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Full text of "Mercure de France"

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John  'Bigolau^' 


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"^e?fJ/y.Tz/y ,.  J'iiÙ^M^iê^// 


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MERCURE 

DE  FRANCE. 

ÙEDl à  AV    ROI. 
I  AN  VIE  R.  Ï751, 


Chez* 


'ù^ 


APARIS 

ANDRE*  CAiLLEAX7,rue 

Jacques,  à  S  André. 
I  La  Vcttvc  P  I  S  S  O  T,  Qaai  de  Conty  , 

i  la  dcfccntc  du  Pont-Neuf. 
IJEAN  DE  KULLY,  auPaJaîs. 
[JACQUES     BAR  ROIS,    Qga| 

àts  Auguftins  >  i  la  ville  de  Ne?tfts, 


M.    DCC.  LL 

t4v9Ç  jtpfrobâtUn  &  Privilège  de  Xêu 


,y  Google 


DES     LIBRAIR£9 
\tbiunt  le  Mercwre  dans  tes 
\frov'mces  du  R^jaumc^ 

,  rWs  Raimond  labotticrc^  &  ehk 
î'aîné,  tibuires  ,  Piacc  du  Palais,  i 
— cote  tte  4a  Bourfe.  V 

liantes  ,chh  Nicolas  Verger  &  Jofcph  Vatar.' 
Rennes   chés  Jouanet  Vawr^  &  V^tar  le  fils^  rue 

Daupnine. 
Blois ,  chii  Maffoo. 
Tours,  ^WsGrifwii.^Lajabctt, 
Rouen.  .fe6  f^njoifi-Buôackc  Hci^ult,  &  ^fcA 

Caillojié. 
Châlons^foc-Maenc ,  tkes  Sencuzc. 
A^cw  ehéi  la  veuve  François,  &  la  veuve  Godart^ 
iteias ,  Wj  C.  Duchamp ,  &  rfc««arbicr. 
Orle;»is,^WsRo«i«îa«x. 
AbbevMe,rfc/$Levoycz.Lïbratrc 
Angers ,  à  la  Poftç .  ^ché$  Boffard  ,X*hcate 
Dijon ,  à  la  Polie ,  fc  éhh  Maîily, 
Verfailles ,  c*e5  Monnier. 
Befanjon ,  <*/i  Brifeut ,  à  I»  l^ofte. 
Saint  Germain ,  db/wCtavcpeyrc. 
Lvon  •  à  la  Poâe. 

MacfeUle .  thé,  Sh\t ,  U  M^y  ,  i*t«tM. 
Beauvai$,<W»Dcflau«.  ,_  ,.  ,  . 
TxoYcs  thés  le  Ecbvte,  Midiclm,  Imprnnean- 

Libraires ,  &  BouiWerot  LibMirç. 
CharUviUe ,  <»»<&  Piene  Thefin. 
MoBlins.«i6  Faute. 

Mâcoa ,  «W»  Ce»**"  '  ** 
Auxeitc,«fc/*Fourm«. 

Mancy,*W»Nicobs. 

Touloafe  ;  chts  Robett, 

Aire ,  chés  Cotbeville. 

Pr;x    XXX.   Sots. 

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MERCURE 

DE   FRANCE. 

DEDIE     A  'U     ROI. 

JANVIER.    1751. 

V  1  ECE  s  FUGITIVES^ 
en  Vers  é"  *»  ^"S^* 

LE    BOUqUET. 
FABLE 

Dh  Mercmre ,  am  foUic. 

jL  Ont  les  mtnos  SBrandre  ,  appoctolc  i.  PbtCf 
Un  boaqoet  qu'il  faifoit  lui  mtine  ; 
On  a  unt  àf  plaifir  i  parer  ce  qu'on^aimc  l 
Iz  rdlpe  fc  Tœilletyles  roTes  &  les Ijrs, 
La  renoncule  9  &  Tanénione 
Etoienc  traités  en  ^aiuls  SeigaeiTi  s 
Dans  leuts  Etats  Flore  &  Pomone 
Ont  aniS  leurs  degrés  d'honneurs» 
Ai; 


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§  MiERCURE  D'Ê  F  fi.  AN  CE; 

Cette  raifon  cmpéchoit-t'cllc 

Que  i'oo  n'admit  danile  bouquet 

La  Vielette  ,  le  Muguet , 

La  Marguerite  ,^  J'ImmortelIe  ? 

Ces  fleurs  ,  quoique  d'un  moindre  prîx^ 

Ne  méritoient  point  de  mépris. 

{•'Amour  fe  peint  foulent  par  une  bagarelle 
A  l'objet  àant  il  eft  épris  : 

l^jtis  ce.mêUnge-ià  blefla  quelques  efprics. 

Un  berger^  rival  de^il^aodre , 

En  propos  aflez  peu  flatteurs 
Sur  cet  aflbrtiment  eut  foin  de  fe  répandre  | 
I«es  amans  font  jaloux  autant  que.  •  •  les  Auteur 

A  quoi  bon  .,  dit«^il  ^ces  fleurettes } 
Un  auill  frivole  tribut 
N'eft  bon  que  pour  les  amourette ^ 
Le  véritable  amour  veut  un  autre  attribut. 

Mais»  répondit  Silvandre ,  il  eft  plus  d'une  imagf 
Pour  le  p  eindrc  &le  publier  : 

5005  difierens  objets  préfencer  Ton  hommage , 
N'eftce  pas  le  multiplier  } 

Quandjles  Dieux  réglèrent  les  place» 
De  la  brillante  Cour  qui  marche  fur  les  trace» 
Des  Dceffcs  d?  la  beauté  ; 
^our  la  quatrième  des  Gracet 
Ou  nomma  la  VariétjL 


^v;^v^;: 


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E  UV  O   I. 

'N*admctrf#fls.noo8  ici  qu'une  forte  d'oa^agesK 
Ce  fcroit  un  bouquet  d'une  feule  covleur  : 
Of6ns  btiguer  tous  les  fuftager, 
£c  que  chacun  ttouvc  û  ieur. 

H  I  s  T  o  l  R  E 

©il  Komieu  de  Provence  y  far  Ai.  dt 
Fontenelle-. 

PEndant  que  la  France  ctoit  partagét 
en  plufièurs  petits  Etats  ,  prefque  in- 
dcpendansdu  Roi,  la  Gomtéde  Provence 
tomba,  par  un  mariage,  dans  laMaifon 
des  Comtes  de  Barcelone  ,  qui  par  la 
même  voie  devinrent  peu  de  tems  après 
Rois  d'Arragon.  Tantôt  le  Royaume  &  la 
Gomté  furent  dans  une  même  mnin , 
tantôt  le  Royaun>e  fut  le  partage  de  Taî-^ 
né,  &  la  Comté  celui  d'un  cadet.  Le  der- 
nier des  Comtes  de  cette  Maifon  fut  Rai- 
mond  Bcr^ngcr  V.  qui,  vers  lan  iiitf, 
s'étant  fbufirait  à  la  tutelle  fufpede  de  Pier- 
re ,  Roi  d'Arragon  ,  fon  oncle ,  qui  le  te- 
noit  en  Efpagne ,  étoit  venu  en  Provence 
prendre  jppflcflîon  de  fon  Etat.  Après  qu'il' 
cul  remis  dans  le  devoir  qticlqucs-uns  dçfï 

A  ii|; 

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t    MERCURE  DE  FRANCE. 

f principaux  Seigneurs  »  &  quelques  Vil^ 
es  des  plus  confîdérables  du  Pays  >  qui 
àvoient  vt)ulii  profiter  de  ftm  sfbfencc , 
quoiqtfe  tout  ne  fût  pâs  encore  calme ,  fz 
Cour  ne  hiffa  pas  d'être  agréable  &  flb- 
riflTante. 

Raimond  entendoit  bien  la  guerre  ,  Se 
l!aîm»it  peu  ^Ic  foki  de  fe  maintenir  fdfir 
foit  pour  confumer  toute  Ton  adivîté ,  Se 
il  ne  itti  eti  reftoit  pas  pout  fonger  à  s'a- 
grandir; Il  étoic  naturellement  doux»  ùtn*^ 
pie  ,  populaire  :,mais  il  prenoit  quelque-^ 
fois  les  défeutsde  Prince  ,  qqand  il  fe  fou-^ 
venoit  de  fon  rang  *,  ce  qu'il  avoir  de  macK 
vais  lui  côûtoit  quelque  effort  8C  quelque 
attention  ,  9c  ce  qu*il  avoit  deb^n  ne  Itii: 
<<o&toit  rien.  L'inftinâ^  qui  le  portoit  à  h^ 
i^erru ,  écoit  plus  sur  que  fes  lumier'îa  >.ÎÈ 
n'avoîtpas  allez  d'cfprit  pour  être  inébran- 
lable dans  le  bien.  Il  aimoit  les  plaifir^, 
êc  fe  connoiflbit  aflcz  aux  chofcs  d'agré- 
menr.  Cela  joint  à  fa  bonté  naturelle ,  êc 
à  la  familiarité  qu'il  accordoit  aifèment  à 
^eux  qui  Papprochoient  >  attira  auprès 
dt  lui  prefque  tous  les  Seigneurs  du  Pays» 
quoiqu'alors  tes  Gentilshommes  fetinflênc 
Volontiers  dans  leursCbâteaux  »  &  ne  fiC- 
fent  guéresplus  leur  cour  à  leurs  EHics  ou 
leursComtes  »  que  ces  Comtes  flc.ces  Duct. 
lift  f^oicnt  au  KoL 


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J  A  K  V  ï  E  »•      it$f.      y 

Ces  tcms-là  furent  fort  ignorans ,  &  if 
&inble  que  la  nacorc  lescboint  exprès  pont 
faire  voir  ce  qu'elle  peut  par  elle-inèaie  ^ 
flc  pour  produkc  des  Poètes  qui  lui* 
dûficnr  tour.  Axt  nàkiw  de  la  groffiereté 
do  douzième  &  du  treiaiéme  (îecle  ,  il  ft 
icpandir  dans  tome  la  Franee  on  efprir 
poétique  5  qui  alla  jufquen  Picardie  9êé 
à  plus  fone  raifon  h  Pirovcncc  en  eut- elle 
&  part. 

La  PoëCe  &  les  Poftcs  de  ce  tems^là 
étoient  bien  di&rcns  de  ce  qu'ils  font 
aujourd'hui.  La  Poëfie  étoit  fans  art  >fans 
régie  »  telle  enfin  qu'elle  doit  être  dans  (a 
naijflànce  ;  car  à  Tégard"^  de  ces  fiécles ,  les 
Grecs  8c  les  Latins  n^tvcHent  jamais  été; 
£e  Grec  étoit  absolument  inconnu ,  &  fi 
qaelques-ons  de  ces  Auteur  (çavoient  lè 
Latin,  ce  n*étoicnt  guéres  que  des  Prêtres 
ou  des  Moines ,  qui  même  ne  le  (çavoient 
prefque  que  par  l'Ecriture  Sainte  ,  &  par 
conféquent  afltz'  mal.  Homère  &  Virgile 
n'éroient  tout  au  plus  connus  que  de  repu* 
Cition,  8c  fi  vous  trouvez  quelquefois  dan^ 
ces  fortes  d'ouvrages  quelque  trait  de  la  Fa* 
ble  9 croirez  que  .c*étoit  une  érudition  bien 
rare.  En  lécompenfe  ils  ont  une  fimplicité 
qui  fe  rend  fon.  Leâeur  fevorable ,  uncr 
naïveté  qui  vous  fait  rire ,  fans  voos  pa« 
R>îtrc  ridikulc^.&  quelquefois  des  trattr 

A  iiij 


,y  Google 


8    MERCURE  DE  FRANCE. 

de  génip  imprévus  ,  &  aflcs^  agrcaWe^i, 
La  plus  grande  gloire  de  la  Pocfic  Pror 
yençale  eft  d  avoir  pour,  fille  la  Pocfic- 
Italienne,  Non-fculemcnt  l'Art  de  riracf 
pafla  des  Provençaux  aux  Italiens  »  mais 
il  eft  sûr  que  Dancc ,  Pétrarque  ,  &  13o- 
cace  même  dans  fcs Contes,  ont  bien  fait 
leur  profit  de  la  ledarc  des  Provençaux. 
Il  y  en  a  pLifieurs  dont  Pétrarque  fait  l*Cr 
loge  ,  fans  doute  par  reconnoiflàncc ,  ôç 
outre  tout  cela  ^  il  fat  encore  infpirc  par 
une  Provençale ,  &,  animé  par  le  Splcil  dç 
Provence. 

Les  Poètes  d'alors  refTembloient  encore 
moins  à  ceux  d'aujourd'hui  y  que  leur  Poq- 
iîe  à  la  nôtre.  Je  trouve  que  ceux  de  Pro- 
vence étoient  prefque  tous  de  grande  qua- 
lité ,  &  fi  l'oa  eft  furpris  que  dans  une 
Nation ,  telle  quç  la  Françoile ,  qui  avolt 
toujours  regarclé  les  Lettres  avec  mépri$  y, 
&  qui  aujourd'hui  tient  encore  beaucoup 
de  cette  cfpéce  de  barbarie ,  des  Gentils- 
hommes &  de  Grands  Seigneurs  s'amufafr 
/Cent  à  faire  des  vers  ,Je  ne.  puis  répondre 
autre  chofc  ,  finon  que  ces  fortes  de  vers-, 
là  fe  faifoient  fans  étude  &  fans  fcience , 
&  que  par  conféquent  ils  ne  dçshono- 
roieni.  pas  la  Noblcflc.  Il  eft  vrai  cepen- 
dant que  ces  Poètes  n'exerçoient  paslç 
métier,  trpp  noblcmçpc  ^  ils  fe  failoiçiV: 


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jai^vier;.    Î751Î      f 

fort  bien  payer.  Us  sVtachoicnt  à  quel- 
que Prince  ,  ou  alloient  errans  de  Cour  en 
6our ,  pour    faire    voir    leurs  ouvrages. 
Quelquefois  pendant  le  repas  d'un  Prince, 
vous  voyiez  arriver  un  Troubadour ,  c'eft- 
à-^ire-,  un  Poète  ou  trouveur  de  belles 
chofesr,avec  fes  Jongleurs,  c eft-â-dire., . 
Joueurs  d'infkumens,  &  le  Troubadour 
faifoit  chanter   aux    Jongleurs  fur  leurs- 
Vielles  ou  Hétrpes  les  vcr^  qu'il  avoircora-- 
pofes.  On  lès  payoit  en  draps  >  armes  Sc 
chevaux»  payement    affez* noble  ,   mais^' 

four  tout  dîrc^  on  leur  donnoic  aiiilî  de* 
argent.  L'Hiftoire  marque  beaucoup  de* 
Troubadours  qui  s'y  -  font  enrichis  y  &  ces  • 
Troubaddurs-ll  portent  de  fi  beaux  noms ,  - 
qu'il  n*y^a  point  de  grand  Seigneur  au- - 
jonrd'hui ,  qui  ^  né  fut  bienheureux  d'en  » 
de(cendt:e.  Ce  qui  relevé  fort  leur  hon- 
neur, c*cft  que  dans  ces  payen^ns  qa  on  ^ 
l^r  faifoir  ,  entroient  aflez  (buvcnc  les^ 
faveurs  des  Princeflès,  &  des  plasgran-- 
des  Dames,  qui  érbienraflèz  foiblcs contre  ' 
un  bel  cfprit.  Uii  Sonnet  d'Armand  ôa  * 
Ghometl  mit  i  bout  toute  la  vertu  d^  U  i 
Vicomtefle  de  Boiers, 

Quelques  Troubadours  avoient  établi  ,  • 
qu'après  avoir  chance  devant- un^JalTem-î- 
Wéc  de  femmes  de  qualité ,  ils  écoierrt  ert  • 
4ifaît  d'en^cc-^baifcr  une  à  leuc  choiï.:^  \ 


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>o   MrR'Cïr^RE  DE  PR  ANCE. 

Inais    ce   qui  marque   cncôrfc  'tliieux    Ic^ 
'cas  qu*Qti  faifdit  des  PoëlcSs ,  on  trouvt- 
•quc  Rôbeft ,  flls  de  Charles  II.  Roi- de  Na- 
«pies ,  &  Comte  de  Provence, icxctnpttiu 
•pôtfr -dk  afns  la  Ville  de  Tarafcen  de  toa- 
•Tcs  Taitles  &'Sttbfidcs ,  à  Cûtidiiion  cp'otfe 
7  cntretietîdroit  ^Uî^^é|>en5:  de  Public^ 
T^ierric  'Gaïdchal  ,  bon  Troubadoof.    Et 
*Crotra:-»t-on  bien  atojottrd  htti  qo'ufti  Albec- 
ter  de 'Sifterdn,ayîint  envoyé  en'mourartt: 
^s  ttuvxes  à  la  Marquîfe  de  Mallefpihe,  &l 
*qii*ûn  nomme fabredWellcs  ayant trFter- 
iceptées^.âc  les?  donnanfc  xomme  de  lui>. 
Ton  procès  loiïùt  &ic  'dans  tontes'lts  ré^ 
*glcs, &  que  le  plagiaire  futftftigé,y5wtf««' 
4ts  hoix  Jmfirialcs ,  dit  THiftoirt  ,  tant 
xe&.  choCts-li.  écoient  traitées.  ferieQf<x 

il  eft  aîfc  rfc  dtvinfer^jqtte^anstni  fiëclè- 
où  la Poëfie  ét<^t  fi  fott  àlatnode , la  g^ 
'hntcrie  y  devoir  ître  auffi.  Tbtts  ces  Poe- 
'tes  éfoicnt  amoureux  ,.  &  comment  les; 
IDatnes  auroiént-eilcs  manqué  de  complaî.*> 
Tance  pour  eux  i.  Les  marisv  même  n'en 
Inanqiioiejit  pasi.on  en  rroui^  quelques- 
uns  qui  ont  micux^  aimé  difiitnuler  que  de- 
«chaflcr  le  Trottlfedottr  de  cirez  eux.  Ce- 
pendant l'aventure  de  ©uilhumfe  deÇa- 
îcftan  ,  marque  affci^qjue tous  les  maris  ffe? 
£Cûvem  pas  déj^ijaiitex:  Icot.  ftroicîité.  owt»- 


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janvier;     17-5 1'.-    ri 

tUrcilc.  Il  avoit  quitte  Bcrangcre  '  des 
Kiux^Daiiie  de  la  première  qualité  de 
Provence  ,  qui  pour  s'adurer  de  laconC- 
fance  da  Poëre  luiavoic  donné  un  brea^ 
¥age  y  dom  tlpenfa  mourir  ,*&  qui  airéra 
(dn  cetveaii  tsth  peucplos-quâl-n*écoit  néceC- 
Ôîrc  foufr  faire  des  ¥«r$.  ills*étctt  attaché 
âla  fismine  4a  Seigneur  de  Seiilan  »  Sc 
•avôic  obteliu  d^lfc  ce  ^i  étôîc  prefque 
•d&a«i  Troubadour.  Le  maTrir,  moins^tou* 
4[^  de  la  Poëiie,affuffina  Guillaume  de 
C^d^ftan  y'tira  fon  cœur  Hors  de  foti 
lxn:ps,Sc^  le  donna àman^rïrfaifênaffnc, 
bien  apprêté.  6Hb  le  trouva  bon:.,  fiêquanii 
ftn  itiari  k*iA'pcè^e«cVrtoit  ,'eUc  répons 
tk  ,  ^  ^ifqû^^  ^vmt  mangé  <ie  fi 
hthit  vitfnd^ ,  ctiei^'enrimiigeroir  jamais 
é*ûùttt ,  Sc  iê  laif&  mcnnir  de  faim;- 

tWiftbkeJic  ccs'Pc*>c$  cft  plcined*ef-- 
ftts  tîir^râérdimtkfc^  de  :pi(fion  /qui  font 
à|>eine  ^ofabks  danB^an  fiécle  auffi  tdoL* 
ché  for  Panlodr^qtie  Peft^^clui-ci.    L'un  ^- 
âân^Hii  dépit  âttiMYeox»  tue  fa  Mûhrctk.te 
tt-tue  enfùirc  -,  1  aurre  meurt  ^dé  ce  que  Toti 
porte  la*ficnnfc  en  teite»  Il  cft  vrai  qult* 
teottMc  trop  tôt ,  car  la  ©àftfc  revint  pen-- 
dantqtt^  faifoit  fotifcrvkc  dansfEglifiç^ 
léoin  'eHe  fit  bien  fon  dfevoir v  elle  alla^- 
^ëifierifer  dafls^in  Convetit;- Mais  qui  »' 
pmmiséffié  ,i^^^^iâ]^ jaamir  Gefirot^ 

Avj. 


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t^  MERCURE-  DE  F.RANQR 

BùAcl ,  Sieur  de  Bliçux?  Il  catcnd.  parleur 
de  la  beautés,  des  perfections  de  la.Com- 
tefTe  de  TripolLa  des  Pelcrias  q\.ûvenoienc 
<le  la  TcTTc  Sainte-,  Iç.  voilà  qui  .devient 
antîourcux  fiir  leur  parole ,  &  qui  paflc  fa ., 
vie  i  faire  des^.vers  pour  fa  chère  Idée, . 
Enfin  ncpouvant  plus  louteni]:  T^bfençe  de  - 
ce  qu  il, n  avoir  jamais  vu -,  iLs'cmb^rquc 
pour  Tripolijcn  hkbit  de  Pèlerin.  En  appro-  . 
chant  de  <:es,  lieux  chaonansoùicoit  tout  : 
fon  bien  ,  fa  paUîon  augmenta  ^  &  il  arriva  . 
malade.   Son  confident ,  qull  avoir  mené  : 
avec  lui ,  alla  avertir  laComteffc  qu'il  ve-- 
noit  d'entrer- dans. le  Port   m  VaiûTeaa  . 
qui  lui  ainenoittm  amant ,  niaist  fort  in- 
«lifpofé.   Elle  eut  la  bonté  de  venir,  auffi^^ 

^  tôt  dans  le  Vâifïcau  \  mais  >  comm4  le  Poctç  . 
commençoit  un  compliment  très- tendre  ^  ^ 
il  fut  fuffoquc  r-par  Tçxçès  de  (qn  amour , , 
&  mourux.*  La  Comtedç  paya  du  moins  (a  . 
paflîon  par  un  magnifiqqe^  tonobc^q  »  &  * 
çvcifues  depMss  ^Ah  rHiftor-iea^  m  fia  vhc,  - 
faire  bonne  chéreé\\,i2m.(]prQ^  fe  fouvien-?  - 
ne,  en  lifgnt  cette  Hiftoirc  ,  que  ce  Héjros  ^ 
ctoit  né  fous  le. Soleil:  de. -Provence  ,  ôf\, 
^oit  Pocr;e ,  &  je  crains  qii  on  n*ait  encore  • 
dr  la  peine  à  k  trouver  vrai  fembiable» 

Riçn  n'étôit.  alors  plus  fingutier  eq  Pro-?  „ 
vence ,  que  cç  qu'on  appclloit  la  Cour  d'A> 

iOQùr^^(3'étQit.uJ5«flfeaiiblée;dfi  Dames.d^iU^^ 


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p^micrc  qaaiitc  ,  q«i  ne  traîtoicnr  que  d^  • 
matières  de  galanterie.  S'il^aiffoit  quelque  * 
conteftation  entre  un  an»nt  &  une  mair 
trèfle  ,  on-envojrok  la  queftion  â  la  Cour  - 
d*Atnotir  ,  &  comme  Kefprir  da  fiécle  étoit  r 
fcricux  fur  les  bagatelles  ,  les  Dames  pro-  - 
fionçoient  gravement  fur  laqueftion,  Sc^ 
leur  jugement  éroit  reçu  avec.une  fonmiC^ 
fion  très  îGncére, 

Telle  fut'  la  Pl^ovencc  fous  les  Comtes  ; 
de  la  Maiibn  de  Barcelone  ,  &  particuliè- 
rement fous  Raimônd  Berenger  V  \  itétoit 
Troubadour  Im^mème  ,  pktot  par^  mode  * 
que  par  génie.  Il  avcm  époufë  Béa.trix  4e 
Savoyedontil  eut  quatre  fillcs^,  Marguc^ 
-  rite ,  Elconore  ,  Sance  ,  &  Beatrix  ^  que; 
l*on  remarque  qui.  ont  toutes  été  Reines  » , 
quoique  la  Royauté  de  Pune  des  quatre  aie 
été  un  peu  imaginaire.  Je  parle  de  Sance  >, 
-qui  époufa  Richard  d'Angleterre  ,  que  lés  ; 
Princes  A  Uemans  élurent  Roi  des-Romains^^ 
&  qui  jvcD  eut  jamais  que  le  titre. 

Avant  îqu'aiKune  de  ces  Princcflcs  -fïir  - 
mariée ,  &tandis,qtt  elles  ornoicnt  encore  * 
la.Cour  de  Provence  ,  oh  y  vit  paroître  le  - 
Romieu ,  fr  célèbre -^  dans  les  Hiftoi tes  du 
Pays*  Romieu  en  Pro\eoçal^eur dire  Pè- 
lerin ,'  ou  qui  va  à  Ronae ,  parce  que  d'à*- 
'  bord.on  alloit  comnranément  à  Rome  en^  > 
JBçkiin^ge ,  eofuite  la  .dévotion  ie^ourçau 


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*n4^    MERCtJIRED'EFRArTCBi 

à\h  Tcrrc-Saintc.  Un  fôir  que  le  Comte  de 
:^Provcncerevenoic  de  laxhalft,  il  rencontra^ 
ce  Romteu  avec  fa  cappc  &  fbn  boardoa,î 
-qui-maréhoit  fcui  d'un  «tr  fof  t:gai  &  fort 
^aoncem.:L4' bonne  htimeui  où^écoic  alors  le* 
Comret,  &  l'ètfivetévftfent^'îl  parla  âu 
Romiea»&  kl  fuit  fort  étonné  que  le  Rtii- 
itïieu  lui  rcpondic  «wccfprit ,  avecKbcrté  ,^ 
Se  comme  un  homme  accoutumé  au  com* 
^merce  des  Gratnds.Le  Gomtc  lui  deman- 
da qui  il  étoîc  .v<Nionf<iignei(ir  ,  lai  dit  4Lr 
Je  vous  ftipptte%tFèsîhtimblement  de  tncx*- 
-€ii(et  ^7e<re^en«de4a  Torrc^Sainte>&  Oh^ 
-m'y  0  fait  faite  voBtt  de  ne  dire  }am^t^ 
>e  fuis.  Cette  réponfe  fatisfit  le  Comte  , 
.prceNOuec^érclit  affez^là  modecn  testeras- 
M  deMirc  des 'Voeux  biaarrcsîv  jevoisbite 
ce  quec'cft^  dit  le  Comte  4iu  Romicu  ^^ 
vous  4td$  un  Konnne  de  qualité  ,  qui  êtàr 
tombé  dans  qUclqtie  grande  îfàùce ,  Sc-on^ 
vous^  donné  pour :péniteneed*errcc  par  te" 
monde  fous>èe  miferable  équipage ,  fahs^^ 
^fer  déclarer  qui  vous  ères  i^c  vous  avoue" 
^e  je  trouve  cette  mortifearion  affcz  Inet^' 
imaginée.  Monftigneur  ,  répondit-il  ,  je 
tfaorois  pas  eu  aflfez  îpcu  de  confctcrfee^ 
jpur  ne  pas  tiire  à  mon  'ConfeArcur  de 
-m'en  chercher  une  aïKre ,  car  en  vérité  il^ 
aaroit  été  trompe  ,  &  &  j'étoîs  femnie  de- 
cg^icé  ^rica4ac-  ntf  co^crpicgiaias^igb 


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^tatfaer^tia  imifTaoce  &  mon  nom.  Corn- 
meiK  ,  i;e{M»tte.Comce  r  Strie*- vous  bic»'' 
aife  qa^OA  'irons  (raiiÂtxommc  an  homme 
du:  f^pte  ?  Rrcn;dift2»vous  ^plaifir  â  vous* 
^rfveec  >cfo9  "égards^c  4«s*Te^âii  ^  au'om 
,  ji^WHôk  ^.  ^vo«te  :rafflg  ?- Vous  Me  lour- 
JÉÉSck.  KCdi!i»«'tnitne  ^la  réponfe  ,  Monfei* 
(|Ppi^oir,^i:ét>Ku{U&  tcRomiiett  >  ce  feroîc  i 
^non  r9t>g4|ue^fo«t  <cela>ferottii^  ,41  té  jKfr-^ 
<âif|ûc  ',  tk%&t»^oclr  moi  je  nt  pordroisTftn  ;: 
Wbti  ra^eSe  mm^néos  ne  ferions  pu  la^ 

iLe<;:omce  »miofows  plm  fftf^^dtt  Ro- 
Hài^:,  as  plte  'Cmfieor^dt  l^^tnienilre  pat-»- 
llt^.lic  il approfokidfr ,  s'H  tfe  potrrott  y. 
%(^re  ^aventure  ,Jui  ordonna4e^ftiîvre  ;. 
â^m  beau  s^cn  défendre ,  il  eut  beau  rc- 
l^^éfiuiter'^uev  fes  affaires*  l^appelloîent*  aiU 
'4ietirs^,  ft^^u'U  n'éroic  poîn^  propre  i  pa-^ 
^fottfe  dans- une  Cour  »,U  y^  fut- poinr 
^a,  &^n  leik  monter  achevai;  Le  Gom^ 
'  t€  ne  parloîc  qu'à Juh,  &  qnand'onfût  ar- 
rivé ,  il  ftieteul  le  ^âsaclc  de  toute  la^ 
Cour.  Mais  pour  mieux  comprendfç  de 
quelle  manière  il  y  ftit  regardé ,  ileft  bbn^ 
de  fçavoif  de  qfeik»|>trroan«sr'elte  éroi»: 
«ompoféfe, 

'Ceiix  qàiaii^ieflt  tè|)lii5-<le  part^lafii* 
im\]mï(i  âu'Côm6e,étoientBefalde>  cad  err 


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liPi MERCURE  DB  FRA  NCB. 

pose  la  Provence  aux  Comtes  de  Barcelone; 
Boniface  de  Cafteilane  ;  Raoul  de  Gacin  y 
liAbbé'  de  MonMnaiouc  Perdigon. 
'  Beralde  des  Baux^coic  bien  fait  &  d'un 
exticieur  trè^  agtéabèc ,  il  avoît  de  la  va- 
leur ,  de  la  libértlicé ,  de  la  généro&é ,  da 
dénméreflTement -,  mais  il  ne  Te  croy^ir 
obligé  â  coures  ces  verras  que  parce  quJM 
^oit  de  bonne  Maifon.  Il  croyoit  que  I^ 
naiflànce  les  donnoit ,  &   qu'un  Gentil- 
homme qui  ne  les  «avoit  pas  »  avoit  pris 
foin  de  les  étouffer  en  lui.  On  le  trouvoic 
jmrfaicemenc  honnête  homme,  quand  on  ne 
s'appcrccvok  pas  de  fon  motif.  U  avoit  des 
vues  affez  iSnes  (ur  les  chôfcs^de  morale  > 
Se  QQ  étoit  charmé  deTcn  entendre  dif« 
courir  ;  nwis  au  .milieu  de  raifonnemcns 
très  folides  i  il  piaçoit  quelquefois  que  Ix 
maifon  des  Baux  écoit  defcendue  d*un  des 
tcois  Rois,  nommé  Balthafar,  &  que  l'Etoi- 
le d  argent  qu'elle  a  pout  Armes,  rcpréfen-     | 
toit  celld  qui  avoir,  conduit  les  Mages  i     { 
Jirufalem.   Il  -  avoit   beaiKoup  d'cfprit  ^ 
mais  malhèurçufemeot  il  avoit  éradié  des 
livres  Arabes^  que  lui  avoit  donné  un  Mé- 
decin Catalan  du  Comte  Rain^ond ,  qui  Ta- 
voicnt  entêté  de  toutes  lés  rêveries  de  TA^f- 
trol<5gie  j  &-  kû  avoîont  appris  à  craindre 
Ids  Chouettes.  Il  ne  pouvoit  pas  s'imaginer 
^e  ce  qui  étoile écpt  dans  une  Langi^e  aul& 


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jANVTERv  i7Tf.  tr 
AÙfténeafe  que  TArabe  >  &  qui  lui  avoir- 
tant  coûté  à  apprendre ,  ne  fut  pas  vrai.  Sa. 
femme  étoic  aimée  de  Fouqucr.. .  • 

Boniface  de  Caftciiane  éroic  au(C  d'aner 
naiflànce  très  diftinguéc  ,  grand  Poète 
âtyrique  ,  mais  (âcyriqoe  par  nature  ,  & 
Poète  par  Art,  feulement  pour  erre  faiy- 
tique.  On  l'appelloit  POutrcareat ,  tant  il 
ctoit  hardi  dans  fes  Sirvtntes  ou  Satires  :; 
il  n'y  cpargnoit  pcrfonne  ,  &  il  les  finiC- 
{oit  d'ordinaire  par  ces  mots  BouguM  ijums 
dich  ,  qui  marquoitnt  l'étonnement  où  il- 
écoit  lui-même  de  fa  hardiefTê. 

Il  facrifioit  tout  à  la  Satyre^  amitié>  bien- 
feance  ,  &  même  l'honneur  de  Ton  propre- 

Êoût,  excnfable  feulement  par  Timpoûi- 
ilité  d'avoir  de  l'efprit  dans  un  autre  gen- 
re. Il  étoit  très  timide  quand  il  étoit  mena- 
cé par  le  moindre  faifenr  de  Sirventes». 
très  redoutable  quand  il  étoit  craint.  Sa 
bile,  fa   férocité,  (on    indifcretion    luL 
avoient  donné  plqs  de  vogue  que  d'autres . 
n*en  avoient  par  lenrs  bonnes  qualités ,  & 
il  étoit  endroit  de  méprifcr  autant  qu'il' 
iâifoit  »  la  bonté  »  la  douceur  &  l'équité. 

Rapul  de  Gatin  avoit  un  caraAere  preC-. 
que  entièrement  oppofé ,  un  génie  fou 
cstendu  ,  &  qui  n'étoit  borné  que^ parce- 
qu'il  ne  s'étoit  pas  appliqué  à  tout ,  une^ 
niyacitç  douce  >  tm  agrément  facile  >  des  >; 


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ir   MERCURE  nEFKAFTCË; 

grâces  fimplcs,  one  probité  &  une  droht#> 
f  c  de  cottM:  y  que  tout  fon  extérieur  repté^ 
fentoit  'y  mais  il  étoir  extrèniement  foible 
fur  l'amour ,  8c  très  fujet  à  faire  de  tnaa« 
▼ais  choix.  Alors  tout  fen  mérite  dcvenofc 
ridicule  par  lliommage  qu'il  en  faifoir  â 
des  perfonnes  indignes*,  &  Tes  refpedts  mal 
placés  le  défiguroicnt  enricrenacnt.  Le  plu^ 
grand  deshonneur  où  il  fut  encore  tombé 
etoic  daimer  Richilde  de  la  Maifon  de 
Montaubao',  |êune  Dane  très^galante  qui 
s'acconnmodoir  de  toutes (brtes  d'amans,. 
hormisdç  ceux  qui  étoient  honnêtes  gens  » 
Se  i  qui  R^oul  ne  manqua  pas  de  déplaire' 
dès  qu'elle  eut  découvert  fes  bonnes  qualî* 
tésJLétoir extrêmement  aimé  du  Comte  de 
PtoTcnce ,  qoi  Templofoit  dâns^fts  guer- 
res ,  ÔC  lui  confioic  fes  plus  importante»^ 
afiTaires  s  mais  du  moment  qu'il  fat 
amoureu»  de  Richilde,  il  quitta  tout,  pour 
erre  fans  ceffe  à  Montpellier  oirclle  demeu- 
roit.  Il  étoft  excellent  Troubadour,  8c 
H  eut  le  malheur  de  faire  pour  elle  les  plu^ 
Beaux  vers  qu'il  eût  faits  de  (a  vie, 

L-Abbé  deMontmaionr  étoit  toujours  à  la 
Gour  (bus  prétexte  de  quelques  afiFaires  de 
fon  Monaftere  qui  alloicnc  lentement.  lia* 
mais  Moine  n^èntendit  mieux  Tart  d'accor- 
der les  intérêts  fpirituels  &  les  temporels; 
Cowne  le  Comte  n'ctbit  |Nas4cvot^rAI)b& 


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JANVIER.      hTft.      if^ 

^r^Montmaioar  gardok  fur  Tesdéfordres  de 
ta  Cour  un  (îicnce  qui  paroUTott  forcé  ,  8c 
CfVLi  o'étoir  c^'un  cffcrnarurclleracnt  poli- 
tique 'y  il  faifoit  de  très  légères  reraonrran-^ 
CCS,  &  fcmbloit  fe  retenir  â  regret  par  la  ré* 
fiaexîon  qu*dn  n'étoir  pas^en  état  d'en  profit 
ter;  ainfrie  peu  qui!  difbir  ne  le  brouilloit 
avec  pcrfonnc  ,  de  il  avoit  le  mérite  de  ce- 
qull  n'avott  point  dit.  Il  fe  faifoit  forcée 
à  prendre  parc  à  des  divertiflemens  de 
ta  Cour,  à  ctes  parries  dt  chaâfes,  il  des  fpfc-- 
tacles  ,  &  il  avoir  Teforit  de  faire  oiei^ 
des  chofes  contre  fon  état  fans^  rien  fiiire 
Contre  la  bienféance.Son  hypocrifie  étoic 
fort  fine ,  en  ce  qu'itne  l'outroit  point,  &- 
cu*il  la  réduifoit  aux  chofes  effentielles.  Il^ 
ftavoit  bien  attirer  de»  donations  à  fôn* 
Abbaye ,  mats  it  ne  les  recevoir  qu*eti^ 
avertiflant  que  ce  n'étoit  pas  U  le  capital! 
de  la  dévotion ,  comme  on  n'étoit  pas  fore 
éloigné  de  le  croire  en  ce  temps-U«. 

Hugaes.de  Sobieres  étoit  dt  bonne  Mai- 
son ,  mais  né  fans  bien.  Le  métier  de- 
Troubadour  lui  a¥oit  valu  une  grande  for- 
tune ,  ôc  la  familiaritéi  de  tous  les  grands 
Seigneurs.  Il  ne  faifoit  guère  de  fir ventes  y, 
mais  il  étoit  plus  méchant  que  Boniface  de: 
Caftellane^  parce  qu'il  étoit  plus  retenu  8c 
plus  circonfpe£b,il  outrageoitmoins,  ic  Ùlu 
hU  phs  de  mal*.  Jiimais  coartifanne  fçtt&: 


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^  MERCURE  DE  FRAHCÇ. 

mieux  le  grand  art  de  nuire ,  auflî  l'Hi^- 
toire  remarque  cxpreflemcnt  qu'il  cntrcto- 
noit  les  Barons  dans  une  divifion  pcrpc* 
ruelle.  Il  ctoit  fufcepciblc  de  roures  les 
formes  que  rintcrêc  peut  donner  ;il  fe  for-* 
foit  quelquefois*  à  être  amoureux  ,  parce 
que  le  Conue  de  Provence  1  croie  toujours  y 
il  eut  cru  faire  mal  (^cour  ,  don  leur  pu. 
furprendre  fans  ■•  une  paflion* 

Les  autres  Seigneurs  attachés  au  Comte 
de  Provence,  étbicnt  le  Comte  de  Vinti- 
mille,  Thibaud  de  Vins,  les  Ghevaliecs 
de  Liparron ,  de  Porcellet ,  de  Lauris  , 
d'Enrrecaflcaux.,  de  Pujet,  de  Furban,  &c 
les  Troubadours  Rambaudd'Of ange  ,  Sei- 
gneur de  Correfon  ,  Guy  ,  Ebles  &  Pierre 
a  Ufez,  frères,  Boniface  Calus  Gentil^Fîr* 
meric  de  Bcluclcr  ,  Perdigon  ^  Pierre  cje 
Cbarcau  neuf,  Guillaume  de  Bargemon.. 

Le  foir  que  le  Romieu  fut  amené  par  le- 
©omte  à  fon  Château,  prefquc  toute  cette 
Gour  s'y.  trouva  raffcmhléc  î  tous  les  ycdx 
écoiciit  tournés  vers  lui ,  &  le  Comte  ne 
parloir  qçi  a  lui.  Quelques  Courtifans  des 
plus  prévoyans  craignirent  déjà  ,  que  daus 
là  pcrfonne  de  cet  inconnu  il  ne  rut  arri- 
vé un  favori.  Vous  venez  de  la  Terre-Sain- 
te ,  lui  dit  le  Comte  ,  fans  doute  autant 
gar  curiofité  que  par  dévotion  \  he  bien  , 
û  cte$-vous  pas  content  de  votre  voyage  V 


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^  A  N  V  I  E  Tl.    17J1.     xt 

^îtcs-nous  ce  que  vous  avez  remarqué  de 
plus  finguficr  chez  les  Grecs ,  les  Turcs  , 
les  Sarrazins.  Monfcigneur ,  répondit- il  » 
je  vous  ferai  tin  aveu  ,  ^ue  d'autres  voya- 
geurs ne  fcroicnr  peut-être  pas  volontiers. 
ï*ai  perdu  nïcs  pas  ,  je  n'ai  rien  vu  de  re- 
marquable.  Comment ,  rcptit  le  Comte  2 
£t  tous  ceux  qui  reviennent  de  ces  Pays- 
U ,  nous  en  rapportent  tant  ^e  mer  veilles. 
Je  le  crois  bien  ,  répliqua  leRomieu  5  il 
y  a  des  yeux  plus  propres  à  voir  des  mer- 
yeillesjles  uns  que  les  autres  ,  &  pour  mot 
f  ai  vu  des  Crées ,  des  Turcs  ,  des  Sarrazins^ 
des  Tartares  même  ^  mais  je  n!ai  vu  que 
dts  hommes ,  &  j'en  avoisdéja  vuen  F ran« 
çc.  Il  eft  bien  -aifé  de  jager  que  tout  le  gen- 
^  humain  n'cH  qu'une  fiamitle ,  tant  on  s'y 
reflcmble.  Mais ,  reprit  le  Comte  ,  ces  ma- 
nières de  s'^habiller  &  de  bâtir/:esiTnEurs  fi 
différentes  des  nôtres  ,  ces  Gouvcrnemens 
6  bizarres,  tout  cela  n'eft-cc  pas  un  fpeç- 
taclc  fort  agréaWe  pour  la  curiofité  î  Mon- 
fcigneur jtcpondit  le  Romieu  ,  c'eft  félon 
les  fpeûatcurs.  Ceux  qui  croyent  que  tout 
ce  qu'ils  voyent  dans  leur  pays  eft  la  natu- 
re ,  Se  qu'on  ne  doit  pas  s'habîUer  ni  faire 

'  la  révérence  autrement  qu'eux  ,  je  fuis  d'a- 
vis qu'ils  courent  le  monde,  ils  verront 
mille  objets  nouveaux  ,  dont  ils  feront 
puiiS^mn^wni  touches.  Pour  moi  j'ai  trouvé 


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«t     MËKeUKH  1:11:  t*K.AXM\;& 

mne  autce  manière  de  voyager,  quiefll» 
feule  que  je  praâquef  ai  dorénaYanc.  Je  GiU 
forcement  perfuadé  >  que  le  fond  de  latia- 
<cure  humaine  cftpar  tout  le  même  ,  maïs 
^u'il  eft  rufc^ptible  d'une infioîcé  de  dî£&* 
«encese  excédieures>(ar  toucce  qui  nedé- 
|)end  que  de  l*opinion&  de  rhabicude^Toti» 
^cescesdifférencesiyje  me  les  imagine  comnie 
je  pttiS)  je  fais  à  jna  fantai(ie  des  moeurs,  Sc 
xles  Gouvernemens ,  qui  ne  font  poui:cao€ 
pas  contraires  aux  principes  qui  nous  fooc 
«ffentiels  «  &  je  dis  ,  tout  cela  cft  quelque 
|>arc  ,  fi  ce  n  eft  pas  cela  ,  c*eft  quelque 
chofe  d'approchant  i  voila  le  rour  du  mon« 
de  fait.  Ce  n'eft  pas  que  toas  ces  objecs 
differensxie  foienc  un  peu  plus  agréables  ^ 
*&  peut-être  un  peu  phis  utiles  i  voir ,  tête. 

Su'ils  font  en  eux-mêmes,  mais  je  ne  (^ais 
le  plus  d'agrémenté  d'utilité  vaut  la  pei- 
ne du  voyage. 

Les  difcours  du  Romieu  firentdes  effets 
bien  diâ&rens  fur  ceux  qui  y  furent  prén 
£ens.  Pre£c^ue  tous  les  Courti&ns  n'y  en« 
tendirent  xien ,  &  eucent  beaucoup  d'envie 
4e  s'en  mocquervLeComtey  fentoit  utie 
vérité  qui  le  touchcHt ,  mais  il  n'oibit  s'ea 
fier  à  ce  fentimcnc  ,  &  la  (îngularité  des 
chofes  que  lui  diCbit  le  Romieu  réix>nnoit  ^ 
lui  faiCoit  plaifir  ,  &  en  même  tems  lui 
étoit  fofpeâe.  Beralde  des  fiattx»&  RodoU 


,yGOOgk 


:J  A  N  V  1  E  R.     i7fi.       i| 

jftie  de  Gaciii  »  n'héTicerenc  point  »  4c  lui 

tfoaverem  beaucoup  d*efpriC4  il  n*y  eue 

que  cette  différence  que  Beralde  le  xruc 

Ivotnme  de  qualité  »  &  Rodolphe  jugea 

feulement  qu'il  étett  fort  honnéte-hom* 

me*  Ils  en  parlèrent  tous  deux  au  Coone 

avec  :beaiicoup  d'éloges  ,•&  ils  fixèrent  foa 

jugements  Mais  quand  ils  l'eurentdétcraai. 

x^y  il  crut  n'avoir  jamais  douté,  &  il  s'iina- 

^na^uilayoitfentiadfi  vivement^  auf- 

il  promptement  qu'eux  tout  ce  que  valoît 

le  Rotxvku. 

Le  lendemain  il  demanda  foo  congé^mati 

4}ans  le  goàt4]ue  l'on  avoit  pout  lui ,  on 

ii*avoit  garde  de  le  lui  accorder^  Le  Comte 

lui  fit  prometnre  qu'il   paflèroit  quinze 

joars  aiiprès  de  lui. 

Il  le  mena  au(fi*t6t  dièz  la  Comteflfe  de 
Provence ,  &  chez  les  quatre  Princeflès  fet 
filles^^que  le  Romieu  n^avoit  point  encore 
«rues. 

La  Comteffc  avoir  l'eiprit  extrêmement 
galant^  elle aimotc  les  jeux ,  la  Mqfique , 
toutes  les  Hiftoires  où  il  entroit  de  l'a- 
mour  •,  elle  avoit  même  fouffcfi  que  quel- 
ques Troubadours  lui  adrelTaûent  des  ou- 
vrages ,  où  elle  pouvoit  foupçonner  que 
Cçm  «em  -ne  (èrv^tt  t^u'i  en  eacher  -un  au- 
tre ;  enfin  tout  ce  qui  avoir  quelque  atr  de 
galanterie l^térefibit, la touchoit  ,  &cU 


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»4    MËItCURÎDÊFRAflCB. 

le  étoit  indifférence  à  tout  le  refte  ,  ccpcti* 
^^ant  elle  ctoit  toujours  demeurée  dans  les 

bornes  d'une  exadc  vertu  ,  foit  que  fcs  in- 
«dinations  nallaifcnt  pas  plus  loin,  foie 

que  fon  rang  eûncontrâint  fcs  inclinations.'' ' 
Quand  le  Comte  'fut  entré  dans  fon  ap* 

f^artement  fuivi  du  Romieu  ,  Madame  > 
ui  dit-il ,  je  viens  vous  demander  du  fc<» 
«cours  pour  arrêter  quelque  tems  ici  cet  in- 
connu,  qui  à  chaque  moment  veut  nous 
•échapper. 

Le  morceau  (jH*on  vient  délire  neftéjiftim 
fréigment  i  vutis  nons  avons  cr»  qn^nn  frag^ 
ment  de  Ai.  de  -Fontenelle  miritoit  £être  con* 
fervi. 

VERS 

Sur  Renelas  *^  far  Mdi,  Huboccâfè^ 

IVJL  Ufe ,  qui  charmes  mesibifîrs  , 
^iens  rendre  aa  François  la  peinture 
De  ces  jardins  ,  où  les  plaifirs^ 
Les  ris ,  la  paix  5c  les  défirs , 
Toujours  dans  leur  juAe  mefure^ 

*  Lieu i^smtêfement  ^  fur  la  gauche  îU  laTamifii 
Rival  de  Vauxhall ,  ùh  les  AngUis  s'affitnhUnt  a  de^ 
eUner  ,  ^  U  f9tf^  Qn4çri%  Rdnelagh ,  ^  en  penonca 
Renelas, 

Raflemblenc 


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JANVIER.      ,7,1.      ij 

Raflemblcnt  tous  les  agrémenf 

XJuc  l'Art  ajoute  â  la  Natutc. 

C'eft.» ,  qu'aux  bords  d'une  onde  pare, 

Londres  au  Ton  des  in/lrumcns, 

Voit  chaque  foir ,  malgré  les  vents . 

Mille  lampes  dans  la  verdure 

Eclairer  mille  amufcmens. 

Pour  peindre  i  la -race  future 

f  aihall  »  ,  ?c  Tes  enchaniemens. 

De  Voltaire  il  faudroit  les  clanti^ 

Bt  d'Albanela  touche  sdre  ; 

Mais  vous ,  Renelas  .  lieux  charmant, 

Souffrez  qu'une  main  plus  obfcure 

Par  amour  pour  vos  monumcns , 

En  crayonne  ici  la  ftruâure. 

Dans  votre  moderne  parure , 

Je  vois  la  grandeur  du  vieux  tem$| 

Sous  un  dôme  orné  de  fculpture^ 

yos  balcons  par  compartimens^ 

En  trois  ordres  d' Architcâurc , 

D'un  vafte  Cirque  ont  la  figure  ^ 

Au  Centre  un  feu  perpétuel 

Du  Printcms  rappelle  l'abftncc^ 

Et  Pidolc  de  <?et  Autel 

£ft  la  liberté  fans  licence  : 

Ce  lieu  rempli  de  fa  puiffance  ; 

*^  t)»  /crit  Fauxhall .  (§.  on  pronom  Faxhstl ,  ;>. 
dtn  fur  U  Tmife.ok  hs  An^lois  $'AnmbUn$pom 
s'éêmufer.  *^ 

B 


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%S  MERCURE  DE  FRANGE. 

Ne  fat  point  un  Temple  Payen  ^ 
Céft  l'oun^ge  d'un  Citoyen  r 
D'un  Viiruvc  *  en  delTeins  fettile. 
Qui  clu  bien  public  fait  le  fiea, 
£t  joint  l'agréable  à  l'utile.         ^ 

Dans  ce  Séjour  Elizien  , 
Par  les  échos  l'orgue  embellie  , 
P'Haindel  empruntant  l'harmoAte  ^ 
£'unit  au  chant  Italien. 
Tandis  que  l'oreille  ravie 
i\dmire  leMuficten  , 
Du  godt  tout  y  prévient  l'envie^ 
Le  Commerce  par  Ton  génie , 
(  Des  deux  mondes  l'heureux  lien  } 
Y  joint  aux  dons  de  la  Patrie 
Les  vins  Grecs  ,  les  parfums  d'A£e , 
le  thé  qu'un  Chinois  offre  au  Tien  ♦*, 
De  Moca  la  liqueur  chérie  » 
Et  ce  noir  breuvage  Indien  ^ 
Que  TEfpagnol  nomme  Ambrofîe  : 
En  un  mot ,  fous  l^  mêmes  toits  » 
Confondant  les  rangs  8c  les  droits  , 
Ce  lieu  charme  par  cent  merveilles. 
Des  Grands ,  du  Peuple  &  du  Bourgeois , 
Le  goût  9  les  yeux  8c  les  oreilles. 

Grèce  y  orgueilleiiTe  de  tes  jeux  y 

*  Ce  lieu  ejl  bits  far  m»  Entre freneur  »  fui  du  prend 
**  Dûtê  tbi  Chinois^ 


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JANVIER.      ,751.      ^f 

t>édc  â  Rcflcias  !a  viftoirt  j 

Dans  tes  champs  an  Vainqueur  poucfecux, 

AthWtccriicl  fcibdgaeux , 

D'un  ▼ain  laurier  tiroir fk  gloire  : 

Ici  raille  cfbjets  enchanteurs , 

A  Pocil  fripon  ,  tendre  ou  volage^ 

D*un  pas  noble ,  léger  &  fage , 

«ous  des  chapeaux  ornés  de  fleurs, 

y  recherchent  pour  avantage 

Xe  prix  que  donnent  au  befâgc 

£r  \ts  grâces  &  la  beauté: 

Ces  plaifirs ,  cett^  vohpcé , 

Qu'on  rencontre  félon  Lucricc  > 

Dans  une  molle  oifireté  1 

Selon  Zenon  »  dans  U  façefle  ; 

Ce  vrai  bonheur  ,  tant  fouhaité , 

Qu'i  définir ,  chacun  s'cmprcffe , 

Sans  l'avoir  connu  ni  goûté. 

£n  ces  lieux  ,  PÀnglois  tranfporté  ^ 

Semble  le  trouver  dani  là  pteile  : 

Du  moins  ,  le  fils  de  la  richefle  , 

L'ennui, fur  le fenill'a quitté j 

Comus  en  bannit  la  trifteiTe  ; 

Comme  au  rivage  du  Léthé  , 

L'oubli  du  tems  s'y  boit  fans  ccfle 

Dans  le  fein  de  la  liberté. 

Là  ,  le  politique  entêté , 

Calme  (bn  feu  contic  !a  France  j 
Dui^arltmcfiUirc  irrité 

B  ij 


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^8    MERCURE  DE  FRANCE. 

Fhilis  adoucit  I*éioquence  ;  •. 

Le  Marchand  ,  toujours  agité  , 

Des  mers  craint  moins  la  violence^ 

L'amateur  de  i'Antiquiré 

Du  préfent  fent  la  jouiflance  : 

La  vieille  ,  en  favourant  Ton  thé^ 

Voit  fans  regicts  Hcbé  qui  danfe. 

Et  la  Courtifane  en  gaîté , 

Pcend  le  mafque  de  la  prudence. 

Fuyez  ,  jeux  de  Flore"*  ,  où  jadît 
Rome  étala  fon  opulence  ; 
Londres  profcrit  votre  indécence  s 
Sans  godt  '^Cms  pudeur ,  vos  Lais 
A  Plutus  y  livroicnt  leurs  charmés* 
D'un  faui  zélé  honorant  Cy pris 
Dans  la  débauche  8c  le  mépris , 
A  la  courfe ,  aux  combats  des  armes  ; 
De  vils  Vainqueurs  gagnoîent  le  prix  i 
Et  dans  les  fttc«  que  je  chante  " 
L'Amour  vrai ,  délicat ,  fecret , 
Vient  couronner  l'amant  difcrct , 
Et  la  beauté  vive  êc  touchante  , 
Qui  femble  y  briUer  â  regret  ; 
Mais  dins  ce  Temple  où  tout  l'enchante  ;  ^ 

il  ne  fçait  plus  i  quel  objet 
Donner  la  palme  triomphante^ 

*  Jiux  tju'on  ciUbfois  i  K(^me  en  l'honneur  de  Tlôi 
te  JsmeMfc  CeurtifmH^t^nim  lefyHeU  regneit  U 
licence» 


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JANVIER.       1751.      »^ 


RÉFLEXIONS 

Sur  U  prrfgnne  &  les  emvrsgtf 
de  M.^  tAbbi  Terrajfon. 

LA  plupart  des  Princes  font  beaucoup 
plus  loués  durauc  leur  vie  qu'après 
leur  mort.  On  peut  dire  aujourd'hui  le  con* 
traire  des  gens  de  Lettres*,  tant  qu'ils  vivent 
00  les  critique ,  ou  on  les  oublie  >  feloa 
qu'ils  fe  di(tinguent ,  ou  qu'ils  rcftent  con- 
fondus dans  la  foule  \  mais  on  les  célèbre 
tous  9  dès  qu'ils  ne  font  plus.  Cette  multi- 
plicité déloges  funèbres  hiftoriques  eft 
cenfurée  par  quelques  perfonnes.  Si  on 
les  en  croit ,  ceux  qui  par  leurs  lumières 
&  leurs  talens  ont  éclairé  leurs  contem- 
porains ,  &  honoré  leur  Patrie  ,  font  les 
feuls  dignes  de  nos  hommages  ;  mais  à  quoi 
bon  ,  difent-ils  >  tranfmettre  à  la  ipoftérité 
àcs  noms  inconnus  à  leur  propre  hécle ,  & 
leur  accorder  folemnellement  une  place 
dans  les  faftes  Littéraires ,  où  l'on  ne  pcn- 
(erajamaisà  les-chercher^Quclque  exagérés 
que  me  paroiflènt  ces  reproches ,  j'avoue 
quel'ufage  dont  on  fe  plaint  a  fcsabus^ 
(8c  quel  ufage  n'a  pas  les  Cens)  mais  je 
fputrens  qu'ils  (bntoien  légers  en  compa^ 


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1 


|o  MERCURE  I>E  FRANCE. 

taifon  de  fcs  avantages^  Si  les  anciens  qtiJ 
éie voient  des  ftacues  aiix  grands  hommes  ^ 
avoiciu  eu  k  même  foin  que  nous  de  célé- 
brer les  Sçavans  ,  nousaurions>  il  eft  vrai,^ 
quelcpics  Mémoires  inutiles  >  mais  nous 
ferions  plus  inftruits  fur  le  progrès  des 
Sciences  &  des  Arts  ,  &  fur  les  découver- 
res  de  tons  les  âges  \  Hiftoire  plus  intéref* 
fante  pour  nous  ,  que  celle  d*une  foule  de 
Souverains  qui  ;i*ontfait  que  du  malaux 
hommes.  D'ailleurs ,  ne  craignons  point 
que  la  poftériîc  confonde  les  rangs  :  en 
fcifant  l éloge  des  gens  de  Lettres,  nous 
aflîgnons  àpeu  près,  même  fans  le  vouloir» 
la  place  que  chacun  doit  occuper. 

Je  fouhaiterois  feulement ,  que  pour 
donner  à  ces  fortes  de  Mémoires  toute  l!u- 
tilicé  poiftble  ,  on,  sîactachâc  à  peindre 
Fhomme  encore  plus,  qtw  l'Ecrivain ,  au^ 
rifque  de  changer  quelquefois  le  pané- 
gyrique en  Hiftoire  :  les  ouvrages  d'uiv 
grand  génie ,  ou  d'un  Sçavant  illuftre , 
fixent  aflcz  par  eux-mêmes  le  jugement 
qu'on  doit  porter  de  (es  talens  :  mais  le 
ipeftaclc  de  fa  conduite  ,  de  Ifes  mœurs, 
de  (es  foibleflci  même  ,  eft  une  école  de 
Philofophie  :  furtout ,  quelle  inft^uûioiii 
jie  peut-on  p^s  en  retirer ,  lorfque  par  fon 
caradkére  &  (a  façon  de  penfer ,  il  a  mérité 
et  fervir  de  modèle  à  ceux  qui  courent  U 
«oêoie  çairrieie  l 


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J  A  N  VI  t  R.      i7fi,       31 

Tel  fut  M.  l'Abbé  Tcrraflbn  :  il  occu- 
poit  fans  douce  ,  une  place  diftinguce  dan^ 
la  Littérature  ,  mais  ce  fut  la  moindre  par- 
tic  de  la  gloire  :  ce  qui  le  caraûéf  ife  ,  c'eft 
d'avoir  ère  à  la  tête  des  Philofophes  pra- 
tiques de  ToB  fiédc  ;  reloge  cft  d'autant 
plus  grand ,  qu  i'.  eft  plus  rare  aujourd'hui 
de  le  mériter* 

On  la  die  it  7  a  lone-tems  yh  gloU 
fc  &  l'iiitcrêr  ,  quelquefois  couples  deux 
enfemble  ,  quelquefois  Tun  aux  dépens  de 
1  autre  ,  font  les  deux  grands  relTortsqui 
Êsnt  mouvoir  les  hommes  ,  8c  les  gens  de 
Lettres  ne  font  pas  exempts  de  payer  le  tri- 
but à  rbumanité  :  quoique  leurs  travaux 
mènent  rarement  à  la  fortune ,  plufieurs 
d'entt*enx  ne  laiflcnt  pas  de  s'y  mépren- 
dre 9  &  de  s'engager  dans  une  ctrriere  auflt 
noble ,  par  un  motif  qui  ne  Teft  pas.  Quel* 
ques-uns  femblent  avoir  renoncé  à  l'inté- 
rêt ,  facrifîcc  médiocre  ,  ror(qu*îls  n'onr 
aucuns  défirs  à  fatisfaire  ;  mais  ils  n'en  font 
ordinairement  que  plus  vifs^fur  cet  amour 
de  IB  téputation  ^qui  fclon  Texpreflion^de 
Tacite ,  eft  la  dernière  paffion  des  Sages. 
£q  vain  fe  repréfentent-ils  que  le  nombre 
des. bons  Juges  cft  petit, il  leurfufGtdc 
penfet  que  le  nombre  des  Juges  cft  grande 
te  par  une  contradiâion  ,  dont  ils  ont' 
peine  â  fe  rendce  raifon  >  ils  font  avidcs4l»' 

fi  iiij 


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31   ME  RCURE  DE  FRANCE. 

la  réunion  de  ces  fufFragcs  ,  dont  chacun 
en  particulier  ,  fi  on  en  excepte  quelques- 
uns  ,  ne  les  flarceroit  nullement.  Heureux, 
quand  ils  ne  travaillent  pas  à  fc  les  pro- 
'curer  par  les  nianœavres  &c  par  L*iatri- 

g"e  1 

M.  TAbbé  Terraflfbn  étoit  bien  éloigne 
de  cercc  manière  de  penfet  :il  ne  fut  fujec 
m  à  cet  amour  propre  ii  délicat ,  qui  fait 
quelquefois  le  iupplice  des  Sçavans  ,  ni  » 
cette  bafle  jaloufU  qui  les  dégrade  r  il  ne 
regardoit  Ces  Ouvrages  que  comme  des  en- 
fans  de  Ton  loifif  qu'il  abandonnoit  à  la- 
ccnfure  publique  ^ content  de  lapproba- 
tion  de  quelques  amis  éclairés,  il  éroit  fort 
tranquille  fur  le  jugement  des  autres.  On 
lui  demandoît  un  jour  de  qu'il  penfoir  d*u- 
r.e  Harangue  qail  devoir  prononcer  :,£/& 
ejl  bonne ,  répondit^  il ,  ;V  dis-  >  très  hoirie  j 
tffHt  h  monde  n^en  fenftra  peut-être  ^4S  dm*  ' 
fne  moi  :  mais  cela  ne  m'inquiète  guère. 

L'envie  de  s'enrichir  ne  le  tourmentoit 
pas  plus,  que  celle  de  faire  dabruit;  la> 
fornine  vint  à  lui  fans  qu'il  lacberclÉt» 
elle  le  quitta  fans  qu'il  fongçat  à  la  reteniri 
&  il  fe  retrouva  dans  un  état  médiocre  ^ 
avec  cette  même  Pkûlofophie  qui  ne  l'a- 
voir jamais  abandonné  ^cependant,  quoi* 
qu'il  eût  confervé  au.  milieu  des  richcfles, 
la  fimplicité  de  mœufs  qu'elles  ont  cou^r 


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TAN  V  I  E  R.      r75u       ^^ 

^amc  d  otcr ,  il  n  croit  pas  (zns  dcHance 
de  luimcme  : ^c  répmds  dtmoi ,  difoic-il  » 
jufjuk  un  million  :  ceux*  qui  le  connoiC- 
foicnc  auroienc  bien  lépondu  de  lui  par 
delà. 

Il  rcgrctroii  le  teins  où  les  gens  de  Let- 
tres, moins  répandus  &  moins  diftraits,. 
vivoient  davantage  enrr'eîix  :  comme  ils 
avoicnt  moins  d*intcrêt  de  fe  nuitc ,  ils 
écoient  plus  unis  ,  &  par  confcqueni  plus 
refpeâés  ;  leur  fociécé  n'avoir  peut-être 
pas  les  mêmes  agrémcns  qui  la  font  recher- 
cher aujourd'hui  \  mais  la  politefle  ne  fe 
pcrfeûionne  que  trop  fou  vent  aux  dépens 
des  mœurs;  la  charlatannerie ,  qu'on  me 
permette  ce  terme ,  fi  commune  &  fi  har- 
die maintenant  ,  Tétoit  alys  beaucoup- 
moius ,  .parce  qu'elle  écoit  moins  fûre  de 
féuffir  5  ce  n'eft  pas  que  le  commerce  du^ 
inonde  ne  foi^^ccÛaire  aux  gens  de  Let- 
tres ,  furtout  J^Pur  qui  travaillent  potir 
plaireàleur  fiéclcou  pour  le  peindre  rniais 
ce  commerce,  devenu  général  &  fans  choir,. 
cft  aujourd'hui  pour  eur ,  ce  que  la  décou- 
verte du  nouveau-monde  a  été  pour  TEtP- 
sopc4  ileft.fprt  douteux-  qu'il  leur  ait  fair 
autant  de  bien  que  de  mal. 

Nullement  emprefle  de  faire  (à  conr,> 
JSE  l'Abbé  Terraflon  trou  voit  plus  aifé  de 
BC-gôiac  vivre  avec-la  £iu£art  des  Grauds>> 


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y4  M'&RGU'RE  DE  FRANCE. 

que  d'ctic  avec  eux  à  fa  place,  fans  fed^ 
grader  ,  8i  fans  fc  compromettre.  Il  fuyoir 
lurtout ,  ceux  dont  l'orgueil  perce  à  tfa-^ 
vers  leur  accueil  même ,  &  à  l'égard  def-^ 
qr.cls  la  fierté  cft  fouvent  ujie  verra  dans^ 
un  homme  de  Lettres,  &  la  douceur  un 
vice.  Mais  il  eftimoit  beaucoup  les  Grands, 
d'une  fociété  fimple  &  aimable  ,  qui  cul- 
tivent fans  prétention  les  Sciences  &  Ic^ 
Beaux  Arts,  qui  les  aiment  fans  vanité, 
ic  qui,  s'il  cft  permis  de  parler  le  langage 
du  tems ,  ne  font  point  fervir  leur  naiC» 
fànce  &  leurs  titres  de  fauvegardcàleur/ 
efprir. 

Aufli-  étoît-il  bien    éloigne   de.  con- 
fondre les  amateurs  véritablement  éclai- 
rés ,.  avec    ftux    qui    en    ufurpent    le 
nom  ,  ordinairement  occupés  du  foin  de- 
rabaifler  les  grands  talens  pour  élever  les. 
médiocres  y.parce  qu*ils  jjporent  que  le- 
mérite  éminenc  honore  f<Slprotcâseurs ,  & 
que  le  mérite  médiocre  avilit  les  ficns.  Om^ 
n'aura    pas  de  peine  à  croire  qu'il  n'étoit 
quêtes  plus  faVorabre-à  ces  Sociétés  parti- 
culières ,  fia  la  mode  aujourd'hui  ,  qui  s'é-- 
rigent  en  arbitres  des  Auteurs.  On  avoir- 
beau  lui  repréfetwer  que  par  le  moyen  de 
ces  Sociétés  ,  l'efprit  fc  répand  &  fc  com- 
munique de  proche  en  proche»  Il   répon- 
dpû  par  une  comjparaifoii  plus,  éaerg^iquer 


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J  A  N  V  I  ER:     irjr.       J5 

que  recherchée  ,  qae  l'efprit  d'une  Nation 
reCItmble  â  ces  feuilles  d'or  qui  deviennent 
plus  minces  à  mefure  qu'elles  s'érendenc  ^ 
&  qu*il  perd  ordinairement  en  profondeur 
ce  qu'il  gagne  en  fuperficie.  Il  eraignoit 
fur  xouc  que  ces  Tribunaux  fans  droit  & 
fans  titre ,  faits  pour  prendre  le  ton  des> 
Gens  de  Lettres ,  ne  prétendilfent  un  joorr 
le   leur  donner  ,   &  ne  cherchaffent  à  (e 
rendre  par  cette  ufcu-pation  le  fteau  des  bons 
livres  ^  &  l'azile  du  mauvais  goût.  Selon 
lui ,  il  ne  falloir  point  attribuer  à  d'isiutrcs^ 
caufes  ce  jargon  qui  fe^  répand  infenfible* 
ment  dans  les  ouvrages  modernes ,  &  qui 
devenant  de  jour  en  jour  plus  étrange»  fem- 
blc  nous  annoncer  la  décadence  prochaine* 
des  Lettres-,  céc  le  faux  belefprit  tient  de' 
plus  près  qu'on  ne  croit  à  la  barbarie» 

Un  homme  qui  penfoit  comme  M,  l'Ab-- 
béTerraffbn  nedevoit  guère»  (ôlliciter 
de  grâces  ,  même  purement  Littéraires^  II* 
eût  fàlla  lui  apprendre  jafqu*aux  noms  de* 
ceux  qui  JcsdillribuoicnTî  fon  mérite  fculi 
avoir  brigué  pour  ki  celle»qo'on  lui  avoifi 
accordées. 

On  ne  doit  partroovctrurptenanr  qu'îli 
ait  eu  pour  les  autrcr  Tindifference  qu*îk 
avoir  po^r  lui-même.  Le  fpeftacle  fi  varié' 
des  paffions  qm  agitent-les  hommes  ,  anu— 
ftacot  o^diftaire-  df  là  plupart  des  Sages  >» 

Digitizedby  Google 


3<S    MERCURE  DE  FRANCE.. 

nVtoit  pas  même  un  fpeftaclc  pour  lui;,. . 
Plus  Pliilx^fophe  que  Démocrite ,  il  fe  con- 
tcniou  de  voklc  ridicule  de  fes  contempo- 
rains y  &  ne  daignoit  pas  en  rire  :  on  eût; 
dit  qu'il  contemploir  de  la  Planète  deSa-- 
lurnc  cette  terre  que  nous  habitons  ;  il  cft^ 
vrai  que  les.  hommes  ne  font  qu'un  point 
pour  qui  les  voit  de-11^  mais  ne  s'y  place- 
pr.s  qui  veut. 

