecs: 
^çaôvg  =  skr.  mrdii^ 
TtXaxvç  =  ski',  lirth  H 

Le  lithuanien  platàs  'donnerait  à  croire  que  le  ka  de  %Xaxvg 
est  originaire,  car  dans  cette  langue  on  attendrait  il  comme  con- 
tinuation du  r.  En  tous  cas  on  aimerait  trouver  parallèlement  à 
nXatvg^  (içaêvg  des  formes  contenant  l'e^. 

Lorsque  les  racines  des  classes  A  et  B  (page  8)  sont  em- 
ployées SANS  SUFFIXE  comme  thèmes  nominaux,  elles  expulsent 
leur  a  (en  Europe  leur  e).  Sous  cette  forme  elles  servent  fré- 
quemment en  composition: 

skr.  Nied:  pur-hMd         darç:  sam-drç 
Tel  est,  en  grec,  l'adverbe  vn6-ÔQa{7c)  de  ôeqk.   Cf.  pour  la  fonc- 
tion comme  pour  la  forme  le  skr.  â-prjc  «mixtim». 

Voici  enfin  quelques  mots,  de  difl:erentes  formations,  qui  ren- 
ferment un  r: 

>Skr.  hrd  «cœur»  =  lat.  cord-.  Le  grec  jcorpdm,  xçàôùj  se 
jdace  à  côté  de  la  forme  indienne  Jirdi.  —  Le  gotli.  liairto,  le  gr. 
y,^Q  (=  xsQÔ?  Curtius  Grdz.  142)  offrent  une  forme  non  affaiblie 
de  la  racine. 

Skr.  rJcsa  «ours»  =  gr.  aQxtog  =  lat.  iirsiis  (^^orcsiis). 

Le  lat.  cormia  au  pluriel  ré])ond  peut-être  exactement  au 
védique  çyhgci;  il  serait  donc  pour  '^conigua.  Dans  cette  hypo- 
thèse le  singulier  ne  serait  pas  primitif.  Le  gotli.  Jiauni,  dans  la 
même  supposition  remonterait  à  *haurhg,  et  la  flexion  se  serait 
dirigée  d'après  la  forme  du  nom.-accus.  où  la  gutturale  devait 
facilement  tomber'*. 


1.  A  côté  de  §Qa8vç  on  a  avec  l:  à§Xadtcaç'  rjôécog  Hes.  ce  qui  rend 
bien  vraisemblable  rancicune  étyniologio  du  latin  vioUis  comme  étant  pour 
*moI(lvùi. 

2.  nXtd^QOv ,  TiîXtd'QOv  seraient-ils  pur  hasard  ces  parents  de  nXccTvg 
où  nous  trouverions  Te? 

3.  Le  capricorne,  ce  coléoptèrc  à  grandes  antennes,  qui  s'appelle  en 
grec  xfçâft|îu|,  nous  a  peut-être  conservé  la  trace  d'un  ancien  thème 
*K{f)ça(i^o-  =  rrnya. 


Liquides  sonantcs  des  tlunncs  nominanx.  —  Exceptions.  17 

Le  rapprocliemeiit  du  grec  TQccTiiXog  avec  le  skr.  irprâ,  tr'pàla 
(Fick  W.  P  00)  demeure  très-incertain. 

xaQxaQOQ  «hérissé»  (cf.  TcdQTtaQog)  fait  penser  au  skr.  hyc/trâ 
«âpre,  péîiible  etc.» 

Le  lat.  furnus  «four»  sort  de  *fbrims  =  skr.  yhruà  «ardeur». 

xElttLvôg  «noir»,  ramené  à  '^' ^{b)}.a6vyo-g ,  devient  le  proche 
parent  du  skr.  lirsnà  (même  sens)^ 

XavHàvîï]  «  gosier  ;>  est  pour  *6^axJ^av-îr},  amplification  du 
thème  sHcvan  qui  signifie  en  sanskrit  coin  de  la  houclic;  le  thème 
parent  srâhva  a  suivant  Bohtlingk  et  Roth  le  sens  général  de 
houche,  gueule^.  L'épenthèse  de  \u  dans  le  mot  grec  a  des  ana- 
logies sur  lesquelles  nous  aurons  l'occasion  de  revenir.  Chez  des 
auteurs  post-homériques  on  trouve  aussi  Xevxavtrj. 

e-vkccxa  (lacon.)  «charrue»,  a-vXax-g  «sillon»  répondent, 
d'après  l'étymologie  deM. Fick,  au  védique  vrka  «charrue». 

Le  lat.  morhus  est  sans  doute  parent  du  skr.  m'rdJi  «objet 
hostile,  ennemi»,  mais  la  difi'érence  des  thèmes  ne  permet  pas 
d'affirmer  que  Vor  du  mot  latin  soit  sorti  de  r. 

taQtrj^ÔQLOv  xo  TQitrj^ÔQLOv  Hes.  Cf.  skr.  trtîya. 

Gr.  TiQccôov  =  lat.  porrum  contient  sans  doute  aussi  le  r. 

Si  l'on  farb  abstraction  des  formations  courantes,  comme  les 
substantifs  grecs  en  -(?t-g,  dans  lesquelles  la  voyelle  du  présent 
devait  inévitablement  pénétrer  peu  à  peu,  les  exceptions  à  la  loi 
•le  correspondance  énoncée  en  commençant  sont  peu  nombreuses. 

Les  cas  tels  que  yékyig  —  grngana,  merda  —  mnl,  ou  nsQ- 
xvôg — p^çni  n'entrent  pas  en  considération,  vu  que  les  thèmes 
ne  sont  jjas  identiques;  à  côté  de  7r£()xvo's  nous  trouvons  d'ailleurs 
TCQaxvôg  (Curt.  Grdz.  275).  —  daiQÛg  (dor.  ôrjQccg)  «crête  de  mon- 
tagne» a  été  rapproché  de  skr.  drsâd  «pierre»,  mais  à  tort,  car 
ÔsiQccg  ne  saurait  se  séparer  de  ôaïQij. 

1.  Ce  qui  rend  suspecte  la  parenté  de  Kslaivôg  avec  yirjlîç,  c'est  ïa  du 
dorien  KâlLç  et  du  lat.  câligo. 

2.  Si  l'on  compare  eu  outre  les  sens  de  srakti,  on  reconnaît  que  tous 
ces  mots  contiennent  l'idée  de  contour,  à'angle  ou  à'anfractuositc.  Ce 
mot  d'anfractuosité  lui-même  s'y  rattache  probablement  en  ligne  directe, 
car  le  latin  an-fractus  sort  régulièrement  de  *am-sr((ctus  comme  *cere- 
frum,  eerebrum  de  ceres-rum.  Cf.  cependant  Zeyss  K.  Z.  XVI  381  qui  di- 
vise ainsi:  anfr-actus.  —  Le  grec  ajoute  à  cette  famille  de  mots:  QdKTOi- 
cpKQayysç,  nÉTçai,  x^Çt^âçui,  et  gantai'  cpÛQayysç,  ;uaçccdçai,  yécpvQctt,.  Hes. 


13  Liquides  sonantes  des  suffixes. 

Lïdentificatioii  de  Qkéyvg  avec  hUlj()u  (Kulin^  heralik.  des 
feuers)  est  séduisante,  mais  elle  ue  peut  passer  pour  parfaite- 
ment sûre. 

Au  skr.  himi  répond  presque  sans  aucun  doute,  et  très-ré- 
gulièrement pour  ce  qui  est  du  r,  le  gotli.  vaiirms;  mais  le  gr. 
êXfiis,  le  lat.  vermis  montrent  e.  La  forme  de  ce  mot  a  du  reste 
mie  instabilité  remarquable  dans  son  consonantisme  ^  aussi  bien 
que  dans  la  voyelle  radicale:  l'épel  Icrimi  est  très-fréquent  en 
sanskrit,  et  Xî^LV%^ag'  eX^iLvd'sg'  IIcccpLOL  (Hes.)  nous  donne  la 
forme  correspondante  du  grec. 

2.  Syllabes  suffixales. 

Les  noms  de  parenté  et  les  noms  d'agent  en  -tak  expulsent, 
aux  cas  faibles.  Va  du  suffixe  qui  se  réduit  à  -tr,  ou,  devant  les 
désinences  commençant  par  une  consoime,  à  -ti\   De  là: 

gr.  jta-TQ-6g,  \at.  pa-tr-is :  cf.  skr.  pi-tr-a 
et  avec  r:      gr.  na-Tçâ-Gi  =  skr.  2}i-t>^-sî(. 

V.  Brugman,  sur  Gescli.  der  stammabstufenden  Déclinât ionen,  Stu- 
dieu  IX  303  seq.    On  a  de  même:  ^rjTQccûi,  àvôçâôL,  âôtQâôt,  etc. 

Le  mot  en  -ar  est-il  le  premier  membre  d'un  composé,  il 
faut  attendre  la  forme  faible,  comme  dans  l'indie'n  hlirâtr-varga . 
Peut-être  en  grec  ai'd^a-jrodo-v  est-il,  comme  le  prétend  M.  Brug- 
man, un  dernier  échantillon  de  ce  mode  de  formation. 

Au  nom. -ace.  sing.  de  certains  neutres  apparaît  un  suffixe 
-r  ou  -r-t  qui  a  domié  skr.  yakH  =  gr.  rjnaQ  =  lat.  jccur  (pro- 
bablement pour  ^'jequory  Cependant  tous  les  neutres  grecs  en 
-ciQ  ne  remontent  pas  ù  ime  forme  en  r:  ovd^aç,  par  exemple, 
réjtond  au  védique  ûdltar,  et  son  a  n'est  point  anaptyctique. 

§  2.  Nasales  sonantes. 

Tandis  que  la  liquide  sonante  s'est  maintenue  du  moins 
dans  l'antique  langue  de  l'Lide,  les  nasales  sonantes  ont  entière- 
ment dis))aru,  comme  telles,  du  domaine  indo-européen""'.    11  y  a 


1.  Le  k  remplacé  par  r,  au  lieu  de  kv;  le  m  remplacé  par  v  dans  le 
slave  crivi;  la  liquide  variant  entre  Z  et  r,  et  cela,  même  en-deçà  des  linii- 
fps  du  grec,  ainsi  que  l'indique  la  glose:  ^ôfiog-  CMwA>y|  iv  ^vXoig. 

2.  il  n'est  natiirclknK.'ut  jias  question  ici  des  nasales  sonantes  qui  se 
sont  fornii''CB  î\  nouveau,  dans  jjlusienrs  langues  anciennes  et  modernes. 


Nasales  sonantes.  19 

plus:  la  liquide,  en  cessant  d'être  sonante,  n'a  point  du  même 
coup  ccasé  d'exister;  elle  s'est  bornée  à  prendre  la  l'cniction  de 
consonne.  Autre  a  été  le  sort  des  nasales,  soit  dans  le  grec,  soit 
dans  les  langues  ariennes:  en  donnant  naissance  à  un  phonème 
vocalique,  elles  ont  elles-mêmes  succombé,  et,  pour  mettre  le 
comble  à  la  complication,  le  jdionème  en  question  est  venu  se 
confondre  avec  Va. 

Cet  a  n'a  rien  qui  le  fasse  distinguer  de  prime  abord  dans  le 
sanskrit  ni  dans  le  zend.  En  grec  on  peut  lieureusement  le  re- 
connaître plus  facilement,  parce  qu'il  se  trouve  souvent  opposé  à 
1111  £  radical  (teîvco  —  rat 6g). 

Dans  les  langues  congénères  la  nasale  s'est  conservée;  en 
revanche,  la  voyelle  qui  s'est  développée  devant  elle  a  pris,  dans 
jdusieurs  de  ces  idiomes,  la  couleur  de  l'e;  et  il  est  souvent  im- 
]»ossible  de  savoir  si  le  groupe  en  remplace  réellement  une  nasale 
sonante. 

Le  travail  où  M.  Brugman  a  exposé  sa  théorie  offre  des 
matériaux  considérables  à  qui  est  désireux  d'étudier  la  question; 
mais  il  convient  de  rassembler  ici  les  principaux  faits  dont  il 
s'agit  en  les  plaçant  dans  le  cadre  qui  nous  a  servi  pour  les 
phénomènes  relatifs  aux  liquides.  Les  deux  séries  se  complètent 
et  s'éclairent  ainsi  l'une  l'autre. 

Voici  les  différents  phonèmes  qui  sont  sortis  des  nasales 
sonantes: 


(Tndo-eur.  n  \))\ 

m) 

(Indo-eur.   n  [rt\ 

7n) 

Arien  *    a 

a 

Latin       en 

cm 

Grec       a 

a 

Paléosl.    e 

r 

fioth.      îm 

nm 

Lithuan.  in 

im 

Les  nasales  sonantes  ont  pu  prendre  naissance  de  deux  ma- 
nières: ou  par  la  chute  d'un  a,  comme  c'est  toujours  le  cas  pour 
les  liquides  sonantes;  ou  par  l'adjonction  à  un  thème  consonan- 
tique  d'une  désinence  commençant  par  une  nasale.  Nous  con- 
sidérons d'abord  le  premier  cas  : 

1.  Il  s'entend  qn'en  zend  Va  sorti  de  la  nasale  sonante  participe  anx 
aftectious  secondaires  de  IV/,  par  exemple  à  la  coloration  en  e. 

2* 


20  Nasales  sonantes  de  l'aoriste  non-thématique. 

1.    Syllabe  radicale. 


a.    FOBMATIONS    VERBALES. 


Aoriste  thématique  (cf.  page  9).  L'indien  randh  «tomber 
aux  mains  de»  a  im  aoriste  â-raâh-a-t,  lequel  sort  de  * a-rndh-a-t, 
à  supposer  du  moins  que  la  racine  soit  bien  randh,  et  non  radh. 

On  voit  ici  dès  l'abord  le  contraste  des  conceptions,  suivant 
qu'on  croit  ou  non  à  la  nasale  sonante.  Jusqu'ici  on  regardait  la 
nasale  d'une  racine  telle  que  randh  comme  un  élément  mobile 
rejeté  dans  la  forme  faible.  Avec  la  théorie  nouvelle  c'est  au 
contraire  l'a  qui  a  été  rejeté,  en  concordance  parfaite  avec  ce  qui 
a  été  développé  plus  haut,  et  Ya  que  nous  voyons,  l'a  de  âradhat, 
équivaut  à  une  nasale,  car  il  est  fait  de  la  substance  même  de 
cette  nasale  évanouie.  Si  le  hasard  avait  voulu  que  ce  fût  un  ii  et 
non  un  a  qui  se  développât  dans  les  langues  ariennes  sur  la 
nasale  sonante,  l'aoriste  en  question  serait  «ârudJiat». 

Le  grec  est  là  pour  en  domier  la  preuve  irréfragable,  car 
chez  lui  la  monotonie  de  l'a  cesse  et  le  dualisme  se  révèle  dans 
les  deux  teintes  s  et  a: 

lia,  racine  Ttsvd-  donne  l'aoriste:  s-nccd^-o-v^. 

L'aoriste  thématique  redoublé  ne  fournit  aucun  exem- 
ple grec.  En  sanskrit  on  peut  citer  le  védique  ra-lrad-a-f  de 
krand^. 

L'aoriste  sans  voyelle  thématique  qui  coïncide  pour  la 
forme  avec  l'imparfait  de  la  2"'^  classe  verbale^  n'a  pas  été  men- 
tionné plus  haut  à  propos  des  liquides,  parce  qu'il  n'oftrait  aucun 
cas  de  r  en  Europe.  —  Le  singulier  de  l'actif  conserve  l'a  (e).  Le 
reste  de  l'actif  ainsi  que  tout  le  moyen  l'expulsent;  on  a  donc  en 
sanskrit  : 


1.  Ce  n'est  pas  que,  dans  l'espèce,  nous  n'ayons  quelques  doutes  sur 
la  véritable  qualité  de  l'alpha  d' è'itix&nv ,  et  cela  îi  cause  du  latin  patior, 
sur  lequel  nous  reviendrons  plus  bas.  Mais  (Ttcc&ov  se  trouve  être  le  seul 
aoriste  thématique  où  l'on  puisse  supposer  une  nasale  sonante,  et,  si  on  le 
récusait,  il  suffirait  de  renvoyer  aux  exemples  qui  suivent. 

2.  Toujours  en  supiîosant  que  la  nasale  est  radicale. 

3.  Les  formes  qui  ont  le  «vriddhi»  comme  dçvait,  aval  sont  oitière- 
ment  dittérentes.  Il  faut  y  voir,  avec  M.  Whituey,  des  aoristes  sif^ma- 
tiquea. 


Nasales  Bonantots  de  l'aor.  non-tlK^matiquc  et  ilu  parfait.  21 

1"  Racines  de  la  forme  A  (page  8): 

Singulier  riuricl,  duel  et  moyen 

çro:    â-(rav-[a\m;  d-rro-t  çru-tâm 

var:  â-var(-s)  à-vr-ta 

et  avec  nasale  sonante  dans  la  forme  faible: 

gant  :  â-gan{-t)  ga,-tâm 

2°  Racines  de  la  forme  B  :  * 

Singulier  Pluriel,  duel  et  moyen 

doh:    â-dJioli-{t)  â-dtih-ran 

varg:  vârlc(-s)  â-vrh-ta 

M.  Brugman  me  fait  part  d'une  explication  très-ingénieuse 
des  aoristes  grecs  comme  a%8va^  è'aaeva  qui  jusqu'alors  avaient 
résisté  à  toute  analyse.  Ce  sont  les  formes  de  l'actif  correspon- 
dant aux  aoristes  moyens  comme  ixviirjv,  iacvfirjv.  La  flexion 
primitive  était:  e^evcc  (pour  E%Evni),  *£x^vg,  *sx£v(t)]  —  pluriel 
*è'xvfi£v  etc.;  —  moyeu  è^v^riv.  Comme  au  j)arfait,  Y  a  de  la 
première  personne  ë%£va  s'est  propagé  par  tout  l'actif,  et  l'ancien 
pluriel  à  syllabe  radicale  faible  s'est  retiré  devant  des  formes 
forgées  sur  le  modèle  du  singulier  (ixsva^sv).  Cet  *  è'-xv-fiev  qui 
n'existe  plus  et  qui  est  à  è'x^va  ce  qu'en  sanskrit  *â-çrîi-ma  est  à 
â-çrav-am  a  son  analogue  parfait,  avec  nasale  sonante,  dans  la 
forme  s-xrà-fi&v  (rac.  xtev):  seulement,  dans  ce  dernier  aoriste, 
c'est  le  singulier  qui  a  subi  des  cliangements  sous  l'influence  du 
pluriel:  '*£-xtsv-a,  *£-xr£v(-t)  ont  été  remplacés  par  è'xrav,  è'xrà. 
—  Dans  Htâ-(i£vai,  xtâ-6d-cci^  xr(lc-^£vog,  àn-é-xTa-to  Va  doit  être 
sorti  directement  de  la  sonante.  —  M.  Curtius  (Verb.  P  192)  fait 
remarquer  que  l'hypothèse  d'une  racine  xta  est  inadmissible. 

Parfait  (cf.  page  11).  Les  racines  de  la  forme  A  présentent 
encore  en  grec  des  restes  du  parfait  primitif  tels  que: 
(lé-^cc-rov^  cf.  sing.  (lé-^ov-a  de  ^av 
ya-yâ-tr^v'^  cf.  pf.  sg.  yé-yov-a  de  y£v\ 
et  au  moyen: 

té-ta-tai  de  tav  né-g^a-taL  de  (pav^ 

1.  Les  racines  ^e  cette  forme  contenant  une  nasale  ne  paraissent  pas 
fournir  d'exemple. 

2.  La  3^  pi.  nétfdvxai  est  une  formation  récente  faite  sur  l'analogie 
des  racines  en  a;  il  faudrait  régulièrement  TrE-qof-ttrat.  —  ysyâdoi,  iieiiavia 
et  les  autres  formes  où  le  suffixe  commence  par  une  voyelle  n'ont  pu  se 


22  Nasales  sonantes  du  présent. 

Dans  les  formes  iudiemies,  la  voyelle  de  liaison  a  permis  à 
la  nasale  de  rester  cousonue:  ga-gni-imâ ,  ta-tn-isé.  Le  participe 
na-sa-vàn  (de  san)  oifre  la  souaute;  voy.  cependant  ce  mot  au 
registre. 

Dans  les  racines  de  la  forme  B  on  peut  citer  avec  M.  Brug- 
man:  skr.  tastâmblia,  3°  pi.  tastahhiis  (c'est-à-dire  tastmlthis)-^ 
(■acchânda  a  un  optatif  cacchadyàt.  En  grec  on  a  TtSTtad'VLa  en 
regard  de  Tiéitov^a  (rac.  %svd-y^  M.  Brugman  adoptant  en  outre 
une  leçon  d'Aristarque  obtient:  néiiuôx^s  (=  né-itaO'-xa)  au  lieu 
de  TTSTioad^E  Biad.  3,  99  et  pass.  —  Cf.  cependant  notre  remarque 
sur  £7iad-ov,  p.  20  i.  n. 

Le  gotli.  hmd-îim  (rac.  hend)  est  naturellement  pour  hndun'i, 
et  tous  les  verbes  gotliicj^ues  de  cette  classe  présentent .  sem- 
blablement  la  sonante  au  parf.  pluriel  et  duel. 

Présent.  Dans  la  2^  classe  verbale  (cf.  page  13)  on  peut 
signaler  eu  grec  {6)Qa^aL  ramené  à  Qn-^ca  dans  un  récent  article 
de  M.  Brugman  K.  Z.  XXIII  587;  la  racine  est  la  même  que  dans 
l'indien  râmati  «se  plaire,  etc.».  En  sanskrit  nous  trouvons  par 
exemple:  hân-ti,  2®  plur.  Im-tliâs,  c'est-à-dire  hn-tliâs. 

La  8™^  classe  verbale  fera  l'objet  d'un  procliaiu  travail  de 
M.  Brugman,  où  il  montrera  que  tanomi,  vanômi  etc.,  sont  pour 
tn-nô-ml,  vn-n6-mi.  Aussi  le  grec  montre- il  l'alpha  significatif 
dans  tâ-vv-tat  de  la  racine  tev,  dans  a-vv-rca  de  la  rac.  êv'^. 
Cela  est  dans  l'ordre,  puisqu'on  a,  de  la  rac.  hm:  ci-nâmi,  de  la 
rac.  dhars:  dhrs-nômi  et  non  pas:  «ce-nomi,  d]iors-?}omi»^. 

La  classe  des  indicatifs  ajoute  -sJca  à  la  racine  privée  d'à: 
skr.  yii-cchati  de  yo,  uclhàti  de  vas.  Il  est  clair  par  conséquent  que 
yâ-cchati  de  yam,  gâ-cchati  de  gani  ont  la  nasale  sonante,  et  il  n'y 

produire  que  par  analogie.  11  est  remarquable  que  les  formes  fortes  du 
singulier  soient  restées  à  Fabri  de  toute  contamination  de  ce  genre,  car 
yiyaa,  (isfiua  n'existent  que  dans  nos  dictionnaires  ainsi  que  le  montre 
Curtius  Verb.  H  169.  L'ancienne  flexion:  ytyova,  plur.  yfyafiev  est  donc 
encore  transparente. 

1.  M.  Curtius  a  montré  l'identité  de  àvvzai  (Homère  a  seulement 
îfivvxo)  avec  le  skr.  sanutc  (rac.  son);  la  sifflante  a  laissé  une  trace  dans 
l'esprit  rude  de  l'att.  cr-vv-ia.  Quant  à  la  racine  non  affaiblie  tv,  elle  vit 
dans  le  composé  Kv9--év-trjç  «auteur  d'une  action».  Cf.  Fick  Wœrterb. 
P  789. 

■2.  Les  formes  comme  ôtÎHvvfii,  ^tvyvvfiL  sont  des  innovations  du  grec. 


Na«ales  .sonantes  des  tlii"'mcH  nominaux.  23 

;i  [);i.s  fie  riiisoii  de  cioire  que  le  grec  (id-axa  Ho'ii  formé  difï'é- 
jeiument,  bien  (|u il  j»ui.s8e  venir  de  la  racine  sœur  [ià. 

h.    FORMATIONS    NOMINALES. 

Le  suffixe  -ta  (cf.  page  14)  donne  les  thèmes  suivants: 
de  fan  (fcn):  skr.  ùi-fà  =  gr.  ra-rôg  =  lat.  ten-tus 
àQ g.,mn  {g.jCm):  skr.  (ja-tà  =  gr.  (ia-tog^  =  lat.  ven-tus 
(le  man  (inen):  skr.  wa-tà  =  gr.  fia-ros'^  =  lat,  men-tus^ 
de  (jk/m  ([/îi.^eu):  skr.  ha-tâ  =  gr.  (pa-tog'' 
de  ram  (^rem):  skr.  ra-td  =  gr.  éça-roç  (=  lat.  lentus"/) 
('es  formes  indiennes  auxquelles  il  faut  ajouter  yatâ  de  y(im,  natà 
de  nam,  Vsatà  de  lisan,  et  qui  se  reproduisent  dans  le  zend  et 
l'ancien  perse  (zà.  gaUi  «parti»,  a.  p.  gâta  «tué»  etc.)  api^artieu- 
draient  suivant  Sclileicher  Beitriige  II  92  seq.  à  des  racines  en 
-a,  et  l'auteur  s'en  sert  pour  démontrer  la  théorie  qu'où  connaît; 
mais  comment  se  ferait-il  que  ce  fussent  précisément  là  les  seuls 
cas  d'un  a  sanskrit  terminant  une  racine  et  que  dans  tous  les 
exemples  où  la  nasale  n'est  pas  en  jeu,  on  trouve  i  ou  l  dans  les 
mêmes  participes:  sthitd,  pïtâ?    On  peut  dire  tout  au  contraire 
que  cet  a  porte  en  lui-même  la  preuve  de  son  origine  nasale. 

Les  thèmes  en  -ti  (cf.  page  15)  sont  tout  semblables  aux 
précédents:  skr.  tati  ==  gr.  tâOLg,  cf.  lat.  -tentio;  lisati  (de  lîsan)  a 
pour  parallèle  grec  l'homérique  àvôço-XTaGi'ï]  (de  atêv).  Le  skr. 
gâti,  le  gr.  ^âûig  et  le  goth.  {ga-)qumj)(i)s  se  réimissent  de  même 
dans  l'indo-européen  g^ii^-ti.  Le  goth.  {ga-)mimd{ï)s  répond  au 
véd.  mati  (skr.  classique  mâti),  au  lat.  men{ti)s'^. 

Thèmes  en  -u  (cf.  page  15).  L'identité  de  l'ind.  hahû  et  du  gr. 
naivg  (haJmld  =  naxvXog)  s'impose  avec  non  moins  de  force  que 


1.  p«To's  pourrait  aussi  appartenir  à  la  racine  §â  qui  a  donné  e^rjv;  les 
deux  formes  devaient  nécessairement  se  confondre  en  grec.  En  revanche 
le  skr.  gatd  ne  saurait  dériver  de  gïi. 

2.  Foi'me  conservée  dans  le  mot  «vrofiaroç,  suivant  Tétj-mologie  la 
plus  probable.  • menUis  se  trouve  dans  commcntus. 

3.  L'identification  du  skr.  lian  et  du  grec  *(pev  sera  justifiée  plus  bas, 

4.  Les  formes  latines  n'inspirent  pas  une  confiance  absolue,  en  ce  sens 
qu'elles  peuvent  tout  aussi  bien  s'être  formées  postérieurement  comme  le 
gr.  S^Q^iç,  ■O-fi^fç.  Pour  les  formes  slaves  telles  que  -meû  cette  possibilité 
se  change  presque  eu  certitude. 


24  Nasales  sonantes  des  thèmes  nominaux. 

le  rapprocliement  de  pinguis  avec  7ta%vg  que  l'on  doit  à  M.  Cur- 
tius.  Ou  est  obligé  d'admettre  la  réduction  de  la  première  aspirée 
pli  dans  la  période  antéhistorique  où  l'italique  navait  pas  encore 
converti  les  aspirées  en  spirantes,  et  ceci  n'est  point  sans  doute 
un  cas  miic^ue  dans  son  genre.  Or  pinguis  pour  *penguis  nous 
prouve  cjne  Va  de  haJm  et  de  naxvg  représente  ime  nasale  so- 
uante.  Le  superlatif  skr.  hâmh-islha  en  offrait  du  reste  la  preuve 
immédiate. 

Le  skr.  raghii,  laglvû  =  gr,  èXaxvq  contient  également  la  na- 
sale sonante  à  en  juger  par  les  mots  parents  skr.  râmlias  et 
râmhi.  Donc  le  latin  Uvis  est  pour  ^Icnhnis,  "^hhuis;  les  traite- 
ments divers  de  pinguis  et  de  levis  nont  dautre  raison  c[ue  la 
différence  des  gutturales  (g\  et  gJi^:  hahii,  mglin).  La  discordance 
du  vocalisme  dans  levis  vis-à-vis  d'èXaxvs  est  supprimée.  Le  lith. 
lèngvas,  le  zd.  reîigya  confirment  l'existence  de  la  nasale.  Enfin, 
pour  revenir  au  skr.  raghii,  \'a  de  ce  mot  ne  s'explique  que  s'il 
représente  une  nasale  sonante,  autrement  il  devait  disparaître 
comme  dans  rgii  (sujierl.  râgihfha)  et  dans  les  autres  adjectifs 
en  -u. 

Le  lat.  densus  indique  que  ÔKôvg  est  pour  ônôvg. 

L'affaiblissement  de  la  syllabe  radicale  devant  le  suff.  -li  se 
vérifie  encore  dans  ^a&v-g,  de  la  racine /?£ y 0^  dont  la  forme  pleine 
apparaît  dans  ^évQ^-og.  Ici  cependant,  comme  plus  haut  pour 
Tiad-êtv,  on  peut  être  en  doute  sur  la  provenance  et  par  conséquent 
aussi  sur  la  nature  de  l'a:  car  à  côté  de  /SfvO-  on  a  la  rac.  /3âO- 
sans  nasale.  Ces  sortes  de  doublets  nous  occuperont  daus  un 
prochain  chapitre. 

Thèmes  de  diverses  formations  : 

Skr.  asi  =  lat.  cnsis.  Skr.  vasti  et  lat.  cc{n)slca. 

Le  goth.  ulitvo  (c.-à-d.  *unhtvo)  «matin»  répond,  comme  on 
sait,  au  védique  alitii  «lumière»,  auquel  ou  a  comparé  aussi  le 
grec  à^tig  «rayon». 

Le  gr.  nâro-g  «chemin»  doit  remonter  à  '^nnto-g,  vu  la  na- 
sale du  s\i:.pànthcm,  gén.path-âs  {=  pntU-âs). 

Le  thème  ndlmra  (ou  peut-être  mâhara)  «inferior»  domie 
l'indien  ûdJiarn,  le  lat.  infems,  le  goth.  tindaro. 

M.  Scherer  (Z.  fîesch.  der  deutsch.  Spr.  p.  223  seq.),  parlant 
des  thèmes  des  pronoms  i>ersoiinels,  se  livre  à  des  conjectures 


Nasales  Honantcs  des  suffixes.  25 

dont  M.  LeskicMi  ii  fait  ressortir  le  caractère  aventureux  (Decli- 
nation  p.  130)-,  sur  un  point  cependant  le  savant  «germaniste  a 
touché  juste  sans  aucun  doute:  c'est  lorsqu'il  restitue  pour  le  plu- 
riel du  pronom  de  la  l"^"  personne  un  thème  contenant  une  nasale 
devant  Vs:  amsma,  (insma.  Ce  n'est  pas  que  les  raisons  théori- 
ques de  M.  Scherer  soient  convaincantes;  mais  le  germanique  tins, 
Knsis  ne  s'explique  que  de  cette  façon.  Au  lieu  de  amsma  ou 
(iiisma,  il  faut  naturellement  msna  ou  nsma,  d'où  sortent  avec  une 
égale  régularité  le  goth.  uns,  le  skr.  asniâd,  le  grec  (éol.)  ccfifis  = 

*CCG(l£. 

Plusieurs  cas  d'une  nature  particulière,  celui  du  nom  de 
nombre  cent  par  exemple,  trouveront  leur  place  dans  un  autre 
chapitre  ^ 

2.  Syllabes  suffixales. 

La  flexion  des  thèmes  en  -an  {-en),  -man  (-men),  -van  {-ven) 
demande  un  examen  détaillé  qui  trouvera  mieux  sa  place  dans 
un  chapitre  subséquent.  Il  suffit  ici  de  relever  ce  qui  a  trait  à  la 
nasale  sonante:  dans  la  langue-mère,  le  suffixe  perdait  son  a  aux 
cas  dits  faibles  et  très-faibles.  Dans  ces  derniers,  la  désinence 
commence  par  une  voyelle  et  la  nasale  restait  consonne;  aux  cas 
«faibles»  au  contraire  elle  était  obligée  de  prendre  la  fonction 
de  voyelle,  parce  que  la  désinence  commence  par  une  consonne. 
Là  est  toute  la  différence.  On  a  en  sanskrit,  du  thème  îiJcsân: 
gén.  sing.  îiksn-âs  intr.  pi.  uVsâ-bMs  (=  lûisn-bhis) 
dat.  sing.  ulisu-é  loc.  pi.  uksâ-sii  (=  ukèn-sii) 

Le  grec  fait  au  gén.  sing.:  Jtoi^tvos,  au  dat.  plm*.:  jiol^égl^ 

1.  Il  est  possible  que  la  nasale  sonante  soit  représentée  en  arien  par 
i,  H,  dans  le  mot  qui  signifie  langue:  skr.  (jihvâ  et  guhil,  zd.  liizia,  hizu;  — 
l'ancien  perse  serait  isâva  selon  la  restitution  de  M.  Oppert,  mais  .  .  àva 
seul  est  encore  écrit  sur  le  rocher.  Comme  la  consonne  qui  commence  le 
mot  est  un  véritable  Protée  linguistique  —  elle  diffère  môme  dans  l'ira- 
nien vis-à-vis  de  l'indien  —  et  qu'en  lithuanien  elle  devient  l,  on  con- 
viendra que  la  glose  d'Hésychius:  Xciv%âvri'  yXàcaa  trouve  son  expli- 
cation la  plus  naturelle  dans  la  comparaison  des  mots  cités:  le  thème  pri- 
mitif serait  ?-ngli^u  ou  ?-Hg1iyivâ:  de  là  le  lat.  d-ingua,  le  goth.  t-uggoyi-, 
et  le  gr.  ^X'UxJ-ctv-rj,  Xavxccvr}.  Le  slave  j-czy-kïi  montre  aussi  la  sonante. 
Seul  l'e  du  lith.  l-chcv-i-s  s'écarte  de  la  forme  reconstruite.  —  Pour  l'épen- 
thèse  de  Vu  dans  le  mot  grec  cf.  plus  haut  {p.  17)  lavKccvLr}. 


26  Nasale  sonaute  placée  à  la  fin  du  mot. 

tous  deux  liystérogèues.  Les  aiicieimes  formes  ont  dû  être 
*;roi^v-o'g  et  ^'Tioi^à-ai.  Il  a  subsisté  quelques  débris  de  cette 
formation:  xv-v-6g  du  tlième  xv-ov,  (çQ-à-aC  (Pindare)  du  thème 
(f)Q-ev.   Y.  Brugman  Stud.  IX  376. 

Au  uom.-aec.  siug.  des  ueutres  eu  -man,  Y  a  iiual  de  skr. 
nàma,  zd.  nàma,  gr.  ovo^a^  est  sorti,  aussi  bien  que  Ve  du  slave 
ime  et  Veit  du  lat.  nômen  d'une  nasale  sonante  indo-européeime. 
Morphologiquement,  c'est  ce  que  font  conclure  toutes  les  ana- 
logies, ainsi  celle  de  l'ind.  drdr  au  nom.-acc.  neutre:  phonétique- 
ment, c'est  la  seule  hypothèse  qui  rende  compte  de  l'absence  de 
la  nasale  dans  les  deux  premières  langues  citées.  —  Voilà  la 
première  fois  que  nous  rencontrons  une  nasale  sonante  à  la  fin 
du  mot,  et  le  cas  mérite  une  attention  spéciale.  Si  simple  que  la 
chose  -paraisse  à  première  vue,  elle  ne  laisse  pas  que  d'embar- 
rasser quelque  peu,  aussitôt  qu'on  considère  le  mot  dans  sou  rôle 
naturel  de  membre  de  la  phrase.  L'indien  dâtr^  qui  vient  d'être 
cité,  placé  devant  un  mot  commençant  par  une  voyelle,  comme 
api,  donnerait,  d'après  les  règles  du  sandhi:  ddtrapi  En  d'autres 
termes,  le  da.tr  du  paradigme  n'a  de  réalité  que  suivi  dune  con- 
sonne ou  finissant  la  phrase;  devant  les  voyelles  il  n'y  a  que  dcdr. 
Et  cependant  r  (ce  qui  veut  dire:  r  doué  d'accent  syllabique) 
peut  fort  bien  se  maintenir  devant  les  voyelles.  C'est  ainsi  que 
la  phrase  anglaise:  the  fatlier  is  se  prononcera  couramment:  thc 
fatlir  is,  non  pas:  tlie  fathr  is^.  Il  en  est  de  même  de  n  dans  l'alle- 
mand sicbn-imd-zivanzig  (sicljcn-und-swansig). 

Un  mot  indo-européen  comme  stiimn  (nom.-acc.  de  siâman- 
=  skr.  stlmmcm-^)  a  donc  pu  faire  à  la  rencontre  d'une  voyelle, 


1.  Le  T  des  cas  obliques  (ôvôju-aToç)  n'a  probablement  existé  à  aucune 
époque  au  nomin.-accusatif.  —  Le  goth.  namo  n'est  pas  mentionné,  parce 
qu'il  est  do  formation  nouvelle. 

2.  11  est  vrai  que  r,  n  etc.  placés  devant  une  voyelle  paraissent  se 
dédoubler  en  rr,  nn  etc.  V.  Sievers  Lautiihysiol.  p.  27  au  milieu.  Et,  bien 
qu'on  puisse  dire  que  i  et  u  sont  aussi  consonnes  durant  un  instant  dans 
le  passage  des  organes  à  une  autre  voyelle,  dans  ia  ou  ua  par  exemple, 
il  n'en  reste  pas  moins  certain  que  la  triple  combinaison  phonique  1)  ia. 
2)  ia  c.  à  d.  Ha-  3)  î'/a,  tran8]>ortée  dans  la  série  nasale  se  réduit  à  1)  na 
et  2.  3)  nna  dans  la  série  de  l'r:  à  1)  ra  et  2.  3)  ira.  —  i  désigne  Vi  con- 
sonne. 

3.  Le  mot  choisi  pins  haut  pour  exemple  (skr.  nâman)  ne  convenait 


Nasalo  sonanlo  placc-e  à  la  fin  du  mot.  27 

(levant  (12)1  par  t'xc'm])le:  stanin  api  ou  bit-ji  sUimii  ((pi  (cf.  note  2. 
|i.  20).  Se  décider  pour  la  première  alternative  .serait  peut-être 
admettre  imjdicitement  qu'on  disait  nmdkw  (ipi  et  non  nuidhu  (/pi, 
c'est-à-dire  faire  remonter  la  règle  de  sandhi  sanskrite  relative  à 
i  et  H  devant  les  voyelles,  du  moins  dans  son  principe  ^,  jus(iu'à  la 
pe'riode  proethnique-,  et  l'usage  védique  ne  parlerait  guère  en 
faveur  de  cette  thèse.  Nous  ji'entrerons  pas  ici  dans  la  discus- 
sion de  ce  point,  parce  que  nous  croyons  que  l'hypothèse: 
st(inm  ((pi  est  en  effet  la  plus  probable,  mais  qu'on  veuille  bien 
comparer  plus  loin  ce  qui  a  rapport  à  l'accusatif  singulier  des 
thèmes  consonantiques.  —  On  a  donc  dans  la  phrase  indo-euro- 
péenne: stâmn  tasya  et  stunm  api. 

A  l'époque  où  la  nasale  sonante  devint  incommode  à  la 
langue,  époque  où  Hindous  et  Iraniens  parlaient  encore  un  même 
idiome,  l'ancien  siâmn  tasya  devint  nécessairement  stâma  tasya, 
skr.  stliama  tasya.  Placé  à  la  fin  de  la  phrase,  stâmn  devait  égale- 
ment donner  stâma.  Quant  à  stâmn  api,  son  développement  nor- 
mal a  dû  être,  en  vertu  du  dédoublement  dont  il  a  été  question: 
st(ima-n-api.  Cette  dernière  forme  a  péri:  il  y  a  eu  unification 
comme  dans  une  foule  de  cas  analogues  pour  lesquels  il  suffit  de 
citer  les  récents  travaux  de  M.  Curtius:  Zu  den  Auslautsycsctzcn 
(les  GricchiscJien.  Stud.  X  203  seq.  et  de  M.  Sievers  dans  les  Bei- 
trdgc  de  Paid  et  Braune  V  102. 

Dans  le  grec  et  le  slave  la  marche  de  cette  sélection  a  dû 
être  à  peu  de  chose  près  la  même  que  dans  les  langues  ariemies. 

Flexion  dks  neutres  en  -man,  dans  la  langue  grecque.  —  La 
flexion  grecque  {ovôiiaxog,  -(.lan  etc.)  présente  partout  la  nasale  sonante 
grâce  à  la  création  d'un  thème  en  -z  difficile  à  expliquer.    11  faut  natu- 


plus  ici,  parce  que  la  forme  primitive  de  sa  syllabe  initiale  est  assez  in- 
certaine. 

1.  Dans  son  principe  seulement^  car  il  faudrait  supposer  en  tous  cas 
un  i  indo-européen  à  la  place  de  la  spirante  du  sanskrit  classique,  et  le  v 
de  la  même  langue  serait  encore  bien  plus  (^loigné  de  la  consonne  primi- 
tive (n).  —  Nous  ajoutons  que  dans  la  restitution  des  formes  indo-euro- 
péennes nous  nous  servons  des  signes  w  et  y  sans  essayer  de  distinguer 
Vu  et  Vi  consonnes  (u  et  i  de  Sievers),  des  spirantes  correspondantes  (iv  et 
j  de  Sievers).  Dans  le  cas  de  madhiv  api,  îv  représenterait  certainement  «. 


28  Neutres  grecs  en  -fiat. 

rellement  mettre  cette  déclinaison  en  regard  de  pelle  de  rjnaç,  rjnccrog. 
èvôfiuTog  répond  au  skr.  namnas,  ^naros  au  skr.  yàknds;  et  pour  ce  qui 
est  de  cette  dernière  classe  de  thèmes,  nous  pouvons  être  certains,  quelle 
que  soit  l'origine  du  r  grec,  que  la  déclinaison  indienne  yakrt,  yaknds,  qui 
ne  connaît  Yr  qu'au  nom. -ace.  sing.  reflète  fidèlement  celle  de  la  langue- 
mère  \ 

Mais  quaut  à  savoir  si  l'insertion  du  t  est  partie  des  thèmes  en  -jtta, 
ou  des  thèmes  en  -aç,  ou  si  elle  s'est  développée  de  pair  sur  les  deux 
classes  de  thèmes,  sans  qu'il  y  ait  eu  de  contamination  entre  elles,  c'est 
une  question  qui  peut  se  trancher  de  plusieurs  façons,  sans  qu'aucune  so- 
lution soit  bien  satisfaisante. 

Voici  quelques  points  à  considérer  dans  la  discussion  des  probabilités: 

l"  Les  langues  parentes  possèdent  un  suffixe  -mn-ta,  élargissement  du 
suff.  -nian;  en  latin  par  exemple  ce  suffixe  a  donné  augmcntmn,  cognomen- 
tum.  Ce  suffixe  manque  en  grec.  —  Un  suffixe  -n-ta  parallèle  à  un  neutre 
grec  en  -aç,  -ccroç  existe  probablement  dans  le  lat.  Onfcns  (masc),  Onfen- 
tina:  cf.  ov&aQ,  -urog.  Car  Oufens  remonte  à  *  Oufento-s. 

2*^  Le  t  qui  se  montre  au  nom. -ace.  du  skr.  yalcr-t  pourrait  bien  malgré 
fout  avoir  joué  un  rôle  dans  le  phénomène.  On  aurait  im  parallèle  frap- 
pant dans  le  lat.  s-an-gu{-cn)  en  regard  du  sanskrit  âs-r-g,  g.  as-nâs'^;  là 
nous  voyons  clairement  l'élément  consonantique  ajouté  au  r  du  nom.- ace. 
se  propager  sur  le  thème  en  -n.  D'autre  part  il  y  a  quelque  vraisemblance 
pour  que  la  dentale  de  yakft  (yakfd)  ne  soit  autre  que  celle  qui  marque  le 
neutre  dans  les  thèmes  pronominaux^;  dans  ce  cas  c'est  en  réalité  un  d, 
et  il  n'y  a  plus  à  s'en  préoccuper  dans  la  question  du  t  grec. 

S**  Dans  le  cas  où  l'insertion  du  t  serait  partie  des  thèmes  en  -ccq,  il 
est  remarquable  que  le  nom. -ace.  des  mots  en  -fta  ait  subi  lui  aussi  un 
métaplasme  venant  de  ces  thèmes,  car  les  formes  i)-[iccQ,  zéti-fiaQ,  tbii-[icoq 
n'ont  point  d'analogue  dans  les  langues  congénères.  Il  est  vrai  que,  selon 
l'étymologie  qu'on  adoptera,  il  faudra  peut-être  diviser  ainsi:  ^fi-aç,  té- 

Hfl-CCQ,  Tf'-MjX-COÇ. 

1.  Partir  d'un  ancien  génitif  *rjTtaQtog  serait  récuser  le  témoignage 
du  sanskrit  et  en  même  temps  admettre  inutilement  en  grec  un  cas  d'alté- 
ration phonétique,  dont  les  exemi^les,  s'ils  existent  (v.  p.  7),  sont  en  tous 
cas  très-sporadiquos.  11  est  vrai  que  yaJcrt  s'est  aussi,  plus  tard,  décliné  en 
entier;  mais  le  l'ait  important,  c'est  que  yakcin  ne  peut  point  avoir  d'autre 
nominatif  que  yakrt.  —  Le  lat.  jecinoris  a  remplacé  l'ancien  *jecinis,  grâce 
à  la  tendance  à  l'uniformité  qui  fit  passer  Vor  du  nominatif  dans  les  cas 
obliques.  —  M.  Lindner  (p.  39  de  son  Altindische  Kominàlhildung)  voit 
aussi  dans  ^'Trarog  le  pendant  du  skr.  yaknâs. 

2.  Excellent  rapprochement  de  Bopp,  en  faveur  duquel  nous  sommes 
heureux  de  voir  intervenir  M.  Ascoli  {\'orIcsungen  iiber  rgl.  Lautlehrc 
p.  102).    La  chute  de  Vu  initial  a  sa  raison  d'être;  v.  le  registre. 

3.  Cf.  yûvat  (ytivad),  neutre  védique  de  yûvan. 


Nasales  sonantes  dos  noms  de  nombre.  20 

4°  Les  thèmes  neutres  dovçaz,  yovvaz,  qui,  dans  la  plus  grande  partie 
de  la  flexion,  remplacent  ÔôçVy  yôvv,  sont  peut- Titre  au  skr.  daru-n-{-as), 
(janu-n{-as)  ce  que  ovo^ar  est  au  skr.  nàmn{-as).  Ceci,  sans  vouloir  pré- 
juger la  valeur  morphologique  de  la  nasale  de  dciru-9i-,  et  surtout  sans 
insister  sur  le  choix  de  ces  deux  thèmes  en  u  dont  la  flexion  primitive 
soulève  une  foule  d'autres  questions. 

5"  Même  en  sanskrit,  certaines  formes  faibles  de  thèmes  terminés  en 
an  s'adjoignent  un  t;  ainsi  yurati  (=  yuvnti)  à  cûté  de  yum,  tous  deux 
dérivés  de  yuvan-.  A  son  tour  l'indien  yuvati  nous  remet  en  mémoire  la 
formation  grecque:  *7cçocpçntycc,  Ttçôcpçccaaa,  féminin  de  nQocpçov-.  Cf.  en- 
core ynvat  pour  *yûva  au  neutre,  forme  qui  comporte  aussi  une  auti-e  ex- 
plication (p.  28,  note  3),  et  varimdtu,  fkvatu,  instrumentaux  védiques  de 
varimàn,  fkvan. 

6°  Les  mots  paléoslaves  comme  zrèbe^,  gén.  zrehet-e  «poulain»,  téle^ 
teîet-e  «veau»  etc.  ont  un  suffixe  qui  coïncide  avec  V-az  du  grec  dans  une 
forme  primitive  -nt.  Seulement  ces  mots  sont  des  diminutifs  de  forma- 
tion secondaire,  et  le  grec  n'a  peut-être  qu'un  seul  exemple  de  ce  genre, 
l'homérique  Tcçoacônaza  qui  semble  être  dérivé  de  nçôocono-v.  On  peut 
conjecturer  néanmoins  que  les  formes  slaves  en  question  sont  bien  la  der- 
nière réminiscence  des  thèmes  comme  Tjjraç,  -azoç  et  yaJcH,  -nos.  D'après  ce 
qui  a  été  dit  plus  haut,  le  nom. -ace.  en  -e  ne  pourrait  qu'être  récent;  nous 
trouvons  semblablement  en  latin  le  nom. -ace. :  ungu-en,  en  grec:  alsicpcc 
à  côté  d'aksicpccQ. 

Voilà  quelques-uns  des  rapprochements  qui  se  présentent  à  l'esprit 
dans  la  question  de  l'origine  du  t  dans  les  suffixes  -az  et  -fiaz.  Nous  nous 
abstenons  de  tout  jugement;  mais  personne  ne  doutera,  en  ce  qui  concerne 
l'a  qu'il  ne  soit  le  représentant  d'une  nasale  sonante. 

A  côté  de  skr.  nânia  se  placent ,  sous  le  rapport  du  traite- 
ment de  la  nasale  sonante  finale,  les  noms  de  nombre  suivant.s: 
saptâ  ==  lat.  scptcm,  gotli.  sïbim,     gr.  ênrâ 
nâva  =  lat.  novem,   goth.  niim,      gr.  èvvéa 
dâça  =  lat.  decem,    goth.  taïlmn,  gr.  déxa 
C'est  là  la  forme  du  nomin.-accusatif,  la  seule  qui  domie  matière 
à  comparaison.    A  la  question:  «quels  sont  les  thèmes  de  ces 
«noms  de  nombre?»  la  grammaire  hindoue  répond:  soptan-,navan-, 
daçan-,  et  à  sou  point  de  vue  elle  a  raison,  car  un  instr.  pi.  comme 
snptahliis  ne  se  distingue  en  rien  de  la  forme  correspondante  du 
thème  nâman-,  qui  est  ncirnahhis.   Cependant,  si  nous  consultons 
les  langues  congénères,  deux  d'entre  elles   nous  ijiontrent  la 
nasale  labiale,  le  latin  et  le  lithuanien  {désziniUs^),  et  ces  deux 

1.  septyni ,  devynî  sont  de  formation  secondaire.  Leskien,  Déclin,  im 
Slavisch-Lit.  p.  XXVL 


30  Analyse  des  noms  de  nombre  ordinaux  en  -via. 

langues  sont  les  seules  qui  puissent  éclairer  la  question,  vu  que 
le  gothique  convertit  Vm  final  en  n. 

Seconde  preuve  ex  faveur  de  la  nasale  labiale.  Le  .sanskrit  termine 
ses  noms  de  nombre  ordinaux,  de  deux  à  dix,  ]Dar  -Uya,  -tha  ou  -ma\  En 
omettant  pour  un  instant  Tadjectif  ordinal  qui  correspond  à  pcinca,  et  en 
mettant  ensemble  les  formes  dont  le  suffixe  commence  par  une  dentale,  on 
a  une  première  série  composée  de: 

dvi-tlya,  tr-ttya,  catur-thd,  sas-tM, 
et  une  seconde  où  se  trouvent: 

sajitamd,  asfcmid,  navamd,  claçamd. 

Dans  les  langues  européennes  la  première  formation  est  la  plus  ré- 
pandue, et  en  gothique  elle  a  complètement  évincé  la  seconde.  Il  est  en- 
core visible  néanmoins  que  les  deux  séries  du  sanskrit  remontent  telles 
quelles,  à  part  les  changements  phonétiques,  à  la  langiie  indo-européenne. 
En  effet  aucun  idiome  de  la  famille  ne  montre  la  terminaison  -via  là  où 
le  sanskrit  a  -tlia  ou  -tiya,  tandis  qu'à  chaque  forme  de  notre  seconde 
série  répond,  au  moins  dans  une  langue,  un  adjectif  en  -via:  nous  ne  citons 
pas  l'iranien,  trop  voisin  du  sanskrit  pour  changer  beaucoup  la  certitude 
du  résultat. 

En  regard  de  saptamd:  gr.   t^doaog,  lat.  sejMmus,  boruss.  septmas, 
paléosl.  sedmii,  irland.  secMvuul. 

En  regard  de  astamd:     lith.  aszmas,  paléosl.  osviu,  irland.  ocJitviad. 

En  regard  de  navamd:    lat.  nonus  pour  *nomus  venant  de  *nou)nos, 
V.  Curtius  Grdz.  j).  534. 

En  regard  de  daçatnd:    lat.  decimus. 
Donc  les  noms  de  nombre  sept,  huit,  neuf  et  dix,  et  ceux-là  seuls,  for- 
maient dans  la  langue-mère  des  adjectifs  ordinaux  en  -via.  Or  il  se  trouve 
précisément  que  ces  quatre  noms  de  nombre-,  et  ceux-là  seuls,  se  ter- 


1.  Nous  ne  tenons  pas  compte  de  pratliamd  et  turiya,  étrangers  à  la 
question. 

2.  Une  des  formes  du  nom  de  nombre  huit  se  terminait  en  effet  par 
une  nasale.  Il  e.st  vrai  que  les  composés  grecs  comme  onra-xôciot,  ojtrtv- 
Ttrjxvç  n'en  offrent  qu'une  trace  incertaine,  et  qu'ils  s'expliquent  suffisam- 
ment par  l'analogie  de  tnza- ,  Ivvfa-,  ôskix-  (cf.  t^a-).  Pour  le  lat.  odin- 
(jevti,  ime  telle  action  de  l'analogie  est  moins  admissible;  cette  forme 
d'autre  part  ne  saurait  renfermer  le  distributif  octdni;  on  peut  donc  avec 
quelque  raison  conclure  à  un  ancien  *octcm.  Le  sanskrit  lève  tous  les 
doutes:  son  nom.-acc.  astd  est  nécessairement  l'équivalent  d'*octewt,  car 
personne  ne  s'avisera  de  le  ramener  à  un  primitif  aida  répondant  à  une 
forme  grecque  fictive  «okts  »  semblable  à  névre:  une  pareille  supposition 
serait  di-uuée  de  tout  fondement.  Tout  au  plus  pourrait-on  penser  à  un 
duel  en  a  dans  le  ^'eure  de  dera  pour  devd,  et  c'est  en  effet  dans  ce  sons 
(juo  se  in-<mouceiit  les  ('dituurs  du  dictioiiuairo  de  S'-l'étersbourg.    Mais 


Analyse  des  noms  de  nombre  ordiniiux  on  -mo.  31 

minent  par  une  nanale.  Ou  bien  il  y  a  la  un  jeu  .singulier  du  hasard,  ou  bien 
Ja  nasale  des  cardinaux  et  celle  des  oi'dinaux  sont  en  rivalité  une  seule 
et  mûme  chose;  en  d'autres  termes,  pour  autant  qu'on  a  le  droit  de  re- 
garder les  premiers  comme  bases  des  seconds,  le  suffixe  dérivatif  des  ordi- 
naux est  -a,  non  pas  -ma  ^ 

La  nasale  latente  de  saptà,  identique  à  celle  qui  apparaît  dans  sapinnul, 
est  donc  un  m.    Même  conclusion,  en  ce  qui  concerne  as/ti,  tuica,  dard. 

Nous  revenons  au  nom  de  nombre  ciiui-  Bopp  (Gr.  Comp.  Il  \t.  225  seq. 
de  la  trad.  française)  fait  remarquer  l'absence  de  la  nasale  finale  dans 
les  langues  européennes  ^,  ainsi  que  l'f  du  grec  nîvxa  en  regard  de  l'a  de 
îTTta,  èvvéa,  ôékcc  «conservé  par  la  nasale.^)  —  <''De  tous  ces  faits,  dit-il, 
«on  est  tenté  de  conclure  que  la  nasale  finale  de  inlncan,  en  sanskrit  et 
«en  zend,  est  une  addition  de  date  postérieure.»  C'est  trop  encore  (jue  de 
la  laisser  aux  langues  ariennes:  en  effet,  le  gén.  skr.  pancunavi  (zd. 
pancanàm)  serait  tout  à  fait  irrégulier  s'il  dérivait  d'un  thème  en  -an;  il 
est  simplement  emprunté  aux  thèmes  en  -o*.  Les  composés  artificiels  tels 
que  xyriyapancunas  (Benfey,  VoUst.  Gr.  §  767)  n'ont  aucune  valeur  lin- 
guistique, et  les  formes  imncdblm,  -hliyas,  -su  ne  prouvent  rien  ni  dans 
un  sens  ni  dans  l'autre  *.  Ainsi  rien  ne  fait  supposer  l'existence  d'une 
nasale. 


pourquoi,  dans  ce  cas,  cette  forme  se  perpétue-t-elle  dans  le  sanskrit  clas- 
sique? On  est  donc  bien  autorisé  à  admettre  une  forme  à  nasale,  qui  peut- 
être  avait  une  fonction  spéciale  dans  l'origine.  —  Pour  ce  qui  est  de  la 
forme  aJdau,  assurée  par  le  goth.  aJitau,  nous  nous  bornons  à  relever  dans 
la  formation  de  son  ordinal  (gr.  ■''oySoJ-o-  ou  *èydJ^-o-,  lat.  octâv-o-)  le 
même  mode  de  dérivation  au  moyen  d'un  suff.  -a  que  dans  astam-â, 
sctptam-d  etc.  (v.  la  suite  du  texte). 

1.  Quant  à  savoir  si,  en  tout  dernier  ressort,  on  ne  trouverait  pas  telle 
ou  telle  parenté  entre  le  -ma  du  superlatif  et  le  -m-a  des  adjectifs  ordi- 
naux, de  façon  par  exemple  que  déjà  dans  la  période  proethnique,  la  ter- 
minaison ma  de  ces  derniers  aurait  produit  l'impression  du  superlatif  et 
aurait  été  étendue  de  là  à  d'autres  thèmes  pour  les  élever  à  cette  fonction, 
ce  sont  des  questions  que  nous  n'avons  pas  à  examiner  ici. 

2.  Le  gothique  /??«/' ferait  «funfun»  s'il  avait  eu  la  nasale  finale. 

3.  Le  point  de  départ  de  tous  ces  génitifs  de  noms  de  nombre  en 
-miâm  paraît  être  trayûmm,  lequel  dérive  de  trayd-,  et  non  de  tri-.  L'ac- 
centuation s'est  dirigée  sur  celle  des  autres  noms  de  nombre.  Le  zend 
&rayàm  qui  permet  de  supposer  *&rayanàm  (cf.  vehrkàm ,  vchrhoiàm),  at- 
teste l'ancienneté  de  ce  génitif  anormal. 

4.  Ces  mêmes  formes  dont  le  témoignage  est  nul  dans  la  question  de 
savoir  si  le  nom  de  nombre  cinq  a  ou  non  une  nasale  finale,  ne  pèsent 
naturellement  pas  davantage  dans  la  balance,  lorsqu'il  s'agit  de  savoir  si 
la  nasale  de  ndrn,  ddça  etc.  —  dont  l'existence  n'est  i)as  douteuse  —  est 
un  n  ou  un  m. 

\ 


32  Analyse  des  noms  de  nombre  ordinaux  en  -ma. 

Les  adjectifs  ordinaux  de  ce  nombre  sont  : 

gr.  nsfintog,  lat.  quin{c)tiis,  (goth.  fimfta),  lith.  phiktas,  paléosl. 
petu,  zd.  pxi%8a,  skr.  véd.  pancathà. 

Le  nombre  cardinal  n'ayant  pas  la  nasale  finale,  ces  formations 
sont  conformes  à  la  règle  établie  plus  haut.  Si,  à  côté  de  pancatlià,  le 
sanskrit  —  mais  le  sanskrit  seul  ^  nous  montre  déjà  dans  le  Yéda  la 
forme  pancamd,  c'est  que,  pour  nous  servir  de  la  formule  commode  de 
M.  Havet,  étant  domiés  ji;d>îért  et  le  couple  saptd-saptamd ,  ou  bien  dâoa- 
daçamd  etc. ,  l'Hindou  en  tira  tout  naturellement  la  qiiatrième  proportion- 
nelle: pancamd  *. 

M.  Ascoli,  dans  son  explication  du  suffixe  grec  -rctro,  prend  pour  point 
de  déjjart  les  adjectifs  ordinaux  tvccrog  et  ôtiiatog.  Notre  thèse  ne  nous 
force  point  à  abandonner  la  théorie  de  M.  Ascoli;  il  suffit  d'ajouter  une 
phase  à  l'évolution  qu'il  a  décrite  et  de  dire  que  tvaroç,  dsKccrog  sont 
eux-mêmes  formés  sur   sol  grec  à  l'image  de  Tçhog,  réraçtog,  nèfinrog, 

fXTOS  ^. 

La  valeur  phonétique  primitive  de  la  terminaison  -ama  des  formes 
sanskrites,  et  de  ce  qui  lui  correspond  dans  les  autres  langues,  est  exa- 
minée aillem's. 

Il  n'était  pas  inutile  pour  la  suite  de  cette  étude  d'accentuer 
le  fait,  assez  généralement  reconnu,  que  la  nasale  finale  des  noms 
de  nombre  est  un  m,  non  2)as  un  n.  La  valeur  morphologique  de 
cet  m  nest  du  reste  pas  connue,  et  en  le  plaçant  provisoirement 
sous  la  rubrique  syllabes  siiffixales  nous  n'entendons  en  aucune 
manière  tranclier  cette  obscure  question. 

Outre  la  flexion  proprement  dite,  deux  opérations  gramma- 
ticales peuvent  faire  subir  aux  suffixes  des  variations  qui  en- 
gendreront la  nasale  —  ou  la  liquide  —  sonante,  savoir  la  com- 
position et  la  dérivation.  Ce  sont  elles  que  nous  étudierons 
maintenant  '. 

C'est  une  loi  constante  à  l'origine,  que  les  suffixes  qui  ex- 
pulsent leur  a  devant  certaines  désinences  prennent  aussi  cette 

1.  On  trouve  inversement  saptâtha,  zd.  Iiapta^a,  à  côté  de  saptamd. 
En  présence  de  l'accord  à  peu  près  unanime  des  langues  congénères,  y 
compris  le  grec  qui  a  cependant  une  préférence  bien  marquée  pour  le  suff. 
-zo,  on  ne  prétendra  point  que  c'est  là  la  forme  la  plus  ancienne. 

2.  Nous  n'avons  malheureusement  pas  réussi  à  nous  procurer  un  autre 
travail  de  M.  Ascoli  qui  a  plus  directement  rapport  aux  noms  de  nombre, 
intitulé:  JH  un  gruppo  di  dcsinenze  Jndo-Europce. 

3.  Le  nombre  des  liquides  sonautes  dues  à  la  même  origine  étant  très- 
minime,  nous  n'avons  fait  qu'effleurer  ce  sujet  à  la  page  18. 


Nasales  sonantcH  des  tlirmos  composoH.  33 

("orme  réduite,  lorsque  le  thème  auquel  ils  a])|tiirti('inieiit  devient 
le  premier  meiiil)r('  d'iiii  eom])Osé.  linip;niiiii  K.  /.  XXIV  \(K  Cf. 
|)lu.s  liiuit  [).  IS. 

Le  second  membre  du  composé  commencc-t-il  p:ir  une  eon- 
Konne,  on  verra  naître  la  soiuinte  à  la  fin  du  ])reini(n'.  Les  la)e_!;iies 
ariennes  sont  toujours  restées  lldèles  à  cette  antique  formation: 

skr.  nûma-dhéya  (==  nïimn-dhcya) 
Cette  forme  en  -a  qui  ne  se  justifie  que  devant  les  consonnes  s'est 
ensuite  généralisée  de  la  même  manière  qu'au  nomin.-acc.  neutre: 
on  a  donc  en  sanskrit  riamr<«Aa  au  lieu  de  '^namnanlo.  arnuisyù 
de  ariixm  «rocher»  et  âsyà  «bouche»  est  un  exemple  védique  de 
cette  formation  secondaire;  c'est  aussi  le  seul  qui  se  trouve  dans 
le  dictionnaire  du  Rig-Véda  de  Grassmann^  et  l'on  a  simultané- 
ment une  quantité  de  composés  dont  le  premier  membre  est 
vrsan  et  qui  offrent  les  restes  du  procédé  ancien:  vrsan  composé 
avec  âçva  par  exemple,  donne,  non  pas  vrsûrva,  mais  vrsamçvâ, 
ce  qu'il  faut  traduire:  vrsn-n-acm.  D'après  l'analogie  des  thèmes 
en  -r  {pitrartha  de  pitar  et'artha),  on  attendrait  *vrsnciçvâ;  et  nous 
retrouvons  ici  Talternati-ve  formulée  plus  haut  dans  stâmn  api, 
stdmn  api.  Peut-être  que  dans  la  composition  il  faut  comme  dans 
la  phrase  s'en  tenir  à  la  seconde  formule,  et  que  pitrartha  doit  en 
fait  d'ancienneté  céder  le  pas  à  vrsanaçva. 

Dans  les  composés  grecs  dont  le  premier  membre  est  mi 
neutre  en  -^a,  ovo^a-xXvrôg  par  exemple,  on  peut  avec  M.  Brug- 
man  (Stud.  IX  376)  recomiaître  un  dernier  vestige  de  la  forma- 
tion primitive,  à  laquelle  s'est  substitué  dans  tous  les  autres  cas 
le  type  âQQev-o-yovog.  Cf.  p.  34  aiiai,  et  aTtXôog. 

DÉRIVATION.  Il  va  sans  dire  qu'ici  comme  partout  ailleurs 
la  sonante  ne  représente  qu'un  cas  particulier  d'un  phénomène 
général  d'affaiblissement;  qu'elle  n'apparaîtra  que  si  l'élément 
dérivatif  commence  par  une  consonne.  Voyons  d'abord  quelques 
exemples  du  cas  inverse,  où  le  suffixe  secondaire  commence  par 
une  voyelle.  Déjà  dans  le  premier  volume  du  Journal  de  Kuhn 
(p.  300),  Ebel  mettait  en  parallèle  la  syncope  de  V((  aux  cas  fai- 
bles du  skr.râgan  (gén.ragnas)  et  la  formation  de  lC^v-i],  noCy^v-t], 


1.   Ajouter   cependant  les  composés  des  noms  de  nombre,   tels  que 
saptâçva,  ddçâritra.    Leur  cas  est  un  peu  différent. 

3 


3-4:  Nasales  souantes  produites  dans  la  dérivation.   . 

dérivés  de  Xi^rjv,  noi^r'jv.  M.  Brugmau  (Stud.  IX  387  seq.)  a 
réuui  un  certain  nombre  d'échantillons  de  ce  genre  qui  se  rap- 
portent aux  thèmes  en  -ar^  et  parmi  lesquels  on  remarquera  sur- 
tout lat.  -sobrlnns  =  * -sosr-lnus,  de  soror.  Cf.  loc.  cit.  p.  256,  ce 
qui  est  dit  sur  v{iv-o-s,  considéré  comme  un  dérivé  de  vfi^v. 
L'élément  dérivatif  commence  par  une  consonne: 
Le  suffixe  -nian  augmenté  de  -ta  devient  -mnta.  Un  exemple 
connu  est:  skr.  çrâ-mata  =  v.  haut-ail.  Idiu-munt.  Le  latin  mon- 
tre, régulièrement,  -menio:  cognomentum,  tegmentum  etc. 

Un  suffixe  secondaire  -hha  qui  s'ajoute  de  préférence  aux 
thèmes  en  -an  sert  à  former  certains  noms  d'animaux.  Sa  fonction 
se  borne  à  individualiser ,  suivant  l'expression  consacrée  par  M. 
Curtius.  Ainsi  le  thème  c^ui  est  en  zend«>s/<(/«  «mâle»  n'apparaît 
en  sanskrit  que  sous  la  forme  amplifiée  rsa-hhâ  (=  rsn-hha) 
«taureau».  De  même:  vrsan,  vrsa-hhâ.  A  l'un  ou  à  l'autre  de  ces 
deux  thèmes  se  raj^porte  le  grec  EiQag)-ic6trjg,  éol.  'EQQacp-sdrrjg, 
surnom  de  Bacchus  \  v.  Curtius  Grdz.  344. 

Le  grec  possède  comme  le  sanskrit  un  assez  grand  nombre 
de  ces  thèmes  en  -n-hha,  parmi  lescpiels  ël-acpo-g  est  particulière- 
ment intéressant,  le  slave  j-clen-i  nous  ayant  conservé  le  thème 
en  -en  dont  il  est  dérivé.  M.  Curtius  ramène  èklôg  «faon»  à  *éA- 
v-ô-ç]  ce  serait  une  autre  amplification  du  même  thème  el-e^i. 

Les  mots  latins  columha,  x>aluml}cs,  appartiennent,  semble- 
t-il,  à  la  même  formation;  mais  on  attendrait  -emha,  non  -untha. 

Le  skr.  yiivan  «jeune»,  continué  par  le  suft'.  -ra^  donne  yuvarà. 
A  qui  serait  tenté  de  dire  que  «la  nasale  est  tombée»,  il  suffirait 
de  rappeler  le  lat.  jiiven-cu-s.  Le  thème  jjrimitif  est  donc  bien 
yau'n-l\(î.  Le  goth.  juggs  semble  être  sorti  de  *jivuggs,  ^jivggs; 
cf.  ninn  pour  *)iivun. 

Skr.  pârvata  «montagne»  paraît  être  une  amplification  de 
pârvan  «articulation,  séjjaration».  On  en  rapproche  le  nom  de 
pays  IJaQQaaîa,  v.  Vanicek  Gr.-Lat.  Et.  W.  523. 

Le  thèiue  grec  bv-  «un»,  plus  anciennement  *(JfjU.-,  donne 
a-nai,  et  u-TcXôog  qui  sont  pour  '■'0}H7Ca^j  '^'cniTtkoog.    La  même 


1.  L'f  initial  n'est  probablement  qu'une  altération  éolo-ionienne  (cf. 
l'çarjv)  de  l'a  que  doit  faire  attendre  le  r  do  la  forme  sanskrite. 


Nasales  sonantes  produites  clans  la  dérivation.  35 

forme  sm-  se  retrouve  dans  le  lat.  sim-plcx  =^  '^seni-j^lex  et  dans 
l'indien  sa-hH. 

Dans  le  Véda,  les  adjectifs  en  -vant  tirés  de  thèmes  en  -an, 
conservent  souvent  Vn  final  de  ces  thèmes  devant  le  r:  ômanvanl, 
vrsdnvant  etc.  Cela  ne  doit  pas  empêcher  d'y  reconnaître  la  na- 
sale sonante,  car  devant  y  et  iv,  soit  en  grec  soit  en  sanskrit, 
c'est  an  et  non  pas  a  qui  en  est  le  représentant  régulier',  ("est 
ce  que  nous  aurions  pu  constater  déjà  à  propos  du  participe  parf. 
actif,  à  la  page  22  où  nous  citions  sasavân.  Cette  forme  est  seule 
de  son  espèce,  les  autres  participes  comme  (ja(jhanvân,  vavanvdn, 
montrant  tous  la  nasale,  sasavan  lui-même  répugne  au  mètre  en 
plusieurs  endroits;  (Jrassmann  et  M.  Delbriick  proposent  sasan- 
van^.  C'est  en  effet  -anvân  qu'on  doit  attendre  comme  continua- 
tion de  -mvàn ,  et  -mvdn  est  la  seule  forme  qu'on  puisse  justifier 
morphologiquement:  cf.  rîiçvJcvân,  caJîrvàn.  Le  zend  gaym-âo  est 
identique  à  (jnyJianvàn. 

La  formation  des  féminins  en  -l  constitue  un  chapitre  spé- 
cial de  la  dérivation.  Relevons  seulement  ceux  que  donnent  les 
thèmes  en  -vant  dont  il  vient  d'être  question:  nr-vâtï,  re-vâtï  etc. 
Le  grec  répond  par  -fs66a  et  non  *-fK66a  comme  on  attendrait. 
Homère  emploie  certains  adjectifs  en  -J^sls  au  féminin:  èg  IIvlov 
'^^ad'osvra,  mais  il  ne  s'en  suit  pourtant  point  que  le  fém.  -J^eGGa 
soit  tout  moderne:  cela  est  d'autant  moins  probable  qu'un  j)rimitif 
-fsvtya  est  impossible:  il  eût  donné  -feiGa.  Mais  l'absence  de  la 
nasale  s'explique  par  le  *-fa<56a  supposé,  qui  a  remplacé  son  a 
par  £  et  qui,  à  part  cela,  est  resté  tel  quel,  se  bornant  à  imiter 
le  vocalisme  du  masculin. 


Nous  arrivons  aux  nasales  sonantes  des  syllabes  désiuen- 
tielles,  et  par  là  au  second  mode  de  formation  de  ces  phonèmes 
(v.  page  19),  celui  où  r«,  au  lieu  d'être  expulsé  comme  dans  les 

1.  Cette  évolution  de  la  nasale  sonante  ne  doit  pas  être  mise  en  paral- 
lèle avec  les  phonèmes  ir  et  ur,  p.  ex.  dans  titirvun,  jno'yâte,  ou  du  moins 
seulement  avec  certaines  précautions  dont  IV-xposé  demanderait  une  longue 
digression.  L'existence  du  r  dans  caîcrvdn,  gagrvdn,  paprvàn  etc.,  suffit 
à  faire  toucher  au  doigt  la  disparité  des  deux  phénomènes. 

2.  On  pourrait  aussi  conjecturer  sascanin;  cf.  iûtd,  sayâte. 


36  Nasales  sonantes  des  désinences. 

cas  précédents^  n'a  existé  à  aiicime  époque.  Il  sera  indispensable 
de  tenir  compte  dun  facteur  important,  l'accentuation  du  mot, 
dont  nous  avons  préféré  faire  abstraction  jusqu'ici,  et  cela  prin- 
cii^alement  pour  la  raison  suivante,  c'est  que  la  formation  des 
nasales  —  et  liquides  —  sonantes  de  la  première  espèce,  coïnci- 
dant presque  toujours  avec  un  éloignement  de  la  tonique,  l'histoire 
de  leurs  transformations  postérieures  est  de  ce  fait  même  à  l'abri 
de  ses  influences. 

Au  contraire,  la  formation  des  nasales  sonantes  de  la  se- 
conde espèce  est  évidemment  tout  à  fait  indépendante  de  l'accent  ; 
il  pourra  donc  leur  arriver  de  supporter  cet  accent,  et  dans  ce  cas 
le  traitement  qu'elles  subiront  s'en  ressentira  souvent. 

Nous  serons  aussi  bref  que  possible,  ayant  peu  de  chose  à 
ajouter  à  l'exposé  de  M.  Brugman. 

Pour  les  langues  ariennes,  la  règle  est  que  la  nasale  sonante 
portant  le  ton  se  développe  en  an  et  non  pas  en  a. 

DÉSINENCE  -NTI  DE  LA  3®  PERSONNE  DU  PLURIEL.  Cette 
désinence,  ajoutée  à  des  thèmes  verbaux  consonantiques,  domie 
lieu  à  la  nasale  sonante.  La  plupart  du  temps  cette  sonante  est 
frappée  de  l'accent,  et  se  développe  alors  en  an: 

2®  classe:  lïJi-ânti  =  lih-nti         7®  cl.:  ynng-ânti  =  yung-nti 

Dans  la  3''  classe  verbale,  la  3®  pers.  du  pluriel  de  l'actif  a 
la  particularité  de  rejeter  l'accent  sur  la  syllabe  de  redouble- 
ment; aussi  la  nasale  de  la  désinence  s'évanouit:  pî-pr-ati  =  pi- 
pr-nti.  Il  en  est  de  même  pour  certains  verbes  de  la  2®  classe  qui 
ont  l'accentuation  des  verbes  redoublés,  ainsi  râs-ati  de  cas  «  com- 
mander >. 

En  ce  qui  concerne  dâdhati  et  dâcJati,  il  n'est  pas  douteux 
que  l'a  des  racines  âhâ  et  dd  n'ait  été  élidé  devant  le  suffixe, 
puisqu'au  présent  de -ces  verbes  Y  a  n'est  conservé  devant  aucnnc 
désinence  du  pluriel  ou  du  duel:  da-dh-màs,  da-d-mâs  etc.  La 
chose  serait  jjIus  discutable  pour  la  3®  pers.  du  \A.  gâhati  d'un 
verbe  comme  hd  dont  la  1°  pers.  du  pi.  fait  ga-lû-niâs,  où  par  con- 
séquent l'a  persiste,  du  moins  devant  les  désinences  commençant 
par  une  consonne.  Néanmoins,  même  dans  un  cas  pareil,  toutes 
les  analogies  autorisent  à  admettre  l'élision  de  l'a  radical;  nous 
nous  bornons  ici  à  rappeler  la  3"  pers.  pi.  du  parf.  pa-p-iis  de  pd, 
ya-y-xîs  de  yd,  etc.    L'a  radical  i)orsistant,  il  n'y  aurait  jamais  eu 


Nasales  sonantcs  des  déHinences.  37 

de  nasale  sonante  et  Vn  se  serait  conservé  dans  <<f/d-ha-ntif>,  aussi 
bien  qu'il  s'est  conservé  dans  hhârd-nti  —  Ceci  nous  amène  à  la 
forrae  correspondante  de  la  0"  classe:  imnânti  Ici  aussi  nous 
diviserons:  pu-n-ànti  =  pu-n-nti,  plutôt  que  d'attribuer  Va  au 
thème;  seulement  la  nasale  est  restée,  grâce  à  l'accent,  absolu- 
ment comme  dans  lihànti  ^ 

La  désinence  -ntu  de  l'impératif  passe  par  les  mêmes  péri- 
péties que  -nti. 

La  désinence  -nt  de  l'imparfait  apparaît,  après  les  thèmes 
consonantiques,  sous  la  forme  -an  pour  -ant.  Cette  désinence 
recevant  l'accent  —  ex.  vr-dn  de  var  — ,  elle  n'a  rien  que  de  ré- 
gulier. 

La  désinence  du  moyen  -ntai  devient  invariablement  -ate 
en  sanskrit,  lorsqu'elle  s'ajoute  à  un  thème  consonantique.  C'est 
que,  primitivement,  la  tonique  ne  frappait  jamais  la  syllabe  for- 
mée par  la  nasale,  ce  dont  témoignent  encore  les  formes  védiques 
telles  que  rihaté,  angaté.  Brugman  Stud.  IX  294. 

Au  sujet  de  l'imparfait  lihàta,  l'accentuation  indo-européenne 
righntâ  ne  peut  faire  l'objet  d'aucun  doute,  dès  l'instant  où  l'on 
admet  righntâi  {rihaté).  Quant  à  l'explication  de  la  forme  in- 
dienne, on  peut  faire  deux  hypothèses:  ou  bien  le  ton  s'est  dé- 
placé dans  une  période  relativement  récente,  comme  pour  le  pré- 
sent (véd.  rihaté,  class.  lihâté).  Ou  bien  ce  déplacement  de  l'accent 
remonte  à  une  époque  plus  reculée  (bien  que  déjà  exclusivement 
arienne)  où  la  nasale  sonante  existait  encore,  et  c'est  ce  que  sug- 
gère le  védique  h'ânta  (Delbrûck  A.  Verb.  74)  comparé  à  àkrata. 
On  dirait,  à  voir  ces  deux  formes,  que  la  désinence  -ata  n'appar- 
tient en  réalité  qu'aux  formes  pourvues  de  l'augment^  et  que 
dans  toutes  les  autres  la  nasale  sonante  accentuée  a  dû  devenir 
an,  d'où  la  désinence  -anta.  Plus  tard  -ata  aurait  gagné  du  ter- 
rain, et  krtmta  seul  aurait  subsisté  comme  dernier  témoin  du 
dualisme  perdu.    Cette  seconde  hypothèse  serait  superflue,  si 

1.  S'il  y  a  un  argument  à  tirer  de  l'imparfait  apiiuata,  il  est  en  faveur 
de  notre  analyse. 

2.  Il  est  certain  que  l'accentuation  de  ces  formes  a  été  presque  par- 
tout sans  influence  sur  le  vocalisme,  et  qu'il  faut  toujours  partir  de  la 
forme  sans  augment.  Mais  cela  n'est  pas  vrai  nécessairement  au-delà  de  la 
période  proethnique. 

7^^330 


38   •  Nasales  sonantes  des  désinences. 

h'ânta  était  une  formation  d'analogiej  comme  ou  u'en  peut  guère 
douter  pour  les  formes  que  cite  Bopp  (Kr.  Gram.  d.  Skr.  Spr. 
§  21'è)'.  prayunganta  etc.  Cf.  plus  haut  p.  10. 

Paeticipe  présent  en  -NT.  Le  participe  présent  d'une 
racine  comme  vaç  «vouloir»  (2®  classe)  fait  au  nom.  pi.  uçântas, 
au  gén.  sg.  tiratâs.  Dans  les  deux  formes  il  y  a  nasale  sonante; 
seulement  cette  sonante  se  traduit^  suivant  l'accent,  par  an  ou 
par  a.  Au  contraire  dans  le  couple  tudântas,  tudatds,  de  tnd 
(6°  classe),  la  seconde  forme  seulement  contient  une  nasale  so- 
nante, et  encore  n'est-elle  point  produite  de  la  même  manière  cjne 
dans  uçatâs:  *tî(dntâs  [tudotàs)  vient  du  thème  tuda.^nt-  et  a  perdu 
un  a,  comme  *tn-tâ  {tatâ)  formé  sur  fan;  tandis  que  *uçiitâs 
(uçatâs)  vient  du  thème  uçnt-  et  n'a  jamais  eu  ni  perdu  d'à.  — 
Certaines  questions  difficiles  se  rattachant  aux  différents  parti- 
cijjes  en  -7tt  trouveront  mention  au  chapitre  VI. 

Jusqu'ici  l'existence  de  la  nasale  sonante  dans  les  désinences 
verbales  en  -nti  etc.,  n'est  assurée  en  réalité  que  par  l'absence  de 
n  dans  les  formes  du  moyen  et  autres,  dans  rihaté yar  exemple. 
Les  langues  d'Europe  avec  leur  vocalisme  varié  apportent  des 
témoignages  plus  positifs. 

Les  verbes  slaves  qui  se  conjuguent  sans  voyelle  thématique 
ont  -eti  à  la  3®  pers.  du  plur.:  jadett,  vèdetï,  dadeti;  cf.  nesati. 
De  même  les  deux  aoristes  en  -s  font  nesc,  nesose,  tandis  que 
l'aoriste  à  voyelle  thématique  fait  nesq. 

Le  grec  montre,  après  les  thèmes  consonantiques ,  les  dési- 
nences suivantes:  à  l'actif,  -avn  (-âai),  -àti  (-aai);  au  moyen, 
-«Tftt,  -aro  \  Les  deux  dernières  formes  n'offrent  pas  de  difficulté; 
il  s'agit  seulement  de  savoir  pourquoi  l'actif  a  tantôt  -art,  tantôt 
-avTi.  La  désinence  -art  n'apparaît  qu'au  parfait:  è&côxaTi,  ns- 
cpYlvàGt,  mais  le  même  temps  montre  aussi  -avrc  {-ûOl):  ysyçâ- 
(pâ6L  etc.  Le  présent  n'a  que  -avxi.  M.  Brugman  attribue  à  l'in- 
fiuence  de  l'accent  la  conservation  de  n  au  présent:  èâGi  =  sânti. 
En  ce  qui  concerne  le  parfait,  il  voit  dans  -art  la  forme  régulière'': 
-avn  y  a  pénétré  par  l'analogie  du  présent  ou  plus  probablement 
par  celle  de  parfaits  de  racines  en  a  comme  iôTa-vxL,  ré&vcc-i'ri. 

1.  Hcsychius  a  cependant  une  forme  tàavccvrai. 

2.  Ici  il  faut  se  souveuir  que  l'auteur  regarde  à  bon  droit  le  parfait 
grec  comme  dénué  de  voyelle  thématique;  Va  n'appartient  i)a8  au  thème. 


Nasales  Bonantcs  dc8  dc!^illCllces.  39 

—  C!o  qui  est  dit  sur  l'accent  ne  satisfait  pas  entièrement,  car, 
ou  l)ien  il  s'agit  de  l'accentuation  (jue  nous  trouvons  en  grec,  et 
alors  è'avxL  id^caxatt  se  trouvent  tous  deux  dans  les  mêmes  con- 
ditions, ou  bien  il  s'agit  du  ton  primitif  ])0ur  lequel  celui  du  san- 
skrit peut  servir  de  norme,  et  ici  encore  nous  trouvons  parité  de 
conditions:  sdnti,  tntudiis.  L'hypothèse  tiihulati  ou  tutudati,  comme 
forme  jdus  ancienne  de  tutndtis  (p.  320)  est  sans  fondement  solide. 
L'action  de  l'accent  sur  le  développement  de  la  nasale  sonante 
en  grec  demeure  donc  envelo})])é  de  bien  des  doutes  \ 

A  la  3®  pers.  du  plur.  è'Xvdav,  -av  est  désinence-,  le  thème 
est  Xv6^  ainsi  que  le  montre  M.  Brugnian  (p.  311  seq.).  L'optatif 
kvôeiav  est  obscur.  Quant  à  la  forme  arcadienne  a:;rortVo/. a v,  rien 
n'empêche  d'y  voir  la  continuation  de  -nt,  et  c'est  au  contraire  la 
forme  ordinaire  tlvolsv  qu'on  ne  s'explique  pas.  Elle  peut  être 
venue  des  optatifs  en  irj ,  comme  ôot'tjv,  3^  pi.  ôotav. 

Parmi  les  participes,  tous  ceux  de  l'aoriste  en  o  contiennent 
la  nasale  sonante:  kv6-avr.  Au  présent  il  faut  citer  le  dor.  è'aaau 
(Ahrens  II  324)  et  ytna^d  (JxovGa,  Hes.)  que  M.  Mor.  Schmidt 
change  à  bon  droit  en  yfnàôa.  Toute  remarque  sur  une  de  ces 
deux  formes  ferait  naître  à  l'instant  ime  légion  de  questions  si 
épineuses  que  nous  ferons  infiniment  mieux  de  nous  taire. 

DÉSINENCE  -NS  DE  l'accusatif  PLURIEL.  L'arien  montre 
après  les  thèmes  consouantiques:  -as:  skr.  aihâs,  ce  qui  serait 
régulier,  n'était  l'accent  qui  frappe  la  désinence  et  qui  fait  atten- 
dre *-rm  =  *-âm.  M.  Brugman  a  développé  au  long  l'opinion 
que  cette  forme  de  la  flexion  a  subi  dans  l'arien  une  perturbation  ; 


1.  La  question  est  inextricable.  Est-on  certain  que  les  formes  du  pré- 
sent n'ont  pas,  elles  aussi,  cédé  à  quelque  analogie?  Au  parfait,  on  n'est 
pas  d'accord  sur  la  désinence  primitive  de  la  3"  pers.  du  pluriel.  Puis  il 
faudrait  être  au  clair  sur  l'élision  de  Va  final  des  racines,  devant  les  dési- 
nences commençant  par  une  sonante:  lequel  est  le  plus  ancien  de  xi9^£-vxi 
ou  de  gàhati=g(ih-nti7  Plusieurs  indices,  dans  le  grec  même,  parleraient 
pour  la  seconde  alternative  (ainsi  Ti&éaat,  arcad.  ânvdôag  seraient  un 
vestige  de  *zi&avri  —  ou  *ri&Kti'^  — ,  ^ànoôccg;  la  brève  de  yvovg,  iyvov 
s'expliquerait  d'une  manière  analogue).  Enfin  les  formes  étonnantes  de  la 
3^  p.  pi.  de  la  rac.  as  «être»  ne  contribuent  pas,  loin  de  là,  à  éclaircir  la 
quebtion,  et  pour  brocher  sur  le  tout,  on  peut  se  demander,  comme  nous 
le  ferons  plus  loin,  si  la  3*"  pers.  du  plur.  indo-européenne  n'était  pas  une 
forme  à  syllabe  radicale  forte,  portant  le  ton  sur  la  racine. 


40  Xasales  sonantes  des  désinences. 

que  primitivemeut  l'accusatif  pluriel  a  été  uii  cas  fort,  comme  il 
l'est  souvent  en  zend  et  presque  toujours  dans  les  langues  euro- 
péennes, et  que  l'accent  reposait  en  conséquence  sur  la  partie 
thématique  du  mot.  Nous  ne  pouvons  que  nous  ranger  à  sou 
avis.  —  La  substitution  de  Va  à  la  nasale  souante  précède  ce 
bouleversement  de  l'accusatif  pluriel  ;  de  là  l'absence  de  nasale. 

Le  grec  a  régulièrement  -ag:  Tcôô-ccg,  cf.  ÏTCJtovg.  Les  formes 
Cretoises  comme  (poivî^-avg  ne  sont  dues  qu'à  l'analogie  de  tcqei- 
ysvrâ-vg  etc.  Brugman  loc.  cit.  p.  299.  —  Le  lat.  -es  peut  descen- 
dre eu  ligne  directe  de  -ns,  -eus;  l'ombr.  nerf  =  "^-iienis.  —  L'ace, 
goth.  hro^runs  est  peut-être,  malgré  son  antiquité  apparente, 
formé  secondairement  sur  'brojjrum,  comme  le  nom.  hrofirjus.  Cf. 
p.  47. 

DÉSINENCE  -M.  {Accusatif  singulier  et  T  pers.  du  sing.)  L'ace, 
sing.  pàdam  et  la  1^  pers.  de  l'imparf.  àsam  (rac.  as)  se  décom- 
posent en  pad  -\-  m,  as  -\-  m. 

D'où  vient  que  nous  ne  trouvions  pas  <(pâda,  asa»,  comme  plus  haut 
nâma,  dciça?  La  première  explication  à  laquelle  on  a  recours  est  infailli- 
blement celle-ci:  la  différence  des  traitements  tient  à  la  différence  des 
nasales:  pddam  et  âsam  se  terminent  par  un  vi,  nâma  et  ddça  par  un  n. 
C'est  pour  x^révenir  d'avance  et  définitivement  cette  solution  erronée,  que 
nous  nous  sommes  attaché  (p.  29  seq.)  à  établir  que  la  nasale  de  ddça  ne 
peut  être  que  la  nasale  labiale;  il  faut  donc  chercher  une  autre  réponse 
au  problème.  Voici  celle  de  M.  Brugman  (loc.  cit.  p.  470):  «laissée  à  elle- 
«même,  la  langue  semble  avoir  incliné  à  rejeter  la  nasale,  et  dans  dura 
«elle  a  donné  libre  cours  à  ce  penchant,  mais  \'m  dans  pddam  était  tenu 
«en  bride  par  celui  de  âçva-m,  et  dans  dsam  par  celui  de  dbhara-m.:»  Ceci 
tendrait  à  admettre  une  action  possible  de  l'analogie  sur  le  cours  des 
transformations  phonétiques ,  qu'on  regarde  d'ordinaire  comme  étant  tou- 
jours purement  mécaniques;  principe  qui  n'a  rien  d'inadmissible  en  lui- 
même,  mais  qui  demanderait  encore  à  être  éprouvé.  Si  nous  consultons 
les  langues  congénères ,  le  slave  nous  montre  l'ace,  sing.  matere  '  =  skr. 
mâtdram,  mais  ime  =  skr.  nâma;  le  gothique  a  l'ace,  sing.  fadar  =  skr. 
pitâram,  mais  taihun  ==  skr.  ddça.  Ceci  nous  avertit,  je  crois,  d'une  diffé- 
rence primordiale.  Plus  haut  nous  avons  admis  qu'un  mot  indo-curoi)éen 
stàvin  (skr.  sthnma)  restait  toujoui's  disyllabique,  que,  suivi  d'une  voyelle. 


1.  M.  Scholvin  dans  son  travail  THe  declination  in  den  pannon.-slovcn. 
dcnJcmdîern  des  Kirchensl.  (Archiv  f.  Slav.  Philol.  II  523),  dit  que  la  syn- 
taxe slave  ne  permet  pas  de  décider  avec  sûreté  si  matere  est  autre  chose 
qu'un  génitif,  concède  cependant  qu'il  y  a  toute  probabilité  pour  que  cette 
forme  soit  réellement  sortie  do  l'ancien  accusatif. 


Naaalcs  aonautcH  iIch  désinences.  41 

il  ne  devenait  point  stâimt^.  On  peut  se  représenter  au  contraire  que  l'ace. 
jxdarvi  faisait  i)atarin  api,  et  admettre  même  que  patarm  restait  disylla- 
bique  devant  les  consonnes  :  patarm  tasya  ''.  Sans  doute  on  no  doit  pas 
vouloir  poser  de  règle  parfaitement  fixe,  et  la  consonne  finale  du  thème 
amenait  nécessairement  des  variations;  dans  les  accusatifs  comme  hhn- 
rantm,  une  prononciation  disyllabique  est  impossible  devant  les  consonnes. 
Mais  nous  possédons  encore  les  indices  positifs  d'un  effort  énergique  de  la 
langue  tendant  à  ce  que  l'w  de  l'accusatif  ne  formât  pas  une  syllabe:  ce 
sont  les  formes  comme  skr.  ukim,  zd.  ushàm  =  *u><dsm,  pûnthum,  zd.  pan- 
lâm  =  *pdnthamn'-',  et  une  foule  d'autres  que  M.  Brugman  a  traitées  Stud. 
307  seq.  K.  Z.  XXIV  25  seq.  Certains  cas  comme  Zrjv  =  dyâm,  ^àv  = 
gdm,  semblent  remonter  plus  haut  encore.  l)e  môme,  dans  le  verbe,  on  a 
la  l'*^  pers.  vain  =  *varvi  (Delbriick,  A.  Verb.  p.  24).  Si  cette  prononcia- 
tion s'est  perpétuée  jusqu'après  la  substitution  de  l'a  à  la  nasale  sonante, 
on  conçoit  que  Vm  à.&  patarm  et  asm,  ait  été  sauvé  et  se  soit  ensuite  dé- 
veloppé en  -ain  par  svarabhakti.  —  Le  goth.  fadar  pour  *fudar)n  a  perdu 
la  consonne  finale,  tandis  que  *tehm  se  développait  eu  taihun.  En  ce  qui  con- 
cerne la  première  persomae  du  verbe,  M.Paul  a  ramené  le  subjonctif  &«ira«<  à 
*bairaj-u  =  skr.  hhdrey-^alm ;  si  cet  -u  ne  s'accorde  guère  avec  la  dispari- 
tion totale  de  la  désinence  dans  fadar,  il  laisse  subsister  du  moins  la 
différence  avec  les  noms  de  nombre,  qui  ont  -un.  M.  Brugman  a  indiqué 
(p.  470)  une  possibilité  suivant  laquelle  l'ace,  timpu  appartiendrait  à  un 
thème  tunp-;  l'accord  avec  hairau  serait  alors  rétabli;  mais  pourquoi 
fadar  et  non  «fadaru»?  Doit-on  admettre  une  assimilation  de  l'accusatif 
au  nominatif?  —  Le  slave  *materem,  matere  doit  s'être  développé  sur 
*materm  encore  avant  l'entrée  en  vigueur  de  la  loi  qui  a  frappé  les  con- 
sonnes finales.  La  première  personne  des  aoristes  non-thématiques  ncsu, 
ncsocJiu  n'est  plus  une  forme  pure:  elle  a  suivi  l'analogie  de  l'aoriste  thé- 
matique. Du  côté  opposé  nous  trouvons  mhc  pour  imn.  —  Nous  aurions  dû 
faire  remarquer  plus  haut  déjà  que  la  règle  établie  par  M.  Leskien  suivant 
laquelle  un  «  final  contient  toujours  un  ancien  a  long  n'entraîne  pas  d'im- 
possibilité à  ce  que  c  dans  les  mûmes  conditions  continue  une  nasale  so- 
nante; car  ce  dernier  phonème  a  pu  avoir  une  action  toute  spéciale  (cf. 


1.  Pour  les  neutres  en  -man  qui  sont  dérivés  d'une  racine  terminée  par 
une  consonne,  c'est  la  seule  supposition  possible,  attendu  que  n  se  trou- 
vait alors  précédé  de  deux  consonnes  {vahiin,  sadmn)  et  que  dans  ces  con- 
ditions il  était  presque  toujours  forcé  de  faire  syllabe  même  devant  une 
voyelle.  —  Pour  ce  qui  est  des  noms  de  nombre  on  remarquera  que  le 
dissyllabisme  de  saptm  est  prouvé  par  l'accent  concordant  du  skr.  saptd, 
du  gr.  snxâ  et  du  goth.  sibun,  lequel  frappe  la  nasale. 

2.  Cf.  la  prononciation  de  mots  allemands  comme  hann,  Idrm. 

3.  Ces  formes,  pour  le  dire  en  passant,  sont  naturellement  impor- 
tantes pour  la  thèse  plus  générale  que  la  désinence  de  l'accus.  des  thèmes 
consonan tiques  est  -m  et  non  -am. 


42  Avantages  de  la  théorie  des  liquides  et  nasales  sonantes. 

goth.  taiJtun  etc.  où  il  a  conservé  la  nasale  contre  la  règle  générale),  et  l'e 
ne  termine  le  mot  que  dans  ce  cas-là.  —  En  grec  et  en  latin  les  deux  finales 
se  sont  confondues  dans  un  même  traitement. 

Meutioimons  encore  la  1*^  pers.  du  parf.  skr.  véd-a,  gr.  oJd-a. 
Aux  yeux  de  M.  Brugman  la  désinence  primitive  est  -m.  Dans  ce 
cas,  dit  M.  Sievers,  le  germ.  vait  est  parti  de  la  3®  personne,  car 
le  descendant  normal  de  vaidm  serait  «vaitnn». 

En  résumé,  la  somme  de  faits  dont  il  a  été  question  dans 
ce  chapitre  et  dont  nous  devons  la  découverte  à  MM.  Brugman  et 
Ostlioff^  est  extrêmement  digne  d'attention.  Ces  faits  trouvent 
leur  explication  dans  l'hypothèse  des  mêmes  savants  de  liquides 
et  de  nasales  sonantes  proethniques,  que  nous  regardons  à  l'ave- 
nir comme  parfaitement  assurée.  —  Résumons  les  arguments  les 
plus  saillants  qui  parlent  en  sa  faveur: 

1.  Pour  ce  qui  est  des  liquides,  quiconque  ne  va  pas  jusqu'à 
nier  le  lien  commun  que  les  faits  énumérés  ont  entre  eux,  devra 
reconnaître  aussi  que  l'hypothèse  d'un  r  voyelle  est  celle  qui  en 
rend  compte  de  la  manière  la  plus  simple,  celle  qui  se  présente 
le  plus  naturellement  à  l'esprit,  puisque  ce  phonème  existe,  puis- 
qu'on le  trouve  à  cette  place  dans  une  des  langues  de  la  famille, 
le  sanskrit.  —  Dès  lors  il  y  a  une  forte  présomption  pour  que 
les  nasales  aient  pu  fouctiomier  de  la  même  manière. 

2.  Certaines  variations  du  vocalisme  au  sein  d'une  même 
racine  qui  s'observent  dans  plusieurs  langues  concordamment, 
s'expliquent  par  cette  hypothèse. 

3.  L'identité  théorique  des  deux  espèces  de  nasales  sonantes 
—  celles  qui  doivent  se  produire  par  la  chute  d'un  a  (roiTo'g)  et 
celles  qu'on  doit  attendre  de  l'adjonction  à  un  thème  consonan- 
tique  d'une  désinence  commençant  par  une  nasale  (^'arat)  —  est 
vérifiée  par  les  faits  phonétiques. 

4.  Du  même  coup  les  dites  désinences  se  trouvent  ramenées 
à  une  unité:  il  n'est  plus  nécessaire  d'admettre  les  doublets:  -anti, 
-nti;  -ans,  -ns,  etc. 

1.  L'hypothèse  des  liquides  sonantes  indo-européennes  a  été  faite  il  y 
a  deux  ans  par  M.  Osthofi",  Bcitriiffc  de  Paul  et  liraunc  111  52,  61.  La  loi 
de  corrcsjiondancc  plus  générale  qu'il  établissait  à  été  communiquée  avec 
son  autorisation  dans  les  Mémoires  de  la  Soc.  de  Ling.  111  282  soq.  Mallitu- 
reuHcmcnt  ce  savant  n'a  doiuié  nulle  piirt  de  monographie  complète  du  sujet. 


Objections.  43 

5.  L'idée  qu'on  avait,  que  les  uasaleH  ont,  jtii  claiiH  certains 
cas  être  rejetées  dès  la  période  proetlinique  conduit  toujours,  si 
l'on  regarde  les  choses  de  près,  à  des  conséquences  contradictoi- 
res. La  théorie  de  la  nasale  sonante  supprime  ces  difficultés  en 
})0sant  en  principe  que  dans  la  langue  mère  aucune  nasale  n'a 
été  rejetée. 

En  fait  d'objections,  on  pourrait  songer  à  attaquer  la  théorie 
précisément  sur  ce  dernier  terrain,  et  soutenir  la  possibilité  du 
rejet  des  nasales  en  se  basant  sur  le  suffixe  sanskrit  -vams  (pii 
fait  -us  aux  cas  très-faibles;  le  grec  -vtcc  =  -uH  prouve  que  cette 
dernière  forme  est  déjà  proethnique.  Dans  l'hypothèse  de  la  na- 
sale sonante  la  forme  la  plus  faible  n'aurait  jamais  pu  donner 
que  -vas  =  -tons.  Mais  il  est  hautement  probable,  comme  l'a  fait 
voir  M.  Brugman  K.  Z.  XXIV  G9  seq.  que  la  forme  première  du 
suffixe  est  -was,  qu'il  n'a  été  infecté  de  la  nasale  aux  cas  forts 
que  dans  le  rameau  indien  de  nos  langues,  et  cela  par  voie  d'ana- 
logie'. 

M.  Joli.  Schmidt,  tout  en  adhérant  en  général  à  la  théorie 
de  M.  Brugman  dans  la  recension  qu'il  en  a  faite  Jenaer  Literaturz. 
1877  p.  735,  préférerait  remplacer  la  nasale  sonante  par  une 
nasale  précédée  d'une  voyelle  irratioinielle  :  ds"ntaî  =  ïjccxca.  Il 
ajoute:  «si  l'on  voulait  en  se  fondant  sur  liksiiâs,  ramener  ulisâ- 
«hhis  à  nVsnbliîs,  il  faudrait  aussi  pour  être  conséquent,  faire  sortir 
«çvâbhis,  pratyâghhis  de  *runbhîs,  *2)ratï(/l)his.»  L'argument  est 
des  mieux  choisis,  mais  on  ne  doit  pas  perdre  de  vue  le  fait  sui- 
vant, c'est  que  les  groupes  i  -f-  n,  u  -\-  n,  ou  bien  i  -j-  r,  îi  -\-  r 
peuvent  toujours  se  combiner  de  deux  manières  différentes,  sui- 
vant qu'on  met  l'accent  syllabique  sur  le  premier  élément  ou  sur 
le  second  —  ce  qui  ne  change  absolument  rien  à  leur  nature.  On 
obtient  ainsi:  in  ou  yn  (plus  exactement  m),  un  ou  îun{ijn)  etc. 
Or  l'observation  montre  que  la  langue  se  décide  pour  la  première 
ou  pour  la  seconde  alternative,  suivant  que  le  groupe  est  suivi 

1.  On  peut  faire  valoir  entre  autres  en  faveur  de  cette  thèse  le  mot 
anaflvah,  nomin.  anadvân  qui  vient  de  la  racine  vah  ou  de  la  racine  racUi: 
on  n'a  jamais  connu  de  nasale  à  aucune  des  deux.  Puis  le  mot  pûman 
dont  rinstr.  pumsa  ne  s'explique  qu'en  partant  d'un  thème  j^umas  sans 
nasale.  II  est  vrai  que  ce  dernier  point  n'est  tout  à  fait  incontestable  que 
pour  qui  admet  déjà  la  nasale  sonante. 


44  Objections.  —  Données  chronologiques. 

d'ime  voyelle  ou  tVime  cousoime:  çu  -{-  n  -{-  as  devient  çunas, 
non  Ç'im(n)as;  çu  -\-  n  -{-  hJiis  devient  çivnhhis  (=  çvabhis),  non 
çimhhis.  Les  liquides  attestent  très -clairement  cette  règle:  la 
racine  ivar,  privée  de  son  a,  deviendra  ur  devant  le  sufif.  -ic  uni, 
mais  îvr  devant  le  suff.  -ta:  vrta^. 

On  pourrait  encore  objecter  que  nJihihJiis  est  une  reconstruc- 
tion inutile  puisque  dans  âhanibhis  de  dhanin  où  il  n'est  pas 
question  de  nasale  sonante  nous  remarquons  la  même  absence 
de  nasale  que  dans  uMàbliis.  Mais  les  thèmes  en  -in  sont  des  for- 
mations obscures,  probablement  assez  récentes,  qui  devaient 
céder  facilement  à  l'analogie  des  thèmes  en  -an.  On  peut  citer  à 
ce  propos  la  forme  maghohu  de  maghâvan  assurée  par  le  mètre 
R.  V.  X  94,  14  dans  un  hymne  dont  la  prosodie  est,  il  est  vrai, 
assez  singulière.  Des  cas  très-faibles  comme  maghénas  on  avait 
abstrait  im  thème  maghon- :  de  ce  thème  on  tira,  ni aghésu,  comme 
de  îiksan  uksâsu. 

La  chronologie  de  la  nasale  sonante  est  assez  claire  pour 
les  langues  asiatiques  où  elle  devait  être  remplacée  dès  la  période 
indo-iranieime  par  mie  voyelle  voisine  de  \a,  mais  qui  pouvait 
en  être  encore  distincte.  Pour  le  cas  où  la  nasale  sonante  suivie 
d'une  semi-voyelle  apparaît  en  sanskrit  sous  la  forme  an  (p.  35), 
le  zend  gaynvao  =  gaghanvàn  prouve  qu'à  l'époque  arieime  il  n'y 
avait  devant  la  nasale  qu'une  voyelle  irratioimelle^. 

1.  Les  combinaisons  de  deux  sonantes  donnent  du  reste  naissance  à 
une  quantité  de  questions  qui  demanderaient  une  patiente  investigation 
et  qu'on  ne  doit  pas  espérer  de  résoudre  d'emblée.  C'est  pourquoi  nous 
avons  omis  de  mentionner  plus  haut  les  formes  comme  cinvânti,  dsinvvaat 
(cf.  Ô£LKvvai);  cinvdnt,  cf.  deiKvvg.  La  règle  qui  vieut  d'être  posée  semble 
cependant  se  vérifier  presque  partout  dans  raricii,  et  probablement  aussi 
dans  l'indo-européen.  Certaines  exceptions  comme  purun  (et  non  <(.pur- 
vas»)  =  puru  -\-  ns,  pourront  s'expliquer  par  des  considérations  spéciales: 
l'accent  de  j^wn*.  repose  sur  Vu  final  et  ne  passe  point  sur  les  désinences 
casuelles  —  le  gén.  pi.  purundm  à  côté  de  purunûm  a  un  caractère  ré- 
cent —  ;  Vu  est  par  conséquent  forcé  de  l'ester  voyelle:  dès  lors  la  nasale 
sera  consonne,  et  la  forme  '*purûns  se  détermine.  Les  barytons  en  -u 
auront  ensuite  suivi  cette  analogie. 

2.  Si  le  skr.  amâ  «domi>  pouvait  se  Comparer  au  zd.  nmâna  «de- 
meure», on  aurait  un  exemiile  de  a  ==•  n  produit  dans  l;i,  période  indienne. 
Mais  le  dialecte  <lcs  Gâthâs  a  demûna  (Spiegel  Gramm.  der  Ab.  Spr. 
)).  ;M6),  et  cette  forme  est  iieut-étrc  ^ilus  ancienne? 


Ph(^nomùnoH  aiiaptyctiqnos  ])OHt<Ji-iours.  40 

Les  iiidicoH  qnv.  foiiniissont  l(;s  lanj^'iics  cla.ssifjiios,  ceux  du 
moins  que  j  ai  aperçons,  sont  tro])  pou  décisifs  pour  ({vi'il  vaille  la 
peine  de  les  communiquer.  Dans  les  langues  germaniques,  M. 
Hievers  {lintriigc  de  P.  d  B.  V  119)  montre  que  la  naissance  de 
Vu  devant  les  sonantes  r,  l,  m,  w,»',  date  de  la  période  de  leur 
unité  et  ne  se  continue  point  après  la  fin  de  cette  ])ériode.  Ainsi 
le  gotli.  sitls,  c'est-à-dire  sitls,  qui,  ainsi  que  l'a  ])rouvé  l'auteur, 
était  encore  ''^'setîns  à  l'éjxxpu'  d<'  l'unité  germanique,  n'est  point 
devenu  «situls». 

§  3.  Complément  aux  paragraphes  précédents. 

11  faut  distinguer  des  anciennes  liquides  et  nasales  sonantes 
différents  phénomènes  de  svarabhakti  plus  récents  qui  ont  avec 
elles  une  certaine  ressemblance. 

C'est  ainsi  qu'en  grec  le  groupe  consonne  -\-  nasale  -\-  y  de- 
vient consonne  -j-  avy^:  tioi^v  -f-  y  a  donne  ^Ttoi^avyco,  noi- 
fiatVo;  TL-TV  -j-  ?/a>  domie  *TLravyco,  xixaCvcn'^  le  dernier  verbe 
est  formé  comme  f^oj  qui  est  })our  6i-6Ô-yco  (v.  Osthoff,  das  Ver- 
hnmc'tc.  p.  340).  Les  féminins  ttxtaiva  pour  ^rexrtMja,  Âdxcciva, 
t,vyaLva  etc.  s'expliquent  de  la  même  manière. 

Les  liquides  sont  moins  exposées  à  ce  traitement,  comme 
l'indique  par  exemple  ipcc^rçLa  on  regard  de  Aûxaiva.  Le  verbe 
tx&aîça  dérive  peut-être  du  thème  ix^Q^^  mais  les  lexicographes 
donnent  aussi  un  neutre  è'xd'ccQ.  —  En  revanche  l'éolique  offre: 


1.  On  peut  néanmoins  considérer  IVv  amsi  produit  comme  représen- 
tant une  nasale  sonante,  la  nasale,  comme  dans  le  skr.  gayhanvdn  = 
*(jaghmvàn  (p.  35)  ayant  persisté  devant  la  semi-voyelle.  Ainsi  noifiaîvco 
=  noifinycù.  Dans  un  mot  comme  '^Tcoi^ivyov,  s'il  a  existé,  la  langue  a  ré- 
solu la  difflculté  dans  le  sens  inverso,  c'est-à-dire  qu'elle  a  dédoublé  y  en 
iy:  *noqiviyov,  grec  historiq.  noîuviov.  Nous  retrouvons  les  deux  mômes 
alternatives  dans  les  adverbes  védiques  en  -uyâ  ou  -viyci:  *âçwyâ  se  ré- 
sout en  âçtiyâ,  tandis  que  *wnvyâ  devient  îirviya.  Dans  ces  exemples  in- 
diens on  ne  voit  pas  ce  qui  a  pu  déterminer  une  forme  plutôt  que  l'autre. 
Dans  le  grec  au  contraire,  il  est  certain  que  la  différence  des  traitements 
a  une  cause  très- profonde,  encore  cachée  il  est  vrai;  le  suffixe  de  noCuviov 
est  probablement  non  -ya,  mais  -ia  ou  -iya:  il  y  a  entre  Ttoiucdva  et  noî- 
liviov  la  même  distance  qu'entre  a^o^ai  et  ayiog  ou  qu'entre  ovaa  et  ovcCa. 
La  loi  établie  par  M.  Sievers  Beitr.  de  P.  etB.  V  129  n'éclaircit  pas  encore 
ce  point. 


46  Phénomènes  anaptyctiques  postérieurs. 

Iléççafiog  =  IlQLauog^  àllorsQÇOg  =  dXXoTQiog,  (itrsQQog  = 
^étQLog^  xoTtêQQa  =  xônQia  (Ahreiis  I  55);  ces  formes  sont  bien 
dans  le  caractère  du  dialecte:  elles  ont  été  provoquées  parle  pas- 
sage de  1'/  à  la  spirante  jod  —  d'où  aussi  (pd^éçça,  xrévva  —  qui 
changea  Uçia^iog  en'^JIçja^vg.  Cest  alors  que  la  liquide  développa 
devant  elle  mie  voyelle  de  soutien,  qui  serait  certainement  un  ce 
dans  tout  autre  dialecte,  mais  à  laquelle  l'éolien  donne  la  teinte  e. 
Dans  des  conditions  autres,  cc^  à  est,  suivant  une  explication  que 
M.  Brugman  m'autorise  à  communiquer,  sorti  de  *6fi-a  qui  est 
l'instrumental  de  slg  «un»  (thème  sani-)-^  tandis  que  iiCa  pour 
*(5^-Ca  (Curtius  Grdz.  395)  s'est  passé  du  soutien  vocalique. 

On  peut  ramener  la  prépos.  avsv  à  *6vbv  qui  serait  le  locatif 
de  snn  «dos»;  le  Véda  a  un  loc.  sàno  qui  diffère  seulement  en  ce 
qu'il  vient  du  thème  fort.  Pour  le  sens  cf.  vôôcpt,  (Grdz.  320). 
On  trouve  du  reste  en  sanskrit:  samitàr  «loin»,  sâmity a  «éloigné» 
qui  semblent  être  parents  de  snu;  sanutâr  est  certainement  pour 
*smitâr;  cf.  saniihJiis  s.  v.  swCchez  Grassmann.  Ce  savant  fait 
aussi  de  sanitiir  un  adverbe  voisin  de  sanutâr;  dans  ce  cas  le 
gotli.  sundro  nous  donnerait  l'équivalent  européen.  Cf.  enfin  le 
latin  sine. 

La  1'®  pers.  du  pi.  èXvôa^sv  est  pour  *èXv0^£v.  Cette  forme 
est  avec  sXvGk,  sXvGav  et  le  part,  kvoag  la  base  sur  laquelle  s'est 
édifié  le  reste  de  l'aoriste  eu  -6a. 

L'aor.  sxtavov  de  atsv  appartient  à  la  même  formation  que 
E-6X-0V  (p.  9).  Il  doit  son  a  à  l'accumulation  des  consonnes  dans 
*i-xtv-ov.  La  de  sôça^ov  a  la  même  origine,  à  moins,  ce  qui 
revient  assez  au  même,  que  Qa  ne  représente  r  et  qu'on  ne  doive 
assimiler  ëôça^ov  à  erçaTiov.  —  GTiaçÉôd^ai ,  s'il  existe  (Curtius 
Verb.  II  19),  remonte  semblablement  à  * OJtQèGQ^aL^. 

1.  Les  aoristes  du  passif  en  -&r}  et  en  -r]  sont  curieux,  en  ce  sens  que 
la  racine  prend  chez  eux  la  forme  réduite,  et  cela  avec  une  régularité  que 
la  date  récente  de  ces  formations  ne  faisait  pas  attendre.  Exemples: 
ttâ&rjv,  izÛQcpd'rjv;  tTiXân^v,  èSçccKriv.  A  l'époque  où  ces  aoristes  prirent 
naissance,  non-seulement  une  racine  Ssqii  avait  perdu  la  faculté  de  devenir 
dvK,  mais  il  n'est  même  plus  question  d'existence  propre  des  racines;  leur 
vocalisme  est  donc  emprunté  à  d'autres  thèmes  verbaux  (par  exemple 
l'aoriste  thématique  actif,  le  parfait  moyen),  et  il  nous  apprend  seulement 
que  1(!  domaine  dis  liquides  et  nasales  sonantes  était  autrefois  fort  étendu. 
Kéiinmoins  certaines  formes  de  l'aor.  en  -tj  restent  inexpliquées:  ce  sont 


l'hénomèuos  anaptyctiqucs  postérieurs.  47 

Le  germanique  i^st  trî's-riche  en  jjliéjiomènes  de  ce  genre; 
c'est,  comme  on  pouvait  attendre,  Vu  qui  tient  ici  la  place  d(;  Va 
grec.  M.  Sievers  (loc.  cit.  p.  119)  ramène  la  l""''  pers.  jti.  jtarl". 
hiinm  à  hitm  né  lors  de  la  chute  de  Va  de  *  (bi)hitmâ.  Cf.  plu.s  haut 
p.  11  i.  n.    -  M.  Sievers  explique  semblablement  lauhmuni,  p.  150. 

M.  Osthoff  considère  le  dat.  pi.  hrojynmi  (l'u  de  ce  cas  est 
commun  à  tous  les  dialectes  germaniques)  comme  étant  [)our 
hroprm,  skr.  hhmtrhhyas.  Mais  il  reste  toujours  la  possibilité  (pie 
la  syllabe  um  soit  ici  de  même  nature  que  dans  hitimi.  En  d'autres 
termes  l'accent  syllabique  pouvait  reposer  sur  la  nasale,  aussi 
bien  que  sur  la  liquide.  Cf.  les  datifs  du  pluriel  gothiques  hajopiim, 
mcnof)Um,  où  la  liquide  n'est  point  en  jeu. 

Quant  aux  participes  passifs  des  racines  à  liquides  ou  à  na- 
sales de  la  forme  A  (p.  8),  comme  baurans  en  regard  du  skr.  ha- 
hlirdnà,  il  faut  croire  que  la  voyelle  de  soutien  est  venue,  le  besoin 
d'ampleur  aidant,  de  certains  verbes  où  la  collision  des  consonnes 
devait  la  développer  mécaniquement,  ainsi  dans  mtmans  pour 
*nmans,  stulans  pour  *stlans.  Ajoutons  tout  de  suite  que  les 
formes  indiennes  comme  ça-rram-ânà  (=  ra-rrmmânâ)  présentent 
le  même  phénomène,  et  que  dans  certaines  combinaisons  il  date 
nécessairement  de  la  langue-mère.  En  thèse  générale,  les  inser- 
tions récentes  dont  nous  parlons  se  confondent  souvent  avec  cer- 
tains phonèmes  indo-européens  dont  nous  aurons  à  parler  plus 
tard,  et  qu'il  suffit  d'indiquer  ici  par  un  exemple:  goih..  haitrus  = 
gr.  ^aQvg,  skr.  guriL 

On  sait  l'extension  qu'a  prise  dans  l'italique  le  développe- 
ment des  voyelles  irrationnelles.  Le  groupe  ainsi  produit  avec 
une  liquide  coïncide  plus  ou  moins  avec  la  continuation  de  l'an- 
cienne liquide  sonante;  devant  7h  au  contraire  nous  trouvons  ici 
e,  là  u:  (e)sm(^i)  devient  sum,  tandis  que  ^^edm  deyieni  ^iedcm.  Un  n 
semble  préférer  la  voyelle  e:  genu  est  pour  *gnu,  sinus  pour 
*snus  (skr.  smi  Fick  W.  I^  226). 

celles  comme  èâli],  iôâçrjv,  où  ccl,  aç  est  suivi  d'une  voyelle.  Ces  formes, 
comme  nous  venons  de  voir,  se  présentent  et  se  justifient  à  Taoriste  actif 
a2)iès  une  double  consonne,  mais  non  dans  d'autres  conditions  :  il  faut  donc 
que  èâXiiv,  tSâçriv  soient  formés  secondairement  sur  l'analogie  de  izâç- 
TTr}v,  idQây.riv  etc.  qui  eux-mêmes  s'étaient  dirigés  sur  stc/qtcÔutjv,  fSçcc- 
xof  etc. 


48  L'expulsion  de  Va  n'est  jms  possible  partout- 

En  zend,  ce  genre  de  phénomènes  pénètre  la  langue  entière; 
c'est  eu  général  nn  c  qui  se  développe  de  la  sorte.  —  Le  sanskrit 
insère  un  «  devant  les  nasales;  nous  en  avons  rencontré  quelques 
cas  précédemment:  la  prosodie  des  hymnes  védiques  permet, 
comme  on  sait,  d  en  restituer  un  grand  nombre.  D'autres  fois  Va 
se  trouve  écrit:  tatanc  à  côté  de  tatné,  Jcsamà  à  côté  de  hsmâs. 
L'accent  de  Txsamà  suffirait  pour  déterminer  la  valeur  de  son  a; 
si  cet  a  avait  été  de  tout  temps  une  voyelle  pleine,  il  porterait  le 
ton:  <s,]csâni(i». 

En  quittant  les  liquides  et  nasales  sonantes,  phonèmes  dûs 
la  plupart  du  temps  à  la  chute  d'un  a,  il  est  impossible  de  ne  pas 
mentionner  brièvement  le  cas  où  Va  est  empêché  cT  obéir  aux  lois  pho- 
nétiques qui  demandent  son  expulsion.  Ce  cas  ne  se  présente  jamais 
pour  les  racines  de  la  forme  A  et  B  (p.  8),  le  coefficient  sonantique 
étant  toujours  prêt  à  prendre  le  rôle  de  voyelle  radicale.  Au  con- 
traire les  RACINES  DE  LA  FORME  C  ue  peuvent,  sous  peine  de  de- 
venir imprononçables,  se  départir  de  leur  a  que  dans  certaines 
conditions  presque  exceptionnelles. 

Devant  un  suffixe  commençant  par  une  consonne  elles  ne  le 
pourront  jamais  \  Les  formes  indiennes  comme  taptci,  satt/i,  tas  là, 
les  formes  grecques  comme  £3cro'g,  axsTcroç  etc.,  pouvaient-elles 
perdre  leur  a,  leur  £?  Non,  évidemment;  et  par  conséquent  elles 
n'infirment  en  aucmie  façon  le  principe  de  l'expulsion  de  Va. 

Le  suffixe  commence-t-il  par  une  voyelle  et  demande-t-il  en 
même  temps  l'affaiblissement  de  la  racine,  cet  aff'aiblissement 
pourra  avoir  lieu  dans  mi  assez  grand  nombre  de  cas.  Nous  avons 
rencontré  plus  haut  G%-stv,  Gti-elv,  Ttr-éod^ai  etc.  des  racines  Gax^ 
asTi,  7i£T  etc.  En  sanskrit  on  a  par  exemple  hà-ps-ati  de  hhas, 
à-Vs-an  de  ghas  lequel  domie  aussi  par  un  phénomène  analogue  la 
racine  secondaire  ga-lcs.  Le  plus  souvent  l'entom-age  des  consomies 
ne  permettra  pas  de  se  passer  de  Va.  Prenons  ])ar  exemjjle  le  par- 
tici])e  parfait  moyen  sanskrit,  lequel  rejette  Va  radical:  les  racuies 
hhar  de  la  forme  A  et  vart  de  la  forme  B  suivront  la  règle  sans 
difficulté:  ha-hhr-âijâ,  va-vrt-méi.  De  même^/<as,  bien  qu'étant  de  la 

1.  On  a  cependant  en  sanskrit  (jdha,  f/dhi ,  sii-gdhi,  zd.  ha-ySanhu, 
venant  de  ghas  par  expulsion  de  l'a  et  suppression  de  la  sifflante  (comme 
dans  ])i(mhh2s). 


Racines  du  type  C  où  roxpulsion  île  Va  est  possible.  40 

l'orme  C,  donnerait  s'il  se  conjuguait  au  moyen:  '*'(ja-lck-(iiai;  mais 
t(^lle  autre  racine  de  la  forme  0,  spar  par  exemple,  sera  contrainte 
de  garder  l'a;  'pa-spar-imn.  Ce  simple  fait  éclaire  tout  un  para- 
digme germanique:  à  hahhrânà  répond  le  goth.  haurans,  à  vavr- 
tdnd  le  goth.  vaurjjans;  le  type  paspcu^anà,  c'est  (jïbans.  Tous  les 
verbes  qui  suivent  Yahlmd  giha,  gah ,  fjehun,  gihans,  ont  au  parti- 
cipe passif  un  e  (<)  pour  ainsi  dire  illégitime  et  qui  bien  que  très- 
ancien  n'est  là  que  par  raccroc. 

Il  y  a  dans  les  différentes  langues  une  multitude  de  cas  de 
ce  genre,  que  nous  n'avons  pas  l'intention  d'énumérer  ici.  La 
règle  pratique  très-simple  qui  s'en  dégage,  c'est  que,  lorsqu'on 
pose  la  question:  «telle  classe  de  thèmes  a-t-elle  l'habitude  de 
conserver  ou  de  rejeter  l'«  (e)  radical?»,  on  doit  se  garder  de 
prendre  pour  critère  des  formes  où  l'«  (e)  ne  pouvait  pas  tomber. 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  brièvement  de  ce  qui  se  passe  dans 
les  racines  dont  as  et  tmli  peuvent  servir  d'échantillons.  Il  est 
permis  à  la  rigueur  de  les  joindre  au  type  C;  mais  chacun  voit 
que  la  nature  sonantique  de  la  consonne  initiale  chez  walc  et 
son  absence  totale  chez  as  créent  ici  dos  conditions  toutes  parti- 
culières. 

Chez  les  racines  comme  as,  peu  nombreuses  du  reste,  la 
chute  de  l'a,  n'entraîne  j^oint  de  conflit  ni  d'accumulation  de 
consonnes.  Elle  est  donc  possible,  et  en  temps  et  lieu  elle  devra 
normalement  se  produire.  De  là  la  flexion  indo-européenne:  âs-mi, 
âs{-s)i,  âs-ti;  s-màsi,  s-tâ  etc.  Optatif:  s-yàm.  Impératif:  (?)z-dhî 
(zend  0CÏÏ).  Voy.  Osthoff  K.  Z.  XXIIl  579  seq.  Plus  bas  nous  ren- 
contrerons skr.  d-ànt,  lat.  d-ens,  participe  de  ad  «manger». 

La  racine  îvalc  est  en  sanskrit  vaç  et  fait  au  pluriel  du  pré- 
sent uç-mâs;  on  a  semblablement  is-/â  de  yag,  rg-tl  de  rag  etc. 
Quel  est  ce  phénomène?  Un  affaiblissement  de  la  racine,  sans 
doute;  seulement  il  est  essentiel  de  convenir  que  ce  mot  affaihlis- 
semmt  ne  signifie  jamais  rien  autre  chose  que  chute  de  Va.  C'est 
laisser  trop  de  latitude  que  de  dire  avec  M.  Brugman  (loc.  cit. 
p.  324)  «Vocalwegfall  unter  dem  Einfluss  der  Accentuation.»  Entre 
autres  exemples  on  trouve  cités  à  cette  place  indo-eur.  snusâ  «bru» 
pour  simusâ,  skr.  stri  «femme»  pour  *sutr'i.  Lors  même  que  dans 
ces  mots  un  n  serait  tombé  (la  chose  est  indubitable  pour  le  véd. 
çmasi  =  upnâsi),  il  s'agirait  ici  d'un  fait  absolument  anormal 

4 


50      Affaiblissement  est  constamment  synonyme  d'expulsion  de  l'a. 

qu'on  ne  saurait  mettre  en  parallèle  et  qui  est  plutôt  en  contra- 
diction avec  la  loi  de  l'expulsion  de  Va,  car  un  corollaire  de  cette 
loi,  c'est  précisément  que  les  coefficients  de  l'a  se  maintiemient. 
Gardons-nous  aussi  de  prononcer  le  mot  samprasârana:  ce  terme, 
il  est  vrai,  désigne  simplement  le  passage  d'une  semi-voyelle 
à  l'état  de  voyelle;  mais  en  réalité  il  équivaut  dans  tous  les 
ouvrages  de  linguistique  à:  rétrécissement  des  syllabes  ya,  iva, 
ra  (i/e,  we;  yo,  wo)  en  i,  îi,  r.  Dans  l'esprit  de  celui  qui  emploie 
le  mot  samprasârana,  il  y  a  inévitablement  l'idée  d'une  action 
sjîéciale  àe  y ,îv,r  sur  la  voyelle  qui  suit,  et  d'une  force  absor- 
bante dont  jouiraient  ces  phonèmes.  Si  tel  est  le  sens  qu'on 
attache  au  mot  samprasârana,  il  faut  affirmer  nettement  que 
les  affaiblissements  proetbniques  n'ont  rien  à  faire  avec  le  sam- 
prasarana.  L'a  tombe,  voilà  tout.  Et  ce  n'est  point  par  plusieurs 
phénomènes  différents,  mais  bien  par  un  seul  et  même  phéno- 
mène que  pa-pt-iis  est  sorti  de  pat,  s-màsi  de  as,  rih-mâsi  de  raigli, 
uç-mâsi  de  ivali.  —  D'ailleurs,  lorsque  dans  des  périodes  plus 
récentes  nous  assistons  véritablement  à  l'absorption  d'un  a  par 
i  ou  II,  la  voyelle  qui  en  résulte  est  dans  la  règle  une  longue. 

Plus  haut,  nous  n'avons  fait  qu'indiquer  ce  mode  de  for- 
mation des  liquides  sonantes,  ainsi  xQÎna  donnant  ëxQCinov\ 
mrdu,  prtliii  des  racines  mracl  et  prath.  La  liste  serait  longue.  Il 
vaut  la  peine  de  noter  le  gr.  tgecp  qui,  outre  èxçacpov  et  réd-ça^- 
fiai,  présente  encore  la  sonante  régulière  dans  l'adjectif  raçipvs. 


Cliapitre  II. 
Le  phouème  .i  dans  les  langues  européennes. 


§  4.  La  voyelle  a  des  laiiiïues  du  nord  a  nne 
double  origine. 

La  tâche  que  nous  nous  étions  posée  dans  le  chajntre  précé- 
dent n'était  qu'un  travail  de  déblai:  il  s'agissait 'de  dégager  Va, 
l'ancien  et  le  véritable  a  —  un  ou  complexe,  peu  importe  ici  — 
de  tout  l'humus  moderne  que  différents  accidents  avaient  amassé 
sur  lui.    Cette  opération  était  telliviuent  indisjjensable  que  nous 


Le  phonème  a.  51 

n'avons  pas  craint  de  nous  y  arrêter  longtemps,  de  dépasser 
même  les  limites  que  nous  fixait  le  cadre  restreint  de  ce  petit 
volume. 

Il  est  possible  à  présent  de  condenser  en  quelques  mots  le 
raisonnement  qui  nous  conduit  à  la  proposition  énoncée  en  tête 
du  paragraphe. 

1.  L't*  (p)  germanique  n'entre  plus  en  considération  dans  la 
question  de  Va.  Il  sort  toujours  d'une  liquide  ou  d'une  nasale 
sonante,  lorsqu'il  n'est  pas  l'ancien  u  indo-européen. 

2.  Il  n'y  a  plus  dès  lors  dans  le  groupe  des  langues  du  nord 
que  2  voyelles  à  considérer:  Ve,  et  ce  que  nous  appellerons  l'a. 
Cette  dernière  voyelle  apparaît  en  slave  soits  la  forme  de  o,  mais 
peu  importe:  un  tel  o  est  adéquat  à  l'a  du  lithuanien  et  du  ger- 
manique; la  couleur  o  ne  fait  rien  à  l'affaire. 

3.  Dans  le  groupe  du  sud  on  a  au  contraire  3  voyelles:  e  a  o. 

4.  h'e  du  sud  répond  à  Ve  du  nord;  l'a  et  Vo  du  sud  réunis 
répondent  à  Va  du  nord. 

5.  Nous  savons  que  lorsqu'un  a  grec  alterne  avec  s  dans 
une  racine  contenant  une  liquide  ou  une  nasale  (non  initiale),  l'a 
est  hystérogène  et  remonte  à  une  sonante. 

G.  Or  les  dites  racines  sont  les  seules  où  il  y  ait  alternance 
d'à  et  d'f,  ce  qui  signifie  donc  que  l'a  gréco-latin  et  Ve  gréco-latin 
n'ont  aucun  contact  l'un  avec  l'autre. 

7.  Au  contraire  l'alternance  d'e  et  d'o  dans  le  grec,  et  primi- 
tivement aussi  dans  l'italique,  est  absolument  régulière  (iVfxov: 
tétoxa,  tôxoç.  tego:  toga). 

8.  Comment  l'a  et  Vo  des  langues  du  sud  pourraient-ils  donc 
être  sortis  d'un  seul  et  môme  a  primitif?  Par  quel  miracle  cet 
ancien  a  se  serait-il  coloré  en  o,  et  jamais  en  a,  précisément  toutes 
les  fois  qu'il  se  trouvait  en  compagnie  d'un  e?  —  Conclusion:  le 
dualisme:  a  et  o  des  langues  classiques  est  originaire,  et  il  faut 
que  dans  l'a  unique  du  nord  deux  phonèmes  soient  confondus. 

9.  Confirmation:  lorsqu'une  racine  contient  l'a  en  grec  ou 
en  latin,  et  que  cette  racine  se  retrouve  dans  les  langues  du  nord, 
on  observe  en  premier  lieu  qu'elle  y  montre  encore  la  voyelle  a, 
mais  de  plus,  et  voilà  le  fait  important,  que  cet  a  n alterne  point 
avec  Ve,  comme  c'est  le  cas  lorsque  le  grec  répond  par  un  o. 
Ainsi  le  gothique  vagja  =  gr.  o;^£'«,  hlaf  =  gr.  {Ké)xko(pa  sont 

4* 


52  Y  a-t-il  échange  d'à  et  d'e  dans  le  gréco-italique? 

accompagnés  de  viga  et  de  Idifa.  Mais  agis'' a-)  =  gr.  axog,  ou 
bien  ala  =  lat.  alo  ue  possèdent  aucun  parent  ayant  Ve.  A  leur 
tour  les  racines  de  la  dernière  espèce  auront  une  particularité 
inconnue  chez  celles  de  la  première^  la  faculté  d'allonger  leur  a 
{agis:  ôg,  ala:  dï),  dont  nous  aurons  à  tenir  compte  plus  loin. 

M.  Brugman  a  désigné  par  a^  le  prototype  de  Ve  européen; 
son  «2  est  le  phonème  que  nous  avons  appelé  o  jusqu'ici.  Quant 
à  ce  troisième  phonème  qui  est  Va  gréco-italique  et  qui  constitue 
une  moitié  de  l'a  des  langues  du  nord,  nous  le  désignerons  par 
la  lettre  a,  afin  de  bien  marquer  qu'il  n'est  parent  ni  de  Ve  (a^) 
ni  de  Vo  (a^).  —  En  faisant  provisoirement  abstraction  des  autres 
espèces  d'à  j^ossibles,  on  obtient  le  tableau  suivant: 


Langues  du  nord. 

JEtat  primordial. 

Gréco-italique. 

e 

•1 

A 

e 

0 

a 

§  5.  Equivalence  de  Vcc  grec  et  de  l'a  italique. 