Sur  tout^  ce  qui  Kocaîpoit  le  moins,  c'c- 
toienrles  démêlés  des  Princes,  &  les  affaires^ 
d'Etat,dont  les  Philofophes  ne  parlent  gué- 
rcs  ,  que  pour  médire  de  ceux  qui  gouver-. 
nent ,  quelquefois  mal- à-  propos ,  &  tou-v 
jours  inutilement,.  iLavoit  coutume  de  di«^  . 
r^  qu'il  ne  faut  point  fe  mêler  du  gouver-^ 
B^ldans  un  vaiueauoùl^bhJi'eft  quepaf- 
fager.  Ce  parti  eft  afifCucment  le  meilleur 
dans  une  Monarchie  bien  gouvernée  ,    Se 
le  plus  (ur  au  moinr  dans  quelque  Monar-* 
cbie  que  ce  puifle  êtf e. 

L'ignorance  où  il  ctoit  fur  la  plupart  des, 
chofes  de  la  vie  ,  lui  donnoit  cette  naïyct^ 
qui  eft  unagrénjent^quandeUe  n'èft  pas  un- 
ridicule,  qui  du  moins  annonce  ofdinaire-^ 
ment  la  vertu,&  dont  par  cette  raifon  le  vt- 
ceemprunte  quelquefois  lemafque.Comme- 
elle  le  faifoit  paroîrre  fimple  aux  yeux  de: 
bien  des  gens  ,  elle  a  fait  dire  qu'il  n'étoit 
homme  d'efpnt  qv^e  de  proEh  ou  pourroic> 


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T  A  N  V  r  E  R.       i7fr.       jr 

are  avec  moins  de  fineflc  &  plus  de  véritc>. 
qu'il  avoir  un  vifage  pour  le  peuple ,  &  uiw 
aatFe  pour  les  Pbilofopbes;. 

Sans  être  extreroeœenc  zélé  pour  aucune 
fyftêmc  ni  pbyfique  ni-  métapbyfique ,  le^ 
Cartéfunifme  écoit  celui  qu  il  rembloÎD 
avoir  ?doptc.  C'croir  pour  ainfi  dîie  ,  ua> 
pli  quUl  avoir  pris  de  jeunefle  ;  mais  il  ne 
trouvoir  point  mauvais  <p'onene(k  pri^ 
un  autre.  Cependant  cette  Scûc ,  qui  n'eft* 
pas  aujourd'hui  trop  nombreufe,  eft  volons- 
tiers-  intolérante  comme  bien  des  Seâes. 
opprimées  ou  négligéesrpeu  s'en  faut  qu  çl- 
4e  ne  décrie  âcs  adverfaire^iComme  de  mau*^ 
vais  citoyens  infenfihies  à  la  gloire  de  leur 
Nation.  Les  partions  de  Defcartcs  fcroienr 
peut-être  bien  étonncs^ ,  fi  ce  grand  hono- 
me  revenoit  au  mQnde>de  trouver  en  lui  le 
plus  redoutable  ennemi  du  Cariéfianifme.^ 

Enfin,  ce  qui  met  le  comble  à  PEloge de 
M.  i'AbbéTcrralTon  ,  fa  Philofophie  étoit* 
ians  bruit ,  parce  qu'elle  éroit  fans  efibrt  Ç 

Peut-être  avoit^il  eu  moins  de  mérite  à- 
acqucrir:  mais  ks'  verrue  qu'on  loue  le 
plus  >  font  fouvent  celles  qui  coûtent  le 
moins.  D'aiUeui:»^^  quclc^t;e  ridicules  que 
foienc  les  préjugée  ,  leur  empire  eft  fi  puiC-- 
&nr,  ({pe  ceux  même  qui  lui  réfiftenr>  s'ap- 
pJaudiÛcnt  de  leur  courage  ;  pour  lui ,  fans. 
&.£cévaloic  d'iin  avantage,  fi. rare. ^iiea^ 


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1 


jsF   MERCURE  DE  FKA^KCE 

jouifloitpaifiblctncnf,  iln'avoit  pas  bcfoift' 
d'avertir  les  aacres  qu'il  n'écoit  ni  complai- 
fent  de  perfonnc,  nicfclav'e.dc  fonamoitr 
j^opre  *}  tout  le  monde  le  voyoic  afTez ,  SC 
il  aimoic  nittux  renfermer  fa  Philofphie 
dans  fa  conduite,  que  delà  borner  âfes^ 
difcours. 

lime  refte  â  dire  un  mor  de  (es  Oii^ 
vrages.  Le  premier* fût  la  DilTertation  con-» 
tre  riliade.  Elle  parut  en   1x15  ,  dans  le 
fbrt  de  la  difputc  fur  Homère,  difpute  auf- 
fi  peu  utile  que  prefque  toutes  les  autres  ». 
Ôc  qui  n'a  rien  appris^  au-genre  humain  ^ 
finon  que  Madame  Dacier  avoir  encore 
moins  de  Ll)gique  que  M.  de  laMotte  ne: 
fçavoit  de  Grec.  Les  coups  que  l'on  portoit 
alors  au  Prince  des  Poeccs  ,  lui  firenr  peut- 
«rc  moins  de  rort  que  la  manière  dont  ils^ 
étoient   rcpouffes.  Attaqué  pat  des  gens- 
d'efprit  &  par  des  Philofophes ,  il  n'avoit 
guère  s  dans  fon  parti  quedts  gens  de  goûr 
qtii  fe  xaifoienr  ,  ou  dà  pefans  érudits  qut 
auroicnt  admiré  la  Pucelle  ,  fi  Chapelain* 
la  voit  écrite  il  y  a  trois^  mille  ansi» 

D'un  autre  côté  les  adverfaires  d'Home* 
rc  ,  rrop  peu  ferrfiblcs  aux  beautés  de  dé- 
tail dont  l'iliadc  eft  remplie,  &  qui  fonr 
peut-être  lapariie  là  plus  effcntielle  d'iin^ 
Poëme  Epique ,  s'attachoient  trop  à  juger 
an.  Ouvragç  de.gçnie^fur  des  >  té^ips^  d'91^ 


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lANvrERr.      175 1;      fjr^ 

lîarbitrairc  n'eft  pas  tout-à-fait  exclu  ,  St^ 
fur  des  ufag|cs^  qu'ils  rapportoicnt  trop  à  ' 
notre  goûr*. 

A  legârd  de  là  querelle  fur  les  Ancient « 
&   les  Modernes  qui  faifoic  auffi  partie 
de  cette  difpute,  je  ne  prétends  point  lare*- 
nouvcller  ici ,  encore  moins  la  terminer  u 
j'obferverai  feulement  que  Ci  les  Grecs  & 
fes  Romainsnausfontfupérieursà  certtins^. 
égards  »  Ôc  inférieurs  a  d*autres    ,  c'eit 
peut-être  moins  i  la  diftcrcnce  de  génie 
qu'il  faut  IWtribuer  ,   qu'à  celle  des  cir»^ 
conlbnces ,  du  Gouvernement ,  des  motifs 
d'émulation ,  &  Ctxi  tout  à  l'avantage  qu'ils 
ont  eu  de  parcourir  av^ant  nous  certaines^ 
routes,  &à  celui  que  nous  avons  d'en- 
rrouver  d^autrestoutes  ouvertes  qu'ils  n'a- 
Vi>icnt  fait  qu'entrevoir. 

Quoiqu'il  en  foit  ,  TOuvrage  de^  M.'. 
l^bbé  Xcrraflbn  eut  un  fuccès  dont  l'Au^ 
leur  fat  digne  par  fâ  modération  ,  &  fur- 
tout  par  le  mérite  qu'il  eut  d'avoir  porté.^ 
dans  les  Bcllcs-Lettrescet  efprit de  lumiè- 
re &  de  Khilofophie  ft  utile  mêrrc  dans-. 
ks  matières  de  goût ,  quand  il  remonte -à*. 
Uur  vrais  principes..  Peut  erre  aiiffi  cft-ili 
quelquefois  dangereux  ,  lorfqu'égaré  par: 
.  nne  fauffe  Métaphy^que  ,  il  analyfe  fr oi^ 
dément  ce  qui  doit  être  C^x'u 

Mad;ime  Dacicr  qui  r>c  gpuvôit  pas  rcr- 


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49   MERCUREDE  FRAtfCB 

prochcr  à  M.  l'Abbé  Tcrraflbn  d'ignorer 
îû  Grec  ,  ne  jugi^a  pas'à-propos-de  s'engager 
dans  une  réplique,  M.  Dacicr  s'en  chargea,. 
Se   acciifa    cntr'autres  chorfes  (on  advcr- 
faire  d'avoir  fait  dans  fon  Ouvrage  l'Apola- 
gic  de  la  morale  du  Théâtre  Lyrique  ,  im- 
putation luflîinjufte  que  déplacée.  M.l'Ab- 
béT^rraflTon  daiguaccpendant  y  répondre ,, 
&  il  faut^  avouer  que  c'eft  la  partie  de  fa.» 
Differtation  la  plus  inutile 

L'Ouvrage  qui  fui  vit,  fut  d'un  goût  bien» 
différent.  C'étoit  des  Réflexions  fur  le  Éi- 
meux  fyft&raequi  a  ruiné  parmi  nous  tant, 
de  familles  >  pour  en  enrichir  tant  d'autrjeSr^ 
M.  l'Abbé  TetraflTon  eut  k  courage  d^en 
prendre  la  défenfe  ,  parce  que  Tayant  en-^ 
vifagé.  d'un  œil  philofophique  ,  il  le  ju- 
geoit  utile  ,  &  qu'ilen  féparoir  le  princi- 
pe d'avec  ce  qui  n'étoit  qn'ac<:e(Ibire.  A  la 
veille  du  dcfaftre  public  &  de  la  chute  de9 
fortunes  qu'il  ne  pouvoit  prévoir  ,  il  jufti- 
fia,  pour  ainfi  dire.d'avance  ce  qu'on  alloio 
a<  enfer  bien-tôe  d'être  la  caiafe  de  tant  de 
aialhcurs  ',  &  au  jourd'ui ,  que  les  efptits  ne 
f  oiit  plus  échauflfcs  fur  cette  matière  par  un 
intérêt  préfent  &  perfonnel ,  l'c^inionr 
qu'il  défendoirne- manqueroit  peut-être 
pas  de  pariifans  éclairés.  Au  refte  ce  fut  à 
cet  Ouvrage  qu'il  dut  Topulence  paflTagerc 
dLoftt:  nous,  ayons  £arlc  j,  &  |>at^  bonfiîurv 


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X  A  N  V  t  E  R.     175  r.       4t 

pour  lui  clic  ne  fin  que  paflTagcrc  :  car  quoi*- 
qu'il  ne  rcût  pas  eu  pour  objet  en  écrivant^ 
on  auroit  pu  la  lui  reprocher  >  fi  le  peu  de 
durée  de  fa  fofcunc  n'avoir  répondu  de  la 
droiture  de  (es  morifs. 

Il  fcmbloit  que  M.  TAbbé  TerraflTon  fût 
de  ftiné  à  s'exercer  ftir  les  genrc^les  plus  op* 
pofés.  En  îji  i  il  publia  le  Roman  de  Se- 
ihos.  Cet  Ouvrage  ,  quoique  bien  écrir, 
&  cftimable  par  beaucoup  d'endroits,  ne  fit 
cependant  qu*^une  fortune  médiocre.  Le 
iticlange  de  Phyfique  &  d'érudition  que 
l'Auteur  y  avoir  répandu  ,  &  par  lequel  il 
avoir  cru inftruirc  &  plaire,  ne  fut  point 
du  goût  d'une  Nation  qui  facrific  tout  i  l'a- 
grément, &  que  M .  l'Abbé  Tcrraffbn  avoir 
inoinsétudiée  en  homme  du  monde,  qu'en 
Philofophe.  Mais  fi  le  Roman  de  Seihos  efr 
inférieur  de  ce  côré-là  au  Tetemaque  fon- 
modèle ,  il  n'y  a  rien  auflî  dans  le  Telcma- 
quc  qui  approche  d'un  grand  nombre  de- 
caradéres ,  de  traits  de  Morale  ,  de  réfle- 
xions fines ,  &  de  difcours,  quelquefois  fii- 
Wimes  ,  qu'on  trouve  dansSethos.  Je  n'en 
apporterai  pour  exemple  que  le  fcul  por- 
trait de  la  Reine  d'Egypte  en  forme  d'O- 
raifon  fonébre ,  (  4  )  portrait  que  Tacite 

*'  Voyez  le  premier  f  olaràe ,  page  6i  Se  betar* 
QMip  d'ancres  eadioits. 


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4ï    MERCURE  DE  FRAITCE. 

eût  admiré  ,  Se  donc  Placor^  eue  confeillé  is» 
lc6lure  a  tous  ks  Rois. 

Le  dernier  de  fcs  Ouvrages  cft  fa  traduc- 
tion de  Diodorc  de  Sicile  Quoiqu'il  n'é^ 
pargne  pas  les  éloges  à  fon  Auteur  dans  la 
préface,  on  prétend  qu'il  a*entrcprir  certc 
tradiidion  que  pour  prouver  combien  les 
admirateurs  des  Anciens  font  aveugles. 
Quand  on  traduit  les  Anciens  dans  cet  cf- 
prit  ,  &  qu'on  choifit  Diodorc  dcSicilc  il 
y  auroit  du  malheur  i  être  condamné  fur 
fon  ouvwgc. 

Il  éroit  entré  d'afTez  bonne  heure  à  l'Aca-- 
demie  desScicncespourcndcvenir  un  jour 
le  Secrétaire,  L  étendue  de  fcs  connoiflan- 
ces,5c  le  talent  qu'il  avoir  pour  écrire,  don- 
noient  tout  lieu  dcucroire  qu'il  rempliroic 
ftvec  honneur  cette  place  importante.  Mais 
lorfquc  M.  de  Fontcnellc  fortit  d^nc  car- 
rière qu  itétoii  encore  en  érar  de  pourfui^ 
vrc  après  l'avoirparcourue  durant  quaranre 
a^^s  avec  la  plus  grande  répurailon  ,  ce  fuc- 
ccffeur  qu'il  s'étoit  deftiné  depuis  long- 
tcms  ,  n'avoit  plus.a(rcz  de  forces  pour  Ic; 
remplacer. 

Un  Philofophc  tel  que  nous  venons  de 
k  dépeindre ,  fçavoit  trop  bien  fe  fuffirc 
è lui  même,  pour  ne  pas  dîfparoîrre  de. 
delTus  la  fcène,quand  la  vieillcfle  &  les  in- 
£rmités  conunencercnt  à  l'j^  rendre  inutile^. 


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J  A  N  V  I  E  R.    I7jr.       4^ 

Û  Ce  rcnfcrina  donc  abfolatnenc  chez  lui  ». 
Se  ne  fc  montroit  touc  au  plus  que  dm^ 
des  lieux  publics ,  où  il  ne  pouvoir  être  k 
charge  à  pcrfonne.  Il  comioi{î.>it  trop  bien 
fà  Nation  pour  n'avoir  pas  (cnri  de  bonne 
heure  conibien  eHceft  ingrate  envers  ceux 
même  qui  ont  le  plus  contribué  à  fon  inf- 
truûion  ou  à  (es  plaifirs  :  Il  fçavoit  que 
l'avantage  d'être  recherché  avec  emprelfe- 
inent  juCqu'à  la  fin  eft  le  privilège  d'un  pe- 
tit nombre  d'hommes  rares;,  fouvent  même 
quoiqu'ils  méritent  cet  empreffement  par 
leurs  qualités  perfonuttclles  ,  &  par  l'a- 
grément de  leur  commerce ,  c'cft  à  la  va- 
nité qu'ils  en  font  principalement  redeva-- 
blcs.  M.  TAbbé  TcrralTon  retira  donc  de 
boime  hflUrcyS»  Mme  de  lapreffe ,  fuivant  le 
confeil  de  Montagne  ,  &  fa  vieilleffc  fat- 
auflî  philofophique  que  fa  viei. 

L'efpéce  de  ftoïcifmc  dont  il  faifoK  pro-. 
fcflîon,  ne  l'empêchoic  pas  d'avoir  des  amis, 
auxquels  il  étoit  fort  attaché  ;  M.  le  Mar- 
*  quis  de  LafTay  ,  &  M.Falconet  étoicnt  de 
ce  nombre  -,  c'en  eft  aflez  pour  juger  qu'il: 
fçavoit  les  choifîr  ,  &  fur  tout  qu'il  ne  fc 
fronipoit  pas  en  honnêtes  gens.  Pleure  de^ 
itrs  amis,  M.  l^AbbéTerraflTon  eft  gêné- 
salement  regretté  de  tous  ceux  qui  Tout 
connu  ;  on  ne  (çauroit  manquer  dé  Tè- 
tre  ,  qiiaïKlaycc  de  Tef^ric  &  dc$  calen»,». 


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44-    MERCURE  DE  FRANGE. 

on  n'a  jamais  nui  à  l'amout  ptaprc ,  ni^ 
à  l'avidité  des  autres. 

LE  SINGE  ET  LE  CARDINAL- 
e  O  N  T  E. 


M 


Aître  François,  ce  Peintre  ingénieur^ 
Dit  quelque  part  dans  fes  folles  archives , 
Qix'il  cft  un  lieu,  féjour  des  gens  heureux  ,. 
Un  lieu  charjnant,  peuplé  (famés  oifives  ^. 
l£la  Fontaine ,  i  ce  tableau  flateur 
Ajoute  cncor  mille  grâces- naiVes, 
Et  l'embellit  par  Ton  flyle  enchanteur^ 
Il  y  nous  peint  cette  ain^able  indoltnce  ;. 
Qi)  la  raiibn  s'endort  parmi  les  jeux  : 
Ce  doux  repos ,  enfant  de  Hnnocence ,. 
*  Et  ce  rien  faire  ,  hélas  î  fi  précieux  ; 
Ge  n'eft  le  toat  :  le  fripon  curieux. 
D'honnête  amour,  de  maîtrefle  jolie, 
Y  joint  aufli  l'amoureufe  folie  , 
Et  du  plaifir  les  traits  délicieux-, 
Il  a  raifon  5  c'eft  le  nœud  de  la  vie  ; 
Kien  ne  connois  auffi  doux  fous  les  CieuT. 
Mais  d'oà^vient  donc  ,  que  mes  Maîtres  tous  de»» 
Ont  oublié  de  célébrer  le  rite , 
Ce  bien  fi  cher  qui  comble  tous  nos  ▼œux  , 
l^oot  ks  tranfpotts  banmflenU'humearaoire  ^ 


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^^    JANVIER,     ,75r.      ^y 

*3ai  nous  ravir , qui  non  fait  fouvcnt  boire 
L 'oubli  des  foins  de  des  feacis  fâcheux  } 
O  rire  aimabfc  ,  ô  vrai  régal  des  Dieux  l 
Doux  aban<<on  d'une  amc  dégagée 
Des'Iongs  dégoûts  dont  la  vie  cft  chargée, 
Xibrc  dVnouis,  quand  pourrai-je  â  loifir 
De  tes  âccè5  godter  tout  le  pJaifir  ? 
C'eft  par  toi  fcul  qu'on  voit  d'une  maîcreffe 
Le  paavrc  amant  otfblier  la  rigueur , 
Le  vieillard  roor»c  égayer  Cn  tiifteflè, 
Et  l*AJgébrïftc  animer  f.  froideur, 
Je  dis  bien  plus  •  rt  falutaire  yvrcffc 
Plus  d'une  fois  fufpendit  la  fureur 
De  la  mort  même  de  de  fa  faulx  traîtrcffe  ; 
Témoin  ce  trait  d'un  certain  Monfcigneur. 

Par  un  abfe es  d*une  flclicttfe  fuire  , 
Vn  CardioaUux  portes  de  la  mort , 
^lloit  bientôt  trouver  fon  dernier  gite  | 
Les  Médecins,  le  Prêtre ,  reaubenite  , 
Lui  promettoieat  dé;a  fon  pafleport; 
Des  hérifiersla  troupe  grimacière  , 
Ri^nt  tout  bas ,  6c  tout  bauc  fangIotraaC| 
D'un  air  contrit ,  d'un  «il  impatient , 
Autour  de  lui  dépêchent  leur  prière  ^ 
£t  les  couûnfi  &  la  foeur  &  le  irere , 
£t  des  neveux  l'avide  pépitiiere,     . 
Cens  peu  honteux  &  dt*  biens  altérés  ^ 
Déjà  par  eux  de  l'œil  font  dévorés , 
Tableaux  »  bijoux^  )oyaax  de  toute  efpece  | 


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4«    MERCURE  DE  FRANCE. 

J'aurai  ceci  ;  moi  je  retiens  cela  ; 

Moi  je  pcéteQS  aux  meubles  que  voîli« 

On  lorgne,  on  pleure ,  on  feint  grande  trifteffe* 

Mais  le  malade  expire  cependant  ; 

t.'abcès/du  fou/He  arrêtamt  le  paflage  , 

JDe  fcs  poumons  lui  dérobe  l'ufage  ; 

Il  efl  fans  vie  .il  eft  fans  mouvement. 

£c  les  confins  de  prendre  impunément. 

Tous  font  leur  main,  chacun  court  au  pillage; 

•C'cft  un  plaifir  devoir  avec  quel  cœur  « 

«On  vous  nettoyt  un  fi  bel  héritage  ; 

St  les  valets  funout  de  Monfeigneur , 

K^ui  n'en  font  pas  à  leur  apprentilfage* 

Or  dans  la  chambre  où  gifibit  le  mourant , 

Va  Singe  étoit,  qui  d'un  «il  mécontent, 

Refléchiflant  en  grave  perfonnage , 

Hegardoit  tout  fans  bouger  feulement^ 

£t  de  Tes  yeux  parcouroit  le  vifage , 

Tantôt  du  Prêtre  &  tantôt  du  parera. 

Le  (àpajou  voit  ce  remu-  ménage ,  *' 

£t  le  cœur  gros ,  quoi  l  dit-il  «  ces  gens-dl 

Ke  vont  laifler  que  les  quatre  mur  ailles  , 

£t  moi ,  Bertrand  ^  je  n'amrai  rien  ici  i 

Je  refierai ,  ^eâieurs ,  fans  fols  ni  mailles  i 

Par  mes  ergots  ,  fçachons  un  peu  cecL 

Disant  ces  mots ,  il  voit  fut  une  table 

De  Monfeigneur  l'équipage  brillant , 

Chapeau  ^  calotte ,  appareil  refpedlable , 

Qu'on  lui  prépare,  hélas  l  pour  quel  inftant; 


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JANVIER.      I7J  r.        ^ 
Anffi-tôr  fait ,  le  nouveau  légataire , 
Sans  béfter  ..empoigne bien  8t  beau 
Tout  Pattîrail ,  les  gands,  le  (âint  Chapeui 
Et  la  calotte  ,  &  Ja  parure  entière. 
Or  Toilâ  donc  notre  Singe  empêtré  t 
Nouveau  Prélat ,  il  endoffc  avec  peine 
Du  vrai  Prélat  le  vêtement  facré. 
^ms  le  magot  de  la  forte  accoutré  , 
Sur  le  parquet  6érement  fc  piomene. 
Dieu  fçait  les  ris  â  ce  plaifaa  afpeft  ; 
Pour  Monfcigoeur  chacun  perd  le  rcfpcai 
En  cas  pareil  aifément  on  s'ouWie. 
Qui  n'eut  pas  ri  i  Quant  i  moi ,  fur  mz  vie  ^ 
Je  n'en  aurois  voulu  céder  ma  part. 
ÏJotre  mourant  jette  à  peine  un  regard; 
II  voit,  il  rit ,  il  pâme  i  cette  yâc; 
Mais  le  tranfport  de  fon  rire  eiccfltf 
Fut  fon  falui ,  carlcfiort  fut  fi  vif. 
Que  la  fauté  lui  fut  d'abord  rendue  ; 
L'abcès  creva,  le  Singe  en  eut  l'bonneitr , 
Chacun  s'en  fut ,  le  rire  fut  vainqueur. 
Qu'on  me  fouticnnc après  un  tel  exemple. 
Parmi  ces  biens  que  de  loin  je  contemple , 
Qu'il  ea  eft  un  plus  ^harmanc^  plus  doux  ^ 


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48    MERCURE  I>E  FRANCE-'       "^ 

^Qlle  la  fortune  à  ma  perte  confpire  , 
^Qlle  je  demeure  en  butte  â  tous  Tes  coups  i 
Pourvu  qu'en  forame  elle  me  laifle  rire  > 
Je  Tufs  coAienc ,  je  brave  (bn  courroux. 

DES    DEVOIRS 
DE    UACADEMIGIER 

Difiotêrs  lu  par  M.  de  Maufenuts  ,  data 
une  djfemhlie  puhlitjue  de  l^jlcademk 
Royale  des  Sciences  &  Selles  Lettres  de 
Truffe. 

LOrfquc  f «fitrcprcnàs  ici  de  parler  dc« 
devoirs  de  TAcadéinicicn  ,  je  n  au- 
Tois  qu'à  dire  ce  que  vous  faites  »  pour 
avoir  prcfquc  dit  ce  que  vous  devez  fai- 
re *,  &  j*aut(MS  pu  donner  cette  forme  à 
mon  Difcours ,  fi  je  n'a  vois  eu  à  craindte 
un  air  d  oftentation  qu^on  auroit  pu  me 
tcprochcr  ,  malgré  le  peu  de  part  que  j'ai 
à  vorre  gloire  &c  à  vos  travaux.  Je  parlerai 
tîonc  ici  des  devoirs  de  l'Académicien  en 
généraU  fi  vous  y  trouvez  votre  élogc,t^'ux 
qui  ne  font  pas  de  ce  Corps  ,  y  trouvctoflt 
ce  qui  peut  les  rendre  dignes  d'en  ctrc. 
Mais  avant  que  de  parler  de  devoirs  \ 

des 


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î  A  îï  V  l  E  R.      1751.        A9 

^ts  hommes  libres,  tels  que  font  les  Ci- 
toyens <le  la  République  des  Lettres, 
quelle  eft  donc  la  Loi  qui  les  peut  obli- 
ger \  Pourquoi  le  Philofophe  renonccra-t*îl 
à  cette  Jibcrtc  ,  à  laquelle  il  femblc  qu'il 
air  tout  iacrifié  pour  s  aHujettir  à  des  de« 
▼oirs  ?  pour  fe  fixer  à  des  occupations  ré- 
glées, &  tl  un  certain  genre  ?  Il  faut  fans 
doute  qu'il  y  trouve  quelque  avantage, 
ic  cet  avantage  quel  eft-il  ? 

Ceft  <?clui  que  les  hommes  retirent  de 
toutes  les  fociciés  -,  c  eft  le  fccours  mutuel 
que  fe  prêtent  tous  ceux  qui  en  font  les 
membres.  Chaque  fociété  poflcde  un  bien 
commun,  où  chaque  particulier  puifc  beau- 
coup plus  qu'il  ne  contribue. 

Qu'uh  homme  ,  qui  s'applique  aur 
Sciences ,  veuille  fe  fuflSre  à  lui-même  | 
qu'il  ne  veuille  emprunter  d'aucun  autre 
les  connoiâànces  dont  il  a  befoin  \  quand 
même  je  fuppofcrois  qu'il  eût  tout  le  génie 
poffible^avec  quelle  peine,  avec  quelle 
lenteur  [ne  fera-t'il  pas  ces  progrès  ?  Quel 
tefiis  ne  perdra-t'il  pas  à  découvrir  des 
vérirés  qu'il  auroit  connues  d'abord, 
s'il  eût  profité  dufecours  d'autrui  ?  Il  aura*, 
épuifé  fes  forces  ,  avant  que  d'être  arrivé 
au  point  d'où  il  eût  pûpanir.  Combien 
celui  qui  ^  aidé  des  lumières  de  ceux  qui 
IV>BC  devancé,  &  de  celles  de  fes  conteo^ 

C 


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50  MERCURE  DE  FRANCE. 

porains ,  réfèrve  tonte  Ta  vigueur  poor  kt 
leules  difficultés  qu'ils  ii'onc  pas  réfQlues  ? 
Cpmbien  celui-là  n'efti-il  pas  plus  eu  écac 
de  la  réfou4rc } 

Tous  CCS  fccours  qu'on  trouve  difpcrfës 
dans  les  Ouvrages  &  dans  le  con^merce 
des  Sçavans ,  T Académicien  les  trouve  raf- 
femblés  d^ns  une  Académie  ;  il  en  profite 
fans  peine  dans  la  douceur  de  la  fpciété  » 
&  il  a  le  plaifîc  de  tes  devoir  à  dçsconfire- 
res  Sç  à  des  amis.  Ajoutons-y  ce  quieft 
plus  important  encore  :  il  acquiert  dans 
nos  aflfemblécs  cet  efprit  académique  ,  cet 
cfpéce  4c  fenriment  du  vrai ,  qui  le  lui  fait 
découvrir  par  tout  où  il  eft  ,  éç  lempêchc 
de  le  chercher  où  il  n'çft  paç.  Combien 
de  diffcrcfls  Auteurs  ont  hasçardc  4e  fyf- 
ternes  ,  dont  la  difçuflSon  açadéipique  leur 
auroit  fi^it  connoître  le  faux  ?  Combien  de 
chimères  qu'ils  n'auroicnt  ofé  prpduire 
dans  une  Académie  ? 

Je  ne  vous  ai  cité  ici  que  les  iivanr^ges 
immédiats ,  que  chaque  Académicien  trou- 
ve  dans  fon  afTociacion  à  une  Académie  i 
c'éi;oit  par  ceux-là  que  je  devois  comnïcn- 
cçr  ,  en  parlant  à  des  Philofophes.  Il  y  en 
ad  autres,  qui,  s'ils  ne  font  pas  des  moyens 
dirç^S  f  doivent  être  de  puilfans  motifs 
pour  Ç3çcitcf  les  gens  de^-ettres  yc'eft  k  pro- 
tçé^ipn  I  dptiLt  les  SçHiveraiqs  h^oorenç  les 


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JANVIER,     1751.      sr 

Académies  »  &  les  grâces  qu'ils  répandent 
^f  ceuJc  qui  s'y  diftingaenr.  Ici  k  nôtre  a 
tin  avantage  ,  qu't^ucune  autre  n«  peut  lut 
4irputer.   Je. ne  pf^^  point  de  lamagnî^^ 
ficence  avec  laqucAe  le  Roi  récompcnfe 
vos  travaux,  ni  du  fuperbe  Palais  qu'il  vous 
deftine-:  il  employé  des  moyens  plus  fûrs 
pour  la  gloire  de  Con  Académie*  Les  Oa« 
vrag^es  que  nous  avons  Ci  fouvent  admirés 
tkms  des  jours  tels  que  celui-ci ,  feront 
des  monumens  éternels  de  Tcftime  qu'il  a 
pour  elle  ,  &  du  cas  qu'il  fait  de  Tes  occu- 
pations. 

Voilà  tes  avantages  que  chaque  Acadé- 
.  îpicien  retire  du  Corps  dont  il  tait  partie  : 
.  voili  les  motifs  qui  le  doivent  exciter 
dans  la  caniere  des  Sciences  ^  6c  combien 
puilTamment  ne  doivent  pas  agir  fur  vous 
tant  de  motifs  réunis  !  Les  devoirs  mène 
que^Académie  vous  impofe,  font-ils  au-* 
tre  chofe  que  ce  c}ue  l'amour  feul  àcs 
Sciences  vous  feroit  faire  ?  Trouveriez- 
vous  trop  de  contrainte  dans  1* Académie 
de4'£urope  la  plus  libre  ! 

Tous  les  Phénomènes  de  ta  Narure  ; 
toutes  les  Sciences  Mathématiques ,  tous 
les  genres  de  Littérature  %  (ont  fournis  i 
vos  recherches  *>  &  dès-lâ  cette  Compagnie 
embràflè  un  champ  plus  vafte.  »  que  ta  plo- 
nos  des  aacrcs  Âi^démies  ;  mm  U  eft  cer« 

Ci; 


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5;^  MERCURE  DE  FRANCE. 

tains  Sanduaires ,  dans  Icfquels  il    n'dt 

Ïermis  à  aucune  de  pénétrer  v  votre 
ondatcur  même,  tout  fublinie  ,  toutpro^ 
fond  ,  tout  exerce  f  il  itoit  dans  ces 
routes ,  n'oia  y  conduire  fcs  premiers  Dit- 
ciples.  Les  Lcgiflateurs  de  toutes  les  Aca- 
démies ,  en  leur  livrant  la  nature  entière 
des  corps,  leur  ont  interdit  celle  des  ef- 
prits ,  &  la  fpjéculaiioa  des  premières  cau- 
les.  Un  Monarque  qui  a  daigné  didcr  nos 
Loix  -,  un  efprit  plus  vaftc ,  plus  sûr  peut- 
être  auffi  de  votre  prudence  ,  n'a  rien 
^eulu  vous  interdire. 

Quant  à  notre  Difcipline  Académique , 
il  n'y  a  aucune  Académie  dans  TEurope, 
dont  les  Réglcmens  exigent  fi  peu ,  car  il 
ne  feroit  pas  jufte  de  faire  entrer  dans  cet- 
te comparaifon ,  des  fociérés  fur  lefquél- 
les,  ni  Toeil,  ni  les  bienfaits  du  Souveraiâ 
n'ont  jamais  aucune  influence. 

Notre  Académie  embrafle  dans  quatre 
départemcns  toutes  les  Sciences.  Chaque 
ClalTe  concourt  avec  égalité  au  progrès  de 
chacune  ;  cependant  la  diverfité  de  leurs 
objets  admetdc  la  diverfité  dans  la  maniè- 
re de  les  traiter. 

La  première  de  nos  Claffcs^  celle  delà 
Philofophie  Expérimentale ,  comprend  tou- 
te l'Hilloire  Naturelle,  toutes  les connoif- 
fanccs ,  pour  lefquelles  oii  a  beioin  des 


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JANVIER.      t75t.        S9 

jeux ,  des  mains  &  de  tons  les  fens.  Elltf 
confîdére  k$  corps  de  l'Univers ,  revcms 
de  tontes  leurs  propriétés  fcniîbks*,  clk 
compare  ces  propriétés  ,  elle  les  lie  enfeno- 
blc  ,  &  Ics^  dédak  les  unes  des  autres. 
Cette  Science  eft  toute  fondée  fur  Texpé- 
rience.Sansclle,  le  raifonneroent,  toujours 
rxpofé  à  porter  à  faux,  fe  perd  en  fyftêmcs 
qu'elle  dément*  Cependant  Texpérience  a 
befbin  anflî  de  raiionnement  -,  il  épargne 
au  Phyficien  le  tems  &  la  peine  î  il  lui  fait 
feîGr  tout  a  coup  certains  rapports  qui  le 
difpcnfent  de  plufieors  opérations  inuriles  , 
&  lui  permet  de  tourner  toute  fon  appli- 
cation vers  les  Phénomènes  décifife. 

Que  le  Phyficien  s*appliqae  donc  à  exa- 
miner foîgneu(ement  les  expériences  fai- 
tç^par  les  autres  ;  qp'il  n'ait  pas  plus  dln- 
dnlgence  pour  les  ficnnes  propres  ;  qu'il 
n'en  tire  que  des  conféqnenccs  légitimes , 
Se  (hrtout ,  qu'également  éloigné  de  Tof- 
c^ntation  qui  fait  produire  le  merveilleux, 
8c  du  myftére  qui  tient  caché  Tucile  ,  il  les 
cxpofe  à  fes  confreres^avec  toutes  leurs  cir- 
confiances;; 

Nous  voyons  phis  d'un  Académicien  , 
que  je  pourrois  citer  ici  pour  modèles,  qui 
eonnoiffcnt  également  l'Art  de  faire  les 
expériences  les  pUis  délicates ,  &  celui  d'en 
tirer  les  conféquenccs  les  plus  ingénieur- 

G  ii) 


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54  MERCURE  DEFRANCa 

Ces  \<^in  malgré  les  pUis  grandes  oecupc^ii 
tions ,  &  les  occupations  les  plus  laieiles  de^ 
la  Cour  &  de  la  Ville  ,  trouvant ctcs  hcu^ 
rcs  poqr  ik)us  donner  d^exccUcns  Oavra-r 
gcs  ,  &  font  les  premiçrs  8c  les  plus  a0îdu5^ 
dans  nos  aflcmblccs,. 

Notre  ClalFe  de  Mathcms^i^ues  eft  la 
féconde^  La  première  confidéroit  Icscorpç. 
revêtus  de  toutes  leurs  propriétés  fcnfiblcs  ^ 
celle-ci  les  dépouille  de  la  plupart  de  cef 
propriétés ,  pour  faire  un  examen  plu^. 
Içvere  &  plus  (ur  de  celles  qui  y  reftenr. 
Les  corps  ,  ainfi  dépouillés  >  ne  préfeiitent 
jplus  au  Géomètre  que  de  l  étendue  &  dcs^ 
iîombrçs,ô<  ceq,x  que  des  diftances  ina« 
menfcç  ipct^ent  hors  de  la  portée  de  pla- 
fieur$  de  Tes  feos ,  n'eu  çzxoitkm  <pc  pluf. 
fou^ij;  à  ^es  fpéçutations  &  i  iês  calcul. 

La  Çéomép^ie ,  qui  doit  Con  ociginc  à  fo^ 
utilité>&  que  les  premiefs  Géçcpécres  ap 
pliquerenr  avec  tant  de  fuccès  aox  befoi^ 
de  la  vie  ,  ne  fut  enfuite  pendant  plufi^f. 
fiéclçs  qu^une  fpécuktion  ftérUe  >  &  une  eP 
peççdç  jeu  dVfprit.  Trop  boruéç  à  fesat^ 
traûions  ,  elle  fe  contentoit  d'ejtercer  Cçm, 
Art  fiK  de?  bagatelle^  difficile»»  &  »'o& 
\c  porter  jufqu'aux  Phénomènes  de  la  Na» 
çufe,^  t'hetu-eufc  révolution  qui  s'eft  Êiite  >, 
prefquede  nos  jours, dans  les  Sciences» 
JUrçadit  plus  audacieufe.  On>atlaCî4o-^ 


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JANVIER.      I7fi.      55 

mécrie  expliquer  tou^  le»  Phénomènes  du 
mouvement ,  &  quelle  panic  n'eft-ce  pat 
de  la  Philofopbie  Naturelle }  On  ta  vit  iui- 
▼rc  le  rayon  de  k  luwïicre  dans  i'cfpacc  dcf 
Cieux  ,  à  travers  tous  ks  corps  qu'il  péné- 
tre \  calculer  toutes  les  merveilles  qui  nait 
fet>c  de  Tes  réflexions  &  de  Tes  réfractions  y 
fbii  pour  nous  faire  découvrir  des  objets 
que   leur  immenfc  éloignement  déroboic 
ii  tK>s  yeux  ,  foit  pour  nous  rendre  fenfî- 
blcs  ceux  qui  par  leur  extrême  petitefTè 
ne  poiivoient  erre  apperçusi.   On  vit  le 
Géomètre  déterminant  par  de.<dimen(ions 
exaâes  la  grandeur  &  la  figure  du  Globe 
que  nous  habitons  ,  marquer  au  Géogra- 
phe la  véritable  pofiti^n  de  tous  les  lieux 
de  la  terre  s  erffe^nei;  au  Navigateur  des 
régies  fwes  pcfur  y  arriter.    On  vit  Us 
Sciences  Mathématiq^te»  s'apptiqtier  à  tous 
les  Arts  utiles  on  agréabtes.^ 

La  marche  du  Géomètre  eft  fi  détermi-' 
née  ',  Ces  pas  font ,  pour  ainfi  dire ,  fi  comp- 
tés >  qu'il  ue  i efte  que  peu  dt  confeils  à^ 
Uit  donner*. 

Le  premier ,  c'eft  dan»  le  choix  dtp 
fujetsaufquels  il  s*applique/d*avoir  plus  eti 
vue  Tutiliré  des  Problêmes  que  leur  difït 
ouké.  Combien  de  Géomètres  ,  s'il  effi 
permis  de  les  appelle^  de  ce  nom  s  ont 
petdu  leur  tems  dans  la  recherche^^l»^ 

C  iiij 


>yGdogle 


5^  MERCURE  DE  FRANCE. 

Qa.idrature  d'une  courbe  qui  ne  fera  ja?^ 
mais  tracée  1 

Le  fécond  confeil ,  c*eft  dans  les  Pro-^ 
blêmes  Phyfico  -  mathématiques  ,  que  le 
Géomètre  réfdut ,  de  fc  rcffouvenir  tou- 
jours des  abftradkions  qu'il  a  faites;  qucr- 
fcs  folutions  ne  font  juftes,  qu'autant  qii'it 
iv'y  auroit  dans  le  corps  que  ce  petit  nom- 
bre dc^  propriétés  -,  il  doit  fur  ceux  qui  onc^ 
été  les  objets  de  fes  calculs ,  confulter  en- 
core l'expérience  ,  pour  découvrir  fi  des 
propriétés  dont  il  a  fait  abftra<3:ion ,  on. 
dont  il  a  ignoré  la  préfcncc  ,  n'altèrent 
pas  les  effets  de  celles  qu'il  y  a  confer-- 
vées. 

En  fui  van  t  ces  confcils  ,  le  Géomètre* 
mettra  fon  An  à  l'abri  du  reproche  d*îna^ 
tilitéjk&  le  juftificra  aux  yeux  de  ceux  >, 
qui  pour  pe  le  pas  cor>noître  afièz  ,  lui  im-» 
putent  des  défauts  qu'il  ne  faut  attribuer 
qu'à  l'ufage  mal  habile  qu'on  en  fait. 

La  ClafTe  de  Philo/ophie  /epculative  e(b' 
U  tfoifiéme.  La  PhilBfophie  expirimânulc^ 
avoit  examiné  les  corps  tels  qu'ils  font , 
J:e\^êtusdê  toutes  leurs  propriétés  fenfiblcs; 
la  Aiathemati^ptiB  les  avoit  dépouillés  de  la^' 
plus  grande  partie  de  fcs  propriétés;  U  Phi^ 
Ufophie  fpécHlative  confîdére  des  objets  qui 
n'ont  plus  aucune  pippriété  des  corps. 
,  L'Etre  fuprême  ,  l'efpric   h\xmain ,  8ft 


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JANVIER.  175  t.  y? 
It)at  ce  qui  apparcicnt  à  rcfprit  cft  Vobjct 
de  cette  Science  »  la  Nature  des  corps 
même  ,  en  tant  que  reprcfentcs  par  nos 
perceptions ,  fi  encore  ils  font  autre  chofe 
que  ces  perceptions ,  font  de  (oh  reffurt. 

Mais  c'eft  une  rendarque  fatale ,  ôc  que 
nous  ne  fçaurions  nous  empêcher  de  faire  y-   ^ 
que  plus  les  objets  font  intéreifans  pouc 
nous  5  plus  font  difficiles  &  incertaines  Ics^ 
connoiflances  que  nous  pouvons  en  ac* 
quérir.    Nous  ferons  expofés  à  bien  des* 
erreurs  >  &  à  bien  des  erreurs  dangereufcs, 
fi  nous  n'ufons  de  la  plus  grande  circonf-  • 

Ec6kion  dans  ccne  Science  qui  confidérc 
îsefprits.  Gardons-nous  de  croire  yqcCctk* 
y. employant  la  même  méthode,  ou  les* 
mêmes  mots  qp^aux  Sciences  Mâthémati^ 
queSyOn  y  parvienne  à  la  même  certitu- 
de. Cette  certitude  n'eft  attachée  qu*4  1»^ 
fimpltcité  dcsôbjets-que  le  Gét)tnétrc  con* 
fidére  \  qu'à  dcsobjets  dans  kfquelsil  n'en*- 
trc  que  ce  qu'il  a  voulu  y  fuppofer. 

Si  je  vous  expofe  ici  toute  la  gfandcor* 
du  péril  dçs  fpécuktions^qut  conccrnenc 
JiEtre  fupréme  v  les  premières  caafcs  r  i^' 
là  ny arc  des  efprirs-,  ce  n'eft  pas  que  j$  " 
veuille  vous  détourner  de  ces  recherches  ; 
tout  eft  pcrmis^au  Philofophe  ,  pourvoi 
qqs'ilt  craite  tout  avec  l'efpptt  phiiofophi-- 
qyc^c^U-à-duo:ir*v<c  cet  cfprtt  qui  mc-i- 


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58  MERCURE  DE  FRANCE.    • 

furc  les  differens  degrés  d^afTentiment  :  qai 
diftingne  Tévidence  ,  la  probabilité  »  le 
doute  ;  &  qui  ne  donne  fcs  fpéculatipns 
que  fous  celui  de  cesdiffetens  afpeâs  qài 
leur  appartient. 

Si  la  plupart  des  objets  qiMC  la  Phhilofb- 
phie  f p^nlative  coniidére  >  paroiflenc  trop 
au  denus  des  forces  de  notre  efprir ,  cet-* 
raines  parties  de  cette  Science  font  plus  i 
notre  portée;  je  parle  de  ces  devoirs  qui 
l^ous  lient  à  l'Etre  fuprème  >  aux  autres 
hommes ,  Se  à  nous-mêmes  >  de  ces  Loiz  >- 
aufquelles  doivent  être  fouroifes  toutes 
les  intelligences  ;  vaftc  champ  ,  &  le  plus 
Utile  de  tous  à  cultiver.  Appliqucz-y  vos 
foins  8c  vos  veilles  v  mais  n'oubliez  jamais», 
lorfque  l'évidence  vous  manquera,  qu*une 
aurrr  lumière  auffî  (ure  encore  doit  vous 
contiuire. 

La  quatrième  de  nos  Cla(res  réunît  tous 
tes  dinerens  objets  de  deux  célèbres  Aca* 
demies  d'iin/ Royaume^  où  l'abondance  des 
grands  hommes  les  a  tant  mulripKés.  ^ 
parle  de  notre  CkSe  de  Belles-Leurgs  ^ç^% 
comprend  tes  Langues,  rHiftoire&  tous 
les  genres  de  Littérature  ;  depuis  les  pre- 
miers clémens  de  cet  Art  qui  apprend  jt 
former  des  (bns  &  des  fignes  pour  expri- 
mer les  penfées ,  jufqu*à  i'ufage  k  plus 
Àendu  qu'on  en  peut  fiûicw 


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JANVIER.     T7rr.       j^ 

Cet  Arc ,  le  plus  merveilleux  de  tous  , 
le  plus  utile  fans  doute ,  fut  dans  fcs  com- 
mencemens  un  Art  très  (impie.  Le  peu  de 
belbins  que  fentiretit  les  premiers  hom- 
mes )  n'exigea  pas  un  grand  nombre  de 
mots  ni  de  (ignés  pour  les  exprimer.  Ce 
fie  fut  qu'après  le  fuccès  de  ce  premier  cf» 
ùâ  qu'ils  defirerent  de  fe  communiquer  des 
idées  moins  communes ,  &  qu'ils  com» 
mencerent  à  connoître  les  charmes  de  la 
conver(ation.  Combien  fallut- il  de  tems  > 
combien  s'écoulèrent  de  fiécles^avant  qu'ils 
içuflènr  peindre  aui  yeux  la  converfation 
Blême  l 

Là  première  Langtie  des  hommes  s*érok 
déjà  vrai-femblablement  diverfifiée ,  lorC^ 
qu'ils  paflêrenc  de  la  parole  à  l'écriture» 
Les  familles  érant  devenues  des  Nations  » 
chacune  par  des  fuites  différentes  d'idées  fe 
forma  ,  non-feulement  des  mots  différent 
mais  des  manières  de  s'exprinoer  dtfieren* 
tes  >  les  Langues  vinrent  de  cette  diver(ité^ 
&  tous  ces  enfans  d'un  même  père  ,  (î  dif- 
perfés  y  8c  après  rant  de  générations  >  ne 
purent  plus ,  torfqu'ib  fe  retrouvoîent  ,  fe 
leconnoîrre  ni  s'entendre. 

Un  beau  projet  feroit ,  non  de  Tes  &ire 
f evenir  à  leur  Langtie  paternelle  (  lachofe 
n'eft  pas  poflS>le  >  nuis  de  leur  former  une 
LaogEte  plus  régj^ce  que  toutes  nos  Lan» 

Cvi 


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58  MERCURE  DE  FRANCE 
furc  les  difFerens  degf  es  d'afTentîmcîit  :  q, 
diftingiic  l*évidcnce  ,  k  probabilité,! 
doute  ;  &  qui  ne  donne  fcs  fpécuiaîion 
que  fous  celui  de  ces  differcns  afpcas  qâ 
leur  appartient. 

Si  ta  plupart  des  objets  que  la  Phhilofo 
phielpéculativc  confidére ,  paroilIèDcrroi 
audcirus  des  forces  de  notre  efpm  ,cci' 
taines  parties  de  cette  Science  f^m  plus  ; 
notre  portée j  je  parle  de  cesdcvoirson 
nous  hcni  d  rEcre  ruprême  ,  aax  aacrd 
hommes  ,  &  a  nous-mêmes  ;  de  ces  Loirw 
tufquclles  doivent  être  fourni  fcs  toufd 
les  intelligences  -,  vafte  champ  ;&  le  phi 
utile  de  tous  à  cultiver*  Appliquez-y  voj 
foins  &  vos  veilles  ;  mais  n  oabHez  jamds, 
lorfqoe  l'évidence  vous  manquera,  qu'une 
autre  lumière  aiiilî  fûrc  encore  doit  voas 
conduire»  ^^ 

La  quatrième  de  nos  C!         "^  mk  ccui 
Jcsdiècrens  objets  de  de  -s  Af 

déni  les  d'un  Royaume,  r 
grands  hommes  les  a 
parle  de  notre  Claffe  r 
comprend  les  Langn 
les  genres  de  Lirtér.- 
tnicrs  élémcns  de 
former  des  fon^  ' 
mer  les  penl>' 
étendu  <^ti' 


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^o    MERCURE  DE  FR.ANCE. 

eues  V  qui  ne  fc  (6m  formées  que  pcai 
a  peu  *,  plus  facile  &  qui  pue  être  emenduc^ 
de  tous« 

Ce  Problème ,  qui.  a  été  plus  d*unc  fois 
propofc,  fut  Tobjcc  de  notre  Académie  dès 
fa  naiflance  :  *  un  habile  homme  entreprit 
lonvragc;  un  plus  habile  le  regarda  coaimcr 
^i^flîblc  &  ne  Tcntrcprii  pas.  **Ce  n'cftpas 
ici  le  lieu  d*c  xpofer  les  penfées  qui  me  font 
venues  fur  ce  fujcr  y  elles  appartiendroicnt 
même  plutôt  â  une  autre  de.  nos  ClalTes. 
qu'à  celle-ci. 

L'Académie  la  plus  célèbre  de  l'Univers; 
cft  depuis  un  fiéclc  occupée  à  perfeftion- 
ner  celle    des  Langues   qui    approchoit 
déjà  le  plus  de  la  perfcÂLon.  Les  plus 

Srands  génies  de  l'Antiquité ,  &  pluficurs- 
'jentrc  les  modernçs  »  nous  ont  donné  dcs^ 
teglcs  pour  tous  les  genres  d'écrire.  L'ér 
tendue  de  ce  difcours  ne  me  permet  pas;: 
de  traiter iîe  tels  fumets, jquand  même  j'en 
fcrols  capable:. je  me  borne  à  quelques^ 
principes  généraux* 

L'Ecrivain,  à  quelque  genre  de  Littéra-^ 
ture  qu'il  s  applique ,  ne  doit  jamais  ou- 
blier  que  les  mots  étant  les  figncs  dcs^ 
idées,  le  premier  point  eft  le  choix „  dii*. 

»SolbrîC. 
^  ^  Lçibnicx. 


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TAN  V  I  E  R.      i7rr.      tfif 

ttot  propre.  Qu*il  ne  fc  laiflç  jamais  fé— 
duire  par  Fharmonie  oa  la  mefure  ;  que  - 
[amais  Tagrémenr  ni  la  gêne  ne  lui  fallc- 
dire  autre  chofe  que  ce  qu'il  veut  dire* 

La  canftruâion  d'une  phYafc  forme  une  • 
partie  du  fcns  des  mots  qu'on  y-  employé.. 
Que  rEcrivain  obfervc  donc-  rclig^icufc-- 
ment  les  régies  dé  la  Syntaxe. 

Que  le  ftyie  fimple  &  pur  foit  égalèmenr 
éloigné  de  la  ptfameur  piéUme/^tie ,  &  de  - 
ce  qu'on  appelle  fi  improprement  hl  efi 

Certaines  gens  ne  fçauroiênt*encorc  par^ 
donner  â  un  Auteur  François  d'avoir  rc* 
fiifc  It  M  efprtt  aux  Allemands.  *  S'ils  fça* 
voient  mieux  ce-qn^on  entend  d'ordinaire- 

Ear  bel  efprit ,  ils  verroient  qu'ils  ont  peu^ 
eu  de  (e  plaindre»  Ce  n*cft  le  plus  louè- 
rent que  Fart  de  donner  i  une  pcnfcc- 
commnne  un  tour  fenteruieux-.C'eft,  dit  un  : 
des  plus^  grands  hommes  de  l'Angleterre  , , 
Fart  df  fure  fây  oitre  les  chê/is  ftms  ingeniett^ 
fes  (ju  elles  ne  font,  *^ 

Quelques  Auteurs  Allemands  fe  fonr 
vengés  en  rcfufant  à  nos  François ./4  fro*^ 
feniiHT^  rérudriton  'AsL'Vcngczncc  auroic 
ère  plus  jufte  &  non  moins  facheufe ,  Ri 
nous  abandonnant  le  M  e/prh  ,  ils  s'c— 

♦  Le  P.  Bouhoors. 

^^Moa,  de  Mr^memk  Seiemmmm.  lif,  j^ . 


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6t    MERCURE  DE  FRANCEi 

raient  ccmcentés  de  dire  que  noos  en  fâi* 
Bons  trop  de  cas.  Mais  fi  ces  Auteurs  en- 
tendent  par  rérudition  qu'ib  refufenc  aux 
François ,  un  fatras  de  citations  Latines  » 
Grecques  &  Hébraïques^  un  fïyle  diffus  & 
cmbarra(fé ,  on  leur  fçaura  gré  du  repro» 
che ,  &  Ton  s*applaudira  du  défaut. 

Cette  netteté  de  ftylc  ,  qui  caraâérifc 
nos  Auteurs ,  dépend  fans  doute  beaucoup 
du  génie  de  notre  Langue>&  c'cft  ce  qui  1  a 
rendue  en  quelque  manière  la  Lan^e  uni- 
verfclle  de  TEurope.  C'ell  ce  qui  fauqu*un 
Monarque  ,  dont  le  goût  eft  le  fuflfrage  le 
plus  décifif s  la  parle  &  Tcerit  avec  tant 
0  élégance  &  veut  qu* elle  foit  la  Langue 
de  fon  Académie. 

J'ai  parcouru  icî^  toutes  les  différentes 
Sciences  auxquelles  nous  nous  appliquons,^ 
&  je  n'ai  point  parlé  d'une ,  qui  tut  un  des 
principaux  objets  de  cette  Con>pagnie  lors 
de  fon  établiffcmenc. . 

Le  premier  règlement  de  ta  Société  Roya- 
le portoît,qu*unc  de  fes  Clafles  dévoie  s'ap* 
Jjliquer  à  retuJc  de  U  Religion  &.ila  cori'» 
tferfign  ûks  infidelestzxxic\c^\\xs  fingulier  par 
la  manière  dont  il  étoit  préfenté ,  qu'il  ne 
Pcft  peut  -être  en  cfifèt.  Notre  Règlement 
moderne  ne  charge  aucune. Claffc  en  par- 
ticulier de  cette  occupation  jmnis  ne  peut- 
€a  pas  dire  que  toutes.  ;  concoustnc  l 


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JANVIER.      i7f  ï.       <5 

Ne  trouvct'on  pas  dans  rérudc  des  mer- 
veilles de  la  Narure  »des  preuves  de  l'exif- 
tencc  d*un  Etre  fuprètnel^ 

Quoi  de  plus  capable  de  nous  faire  con* 
noicre  fa  fagede ,  que  tes  vérités  géoroérri- 

3ùeS)que  ces  loix  éternelles  par  Urquelle» 
r^git  rUnivcrs> 

La  Philofopbie  (péculatlve  ne  nous  fait* 
elle  pas  voir  Unécedité  de  Texiftence  à\xtk 
Etre  infiniment  parfait  f 

Enfen  l^ctude  des  faits  nous  appreml 
qu'il  s^'cft  manifefté  aux  hommes  d'une 
manière  encore  plus  fcnfible  ^q«*il  a  exigé 
d  eux  un  culte  ,  8c  le  leur  a  prefcrit, 

mmmmmmmmm  m*mmM"m" 

L*Edit  portant  création  d'une  NoBleflt 
Militaire  ,  a  été  reçu  avec  iranfport 
par  tous  les  Ordres  du  Royaume.  M.  Mar- 
monte!  a  déployé  toute  la  pompe  &  toute 
kl  force  de  la  Pocïîc  pour  célébrer  le  bien- 
fait &  la  reconnoillancew  Nous  croyons; 
faire  plaifir  i  nos  Lciîburs  ,  en  leur  coni-^ 
moniquant  un  Ouvrage  que  la  Cour  a  ho^ 
nof é  de  foA  attention  &  de  foa  fuâragpw 


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^Cj;  MERCURE  DE  F-R^AN-GIÊ 


SurrEdif  p9Hr  la  Noblejfe  Militaire..  Par 
Af.  M^rmomeL 

QUë  tu  fçars  bien  ,  grand  Rôi ,  conrcmaer  te»* 
projets  [ 
Terrible  i  tes  rivaux  ,  &  cher  à  tes  fajets , 
Tii  rahienois  lapaix  far  ton  char  de  viékoirc; 
QâemanquoK*  il  encore  â  resv<s(»^  ita<gbire|^ 
D'illuftrer  à  jamais  des  Héros  citoyens , . 
Nés  dans  le  rang  obfcur  de  fimples  Plébéyens  : 
D'attacher  k\tm  fang ,  ignoré  dans  fa  fo^rce , 
Dés  honneurs ,  dont  Téclat  le  fuivîc  dans  facpurfe:  : 
De  défendre  â  la  mort ,  de^éfendre  à  rôubli ,  - 
De  toucher  au  lautier  fur  leurs  frants  ennobli*  - 

Guerriers ,  ne  craignez  plus  que  le  tenift  vous  arra^ 

ch©* 
Le  prix  <fu^à  vos  exploits  un^Hôt  fenfîbic  attachc;- 
6e  prix  inaltérable  ,ain(i  qu'illimiré^, 
Bû  marqué  du  vraiiceau  de  Pimmortalicé. 
ysi  NobkiTe  cft'Tce  prrx.Tont  périr,  tout  fuccomber- 
tc  marbre  eft  mutilé  ,  l^^irain  fe  brife  &-tombe^ . 
Par  l'orgueil  élôvés^,  ces  momimens  pompeux,. 
Gltvrage  des  humains ,  font  fragiles  comme  eux» 
ta.  Nôbleffé  elle  feule  â  chaque  inftant  nouvelle  ;. 
Rènak  de  fe»  débris  plutaugufte  &  pluibelle^ 
£t4^  éclat  pluïpjir^oiaéeea  vieiUiâain',, 


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JANVIER.      175Î.       ^j? 

Toujoart  fon  dernier  âge  eu  le  plus  floriflanr. 
C'cfl  Qo  fouâle  divin ,  qui  paffaot  dans  une  ame  ^ 
De  l'amour  de  la  gloire  y  fair  naître  la  flamme  ; 
Soutient^  élevé  un  cœur  par  le  fon  abbactu  , 
Et  fait  avec  le  fang  circuler  la  vertu  : 
Pareille  à  ces  rayons,  dont  la  chaleur  féconde 
Epure  la  matière  &  ranime  le  monde. 

Le  devoir ,  il  eft  vrai,  (ans  ce  mobile  heureux  ^ 
Pair  d'un  François  obfcur,  un  guerrier  généreux; 
li  puife  la  valeur  dans  les  yeux  de  fon  Maître  ; 
Pour  former  dçs  Héros ,  Louis  n'a  qu'a  parotrre^ 
Son  au  y  digne  héritier  de  toutes  fcs  vertus  , 
Va  du  faDg  d'un  Augufte  engendrer  des  Titus  5 
Mais  fi  jamais  ce  Tionc  éprouvoit^quelquc  orage 
Alors ,  de  ces  guerriers ,  ton  immortel  ouvrage  ^ 
Les  nobles  Rqettons  prêts  à  fe  réunir  , 
R^rodoiroieot  ton  Règne  aux  fiécles  à  venir. 

Quel  plas  fnbHme  accord  its  dcffcins  les  plo^ 

Taftes 
PoBvoit  decc  beau  Règne  éremifer  les  faftes  l 
A  i*immortalité  quel  plus  noble  chemin  ! 
Que  de  Hiros  créésd'utt  fcuUrait  de  ta  main  ! 
Les  biens  multipliés  que  ce  bien  feul  renferme  . 
A  nos  yeux  étonnés  n*ont  ni  nombre  ni  terme. 
G*eft  peu  que  d'enflammer  de  Tamour  de  leur  Roi' 
Ceux  que  le  Cieî  fiic  vivre  on  naîere  fous  ta  loi  r. 
Image  de  ce  Dieu  dont  tu  riens  ra  puiffancc,. 
I^s  fiécte  «cijés  tu  ûanchis  la.diftaiicc^. 


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Si    MERCURE  DE  FRANCE* 

Tu  feoibles^ p^aécref  dan»]»  ntm  an  caho»^ 
Tu  dis  â  Tavcnir  :  Enfante  des  HJros; 
Ec  cel  (|tte  TAigle  alciec  échau&  dans  Ton  aire 
Des  gcnnies  dcftioés  i  porter  le  tonnerre  , 
Pour  former  àcs  guerriers,  ta  puiffance  bonté 
DirpoTe  cet  Eoiprre  i  la  fécondité. 

Ils  naîxront  ces  guerriers  ;  en  ouvrant  la.  paupière 
]e  les  vois  de  l'houneur  cootemplet  la  carrière  : 
Le  zélt  Se  le  devoir  ,  dans  leurs  cœurs  imprimés  ^ 
Annoncent  le  beau  foog  dont  ils  font  animés: 
La  gloire  ci\  leur  inftindt ,  &  l'aéUvc  Nature 
Devance  en  eux  les  ans ,  &  prévient  la  cu^tiue.^ 
Aiiifi  leurs  premiers  pas,  leurs  premiers  fencimeos- ». 
Seront  de  tes  bienfaits  les  premiers  monumens« 
Dé&n&urs  de  l'Eut  >  leur  grandcàr  Sl  la  fienuCi^ 
Ne  feront  q.a'oaiayoa  émané  de  ku  tienne. 

Délices  de  ton  ùéde  &  des  fiécles  futurs , 

Goûte  a^rec  nous  longtems  des  jours  caimes  &  puts*;^ 

C^and  on  fait  des  henceui,  on  e&  digne  de  l'être.. 

Culciive  de  tes  nuins  les  Êrutts  <£ae  ta  fais  naître  ,, 

Et  que  la  terre  envie  ^en  admirant  ta  Loi , 

l^a  tel  Maître  i  ton  peuple  ,  un  tel  peogle  à  Som 


i^ 


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JANVIER.     I75Î.     tf7 
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ 

A  MYLORD   DE  CHESTERFIELD  > 

Bdron  de  Stanope  ^  ChevaUer  de  l'Ordre  dê^ 

UJarretiere^ci'devanà  Viccroi  (ClrUmde^ 

&  Secrétaire  itEtit. 

^/l  Ylotâ  ^  dont  la  fagcffc  en  fuccès  fi  Kconde  ^ 
Pfotcgc  les  Beaux- Axes  &  joint  tous  leurs  tréfocs 
A  ccui  q^ue  la  Tamife  attire  fur  Tes  bords 

Des  plas  lointains  climats  du  monde  i; 
Vous,  qui  mettes  au  rang  de  vos  Concitoyen!. 
Tous  les.  naturels  du  ParnaiTe  > 
Voi3:e  accueil  m'y  donne  une  place 
De  beaucoup  au^^leff^  de  celle  que  j'y  deoe». 

îbtté  dans  inoa  Pays ,  appelté^par  fe  Maître 
f joor  ckanter  Gss  cravauB  on  fès  nobles  plaîfirs , 
Habitant  d*ttne  Cour,  dont  tous  ffavez  pcut-êtrft 
Que  j'ai  depuis  long-tems  aouiré  lès  loifirt  >. 
]e  croyois  n'avoir  pks  à  fermer  de  «kfics  ; 
Votre  lUMn  dans  mon  cœui  eikfait  encoc  renaîtrai 

i*Earope  retentit  d'un^nom  fi  rcfpeôé  , 
L'Angleterre  fe  plaît  d'en  oc ner  fon  Hifh>irei. 
Eh  !  qçd  lieu  plus  fctjilc  en  jHiges  de  la  gloire  h 

Que  la  ?6tre  edt  en  fâreté  • 
^  On  ((ait  que  d^ms  itotre  Bauie  ». 

Qui  relpire  la  liberté  » 
i^ogcn'eft.jamaisrnr£eft  de  flatterie  ». 


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^S    MERCURE  DE  FRANCE.      "■ 

Du  Héros ,  du  Miniflre ,  afleml^Iant  tous  les  fbîoSt^ 
Vous  avez  d'un  grand  peuple  afFermi  la  puiflancc;. 
Nous  vousappIau^/Hons^ors  mdmeque  la  Francir' 
Vous  auroit  fouhaicé  quelques  ralens  de  moins  ^ 
Enfin  entre  eW'tSc  vous  Theurcuft  intelligence 

Rend  l'eflbr  à  nos  fcntimens. 
Les  Mufes  défornïais  partagent  vos  nToit>enSf> 
Ea  mienne  attend  de  v^uf  un  regard  d*indulgcnc«^ 
Ajoutez  Ton  tribut  aux  hommages  divers 

Que  vous  a  rendus  l'Univers , 
iàt  admiration  ou  par  reconnoiflance,-  # 

Soi  y.  Chevalier  de  [Ordre  dn  Koï;^ 

SÉANCE   PDBLIQJJE^/ 

De  l'Académie,  dei.  fi^/b  ;gti{ms  Cr  Belles^ 
Leitres.: 

L'Académie  des  Infcriptions  tint  Cx 
Séance  publique^^  le  i  3  Novembre  ^ 
félon  la  coutume.  Nous  aHons  donner  l'ex- 
trait des  Diflcrcations  très  agréables  Se? 
ttès-curieufes  qui  y  furent  lues. 

ECL  AIRCrSSEMENS 

Sur  les  Ainmies  drEgypte.  Par  M.le  Cûmtm 
de  Cayliis. 

£*ufagc.  des  cmbaumcmcns  a  éié  coto*^ 


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î  A  î^  V  I  E  R.      I75T.      è^ 

Émn  à  plufieurs  Peuples  dé  rAntiquîici 
Hiais  les  Tculs  Egyptiens  paroiffenc  avoir 
I  attcini  le  but  <\\xi\s  s'étoient  propofts.  Fa- 
<  vorifés  par  Taridicé  de  leur  climat ,  ils 
aveicnt  trouve  le  fccret  de  rendre  les  corps 
immortels  5  fccret  ^qu'ils  (c  faifoicnt  une 
Religion  de  cacher  aux  étrangers»  en  foi  te 
que  les  anciens  Hiftoriens  Grecs  Se  Latins 
B  ont  pà  parler  que  très  -  fuperficiclle- 
ment  âes  Murnies  ,  ou  des  embauroemens 
des  corps.  Nous  fommes  redevables  des 
connoiffànces  que  nous  en  avons  à  Tavi- 
xiité  (les,  Arabes,  qui  les  détruifent  tous 
ks  jours  pour  s'approprier  les  amulettes 
qifellés  renferment.  Voici  ce  que  nous 
apprennent  fui  ce  fujet  Hérodote ,  Diodo- 
re  de  Sicile  &  les  autres  Auteurs  anciens 
&  modernes-  On  diftineuoît  trois  fortes 
d^embaucnemens  y  dont  le  plus  recherché . 
s'exécutoit  ainfi. 

Premièrement  on  tiroit  avec  un  fer  obli- 
que la  cervelle  par  les  narines ,  ôc  par  le 
fond  de  l'orbite  de  Tocil.  Après  avoir  vui- 
dé  le  cerveau  foit  par  ces  ouvertures ,  foie 
j)ar  le  moyen  des  drogues  qu'on  introdui- 
loitdans  la  tête  ,  on  ouvroir  le  flanc  avec 
une  pierre  d'Ethyopie  ,  bien  aiguifée  \  6C  ^ 
l'on  tiroit  les  vifcereç,  qu'on  lavoir  avec 
du  vin  de  palmier  ;  après  les  avoir  remis 
jdans  le  corps ,  on  le  laloit ,  en  le  tenant 


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yo    MERCURE  DE  FRANCE: 

pendant  70  jours  dans  le  natron  >  jefpccej 
âc  Tel  alkali  fixe  ,  dont  les  anciens  fe  fe^- 
voient  communément  pour  faire  le  verre  > 
bu  pour  dé^raiffer  &  blanchir  les  étofifes  » 
&  qui  en  s'uniiTant  à  toutes  lesliqueiKS 
iiuileufes  ^  lymphatiques  >  &  autres  graif. 
fcs  ,  produit  fur  les  corps  le  nocmc  clfet  ^ 
iQu'opére  fur  les  cuirs  la  chaux  donc  on  fe 
icrt  pour  les  ranner.  Quand  le  corp^  étoit 
fuffiumment  itnpregné/de  ce  fel ,  on  rem- 
plifloit  la  ccte  ,  la  poitrine  &  le  ventre  de 
matières  réfincufes&  bitumineufes  »  com- 
tnc  de  myrrhe  &  divers  autres  aromates^ 

Le  fécond  embaumement  exigeoit  moins 
dé  dépcnfes.  On  faifoit  dans  le  ventre  d» 
in jeâions ,  dont  la  bafe  étoit  le  natron  dif> 
fous.  Elles  y  féjournoient  jufqu  à  ce  qu'elles 
«uffent  confumc  les  vifccres  ,  après  quoi 
en  faloit  le  corps  avec  ce  même  natron  y  Sc 
on  y  introduifoit ,  pour  le  confervcr  ,  une 
liqueur  tirée  du  cèdre,  connu  par  lesNatu« 
raîiftes  »  fous  le  nom  de  cedria^  Comme  ces 
dernieresinjeâions  occafionnoient  de  nou- 
veaux frais ,  on  les  négligeoit  quelquefois» 
Le  trôifiémc  embaumement  n'étoic 
employé  que  pour  ceux  dont  les  facultés 
n'auroient  pu  fournir  à  une  dépenfe  plus 
confidérable. 

Le  corps  étant  ainfi  préparé ,  on  lut  croî* 
foit  les  bras  fur  la  poitriae  >  oa  Uoit  les 


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1ER.     175 1*      7^ 

:$  ,  ic  pour  le  garantir  <Ie  l'bamtdtté» 

couvroicdcs  rocmcs  matières  réfincu« 

£c   biiuiBÎncures  donc  on  lavoit  rem- 

£li ,  Je  on  les  retenoic  par  le  moyen  des 
andclettes  arrangées  avec  la  même  matiè- 
re ,  ou  fknplemencavccla  gomme  Arabi- 
que ,  ou  gomme  de  Sénégal.  Lorfqu'on 
i}*employoit  pas  les  matières  rcfmeufes, 
on  ajoûtoic  de  nouvelles  bandelettes  ^juf- 
qu'à  ce  qu^on  eût  donné  à  la  Mumie  l*é- 
paiâèur  convenable  :  Ion  y  trouve  quel- 
quefois jufqu  a  mille  aunes  de  bandelettes. 
Après  toutes  ces  opérations  on  mettoic 
le  corps  dans  une  caittè ,  qui  étoit  le  plus 
ibuveot  de  bois  de  Sycomore  ,  qu*on  ap» 
pelle  dans  le  pays  Fieuier  de  Pharaon.  Il 
n'efl  poinr  incorruptible,  mais  dans  un 
pays  aufli  foc  que  l*£gypte ,  il  réllftoit  aux 
imprefiions  de  Tair,  &  les  vers  ne  l'aiment 

S  oint.  On  divifoit  le  tronc  de  Tarbre  en 
eux  parties  )  deftinées  à  former  le  delTus 
8c  le  delTous  de  la  caifTe  \  on  les  creufoit  » 
de  on  leur  laiflbit  quelquefois  jufqu^à  trois 
pouces  d'épaiflcur.  Telle  cft  celle  que  Ton 
çonferve  avec  la  Mumie  dans  le  Cabinet 
(de  Sainte  Geneviève. 

Les  bandelettes  qui  ehveloppent  ces 
corps  ^  £c  les  cailTcsqui  les  couvrent ,  fe 
trouvçnt  quelquefois  chargées  de  figures 
^  d'oroi^nieps  peiacs  ou  dorés.  La  pcitita« 


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*, 


yr   MERGlTREDEFRAKfclB^ 

te  nctï  vaut  rien  >  mais  la  dorure  en  cft  é*-- 
xcllcnic.  Les  Egyptiens  connoiflbicnc  6i 
parfaitemeut  l*  Arc  de  dorer ,  qu'on  trouve 
en  Egypte  des  morceanx  qui  ont  encore, 
tout  leur  éclat ,  &  paroiflent  forcir  de  U 
main  derouvrier. 

On  a  fait  dans  ces  derniers  tems  ua 
:grand  commerce  de  Mumies,  dans  la  ridî»- 
culc  perfuafion  où  l'on  éroit  que  rafphal- 
tum  &  le  piffafphaltum  ,  (jui  entrent  dans 
la  composition  delà  Mumie,pouvoientTer- 
vir  de  remède.  Ce  remède  ctoit  jngé  d'au-, 
tant  meilleur ,  qu'il  étoit  plus  rare,  &  qu*il 
venoit  d'un  Pays  plus  éloigné,  U  eft  à  pré* 
fent  très  difficile  d'avoir  des  Mumies  de  U 
première  main  ,  patÇe  que  la  fupercheric 
àes  Arabes  les  a  prefque  toutes  altérées. 

DISSERTATION.       * 

Dam  U^elle  on  entreprend  de  prouver  que 
de  toutes  les  Langues  que  ton  parle  dSlueU 
lemem  en  Europe  ,  la  Langue  Allemande 
efl  celle  éf  us  conferve  le  plus  deveftiges  de 
fin  anciennetés  Par  M,  Tercier, 

LEs  Romain?,  du  tems  de  la  République^ 
ne  connoiffbient  de  TEurope  que  l'Ita- 
lie ,  la  Grèce  ,  l'Efpagne ,  &  la  partie  mé- 
lidionale  des  Gaules.Lc  nom  de  Germains^ . 
^'ils  donnèrent  à  tous  les  Allemands  > 

étoit 


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1  A  N  V  I  E.R.     I7JI.      7j 

ctoit  nouveau  du  rems  de  Tacite  ,  qui  ne 
connoiflbit  point  leur  vcrirable  nofti ,  mo- 
nument le  plus  incontcftable  de  lancicn- 
iietc  de  leur  Langue.  Ib  fe  nomment  Ten-^ 
tnls  ,  &  c'eft  dans  ce  nom  qu'on  trouve 
leur  culte  le  plus  ancien ,  nom  qu'ils  coa- 
fervent  encore  aujourd'hui. 

Prefque  toutes  les  Nations  donnent  aux 
jours  de  la  fcmainc  les  noms  des  Planètes, 
-ou  de  quelque  Hcros  fameux  dans  leur 
Hiftoire ,  ou  dans  leur  Mythologie*  Les 
Allemands  ont  fuivi  cette  coutume  ,  & 
CCS  noms  démontrent  l'antiquité  de  leur 
Langue  ,  qui  eft  encore  prouvée  par  une 
fameufe  Divinité  de  ces  Peuples.  C'eft  Ir- 
menful ,  révéré  principalement  par  les  Sa- 
xons ,  &  dont  Charlemagne  détruifit  l'i- 
<Jole.  Quelques  Auteurs  croyent  qu'Irmen- 
ibl  eft  Mercure,  fondés  fur  ce  que  tous  les 
Germains  rendoienc  un  culte  particulier 
i  ce  Dieu.  D'autres  penfcnt  qulrmen- 
ful  eft  une  colomne  confacrée  au  Dieu 
Mars.  Il  çft  vraifcmblable  qu'irmcnfui 
n'étoit  autre  chofe  qu'un  monument  élevé 
  l'honneur  d'Arminius,  On  fçait  avec 
quel  zélé  il  défendit  contre  les  Romains  la 
liberté  de  fa  patrie.  Heerman  fignifie  hom- 
me de  guerre ,  icfaul  fignifie  colomne ,  & 
fc  prononce yîi/  dans  le  dialecte  bas-faxon, 
Arminius  n'eft  point  le  nom  propre  de  ce 


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/  ^     &▼«  «^  4,v  v^  vy  L^  «^    A-^  *^    1-  IX  /a  1-^  \^  E,^ 

Général  ,  mais  fon  appcllaiif ,  &  Tiiiàgs 
cft  encore  en  Allemagne  d'ajouter  au  nogi 
propre  de  que^u  un  ,  celui  de  la  dignûé 
dont  il  eft  revêtu. 

On  trouva  dans  Céfar  un  root  cjuî  no 

i)crmct  pas  de  douter  de  l'ancienneté  dç 
a  Langue  Allemande  i  c'eft  celui  à'jimba^i 
cfpécede  Cavaliers,  qui  fcdévouoientaa 
fervice  d'un  Grand ,  &  qui  dans  les  cooi- 
bats  étoienr  toujours  à  Tes  côtés.  Ce  mot , 
qui  aujoqrd'kui  en  Flamand  Çgnifie  on 
corps  de  métier  ,  vient  du  mot  ûmbcchtan  ^ 
fervir,  travailler. 

Tacite  dit  encore  en  parlant  des  Ger* 
mains  ,  in  camm^ns  herttim  ,  id  eft  terram 
matrem  coltmu  Htrthum  ç.  eft  à  peu  près  le 
même  mot  que  Efide ,  le  feul  que  les  Aile* 
mands  ont  pour  désigner  la  terre.  On  trour 
ve  dans  le  mea>e  Hiftotien ,  &  dans  les  aq^ 
ciens  Auteurs  bien  d'autres  mots  qui  (ônf 
encore  eu  ufagc  dans  la  Langue  All^ 
mande. 

Paul  Diacre,dit  des  Lombards >  qu'ils  ha^ 
bitoienr  des  campagnes  ouvertesj  nomméel 
fcld  dans  leur  Langue  barbare.  Ce  moccon^ 
ferve. encore  la  (igniBcation  qu'il  ayoip  da 
tem$  des  Lombards.  L«s  noms  des  difFc'» 
rentes  amendes  impofecs  par  les  Loix  S^ 
liques  des  Allemands  ,  des  Bavarois  &  auf 
1res  de  ce  tcms  éloigaé  >  finiflcnt  toujours 


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1  A  N  V  I.E  R.      i7$i.       7f 

feat  le  mot  gddum  qui  s'cft  confcrvc  ,  & 

?[iii  fignific  largcni  en  tant  que  monnoyc,& 
c  d\igeld.hts  mêmes  formules  contiennent 
deux  modèles  d'Aûes,  dont  le  titre  indique 
la  nature  à  ceux  qui  entendent  TAilemand» 
On  ne  finiroit  pas,fi  l'on  vouloit  rapportée 
tous  les  anciens  mots ,  qui  ayant  encore  la 
même  lignification  en  Allemand  »  prou- 
vent l'ancienneté  de  cette  Langue,  M.  Ter- 
cicr,pour  mieux  faire  voir  rexiftence  de  la 
Langue  Allemande  ,  avaiit  toutes  celles 
qu'on  parle  actuellement  en  Europe  ,  fe 
propofe  de  prouver  dans  de  nouvelles  Dif- 
fcrrations,qu  elle  cft  la  même  que  celle  des 
Scythes  ,  des  Gctes  &  des  Goths. 

DISSERTATION 

Sur  rmliti  de  U  Tragédie  ,  par  Monfieur 
Racine. 

MOnficur  Kacinc  examinant  la  défi- 
nition qtf  Ariftote  donne  de  la  Tra- 
gédie dans  fa  Poétique ,  a  commencé  par 
observer  que  notis  avons  coutume  de  ren- 
dre par  le  mot  terreur  »  le  mot  çal^r,  qui  ne 
veut  dire  que  crdinte  ^  Se  que  tous  les  in- 
terprètes latins  ont  rendu  par  le  mot  meius. 
Anftote  n'a  pu  regarder  la  terreur  comme 
cflcntielle  à  la  Tragédie,  puifque  les  objets 
qui  texcitent  font  i^os^Sc  ne  l'excitent  que 

Dij 


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.-jzsiit-  Les 


^     _-3Ç=ÎK 


arsaë- 


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JANVIER.       1751.      77 

^cxcfjftf&  de  vicieux  ^  &  Us  ramené  k 

m^m  Aëtt  Cêtiformc  k  la  raifon.  Et  qu'cft-cc  que 

La.  pitié  peut  avoir  d'cxccflif  &  de  vicieux  î 

I— *liomiiic  peat-il  être  trop  coropatilTant  ? 

S*il  s'agit  d'exciter  en  lui  une  crainte  & 

YHie   pitié  conformes  ï  la  raifon  ,  quelle 

p%éce  plus  propre  qu'Athalic  ,  qu'Ariftotc 

CDcpeodant  eût  à  peine  nommée  Tragédie  , 

Se  n*cût  mife  que  parmi  celles  du  (ccond 

X2Uig ,  parce  que  la  cataftrophe  cft  favora- 

l>le  aux  bons  ,&  funcftc  aux  méchans  \  ce 

<]oi  ,  feloo  lui ,  remet  Tame  dans  la  tran- 

^ailliré  ? 

Enfin  ,  continue  M.  R,  pourquoi  cher- 
cher à  iDodérer  dans  les  hommes  les  deux 
paillons  ,  les  plus  propres  à  nous  rendre 
doux  &  charitables  ?  La  Nature  nous  a 
donné  un  cœur  toujours  prêta  s'attendrir 
fur  les  malheurs  de  nos  femblables.  Les  lar- 
mes que  nous  font  verfer  des  fiâions  9 
prouvent  quelle  eft  notre  fcnfibilité.  Vou- 
loir purger  en  nous  la  crainte  &  la  pitié  , 
c'cft  vouloir  émoudèr  les  deux  aiguillons 
de  lavcrtu. 

L'objet  de  la  Tragédie  ,  fuivant  qtsel- 
qucs  interprètes  d'Ariftote  ,  eft  d'endurcir 
nos  cœurs  ,  &  de  nous  accoutumer  par  U 
vue  de  nos  mifcres  à  les  fupporter.  M.  R, 
répond  qu'on  ne  voyoic  fur  le  Tliéatrc 
d'Athènes  qaioceftes  &  parricides  ,  & 

Diij 


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78    MERCUREDE  FRANCE. 

que  parconféqucni  lobjct  des  Poëres  n'c- 
toit  pas  de  nous  accoutumera  des  malheurs 
qu'on  voit  rarement  arriver  fur  le  Théâ- 
tre de  la  vie  humaine. 

Néron ,  qui  aimoit  les  Tragédies  ,  s'y 
lairtoit  fans  doute  attendrir.  Quelle  gloire 
pour  la  Pocfie  ,  de  faire  entrer  la  pirié 
dans  le  cœur  de  Néron  l  Etoit-ce  pour  en 
purger  ce  cœur  ^&  pour  l'endurcir  ? 

Alexandre,  Tyran  de  Pherés,  fc  fentanc 
ému  par  une  Tragédie  ,  fortit  en  difanc  , 
qu*il  étoic  honteux  de  pleurer  les   mal- 
heurs d'Andromaque  ,lui  que  les  malheurs 
de  Ces  fujets  n'attendriflbient  pas.  Puifquc 
la  pitié  excitée  par  une  Tragédie  a  pu  inf-, 
pirer  cette  réflexion  à  un  Tyran  ,  elle  pou- 
voir peu  à  peu  le  ramener  an  bien.  Les 
Poètes  ,  loin  de  fonger  à  nous  endurcir  , 
doivent  travailler  à  nourrir  &  augmenter 
en  nous  cette  fenfibilité  ,  qui  nous  porte  à 
des  aâiiojis  eftinrables  ;  quand  ils  nous  font 
verfer  des  larmes  fur  des  objets  dignes  de 
larmes  ,  ils  excitent  en  nous  une  tendrelfè 
qui  nous  fait  honneur. 

M.  R.  ne  peut  donc  croire  qu'un  auflî 
grave  Philofophe  qu'Ariftotc  ait  penfé  ce 
qu'on  lui  fait  dire  ordinairement  -,  il  aime 
mieux  croire  qu'en  cet  endroit  fon  texte  cft 
corrompu  ,  &  il  n'eftpas  étonnant  que  fer 
écrits  foient  venus  jufquâ  nous  très  défec* 


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JANVIER.     1751-        19 

Wcux  ,  puifqa'ils  rétoicnt  déjà  quand  Syl- 
la  ,  qui  les  trouva  à  Athènes  >  les  fie  ap- 
porter à  Rome. 

Les  mots  de  TEnigme  &  des  Logogri* 

phes  du  fécond  volume  de  Décembre  lonC 

la  bouteille  de  favon ,  caravane ,  co^aillage  , 

Vielence  &  le  Mercure.  On  trouve  dans  le 

premier  Logogriphc  car ,  ane ,  rave ,  arc  , 

cane  ,  ancre  ,  cave ,  Carme ,  Cana,  avare  , 

crâne  ^  nacre  ^  ver ,  jûare.  On  trouve  dani 

le  Tecond  r^f ,  ean ,  Z«r ,  Uce ,  4/g/r  ,  ^/7/.'  » 

JE/ài ,  7(7, 4/7 ,  colicjuey  licou ,  C/>/ ,  âge ,  I#/<i, 

coquille ,  /^  ,  c/o«  ,  (juitle  ,  L«(r^  ,  f />  ,  catl-- 

lou^  col ,  loge ,  <!fî/f ,  (74'^^,  On  trouve  dans 

le  troifiéme  Noé^vin^vélin ,  Lion ,  v/^/ ,  vie , 

v/Vtf  j  C/r/,  Im  ,  E(?/r ,  ^/o^r^  ,  Elie  ,  t//a/f  , 

coin ,  C/^^^  ,  ri/  des  yeux ,  cïf ,  Uce  ,  t/^;7tf  , 

o//V^,  Eve  ^vol  9  loi ,  cene^  once  ,  œil ,  oui^ 

oncle  &  nièce  ^  Nil ,  Nice ,  Ino ,  C//a ,  CoHn^ 

On  trouve  dans  le  quatrième  mer  1  riim^  ^ 

crime  ^mnr  fie  rri^w^ 


%^ 


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8o   MERCURE  DE  FRANCE, 


D 


ENIGME. 


E  la  Nobleffc  fort  chéris  , 
Nous  portons  pour  livrée  &  le  jaune  &  le  gris. 
L'amitié  chez  nous  eft  fi  grande , 
Que  l'on  nous  voit  prefque  toujours  en  bande; 
On  ne  fait  prefque  point  de  bons  repas  fans  nous; 
Cependant  un  deftin  jaloux 
A  permis  que  nos  amis  même , 
Nous  moleftent  fans  ceffe  ,  &  qu'en  butte  i  leur» 
coups  y 
Nous  ne  refpirons  qu'au  Carême. 


I 


DeteronnCy  /^  14  O^obre  X750. 
^  V  T  K  E. 


£  tiens  par  fois  fans  droit  &  fans  raifon  » 
Bons  &  mauvais  en  étroite  prifon  ; 
Et  néanmoins  aux  homme&  très  utile. 
Je  fuis  d'ufage  aux  champs  comme  à  la  ville* 
Depuis  (^ent  ans  des  fujets  vertueux 
Me  font  l'objet  d'un  travail  frué^ucux. 
Même  pour  moi  Ton  foulîrc  en  Amérique  ; 
Chaffe  nuifible  à  la  chofe  publique, 
pour  mon  fouticn  j'ai  deux  corps  de  métiers , 
5t  j'y  nputiis  tiavailleurs  â  milliers. 


,;  Google 


i 

JANVIER.     175  t.     Si 

ENIGME    JRREGVLIERE, 


On  nom  cft  Grec ,  non  pts  tiré  du  G  tcc  pu 
force . 


M 

Par  le  fecours  d'une  fçavante  cntarft  ; 
Mais  Grec ,  purement  Grec ,  &  tel  que  Cafaubo», 

Les  deux  Scaligers  &  Saunvaife , 
Epris  d'amour  pour  moi  fe  feroient  pâmés  d'aife 

En  foupirant  pour  ce  beau  nom. 
S'il  m*cdc  manqué,  réduite  i  me  fournir  en  France; 
3*cn  avois  fous  ma  main  un  autre  affcz  heureui  » 
Qui  des  fiécles  naiflans  retrnçoit  l'innocence  , 
Les  plus  tendres  liens ,  les  plus  aimables  jeux , 
Charmes ,  qui  de  nos  jours  s'en  vont  en  décadence,' 
Au  défaut  des  deux  noms ,  il  me  feroit  refté 

Une  figure  fi  parfaite  , 
Que  je  pouvois  en  toute  fdreté , 

Etre  Machurine  ou  Colette. 

Par  M.  de  Fontenellè. 

LOGOGRIPHE. 

U  Ix  membres  réunis  forment  mon  exiflence^ 
On  y  voit  un  poiflbn ,  une  Ville ,  un  oifcau  ^ 
Ce  qu'une  femme  porte  en  guife  de  manteau  | 

Ce  dont  un  tout  tire  (à  confiflance  5 
!Un  fruit ,  un  Elément ,  un  péché  capital; 
Un  animal  immon^ie,  un  précieux  métal; 
ffû  vafc  4e  £iyance  ^  ou  bien  d'autre  maLcieec; 

Dv 


,y  Google 


IL 


Sx    MERCURE  DE  FRANCE^ 

Ce  qui  réduit  le  tabîc  en  pouffiere  ; 
Ce  que  l'on  trouve  au  corps  humain  ; 
Infin  ee  <\'à*â  fouvcnt  un  joueur  â  la  main. 
On  dit  que  je  renferme  cncor  quelque  myftcref 
Lecteur ,  c'eft  votre  tour  j  il  eft  tcms  de  me  taire; 

NOUVELLES   LITTERAIRES^ 

Et  TRES  de  Ninon  de    Lcnclos  y 
traduites   en  Anglois   ,    à   Landrts 
1750. 

Ces  Lettres  ont  eu  en  France  une  de(H- 
HCC  Ç\  brillante  ,  qu'il  n'étpit  pas  paifible 
qu'elles  jn'cxciraflcnt  la  curiofitc  de  nos 
voifiaSi&  des  Anglois  finguliéremenr. 
Cette  Nation ,  qui  n'accorde  guércs  fou 
cftime  qu^à  des  Ouvrages  pcnfés ,  a  adap- 
té celui-ci  :  c'eft  l'avantage  des  Ouvra- 
ges réfléchis  de  pouvoir  être  traduits ,  & 
de  plaire  dans  toutes  les  Langues  &  i. 
tous   les    peuples,    La  nouvelle   édition 

3u*on  prépare  de  ces  Lettres  ,  .&  qu'ont 
it  fort  pcrfcdtionnéc  ,  viendra  très-biea 
avec  la  vie  de  Mademoifellc  de  Lcnclos. 
On  nous  à  fait  Thonneur  de  nous  con> 
muniquer  quclqucs^cndroits  de  cotte  HiC^ 
oirc  tout-à-fait  piquante::  nous  7  avons 
rouvé  des  recherches ,  du   ftyle ,  des  ré- 


,y  Google 


J  AN  V  lE  Rw     1X51-     1^ 

Acxions  fines  >  de  la  philofophie  :  l'Au- 
teur nous  a  paru  avoir  fait  pafTcr  dans 
fort  Ouvrage  la  douceur  de  (c$  mœurs  > 
&  ks  agrémens  de  (on  efprir. 

Histoire  des  Négociations  &  du  Trai« 
té  des  Pirenées  >  i  /Imfterddm  chez  Guy  % 
&  fc  trouve  i  Péris  chez  Brinjfon  ,  /»- 
II.  !•  vol.  1750. 

L'Htftoire  des.gucrres  qui  ont  précédé 
ce  Traité,  çft  étranglée,  &  trop  féche  dant 
le  livre  que  nous  annonçons  ;  nous  n'jr 
avons  trouvé   d'écrit  avec  foin  &  avec 
quelque  étendue  ,  que   la  bataille  des 
Dunes.  Mais  la  partie  politique  >  qui  eft 
la  partie  elTentieile  de  fOuvrage  ,  nous  a 
paru  très-bien.   Les  intérêts  des  PuilTan- 
ces  contraâantes  font  bien  expofés  \  le 
but  qu'elles  fe  propofoicnt  bien  vu  s  les 
reflTorts  qu'elles  faifoient  agir  pour  y  ar- 
river ,  bien  développés  j  le  génie  des  Né- 
gociateurs bien  peint  :  parmi  les  Hidoires 
modernes ,  on    auroic  de  la  peine  à  en 
•trouver  une  feule  où  il  régnât  plus  d'im- 
partialité. Le  (lyle  eft  clair  ,  facile  ,  & 
îans  prétention.    Cette   nouveauté  peut 
être  regardée  comme  une  fuite  de  l'excel- 
lente Hiftoire  de  la  paix  de  Veftphalie. 
Traduction  de  l'Orateur  de  Ciecroii 

avec  des  notes ,  par  M.  l*Abbé  Colin  ,  non- 
'  ircllc  édition.^  Paris  chez  de  Bn^e  Taîné, 

D  vj 


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84   MERCURE  DE  FRANCE; 

Quay  des  Auguftins  1751.  i-  v.  in-izZ 
Le  Volume  que  nous  annonçons,  pre- 
fente  trois  objets  d'une  grande  utilité. 
I®.  Une  tradudion  extrêmement;  cxaâ:c 
&  aflcz  élégante  de  l'Orateur  de  Cice- 
ron,  1**.  Trois  difcours  couronnés  à  l'A- 
cadémie Françoife,  fortement ,  mais  quel- 
quefois un  peu  durement  écrits.  }**.  Une 
longue  prérace  qu'on  peut  regardée  com- 
me une  fort  bonne  Réthorique  débarraf* 
fée  des  puérilités  dont  on  fatigue  les 
jeunes  gens  dans  les  Collèges.  Nous  ofons 
fortement  exhorter  les  Maîtres  à  arracher 
des  mains  de  leurs  élèves  ces  rapfodies  pé*- 
dantefques  qui  les  dégoûtent  des  fciences, 
&  à  les  nourrir  de  la  Içdure  de  Quia- 
rilien  ,  de  Rollin  ,  de  l'Abbé  Colin  ,  &c. 
Capitulation  harmonique  de  M.  MuU 
dcner ,  continuée  jufqù'à  prefent  :  ou  Tra* 
dudion  exaftcment  littérale  &  mot  pour 
mot  i  &  concordance  générale  de  toutes 
les  Capitulations  des  Empereurs  ,  depuis 
&  compris  Charlc-Quint ,  jufques  &  conv-» 
pris  l'Empereur  Français  I ,  adtuellemenc 
régnant,  A  Paris  chez  Hyppolite  Louis 
Guérin  ,  rue  S.  Jacques ,  in-^.  1.  v. 

Le  titre  de  l'Ouvrage  en  annonce  le 
plan  &  rimporcance  ,  c'cll  une  traduc- 
tion exade  du  pade  que  les  Elcâieurs, 
tant  en  leur  nom  qu'en  celui  de  tous  les 


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JANVIER.     1751.       85 

Etats  de  TEmpirc  ,  font  avec  un  Roi  des 
Romains  lors  de  fon  élcftion.  Ce  padc, 
dit  l'Auteur  ,  cft  réciproque  de  la  parc 
des  Etats  de  TEmpire  qui  le  propofent , 
&  de  celle  du  Roi  des  Romains  défigno 
qui  l'accepte  ,  &  qui  eft  tenu  de  le  con- 
firmer par  un  ferment  folemnel  avant  fon 
couronnennent.  Il  renferfloe  les  conditions 
de  1  elcdion ,  la  portion  d*autorité  que 
les  Etats  cèdent  au  nouveau  Roi ,  &  les 
régies  qu'il  doit  fuivre  pendant  le  cours 
de  fa  régence.  Il  devient  ainfi  récipro* 
ment  obligatoire ,  tant  pour  l'Empereur 
que  pour  les  Etats  ,  &  il  prend  force  de 
Loi^tant  pour  le  Chef  que  pour  les  Mem- 
bres de  TEmpire.  Il  ne  contient  pas  ce- 
pendant cous  les  cas  qui  peuvent  furvenir 
dans  les  affaires  Eccléfîaftiques  &  Séculier 
res  ,  de  police  &  de  guerre.  L'Empire  a 
pour  chaque  objet  en  particulier  des  Loix 
qui  rendroient  fon  Gouvcrnenfïcntdcs  plus 
lages  &  des  plus  heureux  ,  fi  elles  éioicnc 
toujours  fidèlement  obfervées.  Mais  la 
Capitulation  d*cleélion  cft  comme  le  pré- 
cis des  autres  Loix  ;  &  tons  les  refcrits 
qui  concernent  le  Gouvernement  s'y  iroU'- 
venc  réunis  comme  dans  leur  centre  com- 
mun.On  voit  dans  d'autres  Royaumes,des 
exemples  de  tran(aftions  entre  ceux  qui 
clifcac  Se  le  Prince  qui  eft  élu  >  on.  lui 


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%â  MERCURE  OE  FRANCE. 

Éaic  jurer  robfervation   des   Loix  faire» 
fous  fes  Prédcceltèurs  ^  ou  bien   on  hit 
prcfcric  de  nouvelles  obligations  relatives 
à  de  nouvelles   cirçonftances  y  attendu 
que  les  variations  continuelles  des  Erat$ 
fonr  toujours  naître  des  événetnens  im« 
prévus  ,  particulièrement  dans  ceux  où  la 
puiffancc  fouveraine  cft  partagée.    Mais 
toutes  ces  fortes  de  conventions  ne  peu- 
irent  en  aucune  manière  être  comparées 
avec  celle  qui  fc  fait   en  Allemagne    à, 
chaque  éleûion^  Aucune  République  ne 
peut   être  auflS  comparée  avec  le  Corps 
Germanique.  On  peut  voir  dans  un  dif- 
cours  préliminaire  qui  eft  à  la  tète  *  du 
Livre   que  nous  annonçons  ,  nn  Tableau 
très-bien  fait  de  la  Conftituiion  du  Gou- 
vernement d^Allemagne  :  c'étoit  une  in- 
troduftion  prefquc  ncccflaire  i  la  kâiurc 
des  Capitulations.  M.  de  la  Chapelle  eft 
Auteur  de  cette  Traduction :c*eft  un  homnxc 
poli ,  doux ,  modcfte  y  un  homme  profond 
dans  la  connoiffance  des   Langues  ,   de 
THiftoire  ,  du  droit  public,  de  la  poUti- 
que  -,  un   homme   propre  à  tout   &  qui 
nafpire  à  rien. 

Mures  A^menii ,  GaWce  ^  les  Hermines* 
Carmen ^Antore  AngeloKw&n  ,  Salonicenfi. 
Parifiis.  Thibout.    1750. 

lx%  Penfionnairçs  du  Collège  de  Louis 


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JANVIER,      ijfu      %7 

le  Grand  ,  féconds  en  p&cnoméncs  lit-» 
céraircs  ,  donnèrent  il  y  quelques  années' 
les  Poëfies  dé  trois  ou  quatre  jeunes  Cbi^ 
Dois  s  lis  nou9  donnent  aujourd'hui*  lor 
Poëme  d'un  Acs  Orientaux  que  Sa  Ma« 
jefté  fait  inftruire  dans  tes  Langues  Sça« 
Tantes.  Cet  Ouvrage  a  toutes  les  qualt*' 
tés  qui  cacaâérifent  les  premières  produC'^ 
rions  d'une  Mufe  naiffante  »  de  la  facili- 
té ^  de  t'aifance  ,  pas  toujours  aflez  de 
correâion ,  quelquefois  même  àcs  défauts 
de  Grammaire  »  qui  font  d'autant  plu» 
excufables  dans  un  jeune  Poète  »  que  le» 
Mbitres  de  l'Art  j  les  Bonnefons  »  les  la 
Rue  ,  les  Polignac  ne  les  ont  pas  toujours 
évités.  Le  fujet  que  TAuteur  a  choifi  pa- 
f  oît  avec  toutes  les  grâces  de  la  nouveau^ 
tcs'û  chante  les  Hermines  y  qui  C<^nt  une 
partie  des  richeSes  &  des  ornemens  de 
Ion  Païs;  leur  origine,  leurs  mœurs,  la  ma- 
nière de  les  prendre  ,  leurs  ufages  utile» 
&  glorieux.  Entrons  an  peu  dans  le 
dératl. 

Thémis  tremblante  â  la  vôc  des  Gcans, 
déferre  avec  tous  les  Dieux  l'immortel 
féjour.  A  leur  exemple  ,  elle  cherche 
tinc  retraite  afltûrée  dans  le  corps  de  quel- 
que animal.  L*Herminc  a  la  préférence, 
&  la*  Déeffc  ,  par  reconnoiffàncc  ,  veut 
qu'elle  foie  le    fymbole  de  la  candeur. 


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se    MERGÛRBDE  FRANCE. 

&  qu'elle  décore  les  Juges  intégres ,  pro- 
tecteurs de  rinnoccnce.    Après  cette  fic- 
tion ingénieafe  vient  le  détail  des  moeursy 
il  cft  à  peu  près  le  même  que  celui  que 
nUuftrc    Mé   de   Maupertuis    vient     de 
nous  donner  dans  les  Mémoires  de  Ber- 
lin. Le  climat  qui  met  tant  de  différence 
dans  le  cara6fcérc  des  hommes ,  n  en  mec 
aucune  dans  celui  des  Hermihes  d*Armé- 
nie  Se  de  Laponie  \  les  unes  6c  les  au- 
tres mènent  une  vie  erranre  &  vagabon- 
de elles  aiment  les  lieux  deferts  y  &  tan- 
tôt dans  les  forêts  ,  tantôt  fur   le  bordl 
des  rivières ,  elles  trouvent  leur  nourri- 
ture dans  les  fruits  de  la  terre  ,  au  dans 
la  pêche  du    poiflon    qu'elles    prennent 
avec  une  dextérité  merveilleufe.  L'Hy  ver 
termine  leurs  courfes ,  &  elles  attendent 
dans  un  tranquille  repos  le   retojir  de  la 
belle  faifon.  Le  Poëtc  tire  de  ces  mœurs 
un  Tableau  naturel  des  vices  &  des  ver- 
tus de  la  jeunefle. 

La  manière  de  les  prendra,  n'eft  pas 
moins  curieufe.  On  peut  les  pourfuivre  à 
la  chaffc ,  ou  les  faire  tomber  dans  des 
pièges  qu'on  leur  tend.  Un  autre  artifice 
plus  fingulier  &  aufli  fur  ,  c'cft  de  mettre 
un  peu  de  boue  à  louverture  du  trou  où 
elles  fe  retirent ,  aullî-tôt  elles  tremblent, 
elles  frémiffeat  ,  elles  demeurent  interdi- 


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JANVIER.     1751:       8> 

tes ,  &  aiment  mieux  monrir  que  de  rcrnic 
Téclat  de  leur  blancheur  en  franchiffant 
cet  obftacle.  Cette  fingularité  a  fourni  i 
une  des  plus  belles  Provinces  du  Royaume 
Ùl  Devise  ,  potius  mori  ,  ijuàm  fœdari.  Le 
Pocce  la  propofe  à  toute  la  jeunelTe  ,  qui 
tire  Ton  plus  grand  luftre  de  la  candeurSc 
de  l'innocence, 

L'Hermine , jufqu'ici l'objet  de lamufc- 
ment  &  du  plaifir  »  devient  plus  intére{^ 
fante  par  les  avantages  qu'elle  procure* 
Confacrée  en  quelque  fa^on  après  la  mort  » 
elle  paUe  dans  les  Temples  ,  &  diftinguc 
les  Miniftres  les  plus  aflidus  des  Autels. 
Toujours  amie  de  la  grandeur  ,  elle  figure 
dans  les  plus  riches  nabillemens  avec  l'or 
&  les  pierreries.  On  lui  fait  même  l'hon- 
neur de  la  prendre  pour  récompenfe  de  la 
fcience  &  des  talens.  Et  jamais  la  belle 
Hippodamie  ^  ou  les  immortelles  Couron- 
nes d^Olympie  ne  furent  difputces  avec 
tant  d*ardeur  que  raugufte  fourure  des 
DoAcurs.  De  la  condition  privée  ,  l'Her- 
mine s'élcve  jufqu'au  Trône  ;  elle  décore 
tout  ce  qui  en  approche,elle  rehauflc  même 
la  Majcfté  de  la  pcrfonne  facrée  des  Rois. 
Enfin  la  Nobleflc  lui  érige  un  éternel  tro- 
phée dans  les  Armes.  L'Auteur  tire  l'ori- 
gine de  cet  ufage  d'un  trait  de  l'Hiftoire 
de  Bretagne   >   qui    fent   aa   peu    i^ 


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^o   MERCURE  DE  FRANCE. 

fiâion  ,  mais  qui  n'en  eft  pals  moins  agrcâ* 
blc  en  Poëfie.  La  Pièce  acvoit  narurcilc-* 
ment  finir  ici  >  mais  les  Hermines  qui  cou- 
vrent le  Tombeau  de  Louis  XIV.  font 
fouvenir  le  Poète  des  vertus  &  des  bien* 
faits  de  ce  Monarque ,  qui  au  commen- 
cement du  fiécle  fonda  l'éducation  gra- 
tuite de  ces  jeunes  Orientaux  :  il  Icu^ 
paye  le  tribut  de  louanges  qu  il  leur  doit  * 
Se  ne  fc  confolc  de  la  perte  de  ce  Roi 
Bienfaifaritjjcju'en  fe  rappellant  les  gran- 
des qualités  de  Louis  le  Bien- Aimé ,  héri- 
tier de  fon  Trône  &  de  Tes  vertus. 

Telle  eft  l'économie  de  cette  Pièce  in-* 
gcnieufe  ,  qui  paroît  fous  les  aufpices  dd 
M,  Rouillé ,  Secrétaire  d'Etat ,  ayant  le 
Département  de  la  Marine.  L'édition  en 
•ft  fort  élégance  s  elle  eft  ornée  de  Vi- 

fiettes  qui  ont  rapport  à  la  (ituation  dt 
Auteur  ,  au  fujet  de  fon  Poeriie ,  &  a 
l'illuftre  Mécène  à  qui  il  eft  dédié  -,  mais 
dont  fa  modeftic  n'a  pas  permis  au  Poète 
d'exprimer  dans  une  Epîcre  préliminaire 
tous  les  fentimcns  de  fon  cftime  &  de 
fa  reconnoiffanceé 

Le  Spectacle  de  l'Homme.  ^  Paris 
chez  BrUfon^ïMt  S.  Jacques,  xyyi. 

L'objet  de  cet  Ouvragé  ,  qui  paroîtrà 
par  Cahiers ,  eft  de  détromper  les  Pyrrho- 
niens  ou  Sceptiques)  de  confondre  les 


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J  A  N  V  ï  È  R.    î7ji;     $• 

• 

Epicuriens  ;  d'inftruirc  les  Déîftcs  ;    de 
confondre  les  Athées.  C'cft  une  trèsbcUcf 
cmreprife ,  &  l'Auteur  nous  paroîc  fort 
capable  de  la  bien  exécuter.  Nous  ofons 
Icxhoner  à  ne  point  adopter  d'hjrpotéfes  | 
a  être  plus  dimcik  fur  le  choix  de  fes 
preuves  5  à  prcfler  un  peu  plus   fes  rai-* 
îonnemens  »  &  à  faire  fentir  davantage 
la  iiaifon  que  les  matières  ont  entr'elles. 
Mémoire  fur  l'Horlogerie  ,  contenant 
diverfes  remarques  fur  les  Ouvrages  &  Ic^ 
Prétentions  de  M.  R.  175  c.Brochure  in-  4*^^ 
^  Parisy  chez  Guerin,  Hndrt^  Jomheri^  Sec, 
L'Horlogerie ,  fi  négligée  autrefois  en 
France ,  y  a  fait  depuis  quelque-tems  des 
progrès  fi  rapides ,  que  nous  fommes  att- 
(orifés  à  regarder  fans  injuftice  nos  Hor« 
légers  >  fingulierement  M.  Julien  le  Roy  » 
&    quelqu  autres  »  comme   les   premiers 
Horlogers  de  l'Europe.  Cette  perfuafion» 
qui  nous  paroît  très-répandue  même  chez 
nos  Voifins  ,  n*a  pas  empêché  un  Hor- 
loger étranger,  nouvellement  fixé  à  Paris  , 
de  traiter  nos  Artiftes  avec  mépris.  L'aîné 
des  fils  dc[  M,  Julien  le  Roy ,  Auteur  du 
Mémoire  que  nous  annonçons  ,  démontre 
à  ce  que  nous  croyons ,  que  M.  R.  veut 
battre  fes  maîtres  »  &  qu^il  n'a  rien  de  bon 
qu*il  n'air  emprunté  de  nous.  Ce  Mémoire 
nous  a  paru  plein  de  lumière  ic  de  fageSe^ 


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^i    MERCURE  DE  FRANCE.: 

Le  Triomphe  Littéraire  de  la  France ," 
Poème  Italien  ^  dédié  à  M.  le  Marquis  de 
Piiyfieiilx  ,  Miniftre  &  Secrétaire  d'Etat- 
A  Paris  chei  Chanbert ,  &  à  Avignon  chez 
GiroHt, 

M.  TAbbé  Venmi  qui  a  paiTé  pluficur* 
années  en  France  ,  prêt  à  retourner  en 
Italie  ,  où  l'Empereur  Ta  nommé  à  la  pre- 
mière place  de  l'Eglife  de  Livourne  ,  a 
voulu  donner  un  témoignage  public  de 
l'eftime  qu  il  a  pour  la  Nation  Françoifc  , 
en  célébrant  dans  un  Poëme  Italien  la 
plupart  des  hommes  de  Lettres  de  France  , 
aftuelleraent  vivans.  Le  ftyle  de  cet  Ou- 
vrage nous  a  paru  noble  &  poétique  j 
mais  les  louanges  y  fonr  quelquefois  pro- 
diguées à  des  hommes  très-médiocres.  Elles 
font  ingénieufcmcnt  tournées  •,  mais  les 
mêmes  tours  reviennent  fou  vent.  Nous 
traduirons  feulement  quelques  Vers  pour 
donner  une  idée  du  relie. 

Quel  cft ,  (  dis- je  à  la  Renommée  ,  ) 
ce  Vieillard  dont  la  tête  augufte  eft  ceinte 
d'une  double  Couronne?  C*eft  Fonterielle  , 
m^  répondit-elle  ;  les  collines  &  les  val- 
lons raifonncnt  encore  des  doux  fons  de 
fa  Mufette.  Ceft  lui  qui  par  des  routes 
inconnues ,  a  conduit  à  la  Cour  les  Ber- 
gers de  la  Seine  ;  nous  le  verrons  enco- 
re plein  de  force  &  de  vigueur ,  dévoi-^ 


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JANVIER.      1751.      91 

ier  les  fecrecs  de  la  Nature  ;  contempler 
les  A(lreS)&  apprendre  aux  hommes  à  roé- 
prifcr  la  mort. .  Je  vis  Arrouet ,  l'honneur 
de  la  Pocfie  Françoife  ,  d*un  vifage ,  tan<* 
tpt  riant ,  taniôr    févére.    Son    courage 
réleva  le  premier  aux  plus  grandes  en- 
treprifes  ;  les  fonsliarmonieux  de  fa  trom-* 
pette  remplirent  l'Univers  d'étonncmenc 
&  d'admiration  :  ils  pénétrent  jufqu'aux 
Champs  Elizéens  ^  Homère  >  Virgile  >  Sta« 
ce  ,  Milton  ,  Camoëns  »  Ariofte  &  le  Taf- 
fe  prêtent  une  oreille  attentive.  Infatia- 
ble  de  gloire  ,  tantôt  il  chaude  le  Cothur* 
ne  ,  tantôt  il  raconte  les  Aftions  de  TAle- 
xandre  du  Nord ,  tantôt  il  niefure  avec 
Newton  Timmenfiié  de  rcfpacc  . . .  maii 
qui  me  donnera  afTez  de  force  8c  de  vi« 
gueur  pour  célébrer  cet  homme  dont  l'A- 
quitaine s'honore  ,  &  que  rUnivets  révè- 
re? Ah  l  fî  Rome  eut  eu  dans  Ton  fein 
un  Sénateur  Ci  fage  >  la  liberté  n'eût  pas 
fuccombé  fous    \^   tyrannie  *,  mais  plus 
durable  que  la  Roche    Tarpeïenne ,   le 
nom  de  Montefquieu  vjvra  tant  que  Thé- 
mis  diâera  Ces  Loix  ^px  François ,  tant 
que  les  Dieux  immortels  accorderont  aux 
hommes  le  dàn  de  peu  fer. 

Aluanach  DE  Table  pour  l'année 
1751  »  contenant  un  détail  exaâ;  de  tout 
ce  qui  fert  à  la  vie  de  l'homme  &  à  la  bonr 


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94-   MERCURE  DE  FRANCE: 

ne  chère  ,  dans  chaque  faifbn  de  l'année». 
^  Paris ,  chc;s  la  veuve  Pifot ,  Quai  de 
Conri. 

Nous  annonçons  w%  honnêtes  gctis  que 
ce  titre  pourra  réveiller ,  qu'il  eft  rempli 
i8c  fori:  bien  rempli*  On  a  mis  à  la  tête  do 
l'Âlmanach  une  Préface  qui  eft  très-plai- 
ûntc  &  qu'il  faut  lire. 

Dissertation  fur  laQucftion,  lequel 
de  l'homme  ou  de  la  femme  eft  plus  ca- 
pable de  conftance  ;  ou  la  Caufe  des  Da« 
mes  y  (butenue  par  Mademoifelle  Archam^ 
tauU ,  de  Laval ,  Bas-Maine  ;  contre  M. 
'^  *  *.  &  M.  L.  L.  R.  Ji  Paris  chez  h 
veuve  Pifat ,  Quai  de  Conti ,  &  J*  BffUot , 
rue  S.  Etienne  des  Grès.    17^0^   in-iz. 
C'cft  Mademoifelle  Archambault  qui 
cite ,  qui  raifonnp  &  qui  dit  de  jolies 
ichofes  dans  cette  difpuce:  fes  adverfai* 
res  n*y  ont  mis  d'efprit  que  ce  qu'il  en  fal^ 
Joit  pour  faire  briller  le  fien. 

On  vient  de  donner  une  Edition  tout>* 
i-fàit  élégante  des  Mémoires  pour  fer* 
vir  à  i'Hiftoire  de  Brandebourg.  Nous 
rendrons  compte  incc0amment  de  ce  bel 
Ouvrage. 

DETAiJts  Militaires^  dont  la  connoif- 
fance  eft  nécçffaire  à 'tous  les  Officiers  & 
principalement  aux  Commiffaires  des 
Cucrrcs^par  M,  çic  Chenncvicres^CotBr 


>y  Google 


I 


lER.      175 1*       9f 

miflàirc  Ordonnateur  ^  &  premier  Coni« 
mis  de  1^  Guerre»  ui  Paris ,  chez  Jombert  ^ 
roc  Dauphine  ,  &  k  FcrfiùUes ,  chez  Fonri» 
mer  yXVLQ  d'Anjou»  1750^4  v.  in^\%. 

C*eft  de  l'économie  "que  dépend  pre(^ 
que  toujours  le  fuccès  de  b  guerre  >  die 
M.  de  Chennevieres  >  dans  la  Préface  dç 
fon  Livre  >  qui  cft  bien  éprice  ;  l'habiletç 
du  G(ênéral  &  la  valeur  ties  Troupes  dét» 
cidear  de  la  viAoire  s  piais  c'eft  la  bon- 
ne adminiftration  qui  prépare   les  pre- 
miers œojrens  de  faire  des  conquêtes  ,  Çc 
[ui  en  aflûre  la  confervation.  Pu  tenu 
es  Grecs  &  des  Romains ,  le  gain  d'une 
bataille  ouvroît  au   vainqueur  un  pay^ 
immenfe  ;  il  s'emparoit  de  rout ,  ^  ce 
qu'il  reciroic  des  Peuples   vaincus  ,   le 
tncttoic  en  état  d'entretenir,  de  faire  futv 
£fter  fes  troupes ,  de  récompenfer  leur 
valeur.  L'Art  de  faire  la  guerre  au  point 
de  perfeâioa  o^  ilpft  porté  aujourd'hui  ^ 
l'a  rendu  plus  ruineufe  &  plus  di£Ecile  , 
même  pour  les  vainqueurs.  Les  frontie^ 
res   font  remplies  de  Places  fortes  ;  il 
faut  faire  des  fiéges  »  donner  des  batail- 
les \  on  n'avance  que  pied  à  pied  \  les 
dépenfirs  font  prodigieufes  -,  le  Conqué- 
rant traite  le  Peuple  vaincu  prefqu*avec 
autant  de  doucetur  que  fes  propres  fnjets  , 
^  ne  tire  qu'on  médiocre  fccoursdu  pe^ 


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9S  MERCURE  DE  FRANCE. 

de  terrain  qu'il  gagne  en  plufîcurs  Cam- 
pagnes ,  &  qu'il  acheté  fou  vent  bien 
cher. 

Rien  n'eft  plus  important  que  de  choi- 
fir  des  hommes  intelligens  ,  fidèles  &  def- 
intercfles  ,  pour  diriger  les  immcnfcs  dé- 

}>enfes  qu'on  cft  obligé  de  faire  ;  routes 
brtes  de  gens  n*y  font  pas  propres  :  il 
faut  apporter. dans  ces  places  des  fenti- 
mens  puifés  dans  une  éducation  conve- 
nable ,  une  fortune  affez  honnête  pour 
Arrêter  le  projet  &  \c  dcfir  d'acquérir  -,  il 
faut  alfez  d'efprit  pour  n'erre  pas  trompé  5 
aflPez  de  fermeté  pour  être  craint  ,  aflcz 
de  complaifance  &  de  politefTe  pour  être 
aimé  ,  &  toute  la  probité  &  la  droiture 
néccflaircs  pour  être  eftimé. 

Le  Livre  de  M.  de  Chennevieres  nous 
paroît  très  propre  à  infpircr  des  verms  &  à 
donner  des  connoiflTances.  C*eft  l'Ouvra- 
C€  d'un  Citoyen  plein  de  probité  &  de 
lumières.  Son  zélé  pour  fa  Patrie  ne  lui 
fait  méprifcr  aucun  détail ,  comme  bas,  & 
fon  difccrncmcnr  l'empêche  d'entrer  dans 
des  détails  inutiles.  Il  eft  rare  qu'il  n'ap- 
puyé pis  ce  qu'il  dit  de  quelque  Ordon- 
nance ,  &  il  n'a  prcfque  jamais  recours  à 
des  conjeétures.  Lorfque  quelques  Or- 
donnances ont  cçfle  de  faire  la  loi ,  oa 
4ju'c]les  font  divcrfemcnt    interprétées  , 

l'Autcuc 


,y  Google 


J    A    N  V  lE  R.      175t.      97 

TAutcur  a  foin  d'en  avertir ,  &  fcs  dif- 
cuflions  deviennent  alors  intéreffântes  » 
quoique    courtes.    Nous  ne  connoilTons 
guéres  d'Ouvrage  éciic  avec  plus  de  net- 
teté »  d'ordre. &  de  préciûun  ^    mérice 
cffentiel   à  ce  genre  d'ouvrage ,  le    fcul 
pcoprement  qui  lui  convienne. On  n'attend 
pas  de  nous  l'Extrait  d'un  Livre  qui  n'en 
jeft  pas  fufceptible.  Nous  nous  borneront 
à  dire  que  tout  ce  qui  concerne  les  re- 
vues 9  les  congés ,  les  réformes  »  les  armes^ 
les  abfences ,  les  marches ,  les  campemens^ 
les  défertions ,  les  étapes  ,  l'habillement  9 
les  foriificatioiis  »  les  nopitaux  ,  les  loge«^ 
mens  ,  les  milices  »  les  paflevolans  »  les 
vivres  ,  &cç,  toutes  ces  chofes  Se  une  in* 
iinité  d'autres ,  qui  ont  rapport  aux  fonc* 
cions    des    CommifTaires    des  Guerres  ^ 
7  font  tout'âfait  bien  développées.    La 
leâure  de  ce  Livre  nous  a  fait  faire  une 
réflexion  qui  n'échapera  à  aucun  de  ceux 
qui  le  liront  *,  c'eft  qu'il  n'y  eue  peut- 
être  jamais  aucune  Nation  qui  eut  des 
Régtemens  aufil  fages  <]ue  les  nôtres. 

GiFfART  ^  fils  »  Libraire  rue  S.  Jacques» 
vient  d'imprimer  une  Tragédie  chrétien- 
ne, intitulée  Attilie,  Nous  ignorons  ce 
3ue  le  public  penfera  de  l'intrigue  du 
ialogue  &  du  ftyle  de  cette  pièce  ;;  mai$ 
îl  nous  a  .pacu  que  TAuccitc  ^voit  de$  ccf» 

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^8   MERCURE  DE  FRANCE. 

fourccs  dans  rcfpric  ;  qu'il  n'ignoroit  pa$ 
l'art  d'exciter  les  paffions  ,  &  qu'il  faifoit 
affcz  fouvent  de  beaux  Vers.  C'abondan^ 
ce  des  matières  nous  oblige  à  renvoyer 
au  mois  prochain  l'Extrait  de  cette  Tra- 
gédie. 

Discours  ,  qui  a  remporté  le  prix  4 
VAcadcmie  de  Dijon, en  Tannée  17^0, 
•fur  cette  queftion  >  propofce  p^r  la  même 
Académie»  Si  le  rétahliffcmem  des  Sciences 
4!r  des  Arts  a  ccntrihui  à  épurer  les  purters^ 
Par  un  Citoyen  de  Genève,  ji  Genève , 
chez  Barrillot ,  &  fils  ,  17  5  i . 

Le  Difcours  eft  dîvifé  en  deux  parties, 
la  première  eft  deftinée  à  prouver  la  pro» 

Î)omion  par  les  faits  ;  dans  la  féconde  » 
'Auteur  s'attache  aux  preuves  tirées  da 
laîfonnemcnt. 

La  première  partie  commence  par  ua 
court  &  brillant  clogede  la  Science.  Après 
avoir  peint  l'état  de  barbarie  où  l'Europe 
étoit  retombée  depuis  plufîeurs  fiécles» 
TAuteur  fait  en  abrégé  THiftoirc  du  réta-^ 
bliflêmcnt  des  Arts  &  des  Sciences  dans 
cette  partie  du  monde.  Il  examine  les 
avantages  que  cette  révolution  nous  a  pro^ 
curés ,  &  il  trouve  que  tous  ces  avantages 
fe  réduifent  à  nous  rendre  un  peu  plus  £o*- 
ciable5,&  à  nous  donner  Tapparence  df 
toutes  les  vercus  >  f«as  en  avoir  9a(aui^«  . 


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JANVIER      1751.        99 

-Comme  c  eft  ici  proprement  le  fond  de 
ta  qucftiort  ,  l'Auteur  s'étend  fur  l'examen 
de  nos  mœurs  pré{êntes,&  s  applique  2 
bien  dtftinguer  ce  qu'elles  ont  acquis  de 
douceur  &  d'agrément  par  nos  connoif- 
lânccs ,  Se  ce  qu'elles  ont  perdu  de  droiture 
£c  de  candeur.  Cela  le  mené  à  un  parallèle 
iks  moeurs  de  nos  pères  &  des  nôtres,  prU 
^ôus  une  face  nouvelle. 

»•  Avant ,  dif-ii ,  que  l*Art  eut  façonné 
•  nos  manières,  &  appris  à  nos  pafHons 
»  à  parler  un  langage  apprêté ,  nos  mœurs 
•t  éroient  ruftiques  ',  mais  naturelles  ,  &  la 
«différence  des  procédés  annonçoit  aa 
0  premier  coup  d  œil  celle  des  caradéres. 
»  La  Nature  humaine»  au  fond,  n'étoit  pas 
M  meilleure ,  mais  les  hommes  trouvoiept 
n  leur  fecurité  dans  la  facilité  de  fe  péné- 
M  trer  réciproquement,  &  cet  avantage  » 
«dont  nous  ne  fentorïsplus  te  prix  >leuc 
»  épargnoit  bien  des  vices. 

»  Aujourd'hui  ,  que  des  recherches  plu« 
»  fubtiles ,  &  un  goût  plus  fin  ont  réduic 
»  Tart  de  plaire  en  principes ,  ilxcgoe  daps 
»  nos  mœurs  une  vile  &  trompcufe  uni- 
•ïformité  ,  &  tous  l^s  efprits  femblenc 
»  avoir  été  jettes  dans  un  même  mdule. 
»  Sans  cefle  la  politeffe  exige ,  la  bien- 
9»  féance  ordonne  s  fans  ceffe  on  fuit  àçs 
e  ofâgcs;  jamais  fon  propre  génie  :  on  n  95 

Ëi] 


O.  4^t 


^^iNz^erfy'C^OéglJ 


lôo  MERCURE  DE  FRANCE. 

99  fc  plus  paroître  ce  qu'on  cft  ,  &  dani 
M  cette  contrainte  perpécuclle  »  les  homoicts 
»  qui  forment  ce  troupeau  ,  qu  on  appelle 
't*  (ociété  ,  placés  dans  les  mêmes  circohf- 
»  tances  ,  reront  tous  les  mêmes  chofcs ,  & 
w>  des  motifs  plus  puiflàns  ne  les  en  détour^ 
'»>  nent.  On  ne  fçaura  donc  jamais  bien  à 
'%>  qni  Ton  a  à  faire.  Il  faudra  donc ,  poar 
»  connoître  Ton  ami ,  attendre  les  grandes 
MQÇcafions  ,  c*eft- à-dire  >  attendre  qu'il 
>i  n'en  foie  plus  tems ,  puifque  c'eft  pour 
«>  ces  occafions  même  qu'il  eût  été  ellèh« 
f*  tiel  de  Je  connoître. 

M.  Rouffeau  fait  voir  enfui  te  quel  cor* 
té^e  de  vices  j  défiance  ,  fourberie  ,  trahi- 
fon  ,  Ceci  accompagnent    néceflairement 
cette  incertitude  ,  &  fe  cachent  fous  ce 
*  voile  de  politelTe ,  &  fous  cette  urbanité 
û  vantée  ,  que  nous  devon$  aux  lumie-i 
tes  de  notre  fiecle.  Ce  morceau  finit  par 
une   réflexion  qui    paroîtra   fingulier«  \ 
2>  ^'eft  qu'un  habitant  de  quelques  Gon- 
»  trées  éloignées ,  qui  chercfaeroit  à  fc  for- 
*>•  mer  une  idée  des  mœurs  Européenes , 
M  fur  rérat  des  Sciences  parmi  nous ,  far 
w  la  perfcétion  de  nos  Arts  >  fur  la  bien- 
n  féance  <le  nos  fpcétaeles ,  fur  la  politeffe 
i>  de  nos  manières ,  fur  l'affabilité  de  nos 
»  difcours ,  fur  nos   démonftrations  per- 
99  pétttcljes  de  bienveillance  4  fc  fiir  ce 


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tf  ÎANVIER.  17^1.  101 
^'concours  tumultueux  d*homtncs  de  tou^ 
*  âge  &  de  tout  état ,  qui  fcmblcnt  cm" 
*  prctTés  i  depuis  le  lever  de  l'Aurore  ju(- 
m  qu'au  coucner  du  Soleil ,  â  s'obliger  té» 
1'^  ciproqucmcntic'eft  que  cet  Etranger, 
|«a»dis  je ,  dcvineroit    exaâcmenr  de  nos 

I»  moeurs  le  contraire  de  ce  qu'elles  font, 
[  Voilà  donc  l'effet  démontré  de  nos 
Sciences  '&  de  nos  Arts  \  la  culture  des 
tfprits  5  &  la  dépravation  des  cœurs* 
Dira-t'on  que  c'cft  un  malheur  panicu- 
licr  a  notre  âge  ?  Pour  faire  voir  que  les 
maux  ,  caufcs  par  notre  vaine  curiofiré , 
font  auflî  vieux  que  le  monde ,  M.  R.  pafTd 
en   revue  les  peuples  les  plus  renommés 

λar  la  culture  des  Sciences  -,  les  Egyptiens, 
es  Grecs  >  les  Romains > les  Chinois,  & 
il  trouve  toujours  que  n  ^élévation,  &c  i*a-» 
»  baiffcment  journalier  des  eaux  de  TO- 
»  céan ,  n'ont  pas  été  plus  régulièrement 
MaflTujettis  au  cours  de  TAflre  qui  nous 
J>  éclaire  durant  la  nuit ,  que  le  fort  des 
9>  mœurs  &  de  la  probité  au  progrès  des 
»  Sciences  Se  des  Beaux  Arts  :  on  a  vu  la 
»  vertu  s'enfuir ,  â  mcfure  que  leur  lumière 
»  s'ékvoit  fur  notre  horizon  ,  &c  le  même 
*>  Phénomène  s'cft  obfervé  dans  tous  les 
D  tems  &c  dans  tous  les  lieux. 

A  CCS  tableaux   l'Auteur  oppofe  celui 
des  niaurs  ,  du  petit  nombre  de  peuples 

£  iij 


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101  MERCURE  DE  FRANCE. 

qai ,  préfcryés  de  Gctrc  contagion  des  vai- 
ncs connoîflances ,  ont  par  leurs  vcrtusf^ 
fait  leur  propre  bonheur  ,  &  l'exemple 
des  autres  Nations.  Hérodote  lui  fournir 
ks  Scythes  •>  Plutarque  ,  les  Lacédcmo- 
niens  -,  Xenophon  ,  les  premiers  Pcrfes  ; 
Tacite  ,  les  Germains ,  &  il  trouve  dans  Ia 
Suiflc  ,  fa  Patrie  ,  un  exemple  plus  récent  y 
&  du  moins  auffi  beau  à  nom^  propofer. 

Quelques  Sages ,  il  eft  vrai ,  ont  réfifté' 
au  torrent  général,  &  fe  font  garantis  dii 
vice  dans  le  féjour  desMufes.  L'Auteur 
prend  de  la  occafion  de  rapporter  ce  beat|> 
morceau  de  l'Apologie  de  Socrate  ,  où  ce 
Philofophc  marque  fi  peu  d*eftimc  pour  \ts 
5çavans,  &  les  Artiftcs  de  Ton  rems  5  puil 
il  pouifnii  ainfi  i 

t>  Voilà  donc  le  plus  (âge  des  hommes  y 
«  au  jugement  des  Dieux  ,  &  le  plus  fça* 
»  vant  des  Athéniens  ,  aufcntiment  deli^ 
»> Grèce  entière  -,  Socrate  ,  faifant  lelo* 
**  ge  de  l'ignorance.  Croit- on  que  ,  s'il  ret 
-»  fufcitoir  parmi  nous  ,  nos  Sçavans  & 
>3  nos  Artiftcs  lui  fcroient  changer  d'avis  î- 
»  Non  ^  Mcffieurs  ;  cet  homme  jufte  coni- 
>»  tinueroit  de  méprifer  nos  vaines  Scicn* 
*•  ces  ;  il  n'aideroit  point  à  groflir  cette 
•»  foule  de  Livres  ,  dont  on  nous  inonde 
»  de  toutes  parts  ,  &  ne  laifleroit ,  comme 
•»  il  a  fait ,  pour  tout  précepte  à  fc&  Dif(â^ 


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m  pies  &  à  nos  Neveux ,  que  l'exemple  de 

15^  £a  vertu  :  c'eft  ainfi  qu'il  cft  beau  d'int 
»  truire  les  hommes» 
*»  Socrate  a  voie  commencé  dans  Athé- 
I  M  nés ,  le  vieux  Caton  continua  dans  Ro- 
I  »  me  ;  de  fc  déchaîner  contre  ces  Grecs 
n  artificieux  ic  fubtils  ,  qui  feduifoient  la 
w  vertu ,  &  amolliflbient  le  courage  de  fes 
»>  Concitoyens  y  mais  les  Sciences  ,  les 
*f  Arts>&  la  Dialc6tiquc  prévalurenC  cn- 
«»  core.  Rome  fe  remplit  de  Philofophe^ 
»  &  d'Orateurs.  On  négligea  la  Difcipli- 
».ne  militaire  ,  on  méprifa  l'Agriculture  | 
i>  on  embra/Ta  des  Seules  ,  &  ï'on  oublia 
9i  la  Patrie.  Aux  noms  facrés  de  liberté ,  de 
»  défintéreflement  ,dc  pauvreté  ,  d'obéif* 
»  fànce  9ut  Loix  »  fuccéderenc  les  nom$ 
»  d'Epictire ,  de  Zenon  >  d'ArceHlas  \  de* 
m  puis  f  Mf  les  Sfovans  ont  far  h  parmi  mus , 
«>  difoienc  leurs  propres  Philofophes  •  les 
»gens  de  bien  fe  fiméclipfi^*.  Jufqu'alois 
«  les  Romains  s'étoient  contentes  de  pra- 
D  tiquer  la  vertu  s  tout  fut  perdu  ,  quand 
9f  ils  comoKsncerent  à  l'étudier. 

*»  O  Fabricius  l  Qu'eût  penfé  votre  gran-» 
*  de  ame  ,  (î  pour  votre  malheur  rappelle 
»  à  la  vie  ,  vous  euifiez  vu  la  face  pom-* 
»  peufc  de  cette  Rome  ,  fauvée  par  votre 

^        *  Pôflqitkm  dûBi  frodumnt ,  boni  dêfmt.    Se« 

I  E  uij 


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104  MERCURE  DE  FRANCE; 

'«  bras,  &  que  votre  nom rcfjpeftablc  avoîtr 
39  plus  illuftréc  que  tomes  Içs  conquêtes  ? 
w  Dieux  1  Euflîcz-vous  dit ,  que  font  d^- 
»  venus  ces  toits  de  chaume ,  de  ces  foyers 
99  ruftiques  qu'habitoient  jadis  la  modéra- 
•  99  tion  Se  la  vertu  ?  Quelle  fplendeur  fu- 
>»  nefte  a  fuccédc  à  la  (implicite  Romaine  l 
»  Quel  eft  ce  langage  étranger  ?  Quelles 
w  font  ces  moeurs  efJFcminécs.^Quc  fignr- 
99  fient  ces  Statues ,  ces  Tableaux ,  ces  Bdi- 
99  ficcs  }  Infcnfés ,  qu'avez  vous  fait  "i  Vous^ 
»  les  Maîtres  des  Nations ,  vous  vous  êtes 
i>  rendus  les  efclaves  des  hommes  frivoles 
»  que  vorfs  avez   vaincus  l  Ce  font  des 
«  Rhéteurs  qui    vous  gouvernent.    C'eft 
*>  pour  enrichir  des  Architcékes ,  des  Peia- 
»  très ,  des  Statuaires  &  des  Hiftriôns  que 
»  vous  avez  arrofé  de  votre  fang  la  Grèce 
m&c  TA  fiel  Les  dépouilles  de  Carthage 
99  font  la  proye  d'un  joueur  de  ftûtc  l  Ro- 
i>  mains  ,  hâtez-vous  de  rcnverfer  ces  Am- 
99  phithéâtret  y  brifcz  ces  marbres  j  brûler 
p  ces  Tableaux  ;  c^halTez  ces  efclaves  qui 

•  vous  fubjugucnt ,  &  dont  les  funcftçs 
»  Arts  vous    corrompent.    Que  d'auttes 

•  mains  s'illuftrcnt  par  de  vniiw  talcns  i  le 
»  feul  talent ,  digne  de  Rome  ,  eft  celui  de 
»  conquérir  le  monde ,  &  d'y  faire  regnet 
M  la  vçrtu.  Quand  Cyneas  prit  notre  Sénat 
]l».pour  nnç  aflTemblée  de  Rois  >  il  ne  fut 


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JANVIER,      lyp.     lof 

h  ébloui ,  ni  par  une  pompe  vaûie  ,  ni  par 
»  une  élégance  recherchée;  il  n'y  entendit 
•  point  celte  éloquence  frivole  ,  Tétudc 
»  &  le  charme  des  hommes  futiles.  Que 
ii  vit  donc  Cyncas  de  fi  majcftueux  l  O 
»  Citoyens  t  lï  vit  un  fpeétadc  cjiic  ne 
»  donneront  jamais  vos  richcflfes ,  ni  tous 
»  vos  Ans  :  le  plus  beau  fj^edacle  qui  aie 
»  jamais  paru  lous  le  Ciel  \  raflemblée  de 
«deux  cens  hommes  vertueux  >  dignes  de 
»  commander  à  Rome  &  de  gouverner  1» 
n  terrcr 

»  Mais ,  continue  M.  R.  francbiflohs  la 
«  diftancc  des  lieu*  8c  des  tems  ,  &  voyons 
»cc  qui  s*cft  paflj  dans  nos  Contrées., & 
»  fous  nos  yeux ,  ou  plutôt ,  écartons  dies 
»  Peintures  odreufcsqui  bleflTcroï^nr  notre 
»délicate(Fe  ,  &  épargnons-nous  la  peine 
i^de  répéter  les  mêmes  chofcs  fous  dlwî-. 
»  très  noms  v&  qu'ai-je  fait  dire  à  Fabri- 
wctus  i  que  je  n'euiTe  pu*  mettre  dans  fa 
»  bouche  de  Louis  XII.  ou  de  Henri  IV, 
»  Parmi  nous ,  il  cft  vrai  ,  Socrate  n'câc 
»  point  bu  la  ciguë, mais  il  eûîbuidkn» 
n  vmc  coupe  encore  pïusamére ,  k  raitlfev 
n  rie  infultante  ,  &  le  mépris  pire^ccnc 
P  fois  que  la  mort.. 

M.  R.  conclut  (a  première  partie  par 
des.  réflexions;  fui  le  voile  épais»,  donc  la 
UmMc  a  coavcrv  tau;tes  fe$  opétatiôotxs» 

Ev 

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i^MERCURE  DE  FRANCE, 

&  fur  les  foins  qu'elle  fembli  avoir  prt^ 
pour  nous  préfervcr  de  la  Science ,  coroine' 
une  tendre  mère  arrache  une  arme  dangcv» 
reufe  des  mains  de  fon  enfant.  Les  hota— 
mes  font  pervers  5  ils  (croient  pires  cnco** 
le  ,  s*ib  avoient  le  malheur  de  naître  fça.- 
vans. 

Après  avoitipuifc  la  queftion  de  faic 
par  des  indudions  hiftoriquc» ,  l'Auteiur 
paifc  dans  la  féconde  partie  ,  à  la  queftioiir 
de  Droit,  &  confidérant  les  Sciences  Sc 
les  Arts  en  eux-mên>cs  ,  il  eramine  parleur 
nature  ce  qui  doit  réfulter  deleurpxo-: 

Il  établit  que  la  plupart  de  nos  Sciences 
font  vicieufcs  dans  kur  origine,  vaincs 
dans  leur  objet ,  &  pernieieufes  par  les 
effets  qu'elles  produifcnt*  Il  fait  voir  les 
dangers  attachés  à  rinveftigation^  la  vé- 
rité ^IHncertirude  du  faecès  ,  & ,  même  ca 
fuppofant  enfin  la  vérité  dévoilée  ,  la 
difficulté  plus  grande  encore  d'en  biea 
wfcr. 