Dans  le  paragraj)he  précédent  nous  avons  parlé  de  Va  grec 
et  de  l'a  italique  comme  étant  une  seule  et  même  chose,  et  il  est 
recomiu  en  effet  qu'ils  s'équivalent  dans  la  plupart  des  cas. 
L'énumération  des  exemples  qui  suit,  et  cpii  a  été  faite  aussi 
complète  que  possible,  est  en  grande  partie  la  reproduction  de  la 
première  des  listes  de  M.  Curtius  (Sitzungsberichte  etc.  p.  31). 
Il  était  indispensable  de  mettre  ces  matériaux  sous  les  yeux  du 
lecteur  quand  ce  n'eût  été  que  pour  bien  marquer  les  limites  où 
cesse  en  grec  le  domaine  des  liquides  et  nasales  sonantes,  en  rap- 
pelant que  l'alpha  n'est  point  nécessairement  une  voyelle  ana- 
ptyctique  d'origine  secondaire. 

D'autre  part  le  mémoire  cité  contient  deux  listes  d'exemples 
avec  le  résultat  desquelles  notre  théorie  j)araît  être  eu  contra- 
diction. La  première  de  ces  listes  consigne  les  cas  où  un  a  grec 
se  trouve  ()p])0sé  à  un  c  latin;  hi  seconde  donne  les  mots  où  au 
contraire  Ve  grec  répond  à  l'a  latin.  Or  un  tel  échange  d'e  et  d'à, 
qui  peut  s'accorder  plus  ou  moins  avec  le  scindement  d'un  a 
unique,  est  à  jx'u  prî's  incompatible  avec  l'iiypothèse  des  deux 


Y  at-il  ('■(■haiige  d\i  et  (Vfi  dans  le  ^véco-iiaViqna?  5/5 

]ilioii{'mes  .1  et  «^  dilîéreiits  dès  l'orij^ine.  Mais,  aux  y(;ux  du 
celui-là  qui  accepte  la  théorie  des  nasales  sonantes,  le  nombre 
des  cas  de  la  première  espèce  se  réduira  déjà  considérablement:  il 
supprimera  ixavov  —  ccntum,  ôaavg  -  dcnsus,  Tia%vg  irivKjwis  etc. 
En  y  regardant  de  plus  près,  en  tenant  compte  de  toutes  les  recti- 
fications motivées  par  les  travaux  récents,  on  arrivera  à  un  ré- 
sidu absolument  insignifiant,  résidu  dont  presque  aucune  loi 
d'équivalence  phonétique  n'est  exempte.  Nous  pouvons  nous  dis- 
penser de  faire  cela  tout  au  long.  Un  ou  deux  exemples  suffiront. 
KQt'ccg  '  caro:  M.  Bréal  a  montré  (Mém.  Soc.  Ling.  II  380)  que  ces 
deux  mots  ne  sont  point  p3ïents.  Méyag  magnas:  la  racine  n'est 
j)oint  la  même,  comme  nous  le  verrons  plus  bas.  Kecpakri  —  captif: 
le  q)  du  grec  continue  à  rendre  ce  rapprochement  improbable. 
TéaGciQeg  quaffiior:  les  plus  proches  sœurs  de  la  langue  latine 
montrent  Vc:  ombr.  petiir,  osq.  petora;  quattuor  est  sans  doute 
une  altération  de  ^quottuor  pour  *quettnor  (cf.  colo  =  *qu€lo  etc.). 
Baarâ^œ  —gesto  (Fick)  :  leur  identité  n'est  pas  convaincante,  car  on 
attendrait  du  moins  *{g)vesto;  gcsfo  et  gero  sont  bien  plutôt  pa- 
rents du  gr.  à-yoôtôg^  «paume  de  la  main»  dont  Vo  est  a.^.  En  ce 
qui  concerne  ccx^v  (cf.  àxrjvîa)  qu'on  rapproche  du  lat.  egeo,  il  y 
aurait  en  tous  cas  à  tenir  compte  de  la  glose  àexyjveg'  %iv7]xeg 
(Hes.).  —  L'exemple  le  plus  saillant  qu'on  ait  cité  pour  la  pré- 
tendue équivalence  d'c  et  d'à,  c'est  le  grec  BXCy,ri  «saule»  =  lat. 
sàlix  (vieux  haut-ail.  salaha)'^  mais  ici  encore  on  pourra  répliquer 
que  êkîxrj  et  un  mot  arcadien  et  l'on  pourra  rappeler  ^éçsd^çov 
=  ^ccQa^Qov  et  autres  formes  du  même  dialecte^  (Cîelbke,  Stu- 
dien  II  13). 

Au  sein  du  grec  même  il  ne  s'agit  pas  ici  des  différences 
de  dialecte  —  on  a  souvent  admis  un  échange  iVe  et  d'à.  Comme 
nous  avons  eu  occasion  de  le  dire  au  §  4,  ce  phénomène  est  limité 
à  une  classe  de  racines  chez  lesquelles  Va,  étant  un  produit  récent 
des  liquides  et  nasales  sonantes,  n'est  pas  en  réalité  un  a.  Nous 
ne  croyons  pas  que  cet  échange  se  présente  nulle  part  ailleurs. 

1.  Egal  lui-même  au  skr.  Jtdsta.  Le  zend  mçta  montre  que  la  guttu- 
rale initiale  est  palatale,  non  vélaire.  C'est  un  cas  à  ajouter  à  la  série: 
hdnu  —  yévvç,  ahdm  —  Èyco,  mahànt  —  (léyag,  gha  —  ye  {hrd  —  naçôia). 

2.  C'est  avec  intention  que  nous  nous  abstenons  de  citer  ^éllco,  qui 
en  apparence  serait  un  parallèle  meilleur. 


54  ^^  at-il  échange  dVt  et  d'c  dans  le  gréco-italique? 

Il  nous  semble  superflu  d'ouvrir  ici  mie  série  d'esoarmouclies 
■étymologiques  dont  l'iutérêt  serait  fort  médiocre.  Déjà  le  fait 
cju'il  n'est  aucun  des  cas  allégués  qui  ne  prête  à  la  discussion 
suffit  à  éveiller  les  doutes.  Un  simple  regard  sur  la  flexion  ver- 
bale permet  de  constater  que  là  du  moins  il  n'y  a  pas  trace  d'un 
a  remplaçant  Vs  en-dehors  des  racines  à  liquides  et  à  nasales. 
Autant  le  paradigme  xçénco,  erçanov,  ter Qu^^ai,  ètQcctpd-rjv  est 
commim  dans  ces  deux  dernières  classes,  autant  partout  ailleurs 
il  serait  inouï.  Un  exemple,  il  est  vrai,  en  a  été  conjecturé.  M. 
Curtius  est  porté  à  croire  juste  la  dérivation  que  font  Aristarque 
et  Buttmann  de  l'aor.  pass.  homérique  êâcp^ri  {èn\  ô'  ccômg  êcccpd'i], 
Iliade  XIII  543,  XIV  419).  Le  mot  semble  signifier  suiwe  dans 
la  chute,  ou  selon  d'autres  rester  attaché,  adhérer.  Partant  du  pre- 
mier sens,  Buttmann  voyait  dans  éâtpd^r]  un  aoriste  de  e'jto^ai, 
rejetant  l'opinion  qui  le  rattache  à  anta.  Dans  tous  les  cas  per- 
sonne ne  voudra  sur  une  base  aussi  frêle  soutenir  la  possibilité 
de  Vahiaut  e-a  dans  la  flexion  verbale.  Avant  de  s'y  avouer  ré- 
duit, il  serait  légitime  de  recourir  aux  étymologies  même  les  plus 
hasardées  (cf.  par  exemple  goth.  sigqan  «tomber»,  ou  bien  skr. 
sang  «adhérer»;  a  serait  alors  représentant  d'une  nasale  sonante). 
Examinons  encore  trois  des  cas  où  l'équivalence  d's  et  d  « 
est  le  plus  spécieuse:  vé(/)c}  «nager»,  vâÇF)G)  (éol.  vavco)  «cou- 
ler»; cf.  skr.  snaiiti.  Comment  une  même  forme  primitive  a-t-elle 
pu  doimer  à  la  fois  véJ^(o  et  vâfa'i  C'est  ce  qu'on  ne  saurait  conce- 
voir. La  difficulté  est  supprimée  si,  séparant  vdfco  de  l'ancienne 
racine  snau,  nous  le  rapprochons  de  sna:  vaf  s'est  développé  sur 
snâ  absolument  comme  (pccS^  {ipavoç)  sur  hhâ,  ya^  (;ua{ii/og,  lâoi) 
sur  ghâ,  6xa^  {Gxavqôi)  sur  stâ,  kccJ^  (ccTiokavœ)  sur  Jâ,  ôoJ^ 
(ôvfavoLff)  sur  dd,  yvoJ-  {v6og,  gnavus)  sur  gnd.  —  vé{6)ofiai  «ve- 
nir», vaua,- êva66a,  èvâa&tjv  «demeurer»;  cf.  skr.  nâsatc.  Les 
sens  ne  s'accordent  pas  trop  mal,  mais  rien  ne  garantit  que  la 
véritable  racine  de  vaCa  soit  nas;  qu'on  compare  daî(J0,£âa66aTO, 
-ôa^rog.  D'autre  i)art  il  faut  tenir  compte  de  vavog  «temple», 
que  M.  Curtius  propose,  il  est  vrai,  de  ramener  à  *vaaJ^os.  — 
Jrâôxv  «cité»  appartient  à  la  racine,  du  goth.  visan  qu'on  croit  re- 
trouver dans  le  gr.  iaxCa  et  avec  plus  de  certitude  dans  àéaxa, 
asGa  «passer  la  nuit,  dormir»,  fâô-xv  est  à  èJ^éô-xG)  ce  que  le 
thème  latin  vad-  est  au  gr.  «/fô'-Aof  ;  il  s'agit  ici  de  phénomènes 


Exemples  du  phonème  A  dans  le  grcco- italique.  5«5 

phoniques  tout  particuliers.  —  Les  autres  cas  peuvent  tous  s'éli- 
miner semblablenient.  Dans  deux  mots:  àtïnvov  =  '^àanivov^ 
et  slxlov,  autre  forme  de  aïxXov  (v.  Baunack,  Studien  X  79),  l'a 
semble  s'être  assimilé  à  Vi  qui  suivait.  Quant  à  xXeîg,  yeîrcov, 
^eâg,  lEitovQyog,  QEta  etc,  à  côté  de  x^àtg,  ycc,  Aâo<j,  ^aôiog  etc., 
il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  leur  e  pour  rj  n'est  que  la  traduc- 
tion ionienne  d'un  â. 

Après  la  critique  détaillée  de  ce  point  par  M.  Brugman  on 
ne  sera  plus  disposé  à  attribuer  aux  formes  dialectales  (pâçco, 
Tçajl^a^  rçccffo  etc.,  pas  plus  qu'à  J^sGicccQiog,  avcpotaçog ,  natccQcc, 
une  importance  quelconque  dans  la  question  de  Va.  M.  Havet 
(Mémoires  de  la  Soc.  de  Linguist.  Il  167  seq.)  a  depuis  longtemps 
expliqué  leur  a  par  l'influence  de  r.  11  va  sans  dire  qu'ici  nous 
n'avons  point  affaire  à  un  r  voyelle  donnant  naissance  à  a,  mais 
bien  à  un  r  consonne  transformant  £  en  a.  C'est  le  phénomène 
inverse  qui  se  manifeste  dans  certaines  formes  ioniemies  et  coli- 
ques telles  que  sQGrjv,  ysQysQog,  xXisçôg. 

Comme  on  le  voit  par  le  tableau  de  Corssen  (IP  2G),  l'échange 
de  Va  et  de  Ve  est  aussi  presque  nul  dans  le  latin,  pour  autant 
du  moins  que  certaines  affections  phonétiques  spéciales  et  de 
date  récente  ne  sont  pas  en  jeu.  Le  vocalisme  concorde  égale- 
ment entre  les  différents  dialectes  italiques  qu'il  est  donc  permis 
de  considérer  à  cet  égard  comme  un  tout.  La  divergence  la  plus 
considérable  est  dans  le  latin  in-  (préfixe  négatif)  et  hîfcr  en 
regard  de  an-,  anfcr,  de  l'osque  et  de  l'ombrien.  Cette  divergence 
s'expliquera  j)lus  loin,  nous  l'espérons. 

Les  exemples  qui  suivent  sont  répartis  eu  trois  séries, 
d'après  la  place  de  Va  et  son  entourage  dans  la  racine. 

1.  La  syllabe  radicale  ne  contient  ni  nasale  ni  liquide  qui  ne 
serait  pas  initiale.  En  tête  de  la  liste  se  trouvent  les  racines  com- 
munes à  un  grand  nombre  de  mots.  Les  lettres  C  et  F  renvoient 
aux  ouvrages  d'étymologie  de  M.  Curtius  et  de  M.  Fick. 


alc^: 

ax-Qog,  àxax-^èvog 

ac-ics,  ac-us  etc. 

a\: 

cix-aQog,  ccx-^vg 

aqu-ilus.  F. 

ag: 

ay-(o,  ày-6g 

ag-o,  ac-tio. 

ap: 

an-xa 

ap-tus,  ajy-erei?). 

Tiivap: 

xajt-va,  xan-vog 

vap-or,  vappa.  C 

56 


Exemples  du  phonème  A  daus  le  gréco- italique. 


da2)-'  dâjt-t(o,  ôaTt-uvrj 

1  mak:  ^âx-ccQ,  ^lax-ços 

mad:  ^aô-âa,  ^iccô-açôg 

laïc:  idx-os,  lax-egôs 

lag:  lay-vog,  kccyy-d^a 

la}):  lân-rco,  ^aq)-v0ôa 

las:  XiXa{(S)-Co^ai,  Xâô-xri 

sap:  GaTi-Qog,  Gacp-rjg 


a^iV  èkârtjv  abies. 

ccyçég 

ccxxog 

cc^vôg 

^Ani-àav6g 
àno 
arta 
cc%vri 


ager. 

axïlla,  dla. 

agmis^. 

ascia. 

axis. 

amnis^. 

ah. 

atta. 

agna. 


dap-es,  dam-num^. 
mac-te  (macer?). 
mac-tare,  mac-ellum. 
mad-co,  mad-idus. 
lac-er,  lac-erare. 
lac-sus,  langu-eo.  C. 
la-m-h-o,  Idb-rum. 
las-c-ivus. 
sap-io,  sap-or.  C. 

^ccxTQOv  hacultis. 

^aGxaLva  fascinare  (?). 

ôâxQv  dacruma. 

xâôog  cadus. 

xaxx✠ cacare. 


xaTiQog 

capcr. 

çâ^ 

racemus  (?) 

iccjita 

jacio  (?). 

Xa^vr] 

Idna. 

xl^acpaçog 

scabies. 

Xaiog 

laevus. 

6atot 

saevus^i?). 

Cxatog 

scaeviis. 

dor.  ai 

osq.  svai"^. 

Dans  la  diphthongue: 
ai.   at'^cj  aestas,  aestus. 

aimv  aevum^. 

ciica  {ccLX-ya)  acquus. 

(ôa{if)rJQ        Icvir.) 

1.  Sur  le  rapport  de  damnum  et  de  danâvr],  v.  Bechstein,  Studien 
VIII  384  seq.  L'auteur  omet  de  mentionner  que  même  au  temps  de  Sué- 
tone (Néron,  chap.  31)  damnosus  signifiait  dépensier.  —  2.  Il  est  préférable 
de  ne  pas  inscrire  ici  une  troisième  racine  mak,  dans  ftâccco  —  mûcero, 
parce  que  Ve  du  si.  mçknati  complique  la  question.  —  3.  V.  Fick,  K.  Z. 
XX  175;  le  el.  jagnç  qui  a  gr.^  justifie  la  forme  ancienne  *«(îvoç  qu'on 
suppose  pour  le  mot  grec.  —  4.  M.  Curtius  interprète  le  nom  de  fleuve 
'AniSavôç  par  àni  «eau»  -\-  âccvo  «donnant»,  étymologie  qui  trouverait 
peut-être  quelque  appui  dans  'HQL-dav6-ç  (skr.  vdri  «eau»);  il  rapporte  à 
la  même  racine  Msaaâmoi,  y^  'AnCa  etc.  La  question  est  seulement  de 
savoir  si  nous  avons  affaire  à  ap  (d'où  amnis)  ou  à  al;.^  (dans  nqiia);  mais 
dans  l'un  et  l'autre  cas  le  latin  montre  l'a.  —  5.  L'a  est  long:  gr.  èitrj- 
sravôç,  skr.  uyus.  —  6.  V.  Savelsberg,  K.  Z.  XVI  61.  L'épel  oâïoi  rend 
le  rapprochement  douteux.  —  7.  Encore  ici  on  peut  supposer  l'a  long; 
on  arriverait  peut-être  à  expliquer  de  la  sorte  si  pour  rjL 


Exemples  du  iilionènie  A  dan»  le  gréco-iliili'i'ic. 


57 


ail.     ati(/: 

avy-ij,  aim-Gig 

ang-crc,  attg-ustus. 

l  aus: 

«vwg;  àtlLoq 

auT'Ora  ;  Atia-cUus 

C. 

2  ans: 

èi,-av0-XYiQ 

h-aur-io,  h-ans-tus 

(V) 

g  au: 

yav-Qog,  yrj-d^ta 

gau-dere,  gav-isus. 

C. 

Icaup: 

xccTi-rjXos'^ 

caup-o,  côp-n.  C. 

pan: 

Ttav-a 

pau-cus,  paii-2)er. 

stau: 

Gtav-QÔq 

in-stau-rare.  C. 

1.  Fick,  Beitràge  de  Bczzcnhercjer  II  187.  —  2.  L'ît  est  tomlx;  en  grec, 
comme  daus  v-Xâviç  et  d'autres  formes.  Osthoff,  Forschungen  I  145.  Misteli, 
K.  Z.  XIX  399. 

aVQCC  a</r«  (emprunté?). 

avTs  autcm  (?). 

ivL-Kvrég     atitummis  (?). 
d'CCVVOV  d'rj- 

QtovUes.  FaunnsiJ). 

àito-Xav-a 
a  est  suivi      cc{P)-Cco 
de  V.       \  na(P)-CG) 

g)av-og,  (pa{.f)siv6g    fav-ïlla.  C. 


%^Qavci 

fraits. 

xavlôç 

caulis. 

6kv%^6ç 

saucius. 

ravQog 

taurns. 

Lav-crna 

lav-erniones.  C. 

av-eo,  av- 

idusC?).  C. 

pav-io. 

2.  La  racine  contient  une  liquide  ou  une  nasale  non  initiale  ^ 
Daus  un  certain  nombre  d'exemples  (nous  en  avons  placé  quel- 
ques-uns entre  crocliets)  Va  représente  certainement  autre  chose 
que  a:  c'est  un  a  anaptyctique,  en  rapport  avec  les  phénomènes 
étudiés  au  chapitre  VI. 


anJc: 

ccyjc-côv,  àyx-vlog 

anc-us.  C. 

angh: 

ayi-a 

ang-o,  ang-iistus. 

1  ar: 

CCQaQ-îaxa,  CCQ-d-QOV 

ar-tus. 

2ar: 

ccQ-ôœ 

ar-are,  ar-mim. 

arh: 

CCQX-ÉG) 

arc-eo,  arx. 

arg: 

aQy-og  \Kçy-vQog] 

arg-uo  {arg-entuni] 

— 

àçTt-a^c),  ccQTi-a^sog 

rap-io,  rap-ax. 

al: 

av-KX-Tog 

al-o,  al-immus.  C. 

{?)alg: 

aXy-og,  àly-éa 

alg-eo(?). 

Jean: 

xav-«î;a3,  rii-xav-ôg'^ 

can-o,  can-orus. 

[kard: 

XQad-r]^  xQCid-aCvG} 

card-o.  C] 

Jcal: 

xcck-éa 

cal-eMae,  cal  are. 

58 


Exemples  du  phonème  a  dans  le  gréco-italique. 


[bharJc: 

(ççaGGa,  <pQax-x6g 

farc-io,  frac-sare.] 

[sarJc2: 

çâjl-TG) 

sarc-io.  Bugge.] 

[sarp: 

dçTt-r] 

sarp-o,  sarmen.] 

1  sal: 

aX-lofiai 

sal-io,  sal-tus. 

2sal: 

GcîX-og,  GttX- 

âaôa 

saï-um.  C. 

[sJcand: 

Xttvô-açog 

cand-eo,  cand-da.  C] 

uXXog 

alius. 

Aa| 

calx. 

[c'cXxï] 

alces.] 

xâçtaXog 

carfilago* 

cckxvâv 

alcedo. 

XQccii^og 

carho. 

K?.q)6g 

alhus. 

(ic(X^u^    \ 

nialva. 

[d(ig)L 

amh-.] 

(liiXdxn    } 

[a[ig)œ 

aniho.] 

nd[i,^ï] 

mamma. 

av 

an. 

dor.  vàôOa 

anat- 

[«v-  (priv 

.)  osq.ombr. 

an-.] 

ôi-TtXaè, 

ombr.  tu-f 

ave^og 

animiis. 

[TtaXd^r] 

pahna.] 

àvzC 

ante. 

ndXï] 

palea.  F. 

àçdxvrj 

arânea. 

dor.  TtâvLOv 

pannus. 

\c(Q^6ç 

arnins.^ 

nXd^ 

planca. 

c'cQOV 

arundo  (?) 

F. 

TtQanCôsg 

palpito  ^. 

[^ccçvs 

gravis.^ 

QUi^ôg 

vaigus  (?) 

(iXântco 

suf-flâmen 

(?)^ 

dXg 

sal. 

^ciQjiaQog 

halhus. 

QCCXTOC     ■ 

an-fractui- 

^âXavog 

gïans. 

axdXoip 

talpa.  C. 

yoilaxt- 

•   lad-. 

GxdvôaXov 

scando.  1 

yXa^vQog 

gramia. 

[d(pXc(6tov 

fastigkin 

yXacpvQog 

glaher  (?). 

tjXog       \ 

vnllii.'i    ' 

xdlxv 

dacendix. 

J^dXXog  j 

c- W'l/{/H'0. 

xaficcça 

camuriis. 

yjdXatfx. 

grando. 

dor.  xùnog    campus. 

dor.  %dv^ 

anser. 

XKQXLVOg 

cancer. 

1.  Les  couples  ocpâXla  —  fallo  et  àXcpâvco  —  lahor  ne  sont  pa 
rés  dans  cette  liste,  imrce  qu'ils  prêtent  matière  à  discussion.  —  2. 
vôç-  o  àlt-ATQVMv.  Hfs.  —  3.  Fick ,  Beitr.  de  Bezzenb.  1  Gl.  -  i.  " 
V  184.  —  5.  LV  du  latin  duplex  n'est  dû  qu'à  la  loi  d'attaiblis  i;u' 
frappe  les  seconds  membres  des  composés.  —  6.  Nous  séparons  a' 
pito  de  palpo  =  ipriXacpûco.  —  7.  V.  page  17.  —  8.  Ahrens  II  144. 
trum  et  bracchium  sont  empruntés  an  grec. 


Exemples  des  phonèmes  ,1  et  ,i  dans  le  grcco-italiquo.  50 

Au  tableau  qui  précède  il  faut  ajouter  5  racines  qui,  au  fond, 
seiiiulent  ne  jjas  contenir  de  nasale,  bien' qu'elles  en  soient  infec- 
tée '■  dans  plusieurs  langues,  sans  doute  par  l'influence  du  suffixe. 
Mcines  sont  du  reste  dans  un  tel  état  qu'on  jjeut  quelquefois 
U(;'  ''  r  si  leur  voyelle  est  e  ou  n,  et  que  l'étude  de  leurs  pertur- 
ba t;.)ns  est  à  peine  possible  à  l'heure  qu'il  est.    On  peut  en  dire 
lit  de  quelques-unes  de  celles  qui  viennent  d'être  mention- 
'     et  qui  sont  placées  entre  crochets, 

yùci^a,  è'xlàyov^  xéxXayya^  clango,  clangor. 

xexkrjycôç,  x^ayyt] 

Cf.  norr.  lilakka;  goth.  hlahjan,  hloh;  lith.  Idegù.  F.  P  541. 

etayâv  tango,  tago,  tetigi,  tactus. 

M.  Fick  compare  le  goth.  stiggvan  ce  qui  s'accorde  mal  avec  le 
lat.  tago.  Il  est  certain  qu'on  ne  doit  pas  songer  au  goth.  telnn;  ce 
dernier  a  un  parent  grec  dans  dâtitvXoç  (rac.  dag;  cf.  digitiis). 

T.  iiyvx)[ii,  néyrjya,  èTcàyrj,  i'^''/70,  p^go,  pcpigi, 

jtrjXTOç,  Ttdyf]  pignus,  pàciscor,  pâx. 

Cf.  goth.  fcihan,  faifah,  ou  bien  v.  h*-all.  fuogl;  skr.  pà(;a. 

^'Arjôôœ,  dor.  nlâyci,  e^STikâyrjv;  plango,  planxi, plandus, 
zlâ^co,  ènkâyxd-r]v  plâga.  C.  Grdz.  278. 

r.ânaXov  «mur  d'enceinte»  cancélli  «treillis,  barrières». 

M.  Fick  qui  approche  ces  deux  mots  (IP  48)  leur  compare  le 
skr.  Jcàcate  et  kdncate  «attacher».  Mais  de  là  il  n'y  a  qu'un  pas  au 
goth.  hdhan,  haihah  «suspendre».  L'identification  de  ce  dernier 
verbe  avec  le  skr.  çdnkate  «être  préoccupé,  douter  etc. »(P56)  a  un 
côi'^  faible  dans  la  signification  du  mot  indien.  Cf.  Pott,  Wzhv. 
III  139. 

Voici  enfin  différents  exemples  appartenant  aux  tableaux  1 
2,  mais  qui  présentent  un  a  long,  dans  l'une  des  deux  langues 
'  dii^ns  toutes  deux.  Cet  a  long  est  un  nouveau  phonème  à  en- 
g'-trer,  et  comme  il  est  évidemment  en  rapport  avec  ^,  nous 
'U^  .w  lui  donner  tout  de  suite  la  désignation  À,  tout  en  nous 
■omettant  de  l'étudier  ailleurs  plus  à  loisir. 

V.  [  uQVio  garrio^. 


n\  xâUg^  càligo. 


dor.  nka{S)LS^  \ 


chu  do. 
dor.  xlcÏQog^         glàrca^. 
Xàas     bas-lat.  gravarium  ^  (?). 


60  Exemples  des  phonèmes  a  ei  a  dans  le  gi-éco- italique 

QCiTlVS 


yiàXov 

vâvs 

dor.  jiâXog^ 

TtrjQog,  TcavQog  1 

dor.  To  ;rà()os    J 

QCCÔL^  1 

QCiôccfivog  ) 


malnm. 
nïivis.  ■ 
pàlUd-  ^. 
pârum. 
parvus. 

râdix. 


âÔvg 

svàôe 

(raàg 

Xcc^ôg 

xlj}]laq)ci(o  (7]=â  '^)palpare. 

dor.  ^àcpog  sabuïum. 


râpa, 
scâpus. 

sitâvis. 

pâvo  ^.) 
hâmiis. 


Ici  se  place  aussi  la  racine  de  magnus,  major,  osq.  mahiis  etc. 
qui  a  domié  eu  grec  firjxog,  MX^Q^  <^^^i'-  ^i^xccvcc  (Alireus  II  143). 
V.  page  64, 

1.  La  racine  de  garrio  n  est  pas,  il  est  vrai,  exactement  la  même  que 
celle  de  yaçvm  (cf.  lith.  garsà).  —  2.  Ahrens  II  137  seq.  —  3.  Il  est  pos- 
sible que  glârea  soit  emprunté;  pâvo  Test  presque  certainement.  —  4.  Pictet, 
Origines  Indo-eurojyeennes  P  132.  —  5.  D'autre  part  nXcîdoç  se  rapproche 
de  palus.  —  6.  Curtius,  Verbum  II  29.  —  7.  Dor.  anânâviov  Ahrens  II  144. 


pa: 
bhâ: 

s  ta: 

(s)na. 

spâ: 


fà-mes,  fa-tims. 
fà-t-iscor,  fà-t-igo. 
pâ-nis,  pa-hulmn,  pa-sco, 
pâ-s-tor^^,pâ-vi. 
fcl-rij  fâ-rna, 
fd-hulh,  fà-t-eor. 
là-trarc  (la-menhmi?). 
Stà-tor,  stëtnen, 


3.  a  termine  la  racine: 
ghâ^:      %â-Xâ^  %à-xiG) 
Xà-rt^a,  x^-'^k 
7tà-r-B0^ai, 
c'c-na-O-rog,  na-via 
dor.  (pâ-fiC,  q)a-fia; 
q)cc-rig,  Pji.  pi.  qpâ-^fV 
vXà-co,  vkcc-x-rj 
dor.  ï-6tâ-^i,  ë-ôtâ-v; 

Grà-xriQ  ;  1"  p.  pi.  ï-ûrà-fiEV  stà-tus,  stà-hulum. 
vrê-po'g,  và-^a,  nà-tare,  nà-trix, 

và-Gog^  Nâ-ïdg  nëre. 

dor.  Gjck-ôlov  ;  aTcâ-co  spà-tiimi  {pa-t-eo  ?), 

pa-nd-o,  pas-sus. 

1.  La  dépendance  des  mots  latins  de  la  rac.  gliâ  est  assez  généralement 
reconnue;  quant  à  hisco,  Mare  etc.,  on  ne  saurait  les  dériver  immédiate- 
ment de  ghâ;  Marc  est  le  lith.  ziôti  (rac.  ghyâ);  et  la  ressemblance  de  Msco 
avec  ;i;aa>ico  ne  doit  point  faire  passer  sur  cette  considération.  —  2.  Schmitz, 
Beitriigc  zur  lat.  Sijruchk.  i>.  40.  —  3.  En  a<lniettant  dans  vlâto  un  cas  de 
prothèse  de  Vv  nous  restituons  au  grec  une  racine  qui  nr  manque  presque 
à  aucune  des  langues  congénères.  M.  Fick  il  est  vrai  la  trouve  dans  IfiQoç, 
Xi]çë(o.  Le  laav  d'Homère  est  controversé.  àlvKrfi-  vlaKtfi.  Kçîitfç  nous 
api>orte  peu  de  lumière. 


Exemples  des  phonèmes  a  et  a  dans  le  gréco-italique.  G! 

Les  exemples  qui  précèdent  offrent  plusieurs  cas  d'ampli- 
fication au  moyen  d'une  dentale,  ami)lification  (|u'affecti(jnneiit 
les  racines  en  a,  qui  s'est  accomplie  du  reste  de  jjlusieurs  manières 
différentes.  Voici  une  racine  qui  dans  les  deux  langues  n'ap- 
paraît que  sous  la  forme  amplifiée  (cf.  Curtius  Grdz.  421): 

la:     ûor.  kà-^^-co•,  à'-^à-d^-ov  là-t-eo. 

La  nasale  de  lavd^âvcù  ne  prouve  nullement  une  racine  lan, 
que  le  skr.  rdndhra  «caverne»,  vu  son  isolement,  ne  confirmerait 
pas.  Hésychius  il  est  vrai  donne:  cclavsg'  àlrjd'és,  mais  une  autre 
glose:  âlXav^g'  à6(paXr]g.  Ââxcovsg,  interdit  d'en  tirer  aucune 
conséquence  quant  à  lavQ^âva. 

Le  lat.  ma-nd-o  «mâcher»  (cf.  pa-nd-o,  Xa-j/d'-ccva),  ma-s-ticare, 
ma-nsu-cius  etc.,  et  le  grec  ^a-accofiai  se  basent  pareillement  sur 
une  racine  nui  dont  dérive  encore  le  goth.  mat{i)-s  «repas». 

Ici  se  place  enfin  la.t.  pa-f4or,  pas-sus,  en  regard  de  ncc-Gxo}, 
e-Tta-Q-ov'^  nous  avons  vu  et  nous  verrons  plus  bas  qu'il  est  à  peu 
près  impossible  de  décider  si  l'a  de  ces  mots  grecs  est  un  a  ancien 
ou  le  représentant  d'une  nasale  sonante. 

Il  reste  à  mentiomier  : 

dor.  ^ârriQ  =  mater.  iXccçôg  =  h{i)ïàris{'^). 

(pQàTYiQ        =  frâter.  [dor.  rAaTo'g  =  lâhis.] 

TtatriQ  ==  pater.  TCQàaicc  cf.  prutum. 

Doderlein  (Handbuch  der  Lat.  Etym.)  compare  latex  «ruis- 
seau» à  kâra^  «bruit  du  dé  qui  tombe».  M.  Roscher  a  montré 
(Stud.  IV  189  seq.)  que  les  nombreuses  formes  du  mot  ^âxQa%og 
«grenouille»  remontent  à  * ^QatQaiog  qu'il  rapproche  du  lat.  hla- 
terare.  Il  faudrait  citer  aussi  kdrçtg  en  regard  de  latro  si  ce  der- 
nier n'était  emprunté  au  grec  (Curtius  Grdz.  365). 

Les  syllabes  suffixales  fournissent  a  eb  Â  en  nombre  rela- 
tivement restreint.  Ces  phonèmes  sont,  peu  s'en  faut,  limités  au 
suffixe  des  féminins  de  la  V^  déclinaison:  grec  X^Q^?  vieux-latin 
forma.  Certains  cas  de  cette  déclinaison  montrent  aussi  .i  bref, 
voy.  §  7  fin.  Un  a  bref  apparaît  ensuite  au  nom.-acc.  plur.  des  neu- 
tres de  la  2®  déclinaison,  où  probablement  il  a  été  long  d'abord: 
grec  dcÔQK,  latin  doua  (vieux  lat.  falsa?).   V.  §  7. 

A  est  de  plus  désinence  des  thèmes  neutres  consonantiques 


62  Diagnostiques  du  phonème  a  dans  le  slavo-germanique. 

au  nom.-acc.  plur.   Ex.  ysvs-a,  genei'-a.  Mais  on  sait  que  1  âge  de 
cette  désinence  est  incertain. 

§  6.  Le  phonème  a.  dans  les  langues  du  nord. 

Que  faut-il,  quand  il  s'agit  d'un  mot  gréco-latin,  pour  *■  > 
sûr   que   ce  mot  contient  ^i?    Il  faut  simplement,  toutes    .v 
cautions  prises  contre  les  liquides  et  nasales  sonantes,  qu'il 
l'a  en  grec  et  en  latin.    Mais  il  suffit  en  général,  si  le  mot  e^ 
dans  l'une  des  deux  langues  seulement,  que  dans  cette  langi 
montre  l'a:  l'a  italique  ou  grec  non  anoptyctique  a,  dans  que   \ 
forme  qu'il  se  trouve,  la  qualité  a.  -^—  Dans  les  idiomes  du  noi 
problème  est  plus  comj)liqué:  chaque  a  peut,  en  lui-même, 
A  ou  «2-  Avant  de  Ini  attribuer  la  valeur  a,  il  faut  s'être  as 
qu'il  ne  peut  représenter  a^.    Cette  épreuve  sera  possible  !»i^ 
souvent  dans  chaque  langue  sans  qu'il  soit  besoin  de  recoun 
aux  idiomes  congénères,  et  cela  au  moyen  des  données  mor  lio 
logiques  qui  indiquent  dans  quelles  formations  a^  est  rempiacé 
par  a^.    La  formation  est-elle  de  celles  qui  n'admettent  pas  a.y, 
on  sera  certain  que  l'a  est  un  a.  Le  tlième  du  présent,  mais  seule- 
ment chez  les  verbes  primaires,  est  la  plus  répandue  de  ces  for- 
mations. 

Dans  le  choix  des  racines  données  comme  exemples  de  i 
dans  les  langues  du  nord,  nous  avons  suivi  autant  que  possible 
ce  principe.  Il  faut  que  sans  sortir  de  ce  groupe  de  langues  on 
puisse  conclure  que  la  racine  contient  a,  puis  on  compare  les 
langues  du  sud,  et  il  y  a  confirmation  en  tant  que  ces  deriji^res 
montrent  Ya.  Cf.  §  4,  9.  Des  exemples  tels  que  si.  orja  en  regard 
du  lat.  ararc  ou  goi\\.  ^alum  en  regard  de  tacere  ont  été  laissés  d' 
côté:  ce  n'est  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  douter  que  leur  a  ne  soit  mi 
Aj  mais  ces  verbes  étant  dérivés  ou  ne  peut  distinguer  dans  l.i 
langue  même,  si  leur  a  ne  représente  pas  a.,\  on  ne  le  peut  dé 
cider  qu'en  invoquant  l'a  des  langues  du  sud.  Or,  c'est  prt'i  isé- 
ment  à  mettre  en  lumière  l'identité  de  l'a  du  sud  avec  celui  diS  a 
du  nord  qui  ne  peut  être  a^,  qu'est  destiné  le  tableau.  —  Cep^  ndiuit 
un  tel  triage  était  impossible  pour  les  thèmes  nominaux  détachés. 

La  plupart  des  exemples  se  trouvent  dans  les  riches  coUet- 
tions  d'Amelung  auxquelles  nous  ne  saurions  toutefois  re).v;tyer 
le  lecteur  purement  et  simplement:   car,  conformément  à  soii 


FiXemples  du  phonème  a  dans  le  «lavo-germanique.  03 

sy  >.,eLj.i'.,  qui  n'.admet  qu'un  seul  phonème  primitif  soit  pour  Va 
<!'  iior  1  soit])Our  r«  et  Vo  réunis  du  sud,  l'auteur  citera  indistinc- 
i,  \^Mi\.  gotli.  aJcrs  ==  gr.  ày^ôg,  gotli.  Iilaf  =  gr.  xtxhxpu.  La 
présente  liste  est  très-loin  d'être  complète;  c'est  plutôt  un  choix 
'     xemples. 

si.  os-tru;  lith.  asz-trùs,  asznien-  ac-ies,  ax-Qog. 

norr.  ak-a,  o/c  ff//-o,  uy-a. 

'i/^  '.  goth.  ag-is,  og  (irland.  ay-athar)  (^X-og,  ocxax-C^a. 

A  A})  :  goth.  haf-jan,  hop  cap-io. 

IwaIc'^:  goth. ])Vah-an,  fwoli  tax-a,  è-tàx-r]v. 

dhAhh^:  Sr\.  doh-rii ;  goih.  (ja-dahan, ga-dob  fàb-er. 

niAk^  :  goth.  ma{h)-ists'''  ^ax-Qog. 

-mAyh^:  si.  mog-a;  goth.  mag-an-'  mag-nus,  ^âx-avd. 

îVAdh:  norr.  vad-a,  vdd  vud-o,  vdsi.  F. 

skA^i:  s\.  ko2)-a/ja'' ;  lith.  kap-ôju  6xân-r(o,  xânExog. 

akAl  h:  goth.  skah-an,  skof  scah-o,  scahl. 

au:  goth.  an-an,  on;  si.  a-ch-a  an-imiis,  av-s^iog. 

A  ng \  :  goth.  agg-vus  ;  si.  az-uku  ;  lith.  ànksztas  ang-o,  ccyx-co. 

.il:  goth.  a^aw,  oi!  (irland.  a^)  al-o,  av-aX-rog. 

1.  Le  grec  axo^ai.,  àxoç,  ryxajjov,  kj;'9'os;  le  goth.  ag-is,  un-ugands, 
parf.-prés.  og  etc.  sortent  d'une  racine  agh  sans  nasale  qui  semble  être 
distincte  de  angh.  La  première  domie  en  sanskrit  «(//(«  «méchant»  («^/(â-wi 
#vaal,  malheur»),  agluûd  (id.),  aghûydti  «menacer»;  la  seconde:  omJiû, 
'fVihas  etc.  La  première  désigne  un  mal  moral,  du  reste  assez  indéterminé, 
ia  seconde  signifie  attacJier,  resserrer.  La  gutturale  finale  prouve  assez 
qu'il  y  a  lieu  de  faire  la  distinction;  en  effet  le  zend  àzunh,  le  slave  azuku 
montrent  g\  et  élèvent  par  conséquent  une  barrière  entre  skr.  atnhû  et 
«kr.  aghd.  Ce  n'est  qu'en  apparence  que  le  gv  du  goth.  aggvus  contredit 
in  z  du  slave  et  du  zend:  nous  croyons  que  le  v  en  question  vient  des  cas 
obliques  où  il  ne  fait  que  continuer  Vu  suffixal.  Mais  il  faut  avouer  que 
le  zend  ayana  «vinculo»  compromet  la  combinaison.  —  2.  liafjun  est  un 
verbe  fort;  autrement,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  nous  ne  devrions  pas 
b'  citer.  —  3.  11  semble  à  peu  près  impossible  de  maintenir  le  rapproche- 
ni  ut  du  goth.  pvahan,  pvoh  avec  le  grec  réyyco  (malgré  cizçsynros  = 
«îr.  tfATog).  Le  grec  t/jkco  au  contraire  n'offre  aucune  difficulté  de  forme; 
il'  oignifications  il  est  vrai  s'écartent  sinsiblement,  mais  elles  peuvent 
f'iiiiir  dans  l'idée  de  faire  ruisseler  qui  est  précisément  celle  du  skr.  téçate 
au  liiei  on  a  comparé  pvahan.  Cf.  d'ailleurs  les  sens  variés  des  racines 
2)r,u(  et  snâ.  —  4.  Fick  K.  Z.  XIX  261.  —  5.  Comme  l'a  fait  voir  M.  Ascoli 
(K  Z.  XVII  274)  le  goth.  maists  est  pour  *mahisfs,  ce  qui  le  place  à  côté 
de  nciy.ç6ç  en  le  séparant  de  mikils,  ainsi  que  le  demandait  déjà  la  difFé- 


64 


Exemples  du  phonème  a  dans  le  slavo-germanique. 


rence  des  voyelles.  M.  Ascoli  a  montré  en  même  temps  que  major,  magnus, 
remontent  à  mah ,  magli;  et  nous  nous  permettrions  seulement  de  mettre 
en  doute  que  ce  magh  ait  donné  le  skr.  mahant.  Ne  pouvant  développer 
la  chose  au  long,  nous  nous  contentons  de  constater  qu'il  y  a  3  racines. 
1°  mAl\:  zend  maryuo ,  anc.  pers.  ma&ista,  gotli.  ma{h)ists,  nia{Ji)iza,  grec 
[ici-^QÔç,  et  aussi  [iÛkccq  et  le  latin  macte.  2°  inAgh.^:  skr.  maghd  «richesse», 
goth.  niagan,  lat.  magniis,  ma'Ji)joi\  gr.  ^âxavâ,  si.  moga;  —  mais  point 
mahant,  vu  le  z  du  zend  mazâont.  3"  ma^g^  ou  ma^gh^:  gr.  ^éyag,  goth. 
mikils,  skr.  mahant;  cf.  magmûn.  —  En  ce  qui  concerne  spécialement  le 
gothique,  il  faut  admettre  que  le  parf.  sing.  mag  est  pour  *mog  et  qu'il  a 
suivi  l'analogie  du  pluriel  viagum;  de  même  qu'invertément  forum  a 
remplacé  * farum.  Cf.  plus  loin,  chaj).  V.  —  6.  Les  verhes  dérivés  de  la 
classe  dont  fait  partie  kopaja^  n'ont  pas  l'habitude  de  changer  un  e  radi- 
cal en  0  («._,);  il  était  donc  permis  de  le  cit^r  ici. 


gotli.  a{j)iza- 

a(j)es. 

goth.  aljis 

aliiis,  aXXog. 

gotli.  akrs 

ager,  àyçôç. 

goth.  ana 

àvd. 

lith.  ahnu  (?  si. 

lith.  asà 

ansa. 

Jcamy=*oJîmy, 

goth.  and- 

ante,  àvxC. 

norr.  hamarr) 

ccxfiav. 

v.h*-all.ft«o,  lith. 

goth.  ahva 

aqiia. 

anyta 

amis. 

lith.  âklas 

aquilus,  axccçog. 

goth.  arhvazna 

arcus. 

V.  haut-ail.  ahsa, 

goth.  «ï'o 

amis. 

s\..osi,\\i\i.aszïs 

axis,  cî^cûv. 

s\.brada{*  borda) 

goth.  rt/" 

ah,  ciitô. 

lith.  barzdà, 

sl.o^Mjgoth.a^to 

atta,  atra. 

V.  h*-all.  ^)a*'^ 

barba. 

goth. tagr 

Incrima,  ôcÎxqv. 

goth.  bariz-eins 

si,  ?^o?;w,  boruss. 

(si.  &orw  F.) 

far,  g.  farris. 

h(tho 

faba.  F. 

V.  haut-ail.  ^aws, 

goth.  (jazds^ 

hasta. 

sl./7rt.s7,lith.^V/6vs 

anser,  %âv. 

si.  /o;>m 

Uima{*lacma).F. 

goth.  /«Ma, 

goth.  ma{h)il 

macula.  F. 

si.  o-pona 

pannus,  itâvîou 

goth.  sa?^,  si.  soU 

sal,  «Ag. 

1.  OsthotiK.  Z.  XXIIl  87. 

Les  exemples  suivants  vont  nous  faire  voir  le  .1  long  des  lan- 
gues (lu  nord.  Ce  phonème  qui  dans  le  grou})e  du  sud  ne  diffère 
(le  .1  bref  que  par  la  quantité,  chez  elles  en  général  s'en  distingue 
encore  par  la  teinte.  Dans  le  germanique  et  le  lithuanien  c'est 
un  o  long  (v.  h'-all.  uo),  tandis  que  le  slave  chez  qui  a  bref  de- 
vient '6  donne  à  a  long  la  couleur  a.    On  sait  que  Va  slave  ne 


Exemples  des  phonèmes  a  <^i  a  dans  le  Hlavo-germaniqno. 


r,;- 


sort  (111110  voyelles  Iji'î'vc  (juo  dans  un  on  doux  cas  tout  à  fait  ox- 
ceptioiiiiels.  Les  formes  2)lacéos  entre  crocliets  eiifrei<rnciit  cette 
loi  de  sul)stitutioii. 


fdgiis  V.  li'-all.  huocha. 

cilligo,  TtâXîg  si.  kalu.  F. 

^idxav  si.  maJm  [v.  h*-all. 

inti(jo\. 

ndvcs,  nttsKs  litli.  nésis,  anglo-s. 
nôsn(ct  sY.7iosû, 
V.  h'-all.  nasa). 

A  et  A  terminent  la  racine: 

(jha:     xn-M  {%^-^<^) 


TCaxvg 
nipa 


iiorr.  hof/r. 
v.li'-all.  nioha,  litli. 
rôpè  |sl.  rèpa\. 
siuwifi,  àdvg  germ. svotya-  :  norr. 
soetr,  V.  h'- ail. 
sm.d  (F.  III  •' 
3G1). 


ta: 

hhd 

la: 


td-hes 

fa-rij  (pâ-^î 
la-trare 


sta:       stà-tns,  ë-Cra-v  etc. 
(s)td:    doY.  rcc-râa^ 


germ.  (jô-men-,  litli.  f/o-murys  «pa- 

latum».  F. 
si.  ta-ja  [anglo-s.  f)dven]. 
si.  ha-ja. 
si.  la-jcij  lith.  lo-ju  [mais  en  gothique 

laia  ==  *le{j)a~]. 
si.  sta-na,  lith.  stojîi;  goth.  sto-min-, 

sta-da-  [v.  h*-all.  stdm,  stëml. 
si.  ta-ja ^  ta-ti,  ta-jînu. 

La  racine  est  augmentée  d'une  dentale,  par  exemple  dans: 
pd-t:    Tia-t-éo^at^  pd-s-tor         goth.  fo-d-jan^,  b\.  pa-s-tyri. 
ld-{f):  Xâ-a  «vouloir»  goth.  la-/)-on,  la-J^a-leilco.  F. 

sd-t^:  sà-t-iir,  sà-t-is  goth.  sa-d-a-,  so-Ji-a-;  lith.  sô-t-us 

(si.  sytu). 

1.  Ahrens  II  144.  Au  slave  tajt  «en  cachette»,  tajmû  «secret»  cf.  le 
thème  indien  tâyû  «voleur»  d'oix  aussi  Tjjiî-etoff  «  vain,  sans  résultat»  (Pott, 
Wurzelwôrterb.  I  100).  —  2.  fodjan  suppose  une  racine  contenant  a,  et 
c'est  à  ce  titre-là  seulement  que  nous  le  citons;  il  est  bien  probable  en 
effet,  si  nous  considérons  le  mot  fodjan  lui-même,  que  son  o  répondrait  à 
un  (ù,  non  pas  à  un  â  du  grec.  Cf.  chap.  V  §  11.  —  3.  La  racine  simple  se 
trouve  dans  le  grec  soa^ev  =  *rjoii£v  (Cnrtius,  Verb.  II  69). 

Parmi  les  mots  plus  isolés  nous  nous  bornerons  à  citer: 

Qwfer,  natriQ       goth.  fadar;  cf.  §  11.) 
mdtcr,  ^âtï]Q        v.  h*-all.  muotar,  si.  niati,  lith.  mote. 
frdter,  (pçâTijQ      goth.  hro^ar,  si.  bratru,  lith.  broteréUs. 
Le  7i  du  suffixe  des  féminins  s'observe  commodément  aux  cas 


(3(3  La  diphthongue  eu  dans  les  langues  letto-slaves. 

du  pluriel  dont  la  désinence  commence  par  mie  consonne:  gotli. 
giho-m,  lith.  mergô-ms,  si.  sena-mû.  Placé  dans  la  syllabe  finale, 
il  a  sulDi,  comme  on  sait,  diverses  altérations.  Au  nominatif  sin- 
gulier, le  slave  {zeim)  garde  encore  «,  cliez  lui  représentant  de  IVl 
long,  tandis  que  les  lois  qui  régissent  les  sons  du  germanique  et 
du  lithuanien  commandaient  d'abréger  la  voyelle  finale:  gïba, 
mergà,  sauf  dans  le  goth.  so,  gr.  à.   Sur  le  vocat.  zmo  v.  p.  93. 

A  dans  la  diphtliongue  donne  lieu  à  quelques  remarcj[ues 
particulières. 

Plusieurs  savants  ont  nié  quil  y  eût  une  diphtliongue  euro- 
péenne eu,  en  d'autres  termes  et  en  se  plaçant  au  point  de  vue  de 
l'imité  originaire  de  l'a,  qu'il  y  ait  eu  sciudement  de  la  diphthongue 
(m  en  cfii  :  au  à  la  même  époque  où  dans  toute  autre  position  \a 
s'était  scindé  en  e  :  a.  M.  Bezzenberger  (Die  a-EeUie  der  gotisclien 
Sprache  p.  34)  prétend,  ou  plutôt  mentionne,  car,  ajoute-t-il,  il  est 
à  peine  besoin  de  le  dire  expressément,  c^ue  dans  le  présent 
gothique  Musa  pour  ^heusa  ==  gr.  yava,  \'e  de  la  première  langue 
est  sans  lien  historique  avec  Ye  de  la  seconde.  La  raison  de  cette 
violente  séparation  de  deux  formes  dont  la  congruité  est  aussi 
parfaite  que  possible?  C'est  que  les  idiomes  letto-slaves  n'ont 
pas  de  diphthongue  en,  et  que  par  conséquent  la  jiériode  euro- 
péenne n'en  pouvait  jjoint  posséder  non  plus. 

En  général  nous  ne  nous  sommes  posé  aucune  tâche  rela- 
tivement à  Ve  européen,  le  fait  de  son  apparition  concordante 
dans  les  différentes  langues  étant  reconnu  par  les  partisans  de 
tous  les  systèmes.  Nous  devons  cependant  nous  occuper  de  Ye 
pour  autant  qu'on  veut  le  mettre  en  rapport  avec  Ya  et  combattre 
les  arguments  qui  tendraient  à  établir  qu'à  mie  époque  quel- 
conque Yc  et  Ya  (.i)  ne  faisaient  qu'un.  Evidemment  l'origine  ré- 
cente de  la  diphthongue  eu,  si  elle  se  confirmait,  rentrerait  dans 
cette  catégorie.  D'autre  part  nous  nous  abstenons  de  poursuivre 
jusqu'au  bout  les  conséquences  où  M.  Bezzenberger  se  verrait 
entraîné  par  le  i)rincipe  qu'il  pose,  parce  que  nous  voulons  éviter 
de  subordonner  à  la  question  de  Yen  celle  de  l'unité  européemie 
ou  celle  du  scijidement  de  Ya.  Disons  donc  tout  de  suite  que  l'ab- 
sence de  Yni  dans  les  langues  letto-slaves,  sur  laquelle  l'auteur 
se  foijdc,  est  révoquée  en  doute  par  M.  Joh.  Schmidt  qui  en 
sigiiah'  des  traces  nombreuses  K.  Z.  XXIII  348  seq.    M.  Schmidt 


La  diphthongne  eu  dans  les  langues  Ictto-slavcH.  07 

regarde  le  paléosl.  jii  et  le  litli.  iaii  ('oiiiiiu'  vUuit  dans  ccrtuins 
cas  des  représentants  de  Vcîi  (si.  h(l)juda  =  goth.  hiuda,  gr.  nsv- 
d-o^iai-,  lith.  riâugmi,  gr.  SQsvycûi).  Depuis  il  est  vrai,  M.  Bezzen- 
berger  a  rompu  une  nouvelle  lance  pour  la  cause  qu'il  défend. 
Notre  incompétence  ne  nous  permet  point  de  jugement;  mais 
voici  ce  que  nous  tenons  du  moins  à  dire: 

Lors  même  que  la  supposition  de  M.  Schmidt  ne  devrait  pas 
se  vérifier,  lors  même  qu'il  n'existerait  aucun  indice  d'une  di- 
phthongue  eu  dans  le  domaine  letto-slave,  il  ne  s'en  suivrait  pas 
(ju'elle  n'a  jamais  existé:  les  langues  italiques  non  plus  ne  pos- 
sèdent pas  Veiiy  et  n'était  le  seul  Lcncetio,  on  pourrait  venir  dire 
que  jamais  dans  l'italique  l'ancienne  diphthongue  an  n'a  peu  la 
forme  eu.  Personne  ne  doute  cependant  que  dottco  ne  soit  sorti 
de  *det(co.  La  même  chose  semble  s'être  passée  dans  le  letto- 
slave,  non-seulement  dans  la  diphthongue,  mais  aussi,  comme  en 
latin,  dans  le  groupe  ev.  Ceci  se  voit  avec  le  plus  de  clarté 
dans  le  paléosl.  cloveliu:  le  lette  zilwélcs  montre  en  efï'et  que  \'o 
n'est  pas  primitif^,  et  sans  aller  si  loin  il  suffit  de  constater  la 
palatale  initiale  v  pour  savoir  que  la  forme  ancienne  est  *relvc'Jcû 
(voy.  à  ce  sujet  J.  Schmidt  Voc.  II  38  seq.).  D'où  vient  Vo  par 
conséquent?  Il  ne  peut  venir  que  du  v  avec  lequel  la  métathèse 
de  la  liquide  l'avait  mis  eu  contact.  —  Par  un  raisomiement  d'un 
autre  genre  on  acquiert  la  conviction  que  slovo  est  sorti  de  ^slevo: 
en  effet  les  neutres  en  -as  n'ont  de  toute  antiquité  que  «j^,  jamais 
ft^,,  dans  la  syllabe  radicale:  il  en  est  ainsi  dans  l'arien,  le  grec, 
le  latin,  le  germanique.  Or  le  slave  lui-môme  n'enfreint  point 
cette  règle  ainsi  que  le  montre  neho  =  gr.  vécpoç.  Comment  donc 
expliquer  slovo  =  xXéfog  autrement  que  par  l'influence  du  v  sur 
rV'?  Il  y  aurait  la  même  remarque  à  faire  sur  le  présent  plova  = 
gr.  nXifa,  car  nlâco  est  évidemment  de  formation  postérieure. 
—  Dans  une  syllabe  de  désinence  nous  trouvons  semblablement 
on  sanskrit  sunkvas,  en  grec  niji^eç,  en  gothique  sun}HS,  et  dans 
le  slave  seul  synove. 

Cette  action  du  v  qui  a  duré  fort  tard,  comme  le  montre  clo- 
velxû,  commence   de   se   produire  dès  la  période  d'unité   letto- 


1.  On  trouve  aussi  Te  dans  le  gotb.  fairhims  «monde»  qu'on  peut  ra- 
mener à  *hverhviis,  *hvervehvns  et  rapprocher  de  clovèku. 

6* 


(38  La  diphthongue  eu  dans  les  langues  letto-slaves. 

slave.  Eu  regard  du  grec  vifo-$  apparaît  eu  lithuauieu  naûjas 
comrue  eu  slave  novu. 

Ici  quelques  mots  sur  l'a  lithuauieu.  Eu  préseuce  de  la  com- 
plète équivaleuce  de  cet  a  et  de  Yo  slave  (tous  deux  représeuteut 
.1  et  a^),  ou  se  demaude  uaturellemeut  auquel  des  deux  phouèmes 
appartieut  la  priorité.  Le  mot  dout  il  vieut  d'être  questiou  est-il 
sous  sa  forme  letto-slave  novos  ou  bien  navets?  A  voir  toutes  les 
fiuctuatious  outre  Vd  et  l'a  des  différents  dialectes  de  la  Baltique, 
borussien,  lithuanien,  lette,  et  à  considérer  la  divergence  de  teinte 
entre  Va  bref  et  Va  long  soit  eu  lithuanien  soit  en  slave  (litli. 
a  :  ô;  si.  0  :  a),  une  troisième  hj^pothèse  se  présente  vite  à  l'esprit, 
savoir  nâvàs.  Dans  la  période  letto-slave  on  aurait  prononcé  uou 
un  a  pur,  mais  «un  a,  bref  et  long.  Sans  doute  il  n'y  a  pas  pour 
cette  hypothèse  d'argument  bien  positif,  mais  il  y  en  a  encore 
moins,  croyons-nous,  qu'on  puisse  invoquer  contre  elle.  Elle 
appuie  les  faits  d'assimilation  dout  nous  parlions,  comme  d'autre 
part  elle  en  est  appuyée.  La  méthode  comparative  est  et  sera  tou- 
jours obligée  de  recourir  parfois  à  ces  sortes  d'inductions  doubles. 

Je  cite  encore  le  lith.  javaî,  gr.  i,sâ  (skr.  yàva),  sâvo,  gr.  èfog, 
puis  deux  mots  où  le  même  phénomène  se  manifeste,  semble-t-il, 
en  sens  inverse  comme  dans  le  lat.  vomo  pour  *vemo.  Ce  sont 
vâkaras  ==  gr.  sôtcsqos,  si.  vecerii;  vasarà  ==  gr.  éaç^  lat.  ver. 
Plusieurs  de  ces  exemples  et  des  précédents  font  partie  de  la  liste 
où  ]\I.  J.  Schmidt  consigne  les  cas  prétendus  de  concordance  in- 
complète de  Vc  dans  les  langues  européennes:  ce  seraient,  si  tout 
ceci  n'est  pas  illusoire,  autant  de  numéros  à  retrancher  d'un  cata- 
logue déjà  bien  diminué. 

Cette  transformatiou  letto-slave  de  ev  en  âv  diffère  du  phé- 
nomène analogue  que  présente  l'italique  principalement  eu  ce 
qu'elle  n'a  pas  lieu  constamment.  Il  faut  bien  qu'il  y  ait  une 
cause  pour  que  develt  (lith.  devyni)  n'ait  pas  été  traité  comme 
'■^•sJcro  devenu  slovo,  mais  cette  cause  demeure  cachée.  —  Dans  la 
di]ilitli(jugue  au  contraire  l'assimilation  de  l'e  est  la  règle,  abstrac- 
tion faite  des  cas  tels  que  hljuda  et  riâugmi  que  nous  avons  vus 
l)lus  haut.  Il  y  a  peut-être  une  preuve  de  cette  double  origine  de 
Vuu  (en  dernière  analyse  elle  est  triple,  l'a  {à)  étant  lui-même 
fonué  de  a  -j-  a^)  dans  le  génitif  lithuanien  simaûs  des  thèmes 
en  -u  en  regard  du  géu.  a1;i'S  (et  non  «aJcais»)  des  thèmes  en 


Exemples  des  diphtlion^'ucs  -ii^  Au,  en  f,'orniiuii(iuo  et  on  lelto-slavc.  fiO 

-/  '.  Toutefois  le  rapport  exact  entre  c  et  ai  étant  ciicoïc  incciliiin, 
nous  u'iusistons  pas. 

Dans  la  descendance  letto-slave  des  diphthongues  a^l,  a.ji, 
A  l,  il  y  a  également,  nous  venons  d'y  faire  allusion,  des  perturba- 
tions assez  graves.  La  signification  exacte  de  Yi  et  de  l'ë  en  slave, 
de  IV'  (ci)  et  de  Y  ai  en  lithuanien  est  encore  un  problème.  11 
seml)le  (jue  l'ë  de  la  dernière  langue,  (pii  représente  ap])aremment 
«^/,  ne  soit  ailleurs  qu'une  dégradation  de  \ai:  on  a  par  exèmjde 
en  regard  du  gotli.  Imims,  du  boruss.  Jcaima,  voire  même  du  lith. 
liainiynas,  un  ë  dans  khnas. 

De  ce  qui  précède  il  ressort  que  les  exemples  de  ,)  lithuanien 
ou  slave  dans  la  diphthongue  ne  peuvent  avoir  comme  tels  qu'une 
valeur  très-relative,  presque  nulle  lorsqu'il  s'agit  de  j«. 

(?)  <j  h  A  i  s  :  haer-eo  lith.  gaisztù,  gaîszti.  F. 

sliAidh:  caed-o  goth.  slcaid-an,  skaislmid. 

AU  g:  aug-eo,  avi^tç  goth.  aidc-a,  aionlc;  lith.  ûug-u. 

(?).■! «s;  li-aur-io,h-aus-tus  norr.  aus-a,  jds.  F. 


aevum,  alcôv  goth.  aivs.  cf.  p.  56. 
caccus  goth.  haihs. 

ôa{if)'^Q         ags.  tâcor;  si.  dc- 
verï,  lith.  dëveris. 
hacdus  goth.  gaits. 

lacvus,  kaiôg  si.  lëvu. 


aurora  lith.  auszrù. 

caulis,  icavXôs  lith.  Jiâidas.  C. 

vâvg  norr.  nau-sL 

pau-cus  goth.  fav-ai. 

ôavôaQoç  lith.  satlsas. 

^A-yaiS^^ioC  goth.  ^«!;?\ 


1.  Le  thème  du  mot  gothique  est  gaitja-  (contrée):  'AxaioC  signifierait 
ofio^coçoi.  Ici  se  placent  peut-être  aussi  les  /Jaçiéig  Tçi-%«ixfs,  à  moins 
d'y  voir  un  composé  de  tqi'xcc  —  à  la  manière  de  l'indien  purudhd-pratïlca  — 
avec  un  thème  fin-  =  zend  vie  «clan». 


Chapitre  III. 

Les  deux  o  gréco-italiqnes. 

C'est  pour  des  raisons  toutes  pratiques  que  nous  avons  jus- 
qu'ici considéré  Vo  gréco-italique  comme  un  tout  homogène.  En 

1.  L'rtit  dii  gothique  sunaiis  ne  s'explique  pas  de  la  sorte,  comme  le 
fait  voir  la  forme  correspondante  des  thèmes  en  -i  qui,  elle  aussi,  a  l'a: 
aiistais.  Jusqu'à  présent  cet  au  et  cet  ai  ne  s'expliquent  pas  du  tout. 


70  -Le  phonème  «2- 

réalité  il  en  existe  au  contraire  deux  espèces  bien  distinctes  que 
nous  allons  étudier  l'une  après  l'autre. 

§  7.  «2  gréco-italique.  —  a^  indo-européeu. 

Les  phénomènes  des  langues  ariennes  sont  ici  trop  intime- 
ment liés  à  ceux  qu'on  observe  en  Europe  pour  pouvoir  être 
traités  à  part.  Nous  avons  donc  inscrit  en  tête  du  paragraphe 
Va.2  indo-européen  à  côté  du  gréco-italique  o^. 

La  véritable  définition  de  %  ^st,  ce  me  semble:  la  voyelle 
qui,  dans  les  langues  européennes,  alterne  régulièrement  avec  e 
au  sein  d'ime  même  syllabe  radicale  ou  suffixale. 

Ainsi,  pour  parler  d'un  a.^  proethnique,  il  faut  absolument 
placer  aussi  le  germe  de  \'e  européen  dans  la  période  d'unité  pre- 
mière. C'est  là  l'hypothèse  de  M.  Brugman.  Ce  savant,  par  une 
conception  qu'Amelung  avait  entrevue  (v.  p.  5),  renonce  à  cher- 
cher dans  l'état  du  vocalisme  que  nous  représente  l'arien  la 
domiée  d'où  il  faut  faire  découler  les  phonèmes  de  l'Occident  et 
transporte  au  contraire  jusque  dans  la  langue  mère  le  principe 
de  l'e  européen  et  du  phonème  qui  remplace  parfois  cet  e  («g), 
laissant  du  reste  le  nombre  total  des  a  provisoirement  indéter- 
miné. 

Dans  tout  ce  qui  suit  nous  partons  de  cette  hypothèse  non 
prouvée  de  l'origine  proetlmique  de  a^  =  e.  Quant  à  a.,,  nous 
voulons  le  prouver  par  le  moyen  des  faits  réunis  dans  le  para- 
graphe, lesquels  du  reste  sont  généralement  connus.  —  Plus  tard 
nous  examinerons  jusqu'à  quel  point  ces  faits,  en  assurant  «2? 
n'assurent  pas  du  même  coup  r«i  indo-européen. 

M.  Brugman  s'est  étendu  avec  le  plus  de  détail  sur  a.,:  Stu- 
dieu  IX  3G7  seq.  379  seq.  K.  Z.  XXIV  2.  Ce  phonème,  dit -il, 
devient  dans  l'arménien,  le  grec,  l'italique  et  le  slave  ^:  o,  dans  le 
celtique,  le  germanique  et  les  langues  de  la  Baltique:  a,  dans 


1.  Bien  que  ce  no  soit  pas  là  une  question  de  fond,  nous  aimerions 
mieux  ne  pas  mettre  ainsi  le  slave  en  compagnie  des  langues  du  sud,  car 
on  ne  saurait  trop  insister  sur  la  disjiaritt'  de  Vo  slave  et  de  l'o  des  lan- 
p^es  classiques.  Le  premier  a  ni  plus  ni  moins  la  valeur  d'un  ((  lithuanien 
ou  gothique.  Quand  nous  voyons  au  contraire  a^  devenir  en  gi-éco-italique 
0  et  non  a  (antithèse  qui  en  slave  n'existe  pas) ,  c'est  là  un  fait  notable, 
que  nous  avons  utilise  §  4,  s. 


a_j  au  pariiiit.  7  1 

l'arien  en  toute  syllabe  ouverte:  a,  mais,  si  la  syllabe  est  fer- 
mée ',  a. 

Comme  nous  le  disions,  il  y  a,  indépendamment  ih;  ce  (jui 
appartient  aux  liquides  sonantes,  des  o  <^réco-itali((ues  (|ui  re- 
montent à  un  phonème  autre;  que  a.^.  Nous  appelons  o.^  l'espèce 
<|ui  éffuivaut  à  l'ajicien  a.,:  le  second  r>  recevra  la  dési<^natio)i  o. 

Voici  les  formations  où  «^  (gréco-it.  a,)  vient  régulièrement 
remplacer  a^  (e). 

1.    Syllabe  radicale. 

a.    POnMATIONS    VEItBALK.S. 

Pakfait.  Tandis  que  dans  l'origine  le  moyen  ainsi  que  le 
pluriel  et  le  duel  de  l'actif  rejettent  \'a^^  radical,  le  simjuUer  de 
l'actif  Ini  substitue  a./.  On  trouve  toutes  les  formes  grecques  en 
question  énumérées  chez  Curtius  Verb.  II  185  seq.  188  seq.  En 
voici  quelques  exemples  pris  dans  les  trois  modèles  de  racines  de 
la  page  8: 

jev:    ysyova  bepK:     ôsôoQxa  Xey:   £Ïko%a 

Kiev:  EKtova  FeiK:      soLKa  leK:   réroxa 

|U€p:    ë^^oQa  èXeu0:  siX'^Xovd-a^  X^^'-  xexoôa 

1.  Pour  la  diphthongue,  on  pourra  nommer  syllabe  ouverte  celle  où, 
étant  suivi  d'ime  voyelle,  le  second  élément  de  la  diphthongue  se  change 
en  une  semi-voyelle  {ciJcdya);  la  syllabe  fermée  est  celle  qui  est  suivie 
d'une  consonne  {bibhfda). 

2.  Nous  avons  parlé  plus  haut  de  l'extension  secondaire  de  cette 
forme  en  grec  (p.  12  et  p.  22  i.  n.).  oïda:  i'dfisv,  et  quelques  autres  exem- 
ples reflètent  l'image  de  l'état  primitif  qui  est  encore  celui  du  germanique 
et  du  sanskrit. 

3.  On  sait  que  la  diphthongue  ov  n'est  plus  en  grec  qu'une  antiquité 
conservée  çà  et  là;  les  parfaits  comme  itécpevycc,  tîtbvxcc,  ne  doivent  donc 
pas  étonner.  Mais  on  trouve  encore  d'autres  parfaits  contenant  Vs,  tels 
que  tienXe^cùg,  lèlsya.  Au  moyen,  ces  formes  sont  nombreuses,  et  l'on  a 
même  la  diphthongue  ft  dans  lélsintai,  nénfiaiiai  etc.  (à  côté  des  forma- 
tions régulières  fixTo,  i'd^ai,  TtTvyj.iaL  etc.).  Cet  e  vient  certainement  en 
partie  du  présent,  mais  il  a  encore  une  autre  source,  les  formes  faibles  du 
parfait  chez  celles  des  racines  de  la  forme  C  qui  ne  pouvaient  rejeter  c^ 
—  certaines  d'entre  elles  le  pouvaient,  v.  page  12  i.  n.  Ainsi  ts h  a  dû  faire 
d'abord  rtrons,  plur.  *TfTE)tn;,ufv  ou  *zstiiy.usv,  parce  que  «Tfrx.ufv»  était 
impossible.  Ce  qui  appuie  cette  explication  de  l's ,  c"est  que  les  formes  en 
question,  celles  du  moins  qui  appartiennent  à  l'actif,  sont  principalement 
des  participes,  et  que  le  partie,  parf.  demande  la  racine  faible.  Ex.:  iv- 
rjvoxa  ttv-rivsxvLccv,  li'loxcc  owsilêx^^Ç  etc.    Curtius  Yerb.  II  190. 


72  «2  ^^^  parfait. 

Dans  le  latin  totondi,  spojyondi,  momordi  (v^ latin  spcpondi, 
memordî)  vit  im  reste  de  cette  antique  formation.  On  peut  sup- 
poser que  le  présent  de  ces  verbes  a  été  d'abord  *tendo,  *spcndo, 
*))icrdo.  A  côté  de  ces  présents  on  avait  les  dérivés  tondco,  spon- 
deo,  niordeo,  et  en  vertu  de  la  règle:  qui  se  ressemble  s'assemble, 
le  verbe  en  -eo  se  mettant  en  rapport  avec  le  parfait  finit  par 
évincer  l'ancien  présent.  —  Cf.  p.  13.  ^ 

Dans  les  langues  germanic[ues  le  singulier  du  parfait  nest 
pas  moins  bien  conservé  que  le  pluriel  et  le  duel.  Là,  partout  la 
forme  faible  privée  d'«  (p.  12  et  22),  ici  partout  a^  sous  sa  figure 
germanique  «:  gcd)  de  gihan,  hait  de  heitan,  haug  de  biugan,  varj) 
de  vairjjan,  rann  de  rirman  etc. 

Le  parfait  irlandais  traité  par  M.  Windiscb  K.  Z.  XXIII 
201  seq.  est  fort  intéressant:  ici  encore  Ve,  expulsé  au  pluriel,  de- 
vient a  (=  a^)  au  singulier.  L'auteur  réunit  les  exemples  de  cet 
rt,  p.  235  seq.  où  il  n'y  a  qu'à  choisir  dans  la  masse.  Prés,  con- 
dercar  «voir»,  parf.  sing.  ad-cJion-darc ;  prés.  Nigini  «traire»,  parf. 
sing.  do  ommalgg  etc. 

Les  langues  ariennes  répondent  par  l'a  long  dans  la  syllabe 
ouverte:  iikr.  gagâma,  paiMta,  viMya.  La  syllabe  fermée  comme 
la  diplithongue  suivie  d'une  consonne  ont  Va  bref,  selon  la  règle: 
dadârra,  hibhéda. 

Il  est  singulier  que  dans  la  langue  védique  la  première  per- 
somie  ne  montre  jamais  d'à  long,  et  que  même  dans  le  sanskrit 
classique  la  longue  ne  soit  que  facultative  pour  cette  forme. 
M.  Brugman  (Stud.  371)  a  cherché  à  expliquer  le  fait  au  moyen 
de  son  h3^pothèse  sur  la  désmence  -a  de  cette  première  personne, 
laquelle  représenterait  mi  ancien  -m  (v.  p.  42):  la  syllabe  se  trou- 
vant ainsi  fermée,  l'a  bref  de  gagàma  etc.  n'aurait  rien  que  de 
régulier.  Mais  1"  il  est  permis  de  douter  que  cet  a  représente 
vraiment  une  nasale;  2°  ce  point  même  étant  admis,  on  préjuge 
dans  cette  explication  la  question  de  savoir  quel  i)liénomène  est 
antérieur  de  l'allongement  de  a^j  ou  de  l'évanouissement  de  la  na- 
sale; 3"  dans  rà(jân-{a)in ,  p{\d-(a)m  et  autres  formes  la  désinence 
-m  n'a  pas  empêché  l'allongement  de  a.^.  —  Il  faut  avouer  qu'on 
ne  saurait  tenir  pour  certaine  la  présence  de  a.^  h  la  première  per- 
sonne: cl  h'  est  assurée  pour  la  3"  persoime,  et  probable  pour  la 
seconde  ((j(iga)dli(i);  voilà  tout,  car  en  grec  et  en  germanique  la 


«^  dans  différentes  formations  verbiilcs.  7^5 

première  personne  pouvait  facilement  ('in])runter  <i.^  ;i  la  seconde 
et  à  la  troisième  '. 

A  part  ce  petit  groupe  du  parfait  singulier  on  ne  iciicuntre 
nulle  part  dans  la  flexion  verbale  a^  remjdiieinit  l'rtj  riidical. 
Trois  aoristes  sigmatiques  grecs '"^r  Ôoâaaaro  en  regard  de  l'iinparf. 
dtâ^irjv,  -ttoGOE  (Pindare)  de  la  rac.  Ttx,  t,6u(Sov  afii'aov  lies.  cf. 
^£Îvv^6v,  peuvent  néanmoins  renfermer  un  vestige  de  quelque 
autre  emploi  de  a.^.  Et  il  se  trouve  justement  que  l'aoriste  indien 
en  -ièam  allonge  Va  radical  dans  la  syllabe  ouverte  comme  si  cet 
«était  «2  :  âJmnisam,  âvâdisam.  Seulement,  dans  le  dialecte  vé- 
dique, l'allongement  n'est  qu'intermittent:  la  liste  que  donne 
Delbriick  Altind.  Verh.  1 79  seq.  montre  qu'à  une  ou  deux  excep- 
tions près  il  n'a  lieu  que  si  toutes  les  syllabes  qui  suivent  sont 
brèves,  parce  qu'apparemment  une  certaine  cadence  du  mot  serait 
sans  cela  troublée.  Il  faudrait  savoir,  avant  d'être  en  droit  de 
conclure  à  la  présence  de  %;  si  des  raisons  de  ce  genre  ont  pu 
arrêter  l'allongement  de  ce  phonème.  Nous  croyons  en  efiFet  qu'il 
eu  est  ainsi;  v.  p.  88.  Il  serait  essentiel  aussi  de  connaître  exacte- 
ment l'origine  de  l'aoriste  en  -ièam  sur  laquelle  nous  reviendrons 
au  chapitre  VI.  Dans  tous  les  cas  l'aoriste  sigmatique  ordinaire, 
comme  sd6i,i,a,  montre  a^  et  non  a^,. 

Verbes  dérivés.  Outre  les  dénominatifs,  qui  naturellement 
prennent  la  racine  telle  qu'elle  est  dans  le  thème  nominal,  il 
existe  des  verbes  dérivés  qu'on  aimerait  appeler  déverbatifs  et 
dont  il  est  impossible  de  ne  pas  faire,  au  moins  provisoirement, 
une  classe  distincte,  comme  lèvent  l'accentuation  indienne.  Nous 
les  placerons  donc  ici  plutôt  que  d'en  faire  un  appendice  aux 
thèmes  nominaux.  Ils  ont  eu  partie  le  sens  causatif.  L'a,  radical 
devient  chez  eux  «2- 

Gothique  draglijan  pour  ^dragliijan,  cf.  driglan;  lagjan,  cf. 
ligan;  Jcausjan,  cf.  hiusan. 

Grec  o%éco  de  /£%,  (pOQsa  de  çpf^,  G/iOTiéco  de  Cxstt.  q?Q(i£co  de 
ç)£/3  est  peut-être  un  causatif. 

1.  Il  est  singulier  de  tronver  chez  Hésychius  une  1*^  pei-sonne  Xélsya, 
suivie  à  quelques  lignes  de  distance  d'une  2®  pers.  Xiloyccg.  Mais  il  nV  a  là 
sans  doute  qu'un  hasard. 

"2.  Ahrens  (I  91))  conjecture  un  aoriste  colique  ôççcizoa,  de  éi'çaj  «entre- 
lacer». Ce  serait  une  quatrième  forme  do  cette  espèce. 


74  «•.  dans  les  verbes  dérivés  et  dans  les  thèmes  en  -tna. 

Ou  a  en  latiu  monco  de  mm,  noceo  de  nec,  torrco  (dans  le  sens 
causatifj  de  ters.  mordeo,  spondeo,  tondeo  trouvent  dans  les  lan- 
gues congénères  Ve  radical  requis.  Nous  reviendrons  sur  tongeo 
et  le  ^oÛ\.Jiacil:jan^.  On  connaît  les  deux  exemples  gréco-italiques 
torquco  =  rçonéa  (rac.  terh^,  sorheo  =  çocpéa  (rac.  serhh).  Curtius 
Verb.  P  348.  —  Le  latin  conserve  Yo  dans  des  formes  dérivées 
directement  de  la  racine  et  qui  primitivement  devaient  avoir  une 
autre  voyelle,  ainsi  dans  sponsus,  tonsus.  Dans  morsus,  tostus,  on 
pourrait  à  la  rigueur  admettre  que  or  est  sorti  d'une  liquide  so- 
nante. 

Ce  que  peut  fournir  la  1''  conjugaison  appartient  aux  dé- 
nominatifs, car  les  langues  congénères  ne  montrent  jamais  .i 
dans  la  syllabe  de  dérivation  de  cette  espèce  de  verbes. 

En  paléoslave:  po-loHti  de  leg,  topiti  de  tep,  voziti  de  vez  etc. 

Nous  trouvons  dans  les  langues  ariemies  la  voyelle  longue 
qu'il  fallait  attendre:  s'kr.  pâtiiyati  àe pat,  çrtivâyati  de  cro.  Zend 
parayëiti  àe  par.  —  Les  racines  fermées  ont  la  brève  régulière: 
vartâyati,  rocmjati. 

b.    FORMATIONS    NOMINALES. 

Thèmes  ex  -ma.  Le  grec  en  offre  mi  assez' grand  nombre. 
Nous  désignons  par  Hm.  ceux  qu'on  trouve  chez  Homère,  par  Hs, 
ceux  qui  sont  tirés  d'Hésycliius. 


ei     oi^o  ^  Hm.     Xex  ^ôx(irj  Hm. 
épK  oQXfio  Hs.   1  cep  oQ^o  Hm. 


ppex /39o;K(ud  Hs.  2cep     oQfi'^Em. 


FeX  oX^o  Hm.      TTÉT  TtÔT^io^lhn.    bex    àoyjiy']  creX   ôtoX^o 

Fep  opfio  Hm.      TeX  ToA^ujj-Hm.   Kep    xoç^ôllm.      cpep    (poç^ô^ 
Tep  Topjito''  cXei   Ao<uo ^''Hm.     (p\e'(  cpXoy^o 

TrXeK  ;rAo;t^oHm.   Fex    Gvv-sox^ô 
I  Hm. 

1.  En  outre  oi'^t].  —  2.  S'il  était  prouvé  que  le  t  initial  de  TfTftfiV 
vient  d'une  ancienne  gutturale,  il  vaudrait  mieux  retirer  Ttàtfiog  de  la  rac. 
TTfr.  Le  rapport  de  nôr^og  à  Tirfisîv  serait  quant  à  la  consonne  initiale 
celui  de  noivrj  à  tiicai.  —  3.  C'est  TÔpftos  dans  le  sens  de  téçfia,  non  tÔq- 
fiog  <'troU'>  que  nous  entendons.  —  4.  àXoinôg  «enduit»  est  un  mot  con- 
servé dans  l'Etymol.  Mag.  Il  se  rapporte  non  à  àliîcp<a  mais  à  kIîvsiv 
àXn'(f)nv,  et  au  lat.  lino  (lëri,  llti(s);  v.  Curtius  Verb.  I-'  259.  —  5.  Il  existe 
une  racine  ,s?v/,t  «pécher,  être  criminel,  se  i^erdre»:  elle  a  donné  le  skr. 

1.  Dans  foceo,  moveo,  voveo,  mulgco,  urgeo  et  d'autres,  il  faut  tenir 
compte  de  l'influence  possible  des  phonèmes  avoisinants. 


a.^  (lan.s  les  thômoH  en  -ïiitt.  7') 

sre-man  dans  asremnn  que  Bôhtl. -lioth  et  GrasHmann  (h-  v.  srcman)  tra- 
duisent par  fchîerlos,  peut-être  aussi  srima,  nom  de  fantftmcH  nocturnCH. 
En  latin  lë-ttun,  de-leo  (<le-levi).  En  grec  Aot-.ju.os  et  Xoirôg'  Xoiuôç  JIck.  re- 
jeté par  M.  Schmidt,  quoique  garanti  par  Tordre  alphaVji'tique.  Une  racine 
sœur  se  trouve  dans  le  skr.  srivyati  «manquer,  échouer ;■>  parent  du  grec 
Iv^rj,  Iviiaîvo^ai.  Puis  il  y  a  la  racine  amplifiée  sra^idh:  skr.  srcUhati 
«etwas  falsch  machen,  fehlgehon»  et  sri'dh  «der  Irrende,  dcr  Verkehrtc» 
(B.  R.);  elle  donne  en  grec  ryAt'^toç,  dor.  âiî&iog  pour  à-aXî&iog  (rjleôç  est 
autre  chose).  La  branche  sra^i-t  ne  se  trouve  qu'en  Europe:  goth.  slcilis 
«nuisible»,  grec  tt-((>)lix-siv  «pécher»,  kXoltÔç'  ûnaQToûôç;  peut-être  en 
outre  le  lat.  stUt-.  On  peut  admettre  du  reste  que  àXvziiv  n'a  reçu  sa  den- 
tale que  sur  sol  grec.  C'est  là  l'opinion  de  M.  Curtius  (Grdz,  547),  et  elle 
a  une  base  très-solide  dans  la  forme  âXiC-xriç.  —  G.  V.  le  dictionnaire  de 
Passov?  s.  V.  ^syyiôç.  —  7.  Il  est  douteux  que  le  mot  vienne  de  (péça,  mais 
le  degré  cpsQ  existe  en  tous  cas  dans  cpeçvîov,  (psQfiiov  «j^anier». 

Le  verbe  aoLfiâo^at  indique  un  ancien  thème  '"^xotfir]  ou 
*xotfio  de  la  rac.  xsi.  Dans  7il6x(a)^og  de  TiXtx,  ovX(a)^6g  de  /«A 
on  a  sans  doute  le  même  suffixe.  —  Quelques  exceptions  comme 
teifi'^  (inscr.),  dftftdç,  àysQiiôg,  présentent  Ve  dans  la  racine:  ce 
sont  des  formations  nouvelles  (|ui  ont  suivi  l'analogie  des  neutres 
en  -[la.  Pour  xsvd'^iôg  même  remarque  qu'à  propos  de  ntcptvya. 

La  racine  du  lat.  forma  sera  sans  doute  fer  (anc.  dha^r), 
avec  e;  Vo  est  donc  %. 

Les  thèmes  germaniques  flauma-  «flot»  (Fick  III'^  l'-^-^)? 
strauma-  «fleuve»  (F.  349),  seraient  en  grec  «TiXovfio,  qov^io».  De 
la  rac.  ber  vient  harma-  «giron»  (F.  203),  qui  en  gothique  est 
devenu  un  thème  en  -i.  Le  goth.  Jiainis  «village»  n'est  thème  en 
-l  qu'au  singulier:  l'ancien  haima  reparaît  dans  le  plur.  (fém.) 
Jiaimos;  le  degré  a^  se  trouve  dans  heiva-  «maison». 

Au  germ.  haima-  répond  en  borussien  Icaima,  cf.  lith.  kai)>nj- 
nas  et  Ji'cmas  (p.  69).  De  vez  (vehere)  le  lithuanien  forme  vazmà 
«le  métier  de  charretier»  (Schleicher,  Lit.  C^r.  129),  de  lonh  «cour- 
ber», avec  un  s  inséré,  lànhsmas  «courbure». 

Les  thèmes  en  -ma  du  Véda  se  trouvent  réunis  dans  le  livre 
de  M.  B.  Lindner,  Altuidische  Nominalbilduny  p.  90.  Nous  citons 
une  fois  pour  toutes  ce  livre  indispensable  que  nous  avons  con- 
stamment consulté  et  utilisé  pour  tout  ce  qui  concerne  la  forma- 
tion des  mots. 

La  syllabe  radicale  de  ces  thèmes  indiens  ne  se  trouve  jamais 
dans  la  position  qui  met  a.^  en  évidence,  puisque  le  suffixe,  com- 


76  a^  dans  les  thèmes  en  -ma  et  en  -ta. 

meuçaut  par  ime  cousomie,  en  fait  une  syllabe  fermée.  On  ne 
peut  pasp'Oîa-er  a.^  dans  s&r-ma,  é-ma  etc.,  comme  d'autre  part  on 
ne  pourrait  pas  prouver  que  leur  a  est  a^.  Une  série  de  thèmes 
indiens  en  -ma  présente  donc  la  forme  forte  de  la  racine:  une 
seconde  série,  il  est  vrai,  rejette  la  radical,  mais  celle-là  aussi, 
comme  nous  le  constaterons,  se  reproduit  dans  les  langues  con- 
génères. La  première  classe,  celle  qui  nous  intéresse  ici,  accentue 
comme  en  grec  tantôt  la  racine  tantôt  le  suffixe.  Ex.  hô-ma^ 
dhâr-ma,  et  nar-mâ,  gliar-mâ. 

Cette  formation  donnait  des  noms  abstraits  masculins  (car 
les  féminins  comme  le  gr.  oï^r]  ou  le  lat.  forma  sont  étrangers  au 
sanskrit),  mais  elle  ne  paraît  pas  avoir  produit  d'adjectifs.  Le 
cas  du  lat./brwM(s,  gr.  -ô-f^ftdg,  est  isolé,  et  en  sanskrit  gharmâ  est 
substantif.  En  ce  qui  concerne  d^eQ^og,  son  s  est  postérieur,  car, 
outre  for  mus,  le  gh  de  gharmâ  indique  a.^  (v.  cliap.  IV).  Cet  s,  il 
est  vrai,  a  dû  être  introduit  avant  que  le  procès  du  dentalisme 
fût  consommé;  autrement  le  d-  ne  s'expliquerait  pas. 

Thèmes  en  -ta.  Nous  commençons  comme  toujours  par 
le  grec: 


ei 

OITO 

vec 

v60to 

àFep   àoQxri 

Kei 

xotto  ^ 

qpep 

(pOQTO 

Ppe|u  ^Qovxri 

Kev'"^ 

XOVTO 

Xep-' 

lOQXO 

)Uep       ^OQTIJ 

1.  Et  le  fém.  yiotzrj.  —  2.  ksv  est  la  vraie  forme  de  la  racine;  de  là 
yiév-TcoQ,  Ksv-TQov,  xfv-Tf'û).  Peu  de  probabilité  pour  le  rapprochement  avec 
skr.  kunta.  —  3.  Dans  îv-xbq-tjç. 

nXovtog  est  d'une  formation  trop  peu  claire  pour  figurer 
dans  la  liste.  L'admission  de  aoçtr]  et  du  sicil.  ftotroç  dépend 
aussi  de  l'étymologie  qu'on  en  fera.  AoiTog  en  revanche'  prendrait 
place  ici  de  plein  droit  ^  (v.  p.  75). 

Le  latin  a  Jiortus  =  x^Q^og.  M.  Fick  compare  Morta,  nom 
d'une  Parque,  à  fioQv^  «part»,  mais  ce  nom  est-il  latin?  Nous 
avons  mis  porta  parmi  les  cas  de  liquide  sonante,  p.  15. 

Le  gothique  a  dauj)a-  «mort»  de  rZ/mn (germ. c?à»(/a-,  Verner 


1.  On  ne  sait  où  placer  les  noms  d'agents  en  -rTj-ç,  dont  la  parenté 
avec  les  mots  en  -rr/ç  (Hrugman,  Stud.  IX  404)  est  bien  douteuse,  vu  Ïk 
du  dorique.  Qucltiues-uns  ont  l'o:  ayi'pr/}ç(?),  rJoprryg  (mais  aussi  «oçr/jp), 
'ylQyn-(f)ûvzr]ç,  féin.  v,vvo-rpôvriç:,  Movocc,  * Môvrifa  ït'nx.  do* Môvrrjg.  (pQOv- 
Ttg  est  de  dérivation  secondaire. 


«2  dans  les  thriiies  on  -la  ot  on  -vn.  77 

K.  Z.  XXTTI  V2?>).  D'ordiiiairo  ccpciKlaiit  ce  lU'  sont  que  les 
thèmes  en  -ta  dont  la  syllalje  radicale  est  affaiblie,  non  ccnx  où 
elle  est  du  degré  a.^,  qui  servent  à  former  des  participes.  La  racine 
germanique  hrcn  «  brûler  i>  donne  hranj)a-  «'incendie/)  (Fick  111  •' 
205);  hreu  «brasser»  donne  hrmida-  ncut.  «pain/)  (F.  21  H).  Quant 
au  goth.  gards,  il  faut  le  séparer  du  gr.  ;^o()tos,  v.  J.  Schmidt  Voc. 
n  128.  L'c  des  mots  Jjiujja-  neut.  «bien»  et  ^iuda  fém.  <^peii|.li'  . 
est  surprenant;  ici  naturellement  l'italique  toulo  comme  aussi  le 
litli.  tarda  sont  sans  valeur  (pag.  ()C  seq.). 

iSchleiclier  donne  un  certain  nombre  de  ces  thèmes  à  hi 
page  115  de  sa  grammaire  lithuanienne:  tvàrtas  «  clôture />  de 
tvcrti,  restas  «billot»  de  rent  «tailler»,  s;)rtstoi  masc.  j)lur.  «tré- 
buchet»  de  5^)6^^  «  tendre  des  pièges»;  nasztà  fém.  «fardeau»  de 
ncss,  sïaptà  fém.  «le  secret»  de  sle^')  «cacher»  etc.  —  En  paléo- 
slave: vrata  neut.  pi.  =  *vorta  «porte»;  c'est  le  lith.  variai;  vcrfl 
nous  montre  Vc.  De  peu  vient  jf)«-to  «entrave». 

En  sanskrit  ces  thèmes  auraient,  j'imagine,  l'aspirée  th-^  nuiis 
je  n'en  trouve  point  d'exemple  bien  transparent.  Le  zend  a  gac&a 
fém.  «le  monde»  de  ^aë  (soit^^)  «vivre»,  dvae&a  «crainte»  de  la 
racine  qui  est  en  grec  ôJ^si,  (Curtius,  Stud.  VIII  466).  Le  'O-  équi- 
vaut à  un  ancien  th.  Quelques  autres  formes  sont  consignées  chez 
Justi  p.  37L  —  Les  neutres  ^raota  et  çraota  sont  vraisemblable- 
ment les  écjuivalents  de  skr.  srotas  et  rrâtas  passés  dans  uiu^  autre 
déclinaison  ^ 

Thèmes  EX -na.     epecp  oQcpvy]       9ep  ^qovo^       nei  noivri 

1.  %^q6voç  est  la  métathèse  de  *Q'6qvoç  assuré  par  ^oQvaè,-  vnonôSiov. 
KvTtQioL  Hes.  Sur  la  rac.  &£q  v.  Curtius  Grdz.  257. 

On  ne  peut  savoir  si  la  racine  de  d-oLvi]  est  -S-ft,  avec  c.  11 
est  difficile  aussi  de  rien  décider  sur  oivog,  vnvog  et  oxvos.  téxin]^ 
ësôvov,  q)EQVYi  (éol.  (psQsva)  montrent  un  s  irrégulier.  Quant  à 
Va  de  TtKVov,  prenons  garde  quici  \'e  ne  pouvait  pas  tomber  -  ce 
qui  n'est  pas  le  cas  pour  ^sçvt]  — ,  que  par  conséquent  rien 
n'empêche  tex  de  représenter  le  degré  où  la  racine  expulse  Vc. 
Or  il  existe  une  seconde  série  de  thèmes  en  -na  qui  en  effet  affai- 

1.  Il  est  vrai  que  çraota  coïncide  avec  le  goth.  hîiup,  mais  l'e  de  cette 
forme  fait  sopçonner  qu'elle  est  récente.  Quant  au  lith.  sriaiitasi,  il  peut 
s'identifier  à  srôtas  aussi  bien  qu'à  Çraota. 


78  «2  <l^"s  l^s  thèmes  en  -na. 

blit  la  racine:  c'est  à  cette  classe  sûrement  qu'appartient  rixvov 
et  son  équivalent  germanique  ^egnâ-  (oxyton,  v.  Verner  1.  c.  98). 
TcoQvrj  en  fait  partie  également;  son  o  n'est  pas  «2- 

En  regard  de  (ovog,  aviq  (skr.  vasnâ),  le  lat.  vemim  dure  et 
le  slave  vèno  présentent  un  e  fort  extraordinaire.  Il  faut  dire  que 
l'étymologie  de  ce  mot  n'est  point  encore  éclaircie  et  qu'il  nous 
apparaît  entièrement  isolé.  On  pourrait,  il  est  vrai,  le  mettre  en 
rapport  avec  skr.  vâsii. 

La  racine  germanique  veg  doime  vagtia-  «char»;  her  donne 
harna-  neut.  «enfant»  (mais  en lith.  bernas)'^  de  leih(v)  vient  laihna- 
neut.  «le  prêt»  (F.  IIP  260),  de  leug  langna  fém.  «action  de  ca- 
cher» (F.  276).  On  aurait  tort  de  placer  ici  launa-  «salaire»:  le 
grec  lav  nous  apprend  que  son  a  est  a. 

Je  trouve  en  lithuanien  varsnà  fém.  arçocpr]  ^oœv  (de  vèrsfi?) 
et  Minas  «montagne»  de  lel.  On  compare  à  ce  dernier  le  lat. 
collis:  peut-être  y  a-t-il  même  identité  complète,  car  le  passage 
d'un  thème  en  -o  comme  *colno  dans  la  déclinaison  en  -i  se  ren- 
contre dans  plusieurs  cas.  Pour  mainas  «échange»  =  si.  mhm 
(F.  Il-  63o),  la  voyelle  radicale  est  incertaine.  Slave  strana  «ré- 
gion» pour  *storna;  cèna  «honneur»  identique  au  gr.  Ttoiviq,  au 
zd.  Mena  fém.;  Va^  radical  est  évident  dans  le  dor.  ccTtotsiGst  et 
autres  formes.  On  connaît  moins  bien  la  racine  du  zd.  daena  fém. 
«loi»  que  M.  J.  Schmidt  (Verwandtsch.  46)  compare  au  lith.  dainà 
(cf.  crét.  è'v-d-Lvog  =  evvofiog?).  Zd.  vaçna  «désir». 

En  sanskrit  on  a  entre  autres  les  oxytons  ^waf^îrt,  (vasnâ), 
syonâ  adj.  «moelleux»  d'où  syonà-m  «couche»  (=  gr.  avvri  pour 
*owïJ?),  les  paroxytons  vârtm,  svâima,  phéna.  A  ce  dernier  ré- 
pond le  lith.  jr)r"«s  qui  semblerait  prouver  a^\  mais,  comme  dans 
kêmas,  il  y  a  lieu  de  se  délier  de  ë,  d'autant  plus  que  le  gr.  q)oi- 
v6g  «sanglant»  (primit.  «écumant»?)  pourrait  bien  attester  posi- 
tivement a^. 

Thèmes  GUECS  EN -co.    (tgk  to'^o^)     K€p  xoçaô"     XeK  ylo^o 

1.  L's  appartient  peut-T-tre  à  la  racine  comme  c'ebt  le  cas  pour  7ta- 
Xîv  o(jco,  urp-oQQO.  —  2.  koqgÔv  xoçtiov  Hes.  —  Je  ne  fais  que  montionner 
vôaog  vovaoç  et  fiopoiftoç.  <  )n  pourrait  ajouter  Sô^a  de  ôsk  si  Ton  assimi- 
lait son  «  a  celui  «le  zôXfia. 

!><•  latin  partage  avi'c  h'  grec  le  tbèiue  lohso  (li4xus)  et  possède 
en  outre  nn.x(f,  et",  rirrarc. 


0.,  dans  les  thèmes  grecs  en  -avo  et  en  -fv.  70 

Thèmes  oijkcs  en  -avo,  -av\\.  On  les  trouve;  réunis  clic/ 
<)!.  Mcyer  Nasalstamtne  61  .seq.  En  liiis.sant  de  cote  les  adjectifs 
en  -av&,  il  reste  principalement  des  noms  d'instrument  proparo- 
xytons, dont  quelques-uns  montrent  \'e,  tandis  que  la  majorité 
prend  0^.  Ainsi  àçénavo^  Grtcpavo  en  regard  de  ^ôccvo,  oçyatfo, 
oiavo,  noTiavo,  ;^oar'o,  xôÔavo  etc.  A  côté  de  oQtiûvri  (Eschyle) 
on  trouve  beaucoup  plus  tard  açxâvrj.  Somme  toute,  il  semldc 
que  Vo  soit  de  règle.  Cf.  litli.  darg-anà  «temi)s  ])luvifii.\  ■>  de  <k'r<j, 
râ(j-ana  «sorcière»  de  reg  «voir». 

L'o  du  grec  paraît  à  première  vue  s'accorder  à  merveille  avec 
l'a  long  des  mots  indiens  tels  que  l'adj.  nàrana  perditor  de  nàratl 
perire  ou  le  neut.  vàhana  «véhicule»  tout  pareil  à  oxavov.  Mais 
ces  mots  ont  un  rapport  si  étroit  avec  les  verbes  de  la  lO''  classe 
qu'il  est  difficile  de  ne  pas  voir  dans  leur  suffixe  une  mutilation 
de  -aijana^.  Et  cependant  la  formation  existe  aussi  en  zend:  dCi- 
rana  «protection»  =  skr.  dharana.  Nous  laisserons  la  question 
indécise. 

Thèmes  grecs  en  -eu.  Ils  prennent  constamment  o.^  si  la 
racine  a  e.  Ainsi  yev  yovtv,  Fex  ^^X^^^  ve|Li  vo^sv,  Txeixn  Tto^nsv, 
TÊK  tozsvj  Tpecp  tQO(psv^  x^v  %0EVy  et  cent  autres.  Mais  ces  mots 
sont  probablement  de  dérivation  secondaire  (Pott  K.  Z.  TX  171); 
ils  auraient  pour  base  les  thèmes  qui  suivent. 

Thèmes  en  -a.  Ou  peut  diviser  de  la  manière  suivante  ceux 
(contenant  a^)  que  fournit  la  langue  hellénique: 

Adjectifs  (relativement  peu  nombreux):  bex  Ôouk  Te)n  ro^ô, 
è\K  oljio,  C|uei  Gfioiô,  6eu  -O-oo',  Xem  ^oiTto  etc. 

Noms  d'agent:  kActt  xXotcô,  Tpeqp  rçocpo,  TreiuTT  jto^nô,  àFeib 
âoiôô  etc. 

Noms  d'objets  et  noms  abstraits:  ireK  nâxo,  tek  toxo,  lecp 
t,ôq)o,  ve|Li  v6(io,  ttXeu  nkoo,  cxeix  Gtotxo,  ep  [7i£i>rtix6i>r-\oQO  etc. 
—  Oxytons:  Xeir  Ao:7ro,  V6|u  vo^6,  Xeuy  Aoiyo  etc. 

Féminins:  bex  ^0%*},  cieX  ôtolï],  cpepP  (poQ^y'j,  cnevb  a7roi'ô)'j, 
XeiP  /lot/3?;,  CTTeub  GtcovÔï'j  etc. 

Le  latin,  fort  chiche  de  ses  a.^,  en  met  parfois  où  il  n'en  faut 
point.  Il  a  les  neutres  pondes-  de  pend  et  foedes-  de  feid,  alors  que 
le  règle  constante  des  thèmes  en  -as  est  de  garder  a^  dans  la 

1.  La  chose  est  évidente  dans  astamana  et  antarcu.ia,  v.  B.  R. 


go  «2  <^^°8  1^^  thèmes  en  -a. 

racine  ^  Probablement  ces  mots  ont  été  d'abord  des  neutres  eu  -a. 
L'ablatif  2W«f7o  ne  s'explique  pas  autrement;  */birfo- n'a  pas  laissé 
de  trace,  mais  le  neutre  ^feidos  est  conservé  dans  fidus-ta  qui 
serait  donc  plus  primitif  que  le  foideratei  du  sénatusconsulte-des 
Bacchanales.  L'opinion  de  Corssen  qui  fait  de  ftdnsta  un  super- 
latif est  rejetée  par  d'autres  autorités.  —  Outre  ces  deux  mots  à 
restituer,  nous  trouvons  dolus  =  ôoXog  —  le  degré  del  n'existe 
plus  nulle  part,  mais  Vo  de  ce  mot  fait  bien  l'effet  d'être  o^  — 
modus  de  med  (gr.  ^éô-L^vos,  goth.  mit-an)'^  pivcus  de  ^^rec  (cf. 
Xyrocax)]  rogns  de  regi?)'^  vieux-lat.  tommi  de  (s)ten  {2Jt8v-tg)q  etc.)  ; 
le  fém.  toga  de  teg.  On  peut  mentionner  ici  jwdex  de  ^;ëf?  =  '^perd. 
—  On  s'étonne  de  l'osq.  feîhoss  en  regard  du  rotxog  grec. 

En  gothique  :  saggva-  (siggvan),  vraka-  (vrikari),  dragla-  neut. 
(drigJcan);  laïba  fém.  (-îeihan),  staiga  fém.  (steigan),  hnaiva  adj. 
(Jmeivmi),  etc. 

En  lithuanien:  dagà  «temps  de  la  moisson»  (goth.  daga-)  de 
deg  «brûler»^;  vâda-s  de  ved;  tàJca-s,  slave  tolcû  de  tek;  hradâ  fém., 
si,  hrodu  de  bred.  En  slave  ^j/ofw  de  j)?ef,  laM  de  Içk,  trqsu  de 
trcs  etc. 

Les  langues  ariennes  montrent  dans  la  syllabe  ouverte  la 
voyelle  longue  régulière.  Noms  d'objets  et  noms  abstraits:  skr. 
tana  =  gr.  rovo-g,  sniva  =  gr.  q6o-s,  ixdîâ  «cuisson»  de  j9ac;  zd. 
vUda  «meurtre»  de  vad  (vadh).  Adjectifs,  noms  d'agent:  skr.  tapa 
«chaud»  (aussi  chaleur)  de  ta2),  vyâdhâ  «chasseur»  de  vyadh. 

Evidemment  la  loi  primitive  était  que  Va^  radical  cédât  la 
place  à  «2  dans  le  thème  en  -a.  Toutes  les  infractions  dont  se 
sont  rendues  coupables  les  différentes  langues  ne  sont  pas  par- 
venues à  obscurcir  ce  trait  caractéristique  de  leur  commune 
structure  grammaticale.  (J'est  dans  les  langues  ariennes  que  l'in- 
novation a  pris  les  plus  grandes  proportions:  elle  embrasse  tous 
les  mots  comme  yàma  de  yam,  stàva  de  sto  etc.  L'analogie  des 
racines  terminées  par  deux  consonnes  a  dû  avoir  en  ceci  mie  très- 
grando  part  d'iuHuence:  dès  l'instant  où  les  sons  de  a^  et  a.^  se 
fiirt'ut  confondus,  un  mot  comme  vârdha,  primitivement  va^^rdJia, 
s'associa  dans  l'esprit  de  celui  qui  parlait  au  présent  vârdhati,. 

1 .  hohwi  iï  cAtt'  dn  vieux-lat.  lielm^d  doit  son  o  a\i  voisinage  de  1. 

2.  A  côté  de  (/«r/à  et  diigas  se  trouve  la  formation  nouvelle  (Z^^as  «in- 
cendie *. 


u.^  dans  les  thèmes  en  -a.  81 

primitiverae'nt  vâ^rd/iafi,  et  il  est  tout  naturel  qu'oîi  ait  ensuite 
formé  sur  ce  modèle  yània  de  yûmati,  ou  ha>ia  de  Jtnsati  à  côté  de 
hdsa.  —  En  Europe,  où  la  distinction  des  deux  a  («x>  ^a)  sub- 
sistait, nous  n'en  constatons  pas.  moins  un  oubli  fréquent  de  la 
tradition:  cependant  le  grec  montre  une  somme  encore  si  minime 
de  formations  de  ce  genre  qu'on  n'en  jicut  tirer  que  la  confirma- 
tion de  leur  absence  peut-être  presque  totale  à  l'origine.  Ce  sont 
1<'8  neutres  (-'Qy-o^  et  rsXa-o,  les  adjectifs  neX-ô,  xt'ça-o,  Qb\uft-o  et 
:n:ip;c-0|(ordinairement:7t£^x-î/o'),  plus  eXsyo  et  elsy^o.  Dans  le  cas 
de  ^.evx-6  la  diphthongue  ov  était  enjeu;  xsXsvd--o  montre  encore 
sa  forme  anciemie  dans  à-xoXovd-o.  A  côté  de  ^sXcpoî  on  a  doXcpô. 
Je  crois  que  c'est  là,  avec  les  mots  qui  suivent,  à  peu  près  tout  ce 
que  le  grec  possède  de  formations  de  ce  genre'''. 

Il  y  a  des  exemples  qui  possèdent  leur  analogue  dans  un  des 
idiomes  congénères  et  qui  méritent  certainement  toute  attention  : 
^6cc  en  regard  de  l'iud.  yava^-^  ïiisço  pour  è-G^eço^  comparable  au 
skr.  smàrà;  xtao  qui  coïncide  avec  le  goth.  dium-  neut.''  Le  gr. 
GxtvLQv  (aussi  GTYiVLOv)  joint  au  skr.  stàna  fait  conclure  à  un 
indo-eur.  stagna.  V.  sur  ces  mots  Joh.  Schmidt  Vcrivantsclmfts- 
verh.  64. 

En  germanique,  ce  sont  principalement  les  adjectifs  (réunis 
chez  Zimmer,  Nominalsuffixe  a  und  â  85 — 115)  qui  ont  admis  l'c 


1.  Au  contraire  rarménien  a  régulièrement  gorts  {t'çyov),  avec  a.^. 

2.  En  voici  quelques-unes  do  moindre  importance:  nèitcpo,  xfifqpô, 
Mf'çxo,  TTf'Xf'S'o,  atQcpo;  le  voc.  m  iiéls'  tXto  est  obscur,  fço  et  yélo  sont 
anormaux  déjà  d'ailleurs.  Tiêdo  est  de  formation  secondaire.  —  è,îvo  pour 
^évj^o  et  tous  les  cas  analogues  n'entrent  naturellement  pas  en  considéra- 
tion. 6TBV0  semble  être  de  même  nature,  à  cause  de  la  forme  atiLvo. 

3.  L'histoire  de  ce  thème  est  assez  compliquée:  ^sâ  n'est  qu'une  forme 
plus  récente  de  ^siâ  {^=  skr.  yàvasa)  et  ne  peut  donc  se  comparer  directe- 
ment à  yâva.  JVIais  ce  mot  grec  nous  apprend  néanmoins  que  ïa  radical  de 
yâva  est  de  l'espèce  a,  —  c*.,,  non  de  l'espèce  -i.  La  brève  de  yava  décide 
d'autre  part  pour  a^^^i  l'isolement  du  mot  garantit  suffisamment  son  ori- 
gine proethnique.  Nous  obtenons  donc  l'indo-eur.  ya^u-a.  —  Basé  là-dessus 
nous  avons  admis  dans  Va  du  lith.  javai  une  altération  secondaire  de  Ve, 
p.  G8. 

4.  Cf.  xiXloi  pour  ■^'xselioi^  i^iàxiov  pour  *iafictriov  etc.  —  La  glose 
rjpi,8Qr6v  snéçaotov  ébranle  l'étymologie  ordinaire. 

5.  Le  sens  premier  serait  anima.  Cf.  p.  84  i.  n.  —  Le  lith.  dvesti  et 
dvdsé  «esprit»  pourraient  aussi  suggérer  un  primitif  '^d'feGo. 

6 


82       Thèmes  en  -a  montrant  a^  dans  la  racine.  —  Féminins  en  -a. 

dans  la  racine.  Ainsi  renda-  «rouge»  à  côté  de  rmida-,  geïba- 
«  jaune»,  Jiretiba-  «asper»,  Jivlfa-  soit  hveita-  «blanc»,  apparenté 
mais  non  pas  identique  au  skr.  çvetâ,  leiiba-  «cher»,  JjverhQ-  «trans- 
versal», seul'a-  «malade»,  skélha-  «oblique»  etc. 

Dans  deux  adjectifs  qui  ont  presque  le  caractère  de  pronoms 
et  dont  lun  du  moins  n'est  sûrement  pas  sorti  d'mie  racine  ver- 
bale, r«i  date  de  la  langue  mère:  na^wa  (gr.  vioç^  goth.  niujis, 
skr.  miva)  dérivé  de  nu  (vv)  et  sa^na  (gr.  svog,  lat.  senex,  goth. 
sinisfo,  irl.  sen,  lith.  sénas,  skr,  scîna). 

Dans  la  plupart  des  langues  européeimes  les  féminins  en  -« 
sont  placés  sur  im  pied  de  parfaite  égalité  avec  les  masculins  ou 
les  neutres  en  -a:  ils  servent  comme  eux  à  la  dérivation  courante 
et  varient  ainsi  les  ressources  de  la  langue.  Le  sanskrit  présente 
im  état  de  choses  tout  différent.  On  trouve  en  combinant  les  listes 
de  Grassmami  et  de  M.  Lindner  (p.  150)  que  les  féminins  védiques 
en  -a  forment  vis-à-vis  des  masculins  une  petite  minorité,  que  la 
plupart  d'entre  eux  sont  des  appellatifs,  tels  que  Icâça  «fouet», 
vaçà  «vache»,  et  que  les  couples  comme  Tckôxog  TfXoxi],  si  fré- 
quents en  Europe,  ne  sont  représentés  ici  c^ue  par  quelques  exem- 
ples (ainsi  rasa  rasa,  vârsa  (neut.)  varsd).  Et  c'est  à  peine  si  un 
ou  deux  de  ces  féminins  paraissent  contenir  a^:  le  plus  grand 
nombre,  comme  dridià,  vrtà,  appartient  à  la  classe  jjrivée  d'à  ra- 
dical que  nous  retrouverons  ailleurs.  En  présence  de  ces  faits, 
nous  n'avons  pas  le  droit  d'étendre  aux  féminins  proetlmiques 
en  -â  toutes  les  conclusions  auxquelles  on  sera  arrivé  pour  les 
thèmes  en  -a,  et  il  devient  probable  que  les  féminins  euro- 
péens formés  avec  %  sont  une  catégorie  grammaticale  hysté- 
rogène. 

Pour  ce  qui  est  de  l'accentuation  des  thèmes  en  -a,  il  y  a, 
d'après  tout  ce  qui  i)récède,  un  triage  à  faire  dans  les  matériaux 
qu'offre  le  Véda.  11  se  peut  que  la  règle  de  M.  Lindner  (loc. 
cit.  20)  se  vérifie  po.îtr  les  formations  nouvelles  dont  nous  avons 
])arlé.  Mais  si  nous  nous  bornons  à  prendre  les  thèmes  (védiques) 
qui  allongent  l'a  radical,  où  ])ar  conséquent  nous  sommes  sûrs 
(]('  la  ))résence  de  «^,  voici  comment  ils  se  classent.  Paroxytons. 
(I.  TioiMs  abstraits  etc.:  {j}àça,  hhàga)  vàga,  vàra,  çâka,  gàna  neut. 


Accentuation  des  thèmes  en  -a  contenant  a.^.  83 

h.  adjectifs,  apixiUatifs:  yara^.  —  Oxytons,  a.  (davâ)  nadâ,  navà, 
vdsd,  sdvà,  sddd.  h.  (jrahhd,  nàyd,  ghdsd,  tard,  Vdkd,  vuhd,  'râyd, 
sdhâ,  svânâ,  hvdrd.  —  Pour  être  conséquent,  nous  avons  placé 
entre  crochets  comme  étant  sans  valeur  ici  les  mots  dont  la 
racine  contient  ^i  au  témoignage  des  langues  d'P]iiro})e;  ex.:  bhafja, 
gr.  (pay. 

a.j  ne  pouvant  se  manifester  dans  les  mots  venant  de  racines 
fermées  comme  manth  ou  ver,  il  en  résulte  (|ue  le;  départ  entre  les 
formations  nouvelles  et  les  formations  primitives  qui  seules  nous 
intéressent  est  impossible  chez  ces  mots.  Mais  les  langues  con- 
génères garantissent  jusqu'à  un  certain  point  l'ancienneté  de 
quelques-uns  d'entre  eux.  Voyons  l'accentuation  que  leur  donne 
le  sanskrit.  Paroxytons:  gr.  ôolq)6ç,  germ.  lalha- ,  skr.  gdrhlta; 
gr.  Aotyog,  skr.  réga  [gr.  6q6ç^  skr.  sâra^];  germ.  hausa-'^  «crâne», 
skr.  liôsa  (Fick)-,  germ.  drauga-,  skr.  drôgha;  germ.  raufa-,  skr. 
roda  (F.);  germ.  svaita-,  skr.  svéda  (F.).  Oxytons:  si.  matû,  skr. 
nianthâ;  si.  mraku  =  *tnorkû,  skr.  marJcd  (B.  II.)  [si.  cliromu 
(adj.),  skr.  smma*];  gr.  olxo,  skr.  veçâ;  gr.  nôyxri'^,  skr.  ratikhà; 
germ.  ^a«ta-,  skr.  todd  (F.);  germ.  maisa-^,  skr.  mcsd  (Bugge); 
germ.  rauda-  (adj.),  skr.  lohd.  Quant  à  l'accent  des  mots  compa- 
rés, on  voit  qu'il  u'est  pas  toujours  d'accord  avec  celui  du  sanskrit. 

Sont  oxytons  en  grec:  les  adjectifs,  les  noms  d'agent,  ime 
partie  des  noms  abstraits  masculins,  les  noms  abstraits  féminins. 

En  germanique,  autant  que  j'ai  pu  m'en  rendre  compte,  les 
substantifs  (masculins  et  féminins)  sont  oxytons:  le  goth.  snaivs 
(vELcpei  donne  Ve)  prouve  par  la  perte  du  g  l'accentuation  S)iai(g)vàr 
(Sievers).    Dans  l'article  cité  de  M.  Verner  sont  mentionnés  les 

1.  Les  mots  comme  hâdlia  de  hculli  dont  la  racine  a  déjà  l'a  long,  en 
outre  les  mots  d'origine  obscure  comme  gala  «filet»,  çâpa  «bois  flottant» 
ne  sont  pas  cités,    kdma  est  un  thème  en  -ma. 

2.  sara  paraît  n'être  qu'une  variante  de  çara  ou  çdras.  Les  sens  de 
sdra  (crème,  quintessence  etc.)  et  du  gr.  oçôç  (partie  aqueuse  du  lait)  se 
concilient  facilement,  bien  qu'ils  soient  en  apparence  opposés.  Le  lat.  sé- 
rum est-il  le  même  thème,  ou  seulement  parent?  Curtius  Grdz.  350. 

3.  L'a  de  hausa-  et  de  maisa-,  ïo  de  v-ôyxri,  représentent  peut-être  a.,, 
mais  on  ne  peut  le  dire  avec  certitude. 

4.  Goldschmidt  Mém.  Soc.  Ling.  I  413.  Ce  mot  ne  peut  figurer  ici  que 
si  la  racine  est  sram.  Si  l'on  admet  une  racine  srU,  la  chose  est  toute 
autre. 

6* 


84  «o  dans  les  thèmes  en  -a  des  composés. 

thèmes  germaniques  haugâ-  (rae.  lieuli.,  dans  le  gotli.  liiulimd), 
laidâ  (fém.)  de  IciJ),  saga  (fém.)  de  séJi  (lat.  secare).  Les  deux  mots 
suivants  sont  analogues,  mais  viennent  de  racines  qui  ont  ,-i  :  hobd 
(fém.)  de  Jmf,  fangà  (fém.)  de  fanh.  En  revanclie  on  a  des  par- 
oxytons dans  faiha-  (gotli.  fllnfailis),  maisa-,  cf.  ci-dessus.  —  Les 
adjectifs  sont  souvent  paroxytons,  ainsi  Jausa-  de  Iciis^,  Jiaulia- 
«liaut»  en  regard  de  liaiiga-  «éminence»,  mais  nous  avons  vu 
que  la  plupart  ont  e  dans  la  racine,  ce  qui  leur  assigne  une  place 
à  part. 

En  somme  et  autant  qu'on  en  peut  juger  sur  ces  données 
fort  peu  complètes,  on  conclura:  1*^  qu'un  grand  nombre  de 
thèmes  en  a  avec  a.,  dans  la  racine,  ont  eu  dans  la^  langue  mère 
le  ton  sur  le  suffixe;  2°  qu'on  ne  peut  dire  avecjiÊrMtude  si  quel- 
ques-uns de  ces  thèmes,  quel  que  fût  d'ailleurs  le  sens,  ont  eu 
au  contraire  le  ton  sur  la  syllabe  radicale. 

Dans  les  thèmes  eu  -a  formant  le  second  membre  d'un  com- 
posé dont  le  premier  sera  un  substantif  régi  —  nous  ne  parlons 
que  des  cas  où  Vaction  verbale  est  encore  sentie,  non  de  tatpurmas 
en  général  — ,  ou  bien  une  préposition,  la  présence  de  a.^  est 
assurée  aussi '^.  Nous  pouvons  distinguer  quant  au  sens  quatre 
catégories  représentées  par  les  exemjjles  suivants:  a.  pari-vadà 
<de  blâme»  de  vad,  h.  id-tdnâ 'iq}x\  s'étend»  de  tan,  c.  suJda-vâJm 
«récitation  d'un  sûkta»  de  vaé,  d.  uda-lidrâ  «porteur  d'eau»  de 
liar.  Le  zend  montre  le  même  allongement  de  Va. 

Exemples  grecs:  a.  6vX-Xoyog  et  6vl-Xoyri  de  Xey]  h.  f|- 
tj^oiftôg  de  «ftft/j,  TTQO'XOog  de  x^v^  c.  — ;  d.  v-g)0QJi6g  de  cp£Q^, 
7ivQ-g)6Qog  de  (psQ.  La  classe  c  existe  dans  quelques  féminins 
comme  ^iia&o-(poQn,  mais  ces  mots  sont  des  exceptions. 

Exemples  lithuaniens:  im-szaras  «nourriture»  de  szer,  at- 


1.  Môme  accentuation  dans  le  mot  grec  qui  y  correspond  Xovaov  xd- 
XovQOv ,  Kolo^ôv,  rf&Qccv6[iévov  (pai'ent  de  dlivoficii,  =  goth.  liusan;  cf. 
àlvanâ^cù  et  chez  liésychius  XvaKÛ^fi).  Relative  mi'iit  à  la  chute  nécessaire 
de  r«  grec  placé  entre  deux  voj'elles,  It'.s  aflirmations  péreiuptoires  pa- 
raissent (încore  prématurées  en  présence  de  certains  cas  tels  que  aavcuQÔg 
(lith.  saiisas),  lv-&ovaiaa(i6ç  (cf.  si.  duchu,  dusa).  Reste  à  trouver  la  règle. 
—  La  racine  fra//  (avec  a)  donne  l'adj.  oxyton  frodd-. 

2.  Il  est  remarquable  que  les  composés  indien.^  de  caractère  moderne 
où  le  premier  membre  est  décliné  {pustliiihhard  etc.)  ne  ijrésentent  jamais 
l'a  long. 


((.^  daii8  Ifs  thr-nies  on  -/  cl,  au  -u.  85 

laiilà  «^ grâce»  de  Icid,  iss-talcus  «'écouleiiKîJit/^  de  IcL  l'uléo.slave: 
vodo-nosîi  de  nés,  aa-logii  de  Icy  (peut-être  ])ii]iuvrîlii),  pro-vodu 
«compagnon»  de  ved,  po-tokù  «rivière»  de  Ici:,  jo-o-rolcû  «pro- 
])]iète»  de  relc,  vodo-toliû  «canal»  de  tch.  Dans  dohro-relcu  (O.stliolF 
lieitr.  de  \\  et  B.  111  87)  \'e  s'est  infiltré. 

En  latin  le  vocalisme  du  second  membre  des  composés,  sou- 
mis aux  influences  de  divers  agents  destructeurs,  est  absolument 
méconnaissable.  L'osq.  loiifri-Jconoss  est  un  baliuvrïlii. 

A  l'origine,  on  n'eu  peut  douter,  ces  composés  ont  été  géné- 
ralement oxytons.  Ils  le  sont  dans  les  textes  védiques,  et  ils  le 
sont  en  partie  en  grec.  Dans  la  classe  d  le  grec  n'a  retiré  l'accent 
sur  la  pénultième  que  lorsqu'elle  était  brève  '  (Bopp  Acccntuations- 
systcm  280,  128.  «clineder  K.  Z.  XXIV  122).  Voy.  l'exception 
que  présente  parfois  le  sanskrit,  chez  Garbe  K.  Z.  XXIII  481; 
elle  rappelle  la  distinction  du  grec  TiarQÔnTovoç  et  natQOKvôvog. 

Thèmes  en  -i.  Voici  ceux  que  forme  le  grec:  xpex  rç6%L 
«coureur»  (Eschyle),  cipecp  GtQoqjL  «homme  retors»  (Aristo- 
phane), xpÉjU  ZQo^h  nom  d'un  poisson;  |ue)Licp  ^oficpL  fém.  =  ^oficpi]. 
Adjectifs:  xpecp  rpoqpt  (Homère),  bperr  ÔQÔTiLg'  tQvyrjrog  Hes.  Cf. 
jU,oA7rtff,  g)Q6vLg,  q)6Q}ii'y^. 

Cf.  go  th.  halgl-  «outre»  de  helg  «enfler»;  skr.  ràrlj  ghasi; 
dhràgi,  grâhi.  Lindner  p.  56. 

Thèmes  en  -u.  La  racine  du  goth.  hinpan  «prendre»  donne 
Jiandit-  fém.  «la  main»  (Verner  1.  c).  L'a  du  germ.  haidii-  =  skr. 
Ictiî  est  certainement  a.^  (et  non  ^i),  parce  que.  le  c  alternant  avec 
A;  du  skr.  cétati,  parent  de  ces  mots,  est  un  signe  de  a^  (chap.  IVj, 
En  comparant  sladu-  «ombre»  au  skr.  éâtati,  on  aurait  mi  thème 
en  -u  tout  semblable  aux  précédents;  mais  ici  nous  sommes  moins 
sûrs  que  la  voyelle  radicale  soit  a^.  Nous  reviendrons  sur  ce 
rapprochement  au  chapitre  IV. 

Le  lith.  dangns  «ciel»  vient  de  deiig  «couvrir».  Quant  aux 
nombreux  adjectifs  en  -it-s,  réunis  par  M.  J.  Schmidt,  Bcitrugc  de 
Kuhn  et  Schleicher  IV  257  seq.,  et  qui  prennent  régulièrement  a^,  — 


1.  Les  exemples  où  la  règle  n'est  plus  du  tout  observée  (ex.:  dans 
^l^oXî^loq%^o<i^  tckXîvtovoç)  i)résentent  ordinairement  cette  singularité  que  le 
premier  membre  a  i  dans  la  dernière  syllabe. 


36  a.,  dans  les  thèmes  en  -u. 

ex.:  sargns  de  serg  — ,  ce  n'est  pas  en  réalité  au  tlième  en  -n, 
restreint  à  quelques  cas  du  masculin,  mais  bien  au  thème  en  -ya 
qui  apparaît  partout  ailleurs  qu'on  doit,  semble-t-il,  attribuer  la 
priorité:  il  est  vrai  que  le  sanskrit  a  quelques  adjectifs  comme 
dârû  de  dar,  mais  la  règle  dominante  des  anciens  adjectifs  en  -u 
est  de  rejeter  l'a  radical  (p.  15,  23). 

On  trouve  un  thème  da.,mu  dans  le  lat.  domus,  -ils,  égal  au 
paléosl.  domû  \  Ce  dernier  mot,  au  dire  des  slavistes,  est  bien  im 
véritable  thème  en  -u  et  ne  montre  point  la  même  indifférence 
que  d'autres  à  se  décliner  sur  vïuJcu  ou  sur  sijnu.  C'est  à  la 
même  formation  qu'appartient  le  gr.  xôçd-vg  fém.  si  l'on  adopte  le 
rapprochement  de  M.  Fick  avec  le  goth.  hairda  lequel  attesterait 
Ye  racUcal  et  la  non-suffixalité  du  -&•;  puis  XQO-Kvg,  -vdog  fém.,  de 
xQBzo  «tramer». 

Deux  neutres  paroxytons  de  grande  importance:  gr.  ôoqv, 
irland.  daru-  (Grdz.  238),  skr.  dàru;  gr.  yovv,  skr.  garni.  L'ind. 
sânu,  d'après  cette  analogie,  doit  contenir  a.,,  (pôç^v  ta  ovXa. 
^HXhol  semble  venir  de  q)BQ^  et  avoir  a.^. 

Très-répandue  est  la  famille  des  thèmes  en  -ya.  Toutefois 
les  formations  secondaires  s'y  entremêlent  si  étroitement  avec 
les  mots  tirés  directement  de  la  racine,  que  nous  nous  abstenons, 
de  peur  d'erreurs  trop  nombreuses,  de  soumettre  ces  thèmes  au 
même  examen  que  les  précédents. 

2.  Syllabes  suffixales. 

Les  langues  européennes  montrent  clairement  que  la  voyelle 
ajoutée  à  la  racine  dans  les  thèmes  verbaux  en  -a  est  un  «^  qui 
alterne  avec  a.^.  Il  y  a  concordance  de  tous  les  principaux  idiomes 
de  la  famille  quant  à  la  place  où  apparaît  «^  (1°  pers.  des  trois 
nombres,  3°  pers.  pi.). 

1.  L'ind.  dâmûnas  «familiaris»,  un  dos  noms  d'Agni,  se  décompose 
peut-être  en  damu  -\-  nas  (venir).  Il  reste  à  expliquer  la  brève  de  clamii: 
on  pourrait  penser  tout  d'abord  à  un  déplacement  de  la  quantité  et  recon- 
struin-  "^  dmnunas.  Mais  rallongement  de  Vi  ou  de  r«  devant  une  nasale 
est  cliOBC  si  commune,  qu'une  telle  hypothèse  serait  fort  risquée.  Il  n'est 
pas  inconcevable  que,  ïu  une  fois  allongé,  l'a.,  qui  précédait  ait  été  forcé 
par  là  do  rester  bref.  V.  p.  89,  Toutefois  la  forme  damûnas  qui  apparaît 
plus  tard  rend  cette  combiuaison  très-problématique. 


a.,  clans  les  syllabcH  HufrixaloH. 


87 


Grec 

liaiin 

(iotlii(|U(! 

l'aléoslavi' 

Sanskrit 

(ê'XUJ^ 

vcho 

Vi(/ii 

vepj^. 

vdluimi) 

f'%0(lSV 

vchimus  - 

vi(j-dm 

vezoniu'^ 

vâhUmaa 

— 

— 

vigos 

vezovc^ 

vàhïivas 

exovti 

vehunt'^ 

vi(/sind 

vez^tî 

vâhanti 

Cf.  è'x^ts 

vehitc 

viyifj 

vcicte 

vàh-dtha 

1.  La  racine  ici  importe  peu.  —  2.  AnciL-nnemcnt  * vehumus,  *vcJio- 
vius.  —  3.  vezoniû  et  vezovè  sont  les  formes  de  l'aoriste  (s'il  existe  chez 
ce  verbe);  l'e  du  présent  vczemû,  vezevè,  est  dû  à  l'analogie  des  autres  per- 
sonnes. —  4.  Vieux  latin  tremonti.  —  Le  zena  concorde  avec  le  sanskrit. 
Le  lithuanien  présente  les  l^'os  personnes  du  plur.  et  du  duel  sùkame, 
sùkava.  h' a  du  goth.  vigats  (2®  p.  du.)  no  peut  être  qu'emprunté  à  vigam, 
vigand  etc.  On  explique  de  même  le  v.  h*-all.  ivegat  en  regard  du  cigip 
gothique  (2*^  p.  pi,),  et  le  lith.  sùlcate,  sùkata. 

Les  formes  du  moyen  reproduisent  le  même  schéma:  parmi 
elles  on  distingue  les  l"""^  personnes  du  grec:  q)£Q0^ai,  ecpsQo^rjv 
qui  bien  que  s'écartant  des  formes  indiennes,  présentent,  selon  la 
règle,  un  o  devant  (i  (v.  ci-dessous). 

La  forme  primitive  exacte  de  la  P  personne  du  singulier  de 
l'actif  est  une  énigme  que  nous  n'essayons  point  de  résoudre. 
Avec  la  désinence  dite  secondaire,  elle  n'offre  pas  de  difficulté: 
gr.  î'-(peQov,  si.  vcsû  (régulier  pour  *vezoiî),  skr.  à-hharain  (a  bref, 
vu  la  syllabe  fermée).  Du  reste  le  paradigme  se  répète  partout 
Où  il  y  a  une  conjugaison  de  l'espèce  qu'on  appelle  thématique. 
Dans  ce  paradigme,  l'apparition  de  a.j,  est  évidemment  liée  d'une 
manière  ou  d'une  autre  avec  la  nature  de  la  consonne  qui  suit. 
V.  Paul  dans  ses  Beitriujc  IV  40L  On  ne  peut,  vu  la  3°  pers.  du 
l)luriel,  —  à  moins  d'admettre  que  la  désinence  de  cette  personne 
fût  à  l'origine  -mti  —  chercher  dans  le  son  labial  la  cause  de  la 
translbrmation.  Il  faudra  l'attribuer  aux  sonantes,  ou  plus  géné- 
ralement peut-être  aux  sonores.  C'est  le  seul  cas  où  la  substitu- 
tion du  phonème  a.,  au  phonème  a^  trouve  son  explication  dans 
une  action  mécanique  des  sons  avoisinants. 

Dans  la  diphthougue  de  l'optatif,  c'est  a.,  qui  apparaît:  le 
grec  et  le  germanique  sont  les  seuls  idiomes  qui  donnent  à  ce 
sujet  un  témoignage  j)ositif,  mais  ce  témoignage  suffit:  gr.  è'xotg, 
ë%OL,  ëxoi^EV  etc.;  goth.  vigais,  vigai,  vigaima  etc. 

Devant  le  suffixe  du  participe  en  -mana  ou  -ma  les  langues 


gg  a.,  dans  les  syllabes  snffixales. 

européennes  ont  a./,  gr.  ixô-^£vo-g^,  si.  vezo  mû,  litli.  vem-nia;  le 
lat.  vehimini  ne  décide  rien.  D'après  le  grec  ou  attendait  en  san- 
skrit «vâhâmana»:  nous  trouvons  vâhanmna.  J'ai  essayé  ailleurs 
d'expliquer  cette  forme  par  un  déplacement  de  la  quantité  (cf. 
pavakâ  pour  pâvakâ,  çvâpâda  pour  çvâpada.  Grassmann  s.  v.). 
Mais  cette  liypotlièse,  peu  solide  par  elle-même,  se  heurte  aux 
formes  comme  sasrmanû.  Nous  nous  en  tiendrons  à  ces  remar- 
ques-ci: 1°  Quant  au  suffixe:  il  n'est  pas  identique  au  -^svo  du 
grec.  Selon  toute  probabilité,  il  remonte  à  ma^na  et  se  place 
à  côté  du  boruss.  po-Uansîmanas^  (Bopp,  Grana.  Comp.  Trad. 
IV  25);  le  zend  -mana  et  le  gr.  -fisvo  représentent  -ma^^ia-^ 
le  zend  -mna  nous  donne  une  troisième  forme,  affaiblie.  Il  est 
difficile  du  reste  de  se  représenter  comment  ces  trois  suffixes  ont 
pu  alterner  dans  l'indo-européen,  et  il  est  étrange  que  de  deux 
idiomes  aussi  voisins  que  le  zend  et  le  sanskrit,  le  premier  ignore 
complètement  -ma.,na  quand  inversement,  l'autre  a  perdu  toute 
trace  de  -ma^^tia^.  2°  Quant  à  la  voyelle  thématique:  quoiqu'elle 
soit  brève,  elle  pourrait  être  a.^,  ainsi  que  le  réclament  et  le  pho- 
nème qui  suit  et  le  témoignage  des  langues  européennes.  Pour 
cela  il  faut  admettre  que  dans  une  syllabe  ouverte  suivie  iViine 
longue  les  langues  ariennes  n'ont  pas  allongé*  a^.  Les  exemples 
où  la  chose  peut  se  vérifier  sont  malheureusement  rares  et  un 
peu  sujets  à  caution:  le  premier  est  le  zd.  Icatàra  dont  il  est 

1.  Le  pamphylien  ^olé^svvg  {^ovXôui-voç)  appartient  à  un  dialecte  où 
noQtC  est  devenu  tibqt-.  Les  formes  nominales  ^éX?nvov,  réçsiivov  etc. 
peuvent  s'interpréter  de  diô'érentes  manières. 

2.  Le  gv.  -{lovii  dans  xaqiiovri  etc.  n'est  qu'une  continuation  relativc- 
mi'nt  moderne  du  suff.  -{lov ,  étrangère  aux  participes. 