Pour  montrer  le  danger  des  Sciences 
par  Içurs  effets  ,  il  remarque  d  abord  que  ^ 
nées  de  loifiveté  ,  elles  la  nourriflTem  à 
leur  tour  ,  &  que  la  perte  irréparable  du 
tcms ,  eft  le  premier  préjudice  qu'elles 
caufem  néccflairement  à  la  fociété  i  en  po^ 
liûquc  comme  en  morale  >  c'cft  un  grand 


,y  Google 


T  A  N  V  I  E  R,      1751.      107 

ttial  que  de  ne  point  faire  de  bien  »  Se  coat 
Citoyen  inutile  doit  être  regardé  comme 
un  horpme  pernicieux.    Padanc  dbnc  ea 
revue  les  plus  brillantes  découvertes  de 
nos  Pbilofophes   modernes  ,  M.  R.  de- 
mande quels  avantages  réels  nous  en  avont 
Cetirés.  Que  û  les  travaux  des  plus  éclairés 
de  nos  Philofophes ,  &  des  meilleurs  de 
Ods  Citoyens  nous  procurent  fi  peu  d'uti* 
IJté  ,  quedevon^nous  penfer  de  cette  fou- 
le  d'Ecrivains  obfairs ,  &  de  Lettrés  oiSfi, 
qui  dévorent  en  pure  perte  la  fubftance  de 
FEtat? 

»  Que  dîs-je  y  oifîfs }  potirruitil  d*im 
uton  plus  véliément  ;  &  plut  au  Ciel  qu'ils 
«  le .  fûflTcnt  en  effet  1  Les  moeurs  en  fc- 
;p  roicnt  plus  faines  ,  &  la  fociété  plus  pai- 
»  fiUe  ',  mais  ces  vains  &  futiles  déclamaD» 
»  teuts  vont  de  tous  côtés ,  armés  de  leurs 
»  funeftes  paradoxes,  fappant  les  fonde-» 
99  mens  de  la  Foi>  &  anéamifTant  la  Vercdr 
»  Ils  fourient  dédaigneufcmentà  ces  vieux 
]n  mots  de  Patrie  &  de  Religion ,  8c  con- 
y>  facrent  leurs  taîens  &  leur  Plûlofopfcic 
p  â  détruire  &  avilir  tout  ce  qu'il  jt  a  de 
»  facré  parmi  les  hommes  :  non  qu'au  fond 
vils  haiirent  ni  la  vertu  ,  ni  nos  dogmes  ; 
jftc'eft  de  l'opinion  publique  qu'ils  (ont 
»  ennemis  >  de  pour  les  ramener  aux  picits 

E  v'i 


,y  Google 


fôS  MERCURE  DE  FRANCE;  ' 

»  des  Autels ,  il  fufEroit  de  les  reléguer 
s»  parmi  des  Athées?. 

Ceft  un  grand  mal  que  rabus"  du  tctasJ 
D*autre$  maux  ,  pires  encore,  fuivent  les 
lettres  &  les  Arts.  Tel  cft  le  luxe ,  né  > 
comn>c  eux  ,;de  roifîveté  &  de  ta  vanité 
des  hommes.  Le  luxe  va  rarement  fans  lc5 
Sciences  &  les  Arts ,  &  jamais  ils  ne  vonr 
ians  tut.  L'Auteur  combat  forten:ient  tes 
maximes  de  nos  Philofbphes  modernes  ea 
laveur  du  luxe ,  &  fait  voir ,  qu'après 
avoir  corrompu  les  moeurs ,  it  corrompt 
tuffî  le  goût.  Il  termine  ainfi  ce  morceau  > 
qui  eft  un  des  plus  vifs  de  tout  te  Di£» 
cours. 

»  On  ne  peur  réffechîr  fur  les  mœurs^ 
^  qu*on  ne  fe  plai{e  à  fc  rappeller  Timagc 
s»  de  la  iimplicité  des  premiers  tems.  C*c(l 
9»  un  beau  rivage ,  pare  des  feules  mains  de 
»  h  Nature  ,  vers  lequel  on  tourne  incet 
su  fiiTiment  les  yeux ,  &  dont  on  fe  fenc 
«éloigner  i  regret.  Quand  les  hommes 
»  îni>ocens  &  vertueux  aimoîent  i  avoir 
»  les  Dieux  pour  témoins  de  leurs  aélions> 
»  ils  habitoient  avec  eux  fous  les  mêmes 
,a»  cabanes  v  n^ais  bientôt  devenus  méchans^ 
>►  ils  fe  laffèrcnt  de  ces  incommodes  (pcc- 
»  tatcurs  >  Se  les  reléguèrent  dans  des 
l^Tesnptes  magtûSqties»  Ils  tes  en  chsSè* 


,y  Google 


iirent  enfin  pour  sV  établir  eux-mSmes, 
»  ou  du  moins  les^  Temples  des  Dieux  ne 
»•  fe  diftinguerenc  pks  des  maifons  dct 
«Ciroyens,  Ce  fut  alors  te  comble  de  Ta 
«dépravation  »  &  tes  vices  ne  furent  \a^  ~ 
M  mais  poudes  plus  Ipin^que  quand  oti 
»  les  vit ,  pour  arnfr  dire ,  fourcnus  à  l'en^ 
j^  trée  des  Palais  des  Grands ,  fur  des  co- 
»  lonnes  de  marbre»  &  gravés  fur  des  cha- 
'  »  piraux  Corinthiens. 

Tandis  que  les  commodités  de  ta  vie 
fe  multiplieht ,  Se  que  te  luxe  s'étend  »  te 
vrai  courage  s?énerve ,  les  vertus  militairct 
s'évanouiUcnt ,  &  c'cft  encore  l'ouvrage 
des  Sciences  &  de  tous  ces  Arrs  fédentai- 
res  qui  s'exercent  dans  l'ombre  du  Cabi- 
net» Mais  Cl  leur  culture  eft  nuifîble  aus 
qualités  guerrières»  elle  Tcft  bien  plus  aum 
qualités  morales ,  &  ladiftinâiion  funefte ,. 
introduite  parmi  les  hommes  par  la  dif^ 
tinârion  des  tatcns  &  l'avilillement  de» 
vertus  ,  eft  la  plus  dangereufe  de  teurs  con* 
féquences.  >»  C'eft  ,.drt  M.  R.  ce  que  Pcx- 
^péricnce  n*a  que  trop  confirmé  depuis^ 
jtle  renouvellement  des  Sciences  &  de» 
»Arts.  Nous  avons  des  Phyficiens,  des 
a^ Géomètres, des  Cbymi(les,des  Aftro* 
I» nomes,  des  Poètes,  des  Mu(ïciens ,  des» 
•> Peintes  X  nous  n'^avonsplus  de  Citoyens^ 
«ce 

Digitizedby  Google 


ïi^MEîLCtTRE  DE  FRANCE. 

V  Ccft  dès  nos  premières  années  qu'une 
0  éducation  infcniée  orne  notre  cfprit  8c 
p  corrompt  notre  jugement.  Je  vois  de 
3f9  toutes  parts  des  ctablifTemens  imm^nfcs  > 
»  où  Ton  élevé  à  grands  frais  la  jcuneflc 
P  pour  lui  apprendre  toutes  chofcs^excepté 
j*  fes  devoirs.  Vos  enfans  ignoreront  leur 
»•  propre  Langue  v  raais  ils  en  parlcron.c 
m  d'autres  qui  ne  font  en  ufage  nulle  part  5 
^  ils  fçauront  fabriquer  des  vers ,  qu'à  pei- 
»  ne  ils  pourront  comprendre  ,  fans  fça- 
••  voir  démêler  l^errcur  de  la  vérité  -,  ik  pof- 
V  fedcronc  l'Art  de  les  rendre  roéconnoif- 
»  fables  aux  autres  par  des  argumcns  fpc- 
••  cicux  -,  maïs  ces  mots  de  tempérance  ,  de 
»  magnanimité  ,  d'équité  ,  d'humanité , 
^  de  courage ,  ils  ne  fçauront  ce  qtie  c'eft  f 
»  ce  doux  nom  de  Patrie  ne  frappera  ja- 
»  mais  leur  oreille  ,  &  s'ils  entendent  par- 
*»lcr  de  Dieu ,  ce    fera   moins   pour   le 

.*»  craindre  que  pour  en  avoir  peur.  J'aime- 
»rois  autant,  difoit  un  Sage  ,  que  mon 
»  Ecolier  eût  paflTé  le  tems  dans  un  jeu  de 
»  paulme  ,  au  mçins  le  corps  en  feroit  plus 
^  difpos.    Je  fçais  qu'il  faut  occuper  les 

.  »  enfafis  ,  &  que  rolfivcté  eft  pour  eux  le 
»  danger  le  plus  à  craindre.  Que  faut-il 
w  donc  qu'ils  apprennent ,  me  dira-t'on  l 
»  Voilà  certes  une  belle  queftion  l  Qu'ils 

*»  apprennent  ce  qu'ils  doivent  faire  étaot 


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JANVIER.     fTjf.      tit 

j9  hommes ,  Se  non  pas  ce  qu'ils  doivent 
.j*  oublier. 

L'éloge    des  Académies ,  qui  femblc- 
roic  être  ici  déplacé ,  eft  amené  par  une 
tranficion  aficz   heureufe ,  Se  la  manière 
dont  l'Auteur  a  traité  ce  morceau  ,  le  fait 
rentrer  namrellement  dans  te  nombre  de 
fcs  preuves.    Les  louanges  qu*il  donne  à 
ces  Sociétés  célèbres ,  chargées  à  la  fois- 
du  dangereux  dépoc  des  connoilfànces  hu« 
maines ,  &  du  dépôt  facré  des  moeurs  ^ 
n'empêchent  point    qu'il  n'en  blâme  la 
BiultipUcatioUypar  des  conCdérations  poli- 
tiques.   »  Tant   d'ËtablifTemens ,  dit  il  , 
»  faits  a  Tavantage  des  Sçavans  ,  n'en  fonr 
j»  que  plus  capables  d'en  impofer  fur  les 
»  objets  des  Sciences ,  &  de  tourner  les 
»  efprits  à  leur  culture.  Il  fembie  aux  pré. 
99  cautions  qu'on. prend  ,  qu'on  ait  trop  de 
.»  laboureurs ,  &  qu'on  craigne  de  man- 
9»quer_de  Philofophes.  Je  ne  veux  point 
»  bazarder  ici  une  comparaifon  de  TAgri* 
)»  culture  &  de  la  Philofophie  v  on  ne  la 
»  fupporteroit  pas.    Je  demanderai  feulç- 
»  menr,qu'cft-Ge  que  la  Philofophie  ^  Que 
»  contiennent  lc5  écrits  des  Philofophes 
»  les  plus  connus  ?  Quelles  font  les  leçons 
»  de  ces  amis  de  la  fageflc  >  A  les  enten- 
»  dre  ,  ne  les  prcndroir-on  pas  pour  une 
»  troupe  de  charlatans^  criant  chacun  de 


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ïrrMERCURE  I>E  FRANCE; 

*  fon  côté  fur  une  Place  publique  ,  venci 
j»  à  moi  :  c'cft  moi  fcul  qui  ne  trompe 
n  point  ?  L'un  prétend  qu'il  n'y  a  point  de 
»  corps ,  &  que  tout  cft   en  rcpréfenra- 
étions*   L'autre ,  qu'il  n'y  a  d'autre  fub{^ 
»  tance  que  la  matière  ,  ni  d'autre  Dieu 
3»  que  le  monde.  Celui-ci  avance  qxi'it  n  7 
»  a  ni  vertus  ,  ni  vices ,  9C  que  le  bien  8C 
»  le  mal:  moral  font  des  chimères.  Celui* 
»  là  ,  que  les  hommes  font  des  loups  ,  8t 
9  peuvent  fe  dévorer  en  fûteté  decon& 
»  cience.   O  grands  Philofophes  l  Que  ne 
»  réferver-vous  pour  vos  amis  &  pour  vos 
jr  enfans  ces  leçons  profitabl-cs }  Vous  en 
j»  recevriez  bientÔT   le  prix ,  &  nous  ne 
»  craindrions  pas  de  trouver  dans  les  nô» 
»  très  quelqu'un  de  vos  fcdlrateurs* 
'  »  Voilà  donc  ks  hrommcs  merveilleux: V 
n  à  qui  Feftime  de  leurs  contemporains^ 
n  été  prodiguée  pendant  leur  vie  ,  &  l'im- 
»  mortalité  réfervée  après  leur  trépas  ! 
»  Voilà  l'es  fages    inftruârions  que  nous 
»  avons  reçues  d'eux  ,  Se  qxie  nous  tranf» 
'9y  mertrons  d'âge  en  âge  à  nos  defcendans* 
»  Le  Paganifme,  livre  à*  tous  les  égare- 
»  mens  de  la  raifon  humaine ,  a-t'il-  laiflS 
'*^à  la  pofférité  rien^  qu'on  puiffc  compa- 
»  rer  aux  monumens  honrcux  que  luia  pré- 
»  parés  rimprimcrie  fous  Je  règne  de  l'E- 
»  van^lc  i  Les  Eej:its  impies  des  Leacippcs 


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î  A  N  V  I  E  R.  1751.  ii^ 
99  Se  des  Diagoras  font  péris  avec  eux.  Ôa 
M  n'avoit  point  encore  invente  l'Art  d*é- 
»  rernifer  les  extravagances  de  refprit  hu- 
»  main  y  mais  grâces  aux  caradéres  Typo** 
J9  graphiques  ,  &  à  Tufage  que  nous  en  fai- 
»  fôns ,  les  dangereufes  rêveries  des  Hob- 
»  bes  &  des  Spinofâ  refteront  à  jamais* 
»  Allez  ,  écrits  célèbres ,  dont  l'ignorance 
»&  la  rufticité  de  nos  Peies  n'auroient 
/>  point  été  capables  l  Accompagnez  chez 
m  nos  dcfcendans ,  ces  ouvrages  plus  dan- 
»  gereux  encore  ,  d'où  s'exhale  la  couup* 
*  tion  des  mœurs  de  notre  (iécle ,  &  por* 
»  tez  enfemblc  aut  fiécles  à  venir  untf 
Si  Hiftoirc  fidclle  du  progrès  &  de^avan- 
»tages  de  nos  Sciences  &  de  nos  ArtsI 
«  S'ik  vous  lifent ,  vous  ne  leur  laifTerez 
f»  aucune  perplexité  fur  la  queftion  que 
9>  nous  agitons  aujourd'hui  >  &  à  moin$ 
*» qu'ils  ne  foient  plus  infcnfés  que  nous, 
»  ils  lèveront  leurs  mains  au  Ciel ,  &  di- 
»  ront  dans  Tamcrtumc  de  leur  cœur  : 
»  Dieu  tout-puilTant ,  toi  qui  tiens  dans 
»  tes  mains  ks  efprits ,  délivre-nous  de$ 
4»  lumières  &c  des  funeftes  Arts  de  nos 
»  Pères  ,  &  rends  nous  l'ignorance  ,  l'in- 
i^tiocence  Se  la  pauvreté ,  les  feuls  bienâ 
»  qui  puiflcnt  faire  notre  bonheur ,  &  qui 
jifoient  précieux  devant  toi  1 

On  juge  bien  qu'un  homme  qiû  voï| 


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Tf4  MERCUREWE  FRANCE: 

tant  de  tùaax  dans  le  progrès  des  Scictf^ 
ces  ,  n'a  garde    d  approuver  cette  fouler- 
d'Auteurs  élémentaires ,  &  ces  Compila- 
teurs de  Diâfionnaires  ,  qui  ont  indifcrct- 
tement  brifé  la  porte  du  Tempic  des^Mu- 
fcs ,  &  introduit  dans  leur  Sanctuaire  une 
J)opulace  indigne  d'en  approcher ,  tandis- 
qu'il  fcroit  ifoahaicer  que  tous  ceux  que 
ne  pouvoient   avancer  loin  dans  la  car^ 
fiere  dcs^  Lettres,  cuflfent  été  rebutés  dàs^ 
Ijentrée  ,  &  (c  fafTcnt  jettes  dans  des  Arts* 
utiles  à  la  Société,    Il  n'a  point  fallu  dtf 
Maîtres'  à  ceux  que  la  Nature  deftinoit  â 
faire  des  Difciplcs.  C'eft  par  les  premier* 
obftacles  qu'ils  ont  appris  à  faire  des  ef- 
forts ,  &  qu'ils  fe  font  préparés  à  fftochir 
l'cfpace  iramenfe  qu'ils  ont  parcouru»  S'i4 
û\xt  permettre  à  quelques  hommes  de  fc 
livrer  à  l'étude  des  Sciences  &  des  Arts  » 
ce  n'eft  qu'à  ceux  qui  fe  fentiront  k  force 
de  marcher  feuls  fur  leurs  traces,  de  le« 
fuivre ,  &  de  les  devancer  v  c'eft  à  ce  petit 
nombre  qu'il  appartient  d'élever  des  ma» 
numens  à  la  g;loire  de  l'efprit  humain. 

w  Pour  nous ,  hommes  vulgaires ,  con* 
»  clud  modeftemetit  M.  R.  à  qui  le  Ciet 
^  n'a  point  départi  de  (ï  grands  taiens  9 
^  &  qu'il  ne  deftine  pas  a  tant  de  gloire  > 
Ji^reftons  dans  notre  obfcurité  9  ne  courons 
w point  après  une  réputation,  qui  nous 


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JANVIER,    r/jr;      irç 

«f  échappcroit ,  &  qui  ,  dans  Térar  préfcnc 

•  des  chofes,ne  nous  rcndroit  jamais  ce 
n  qu'elle  nous  aurok  coûté  ,  quand  nou^ 
»  aérions  tous  les  titres-  pour  Tobtes^ 
*nir.  A  quoi  bon  chercher  notre  bon*' 
»>heur  dans  l'opinion  d  autrui  ,  fi  nous^ 
«pouvons  te  trouver- en  nous-mcnies  ^ 
»  LaifTons  à  d'autres  le  foin  d^inftruitc  Icî 
»  peuples  de  leurs  devoirs ,  &  bornons- 
»  nous  à  lÂen  remplir  les  n&tres  -,  nous^ 
V  n'avons  pas  befoin  d'en  fçavoir  davan*^ 
»  rage. 

»  O  Vertu  t  Science  fublîmc  des  ame^ 
»£mples  l  Faut  il  donc  pour  teconnoîcre, 
»  tant  de  peines  &  d'appateil?  Tes  prin- 
»  cipes^  ne  font^ik  pas  gravés  dans  tous  les 
»  cœurs  y  &  ne  iuffir^il  pas  ,  pour  ^prcn-^ 
a>  dre  rcs  loix  ,  de  rentrer  en  loi- même  ,  & 
»  d'écouter  la;  voix  de  fa  confcicncc  dans^ 
»  le  filence  àcs  paâions  ?  Voili  la  vérita*- 
»  ble  Pbilofophie.  Sçachons  nous-cn  con-^ 
»  tenter  ,  &  fans  envier  la*  gloire  de  ce* 
»  hommes  célèbres ,  qui  s'immorralifent 
»  dans  la  RépuUique  àcs  Lettres  >  tachons^ 
«rde  mettre  entre  eu*  &  noa»,  cette  dif-^ 
»  rinâion  glorieule  ,  qu'on  remarquoit 

*  jadis  entre  deux  grands  peuples  ,  que 
»  l'un  fçavoic  bieii  dire  >  Se  Taurre  bie» 
»  faire. 

Ce  Diicottrs  ^i  eH  penfé ,  écrit  &  rai^ 


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lié  MERGURE  DE  FRANCE; 

fonné  de  la  plus  grande  manière  ^  eft  àd- 
compagné  de  notes  auffi  hardies  que  le 
texte  :  on  toit  aifément  que  l'Auteur  s'eft 
nourri  l'efptit  ôc  le  ccsur  des  maximes  de 
fon  Pays. 


BEAUX-ARTS* 

LA  confidcratîon  que  méritent  les  Ou- 
vrages 4c  Raphaël  a  engagé  M^  de 
Tournencm  â  ne  rien  négliger  pour  la  coa» 
1  crvation  du  fameux  Saint  Michel ,  que  le 
Roi  portcde  ,  &  que  Raphaël  peignit  ai>* 
trefois  pour  François  !•  Il  y  a  quelques 
mois  que  M- le  Direûcur  Général  desBâ- 
timens  fit  confulter  T Académie  de  Peintu- 
re &  de  Sculpture  au  fujet  de  ce  précieux 
Ouvrage ,  8c  lui  fit  porter  le  beau  Tableau 
d'André  Del  Sarre  ,  dont  nous  avons  ren- 
du compre,  pour  avoir  été  enlevé  de  delfus 
le  bois  ,  &c^  remis  fur  toile.  Le  fuccès  de 
l'opération  fît  dès  lois  confeiller  de  la  ré- 
péter fur  le  Saint  Michel.  Cependant , 
pour  ne  rien  faire  à  la  légère ,  M.  de  Touf- 
nchem  a  mandé  â  l'Académie  de  nommer 
fix  Profeflèurs  &  deux  Ajnateurs ,  qui  fc 
font  rranfportés  le  8  de  ce  mois  à  VerfaiU 
les  avec  M*  Coypel ,  Premier  Peintre  du 
Roi ,  &  après  avoir  examiné  le' Tablcat: 


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f 


JANVIER,    î7n.      iiy' 

avec  foin  ,  &  s'être  convaincus  du  dangpp 
cmipcnt  o\i  il  fc  irouvoit,  étant  au  moment 
de  tppnber  pr  écailles  ,  ii$  font  convenue 
qu*il  n*y  avoit  pas  d'autre  moyen  pour  le 
fauvcr  ,  que  de  le  remettrei  fur  toile  ;  ca 
confcaueAcc  il  doit  être  livré  â  M.  Picot, 
qui  a  h  bien  réufli  pour  la  Vierge  d'André 
Del  Sarte  »  qu'on  a  lieu  d'efperer  un  par 
reil  fuccès  pour  |e  Sfàjàt  Michel  de  Ra* 
j)haël. 

^Iqus  aurons  foin  d'inftruire  le  Public 
de  ^'événement  \  il  intéreffe  trop  les  Ama- 
t€ur5  de  la  Peinture ,  popr  ne  pas  leur  en 
rendre  compt/c. 

:  Ce'st  avec  pla^Hf  que  nouç  annonçons  au 
Publip  ^u^trc  jolies  Eftampes  gravées  par 
Bafan ,  (çayoir  deux  d'aprçs  des  Tableaux 
de  François  Mieris  (  nous  prononçons  Mi- 
ris  }  Peintre  Hollandois  ,difciple  de  Gérard 
Daw  i  quelques  pejrfonties  prononcent 
mal-â-propôs  Çirardou  :  on  ne  fçauroit 
trop  louer  le  bp^ti  fini  de  Miris.  Dans  fei 
Tableaux  les  étoffes  ne  font  point  de  U 
Peinture ,  c'cft  de  la  foie  ,  c*e^du  velours, 
Ce^  deux  Eftampes  font  intitulées  »  Tune 
le  Lpver  ^  l'autre  le  Déjeuner  Hollandois. 
files  font  dédiées  à  M.  le  Comte  de 
Brulh  ,  à  qui  les  Tableaux  appartiennent  y 
la  plupart  4e^  têtes  fpnt  des  portraits.  Une 
autre  Çftaippc  gravée  d'apxfs  Dayid  Tf-s 


,y  Google 


ii«  MERCURE  DE  FRANCE. 

^iers  ,  intitulée  les  Apprêts  Militaires. 

Une  autre  gravée  aaprès  Scalf ,  intit«- 
|ée  le  Befiedicite Hollandoïs,  M.  Bafan  de* 
ineure  Place-Maub^rc  ^  proche  la  jruc  de 
,1a  Bucherie^ 

Il  parent  depuis  quelques  Jours  une  Ca^ 
ricéitare,  gravée  fans  nom  d'Auteur  ,  inii- 
.«ulée  les  Nouvellifits  4  l'idée  en  cft  plaifan- 
itc.  Elle  rcpréfcnte  ce  qu'on  appelle  depuis 
^quelques  tems  Pjirbre  deCracovie.  Pla- 
ceurs Nouvelliftes  font  aâSs  fur  un  banc  » 
•un  deux  qui  eft  au  milieu  lit  la  Gazette  ^ 
les  autres  écoutent  dans  des  attitudes  dif- 
férentes. Les  diverfes  façons  dont  les 
nouvelles  le^  affedent ,  font  exprimées 
fur  leurs  vifagcs ,  d'une  manière  tout-1* 
fait  comique  :  On  lit  ces  vers  au  bas  de 
l'ÈAampe. 

Ici  le  profane  valgake 

Vient  Gcnfurcr  le  Potentat; 

Tel  y  veut  rédiger  l'Eût , 

Qai  néglige  fa  propre  affaire.    ^    • 

WeJJdrd  Graveur ,  rae  de  la  Harpe ,  vîç- 
;âvis  la  rae  Serpente  ,  a  mis  en  vente  qua- 
tre Eftampes  ,  deux  grandes  &  deux  pe- 
tites »  inventées  i8c  gravée^  à  Rome  pac 
Tetim. 

La  première  repréfentc  une  Elévation 
en  perfpe^iye  d  une  colonûe  funéraire  » 


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-    JANVIER,     t7su     11^ 

idcftinéc  pour  la  fépulture  d'une  Reine. 

La  deuxième  ,  le  projet  d  un    Poac 
Triomphal. 

La  croifiémc ,  la  bafc  d'une  Pyramide  , 
deftinée  auflî  pour' un  Tombeau. 

La  quatrién^e ,  une  Statue  de  Diane  ^ 
élevée  fur  une  baze  confidérable.  Cette 
baze  eft  pofée  fur  une  grande  arcade.  Le 
fonds  de  l'Eftampe  reprcfente  une  cfpécç 
de  Portique ,  qui  paroîc  appartenir  i  ua 
Temple  de  cetcc  Dçcflc. 

Ces  quatre  morceaux  font  d'une  inven- 
tion noble  ,  grande  &  riche  'y  Texécutioa 
en  eft  fpirirucUc  ,  fine ,  légère  &  très-clé» 
gante.  Ils  font  gravés  à  l'Eau- forte ,  &  au 
premier  coup,  ils  fuffifent  pour  donner 
ponne  opinion  du  génie  ^  du  goûc  de 
leur  Auteur.  M,  Petitot  fe  deftine  à  TAr- 
chite£hire  ,  &  la  manière  dont  illa^rave,  * 
noi^s  montre  que  quand  les  Architeâes 
voudront  fe  donner  la  peine  de  graveir 
eux-mêmes  leurs  penfées ,  ils  feront  tou^- 
jours  les  meilleurs  Graveurs  en  ce  genre. 

Ov  trouve  auflî  chez  Fcflard,  une  fui- 
te de  jo  Eftampcs,  intitulée  Catavanne 
du  Sultan  à  h  Mecque  »  Mafcarade  Tur- 
que donnée  à  Rome  par  Mrs.  les  Penfion^ 
nairesde  l'Académie  de  France  Se  leurg 
amis,  au  Carnaval  de  Tannée  1 74^,  dédiée 
i  M.  dcTrpy  1  .gravée  par ,  Jofcph  Vipn  , 


,y  Google 


110  MERCURE  DE  FRANCE. 

Peintre ,  PenGonnairc  de  ladite  Académie 
La  Caravanru  du  Sultan  à  la  Mecque  , 
paf  fon  dcffcin  &  fon  jinvention  ,  porte 
avec  foi  le  caraftére  que  toute  chofe  de  ce 
genre  doit  avoir  ,  ce  à  quoi  les  Peintres 
doivent  donner   une  grande   attention. 
Chaque  tcte  rend  le  caraAcre  diftinâif  de 
chaque  pcrfonnagc.  Le  Sultan  n'y  porte 
point  t*àir  du  Soldat ,  le  Soldat  celui  do 
Sulran.Les  habillemens  yfont  parfaitemene 
rendus  ;  quoique  l'on  dife  ordinaitemenc 
cela  eft  fait  en  Peintre  y  on  ofe  avaacc'r  qu'il 
y  a  plus  que  du  peintre  dans  cet  ouvraM» 
la  Gravure  par  la  touche  rend  bien  Tes 
étoffes,  &  les  fonds  font  d'ane  lcgcrcté,pctt 
commune  ^ans  ces  fortes  d'Eftampes.  Cha- 
que figure  par  fon  habillement ,  par  les 
^  effets  de  lumière  &  de  demie  teinte  ,  ex- 
prime parfaitement  ce  que  TAuteur  nous 
annonce  par  fon  frontifpice  :  pour  touc 
dire  enfin  ,  la  touche  légère  &  la  variété 
de  fa  pointe ,  nous  fait  connoître  que  les 
bons  Graveurs  ont  bien  connu  les  bellej^ 
EjtHX'firtes  ,^  que  les  grands  Peintres  pof 
fi  bien  traitées. 

Le  Public  éclairé  jugera ,  conmie  nous  » 

des  Eftampes    qœ  nous  lui  annonçons. 

Elles  font  gravécsà  l'Eau-fortc ,  &  au  prc? 

miercoup. 

Lb  Sieur  Odifu^n  avertit  le  PuMia^ 

^tt'il 


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JANVIER.  .    t7ji.      tii 

qu'il  n'a  point  quitté  fon  commerce  d*Ef- 
lanipes  &  de  Tableaux ,  comme  on  la  ré- 
pandu. On  trouvera  chez  lui  un  fort  joli 
ipagazin  de  Tableaux ,  d'Eftampes  mon- 
tées ,  6c  en  feuilles  ,  Se  beaucoup  de 
Pcflcings  de  grands  Maîtres.  Il  continue 
0vec  fucçès  la  fuite  des  portraits  de^  pcr- 
fonnes  illuftres  dans  tous  les  genres.  Il 
vient  de  mettre  au  jour  Tanegui  du  Cha- 
TTEX  ,  Louis  DE  Sforce  ,  Duc  de  Milan  , 
Jean  •  Jacques  Trjvulcb  j  8c  publiera 
bientôt  plufiears  autres  Eftampes  ,  que 
Us  meilleurs  Graveurs  gravent  aduellc* 
ment.  On  trouve  chez  le  même  Mar- 
chand p  5  portraits  pour  l'Hiftoire  de  Louis 
XIV  ,  70  pour  les  Mémoires  de  Sully,  & 
3  Eftampes  hiftoriques  j  58  pour  les  Mé- 
moires de  Comincs ,  &  3  Eftampes  hifto- 
tiqvics  5  71  pour  Tabiégé  chronologique 
de  rHiftoice  de  France ,  de  M.  le  Préndent 
Henault ,  &  j  Eftampes  hiftoriques  i  50 

four  THiftoire  d'Allemagne  ,  47  pour 
Hiftoire  d'Angleterre. 
LcSr.  Odieuvre  demeure  rue  des  Portes , 
Cul-dc-Sac des  Vignes,  proche TEftrapa- 
dc,  vis-à  vis  la  rue  du  Pot  de  fer  ,  à  Paris. 
Description  Sommaire  des  Statues ,  Fi- 
gures ,  Buftesi  Vafcs  ,  &  autres  morceaux 
de  Sculpture  ,  tant  en  marbre  ,  qu'en 
bronze  ^  &  des  modèles  enterre  ciuic, 

F 


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iii    MEfttURE  DE  FRANCE. 

Porcelaines  &  FâyànCés  d'tTrbiti  >  prove* 
nantdu  Càbirtet  dfe  feu  M.  Crozat ,  dont 
la  vente  a  commencé  le  14  Décenibrc  tti 
THôtel  où  cft  décédé  M-  le  Marquis  Du- 
chacèl,  rue  de  Rfchelicu ,  àPatii,  chea; 
Ût  làîoûî:,  rue  Saint  Jacques  17  ÇO. 

Les  Sculpture^  de  M.  Crozat  doivent 
être  ,  &  font  ert  effet  un  objet  de  très  gran- 
de curiofitc  pour  tous  les  ConnôiflTeurs  ta 
ce  genre,  11  n*eft  guéres  poflîblc  de  voir 
Une  plus  belle  colledion  ,  Se  perfonne  ne 
fera  furpris  que  nous  ajoutions  qa*ûn  au* 
rôit  difficilement  trouvé  quelqu'un  en  Eu- 
ropè,qui  en  eut  donné  une  defcriptioti  plufe 
iure  ,  ou  plus  agréable  que  M.  Marietrc. 
On  nous  apprend  que  les  Tableaux  de  M. 
Crozat ,  qui  ont  paffé  dans  les  n\ains  de 
M.  de  liciers,  feront  bientôt  mis  en  ordre  9 
alors  fà  maifon  fera  ouverte  â  tous  ceuSt 
iqui  voudront  étudier  les  grands  modèles  » 
^out  former  leui:  goût  >  où  pour  perfcc^ 
tiômier  leurs  tdens. 


i^i 


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\ 


JANVIER.    175  t.      ia| 
PROJET  DE  SOUSCRIPTION 

FûUr  la  CfuipelU  dis  Enfam-^rouvis ,  exiau 
tée  y  ipumt  k  VHt^oire ,  féir  M.  Natoirc  > 

.  Peintre  Ordindire  du  R$i ,  (^  pur  Mrs. 
Brunctii,  père  &  fils ,  ^nam  à  Vjlrchitec^ 
tsêre  ,  dent  0n  trêuve  mte  defcripsion  désn 
le  Mercière  du  mois  de  JsùUet  1750. 

QUcl  accueil  ne  doit«on  pas  faire  i  un 
Arr ,  qui  prévient  le  ravage  du  tems^ 
&  qui  conferve  à  la  poftérité  les  belles 
idées  d'un  grand  honunc  /*  Cet  Art  e/l  la 
Gravure  ;  en  poflcflîon  de  multiplier  les 
morceaux  les  plus  exquis,  elle  les  cternife 
encore.  Tous  les  gens  de  goût  {bntfenfi- 
blés  au  fer  vice  important  ,  qu  elle  nous 
Xend  aujourd'hui.  L'enrreprifc  hardie  d  un 
de  nps  laborieux  Artiftcs  ♦ ,  réunit  tous 
les  avantages  de  ce  bel  Art^  en  faifànt  con- 
^okre  la  Éudcnfc  Galerie  de^  Verfaillcs  » 
long-tems  apurés  la  révolution  des  années  , 
.Mii  diétruira  fans  doute  la  couleur ,  le  def> 
j(cing,&  la  compofition  de  M.  le  Brun.Pcr- 
ibnne  n'ignore  que  les  plus  bcauxTablcaux, 
qnelque  foin  qu'on  en  prenne  ,ne  peuvent 
être  d'une  durée  comparable  à  celle  des 
Planches  qui  les  répètent ,  &  peuvent  les 
conferver  de$  ûécles  entiers  lurement  ^ 

Fii 


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it4   MERCUREDEFRANCE. 

fap«  peine ,    de  mille  façons  différente^. 

Ces  confidérations  ont  engagé  le  fieur 
Fcflard  ,  Graveur  en  taille-douce  ,  à  pré^ 
fenter  au  Public  c(e$  foufcriprions  pour  la 
Chapelle  des  Enfans-trouvcs  de  Paris, 
exécutée ,  quant  à  THiftoire  ,  par  M,  Na- 
toire ,  qui  préfidera  à  la  conduite  des  Plan- 
ches/, &  quant  à  T Architedure  ^  par  Mr% 
Brunecti ,  père  &  fijs. 

L'éloge  unanime ,  le  concours  des  Ci|- 
ricux  ,  que  cet  Ouvrage  attire  tous  ks 
Jours  ,  aflare  celui  des  foufcripteurs. 

Cette  Chapelle  repréfentc  rAdoration. 
des  Rois.  La  pcnfée  &  Texéçurion  fem- 
fclent  faites  pour  fatisfaire  tous  les  goûts. 
Ce  n*eft  pas  feulement  un  Tableau  qt^i 
puiffc  exciter  la  dévotion  ,  c'eft  un  paflagc 
de  l'Hiftoire  Sacrée  ,  développé  dans  tous 
fcs  détails,embelli  de  toutes  Ces  circonftân- 
ces ,  Se  traité  avec  toute  l*élévation  &  la 
noblcffe  ,  dont  il  é.toit  fufccptiblç.  C'efl: 
donc  aux  vrais  Curieux  que  cette  iSouC- 
cription  eft  principalement  adrefTée  ,  car 
le  morceau  qu'on  s'engage  à  graver ,  flat- 
tera les  connoiffances ,  lamour  &  le  goût 
des  Acquéreurs.  La  grandeur  de  rcûfctïi- 
blc  ,  les  beautés  de  détail ,  la  belle  exécu- 
tion ,  enfin  le  bel  accord  ,  tout  répond  à 
la  réputation  de  l'Auteur.  On  auroit  porte 
pl4S  loin  ce  détail,  s'il  n y  çn  avoir  ui| 


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JANVIER.     X75t;.      i»j 

3ans  le  Mercure  de  Juillet  1750. 

Il  faudroic  un  Burin  qui  répondîc  au 
Pinceau  ,  que  Ton  veut  exprimer  ;  mais 
.  £  je  dois  me  défier  de  mes  talens  ,  j'ai  conC 
à  e(perer  du  Public  équitable ,  qui  ne  troa^ 
▼cra  dans  mon  Projet,  que  le  dcfir  de  m  ac- 
quitter en  quelque  forte  avec  la  Société , 
pour  reconnoître  fes  bontés ,  &  lui  te* 
moigner  par  quelque  grande  entreprife  Ifi 
iéût  que  j'ai  d'être  utile  à  ma  patrie. 

CONDITIONS. 

L'Ouvrage  compofé  de  treize  Tableaux  ^ 
la  Gloire  étant  partagée  en  deux  ,  avec  les 
deux  Chapelles  de  Sainte  Genncviéve  SC 
de  Saint  Vincent  de  Paule  ,  formera  quin- 
ze Planches  d'environ  dix  neuf  pouces  de 
haut ,  fur  onze  de  large  ,  imprimées  fur  le 
plus  beau  papier  de  Nom  de  Jefus. 

Pour  ne  rien  laiffer  à  défirer  ,  on  en 
donnera  une  fciziéme  qui  les  comprendra 
toutes ,  afin  de  faire  voir  d'un  coup  d*œil 
l'effet  de  ces  Tableaux  en  place ,  leur  union 
&  le  mérite  de  l'Ouvrage  en  entier. 

La  première  année ,  à  compter  du  pre* 
mier  Avril  17513(1751,  on  donnera  les 
trois  Tab^panx  principaux  du  Maître- 
AateL 

La  féconde  imnée ,  la  Gloire  en  deux 

F  iij 


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ti(S  MERCURE  DE  FRANCE. 

Planches ,  &  les  dcQx  Tableaux  des  ckuif 
côtés  de  rAutel. 

La  troiOéme  année,  le  côté  de  Sainco 
Geneviève  des  Ajrdens  ,  5c  un  côcéi  dcsi 
Sœurs.  - 

La  quatrième  année ,  l'autre  côté  Se  VsLVt^ 
tre  Tableau  des  Sœurs. 
.  La  cinquième  année  y  la  Pl:\|ich€  gé^ 
fiérale. 

il  n'y  aura  que  ^oo  Soufcriptions ,  l<x 
prix  de  chacune  fera  de  60  liv.  eh  cinq 
payemens  de  1 1  liv.  chacun ,  dont  le  pre- 
mier commencera  au  icr.  Janvier  1751» 
jufques  &  compris  le  dernier  Juin  17  J  î  > 
terme  au  de4à  duquel  on  ne  fera  plus  ad« 
mis  à  foufcrire  i  les  quatre  autres  payement* 
fc  feront  en  recevant  chacune  des  quatre 
premières  Uvraifons  ci  deffus  indiquées  i- 
ôc  dans  le  dedcin  de  faire  trouver  aux 
Soufcripteurs  un  avantage  réel  ^ans  les 
avances  qu'ils  font  aa  Graveur  ,  on  leur 
prouvera  qu'il  i>€  fe  réferve  au  dcffus  de^ 
500  Soufcriptions  >  que  i(5o  Exemplaires 
poUr  (on  bénéfice. 

Le  nombre  des  Soufcripteurs  une  foi^ 
complété  ,  les  Exemplaires  (cront  payés 
So  liv.  fans  aucune  efpérance  de  dimino-* 
tion  ,  d'autant  plus  que  les  Planches  ferons 
caflecs,  dès  que  le  nombre  des  500  Souf^ 
criprïons  ^^  d<e3  %6o  Ëxen^laires-du  Gra^ 
veur  fera  tiré. 


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•  1^  manière  dont  on  ve^f  traicf  f  ^veç  Lç 
Ihibliç ,  mémera  fans  deutf  fa  conâance» 
La  voici, 

'  1  ^»  On  dtonnera  une  tift«>qoi  contiendra 
les  noms  de  tous  les  Soufcripteors*»  iU  chpiv 
iiront  an  d*eiitt'euK)  pourftgntr  Us  Eafi^r 
plaires ,  &  ii  -verra  bilFèr4t$  Planches. 

x"**  Les  deniers  âçs  Soafcripceurs  ne  fe- 
ront point  remis  au  Graveur ,  mais  ils  fc"- 
jTont  d^poiîéschcs  M.Trotat»  Notaire, 
ru£  de  Condé  «  chez  lequel  00  prçndtl^ 
la  Soufcripcion  au  premier  Janvier  1751* 
i^.tfi  Notaire  ne  dâivrera  d!argcnt  au 
Gcaveur,  que  de  la  vobnté  de  M.  Klatoir^» 
^  à  proportiou  du  progrès  des  Planches* 
4**  Par  ce  moyen ,  H  n'y  a^ra  jamais  de 
-j^ayé  que  l'ouvrage  qui  (èr^  failt ,  &  Par- 
sgcntqui  Te  trouver^  en  caîfflfe  «  appartien* 
dra  aux  SoufcriiKeurs  ,  qui  auront  ton- 
fcurs  droit  ùxt  la  fomme  dépofi^e  ,  au  cas 
mie  Pouvra^e  paur  lequel  on  (oufcrit  ne 
nt  pas  travaillé  fans  relâche ,  ic  fe  trouvât 
interrompu  pat  la  mort  du  Graveur ,  ou 
P^r  quelqu'autre  évioement. 

l^s  Sottfcripteors  »  eufieux  de  voir  le 
progrès  de  iXHivrage  ,  pourront  (è  don- 
ner la  peine  de  pa&t  c^bez  le  Sieur  Feflard  » 
demeurant  â  Paris  rue  de  la  Harpe  ,  vifi  â- 
vis  la  rue  Serpente ,  i  commencer  au  pre- 
mier Avril  175  !•  Il  iè.  fera  un  vrai  piaifir 

F  iiij 


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ii8   MERCURE  DE  FRANG& 

de  leur  communiqaer  Ici  Dcfleings ,  &  le 
commencement  de  k  Gravure  (ur  leé  5.  ôc 
6  heures  de  Taprcs-midi. 

NoHS  invitons  nos  LeSeurs  à  faufcrire  pt>Mr 
des  Eflantpes  (fui  doivent  nous  rendra jà*  ^jm  a 
ce  que  nous  croions  nom  rendront  bien  un  des 
fins  grands  CT  dés  plus  beanx  morciaux  de 
Peinture  qui  ajent  été  faits  depuis  long-tems. 
M.  Fe0ard  a  du  talent  »  de  1  émulation ,  Se 
il  a  beaucoup  refléchi  fur  Ton  art  ;  que  de 
motifs  pour  lui  attirer  de  k  confiance  l 

François  Cheredu  ,  tue  Saint  Jacc^pes  y 
ftux  deux  Piliers  d  or ,  a  mis  en  vente  une 
garniture  de  fept  Ecrans  nouveaux,  j 
compris  le  grand. 

'  Les  fujets ,  tires  des  Fables  de  la  Fot>- 
-taine ,  font ,  pour  le  grand  Ecran  :  rhommt 
entre  deux  âges  &/es  deux  maitrejfes. 

Pour  les  fix  petits  :  la  Folie  &  l^yimouri  la 
Laitière  &  le  Pot  au  laity  le  Chartier  embour* 
hé\  fHuttre  &  les  Plaideurs  \  le  petit  Poiffon 
&  le  Pêcheur  \  le  Pot  de  terre  &  le  Pot  de  fey^. 

Au  revers  de  chacun  de  ces  Ecrans ,  qui 
font  graves  d'après  les  deflfeings  de  Nî, 
C.  Eifen ,  cft  la  Fable,  réduite  en  Couplets 
fur  les  Airs  les  plus  connus,  par  M.  ^<«¥. 

Il  les  diftribucra  montés  ou  en  feuilles. 

On  trouve  chez  le  même  un  très  béaa 
.Plan  de  Londres  ^  eix  une  feuille  ^  fuc  le 


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JANVIER.     17^1.      Il, 

papier  grand  Aigle.  Le  prix  eft  de  6  livres* 
11  a  audi  un  bel  afTortimeDC  d'Eftampes 
Angloifes  en  manière  noire  >  propres  k 
peindre  fur  verre. 

Il  paroîr  deax   Cantacillcs  ,  dont  M. 

arcel  a  fait  les  paroles  &  la  Mufique  , 
excepté  les  accompaenemens.  La  première 
cft  inrirulée  TEloge  de  TAmour,  h  féconde 
le  Bocage.  C  cft  M.  Blavet  qui  a  fait  les  ac« 
compagncmcns  de  la  première,  &  M.  Nau- 
dé  ceux  de  la  féconde.  M,  Marcel  donne 
encore  un  petit  recueil  de  Bruncttes»  d'airs 
férieux  &  i  boire.  Le  notp  de  M.  Marcel 
eft  bien  propre  à  prévenir  en  faveur  des 
Ouvrages  qu'il  publie. 

C  HA  N  S  0  N. 
rAMOUR   VERITABLE, 

XN  E  point  s'engager  fur  le  cbamp  ^ 
'Aimer  quelqu'un  qui  puifTe  être  eftimables 
Chercher  dans  nn  tendre  penchant 
Un  ot>>et  moins  beau  qufr  touchant  | 
Pour  le  pharmer  fe  rendre  aimable  » 
Le  lui  prouvet  fans  trop  d'empreflement  ; 
Et  voilâ  comme  ,  &  voilà  juil.*menc 
Comme  il  f^ut  que  l'on  (oit  en  afmant. 


>y  Google 


tjo   MERCURE  DE  FRANCE; 

De  tout  caprice  hors  de  fairon , 
Des  Tains  foiipçons  Se  de  route  humennioire 
£?iter  le  fatal  poifon 
Pour  le  cœur  8c  pour  la  raîlbû  $ 
M'ètre  jaloui  que  de  la  gloire 
D'aimer  le  mieui  6c  le  plus  ardemmeitf; 
£t  voila  comme',  Zc  voili  jufteœetic 
Comme  il  &ut  ^uc  Ton  foit  ea  aimaor;  . 

Vouloir  ^e  Air  toas  oos  pl«ifir« 
Ce  fok  la  (àgefle  <|iii  noas^icUire; 
Deviner  /ufqiies  4ws  èéârs 
Da  tendre  objet  de  tiot  (oopîn  | 
Boraer  fon  triomphe  i  lai  plante , 
£t  (on  bonheur  à  Taimer  con^nnnent  • 
£t  toîli  comme ,  8c  i^ll  }uAeaienr 
Comme  il  faut  cpc  l'«ttfoic  en  «imaRÇ 

Etre  vif  8c  refpeâueuz 
Huprès  de  h  Beauté  <pn  nous  engage  i 

£tre  fage  8c  vohiprneat  ; 

Plaire  fansitre  faftuçux  ; 

Paire  parler  dans  fon  langage 
beaucoup  moms  l'efprit  que  le  fetftimeiyi|[ . 
Et  voitl  comme ,  8c  voili  )uftcmem 
C  omme  il  faut  que  l'on  foit  en  aimant* 


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JANVIER.    1751.      i|i 

Cojnoip  le  délicat  bdyear 
Sjait  ménager  une  liqaenr  charmante  » 
Pottf  nneos  geétar  eka^e  (aveur 
EpwonUer  fi>»^etir  :  ^ 
Sor  Us  foibleffes  à^uat  amante 
fermer  les  yeux ,  même  en  la  foamettant  $ 
Et  yQ'ii  comme,. de  voilà  juilemept 
Comme  il  favcijoe  Yon  fotteo  tAmsmu 

Varier  (ci  amiitemeof , 
jEt  des  neuf  Sœars  fçtvoîr  fiiif  re  les  traces  1 

parquer ,  orner  tous  fes  momens  , 

Par  qatflques  nôiveaux  agcémeas; 

Faire  des  talens  fie  des  grâces , 
£t  des  Amours  Phenrèux  affo'rtiment  $ 

Et  f oili  comme ,  fç  voflà  ^oftemcnt 

•      •    • 

Ptfetitr, 


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t}t  MERCURE  DE  FRANCE; 

,  SP  ECTA  CLES. 

L  Académie  Roy  ait  de  Mufiquc  donnai 
le  Dimanche  ip  Novembre  i  la  pre- 
mière rcprcfcncation  de  TOpcra  de  Thécia 
&  Pelée. 

Cet  Ouvrage  fut  reptéfcnté  pour  la  pre- 
mière fdis  eiiFannée  iéS^,  &ilcftà£i 
cinquième  reprifc.  On  en  a  obmis  une 
dans  l'édition  nouvelle  qui  a  été  faite 
du  Poème.  C*eft  une  erreur  que  nous  ne 
relevons  point  par  un  efpric  de  critiques 
mais  on  ne  fçauroit  mettre  trop  d'éxaûiia- 
de  dans  les  Anecdotes  qui  intcreflent  Icô 
Grands  Hommes  ,  &  lé  Poëme  de  Thétis 
cil  l'ouvrage  de  rilluftre  M.  de  Fontenelle. 

Cet  Auteur ,  fi  cher  à  fa  Nation  »  &.fi 
eftimé  des  Etrangers  >  qui  jouit  de  la  gloi- 
re d'appartenir  au  ficelé  de  Louis  le  Grand, 
&  d'être  du  nôtre  :  Cet.  homme  wpc^  , 
dont  les  talens ,  les  Ouvrages ,  la  fancé  8c 
les  grâces  de  i'efprit ,  dans  le  plus  grand 
âge ,  font  une  efpéce  de  prodige  ,  goûte  le 
plaifir  nouveau  de,  voir  encore  applaudir 
un  Ouvrage  ,  <}ui  eft  en  po0c(fion  de  plai-t 
re  depuis  plus  de  foixante  ans* 

Les  hommes  uniques  ne  font  pas  faits 
pour  cueillir  des  fleurs  communes  ;lcs  plus 


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ÏANVIER.     ti^tl     Ml 

-iprécieufc^ndlefont  pas  troj^'Iorfqu^il  s'as* 

Î^t  des  couromies ,  aonc  la  Renommée  9c 
c  Public  fc  plaifcnc  à  parer  leurs  tètes. 
Eh  t  Que  pourrions- nous  dire  de  TOpc- 
ra  de  Thétis  qui  dût  flatter  M.  de  Fonte-* 
lîcUc ,  ou  qui  lui  rendît  ee  que  les  ^rart- 
^ois  penfent  de  Tes  gcands  talens  >  de  fa  per«-^ 
lonne,  de  la  douceur  de  (es  mœurs  >  4c 
-  TBonneur  qu'il  fait  à  fa  patrie  ? 

Il  eft  des  hommes  qui  font  parvenus  aU 
point  de  rie  pouvoir  plus  êtrç  bien  loués  p 
on  les  admire  >  &  on  les  nomme. 


VERS 

J>e  JH.  df  Fontcnelleyfurfa  vicilUfe^ 


I 


L  falloir  n'être  Tient  qu'à  Sparte  ;, 
Difent  les  anciens  Ecrits. 
Oh  Dieux  !  combien  )e  m*cn  écarte  ;. 
Moi  qui  fuis  fi  vieux  dans  Paris. 
OSparte^  Sparte  y  hélas  r  qu'êtes- tous  devenael 
'  Tous  fçavîez  tout  le  prix  d'une  tête  chenue» 
'  Plas  dans  la  canicule  on  étQÎt  bien  fourré  « 
Flu$  l'oreille  étoit  dure  &  l'ail  mal  éclairé^ 
Plus  on  déraifonnoit  dans  fa  trifte  famillç  ; 
Pins  on  ^pibguoit  &r  la  moindre  vétille  ; 
'  Plbs  on.  crachoir  de  flegme  i  grand'peine  atttré^^ 
P^s  on  «voi{  de  goi^te  9Vk  d'autK  béaiiUt  p 


,y  Google 


f  J4  MERCURE  DE  FRANCE; 

plus  <»i  avoit  perdu  de  dents  de  leur  bon  gti  î 
Mus  on  marckoit  courbé  fur  fa  grofle  béquille  | 
Plus  on  éc«âc  enfin  digne  d'être  enterré  , 
£c  plus  dans  nos  remparts  on  étoir  bonoré. 
Q  Sparte  >  Sparte ,  hélas  *  qu'été*- vous  defeaue  fi 
y^us  (faviez  toui  le  prix  d'une  cête  iiheniie. 

L'Académie  Royale  de  Mufiquc  a  repris 
les  Fctcs  Vénitiennes  ,  charmant  Ballçc 
qu'elle  donne  le  Mardi  &  le  Jeudi, 

LETTRE 

Sur  CémCé 

VOus  exigez  ,  Mad^tne  ,  qac  je  vous 
difc  mon  fcntimcnt  fur  Céme  ,  &  que 
je  Vous  entretienne  du  fond  ,  ^ts  car^fté- 
tcs  y  des  (ituations ,  &  du  ftyle  de  cette 
Pièce,  fi  conftanmient  applaudie  durant 
vingt-cinq  repréfencations.  J'obéis  avec  le 
pla$r  qu'on  a  à  s'occuper  de  diofes  très- 
dgréables ,  6c  je  commence  par  le  fujet. 

Il  m'a  paru  que  Dorimoad  avoit  épotfie 
dans  un  âge  driproporcioané  uœ  femme 
aimable ,  ma^  dangéceufe  ,  iiommée  Mé- 
liflTç.  Que  Méli{&  ,  pour  ne  pas  lifqiier  de 
retomber  *ésLm  riadtgonce  donj^elk  ay«idt 
été  tirée ,  xéfûlut  dans  le  défe^^kipù  cUe 
était  de  n'avoir  point  d'cafant ,  de  s'en 
donner  uo  ipar  uoeilipfijicheûe  j  ^\À  ùii  le 


,y  Google 


JANVIER.     17  st.      tff 

iKieiKlde  la  Picce.  Elle  feignit  d'être  en"* 
ceinte  ,  &  profita  d'un  voyage  de  Doci<« 
mond ,  pour  faire  paflcr  pour  u  fille  Céniei 
fiUé  d^Orphife.  Dorimond  n'eût  aacun  foup-r 
îçon  d'une  fuppofiiion  G  criminelle.  Orphî- 

•  fc  crut  fa  fille  morte  ,  &  Ccnie  fat  elévév 
comme  fille  de  Dorimond. 

La  fiaîte  précipitée  de  Dorfainville  ^ 
qu'une  afFaicc  d'honneur  obligea  de  fe  re- 
tirer dans  les  Pays  étrangers ,  péduifit  Or- 
phi(è,fon  époufe^dans  une  fi  grande  mi  (ère* 
que  Melifle  crutdevoir  la  placer  en  qualité 
•deGodvcrnântcauptcs  deia  propre  fille  ^ 
qui  ne  cefla  point  de  lui  deipeurer  inconnue* 
Quinze  ou  feize  ans  au  mokis  s'étoienc 
écoulés ,  fans  qu'un  fecret  de  cette  impor- 
tance eût  été  même  foupçonné  ,  lotlque 
gélifie  fut  attaquée  en  Province  d^unc 
jnaladie  mottelle.  Ses  remords  la  force- 
tcnt  i  avouer  fon  crime.  Elle  en  témoi- 
gna fon  repentir  dans  deux  lettres  qui  dé- 
voient être  remifcs ,  l'une  à  Dorimond  ) 
l^tiutre  à  Cénie.,  4c  qui  fuEftit  toutes 
deux  confiées  à  Méricourt. 

MéricooTt ,  neveci  de  Dorimond  ,  a  un 
frcre  nommé  Clcrvat ,  amoureux  auffi- 
fcicn  que  lui  de  Ccnie  ;  mais  ils  font  re- 
gardés bien  différemment  :  Cilerv^  a  fçtt 
plaire  ,  &  Méricourt  cft  détcfté. 

Le  mauvias  fuccès  de  fes  feux  nç  Vtm* 


,y  Google 


ïjdr  MERCURE  I>EFRANC& 

feehc  point  de  tout  tenter  pour  en  époufcc 
Tobjct ,  &  de  mettre  à  profit  dans  cette 
vue  le  fccrct  important  que  Melifïè  lui 
avoit  confie  y  mais  la  noble  réfiffancc  d« 

^  Génie  donne  aux  drconftances  le  rems  (de 
i*arrangcr ,  de  manière  qu'étant  reconnue 
pour  fille  d'Orphife  &  de  Dorfainvillç 
4jui  a  obtenu  fa  grâce  ,  elle  devient  par  (a 
naidànce  un  objet  digne  de  Talliance  de 
Clerval ,  comme  elle  l'étoit  déjà  par  Ces 
^ppas  &  par  fes  vertus* 

Tel  eft  le  fond  que  Madame  de  Graf^ 
figni  a  choifi  pour  l'embellir  de  toutes  les 
.grâces  du  ftyle  &  du  fentimcnt.  Voici  le 
caradére  tout-à-fait  bien  deflîné  &  biea 
foutenu  Qu'elle  donne  à  fes  perfonnagcs. 
Quoique  Meliffe  ne  foit  plus  quand 

.  la  Pièce  commence ,  elle  y  joue  à  propre- 
ment parler  le  grand  rôle ,  puiiqu  elle  eu: 
caufe  des  principaux  évenemens.  Cette 
femme  eft  peinte  en  deux  mots  dans  la  prc- 
micre  fcéne  :  »  Elleétoit  d'un  caradkére  dé- 
J»  teftablc,  &  féduifait  par  de  fauffes  vct- 
p  tus. 

Dotimond  eft  un  vieillard  bon  par  ex* 
cclfcncc ,  d'une  probité  fcrupulcufe  >  en- 
clave de  l'honneur , ennemi  des  foupçons  » 
&  que  la  crainte  d'être  injufte  rend  facile 
à  tromper.  Sa  femme  s'en  étoit  emparée  ^ 
ic  le  gouvernoit  abfolument* 


,y  Google 


JANVIER.     f7ji.     ttf 

Méricoucc  cft  un  homme  méchant ,  faA 
&  vain. 

Clerval  joint  a  l'amoar  leplas  tendre  « 
le  plus  vif  &  le  plus  délicat ,  une  can- 
deur charmante  ,-  une  générofitc  pleine 
d'égards  &  d'attentions.  On  ne  peut  pa$ 
remplir  avec  plus  de  noblefTe  &  de  viva- 
cité qu'il  tè  fait ,  le»  devoirs  du  fang  ,  de 
Famour  &  de  lamitié. 

Les  fentîroens  de  Clerval  ,  &  fes  etft- 
preflèmens  font  bien  juftifiés  par  les  grâces 
&  les  qualités  de  Cénie.  Elle  joint  aux 
agrémens  de  l'âge  Se  aux  charmes  de  la  fi- 
gure une  jufteffe  d'efprit ,  &  une  fermeté 
d'-ame  qui  excitent  lafurprifis  &  l'admira* 
tion. 

Orphife  eft  une  femme  fupérieute  que 
les  revers  n'abbattent  ni  n'aigriffent.  Ses 
malheurs  ne  l'affeâent  qu'autant  que  cela 
cft  néceflaire  pour  n'être  pas  foupçonnéc 
d'infênfîbilité.  On  a  prérendu  que  (es  prin- 
cipes étoient  trop  fcveres  ,  &  cenc  opi*- 
nion  a  eu  beaucoup  de  partifans  >  &  des 
'parti(àns  éclairés. 

Dorfainville  n'a  pas ,  &  il  n'étoit  pa* 
néceflaire  qu'il  eût  un  caraâére  décidé* 
C*e(l  un  honnête  homme  malheureux  fani 
favoir  mérité.' 

Liferte  fait  le  perfonnage  ordinaire  de» 
Suivantes  ,  curicufede  ce  qu'on  veut  loi 


,y  Google 


tjS  MERCURE  DE  FRANCE. 

cacher  ,  indifercttc  fut  ce  qu  clic  fçair,  ja* 
loufc  du  crédit  que  Ton  ufurpc  fur  l'cfprii; 
de  Ton  Maître.  Elle  n'a  d'ailleurs  à  Tin^ 
trigue  qu'une  afTez  foible  part ,  Se  conrrqf 
l'ordinaire  9  lellene  fert.guércs  qua  Tex-j 
|>oficion< 

Tous  ces  caraâéres  pris  dans  k  nature  « 
fc  liés  les  uns  aux  autres  par  les  chaîner 
dune  aâion  vraiment  théâtrale  »  font 
amenés  d'une  manière  infenfible  à  des  (i- 
fuations  frappantes^  Il  en  eft  quelques^ 
unes  Oui  font  un  teletfet  fur  le  fped:ateur  ^ 
qu'il  le  pafliontie  ,  s'irrite  »  s'attendrit  »  Sç 
fcmble  prendre  la  place  du  p^rfonnagc. 

De  ce  nombre  cft  celle  du  î«.  Afte  ,  où 
Méricourt  préfente  à  Cénie  la  lettre  fatalp 

aui  lui  dévoile  Us  cttmes  de  Mcliffe  >  lea 
eux  fiiivantes  dain$  lefqéeUfti  Cfcrval  9 
Dorfainville  Sc  Cénie  (brrQCn<«iii  tablea^ 
ti0uf  Sc  kuâreCant,  Le^  momttït  oà  coiu 
change  au  quatrième  AéU  »  lorfqae  Dorir 
mond  fe  déicr;mnç  à  adopter  Céoie  ,  S/: 
que  Méricourt  hii  porte  un  nouveau  coup 
plus  cruel  que  tous  les  attires ,  «n  dévclop* 
fant  fa  tiàiflanee. 

.  Tout  le  monde  a  £enti  encore  <éh  q\3C 
le  fujet  a  fourni  an  commencececot  du 
cinquième  Aâc.  Clerval  y  moiitrc  Ter- 
idenr  »  les  tranfports  »  Timpattence  &  Tin-* 
i^oiémde  d'un  jeune  lioaiœe  ^  ^nv^acwx  (k 


,y  Google 


JANVIER.     1751.     ï}9 

k  plus  digne  &  de  la  plus  tnalbeareafe  des 
maîcréflcs^ 

-  Je  ne  parle  pas  de  la  double  reeonnoif* 
fancc  qui  termine  k  Rccc  5  qaoiqae  cette 
ficoation  foit  moins  nouvelle  que  toute» 
les  autres  ,  elle  ne  laiflè  pas  d*émouvoir  ^ 
&de  produire  dans  le  conir  du  fpeâareur 
ce  changement  d'état,  qui  fait  le  grand 
plai(îr  des  repréfentatîons  intéreffantcs, 
'  Le  ftyicdc  cette  Pièce  eft  certainement 
ime  des  chofes  qui  ont  dû  le  plus  contri- 
buer à  fon  fuccès.  Elle  me  paroît  en  gé- 
néral écrite  purement  fans  affe£brion ,  na« 
furellement  fans  négligence  ,  noblement 
fens  oftentatton.  Ceft  alternativement  le 
tangage  de  la  raifon ,  de  Tefprit ,  du  fen- 
timcnt ,  &  toujonrs  celui  du  goût.  Je  vais 
avoir  Thonneur  de-vousrapcllcr  quelques^ 
unes  des  beautés  de  corail ,  qpi  ont  pafTj 
pour  être  le  plus  agréabkment  ou  le  plui 
finement  tournées. 

Dor(kinville  dit,  m  que  Tinfortune  a 
»  des  détails  ,  qui  né  font  connus  que  de» 
»  mathetireux  l  Onfoutient  avec  fermeté 
»  un  rc_ver$  éclatant  y  le  courage  $*affai(e 
9  (bus  le  mépris  de  ceux-m^mes(^'on  mé- 
m  prifè. 

Rien  n'cft-plus  vrai  que  ce  que  Dorfénn-^ 
ville  dit  des  Convents  ,  1»  qu'ils  (ont  plu» 
»  lazilcdc  k  déceirce >  ^pç cekd du  mat* 


,y  Google 


«40  MERCURE  DEFRANCE: 

Que  d'ame ,  &  (ï  j^ofc  le  dire  que  d  oixv^ 
tlon ,  dans  ce  que  Dorfainville  dit  à  fott^ 
ami  Clerval  l  »  Qu'il  cft  doux  de  vous  de- 
j»  voir  !  Ah  cher  ami  l  La  reconnoiflanfce 
i»  que  vous  infpirez  n*eft  poidt  à  chare/e  y 
m  elle  n'accable  point  un  cœur  délicat  fouis 
»  le  poids  des  bienfaits  :  elle  écarte  ce  que 
M  la  crainte  a  d'importun  &  de  rebutant» 
»  Vous  ne  ferez  jamais  d'ingrat. 

Peut-ét#e  Cénie  penfe  &  parle-t-elle  plu< 
finement,  plus  fpirituellement ,  plusrai- 
fonablcracment  que  fa  jeûncffc  ne  le  comM 
porte ,  en  difant  de  Aiericonrt ,  qu'eHe 
craindroit  tpème  qu'il  ne  prît  du  gouc 
pour  la  vérité  ,  n  parce  que  lui  ôcant  U 
»  fauiTeté  ,  il  ne  lui  refteroit  pas  même 
p»  l'apparence  des  vertus. 
.  Par  la  même  caiibn ,  je  trouVe  un  peu 
déplacé  dans  fa  bouche  un  portrait  du  ma- 
riage ,  d'ailleurs  admirable,  &  confor- 
me à  la  faconde  penfer  de  tous  les  honnê- 
tes gens. 

Orphife  dit ,  que  d  c*cft  quelquefois  unt 
^  bonheur  de  n'avoir  pour  fon  epouX 
P  qu'une  tcndrcflc  mefurée. 

Cinie  répond ,  »  je  me  fuis  fût  une 
t»  idée  différente  du  mariage.  Un  mari  qui 
n  n*eft  point  aimé  ne  me  paroît  qu'unt 
!w  maître  redoutable.  Les  vercus ,  les  de- 
fv  VQir3>U  Gomplaifancej  tien  n'eft  de  notrqr 


,y  Google 


y  AN  VI  EU.     i7Jt.      14* 

it  choix  *,  touc  devient  cyranniqae  »  oa 
i>  fléchit  fous  le  joue ,  on  n'a  que  le  mé- 
j»  rite  d'un  ciclave  obéiflant.  Mais  fi  Toti 
M  trouve  dans  un  époux  l'objet  de  tous  Tes 
tt  yocux ,  je  ci^pis  ûue  le  defir  de  lui  plaire 
»  rend  les  vertus  raciLes  »  pn  les  pratique  . 
«  par  fentimént ,  Teftime  générale  en  eft  le 
»  fruit  i  on  acquiert  fans  violence  la  feule 
j»  gloire  qu'il  nous  foit  permis  d'ambi^ 
»  rionner^  i 

Ce  que  l'Auteur  mec  dans  la  bouche 
JtOrfhife ,  eft  d'une  vérité  moins  agréable  , 
mais  par  malheur  trop  commune.  »  Helas  t 
»•  Votre  erreur  eft  bien  naturelle.  L'expé- 
iî^  ricncc  peut  feule  nous  découvrir  les  pci-  - 
»>  nés  inséparables  d'un  attachement  trop 
p  tendre.  Mais  cette  félicité  ,  dont  l'ima- 
.  w  ge  vous  féduit ,  dépend  trop  de  la  vie  ic 
♦>  des  fentimcns  ,  du  bonheur  même  de 
9i  l'objet  aimé ,  pour  qu'elle  foit  durable. 
,  w  La  tcndrcffc  double  notre  fenfibilité  na- 
»  tutelle  ,  elle  multiplie  des  peines  de  dé- 
M  tail  y  dont  la  répétition  nous  accable» 
9»  Les  véritables   malheurs  font  ceux  du 
M  cœur. 

Orfhifi  fait  véritablement  le  perfonna- 
gc  de  Gouvernante,  quand  elle  dit  à  C/- 
nic^  qui  lui  a  fait  confidence  de  fon  amout 

Îioor Ctervaly  ou-clle  condamne  trèsforc 
e  dclfem  où  elle  croit  de  lui  déclarer.  fâ( 


,y  Google 


t4t  MERCURE  DE  FRANCE. 

fcntimcns,  parce  qu'il  «*  cft  permis  root 
.  3»  au  plus  à  uf)e  fille  biea  née  d*avouer  (k 
»  répugnance ,  &  jsaaazis  fon  penchant» 

Jaime  dans  la  boache.de  C/#rtM/lepor^ 
traie  du  véritable  amotr»  par  lequel  il 
)uftifie  (i  bien  5  Se  fi  noblemenc  (à  façon  de 
penfer.  «»  Je  me  mépriferois  nœi-même  , 
»  fij'avoisles  Tentimens  dontvoos  m^ac- 
^  akcz.  Non ,  Madame  ^  j'eurtoujours  ea 
»>  horreur  la  lâcheté  qui  nous  aua>cife^ 
'«»  mancpier  de  bonne  foi  avec  les  femmes. 
»  Si  l'on  ne  croit  pas  aux  amours  étemeli^» 
M  on  doit  fentir  ce  que  peut  une  oendce  e£- 
•  «»  time  fur  un  cœur  vermeux»>  Les  char- 
•Dmes  naiiTans  de  Cerne  me  firent  cofi- 
»9  noître  Tamour  ;  le  développement  de 
»  fon  caraâére  me  fixa  pour  jamais.  C'eft 
"n  ùm  coeur ,  c'cû  fon  ame  que  j'adore  : 
H  Ce  n  eft  qu'à  la  bpauté^jue  Ton  devient 
«  infidèle. 

La  téponfè  etOtfhife  eft  fage  »  noble-  » 
conforme  à  fon  caraâére  âc  à  (ts  fi^nc- 
tions.  »  Il  faut  cependant  rcooncrt  àC^« 
»  nie.  jPIus  vous  l'aimez ,  plus  vou&devez 
w  ménager  fa  gloire.  Qui  nous  détourne  de 
»  nos  devoirs^nous  manque  plus  efienciel- 
9>  lement  que  qui  nous  eft  inlidéle* 

Derimond   fc    peint  merveilleufemeac 

dans  CCS  mots.  »  C'eft  gagner  beaucoup 

m  ^ue  de  détruire  un  foupçon  >  &  dans  ce 


,y  Google 


J  A  N  V  I  Ê  R»     i7Tf.       I4>. 

Îjtt^ililK  iCkrvâl  fur  Ton  refus  d'époufcf 
ïlâTÎce.  »  Encore  an  refus  î  Je  conunen« 
I»  ce  à  être  Us  d* en  efluyer.  Je  ne  m'écon« 
»  ne  pas  aue  ie  ftionde  foie  rempli  de  mé- 
t»  chAns^  Le  penchant  au  mal  eft  toujours 
^  (]àt  de  réunie  :  on  peut  faire  des  malheu» 
j»  reus  ,  iti^Mic  fads  leH  connoîcre;  mais 
^  qoe^ue  envie  qu'on  en  aie  »  il  n'eft  pas 
n  (i  aifé  qu*on  le  penfe  de  faire  des  beu«» 
»>  reux  -,  cela  rebute  ,  ic  Ton  devient  dur 
D  faute  de  fuccès. 

Voici  du  (4:iblime  -d*eicpreIfion  6c  de 
feâtimcnt  à  là  fois. 

Cime  a  rcfufé  Miricourt ,  lorsqu'elle  fe 
croioic  fiUe  de  Donmmd.  Il  lui  découvre 
&lui  prouve  quelle  ne  Teft point  ,  & 
fur  cette  fatale  découverte  <  il  lui  deman^ 
di:  quels  font  à  préfent  fes  fcntimens  ) 
dnie  répond  »  les  mêmes. 

Que  cetto^le  infortunée  peint  d'une 
façon  bien  iiitéreflante  la  trifte  iitmtioa 
d'une  perfohne  ifolée  dans  le  monde  par 
fa  naiaance,  &  qui  n'a  pasmfcme.le  bon^ 
heur  de  tenir  à  quelqu'un  ( 

»  Les  plaintes  me  feroient-elles  inter« 
M  dites ,  quand  fe  Ciel  me  ravie  ce  qu'il 
l' accorde  aux-  plus  vils  mortels  ?  Je  ne 
M  prononcerai  plus  les  tendres  noffis  de 
M  père  <c  de  mer^^.  Je  fcns  anéantir  dans 
M  mon  cœur  la  coi^âaace  qu'ils  fnfpirchc^ 


dby  Google 


t44  MERCURE  DE  FRANCE; 

1»  Plus  de  foutien ,   plus  de  defenieor  ; 
n  plus  de  guide  à  mes  volontés  l  Mon  indé^  /^ 
9i  pendance  m'épouvante  \  je  ne  tiens  plus 
^  \  rien  ,  &  rien  ne  tient  à  moi. 

Je  n'ajouterai  à  ce  que  j*ai  déjà  rappoc* 
té  que  U  première  Scène  du  cinquième 
Aâe  ,  laquelle  a  pade  univerfellemeac 
pour  un0  des  plus  agréables  qui  foient  aai 
Théâtre. 

GtERVAL,DoiLSAlMVILLB« 

DorfainvilU. 

n  Rcpofcz-vous  fur  moi  :  Paurai  foîci 
à  de  tour. 

Cterval.         • 

i>  Nç  Ie$  préfcntcz  point  comme  dct 
»  infortunées.  Les  malheurs  ne  font  pag 
p_  toujours  une  bonne  recommandation» 

Dorfainvili^ 

»  Je  fçais  ce  qu'il  faut  dire. 
ClervaL 
'     n  Qu'elles  foient  bien  traitées.  Si  I4 
p  peniion  ne  fuffit  pas ,  on  la  doublera. 
Dorfainville. 
p  Vous  m  avez  dit  tout  cela. 

CUrval. 
^  Recommandez  fur  tout  que  Ion  vous 
.4»  ^Lvcrtiflc ,  s'il  arrivoit  la  moindre  in* 
^  j:oa.|PQdicé  à  Cçnict 

Dorfainville. 


,y  Google 


JANVIER.     175X.     14J 
DorfalnviUe. 

^  Je  n'y  manquerai  pas. 
Clervéd. 
a»  Faites  bien  fencir  qae  ee  font  des 
m  femmes  de  mérite*  Ce  n'eft  qu'en  mmtk* 
f»  trant  pour  elles  une  grande  confidéra- 
p  ûon  9  que  vous  pourrez  leur  en  attirer» 
Dorfainville. 
9  Je  n'oublierai  rien. 
ClervéL 
m  Qu'il  eft  fôcbeux  dans  de  certaines  cîr- 
^  conftances   de  ne  pouvoir    agir   foi<- 
m  même  ! 

»  QucH  !  Doutez- vous  de  mon  zélé  i 

Clervéd. 
»  Non  ,  cher  ami  -,  mais  vo«s  ne  con^ 
•>noi(fez  point    les  deux  perfonnes  qui 
I»  méritent  le  plus  qu'on  s'intéreflè  vivc^ 
i^men  <^t  àelles. 

Dnfainvilh.  * 

»  Vous  les  aimez  s  cela  me  fuffir. 

Clerval. 
9  II   faut  fervir  les  malheureux  avec 
a  tant  de  circonfpe&ion ,  d'égards  &  de 
9  rcfpeâ:  l 

Dèrfainville. 

M  Qui  doit  mieux  que  moi  Tçavoir  IcS 
fxiénagct  l 


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146  MEJICURE  DEFRAN<:E* 

Ctervél.  i 

n  II  eft  vrai  ;  mais  un  homme^^cou^ 
m  rage  contradc  une  certaine  dureté  pour . 
m  lui  même»  qu'il  peut  étendre  fur  les  au- 
H  très  ,  fans  même  qu'il  s'en  apperçoivÇà 
»  Il  eft  mille  petites  attentions  qu'on  qe 
0-  peut  néglige ,  fans  bleflcr  ceux  qui  ont 
j»  droit  de  les  attendre. 

DorfainvilU. 
1»  Je  ne  manquerai  à  rien  >  je  vous,  ea 
M.donne  ma  parole^  > 

ClârVétU 
t>  Quel  inconvénient  y  auroit-il  que 
m  je  vous  acconipagnalTe  à  cette  première 
M  entrevue  ?  Je  parlçroi^  viyetpeni.  C  çft 
99  le  premier  mom.enc  qui  décide  î  il  eft 
i^rimpQtt^nt»  •••• 

Dorfuinviile. 
tj  Ce  n'en  pojint  trc]^  dire.  Loîts  dç 
4»lesfcrvir,  votre  âge,  votre  tqa  pour^ 
^  roienc  faire  na  qaaiivaîs  effet.  Je  crains 
n  déjà  que  vos  arrangcmens  ac:  nmfcnç  i 
»  leur  réputation. 

ÇUrvaL 

»  Comment  ? 

Dorfainville. 

»  Par  un  fafte.qui  me  paroit  déplace,  if 
»  eft  bien  -difficile  que  leur  avanture  ne 
n  tranfpirc  pas  :  Que, voulez-vous  que  Ion 
n  pcnfe  dccc  que  vous  faites  pour  elles  l 


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.JANVIER.     17SI.      14^ 

Clerval. 

.  3»  CcU  nemc  regarde  plus  y  ie  ne  faU 
n  à  préfcQC  qu'eiécater  les  ordres  de  moa 

m  oncle. 

Dorfétinville. 

»  Qu'importe  ?  Il  eût  été  plus  prudent 
M  de  les  mettre  d'abord  fur  un  ton  appro- 
m  chant  de  leur  état. 

Clerval.  ^  • 

»  De  leur  état  l  Ah  !  gardez-vous  de 
m  croire  qu'il  foit  tel  qu'il  paroîc. 
^        DorfainvilU. 

»  AveavottsdcséclairciflremenslirdcP 

i^fus? 

n  il  n'eti  eft  pas  befoin.  Tout  parle  ça- 
ai  elles  ^  tout  a];inonce  ce  qu'elles  foat* 

.   »   JiC  çi;ois  qurlamere  Çc  la  fille  ont 
:#' mille  qualités  \  mais  enfin  ce  ne  ront.pfi^* 
m  des  preuves.    ... 

CUrval. 

M  Depuis  long-tcms  je  foupçonne  Or- 
n  phife  de  cacher  fa  naiflance.  Tout  ce  que 
n  je  vois  me  le  confiroçie  -,  mon  rçfpcél  ne 
j»;  rétonne  point'.:  Il  lui  eft  naturel  d*en^ 
•I  tendre  le  ton  dont  je  lui  parle  -,  elle  de» 
wvinc  fans  doute  ce  que  je  pcnfe  d'elle  ,, 
^  $C  cep^adftnt  elle  ne  me  dément  point*. 

Gij 


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«48  MBRCURE  DE  FRANCE^ 

Dorfàinvillf. 

99  £lle  vous  a  faitgrace  de  f  affirmadvc 
hU  cû  peu  de  gens  de  cette  efpéce  »  <]u| 
ton'ayenc  ane    mftoire[toat  arrangée  dyi 
4P  lioaibeiAT  qui  les  a  réduits  à  fctyir^ 
CUrval. 

99- Ami  ,  en  cherchant  a  avilir  ce  qu^ 
li^'aiaie  ^  penfcz-vous  ?  ••.• 

n  J'^  tort.  Pardonnez  à  un  Ziéle  peut<- 
W  être  trop  prévoyant.  Je  crains  ^u'entiajt- 
99  ofi  j^t  Yptre  f  aâion.  •  ^ ,. 

CUrvat. 

^  Je  vous  entends  :  Vous  craignez  que 
1i  jen'cpoufe  Cénie?  Èh  iMeh  1  Âpprene? 
P  que  mon  parti  eft  pris  >  que  rieti  ne 
;»  pourra  ni'y  faire  renoncer ,  qu'elle  fer^ 
»  ma  fenune  >  dès  que  fn  mère  y  c$»jgt^ 
«fçntira. 

DorfainvilU^ 

a>  Quoique  mes  difcourii  vouspffènfèot^^ 
i>  me  taire  feroit  vous  trahir. 

n  Voila  »  voila  ce  que  je  prévoyok  î 
4î  N'ayant  pas  de  lamcre  &  dclafilic  les 
#i  mêmes  idées  que  moi ,  vos  foins  man^ 
«j  qucront  d'égards  ,  votte  politeflc  fera 
n  humiliante.  O  Ciel  ;  s'il  vous  échapoir^  «.^ 


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Dorfdinville. 

3»  Ah  cefTez:  de  me  f^ire  injure  !  Je  ne 
$tr  fuis  point  aflez  barbare  pour  humilieiT 
^  les  n^alhéureux.  Je  refpeÀe  ce  que  vou9 
»  ainvez  '5  mais  je  ne  fuis  point  aflèz  lâche 
A  pour  n'ofer  combattre  im  ptncbanc  opi 
»  vous  égare. 

ClerDâî. 

j^  Éh  bien  l  Vous  le  combattrez^.  Maîj! 
«f  pour  ce  moment  a'abufez  pas  dû  befoia 
»  que  j  ai  de  votre  amitié  ^  &  fur  tout  que 
^  Cénre  ne  s'apperçoive  pas  de  vos  fenti- 
■^  mens  i  renfermez  votre  zélé.  Dor  imon<{ 
J6  vient  ici  j  votre  préfence  lui  feroit  im- 
^  portufie  V  ne  Vous  écartez  pas ,  yt  vous» 
»  en  conjtire.  • 

Voila  Madame  ,  une  partie  de  ce  que 
faî  trouvé  d'excellent  dans  TOuvragc  donc 
yai  f  honneur  de  vous  rendre  compte,  llcft 
heureux  que  cette  Pièce,  qui  certainement 
f cfteraf  au  Théâtre ,  foit  aulH-bien  jouée 
qu'elle  puiflc  Têtre.  Jai  Thonneur  d'être  y 
&c. 

Notïs  venons  die  lire  fur  Génie  une' Let- 
tre, imprimée  depuis  un  ou  dcu^t  jours  i 
^lle  eft  de  M.  Lafond  de  Saint  Ycnnc  > 
&  noutf  croyons  quelle  fera  honneur  au 
cœur  &  à  l'cfprit  de  fon  Auteur.  Il  loue 
^aucoup  un  ouvrage ,  qu'on  se.  peut  nï 
icop  louer  ni  trop  lire. 

èii| 


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ïjô  MERCUR/'EDE  FRANCE 

Extrait  d^jimémfhis. 

Le  îtijet  de  cette  Piccne  cft  un  fujet  d*iti«- 
vcntron.  Amafis  fe  révolta  contre  Apriés^ 
le  fit  périr  ,  &  ufurpalé  Trôner  Voilà  tout 
-ce  que  TAtireur  a  emprunté  de  THifteâre 
d'Egypte.  Apriés  ne  laiffa  point  ck  fils't 
TAureur  lui  en  donne  un  ,quil  nomnac 
Aménophis.  Il  fuppofe  ,  que  lors  de  la 
lévolte^ce  fils  écoic  encore  au  berceau i 
&  qu'A  pries  l'avoir  fait  paffer  ^.  la  Coût 
de  Menés  ,*Roî  d'-Hecatompyle.  Menés  fit 
;donner  au  -Prince  une  éducation  confoP^ 
me  à  fôn  état.  Il  z\  oit  une  'fille  uA  peu 
inoins  âgée, qu' Aménophis  ,  il  les  deftirrtt 
l'un  à  Tartre  ,  Taiflour  féconda  fes  i^terf- 
tions  ,  mais  un  amour  qui  n*aVoît  rien  que 
4e  grand  &  d'hérciquc.  Dès  qu'Améno- 
phis  fut  en  igc  de  connoîtrc  fenifort.>3l 
le  propo.fa  la  mort  ou  la  vengfcance.  Arw 
thenis  (c*eft  le  nom  <îc  la  Prin^^cffc  )  lé 
tonfirma  dans  ces  nobles  femimens  ,  8fc 
Menés  le  tpit  en  état  de  les  fuivrc.  Amé- 
nophis à  la  tête  d'une  armée  ,  fit  *d*abordt 
\h  plus  g^rands  progrès/otitrcfcntiffoit  dli 
bruit  de  (es.  expWit^^  &  fts  droits  foûtcnuS 
'de  fa  valeur ,  lui  acqueroierit  tous  les 
|curs  de  nouveaux  Partifans  ;  ttiais  dan^ 
Un  dernier  combat  ,tnal  fécondé  de  Menés 
qui  l'avoit  jpint ,  H  fut  vaincu  ;  Menéç  fin 


>y  Google 


JANVIER.     1751.      151 

feit  prifonnicr  ,  &  k  Prince  compta  parmi 
les  morts  ^  Artbcnis  ofa  former  te  piojet 
de  itclivrer  Ton  père ,  ôc  de  vcqgcr  (on 
amanr.  Elle  recueillie  les  dtbris  de  Tar* 
mée  ,  en  forma  une  nouvelle  y-mais  elle 
fut  vaincue ,  &  tomba  elle  même  dans  les 
fers  du  Vainqueur.  Amafis  devint  amou- 
tcax  de  fa  captive ,  &  ne  pouvant  fotmon- 
tcr  Ces  mépris  ,  il  la  mit  dans  la  cruelle  al- 
fcrnativc  de  répou<er,ou  de  voir  .périr 
fon  père  ,  Se  ravager  fon  pays  :  il  fallut 
donc  qu*Arthenis  coi»feniît  à  époufer 
le  Tyran  ,  e'cft  dâBs  k  moment  où  elle 
éft  prête -daller  à  T  An  tel  que  commence 
f  aâion  ;  la  Scène  eft  à  Memphis  9  dans  le 
Palais  des  Rois. 

AcTB    Pkimier. 
ArtKenis  ouvre  la  Scçne  avec  Iphifè  ^  /k 
confidente ,  qui  lui  eft  nouvellement  attat- 
ehée,&  qui  ne  fixait  des  évenemensque 
ce  qu'ils  ont  eu  de  public.  .  . 

-    '  Iphffe. 

fth  qoeil  ictfqne  bcpaix  â  Mempliis  it  t étant , 
?08r  mbige:  auguftc  (Hymen  a  «Mi^é  ce  grand 

:        '   ■    .fOàr:,,.  . 
Far  Boi  makts^  malgt'é  rons' ,  pocifcnfement  pu- 

rée, 
en  riâime  à  PAikcI  vous  marchez -^pl orée  l 
Madame  p  ah  l  qne  je  plains  Técat  oà  îe.voas  fci  S 

Giiij 


dby  Google 


rji  MERCURE  DE  FRANCE,' 

^o  Ht  dans  vos  regards  &  rhorrreur  6c  l'cffroî  j 
Une  pMeuf  mortcllcobfcurcit  tous  vos  charnues  j^ 
Xc  voile  de  l'Hymen  cfr  trempé  de  vos  larmcC 

jirthenis^ 
lldt  âii  Cieî  que  ce  fiît  le  voile  die  la  mort  l 

Arthenis  exprime  vivement  toute  Thor-^ 
leur  qu'elle  a  d'un  Hymen  qui  va  l'unir  ,^. 
non-feulement  à  un  ufurpateui: ,  nmis  ait 
bourreau  de  fon  amanr.  Elle  apprend  ^ 
Jphife  qu'elle  aimoit  Aménophis  ^  &  que 
JVlenés  le  lui  avoir  deftîné  pour  époux. 

Jphi/è. 
^oi  !  dfuo    Pûnce  iàns  Trâne  autorifant  Tes 
vceuz...* 

Arthenhi.  . 
iphift  ,  il  n?appartie.u  q»i*â  des  âmes  commune»^ 
De  pefec  lès  monels  aa  poids«de leurs  fortunes  fo- 
lies rentimens  pour  lui  n'étoient  pas  combattus^, 
H  n'avoir  point  de  Trârne  ,  il  avoit  des  vertus-* 
Ceft  au  fort  irrité  qu'il  les  devait  peut- être.- 
H  conmit  le  malheur  avant  de  fe  connottre; 
iLâiement  on  eft^  grand  au  faîte  àcs  grandeurs  ;. 
Jl  la  Cour  de  fon  père  entourède  flatteurs', 
£t  tcpp  fû»  de  monter  au  rang  de  f«8  Aticècfes  ;,  ' 
L'orgueil  Se  la  molleffe  auroientité  ((^s  maîtres  t. 
Mais  le  fort  pour  tout  bien»  lui  laii&nt  Is  dangec  • 
D'un  Trône  i  conquérir ,  &  d'un  père  à  venger  » 
A  toutes  les  vertus  on  exerça  fon  ame.- 
Qfl^aiaoar  de  la  gloire  on  y  porta  laflamme-r» 


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î  A  KV  I  ER.     1751.     1.51? 

(h  enjorcit  Ton  corps  aux  plot  roJet  triTaoK» 
Dvk  Prince  «a  fit  nn^hommt, ic  dePhonioieiim< 
hétos. 

Cette  Sc^iieqiiii  contient  rexpofitioa^ 
£i)it  par  ces^vcrs  que  dit  Arthenis. 

O  niotj  pcit*,  pardonne  licttte  infortunée  ;; 
il  contrainte  i  fubir  on  iâtal  hy menée  » 
liion  cowur  gémit  du  prix  que  lai  coâtenr  tes  joorrv 
"foi-j  qui  des  tiens  y.chet  Ptioce,,  as  terminé  le-' 

cours,. 
Toi ,  <}pi  s*€s  plus  qu'une  omlre  9  j&  dontJa  ?ofV 

plaintive 
ACCUfc  ton  amante  ,i  te foine  tardiVc;. 
Pardonne  ,  Aménophis ,  fi  je  trabts  nu  foi }. 
Mon  père  alloit  périr' ,  Ton  (Âlut  eft  ma  loi ,, 
Et  Pinrérêt  facré^des  droits  de  la  Nature , . 
De  tout  autre  intérêt  étouffant  le  murmure  ;» 
Je  doh  malgré  mon  cœur ,  yiainemem  combatttsy» 
Bpaufer  un  Tyran  pat  eSbrt  de  ? ertu^. 

Ramcfles  arrive  y  et  perfonnagc"  quii 
croit  qu'Amcnophis  a  péri-,  cft  un  de  (csi 
plus  zélés  panilans  ;;mais  un  partifan  ca*- 
ehé,&  qat  pour  le micux^  fervir ,  s'éroicc 
en  apparence  arraché  àSofis  ,  qui  cft  le  frcr^ 
st  du  Tyran-,  il  n'cft'connud'ÀnKcftïiqar 
poift  un  homme  qui  avoir  étéciévotiéaai 
Prince,&  il  vicnrlui  faire  dès»  plaintes  ret^ 
pcftoett£es>  fur  fon  Hpnen  avec  le  Xj^ranv 


,y  Google 


t^4  MERCURE  DE  FRANCE, 
il  va  même  ju^u^è  lui  ofl&ir  de  io  tacrV 
Ai^cfavn^ts  loi  répacKi ,  <jtt€  Sofis  v<ngcroic 

fon  frerc  fur  Menés. 

;  CfcT  Hymen  cft  affreux  j  mais  iî  cfl  néceÛairc , 
Arthenis  va  traîner  dans  le  fcin  de  l*horrear, 
Se  joues  empoifonaés  d'opprobre  &  de  douleur. 

Dans  ce  moment  Nephcé  paroît.  Nephtc' 
èft  «ne  femme  ambiiieufe  d'une  des  plus- 
îllufres^  Maifons'tda  Royaume.  Aroafis 
Tavoic  aimée  ,  &  lui  avoir  promis  fon 
Trône  &  fa  main  :  défefperée  de  fe  voir 
abandonnée  pour  Arthenis  ,  elle  avoir  ofé 
s'emporter  contre  elle  à  des  difcours  peu 
rcfpeâucux  ,  &  elle  vient  par  ordre  d'A- 
mafis  kii  faire  des  fatisfadions.  .  Arthirnis 
interrompt  (es  cxcnfcs  ,  lui  parle  avec  di- 
griité  ,  mais  fans  hauteur ,  &  fort ,  en  di- 
fant ,  qu'elle  voudroit  au  prix  de  tout  foa 
fang ,  la  voir  au  Trône  qu'elle  va  occa- 
fcr. 

Nephté  charge  Ramefles  de  dire  à  Sofis,, 
quelle  attend  impatiemment  fa  vue.  Elle 
refte  fur  la  Scène  avec  Paimis ,  qui  a  élevé 
fon  enfance,elle  laifTc  éclater  coûte  fa  rage^ 
&  le  deiTcin  arrêté  de  faire  périr  Amafisr. 
dans  le  jour  même.  ^ 

Ce  jour  a  vu  nra  honte  >  il  verra  ma  vengeance  , 

Saiîs >frcrc  &  hériûcr  d'Amafis,  doit 


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JANVIER.    trTi\      t^^ 

{partager  IcTfâne  avec  elle  •,  elle  a  JTeinttfc 
'aimer  ^  mais  elle  n*aime  tti  cfFec  que  te 
Tronc. 

Mon  ame  toute  entière  e(V  â  Tambîtioni' 
tïn  cœui  peut-il  avoir  plus  d'une  pâflîofif' 

Palmis  veut  lui  donner  de  lliorreur  du 
-crime  qu'elle  eft  prèce  de  commeccrci 
Nephté  lui  répond» 

Quand  par  un  crime  heureux  on  fceptre  dt 
iachcié , 
5'èn  âbfoudre  foi  même ,  eft  un  droit  qu'il  adjugei 
Il  n'eft  plui  de  forfait ,  quand  il  n'éftplus  de  }VLgj$, 
Palmis. 
Ce  fceptre ,  dont  Wclat  brillç  tant  i  vo5  yeu»  ^ 
Excitera  bientôt  qiielqu'autre  aniliitieux»' 
Quiconque  fur  le  Tt  Ane  envîra  votre  place  ^ 
Aura  les  mêmes  droits ,  s'il  a  la  même  audace^ 
<Gttre  crainte  fans  cefle  obfedant  votre  cœur,        , 
Sur  le  Trône  avec  vous  portera  la  terreur. 

Nephté. 
Non  ,  il  eft  peu  ,  croi-moi ,  de  ccj  âmes  hardîef  j. 
€^i  dans  un  grand  deffcin  comptent  pour  lieir 

leurs  viey, 
Et  f^achent  joindre  encor  ancourage  d^ofcr  >/ 
t'efpiit  de  tout  prévoit  &  de  tout  difpoftr ,. 
Ôe  qui  l'ad^ivité  par  l'obftacle  redouble  , 
^'âucun  des  coup»  du-  fort  ne  furprennc  5!r  ne* 
K^tiblc  ,.  ' 

G  vj; 

é*  Digitizedby  Google 


!?(?  KTERCirRE  DE  FRANCE' 

De  cesgraQdscœQts  enfin ,  nés  pour  donner  laJoT;» 
52S^^'^em  la  pjcid,, le  remords,  ni  l^effroi. 

Sofis  artive  •,  N^phté  lui  apprend  que 
ttoat  eft.prèc^  le  Kea»  l'afTadîn  ,  le  momenc^u 
mais  que  ceTui,  dont  le  bras  fe  prête  à  & 
ijengçancç ,  ignore  qu'elle  foie  d'intçUi-/ 
gcnce  avec  Sofis  rqu*encas  de  mauvais  fuc- 
^cès  y  Sofis  n'étant  pas^fonpçonné,.fcrà  libre? 
d'agir  ,  &  qit'enfin ,  fi  elle  périt ,  elle  aurai 
àtk  moips.  pour  un  grand  cœur. 
tt  glâifir  confolant  de  laifier  un.vengeur». 

S&Jîs.fiut. 

"Blartons  d*iin  vaîn  ef|»oit  la  fdrcur  qnr Pinfptre  •; 

Wèphtin'eft  pas  l'objet  pourri  mon  c<sur.roii«r 

pire ,. 

tiamejjes ,  arrivant:. 

lignent: ,  P Auteli  eft  prêt  >  &  le  Roi  vous  atcendî* 

ftitffe  Arthents  8c M  n'être  unis  qu'Un  iaftantl: 
A»C  T  B,    S  ECO  N  Rî, 

KigTttf  îTitt»  Gbur  î  Etraiïgcr  dans  Mèmpliisl: 
BàûisLde  mesaycux, otti , c'eft  Aménophis  ;, 
C^èO;  cet  infort  uiié.qu!au  Trône  ta  vis  naître, 
StiefesTois-^^hélâs  1  maisce.n*cft*pla$eninaîtreé}  ^ 
,lîfc5  murs  onuvdfwidér  par  le:meuj;tte'&  l'cffroii^ 
IfitXi&ic^iU'  TLrttt.fuUa.tOinhfi  du  Roû. 


,y  Google    % 


JANVIER.      17$  r.     tsT 

Dans  oc  momcnc^il  entend  lcséclat5> 
tumultueux  d  une  fète  >  Se  fcnt  redoubler 
fa  fureur  it  Ton  indignation»- 

Quoi  !,  tandis  qgat  de  cVinu  ces  Toutesteteittifléiiry, 
O  moB  gère  ,  j'entends  tes  mânes  qui  gemiOentl 

Il  menace  Atnafo ,  8c  implora  les  Dieuxv- 

To  lès  Hrarci ,  Tyran  j  trcmWè ,  je  vis  encore ,. 
Je  vi»->  de  fumes  pas  pour  punir  tes  forfaits  ^ 
"iîa  vengeance  &  la  mort  fondent  dans  ce  Palaff«« 

RameflTés  paroît  ;  Je  Prince  qui  connoîr 
fa  fidélité ,  fe  découvre  à  lui  ;  Rameffés  ex- 
prime avec  les  plus- vifstranfports  fa  joiev 
Ion  zélc  ,  fa  furprife  ^  il  demande  au  Prin- 
ce »  par  quel  miracle  les  Dieux lont  cotiii^ 
fbrve*, 

5\ir  un  monceau  de  morts, immolée  de  ma  makr*;,* 
Dans  àt%  ruilTeaux  de  fang  coucbé  fur  ]à  pouffiere^ 
Je  touchois ,  Rameffés ,  imon  Kcure  dernière.. 
Eh  1  pldt  aujc  Dieux  puiffans,  feuls  arbitres  du  fort»» 
Qpi  tiennent  dans  leurs  mains  la  vid^oire  i(,\9» 

mi>rr,. 
Qu'en  ce  combat,  fanglani ,  itoui  les  miens  £v^ 

neftè  ». 
Ils  enflent  de  mes  jours  éteint  lé  foiblë  rcfte-r 
Dic4JX  cruels ,  dont  Je  bras  daigna  m,e  fecoutir^^ 
^us  oem'ayci&^laiilË  ni TaiBCirC|;ii moucir^^ 


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ifS  MERCURE  ITE  FRAKCE. 

Rétmejjis. 
Bn  cettt  ettrâtnité ^quelle heureufe afCftance  t 

Aminophh* 
ta  naît  faifoit  régner  l*Iiorreur  5c  le  fileace; 
Ces  cLamps  hideux,  couvertir  àt  niocrs<&  de  moUrr 

rans ,  * 

Ke  retentiflbient  plas  da  bruifde?  Cdiubactans^ 
£t  l'Aftre  it  la  nuit  brillant  dans  les  ténèbres  , 
Frétoit  un  jour  afireuiD  à  tant  d'#bjets  funèbres. 

Ua  fidclc  fcrviteirr  du  Prince  vint  far 
le  champ  de  bataille  ,  le  dcmèla  parmi  les- 
morts  ,  &  lui  ayant  trouve  un  rcfte  de  ciia-f 
leur  ,  le  porta  dans  un  sur  azile*^ 

Li  de  fang  épuifé ,  de  blcffures  couverr^ 

J^a  mort  pendant  fix  mois  tint  Ton  fépulcre  oti^ctr,- 

Mais  enfin  l!amour  &  la  vengeance,  plus» 
puiflans  que  TArc ,  ont  ranimé  (qs  forces-; 
guidé  par  tous  les  deux  ,  il  vole  fecourir 
Arthenis  &  Menés  ,11  connoît  le  danger 
de  foii  projet,  il  en  voit  toute  la  téméritÇr 

Mais  Textes  do  malheur  admet  peu  la  prudence.- 

Surpris  de  voir  RameflTés  interdit ,  il  lut 
en  demande  la  caufe,  Kamcirés  eft  forcée 
de  lui  apprendre ,  qiï'Arthenis  vient  àcr 
»'irnii:  au  T]fra«;.  » 


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JANVIER-     175^-      ^5^ 

Qîc  <fi$-ta  t  QiieUe  horreur  l 

Cet  Hymen  néceflaire 
Ift  le  prix  de  la  paix  ,  &  des  jouis  de  fon  petc,- 

jlminofhis.     ^ 
Prix  honteux  l  Paix  inC^if ,  &  dont  Wndigne  h>r 
D*an  vil  nfurpueur  fait  VdXiM  d'un  Roi  ! 
Voila  donc  quelle  étoit  cette  ftre  exëcrabJc  ;- 
Souiiens-nioi. .  ^\t  fuccombe  â  ce'  coupcf&oya-- 

ble, 
Q^*â  la  face  des  Dieux  par  un  wru  (olemnel  y 
Elle  ail  couvert  fon  front  d'un  opprobre  éternel  ; 
Artheùis  t  O  vertu  I  n'es-tu  qu'une  ombre  vainc  ^ 
Une  juftc  fureur  me  faifit  «è  m'entraîne  ; 
^i  vécu  ,  c'en  eft  fait ,  allons. 
Rumeps. 

Oà  coureZ'VOBt  y 
jirminophis. 
Pans  les  bpasd'Atthenis  immoler  cet  épou»»!' 

Ramefféu 
Ah  i^  quittez  on  deflcio  a  vos  jour«  fi  funeile  ! 


yis. 


Ta  me  verrots  trancher  ces  jourf  qne  je  dcrefté  ;. 
Mais  qui  n'cflpas  venge ,  n'a  pas  droirdc  mourir 
Tyran ,  c'eft  gar  ta  mort  que  je  rais^racqiierii^ 


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«tfo  MERCURE  DE  FRANG^fe 

^^Scigocorr 

Qpoî  1  foutUé  da  meartre  de  Ces  maftr^r;. 
tfc  moaftre  affis  en  paix  aurang  demes  ancêtres  ^ 
Dans  les  bras  d' Atchenis  cotslèroit  d'keureufjoursi 
It  moi  y  comme  an  proTcrit*,  errant^  de  Coacs<& 

Cours  »> 
yirois  ,  triftc  rébot  d'ùcre  pitié  ftcrîlé. 
Chez  1er  Rcms  ^  mes  égaux  ,  mandiér  ua  azile>î^ 

Daignez  m^enttndre. 

^mhophis  >  fafis  icoHttr^ 
Nbn^  mon  cceur  défcQ>er^,, 
ih  cefeul  cottp  du  fore  n'écoit  pas  préparé  V 
Ab  ,  cruelle  Arthenis!  tufçais  (jnedemes  Peres^> 
}?ai  vu^paffer  le&eptreen  des  mains  meurrrieres> 
Et  que  ce  coup  n'a  point  ébranlé  ma  vtwit  ; 
ï\  me  reftoic  ton  cœur  y  je.  n'avois  den  perdiw 

Après  bien  des  agiraf  ioîis  >  Aménophît 
ffe  réfout  à  voir  Arthcnis  pour  la  dernière 
fois  5  il  charge  Ramefles  de  l'y  dccermincr... 
Ramefles  doute  qu' Arthcnis  y  conftnte  \, 
mais  il  imagine  un  moyen  de  (atisfaire  le 
Prince  ,  il  l'engage  à  fe  retirer  ,-&  lui  pro*^ 
met  d*aller  inccffamment  le>  rejoindrev- 
Arthcnis  arrive  alors  fur  la  Scène  s. elle; 


■r- 


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JANVIER.     iTsu      »« 

paroic  abîmée  dans  la  douleur  ;  maisenfîit 
Menés  eft  parti  aufil-tôc  après  la  cérémo--^ 
aie  5  elle  a  reçu  (es  adieux  :  je  n'ai  plas^. 
die-  elle  ^  ^  trembla  pour  les  jours  de  mon» 
pcre^ 

Ombre  ie  Rionâtnanr»  je  vais  te  fatisfaires 
Koa,  je  n'entrerai  point  au  lit  de  ton  boureaoy» 
£.ibre  en£o  de.choifir ,  je  choifis  le  tonibean. 

Rameflfés  fe  préfente  à  elle  »  &  lui  dit  p 
^*an  malheureux  demande  arentretenir«- 

QjQel  efHil  !  Hélas  »  il  pent  venir  ^ 
InftfQîtr  par  mes  maux  a  fentir  leurs  miféres , 
Totis  les  infortunés  (ont- devenus  mes  frereti 

.  RamelTés  lui  dit ,  que  c*cft  un  homme 
qui  a  reçu  les  derniers  (bupirs  du  Prince*. 
Archenis  brûle  de  le  voir  v  mais  dans  le 
moment  ^u  «lie  charge  RamelTés  de  Tame*- 
«er ,  Ipfaife  ,  toute  effrayée ,  vient  lui  anr 
noocer  qu'on  vient  d'ailafllner  le  Roi* 

^rtbenh» 
Jfmafis  I  AK  »  fid'elle  â  dés  nceuds  que  j'abhorrr^ 
Couron»  le  (ècoorif  ,.s'il  en  eft  tems  encore. 

Bile  fort. 

Sofîs  qui  paroit ,  confirme  à  RameflTér 
1k  nouvelle  de  la  mottd'Amafis  ornais  il« 


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t6%  ME  RCURE  DE  FRANCE. 

prétend ,  dit-il ,  jouir  fçul  dn  fruit  de  ce 
grand  crime.  Il  a  faic  arrêter  l'aflaffîn  aprè^ 
îc  coup.  Par  les  Loixdc  TEtat  ,lavçavc 
du  Roi  mort ,  aflSftée  4ts  Prêtres .  dlfis  , 
doit  juger  te  coupable.  So(fs,qui  aime 
Arthenis  ,  &  quiconnoît  fa  vertu ,  a  grand 
intérêt  d*écarter  de  lui  les  foupçons  ril  etï 
a  un  moye»  sûr  j  Paflaflîn  croit  n'avoir  prê- 
té fa  main  qu'à  Ncphcé  y  Sofis  ie  fera  pa- 
jTûicre  devant  Ai:'tlieni9^&  fitôt  qu'il  aura 
déclaré  Ncphté  ,  Sofis  aura  foin  de  faire 
périr  fon  (ccret  avec  elle  -,  mais  il  craint 
que  Mephté ,  frerc  de  "Ncphté ,  à  qui  la 
Garde  dti  Palais  obéit  yiie  faffc  quelques 
niouvcmens  s  il  charge  Ramenés  de  tout 
préparer  fans  bruit,  pour  l'arrêter  ou  le 
faire  périr,  s'il  étoit  néçeflaire  '/û  lui  pro- 
inct  pour  récompcnft  laplaec  de  Mephté. 
Bamcffés,refté  fcul,  exprime  viiFement 
dans  un  court  monologue  fon  zélé  pour 
Aménophis.  U  fort  pour  le  rtsjoindrè  ,  SC 
prendre  avec  lui  les  mefures  ctjrttvcnablcJ^ 
i  k  circonilance* 

Acte    I  IL 

Art&cnîs  ouvte  la  Scéiie  avetîpîîîfev 
elle  plaint  Anïafis,mais  elle  ne  peut  s*cmpê- 
'cher  de  rcconnoîtrela  cbnduite  -des  Dieux; 
idaAa.lc  crime  d'ua,  traître».  , 


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7  A  NT  V  I  E  R.     175 1.      1^ 

DJsIong-temti  leur  Tr6nc  affùxântxtrtTjtMn^ 
Le  Tang  <les  Rois  criait  Se  dcmandotc  hn  fang  ^ 
Mais  en  qseî  ttms,  Grands  Dieaz ,  votre  juftice 

lartce 
LHnévtcabk  irajc^aibrgé  la  f engeance  I 
Aménopbis  n'eu  plus  I 

EUc  s'ctonnc  <lc  ne  point  voir  paroîtra 
le  dépafitaîre  des  derniers  foupirs  du  Priti?' 
ce  ;  Iphifc  lui  dir ,  que  cet  homme  a  dif- 
paru  y  Sofis arrive  ,&  annonce  à  Arthonis». 
qu'il  va  faire  amener  dcvanr  elle  le  meur- 
trier d'Amafîs  ,  mab  qu'il  ne  le  verra; 
qu'après  quVUe  Taura  interrogé.  Il  die 
qu'il  foupconne  Ncpbrc  d'ivoir  armé  la 
main  de  ce  malheureux,  Sofis  plaint  le 
(brc  d'Amatts  ;  il  périt  au  mo  nent  qu'il 
venoic  <l*ètre  k  Arthenis  \  Sofis  prend  de 
U  occafion  de  lai  déclarée  (on  amour  ,^eiE 
lui  difant  néanmoins ,  que  cet  aveu  de« 
mand^  un  aurre  tems  >  &  qu'il  ne  doit  fou* 
ger  ou'â  pleurer ,  &  qu'à  venger  fon  frerçj, 
il  finir  par  dire  a.  Arthenis  r 

Mais  je  rûH  dans  vos  yeux  le  troubKe  delà  colère*. 

Arthchis  lui  répond  r 
Toyezrj  le  jBépris  ;  c'eft  lui  qm  m'a  fait  tairé*^ 

Elle  demeure  entrée  de  TinfolerKe  de 
Sofis^  elle  ^'adiire  de  vivre  encore. 

fi  a'eft  plos  de  devoir  ^oi  renchâtae  à  la? ie*. 


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t«4  MÉRGITRE  DE  ^KAUQÉc 

Son  amant  n^cft  plus  >  pourquoi  tar^*^ 
tfcllc  à  fc  rejoindre }  Dans  ce  rootnenc ,  oh^ 
amené  celui  qui  a  été  arrête  comme  meUr-* 
trier  d'Amafis.  C'cft  Aménophis.  Arthe:- 
Éiis ,  qui  ne  fonge  plus  q^'à  mourir^  lui  diç' 
làns  le  regarder»' 

Qii*ua  autre  foir  ton  juge ,  «r  ^nîrfe  ptutêtt^ 
te  généreux  forfait  d'avoir  vangé  ton  matcre  p 
i/Uïs  Arthénis  ne  veut  l'entendre  ni  te  voir. 

Alors  pleine  de  Tidce  cfAménophis  q^i 
éft  préfent ,  mais  qu'elle  -croit  chcÉ  le* 
morts ,  &  qu'elle  brûle  d  y  re)oindrc7eU^- 
lui  adreffc  ces  paroles.» 

Objet  évanoui  d'une  ëteraeiic  ardeur, 
6;tovqui  ne  vis  plus;  hélas  .'que  dans  mon  coM^Jm 
jiif(|.u'ici  condamnée  au-  foppîice  êe  vivre , 
^on  Arthénis  n'a  pu  te  venger  ht  rc  Caiite^ 

Aménophis  à  paru 
De  quel  trouble  mon  cowir  fe  feot-il  agitélf 
ifipprochonSi 

Mais  je  touche  au  moment  fouhaité^  ^ 
^ui  me  va  pour  jamais  rejoindre  â  ce  que;  j'aime  f 
!A&!  (î  nous  confervons  au  fein  de  la  mbtt  même^ 
Ce  célefVe  rayon  diomt  l'homnte  e?t  animé  > 
Si  tout  entier  »  hélàs  !  dans  ta  tombe  enfermé  i, 
Tu  n'es  pas  une  cendre  infenfible  5c  légère  » 
;^la  xaort^ncms  rejpint^.ô  que  la  more  rafcAcher^t^ 


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JANVIER.    1751;     14$ 

laines  infercooés ,  mines  que  j'ai  trahis  »  ' 
^ciB^Q  malbeoreax.Cuig  apiuife  eofio  voi  ai$^ 
Elle  veut  fe  frsiffêt. 
uin^tufhis  faifam  fauter  U  foignêrd^ 
&  Ciel  !  çttc  faites-  yous  * 

/irthinis. 

Quelle  pitié  crae^i; 
Eîle  U  reconnoit. 
S'oppofe  } . .  Aménophii  î 

Amante  trop  fiddie; 
Votts  vpnlez  le  rejoindre  ;  il  eft  â  vos  genoa]^ 

^rthinis. 
Ah  S  Prince^  ^,  je  me  moiirs  •  r  •  ckec  «naot ,  fiibl 

^CVOttS? 

/imènophis, 

jirthinis. 

Je  ne  pais  parler.  ^  »  mon  ame  trop  iv^xxt:  f  ;  • 
Tu  vis  •  •  •  f  e  te  re? ois ...  A  chère  &  douce  vue  ! 
|!.es  Dieux  ontpris  pitié  des  maux  que  f^ai  £>Qffert||] 
Qife  dis-je  ?  En  cet  état ,  chargé  d'indignes  fers  | 
Inexorables  I>ie,udc ,  eft-ce  là  me  le  rendre } 
O  malheoreux  oijet  de  Tamour  le  plus  tendre ,; 
De  q^ei  mélange  affreux  le  cékfte  courroux 
Empoifonne  un  iof^ncqai  m'edt  ét^  fi  doux. 
Quoi!  chei  Prince ,  le  fore  veut  que  je  te  revoye'if 
7a.yh  t  A'^Mais  pleuH  &  ce  «'çA  p^s  de  ^oy e( 


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•£^  MERCURE  DE  FRANCE. 

jifninofhis. 
Eh  \  pourvoi  meplaim-tu^  N'^i-je  pat  va  ta  laakl 
^ête  poux  me  rejoindre  i  déchirer  ton  fein  ; 
Ah\  dans  ceœomenc^ci  ta  coolUacejSc tes  charme^ 
C'efl  toat  ce  que  je  vois$  je  feos  couler  mes  launei^ 

Arthinis. 
Infortmié  !  l'amour  te  cache  en  cet  Inftant 
£t  rhorreur  de  ces  fers  &  le  fott  qui  t'attend, 
Ceft  tout  ce  qu'à  mes  yeux  ce  même  amour  pré* 

fente, 
Je  te  vois  (  quelle  image,  ô  Ciel,  pour  une  amante)^ 
Sous  le  fer  des  boureauz  (anglant  &  déchiré  ; 
A  cet  a&euz  deftin  c'efl  moi  qui  t'ai  livré  ; 
Malheur eufe ,  c'eû  moi  qui  pour  comble  de  peine^ 
Ai  pouilé  mon  amant  â  fa  perte  certaine  ^ 
C'eft  mon  fatal  Hymen 

Aménopbis  lai  apprend  que  ce  n'eft 
point  lui  qui  a  tué  Amafis  î  qu'il  en  avoic 
formé  le  detTein  \  mais  qu'un  autre  la pcé« 
venu  &  a  ravi  fo  vengeance. 

J'attendois  RarpcfTés  »  &  craignois  d'être  va  » 
Lotfque  dans  ce  détour  éclairé  d'un  jour  ibmbre, 
J'ai  cru  voir  un  poignard  étiaceiet  dans  l'ombjcei 
Les  airs  d'un  cri  perçant  ont  foudain  retenti. 
]*ai  couru  vers  l'endroit  d'od  le  btuit  eft  partû 
Un  m.alheureuzt  attçiot, d'une  maia  meurtrière  ^ 
A  fait  en  chancelait  quelques  pas  en  arrière  ; 
^l  topdbe.^  j>  m'dp^9d^fcjK«C9  ycMX  fatif&iti; 


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K  V  I  ER.    I7SI.     1S7 

t>a  perfide  Amafis  ont  reconnu  les  traits  1 
Son anac  poufle  dors  un  foaptr ^ui  l'entraîne; 
Soadâin  la  Garde  accoarr»  me  fatfic  Se  m'encluîaiu 

Ec  ta  t*ef  v4  foiviii»  i  cette  iadigaicé  i  \ 

» 

Mais  comment  arracher  le  Prince  au  fort 
a^Freuii:  qui  le  ipenace  ^  fans  crédit ,  fana 
appui  ,  ccrangcrc  i  Memphis ,  Anhénis  ne 
peut  rien  ;  Soiis  prétextera  la  vengeance 
d'un  frère  *,  Aménophis  lui  répond  que  fi 
pour  colorer  fa  perce ,  Soli»  ofc  faite  a(reai* 
bler  les  Prèires  d'Ifîs ,  elle  fera  à  leur  tète* 

Ah;  n'efpere  rien  d'eax. 

Aménophis. 
£h  Uen  !  s*il  faut  périr,  mon  courage  me  rcfte  { 
]e-ne  plains  que  ton  fort. 

Mais ,  lui  die  Arthcnis  ,  Sofis  ignore 
jurqu^4  prérçnc  que  c'cft  Aménophis 
qu'il  ti^nr  ca  fan  pouvoir  i  le  Prince  ré*» 
pond  qu'il  fera  reconnu  de  Sofis  au  mo- 
ment qu'il  paroîrra  devant  lui  >  dans  le 
moment  Sofis  atrive. 

Sofisu 
A't'il  dit  quelle  main  s'arma  contre  fon  Roi , 
Mûdaoie,  &  Ijavcx-yous  î 

JiMrccomQU.. 


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,6»   MERCURE  DE  FRAiNCE; 
.^.. ...  Miis  qtt'cft-cc  que  je.m« 

Ma  rarprife  eft  extétui 

'/Sjcaiaovhxsjmtixl 

.4méfi«p'>i(. 

Oui  .c'eft  ion  Roi  lui  même  ^^ 
/Que  comme  un  vil  mortel  entouré  de  forfait* 
Tu  v^$  cbargé  de  fers  en  fon  propre  Palais , 
Cr  qui  fouffte  portant  d'une  amc  moins  émue 
Vopprolwesde  fes  fers ,  que  i'horxcHi  Atta  yùc 

Vous  pouve*  tout  permettre  i  votre  défefpoir  j 
|?rince  ;  l'outrage  ceffe  oi^  manque  le  poufoir. 

Sofis  loi  reproche  le  meurtre  d'Amafi*. 
Arihcnis  dit  que  ce  n'eft  point  lui  qut 
«n  cft  l'auteur  i  mais  Aménophis  l'intcr- 
rpmpt  8c  demande  à  Sofis  de  quel  droit, 
teint  dir  fang  de  fes  Rois  ,  noirci  dua 
parricide  ,  il  pourroit  reprocher  a  lott 
Maître  un  meurtre  qui  le»  autoit  venges. 

Sofs, 
Moa  poUToit  eft  mon.  droit  j  ma  fiMbleûe  cft  to* 


crime. 


vaaai.iva 

Quand  le  fort  a  jugé  ,  ce  n'eft  plus  qu'aux  »ai»  Wt 
Que  les  noms  de  perfide  &ie  tiran  font  dus. 


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'-  ï  A  K  V  I  Ë  R.     17^1.      169 

Il  ordonne  qu'on  emmené  le  Prince  » 
qui  rote  en  lai  filant  : 

Monftre ,  exerce  fur  moi  toute  ta  barbarie  | 
Tu  me  fêtas  p^rir  ftns  me  âiire  trembler. 

Arthenis  à  fMrt. 

Sortons;  j'éclaterois  $  il  faut  diffimuler* 

^ofis  refté  fcul ,  marque  l*étonncmcnc 
où  il  eft  que  le  Prince  foît  vivant  ,  Sc 
que  cefoit  lui  dont  Nephte  ait  fait  choix  ; 
mais  RamcflTès  qui  arrive  &  qui  vient  de 
voir  paflTer  ce  Prince  chargé  de  fers  ,  lui 
apprend  que  ce  n'cft  point  lui  qui  eft 
Tairaflin  -,  que  Ncphtc  a  fait  donner  la 
mort  au  meurtrier  véritable  ;  qu  elle  ne 
fçait  que  penfcr  de  celui  qu'on  fait  pa- 
roître ,  8r  qu'elle  attend  impatiemment  ua 
éclairciflcment  de  Sofis. 

Sofis  fe  réjouit  de  l'heureux  hazard 
qui  a  mis  le  Prince  entre  hs  mains;  il 
ne  cardera  pas  à  le  faire  périr  \  mais  il  eft 
encore  en  balance  fur  les  movens  ;  il  va 
cependant  calmer  la  défiance  de  Ncphté , 
endormir  fcs  foupçons  par  un  frivole  ef- 
poir  j  mais  il  fçait  de  quelle  façon  il  doit 
S'acquitter  envers  elle  j  elle  ne  fera  pas 
long  tems  à  redouter. 

RamcfTès  pénétré  de  douleur  de  la  prî- 
fon  d'Aménophis ,  crainc  que  les  amis  da 

H 


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I7Q   MERCURE  DE  FRANCE. 

Prince  qu  il  a  vus  &  raflemblcs,n*cn  foicnt 
refroidis  :  il  va  néaomoins  tout  tenter  ; 
il  fauveralc  Prince  ou  périra  lui-même^ 

ActeIV, 

Sofis  &  Nephté  paroiflcnt  ;  Ncphté  lui 
demande  pourquoi  le  Prince  vit  encore  , 
&  lui  dit  qu  il  cft  à  craindre  que  le  peuple 
fee  fc  foulevc  en  fa  faveur. 

Le  Peuple  qui  gémit  fous  le  poids  da  pouvoir  ; 
iaifil  avidement  le  plus  frivole  efpoir. 
La  nouveauté  lui  plaît  ;  malheureux  &  volage  , 
11  croit  changer  de  fort  en  changeant  d*cfclavagé|f 

Sofis  lui  répond  qu'il  importe  à  fcs 
droits  que  le  Prince  foit  jugé ,  &  que 
Içs  Prêtres  d'Ifis  en  le  condamnant,  légi- 
timent le  régne  d'Amafis  &  le  fien  , 
que  de  plus  il  détournera  fur  eux  la  hai^ 
ne  de  cette  mort. 

Je  n'en  tmpofetai  &ns  doute  qa*âTi  vulgaire  ; 
Mais  c'cft  â  lui  fur  tout  qu'il  importe  de  plâiril' 
I>*(ine  vaine  apparence  il  le  faut  éblouir  ^ 
£t  l'att  de  le  tromper  eft  Tart  de  k  régir. 

.  Arthenis  ,  il  eft  vrai  ^  fera  à  k  tête  dès 
Juges  -,  mais  elle  ne  peut  rien  -,  fi  elle  ofoic 
fe  déclarer  pour  le  Prince  ,  on  la  croiroic 
fioniplicç ,  &c  Sqûs  jBo  a  àé^  £m  fcî»er 


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JANVIER.  i7ft.  f7i 
lè  hvmu  Ncpfcté  fort  avec  Taffàrancc  qw 
SoGs  lui  donne  d^  partager  le  leademaiir 
Ion  tcone  avec  elle. 

Sofiffenl. 
Va  ;  je  fywtûi  bkii-iAt  dégager  cette  foi  i 
Tu  pourras  chez  les  morts  t'aller  piaiodre  it-moU 

Arthenis  vient ,  &  SoCis  lui  fait  part 
^es  bruits  qu'il  a  répandus  ,  &  aufqudrf 
il  dit  qu'il  n'ajoute  aucune  foi.  Arthe^ 
nis  lui  répond  avec  hauteor  ;  Soâs  fort 
en  lui  difant ,  que  les  Prêtres  vont  s'af- 
femWcr  j  que  la  perte  d*Amcnophis  cft 
certaine  ,  &  qu'en  montrant  pour  lui  une 
vaine  pitié  ,  clic  ne  fcreit  que  coûfir- 
ftter  i'errei»  d«,:public. 

Le  Grand-Prêtre  d'Ifis  entre  avec  fea 
Coilégtws  i  ils  fô  placent  fur  des  fiéges  i 
la  gaucte  d'Arrbenis  qui  cft  dans.un  Fau-*- 
Uvàl  Un  Officier  amène  le  Prince  &  lui 
4iVi  voflâ  vos  Juges. 

,  jimenophis. 
Oes  Juges  !  Tant  qu'il  vit ,  en  eft-îf  pow  Utt  Roi  f 
Que  du  droit  des  Tyrans  Sofis  ufc  eaversmot. 
Et  que  digne  héritier  de  Ton  barbare  frerc  , 
5a  parricide  main  joigne  le  fils  au  père. 
jEJue  du  (âng  de  fcs  Rois  il  fouillé  encor  ce* 

lieux  : 
Idais  je  De  recoiwois  p^mr  Ji^es  que  les  Dieux, 

Hij 


,y  Google 


,71  MERCURE  DE  FRANCE.; 

Vous  ,  fi  voaç  êtes  tels  que  vous  le  iercz  être  ; 
Tombez ,  Prêtres  d'ifis,  aux  pieds  de  votre  Maître; 

Le  Grand-Pf ctrc  lai  répotid  qu^ils  ne 
rcconnoiffcnt  pour  Roi  que  Sofis.  Eh 
qui  lui  a  iranfmis  le  droit  de  mes  A  yeux  r 
dit  le  Prince  ? 

Le  Gr^ndPretr€. 
Le  Peuptb  qui  jadis  a  ckoifi  vos  ancêtres:  ^ 
L'intéiêt  de  l'Etat  demandoii  d'autres  Maîtres  ; 
>Jous  enavoBS  change, 

jimenophis* 

L'audâCC  &  l'attentac 
,Ont  toujours  prétcité  l'intctêt  de  l'Etat  ; 
£t  vous  atttorifcz  ces  maximes  finiftrcs  ,  ' 
Dieux  juftes  î  Dieux  vengeurs,  ce  font  U  vos  Uié 

niftresJ 
M^prifables  objets  du  rcfpea  det  mortels  , 
Pontifes  ,  qui  d'ifis  profanez  les  Autels , 
Vos  cœnrs  par  mntérêt  inftruits  en  l'art  de  feindre; 
Méprifcnt-ils  les  Dieux ,.  ^uc   vous  nous  faite* 
craindre  i 

Le  Grand-Prêtre  répond  que  punir  Içs 
affaffins  ,  ccft  honorer  Ifis,  &  que  Tans 
chercher  de  vains  détours  il  ait  à  ^répon- 
dre à  fes  Juges  i  le  Prince  dit  qu'il  n  cii 
reconnoît  point  ,  &c  qu  il  ne  répondra 
point. 
Sous  an  nom  révéré  vils  0T£ancs  d'un  traître , 


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JANVIER.     17JI.      17Î 

'Vbiis  pouvez  i  h  mort  cnvoicr  votre  Maicre. 
}'aî  trop  long*tems  moi-mëine  oublié  qui  je  fui's  ^ 
Et  c'cA  i  mot)  filence  i  marquer  mon  mépris. 

Il  fort. 

Le  Prince  étant  forti ,  Arthenis  dit  anx 
Prêtres  qu'elle  fçait  les  bruits  qu'on  a 
femés  contr'elle  ;  mais  qu'elle  ne  prend 
que  réquité  pour  Loi. 

Dût  ma  gloire  en  fouffrir  ,  c'efE  la  vertu  foprême 
D'immoler  au  Jevofr  jufqu'â  la  gloire  mCme , 
£t  de  compter  pour  rien  des  bruits  injurieux , 
Lorfqù'^oD  a  pour  garants  de  foncœur  &  hs  Dieux* 

Elle  eût  voulu  fauver  les  jours  d'Ama- 
Rs  y  aux  dépens  des  fiens ,  elle  plaint  fon 
fort  &  voudroit  le  venger  ,  mais  il  fiit  un 
ufurpateur  ;  Aménophis  eft  le  Roi  vérita- 
ble ,.&  c'cft  un  crime  inoîii  i  des  fujers 
de  prétendre  juger  leur  Maître. 

Mais  il  eu  dans  les  feri  <{*dn  Tyrao  redoutable: 
La  vertu  malheMetife  cn,eû  plus  refpcébble. 
Faites  votre  devoir  ;  laiflez  le  refte  au^x  pieux. 
Songez  que  dans  les  fers  de  ce  montre  odieux 
Ce  Prince  fans^  appui  n'cft  pas  moins  votre  Maître  i 
Qu'il  en  fera  plus  beau  d*ofcr  J'y  reconnoître  f 
JEt  que  les  Dieux  enfin  que  vous  repréfcntez  ^ 
Pour  l'être  dignement  veulent  être  imités. 

Elle  ajoute  qu'Aménophis  eût  é;é  fanf 

H  iij 


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174  MERCURE  DEFRANCfe. 

doute  en  droit  de  punir  un  fujer  parrici-» 
de  -,  mais  que  ce  n  eft  point  lui  qui  a  ta© 
Amalîs  ,  &  que  tel  cft  l*aatcur  du  crime  ^ 
qui  peut-ètcc  ofc  encore  s'en  dire  le  ven-^ 
fcur. 

.  Le  Prince  cft  condamné  par  les  Prêrret 
(d'Iiîs  \  on  le  fait  rentrer ,  &  Arthcnis  aprè^ 
un  niomcnt  d'effort  &  de  lilence  >  lui  prç>^ 
nonce  le  jugement. 

L'injudicc  triomphe  ;  un  Arrêt  parricide 
Abandonne  vospars  aux  fureurs  d*un  perfide^ 
Cesmooftres  ibàic  armés  du  glaive  de  la  Loi  | 
Ilsofent  s'en  fervir  pour  égorger  leur  Roi. 
Vous  êtes  condamné.  Prince  »  vôtre  «grande  am^ 
Entend  fans  fe  troubler  ce  Jugement  ia&me  ^ 
£t  je  fçauraî  moi-même  en  ce  i»omont  affreux 
Ne  rien  faire  éclater  d'indigne  de  tous  deia. 

Aux  Prêtres  tjui  fartent* 

Oui*  ^'  Laiffez-nous. . .  Mes  pleurs  iaondent  moit 

vifage. 
]Vi  fenti  qu'ils alloieot  démeattr  mon  courage, 
l'ai  dû  leur  épargner  des  témoins  odieux  ; 
Mais  je  puis  fans  rougir  être  foible  â  tes  yeuf. 

Amemphis. 
Verfe  tes  pleurs  au  fein  d'un  amant  qui  t'adore  ^ 
Et  n'a  plus  qu'un  moment  à  ce  le  dire  encore* 
C'eft  â  les  cfluycr  que  je  veux  occuper 
Los  rapides  inflansqui  ooos^o^t  édMfpcf* 


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JANVIER.     1751.      i7y 

Anheniu 
Ah!  Prince  S 

^memphiSé 

Pénétré  de  ca  douleur  etcréme  ; 
0  ma  chete  Arthenis  je  m'attendris  rooi-mim^? 
iTaodis  que  ton  amant  cherche  i  te  confoicr , 
aient  que  fa  conâaoce  eitp^ête  i  s'ébranler. 
Ah  2  Qooiqu'i  ta  pitié  mon  cgeur  trouire  des  chai* 

met  p 
^e  deriendrois  trop  folMe  i  voir  couler  tes  lar^t 

mes. 
Des  pleurs ,  même  des  pleurs  ,  échappear  de  met 

yeux. 
4E'en  efi  trop  . .  J'en  rougis  • .  •  Terminons  ooi 

odieux. 

Va ,  des  pleurs  d'au  Héros  liiitmaiitté  «*hoaore  ; 
(Jû  graad  homme  Cea&blc  eo  eil  plus  grand  c»; 
core. 

jimifipphis. 

D'un  barbare  aifime  J^e  brave  les  rigueurs  ^ 
Mais  ma.  çher^  A  rthenis  tu  m'aimes ,  le  je  mc^l^ 

Arthenis  vïvmsnt. 
Je  t*aime  ^  &  nous  mourons. 
jimen^fhis. 
Vis. . .  •  Mais  je  vois  ce  traitreé 
J^e  fens  ma  fermeté  toute  entière  renaître  , 
St  toi ,  cacbç  fur  tout  tes  larmçs  i  Sofis. 

H  iiij 


,y  Google 


i7(î  MERCURE  DE  FRANCE. 

Arthenis  lui  repond  qu'elle  ne  s  abbaiC- 
fera  point  aux  pieds  de  ce  barbare 

Je  ne  fçais  plas  pleurer  ^  mais  je  fçaurai  moarîc; 

Sofis  ,  qui  a  entendu  ces  dernières  pa- 
roles, s'avance  ,  te  offre  à  Arihenis  la  vie 
d'Aménophis ,  mais  à  une  condition  ,  c*efl: 
d  cpoufcr  Sofîs  ;  le  Prince  fe  tourne  vers 
Arthenis ,  lui  dit  de  répondre ,  &  qu'il 
ne  craint  pas  de  la  voir  hé(iter« 

Kon  y  je  ne  ferai  point  â  tous  deux  cet  oatrage. 

Elle  ajoute  que  l'Hymen  l'avoit  unie 
au  (ort  d'un  Tyran  ;  mais  que  ce  qui  pour 
fauver  fon  père  &  fa  patrie  ,  étoit  gran- 
deur d'ame  &  gcnéroficé  ,  dcvicndroit 
maintenant  foiblcrfe  &  lâcheté. 

^n  Tyran. 
JMoufons,  9c  toi  y  tandis  que  la  vengeance  ap« 

prête  ^ 

Le  glaive  menaçant  fufpendu  fur  ta  tète  » 
îVispoûr  fentir  en  toi  ,  pour  lire  dans  ton  cœur; 
tic  que  tu  dois  cau(èr  de  mépris  Ôc  d'horreur. 

Le  Tyran  ordonne  qu'on  remcnc.  le 
Prince  ^  6c  qu'on  prépare  tout  pour  (a. 
mort. 

JÛmenêphis^ 
'Adieu,  Madame  ;.  .  . 


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JANVIER,     i7yi.      177 

jirthénis. 
Va ,cc  n*eft  pa s  pour  loog-tems* 
|ie  re  ruivraibiencAc ,  &  malgré  ce  barbare  ;. 
i.a  mort  nous  rejoindra ,  £  la  mortaoos  fépare^ 

Acte  V. 

Ramctfes  qiii  voir  le  Prince  ptcr  à  partir; 
déclare  à  Nephté  les  delTeins  de  Soiîs  con^ 
tre  eHe  ?  que  pour  les  prévenir  &  fe  vciw 
gcr  ,  il  ne  lui  rcfte  que  d  engager  Mepb» 
té'  à  ouvrir  fa  ptifôn  du  Prince  \  qQ*uii 
gros  d'amie  qu'il  a  raflemblés»  n*atten<l 
qqe  ce  momcpt  pour  agir  \  que  pour  1* 
Êmver  elle-même ,  il  n'cft  point  d*autte 
Urojre ,  &  que 

Lorf^uetout  efli  craindre,  ilrefte  icoutoitr^ 

Nephtc  dit  à  Ramcfï^s  qu'il  lui  eft  fut 
peft  i^lle  doute  quelque  rems  de  fon  rap»- 
port  s  Rame  (Tés  levé  fcs  doutes  &   ajoute;. 

Je  fçâi  que  feule admife  i  l'honneur  de  fa  tabtr,. 
TSi  Tient  de  vous  offrir  la  coupe  refpeâiable  ^ 
Pc  la  foi  de  nos  Rois  gage  au5;u{le  &  facré  ;; 
Mais  furce  gage  en  vain  le  perfide  a  juré-.* 
Contre  vous  ou  lé  fer  ou  le  poifon  s-'apprétef 
De  votre  Hymen  demain  il  ordonne  la  Fête*;; 
Mais  \t  coup  aujourd'hui  doit  vous  ècre  porté^  ;; 
Si,,  eependant-cncor  a  ne  l*àipas  été», 
J|fi:iKQiiiA.aai^eZLdéj^  [aji  bien  cher  peur-âtte: 


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I7S  MERClTRïDE  FRANGE. 

Le  dangéreui  honneur  que  vous  a  fait  le  traître,; 

Nephté  cft  faific  de  crainte  &  d'horreur  •> 
clic  délibère  fur  le  parti  qu'elle  doit  pren* 
drc. 

Songez4)ue  Jcs.œomens  font  chtii  ; 
Qu*i  trop  d^lib^cer  rioâ^nt  d'agir  échappe , 
Ct  qu'aux  coiips  io^prévus  dpnt  le  4eftiii  nous  fra^ 

F, 
Va  cotir  y  qpe  rî^  n'abb^t ,  met  j^  les  diitoiirnei 
le  cems  (ju'pn-foibk  c^tixp etd  â  Vep  4tQm)erf 

^cphté  fortfarieufe  &  va  chercher Mcpb* 
té.  La  Reine  paroic  ,  &  demande  à  %^^ 
jnefTcs  ce  qu'il  a  fait  ,  il  lui  répond 
que  le  tems  cft  précieux  y  qu'il  ne  |>eiié 
Pinftruire  5  m^is  qu'il  vient  de  bazarder 
un  moyen  dangereux,, &  que  fa  derntei:ç 
refïburce  cft  de  tuer  Sofis  &  de  périr  lui- 
même  ;  dans  ce  moment  un  Officier  vicnr 
dire  a  Ramefles  que  le  Roi  le  demande. 
Ranaeflcs  craint  d'être  découvert  \  mais  il 
s*arme  d'audace ,  &  fuit  l'Officier.  Arthc- 
nis  rcftéc  feule  eft  dans  la  plus  grande 
agitation  ;  on  la  retient  prifonnierc  dans 
le  Palais  ,  &  clic  ignore  le  fort  d'AmcBO^ 
phis  ;  mais  clic  eft  réfoluëde  le  fuivre  ;  ur 
poignard  quelle  a  fçu  fe  procurer ,  la  mec 
en  état^e  difpo£:r  d'clle-xx^mc  :  £Ueiu:oii^ 


,y  Google  _ 


JANVIER,  1751.  17? 
voir  fou  amant  expirant  8c  tournant  en* 
cote  vers  elle  Tes  derniers  regards. 

Ah  j>i  pâ  le  durer. ...  Je  le  d^Tois  peut-être  i 
A  rHymen  de  Sofis  il  falloii  fionfeiinr. 
Qui  mqi  !  j'ècouterois  un  honteux  repentir } 
Kon ,  je  le  d^favoue ,  $c  h  douleur  iji'égdre  i 
D.e  fa  mort  cependant  l'appareil  (^  prépare. 
II  va  périr. .  •  Eh  bien  ne  le  fairrai-je  pas  ! 
Nous  aurons  même  bit  C^$  doutf  »  ouis  bêlas  I 
Un  cœur  ei3c-il  poufTé  la  cpndancç  à  l'eittême  , 
Infenfible  pour  foi ,  l*eft-on  pour  ce  qu'on  aime  i 
Peut-on  voir  fans  frémir  le  moment  abhorré 
De  la  deftniétioa  d'un  c^jet  a^Toré } 

Iphife  arrive  ,  &  lui  dît  que  tout  fcfpokr 
n*cft  pas  perdu  i  que  le  Peuple  cft  prêt  1 
fe  foule  ver  ,  &c  que  tout  rctctuit  déjà  du 
crrde  la  menace.  Arthenis  répond  qa'ellt 
n*efpcre  plus  rien, 

D'AménophishelasIa  perte  efl  affûrééi 

Et  ce  Peuple  fans  Chef  qu'anime  un  raintrani* 

port, 
t^  lai&ra  péiir  en  déplorant  fop  foJvt. 

Elle  voit  paroître  Sofis,  &  apprend  qu'il 
vient  d  ordonner  qu'on  immolât  le  Prince 
en  fa  prifon.'  Dans  ce  moment ,  Ncpthé 
poacoît  fbuccnue  de  Palmb  ',  elle  a  été  cm- 
poifonnéc  par  Sofis  dans  la, coupe  facrée^ 

H  vj 


,y  Google 


i$c  MERCURE  DE  FRANCE. 

elle  révèle  tous  fcs  crimes  &  ceux  de  SoGs, 
fait  des  imprécations  contre  luii  fon  plus 
grand  tourment  eft  de  nKmrir  fans  ven- 
geance \  mais  Sofîs  l'a  prcvemie  e»  étei- 
gnant Mephté.fii»un  vain  prétexte  ,  & 
chargeant  un  autre  de  la  garde  du  Prince^ 
Tremble  encore ,  dit-elle  à  Sofis  ,  le  Pca- 
pie  eft  Cbulevé ,  va ,  dit  Soûs  >  je  ne  crains- 
rien, 

£c  àâns  ce  moment  même  une  fidelle  main , 
RaracITés  ,  plonge  an  Prince  un  po^nard  dans  le- 
km. 