3.  Les  infinitifs  indiens  en  -mane  viennent  de  thèmes  en  -man. 

4.  La  longue,  dans  le  cas  de  vâhamâna,  descend  elle-même  d'un  an- 
cien a.j  {vaha.,ina.pia):  mais  il  est  aisé  de  comprendre  que  dans  le  conflit 
des  deux  o.^  tendant  l'un  et  l'autre  à  devenir  voyelle  longue,  le  second, 
qui  ne  trouvait  point  de  résistauce  dans  la  syllabe  brève  placée  après  lui, 
devait  remporter  l'avantage.  —  Cette  syllabe  brève  dont  nous  parlons  est 
remplacée  dans  certaines  formes  par  nne  longue,  ainsi  au  pluriel  vdhamU- 
nâs;  et  pour  soutenir  toute  cette  théorie,  à  laquelle  du  reste  nous  ne 
tenons  pas  particulièrement,  on  serait  naturellement  obligé  de  dire  que 
dans  V(ili(tmunn  comme  aussi  dans  jnd.ù,  vyiHUui  etc.  l'allongement  n'ap- 
partient en  propre  qu'à  ceux  des  cas  de  la  déclinaison  où  la  terminaison 
est  brève. 


«.,  dans  les  HyllabcH  Huf'fixalos.  J^O 

(juestion  ci-dossous;  \v,  second  est  damunas,  v.  |»ir^r.  SO;  cjiliii  ou  a 
les  aoristes  en  -isam,  page  7)>.  Mais  la  bri've  du  /ciid  vdzijàmana 
demeure  incomprélieiisiblo. 

Devant  le  suft".  -nt  du  partie,  prés.  act.  la  voyelle  tli('iiiati<jiie 
est  «27  lorsqu'elle  n'est  pas  rejetée,  ce  qui  arrive  à  certains  cas  de 
la  flexion.  Grec  sxovt-,  gotli.  vif/and-,  si.  (vezi/),  gén.  vez(ista,  lith. 
vezant-.  L'a  bref  du  skr.  vûhant-  est  ré^nilicv,  la  syllab(;  étant  fer- 
mée. Quant  à  l'e  du  lat.  vehent-,  M.  iirugman  admet  qu'il  vient 
des  cas  faibles  à  nasale  sonante.  —  Le  participe  du  futur  est  tout 
semblable. 

Quittant  la  voyelle  thématique  verbale,  nous  reclierclions 
les  cas  où  un  a.^  apparaît  dans  le  suffixe  des  thèmes  nominaux. 
Toutefois  nous  laisserons  de  côté  provisoirement  les  suffixes  ter- 
minés par  une  consonne. 

Le  sufF.  -ma.jia  est  déjà  traité;  un  autre  suffixe  participial 
est  -a.^na:  skr.  hïbhid-cmâ,  goth.  h(f-an(a)-s.  —  Le  suffixe  secon- 
daire -tara  subit  des  variations  assez  surjjrenantes.  31  prend,  en 
zend,  la  forme  -tara  lorsqu'il  s'ajoute  à  des  pronoms:  liatcira, 
yatara,  atâra,  (cf.  fratàra),  tandis  que  le  sanskrit  présente  par- 
tout l'a  bref:  lîatarâ,  yatara  etc.  C'est  le  même  phénomène  que 
pour  le  suff.  -mâna,  avec  cette  différence  qu'ici  c'est  l'iranien  qui 
montre  a.,,  et  que  la  forme  qui  contient  «^  subsiste  parallèlement 
à  l'autre.  De  plus  le  zend  n'est  point  isolé  comme  le  sanskrit 
l'était  tout  à  l'heure:  à  côté  de  Jcatâra  se  place  le  si.  lotoryjî  et 
rutoru,  le  goth.  hvajy^ra  et  an^ara^  (zd.  antara).  D'autre  part  l'a 
du  sanskrit  est  appuyé  du  gr.  Ttôteços  et,  dans  le  slave  même,  de 
jcferîi.  Le  lat.  nfcr,  qui  a  passé  par  une  forme  *utrs,  n'entre  pas 
en  ligne  de  compte.  L'osq.  imt'urns-ind  (cf.  piiterei)  a  subi  une 
assimilation  secondaire.  Curtius  Grdz.  71  S.  Nous  ne  trouvons 
pas  d'autre  issue  cpie  d'admettre  un  double  suffixe  primitif.  Peut- 
être  que  l'un,  -ta^ra,  s'ajoutait  aux  pronoms,  tandis  que  l'autre 
était  réservé  aux  prépositions,  comme  cela  a  lieu  en  zend,  et  que 
plus  tard  les  différentes  langues  ont  en  partie  confondu  les  deux 
emplois.  Il  faut  ajouter  que  le  zend  abrège  l'a  de  katdra  toutes 
les  fois  que  par  l'addition  de  la  particule  cif,  la  syllabe  qui  suit 
cet  à  devient  longue:  hatàranif ,  lafàrcmri/  (Hiibschmann  Casifs- 

1.  Je  sais  bien  que  cet  a  gothique  peut  s'exiiliquer  différemment  si 
l'on  compare  fadar  =  Ttatèçcc  et  ufar  =  vnéç. 


f)Q  «2  tl^-iis  les  syllabes  suffixales. 

ïehre  284).'  Est-ce  à  dire  que  l'allongement,  clans  Mtâra,  tient  à 
une  cause  toute  autre  que  la  présence  de  a.^?  Comme  nous  venons 
de  le  dire  (p.  88),  cette  conclusion  ne  paraît  pas  nécessaire. 

Voyelle  suffixale  des  thèmes  en  -a  {TJièmes  en  -a 
proprement  dits,  tlicmes  en  -ta,  -na,  -ma,  -ra  etc.).  M.  Brugman 
indique  brièvement  que  cette  voyelle  est  a.,  (Stud.  IX  371),  et 
cette  opinion  a  été  adoptée  de  tous  ceux  qui  ont  adopté  l'hypo- 
thèse de  a.2  en  générale  Ici  comme  ailleurs  «^  alterne  avec  a^. 
Voici,  en  prenant  comme  exemple  le  thème  masculin  ind.-eur.  aJcwa, 
les  cas  de  la  déclinaisan  où  l'accord  des  langues  européennes  at- 
teste clairement  la  présence  de  a.,:  nom.  sg.  «/iwa^-s,  ace.  sg. 
dkiva^-m^^,  ace.  pi.  akiva^-ns.  De  même  au  nom.-acc.  ncut. :  dUna^-m. 
Le  degré  a^  est  assuré  au  vocatif  akiva^.  Tout  le  reste  est  plus  ou 
moins  entouré  d'ombre.  Doit-on,  au  génitif  singidicr,  admettre  % 
ou  «o?  Le  goth.  vulfi-s  parle  pour  la  première  alternative^,  le  gr. 
ïjino-io  pour  la  seconde.  Ces  deux  formes  ne  peuvent  pas  l'une  et 
l'autre  refléter  directement  la  forme  première.  L'une  d'elles  a 
nécessairement  subi  une  action  d'analogie:  il  ne  reste  qu'à  savoir 
laquelle.  La  forme  sanskrite  est  pour  plusieurs  raisons  impropre 
à  décider  ici.  Mais  il  y  a  une  forme  pronominale  slave  qui 
semble  prouver  «j  :  ceso  ou  cmo,  gén.  de  ci(-to).  M.  Leskien  (Decl. 
109)  approuve  ceux  qui  y  voient  une  forme  en  -sya,  et  pourquoi 
ne  serait-elle  pas  tout  d'mi  temps  le  zd.  cahyd  (skr.  liâsya,  génitif 
du  thème  lia)  qui  lui-même  trahit  «^  par  sa  palatale?  Comme  il 
n'y  a  pas  d'ailleurs  de  raison  de  croire  que  le  génitif  d'un  pro- 
nom en  -«2  différât  en  rien  de  la  forme  correspondante  des  thèmes 

1.  Dans  l'article  cité  des  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique,  jo 
croyais  avoir  des  raisons  de  dire  que  Vo  dans  imtog,  equos,  était  o  —  mal- 
gré le  vocatif  en  c  —  et  non  pas  o^.  Depuis  j'ai  reconnu  de  plus  en  plus 
qu'une  telle  proposition  est  insoutenable,  et  je  n'en  fais  mention  ici  que 
pour  prévenir  le  reproche  de  changer  d'opinion  d'un  moment  à  l'autre  en 
disant  que  cet  article  a  été  écrit  il  y  a  près  d'un  an  et  dans  un  moment 
où  je  venais  à  peine  de  me  rendre  compte  de  hi  double  nature  de  Vo  gréco- 
italique. 

2.  L'a  bref  du  skr.  dçvus,  dçvàm  est  régulier,  la  syllabe  étant  fermée. 

3.  Sur  r«  secondaire  du  vieux  saxon  -as,  v.  Leskien  UccUnation  p.  30. 
Le  boruss.  stcsac  parle  aussi  pour  «, ,  bien  que  souvent  Vc  de  la  Baltique 
inspire  assez  peu  de  coniiance  (ex.:  lith.  koep  «exhaler»,  goth.  Iwap,  grec, 
lat.  krap). 


a^j  suffixal  Houdô  avec  lu  voyelle  de  la  dcÎHinence.  î)l 

nominaux  en  a.^,  nous  concluons  ù  l'iu(l(j-(uir.  aktvn^-sya  et  ikju.s 
tciioiis  l'o  de  Ï7ino-Lo  p(jur  emprunté  à  d'iiutres  cas.  Le  locatif 
il  an 'AYoïr  a  y-.  aliUKi^-i.  C'est  ce  (j[u  indifjuent  les  locatifs  osfjues 
comme  tcrci,  alœnei,  et  les  locatifs  doriques  comme  Tovxii,  xtîàa-^ 
cf.  TCavôriiisL,  âfiaxsî,  etc. ,  enfin  le  vieux  locatif  lithuanien  namê 
(Leskien  1.  c.  47).  M.  Brugman  qui  est  pour  cette  hypothèse 
aliivikyi  me  fait  remarquer  que  les  locatifs  grecs  en  -oi  (o/jtot)  ne 
sont  qu'un  cas  tout  ordinaire  de  contamination,  tandis  qu'en  par- 
tant d'un  primitif  alcivii.J  on  est  fort  en  peine  d'expliquer  la  forme 
en  -£L.  —  Devant  celles  des  désinences  du  pluriel  qui  commencent 
par  bh  et  s  le  thème  s'accroît  d'un  i,  mais  la  voyelle  est  «^  à  en 
juger  par  le  grec  ïtitcol-ôl,  l'osq.  zicolois  et  le  germ.  pai-m  (décli- 
naison pronominale).  Le  lithuanien  a  tc-mns;  mais  la  véritable 
valeur  d'ë  est  obscure. 

Lorsque  la  désinence  commence  par  ime  voyelle,  celle-ci, 
dans  toutes  les  langues  de  la  famille,  se  trouve  soudée  avec  la 
voyelle  finale  du  thème.  D'ajirès  les  principes  généraux  de  la 
comparaison  linguistique  on  placera  donc  le  fait  de  cette  con- 
traction dans  la  période  proethnique.  Cependant  le  phénomène 
a  quelque  chose  de  si  particulier,  il  peut  si  bien  se  concilier  avec 
les  tendances  phonétiques  les  plus  diverses,  et  d'autre  part  s'ac- 
complir dans  un  laps  de  temps  restreint,  que  l'hiatus  après  tout 
a  pu  tout  aussi  bien  subsister  jusqu'à  la' fin  de  cette  période,  ce 
qui  ne  veut  pas  dire  qu'il  se  soit  perpétué  très-tard  jusque  dans 
l'époque  préhistorique  des  différentes  langues  ^  Cette  question 
est  liée  à  certaines  autres  traitées  au  paragr.  IL  —  Au  nominatif 
pluriel,  skr.  âçvâs,  goth.  vidfos,  osq.  Ahellanos,  ombr.  screihtor,  la 
voyelle  de  la  désinence^  est^ai.  Il  faut  donc,  principalement  à 
cause  de  Vo  des  formes  italiques,  que  le  thème  ait  a.,:  nous  ob- 
tenons ainsi  aJciva.,  -\-  a^s.  Prononcée  avec  hiatus,  la  forme  serait 
aliwa./iy^s  (à  peu  près  eJîtvoes)]  avec  contraction  aliva.j,s  [ehivs). 
Nous  enregistrons  le  phonème  nouveau^  «3  engendré  ici  comme 


1.  Nous  n'osons  pas  invoquer  en  faveur  de  l'hiatus  les  formes  védiques 
(restituées)  telles  que  dcvâas,  çâvisaas,  devànuam  etc.,  ni  celles  du  zend 
comme  dàëvâat  ?,vir:  la  signification  desquelles  les  avis  varient  beaucoup. 

2.  Sa  valeur  est  donnée  par  le  grec  et  le  slave:  (irjrsç-fç,  mnter-e. 

3.  En  admettant  la  possibilité  d'une  longue  a.^ ,  différant  de  la  brève 
a.^ ,  nous  tranchons  implicitement  la  question  de  savoir  si  dans  la  langue 


92  a.,  suffixal  soudé  avec  la  voyelle  de  la  désinence. 

par  accident  mais  qui  trouvera  plus  loin  son  rôle  morphologique. 
De  quelque  époque  du  reste  que  date  la  contraction,  il  est  essen- 
tiel de  noter  que  \'o  de  vidfos  (=  U.^  long)  diffère  à  l'oïigine-  de 
\'o  de  hrofjar  (=  2).  Au  nord  de  l'Europe  en  effet  les  longues 
de  a.,  et  a  sont  confondues  aussi  bien  que  ces  voyelles  elles- 
mêmes.  —  Pour  Vahlafif  singulier,  la  voyelle  désiuentielle  est  in- 
connue: si  nous  lui  attribuons  la  valeur  «^,  le  cas  est  le  même 
que  pour  le  nominatif  pluriel.  Le  génitif  letto-slave  vîuka,  vilJco, 
sort  de  l'ancien  ablatif  (Leskien).  Cette  forme  donne  lieu  à  la 
même  remarque  que  vidfos:  Y  a  slave  (=  o  lithuanien)  est  chez 
elle  «2,  non  pas  7i  comme  dans  mati  (lith.  mote).  —  La  seule 
domiée  que  nous  ayons  sur  la  nature  de  l'a  dans  la  désinence  du 
datif  singulier  est  incertaine:  ce  sont  les  infinitifs  grecs  en  ^ev-cct 
=  skr.  nian-e  qui  la  fournissent  \  Si  nous  la  prenons  pour  bonne, 
il  y  a  dans  Vô  de  ïtctcç},  equô,  et  dans  l'a  du  skr.  âçvaya  les  élé- 
ments a.>  -f-  .1.  Nous  ne  ferons  pas  l'analyse  fort  difficile  de 
l'instrumental  singulier  et  pluriel  (skr.  âçvais,  lith.  villmis),  du 
génitif  pluriel  ni  du  nom. -ace.  duel.  Le  nom.-aec.  inl.  des  neutres  est 
unique  dans  son  genre:  son  a  long  a  la  valeur  :i,  c'est  le  gréco- 
italique  qui  nous  l'apprend".  A  moins  de  l'identifier,  comme 
quelques-uns  l'ont  fait,  au  nom.  sg.  du  féminin,  il  faudra  supposer 
une  forme  première  duna.,  -f-  2,  ou  bien  si  le  a  désinentiel  est  bref 
dana^  -\-  a-^  on  ne  saurait  admettre  dâna.^  -f-  a,  puisqu'au  datif 
singulier  «^  ~|-  -i  a  domié  Va  gréco-italique. 

Dans  la  déclinaison  pronominale,  nous  trouvons  a.,  devant 
le  d  du  nom.-acc.  sg.  neutre:  gr.  to,  lat.  -fud;  goih.  J)a(a ,  si.  to, 

mère  «^  a  été  bref  comme  il  l'est  partout  dans  les  langues  européennes. 
Les  formes  dont  il  est  question  pourraient  du  reste,  comme  on  voit,  servir 
à  démontrer  cette  quantité  brève. 

1.  Schleicher  doute  que  -nev-cci  puisse  être  le  datif  d'un  thènie  con- 
Konantique.  Comp.*  401. —  La  longueur  fréquente  chez  Homère  de  Yt,  du 
datif  grec  (Hartel  Hom.  Stud.  P  56)  n'est  pas  uue  raison  suffisante  pour 
croire  que  cette  forme  représente  autre  chose  que  l'ancien  locatif.  Jiftt- 
<lans  JiJ^(îd-8[iiç  etc.  ne  ])araît  pas  être  un  datif.  Les  formes  italiques  et 
lithuaniennes  sont  équivoques. 

2.  Lui  seul  peut  nous  l'api)rendre;  car  il  est  superflu  de  répéter  que 
les  langues  du  nord  confondent  «.^  et  a.  Kn  slave  par  exemple  Va  de  delà 
(pi.  ueut.  ;  cf.  lat.  dumi)  n'est  pas  différencié  de  l'a  de  vIûJm  (gén.  soit  abl. 
aing.;  cf.  lat.  cquo). 


Parallcîlismc  dcM  thi"'iTi(!S  en  «.,  et  dos  thèmCH  on  a.  03 

litli.  ^«-i  (.s]<r.  t(i(l).  Puis  au  nom.  plur.:  gr.  rot,  vieux  \vii. poploc 
(déclinaison  pronominale  à  l'origine),  goth.  ^ai  '  (skr.  te).  — 
C'est  évidemment  a.^  que  renferme  le  pronom  sa  (nom.  sg.):  gr.  6, 
goth.  m.  La  forme  ijidienne  correspondante  .w  est  le  seul  exem|de 
certain  où  l'on  puiss(M)l).scrver  comment  1(!  sanskrit  trait(^  ce  ])lio- 
nème,  quand  il  est  placé  ù  la  fiu  du  mot.  Nous  constatons  qu'il 
ne  lui  fait  pas  subir  l'allongement".  Relevons  encore  le  pronom 
de  la  première  persomie  gr.  «j^to,  lat.  ego,  si.  azu"^  =  '*azo)H  ou 
*a2on  (skr.  aliânv)\  Vô  long  de  èyâ  est  encore  inexpliqué,  mais  il 
est  certainement  de  sa  nature  a.^. 

M.  Brugman  (1.  c.  371)  a  fait  voir  le  parallélisme  qui  existe 
entre  l'e  (aj  du  vocatif  des  thèmes  en  a.^  et  l'a  bref  du  vocatif 
des  féminins  en  â:  gr.  vv^icpà,  ôÉGnorà,  de  thèmes  vv^(pcc-,  ôs- 
ôTtotâ-]  véd.  aniba,  voc.  de  amhd;  si.  zeno,  voc.  de  èena.  La  der- 
nière forme  appartient  au  paradigme  courant.  Le  locatif  grec 
Icc^àC^  du  thème  *%«juâ-  =  skr.  Vsma  offre  exactement  le  même 
phénomène  et  vient  se  placer  à  côté  du  locatif  des  masculins  en 
-Bt.  On  ramènera  le  loc.  osq.  vial  à  via  -j-  /,  le  loc.  si.  hene  à  kcnà 
-f-  i.  La  forme  des  langues  ariennes  doit  être  hystérogène.  Mais 
peut-être  le  loc.  zd.  zeme  ofifre-t-il  un  débris  ancien:  il  est  naturel 
de  le  rattacher  au  thème  féminin  skr.  hsamâ  et  au  gr.  xccficcL, 
plutôt  que  de  le  dériver  d'un  masculin  quHl  faudrait  aller  cher- 
cher jusqu'en  Italie  (lat.  hmmis).  —  H  y  a  peu  de  chose  à  tirer  du 
génitif.  Nous  concluons:  où  les  masculins  ont  a.^,  les  féminins 
ont  A]  où  ils  ont  f(^^,  les  féminins  ont  a.  Cette  règle  est  singulière/ 
parce  que  partout  ailleurs  Iç  rapport  a  :  Â  diffère  absolument  du 
rapport  a^  :  «2- 

Comme  premier  membre  d'un  composé  le  thème  des  mascu- 
lins offre  «2-  o^'-  innô-da^og,  goth.  goda-liimls,  si.  novo-gradu, 


1.  Le  si.  ti  est  d'autant  phis  suprenant  que  nous  trouvons  e  au  loc. 
vluce  où  nous  avons  conclu  à  la  diphthongue  a-^L  Cf.  plus  haut  p.  G9. 

2.  Le  texte  du  Eig-A^oda  porte  une  fois  la  forme  sa  pour  sa  (I  14.5,  1). 
11  y  a  aussi  en  zend  une  forme  hû  que  M.  Justi  propose  de  corriger  eu  hUu 
ou  Iw.  Lors  même  qu'elle  serait  assurée,  la  quantité  d'un  a  final  en  zend 
n'est  jamais  une  base  siire. 

3.  L'a  initial  de  ce  mot  auquel  répond  le  lith.  às~  (et  non  «o'sr»)  est 
tout  à  fait  énigmatique.  Cf.  lith.  ctszva  =  equa,  ape  en  regard  de  ènî. 


94  Anomalie  de  Va.,  final  des  thèmes  en  sanskrit. 

lith.  Txaldâ-yyssis.  De  sou  côté  le  thème  féminin  montre  a  long  ^  : 
skr.  senâ-paii,  zd.  upaçtâ-hara ,  gr.  vi'Kâ-(p6Qog,  litli.  vasarô-hmJàs 
de  vasarà  (Schleiclier  Lit.  Gr.  135). 

En  considérant  les  dérivés  des  thèmes  en  a.y  dans  les  langues 
ariemies,  on  s'étonne  de  voir  cette  voyelle  rester  brève  devant  les 
consonnes  simples  "-;  ainsi  glioràtâ  de  ghorâ.  Il  faut  dire  tout 
d'abord  que  dans  bien  des  cas  a,  est  remplacé,  ici  encore,  par  a^  : 
ghoréitU.  par  exemple  est  le  goth.  gminjja.  Cf.  vieux  lat.  aecetia. 
Dès  lors  la  brève  est  justifiée.  —  Mais  cette  explication,  il  faut 
bien  le  dire,  fait  défaut  pour  d'autres  formes.  Dans  tâ-ti  et  M-ti, 
«2  est  attesté  par  le  lat.  tôt  et  quof.  En  regard  du  gr.  TtôrsQog,  de 
l'ombr.  poâruhpei,  du  goth.  hvàjjara-^,  du  si.  hotoryji,  du  lith. 
Jmtràs,  nous  trouvons  en  sanskrit  kà-tarci.  Les  formes  ubliâ-ya  en 
regard  du  goth.  hajojys  et  chri-yâ,  cf.  gr.  ôoloî,  sont  moins  embar- 
rassantes, parce  qu'on  peut  invoquer  le  lith.  aheji  et  dveji.  Mais  il 
est  inutile,  je  crois,  de  recourir  à  ces  petites  explications:  il  est 
trop  visible  que  Va  qui  termine  le  thème,  ne  s'allongera  dans 
aucun  cas.  C'est  là,  on  ne  saurait  le  nier,  un  côté  faible  de  l'hypo- 
thèse de  «g:  on  pourra  dire  que  devant  les  suffixes  secondaires 
régnent  parfois  les  mêmes  tendances  phonétiques  qu'à  la  fin  du 
mot,  on  pourra  comparer  ka-  dans  kâ-ti  au  pronom  sa^  devenu  sa. 


1.  Quant  à  la  formation  slave  vodo-nosù  de  voda,  elle  est  imitée  du 
masculin;  le  grec  a  de  même  le  type  loyxo-cpÔQog  de  lôyxr]-  Considéré  seul, 
vodo-  pourrait,  étant  donné  le  vocalisme  du  slave,  se  ramener  à  vadA-: 
une  telle  forme  serait  fort  curieuse,  mais  le  2  des  idiomes  congénères  nous 
défend  de  l'admettre.  —  M.  G.  Meyer  (Stud.  VI  388  seq.)  cherche  à  établir 
que  la  formation  propre  des  langues  européennes  est  d'abréger  l'a  final; 
mais  pour  cela  il  fait  sortir  loyxo-  (dans  loyxo-cpôço)  directement  du  thème 
féminin,  ce  que  personne,  je  crois,  ne  sera  plus  disposé  à  admettre.  Les 
trois  composés  indiens  où  ce  savant  rétrouve  sa  voyelle  brève  Icaça-plàlcâ, 
ukha-chid,  lcha-X)àvant  pourraient  s'expliquer  au  besoin  par  l'analogie  des 
thèmes  en  -a  que  nous  venons  de  constater  en  Europe,  mais  le  premier 
n'a  ])robablement  rien  à  faire  avec  Jn'ujïl;  les  deux  autres  sont  formés  sur 
ulcltà  et  ksarn. 

2.  La  règle  sur  a.^  devant  une  syllabe  longue  trouverait  peut-être 
quelquefois  son  aj^plication  ici;  ainsi  le  suft'.  -vant,  étant  long,  pouvait 
paralyser  l'allongement  de  IVt^  qui  précédait;  —  dans  dçvâvant  etc.  la 
longue  n'est  due  qu'à  l'influence  sjiéciale  du  v. 

;j.  1>»'H  formes  des  autres  diak;ctes  germaniques  remontent,  il  est  vrai. 
Il  un  i^riniitif  hvcjxtru  qui  est  surprenant. 


Anomalies.  —  Quantiti'i  du  phonrmo  a.^.  Of) 

Mais  nous  no  voulons  ])as  nous  ris(|U('r,  pour  ces  quelques  exem- 
ples^ à  soutenir  dans  toutes  ses  conséquences  une  tlif-sc  (pii  uk'-iic- 
rait  extrêmement  loin. 

Peut-être  est-ce  la  même  raison  qui  fait  que  le  skr.  .sawa 
(:çarcle  l'a  bref,  bien  qu'il  corresponde  au  gr.  ofto'ç,  au  f^oth. 
sama(ti-):  M.  Benfey  y  voit  en  effet  un  dérivé  (superlatif j  du  pro- 
nom sa,.  Le  zend  hdma  ne  nous  sert  de  rien,  et  voici  pourquoi.  La 
même  langue  possède  aussi  liama  et  d'autre  part  le  slave  a  la 
forme  samu  à  laquelle  M.  Fick  joint  l'anglo-s.  (je->iom  «concors»: 
luima  est  donc  hypothéqué  par  ces  deux  derniers  mots,  et  son  îi 
long  ne  peut  plus  représenter  a^.  Si  o,  dans  o^og,  représentait  o, 
les  difficultés  seraient  levées,  mais  je  ne  sais  si  cela  est  bien  ad- 
missible. Cf.  siniâ,  sumât,  smât. 

J'ai  réservé  jusqu'à  présent  un  cas  (jui  présente  certaines 
analogies  avec  celui  de  samà:  c'est  le  mot  (/(Dnâ  dans  sa  relation 
au  gr.  ôô^og,  au  lat.  domo-,  à  l'irland.  -dam.  Seulement,  ici,  il  n'y 
a  plus  même  la  moindre  probabilité  à  diviser:  da-ma.  Si  l'on  con- 
sidère la  parenté  possible  de  samâ  avec  le  thème  sam-  «un»,  ou 
la  particule  sam,  on  trouve  les  deux  séries  parallèles:  1°  sam, 
samâ  avec  brève  irrégulière,  ojnog,  samû.  2°  dam  ((3c5?),  dama  avec 
brève  irrégulière,  (Jo'fiog;  ààiiog.  J'ignore  si  ces  deux  séries  sont 
miies  par  un  lien  intérieur  ^ 

M.  Brugman  attribue  à  a^  une  quantité  moyenne  entre  la 
brève  et  la  longue  et  accorde  ainsi  la  brève  de  toutes  les  langues 
européennes  avec  la  longue  des  langues  asiatiques.  Mais  puisque 
celles-ci  ont  elles-mêmes  un  a  bref  devant  les  groupes  de  plus 
d'une  consoime,  ou  peut  se  passer  de  ce  compromis  et  admettre  que 
la  différence  entre  «^  et  a^  n'était  que  qualitative.   Cf.  p.  91  i.  n. 

Nous  verrons  à  propos  de  la  flexion  d'autres  exemples,  et 
des  plus  probants,  de  Ya^  indo-européen. 

1.  Inutile  de  faire  remarquer  que  le  verbe  grec  SéyLoa,  sans  correspon- 
dant asiatique  —  et  dont  BôMlingk-Roth  veulent  séparer  doyioç  dans  le 
cas  où  on  l'identifierait  à  damci  —  apporte  de  nouvelles  complications. 
Pris  en  lui-même,  dama  pourrait,  vu  son  accentuation,  être  l'équivalent 
de  «dmd»:  ce  serait  alors  un  thème  autre  que  ô6[iog  et  qui  en  grec  ferait 
«dttfioç».  C'est  ainsi,  sans  aller  bien  loin,  qu'il  existe  lui  second  mot  in- 
dien sama  signifiant  qiciconque,  lequel  devient  en  grec  a/iég  (goth.  sums), 
v.  le  res:istre. 


96  Raisons  qui  doivent  faire  admettre  deux  o  gréco-italiques. 

§  8.    Secoud  o  gréco-italique. 

Voici  les  raisons  qui  nous  forcent  d'admettre  une  seconde 
espèce  d'o  gréco-italique: 

1.  Il  y  a  des  o  auxquels  le  sanskrit  répond  par  un  a  bref 
dans  la  syllabe  ouverte:  ainsi  Yo  de  Jiôcis — potis  =  skr.  ^)«ii  doit 
être  différent  de  Yo  de  ôôqv  =  skr.  dâru. 

2.  Raison  morphologique:  comme  nous  lavons  vu  au  §  7, 
le  phonème  a.,  est  lié  et  limité  à  certains  thèmes  déterminés. 
Jamais  par  exemple  aucune  forme  du  présent  diin  verbe  primaire, 
c'est-à-dire  non  dérivé,  ne  présente  un  o  (ou  en  germanique  un  a) 
que  la  coexistence  de  l'e  prouverait  être  a.^.  Il  est  donc  invraisem- 
blable que  Yo  d'un  présent  comme  6'^»,  en  d'autres  termes  Yo  qui 
se  maintient  dans  toutes  les  formes  d'une  racine,  puisse  repré- 
senter «2- 

Le  vocalisme  de  l'arménien  est  ici  d'une  certaine  importance. 
Les  articles  de  M.  Hiibschmann  Uebe)'  die  stelliiny  des  armenischen 
ini  Jcreise  der  indogerm.  spradien  et  Armeniaca,  K.  Z.  XXIII  5  seq. 
400  seq.  offrent  des  matériaux  soigneusement  triés,  malheureuse- 
ment moins  abondants  qu'on  ne  souhaiterait,  ce  qui  tient  à  l'état 
imparfait  de  l'étymologie  arméniienne.  C'est  là  la  source  où  nous 
puisons.  L'auteur  montre  que  la  distinction  d'rt  et  d'e  existe  en 
arménien  comme  dans  les  langues  d'Europe,  que  cet  idiome  en 
conséquence  n'appartient  point  à  la  famille  arienne:  fondé  en 
outre  sur  les  phénomènes  relatifs  aux  gutturales  il  le  place  entre 
le  letto-slave  et  l'iranien.  Sans  vouloir  mettre  en  question  ce  der- 
nier résultat,  nous  croyons  devoir  faire  remarquer  que  2Mr  son 
vocalisme  l'arménien  ne  se  borne  pas  à  affirmer  une  relation  gé- 
nérale avec  l'Europe,  mais  qu'il  noue  des  liens  plus  étroits  avec 
luie  certaine  portion  de  ce  domaine,  qui  n'est  pas  comme  on 
l'attendrait  le  slavo- germanique,  mais  bien  le  gréco- italique. 
L'arménien  j)ossède  en  effet  la  distinction  des  phonèmes  ag  et  a. 

A  devient  a:  atsem  =  aya  (Hiibschmami  33);  baè  «part», 
hnzanel  «-partager»,  gr.  cpayelv  (22);  Icapcl,  lat.  capio  (19);  Imir 
jiater;  ail  =  ukkoç  (33);  andzul'  «étroit»,  gr.  ayxa  (24).  —  :;î  se 
trouve  dans  mair  mater;  elhair  frater;  hazuk,  gr.  ;râ%i>g (emprunté 
|)eut-être  à  l'iranien,  402). 


Vocalisme  ariTidninn.  97 

((.^  devient  o  (pour  IV'  v.  I.  e.  o)>  se(|.j:  à  cût(^  (!<•  hcll.li  -■< trace /> 
(lat.  peda),  otn  «pied»,  cf.  gr.  noô-  (Brugman Stud.  IX  3()0);  yochél 
«crier»,  cf.  gr.  snoç^  6V  (•^•0;  (jorts  «œuvre»,  cf.  gr.  toQya  {J>2)\ 
ozni  éxtvog  (25)  n'a  point  d'analogue  direct  dans  les  langues  con- 
génères, mais  comme  celles-ci  ont  un  e  dans  ce  nom  du  hérisson, 
Yo  de  ozni  doit  être  a^,.  En  composition:  lus-a-vor  (pie  M.  Hiibsch- 
niann  rend  par  Xivxorpôçog  et  (pii  vient  deZ>*?rew?<'' je  porte»  (405); 
a()C-vor  (400).  Enfin  dans  le  suffixe:  imirdo-  (dat.  mardoy)  =  gr. 
jiçoto.  Mais  il  y  a  un  point,  (ît  c'est  là  ce  que  nous  avions  plus 
particulièrement  en  vue,  où  l'arménien  cesse  de  refléter  Vo  gréco- 
italique  et  où  il  lui  oppose  un  a:  aJcn  «œil»,  gr.  oGôê,  lat.  oculus 
(33);  anwan  «nom»,  gr.  ovo^cc,  lut.  ndnien  (10),  magil  «serre»,  gr. 
ovf|,  lat.  iinguis  (35);  amp,  amb  «nuage»,  gr.  o^jiçog  (19);  vard 
«rose»,  gr.  J^qoôov,  lat.  rosa  (35);  ff/Z  «donner»,  gr.-lat.  dô  (33). 
L'Arménien  comme  tel  porte  le  nom  de  Hay;  M.  Fr.  Millier  rap- 
proche le  skv.  pâti,  soit  le  gréco-ital.  ^o^i-  (Beitr.  zurLautlehre  d. 
arm.  Spr.  Wiener  Sitzungsber.  18(33,  p.  9).  Dans  tous  ces  exem- 
ples, Vo  gréco-italique  était  suspect  d'ailleurs  d'avoir  une  valeur 
autre  que  a^,  par  exemple  dans  poti-  que  nous  venons  de  voir 
(page  96),  dans  o66s,  oculus,  dont  la  racine  conserve  constamment 
Vo.  Ainsi  l'arménien  paraît  bien  apporter  une  confirmation  à 
l'hypothèse  des  deux  o.  Il  faut  dire  toutefois  qu'au  gréco-ital.  od 
(o^o))  répond,  suivant  la  conjecture  de  M.  Hûbschmami,  hot 
«odeur»  (405):  on  attendrait  a  comme  dans  aJcn. 

Ce  point  étant  établi,  qu'il  existe  des  o  gréco-italiques  autres 
que  0.2  =  indo-eur.  a.^,  il  reste  à  examiner  si  le  résidu  qu'on  ob- 
tient constitue  une  unité  organique  et  distincte  dès  l'origine,  ou 
bien  s'il  s'est  formé  accidentellement,  si  par  exemple  certains  a  ne 
se  seraient  pas  changés  en  o,  à  une  époque  relativement  moderne. 
On  arrive  à  la  conclusion  que  les  deux  choses  sont  vraies.  Il  est 
constant  que  dans  plusieurs  cas  Vo  n'est  que  la  phase  la  plus  ré- 
cente d'un  a.  Mais  d'autre  part  l'accord  du  grec  et  du  latin  dans 
un  mot  comme  Ttoôig  —  potis  garantit  la  haute  ancieimeté  de  Vo 
qu'il  contient  et  qui,  nous  venons  de  le  recomiaître,  ne  remonte 
point  à  a.^. 

Nous  pourrons  en  somme  distinguer  quatre  espèces  d'à, 
dont  l'importance  et  l'âge  ne  sont  pas  les  mêmes. 

7 


98  Les  diflP.  espèces  d'o.  —  Obscurcissement  d'o  eu  w. 

1°  0  =  a.^  commun  au  grec  et  à  l'italique  (§  7). 

2"  0  de  Tiôaig — ^:)o^is  commun  au  grec  et  à  l'italique.  Nous 
adopterons  pour  ce  phonème  la  désignation  o. 

3°  0  sorti  d'rt  à  une  époque  postérieure  (dans  le  grec  et 
l'italique  séparément). 

4°  Il  existe  des  o  anaptyctiques  développés  sur  les  liquides 
sonantes  et  sur  d'autres  phonèmes  analogues,  v.  chap.  VI.  Une 
partie  d'entre  eux,  comme  dans  vorarc,  gr.  /3o(),  apparaissent  dans 
les  deux  langues,  d'autres  dans  lune  des  deux  seulement.  Il  est 
essentiel  de  ne  jamais  perdre  de  vue  l'existence  de  ces  voyelles 
qui  expliquent  une  foule  d'anomalies  apparentes,  mais  aussi  de 
ne  point  les  confondre  avec  les  o  véritables. 

Nous  pourrions  passer  immédiatement  au  catalogue  des  o 
gréco-italiques,  qui  du  reste  tiendrait  facilement  en  deux  ou  trois 
lignes.  Mais  auparavant  il  convient  de  s'orienter,  de  débrouiller, 
autant  que  nous  le  pourrons,  l'écbeveau  des  perturbations  secon- 
daires où  Vo  s'est  trouvé  mêlé  et  de  rechercher  les  rapports  pos- 
sibles de  cette  voyelle  avec  a. 

Obscurcissement  de  la  voyelle  O  en  11. 

Après  avoir  traité  de  la  substitution  de  v  k  o  propre  au  dia- 
lecte éolique,  Ahrens  ajoute  (I  84):  in  plurimis  [exemplis,  o]  in- 
tegrum  manet,  ut  ubicimque  ex  s  natum  est,  doftog,  loyog  (nam 
ayvQig  ab  àysQ,  ^vavov  a  ^ea,  cf.  ^va,  diversam  rationem  habent) 
etc.  La  désignation  o  ex  s  natum  répondrait  assez  bien  à  ce  que 
nous  appelons  Og,  et  il  serait  curieux  que  l'éolique  fît  une  diffé- 
rence entre  Og  et  o.  Mais  en  y  regardant  de  plus  près,  l'espoir  de 
trouver  là  un  précieux  critère  est  déçu:  sans  parler  de  i,vttvov  où 
il  est  invraisemblable  de  voir  un  mot  différent  de  è,6avov,  Vo 
(=  0.,)  des  suffixes  subit  la  traiisfornuition  p.  ex.  dans  tvt£,  dans 
«AAv  (arcad.),  dans  Ttxtvves,  dans  l'homérique  STcaGôvtSQOL.  Dès 
qu'on  considère  que  Vv  en  question  suppose  un  ancien  k,  on  re- 
coimaît  avec  M.  Curtius  ((îrdz.  704)  que  l'obscurcissement  éolique 
de  Vo  a  exactement  le  même  caractère  que  dans  l'italique,  dont 
ce  dialecte  grec  partage  d'ailleurs  les  principales  allures  plioné- 
tifjurs.  Ainsi  (|iu'  ré()li(jue,  le  latin  maintient  le  plus  souvent  o^, 
((iiaiid    cette   voyelle  se  trouve  dans    la   syllabe  radicale:  tof/a, 


Obscui'ci.ssf'inf'nt  d'o  on  «  ai)|ian')it  ou  n'ol.  09 

domus  etc.,  ot  iiéaninoiiis  oji  jic  jxxirrait.  jKJscr  de  r('<^|('  al»- 
solue  '. 

Au  contraire  Vv  panhellène,  dans  des  mots  cojumic  ?.vx()^  ou 
TCidr],  est,  si  nous  ne  trompons,  une  a])])arition  d'un  (»rdrc  dittcî- 
renfc.  Tout  d'abord  les  rrrou])es  vq,  vA,  ne  sembicut  pas  fitre 
jamais  sortis  de  gnmpes  plus  anciens  op,  oA,  à  voytdb;  pb'iiie:  ils 
sont  assimilables  de  tout  point  aux  affaiblissements  indiens  ?(>-, 
til;  nous  n'avons  donc  pas  à  les  eiivisagcr  ici.  Dans  les  autres 
cas,  Vv  (il)  vient  d'une  consomie  d'organe  labial  qui  a  déteint  sur 
une  voyelle  irrationnelle  ou  bien  sur  une  liquide  ou  nasale  sonante. 
Ainsi  dans  âvâvv^os,  il  n'y  a  pas  eu  transformation  de  l'o  (Vovofia 
en  u:  le  phénomène  remonte  à  une  époque  où  à  la  i)lace  de  cet  o, 
n'existait  qu'un  idionème  indéterminé.  C'est  ce  dernier  que  /i  put 
colorer  en  u.  De  même  yvv^  est  pour  y-Fnv-^,  non  pour  y-Favrj. 
En  comparant  (.tccGra^  et  ^ccrvaf  yvâd-OL  (cf.  ^âd-viac)  au  gotli. 
7mmJ)a-,  au  lat.  mcntum,  nous  expliquerons  le  dor.  ^vara^  par  la 
forme  ancienne  (in6tai,.  Par  une  sorte  d'épenthèse,  les  gutturales 
vélaires  font  parfois  sentir  leurs  effets  sur  la  syllabe  qui  les  pré- 
cède": de  là  Ivxog  \)Ouï*J^Xîixos,  ^J-hc-Fog  =  skr.  vfla,  <foth.  vtdfs. 
Dans  ov-v-è,  (lat.  unguis),  v  est  également  une  excrétion  de  la 
gutturale. 

Il  faut  convenir  cependant  que  dans  quelques  cas  c'est  bien 
une  voyelle  pleine  qui  a  été  changée  de  la  sorte,  mais  toujours 
sous  l'influence  des  consonnes  avoisinantes :  xvXi^,  lat.  calix,  skr. 
Jcalâça;  vv^,  lat.  nox,  skr.  nâkti;  xvx^og,  germ.  hvehvla-,  skr. 
ralrâ.  Ce  dernier  exemple  est  remarquable:  le  germanique, 
comme  aussi  la  palatale  du  sanskrit,  nous  montre  à  n'en  pas 

1.  Comme  dans  le  latin  -tûrus  =  *-tôrus,  a  peut  devenir  n.  Hésj'- 
chius  donne  les  formes  çcô&vvsg  =  Qc6&av£ç  et  &vq(x^  ^=  &cÔQa^,  sans  en 
indiquer,  il  est  vrai,  la  provenance. 

2.  Nous  avons  admis  une  épenthèse  semblable  dans  Xavy.avîr}  et  A«r- 
X(xvT]  (p.  17  et  25),  chez  qui  l'w  n'était  pas  comme  ici  un  son  parasite.  On 
a  peine  à  se  défendre,  de  l'idée  que  ôâcpvri  et  sa  forme  thessalienne  ôavxva 
remontent  tous  deux  à  *Sax'^vâ  (cf.  âavx^iôv  fvy.civatov  ^v?.ov  ôâcpvi^ç), 
et  l'on  retrouve  des  doublets  analogues  dans  Qvyxog  et  gâficpog,  dans  avxi^t', 
dial.  (X(i(pr'jv,  éol.  txvcprjv  (Grdz.  580).  —  Est-ce  que  dans  cdyvniôç,  cù'ylr}, 
alyiXov,  Yi  serait  dû  à  la  gutturale  palatale  qui  suit?  Je  tenais  la  chose 
pour  probable  en  écrivant  la  note  de  la  page  7;  mais  je  reconnais  que 
c'était  là  une  conjecture  sans  fondement. 

7* 


100  ^  S^^^  changé  eu  o. 

clouter  que  son  v  s'est  développé  sur  un  s  primitif.  Ainsi,  et  pour 
plusieurs  raisons,  nous  n'avons  pas  le  droit  de  traiter  Vv  grec  en 
question  comme  étant  dans  tous  les  cas^  l'équivalent  d"un  o. 
Cela  du  reste  n'a  pas  grande  conséquence  pratique,  vu  que  vv^ 
(qui  est  certainement  pour  ''''v6^)  est  presque  le  seul  exemple  qui 
entre  en  considération  dans  la  question  du  phonème  p. 

En  latin  la  voyelle  obscurcie  en  u  pourra  généralement 
passer  pour  o.  Quelquefois  l'altération  est  allée  jusqu'à  1'/ comme 
dans  einis  =  xovtç,  similis  =  o^aAdg;  dans  ce  cas  il  n'y  a  plus 
de  preuve  de  l'existence  de  Vo,  car  i  peut,  en  lui-même,  repré- 
senter aussi  un  e. 

Echange  des  voyelles  fl  et  O. 

1.  Avant  tout  il  faut  écarter  la  permutation  a  :  ô  qu'on  ob- 
serve particulièrement  en  grec  et  qui  est  un  phénomène  d'ahlant 
régulier  étudié  au  chapitre  V:  ainsi  ^a-t^Q  :  ^a-^og. 

2.  a  change  en  o.  Le  phénomène,  comme  on  sait,  est  fréquent 
dans  les  dialectes  grecs.  Il  a  lieu  en  lesbien  dans  le  voisinage 
des  liquides  et  des  nasales  :  ovco,  ôô^oQtig,  Orgotog,  d^QOGtojg  etc. 
(Ahrens  I  76).  Le  dorique  a  entre  autres  yQocpœ,  xod^açog  (Héra- 
clée),  â^XoTtég  (Crète).  Hésychius  donne  xoQ^a'  xaçdîa.  nâq)LOt, 
ôTQOTtd'  àotçuTCi].  IltttpiOi^^.  Ionien  covroV,  d^œv^a  pour  d^âv^a. 
Ces  transformations  dialectales  qui  du  reste  s'attaquent  souvent 
aux  a  anaptyotiques  ne  nous  intéressent  qu'indirectement,  en  nous 
faisant  assister  au  fait  manifeste  d'un  a  devenant  o  sur  sol  grec  ^. 


1.  Assez  fréquent,  mais  peu  étudié,  est  l'échange  d'à  et  d'v,  comme 
dans  yvcc&oç  :  yvv&ôg,  [lâx^oç  :  ^vulôg  (Stud.  III  322);  c'est  en  présence 
de  ce  fait  qu'on  se  demande  s'il  est  vrai  que  Vv  ait  ni  plus  ni  moins  la 
valeur  d'omicron.  De  ces  exemples  il  faut  sans  doute  retrancher  §v&6ç 
qui  i)eut  élever  pour  le  moins  autant  de  prétentions  que  Kiv&a  à  la  pa- 
renté du  skr.  (juliati  (pour  le  labialisme  devant  v  cf.  n^îa^vç);  §vaaodo- 
(ifvoy  rappelle  vivement  le  skr.  (jûliyu.  Sur  le  z  du  zend  gaoz  v.  Hûbsch- 
mann  K.  Z.  XXIII  393.    x^xfv^a^  (Hes.)  parle  dans  le  môme  sens. 

2.  En  outre  azQOtpaî'  àaTçanaé;  cxoQnâv  rrjv  àazQocn^v.  Le  qcc  du 
mot  àatQanr]  vient  ]irobablemcnt  de  »' (cf.  véd.srM?);  azfQonr,  est  obscur. 

3.  iJans  une  (piantité  de  mots  dont  la  inovcnance  est  inconnue  Vo 
doit  l'-tre  mÎH  t'j,'aleiii(;nt  sur  le  compte  du  dialecte,  ainsi  ànorçHV  ànatri- 
ccii,  KQi)(i\ioç'  ô  Kdnvçôç,  ^QÔtaxoç  =  fiûtçaxog,  nôlvvTQCi'  aXtpiTK ,  kÔXv- 
(Joç  =  Kalv^r],  nôçSctUç  etc. 


(i  giTc  chauf^c  en  o.  101 

Eli  (l<'lior.s  (l(;,s  dialectes,  c'(!.st  particMilici-ciuciil-  (hn'iiiii  u,  J-, 
rjuoji  remarque  une  oscillation  entre'  a  et  o:  xlotû^  "lien,  car- 
can» parent  de  x/lâ(J-)tt;9  novç;  et  7ra(J-)tç,  ovqoç  et  ai)o«,  oî/r«w 
et  yatâXïi,  a{f)itx6g  et  o(J-)ttoa/os  (?).  Nous  avons  peine;  à  croire 
à  la  parenté  de  oîgtqoç  avec  aïd^G)  (Ascoli  K.  Z.  XII  435  seq.).  ^ 

Souvent  l'échange  d'à  et  d'o  n'est  qu'apparent,  pour  choisir 
un  exemple  où  il  est  impossible  d'hésiter,  dans  Ôça^eîv  :  ô'()o/u.og. 
La  racine  est  évidemment  ÔQê^:  les  mots  qui  ont  pu  la  contenir 
sous  cette  forme  ont  péri,  ÔQafietv  doit  son  a  à  la  liquide  sonante, 
ÔQOfiog  a  pris  régulièrement  a.^,  et  il  semble  à  présent  que  Ôçofi 
permute  avec  Ôça^i.  Dans  le  cas  de  çantg  :  çÔTcaXov,  le  verbe 
(jf)QE7iœ  nous  a  conservé  Ve.  On  expliquera  semblablement  x<^- 
ftat  :  X'^^^^  Tcaçd'évoç  :  ntÔQd'os,  Gxah]v6g  :  GxoXiog  dont  Ve  radi- 
cal apparaît  dans  le  lat.  scelits  (cf.  skr.  cliaîa  «fraude»),  et  aussi, 
je  pense,  ya^cpi]  :  j^o^çjog^. 

Pour  se  rendre  un  compte  exact  du  rapport  de  KQovog  à 
XQCCLva,  de  KQovvog  à  xçava,  ^'xQc'cvva,  de  ôxocôg,  Gxôtog  à  axuvc'c, 
de  Ttroa,  moCa  à  nrâ  [xarajit^T)]v) ,  il  faudrait  être  mieux  fixé 
sur  leur  formation  et  leur  étymologie.  Il  n'y  a  pas  de  raison 
majeure  pour  mettre  Nôtog,  vorî^cs  eu  relation  avec  vâçôg,  và- 
aog,  de  sna:  le  skr.  wZm  «eau»  permet  de  les  rattacher  à  une 
autre  racine.  Nous  avons  vu  p.  77  que  ê^QÔvog  pour  ''''&oQvog 
appartient  à  la  rac.  ^êç,  non  à  d^Qâ  {d'çàvog). 

Comme  voyelles  prothétiques  Va  et  l'o  alternent  fréquem- 
ment, ainsi  dans  àatacpLg  :  oôracfLg,  K^t^at  :  o^txaCv,  ccdax^oy  : 
oôcc^a.  Il  ne  s'agit  point  ici  d'mi  changement  d'à  en  o:  seulement 
dans  le  premier  cas  c'est  a,  dans  le  second  c'est  o  qui  s'est  déve- 
loppé sur  la  consonne  initiale. 

Il  est  plus  que  probable  que  l'a  des  désinences  du  moyen 
-6ai,  -rai,  -vrau  et  l'o  des  désinences  -ao,  -to,  -vro,  sont  à  l'ori- 
gine une  seule  et  même  voyelle.    La  forme  -rot  du  tlialecte  de 

1.  On  trouvera  sous  les  numéros  suivants  d'autres  exemples  de  ce  fait. 

•2.  Le  même  échange  poiu-ra  s'interpréter  de  différentes  manières  dans 
les  cas  suivants:  cLolXriç  et  fâUç,  -nôxlog  et  v.âxh]è,,  xôva/îos  et  xaroi^û), 
v.qox(ôvri  «nœud  du  bois»  parent  de  v.âqxa}.oç  et  du  lat.  cartilago  (p.  58), 
^ôaxog  «jeune  pousse»  ai  ^ctaxâ^n  «aisselle,  jeune  pousse»,  mnoçaafiévoç- 
(pcivsçôg  lies,  rapporté  par  l'éditeur,  M.  Mor.  Sclimidt,  à  nenctQetv  (v.  p.  GO), 
axQoyyvXog  et  atçKyyôg. 


102  «  italique  changé  en  o.  —  Y  a-t-il  un  ablaut  a  :  o? 

Tégée  nous  en  est  garante  jusqu'à  un  certain  point,  car  l'arcaclien 
ne  paraît  point  avoir  de  disposition  particulière  à  changer  a  en 
o,  à  moLtis  qu'on  n'en  voie  la  preuve  dans  xatv  pour  xatâ.  Les 
exemples  qu'on  doime  sont  èq)Q-0QH(6g,  ôsKotav,  éxotô^^OLa 
.(Schrader  Stud.  X  275).  M.  Schrader  estime  que  l'o  de  iq)d^0Q- 
x(6g  n'est  autre  que  la  voyelle  du  parfait,  qui  s'est  conservée 
quelquefois  dans  la  formation  en  -xa.  Quant  à  l'apparition  d'un 
0  dans  les  noms  de  nombre  cités,  c'est  là  également  im  fait  qui 
peut  être  indépendant  des  idiotismes  locaux:  tous  les  Grecs  hési- 
tent ici  entre  a  et  o  (d£x«,  sI'xoûl,  êxcctôv,  diaxôcioL)  bien  que  les 
groupes  xa  xo  contenus  dans  ces  formes  remontent  indistincte- 
ment à  l'élément  km. 

Le  passage  a  :  o  étant  admis  pour  les  syllabes  finales,  on 
pourra  regarder  le  lesb.  VTiâ  comme  la  forme  ancienne  de  vno. 

Cf.  VTtKL. 

Le  latin  présente,  dans  la  diphthongue,  raudus,  autre  forme 
de  raudus  conservée  chez  Festus,  lucnini  de  la  rac.  lau,  puis  focus 
à  côté  de  fax,  et  quelques  autres  cas  moins  sûrs  (v.  Corssen  ll'"^ 
27).  L'ombr,  Iwstatu,  selon  M.  Bréal  (Mém.  Soc.  Ling.  III  272), 
est  le  parent  non  de  Jiasfa,  mais  de  hostis;  seulement  cette  étymo- 
logie  dépend  de  l'interprétation  de  nerf.  Dans  sordcs  en  regard 
de  suâsum  (Curtius,  Stud.  V  243  seq.)  la  cause  de  l'o  est  dans  le 

V  disparu^;  adolesco  (cf.  alo),  cohors  (cf.  hara),  incolumis  (cf.  cala- 
mitas)  doivent  vraisemblablement  le  leur  à  l'aifaiblissement  ré- 
gulier en  composition.  —  A  la  fin  du  mot  l'osque  ott're  dans  ses 
féminins  en  -o  pour  -à,  -a,  un  exemple  bien  clair  de  cette  modi- 
fication. 

3.  Une  question  digne  en  tous  cas  d'attention  est  celle-ci: 

V  ablaut  a^  :  ag  ou  e  :  o  (étudié  au  §  7)  se  reproduit-il  dans  la  sphère 
de  A?  Doit-on  croire  par  exemple  que  l'existence  du  grec  oy^og  en 
regard  de  ayco  est  due  à  un  pliénomcne  de  même  nature  que  celle  de 
(pkoy^ôg  en  regard  de  cp^éyco'^ 

Le  gréco-italique  seul  peut  donner  la  réponse.  En  effet  ce 
n'est  pas  des  langues  du  nord  qui  ont  confondu  a  avec  a^  qu'on 

1.  On  ne  voit  pas  biun  quelle  voyelle  est  originaire  dans  le  cas  de 
favissa:  fovea  (comparé  au  gr.  xnri  qui  lui-même  n'est  pas  d'une  formation 
traiiHparcnte)  et  de  vacuus:  vocivus.  Quatttwr  et  canis  (v.  p.  53  et  105) 
montrent  que  vo  (ivo)  peut  devenir  va. 


Y  a-t-il  un  cihlaut  a  :  oV  103 

pourrait  titteiulre  la  coii.scrvatiuii  de  ce  substitut  de  a  dont  nous 
j)arloiiS;  et  les  langues  ariennes  nous  renseignent  encore  bien 
moins.  Or  dans  le  gréco-italique  même  les  données  sont  d'une 
])auvreté  qui  contraste  avec  l'importance  qu'il  y  aurait  à  être 
iixé  sur  ce  point.  Ici  se  présentent  en  première  ligne  les  jjariaits 
xÉxova  de  xaîva  et  Xikoyycit.  de  }.ay%âvci  avec  les  substantifs  xovî^' 
et  ^ôyxy\  (Mes.).  Ces  formes  ne  décident  rien,  ])arce  que  la  racnie 
contient  une  nasale.  C'est  ce  que  fait  toucher  au  doigt  un  troi- 
sième exemple:  ^olr]  en  regard  de  (icc^Xa.  La  racine  de  ^ûlXa 
est  ^eX:  cela  est  prouvé  par  ^éXog,  ^Élsfivov,  ^sXovrj,  /SfAroç, 
êxatrj-^sXÉTrjg.  Ainsi  Va  de  /3«AAc3  est  dû  à  une  liquide  so- 
nante  et  n'a  nullement  qualité  de  voyelle  radicale.  Or  qui  nous 
dit  que  les  racines  de  xéxovcc,  XiXoyia^  ne  sont  pas  xtv  et  Xsyii 
Si  d'aventure  les  deux  ou  trois  formes  où  survit  la  racine  ^fA  ne 
nous  étaient  pas  parvenues,  le  mot  ^oXy]  semblerait  venir  d'une 
racine  /3aA,  et  cependant  nous  savons  qu'il  n'en  est  rien^  C'est 
le  même  échange  apparent  que  celui  que  nous  avons  rencontré 
plus  haut,  seulement  celui-ci  joue  Vablcmt  avec  un  certain  sem- 
blant de  vérité.  Il  se  trouve  encore  dans  les  coujjles  ajcuçyâco: 
6noQyaC  (lies.),  cc0%aX<x(o:  G^oXy],  nxaCQCo:  Tcrôç^og  et  nroQog  (ces 
mots  du  reste  sont  éoliques),  uq^co:  OQ%a^Qg,  QaTtra:  QO^(pevg. 

Mais  voici  des  cas  plus  graves  parce  que  dans  la  racme  dont 
on  les  fait  venir  la  présence  réelle  de  a  n'est  pas  douteuse:  oyfiog 
<.< sillon,  rangée»  qu'on  rattache  à  ayca-^  xojiQog  «fumier»,  mais 
aussi  «boue»  qui  serait  parent  de  xaTtvco  ((îrdz.  141);  ao(p6g  en 
regard  de  <ja(p^g-^  o^og"yiQï]og^  «o^og,  qui  rappellent  a^oficu]  oX- 
/5og,  rac.  àXq)(^?)-^  nod'^,  Jtôd'og  «deuil,  regret,  désir»  liés  peut-être 
à  7ta&£tv  (v.  p.  61;  pour  le  sens  cf.  névd'og)-^  vôcc  Ttrjy^.  Accxcovsg 
(Hes.)  en  regard  de  v«u«;  o^d'Éc}  «sindigner,  s'emporter»  rap- 
proché parfois  de  a%&ofiaf^  kqovqcc  si  on  le  ramène  à  Kçoç-J^a. 


1.  Le  ntTtoaxa  de  Syracuse  (Curtius  1.  c.)  no  prouve  pas  davantage 
Vablcmt  en  question:  1"^  parce  que  cette  formation  est  toute  secondaire, 
2°  parce  que  Vo  peut  n'être  qu'une  variante  dialectale  de  l'a.  —  Un  pré- 
sent v.aîv<ù  pour  yinijca  venant  de  v.ev  est  une  forme  claire  ;  quant  à  Xay%âva>, 
sa  prcmièi-e  nasale  n'est  point,  comme  l'est  celle  de  léloy%a,  la  nasale 
radicale  de  Isyx'-  de  lsy%  ou  forme  régulièrement  ^Inxviù  lequel  devient 
d'abord  ^Xccxvw,  puis  par  cpenthèse  *kayxv(o,  Iccyx^iiva}.  V.  le  mot  au 
registre. 


104  0  changé  en  a. 

Puis  le  lat.  docco  placé  eu  regard  de  àCàai,ca  (v.  p.  107),  et  le 
gréco-ital.  onkos  (oyaoç^  uncits)  de  la  rac.  anJc  {àyxâv,  ancus). 

Voilà  les  pièces  du  procès,  et  les  seules  données  en  réalité 
qui  nous  restent  pour  élucider  cette  question  capitale:  y  a-t-il  mi 
aUaut  de  a  semblable  à  Yablaut  a^:  a^'i  —  Un  examen  quelque 
peu  attentif  des  cas  énumérés  convaincra,  je  crois,  chacun  que 
ces  éléments  sont  insuffisants  pour  faire  admettre  un  tel  ahiaut, 
lequel  s'accorderait  mal  avec  les  faits  exposés  au  paragr.  11.  Il 
y  a  principalement  trois  choses  à  considérer:  1°  la  plupart  des 
étymologies  en  question  sont  sujettes  à  caution;  2°  l'o  peut  n'être 
qu'une  altération  toute  mécanique  de  l'a;  3°  il  n'est  pas  inconce- 
vable que  sur  le  modèle  de  l'ancien  ahiaut  e:  o,  le  grec,  posté- 
rieurement, ait  admis  parfois  Vo  lors  même  que  la  voyelle  radi- 
cale était  a. 

4.  0  (==  o)  cliangé  en  a.  C'est  là  ime  altération  j)eu  commune 
en  grec,  même  dans  les  dialectes.  On  connaît  la  glose  â^sGco' 
«jU-o;r/lar«t ,  singulière  variante  du  thème  gréco-italique  omso-. 
Pour  Jtaçava  en  regard  de  ovg  v.  page  114.  Les  Cretois  disent 
avaç  pour  ovaç,  Hérodote  aQQcodetv  j)our  oQQodsLv.  On  trouve 
chez  Hésychius:  atpskfia'  xo  otâkXvvxQov  (=  oç)£Afi.a),  ^iayxvXaç' 
xrjxtôaç.  AioXstg  =  jioy%vXaf  KrjXiôsg.  Cf.  Ahrens  II  119  seq. 

Un  exemple  beaucoup  plus  important,  en  tant  qu'apparte- 
uant  à  tous  les  dialectes,  serait  le  mot  aiJtoXog,  si  l'on  approuve 
M.  G.  Meyer  qui  identifie  la  syllabe  ai  avec  le  thème  o/t,  lat. 
ûvl  (Stud.  VIII  120  seq.  ^).  Cette  conjecture  qui  a  des  côtés  sédui- 
sants laisse  cependant  prise  à  bien  des  doutes. 

Le  même  mot  avis  est  accompagné  en  latin  de  avilïa,  con- 
servé chez  Festus.  M.  Frôhde  croit  que  cette  forme  se  rattache  à 
agnus:  mais  après  les  travaux  de  M.  Ascoli,  la  réduction  de  ^y  à 
y  en  latin,  à  l'intérieur  du  mot,  est  à  peme  admissible.  Du  reste 
le  Vrodromus  C.  Gl.  Lat.  de  M.  Lowe  a  révélé  un  mot  anhithnlcKS 
(ovium  pastor)  —  ou  auhidciis  suivant  la  correction  de  M.  Bilhrens, 
Jeu.  Litcraturz.  1877  p.  Iô6  —  qui  décidément  atteste  l'a.  Cela 
ne  forrobore  2)oint  roi)inion  de  M.  G,  Meyer  relativement  à  ai- 
TTÔkog^  car  l'o  latin  devant  v  a  mie  tendance  marquée  vers  l'a, 

1.  M.  Meyer  propose  une  étymologie  semblable  pour  alyvniôq  (cf.  p.  7). 
Auparavant  dt'jà,  Pictet  avait  expli(iUL'  l'un  et  l'autre  mot  par  aci  «mou- 
ton*. Origines  Indo-européennes  I'  4()(>  seq. 


«2  cliaii^'c;  (Ml  a.  lOf) 

spéciale  à  cette  langue.  En  dehors  du  groujjc  uv,  oji.jxMit  ilire 
((ue  a  sorti  de  o  est  en  latin  chose  moins  insolite  qu'en  grec,  et 
cependant  extrêmement  rare.  L'exemi)le  le  plus  sûr  est  if/nants, 
ndrrare  (en  regard  de  nosco,  lynorare,  gr.  yva)  où  l'o  transformé 
est  une  voyelle  longue,  lia ttimcna  porta,  suivant  M.  (Jurtius,  est 
parent  de  rota.  Pour  ce  qui  concerne  Cardea,  rapproché  de  cor 
(Curtius  Cîrdz.  143),  il  faut  se  souvenir  que  l'o  de  ce  dernier  mot 
est  anaptyctique.  Le  cas  de  l'ombr.  kumaltu  (lat.  molo)  n'est 
pas  très-difterent.  C'est  une  question  difficile  que  de  savoir  si 
dans  datus,  catus,  nates,  en  regard  de  dônum,  cas,  vàrov,  Va  est 
ancien  ou  sorti  secondairement  de  o.  Mais  ce  point-là  trouvera 
au  chapitre  V  une  place  plus  approjjriée. 

5.  Si,  dans  le  grec,  il  n'y  a  pas  de  raison  positive  de  croire 
que  le  plioncme  0.>  soit  januiis  devenu  a  par  transformation  secon- 
daire \  il  est  presque  indubitable  en  revanche  que  certains  a  ita- 
liques remontent  à  cette  origine^.  L'a  de  canis  en  particulier  ne 
peut  représenter  que  «g  5  ^^^^  ^^i  ^ffet  que  l'o  de  y,v(av  est  un  p 
n'aurait  aucune  vraisemblance-,  ce  phonème  paraît  être  étranger 
aux  suffixes.  On  peut  citer  ensuite  l'osq.  tanginom,  parent  du 
lat.  tongeo.  A  ce  dernier  répond  le  verbe  faible  goth.  ^agJcjan.  Si 
nous  avions  en  même  temps  un  verbe  fort  «^igJian»,  tous  les 
doutes  seraient  levés:  Va  de  JjagJijan  serait  nécessairement  a.,,  Va 
de  tongeo  serait  donc  aussi  a^,  et  il  serait  prouvé  que  l'a  de  tangi- 
nom sort  d'un  o  qui  était  a^.  Ce  verbe  «^igkan»  n'existe  pas,  mais 
le  un  du  verbe  parent  Jmglîjan  permet  d'affirmer  avec  mie  certi- 
tude à  peine  moindre  que  la  racine  est  bien  te)ig.  Peut-être  l'a  de 
caveo  est-il  également  pour  o  =  ft^j  ^'^  question,  vu  è'xo^ev,  est 
difficile.  Dans  Farca  même  phénomène,  si  l'on  ramène  ce  mot 
à  la  racine  de  plecto  et  du  gr.  tioqxoç  (nasse).  On  compare  pallco 
au  gr.  nohôg:  or  l'o  de  ce  dernier  mot  est  o^,  vu  Trehog.  Cf.  pidlns. 
—  Dans  ces  exemples,  l'a,  nous  le  répétons,  n'est  pas  la  conti- 
nuation directe  de  a.,,  mais  une  altération  hystérogène  de  l'o. 

Jusqu'ici  il  a  été  question  des  voyelles  o  et  a  alternant  dans 


1.  M.  Mor.  Schmidt  met  un  point  de  doute  à  la  glose  d'Hésychius 
fttffqpoçoç*  saatpoQOç,  qui  serait  sans  cela  un  exemple  très-remarquable. 

2.  On  devait  s'y  attendre,  car  depuis  bien  longtemps  sans  doute  le 
son  des  deux  o  s'était  confondu. 


106 


Italique  a,  grec  a  o,  et  autres  combinaisons. 


une  même  langue.  Il  reste  à  voir  comment  elles  ,se  correspon- 
dent, lorsqu'on  compare  le  grec  et  l'italique.  Pour  cela  il  est 
bon  de  se  prémunir  plus  encore  qu'ailleurs  contre  les  pièges  déjà 
plusieurs  fois  mentiomiés  que  tendent  certains  phénomènes  liés 
aux  liquides  et,  dans  une  mesure  moindre,  aux  nasales.  Nous 
avons  éliminé  complètement  ce  qui  tient  aux  liquides  sonantes 
du  §  1  — :  ainsi  xaQÔîa:  cor,  skr.  hfd  — ;  mais  il  y  a  une  seconde 
série  d'exemples  —  ainsi  oQd-og:  ardims,  skr.  ûrcDivâ;  v.  chap.  VI 
—  que  nous  n'avons  pas  osé  passer  de  même  sous  silence  et  que 
nous  nous  sommes  borné  à  mettre  entre  crochets.  Ces  exemples 
doivent  être  comptés  pour  nuls,  et  ce  qui  reste  est  si  peu  de  chose, 
que  la  non-concordance  des  deux  langues  sœurs  dans  la  voyelle  o 
prend  indubitablement  le  caractère  d'mi  fait  anormal.  —  Pour 
les  recueils  d'exemples  ci-dessous,  la  grammaire  de  M.  Léo  Meyer 
offrait  les  matériaux  les  plus  importants. 


6.  Coexistence  d'o  et  d'à,  dans  une  des  deux  langues  ou  dans 
les  deux  langues  à  la  fois.  Lorsqu'mie  des  deux  formes  est  de  beau- 
coup la  plus  commune  comme  dans  le  cas  de  ocis:  avdla  (p.  104), 
nous  ne  mettons  pas  l'exemple  dans  cette  liste. 


ojSqlov 

xavaè,'^      1 
xo/3«Aog    I 
Occog^ 
0003,  Goog 

[tqÔtclç     I 

[(fâlxtjg 

[(pokxôg 


apcr '(;}). 
cavilla. 
sdiius. 
trahs.] 
faix.  C] 


Xoyycc^a  \ 

Xayycc^c}  ) 

lioviôg 

liâvvog 

oiinvr] 

acpevog 


loiigns.  C. 
monile. 

opesi^i). 


ncc(f)ig 

7to(J^)ca 


XOOL 


\ 


papaver 

pomum,  ptover  (inscr.). 

cous  cavité  dans  le  joug 

cavu^. 


1.  Curtius  Stml.  la.  '-'Oo,  Grdz.  373.  —  -J.  v.avci'6,'  navovQyoç  (Suidas). 
—  3.  La  racine,  bien  que  le  béot.  I^aw-çâteioç  ne  décide  rien,  paraît  être 
sau.  Le  latin  montrerait  u  dans  sospes,  si  la  parenté  du  mot  avec  notre 
racine  était  mieux  assurée,  mais  il  a  toutes  les  apparences  d'un  compose 
contenant  la  particule  se-,  cf.  acispcs;  par  un  hasard  singulier  il  existe 
un  mot  védique  risjiitfi  «  danger  ».  —  Sur  anlc-  unie  et  autres  cas  v. 
p.  ni. 


a  grec  et  o  it;ilii|iic.  1()7 

7.  ce  grec  et  o  italique. 

a.  La  racine  ne  contient  ni  liquide  ni  nasale  non  initiale. 

(V)(3'ax,  ôi-àâ07C(o.,  è-ÔL-ôax-ôa,  ài-ôa^-ri       doc,  doc-co,  doc-lnsK 
Xax,  è'-XaK-ov,  /la(7x£0,  Xs-Xâx-a  loqu,  loqu-or,  loeutus. 

(ccTtacpog  {êjtotli)         îipupa'^.)     \     ôâçôg         dûrus^i^f). 

1.  Il  n'y  a  pas  d'autre  raison  de  ramener  Si.8uav.ta,  diflû^at,  à  une  rac. 
day.  que  l'existence  du  lat.  docco.  Autrement  on  les  rapporterait  sans  mi 
instant  d'hésitation  à  la  racine  qui  se  trouve  dans  ôé-da{6)-s,  da{a)-Tinù}v. 
Mais  rien  n'empêche,  dira-ton,  de  réunir  tout  de  même  ôaa  et  doc,  comme 
ayant  tous  deux  pour  base  la  racine  du  «savoir».  A  cela  il  faut  répondre 
que  Seca  n'est  une  racine  qu'en  aijparence:  c'est  Ssva  qui  est  la  forme 
pleine,  ainsi  que  l'indiquent  l'indien  dams  et  le  gr.  Srjvog  pour  *Sévaoç 
[z=  Bkr.  ddrnsas).  SéSa(6)s  (aoriste),  SeSa(6f)(âç,  ïdâ(a)rjv,  ont,  régulière- 
ment, la  nasale  sonante  (pages  20  où  SèSas  a  été  oublié,  22  et  46);  dans  Ôi- 
Saatio},  si  ou  le  joint  à  cette  racine,  elle  n'est  pas  moins  régulière  (v.  p.  22). 
Il  faut  répondre  en  second  lieu  que  la  racine  dd  qu'on  a  cru  trouver  dans 
le  zend  n'a,  suivant  M.  le  prof.  Hûbschmann,  aucun  fondement  réel.  Cette 
question  difficile  se  complique  du  latin  disco,  du  sanskrit  dtlc's  et  du  zend 
daxsli.  —  2.  inoip  sera  né  par  étymologie  populaire:  inoxp  tnônx-qq  xmv 
avzov  v.uv.àv,  dit  Eschyle.  Ainsi  s'explique  son  s.  D'autre  part  M.  Curtius 
partant  du  thème  cpop  explique  le  premier  o  (î<)  de  uptqm  par  assimila- 
tion. C'est  pourquoi  l'exemple  est  placé  entre  crochets.  —  3.  Sâçôç  (diu- 
turnus)  est  pour  *dc(fQ6ç  =  skr.  dti-rd  «éloigné».  La  glose  Saôv  noXv- 
XqÔviov  Hes.  {Sccov?)  est  bien  probablement  un  comparatif  neutre  sorti  de 
'*SâJ-yov,  skr.  ddviyas.  Sr^v  et  Soâv  sont  aiitre  chose.  Si  duras  est  égal  au 
grec  Sâçôç,  il  est  pour  *(:to«/«*v,  mais  ce  dernier  rapprochement  est  boi- 
teux: ou  peut  dire  seulement  que  durare  {cdurare,  perdurarc)  signifie  par- 
fois durer  —  cf.  Sâçôç  —  et  qu'il  rappelle  diird  dans  des  expressions 
comme  durant  colles  «les  collines  s'étendent»  Tacite  Germ.  30. 

b.  La  racine  contient  une  liquide  ou  une  nasale  non  initiale. 
On  ne  pourrait,  je  crois,  démontrer  pour  aucim  exemple  de  cette 
sorte  que  la  voyelle  variable  (a  o)  a  été  de  tout  temps  ime  voyelle 
pleine:  tous  ces  mots  au  contraire  paraissent  liés  aux  phéno- 
mènes spéciaux  auxquels  nous  faisions  allusions  ci-dessus.  Ce 
sont  principalement  (iâkka:  volare;  ÔkXXo,  àâXéo^ca:  dolco;  6a- 
fitt^co:  domare;  daQ&dvco:  dormio;  tal:  folio;  tpaQÔco:  forare.  Puis 
xccXa^og:  culmiis;  xçâvog  «cornouiller»  (aussi  xvçvog)  et  cornus; 
TKQ^éa):  torvusi^f)]  naça:  por-  (p.  111).  M.  Fick  rapproche  yx^akov 
de  vola,  nçâvrig  et  nçâvôg  (Hes.)  diffèrent  peut-être  du  latin  pro- 
mis, et,  dans  l'hypothèse  contraire,  les  contractions  qui  ont  pu 


108 


o  grec  et  a  italique. 


avoir  lieu,  si  par  exemple  le  thème  est  le  même  que  dans  le  skr. 
■pravauà,  auront  troublé  le  véritable  rapport  des  voyelles. 

c.  Les  phonèmes  sont  placés  à  la  fin  de  la  racine.  Dans  cette 
position  on  ne  trouve  pas  d'o  latin  opposé  à  un  a  grec. 

8.  0  grec  et  a  italique. 

a.  La  racine  ne  contient  ni  liquide  ni  nasale  non  initiale. 
o^oXog  agolum.  F.  (?).     !      aôa^og  mstos  (§  11  fin). 


o'Côtog  arista.  F.(?). 

6ko(pvQo^ai  lamentum  ^  (?). 

o  ^  i''S  acci-jnter  ^  (?). 

ovog  asinus{?). 


KvXii,     calix. 

fio^Adç  malus. 

x6i,ov     taxus^{?). 

xQcôyXri  trâgida{?).J.Schmi([t. 


1.  Cf.  p.  60.  —  2.  Si  l'on  peut  douter  de  l'identité  dCacci-  avec  6^v-, 
il  serait  en  revanche  bien  plus  incei'tain  de  le  comparer  directement  à 
mKv-,  qui  est  déjà  tout  attelé  avec  ôcior.  aqui-  dans  aquifolius  ne  s'éloigne 
pas  trop  iVo^vç.  —  3.  Pictet  comparait  ces  deux  mots  à  cause  du  grand 
emploi  du  bois  d'if  pour  la  fabrication  des  arcs  (Origines  P  229).  Mais 
tô|ov  peut  se  ramener,  et  avec  plus  de  vraisemblance,  soit  à  la  racine  rin 
soit  à  la  racine  rf^;  son  o  est  alors  o^. 


Devant  v 

: 

xoÇF)É(o 

caveo.  C. 

oyôoog 

octâvus{?). 

x6(/)0L 

mvits.  C.cf.p.l06. 

nroéco 

pavco(?). 

kovco 

lavo. 

.  x^^n 

flàvus{?). 

v6{J^)os 

navare. 

tcôitog 

paedor  de 

*pav-id. 

ci-yvo{.f)La 

gnâvus. 

F. 

Dans  la  diplithongue  : 
oid^a  acmidiis. 

oixTQog         aeger. 

b.  La  racine  contient  mie  liquide  ou  une  nasale  non  initiale. 


ovara        auris. 
oi),  ovdt    h-au-d{?). 


xoX^oil'  callus. 

I xoAoxai^og  crace)ites.\ 

xoVig  canicae\'^). 

xQoxnXr]  dUculus. 

XôyXU  lancea. 


ôXoôg  salvus.  C. 

[o()0'og  arduus.\ 

\noQElv  parentes.] 

çaôiôg  ardea. 

[;UoA«s  haru-spex.] 

(foQt  far,  g.  farris(?). 


1.  Canicae  furfures  de  farrc  a  cibo  canum  vocatae.  Paul.  Ep.  46.  M. 
Si  le  mot  est  parent  de  y^ôvig,  il  l'est  aussi  de  cinis  (p.  100). 


0  frro,c  et  italiquo.  ]()() 

c.  Lcs^phonrmcs  sont  placés  à  la  fin  de.  la  racine,  ici  se  luiij^c- 
raicnt  datus,  darc  (cf.  donum)  en  regard  du  gr.  do  Ôo,  cafus  (cf. 
cas)  en  regard  de  xàvog,  nates  en  regard  de  vâxov.  Sur  ces  mots 
V.  plus  haut  p.  105.  Le  cas  de  stravi,  stratus,  auxquels  le  grec 
oppose  CtQC)  rentre  dans  la  classe  arduiis:  o^'O'o's  (p.  10(j). 


Voici  maintenant  la  correspondance  régulière  qui  exige  \'o 
dans  les  deux  langues.  Ce  tableau,  nous  le  répétons,  n'est  pas 
exclusivement  un  catalogue  des  o  gréco-italiques;  il  doit  servir 
surtout  à  s'orienter,  à  évaluer  ajjproximativement  l'extension  de 
Vo  autre  que  Og  en  gréco-italique;  aussi  y  a-t-il  encore  beaucouj) 
à  trier,  en  dehors  des  exemples  désignés  comme  suspects.  Par  le 
signe  t,  nous  posons  la  question  de  savoir  si  Vo  n'est  pas  o^. 

a.  La  racine  ne  contient  ni  liquide  ni  nasale  non  initiale. 

od:  o^ca,  odaô-a  ol-eo,  od-or. 

oJc^:         oTtcoTt-cc,  o(7(?5,  oa-t-aXXog       oc-idus. 
(?)  h  h  0  dh  ^  :  (i6&-Qog,  ^od'-vvog  fod-io,  fossa. 

zoxxv^  coxa. 

xôxKv^  ciiculus. 

iivx£ù3v  cocetmn. 

(lôxçcov  mucro^. 

vvi,  nox. 

TCoGig,  nôrvtu  potis ,  potiri  etc. 

nQo  pro-. 

OTtccav  sociits^. 

1.  V.  Curtius,  Grdz.  467.  —  2.  Pour  le  sens,  ob  va  bien  avec  ènî,  mais 
comment  accorder  leur  voyelles?  Si  otti-  est  vraiment  une  j)articule  et 
non  simplement  un  rejeton  de  la  rac.  en  «suivre»,  on  peut  a  peine  douter 
de  son  identité  avec  ob.  Le  p  est  conservé  dans  op-âcus;  -âcus  est  parent 
de  aquiliis,  gr.  àx^vg  etc.  —  H.  ^lÔhqcûvu'  xov  6è,vv  'Eçy^çctiot.  Iles.  ^. 
Pick  IP  198.  —  4.  socins  et  oncîcov  se  placent  à  côté  de  l'indien  sdlhi 
(v.  Pick  IP  259).  L'a  bref  du  mot  indien  montre  que  Vo  n'est  pas  o.. ,  que 
par  conséquent  il  faut  séparer  ces  mots  de  seJc.^  «suivre».  On  pourra  les 
comparer  à  ont.g  «secours,  justice,  vengeance  des  dieux»  et  à  àoGar}riÎQ, 
ôaarirriQ  (Hes.)  «défenseur».  Ceci  rappelle  le  skr.  çak  (çagdM ,  çaîctdm  etc.) 
«aider»  que  Bôhtlingk-Kotb  séparent  de  çalnôti  «pouvoir».  Ç  serait  pour 
s,  comme  dans  çâkrt;  et  peut-être  le  zd.  luixma  «ami»  est-il  identique  au 
skr.  çagmd  (==  *çakmd)  «secourable».  Il  y  aurait  identité  entre  çdci  «se- 


oxQig 

ocris,  om 

t  OXTCJ 

octo. 

o^Cva 

occa. 

6(jT£0V 

os,  osscus 

oÇf)ig 

ovis. 

07tL(-Q-£v) 

ob\?). 

t(kdg 

siicus. 

110 


0  grec  et  italique. 


conrs  divin»  et  onig.   L'italique  reflète,  semble-t-il,  la  même  racine  dans 
sancio,  sanctus,  Sancus,  Sangiialis  porta,  sucer  (cf.  çakrd). 

Il  y  a  encore  hos:  ^ovg  et  hovare:  ^oâca  où  la  valeur  de  \o 
latiii  est  annulée  par  le  v  qui  suit  (pour  ovis  le  cas  est  un  peu 
différent)-,  nôad^i]  qu'on  a  identifié  h pUhes;  Ttv^aroç  qu'on  a  com- 
paré à  l'osq.  posmos  ainsi  que  nvvôg'  6  -jiQcaxxôç  en  regard  de 
pone.  Eu  outre  il  faut  mentionner  l'opinion  qui  réunit  fÔvco  à 
g)G}yœ  (Corssen  IP  1004),  bien  qu'elle  suppose  la  réduction  de 
gv  à  V  \ 

Dans  la  diphtliongue: 

■foi  VI]  oinvorsei. 

}ik6(J^)viç     cliïnis. 

b.  La  racine  contient  une  liquide  oit  mie  nasale  non  initiale, 
[ol:       oAoA-a,  oA-fWai  ah-ol-eo.] 

[or:       oQaç-a.,  oq-Go  or-ior,  or-tus^ 

[g^or:  s-^ça-v  [/3o^-fiog,  /3o^-«]  vor-are,  -vor-us,  vorri  edaces^] 
[m or:  ^0Q-t6s,  ^Qo-rog  mor-ior,  mor-tuus,  mors.] 

[m 0 1 :    ^vl-la^  ^vX-j]  mol-o,mol-a.  cf.  ombr.  k u  m  a  1 1  u.] 

[stor:  atoQ-vv^L,  6tQCj-(ia  stor-ca,  for-us^  (sterno).] 

■foyxâofiat         nncare  {û.  j^nca).     |     xo()«|  et  corvus  et 

o73<og«croc»     itncîis,  \.\).  iOA,\ii.        HOQCJvi]  cornix. 

coaog  (*  ouôog)  umerus.  I         ^ ,  f  niokstus. 

o^(pakog  imibilicus.  \  \  moles. 

forniido. 

murmur. 

formica. 

sollus. 

jnds. 

com-. 

porcns. 

porro'^.'\ 

fungiis. 

foUum.] 

coriiwi.] 


ovufia 

nomen. 

^iOQ^og 

OVOTOg 

nota. 

^lOQ^VQa 

"      i- 
ovv^ 

ungids. 

^VQtlt]è, 

•foQcpavog 

orhus  (arméu.  orh). 

oAog 

(hXliég 

hldhus  (emprunté?). 

jro'ATOç 

yQojxcpûg 

scrofa. 

^vv 

dôva^ 

juncus. 

fjtoQXog 

{f)Q6dov 

(v)rosa. 

■   [Ttâçaco 

■fxôyxn 

congius. 

Cq)6yyog 

xâ^t] 

coma  (emprunté?). 

{(pv^kov 

xoQCOvôg 

corotta. 

[XÔqlov 

1.  Le  fikv.  dâhati -«hriûer»  vient  d'une  rac.  (lha^g\  (Ilûbschmann  K.  Z, 
XXIII  :v.)\)  (jui  donne  aussi  le  lith.  deçin  et  le  gotb.  dagn  «jour».  C'est 
peut-être  à  cette  racine  qu'appartient  fitvco.    On  devrait  alors  le  ramener 


0  grf'c  et  italiiiiK 


111 


1.  ^oçâ  et  (îéçfiog  (avoine,  Hes.)  ont  ici  peu  ou  jioint  do  val<ur,  parce 
que  leurs  thèmes  sont  de  ceux  qui  réclament  o.j  (p.  74  (!t  79).  Kn  principe 
il  y  aurait  les  mêmes  précautions  à  prendre  vis-à-vis  des  mots  latins;  mais 
0^  n'est  pas  si  fréquent  dans  l'italique  qu'on  ne  puisse  reganler  Vo  de 
vorare  comme  l'équivalent  de  Vo  di;  ^Qoivui,  ^qmuu  (sur  rorri  v.  Corssfn 
Reitr.  z.  It.  Spr.  237).  Nous  ferons  la  même  r(miuniue  relativement  à  storeii, 
torus  en  regard  du  otoq  hellénique.  —  2.  M,  Fick  (IP  145)  place  2'Orro  et 
nôçGco  sous  un  primitif  jjorsoi  (mieux:  porsôil),  et  sépare  nçôriow  (=  *tiqo- 
xyoi)  de  TToçffo),  TtoQQm.  Bien  que  la  distinction  que  veut  établir  Passow 
entre  l'usage  des  deux  formes  ne  paraisse  pas  se  justifier,  on  peut  dirr  on 
faveur  dis  cette  combinaison:  1"  que  la  métathèse  d'un  TtQoaco  en  nùçco) 
serait  d'une  espèce  assez  rare  ;  2°  que  dans  nàççco  pour  noQGco  il  y  aurait 
assimilation  d'un  c  né  de  ry,  ce  qui  n'est  pas  tout  à  fait  dans  l'ordre,  bien 
qu'il  s'agisse  do  6  et  non  de  gg,  et  qu'on  puisse  citer,  même  pour  le  der- 
nier cas,  certaines  formes  dialectales  comme  le  lacon.  KciQQcov;  y  que 
porsod  lui-même  s'explique  fort  bien  comme  amplification  de  l'adverbe 
skr.  purds,  gr.  Tiâçog.  tiÔqgcù  {porro):  piirns  nûqoç  =  y.6çGri:  çîrcts  xâçTj. 

N'ont  pas  été  mentionnés:  ^ovXo^ai  —  volo  dont  la  parenté 
est  douteuse  (v.  cliap.  VI),  et  tiqotl  auquel  Corssen  compare  le 
lat.  por-  dans  por-rigo,  por-tcndo  etc.  La  position  de  la  liquide  dé- 
conseille cette  étymologie,  malgré  le  crétois  tcoqtl,  et  rien  n'em- 
pêche de  placer  ^wr-  à  côté  du  gotli.  faw;  grec  Tiaçci 

Mots  se  rapportant  aux  tableaux  a  et  b,  mais  qui  contiemient 
un  0  lonsc: 


fàxvg 

ôcior. 
ovum. 

xQcS^a 

crôcio. 
crocito. 

[colévr] 

ulna.'\ 

^cÔQog 

morosns. 

gl6nms^\. 
gloeio. 

flàQOV 

fvàï 

\ 
J 

morum. 

nos. 

1.  ^icofiôg-  ipcofiôg  Hes.  Le  mot  se  trouve  dans  un  fragment  de  C'alli- 
maque.  gîomus  in  sacris  crustulum,  cymbi  figura,  ex  oleo  coctum  appella- 
tur.  Paul.  Diac.  98.  M.    Si  l'on  tient  compte  de  ylomerare  et  de  globtis,  on 


à  *fohveo  ou  *fehveo;  cf.  nivem  =  *7iiJirem.  Mais  le  sens  de  força  laisse 
place  à  quelques  doutes,  qui  seraient  levés,  il  est  vrai  par  fûmes  «bois  sec, 
matières  inflammables»  si  la  parenté  de  ce  mot  avec  le  i)remier  était 
assurée.  Il  est  singulier  toutefois  que  defomitatiis  signifie  (hranché  (Paul. 
Diac.  75  M.  Cf.  germ.  hauma-  «arbre»?).  La  rac.  dhOiglu  se  retrouve  en 
grec  dans  rstp-ça  «cendre»  et  dans  le  mot  tuf,  tofus  (souvent  formé  de 
matières  volcaniques)  dont  le  roqpiwv  des  tables  d'Héraclée  rond  l'origine 
gi-ecque  probable,  tôcpog  est  identique  au  gotli.  dug((i)s,  au  skr.  -dagha. 


U2  Racines  et  thèmes  où  l'on  doit  supposer  o. 

sera  porté  à,  comparer  le  skr.  gûhna  <  bouquet  de  bois;  troupe  de  soldats; 
tumeur».  —  Mentionnons  aussi  la  désinence  de  l'impératif,  lat.  legi-td,  gr. 
Xfyé-ta. 

c.  O  termine  la  racine. 

Ixô:     xo5-i^oç  cd-{t)s,  cu-neus  (cf.  cà-k(s). 

g  no:  è'-yva-v,  yt-yvâ-axa,  gnô-sco,  gnô-tus,  i-giïô-ro 

yvâ-Qi^og  (cf.  gnâ-rus,  nârrare^. 

dô:     è'-ôa-xa,  ôcô-qov,  âô-nnm,  do-{t)s  {cî.  (ïa-tus,  dà-rc). 

i-ô6-^r}i>y  ôo-rog 

2')d:     éol.  Ticj-vco,  a^-Tiœ-rig,  jid-tus,  pô-cnlwn,  xw-sca. 
TCo-rog^  7t6-^La 

(?)rd:      çd-vvv^L,  e-Qça-ôa  rd-hur. 

Les  exemples  où  l'on  peut  admettre  avec  le  plus  de  confiance 
que  Yo  est  un  o  sont: 

Dans  le  gréco-italique:  les  racines  od  «olere»,  pZ;«être  aigu», 
p/,\,  «voir»;  do  «donner»,  po  «boire»,  gm  «connaître».  Dans  ces 
racines  en  effet  la  voyelle  o  règne  à  toutes  les  formes.  —  Parmi 
les  thèmes  détacliés:  o^'n'« colline»  et  pÀ;2*« œil»  qui  appartiennent 
aux  racines  mentionnées,  puis  oici  «mouton»,  à  cause  de  Y  a  bref 
du  skr.  avi;  j)C)^//< maître»,  iikx.  pati;  mnni  «joyau»,  skr.  mà)?i; 
sok,^i  «compagnon»,  skr.  saldn.  D'après  cette  analogie,  on  devra 
ajouter:  nsti  «os»,  Idouni  «clunis»(?),  Iconi  «poussière»,  noldi 
«nuit».  Plus  incertains  sont  omso  «épaule»,  oMo,  nom  de  nombre 
et  g^oîi  «bos». 

Le  latin  apporte  les  racines  de  fodio,  rodo,  omis,  opiis  etc., 
les  thèmes  hosti,  rota  (skr.  ratJia). 

Entre  autres  exemples  limités  au  grec,  il  faut  citer  les  ra- 
cines des  verbes  od-o^aiy  oto^at^  jcAoî^cj,  qpcoycj,  xoTtra,  cod^éa^ 
^tôvvv^L,  o^vv^L,  6vCv)]^L.  Nous  trouvous  0  finissant  la  racine 
dans  ^(o  «nourrir»,  (p^a  «dépérir»  {cp&ÔGig^  (pQ^ôr]).  Dans  mi 
grand  nombre  de  cas  il  est  difficile  de  déterminer  si  l'on  n'a  pas 
affaire  à  une  racine  terminée  par  v  Çf)  ou  i  {y).  Ainsi  è'xofiêv,  xt- 
xox£  semblent  bien  a]i])artenir  àxoJ^*,  non  à  *xûj;  Cxoiog,  com- 
])iiré  il  (Jxo-re,  contient  o  et  appartient  à  un  racine  6xa  (cf.  aussi 

1.  Voy.  Curtins  Stud.  VIT  :i92  seq.  Ce  qui  lève  les  doutes,  c'est  le 
parfait  vhvorai  que  rajiportt;  Ilérodien,  appartenant  à  vota  dont  le  J-  est 
UHBuré  par  une  inscription  ((jrdz.  178). 


Ago  du  jibonèmo  o.  \  \  3 

]).  120  i.  11.),  mais  ramène;  à  G%u  (cf.  Oxlquv)  il  c(;iiiiciii  o.^  et  jieut 
alors  s'identilier  au  skr.  chdyà.  Inutile  de  multiplier  ces  exem- 
])les  douteux.  —  Le  mot  xoLrjg'  Uçev*^  Ka(iiÎQ(jv,  o  xa&aïQav 
cpovéa  (ot  de  xorjg]  cf.  xoiârai'  lEçàTai)  peut  se  comjtarer  au  skr, 
hâvl,  à  moins  qu'on  ne  le  tienne  pour  étranger.  J 'répositions: 
TtQotC  =  iikv.pruti,  norC  =^  'Aewàpâiti. 

(,)uel  est  l'âge  et  l'origine  du  phonème  o?  Nous  nous  sommes 
])récédemmeiit  convaincus  que  le  second  o  gréco-italique  (a.^),  que 
e  (*7i),  que  a  {a),  ont  leur  existence  distincte  depuis  les  périodes 
les  plus  reculées.  Mais  quelles  données  avons-nous  sur  l'histoire 
du  phonème  p?  On  peut  dire  qu'il  n'en  existe  absolument  aucune. 
Ce  qui  permet  d'affirmer  que  Yo.,  du  sud  a  eu  son  équivalent  dans 
le  nord,  c'est  que  Va  qui  lui  correspond  en  slavo-germanique  a 
des  fonctions  spéciales  et  des  rapports  réguliers  avec  e  qui  le 
séi)arent  nettement  de  a.  Au  contraire  le  rôle  grammatical  de  o 
ne  diffère  pas  essentiellement  de  celui  de  ^,  et  si,  dans  de  telles 
conditions,  nous  trouvons  que  les  langues  du  nord  répondent  à  o 
absolument  comme  elles  font  à  a,  nous  sommes  naturellement 
l)rivés  de  tout  moyen  de  contrôle  relativement  à  l'ancienneté  du 
l>honème  en  question.  Si  l'on  admet  que  o  est  ancien.  Va  des  lan- 
gues du  nord  contient,  non  plus  deux  voyelles  seulement  (a.,  -f-  a\ 
mais  trois:  a.^  -f~  -i  ~f"  9-  ^i  ^^^  contraire  on  y  voit  un  produit 
secondaire  du  gréco-italique,  le  seul  phonème  dont  il  puisse  être 
issu,  c'est  a.  —  J'ai  hésité  bien  longtemiis,  je  l'avoue,  entre  les 
deux  possibilités;  de  là  vient  qu'au  commencement  de  ce  mémoire 
(p.  5)  o  n'est  pas  compté  au  nombre  des  a  primitifs.  Le  fait  qui 
me  semblait  militer  en  faveur  de  la  seconde  hypothèse  c'est  que 
l'arménien,  qui  distingue  de  a  le  phonème  a.,,  ne  paraît  point  en 
distinguer  le  phonème  o  (p.  97).  Mais  nous  né  savons  pas  s'il  en 
a  été  ainsi  de  tout  temps,  et  d'autre  part  la  supposition  d'un 
scindement  est  toujours  entourée  de  grosses  difficultés.  Ce  qui 
l)araît  décisif,  c'est  le  fait  frappant  que  presque  tous  les  thèmes 
nominaux  détachés  qui  contiennent  la  voyelle  o  se  trouvent  être  de 
très-vieux  mots,  comius  dans  les  langues  les  plus  diverses,  et  de  plus 
des  thèmes  en  -i,  voire  même  des  thèmes  en  -/  de  flexion  toute  parti- 
culière. Cette  coïncidence  ne  peut  pas  être  due  au  hasard;  elle  nous 
indique  que  le  phonème  o  s'était  fixé  là  de  vieille  date,  et  dès  lors  il 
sera  difficile  de  lui  refuser  ses  lettres  de  noblesse  indo-européenne. 

8 


114 


Le  phonème  o  dans  les  langues  du  nord. 


Les  cas  qui  pourraient  servir  de  base  à  l'hypothèse  où  o 
serait  une  simple  altération  gréco-italique  de  a  ,  sont  otiko  venant 
de  nnl',  déjà  mentionné  p.  104,  oi-no  «mi»  à  côté  de  ai-ho  aequus, 
la  rac.  ok,  d'où  le  thème  ohri,  à  côté  de  aie,  socius-onâav  comparé 
à  sak  dans  sacer,  et  le  lat.  scohs  de  scdbo.  On  pourrait  attacher  mie 
certaine  importance  au  fait  que  oliri  et  soki  (socius),  à  côté  de  aJc 
et  sak,  se  trouvent  être  deux  thèmes  en  -i  (v.  ci-dessus).  Mais 
cela  est  trop  problématique,  et  l'étymologie  donnée  de  soki  n'est 
qu'une  conjecture.   Pour  TCQÔjiutov  de  /3cj  v.  le  registre. 

Beaucoup  plus  remarquable  est  le  cas  de  ovg  «oreille». 
L'homérique  TiaQrfiov  nous  apprend  que,  en  dehors  de  toutes  les 
questions  de  dialecte  qu'on  pourrait  élever  au  sujet  de  l'éol.  Tta^ava 
ou  de  uavd'a'  siôos  èvatiov,  Vo  de  ovg  a  comme  équivalent,  dans 
certaines  formes,  un  a.  Ce  qui  donne  à  la  chose  un  certain  poids, 
c'est  que  ovg  appartient  à  cette  catégorie  de  thèmes  de  flexion 
singulière  qui  est  le  siège  le  plus  habituel  du  phonème  o  et  dont 
nous  aurons  à  reparler.  On  aurait  donc  un  o,  assuré  comme  tel, 
accompagné  de  a.  Malheureusement  le  lat.  miris  est  embarassant: 
son  au  peut  à  la  rigueur  venir  de  ou,  mais  il  pourrait  aussi  être 
la  diphthongue  primordiale. 


Les  exemples  réunis  ci-dessous  permettent  de  constater  d'un 
coup  d'œil  que  les  phonèmes  par  lesquels  les  langues  du  nord 
rendent  o  sont  exactement  les  mômes  que  pour  a  (p.  G3)  et  pour 
«2  (p-  "^0).  Dans  les  trois  cas  nous  trouvons  ce  que  nous  avons 
désigné,  pour  abréger,  par  a  du  nord  (p.  51). 


Latin  et  Grec 

Lithuanien 

Paléoslave 

Germanique 

oculus,  oGOe: 

ak'ts 

oko 

germ.  augen-  =  *agvm 

(?)  odo,      ôxTCj  : 

■  asztûvà 

osnii 

goth.  aJitau 

ovis,      oïg: 

avis 

ovica 

vieux  h*-all.  awi 

hostis,    ^: 

— 

gostï 

goth.  gasti- 

nox       {vv^)  : 

nakùs 

nostï 

goth.  naJd- 

potis,    noCig: 

vësz-pati 

-    — 

goth.  -fadi- 

—           JtÇOTL: 

— 

proti 

— 

momie,  iiôvvog 

— 

?  monisto  ^ 

germ.  nianja- 

rota            : 

rt'i/ds 

— 

vieux  h'-all.  rad 

1.  Miklosicli  (Vergl.  (îraniin.  II  ICI)  pense  que  ce  mot  est  d'origine 
étrangère. 


Le  phonème  o  dans  les  langues  du  nord.  1 1  f) 

Racines:  (er.  ox,  on,  litli.  (at-)a-n-l-i( ;  o-r.  q)Oiy,  aii<rlo-saxoii 
hacan,  hoc;  lat.  fod,  si.  IkhVi  (le  litliiiaiiieii  a  la  forme  iiicoiiiprélien- 
sîble  hedà). 

Dans  les  mots  qui  suivent,  on  peut  douter  si  Vo  gréco-ita- 
lique n'est  pas  o^^  ou  même,  dans  un  ou  deux  cas,  une  voyelle 
anaptyctique:  ot,og,  goth.  asts;  oqqoç,  v.  li*-all.  ars  (Grd/,.  350); 
oTToç,  V.  li*-all.  saf,  si.  sohu;  oçvtg,  v.  h*-all.  ami-,  si.  orïlù;  gréco- 
it.  orinhos,  goth.  arhi;  gréco-it.  omsofi,  goth.  amsa;  collnm,  goth. 
hais;  coxa,  v.  h'-all.  hahsa;  nÔQai,,  lith.  szârlca  «pie»(?);  'yô^(pug, 
si.  mhu;  gréco-it.  porkos,  v.  h*-all.  farali,  si.  ^^^«se  pour  *porse, 
lith.  pàrszas;  osq.  posmos,  lat.  ^)r>s^,  lith.  imslmi;  longus,  goth. 
/a/y^.9.  L  0  de  ;toAî;'  (v.  h*-all.  ^«/^/a)  doit  être  o.^,  à  cause  de  le  du 
lat.  fel.  —  Dans  la  diphthongue:  gréco-it.  oinos,  germ.  et  boruss. 
a  ma-;  gréco-it.  Idouni,  norr.  Mann  (lith.  szlaunis). 

J'ai  fait  plus  haut  la  remarque  que  les  idiomes  du  nord,  en 
opposant  au  phonème  o  les  mêmes  voyelles  qu'au  phonème  a, 
nous  frustraient  de  la  preuve  positive,  que  ce  dernier  phonème 
est  aussi  ancien  que  les  autres  espèces  d'r^.  Il  existe  ce})endant 
deux  séries  de  faits  qui  changeraient  du  tout  au  tout  l'état  de 
nos  connaissances  sur  ce  point,  selon  qu'on  leur  attribuera  ou 
non  une  connexion  avec  l'apparition  de  o  dans  le  gréco-italique. 

1.  Trois  des  plus  importantes  racines  qui  contiennent  o  en 
grec:  6d  ou  «d  «olere»,  t^ao  «ceindre»,  ôa  «donner»,  présentent 
en  lithuanien  la  voyelle  û:  udéù,  jUsmi,  dUmi.  De  plus,  le  lat. 
jocMS,  dont  Vo  pourrait  fort  bien  être  p,  est  en  lithuanien  jukas; 
u(ja  répond  au  lat.  ilva,  nuyas  à  niidus^  (=  noguidus?).  Au  grec 
/3co/,  /3oJ^,  dont  l'o  selon  nous  est  o,  répond  le  lette  gmvs.  En  re- 
vanche Ui'das,  par  exemple,  est  eu  grec  xàXov  (bois).  Le  slave  ne 
possède  rien  qui  corresponde  à  û  {jas-,  da-  =  lith,  jus-,  dû-)  ;  bien 
plus,  le  borussien  môme  ne  connaît  point  cette  voyelle  (dafwei  = 
duti),  et  le  passage  de  d  à  û  est  une  modification  familière  aux 
dialectes  lithuaniens.  Il  faut  donc  convenir  que  si  réellement  le 
phonème  o  se  cache  dans  r/<  lithuano-lette,  c'est  par  un  accident 
presque  invraisemblable. 

2.  Je  n'ai  parlé  qu'occasionnellement  du  vocalisme  celtique, 

1.  Il  faut  aussi  tenii*  compte  de  Xv^vôg'  yv^vôg  (Hes.).  Cette  forme 
semble  être  sortie  de  *vi^}iv6g  par  dissimilation.  *vv}tv6g  est^ouï*vv^v6ç 
*voy^v6ç  =  skr.  nagnâ. 

8* 


110  Le  phonème  o  dans  les  langues  du  nord. 

et  je  ne  le  fais  encore  ici  que  par  nécessité,  mes  connaissances 
sur  ce  terrain  étant  très-insuffisantes.  Le  vocalisme  irlandais 
concorde  avec  celui  du  slavo-germanique  dans  le  traitement  de 
A  et  «2  5  les  deux  plionèmes  sont  confondus.  Exemple  de  a:  ato- 
m-aig  de  la  rac.  ai/  agere;  agathar,  cf.  ai&taL\  asil,  ctaxilla;  athir, 
ci.  pater;  altram,  no-t-ail,  cf.  ah;  aile,  cf.  alius.  Voy.  Windiscb 
dans  les  Gruudziige  de  Curtius  aux  numéros  correspondants. 
D'autre  part  a.^  devient  aussi  a.  Nous  l'avons  constaté  plus  haut 
dans  les  formes  du  parfait  singulier  et  dans  le  mot  daur  =  66qv. 
En  outre,  d'après  le  vocalisme  des  syllabes  radicales,  la  voyelle 
suffixale  disparue  qui  correspondait  à  Vo.^  gréco-italique  était  a. 
Mais  voici  que  dans  nocht  «nuit»,  rotli  «roue»,  ôi^  «mouton»,  ocM 
«huit»,  orc  «porc»,  ro  =  gr.  Ttgo  etc.,  c'est  o  et  non  plus  a  qui  ré- 
pond à  Yo  des  langues  du  sud.  Précisément  dans  ces  mots,  la 
présence  de  o  est  assurée  ou  probable.  —  Comment  se  fait-il  que 
dans  le  vieux  gaulois  Va^  suffixal  soit  o:  tarvos  trigaranos,  va^r}- 
Tov  etc.? 


Cliapitre  IV. 

§  9.    Indices  de  la  pluralité  des  a  dans  la  langue  mère 
indo-européenne. 

Dans  le  système  d'Amelung,  Vo  gréco-italique  et  l'a  gréco- 
italique  (notre  ,i)  remontent  à  une  même  voyelle  j)rimordiale; 
tous  deux  sont  la  gradation  de  Ve.  S'il  était  constaté  que  dans  les 
langues  ariennes  la  voyelle  qui  corre.spond  à  Va  gréco-italique  en 
Ftyllahe  ouverte  est  un  «  long,  comme  pour  o,  cette  opinion  aurait 
trouvé  un  point  d'appui  assez  solide.  A  la  vérité,  le  nombre  des 
exemples  qui  se  prêtent  à  cette  épreuve  est  extraordinairement 
faible.  Je  ne  trouve  parmi  les  mots  détachés  que  ànô  —  fib,  skr. 
apa;  ccxav^,  skr.  âçan  (au  cas  faibles,  comme  âçna,  syllabe  fer- 
mée); «/|,  skr.  dgâ;  àd-rJQ^  véd.  àtliarii^).  Mais  du  moins  les 
thèmes  verbaux  ûedga-ii,  europ.  Ag;  hhuga-fi,  europ.  hJiAg;  mada-ti, 
gréco-it.  m.uJ;  gaga-fi,  gr.  «y;  vàta-ti,  europ.  kaI  (irland.  fâith,  lat. 


1.  L'o  est  allonfçé  par  le  w  qui  suivait. 

2.  Le  7  (le  ÙY.OVT-  est  ajouté  posténcuromcnt;  ci'.  Xfov  ty  ftnn.  Xîctiva. 


Correspondants  arieua  du  phouùme  a.  117 

vatcs)  nous  doimeut  une  sécurité  suffisante.  Si  l'on  reclierche  au 
cojitraire  les  cas  possibles  d'un  a  arien  correspondant,  en  syllabe 
ouverte  ;  à  un  a  (,i)  gréco-italique^  on  en  trouvera  un  exemple,  en 
eifet  assez  im])ortant:  skr.  agas,  en  regard  du  gr.  ayog  qu'on  s'ac- 
corde à  séparer  de  ccyog,  aytog  etc.^  Le  cas  est  entièrement  isolé, 
et  dans  notre  propre  système  il  n'est  point  inexplicable  (v,  le 
registre).  Faire  de  ce  cas  unique  la  clef  de  voûte  d'une  théorie 
sur  l'ensemble  du  vocalisme  serait  s'affranchir  de  toute  espèce  de 
méthode^. 

On  pourra  donc  sans  crainte  établir  la  règle,  que,  lorsque 
les  langues  européennes  ont  a,  en  syllabe  ouverte  comme  en 
syllabe  fermée  l'arien  montre  a  bref.  Mais  ceci  veut  dire  simple- 
ment que  Va  n'est  pas  un  a  long:  il  arrive  en  effet  que  dans  cer- 
taines positions,  par  exemple  à  la  fin  des  racines,  ce  n'est  plus  du 
tout  un  a,  mais  bien  i,  ou  *,  au  moins  en  sanskrit,  qui  se  trouve 
l)lacé  en  regard  du  phonème  a  des  langues  d'Europe.  Voy.  ci- 
dessous. 

Comment  l'arien  se  comporte-t-il  vis-à-vis  de  Ve  européen? 
]1  lui  oppose  aussi  l'a  bref.  Ce  fait  est  si  connu  qu'il  est  inutile  de 
l'appuyer  d'une  liste  d'exemples.  Le  seul  point  à  faire  ressortir, 
celui  qu'avait  relevé  d'abord  Amelung,  celui  sur  lequel  M.  Brug- 
man  a  assis  en  grande  partie  l'hypothèse  de  «g,  c'est  le  fait  néga- 
tif que,  lorsqu'on  trouve  e  en  Europe,  jamais  l'arien  ne  présente 
d'à  long. 

Si  maintenant  l'on  posait  cette  question-ci:  Y  a-t-il  dans 
l'indo-iranien  l'indice  certain  d'une  espèce  d'(^  (jui  ne  peut  être  ni 
'à^  ni  a^?  nous  répondrions:  Oui,  cet  indice  existe.  \ii  ou  l  pour 
a  n'apparaît  que  dans  un  genre  de  racmes  sanskrites  tout  parti- 
culier et  ne  peut  avoir  ni  la  valeur  «^  ni  la  valeur  «2  (§  ^1  ^^0- 


1.  Pour  des  raisons  exposées  phis  loiu,  nous  serons  amené  à  la  con- 
clusion que,  si  une  racine  contient  a^  le  présent  a  normalement  a  long  et 
que  les  thèmes  comme  aga-,  hhaga-  etc.  n'ont  pu  appartenir  primitivement 
qu'à  l'aoriste.  Mais  comme,  en  même  temps,  c'est  précisément  l'aoriste, 
selon  nous ,  qui  laisse  apparaître  .1  à  l'état  pur,  il  ne  saurait  y  avoir  d'in- 
conséquence à  faire  ici  de  ces  thèmes  un  argument. 

2.  Le  skr.  vifCda  (ausai  vi/ada)  <<  serpent  •>  est  bien  probablement  2>roche 
parent  du  gr.  vcîlrj-  cxcoA/j^,  mais  il  serait  illusoire  de  chercher  à  établir 
entre  les  deux  mots  l'identité  absolue:  cf.  svXri,  i'ovkog. 


1X8  Les  langues  arieunes  distinguent-elles  a  de  tti? 

Mais  si,  précisant  davantage  la  question,  on  demandait  s'il 
y  a  dans  l'arien  des  traces  incontestables  du  dualisme  a^  :  a  tel 
qu'il  existe  en  Europe,  la  réponse,  je  crois,  ne  pourrait  être  que 
négative.  Le  rôle  de  1'!  dans  ce  problème  est  assez  compliqué,  et 
nous  ne  pourrons  aborder  la  question  de  plus  près  qu'au  cha- 
jîitre  V. 

Deux  autres  points  méritent  particulièrement  d'être  exami- 
nés à  ce  point  de  vue: 

1°  Les  â  longs  tels  que  celui  de  svàdate  =  gr.  cïàsxat.  Voy. 
§  1 1  fin. 

2°  Le  traitement  de  /ù,,  g.,  et  r/A^  dans  les  langues  ariennes. 
Dans  l'article  cité  des  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique, 
j'ai  cherché  à  établir  que  la  palatalisation  des  gutturales  vélaires 
est  due  à  l'influence  d'un  a^  venant  après  la  gutturale.  Je  con- 
frontais la  série  indienne  vidcâ,  vâcas,  vôca-t  avec  la  série  grecque 
yovo-,  y  avec-,  y£vé-{<}d'ai)  et  concluais  que  la  diversité  des  con- 
sonnes dans  la  première  avait  le  rapport  le  plus  intime  avec  la 
diversité  des  voyelles  suffixales  observable  dans  la  seconde.  Je 
crois  encore  à  l'heure  qu'il  est  que  cela  est  juste.  Seulement  il 
était  faux,  comme  j'en  ai  fait  plus  haut  la  remarque  (p.  90), 
de  donner  à  l'o  du  suffixe,  dans  yôvo,  la  valeur  o  ou  a  (o  étant 
considéré  comme  une  variété  de  a):  cet  o,  nous  l'avons  vu,  est  «g- 
Voilà  donc  la  signification  du  fait  notablement  changée.  Il  prouve 
bien  encore  que  lindo-iranien  distingue  entre  «^  et  a^,  mais  non 
]dus,  comme  j'avais  pensé,  qu'il  distingue  entre  a^  et  a.  La  thèse, 
conyue  sous  cette  forme,  devant  être  soutenue,  à  ce  que  nous 
apprenons,  par  une  plume  beaucoup  plus  autorisée  que  la  nôtre, 
nous  laisserons  ce  sujet  intact:  aussi  bien  l'existence  de  1'^^  arien 
est  déjà  suffisamment  assurée  par  l'allongement  régulier  constaté 
au  §  7  ^ 

1.  Pour  bien  préciser  ce  que  nous  entendions  à  la  page  90,  il  faut 
dire  quelques  mots  sur  les  formes  zendes  cahi/a  et  cahmài.  Justi  les  met 
sous  nn  prunom  indéfini  ca,  tandis  que  Spiegel  rattaehc  caliinai  directe- 
ment il  Avf  ((iranim.  193).  Kn  tous  cas  le  fait  que,  d'une  layon  ou  d'ime 
autre,  ces  formes  apiiartiennent  au  pronom  ka  ne  peut  faire  l'objet  d'un 
doute.  La  palatale  du  génitif"  s'explique  par  Ya^  que  nous  avons  supposé, 
l'our  le  datif,  il  ne  serait  pas  impossible  ([ue  l'analogue  grec  nous  fût  con- 
sei-vé.  llésychius  a  une  glose  ri(ifiai  ztivfi.  M.  Mor.  Sclimidt  corrige 
Ttivu  eu  rivti.  Mais  qu'est-ce  alors  que  tt^fini?   Si  nous  lisons  zt'vi,  nous 


Les  langues  arieuut's  distiiiguont-oUcs  .1  de  a,?  ]  l!l 

L(!  traitement  des  gutturales  vélaires  au  conuiienœiiicnt  des 
mois  porte  la  trace  très-claire  de  la  periuiitatiou  (i^  :  a.^  dans  la 
syllabe  radicale.  Mais  laisse-t-il  apercevoir  une  dillérence  entre 
«^  et  yi?  C'est  là  le  fait  qui  serait  important  pour  nous.  11  serait 
difficile  de  répondre  par  oui  et  non.  A  tout  prendre,  les  phéno- 
mènes n'excluent  pas  cette  possibilité,  et  semblent  plutôt  parler 
en  sa  faveur.  Mais  rien  de  net  et  d'évident;  jjoint  de  résultat  qui 
s'impose  et  auquel  on  puisse  se  fier  définitivement.  Nous  suppri- 
mons donc  comme  inutile  le  volumineux  dossier  de  ce  débat,  qui 
roule  la  plupart  du  temjjs  sur  des  exemples  d'ordre  tout  à  fait 
subalterne,  et  nous  résumons: 

Quand  l'européen  a  h.ji,  (j.f,  (jh./;,  l'arien  montre  presque  régu- 
lièrement ca,  ga,  gha.  Exemples:  gr.  raGOaQSs,  skr.  catvàras;  litli. 
gèstl,  skr.  gâsati;  gr.  '9-e^og,  skr.  haras.  Ceci  rentre  dans  ce  que 
nous  disions  précédemment.  La  règle  souffre  des  exceptions: 
ainsi  lîahiyntl  en  regard  de  xalrjs^  celer  (Curtius  Grdz.  140),  gâmati 
en  regard  du  goth.  qinian  ^  A.u  groupe  européen  h^A  l'arien  ré- 
pond assez  généralement  par  Jm.  Seulement,  bien  souvent,  on  se 
demande  si  Va  européen  qui  siiit  la  gutturale  est  véritablement  j, 
ou  bien  un  phonème  hystérogène.  D'autre  fois  le  rapprochement 
est  douteux.  Exemples:  gr.  aalog,  skr.  lailya;  lat.  cacîinien,  skr. 
Irûciîbh;  lat.  calix,  skr.  lalâra;  lat.  cadavcr,  skr.  Jcalevara?  (Bopp); 
Kavdaloi'  xotlcô^ara,  ^ad'Qa,  skr.  kandard;  gr.  xa^aça,  zd.  ka- 
mara;  gr.  xâfinr],  skr.  Jicoiipanci;  gr.  xaivog,  skr.  Icanyà  (Fick); 
dans  la  diphtlioiigue,  lat.  aicsarics,  skr.  Jccsara;  lat.  caclebs,  skr. 
kécala;  gr.  Kcacçôag,  xatarcc'  oQvy^caa,  skr.  kévala,  etc.-  Pour  r/ 

avons  dans  xs^^aL  le  pendant  de  cahmâi  (cf.  créL  xaCog  pour  noCog).  Cepen- 
dant les  deux  formes  ne  sont  pas  identiques;  la  forme  grecque  provient 
d'un  thème  consonantique  Tcasm-  (cf.  skr.  kasm-in),  ai  étant  désinence 
(v.  p.  92);  au  contraire  cahvuà  vient  de  hasma-. 

1.  Peut-être  que  le  (j  du  dernier  exemple  a  été  restitué  postérieure- 
ment à  la  place  de  g,  sur  le  modèle  des  formes  telles  que  ya-ymûs  oii  la 
gutturale  n'avait  point  été  attaquée.  L'état  de  choses  ancien  serait  donc 
celui  que  présente  le  zend  où  nous  trouvons  gamyât  à  côté  de  ga-ymat. 

2.  Il  est  remarquable  que  les  langues  classiques  évitent,  devant  rt,  de 
labialiser  la  gutturale  vélaire,  au  moins  la  ténue.  Dans  {c)vapo}\  le  groupe 
l:w  est  primitif,  ainsi  que  l'indique  le  lithuanien,  et  dans  nàç  il  en  est 
probablement  de  même;  nâo^at  est  discuté.  Il  ne  semble  pas  non  plus 
qu'on  trouve  de  hv  germanique  devant  .1  ;  toutefois  ce  dernier  fait  ne  s'ac- 


120         Nécessité  d'admettre  que  l'indo-eur.  distinguait  a  de  «j. 

et  gh,  les  cas  sont  rares.  —  Nous  trouvons  la  palatale  dans  candni, 
-çcandra  (groupe  primitif  SIC2)  en  regard  du  lat.  candeo.  A  la 
page  85  nous  comparions  gotli.  sliadiis  au  skr.  cat  «se  cacher». 
Or  l'irlandais  scâth  prouve  que  la  racine  est  sJcjt,  non  skct^,  et 
nous  aurions  ainsi  un  exemple  bien  clair  de  ca  répondant  à  Jca  ; 
il  est  vrai  que  la  gutturale  fait  partie  du  groupe  primitif  sic.  Un 
cas  semblable,  où  c'est  la  sonore  qui  est  en  jeu,  est  le  zd.  gad 
«demander»,  irland.  gad,  gr.  ^d^œ  (malgré  /3a|a));  ici  le  sanskrit 
a  g  :  gâdati. 

Bref,  il  n'y  a  rien  de  décisif  à  tirer  de  ce  genre  de  phéno- 
mènes, et  nous  devrons,  pour  établir  la  primordialité  du  dualisme 
a^^:A,  recourir  à  une  démonstration  a  priori,  basée  essentiellement 
sur  la  certitude  que  nous  avons  de  la  primordialité  de  a.,.  En 
lintyuistique,  ce  geni-e  de  démonstration  n'est  jamais  qu'un  pis 
aller;  on  aurait  tort  toutefois  de  vouloir  l'exclure  complètement. 

1.  Pour  simplifier,  nous  écarterons  du  débat  le  phonème  0; 
son  caractère  presque  exceptionnel,  son  rôle  très-voisin  de  celui 
de  .1,  lui  assignent  une  espèce  de  position  neutre  et  permettent 
de  le  négliger  sans  crainte  d'erreur.  En  outre  l'ë  long  des  langues 
d'Europe,  ])h()nème  que  nous  rencontrerons  plus  loin  et  qui  n'est 
peut-être  qu'une  variété  d'«,  pourra  rester  également  en  dehors 
de  la  discussion.  Voy.  au  sujet  d'ë  le  §  11. 

2.  Nous  posons  comme  mi  point  démontré  dans  les  cha- 
pitres précédents  et  comme  la  base  d'où  il  faut  partir  le  fait  que 
le  vocalisme  des  a  de  touteS  les  langues  européemies  plus  l'ar- 
ménien repose  sur  les  quatre  a  suivants:  «^  ou  c;  a.,  ou  0;  a  ou  a; 
À  ou  à.  En  outre  il  est  établi  que  0  alterne  régulièrement  avec  c, 
jamais  avec  a;  et  semblablement  que  a  alterne  exclusivement 
avec  a.  Ce  dernier  point  n'a  pu  être  encore  bien  mis  en  lumière, 
mais  au  chapitre  V  nous  le  constatons  d'une  manière  positive. 

3.  L'apparition  régulière,  dans  certaines  conditions,  d'un  â 

cuse  pas  d'une  manière  assez  saillante  pour  pouvoir  servir  à  démontrer  la 
ditft''rf'nc<'  originaire  de  a  et  «^  Jiii  nord  de  l'Europe. 

1.  rjraHsmaun  décompose  le  véd.  mâmçcatû  en  yniis  ou  mâms  «lune» 
et  cala  V  faisant  disparaître».  Cette  dernière  forme  répond  au  goth.  slai- 
dm.  —  Si  l'on  place  dans  la  même  famille  le  gr.  oKÔzog,  on  obtient  uue 
racine  sbjt  et  non  plus  sk^t.  Comparez  aKOToi.irjviog  et  mumrcatû. 


Néccs.sittJ  d'admettre  que  l'iiido-our.  dintinguait  a  do  «, .  121 

loiij^  arieji  en  rt'<^ar(l  de  Va  (Uiropéeii  (^  1  ),  |)lH'ii()m'''iu'  qui  ne  se 
présente  jamais  lorsque  la  voyelle  est  en  Europe  c  ou  a,  s'o])pose 
absolument  à  ce  qu'on  fasse  remonter  à  un  même  phonème  de  la 
langue  mère  Ve  (ou  Va)  et  Vo  européens. 

4.  D'autre  part  il  est  impossible  de  faire  remonter  Vo  euro- 
péen au  même  phonème  primordial  qui  a  donné  a.  En  effet,  les 
langues  ariennes  n'abrègent  point  d  devant  les  groupes  de;  deux 
consoinies  {râsinl  etc.).  On  ne  comprendrait  donc  pas  comment 
Vo  européen  suivi  de  deux  consomies  est  représenté  en  arien  par 
a  bref  {oç-fii]  ==  sarma,  non  «sârma»,  cpéçovri  =  bharcmti,  non 
«hhanmti'»). 

5.  Relativement  à  o  et  a,  trois  points  sont  acquis:  a)  Ce  qui 
est  eu  Europe  o  ne  peut  pas  avoir  été  dans  la  langue  mère  le 
même  phonème  que  ce  qui  est  en  Europe  e  ou  a  (v.  ci-dessus,  n"  3). 
/3)  Ce  qui  est  en  Europe  o  ne  peut  pas  avoir  été  dans  la  langue 
mère  le  même  phonème  que  ce  qui  est  en  Europe  a  (v.  ci-dessus, 
n°  4).  y)  De  tout  temps  il  a  été  reconnu  que  ce  qui  est  en  Europe 
â  ne  peut  pas  avoir  été  dans  la  langue  mère  le  même  phonème 
que  ce  qui  est  en  Europe  e  ou  a.  Ceci  établit  que  Vo  et  Va  cîiro- 
pécns  ont  été  dans  la  langue  mère  distincts  Vnn  de  Vautre  et  distincts 
de  tous  autres  phonèmes.  —  Que  savons-nous  sur  la  portion  du 
vocalisme  de  la  langue  mère  qui  répond  à  la  somme  e  -f-  a  dans 
les  langues  d'Occident?  Deux  choses:  cette  portion  du  vocalisme 
différait  de  o  et  de  â;  et  en  second  lieu  elle  ne  contenait  jias  de 
voyelle  longue.  Réduites  à  une  forme  schématique,  nos  domiées 
sont  donc  les  suivantes: 

Indo-europe'en  Européen 

X,  bref.  — 

a  a     a 

Essayons  à  présent  de  domier  à  x  la  valeur  d'un  a  unique.  Yoici 
les  hypothèses  qu'entraîne  nécessairement  avec  elle  cette  pre- 
mière supposition:  P  Scindement  de  Va  en  e-a,  à  son  entrée  en 
Europe.  La  question  de  la  possibilité  de  cette  sorte  de  scinde- 
ments  est  une  question  à  part  qui,  tranchée  négativement,  ren- 
drait la  présente  discussion  superflue.  Nous  ne  fondons  donc 
point  d'objection  sur  ce  point-là.  2°  Merveilleuse  répartition  des 
richesses  vocaliques  obteimes  paii  le  scindement.  Nul  désordre 
au  inilieu  de  cette  multiplication  des  a.   Il  se  trouve  que  e  est 


122  Nécessité  d'admettre  que  rindo-eur.  distinguait  a  de  «j. 

toujours  avec  o,  et  a  toujours  avec  a.  Un  tel  fait  est  inimaginable. 
3"  Les  trois  espèces  d'à  suj)posées  j)Our  la  langue  mère  (a  o  a) 
n'étaient  pas,  évidemment,  sans  une  certaine  relation  entre  elles: 
mais  cette  relation  ne  peut  avoir  rien  de  commun  avec  celle  que 
nous  leur  trouvons  en  Europe,  puisque  dans  la  langue  mère  e  et 
a,  par  hypothèse,  étaient  encore  un  seul  phonème.  Ainsi  les 
langues  européennes  ne  se  seraient  pas  contentées  de  créer  un 
dblaut  qui  leur  est  propre  :  elles  en  auraient  encore  aboli  un  plus 
ancien.  Et  pour  organiser  le  nouvel  ahJauf,  il  leur  fallait  dis- 
loquer les  éléments  du  précédent,  bouleverser  les  fonctions  re- 
spectives des  différents  phonèmes.  Nous  croyons  c[ue  cet  échafau- 
dage fantastique  a  la  valeur  d'une  démonstration  par  absurde. 
La  quantité  inconnue  désignée  par  x  ne  peut  pas  avoir  été  une  et 
liomo(jme. 

Cette  possibilité  écartée,  il  n'y  a  plus  qu'une  solution  plau- 
sible au  problème:  transporter  tel  quel  dans  la  langue  mère  le 
scJiéma  obtenu  pour  l'européen,  sauf,  bien  entendu,  ce  qui  est  de  la 
détermination  exacte  du  son  que  devaient  avoir  les  différents 
phonèmes. 

Quand  on  considère  le  procès  de  réduction  des  a  deux  fois 
répété  dans  le  domaine  indo-européen:  dans  le  celto-slavo-germa- 
nique  ù  un  moindre  degré,  i)uis  sur  une  plus  grande  échelle  ^  dans 
les  langues  arieiuies,  et  cela  en  tenant  compte  de  la  position  géo- 
graphique des  peuples,  il  semble  à  première  vue  très-iuiturel  de 
croire  que  c'est  là  un  seul  grand  mouvement  qui  aurait  couru  de 
l'ouest  H  l'est,  atteignant  dans  les  langues  orientales  sa  plus 
grande  intensité.  Cette  supposition  serait  erronée:  les  deux 
événements,  il  est  aisé  de  le  reconnaître,  ne  sauraient  être  liés 
historiquement.  Le  vocalisme  des  a,  tel  que  l'offre  le  slavo-ger- 
uumique,  ne  peut  en  aucune  façon  former  le  suhstratum  des  phé- 
mtmèiics  arit'us.  L'arien  distingue  rtj,  de  a  et  confond  a  avec  a^. 
L'l"]ur()]»e  septentrionale  confond  «g  avec  .1. 

11  est  un  cas  sans  doute  où  Va,^  arien  est  confondu  lui  aussi 
avec  a  (et  «,),  c'est  l()rs(|u'il  se  trouve  dans  la  syllabe  fermée. 


1,  Sur  une  plus  fînmdc  échelle,  en  ce  sons  qu'outre  la  confusion  de  a^ 
et  .1,  il  y  a  eu  auHai  plus  tard  coloration  de  «.,  eu  a.  Voyez  la  suite. 


Grou|ioincnt  des  ditl".  idiomes  d'api-rb  1<;  truit('iii(;iit  dos  a.        1  2;> 

Mais,  à  l'époque  où,  dans  cPautrcs  conditions,  se  produisit  l'alloiige- 
UKUit  do  a^,  il  est  à  peine  douteux  que,  devant  deux  cojisonnes,  ce 
])lionème  conservât  comme  ailleurs  son  individualité.  On  jicut 
donc  dire  que  l'arien  postérieur  confond  n^,  a  et  «jj  en  syllabe 
fermée,  mais  que  le  plus  ancien  arien  que  nous  ])uissions  atteindre 
confond  seulement  «^  et  a. 

La  figure  suivante  représente  la  division  du  territoire  indo- 
européen qu'on  obtient,  en  prenant  pour  hase  le  traitement  des 
trois  a  brefs  dont  nous  venons  de  parler.  11  est  fort  possible 
qu'elle  traduise  fidèlement  le  véritable  groupement  des  différentes 
langues,  mais,  pour  le  moment,  nous  ne  voulons  pas  attacher  à 
cette  répartition  d'autre  valeur  que  celle  qu'elle  peut  avoir  dans 
la  question  de  l'a.  Les  Celtes,  par  .exemple,  s'ils  a2)partieiment  au 
groupe  du  nord  pour  le  traitement  des  voyelles  (p.  116),  sont  unis 
par  d'autres  attaches  à  leurs  voisins  du  sud. 

\  Celtes 
f-  \    Qermains  Région  où  a  et  a^ 

Région  où  .i.  a,  et  «,  /     \  LettoSîaves      ^""'  '°"'°"^"" 


se  maintiennent 


tous  trois  distincts.  ^^    ^       Iraniens  Région  où  A  et  a^ 

^^   '  JîindoMS  sont  confondus. 


Gliapitre  Y. 
Rôle  grammatical  des  différentes  espèces  d'o. 


§  10.  La  racine  à  l'état  normal. 

Si  le  sujet  de  cet  opuscule  avait  pu  être  circonscrit  an  thème 
du  présent  chapitre,  le  plan  général  y  aurait  gagné  sans  doute. 
Mais  nous  avions  à  nous  assurer  de  l'existence  de  plusieurs  pho- 
nèmes avant  de  définir  leur  rôle  dans  l'organisme  grammatical, 
et  dans  ces  conditions  il  était  bien  difficile  de  ne  pas  sacrifier 
quelque  chose  de  l'ordonnance  rationnelle  des  matières.  C'est  ainsi 
que  le  chapitre  sur  les  liquides  et  nasales  sonautes  devra  tenir 
lieu  plus  ou  moins  d'ime  étude  de  la  racine  à  l'état  réduit,  et  que 
nous  nous  référerons  au  paragraphe  7  pour  ce  qui  concerne  cet 
autre  état  de  la  racine  où  a^  se  change  en  «g- 


124  Le  gouua. 

Les  racines  se  présentent  à  nous  sous  deux  formes  princi- 
pales: la  forme  pleine  et  la  forme  affaiblie.  A  son  tour  la  forme 
pleine  comporte  deux  états  différents,  celui  où  Va  radical  est  a^ 
et  celui  où  il  est  a^  C'est  ce  dernier  état  de  la  racine  qu'il  reste 
à  envisager;  c'est  celui  qu'on  peut  appeler,  pour  les  raisons  ex- 
posées plus  loin,  l'état  normal  de  la  racine. 

Voici  d'abord  les  motifs  que  nous  avions  de  dire,  au  com- 
mencement de  ce  travail,  qu'une  racine  contenant  i  ou  u  ne  possède 
sa  forme  pleine  et  inaltérée  que  lorsqu'elle  montre  la  diphthongue. 
Cette  idée  a  été  émise  déjà  à  plusieurs  reprises  \  Ceux  de  qui 
elle  émanait  ont  paru  dire  parfois  ciue  c'est  après  tout  affaire  de 
convention  de  partir  de  la  forme  forte  ou  de  la  forme  faible. 
On  recomiaîtra,  je  crois,  l'inexactitude  de  cette  opinion  en  pesant 
les  trois  faits  suivants. 

1.  Dès  qu'on  admet  l'existence  de  liquides  et  de  nasales  so- 
nantes  iudo-européemies,  on  voit  aussi  le  parallélisme  de  i,  u, 
avec  r,  n,  m.  Mais  ceci,  dira-t-on,  ne  prouve  rien;  je  puis  aAnettre 
avec  les  grammairiens  hindous  que  ar  est  goima  de  r,  et  sembla- 
blement  an,  am,  gouna  de  n,  m.  En  effet;  aussi  ce  n'est  point  là- 
dessus  que  nous  nous  fondons,  mais  bien  sur  les  racines  termi- 
nées par  une  consonne  (par  opposition  à  sonante).  Pour  pouvoir 
parler  d'une  racine  hhndh  il  faudrait  dire  aussi  qu'il  y  a  une  racine 
pt.  Car  partout  où  hhuilh  apparaîtra,  ou  verra  aussi  apparaître 
2)t,  à  condition  seulement  que  la  forme  se  puisse  prononcer:  hti- 
budh-âs,  pa-pt-iis;  è-nvd^-ôarjv,  i-jit-ô^rjv.  Sitôt  qu'on  trouve 
hhaiidh,  on  trouve  aussi  pat:  hodliati,  jcavd'erai,-^  pàtati,  Tittstai. 
Dira-t-on  que  at  est  gouna  de  t? 