Au  nom  de  Ramcffcs^  Nephté  fe  ra-- 
DÎme ,  &  Arthcnis  conçoit  quelque  ef- 
pok  V  on  entend  alors  un  gr^md  bruit, 
Sofis  tire  un  poignard;  &  dit  que  fi  le 
Prince  vit  encore ,  il  va  hâter  le  coup, 
&  faire  an  prefent  de  fa  tête  aux  nftucii*». 
mais  à  peine  a-t-il  fait  un  pas  ,  qu  il  voit 
au  fond  du  Théâtre  le  Prince  luivi  de 
R^meflcs  &  d'un  gros  d'amis. 

Nephté. 
]*apper(oîs  num  ? cngeor  ;  traître  je  nicurrcon— 
tente.  On  L'emforte, 

Sûfis. 
I:ameffés.&  le  France  i  O  traLif«i  l  Ofort  r- 
]^is  dans  mes  mains,  da  moins  j^'al  le  prix  de  «a: 
moti^ 


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JANVIER.     17  jr.      iftr 

H  levé  le  pignardfur  jlnhenis^ 
'Misttt ,  AménopHis  ^ 

Barbare. 

JcvaisTéttc; 
Bt  pttîfquc  it'fes  jours  le  fort  me  laiflc  maîtrr,\ 
Tout  trahi  que  je  fuis ,  c'c(^  â  toi  de  trembler. 

Amenophis^ 
Q^e  dis-tu,  malheureux  ?  tu  pourrois  immolerh..:. 

Sofis. 
}e  fçais  qu'il  faut  mourir  ^^maîs  ma  viâimeeft: 

t  prfte  ; 

Tout  fou  ÛD^ya  coulen  régne  i  c^priv. 
jdmenofhis. 

Bn  ce  moment ,  Grands  Dieux-!  c^i  me  fecourera^ 
Arthenh fraffam  Sofis. 

Moti; 

]^on  bras  m'a  bien  fervt,  approcher ,  (ors  d*èffroî. 
L'amour  le  coodutfoit  &  nous  rend J'uni  l'autre  •;. 
Cher  Prince. 

Améhophis.  encore  tout  tremblant,  (c 
jette  aux  pieds  de  la  Princcffe  \  &  là 
Tragédie  nnix  par  ces  Vers  que  dit  At- 
ihçnis.. 

4»x£ett£tes  ^ant  taactallonamootcer  un  Maître^ 


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n%  MERCURE  DE  FRANCE. 

Un  Roi  par  le  malheur  rendu  digne  de  rècre.  - 
Qui  joint  aux  droits  du  faag  un  droit  cncor  plut 

faint  » 
JaflTe  chérir  un  père  oà  te  Tyran  (ut  crainr. 
^  Que  le  bonheur  public  â  mon  benheur  réponde  ^ 
£r  que  i'adore  en  toi  le  bieafaiAeur  du  monde* 

Les  Comédiens  Italiens  ont  donné  le 
lo  Décembre  l* Ecole  des  prndes ,  Comédie 
nouvelle  en  trois  Adles ,  en  Profc.  Cette 
Pièce  n'a  été  ^ouéc  que  trois  fois  ;  Tef- 
prir  des  détails  n'a  pas  pu  fauver  le  vice 
<lu  fonds, 

CONCERT  SPIRITVeL 

Le  Mardi  8  Décembre ,  jour  de  la  Con- 
ception ,  il  y  eut  Concert  Spirituel  dans 
la  Salle  du  Château  des  Thuillerics  ;  iï" 
commença  par  une  Sonate  du  cinquième 
ceuvre  de  Corelly ,  mife  en  grand  conceic 
par  Geminiant. 

On  «xécuta  enfuite  Cantate  Domîn»  , 
pC  95.  motet  à  grand'Clvrur  de  M. 
Martin  :  on  y  trouva  un  très-beau  def- 
fein  ,  des  chœurs  frappés  au  coin  du 
grand  Maître  ,  des  traits  de  chant  neufs  ^ 
des  fymphonies  agréables  ,  &  deuj  beaaj 
récits  .  un  de  dcfliis  ,  l'autre  de  baflc  tail- 
le. M.  Malines  fut  fore  applaudi  dans  le 
dertûer. 


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7.AN  V  I  EW.    ffsi:    ir^ 

A  la  fuite  de  ce  Motet ,  on  donna  une 

Srandc  fymphonie  de  M,  Guillemain  Or- 
inaire  àc  UMufique  du  Roi,  déjacon-^ 
nue  ,6c  que  le  public  entend  toujours  avec 
nn  nouveau  plaifir. 

'M.Gelin  ,  baf{e*taille  nouvelle > chan« 
la  après  f^eniu  exultinms  ^  fftxk  motet.  Il 
conncma  les  grandes  efpétanees  qu'on  » 
conçues  de  Ton  talent  ^  tes  progrès  rapi-' 
des  qu!oA  lui  voit  ^fatre  ,  annoncent  lonr 
travail  ^  il  le  doit  au  public  qui  Tencou^ 
ragc,&  â  lui-même  qui  peut  un  jour  en 
faire  les  plaifir^. 

Des  Duo  de  Hautbois  coopèrent  le 
chanc  ;  ils  furent  exécutés  par  Meilleure 
&iientin  &  Bureau ,  tou»  deux  jeunes  , 
«yant  un  jeu  léger ,  délicat  &  précis.  Cet 
inftiument  fi  agréable,  &  qui  paroifloic 
négligé ,  va  revivre.  Dans  ce  ficelé  heu- 
ceux  tous  les  takns  agréables  fembiJicQf 
fe  preflTcr  d'éclore  ou  de  renaître. 

Mademoifelle  FeUdont  une  maladie 
fort  longue  avoit  privé  te  public  8c  le9 
Amateurs  ,  parut  dans  ce  Concert,  &  ex- 
cita cette  joyc  vive  ,  ces  applaudifTcmens 
{apodes  &  redoublés  »  ces  mouvement 
de  fatisfaâipn  &  de  plaifir ,  plus  Hareurs 
pour  les  grands  talens ,  que  les  récompen* 
les  &  la  fortune. 

Elle  avoit  déjà  chanté   un  récit  rtès^ 


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*S4  MEvRCUREDt  FRANCE; 

brillant  dans  le  motet  de  M.  Marriin^ 
elle  exécuta  Laudate  pusri  ^  motet  Iralied 
avec  une  légèreté  ^  une  ot^on  ,  &c  une 
dlélicatelTe  qui  lui  font  propres.  Le  pu- 
blic fut  ravi  ;  mais  les  ConnoifTeurs  fo» 
Xent  fuBpri»  de  tout  ce  qu'elle  mit  ddt 
fien  dans  le  morceau  de  Mufique  »  chat* 
ciant  par  lui-même.  Il  y  a  iurtout  un 
Cantate  <ju*elle  enrichit  de  tout  ce  que 
l'Art  peut  imaginer  de  plus  féduifant  6c 
de  plus  agréable. 

Aprèsce  motet  ^!Mv  Gaviniès  joua  une 
Sonate  allez  bien ,  pour  donner  encore 
un  nouveau  plaîfir  y  &  le  Concert  finie 
par  le  Cœli  enarrant  ^  àc  M..Mondoaville 
où  Mademoifelle  Fel  qui  chanta  en- 
core ,  perpétua  le  charme  de  ce  fpcâa-^ 
de  >  &  la  &tisfa£^ion  extrême  qu'avoir 
caufee  au«pnblic,k  variété  des  morceaux  , 
la  précifion  de  1- exécution  ,  &  les  dijfFe* 
rens  talens  des  Conccrtans- 

On  ofc  le  dire  \  ft  Meffieurs  Royer  Sc 
Capran  fiiivent  dans  tous  leuts  Concerts 
Je  plan  fur  lequel  ils  ont  fait  les  arran.- 
gemens  decclui-cLjlcur  (allé,  qui  ne  de£. 
«mplira  point ,  leur  annoncera  leur  fuc*' 
aès^,  &  le  contentement  dut  public  &dig> 
Amateurs^ 


,y  Google 


/JANVIER.      1751.      18  j 

CONCERTS  j1    LACOVR. 

Mois  de  Novembre^ 

LE Luncti  1  j  , le  Samedi 27  Novembre», 
&  le  Samedi  5  Décembre  ,  on  chanta 
chez  la  Reine  //  BnUtt  des  Elimens.  Mefdc- 
fnoifellcsCanavas,  Lalande,  Defelle ,  Ro- 
mainvillc  &  de  Saihtreufc  en  ont  chantcles^ 
Rôles,ainfi  que  Mefficurs  Benoît ,  Joguet  > 
Poirier  &  Befche. 

Utois  de  Dicembre^. 

Le  Samedi  1% ,  le  Lundi  14 ,  &  le  S;t- 
.fnedi  19  ,  on  cfanta  chez  la  Reine  Se 
chez  Madame  la  Dauphine  ,  la  JPafioréiU 
de Djétfte^^^Sc Jl§^^hn  ^  de  M.  de  fcta^ 
morît*)  Sur-Intendant  àc  la  Mufiqirc  de- 
btChambrcdu  Roi.  Le  Pocmc  cft  de  Kf^ 
de  Fontenelle. 

Mlles  Lalande  ,  Romain vilk  ,  Dcfel- 
le,5c  Godonnefche  en  ont  chanté  les  Ra- 
ies »  ainfi  que  Mrs  Benoît  y  Dubourg  >  Poir 
fiex  &  Bcfchc» 


i$9^ 


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ité  MERCURE  DE  FRASÏCE. 


NOUVELLES   ETRANGERES, 
DV    IStORD. 

1>E   pETERSBOUEG,/#<SiVw#J!»^r^, 

L£  Générd  d'Arnitnb  ,  Envoyé- Ettraordiaatctf 
du  Roi  de  Pologne ,  Elcâear  de  Saxe  ,  6t  ^ 
ces  jonrs  derniers  ,  &  nouvelles  inflances  auprè» 
des  Miniftres  de  cette  Cour ,  pour  le  rétabliflc-4 
ment  du  Comte  Erneft  de  Btron  dans  le  Ooché  de 
CoQrlande.  On  lai  répondit  ;  Que  l'Imp^atriee. 
élvâit  tpus  les  JgMrds  fpfildes  fôm  la  recêmménttU-^ 
tion  du  Rffi  de  Pologne ,  ^  four  Us  inftsnces  fui 
fefmfiient  de  fa  pMrt  i  mais  qu'elle  étoir  ntenuefaf 
df9  raijhm  fMrticulietes  ,  qu'eth  communiqMereit  h 
S.  M.  Pêt,  qùOnd  4  êJAfMM  têmu 

Lcf  dtfôreos  Terticoire^  ,  aui  c^otnpoiVnt  ti^ 
frontières  de  cet  Eut  &  cell^  des  Etats  de  U  Rê^ 
publique  de  Pologne ,  étant  comme  enclavés  lef 
uns  dans  les  autres ,  il  e^  ferrent  arrivé  que  les 
Habitans  de  ces  Territoires  limitrophes  ont  es 
àt%  difputes  epfèmble  ;f&  ces  différends  auroleac 
eu  des  fuites  fâcheufes ,  fans  ratteotion  dés  deaiÇ 
Paiflances  â  les  prévenir.  Ceft  ce  qui  fait  que 
Ton  a  beaucoup  de  )oie  ici  de  la  part  que  le  même 
Général  d'Atnimb  donna ,  la  lemaine  paffée ,  2 
cette  Cour  d*tfn  Rcfcrit  du  Roi  de  Pologne  ,  datte 
de  Warfovie  le  i%  de  Septembre  ,  dans  lequel  il 
dit  à  tous  les  Staroftes  &  Continandans  de  la  parc 
de  la  République  fut  les  frontières  de  la  Ruffie  f 
Çb*e ,  p»ffe%  Untverfaux  adreffés  mux  V^euphs  de  U 
ftênt'tere  ,  il  leur  €  o^'dênné  de  ne  faire  aucun  tort  ni 
fréjfêécû  MX  Sujm  de  l'ImférâfrifÈ  di  R«^;  é* 


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JANVIER.    t7Jt.     itr 

pÊt'tout  di  ne  doMnet  âucum  reHâin  nifeeoim  4  eitm 
quife  feroiint  fMwvés  des  Titrés  d$  tttte  Vnncêjje^  Il 
dit  enfuit^  ;  Q;u ,  pour  fcttet  fluf  loin  fon  Mttentiom 
fur  cette  matière ,  il  ordonne  i  ceai  autq[)if Is  il 
adcefle  ce  Refciit  «  quand  il  tenr  fers  fsii  quelque 
plainte  de  la  part  4ei  Sujets  de  Rujjie  ,  d  examine/ 
avec  foin  quai  en  eft  le  motif. ,  ^  da  procurer ,  aujf 
prompemont  qu'il  fera  pojjiùle  ,  une  jufte  fatisfaHion 
a  la  partie  Uxée.  Il  ajoute  ^  Çiu*il  Uur  recommandé^ 
sujp  particulièrement  de  veilUr  a  ce  que  îei  Sujets  da 
tiuffie  »s  futfiênt  a^ûir  aucun fujft  de  fi  plaindre  da 
ceux  de  fon  Royaume ,  auxquels  il  enjoint  pareille^ 
ment  déUre  at^ent{fs  à  ne  ^foint  Bcc^toaner  d9 
flatntes. 

De  ^AK%oyityte  lù ^«vemire^ 

17 ae  Lettre ,  écrite  de  Wifniofwict ,  le  ^^rcmieT 
it:  ce  ii»ois  ^  porte  j^u'jQ5c  K^Udte  coattgleufe 
qiii  s'câ  manifeât^  daos  U  MoUavie ,  y  iak  <lc 

Î grands  ravages ,  ^  Qu'elle  l'cdeommiuiiquée  dans 
,  a  Haute- PodoÛe ,  i  plus  de  3Q  Villages  du  voiijh 
mage  de  Kamioiecjc. 

ALLEMAGNE. 
DeViennc/^iS  Nêvenire^ 

IL  y  a  quelques  jours  oue  M.Keittr,  Mîoil^ 
tre  du  Roi  de  la  Graode-B^eugae  y  fit  part  ag; 
'CoAite4'UMefeldt,  GraDd-Chancelierde  la  Couu 
de  la  conclulion  du  Traité  entre  r£(psgne  9g 
l'Aoglecçrie  ^  figné  i  Madcid  le  }  d'Oâobre^ 


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tSS  MERCUItE  DE  FRANCE 
ITALIE. 

De  R o m e ,  /tf  14  Novembre^ 

LE  Dac  de  Savoye  ayant  éré-,1c  17  de  Sep- 
tembre ,  aggre^é  à  TArcadie  ,  avec"  l'Infante 
I>uchcfle  Ton  Epou«,  a  fait  rera^ettre  dernièrement 
'i  l'Abbé  Morel ,  Gardien  général  de  TArcadie* , 
un  Brillant  de  la  valeur  de  i  \o  Louis  ,  avec  une 
Lettre  pleine  de  témoignages  d'eftime  pour  (â 
perfonne  &  pour  la  Compagnie  dont  il^eft  Te 
Chef. 

Le  P.  François  Retz  ,  natif  de  Bohême  ,  le- 
quel depuis  10  ans  étoit  Général  de  la  Compa*- 
t^nie  de  Jefus  ,  mousut  ^  le  19  au  nu  lin  ,  dans  1^ 
M^ifbn  de  S.  André  du  Noviciat  ,  âgé  de  7^ 
ans.  Il  faifoit  fa  réiLlence  dans  cette  Matfoa  , 
pour  y  jouir  de  la  pureté  de  l'air  de  Monte- 
•Çavallo  :  mais  fcs  Obféqiies  fc  feront  dans  l'E. 
giifc  du  Jefus,  oèjle  jour  même  de  fa  mort, 
oji  tran (porta  fon  corps  dans  un  Cafofle  fermé; 
Le  13  apiès-midi  ,  le  Pape  l'avoir  été  voir  ,pour 
la  féconde  fois  y  depuis  qu'il  gardoit  la  Chambre  ; 
^  S.  S,  s'étant  entretenue  avec  lui  alïe^  long^ 
frems  >  l'a  voit  laiHé  avec  route  l'apparence  d'ui» 
prompt  réiabJiflcment.  Dcpnis  ce  jour  ,  le  P.Retr 
n'avoit  pas  paru  être  un  icd  moment  en  danger. 
Avant  fa  mort ,  en  fe  conformant  à  Tufage  de 
fcs  PrédéccflTeurs ,  il  a  Qommé  ,  dins  un  Billet 
écrit  de  fa^  main  &-  cacheté  ,  le  F.  Ignace  7iC- 
conti ,  l'un  de  fe»  AfKftans  ,,pouc  être  Ytcairc- 
Clénécal  ^^  pendant  la:  vaca^nce  du  GénéraUt. 

D  B  Tu  R I N. ,  /^  11  hTovemhre^ 
Le  1^1  le  Koi  tendit  un.  ELiit  ^  qui  fût  pubUé* 


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J  A  N  V  I  E  R^      tjsj.     liy 

Wr  ,  par  lequel  S.  M.  réduit  i  quatre  poar  ceac 
les  Inçérêçs  au-dciTus  de  ce  rau  ,  des  fommet 
emprunté/és  par  les  Monts  de  piété  de  S.  Jean 
Baptifle  de  Turin  6^  de  Sant-Angelo  4e  Cod!  « 
&  ordonne  ,  que  les  Capitaux  de  ceux  qui  ne 
yrudront  pas  fe  foutncttre  à  la  réduâioB ,  Icut 
feront  i^mbourfés. 

Il  arriva  ces  jours  dctnîers  en  cette  Ville  an 
Courier  dépêché  de  Madrid  avec  des  Lettres  de 
Change  y  pourra  ▼ait  ur  d'une  partie  des  150  mille 
Pifloles  i  k  quoi  monte  la  Dot  accordée  par  le  Roi 
d'irfpagne  à  Tlnfaote  Ducheûe  de  Saroie  »  fa' 

GRANDE  BRETAGNE. 
De  Londres,  le  j  Déetmire. 

OK  apprend  par  une  Lettre  de  Gibraltar  en  da« 
.  te  du  9  Oftobre,  que  le  Vaiflieau  de  guerre, 
le  Cheval  Marin  y  étoit  de  retour  de  Cadix  avec 
une  fomme  d'argent  que  Ton  y  avoit  négociée 
fur  le  crédifdu  Ticfor  d'Angleterre.  Elle  eft  dcf- 
tinée  au  rachat  des  Anglois  qui  font  captifs  à 
Tétuan  ;  &  l'on  doit  l'employer  fur  le  pied  de  la 
dernière  Convention  ,  conclue  avec  l'Alcaïde  dei 
cette  Place.  Cette  Convention  eft  à  peu  près  fcm- 
^labie  aui  Traités  faits  ci-devant  avec  les  Empe- 
reurs de  Maroc  ;  &  par  conféquent  fujette  i  être 
révoquée, au  gré  de  l'intérêt  des  Sujets  de  cet  Em- 
pire ,  ou  du  caprice  du  Prince.  La  même  Lettre 
porte  ,  que  les  Habrtans  de  Tétuan  ont  aflafliné  , 
depuis  peu,  dans  une  Mofquée  l'Alcaïde ,  dont 
on  vient  déparier,  Ôc  qu'ils  en  ont  élu  un  autre 
en  fa  place. 
Le  t6  du  mois  dernier  ^  il  fe  tint  un  Grand 


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190  MERCURE  DE  FRANCE; 

Çonfeil  au  Palais  de  Saint-James  ,  dans  lequel  le 
parlement ,  que  l'on  avoit  en  dernier  lieu  pro- 
logé au  z  de  Décembre  ,  le  fut  de  nouveau  au  t  de 
^▼riet  de  Tannée  prodiaine". 

Le  paffaee  du  nouveau  Pont  de  Weftminfter  fut 
fendu  public  le  50  au  marin  ,  au  milieu  des  accla-» 
«lacions  ^t$  principaux  habirans  de  cette  Ville.  l( 
y  eue  toute  la  journée  un  concours  extraordinaire 
âe  peuple  ,  venu  de  toutes  parts  pour  voit  cet  Edi* 
fice  ,  que  l'on  regarde  comme  un  des  plus  beaux 
de  ce  genre  qu'il  y  ait  en  Europe.  La  première 
pierre  en  avoit  été  pofée  le  f  de  Février  1739  •  on 
a  mis  1 1  ans  &  9  mois  i  le  bâtir ,  Se  il  coûté  à  U 
I^atian  environ  3  3^  mille  livres  fterling. 

Il  fut  réglé  dernièrement  au  Bureau  de  la  guerre^ 
ique  Ton  rele^  eroit  â  Tavenir ,  de  cinq  ans  en  cinq[^ 
jans  ,les  Garnifon^  dé  Gibraltar,  de  Port-Mabon 
&•  de  toutes  les  autres  Places  que  la  Cooronae 
Britannique  poflede  hors  du  Royaume. 

Divers  Seigneurs  &  d'autres  per(bnnes  de  là 
Koblefle  ont  ouvert  une  Soufcripcion  pour  ériger 
4ans  TEglife  de  >9^eftmin{ler  un  Monument  à  la 
mémoire  du  céleWe  Poëte  Alexandre  Pope. 

La  maladie  qui  règne  parmi  les  cbevaux ,  c6a<^ 
idnue  à  Ce  répandre  dan(  le  Royaume ,  fans  que  le» 
remèdes  qu'on  employé  puiflèuc  en  arriérer  le  pro« 
^rès. 

,  Deux  Députés  des  Proteftans  de  Moravie  font 
arrivés  depuis  peu  dans  le  Duché  d'Argyle  en 
'Ecoffe ,  pour  examiner  le  pays  &  choifir  un  lica 
propre  i  l'éjtabliiïemenf  d'un^  Colonie  d'environ 
Aeux  mille  perfonnes. 

Le  8,  l'Amiral  S.tex^art  fut  nommé  Amiral  eà 
jclief  des  Armées  Navales  d'Angleterre,  à  la  place 
£u  feu  Chevalier  Chalonnet  Ogie  i  Se  le  Roi  lui 
fit  l'honneur  en  méme-tems  dé  le  créer  CHévalièr, 


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î  A  N  y  l  E  R.    rrjT.     i>t 

tJne  Proclamation  ;du  Roi,  publiée  ces  joars-ci  i 
jxcfans  àuùe  proro^acion  ,  rouvcrturje  du  Pafl^« 
jnent  au  it  de  Jartfier  prochain^ 

U  F^çhedu  barang,qat  s'^coit  fai|e  jufqtt'l 
prirent  avec  fuccès  pour  le  compte  de  la  oourcllc 
Oompagaie  établie  en  cette  Ville  9  eft  ûtCpendue 
jft^qu'au  retour  de  la  faifon  convenable.  Oa  smw 
prend  dfEcoffe  oue  la  vinême  Pêche  avoir  été  de* 
puis  an  mois  fi  abondante  yerale»  Ides  de  POueft^ 
me  l'on  f  employoit  aâuellemeat  locBittate^s 
cbo9  la  ^âyé  de  Harloch. 

La  maiadte  des  bètes  i  cornet  re%ne  rou/oort 
^ot  beaucoup  de  violence  dans  let  Provinces  Sepi 
tentrionales  d'Angleterre.  Celle  doni  leackevaux 
font  attaqués  ,  continue  i  fe  répandre  dans  ce 
Royaume  ff,  a'^ft  mnikùit  ca  divers  pndrotft 
dtf.l'Ecoiie.  • 

Une  Patente  accordée  ces  foora  ci  à  M.  OuiU 
honte  Pemint ,  Gentithomma  de  tettd  Ville  ,  lui 
j^ttott  de  rendre  pubHcpie  une  Macbise  de  fou 
invention  y  propre  a  iuoudre  Jes  grains^  ^  ainfi  qu'à 
deâéeber  1^  Mines  de  £har|>oo  â:  les  terres  ma« 
xécagcuf^; 

,  On  appretid  de  Dt^in  que  les  efueces  d'argent 
font  fi. rares  en  Irlande,  qu'on  a  réiolu  de  deman« 
dec  au  Gouvernenient  )a  perinifiion  de  haiiflc» 
Jji  râleur  des  Dollars  iufqu'à  cinq  Sbellîngi* 

FROFJNÇES^VNJES, 

De  l  a  Yi xm  y  le  io  Navemh0r 

L^  Abbé  de  la  Ville^  qui ,  pendant  quelques  an^ 
nées  ,  a  réfiiié^ici  en  qualité  ie  KUoiftre  de  Se 
Ma^eÔé  Très-Chrétienne} ,  a  fait  prelcnter  der^ 
fiieiis^enr  le»  MtffU  de  Rappel  aux  £tda  Gé* 


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«5^  MERCURE  DE  FRANCE; 

uétaux  ,  avec  le  Mémoire  fuivant ,  par  lequel  il  a 
fris  congé  de  leurs  Hautes  Puiffances. 

Hauts  irPeif  SANS  SErcNstrus; 

>t  Le  Roi  ayant  jugé  â  propos  de  faire  ceflfer  la 
«•midion  que  j'ai  eu  liionneur  de  remplir  auprès 
9»  de  vos  Hautes- Pùiilances ,  Sa  Majeûé  m'a  or- 
3»  donné  de  leuft  envoyer  la  lettre  qu'elle  leur  écrit 
9»i  cetteoccafîon.  Si  les  devoirs  indtfpenfables  de 
M  l'emploi  que  le  Roi  a  daigné  me  confier  depuis. 
M  mon  retour  de  Hollande ,  me  privent  de  la  fa- 
9*  tisfaé^ion  de  m^acqiiittet  en  perfonne  de  cette 
W  dern«cre  fonction  de  mon  Minifter«  ^  )'ai  da 
«moins  la  confolathornd'être  encore  une  foisria- 
a»  tecpréte  des  fentimens  d'eiiime  Sc.d*êS:^ioa  de 
a»SaMajefté  pour  vos  HIautes- Pui (lances ,  &  de 
n  leur  en  renouveller  les  plus  fortes  aflârances. 

»»  V^us  fçavc» ,  Hauts  5c  Puiffans  Seigneurs  , 
»  que  mon  zclc  &  mon  travail ,  dans  l*exécutioo 
M  des  ordrçs  dont  le  Roi  m'a  konoré  pendant  mon 
M^jour  â  la  Haye,  n'ont  jamais  eu  pour  •bf  ec 
99  que  de  prévenir  ou  d'éteindre  le  feu  de  la  guerre 
«•dont  l'Europe  étoit  malheurcufemcnt  embrafée, 
9»&  de  maintenir  entre  Sa  Majefté  &  vous,  cette 
»  intelligence  parfaite  donc  elle  avoit  fait  dès  le 
^commencement  de  fon  règne,  une  maiime  coaC 
9)  tante  de  fon  Gouvernement. 

9)  Les  premiers  nœuds  de  votre  union  întîme. 
M  avec  la  Couronne  du  Roi  ,  fixent  l'époque  de  la 
»>nai^ancedé  votre  République,  ât  vos  annales 
»»m*ont  appris  que  le  (iécle  le  plus  fioiiflam  des 
»  Provinces-Unies  a  été  celui  où  cett  j  alliance  n*A-5 
»  voit  encore  (buffert  aucune  altération. 
'  »  Ceft  avec  regret  que  Sa  Majefté  a  viî  les  cîr- 
wcpnûaaces  qui  ont  paru  donner  quelque  atteinte 

M  a  ime^ 


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tANVIER.      X7SI.     19Î 

#1  une  correrpondance  fi  ancienne  9c  fi  naturelle  f 
.  nmais  le  Roi  eft  perfuadé  que  vos  Hautes- Pufl^ 
•»  Tances  ne  confervcront  le  fourentt  des  événe- 
•>niens  qui  ont  occafionné  entre  5a  Mdjeilé  6c  vo* 
•»  tre  République  une  différence  paflàgere  de  fen* 
Mtimens  5c  de  mefures ,  que  pour  mieui  fentir  ieê 
«avantagés  d'une  liaifon  que  Sa  Majeité  défir0 
«>jCncérement  de  perpéruer, 

93 Tout  ce  que  lé  Roi  a  fait  pour  rétablir  la  tran« 
^quillité  publique,  &  les  foins  que  Sa  Majefté 
M  continue  de  fe  donner  pour  prévenir  dé  nou- 
•> veaux  troubles  ,  ont  du  convaincre  l'Univers 
«entier  qu'elle  n'a  d'autre  vâe  d'ambition  que  de 
prendre  la  pais  aufli  inviolable  que  l'eiprit  ae  mo- 
B9^ration  &  de  générofité  qui  lui  eft  a  fait  admets 
«tre  les  conditions. 

M  Le  Roi  ne  craindra  pas  de  rentrer  en  guerre  î 
«3  quand  il  y  fera  forcé  par  les  confîdérations  fa*, 
supérieures  de  fa  gloire ,  du  foucien  de  fes  Alliés 
M  &  de  la  fidélité  à  fes  engâgemens;  maisPob/ct  de 
É9  fes  vxxux  fera  toujours  de  n'avoir  i  faire  ufage 
M  de  ion  pouvoir  &  de  l'influence  qui ,  dans  l'ad* 
p^m^iniflracion  des  intérêts  publics  ,  appartient  2 
p^  l'ancienneté  &  â  la  dignité  de  fa  Couronne ,  que 
9»  pour  afTdrer  le  repos  de  toutes  les  Nations  &  le 
#»  bonheur  de  ks  Peuples. 

»  Ces  fentimens  du  Roi  ,  plus  refpé^lables 
■•encore  que  Umajeflé  de  fon  Trône ,  font  un  des 
«plus  fllrs  garants  que  l^urope  puifle  avoir  de  la 
•s  conférvation  de  Câ  liberté  &  de  l'équilibre  de 
m  puifTance  qu'il  n'efl  pas  moins  elTentiel  de  main- 
•>  tenir  fur  la  mer  que  fut  la  terre, 

»9  Sa  Majefté  ne  doute  point  que  des  principes  fi 
m  équitables  ne  foient  auffî  conformes  àr  la  nçoto 
•  de  pcnfcrde  vos  Hautes-Puiflances,  qu'à  leurs 
»  vintabks  intérêts ,  &  le  Roi  attend  des  lujxkiercs 

I 


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mât  la  Tagefle  ip  kui: Çouveraernenç ,  qj^e  y^^ 
iMRëpabliqtte  fis  fera  an  devoir  Se  im  plaiâ^4e 
m  ooncottiic  avec  Sa  Majeflé  à  établir  générale* 
wment  6c  inrariableacnit  qe  fy^éme  4e  juflice  j|^ 
#>4'lu»manué. 

«•  La  bonne  for  exercée  i:4cîproquenienr  9c  avf^ 
«i  émulation  fu  toutes  les  Puiflànces ,  qui  ont  q« 
o9  |>an  au  Ttaité  d' Aiz-l^-Chapelle  ,  a  produif  1^ 
Mpatx,^  ce  n'eft  que  par  les  tournes  mpyeb^ 
.  ^  jgu'oci  parviicndra  4  la  rendre  dorabie.  . , 

.  «  11  me  refte ,  H^iuts  6c  Puiijàns  Seigneqrs^  apr^^ 
M  vpt|$  avoir  cspofi  les  fentimeos  du  i^oi  pour  ^ 
«s  bien  géoétal  de  TEurope  6c  pour  votre  Rép^<* 
^bliqae  ea  particulier ,  qu'à  iuipplier  trjès  fauiQ^r- 
Mblemem  vo»  H^uteç-Puiflances  de  recevoir  avQç 
^. bonté  l'hommage  de  mon  profond  refpcifî  6^  4ç. 
»  ia  reconooiflance  q^e  je  c^nferve  précieufemenjc 
,Jit$  témoignages  de  bienveillance  dont  elles  m'o$ic 
>£oniUmmcnt  tionoré-  ]e  regarde  comme  uqc 
9»4efi  j6poques  les  plus  flatteufes  de  n;ia  vie  y  le  lAif 
M  niftere  que  j*ai  exercé  aupi;^  d'£JIes,  ^^q)ioiqi)/e 
19  je  B^aye  plus  l'avantage  de  ferrir  |e  Kpi  Ib^£ 
M  leuts  yeux,  je  ne  ceflerai  point  d'a(pirer  auxoç* 
ao^afions  de  leuf  Étire  ma  cour,^  je  m'ipterefièr^ 
9>ioçjdors  avec  la  m^e  fervcuj:  i  la  gloire  ScJ, 
•»  la  profpérité  de  leur  République.  lait  iJFo^n^* 
•3  tteUean  le  i  (  de  >Iovembre  1750. 

Les  £t^s  cinéraux  ont  ùdt  expédier  des  Lettt9$ 
4c  Récréance  pour  être  envoyées  à  l'Abbé  de  J^ 
Ville ,  avec  le  préfem  d'une  Chaîne  Se  d'une  Mié- 
.4fillc  d'or  de  la  valeur  ifi  13  cens  Florins,  auqu^ 
ils  ont  joint  unefutte  Médaille  d'or  de  300  FI«« 
rins  pour  ^tfç  4^ix^ic ,  fuiv^t  j'afag/e ^àiofi  5ce 
#Kiairei» 


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JANVIER.      1751.      19, 
FRANCE. 

tJoMvelUt  de  UCtur,  dePdris,  &e; 

LE  % D^c^mbre ,Féte  de  la  G>ncepttOQ  de  la 
Ste  Vierge  .  le  Roi  »  la  Reioe ,  Monfeignear 
le  Dauphin ,  Madame  la  Daapkine  bi  Mef£iiiiet 
de  FiaDce  affiftérenc  ea  bas  dans  la  Chapdie  dft 
Cbireaa  ao  Sermon  de  l'Abbé  Poule  Dodeur  de 
Sorbonne  ,  &  aox^  Vêpres ,  qat  fereot  chantée» 
par  la  Mafîqae  &  ausaoelles  l'Abbé  Gergois.Cha- 
f  elaio  de  la  Chapelle  de  Mufique  ie  Sa  Maiedéi. 
40fficia. 

Le  f  y  le  Roi  donna  \a  Charge  de  Chancelier 
ie  France  â  M.  de  Lamoignon  de  Blancmefnil  ^ 
Cheralter ,  Premier  Préfîdent  de  la  Coor  des  Ai- 
des ;  &  nomma  Garde  àc%  Sceaux  de  France ,  M. 
de  Machaulc,  Miniftre  d'Etat ,  Confeiller  au  Coo^ 
iêii  Royal ,  5c  Conttâleur  Général  des  finances. 
Le  Roi  aToit  ordonné  ,  par  on  Arttt  rendu 
dans  fbn  Confeil  d'Etat  le  17  de  janvier  de  l'année 
dernière  i  cous  ceux  qui  fe prétendent  Oéancier^ 
de  l'ancienne  Compagnie  Royale  delà  Chine 
comme  Propriétaires  ou  Dépofîtaises  de  Billet^ 
fblidaires  .  d'Aûionsde  mille  Livres  &  de  Brevet^ 
deDireâionde  50  mille  Livres,  de  les  repréfca. 
Set  dans  fix  mois  ^kx  toute  fréfixfon  ^  délM  aux 
Dire^eorsde  cette  Compagnie  ,  dans  la  per(bnqe 
du  Sr  Chevalier  leur  Caifficr  ,  k  V effet  detre  par' 
ledit  Chevalier  %ifés  (jr  enregifirés  ,  four  enfmte 
être  frocéU  a  la  li^uidatinn  defdsts   Ejets  ,    ^ 
fmevA  Mê  fayemcm  Vieeux  amfi  ^u'il  offMtieth^ 

Ht 


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196  MERCURE  DE  FRANCE. 

Par  un  nouvel  Arrêt ,  rendu  au  Confeil  d'Etat 
tenu  à  Fontainebleau  !e  1 5  06lobrc ,  Sa  Majefté 
accorde  encore  pour  le  P^ifa  des  mènies  Effets  , 
fix  mois  pQur  têute  fréfixhn  ^  délai,  par  grâce  (^ 
fans  efpérance  d'aucun  autr» délai,  a  compter  du  jcut 
des  publication  ^  affiches  qui  feront  faites  duprefen$ 
Arrêt.  .  , 

Le  9  &  le  lô  ,  les  Religieux  de  rOrdfe  Roïal 
Se  Militaire  de  Notre-Dame  de  la  Merci ,  inftitu^ 
pour  la  Rédemption  des  Captifs  ,  firent  voira  cet- 
te Ville  ,  dans  des  Procédons  folemnelles ,  les  6^ 
Captifs  François  rachetés  ,  au  mois  d'Oftobre  de 
cette  année ,  dans  le  Royaume  d'Alger ,  par  les 
Pères  Jacques  Houllier  &  Mclchior  Hçr4ud ,  dé- 
putés du  même  Ordre. 

Parla  nomination  de.  M.  de  Lamoignon  dé 
Blancmefnil  â  la  Charge  de  Chancelier  de  Fr^nce^ 
M.  de  Lamoignon  de  Maleshçrbes ,  Ton  fils ,  Con- 
feiller  d'honneur  â  la  Cour  des  Aides  ,  prend  la 
Place  de  Prcmicr-Pxéfident  de  cette  Cour ,  â  la- 
quelle il  avoii  été  reçu  en  furvivance. 

Du  10  ,  Avions ,  1 8  cens  70  ;  Billets  de  la  prcï 
»iere  Loterie  Ro'iale ,  74S  ;  Biilets  de  la  féconde , 

Le  10  Décembre ,  M.  de  Lamoignon ,  &  M.  dç 
Mathault  prêtèrent  Serment  entre  les  mains  da 
Roi;  le  premier,  pour  la  Charge  de  Chancelier 
de  France  ;  &  le  fécond  ,  pour  la  Place  de  Gar- 
de des  Sceaux  ,  auxquelles  Sa  N(ajeAé  les  avoi^ 
nommés  la  veille. 

Le  1 5 ,  troifîéme  Dimanche  de  TA  vent ,  le  Roî , 
là  Reine ,  Monfeigneur  le  Dauphin,  Madame  \^ 
Dauphine  &  Mefdames  de  Fratice ,  adidérent  et\ 
bas  dans  la  Chapelle  du  Château  ,  au  Sernion  de 
l'Abbé  Poule  Dodcur  de  Sorbonnc.  . 

|.e  Roi  4lla|  le  14^  au  Chiteau  de  la  MeatCf 


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JANVIER^      lyyi.       197 

UtD  revint  le  itf  après-midi  »  tfc  le  foir  il  par« 
fit  pour  Choffy. 

Les  Pères  Akxândre  la  Manière  ,  ]ean  Mon- 
rour  ,  êc  Michel  Gairoard  ,  CommifTaiies-Géné- 
raaz  des  Chanoines  Réguliers  de  l'Ordre  de  ta 
Sainre  Trinité ,  Rédemption  des  Captifs ,  dits  Ma* 
thurins  ,  ayant  ramené  du  Royaume  d'Atg?r  lOf 
Bfclaves  Chrétiens  ,  quMs  ont  rachetés  cette  an-> 
née  ;  ces  Efclaves  furent  conduits  folemnellemenf 
eti  Proceffion  ,  le  i  i  &  le  1 1 ,  en  difFcrcns  Quar- 
tiers de  cette  Ville. 

Le  1 4  ,  les  Religieux  de  l'Ordre  Roïal  &  Mili- 
taire de  Notre-Dame  de  la  Merci ,  Rédemption 
des  Captifs ,  firent  une  troifiéme  Proccffion  ,  pa- 
reille à  celles  Qu'ils  avoient  faites ,  le  9  &  le  io« 
Ils  altèrent  de  leur  Eglife  a  celle  des  Dominicains 
de  la  rue  S.  Honoré ,  od  ils  chantèrent  une  gtati-  . 
de  Mtiïe  en  Mufique. 

Le  itf,  l'Abbé  Baiteux  ,  Chanoine  de  l'Eglift 
de  Reims ,  Se  ci  devant  ProfeiTeur  d'Eloquence  a|i 
Collège  Roïal  de  Navarre  ,  nommé  par  le  R<^ 
pour  remplir  au  Collège  Roïal  de  France  la  ptaci 
de  Lefl-eur  &  Profcffeur  en  Philofophic  Grecque 
&  Latine  ,  vacante  par  la  mort  de  feu  l'Abbé  Tef* 
ipfTon  ,  en  prit  poiteffion  ,  fuivant  l'ufage ,  par  ut 
Çifcourt  public  ,  qui  fut  honoré  de  la  prefenc* 
du  Comte  d'Argcnlon ,  Miniftre  &  Secrétaire  d'É- 
tat, Le  Difcouts  avoit  pour  fujct  ;  ilue  l'on  trouvé 
Aum  les  découverîts  d$t  Aneitns  do  qmife  fcrtitê 
une  JHjle  idée  deiforcos  do  l*Ejprit  humain.  L'O- 
rateur montra  dans  la  première  Partie  ;  Que  les 
Anciem\  avec  le  fecours  de  la  raifon  feule  ,  ont  dL 
couvert  dam  la  Nature  tout  ce  qui ,  pour  être  connu  , 
n'a  pas  befiin  prmeipaUment  d'une  longue  fuite  d'ex* 
piriences  ;  U  dans  la  féconde  ;  Q^e  ce  que  les  Au* 
nén$  n'ont  fas  connu  .fat  a  marquer  la  borna  ds 

I  iij 


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t^S  MERCURFOE  FRANCE.  ^ 

l'Uffx'tt  humain.  Il  remplit  fon  fujet  àe  manière'  ^ 
^u'eti  faifjnt  valoir  les  obligatioqs  c|ue  les  Scien-j 
ces  Philofophiques  oncauit  Anciens, il  rendit  auif 
Modernes  la  >ufticc  qui  leur  cft  d»3«.  LMbbé  Bat^ 
teux  commencera?  fcs  Leçonsle  7  dcjanvier.  Apre»: 
avoir  diÙé  00  abrégé  de  U  FhUp/o^ie  anfiBnne  , 
il  traitera  Dt%  pnmieres  Cmtffs  des  ekofei  yfuiviin$ 
les  ofinions  des  Anciens ,  m  Uur  comfarMnt  cellep 
di  ^Hélifues  Modernes, 

Du  17  ,  Aâliêns ,  iS  cens  9Ç  ;  Billets  <k  U  pre- 
mière Loterie  Roïale,738  â  740  1  B$lUt$  de  I*. 
Xecondc  ,  6j6. 

MARIAGE    ET  MORTS. 

LE  9  Décerrbrc  ,  Louis,  Comte  de  Dutfovf ^ 
époufa  dans  TEglife  Paroiffialc  de  Saiut  Rocb^ 
Mârie-Fran^oifo  le  Tixier  de  MennetouM  ,  fille 
d^Etienne  le  Texift  de  Mennetoux  ,  Rcceveu*^ 
Oénéral  des  Finance»  de  Limoges ,  de  de  feue  Ma- 
rie Anne  Richard,  ion  époufe.  LeComrede  Dur^ 
fore  eft  fils  de  Nicolas  .  Comte  de  Durfort ,  Cbe^ 
iralicr  de  l'Ordre  Royal  Se  Militaire  de  Saint  Louiv 
Gouverneur  des  Villes  &  Citadelle  de  Mont*Louis^ 
ic  de  Marie-Agnès  de  Dorfort  de  Bourde  ville. 

Le  10  Novembre  ,  Marie*AnDe  Thihouét  de 
McfzJeres ,  veuve  d«  R  <i«  Ri*ef/# .Chef  d*Efeadrer 
<ies  Armées  Navales ,  mouiar  âgée  ée  71  ans.^  9C- 
fut  înbitmée  â  Saint  Euftache. 

Le  18,  Claude  Catittef ,  mourut  S^é  de  ia^ 
ans ,  &  plus  de  fijt  mois ,  clvez  UComteffe  d*BotK'> 
<lant  ^  au  Cbâreait  de  I^gntc«urt-éur*Seaalx ,  prèsh 
yitïi  le- Franco»»  , 

Lçif  Décembre  »  Macie- Ana«  LêUnfte  t^éfcnfyfi 


,y  Google  - 


âe  M«  MMier  »  CotifeiHer-Sccrecaîre  da  Roi  ; 
Mâifon ,  Coiirmme  de  France  8c  de  fes  Finances , 
tnouruc  Se  foc  inhumée  i  Saint  Paul. 

Lç  ^,  Anne- Marie  CW/5  ,  veuve  de  N^  Hervé  ^ . 
Secrétaire  du  Rcrt ,  knoutui  ôi  Fat  rn&umée  À  Saint 
Oermain  rAuxçrrois, 

Le  ï  y ,  Thércfe- Martine  !e  VeUêùif  ieKofMfnhQf 
^poufe  de  Jofeph- Marie  Annibal ,  Comte  de  Moni* 
mwencuLuxembmrg ,  fille ,  &  petite- fille  de  Prà- 
toi  ers  Préfidens  du  Parlement  de  Paris  ^  monruv 
fur  ia  Parolffe  de  Saint  Sulpiçe  ,  U  fut  tranfportée 
Hans  rEgltfe  des  PP,  de  TOraroire  de  la  rue  Saint 
Honoré. 

Le  mente  four  Marie-Anûfe-ÇlauJe  i?r^/4r#  A 
Oenlis  ,  veuve  de  Henri ,  Duc  d*Harconrt ,  Pair  Bt 
Warcdb^l  dç  France,  Chevalier  des  Ordres  du  Roi, 
Capitaine  des  Gardes  du  Corps  de  Sa  MajeAé ,  Gé« 
néral  de  fes  Arnnées  ,  Gouverneur  de  Tournai  Se 
Toys  en  dépendans ,  Anihaffadeur  Ei^traordmaite 
éa  Roi  en  Efpagne  ,  mourut  Sg^e  de  8z  ans  ,  fur  lé 
'  ParoiiTe  de  Saint  Sulpice ,  de  fut  inhumée  dans 
l'Eglffe  Mëtropeliraine  dt  cette  Ville ,  oâ  eft  Ja 
fipuftUre  d^e  cette  illultre.  Maifo»^  dont  depnii 
quelque  tems^nôut  ivoAii  beaucoup  parlé»  fis  donc 
tnalhenreofement  nous  parlerons  encore  daiisty 
mois  prochain. 

tJne  fauté  de  Copîfle  à  oceafiona^  dans  le  «fel^ 
ticr  Mercure  une  erreur  confidérable.    On  y  lit 

Îue  le  7  0£lobre,  Char  les- Armand  Comte  dâ 
iaUUbois ,  étoit  mort ,  Se  avoit  été  inhumé  i  Sainte 
Koch.  U  fuffifoifdece  peu.de  mots,  pourcjtcitev, 
\f%  reerets  di^  Public  fur  la  perte  d\in  de  no«  plu« 
grands  Militaires ,  beitreufemeni  l'application,  n^é 

ÏMnc  de  lieu:  M.  le  Comte  de  MaïUebois  jouiff 
ope  fleiao  Se  farfaitcrlanté  f  celui  dont  ûo«»^ 

liî^ 


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l6o  MERCURE  DE  FRAMCÉ; 

arons  voulu  annoncer  le  décès, cft  Charles »4Ï^ 
Pfcnd  ,  Comte  de  Maillelois. 


VERS 

Sur  M.  le  Maréchal  de  Saxe^ 

-L  'Eternel  Nocher  de  la  Parque  ^ 
Voyant  approcher  de  fa  barque  ^ 

Le  grand ,  l'invincible  Saxon  ; 
Sortez»  y  Ombres  »  dit-il  ,àh  troupe  ttmidç 
Qu'il  alloit  mener  chez  Pluton  , 
Il  faut  encor  |>afler  Alcîde. 

Par  Af.  Potm ,  J^e^gf  de  la  Marine  dé 
France  à  Rotterdam^ 

LETTRE 

De  M.  de  Beaumond  à  M,  le  P.  C.  D.  fV 

4  Strajbourg  ,  oh  fajet  de  M.  Daran^ 
chirurgien  ordinaire  dn  Koi  ^fervant  p4K 
quartier  ,  &c. 

Vous  me  faites  un  crime ,  Monfienr ,  d'avofr 
été  jufqu'ici  fans  tous  informer  des  Cures 
que  M.  Daran  a  faites  dans  notre  bonne  Ville  de 
Marfeille  ,  &_de  celles  qu'il  fait  tous  les  jours  â 
Paris.  La  Rcooinimée  qui  a  foin  de  publier  k9 


,y  Google 


^JANVIER.      175 1.       ip9 

c^ofe^  ëclafantes ,  a  dû  vous  en  apprendre  plus 
que  je^e  pourrois  vous  en  écrire.  Cependant  com- 
me  vous  m'ordonnez  de  vous  inftruire  ,  &  qne  jt. 
ne  puis  me  refufer  ni  â  Pamicié  ni  à  l'évidence  ,  j» 
vais  vous  tracer  dans  le  moindre  efpace  po/Eble  ^ 
les  traits  que  j'ai  recueilli.  Quclqu'exaà  que  )• 
puiffe  être  dans  le  dérail ,  je  laifferai  échapper  en-» 
core  bien  des  circonAances  eiTentiellcs  a  Ion  Aon» 
leur. 
^ ,      -  #  •  •  •  • 

Mes  yeux  ont  été  les  fidèles  témoins  de  quel* 
ques-uns  de  Tes  fuccès  ,  les  autres  m'ont  été  attcûés 
par  des  gens  dont  la  véracité  eft  infaillible  ;  mais 
n'attende?:  pas  que  je  me  fafle  arbitre  de  M.  Da* 
ran  ,  Sl  de  fcs  rivaux.  Son  mérite  eA  au  deilus  de 
ines  éloges  ,  &  d'ailleurs  mon  témoignage  n'eft 
pqint  d'une  valeur  i -mettre  un  derniei  (ceau  i 
tant  de  vérités  connues. 

Le  fufFrage  public  eft  un  arrêt ,  après  lequel  il 
né  refte  plus  rien  a  juger.  Croiez ,  M.  qu'à  traitef 
des  maladies  fecretces  ,  la  célébrité  ne  s'acquiert 
pas  gratuitement ,  &  que  C\  M.  Daran  eft  fi  fameux 
pour  la  guérifon  des  maladies  de  l'urcthrc,c'eft  que 
la  difcretion  de  Tes  malades  n'a  pu  refufer  a  l'éfica* 
ciVé  de  Ton  remède  l'hommage  que  méritent  Us 
talent.. 

.Le  bruit  que  faifoient  Tes  Cures  â  Naplesfe  ré.' 
pandit  bien  vite  dans  toute  l'Italie  ,  de  ne  tarda 
point  â  traverfer  les  mers.  Marfeille ,  comme  la 
plus  prochaine  ville  ,  fut  inftruite  des  premières. 
Sçs  habitans  le  fouhaitoient  avec  impatience. 
Quelqu'un  d'entr'cux  prcflé  par  de  juftes  motifs , 
s'embai  qua  pour  Naples ,  ou  il  trouva  un  jufte 
équivalent  d'un  nonvel  être  La  Renommée  n'avoit 
point  groflît  les  objets ,  il  éprouva  heurcufemenc 
qu'elle  avbit  iié  tiop  modefte  au  fujet  de  M.  P«^* 

if 


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«ï  MERCURE  DEFRAÎTCE; 

rati.  te  témoignage  que  ce  maleiîcié ,  devenu  Gté^ 
tenait  â  fes  citoyens  ^  augmente  encore  plu»  ledr 
atdcur. 

^Cct  hortïmc  û  défiré  arriva  enfin  a  Marfeillè  ,  1er 
snal  y  étoit  extrêmement  répandu.  Ma^{èil(e  f2is- 
joor  délicieux  par  fa  (Huacion  avantaget^e  ,  &  par 
Je  degré  de  Ton  élcration ,  pepeut  manquer  dçr 
nourrir  d>tns  Ton  fein  des  habitans  expofts  à  de  pa« 
xeils  maux.  Pour  furcroit  la  guerre  y  entreteiroiè 
alors  quantité  de  troupes;  auffî  M.  Oaran  trou* 
^a-t-il  des  occafîons  fans  nombre  d'exercer  la  vercif 
€lt  fbo  rpécifique  :  La  majeure  partie  d^s  Nf arfèil- 
lois  le  regarde  comme  fon  fauveur.  Qiii  oferoit 
«'élever  contre ,  qu'il  aille  recueillir  Us  fulïrages  ^ 
je  lui  déclare  avec  franchrfc  >  ^ite  ia  malignk^ 
pourroir  avoir  un  tiifte  fort. 

•  C*cft  fur  de  fi  folides  fondemens  que-  M.  de  f* 
l^eyroniç  »  digne  à  tous  égards  d'être  i  \a  tête  de» 
Chirurgiens  du  Royaume,  fcllicita  M.  Djran  de 
Tenir  a  Paris.  M.  Chico-yneau  ,  dont  la  prudence 
Se  le  difcernfmeni  égalent  le  profond  fçavoir  ,' 
fo^f^urs  attemif  aux  progrès  de  la  Médecine ,  cruf 
ctt*îljmportoit  au  bien  public  de  l'y  attirer.  Ils'af* 
luxa  delà  vérité  de  fes  Cures  ,  par  le  témoignage 
qac  lot  rendit  généreufemeni  M.  Bertrand,  Doyei»  ' 
ics  Médecicks  de  Marfèille. 

La  réputation  de  M.  Dara»  étoit  toute  faite 
Iwiqull  arriva  i  Faris:  Il  n'eut  pas  befoio  de  recelai, 
ik  aux  placards  ,  aux  affiches,  ni  aux  fubterfuges» 
L*e3KiVeiKe  de  (bo  Tpécilique  fe  montroit  au  gtand* 
jour  ^  nralgjpé  le  voile  de  l'envie.  Tous  ceux  qui 
réprouvèrent,  facrîEer  en  rieur  modef!ie  en  faveur 
^e  îa  vérité-  toute  l'Europe  a  retenti  de  leurs  té& 
jBBO'gnages. 

Vétts  détaine r  la  moindre  partie  des  fàmeuftf» 
Otfcs  ^e  M^  Daran  affaires  dans  Paris  «  ce  fetoif^ 


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lAtîVfEft.    i7Jt.     itfj 

tfn  cmtrage  de  longue  haleine  ,&  qm  n'âfforeîroît 
j^oloc  aux  jades  bornes  d'ane  hccre.  Sansvoas  c'net 
tant  d'exemptes  ,  comlneû  M.  P,  ne  lui  efi-il  pai^ 
i^devable  ? 

Cet  homme  ptm  que  Texâgenatre ,  que  Ms  foow 
^uetïfes  pàfGons  de  la  jcuncffe ,  avotent  fourent 
conduit  aux  portes  da  trépas ,  épuifa  inaciiemenif 
l^art  des  plus  célèbres  Médecins  8c  Chirurgiens  dtl 
Koyaame.  tis'eftimoîtfbrt  heureux  ,  torique  païf 
des  palliatifs  il  jpuiflToit  de  quelque  iaterrnptroié 
dans  Tes  maux  ;  mais  ces  palhatifs  n'empêchoiene 
j>oint  l'accroiflement  de  la  maladie  virulence  &  ià 
tes  fbuSrances.  Les  dernières  années  ,  ilécoit  obîî^ 
gé  de  chercher  dans  Ton  lir  des  podures  ridicule^ 
pour  fe  foulager.  Bn  proie  i  Tes  foufFrances  ,  tt 
fie  (cachant  â  qui  fc  vouer  ,  H  fe  jetta  entre  les  bra» 
de  ce  nouveau  Promethée  ,  if  ne  fut  pas  loo^-teml^ 
â  fenth  l'efficacité  de  fon  fpécifiqac  ;  au  bout  de 
deux  mois  les  douleurs  &  les  maui  qui  fes  occa-^ 
fionnoient,  difparurent,  *  Dès  lorf  il  remb!e*avof^ 
repris  une  nouvelleîvie,  il  ne  lui  reRc  quek  foav^ 
Hir  des  maux  paflés  ,  qu'il  prend  plaifîr  à  racon^ 
'ter ,  pour  rendre  fervice  â  fon  libérateur  ,  &  réw 
reiller  en  même  tems  fe  contentement  qu'il  reft 
Êmt  de  Cà  par&ite  guérifon  •  bien  plus  que  de  (k 
"fortune  dont  il  jbuit. 

QJae  de  miracles  M.  D^rsLti  n'a-r  irpt  Oféi6 
depuis!  Combien  l'avenir  lui  en  réferve-t-il  enco-* 
j?e  r  Car,  tel  cft  le  fort  de  la  nature  humaine:  L« 
Ibmme  des  plaifirs  qui  fcmbleot  feuîs  être  et» 
droits  de  charmer  les  ennuis  de  notre  exîfîence^ 
'ne  fit  jamais  une  équation  avec  la  fomme  it0 

*  Wûnd  *vdetHdo  jucunUsof  efl  th  ,  qui  I  graiif. 
piorhrecreÀ  iCunt  y^ttari^  qui  numquam  àgfê  (9t^ 
f9re  fuerunu 


,y  Google 


104  MERCURE  DE  FRANCE. 

maux  qm  en  réfultent.  L'on  peut  dire  que  c'eâ.ll 
principalement  où  les  eficts  font  en  difpropor- 
tion  avec  la  caufe  ;  mais  aufTi  la  même  difpropor- 
uon  (e  trouve-t-elle  à  l'égard  de  Ces  guérifons  dan» 
le  canal  de  Turethre.  Sa  méthode  ne  requiert  ni 
is  fer  ,  ni  1e  feu,  recours  fouirent  plus  crueJ  â. 
endurer  que  les  maux  même.  Elle  n'exige  que 
de  la  confiance  â  fapporrer  une  légère  incommo^ 
àité  ,  qui  devient  égale  à  zéro  ,  par  rapport  aus 
biens  permanens  dont  elle  cft  fuivie. 
.  Cepen^dant  au  milieu  de  (à  gloire  ^  il  a  été 
obligé  de  fe  juflifier  fur  des  hypotéfes  que  l'envie 
lui  a  fouvent  oppofées.  Quoi  !  guérir  des  mala- 
dies virulentes  invétérées  ,  par  des  remèdes  ,  dont 
ia  douceur  laiffe  ignorer  leurs  progrés?  N'être 
point  obligé  de  fuivre  un  régime  de  vie  auftéte  , 
vaquer  â  les  affaires ,  fans  redouter  des  pronof- 
tics  fâcheux  ?  c'efl  un  phénomène  qui  a  paru  fur-- 
paturel  â  plufieurs  antagoniftes  ,  il  les  a  révoltés; 
êc  révoquant  en  douce  les  objets  palpables  ,  ils  onc 
tenté  de  faire  tomber  fa  méthode  dans  le  dernier 
difcrédit.  L'on  n'attaque  jamais  les  talens  médio* 
cres^ ,  ils  font  deft:nés  â  l'oubli  :  mais  l'on  met 
tout  en  ufage  pour  anéantir  les  talens  fupérieiirs. 
La  modération  avec  laquelle  M.  Darans*eft  jufti-. 
fié  ,  fait  honneur  à  Tes  fentimens.  Que  faime  voir 
la  {implicite  des  premiers  tems  ,  &  cette  aimable 
naïveté  dans Jes  hommes  de  réputation  î 

Oui,  Monfictur  >  il  efl  vrai ,  &  M.  Daran  lecoa- 
fefTe  ,  que  Tart  d'introduire  la  bougre  dans  le  ca- 
jiâl  de  l'urethre  n'eft  point  nouveau  ;  j'ignore  aut 
fi  s'i^eft  fort  ancien  Mais  c'cft  â  M.  Daran  que 
l'Europe  entière  reconnoît  qu'efl  due  'a  gloire  d'a- 
voir trouve  un  remède  aofi  doux  &  auflî  efficace 
pour  la  guéiifon  radicale  des  miladies  de  l'a« 
rçthte.  Il  o'eft  point  de  nation  qiy  ne  fe  fat  £^ 


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JANVIER.    175  r;      zof 

l^noear  d'une  fi  utile  déccou?erte  ^  fi  quelqu'un 
de  Ces  patriotes  eût  cù  le  bonheur  de  la  faire.  C'eft 
Tune  des  jplus  falutaires  de  refprit  de  l'homme  eiv 
^veur  de  fa  nature  humaine.  M.  Daran  eft  auto* 
rifé'par  le  filence  des  fiécles  antérieurs  ,  i  pronon^^ 
cer  hardiment  qneferfonne  mvms  lui  n'avait  trêU" 
vé  de  mûjenfuf  de  guérir  rduiicalement  les  fuites  de$ 
gonorrhées  vtrulentes  ,  fuites  fouvent  plus  fdcheu* 
fes  que  U  mtlétdie  qui  leur  donne  nstdance  y  quoi'* 
qu'elle  foit  elle-même  une  des  plus  fâcheujes  mux-^ 
.  que' les  la  nature  humaine  foit  expofee. 

Toutes  les  lumières  de  U  Médecine  &  de  la  Chî^ 
XHrgie  ,  dans  la  pratique  de  la  guéri  Ton  de  ces  ma« 
ladres  fc  réduifoient  aux  fàignées  ,  aux  bains  ,  la^ 
vemens ,  &  autres  forces  d'adoucilTans.  On  fe  fer* 
voit  aufli  de  corrofife  pour  détruire  les  çarnofité9 
du  canal  de  l'urethre  :  mais  cette  pratique  n'é* 
toit  que  trop  fouvent  démentie  par  i'énevenc- 
ment. 

L'une  des  fameules  propriétés  de  ce  remède  , 
Monfieur ,  eA  de  coopérer  à  la  génération.  Plu* 
fieurs  Marfeillois  m'ont  certifié  que  nombre  de 
leurs  amis,  Se  même  quelques-uns  de  leurs  pa- 
ïens qu'ils  m'ont  nommés ,  n'avoient  eâ  des  enr 
fans  que  par  leurs  guérifbns.  M.  V.  que  vous 
avez  vd  chci  moi  à  Paris  Tannée  dernière  ,  m« 
confirma  cette  vériré  par  quantité  d'exemples 
îoconteftables  ,  ce  n'cà  point  un  paradoxe.  Les 
embarras  du  canal  peuvent  empêcher  la  fécondi- 
té »  le  remède  de  M  Daran  les  détruit.  Donc  cet- 
te conféqucnce  cft  évideûte,.&  feroit  un  grand  pré- 
jugé en  fa  faveur  >  quand  nous  n'aurions  point 
d'exemples. 

La  bénigiMté  de  ce  remède  eft  telle  ,  que  l'a- 
dolefcent  ne  reffent  pas  plus  de  mal  que  le  vieil- 
lard.  Tandis  qu'il  eft  employé  à  I4  deiUuâio» 


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icTcntiemi  «fe  leur  fânté.  Ccynraladesfe'lïvrciîÇ;  ^ 
«111  pUifiir^  de  &  promenade  ,  du  feu  ,  da  Q>e^«- 
rfe ,  &c.  Il  y  a  quelques  jours  q.ue  M.  le  Mar*. 

?M  de  S.  R.  me  prapofa  de  venir  déjeuner  aa£.. 
huilleries  ,'  quoi'qtt'il  n'y  cAt  pas  une  de-* 
^ie  heure  qu^>n  lui  eut  ineroduit  la  bougie.  Nou^ 
f  reftânves  jufijues  â  midi ,  &  nous  ne  parlâmes 
rien  moins  que  de  Tes  maux:  Il  y  a  plus,  l'Arti-*-' 
fan  a  la  liberté  de  travailler  :  or  il  a  eft  point  de 
5toiciçns  affcz  intrépides  pour  endurer  les  grandes 
douleurs  ^  qu'occafiomient  les  cauftiqjues  violent , 
Êins'au  moins  faire  mine  de  fc  plaindre;  Si:  le  vi-- 
fege  eft  le  tableau  de  l'arae  ,  l*on  peut  voir  fiir  ce* 
Kii  de  Tes  tnàladès ,  dans  quelle  afîicte  eft  la  leur  i. 
au  reftece  remède  n'àtraque  que  .es  endroits  ma- 
léficiés ,.  il  n^^Scât  en  fa^n  quelconque  les  pac^ 
#ies  faines^ 

M.  D.  G  s'imagina  avoiVlecijnafobftrué.  Ifn? 
£leve  infidèle  de  M*  Daran  lui  appliqua  à  Ton  ia- 
Içu  des  bougies  ,  pendant  huit  jours:  Ton  retira  cer 
houghs  fans  le  moindre  ffux  y  d'od  Pon  peut  in- 
firer  que  ce  remède  n'opère  que  fur  l'endroit  oiÉ 
-cft  le  mal  ;  de  forte  qu*iin  homme  qui  fe  prèfen^ 
feroiti  M  D^ran,fan$  erre  fur  de  fon  état  par 
une  fuite  d'évenemos  réitérés ,  la  tentative  ne 
'ijpuroit  lui  être  préjudiciable,  il  eff  vrai  que  peu* 
d'hommes  font  logés  dans  cette  cîaff-'  d'imbécilli-. 
té.  Tout  le  doute  ne  peut  rouler  précifémcnt  que* 
'fcr  l'endroit  où  le  mafa  pris^  naiflance  i  ou  dat» 
la  veflîe  ,  ou  dans  le  canal  de  l'bretRre.  Si  c'èft  â 
îavi  (fie  ,  le  malade  eft'  renvoyé  aux  Chirurgien^ 
qui  en  traitent;  fi  c*eft  au  canal ,  h/S^  Datante 
retient  comme  le  feul  qui  foit.en  droit  de  le  traîw 
Ter  efficacement  Ne  vous  imaginez  point ,  Mbn- 
Seur  ,  qu'il  commence  clandeftincment  (a  cure. 
Après   a?ori  exigé  du  mahd<:  ia.  relat  ^  de  fba 


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JANVIER     i7jf.      TO7 

ttiaî.  Il  le  feit  vifîter  par  Ton  Mé<^ecin  ou  Cliirur-^ 
gien  de  confiance  ,  6c  s*il  n'en  a  point ,  ij  le  fair 
eonfl^aterfon  étara^uel  paries  M éjectos  5rChi« 
rurgieâS ,  aufli  célèbres  que  probos ,  ôc  fait  eofui- 
te  confUiei  fi^guérifon  lori<)jiie  le  uaîtemem  c(t 
fini. 
~  A  l^^gard  ^es  malades  des  Villef  éloieoées  j^ 
M.  Daran  a   iênri   l'inconvénient  de  reotermrr  , 
îi  nritfque  de  Ton  jcxnide  j  dans  l'enceinte  de  . 
k  feule  Capitale  du  Royaume.   Pour  y  obvier  ,  tf 
a  établi  dans  les   principales  Villes  ,    le  mêir» 
dans  les  Pays  Etrangers  ,  des  Cbinirgiensfes  di(«^. 
trpîe^ ,  parfaitement  inft^^uvts  de  fa  méthode. 

Ce  procédé  ,  Monficur  j  ne  dépeint  point  une 
awe  infjriàblede  richefles.  La  téc^wnpcnfe  qu'H^, 
exigé  de  l'opuTcnt,  ne  tire  point  â  la  lëzinc^l* 
forrune  médiocre  simpofe  elle  même  ,  &  l'indi- 
gence trouve  chcï  loi  avec  aflutance  le  terme  de^, 
&s  fouftances.  Ce  définféreflemcnr  tire  h  fource-, 
du  fond  de  l'humanité  ;  l'oftôhtation    n'y  peur 
avoir  pMt-  Je  vous  en  écrirois  davantage  ice  fujc^,^ 
Monfieur,  fi  je  n'aprehendow  de  faire  murmurer 
k  mode ftie  des  fentimens  de  M..  Daran  :  mait 
tÔMt  incrédule  peut  être  confondu,  s'il  inrerrpge^ 
"lès  malades  iœmédiarcment  après  les  panfcmens* 
leur  témoignage  lui  apprendra  l'uniformité  de^ 
feins  qu'il  prend  &  de  l'opulent  8c  de  l'indigent  , 
par  rapport  a*  la  guérifon  finale;  il  pourroit  mè*- 
nje  s'il  en  connoiffoii  quelqu'un  ,    ôire  témoîil» 
oculaire  de  ce  que  j'avance  là,  il  verroit  que  la  tur- 
piiode  &  i*indigeBce,:quoiqu'au  plus  bas  degré,  nff 
lalenîiflbitnt  point  Pardeur  de  cet  homme  unique; 
Je  vous  ai  dir.^ohficur,  que  les  portes-feuH-r 
les  de  M.   Daran  étoienr  remplies  de   certificats  ^ 
mil  atreft.  nt  Tes  Cures.  Il  a  compofé  au  milieu  de- 
Mes  grandes  occupations ,.  «n  Uvre  qui  a  pour  turc 


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lôg  MERCURE  DE  FRANCE. 

Obftrvatiom  ChirurgicaUi  fur  Us  m^îa/ihs  de  l*Hff.  :. 
ihre  ^  f^c,  clicz  de  Bure  l'aîné, a  Tlma^e  :Sdnlf 
Paul ,  Qpai  àt%  Auguftîns  ,.oû  il  en  a  yniéxé  pla- 
fieurs ,  qui  atceftenc  les  Cures  qu'il  a  faites  â  Paris. 
Ces  cercificars  en  quelque  nombre  qu'ils  puiflenc 
êîre  ,  font  encore  dans  la  proportion  de  l'unité  â 
l'infinité ,  par  rapport  aux  malades  qui  atteftent 
leurs  guérifons  ,  &  qui  s'efforcent  de  Tannoncec 
i  tout  le  monde ,  avec  ce  zélé  ardent  qulnfpire  la 
rêconnpiflancedans  un  homme  bien  né. 
Je  fouhaice  avec  rousles  partifans  de  la  vérité, 

5Ue  M.  Daran  Jouiffe  longues  années  des  fruits 
e  fon  fecret.  Tout  bon  patriotî ,  que  dis-je  , 
tout  homme  doit  Pexhortcr  à  préférer  fa  £a- 
Itfraire  prarique  â  une  théorie  méditée  ,  qui  ne  fe 
côncilicroit  jamais  enfemble ,  que  pour  ladeftruc* 
tion  de  fes  malades.  Sa  gloire  eft  folide  ,  elle  n'A 
pas  befoin  qu'il  fafle  des  livres  de  principes  théori- 
ques. Les  hommes  feroient  en  droit  de  lui  deman- 
der compte  d'un  tems  employé  par  des  fpécula- 
ttoDS  qui  leur  paroîtroienr  fiivolcS.  Socraces  n'é- 
crivit jamais  que  dans  la  mémoire  des  hammes.  Le 
nom  de  Socraces  cft-ii  moins  immortel  ? 