1.  Sans  poser  de  règle  absolue,  M.  Léo  Meyer  dans  sa  Grammaire 
Comjjarée  (I  341,  .S43)  fait  oxpressément  ses  réserves  sur  la  véritable  forme 
de.s  racines  finissant  par  i  et  u,  disant  qu'il  est  plus  rationnel  de  poser 
pour  racine  sruo  que  nrit.  Dans  un  article  du  Journal  de  Kulin  cité  précé- 
demment (XXI  343)  il  s'exprime  dans  le  même  sens.  On  sait  que  M.  Ascoli 
admet  une  double  série,  l'une  ascendante  {i  ai,  ti  au),  l'autre  descendante 
{ni  i,  au  u);  cela  est  en  relation  avec  d'autres  théories  de  l'auteur.  M.  Taul, 
dans  une  note  de  son  travail  sur  les  voj'elles  des  syllabes  de  flexion  (Beitr. 
IV  439),  dit,  en  ayant  plus  i»articulièrement  en  vue  les  phénomènes  du 
sanskrit:  «lorsqu'on  trouve  parallèlement  i,  u  {y ,  v)  et  ê,  b  {ai,  ay,  ây; 
<(au,  ao,  àv),  la  voyelle  simple  peut  souveni.  ou  peut-être  toujours  être 
«considérée  comme  un  aH'aiblissemcnt  avec  autant  déraison  qu'on  en  a  eu 
<' jusqu'ici  de  regarder  la  diphthongue  comme  un  renforcement.» 


Lo  goiuia.  125 

2.  tSi,  pour  la  jn-oduction  de  lu  dij)litli())ii;;iM;,  il  ('laii.  Ijcsoiii 
d'une  opération  jjréalable  de  renforcement,  on  concevrait  difficile- 
ment comment  1V<,  du  «gouna»  devient  a.j,^  ahsolinncnt  coniiiM' 
tous  les  autres  a^.  Au  ])ara<;'raidie  7  nous  sommes  (;onstamment 
partis  du  degré  à  di[i]itliougii<'j  et  nous  n'avons  pas  éprouvé  uiu; 
seule  fois  qu'en  })rocédant  de  la  sorte  on  se  heurtât  à  quekpie 
difficulté. 

3.  L'absence  de  racines  en  in,  un;  im,  nm;  ir,  nr  (les  der- 
nières, quand  elles  existent,  sont  toujours  d'anciennes  racines  en 
ar  faciles  à  reconnaître)  est  un  fait  si  frappant  qu'avant  de  con- 
naître la  nasale  sonante  de  M.  Brugman  il  nous  semblait  déjà 
qu'il  créât  entre  les  rôles  de  i,  u,  et  de  n,  m,  r,  une  remarquable 
similitude.  Eu  effet  cela  suffirait  à  établir  que  la  fonction  de  a 
et  la  fonction  de  i  ou  u  sont  totalement  différentes.  Si  /,  î(,  étaient, 
au  même  titre  que  a,  voyelles  fondamentales  de  leurs  racines,  on 
ne  comprendrait  pas  pourquoi  celles-ci  ne  finissent  jamais  par 
des  phonèmes  qui,  à  la  suite  de  a,  sont  fort  communs.  Dans 
notre  conception,  cela  s'explique  simplement  par  le  fait  que  a 
ne  prend  qu'un  seul  coefficient  sonantique  après  lui. 

En  vertu  du  même  principe,  il  n'existe  point  de  racine  conte- 
nant le  groupe:  i,  u  -f-  nasale  {ou  liquide)  -\-  consonne.  Quand  on 
parle  par  exem^île  d'une  racine  sanskrite  sine,  c'est  par  abus:  il 
est  facile  de  s'assurer,  en  formant  le  parfait  ou  le  futur,  que  la 
nasale  n'est  point  radicale.  Au  contraire  dans  handh  la  nasale  est 
radicale,  et  elle  persistera  au  parfait. 

Dans  l'échange  de  la  diphthongue  et  de  la  voyelle,  il  n'y  a 
donc  pas  à  chercher  avec  Schleicher  de  renforcement  dynamique 
ou  avec  Benfey  et  Grein  de  renforcement  mécanique  j  il  n'y  a  qu'im 
affaiblissement,  et  c'est  lorsque  la  diphthongue  cesse  d'exister 
qu'un  phénomène  se  produit. 

Quant  à  la  vriddhi  qui,  d'après  ce  qui  précède,  ne  peut  plus 
être  mise,  même  de  loin,  en  parallèle  avec  le  «gouna»,  nous  n'en 
avons  trouvé  aucune  explication  satisfaisante.  Il  y  en  a  évidem- 
ment deux  espèces:  celle  qui  sert  à  la  dérivation  secondaire,  — 
vriddhi  dynamique  ou  psychologique,  si  on  vent  lui  domier  ce 

1.  Nous  ne  voulons  point  dire  par  là  que  a.,  soit  une  gi-adation. 


X26  La  vriddhi.  —  Formations  qui  contiennent  «j. 

nom  —  et  celle  qu'on  trouve  dans  quelques  formes  primaires 
comme  yaii-mi,  â-gai-sam  où  on  ne  peut  lui  supposer  qu'une  cause 
mécanique  (v.  plus  bas).  La  vriddhi  de  la  première  espèce  est 
indo-iranienne;  on  en  a  signalé  des  traces  douteuses  dans  l'indo- 
européen.  La  vriddhi  de  la  seconde  espèce  j^araît  être  née 
plus  tard. 

Partout  où  il  y  a  permutation  de  ai,  mi,  avec  i,  n,  Va  de  la 
diphthougue  est  dans  les  langues  européeimes  un  e  (a^)  ou  sou 
remj^laçant  o  (a.^,  mais  jamais  a.  Nous  verrons  au  §  11  que  les 
combinaisons  Ai,  au  sont  d"im  ordre  différent  et  ne  peuvent  pas 
perdre  leur  a.  Ce  fait  doit  être  rangé  parmi  les  preuves  de  la 
primordialité  du  vocalisme  européen. 

Passons  maintenant  en  revue  les  formations  où  la  racine 
présente  a^,  soit  que  ce  phonème  fasse  partie  d'une  diphthongue, 
soit  qu'il  se  trouve  dans  toute  autre  position.  La  catégorie  de 
racines  que  nous  considérons  embrasse  toutes  celles  qui  ne  ren- 
ferment point  ^  ou  p,  à  l'exception  des  racines  terminées  par  «j,  et 
de  quelques  autres  qui  leur  sont  semblables.  La  question  est  tou- 
jours comiyrise  entre  ces  limites-ci:  est-ce  ag,  absence  de  a,  ou  bien  a^ 
qui  apparaît? 

a.    FORMATIONS    VERBALES. 

Présents  thématiques  de  la  1''*'  classe  verbale.  Ils 
ont  invariablement  a^. 

Grec:  Isyca;  xeCco ^  ^t(/)ûJ,  ^tva,  cpéça;  GTèC%(0^  (pêvya, 
CjttvÔa,  iQTta  etc.  Curtius,  Verb.  P  210  seq.  223  seq. 

Latin:  Icgo;  tero,  trcmo;  fldo  imnr  *feido^,  (diico ^onr * deuco), 
-fendo,  serpo  etc. 

Gothique:  giba;  sniva,  nima,  baira;  sfciga,  biuda,  binda, 
fHha  etc. 

Paléoslave:  nesa;  èemi,  bcra;  meta,  vlclîa  X)OViX  *vell'a  etc.  L'c 
s'est  fréquemment  affaibli  en  i,  sous  des  influences  spéciales  au 
slave.  Les  formes  comme  èwa  sont  les  équivalents  des  formes 
grecques  comme  çéfcû.  Sur  la  dijilithongue  eu  en  letto-slave,  cf. 
]).  (îO  s('(j. 

Litluuuiicii:  dcf/à:  vrii),  gnin;  ïrkit,  smli),  Jccrfù  etc. 


1.  mejo  eat  peut-être  pour  *meiho. 


FormationH  qui  coiitii'iiucnt  «, .  127 

L'irlandais  montre  régulièrement  c. 

Langues  ariennes.  L'a,  sauf  quelques  cas  spéciaux,  est  hrcf  ; 
par  conséquent  c'est  bien  a^  et  non  a.^  que  prend  la  sylhihr  radi- 
cale. Sanskrit  vdhati;  gâyati,  sràvati, skinati,  hh/uati;  crlati,  rôlinti, 
vândate,  sàrpatl  etc. 

Subjonctif  du  présent  non-thématique  et  du  parfait. 
Pour  former  le  subjonctif,  les  présents  de  la  2"  et  de  la  3"  classe 
ajoutent  un  a^  thématique  à  la  racine  non  affaiblie,  c'est-à-dire 
telle  qu'elle  se  trouve  au  singulier  de  l'actif.  Si  le  verbe  n'est  pas 
redoublé,  on  obtient  de  la  sorte  un  thème  absolument  semblable 
aux  présents  de  la  V^  classe.  Sanskrit  hana-t,  àya-t,  yinjava-t,  de 
hdn-ti,  é-ti,  yuyâ-ti.  Il  nous  a  été  conservé  en  grec:  elco  subjonctif 
de  sliii  (Ahrens  II  340).  Le  pluriel  eût  été  sans  doute  '"^'sio^tv 
(cf.  hom.  ïo^sv)  ^ 

Il  est  extrêmement  curieux  que  le  parfait,  qui  prend  «^  dans 
les  formes  non  affaiblies,  sauf  peut-être  à  la  première  personne 
(p.  72),  restitue  «j  au  subjonctif.  Voyez  les  exemples  chez  Del- 
briick,  Altind.  Vcrh.  194.  De  gdbJiàr-a,  gabhàra-t;  de  tatan-a, 
iatàna-tj  etc.  Ici  le  grec  offre  un  magnifique  parallèle  dans  el'ào- 
^sv,  £l'ôe-t£,  subjonctif  courant  chez  Homère  du  parf.  oiô-cc.  Une 
autre  forme,  TtsTCOLd-ofisv,  s'est  soumise  à  l'analogie  de  l'indicatif. 

Présents  non-thématiques  (2"  et  3"  classe  verbale).  Nous 
recherchons  si  c'est  a^  ou  a^  qui  apparaît  aux  trois  persomies  de 
l'indicatif  singulier  (présent  et  imparfait).  Aux  autres  personnes, 
l'a  radical  est  expulsé. 

La  syllabe  étant  toujours  fermée,  nous  ne  pouvons  nous 
renseigner  qu'auprès  des  langues  de  l'Occident.  L'exemple  le  plus 
important  est  celui  de  a^^s  «être».  Aux  trois  personnes  en  question, 
les  langues  européennes  ont  unanimement  e.  Puis  vient  la  racine 
a^i  «aller»:  grec  slfii,  lith.  eml.  Si  6t£v  est  le  skr.  sto  «laudare», 
il  est  probable  que  atsvxai  appartient  bien  à  la  2''  classe,  comme 
stanti  (cf.  Curtius  Verb.  P  154).  Naturellement,  il  faudrait  régu- 
lièrement '^axvraL,  la  diphthongue  est  empruntée  à  l'actif  dis- 
paru ^. 

1.  On  a  voulu  voir  dans  les  futurs  §sîo{iai,  nîofiai,  è'dofiai,  xft'û)  etc. 
d'anciens  subjonctifs.  Les  deux  derniers,  appartenant  à  des  verbes  de  la 
2®  classe,  s'y  prêtent  très-bien. 

2.  Très-obscur  est  coûtai,  à  côté  de  c^vrai.  V.  Curtius  1.  c. 


128  Formations  qui  contieniieut  a^. 

Ces  exemples  montrent  a^ ,  et  c'est  «j  que  nous  retrouvons 
dans  les  aoristes  comme  è'x£va,  eûOsva  qui  ne  sont  en  dernière 
analyse  que  des  imparfaits  de  la  2*^  classe.  V.  plus  haut  p.  21. 

La  dipbtliongue  au  du  skr.  staûti,  yanti,  etc.,  est  tout  à  fait 
énigmatique.  Rien,  en  tous  cas,  n'autoriserait  à  y  voir  l'indice  de 
la  présence  de  a.,.  Les  diplithongues  de  «2 ,  suivies  d'un  consonne, 
ne  se  comportent  pas  autrement  que  les  diplithongues  de  a^.  Il 
semble  tout  au  contraire  que  ce  soit  de  préférence  a^i  et  a^ii  qui 
subissent  en  sanskrit  des  perturbations  de  ce  genre.  L'aoriste 
sigmatique  nous  en  offrira  tout  à  l'heure  un  nouvel  exemple. 

Le  présent  de  la  3®  classe  se  dérobe  davantage  à  l'investi- 
gation. On  a  identifié,  non  sans  vraisemblance,  le  lat.  fert  au  skr. 
hibliârti.  Le  grec  n'a  plus  d'autres  présents  redoublés  que  ceux 
dont  le  thème  finit  en  ri  ou  a.  Sans  doute  on  peut  se  demander 
si  TtL^jthjiiL  n'est  pas  la  métathèse  de  7a^7t£^(ii  (v.  p.  13  et  le 
chap.  VI).  Cependant  la  certitude  que  nous  avons  que  la  voyelle 
est  «1  ne  dépend  pas,  heureusement,  de  cette  hypothèse.  Même 
si  tiI^tcXtj^l  vient  d'une  racine  nXri ,  cet  t^  ,  comme  aussi  ceux  de 
tL&r]^i,  ÏTj^i  etc.,  prouve  que  la  formation  ne  prend  pas  «2? 
autrement  on  aurait  «tid^afii,  ïa^t».  C'est  ce  que  nous  recon- 
naîtrons au  §  11. 

Aoriste  sigmatique  non-thématique.  L'identité  de  l'ao- 
riste grec  en  -6a  avec  l'aoriste  sigmatique  non-thématique  connu 
dans  le  sanskrit  et  le  slave  est  un  fait  que  M.  Brugman  a  défini- 
tivement acquis  à  la  science  (v.  Stud.  IX  313).  La  racine  est  au 
degré  «j,  au  moyen  comme  à  l'actif.  Exemples:  earçsil^a,  sjiê^ipa^ 
êôêiGa,  ënXsvGtt,  hsv^a  etc.  Le  slave  a  également  e:  pecliû, 
nèsû  etc.^ 

En  sanskrit  cet  aoriste  allonge  Va  radical  dans  les  formes 
de  l'actif,  mais  nous  avons  vu  plus  luiut  que  cette  sorte  de  phéno- 
mènes, en  syllabe  fermée,  ne  se  peut  ramener  jusqu'à  présent  à 
aucun  j)rincipe  ancien,  et  qu'il  est  impossible  d'en  tenir  com23te. 
L'allongement  disparaît  au  moyen.  Le  vocalisme  de  ce  temps 
soulève  néanmoins  différeuts  problèmes  que  nous  toucherons  au 
v?  1 2.  —  8ur  certaines  traces  de  a.^  à  l'aoriste  v.  p.  73. 

Le  suh']onctiï  2^àrsa-t,  (/ésa-t  etc.  se  reflète  en  grec  dans  les 


1 .  'l'oiil.  autre  est  le  vocalisme  de  l'aoriste  en  -sa  {d-diksa-t). 


Formations  fini  contiennent  a^.  120 

formes  lioinériqiu'.s  ecnuiiit;  7iu()a-kt^o-^ai,  à^iîipe-rai  etc.  V. 
(Jurtius  Verb,  Il  259  seq.  L'a  radical  est  «j  comme  à  l'indicatif. 

Futur  kn  -SYA.  Par  l'addition  de  -î/a,  au  thème  de  l'aoriste 
se  forme  le  thème  du  futur.  Le  vocalisme  ne  subit  pas  d(;  chan^çe- 
ment. 

Exemples  grecs:  6TQtxl)(o,  slôo^ai,  nXsvôov^ai,  iXevôofiai. 
La  nécessi-té  de  IV^  se  voit  l)ien  ])ar  la  forme  xXtvôô^s&cc,  futur 
do  x^vcû  rapporté  par  Hésychius. 

Le  futur  lithuanien  ne  contredit  pas  à  la  règle. 

Le  futur  indieu  a,  lui  aussi,  la  forme  pleine  de  la  racine: 
vaJcsyd-ti,  gehjâ-ti,  hJiotsyâ-ti. 

h.    FORMATIONS    NOMINALES. 

Thèmes  en  -as.  Neutres  grecs:  ^éXoç,  ^év%-og\  (ilsTCog, 
^Qtcpog,  yévosy  syX^g,  eiçog,  Ueyxog,  tXxog,  sXog,  tjiog,  içe^og, 
(Qxog,  è'tog,  ^éçog,  xaQÔog,  ^^og,  fte'Aog,  ^évog,  iitQog,  vé^iog, 
vé(pog,  Tiéxog,  nsvd'og^,  Ttéog,  Qsd-og,  Cd'tpog,  ôxéXog,  Oteq^og, 
réyog,  rtxog,  téXog,  cpéyyog;  —  Ô8{y)og,  elôog,  rslxog;  yXtvxog, 
è'çsv&og,  ^evyog,  xsvd-og,  xXt{S)og,  §B{J^)og,  axavog,  ravxog,  i^sv- 
dog  etc.  D'autres  encore  chez  Ludwig  Entstehnng  der  a-Decl.  10. 

Souvent  le  thème  en  -£6  n'est  conservé  que  dans  un  com- 
posé: â^(pL-QQ£7trjg,  cf.  QOTcrj;  l'o-di/fçpîjg,  cf.  dv6cpo-g;  à-fi£Qq)tg' 
aioxQÔv  Hes.  cf.  ^OQ(p^.  'Jh-d-ÉQOrjg^  dans  Homère  n'est  point 
éolique:  Q-£Q6og,  en  effet  conservé  chez  les  Eoliens,  est  le  thème 
en  '£0  régulier  de  la  rac.  d-aça,  et  O'ccQaog,  d-çdaog,  sont  formés 
postérieurement  sur  d-çaGvg,  d-açôvg  (dans  Q^aQavvco). 

Pour  les  adjectifs  (oxytons)  en  -£6,  sur  l'ancieimeté  desquels 
différentes  opinions  sont  possibles,  ip^^^V'^  atteste  le  même 
degré  %. 

L'o  du  neutre  oxog  est  dû  à  ce  que  è'xcy  «veho»,  en  grec,  a 
abdiqué  en  faveur  de  o;^^^*'-  ^^  reste  Hésychius  donne  £X£0(piV 
aQ^aaiv.  axoT-og  vient  d'une  racine  skot  et  non  sJccf.  Si  Homère 
a  dit  ôvGTtovtjg  (au  gén.  ôvûTtovéog),  c'est  que  nôvog,  dans  sa 
signification,  s'était  émancipé  de  la  racine  nav. 

Exemples  latins:  decus,  genus,  nenms,  pectus,  scehis,  tempus, 


1.  ^â&oç  et  nâ9oç  sont  des  formes  postérieures  faites  sur  ^a9vç  (p.  24) 
et  sur  TtccQ'eiv  (p.  20). 

2.  Ce  nom  a  passé  dans  la  déclinaison  des  thèmes  en  -â. 

9 


130  Formations  qui  contiennent  Oj. 

Venus,  vêtus  (sur  ces  deux  mots  v.  Brugmau  K.  Z.  XXIV  38,  43). 
Le  neut.  virus  (géu.  vlri)  indique  un  primitif  wa^is-as.  Sur  foedus, 
pondus,  liohis,  v.  p.  80.  En  composition:  de-gener. 

Le  gothique  donne  riqk-a-  =  eçs^og,  rimis-a-,  sigis-a-, 
^eïlis-a-,  veilis-a-  (v.  Paul  Beitr.  lY  413  sq.);  ga-digis  viole  la 
règle.  Paléoslave  nebo,  slovo  pour  ^slevo  (v.  p.  67)  tego  «courroie», 
cf.  vus-faga;  lithuanien  dehes-l-s,  deges-\-s^-^  irlandais  nem  «ciel», 
tech  ttyog'^  arménien  crcJc  sçe^og  (K.  Z.  XXIII  22). 

Les  langues  ariennes  sont  en  harmonie  avec  celles  d'Europe, 
car  elles  ont:  1°  la  racine  pleine-,  2°  a  href  en  syllabe  ouverte, 
c'est-à-dire  a^.  Skr.  vâcas,  râgas,  mânas,  grâyas,  çrâvas;  varias, 
tégas,  rôhas. 

Les  adjectifs  se  comportent  de  même:  yaçâs,  tavâs,  toçâs^. 

Thèmes  en  -yas.  En  ajoutant  -pas  (dans  certains  cas  ias)  à 
la  racine  normale,  on  obtient  le  comparatif  de  cette  racine  fonc- 
tionnant comme  adjectif.  Le  thème  du  superlatif  est  dérivé  du 
premier  au  moyen  d'un  suff.  ta,  dont  l'addition  a  nécessité  l'affai- 
blissement du  suffixe  précédent,  mais  non  pas  celui  de  la  racine. 
Il  convient  donc  de  réunir  les  deux  classes  de  thèmes. 

Sanskrit  sàliyas,  sâhistlia;  Jcséjnyas,  lièépisilia,  cf.  ksiprà; 
ràglyas,  râgistlia,  cf.  rgû.   Zend  darezista,  cf.  derezra. 

Les  cas  où  le  grec  a  conservé  cette  formation  ancienne,  indé- 
pendante de  l'adjectif,  sont  précieux  pour  la  détermination  de  la 
qualité  de  Y  a.  La  rac.  qpep  donne  g)éçt,arog^  Kepb  xéçôiGrog'^  ftt- 
vv-g  a  pour  comparatif  fift-(y)cîv,  XQarvg  (==  *xrtvg)  XQSLôôav^. 
Le  vieux  comparatif  attique  de  oXîyog  est  oAf/'^cîv,  v.  Cauer  Stud. 
VIII  254.  Ainsi  l'a  est  bien  a^. 

Si  l'on  adopte  l'étymologie  de  M.  Benfey,  le  lat.  i^î'jor  est  au 
skr.  pïyu  ce  que  ^eiav  est  à  ^ivvg.  —  En  gothique  il  faut  re- 
marquer l'e  de  vairsim. 

Thèmes  en  -man.   a)  Les  neutres: 

Exemples  grecs:  /3A£/ifta,  d^Qt^^a,  jislG^cc  pour  *7ttv&^cc, 

1.  Le  niasc.  veillas  peut  fort  bien  continuer  un  ancien  neutre  en  -es 
(tlâos). 

2.  liC  nom  u'sds  affaiblit  la  racine,  luaia  le  suffixe  est  différent  (v.  p.  12); 
nrus  «■  poitrine»  et  çirus  «tête»  ne  iieuvent  pas  non  ))lus  être  mis  en  paral- 
lèle direct  avec  les  mots  comme  vncus. 

.'5.  Le  Huperliitii',  cédant  à  l'analogie  de  Hp«riJg  etc.  fait  ■nqÛTiGzo<i. 


Formations  qui  contienuont  a,.  131 

GtX^a^  ôTCtQ^a^  rt'l^cc,  (pd^ty^a;  Ôet^a,  isiiiu;  ()tv^a^  t,^vy^u. 
Coiiiparez  (;e.s  deux  .séries-ci:  xt'ç^a,  nkt/y^a^  ztQ^a,  rfjkty^a, 
att^litt  (Hes.);  —  xoQ^ôg^  TrAo^/ttot,',  Top^oj,',  fpXoy^i')(^,  aroX^ôg 
(pa^o  74),  en  outre  fQ^a  «boucles  d'oreilles»  à  o()^ot,*  <' collier», 
{'(){ia  «tipiuii  pour  les  vaisseaux»  à  oQ^og  «rade»,  eç^'  odvvccav  à 
oQ^iï}-,  (ptQ^LOV,  diminutif  de  *q}éQ^u,  à  (poQ^ôg,  %tv^a  à  %i)fiog 
2)our  ''^'lu^ôg^  *iovyiôç  (cf.  t^v^i)]  pour  *Çoi;ft?^,  lacou.  t,^U{i6g). 

L'lioinéri([ue  oiiia  de  ei  «^ aller»  a  dû  être  formé  sur  l'ana- 
logie de  otfiot,'.  Jj'o  de  dôy^a  paraît  être  un  o.  On  n'est  pas  au 
clair  sur  Ôà^ia;  en  tous  cas  rien  ne  justifierait  un  primitif 
*ô\)fi/i«.  oi^ia  (=  ti^a),  que  donne  Hésychius,  ne  peut  qu'être 
moderne. 

En  latin:  i/ermen,  sc(/men,  tegnien,  termen  (Varron).  Uii  de 
cuhnen  est  dû  à  la  consonne  qui  suit. 

Paléoslave  brème  «fardeau»  pour  '*lerme,  slème  «culmen 
tecti»  pour  ^i'e^wié",  rmwe  «temps»  pour  *wnwe.  Miklosicli,  Vcrgl. 
Gramm.  II  236. 

Sanskrit  dhârman,  vârtman,  éman,  Jioman,  véçman  etc.  (Lind- 
ner  91  seq.).  Zend  mëman,  fraod'man  etc.;  mais  axLssi pishman. 

/3)  Les  masculins  et  les  adjectifs: 

Grec  X6v^^(6v  -àvog^  Xeiy^cov  -cùvoç,  teka^âv  -àvog^  xeiynôv 
-àvog-,  Tcksv^cov  -oï^o;;,  rtQ^cûv  -oi'Ot,';  l'adjectif  rsçâ^av  -ovog. 
Dérivés:  ôtëk^oin'ai,  (plsy^iovy],  ^éks^v-o-v.  Mots  en  -^tji':  âvr- 
^ijv,  A/fijj'î/,  Tcvd-^^v  et  v^i^v\  Ce  dernier,  d'après  mie  étymologie 
reprise  récemment,  —  il  a  échappé  à  l'auteur  qu'elle  avait  été 
faite  par  Pott  Wurzelworterh.  I  612  —  coïncide  avec  Yiiid.  syûman 
(neut.);  il  y  a  là  un  u  long  qui  nous  engage  à  suspendre  notre 
jugement.  Mais  dans  «ùtiu-j/v,  kï^i^v  et  nv^^i^v  l'affaiblissement 
de  la  racine  est  manifeste  -.  Dans  ces  trois  mots  précisément  le 
suffixe  n'admet  point  a.^.  Parmi  les  masculins  ce  ne  sont  donc 
que  les  thèmes  en  -ma^n  qui  offrent  la  racine  au  degré  1-,  cf.  §  13. 

1.  noifitîv,  qui  paraît  contenir  n,  ne  nous  intéresse  lias  ici. 

2.  La  racine  à'àvr-fir'iv  se  trouve  sous  sa  forme  pleine  dans  ci{f)eT-(ia. 
Fondé  sur  les  formes  celtiques,  M.  Fick  établit  que  le  r  de  ces  mots  n'est 
point  suffixal  (Beitr.  de  Bezzenb.  I  66).  —  Il  n'y  a  pas  de  motif  iiour 
mettre  va^ivri  parmi  les  thèmes  en  -man.  Le  mot  peut  venir  d'un  ancien 
fém.  vffftt,  à  peu  près  comme  dcazivr}  de  Sàtig. 

9* 


X32  Formations  qui  contiennent  «j. 

—  Les  infinitifs  en  -^sv,  -^svat,  n'offrent  pas  les  garanties  néces- 
saires relativement  au  vocalisme  de  la  syllabe  radicale. 

Le  latin  a  sermo,  te>'mo  (Ennius),  tëmo  =  *  tecmo. 

Le  gothique  a  hlmma  -ins,  h'mhma  -ins,  niilhma  -ins,  sJceima 
-ins.  Anglo-sax.  fihnen  =  gr.  nslfia  (Fick  IIP  181). 

Quelques-uns  des  mots  lithuaniens  seront  sans  doute  d'an- 
ciens neutres^  mais  cela  est  indifférent.  Schleicher  donne  zelmu 
«verdure»,  iesznm  «mamelle»,  szèrmens  (plur.  tant.)  «repas  fu- 
nèbre», de  la  racine  qui  se  retrouve  en  latin  dans  clna,  sili-cer- 
nium. 

Sanskrit  varsmân,  hemân;  darmân,  soniân  etc.  ^  Lindner 
p.  93.  Paroxytons:  géman,  Idoman  «le  poumon  droit»  (v.  B.  R.). 
Ce  dernier  mot  est  le  gr.  Til&v^av'^.  —  Le  zend  a  raçman ,  maêd-- 
man,  mais  aussi  urud^man. 

Thèmes  en  -tar.  Nous  ne  considérerons  ici  que  la  classe 
des  noms  d'agent. 

Grec  eôTCOQ,  xsvrcoQ  ;  "Extoq,  MévrcoQ^  Ns6rc3Q,  ExévtaQ  ;  — 
QèKXTiQ  (Hésiode),  itaGxriQ  «câble»  (Théocrite)  et  TCsiar^Q  de 
7i£L&oj  (Suidas),  vsvtr'jQ-  KoXvfilirjti^g  (Hes.),  ^svxt'^q,  tsvxt^q  (id.). 
Il  y  a  de  nombreux  dérivés  comme  âlsLnti^Qiov ,  d-QsnrrjQiog, 
jtêvGTYjQiog,  dsQTïJQia'  soQTij  Ttg.  Nous  coustatous  dans  âoçttJQ 
un  o  irrégulier,  emprunté  sans  doute  à  âoQti].  Cf.  p.  76  i.  n. 

Latin  em]gtor,  redor,  vedor,  textor  etc. 

1.  Un  seul  exemple  védique  enfreint  la  règle:  vidmân  «savoir,  habi- 
leté». Remarquons  bien  que  le  grec  de  son  côté  a  l'adj.  i'dfioov.  Cet  ad- 
jectif n'apparaît  pas  avant  les  Alexandrins.  11  i^eut  être  plus  ancien;  pour- 
quoi en  tous  cas  n'a-t-on  pas  fait  «siôficov ?'>'^  La  chose  est  très-claii*e: 
parce  que  c'est  presque  exclusivement  iS  et  oiô ,  et  presque  jamais  bIô, 
qui  contiennent  l'idée  de  savoir  {stôcos  =  J-sJ-iSœg).  Même  explication 
pour  le  mot  ictcùq  qui  devrait  faire  normalement  (Usiatcoç».  On  pourrait, 
sur  cette  analogie,  songer  à  tirer  de  la  forme  vidnidn  une  preuve  de  l'a^ 
arien  en  syllabe  formée.  L'arien,  on  effet,  ne  devait  guère  posséder  wa^id 
que  dans  le  subjo)ictif  du  parfait.  Le  liig-Véda  n'a  que  àvedavi  où  l'on 
puisse  supposer  «,  (car  vcdas  paraît  appartenir  partout  à  ved  «obtenir»); 
mais  ûvcdam  n'est  pas  nécessairement  ancien.  On  conçoit  donc  qu'à  l'époque 
où  Va.^  de  wa.Jdu  subsistait  comme  tel  wa^idman  ait  ])u  paraître  étrange 
et  imjiropre  à  rendre  l'idée  de  savoir.  Le  choix  restait  entre  iva.Jdvian  et 
widvian;  ce  dernier  jirévalnt. 

2.  Par  étyiiiologio  iJOjiidaire:  nvi-vfioiv.  Lo  lut.  pulmo  est  emprunté 
au  grec.   Ttlfvçâ  parait  êtn;  le  vieux  sax.  Idior  «joue»  (primit.  «côté»?). 


Formations  riui  contiennent  a,.  133 

Paléoslave  bljudclji,  zctdjï. 

Sanskrit  valdàr,  yanlàr,  retàr,  sotâr,  hhettâr ,  gos/dr  ;  bhdrtar, 
lu'tar  etc.  Zeiid  garitar,  mantar,  rraotar  etc.  Quelques  excep- 
tions comaie  hérétar  à  côté  de  fraharetar.   Cf.  §  13. 

Jjc  sid'lixe  -tr-a  demande  aussi  la  racine  non  affaibli»'.  Elle  a 
en  général  «, ,  comme  daus  h;  gr.  àtQTQov^  xévxQov^  qjtQtçov, 
mais  on  peut  citer  2»our  (/.,:  qÔtitqoi^  <le  pen  et  le  iiorr.  Itillra,-  = 
*la/dra-  «couche»,  gr.  h'xTQov. 

Thèmes  en  -au.  La  flexion  des  thèmes  qui  suivent  devait 
être  distincte  de  celles  des  autres  thèmes  finissant  par  u.  La 
[)lupart  sont  féminins.  (\r.  vtxvg  masc,  zend  naru  fém.  Gr.  yt- 
vvl;^  goth.  hinnus,  skr.  -Iiânu,  tous  trois  féminins.  (Joth.  hairiis 
masc,  skr.  <^âru  fém.  Skr.  dhànui'ém.,  gr.  *d-évvg  masc.  (gén.  d'îvoç 
])0ur  *d£vJ^og;  cf.  d'f.Lvàv  acyiakàv  Hes.),  Ici  se  placent  encore 
skr.  pàrru  fém.,  gr.  xtlvg  (russ.  zelvî  venant  de  *sUûrï.  J.  Schmidt 
Voc.  IT  2o),  goth.  qijiiis,  germ.  îcniu-  «branche»  (Fick  IIP  2G7), 
lat.  penus.  Puis  avec  une  accentuation  différente,  gr.  ôeXtpvq^  skr. 
paraçîi  =  gr.  néXsxvg.  —  Cf.  §  12. 

Neutres:  indo-européen  mâ^dhu  ei2Mjc^u. 


Des  trois  formes  que  chaque  racine  (voy.  p.  1.35)  est  suscep- 
tible de  prendre,  nous  avons  vu  que  celle  qui  est  dépourvue  d'à- 
ne  peut  pas  jjrétendre  à  la  priorité.  Le  litige  n'est  plus  qu'entre 
les  deux  formes  caractérisées  par  les  deux  variétés  de  l'ff,  «j  et  a.,. 
Ce  qui  nous  semble  décider  sans  conteste  en  faveur  de  a^,  c'est  la 
fréquence  de  ce  phonème,  et  cela  dans  les  paradigmes  les  plus 
importants.  Par  exemple  dans  toute  la  flexion  verbale,  a.^  ne  fait 
son  apparition  qu'à  deux  ou  trois  persomies  du  parfait.  Quelle 
raison  avons-nous  de  croire  que  des  gisements  entiers  de  a^,  tels 
que  nous  les  apercevons  dans  les  différents  présents  naient  pu 
naître  que  par  l'altération  du  phonème  a.,?  Au  contraire,  dans 
un  cas  du  moins,  nous  prenons  sur  le  fait  le  développement  de 
a^:  c'est  lorsqu'il  sort  de  l'^i  thématique  devant  les  consonnes 
sonores  des  désinences  verbales  (p.  87).  Si  ailleurs  sa  genèse  se 
dérobe  encore  à  notre  regard,  on  entrevoit  cependant  la  possi- 
bilité d'une  explication;  le  phonème  n'apparaît  eu  effet  qu'à  cer- 
taines places  très-déterminées. 


134  Relation  des  phonèmes  «j  et  a,. 

Un  pliénomèue  digne  de  remarque,  mais  qui,  dans  cette 
question,  jieut  s'interpréter  de  deux  façons  opposées,  c'est  l'appa- 
rition de  ffj,  à  l'exclusion  de  «o,  dans  les  cas  où  le  rejet  de  Va  est 
prescrit  mais  en  même  temps  empêché  par  une  cause  extérieure 
(p.  48).  Ainsi,  au  temps  où  le  pluriel  de  ô^'ôoQxa  faisait  deôrx[a)- 
}isv,  le  pluriel  de  rétoxa,  avons-nous  conclu  p.  71  i.  n.,  faisait  ts- 
T£x(a)ft£v.  M.  Brugman  montre  comment  le  thème  2>c«:l,  accusatif 
pa.,dni  {nôda),  empêché  c[u'il  est  de  faire  au  génitif:  pdâs,  s'arrête 
à  la  forme  pandas  (pedis).  Voilà,  pourrait-on  dire,  qui  prouve  que 
«1  est  une  dégradation  de  a.^.  Mais  celui  qui  part  d'un  thème 
pa^d  aura  une  réponse  tout  aussi  plausible:  jw^f?  est  une  modi- 
fication extraordinaire  c^u'il  n'y  a  aucune  raison  d'attendre  dans 
les  formes  exposées  aux  affaiblissements;  si  l'affaiblissement  est 
paralysé,  c'est  forcément  le  thème  pur  p)a^d  qui  apparaît. 

Seconde  question.  Sans  vouloir  se  prononcer  sur  la  priorité 
de  l'un  ou  de  l'autre  phonème,  M.  Brugman  tient  que  a^,  par 
rapport  à  a^,  est  un  renforcement;  que  a^,  par  rapport  à  a.,,  est 
un  affaiblissement  (Stud.  371,  384).  Nous-même,  à  la  page  5, 
ajjpelions  «g  ^^^^^  voyelle  renforcée.  C^es  désignations  preiuient 
un  corps  si  on  admet  que  l'échange  de  Oi  et  a^  est  en  rapport  avec 
les  déplacements  du  ton;  c'est  là  l'opinion  de  M.  Brugman.  Si  on 
pense,  et  c'est  notre  cas,  que  l'échange  des  deux  phonèmes  est 
indépendant  de  l'accent,  il  vaut  mieux  s'abstenir  d'attribuer  à 
l'un  d'eux  une  supériorité  qui  ne  se  justifie  guère. 

Si  r?o  est  une  transformation  mécanique  de  «j,  cette  trans- 
formation en  tous  cas  était  consommée  à  la  fin  de  la  période  pro- 
ethnique, et  les  langues  filles  n'ont  plus  le  pouvoir  de  la  produire. 
11  est  fort  possible  par  exemple  c[ue  Jtlox^ôg  n'ait  été  tiré  de 
Ttléxa  qu'à  une  époque  qu'on  peut  appeler  moderne.  Mais  il  va 
bien  sans  dire  c^ue  l'o  de  itXoxyiôi  n'est  pas  sorti  de  l's  de  nXéxco. 
La  langue  a  simplement  moulé  cette  l'oruie  sur  les  substantifs  en 
-fto-g  quelle  possédait  auparavant. 

§  11.   Rôle  u:riniiiii:iti(':)1  des  |>llOll^înos  A  et  o. 
Syslèiiio  coiiiplei  des  v(>yeUcs  primordiales. 

(iiiiiiid  on  considère  les  cas  suivants  de  lajicrmutation  (iia.^: 
gotli.  hli/à  hiaf,  gr.  xUiirco  xtxloq)cc,  gr.  ïtitcoç  ïtttcs^  et  qu'on  leur 

coin|i;ii-f  les  cas  suiviiiils  de  la   |ii'nniita.tion  j  a:  goth.  6'«/.«  W.', 


Le  vocalisme  dos  racincH  ^'raviti'  aiiiour  de  ^f,  et,  (t.y 


1  ?,\ 


gr.  A«(?xa)  ltlci>ia^  <^r.  vv^qrc  tw^(pà,  la  tentation  est  forte,  assuré- 
ment, (le  poser  la  [)ro])ortion  a  :  a  ==  a.^  :  a^.  Mais  ee  serait  s'en- 
gager dans  nue  voie  sans  issue  et  méconnaître  le  véritable  carac- 
tère des  phénomènes.  Nous  allons,  pour  plus  de  clarté,  construire 
tout  de  suite  le  système  des  voyelles  tel  que  nous  le  corajn*enons. 
Il  n'est  question  provisoirement  que  des  syllabes  radicales. 

Le  phonème  a^  est  la  voyelle  radicale  de  toutes  les  racines.  Il 
lient  être  seul  à  former  le,  vocalisme  de  la  racine  on  lien  cire  suivi 
d'une  seconde  souante  que  nous  avoïis  appclrc  coefficient  scmantique 

(P-  '^)- 

Dans  de  certaines  conditions  qui  ne  sont  pas  connues,  af  est 
remplacé  par  a^;  dans  d'autres,  mieux  connues,  il  est  expulse. 

a,  étant  expidsé,  la  racine  demeurera  sans  voyelle  dans  le  cas 
où  elle  ne  contient  point  de  coefficient  sonantique.  Bans  le  cas  eon- 
iraire,  le  eoeffcient  sonantirpœ  se  montre  à  nu,  soit  éi  l'état  auto- 
l)hthonguc  (p.  8),  et  fournit  une  voyelle  à  la  racine. 

Les  phonèmes  A  et  o  sont  des  coefficients  sonantiques.  Ils  ne 
pourront  apparaître  à  nu  que  dans  l'état  réduit  de  la  racine.  A  Vétat 
normal  de  la  racine,  il  faut  qu'ils  soient  précédés  de  a^,  et  c'est  des 
combinaisons  aj^  -{-  A,  ai  +  9>  (?^"^  naissent  les  longues  Â,  ô.  La 
permutation  a^  :  a^  s'effectue  devant  Aet  o  comme  ailleurs. 


Vocalisme  des  racines  dans  l'indo- 

îuropéen. 

1  1 

«1 
«2 

Cl  m 

«,r 

«2  A 

0,Q 

•S  ë 

J  - 

- 

— i         — u 

— n 

—m 

—  r 

—  A 

-Q 

Désignations  utiles 
Pour  a^A  et  a^p  après  la  contraction:  2^  et  ç^. 


'a^A  »  «2?      ^^ 


et  Oo. 


La  théorie  résumée  dans  ce  tableau  a  été  appliquée  plus 
haut  à  toutes  les  espèces  de  racines  excepté  celles  qui  contien-' 
nent  ,1  et  0.  Ce  sont  elles  que  nous  allons  étudier  maintenant. 

Pour  distinguer  l'une  d'avec  l'autre  les  deux  formes  que 
peut  prendre  la  racine  pleine  selon  que  la  radical  est  Oy  ou  a.,,  il 
n'y  a  pas  d'inconvénient  à  appeler  la  première  le  degré  1  {état 


136  Les  formes  radicales  telles  que  atâ-  et  da-. 

normal),  la  seconde  le  degrés.    Nous  ne  voulons  pas  dire  par  là 
qu'une  des  deux  formes  soit  le  renforcement  de  l'autre  (v,  p.  134). 

I.    Biacines  finissant  par  à. 

a.    RACINE    PLEIKE    AV    DEGRÉ     1. 

Ce  qui  parle  bien  haut  pour  que  leto  soient  autre  chose  que 
des  voyelles  simples,  c'est  que  partout  où  d'autres  racines  sont 
au  degré  1,  les  racines  eu  a  ont,  une  longue.  Pourquoi,  du  fait  qu'il 
finit  la  racine,  Y  a  se  serait-il  allongé?  Si  au  contraire  7\  est  assi- 
milable à  une  diphthongue,  (jtâ^av  en  regard  de  ûraTÔg  s'ex- 
plique exactement  de  même  que  l'indien  gêman  ie  ==  a^i  mono- 
phthongué)  eu  regard  de  gitâ  ^.  Toute  racine  en  a  est  identique 
dans  son  organisme  avec  les  racines  comme  hai,  nau^,  et  aussi 
fan,  tliar  (type  A,  p.  8). 

Nous  avons  à  faire  la  revue  des  principales  formations  du 
degré  1  énumérées  au  §  10.  11  faut  pour  que  la  théorie  se  vérifie 
que  nous  trouvions  dans  ces  formations  :i^  et  o^.  Le  nombre  des 
exemples  est  restreint.  Ils  n'ont  de  valeur  que  si  l'échange  entre 
la  racine  pleine  et  la  racine  faible  subsiste^. 


1.  Pour  le  grec,  la  soudure  de  l'augment  avec  un  .i  ou  un  n  initial, 
soudure  qui  s'est  accomplie  à  une  époque  préhistorique,  est  un  parallèle 
très-remarquable  aux  contractions  radicales  que  nous  supposons.  Dans 
ayov,  acpsXov,  Va  vient  de  «i  -j-  A  et  Vu  de  a^  -}-  o  absolument  comme 
dans  azâ-  et  dco-.  On  sait  que  M.  Curtius  (Verb.  I'-  130  seq.)  se  sert,  pour 
expliquer  la  soudure  en  question,  de  l'hypothèse  de  l'unité  originaire  de 
l'a.  Nous  ne  pouvons  donc  ni  partager  ni  combattre  sa  théorie. 

2.  Pour  plus  de  clarté,  quand  il  est  constaté  que  I'tj  d'une  racine  n'est 
pas  Vt]  panhellène,  nous  écrivons  toutes  les  formes  par  a. 

3.  Cette  conception  ne  diffère  pas  essentiellement  de  celle  qui  a  assez 
généralement  cours  depuis  Schleicher.  Seulement  comme  kai  en  regard  de 
ki  est  pour  nous  non  une  gradation,  mais  la  forme  normale,  nous  devons 
aussi  partir  du  degré  std  et  non  de  sta.  Voici,  en  dehors  de  cette  différence 
de  principe,  ce  qui  est  modifié:  1°  Modification  liée  d'un  côté  à  la  plnra- 
lité  des  a,  constituant  de  l'autre  une  hypothèse  à  part:  différents  a  peu- 
vent former  le  second  terme  de  la  combinaison  a  -{-  n ,  mais  le  premier 
n  est  toujours  «,.  2°  Modification  découlant  de  celle  qui  précède  jointe  à 
la  théorie  de  n.^  :  il  s'effectue,  au  sein  de  la  combinaison,  un  ahlaut  (n,  :  a.^). 
Par  là  nit'me  la  reconstruction  a  -\-  a  cesse  d'être  théorie  pure.  —  La 
différence  do  principe  mentionnée,  combinée  toutefois  avec  la  modifica- 
tion 1,  s'accuBC  le  jiluH  nettement  dans  ce  poiut-ci,  c'est  que  l'a  long  se 


Les  formes  radicales  telles  que  atâ-  ci  àoi-.  1,'}7 

Sur  les   PRÉSENTS    I)K   LA   2"   KT   1)10   LA  '.)"  CLASSE,  V.  )i.    1  Ui. 

La  racine,  dans  les  formes  pleines,  est  du  degré  1. 

Aoriste  sigmatique  (v.  p.  128).  Le  grec  fait  E-am-Ga, 
è'-(iâ-aa,  avâ-Ca.  Une  forme  comme  i'-fîTâ-ffa,  c'est-à-dire  c-.stca-.sa 
de  stca  (sta^.i)  est  le  parallèle  parfait  de  e-8bi-6cc.  Sanskrit  à-lûi- 
sam,  â-dci-sam;  zd.  rfdo-ûh-d-f  (subj.). 

Futur  (v.  p.  12!*).  (Jrec  (id-0o(iat,  Gtcc-Oa,  q)(i  aa^  (pifû- 
(So^mi,  (Jc6-()Co;  cf.  TtXEv-ôov^at  etc.  HiinsVrit  d(i-si/(Ui,  f/a-s/jâti. 

Thèmes  neutres  en  -man  (v.  p.  131).  Cf.  Lobeck  Varali- 
pomcna  425  seq.  Grec  (icc-(in,  aà-^a,  6v-arâ-^a,  (pà-^a.  Les  pré- 
sents ÔQâio  et  Tccco^at  diminuent  la  valeur  de  Ô^à-^a  et  Ttà-^a. 
Dans  jro-fia,  nous  assistons  à  un  empiétement  de  la  forme  faible, 
mais  en  même  temps  7tcô-^a  sulisiste. 

Ji2à,m  grd-moi  (moy.  \\^-ix\\.  (jrue-jen  «virescere»),  stâ-mcn,  ef- 
fii-mcn,  Id-min-a. 

Sanskrit  da-man,  sâ-man,  sthà-man. 

Thèmes  masculins  en  -man  (v.  p.  131).  Gr.  ard-fiav,  [rAa- 
^coi>\.    Gotli.  sto-ma  -ins,  hlo-ma  -ins.   Skr.  dd-mâyi. 

Thèmes  en  -tar  (v.  p.  132).  Skr.  da-târ ,  pâ-tar  «buveur», 
im-tàr  «protecteur»,  stlm-tar  etc.  La  langue  hellénique  n'a  pas  su 
maintenir  cette  formation  dans  toute  sa  pureté.  La  perturbation 
a  été  causée  par  les  adjectifs  verbaux  en  -to'  qui  de  plus  en  plus 
communiquent  la  forme  faible  aux  noms  d'agent.  Homère  em- 
ploie encore  parallèlement  do-rriQj  ôcÔxcoq  et  ôa-triQ^  ^o-t^q^ 
^cô-zœQ  et  av-^cô-trjg  (dans  Sophocle  ^ca-triQ).  A  côté  de  ^a-rrJQ 
on  peut  citer  i^iJivQL-fiiî-tïjg^  car  il  est  bien  probable  que  la  for- 
mation en  -ta  s'est  dirigée  sur  les  anciens  thèmes  en  -tar.  Pour 
expliquer  le  mot  obscur  cccp^raç  (Iliade  IX  404),  le  scholiaste  se 
sert  de  7toXi>-cpy]-rcoQ.  On  a  aussi  ovâ-tcoQ,  mais  l'adj.  verbal  fait 
lui-même  ovâTog.  Dans  aTa-ti]Q  et  Tto-r^çtov  la  forme  faible  est 
installée.  Hésychius  ajia-Tî^'p*  iQëvvr]Ti]S,  ^arr^çeveLV  ^aatëveiv, 
de  ^ato^ai. 

Latin  mâ-tcr-ies  (cf.  skr.  ma-tra)  et  mâ-turus  auquel  on  com- 
pare le  si.  ma-toru  «BQne^x^ ,  po-tor ,  po-cidnrn  =  skr.  pà-tram  (il 
faut  dire  que  po-  n'existe  pas).  Les  formations  irrégulières  ne 
manquent  pas,  ainsi  dà-tor,  Sta-tor. 

place  au  même  rang  que  Va  bref  (quand  cet  a  est  a^),  ainsi  ufj-Kog  =  vicalos 
n'est  plus  considéré  comme  renforcé  en  comparaison  de  tskoç. 


138  Les  formes  radicales  telles  que  ara-  en  regard  de  <nû-. 

Le  sanskrit,  dont  le  témoignage  est  le  premier  en  impor- 
tance, ne  connaît  que  la  forme  pleine;  le  grec  a  plus  générale- 
ment la  forme  réduite,  mais  aussi  la  forme  pleine;  le  latin  ne 
décide  rien.  On  peut  donc  affirmer  sans  témérité  que  la  forma- 
tion régulière  demande  les  longues  Â,  o^  c'est-à-dire  le  double  son 
r/j.-i,  ffjO,  soit  létat  normal,  comme  pour  toutes  les  racines.  Cf. 
du  reste  le  §  13. 

b.    RACINE    PLEINE   AU    DEGRÉ    2. 

Voici  où  se  manifeste  la  réalité  de  la  reconstruction  ca 
comme  forme  première  de  «.  Dans  les  formations  où  le  radical 
est  remplacé  par  o  (a^,),  le  grec  laisse  apparaître  à  la  place  de  Va 
long  final,  un  a  ^  Ces  cas,  disons-le  tout  de  suite,  ne  sont  pas  fort 
nombreux;  mais  ils  se  réj^ètent  dans  les  racines  où  a  est  médial 
'{fây:  xv^ica-coyïî),  et  nous  croyons  ne  pas  être  trop  hardi  en  met- 
tant Vatt  des  parfaits  sanskrits  comme  dddhan  en  rapport  direct 
avec  eux.  Pour  éviter  de  séparer  les  différentes  formes  du  parfait, 
nous  ferons  la  justification  de  ce  dernier  point  sous  la  lettre  c. 

Racine  /3a:  lià-fia  mais  j8c3-^o'ç;  cf.  xéç-^ui,  xoQ-^6g  (p.  loi 
et  74). 

Racine  j/'â  (tl-'âco,  iI^ïj-qÔç):  ^'«-fio'g.    ipcôœ  est  un  verbe  forgé. 

Le  mot  arà-^Lè,  «solive»  permet  de  rétablir  *(>r 00-/^0  (ora). 

Racine  tpcc:  înt.  ^cc-Oco  mais  ç)a)-v>j^;  cf.  teC-6(0,  Jtoi-vjj  (p.  129 
et  77).  Néanmoins  on  a  cpé-^icc  et  non  *(pc6-^ci. 

La  racine  ygâ  «ronger»  donne  yQcô-vr]  «excavation».  Ici  en- 
core: 6^(6-vrj  «tumeur»,  si  le  mot  vient  de  ô^éo]  cf.  G^àôtè,. 

Devant  le  sufF.  -ra,  fji  fait  yja  :  x(^-Qa.  Comme  exemple  ser- 
vant à  étal)lir  que  cette  formation  prend  a.^,  je  n'ai  point  d'autre 
mot  H  citer  que  G^oô-Qo-g  en  regard  de  (Scpsô-avôg.  De  même  jpaa 
fait  ^cô-Qa  '\ 

Si  «,  cj,  ne  sont  pas  des  combinaisons  de  \'e,  ces  faits  nous 
apparaissent  comme  une  énigme.  Jjàblaut  qui  s'effectue  au  moyen 


1.  Cf.  le  dat.  irnim  =  Tnno-ai  (p.  92). 

2.  Le  dor.  iioXvcpâvoç  est  très-douteux.  Ahrens  II  182. 

3.  Voici  des  cas  plus  problématiques.  A  côté  de  anciTÎXr]  et  de  ol- 
Girrirr);  ol-onwTt].  L'homérique  iifra^uôvioç  vient  iieut-ôti-e  de  /nortofta», 
mais  le  pn's.  ^KÔrai,  lMiin<''me  très-obscur,  compromet  la  valeur  de  Va. 
A  Vo)  de  wtf-ilr'j  et  de  ponci^fiv  fJcilXnv  est  opposé  un  «  dans  yarnXaij 
mais  ovtâo}  embrouille  tout. 


Les  formCH  radirulcH  toiles  que  (ît(o    en  rt'<,Mnl  ilo  ara:-.  \'.','.) 

de  Vo  ost,  par  son  esscnco  même  lié  a  l'cxisteiKM'  d'uii  c\  Sans  «,, 
[toint  (le  a.j.  D'où  un  (i  aurait-il  reeu  le  |)ouvoir  de  |)ermuter  avec 
le  son  oV  Jl  me  semble  <|ue  tout,  s'f'elaircit  iiu  cont^raire  si,aétant 
pour  ea  et  com})aral)le  à  la  dijtlitlionjjçue  ci,  on  ranii'iie  o  à  on  en 
l'assimilant  à  oi. 

11  faut  supposer  de  même  l'existence  d  une  ancieiinr  ((11111)1- 
naison  ojj-^  seulement  elle  n'est  plus  ()])servable  jxiiir  u(nis.  l'ar 
exem])le  dans  Ôco-qov^  si  nous  ju<^eons  d'apri's  xoj-qu  de  yjc,  la 
syllabe  do  se  décompose  en  do./j^  tandis  que  le  <lo  de  dî-doj-^i  re- 
présente dco.  —  Ces  ditïereiites  combinaisons  sont  in(or|)or('es  au 
schéma  donné  plus  haut.  V.  aussi  page  145. 

Ce  n'est  que  le  plus  grand  hasard  qui  nous  permet  de  sur- 
prendre encore  les  vestiges  si  significatifs  de  la  permutation  d  :  o. 
La  liingue  des  Hellènes  est  à  cet  égard  presque  l'unique  lumière 
qui  nous  guide.  Et  même  pour  elle,  ces  précieux  monuments  ap- 
partiennent au  passé.  L'échange  vivant  entre  les  deux  voyelles 
a  évidemment  cessé  depuis  longtemps. 

Le  latin  n'a  point  d'exemple  assuré  de  Vahlaut  lïj  :  Sg-  H  n  y 
a  pas  lieu  de  s'en  étoimer:  c'est  tout  juste  si  cette  langue  a  gardé 
quelques  débris  du  grand  échange  a^  :  n^.  Mais  on  peut  dire  sans 
crainte  de  se  tromper  que  Ao  en  Italie  serait  distinct  de  jj  aussi 
bien  qu'en  Grèce. 

En  germanique  au  contraire  la  différence  n'est  plus  possible: 
j^,  comme  nous  savons,  devient  o;  Ao  de  même.  L'anglo-saxon 
grave,  parf.  grcôv,  serait,  restitué  sous  une  forme  plus  ancienne, 
f/ro-ja,  gc-grô.  Des  deux  ô  de  ce  verbe,  le  premier  répond  à  \'d  du 
lat.  r/m-w/im  (.1,),  l'autre  est  de  même  nature  que  Va  de  ^co-^ôg 
(.1.,).  Tout  ce  qui  est  vrai  de  Vô  germanique  l'est  aussi  de  Va  slave 
(>t  de  Vo  lithuanien.  Ces  jihonèmes  qu'on  peut  réunir  sous  le 
nom  (Va  du  nord,  par  opposition  à  Vc  de  la  même  région  — -  con- 
tiennent encore  o^  et  ô.^,  lesquels,  étant  confondus  même  en  grec, 
ne  sont  donc  distingués  nulle  part  l'un  de  l'autre.  Exemple:  si. 
da-j(ï,  da-rîi,  cf.  gr.  ôC-ôa-^i,  àcS-çov  (î>i  et  o.,,  v.  ci-dessus). 

Avant  de  passer  au  degré  affaibli  des  racines  en  a  nous 
ouvrons  une  parenthèse,  afin  d'envisager  sans  plus  tarder  la 
question  des  racines  qui  en  Europe  finissent  par  c.    Ces  racines, 

1.  Sur  les  cas  comme  aym  oyfioç  v.  page  102. 


140  Parenthèse:  racines  finissant  par  e. 

en  grec,  font  alterner  la  brève  et  la  longue  exactement  comme 
les  racines  en  a  et  en  o  (p).  Laissant  de  côté  préalablement  le  pro- 
blème de  l'origine  et  de  la  composition  de  l'ë  long,  nous  citons 
quelques  exemples  des  formations  du  degré  1.  Singulier  actif 
du  présent  de  la  3''  classe  (v.  p.  147):  ZL-d'rj-^L,  ï-rj-^i,  Ôt-ôrj-^i. 
Pour  le  singulier  de  l'aoriste  actif,  la  formation  en  -xa  de  èd-rjucc^ 
s'rjxa^  nous  enlève  des  exemples;  il  y  a  è-a^}]-v  si  la  racine  est 
6^7}.  Aoriste  en  -6a:  e-Ôrj-Ga,  ë-vrj-Gai?).  Futur:  d-^-Oa,  ^-6a, 
ÔYi&G).  Mots  en  -^a:  âva-d-rj-^a,  'f]-^cc,  ôicc-ôrj-^a,  vij-^a,  Gxrj-^a 
(rac.  Gi-rj).  Mots  en  -^cov:  d-rj-fLcôv,  ^-fiav.  Les  mots  en  -ry'jQ, 
nous  l'avons  vu,  ont  suivi  l'analogie  des  adjectifs  verbaux  eu  -to. 

Dans  les  formations  du  degré  2,  on  trouve  a. 

Le  véritable  parfait  de  ïrj^ii  est  e-co-xa;  dq)-éœxa  est  rapporté 
par  Hérodien  et  par  d'autres  grammairiens.  Il  y  a  eu  addition 
de  -xa  sans  modification  de  la  syllabe  radicale,  v.  p.  149.  Les 
tables  d'Héraclée  ont  ccvécoGd-aL^.  Le  verbe  TiL-nr-a  forme  son 
parfait  sur  une  racine  apparentée  TCttj  dont  nous  nous  n'avons  pas 
à  rechercher  ici  la  formation;  ntr}  domie  régulièrement  7té-7Ttc3- 
xa-.  Le  participe  7Cs-7tTrj-{.f)(6s  n'a  jias  et  ne  doit  pas  avoir  a. 
Le  prés.  Ôtcôxa  permet  de  conclure  presque  à  coup  sûr  à  un  ancien 
parfait  *ôe-ÔLa-xa  de  bir|  (ôîs-^aL)  duquel  il  est  né  lui-même  à 
peu  près  comme  àvâya  de  ai>coya.  Le  parf.  ôeàC(o%a  (Curtius 
Verb.  II  191)  est  refait  sur  ôlcÔxco. 

La  racine  %^ri  fait  d^iq-^âv  mais  'O'cj-fidg;  cf.  réç^av,  toQfioç. 

acô-Tov  vient  probablement  de  at]-^ii  ;  cf.  vôôrog  de  va6  (p.  76). 

L'accord  des  langues  européennes  pour  l'ë  long  est  un  fait 
connu  ^.  Dans  les  idiomes  germaniques,  à  l'exception  du  gothique. 


1.  Au  moyen  Va  n'est  pas  primitif.  Il  n'existait  d'abord  qu'au  singu- 
lier de  l'actif.  Mais  la  valeur  do  cette  forme  comme  témoin  de  l'co  n'en 
est  pas  amoindrie. 

2.  Sur  le  nzca  ainsi  obtenu  se  développent  des  formes  fautives,  gram- 
maticalement parlant,  comme  Ttzcôficc  et  ntàaiç. 

3.  Durant  l'impression  de  ce  mémoire,  M.  Fick  a  publié  dans  les  Bei- 
trdyc  de  BezzenSerycr  (II  204  seq.)  d'importantes  collections  d'exemples 
relatives  à  l'ë  européen.  Il  est  un  point  sur  lequel  peu  de  linguistes  sans 
doute  seront  dispo.s(''S  à  suivre  l'auleur:  c'est  lorsqu'il  place  ïe  du  prétérit 
pluriel  germanique  gehinn  (pour  (jeyhtim)  sur  le  même  ])ied  relativement  à 
e  que  Vu  de  for  relativement  à  a.  —  Le  savant  qui  le  ]iremier  attira  l'at- 


rarcnthèse:  racines  finissant  par  c.  141 

ce  phonème  ])reii(l  la  forme  (1(^  d^  mais  la  prioriti*  ilc  \'c  a  <'t(' 
reconnue  de  ])lii.s  en  plus  dc^^juis  Jacobi  (l'u'iir.  /iir  (li-iiisclirn 
Gramm.).  A  la  lin  des  racines,  c  se  montre  ])riii(ij)iiif'iiH'iii,  dans 
(jh^v  «aller»,  dln:  <<  allaiter»,  ne  «coudre»,  me  «mesurer -■>,  icc  (ajvai, 
se  «jeter,  semer»,.  Exemples  du  degré  normal:  gr.  xî-xV't''^^  ^• 
li*-all.  gâ-m  (cf.  skr.  gihïte,  lat.  fio  pour  *ftho)]  gr.  r}-fia,  lat.  se- 
mcn,  V.  h*-all.  sa-mo/n].  sè-me,  lith.  sé-men-s. 

A  Vàblaiit  grec  r]  :  co  (tr}^i  :  l'axa)  répond  exactement  VahUiut 
du  nord  e:d  (germ.  lith.  o).  C'est  celui  qu'on  observe  dans  les 
prétérits  gothiques  sai-so,  vai-vo^  lai-lo,  venant  de  racines  se,  ve, 
le.  Le  germ.  dô-ma-,  emjtloy»*  comme  suffixe,  ne  difft're  pas  du  gr. 
'9'aî-fto;  e  apparaît  dans  dé-di-  «action».  En  lithuanien  on  a,  pd-d'ô- 
na-s  «sujet»,  lequel  vient  très-probablement  de  la  même  racine  dhe. 

Le  latin  ici  ne  reste  pas  absolument  muet:  de  la  racine  »'■-</// 
(vjJ-^-cj),  amplification  de  ne,  il  forme  mdus. 

L'ë  long,  dans  notre  théorie,  ne  doit  pas  être  un  phonème 
simple.  Il  faut  qu'il  se  décompose  en  deux  éléments.  Lesquels? 
Le  premier  ne  peut  être  que  a^  (e).  Le  second,  le  coefficient  so- 
nantique,  doit  apparaître  à  nu  dans  la  forme  réduite  (}».  loô  ).  La 
forme  réduite  de  d-rj,  c'est  d's.  En  conséquence  on  dira  que  ë  est 
fait  de  e  -\-  c.  L'o  de  d^co^ôg  alors  représenterait  o^  -f-  e. 

Cette  combinaison  o.f,  nous  la  comiaissons  depuis  longtemps. 
(  "est  celle  ciui  se  trouvait  dans  le  nom.  pi.  goth.  vidfos,  osq.  Ahel- 
lands,  et  à  laquelle  nous  avons  donné  le  nom  de  â.^  (p.  01). 

Cependant  —  et  ici  nous  abordons  la  partie  la  plus  difficile 
et  la  plus  obscure  peut-être  de  notre  sujet  —  on  s'aperçoit  en  y 
regardant  de  plus  près  que  le  témoignage.du  grec  est  sujet  à  cau- 
tion et  que  l'origine  de  Ve  long  est  un  problème  extraordinaire- 
ment  complexe. 

1°  Une  combinaison  a^a^  parallèle  aux  combinaisons  ffj^,  r/,?, 
a^n  etc.  fait  l'effet  d'un  de  contre-sens.  S'il  y  a  ime  raison  pour 
que  «1,  avec  son  substitut  a.,,  possède  des  attributions  qu'aucune 
autre  sonante  ne  possède,  pour  que  toutes  n'apparaissent  que 
comme  les  satellites  de  ce  phonème,  comment  admettre  que  ce 
même  a^  puisse  à  son  tour  se  transformer  en  coefficient"? 

tention  sur  Yê  long  européen  est,  si  nous  ne  nous  trompons,  M.  J.  Schmidt 
Vocalismus  I  14.  _ 


142  Parenthèse:  racines  finissant  par  è. 

2°  Le  grec  paraît  être  le  seul  idiome  où  les  formes  faibles 
des  racines  en  é  présentent  c.  Les  principaux  cas  sont:  -O-f-rog, 
Tt#£-^£v;  E-x6ç^ïe-yiEV\  df-rog;  Ô  i  s-^ai  ;  ^é-rçov;  s-QQS-d'rjv,  a-6xa- 
rog,  a-nk£-rog.  En  Italie  que  trouve-t-ou?  La  racine  européeime 
se  fait  au  participe  sà-tns.  A  côté  de  rë-ri  on  a  rà-fus,  à  côté  de 
fe-Ux  et  fë'tiis,  af-fà-tim  suivant  l'étymologie  de  M.  Fick.  De  la 
racine  dlie  «faire»  vient  fà-c-io^  (Curtius),  de  la  rac.  wë  (dans 
vë-him,  e-vë-laré)  va-nnus. 

Les  langues  du  nord  ont  renoncé  le  plus  souvent  aux  formes 
faibles  des  racines  en  ci  et  en  ë.  Il  y  a  donc  peu  de  renseigne- 
ments à  espérer  de  ce  côté-là,  mais  ce  qui  reste  confirme  le  té- 
moignage du  latin.  M.  Fick  rajjporte  en  effet  à  blë  «souffler» 
(anglo-s.  hlavan)  le  germ.  hJa-da-  «feuille»  et  à  më  «metere» 
(anglo-s.  mavan)  ma-^a-  «ver».  Suivant  quelques-uns  le  goth. 
gatvo  «rue»  appartient  à  gë  «aller».  En  lithuanien  më  donne  ma- 
tufi  «mesurer».  Peut-être  est-il  permis  aussi  de  nommer  si.  doja 
=  gotb.  da[cM]ja  de  dhë  «allaiter».  Quant  au  goth.  vinds,  lat. 
vcntiis,  c'est  une  forme  qui  peut  s'interpréter  de  plusieurs  manières 
et  qui  n'établit  nullement  que  ivë  fasse  au  degré  réduit  ivc. 

Dans  le  grec  même  on  peut  citer  à  la  rigueur  XTcco^ai  et 
XQcco^ai  de  ktvi  et  XPH  (Alirens  II  131),  XL-d-à-Gog  de  6ri  (Grdz. 
253),  ^caiov  qui  aurait  signifié  petiie  mesure  (v.  le  Thésaurus 
d'Etienne)  et  qui  dans  ce  cas  ne  peut  venir  que  de  më  «mesurer», 
67ta-vLg  en  regard  du  lat.  pë-nuria. 

On  pourrait  invoquer,  pour  établir  que  les  formes  faibles 
ont  eu  e  dès  l'origine,  les  racines  secondaires,  ou  passant  pour 
telles,  comme  med  de  më.  Mais  il  s'agirait  alors  de  démontrer, 
dans  chaque  cas  que  la  racine  est  bien  réellement  secondaire.  Si 
elle  remonte  à  la  langue  mère,  nous  considérons  le  type  me-d  et 
le  type  me  (=  me  -\-  <i)  comme  deux  rejetons  également  anciens 
du  tronc  *me-.  La  racine  germanique  stel  «dérober»  est  cen- 
sée sortir  de  sta  (p.  05).  Or  cette  dernière  racme  n'apparaît  nulle 
part  sous  la  forme  stë.  On  voit  par  là  quel  fond  l'on  peut  faire 
sur  ces  racines  secondaires,  pour  déterminer  le  vocalisme  de  nos 
racines  en  ë. 

Il  ressort  de  ce  t^ui  i)récède  que  la  voyelle  des  formes  ré- 


1.  (^n-di-tiis  de  la  niriin'  racine  peut,  se  ramener  à  *con-da-tus. 


l'arontliôso:  racines  tinissant  par  e.  14.'j 

(luitcs  de  nos  racines  diffère  en  tous  cas  de  ce  qu'on  ;i])p('l]c  Vc  • 
européen.    D'autre  })art  nous  ne  voudrions  pas   idciitilici'  Va  de 
aatm  directement   au  ])lionèiiie  a.     Ce  n'en  est,  croyons -nous, 
(|u  une  modification  (v.  p.  178  seq.). 

W  On  observe  entre  Yc  et  l'a  longs  des  langues  d'Europe 
des  variations  surprenantes,  incoiniues  pour  les  voyelles  brèves 
correspondantes. 

a  en  grec  et  en  germanique:  ï  en  latin  et  en  letto-slave. 
Gr.  è'-cp&à-v,  g)&d-Oo^ai;  v.  li*-all.  sjmon.:  lat.  spës,  si.  spe-ja 

à  en  gréco-italique  et  en  letto-slave:  e  en  germanicjue. 
Lat.  stU-men;  gr.  'î-Gtâ-^i-,   si.  sta-ti:  v.  li*-all.  ste-m,  sfd-m 
(mais  aussi  ato-ma,  -ins,  en  gothique). 

Lat.  tâtb-es;  si.  ta-ja:  anglo-saxon /â-vaw  (^  *Jie-jan). 
A  l'intérieur  du  mot:  gr.  ^idxcov,  si.  makii:  v.  li*-all.  mâgo. 

c  en  grec  et  en  letto-slave:  a  en  germanique,  etc. 

Gr.  ti-d'Tj-^t,  si.  défi:     v.  li*-all.  tno-m  (mais  aussi  t<i-t^. 

Gr.  ^rj-tig:  goth.  mo-da-. 

Lat.  cera;  gr.  jctj^o'ç:       lith.  hôris  (F.  P  523). 
11  faut  mentionner  encore  le  v.  h*-all.  int-chntian  en  regard  du 
gréco-it.  gno  et  du  si.  zna-  (connaître). 

Entre  le  grec  et  le  latin  la  même  instabilité  de  l'a  long  s'ob- 
serve  dans  plusieurs  cas: 

Gr.  Q^çà-vog,  lat.  frë-tus,  fre-mim.  Gr.  ^à-^Ev,  lat.  bë-t-ere. 
Dans  l'intérieur  de  la  racine:  gr.  '^^lî,  lat.  ajo;  gr.  rj^ai,  lat.  âmis 
(Grdz.  381).  A  Vr]  panhellène  des  noms  de  nombre  Ttêvvrjxovraj 
tt,iJKovra  (Schrader  Stud.  X  292),  est  opposé  eu  latin  un  a:  quiii- 
(juaginta,  scxdginta. 

Les  cas  que  nous  venons  de  voir  amènent  à  cette  conclusion, 
qu'il  est  quasi  impossible  de  tirer  une  limite  fixe  entre  l'a  et  Yë 
européens.  Dès  une  époque  reculée  la  répartition  des  deux 
voyelles  était  accomplie  très -certainement  pour  im  nombre  de 
cas  déterminé,  et  ce  sont  ces  cas  qu'on  a  en  vue  quand  on  parle 
de  Yë,  de  l'a  européen.  Mais,  je  le  répète,  rien  ri  indique  entre  ë  et 
a  une  difj'crenee  fo)icirre  et  primordi(de.  —  Qu'on  se  rappelle  main- 
tenant les  faits  relatifs  à  la  forme  réduite  des  racines  en  ë,  le 


144  Contractions  de  la  combinaison  ea. 

participe  latin  sa-fus  de  se  etc.,  qu'on  pèse  aussi  les  considérations, 
théoriques  développées  en  commençant^  et  Ion  ne  sera  pas  éloigné 
peut-être  d'admettre  la  supposition  suivante:  les  cléments  de  Vê 
seraient  les  mêmes  que  ceux  de  Va,,  leur  formule  commune  étant  a^  -f"  a. 

Nous  ne  sommes  pas  en  état  de  donner  les  règles  suivant 
lesquelles  la  soudure  des  deux  plionèmes  a  engendré  tantôt  ë  tan- 
tôt a.  Nous  faisons  seulement  remarquer  qu'une  telle  byjDothèse 
ne  lèse  point  le  principe  de  phonétique  en  vertu  duquel  le  même 
son,  placé  dans  les  mêmes  conditions,  ne  peut  donner  dans  un 
même  dialecte  deux  produits  différents.  Il  s'agit  en  effet  de 
voyelles  consécutives  (a^  -|-  -4)  qui  ont  subi  une  contraction.  Qui 
voudrait  nier  que  bien  des  facteurs  dont  nous  ne  savons  rien,  telle 
nuance  d'accent  dont  la  plus  imperceptible  suffisait  pour  modifier 
le  phénomène  ^,  ont  pu  être  en  jeu  dans  cette  contraction? 

Il  découle  de  l'hypothèse  Cjue  l'cj  de  ^a^ôg  et  Vco  de  d^a^iog 
sont  identiques. 

Quant  à  l'époque  de  la  contraction,  c'est  une  question 
que  nous  avons  déjà  rencontrée  à  propos  du  nom.  pi.  vulfos  et 
autres  cas  de  ce  genre  p.  91.  Toutes  les  fois  qu'on  observe  une 
variation  entre  Yë  et  Va  comme  pour  le  si.  spè-  en  regard  du  germ. 
spd-,  ce  sera  pour  nous  l'indice  c^ue  la  contraction  est  relative- 
ment récente  ^.   Mais  l'histoire  du  phénomène  se  décompose  très- 

1.  La  prononciation  des  diphthongues  lithuaniennes  ai  et  au  diffère 
du  tout  au  tout,  d'après  la  description  qu'en  fait  Schleicher,  selon  que 
le  premier  élément  est  accentué  ou  non.  Et  cependant  ai  et  ai,  du  et  au, 
sont  entièrement  identiques  par  Fétj^mologie. 

2.  L'échange  assez  fréquent  de  l'a  et  de  Vë  dans  la  même  langue 
s'explique  si  l'on  admet  que  les  deux  produits  divergents  de  la  contraction 
ea  continuèrent  de  vivre  l'un  à  côté  de  l'autre.  Ainsi  le  v.  h*-all.  tâ-t  à 
côté  de  tuo-m,  le  grec  v,C-xri-yii  et  v,i-xa-v(ù^  nri-(ia  et  nâ-&  (p.  152),  çi^-toiQ 
et  tlçàva;  le  lat.  mé-t-ior  et  mâ-teries.  —  Un  phénomène  plus  inattendu 
est  celui  de  la  variation  e-û  dans  le  même  mot  entx-e  dialectes  très-voisius. 
11  va  sans  dire  que  ce  fait-là  ne  saurait  avoir  de  rapport  direct  avec 
l'existence  du  groupe  originaire  ea.  Ainsi  les  mots  r/j3a,  7]}ii-,  î^Gvxoç,  •^njf- 
Qoç,  prennent  â  dans  certains  dialectes  éoliques  et  doriques,  r;  dans  d'au- 
tres. V.  Schrader  Stud.  X  31;^  seq.  La  racine  §â  donne  en  plein  dialecte 
d'Héraclée  §ov-^iJTiç.  En  Italie  on  a  l'incompréhensible  divergence  de 
Tojitatif  ombr.  iwrta-i(i  avec  s-ié-vi  (=  gr.  sHtjv).  Le  paléoslave  a,rèpa  en 
regard  du  lith.  rope  lequel  concorde  avec  le  lat.  râjm  etc.  M.  Fick  com- 
pare à  ce  cas  celui  du  si.  rèka  «fleuve»  opposé  au  lith.  roké  «pluie  fine> 


Contractions  de  la  combinaison  ea. 


14o 


probablement  en  une  série  d'éjmques  successives  dont  la  perspec- 
tive nous  échappe.  Rien  n'empêcherait  d'admettre  par  exemple 
(]ue  la  rac.  wc  «souffler»  ou  le  mot  hhràter  «frère»  aient  opéré  la 
contraction  avant  la  fin  de  la  période  proethnique. 

Pour  ce  qui  concerne  Xe  des  formes  grecques  comme  O'f-roV, 
il  sera  i)lus  facile  de  nous  faire  une  opinion  à  son  sujet,  lors({uc 
nous  en  viendrons  à  \'l  indien  comme  représentant  d'un  «bref.  11 
suffit  ])our  ce  qui  suit  de  remarquer  que  cet  l  est  la  voyelle  qu'il 
faut  attendre  en  samskrit  dans  toute  forme  réduite  d'une  racine 
en  li.  Abordons  maintenant,  en  y  faisant  rentrer  les  formes  des 
racines  en  ë,  l'étude  du  degré  réduit. 


C.    ETAT    nÉDUIT. 


Dans    les   deux  premières  formations   verbales   que   nous 
aurons  à  considérer  il  y  a  alternance  de  la  racine  réduite  et  de  la 


(IF  640).  Ici  riiypotlièse  d'une  métaphonie  produite  par  Vi  suffixal  qui  se 
trouve  dans  Vë  lithuanien  aurait  un  certain  degré  de  vraisemblance.  — 
Enfin  un  troisième  genre  de  phénomènes,  c'est  la  coloration  germanique 
et  éléenne  de  Vc  en  ïi  qui  est  un  souvenir  de  l'ancien  groupe  ea,  en  ce 
sens  qu'elle  indique  que  Ve  européen  était  en  réalité  un  a  fort  peu  diffé- 
rent de  l'a.  En  latin  même  on  a  vu  dans  Vue  de  saeclum,  Saeturnus  (cf. 
Suturnus)  l'essai  orthographique  d'exprimer  un  ë  très-ouvert. 

1.  Il  sera  bon  peut-être  de  résumer  dans  un  tableau  les  différentes 
espèces  d'à  brefs  et  à\i  longs  (c.-à-d.  doubles)  que  nous  avons  reconnues. 
Voici  les  a  du  gréco-italique  et  du  germanique  groupés  d'abord  unique- 
ment d'après  les  caractères  extérieurs: 


Gréco-italique 


Germanique 


En  marquant  la  relation  des  différents  a  entre  eux  on  obtient: 


Etat  primordial 

a 

0 

e 

ea  (a,) 

eç  (0,) 

02 

o,a  (I,) 

0^0  (0.,) 

Gréco-italique 


a 

0 

e 

ë   â 

ô 

0 

ô 

Germanique 

a 

e 

ê         ô 

5 

a 

Cf.  le  tableau  de  la  page  135. 


10 


]l46  Etat  réduit  des  racines  en  a. 

raciiie  pleine.  La  forme  pleine  (qui  n'apparaît  qu'au  singulier  de 
l'actif)  est  au  degré  1  pour  le  présent  (2®  et  S*"  classe),  au  degré  2 
pour  le  parfait. 

Présent  de  la  2"  classe.  Comparez 

skr.  âs-nii         sÏ-^l  (pâ-|uî     =  pliea-mi 

às-{s)i        d-g  <pà,-c      =  plie  a- si 

âs-ti  d-6i  cpâ-TÎ     =  pliea-ti 

s-mâs        i'-^EÇ  (pà-|uéc  =  plia- mes 

On  le  voit,  la  racine  2^^'ca  ou  plia^A  ne  se  comporte  pas  autre- 
ment que  la  racine  a^i ,  la  racine  a^s  ou  n'importe  quelle  autre 
racine.  èitC-Gra-iica^  verbe  déponent,  présente  \a  bref  régulier. 
Curtius  Verb.  I"  148. 

Le  sanskrit  a  presque  complètement  perdu  la  forme  faible; 
voy.  j)lus  bas. 

Pour  l'aoriste  non-thématique,  qui  est  un  imparfait  de  la 
2''  classe.  M,  J.  Sclimidt  (K.  Z.  XXIII  2^2)  nous  semble  avoir 
prouvé  surabondamment  ceci:  toutes  les  formes  grecques  qui 
n'appartiennent  pas  au  singulier  de  l'actif  et  qui  ont  une  longue, 
ainsi  ë-otâ-^av,  sont  des  formes  secondaires  faites  sur  le  modèle 
de  ce  singulier,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'un  genre  de  racines 
spécial,  les  racines  à  mctathèse  comme  TtXrj.  L'a  bref  est  conservé 
entre  autres  dans  ^cc-xyjv  de  è'-(iâ-v,  (pd-a-}i£vog  de  s-g)d-â-v,  dans 
€-do-^£v,  è'd^a-^av,  d-^sv^.  En  même  temps  M.  Sclimidt  affirme 
le  parallélisme  si  important  de  Va,  long  du  singidicr  avec  la  «gra- 
dation» telle  qu'elle  se  trouve  dans  hiu  en  regard  de  t^sv.  Dans 
l'aoriste  mêm*,  nous  connaissons  maintenant  des  formes  grecques 
à  gradation;  ce  sont  celles  qu'a  découvertes  M.  Brugnian  (v.  I^ci- 
trdge  de  Bezzcnherger  11  245  seq.  et  ci-dessus  p.  21),  ainsi  B-%Ev-a 
en  regard  de  ê-iv-xo. 

Sclileiclier,  dans  son  Conipcndium,  reconnaît  la  quantité 
variable  de  Va.  M.  ( -urtius,  tout  en  l'admettant  ])Our  le  présent 
et  l'imjuirfait,  est  d'avis  (|ue  l'aoriste  ne  connaissait  originaire- 
ment, que  la  voyelle  longue.  Mais  pouvons-nous  mettre  en  doute 
l'identité  formelle  de  l'aoriste  avec  l'imparfait?  Pour  ce  qui  est 
de  l'a  long  persistant  des  formes  ariennes,  l'aor.  à-pdtdm  n'est, 


1.   11  .semblerait,   si  l'araro   chez  Hd.sycliiiiH    iTcst   pas   corrompu   de 
?cîr«ro,  ([ue  l'arâv  ait  eu  uu  mo^'Cn  iaxa^ir}v. 


Etat  n'cliiit  des  racines  en  u.  147 

bion  entendu,  un  arg-uiuent  ù  faire  valoir  contre  la  2)rinior(lialité 
de  ^â-trjv  qu'à  la  condition,  de  regarder  aussi  le  présent  (pû^t  (pà^îv 
comme  une  innovation  par  rapport  à  pâmi  pâmas.  Il  existe  du  reste 
eu  sanskrit  des  restes  de  la  forme  faible  restreints,  il  est  vrai,  au 
moyen:  de  dhd  a-dhï-mahi  et  ))eut-être  dhï-maJd  (Delbnïck  p.  .-îO), 
de  8(1  (sa-t,  sa-Iii)  st-malii,  de  nia,  au  présent,  mï-maJie  (v.  ])()htl.- 
Rotli).  Puis  les  formes  incorporées  dans  le  paradigme  de  l'aoriste 
en  6'  connue  âsthita  et  ddJiita  que  cite  M.  Curtius  ^. 

Présent  de  la  3"  classe.  La  flexion  grecque  de  ï-arâ-fiL, 
ï-Ca-iiL  (cf.  aà-^a),  ÔL-ôa-iit,  tî-d-rj-^t,  ï-rj-^t,  est  toute  pareille  à 
celle  de  cpcc-^î.  Le  lat.  dà-mus,  dâ-te  etc.  reflète  la  forme  faible. 
La  2^  pers.  dûs  paraît  avoir  suivi  la  1"  conjugaison.  L'équivalent 
de  ôCdag  serait  ^' dos. 

Ici  le  paradigme  indien  n'a  point  perdu  les  formes  réduites: 
gà-hd-mi ,  {là-lui-si ,  gâ-hd-ti ;  pluriel  ^a-AZ-mas  etc.;  duel  ga-M-vâs. 
Au  moyen  on  a,  de  l'autre  racine  hd  (s'en  aller),  gi-Jû-se,  gi-hl-te, 
gi-lû-mahe  etc.  Ainsi  se  fléchissent  encore  md  «mesurer»  et  dans 
le  Véda  les  racines  ça  «aiguiser»,  fa- «donner»,  m  (rirïhi)  id.  La 
rac.  gd  «aller»  conserve  partout  la  forme  pleine,  uniformité  qui, 
d'après  tout  ce  que  nous  pouvons  observer,  doit  être  liystérogène. 
C'est  ainsi  que  dans  le  dialecte  védique  hd  «abandonner»  a  perdu 
lui-même  la  forme  faible.  —  Sur  dadniâs  et  dadhmâs,  v.  p.  179. 

Parfait.  L'mt  du  sanskrit  dadhaii  (3""  pers.  sing.)  nous 
semble  fournir  un  nouvel  indice  de  la  variété  primitive  des  a 
ariens.  Si  l'on  met  en  regard  dadhaii  et  £cû{-x£],  ârvau  et  ÎTtJta 
{(Ivaii  et  duco,  nau  et  vco),  aslaii  et  oxto),  on  se  persuadera  qu'il  y 
a  une  espèce  d'à  qui  en  sanskrit  se  change  en  au  à  la  fin  du  mot, 
et  que  cette  espèce  d'«  résulte  d'une  combinaison  où  se  trouvait 
a.,.  Les  formes  védiques  qui  sont  écrites  par  d  comme  paprà,  âçvà, 
indiquent  simplement  une  prononciation  moins  marquée  dans  le 
sens  de  Van  (peut-être  d°).  Partout  ailleurs  qu'à  la  fin  du  mot  la 
voyelle  en  question  est  devenue  d:  dvâdaça  en  regard  de  dvaûf 
dadhàtha  en  regard  de  dadhaii.  Dans  idx'sa,  hôtd,  sâkhd  (v.  §  12)  la 

1.  Pour  écarter  les  doutes  qui  pourraient  encore  surgir  relativement 
à  l'extension  de  la  forme  forte  telle  qu'on  la  doit  supposer  ici  pour  le 
sanskrit,  il  faut  mentionner  quà  l'optatif  en  -yâ,  le  phuiel  et  le  duel  de 
Wciiî  {dvihjàina ,  dvisi/âra  etc.)  sont  manifestement  créés  postérieurement 
sur  le  modèle  du  singulier.  V.  §  12. 

10* 


148  Etat  réduit  des  racines  en  ci.  —  Parfait.       ' 

non  apparition  à'au  peut  s'expliquer  1°  par  le  fait  que  n^  r,  i,  ont 
persisté,  très-probablement,  à  la  suite  de  1  «  jusqu'à  une  époque 
relativement  peu  reculée  —  on  a  même  prétendu  trouver  dans  le 
Véda  des  traces  de  Yn  et  de  Yr  — ,  2°  par  la  considération  que  l'a 
de  ces  formes  est  un  a.2  allongé  et  non  une  combinaison  de  «.,.  — 
Pour  les  jn'emières  personnes  du  subjonctif  telles  que  ây-a  (=  gr. 
£L'Co,  V.  }}.  127),  la  seconde  des  deux  raisons  précitées  serait  peut- 
être  valable.  Du  reste  ces  formes  ne  sont  connues  que  dans  un 
nombre  restreint  d'exemples  védiques  et  il  se  pourrait  que  Yd  y 
fût  de  même  nature  que  dans  paprâ,  ârvcl. 

Déterminer  les  formes  primitives  est  du  reste  une  tâclie 
malaisée.  L'hypothèse  que  la  désinence  de  la  1®  personne  du  par- 
fait actif  est  -m  (v.  j).  12,  42)  repose  sur  une  invraisemblance:  il 
faut  admettre,  nous  l'avons  vu,  c^ue  deux  personnes  distinguées 
l'une  de  l'autre  par  leur  forme,  le  germ.  "^vaitun  et  vait,  se  sont 
réunies  par  analogie  dans  une  seule.  Si  incompréhensible  que  sôit 
ce  phénomène,  la  nasale  est  indispensable  pour  expliquer  les 
formes  vaivo,  saiso,  dont  nous  nous  occupons.  Sans  elle  le  gothique 
ferait  '*vaiva,  *saisa,  et  ce  sont  en  effet  ces  formes  cj^u'il  faut  ré- 
tablir pour  la  3®  personne.  L'identité  de  la  1^  et  de  la  3®  pers. 
consacrée  dans  les  autres  prétérits  amena  une  réaction  qui  cette 
fois  fit  triompher  la  première.  En  sanskrit  *dadhâm  a  cédé  au 
contraii'e  à  dadJiaiî:  dadhaiî  lui-même  remonte  à  dhadluL,A-a ^.  — 
Les  Grecs  ont  dû  dire  d'abord  '^'ilcov  et  *f«.  Nous  soupçomions 
dans  Tiécpï]'  acpâvïj  (Hes.),  de  la  rac.  (pâ  qui  se  retrouve  dans  tte- 
g)^6£rai^  cc^icpàdôv,  un  dernier  reste  de  ces  formes  antiques  ^  11  est 
visible  que  le  sing.  */3é^?yv  Ç'^' (it(5y]d-a)  *(3£'/3j^,  *6C)v  (^l'aO'a)  "'•fco, 
doit  sa  perte  à  la  trop  grande  ressemblance  de  sa  flexioii  avec 
celles  des  aoristes  et  des  imparfaits,  et  c'est  là  aussi  ce  qui  a  pro- 
duit le  premier  germe  des  imiombrables  forimvtious  en  -xa.  Jus- 
qu'au temps  d  Homère  (Curtius  Verb.  Il  203,  210)  on  peut  dire 
que  les  formes  en  -xa  n'ont  ])as  d'antre  emploi  que  d'éluder  la 
flexion  *(iîftriv  *(it'(i>jd-a  '^'^t(irj:  elles  n'apparaissent  que  si  la 
racine  est  vocalique,  et,  dans  le  verbe  fini,  prescjuc  uniquement 

1.  Les  exemples  de  parfaits  glosés  dans  Hésycliius  par  des  aoristes  ne 
sont  point  rares,  ainsi  que  l'a  l'ait  voir  M.  Curtius  Stud.  IX  405.  —  11  faut 
considéna-  avant  tout  que  le  grec  ue  coniuiît  de  l'aoriste  non-tliéinati(iue 
redoublé  que  quchpics  formes  d'impéra'if  {y.tyiXvt£  etc.). 


Etat  réduit  de«  racines  on  d.  —  l'urfail.  149 

;iii  «iiio-iilier.  A  aucune  rpocjuc  le  iiiuycii  n(;  les  admet.  -  Dans 
les  )»''*'  personnes  comme  /i/'/^a-xf,  Jo)  xs  on  oljtient  en  retraiichant 
l'appeiulice -x£  le  type  |inr  du  ^rec  très-ancien.  —  Pour  les  con- 
jectures qu'on  peut  l'aire  sur  la  substitution  d'r]  et  d'à  à  a  dans 
r8Ùr]xa,  (itfiâxcc  etc.  nous  pouvons  renvoyer  à  la  page  154. 

Le  moyen  grec  ê-Ota-tai^  ôÉ-ôo-rcci,  na-Ttotai  etc.  conserve 
la  fornu^  faible  pure.  A  l'actif  (pluriel,  duel,  participe)  on  a  un 
certain  nombre  de  formes  comme  l'-6tà-^£v  etc.,  (is-^à-^av  Hnf  ), 
Tt'Xkà-^av.  Curtius  Verb.  11  109  seq.  Comparez  daC-ài-^iav  àaC- 
ôoi-xa  et  f-ôrà-^av  l'-Orrj-xa  (})our  * i:'-6ta}-xa). 

Les  formes  faibles  du  sanskrit  présentent  un  état  de  choses 
singulier.  L'i  qui  précède  les  désinences  et  qui  aj)paraît  aussi  de- 
vant \ev  du  suffixe  participial  {tasthimà,  daiUiisc,  yapivàn)  est  con- 
stamment un  i  bref.  On  a  par  exemple  papimâ,  papivàn  en  regard 
de  pl-tà,  l)l-ti,  pipi-sdfi^.  Jj'i  serait-il  la  même  voyelle  de  liaison 
([ue  dans  |7rt-2)^-/)Mtt  etc.,  et  Va  radical  a-t-il  été  élidé  devant  elle? 
Tant  qu'on  ne  connaîtra  pas  la  cause  d'où  dépend  la  quantité  de 
Vi  final  de  nos  racines,  il  sera  difficile  de  trancher  cette  question. 

Présent  en  -ska  (v.  p.  22).  Grec  (iô-dxco,  cpâ-axa. 

TnîcMES  NOMINAUX  EN  -ta  (cf.  p.  14,  23).  Formes  indiennes 
oÔrant  un  i  bref:  cJii-tâ  «fendu»  (aussi  chëta),  di-tâ  «attaché»  de 
dd  dans  daman  etc.,  di-fâ  «coupé»  de  dâ  dati  (on  trouve  aussi 
dinâ,  data  et  en  composition  -tta^,  mi-tâ  «mesuré»  de  i)iîl  mâti, 
ri-tà  (aussi  çata)  «aiguisé»  de  çâ  çîçâti  (f.  fble  çîçl-),  stJd-tâ  de  sthâ 
«se  tenir  debout».  Le  part,  sl-td  «attaché»  vient  de  se  (d'où  entre 
autres  siset)  plutôt  que  de  sa  (dans  sâJii).  —  Formes  offrant  un  * 
long:  gî-fâ  «chanté»  de  ga  gàyati,  dhl-tâ  de  dlia  dhàyati  (inf.  dhâ- 
tave),pl-fâ  «bu»  àepëpâti,  spln-tâ  de  spha  splmjatc  «croître».  La 
formation  en  -tvâ  étant  parallèle  aux  thèmes  eu  -iâ,  nous  men- 
tionnons hl-trd  (aussi  hi-tva)  de  ]i(i  gàhutl  «abandonner»  dont  le 
participe  fait  lû-nà;  cf.  gahita  et  iiggliita.  —  L'a  s'est  introduit 
dans  cjuelques  exemples  comme  rd-tà  de  rd  ràti,  malgré  ririlil  et 
autres  formes  contenant  Yi.  Sur  dhmdfâ,  trdtà  etc.,  v.  le  chap.  VI. 

Formes  grecques:  (îra-roV,  çoa-rog,  av-^o-ros-,  ôo-tos,  7to-r6g, 
(}Vv-ds-Tog,  avv-£-t6g,  Q-a-tog.  J.  Schmidt  loc.  cit.  280. 

1.  On  a,  il  est  vrai,  l'optatif  du  parfait  védique  papiyât,  mais,  outre 
que  cette  forme  n'est  pas  concluante  pour  la  flexion  du  thème  de  l'indi- 
catif, l'î  peut  y  résulter  d'un  allongement  produit  par  y.   Cf.  gakslycd. 


150  Etat  réduit  des  racines  en  a. 

Formes  latines:  cà-tus  =  skr.  cita,  stà-tus,  dà-tus,  râ-tiis,  sà- 
tus.  Cf.  fàteor  de  ^'fà-to-,  nàtare  de  *na-to. 

En  gothique  sta-da-  «lieu». 

Thèmes  nominaux  en  -ti  (cf.  p.  15^  23).  Sanskrit  stJu-ti, 
Ifi-ti  «action  de  boire»,  pl-ti  «protection»  dans  nr-pUi,  splfi-ti  à 
côté  de  splm-tij  etc.  —  Grec  atâ-6Lg,  gja-rtg,  xa-rig  (Hes.)  d'où 
Xàrt^co,  ^6-6Lg,  d6-6ig,  Tiô-dig,  mais  aussi  d(3-tig  (inscr.)  et  a^-TCca- 
ttg,  ôs-Oig,  ccq)-s6ig,  d-é-Gig.  —  Latin  stà-fio,  rà-tio,  af-fà-tim 
(p.  142). 

Thèmes  nominaux  en  -ra  (cf  p.  157).  Sanskrit  stlii-râ 
(compar.  sthéyas)  de  stlm,  spld-râ  de  splid^  nï-rd  «eau»,  v.  p.  101. 

L'I  est  comme  on  voit  le  seid  représentant  indien  de  Ta,  bref 
finissant  une  racine ,  sauf,  à  ce  qu'il  semble,  devant  les  semi- 
voyelles  y  et  V,  où  Va  peut  persister  comme  dans  dâyate  qu'on 
compare  à  dato^ca,  dans  yà-v-âm  =  fio-f-cov  (v.  §  12).  L'a  de 
dâda,mdna  nest  pas  le  continuateur  d'un  a  indo-européen:  il  in- 
dique simplement  que  la  forme  a  passé  dans  la  flexion  théma- 
tique. Sur  l'a  de  niadhu-pà-s  v.  p.  177.  —  Le  zend  a  tellement 
favorisé  les  formes  fortes  des  racines  en  a  (ex.:  data,  -çtàiti,  en  re- 
gard du  skr.  Jiitâ,  stJiiti)  que  c'est  à  peine  si  l'on  peut  encore  con- 
stater que  Vi  dont  nous  parlons  est  indo-iranien.  On  a  cependant 
vl-mita,  mrto-miti  de  ma  «mesurer»  ei  pitar  «père»^  L'i  existe 
aussi  dans  l'anc.  perse  pità.  11  est  à  croire  que  les  formes  comme 
frnorcn-àta  et  painharcn?inulia  ([ue  M.  Justi  place  dans  la  9°  classe 
verbale  sont  en  réalité  thématiques.  Leur  a  ne  correspond  donc 
pas  à  Yl  sanskrit. 

IL   Racines  contenant  tin  n  médial. 

Les  phonèmes  .i  et  f',  suivis  d'une  consonne,  ne  se  compor- 
tent pas  autrement  que  lorsqu'ils  terminent  la  racine.  Le  rapport 
de  Xâ9  à  cid  est  à  cet  égard  celui  de  Treu6  à  TiXeu  ou  de  bepK 
à  cpep. 

C'était  donc  une  incoiisécjuence  de  notre  ])art  que  de  dire, 
iiu  cliii]).  IV:  les  racines  dltAbh,  Ia}),  tout  eu  disaut:  la  racine  st^; 


1.  Pntar  est,  paraît-il,  nnc  fausse  leçon.  V.  Hûbschmann  dans 'le  dict. 
do  Fick  11-  799. 


Forme  véritable  de  certaines  racines  grecques.  151 

c'est  d/tAbh,  kAp  (=  dha^.\bh,  Ica^Ap)  qui  sont  les  vraies  racines. 
Mais  cette  notation^  avant  d'être  motivée,  n'aurait  pu  que  nuire 
il  la  clarté. 

C'est  en  grec  que  le  vocalisme  des  racines  contenant  un  a 
médial  s'est  conservé  le  plus  fidèlement.  Celles  de  ces  racines 
(pii  finissent  par  une  sonante,  ainsi  -O-âA,  àâv,  ne  seront  pas  com- 
prises dans  l'étude  qui  suit.  Elles  trouveront  une  mention  à  la 
fin  du  paragrai)lie.  —  Tout  d'abord  nous  devrons  déterminer  la 
forme  exacte  des  principales  racines  à  considérer.  11  est  fréquent 
que  des  phénomènes  secondaires  la  rendent  à  peu  près  mécon- 
caissable. 

Nous  posons  en  principe  que  dans  tout  présent  du  type  navQ'âvoj  on 
a  le  droit  de  tenir  la  nasale  de  la  syllabe  radicale  pour  un  élément  étranger 
à  la  racine,  introduit  pi-obablcment  par  épenthèse.  Bien  que  la  chose  ne 
soit  point  contestée,  il  est  bon  de  faire  remarquer  que  les  jjrésents  comme 
li^iTtâvù),  Tcvv&âvo^ai,  dans  lesquels  la  nasale,  d'après  ce  qui  est  dit  p.  125, 
ne  peut  pas  être  radicale,  rendent  à  cet  égard  le  doute  impossible. 

I.  1.  Rac.  cFà6.  La  nasale  n'appai'aît  que  dans  àvëàvoi  pour  "^'àôvo^. 
Il  n'est  donc  pas  question  d'une  racine  afavô.  2.  Rac.  KâQ,  prés,  hcv- 
&âv(û.  Même  remarque.  Cf.  p.  01.  3.  Rac.  Xâqp.  Le  prés,  la^^ûvco  se  ra- 
mène à  *Xacpvoi^.  La  thèse  de  M.  J.  Schmidt  (Voc.  I  118)  est:  1°  que  la 
nasale  de  Aafi/îâvw  est  radicale;  2°  que  Ir'irpofiat.,  Xrjntôg,  sont  sortis  des 
formes  nasalisées  que  possède  le  dialecte  ionien:  Xâfiipo^ai,  Xaunzôg  etc. 
On  pourrait  demander,  pour  ce  qui  est  du  second  point,  pourquoi  la  même 
transformation  ne  s'est  pas  accomplie  dans  Xâiiipco  (de  Xâunco),  dans  KÛ^^pco, 
yvci^ntôg,  zXây^co,  TtXccynvôg  etc.  Mais  ce  serait  peut-être  trancher,  à  pro- 
pos d'un  cas  particulier,  une  question  extrêmement  vaste.  Nous  devons 
donc  nous  contenter  ici  d'avancer  que  toutes  les  formes  du  verbe  en  ques- 
tion peuvent  se  rapporter  à  Kucp,  que  plusieurs  en  revanche  ne  peuvent 
pas  être  sorties  de  Xaiiicp.  De  l'avis  de  M.  Curtius,  les  formes  ioniennes 
tirent  leur  nasale  du  présent  par  voie  d'analogie.  4.  Racine  Qâcp.  De 
quelque  façon  qu'on  doive  exi^liquer  Q-à^fiog  (=  ^d-acpvog?),  l'aor.  txàcpov 
et  le  parf.  té&âncc  indiquent  que  la  nasale  n'est  2)as  radicale.  Le  rapproche- 
ment du  skr.  staiiibh  est  douteux,  vu  les  phénomènes  d'aspiration  des  mots 
grecs. 

II.  liacines  qu'il  faut  écarter.  1.  A  la  page  103  nous  avons  ramené 
Xciyxdvco  à  une  racine  Xeyx-  On  s'explique  facilement  la  formation  de  d'Xrixa 
à  côté  de  l'ancien  XiXoyxa  par  le  parallélisme  de  Xayxâvio,  è'Xaxov 
(=  Xkxvcù,  èXnxov)  avec  Xa^^âvco,  tXu^ov  (==  XaI^vco,  tXA^ov).  2.  ;^avd«j'co 
pour  ;^o:5i'(»  (=  ;i;nâ'vaj)  vient  de  X^vb,  comme  le  prouve  le  fut.  %£L60n,at. 


1.  Devant  n,  ph  devient  f,  v,  h;  puis  i'Xct^ov  prend  h  par  analogie.  Cf. 
Q-iyyâvto,  è'&t.yov  en  regard  de  rsixog. 


152  Forme  véritable  de  certaines  racines  grecques. 

Le  parfait  n'est  pas  si  bien  conservé  que  pour  Xejx:  il  s'est  dirigé  sur  le 
présent  et  fait  Kéxc(vda  au  lieu  cle  *iitxovSa.  —  Les  formes  grecques  se 
rattachant  à  ôâ-uva  conduiraient  à  une  racine  bâK;  mais  les  formes  in- 
diennes sont  nasalisées.  Or  nous  ne  pouvons  pas  admettre  de  racine  dAnlc 
(v.  p.  182).  Il  faut  donc  supposer  que  la  racine  est  da^nk.  Alors  ââ^vw, 
l'ôa-Kov ,  sont  pour  d/iK^a),  sdn'uov,  et  toutes  les  autres  formes  grecques, 
comme  drj^ofiai,  drjyjia,  sont  engendrées  par  voie  d'analogie.  Mais  par  là 
même  on  est  autorisé  à  s'en  servir,  en  les  faisant  dériver  d'une  racine 
fictive  bôK.  L'a  du  v.  li*-all.  zanga,  d'après  ce  qui  précède,  est  un  o^) 
non  un  a. 

IIL  II  y  a  des  couples  de  racines  dont  l'une  a  n  ou  m,  l'autre  a  pour 
coefficient  sonantique,  ex.:  g^a-^m  et  g^a^A  «venir».  Les  seules  qui  nous 
intéressent  ici  sont  celles  du  type  B  (p.  8).  1.  Le  grec  possède  à  la  fois 
|LievB,  prouvé  par  n8v&rjQcci,  et  )uâB,  prouvé  par  i7ci-^â&r]ç.  Les  formes 
faibles  comme  (la&stv,  fiKvd^cîva  {*(icid^va))  peuvent,  vu  le  vocalisme  grec, 
se  rapporter  aux  deux  racines.  2.  Pev9  {§év&oç)  et  pâG  (^riaaa);  §a&vg 
peut  appartenir  à  §sv&  aussi  bien  qu'à  pâ&  (v.  p.  24).  3.  irevG  et  TiàQ  (cf. 
p.  61).  Quoique  les  formes  m^aoïiai  =  Trstffofiofi  et  TTTjffKç  =  na&c6v  ne  re- 
posent que  sur  de  fausses  leçons,  l'existence  de  ttôG  est  probable  pour  deux 
raisons;  1°  ttév-G  suivant  l'opinion  très-vraisemblable  de  M.  Curtius,  est 
une  amplification  de  trev.  Or,  à  côté  de  irev,  nous  avons  Trr|  ou  ira  dans 
TT^-fiK^  2°  Si  les  ce  de  nciaxto,  na&eiv  etc.  peuvent  s'expliquer  par  une  raie. 
Tiev-G,  en  revanche  l'a  du  lat.  pa-t-ior  suppose  nécessairement  une  basera 
et  non  pen  ~. 

IV.  Parmi  les  racines  mal  déterminées  dont  nous  parlions  à  la  p.  59, 
celle  de  Tirjywfii  n'est  peut- être  pas  un  cas  désespéré.  Il  n'est  pas  trop 
hardi  de  s'affranchir  de  la  nasale  du  parfait  gothique  *fefanh  (faifah)  et 
de  la  rapporter  comme  celle  du  lat.  panxi  (cf.  pepigi)  à  la  formation  du 
l)résent  que  présente  le  grec  nrjyvvjii.  Ainsi  nous  posons  la  racine  jhig  (ou 
2^2^).  En  outre,  pour  ce  qui  regarde  le  grec,  nous  disons  qu'il  n'y  a  pas  eu 
infection  de  la  racine  par  la  nasale  du  suffixe,  que  nrj^ai  par  exemple  n'est 
pas  lîour   <.^ 7tccyè,cci».     Ceci  revient   à  contester  que    nrjyvvfii    soit    pour 


1.  Pour  le  fait  de  l'amplification  cf.  (j,sv-&  et  nâ-9-  qui  viennent  de 
7nen  et  via  (fif/riç),  ^iv&  et  ^ûQ-  qui  viennent  de  g.,cm  et  g.^â  etc.  Curtius 
Grdz.  65  seq.  Dans  plusieurs  cas  l'addition  du  déterrainatif  date  de  la 
hmgue  mère;  ainsi  ^fv-Q-,  ^â-&,  (îâ-qp  {^ânTco),  ont  des  corrélatifs  dans  le 
skr.  gam-hh,  gâ-dh,  gâ-h.  D'autres  fois  elle  n'a  eu  lieu  évidemment  que 
fort  tard  comme  dans  le  gr.  Sccq-&  «dormir»  ou  dans  nsv-Q-.  Ces  derniers 
cas,  considérés  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  la  langue,  ne  laissent  pas 
que  d'être  embarrassants.  Un  ne  voit  guère  par  où  l'addition  du  nouvel 
élément  a  pu  commencer. 

2.  Nous  nous  en  tenons  à  l'ancienne  étymologie  de  naO'sîv.  Dans  tous 
les  cas  celle  de  Grassraann  et  de  M.  J.  Schmidt  ne  nous  semble  admissible 
qu'à  la  condition  d'identifier  hddh  non  à  nsvQ',  mais  à  nâ&. 


Les  racines  contemiiit  un    i  iiK'dial,  en  ffrcc.  153 

^nayvvfii ,  *Tcayyvvni ,  comme  le  veut  M.  J.  .Schmidt  (Voc.  I  i\î>).  Voici 
lt'8  raisons  à,  fair(!  valoir:  1"  Bien  que  la  règle  doive  faire  en  effet  attendr»; 
'''nayvviii,  les  cas  comme  ôfUvv^i,  ^evyvvin,  montrent  de  la  manière  la 
plus  évidente  qu'il  y  a  eu  devant  -vv,  introduction  secondaire  de  la  forme 
forte.  M.  Sclunidt,  il  est  vrai,  tient  que  et,  sv,  sont  eux-mêmes  pour  iv,  w, 
mais  sur  ce  point  l'adhésion  de  la  plupart  des  linguistes  lui  a  toujours  fait 
défaut.  2"  D'après  la  même  théorie,  Qr'iyvvfii  serait  jiour  *Qàyvviii  (cf. 
^Qçâyrjv).  Donc  les  Doriens  devraient  dire  {>dyvv^i,  mais  ils  disent,  au 
présent  (Ahrens  II  132),  Qr'iyvv^i..  Cela  établit  l'introduction  pui'e  et  simple 
de  la  forme  forte. 

La  loi  qui  préside  à  l'apparition  de  1V<  long  ne  se  vérifiera 
})as  pour  toutes  les  racines.  Certains  verbes,  comme  %^ânxco  ou 
lâmca,  ont  complètement  renoncé  à  Va  long.  Nous  reviendrons 
sur  ces  cas  anormaux  (v.  p.  157  seq.). 

Nous  passons  à  l'examen  des  principales  formations  ver- 
bales.  Sauf  une  légère  inégalité  au  parfait  actif,  le  verbe  lâ^œ 
conserve  le  })aradigme  dans  sa  régularité  idéale.   Comparez 
rpevyo)     scpvyov     Ttacpsvya     nscpvy^iivog     q)evè,o^ai,         (pvxrog 
ka&oj  ^     eXà&ov     Xékâd'a       Xekà^^évoç      XàGo^ai  -Xàôxog 

(Icatho     elathon     leleatha       lelasmenos       lea(th)somai     lastos) 

Présent  de  la  1"  classe  (cf.  p.  12G).  Outre  Xad-co,  on  a 
d-âya^  xâôco,  tdxœ,  adorai,  puis  ûiÎTta  et  r^rjyœ  dont  ïr),  vu 
£6(ï7ir}v  et  T^iâysv,  représente  â,  et  sans  doute  aussi  ô^'jco.  Avec  o: 
xlcôû-co^  TQcôyco^  (pcôyco'^  de  plus  QG}(^G)o^iaL^  ;^«((?)o^n:t  (p.  173). 
Curtius  Verb.  P  '228  seq.   Sur  le  prés,  ô^ko}  v.  ibid. 

Aoriste  thématique  (cf.  p.  9,  20).  En  regard  des  présents 
Xàd^co,  ddo^ai,  *r^éyc)  (r^rjya))  on  a:  è'-kà&o-v,  6-vàôo-v,  Ôl-£- 
t^àyo-v.  Il  est  permis  de  restituer  à  màxcov  un  présent  '"^'Ttrâxa. 
La  longue  de  TiTi^oca  est  incompatible  en  principe  avec  la  for- 
mation en  -ya.  L'origine  récente  de  ce  présent  est  donc  aussi 
transparente  que  pour  (pœ^œ  à  côté  de  (pcoyco.  La  longue  des 
présents  fait  défaut  pour  e-lal^o-v,  s-Xàxo-v,  simplement  parce 
que  ces  présents  ne  suivent  point  la  1°  classe;  au  parfait  l'a  long 

1.  La  rac.  XâQ  est  sortie  de  lu  (p.  61)  comme  TT\ri-6  de  Tr\r|,  mais  le 
paradigme  qui  lui  a  été  imposé  était  ancien.  —  Il  va  sans  dire  que  leathô 
est  une  transcription  schématique,  destinée  seulement  à  mettre  en  évi- 
dence la  composition  de  Va  long;  à  l'époque  où  les  éléments  de  cet  « 
étaient  encore  distincts,  l'aspirée  eût  été  probablement  dh. 


154  Les  racines  contenant  un  A  niédial,  en  grec. 

reparaîtra.  De  Ivjc  vient  ^ovaQœ  pour  ^oGé-ad-a  (Grdz.  G 11). 
Sur  les  aoristes  isolés  tels  que  ëçpayov  v.  p.  161. 

L'aoriste  thématique  redoublé  (cf.  p.  10,  20)  a  le  même 
vocalisme  radical  que  l'aoriste  simple:  Xé-Xàd-o-v,  Is-làjié-ad-ai, 
le-Xâxo-vTO,  7i£-7iàyo-Lr]v  (Curtius  Verb.  II  29).  Au  contraire 
i-^B-^)-\}io-v  est  uu  plus-que-parfait  (ibid,  23). 

Même  affaiblissement  à  l'aoriste  du  passif  en  -\]  (cf. 
p.  46  i.  n.):  de  cûtt  i-aan}]-v,  de  tôk  è-rccxr]-v,  de  Tjaâf  t^âyav. 
De  FâY,  Homère  emjîloie  à  la  fois  àyr]  et  è-âyr]. 

A  l'aoriste  non-thématique  (cf.  p.  21,  146)  à<5-^Evos  est 
à  cFâb  ce  que  %v-^Bvog  est  à  xeu. 

Parfait.  Aux  principaux  présents  à  voyelle  longue  cités 
ci- dessus  correspondent  les  parfaits  Xé-Xa%'-a,  7cé-xâd-a,  xé- 
TÛK-a,  t-ccd-ci  (lié  parle  sens  à  avdâvco)^  as-Oi^Tt-a,  soit  ^'ôé-Gân-a. 
—  Répondant  à  des  présents  de  diverses  formations  qui  con- 
tiemient  ime  voj^elle  longue:  fi£-^i]x-œg  (}i7jxdo^ttL),  ë-7cxy]%-a 
'(Ttr^Gôa),  é-ây-a  (ëyvvnv),  Tté-Ttrjy-a  (Tt^yw^t)  etc.  —  Répondant 
à  des  présents  de  diverses  formations  qui  contiennent  une  voyelle 
brève:  Xé-Xrjx-a  (Xdaxco),  al'-Xricp-cc  (Xa^^ava),  X8xr}(p8  Hes. 
(xaTCva)  et  d'autres,  comme  ■Jié(pr]va^  qui  se  trouvent  appartenir 
au  genre  de  racines  dont  nous  faisons  abstraction  provisoirement 
(v.p.  151).  Le  parf.  TÊ-O-f^TT-an'a  point  de  présent  proprement  dit. 

Soit  à  l'aoriste,  soit  ailleurs,  les  racines  de  tous  les  parfaits 
précités  présentent  quelque  part  un  a  bref.  La  longue  au  parfait 
singulier  est  normale,  puisque  cette  formation  veut  la  racine 
pleine.  Mais  nous  avons  a^,  et  la  règle  demande  a.^:  on  devrait 
trouver  «Ae'/lw'O-ft»  etc.  de  même  que  pour  les  racines  finissant  par 
Â.  on  attendrait  €^i(itoxa,  êGtaxa»  etc.  (p.  140).  C'est  là  un  des  cas 
assez  fréquents  où  le  phonème  ^^  manque  à  l'appel  et  où  il  est 
difficile  de  décider  comment  au  juste  il  a  du  disparaître.  Est-ce 
que,  avant  la  contraction,  ca  s'est  substitué  à  oa?  Nous  voyons 
de  même  la  diplithongue  ov,  sur  le  point  de  périr,  se  faire  rem- 
placer ])ar  6v.  Y  a-t-il  eu  au  contraire  une  réaction  du  présent  sur 
le  parfait  postérieure  à  la  contraction?  On  pourrait  recourir  à 
une  troisième  conjecture:  la  ])résence  de  a.^  à  la  première  i)er- 
soime  n'étant  garantie  ])ar  aucun  fait  décisif  ()>.  72),  la  flexion 
primitive  a  peut-être  été:  1"  ]>.  XtXâiya,  iV  p.  ^Ae'AwO'f  ;  plus  tard 
l'a  se  serait  généralisé.  Quoi  (|u'il  m  .soit,  nous  possédons  encore 


Les  racines  contenant  un  A  modial,  on  grec.  155 

(lo.s  vt^sti^es  de  Vco  du  ])arf'ait  qui  ne  semblent  point  douteux:  ce 
sont  le.s  formes  doriques  rfd-rjy^îvob'  fit^t^vô^tvot,  rs&axrai' 
t€dv^03TuL  (Kes.)  de  d-dyco.'  L'co  s'est  communiqué  à  l'aoriste 
dans  d-à^at  et  &G)x^etg  (Ahrens  II  182),  Du  reste^  même  dans 
té^coxtkc  et  TfO'ojyfifcVot ,  il  ne  peut  être  qu'emprunté  au  singulier 
(le  l'aetil'  (pii,  par  hasard,  ne  nous  est  pas  cojiservé.  De  j)lus,  à 
côté  de  J-ccva^,  ou  a  le  jiarf.  avaya.  Cette  forme  sans  doute 
jiourrait  être  plus  probante  si  l'on  en  connaissait  mieux  la  racine. 

Au  pluriel,  au  duel,  au  i)articipe,  et  dans  tout  le  moyen  Va 
long  ne  peut  pas  être  ancien.  La  flexion  primitive  était:  réd^àya 
ou  tt&coya,  ttd'ayag,  réd-ays,  ^téd-ày^sv,  '"^'rad-àyâg;  moy.  *T£- 
^ày^ai.  Les  témoins  de  la  forme  faible  sont  les  participes 
l'('minius  homériques  ^sXàxvta,  ^e^iaKvtccL;  on  peut  citer  aussi 
Tsd-àlvia,  ôtaàçvta  et  aQàQvta  (Curtius  Verb.  II  193).  Le  mas- 
culin a  toujours  tj,  peut-être  en  raison  des  exigences  du  vers.  En 
tous  cas  cette  différence  n'est  pas  originaire.  —  A  côté  de  xéxtjtps, 
on  a  xexàq)rjcûg,  et  le  moyen  de  léÀrjd-s  est  dans  Homère  XéXàOraL, 
part.  XslàO^évog. 

Aoriste  sigmatique  et  futur  (cf.  p.  128  seq.).  Les  formes 
sont  régulières:  laao^ai  de  AttO^œ;  xài,(o  de  xdxco;  ijGaro  (Hom.) 
de  âôoficcL;  nâ^co,  ènâ^a  de  nâyvv^i]  ènrà^a  de  Tcrdôôc);  —  ôcc^o- 
fiat,  éôrj^d^rjv  (dans  Hippocrate  d'après* Veitch)  de  daxvco;  Xarpo- 
^cci  de  ka^jiccva. 

Parmi  les  FORMATIONS  nominales,  nous  considérons  d'abord 
celles  où  se  montre  l^-   ^^-  P-  l^l* 

Thèmes  en  -o  et  en  -rj.  De  Fax  «briser»,  xv^at-ayi]. 
Malheureusement  on  pourrait  supposer  une  contraction  de  xv- 
}iato(J^)ayr];  mais  la  même  racine  donne  encore  lœyi]  (Grdz.  531). 
La  racine  qui  est  dans  le  lat.  capio  forme  xœjiï].  Aco^r]  en  regard 
de  Icibcs  (les  deux  mots  ne  peuvent  guère  être  identiques).  De 
|LiâK,  dans  iiâxoâa  (et  non  naxxoâco,  v.  Pauli  K.  Z.  XVIII  14,  24), 
vient  ficôxog;  de  niâK,  Tircoxôg.  De  &aâ(j6co,  d^ôaxog.  Sous  le 
rapport  du  vocalisme  radical,  le  gr.  co^og  est  au  lat.  àmanis  ce 
que  -XoL%6g  par  exemple  est  à  kixavôg.  A  ^'ri%ci  aijpartient 
ïl'àxog'  yij  xlja^^c6ô)]g;  Va  se  trouve  dans  il^âxt^Q  etc.^     Si  l'on 

1.  Pour  la  signification  v.  Ahrens  II  343. 

2.  Il  est  vrai   qu'il  y  a  aussi  un  verbe  ipâxco  dont  le  rapport  avec 
iprjxco  n'est  pas  bien  clair. 


156  Les  racines  contenant  un  a  médial,  eu  grec. 

rattache  <joxv<;  l\  la  rac.  dx,  il  a  a.2-  L'oj  de  ccycoyôg  et  uxaHrj  aurait 
une  plus  grande  vaitrir^aas-ia-rfid„uiilication. 

Thèmes  sans  suffixe.  De  même  que  vpXey  Juiiiic  (jpÀol,  de 
même  TiTâK  donne  iixo:^.  De  Oair  ou  Oâ(p  «admirer»  vient  -O-cô^  «le 
flatteur»  comme  cela  ressort  de  ^y]TCcov  f^a;r«Ta5v,  xolccKevov^ 
Q^av^ât^cav  et  d'autre  jmrt  de  cette  définition  de  ■d'coxl':  6  ftfTfc 
Q^av^aô^ov  èyxa^Laôtrjg  (Hes.).  Le  verbe  ^cônrco  ne  peut  être 
qu'un  dérivé  de  &(64'  comme  Tcrâcda  l'est  de  7trc6^. 

Thèmes  de  diverses  formations.  A  côté  de  âx^vg:  coxçôg-^ 
cf.  xcôça  (p.  138).  A  côté  de  Xccyvog:  kayrcg'  TtÔQvrj',  cf.  oAxag, 
vo^iâg,  OTioçâg,  roxccg  etc.  M.  Bugge  (Stud.  IV  337)  rapporte 
vcôyaXov  «friandise»  à  un  verbe  qui  a  dû  être  en  germanique 
*snaka,  *sndJi.  On  a  réuni  xvâôakov  (et  xvcôôœv)  à  xvaôâlXttaf 
xvïi^srai',  toutefois  xvco^',  xvcoTtEvg,  en  sont  bien  voisins.  IIçco- 
rsvg  vient  peut-être  de  la  rac.  j)rj^  qui  est  dans  le  goth.  frajtjan. 

Les  exemples  de  «  pour  a  ne  manquent  pas:  OôtY  donne  ^t]y6ç^ 
6âTT  d-rjTiov  d-av^iaarôv;  Tây  rayôg  (cf.  iràyrjv)]  Fœf  forme,  en 
même  temps  que  xv^aT-coyy'j^  vav-ayôg  et  ■i]y6v  xarsayog. 

De  même,  qpep  doimant  gDO()fto,  Xûk  devrait  donner  «laxéco». 
La  forme  réelle  est  {sTitJXrjXèa:  elle  est  régulière  pour  la  quantité 
de  la  voyelle,  irrégulière  pour  sa  qualité.  Même  remarque  pour 
éyso^ccL,  &âkéa  etc. 

Les  FORMATIONS  DU  DEGRE  1  auront  dans  nos  racines  l^. 

Thèmes  en  -7)ian  (cf.  p.  130):  tTiL-XccO^wv;  Xrj^ficCy  ôrjyfKx^ 
TCtjy^a  (Eschyle). 

Thèmes  en  -as  (cf.  p,  120):  aÔog,  xâôog,  ^ccxog,  â-kâd-r'jg, 
iv-{/)â')[Yig  (cf.  iàxri).  Les  suivants,  plus  isolés,  ne  sont  pas  ac- 
compagnés de  formes  ayant  Va  bref:  ^làiog^  ànog  (fatigue,  dans 
Euripide);  à-t,ri%)'ig^  d-6Kr}&r]g,  xrirog,  rij&ug.  Exemple  contenant  o: 
vco&rjg  en  regard  de  vôd^og. 

La  meilleure  preuve  de  la  postériorité  de  formations  comme 
^âkog,  ^('c&og  (Eschyle),  ce  sont  les  composés  veodrjhjg,  èm- 
^rj&yjg,  où  subsiste  la  longue.  C'est  ainsi  encore  que  Thomérique 
fVTirjy^g  est  remplacé  plus  tard  par  evTiàyrjg.  Peut-être  la  brève 
(le  ('(yog  =  skr.  àfjas  (p.  117)  comporte-t-elle  une  explication 
iiualogue  malgré  risolejucnt  de  ce  mot. 

Thèmes  (>n  -y<is  (cf.  }).  LK»}.  Ou  a  le  superl.  ^axtCrog  (|ui  est 
à  ^axQÔg,  et-  que  le  skr.  l'scpistha  est  à  Islprâ.   (Juaut  à  Ycl  long 


Les  racines  contenant  un  .1  niodial,  en  grec.  157 

qui  se  manifeste  dans  l'accontuatioii  des  comparatifs  neutres 
[ià()60Vj  d-àôGov^  ^àllov,  il  l'st  prudent  de  ne  rien  décider  à  son 
('<^'ard,  d'autant  plus  que  le  dialecte  lioiaéri([ue  Ji'admet  pas  Vrj 
dans  ces  fonues.  M.  Ascoli,  d'accord  en  cela  avec  d'autres  savants, 
les  explique  par  la  même  infection  qu'on  observe  dans  ^tîtav 
(Kritisclie  Studien  p.  120).  M.  Ilarder  (De  alpha  vocali  ajmd  Honi. 
produda,  \).  104)  cite  des  témoignantes  ])Our  l'afceutuation  ^ûocov 
et  ^('iXlov. 

Les  THÈMES  QUI  HE.TKTTENT  a.^  auront  .(  autoplitlioiif^ue: 

Thèuies  en  -va.  ('(U'taius  d'eutre  eux  comme  GcpoàQog^  03;^()0i,' 
(]).  15(5)  ])rennent  «^.  Un(!  seconde  série  affaiblit  la  racine^  par 
exemple  At/J()o'ç,  TtLKQÔg^  atKpQog,  de  Xei^,  ttcik,  cieicp;  kvyQÔg, 
il^vÔQÔg,  de  Xeuy,  H^eub-,  ikacpQog  de  "'Xe^X;  sanskrit  Jcsiprâ,  chidrâ  de 
Iscp,  rJicd]  ruh'd,  çiihhrd  de  roc,  rohJr^  (/rdJtrd,  srprd  de  gardh,  sarp; 
o-eruuini(|ue  dl(jra-  «épais^>  de  de'xj^  indo-européen  rndhrd  <a-ouge;> 
dera^îidh.  De  même,  cârr,  soit  s<(^.\p,  fait  GaTiQÔg]  \xâx  fait  ft«;f()og • 
Xd9  donne  IccQ'Qa.  On  peut  placer  ici  xày.SQ6g  de  tSk  et  TcdysQÔg 
de  TTÛY,  si  l'f  y  est  anaptyctique;  cixçog  de  «k  est  régulier  aussi, 
sauf  l'accentuation. 

Thème  en  -n  (cf.  p.  15,  23):  taxvg. 

Thèmes  en  -ta  (cf.  p.  14,  23,  140).  La  forme  faible  est  de- 
venue très-rare,  mais  c'i-Xaoxog  de  Xâ9  et  le  verbe  Ttaxtôa  à  côté 
de  Tcâxtôg  en  sont  de  sûrs  témoins.  11  n'y  a  pas  à  s'étonner  des 
formes  comme  xÛKxôg^  kâTtrâg,  ncixrôg,  plus  que  de  celles  comuie 
cpevxtôg  qui,  elles  aussi,  remplacent  peu  à  peu  le  type  (pvxrég. 

Revenant  aux  formations  verbales,  nous  examinons  le  voca- 
lisme des  racines  dont  le  présent  se  fait  en  -ya  ou  en  -rœ. 

En  sanskrit  la  4*^  classe  verbale  affaiblit  la  racine.  En  grec 
les  formes  comme  vît,co^  arit,co,  xlv^a,  (idXkco  de  /3fA,  xaiva  de 
xev  (]).  10;'))  et  beaucoup  d'autres  attestent  la  même  règle.  ^  Kien 
de  plus  normal  par  conséquent  que  l'a  bref  de  «^o,uai,  /3«^«, 
Gixtrœ,  Gcpcc^a,  xd^a  etc.   Les  formes  comme  mriGGa,  çpca'^ûî  (cf. 


1.  11  est  naturel  que  cette  formation,  une  fois  qu'elle  eut  pris  rimmense 
extension  qu'on  sait,  ne  se  soit  pas  maintenue  dans  toute  sa  rigueur.  Evi- 
demment un  grand  nombre  de  verbes  de  la  l'®  classe  ont,  sans  rien  changer 
à  leur  vocalisme,  passé  dans  la  quatrième.  Ainsi  tsi'qco,  cf.  lat.  tcro,  ôeÎQio 
à  côté  de  dtQco  (quelques  manuscrits  d'Aristophane  portent  ôcctQco  qui  serait 
régulier),  cpQ^ÎQU)  (dor.  q)&aiQCù)  etc. 


158  Les  racines  contenant  un  a  médial,  en  grec. 

q)(6ycii)  sont  aussi  peu  primitives  que  taCça  (v.  p.  157  i.  u.).  ttï^'ttû) 
paraît  ne  s'être  formé  qu'en  pleine  éj)oque  historique  (Curtius 
Verb.Pl66). 

Les  présents  en  -ta  sont  analogues:  anta^  ^((tctco,  ôaTiTCi, 
&cc7irco,  XciTita,  ûxcctctco  etc.  montrent  Va  bref.  Seul  ôx^Tttco 
enfreint  la  règle,  car  ^^our  d-coTtra  (p,  156)  et  ôxcoTtraj  on  peut 
sans  crainte  y  voir  des  dénominatifs;  cf.  Ttai^GJ,  itccty^a,  naCyvLov 
venant  de  Ticdg. 

Dans  les  temps  autres  que  le  jjrésent,  les  verbes  en  -y a  et 
en  -Toj  restent  en  général  sans  gradation  (nous  adoptons  pour  un 
instant  cette  désignation  des  formes  pleines  de  la  racine).  C'est 
la  solidarité  qui  existe  entre  les  différentes  formes  du  verbe  à  cet 
égard  que  fait  ressortir  M.  TJhle  dans  son  travail  sur  le  parfait 
grec  (Sprachwissenschaftl.  AbJiandhmgen  hervorgegg.  mis  G.  Curtins' 
Gramm.  Ges.  p.  Gl  seq.).  Mais,  au  lieu  d'attribuer  à  certaines 
racines  et  de  refuser  à  d'autres  une  faculté  inhérente  de  gradation, 
ainsi  que  le  fait  l'auteur,  il  faut  dire  au  contraire  que  lorsque  la 
gradation  fait  défaut,  c'est  qu'elle  s'est  j)erdue.  Qu'est-ce  qui  a 
occasionné  sa  perte?  C  est  précisément,  si  nous  ne  nous  trompons, 
l'existence  d'un  présmit  sans  gradation,  comme  ceux  en  -ya  et  en  -ta. 

Ainsi  l'analogie  de  ocpâ^co,  ^ântco^  d^âmco,  A«JtTCJ,  ôxciTirco  etc. 
a  peu  à  peu  étouffé  les  formes  fortes  comme  *Xâ7t  ou  '^CxÛTf. 
Les  parfaits  font  Xikàfpa^  èoxàcpa,  les  futurs  Aa^-co,  axâtlfa  etc. 
Les  verbes  contenant  i  et  f ,  comme  6tCt,c)^  titîogco,  vÎTita,  xviixco^ 
rvTix(o^  se  comportent  de  même,  c'est-à-dire  qu'ils  n'admettent 
nulle  part  la  diphthongue  ^.  Ces  anomalies  ne  font  donc  pas  péri- 
cliter la  théorie  du  phonème  a.  D'ailleurs  il  y  a  des  exceptions: 
xâmco  (Hes.):  xsxrjcpa;  râoGco  (réruxa):  râyog;  ccTtra:  rjTCao^ai 
(Curtius);  xa^lât^co:  xéiXâdcc. 

Les  présents  à  nasale  comme  Xa^^âvco,  âvêâva^  ôdxva, 
n'exercent  pas  la  même  influence  destructive  sur  le  vocalisme  de 
leurs  racines.  Cela  tient  au  parallélisme  presque  constant  de  ces 
formations  avec  les  présents  à  «gradation^)  {Xi^tikpo},  ksÎTica] 
Xavd^ttvœ,  Xijd-a),  grâce  auquel  il  s'établit  une  sorte  d'équivalence 


1.  Il  est  vrai  <[u'au  parfait  Vl  et  Vv  subissent  ordinairement  un  allonge- 
ment (KBKvrpa),  mais  cela  est  tout  différent  de  la  diphthonguaison,  et  Va 
long  ne  se  peut  jamais  mettre  en  parallèle  qu'avec  la  diphthonguaison. 


Les  racines  contenant  un  a  ni('(lial,  en  dehorsi  du  grec.  159 

entre  les  deux  foniics.     PareillciiK'iit,  h;  prés.  Xûaxo)  laisse  sub- 
sister le  parf.  ktkrixa. 

Nous  passons  à  l'examen  cTes  principales  formations  verbales 
dans  les  langues  européemies  autres  que  le  grec. 

Parfait.  Le  germanique  nous  présente  o:  gotli.  sol:,  hof. 
L'o  doit  être  du  degré  2  et  correspondre  à  l'oj  régulier  de  TS-^ay-, 
non  à  l'a  liystérogène  de  ré-tâx-s.  Par  la  même  unification  que 
nous  avons  vue  en  grec,  Vo  du  singulier  s'est  répandu  sur  le  plu- 
riel et  le  duel,  et  l'on  a  soJmm,  soku,  au  lieu  de  '"^-sahmi,  *saJci(. 
De  même  l'optatif  devinait  faire  '^'sahjau.  Le  participe  passif,  dont 
le  vocalisme  est  en  général  celui  du  parfait  pluriel,  fait  encore 
S'àkans.  Il  y  a  une  proportion  rigoureuse  entresol.*  salans  et  hait: 
hitans.  Un  autre  reste  de  la  forme  faible,  c'est  Diar/um  dont  nous 
avons  parlé  à  la  page  (54. 

Le  latin  a  scâhl,  o(U,  fvdi;  l'irlandais  ro-gâd  (prés,  (juidki). 

Présent  de  la  V  classe  (v.  p.  153).  Latin  Wjor  (cf.  labarc), 
râdo,  vado  (cf.  vàdtmi),  rodo  ^ 

Goth.  Nota  et  hvopa.  Ici  o  est  du  degré  1.  — ^  Le  parf.  hvai- 
hvop  Q^'haihlot  ne  nous  a  pas  été  conservé)  a  gardé  la  réduplica- 
tion, afin  de  se  distinguer  du  présent.  Si  le  germanique  faisait 
encore  la  différence  entre  Â.2  et  j^,  cela  n'eût  pas  été  nécessaire. 

Paléoslave  pada,  pasa.  —  Lithuanien  môku,  szôku,  et  aussi 
sans  doute  plusieurs  verbes  qui  suivent  à  présent  d'autres  forma- 
tions, comme  lîôsiu  «tousser»  (cf.  skr.7rti.sr/fe),  oszin,  Msziu,  drôziv, 
(jlôhiu,  vôliu ;  hôstn,  stolcstà.  Schleiclier  Lit.  Gr.  235  seq. 

Présent  en  -}'a.  Goth.  fmjtja,  hafja,  hhdija,  shijjja  etc.;  lat. 
capio,  facio,  gradior,jocio,  lacio,  quaiio ,  patior ,  rapio,  sapio,  fodio. 
( -es  formes  sont  régulières  (v.  p.  157). 

Il  faut  mentionner  en  lithuanien  vagià  <^  dérober  ■>  etsniagiii 
«lancer»,  dont  les  infinitifs  sont  vogti,  smôgti. 

Présents  du  type  à^iu.  Plus  haut  nous  avons  omis  à  des- 
sein de  parler  de  cette  classe  de  présents  grecs,  parce  qu'il  con- 
vient que  les  traiter  conjointement  avec  ceux  des  langues  congé- 
nères. 

En  germanique  c'est  la  formation  la  plus  commune:  goth. 

1.  Tralio  paraît  bien  n'être  qu'un  composé  de  re/to. 


i60  Les  présents  du  type  liyco. 

draga,  Jila^a,  skaba,  Jyvaha  etc.  —  Le  latin  la  préfère  aux  présents 
à  voyelle  longue  comme  vado,  mais  l'emploie  moins  volontiers 
que  la  forme  en  -io.  Il  a  ogo,  cado,  scaho,  loquor;  puis  des  exem- 
ples où  la  consomie  finale  est  une  sonante,  cdo^  cano;  enfin  les 
présents  rares  tago,pago;  olo,  scato  (Neue  Formenl.  II-  423).  Les 
deux  derniers,  bien  qu'ils  appartiennent  à  la  langue  archaïque, 
sont  probablement  secondaires  \  —  Le  grec  n'a  que  aya,  yld^co^ 
yçûcpa,  ^âio^ai^  oQ'O^at,  et  les  formes  très-rares  axo^ai,  j3Aa/3o- 
}iat  -.  —  On  trouve  dans  les  verbes  lithuaniens  énumérées  dans 
la  grammaire  de  Schleicher:  hadù,  losn,  lalà'^,  plalcù.  Enfin  le 
paléoslave,  si  nous  ne  nous  trompons,  a  seulement  hoda  et  moga. 

Nous  n'hésitons  pas  à  dire  que  ces  j)résents  ont  subi  un  afiai- 
blissement  dans  leur  racine. 

Il  n'y  a  aucun  motif  pour  s'effrayer  de  cette  conséquence 
forcée  des  observations  précédentes.  Il  est  indubitable  que 
icXva,  AiTOfiat,  et  d'autres  présents  grecs  sont  des  formes  faibles. 
D'ailleurs  si,  plutôt  que  d'admettre  cet  affaiblissement,  on  renon- 
çait au  parallélisme  de  l^&co  avec  Tcâto^ai,  IsÎTCa,  on  arriverait, 
contre  toute  vraisemblance,  à  faire  ou  de  At^^co  ou  de  ^âioiiai  mi 
type  à  part  ne  rentrant  dans  aucune  catégorie  connue. 

A  cela  s'ajoutent  les  considérations  suivantes. 

L'indo-européen  a  eu  évidemment  deux  espèces  de  thèmes 
verbaux  en  -a:  les  premiers  possédant  la  racine  pleine  et  paroxy- 
tons, les  seconds  réduisant  la  racine  et  oxytons.  Rien  ne  permet 
de  supposer  que  l'un  des  deux  caractères  pût  exister  dans  un  même 
thème  sans  l'autre. 

En  sanskrit  et  en  zend,  les  oxytons  de  la  langue  mère  donnent 
des  aoristes  et  des  présents  (G®  classe).  En  grec  il  n'y  a  point  de 
présents  oxytons,  et  un  thème  ne  peut  être  oxyton  qu'à  la  condi- 
tion d'être  aoriste.  Nous  devons  donc  nous  attendre,  sans  décider 
d'ailleurs  si  la  G*^  classe  est  primitive  ou  non,  à  ce  que  les  thèmes 
faibles,  lors  même  qu'ils  ne  seraient  pas  attachés  à  un  second 
thème  servant  de  présent,  aient  une  certaine  tendance  à  se  fléchir 
à  l'aoriste.    Et  les  thèmes  du  type  At^re-,  où  nous  pouvons  con- 


1.  On  ne  connaît  pas  le  présent  de  rabcrc;  celui  de  apere  paraît  avoir 
été  apio. 

2.  11  est  douteux  que  yçcca  et  X✠ soit'ut  pour  yçao  co  et  Xccg-cù. 

3.  Dans  son  glossaire  Schleicher  donne  lalciù. 


Les  présents  du  type  ayoj.  101 

trôler  ratîai))li,s,sciiM'iit,  de  lu  racine,  vérifient,  eiitii'reineiit  cotte 
prévision.  A  côté  des  présents  ykvcptiVy  x^vtiv,  UxtG&ui^  Orîx^iv  \ 
rvxsiv  (lies.),  ils  donnent  les  aoristes  âtx£tv,  èk{v)d'£iv,  ^vxetv, 
Grvynv,  (i^ax^tv  (=  (ir^^iv). 

De  ce  qui  précède  il  ressort  que  les  différents  présents  tarées 
pour  être  vus  sous  leur  vrai  jour,  doivent  être  jugés  conjointe- 
ment aux  aoristes  isoles  de  môme  forme  radicale,  lors(pje  ces 
aoristes  existent. 

Or  pour  le  type  ^axe  ils  existent.  A  côté  des  présents  uyeiv^ 
ax£<}^cct,  fikâ^e(5%'ai,  yXdq)£n',  yQÛcpsiv^  fidxsGd'ccL,  od'eô^aL.^  on  a 
1^  aoristes  isolés  ^axelv,  rcc(petv  (être  étonné),  (payetv,  qikaàsîv 
(se  déchirer).  Et  si  cette  propension  à  se  fléchir  à  l'aoriste  était 
chez  le  type  Klxe  un  signe  de  l'affaiblissement  radical,  n'avons- 
nous  pas  le  droit  de  tirer  la  même  conclusion  pour  le  type  i^ccxs 

1.  Gtixovai  donné  par  Hésychius  a  été  restitué  dans  le  texte  de  S^ 
pbocle,  Antigone  v.  1129.  —  Le  nombre  des  présents  de  cette  espèce  est 
difficile  à  déterminer,  certains  d'entre  eux  étant  très-rares,  comme  Xipsi, 
li^cov  i^our  Aft'/îft,  d'autres,  comme  ylixo^ai,  que  plusieurs  ramènent  à 
'*yXi6%onciL,  étant  de  structure  peu  claire,  d'autres  encore  comme  Xvœ  de- 
vant être  écartés  à  cause  de  Vu  long  du  sanskrit. 

2.  Pour  saisir  dans  son  principe  le  fait  employé  ici  comme  argument, 
il  faut  en  réalité  une  analyse  un  peu  plus  minutieuse. 

Tout  d'abord,  il  semble  qu'on  doive  faire  une  contre-épreuve,  voir  si 
les  tlièmes  contenant  s  ne  se  trouvent  pas  dans  le  même  cas  que  ceux 
contenant  a.  Cette  contre- épreuve  est  impossible  a  jiriori,  vu  qu'un  thème 
contenant  ?  est  fort,  et  qu'un  aoriste  fort  ne  peut  qu'être  hystérogène. 
L'aoriste  régulier  des  racines  contenant  f  a  toujours  la  forme  nt-s. 

En  revanche  le  soupçon  d'une  origine  récente  ne  saurait  atteindre  les 
aoristes  tels  que  cpccyiiv,  vu  leur  ressemblance  avec  le  type  Xad^tîv  de 
Xr'j&a.  Le  fait  se  résume  donc  à  ceci:  au  temps  où  l'aoriste  était  pur  de 
formes  fortes,  où  il  ne  contenait  que  des  formes  faibles  ou  des  formes  dont 
on  ne  sait  rien,  les  différentes  espèces  de  thèmes  dont  il  s'agit  se  répartis- 
saient  de  la  manière  suivante  entre  l'aoriste  et  le  présent: 

Présent     nére         ICts         i^^X^ 
Aoriste       —  ôlks         cpayé 

Pour  que  les  tlièmes  du  type  ^axs-  pussent  comme  ceux  du  type  Xm-  et 
à  l'encontre  de  ceux  du  type  nszs-  se  fléchir  comme  oxytons  (soit  à  l'aoriste), 
ils  devaient  être  des  thèmes  faibles. 

Du  reste  nous  ne  demanderions  pas  mieux  que  de  donner  pour  un  in- 
stant droit  de  cité  aux  aoristes  isolés  contenant  f,  et  de  faire  le  simulacre 
de  la  contre-épreuve.   On  n'en  trouverait  qu'un  seul:  iXfîv  {tvçfiv  =  J-a- 

11 


162  Les  présents  du  type  uya. 

Tout  parle  donc  pour  que  ^âio^ai  soit  un  présent  exacte- 
ment semblable  à  XCxo^ai.  Depuis  quelle  époque  ces  thèmes 
faibles  se  trouvent-ils  au  présent?  C'est  là  en  définitive  une 
question  secondaire.  Si  l'on  admet  dans  la  langue  mère  une 
6®  classe  des  présents ,  li'ro^ai. ,  ^dxo^ca ,  pourraient  être  fort  an- 
ciens et  n'avoir  fait  qu'abandonner  leur  accentuation  première. 
Nous  croyons  cependant,  comme  nous  y  faisions  allusion  plus 
liaut,  que  dans  la  première  phase  du  grec,  tous  les  anciens  oxy- 
tons, quel  quait  été  l'état  de  choses  primitif,  ont  dû  passer  d'abord 
par  l'aoriste,  que  par  conséquent  les  présents  du  type  XCto^ai 
sont  en  tous  cas  de  seconde  génération.  Les  cas  comme  celui  jje 
èl{v)%-fiv  qui  a  mieux  aimé  rester  dépourvu  de  présent  que  de 
changer  d'accentuation  recommandent  cette  manière  de  voir.  Mais 
en  même  temps  il  est  probable  que  dès  uue  époque  plus  ancienne 
que  la  langue  grecque  certains  thèmes  du  type  iia%E-  {âge-  par 
exemple),  cessant  d'être  oxytons,  s'étaient  ralliés  aux  présents 
comme  hJiére-. 

Passons  aux  verbes  latins.  Pour  deux  d'entre  eux,  tago  et 
2Xigo,  M.  Curtius  a  victorieusement  établi  qu'ils  ne  sont  rien  autre 
chose  que  d'anciens  aoristes.  Voy.  notamment  Stud.  V  page  434. 
Il  est  vrai  que  ce  sont  les  seuls  exemples  qui  soient  accompagnés 
d'une  seconde  formation  (tango,  pango').  Mais  sur  ce  précédent 
nous  pouvons  avec  quelque  sécurité  juger  cado,  scato,  cano,  loqiior; 
ce  dernier  du  reste  est  en  grec  Xaxstv,  non  «Xâxeiv».  Il  reste 
seulement  ago,  scàbo  et  alo  qui,  ayant  leur  pendant  dans  les 
idiomes  congénères,  paraissent  appartenir  au  présent  depuin  plus 
longtemps. 

En  abordant  le  germanique,  la  question  de  savoir  si  l'indo- 
européen  a  eu  des  jirésents  de  la  6^  formation  prend  plus  d'impor- 
tance que  pour  le  grec  et  le  latin.  Si  l'on  répond  affirmativement, 
il  n'est  besoin  de  longs  commentaires;  saJca  est  un  présent  de  la 
6®  classe,  et  la  seule  chose  à  faire  admettre  c'est  que  le  ton, 
cédant  à  l'attraction  des'  autres  présents,  s'est  porté  de  bomie 
heure  sur  la  racine  (/ilcijja,  skâjja  etc.).  Dans  tous  les  cas  le  ger- 
manique à  reçu  des  périodes  antécédentes  quelques  présents  de 

vQ-sîv),  en  revanche  le  présent  est  peuplé  littéralement  de  ces  formes. 
Mais  cette  confrontation,  qui  a  l'air  très-concluante,  n'aurait  à  notre  point 
de  vue  qu'une  valeur  relative. 


La  permutation  a  :  a.  1G3 

cette  espèce,  ainsi  que  le  font  conclure  goth.  slcaha  =  lat.  Hcaho, 
(jrahu  =  gr.  yQurpa,  norr.  àlia  =  gréco-it.  agô.  Mais  il  ii'oi  est 
pas  moins  vraisemblable  que  la  majorité  soit  issue  de  l'aoriste. 
C'est  même  la  seule  hypothèse  possible  pour  goth.  JtvnJia ,  cf. 
xaxco  (p.  63);  norr.  vaita,  cf.  lat.  vâdo;  anglo-s.  hace^  cf.  cpcôyco.  Les 
formes  comme  Jjvaha  nous  reportent  donc  à  une  époque  où  l'ao- 
riste germanique  existait  encore,  et  il  n'est  pas  difficile  de  com- 
])reu(lre  pourquoi,  tandis  que  le  thème  heuge-  (hiuga)  se  conser- 
vait à  l'exclusion  de  higc-,  l'inverse  avait  lieu  pour  ^vahe-.  Dejjuis 
la  confusion  des  phonèmes  Â^  et  ^27  ^'^  ^^^^  prés.  *J)Vd]m  (raxco)  ne 
différait  plus  de  Va  du  parf.  ])Voh  (ou  ^vc^voh).  Au  contraire  le 
thème  ])Vahe-  offrait  un  excellent  ahlaut,  qui  devait  s'établir  d'au- 
tant plus  facilement  que  les  verbes  en  -ya  comme  hafja  hof  en 
donnaient  déjà  l'exemple. 

Je  ne  pense  pas  que  les  formes,  peu  nombreuses  du  reste,  du 
letto-slave  fassent  quelque  difficulté  sérieuse. 

Tout  cela  pourra  paraître  suggéré  par  les  besoins  du  système. 
Quelle  nécessité  y  a-t-il  après  tout  de  soutenir  que  sàka,  aya, 
doivent  appartenir  à  une  autre  formation  que  (péça  ?  C'est  cette 
nécessité,  urgente  à  nos  yeux,  que  nous  voudrions  accentuer  d'une 
manière  bien  précise.  Le  présent  n'est  qu'un  cas  particulier. 
Qu'on  considère  l'ensemble  des  formations,  et  l'on  verra  appa- 
raître un  trait  caractéristique  des  racines  contenant  a,  trait  in- 
connu à  la  grande  classe  des  racines  dont  la  voyelle  est  e,  la  fa- 
culté d'allonger  la  voyelle^.  On  peut  avoir  sur  saka  et  aya  telle 
opinion  qu'il  plaira.  Seulement  quand  leurs  racines  font  sôJc  et 
âyéo^ai  dans  le  même  temps  que  hhcr  fait  hàr  et  (poQsco,  il  y  a 
là  un  phénomène  tellement  extraordinaire  qu'il  s'agit  avant  tout 
et  à  tout  prix  de  s'en  rendre  compte.  Or  l'hypothèse  proposée 
pour  saka  n'est  que  l'explication  indirecte  de  sok.  La  tentative 
peut  n'être  pas  réussie;  en  tous  cas  elle  est  motivée. 

Notre  hypothèse  sur  cette  faculté  d'allonger  la  voyelle  est 
coimue  par  ce  qui  précède.  Il  sera  permis  de  renvoyer  le  lecteur 
qui  voudra  apprécier  jusqu'à  quel  point  la  propriété  de  l'allonge- 

1.  Sans  doute  il  y  aussi  des  ë  longs,  mais  dans  un  nombre  de  racines 
extrêmement  limité  et  qu'il  serait  injustifiable  de  vouloir  confondre  avec 
le  type  bher.   Nous  abordons  ces  racines  à  la  p.  166. 

11* 


164  La  permutation  a  :  a  en  germanique. 

ment  est  inliéreute  aux  racines  contenant  a  ou  o  au  travail  déjà 
cité  de  M. Fick  qui  traite  de  la  long  euroj)éen  (Beitr.  de  Bezzenb. 
IT  193  seq.).  Du  reste  nous  ne  nous  sentons  point  en  état  de  dire 
dans  chaque  cas  pourquoi  l'on  trouve  une  brève  ou  une  longue, 
comme  nous  avons  cru  en  effet  pouvoir  le  faire  pour  les  forma- 
tions relativement  très-transparentes  qui  ont  été  analysées  plus 
haut.  Les  remarques  qu'il  nous  reste  à  faire  ne  porteront  donc 
point  sur  le  détail. 

Les  matériaux  relatifs  à  la  permutation  à  :  a  et  ô  :  o  dans  le 
latin  se  trouvent  réunis  chez  Corssen  Ausspr.  P  391  seq.  En 
voici  quelques  exemples:  com-pâges  :  pago;  âcer  :  acies]  ind-agare  : 
ago;  sâgio  :  sagax;  con-tâgio  :  tagax;  labor  :  làbare.  h'o  de  prae-co 
venant  de  cano  serait-il  un  exemple  de  ^g? 

En  grec  on  peut  ajouter  à  la  liste  de  M.  Fick  et  aux  exem- 
ples donnés  plus  haut:  àiog  :  iàirci  coQ^sco  :  £iV-o(>t-ç)î;AAog;  xcicpog  : 
xônrœ  ;  Qcj&av  :  Qod-og  ;  (paya  :  rpoi,6£  (Curtius). 
•  Pour  les  idiomes  du  nord  l'échange  â  :  a  est  devenu  une 
sorte  (Vahlaiit  quant  if  af  if  qui  a  succédé  à  VahJant  qualitatif  a^  :  Â^. 
Ij'ahtaut  qualitatif  était  détruit  par  la  confusion  phonique  des 
deux  A  (p.  139)  comme  aussi  par  la  perte  partielle  des  formations 
contenant  lî^,  dont  la  plus  importante  est  le  présent  de  la  V  classe. 
En  germanique  particulièrement  l'élimination  de  ce  dernier  au 
l^rofit  des  formes  comme  saJca  a  fait  naître  entre  la  série  a  :d  et 
la  série  c  :  a  (a^)  un  i^arallélisme  absolument  hystérogène.  La 
langue  sent  la  même  relation  entre  sol;  soJxjan;  groha,  et  les  pré- 
sents correspondants  salui  ;  graha,  qu'entre  vrai;  vraJcjan,  vral'a  et 
vriJcan.  Mais  le  vrai  rapport  serait  rendu  assez  exactement  par 
la  fiction  suivante:  se  représenter  les  racines  comme  hcug  ayant 
perdu  le  degré  de  Ve  et  ne  possédant  plus  que  les  formes  hug  et 
haug^.  —  Comme  le  présent  n'était  pas  le  seul  thème  du  degré  1, 
on  s'attendrait  cependant  à  trouver  la  voyelle  longue  ailleurs 
que  dans  les  formations  qui  demandent  a.^,  par  exemple  dans  les 
neutres  en  -as  et  les  com^jaratifs  en  -yas.   Il  n'en  est  rien:  ha  fis, 

1.  A  la  page  122  nous  nous  sommes  montré  incrédule  vis-à-vis  des 
transformations  d'ahlaut  d'une  certaine  espèce  et  avec  raison,  croyons- 
nous.  Mai.s  ici  de  quoi  s'agit-il?  Simplement  de  la  suppression  d'un  des  trois 
termes  de  î'ahhml,  suijpression  provoquiîe  principalement  par  la  perte  du 
présent. 


La  permutation  a  :  a  dans  lo  letto-Hlavo.  165 

s/,(ij)is,  hatka,  montrent  Va  bref.  Ces  ibriaes  paniis.soiit  s'être 
(lirirçées.sur  le  nouveau  présent.  Nons  n'avons  j)u  découvrir  qu'un 
seul  exemple!  qui,  sur  ce  point,  répondit  à  la  théorie:  c'est  le 
féminin  ^otli.  sokni-.  Les  thèmes  en  -ni,  demandent  en  effet  lo 
degré  1,  ainsi  que  le  prouve  siimi-  de  la  rac.  sehv  (cf.  skr.  hâ-ni, 
(jyd-ni,  en  regard  de  hl-nâ,  gî-na).  Donc  «sà/cni-»  eût  été  irrégulier 
au  même  chef  que  liatis.  Le  norr.  dayr  pour  *dogis  serait  un 
second  cas  de  ce  genre  si  Ve  du  lith.  degù  ne  rendait  tout  fort 
incertain.  Cf.  la  note. 

La  permutation  en  question  est  fort  commune  en  letto-slave. 
hiÛmunien  pra-n-tù  :  prôtas,  kadù  :  Ziklis  etc.  —  En  slave  on  a  les 
verbes  comme  po-mayaja,  hadaja,  en  regard  de  moga,  hoda  etc.  De 
même  qu'en  germanique,  Va,  dans  les  cas  où  l'a  bref  est  conservé 
l)arallèlement,  devient  pour  la  langue  une  espèce  de  gradation. 

Ici  nous  devons  faire  mention  d'une  innovation  très-étendue 
qui  donne  au  vocalisme  letto-slave  une  physionomie  à  part.  Tan- 
dis qu'en  germanique  la  confusion  de  a  avec  a^  n'a  amené  presque 
aucun  trouble  dans  le  système  des  voyelles,  le  letto-slave  au  con- 
traire a  mélangé  deux  séries  vocaliques,  et  nous  voyons  l'a  (ou  a, 
p.  Q^)  issu  de  «2  permuter  avec  a  (a)  comme  s'il  était  a.  De  là 
l'échelle  slave  e  :  o  :  a  dans  les  nombreux  exemples  comme  telia, 
tociti,  taJcati,  l'échelle  lithuanienne  e  :  a  :  q,  comme  dans  zeliù, 
kâlias,  kol'é  ^  V.  Schleichcr  Lit,  Gr.  35  seq.  —  Il  faut  avouer  que 
d'autres  allongements  de  ce  genre  restent  inexpliqués,  je  veux 
dire  particulièrement  Vê  des  fréquentatifs  slaves  comme  plètaja 
de  pleta.  Il  serait  à  souhaiter  aussi  qu'on  sût  à  quoi  s'en  tenir 
sur  l'ë  long  germanique  des  formes  comme  nëmja-  (rac.  nem). 
Ameluug,  remarquant  que  Ve  est  suivi  le  plus  souvent  d'une  syl- 


1.  Le  germanique  n'est  pas  sans  offrir  un  ou  deux  exemples  analogues. 
Ainsi  le  goth.  dcujs  (dont  la  racine  est  dcg  si  l'on  peut  se  fier  au  lith.  degù) 
est  accompagné  de  fklur-dogs,  ahtau-doys.  Sans  dœgr  (cf.  ci-dessus),  on 
pourrait  songer  à  voir  dans  -do(js  le  même  allongement  singulier  que 
prosente  le  second  terme  des  composés  indiens  çatâ-çdi^rada,  prthu-gâghanâ, 
dvi-gÀni,  et  qui,  en  grec,  se  reflète  peut-être  dans  les  composés  comiïie 
sv-^vcùQ,  cpil-'r\Qft(ioç,  où  l'allongement  n'était  pas  commandé  par  une  suc- 
cession de  syllabes  brèves.  —  L'allongement  du  lat.  sëdare  (v.  p.  168)  et 
du  gr.  rçcoTicico  (v.  ce  mot  au  registre)  n'a  rien  de  commun,  croyons-nous, 
avec  les  phénomènes  slaves  dont  nous  parlons. 


166  Racines  contenant  un  e  médial. 

labe  contenant  i   ou  y,   supposait  une  épenthèse   et  ramenait 
nemja-  à  *naMJa-,  *naimja-. 

Il  reste  à  considérer  les  racines  qui  ont  un  ë  médial,  type 
absolument  parallèle  à  \â6,  Xem,  bepK.  On  a  la  proportion:  Fprif  : 
0r|  =  XâG  :  ctS. 

Pour  ne  point  éparpiller  cette  famille  de  racines ,  nous  cite- 
rons aussi  les  exemples  comme  livëm  où  l'ë  est  suivi  d'une  so- 
nante,  quoique  ce  caractère  constitue  un  cas  particulier  traité 
à  la  fin  du  paragraphe. 

Le  degré  2  apparaîtra  naturellement  sous  la  même  forme 
que  pour  les  racines  finissant  par  ë:  il  aura  ô  dans  le  gréco-ita- 
lique ^,  rt  (germ.  litli.  o)  dans  les  langues  du  nord.  V.  p.  140  seq. 

Il  sera  intéressant  d'observer  le  vocalisme  du  degré  réduit, 
parce  qu'il  pourra  apporter  de  nouvelles  données  dans  la  question 
de  la  composition  de  l'ë  qui  nous  a  occupés  plus  haut  p.  141  seq. 

Première  série:  le  degré  réduit  présente  a. 

1.  Rac.  Jcëd.  Au  lat.  cêdo  on  a  souvent  joint,  et  à  bon  droit, 
ce  nous  semble,  les  formes  homériques  xaxaôcSv,  xsxaôi^ôsi.  On 
a  la  proportion:  xsxaôcûv  :  cêdo  =  satus  :  sëmen. 

2.  Rac.  rëg  «teindre».  Gr.  Qrjyos',  les  quatre  synonymes 
çrjysvs,  Qsysvg,  Qoysvg,  çaysvg,  sont  irréguliers:  il  faudrait  «^ûj- 
yevç».  Néanmoins  Va  contenu  dans  Qaysvg,  ainsi  que  dans  xQv- 
Goçaysg  (Curt.  Grdz.  185),  est  pour  nous  très-remarquable.  Ici 
en  effet  ça  ne  saurait  représenter  la  liquide  sonante:  q  étant  ini- 
tial, elle  n'aurait  pu  domier  que  ccq.  Donc,  à  moins  que  cette 
racine  n'ait  suivi  l'analogie  de  quelque  autre,  l'a  de  Qay  doit  être 
assimilé  à  l'a  de  satus.   Dans  Qa^a  toutefois  la  forme  faible  a  e. 

3.  Rac.  rëm.  Gr.  è'^rj^og,  lith.  romùs.  Formes  faibles:  gr. 
^QÉficc,  lith.  fimti,  mais  aussi  gr.  âça^év  ^éveiv,  'r](jvxcc^£t,v  (in- 
finitif dorique  en  -sv).  —  Cette  ra<îine  n'est  pas  identique  avec 
rem  d'où  eça^iai  (p.  22). 

4.  Rac.  XiiY  0'^  est  panhellène,  Sehrader  Stud.  X  316). 
M.  Curtius  indique  que  XayàGGaf  àcpaïvat  pourrait  domier  la 
forme  à  voyelle  brève.  Verb.  F  229. 

1.  M.  Bnigman  Stud.  IX  386  dit  quelques  mots  sur  çrjyvvfti  :  è'QQcaya. 
Il  considère  l'o)  de  ^ççœycc  comme  une  imitation  postérieure  du  vocalisme 
df  xt'xAoqpa. 


Racines  contenant  un  e  mcdial.  167 

5.  RdC.  Icd.  Au  gotli.  Ida,  luilol\  on  joijit  /a/.s  et  le  lut.  /a6'- 
sns.  Le  lithuanien  a  léidmi  (=  *lédmi). 

0.  Rac.  hJirïy.  Gr,  Qi^yw^i,  Q^^co  etc.  Degré  2:  çœxfiog, 
ccTto-QQco^y  SQQcoya^.  Le  i)arfait  moyen  è'Qçrjyficci  et  le  partie,  tç- 
Qï]ytCaç;  des  tables  d'PIéraclée  sont  réguliers  en  ce  sens  qu'ils 
n'ont  pas  a,  mais  on  attendrait  -Qay-  plutôt  que  -Qrjy-.  C'est  ce 
que  présente  l'aor.  pass.  eQQayrjv,  où  le  groupe  ça  représente 
Q  -\-  a,  non  pas  r.  J^çay  :  fQtjy  =  6a  :  se.  En  latin  le  degré  réduit 
s'est  proi^agé;  fradus,  frango  pour  *frag-no.  Le  goth.  hrikan  est 
un  verbe  de  l'espèce  ordinaire.  Sur  le  rapport  de  -ru-  dans  hrulcans 
au  -ra-  gréco-italique  v.  p.  180.  Le  slave  a  hrègii  <a-ive». 

7.  Rac.  sek.  Paléosl.  sëAa  «caedere»,  lith.  syîcis  «une  fois,  lui 
coup»,  lat.  sïca  pour  *sêca.  Degré  2:  v.  li*-all.  suolia  «herse». 
Degré  réduit:  lat.  saxum  =  germ.  sàlisa-  «pointe,  couteau  etc.» 
(Fick  IIP  314);  mais  aussi  SQcare^. 

Deuxième  série:  le  degré  réduit  n'est  pas  connu. 

1.  Gr.  àçriya^  àçriyâv.  Degré  2:  àçcoyôç,  aQoyri. 

2.  Rac.  dlir'én.  Gr.  ■O^pijvo-g,  àv-&Qy']vri  (==  '*uv^o-^Qrivr]\ 
rsv-Q^Qrivri;  d^çcâvui,'  xr](prir>.  AâxavBg  (pour  la  formation  cf.  oq- 
Ttrji,  de  épTT,  TtÔQTta^  de  perJc^,  xçcoiiah,  de  Kpiiiu,  ôxcSlr}^  de  CKâX, 
\2A,.  procax  à&prcc,  podex  de  perd). 

3.  Rac.  rëp,  Lat.  repo,  lith.  rcplôti. 
Troisième  série:  le  degré  réduit  présente  c. 

1.  Rac.  ëd.  Lith.  édu,  esti;  si.  ènïi  oujami  =  *j-èmï  (Leskien, 


1.  Nous  ne  saurions  adopter  la  théorie  qui  ramène  Vê  des  verbes  go- 
thiques de  cette  classe  à,  a  -\-  nasale,  théorie  que  défend  en  particulier  M. 
J.  Schraidt  Voc.  I  44  seq.  M.  J.  Schmidt  accorde  lui-même  que  pour  leta  et 
grcta  les  arguments  manquent  et  que  dans  blesa  rien  ne  peut  faire  sup- 
poser une  nasale.  Eu  outre  l'auteur  part  du  point  de  vue  que  l'a  germa- 
nique est  antérieur  à  l'ê.  Dès  qu'on  cesse  de  considérer  ë  comme  une 
modification  de  l'a,  a  -j-  nasale  ne  doit  faire  attendre  que  â  comme  dans 
hâlian.  L'ô  du  parfait,  dans  la  même  hypothèse,  s'explique  encore  bien 
moins:  cf.  hailiâh.  Enfin  celui  qui  soutient  que  redan  est  pour  *rmidan 
ne  doit  pas  oublier  que  par  là  il  s'engage  à  approuver  toute  la  théorie  des 
«  longs  sanskrits  sortis  de  an,  vu  qu'à  reda  correspond  ràdhati. 

2.  Dans  ^coyaXéoç  Yco  est  irrégulier,  si  l'on  compare  XBvyaXéoç,  slôâ- 
li^og,  7t£V)i(ilifioç;  mais  Hésychius  a  vQStyaléov ,  v.  Curtius  Grdz.  551. 

3.  A  la  p.  84,  le  germ.  saga  est  rangé  parmi  les  formations  qui  ont  Oj. 
Cela  est  admissible  si  on  prend  soin  de  déclarer  saga  hystérogène.  Mais 
peut-être  Va  de  ce  mot  répond- il  à  l'a  de  sa.ciim. 


168  Racines  contenant  un  é  médial. 

Handh.  d.  alth.  Spr.  §  26),  3"  p.  èstï  on  jastî;  medv-edi.  Lat.  êsiirio, 
ësus(?).  En  grec,  la  longue  de  êd'^doxa,  èôrjÔcos,  xdrrjda'  nara- 
^s^QCO^sva,  iôr]ôc6v'  q)ayBdaLva,  ne  prouve  pas  grand  chose;  mais 
celle  de  co(i-ï]6T^g,  et  av-rjOtig  paraît  garantir  Vt}  radical.  On 
trouve  le  degré  2  dans  èôœô^-j  mallieui'eusement  cet  a  est  équi- 
voque comme  Vt]  de  èô'^ôoxa.  Ce  ne  serait  pas  le  cas  pour  Va  de 
àôi'g,  si,  en  se  fondant  sur  léol.  iôvvrj  =  oôvvrj,  on  voulait  le 
rattacher  à  notre  racine.  Peut-être  n'est-il  point  indifférent  de 
trouver  en  gothique  i(Z-eta  (crèche).  —  Le  degré  réduit  a  engen- 
dré le  gr.  è'ô^evac,  sôœ^  êad-Lco,  le  lat.  edo,  cdax,  le  goth.  ita. 

2.  Rac.  lirëm.  Elle  donne  en  grec  xQrjfivég,  xçri^vrj^i,  et,  au 
degré  2,  xçâ^aè,  (aussi  xlco^cc^).  Le  goth.  hramjan  pour  lequel 
on  attendrait  *hromjan  s'est  dirigé  sur  les  racines  à  e  bref.  Le 
gr.  xçé^a^ai  donne  la  forme  faible. 

3.  Rac.  têm.  Lat.  tëmëtum,  temulenkis.  Miklosich  (Lexicon 
palaeosl.)  compare  à  ces  mots  le  si.  ^mïm«boue»  dont  le  premier 
i  représente  donc  un  ë  long.  La  forme  faible  se  trouve  dans  tene- 
hrae  et  le  si.  tïma.  La  comparaison  des  mots  sanskrits  (p.  172) 
montre  que  le  rac.  tëm  ou  stem  réunissait  en  elle  les  idées  dlmmi- 
ditc,  (V obscurité,  de  silence,  à' immobilité.  Au  figuré  elle  rend  aussi 
celle  de  tristesse. 

4.  Rac.  dlicn.  Lat.  fënus;  gr.  ev-d-tjvîa  à  côté  d'sv-d^evLa 
(skr.  dhânà). 

5.  Rac.  sêd.  Lat.  sëdes  (ancien  neutre  en  -as),  sëdidus,  sëdarc. 
Lith.  s'édzu,  sédéti.  Je  ne  sais  comment  on  explique  le  présent 
slave  seda;  l'infinitif  fait  s'esti.  Au  degré  2  scd  donne  sôstas 
«siège»  et  non  «sastas».  Semblablement  on  a  en  slave  saditl 
«planter»  et  non  «soditiyy.  Le  grec  et  le  germanique  ont  toujours 
Ve  bref.  Il  ne  peut  appartenir  primitivement  qu'à  la  forme  faible. 
Goth.  sitan,  gr.  s^o^ai,  êôça,  £Ôog  (cf.  sëdes).  Sur  l't  de  lôçva  qui 
est  important  cf.  p.  180. 

6.  Rac.  stég.  Lat.  tëgula.  Lith.  stcyiu  et  stogas,  non  «sfagas». 
Il  faut  que  atéya,  tego,  reyog  etc.,  soient  sortis  secondairement, 
bien  qu'à  une  époque  très-reculée,  de  la  forme  faible.  De  même 
toga  est  nécessairement  hystérogène. 

7.  Hnc.  sivëdh.    Gr.ijd^og,  i^arf.  si'a&cc^   En  latin,  peut-être 

1.  On  a  reconstruit  «sl'J^o&cc-»  en  supposant  une  action  progressive  du 
digamma  sur  Vo  (Brugman  Stud.  IV  170).    Le  seul  bon  exemple  qu'on  pût 


liacines  contenant  un  c  njédiul.  169 

S'uesco  et  i)r(jl)ablemont  .sw/es-  (])Our  '^avcdcs)  ([\\\n\  a  nittaclié  ù 
Tj-O-ftog  (^^-O-itf-to).  La  ioriiK^  i"ail>le  se  trouve  dans  le  gotli.  s'ukis, 
le  Vaï.  sodalis  (*svedalis),  le  gr.  tvtd^coxcc  è'd'ov,  td^ttat  (Hcs.) 
doivent  être  sortis  de  l'aoriste,  et  ed-og  est  fait  sur  td^a. 

Le  parlait  grec  ^it^i]l£  indique  une  racine  mcl  dont  la  forme 
faible  a  donné  ^éka  etc.  Si  le  jHf^âAoraç  de  Pindare  est  authen- 
tique, la  de  cette  forme  se  place  à  côté  des  cas  comme  7j/3a  à(ia 
dont  nous  avons  parlé  p.  144  i.  n. 

On  constate  parfois  une  variation  de  la  qualité  de  Va  telle 
qu'elle  apparaissait  dans  le  v.  li*-all.  stenij  tiiom,  en  regard  du  gr. 
ÏOta^L,  rî^ïjfit  (p.  143).  Gr.  çwo^ra  «danser»  com])arab]e  au  norr. 
ras  «danse  etc.»,  gr.  xi^Xada  (et  x.a'ilâi.co)  en  regard  du  gotli. 
(jreta  (v.  Fritzsche  Sprachiv.  Abh.  51).  Ou  pourra  citer  aussi  le 
lat.  rohur  si,  tout  en  adoptant  le  rapprochement  de  Kuhn  avec 
skr.  râdhas,  on  maintient  celui  de  radliati  avec  gotli.  reda,  rairoj). 
Cette  môme  racine  donne,  au  degré  2,  le  si.  radu  «soin»,  au  de- 
gré faible  le  gr.  ènC-QQod'Oi.  En  regard  du  gréco-it.  plây  le  go- 
thique a  flelM.  Toutefois  M.  Bezzenberger  prétend  que  le  présent 
fleka  n'est  conservé  nulle  part  et  que  rien  n'empêche  de  rétablir 
flolia  (A-Reihe,  p.  56  i.  n.). 

La  troisième  série  ainsi  que  plusieurs  exemples  de  la  pre- 
mière nous  montrent  l'e  répandu  dans  la  forme  faible  même  dans 
d'autres  idiomes  que  le  grec.  C'est  là,  comme  on  se  le  rapelle,  un 
fait  qui  paraît  ne  jamais  se  présenter  à  la  fin  des  racines  (p.  142), 
et  un  fait  qui,  peu  imp'ortant  en  apparence,  jette  en  réalité 

citer  pour  une  modification  de  ce  genre,  c'étaient  les  participes  comme 
xsQ'vïimxa.  Cet  exemple  tombe,  si  Ton  admet  que  Va  est  emprunté  au  no- 
minatif tsQ'vriaiç,  ce  qui  est  à  présent  l'opinion  de  M.  Brugman  lui-même 
(K.  Z.  XXIV  80).  A  ce  i^ropos  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  mani- 
fester quelque  scepticisma  à  l'égard  des  innombrables  allongements  tant 
régressifs  que  progressifs  qu'on  atti'ibue  au  digamma.  Peut-être  ne  trou- 
verait-on pas  un  cas  sur  dix  qui  soutînt  l'examen.  Ici  la  voyelle  est  longue 
dès  l'origine,  par  exemple  dans  y-lâïg,  vriôç,  T,og,  è'yirja,  &rjéo(iai,  q)âsa 
etc.;  là  il  s'agit  de  l'allongement  des  composés  comme  dans  (ittrioçoç; 
ailleurs  c'est  une  diphthongne  qui  se  résout  comme  dans  iqœg  ijour  *aiisôs, 
*auds,  *amvôs,  *rtwôs  (cf.  dor.  è^a^âdia ,  nlrjcov  venant  de  * i^ovâdiu, 
nliCwv).  Et  comment  explique-t-on  que  les  mots  comme  yXvv.vç^  sauf  fvg 
ê'^og,  ne  fassent  que  yAvHf'os  quand  zomvg  fait  roy.^og?  —  Nous  reconnais- 
sons bien  que  certaines  formes,  p.  ex.  r^siQs  de  fj'çco,  ne  comportent  jusqu'à 
présent  que  l'explication  par  le  digamma. 


1 70  La  dégradation  a  a  dans  l'arien. 

quelque  trouble  daus  la  recoustructiou  du  vocalisme  des  ci.  Il  laisse 
j)laner  un  certain  doute  sur  l'unité  de  composition  des  différents 
â  longs  européens,  et  nous  sommes  obligés  d'entrer  dans  la  terre 
inconnue  des  langues  ariennes  sans  que  l'européen  où  nous  pui- 
sons nos  lumières  ait  entièrement  confirmé  l'iiypotlièse  dont 
nous  avons  besoin.  N'étaient  les  racines  comme  sëd  sed,  tout  â 
long  sanskrit  répondant  à  un  «  long  européen  serait  une  preuve 
directe  du  phonème  a.  Nous  reviendrons  sur  ce  point  à  la  p.  175. 

Langues  ariennes. 

I.  Existence,  à  l'intérieur  de  certaines  racines,  de  la  dégra- 
dation à  a  constatée  plus  haut  dans  les  langues  d'Europe. 

Pendant  longtemps  toutes  les  racines  ariemies  ou  peu  s'en 
faut  paraissaient  posséder  l'échelle  â  a.  Grâce  aux  travaux  de  M. 
Brugman  la  complète  disparité  de  l'a  de  tUna  {==  gr.  xôvog)  avec 
\'a  européen  est  désormais  mise  en  évidence.  Comment  peut-on 
s'assurer  que  la  des  exemples  relatifs  à  notre  question  est  bien 
un  â  long  et  non  pas  a^  ?  Dans  certains  cas,  il  faut  le  reconnaître, 
les  critères  font  défaut  purement  et  simplement.  Qui  décidera 
par  exemple  de  la  valeur  de  Va  de  çâli  ou  de  rdJid?  D'autre  fois, 
et  particulièrement  dans  les  trois  cas  suivants,  ou  peut  prouver 
que  la  longue  est  originaire. 

1.  L'a  se  trouve  devant  un  groupe  de  deux  consonnes  comme 
dans  çâsmi  qui  ferait  «çasmi»,  si  Va  était  «g- 

2.  L'a  se  trouve  dans  une  formation  où  le  témoignage  des 
langues  européennes  joint  à  celui  dune  grande  majorité  d'à  brefs 
ariens  interdit  d'admettre  a^.  Ex.:  Jiàçate  au  présent  de  la  P  classe; 
râdlms,  thème  en  -as  (p.  126  et  129), 

3.  Il  y  a  identité  avec  une  forme  européemie  où  apparaît  l'a 
long.  Ex.  :  skr.  nàsâ  ==  lat.  niisus. 

En  jugeant  d'après  ces  indices  on  se  trouve  du  reste  d'ac- 
cord avec  les  grammairiens  hindous  qui  posent  les  racines  cas, 
kâç,  radh,  et  non  ras,  hiç,  radh. 

a)  Le  degré  réduit  présente  '  a. 

1.  Nous  no  comptons  pas  les  formes  redoublées  comme  énka^îti  de 
kâç,  asi'sadhat  dé  sudh,  hadbadhund  de  h'ddh.  Les  a  brefs  de  cette  espèce 
sont  dûs  à  la  recherche  du  rhythme  plutôt  qu'à  autre  chose. 


La  dt5gradation  a  a  dans  rarieii.  171 

âmâ  (=  gr.  à^6ç)  :  wnla. 

âçii:  açri;  cf.  gr.  wxvg,  ox()ts. 

Icràmati  «marcher»:  hramati  est  ai)paremmeiit  l'ancien 
aoriste.  Du  reste  krâmcma  etc.  montre  (|ue  la  forme  faible  s'est 
généralisée. 

gàliate  «se  plonger»:  gàhvarâ  «profond». 

nàsâ  «nez»  parallèlement  à  nàs,  nàsta  (id.). 

pagas  ne  signifiant  pas  seulement  lumirrc,  mais  aussi  force, 
impétuosité  (^.  R.),  il  est  probable  que  le  mot  est  identique,  mal- 
gré tout,  avec  le  gr.  *7iàyog  dans  sv-Ttrjyyîg:  pugrà  qu'on  traduit 
par  dru,  compacte,  offre  la  forme  faible  de  la  racine. 

màdyati  «s'enivrer»;  màdati,  comme  plus  haut  Iràmati,  s'an- 
nonce comme  un  ancien  aoriste.  L'a  de  mâdyati  ne  s'accorde 
guère  avec  le  présent  en  -ya  et  paraît  être  emprunté  à  ime  forme 
perdue  *  màdati. 

vâçati  «mugir»:  vàrà  «vache».  Dans  vcivaçre,  vdvardnci  Va 
bref  est  sans  valeur,  cf.  la  note  de  la  p.  170. 

svadate  «goûter»,  svadman,  svattâ  pour  *svatta:  svàdatî  re- 
présente l'ancien  aoriste. 

hradate  «résonner»:  hràdâ  «lac»  (cf.  gr.  za%lât,(o  qui  se  dit 
du  bruit  des  vagues). 

/3)  Le  degré  réduit  présente  i. 

pld-ç-i  nom  d'un  viscère :^?l-/<.-fm  «foie».  Pour  h  et  gli  alter- 
nant de  la  sorte  à  la  fin  d'une  racine  cf.  malc  et  magh  p.  04. 

cas  «gouverner».    Le  vocalisme  de  cette  racine  est  presque 
intact.    Nous  allons  confronter  (;as  avec  dves  comme  plus  haut 
Xk.%'  avec  tpavy: 
çâsti      çismâs       çiscit        çaçasa       ris  f  ci       çïistâr      a-çts 
dvesti     dvïsmâs     dvisâtl     didvésa     dvisfâ     dvcsfâr    pati-dvis 
Cependant  l'analogie  a  déjà  commencé  son  œuvre:   le   pluriel 
du  parfait  fait  raçâsiis  au  lieu  de  *çaçisi(s  et  le  passif  râsyéde  pour 
*çisycite.    Bohtlingk-Roth  citent  le  participe  épique  çasta,  et  on  a 
dans  le  Rig-Véda  des  formes  comme  çUste,  çâsmalie. 

sâdh  «réussir».  Les  formes  sidhyati,  siddhâ,  sidhmâ,  sidhrâ, 
nih-sidh,  ont  dû  être  primitivement  à  sâdhati,  sâdhis/ha  etc.  ce 
que  çis  est  à  ras.  Par  analogie  on  créa  sédhati,  sisédha,  ce  qui 
amena  une  scission  entre  les  deux  moitiés  de  la  racine. 


172  La  dégradation  a  a  dans  l'arien. 

y)  Le  degré  réduit  présente  à  la  fois  a  et  l. 

tàmyati  «être  affligé»  (cf.  màdyati  p.  171),  fâmrâ  «de  couleur 
sombre»:  timirâ  «obscur»,  ttmyati  «être  humide,  silencieux,  im- 
mobile». La  forme  stimyati  fait  supposer  que  la  racine  est  en 
réalité  stdm.   On  trouve  l'a  par  exemple  dans  tàmisrâ. 

vàsas  «vêtement»  :  vaste  «se  vêtir»  —  non  pas  «t(sfe»  comme 
on  aurait  si  la  racine  était  vas  — ,  mais  aussi  a-vis-i-ita  «revêtu» 
R,  V.  X  51, 1  ;  vesa  et  vesfayati  dans  le  sanskrit  classique  paraissent 
être  nés  comme  sédhati  de  quelque  phénomène  d'analogie. 

çâktâ  «maître»,  çakman  «force»  aitai,  siçri^évov  védique  : 
çàknéti  «pouvoir»,  mais  en  même  temps  çikvâ,  çiJcvan,  çikvas 
«habile». 

sâdana  synonyme  de  sàdana  «demeure»^,  saddd-yoni  (véd.)  : 
sldâti  (aussi  stdati)  «s'asseoir»  n'est  pas  pour  «sisdati»  comme 
nous  le  disions  par  erreur  à  la  p.  11,  et  cela  1°  parce  qu'il  faudrait 
dans  ce  cas  «sïdati»,  2"  par  la  raison  péremptoir^  que  le  zend  a 
liiÔaiti  et  non  «lûzhdaith.  Les  autres  formes,  fortes  et  faibles, 
n'ont  ni  sâd  ni  sld,  mais  sàd. 

II.  La  répartition  des  racines  qui  ont  La  dégradation  a  a  est- 
elle  la  même  dans  les  langues  ariennes  qu'en  Europe 2 

Comme  tout  a  et  tout  o  européen  suppose,  d'après  ce  que 
nous  avons  vu,  un  .1  et  un  ô,  la  quantité  de  ces  phonèmes  est  in- 
différente pour  la  recherche  qui  suit. 

Parmi  les  exemples  ariens  nous  ne  croyons  pas  devoir  omettre 
les  racines  telles  que  Up  qui  ont  supprimé  la  dégradation  en 
généralisant  la  forme  forte. 

1.  L'européen  présente  â  (au  degré  réduit,  a). 

Skr.  «p,  (Ipnéti,  aptà  :  lat.  apiscor,  aptiis.  —  Skr.  âmd  à  côté 
de  amia:  gr.  cofiôg,  lat.  amarus.  —  Skr.  âçti  à  côté  de  ârrl  :  gr. 
axvg,  oxQLç.  —  Skr.  Icâsate  «tousser»:  lith.  Jwsti,  v.  h*-all.  huosto. 

—  Skr.  (jaltate  (cf.  p.  171):  gr.  ^ijaaa.  —  Skr.  jV///«8:  gr.  sv-ntjy^g, 
p.  171.  —  Skr.  nasd  à  côté  de  nàs  :  lat.  nasus,  lith.  ndsis,  si.  nosù. 

—  Skr.  màdyati  :  lat.  madeo,  gr.  (laôcca.  —  Zend  yâçti  :  gr.  ^coO, 
too  (]>.  ir)4),  s\.  jffs,  liili.  jns.  —  Skr.  vâçati  :  lat.  vacca.  —  Skr. 


1.  Il  va  sans  dire  que  sadana  dans  le  sens  d'action  de  poser  {sadayati) 
ne  peut  pas  être  cité. 


L'a  long  arien  comparé  à  la  loiig  européen.  17lj 

çasti  :  lut.  canins,  castigarc\  Casmenae;  gr.  xoV^oç;;  ;j;otli.  Iiazjuv. 
—  Skr.  svâdate  :  gr.  6fâô.  —  Skr,  hasaie  «jouter  h  la  course» 
(B.  R.)  :  gr.  xgjo^ccl  (?). 

2.  L'européen  présente  ë. 

Skr.  kramatl  :  gr.  Kprm  (j).  KJ.S).  —  8kr.  tàmyati,  tnit/râ  : 
europ.  tcm  (p.  1()8).  —  Skr.  dàsati  «poursuivre»  :  gr.  ô^œ.  —  Skr. 
rddhati  «faire  réussir»,  rndhas  «richesse»  :gotli.  rcdan  «délibérer», 
peut-être  aussi  lat.  robur  (cf.  p.  1G9).  —  Skr.  ruy  ràyati  «briller»: 
grec  pHT  «teindre»  (p.  IGG).  —  Zend  rdm  dans  ràmbiôivem  «vous 
reposeriez»  europ.  rem  (p.  106).  —  Skr.  vàsas  (p.  172)  :  l'absence 
assez  singulière  du  degré  /o(?  dans  les  formes  grecques  fait  soup- 
çoimer  que  la  racine  est  fric.  - —  Skr.  sàdana  etc.  (p.  I72j  :  europ. 
sëd  (p.  1G8).  —  Skr.  hrâdate  :  europ.  ghrëd,  ghrad  (p.  1G9). 

A  cette  liste  il  faut  ajouter  skr.  hcdul  =  gr.  Ttàxvg,  skr.  sdmî 
=  europ.  sëmij  skr.  ràg  ==  lat.  réx,  gotli.  reiks,  irland.  rL  Isolés 
et  dépourvus  de  formes  faibles,  ces  mots  sont  difficiles  à  classer. 

La  valeur  des  coïncidences  énumérées  est  rehaussée  par  ce 
fait  que  la  dégradation  indienne  «  a,  ou  plus  généralement  Va 
long,  ne  se  présente  jamais,  que  nous  sachions,  quand  l'européen 
offre  un  type  comme  f}ei^. 

La  réciproque,  comme  on  va  le  voir,  serait  moins  vraie.  Nous 
rappelons  que  toute  racine  européenne  montrant  quelque  part  .i 
doit  être  considérée  comme  possédant  la  dégradation  ù  a. 

àgati  cf.  gr.  aya^  àyio^ai;  gàdati  cf.  gr.  (iât,œ^  irland.  gnidin 
ro-gàd]  hhàgati  cf.  gr.  (paynv;  yàgati  cf.  gr.  «^o/iai;  ràdati  cf.  lat. 
rafZr;;  lahhati  cf.  gr.  Xdcp  Xa^stv;  vàtati  cf.  lat.  vCdes;  sthagati  cf. 

1.  Frohde  K.  Z.  XXIII  310.  Ajoutons  jî)/o-cercs  pour  *pro-cases  ==  skr. 
pra-çûas  «les  ordres»,  de  même  qu'en  Crète  xôffftoi  signifie  les  magistrats. 

2.  Le  rapprochement  du  goth.  nipan  avec  le  skr.  nrdhitd  «inops>  n'est 
rien  moins  que  satisfaisant.  Quant  à  bhrdgati  en  regard  du  gr.  cpltyco,  le 
lat.  flagrare  ^  vertit  par  son  a  que  la  racine  est  bhïëg  et  que  Va  de  cplîya 
est  de  même  nature  que  dans  ?Jofiat  de  sëd.  Pour  le  lat.  decus  en  regard 
du  skr.  dâçati,  Vo  des  mots  grecs  ôôy^cc,  dédoHTai  (cf.  p.  131)  nous  rend  le 
même  service.  La  racine  est  dcok:  déSo-nzai  est  à  *dëcus  (converti  en  de- 
cus) ce  que  èm-çço&og  est  au  goth.  reda  (p.  169).  —  On  trouve  dans  le 
Rig-Véda  un  mot  hhdrman  de  la  racine  qui  est  en  Europe  bhcr.  L'allonge- 
ment aura  été  provoqué  par  le  groupe  consonan tique  qui  suit  comme  il 
faut  l'admettre,  je  pense,  pour  hardi  «cœur»,  pdrsrii  cî.méçva,  mumsd 
=  goth.  )nimza-. 


174  L'a  long  arien  comparé  à  Va  long  européen. 

europ.  stëg  (p.  168).  Rien,  ni  dans  la  formation  des  temps  ni  dans 
celle  des  mots,  ne  trahit  une  différence  quelconque  entre  ces  verbes 
et  les  exemples  comme  pâfati  =  lat.  j)e^o. 

Ce  fait,  s"il  n'est  pas  précisément  des  plus  favorables  à 
l'hypothèse  du  phonème  a  ,  est  cependant  bien  loin  de  la  menacer 
sérieusement.  Reprenons  le  présent  svadatc  cité  précédemment. 
Ce  présent  est  accompagné  d'une  seconde  forme,  svâdati.  Si  Ion 
compare  le  grec  uôo^cct,  aoriste  s-vàÔo-v,  on  conviendra  qu'il  y 
a  neuf  probabilités  sur  dix  pour  que  svâdati  représente  sinon 
l'ancien  aoriste,  du  moins  un  présent  originairement  oxyton 
sivadâ-ti.  L'accent,  en  sanskrit,  a  été  attiré  sur  la  racine  par  l'a 
qui  s'y  trouvait,  phénomène  que  nous  constaterons  encore  plus 
d'une  fois.  Aucun  présent  indien  en  a  n'a  le  ton  sur  le  suffixe 
quand  il  y  a  mi  a  dans  la  racine.  V.  Delbriick  Altind.  Vcrh.  138 
et  145  seq.  S'appuyer  ici  sur  l'accentuation  serait  donc  récuser 
d'avance  tous  les  autres  arguments  et  supprimer  la  discussion.  ^ 

Qu'on  se  figure  le  présent  svâdate  tombé  eu  désuétude,  si'â- 
dati  survivant  seul,  et  l'on  aura  à  peu  près  l'état  de  choses 
qu'offrent  actuellement  dgati,  gddati  etc.  Les  formes  comme 
svâdman  n'auraient  pas  tardé  en  effet  à  suivre  le  présent  dans  sa 
ruine. 

Cette  explication  est  la  même  que  celle  que  nous  avons 
tentée  (p.  160  seq.)  pour  les  présents  comme  goth.  saka,  gr. 
^dxofxai.  Seulement  l'arien  n'étant  plus  comme  les  langues 
européennes  retenu  et  guidé  par  la  différence  des  sons  e  et  a 
pousse  plus  loin  qu'elles  l'assimilation  de  nos  verbes  à  ceux  du 
type  2^cfit-  Au  parfait  par  exemple  la  1''  pers.  hcd)hàga  (à  côté  de 
hahhâga)  et  la  2"  hahhâktlia  (à  côté  de  hhegitha)  ne  sauraient  se 
ramener  à  hlug.  Ces  formes  ont  subi  le  métaplasme.  La  3®  pers. 
hahlmga  peut  passer  pour  originaire  et  se  comparer  directement 
au  grec  tè&aye,  au  goth.  sole. 

Les  co'incidences  que  nous  avons  vues  entre  les  û  longs 
ariens  et  européens  permettent-elles  de  tirer  quelque  conséquence 
touchant  les  a  proethniques?  Si  les  malencontreuses  racines 
européennes   comme  sëd  scd  ne   venaient  à  la  traverse,  nous 

1.  Les  présents  où  nous  restituons  a  ne  sont  pas  les  seuls  où  l'accent 
doit  avoir  subi  ce  déplacement:  d(i(;ati  de  la  rac.  daviç  est  forcément  pour 
*daçàti,  *dnçuti  (cf.  dav.Btv). 


L'«  long  arien.  —  L't  de  pilar.  17f) 

aurions  dans  les  cas  comme  svàdatc  =  âdo^ui  (^ouijjaré.s  à  pàlali 
=  pcto^\di  jireuve  pure  et  simple  que  la  déf^radation  indo- 
européenne â  a  est  liée  au  phonème  a,  et  que  ce  phonème  a  de 
tout  temps  différé  de  a^.  Dans  l'état  réel  dos  choses,  nous  devons 
renoncer  à  cet  argument. 

Cependant  c'est  ici  h;  lieu  de  faire  remarcpjer  que  la  coïnci- 
dence a  lieu  eji  grand  pour  toute  la  classe  des  racines  finissant 
par  à.  La  nécessite  de  Ta  long  aux  formes  non  a/failAies  de  ces 
racines  (dont  nous  avons  parlé  p.  136  seq.)  est  la  même  pour  V arien 
que  pour  ï européen.  11  n'y  a  point  de  racine  en  à.  Ce  fait,  si  on  le 
compare  à  tout  ce  que  nous  savons  de  l'organisme  des  racines, 
démontre  que  l'a  indo-européen  est  une  combinaison  de  a^  avec 
un  second  phonème.  11  ne  contient  cependant  pas  la  preuve  que 
ce  second  ])honènie  fût  telle  et  telle  vo3^elle  (.i,  i>). 

m.  Le  vocalisme  des  formes  faibles,  dans  les  exemples  de  la  dé- 
gradation a  rt,  et  les  données  qu'il  fonrnit  snr  les  a  indo-européens. 

M.  Brugman  a  consacré  quelques  lignes  auxquelles  nous 
faisions  allusion  à  la  p.  5,  à  la  question  des  a  proethniques  autres 
que  «j  et  a.^.  Il  cite  comme  exemple  d'un  de  ces  a  la  voyelle  radi- 
cale de  pitéir  —  TtatYjç  —  pater  et  de  sthitâ  —  Grarôg  —  status. 
Car  autrement,  dit-il,  ces  formes  comparées  h.  padéis  — *nad6g  — 
pcdis  seraient  absolument  incompréhensibles.  11  va  sans  dire, 
d'après  tout  ce  qui  précède,  que  nous  nous  joignons  sans  réserves, 
pour  le  fond  de  la  question,  à  cette  opinion  du  savant  linguiste. 
Seulement  nous  ne  comprenons  pas  bien  le  rôle  que  joue  dans 
son  raisonnement  l'i  indien  de  pitéir,  sthitâ.  11  n'a  pu  entrer  dans 
la  pensée  de  l'auteur  de  dire  que  parce  que  1'/  indien  de  jj//âr, 
sfhiféi,  diffère  de  l'a  indien  de  padéis  ces  })honèmes  ont  dû  différer 
de  tout  temps.  Ce  qui  est  sous-entendu,  c'est  donc  que  1'/  en 
question  répond  toujours  à  un  a  européen.  On  aurait  attendu 
alors  une  explication,  si  courte  et  de  quelque  nature  qu'elle  fût, 
relativement  aux  cas  comme  %-bx6ç  —  liitâ  ^ 

La  véritable  signification  de  Vi  arien  dont  il  s'agit  ne  se  ré- 
vèle, croyons-nous,  que  dans  les  formes  énumérées  plus  haut 
(p.  171  sq.)  où  ri  se  trouve  à  l'intérieur  de  la  racine.  On  peut  joindre 


1.  M.  Brugman  la  donne  peut-être  indirectement  en  émettant  la  pré- 
somption que  les  phonèmes  «i  et  a.^  ne  terminent  jamais  la  racine. 


176  Signification  de  Vi  arien  pour  a. 

aux  exemples  douiiés  rtlrite  «tomber  par  gouttes»,  dont  la  forme 
forte  est  dans  le  grec  kïjxlc),  et  l-lndàti  «presser»,  Icliiilrà,  Ihidvas, 
qui,  ainsi  que  l'a  reconnu  Grassmann,  sont  parents  du  gr.  xéôœ. 
Jj'e  de  TilmJâ  «marteau»  et  de  riJchéda  n'est  jjoint  originaire,  puis- 
qu'on a  en  même  temps  cakhada,  parfait  védique  donné  par 
Pânini. 

Tous  ces  exemples  de  \%  ont  ceci  de  commun  et  de  caracté- 
ristique qu'ils  correspondent  à  un  a  long  des  formes  fortes.  Les 
racines  sans  dégradation,  comme  tap  fâpati  oiipac  pa/ati,  placées 
dans  les  mêmes  conditions  d'accent,  ne  convertiront  jamais  leur 
a  en  i^.  Si  elles  ne  peuvent  l'expulser,  elles  le  garderont  toujours 
tel  quel:   taptâ,pàkU  etc. 

Si  l'on  considère  de  plus  que  tout  î  placé  à  la  fin  d'une  racine 
est  accompagné  d'un  a  dans  la  forme  forte,  qu'il  en  est  de  même, 
en  dehors  de  la  racine,  dans  les  formes  de  la  9^  classe  verbale 
comme  prrCimâs  en  regard  de  prniti,  on  arrivera  à  cette  notion, 
que  l'I  arien  pour  a  suppose  un  â  long  dans  les  formes 

NON    AFFAIBLIES    AUSSI   NECESSAIREMENT    QUE    LE  VERITABLE  î 

suppose  ai  ou  que  r  suppose  ar. 

Or  la  réduction  de  l'a  long,  pour  désigner  ainsi  le  phéno- 
mène en  faisant  abstraction  de  toute  reconstruction  théorique,  ce 
fait  qui  est  la  condition  même  de  l'I  arien,  ce  fait  appartient  à 
l'histoire  de  la  langue  mère,  non  à  l'histoire  de  la  période  indo- 
iranienne  ;  la  comparaison  des  langues  d'Occident  l'a  suffisamment 
établi.  Il  est  clair  par  conséquent  que  le  germe  de  l'I  est  indo- 
européen. Le  vocalisme  arien  accuse  une  différence  de  qualité  entre 
les  a  proethniques  sortis  de  â,  ou  du  moins  certains  dUentre  eux,  et  les 
a  proetJiniqiies  non  sortis  de  â. 

Cette  définition  a  sorti  d'un  à  lony  convient  admirablement 
aux  phonèmes  a  ei  o  des  langues  européennes.  L'I  arien  serait-il 
donc  purement  et  simplement  le  représentant  de  ces  phonèmes? 
Nullement.  Cette  thèse  serait  insoutenable.  Dans  la  majorité 
des  cas  a  et  p  sont  rendus  par  a,  comme  nous  l'avons  vu  au  cha- 
pitre IV  et  tout  à  l'heure  encore  où  il  était  question  des  formes 


1.  Ni  les  aoristes  comme  ûgigat  ni  les  désidératifs  tels  que  pits  de 
pat  ne  sauraient  infirmer  cette  règle.  La  valeur  de  ïi  des  aoristes  est 
mille  puisqu'il  ai)paraît  même  à  la  place  d'un  «  {auhyigat),  et  les  dési- 
dératifs doivent  peut-étrt;  le  leur  à  un  ancien  redoublement. 


a  indien  =  i  de  pitâr  accentué.  177 

hliâgati,  ràilati  etc.  ojjposées  à  (payttv,  radu  etc.  Entre  les  cas 
même  où  le  sanskrit  conserve  la  dégradation,  il  en  est  bon  nom- 
bre, nous  l'avons  constaté,  dont  la  voyelle  est  a  aux  formes  fai- 
bles, p.  ex.  svàdate,  svîidati.  Ce  n'est  pas  qu'on  ne  d(ùve  présumer 
que  le  même  phonème  d'où,  avec  le  concours  de  certaijis  facteurs, 
résulte  un  ï  n'ait  pu  prendre,  sous  d'autres  influences,  une  route 
divergente.  Nous  ne  doutons  même  pas  que  dans  les  formes  où 
ce  phonème  a  été  placé  dès  l'origine  sous  la  tonique  il  n'ait  pro- 
duit a  au  lieu  de  I.  Voici  les  exemples  qui  paraissent  le  prouver. 
A  côté  des  cas  obliques  comme  iiiçds  «noctis»  il  existe  une  forme 
védique  nâk  (=  *ndJcs,  cf.  drakhjdti  de  darç  etc.)  qui,  ainsi  que  le 
fait  remarquer  M.  Brugman  (Stud.  IX  ;}ÎJ5),  est  le  propre  nomi- 
natif de  nirds.  Le  phonème  destiné  à  devenir  i  dans  la  syllabe 
non  accentuée  a  donné  a  sous  l'accent  ^  —  Tout  porte  à  croire 
que  la  seconde  partie  de  catdsras  est  identique  avec  tisrds,  zd. 
tisaro^.  Le  prototype  de  \'i  de  tisrds  s'est  donc  épanoui  en  a  sous 
l'accent.  —  Peut-être  enfin  que  l'a  de  madkn-pâ  (le  type  soma-pà 
est  le  plus  commun,  il  est  vrai,  dans  la  langue  védique)  n'est  dû 
ni  à  l'analogie  de  la  déclinaison  thématique  ni  à  un  suffixe  -a, 
mais  qu'il  est  tout  simplement  l'équivalent  accentué  de  \'l  de 
pl-td.  La  formation  non  védique  gala-pl,  faisant  à  l'instrumental 
(jala-j^j-â,  est  en  tous  cas  hystérogène. 

L'influence  de  l'accent  qu'on  remarque  dans  les  cas  précités 
ne  doit  cependant  point  faire  espérer  de  résoudre  le  problème  en 
disant  que  V(i  radical  de  svddati  résulte  de  l'imiovation  qui  a 
amené  la  tonique  sur  la  racine  (p.  174)  et  qu'autrement  on  aurait 
«sviddti»^  comme  on  a  hkiddti,  çièdt.    On  ne  comprend  en  effet  ce 

1.  M.  Brugman  cite  ndk  nirûs  pour  corroborer  son  opinion  relative  à  la 
déclinaison  de  rc ,  pré  etc.  où  il  pense  qu'il  y  a  eu  autrefois  des  formes 
fortes.  Mais  tant  qu'on  n'en  aura  pas  l'indice  positif  nous  nous  autorise- 
rons au  contraire  des  nominatifs  ik ,  prie  etc.  pour  dire  que  ndk  est  forme 
faible  à  l'égal  de  ni{--ds.  La  forme  non  affaiblie  de  ce  thème  ne  pourrait 
être  que  naç-. 

2.  Les  nominatifs  anciens  étaient  *tùdras  (zd.  tisord)  et  *catdsaras 
(forme  que  Grassmanu  croit  pouvoir  rétablir  dans  un  passage  du  Rig- 
Véda),  mais  cela  ne  change  rien  à  l'accentnation.  —  Pour  l'identité  de  la 
fin  de  * catdsuras  avec  tisdras  on  peut  remarquer  que  le  premier  élément 
de  *catd«aras  se  retrouve  à  son  tour  dans  la  2"  moitié  à<i  pdnca. 

3.  Cette  forme  est  doublement  fictive,  car  le  son  qui  a  donné  t  se 

12 


178  L'ï  arien  provient  d'une  ancienne  altération  de  A. 

retrait  de  l'accent  qu'en  admettant  que  la  racine  possédait  déjà 
un  a  bien  caractérisé.  Mais  voulût-on  même  recourir  à  une  liypo- 
thèse  de  ce  genre,  il  resterait  à  rendre  compte  dune  infinité  de 
formes  accentuées  sur  le  suffixe.  En  expliquant  hliâgati,  mâdati, 
âgati,  on  n'aurait  point  encore  expliqué  hhaktâ,  madirâ,  a{)â,'m 
d'autres  formes  plus  isolées  montrant  également  a  dans  les 
langues  d'Europe,  comme  pagrâ,  hhadrâ  (cf.  goth.  hatists,  botjan 
etc.),  çaphâ  (cf.  norr.  hofr),  maghà  (v.  p.  64),  raçadmahe  ==  ns- 
xÛG^s&a  etc. 

On  est  donc  amené  à  conclure  à  la  diversité  sinon  tout  à 
fait  originaire  du  moins  proethnique  du  phonème  a  et  de  la 
voyelle  qui  a  donné  l'I  indo-iranien.  Nous  croyons  que  cette 
voyelle  était  une  espèce  d'e  muet,  provenant  de  l'altération  des 
pJionèmes  a  et  g.  L'altération,  à  en  juger  par  le  sanskrit  (p.  150), 
avait  été  générale  à  la  fin  des  racines,  partielle  dans  les  racines 
finissant  par  une  consonne.  Ceci  peut  tenir  à  la  manière  dont  les 
syllabes  étaient  séparées  dans  la  prononciation. 

Que  cette  voyelle  indéterminée  soit  une  dégénérescence  des 
voyelles  ^  et  o  —  nous  ajoutons  par  hypothèse:  seidement  de  ces 
voyelles  —  et  non  p^,  comme  on  pourrait  croire,  un  phonème 
distinct  de  tout  autre  dès  l'origine,  c'est  ce  qui  ressort  des  consi- 
dérations suivantes. 

1°  S'il  y  a  une  raison  quelconque  d'admettre  à  l'intérieur  des 
racines  un  phonème  a  jjarallèle  à  i,  k,  *•,  etc.,  il  serait  invraisem- 
blable et  absolument  arbitraire  de  prétendre  cjue  le  même  pho- 
nème n'ait  jamais  pu  terminer  la  racine.  Or  le  sanskrit  montre 
que  la  voyelle  dégradée  existait  dans  toutes  les  formes  faibles 
des  racines  en  a.  Il  devient  donc  évident  que  dans  certains  cas,  si 
ce  n'est  dans  tous,  elle  est  la  transformation  secondaire  d'un  a 
(ou  d'un  g). 

2°  Dire  que  la  voyelle  faible  proethnique  d'où  dérive  Vi  de 
sthitd,  çis/à,  n'a  point  été  d'abord  une  voyelle  pleine  serait  re- 
noncer à  expliquer  l'a  de  sthàman,  ràsti,  dont  elle  forme  la  seconde 
partie. 

Cette  voyelle,  disons-nous,  devait  être  très-faible.  On 
aurait  peine  à  comprendre  autrement  comment  dans  plusieurs 

fond  avec  les  sonantes  qni  précèdent  en  une  voyelle  longue  (v.  chap.  VI). 
Nous  devrions  donc  écrii-e,  pour  être  exact,  «sûddti». 


Diff.  produits  de  la  voyelle  indéterminée.  1  7î* 

lan<fne.s  diftéreiites  oll(!  tend  à  être  .su])|)riiné(.'.  On  a  on  sanskrit 
les  formes  eomme  du-d-màs,  da-dh-mâs,  u-lta,  vâsu-tli,  am-lta  (àa 
dd  partager).  Le  paléosl.  damû,  da-s-te  etc.  s'explique  de  même 
(pour  le  redoublement  v.  §  13  fin).  Le  pluriel  et  le  duel  du  pré- 
térit gothique  faible  -dc-d-um  etc.,  où  la  rac.  dhe  est  fléchie, 
croyons-nous,  à  l'imparfait,  rendent  le  même  témoignage.  En 
latin  pestis  est  suivant  Corssen  pour  '*per-d-tis.  Nous  rappelons 
aussi  l'ombr.  tedtu.  Tout  indique  encore  que  Vi  de  sfhitd,  p'dàr,  est 
identique  avec  Vi  de  duhitâr  et  d'autres  formes  du  même  genre 
(cf.  le  chap.  VI).  Or  en  slave  et  en  germanique  dûsti,  dauhtar, 
montrent  que  la  voyelle  en  question  a  disparu,  absolument  comme 
dans  da-s-te,  de-d-um.  —  Enfin  la  prononciation  indéterminée  de 
cette  voyelle  se  manifeste  encore  par  le  fait  qu'elle  s'absorbe  dans 
les  sonantes  qui  la  précèdent.  Nous  aurons  l'occasion  de  revenir 
sur  cette  particularité.  Le  participe  de  çrd  par  exemple,  donne, 
au  lieu  de  «çritd»  (cf.  sthitd  de  stha),  çïrtà  =  *çrtd. 

Nous  désignerons  la  voyelle  indéterminée  par  un  '^  placé  au- 
dessus  de  la  ligne. 

En  Europe  cette  voyelle  incolore,  quand  elle  n'a  pas  dis- 
paru, s'est  confondue  le  plus  souvent  avec  les  phonèmes  a  et  o 
dont  elle  était  sortie.  Nous  sommes  obligé  de  prendre  plusieurs 
de  nos  exemples  dans  les  cas  mentionnés  ci-dessus  où  une  voyelle 
apparaît  à  la  suite  de  la  racine  comme  dans  didàtàr.  La  valeur 
de  cette  voyelle  ne  diffère  point  de  celle  qui  est  dans  sthitd. 

La  continuation  latine  est  en  général:  a  dans  la  première 
syllabe  des  mots,  e  ou  i  dans  la  seconde.  Exemples:  c^stus  {==  skr. 
</isfd),i3duter,  status,  satus,  catus,  dattis^;  —  genitor,  (jenetrix,  jani- 
trices,  umhilicus.  Le  mot  lien  =  skr.  plthdn  offre  i  dans  la  1*^  syl- 
labe. En  revanche  anàt-  «canard»  montre  a  dans  la  seconde. 

Eu  germanique  on  trouve  a  (parfois  -u)  dans  la  V  syllabe, 
et  suppression  de  la  voyelle  dans  la  2"  syllabe.  Exemples:  fadar, 
dmditar.  Le  v.  h*-all.  annd  «canard»  retient  la  voyelle  dans  la 
2°  syllabe  et  lui  donne  la  couleur  u. 

1.  Il  nous  semble,  d'après  tout  ce  qui  précède,  qu'il  faut  expliquer 
(latus,  catus  en  regard  de  dos,  cas  (comme  satus  en  regard  de  sëmoi)  au 
moyen  de  la  voyelle  indéterminée.  Le  mot  liâtes  comporte  la  même  suppo- 
sition, si  l'on  juge  l'o  de  vôacpi  de  la  même  manière  que  l'o  de  dorôg  (v. 
plus  bas). 

12* 


180  Diff.  produits  de  la  voyelle  indéterminée. 

Le  letto-slave  ofifre  un  e  dans  le  paléosl.  slezena  =  skr. 
pWiân,  et  le  même  e  se  retrouve  dans  la  désinence  du  génitif: 
matere,  gr.  firjtQog.  Voy.  ci-dessous  ce  qui  est  relatif  à  pâtyns. 
Dans  la  seconde  syllabe  nous  trouvons  la  voyelle  supprimée:  si. 
dusti,  litli.  diikû;  si.  aty,  litli.  anus,  cf.  lat.  anat-;  lith.  arldas 
«charrue»  comparé  à  (Îqotqov,  hklas  «rame»;  cf.  skr.  arltra. 

En  grec  les  formes  comme  èça-Tuév,  xéça-^og,  ccqo-xqov, 
ccQt-&^6g  indiquent  que  la  voyelle  muette  peut  prendre  quatre 
couleurs  différentes,  sans  qu'on  voie  du  reste  ce  qui  détermine 
Tiine  d'elles  plutôt  que  l'autre. 

Il  devient  donc  possible  d'identifier  Vs  de  itog  avec  Va  du 
lat.  sains.  Dans  fro'g  de  r\,  doro'g  de  bin  et  atarôg  de  CTd  nous  ad- 
mettrions que  le  souvenir  des  formes  fortes  imposa  dans  chaque 
cas  la  direction  que  devait  prendre  la  voyelle  indéterminée.  Ainsi 
Va  et  l'o  de  la  fin  des  racines  ne  seraient  point  comme  ailleurs 
les  représentants  directs  de  a  et  p.  Ils  seraient  issus  du  son  "^j 
affaiblissement  proethnique  de  ces  phonèmes.  Libre  de  toute  in- 
fluence la  voyelle  ^  semble  avoir  incliné  vers  l'a.  C'est  ce  qu'in- 
diquent naxriQ^  d^vyccrrjQ,  o^xpaXog  =  nabhïlâ,  GTikâyiv-o-x'  cf. 
plViàn,  xLQva^êv  en  regard  de  p)pfimàs,  puis  quelques  formes 
isolées  comme  jiQÔ^atov,  ;rpo/3a(jtg,  ^aGtXsvg  parallèlement  à 
/3o'(îxœ,  ^otr'iQ  de  ^uu.  Ui  se  trouve  dans  tiî-vgj,  tcitcl-Oxcû. 

Plusieurs  exemples,  à  l'intérieur  des  racines,  rappellent  les 
doublets  de  formes  faibles  indiennes  comme  çik  et-çak  de  çâh,  vis 
et  vas  de  vas.  En  grec  on  a  de  xajt  (xacpôg)  xânav  et  xômco.  L'a 
de  xâTCoav  paraît  représenter  la  voyelle  faible;  l'o  de  xônrco  est  o. 
En  gothique  on  a  de  slcdi  (parf.  sloli)  le  partie,  slauhans  et  le  pré- 
sent slaha. 

On  peut  citer  encore"  comme  exem})les  de  la  voyelle  faible 
médiale  grec  arçayav  de  rçay,  goth.  hruhans  où  le  groupe  ru 
répond  au  ra  de  fractus  et  de  Qaytjvat  (rac.  bhreg).  V.  p.  1C7.  Vl 
représente  la  même  voyelle  dans  fÔçya  (cf.  skr.  sïd),  dans  xtxvg 
«force»  que  M.  Fick  ra])proche  du  skr.  çak,  çik. 

Dans  deux  exemples  seulement  Vi  indien  semble  être  rendu 
directement  par  l'o  grec:  ôoxfiog  qui  correspond  à  gihmâ  et  xo'()|[tog 
en  regard  du  skr.  çis.  Est-il  permis  de  comparer  kitavâ  «joueur» 
et  xoTTa/3ogV  Cf.  ion.  orrafiog.  II  serait  possible  aussi  que  la 
voyelle  de  vi>xr-,  noct-  répondît  exactement  à  celle  de  niç-. 


Anomalies,  —  Racines  du  type  av.  181 

Dans  quelques  cas  le  sanskrit  offre  un  m  à  la  place  de  1'/; 
(judii  «intestin»,  cf.  yôôa'  ëvrcça.  MaxsÔ6v£g',  udàra  «ventre»,  cf. 
oÔeqois'  yccGxï'iQ;  sK-tiika  «rapide»  de  talc  (cf.  Ta;i;vi,');  vdni-na^ci. 
ovça-vog.  Le  cas  le  plus  important  est  celui  de  la  désinence  du 
génitif.  Nous  croyons  que  2)ât'yviS  est  identique  avec  noôLOg-,  voy. 
page  196. 

Avant  de  finir,  nous  ne  voulons  pas  omettre  de  mentionner 
différentes  formes  indo-européennes  qui  sont  en  désaccord  avec 
la  théorie  proposée.  Peut-être  sont-ce  des  fruits  de  l'analogie 
proetlmique.  Indo-eur.  Sîvâdii  en  regard  de  prthtl  etc.  (p.  15,  23). 
Indo-eur.  âstai  (skr.  dsfe,  gr.  rjCtai)  au  lieu  de  AStm.  Indo-eur. 
Al\nian  «rocher»  à  la  place  de  TiJcman,  Aijas  «ses»  et  non  Âyas 
(p.  150).  Il  est  fort  singulier  aussi  de  trouver  de  la  rac.  scld  skr. 
sadas  =  gr.  ê'ôog,  de  la  rac.  tant  skr.  tàmas  =  lat.  *temvs  dans 
temcre,  de  la  rac.  d(îJi\  lat.  decus  =  skr.  *dâras  dans  dnrasyâti, 
toutes  formations  qu'il  nous  est  impossible  de  regarder  comme 
légitimes.  Voici  un  cas  bien  frappant  :  en  regard  du  v.  li'-all.  noha 
on  a,  très-régulièrement,  en  sanskrit  apas  «acte  religieux»,  en 
zend  hv-âpmh  (Fick  P  16),  mais  en  même  temps  skr.  âpas,  lat. 
opus,  inexplicables  l'un  et  l'autre. 

Pour  que  le  phonème  a  remplit  un  rôle  morphologique  par- 
faitement identique  avec  celui  de  /  ou  «,  il  faudrait,  en  vertu  du 
même  principe  qui  ne  permet  point  de  racines  finissant  par  in,  ir 
etc.  (p.  125),  qu'aucune  racine  ne  montrât  a  suivi  d'une  sonante. 
Mais  ici  semble  cesser  le  parallélisme  de  a  avec  les  autres  coeffi- 
cients sonantiques,  parallélisme  qui  du  reste,  considéré  au  point 
de  vue  physiologique,  est  assez  énigmatique. 

Voici  quelques-unes  des  racines  où  nous  devons  admettre, 
provisoirement  du  moins,  le  groupe  a  -f-  sonante.  Rac.  av  (soit 
«i^r)  «labourer»,  ar  àçaçLOxc)^  Âl  «nourrir»  (goth.  ala  ol),  7m 
«souffler»  (goth.  ana  on),  Jm  «gagner»  {àno-kavco^  A '/''?,  si. 
lovu).  Le  grec  offre  entre  autres:  0âX  ■O-aA/lcj,  tt&û?M,  d^aXta;  — 
Hâv  ^àiva,  ènC-i,)]vov;  —  Ttàp  nàvçog,  nàçog,  ntjçog  et  avec  Â^ 
{takat-)7iaQog ^  cf.  p.  60;  —  câp  aàÎQco^  aéaâça,  GsGàçvîa.  et  Ga- 
Qog-,  —  CKCtX  axccXkco^  (îxûîA/;|;  —  TÔtu  yàÇpya,  yàvQog,  y£yr}{i()d-a; 
—  bcti)  ôa(/)ta,  ôéôrj(J^)a,  ôeôàvtcc  (dans  Nounus  d'après  Veitch); 


182    .         Racines  du  type  Ar  et  fausses  racines  du  type  sAiy. 

—  KttU  xa(f)ÎG},  £Xîjf/)a^;  —  kXôu  xkcctg  et  avec  2^  alcoftog  (Grdz. 
572);  —  qpâu  (rac.  secondaire)  %i(pàvay.co,  cpa(/)sa;  —  xpâu  jjpavcj, 
^a-xQrj^ç.  A  la  p.  57  sont  réunis  plusieurs  exemples  gréco-ita- 
liques de  ce  genre.  Une  partie  de  ces  racines  sont  indubitable- 
ment liystérogènes.  Ainsi  ^aUvo^at  vient  vraisemblablement  de 
laev  comme  xatvco  de  Kev  (p.  103);  plus  tard  Va  donna  lieu  à  une 
méprise,  et  l'on  forma  ^é^rjva^  ^rjvig,  ^âvng.  L'o  du  lat.  doleo 
indique  également  que  Vcc  de  ôâlX^f  xaKovQyst  n'est  point  origi- 
naire (cf.  p.  107j,  et  cependant  l'on  a  ôâléo^at. 

A  cette  famille  de  racines  se  joignent  les  exemples  comme 
lirëm,  mel  (p.  166  seq.). 

C'est  une  conséquence  directe  de  la  théorie  et  une  consé- 
quence pleinement  confirmée  par  l'observation  que  l'a  (^i)  des 
diphthongues  aI  et  au  ne  puisse  être  expulsé.  On  pourrait  ob- 
jecter le  lat.  miser  à  côté  de  maerco,  mais  maereo  est  apparem- 
ment pour  moereo  de  même  que  pacnltet  (Corssen  I'"^  327)  est  pour 
2ioenitet. 

Les  racines  qu'on  abstrait  de  formes  comme  le  lat.  sarpo  ou 
taedet  sont  incompatibles  avec  notre  théorie.  La  voyelle  des 
racines  étant  toujours  e,  jamais  a,  il  faudrait  poser  pour  racines 
searp  teaid,  soit  sârp)  tdid.  Or  on  ne  trouve  pas  d'à  long  dans  les 
groupes  radicaux  de  cette  esj)èce. 

Mais  quelles  garanties  a-t-on  de  l'ancienneté  de  ces  radicaux? 
Les  racines  telles  que  derk  ou  weid  peuvent  le  plus  souvent  se 
suivre  facilement  jusque  dans  la  période  indo-européenne.  Dès 
qu'il  s'agit  des  types  sarp  et  taid,  c'est  à  peine  si  l'on  recueille 
ime  ou  deux  coïncidences  entre  le  grec  et  le  latin,  entre  le  slave 
et  le  germanique.  Des  22  verbes  gothiques  qui  suivent  Yablaut 
falpa  faifal^,  ou  liciita  hailiait,  et  dont  la  partie  radicale  finit  par 
une  consonne,  6  se  retrouvent  dans  une  des  langues  congénères, 
mais  sur  ce  nombre  salta  =  lat.  sallo  est  notoirement  hystéro- 
gène;  fdJia  si  on  le  compare  à  pango  ne  doit  sa  nasale  qu'au  suffixe; 
hdha  de  même;  il  est  comparé  à  la  p.  59  avec  le  lat.  cancelli  et  le 
skr.  Icancatc,  mais  y.âKaXov  et  le  skr.  hiéawi  «attache»  ne  connaissent 

1.  Déjà  à  la  p.  169  nous  avons  eu  roccasion  de  contester  que  Tîj  de 
?Krja  vînt  du  digarama:  ^->ir/J--a  est  à  keau  ce  que  ^-aaev-a  est  à  seu.  La 
flexion  idéale  serait  i-'HrjK,  *txauftev,  *fiicivTO,  cf.  t'aatva,  *taovfitv,  taavto 
(p.  21,  146). 


Il 


Fausses  racines  du  type  sArj).  133 

point  de  nasale;  aiiha  enfin  rentre  dans  un  cas  particulier  dont  il 
sera  question  ci-dessous.  En  réalité  il  n  existe  donc  que  deux  cas, 
valda  =  si.  vlada,  sJmida  =  lat.  caedo.  On  remarque  bien  que  la 
coïncidence,  dans  ces  deux  cas,  ne  dépasse  pas  les  idiomes  les  plus 
rapprochés  ^  Ces  fausses  racines  pouvaient  prendre  naissance  de 
manières  très-diverses:  1"  Par  l'addition  de  déterminatifs  à  la 
forme  faible  des  racines  comme  al  et  f/au.  Ainsi  le  goth.  al^a  est 
une  continuation  de  a  la,  le  lat.  gaudeo  est  du  consentement  de 
tous  une  greffe  tardive  de  gau.  2"  Par  infection  nasale  venant  du 
suffixe  du  présent.  ))"  Par  propagation  de  la  forme  faible  dans 
les  racines  contenant  r,  l,  n,  m.  Ainsi  naît  le  grec  Q^aQO  (p.  129), 
ainsi  le  gréco-it.  pJiarJi  {farcio  —  cççaGGca,  cf.  frcqnens),  car  même 
en  latin  ar  est  dans  plusieurs  cas  un  affaiblissement,  v.  le 
cliap.  VI.  4°  Par  la  combinaison  des  procès  1  et  lî;  ex.:  spar-g-o 
de  sper  (oTtSLçco).  5°  Par  la  projiagation  de  formes  contenant  «g- 
S'il  est  vrai  par  exemple  que  le  goth.  Manda  soit  parent  de  hlinda- 
«aveugle»,  il  faut  qu'une  confusion  ait  été  occasionnée,  à  l'époque 
où  la  réduplication  subsistait  partout,  par  le  parf.  bebland  du 
présent  perdu  '^'blinda.  Cette  form.e  s'associant  à  fefaljj-eic,  était 
capable  de  jsroduire  hlanda. 

Les. -remarques  qui  précèdent  ne  s'appliquent  pas  aux  racines 
où  l'a  est  initial  comme  aidh,  aug,  angh,  arg,  dont  on  ne  saurait 
contester  la  haute  antiquité.  Mais  ces  racines  n'en  sont  pas 
moins  dues  à  des  modifications  secondaires.  Comme  nous  essayons 
de  l'établir  au  chap.  VI,  elles  sont  issues  de  racines  contenant  Ve. 
Par  exemple  le  thème  ans-os  «aurore»  et  toute  la  racine  aus  pro- 
cèdent de  la  racine  ivcs,  angh  procède  de  negh  etc. 


1.  Nous  ne  trouvons  que  3  exemples  qui  puissent  à  la  rigueur  préten- 
dre à  un  âge  plus  respectable:  1''  Lat.  laedo,  cf.  skr.  srédhati.  Comme 
toutes  les  formes  parentes  montrent  e  (v.  p.  75),  ce  rapprochement  ne  peut 
être  maintenu  qu'à  condition  d'admettre  une  perturbation  du  vocalisme 
dans  la  forme  latine.  2°  Gr.  eavauQÔç,  cf.  skr.  çûsyati.  Nous  n'attaquons 
pas  ce  parallèle;  nous  ne  nous  chargeons  pas  non  plus  d'expliquer  l'a  du 
grec,  mais  il  faut  tenir  compte  de  Ve  du  v.  h*-all.  siiirra  «gale>>,  v.  Fick 
IIP  .^27.  L'a  du  lith.  sàusas  (cf.  p.  69)  peut  se  ramener  à  volonté  à  e,  a._j 
ou  A.  3°  Lat.  candeo,  gr.  yiâvôccçoçy  cf.  skr.  cdndrd.  Ce  dernier  cas  est  un 
peu  plus  redoutable  que  les  deux  premiers.  Cependant  le  groupe  ««  peut, 
ici  encore,  provenir  d'un  affaiblissement  tel  que  ceux  dont  nous  parlerons 
au  chap.  VI. 


184  Types  principaux  des  racines  indo-européennes. 

Ou  ne  trouve  pas  de  racittes  terminées  vocaliquement  et  dont  le 
vocalisme  consisterait  nniquemeyit  dans  a^,  comme  serait  «sto^»  ou 
«jja^».  A  la  rigueur  les  présents  sanskrits  comme  ti-s/ha-ti,  pi- 
ha-ti,  pourraient  passer  pour  contenir  de  telles  racines.  Il  faudrait 
attribuer  à  ces  formes  une  antiquité  énorme,  car  ce  serait  y  voir 
la  base,  insaisissable  partout  ailleurs,  de  racines  comme  sta^-A, 
pa^-Q  (gr.  Gtâ,  Tia-^  skr.  stJm-târ,  pd-târ).  Mais  il  est  bien  plus 
admissible  de  dire  tout  simplement  que  ces  formes  sont  dues  à 
l'analogie  des  verbes  thématiques,  et  que  ï-6xû-xl  est  plus  vieux 
que  ti-stlia-ti. 

Appelons  Z  tout  phonème  autre  que  a^  et  a.,.  On  pourra 
poser  cette  loi^:  chaque  racine  contient  le  groupe  a^  -\-  Z. 

Seconde  loi:  sauf  des  cas  isolés,  si  «^  est  suivi  de  deux  élé- 
ments, le  premier  est  toujours  une  sonante,  le  second  toujours 
une  consonne. 

Exception.  Les  sonantes  .i  et  o  peuvent  être  suivies  d'une 
seconde  sonante. 

Pour  donner  des  formules  aux  différents  types  de  racines 
que  permettent  ces  deux  lois,  appelons  S  les  sonantes  i,  u,  n,  m,  r 
(1),  A,  o,  et  désignons  par  C  les  consonnes  par  opposition  à  sonantes. 
Comme  ce  qui  vient  après  a^  forme  la  partie  la  plus  caractéristi- 
que de  la  racine,  il  est  permis  de  négliger  les  différentes  com- 
binaisons auxquelles  les  phonèmes  qui  précèdent  a^  donneraient 
lieu.  Ainsi  a^i,  JcaJ,  sJcaJ,  rentreront  pour  nous  dans  le  même 
type,  et  il  suffira  d'indiquer  par  x  Z  placé  entre  crochets  qu'il 
peut  y  avoir  différents  éléments  avant  a  y  Ces  formules  ne 
compremient  que  le  premier  grand  embranchement  de  racines, 
mais  conservent  leur  raison  d'être  dans  le  second,  dont  nous 
parlerons  au  §  14. 

1"  type:  [x  Z-\-]a,-j-  Z. 

2^  type:  [x  Z +J  r/,  +  8  +  C. 

Type  résultant  de  l'exception  à  la  seconde  loi: 

[X  Z  +]  a,  +  A  (o)  +  S. 


1.  Il  faut  avertir  le  lecteur  que  nous  restituons  a^  par  hypothèse  à 
certaines  racines  telles  que  pii  f  pourrir/)  qui  ne  le  montrent  plus  nulle 
part  et  que  nous  considérons  de  plus  près  au  chap.  VI. 


Foriue  dus  suffixes,  etc.  185 

§  12.     Aperçu  synoptique  des  variations  dn  vocalisme 
amenées  par  la  flexion. 

HEMAIIVUES    rUÉMMINAIKHS. 

1.  Forme  des  suffixes. 

Nous  ne  considérons  que  les  suffixes  primaires. 

La  loi  fondamentale  des  racines  était  de  renfermer  le  groupe 
«j  -f"  2.  Une  loi  analogue,  mais  plus  large,  régit  les  syllabes 
suffixales:  tout  suffixe  contient  a^ 

Exception.  Le  suffixe  du  participe  présent  actif  -nt  ne  possède  pas  a^. 
Les  formes  dont  l'analyse  est  douteuse  cachent  peut-être  d'autres 
exceptions,  dont  on  ne  peut  tenir  compte. 

Les  suffixes  se  divisent  en  deux  grandes  classes,  selon  que  «^ 
est  suivi  ou  non  d'un  phonème.  _ 

Dans  le  premier  cas  la  formule  coïncide  avec  celles  des  syl- 
labes radicales.  Les  principaux  suffixes  de  cette  classe  sont  -a{n, 
-ma^n,  -iva^n,  -a^m,  -a^r,  -ta^r,  -a^s,  -ya^s,  -wa^s,  -a^i,  -ta^i,  -na^i, 
-aj«,  -ta^n,  -na^n,  -ya^A  etc.  Un  thème  tel  que  sa^r-ma^n  ou  mayA- 
ta^r  est  une  combinaison  de  deux  cellules  parfaitement  sembables 
l'une  à  l'autre.  —  Toutefois  le  parallélisme  de  ces  suffixes  avec 
les  racines  n'est  pas  absolu.  Il  est  restreint  par  une  loi  qui  exclut 
des  suffixes  presque  tout  autre  i^honème  que  t,  s,  et  les  sonantes. 

La  deuxième  classe  de  suffixes  est  celle  qui  finit  par  a^  (le- 
quel alterne  comme  ailleurs  avec  a.^.  Ce  sont  entre  autres  les 
suffixes  -«j,  -tck^,  -na^,  -ma^,  -ya^,  -iva^,  -ra^. 

2.  Qu'est-ce  qu'on  peut  appeler  les  variations  vocaliques  amenées  iiar 

la  flexion? 

Les  deux  seules  modifications  que  puisse  subir  la  racine, 
l'expulsion  de  «j  et  son  changement  en  a^,  sont  aussi  les  deux 
seules  modifications  dont  les  suffixes  soient  susceptibles. 

Les  variations  proethniques  du  vocalisme,  si  l'on  en  fait  le 
total,  se  composent  donc:  1"  des  cas  d'expulsion  et  de  transfor- 
mation de  !'«!  radical;  2''  des  cas  d'expulsion  et  de  transformation 
de  Ya^  suffixal. 

Mais  pour  saisir  les  phénomènes  dans  leur  lien  intérieur,  la 
classification  des  syllabes  en  syllabes  radicales  et  syllabes  suffi- 
xales ne  convient  pas.  Il  y  faut  substituer  la  division  en  syllabes 
ou  cellules  prcsuffixalcs  et  pre'désinentielles. 


186  Définition  du  sujet  du  §  12. 

Les  syllabes  présuffixales  sont  celles  qui  précèdent  immédia- 
tement un  suffixe.  Il  s'entend  de  soi-même  que,  dans  le  mot  pri- 
maire, ce  ne  peuvent  jamais  être  que  des  racines. 

Les  syllabes  prédésinentielles  comprennent:  1°  les  racines 
sans  suffixe;  2°  les  suffixes. 

Si  le  terme  de  syllabe  n'était  ici  plus  ou  moins  consacré  par 
l'usage,  nous  lui  préférerions  beaucoup  celui  de  cellule  ou  à! imité 
morphologique,  car  un  grand  nombre  de  racines  et  de  suffixes  — 
p.  ex.  slttiA-,  j^aiTA-  (§  14),  -ya^A,  peut-être  aussi  Jca^i-j-najU  etc. — 
sont  disyllabiques.  Définissons  donc  bien  ce  que  nous  entendons 
par  «syllabe»  ou  cellule:  (jronpe  de  phonèmes  ayant,  à  l'état  non 
affaibli,  le  même  a^  pour  centre  naturel. 

Nous  nous  proposons  d'étudier  les  variations  vocaliques  du 
mot  primaire  (expulsions  et  transformations  de  l'a)  qui  sont  en 
rapport  avec  la  flexion.  Ce  sujet  ne  touche,  sauf  une  exception 
douteuse  (p.  221),  à  aucune  des  modifications  que  subissent  les 
syllabes  présuffixales-,  il  embrasse  en  revanche  la ptrcsque  totalité 
de  celles  qui  s'accomplissent  dans  les  syllabes  prédésinentielles. 

Nous  ne  disons  pas  la  totalité,  parce  que  dans  certains 
thèmes-racines  tels  que  skr.  mrdh  ou  {arva-)yûg  on  constate  un 
aft'aiblissement  persistant  à  tous  les  cas  de  la  déclinaison.  Appa- 
remment cet  affaiblissement  ne  dépend  pas  de  la  flexion. 

Le  principe  du  changement  de  \'a^  en  «g  étant  presque  aussi 
mal  connu  pour  les  syllabes  prédésinentielles  que  pour  d'autres 
on  ne  saurait  affirmer  que  ce  changement  dépend  de  la  flexion 
avec  une  sécurité  aussi  grande  que  pour  le  second  genre  de  modi- 
fications, rex])ulsion  de  Y  a.  Néanmoins  l'alternance  qu'on  observe 
entre  les  deux  «,  alternance  qui  se  dirige  sur  celle  des  désinences 
nous  a  déterminé  à  ranger  l'apparition  de  l'a^  prédésinentiel 
parmi  les  phénomènes  de  flexion. 

Flexion  verbale. 

1.    EXPULSION  DE  l'». 

De  la  conformation  des  racines  et  des  suffixes  (v.  ci-dessus) 
il  résulte,  soit  pour  les  noms  soit  pour  les  verbes,  deux  types 
principaux  de  thèmes.  Dans  le  premier  type  a^  finit  le  thème, 
dans  le  second  a^^  est  suivi  d'un  ou  de  deux  phonèmes. 


I 


Flexion  forte  et  (l(;xioii  faible.    Accent  <ln  verbe;.  187 

Thèmes  verbaux  du  i)remier  type:  rd^ikai-  (XeiTCs-),  rihà^- 
(Itnt-),  ra^iJcsya^-  {XsliJjs),  spakija^-  {'pnrya-),  gmslià^-  (fiaaxs-). 

Thèmes  verbaux  du  second  type: 

a.  Racine  simple  ou  redoublée.  Ex.:  â^s-  (io-),  à^i-  (si-), 
hhdiA-  ((pcc-),  ràyigh-  (leh-),  Jcâ^^AS-  {cas-),  hhâjjhà^r-  ihlhliàr-). 

h.  Racine  -\-  suffixe.  Nous  pensons  que  les  caractéristiques 
-nciiU  et  -na^A  des  classes  5  et  9  ne  sont  pas  plus  des  suffixes 
proprement  dits  que  -na^-g  dans  yunâgmi  (v.  chap.  VI).  Mais  cela 
est  indifférent  pour  la  flexion,  et  nous  pouvons  réunir  ici  toutes 
ces  formes:  strnà^u-^  {strnô-),  p;nà^A-  (j) ?">?«-),  yunà^g- 
(yiinâg-),  righyâ^A-  {lihyà-,  optatif). 

Les  expulsions  d'«,  dans'  les  syllabes  prédésinentielles,  se 
ramènent  à  deux  principes  très-différents:  la  qualité  du  phomnic 
initial  des  désinences  et  Yaccentuation.  Selon  que  l'un  ou  l'autre 
des  deax  principes  règne,  il  naît  deux  modes  de  flexion  auxquels 
on  nous  permettra  d'appliquer  les  termes  de  flexion  faible  et  de 
flexion  forte  indo-européenne.  Dans  la  flexion^  forte,  la  seule 
qu'admette  le  verbe^  Fexpulsion  de  Va  se  dirige  d'après  l'accent. 

Tout  le  monde  reconnaît  aujourd'hui,  après  la  belle  décou- 
verte de  M.  Verner^  que  l'accentuation  indienne  peut  passer,  et 
cela  particulièrement  dans  les  formes  verbales,  pour  l'image 
presque  absolument  fidèle  de  l'accentuation  proethnique.  La  con- 
tradiction où  était  l'accent  verbal  grec  avec  celui  du  sanskrit  et 
du  germanique  se  résout  par  la  théorie  de  M.  Wackernagel  qui 
en  fait,  comme  on  sait,  un  cas  particulier  de  VeneUsis.  Conformé- 
ment à  ce  que  fait  attendre  cette  théorie,  les  infinitifs  et  les  par- 
ticipes grecs  échappent  à  la  loi  du  verbe  fini  et  s'accordent  dans 
leur  accentuation  avec  les  formes  sanskrites. 

Que  l'accent  à  son  tour  soit  la  principale  force  en  jeu  dans 


1.  Il  est  beaucoup  plus  admissible  de  ramener  Vv  du  gr.  ôfîtivv^i  à 
la  diphthongue  ev  que  de  supposer  que  Vo  du  skr.  strnômi  sorte  de  u.  L'ît 
des  formes  iraniennes  n'a  rien  à  faire  avec  Vv  grec;  c'est  un  allongement 
de  Vu  des  formes  faibles.  Peut-être  la  suppression  de  la  diphthongue  suffi- 
xale,  en  grec,  fut-elle  occasionnée  par  l'introduction  secondaire  de  la  di- 
phthongue radicale,  les  formes  comme  *^fvyv8vi.iL,  ■'ôirAvtv^u,  étant  d'une 
prononciation  difficile.  Si  le  verbe  zLVbco,  à  côté  de  KÎvvtcti,  est  pour  *-M,véfco, 
nous  aurions  là  un  dernier  reste  de  l'e. 


188  Lois  de  la  flexion  forte.    Leur  application  au  verbe. 

les  dégradations  de  la  flexion,  c'est  un  fait  proclamé  d'abord  par 
M.  Benfe}",  mis  en  lumière  dans  ces  derniers  temps  par  les  tra- 
vaux de  M.  Osthoff  et  de  M.  Brugman  et  sur  lequel  la  plupart 
des  linguistes  tombent  d'accord  dès  à  présent. 

Nous  allons  essayer  de  réduire  à  des  principes  aussi  simples 
que  possible:  1°  les  résultats  des  déplacements  d'accent,  2°  les 
déplacements  d'accent  eux-mêmes. 

1\  n'y  a  d'autres  thèmes  verbaux  paroxytons  que  les  formes 
comme  râ^ilîa^-^,  où  l'accent  est  indifl'érent,  ainsi  que  cela  ressort 
de  la  loi  I  (v.  ci-dessous).  On  peut  donc  poser  la  règle  comme  si 
tous  les  thèmes  étaient  oxytons. 

Ces  règles  sont  celles  de  la  flexion  forte  en  général  sans 
distinction  du  nom  et  du  verbe. 

I.  L'<7i  QUI  FINIT  UN  THEME  ET  QUI  PORTE  LE  TON  NE  PEUT 
s'en  départir  en  AUCUN  CAS. 

IL  Si  la  loi  I  n'y  met  obstacle,  toute  désinence 
susceptible  d'accent  (c'est-a-dire  formant  une  syllabe) 
s'empare  du  ton  de  la  cellule  prédésinentielle. 

m.  Aussitôt  privé  d'accent,  l'o^i  de  la  cellule  pré- 
désinentielle se  perd. 

L'énoncé  de  la  loi  II  renferme  implicitement  l'hypothèse 
à  laquelle  nous  recourons  pour  expliquer  la  variation  de  l'ac- 
cent: c'est  de  poser  les  désinences  dites  secondaires  comme  étant 
en  réalité  les  plus  primitives.  La  forme  indo-européenne  de  ces 
désinences  n'est  pas  encore  déterminée  pour  chaque  personne  avec 
la  même  sûreté;  mais  du  moins  il  n'y  a  pas  de  doute  possible 
touchant  celles  du  singulier  de  l'actif,  et  c'est  là  le  point  princi- 
pal pour  ce  que  nous  avons  en  vue. 

Actif:  -m  -s  -t;  -maj  -taj  -nt;  -wa  -tam  -taam. 
Moyen ^: -mA? -sa -tA;  -majdha  -dhwaj  -ntA;  -wadha    —      —  . 

La  combinaison  de  ces  désinences  avec  les  thèmes  râ{ik-, 
jïrnà^A-,  riJîài-  —  ces  exemples  suffiront  —  donnera  d'après  ce 
qui  est  stipulé  plus  haut: 


1.  Sur  le  skr.  piparti  etc.  v.  p.  191. 

2.  Sur  le  grec    oo^  -xo  etc.  v.  p.  101  seq. 


Les  formes, à  désinence  dite  primaire. 


189 


Actif 

Moyen 

rii,ik -m  ' 

rik  m 

râjik-s 

rik-sA 

n'i,ik-t 

rik-t 

rik-m;i, 

rik-mâjdha'-' 

rik-tâ^ 

rik-dhwâj 

rik-nt 

rik-nt 

rik-wâ 

rik-wâdha"'' 

rik-tâm 

— 

rik-tâam 

— 

Actif 
rikâ, -m 
rikâ,-8 
rikri,-t 
riki'i, -ma, 
rikâ, -ta, 
rikâ.nt 


Moyen 
rikâ, -m  A 
rikâ, -SA 
rikâ, -tA 
rikâ,-nia,  dha 
rikâ, -dhwa 
rikâ,-ntA 
rikâ,-wa     rikâ, -wadha 
rikâ,-tam  — 

rikâj-taam  — 


Actif  Moyen 

prnâ,  A-m    prn'^-mA' 
prnâ,A-s     prn^-s 
prnâ,A-t     prn^-t 
prn'^-mâi'  prn'^-mâ,dha 
prn'^-tâ,      prn^-dhwâ, 
prn  nt         prn-nt.v 
prn'^-wâ     prn^ -wadha 
prn^-tâm  — 

prn^-tâam  — 

A  l'impératif,  la  2**  et  la  3®  pers.  sing.  moy.  (skr.  dviksvâ, 
ppjtïsvâ;  dvisfâm,  pmltom  etc.)  répondent  à  la  règle.  La  3^  pers. 
de  l'actif,  forme  forte  (skr.  dvcs/u,  prnàtu),  paraît  être  en  contra- 
diction avec  le  principe  des  «désinences  qui  font  une  syllabe». 
Mais  ici  nous  touchons  à  la  question  des  désinences  «primaires». 

La  plupart  des  formes  «primaires»  peuvent  se  tirer  des 
formes  «secondaires»  au  moyen  de  l'élément  i  que  suppose  M.  Fr. 
Millier  :  -m-i  -niA-iÇ^),  -s-i  -sa-ï,  -t-i  -tA-i,  -nt-i  -ntA-i,  -mas-l  -madJia-i, 
-was-i  -ivadha-i  (peut-être  l'*-  de  -mas-l  et  -luas-i  vient-il  de  l'ancien 
dh  transformé  en  -s  à  la  fin  du  mot,  conservé  au  moyen  par  l'a 
qui  suivait?).  M.  Bergaigne  fait  remarquer  (Mém.  Soc.  Ling.  III 
105)  que  deux  couples  de  désinences  sanskrites  du  moyen, 
-dhvam  -dhve  et  -ram  -re  présentent  un  rapport  différent  et  il  sup- 
pose que  la  nasale  de  -dhvam  et  -ram  a  été  ajoutée  après  coup. 
Comme  le  grec  -Od^s  indique  de  son  côté  une  forme  -dlnva^ ,  cette 
hypothèse  est  extrêmement  vraisemblable.  La  série  s'augmente 
donc  encore  de  2  cas.  Nous  ne  pouvons  savoir  si  le  -tu  de  dvés/u, 
pruâtii,  n'a  point  été  formé  par  l'addition  d'un  -u,  comme  -ti  par 
l'addition  d'un  -i. 

Maintenant  pourquoi,  Yi  ou  Yu  une  fois  ajoutés  dans  râikm-i 
et  les  formes  du  même  genre,  le  ton  n'a-t-il  pas  passé  selon  la 
règle  sur  la  désinence?  A  cela  on  peut  trouver  deux  réponses 
principales.  A  l'époque  où  Yi  [u)  fut  ajouté,  l'attraction  que  la 
désinence  exerçait  sur  l'accent,  pouvait  avoir  cessé.    En  second 

1.  Comme  nous  l'avons  dit  p.  40  seq.  nous  supposons  que  raikni  de- 
vant la  voyelle  initiale  d'un  mot  venant  après  lui  dans  la  phrase  aurait 
été  monosyllabe;  qu'en  général  Vm  de  la  1®  personne  ne  faisait  syllabe 
que  dans  les  cas  de  nécessité  absolue. 

2.  Ou  rikma^dhd,  riku-adhà? 

3.  Par  altération  secondaire  -nA-  est  devenu    n^-,  v.  p.  178  seq. 


190  Impératif  en  -clki. 

lieu,  il  est  très-digne  de  remarque  que  la  voyelle  désinentielle 
soit  dans  les  quatres  formes  en  question  (dvcsmi,  dvéksij  dvé'sfi, 
dvés.fu)  un  i  ou  un  u,  qui  n'est  suivi  d'aucun  autre  phonème. 
Certains  indices  font  croire  que  Vi  et  ïii,  dans  ces  conditions, 
avaient  une  prononciation  très -faible  qui  les  rendait  incapa- 
bles de  porter  l'accent  ^  C'est  ce  qui  se  vérifie,  dans  la  flexion 
nominale  pour  le  locatif  uksâni,  dâtâri  etc.,  peut-être  aussi  pour 
les  nominatifs  neutres  comme  paru  (gén.  paçvds) ,  v.  p.  222.  On 
nous  fera  remarquer  qu'une  autre  forme  de  l'impératif,  la  2®  per- 
sonne dvid(Ihi,pp.û]û  etc.,  s'oppose  à  une  Hypothèse  de  ce  genre. 
A  cela  on  peut  répondre  premièrement  que  le  thème  fort  fait  de 
fréquentes  apparitions  dans  ces  impératifs.  On  a  en  sanskrit 
râdhi,  çarddhi,  hodlii  (de  hodii),  galiâhi  que  cite  M.  Benfey  Or.  u. 
Occ.  I  303,  grhhmJd,  prîmM  (Ludwig  Wiener  Sitzungsber.  LV 
149);  en  grec  ^rj^t,  tA^O-i,  Gvii-Ttcod-i,  ôîôad-t,,  ÏXrj&i  (Curt.  Verb. 
II  35).  En  second  lieu,  quand  on  considère  le  caractère  presque 

1.  Si  l'on  admet  cette  explication,  l'hypothèse  de  la  priorité  des  dé- 
sinences secondaires  n'est  plus  absolument  nécessaire.  Au  l'este  certains 
faits  ne  seraient  pas  loin  de  nous  faire  croire  que  les  sonantes  i,  u,  r,  n, 
buivies  ou  non  d'un  phonème,  étaient  incapables  de  prendre  l'accent,  et 
que  la  désinence  pour  attirer  le  ton  devait  contenir  un  a  (a^,  a^,  a).  C'est 
la  3^  personne  du  pluriel  qui  est  en  question.  En  sanskrit  le  présent  de  la 
rac.  ÇÛ.S  fait  suivant  Pânini  çasmi,  çdssi,  çâsti,  çilvâs,  çihnds,  çâsati  (cf. 
mârganti).  Les  présents  redoublés,  sans  montrer,  il  est  vrai,  la  racine 
pleine,  évitent  cependant  d'accentuer  -nti  et  retirent  le  ton  sur  la  rédupli- 
cation: pijKirmi,  ])iprmâs^  i)tprati.  Enfin  devant  la  désinence  -us  ou  -ur, 
bien  qu'elle  n'ait  rien  de  commun  avec  la  première  (J.  Darmesteter  Mém. 
Soc.  Ling.  III  95  seq.),  on  trouve  réellement  la  racine  pleine,  rivyacus,  avi- 
vyacus  en  regard  de  viviktâs,  viveçus,  àyuhavus,  uriçrayus  etc.  V.  Dclbriick 
Altind.  Verb.  G.5. 

Tout  cela  semble  témoigner  d'une  époque  où  la  3^  personne  du  plu- 
riel à  l'actif  était  une  forme  forte.  Et  cependant  d'autres  indices  y  contre- 
disent. Ne  retrouvons- nous  pas  dans  les  langues  les  plus  diverses  le  pen- 
dant du  skr.  s-dnti  «ils  sont»  où  l'a,  radical  est  perdu?  Oui,  mais  ici  se 
présente  une  nouvelle  complication.  Ni  le  gr.  tvtî  ni  le  lat.  sunt  ni  le 
si.  saiï  ni  le  goth.  sind  ne  s'accordent  avec  un  primitif  s»^^  à  nasale  so- 
nante,  et  l'on  se  demande  si  l'affaiblissement  radical  incontestable  pour 
cette  forme  ne  tiendrait  pas  précisément  à  la  nature  particulière  de  sa  dé- 
sinence. Nous  ne  voulons  pas  nous  perdre  dans  ce  problème  très- compli- 
qué déjà  elfleuré  p.  39  i.  n.  Il  nous  semble  qu'en  somme  la  première  théo- 
rie, baKéc  sur  les  dénin  'ncs  secondaires,  satisfait  davantage  que  celle-ci. 


Aoriste  sigmatiqnc.  Parfait.  Optatif  en -»/«.  191 

facultatif  de  la  désinence  -dliî,  on  se  demande  si  elle  n'est  pas 
dans  l'origine  une  particule  libre  agglutinée  plus  tard  au  thème. 
Il  reste  à  considérer  différents  paradigmes  offrant  une  ano- 
malie apparente  ou  réelle. 

1.  Les  formes  fortes  de  la  3^  classe  avaient,  croyons-nous, 
deux  accents  dans  la  langue  mère,  l'un  frappant  la  racine  et 
l'autre  le  redoublement  (v.  §  13  fin).  Le  saut  de  l'accent  dans 
skr.  piprmâs  en  regard  de  iriparti  n'est  donc  qu'apparent. 

2.  Les  aoristes  sigmatiques  comme  àgaisam  ont  un  vocalisme 
assez  troublé.  Les  racines  finissant  par  une  consonne  s'affaiblis- 
sent au  moyen  '  ;  ex.  âviJcsmaJn,  en  regard  de  àcesmahi.  Cela  nous 
donne  le  droit  de  supposer  que  ce  temps  a  possédé  primitivement 
dans  toute  son  extension  l'alternance  de  formes  fortes  et  de 
formes  faibles  que  la  structure  du  thème  doit  y  faire  attendre. 
Le  pluriel  et  le  duel  de  l'actif  ainsi  que  le  moyen  pour  certaines 
racines,  ont  donc  subi  un  métaplasme.  L'accentuation  n'est  pas 
moins  corrompue  que  le  vocalisme  (Benfey  Vollst.  Gramm.  p.  389). 
En  grec  les  formes  fortes  ont  prévalu  comme  en  sanskrit  (p.  128). 

3.  La  2"  et  la  3"  pers.  sing.  du  parfait  semblent  se  prêter 
assez  mal  à  notre  théorie,  puisque  -ta  (skr.  -thd)  et  -a  pouvaient 
prendre  l'accent.  Mais  aussi  Va  radical  n'est  point  a^,  il  est  a.^. 
C'est  là,  je  crois,  une  circonstance  imi^ortante,  bien  qu'il  soit  diffi- 
cile d'en  déterminer  au  juste  la  portée.  Le  fait  est  que  les  règles 
qu'on  peut  établir  pour  les  déplacements  de  l'accent  et  la  chute 
de  l'a  sont  souvent  éludées  quand  cet  a  apparaît  sous  la  forme 
de  a,.  Cf.  §  13  fin. 

4.  Optatif  en  -yd^A.  Fléchi  comme  |)/'nrti^i-  ce  temps  devait 
faire  au  pluriel  (*riJcyA-mâ)  rïky^^-mà,  au  moyeu  {'"^rikyA-tA), 
riliy^-tÂ.  Mais  le  groupe  y'^  ne  peut  subsister.  Il  se  change  eu  î 
dès  la  période  proethnique  tout  de  même  que  r-^  se  change  en  r 
(v.  p.  179  et  le  chap.  VI).  Toutes  les  formes  qui  n'apartiennent 
pas  au  singulier  de  l'actif  avaient  donc  l  dans  la  langue  mère. 
Pour  le  moyen  M.  Benfey  a  établi  ce  fait  dans  son  écrit  Uebcr  die 
Entskhung  etc.  des  indog.  Optât!'  (Mémoires  de  l'Acad.  de  Gœttiugue 

1.  Bopp  Kr.  Gramm.  der  SMiskr.-Spr.  §  349.    Delbrûck  Altind.  Verb 
p.  178  seq. 

2.  Bopp  considère  que  l'accentuation  de  ôiSoCxo,  ôiSotads,  doit  faire 
admettre  que  la  contraction  s'est  accomplie  dans  le  grec  même.    Mais  qui 


192  Optatif  en  -rjâ. 

XVI  135  seq.).  Au  pluriel  et  au  duel  de  l'actif  le  même  ï  apparaît 
dans  toutes  les  langues  européennes:  lat.  s-ï-mus  (sing.  s-ic-ni), 
gr.  s-L-^tif  (sing.  e-l'ïj-v),  s\.  jad-i-mû  (sing.  jahU  =  *Jadjï),  gotli. 
her-ei-ma  (le  singul.  hetri^  s'est  dirigé  sur  le  pluriel).  Nous  ren- 
voyons au  travail  déjà  cité  de  M.  Paul  Bcitr.  IV  381  seq.,  sans 
pouvoir  toutefois  nous  associer  à  la  conception  de  l'auteur  qui 
voit  dans  Yl  «une  contraction  de  -yâ».  En  sanskrii  nous  trouvons 
au  pluriel  et  au  duel  de  l'actif  lihyàma,  lihyàva  etc.  Ces  formes 
sont  dues  à  l'extension  analogique  du  singulier.  Qu'on  considère: 
1"  que  les  langues  d'Europe  sont  unanimes  dans  l'r,  2°  que  la 
théorie  générale  de  la  flexion  veut  l,  nonî/â;  3°  que  les  cas  comme 
pàmi  pâmas  en  regard  du  gr.  q)cc^L  (pà^év  établissent  un  précédent 
pour  la  propagation  de  l'a  long  (p.  147);  4°  qu'en  sanskrit  même 
le  moyen  offre  Yl  et  que  toute  divergence  entre  le  moyen  et  le 
pluriel-duel  de  l'actif  a  un  caractère  anormal;  5°  enfin  que  le  zend 
montre  Yl  dans  quelques  formes  actives:  Justi  donne  daiôttem 
(3®  p.  du.),  puis  çahiiy  fra-mhlt,  daidïf,  formes  du  singulier  qui  ont 
reçu  r*  par  analogie^. 

Le  précatif  védique  (Delbr.  1.  c.  196)  suit  exactement  dans 
sa  flexion  l'exemple  de  l'optatif.  Actif:  hhû-yâs-am,  Jcri-yâs-ma] 
moyen:  miic-ïs-ta  etc. 

sait  si  cette  accentuation  existait  ailleurs  que  dans  l'écriture  où  la  théorie 
grammaticale  ne  jjouvait  manquer  de  l'amener.  C'est  ainsi  que  xl^sCgi 
n'est  propérispomène  que  grâce  aux  fausses  conclusions  tirées  de  xi%'btt6i, 
V.  Brugman  Stud.  IX  296.  —  On  sait  que  M.  Benfey  pose  la  comme 
caractéristique.  Les  arguments  objectifs  pour  Vi  long  se  borneut  à  ceci: 
1"  On  trouve  une  fois  dans  le  Mahâbhârata  hhungtyum^  2°  Rig-Véda 
X  148,  2,  le  mètre,  dit  l'auteur,  demande  saluas  (dasîr  vîçah  siiriena  sahlâs). 
Il  serait  plaisant  que  nous  nous  mêlions  d'attaquer  M.  Benfey  sur  des 
points  de  métrique  védique.  Nous  avouons  seulement,  comme  impression 
tout(!  personnelle,  être  peu  satisfait  d'une  pareille  chute  de  tristubh  et  l'être 

bien  davantage  de  surijena  sahyâs  {-<j ) ,  quand  même  on  devrait  faire 

deux  syllabes  de  Vu  de  dclsïr,  parce  que  du  moins  la  8™"  syllabe  du 
pada  se  trouve  ainsi  être  ime  longue,  selon  l'habitude.  Quant  à  duliîyat, 
M.  Benfey  y  voit  une  forme  thématique.  Nous  sommes  donc  en  droit  d'y 
supposer  le  thème  faible  duhï-.  —  Parmi  les  optatifs  que  donne  Delbn'ick 
(1.  c.  190)  pn  trouve  (jalsïyZd.  Outre  que  dans  le  texte  cette  forme  est 
placée  tout  près  de  j:)a]ny<tt,  Vi  peut  s'expliquer  comme  voyelle  do  liaison 
(allongée  par  l'effet  de  y). 

1.   En  sanskrit  l'optatif  de  la  3®  classe  accentue  au  moyen  la  syllabe 
de  réduplication.    Rien  n'indique  que  cette  particularité  soit  primitive. 


optatif  des  verbes  thématiques.  —  a.,  dans  le  verbe.  10/} 

5.  Optatif  de  la  conju<^cai.son  thématique.  Lacaractéristicjue, 
ainsi  que  l'admet  M.  Beuley,  est  un  -l  long'  que  nous  croyons 
sorti  de  -ya^A  à  peu  près  comme  dans  les  formes  faibles  dont  il 
vient  d'être  (piestion.  Mais  il  est  fort  difficile  de  dire  d'ajirès 
quel  principe  la  réduction  de  -ya^A  en  -l  =  *2/''  a  pu  se  faire  ici,  la 
tonique  précédant  la  caractéristique.  La  flexion  est  unique  en 
son  genre.  On  attendrait  que  le  thème  skr.  tudc  (==  *tudd-î)  fît 
au  pluriel  «tiidîmâ»^  puisque  Va  est  stiivi  d'un  phonème.  Mais 
on  remarque  que  cet  a  est  «c,  (p.  87),  ce  qui,  nous  l'avons  vu, 
change  beaucoup  la  question.  L'a  se  maintient  donc,  et  il  en 
résulte  ce  phénomène  inconnu  d'ailleurs  d'une  flexion  sans  dé- 
gradation se  faisant  sur  un  thème  qui  ne  finit  point  par  a^.  — 
Par  une  coïncidence  curieuse  mais  fortuite  sans  doute  l'alternance 
des  anciennes  diphthongues  slaves  è  et  i  dans  l'impér.  nesi,  nesi, 
ncaèmû,  nesète,  nesevc,  ncsèta  semble  se  refléter  dans  le  zend  hardis, 
harôit,  haraëma,  haraëtcm  (moy.  haracsa,  haraëfa;  au  pluriel  ôi 
reparaît).  Nous  avons  cherché  en  vain  ce  qui  pourrait  justifier 
une  diff'érence  originaire  entre  la  diphthongue  du  singulier  et 
celle  du  pluriel  ou  du  moyen  ^ 

Subjonctif  des  verbes  thématiques.  Nous  ne  sommes  pas 
arrivé  à  nous  faire  une  ojiinion  sur  la  forme  primitive  d'un 
subjonctif  comme  le  gr.  cptQa  (fèçr^g  etc.  L'a  du  lat.  ferât  serait 
composé  de  «^  +  «i,  c  -\-  e?  Ne  serait-ce  pas  plutôt  fcram  fcres 
le  vrai  subjonctif?  Et  a-t-on  le  droit  de  séparer  moneat,  audiat, 
de  l'optatif  omhrien  portaia'? 

2.   APPARITION  DU   PHONEME  tt^. 

La  flexion  verbale  ne  connaît  la  transformation  de  Va^  en 
«jj  que  dans  deux  cas  : 

1.  On  sait  que  Vol  de  la  3®  pers.  sing.  de  l'optatif  grec  {naiSfvoi)  ne 
compte  jamais  pour  brève,  et  en  conséquence  l'iiccent  reste  sur  la  pénul- 
tième. Il  y  a  peut-être  là,  comme  on  l'a  supposé,  un  iudice  de  Vî  long. 

2.  On  pourrait  supposer  que  primitivement  le  ton  passait  sur  les  dé- 
sinences et  qu'en  même  temps  Va.^  du  singulier  était  remplacé  par  Oj  : 
.S^  sg.  tudd.,ït^  plur.  tudayJmd.  Ceci  permettrait  à  la  vérité  d'établir  entre 
nesi  et  neshmû  la  même  proportion  qu'entre  rluci  {Ivkol)  et  vlûcè  {*XvKëi, 
V.  p.  91).  Mais,  outre  qu'en  général  Vôi  et  Vue  du  zend  paraissent  varier 
sans  règle  fixe,  on  ne  voit  pas  en  vertu  de  quelle  loi  l'a,  au  lieu  de  tomber 
au  pluriel,  se  serait  contenté  de  devenir  «j. 

13 


194  Déclinaison.  Principe  des  cas  forts  et  des  cas  faibles. 

1°  Dans  la  conjugaison  tliématique,  où  le  phénomène  paraît 
pouvoir  s'expliquer  par  la  nature  de  la  consonne  qui  suit  Va. 
Voy.  p.  87. 

2°  Au  singulier  du  parfait,  où  Va  transformé  est  im  a  radical. 
La  1*^  personne  conservait  peut-être  a^.  Voy.  p.  71  seq. 

Flexion  nominale. 

1.    EXPULSION  DE   L'«. 
A.  L'expulsion  se  produit  en  vertu  des  lois  de  la  flexion  forte. 

THÈMES    OXYTONS. 

Les  thèmes  finissant  par  a^^  se  comportent  comme  dans  la 
flexion  verbale.  L'accent  ne  passe  point  sur  les  désinences,  et  l'a 
persiste  par  conséquent  à  toutes  les  formes  ^ 

La  première  remarque  à  faire  relativement  aux  thèmes  où 
l'a^  est  suivi  d'un  ou  de  deux  phonèmes,  c'est  qu'ils  n'a^)partiennent 
à  la  flexion  forte  qu'au  singulier.  Le  pluriel  et  le  duel  devront 
donc  être  traités  sous  la  lettre  b. 

On  sait  que  l'ancienneté  de  l'accentuation  sanskrite  est  prou- 
vée ici  par  sou  accord  avec  celle  des  monosyllabes  grecs. 

Les  cas  faibles,  c'est-à-dire  accentués  sur  la  désinence  et 
dépourvus  d'à  dans  la  syllabe  prédésinentielle,  sont:  l'instrumen- 
tal, le  datif,  le  génitif.   Les  désinences  sont  -â,  -aI  (p.  92),  --^s. 

Les  cas  forts  ou  pourvus  d'à  sont:  le  nominatif,  l'accusatif, 
le  locatif,  le  vocatif.   Les  désinences  sont  -s,  -m,  -i,  e!,  2éro. 

On  le  voit,  le  principe  posé  i)lus  haut  se  vérifie.  Ce  qui  fait 
qu'il  y  a  des  cas  forts,  c'est  uniquement  l'incajjacité  de  certaines 
désinences  à  recevoir  le  ton^.  Au  vocatif  d'ailleurs  l'accent  fuit 
vers  le  commencement  du  mot. 

1.  L'accentuation  du  pronom  skr.  a  dans  les  formes  comme  asyà  [k 
côté  de  dsya)  sera  née  secondairement,  quand  le  besoin  de  distinguer  cer- 
taines nuances  se  sera  fait  sentir  (voy.  le  dictionnaire  de  Grassmann,  col.  -207). 
Celle  qu'accuse  le  goth.  pize,  pizos,  paraît  êti'e  simplement  proclitique:  le 
sanskrit  a  tnsya,  tcsûm,  tâsyâs. 

2.  Nous  devons  nous  contenter  de  citer  la  tbéorie  différente  et  très- 
complète  que  M.  Bergaigne  a  présentée  sur  ce  sujet  Mém.  Soc.  Ling.  H 
371  seq.  Comme  cette  théorir'  est  liée  intimement  à  la  question  de  l'ori- 
gine des  désinences  et  d(>  la  flexion  en  général,  la  discussion  qu'elle  de- 
nianilcrait  ne  nia.M(iu('riiil  pas  de  nous  entraîner  fort  loin. 


Expulsion  de  ïa  dans  les  thèmes  en  -wus  et  en  -ar,  -lui:         195 

Nous  venons  de  ranger  le  locatif"  parmi  les  cas  forts.  Effecti- 
vement on  sait  qu'en  sanskrit  la  forme  forte  y  est  permise,  sinon 
obligatoire  comme  dans  pitâri,  dâtâri^.  Deux  exemples  particu- 
lièrement intéressants  sont  dyàvi  (cf.  divc  etc.)  et  lcs<hni  en  regard 
de  l'instr.  Icsamà.  Sur  l'aversion  qu'a  le  ton  pour  Vi  final  v.  p.  190. 

Les  phénomènes  spéciaux  du  nominatif,  qui  parfois  se  formait 
sans  s,  demandent  à  n'être  pas  séparés  de  la  question  de  l'a^.  Il 
nous  faut  donc  renvoyer  le  lecteur  à  la  page  213. 

Dans  l'application  de  la  théorie  qui  vient  d'être  formulée, 
nous  nous  bornerons,  le  sujet  étant  immense ,  à  relever  les  points 
saillants  de  la  déclinaison  de  chaque  espèce  de  thèmes.  Nous 
adoptons  complètement  les  principaux  résultats  de  l'étude  de 
M.  Brugman  sur  les  thèmes  à  liquide  (Stud.  IX  363  seq.).  Ce 
travail  avait  été  précédé  de  la  théorie  de  M.  OsthofF  sur  la  décli- 
naison des  thèmes  à  nasale  (Beitr.  de  P.  et  B.  III  1  seq.),  qm  s'en 
approchait  beaucoup  pour  le  fond  de  la  conception,  mais  sans 
proclamer  encore  l'expulsion  totale  de  l'a  aux  cas  faibles  et  sans 
opérer  avec  le  phonème  «o.  M.  Osthofif  admettait  une  échelle  d'à 
de  forces  différentes.  —  Nous  mettrons  encore  à  profit  l'article 
de  M.  Brugman  sur  les  suffixes  -as,  -yas,  -was  (K.Z.XXIV  1  seq.). 
Les  restes  de  la  dégradation  des  suffixes  en  letto-slave  sont  re- 
cueillis par  M.  Leskien  Archiv  fur  slav.  Philol.  III  108  seq. 

Comme  type  de  la  forme  faible  nous  choisirons  le  datif. 

Thèmes  en  -ivâs.  L'accent,  en  sanskrit,  s'est  retiré  aux  cas 
faibles  sur  le  suffixe:  vidiise, gagrhhûse  -pour  *vidnsé,  gagrhlmsé.  La 
forme  proethnique  -us-  des  cas  faibles,  telle  que  l'admet  M.  Brug- 
man K.  Z,  XXIV  97,  est  assurée  indirectement  par  le  grec  -via, 
et  iôvLOi  (ibid.  81),  par  le  gotli.  hernsjos  et  le  si.  -ûs-je-. 

Thèmes  à  liquide.  L'expulsion  proethnique  de  Va  aux  cas 
faibles  a  été  mise  en  pleine  lumière  par  M.  Brugman.  Le  phéno- 
mène le  plus  singulier  est  celui  du  génitif  indien  en  -w.  Nous 
essayons  de  l'expliquer  de  la  manière  suivante. 

1.  Les  thèmes  qui  ne  finissent  pas  par  une  sonante  font  exception;  le 
locatif  y  a  été  mêlé  aux  cas  faibles:  tudati ,  vidi'm  etc.-:—  De  quelc^ue 
manière  qu'on  doive  expliquer  les  locatifs  védiques  sans  i  comme  mUrdhdn, 
ils  ne  peuvent  infirmer  en  rien  la  théorie. 

13* 


X9G  Expulsion  de  l'a  dans  les  thèmes  à  nasale. 

La  désinence  du  génitif  est  --^a  et  non  -as.  Accentuée,  comme 
dans  padds,  elle  a  dû  en  sanskrit  se  développer  en  -as  (p.  177 j. 
Non  accentuée,  on  la  voit  donner  -us  dans  imtyus,  sâkhyus,  gânyus 
(ici  par  conséquent  il  faut  poser  -us,  non  -m~).  Peu  à  peu  cepen- 
dant la  forme  -as  parvient  à  éliminer  sa  rivale. 

L'hypothèse  de  cette  désinence  -^s  est  confirmée:  P  par  le 
vocalisme  du  grec  -og  et  du  slave  -e;  2°  par  les  génitifs  comme 
yuJités,  mrdôs,  dont  il  sera  question  plus  bas.  Enfin  elle  éclaircit, 
jusqu'à  un  certain  point,  le  génitif  sanskrit  mdhir. 

Le  prototype  de  mâtûr  est  mâtr-^s.  Le  groupe  r^  doit  donner 
r,  puis  ûr  (§  14).  La  qualité  de  la  voyelle  est  donc  expliquée, 
mais  non  sa  quantité.  En  zend  on  a  les  génitifs  nars,  çâçtars, 
qui  viennent  de  *nfs,  *çâçtrs,  l'r-voyelle  s'étant  développé  en  or 
devant  s  comme  dans  arslian  et  autres  cas.  Dans  ul'snàs  le  son  -^ 
ne  s'est  point  fondu  avec  la  nasale  Cjui  précède,  ce  qui  s'explique 
fort  bien,  croyons-nous,  par  des  raisons  physiologiques.  Nous  re- 
viendrons sur  ce  point  au  cliap.  VL 

D'ordinaire  la  contraction  de  r^  en  r  est  proethnique.  Dans 
le  cas  qui  nous  occupe,  le  gr.  narçog^,  le  goth.  fadrs,  paraissent 
indiquer  qu'elle  n'est  qu' indo-iranienne.  Les  conditions,  aussi, 
sont  assez  particulières,  l'accent  reposant  sur  le  phonème  ^,  ce 
qui  ailleurs  n'est  pas  le  cas. 

Le  paradigme  indien  des  thèmes  en  -an  est  parfaitement 
régulier.  Les  langues  européennes  n'en  ont  conservé  que  des 
débris.  On  a  en  latin  caro  carnis,  en  grec  xvcov  ocvvoç^,  ainsi  que 
aQvog.  M.  Osthoff'  (1.  c.  76  seq.)  pose  comme  thème  de  ce  dernier 
mot  varan-  (ivaran-).  11  nous  semble  que  le  skr.  lirana  ne  s'ac- 
corde bien  qu'avec  îvr-ân.  Ceci  donne  la  flexion  grecque  très- 
ancienne:  *J^Q-^v,  gén.  *J^r-v-6g.  Le  nominatif  subsiste  dans 
Tcolv-Qçrjv;  le  génitif  est  devenu  régulièrement  *J^aQv6ç,  àQv6g\ 

1.  Est-ce  que  vvktcoq  serait  pour  *vvy(.TOQg,  wurTçl  Cf.  rjfiéçaç  xf  v.aï 
vvv.x(ûQ  =  ijiiéçaç  xf  liai  wnrôg. 