Voila,  Monfisur ,  ce  que  mon  amour  pour  la  na- 
ture humaine  m'engage  de  vous  écrire.  Aucun,  au-» 
tre  fentiment  ne  m'afïe^le.Heurcuï  !  fi  je  puis  avoir 
xcmpli  les  vues  de  votre  efprit.  Je  fuis ,  &c. 

^/g»/ DE  Beaumont. 

Nouveaux  Certificats  en  faveur  du  Sieur 
j^rnoult,  Dro^uifte^  ci-devant  rue  des  cinf 
Di amans  &  préfentemet  rue  Quinejuempoix. 

MOnfîèur  Feury ,  Négociant  fur  l'eau-de- 
R'obec  à  Rouen  ,  par  fa  lettre  du  i6  Sep- 
tembre 1750  ,  mar;jue  que  la  nommé ç  Dumoût 


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JANVIER.      1751*     ao> 

femme  de  joaraée  ,  extrêmement  tourmentée  de 
▼ipears ,  ayant  porté  le  remède  du  5r  ArnouU 
Drognide  pendant  placeurs  années  ,  elle  n'a 
point  eu  de  vapeurs  ;  que  le  Sachet  étant  ufé  , 
lès  vapeurs  Tonc  reprifes  ,  pour  quoi  il  prie  d'ea 
reâvoyer  promptctnenr  on  autre. 

M.  de  Poudenas  ,  demeurant  clie2  Madame 
la  première  Piëfidente  de  la  Caze  ,  i  Bordeaux  , 
marque  par  (à  lettre' du  17  Septembre  1750 ,  écri- 
ici  M.  de  S.  Pau  ,  ancien  Officier  d'Artillerie ^ 
qu'il  (ê  fert  du  Sachet  du  Sr  Arnoulr  ,  Droguifte 
depuis  plufieurs  années,  qu'il  s'en  trouve  trér  bien. 
D'étant  plus  fujet  comme  il  l'étoit  auparavant  i 
des  tonmoyemens  de  tête  qui  l^nquictoieot  beau. 
coup. 

M.  Tarodin  ,  Chanoine  de  la  Cathédrale  de 
Boulogne  fur  mer ,  Prieur  &  Seigneur  de  Bre-. 
dom  en  Auvergne,  attcftc  que  le  Sf  Clément 
âgé  de  75  ans ,  Maître  d'école  de  Boulogne  ,  étanC 
tombé  en  Appopleiie  majeure  le  }eudi  Saint  avec 
paralyfie  fur  la  moitié  du  corps  ,  compris  la  tête 
&  la  langue  dont  il  ne  put  (e  fervir  ;  il  refta  fit 
jours  en  cet  état ,  (ans  pouvoir  rien  articuler  ; 
niais  M.  l'Abbé  de  Montgazen  »  Chanoine  Théo- 
logal &  Vicaire>Général  ayant  fait  venir  de  Paci» 
un  Sachet  du  Sr  Arnoult  Drogûifte,  &  ce  Sachet 
ayant  étéaudi-tôt  appliqué  ,  il  reprit  fes  (ens  & 
la  parole  en  peu  de  tems  ,  &  trois  jours  après  il 
vint  i  rEglife  £iire  fes  Pâques  ,  &  que  depû  il 
coDtinae  de  tenir  fon  école  fans  aucun  reiMti- 
ment  de  Paralyfie  ni  d'engourdiflèmeot. 

M.  de  Brefme  ,*  tientenant  Général  &  Civil 
â  Calais  .  par  £à  lettre  du  11  Juillet  1750 ,  s'ex* 
plique  aiofi. 

Vous  pouvez ,  Monfiear ,  me  mettre  au  nombre 
des  panégiriftes  de  voue  Sachet  ^  â  l'âge  de  fôs« 


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«ttf  MÊRCtTRE  DE  PRANCE; 

lante  &  troUans ,  je  fiiis  devenu  fujct  i  des  é(oitf^  „^ 
dfiflemeas  û  fréaaens  8c  fi  violens,  <|iiM$  me  ren<«  . 
dolent  .incapable  d'aucun  travail  ,  &  mêine  dtf 
t»uce  prompenade  :  au  mois  dc^ Septembre  1741  ,.jé 
^t  iai  un  de  mes  amis  »  M.  Maréchal ,  Marchand  . 
de  Soye ,  encore  vivant ,  a«  bout  de  la  rue  S.  ]ac-  ; 
eaes ,  de  m'envoyer  promptemenr  deux  de  vo^ 
iachets  ;  depuis  ce  tems  ià>  j'en  ai  fait  venir  d'au;^ 
trespar  amis  pafTantpar  Paris^fic  je  ne  me  fuis  feii^ 
fi  de  veftiges  depuis  neuf  ans  que  lot/que  les  Sa^ 
«hets  font  devenus  tout  plats  8c  vicils.  C'eft  un  té-' 
moignage  que  je  dois  à  la  vérité.  S/x/^é  dï  BacsMS^ 

Les  fuites  du  fuccès  de  ce  remède  fouc  autant  d^ 
Oouveliespreuvesque  le  Sx  Arnoult  eft  feultn  pof* 
fcilîon  de  fotn  remédie,  ^  qu'il  eft  toralemem  dif- 
férent des  .Cachets  diftribués  de  toutes  parts  ,  85 
dpnt  on  n'cfk  pas  eh  état  de  rapporter  aucune  prcur- 
tç  du  fuccè»  de  ces  préteitdus  remèdes. 

.  Pour  la  fdrcté  du  P  jblic^  afri  qu'on  ne  puifftf 
^T)  pu  ter  au  Remède  duSr  Atnouk  les  aceidea» 
d' Apoplexie ,  qui  n'arrivent  que  trop  fouvent  avec? 
CCS  pr«eod<M-R.eméde&f  le  Sr  Afn.Qu|t  décide  eii^ 
cote  qu'il  n'a  cornants  8c  qu'il  ne  commettra  ja-» 
mais  per(bnne  pour  la  diftribuiioo  de  foo^  Remède»  - 
qu'il  ne  s'^eft  janittis  diftribué  <{ae  chez  lui  ci*de<« 
vant  rue  des  cinq  DiamaâS  8c  prefenteoMent  rue 
Ql^incanrpoiz ,  vîsi-vîs  ceUe  de  Ven.ife»  à  Par  il  ^ 
toujours  accompagné  d'ukr  impriind  (igné  de  & 
giai4l&ns  leijuel  on  oe  doit  y  ajouter  «ucune  fot^ 

î  jf  r  I  S. 

LA  vfeute  dtï  Sîeuf  Étiwm  ^  l>enei(ïe  des  Éûûn* 
de  France,  doimcatisqu'ettc  débite  journel^ 
lement  chez  elle  ^  rue  Sainte  A  voye ,  au  coin  dd 
J»  fOG  d«i9ra^c^ches^M.ecorget,f<ib  fi;er«> 


,y  Google 


7  A  NVIE  K.     tjft.      ut 

Ch'fuvgien  ,  leii  remèdes  de  (en  Ton  mari^don^ 
dfe  a  feule  l<i  ccmpofition ,  &  qu'elle  a  toujours^ 
prépiirés  elle-même. 

Sçavoir.  ,»®.  Un  Elizir  anti  fcorbutique  oui  ra& 
krmit  les  dents ,  diflîpc  le  gonflement  &  l*in-^ 
âàmmatiôti  des  gencives,  les  fortifie ,  les  faitrc- 
croîire  >  diflîpc  &  piéviei>r  toutes  les  aflîi£lion* 
Scorbutiques ,  âc  appaife  U  douleur  de  dents. 

t*.  Vue  eau  ,  appellée  Souveraine  ,  qui  afFcrrait 
auffi  Iesdems>  rétablit  Icsgjwcives,  en  diflîpc  tour 
tes  tumeurs ,  cliancrcs  &  bourons^qui  vicnrîtn» 
aiflî  i  la  langue  ,  a  Tintërieur  des  lèvres  x&  des 
^ou€S  ,en  fe  linçani  la  bouche  de  quelques  goutte» 
flans  de  Teau  tous  le?  jours.  Elle  la  rend  trakhof 
k  (ans  odeur  )&  en  éloigne  les  cottuptions,elle 
calme  la  douleur  des  dcncs. 
.  3®.  Un  Opiatc  pour  aJîèrmir  &  blancKir  le# 
dcnt$,d:flîpcr  le  fang  épais  &  gio/Ticr  des  eenciveSy 
^ui  tes  rend  tendres  £c  oiollafles ,  &  caute  de  To^ 
dcuT  à  la  bouche. 

V'  Une  poudre  de  cor  ail  pour  Blaachir  les  Jents^ 
èç  Itssntrcrcoir  j  clic  empoche  que  I9  limon  ne  fis* 
forme  en  tartre ,  &  qu'il  ne  corrompe  les  gencive*, 
k  elle  les  confervc  fermes  &  bonûes,de  forte 

Qu'elle  peutfuifire  pour  les  perfonnes  qui  ont  fom^ 
e  leurs  dents  ,fan»  qu'il 'foit  ntfceflaire  dclesjjire 
nettoyer.  Les  cvius  petites  bouteilles  d'Elizir  fonO 
d'une  ltvi<e  dit  (ois. 

Les  plus  petites  bop^illes  d*Eau  Souvetaioa^, 
km  d'une  livre  qiutre  fols  »  mai» font  plus  grande» 
^uc  celles  de  l'ElIxir^ 

Les  pots  d'Opiâte  ^^Ifs  plus  fecits  ,  font  d'une 
K«re  dix  fols.  ' 

Les  boëces  d<  poudre  de  Corail ,  Cû>nt  d'une  livre 
quatre  fols.      . 

On  trouve  aiiflî  cbts  elle  des  éponges  fines |^ 
des  sacines  p r-éparées* 


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112   MERCURE  DE  FR.ANCE. 

La  veuve  bunon  efe  affârcr  que  le  Public  fer^ 
au(n  facisfait  de  la  bonré  defdics  remèdes  ,  donc  les 
Dames  de  France  ont  ufé  ,  qu'il  Pétoit  du  vivant  de 
ion  mari.  Elle  donne  ua  imprimé  qui  cnfeigne  ki 
manière  de  s'en  fetvir. 

h  E  TTR  E  écrite  de  CoutMce ,  far  M. 
Hféard  ^  Profeffeur  de  Philofophie ,  a  un 
jiflronime  k  Paris  ^fur  un  phénomène  lar-^ 
.  rïvé  le  II   OEîohre  dernière 

VO  U  S  nie  faitcis  honneur  ,  M.  de  me  croîrd 
capable  de  vous  fatisfaife,  au  fujet  du  phé- 
^iiomene  qui  eft  arrivé  dans  notre  pays.  Si  U 
tfiufe  ne  m*eft  pas  bien  connue  ,  je  poarrai  du 
inoins  vous  en  doniler  une  rclarioa  fiiéle  ;  caïf 
j'ai  été  fur  le  lieu  od  a  tombé  la  Pierre  ,  pour 
lii'informer  au  jufte  des  circonftancC'.  Vo\A  \t 
fiait.  Le  Dimanche  onzième  jour  d*0£lobre  , 
environ  â  l'heure  de  midi ,  pîufieurs  perfonnci 
tant  â  la  Vilb  q^u'â  la  Campagne,  ont  enten-» 
du  un  bruit  femblable  â  celui  de  trois  coups  de 
canon  tirés  au  loin  ,  le  dernier  coup  a  été  fai-* 
Ti  <l'un  bourdonnement  qui  a  duré  quelques  mi- 
nutes ;  ic  à  l'endroit  oii  a  jombé  la  pierre ,  ce  * 
bruit  a  été  fuivi  d'^an  éclat  femblable  à  celui 
d'une  branche  d'arbre  qu'on  auroit  rompue.  On 
n'a  riîQ  vu  de  lumineux  dans  l'air.  Quelques* 
uns  des  environs  difent  quMsont  va  feulement 
^uel^ae  chofe  de  noir  qui  paroiffoit  comme  na 
ôtfeau  qui  auroit  volé  de  haut  en  ba^  avec  gran- 
de, rapidité.  Je  n'ai  point  vd  la  pierre  fur  la 
place  ,  parce  qu'elle  avoit  été  enlevée  le  jotlt. 
précédent  de  celui  auquel  j'y  fuis  allé  {  mais  on 
m'a  affuré  qu'elle  éroir  â  peu  près  de  la  groffeur 
4'ane  bouteille  de  q^uatre  pots ,  &  (ju'clie  étoic 


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JANVIER.    i75f.      m 

^coîre  chaude    une   heure   après  qu'elle  a  été 
tombie  ,  ôc  en  approchant  on  fiçntoic  une  forie 
ledeur  de  fouffre  ou  de  poudre  enflaropié^  ;  oo 
^ Ta  trouvée  cafTëe  en  plu^eurs  iporceaux ,  donc 
le  plas  gros  pefoic  environ  vingt  livres.  LVi* 
!térieur  eft  noirâtre' ft    tr^s-dur  ,  l'intéiieur  eft 
jgrisâtre  &  snêlé  de  petits  points  brillans  qui  fe 
'^parent  aifément.  Le  trou  qu'elle  a  fait  en  ter- 
,^e  n'écoit  p^s  cpnfidérable  »  il  avoit  environ  um 
pied.de  diamètre  fur   un  demi  pied  de  profon* 
deur  ,  elle  ne  pouvpit  aller  plus  loin  i  caufe  da 
fond  qui  eft  une  efp^ce  de  gravier  ou  gallet  , 
ûSez  dur.  Le  (Impie  peuple  n'a  pas  manqué  de 
regarder  cette  pierre  comme  un  effet  4u  ton-* 
nerre  9c  de  Tappeller  pierre  de  foudre  ;  mais  il 
n'y  a  nulle  apparence,    x^.  Parce  que  le  bruit 
«  ité  entendu  de  x  y  lieues  loin  à  h  mime  heure , 
ce  qui  n'arrive  point  aq  bruit  du  tonnerre  qu'on 
entend  tout  au  pios  dfe  quatre  ou  cinq  lieues.  En 
fecpnd  lieu  ,  j'ai  rem^rquji  que  cette  pierre  n'eft 
qu'un  compofé  de  fable  &  de  parties  de  fer  ; 
car  on  voit  que  loifqu'elle  eft  réduite  en  pou(^ 
fiere ,  on  apperçoit  au  microfcope  comme  autant 
de  petits  criilaux  tréstranfparens ,  &  que  les  par- 
ties luifantes  s'attachent  toutes  au  coâteau^aiixian- 
té  ,  ce  qui  prouve  que  cette  picrfre  cft  une  vérita- 
ble Marcaflite ,  ou  matière  minérale  mécalliqu.e* 
•Tout  ce  qu'il  y  a  de  furprenânt ,  c'eft  la  mapiere 
«jonc  elle  a  été  lancée  en  l'air  ic  portée  au  lie^ 
où  on  l'a  trouvée;  Pour  moi,  je  croirois  volontiers 

2a'|l  s'çft  fait  quelque  part  aux  environs  unç 
ruption  en  forme  de  Volcan  occafionné  par  une 
snâimmation  fubite  de  matière  fulfureule  dans 
quelques  lieux  fouterrains  qui  auroit  produit  l'ef- 
ftt  d'une  mine  que  la  poudre  â  canon  fait  fau- 
f  er  ef>  l'air.  Nous  lifous  4an^  pl^^leurs  rt;lations 


,y  Google 


^î4  MERCURE  DBFi:41ICR 

<^s  effets  bien  plus  furprcnans  occafionnés   par 
xle  femblâbles  c^ufes,  dans  ies  pays  chaads.   OU 
^ic  qu'on  en  a  troavé  de  pareils  morceaux  datis 
^i'autres  Parroiffes  plus  éloigr^cs  ^uc   cellç/dc 
^icorps  >  fcimée  â  ufie  demie  lieuj^  d'ici  ;  <i  œ!^ 
eft  vrai  ,  ma    conieéfcure   devîendroit  probable» 
On  ponrra  peu^ê:re  Recouvrir  Pendroic  bdia  terre 
ïe  feroît  euti'ouvertje  pour  votair  cette  matière^ 
On  m>  dit  que  le  bnilc  a  ^iii  plus  confidéra* 
ible  a  ^  Het^s  d'ici  du  cdté  de  S.  Lo,  qu'ail» 
-Icars  ;4:c  qui  pourrait  faire  foupçonner  que  P<* 
rfuprion  fe  leroit  faite  dans  ces  cantons ,  oà  il  y 
..a  eu  des  mines  découvertes,  il  y  a  quelques  aa- 
^ée9.  Vous  ètoÈ  â  la  foiirce  de  la  belle  Phyfiqué  , 
.lUnii  je  fîpis  eu  voqs  affûtant  que  je  fuis ,  &c« 

Huard ,  Préirt. 


c 


inQlS« 


A  r  I  s. 

Eux  qui  doivent  au  Mcrcuf c  ,  font 
j  pries  de  payer  daas  le  çoor^ac  d«; 


APPROBATION. 

J*Ai  b) ,  par  ordre  de  Monfeigncur  le  Chancei^ 
lier  ,  le  Mercure  tU  FrMCê  du  préfent  mois*  4 
Paris ,  le  S  Janvier  175 1.  ^ 

MAIGNAN    DE    SAVICNYi' 


y  Google 


jtfiiui.i.         ■     .1        •'    '        '     --^      "i.l.i    I  II  I— — y— HT 

,;  TABLE. 

PIb«b<  FooxTiTBs  eo  Vers  &en  ^o^; 
Le  Bouquec ,  Fable  du  Meicurc«au  Public ,  | 
#iifiaft^  du  FLomien  de  Proveoce  >  jfit  M.  de  Foa- 
r    ^^enelle»  ,  .5 

ITers  fur  Reoe}as ,  p^f  Mad.  du  Hoccage  ,        ' ic 
Kéâex  ions  fut  U  perfoanc  &  lespunages  de  M*^ 
l'Abbé  Terraffon,  sy 

^e  SiDg«  &  le  CatdÎBal ,  Conte ,  44 

.pes  devoirs  de  l'Académicien.  Difcours  ie  M.  de 
^Maupeicuis ,  4! 

jEpitre  au  Roi  fut  Tfidit  pour  laNoblefle  militaire, 
pac  M.  Marmontel ,  ^4 

Autre  i,Mylord  de  Chaderfîejd  «  £7 

jSéance  publique  4c  TAcadéçiie  des  InTcriptions  6c 
IBelIcs-Lcrtrcs ,  6f. 

Piflertation  fujr  Tutilicé  de  la  Tragédie ,  par  M. 
Racine,  75 

JMots  de  PEnigme  fie  des  Logogriphes  du  feconi 
volume  du  Mercure  de  Pécembre ,  79 

pnigiiics  &  Logogriphc ,  k\p 

Nouvelles  Littcraiies.   jLenres  de  Niaon  Leh* 
clos ,  9^ 

^iftoire  des  Négociations  Ôc  dû  Trajré  des  Pire- 
nées,  «j 
Capitulation  harmonique  de  M.  Mnldenei ,      84 
^Hre$  Arminiiy  Carmen ,             ,  8tf 
Le  Spedtaclc  de  l'Homme,  $9 
J^émoirc  fur  l'Horlogerie  ,  yi 
JLt  Triomphe  littéraire  de  K  f raiice ,'  Pqëme  Ita- 
lien,                                                              9t 
yilmanaqh  de  Tabk ,  i> j 
J^iffertation  fur  la  Queftioil  >  &C.  94 
Mémoires  pour  fervit  â  i'Iiiftoire  dl^  Brapdebourg. 
Nouvelle  Edition  I                                  ibtdj^ 


,y  Google 


bétails  militaires ,  par  M.  de  ChenHCvicrcs ,  tlsi: 
t^tttlie  ,  Tragédie  Chrétienne ,  ^7 

Difcours  qui  a  remporté  le  Prix  a  ^Académie  de 
DijoD  en  I7JO,  ^8 

Beaux-Arts ,  zi^ 

.Eftampes ,  1 17 

Projet  de  Soufcriptîon  pour  là  Chapelle  des  En- 
fans  trouves ,        .  Xî3 
Chanfon*  L'Auiour  véritable  y  119 
5pedacles ,  13^ 
Vers  de  M.  de  Fontcnclle ,  for  fa  TÎeilleffe ,     133 
Lettre  fur  Cénic ,       (                                      1 34 
Concert  Spirituel ,                                            182, 
Concerrs  à  la  Cour ,                                          1 S  f 
J^euvellcs  Etrangères.  Du  Nord  ,  &c.              18^ 
^Irance,  Nouvelles  de  la  Cour  j  de  Pari^ ,         i^f 
Mariage  &  Morts  ,                                          J9S 
Vers  fur  M.  le  Maréchal  de  Saxç ,                     loo 
^lettre  de  M.  de.Çeaumond  i  M.  le  P.  C.  D.  V.  â 
Straftourg ,  au  fujet  de  M.  Daran ,  Chirurgien 
du  Rpi ,  (ervant  par  quartier,  èLÇ.              ibi4. 
t^^ouveaux  Certificats  ^n  faveur  du  Sieur  Arnoulc, 
Droguifte»                                                   lOS 
'Avis  de  la  veuve  du  Sieur  Bnnon  ,  Dentijfte ,    1  z o 
lettre  écrite  de  Coutance ,  par  M.  Huard  ,  Pro- 
feffeur  de  Philofophie ,  »  un  Aftronôme  i  Pari^, 
fur  un  phénomène  arrivé  le  1 1  Odlobrc  9     %i% 
ifrvis,                                                             a.14 


,  {4  Chânfen  mt/e  doit  regatâtr  la  fâg$  i  %)^ 


De  Plïnprimeric  de  J.  B  u  l  j.  o  r# 


,y  Google      * 


MERCURE 

DE  FRANCE. 

DEDIE  JV    ROI. 
.   FEVRIER.   Ï751. 


CbtT^ 


APARIS,      '^rr^^"^ 

ANOR€*  C  AiLLEAC/,ruc  Saiat. 

Jacques ,  â  S  André, 
j  La  Vcavc  P  I  S  S  O  T,  Qpai  de  Conry , 

ï  la  defcence  du  Pont-Neuf. 
UEAN  DE  NULLY,attPaIaîs, 
JACQ^UES     BARROIS,    Qjiaî 
des  Auguftins ,  â  la  fille  de  Neveis, 


M.    DCC.  LI. 

^vecjt[ifnhéum&  Privilège  d»  Roi, 


t 


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AVIS. 

L'ADRESSEginérdleduJUercureefi 
k  M.  DE  Clbves  d'Arnicôurt, 
YHi  des  MoHVMis  GMrçons  ,  fanxtourg  Sdim 
Germain  ,  s  r  Hôtel  de  Mâcon.  Nous  prions 
très  ^  inflamment  ceux  tfui  nous  adrejferont 
des  Paquets  par  la  Pofte ,  d^en  affranchir  le 
fort  ipour  nous  épargner  le  déplaifir  de  les 
rebuter^  &  i  eux  y  celui  de  ne  pas  voirparottre 
leurs  Ouvrages. 

Les  Libraires  des  Provinces  ou  des  Pays 
Sirangers ,  qui  [ouhaiteront  avoir  le  Mercure 
de  France  de  la  première  main^  &plus  prompt 
tementy  n* auront  qu^a  écrire  a  l^adrefe  ci-dejfus 
indiquée  ;  onfe  conformera  tris-exaSement  à 
leurs  intentions. 

Ainfi  il  faudra  mettre  fur  les  adrejfes  m  JH. 
de  C levés  iF^micourt ,  Commis  au  Mercure 
di  France ,  rue  des  Mauvais  Garçons  ,  fostr 
remettre  à  M*  l'abbé  Raynal. 


Paix  XXX.  So&s. 


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MERCURE 

DE   FRANCE. 

DEDIE     ji  Zf     RO  L 

FEVRIER.    1751. 

PIECES  FUGITIVES^ 
en  Vers  à"  <>*  ■P"?/^* 

LE  M  A  R.  T  E  A  U,     : 
E  P  JT  R  E, 

Sous  le  nota  ^e  Vénus,  i  Madame  •■ 
T  E  M  c  I N  ,  en  lui  envoyant  |ui  pnic, 
marteau  de  table.,  le  joai  de  iVm.  Pag^ 
M.  Piron.  Des  Forges  eUteoMt,  iefre-^ 
vierjarrvier  1748. 

Y^  (7  Rm  <b  mmde  ér  f*  R^'  &  ^*  ^*f*  ' 
T»ur  fc€ftre_»ymt  U  Vnumt  iPtr  tn  mm» , 
Divinité  nuUepMt  étrangère  , 
rmtu«(h«rit&dtqHil'mJetUire    ' 

Ai) 


,y  Google 


4    MERCURE  DE  FRANCE. 

Fâfi  le  Trône  mu  fond  du  cœur  humai». 

A  V engageant e  çjr  rare  eriMure  , 
^f  du  même  mrt  tient  fn  gloire  ^fon  lo^  # 
Ji.t  qui  reçut  detjnains  d^la  Nature     » 
De  quoi  ne  pas  envier  m^  ceinture , 
Sdut  ygatté y  beau  cercle  ^  douze  lots.» . .; 

Morcelle  ahnablc,  attendant  ces  aubcines 
De  notre  part  aujourd'hui  pour  étrennes^ 
Ayez. en  gté  le  don  de  ce  marteau  , 
Et  tenez-vous  pour  la  bien  éçrenaéc  ; 
Car  c*eft  vrainient^m  cnrieûx  morceau  , 
Dont  à  l'ufage  allez  être  étonnée. 
Depuis  l'armure  k.  d'Achille  &  d'Enée, 
Ne  s'eft  id  rien  forgé  de  C  beau  : 
Trépieds  mou  vans ,  ni  violon  d'Orphée  , 
Ni  de  Gigés  le  merveilleux  anneau  , 
NiTaWn^ans^niJ>ag|ciettwdç,Fée;  ^ 

N'onéfivpaffé  ce  cheîd'oêuvre  en  verttt  | 
Il  eft  â  vous ,  nur.auyre  Tt%  l'fât  eu  ; 
Affûréaàent  vous  nâqiuces  ,coif  ftéç. 
:  D'abord  a  tablé  9C  pen4ant  le  deffert  , 
Si  vous  voulez  ,  tout  ifià^pléctierit  irfert 
A  cafler'noix  yfuçre^v^Àinàe  ou  noifetrc; 
«Ja'aini  ftcfoit,«:  qui  v<)trc  couvert 
Il  accompagne  &  cuillère  '&  fourchette  ;    - 
Tout  n'^  ira  que  plus  gaimeat  fon^train  ^ 
Il  n'en  fèra,(g[ue  micp»  à  votre  main, 
pour  fîgnàlcr  fa  facuUé  fcprf  ttc:    . 
îsjculi  prompte»  effi€âçe  &  coropl.cttft.; 


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FEVRIER.      lyyi. 

ï^quelle  change  un  fage  en  fagotin  j 
Fait  d*un  Mentor  un  patfait  Calotin, 
Opadruplc  Egide  eûi-il  pour  amulette  ,. 
Enfuite  op^re  un  tout  conir^kirc  effet , 
Du  Caloiin  fait  un  kge  parfait , 
^fte  maligne  ,  â  la  fois  &  recette  ; 
Voici  comment  Pun  &  l'autre  fc  fait. 

Droit  fur  le  teiV^  un  coup  de  la  hachette*;. 
An  plus  raflis  vaut  un  coup  de  gibîet , 
Gâte  fon  tipabr^  &  le  fêle  tout  net  j 
Si  qu'à  l'mftant  l'agile  girouette  , 
S^arborc  ,&  vire  au  haut  de  Ton  bonnet* 

Nul  n'ed  fî  fain  que  le  mal  ne  le  gagne, 
îût-ce  UD  Socrate  »  un  Séneque ,  un  Montagne> 
Du  coup  de  hache  à  peine  eft-ii  frappé , 
Que  leyoiUt^eaa  cheval  échappé  , 
Qui  fe  détraqqe  &  qui  bat  la* campagne. 

Puis  TOUS  tournez ,  ayant  bien  ri  duibuy 
Totre  marteau  du  côté  de  la  maffe  , 
fit  dans  le  mut  en  enfonçant  un  clou  , 
Vous  remettez  tous  les  tefloj:ts  en  place. 
Des  doux  ainfi  fichés  dans  quelque  muv 
Par  un  Pontife  ^en  ponupefolcmnelie. 
Pour  le  falurd'une  pauvije  cervelle  ^ 
Selon  Durfé ,  le  miradc  éioit  fur. 
Le  boç  Adraftc,  aux  pieds  d'une  ctucUe,. 
Avec  le  cœur  ayant  laiffe  Tefprit , 
Jufqu'â  vouloir  vivre  &  mourir  fidèle  , 
Sbus  Adamas  répreuve  heureufe  en  fit; 

A  ii}; 


,y  Google 


*    MERCURE  DE  FRANCE; 

Telle  aujoanl*hui  fous  tous  on  la  peut  faire  j 
La  main  du  Maître  ayant  â  ce  marteau 
Tranfmis  Phonncur  d'un  don  fi  falutaire, 
Avec  ceci  d'aimable  Se  de  nouveau  ^ 
Qu'il  réunit  le  plaifant  &  Tutile , 
Comme  il  guérit,  il  bleffc  le  cerveau, 
t ffayez-en  ,  c'cft  la  pique  d'Achille. 

Mai$  n'allez  pas ,  étendant  au  furplus 
L'humanité  par  ée-li  fa  nwfure  , 
Ke  bleflant  point  &  clouant  tant  8c  plus , 
Pe  tous  les  fous  entrepiendre  la  cure  j 
Renonccz-y  :  point  d'efForrs  fuperflus  ; 
Hé  quoi  î  vouloir  de  tout  cerveau  perclus. 
Remettre  en  jeu  ,  remonter  Fa  macbine  j 
Quelle  muraille  aflez  grande  auriez-vous\ 
Pour  y  pouvoir  trouver  place  â  vos'^fclôux  î  ' 
Hélas  î  auciinc ,  8c  celfe  de  la  Chine  '     ' 
M'y  fuffirott.  Partant  ne  vous  tnélcz 
Que  de  guérir  les  genrils  perfonnagcs  i 
Qu'en  vous  jouant  vous  aure»  afbilés. 
Tenez-vous  en  ,  de  grâce ,  à  vos  fcpt  Sages  ; 
A  *  Mirabeau,  Mairan ,  Boze  8c  Duclos , 
A  FontencHe ,  Aftruc  &  Marivaur.  - 
Que  de  vos  doux  la  vertu  (ans  féconde  ' 
î^c  daigne  agir  que  fur  les  fep^  Férus  ; 
Jà  n'cft  befoin  que  leur  efpcce  abonde ,        • 
Telle  abondance  entraîneroit  abus, 

*Cesfeft  Mejpeurs  dlnoient  ngulietmm  unjowit 
Ufema^i  chez*  cptie  Dami. 


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FEVRIER.      I7$î. 

D'hommes  fends  qui  peupleroic  le  monde  t 
Ruineroic  les  Dieux  les  plus  courus. 
Adieu  celui  du  vin ,  celui  de  l'onde  « 
Mars ,  Apollon  ,  moi ,  mon  fils  &  Plntns  ! 
Laiilons  la  terre  en  Calotins  f^éconde  ; 
Nous  donnerons  gain  de  caufe  i  Momus  } 
N'importe ,  il  faut  vous  régler  la-defTus , 
Et  qu'il  en  rie ,  ou  que  Minerve  en  gronde; 
Tenez-vousen ,  vous  dis  je ,  aux  fept  Elus. 

Donc  au  moment  que  renaît  leur  faconde  ; 
Que  chacun  d'eux  a  pris  deux  on  trois  doigts 
Du  vin  d'une  *  Ifle  od  j'ai  donné  des  loix , 
Sur  chaque  t6te  appuyez  i  la  ronde  , 
De  la  hachette  un  coup  bien  aflené. 
Ne  craignez  rien ,  fuffit  qu'an  vous  répotide 
Qu^â  l'efprit  feul  tout  le  mal  eft  borné  ; 
Autre  accident  n'avient  du  coup  donné  , 
Qu'une  raifon  plaifamment  vagabonde» 
Courage  donc  ,  par  curiofîté  , 
Dans  le  Lycée  une  fois  qu*on  folâtre  t 
Qu'on  ait  chez  vous  une  fois  radotté  ! 
Ferme ,  frappez  ,  le  beau  coup  de  Théâtre  I 
La  bonne  fcéne  ,  oh  î  quel  plai'îr  de  voir 
Cet  efprit  net ,  univerfel  8c  jufte  , 
Dont  tous  les  Gens  de  goât  &  de  fçavoîr  , 
Tant  qu'ici  bw  j'aurai  quelque  pouvoir  , 
Encenferont  les  écrits  &  le  Bufte  ; 
De  le  voir,  dis-je , errer  du  blanc  au  nok  , 

A  lu) 


,y  Google 


s    MERCUREDE  FRANCE. 

Et  poac  le  corps  lourdement  prendre  l'ombre  ^ 
De  voir  ce  clair  &  lucide  Ecrivain 
Qui  ,  dans  fa  tête  eut  deifolcils  fans  nombre  ^ 
N'y  plus  avois  qu'une  Lune  en  fon  plein  ! 

Qi^fcl  paffe-tems  de  voir  «  l'autre  Génie  ^ 
Verfé  d^ns  l'Art  de  prolonger  la  vie , 
Qiji ,  fur  la  rôire  ,  a  Tocil  y  foir  &  matin  , 
Ce  PoffeiTeur  de  l'Encyclopédie  , 
Pic  de  claf tés.,  puits  d'érudition  ^ 
Changeant  de  rôle  &  de  condition  ,, 
Tendre  berger  ,  foupitor  l'élégie  1 
On  joyeux  *"  Éaâne  ,  entonner  une  orgie  ^ 
Ne  célébrer  que  l'Amour  ou  le  vin; 
Et  vous  croyant  Paftourclle  ou  Ménade , 
Dan(ê.ur  galant ,  vous  présenter  la  maitij 
Ou  plein  d'un  Dieu ,  plus  gaillard  &  moins  fàic^^ 
Le  corps  en  l'air  ,  âfon  exemple  ,  en  vain  y 
Vous  ordoxiner  l'entrechat ,  la>  gambade, 
£t  l'évohé  :  de  la  perfonne  enfin , 
Dont  il  fera  l'éternel  Médecin  > 
Pour  un  inftant^  devenir  le  malade  1 

Si  pour  tout  dire  ,  en  un  mot  ,  le  plaifknt^ 
Pour  être  tel ,  veut  du  neuf  &  du  rare  , 
Vous  en  aurez  ,  grâce  i  notre  préfent  j 
Car  niera  t'on  que  fa  vertu  bizarre 
'Aura  produit  du  rare  &  du  nouveau  ,. 
S'il  vous  fait  voir  délirer  Mirabeau  ? 

♦  Ai.  Jipuc ,  Médecin  dé  la  Dame. 
■  -  *  M,  Afifuc  m  bon  que  de.  Veau^ 


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FEVRIER.      i7ri.        9 
S^  vons  fait  voir ,  i'Aïuear  de'*  Mariaone 
Et  d'Anoibal ,  aa  Hea  d'ua  rc^timent , 
D'an  terme  heureux  ,  d'un  bon  raifoDoemenc  ^     ^ 
Oa  d'an  traie  fin  ,  lâcher  un  cocq^à-râoe  ! 

Pour  moi ,  je  ris  d^avancç  ,  en  vérité  » 
Voyant  déjà  de  notre  cher  Eaclidc , 
Bo  gai  Mairan  le  compas  démonté , 
Au  lieu  d'an-rond ,  faire  un  trapezoïde  i.  , 
Voyant  d'ici  ratter  un  trait  faîllaiic 
A  ce  Vaneati ,  coJorifte  &  brillant  «. 
Dont  le  pinceau  léger  »  doâe  &  rapide  ^^ 
Pouvoir ,  après  le  Seigneur  d'ArgenrofQ  , . 
5eul  acheverde  peindre  Louis  onze  : 
Voyant ,  avec  un  phlégme  de  Catoa  • 
Sur  le  plus  grave  &  le  pîus  ferme  ton. 

Notre  Arondel  **  ,  grand  Déchifreur  en  bfonze^ 

Dans  an  Louis  démontrer  un  Othon. 

Que  fçais-je  ?  maint  &  nuint  autre  Tertîge;, 

Dont  vous  rirez  (ans  doute ,  ainfi  que  moh; 

Donnez-vous  en  tout  à  Paife  ;  après  quoi , 

Subitement ,  de-  ce  premier  prodige 

Paflant  à  Taotre ,  a  grands  coups  ,  voorcoigae2r 

Les  joHs  doux  ,  d'élIebore  empreignes^ 

A  ce  bruit- li ,  tout  fe  remet  en  f  4gle  ; 

Tous  nos  Méiïifurs  s'éveiWent  :  Momus  fort  5 , 

De  Hanneton  ,  chacunrredevient  Aigle  ; 

Minerve  rcmre.  En  tout  cas,  fi  d'abord  ,. 

Daas  <]iiel(}ue  tête  ilu  anq^oit  anceiBrt';. 

*  MUSBÊfhuiws,    '^  ^M^  dé  Boze. 


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ïô  MERCURE  DE  FRANCE. 
Que  la  raifon  n'y  fut  pas  libre  &  franche  , 
Qu'un  rat  s*y  fut  tapi  dans  quelque  trou  ; 
De  l'un  des  fcpt  enfin  ,  quelque  peu  fou  , 
Si  le  bon  fens  branloit  encor  au  manche  , 
i\vcz  de  quoi  lui  bien  river  fon  clou. 

SECONDE    LETTRE 

De  M,  Grimvê ,  d  V jiuteur  du  AUrcure^  fnr 
U  LittiratHre  jûUemande. 

J'Ai  établi ,  Monfieur  >  rexiftencc  de  la 
Littéracui^c .  Allcniande -,  il.  sagic.^d'en 
donner  une  idée   un  peu  plusçxade»  Oa 
nous  prédit  tous  les  jgurs  qu'elle  ne  tar- 
dera pas  d'èrre  à  la  modç  en  France.    Et 
pourquoi  non?  Ce  ne  feroit  pas^  comaie  on! 
verra,  la  première  fois  5  d'ailleuFs  la  bizar- 
rerie iTième  ajoute 'ici  à  la  vraifcmblance. 
Quand  cet  heureux  tems  fera  venu>  j'aurai 
la  gloire  de  l'avoir  annoncé,  &   c'eft   à 
vous  que  j'en   ferai  redevable.    Eji  atten- 
dant cçs  lauriers  que  je  partagerai  avec  le 
peuple  des  Traducteurs  >  qui  n'attend  .que 
le  fignal  de  la  mode  pour  traduire    tous- 
nos  mauvais  ouvrages,  je  vous  parlerai  de 
notre  Hiftoire  ,  de  notre  Eloquence  ,  5c  de 
notre  Pôëlîe  *•   Je  commence  aujourd'fiuî 

*  M.  Coufched  travaille  aâtieUemtnt  i  l^^HiÇ: 


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F  E  V  R  I  E'R.    i7jï;       xi 

par  cette  dcrnicrc,&  je  réfcrvcraî  pour 
une  autre  Lettre  ,  ce  que  j'aurai  à  dire  fur 
notre  Théâtre. 

Depuis  ma  première  Lettre  ,  Monfieur , 
j'ai  eu  bien  des  reproches  à  efluyer ,  &  j'ai 
éprouve  l*univcrfaiitc  de  cette  maxime  » 
que  je  ne  croyois  pas  applicable  à  la  Ré- 
publique des  Lettres ,  que  dans  les  guec» 
res  civiles  ,  le  plus  mauvais  parti  que  Von 
puiffc  prendre ,  eft  toujours  celui  de  refter 
neutre.  Les  François  n'ont  point  vouiit 
convenir  que  nous  fuffions  aufC  avides  ^ 
des  bonnes  chofes  qu'ils  le  font  des  nou- 
veaurés  \  ils  m'auroient  bien  paffe  te  mat 
que  j  aurois  pu  dire  de  leur  goût ,  pronrv& 
que  je  n  eufle  point  dit  de  bien  du  notre^^ 
&  je  comprends  que  nous  pourrions  vivre 
en  paix ,  fi  je  niic  conteniois  de  tout  cri- 
tiquer. Mais  enfin  ,  je  veux  ,  malgré  eux  > 
me  montrer  reconnoiflant  envers  nos  Maî» 
très ,  &  quoiqu'ils  en  puiflcnt  dire ,  je  ne 
fçaurois  me  réfoudre  à  convenir  ,  que  nous; 
n'avons  reçu  d'eux  que  de  mcchanics  in£- 
truâions. 

C'cft  bien  pis  avec  nos  Gompatriorcy^ 
ils  ont  pris  la  chofe  cout-à-fair  au  trngique^ 
Ils  ni*ont  reproché  que  /avois  donné  aux 
François  trop  de  part  dans  les  progrès  de* 

t©îre(h  h  t^npc-,  de  la  Po«fic  Sc  èc  rEFoq;ucBce 

Av|    ; 


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Il  MERCURE  DE  FRANCE. 

Belles  Lettres  en  Allcmaene.     Ils  m'ont- 
iîommc  tous  les  grands  Honmies  ,  qui  fans . 
chercher  ailleurs  des  modèles,  onx  fait  la 
gloire  de  notre  Patrie;    Ils  m'ont  fait  re- 
morquer qu'Opitz,  le  grand  Opitz^(épi- 
thére  qui  lui  eft  confacrée  depuis  long*, 
tcms  )  étoii  Poëte  avant  les  beaux  jours 
du  grand  Corneille;  Enfin  ils  ont  infifté 
principalement  fur  nos  droits  d'ancien»- 
neté  dans  tous  les  genres  de  la  Littérature- 
Il  me  fcmble  pourtant ,  qu'à  parler  frati». 
^diement ,  ce  droit ,  quand  il  elt  fcul ,  ne- 
décide  pas  de  g^nd  chofe.  Mairet  ScHar*- 
îdi  ont  écrit  avant  Corneille  8c  Racine  » 
Wontfleutl  avant  Molière,  &    la  Pïicellc 
^a  près  de  cent  ans  d'ancienneté  fut  laHen-- 
riade^  faudroit-il  que  pour  cela  Ntairct, 
-Hardi,  Montfleuri  &  Chapelain  .fuflent 
au  dcflus   de  Corneille  ,  Racine  ,  Molière 
ic  M.  de  Voltaire  ^  Quoiqu'il'  en  foitv. 
pour  confèr^^er  la:  paix  avec  mescompaf- 
irioreS',  je  leur  diralque  je  n'ai  point  cm? 
•Repris  d'écrire  rHiftoirc  de  la  Littérature- 
Allemande.    Ç'arroit    été  une  entreprifc 
trop  féricufc  pour  moi  î  d'ailleurs  les  noms- 
.dc  nos  grands  PhilofophfS  ,  de  nos  Jinifs- 
confultcs,  de  nos  Médecins,  denosGh)N. 
miftcs  ,  de  nos  Peintres ,  de  nos  Arciftcs  ^ 
&  de  prcrqoe  tous  nos  Liccérateucs  ont 
éxé  portés  chc  2^jiûs  voidhs  yS^. denos  jours; 


dby  Google 


FEr'RrEK.     175  r.       if; 

M.  Erncfti  par  fon  ftyJc  ,  digne  du  beau- 
fiécle  de  Rome  ,  Se  furtoiu  par  fon  goût*,. 
chofe  fi. rare  parmi  (es  confrères,  s*cft  ac- 
quis ,  fans  y  fonger ,  une  réputation  gêné* 
raie.  Tous,  ces  hommes  célèbres  n'ont  pas 
fcefoin  drma  yoix  pour  annoncer  leur  me- 
^te  à  l'Europe»  Il  n'en  cft  pas-  de  même  de  - 
CCS  Autcurs^,.non  moins  dignes  d'être  con* 
nus,  qui  n'ayant  écrit  qu'en  Allemand', 
U*ojit  pu  franchir  les  frontières  de  leur 
Patrie.  GVft  de  ceux  là  feulement  que  j'ai 
entrepris  de  parler  ,  &  je  penfe  que  ce  fe- 
foit  mal  travailler  pour  leur  gloire,  que 
de  leur  donner  effrontément  le  pas  fur 
Corneille  &  Boilcau  ,  dont  ils- (croient 
peut-être  devenus-,  les  égaux,. s^b  cuflcnr' 
été  leurs  Difciples» 

Je  pourrois  pltis,. Moniteur ,  &  j'àurqis^ 
Bn  excellent  moy^en  pour  contenter  mes^^ 
compatriotes ,  fi  le  goût  des  citation»^  des 
autorités  ,  &  de  tout  /ce  fatras  de  la  mau-* 
vaife  érudition,  qui  brille. encore  dans  nos; 
Provinces^ ,  écoit  un  peu  moins  décrié  en 
France.  Qu'il  me  fcrditaifédc  vous  con*  - 
vaincre  par  ces  argumens ,  autrefois  fi  re- 
doutables ,  que  nous  avons  formé  votre: 
Eocfie  ,  que  vous  av^z  reçu  la  rirje  de  nos 
Ancêtres  ,  que:  votre  premier  Poëcc  Pro- 
iPiençal  *Viroit  originairement  Allemand  U 


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T4   MERCURE  DE  PRANCE. 

Pour  vous  prouver  routes  ces  vérités  in»- 
portantes ,  je,  commcnccrois  par  la  Poëfie 
des  Bardes,  dont  Céfar  &  Tacite  font 
mention  y  je  parlcrois  enfuite  de  nos  Poè- 
tes aur Cours  d'Atiila  &  deThéodoric, 
dont  Charkmagne  a  fair  une  colledtion. 
Je  viendrois  de- là  au  fzmcux  Epimcion , 
du  neuvième  fiécle ,  à  Toccaflon  de  la  vic- 
toire des  Francs  fur  les  Normands.  Je  par- 
lerois  du  Te  Deum,  en  vers  Allemands,  da 
même  ficelé ,  8c  du  fameux  Poète  Ottfried> 
dont  nous  avons  encore  une  Tradudiott 
de  l'Evangile  en  vers.  Tous  ces  Poètes 
ctoicttt  alors  i  la  mode  à  Paris  ;  leurs  ou- 
vrages étoient  dans  tous  ks  cercles  des 
femnîes  beaux  efprits  ,  &  jugés  en  dernier  ^ 
reflort  au  Tribunal  des  Toilettes  par  les 
petits  Maîtres  du  fiécle.  Leur  langage  éfoic 
celui  des  gens  d\\  monde  ,  &  de  cette  Cour 
Gauloife  ,  où  les  jeunes  Bretons  &  Nor- 
mands, de  même  que  les  jeunes  Oftro- 
goths  &  Saxons  accouroient  en  foule  ,  où 
les  uns  vcnoient  pafTer  leur  vie  ,  manger 
leur  bien ,  &  crier  d'un  air  fuffifanr  que 
tom  étoit  pitoyable ,.  &  que  rien  n'étoit 
^au  que  cher  eux  ,  ôc  on  les  autres  fe  hâ- 
ïoient  d'obfervcr  ,  &  de  s'approprier  pen- 
dant fix  mois  ,  tout  ce  qu'ils  y  trouvoient 
de  mauvais  ,  afin  de  s*en  retourner  triom- 
j^iiis dans  leur  Patrie  faire  les  petits  Maî- 


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-  FE  V  R  l  E  R.      I7JI.      15 

très  fans  grâces,  &  lesDoâeurs  fanséca* 
de  >  croyant  avoir  pris  les  manières  des^ 
Francs^  Pour  achever  de  vous  convaincre,. 
je  m'éccndro  s  enfuiie  for  rinftru£kion  poc- 
liqae  de  Winsbeck  à  fon  fils, qui  eft  du 
tcms  de  Frédéric  BarberouflTc  ,  &  je  parle* 
rois  fur^ouc  du  Gorps  des  Poètes  Alle- 
mands 4u  treizième  fiécle ,  qui  eft  en  ma« 
nufctit  dans  la  Bibliothèque  du  Roi ,  & 
de  ptufieurs  autres  manufcrits  difperfés 
dans  les  Bibliothèques  d'Allemagne.  JV 
jouterois  âmon  étalage  des  échantillons 
de  tous  ces  monumens ,  preuves^  d'autant 
plus  convainquantes  ,  qu'elles  fèroient  in* 
intelligibles  à  v<>s  Ledeurs,  &•  peut-être  à 
fooi-ttiême»  Mais  franchement ,.  après  ce 
qu'civ  dernier  lieu  l'ingénieux, ad verfairc 
de  riœprimerie  vient  de  dire  fur  les  aato- 
rites  ,  je  craindrois  y  en  établiffant  avec 
grand  foin  la  gloire  de  nos-aftciens  Pocrcs  , 
de  travailler  fort  mal  pour  la  mienne.  Je 
hiSh  doncle  foin  de  taire  valoir  tous  ces 
monumens  à  une  Mufe  Philofophe  ,  qui. 
connoît  rArt  difficile  d'allier  les  grâces  à 
l'érudition  ,  qui  penfe  comme  notfc  fexe  y. 
&  écrit  comme  le  ficn.  C'eft  de  Madame 
Gotrfched  que  je  parle,  &  donc  hcureu- 
fement  pour  moi,  Se  pour  mesLc£lcurs„ 
j'aurai  occafîon  de  parler  Couvent.  Mada^^ 
me  Gottfchedx  née  avec  des  ukasdiâin»* 


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té  MERCUTCE  DE  KUAfrCR    . 

gaéspour  la  Pociîc  ,  &  pour  toiis  les  beau» 
Arts ,  fidcUe  &  conftantc  compagne  des» 
uavaux.  Littéraires  de  fon  mari  ,  après 
avoir  enrichi  notre  Langue  des  (Eavrcs 
d'Addiffbn  ,.de  Scelle  ^dc  Pope ,  de  M.  de 
Voltaire  ,  de  Madame  la  Marquife  du 
Chaftcler ,  &  des  fienncs  propres  ,  fe  pré- 
pare à- donner  THiftoire  de  notre  Pocfie 
lyrique; 

Je  paflcrai  de  mcme  légèrement  Cùt  ma- 
féconde  période^ après  l'établiiTcmcnt  de 
riraprimcrie.  Nos  Poëtesde  cetems-là^ 
gens  de  quelque  talent  fans  douce  (  car 
d'où  leur  auroic  pu  venir  Tidce  de  chan* 
ter  O  ont  route  Tinexaélicude:  qu'on  doiç. 
attendre  de  l'ignorance:dc  leur  ûécle ,  &  de 
rimpcrfedion  de  leur  Langue,  Ils  ont» 
d'autant  plus  befoin  de  l'indulgence  de, 
kurs  Lecteurs ,  que  UPbëfie  Allemande  * 
eft  plus  difficile  >.&  (i  j'ofe  trancher  le  mot 
fans  faire  rire  les  François ,  plus  recher- 
chée que  celle  des  autres  peuples  de  TEu— 
rope.  Car  outre  la  contrainte  de  la  rime  >, 
qui  nous  eft  commune  avec  .les  François  ,^ 
pous  avons- celle  dès  pieds  &. delà quaq^ 
tifé  i  avec  la  même,  rigueur  que  les  Latins* 
&  tes  Grecs*  0r  il  eft  bien  évident  que- 
cette:  dernière  Loi  doit  rendre  noçre^PoèV 

*  De  môme  que  là  HôUanJoifér ,  la  Stiédoifcr,, 


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FEVRIER.      ï75r.      Vf 

fie  beaticoup  plus  harmonieufe ,  &  plus 
yaricc  que  ecîle  des  autres  peuples  y  en- 
fortc  que  nous  avons ,  non- feulement  des 
vers  lambiques  ,  ou  Trochaïques ,  oi> Dac- 
tyliqucs  ,  mais  une  infinité  d  autres  gcnrcs^ 
de  vers  ,  &  en  général  tous  les  mètres  des 
anciens  que  nous  imitons  avec  luccès  :  it 
nous  reftc  du  tems  dont  je  parle ,  un  mo- 
nument précieux  ,  c'cft  un  Poëmc  épique ,. 
intitulé  Theuerdank^ ,  fait  ,à  l'honneur  de 
FEmpereur  Maxjmilien  !• 

Ce  fut  Lmher ,  comme  je  l'ai  dit ,  qui* 
joignit  le  premier  la  pureté  de  la  Langue  y 
&  l*cxaditude  de  rexprcffion*,  au  feu  &  à* 
la  force  de  la  Poëfie.  Son  langage  eft  bien 
celui  des  Dieux  >  &c  après  deux  cens  ans  il 
B*a  rien  perdu  de  fa  beauté  ,  à  TexcepiioiL 
de  quelques  mots  énergiques^profcritspar 
nos  jeunes  Puriftes,  &  qui  n'étant  propres- 
en  effet  qu'à  la  force  &  à  la  vigueur  d*eC 
prit  de  nos  Pères ,  font  devenus  inutiles 
â  leurs  defcendans.  Luther  n  ctoit  pas  feu- 
lement Poëte ,  il  connoirtbit  anflî  les  régi» 
des  Beaux  Arts ,  &  il  en  fçavoit  donner 
Kiimème.  Ses  Lettres  fur  l'Art  de  traduire 
&  d'interpréter  y  fur  les  Speftacles  &  leur 
moralité,  font  autant  de  monumens  pré»- 
«i  u«  de  fon  goût  &  de  fis  connoiuan- 
ces. 

Si  les  contennporains.  de  cet  Homme  gck 


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18    MERCURE  DE  FRANCE. 

lébrc ,  l'avoicnt  toujours  pris  pour  modèle 
dans  leurs  écrits  >  U  Poë(ie  Aiiemande  fe* 
toit  dès-lors  arrivée  à  un  degré  de  perfec- 
tion ,  où  elle  n*eft  parvenue  que  cent  ans 
après*  Mais  au  lieu  de  fuivre  les  traces  de 
cet  Ecrivain  ,  il  fe  forma  un  corps  de  fort 
bonnes  gens  ,&  de  fort  mauvais  Poètes  , 
fous  le  nom  de  Aieifler  Sanger,  ou  Maîtres 
Poëces ,  qui  prefque  tous  gens  de  métier 
&  ouvriers  ,  imaginoient  d'affujettir  TArc 
divin  d'Apollon  aux  Loix  &  Coutumes 
de  leurs  Communautés.  Ils  oftroy oient 
la  pcrmirtîon  de  faire  des  vers  ,  comme  on 
donne  celle  de  lever  boutique  ,  &  pour 
pouvoir  rinfïer  en  paix  ,  il  falloit  être  inf- 
crit  aux  Regiftres  du  Corps  »  qui  étoit  di* 
vifé  en  garçons  Poètes ,  coKipagnons  Poe* 
tes  ,  &  Maîtres  Poètes  \  U?  licences  qu  iU 
donnoient ,  étoient  expédié^  au  nom  dçf 
Compagnons  de  Maitrcs.  Le  Boyen  dç 
cette  refpciSkable  Confrairie  étoit  Hsnf 
Sachs  de  Nuremberg  ,  Cordonnier  de  f^ 
Profeflîon.  L'Hiftoire  ne  dit  pas  s'il  faifoit 
de  bons  fouliers  5  mais  en  revanche  il  nous 
a  lai  (Té  cinq  gros  volumes /«-/iZ/o  de  fort 
mauvais  vers,  où  le  génie  ne  laiflc  pas  de 
briller  quelquefois  au  travers  de  Tigno- 
rance  &  de  la  groflîereté  d-  ce  Maître- 
Garde  de  la  Poëfie.  C*écoit  à  peu  près  dans 
le  même  cems  où  les  Poëces  célèbres  de 


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FEVRIER.      1751.       19 

f  Italie  étoicnt  honorés  du  triomphe ,  & 
couronnés  au  Capitole  ,  que  les  nôtres  Ce 
faifoienc  pafTcr  Maîtres.  Chacun  a  fa  ma- 
nière d'cnvifagcr  les  objets.  Au  rcftc , pour 
ceux  à  qui  les  mots  ne  font  pas  illunon  >, 
ÎL  n'y  a  guércs  aujourd'hui  que  les  noms 
de  changés.    Sous  dès  titres  plus  décens  > 
je  vois  encore   parmi   vos  beaux  efprits 
quantité  d*Apprentifs ,  quelques  Compa- 
gnons ,  &  un  très-petic  nombre  de  Maî- 
tre.   Je  ne  dois  pas  cependant  oublier  un 
excellent  ouvrage  de  ce  fiécle.    C*eft  le 
Frofchmaujler  ,  Pbcme  épique  de  Maître 
Rollenhagen ,  dans  le   goût  de  la  Batra- 
chomyomachie  d*Homére ,  Livre  vraiment 
cscellent  par  fa  morale  ,  &  dont  les  Alle- 
inands  difent  quelquefois   en  proverbe  i 
qu'on  n'a  rien  lu ,  quand  on  n*â  pas  lu  ce 
Pocnae.  Je  ne  fçais  n  le  Rynixe  f^efs ,  autre 
ouvrage  dans  le  même  goût ,  écrit  origi* 
nairement  en  patois  de  la  BafTe-Saze  ,  eft 
du  même  fiécle  ,  ou  plus  ancien.  Le  Fofs  » 
ou  Renard  ,  Héros  de    la  Fable  ,  habile 
Courtifan  ,  s'il  en  fut  jamais  ,  duppant 
Adroitement  le  Lion  ,  fon  Roi  ,  &  le  fai- 
fant  rinftrument  de    fes  ptoj.ets  &  de  fe^ 
volontés  ,  fait  tomber  dans  les  pièges  tous 
les    Amples   &  lionnètes  gens  ,  comme 
rOurs,le  Cerf,  le  Loup,&c.   C'eft  ur» 
tableau  achevé  de  la  vie  d-on  Courtifan  ^ 


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fto  MERCURE  DE  FRANCE. 

qui  aura  dans  tous  les  fiécles  le  mérite  ât 
la  nouveauté  Se  de  la  reiremblance. 

L'honneur  d'être  le  Pcre  de  la  Poëfîc 
Allemande  écoit  donc  réfervé  à  Opitz* 
Ne  avec  toutes  les  parties  qai  font  le  Poè- 
te ,  il  avoit  beaucoup  voyagé  ,  &  à  force 
d'aequerir  des  connoifTances  il  s'éroit  for- 
mé le  goût ,  en  forte  qu'il  en  devint  le  rct 
curateur  dans  fa  Patrie  ,  8c  qu'il  fçut  éle* 
ver  des  Temples  aux  Mufcs  au  milieu 
d'un  Pays  cruellement    ravagé  Se  déible 

Ear  la  guerre.  Plein  dur  feufacré  d'ApoU 
)n ,  plein  d'images  tracées  d'un  pinceau 
Vort  &  vrai,  jamais  ébloui  par  un  huit 
brillant  ,  il  s'empare,  de  fon  Le£teur ,  Sc 
fait  couler  dans  fes  veines  c^tte. ardeur, 
dont  il  eft  embrafé  lui-même.  Zélé  pour 
fa  Patrie  ,  homme  de  bien  8c  vertueux  par 
tcmpérammcnt ,  Ces  écrits  font  l'éloge  de 
la  vertu  &  de  l'humanité.  En  un  mot  > 
c'eft  le  Pope  de  l'Allemagne ,  ou  pKnôç 
celui-ci  eft  l'Opicz  de  l'Angleterre  ,  &  fi 
notre  Pocfte  eût  vu  lesl^eaux  jours  deÇor- 
neille  ,.  il  auroit  été  fon  rival ,  &  feroii 
devenu  »  fans  doute  ^  le  Corneille  de  fon 
Pays. 

Les  bons  Pbëtes  que  l'Allemagne  aeu- 
rfcpuis  Opitz,  ont  tous  pris  ce  grand  hom- 
me pour  leur  mçdéle.  Je  nommerai  feule, 
ment  ceux. q^i.  font    devenus  Clafliques^i 


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T  E  V  R  I  ER.     175 1.       iM 

Tlemminq  &  Dach  ,  le  premier  Saxon  i 
Taurrc  Priiflîen  ,otit  tous  les  deux  ,  de  mi- 
me que  Pfcherning,  excelle  dai>«  TOde,  Se 
dans  pluiieurs  autres  gemres  de  Poëfîe.  Ra- 
chel  ,«otre  Saiyrique  ,  né  en  Baflc  Saxe  , 
fans  avoir  la  pureté  &  ladélicateflc  de  Dcf- 
préaux  ,  en  aie  fel  mêle  av«c  wnt  de  bile, 
qu'il  a  reçu  le  nom  de  Lucile  Allemand. 
I]  étoic  le  vrai  fléau  &  Tcnnemi  implaca- 
ble du  vice  &  des  ridiailes.  Dans  (a  hui- 
tiénrc  Satyre  y  âdrciFée  à  Pfcherning  ,  & 
intitulée  le  Poète  ,  il  entre  dans  une  tccri- 
ble  fureur  contre  ceux  qui^fent  profaner 
ce  nom  (acre ,  &  le  prodiguer  à  chaque 
rimeur.  En  traçant  de  portrait  d'un  vérita-^ 
ble  Poëcc  ,  dont  il  avoit  des  idées  fort  jtif- 
tes ,  il  parcourt  tous  les  ridicules  desPoe*^ 
tes  de.  Ion  tcmsi,  &:peir  galam  ,il  fe  moc- 
que  des  femmes  Poètes  qui  veulent  fc  mê- 
ler des  Belles-Lettres.  Comment ,  dit-il  ea 
vrai  dédamateur  ,  pettvent^elles  fe  flatter 
if  atteindre  jamah  à  cette  force  iTefprn ,  à  cei^i 
u grandeur  £ame  .niceffaire  4  ceux  fui  chan^ 
i$nt  Les  hUros  ?.Gorâme  fi  ce  fexe chat;manc 
écoit  incapablede  célébrer  les  vertus  héro'ù 
que  >  dont  il  a  tant  de  fois  donné  i'exem- 
pie. 

;  Le  même  fia  jet  a  été  traité  différemment  ^ 
pt  le  plus  aimabk  de  nos  Poëtcs*  C*câ; 


,y  Google 


•^    MERCURE  DE  FRANCE. 

»otrc  Horace  ,  c'cft  le  Baron  de  Canitz  ; 

il  defcendoic   d'une    famille  illuftre  du 

Brandebourg.  UElcAcur  Frçdcric  Gutllaa- 

me  9  qui  a  mérité  le  nom  de  Grand ,  le 

fçuc  bientôt  didinguer  de   la  foule  des 

Courtifàns  ordinaires.   Il  le  fit  fon  Con- 

feiller  d'Etat ,  Se  l'employa  dans  plufieors 

négociations  importantes.  M.  de  Canitz 

fc  délafToit  quelquefois  avec  les  Mufes  da 

faftidieux  tracas  de  la  Cour ,  à  Bleimberg  » 

Terre  qui  lui  appartcnoit.  C'cft-là  qu'il 

manioit  ordinairement  la  lyre  d'Apollon  , 

&  à  l'entendre  réfonner  dans  fes  mains  » 

on  n'auroit  pas  dit  qu'elle  avoir  changé  de 

maître.   Ses  Poëûes  ne  font  pas  en  grand 

nombre  y  mais  elles  fe  fentent  routes ,  &: 

du  bon  gouc  de  l'Auteur  ,  &c  de  l'élégance 

de  mœurs  qui  tegnoit  alors  à  la  Cour  de 

Berlin.  Joignons  ici  un  trait  des  (lennes  9 

qui  montre  qu'il  n'étoit  pas  tellement  Poë« 

te ,  qu'il  ne  fçût   aufH  erre  homme.  Un 

jour  ébnt  à  table  avec  fes  amis  >  il  reçue 

k  nouvelle  que  le  feu  avoir  pris  à  Blam-^ 

berg,'&  réduit  le  Château  &  le  Village 

en  cendres.   M«  de  Canitz ,  fans  fonger 

.aux  grandes  pertes  qu'il  faifoit  lui-même  , 

s'écria  :  Ah ,  mon  Dieu  l  mes  pauvres  pay- 

fans^.  •  •  Mais  je  leur  ferai  rebâtir  leurs 

maifonsi  Eu  cflet  le  Village  fortit  de  (et 


d  byX^oogle 


FEVRIER.      175t.       aj 

raines ,  avant  qu'il  fut  queftion  du  Châ- 
teau. L'illuftrc  Ecrivain*  de  THiftoirc  de 
Brandebourg ,  celui  dont  la  vie  fera  un  jour 
k  plus  beau  morceau  de  cette  Hiftoire,  par- 
le ainû  du  Baron  de  Canitz  :  Ceft  le  Potte  le 
fins  iUgMnt ,  le  plus  cerreU  y&le  moins  diffns  ^ 
qui  ait  fait  des  vers  en  notre  Langue.  Com» 
fkimiment^  ajoute- tll ,  en  jûllemagne  le  Pé^ 
elantifme  affeile  JHf^u^aHX  Poètes  \  la  Langue 
des  Dieux  efi  proftituée  par  la  bouche  de  éjuel^ 
que  Régent  d\n  Collège  obfcur  ^  ou  par  queU 
que  Etudiant  diffolu  »  &  ce  quon  appelle  hon^ 
netes  gens  ,font ,  ou  trop  parejfeux  ,  ou  trop 
fiers  »  pout^  marner  la  lyre  d^ Horace  ou  la 
trompette  de  Virgile. 

Malheureufcment  cela  n'eft  vrai  que 
trop  (buvent  \  mais  où  en  eft  la  faute  ?  Les 
plus  beaiix  efprits  du  (iécle  de  Louis  XI V, 
etoient-ils  donc  d'une  naiflance  plus  illuC- 
treque  les  nôtres  ?  Cependant  Louis  XIV. 
ie  Cardinal  de  Richelieu^  Colberr,  en  fçu- 
rcnt  faire  d'honnêtes  gens.  C  eft  la  pro- 
f  eâion  des  Souverains,qui  donne  aux  gens 
^e  Lettres  cette  aifance  &  ce  ton  de  la 
bonne  compagnie ,  qui  ne  s'acquièrent  que 
^ans  un  certain  monde. 

Il  m'eût  fans  doute  été  bien  doux  de 
poavoir  dc^aer  aux  différentes  époques 

.    ^  Voyes  les  Mémoûes  de  l'Académie  de  JSctliiu 


,y  Google 


^4  MERCUREDE  FRANCE. 

>qae  j'ai  établies  dans  notre  Littérature  5  les 
noms  des  Princes  qui  l'auroient  protégée  , 
mais  je  déclare  que  je  n'en  ai  pas  trouve 
dans  nos  Annales  un  feul  qui  m'en  parue  di- 
gne. Loin  de  tir^r  de  la  poufficre  &  de  l'obf- 
curitc  ceux  qui  font  luire  quelque  étincelle 
de  talent ,  ils  ont  lailTé  périr  le  plus  beau 
génie  de  Poëcc  qui  nous  eût  peut-être  été 
donné.  Qui  des  Allemands  ne  connoîc. 
Gunthcr  ,  né  en  Siléfie  fur  la  fin  du  fiéclc 
pafle  l  Je  ne  fçaurois  penfer  fans  douleur 
au  trifte  fort  de  cet  homme.  Les  premiers 
mots  qu'il  bégayoit  étoient  des  vers  :  fans 
art ,  fans  régie  ,  fans  maîtres  ,  (ans  goâc 
fur ,  il  eft  devenu  un  de  nos  meilleurs  Poè- 
tes t  celui  du  moins  qu'on  lit  le  plus  ,  ÔC 
qu'on  ne  fçauroit  quitter.  Ge  talent ,  qui 
l'eût  rendu  heureux  en  France  ^  le  perdit 
en  Allemagne^  Son  perc,  qui  fçàvoitcomj- 
-bien  la  Poëfie  étoit  contraire  à  la  fortune^ 
le  dévoua  à  la  Médecine.  Gunther  fe  fit 
Médecin  -,  mais  au  lieu  d'aller  voir  fes  ma- 
lades,  il  chantoit  les  yeux  de  Philis.  Soa 
père ,  outré  de  le  voir  fe  livrer  à  ce  talent 
dangereux ,  devint  fon  plus  cruel  ennemi; 
&  ne  fe  repentit  de  fa  dureté ,  qu'après  que 
fon  malheureux  fils  eût  péri  dans  k  mi- 
fere.  Guncher  chanta  la  vidoire  du  Prince 
Eugène  fur  les  Turcs ,  dans  une  Ode  qui 
peut  fe  lire  à  la  fuite  de  celle  de  RoulTeau* 

Le 


,y  Google 


ÎÏVRÏER.     1751.      15 

Le Poëtc  François  trouva  tin  azilc  à  Vien- 
ne ,  l*Alletnand  y  fat  oublié.  Malheurcufc- 
TOCfnt  fcs  amis  n'ctoicnt  point  de  ces  pré- 
tendus hoimêt'es  gcn-s  ,  ainfi  appelles  par  le 
"bien  qu  ils  pourroient  faire  ,  &c  qu'ils  ne 
font  jamais.  Tdntc  kur  borinc  volonté  rre 
put  lui  faire  Une  vie  douce  ^ner^fable ,  & 
il  étoir  écrit  que  <iîuntherfcroit  toujours 
inalhcuTec^..  Le  feu  Roi  Augufte  de  Polo- 
-gne  ,  qt^i  fc  xonnoiffoit  en  hommes  ,  lui 
vouloir  du  bien ,  &  l'avoit  attiré  à  fa  Cour. 
*Un  rival  y  non  dans  la  Poëfie,  car  il  étoic 
^rès-mauvais  Poète  ,  mais  dans  le  défit 
'd  acquérir  la  faveur  du  Prince  ,  Temporia 
^ur  Guniher ,  &  fit  dans  la  fuite  fortune 
à  la  Cour  de  Drcfde.  Voyant  ^infi  éva* 
Tioiiir  tous  fes  projets ,  Bc  ai>ândonné  de 
tous  côtés  ,<îunthcT  pJtflTa  fa  vie  à  chanter 
fcs  Maîtr^es  qui  partageoient  "fa  mau- 
vaifc  étcxilc,  (ts  amis, fcs  plairfirs,  fa  mJ^ 
férc  /&  enfin  ,  la  mottmêrbc  qu'il  voyoit 
approcher  fans  la  aaindre ,  8c  qui  rem- 
porta dans  laflcur'dcifonage.  Les  taches 
•qu'on  trouve  dans  fes  ouvrages  >  font  au- 
tant de  reprôclies  pour  tous  nos  prétendus 
Mécènes  ,  qui  ont  abandonné  à  lui-même, 
ic  lailTé  périr  fans  fe<^utsiin  génie ,  dont  . 
la  perte  rie  fera  pcut-ctre  jamais  répa-*, 
rée. 