2.  L'accent,  dans  xvojv,  a  été  reculé;  cf.  skr.  çvâ. 

a.  Hésychius  donne:  gava'  àçvcc.  'Pafiaîoi,  as  ^âtçcexov.  M.  Mor. 
Schmidt  écrit  QÙva,  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  seconde  partie  de  la 
glose,  mais  pe\k  probable  pour  la  première.  On  ne  pourrait  attendre  que 
^rjva.  Nous  pcinsons  que  les  gloses  Quva  et  ^àva  se  sont  confondues  et  que 
yav-  et  açv-  remontent  tons  deux  iiJ-rv,  comme  fîparôç  et  d'açxôg  à  ôrtoç. 


Expulsion  de  IVt  dans  les  thèmes  en  -a-nt  et  en  -ai,  -au.  lî)7 

L'arménien  gar^n  dont  parle  M.  Osthofi'  jieut  se  ramener  à  la 
forme  faible  ivr-n-. 

La  déclinaison  q)Qriv  (pçevôg,  not^riv  TioLfitvog,  vient  de  la 
généralisation  de  l'accusatif  et  aussi  du  locatif,  car  cpQÎvi ,  :ncot- 
fteVt,  ont  été  de  tout  temps  des  formes  fortes. 

L'explication  du  gotli.  auhsin  résulte  du  fait  auquel  nous 
venons  de  faire  allusion:  auhsin  est  identique  avec  le  skr.  nhsâni. 
Au  génitif  on  attendrait  *auhsns.  Il  paraît  évident  que  mihsins 
est  une  imitation  du  datif  auhsin. 

J'ai  déjà  cité  l'article  de  M.  LesMen,  où  il  est  montré  entre 
autres  que  le  si.  dîne  «diei»  vient  d'un  thème  diwan-  ou  dian-. 

Pour  les  formes  indiennes  comme  hralmumCj  il  sera  difficile 
de  décider  si  l'a  s'est  maintenu  dès  l'origine  pour  empêcher  le 
conflit  des  consonnes  ou  si  hraJmiànc  représente  un  primitif 
*brahmnnc.  La  position  de  l'accent  conseille  peut-être  la  pre- 
mière solution. 

Le  thème  en  -am  yhi-àm  se  décline  comme  les  précédents. 
V.  Brugman  Stud.  IX  307  seq.  Le  zend  a  au  nommaiiî  zy-âo ,  au 
gén.  zi-m-ô.  • 

Le  suffixe  participai  -nt,  lui-même  dépourvu  d'à,  peut  em- 
prunter celui  du  thème  quand  ce  dernier  finit  par  a.  Tout  se 
passe  alors  comme  si  le  suffixe  était  -ant.  L'accent  qui  restait 
immobile  tant  que  Va^  (a.^)  qui  le  supportait  finissait  le  thème 
passe  aux  désinences  aussitôt  que  cet  «j  est  revêtu  du  groupe  -nt 
(lois  I  et  II,  p.  188).  La  flexion  est  donc  en  sanskrit  tudân,  tiidaté 
(=  tudnté)  etc.  V.  Brugman  Stud.  IX  329  seq. 

Le  grec  Xa^cov  Xa^ovrog  a  généralisé  la  forme  forte.  En 
latin  au  contraire  -ent  continue  la  forme  faible  à  nasale  sonante, 
que  M.  Sievers  a  recomiue  en  germanique  dans  huhoidi,  Jnisundl 
et  autres  féminins. 

Une  petite  minorité  seulement  parmi  les  thèmes  qui'finissent 
par  i  et  u  appartient  à  la  flexion  forte.  L'exemple  le  plus  impor- 
tant est  (^i-a^ît-^  «ciel». 

1.  M.  L.  Havet  (Mém.  Soc.  Ling.  II  177)  a  montré  que  ce  thème  vient 
d'une  racine  di  (dai)  et  point  de  dm  (dyau). 


198  Mots  eu  i  et  en  u  de  flexion  forte. 

nom.  di-â^u-s  Cf.  (ma-ta^r)  {idiS-â^^n) 

voc.  di-a^u  mâ-ta^;r  ulîs-a^ii 

ace.  di-âiU-m  mâ-tâ^r-m  uks-â^n-m 

loc.  di-â{W-i  ma-tâ^r-i  iiks-â{n-i 

dat.  di-iv-li  mâ-fr-Ài  tdîs-n-li 

Nominatif:  plutôt  que  de  voir  dans  le  skr.  dyaus  l'allongement  du 
nominatif  il  faut  je  crois,  à  cause  du  gr.  Zsvg,  assimiler  l'oit  de  cette  forme 
à  celui  de  yai'tmi  etc.  (p.  128).  —  Vocatif:  gr.  Zsv.  —  Accusatif:  did^um 
et  la  forme  la  plus  ancienne,  mais  la  coïncidence  du  gr.  Zijv  avec  skr. 
dyam  paraît  établir  que  dès  une  époque  très-reculée  la  dipbtliongue  avait 
cessé  d'exister.  Cf.  p.  41.  L'«  de  la  forme  Jav  que  rapporte  un  grammairien 
est  assurément  singulier,  mais  la  forme  éolo-dorique  ordinaire  montre  r], 
V.  Schrader  Stud.  X  319.  —  Locatif:  véd.  dydci. 

Nous  allons  étudier  quelques  autres  mots  du  type  di-mi. 
Pour  ne  point  les  disperser  à  plusieurs  endroits  nous  citerons  les 
paroxytons  comme  les  oxytons;  nous  aurons  aussi  à  faire  la 
distinction  de  %  et  «^  aux  formes  fortes. 

Parmi  les  thèmes  en  -i,  nous  reconnaissons  pour  avoir 
appartenu  à  la  déclinaison  de  di-au:  ^«-a^i  «oiseau»  qui  dans  le 
Véda  fait  ^'s  au  nominatif.  Le  reste  de  la  flexion  est  dégénéré  et 
même  au  nominatif,  vis  commence  à  prendre  pied. 

En  latin  on  a  encore  les  mots  comme  vatês,  ace.  vat&m. 

C'est  mi  échantillon  analogue  qui  se  cache  dans  le  skr.  liavî, 
car  en  zend  ce  mot  fait  à  l'ace,  lavaem.  Seulement  nous  trouvons 
pour  nominatif  zd.  Jiava  =  *kavâ.  Etant  donné  pità{r)  de  pitâr-, 
le  nom.  *Txavli{i)  de  Icavai-  n'a  rien  de  surprenant.  Mais  il  faut 
provisoirement  nous  résigner  à  ignorer  pourquoi  les  thèmes  en 
-u  n'ont  jamais  de  nominatif  sans  s  et  pourquoi  les  thèmes  en  i 
eux-mêmes  ont  la  double  formation  ves  et  *]cavâ.  Cf.  p.  213. 

Flexion  de  glm  «bœuf».  Quelle  est  la  forme  exacte  de  ce  thème? 
C'est,  croyons-nous,  ya-a^u  et  non  ga^u:  1°  parce  que  dans  l'hypothèse 
ga^ti  on  devrait  trouver  aux  cas  faibles  yu-]  2"  parce  que  le  v.  h'-all.  clmo 
suppose  un  u  long  \  Les  composés  indiens  comme  su-gû  ne  sont  dûs  cer- 
tainement qu'à  un  changement  de  déclinaison.  La  langue,  pai-tant  de 
formes  comme  le  gén.  sugôs  ou  le  dat.  sugdve  et  se  laissant  guider  par  les 
adjectifs  en  -n  {prtluï  etc.),  devait  aboutir  à  sugns.    Du  reste  ga-a^u  se 


1.  On  pourrait  dire  qu'il  y  a  ici  le  même  allongement  du  nominatif 
que  pour  fUt-  (p.  213).  Mais  Zfvç  (v.  ci-dessus)  montre  qu'un  thème  comme 
ga^u  n'eût  point  allongé  le  nominatif.  —  J'ai  été  rendu  attentif  à  la  forme 
diuo  par  M.  le  D'^  KOgel  qui  du  reste  l'expliquait  différemment. 


Mots  en  i  et  en  u  do  flexion  forte.  199 

décline  régulièrement  soit  en  siuiukrit  soit  en  zend.  Cf.  skr.  gauH  {rja-aïU-s) 
et  dy-uii-s,  gâ-c-c  et  di-v-é.  Aux  cas  faibles,  le  ton  s'est  fixé  sur  l'a  de  fja-v-. 
Cet  a  n'y  avait  évidemment  aucun  droit,  mais  en  sanskrit  l'attraction 
qu'exercent  sur  l'accent  les  a  radicaux  de  toute  provenance  paraît  avoir 
été  presque  irrésistible.  Le  locatif  gavi  au  lieu  de  *gâvi  est  comme  divi  à 
côté  de  dyain.  Le  gr.  §o  f  ,  ^ov  =  skr.  ga-v-,  go-  indique  que  Va  radical 
eist  un  o.  La  forme  forte  s'est  perdue:  /îovç  a  remplacé  * ^w{v)ç.  Homère  a 
bien  encore  l'ace,  ^àv^  =  arien  gdm  (zd.  gain),  que  nous  ramènerons  sans 
hésiter  à  go-d^u-m,  mais  en  elle-même  cette  forme  pourrait  être  sortie  de 
gaîim  comme  Ztjv  sort  de  dydum.  Le  latin  ne  nous  apprend  rien  de  par- 
ticulier. 

Thèmes  en  u  qui  prennent  a.,.  Le  zend  a  les  formes  suivantes: 
ace.  naçmmi  (cadavre)  =  ^naravam  (n.  pi.  naçavo)-,  ace.  pereçdum 
(côté),  garemaum  (chaleur).  La  flexion  est  complète  pour  l'ancien 
perse  dahijmi-s,  ace.  daJiydu-m  (nom.  et  ace.  pi.  dahyiiv-a^  gen. 
])1.  ddliyunam,  loc.  didiyusnvay  Le  même  mot  en  zend  donne  l'ace. 
danhaom  —  on  attendrait  danhmmi  —  (et  le  n(jm.  pi.  danhâvô). 
On  a  en  outre  le  nom.  sg.  hdmus  (bras)  dont  l'd  s'explique,  comme 
pour  le  perse  dahijdns,  par  l'influence  de  l'accusatif"  (*hdmum) 
lequel  ne  nous  est  point  parvenu.  Il  règne  du  reste,  comme  le 
montre  dahjàom  eu  regard  de  dahydvd,  mie  certaine  confusion 
entre  les  thèmes  qui  premient  «^  et  ceux  qui  ne  le  prennent  pas. 
Justement  en  regard  de  *hdjïdwn  le  Véda  nous  ott"re  Ixdiârd,  duel 
du  même  thème  ^  Cette  flexion  est  d'autant  moins  suspecte  d'ori- 
gine récente  qu'elle  apparaît  de  préférence  au  sein  d'une  petite 
famille  de  thèmes  en  ti  avec  laquelle  nous  avons  fait  connaissance 
p.  lo3:  ce  sont  des  féminins'^,  qui  ont  a^  dans  la  racine.  Il  est 
possible,  comme  l'a  conjecturé  M.  G.  Meyer  (Stammbildimg  p.  74), 
que  les  noms  grecs  en  -sv-g  aient  quelque  rapport  avec  cette  dé- 
clinaison, seulement  rapprocher  l'a  arien  de  Vr]  de  roxrjog  est, 
croyons-nous,  inadmissible.  11  ne  faut  pas  oublier  d'ailleurs  l'ab- 
sence de  Viv  dans  vexvg,  Ttïjxvg,  où  on  serait  le  plus  en  droit  de 
1  attendre.  —  M.  Meyer  rappelle  les  nominatifs  gothiques  comme 
simaus.  On  pourrait  penser  en  effet  que  c'est  là  un  dernier  sou- 
venir de  la  double  flexion  jjrimitive  des  thèmes  en  u. 

1.  Le  dor.  §(âç,  ^<àv,  n'est  que  la  transformation  de  §ovg,  §ovv. 

2.  A  moins  d'admettre  un  allongement  du  nominatif  coexistant  avec  Vs. 

3.  Il  est  inutile  de  forger  un  mot  bdhava  tout  exprès  pour  expliquer 
cette  forme. 

4.  Au  masculin  pereçâum  est  opposé  en  sanskrit  le  féminin  pàrçu. 


200  Mots  en  i  et  en  u  de  flexion  forte. 

Thèmes  en  i  qui  premient  a.^.  Le  plus  important  est  le 
thème  skr.  scikhe-,  ace.  stikhdy-am  (zd.  hu-sliaidinî),  voc.  sâJchc,  dat. 
sàkhy-e  (nom.  pi.  sàlîhayas).  L"â  long  du  nominatif  sâlîha  est  tout 
autre  que  Y  a  (=  a^)  de  sâliltdyam:  il  suffit  de  rappeler  *Jcavd  en 
regard  de  *Tiavàyam  (Jiavaem).  C'est  ici  peut-être  que  se  place  le 
nom.  pi.  çtaomayô  (Spiegel  Gramm.  133). 

Depuis  le  travail  de  M.  Ahrens  sur  les  féminins  grecs  en  a 
K.  Z.  III  81  seq.  il  est  constant  que  le  thème  de  ces  mots  finit 
par  i.  Nous  soupçonnons  que  ce  sont  là  les  correspondants  du 
type  skr.  sâkhe.  Si  l'on  a  le  droit  de  mettre  en  parallèle 

data  ddtdram         datar  ddtm 

ei  ôâtaQ         ôcÔtoqk  ôàroQ  [ôcoroQog  jyour'^ôaTQog] 

on  a  aussi  celui  de  comparer 

sakhâ         sakhciyani  scMte*       saJchyâ 

et  ArjtçD  yttjxm  (*Arit6a)  Arixoï  \*AYix6og  pour  ^Arixiog] 
A  l'accusatif  nous  avons  écrit  Arjxà:  c'est  l'accentuation  que 
prescrit  Dionysius  Thrax  (Ahrens  1.  c.  93).  Du  reste  il  n'y  aurait 
aucun  témoignage  en  faveur  du  circonflexe  que  cela  ne  devrait 
pas  arrêter,  étant  donnés  les  procédés  des  grammairiens,  de  voir 
dans  a  la  contraction  de  oa^,  cf  Brugman  Stud.  IV  163.  Sans 
doute  il  y  a  les  accusatifs  ioniens  comme  'lovv,  et  l'on  sait  que 
M.  Curtius  en  a  inféré  que  le  thème  finissait  par  -ofi.  Mais  les 
observations  que  fait  à  ce  sujet  M.  Windisch  Stud.  II  229  mon- 
trent bien  que  cette  explication  n"a  pas  satisfait  tout  le  monde. 
De  *'/o/tv  à  'lovv  le  chemin  n'est  guère  facile.  De  toute  manière 
cette  forme  en  -ovv  est  énigmatique  et  a  l'air  d'un  emprunt  fait 
à  d'autres  déclinaisons,  peut-être  à  celle  de  (iovç.  L'hypothèse 
des  thèmes  en  -o/t  ne  permet  pas  du  reste,  ainsi  que  le  reconnaît 
M.  Curtius^,  d'expliquer  Vco  du  nom.  Arjxo}.  —  On  pourrait  s'étonner 

1.  Parmi  les  nombreuses  formes  que  cite  M.  Ahrens,  il  ne  se  trouve 
aucun  accusatif  qui  ait  l'i  souscrit  ou  adscrit,  preuve  que  l'co  n'y  ett  point 
primitif  comme  au  nominatif,  et  qu'il  est  bien  sorti  de  •o{y)a.  La  termi- 
naison -oya  à  son  tour  ne  saurait  être  très-ancienne.  La  forme  pure  serait 
-oiv.  On  a  cru  en  effet  avoir  conscrv(j  des  accusatifs  comme  Aazoïv,  mais, 
M.  Ahrens  montre  qu'ils  proviennent  d'une  fausse  leçon.  Ils  avaient  donc 
péri  dès  avant  l'époque  historique.  On  peut  comparer  plus  ou  moins  *Atj- 
toya  pour  *  Aqzoïv  à  rjâèJ-a  pour  îjdvv. 

2.  Le  savant  professeur  conjecture  seulement  que  l'analogie  des  formes 


Expulsion  de  Va  dans  los  thèmes  on  -as.  201 

f|iu;  les  thèmes  grecs  en  -clJ  soient  employés  si  exclusivement  à 
former  des  féminins.  'J'outefois  il  y  a  des  traces  du  njascnlin  dans 
les  noms  propres  Ilarço},  MrjXQcô,  IJqcÔ  (Curt.  Erl.  54j. 

Il  est  probable  que  bon  nombre  de  mots  analogues  sont  à 
tout  jamais  cachés  pour  nous  parce  qu'ils  ont  revêtu  la  flexion 
courante  des  thèmes  finissant  par  i  et  m.  En  voyant  par  exemple 
que  dans  le  Rig-Véda  dvi  <'; mouton»  fait  au  gén.  dvyas  et  jamais 
âvcSj  absolument  comme  on  a  en  grec  otoç  (pour  *o/toç)  et  non 
«osag»,  il  est  naturel  de  croire  que  la  flexion  première  a  été:  nom. 
aiva{i-s  ou  awiïj,  dat.  mvy-AÎ,  ace.  awa^i-m  etc.  Peut-être  que 
le  gén.  goth.  halgis  des  masculins  en  i,  au  lieu  d'être  ainsi  que  le 
dat.  hal(/a  emprunté  aux  thèmes  en  -a,  offre  un  vestige  de  la 
flexion  dont  nous  parlons:  halgis  serait  pour  '"^'halr/i'^s. 

L'immobilité  de  l'accent  dans  le  paradigme  sanskrit  apâs 
apàse,  usas  usâse,  n'a  pas  grande  importance.  Jl  est  possible,  il 
est  même  fort  probable  que  le  ton  y  subissait  primitivement  les 
mêmes  déplacements  que  partout  ailleurs.  C'est  la  persistance 
anormale  de  Va  suffixal  qui  est  remarquable.  Jusqu'ici  les  syllabes 
prédésinentielles  ne  nous  offraient  rien  de  semblable. 

M.  Brugman  (K.  Z.  XXIV  14  seq.)  donne  pour  ce  fait  de 
très-bonnes  raisons:  le  désir  d'éviter  des  formes  trop  disparates 
dans  la  même  déclinaison,  puis  l'influence  analogique  des  cas 
faibles  du  pluriel  où  \'a^  ne  pouvait  tomber  (ainsi  (qm^^s-hJiis). 

Cependant  à  quoi  se  réduit  après  tout  la  classe  des  oxytons 
en  -«s?  Au  nom  de  l'aurore,  skr.  îièàs,  aux  mots  indiens  hlmj-âs 
«\)e\iY»,  pn-nigs  pour  *  pumas  (p.  i?19),  et  aux  mots  comme  tavds, 
yagàs,  ^JEvÔ-qg.  Or  ces  derniers,  M.  Brugman  l'a  établi,  ne  sont 
que  des  neutres  'revêtus  de  la  déclinaison  du  masculin.  Il  se- 
rait possible  même  qu'ils  fussent  nés  séparément  dans  les  diffé- 
rentes langues  qui  les  possèdent,  la  flexion  s'étant  dirigée' sur 
celle  des  composés  (paroxytons)  comme  sn-mânas.  La  forme 
pleine  de  leur  syllabe  radicale  est  très-suspecte  pour  des  oxytons. 
Quant  à  hhiy-âs  et  im-mâs,  ils  font  régulièrement  hin-s-à  (instr. 
\éà.?),  im-ms-é.  Le  seul  exemple  dont  ou  ait  à  commenter  la  décli- 
naison, c'est  donc  l'indo-eur.  ^usâs,  et  l'on  peut  croire  en  effet 

comme  ôaîficov  aurait,  dans  de  certaines  limites,  agi  sur  les  mots  en  -co. 
V.  Erliiuterungen  ^  55  i.  n. 


202  Expulsiou  de  Va  dans  les  thèmes-racines. 

que  les  formes  faibles  comme  'Uissa/  parurent  trop  inintelligibles  ^ 
ha  fut  donc  retenu:  ^usasA-i,  skr.  iisâse.  Pour  Va^  de  nsâsc  en  re- 
gard de  Va^  de  usasam  v.  p.  215. 

Les  thèmes-racines,  simples  ou  formant  le  second  terme  d'un 
composé,  se  présentent  sous  deux  formes  tout  à  fait  différentes. 

Dans  le  premier  cas  la  racine  est  privée  de  son  «^  par  une 
cause  inconnue,  mais  évidemment  indépendante  de  la  flexion.  Ces 
thèmes,  auxquels  nous  faisions  allusion  à  la  page  18G,  ne  ren- 
trent donc  point  dans  le  sujet  de  ce  paragraphe.  Ayant  perdu 
leur  a  avant  la  flexion,  ils  sont  désormais  à  l'abri  de  toute  modi- 
fication^. Quand  ils  finissent  par  i,  u,  r,  n,  m,  ils  s'adjoignent 
un  t  dont  les  longues  ï,  il,  r,  n,  m  (chap.  VI)  se  passent.  Exemples  : 
skr.  dvis,  mrdh,  niç  (p.  177),  açva-pig,  mî-t,  Jiriî-t,  su-lr-t,  aranya- 
ga-t  (=  -gm-t)'^  bhi,  hhù,  gir  (=  gJ^,  -ga  (=  gn)-^  zend  drug;  gr. 
àlK-C,"A-{/)id-^  av-^vy-,  àvt-}]QÎô-,  tTi-rjlvg^  -vdog  (métaplasme 
pour  -vd^oç)  ;  lat.  jn-dic-,  etc.  ^ 

Dans  le  second  groupe  de  thèmes-racines  l'affaiblissement 
résulte  de  la  flexion  et  n'embrasse  donc  que  les  cas  faibles.  Les 
noms  dont  il  s'agit  font  pendant  aux  verbes  de  la  2^  classe.  Toutes 
les  racines  n'affectionnent  pas  ce  genre  de  déclinaison.  A  peine 
si  celles  qui  finissent  par  r  fournissent  un  ou  deux  exemples  in- 
diens comme  abhi-'svâr. 

Le  vocalisme  des  différentes  formes  fortes  ne  peut-être 
traité  ici  oii  il  ne  s'agit  que  de  l'expulsion  de  l'a;  voy.  p.  217  seq. 

Parmi  les  composés  sanskrits  on  remarque  ceux  de  han: 

1.  Le  Rig-Véda  a  un  génitif  sing.  (et  accusatif  pi.)  usas.  On  le  tire, 
avec  raison  probablement,  d'un  thème  ».s.  Y  supposer  la  continuation  de 
la  forme  faible  us-s-  serait  invraisemblable  à  cause  du  double  s  qui  serait 
représenté  par  .s. 

2.  Les  déplacements  d'accent  restent  naturellement  les  mêmes,  du 
moins  dans  le  mot  simple.  En  composition,  où  ils  sont  censés  avoir  lieu 
également  (Benf.  Gramm.  p.  319),  l'usage  védique  contredit  à  la  règle. 
Toutefois  vi-mrdh-âs  11.  V.  X  152,  2,  témoigne  bien  que  la  règle. n'a 
pas  tort. 

3.  Tout  renforcement  nasal  et  toute  i)erte  de  nasale  étant  choses 
étrangères  à  l'indo-européen,  il  est  évident  que  la  flexion  du  skr.  yûjj  qui 
fait  yûng  aux  cas  forts  ne  peut  pas  être  ancienne.  Du  reste,  dans  le  liig- 
Véda,  la  forme  yuwj-  est  (extrêmement  rare. 


Exi)ulHioii  (le  r«  (liuiH  les  thèmes-racines.  20;j 

',u-,{i\iH.  vrtra-hchj-am,  (Vdt.  vrtra-ghn-c.  De  vah  .se;  forme  ana/Jvâh, 
accus,  anad-vâh-am,  dat.  (ma/J-iih-c. 

On  entrevoit  encore  la  déclinaison  grecque  iiriiuitivt,'  de 
BeXXsQO-cpcov  (dont  raccpntuatiou  est  incompréhensible):  le  nom 
llsçaé  cparra^  où  -(paxxa  répond  au  -glinl  sanskrit,  iiidi(|ue  que  le 
génitif  eût  fait  ''^' BelXeQo-fpaxog  (cf.  p.  27  seq.). 

En  zend  le  thème  vac  «voix^>  fait  à  l'ace.  vïicini,vacem  (=  gr. 
fÔTta),  au  dat.  vàce,  à  l'instr.  vàêa  etc.  Cette  flexion  ne  peut  pas 
être  ])rimitive.  Aucune  loi  à  nous  coiiinie  n'autoriserait  dans  les 
cas  faibles  d'autre  forme  que  *nc-  (à  moins  que  l'a  de  vacem  ne 
lut  un  véritable  ci  long  indo-européen,  ce  qu'il  n'est  pas).  La 
forme  và{:-  est  due  évidemment  à  des  influences  d'analogie.  En 
sanskrit  vue-  a  envahi,  comme  on  sait,  toute  la  déclinaison. 

Posant  pour  thème  rhlm-ksé- ,  nous  ramenons  le  nom.  skr. 
rhJm-Jcsâ-s  à  *  rhJm-ksâi-s  (cf.  ras  ==  *rdis).  L'allongement  de  Va 
est  comme  pour  dyans.  L'instr.  pi.  rhhu-JiS î-hliis  s'explique  de  lui- 
même.  Quant  à  l'accus.  rblm-lihân-ani  (au  lieu  de  '"'■'rbhu-lcsày-ani), 
il  est  dû  à  quelque  phénomène  d'analogie.  Cf.  divâ-Vsâ-s  le({uel 
fait  à  l'accus.  divâ-lcsas-am.  On  a  dans  le  Rig-Véda,  mais  seulement 
au  pluriel,  uru-grây-as,  pâri-gray-as,  de^/u  Le  nom.  sing.  eût  été, 
je  pense,  -gras.   Citons  encore  dhï-gâv-as  R.  V.  IX  8G,  1. 

Quand  la  racine  finit  par  «,  le  '  des  cas  faibles  s'élide  devant 
la  désinence:  soma-pâ,  ace.  soma-pa-m  (-jx'ijA-ni),  dat.  sonta--p-é 
(-p^-c).  C'est  ainsi  qu'on  a,  dans  le  verbe,  gà-h-ati  =  ^'(jâ-h-nti 
venant  de  gah"^  -f~  ^^''-  ^-  V-  ^*"'  ^t  le  §  14. 

Sur  la  signification  qu'on  attribuera  à  l'échange  de  «^  et  a.^ 
dans  les  mots  comme  pad  où  \a  ne  peut  tomber,  v.  p.  215. 

THÈMES    PAEOXYTONS. 

Les  thèmes  paroxytons  du  sanskrit  gardent,  comme  on  sait, 
l'accent  sur  la  syllabe  radicale  à  tous  les  cas  de  la  flexion  \ 

Admettrons-nous  ce  que  M.  Osthoff  (1.  c.  46  i.  n.)  indique 
comme  un  résultat  probable  des  recherches  ultérieures,  que  l'indo- 
européen  n'ait  point  comiu  cette  loi  de  l'accentuation  indienne 
et  que  le  comparatif  tvâsyas  par  exemple  ait  fait  au  datif  wa- 

1.  Il  y  a  de  rares  exceptions  qui  ne  sont  qu'apparentes.  Ainsi  piititân 
(dat.  punisé)  aura  été  d'abord  oxyton,  ainsi  que  le  suppose  le  vocalisme  de 
la.  racine.  Ou  peut  en  dire  autant  de  soàr  (siiar)  qui  donne  un  dat.  védique 
nîiré.  Sur  sâmi,  gén.  sfiôs,  v.  p.  221  seq. 

• 


204  Expulsion  de  l'a  d;ins  les  paroxytons. 

syasAi^?  Tout  au  contraire ^  nous  disons  que  la  loi  des  paroxy- 
tons a  toujours  existé: 

1°  Il  ressort  de  tout  ce  qui  précède  que  l'accent,  aux  cas 
«forts»,  ne  tend  pas  moins  à  gagner  la  désinence  qu'au  datif  ou 
aux  autres  cas  «faibles».  Que  signifieraient  donc  des  déplace- 
ments d'accent  tels  que  wâsyâs  wasyasJi? 

2°  Une  pareille  mobilité  d'accent  est  difficilement  conci- 
liable  avec  la  fixité  du  vocalisme  radical,  qui  est  très-grande  pour 
les  paroxytons. 

3°  11  y  a  un  contraste  frappant  entre  les  «cas  faibles»  des 
oxytons  en  -was  et  ceux  des  paroxytons  en  -yas.  Toutes  les  con- 
ditions étant  égales  d'ailleurs,  nous  trouvons,  là  viduse  (=  *r^- 
dusé),  ici  msyase.  La  non  expulsion  se  vérifie  aussi  dans  les  in- 
finitifs en  -man-e,  -(lev-aL,  de  thèmes  jDaroxytons, 

Donc  dans  les  paroxytons  normaux  ions  les  cas  seront  forts. 

Autre  chose  est  de  savoir  si  la  dégradation  du  suffixe  n'avait 
pas  dès  l'époque  proethnique  pénétré  d'une  manière  ou  d'une 
autre  dans  certains  groupes  de  paroxytons. 

Ce  qui  le  fait  supposer  tout  d'abord,  c'est  que  la  majorité 
des  paradigmes  du  sanskrit,  ne  distingue  point  à  cet  égard  entre 
oxytons  et  paroxytons:  hhràtre,  ràgne,  hhârate,  montrent  le  même 
affaiblissement  que  mcitré,  ulisnc,  ttidaté. 

On  ne  saurait  attendre  des  langues  européennes  de  données 
décisives  pour  cette  question.  Voici  cependant  un  cas  remar- 
quable et  qui  confirmerait  le  témoignage  du  sanskrit:  le  t  du 
germ.  svcstcr  «sœur»  n'a  pu  prendre  naissance  que  sur  une  forme 
faible  svcsr-  d'où  il  a  gagné  ensuite  les  cas  forts  (Brugman  Stud. 
IX  394);  preuve  que  la  dégradation,  dans  ce  mot,  est  bien  an- 
cienne.  Or  c'est  un  paroxyton:  skr.  svâsar. 

D'autre  part  le  féminin  hhàrantl  (cf.  tndatî)  des  participes 
indiens  paroxytons  semble  indiquer  positivement  que  la  flexion 
grecque  tpéçav  rptQovTOç  est  plus  primitive  que  le  skr.  hhdran 
h/iârutas.  C'est  l'avis  de  M.  Brugman  1.  c.  329''^. 

1.  C'est  ce  qui  paraît  être  l'opinion  de  M.  Brugman  (Stud.  IX  383). 

2.  La  langue  védique  semble  faire  quelque  diftérence  entre  les  thèmes 
en  -î/mn  selon  qu'ils  sont  oxytons  ou  paroxytons.  De  ces  derniers  on  a 
par  exemple  gcmunii,  hhumana,  b/iimanas,  yàmanas.  Au  contraire /)rewan, 
pralliimnn,  viuhimàn,  donnent  les  in^immcnisixxis.  prciià ,  prathinà ,  mahinà, 


Loi  (!(!  la  fl<;xion  faiVjle.  20;") 

La  portée  de  la  question  diminue  du  reste  considérablenieJit, 
si  l'on  sonj^e  qu'au  pluriel  et  au  duel,  où  règne  la  flexion  faible, 
oxytons  et  ])aroxytons  étaient  soumis  à  une  même  loi. 

B.  L'expulsion  so  produit  en  vertu  des  lois  de  la  flexion  faible. 

M.  Paul  a  consacré  une  partie  du  travail  précédemment  cité 
il  une  étude  sur  la  déclinaison  ])rimitive  des  thèmes  en  i  et  en  ii, 
ou  plus  exactement  sur  l'espèce  la  plus  commune  de  cette  décli- 
naison. L'auteur  montre  que  la  dégradation  du  suffixe,  à  tous  les 
nombres,  dépend  du  phonème  initial  de  la  désinence:  selon  que  ce 
phonème  est  une  voyelle  ou  une  consonne,  l'a  suffixal  apparaît 
ou  disparaît  \  Au  vocatif,  où  la  désinence  est  nulle,  l'arien,  le  letto- 
slave,  le  germanique  et  le  celtique  2'i'ouvent  que  Va  existait 
(Beitr.  IV  436). 

C'est  là  ce  que  nous  avons  appelé  plus  haut  la  flexion  faible 
(p.  187).  Le  principe  de  l'expulsion  se  résume  pour  elle  dans  cette 
loi  unique:  l' ADJONCTION  d'une  désinence  commençant  par 

UNE  consonne  entraîne  LA  PERTE  DE  L'a^  PRÉDÉSINENTIEL. 

—  Thèmes  finissant  par  i  et  u.  — 

Dans  les  cas  où  le  suffixe  a  sa  forme  pleine,  le  ton,  en  san- 
skrit et  en  grec,  se  trouve  sur  l'a.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que 
c'est  là  l'accentuation  primitive.  Celle  des  cas  faibles  du  pluriel 
sera  traitée  plus  bas,  p.  209. 

Nous  pouvons  parler  tout  de  suite  de  la  qualité  de  l'a.  Les 
thèmes  en  i  et  en  u  de  déclinaison  faible  semblent  n'admettre  que 
Va^.  Le  grec  présente  s,  le  sanskrit  un  a  bref.  L'o  du  si.  synove, 
Va  du  lith.  sunaus  sont  des  modifications  secondaires  de  Ve  (p.  67). 


où  le  rejet  de  Vm  atteste  la  grande  pression  que  subissait  le  suffixe.  Mais 
hhumanas,  yCimunas,  peuvent  être  une  imitation  de  lidrman'is,  ràrtmanas, 
et  d'autre  part  le  paroxyton  àçman  fuit  en  zend  as]md  au  génitif  (Spiegel 
Gramm.  156).  —  Les  thèmes  faibles  ynn-  et  maghon-  de  yih-an  et  maghâvan 
ne  prouvent  pas  grande  chose  en  faveur  de  la  dégradation  des  paroxytons; 
nous  avons  trop  peu  de  garanties  relativement  à  l'ancienneté  de  leur  ac- 
centuation. La  même  remarque  s'applique  aux  mots  comme  sâlhai-  sdl'lti-. 
Cf.  sakhibhyas,  Benfey  VoUst.  Gramm.  p.  320. 

1.  On  s'étonne  que  dans  le  même  travail  l'auteur  s'efForce  de  tirer  un 
parallèle  entre  les  thèmes  dont  nous  parlons  et  les  thèmes  à  liquide  et  à 
nasale,  parallèle  que  l'énoncé  même  de  sa  règle  rend  à  notre  sens  chimérique. 


206  La  flexion  faible  dans  les  thèmes  en  i  et  en  u. 

En  gothique  la  de  anstais,  anstai;  simaus,  sunan,  est  encore  in- 
expliqué, il  ne  paraît  point  se  retrouver  dans  les  autres  dialectes 
germaniques  —  au  contraire  le  v.  li*-all.  a  encore  simili  —  et  de 
j)lus  le  plur.  sunjus  offre  IV. 

Les  thèmes  yuktâ^i  et  mrda^u  donneroni  conformément  à 
la  loi  posée  ci-dessus  ^ 


Singulier  Pluriel 

Nom.  yukti-s  yukta^y-a^s 

Voc.   yiikta^i  yiikta^y-a^s 

Ace.    yukti-m  yukti-ns 


Singulier  Pluriel 

Nom.  mrdù-s  mrdâ^w-a^s 

Voc.    mrda^u  mrda^w-aiS 

Ace.    mrdiï-m  mrdù-ns 


Dat.    yuktajY-Ai   yukti-bhyas        Dat.    mrdâ^w-Ai  mrdù-bhyas 
Loc.    yuktâ^y-i      yukti-swa         ,   Loc.    mrda^w-i     mrdù-swa 

Différentes  formes  donnent  lieu  à  des  remarques  particu- 
lières, 

1.  Génitif  du  singulier.  La  forme  indo-européenne  paraît 
avoir  été  yuJdâiïSj  mrdùjis,  vu  l'accord  du  si.  liosti,  symi,  avec  le 
skr.  yuktés,  mrdos  (Leskien  Decl.  27).  L'i  est  Vu  devaient  être 
longs,  puisqu'ils  provenaient  de  la  contraction  de  y^  et  w"^,  la  dé- 
sinence étant  -'^s  (p.  196).  Cette  contraction  du  reste  n'est  pas 
absolument  régulière:  elle  n'a  lieu  ordinairement,  pour  Vu  du 
moins,  que  si  la  semivoyelle  est  précédée  d'une  consmine  comme 
dans  dhûtâ  ==  *dhiv'Hâ  (§  14). 

2.  Les  ablatifs  du  zend  comme  garait,  tanaof,  n'infirment 
point  la  règle:  ils  sont  probablement  de  création  récente  (Leskien 
Decl.  35  seq.)  et  d'ailleurs  la  désinence  est  -ad,  non  -d.  Si  garait 
était  ancien,  il  serait  donc  pour  «garayad». 

3.  L'instrumental  sing.  et  le  génitif  plur.  sont  malheureuse- 
ment difficiles  à  étudier,  à  cause  de  la  formation  nouvelle  yuMî- 


1.  Dans  un  article  sur  la  gradation  des  voyelles  (Académie  de  Vienne 
LXVI  217)  M.  Fr.  MûUer  attirait  l'attention  sur  l'antithèse  des  déclinai- 
sons de  yuJcti,  mrdû,  et  des  thèmes  consonantiques.  Il  faisait  remarquer 
que  le  premier  genre  de  thèmes  affaiblit  le  suffixe  précisément  dans  les 
formes  qui  pour  les  seconds  sont  fortes.  Mais  —  outre  que  la  «décli- 
naison consonantique »  contient  aussi,  comme  nous  l'avons  vu,  des  thèmes 
en  i  et  en  w  —  l'antithèse  est  pour  ainsi  dire  fortuite:  elle  n'existe  que 
dans  la  limite  donnée  par  le  principe  des  deux  flexions  et  la  nature  des 
désinences.  Au  locatif  et  au  vocatif  les  paradigmes  se  rencontrent  néces- 
sairement: mhlo  cf.  Zfv,  (Intur;  sundvi  (véd.)  cf.  dydvi,  dâtari. 


La  flexion  faible  dans  les  thèmes  en  i  et  <!ii  u.  207 

ndm,  mrdunam.  Il  reste  pourtant  clos  iiistrimientaux  védiques 
comme  ^wt'^ct,  ïirmià,  et  en  /ciid  les  géiiitii's  plur.  ruiyivàm,  %rai^- 
wàm,  vanhvàm  (Spiegel  Gramm.  p.  142).  Les  langues  congénères 
ne  sont  ])as  d'accord  entre  elles. 

Les  types  pavya,  vanJivàm,  sont  évidemment  en  coiitradiction 
complète  avec  la  flexion  faible;  nous  devons  les  accepter  tels 
qu'ils  sont,  comme  un  essai  de  déclinaison  forte.  L'anomalie 
paraît  tenir  à  la  nature  des  désinences. 

4.  Duel.  Le  dat.-abl.  skr.  ynlitihhymn,  mrdubhyâm,  si.  hostïma, 
synuma,  ne  présente  rien  de  particulier.  Pour  le  génitif-locatif, 
nous  prions  de  voir  à  la  page  209.  La  forme  du  nom.-acc.  yuJcfi, 
mrdû,  si.  Icosti,  syny,  n'est  point  encore  bien  éclaircie,  et  nous  ne 
savons  quoi  en  penser. 

Les  thèmes  en  i  et  u  subissent  dans  la  dérivation  le  même  traitement 
que  dans  la  flexion.  Ils  maintiennent  leur  u  tant  que  l'élément  ajouté  ne 
commence  pas  par  une  consonne;  y  compte  comme  voyelle.  C'est  ainsi 
qu'on  a  en  sanskrit  vâstavya  de  vustu  ',  eu  grec  «ors tbg  de  uatv  \  ôév-ôçiov 
de  ÔQv,  en  gothique  triva-,  Icniva-  de  *tru,  *knu.  Que  lès  adjectifs  verbaux 
grecs  en  -réo  soient  apparentés  aux  formes  indiennes  en  -tavya  c'est  ce 
que  les  observations  de  M.  Curtius  (Verb.  II  355  seq.)  rendent  douteux. 
Qu'ils  soient  sortis  comme  les  adjectifs  indiens  de  thèmes  en  -tu,  c'est 
l'opinion  commune  qu'il  n'y  a  pas  lieu,  croyons-nous,  d'abandonner.  Le 
mot  èzsoç  dont  le  digam-ma  apparaît  dans  'EziJ-âvÔQa  (inscr.  cypriote, 
Revue  archéologique  1877  p.  4)  est  accompagné  encore  de  hv-fiog.  De- 
vant les  consonnes  nous  trouvons  i,  u:  skr.  çuéitvd,  bandhidn,  gr.  rccxvrrig 
etc.  —  Au  féminin,  le  gr.  Tilatiia  est  probablement  plus  primitif  que  le 
skr.  prthvï  ;  cf.  toutefois  oQyvia^'AQiivia  etc. 

La  flexion  faible  ne  paraît  avoir  été  en  usage,  au  singulier, 
que  pour  les  thèmes  finissant  par  i  et  u.  Toutefois  on  en  peut 
soupçormier  la  présence  dans  les  mots  comme  skr.  yantûr,  aptûr, 
vandhûr.  .Un  thème  à  liquide  eilt  fait  au  nomin.  yamtr-s,  au  dat. 
yamtâ^r-'i,  à  l'ace,  ymntr-m.  Or  yamtrs  a  pu  à  la  rigueur  donner 
en  sanskrit  yantilr  et  par  extension  yantiiram  etc.  En  grec  ficcQ- 
riJQ  serait  pour  ^fLccQtrg. 

—  Pluriel  et  duel  des  thèmes  de  flexion  forte.  — 
Mieux  que  toute  autre  forme,  l'accusatif  du  pluriel  montre 
comme  quoi  le  principe  qui  régit  au  singulier  la  déclinaison  de 

1.  Nous  devrions  dire  vâsto,  aaxsv  etc.  Malheureusement  en  nommant 
les  thèmes  sous  cette  forme,  on  s'expose  à  plus  d'un  malentendu. 


208  La  flexion  faible  règne  seule  au  pluriel  et  au  duel. 

thèmes  comme  pitûr,  uksàn  etc.,  ne  se  vérifie  plus  aux  autres 
nombres. 

La  jDlace  de  l'accent  à  ce  cas  est  donnée,  comme  nous  l'avons 
vu  (p.  39  seq.),  par  la  désinence  arieime  -as  pour  -ns  qui  serait 
devenue  -ans,  -an,  si  elle  avait  porté  le  ton.  L'accentuation  pri- 
mitive s'est  conservée  du  reste  dans  le  grec  (nôdag^  cf.  no6GC)  et, 
dans  l'indien  même,  pour  les  thèmes  sans  dégradation  qui,  dans 
les  Védas,  accentuent  rarement  la  désinence  -as  ^ 

Ayant  reconnu  que  l'accent  frappait  originairement  le  thème, 
M.  Brugman  crut  être  forcé  d'aller  plus  loin  et  d'admettre  —  par 
hypothèse  pure,-  car  le  témoignage  du  zend  et  de  l'européen  est 
ici  tout  à  fait  équivoque  —  que  l'accusatif  pluriel  était  ancienne- 
ment un  cas  fort.  A  la  page  40  nous  avons  adopté  cette  manière 
de  voir,  parce  que  nous  ne  comprenions  pas  encore  que  le  pluriel 
des  thèmes  dont  il  s'agit  dût  être  jugé  autrement  que  le  singu- 
lier. Mais  à  quelles  invraisemblances  ne  conduit-elle  pas?  Com- 
ment cet  affaiblissement  systématique  de  toutes  les  espèces  de 
thèmes  sanskrits  à  l'accusatif  plur.  serait-il  dû  au  hasard  d'un  re- 
maniement secondaire?  Comment,  en  particulier,  expliquer  la 
forme  des  thèmes  à  liquides,  ^ji^r»?  Cette  forme  renverse  toute 
l'hypothèse:  elle  ne  se  conçoit  qu'en  partant  de  Ymào-e.wx.  p^tr-ns 
(cf.  gotli.  fadrims).  Dans  la  supposition  de  M.  Brugman  on  ne 
pourrait  attendre  en  sanskrit  que  «jntràs»  (pour  «*2ntdras», 
«^pitàrns'))).  Ainsi  les  deux  choses  coexistaient.  La  syllabe  pré- 
désinentielle  était  affaiblie  malgré  V accent.  Or  cela  est  la  négation 
même  de  toute  flexion  forte. 

En  revanche  la  simple  confrontation  de  *pitr-ns,  *sdJihi-ns, 
*(hjii-ns  avec  *  mnhi-ns  nous  apprend  que  ces  formes  entrent  sans 
la  moindre  difficulté  dans  le  canon  de  la  déclinaison  faible. 

La  nasale  de  la  désinence  -ns  a  eu  l'efi'et  d'une  coiisomie:  de 
là  mrchi-ns  et  jy^tr-ns,  non  mrdàw-ns,  2)Hdr-ns.  Ou  ne  doit  donc 
pas  s'étonner  de  trouver  aussi  hhâmt-ns,  tnditt-ns,  ividns-ns,  kp-ns 
(hhàratas,  tudatâs,  vidilsas,  apâs). 

Les  thèmes  à  nasale  ont  dû  faire  tûcsns  ou  bien  uJcsnnns.    On 


1.  i]xeraples:  isas,  ksdpas,  giras,  tiigas,  diças,  drûhas,  dvûas,  dhiyas, 
dhiiras,  pûras,  pfJcsas,  psâras,  bhidas,  bMigas,  bhûvas,  mifias,  mrdJias, 
yûdhas,  ripas,  vipas,  viças,  vrtas,  vriças,  çrhjus,  stûhhas,  spàças,  sp'fdiKtft, 
srtif'fdN,  srûUias,  .snicas,  h  ni  tas    V   le  dictionnaire  de  Grassmann. 


La  flexion  faible  règne  «eule  au  pluriel  et  au  duel.  200 

pourrait,  sans  improLabilit(;  trop  grande,  retrouver  cette  dernière 
forme  dans  le  véd.  ulcsànas,  v'r'sanas.  En  tous  cas  uksnâs  n'est  pas 
un  type  pur. 

Au  nominatif,  le  parallélisme  de  pitdras,  nlcscmas,  sàlchâyas, 
dytwas,  avec  yidctâyas,  mrdàvas,  saute  aux  yeux. 

Nous  arrivons  aux  cas  dont  la  désinence  commence  par  hh 
et  .S',  p.  ex.  l'instr.  pHr-bhis,  ulîsn-hJds,  saJci-hhis,  dyu-bhis.  Comme 
dans  yukti-hhis,  mrdu-hhis,  l'affaiblissement  est  causé  par  la  con- 
sonne initiale  de  la  désinence  et  point  par  l'accentuation.  Etu- 
dions cependant  cette  accentuation.  Ni  en  sanskrit  ni  en  grec  la 
désinence  n'a  le  ton  (pUrhkis,  TtazQccai  etc.).  M.  Ostlioff  (Beitr.  de 
P.  et  B.  III  49)  rétablit  '■^■pUrhliis,  '*naTQa6t.  Dès  qu'on  admet  la 
flexion  faible,  cette  correction  est  inutile  *. 

Mais  il  y  a  les  mots-racines.  Ici  l'accent  frappe  les  dési- 
nences -this,  -hJiyas,  -swa:  gr.  TtoaGt,  skr.  adhhls,  adbhyds,  apsii. 
Nous  devons  croire  que  c'est  là  une  imitation,  proethnique  mais 
hystérogène,  de  l'accentuation  du  singulier.  En  tous  cas,  lors 
même  que  cette  supposition  serait  fausse,  et  que  les  désinences 
en  question  auraient  eu  partout  le  ton,  comme  le  pense  M.  Ost- 
lioff, le  fait  que  l'affaiblissement  n'est  dû  qu'au  contact  de  la  con- 
sonne désinentielle  ne  nous  en  semblerait  pas  moins  certain. 

Cependant,  en  présence  de  l'accord  des  formes  fortes  (nirdâve, 
jj'ttâras)  avec  les  formes  comme  intrhhls  d'une  part  et  l'accusatif 
pluriel  de  tous  les  thèmes  de  l'autre  (v.  ci-dessus),  il  nous  semble 
qu'on  a  le  droit  de  poser  la  non  attraction  du  ton  vers  les  désinences 
comme  un  des  caractères  distinctifs  de  la  flexion  faible. 

Le  génitif  plur.  skr.  idisr.iàm  (goth.  auJisne) ,  zd.  brd&ràm  (gr. 
TtarQcàv)  etc.  se  place  à  côté  de  yiiMy-am,  mrdw-am  (zd.  vanhvàm), 
V.  p.  207.  "        • 

Duel.  Le  nom.-acc.  pdé^^,  idisauau,  sdJchâyau,  hâhâvâ,  est 
conforme  aux  règles  de  la  déclinaison  faible,  plus  conforme 
même  que  la  forme  étrange  yuliï  et  mrdu  des  thèmes  qui  sont 
si  fidèles  à  cette  flexion  (p.  207).  Au  gén.-loc.  yuJdî  et  inrdd 
font  en  sanskrit  yiddyés,  mrdvôs.  Il  faudrait  *yidddyos,  *mrddvos, 

1.  En  faveur  de  l'accentuation  ^tïrft/jts,  on  peut  remarquer  qu'elle  est 
de  règle  pour  les  monosyllabes  composés  de  racine  -\-  suffixe,  comme 
vi-bhis,  dyû-hhis,  snii-bliis,  sti'-bhis.  Si  -bhis  avait  origiuairement  possédé 
toujours  le  ton,  on  attendrait  certes  «vibliis,  dyubhis  etc.». 

14 


210  Autres  exemples  de  flexion  faible. 

et  pareillement  pitâros  etc.  Or  cette  dernière  forme  précisément, 
d'après  les  recherches  de  Grassmann,  est  exigée  par  le  mètre 
dans  les  20  passages  du  Rig-Véda  où  le  texte  porte  j^Yrois^;  rnâ- 
taros  apparaît  dans  trois  passages  sur  quatre.  Nous  ignorons  s'il 
y  a  un  grand  nombre  de  cas  analogues.  Ceux-là  nous  semblent 
déjà  très-significatifs.  En  zend  on  a  le  gén.  duel  çpentoxrataviïo. 
En  slave  l'ostija,  synovn,  sans  être  de  nature  à  confirmer  grande- 
ment notre  conjecture,  ne  lui  donnent  pas  de  démenti.  Les  formes 
comme  yuMyos,  pitrôs,  se  seront  formées  en  analogie  avec  les 
génitifs  du  pluriel. 

La  dégradation  des  thèmes  paroxytons  au  pluriel  et  au  duel 
{bJiàrantas,  bhâradbhis  etc.,  hhàradhhyâm)  doit  être  ancienne,  puis- 
quïci  il  n'est  plus  question  d'accent.  Les  thèmes  en  -yas  ont 
l'anomalie  de  maintenir  leur  a,  peut-être  sous  l'influence  du  singu- 
lier, dont  nous  avons  parlé  p.  203  seq. 

—  Le  nom  de  nombre  quatre.  —  % 

Le  goth.  fidvor  montre  que  Va  du  skr.  catvàras  n'est  point  a^, 
mais  un  véritable  «  long  (=«-)-«).  On  devra  diviser  ou: 
h^aJiVA-â^r-aiS,  ou:  Iv./iJivà.^Ar-ayS.  La  première  hypothèse  est  la 
plus  naturelle,  car  où  trouve-t-on  des  thèmes  eu  -«.^r?  Dans  l'un 
et  l'autre  cas  les  formes  faibles  comme  l'instrumental  devaient 
faire  *h/iJ:wAr-,  d'où  le  gr.  "^tèrfccQ-.  Le  si.  letyr-ije,  le  goth. 
fidûr-dogs  supposent  une  autre  forme  faible  ^Jù^a^tw^r-,  Jc^a^tûr- 
qui  s'accorde  parfaitement  avec  la  donnée  du  goth.  fidvor.  En 
sanskrit  on  attendrait  "^catûr-  et  non  catur-.  Il  est  remarquable 
cependant  que  l'accusatif  fasse  catwms,  non  «catvrn'». 

—  Nominatif-accusat^Rig.  du  neutre.  — 
Tous  les  thèmes  finissant   par  a^  -\-  sonanfe  premient  au 
nom. -ace.  sing.  du  neutre  leur^B^e  réduite,  quelle  que  soit 
d'ailleurs  leur  flexion.    Pour  les  thèmes  à  nasale'"^  v.  p.  26  seq. 

Les  thèmes  à  liquide  ont  en  sanskrit  r:  dâtr'"^-,  cf.  gr.  véxtaQ 

♦ 

1 .  Notons  bien  que  l'iustr.  sg.  pitrà ,  le  dat.  pitre,  ne  donnent  lieu  à 
aucune  remai'que  semblable.  —  Pitaros  avait  à  coup  siîr  le  ton  sur  la 
2*  syllabe. 

2.  Les  formes  grec(iues  comme  TSQfv,  fvciatuov  etc.  sont  hystérogènes. 

3.  Il  y  a  un  neutre  sthâtiir  (l'opposé  de  tjnfjat)  dont  je  ne  m'explique 
pas  la  syllabe  finale. 


Nomin.-accus.  neutre.  —  Répartition  de  «,  ai  u.^.  211 

(thème  *vixt6Q-).  PiÙH  on  a  (;i(ci,  mrdii,  et,  des  tliJ'iiies  de  flexi(jii 
forte  comme  dyUj  su-dyu. 

11  est  impossible  que  ce  phénomène  dépende  de  l'accen- 
tua,tion:  elh^  varie  en  effet,  et  d'ailleurs  les  exj)ulsions  d'à  ne  sont 
jamais  amenées  par  le  ton  que  quand  il  vient  ajms  la  syllabe  at- 
taquée. 

L'affaiblissement  tient  donc  ou  à  une  cause  purement  dyna- 
mique ou  à  une  influence  pareille  à  celle  qui  crée  la  flexion  faible, 
le  conflit  avec  des  phonèmes  résistants.  Nous  préférons  cette 
dernière  explication. 

Le  thème  nu  étant  sup])osé  la  forme  première  du  nom.-acc. 
neutre,  il  se  confondait  primitivement  avec  le  vocatif  du  masculin. 
Ainsi  mrda^u,  remplissait  deux  fonctions.  Mais,  tandis  que  le 
vocatif,  en  sa  qualité  d'interjection,  était  placé  en  dehors  de  la 
phrase,  le  nom.-acc.  neutre  subissait  un  frottement  qui  eut  l'effet 
d'une  désinence  commençant  par  une  consonne.   11  rejeta  son  «^. 

11  paraît  certain  que  le  même  phénomène  s'est  produit  sur 
la  particule  w«,  pour  *na^u  conservé  dans  nâ^^v-a  (p.  82). 

Les  neutres  hétéroclites,  comme  hard  (p.  224),  et  les  neutres 
en  -as,  -pas,  -ivas  {mânas,  vâsyas,  siôéç)  ne  subissent  point  cette 
réduction.  Citons  comme  exception  rentrant  dans  la  règle  pré- 
cédente le  skr.  àyus  en  regard  du  grec  (masc.)  aifoc-  qui  a  donné 
l'ace,  aià  ;  en  outre  yôs  =  lat.  jus. 

La  forme  sthà,  neutre  védique  de  stlià-s,  doit  être  comptée 
parmi  les  anomalies. 


2.   APPARITION  DU  PHONEME  «2- 

Nous  étudierons  d'abo^Ra  répartition  de  a^  et  a^  dans  les 
suffixes  comme  -an,  -ar,  -tar,  -ivas  etc.  qui  peuvent  expulser  Va 
dès  qu'il  est  sollicité  de  ton2|^^et  qui  ne  présentent  point  d'autre 
a  que  l'a  légitime  des  cas  forcsT 

11  faut  remarquer  premièrement  que  le  même  suffixe  peut 
prendre  ou  ne  pas  prendre  a.,.  Le  suff.  -tar  des  noms  d'agents 
prend  «^j;  le  suff.  -tar  des  noms  de  parenté  conserve  partout  a^ 
Le  premier  cas  seul  nous  intéresse  ici;  l'histoire  du  second  rentre 
toiite  entière  dans  le  chapitre  de  l'expulsion  de  \'a. 

Les  formes  où  l'on  constate  tout  d'abord  qu'un  suffixe  prend 

rt.^  sont  l'accusatif  sing.  et  le  nominatif  du  jduriel  et  du  duel. 

14* 


212  Répartition  des  phonèmes  a^  et  a.^  entre  les  diff.  cas. 

Quand  l'une  de  ces  formes  j)réseute  le  phonème  a^,  on  est  sûr 
quil  existe  aussi  dans  les  deux  autres^. 

Il  reste  à  savoir,  et  c'est  là  la  question  que  nous  examine- 
rons, si  l'apparition  de  a.^  dans  les  formes  jirécitées  entraîne  aussi 
sa  présence  aux  trois  autres  cas  forts,  le  nominatif,  le  locatif  et 
le  vocatif  du  singulier. 

1.  Nominatif.  Pour  ce  qui  concerne  la  quantité  de  Va,  v.  ci- 
dessous  p.  213.  Considérons  d'abord  sa  qualité.  M.  Brugman  a 
établi  que  le  skr.  dâtâram  est  rendu  en  grec  par  ôœroQa,  nulle- 
ment par  ôciTïJQa.  Après  cela  il  n'y  a  point  de  motif  pour  croire 
que  l'équivalent  grec  du  skr.  data  soit  ôcot^q  plutôt  que  ôojtcoq. 
Le  lat.  dator  nous  paraît  même  trancher  la  question.  Bien  que 
M.  Brugman  ne  dise  rien  d'explicite  à  ce  sujet,  ce  savant  est  loin 
de  mettre  en  doute  la  primordialité  de  dator,  puisqu'il  s'en  sert 
pour  expliquer  la  longue  de  lace,  datorem  (primit.  *dat6reni). 
Cela  étant,  la  flexion  de  Ôcory'jQ  n'apparaît  plus  que  comme  une 
variété  de  la  flexion  de  yaGr^Q  et  Trarr/p,  variété  où  Vtj  du  nomi- 
natif s'est  communiqué  à  plusieurs  autres  cas  ^.  On  devra  admettre 
une  classe  de  noms  d'agent  sans  ag  qui  en  sanskrit  n'existe  plus 
que  dans  çâmstar  (ace.  çâmstàram).  —  Dans  les  thèmes  à  nasale 
on  trouve,  en  regard  du  gr.  xi-c6v,  le  lat.  hi-em-s.  Ne  serait-ce  pas 
l'indice  d'une  flexion  qui,  traduite  en  grec,  donnerait  au  nom. 
«xi'^v»,  à  l'ace,  xiôva?  C'est  peu  probable.  Qui  sait  si  Ve  de  hiems 
ne  provient  point  d'une  assimilation  semblable  à  celle  qu'on  ob- 
serve dans  bcne  de  bonus?  Elle  pouvait  se  produire  par  exemple 
à  l'ace.  *Momem,  au  plur.  *hiomcs.  Telle  est  aussi  la  raison  de 
Ve  de  jnvenis,  cf.  skr.  yûvânam.  A  côté  de  flamen,  flamonium'^ 
pourrait  faire  conclure  à  l'ace.  ^fl'Midnem,  "^  flamoncm ;  mais  cette 
forme  s'explique  suffisamment  par  l'analogie  de  matrimonium 
etc.*  —  Pour  les  thèmes  en  -uds^M.  Brugman  admet  avec  raison 

1.  Le  pluriel  indien  dydvas  gn  regard  de  Z^v  =  *Zivv  doit  sûrement 
son  â  long  au  voisinage  de  dyaus  et  de  dyam  (sur  lesquels  v.  p.  197)  ou  à 
l'analogie  de  gavas. 

•1.  L'ancien  accusatif"  en  -xiça  a  laissé  une  trace  dans  les  férainius  en 
-xèiQu.  Ceux-ci  en  effet  n'ont  pu  être  créés  que  sur  ce  modèle,  le  type 
-Tçia  étant  le  seul  qui  réponde  au  skr.  -tri. 

3.  Usener,  Flcckeisen' s  Jahrh.  1878  p.  51. 

4.  Rien  n'est  plus  incertain  que  les  étymologies  qui  tirent  le  lat.  mu- 
licr  et  le  gr.  vyirig  des  thèmes  du  comparatif  en  -ya.^s. 


Allongement  rtu  nominatif.  213 

que  le  ^r.sidâg  (accus,  ancien  *£^do(?«)  est  le  continuateur  direct 
de  la  forme  primitive. 

Ainsi  rien  ne  peut  faire  admettre  que  la  couleur  vocalique 
du  nominatif  différât  jamais  de  celle  de  l'accusatif. 

En  ce  qui  concerne  la  quantité  de  l'a  du  nominatif,  c'est 
aujourd'hui  l'opinion  dominante  que  pour  les  thèmes  à  liquide,  à 
jiasale  et  à  sifflante,  il  était  long  dès  la  période  proethnique.  Le 
système  vocalique  s'augmente  donc  de  deux  phonèmes:  l'aj  etl'a^ 
longs,  phonèmes  tout  à  fait  sporadiques  et  restreints,  autant 
qu'on  en  peut  juger,  à  cette  forme  de  la  flexion,  les  autres  a  longs 
étant  des  combinaisons  de  deux  a  brefs. 

La  question  de  savoir  si,  après  la  syllabe  à  voyelle  longue,  venait  en- 
core Vs  du  nominatif  a  été  Tobjet  de  vifs  débats.  Le  premier  M.  Scherer 
avait  révoqué  la  chose  en  doute  et  vu  dans  l'allongement  une  façon  spé- 
ciale de  marquer  le  nominatif.  A  leur  tour  ceux  qui  admettent  Ys  et  qui 
attribuent  l'allongement  à  l'effet  mécanique  de  la  sifflante  ne  sont  pas 
d'accord  sur  l'époque  où  elle  a  dû  disparaître. 

Pour  ce  qui  concerne  ce  dernier  point,  nous  nous  permettrons  seule- 
ment d'attirer  l'attention  sur  le  i3arallèle  sâkha{i)  —  Arixâ  posé  à  la 
page  200,  et  qui  nous  détermine,  avec  les  autres  arguments  bien  connus, 
à  admettre  V absence  de  sifflante  après  an,  âm,  âr  et  ai  dans  la  dernière 
phase  de  l'indo-européen. 

Nous  adoptons  la  théorie  où  l'allongement  provient  d'une  cause  (in- 
connue) autre  que  l'action  de  l's,  sans  croire  toutefois  que  les  deux  caractères 
se  soient  toujours  exclus  l'un  l'autre.  Comment  concevrait-on  skr.  vés,  lat. 
rates,  gr.  TjSvç  (à  côté  de  zd.  Icava,  skr.  sdkha,  cf  p.  198),  si  l's  déterminait 
l'allongement?  En  outre  il  y  a  des  cas  où  la  voyelle  longue  se  trouve  de- 
vant une  explosive.  Ainsi  le  nom.  sanskrit  de  i^fla^Z  «pied»  est  pâd,  p.  ex. 
dans  a-pdd.  Si  cette  forme  est  ancienne,  elle  suppose  un  a  long  proeth- 
nique. Mais  sans  doute  on  peut  alléguer  l'analogie  des  formes  comme 
pddam  (=  Tiôda).  Citons  donc  tout  de  suite  le  germ.  fat-  '  dont  l'ô,  si  l'on 
n'admet  quelque  part  un  a  long  dans  la  flexion  primitive  du  mot,  est  pure- 
ment et  simplement  inexplicable.  Or  où  l'a  long  pouvait-il  exister  si  ce 
n'est  au  nominatif  singulier?  Le  dor.  ncôg  confirme  ce  qui  précède;  -nog 
dans  TQÎitoç  etc.,  est  refait  sur  les  cas  obliques,  cf.  n6lv-§og  de  ^oùç. 
Quant  à  novç,  c'est  une  forme  obscure  de  toute  façon  et  que  nous  ne  con- 
sidérons pas  comme  la  base  de  Ttâg.  —  Si  l'on  admet  que  l'a  du  skr. 
mipâtam  soit  a.>  (p.  227),  Va  du  nom.  ndpât  ==  zd.  najnto  (pour  *napâ{t]s), 
comme  Vô  du  lat.  nepot-,  prouvent  aussi  l'allongement.  —  Le  lat.  vôx 

1.  Le  norr.  fat-  est  encore  consonantique.  Le  goth.  fotu-  est  né  de 
fot-  comme  tunjm-  de  tunp-.  La  langue  a  été  induite  en  erreur  par  le  dat. 
pi.  fotwn  et  l'ace,  sg.  fotti  lesquels  provenaient  du  thème  consonantique. 


214  Répartition  des  phonèmes  «j  et  a.,  entre  les  clitf.  cas. 

permet  la  même  conclusion:  cf.  gr.  ot/>  et  vocare  lequel  est  apparemment 
dénominatif  de  *voc-.  —  Enfin  tous  les  mots  comme  lat.  fur,  gr.  cpâç, 
■nXâip,  QCû^,  ay.cûip^  itaça-^Xcâip  venant  de  racines  contenant  e  ne  s'expliquent 
qu'à  l'aide  de  l'allongement  du  nominatif.  Plus  tard  la  longue  pénétra 
dans  toutes  la  flexion  et  même  dans  des  dénominatifs  comme  fûrari,  tpa- 
qÛco,  ■KXcùnâa,  lesquels  se  propagèrent  de  leur  côté  (cf.  §qcùuixco,  âçca^ccco, 
ôcofiâcù,  vcofiâm,  ncoTÛo^ai,  TQanâa,  rçcoxâoi,  arçwqpKCo).  —  A  côté  d'olvoip 
on  trouve  OLVwip,  à  côté  d'enoip  tncona  (Hes.).  Cette  variation  de  la  quan- 
tité paraît  remonter  à  la  même  source. 

2.  Locatif.  Ici  la  permutation  est  manifeste.  En  sanskrit  on 
a  dàtàram  et  dâtari,  uksanani  et  ulisàui,  Vsàmi  et  Mâmas  (==  gr. 
j(^Q'6v8g).  Le  même  échange  se  traduit  en  gothique  par  cmhsin  = 
uJcsâni  (p.  197)  en  regard  de  aulisan  et  auhsans  =  lûcsanam,^ 
i(Ma7.ias.  M.  J.  Schmidt  a  comparé  à  cô  paradigme  germanique  le 
lat.  homo  hominis  homonem  (vieux  lat.),  parallèle  qui  s'est  con- 
firmé de  plus  en  plus  pour  ce  qui  est  du  nominatif  et  de  l'accu- 
satif. Aux  cas  obliques  il  est  difficile  d'admettre  que  l'^^  (=  e)  de 
homin-  réponde  à  Vi  (==  é)  de  auhsin.  La  voyelle  latine  paraît 
plutôt  être  purement  anaptyctique,  liominis  se  ramenant  à  *]iomnis 
(cf.  p.  47  en  bas,  et  l'ombr.  nomne  etc.).  En  grec  aifst  pourrait 
bien  appartenir  au  thème  aiJ^oG-  (ace.  ata)  plutôt  qu'à  *a/'/o  == 
lat.  aevum. 

3.  Vocatif.  M.  Brugman  Stud.  IX  370  pose  datayr  comme  pro- 
totype Aw.  skr.  dàtar.  Mais  cette  forme  peut  tout  aussi  bien  sortir 
de  dàta.^r,  et  une  fois  qu'en  grec  le  nom.  dGitï]Q  est  séparé  de  dâ- 
roQcc  (p.  212),  le  voc.  Gcorêç  que  fait  valoir  M.  Brugman  n'a  plus 
rien  de  commun  avec  les  mots  en  -tcoq.  M.  Brugman  lui-même  a 
recomm  plus  tard  (K.  Z.  XXIV  92)  que  la  qualité  de  la  n'est  pas 
déterminable  —  dœroQ  pouvant  de  son  côté  être  hystérogène 
pour  '^ôàrsQ  — ,  et  en  conséquence  il  écrit  pour  les  thèmes  en 
-ivas:  wîdwa^s  ou  ivklwa^s.  L'incertitude  est  la  même  soit  pour 
les  thèmes  à  nasale  soit  pour  les  thèmes  eu  /  et  u  de  flexion  forte 
{mklie,  jirjtot,  p.  200).  Nous  parlerons  plus  loin  (p.  216)  de  la 
circonstance  qui  fait  pencher  les  chances  vers  a^.  Il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  l'apparition  de  «^  dans  les  thèmes  dont  nous  par- 
lons n'est  démontrable  que  pour  une  seule  forme,  le  locatif. 

Voilà  pour  la  permutation  a^  :  a^  dans  les  syllabes  prédési- 
nentielles  qui  ne  gardent  l'a  qu'aux  cas  forts.  Mais  on  comprend 


I 


Répartition  cIgh  phonèmes  a,  et  a^,  entre  lea  difl'.  cas.  215 

que  celles  de  ces  syllabes  où  la  chute  de  Va  est  impossible  pré- 
seutent  encore  une  permutation  d'ini  tout  autre  caractère,  la  per- 
mutation l'orcéc  si  on  peut  l'appeler  ainsi.  La  décliuaisoji  du  nom 
de  l'aurore  dans  un  grec  très-primitif  serait  (cf.  Brugman  K.  Z. 
XXIV  21  seq.):  nom.  '*av0c6g  (skr.  usas),  ace.  '*ava6ca.  (skr.  usci- 
sam),  voc.  "^avGog  ou  '^avasg  (skr.  tVsas),  loc.  *av6éai  (skr.  usàsi)-^ 
gén.  *av0EG6g  (skr.  usâsas  pour  *usasâs),  v.  p.  201  seq.  Dans  ce 
paradigme  l'apparition  de  le  au  locatif —  et  au  vocatif  si  '*av06g 
est  juste  —  résulte  de  la  permutation  libre  étudiée  ci-dessus.  Au 
contraire  Ve  de  '"^'avaeûôg  =  skr.  îisàsas  n'existe  absolument  que 
parce  qu'une  cause  extérieure  empêche  l'expulsion  de  Va  suffixal, 
et  dans  ce  cas  nous  avons  vu  que  c'est  toujours  a^  qui  apparaît 
(p.  134). 

Dans  les  thèmes-racines,  la  permutation  forcée  est  fréquente. 
Ainsi  Va^  du  lat.  pedis,  gr.  nsôôg^  skr.  pàdds  en  regard  de  com- 
podem,  jioda,  pàdam  (Brugman  Stud.  IX  369)  est  tout  à  fait  com- 
parable à  Va^  de  ^avôeGÔg.  Le  locatif  en  revanche  faisait  à  coup 
sûr  pâ^di,  avec  permutation  libre. 

Considérons  à  présent  la  permutation  a.^  :  a^  dans  les  thèmes 
où  tous  les  cas  sont  forts,  c'est-à-dire  les  i)aroxytons  (p.  204).  Les 
comparatifs  en  -yas,  qui  ont  a^  au  nominatif  (lat.  suavior)  et  à 
l'accusatif  (skr.  vâsydmsam  reflétant  un  ancien  *vâsydsam,  gr. 
rjôîco  =  '^'rjôioa),  présentent  un  a  bref,  soit  a^,  dans  les  cas 
obliques  du  sanskrit:  vâsyase,  vâsyasas,  vâsyasci.  Il  est  évident 
qu'ici  il  ne  saurait  être  question  de  permutation  forcée,  et  nous 
apprenons  ainsi  que  le  génitif,  le  datif  et  l'instrumental,  quand 
l'accent  leur  permet  d'être  forts,  ont  le  vocalisme  du  locatif  ^ 

Ceci  aide  à  comprendre  la  flexion  des  neutres  paroxytons  en 
-as,  lesquels  ont  %  au  nominatif-accusatif,  «^  aux  autres  cas 
(Brugman  Le.  16  seq.).  Si  l'on  convertissait  en  masculin  le  neut. 
inâna^s,  dat.  màna^SAi,  on  obtiendrait  au  nom.  mâna^s,  à  l'ace. 

1.  La  conjecture  de  M.  Brugman  (1.  c.  98  seq.)  part  du  point  de  vue 
que  la  pi-ésence  de  Va  aux  cas  faibles  des  noms  en  -yas  est  irrégulière,  ce 
dont  nous  ne  pouvons  convenir  (p.  203  seq.).  —  Ce  qui  précède  fait  voir 
que  padcis,  *usasds  auraient  «j  quand  même  la  permutation  n'y  serait  pas 
forcée.  Néanmoins  nous  avous  cru  qu'il  était  plus  juste  de  présenter  la 
chose  comme  on  vient  de  la  lire. 


216  Répartition  des  phonèmes  «j  et  a.^  entre  les  clifF.  cas. 

mâna.^sm,  au  dat.  ntàna^SAÏ,  c.-à-d.  la  même  flexion  que  pour  les 
comparatifs.  Le  datif  serait  donc  tout  expliqué.  L'^a  du  nom.- 
acc.  se  justifie  directement  par  le  fait  que  le  neutre  de  ivâsya.,s 
est  îvâsya.^s  (lat.  siiavius),  et  le  neutre  de  îvidiva.^s,  tvichvd^s  (gr. 
sLÔog).  Ces  trois  types  font  exception  à  la  règle  qui  demande 
l'expulsion  de  l'a  au  nom.- ace.  neutre  (p.  211). 

Au  pluriel  et  au  duel  (flexion  faible)  les  thèmes,  oxytons  et 
paroxytons,  qui  ne  peuvent  rejeter  l'a  devant  les  consonnes  ini- 
tiales des  désinences  prenaient,  selon  la  règle,  a^:  les  formes 
grecques  ^évsa-ôL,  oQeô-gji,  en  témoignent,  aussi  bien  que  les  ac- 
cusatifs indiens  pàdâs,  usâsas  (=  padns,  usasns),  cf.  ptidas,  usasas. 

En  anticipant  ce  qui  est  dit  plus  bas  sur  le  vocatif,  le  résul- 
tat de  l'étude  qui  précède  peut  se  formuler  ainsi:  Dans  la  flexion 
nominale  les  syllahes  p-édésinentielles  ok  a^  est  suivi  d\m  phonème  et 
qui  admettent  la  modification  en  ag,  présentent  toujours  cett^  modi- 
fication 1°  au  nominatif  des  trois  notnhres,  2°  à  l'accusatif  du  singu- 
lier, 3°  au  nom.-acc.  sing.  du  neutre  lorsqu'il  conserve  Va.  Partout 
ailleurs  l'a,  s'il  n'est  expulse',  ne  peut  avoir  que  la  valeur  a^ 

L'échange  des  deux  a  dans  les  thèmes  finissant  par  a  est 
traité  plus  haut  p.  90  seq.  Dans  les  cas  qui,  pour  les  thèmes  tels 
que  idisàn,  sont  les  cas  forts  on  observe  un  parallélisme  frappant 
entre  les  deux  classes  de  suffixes: 

Sing.  nom.  îdcs-à^n  Cf.  yuk-tâ^-s 

ace.    \dcs-iL^n-m  y\ik-tâ^-m 

loc.    lûcs-â^n-i  yuJc-tâ^-i 

Plur.  nom.  uJiS-â.ji-a^s  yidi-tc^-a^s 

Reste  le  vocatif  sing.  On  a  vu  que  la  voyelle  de  ce  cas  né  peut 
pas  se  déterminer  directement  pour  les  thèmes  comme  uhsan 
(p.  214).  Seulement  M.  Brugman  tire  du  voc.  yiikta^  une  i>ré- 
somption  en  faveur  de  l'hypothèse  data^r  {uksa^n)  et  nous  adop- 
tons son  opinion,  non  point  toutefois  pour  les  raisons  qu'il  domie 
et  dont  nous  parlerons  tout  à  l'heure,  mais  uniquement  parce  que 
le  locatif  atteste  la  symétrie  des  deux  paradigmes. 

M.  Brugman  est  convaincu  que  l'échange  de  «j  et  «^  ^'^x- 
plique  par  l'accentuation,  et  en  particulier  que  IV/j  du  voc.  ydJctUi, 
qu'il  regarde  comme  un  affaiblissement,  tient  au  recul  du  ton  à 


L'échanfjre  a^-u.^  est  indôpcndaut  du  racceiii.  217 

ce  cas.  Or  le  locatif  qui  n'a  point  cotto  particularité  d'accent 
montre  exactement  le  même  vocalisme.  Ensuite  où  est-il  prouvé 
que  l'accentuation  en  question  ait  une  influence  quelconque  sur 
Va./^  On  compte  autant  de  r^^  après  le  ton  que  sous  le  ton,  et 
d'ailleurs  les  deux  a  se  trouvent  placés  cent  fois  dans  les  mêmes 
conditions  d'accent,  montrant  par  là  qu'ils  sont  indépendants  de 
ce  facteur  pour  autant  que  nous  le  connaissons.  C'est  ce  qui  appa- 
raît clairement,  quand  on  parcourt  par  exemple  la  liste  de  suffixes 
donnée  plus  bas,  le  même  suffixe  pouvant  avec  la  même  accen- 
tuation prendre  a.^  dans  certains  mots  et  garder  a^  dans  d'autres. 
—  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  ji.  133  seq.,  nous  considérons  a^ 
comme  une  voyelle  primitive  et  nullement  aftaiblie,  et  a.^  comme 
une  modification  de  cette  voyelle.  Autant  il  est  vrai  qu'on  re- 
trouve partout  les  trois  termes  «v,  a^,  a-zéro,  autant,  à  notre  avis, 
il  serait  erroné,  de  croire  qu'ils  forment  une  échelle  à  trois  degrés 
et  que  «j  est  une  étape  entre  a^  et  zcro. 

M.  Brugman  dit  (Stud.  IX  371):  «tous  les  doutes  qui  pour- 
«  raient  surgir  relativement  au  droit  que  nous  avons  de  tenir  Ve 
«du  vocatif  pour  un  affaiblissement  sont  levés  par  les  thèmes 
«en  -â,»  et  il  cite  alors  le  vocat.  vv^g)à,  zeno,  amhà.  C'est  là  cet 
incompréhensible  parg-llélisme  des  thèmes  en  -a  avec  les  thèmes 
en  -«1  («2)  qui  se  vérifie  encore  au  locatif  et  dont  nous  avons  déjà 
parlé  p.  93.  On  ne  pourra  y  attacher  grande  valeur,  tant  que 
l'énigme  ne  sera  pas  résolue. 

Nous  avons  vu  de  quelle  manière,  étant  donné  qu'un  thème 
prend  a^,  ce  phonème  alternera  avec  a^  aux  différents  cas  de  la 
déclinaison.  Il  reste  à  établir  ou  plutôt  à  enregistrer,  car  on 
n'aperçoit  aucune  loi  dans  cette  répartition,  quels  sont  ces 
thèmes,  quels  sont  avi  contraire  ceux  qui  maintiennent  a^  partout. 

Pour  abréger  nous  écrivons,  par  exemple,  snffixe  -a^n,  ce  qui 
signifie:  variété  du  suff.  -a{)i  admettant  Va^. 

I.  La  syllabe  prédésinentielle  prend  «^  • 

Thèmes-racines.    Les  plus  importants  sont  iia./l  «pied»: 

skr.  lÂdam,  gr.  tiôÔcc  (Brugnian  Stud.  IX  368);  Ka.Jc  «voix»:  skr. 
vtxvam  (cf.  jî.  203),  gr.  fana.  Sur  le  lat.  vôceni  v.  p.  214.  En  grec 
lovç  (gén.  ^oo'i,'),  àoQ^,  9>Ao'|  (ce  mot  est  hystérogène,  la  racine 


218  Enumération  des  thèmes  qui  prennent  a.^. 

étant  tp^tjy,  v«  p.  173  i.  n.),  ;tTco|,  Q-câjp.  On  pourrait  douter  si  l'a 
du  skr.  ap  «eau»  représente  a^^A  ou  a.^.  Nous  nous  décidons  dans 
le  premier  sens  pour  3  raisons:  1"  si  la  de  âp-am  était  a^  on 
devrait,  rigoureusement,  avoir  au  datif  ^j-d",  2*^  la  parenté  du  gr. 
'Atcl-  (p.  56)  est  probable,  3°  dans  les  composés  comme  dvlpâ, 
anUxKi,  Ya  initial  de  ap  s'est  fondu  avec  ^^  et  Vu  qui  précèdent,  ce 
que  n'eût  pas  fait  a^.  —  En  composition  on  a  p.  ex.  gr.  BeIXbqo- 
q)âv,  'lo-(pâv,  dont  l'accusatif  a  dû  faire  primitivement  -(pova. 
Une  partie  des  composés  indiens  de  vah,  sali  etc.  ont  à  l'ace. 
-vali-ani,  -sali-am.  La  forme  faible  existe  p.  ex.  pour  anad-vàli-ani 
qui  fait  anad-uli-  (p.  202;  sur  le  no]ninatif  v.  p.  43  i.  n.).  Pour 
-saJi-  {==  saji)  la  forme  faible  devait  être  *sah-,  le  groupe  sgh 
n'étant  pas  admissible.  Or  dans  le  Rig-Véda  an  ne  trouve  presque 
jamais  que  les  cas  forts,  sauf  pour  anaçlvali.  L'alternance  de 
-vali-  et  -uli-,  de  -sali-  et  -sali-  s'était  donc  perdue,  sans  qu'on  osât 
cependant  transporter  dans  les  cas  faibles  la  forme  à  voyelle 
longue.    Il  n'existe  qu'un  ou  deux  exemples  tels  que  satrâ-sàh-e. 

—  Les  nominatifs  ont  l'a  long  (liavya-vâf  etc.).  Comme  la  syllabe 
est  fermée,  la  longue  est  due  ou  à  une  extension  analogique  ou 
à  l'allongement  du  nominatif  (p.  213). 

Suffixes. 

1.  -a.2ii.  Ce  suffixe  abonde  dans  toutes  les  langues  de  la  fa- 
mille. 

2.  -a2iu.  On  trouve  le  suif,  -a.^m  duns  glii-âm,  gr.  ;^t-ujv  (zd. 
0yâo,  lat.  liiems,  cf.  p.  197)  et  <jlis-âm:  gr.  xd'-KXiv,  skr.  nom.  pi. 
Ics&m-as.  Brugman  Stud.  IX  308. 

3.  -agi'.  Skr.  dv-ir-as^  (nom.  pi.).  La  forme  forte  reparaît 
dans  le  si.  dvorû,  le  litli.  dv&ras,  le  lat.  fores.  Brugman  1.  c.  395. 

—  On  peut  mettre  ici  swasa^r,  skr.  ace.  svâsâram,  lat.  soror,  lith. 
ses\x,  irl.  siwr  (cf.  athir),  gr.  è'oQ-sg^. 

1.  L'aspirée  dh  a  subsisté,  pensons-nous,  dans  ce  mot  jusqu'au  jour 
où  naquit  la  forme  dhûr  «timon,  avant-train»  venant  de  dhr.  L'équivoque 
perpétuelle  qui  s'établit  alors  entre  dhûr  et  les  cas  faibles  de  *dhvar  (comme 
dhuràm)  poussa  à  difl'érentier  ces  formes. 

2.  M.  Léo  Meycr  a  vu  dans  oaq  le  représentant  grec  de  sioa^sar ,  opi- 
nion à  laquelle  personne  n'a  adhéré.  En  revanche  il  n'y  a  aucune  difficulté 
phonique  à  identifier  avec  skr.  svâsâras  foqsç'  nçoarjKovTSç,  cvyysveig;  cf. 
hOQ-  Q-vyDCTi]Q,  KVf^pLÔç  (probablement  un  vocatif),  fvçéacpL-  yvvai^tv.  Un 
grand  nombre;  d'autres  formes  voisines  quoique  assez  hétérogènes  ont  été 


ThoraeK  qui  ir;idiiictt<'ijt  poiiil  a^.  21*J 

4.  -iiiit,!!.  SufHxe  connu  en  grec,  en  latin,  oji  germanique  et 
dans  l'ai'ien.  Il  serait  intéressant  de  savoir  pourquoi,  en  grec, 
raceusatif  ancien  en  -^ova  et  l'accusatif  hystérogène  an-^àva  se 
répartissent  exactement  entre  paroxytons  et  oxytons. 

5.  -wa^ii.  Ce  suffixe,  fréquent  en  sanskrit,  se  retrouve  avec 
plus  ou  moins  de  certitude  dans  le  gr.  nîcov,  nénav,  à^tpLKxCovtg, 
et  i&vTtrtav  bien  qu'on  ne  puisse  peut-être  identifier  purement  et 
simplement  -TttLOJv  avec  skr.  patvan  ainsi  que  le  fait  M.  Fick. 

G.  -tîi^l*.  Noms  d'agent. 

7.  -îijjS.  Skr.  nom.  pi.  us'is-as,  zd.  ushâonh-em,  gr.  r}uug,  lat. 
mirôra;  gr.  aîdmg.  —  Puis  tous  les  neutres  en  -as.  V.  p.  215  seq. 

8.  -lua^s,  parait  exister  dans  V'uid.  piimas,  ?i,cc.  pimiamsaiti 
pour  *pi(masam.  Cf.  p.  43  i.  n.  203  i.  n.  201. 

9.  -ya^^^  suif,  du  comparatif.  Brugman  K.  Z.  XXIV  54  seq. 
et  98. 

10.  -wa^S,  suff.  du  particijje  passé.  Brugman  1.  c.  69  seq. 

A  cette  première  série  se  rattachent,  comme  nous  l'avons 
vu,  les  suffixes  finissant  par  a  (-a,  -ta,  -ma  etc.),  qui  tous  prennent  a.,. 

11.  La  syllabe  prédésinentielle  n'admet  pas  «^  : 
Thèmes-racines,  jiteîg  xrsvog  (primitivement  le  gén.  devait 

être  *xtnv6s,  *'xtav6g),  vtTcsg'  veaçoî,  xtéçsg  (id.),  lat.  nex  etc. 
En  composition:  skr.  vrtra-lia}.t(^-am) ,  rtï-sàhÇ-am)  à  côté  de  rtî- 
sàJi(-am). 

Quand  un  thème-racine  se  trouve  en  même  temps  ne  jms 
prendre  %  et  être  hors  d'état  de  rejeter  Va  —  ex.:  skr.  spaç, 
spàram,  spaçc,  gr.  èitC-TEi,  —  il  est  naturellement  impossible  de 
dire  à  coup  sûr  s'il  n'appartient  pas  au  type  dvis  (p.  202). 

Suffixes. 

1.  -a^li.  Plusieurs  thèmes  sanskrits  comme  vrsan,  ace. 
vrsàiiam.  En  grec  on  a  açGav-  (peut-être  identique  avec  vrsan), 
tÉqsv-,  avxév-^  (pçév-.  Parfois  ces  mots  généralisent  1'»;  du  nomi- 
natif, ainsi  ksi%riv  -rivog,  jiev&rjv  -ijvog.  Le  sufî".  -a^n  sans  a., 
manque  au  germanique. 

2.  -a^r.  Skr.  n-âr,  ace.  nàram  =  gr.  avéça.    Cf.  sabin.  nero. 

réunies  par  M.  Ahrens  Pliilologus  XXVII  264.  La  déviation  du  sens  n'a 
pas  été  plus  grande  que  pour  (pQuxriq. 


220  TiarrjQ:  svTtazcoQ ,  Tirifia:  cinrj^wv. 

On  a  en  outre  cdd'-éQ-,  àf-sQ-,  ômv&'-tQ-,  la-nxv-riQ'  aipoÔQcos 
jcrvav  Hes. 

3.  -mai  11.  Cci'-  ^oL^sv-,  nvO-^év-,  Xi^ev-  etc.  Le  letto-slave 
(Jcamen-,  ahnen-)  a  perdu  -ma.^n  et  ne  connaît  plus  que  -ma^n. 
C'est  l'inverse  qui  a  eu  lieu  soit  pour  le  germanique  soit  pour  le 
sanskrit  ^ 

4.  -ta^r.  Noms  de  parenté"  et  noms  d'agent  (v.  p.  212). 

5.  -wa^r.  C'est  le  suffixe  qu'il  faut  admettre  dans  devâr\  ace. 
devaram.  En  effet  le  gr.  daf()- montre  a  dans  la  racine;  or  celle-ci 
ne  peut  être  dAVW  (v.  p.  182).  Sur  ce  mot  cf.  Brugman  Stud. 
IX  391. 

6.  -a^s.  Nous  avons  vu  p.  201  skr.  hlny-as^-arri).  Les  thèmes 
en  -a.)S  formant  le  second  terme  d'un  composé  renoncent  à  Ya^'. 
skr.  sn-mânàs-am,  gr.  sv-^sv^g,  âv-atôtîg,  lat.  degener.  Les  adjec- 
tifs comme  gr.  tl;svd')]s,  skr.  tavâs  se  comportent  de  même. 

Le  sanskrit  ne  possède  rien  d'équivalent  à  la  règle  grecque 
qui  veut  que  natÉQ-,  ccvsq-,  yaôrÉQ-  etc.,  donnent  en  composition 
€v-7idtoQ-,  âv-i^voQ-,  xot^o-yâ<StoQ-y  phénomène  qui  est  l'inverse 
de  celui  que  nous  venons  de  voir  pour  les  thèmes  en  -as.  La  règle 
des  neutres  en  -(ik,  analogue  en  apparence,  a  peut-être  une  signi- 
fication assez  différente.  Il  est  évident  tout  d'abord  que  Ttrjfia  n'a 
pu  produire  à-nri^ov-  qu'à  une  époque  où  \n  du -premier  mot 
existait  encore,  si  ce  n'est  au  nominatif-accusatif,  du  moins  aux 
cas  obliques  ^  Mais  l'association  de  ces  deux  formes  pourrait 
être  même  tout  à  fait  primitive.  Si  l'on  admet  que  les  neutres  en 
question  sont  des  thèmes  en  -ma^n  et  non  en  -ma^n  —  question 
qui  ne  peut  guère  être  tranchée  — ,  -Tirj^ov-  nous  représente  le 
propre  masculin  de  nîj^a.  Le  sanskrit  est  favorable  à  cette  hypo- 
thèse: dvi-gànmcm-am  :  gànma  =  à-mq^ov-a  :  ^r^fio;'*. 

1.  La  quantité  de  l'a  varie  en  zend,  comme  dans  tant  d'autres  cas.  On 
ne  saurait  y  attacher  grande  importance.  En  sanskrit  aryamdn  fait  arya- 
mànam,  mais  c'est  un  composé  de  la  rac.  man. 

2.  Sur  l'anomalie  de  ces  noms  en  gothique  où  ils  présentent  a  dans 
le  suffixe  (fadar  etc.),  anomalie  que  ne  partagent  point  les  autres  dialectes 
germaniques,  v.  Paul  Beitr.  IV  418  seq. 

3.  Après  que  l'w  se  fut  évanoui  on  forma  des  composés  comme  tiaro- 
(loç  au  lieu  de  *àot6ii(ov. 

4.  Le  rapport  de  xf'çoiç  et  xQ'voô-titQcog  n'a  évidemment  rien  de  com- 
mun avec  celui  de  îrJyfiK  et  KTrrJftcov,  -Mfçojs  étant  une  simple  contraction 


Déclinaison  de  darii,  y  ami,  sanu.  221 

11  n'est  pas  besoin  de  faire  ressortir  la  confirmation  écla- 
tante de  la  théorie  du  phonème  a.^  que  M.  Brugman  a  pu  tirer  de 
ces  différents  suffixes.  Parmi  les  thèmes  indiens  en  -ar  ceux  qui 
allongent  Va  sont  1"  des  noms  d'agent,  2"  les  mots  dvâr  et  svdsar  : 
dans  le  gréco-italique  les  thèmes  en  -ur  qui  prennent  o  sont: 
1°  des  noms  d'agent,  2"  les  thèmes  correspondant  à  Jvdr  et  svasar. 
L'arien  ofi're'iisâsam  en  regard  de  sumdnàsam:  nous  trouvons  en 
gréco-italique  ausos-  et  sv^evaG-,  degener-. 


Nous  nous  abstiendrons  de  toute  hypothèse  relativement  aux 
féminins  en  -a,  à  la  nature  de  leur  suffixe  et  de  leur  flexion  '. 

Pour  terminer  nous  considérons  deux  genres  de  déclinaison 
où,  contre  la  règle  ordinaire,  les  phénomènes  de  la  flexion  s'entre- 
croisent avec  ceux  de  la  formation  des  mots. 

1.  Déclinaison  de  quelques  thèmes  en  u. 

En  sanskrit  gnu  (qui  n'existe  qu'en  composition)  et  le  neutre 
dru  sont  évidemment  avec  gânu  et  daru  dans  le  même  rapport 
que  srrn  avec  mnu.  L'a  des  formes  fortes  est  a^,  v.  p.  86.  En  fait 
de  formes  faibles  on  trouve  en  grec  yvv^,  7Cq6-%vv,  tyvvg,  ôqv-; 
en  gothique  hnussjan,  kn-iv-a-,  tr-iv-a-.  • 

Or  la  règle  de  la  grammaire  hindoue  relativement  à  snu  est 
que  cette  forme  se  substitue  à  sdnu  —  lequel  peut  aussi  se  dé- 
cliner en  entier  —  aux  cas  obliques  des  trois  nombres  (plus  l'ace, 
plur.).  Benfey  VoUst.  Gramm.  p.  315. 

La  déclinaison  primitive,  d'après  cet  indice,  a  pu  être: 
nom.-acc.  dâ^r-u,  dat.  dr-â^iv-Ai  etc.  Ce  n'est  guère  plus  qu'une 
possibilité  mais,  à  supposer  que  le  fait  se  confirmât,  il  introdui- 
rait dans  la  flexion  indo-européenne  un  paradigme  telleinent  extra- 
ordinaire qu'il  est  nécessaire  d'examiner  le  cas  et  de  voir  s'il  est 
explicable. 

Etant  donnée  la  déclinaison  dâ^r-u,  dr-â{iv-Ai,  on  ne  pourrait 
sans  invraisemblance  supposer  deux  thèmes  différents  de  fonda- 
tion,  hypothèse  qui  résoudrait  la  question  de  la  manière  la  plus 

de  -yieçciog.     Au  contraire  celui  de  nitçaç  {-azog)  et  à-nsîçav  serait  in- 
téressant à  étudier. 
1.  Cf.  p.  93,  217. 


222  Déclinaison  de  daru,  ganu,  sanu,  j)ak\u. 

simple,  mais  qui  n'expliquerait  pas  l'alternance  fixe  des  deux 
formes. 

Il  s'agit  de  trouver  le  moyen  de  réunir  da./u-  et  dra^ii-  dans 
un  seul  type  primitif  sans  avoir  recours  à  d'autres  modifications 
que  celles  qu'entraîne  la  flexion  du  mot.  En  partant  d'mi  tlième 
paroxyton  dâr  a^u  cela  est  impossible  :  le  ton  qui  frappe  la  racine 
ne  passe  jamais  sur  le  suffixe  (p.  204).  Supposons  au  contraire 
im  tlième  premier  *dar-â{u:  dr-â^tv-AÎ  est  pour  *dar-â^tv-Ai  (voy. 
p.  236).  Au  n  om.-acc.  dâ.j'-u  nous  constatons  que  le  ton  s'est  re- 
tiré sur  la  racine,  où  il  a  protégé  Va.  Toute  la  question  est  de 
savoir  si  l'on  peut  expliquer  ce  mouvement  rétrograde  de  l'accent. 
Il  nous  semble  que  oui.  En  vertu  de  la  règle  que  nous  avons  vue 
p.  210,  le  nom.-acc.  du  neutre  *dar-âu  devait  faire:  *dar-û.  Mais 
l'i  et  l\\  finissant  un  mot  refusent  de  iiorter  l'accent  (v.  p.  190).  Le 
ton  était  donc  forcé  de  se  rejeter  sur  la  syllabe  radicale. 

Si  l'on  admet  la  déclinaison  indo-européenne  dâ^ru  drdiîVAi 
et  l'explication  de  dâ.,ru  qui  précède,  il  s'ensuit  ime  rectification 
touchant  la  forme  primitive  du  neutre  d'un  adjectif  comme 
mrdii-s  qui  a  dû  être  mràdu.  Cette  forme  était  trop  exposée  aux 
effets  d'analogie  pour  pouvoir  se  maintenir. 

Dans  la  même  hypothèse  on  posera  pour  la  déclinaison  du 
iiexxt  2)ci^u  (pecKs):  nom..-acc.  pâjc^-u ,  dsit.  imJc^^-îv-aL  Nous  met- 
tons paliwÂi  et  non  paMwAÎ,  parce  qu'il  y  a  des  indices  que  ce  mot 
suivait  la  déclinaison  forte.  En  regard  de  l'adj.  skr.  drâv-ya  on  a 
paçv-yà,  et  le  génitif  védique  du  masc.  jJaf^^s  est  invariablement 
paçvâs  (cf.  dros,  snos).  Du  reste  la  flexion  forte  ne  change  rien  à 
la  question  de  l'accent.  Voici  les  raisons  qui  pourraient  faire  ad- 
mettre la  même  variation  du  ton  que  pour  les  trois  neutres  pré- 
cédents. L'ace,  neutre  skr.  paçu  se  rencontre  deux  fois  dans  les 
textes  (v.  B.  R.):  la  première  fois  il  est  paroxyton,  en  concor- 
dance avec  le  goth.  faihu,  la  seconde  oxyton.  Puis  vient  un  fait 
que  relève  M.  ]5rugman  Stud.  IX  383,  le  parallélisme  du  masculin 
oxyton  paçii-s  avec  drii-s,  ôçv-g,  et  le  masc.  zd.  zhnu.  Cette  cir- 
constance resserre  le  lien  du  neutre  pdçu  avec  la  famille  dam, 
f'/ânu,  sanu.  —  Le  nom.-acc.  pâjt{u  est  paroxyton  pour  la  même 
raison  que  dd^ru^.    Dans  le  dat.  pa^hivÂi  et  le  masc.  pajcri-s  Va 

1.  La  coloration  divergente  de  l'a  dans  pdjcu  et  dd^ru,  gd^nu,  sd.^nu, 
d<îpend  de  facteurs  qne  nous  ne  connaissons  pas.     Supposer  la  même  in- 


DéclinaiKon  de  paJciU.  223 

radical  subsiste  seulement,  comme  le  dit  M.  Brujrmaii,  parce  que 
pkii-  eût  été  imprononçable  (le  zd.  fshn  résulte  d'altih-ations 
secondaires)-,  cf.  p.  48. 

Le  gérondif  skr.  gatvd,  çrutvâ,  en  regard  de  Tinf.  gdntum,  çrôtum 
rentre,  à  preniièi'e  vue,  dans  la  catégorie  que  nous  venons  de  voir.  En 
réalité  il  n'en  est  rien.  L'explication  proposée  pour  dâru,  basée  sur  Vu 
final  de  cette  forme,  ne  s'appliquerait  plus  ii  ydntum.  D'ailleurs  il  faudrait 
que  les  iufinitifs  védiques  en  -tave  eussent  la  racine  réduite  et  l'accent  sur 
le  suffixe,  mais  on  sait  que  c'est  le  contraire  qui  à  lieu  (gàntave).  II  con- 
vient d'en  rester  à  la  conclusion  de  M.  Barth  (Mém.  Soc.  Ling.  II  238)  que 
le  gérondif  en  -tvâ  ne  sort  pas  du  thème  de  l'infinitif.  On  trouverait  même 
le  moyen  de  réunir  ces  deux  formes  qu'il  resterait  à  expliquer  les  gérondifs 
védiques  comme  krtvi. 

2.  Mots  hétéroclites. 

a.     LES    NETITEKS. 

Il  y  a  longtemps  que  M.  Sclierer  a  supposé  que  le  paradigme 
indien  des  neutres  comme  âFsl,  où  alternent  les  suffixes  -i  et  -an, 
devait  dater  de  la  langue  mère.  Dans  les  idiomes  congénères  en 
effet  on  retrouve  ces  mots  tantôt  comme  thèmes  en  -i  tantôt 
comme  thèmes  en  -an.  M.  Osthoff  (1.  c.  7)  s'est  joint  à  l'opinion 
de  M.  Sclierer.  Mais  les  mots  en  -i,  -an,  ne  sont  qu'une  branche 
d'une  famille  plus  grande,  dont  l'étroite  union  est  manifeste. 

La  déclinaison  de  ce  qu'on  peut  appeler  les  neutres  hétéro- 
clites se  fait  sur  deux  thèmes  différents  K  Le  premier  est  formé 
à  l'aide  du  suff.  -an;  il  est  oxyton;  la  racine  y  est  affaiblie. 

Ce  premier  thème  donne  tous  les  cas  dont  la  désinence 
commence  par  une  voyelle.  Il  suit  la  flexion  forte. 

fluence  des  sonantes  que  plus  haut  p.  87  serait  une  conjecture  assez  frêle. 
Peut-être  le  masculin  pajcâ  et  les  cas  obliques  oxytons  où  Va^  était 
forcé  ont -ils  influé  par  analogie  sur  le  nomin.  ^ihi^Ich.  —  Je  ne  sais 
comment  il  faut  expliquer  le  datif  védique  (masculin)  pdçve  si  ce  n'est 
par  l'attraction  qu'exerce  Va  radical  (p.  174).  —  M.  Brugman  (I.  c.)  montre 
qu'il  a  existé  une  forme  ga^nu  à  côté  de  gnu  et  ga.;^nu;  de  même  l'irland. 
dericcc  «gland»  joint  au  lith.  dervà,  au  si.  drèvo  (J.  Schmidt  Voc.  Il  75) 
remonte  ù  da^ru.  En  tous  cas  il  paraît  inadmissible  que  cette  troisième 
forme  ait  alterné  dans  la  dcclinaison  avec  les  deux  premières.  Sur  le  lat. 
genu  et  le  véd  sanuhhis  cf.  p.  47,  4G. 

1.  Les  nominatifs- accusatifs  du  pluriel  et  du  duel  devront  rester  en 
dehors  de  notre  recherche,  vu  l'incertitude  qui  règne  sur  leur  forme  pri- 
mitive. 


224  Déclinaison  hétéroclite. 

Le  second  thème  a  le  ton  sur  la  racine,  laquelle  offre  sa 
forme  pleine.  Normalement  ce  thème  semble  devoir  être  dé- 
pourvu de  suffixe.  Quand  il  en  possède  un,  c'est  ou  bien  i  ou  bien 
un  élément  contenant  r,  jamais  u  ni  n.  Ce  suffixe  du  reste  n'en 
est  probablement  pas  un;  il  est  permis  d'y  voir  une  addition 
euphonique  nécessitée  à  l'origine  par  la  rencontre  de  plusieurs 
consonnes  aux  cas  du  pluriel  (asth-i-hhis,  etc.). 

Les  cas  fournis  par  ce  second  thème  sont  ceux  dont  la  dési- 
nence commence  par  une  consonne,  plus  le  nom.-acc.  sing.  lequel 
leur  est  assimilable  (p.  210).  En  d'autres  termes  ce  sont  les  cas 
moyens  de  la  grammaire  sanskrite  ou  encore  les  cas  faibles  de  la 
flexion  faible. 

Les  variations  du  vocalisme  radical  dont  nous  venons  de 
parler  rentrent  dans  le  chapitre  de  la  formation  des  mots,  puis- 
qu'elles correspondent  à  l'alternance  de  deux  suffixes.  A  ce  titre 
la  déclinaison  hétéroclite  aurait  pu  être  placée  au  §  13.  Mais 
l'alternance  des  suffixes  étant  liée  à  son  tour  à  celle  des  cas,  il 
nous  a  jjaru  naturel  de  joindre  cette  déclinaison  aux  faits  relatifs 
à  la  flexion. 

Les  neutres  désignent  presque  tous  des  parties  du  corps. 

1^  série:  le  thème  du  nom.-acc.  est  dépourvu  de  suffixe. 

1.  Gr.  Qvç  =  lat.  aus  dans  aus-culto.  Le  thème  des  cas  obliques  est 
ovaT-,  c.-à-d.  *ova-v-  (p.  28).  Il  a  donné  le  goth.  misa  ausins.  La  double 
accentuation  primitive  exi^lique  le  traitement  divergent  de  Vs  dans  aitso  et 
le  V.  h*-all.  ôrâ.  —  Le  nom.-acc.  paraît  hésiter  entre  deux  formations,  car, 
à  côté  de  ous ,  le  lat.  auris,  le  lith.  aus/s  et  le  duel  si.  usi  font  supposer 
ôusi.  D'autre  part  le  si.  ucJio  remonterait  à  ôusas. 

2.  Lat.  ôs  =  skr.  as  (et  âsyà),  dat.  âs-n-é  (peut-être  primit.  asné?). 

3.  Le  skr.  çirs-ii-é  se  ramène  a  ^kr-^s-n-Ai,  lequel  suppose  un  nom.- 
acc.  krd^As  que  le  grec  conserve  peut-être  dans  y.uxâv.Qâç  et  indubitable- 
ment dans  v.Qâ{G)-ax-{pç):  la  sj'Uabe  v.qâ6-  est  eniiiruntée  au  nom.-acc,  le 
correspondant  exact  de  çirs-n-ds  ne  pouvant  guère  être  que  *v.oqGcctoç. 

4.  Le  mot  pour  cœur  a  dû  être  kâ^rd,  dat.  krd-n-A'i,  ce  qui  rend  assez 
bien  compte  du  gr.  mjQ  ou  plutôt  x/^ç,  v.  Brngman  Stud.  IX  29G,  du  goth. 
hairto  hairtms,  du  lat.  cor  etc.  Cf.  skr.  hrdi  et  hardi. 

6.  Skr.  dos,  dat.  dos-i^-é  «bras». 

G.  Lat.  jus  «jus,  brouet».  Le  sanskrit  ofiVe  le  thème  yus-ân,  employé 
seulement  aux  cas  obliques. 

7.  Skr.  vàr  «eau»  à  côté  de  vuri;  le  thème  en  -an  paraît  être  perdu. 


Déclinaison  hétéroclite.  225 

2°  série:  le  nom. -ace.  se  forme  ù  l'aide  d  un  élément  conte- 
nant r.  Quand  r  est  à  l'état  de  voyelle,  il  se  fait  suivre  de  g.^  ou 
plus  ordinairement  d'une  dentale  qui  parait  être  t  (cf.  p.  28).  Ces 
additions  sont  vraise]uljliil)lement  les  mêmes  que  dans  -ksi-t,  -lir-t 
(p.  202)  et  -dlir-h  (au  nominatif  des  composés  de  dhar).  Les  dé- 
rivés asra  (skr.)  et  udra  (indo-eur.)  indiquent  bien  que  ce  qui  suit 
Vr  n'est  pas  essentiel. 

1.  Skr.  us-r-g,  dat.  as-n-é.  Gr.  I'kq,  slaç  (Grdz.  400).  L'a  du  lat.  s-an- 
(ju-i-s,  san-ies  (cf.  p.  28)  paraît  être  anaptyctique  (cf.  chap.  VI).  Nous  de- 
vons poser  pour  l'indo-européen,  nom.-acc.  âiS-r-g.^,  dat.  s-n-Âi.  En  san- 
skrit l'a  des  cas  obliques  a  été  restitué  en  analogie  avec  le  nom.-acc.  L'a 
du  lette  assins  est  sans  doute  hystérogèue,  cf.  p.  93  i.  n.  —  D'après  ce  qui 
précède  nous  regardons  lat.  as.str,  assaratum,  comme  étrangers  à  cette 
famille  de  mots.  Otfr.  Miiller  (ad.  Fest.  s.  v.  assaratum)  les  croit  d'ailleurs 
d'origine  phénicienne. 

2.  Véd.  âh-ar,  dat.  dli-H-e  (pour  *ahné  probablement). 

3.  Véd.  tidh-ar  (plus  tard  udlias),  dat.  udh-n-e  (primit.  ûdhné?);  gr. 
ovQ^-ccQ,  ov&-at-og;  lat.  iib-cr  et  Oufens;  v.  h*- ail.  Ut-er  (neut.). 

4.  Lat.  fem-ur  fem-in-is.  M.  Vanicek  dans  son  dictionnaire  étymolo- 
gique grec-latin  cite  ce  passage  important  de  Priscien  (VI  52):  dicitur 
tamen  et  hoc  femeu  feminis,  cujus  nominativus  raro  in  usu  est.  —  Peut- 
être  y  a-t-il  communauté  de  racine  avec  le  skr.  bhcimsas,  bhasdd. 

5.  Gr.  rj7t-aç  r'iTt-Kr-oç]  zd.  yâlcare  (gloss.  zd.-pehlvi);  skr.  ydk-r-t 
yalc-n-é;  lat.  jec-ur  jcc-in-or-is,  jocinoris;  lith.  jeîcna.  On  peut  conjecturer 
que  les  formes  primitives  sont:  ya^Ak-r-t,  dat.  yAk-n-A'i,  ce  qui  rend  compte 
de  l'a  long  du  zend  et  du  grec.  Mais  il  est  vrai  que  \]e  du  lithuanien  et 
du  latin  s'y  prête  mal:  on  attendrait  a 

G.  Gr.  vS-(OQ  vd-at-oç  {v);  v.  sax.  icatar,  goth.  vato  vatins;  lat.  u-n-da; 
lith.  va-n-du;  si.  voda;  skr.  uddn  usité  seulement  aux  cas  obliques  (nom.- 
acc.  mlaka).  Conclusion.-  indo-eur.  tr(i.,d-r{-t),  dat.  ud-n-Ai.  La  nasale  du 
latin  et  du  lithuanien  est  évidemment  épenthétique. 

7.  Gr.  cît-wç  ffK-àr-és;  skr.  çàlc-rt  çak-n-é  (lat.  stereus).  Ces  formes  ne 
s'expliquent  que  par  une  flexion  primitive:  sd^Jc-r-t,  dat.  sk-n-Ai. 

S''  série:  le  thème  du  nom.-acc.  se  forme  au  moyen  d'une 
finale  i.  —  D'après  ce  que  nous  avons  vu  plus  haut  (p.  112,  113 
en  bavS,  114)  Vo  des  mots  oGGa^  oataov^  ovg,  doit  être  p.  Au  point 
de  vue  de  la  dégradation  du  vocalisme  radical,  ces  exemples  ne 
sont  pas  des  plus  satisfaisants.  La  racine  apparaît  invariable. 

1.  Skr.  dlisi,  dat.  aks-n-é  '.  Le  thème  uu  apparaît  dans  an-dk's  «aveugle», 

1.  Par  une  extension  du  thème  nasal,  le  dialecte  védique  forme  ak- 
sdbhîs.  Le  duel  aksibhyUm  est  encore  plus  singulier. 

15 


226  Déclinaison  hétéroclite. 

uomiu.  andk.  La  forme  en  -i  donne  le  gr.  ogob ,  le  lith.  aVis  et  le  duel  si. 
oci,  l'autre  le  goth.  aiigo  augi'ns  où  l'accentuation  du  thème  en  -dn  est 
encore  visible. 

2.  Skr.  dsth-i,  dat.  asth-n-é^.  Gr.  oavL-vog,  6ct-t{y)o-v  (cf.  hrd-aya),  lat. 
os  ossis  (vieux  lat.  ossu).  Les  formes  comme  oazQSov  (huître)  font  supposer 
une  finale  r  à  côté  de  la  finale  -i.  V.  Curtius  Grdz.  209. 

3.  Skr.  dddh  i,  dat.  dadh-n-é.  Le  boruss.  dadan  est  sans  grande  valeur 
ici:  c'est  un  neutre  en  -a  (Leskien  Decl.  64). 

4.  Skr.  sdîctJi-i,  dat.  sakth-n-é.  Galien  rapporte  un  mot  iitraç  {xo  r^s 
yvvaiKoç  alSoiov)  employé,  dit-il,  par  Hippocrate  mais  que  la  critique  des 
textes  paraît  avoir  eu  des  raisons  d'extirper  («jam  diu  evanuit»  Lobeck 
Paràlip.  206).  Cette  forme  s'accorderait  cependant  très-bien  avec  sdkth-i. 
Doit-on  comparer  ii,vq,  Ig%Cov,  ïaxi-  (Hes.)? 

5.  M.  Benfey  (Skr.-engl.  Dict.)  compare  le  skr.  angi  et  le  lat.  ingiien. 
Mais  le  mot  latin,  outre  les  autres  explications  proposées  (v.  J.  Schmidt 
Voc.  I  81),  se  rapproche  aussi  du  skr.  gaghdna. 

b.    MASOUIilNS    ET    FÉMININS. 

Nous  retrouvons  ici  le  thème  en  -an  et  le  thème  scois  suffixe. 
Ce  dernier  peut  prendre  la  finale  i.  Seulement  e"est  le  thème  en 
-an  qui  est  paroxyton  et  qui  montre  la  racine  pleine,  et  c'est  le 
thème  court  qui  est  affaibli.  Ces  deux  thèmes  se  répartissent  de 
telle  manière  que  les  cas  «forts»  du  masculin  correspondent  aux 
cas  «très-faibles»  (plus  le  locatif  sing.)  du  neutre  et  que  les  cas 
«moyens»  et  «très-faibles»  du  masculin  font  pendant  aux  cas 
«moyens»  du  neutre.  Décliné  au  neutre,  jpan#/i«w,  pathi,  ferait 
certainement:  nom.  pânthi,  dat.  pathné  (instr.  pi.  pànthibhis).  — 
De  plus  les  formes  équivalentes  patli  et  path  -\-  i,  contrairement 
à  ce  qui  a  lieu  pour  les  neutres,  coexistent  d'habitude  dans  le 
même  mot,  la  première  étant  employée  devant  les  voyelles,  la 
seconde  devant  les  consonnes. 

Le  paradigme  est  comjilet  pour  le  ^kv.pântlian:  pàntlMn-as, 
path-é,  path-î-hhis.  La  forme  pathin  est  une  fiction  des  grammai- 
riens^, voy.  Bôhtl.-Roth;  path,  patlii  sont  pour  imth,  imthi,  cf.  p.  24. 
Le  \dii.  ponti-,  le  û.  pqtt,  reproduisent  au  sein  de  la  forme  en  i  le 
vocalisme  du  thème  en  -an  et  nous  apprennent  que  l'a  radical  de 


1.  Le  génitif  consonantiqiie  zend  açlaçca  pourrait  suggérer  que  le 
nominatif-accusatif  a  été  primitivement  ast,  et  que  aMi-  était  réservé  aux 
cas  du  pluriel.  Cf.  plus  bas  les  3  thèmes  du  masculin. 

2.  pariiianthin  contient  le  suffixe  secondaire  -in. 


D(5clinaisoii  liétûroclito.  227 

pdnthan  est  a.^.  La  même  racine  donne  le  ^otli.  /'nij,ff,  fan],.  Sur 
pânthan  se  décline  mànthan. 

Les  cas  «très-faibles»  du  skr. pus-àn  (ici  le  thème  en  -an  est 
oxyton)  peuvent  se  former  sur  un  thème  pus.  Vopadeva  n'admet 
la  forme  pus  que  jxnir  le  locatif  sing.  Benfey  Vollst.  Gramm. 
]).  .'UG. 

Les  autres  exemjjles  ne  peuvent  plus  que  se  deviner.  C'est 
entre  autres  le  gr.  u'^-av  qui  est  oi)posé  au  lat.  ax-i-s,  au  si.  osi; 
le  slvr.  naldân  et  naldi  (on  attendrait  au  contraire  *nàktan  et 
'^'nalctl,  cf.  lith.  naJcûs)  avec  le  gr.  vvxt-  et  le  goth.  naht-.  La  triple 
forme  se  manifeste  aussi  dans  le  gr.  i^Q-^  X^^Q-  (pour  *x8Qi-)  et 
'^'XSQov  (dans  ôvGxsQcdi'a  de  *dv0xtQ(ov).  En  zend  ishapan 
«nuit»  donne  au  nom.  ishapa,  à  l'ace.  %shapan-cm ,  mais  au  géu. 
isliap-o  (Spiegel  Gramm.  155);  le  sanskrit  a  éliminé  '^'hsapan  en 
généralisant  Isap. 

Peut-être  pati  «maître»  n'est-il  pas  étranger  à  cette  famille 
(le  mots^  ce  qui  expliquerait  ^a^m,  notvia.  Le  \\ih..  pats  offre  une 
forme  sans  i,  et  le  désaccord  qui  existe  entre  l'accent  du  skr.  pâti 
et  celui  du  goth.  -fadi-  cache  bien  aussi  quelque  anguille  sous 
roche.  La  déclinaison  de  ce  mot  est  remplie  de  choses  singulières. 
En  zend  il  y  a  un  nomin.  paiti.  Cf.  aussi  IIoGeiddcov. 

C'est  à  titre  de  conjecture  seulement  que  nous  attribuerons 
la  naissance  du  thème  indien  nâptar  (qui  dans  le  Rig-Véda  n'appa- 
raît point  aux  cas  forts)  à  l'insertion  d'un  -r-,  semblable  à  celui 
de  yâk-r-t  etc.,  dans  les  cas  faibles  du  pluriel  de  nâpat^,  ainsi  wo/)- 
t-r-hJiis  au  lieu  de  napthhis. 

Il  faut  être  prudent  devant  ce  grand  entrecroisement  des 
suffixes.  Nous  sommes  sur  le  terrain  de  prédilection  d'une  école 
qui  s'est  exercée  à  les  faire  rentrer  tous  les  uns  dans  les  autres. 
Nous  croyons  néanmoins  que  le  choix  d'exemples  qui  est  donné 


1.  Le  fém.  nctpti  prouve  que  Va  de  nàpâtam  est  a,^ ,  autrement  il  de- 
vrait rester  une  voyelle  entre  p  et  t.  Le  lat.  nepôtem  a  pris,  ainsi  que 
datOreni,  son  ô  au  nominatif  (v.  p.  213).  L'irl.  niae,  gén.  niath  ne  décide 
rien  quant  à  la  quantité  de  Va  (cf.  hcthad  =  ^tdr?jroç,  Windisch  Beitr.  de 
P.  et  B.  IV  218),  mais  il  s'accommode  fort  bien  de  a.^.  Cf.  en^nvtTtoSsgi^). 
—  La  substitution  de  nupt-r-hhis  à  «naptbhis»  aurait  une  certaine  ana- 
logie avec  une  particularité  de  la  déclinaison  védique  de  khp  et  de  l'sap: 
ces  mots  fout  à  l'instrumental  plur.  ksup-â-bhis,  ksajj-d-hhis. 

15* 


228  Accentuation  et  vocalisme  radical  des  diff.  thèmes. 

plus  haut  ne  laisse  pas  de  doute  sur  le  fait  qu'un  ordre  par- 
faitement fixe  présidait  à  l'échange  des  différents  thèmes,  et  sur 
l'équipollence  de  certains  d'entre  eux  comme  p.  ex.  aJîs  et  akè  -|"  *; 
en  opposition  à  al~s  -j-  an. 

§  13.  Aperçu  synoptique  des  Tariations  du  vocalisme 
amenées  par  la  formation  des  mots. 

Au  §  12  nous  avons  dressé  l'état  des  modifications  qui  s'ob- 
servent dans  les  syllabes  prédésinentielles.  Ce  qui  suit  aurait  à 
en  donner  le  complément  naturel,  l'histoire  des  modifications  qui 
atteignent  les  syllabes  présuffixales.  Nous  devons  dire  d'emblée 
que  cet  aperçu  sera  nécessairement  beaucoup  plus  incomplet 
encore  que  le  précédent.  Ni  les  phénomènes  de  vocalisme  ni  ceux 
de  l'accentuation  n'ont  été  sérieusement  étudiés  pour  ce  qui  con- 
cerne la  formation  des  mots.  Eu  dehors  de  cette  circonstance 
fâcheuse,  il  est  probable  qu'on  n'arrivera  jamais  sur  cette  matière 
à  des  résultats  aussi  précis  que  pour  ce  qui  touche  à  la  flexion. 
Les  exceptions  aux  règles  reconnues  sont  trop  considérables. 

Nous  commençons  par  une  revue  très-succincte  des  princi- 
pales formations.  A  chaque  suffixe  nommé,  nous  enregistrons 
quelle  accentuation  et  quel  vocalisme  radical  il  admet. 

I.    Thèmes  nominaux. 

Thèmes  finissant  par  a^-a^. 

Thèmes  en  -ag.  —  1^  série:  Oxytons  (autant  qu'on  en  peut 
juger,  v.  p.  82  seq.);  racine  au  degré  2-,  v.  p.  79  seq.  155.  — 
2^  série:  Oxytons;  racine  faible  \ 

Thèmes  en  -ta^.  —  1^  série:  Paroxytons (?);  racine  au  de- 
gré 2;  V.  p.  7(3.  —  2®  série:  Oxytons;  racine  faible  (participes); 
cf.  p.  14,  23,  149,  157. 

1.  Voici  quelques  exemples:  indo-eur.  yugd,  skr.  usa,  Jcrçd,  piçd,  bhrça, 
vrdhâ,  vrd,  etc.,  zd.  gereSa  «hurlant»  de  yared,  herega  «désir»  de  hareg ; 
gr  àyôç^  otpXoî'  ocpf lierai,,  atça^ôç  de  arçEtp,  raçoôç  de  tfça,  et  avec  dé- 
placement du  ton,  ozlog,  ctî^og,  gxC%oç,  xvv.oç\  germ.  tuga-  «trait»  (F. 
lir*  123),  fluga-  «vol»  (F.  195),  huda  «commandement»  (F.  214),  goth. 
drusa  «chute»,  quma  «ari-ivée».  En  composition  ces  thèmes  ne  sont  pas 
rares:  skr.  tuvi-grd,  d-lcra;  gr.  vbo  yvô-g,  à-tQaTto-ç,  ^k-§q6-v  Ttolvcpayov, 
ila-d-Qci'  iv  IXaCa  icp&â,  dîcpço-ç,  hTti-itXu,  *yvv-nx6  dans  yvvjrrftV  (Hes.); 
lat.  2)rivi-gnu-s,  pro-bru-m  (quoi  qu'en  dise  Corssen  Sprachk.  145). 


Accentuation  et  vocalisme  radical  des  difiF.  thèmes.  229 

Thèmes  en  -na^.  —  1"  série:.  Paroxytons (V);  racine  au  de- 
gré 2;  V.  p.  77  seq.  —  2®  série:  Oxytons;  racine  faible^  (parti- 
cipes). Quelques  traces  du  degré  1;  v.  p.  77. 

Thèmes  en  -nia^.  -  -  P  série:  Accentuation  douteuse;  racine 
au  degré  2;  v.  p.  74  seq.  en  ajoutant  (ioa^og,  d^ofiog,  çcox^ôg 
(p.  138,  140,  1G7).  —  2°  série:  Oxytons;  racine  faible^. 

Thèmes  en  -ra^,.  —  1°  série  (peu  nombreuse):  Racine  au  de- 
gré 2;  V.  p.  138,  15(3.  —  2®  série:  Oxytons;  racine  faible;  v.  Lind- 
ner  p.  100  et  ci-dessus  p.  157. 

Il  est  difficile  d'apercevoir  la  règle  des  thèmes  en  -ya.^  et 
-tva^.  L'exemple  ajcwa.^  (cheval)  ne  permet  point  à  lui  seul  de  dire 
que  les  thèmes  en  wa2  ont  a^  dans  la  racine;  ce  peut  être  une  for- 
mation secondaire,  comme  l'est  par  exemple  le  skr.  him-â,  gr. 
-XL^i-o-g,  qu'on  dirait  contenir  le  suff.  -ma,  mais  qui  dérive  du 
thème  glii-am. 

Il  semble  qu'on  puisse  conclure  ainsi:  les  différents  suffixes 
finissant  par  %  admettent  également  la  racine  réduite  et  la  racine 
au  degré  2,  mais  nadmettent  pas  la  racine  au  degré  1.  Quant  à 
l'aScent,  il  repose  toujours  sur  le  suffixe  lorsque  la  racine  est  ré- 
duite. La  plus  grande  partie  de  la  série  qui  est  au  degré  2  paraît 
avoir  été  composée  aussi  de  thèmes  oxytons;  cependant  la  règle 
n'apparaît  pas  d'une  manière  nette. 

Thèmes  finissant  par  a^  -f-  sonante  ou  s. 

I.  Le  suffixe  n'admet  pas  a.,. 

Thèmes  en  -n^iï.  Oxytons;  racine  réduite:  gr.  (pç-'^v,  *J^Q-rjv 
(p..  195);  skr.  uMcm  (ace.  îûîsmam  et  uJcsâtmin),  plïhân  \}es  langues 
européennes  font  supposer  que  le  suff.  est  rtj>i).  Dans  le  skr. 
vrsan  (ace.  vrscniani)  et  le  gr.  ccQôtjv  il  faut  admettre  que  l'accen- 
tuation est  hystérogène.  Quelques  exemples  ont  la  racine  au 
degré  1:  gr.  Tf'pjjr,  Xsiyriv  -rivog^  TCêv&fîv  -rjvog. 

Thèmes  en  -iiui^ii.  Oxytons;  racine  faible.  Gr.  ccvTnt]v^  kï- 
^^v,  nvd'^iîv.  V.  p.  131.  Si  l'on  range  ici  les  thèmes  neutres  en 
-man,  nous  obtenons  une  seconde  série  composée  de  paroxytons 


1.  Goth.  fuUs  =  *  fuhuis,  gr.  Xvxvog,  cnccQvôg,  raçvôv  ■/toAo^ôj' et  tous 
les  participes  indiens  en  -nd. 

2.  Skr.  tigmd,  yugmd,  yudlimd,  ruhnd,  sidJimd  (p.  171)  ttc;  gr.  âxftTj, 


230  Accentuation  et  vocalisme  radical  des  diff.  thèmes. 

où  la  raciue  est  au  degré  1.  L'accentuation  est  assurée  par  l'ac- 
cord du  grec  et  du  sanskrit,  le  degré  1  par  les  exemples  réunis 
p.  130  seq.,  cf.  p.  137  et  156. 

Thèmes  en  -a^r.  Oxytons;  racine  faible.  Skr.  n-àr,  us-âr. 

Thèmes  en  -ta^r.  V  série:  Oxytons;  racine  faible.  Gr.  («)(?- 
xriQ,  zend  r-târ-o,  lat.  s-tella  (Brugman  Stud.  388  seq.).  Des  noms 
de  parenté  comme  duhitâr,  pitâr^,  yatâr  (jjntâr).  —  2®  série:  Paro- 
xytons; racine  au  degré  1.  Skr.  &Ara/ar,  gr.  9)()Kr7^()  ;  skx.çâmstar. 
Le  mot  matâr  et  les  noms  d'agent  grecs  en  -triQ  soulèvent  une 
question  difficile  que  nous  examinerons  plus  bas  à  j)ropos  du 
suff.  -ta.^r. 

iPour  les  thèmes  en  -a^i,  il  serait  important  de  savoir  si  la 
flexion  primitive  de  chaque  exemple  était  forte  ou  faible,  ce  que 
nous  ignorons  bien  souvent.  Ce  qu'on  peut  affirmer  c'est  qu'il  y 
a  des  thèmes  en  -a{i  qui  prennent  a^  dans  la  racine  (v.  p.  85),  que 
d'autres,  comme  l'indo-eur.  nsâ^i  (p.  24),  et  les  infinitifs  védiques 
tels  que  drçâye^  yudhâye,  affaiblissent  la  racine.  Dans  toutes  les 
langues  cette  classe  de  mots  est  fortement  mélangée  de  formes 
qui  lui  étaient  étrangères  à  l'origine.  * 

Thèmes  en  -taji  (flexion  faible).  La  racine  est  réduite,  v. 
p.  15,  23,  150;  Linduer  p.  7(3  seq.,  Amelung  Ztschr.  f.  deutsches 
Alterth.  XVlll  206.  'On  attend  donc  que  le  suffixe  ait  l'accent, 
mais  les  faits  qui  le  prouvent  n'abondent  pas.  En  grec  le  ton  re- 
pose au  contraire  sur  la  racine  (TtiGtig,  (pvè,ig  etc.).  En  germa- 
nique comme  en  sanskrit  oxytons  et  paroxytons  se  balancent  à 
peu  près.  On  a  en  gothique  (/a-taur^i-,  ga-lain^i-  etc.,  à  côté  de 
ga-mundi-,  ga-lmndi-,  dédi-  etc.  M.  Lindner  compte  34  paroxytons 
védiques  contre  41  oxytons  (masculins  et  féminins).  Les  proba- 
bilités sont  malgré  tout  pour  que  le  ton  frappât  le  suffixe.  Nous 
pouvons  suivre  historiquement  le  retrait  de  l'accent  pour  matî, 
Mrti  (véd.)  qui  devinrent  plus  tard  mdti,  Icirti.  De  plus  gâti, 
yâti,  râti  de  gam,  yani,  ram,  et  sthiti,  dîti  de  sthâ,  dil,  ont  dû  être 
oxytons  à  l'origine,  autrement  la  nasale  sonante  des  3  premiers, 
aurait  ])roduit  -au-  ^  (p.  30)  et  Vi  des  seconds  apparaîta'ait  sous  la 
forme  d'un  a  (p.  177).  —  Notons  en  sanskrit  s-tt  de  as. 

1.  La  racine  de  jntâr  peut  être  a^pA  ou  pa^A;  dans  les  deux  cas  il  y 
a  affaiblissement. 

2.  Ce  fait  défend  do  reconstruire  un  primitif  paroxyton  (j'ati  tel  que 


Accentuation  et  vocalisme  radical  des  diff.  thèmes.  231 

Thèmes  en  -aji  de  llexioJi  faible.  —  1°  série  (fort  nombreuse): 
Oxytons  (Bezzenberger  BcUràye  II  123  seq. ^);  racine  faible; 
V.  p.  15,  23,  157;  Lindner  p.  61.  —  2®  série:  Oxytons;  racine  au 
degré  2,  comme  skr.  vahhi,  si.  salu;  y.  p.  Hî'i  scq. 

Thèmes  en  -a^u  de  flexion  forte.  Oxytons;  racine  faible.  Ex.: 
di-â^ît,  (jo-â^u  (p.  1 98). 

Thèmes  en -ta^ll. —  1°  série:  Oxytons;  racine  faible.  Skr. 
rtd,  aldn  (==  go  th.  uhtvo  p.  24);  zd.  peretu  =  lat.  x>ortns;  goth. 
Imstus.  ■ —  2®  série:  Paroxytons;  racine  au  degré  2.  Germ.  daajms 
(Verner  K.  Z.  XXIII  123),  gr.  ol-6v-a  de  la  rac.  wa^l  (v.  Fick  IP 
782),  skr.  tànfu,  mântu,  sôtu  etc.  C'est  probablement  à  cette  for- 
mation qu'appartiennent  les  infinitifs  en  -tu-m  (cf.  p.  223). 

Thèmes  en  -a^s.  Oxytons;  racine  faible.  Skr.  hhiy-âs  (v. 
p.  219).  Sur  les  mots  comme  i^svôijg  v.  p.  201. 

II.  Le  suffixe  admet  a^,. 

Thèmes  en  -a^ii.  Oxytons;  racine  faible.  Skr.  rv-ân  «chien» 
(ace.  rvànani).  Le  gr.  kvcov  a  retiré  le  ton  sur  la  racine,  tandis 
qu'aux  cas  obliques  on  a  inversement:  gr.  xvvos,  skr.  çûnas.  La 
loi  générale  des  thèmes  germaniques  en  -a.^n  est  d'affaiblir  la  ra- 
cine, V.  Amelung  loc.  cit.  208;  sur  l'accentuation  de  ces  thèmes 
qui  primitivement  ont  été  tous  oxytons,  Osthoff  Beitr.  de  P.  et  B. 
III  15.  —  Quelques  thèmes  du  degré  1:  gr.  sixcôv,  (IrjÔcôp.,  uqï]- 
ycôv,  fiaxav,  aKaTtcov;  sliv.  s)ieha)i  (gramm.),  ragan,  et  plusieurs 
neutres  tels  que  (jâmhhan,  mamhàn. 

Thèmes  en  -mn^,ii.  La  racine  est  toujours  au  degré  1,  v. 
p.  131,  137,  140,  156.  On  trouve  en  grec  des  paroxytons  comme 
xÉQ^av;  le  sanskrit  en  possède  un  petit  nombre,  ainsi  géman, 
hhdsman,  klôman.  Le  goth.  hiuhma,  millima,  accuse  la  même  ac- 
centuation. Mais  les  deux  premiers  idiomes  offrent  en  outre  des 
thèmes  en  -niaji  oxytons  où  la  racine  n'est  point  afl'aiblie,  ainsi 
Xsiiiojv,  lyremàn,  varsmân,  henu'vn  etc. 


M.  Brugman  paraît  disposé  à  l'admettre  sur  la  foi  du  goth.  ga-qumpi- ,  du 
skr.  gdti,  et  du  gr.  ^âaiç  (Stud.  IX  326).  Au  reste  il  est  juste  de  dire  qu'on 
a  des  formes  indiennes  comme  tdnti,  hanti. 

1.  Il  est  regrettable  que  dans  ce  travail  le  point  de  vue  du  vocalisme 
radical  soit  négligé,  et  que  des  formations  très-diverses  se  trouvent  ainsi 
confondues. 


232  Accentuation  et  vocalisme  radical  des  diff.  thèmes. 

Thèmes  en  -a^m.  Oxytons-,  racine  faible  (p.  217). 

Thèmes  en  -a^r.  —  V  série:  Oxytons;  racine  faible  (dhu-âr). 

—  2^  série:  Paroxytons;  racine  au  degré  1  {sivâj^s-ar).  Y.  p.  218. 

Thèmes  en  -ta^r.  L'accentuation  et  la  conformation  primi- 
tive des  thèmes  en  -tar  sont  difficilement  déterminables.  A  la 
p.  212  nous  sommes  arrivés  à  la  conclusion  que  les  noms  d'agent 
grecs  en  -ti'jQ  et  -tcoQ  formaient  dès  l'origine  deux  catégories  dis- 
tinctes. La  flexion  des  premiers  devait  se  confondre  primitive- 
ment avec  celle  des  noms  de  parenté.  Or  les  noms  d'agent  en 
-r^Q  sont  oxytons.  On  attend  donc  d'aj)rès  les  règles  générales 
et  d'après  l'analogie  des  noms  de  parenté  (v.  p.  230),  que  la  syl- 
labe radicale  y  soit  affaiblie.  Elle  l'est  dans  les  mots  comme 
dotrjç,  GtaxriQ  etc.  L'ancienneté  de  ces  formes  semble  même  évi- 
dente quand  on  compare  ôorriQ  ôcôtOQ ,  ^otiqQ  §cÔtcoq  ,  à  nv&^^v 
nXsv^av.  Mais  voici  que  l'affaiblissement  en  question  ne  s'étend 
pas  au-delà  des  racines  en  -â,  car  on  a  tibiCtïiq,  àXetnxriQLOv  etc. 
(p.  132).  Voici  de  plus  que  le  sanskrit  ne  possède  aucun  nom 
d'agent  dont  la  racine  soit  affaiblie.  On  dira  que  les  noms  d'agent 
indiens  ont  pour  suffixe  -ta.2r,  non  -ta^r.  Mais  il  en  existe  un  de 
cette  dernière  espèce:  çcmistar  (ace.  çâmstàram),  et  cet  unique 
échantillon  non-seulement  n'affaiblit  pas  la  racine,  mais  encore 
lui  donne  le  ton.  Du  reste  en  admettant  même  que  les  deux  types 
ôot^Q  ôâtco^  nous  représentent  l'état  de  choses  primitif,  on  ne 
comprendra  pas  comment  un  grand  nombre  de  noms  d'agent  in- 
diens —  lesquels,  ayant  tous  «g,  ne  peuvent  correspondre  qu'au 
type  ô(6ro3Q  —  mettent  le  ton  sur  -tar.  Deux  circonstances  com- 
pliquent encore  cette  question  que  nous  renonçons  complètement 
à  résoudre:  l'accentuation  variable  des  noms  d'agent  sanskrits 
selon  leur  fonction  syntactique  (drUà  maglianam,  data  magliàni), 
et  le  vieux  mot  wô/tîr  «mère»  qui  a  la  racine  forte  malgré  le  ton. 

—  Il  faut  ajouter  que  le  zend  fournit  quelques  noms  d'agent  à 
racine  réduite:  kërëtar,  dërëtar,  bérctar  etc. 

Thèmes  en  -agS.  —  l"'  série:  Paroxytons;  racine  au  degré  1. 
Ce  sont  les  neutres  comme  fiévog,  v.  p.  120.  —  2'^  série:  Oxytons; 
racine  faible.  Skr.  usas.  Les  mots  comme  foçâs  (duel  torasci)  sont 
probablement  hystérogènes,  cf.  p.  201. 

Thèmes  en  -yajjS.  Paroxytons  (Verner  K.  Z.  XXIII 126  seq.); 
racine  au  degré  1;  v.  p.  130,  1  ;")(')  seq. 


Accentuation  et  vocalisme  radiciil  dos  dill'.  thèmes.  233 

Thèmes  en  -wa^s.  Oxytons;  racine  (redoublée)  faible.  Cf. 
p.  35,  71  i.  n.,  155.  Skr.  (jagrhiwàn,  gr.  iôvla,  gotli.  herusjos  (=  be- 
br-usjos). 

Les  participes  de  la  2®  classe  en  -nt  forment  une  catégorie 
particulière,  vu  l'absence  de  tout  a  suffixal  (p.  185).  Ils  ont  le 
ton  sur  le  suffixe,  et  la  racine  réduite.  L'exemple  typique  est 
l'indo-eur.  s-ni  de  a^s  (Osthoff  K.  Z.  XXIII  579  seq.).  En  sanskrit: 
uçânt-,  avisant-  etc.  Cf.  p.  38  et  §  15. 

Il  faut  nommer  encore  les  formes  comme  mrdh  et  (arva-)yûj 
dont  nous  avons  j^arlé  p.  202,  et  où  l'affaiblissement,  quoique 
portant  sur  une  syllabe  prédésinentielle,  n'est  point  causé  par 
les  désinences.  Nous  notons  sans  pouvoir  l'expliquer  un  phéno- 
mène curieux.qui  est  en  rapport  avec  ces  thèmes.  Après  i,  u,  r, 
n,  m,  mi  t  est  inséré.  Or  les  racines  en  â,  on  ne  sait  pourquoi,  ne 
connaissent  pas  cette  formation:  «pari-s/hi-t»  de  stJiâ  serait  im- 
possible ;  pffn'-s//îa  seul  existe^.  Amsi pari-sfha,  type  coordonné  à 
vrtra-han,  se  trouve  enrôlé  par  l'usage  dans  mi  groupe  de  formes 
avec  qui  il  n"a  rien  de  covutuvoq.:  pari-sflui ,  go-gî-t,  su-îcr-t  etc.  sont 
placés  sur  le  même  pied.  Jusqu'ici  rien  de  bien  surprenant:  mais 
comment  se  fait-il  que  ce  parallélisme  artificiel  reparaisse  devant 
ceux  des  suffixes  commençant  par  y  et  w  qui  demandent  l'inser- 
tion du  t?  A  côté  de  â-gi-t-ya,  a-Jcr-t-ya  nous  avons  d-sthà-ya;  à 
côté  de  gi-t'Van,  hr-t-van,  on  trouve  râ-van.  Les  mêmes  formations 
ont  encore  ceci  d'énigmatique  qiie  la  racine  y  est  accentuée  mal- 
gré son  affaiblissement. 

Thèmes  féminins  en  a  (cf.  p.  82).  1®  série:  Oxytons;  racine 
faible.  Skr.  druha,  mudâ,  rugë  etc.;  gr. /3aç)îj,  'yQa(piî,  'noitiq,  garpri^ 
tafpri,  tQV(pri,  (pvyri,  6^o-xA?^,  ènL-^XaC^.  2®  série:  Paroxytons; 
racine  au  degré  1.  Goth.  gairda,  giha,  liairda,  v.  h'-all.  spelia;  gr. 
ft'Ar;,  dQï],  ^Q^Hi  éçsiKY]^  Xevxrj,  ^é&r],  Tcadt],  navxr]^  OxéTCt]^  Gréytj^ 
Xlsvrj.  En  sanskrit  varsa  ^  identique  avec  SQGri,  est  anormal  par 
son  accentuation. 

1.  Disons  toutefois  que  le  type  maâhu-pd  (v.  p.  177)  est  peut-être  ce 
qui  correspond  à  gogi-t,  su-kr-t.  Mais  à  quoi  attribuer  l'absence  du  t^ 

2.  L'accent  est  déplacé  dans  §l(x§r]j  ôîht],  XvTtrj,  fiâxrj,  vânri,  o&rj,  aâyt], 
fifco'-dfijj.  —  Dans  certains  cas  Texpulsiou  de  l'a  est  empêchée:  indo-eur. 
sa^bhà  pour  sbha  (skr.  sabhà,  goth.  sibja,  gr.  ècp-ézccî). 


234  Accentuation  et  vocalisme  radical  des  diff.  thèmes. 

II.  Thèmes  verbaux. 

Plusieurs  ont  été  dérivés  d'autres  thèmes  verbaux.  Ces  formations  ne 
rentrent  pas  dans  le  sujet  que  nous  considérons,  et  il  suffira  de  les 
indiquer  sommairement:  1°  Aoriste  en  -sa^  (skr.  dik-sd-t,  gr.  iè,ov)  dérivé 
de  l'aoriste  en  -s  {da^ik-s-).  2°  Thèmes  oxytons  en  -a  tels  que  limpd-, 
muncd- ,  Tcrntd-,  dérivés,  ainsi  que  l'admettait  Bopp,  de  thèmes  de  la 
7^  classe:  exemple  trinhd\ti]  =  trnah-  (dans  tniédhi)  -f-  «■  3°  Le  futur  en 
-s-yd  est  probablement  une  continuation  de  l'aor.  en  -s.  4°  Les  subjonctifs 
(p.  127).  —  Les  optatifs  tels  que  syd-  (v.  ci-dessous)  sont  à  vrai  dire  déri- 
vés, aussi  bien  que  bharaï-  (p.  193)  et  que  les  formes  qui  viennent  d'être 
citées. 

Thèmes  eu  -a^.  —  1"  série:  Paroxytons;  racine  au  degré  1; 
V.  p.  126,  153,  159.  —  2®  série:  Oxytons;  racine  (simple  ou  re- 
doublée) faible;  v.  p.  9  seq.,  20,  153  seq.,  160  seq. 

Thèmes  eu  -ya^.  Racine  faible,  soit  en  sanskrit  soit  dans  les 
langues  congénères  (p.  157,  159).  Contre  l'opinion  commune  qui 
regarde  l'accentuation  indienne  de  la  4"  classe  comme  hystéro- 
gène,  M.  Verner  (1.  c.  120)  se  fonde  sur  cette  accentuation  pour 
exj)liquer  le  traitement  de  la  sjiirante  dans  le  germ.  lilalijan  etc. 
Dans  ce  cas  le  vocalisme  des  thèmes  en  -ya  ne  peut  guère  se  con- 
cevoir que  si  l'on  en  fait  des  dénominatifs  :  ainsi  yiidli-ya-ti  serait 
proprement  un  dérivé  de  yiklh  «le  combat»,  par  ya-t'i  se  ramène- 
rait à  spâç  {(3ico7i6<i).  La  langue  se  serait  habituée  plus  tard  à 
former  ces  présents  sans  l'intermédiaire  de  thèmes  nominaux  ^ 

Thèmes  en  -ska^.  Oxytons;  racine  faible;  v.  p.  13,  22,  149. 
Dans  le  skr.  gâccliati,  yàcchati,  Ya  radical  (sorti  de  w)  s'est  emparé 
du  ton  (cf.  p.  174). 

[Thèmes  en  -na^-u  et  -iia^-A.  Oxytons;  racine  faible;  v.  p.  22 
et  187.] 

Thèmes  en  -ya^A.  Oxytons;  racine  (simple  ou  redoublée) 
faible.    Indo-eur.  s-yâ^.i-,  optatif  de  a^s.    Skr,  dvisya-  de  dves, 

1.  L'accentuation  immitive  de  la  caractéristique  n'est  pas  malgré 
tout  très-improbable,  car,  outre  le  passif  en  -yd,  on  a  les  formes  comme 
d-yd-ti,  s-yd-ti  etc.,  qui  paraissent  venir  de  ad,  as  etc.  De  plus  sidhyati, 
timyati  (p.  171  seq.)  ne  se  comprendraient  pas  davantage  que  sthiti  (p.  230) 
si  le  ton  n'avait  frappé  primitivement  le  suffixe.  Il  faut  ajouter  que  même 
dans  l'hypothèse  où  yûdhyati  serait  dénominatif,  on  attendrait  l'accentua- 
tion *yudhydti:  cf.  dcvaydti.  —  On  trouve  vraiment  le  ton  sur  -ya  dans  le 
véd.  ru/iydti  (Delbr.  1G3).  Pour  harydnt  cf.  Grassmann  s.  v.  hary. 


Règles  générales  qui  s'en  dégagent.  235 

vavrtyâ-  de  vart,  caccJiadyà-  de  éhand;  goth.  herjau  (=  hc-hr-jau), 
hitjau  (=  *bibifjau).  La  formation  est  secondaire  (cf.  plus  haut). 
Mentionnons  le  thème  de  l'aoriste  sigmatique  comme  dd^  ik-s- 
fj).  128,  191)  qui  ne  rentre  ni  dans  la  formule  racine  simple  m 
dans  la  formule  racine  -j-  suffixe. 

Résumons  brièvement  ce  qui  ressort  de  cette  énumération. 

1.  Les  phénomènes  qu'on  constate  dans  la  formation  des 
luots  ne  peuvent  être  mis  en  relation  qu'avec  l'accent.  On  n'ob- 
serve pas  d'effets  comparables  à  ceux  qui  se  produisent  dans  les 
déclinaisons  faibles  (perte  de  Ya^  du  premier  élément  causée  par 
une  consonne  initiale  dans  le  second). 

2.  Qu'est-ce  qui  détermine  la  place  de  l'accent?  Voilà  le  point 
qui  nous  échappe  complètement.  Le  ton  opte  pour  le  suffixe  ou 
pour  la  racine,  nous  devons  nous  borner  à  constater  pour  chaque 
formation  le  choix  qu'il  a  fait\  Comme  le  même  suffixe  peut 
prendre  et  ne  pas  prendre  l'accent  (^riliây-,  râ^ilia^-\  on  prévoit 
que  la  règle  sera  extraordinairement  difficile  à  trouver. 

3.  Relation  du  vocalisme  avec  l'accentuation. 

Le  ton  repose-t-il  sur  la  syllabe  radicale,  celle-ci  apparaît 
sous  sa  forme  pleine,  au  degré  1  ou  au  degré  2. 

Nous  avons  cherché  à  écarter  les  exceptions,  dont  la  plus 
considérable  est  le  cas  des  thèmes  verbaux  en  -ya.  —  L'affai- 
blissement des  mots  sans  suffixe  comme  mrdh  (v.  ci -dessus 
p.  233)  est  d'un  caractère  tout  à  fait  singulier:  on  ne  sait  même 
à  quoi  le  rattacher. 

Le  ton  repose-t-il  sur  le  suffixe,  la  racine  est  au  degré  réduit 
ou  (plus  rarement)  au  degré  2,  jamais  au  degré  1. 

Exceptions  principales.  Certains  thèmes  en  -man  tels  que 
jjgtfiû)»',  varsmdn  (v.  plus  haut),  et  probablement  une  partie  des 
thèmes  en  -tar,  puis  des  exemples  isolés  assez  nombreux.  Comme 

« . 

1.  Sans  cette  alternative,  le  principe  du  dernier  déterminant  de  M.  Benfey 
et  de  M.  Benlœw  pourrait  presque  passer  pour  la  loi  générale  de  l'accent 
indo-européen.  —  M.  Lindner  (Nominalbild.  17  seq.)  propose  pour  les 
thèmes  nominaux  du  sanskrit  les  deux  lois  suivantes  (la  seconde  pouvant 
annuler  l'effet  de  la  première):  1.  L'accent  frappe  la  racine  dans  le  nom 
abstrait  (Verbalabstractum),  et  le  suffixe  dans  le  nom  d'agent.  2.  L'accen- 
tuation du  nom  répond  à  celle  du  verbe  au  présent.  La  latitude  que  laisse- 
raient ces  deux  lois  est  singulièrement  grande. 


236  Somme  des  a  expulsés  dans  chaque  forme  fléchie. 

nous  l'avons  dit,  les  oxytons  en   os  tels  que  ipsvôrj'i  ne  constituent 
pas  d'exception  formelle. 

Les  oxytons  du  degré  2  auxquels  la  règle  fait  allusion  ici 
sont  presque  uniquement  des  thèmes  finissant  par  a  (y.  ci-dessus 
p.  229)  ou  des  thèmes  en  «  de  flexion  faible  (p,  231),  ainsi  Aotjrdg, 
TtXox^og,  l'efii.  C'est  une  chose  curieuse  que  de  voir  les  deux  a  se 
comporter  différemment  vis-à-vis  de  l'accent.  Elle  donnerait  à 
penser  que  la  naissance  du  phonème  a^  est  antérieure  à  la  période 
d'expulsion.  De  fait,  dans  les  syllabes  prédésinentielles,  il  n'est 
jamais  besoin  de  supposer  l'expulsion  d'un  a^  (par  l'accent),  puisque, 
d'après  ce  qu'on  a  vu  p.  215,  les  cas  faibles  des  oxytons  montrent 
«1  dans  les  paroxytons,  et  que  ces  derniers  nous  représentent 
l'état  de  choses  qui  a  précédé  les  phénomènes  d'expulsion. 


Pourvu  qu'on  admette  l'immobilité  de  l'accent  dans  les 
thèmes  paroxytons  (p.  203  seq.),  les  phénomènes  d'accentuation 
et  d'expulsion  peuvent  sans  inconvénient  pratique  s'étudier  sépa- 
rément dans  les  deux  sphères  de  la  flexion  et  de  la  formation 
des  mots.  C'est  ainsi  que  nous  avons  procédé. 

Seulement  ce  que  nous  avons  devant  nous,  ce  sont  des  mots 
et  non  des  thèmes.  Quand  on  dit  que  l'affaiblissement  de  la  ra- 
cine, dans  le  thème  nls-âu,  est  dû  à  l'accentuation  du  suffixe,  il' 
reste  à  chercher  ce  que  représente  cette  phrase  dans  la  réalité,  et 
si  vraiment  les  faits  de  ce  genre  nous  introduisent  de  jilain-pied 
dans  l'époque  paléontologique  antérieure  à  la  flexion,  telle  que 
M.  Curtius  la  reconstruit  par  la  pensée  dans  ba  Chronologie  des 
langues  indo-euroiiéenncs.  Doit-on  penser  au  contraire  que  tous  les 
phénomènes  se  sont  accomplis  dans  le  mot  fléchi  ^  ?  Nous  ne  sa- 
vons, et  nous  nous  garderons  d'aborder  ce  problème.  Nous  vou- 
drions seulement,  en  combinant  la  loi  des  expulsions  prédésinen- 
tielles  avec  celle  des  expulsions  présuffixales,  exprimer  le  plus 
simplement  possible  la  somme  des  affaiblissements  dûs  à  l'accent, 
telle  qu'elle  nous  apparaît  dans  son  résultat  final:  1°  tous  les  a^ 

PLACÉS  DANS  LA  PARTIE  DU  MOT  QUI  PRÉCÈDE  LA  SYLLABE 

1.  Les  cas  dont  nous  avons  parlé  où  l'on  entrevoit  une  rencontre  des 
phénomènes  de  flexion  avec  ceux  de  la  formation  {dar-u,  dr-mv-Ai,  p.  221 
seq.)  seraient  un  argument  à  l'appui  de  cette  seconde  hypothèse. 


Somme  des  a  expulsés  dans  chaque  forme  fléchie. 


237 


ACCENTUÉE  'J'OMHENT,  à  moiiis  d'ira])()ssibilité  matoriollf;  (p.  4^)5 
2°  AUCUNE  AUTRE  EXPULSION   na^  NEST   CAUSEE   l'AU  l'aCCENT. 

tâj^ig   -j-yaiS  -j-Ai    ])rodiiit  tàyigiaySAÎ  (skr.  téylyase). 

ya^ug -|- tàji    +ai.s        »       yiiktà ^yciiS  (^skr.  yuJctàyas). 

w  aj  i  d  -j-  w  ai  s  -f-  A  i  »       widusAÎ  (skr.  vidusé). 

Tl  resterait  à  obtenir  une  règle  unique  d'où  découlerait  la 
place  de  l'accent  dans  chaque  forme.  Quand  la  question  se  pose 
entre  syllabe  prédésinentielle  et  désinence,  on  est  fixé  pourvu 
qu'on  connaisse  le  genre  de  flexion  (forte  ou  faible).  On  a  vu  en 
revanche  que  le  parti  que  prend  l'accent  devant  la  bifurcation 
entre  racine  et  suffixe  peut  se  constater  pour  des  groupes  consi- 
dérables de  thèmes,  mais  non  se  prévoir.  Nous  nous  contentons 
donc  de  dresser  un  tableau  récapitulatif.  Ce  tableau  devra  justifier 
les  Uy  qui  existent  et  qui  manquent  dans  n'importe  quelle  forme 
primaire  répondant  aux  conditions  normales. 

I.  Racine  -j-  suffixe^.  11.  Eaeine  sans  suffixe. 


1^^  cas.    Le  ton  reste 
sur  la  racine. 

Aucune  expulsion  n'est 
possible  du  fait  de  l'ac- 
cent.  Cf.  ci-dessous. 


2^  cas.    Le  ton  quitte 
la  racine. 


a,.  Le  ton  Ht  pusse  point  b.    Le   ton    est    attiré 

aux   désinences  (flexion  vers  les  désinences  (fle- 

faible).  xion  forte)  ^. 

L'expulsion  par  le  fait  II   y   aura  exjjulsion  : 

de  l'accent  atteindra  tous  1"  de  tout  o,  présuffixal, 

les  a^  présuffixaux  et  au-  2°  si  Ya^  ne  finit  le  thème, 

cun   autre.     Cf.    ci  -  des-  de  tout  o,  prédésinentiel 

sous.  placé  devant  une  dési- 
nence  susceptible  d'ac- 


Dans  la  flexion  faible  les  désinences  commen-    cent, 
çant  par  une  consonne  produisent  l'expulsion  de 
Vtty  prédésinentiel. 


Nous  ne  nous  sommes  pas  préoccupés  jusqu'ici  des  syllabes 
de  redoublement.  Le  peu  de  chose  qu'on  sait  de  leur  forme  pri- 
mitive rend  .leur  analyse  tout  à  £ait  conjecturale.    Ils  s'agirait 

1.  Il  faudrait,  rigoureusement,  ajouter  une  troisième  case:  racine  -(- 
infixé,  à  cause  du  type  yu-nag  de  la  7*^  classe  (§  14).  En  faisant  de  -nag 
un  suffixe  fictif,  les  phénomènes  sont  ceux  de  racine  et  suffixe. 

2.  Nous  considérons  la  flexion  thématique  comme  un  cas  spécial  de 
la  flexion  forte  (p.  188). 


238  Syllabes  de  réduplication. 

avant  tout  de  déterminer  si  le  redoublement  doit  être  regardé 
comme  une  espèce  d'onomatopée,  ou  sïl  constitue  une  unité  mor- 
phoîogiqne  régulière,  le  caractère  de  l'unité  morphologique  étant 
de  contenir,  à  l'état  normal,  a^. 

Au  parfait,  rien  n'empêche  d'admettre  cette  dernière  hypo- 
thèse. Comme  le  ton  repose  au  singulier  de  l'actif  sur  la  racine  ' 
et  partout  ailleurs  sur  les  désinences,  la  réduplication  perd  forcé- 
ment son  «1,  mais  elle  ne  le  possède  pas  moins  virtuellement. 
Ainsi  Ton  a:  indo-eur.  mvâ.,ha,  ûJïmâ  (skr.  ïtvaca,  ucimâ)  pour 
^wa^wâ^ka,  *wa^waikmâ.  Dans  les  formes  comme  pdbpàta,  Y  a 
est  forcé  de  rester.  Quand  Ya^  radical  est  suivi  d'une  voyelle,  on 
constate  que  celle-ci  se  répercute  dans  le  redoublement:  hhihhâ.Jda 
pour  *bha^ibhâ2ida,  etc.^ 

A  l'aoriste  en  -a,  il  faut,  pour  expliquer  à  la  fois  l'affaiblisse- 
ment radical  et  l'état  normal  du  redoublement  dans  vôcot,  sup- 
poser un  double  ton  primitif  {îcâ^-Kl'-â^-t) ,  tel  que  le  possèdent 
les  infinitifs  en  -tavai  et  d'autres  formes  indiemies  (Bohtlingk 
Accent  im  Sanskrit  p.  3).  Il  concilie  du  reste  l'accentuation  du  gr. 
SLTtstv  avec  celle  de  vôcat.  Les  aoristes  sanskrits  comme  atitvisanta 
ou  modifié  leur  réduplication:  il  faudrait  *atetvisatita. 

Au  présent,  la  plus  grande  incertitude  règne.  Ui  de  ÏGrrj^L 
et  de  pîpartl  pose  une  énigme  que  nous  n'abordons  point.  Toute- 
fois la  variabilité  de  l'accent  dans  la  3"  classe  sanskrite  semble 
indiquer  un  double  ton  dans  les  formes  fortes,  ce  qui  permettrait 
de  comprendre  nenekti,  vevekti,  veves/i  (qui  peuvent  passer,  il  est 
vrai,  pour  des  intensifs),  zd.  zaozaoml,  daëdôist,  et  en  grec  ôstôa. 
Au  pluriel  le  ton,  passant  sur  la  désinence  redevenait  un,  et  en 
conséquence  le  redoublement  perdait  son  a.  De  là  les  présents 
comme  didésti.  La  flexion  originaire  serait:  dédcsfi,  didlrmds'^. 


1.  Le  froth.  mizitp  jji'iniet  de  contrôler  raccciit  indien. 

2.  Le  véd.  vavuca  est  à  coup  sûr  une  innovation,  car,  en  le  su|)posant 
primitif,  on  ne  pourrait  plus  expliquer  uvâca.  En  grec  ôfîâoiKcc  et  flot- 
■nviai  sont,  en  conséquence,  hystérogènes. 

.3.  Dans  cette  hypothèse  le  redonldenient  dû-  dn  slave  daniï,  damn, 
vient  du  singulier,  et  le  du-  du  skr.  dàdàmi,  du  pluriel.  Formes  premières: 
dà^o■d<i^f>-m^,  plur.  dn-do-mds. 


Les  verbes  do  la  7"  classe.  239 

Criiapilrc   \'I. 

De  (lillereiifs  phéiioiiinics  iM'Iatils  Jiiix  soiiaiitrs 
I,  fi,  r,  ft,  iif. 


§  14.    Liquides  et  nasales  sonantes  longues. 

Dans  le  21°  volume  du  Journal  de  Kuhn,  pour  la  première 
fois  peut-être  depuis  la  fondation  de  la  grammaire  comparée,  une 
voix  autorisée  a  plaidé  la  primordialité  des  présents  sanskrits  de 
la  7"  formation.  Tout  a  été  imaginé,  on  le  sait,  sous  l'empire  de 
l'idée  théorique  que  l'indo-européen  a  horreur  de  l'infixé,  pour  ex- 
j)liquer  comment  ce  groupe  de  présents  avait  pu  sortir  de  la  5'^ 
et  de  la  9"  classe.  M.  Windisch  déclare  qu'aucune  hypothèse  ne 
le  satisfait,  constate  qu'aucune  ne  rend  véritablement  compte  de 
l'organisme  délicat  des  formes  alternantes  yunag-  yung-,  et  trouve 
que  ces  présents  offrent  au  contraire  tous  les  caractères  d'une 
formation  primitive.  La  9"  classe  dont  personne  ne  met  en  doute 
l'origine  proetlmique  a  péri  dans  toutes  les  langues  européennes, 
liors  le  grec.  Quoi  d'étonnant  si  la  septième,  flexion  bi/arre  et 
insolite,  ne  s'est  conservée  qu'en  sanskrit  et  en  zend? 

Le  spectre  de  l'infixé  se  trouve  d'ailleurs  conjuré,  si  l'on 
admet  avec  le  même  savant  que  la  V  classe  soit  une  manifesta- 
tion du  travail  d'élargissement  des  racines:  dans  yunag-  par 
exemple,  la  racine  serait  proprement  yu  (yau)  et  g  ne  représen- 
terait que  le  déterminatif.  Pour  peu  cependant  qu'on  repousse 
cette  théorie,  qui  n'a  pas  pour  elle  d'argument  vraiment  décisif, 
nous  nous  déclarons  prêt  à  admettre  l'infixé.  Surtout  M.  Win- 
disch accompagne  sa  supposition  d'un  corollaire  dont  nous  ne 
sauripns  faire  notre  profit  à  aucune  condition.  Il  conjecture  dans 
la  l'^  classe  une  sorte  de  continuation  de  la  9®,  et  nous  serons 
amené  à  voir  dans  la  9®  un  cas  particulier  de  la  7°. 

Formulons  la  règle  au  moyen  de  laquelle  on  passe  de  la 
racine,  telle  qu'elle  apparaît  dans  les  temps  généraux,  au  thème 
de  la  7*^  classe: 

L'a^  radical  tombe,  et  ta  syttahe  -nâj-  est  insérée  entre  les  deux 
derniers  éléments  de  la  racine  réduite. 

hh.dn\à'.hhi-nâi-d     ya^ug:     yn-néi^-g       wajd:  «-»â^-(/ 
tajTgh:  tr-nâ^-gh      bha^ng:  hhn-néi^-g 


240  La  9®  classe,  cas  particulier  de  la  septième. 

La  flexion  est  donnée  par  les  lois  de  la  page  188.  Elle  amè- 
nera les  formes  faibles  hhi-n-d,  yu-n-g,  tr-n-gh,  hhn-n-g^, 
n-n-d. 

Maintenant  plaçons  -en  regard  de  cette  formation  le  présent 
de  la  9®  classe  analysé  conformément  à  notre  théorie  de  Va  long  : 
pu-nâ^-A,  forme  faible  pu-n-A.  Une  parenté  difficile  à  méconnaître 
se  manifeste,  et  nous  posons: 

]  =  puna^A  :  x 
hliina^â:  bha^id    |  =  pi-na^A  :  x 

J  =  grhlina^A  :  x 
Les  valeurs  des  x,  c'est-à-dire  les  racines  véritables  de  nos  pré- 
sents en  -nâ,  seront  évidemment:  pajWA,  pa^rA,  ga^rbhA  (ou 
gra^bliA). 

C'est  la  rigoureuse  exactitude  de  cette  règle  de  trois  que 
nous  allons  tâcher  de  démontrer. 

A  part  d'insignifiantes  exceptions,  toutes  les  racines  san- 
skrites  non  terminées  par  -l  qui  appartiennent  à  la  9®  classe 
prennent  à  l'infinitif  en  -tum,  dans  les  thèmes  en  -tavya  et  en  -tar, 
et  au  futur  en  -sija,  Vi  (long  ou  bref)  dit  de  liaison.  De  plus  elles 
n'admettent  à  l'aoriste  sigmatique  que  la  formation  en  -i-sam. 

punâti:  pavi-târ,  pavî-tra'^,  pavi-syâti,  â-pâvi-sus. 

lunati:  lâvi-tum,  lavi-syâti,  â-lâvi-sam. 

grnâti:  gari-târ^. 

grnati  «dévorer»  (v.  B.  R.):  gârï-tum,  gari-syâti,  â-gâri-sam 

prnati:  pârï-tum,  pârf-syâti  {cf.  pâri-man,  pârï-mis). 

mrnati:  â-marî-târ. 

çrnâti:  çârî-tos,  çârf-syâti  {cf.  çârï-ra,  a-çarï-ka). 

strnâti:  stâri-tum,  stârf-syâti  {cf.  stârï-man). 

gr.  Sâfivrjiii:  dami-târ. 

çaranâti*:  çami-târ. 

grathnati:  gi-ânthi-tum,  granthi-syâti. 

mathnati:  mânthi-tum,  mânthi-syiiti. 

çrathnâti  :  â-ç  rthi-ta  ®. 


1.  Le  skr.  hhanûgmi  sort  régulièrement  de  bhnnâgmi,  mais  dans  les 
formes  faibles  comme  hhangmds  la  nasale  paraît  avoir  été  restituée  par 
analogie:  bhnng  devait  en  effet  donner  hhng,  qui  en  sanskrit  eût  fait  bhâg-, 

2.  Le  dialecte  védique  offre  aussi  potdr  et  pôtra. 

3.  Tel  est  là  l'état  de  choses  primitif;  plus  tard  on  forme  le  futur  garitâ. 

4.  Voy.  Delbrûck  Altind.  Verb.  p.  216. 

5.  Voy.  Grassmann  s.  v.    Le  r  de  ce  participe  indique  que  les  formes 


Vï  (les  racines  comme  (jrahhî,  paci.  24l 

mrdritîti:  mârdi-tum,  mardi-ayâti. 

grbbnati:  grâbhl-tar,  grâblil-lum,  a-grabhl-sma,  etc. 

skabbnati:  skâmbhi-tnm,  skabbi-tâ. 

btabbnâti:  sti'imbhi-tum,  stabbi-tâ,  a-Htambbi-sara. 

açnati:  pra-açi-târ. 

isnati:  ési-tura,  esi-ayâti. 

kusnati:  kôâi-tum,  kosi-syâti. 

muHniiti:  môsi-tum,  mosi-sy;'iti  {cf.  musl-viui). 

Les  exceptions  sont,  autant  que  j'ai  pu  m'en  rendre  compte: 
hadhnàti  qui  n'offre  Yi  qu'au  futur  handhihyàti ;  puknàtl  qui  fait 
pôslum  ou  pôhitum,  mais  pusta,  jamais  ''''' lyunità ;  et  kliçnàti  où  Vi 
est  partout  facultatif.  De  quelque  manière  qu'on  ait  à  expliquer 
ces  trois  cas,  ils  sont  tout  à  fait  impuissants  comparativement 
aux  vingt  et  un  précédents,  et  il  est  légitime  de  conclure:  si  l'on 
tient  que  la  racine  de  pinâs/i  est  pcs,  celle  de  yrhhnàti  ne  doit 
point  être  nommée  sous  une  autre  forme  cinegrahhl  (soit  graJ/hA). 
h'I  de  (/rhh-n-ï-màs  a  un  rapport  tout  aussi  intime  avec  Vl  de 
grdh/ti-tar  que  le  s  de  pi-m-s-mâs  avec  le  s  de  pcs-far. 

Pour  juger  complètement  du  rôle  et  de  la  valeur  de  11  dont 
nous  parlons,  on  aura.à  observer  trois  points  principaux: 

1.  Dès  qu'on  admet  le  lien  qui  unit  le  présent  en  -nâ  avec 
ït  final,  on  reconnaît  que  ceti,  loin  d'être  une  insertion  méca- 
nique vide  de  sens,  fait  partie  intégrante  de  la  racine  ^ 

2.  Quant  à  sa  nature:  il  n'y  a  point  de  motif  pour  ne  pas 
l'identifier  avec  l'I  de  sth'dâ,  pltâ.  Nous  avons  reconnu  dans  ce 
dernier  le  descendant  d'une  voyelle  faible  proetlinique  désignée 
l)ar  ^  (p.  178  seq.),  voyelle  qui  n'est  elle-même  qu'une  modifica- 
tion de  l'espèce  d'«,  ou  des  espèces  d'à  autres  que  a^  et  a.^  (^,  o). 
—  Plus  haut  Va  long  de  sthâ-,  pU-,  dont  la  moitié  est  formée  par 
la  voyelle  mise  à  nu  dans  sthi-,  pi-,  nous  a  prouvé  que  celle-ci 
avait  été  une  voyelle  pleine  dans  la  période  proethnique  très- 
ancienne.  Ici  l'a  de  pum-,  grhhnâ-,  donne  la  même  indication  re- 
lativement à  ri  de  ipavi-,  grablil-. 

à  nasale  çrdntlii-tum ,  çranthi-sydti ,  ne   sont  pas  primitives.    Le  présent 
même  devrait  faire  *çrt1màti. 

1.  A  la  juger  même  dans  sa  valeur  intrinsèque,  l'idée  qu'on  se  fait 
par  babitude  de  l'î  de  i^ivitâr  et  de  yrâhliitar  n'est  pas  moins  arbitraire 
que  si  l'on  comptait  par  exemple  pour  des  quantités  négligeables  Vi  de 
sthitd  ou  Vi  de  pità. 

IG 


242  Racines  ndattas  et  racines  anudattâs. 

3.  D'autre  part  il  y  a  entre  \ï  ou  '^  de  sthitâ,  pltâ,  et  l'I  ou 
^  de  pavi-,  grcibhi-,  cette  importante  différence  morphologique, 
que  le  premier  résulte  de  la  réduction  d'un  a  {((ia),  tandis  que  le 
second  paraît  exister  de  fondation  à  l'état  autoplithongue.  S'il  se 
combine  avec  «^  dans  le  présent  en  -im,  il  n'en  préexistait  pas 
moins  à  ce  présent. 

En  résumé  nous  avons  devant  nous  comme  types  radicaux; 
pa^w^,  pa^r^,  graJ)Ji-^  etc.  Sous  leur  forme  inaltérée  —  qui  est 
la  base  du  présent  en  -iiOiA  — ,  ces  types  sont  pa^WA,  pctiVA, 
grafiliA. 

D'un  côté,  on  vient  de  le  voir,  le  rôle  du  phonème  a  dans 
pav-i  pmui-  est  absolument  ijarallèle  à  celui  que  remplissent  d  ou 
s  dans  hlie-d-  hliinad-,  pc-è-  plnas-.  D'un  autre  côté,  si  l'on  prend 
les  racines  grahhl,  mardi,  mosi,  il  devient  évident  que  notre  pho- 
nème possède  cependant  des  propriétés  morphologiques  toutes 
spéciales:  aucune  sonante,  si  ce  n'est  peut-être  u  (v.  p.  244),  et 
aucune  consonne  ne  pourrait  être  mise  à  la  place  de  Vï  dans  les 
trois  exemples  cités. 

Si  donc  ou  s'en  tient  purement  à  la  base  de  classification, 
plus  ou  moins  extérieure,  que  nous  avons  adoptée  à  la  page  184, 
il  convient  d'établir  deux  grandes  catégories  de  racines.  Première- 
ment les  différents  types  distingués  à  la  page  citée.  Deuxième- 
ment les  mêmes  types  à  chacun  desquels  serait  venu  s'ajouter  a. 
On  est  ramené  en  un  mot,  sauf  ce  qui  regarde  la  conception  de 
ri,  à  la  division  qu'établit  la  grammaire  hindoue  entre  les  ra- 
cines tiddt  f  as,  ou  demandant  r/«de  liaison  >>,  et  les  racines  ann- 
dlitUis  qui  en  sont  dé])ourvuos. 

Revenons  un  instant  à  la  1*''  classe  jiour  considérer  un  })oint 
laissé  de  côté  jusqu'ici. 

Aux  présents  Icsbîàti,  Vmàti,  répondent  les  infinitifs  Jchctid)!, 
Ictiim.  On  attendait  «Jcmyitmn,  Wyitum  etc.»  Il  faut  supposer  que 
le  groupe  -(ly^-  subit  un  autre  traitement  que  -aw'^-,  -ar^-,  etc. 
Comme  ]'oi»tatif  iiulo-our.  hharalt  =  '"^'hharmjH  (p.  19o)  fournit 
un  parallèle  à  cotte  cojitraction,  il  y  a  lieu  de  la  croire  proeth- 
nique'.  Que  le  phonème  ^,  en  tous  cas,  existe  réellement  dans 

1.   Les  exemples  {■(hjitum ,  çLntjHuvi ,  seraient   alors   des  fornialions 
d'analo{,'i(!.  -    Nous  ne  savons  par  quel  moyeu  résoudre  le  problème  que 


Les  racines  do  l:i  7''  classo  sont  anudaltas  a  ))rion.  24;> 

les  racines  précitées,  c'est  sur  quoi  1'^  long  des  participes  Isï-tjtâ, 
lï-nà  (v.  plus  bas),  ne  laisse  aucune  espèce  de  doute.  Ajoutons  à 
ces  deux  exemples  rin(~(ti  :  rt-ti.  —  Dans  les  présents  h'iiiati,  prî- 
nàti,  hhr'mâti,  çrînâti,  Vî  long  n'a  certainement  pénétré  que  sous 
l'influeneo  analogique  des  foruu'S  comme  hîfa,  jirïla.  C'est  ainsi 
que  le  védi(|ue  minâti  s'est  changé  plus  tard  en  niinuti.  Les  in- 
linitifs  lirrtum,  prétum,  çrctum,  sont  tout  pareils  à  Idétum,  létum. 

On  peut  évaluer  certainement  le  nombre  des  udriUus  à  la 
moitié  environ  du  chiffre  total  des  racines.  Plus  bas  nous  aug- 
menterons de  quelques  exemples  la  liste  commencée  p.  240.  Mais 
auparavant  on  remarquera  que  la  théorie  de  la  9''  classe  nous 
permet  de  prévoir,  au  moins  pour  un  groupe  considérable  de  ra- 
cines, la  propriété  d'être  anudatfds.  Ce  groupe,  ce  sont  les  racines 
de  la  l""  classe.  Car  autrement,  d'après  la  loi  («l'insertion  de  -na- 
se  fait  entre  les  deux  derniers  éléments  de  la  racine»)  elles  eussent 
donné  évidemment  des  présents  en  -mî^. 


rinrikti  :  réktum,  reksyâti. 
bhaiii'ikti  :  bhanktum,  bhaïiksyati. 
blmnâkti  :  bbôktum,  bhoksyâti. 
yunâkti  :  yôktura,  yoksyâti. 
viiii'icmi  :  véktum,  veksyiiti. 


cbinâtti  :  chéttum,  éhetsyâti. 
bhinâtti  :  bhéttum,  bhetsyâti. 
runâddhi  :  rôddhum,  rotsyâti. 
pinâsti  :  péstum,  pcksyâti. 
çinâsti  :  çéstum,  çeksyâti. 


zend  éinaçti  :  ved.  céttar. 
Pour  anàkti,  tanâkti,  et  trijcdhi,  Vi  <<.de  liaison')  est  facultatif.  Les  verbes 
triiâtti  et  chr/idtti  forment  le  futur  avec  ou  sans  i,  l'infinitiv  avec  i.  Les 
autres  verbes  contenant  le  groupe  ar  -\-  consonne  {ardh,  parc,  varg,  kart), 
ainsi  que  vinûgmi,  ont  toujours  Vi  dans  les  formes  indiquées.'^  Dans  tous 
ces  exemples  la  voyelle  de  liaison,  quand  elle  apparaît,  a  été  introduite 
par  analogie.  La  plupart  du  temps  on  en  avait  besoin  pour  éviter  le 
groupe  incommode  ar  -)-  consonne  double  (cf.  draksydti,  de  darç  etc.).  Ce 
qui  prouve  cette  origine  postérieure,  ce  sont  les  formes  faibles  en  -ta  et  en 
-na:  aktd,  takta,  trdjiâ,  tr/pKi,  chroma,  rddhà ,  jjrktâ ,  vrktu,  vigna.  Com- 
posent les  formes  telles  que  lâsyâti  de  linàti  (parallèlement  à  îesydti), 
mâsydti  de  minâti  etc.  M.  Curtius  (Grdz.  337)  regarde  ma  comme  la  ra- 
cine de  ce  dei-nier  verbe.  Dans  ce  cas  Vi  de  mindti  no  pourrait  être  qu'une 
voyelle  de  soutien:  m-inâti  pour  mndli  serait  à  ma^A  ce  que  undtti  est 
à  wa^d. 

1.  La  racine  vahh,  contre  toute  règle,  suit  à  la  fois  la  7"  et  9^  classe: 
véd.  unap  et  îfhhnds.  Il  y  a  là  un  fait  d'analogie,  à  moins  qu'  îi  côté  de 
val)h  il  n'existât  une  racine  vahhi. 

2.  Voy.  Uenfoy  Vollst.  Gramm.  §  15G. 

IG* 


244  La  cinquième  classe. 

parez  les  participes  des  verbes  de  la  9*^  classe  açita  {açnàti),  isitd  {isnàti), 
kusita  {kuhiàti),  grJntci  (grhttdti),  musitâ  {miihiati),  mrditd  {mrdnàti),  ska- 
bîiitd  {sJcahhnatt) ,  stahhitd^  {stabhndti).  Nous  ne  citons  pas  yratkitd, 
mathitd,  d-çrthita  (de  grathnâti,  mathnâti,  çrathnàti)\  l'aspirée  th  y  ren- 
dait peut-être  Yi  nécessaire  d'ailleurs.  Dans  l'exemple  lîirita  ou  kîisfa  de 
Jcliçndtt,  la  forme  contenant  i  tend  à  être  remplacée,  mais  enfin  elle  existe, 
ce  qui  n'est  jamais  le  cas  pour  les  racines  de  la  7°  classe. 

Le  principe  de  la  formation  en  -na^u  (5^  classe)  ne  saurait  être  re- 
gardé comme  différent  de  celui  des  autres  présents  à  nasale.  Les  formes 
en  -na^-îi-ti  supposent  donc,  à  l'origine,  des  racines  finissant  par  u.  Dans 
plusieurs  cas,  la  chose  se  vérifie:  vanô-U,sanc-ti{=icn-nây-u-ti,sn-ndi-u-ti) 
sont  accompagnés  de  vamctar,  sdnutar  (=  tca^nu-tar,  sa.^nii-tar^)\  vr/iô-ti, 
outre  varûtdr,  vdrutha,  a  pour  ijarents  gr.  slIv-w,  lat.  volv-o,  goth.  valv-jan; 
Jcrné-ti  se  base  sur  une  racine  Jcaru  d'où  karôti^.  Même  type  radical  dans 
taru-te  (j>vés.)  taru-tdr,  taru-tra,  idrû-his,  tdru-santa ,  non  accompagné 
toutefois  d'un  présent  *trriôti  (cf.  zqcûvvvco).  La  place  de  Va^  dans  la  ra- 
cine ne  change  rien  aux  conditions  d'existence  de  notre  présent:  çra^u 
«écouter»  pourra  donc  former  çr-ndi-u-ti,  çrnôti*. 

Mais  dès  l'époque  proethniqne,  on  ne  le  peut  nier,  la  syllabe  -na^u 
a  été  employée  à  la  manière  d'une  simple  caractéristique  verbale:  ainsi 
k^i-nd^uti  (skr.  cinéti,  gr.  rivvrai),  tn-nd^titi  (skr.  tanôti,  gr.  xavia)),  ne  se- 
raient point  explicables  comme  formations  organiques.  —  Toute  cette  ques- 
tion demanderait  du  reste  un  examen  des  plus  délicats:  il  y  a  lieu  en 
effet  de  se  demander  si  Vu  des  exemples  comme  tarutdr,  sanutdr  (et  comme 
sanôti  par  conséquent)  est  bien  Vu  ordinaire  indo-européen.  Sa  contrac- 
tion avec  r  dans  les  formes  comme  turti  et  cûrna  de  carvuti  (équivalent 
à  taruti  moins  a,  caruna  moins  a)  rend  ce  point  plus  que  douteux.  Cf. 
aussi,  en  grec,  le  rapport  de  ofiôaaat  ofiru  ft». 

1.  Les  formes  skahdha  et  stuhdha  ne  sont  pas  védiques.  —  Comme 
puhiuti  et  hadhndti  se  distinguent  d'une  manière  gwiérale  jjar  l'absence  de 
Vi  (p.  241),  les  participes  pustd,  haddhd,  n'entrent  pas  en  ligne  de  compte. 

2.  Cf.  gr.  àvvm  et  'EvvûXioq. 

3.  Quelles  que  soient  les  difficultés  que  présentent  à  l'analyse  les  dif- 
férentes formes  de  ce  verbe,  l'existence  du  groupe  radical  karu,  à  côté  de 
kar,  paraît  absolument  certaine.  —  Le  présent  karâli  est  fortement  rema- 
nié par  l'analogie.  Un  groupe  comme  karô-  ne  saurait  être  morphologique- 
ment pur,  car,  si  l'on  en  veut  faire  une  racine,  l'a  double  ne  se  conçoit 
i:)as,  et  si  c'est  un  thème  à  deux  cellules,  la  première  devait  encore  perdre 
son  a.  On  arrive  donc  à  supposer  *  kdru-mi,  *  kdni-î>i  etc.,  c.-à-d.  un  pré- 
sent de  la  2*^  classe  pareil  à  taru-te  et  à  rôdi-mi.  L'influence  de  krtxJmi 
amena  ensuite  la  diphthonguc  et  réagit  sans  doute  aussi  sur  le  pluriel  et 
le  duel,  sur  lesquels  on  nous  jjermettra  de  ne  rien  décider  de  plus  précis. 

4.  En  zend,  r  s'étaiit  imbibé  de  I'm  qui  suivait,  on  trouve  {^urtmu-  au 
lieu  do  *rcrcnu-. 


Eiinm(;rat,ioii  de  nicines  udàtld.s.  245 

Aux  niciiK'S  U((((il(iti  ('iiiimérécs  plus  luiut  ajouious  (juelques 
nouveaux  exem])les  qui  ne  possèdent  point  de  présent  de  la  9® 
classe.  Nous  avons  principalement  en  vue  les  cas  où  ^  est  pré- 
cédé d'une  sonante^ 

avi  <t  assister»:  avi-tâ  (2"  pi.),  âvi-tave,  avi-târ,  îîvi-Ham. 

dhavi  «agiter»:  dhâvi-tura,  dhavi-syâti,  â-dhâvî-sam. 

savi  «mettre  en  mouvement»:  savi-târ,  sâvï-man,  â-sûvisam. 

havï  «inrocpicr  ;■>:  hâvï-tave,  hi'ivï-man  (mais  aussi  bôtrâ). 

karï  «verser»:  kan-tum,  â-kâri-sam. 

kari  «louer»:  â-kâri-sam. 

cari  «aller»:  câri-tum,  éari-tra,  â-câri-sam. 

garï  «vieillir»:  gâri-tum,  gari-syâti,  â-griri-sam. 

tarï  «traverser»:  târï-tura,  tari-tra,  pra-tarl-tâi-,  û-târi  sam,  târî-sa. 

IcJiani  «creuser»,  khâni-tum,  kbariî-tra,  â-kh  fini -sam. 

gani  «engendrer»:  gâni-sva  (imper.),  gani-târ,  ganf-tra,  gâiii-maa 

(aussi  gânmau),  gâni-tva,  gani-syâto,  â-gani-s/'a. 
vani  «aimer»:  vâni-tar,  vani-ta  (forme  forte  introduite  par  analogie 

dans  les  thèmes  en  -ta),  vani-sista.    L'aoriste  vc'msat,  sans  i,  est 

difficile  à  expliquer. 
sani  «conquérir»:  sani-târ,  sanî-tra,  sâui-tva,  sani-sj'âti,  ;'i-sâni-sam. 
amî  «nuire»:  amî-si  (2*'  sg.),  ami-nâ,  âmï-vâ  (amîtra?). 
bJirami  «voyager»:  blirâmi-tum,  bhrami-syâti. 
vamï  «vomir»:  vami  ti,  a-vamï-t  (Delbr.  187). 
çamï  «se  donner  de  la  jjeine»:  çamî-sva,  çamï-dhvam  (Delbr.  1.  c), 

çami-târ. 
{■rami  «se  fatiguer»:  çrâmi  lum,  ^rami-syâti. 

Comme  on  voit,  les  différents  suffixes  commençant  par  ^  et  s 
sont  favorables  à  la  conservation  de  11.  11  n'en  est  pas  tonjours 
de  même  quand  c'est  un  m  qui  suit  ce  phonème.  Devant  le  suffixe 
nia  11  n'apparaît  jamais.  Parmi  les  formations  en  -man,  (jâniman, 
dàrlman,  pârïman,  sâvïman,  stârlnian,  hâvlman,  sont  réguliers, 
mais  on  a  en  même  ie\ii])B  (jûnman ,  darmân,  hôman,  et  d'autres 
formes  de  ce  genre".  Il  est  permis  de  supposer  que  Vm  a  exercé 
sur  la  voyelle  faible  une  absorption  toute  semblable  à  celle  qui 
a  donné  cinmâs,  guhmàs,  pour  cinnmâs,  (juhumàs. 

Un  autre  groupe  de  formes  où  l'extirpation  de  !'<  peut  se 

1.  On  trouve  une  partie  des  formes  védiques  réunies  par  M.  Delbrûck 
AUind.  Vcrh.  18G  seq. 

2.  Inversement  une  minorité  de  thèmes  en  -ï-man  sont  tirés,  analo- 
giquement, de  racines  anudûttâs.  Ce  sont,  dans  les  Sainhitâs,  dlidrlman, 
hhdrtman,  sdrlman. 


246  Disparitions  et  extensions  de  Vt. 

suivre  clairement,  ce  sont  les  présents  de  la  2°  et  de  la  3*^  classe. 
Certains  verbes  ont  maintenu  intégralement  le  paradigme  :  la  rac. 
rodi  (rddi-tîtm,  rodi-hjàti,  rudi-tva,  â-rodi-sam)  possède  encore  le 
présent  rôdi-ti,  plur.  riidi-màs.  On  connaît  les  autres  exemples: 
âni-ti,  et  àni-la,  ani-sîjâti ;  çvâsi-ti,  ci.çvâsi-twn,çvasi-syâti;  vâmi-ti 
(Pâiiini),  cf.  râmi-tiim,  vami-syâti  Comment  douter  après  cela, 
quand  nous  trouvons  d'une  part  yani-târ,  yâni-in,  yâni-man,(jani- 
tvi  etc.,  de  l'autre  Vimi^éi'Sitiî  yâni-sva  et  la  2°  personne  ga-yâni-si 
(Bopp  Kr.  gramm.  §  337)  —  Westergaard  ajoute  pour  le  dialecte 
védique  yanidhve,  ganidhvam,  ganise  — ,  comment  douter  que  ya- 
gam-si,  ya-gan-ti,  ne  soient  liystérogènes?  Chaque  fois  qu'un  1 
apparaît  dans  quelque  débris  du  présent  tel  que  anii-sl,  çamï-sva, 
on  constate  que  la  racine  montre  1'?  à  l'infinitif  et  au  futur. ^ 
Aussi  nous  nliésitons  pas  un  instant  à  dire  que  dans ijîjmrti  de 
pari,  dans  ccdiarti  de  Aarl,  VI  final  de  la  racine  a  existé  une  fois, 
et  que  son  absence  n'est  due  qu'à  une  perturbation  dont  nous  ne 
pouvons  encore  nous  rendre  compte.  Peut-être  la  ressemblance 
de  ^piparïti,  ^caJiarïti,  avec  les  intensifs  est-elle  ce  qui  a  déter- 
miné la  modification. 

Un  autre  fait  qui  ne  doit  point  induire  en  erreur,  c'est  l'ap- 
parition fréquente  de  Vi  en  dehors  de  son  domaine  primitif.  Le 
nombre  considérable  des  racines  iidattâs,  l'oubli  de  la  signification 
de  ri,  expliquent  amplement  cette  extension  hystérogène.  D'ail- 
leurs elle  est  le  plus  souvent  toute  sporadique.  La  propagation 
systématique  de  Vi  ne  se  constate,  entre  les  formations  impor- 
tantes, que  pour  le  futur  en  -sya,  qui  a  étendu  cette  voyelle  à 
toutes  les  racines  en  -ar,  et  de  plus  aux  racines  Jtan  ci  yam.  De- 
vant les  suffixes  -tar,  -tu  et  -tavya,  —  les  trois  formations  obéis- 
sent à  cet  égard  aux  mêmes  règles  (Benfey  Vollst.  gramm.  §  917) 
—  ri,  sauf  des  cas  isolés,  est  en  général  primitif.^  L'usage  de 
l'aoriste  en  i-sam,  malgré  des  empiétements  partiels  considé- 
rables, coïncide  dans  les  lignes  principales  avec  celui  de  l'infini- 
tiv  en  i-tum  (Benfey  §  855  seq.).    Parmi  les  exemples  védiques 


1.  11  y  a  une  exce2)tion,  c'est  svupiti  svâptum. 

2.  Parmi  les  cas  inegulicrs  on  remarque  les  formes  védiques  srâvitavc, 
srdoitavai,yûmUavui.  Inversement  tari-tum  est  accompagné  de  tar-tuin  2>u- 
vitdr  de  potdr.    La  liste  de  ces  variations  ne  serait  jamais  iinie. 


IjCs  imitations  du  ^n-oupo  soumtc  -(-  ''.  217 

(Dt'lbriick  17!)  «<■<].)  on  cii  trouve  jtuii  ((iii  iir  vi(.'jiii(.'iit  j»iis  d'inn' 
racine  en  i\ 

Une  statistique  spéciale  que  nous  ne  nous  sentons  pas  en  état 
d'entreprendre  pourrait  seule  déterminer  au  juste,  dans  quelle 
mesure  la  théorie  proposée  nécessite  d'admettre  l'extension  et 
aussi  la  disparition  de  l'I. 

La  conservation  de  1'^'  dans  les  mots-racines  mérite  d'être 
notée:  vdni  et  sdni  donnent  les  composés  vrs/i-vâni-s,  îqiamâti- 
vàni-s,  vasu-vâni-s ;  Ur(ja-sani-s,  (jo-sâni-s,  pifu-sâm-s,  vaga-snni-s:, 
lirdam-sâni-s.  Ces  formes  -verni-  et  -sani-,  évidemment  très-usuelles, 
ne  sont  pas  de  véritables  thèmes  en  -i:  l'accent,  les  racines  dont 
elles  dérivent,  enfin  le  fait  cju'on  évite  visiblement  de  former  les 
cas  à  diph^iiongue  —  le  Rig-Véda,  sauf  urgamne  (voc),  n'offre 
jamais  que  le  nominatif  et  l'accusatif  sin^^.  — ,  tout  y  fait  recon- 
naître le  type  vrtra-Jiàn.  Le  génitif  de  -sani  n'a  pu  être  primitive- 
ment que  -san-as  =  -s)jn-as  (cf.  plus  bas). 

Devant  les  suffixes  commençant  par  une  voyelle,  qu'obser- 
ve-t-on?  Les  racines  mardi,  pavi,  tan,  gant,  donnent  mrd'tl,  imvate, 
tàr'aii,  gân'as.  On  pouvait  le  prévoir:  le  cas  est  le  même  que 
pour  somapc  =  soniajy^-c,  datif  de  soma-pa  (p.  203),  et  la  voy- 
elle élidéo  dans  pava-  n'est  autre,  comme  on  a  vu,  que  celle  qui 
a  dû  subir  le  même  sort  dans  la  3°  pers.  pi.  piin'atc  =  piuC-yté 
(p.  30). 

Si  maintenant  nous  prenons  pour  objet  spécial  de  notre 
étude  le  groupe  sonanfe  -{-  '',  il  ressort  premièrement  de  ce  qui 
précède  cette  règle-ci: 

Le  groupe  sonante  -j-  -^  prcccdc  d'une  voyelle  rejette  ^  s'il  est 
suivi  d'une  seconde  voyelle  et  demeure  tel  quel  devant  les  consonnes. 

Nous  passons  à  la  démonstration  de  la  règle  complémeji- 
taire,  qui  forme  le  sujet  proprement  dit  du  présent  paragraphe: 

1.  La  forme  agràbMhna  offre  un  intérêt  particulier.  Dans  son  l  long, 
évidemment  le  même  que  celui  de  grâblfi-tar ,  grbhï-tâ,  est  écrite  toute 
l'histoire  du  soi-disant  aoriste  en  -isam.  L'existence  distincte  de  cet  aoriste 
à  côté  de  l'aoriste  en  -s  repose  principalement  sur  l'innovation  qui  a  fait 
diverger  les  deux  paradigmes  en  transformant  la  -2®  et  la  3^  personne  du 
dernier,  dgais,  (véd.)  en  (}gai><ls  et  âgais'it.  Ajoutons  que  cette  innovation, 
comme  le  suppose  M.  Brugman  Stud.  IX  312,  venait  elle-même,  par  ana- 
logie, de  l'aoriste  en  -i'sam^  où  -ïs  et  -U  étaient  nés  de  -ts-s  et  -ts-t. 


248  Proportion  très-exacte  entre  2iutà  :  pûvitum  et  nmsitd  :  môsitmn. 

Le  groupe  sonante  -f~  ^7  précédé  tVime  consonne  ou  placé  au 
commencement  du  mot,  se  change  en  sonante  longue,  quel  que  soit  le 
phonème  qui  suit. 

Ici  jîlus  qu'ailleurs  il  est  indispensable  de  ne  pas  perdre  de 
vue  le  principe  que  nous  nous  sommes  efforcé  d'illustrer  dans  les 
chapitres  précédents.  A  part  certains  cas  spéciaux,  du  reste  dou- 
teux, tout  affaiblissement  proethnique,  toute  dégradation,  toute 
alternance  de  formes  fortes  et  faibles  consiste  invariablement, 
quelle  que  soit  l'apparence  qu'elle  revête,  dans  l'expulsion  d'«j. 
C'est  ce  principe  qui  exigeait  que  nous  prissions  pour  unité  mor- 
phologique non  la  syllabe,  mais  le  groupe  ou  la  cellule  dépendant 
d'im  même  a^  (p.  186).  Quand  il  y  a  déplacement  d'accent,  le  ton 
passe  non  d'une  syllabe  à  l'autre,  mais  d'une  cellule  à  l'autre, 
plus  exactement  d'un  a^  à  l'autre.  L'a^  est  le  procureur  et  le  mo- 
dérateur de  toute  la  circonscrijîtion  dont  il  forme  le  centre. 
Celle-ci  apparaît  comme  le  cadre  immuable  des  phénomènes;  ils 
n'ont  de  prise  que  sur  a^. 

D'après  la  définition,  ce  qui  est  cellule  ptrédcsincniicUe  dans 
une  forme  comme  l'ind.  roditi,  c'est  rodi;  dans  bodliati  au  con- 
traire ce  serait  a.  Aussi  le  pluriel  de  rôdi-ti  est-il  nécessairement 
rudi-mâs,  parce  que  rodi-  tombe  sous  le  coup  des  lois  II  et  111 
(p.  188).  11  en  est  de  même  dans  la  formation  des  mots.  Ainsi 
grâbhï-tar,  sJîâmhhi-tum ,  mosi-tum,  thèmes  à  racine  normale,  sont 
accompagnés  de  grhhl-tà,  slahhi-td  (=  * slîmhhitû),  musi-tâ.  Quel 
son  a  été  sacrifié  dans  le  type  réduit?  Est-ce  la  voyelle  faible  "* 
qui  précède  immédiatement  la  syllabe  accentuée?  Nullement,  c'est 
forcément  l'a  plein,  placé  deux  syllabes  avant  le  ton. 

Cela  posé,  lorsqu'à  côté  de  pavi-târ  nous  trouverons  pû-td,  le 
phénomène  ne  peut  pas  se  concevoir  de  deux  manières  différentes: 
pu-  ne  sera  pas  «une  contraction»,  «une  forme  condensé^»  de 
pavi-.  l^ow:  pûtci  sera  égal  à  pavitéi  moins  a\  Vu  (\q  putii  contient 
le  -vi-  àa  pavi-,  rien  de  moins,  rien  de  plus. 

Thèmes  en  -t(t,  -ti,  etc. 

1.  Série  de  Vu.  avi-târ:  (indra-ûtâ),  û-ti;  dhavi-tum:  dliu-tâ, 
dhu-ti;  pâvi-tum:  j)/<-/ff;  savi-târ:  sii-tii;  hâvi-tave:  hii-td,  dcvd- 
Jiii-ti. 

Comparez:  cyô-tum:  cyu-lâ,  -vyu4i;  ^\6-t\xva: pla-tii, plu-ti; 


piitâ-piivitum,  inirtd-juïritnm,  //((tiiijirnitnui,  rantn  rAmilum.      24!' 

çrô-tum:  rrn-tà,  rrii-ll;  s6-tum  (i^resser):  sn-h'i .  sôinnsii-li;  srô- 
tum:  sni-tâ,  sni-ti;  ho-tum:  hu-tâ,  a-hu-ti^. 

2.  Série  de  IV.  câri-tum:  cîr-tvà^,  cUr-ti;  gari-tar:  f/ur-tâ, 
(jur-tî;  târî-tum:  tïr-tJia ,  a-ttir-ta,  su-p)'d-tiir-ti;  pàri-tum:  p<r-/â, 
pur-li;  çâri-tos:  rUr-tâ  (Grassmaim  s.  v.  çur). 

Comparez:  dhâr-tum:  dhx-tà,dhr-ti;  bhâr-tum:  hJit^-tâ,  hhr-ti; 
sâT-tnm :  sr-tâ, sr-tl;  BvakT-tuvn.:  smr-tn,  smr-tl;  hâr-tum:  hr-tà,  etc. 

?).  Série  de  Vu.  khâni-tum:  kha-fà,  khà-ti;  gâni-tum:  gu-tà, 
gd-tl;  vâni-tar:  va-tâ;  sâni-tum:  sd-tà,  sa-tP. 

Comparez:  tân-tum:  fa- in;  mân-tum:  ma-td;  hân-tum: 
ha-tâ,  -ha-ti. 

4.  Série  de  Vm.  dami-târ:  ddn-td;  bhrâmi-tum  :  hhrdn-tâ, 
hhràn-ti;  vâmi-tum:  î;«w-f«;  çâmi-tum:  fâw-#a,  f«n-if/;  çrâmi-tum: 
rrdn-tà,  etc. 

Comparez:  gân-tum:  (ja-tn.  (jô-ti;  nân-tum:  na-tà,  a-na-ti; 
yân-tTim:  ya-tâ,  yâ-ti;  rân-tum:  ra-tâ,  rû-ti. 

Avant  de  passer  à  d'autres  formations,  arrêtons-nous  pour 
fixer  les  données  qu'on  peut  recueillir  de  ce  qui  précède. 

1.  Série  de  \'n.  Les  modifications  secondaires  étant  nulles, 
cette  série  doit  servir  de  point  de  départ  et  de  norme  pour  l'étude 
des  séries  suivantes.  Nous  constatons  que  '^jiiivHa,  ou  '^iniHa,  qui 
est  à  pa^w'^  ce  que  plnta  est  à  pla^n,  s'est  transformé  eu  imta. 

2.  Série  de  l'r.  Il  devient  évident  que  ir  et  ûr  ne  sont  que 
l'expression  indienne  d'un  ancien  r-voyelle  long'*.    Dans  les  cas 

1.  Les  racines  des  participes  ruta  et  shdd  ont  des  formes  très- entre- 
mêlées, dont  plusieurs  prennent  l'I,  probablement  par  contagion  analo- 
gique.   Sur  yuta  v.  plus  bas. 

2.  Cette  forme  se  rencontre  Maliâbh.  XIII  495,  d'après  l'indication  de 
M.  J.  Schmidt  (Voc.  II  214). 

3.  La  forme  sâniti  est  évidemment  une  création  nouvelle  imitée  des 
formes  fortes;  san  admettrait  aussi,  à  ce  qu'il  paraît,  sati  pour  stdi;  in- 
versement on  indique  tZdi  de  tan,  Benfej'  VoUst.  Gramm.  p.  161  seq. 

4.  Ici  par  conséquent  la  formule  de  la  grammaire  hindoue  se  trouve 
être  juste,  abstraction  faite  de  l'erreur  fondamentale  qui  consiste  à  partir 
des  formes  faibles  des  racines  comme  de  leur  état  normal.  II  est  aussi  vrai 
et  aussi  faux  de  poser  gl--  comme  racine  de  gûr-td  que  de  dire  que  j)m  est 
la  racine  de  pïi-td.  Le  lien  nécessaire  des  formes  fortes  en  i  avec  les  pho- 
nèmes u  et  ïr,  ur,  est  constaté  dans  cette  règle:  <■  les  racines  en  h  et  en  7 
prennent  Vi  de  liaison». 


250         tr,  tir  =  r;  a  et  am  venant  de  uasales  souautcs  longues. 

OÙ  il  existe  encore,  comme  inihi  et  mJvhifl  pour  *7)irMâti^,  ce 
phonème  ne  s'est  formé  que  très-tard  par  le  procès  dit  allonge- 
ment compensatif.  —  Nous  ajoutons  tout  de  suite  que  ir  et  \\v  ne 
sont  en  aucune  façon  des  allongements  secondaires  de  ir  et  ur.  Par- 
tout où  il  existait  un  véritable  r  (c'est-à-dire  devant  les  con- 
sonnes), nous  trouvons  tout  naturellement  Ir,  ur,  et  c'est  seule- 
ment quand  r  sétait  dédoublé  en  rr  (c'est-à-dire  devant  les 
voyelles),  qu'on  voit  apparaître  tr,  ur: 

ïr,  ur  :  ïr,  ûr  =  il  :  iiv. 
C'est  ce  qui  explique  le  fém.  tirvi  de  î(rd  (rac.  ivar)  eu  regard  de 
pûrvi  ==  '^pfîvï  de 2niru'^. 

La  raison  qui,  dans  chaque  cas,  détermine  la  teinte  i  ou  la 
teinte  îi  est  la  plupart  du  temps  cachée.  Voy.  sur  ce  sujet  Joli. 
Schmidt  Voc.  II  233  seq. 

Parfois  le  groupe  Ur  cache  un  w  qui  s'est  fondu  dans  Vu: 
ainsi  ur?.ia  pour  *ivurnâ  =  si.  vlûna.  L'existence  du  r  long  n'en 
est  pas  moins  reconnaissable:  r  bref  eût  donné  «vpjtci»,  ou  tout 
au  moins  «urt.ia».  Il  serait  à  examiner  pourc^uoi  dans  certains 
exemples  comme  hotr-vûrya,  v  persiste  devant  ïir. 

Peut-être  le  groupe  ul  -\-  consonne  est-il  quelquefois  l'équi- 
valent^ dans  sa  série,  des  grouj)es  Ir  et  ur  -{-  consonne;  td  pour- 
rait aussi  être  une  modification  du  /  bref  déterminée,  dans  pJmllâ 
par  exemple,  par  une  durative  qui  suit  la  liquide. 

3.  Séries  de  Vn  et  de  Yni.  L'entier  parallélisme  de  l'a  de  gald 
avec  ï,  U  et  îr  ==  r,  parle  assez  haut  pour  qu'on  ne  puisse  sans 
invraisemblance  donner  à  cet  a  aucune  autre  valeur  préhistorique 
que  celle  d'une  nasale  sonante  longue.  Et  cei)endant  la  muta- 
tion de  n'^  en  n  n'est  pas  peut-être  sans  offrir  quelque  difficulté. 
Je  comj)rends  celle  de  r^  en  r:  c'est,  à  l'origine,  une  prolonga- 
tion de  Yr  durant  l'émission  du  -'.  Pareil  jdiénomène  semble  im- 
possible quand  c'est  une  nasale  qui  précède  -',  l'occlusion  de  la 
cavité  buccale,  et  par  conséquent  la  nasale,  cessant  nécessaire- 

1.  M.  Benfey  a  montré  que  le  verbe  rnrjâti,  dans  les  Védas,  a  un  r 
long,  et  M.  Hûbscbmann  en  a  donné  Texplication  jiar  la  comparaison  du 
zd.  vinrezhd. 

■2.  Nous  admettons  que  dans  i<(i(jm-hhis  de  sayns,  u^lrdâ  de  a<;is,  la 
longue  est  due  à  un  effet  d'analogie  dont  le  point  de  départ  était  l'ourni 
par  les  nominatifs  du  singulier  sikjuIi,  uçih,  cf.  i?i*/',  (jih,  de  jnir,  (/ir. 


l'nlsi'iita  i;n  -lojâ-ti.  251 

meut  au  moment  où  le  son  "*  commence.  JJe  l'ait  jkjus  av(ni.s  vu, 
à  côté  du  gén.  matnr  =  *matr'^s,  le  groupe  n^  subsister  dans 
nlsmis.  Le  témoignage  des  langues  congénères  n'est  pas  décisif, 
car  la  voyelle  qui  suit  Vu  dans  lat.  tmat-,  v.  li*-all.  amuî  =  skr. 
dtt,  ainsi  que  dans  jdnih'iccSj  skr.  yatâr  (sur  ces  mots  cf.  plus  bas), 
pourrait  être  émanée  de  la  luisale  sonante  longue,  et  n'avoir  rien 
de  commun  avec  le  -'  proetlinique  qui  détermine  cette  derjiière. 
Il  est  concevable  aussi,  et  c'est  la  solution  qui  nous  paraît  le  plus 
plausible,  que  n^  se  soit  changé  en  w^:  il  s'agirait  donc,  exacte- 
ment, d'une  nasale  sonante  longue  suivie  cTune  voyelle  très-faihle. 

Nous  ne  faisons  pas  d'hypothèse  sur  la  suite  de  phénomènes 
qui  a  transformé  un  tel  groupe  en  a  long.  Lïdée  qu'mie  voyelle 
nasale  aurait  formé  la  transition  est  ce  qui  se  présente  le  plus 
naturellement  à  l'esprit,  mais  je  ne  sais  si  la  série  de  l'm,  où  c'est 
évidemment  Um  (âdrifâ  =  *d(imtà)  qui  fait  pendant  à  Vu,  est  de 
nature  à  confirmer  une  telle  supposition. 

Remarque  concernant  certaines  formes  de  la  0®  classe. 

Le  fait  que  le  groupe  n  -\-  -"i  doit  dans  des  cas  donnés  apparaître  en 
sanskrit  sous  la  forme  d'un  «  long  intéresse  directement  la  flexion  de  la 
9"  classe,  où  ce  groupe  règne  à  travers  toutes  les  formes  faibles.  Dans 
punlthâ,  prmthd,  rien  que  de  régulier:  ainsi  que  dans  (janitdr,  «•'  se  trouve 
précédé  d'une  voyelle.  Au  contraire  yrhhtjUhd,  musnltlid,  offraient  le  groupe 
dans  les  conditions  voulues  pour  qu'il  i)roduisît  «.  De  fait,  nous  sommes 
persuadé  que  .sans  le  frein  puissant  de  l'analogie,  on  serait  arrivé  à  con- 
juguer yrhhiiâti,  '*grhhdthd.  Je  ne  sais  s'il  est  permis  d'invoquer  le  zd. 
fri)jài)iiiahi  =  prïiûmdsi  ;  en  tous  cas  le  sanskrit  lui-même  fournit  ici  des 
arguments.  Le  verbe  lirrdtc  (iratum  esse)  possède  un  thème  dérivé  hrni-yd- 
dans  le  partie,  lirnl-yd-mdna.  Essayons  de  construire  la  même  formation 
sur  un  présent  du  type  grhliiici- ;  nous  obtenons,  en  observant  la  loi  phoné- 
tique, (jrhlui-yd-.  Chacun  sait  que  non-seulement  grhliûydti  existe,  mais 
encore  que  tous  les  verbes  en  -dyd  qui  ne  sont  point  dénomiuatifs,  mon- 
trent le  rapport  le  plus  étroit  avec  la  9"  classe  ^  M.  Delbriick  a  cherché  à 
expliquer  cette  parenté  en  conjecturant  des  formes  premières  telles  que 


1.  Si  l'on  admet  l'existence  d'un  y  de  liaison,  les  verbes  comme  lirul- 
y  d-te  et  grhhd-y-d-ti  peuvent  se  comparer  directement  aux  dérivés  de  la 
7®  classe  tels  que  trmhd-ti  (p.  2.34): 

,      _       ,       hrnû,  A-  ■  ,    .        trnâ.h-. 

nr/n-y-a:        °\  =  trmh-a-:       "  '  .      , 

°      ^        rac.  hajVA  "  ■  rac.  tajrh. 


252  Les  sonantes  u,  r,  n,  m,  daus  diftercntes  forum  lions. 

* grhlmnyd- ,  mais  an  ne  se  change  jamais  en  ci,  et  le  thème  de  grhhnuti 
n'est  point  (jrhhan  \ 

Comme  on  le  suppose  d'après  ce  qui  précède,  -âyà-  devra  toujours  être 
précédé  d'une  consonne  et  jamais  d'une  sonante,  mais  m  fait  exception,  on 
a  p.  ex.  damâyâti.  Cela  tient  apparemment  à  la  nature  du  groupe  -?>m- 
qui  se  prononce  en  réalité  comme  -mmn-.  En  conséquence  *dm{m)n^yâ- 
devint  damâyd-  et  non  <(damniyd-y>. 

Thèmes  en  -na. 

Série  de  Vu.  dhavi:  dliû-nâ;  lavi:  lû-nâ. 
vSérie  de  Yr.    karï:  Idr-iiâ;  gari :  gïr-uà;  cari:  ctr-uà;  gari: 
g'ir-nà;  tari:  Ur-iiâ;  pari:  pur-nâ;  mari:  mur-uà;  çarî:  rïr-vâ. 

Thèmes  verbaux  en  -ya. 

On  peut  réunir  la  4"  classe  et  le  passif.  Ces  formations 
diffèrent  pour  l'accentuation,  mais  non  jjour  le  vocalisme. 

Les  séries  de  Vi  et  de  Vu  n'offrent  rien  d'intéressant,  car  on 
constate  un  allongement  général  de  ces  voyelles  devant  y.  Ainsi 
ge,  çro,  donnent  giyàte,  çrUyâte  pour  *'giyâte,  *rruydte. 

Série  de  Vr:  gari:  gir-yafi;  karï  (verser):  lâr-yàtc;  gari  (dé- 
vorer): ^7r-î/«fe;  -pauTl'. pûr-yatc ;  çarî:  rJr-ycHc,  etc. 

Comparez:  kar:  h'-iyàte;  dhar:  dhr-iyâte;  bhar:  Wir-iyâte; 
mar:  mr-iyâte^. 

Môme  divergence  des  racines  en  -ari  et  des  racines  en  -ar 
devant  le  -ya  de  l'optatif  et  du  précatif:  Jiïr-yët,  tïr-yUt,  pupur-yas 
etc.;  cf.  Ir-iyâma,  sr-iyât,  hriyât  etc. 

1.  M.  Kuhn  a  mis  en  parallèle  avec  les  verbes  en  -âydti  le  présent 
stahJiûydti  qui  accompagne  stabhnôti  de  même,  en  apparence,  que  stahhdydti 
accompagne  stabhnâti.  Cette  remarque  est  certes  bien  digne  d'attention; 
cependant  nous  avons  cru  devoir  passer  outre,  vu  l'impossibilité  absolue 
qu'il  y  aurait  à  exiiliqucr  stahJiayd-  par  stahhï  -|-  yd. 

2.  Apparemment  Icriydte  équivaut  à  kr-ydte:  r  et  i  ont  échangé  leurs 
rôles.  M.  J.  Schmidt  qui  traite  de  ces  formes  Vocal.  II  244  seq.  ramène 
îcriyfUe  à  *kiryatc  (pour  '*Jcaryatc)  et  ne  reconnaît  pas  de  différence  foncière 
entre  ce  type  et  çïrydte.  Tout  ce  que  nous  avons  cru  pouvoir  établir  plus 
haut  nous  défond  d'accepter  cette  opinion.  Dans  les  formes  iraniennes  que 
cite  l'auteur,  kiryëië  et  mlrycUc  (=  kriydtc,  mriydtc),  îr  n'est  prol)able- 
meut  qu'un  ère  (=  r)  coloré  par  y.  Ce  qui  correspond  en  zend  au  groui^e 
indien  ïr,  c'est  généralement  are.  Nous  regrettons  de  ne  pas  être  en  état 
d'api)récicr  les  arguments  que  M.  Schmidt  tire  des  dialectes  populaires 
de  rinde. 


Les  sonantcs  u,  r,n,  m,  duns  (liiïfhvntos  formations.  253 

Série  de  \'n.  Une  confusion  partielle  s'(!,st  «glissée  entre  les 
racines  en  -cm  et  les  racines  en  -anl:  khani,  sani,  donnent  kha- 
yàtr,  ou  lihan-yâte,  sd-yàte  ou  san-yàte;  à  son  tour  tan  fait  lan-yàte 
et  i(c-ydtc.  11  ne  saurait  régner  de  doute  sur  ce  qui  est  primitif 
dans  chaque  cas,  dès  qu'on  considère  que  gani  forme  invarial>le- 
ment  fjd-yate  et  que  man,  han,  n'admcîttent  que  mân-y(d(',lMn- 
ycUe.  Le  ^rou^jc  an,  dans  hanyàtc  etc.,  est  le  représentant  régulier 
de  n  devant  y  (p.  35).  -  A  l'optatif,  gani  fait  (jayd-yiit  ou  {yx'idn- 
;?/ar(Benfey  Vollst.  Gr.  §  801). 

Série  de  Ym:  dami:  dam-yatl;  bhrami:  hlirum-yati;  çami: 
fjim-yati;  çrami:  çràm-yati  etc. 

(comparez:  nam:  nam-yâtc;  ram:  ram-yàtc. 

Formes  faibles  des  présents  de  la  2^  et  de  la  S*'  classe. 

Série  de  Y  a:  hâvi:  liu-nmJœ,  (ji(-Jiu-masi;  bravi:  hrn-mâfiy 
h'ù-té  (3"  sg.  act.  hmvî-ti). 

Série  de  IV;  gari  «  louer  >>:  (jûr-ta  (3*^  sg.  moy.);  parï:  plpur- 
mâs,  pijMr-thd  etc.;  véd.  jmr-dJii.  La  forme  védique  pipr-tàm  pour- 
rait, vu  le  gr.  Tti^nlà-,  être  sortie  d'une  racine  plus  courte  qui 
expliquerait  du  même  coup  le  thème  îori pipar-^. 

Série  de  l'n:  gani:  (jagâ-thu,  gagd-fâs.  Il  n'est  pas  facile, 
faute  d'exemples  décisifs,  de  dire  si  >1,  placé  devant  «(^  et  >u  devient 
H  comme  devant  les  consoniies  ou  an  comme  devant  les  voyelles. 
Le  traitement  qu'il  subit  devant  y  ])arlerait  pour  la  première 
alternative,  et  dans  ce  cas  gaganvâs^  gaganniâs  devront  passer 
pour  des  métaplasmes. 

Nous  avons  obtenu  cette  proportion: 

qaqâ-tliâs  :  âaqâni-si  ]  ^  „  .        ,,.  >. 

7    _  ,7  ,      7    /-  ,.  =  rudi-tluis  :  rodi-m. 

brii-t/ias  :  oravi-si       ) 

Formes  faibles  de  l'aoriste  sigmatique. 

Le  lîig-Véda  offre  l'aor.  du  moyen  a-dhûs-ata  (S**  p.  pi.),  de 
la  racine  dliavL  Cette  forme  passe  pour  un  «aoriste  en  -s-amy>'^  en 

1.  L'hypothèse  de  M.  Knhn  qui  fait  de  îrtc  le  moyen  deVyarft  paraît 
si  vraisemblable  qu'on  ose  à  peine  la  mettre  en  question.  Et  cependant, 
si  l'on  compare  irmâ  «rapide»,  irya  «violent»  et  le  gr.  dç-  (oçco:  ir'sva  = 
KÔçarj:  çirm)  ce  présent  fait  tout  l'effet  d'être  à  ari  ce  que  pûrdhi  est  à 
iniri.  L'accent  aurait  subi  un  recul. 


254  Les  sonantes  u,  /•,  n,  m,  dans  différentes  formations. 

revanche  a-dhàvis-am  est  classé  dans  les  «: aoristes  en  -is-am». 
Nous  avons  vu  que  ces  deux  formations  n'en  forment  qu'une  dans 
le  principe,  et  qu'en  général  la  différence  apparente  réside  uni- 
quement dans  le  phonème  final  des  racines  (p.  246  seq.  247  i.  n.). 
Ici  elle  a  une  autre  cause:  c'est  bien  la  même  racine  qui  donne 
clhâvis-  et  dhus-,  seulement  dliUs-  contient  1'^"  de  dhavis-  à  l'état 
latent;  l'un  est  la  forme  faible  de  l'autre. 

Voilà  qui  explique  une  règle  que  consigne  le  §  355  de  la 
grammaire  sauskrite  de  Bopp:  au  parasmaipadam,  les  racines  en 
r  suivent  la  formation  eu  -is-am;  à  l'âtmanepadam  elles  admet- 
tent aussi  la  formation  en  -sam  et  changent  alors  r  en  ïr,  ur.  La 
chose  est  transparente:  on  a  conjugué  d'abord  â-stdris-am,  à-stlr's-i, 
comme  â-lcsaips-am,  à-lisips-i  (cf.  p.  191);  le  moyen  â-starVs-i  n'est 
qu'une  imitation  analogique  de  l'actif. 

Thèmes  nominaux  du  type  âvih. 

Nous  n'envisageons  ici  que  les  formes  où  la  désinence 
commence  par  une  consonne,  représentées  par  le  nominatif  du 
singulier. 

Série  de  \'u:  pavi:  ghrta-pu-s;  havï:  deva-hu-s. 

Série  de  \'r:  gari «louer»:  gïri^-s)]  gari  «vieillir»:  amâ-gur(js)'^ 
tari:pra-^Hr(-s);  pari  :  j)f(r(-6')  ;  marî:  a-)mir(-s)j  starï:  iqM-stîrijs). 
—  Dans  le  premier  membre  d'un  com-posé  :  2)Ur-h]nd  etc. 

Série  de  Vn:  khani:  hisa-Jchâ-s;  gani:  rte-yà-s;  ^smU  go-sà-s. 

Série  de  Ym:  ça,vcii:  pra-{àn(-s\  instr.  -\^\. prd-ram-hhls. 

Reuiarque  sur  quelques  désidératifs. 
On  ne  doit  point  être   surpris  de  trouver  gilnvltati  de  li(i)\  huhlâwsali 
de  hhar  etc.,  puisque  l'on  a  aussi  (ji(fisati,  çttçnxsati  etc.  de  racines  nnu- 
(luttas  comme  ge  et  crû. 


Avant  d'entamer  la  seconde  partie  de  ce  sujet,  il  est  bon  de 
se  mettre  en  garde  contre  une  idée  très-naturelle  et  plus  vrai- 
semblable en  apparence  que  la  tliéorio  proposée  ci-dessus.  Elle 
consisterait  à  dire:  an  lieu  d'admettre  que  û,  r  etc.,  dans  luria, 
'''pria  etc.,  sont  des  modifications  de  u  -\-  ^,  r  -{-  ^,  pourquoi  ne 
pas  poser  des  racines  telles  que  la^Ti,  pa^r'i  Los  formes  fortes 
skv.  lar't-,  pan-,  vu  pciivcnj  juri  bien  dc-rivcr,  et  r('X|ilic;it  ion  des 


Les  sonantes  t,  m,  »•,  n,  w,  ne  poiiveiit  t'tio  primoidialfH.         20;") 

formes  faibles  serait  simjilifiée.    C'est  h  (|ii<)i  nous  ()|)|)osons  les 
remarques  suivantes: 

1.  L'hypothèse  u  lacjuclle  il  vi(!iit  d'être  fait  alliisi(»ii  <'st  in- 
admissible: 

a)  Su])pos()ns  ])Our  un  instant  (jue  les  racines  de  lavilâr  iiaiâ 
et  i[c  parllâr  purta  soient  réellement  laii,  par.  Quel  avantage  en 
résulte?  Aucun,  car  on  ne  saurait  sans  pousser  Finvraisemblance 
au  dernier  degré,  prétendre  que  l'I  de  grâlMtar  et  de  mdsihim  n'a 
pas  existé  après  les  sonantes  comme  ailleurs  an  moins  dans  tin 
nonihrc  limita  de  cas.  Or  foutes  les  racines  finissant  par  sonante  -j-  ^ 
donnent  sonante  longue  dans  les  formes  faibles.  On  en  revicmhait 
donc  à  reconnaître  pour  un  nombre  d'exemples  grand  ou  })etit  la 
règle  qu'on  aurait  voulu  supprimer,  et  au  lieu  de  simi^litier  on 
aurait  compliqué. 

h)  En  partant  des  racines  lau,  par  etc.,  on  renonce  à  expli- 
quer la  9"  classe  comme  un  cas  ]iarticulier  de  la  septième.  Dès 
lors  on  ne  comprend  ni  la  prédilection  des  racines  «à  sonante 
longue»,  ni  l'aversion  des  racines  «à  sonante  brève»  pour  le  pré- 
sent en  -nâ. 

c)  Accordons,  s'il  le  faut,  qu'il  n'y  a  aucun  lien  nécessaire 
entre  la  sonante  longue  et  le  présent  en -««;  assimilons  la  syllabe 
-nâ  aux  suffixes  tels  que  -ya  ou  -slia.  Comment  expliquera- t-on, 
au  moyen  de  racines  laU,  par,  les  présents  lunati  et  j^lwti?  Com- 
ment, en  règle  générale,  est-il  concevable  que  lafl  puisse  donner 
lu  et  qae  par  puisse  donner  ^)>^?  —  Ce  point  ne  réfute  pas  seule- 
ment l'hypothèse  de  racines  à  sonante  longue,  c'est  en  même 
temps  celui  sur  lequel  nous  croyons  pouvoir  ancrer  en  toute  con- 
fiance la  théorie  de  la  O*"  classe  et  partant  la  théorie  des  racines 
comme  laiVA,  parA.  Car  ceci  est  évident  a  priori:  toute  théorie 
fondée  sur  l'idée  que  -nd  est  un  simple  suffixe  se  trouvera  dans 
l'impossibilité  d'expliquer  la  difTérence  typique  et  radicale  du  vo- 
calisme de  la  formation  Innàti,  prnàti ,  et  de  la  formation  lUnâ, 
pUruâ. 

2.  L'autre  hypothèse,  bien  loin  d'oftrir  des  difficultés,  est 
dictée  par  l'observation  des  cas  analogues: 

Dans  les  racines  qui  présentent  successivement  sonante  -f-  Wj 
-|-  A,  par  exemple  (jija,  vu,  çrd,  nous  sommes  bien  sûrs  que  a  fait 
partie  intégrante  de  la  racine.   Si  donc  notre  hypothèse  est  juste 


256        Les  sonantes  i,  u,  r,  n,  m,  ue  peuvent  être  priraoïdiales. 

et  si  Vsl-nâ,  lu-nd,  pûr-nà  etc.  viemient  de  racines  toutes  pareilles 
kgyciyA,  où  il  n'y  a  de  cliangé  que  la  place  de  Ta^,  il  faudra  que 
les  deux  types  radicaux  se  rencontrent  dans  les  formes  où  a^ 
tombe.  C'est  ce  qui  a  lieu. 
Série  de  l'i; 

gya  (g^V^i^)  «vieillir»:  gyU-syàti,  gl-nà. 
gyâ  (fliyciiA  ^)  «triompher  de»:  gya-yas,  gx-tà. 
pyâ  «  s'engraisser»  :  pyà-yati,  pi-nà. 
çyâ  «faire  congeler»:  ryà-yati,  çi-nd  et  çi-tâ. 
La  série  de  Vu  offre  û-ti  «tissu»  de  va,  vasyati. 
Série  de  Vr: 

krîl  «blesser,  tuer»  dans  hrà-tlia,  d'où  krathayatr-^  forme 

faible:  Mï-i/i. 
çrà  «cuire,  mélanger»:  prés,  çra-ti,  çrâ-tum,  rlv-tâ,  a-çir^. 
La  série  de  Vn  offre  gmciti  de  gnâ:  c'est  là  une  formation 
qui  permet  de  rétablir  *gdtd  =  *éntâ  (cf.  gatàvedasl:)  comme 
participe  perdu  de  gnâ.  Le  présent  gànâti  ne  saurait  être  absolu- 
ment primitif.  La  forme  organique  serait  gànâti  pour  hmciH:  cf. 
ginâtl  de  gya.  L'introduction  secondaire  de  Vn  long  est  compa- 
rable à  celle  de  Vï  long  dans  pr'màti  (p.  243). 

Ces  exemples  forment  la  minorité:  la  plupart  des  racines  sanskritis 
qui  finissent  par  -râ,  -?«,  -wâ,  -ma,  apparaissent  dépourvues  de  formes 
faibles*:  trâtd,  prUnci,  gland,  mlïitâ,  gi'uitd,  mndtd,  snûtd,  dhmutd  etc. 

1.  Cette  dernière  racine,  comme  Ta  montré  M.  Ilûbschmann,  se  re- 
trouve dans  le  zd.  zinût  et  l'anc.  perse  adinû  (skr.  aginut):  elle  a  donc  ^i 
et  n'est  apparentée  ni  au  gr.  ^t'a  ni  au  skr.  gdyati,  giguya. 

2.  Jcrathana  est  apparemment  une  formation  savante  tirée  de  la  soi- 
disant  racine  l'rath. 

3.  Cf.  aussi  inir-va  en  regard  de  prâ-tdr. 

4.  M.  J.  Scbmidt  qui,  dans  un  article  du  Journal  de  Kubn,  a  attiré 
l'attention  sur  cette  particularité  en  présente  une  explication  purement 
l)bonétiquc,  fondée  essentiellement  sur  la  supposition  d'une  métatbèse. 
Mais  notre  principe  mi'me  nous  empôcbe  de  discuter  son  ingénieuse  théo- 
rie, car  ell(,'  répond  en  définitive  à  la  question  que  voici:  pourr^uoi  est-ce 
qu'en  sanskrit  dhmfi  ne  fait  point  *dhmiti'i  quand  stbâ  fait  sthiti'i?  Si  l'on 
admet  ce  que  nous  avons  cru  pouvoir  établir  plus  haut,  cette  question 
cesse  d'en  être  une,  et  l'on  ne  peut  jdIus  demander  que  ceci:  pourquoi  dhmâ 
ne  fait-il  jias  dbântâ  quand  sthfi  fait  sthitâ?  —  En  outre  rby|)otlièse 
*(lhamlâ,  *(lliainat((  (comme  primitif  de  dhviatd)  est  incompatible  avec  la 
loi  d'exi)ulKion  proethnique  de  1'^/.  La  métatbèse,  si  elle  cxist*'  en  sanskrit, 
ne  paraît  admissible  que  pour  un  nombre  d'exemples  insigiiiiiuiit. 


Leur  origine  secoiulairo  est  confirmée.  257 

La  raison  n'en  est  pas  difficile  à  trouver.  Entre  iialum  et  *tirtd,  entre 
ijndtum  et  *gutâ,  dhmutuni  et  *dhanl(i,  la  disparate  était  excessive,  et 
Tunification  inévitable.  Ne  voyons-nous  pas  le  même  phénomène  en  train 
de  s'accomplir  sur  les  racines  en  -ya,  où  ç/ina,  çUa,  inna,  sont  accom- 
pagnés de  çyâna,  çyâta,  pyïina,  et  où  *lclnta  de  Ichyû  a  déjà  fait  place  à 
Ichyatul 

A  ces  exemples  empruntés  à  des  syllabes  radicales  s'ajoute 
le  cas  remarquablement  limpide  de  \'i  de  l'optatif  formé  égale- 
ment de  /  -|-  "'  (p.  1  !)  1  seq. j. 

Ce  qui  achève  de  marquer  l'identité  de  composition  des  ra- 
cines qui  ont  produit  pUtà,  prirnà  etc.,  avec  les  types  gya^A,  lîva^A, 
ce  sont  les  présents  ginâti,  zd.  zinâl  de  ^ji/â;  g'mâti,  zd.  ginâitl 
(gloss.)  fle  g.^yâ;  hrnati  de  hrci  «blesser»;  '''ganati  (v.  ci-dessus)  de 
gua.  On  retrouve  là  ces  présents  de  la  9*^  classe,  qui  constituent 
un  caractère  si  remarquable  de  notre  groupe  de  racines.  11  n'est 
pas  besoin  d'en  faire  encore  une  fois  l'anatomie: 

Type  À:    x&,c.  gija^-A:  gi-nà^-A-ti;   *gi-^-tâ  (ffl-ta). 

Type  B:    rdiO,.  pa^w-"^:  pu-nâ^-A-ti;  *pu-Mà  {pu-tà). 

(Type  A:  rac.  çra^-u:  çr-ndy-ii-ti;  çr-ti-tâ.) 

(Type  B:  vâc. iJa^r-Jc :  pr-nây-li-ti;  pr-Jc-tâ.) 


Nous  avons  vu  (p.  247)  la  règle  en  vertu  de  laquelle  la  ra- 
cine ta^r-^  élidera  le  phonème  final  dans  un  thème  comme  farafi. 
Les  conditions  sont  tout  autres  s'il  s'agit  d'une  formation  telle 
que  celle  de  la  6*'  classe:  ici  Va^  radical  tombe,  et  l'on  obtient  le 
primitif  tr^  -\-  âti.  Se  trouvant  appuyé  d'une  consonne,  Vr  ne 
laisse  point  échapper  le  son  ^:  selon  la  règle  il  se  l'assimile.  Il 
en  résulte  tf  -{-  dti,  et  enfin,  par  dédoublement  de  r,  trr-âti.  Si 
la  racine  était  tar,  la  môme  opération  eût  produit  tr-âti  (cf.  gr. 
Til-éOitai  etc.,  p.  9). 

Ce  procès  donne  naissance,  dans  les  différentes  séries,  aux 
groupes  -ig-,  -mv-,  -nn-,  -mm-,  -rr-.  Le  sanskrit  garde  les  deux 
premiers  intacts  et  change  les  trois  autres  en  -on-,  -am-,  -ir-^ 

l-^>'-)' 

1.  La  théorie  de  M.  J.  Schmidt  (Voc.  II  217)  tend  à  faire  de  ir,  nr, 
des  modifications  de  ar.    Ltiuteur  dit,  incontestablement  avec  raison,  que 

kir  dti  ne  saurait  équivaloir  à  kr  -{-  dti:  cela  eût  donné  «krdti».    Mais  la 
formule  kar  -\-  dti  sur  laquelle  se  z'abat  M.  Schmidt  se  heurte,  elle,  aif 

17 


258  Forme  scindée  des  sonautes  longues  i  u  r  n  m. 

Thèmes  verbaux  en  -d. 

Série  de  Vu.  dhavi:  dhuv-<Hi;  savi  (exciter):  snv-âti. 

Série  de  Vr.  karî  (verser):  Jcir-âti;  garî  (déYorev):  gir-âti,  gil- 
âfi;  gari  (approuver):  â-gur-âte;  tari:  tir-âfi,  tnr-ûti;  sphari  (aor. 
véd.  spharJs)  :  sphiir-âti. 

Série  de  T/?.  vani:  xéd.vmi-é)na,  van-âfi;  sani:  \éd.san-éyam, 
san-éma.  La  place  de  l'accent  ue  laisse  aucune  espèce  de  doute 
sur  la  valeur  du  groupe  -an  qui  est  pour  -rin.  C'est  une  accen- 
tuation très-remarquable^  car  d'habitude  les  a  radicaux  liystéro- 
gènes  se  sont  hâtés  de  prendre  le  ton  et  de  se  confondre  avec  les 
anciens.  Dans  nos  verbes  même,  il  est  probable  que  vânati,  sâ- 
nati  n'ont  de  la  V  classe  que  l'apparence:  ce  sont  les  égaux  de 
vanâti,  sanâti,  après  le  retrait  de  laccent. 

Série  de  \m.  On  ne  peut  décider  si  un  présent  tel  que  hhrà- 
mati  vient  de  '^hhrâ^mati  ou  de  ^'hliymmâti^. 

Parfait. 

On  trouve,  en  conformité  avec  dudlmviis,  dudlmvé  de  dhavi, 
des  formes  comme  fatiiriisas,  titirûs  de  tari,  tistire,  tistirânà  de 
stari  (Delbriick  p.  \2b\  gugurûsas  de  garî^. 

En  dehors  de  ces  cas,  on  sait  que  les  racines  «en  r»  ne  sont 
pas  traitées,  dans  les  formes  faibles  du  parfait,  de  la  même  ma- 
nière que  les  racines  «en  r».  Le  maintien  de  Y  a  y  est  facultatif 
et  pour  certains  verbes  obligatoire:  ainsi  stan  fait  tasfariva 
(Benfey  p.  375).  La  raison  de  cette  particularité  nous  échappe: 
on  attendrait  «fastïrva». 

La  série  nasale  offre  de  nombreuses  modilications  analo- 
giques. Les  formes  telles  que  gaganus  (véd.)  pour  *gagnnus  de 
gani,  vavamus  =  *vavmmî(S  de  vami  sont  les  seules  régulières. 
Elles  sont  accompagnées  de  gagnus,  vemus'"^  etc. 

principe  de  l'expulsion  des  a,  principe  qui  ne  permet  pas  d'admettre,  qu'à 
aucune  époque  l'indien  ait  possédé  des  présents  comme  «*karâti>^. 

1.  11  est  à  croire  que  hhrâmati  a  suivi  l'analogie  de  hhrâmyati,  car  on 
ne  concevrait  point  que  le  grouije  -mvi-  produisît  -um-. 

2.  La  brève  do  yur/ûrvàn  paraît  être  due  à  la  réaction  du  thème  faible 
(jugurus-,  11  faudrait  '*guyurvàn.  La  racine  tarî,  outre  titirvd)i ,  oÔVe 
l'optatif  iitryw-  i^onr  *  turyu- :  Vtc  bref  peut  avoir  été  communiqué  parle 
thème  du  moyen  turï-. 

a.  Notons  cependant  cette  remarque  d'un  grammairien  cité  par  Wester- 
Çaard:  rcinuh,  iadbliâsyûdisu  ciranlanagrantliesu  kutrupi  na  drîitam. 


Forme  scindée  des  sonantos  longues  ï  u  r  n  m.  259 

Thèmea  nominaux  du  type  dvis. 

On  a,  devant  les  désinences  commençant  j»ar  une  voyelle: 

De  mano-yu-:  inano-//ilv-. 

De  [/ir-  (*(/>■):  gir-  (*f/rr-). 

De  gO'sà  {*go-sn-):  go-sàn-as  (*go-snn-as).  R.  V.  IV  ?/2,  22. 
D'ordinaire  le  type  go-sâ  a  cédé  à  l'attraction  de  la  déclinaison 
de  soma-pâ. 

Dans  la  série  de  1'/;^,  pra-cum-,  grâce  sans  doute  à  une  uni- 
fication postérieure,  conserve  Va  long  devant  les  voyelles. 

Les  racines  en  -a^.i  présentent  des  exemples  remarquables: 
prâ  (comparatif  p'a-^«.s,  zd.  frd-yanlt)  donne  piir-il  soit  *prr-ii 
(fém.  pUrvi  soit  '^pT'-vi)'^  çrâ  doime  à-çir-as.  Dans  la  série  nasale, 
il  est  fort  possible  que  mânatl  et  dhâmati  viennent  vraiment  de 
mnâ  et  dhmâj  comme  l'enseigne  la  grammaire  Hindoue.  Ces  formes 
se  ramèneraient  alors  à  *nmn(Ui,  ^'dhmmâti. 

En  terminant  mentionnons  deux  faits  que  nous  sommes  obligé  de 
tenir  pour  des  perturbations  de  Tordre  primitif: 

1.  Certaines  formes  nominales  à  racine  faible  offrent  la  sonaute  brève. 
1°  Devant  les  voyelles:  tuvi-grd  (à  côté  de  saui-girâ  qui  est  normal)  de 
garï;  pâpri  (à  côté  de  pdpuri)  de  parï;  sdsni,  si-sriu  de  sani.  2°  Devant 
les  consonnes:  carlcrti  de  J;ari  «louer»;  sdtcan,  satvand  de  sani,  etc. 

2.  \ju  résultant  de  la  nasale  sonante  longue  donne  lieu  à  des  mé- 
prises: ainsi  su  forme  faible  de  sani  est  traité  comme  racine,  et  on  on  tire 
p.  ex,  çata-séya.  D'un  autre  côté  les  racines  anuduttds  ha)i  et  man  pré- 
sentent ghcita  et  matavat.  La  création  de  ces  formes  ne  paraît  explicable 
qu'en  admettant  une  idée  confuse  de  la  langue  de  la  légitimité  de  l'échange 
-an-  :  -a-  puisée  dans  les  couples  sdnituni  :  sâtd,  et  ajjpliquée  parfois 
à  faux. 

Un  petit  nombre  d'exemples  offrent  il  et  r  à  l'intérieur  d'une 
racine  finissant  par  une  consonne.  11  est  rare  malheureusement 
que  la  forme  forte  nous  ait  été  conservée:  ainsi  murdliiui,  spliur- 
gati,  kurdfdi,  et  beaucoup  d'autres  en  sont  privés.  Nous  avons  cru 
retrouver  celle  de  çlrmn  dans  le  gr.  '/.Qûa-  (p.  224).  L'exemple 
capital  est:  dlrghû  «long»  comparé  à  drégliiyas,  drâ.ghmân,  zd. 
drù.gaiili. 

dîrghâ  (=  drghâ,  *dr'^ghâ)  :  drdghïyas  =  prtlu'i  :  prathlyas 

=  çïr-tâ  :  çrtï-ti 
=  pûr-tâ  :  parï-târ,  etc. 
17* 


260  Remai-ques  diverses  sur  les  racines  udattas. 

Plusieurs  raciues  paraissent  être  à  la  fois  ndîltlas  et  aniidat- 
tds.  Dans  la  série  de  Vu,  on  trouve,  à  côté  du  participe  yu-tâ,  les 
mots  yïï-ti  et  yu-tlul  dont  Yu  long  s'accorde  bien  avec  le  fut. 
yavi-të,  l'aor.  a-yâvi-sam,  et  le  prés,  yunafi  (gramni.).  On  peut 
suivre  distinctement  les  deux  racines  var  et  vari,  signifiant  toutes 
deux  élire:  la  première  donne  vârati,  vavrus,  vriyât  (préc),  âvrta, 
vrtâ;  la  seconde  vriitté,  vavarus,  vurydf,  vwlfa  (opt.),  vUrnâ,  liotr- 
viirya,  vantum.  A  côté  de  dari  (drnâti,  dantum,  dlryâte,  dJrnâ, 
gr.  déça-ç),  une  forme  dar  se  manifeste  dans  drti,  zd.  derefa,  gr. 
ôçccTog.  Au  double  infinitif  sfârtum  et  stântnm  correspond  le 
double  participe  stria  et  stïrnd,  et  le  grec  continue  ce  dualisme 
dans  aTQcîzog  :  arQcor6g(^==*6rrTog,  *6rrr6g).  On  pourrait  facile- 
ment augmenter  le  nombre  de  ces  exemples. 

D'une  manière  générale ,  la  racine  ndâfta  peut  n'être  qu'un 
élargissement  entre  beaucoup  d'autres  de  la  racine  anuddttïi. 
Qu'on  observe  par  exemple  toutes  les  combinaisons  radicales  qui 
tournent  autour  des  bases  -u-  «tisser»,  k^-u-  «s'accroître»,  gh^-u- 
«  appeler». 

1.  -ajU.       6-tum,  vy-àman  (Grassm.);  ry-ùta,  u-ma. 

—  â-çv-a-t. 

Iw-trâ,  lié-man;  â-liv-a-t. 

2.  -RjWA.  — 
(udàttà)  çàvï-ra 

hdvl-tave,  hdcï-man 

3.  -"wa^A.  vâ-tum,  va-vaû,         gr.  "}-tQiov 

çvci-trd{?) 

hià-tum  etc.,  zd.  zhd-iar 

4.  -waji.     vdy-idi,  iivàya. 

(■vdy-ati,  rvdyihim. 
hvây-aU. 

Les  racines  citées  généralement  sous  la  forme  hliïl  et  su 
(gignere)  offrent  deux  caractères  singuliers:  1°  Aux  formes  fortes, 
apparition  anormale  de  -ûv-  et  -ïi-  au  lieu  de  -av'-  et  -avî-,  lesquels 
toutefois  sont  maintenus  dans  une  partie  des  cas;  ainsi  la  pre- 
mière des  racines  mentioiuiées  domie  hahhûva,  hJmvona,  dhhut 
(P  p.  dhlmvam),  hlnlman ,  et  eu  même  temps  hhdvati,  hhovîfra, 
hliàvllva,  hlumyas^]  la  seconde  fait  sasûva  (véd.),  su-sûma,  et  en 

1.  hhuyas  est  fait  probablement  à  l'imitation  du  positif  hhu-ri.  Le  zd. 
hcKvare  parait  avoir  pour  base  le  comparatif  rpii  est  en  sanskrit  hhdvtyas. 


û-ti,  ûvûs. 

çû-ra. 

liH-td  etc.,  huvd-té'. 


Date  cl(3  la  iinitation  qui  [iroduisit  les  soiiaiitos  longues.  2G1 

p    même  temps  sàvati.    2"  l'iu.sieurs  l'ormes  faibles  ont  un  n  bref: 
çam-hlm,  mayo-hlm,  âd-hhuta;  sîi-tà. 

Ces  anomalies  se  reproduisent  plus  ou  moins  fidèlement  en 
grec  ])our  q)v  =  hJtic  et  ])Our  dv.  On  sait  que  dans  ces  racines  la 
r|uantité  de  Vv  ne  varie  pas  autrement  que  celle  de  Va  dans  (iu 
OU  6rà,  ce  qu'on  ])eut  exprimer  en  disant  que  Vv  long  y  tient  la 
place  de  la  diplitliongue  sv.  L'obscurité  des  phénomènes  indiens 
eux-mêmes  nous  prive  des  données  qui  pourraient  éclaircir  cette 
singularité.  On  classera  parmi  ces  racines  pu  «pourrir»  qui  ne 
possède  d'à  dans  aucun  idiome  et  qui,  en  revanche;  offre  un  «  bref 
dans  le  lat.  pu-tris.  Il  serait  bien  incertain  de  poser  sur  de  tels 
indices  une  série  û  :  h,  parallèle  par  exemple  à  a^n  :  n.  Qu'on  ne 
perde  pas  de  vue  l'a  du  skr.  hhâvati,  hitâvïtva. 

Ce  n'est  point  notre  intention  de  poursuivre  dans  le  grec  ou 
dans  d'autres  langues  d'Europe  l'histoire  fort  vaste  et  souvent 
extrêmement  troublée  des  racines  udCiUds.  Nous  bornerons  notre 
tâche  à  démontrer,  si  possible,  que  les  phénomènes  phoniques 
étudiés  plus  haut  sur  le  sanskrit  et  d'où  sont  résultées  les  longues 
7,  II,  r,  M,  m,  ont  dû  s'accomplir  dès  la  période  indo-européemie. 

Pour  la  série  de  Vi,  cette  certitude  résulte  de  Vl  paneuro- 
péen des  formes  faibles  de  l'optatif  (p.  191  seq.). 

Dans  la  série  de  Va,  on  peut  citer  l'indo-eiir.  dJiU-mà  de  la 
racine  qui  est  en  sanskrit  âhavi,  le  si.  ty-ti  «s'engraisser»  en  re- 
gard du  skr.  tâvî-ti,  tari-sâ,  fîiv-î,  tù-ya;  le  lat.  pu-rus  en  re- 
gard de  pavi-târ,  pû-tâ.  Ce  qui  est  à  remarquer  dans  les  verbes 
grecs  %^vGi  et  Ivm  (skr.  dhavi  dJiU,  lavi  lu^),  ce  n'est  pas  tant 
})eut-être  la  fréquence  de  Vv  long  que  l'absence  du  degré  à  di- 
plitliongue. Qu'on  compare  xkev  kIv  =  skr.  vro  cru,  tiXsv  tcIv  = 
s\\i'.  plo  plu ,  çev  Qv  =  skr.  sro  srii,  ^tv  yv  =  skr.  lio  Jtu'-.  Cette 
perte  marque  nettement  la  divergence  qui  existait  entre  les  orga- 
nismes des  deux  séries  de  racines. 

Passons  à  la  série  des  liquides. 

1.  KOfi^o-Xvrrjg'  ^aZayrto-T  ô  fi  o  g  Hes.  est  intéressant  au  point  de  vue 
de  l'étymologie  de  Xvco. 

2.  Dans  le  latin,  où  )-ïitHS  et  incîutus  sont  les  seuls  participes  dn  passif 
eu  -û-to,  la  longue  ne  prouve  pas  grande  chose.  Elle  se  montre  même  ilans 
seciitus  et  ]ocutî(S.  Les  exemples  qui,  sans  cela,  nous  intéresseraint  sont 
so-Iutiis  et  peut-être  arf/rdus,  si  Ton  divise  aryuo  eu  ar  -f-  guo  =  huvnti. 


262  '■  dans  le  lithuanien,  le  paléoslave,  le  germanique. 

A.  Devant  les  consonnes. 

Quiconque  reconnaît  pour  le  sanskrit  l'identité  pûrnà  = 
*pr^nà  devra  forcément,  en  tenant  compte  de  la  position  de  la 
liquide  dans  le  lithuanien  jnhias,  placer  du  même  coup  l'époque 
de  la  mutation  dans  la  période  proetlinic|ue.  Et  quant  à  la  valeur 
exacte  du  produit  de  cette  mutation,  nous  avons  vu  que,  sans 
sortir  du  sanskrit,  on  est  conduit  à  y  voir  un  r  voyelle  (long), 
non  point  par  exemple  un  groupe  tel  que  ar  ou  -'r.  Entre  les 
idiomes  européens,  le  germanique  apporte  une  confirmation  posi- 
tive de  ce  résultat:  le  son  qui,  chez  lui,  apparaît  devant  la  liquide 
est  or<linairement  u  comme  pour  l'r-voyelle  bref. 

En  LITHUANIEN  f  est  rendu  par  ir,  il,  plus  rarement  par  ar,  al. 

ghias  «laudatus»  =  gûrtâ;  firnis,  cf.  glrrfâ;  ftltas  =  tlrtlià; 
\lgas  =  dïrghâ(?);  ptlnas  =  pUrriâ;  vdna  ==  imjtâ;  —  karnà 
«boyau»,  cf.  plus  bas  gr.  %OQÔri:,  smltas  =  zà.çareta  lequel  serait 
certainement  en  sanskrit  *(ftrta,  vu  le  mot  j)ai;ent  çiçirâ;  spragii 
=  spimrgati 

Le  PALÉOSLAVE  présente  n,  ru,  lu. 

hrûnu  =  lârnâ  «mutilé»;  zr\no  =  glr/.tâ;  imvû  =  pftrva; 
dlugû  =  dlrghâ;  plûnu  ==  pûrnâ;  vluna  ==  ûrna.  Nous  trouvons 
lo  dans  slota  =  lith.  smltas. 

Exception:  lith.  herzas,  si.  hrèza  «bouleau»  =  skr.  hhUrga. 

Le  GERMANIQUE  hésite  entre  ur,  id  et  ar,  al. 

Gothique  l'aurn  =  gîrnà;  fidls  =  pUrnà;  vidla  =  urnâ;  — 
arms  =  Irmâ;  (^iintda-)))iahJiS  =  murllid;  hais  =  çlrsd(?),  cf. 
xoQQi]'  TQCiXi]^og  Hes.  L'a  suit  la  liquide  dans  frauja  =  pûrvyâ. 

Le  GREC  répond  très-régulièrement  par  op,  oA  ^,  ou  qco,  ko. 


1.  Nous  ne  décidons  pas  si  dans  certains  cas  oq  et  ol  ne  représentent 
point  les  brèves  r  et  /.  Les  principaux  exemi^Ies  à  examiner  seraient: 
oQxiç,  zd.  crezi;  èçx^oiiai,  skr.  rghûydtc;  "Oçqpfv'g,  skr.  rhhà;  oçao-  (dans 
oçao&vQCi,  ôçGOTQiaivrjç,  oçcnret)]?),  skr.  rsvd;  iioqtÔç,  skr.  mrtd  (cf.  toute- 
fois véd.  munya):  %oiQOç  (cf.  %Xovvriç),  skr.  ghrsvi;  rôçyog,  germ.  storlia- 
(Fick  P  825).  L'omicron  suit  la  liquide  dans:  xqÔvoç,  skr.  thjta;  ^loavçôg, 
goth.  vidjnis  (Fick);  lj(i^Qotov  =  rîfiaQrov;  kIo^  =  avXa^  (p.  17);  xpônoç 
(Hes.),  cf.  skr.  JcrJcavûku,  lat.  corcus.  On  pourrait  même  citer  pour  pw  otXco: 
yQw&vXoç,  skr.  [frhti  (J.  Schmidt  Voc.  U  ;}18),  ^Xcod^çàç  à  côté  de  ^Xaazôç.  On 
no  doit  pas  comparer  Trpcoxrds  ci  prstlid,  vu  le  zd.  pavi^ta.  —  De  même  en 
latin  r  paraît  pouvoir  donner  ar  et  ra:  fa{r)stigium ,  skr.  hhrki  (gr.  cîcpXa- 
atov);   classis  est  sûrement  le  skr.  /.•;'.s//   (cf.  qiiinquc  dai>ses    et  pdiica 


P](|iiivalc'nt8  grtiCH  et  l.itiiiH  du  Kon  r.  263 


oQ^^ôg'^)  lirdlicâ.     \  jro()Ttg')       piirti. 


jiuQGij      <jîrm.  ovXog'^)        urija. 


TTQojiog     pnrnjx. 

rQOJco        tùrvatiiy). 

(iQCJtôg     cf.  (jiniâ. 

GxQcarôg  cf.  d'inià. 
Au  lieu  tic  Qcô  ou.  aurait  qo  dans  ftçoTog  «.sang  coagulé;»,  si 
M.  Bugge  a  raison  d'en  rai^proclicr  le  skr.  nmrtâ  «coagulé»,  K.  Z. 
XIX  446.   Cf.  a^Qo^og  (Hes.)  =  a^çco^og. 

1)  D'après  ce  qui  est  dit  p.  250,  il  est  indifférent  que  la  racine  com- 
mence ou  non  par  w.  —  2)  La  remarque  précédente  s'appliquerait  à  OQ&ôg 
—  ûrdhvd;  seulement  le  zd.  ercôtva  montre  que  la  racine  de  iirdhvd  n'a 
point  de  to  initial.  Si  donc,  en  se  fondant  sur  ^ojq&l'cc-  oçd-îu  et  contre 
l'opinion  d'Alirens  (II  48),  on  attribue  à  àç96g  le  digamma,  le  parallèle 
ôp^o's  —  ûrdJivd  tombe.  —  3)  L't  de  Solix^S  n'est  j^as  organique.  A  une 
époque  où  le  second  £  de  la  forme  forte  '^ôélExog  {êvdelsxiîç)  était  encore 
la  voyelle  indéterminée  -i,  cette  voyelle  a  pu  être  adoptée  analogiquement 
par  *âoXxô?\  1^^  traitement  divergea  ensuite  dans  les  deux  formes.  —  4)  Cf. 
p.  2()5,  note  4.  —  5)  ovlog  «crépu»  est  égal  à  '-'.FoXvog.    Cf.   ovlrj  Xsv/.r]- 

En  LATIN  ar,  al,  et  la,  là,  équivalent  aux  groupe.s  grecs  oq, 
oA,  QCO,  Ico. 


grains  (jïirtà. 

grdnum  glntâ. 

{?)pîânus  pûrnâ^). 

stratus  cxQotég. 


arduiis     ûrdhvâ. 

armus      irmd. 

largus^)  dïrghâ. 

2)ars        pUrti 

cardo  cf.  lûrdati. 
1)  Pour  *dargus,  malgré  le  l  do  dolix^g,  l'échange  entre  î  et  r  étant 
assez  fréquent  précisément  dans  les  racines  dont  nous  parlons  '.  On  pour- 
rait aussi  partir  de  *dal(jus,  admettre  une  assimilation:  *Ialgus,  puis  une 
(lissimilation.  —  2)  Cf.  compJanare  îacum  «combler  un  lac»,  dans  Suétone; 
plënus  est  tiré  par  analogie  de  la  forme  forte.  —  Sans  ?.âxvr],  lâna  pour- 
rait se  ramener  à  *dun(i  =  xinjd. 

Au  groupe  al  est  opposé  id  en  sanskrit  (p.  250)  dans  calvus 
=  ladra  et  ahus  =  ûlva,  lilba. 

Ou  trouve  -ra-  dans  fraxinus,  cf.  skr.  bhurga.  D'autre  part 
M.  Budenz,  approuvé  par  M.  J.  Sclimitlt  (Voc.  I  107),  réunit  prô- 

krstdyas?);  fastus,  comme  M.  Bréal  l'a  montré,  contient  dans  sa  première 
syllabe  l'équivalent  du  gr.  ^aça  (p.  129). 

1.  Exemples:  x^Q^'î  st  xoXdg  (p.  2()4);  ôtQctg  et  doîare;  y.oloy.dîog  et 
cracentes;  x^iXa'^a  et  fjrando;  gr.  aroQ,  si.  stclja;  gr.  xQ^'^ôg,  goth.  gnip 
(p.  265);  gr.  xdpcr/j,  goth.  hais;  lat.  marcco ,  goth.  -malsks;  lith.  (jir'eti,  si. 
glagolati,  etc. 


264  Traitement  du  groupe  rr  en  gi"ec. 

vincia  au  ^\r.  pnrva.  Ce  mot  se  retrouve  aussi  dans  prîvi-gnus  qui 
sera  pour  *prdvi-gmis  (cf.  convlciu-m)  \ 

Exemples  qui  se  présentent  entre  diflPérentes  langues  euro- 
péennes : 

Lat.  crates,  gotli.  haurdi-.  —  Lat.  ardea,  gr.  çcodiôg  (par  pro- 
thèse, èçcodiés).  —  Lat.  craccntes  et  gracilis,  gr.  xoX-o-icâvog, 
xoX-s-xâvog,  xok-o-Gôog.  —  (?)Lat.  radias,  gr,  oQ-6-ôa^vog.  — 
Gr.  XOQÔ'^.  norr.  garnir,  lith.  zarnà. 

B.  Devant  les  voyelles. 
Nous  venons  de  voir  les  représeutents  européens  du  r  pro- 
prement dit.  Il  reste  à  le  considérer  sous  sa  forme  scindée  qui 
donne  le  groupe  rr  (skr.  ir,nr),  et  ici  les  phénomènes  du  grec 
prennent  une  signification  particulière.  Il  semblerait  naturel 
que  cette  langue  où  r  et  l  deviennent  kq  et  «A  rendît  également 
par  UQ  et  ak  les  groupes  rr  et  II.  L'observation  montre  cepen- 
dant que  OQ  et  oX  sont  au  moins  aussi  fréquents  et  peut-être  plus 
normaux  que  «(),  «A,  en  sorte  par  exemple  que  nôhg  répond  au 
skr.  puri  tout  de  même  que  /iôçoy]  répond  à  âr'sà.  De  ce  fait  on 
doit  inférer  c^ue  le  phonème  '^,  eu  se  fondant  dans  la  liquide,  lui 
avait  communiqué,  dès  la  période  proethnicjue,  une  couleur  voca- 
lique  particulière  dont  le  r  bref  est  naturellement  exempt. 


\gin. 


Boçéag 

'TTtSQ-^ÔQElOt 

7t6hg  ji^iri. 

TCoXvg  pur  II,  puliL 


{?)jto^-(p6Xvy-       hhirâgate  (Joh.  Schmidt  Voc.  Il  4) 


(?)  QoQor'svg       hlmranyn  (Kuhn\ 
lolccg,  i6lii\    .  _ 

(cf.  lOQdn'i)  \ 
%6qlov"  cîra'^. 


1.  Doit-on  admettre  lat.  er  =  r  dans  hernia  (cf.  haruspex)  en  regard 
du  lith.  ùirnà  et  verbum  =  goth.  vaurd  (lith.  vardas)?    On  se  rapellera  à- 
ce  propos  cerebrnm  opposé  au  skr.  çt'ras,  termes  variant  avec  tarmes  (racine 
udâttâ  tere),  ainsi  que  Ycr  de  terra  qui  équivaut  à  or  dans  cxtorris. 

2.  XQ^S  ^s^  apparemment  un  nom  tel  que  f/ïr,  jiur  en  sanskrit,  c'est- 
à-dire  qu'il  remonte  à  xrg.  Les  génitifs  XQ°ôç  et  jjçtoTÔg  sont  hystérogèues 
pour  *xoQÔg.  Le  verbe  xQ<xîvcû  paraît  être  un  souvenir  du  présent  *XQ"- 
vrjfii,  *xyvi]ai,  qui  est  à  XQ^'S  ce  que  (jrnnti,  pr/iâti  sont  agir,  pur.  —  X9'^l^" 
n'est  pas  absolument  identique  à  édnnan:  le  groupe  çw  y  a  pénétré  après 
coup  comme  dans  ^qôjuk. 

3.  Dans  un  petit  nombre  de  formes  indiennes,  îr,  ur,  i)ar  un  phéno- 
mène surprenant,  ajjparaissent  même  devant  les  voyelles;  eu  d'autres 
termes  ?  ne  s'est  pas  dédoublé. 


Traitement  du  groupe  rr  en  grec.  205 

En  regard  du  «kr.  hirai/ija  et  hiri-  on  a  l'éol.  iQoiaôç  (lonue 
ancienne  de  %Qv66g),\<iC[vm\  paraît  égal  à  '^'p'ryô^  ci".  gotli.^j<//l«-'. 
Formes  verbales: 

(iôXitai  skr.  -(jiirn-lc^  «ap])roiiver^>. 

roQHv  skr.  tir<l-l/\  turà-ti. 

^oliïv  skr.  milâ-tP  «convenire». 

Même  coïncidence  dans  les  racines  suivantes  pour  lesquelles 
le  thème  en  -d  fait  défaut  dans  l'une  des  deux  langues: 
oQ-éad'ai^  lo^-ao]        cf.  skr.  ir-tc,  ïr-èva  (p.  2bo  i.  n.). 
^OQ-â,  [/3^û3-To'g]        cf.  skr.  (jir-ûti,  glr-nâ. 
7ioQ-£lv^  \-7iQco-toQ\    cf.  s\\v. purayaU  etc.^ 
(îToç-,  [cxQfo-Toç]       cf.  skr.  stir-ati,  stïr-nà. 
aifia-KovQtai,  cf.  skr.  Idr-âti. 

Les  formes  qui  viennent  d'être  nommées  ne  représentent  jamais  qu'un 
des  degrés  vocaliques  de  leur  racine,  bien  qu'en  fait  ce  degré  ait  presque 
toujours  usurpé  la  plus  large  place.  La  restitution  du  vocalisme  primitif 
des  différentes  formes  appartiendrait  à  l'histoire  générale  de  notre  classe 
de  racines  dans  la  langue  grecque,  histoire  que  nous  ne  faisons  point. 
Voici  très -brièvement  les  différentes  évolutions  normales  d'une  racine 
comme  celle  qui  donne  «rrôçtufii: 

1.  CTepa.     2.  CTop,  CTpuj.     3.  cxap-. 

1.  cxepa,  ou  cxepe.  C'est  la  racine  pleine  et  normale,  répondant  au  skr. 
stari.  Dans  le  cas  particulier  choisi,  le  grec  n'a  conservé  qu'une  forme  de  ce 

1.  On  a  comparé  àyo^d  et  agira  «cour»  (Savelsberg  K.  Z.  XXI  148). 
M.  Osthoff  (Forsch.  I  177)  combat  cette  étymologie  eu  se  fondant:  1°  sur 
l'o  du  grec,  2°  sur  la  solidarité  de  àyo^â  avec  àyeÎQOi.  La  seconde  raison 
seule  est  bonne,  mais  elle  suffit. 

2.  Je  tiens  de  M.  Brugman  ce  rapprochement  que  le  soijs  de  ^ovlri, 
I^ovIbvo,  rend  plausible  et  qui  ferait  de  (3oû^ofi«t  un  parent  du  lat.  grïiius. 
Toutefois  son  auteur  n'y  avait  songé  que  parce  que  le  §  panhellène  rend, 
à  première  vue,  inadmissible  pour  le  linguiste  rigoureux  la  liaison  avec  le 
lat.  volo,  le  si.  vclja  etc.  Comme  nous  venons  de  reconnaître  que  ^oAsrai 
sort  de  ^llextxi ,  il  devient  possible  d'expliquer  ^  pour  S-  par  le  voisinage 
de  la  liquide  (cf.  ^laozôg  =  crddhd).  Si,  en  conséquence,  on  retourne  à 
Tétymologie  ancieime,  il  faut  comparer  le  -oX-  de  ^ôlBzai.  au  -nr-  du  skr. 
rur-lta  (cf.  vnfité,  vTirnd,  hotr-viirya  etc.). 

3.  Le  pai-fait  mimeja  est  naturellement  hystérogène. 

4.  Ainsi  que  l'admet  M.  Fick,  la  racine  sanskrite  ^jor/  semble  cor- 
respondre à  la  fois  au  gr.  irele  (dans  néle&gov?)  et  au  gr.  noç^iv,  néTiçco- 
tai  etc.  Les  mots  indiens  signifient  en  efiVt  nou-seulomcnt  nnq^lir,  mais 
aussi  donner,  accorde):,  combler  de  biens  (cf.  Curtius  Grdz.  283). 


266  Différentes  manifestations  des  racines  grecques  en  -r^. 

degré:  réça  avov  ou  zéçs-^vov  ^  pour  "^atéçcc-uvov  (Grdz.  215).  C'est  la 
continuation  d'un  thème  en  -mcin,  où  la  racine  pleine  est  de  règle  (p.  131), 
cf.  skr.  stdrl-man.  —  Autres  exemples:  niqu-Gca,  Ti£Qcc-aœ;  —  rsçcc-fiiov, 
rsQS-TQOv,  TSQE-aasv  {txQaoBv,  Hes.);  — tsXa-^iœv,  tàla-6GaiÇB.es.).  Comme 
le  font  Toir  déjà  ces  quelques  formes,  le  degré  en  question  est  resté  confiné 
très-régulièrement  dans  les  thèmes  qui  veulent  la  racine  non  affaiblie. 

2.  CTop,  CTpuu,  degré  réduit  dont  nous  nous  sommes  occupés  spéciale- 
ment ci-dessus,  et  qui  répond  au  skr.  stïr.  En  regard  de  rèça-iivov  on  a 
ctQCù-xôg,  en  regard  de  itéQU-oai,  tiÔq-vt],  en  regard  de  rsod-ucov.  toq-siv, 
T0Q-6ç,  Ti-rçcô-ayia,  etc. 

3.  crâp-,  ou  cxpoi-  =  str.  Cette  forme,  dans  le  principe,  appartient 
uniquement  au  présent  en  -vi]ul  ou  aux  autres  formations  nasales  que  le 
grec  lui  a  souvent  substituées.  La  théorie  de  ce  présent  a  été  suffisamment 
développée  plus  haut,  p  240  seq.  —  Exemples:  ^aQvauca,  corcvr.  ^ÛQva- 
(lai^,  =  skr.  mrrtâti  de  la  rac.  marî;  tb-tqcclvco  de  tsQci. 

Les  trois  formes  précitées  se  mélangent  continuellement  par  extension 
analogique.  La  troisième  est  de  ce  fait  jn-esque  complètement  supprimée.. 
Exemples.  Parallèlement  à  (KXQvanai ,  Hésychius  rapporte  (lOQvauai,  dont 
l'o  est  sans  doute  emprunté  à  une  forme  perdue,  du  même  genre  que  ho- 
Qov.  Parallèlement  à  nsQvr]u.i  —  qui  est  lui-même  pour  ^naQVTjfii,  grâce  à 
l'influence  de  tisqûccû  — ,  le  niême  lexicographe  offre  Ttogvâiisv  (cf.  TcÔQvrj). 
L'aoriste  è'&oQov  fait  soupçonner  dans  &6QvvuaL  le  remplaçant  d'un  pré- 
sent eu  -vrjUi,  -vaucu;  en  tous  cas  l'o,  dans  ce  présent  à  nasale,  est  hysté- 
rogène,  et  en  effet  Hésychius  donne  &âQvvraL  et  &aQvsvco  {&âQvvraL  :  é'9'o- 
Qov  =  strtidti  :  stirâti).  L'omicron  est  illégitime  aussi  dans  oçi'Vfxt, 
aTOQvvai,  §ovXouc<i  =  *§oXvo(iat  etc.  —  Le  degré  qui  contient  oç,  ça, 
empiète  d'autre  part  sur  le  degré  nDn  affaibli:  de  là  p.  ex.  OTça^ivrî,  ^çàiia, 
i^çav  ^.  —  On  peut  croire  en  revanche  que  '^^alov  de  la  rac.  jBeXe  ne  doit 
son  Ci  qu'au  prés,  ^âlla  =  *§alva.  Régulièrement  il  faudrait  *è'§oXov. 

h'o  résultant  des  groupes  phoniques  dont  nous  parlons  a 
une  certaine  propension  à  se  colorer  en  v  (cf.  p.  99).  Ainsi  nvlrj 
est  égal  à  -2)ura  dans  le  skr.  gopiira  (Benfey)^  ^vXr]  a  une  parenté 
avec  tniirijid  «écrasé»^,  q)vçG)  et  TCOçcpvQco  rendent  hJmrâti  et 
(jarhhurlti^ ,  ^vçxog  est  l'ind.  mUrkhâ.    Il  serait  facile  de  multi- 


1.  La  variabilité  de  la  voyelle  sortie  de  -i  est  fort  remarquable.  Il  y  a 
d'autres  exemples  pareils,  ainsi  zéçe-tQov  et  tiqÛ-ikov,  rèiis-vog  et  zéfia-xog. 

2.  Le  (î  de  cette  forme  me  paraît  une  preuve  directe,  entre  beaucoup 
d'autres,  de  l'r-voyelle  grec. 

3.  La  flexion  pure  d'un  aoriste  de  cette  espèce  serait:  *i'-^fçcc-v,  plur. 

B-^Qa-flSV. 

1.  La  même  souche   a  produit    uÛQvauai   qui    répond  directement  à 
mrndii. 

î>.  La  racine  de  ces  formes  sanskrites  est,  autant  qu'on  peut  le  pré- 


Traitement  du  groii[jc  rr  on  {^'rec  et  en  latiiiT  2(17 

plier  les  exemples  en  se  servant  de  la  liste  (jue  donne  M..J.S<liniidt 
Voc.  ÎI  ij?)^»  seq.  —  Le  groupe  vq  (vA)  pai'aît  même  sortir  f|iielr|ue- 
fois  du  r  Ijref. 

Voici  les  exemples  peu  nombreux  où  le  grec  a  dévelopi^é  a 
devant  la  liquide: 


(iaçvg     (jurû. 
[Tjyaktf]     f//n  «  souris  ». 
Tcaçâ       purà. 


Ttaçoç         purufi. 
ipâlvy-tg    Sjiliulbujd. 
(?)9}«^fj^|       hhw'if)  (Biigge). 


(Y)xallci     lulaya  (plus  probablement,  composé  de  liûla). 

Ajoutons:  ë-^aX-ov  de  la  rac.  ^eXe  (inarrj-fislé-rijs,  (Uks- 
}ivov),  yccQ-ov  de  la  même  souche  que  (iaQ-â,  cpaç-ôa'^  (zd.  harc- 
ncnti,  9"  classe). 

A  prof)OS  des  cas  énumérés  ci-dessus,  il  faut  remarquer  qu'entre  autres 
formes  plus  ou  moins  certaines  que  prend  en  grec  le  phonème  r,  outre  oç, 
0^,  il  semble  représenté  parfois  par  aXa,  aça.  Exemples:  tala-  (forme 
forte  dans  zela-);  TiaXâ^r]  =  germ.  fohna,  lat.  psdma  (forme  forte  dans 
Tt£lf^iLL,co'>)\  zâla&oç  qui  serait  à  ■ulcô&a  ce  que  (Uryhd  est  à  diâyhlijas; 
ocpaçayéa  =  skr.  spluirydyati;  ^ccçad'QOv  à  côté  de  (îop-,  ^qm-. 

Le  LATIN  présente  tantôt  ar,  al,  tantôt  or,  ol: 
1.  ar,  al  (ra,  la,  lorsqu'une  sonante-voyelle  qui  suivait  .s'est 
changée  en  consonne): 


gravis  (juru. 

Jiaru-spcx     hirU. 
mare  mira. 

2.  or,  ol: 
orior  gr.  6q-  (p.  2G5). 

corinm       skr.  cira, 
vorare       skr.  f/ir-. 


trans        tirâs'\?).    - 

parentes  gr.  noçôvrag  (Curtius). 

caries       gotli.  hauri. 


o^ 


molo,  mola     gr.  ^vh]  (p.  2Ç)(S). 
torus,  storea  skr.  slir-  (cf.  p.  110 
et  111). 


Quand  le  grec  montre  a  au  lieu  d'o,  le  latin  semble  éviter 
les  groupes  ar,  al,  et  donner  décidément  la  préférence  à  or,  ol; 

sumer,  *bhari  ou  *bhra.    Elle  paraît  être  la  même  qui  se  cache  dans  le 
présent  hhi'/Hiti  «rôtir»  (gramm.). 

1.  Le  rapport  de  ciras  avec  yiâçr}  est  obscurci  par  1'/;  final  do  la  der- 
nière forme. 

2.  L'identité  en  est  douteuse:  trous  et  tiras  se  concilieraient  tous  doux 
avec  un  primitif  trrns,  si  le  mot  sanskrit  n'avait  le  ton  sur  la  dernière.  En 
conséquence  -«s  n'y  peut  facilement  représenter  -us.  Peut-être  trcnis  est-il 
le  neutre  d'un  adjectif  qui  répondrait  au  gr.  rçâv/^ç  (lequel  n'a  qu'un  rap- 
port indirect  avec  tiras  comme  nçâvi-jç  avec  purds). 


268        Traitement  du  groupe  rr  dans  diverses  langues  d'Europe. 

(/ravis  ==  (iaçvg  fait  exception.  Les  exemples  sont  consignés  à  la 
p.  107:  volare,  gr.  /!3aA-^;  tolerare^,  gr.  tk/I-j  dolere,  dolahra,  gr. 
dak-  ;  por-,  gr.  nagd  5  forare,  gr.  çoa^ora. 

Il  est  douteux  que  le  latin  puisse  réduire  le  groupe  rr  ou 
Il  à  un  simple  r  ou  Z,  quoique  plusieurs  formes  offrent  l'appa- 
rence de  ce  phénomène.  Ce  sont  en  particulier  ^?os,  (g)lac,  grando, 
prac,  comparés  à  yaXocog^  yuXa^  %czkat,a,  naçai.  Les  parallèles 
indiens  font  malheureusement  défaut  précisément  à  ces  exemples. 
Mais  pour  glos,  le  paléosl.  zliiva  appuie  le  latin  et  donne  à  l'«  du 
grec  yaAotog  une  date  peu  ancienne;  yalanr-  est  accompagné  de 
ylaxto-cpâyoi^  ylâyog  etc.  Quant  à  lâkala  —  grando,  c'est  un 
mot  en  tous  cas  difficile^  mais  où  le  grec  -cela-,  vu  le  skr.  hrâduni, 
doit  évidemment  compter  pour  un  tout  indivisible^,  et  adéquat 
au  lat.  -ra-.  Le  rapprochement  de  prae  et  naçaC  est  fort  incertain. 
Il  reste  glans  en  regard  du  paléosl.  zelcuU  et  du  gr.  ^âlavog.  Eu 
lithuanien  on  a  gil'é ,  et  M.  Fick  en  rapproche ,  non  sans  vraisem- 
blance, skr.  gida  «glans  pénis»*.  Mais  cet  exemple  même  prouve 
peu  de  chose:  le  groupe  initial  du  mot  italique,  slave  et  grec  a 
pu  être  glj. 

Lithuanien.  (/)re  «forêt»,  skv.giri;  g/le  «gland»,  skr.  gtda 
(v.  ci-dessus);  piDs,  skr.  ^«(ri;  shirà,  skr.  cira;  —  mares,  skr. 
mira  ;  malù  =  lat.  molo  (y.  plus  haut). 

Paléoslave,  gora,  skr.  giri  (la  divergence  du  vocalisme  de 
ce  mot  dans  le  lithuanien  et  le  slave  coïncidant  avec  le  groupe  ir 
du  sanskrit  est  des  plus  remarquables);  slcora,  skr.  cira;  morje, 
skr.  mira. 

Gothique.  Iriiirs  ou  laurMs,  skr.  guni;  fanra ,  skr.  pura 
(Kuhn);  germ.  gora,  skr.  liiru  (Tick  IIP  102);  ^oi\\.  Jndan ,  gr. 
T«A-;  V.  h*-all.  poran.  gr.  (paQoco',  —  goth.  niarci,  skr.  mira;  mala 
=  lat.  molo. 

1.  Il  est  vrai  de  dire  que  IV  de  ^aXsîv  semble  plutôt  emprunté  au 
présent  ^âlXa^  v.  ci-dessus. 

2.  Cependant  le  son  a  apparaît  dans  lUtiis. 

;3.  On  le  peut  ramener  peut-être  à  *-Aâ-;  ou  lùen,  si  c'est  une  forme 
faible  liée  au  skr.  hrïul  de  la  même  fayon  que  (Ur()hâ  l'est  ii  drUgh ,  on 
tirera  -aiw-  de  r,  cf.  p.  2G7,  1.  Va  seq. 

I.  Si  Ton  n'avait  que  les  formes  du  latin  et  du  slave,  on  penserait  au 
skr.  (jranthi. 


RemarqucB  sur  la  métathôso.  209 

fllti  =  skr.  j)MrM  est  une  exception  des  plus  extraordinaires, 
qui  rappelle  norr.  lijasd  (=  hcrsan-)  en  regard  du  skr.  rirèm. 

Abordons  la  série  des  nasales.   Elle  demande  à  être  éclairée  . 
par  la  précédente,  plutôt  qu'elle  ne  répand  elle-même  beaucoup 
de  lumière  autour  d'elle. 

A.   Devant  les  consonnes. 
Les  phénomènes  grecs  paraissent  liés  à  la  question  si  com- 
pliquée de  la  métathèse.    C'est  assez  dire  sur  quel  terrain  sca- 
breux et  incertain  nos  hypothèses  auront  à  se  mouvoir. 

Remarques  sur  les  phénomènes  grecs  compris  généralement  sous  le  nom 

de  métathèse. 
Nous  écartons  tout  d'abord  le  groupe  Qca  (Xa)  permutant  avec  oq  {ol): 
l'un  et  l'autre  ne  sont  que  des  produits  de  r  (p.  263). 

I.  La  transformation  d'un  groupe  comme  tteA-  en  TtXrj-  est  inadmissible, 
ainsi  qu'on  en  convient  généralement. 

II.  La  théorie  représentée  en  particulier  par  M.  J.  Schmidt  suppose 
que  TTf  A-  s'est  changé  par  svarabhakti  en  neXt-  ;  c'est  ce  dernier  qui  a  pro- 
duit nlri-.  —  Nous  y  opposerons  les  trois  thèses  suivantes: 

1.  Dans  la  règle,  le  groupe  nsXs-  sera  originaire,  et  on  n'a  point  à 
remonter  de  tcsXs-  à  mX-.   neXs  est  une  racine  udiittU. 

2.  Si  vraiment  nsXz-  a  produit  parfois  nXiq-,  c'est  à  coup  sûr  la  moins 
fréquente  de  toutes  les  causes  qui  ont  pu  amener  les  groupes  radicaux  de 
la  dernière  espèce. 

3.  Toujours  en  admettant  le  passage  de  -nsXs-  à  nXiq-,  on  devra  placer 
le  phénomène  dans  une  époque  où  le  second  s  (=  -^)  de  nsXs  était  fort 
différent  et  beaucoup  moins  plein  que  le  premier,  qui  est  a^. 

III.  Avant  tout  rappelons-nous  que  chaque  racine  possède  une  forme 
pleine  et  une  forme  privée  d'aj.  Il  faut  toujours  spécifier  avec  laquelle  des 
deux  on  entend  opérer.  La  différence  des  voyelles  qui  existe  par  exemple 
entre  ysv  (plus  exactement  ysvs)  et  «aji  n'a  rien  de  nécessaire  ni  de  carac- 
téristique pour  les  deux  racines.  Elle  est  au  contraire  purement  acciden- 
telle, la  première  racine  ayant  fait  prévaloir  les  formes  non  affaiblies, 
tandis  que  la  seconde  les  perdait.  Si  les  deux  degrés  subsistent  dans  ra- 
H.ELV  :  ré^aioçy  ^ccXstv  :  ^èXoç,  c'est  encore^à  vrai  dire,  un  accident.  Donc 
il  est  arbitraire,  quand  on  explique  yvr]-,  -nfir]-,  rfir}-}  ^^V't  ^«  partir,  ici  de 
ysv,  là  de  MKfi,  et  ainsi  de  suite,  au  hasard  de  la  forme  la  plus  répandue. 

Il  y  a  plus.  Quand  on  aura  acquis  la  conviction  que  le  ty^ie  <j  à  méta- 
thèse» a  régulièrement  pour  base  la  même  forme  radicale,  la  forme  faible 
par  exemple,  encore  faudra-t-il  se  reporter  à  l'ordre  de  choses  préhisto- 
rique, où  r«  des  formes  telles  que  ta^fiv  n'existait  point  encore;  en  sorte 
que  Tuârôg  peut  fort  bien  —  le  fait  est  niêuie  probable  —  n'être  venu  ni 
de  ra/xro's  ni  de  r^}ir6g  ni  de  zffiardg. 


270  Remarques  sur  la  métatbèse.    Théorie  de  Brugman. 

IV.  Le  type  où  la  voyelle  suit  la  consonue  mobile  ne  procède  pas  uâ- 
cessairement  de  l'autre  en  toute  occasiou.  Au  contraire,  il  est  admissible 
par  exemple  que  la  racine  de  &avEtv  (=  &nv8iv)  soit  &vâ.  On  aurait 
alors  : 

Q'uv-siv:  &vâ  =  skr.  dhàm-ati  {*clhmm-àti):  dhmâ 
=  skr.  pur-û:  pra-yas,  etc. 
Un  exemple  très-sûr,  en-dehors  du  grec,  nous  est  offert  dans  le  lith.  zin-an, 
pa-zin-tis,  goth.  îcun-ps  (p.  273  seq.).  Ces  rejetons  de  gnâ  «connaître»  ont 
pour  base  la  forme  faible  gn-  (devant  les  voyelles:  gnn),  qui  est  pour  gn-^-. 
Dans  le  cas  dont  nous  parlons,  le  type  &avsLv  est  forcément  faible,  et 
la  voyelle  y  est  donc  toujours  anaptyctique. 

V.  Enfin  les  deux  types  peuvent  être  différents  de  fondation.  11  y  aura 
à  distinguer  deux  cas: 

a)  Racine  udâttu  et  racine  en  -a  (ne  différant  que  par  la  position  de 
r»! ,  cf.  p.  260).  En  grec  on  peut  citer  peut-être  TeXa  (tslaficov)  et  xXci 
{zlafiav),  TreXe  (nèXi&Qov)  et  irXri  {TcXr'iQrjç  etc.),  cf.  skr.  part  et  prâ. 

b)  Racine  anudûttâ  et  racine  en  -ci.  La  seconde  est  un  élargissement 
(proethnique)  de  la  première.  Exemple:  |.iev,  ^èvog,  iié^iova,  (lîficcfisv  et 
|uv-à,  ^vrjjit],  lii^viîoKco  (skr.  maii  et  mnû). 

C'est  proprement  à  ce  dernier  schéma  que  M.  Brugman,  dans  un  tra- 
vail récemment  publié,  voudrait  ramener  la  presque  totalité  des  cas  de 
«métathèse».  Il  admet  un  élément  -a  s'ajoutant  à  la  forme  la  plus  faible 
—  nous  dirions  la  forme  faible  —  des  racines,  et  qui  écliapperait  à  toute 
dégradation.  Le  fait  de  l'élargissement  PvU  moyen  de  -â  (-Oi^J)  est  certaine- 
ment fort  commun;  nous  le  mettons  exactement  sur  la  même  ligne  que 
l'élargissement  par  -a^i  ou  par  -a^u ,  qu'on  observe  entre  autres  dans 
k^r-a^i  (skr.  çre)  «incliner»,  cf.  k^a^r  (skr.  çcirman);  sr-a^u  (skr.  sro)  «cou- 
ler», cf.  suj^r.  Mais  çre  et  sro  ont  leurs  formes  faibles  çri  et  sru.  Aussi  ne 
pouvons-nous  croire  à  cette  propriété  extraordinaire  de  l'élément  a,  que 
M.  Brugman  dit  exempt  d'affaiblissement.  Cette  hypothèse  hardie  repose, 
si  nous  ne  nous  trompons,  sur  le  concours  de  plusieurs  faits  accidentels  qui, 
en  effet,  font  illusion,  mais,  considérés  de  j^rès ,  se  réduisent  à  peu  de  chose. 

Premièrement  certains  présents  grecs  comme  arjfii  gardent  partout  la 
longue,  ce  qui  s'explique  facilement  par  l'extension  analogique.  En  san- 
skrit tous  les  présents  en  a  de  la  2"  classe  offrent  la  même  anomalie 
(p.  146).  11  est  clair  dès  lors  que  des  comparaisons  telles  que  arjfiEç  :  vâmds 
ne  prouvent  rien. 

En  second  lieu  les  racines  sanskrites  en  -rû,  -m,  -tnU,  gardent  l'a  long 
dans  les  temps  généraux  faibles.  Ainsi  ou  a  stliità,  mais  sndtd.  Nous  avons 
cru  pouvoir  donner  à  la  p.  257  la  raison  de  ce  fait,  qui  est  de  date  récente. 

Restent  les  formes  grecques  comme  Tçrjzôç,  rju-r^roç.  Mais  ici  la  pré- 
uence  de  l'élément  -û  étant  elle-même  à  démontrer,  on  n'en  saurait  rien 
conclure  à  l'égard  des  propriétés  de  cet  -a. 

En  ce  qui  concerne  plus  spécialement  le  grec,  nous  devons  présenter 
les  objections  suivantes. 


Traitement  tles  nasaleti  Konaiites  longues  en  f^rec.  271 

1.  Les  formes  lielléMiques  iloniandent  à  être  soignensement  diblingnées, 
dans  leur  analyse,  des  formes  indiennes  telles  que  trulâ,  stiutà.  Tour  ces 
dernières  la  théorie  de  la  métathèse  peut  être  considérée  comme  réfutée. 
Elles  sont  accompagnées  dans  la  règle  de  toute  une  famille  de  mots  qui  met 
en  évidence  la  véritable  forme  de  leur  racine:  ainsi  trâtd  se  joint  à  trcili, 
trurjati,  trûU'ir  etc.;  nulle  part  on  ne  voit  tavK  Au  contraire,  en  grec,  les 
groupes  comme  tçi^-,  tujj-,  sont  inséparables  des  groupes  ttq-,  ny,-  {ttQt-, 
Tffta;-),  et  c'est  visiblement  dans  les  formes  faibles  qu'ils  s'y  substituent. 

2.  On  n'attribuera  pas  au  hasard  le  fait  que  les  groupes  comme  rçjy-, 
Tfijj-,  yvïj-,  lorsqu'ils  ne  forment  pas  des  racines  indépendantes  du  genre  de 
juvr;-,  viennent  régulièrement  de  racines  appartenant  à  la  classe  que  nous 
nommons  udUttûs. 

3.  Que  l'on  passe  même  sur  cette  coïncidence,  je  dis  que,  étant  donnée 
par  exemple  la  racine  udûttâ  ga^n^  et  l'élément  a,  leur  somme  pourrait 
produire  gnn-â  (gr.  «yccvr]»),  mais  jamais  gn-â  (gr.  yvrf)-.  Il  suffit  de  ren- 
voyer aux  pages  257  seq. 

Nous  reconnaissons  aux  groujies  «métathétiques»  trois  carac- 
tères principaux: 

1°  Ils  montrent  une  préférence  très-marquée  pour  les  for- 
mations qui  veulent  la  racine  faible. 

2"  Ils  n'apparaissent  que  dans  les  racines  udilttas. 
3°  La  couleur  de  leur  voyelle  est  donnée  par  celle  que  choi- 
sit le  ^'  final  de  la  racine  udUitta: 

-yinyxog  :  yEv^-xy']Q  x^itâ-To'g  :  Kcc^ia-toç 

-Khyxog  :  xaké-oco  r^â-TÔg  :  ré^a-xog 

(ihyrog  :  -/3£/le-r»;g  1  ô^â-rog  :  ôa(ià-taQ 

TQ\'\-r6g  :  réçe-tQov  2  ôfiâ-Tog  :  ôs^a-g 

CxhyQog  :  Gaile-tog  xqu-t^q  :  xéça-OGai 

TcX'û-TLov  :  Tttla-aaaL 
nçâ-tog  :  %éQa-6(5ai 
Dans  la  série  nasale,  ces  trois  faits  se  prêtent  à  merveille  à 
une  comparaison  directe  avec  les  groupes  faibles  indiens  tels  que 
(ja-  de  (jani,  dam-  de  dami.  En  eflet  leurs  primitifs  sont,  selon  ce 
que  nous  avons  cru  établir  plus  haut  (p.  251):  gn^-,  dny^-.  Le  sou 
-'  étant  supposé  subir  le  même  traitement  dans  les  deux  degrés 
de  la  racine,  on  obtient  la  filière  suivante: 

1.  Sur  manati  et  dhamati  à  côté  de  mnU  et  dlimû  v.  p.  259. 

2.  Grassmann  commet  la  même  erreur,  quand  il  voit  dans  les  racines 
prâ  et  {'Tô  des  «amplifications  Ae  pur  et  çir>.  On  aurait  alors,  won  prâ, 
çrîi,  mah  pura,  çirU. 


272  Traitejiient  des  nasales  sonantes  longues  en  grec. 

[Forme  forte:    ^yEV^-T)']Q,  yèvetïjQ.] 
Forme  faible:  *yn*-Tog,  -yvijrog. 
[Forme  forte:    *r£/x"-%oç,  ré^axog.] 
Forme  faible:  *Tm"-Tog,  r^âTo'g. 
La  variabilité  de  la  voyelle  étant  ainsi  expliquée  et  la  règle 
d'équivalence  générale  confirmée  par  l'exemple 
vrjôCcc  (dor.  vci6Ga)  ==  skr.  âtî^^ 
nous  identifions  -yvrjtog,  x^aâTo'g,  d^âtog,  avec  skr.  yatâ,  çântâ. 
clâiitâ'.    Tout  le  monde  accorde  que  yvïjôiog  correspond  au  skr. 
gâtya. 

Nous  ne  pouvons,  il  est  vrai^  rendre  compte  de  ce  qui  se 
passe  dans  la  série  des  liquides.  Là,  toute  forme  faible  primitive 
devait  avoir  un  r^  pur  et  simple —  et  non  point  T-^  — ;  ce  r,  nous 
l'avons  retrouvé  en  effet  dans  les  groupes  oq^  ol,  et  Qa,  Aûj.  Où 
classer  maintenant  les  formes  comme  Tcçâtog,  ^Xrjrég?  Par  quel 
phénomène  le  degré  faible  correspondant  à  néçà-Gai  nous  otfre- 
t-il  parallèlement  à  noQ-vr]^  fjp^  normal,  cette  formation  singu- 
lière: nçcizog^  C'est  à  quoi  nous  n'entrevoyons  jusqu'à  présent 
aucune  solution  satisfaisante. 

Observations. 
I.  Le  grec,  si  l'hypothèse  proposée  est  juste,  confond  nécessairement 
le  degré  normal  et  le  degré  faible  des  racines  en  -nâ  et  en  -mci.  Qu'on 
prenne  par  exemple  la  racine  yv(a  «connaître»:  la  forme  réduite  est  *gn'^, 
lequel  produit  y  va.  Il  est  donc  fort  possible  que  la  syllabe  yva-,  dans 
yvw^cùv  et  yvâatç,  réponde  la  première  fois  au  v.  h*-all.  chnâ-  (skr.  gnû-), 
la  seconde  au  goth.  kim-  (skr.  g  ci-),  cf.  plus  bas.  —  Une  conséquence  de 


1.  M.  Fick  met  en  regard  de  kânéana,  xrjjxôg,  qui  serait  aloi's  pour 
*-/urjMÔç;  autrement  il  faudrait  «kâéana».  Le  rapprochement  est  des  plus 
douteux.  —  Dans  sîvâvrjQ  =  yiitcir  (type  premier  yn-^tdr)  on  peut  conjec- 
turer que  l'ï  grec  est  prothétique,  et  qu'ensuite  le  y  devenant  i  fit  prendre 
à  la  nasale  la  fonction  de  consonne:  *eyn^Hér,  cinMcr,  iLvâzsQ.  —  Dans 
cette  hypothèse,  Yn  ayant  été  éludé,  slvcczrjç  ne  peut  nous  fournir  aucune 
lumière. 

2.  Il  est  intéressant  de  confronter  lus  deux  béries: 

tatd:  Tutôç;  matd:  -fA^rob";  hatd:  -qoarog;  gatd:  (Jarôg. 

gâta:  yvrjzôs;  çdntd:  xftryrdg;  ddnid:  d^rjtôç. 
Les  formes  telles  que  yfyârrjv  de  yeve  sont  imitées  de  la  première  série,  et 
intéressantes  comme  telles,  mais  aussi  peu  primitives  que  yLyv-ojiai,  ou 
que  le  nki:  ad-sn-ï  (p.  2rj9);  yîyvofiai  est  très-certainement  une  modification 
analogique  de  l'ancien  présent  de  la  :)"  classe  qui  vit  dans  le  skr.  gagduti. 


Traitement  des  nasalcH  .sonante.s  longues  en  latin.  273 

cette  observation,  c'est  que  r«  bref  de  ztQ-vupu-v  doit  s'fxplifjucr  par  l'ana- 
logie: la  loi  phonétique  ne  permet  point  de  formes  radicales  faibles  en 
-va  {-vs,  -vo)  ou  en  -fiu  (-^e,  -(lo).  M.  J.  Scbmidt,  partant  d'un  autre  point 
de  vue,  arrive  à  la  même  proposition. 

II.  On  connaît  le  parallélisme  des  groupes  -avec-  et  -vr;-,  -afia-  et  -(irj-, 
p.  ex.  dans  à&âvaxog  :  &vrir6g;  —  àôâ^ag  :  àSfit'iç;  —  ùtiâfiaroç  :  Mjtt/jrôt,*. 
Deux  hypothèses  se  présentent:  ou  bien  -ava-,  -ajia-  sont  des  variantes  de 
-vrj-,  -ftîj-,  qui  ont  leur  raison  d'être  dans  quelque  circon.stance  cachée;  ou 

bien  ils  proviennent  de  -sva-,  -8(ia formes  fortes  —  grâce  au  même 

mélange  du  vocalisme  qui  a  produit  zâlaoaai  à  la  place  de  rtXaaaai^. 
Ainsi  itav-daixâ-rcoQ  serait  pour  *7iav-S8iiti-rcaQ  et  n'aurait  pris  Va  que  sous 
l'influence  de  dâfivrjfii  et  de  sSafiov. 


Les  exemples  latins  sont: 
anta  skr.  àtë^. 

anàt-  âti. 

janitriccs  yâtâr. 


gnâ-tns  \    skr.  gd-tâ. 
nâtio      ]  gii-ti. 

cf.  geni-tor  =  gani-târ. 


C'est  encore  -an-  que  présente  man-sio,  qui  est  au  gr.  lueve  (^svs- 
Toç)  ce  que  gnatus  est  kgeni-:  puis  sta(fi)g-num,  contenant  la  ra- 
cine réduite  derévay-og.  Il  est  possible  que  gnë-  clans  gniirus  soit 
la  forme  faible  de  gno-.  Il  répoudrait  alors  au  second  des  deux 
yva-  helléniques  dont  nous  parlions  plus  haut.  Quant  à  co-gmtus 
il  appelle  le  même  jugement  que  ré&và^êv. 

Ainsi  -an-,  -ani-  ou  -na-,  voilà  les  équivalents  italiques  du 
phonème 'nasal  que  nous  étudions.  Qu'on  ne  s'étomie  pas  de  Va 
de  gnatus  en  regard  de  1'»;  de  -yvrjrog.  Rien  n'est  au  contraire 
plus  normal.  On  a  vu  qu'à  Ve  grec  sorti  de  -^,  le  latin  répond 
régulièrement  par  a,  au  moins  vers  le  commencement  des  mots: 
gnatus  {*gnHos)  :  yvrjtog  {*'yTi^rog)  =  sàtus  :  et 6g. 

Dans  les  idiomes  du  nord  nous  trouvons  en  général  les  mêmes 
sons  que  pour  la  nasale  sonante  brève.  Le  phonème  ^'  dont  v, 
selon  nous,  était  suivi,  n'a  jjas  laissé  de  trace.  Il  a  été  sup- 
primé pour  la  môme  raison  que  dans  dusti,  goth.  daulitar  = 
&vyâTr]Q,  etc.  (p.  179  seq.). 

Lithuanien:  gimf/s,  cf.  skr,  gâtt;  pa-Hn-tis  «connaissance» 
de  gna.  Cette  dernière  forme  est  des  plus  intéressantes.  Elle  nous 
montre  ce  degré  faible  gn^  que  les  langues  ariennes  n'ont  con- 

1.  Cette  forme  se  trouve  dans  Hésychius. 

2.  Osthoff  K.  Z.  XXIII  84. 

18 


274  Traitement  des  groupes  nn  et  nwi  en  Europe. 

servi  que  dans  le  prés,  gâ-nâti^  et  qui  est  à  gna  ce  que  skr.  çtr- 
est  à  p'â,  V.  p.  256  et  259.  —  Au  skr.  âtï  répond  àntis.  —  Paléo- 
SLAYE  :  jetry,  cf.  skr.  yâtâr. 

Germanique:  goth.  {qina-)J:unda-  =  skr.  gâta;  hmj',ja-^,  cf. 
litk.  -éintis  «connaissance»;  anglo-s.  tlmnor  «tonnerre»  =  skr. 
tara  «retentissant»  (évidemment  de  stani  ou  tani  «retentir,  ton- 
ner»); anglo-s,  simdea  «péché»,  comparé  j^ar  M.  Fick  au  skr.  srdi; 
V.  li*-all.  wunskan,  cf.  skr.  vânchatP^  —  v.  li*-all.  anut  =  skr.  âti. 

B.  Devant  les  voyelles  (groupes  -nn-  et  -mm-). 

Le  GREC  change,  comme  on  s'y  attend,  nn  et  mm  en  av  et  a^. 

Les  aoristes  ha^iov,  è'Ôa^ov,  è'xa^ov,  sd'avov,  font  pendant 
aux  formes  sanskrites  vanâti,  sanâti  pour  *vnnâti,  *snnâti  (p.  258), 
et  supposent  comme  elles  des  racines  udëttâs.  On  a  en  effet 

en  regard  de  ha^ov:    rs^s-vos,  té^a-ypç^  rfii]-t6g. 

—  sdayiov:    skr.  dami-tdr,   Ttav-Ôa^â-tcoç,  Aao-dâ- 

^a-g,  ô^tj-tog. 

—  sxa^ov:    skr.  çami-tdr,  xcc^a-rog,  â-xâ^a-g,  x^iq- 

TOg. 

—  ed-avov'^:  &dva-Tog,  d'vrj-rog. 

Dans  ëatavov  en  regard  de  Titarôg  (p.  46)  le  groupe  av  ne  se 
justifie  que  par  la  consonne  double  xr.  , 

Comme  on  aurait  grand  peine  à  retrouver  les  formations  de 
ce  genre  dans  d'autres  langues  d'Occident  que  le  grec,  nous  nous 
bornerons  à  consigner  quelques  exemples  paneuropéens  remar- 
quables dont  l'analyse  morphologique  est  du  reste  douteuse.  Il 

1.  Le  zend  a  les  formes  très-curieuses  j:)a^^t-2«>lfa,  u-zainti.  11  nous 
semble  impossible  d'y  reconnaître  des  formations  organiques,  car  celles-ci 
seraient  *puiti-zâta,  *â-zâiti.  Mais,  devant  les  voyelles,  zan-  (=  znn-)  est 
effectivement  le  degré  faible  régulier  de  znâ;  en  sorte  que  -zanta,  -zainti 
ont  pu  être  formés  sur  l'analogie  de  mots  perdus,  où  la  condition  indiquée 
se  trouvait  réalisée. 

2.  C'est  un  autre  un  qui  est  dans  Icunnmn  =  skr.  gânïmàs,  car  nous 
avons  vu  que  cette  dernière  forme  est  un  métaplasme  de  *  (jânïmàs, 
*gnnïmds  (p.  2.56). 

3.  La  racine  ne  peut  être  que  vami;  elle  paraît  se  retrouver  dans 
vUm-a. 

4.  La  l'acine  est  peut-être  non  Q^sva  mais  &vâ  (v.  p.  270).  Pour  la 
théorie  du  -uv-,  cela  est  indifférent. 


Traitement  tles  groupes  nn  et  tnin  en  Europe.  275 

s'en  trouve  iiiênie  un,  hin-il,  i[\n  vient  certaiiicniciit  d'uiH;  racine 
anudalta  (tau).  A  la  rigueur  on  pourrait  écarter  cette  anomalie  en 
divisant  le  mot  ainsi:  tn  -\-  ml.  Cependant  il  est  plus  naturel  de 
penser  que  le  sufHxe  est  -u,  que  la  forme  organique  devait  effec- 
tivement produire  tn-ti,  seulement  (jue  le  groupe  -nn-  naquit  du 
désir  d'éviter  un  groupe  initial  aussi  dur  que  tn-. 

Skr.  fanii,  gr.  tavv-,  lat.  tcnuis.  v.  li'-all.  diomi. 

Skr.  sama  «quelqu'un»,  gr.  cc^ôg,  gotli.  suma-  (cf.  p.  95  i.  n.). 

Gotli.  (/mua,  lat.  liomo,  hcmoncm  (hunianus  est  énigmatique), 
litli.  inui 

Gr.  xd^ccQog,  norr.  hnniara-  (Fick). 

[Il  est  ])robable  que  si.  sena  =  gotli.  qino  est  un  autre  thème 
que  le  gr.  ^avâ ,  yw-q  (p.  99).  Ce  dernier  étant  égal  au  skr.  gna 
(et  non  «ganâ»),  paraît  n'avoir  changé  n  en  nn  que  dans  la  pé- 
riode grecque.  —  Le  mot  signifiant  terre:  gr.  xa^iaî,  lat.  humus, 
si.  zemja,  lith.  zeme,  skr.  làaniâ,  a  contenu  évidemment  le  groupe 
niui,  mais  il  était  rendu  nécessaire  par  la  double  consonne  qui 
précédait.]  Les  syllabes  suffixales  offrent:  le  skr.  -fa)ia  (aussi 
-tna^  =  gr.  -ravo  dans  s7t-rj£-Tav6-g,  lat.  -tino;  skr.  -tania  =  goth. 
-tuma  dans  aftuma  etc.,  lat.  -tiimo. 

A  la  page  30  nous  avons  parlé  des  adjectifs  numéraux 
comme  skr.  daramà  =  lat.  decumiis.  Dans  la  langue  mère  on 
disait  à  coup  sûr  daji^mmâ ,  et  point  daji\a}nâ.  Le  goth.  -uma, 
l'accentuation,  la  formation  elle-même  {dajcm  -j-  a)  concourent  à 
le  faire  supposer.  Le  grec  a  conservé  un  seul  des  adjectifs  en 
question:  {(iôofiog.  M.  Curtius  a  déjà  conjecturé,  afin  d'exi)liquer 
l'adoucissement  de  tit  en  ^ô,  que  l'o  qui  suit  ce  groupe  est 
anaptyctique.  Sans  doute  on  attendrait  plutôt:  «ê^Ôa^oç»,  mais 
l'anomalie  est  la  même  que  pour  slxoGi,  ôiaxÔGtoi  et  d'autres 
noms  de  nombre  (§  15).  A  Héraclée  on  a  f^ds^og. 

§  15.  Phénomènes  spéciaux. 
I. 

Le  groupe  indien  ra  comme  représentant  d'un  groupe  faible, 
dont  la  composition  est  du  reste  difficile  à  déterminer. 

1.  Dans  l'identité:  skr.  ragatâ  =  lat.  argentum,  deux  cir- 
constances font  supposer  que  le  groupe  initial  était  de  nature 


276  l'ype  ragatd  —  argentum  et  type  usas  —  avag. 

particulière  :  la  position  divergente  dans  les  deux  langues  de  la 
liquide,  et  le  fait  que  la  voyelle  latine  est  a  (cf.  largiis  —  dirglià 
etc.).  Ces  indices  sont  confirmés  jDar  le  zend,  qui  a  erezata  et  non 
«razatuy^. 

2.  Le  rapport  de  erezata  avec  ragatâ  se  retrouve  dans  tere- 
çaiti  —  appuyé  par  l'anc.  perse  tarcatiy,  et  non  «d^raçatiy>>  —  en 
regard  du  skr,  tràsati.  On  ne  peut  donc  guère  douter  que  la  syl- 
labe iras-  dans  trasati  n'offre,  en  dépit  des  apparences,  le  degré 
faible  de  la  racine.  Il  serait  naturel  de  chercher  le  degré  fort 
correspondant  dans  le  véd.  tarâs-antï,  si  le  même  échange  de  ra 
et  ara  ne  nous  apparaissait  dans  l'exemple  3,  où  on  aurait  quelque 
peine  à  l'interpréter  de  la  sorte. 

3.  Le  troisième  exemple  est  un  cas  moins  limpide,  à  cause 
de  la  forme  excessivement  changeante  du  mot  dans  les  différents 
idiomes.  Skr.  aratni  et  ratnl,  zd.  ar-e-d^nâo  nom.  pi.  (gloss.  zend-p.) 
et  rdd-na;  gr.  toAs'i/j^,  coXé-xçâvov  et  o^é-xçâvov ,  lat.  ulna;  goth. 
aleina.  Peut-être  le  lith.  aJki'mé  est-il  pour  *altné  et  identique 
avec  le  skr.  ratnl.  Le  groupe  initial  est  probablement  le  même 
dans  une  formation  parente:  gr.  aAa|'  7tri%vg.  'Ad^afiâvav,  lat. 
lacertiis,  lith.  olektis,  si.  lakûtï.  V.  Curtius  Grdz.  377. 

IL 

Dans  une  série  de  cas  où  elles  se  trouvent  placées  au  com- 
mencement du  mot,  on  observe  que  les  sonantes  ariennes  i,  u,  r, 
n,  m,  sont  rendues  dans  l'européen  d'une  manière  particulière  et 
inattendue:  une  voyelle  qui  est  en  général  a  y  apparaît  accolée 
à  la  sonante,  qu'elle  précède.  Novis  enfermons  entre  parenthèses 
les  formes  dont  le  témoignage  est  indécis. 

Série  de  Vi: 

1.  Skr.  ïd-e  pour  *izd-e:  goth.  aistan  (cf.  allem.  nest  =  skr. 

nî(ki). 

2.  Skr.  inâ  «puissant»:  gr.  aiv6g(?). 
Série  de  Vn: 

3.  Skr.  u  et  uta:  gr.  av  et  «wf,  goth.  ai(-l\ 

4.  Skr.  vi:  lat.  avis,  gr.  aUtôg. 

5.  Skr.  uksâti:  gr.  av^œ  (yâksati  étant  «£'!«). 
f).  Skr.  nsàs:  lat.  aurora,  éol.  avmç. 


Type  usas  —  avcog.  277 

7.  Skr.  usrd:  litli.  misera. 

8.  Skr.  t«v-(/ «  appeler  »  :  gr.  aî'co'(?). 
Série  de  Vr: 

0.  Skr.  rça:  lat.  aZces  (gr.  «Ajci^,  v.  li'-all.  elaho). 
Série  des  nasales: 

10.  Skr.  a-  (négat.):  osq.  ombr.  an-  (lat.  in-,  gr.  à-,  germ.  un-). 

11.  Skr.  âgra:  lat.  angulus,  si.  «^/w. 

12.  Skr.  a/u',  zd.  azhi:  lat.  anguis,  litli.  ang)s,  si.  «i/,  gr.  oçpft?^ 

(v.  li*-all.  «»c). 

13.  Skr.  aA«/i  (pour  '*aJuiti):  lat.  aw^o,  gr.  «7%ûj  (si.  v-^'^'a). 

14.  Skr.  aJm,  parallèlement  à  amhti,  dans  parolivl  (v.  B.  II.): 

goth.  aggims,  si.  asuhu,  cf.  gr.  fV?"^'?- 

15.  Skr.  «&/</;  lat.  amh-,  gr.  âfi^Dt,  si.  o&m  (v.  li*-all.  nnibi). 

16.  (Skr.  iibhaii:  lat.  amho,  gr.  a^q)co,  si.  o?>«^  litli.  cr&zf,  goth. 

17.  Skr.  ahlirà:  osq.  anafriss  (lat.  imhcr),  gr.  o,a/3()os^ 

La  dernière  série  présente  une  grande  variété  de  traitements. 
Il  n'est  évidemment  pas  un  seul  des  exemples  cités,  auquel  on 
soit  eu  droit  d'attribuer,  en  rétablissant  la  forme  proethnique,  la 
nasale  sonante  brève  ou  la  nasale  sonante  longue  ou  le  groupe 
plein  an.  Mais  cela  n'empêche  pas  les  différents  idiomes  d'effacer 
parfois  les  différences.  En  germanique,  le  son  que  nous  avons 
devant  nous  se  confond  d'ordinaire  avec  la  nasale  sonante  {un)] 
cependant  aggtms  montre  on.  Le  letto-slave  offre  tantôt  an,  tan- 
tôt a,  et  une  fois,  dans  v-eza,  le  groupe  qui  équivaut  à  Vun  ger- 
manique. En  latin,  même  incertitude:  à  côté  de  an  qui  est  la 
forme  normale,  nous  trouvons  in,  représentant  habituel  de  n,  et  il 
est  curieux  surtout  de  constater  dans  deux  cas  un  in  latin  opposé 
à  un  an  de  l'osque  ou  de  l'ombrieji^  Le  grec  a  presque  toujours  av, 

1.  L'hiatus,  dans  àvouç,  rend  ce  rapprochement  douteux.  Cf.  cepen- 
dant kJ-vxov  (Corp.  Inscr.  10)  =  ccvxov. 

2.  La  parenté  de  oqp'ff  avec  dlii  a  été  défendue  avec  beaucoup  de  force 
par  M.  Ascoli  {Vorlesungen  p.  158).  Le  vocalisme  est  examiné  plus  bas. 
Quant  au  cp  grec  =  gh.,,  vsicpsi  en  est  un  exemple  parfaitement  sûr,  et  Ton 
peut  ajouter  ricçQu  (rac.  dha^gh.^,  p.  111  i.  n.),  Jiecpvfiv,  qparôç  =  skr.  Jiatâ, 
TQvcpT]  =  skr.  druJiâ,  peut-être  aussi  aAqpr;  (Hes.)  et  uXfpoi,  cf.  skr.  arghà, 
drhati  (Frôhde  Bezz.  Beitr.  III  12).  Sur  ^xiç  v.  p.  279,  note  2. 

3.  Faut-il  ajouter:  skr.  agni,  si.  ogm,  lat.  i{n)gnis? 

4.  Ce  fait  se  présente  encore  pour  intcr,  ombr.  anier;  aussi  est-il  sur- 


278  Variétés  de  nasale  sonante. 

a^,  une  fois  seulement  a.  Dans  o^^Qog  la  voyelle  a  pris  une  teinte 
plus  obscure j  enfin  oq)ig  a  changé  om  en  o  par  l'intermédiaire  de 
la  voyelle  nasale  longue  o.  Homère^  Hipponax  et  Antimaque  em- 
ploient encore  oq)Lg  (ophis)  comme  troclnée;  pour  les  références  v. 
Rosclier  Stud.  P  124.  Il  n'est  pas  absolument  imiîossible  qu'une 
variante  de  ocpi-  se  cache  dans  à^cpCa^aiva  et  ânxpîa&fiaiva 
(Etym.  Mag.) ,  formation  qu'on  pourrait  assimiler  à  axvô^aLvog 
(Hes.),  içiô^aîvco^  ciXvû&fiaîvco.  —  àyL(pC6{^aLva  (Eschyle)  serait 
né  par  étymologie  populaire. 

En  raison  des  difficultés  morphologiques  que  présente  le 
type  usas  —  avcog,  abld  —  à^cpC.  etc.  (v.  p.  280  seq.),  il  n'est 
guère  possible  de  déterminer  la  nature  du  son  que  pouvaient 
avoir  dans  la  langue  mère  les  phonèmes  initiaux  de  ces  formes. 
On  peut  supposer  à  tout  hasard  que  la  voyelle  faible  -^  (p.  178  seq.) 
précédait  la  sonante,  et  qu'il  faut  reconstruire  -^usas,  -hnhhi,  etc. 

Les  formes  comme  (l^cpî.  o(xl3Qog  et  o^tç  nous  amènent  à  des 
cas  analogues  qu'on  observe  sur  certains  groupes  à  nasale  mv- 
diaux.  Avant  tout:  gr.  eixoat  et  ixâvTLV  (Hes.)  =  skr.  vimçâti. 
Cf.  ocptg  et  anguis  =  skr.  âJii.  Le  second  élément  de  sixoGt  prend 
la  forme  -xov-  dans  xQiûxovta^  (skr.  trimçât)  —  cf.  o^i^çog: 
ahhrâ  — ;  il  n'accuse  dans  éxarôv  qu'une  nasale  sonante  ordinaire, 
et  reprend  la  couleur  o  dans  ôiaxéûioi.  Si  d'une  part  certains 
dialectes  ont  des  formes  comme  J^i'xart,  en  revanche  ôexôrccv  et 
ixorôfi^oia  (p.  102)  renforcent  le  contingent  des  o^.  Enfin  le 
slave  n'a  point  «seto»  (cf.  lith.  szhntas),  mais  siifo.  —  Un  second 
cas  relativement  sûr  est  celui  du  préfixe  o-  alternant  avec  à-^ 
(cf.  êxuxôv  :  ÔLaxoôioi),  dans  oTcarçog,  o^v^  etc.,  en  regard  de 
(cdeXcpsiog  etc.  En  lithuanien  on  trouve  sa-,  en  paléoslave  sa- 
{salogu  :  aAo^oç)-,  Féquivalence  est  donc  comme  pour  oq)Lg  :  azi^. 

prenant  qu'en  sanskrit  nous 'trouvions  antàr  et  non  <<,atdr>y.  Il  faut  ob- 
server cependant  que  l'adjectif  dntara,  dont  la  i^arenté  avec  antiir  est 
probable,  se  trouve  rendu  en  slave  par  v-ntorû.  Or  le  nom  de  nombre 
sïito  nous  montrera  ci-dossous  que  l'apparition  de  l'w  slavo,  en  tel  cas,  est 
un  fait  digne  de  remarque. 

1.  Nous  ne  décidons  rien  quant  à  l'analyse  de  rtiiav.oGTÔç  {trinirattamd). 

2.  Cf.  p.  102. 

3.  Non  pas  à-,  lequel  est  forme  faible  de  tv-  (p.  34). 

4.  Autres  exemples  possibles  d'un  o  de  cette  nature:  ^çôxog,  cf.  goth. 


VariétcK  de  nasalo  sonanto.  279 

Ces  faits  enj^agent  pour  le  moins  à  juger  prudeiuiiieiit  cer- 
tains participes  qu'on  s'est  peut-être  trop  pressé  de  classer  parmi 
les  formes  d'analogie,  en  particulier  ovt-,  lovt-  et  odovt-.  La 
singularité  de  ces  formes  se  traduit  encore  dans  d'autres  idiomes 
que  le  grec,  comme  on  le  voit  par  le  v.  h*-all.  p:a,nd,  parallèlement 
au  goth  tuiijyiis,  le  lat.  emitem  et  sons  à  côté  de  -iens  et  -sens.  Ces 
trois  exemples  sont  des  particijjes  de  thèmes  consonantiques.  11 
est  facile  de  recourir,  pour  les  expliquer,  à  l'hypothèse  de  réac- 
tions d'analogie.  Mais  quelle  probabilité  ont-elles  pour  un  mot 
qui  signifie  «dent»,  et  dont  l'anomalie  se  manifeste  dans  deux 
régions  linguistiques  différentes?  Elles  sont  encore  moins  ad- 
missibles pour  le  lat.  euntem  et  sons,  les  participes  thématiques 
(tels  que  fcrens)  étant  dépourvus  de  Vo  (p.  107).  Remarquons  de 
plus  que  (iôLog  est  très-probablement  identique  avec  skr.  satyd 
(Kern  K.  Z.  VIII  400). 

Le  groupe  grec  -av-,  dans  certains  mots  tout  analogues, 
mériterait  aussi  un  sérieux  examen.  Ainsi  dans  èvtt,,  svraaat,  si 
ces  formes  sont  pour  ^'(j-svri,  *(j-svTa66i.  C'est  comme  groupe 
initial  surtout  qu  il  peut  prendre  de  l'imjjortance.  Nous  avons 
cité  déjà  iyyvg,  en  regard  du  goth.  aggvus^,  du  skr.  aliu.  On  a 
ensuite  ay%eXvg^  =  lat.  migtiilla  (lith.  migurys);  enfin  è^nCg.  l'équi- 


vruggo;  axôxog  comparé  par  M.  Fick  au  goth.  staggan;  yioxcôvrj,  cf.  skr. 
(jaghâna  de  ganûi  (d'où  gdhghcl  <•' gamba»);  Ttôd'og  à  côté  de  na&scv  (cf. 
p.  103);  apaojco  de  açfia,  etc. 

1.  Cf.  syxovaa,  variante  de  ayxovaa. 

2.  De  même  qu'il  y  a  échange  entre  ov  et  o  {TQi<iy.ovza  :  elKoai),  de 
même  s  équivaut  à  8v  dans  è'xtg  comparé  à  fyx?lvq.  Le  parallélisme  de 
ce  dernier  mot  avec  anguiUa  semble  comi^romettre  le  rapprochement  de 
oqptg  avec  anguis  et  dhi  (p.  277),  et  on  se  résoudra  difficilement  en  eflfet  à 
séparer  é'^tg  de  ces  formes.  Mais  peut-être  une  différence  de  ton,  destinée  à 
marquer  celle  des  significations  et  plus  tard  effacée,  est-elle  la  seule  cause 
qui  ait  fait  diverger  ix^'i  ^t  oqp'S;  ils  seraient  identiques  dans  le  fond. 
Peut-être  aussi  doit-on  jiartir  d'un  double  prototype,  l'un  contenant  gh.^ 
ipcpiç)  et  l'autre  gh^  {^%i-s)-  La  trace  s'en  est  conservée  dans  l'arménien 
(Hûbschmann  K.  Z.  XXUI  36).  Quoi  qu'il  eu  soit,  le  fait  que  Ve  de  f';Ki5 
rentre  dans  la  classe  de  voyelles  qui  nous  occupe  est  évident  par  le  grec 
même,  puisque  la  nasale  existe  dans  tyxs'^vç.  —  L'e  de  ëtEçog,  en  regard 
de  atë^oç  (dor.)  et  de  ^âzBQOv,  n'est  dû  qu'à  l'assimilation  analogique  telle 
qu'elle  a  agi  dans  les  féminins  en  -fsaca  (p,  35). 


280    Le  type  usds-avag  considéré  au  point  de  vue  morphologique. 

valent  du  latin  «jj/s^  dont  la  forme  germanique,  v.  li*-all.  hîa-, 
rappelle  vivement  a^cpa  =  gotli.  haP  (p.  277). 

Dans  la  série  des  formes  éuumérées  p,  276  seq.  le  propre 
des  langues  ariennes  est  de  ne  refléter  le  phonème  initial  en 
question  que  comme  une  sonante  de  l'espèce  commune.  Mais,  ce 
qui  est  plus  étrange,  la  même  famille  de  langues  nous  montre  en- 
core ce  phonème  encastré  dans  un  système  morphologique  pareil 
à  celui  de  toutes  les  autres  racines  et  obéissant,  au  moins  en 
apparence,  au  mécanisme  habituel. 

Premier  cas.  Dans  la  forme  forte  l'a  précède  la  sonante.  — 
A  côté  de  âhati  (pour  *ahâti)  =  lat.  ango,  ou  a  le  thème  en  -as 
âmhas,  et  à  côté  de  ahhrâ,  âmhJias.  L'identité  de  iiksâti  et  avi,a 
fait  supposer  que  Vu  de  ugrâ,  dont  la  racine  est  peu  différente, 
serait  au  dans  les  langues  d'Europe,  et  qu'on  doit  lui  comparer 
lat.  angeo,  goth.  aiikd;  or  il  est  accompagné  des  formes  fortes 
ogas,  égiyas.  Semblablement  usas  (=  avag)  est  lié  au  verbe  ésati. 

Deuxième  cas.  Dans  la  forme  forte  \'a  suit  la  sonante.  —  Au 
présent  de  la  &^  classe  uJcsàti  (=  av^œ)  correspond  dans  la 
1®  classe  vâVsati.  Au  skr.  \id-  (p.  ex.  dans  uditci  «dit,  prononcé») 
répond  le  gr.  avà-  dans  avd?f  ^;  mais  le  sanskrit  a  en  outre  la  for- 
mation non  affaiblie  vâdati. 

C'est  la  question  de  la  représentation  des  deux  séries  de 
formes  fortes  dans  les  langues  européeimes  qui  fait  apparaître 
les  difficultés. 

1.  Cette  forme  a  probablement  passé  par  le  degré  intermédiare  àpis, 
ce  qui  ferait  pendant  aux  évolutions  qu'a  parcourues  en  grec  orpiç. 

2.  Cf.  aussi  %v%^a  =  skr.  âdha{?). 

3.  avôi]  ne  se  dit  que  de  la  voix  humaine  et  renferme  toujours  ac- 
cessoirement ridée  du  sens  qu'expriment  les  paroles.  Cela  est  vrai  aussi 
dans  une  certaine  mesure  du  skr.  vad,  et  cette  coïncidence  des  significa- 
tions donne  une  garantie  de  plus  de  la  justesse  du  rapprochement.  —  Re- 
marquons ici  que  l'a  prothétique  ne  s'étend  pas  toujours  à  la  totalité  des 
formes  congénères.  Ainsi  l'on  a  vôco  parallèlement  à  av8ri\  vyirig  en  re- 
gard de  augco;  vt&6v  (Curtius,  Stud.  IV  •202)  à  côté  de  orvco,  Kvotrjçog. 
Sans  doute  àno-vQaç  et  ccTi-ccvQci(o  offrent  un  spécimen  du  même  genre.  A 
la  \j.  276  nous  avons  omis  à  dessein  le  v.  h^-all.  eiscôn  en  regard  du  skr. 
icchdti,  parce  que  le  lith.  j-ëshiti  accuse  la  prothèse  d'un  e  et  non  d'un  a. 
Si  l'on  passe  sur  cette  anomalie,  le  gr.  1-6x7]?  conqiaré  à  eiscôn  (skr.  is-) 
reproduit  le  ra2)port  de  vàw  avec  avSt]  (skr.  ud-). 


•      Le  type  itMis-Kvoiç  considtiré  au  point  de  vue  morphologique.    281 

Reprenons  le  premier  eas  et  considérons  cet  échange  qui  a 
lieu  entre  i(s-âs  et  ôs-ati,  vrj-râ  et  ôg-as,  ahh-râ  et  àmhh-as,  àh-ati 
et  ânih-as.  Il  est  difficile  d'imaginer  que  l'a  des  formes  fortes 
puisse  représenter  autre  chose  que  a^.  Mais,  cela  étant,  nous  de- 
vrions trouver  on  Europe,  parallèlement  à  une  forme  faible  telle 
que  amjh  par  exemple,  une  forme  forte  contenant  c:  cnyli.  De  fait 
nous  avons  en  grec  bvco  (lat.  uro)  =  ôsati  à  côté  de  ava  «allu- 
mer», avakioç^  avGryjQOj;  (mots  où  av(a)  équivaut  au  skr.  uï>, 
comme  l'enseigne  avag  —  usas).  D'autre  part  la  valeur  de  cet 
indice  isolé  est  diminuée  jjar  certains  faits,  entre  lesquels  l'iden- 
tité du  skr.  ândhas  avec  le  gr.  cîvd-og  nous  paraît  particulièrement 
digne  d'attention. .  Il  est  remarquable  que  l'a  de  cette  forme  soit 
un  a  initial  et  suivi  d'une  sonante,  précisément  comme  dans 
âmhhas,  àmlias.  L'analogie  s'étend  plus  loin  encore,  et  ce  sera  ici 
l'occasion  d'enregistrer  une  particularité  intéressante  des  types 
radicaux  d'où  dérivent  les  formes  comme  ■'^usas.  Ils  sont  régu- 
lièrement accompagnes  d'une  racine  sœur  où  la  place  de  V&  est 
changée^,  et  dans  cette  seconde  racine  l'a  accuse  toujours  nette- 
ment sa  qualité  d'a^. 

V  RACINE 


Forme  faible 


usas  —  avag 


ugra  —  atigeo 


ahati  —  ango 
abhrâ  —  anafriss 


Forme  forte,  obser- 
vable    dans     l'arien 
seulement,  et  où  la 
qualité  de  l'a  est 
à  déterminer 

ôsati 


ogas 


âmlias 


âmhJuii 


skr. 


a-,  osq. 

(nég.) 


an- 


2^  RACINE 
(Forme  forte) 


îvaiS:  skr.  vasara,  vasanta, 

gr.  {J')é{6)aQ. 
wa^g:    lat.  vegco,    zd.    va- 

zyaht  ^. 
na^gh:  lat.  necto.  gr.  v£%ag' 

atQCû^atu. 
najhh:  skr.  nàbJias,  gr.  vé- 

(fog,  etc. 
na^  :  skr.  na,  lat.  ne. 


1.  Nous  ne  parlons,  bien  entendu,  que  des  exemples  qui  rentraient 
dans  le  premier  cas.  Le  type  radical  du  second  cas  est  précisément  (au 
moins  en  ce  qui  touche  la  place  de  Va)  celui  de  la  racine  sœur  eu  question. 

2.  Le  zend  prouve  que  la  gutturale  est  <Ji ,  taudis  que  la  première  ra- 


282    Le  type  usàs-avcog  considéré  au  point  de  vue  morphologique. 

Revenons  au  mot  ândhas.  Pour  nous  il  n'est  pas  douteux 
que  la  nasale  qui  s'y  trouve  n'ait  été  primitivement  wi  et  que  la 
souche  de  ce  mot  ne  soit  la  même  que  dans  mâdhu  «le  miel». 
Nous  écrivons  donc: 

—  I  ândlms         \  ma^dh :  skr.  mâdhu,  gr.  ^é&v. 

Mais  comme  ândhas  est  en  grec  àvê-og ,  il  s'en  suivrait  que 
âmhJias  représente  '^a(iq)og,  non  «E^q)og'»,  et  que  le  lat.  *angos 
dans  angustus  doit  se  comparer  directement  à  ânihas.  En  un  mot 
les  a  radicaux  de  la  seconde  colonne  ne  seraient  pas  des  a^.  Ce  ré- 
sultat, qui  paraît  s'imposer,  nous  met  en  présence  d'une  énigme 
morphologique  qu'il  est  sans  doute  impossible  de  résoudre  à 
présent. 

Nous  passons  à  l'examen  du  deuxième  cas.  Ici  les  langues 
occidentales  permettent  encore  de  distinguer  la  forme  forte.  Si 
uVsàti  est  rendu  en  grec  par  a{'|a),  rôÂsafiTestpar  «(j^)£'|aj.  Autre 
exemple  analogue:  la  rac.  skr.  vas  «demeurer»  se  retrouve  dans 
le  gr.  à{f)E{a)-aa,  à{J^)80-(0)xovto,  dont  la  forme  faible  (en  san- 
skrit lis)  apparaît  dans  avkrj,  i-ava  ^ 

A  première  vue  la  clef  de  toutes  les  perturbations  que  nous 
observons  semble  enfin  trouvée  dans  la  nature  de  la  sonante  ini- 
tiale (pour  les  cas  précités,  «,  iv).  On  n'aurait  à  admettre  qu'une 
prononciation  plus  épaisse  de  cette  sonante,  effacée  secondaire- 
ment dans  l'arien,  traduite  dans  l'européen  par  la  prothèse  d'un  rt, 
et  s' étendant  aussi  bien  à  la  forme  forte  qu'à  la  forme  faible.  Rien 
de  plus  clair  dès  lors  que  notre  diagramme  : 

cine  montre  g^.  Nous  pensons  néanmoins,  vu  d'autres  cas  analogues,  qu'il 
n'y  a  pas  lieu  d'abandonner  le  rapprochement. 

1.  Sous  l'influence  de  Vu  (cf.  p.  101),  l'a  de  ce  groupe  radical  ccva-  se 
colore  en  o  dans  différentes  formes  rassemblées  par  M.  Curtius,  Grdz.  273. 
Ainsi  ovaC'  cpvXcct,  et  co^d  traduction  stricte  de  ovt]  en  dialecte  laconien 
(p.  160  i.  n.).  Puis  vTtsç-âïov,  formation  de  tout  point  comparable  au  skr. 
untar-uhja  «cachette».  L'co  n'est  dans  ce  mot  qu'un  allongement  d'o 
exigé  par  les  lois  de  la  composition  grecque.  On  remoute  donc  à  vneQ-oïov 
(cf.  olri  =  yicofirj),  vnsg-ovïov,  vnsç-av{a)-iov.  —  Le  verbe  â(/)atdw  serait-il 
à  avdiî  ce  que  à{f)s^(o  est  à  av^a'i  De  toute  manière  la  dip'hthongue  en 
est  inexpliquée.  Cf.  àrjdcôv.  —  àXs^ca  répond  à  rdksati  comme  àféi,(a  à 
vdkïiati,  mais  la  forme  réduite  manque  aux  deux  idiomes.  11  est  vrai  que 
celle-ci  peut  se  suppléer  en  recourant  à  la  racine  plus  courte  qui  donne 
riX-ctXti-ov  et  lat.  arceo. 


Le  type  îisâs-avcùç  conaidéro  au  point  de  vue  morpliologique.    28! 


a-vè,  =  u¥s  cc-fsi,  =  vahk. 

Cet  espoir  d'explication  tombe  devant  une  nouvelle  et  fort 
étrange  particularité  des  mêmes  o-rou])e.s  radicaux.  On  observe 
en  effet  parallèlement  aux  types  tels  que  ùFeE  ou  ùFec  une  sorte 
de  type  équivalent  FaH,  Fac.  Ce  dernier  ai)paraîtra  soit  dans  les 
langues  congénères  soit  dans  le  grec  même. 

ccféi,-Gi:  goth.  va,hs-ja  (parf,  vohs,  peut-être  secondaire). 
àJ-é(}-(^6)xovro:  J-âc-rv. 
Voici  d'autres  exemples  fournis  par  des  racines  qui  se  trou- 
vent être  restreintes  aux  idiomes  occidentaux: 
afext-Xov'.  lat.  t'as,  vad-is;  goth.  va.d-i. 
'AQsn-vlai^:  lat.  mjhio. 

cclsy-Eivôs^  (et  àXsy-oj?):  Xay-Eivâ'  deivâ  (Hes.). 
Cette  inconstance  de  la  voyelle  révélerait,  dans  d'autres  cir- 
constances, la  présence  du  phonème  '^*,  mais  si  telle  est  la  va- 
leur de  Va  dans  àfi^co^  la  relation  de  cette  forme  avec  vâksati, 
iiksàti,  av^co^  aussi  bien  que  sa  structure  considérée  en  elle-même 
cessent  d'être  compréhensibles  pour  nous. 


1.  âpTT-  est  à  àpcTT-  ce  que  aùE  est  à  àPet.  C'est  la  forme  réduite.  Il 
en  est  de  même  de  à\^  dans  son  rapport  avec  àXeT-  àXsysivôç  prouve 
qu'on  a  dit  d'abord  *aXsyoç:,  aXyog  est  dû  à  l'influence  des  formes  faibles. 


Additions  et  Corrections. 

p.  7.  La  présence  de  IV-voyeile  eu  ancien  perse  paraît  se  trahir  dans 
le  fait  suivant.  Au  véd.  màrtia  correspond  martiya  (ou  plus  simplement 
peut-être  martya);  au  véd.  mrtyû  est  opposé  {ucâ-)marsMyu,  soit  {uvâ-) 
marshyu.  Indubitablement  la  différence  des  traitements  cj^u'a  subis  le  t 
tient  à  ce  que  1"/,  dans  Viartia,  était  voyelle  et  dans  mrtyiï  consonne.  Mais 
cette  différence  n'est  déterminée  à  son  tour  que  par  la  quantité  de  la 
syllabe  radicale,  et  il  faut,  d'après  la  règle  de  M.  Sievers,  que  la  syllabe 
radicale  de  -marshyu  ait  été  brève,  en  d'auti'es  termes  que  Tr  y  ait  fonc- 
tionné comme  voyelle.  Peut-être  le  r  existait-il  encore  à  l'époque  où  l'in- 
scription fut  gravée,  en  sorte  qu'on  devrait  lire  uvâmrshyu. 

P.  9,  note.  M.  Curtius  admet  une  déviation  semblable  d'imparfaits 
devenant  aoristes  pour  les  formes  énumérées  Yerb.  P  196  seq. 

P.  10,  lignes  11  seq.  On  peut  citer  en  zend  çé-a-ntu  de  çac  et  en  san- 
skrit r-a-nte,  r-a-nta  de  ar. 

P.  11,  note.  Biffer  sidati  (cf.  p.  172,  ligne  14). 

P.  15.  L'hypothèse  proposée  (en  note)  pour  lâXlca  est  comme  je  m'en 
aperçois,  fort  ancienne.  V.  Aufrecht  K.  Z.  XIV  273  et  contre  son  opinion 
A.  Kubn  ibid.  319. 

P.  16.  L'étymologie  présentée  pour  goth.  haurn  e»t  insoutenable.  La 
forme  runique  liorna  (ace.)  suffit  à  la  réfuter. 

P.  20.  A  nsx^sîv  de  nëv&  se  joignent  Xccx^lv  de  Isyx,  xaSsiv  de  Xiv8, 
SciKSLV  de  '^ô^yy.;  v.  le  registre.  —  Pour  l'aoriste  redoublé,  cf.  p.  107,  1.  13. 

P.  21,  lignes  11  seq.  Depuis  l'impression  de  ces  lignes  M.  Brugman  a 
publié  sa  théorie  dans  les  Beitrâge  de  Bez^enhergcr  II  245  seq.  Signalons 
une  forme  intéressante  omise  dans  ce  travail:  àn-écpciTO'  dnè&ccvfv  (Hes.) 
de  cpev.  Contre  la  reconstruction  de  formes  comme  *fKv^iev  de  kou  (Brug- 
man p.  253)  cf.  ci-dessus  p.  182  i.  n. 

P.  30,  ligne  2.  Ajouter:  «lorsqu'il  ne  le  supprime  pas.»  Il  n'est  pas 
besoin  de  rappeler  l'ace,  pana  et  les  formes  semblables. 

P.  32,  note  2.  La  vue  du  travail  en  question,  réimprimé  à  présent 
dans  le  second  volume  des  Studj  Critici,  nous  eût  épargné  de  parler  de 
plusieurs  points  (p.  30  seq.)  qui  s'y  trouvaient  déjà  traités,  et  de  main  de 
maître,  par  M.  Ascoli. 

P.  33,  ligne  12.  Vérification  faite,  il  faut  joimlro  à  a^-iiiiisyà  le  com- 
posé nJisdnna  de  ulcsnn  et  iinna. 

]'.  37.  La  noti'  1  devait  être  ainsi  conviie:  Le  moyen  punutc  {=  punntc), 


Additiona  et  corrections.  285 

où  rabsence  d'à  siiffixal  est  manifeste,  ne  i)ermet  pas  d'JKJsiter  sur  la  va- 
leur du  groupe  an  dans  punchtti. 

V.  42,  ligne  1.  «L'e  ne  termine  le  mot  que  dans  ce  cas-là.»  Cela  est 
erroné.  Nous  aurions  dû  prendre  garde  à  kore  et  aux  pronoms  7tte,  te,  se, 
formes  où  e  final  est  notoirement  sorti  de  ë  long  -{-  nasale.  Néanmoins 
l'opinion  mise  en  avant  relativement  à  ime  ne  nous  paraît  pas  de  ce  fait 
improbable. 

P.  42,  note.  Comme,  dans  le  travail  cité,  M.  Osthoff  ne  vise  qu'un  cas 
particulier  de  l'r- voyelle,  il  est  juste  de  rappeler  que  l'existence  de  ce  pbo- 
nème  n'a  été  affirmé  d'une  manière  générale  que  dans  l'écrit  de  M.  Brug- 
man  sur  les  nasales  sonantes.  Ce  qui  revient  exclusivement  au  premier 
savant,  c'est  d'avoir  posé  or  comme  représentant  latin  de  l'r-voyelle. 
Cette  dernière  règle,  dont  nous  devions  la  connaissance  à  une  communi- 
cation verbale  de  M.  le  prof.  Osthoff,  avait  été  publiée  avec  sou  autorisa- 
tion dans  les  Mémoires  de  la  Soc.  de  Linguistique  (III  282),  et  il  ne  pou- 
vait y  avoir  indiscrétion  à  la  reproduire  ici.  —  On  sait  que  l'existence 
de  l'r-voyelle  dans  la  langue  mère  a  toujours  été  défendue  en  principe  soit 
par  M.  Hovelacque  soit  par  M.  Miklosich.  Seulement  ces  savants  n'in- 
diquaient pas  quels  étaient  les  groupes  spéciaux  qui  correspondaient  dans 
les  langues  d'Europe  au  r  indien. 

P.  44,  note  2.  Le  skr.  atnd  ne  saurait  représenter  ninâ,  car  cette  forme 
eût  produit  «annni». 

P.  46,  ligne  10.  Une  forme  semblable  à  ^i-îa  se  cache  peut-être  dans 
(i-àvv^,  si  on  le  ramène  à  *  aii-àvv^.  En  outre  ^ôvog  est  pour  *aii-6vog  et 
identique  sans  doute  au  skr.  samând,  équivalent  de  eka  (pour  *sm-und  par 
svarabhakti).  Toutefois  la  forme  iiovvos  ne  s'explique  pas. 

P.  52.  Pendant  l'impression  du  présent  mémoire  a  paru  le  premier 
cahier  des-  Morpliologische  Untersuchungen  de  MM.  Osthoff  et  Brugman. 
Dans  une  note  à  la  p.  238  (cf.  p.  267),  M.  Osthoff  reconnaît,  à  ce  que  nous 
voyons,  l'existence  de  la  voyelle  que  nous  avons  appelée  A  et  pour  laquelle 
il  adopte  du  reste  la  même  désignation  que  nous.  L'idée  que  M.  Osthoff 
se  fait  du  rôle  morphologique  de  cette  voyelle  ainsi  que  de  sa  relation 
avec  Yïi  long  n'est  autre  que  celle  contre  laquelle  nous  avons  cru  devoir 
mettre  le  lecteur  en  garde,  p.  134  seq.  Nous  ne  pouvons  que  renvoyer  au 
§  11  pour  faire  apprécier  les  raisons,  à  nos  yeux  péremptoires,  quimiUtent 
contre  cette  manière  de  voir. 

P.  53,  ligne  12.  L'étymologie  proposée  à  présent  par  M.  Fick  et  qui 
réunit  xfqoaAry  au  goth,  gibla  (Beitr.  de  Bezzenb.  II  265)  contribuera  à  faire 
séparer  définitivement  caput  de  nstpccXri.  —  Ligne  14.  Sur  quuttuor  cf. 
L.  Havet,  Mém.  Soc.  Ling.  III  370. 

P.  56.  On  joindra  peut-être  à  la  liste  ptak  {ptâk):  gr.  irxa-mtv,  lat. 
taceo  (cf.  goth.  pahan). 

P.  58,  ligne  2.  Le  mot  QO^icpsvs  «.alêne»  est  fait  pour  inspirer  des 
doutes  sur  la  justesse  du  rapprochement  de  M.  Bugge.  Il  indiquerait  que 
la  racine  de  çâma  est  ^e,uq)  et  que  l'a  y  représente  la  nasale  sonante. 


286  Additions  et  corrections. 

P.  60.  Le  nom  latin  Stator  est  placé  parmi  les  formes  de  la  rac.  stâ 
qui  ont  un  a  long.  C'est  une  erreur;  Va  est  bref.  —  Le  suff.  lat.  -tût  = 
dor.  -Târ  (Ahrens  II  135)  aurait  pu  être  mentionné. 

P.  70,  lignes  13  seq.  Cf.  plus  bas  la  note  relative  à  la  p.  121. 

P.  78,  ligne  11.  Ajouter  goth.  hiai-na-  «colline»,  de  kja^i  << incliner». 

P.  81,  ligne  13.  Ajouter:  ?J(i(po-ç  «morve»,  cpiidô-g  «parcimonieux». 

P.  84,  note  1.  11  nous  semble  probable  d'admettre  pour  des  cas  spora- 
diques  une  seconde  esi^èce  d's  indo-européen,  d'un  son  plus  rude  que  celui 
de  l'espèce  ordinaire.  En  effet  l'apparition  de  ç  pour  s  en  sanskrit  coïncide 
dans  plusieurs  cas  avec  des  exceptions  aux  lois  phonétiques  qui  frappent 
cette  sifflante  en  grec,  en  latin  ou  en  slave.  Skr.  (}uska ,  çMsyati:  gr.  oav- 
xôg,  cavauçôg.  Skr.  çevala  «matière  visqueuse»:  gr.  aîalov  «salive».  Skr. 
kéçara:  lat.  caeaaries.  L'ancienne  identification  de  ïooç  avec  skr.  vt'çva, 
bien  que  désapprouvée  par  M.  Curtius,  nous  paraît  des  plus  convain- 
cantes^; or  le  slave  a  de  son  côté  vïsï  (et  non  vtst).  Le  cas  de  r'i^L-av  ne 
diffère  point,  comme  on  va  le  voir,  du  cas  de  Icog.  M.  Ascoli  a  reconnu 
dans  -av  l'élément  formatif  du  zd.  Q-ri-slwa  «le  tiers»".  Or  n'est-il  pas  évi- 
dent que  la  seconde  moitié  de  wi-s.M  (skr.  visu),  et  de  ici-s.2^ca  {laog)  qui  n'en 
est  qu'une  continuation,  offre  cette  même  syllabe  -s^m  composée  avec  tci- 
pour  dwi-^  «deux»?  —  Notons  delpb.  rniiaaov  =  r]fii-aJ^o-v. 

P.  102,  lignes  16  et  17  Ajouter  frustra,  lïistrum,  en  regard  de  fraus, 
lavare.  —  Ligne  20.  Ce  qui  est  dit  sur  le  ra^iport  de  incolumis  à  caîamitas 
est  faux,  le  vieux  latin  possédant  un  mot  columis  synonj-me  de  incolumis. 

P.  103,  ligne  10  d'en  bas.  Après  la  correction  apportée  plus  haut  à  la 
pa>ge  58,  l'exemple  qÛiitcù  —  ço^cpivç  doit  disparaître. 

P.  108,  liste  b.  Ajouter:  [doXixôg  —  largus],  x.  p.  263. 

P.  119,  ligne  23.  La  forme  y.âvôaXog  n'est  évidemment  qu'une  variante 
de  a-AccvdaXov  et  ne  doit  jjoint  être  comparée  à  kandarâ. 

P.  121,  lignes  5  seq.  Il  convient  de  remarquer  que  la  séparation  de 
a.2  et  Oj  est  consacrée  à  peu  près  partout  dans  le  système  de  Schleicher. 
Son  tort  consistait  seulement  à  confondre  a.,  avec  â.  On  a  peine  à  concevoir 
à  présent  comment  les  yeux  du  grand  linguiste  ne  se  dessillèrent  point  sur 
une   pareille   erreur,   qui,   en  elle-même,  a  quelque   chose   de  choquant, 

1.  Sans  doute  visu,  base  de  viçva,  n'a  pas  le  ç.  Mais  c'est  là  une 
oscillation  fort  explicable. 

2.  Signalons  cependant  ce  qui  pourrait  venir  troubler  cette  analyse. 
M.  Justi  propose  de  voir  dans  Q-rishva,  ca&rushva ,  des  dérivés  de  d-ris 
«ter»,  co^rMS  «quater».  Cette  opinion  prendrait  de  la  consistance,  si  l'exis- 
tence de  l'élément  -va,  employé  de  la  sorte,  se  confirmait  d'ailleurs.  Or  le 
sanskrit  offre  en  effet  câtur-va-ya  {-ya  comme  dans  clva-yd,  uhhâ-ya). 
D'autre  i)art  M.  Ascoli  mentionne  comme  inséparables  de  Q-rishva:  hapta- 
nhu,  ashtanhu,  ce  qui  changerait  la  question.  Studj  Crit.  II  412. 

3.  On  sait  que  la  chute  proethnique  du  d  est  constatée  dans  le  nom 
de  nombre  vingt. 


Additions  et  corrections.  287 

puisqu'elle  conduit  à  identifier  l'o  et  l'a  grecs.  Les  faits  propres  à  la  ré- 
véler ne  faisaient  cependant  pas  défaut.  Ainsi  Schleicher  affirme  très-bien, 
contrairement  à  l'opinion  d'autres  autorités,  que  Vu  thématique  de  fptço- 
[ifg  —  hhdrîimas  diffère  de  celui  de  (péQirs  —  bhâruthu;  en  revanche  il  le 
confond  aussitôt  avec  la  voyelle  longue  de  Ôâfivâfii  —  pimàmi.  Or,  consi- 
dérons l'imparfait,  qui  offre  une  syllabe  fermée.  Le  sanskrit  lui-même 
prend  soin  d'y  marquer  et  d'y  souligner  la  divergence,  puisqu'il  l'o  â^tcps- 
Qov  répond  Va  d'dbharâm,  tandis  que  dpunam,  en  regard  de  iôûyivâv, 
maintient  la  longueur  de  l'a. 

P.  124  seq.  Les  vues  que  nous  exposions  sur  le  gouna  paraissent  avoir 
surgi  simultanément  dans  l'esprit  de  i^lusieurs  linguistes.  Tout  dernière- 
ment M.  Fick  a  proposé  dans  les  Beitràge  de  Bezzenherger  (IV  1G7  seq.)  la 
théorie  défendue  ci-dessus. 

P.  140,  ligne  4  d'en  bas.  Le  mot  ■ô'cojj  «punition»  va,  semble-t-il,  avec 
&(aiJb6ç,  rac.  Qt[.    Cf.  ^'œr'iv  ê7ti-&^ao^sv,  Odys.  II  192. 

P.  147.  M.  Brugman  indique  dans  les  Morpliologische  Untersuchungen 
qu'il  publie  en  collaboration  de  M.  Osthoff  et  dont  le  premier  cahier  a 
paru  pendant  l'impression  du  présent  mémoire  une  autre  explication  de 
Vaa  de  dadhaû,  dçvau  etc.  Ce  savant  croit  y  voir  le  signe  distinctif  des  d 
longs  finaux  du  sanskrit  qui  contenaient  a^  dans  leur  seconde  moitié  (loc. 
cit.  IGl).  —  A  la  page  226,  M.  Oàthoft'  l'approuve  et  présente  en  outre  sur 
le  type  dadhaû  des  observations  qui  s'accordent  en  partie  avec  les  nôtres. 

P.  148.  Nous  sommes  heureux  de  voir  exprimer  sur  nécpr}  par  M.  G. 
MahlovF  une  opinion  toute  semblable  à  la  nôtre.  V.  K.  Z.  XXIV  295. 

P.  150,  lignes  12  seq.  Nous  aurions  dû  mentionner  l'exception  que 
font  les  causatifs  tels  que  sndpayati  de  snd,  exception  du  reste  sans  por- 
tée, vu  le  caractère  moderne  de  ces  formes. 

P.  160  seq.  Le  mot  yçoftqpa's  que  M.  Curtius  (Grdz.  67)  ne  peut  se  dé- 
cider à  séparer  de  yçâqpco  prouverait  que  cette  dernière  forme  est  pour 
*yç«îqpw  (rac.  yp^MV);  yçaqpw  n'a  donc  rien  à  faire  dans  la  question  du 
phonème  A  et  ne  doit  pas  être  identifié  au  goth.  graba. 

P.  167.  ôàçov  «largeur  d'une  main,  ccartement»  pourrait  se  ramener, 
avec  drjQig  «division,  discorde»,  à  une  rac.  dër. 

P.  171,  ligne  6.  Ajouter  dur-gàha.  —  Ligne  21.  Ajouter  hlàdate  :  pra- 
hlâtti  (Benf.  VoUst.  Gramm.  p.  161). 

P.  172,  ligne  10.  Ajouter  çakvarâ  «puissant». 

P.  174,  ligne  13.  Nous  citons  ailleurs  (p.  258)  deux  exceptions  des 
plus  intéressantes,  vandti  et  sandti.  Trop  isolées  pour  infirmer  la  règle, 
elles  viennent  à  point  pour  témoigner  de  son  caractère  tout  à  fait  hysté- 
rogène  dans  la  teneur  absolue  qu'elle  a  prise  dans  la  suite. 

P.  179,  ligne  7  d'eu  bas.  Ajouter:  nucius  et  ra.tis,  de  racines  a^n^k^^ 
et  a^r^  '.    D'après  les  lois  exposées  au  §  14,  le  phonème  ^  aurait  dû,  dans 

1.  Skr.  anaç  dans  anaçdmahai,  gr.  èv€K  (pour  ivf-n,  bien  que  plus  tard 
ce  soit  le  second  f  qui  alterne  avec  Oç,  :  èv^voxcc)]  —  skr.  ari,  gr.  èpe.  Les 
formes  germaniques  nôh  et  ru  ont  accompli,  comme  d'autres  racines  de 


288  Additions  et  corrections. 

ces  formes,  donner  naissance  à  des  sonantes  longues,  et  on  attendrait 
*anctus  ou  *anactus  et  *artis.  Il  serait  trop  long  de  rechercher  ici  pour- 
quoi le  phénomène  n'a  point  eu  lieu.  Mentionnons  le  goth.  -naulits,  qui 
coïncide  entièrement  avec  nactus. 

P.  183,  note.  Ajouter  ^âvôçu  «étable»  en  regard  du  skr.  mandirà. 
Ce  rapprochement  est  douteux. 

P.  191  seq.  Dans  le  moment  où  nous  corrigions  l'épreuve  de  ce 
feuillet,  le  Journal  de  Kuhn  (XXIV  295  seq.)  nous  apportait  une  sa- 
vante dissertation  de  M.  Johannes  Schmidt  traitant  des  optatifs.  Il  y 
a  entre  les  résultats  auxquels  il  arrive  et  les  nôtres  une  conformité  flat- 
teuse pour  nous.  —  Ce  que  nous  cherchons  vainement  dans  le  travail 
de  l'éminent  linguiste,  c'est  une  explication  du  fait  que  les  formes  faibles 
ont  converti  ia  en  /. 

P.  197,  ligne  1.  L'r-voyelle  devient  en  effet  ar  dans  l'arménien:  artsiv 
=  skr.  rgipyd;  arg  =  skr.  îksa;  gail  =  skr.  v'rka,  etc. 

P.  198,  ligne  4  d'en  bas.  L'adjectif  ind.  gau  rd  apporte  quelque  con- 
firmation à  l'hyiîothèse  ga  au,  car  autrement  la  diphthongue  au  n'aurait 
pas  de  raison  d'être  dans  ce  dérivé. 

P.  204,  note.  Ajouter  dând  de  dâmdn. 

P.  220,  lignes  20  seq.  Nous  aurions  dû  prendre  en  considération  les 
composés  de  (pçiîv,  tels  que  cîcpQwv.  Nos  conclusions  en  auraient  été  modi- 
fiées. 

P.  259  eu  bas.  La  racine  du  mot  ûrdh-vd  pourrait  être  râdh,  râdhati. 
En  ce  cas,  ce  serait  un  exemple  à  joindre  à  dlrghd:  draghïyas. 

P.  263,  ligne  3.  Noter  le  dor.  xâçça  =  KOQcr].  11  semble  indiquer  que 
le  son  qui  précédait  q  ne  s'est  fixé  que  fort  tard. 

cette  espèce  (ainsi  knô  =  skr.  g  uni,  lirô  «glorifier»  =  skr.  Tcari)  une  évo- 
lution métathétique. 


Registre  des  mots  grecs. 


N.  B.  —  Ijes  mota  du 

à-  (cop.)  278 
d-  (nég.)  276 
à-  278  i.  n. 
âav&a  114 
â^Xadsag  16  i.  n. 
à^koTtég  100 
cc§Qo^og  263 
ây-  103,  116 
ayojççt'g   15 
ayaçfio's  75 
ayr;  (aor.)  154 
ayioç  45  i.  n.   117 
ayMcôv  104 
àyoçcc  265  i.  n. 
dyôs  228  i.  n. 
ayos  117,  156 
ayoç  117 
«yocTOç  53 
ayvQiç  98 
ftyi^çrj/s  76  i.  n. 
«'y;t;a'   '^C,  277 
cîyco  96,  159  scq.  173 
dycoyôç  156 
à(îafi.o;s  273 
ddaxîcù   101 
ddiiijç  273 
ae^-Zov  54,  283 
aft^ca  282  i.  n. 
àé^a  282,  283 
aecra  282 

àêayico  54,  282,  283 
asTiicc  131  i.  n. 


it  se  composent  différentes  listes  6num6ratives  compactes 
ne  sont  pas  portés  sur  ce  registre. 


àfvTov  277  i.  n. 
^tnx^s  156 
d^oiiai  157,   173 
àrjdcâv  231,  282  i.  n. 
arjfii.  141,  270 
ariQ  220 
cc&tÎq  116 
aiy^r^  99  i.  n. 
aiyvniôg  99  i.  n.   104 
"Aïd-  202 
a^^côg  219 
a^fTo's  101,  276 
aij^ft  214 
aid-^Q  220 
kîmAoi'  55,  99 

CCÎliUKOVQLUl    265 

ttivôg  276 
af|  116 
a^jroloç  104 
aiw  214 
âxfiTj  229  i.  n. 
aHficoi'  64,  181 
âxoiou^og  81 
av.Qog  157 
«KTt's  24 
ofxcoxTj   156 
KHCOV    116 
à^aJlxatv  282  i.  n. 
ttlai,  276 
àAavEg  61 
aXaGTOg  157 
â'iyog  2S3  i.  u. 


àXsysivôç  283 
àAé'yw  283 
aXsicpci  29 
àZt'^û)  282  i.  n. 
àXBvo^ccL  84  i.  n. 
âiljj'9'ïjs  156 
'Ahd-éQar,g  129 
âi^l'^^^'  74 
aAiç  101  i.  n. 
àXiziLV   75 
a^MT?  277 
àXKL  202 
àiiavTjç  61 
â'iAoç  96 
àXXôzsQQog  46 
a;iAv  98 
àXoifiôç  74 
âioiTOg  75  - 
dXo^  262  i.  u. 
àAvKrstv  60 
ccXvoyiâ^co  84  i.  n. 
àXtpi]  277  i.  n. 
aft«  46 
à^Lccx^i!  91 
àfisirpSTai,  129 
âfiEçqpEç  129 
afiéaco  104 
àfii^ccL  101 
aftftf  25 
âftvos  56 
âftôç  95,  275 
«ju-Trcoriç  150 
19 


290 

aa(pKdov  148 
àucprjv  99 
âaqpt  277 
à(icpiy.T^oveç  219 
d(iq)iQQS7ci'jg  129 
àu(pca§aiva  278 
au^œ  277,  279,  280 
àvaiôrig  220 
uvaç   lOl 

âi'iîavco    151,  loS,    173 
àvscoa&ai  140 
avft)  46 
àlTyVûJÇ    220 
àvr'iQ  219,  230 
avTjffrtç  168 
âv&og  281 
av'S^çrjï'/j   167 
àvzrjçtg  202 
avvtai   22 
àvi;o)  244  i.  n. 
avqpoTaçog  55 
àvaya  140,   155 
âvtûyœ  140 
àvâvvyiog  99 
a^cuv  227 
ao^oç  103 
àollrig  101  i.  n. 
àoQzriQ   132 
cJoprrjs  76  i.  n. 
oiOGGritriQ   109 
(xncc'%  34 
aTravpâcd  280  i.  n. 

ànsÎQwv  221  i.  n. 

aTTfqpaTO  284 

àn^fiav  220 

'AnCa  {y?i)  56 

'^Trtdorvo'ç  56,  218 

«jr^fTOç  142 

anXoog  34 

àjrô   116 

a;roA(:i;ûa)  54,  57,  181 

ùnoQQcô^  167 

anog  156 

«7rovp«g  280  i.  n. 

ùnocptCv  100 


Registre. 

«Ttrco  158 
ànvàôag  39  i.  n. 
aQayitv  166 
açaçt'cxcj   181 
àçciQViu  155 
'Açsnviai  283 
apjfym   167 
àp/jycôî'  167,  231 
àçtîî'fids  180 
açHTOç  16 
âçfiô^ffl  279  i.  n. 
(XQvôg  196 
cÎqotqov  180 
«çoupK  103 
"'AçTivia  207,  282 

(ÎQQCùSêLV     104 

«çc/jv  219,  229 
apcoyôg  167 
acz/j-ÔTyç  156 
aofisvog  154 
àoracpig  101 
àcrfibs  207 
âazriQ  230 
â'ffrouoç  220  i.  n. 
àaxQccnri  100 
à'ffru  54,  207,  283 

acjjaAKûj  103 

ao;^froç  142 

cLTctQTcôg  228  i.  u. 

axsQog  279  i.  n. 

arçfyxTOs  63 

av  276 

ava^Eog  281 

avSri  280,  282  i.  u. 

avlah,   17,  262  i.  n. 

avl-q  282 

aî)'4co  276,  280  seq. 

avqa  101 

aucaç  277  i.  n. 

avGzriQog   280  i.  u. 

CCVZI:    276 

àùrfu>   131,  229 
avcprjv  99 
av;i:r)v  99,  219 
avcû  (vocarc)  277 


avcù  (accendere)  281 

aî)'cosl69i.n.276,280seq. 

â'qpfAfia  104 

(xcpèay.a   140,   147 

aqiXaazov  262  i.  u. 

acpQcav  288 

'AxaioC  69 

axTjv  53 

axouat  63,   160,  161 

cî'ipOQQog  78 

CÎCOTOV    140 

jîa^û)  120,  157,  173 
pé^os  129  i.  11. 
(Sa-S-vs  24,   152 
^a^ai'os  268 
|îânca  107,  266,  268 
§avK  99,   275 
pûnzcù   158 
(îâça'&çov  267,  268 
§c(Qva^aL  266 
^aç'ûs  267 
PaffiAfîîç  180 
§ccaLg  231  i.  n. 
pdaKco  23,  234 
(îacrajcû  53 
^âzrjv  146,  147 
(îaTTjç  137 
§az6g  23,  272  i.  n. 
^âzQUXog  61,   100 
(îo:^^  233 
§s^cc(i£v  149 
pi/î/^xo:  149,  154 
§eîoiiai,  127  i.  n. 
psi-  103,  269 
^éXspLvov  88,  103,  267 
-^^Uzrig  103,  267,  271 
BsUiQOcpàv  203,  218 
PfV^'os  24,  129,  152 
^flQ'L  190 
281    (3»5fto;    137,  138 
P>yao|u^o;i  137 
^riGGa   152,   172 
Pt'a  256  i.  n. 
^Xâ^ï]  233  i.  11. 
^Xâ^o^iui   160,   161 


^laGTÔg  14,  265  i.  n. 
Pkrjroi-  271,  272 
filcûuôç   111 
(iol^ufvvç  88  i.  n. 
^ôXstai-  205 
^0X7^  103 
§0Q-  98,  111,  265 
Boçéag  264 
(3o'(Tis  150 
^ôffxo)  149,  180 
(ioTAj'ç  137,  180,  232 
-§OTOç  149 
Pov§ritiç  144  i.  n. 
(îouiïvoj  265  i.  u. 
§ovXo(iaL    111,  265,  266 
§ovg  110,  115,  150,  199, 

200,  213 
^QKÔvg  16 

PçoTo's  97 

Pçôrog  263 

^9d;^os  278  i.  u. 

^çœna  266 

PçcoTo'g  263 

^vd'ôg  100  i.  n. 

/îi;ffco<îo,u.£t)'co   100  i.  n. 

^oifiôg  100,  138,  144,  229 

§âv  41,  199 

§aQ&ta  263 

lîairajftj'   138  i. 

^(ÔTcoQ  137,  232 

yatoj  181 

yûla  268 

ya;i£/î  267 

yaXôcog  268 

yafKpi]   loi 

yaçov  267 

yarai/j  101,  138 

yaùpog  57,  181 

ysydaci  21 

ysydzrjv  21,  272 

y5'yr,'9'a  181 

y£Mû:'9'a  39 

yélog  81  i.  n. 

ysvsTr'jQ  272 


n. 


1.  n. 


1.  n. 


Registre. 

ytvvg  133 
ytçyiQog  55 

yiyvouui  10,  11,  272  i.  n. 
yilâyog  268 
ylàfpoi  160,  161 
yXtxoficci  161  i.  n. 
yZûqpfH'   161 
yva'9'oç  10<)  i.  n. 
yv/joiog  272 
■yvrjtog  271,   272,  273 
yvu'S'ds  100  i.  n. 
yvv^  221 

yvvnzfiv  228  i.  n. 
yj^û)-  105,  272,  273 
yôSa  (macéd.)  181 
yô^Kpog  101,  115 
yôvv  29,  86,  221  seq. 
yowar-  29 
yçaqpTj  233 

yçag^w  160,  161,163,287 
yçacù  160  i.  n. 
yçdgjco  100 
yçrôvA;  138 
ypco'&uP.oç  262  i.  n. 
yvaXov   107 
yv^vôg  115  i.  n. 
yuvr]  99,  275 
dcci^ficûv  107 
^«779  220 
ôaîofiaL  150 
ôatQcù  157  i.  n. 
âai'co  (inflammave)  181 
ôaKëtv  152,   174  i.  n. 
Sâ%vcolb2,  158 
5a;i;iw   107,  182,  268 
dufiâ^a   107 
-dceficcxcùQ  271 
5aft£tV  273,  274 
d(i(ivr)HL  240,  273 
^av  198 
daôv  107 
ôuTtâvri  56 
ôâmœ  56,   158 
Saç^ccvcù  107,  152  i.  n. 
ô^açTOç  14,  196  i.  n. 


291 

ôaavg  24 
davjîfio'i'  99  i.  II. 
daiîjjvo:  99  i.   n. 
àâcpvq  99  i.  11. 
Stdas   107 
ôedaQfitvoç  12 
ôt'^/ja  181 
ôbSlcoxcc  140 
dè'(îo»tr£a  173  i.  u. 
ôéôozai  149 
ôëLÔifisv  149 
dstdoixa  149,  238  i.  n, 
dït'do)  238 
dsÎKvvfit    22   i.   u.    153, 

187  i.  n. 
dsL^ôg  75 
diinvov  55 
ôsiçâg  17 
^fipco  157  i.  u. 
^fxa  29  seq.   102 
ôéKccrog  32 
dfHÔrai'  102,  278 
/deXtpot  81 
dfXçju's  133 
ôéfiag  271 
da/Lico  95 

ÔSVÔQBOV    207 

âf'ças  260,  263  i.  n. 
-dsQKzog  14 
ôéaig  150 
ôèanozci.  (voc.)  93 
-<ΣTds  142,  149 
dfiy(icc  152,  156 
SriXéonai  107,  182 
dii^og  95 
^Ay^Ofitti  152,  155 
Ô7;9ts  287 
dïjQog  107 
5/îffœ  140 
5?ja)   153,    173 
8iccôr](icc  140 
dtaîtdajoi   278 
di^cîcxM  104,  107 
âîârj^L  140 
^t'dco^i   190 
19^^ 


292 


Registre. 


ôî$afiLl39,  147,  238i.  n. 

SûfiaL  140,  142 

ôiST(iayov  153 

jdLfst'&ëiiLç  92  i.  n. 

Slv.slv  161 

dCv.ri  233  i.  n. 

SiGcôq  286 

Sîcpqoç  228  i.  n. 

diiôv.co  140 

-ôuïj-coç  (aedificatus)  271 

duïjxôg    (domitus)    271, 

272,  274 
docéaaaxo  73 
ôôyiia  131,  173  i.  n. 
dotoî  94 
doXixôç  263 
dolog  80 
(îoAqpo'ç  81,  83 
ÔÔflOQZlÇ    100 
5ôfios  95 
ÔÔQË,  217 

^o'pu  29,  8G,  96,  221  seq. 
dôoLç  150 
Sotr'jQ  137,  232 
doro's  149,   180 
ôovçar-  29 
ôoj^uoç  180 
ôçàiia  137 
()Qa(i8iv  46,  101 
t)ç«roç  14,  196  i.  n.  260 
âçènavov  79 
èçofioç  101 
dQonig  85 
ôpvç  207,  221  seq. 
civ-  261 
âvJ-avotrj  54 
dvcjroi'rîç  129 
()i;(;;j;fpat'ï'û)  227 
ô'uco  (num  )  147 
ôoi-  115 
ôœ  95  i.  n. 
<5côfiû;  131 
diJàgov  139 

i\o)()ov  =  TraAatorïJ  287 
dwca)   137 


^cor/fp  137,  212,  214 

ScoTLvr]  131  i.  n. 

Swxiç  131  i.  n.   150 

dwxoQ-  200,  212,  214 

dâxwQ  137,  212,  214,  232 

iâycc  154 

JoîyTj   154 

bâSa  154 

èâlrjv  47 

f'aç  68,  281 

forç  (sanguis)  225 

é'orfft  38  seq. 

eaaaa  39 

êaffqpopog  105  i.  n. 

Eâq)&ri  54 

f'|3a;iov  266,  267 

t|î(îo;u,os  30,  275 

i'^rjv  146 

f^Tjoa  137 

s^Qcav  266 

Eyyûs  277,  279 

iJQSXO    9 

f'y;i;£Ai;s  279 
eyxovaa  279  i.  n. 
Éyo)  93 
èâ-  168 
£d-  168 

èdâçriv  47  i.  n. 
tS^iaa  128,  137 
èdrjôœv  168 
èôrjdcôg  168 
iSrjè,â^r}v  155 
iôïjacc  140 
è'ôofiaL  127  i.  n. 
t'-do(i£v  146 
t^og  181 
tôçanov   10 
i'dcûtfr;   168 
f'fôvov  77 
f  >jKa  140 
i^os  169  i.  n. 
f&ëfisv  146 
t'Q'exaL  169 
^'i)-os   169 
td'rjyia   140 


ft  56 

ftaç  (sanguis)  225 

£l(ΣTf    127 

Ei'8o^£v  127 

Etdw's  Ï32  i.  u. 

f  tîjr  '144  i.  n.   192 

fZxAoî'  54 

Etxofft  102,  275,  278 

ê'txTO  71  i.  n. 

iÏY,XOV    12 

ftxtov  231 
-silextôg  71   i.  n. 
ft'ATj  233 
iilrixa  151 
sïXrjtpu  154 
ftiluûj  244 
sl'iiaQxat  12 
ffju.f»'  192 
srjLifv  146 
flfti  127,  146 
stvâxriQ  230,  272  i.  n. 
slvooicpvXloç   164 
floLY,vLat  238  i.  n. 
ilnsîv  238 
Eiço;9:'tû3T7js  34 
«î'prî  233 
siQrjvTj  144  i.  n, 
sTff  46 
si'aofiai  129 
fi'cû   127,  148 
frwfl-o:  168 
haxàv  102,  278 

£M£'x^£TO    11 

iKTja  169  i.  n.  182  i.  n. 
iKoiiev  105,   112 
SKOxôn^oLcc  102,  278 
^'xrav  21 
èXci&QÛ  228  i.  n. 
tXacpog  34 
^iaqoço'j  157 
J^a^vg  24 
£A.fyos  81 
'^Xsyxog  81 
élfCv  161  i.  n. 
fifog  81  i.  n. 


tXd'Ftv   1C)1,    1()2 
tXÎKri  5;! 
êlXÔg  m 
tlfiiç   1 8 
'é(i(iQaTai   12 
èfii^rjHov  154 
Sfim'ç  279 
i^nvQi^r'jTi^ç  137 
tvaTog  32 
/vtyflEjjï/'s  263 
svrjaa   140 
fï"9'û:  280  i.  n. 
fV'9'ii'os  78 

sv&ovaiKOuôç  84  i.  u. 
tvîans  9 
èvîaneç  10 
tvvéa  29  seq. 
tVoç  82 
fVracct  279 
èvTÎ  190  i.  n.  279 
EvvâXioç  244  i.  n. 
f^r/MOî'rn;    143 
i^w^âSici  169  i.  n. 
tOQSg  218 
foçrr]   76 
to's  68 
fTzaQÔov  10 
£7raffaurfpot  98 
£7t£(pvov  11,  277  i.  n. 
£7ir]St(xvog  275 
£7rr;;ivs   202 
fTTi  93,  109 
8TtL§Xaî  233 
snrt^TjKéw   156 
êniXi^o^wv  156 
iîTtfir^'ô'rjs  152,  156 
ènî^rivov  181 
'iTimXci  228  i.  n. 
ènÎQQO&og  169,  173  i.  n. 
STiùoxciuai  146 
f'm'rfl  219 
ETr^ôfxryv  9 
£'7t9o;'8^ov   10 
iTixâ  29  seq.  41 
s7Ctri%K  154 


Registre. 

èmôfiriv  9 
fîTcoTra  214 
fçafiai,  22,   16() 
fçaTo's  23 
fçyov  81 
£es|3os  130 
êçsÎKrj  233 
iQsr^ov   180 
fçîvyco  67 
sçrjfiog  166 
sçyiâvri  79 
fpos  81  i.  n. 
SQQÛyiqv   167 
ioQé&ïjv  142 
SQçrjysiag  167 
eQQTjyfiai  167 
SQçaya  166  i.  u.   167 
£?<;??  233 
SQCrjv  55,  34 
EQvyuôg  229  i.  ii. 
f'pV'S'pôs  157 
êçcùdiég  264 
i6§riv   140 
ienciQzat  12 
fWfços  68 
^aTTsa&ai   11 

fOTCOV    9 

6(TTo;^fio:t  12 
tCT(X^8V    149 

tcrarai  149 

fcraro  146  i.  n. 

sarrj'ua  149,  154 

earrjfisv  146 

satrjV  146  i.  n. 

"arrjaa  137 

SGzîa  54 

ECfffua  21,  128,  182  i.  n. 

«ffffuorrTttt  38  i    n. 

taxov  9 

'Erf J-ar^ço)  207 

fTfo's  207 

«Taço?  279  i.  n. 

'ézETfiov  11 

-eroç  142,  149,  180,  273 

-éto6GS  73 


è  rçayoi'   1  HO 

ETçaîrov    10,   13,  46,  50 

?rvjLtoç  207 

ÉUttfîoï'  153,  174 

îvt'S'toHa   169 

ïÙjjvwç  165  i.  n. 

*'"'7Z^S   156 

fû'9'fvta  168 

ÊV&rjvîa  168 

EvAftxa  17 

svXr'i  117  i.  n. 

êvfAïvrJs  220,  221 

avvr'j  78 

suTray/jç  156 

evTcâxcoQ  220 

svTiïjyrjg  156,   171 

evQiLV  161  i.  n. 

£uç  169  i.  n. 

6V0)  281 

Icpîxui  233  i.  n. 

îcp&açucct.  12 

£9^»jv  14:3,  146 

ècp9'0Q'A(âg  102 

ixsacpiv  129 

f;Kft'a  21,  128,  146 

fjjO'atoto  45 

sXivog  97 

f;fiS  279  i.  u. 

eœvxôv  100 

J-évo:!  155 

*J=aQv6g  196,  229 

j^ïff-  (vestire)  173 

J-£OTtc(Qiog  55 

J-C%axi  278 

*J^9r;v  196,  229 

^«^çoV  228  i.  n. 

taxQïii'ig  182 

^fa  68,  81 

Zsù  198 

^fvyvvftt   22   i.    u     153, 

187  i.  u. 
ZïTÎg  198,  213 
Zriv  41,  198 
L,6ci6ov   73 
^ovcd'co  154 


294 


Registre. 


^vyaLva  45 

^v(iri  131 

tcofiàç  131 

^(ùvvvfii,  112,  115,  154, 

172 
rj^r}  144  i.  n. 
Tjyéo^aL  156,  168,  173 
riyôv  156 
rjdèJ^cc  200  i.  n. 
jjdoficii  153,   173,  174 
rjdog  156 
ijdug  181 
^£iQ£  169  i.  n. 
^-ô-fioç  169 
lî^oç  168 
■^ïKavôe  58 
7/it'9'tos  75 
^fia   140,   141 
rjjiat  143,   181 
ijfiaç  28 

r'l^§QOtov  262  i.  n. 
T^fisçoç  144  i.  u. 
7}(i£Qz6v  81   i.  n. 
Tjjtit  143 

ryfti-   144  i.  n.   173 
Tjfiiavg  286 
rj(iœv  140 
-TjvsxvCccv  71 
1505  169  i.  n. 
^TTao/itat  158 
■^naç  18,  28,  225 

T^QÉflCC    166 

'IlQidavôç  56 

'//çû)  200 

rjaato  155 

rjavxoç  144  i.  u. 

/î'ffto  140 

r'jTQiov  260 

7j;i;os  164 

ryoîs  1691.11.215,219,276 

■S^firaffffCi)   1 55 

^an£0.181 

«•aloç  166 

9â(i§og  151 

-O-avarog  273,  274 


&av£iv  270,  274 

'S'KTrrca  158 

&ccQVVTaL  266 

■9-aVos  129,  263  i.  n. 

'S'àffffov  157 

-^^EOg  81  i.  n. 

&SQfi6g  76 

&éQog  119 

■^■f'paos  129 

'9'f'ciS  150 

^fTÔs  142,  145,  149,  175 

&rjy6g  156 

'9'/Jycû  153,  155 

d'rjèoiicci  169  i.  n, 

&r}Xéa  166,  181 

-&ï]lia  140 

&r}awv  140 

'd'j^rcôï'  156 

•S'Tjîtoov  156 

^/Joû)  140 

^iyyKVCO    151    1.    H. 

■9'iyftv  151  i.  n. 

9ig  133 

^v^îTÔg  273,  274 

^OLvr}   11 

d-OQSLV  266 

d'ocrée^  77 

'S'ôçvvuai  266 

'9'dmxog  155 

&Qàvog  143 

■S'çaffiîg  129 

&Qfjvog  1G7 

■9-çdvog  77,  101 

9Qcâvcit,  167 

-^ryaT/jo  180,  230 

&vQa^  99  i.  n. 

-^vm  (furere)  261 

&corî  287 

-^cofio'sUO,  141,  144,  229 

&œ^cii   155 

•ô-WTrroj   156,   158 

&cùvua    100 

'9"û)3j'9'eis  155 

^wi/>  156,  218 

iava  282 


ta;^;?  59,  156,  164 

r/vvg  221 

i'd^at,  71  i.  n. 

i'â^ju-Ev  71  i.  n. 

iSybCùv  132  i.  n. 

i8qv(ù  168,  180 

iSvia  233 

rffisi'  142 

t'Jcû  45 

l'/jfti   140,  147 

id-vnticov  219 

inâvriv  278 

j'xTKç  226 

tlïjô-i  190 

Ltiâtiov  81 

ifisr  146 

i'fisçog  81 

f^ov  234 

i|vs  226 

lodv8(f>iîg  129 

l'o/ASv  127 

10 vr-  279 

tdtrjç  280  i.  n. 

i'ovXog  (verrais)  117 

'lovv  200 

'lotpàv  218 

t'aâfM  147 

ho  g  286 

t'oTJjfti  143,  147,  184, 

ïaxaQ  132  i.  u. 

ïaxL  226 

IcxLOV  226 

t'coy/j   155 

xayxûAaç  104 

Kccittôag  119 

-/aiofTo;   119 

xat^dg  119 

v.uiv(ù  103,  157 

HKt'tO    182 

■Aâ-Adlov  59,  182 
xâXft'9'os  367 
xaAfKftos  107 
xaitâ  267 
x«iov   115 
%aX6g  119 


238 


1 


yiaiiâça  119 

yiûfiaQOç  'J?!') 

Ma'fiKroff  -271,  273,  274 

v.cc^fLV  274 

KcéfiTcr]  119 

yiavû^co   101 

MKVfyaçog  58,  183  i.  n. 

yiâiizcù   158 

■KKTiva  103 

MâTTrov  180 

KKQÔLCC    16 

>t«9/7  267  i.  u. 
jtapça  288 
xaççcoî^  111 

KCCÇOLÇ    15 

HaçraAog  101 
MorçTo's  14 
y.uQxccQOS  17 
xa-raçHOfS  224 
KÛrijôa  168 
xûîTV   102 

>ta;^Xa^ra  158,  169,  171 
KÛx^^  101 
Mfi'co   127  i.  11. 
>t£Kadr;(Jïi  166 
KStiadcùv  166 
jtexâfffif'S'a  178 
KSTiacprjcùç  155 
jtf'îtEVTat  100 
yiéKrjda   154 
■né^qcps  154,  155,  158 
îtfHilf^wS  71  i.  n. 
xEHOote  112 
KSKOva  103 
MfMÛqpK  158  i.  n. 
yisXuLvôç  17 
Mf'ifV'S'os  81 
•AeXscpôs  81  i.  n. 
■nslrjg  119 
V.SV-X-  76 
Hf'jrqpoç  81 
K£çafi(3vè  16  i.  11. 
xéçafioç  180 
Mfçorç  220  i.  n. 

■ASçaGGCiL    271 


Registre. 

KéçÔLOTOÇ    130 

xs'çMog  81 
M£(po;Xr;   53,  285 
KéxciV(ia  152 
«£;i;Aâdo:  158,  169 
■K^ôog  156 
xjjdû)  153,  176 
KTjKÎca  176 
X7J9  16,  224 
HTjQÔg  143 
x^TOç  156 
Hixvç  180 
Kivéca  187  i.  n 
KÎvvtaL  187  i.  n. 
Ktxâvco  144  i.  n. 
yn'xrifii  141,  144  i.  n. 
xilfvadjiiï'9'a  129 
xi/ji's  101,  169  i.  u.  182 
-yiXrjTog  271 
xAoto'g  101 

KXôvig  110,  112,  115 
hXvco  160,  161 
xXcû|3oç  182 
y.Xc6&œ  112,  153,  267 
M/lwfio:^   168 
yiXmip  214 
Xjtiîjroç  271  —  274 
■uvadâXXëtai,  156 
xvr^xds  272  i.  n. 
KVcoSaXov  156 
y-vradcov  156 
^vcûTisvg  156 
Kvtûip  156 
MÔy;i;»î  83 
■AoyXvXcn,  104 
xO'9'«ço's  100 
xotr^S  113 
xotAoyâcrcop  220 
xoi|Ltâo^o!i  75 
■noXo-nàvog  263  i.  u.  264 
■noXoGoôg  264 
xdiv^os  100 
v,oii^oXvxrig  261  i.  n. 
xôi'a^os  101 
v.ovri  103 


2î)5 

xôi/ig  99,  108 

kÔvtoç  76 

xoTrr;  233 

Konçog  103 

xôjrrw   112,   164,  180 

xdça^  110,   115 

kÔq^cc  100 

xôp'9^vs  86 

xôço-Tj  l'il,  253  i.  n.  262, 

263,  288 
Y.0Qa6-  78 

■KÔofiog  108,  173,  180 
■KÔxza^og  180 
TiôxXog  101 
xo;^û)j'/j  279  i.  n. 
y-çâcizog  224,  259 
xçatVa)   101 
KQcivog  107 
xçarrjç  271 
xçâricros  130 
HQdtvg  130 
xçs'ae  53 

KQSLGOaV    130 

■nçr'j[ivrifiL  168,  173 
xçjjftvds  168 
xçjjî'jj  101 
xçdxos  262  i.  n. 
TiQOKvg  86 
KQOfi^og   100 
Xçdvoç  101 

XÇOTCÔVTJ    101 

XQOvvôg  101 
xçco^al  168,  167 
xra-  21,  23,  274 
KTavstv  46,  274 
xrao/iat  142 
XTfi's  219 
xrfçfg  219 
xv'xios  99 
xvAil  99 

xvftarcoy/j   138,   155 
Hvvôç  26,  196,  231 
Kvvocfôvtiç  76  i.  u. 
xtiçvog  107 
Kvav   105,   1'j6,  231 


296 


Registre. 


y.cù7trj  155 
Xûjqpo's  164,   180 
la§siv  151,  153,  173 
Xccyccacat  166 
laysivcc  283 
Iccyxiiva}  103,  151 
Xa&SLV  153 
Xâ&ça  157 
^-locxaiva  45 
;ior}tfri'  153,  162 
lan§âvco  151,  158 
laiiTtrôg  151 
?Mfi,ipouai,'  151 
^av'S-aVco  61,  151,  158 
AttTrrvryç  220 
lâTtxo)  158 
ZaffMû)  159 
Aau-  78 

lavv.avCri  17,  25,  99 
lavxûvri  25,  99 
io!;j;£rv  151 
Xâxvri  263 
XaM  160  i.  n. 
Xéaiva  116  i.  n. 
XiLxriv  219,  229 
AfXTpov  133 
XsXa^éaQ-ai  154 
P.f'Aa'9'oi'  154 
XsXccyiovro  154 
^fiay.uta  155 
if'A«(j'9'ai  155 
XsXuGfiévog  153,  155 
ilê'isya  71,  73 
XéXsLTCTai  71 
it'iryS'o:   153,   154,   155 
XiXïi-Au  135,   154,   159 
XéXoyaç  73 
iltioy;Uû:   103,  151 
Xt^tpoç  286 
;i6t;Hr^  233 
XsvkÔç  81 
A^yw  166 

^Tj-S-co  61,  153,  158 
XriCç  181 
l^jifia  156 


XrjTtTÔg  151,  157 
X^çoç  60 

X^aofiai,  153,  155 
Jjjzûj  200,  2i:-J 
AriTOi-  200 
^jjTor  200,  214 
Xri^po^iai  loi,  155 
Al/Î6t    161 
Ai/îpôg  157 
Xi^riv  131,  220,  229 
Amiy-ô^f  S   18 
lî^vT]  33 

Xilinâvco   151,   158 
Xito^ai  160,  161 
Aoy;^»?   103 
Aoiyo'ç  83 
Aoiuo'ç  75 
Xoizôç  75 ,  76 
Ao|dff  78 
lovaov  84  i.  n. 
XvyQoq  157 
Av'xog  99 
AvfiofiVofiort  75 
Ai5fi7^  75 

Av/Livog  115  i.  n. 
Xvnr]  233  i.  n. 
Xv6v.â^£i  84  i.  n. 
Xvxvog  229  i.  n. 
Avco  161,  261 
Xâ^ri  155 
Acoyaç  156 
^ciôâa  56,  172 
(la&Biv  152 
^lâ&og  156 
fiaiVo^uai   182 
(icdofiai   137,  138  i.  n. 

|U-0!Xft>    161 

ftâîto«cd  155 
UK/Cçdç  63,  156,  157 
jtià^Aev  157 
fiâvâçcc  287 
,uai"&^âv6)   151 ,  152 

(ICCVTLÇ    182 

(iccQvafiKL  266 
|U.açrvp  207 


(laaâo^ui  61 
liàaaov  157 
^âaacû  56 
fiaffra^  99 
[iceaxccXri   101 
^azr'jQ   137 
fiazCov  142 
-/Liaros  23,  272  i.  n. 
fiazvKi  99 
uk;^?;  233  i.  n. 
liâxXog  100 
uâxoaai   160,   161 
uf'yas  53,  54 
usdiuvog  80 
ftï-^/y  233 
^uï-^r  282 
(i8Îœv   130 

/LIE^S    (<b)    81 
(lEfiaKVLCCL    155 

fiéfiufiav  270 

fiéiiuzov  21 

a^iiaviK  21 

liéfi^XtTdi,  11 

(lëfirjKmg  154 

^é^TjXa  169 

aéurjva   182 

-aïfaj   (;mf.)  92,  204 

jtifvïrôg  273 

(isv&rjçaL  152 

-jtifî'o  (suff.)  88 

[isaôêfiri  233 

^istaficûviog  138  i.  n. 

^szsQQog  46 

usr/Joçoç  169  i.  n. 

^tzQov  142 

jLirjKicroç  156 

jti^HOs  137  i.  n.   156 

firyxcov  143,  231 

lit^viS  182 

UtrîrTjç  61,   65,  230,  232 

fi^r/ç   143 

Mj^rpM  200 

I^WOs^  60,   156 

jHiK  46 

fii/nv/joHco  270 


(lifivco   10,    11    i.  11. 

[iivvç   1/50 

fiia&orpOQci  84 

(ivr'ifirj  270 

(loùog  76 

(.lôtiçcov  109 

fioAftV  '2G5 

fiolnîg  85 

f.i,6ii,(piç  85 

jtiôi'ï'os   106,   114 

ju.dt'os  285 

fiÔQvufiat,  266 

fiôçGifiog  78 

ftoçT/j   76 

fto'(T;t;os  101 

MoùoK  76 

ftvxAo's  100 

ftwAr;  266,  267 

ftûçMog  266 

ftvoTa^  99 

(icàiiog  155 

-itiâv-  (suff.)  131,  219 

jiicôvul  285 

vai'cû  54 

vânï]  2:VS  i.  n. 

vttços  101 

vavâyôç  156 

î'tt'ùos  54 

vav(o  54 

o^âo)  54 

î;£H£S   219 
vénzccQ  210 
yÉMVs  133,  199 
vévotat  112  i.  n. 
vé^ccç  281 
vfoyrôs  228  i.  n. 
vso&riXrjg  156 
véo^cii  54 
o^Éos  68,  82,  211 

vÉTTodas  227  i.  n. 

vï'cpos  67,  129,  281 

vf(0  54 

vtÎ'S'co   141 

vr^ci  140 


l{ef,M8tre. 

ï'ïjôg  169  i.  n. 

vrjOog  101 

vriaaci  58,  272 

roa   103 

v6&og   156 

voficcg  156 

vo'off  54,  108,   112  i.  n. 

vôaog  78 

vdffqot  179  i.  n. 

Nôtog   loi 

j'iJjiTcoç   196  i.  n. 

vv^icpa  (voc.)  93,  135, 217 

vvè,  99,   100,   114,    180, 

227 
vcô  111,  147 
vcâycclov  156 
ï'M'S^rys  156 
i-côrov  105 
Ë,(XLVCÛ    181 

ItVoç  81 

^ôavov  78,  79 

6  93 

0-  278 

o(XQ  218  i.  n. 

oyxog   104 

oyfioç  102,  103,  139  i.  n. 

odû^oo   101 

oôeçog  181 

ôdoy's  279 

o^og  115 

ojos  "Jçrjog  103 

ojco   96,   115 

oO->î  233  i.  n. 

o^ojxKi  112,   160,  161 

otda  71 

oi'rj  282  i.  n. 

OÏHOl    91 

o^xog  83 
oif.icc  131 
oîvog  77 
oivcâip  214 
otoflCiL    112 
oi'ôs  201 
5ïs  114,  201 
olcnâtri  138  i.  n. 


207 


oloitoit t'i    138  i.  n. 

oïoTQog  101 

oiGva  231 

oloivvg   101 

oxfog  77 

OH-    115 

dxro:-  30  i.  n. 

d'/rco   109,   114,   147 

ol^og  103    • 

ôAît^cov   130 

oXév.Qctvov  276 

oXxag   156 

oyiciXàg   100 

ou^Qog  97,   277,   27H 

dfti;j;étj/   loi 

ofivv^L   112,  244 

OjU-oxA/y   233 

éfidg  95 

dfiqpa^dç   180 

ofaç    104 

ov/yTOg   137 

ovrjTcaQ   137 

ôVofta  97,  99 

dîT-  279 

dvi!|  97,   99 

ovœ   100 

d|v's   108 

ônâav   109,   114 

OTTl^fV    109 

OTTig   109 

unoç   115 

dç-    110,  265 

oçyccvov  79 

dçyj^  263 

oçyvia  207 

ôçïoqpt  216 

dç'9'ds  263 

OQKÛvr]  79 

oçvig  115 

OQVviii  266 

dçdôauvog  264 

dçdg  83 

OQTll,^  167 
oççoÉto)  73 
oççog  115 


298 


Registre. 


èçQCûSstv  104 

oçao  253  i.  n.  265 

oçao-  262  i.  n. 

èçcpccvôç  115 

'OçcpEvç  262  i.  n. 

ôocpvi]  77 

oQxcifiog  103 

éç^éofiat  262  i.  n. 

OQXiÇ  262  i.  n, 

ooLOç  279 

offffs  97,  114,  225,  226 

ècarjti^Q  109 

oozacpîg  101 

ôcrf'oi'  225,  226 

oGTLvog  226 

oatQSOv  226 

orios  228  i.  n. 

ozza^og  180 

ouS-aç  18,  225 

oviafio's  75 

ovXoç  263 

ovçttî'ôs  181 

oupo?  (ventus)  101 

ovç  114,  224,  225 

ovGÎa  45 

oyTâû)  101,  138  i.  n. 

oqotS  277,  278,  279  i.  n. 

oqp?.ot  228  i.  n. 

oxcivov   79 

6xé(o  73,   129 

o;i;'9'£û}   103 

oxiia  131 

o;KOe  129 

ô>  97,  203,  214,  217 

nuysQÔg  157 

Tiad-eîv  20,  24,  61,  103, 

152,  279  i.  n. 
Tiâd'og  129  i.  n. 
Trat"?  101 
îraxrôû)   157 
TiaXâiit]  2G7 
TraAûoçcoç  78 
jraij'vroroç  85 
nàfia   137 
Trarôaittârcoi?  273,  274 


7tccvdrj(i£t  91 

nccofiat  119  i.  n. 

Traça  107,  111,  267,  268 

TiccQa^XcùTp  214 

Traçai  268 

Traça^É^oiLiat  129 

Traçaûa   114 

Traçrytof  114 

TcccQ&évog  101 

Trâçog  267 

Uaççaoîa  34 

Tràç  119  i.  D. 

TtdcGxoii  61,  152 

nazâçu  hb 

Tiaz/jQ  175,  180,  230  i.  u. 

nâzoç  24 

irarpâfft  18,  209 

nazQOKzôvog  85 

TrarpcxTOVoç  85 

Uazçâ  200 

Ttarçcûv  209 

Travçoç  60,  181 

Tra;jjt;g  23 

nèâri  233 

nèdov  81 

TCÊvquQ  221  i.  n. 

TTf'iacffat  271 

Tr£^6'9'og  81  ).  n. 

TtèX^v.vg   133 

TrfAffitJo)  267 

TrEA.tds  105 

Ttslfia  132 

TTSiÔg   81 

Ttèaitzoç  32 
TrfV'S'os  129,   152 

'TtîvZB    31 

TTfVT/jHOvra   143 
nfTtayotrjv  154 
TTfTra'ô'ura  22 
nSTlUQtLV    101 

TCfnuQufvog  12 
nimiaiiai  71 
TrîTrr/ya   154 
TrfTropaofif'voç   Kll 
nhnoc&f  22 


TiSTtoaxa  103 
nénoxai  149 
TrETrtTjûjg  140 

7l£7IZ(ûy.CC    140 

Ttènav  219 

néçacai  266,  271 

Trfç-/iroç  17,  81 

irapxog  81 

7csQvr](iL  266 

néçça^oç  46 

IIsQcécpazza  203 

TTfv^Tjv  219,  229 

Ttsv&oiiai.  67 

TtsvKri  233 

Tiécpavzai  [cpsv)  21  i.  u. 

Ttécpazui  21 

nécpsvya  71  i.  n. 

TTf'qpjj   148 

TtécprjVa  154 

TtEcpriaezai  148 

nriyiicc  156 

ni'iyvvfii,  59,  152 

Tr>j-/tTÔg  157 

Tr^fia  144  i.  n.   152 

TT^Iai  152,  155 

7rr/|û3   155 

nqqôg  60,   181 

TT/Jcaç  152 

nrjGOfiai  152 

Trr/TTOO  158 

Tr^;i;ug  96,  173,  199 

jrtxçôg  157 

nîunXa^EV  13,  253 

îriVco  180 

nmÎG-Kw  180 

nÎTtTùo  11,  140 

TtÎGziç  230 

TiiqDavffy.û)   182 

nicpçcîvccL   13 

Trt'fov  219 

TrAârt'ov  271 

Triatvg  16 

Ttls&QOV    16 

Trifû/ticov  132 
TT^fuçâ   132  i.  n. 


Registre. 


299 


7tXr]o^v   1()9   I.  D. 
nlrjaîov  271 
nXôyia^oç  l'> 
TtXovtog  70 
nXâco  07 

7rod-97,134,2i;{,2ir)/217 
noQ-oç  103,  279  i.  n. 
Ttoiiiccîva  45 
noifir'jV  131   i.  n.   22(t 
noi^vi]  33 
noîfiVLOV  45  i.  n. 
jroiv»?  74,  77,  7S,   I3.s 

TTO^lÔç    105 

7ro/l<s  204 
n6Xv§og  213 
îrdivï'Tço:  100  i.  n. 
nolvQQrjV   190 
TToAûg  204 
■!tolv(pâvoç  138  i.  n. 
Tià^ci  137 
jro^qpô^vl  204 
TTOTravor  79 

TlOQSiV    205 

TidçHOS  110,  115 
TiOQvâfiev  200 
jréçvTj  78,  266,  272 

TtOQOVTBÇ    207 

TTOçTiaë   107 

nôççcù   111 

noçxL  111 

jrôçrtg  203 

îTOçqpûpci)  266 

rioasiôâcov  227 

3rô()'9^(j   110 

TTOOts  (coujux)  96,  97,  98, 

114,  227 
Tzôaiç  (potio)  150 
nôxEçog  89,  94 
TioxriQiov  1S7 
TIOTL    113 
3rÔTfi.os  74 
TTOTî'tor  227 
TTorôç  149 
■novç  213 
jrovs  (puer)  101 


7iQCiv.v6i;   17 

TtQKGOV     17 

TrçKrôg  271,  272 
Trpfiyfuravs  40 
nQrjv^ç  107,  207  i.  n. 
nçô^aaiç  180 
TTçô/Jaioi'   114,   180 
TtQÔaao)   111 
TrçoffojTraro;  29 
TTçort  111,    113,   114 
TiQÔqiQccaaa  29 
tiqÔxw  221 
Tcpcôtoç  203 
7rça)"/tiOç  262  i.  n. 
TIqcotsvç  150 
nzaÎQco  103 
Trray.wj'   153,  285 
7iTriË,ai   155 
7rr>;()ff(u   153,   157 
nxoCu  101 

TTTOitTTOÇ'S'OS    85    i.    II. 

TixoQQ'og  101 
^rrdçjLios  103 
nxà^a  140  i.  u. 
TrTû)^   150,  218 
Ttxâaiç  140  i.  u. 
nxaxôç  155 
TTvyurJ  229  i.  n. 
nv&iirîv    131,  220,  229, 

232 
Ttvlr}  99 
Trvfiaros  110 
Ttvv&âvofiai,  151 
TTvrôç   110 
TTMjtio:  137 
Ttwg  213 
çayéi'S  166 
Qayrivai  167,  180 
QCi)f.xoL  17  i.  n. 
^âficpog  99  i.  n. 
çâva   190   i.  n. 
QKTILÇ    101 

^aTrrai  17  i.  n. 
qÛtcxco  58,  103,  280 
Qcccpr'i   233 


(îf-ytvg   100 

(>è^o)  (tingere)   lOfi 

çéfi^oç  81 

^Tjytvç  106 

QTiyvvfii  153,  100  i.  11.  107 

Qfjyoç   100,    173 

Qr'ixoiQ   144  i.   n. 

yoytûç   100 

Qodov  97 

(îé'9^os   101 

(îôuog  18 

QOficptvg    lo;i,   285 

^doç  80 

QonaXov  101 

pOTTTpOV    133 

Qocpîca   74 

^vy;i;og  99 

Qcoyaltog  1(J7  i.  n. 

Qooôiàg  264 

pw-S-vvïS  99  i.  n. 

çw'^'cûi'  104 

Qcôoficci  153,  109 

çax^ôg  107,  229 

çûji/;  214 

ffây/j  233  i.  u. 

aaîça   181 

oanïjvaL  153,   154 

aunçôg  56,  157 

caTTCo   157 

Cttujto's  286 

etïuffaçôs  69,  84,  183  i.  n. 

286 
aéçqiog  81 
aioccQVia  155,  181 

Gioi]7Ctt    154 

(jr/_ua   137,   147 
a/i'jrfo   153 
a/aAov  286 
OJcaA^jx'di  loi 
crxaA/lco  181 
onânTco   158 
ov-fP-fTOS  271 
Gnénri  233 
cm/jvtJ   101 
ax/Jjrrtu  158 


300 


Registre. 


a-Ki^ncùv  60,  231 
ayiÎQOv  113 
a-Klrjçôç  271 
OKOiôç  101,  112 
OKohôç  101 
OTionéo)  73 

OKOTO^y'vLoç  120  i.  n. 
OKÔtoç  101,  112,  120  i.D. 

129 
6%cùlriË,  167,  181 

CKÛJWTÛ)    158 

cy.cùQ  225 

6K(6^p   214 

GnàSiË,  138 

aucùvi]  138 

eoùrat  127  i.  n. 

(Toqpo's  103 

OTtâviç  142 

(77ra())'âco  103 

OTtaçèad-ai  46 

ffjraçvo's  229  i.  n. 

anâçrov  14 

cwaproç  14 

cnaxClri  138  i.  n. 

(T7rtï"9'/2()  220 

0;rAay;^i'OZ'   180 

ffîToçag   156 

GTtoçyKÎ  103 

arâXaiç  15 

CTKCtç  150 

ffraro's  136,  149,  175,  180 

(Jrauçôg  54 

GTsyt]  233 

OTsyco  168 

otiviov  81 

CTSvoç  81  i.  n. 

ZTf'vTcoç  80,  132 

Ctsvtai,  127 

otécçccvoq  79  , 

-arrinu  137 

CTryfiWï'  136,   137 

Grij'cœ  137 

ort'^os  228  i.   n. 

Gxiyiiri  229  i.  u. 


Gzîxfiv  161 
oxî%oç  228  i.  n. 
eroç-  111,  263  i   n.  265 
GtoQvv^t  266 
aToj;og  279  i.  n. 
ctça^ôg  228  i.  n. 
(îrçayyôg   101 
arçâvog  260 
(jTçoyyûAog  101 

OTQOTtCC    100 

arçoToç  100 
crçôqpiS  85 
CTça^ivri  266 
crçcoros  260,  263,  266 
OTvy^iv  (aor.)  161 
crcôfirl   138 
-av  (suff.)  286 
av^ârrig  137 
Gu'jvl  202 

OVflTlCù&L     190 

aqxi^cû  157 
Gcpaçayéa  267 
ffqDS^afdg   138 
cqpo^ço's  138,   lo7 

Gx^fioc  140 
(>;fO,lr]  103 
ffcoçôç  181 
cwTfç  214 
rayôç  156,  158 

TUKBQÔg    157 

rwM^vai  154 
rail-  107,  268 
Tttila-  267,  273 
raXciLTiwQog  181 
ra^iaîv  269,  274 
-ravo  (suif.)  275 
râvvtai  22,  244 
TKvv-  275 
TccQ^écû  107 
raprôv  229  i.  n. 
TaçGÔg  228  i.  n. 
xaQTrii^LÔQiov   17 
Torçipvg  50 
Tficco)   1 58 


-TâT  (suif.)  285 

xaxôg  23,  272  i.  n. 

xcccp^tv  151,  161 

Torqo/J  233 

Tajjv's  157,  181 

Ttyoç  168 

r£%'u7.vLa.  155 

xé&rjHu  149 

T£>>}ia  181 

xé&r]na   151,  154 

xi&va.iLSv  273 

TE'S'î'ïjcdTo;  169  i.  n. 

xé&Qafi[iNi  50 

Tf'O'coy-   155,   159 

Tfide  91 

xsifiT^  75 

T£tos  (cret.)  119  i.  n. 

-ratça  (suff.)  212  i.  n. 

xsiQco  157  i.  n. 

xeiGai  74 

xEixog  129,  151  i.  n. 

xi-iijiaQ  28 

xéyivov  77 

TEXTaiva  45 

Tï'xrvvfg  98 

Taiafiû)!'  131,  266,  270 

xélocGGcti  266,  273 

xsIgov  81 

xîuaxog    266  i.  u.    269, 

271,  272,  274 
xéfisvog  266  i   n.  274 
téfiffiai  118  i.  n. 
xÉvayog  273 
Tfi"9'9J;j'ry  167 
-t£0  (suff.)  207 
reçàficov  131,  266 
xéçetivov  88,  266 
xéçsxQOv  266,  271 
xeQ^GGSv  266 
Tf'çryv  219,  229 
-T£ço  (suff.)  89 
Tf'ffffapfs  53,  119,  210 
tsxÛQTCtxo   11 
TfTttrai  21 
*xfXfKa(iBv  71  i.  n.   134 


Registre. 


301 


TST8VXCC  71  i.  n. 
xttrj-Ku  154,  159 
rézXafiBv  12,   14V) 

TEtflSLV    74 

TStQuîvca  2GG 

xéxvy^ai  71  i.   ii. 

xsxvr]  77 

xécpça  111  i.  n.  277  i.  n. 

TJj'9'os   156 

xrjtirôg  157 

rryMCO  63,   153,  163 

rrj^co  155 

Ti'S'aods  142 

xt&f(isv  142 

Tt'S'Tyfii  140,  143,  147 

xtvvxccL  244 

xirccCviù  45 

riTQwaKM   266 

T^^'S't  190 

rilij'fAcov   137,  270 

TfiayEV   153,   154 

x(ir,YCù   153 

T/iTjro's  269—272,  274 

x6  92 

TOI  93 

TOi;i;oç  80 

xokÛç  156 

TOfos  80 

xô^ov  78,   108 

tôçyoff  262  i.  n. 

xoQ£îv  265,  266 

xoQiiog  74 

XOVXÊL   91 

xocpicov  111  i.  11. 
Tçâvrjs  267  i.  u. 
rçâîTS^Ob"  17 
XQucpsîv  50 
Tçaqpû)  55 
Tça;i;co  55 
xçrjzôç  271 
Tçicéxoî'Tû;  278 
TçiaHOffro's  278  i.  u. 
xQtTtog  213 
Tçt;fai.Kfi,'  69 
Tço'vog  262  i.  n. 


xQonto)  74 

XQOcpig  85 

XQVcpr'i  233,  277  i.  n. 
TÇûjyco   163,   180 
XQcovvvœ  244 
xQWTc✠  165  i.  n.  214 
T(){oaj  263 
TtJHfll'    161 

xvAOç  228  i.  n. 

vâlrj  117  i.  D. 

■uytjjS  212  i.  n.  280  i.  n. 

vô(ù  280  i,  n. 

vàcoQ  225 

vXâa  60 

Vft/jv  131 

vfivog  34 

VTra  102 

vnéQ  89 

'T/rfç(3ôçfioi  264 

VTCiQoôïov  282  i.  n. 

vjrvog  77 

VTtô  102 

vjrddpa:  16 

vçfiyaAt'ov  167  i.  n. 

vafiLvrj  131  i.  n. 

vx&ôv  280  i.  u. 

9ay-   83,  96,  116,  154, 

161,  173,  177, 
(pocysiv  154,  161 
cpâia  169  i.  n.   182 
cpa(iév  146,  147 
cpaçôa  107,  268 
qpapt^yl  267 
cpâçw  55 
qxiaKCo  149 
cpâxig  150 
-qparoç  (qof»')  23,  272  i.  n. 

277  i.  n. 
cpaxôg  (qpâ)  149 
qpaùos  154 
cp£i,S6g  286 
qpÉçicroç  130 
cptçfitov  75 
qpfçr;]   77 


CpfQxÔ^     1  l 

iprifia   137 

qjr/ftjj   138 

9)r/ftt  146,   147 

qprjffo)   137 

-(prjxwQ   137 

qj'S'âjiifX'os   146 

-qp'9'apTOS   14 

qp'S'étçco   157  i.  n. 

(p&i'iaoncit   137,  143 

rp&ôr]   112 

qp'S'ôffie  112 

qpiA/JçtTfiog  165  i.  n, 

(plaàtcv   161 

«^Aï'yvç  18 

cpléycù  173  i.  u. 

qoilo'l  217 

cpo§s(a  73 

qpoiJ'tHaï's  4:0 

qpoivôs  78 

90^05   164 

cpOQ^v  86 

(poçécù  73 

«jpdçfiiyl  85 

^^oçcovfu's  264 

cpçaaî  26 

^çâxrjQ  230 

qDç/ïv   26,  219,  229,  288 

(jDçôî'ts  85 

«jpçoi'Tis  76  i.  u. 

(pv-  261 

qouyTj  233 

cpv^ig  230 

cpvça  266 

qpoiyo)  110,  115,  153,  163, 

164 
cpcâ^a   153,   157 
q)(ùvij   138 
qpûjç  214 
j;ajm   157 

Xâlatci  263  i.  n.  268 
Xa^ccL  93,  101,  275 
j;Qfvdavci)   151 
xâog  54 
;i;açj[ioy;)  88  i.  n. 


302 


Registre. 


xâcyitù  60 
%ccTL^ai  150 
xâxLç  150 
1CCVV0Ç  54 
Xeiri  102  i.  n. 
XSLQ  227 
%eùooit,ai  151 
;(;£Avs  133 
%èQ60s  14,  81 
;ï«'cûv  101,  218 
iCXioi  81 
-;[t|U.os  229 
Xiâv  212,  218 
j;^£i;j?  233 
xXiÊqôq  55 
;^iovï'jjs  262  i.  n. 
%6avos  79 
j;ô^ai'oç  79 
Xolâç  263  i.  n.  264 
XOÎqoç  262  i.  n. 


jjoXtÎ  115 

XoqSri  262,  263  i.  n.  264 

XÔqiov  264 

;i;(>9T0S  76,  77 

Xovç  217 

XQccLvcû  264  i.  n. 

;fçâoj[iai  142 

XQCcvco   182 

jjçdfiiç  85 

;^çu()ôx£çwff  220  i.  n. 

XQvaoQccyèç  166 

XQvaog  263  i.  n.  265 

XQCûfia  264  i.  n. 

;^9a)ç  264  i.  n. 

Xvn.6g  131 

Xcôoiiai  158,  173 

;tco>a  138,  156 

tpcilv^  267 

i/)ïi;dr?s  129,  201,  220 


il>^X^   1^^ 
i/)ii(îç)()bî  157 
i/jtofioç  138 
xpcûQcc  138 
ipàxos  155 
i/>û);|;ûj  155  i.  n. 
w^a  282  i.  n. 
(Bdi's  168 
œ^f'o)  112,  164 
coKvg  108,  156,  172 
coiEîtçaï'ov  276 
mXèvr]  276 
{oiirjarr'iç  168 
côjiios  155,  172 
to/Lios  104,  115 
mv7]aa  187 
(Bvoç  78 
àxsiXri  138  i.  n. 
cô;f90s  156,  157. 


RENVOIS. 

Lat.  sanguis  28  i.  u.  225. 
Skr.  sasavdn  22,  35. 


Errata. 


p.  17,  1.  5  dV'ii  Iniut, 

lire 

fornus               au 

lieu 

de  *  fornus. 

P.  20,  note  3, 

— 

la  «  vriddhi  » 

— 

le  «vriddhi 

P.  22,  1.  16  d'en  haut, 

— 

Qtn^ai, 

— 

Qnuai. 

P.  28,  11.  2  et  4  d'en  bas. 

— 

nfiocQ 

— 

ïjftCCQ. 

P.  61,  1.  6                  — 

— 

vieux  latin 

— 

vieux-latin. 

P.  65,  1.  7  d'en  haut, 

— 

sv'ôtja- 

— 

svdtya-. 

P.  70,  1.  4         — 

— 

intimement 

— 

intimement. 

P.  79,  1.  1  d'en  bas, 

— 

la  règle 

— 

le  règle. 

P.  86,  1.  12       — 

— 

(p^Q§ 

— 

cpéQ§. 

P.  92,  note  2, 

— 

dilFérentié 

— 

différencié. 

P.  107,  1.  7  d'en  bas, 

— 

allusion 

— 

allusions. 

P.  113,  1.  2  d'eu  haut, 

— 

châyà 

— 

cliâyà. 

P.  125,  1.  1  d'en  bas. 

— 

veut 

— 

veut. 

P.  166,  1.  3       —       - 

— 

rac.  X.r|Y,  gi".  Iriya 

— 

rac.  \r|Y. 

P.  207,  1.  5        — 

— 

yantur 

— 

yantur. 

P.  228,  note, 

— 

àzaQTiôg 

— 

àrçanôç. 

P.  229,  1.  8  d'eu  bas, 

— 

196 

— 

195. 

P.  254,  1.  8       — 

— 

çro 

— 

çrô. 

P.  256,  1.  10  d'en  haut, 

— 

ûti 

— 

ûti. 

P.  272,  1.  4  d'eu  bas, 

— 

*gno 

— 

*gno. 

V 


UNIVERSITY  OF  CALIFORNIA  LIBRARY 

Los  Angeles 
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RENEWALS 


1979 


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JAN12  2004  sia 


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1984 


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