Neukirch  eft  encore  un  Pocre  de  mar- 

B 


,y  Google 


%S  MERCURE  D£  FRANCE. 

que  da  fiécle  <l*Opitz«  Il  commencent  I 
éprouver  le  fore  de  Guncher ,  quand  il  ea 
fuc  tiré  par  le  Margrave  d'Anfpach ,  qui 
le  nomma  fon  Confeiller  ^  6c  Gouverneur 
de  Ton  fiU.  M.  Ncukirch  crut  ne  pouvoir 
mieux  s  acquitter  des  devoits  de  cette 
Chaige  ,  quen  donnant  au  Pifince^  ft^i  lui 
^toit  conné  t  une  Tradu£fcion  di^  Telema  • 
que.  C'eft  ce  qu'il  exécuta  en  vers ,  & 
c  cft  bien  dommage  qu'il  n'ait  pu  mettre 
la  dernière  main  à  cet  ouvrage  ,  &  en 
ôter  les  négligences ,  qui  échafppent  tou- 
jours <^n$  la  première  chaleur  de  la  conv- 
poHcion;  Ses  autres  Poë/ies  font  beaucoup 
plus  travaillées.  Il  chanta  Frédéric  I.  Roi 
de  Pruffc  ,  &  n'en  fut  point  récoropenfé. 
M*  Neukirch  fut  ébloui  dans  fa  jeuneflc 
par  le  clinquant  d  un  certain  ftyle  enflé  & 
précieux  >  que  quelques  maij vais  Ecrivains 
^voient  introduit,  ^  qùç  M,  Gottfched 
a  entièrement  profçric,  dans  la  fuite.  Ces 
Auteurs ,  ajrant  donné  dans  la  lf»^ure  des 
Voyages  de  TAfie  &  des  Indes  ,  s*en 
étoient  fait  un  magafm  de  comparaifons  ^ 
dont  ils  décoroiçnt  prefque  chaque  ligne 
jde  leurs  écrits.  Toutes  tcs^  drogues  du  Le- 
vant ,  dont  nos  Marchands  nou$  empoi- 
fonnenc ,  font  moins  de  ravage  fur  le  fcns 
du  goût ,  &  fur  le  tcnVpéramment  de  çctix 
q^i  s  y  habituent ,  que  ce  farr^  de  %ttrc> 


,y  Google 


-  FE  VRJ  E  lU     I7JU        %r 

pétcoxûcs  ti*cn  avoit  fait  fur  le  goût  Lk- 
térake ,  &  far  la  fancé  <l*eiprit  de  tous  nos 
Auteprs.  U  falloic  voir  le  portrait  d'une 
Selle  dans. ce  curieux fty le  *>  tout  y  refpi* 
X oit  l'ambre  »  le  mufc  &c  la  civette ,  &  le 
commerce  de  ces  Héroïnes  endommageoit 
^çaucoup  plus  la  tète  que  le  cœur.  M» 
Neukirch  ne  fut  pas  long-tcms  à  s*apperc«- 
voir  de  fon  erreur  :  il  eut  la  fagelfc  de  ta 
ïcconnoîire  »  &  la  force  de  l'avouer  pà- 
tHquemçnt  par  une  fort  belle  Pièce  ,  â  la- 
quelle il  donna  le  titre  de  fa  converHon 
focrique. 

Voilà  >  Monfieut  >  une  idée  du  fiécle 
d'Opitz  ,  de  Boberfeld ,  &  des  principaux 
Poètes  qui  l'ont  iUuftré,  Ces  Auteurs  ne 
crouvoient  cependant  que  peu  de  Leâeurs 
^ans  une  Nation,  où  chacun  renfermé  dans 
le  cercle  étroit  de  fa  fphére  ,  auroit  crûfe 
déshonorer  de  s'amuier  un  moment  â  d^s 
vers  Allemands,  M.  Gottfchcd  eft  venu  „& 
a  réveillé  laNation  comme  d'une  léthargie. 
Il  l'a  portée  à  l'étude  de  fa  Langue  ,  il  a  ex* 
•cité  fon  émulation  par  Pexcmple  de  nos  voi- 
fins.  Il  nousâ  appris  à  faire  ufage  de  la  lec- 
ture des  anciens ,  en  fuivanr  leurs  précep- 
tes, &  en  imitant  leurs  exemples  dans  not^c 
Langue.Ses  Livres  ont  répandu  le  goiit  delà 
belle  Littérature  dans  toutes  les  parties  de 
l'Allemagne,  ScToiit  rendu  fur  &  général 

Bij 


,y  Google 


^  MERCURE  DE  f  RANCE, 

farmi  la  jcunclTe.  Sa  Pocci^ue  &  fà  Rlt^** 
•torique  (c  réimprimenr  fans  cefTe ,  &  fc 
débitent  auffi  rapidement  que  dans  leur 
^nouveauté.  A  la  rète  de  la  première  il  a 
mis  une  Tradudion  en  vers  de  la  Poccî- 
/que  d*Horace  ,  &  il  en  finit  chaque  cha- 

.pirre  par  les  préceptes  de  Boileau.  Par 
toute  rAllcmagne  on  a  commencé  dans  les 
Collèges ,  de  faire  émdier  à  la  Jcuneflc  fa 
Langue  naturelle^  &  dans  les  principales 
Villes  ^  jufqu'au  fond  de  ta  Moravie  >  il 

.  s'efl:  formé  des  Sociétés  &  des  Académies 
Allemandes  ,  à  Texemple  de  celle  que  M. 
Gottlched  av'oit  formée  lui*mème  à  Leipfic. 
Il  ji'a  pu  créer  des  Poètes,  mais  il  a  attira 
à  lui  tous  les  jeunes  gens  qu*il  a  •crû  capa- 
bles de  le  devenir.  Par* là  il  s'eft  rendu  le 
Pcre  de  plafieurs,&  le   Protedeur  des 

JBciaux.  Arts  ,  autant  qu'un  particulier  le 
peut  être  avec  urc  fortune  bornée.  Il  n  a 
tien  épargné  pour  les  encourager  i  il  cft 
même  aile  trop  loin  quelqxiefois  ,  en  fai^  . 

.{ànt  valoir  dé  très-foiblcs  eflais,  fort  au- 
delà  de  leur  mérite.  Deux  Sçavanj  de  la 
Ville  de  Zurich,  M.  lîodmer&  M.  Brci- 
tin^r  ont  auffi  beaucoup  contribué  pat 
pluueurs  Traités  ùxr  les  Beaux  Arts,  à cpit- 
rer  le  goût  de  la  Nation, 
Je  nommerai ,  fans  prétendre  régler  lc5 

rangs  >  quelques  ans  des  principaux  Pocces 


,y  Google 


FEVRIER.      i7fi.       25 

qui  ont  écrit  dans  ce  fîcclc.  *  Le  premier 
cil  M.  Halter  »  Gonfciller  &  Médecin  da 
Roi  de  la  Grande  Bretagne  ,  Profcflcuc 
dans  rUnivcrfité  de  Gettingue  ^  &  Mem- 
bre du  Confcil  de  Berne ,  fà  patrie.  Nous 
rappelions  le  Poète  Philofophe,  ou  le  Poin- 
te Àngloïï  ,  parce  qa*il  n*a  traité  que  des 
fujetsde  Philofophie,  &qu'ilaimiré  le- 
ftylc  ferré  &  concentié ,  qui  régne  dans  les^ 
Poètes  de  cette  Nation^  Cela  va  quelque- 
fois jufqu'ârobfcurité.  Il  n'a  pu- fe  défaire 
tout  à  fairdu  Langage  SuifTe,  (i  dur ,  (i éloi- 
gné du  bon  Allemand  ,  &  il  a  en  ceci  de 
commun  avec  d-autresgrands  hommes^  que 
plufieurs  de  nos  jeunes  gens  n'ayant  pomt 
ion  génie ,  ont  cru  Timiter ,  en  copiant  les 
fautes  de  Grammaire ,  qu'il  s*èft  fi  fouvent 
reprochées   lui-même.  Il  nous  adonné  un 
recueil  de  fes  Pbëfics  fnit  avec  beaucoup  de 
choix  ;  on  y  voit ,  entr'autrcs ,  un  très-beau  • 
morceau  fur  l'origine  du  mal.  Son  Pocmc 
dçsyilpes  eft  digne  de  la  fimplici  té  &  de  l'in- 
nocence des  moeurs  d'un  Suifle*  M.  Halléc 
en  homme  de  goût  défavoue  toutes  les  au- 
tres pièces  de  la  compofition  ,  qûime  font 
point  dans  ce  recueil.  Ce  font  des  enfans 
en  qui  iF  n'a  point  trouve  aflez  démérite 

*:0n  prépare  une  fcconde  édition  des  Poë(ie0' 
de  M.  Gottfched.  Le  Public  a  paru  dé£rer  on  peît- 
^us  de  choix  dans  la  première. 

B  ii) 


,y  Google 


3f>' MERCURE  IÏEFRA:NCE. 

pour  les  rctonnôîcrc ,  &  qui  témoignent 
Iculemcnt  la  fertilité  *  de  leur  pcre. 
.M.  Drollingct^  foB  Compatriote  **  & 
fon  ami ,  que  le  Margrave  de  Bade-Dour*- 
liich  aéioit  attaché ,  partage  avec  lui  le 
nom  &  les  lauriers  de  Poëtç  Philofophc. 
Le  recueil  qu'on  a  fait  de  fes  PocGes  après, 
fa  mort ,  eft  plein  de  Pièces  écrites  avec 
beaucoup  jde^ce  &  d'élévation. 

M.  de  Hagedorn  qui  vit  à  Hambourg^ 
eft  un  autre  Poëte  Philofophe  ,  naais  un  de 
ces  Sages  aimables  &  en joués,qui  mêlant  te* 
badina^e  &  Tagrément  à  la  Philofopbie  > 
lui  attirent  plus  de  feûateurs.  Il  a  chanté 
l'Amour  &  la  Vertu  9  le  Vin  &  la  Sagcffe.. 
Il  a  imité  pluHeurs  Fables  &  Contes  de  W 
Fontaine  ,  &:  en  a  fait  lui-même.  Il  écrit 
far  tour  avec  une  grande  pureté ,  &  peur 
fcrvir  en  cela  de  modèle.  J'en  ferois  vo- 
lontiers TAnacréon  de  TAllemagne  ,  fi  Tor^ 
m'accordoit  que  l'Allemagne  put  avoir  wt^ 
Anacréon. 

M.  Gellert,  Saxon,  qui  vit  à  Leipfic  »  eft 
notre  la  Fontaine.  Les  Fables  &  Contes  y. 
qu'il  a  fait  imprimer  en  deux  petits  velu- 

,*  Je,  prie  ceux  qui  me  critiqueront  fur  riinpro- 
prîeté  du  terme  ,  de  vouloir  bien  faire  grâce  a  urt 
Etranger,  &  m'indiquet  le  mot  qu'il  Ëitidrau 
firbftituer  i  celui-ci. 

**Né  àBaûc. 


,y  Google 


É  É  VÏ^R  E  R.      1751;       ji 

âîCSjOnt  eu  un  fùccès  prodigicux>&  il  y  en 
a  eu  plusieurs  éditions  contrefaites.  Il  eft 
peut-être  trop  unir ,  &  trop  difiEus  quelque- 
fois ,  mais  que  de  défàutr  ne  pardonnc- 
t  on  pais  à  un  Poëce  qui  fie  refpire  que 
Fhumanitéi  Tamour  /ramitfé ,  la  tendreile 
du'cœur  >  On  vient  <le  faire  intprinaer  i 
Strafbourg  fes  Contes  &  Fables  en  Fran- 
çois ,  à  ce  qu'on  prétend  ,  &  en  vers ,  qui: 
pis  eft.  11  ne  faut  que  jetter  les  yeux  lut 
ce  livre,  pour  fentir,  même  fans  connoître 
Poriginal ,  qu'on  n'en  doit  point  juger  par 
une  telle  Ttaduftîonr  Je  crois  entendre 
d'ici  M;  Cîellèrï  ^'indigner ,  &  protefter 
que  ce  ne  font  pas  U  (es  Contes  ni  fes  Fa-^ 
blés. 

Je  paflc  fous  dïtnct  cette  foule  de  jeu- 
nes Poëtçs  qui  font  foriî«  de  l'Ecole  de  M. 
Çott(chied  ,  èc  qui  ont  donné  des  cflais 
dans  totïs  lies  geofcs.  Nous  avdfns  deux  Ov^ 
vrages  périodiques  ,  remplis  de  Pièces  fu- 
gitives de  leur  foçon ,  que  toute  TAllema- 
gne  a  lus* 

C*cft  aînfi  que  depuis^  environ  trente 
SUIS  ,  TAllemagne  eft  devenue  une  volière 
de  petits  oifeaux  i  qui  n'attendent  que  la* 
failoW  pour  chanter;  Peut*ctre  ce  tçms  glo^ 
rieux  poùt  les  Mu  fes  de  ma  Patrie  n'eft  il- 
pas  éloigné.  Au  moins  1^.  Gottfched  les  a- 
f-fl  fait  percer  jufqu*à  la  Cour  de  Vienne  y 

B  iiij 


,y  Google 


1%  MERCURE  DE  FRANCE. 

où  il  a  été  l'année  dcroicrc  ;  &  c*cft  avok 
Élit  un  grand  pas.  Un  Monar(juc,.dont  Ix 
Couronne  nous  cft, étrangère  ,  mais  dont 
la  naiirmce  donne  le  droit  à  TAllemagne 
de  revendiquer  fa  glpire  Sç  Cas  vertus  > 
vient  de  donner  1  nos  Pcinces  le  fignal  &; 
rexcm^lev  Le  Roi  de  E|^nnc*iark  ,  fur. 
l'avis  d'un  Miniftre  *<jue  fon  caraûére  Sd 
fes  taleqs  ont  fait  chérir  ,,  eftimer  8c  re- 
gretter cn>  ce  pays-ci,  vient  d'attirer  uii 
jcu-ne  homnK  iCopeph^gue  ,  5i  de  lui  fi*, 
2jcr  une  penûon  de  deu\  ^Ulc  liv.;  poijt 
achever  un  Poëme  Epique  i;  4?nc  il  a  fai^ 
imprimer  ks  pi:emler5;Cha,nt^ ;„fou$  le  tiçrc^ 
du  Mejfu,:  Le  fujet  4n  eft  beaji ,  &  fans, 
contredit  plus  grand  que  celui  de  Milcori,, 
On  affûre  qqe  le  Poëte^  Ta  traité  avec  tou?* 
te  l'élévation  dontfpn  I?oc.me  ett  fufcepd-^ 
ble  s  5c.c]u'il  fe  fait  lir^  na^jg^é  le  détau'C 
de  macliines  &  d'avion  qu'il  doit  néceft 
fairemcnr  aVoir^ 

.  ^  Il  faudroit ,  je  le  (ens  biea,  joindre  ici 
des  morceaux  de  nos  plus  célèbres.  Poètes  y, 
podr  mettre  voiLeâreurs  en  état  de  juget 
par  eux-mêmes  *,  mais  )e  n'en  ai  pas  le  coiu 
rage  ,,&  je  neme  pardonncrois  pas  d'avoic 
Àtitmt  pair  une  Tradiidion  foible  ,  la  bon- 
ne idjée  qiie  j'ai  tâ,ché  de  donner  de  leuç 
mérite.  Je  fais  fi-  peu  dç  cas  dç  tputesîcj^. 
.M.  le  Batoaie  Bernftorfr  ..  # 


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FEVRIER.      i75«r      3j 

Tradudions  des  Poètes ,  que  j'aurois  dou- 
hlcmcncmauvaire  grâce  â  entreprendre  de 
traduire  les  nôtres  dans  une  Langue  qui 
m'cft  étrangère.  J*ai  l'honneur ,  &c» 

A  Paris ,  le  lo  Nêvemhe  1750. 


F  E  S  T  E 

Donnée  à  N'ancy  au  Roi  de  Pologne ,  Diee  dé 
Lorraine  &  de  S^r^dans  le  SiminaireRçjal: 
des  MJjfions  de  la  Compagnie  de  fifas^  dont 
il  efl  F'bndatenr  ^  le  6  Décembre  175a. 

L'Occafion  de  certe  Fête  eft  un  Bufte* 
dtt  Roi  de  Pologne ,  d*un  très^  beau* 
marbre  blanc  ,  que  le  Pcrc  Dcmenou»^,- 
Supérieur  des  Miffions  Royales  >  avoir. 
féit  choifir  &  ébaucher  à  Rome  par  M.. 
Slodz.,  célebrc-ScuIptcur  dé  rAcadémie  de 
Pàris^  Cet  Ouvrage,  a  été  fini^cn  Lorraine; 
gar  une  bonne.ntain  ,  avec  une  vérité  de 
reÛTemblince  ,  une  noblcflc  d'attitude  ,&: 
une  précifiôn  ,  qui  ne  laiflcnt  rien  à  défi- 
rer  aux/Connoi(Céur5..Les  JefuitesMîffio*- 
'  naircs^<  viennent  de  le  placer  dans  la  ma*- 
gtiifiq^e  MaHbn  qiieS.  Mi  a  fait  bâfirpouc»; 
eux*  dânsv  un  dés  Fauxboargs  de  fa  GàpU 
talc.-  Us  avoicut >  deftinélàvcc  Mbnumenc: 


>y  Google 


J4  MERCURE  DE  FRANCE, 

ittimorcel  de  leur  rcconnoiflàncc  ,  une 
très-belle  Salle  ,  ornée  déjà  de  huit  grands-' 
Tableaux  à  frefquc  ,  qui  retracent  les  di- 
vers bienfaits  de  leur  augufte  Fondateur» 
Ces  Tableaux  font  féparcs  par  des  Pilaf- 
tres.  Sur  TArchitrave  qui  règne  autour 
de  ta  Salle,  on  lit  en  lettres  d  or  les  épo- 
ques de  la  fondation  des  Miffions  Royales, 
&  des  autres  Fondations ,  qui  y  ont  rap- 
pqrt  ,  ^  qui  font  les  fujets  de  ces  Ta- 
bleaux, Au  milieu  des  quatre,  qui  fonc* 
f^cè  aux  fenêtres,  on  avoir  réfcrvé  une 
eFpace  de  même  grandeur  ,  revêtu  de  mar- 
bre •;  c'eft  la  place  du  Buftc  du  Roi ,  qui 
achevé  la  décoration  de  cette  pièce ,  où 
tôiit  y  a  rapport. 

*  Le  Roi  de  Pologne  ayant  daigne  le  ^  de 
Décembre  ,  honorer  cette  Salle  Je  fa  pré- 
fence  pour  la  première  fois  ,  cicpuîs  que 
fon  Buftc  y  a  été  placé  ,  le  P.  Lcflie,  Jefui* 
té  ^  eut  liionneur  avant  le  dincr  de  S.  M. 
de  lui  lire  une  Ode  ,  dans  laquelle  à  Toc- 
ca,6on  éç  ce  Monumenry  il  rappclloit  leS; 
divers  érablilTemens  avantageux  au  Pays  , 

3ùi  ont  Ggnalé  prefque  toutes  les  années- 
u  Règne  de  ce  Monarque.  Cette  Pièce 
fut  diftribuée  à  toute  la  Cour ,  ainfi  que  les 
Complimens  en  vers ,  faits  au  Roi ,  &  les 
diverfes  Chanfons  chantées  en  fon  hon- 
pcur  pendant  fou  diner.  Le   Roi  reçic 


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F  E  V  R  I  E  r;    175  ï'.      si 

avec  bonté  ces  difFcrcntcs  rparq'ucs  du  zc- 
le ,  de  ratracheï;jncnc  &  de  U  i: cconnoiflan- 
4CC  de  ces  Pères p^i^de  la  joyc  (juç  leur  inf- 
pirôir  fa  préfcncc. 

Vers  cinq  heures  du  foîr  ,  S.  M.  paffa 
dans  rAppartcmcnt  qui  lui  avoir  éré  pré- 
paré vis^à-vis  la>f  aif^n  des  Miffions  >  pout 
voir  un  Feu  d  artifice  à  ritaliènnc  ,  placé 
fur  le  balcon  ,  c(ui  'rcgnc-au  deflus  de  ren- 
trée de  cettcMaifon  ,  dont  toute  la  belle 
fiîçadc  illuniiflée  fkifoit  un  eiïcr  trèsbriU 
lànt.  Sur  la  Baguette  nréfcntcc  aii  Rqi^ 
])our  mettre  le  fcii  aux  Dragons ,  qui  par* 
laûtde  la  fenêtre  où  il  étpit,  dévoient  afe- 
htti^t  en  même  tcms  lès  deux  c6té^  de  W 
pûnçipalc  pi^cc  »  on  jimt  attaché  unCsix^ 
touche  avec  ces  vcrSi     .       .       1     ^ 

Beaux  &ur ,  de  nostranfportr images  fugîtîfcr', • 
Fàrtcï^dé  cetit^main  ,  qui  féconde  en  bienfaits^ 
AUitme  daâS  ttfs'cceiirs  dés  fiâmes  aHfTI  vives  | 
Mais^qurnéVércindrônc  jamais: 

GerfcjU^ui  pAr,!^  goui  i^ngulier  de  Vîn^^ 
vemiorî  ,.lâ.;yariéfié,la  p^cçifion  ,  $c  Vé^ 
cîat  de  l'exéouiion  ,  méritarapprobation  du 
Roi  de  Pologne  ,  fut  terminé  par  un  grancfî 
nombre  deruféesvolarttes^tiréesdji  hautd^ 
la  Mâifon  des'MifïîoijjSi  S;  M;  pfrtj^'e^iéiif' 
te  fbrt'fatisfaitc  de  cette  f'éte  ,  &  au  mi* 
lieo^b  a^damatiotis'dia  Bcuple. 


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j5   MEUCURB  DE  FRANCE 

On  va  joindre  à  cçttc  courte  relation^ 
rode  lae  au  Rpi  »  &  les  deux  complimcns 
qui  lui.  furent  préfentcs»  Les.Cnanfôns 
perdroient  trop  à  paroître  fans  les  airs ,  &. 
hors  dç$  circpnftancçs  qui  les  ont  fait  gou-i- 
ter. 

O  '  D  E. 
AU    ROI  DE  BOLOGNE, 

Duc   DE  tORJl>I.N^E  ET.  DB   B  AR>, 

-^  l'occApon  de  fon  Sh/Ic  en  m^Pbre  bUnc  ^ 
i    érigé  défis  une  S  elle  du  Séminaire  Royal  des 
-:  M^tonsÀe  UC^mfé^nie  dtJéfu^^^dêHt: 
il  efi  Fpndamr*.   *^     ' 

xi  Infi  Rome  en  Héros  féçoodi^ 

Dans  fcs  Temples ,  (or  fcs  Autcl$^p^ 

Jadis  £oar  l'exjunp le  dam^ondç  r. 

Gonfacroit  leurs  craies  immortels. . 

Des  grands  Hommes ,  des  vrais  Mon ar(juç|^. 

Ces monamens  ,  vainqucats  àts  Parques,^ 

'Rappeîloicnt  les  noms  ,  les  rrrtus. . 

A  CCS  hérpïques  modèles. 

L'Univers  dut  les  Marc-Aurclcs-^ , 

teç-AncOnins  &  içs  Timi. 


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FEV  RI  B  R..    L7jtu      «^ 

Telle , d'un  Héros  fage  8c  jufte: 
Re  fiécle  eafi^cle  la  bonc^ 
ReWiNint  da^nf  ce  macbrc  auguAc». 
IivârairalaPo^ricé., 
Là  les  Grands  appre»dro»t  il  rétfe^^ 
Les  Peuples  i  les  reconnoître , 
À  les  juger  pa^  louss  bienfaits^ . 
A  n'apprécier  leur  mjérite  ^ 
>4i  p^r  leur  rang ,  ni  par  leur  fiiit^  • , 
Mais  p^r  les  kjeureui  qu'ils  ont  bitK. 


Qnui  Prince ,  au  Temple  de  Métuoifittr 
Voilâtes  titres  folemneIs«^ 
Tes  do««  y.confacrent  ta  gîôîfe  ;  ^ 
Tous  les  cœurs  feront  tes  Autels. 
Le  tem$  bientôt  dans  les  ténébtes^. 
Monge  Ids  monunnens  cél^res 
Que  s^étige  un.£er  Conquérant  :: 
Des^  peuples  la  reconaoiflancc  •'l^ 

D'âge  en  âge  retrace ,  encenfe 
Lilioage  d'uaRoi  bienfaifant.. 

•  Au  vrai  pcré  dé-lâ  Patiié  , 
Be  nos  ncveuxen  ce  féjouç,. 
On  verra  la  fouk  attendrie  ,^ 
Marquer  iJ'tnvi  Ton  avoue. 
Aux  yem  tettc^y  peint  fa^awdé  amt^  : 
Mais'djfnilescaùrs'ca  tuûs  de  iixxmcl^ 


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y«    MERCURE  DE  FRANCE. 

Ces  mots  le  peignent  encor  mieux  ; 
S  T  A^N  I  s  iKS'^  fonda  cet  azile 
Pour  le  progrès  de  l'Evangile  , 
Btle  recours  des  malheureux,  (i). 

Minifherde  renio)>}es  vâes ,  {%f 
Ses  dons  Se  la  Croix  â  la  main  » 
Allez ,  â  tant  d'ameis  perdues  ' 

Du  Ciel  retracer  le  chemin*  '   . 

Ils  vont  { les  peuples  ^pplawdillenr , 
L'erreur  fiiit ,  les  Enfers  frémiflenc» 
La  licence  expire  â  leur  voix , 
Le  figne  du  fahit  s'arhore. 
Qu'i  fon  afpe^t  toti^  fiécle  adore 
Le  DIeii-qKii  dopne  les  bons  Rois  S  > 


Q&elTe  main  dés  bords*dc  la  tomber 
Sauve  ce  pile  Laboureur , 
Ce  ttikt  Artifan  ^  xjul  Succombe 

(i)Surle  froniif^i^çr de  la  Mâifon  Royale  êtf^ 
MiflTons ,  bâcie  pat  Sa  "Majedé  avec  une  magnifi- 
cenccTloyaîc  ,  on  lit  cette  Infcription.  j$d  Pi^ia^ 
tes  augmêntum  ^  InofU  ftihpdium  ^ofuU  fy  dét/tvif^ 
S  TJt'tiis  I-AH7  S'  J.  Rex  pobniOtî 

(i)  Douze  MîfHbnmaires  ,  fondfe-  pour  faire  i< 
petoétuité  douze  Miffions  par  an  dans  Vétipnàue 
d(è  U  Lorraûfte  ^  duBarrois  ,^c.  ppHf  diû^ri^ttAr  ' 
diouzc  mille  Lyres  d'arumôp^cpa^^ajo^^^daiM* 


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F  E  AT  R  r  E  R.     jj^^t.       jj. 

Plus  au  befom  ^'ilar  douleur  ? 

^  Si^ANiSLiTs  l'ame  Royale 

A  franchi  l'unmcûfè  iorcrvaU& 

Du  Trône  à  leur  antre  écarta* 

Des  fecouK  prompts  &  ralutaires ,  (i  J, 

Font  dans  ces  obfcures  chaaiDiercs 

Rentrer  la  joye  &  la  (àncé. 

Je  vois  une  troupe  a£mée  , 
En  proye  au  pluf  grand  des  fléaux 
La  terre ,  stfes  befoias  fermée , 
Ne  s'ouvre  ^e  pour  des  tooibcaiixt . 
La  difette  traîne  apr&  die 
L'a?ide  ù^m ,  la  mort  cmelfe.^ 
Mais  non  ,  tu  préviens  nos  besoins-, , 
Grand  Roi  ;  par  tout  ta  prévoyance  - 
Forme  des  ctéfors  d'abondance  ^  (i); 
Immoncls  gagnes  de^tes  foins. 

Comme  en  fàft^onde  carrière  >^ 
L'Aftre  du  jour  du  haut  des  airs% 
Eclaire  tout  de  fa  lumière  , 

(î)  Hâpital  fondé  a  Pfombiere.  ReKgîcoxdc  la •- 
Charité ,  établis  pour  porter  des  remèdes  aux  mû'» 
kdes  durant  les  Mi/Coos  ,  &  les  fecourir  par  tour 
dans  les  maladies  conugienfes. 

(i,)  Magafins  de  bkd  établis  par  un  fooddep- 
cœt  mille  livres  jppui  les  tto&s  de  dilate^ 


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4o  AÎERCUTLEDEFRXNClfe. 

K^ûimc  là  terre  &  les  mers , 
Nul  bien  â  faire  eataa  Empire  , 
Cund  J>rin€C^  nul  mal  a  détruire;    * 
N'échappe  ixes  yeux  vigiUns  ; 
Tout  état ,  tout/exe ,  tout  âge  ^, 
Dr  tes  faveurs  entre  en  partage  j. 
Tbtts  tes  Sujets  font  tes  enfans. , 

Senftle  aux  cris  dt  la  Natnre>^ 
Orphelins  ,  ilftcbtt  vos  pleurs.  (1)4 
Son  cœur  remplace  avec  ufurc 
Les  chers  objets  de  vos  douknrsr 
11  vous  rend  les  leçons  d'^n  père  ^^ 
Les  foins  de  la  plus  tendre  mcre« , 
Pour  vous  il  bâtit  un  Palais , 
Oà  l'induûiie  &  l'innocence 
filent  de  votre  heureufe  en&nce  • 
Les  jours  marqués  pat  fes  bienfaits.. 

Y'ùnSy  q^e  le  (brt  ou  Hnjuftîce 
Ont  reudus  plus  i  plaindre  encor  ,^ 
h  vous  tend  une  main  propice  ; , 

(1  )  Bâtiment  magnifique  ,  élevé  i  Nàncjr  pourr 
14  Orphelins  de.l'ùn  &  de  l'autre  fcxe ,  qqi  y  foncî 
infttuitS'de  leur  Reîigion;&  de  quclq^fe  méiteride— 
puki  l'âge  de  10  ans  j^fqti'â. ij.,  &  rcçoîvcj/t  en» 
mctant  cinq  cens  livres  pour  les  aider  i^'éia^ic.: 


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FEVRIER.        1751;       41 
Oftt  reprendre  un  noble  eflor. 
Au  fcin  dci  Mufç«.]t  fagcffc  (  i) 
Vient  de  former  votre  jeuncl^; 
Dignes  da  fang  dont  vous  fartez  y. 
Alle:&  vouer  â  k  Patrie 
Ces  ealens ,  ces.Auits  du  g^nie- 
Qu'ont  ùât  écJose  Tes  bontés. 

KSI» 

ITne  troupe  noble  &  guerrière  (i) 
Déjû  dans  VtCoie  de  Mars 
loornit  fous  fes  yeux  la  carticre- 
Qu'ouvrent  k  Bdfone  &  les  Arts.. 
Avec  ceux  qu'ici  l'on  vit  naître , 
Ceux  qui  jadis  l'eurent  pour  Maître-, 
Nourris ,  exercés  i  ÙL  Cour , 
Vont  réveiller  dans*  leurs  Provinces^. 
Pour  le  plus  généreux  dès  Princes^ 
&çs  regr^ts^,  l'cftime  êc  Ifamour. 


Volant  â  fa  vois  dans  Paréfie ,  * 

Jç,  yotsdes  Athlètes^  nouveaux^ 

(i)  X>ou2e  Oemihbommes  nourris ,  entr>  ^...^ 
&  inftruits  dans  la  Maifon  des  Penfionaires  ^e  i'U« 
niverfité  de  Pont-a- Mouflon. 

(4.)  Compagnie  de  4I: Gentilsbommes  Cadets, 
14.  olonbis-&   14  Lorrains ,  établie  à  LunéviUe  ^ . 
^vjec  des M^tcespour  tau&leurs  exercices*. 


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4^    MERCURE  DE  FRANCE. 

Dirputer  fur  nne  autre  fcéne  (  i  )l 
Ees  prix  ^u'il  offre  â* leurs  cravauv» 
Apollon  etj  vain  les  rappelle  ; 
5ai(!s  cous  d'une  ardeur  noavelle  ,« 
Aux  Mufes  ,  i  leurs  tendres  fons  ^ 
Grand  Roi  »  ton  goât  qui  les  décidr». 
Leur  fait  d'Archiméde  &  d'EucUdr 
Préférer  les  doâes  leçons^. 

Qtiaod  par  tour  la  guerre  renverfo? 
Les  fortunes  Bc  le  crédit  ^ 
€e  nerf  des  Etats,  le  Coœnaerec ,  (2.)^ 
ki  par  tes  foins  reflçuric. 
Le  M'archand ,  contre  les  tempête» 
Sûr  d^aroir  des  reflburces  prêtes 
Dans  tes  tréfors  toujours  ouverts  y.  .  ^ 

Sent  ranitaerfon  iodu^ie  , 
Et  court  enrichir  fa  Patrie  i 

Des  dépouilles  de  PUoiveis. 

La  chicane,  cet  Hydre  a  vide  ^,   .   . 

(1)  Chaire  de  Mathématiques ,  fondée  au  Go& 
lëge  de  Po«  à  Mouflon  avec  des^  Priac  ç#Éiles 
Etudians. 

(1)  Un  fond  de  cenrmille  livres  donné  au  Corps 
èts  Marchands  pour  fouteiiir  par  des  piêts  à  deu» 
|N>ttr  cent, Je  crédit  des  particuliers,  k  produit  des» 
imérits  devant  groffir  à  perpétuité  iecapical» 


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FEVRIER.      175  T.       4j 

Qui  brave  le  }uge  &  la  Loi , 
Offre  i  ton  bras ,  nouvel  Akide , 
Un  triomphe  digne  de  toi. 
A  ta  voix  fécoade  en  miracles , 
Je  vois  s'établir  ces  Oracles  (i  ) 
De  la  juftice  3c  de  la  paix , 
Dont  la  fageffe  &  la  fcience 
Vont  étou&r  dans  leur  naiflancc  » 
Et  la  difcorde  ôi.  les-fotfaitfi* 

C'eft  i  vo<  Lyres^,  doftes  Fées  » 
A  chanter  des  exploits  fi  beaux. 
Mieux  que  les  marbres ,  vos  Orphée» 
htimortalifent  les  Héros* 
Vers  un  gran4  Roi ,  votre  module , 
Tous ,  que  dé)a  f#n  g^ât  rappelle  ^ 
Beaux  Arts  ,  volez  de  toutes  parts  $ 
Sortez  i  fa  voix  des^  ténèbres  j. 
Ee  Règne  des  Héros  célèbres  > 

lut  tou^urs  le  règne  des  Arts», 

Que  votre  lumière  épurée  , 
Réveillant  enfin  les  efprits  ,  *    ' 

(i)  tJtie  Chambre  de  cinq  Avocats  Conftitanr;. 
mrec  deux  mille  livres  d*appointemens  pour  chacun  ». 
établie  i  perpétuité ,  pour  donner  auxparticulteri». 
9k  fur  tout  aux  pauvres ,  des  confuttations  gratuit 
res^  ôc  tiaifailler  â  prévenir  lei  procès. 


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44   MERCITRE  DTE  FRANCE. 

Fâflc  luire  en  cette  Contrée 
£es  jours  d'Augafte  de  de  Louis  l 
Ce  trait  feurmanque  à  fou  Hifloire  ; 
O  TOUS ,  faits  pour  chanter  fa  gloire  ». 
Partagez  Tes  dons,  écjatans. 
lî m'entend  . .  fa  magnificence^  . 
Appelle  ,  excite  ,  récoinpenfe 
Ee  goût ,.  les  Atts  â&  les  talens^ 

¥fSSkk 

Marbre  cHéri ,  durable  îm^ge 
f^'un  Prince  ,  mieui.  peint  dans  nos  cœurs  i 
Avec  fon  Portrait  d'âge  en  âge , 
Tranfmets  fesfcntimens >  fes  mœurs, 
5ei  vertus ,  fon  efprit  fubHme , 
Son  cœur  vrai ,  tendre ,  magnanime  i. 
Son  air ,  fes  grâces  ,  fa  bonté;  ^ 

Qjie  leur  alliance  adorable^ 
Offre  l'homme  lé  plus  aimable^ 
Dans  Je  Roi  le  pliis  r  efp  tùé  1. 

¥GB» 
QU*a  vive ,  Grand  Dieu ,  pour  ta  gloite^. 
Ce  Roi  donné  par  ton  amour  ^ 
C^ti'il  vive  autant  que  la  mémoire 
De  fes  bienfaits  en  ce  féjour  l 
Confirve  pour  nous ,  pour  toi-mêine  ^     ^ 

«^Fondation  d'une  Bibliothèque  publique  kik 
Srix  pour  les  Sjavans^ 


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TE  VRT  ER.       175:1.       45 

1A  l'Eut  un  Maître  qui  l'aime. 
Aux  Autels  l'appui  de  la  Foi , 
Aux  malheureux  untendre  père. 
Aux  Beaux  Arts  un  Dieu  rutelaire , 
Jl  ,tous  ies  Sujets  un  bon  Roi  l 

iLeJlie  J  .: 

CX)  MPLIMENT  4H  Roi  de  Pologne 
.  ,Duc  de  iorrjline  ,  à  l*occ a/ton  du  Rafte  de 
Sa  Afajefiéj  placé  dans  la  Maijon  des 
jMiJfions  Royales. 

UN  mortel ,  qui  joindroit  par  un  rare  iiffeiu- 
blage. 

1.CS  grâces  de  l'efprit  aux  qualités  du  cœur. 

Aux  traits  de  la  bouté  les  traits  de  la  grandeur  ; 

<^'on  auroitde  plai£r  d'en  contempler  l'image  1 

.     .  .  * 

-  '  Vn  Grand ,  de  fon  p^u^itoir    ^ui  Ijauroit  faire 

;  ufage^ 

Des  Sciences  ydcs  Ans  le  z(\é  Proteftetir  ^ 
A  faire  des  heureux  qui  mettroitfon  bonheur  ; 
.Qu'on  auroit  de  plaifir  d'en  contempler  l'imaget 

Un  Prince  ,i  qui  leCiel  donnerok  en  partage 
D*Augufte  les  talens  ,  de  Twjan  les  venus  j. 
L'xfprit  de  Mate- Anréle  &  le  cœnr  de  Titus  ;    ' 
Qu'on  auroit  de  plaifir  d*en  ce&templex  l'image  l 


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:H;S  MERCURE  DE  FRANCE. 

Un  Roi  digne  de  l'être  »  an  Héros ,  an  n-aî  Sage» 
^a-deffus  de  Ton  rang ,  des  fuccès ,  des  reveis  ^ . 
£€  de  cous  les  faux  biens  qu'adore  l'Univers  $ 
<^u'on  aurott  de  plaifir  d'en  contempler  Tioiagê  \ 

Plus  grand ,  plus  fage  encor  ^^  un  Chrétien  dont 
l'homnaage 
"Seroit  humble  ^  fervent ,  digne  des  faints  Autels^ 
it  ferviroit  d'exemple  au  reftc  des  mortels  ; 
Qu'on  auroic  ^e  plaific  d'en  conceinpler  l'image  l 

Ce   Prince  cher  aoïc  Cieux  (  leur   plus  par&k 

ouvrage  ) 
Ce  modèle  des  Rois  ,  Pobjct  de  tous  nos  vœux^ 
il  eft  ici  préfent  ;  6c  nos  derniers  Neveux 
Auront  le  doux  plâifir  d'en  contempler  l'image* 

^  V  T  R  E. 

JTx  Ujourd'hoi  ce  féjour  s'embellit  8c  s'anioie* 
Sur  le  marbre  amolli  la  Majefté  s'imprime  ; 
Quel  gracieux  accord  de  douceur ,  de  fierté  ,    ^ 
De  charmes ,  de  grandeur ,  8c  d'affabilité  t 
On  reconiioit  ici  le  Monarque  êc  le  Père  : 
Mais  f  Sire ,  tous  ces  traits  enfemble  réunis 
Ne  font  qu'une  efquifle  légère 
De  c6u)c  ^ue  dans  vous  l'on  revête. 
te  modèle. au  portrait  peut  feul  donner  du  prix. 
£e  vrai  tableau  des  KoU,  atufique  leur  puifiatice» 


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:    )?'£  V  RIER.     175,.       -^j 

Ffl  d^ns  le  ccrur  de  leurs  Sa  jets  j 
lÀ^  par  r^inour  (ont  gravés  tous  vos  rraitf  ^ 
£t  vos  bienfaits ,  par  la  tci:onnoiffaiicci 

F  I  N 

De  t^rnihAre  des  àroifades  ,  par 
M.  de  Voltaire. 

LOuis  IX.  paroifToit  un  Prince  dcftî- 
né  à  réformer  TEurope  ,  (\  elle  avoit 
pu  l  être  s  i  rendre  la  France  triomphan- 
te &  ^policée  5  &  à  être  en  tout  le  niodéic 
^es  hommes.  Sa  piété ,  qui  écoit  celle  d'uu 
Anachorète  ,  ne  lui  ôtà  point  les  vertus 
f  oyalesi  Sa  libéralité  ne  déroba  rien  à  une 
fage  économie.  Il  fçut  accorder  une  po- 
litique profonde  avec  une  juftice  cxaûc  , 
=&  peut-être  eft-il*lefcul  Souverain  qjii 
-mérite  cette  louange.  Prudent  &  ferme 
^ans  le  confeil  ,  intrépide  dans  les  com- 
bats fans  être  emporté,  compatilTant^coirt- 
me  s'il  n  avoit  jatnaiai  été  que  malheureux; 
îi  n'eil  guéres  donné  à  l'homme  de  pouf- 
fer la  vcrru  plus  loin. 

Il  avoit  conjointement  avec  la  Régente  , 

fa  mère  ,  qui  fçavoit  régner  ,  réprimé  Ta- 

.  bus  de  II  JurifdiôHon    trop  étendue  des 

Eccléâalliques.  Il  ne  vouloir  pas  que  les 


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^    M£RCURE  DE  FRANCE. 

Officiers  de  Jufticc  faififlent  les  biens  <fc 
quiconque  étoit  excommunié,  (anscxamif 
'lier  (i  rexcommunicairion^coic  jnfte  oa  xn- 
jufte.  Le  Roi  ^  diftinguanc  très-fagcnaem 
^ntre  les  Loix  civiles  ,  auxquelles  tout  dôîc 
erre  fournis  ,  &  les  Loi-x  de  TEglife  ,  dont 
l'empire  doit  ne  s'étendre  que  fur  les  conf- 
<iences  y  ne  laifla  pas  plier  les.  Loix  da 
Royaume  fous  cet  abus  des  Excommuni- 
cations. Ayant ,  dès  le  commencement  de 
fbn  adminiftration,conrcnu  les  prétentions 
^cs  £.vêqMes  ^  des  Laïcs  dai^s  leurs  bor- 
4nes  y  il  avoit  réprimé  les  faâions  de  k 
Bretagne  :  il  avoir  gardé  une  neutralité 
prudente  entre  Grégoire  IX.  &  Frédé- 
ric II. 

Son  Domaine,  déjà  fort  grand >  s'étoît 
«ccru  de  plutieurs  terres  qu'il  avoit  ache- 
tées. Les  jRois  de  FraïKe  a  voient  <ilors 
ipour  revenus  kurs  biens  propres  *,  leur 
grandeur  dépendoit  d'une  économie  bien 
entendue ,  comme  celle  d'un  Seigneur  par- 
ticulier. 

Cette  adminîftration  Tavoit  mis  en  état 
de  lever  de  fortes  arn>ées  contre  le  Roi 
d'Angleterre  ,  Henri  III.  &  contre^  des 
,  ValTaux  de  France  ,  unis  avec  l'Angleterre. 
Henri  III.  moins  riche ,  moins  obéi  de  fes 
Anglois,  n'eut  nid auffi  bonnes  troupes, 
ni  d'auili-tôt  prêtes.  Louis  >  qui  le  furpaf- 

foit 


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Février.    1751;     49 

fbit  en  courage,  iromine  en  prévoyance» 
le  battit  deux  fois  ,  &  fur  root  à  la  Jour- 
née de  Taillcbourg  en  Poitou.  Le  Roi 
Anglois  s'enfuit  devant  lui  y  cette  guerre 
glorieufe  fut  fuivie  d'une  paix  utile.  Les 
Vaflaux  de  France  rentrés  dans  leur  devoir^ 
n'en  fortîrent  plus.  Le  Roi  n'oublia  pas 
même  d'obliger  l' Anglois  à  payer  cinq 
mille  liv.  fterlings  pour  les  frais  de  la  cam». 
pagne.  Quand  on  Congc  qu'il  n'avoir  pas 
24  ans,  lor^u'il  fe  conduisît  ainH  ;  Se 
que  fon  caraâére  étoit  fort  au  deffus  de  fa 
^rtune  ,  on  voit  ce  qu'il  eût  fait,  s'il  fut 
demeuré  dans  (a  patrie  ,  &  on  gémir  que 
la  France  ait  été  fi  mâlheureufe  par  fes  ver- 
tus même  ,  qui  dévoient  faire  le  bonheur 
^a  monde. 

^  L'an  1144,  Louis  attaqué  d'une  mala-* 
die  violente  ,  crut  dit-on  ,  dans  une  létar- 
jgic  entendre  une  voix  qui  lui  ordonnoic 
de  prendre  ià  Croix  contre  les  Infidèles.  A 
peine  put-il  parler  ,  qu'il  fit  vœu  de  fc 
croifer.  La  Reine  fa  mère,  la  Reine  fa 
£etnmc  ,  fon  Confeil ,  tout  ce  qui  Tappto- 
choit  feniit  le  danger  Me  ce  vœu  fiinefte. 
t'Evèque  de  Paris  même  lui  en  repréfcrita 
les  dangércufes  conféquences.  Mais  Louis 
^cgardôit  ce  vœu  comme  un  licnfacré, 
qu'il  n'éroit  pas  permis^aux  hommes  de  dé- 
UOQCt^  Il  prépara  pendant  quatre  années 


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fy  MERCfURjri>E  FRANCE. 

cette  cxpédicion'  ;  enâia  laiilànc  à  (à  tmti 
le  gouvcimcinciK  du  Royaùtne  ,  il  part 
avec  fa  femme  ,  Se  trois  de  fcs  Frères ,  quç 
fuivenc  Ictirs;  époufcs,  Prefqwc  route  h| 
Chevalerie  de  Erartce  laccompagnc.  Ua 
Pucde  Boiurgj^n^  ,  ui>.Comte  de  BretaA 
gpe  ,  un  Comie  de  Flandres  ,:tin  Cotûce  d^ 
Soiffons ,  un  Comte  de  Vcndâms^  atr^cnent 
Itms  V^flàux- 11  yieut  dans  l  armée  près  d^^ 
trois  mille  Chevaliers  Bannerets.  La  France 
fut  plus  défcrce  que  du  téms  de  la  Croif^ 
de  de  Saint  Bernard  ,  &  cependant  on  n^ 
Tattac^ua  pas;  Lt^  Empereurs  &Jes  Roii 
d'Angleterre  client  trop»  occupés  chei 
eux.  tJne  partie  de  la  Flotte  inwîicnfc  qui 
porcoit  tant  de  Princçs.&'dc  Soldats ,  paci 
de  Marfeille  ,  &  l'autre  d' Algue-morte  j 
qui  n*eft  plus  un  Port  âti jdiird'hui.  Tout  ce 
grand  armement  devoir  fondre  en  Egypte^ 

Louis  mouilla  drans  rifle  de  Chypre  ;  te 
Roi  de  cetce  Ifle  fe  foinv  à  ki  :  on  abords 
en  Egypte,  Se  on  cha(fè  dabocd  les  Ikûr*-* 
bares  de  Dtmiette*  Le  vieux  Malecfâla ,  8c. 
prefqueincapaUe  d'agir,  dextiafodalapaîxy 
&  on  la  lui  refufa/ 

S.  Louis»  étok  renforcé  par  de  nouVeaini 
£:cours  arrivés  de  France  ,  fmvi  de  foixaiv^ 
ce  mille combatrans, obéir,  aicné,  inftrui^ 
par  les  malheurs  que  Jean  de  Briènne  avoi% 
tffuyés    dans  uoc.  pardlle  eôe^JQi^iSbttrc  ^ 


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FEVRIER.      ï7jr.      ft 

tyant  en  tècc  des  ennemis  déjà  vaincus  > 
éc  un  Sultan  qui  touchoic  à  fa  fin.  Qui 
ft'cût  crû  nue  l'Egypte  ,  &  bientôt  la  Sy- 
rie ne  fuflcnt  domptées  }  Cependant  la- 
Oîoitic  de  cette  Armée  floriflantc  périt 
de  maladie^  l'autre  moitié  eft  vaincue 
près  de  là  MaflToare.  Saint  Louis  voit 
raer  fon  ftere  Robert  d'Artois  5  il  eft  pris* 
avec  fes  deux  autres  frères  ,  le  Conitcf 
d'Anjou ,  &  le  Comte  de  Poitiers.  La  plu- 

f)att  de  fes  Chevaliers  font  captife  avec 
ai  i  ce  n'étoit  plus  alors  Malecfala  qui  ré-» 
gnoit  en  Egypte  :  c'ctoit  fon  fils  Almoa- 
dan.  Ce  nouveau  Soudan  avoir  certaine- 
ment de  la  grandeur  d'amc ,  car  le  Roi 
Louis  lui  ayant  offert  pour  fa  rançon  ,  di 
pour  celle  de  fcs.prifonniers  un  million  de 
Befans  d'or ,  Almoadan  lui  en  remit  la  cin^ 
quiémc  partie.  Malecfala  fon  pcrc  avoit 
inilitué  la  Milice  des  Mamelices  ,  fembla* 
Ixlc  aex  Gîttdes  Ptétoiriennes  des  Empereurs 
Romains ,  ^  des  Janiffaires  d^SLUjourdJwxk 
Ces  Mamelices  furent  à' pri«c  formés  , 
Qu'ils  ftircnt  redoutables  à  leurs  Maîtres. 
Almoadan  ^i  voulut  les  réprimer  ,  fut 
«flaflîné  par  eux  ,  dans  le  tems  roêthe  qu'il 
traitoit  de  la  rançon  de  Louis.  Le  Gouver- 
ncmeivt  partagé  akyaeptre  les  Emirs ,  fem* 
bloit  devoir  être  funefte  aux  Chrétienif 
tapti^r  ccpeàtîaht  lé  Xonfcil  Egyptîca 

C  ij 


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ji  MERCURE  DE  FRANCE. 

continua  de  traiter  avec  le  Roi.  LcSirc^« 
Joinvillc  rapporte  que  ces  Emirs  même  . 
propoferent  dans  une  de  leurs  aflemblics 
Je  choifir  Louis  pour  leur  Soudan. 

Joinvillc  étoic  prifonnicr  avec  le  Roi  y 
ce  que  raconte  un  bpmmé  de  fpn  caraétére 
Se  de  fa  naïveté,  a.<la  poids  fans  douce. 
Mais  qu  pn  falTe  réflexion  ,  combien  dans 
un  Camp  ,  dans  une  maifon  ,  on  eft  mal 
informé  des  faits  particuliers  qui  fe  paflTcnt 
dans  un  Camp  voiûn ,  dans  une  maifoi^ 
prochaine;  combien  il  eft  hors  de  vrai- 
iemblance  que  des  Mufylmans  fongenc  à 
fe  donner  pour  Roi,  un  ennemi  Chrétien  , 
qui  ne  eonnoît  ni  leur  Langue  ,  ni  leurs 
mœurs ,  qui  déteftc  leur  Religion  ,  &  oa 
verra  quç  Joinvillc  n'a  rapporté  qu'un  diC- 
icours  populaire,  Dire  fidèlement  ce  qu'on 
a  entendu  dire  ,  c'eft  fouyent  rapporter  de 
bonne  foi  des  chofes  au  moins  lufpeékes. 
Je  ne  fçaurois  guéres  encore  concilier 
fc  que  difentlçs  Hiftoriens  ,  de  la  manier^ 
dont  les  Mafulm^ns  ttgiterçnt  les  prifon- 
niers.  Ils  raçpntçnt  qu'on  Icsfaifoit  forcir 
un  à  un  d'une  enceinte ,  où  ils  étoienc  ren- 
fermés >  qu*on  leur  demandoit  s'ils  vou* 
ioicnt  renier  Jcfus-Chrift  ,  &  qu'on  cott- 
poit  la  têre  à  ceux  qui  perfiftoient  dans  I0 
Çhriftianifme.  .      i 

jp'po  a»trc  ,C9té ,  Us  ittpftçnt  .qu  w 


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FEVRIER.      1751;      j> 

?Vîcfl  Emir  fit  demander  par  Interprété 
flux  Captifs  ,  s'ils  croyoient  en  J.  C.  &  les 
Captifs  ayant  dit  qu'ils  croyaient  en  lui. 
»  Confolez-vous ,  dit  TEmir  5  puifqu'il  eft 
i>  mort  pour  vous  ,  &  qu'il  eft  reflufcité  ^ 
-«  il  (çanra  bien  vous  lecourir.  Ces  deux 
récits  femblent ùnpeu  contradiûoires ,  Se 
ce  qui  eft  plus  contradidoire  encore,  c'cft 
que  ces  Emirs  fiflcnt  tuer  des  Captifs  dont 
ils  efperoient  une  rançon^ 

Au  refte  ,  il  me  femblc  que  ces  Êmîr5  ^ 
quoiqu'ils  euftènt  tué  leur  Soudan,  avoient 
pourtant  cette  efpcce  de  bonne  foi  &  de 
Vertu  ,  fans  laquelle  nulle  Société  ne  peut 
fubfiftcr.  Ils  s'en  tinrent  aux  huit  cens  mil- 
le Befans  ,  auxquels  leur  Soudan  avoit 
bien  voulu  fc  reftraindrc  pour  la  rançon 
des  Captifs  -,  &  lors  qu'en  vertu  du  Traité 
les  Troupes  Françoifes  qui  étoient  dan» 
Damiette ,  rendirent  cette  Ville  ,  on  ne 
voit  point  que  les  Vainqueurs  fiflcnt  le 
moindre  outrage  aux  femmes  qui  éroient 
en  très  grand  nombre.  On  laifla  partir  la 
Reine  ,  &  Ces  deux  belles-forurs  avec  ref- 
pedi  Ce  n'eft  pas  que  tous  les  Soldats  Mu- 
iulmans  fuflcnt  modérés  ;  le  vulgaire  eti 
tout  pays  eft  féroce.  Il  y  eut  fans  doute 
beaucoup  de  violences  commifes  ,  des 
Captifs  maltraités  &  tués  -,  mais  enfin  j't- 

C  iij 


,yGoogîe 


14    MERCURtDEPRAI^CB. 

voue  qu€  je  ne  fuis  pas  éronnét^uc  le  fint^; 
j)le  Soldat  Mahométan  ait  ccc  lerocc  con-» 
ire  des  Etrangers  ,  qui  des  Ports  de  TEa*- 
rope  étoicnt  venus  ravager  les  terres  de 
FEgypte. 

Saint  Louis  délivré  de  captivité  ,  fc  r^ 
tire  en  Palcftine  ,  Se  y  demeure  près  de 
quatre  ans  avec  les  débris  de  fcs  vaitTeaux 
éc  de  fon  at mée  j  il  va  vificcr  Nazareth  > 
au  lieu  dé  retourner  en  Fratacc  ,  6c  enfin  ne 
feutre  dans  fa  patrie  qu*après  la  mortxicla 
Reine  Blanche  ,  fa  merc  j  mais  il  y  rentre 
dans  le  delfcin  de  former  une  Cxoifade 
nouvelle. 

Son  fcjour  à  Paris  lui  procuroic  con- 
tinuellement des  avantages  Se  de  la  gloi- 
re. Il  reçut  un  honaeur  qu'on  ne  peut 
rendre  qu'à  un  Roi  vercoeux.  Le  Rôi 
d'Ahslctèrré  Henri  IlL  &  fes  Barotis  le 
choimcnt  pour  arbitre  de  leurs  qucréli- 
les.  Il  prononça  rAtrêt  en  Souverain  ,  Se 
û  cet  Atrêt  ,  qui  favorifoit  Henri  IIL 
ne  put  appaifer  les  troubles  d'Angleter*- 
xe  ,  il  fit  voir  au  moins  à  l'Europe  ,  qud 
refped  leis  hommes  ont  roalgre^ux  pour  h 
vertu.  Son  frère  le  Comte  d'An)ou  dut  î 
la  réputation  de  Louis  ,  &  au  bon  ordre 
fde  fon  Royaume  rbonneur  4'êixe  ^oifi 
par  le  Pape  pour  Rûi  de  Sicile* 


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VTEVR11ER-      X75^-'     Î"J 

'     Loui$  cependant  augmcntoit  fcs  Domaî- 
ttes  de  l'acquifition  de  Natnur  ,^e  Pcron- 
4ie  i  d'Avraiâches  ,  de  Mortâgnc,  duPer- 
<hc.  Il  pouvoir  ôcer  auK  Rois  d'Aflglecetu: 
tout  ce  qu'ils  poflcdoietvt  en  France.  Les 
-q^icrclles  de  Henri  III.  Se  de  fes  Barons^, 
Jui  en  facilitoicnt  lesmaycns  4  niais  il  pro- 
féra la  juftice  à  rufurpationsil  les  laifla 
jouir  de  la  Guyenne  ,  du  Pcrigord  ,  du  Li- 
<niofin  5  mais  il  les  fît  renoncer  pour  jamais, 
-à  la  Tourainc  ,  au  PoiwHi ,  à  k  No^rman- 
-die  ,  reunies  à  la  Courenac  par  Philippe 
cAugufte  :  ainfi  la  paix  fut  aiFeciiMe  avec  fd 
réputation. 

11  établit  le  premier  la  juftice  de  reffort^ 
^■Jc  les  fujct5 opprimés  par  les  i€nt<ncc«  ar- 
i)irraires  djcsîtigcsdcs  Baironiefl  ^  conimei>. 
•tpereiiit  à  po&v<yir  porter  leurs  plaitite^  ans 
quatre  grands  Bailliages  Royaux  ,  crée* 
^our  les  écouter.  Soas  lai  de^ Lettrés -com- 
mencèrent à  être  admis  aux  féanccs  de  ces 
î^arlemens  ,  d^nslefquels  des  Clic vali ers  , 
qui  rarement  ^çavoient  lif c  ,  dccidoicnt 
•de  la  fortune  des  Citoyens.  Il  joignit  à  la 
fiété  d'un  Religieux  /la  fermeté  éclairée 
d'un  Roi ,  en  r^prinmnt  les  ewtreprifes  de 
4a  Cour  de  Rome ,  par  cette  fameufe  Prag- 
inatique  ,  qui  conlervc  les  anciens  droits 
deTEglifc^  nommés  Ubeités'dcrEglifc 

C  ii^ 


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ytf    MERCURE  DE  FRANCE. 

Gallicane  ;  enfin  treize  ans  de  (à  préfencd 
réparèrent  en  France  tour  ce  que  fon  ab- 
fcnce  avoir  ruiné  i.mais  la palïion  pour  les 
Croifades  Tcntrainoit.  Les  Papes  Tencoa- 
rageoicnt ,  Clément  IV.  lui  accordoit  aoc 
décime  fur  leClcrgc  pourtrois  ans.Le  Clec<- 
gé  qui  du  rems  de  la  Dîme  Saladinc  avotc 
tait  beaucoup  de  repréfenracions  pour  ne 
rien  payer  ,  en  fit  encore  de  rrès  fortes  ^ 
^.elles  furent  au(fi  inutiles  que  peu  décentes 
.fous  un.  Roi ,  qui,  prodiguoit  fon  fang  Sc 
fcs  biens  dans  une  guerre  tanr  prêchée  par 
.le  Clergé.  Il  part  enfin  uùç  fecande  fois-, 
&  à  peu  près  avec  les  mêmes  forces.  Son 
/rere  qu'il  a  fait  Roi  de  Sicile ,  doit  le  fui- 
vre..  Mais  ce  n'eft  plus  du  côcé  de  la  Palcf- 
xinc,  ni  du  côté  de  TEgypte  qu'il  tourne 
fa  dévotion  &  fes  armes.  Il  fait  cingler  fa 
Flotte  vers  Tunis. 

Ce  fut  Charles  d'Anjou  ,  Roi  de  Naples 
&de  Sicile  ,  qui  fit  fervir  la  piété  héroi- 
que  de  Louis  4  ^cs  dcffcins.  Il  prétendok 
que  le  Roi  de  Tunis  lui  devoit  quelques 
années  de  tribut.  Il  vouloit  fc  rendre  maî- 
tre de  ces  Pays ,  &  Saint  Louis  efoeroit , 
difent  tous  {ts  Hiftoriens  ,  (  je  ne  fçais  fur 
quel  fondement  )  convertir  le  Roi  deTi>- 
nis.  Les  Troupes  Chrétiennes  firent  leur 
delçente  vers  les  raines  de  Cartage  ^mâia 


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FEVRIER.      175Î.       57 

];)len|otlc  Roi  c(V  afliégc  lui-même  dans 
fon  Camp  par  les  Maures  réunis.  Les  me- 
mes  maladies  que  Tin  tempérance  de  fes  fu- 
jets  tranfplantésf  ,  &  le  changement  de 
climat ,  avoicnt  attirées  dans  ion  Camp 
en  Egyptejdérplcrent  fon  Camp  de  Carra- 
gc.  Un  de  fes  fils  né  à  Damieite  pendant 
l'a  captivité  ,  mourut  de  cette  elpécc  de 
contagion  devant  -Tunis.  Enfin  le  Saint 
Roi  en  fut  attaqué  :  il  fe  fit  étendre  fur  la 
cendre  &  expira  à  l  âge  de  5  j  ans  ,  avec 
la  piété  d*an  Religieux  >  &  le  courage  d*ua 
.Héros.  A  peine  eft-il  mort,  que  fon  frère 
le  Roi  de  Sicile  arrive  -,  on  fait  la  paix  avec 
les  Ma.ures  ,  &  les  débris  des  Chrétiens 
font  ramenés  en  Europe.  On  ne  doit  guc- 
res  compter  moins  de  cent  mille  perfonnes 
.facrifiics  dans  les  deux  expéditions  de  Saint 
Louis.  Joignez-y  les  cent  cinquante  mille 
qui  fuivirent  Frédéric  BarberouflTc  ,  les 
trois  cent  mille  de  la  Croifadc  de  Philippe 
Augufte  ,  &  de  Richard,  deux  cent  mille 
au  moins,  du  tems  de  Jean  de  Brienne: 
comptez  les  feize  cent  mille  Croifés  ,  qui 
avoient  déjà  pafïc  en  Afie ,  &  n'oublieaj 
pas  ce  qui  périt  dans  Texpédition  de  Conf- 
tantinople ,  &  dans  les  guerres  qui  fuivi- 
rent cette  révolution  ,  fans. par  1er  de  la 
Croifadc  du  Nord  ,  &.de  celle  contrcles 
.Albigeois,  oa  jcrouvcraque  TOrieat  fv^t. 


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5S    MERCURE  DE  FRANCE. 

?c  Tombeau  de  plus  de  deux  nrilliorïs  d'Etui 
Topéens. 

Plufiears  Pays  en  furent  dcpcuptés  & 
appauvris.  Le  Sire  de  Joinvillc  dit  «xprcf^ 
dément ,  qu'il  ne  voulut  pas  accompagner 
Louis  à  fa  fecondéX^rôifade ,  parce  qu'il  ne 
îe  pouvoit  ,  &  que  la  première  avoh  ruii- 
tïé  toute  fa  Seigneurie. 

La  rançon  de  Saint  Louis  avoît  coûté 
tuit  cens  mille  bcfans  -,  c'ctoit  au  moins 
ireuf millions  de  la  monnoye  qui  court  ac- 
tuellement. Si  des  deux  millions  d'hom- 
mes qui  moururent  dans  le  Levant ,  cfaa- 
cun  cmpona  feulement  cent  francs  ,  c'eft 
encore  deux  cens  miHionî  de  liv.  qu'il  en 
coûta.  Les  Génois ,  les  Pifans ,  &  lurtout 
les  Vénitiens  s*y  enTichirent  v  mais  la  Frait- 
xc  ,  TAnglcterrc  >  l'Allemagne  ,  furent 
^puifôes. 

On  dit  que  les  Rois  de  France  gagne^- 
rent  à  ces  Croifades  ,  parce  que  Saint 
Louis  augmenta  fcs  Domaines  ,  en  achcp* 
tant  quelques  Terres  des  Seigneurs  ruinés  j 
tnais  U  ne  les  accrut  par  Ton  cconomie  y 
que  pendant  le  féjour  qu'il  fit  dans  fes 
Etats. 

Le  feul  bien  que  ces  entreprifes  procure- 
Tent ,  ce  fut  la  liberté  que  plufieurs  Bour- 
gades rachetèrent  de  leurs  Seigneurs.  Le 
Gouvernement  municipal  s'accrut  un  peu  > 


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F  E  V  R  I  E  R.     1751-       59 

ces  Communautés  pouvant  travailler  Se 
commercer  pour  leur  propre  avantage  ^ 
exercèrent  les  Arts  &  le  Commerce  que 
Tcfclavage  éceignoit. 

Cependant  le  peu  de  Chrétiens  canton- 
nés fur  les  côtes  de  Syrie  ,  fut  bientôt  ex- 
terminé ,  ou  réduit  en  cfclavage.  Proie- 
maïs  leur  principal  aritc ,  &  qui  n*étoit  en 
cflFet  qu'une  retraite  de  Bandits  fameux  par 
leurs  crimes  ,  ne  put  réfiftcr  aux  forces  dtt 
Sultan  d**£gypte ,  KWcc  Scr«ph.  Il  4a  prie 
en  1 2  91  :  Tyr  &  Sidon  fe  rendirent  à  lui. 
Enfin  versla  Âà  du  douzième  £écle^  il  n'y 
avoit  plus  dans  l'Afic  aucune  trace  appa- 
rente  des  Croifades. 


L'Idée  de  cette  Pièce n'cft  pas  noUveU 
le  ,  j'avoue  même  franchen^at  l'avoir 
prife  dans  un  Livre,  mais -elk  m'a  paru  fi 
naturelle  que  je  n'ai  pu  in'-ea^èobec  de  U 
mettre  en  vers.  Je  i'inâtule  » 

L'AMANT   AVEUGLE.!       . 

X  .R£t  de  fixer  Tes  vœux  par  qq  lien  noaveaB^ 

Un  jont  l'impatient  Dorante 
Se  fii(ant  de  l'Hymen  nne  image  briUaote  ^ 

En  voulut  avoir  le  tableau. 

Cvj 


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€o   MERCURE  DE  FRANCE; 

Chez  un  Peintre  auffitôc  il  marche,  il  court,  il 

vole  : 
Çà ,  Monfieur ,  de  l*Hymen  faites-mol  le  portrait; 
Quand  pourrez>vous  î . . .  Quel  jour  fcta-t'U 
fait? 
D'abord  comptez  fur  ma  parole , 
Pour  le  prix  vous  ferez  pleinement  facisfair; 
Mais  n'allez  pas  d'une  forme  ordinaire 
Peindre  le  plus  charmant  des  Dieux  ; 
Qu'il  foit  libre,  enjoué  $  fur  tout  qu'il  ait  les  yeus 
Jendres  comme  l'Amour  &  plus  beaux  que  ^ 
mcre. 
Enfin  il  faut  vous  furpaifer» 
Et  travailler  d'après  nature  ? 
£t  félon  la  beauté  qu'aura  votre  peinture^  : 

Je  fçaurai  vous  récompenfer. 
Le  Peintre  ,  par  un  coup  de  maître; 
Voulant  fignaler  fon  pinceau , 
Ou  bien  pour  n^ieux  être  payé  peut  êtrcj    ' 
Repiéfenta  l'Hymen  C\  beau  , 
.  Qu'on  auroit  pd  le  méconnoicre. 
Notre  amant  toutefois  n'en  fur  pas  fatisfair;  ' 

Ce  front ,  dit-il ,  n'eft  pas  bien  fait ,. 
|e  lui  trouve ,  je  crois  ,  la  peau  même  ridée. 

Ah ,  Monfieur ,  quels  y  eux  languifians  | 
Ce  vifage  n'a  point  cet  air ,  ces  agrémens  . .  • 
Enfin  ce  n'eft  point  là  l'Hymen  dans  mon  idée; 

Tout  n'cft  ici  que  médiocrement  beau , 
Je  vais  médipcremcnt  vous  payer  votre  ouvrage^ 


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FEVRIER.    Ï7fi;      4t 

911&  !  s^iï  vous  plaît ,  rendez-moi  mon  tableau  # 
Dit  le  Peintre ,  je  fais  de  rhuile  un  tel  ufage , 
Le  (ems  i  mes  coufenrs  d^onne  un  tel  avantage^ 
Qu'if  faut  au  moins  a  mes  portraits 
Trois  mois  pour  les  rendre  parfaits. 
iAdieu  y  Monfieur ,  je  compte  dans  la  fuit^ 
Que  vous  en  ferez  plus  content , 
Je  ne  fuis  pas  preffé  d'argent  ; 
|1  faut  ({Ue  mes  tabfeaux  ayent  tout  leur  méritée] 
Le  lendemain  damant  pa/Iionné 
Donna  la  main  â  fa  Maicreffe  : 
f  I  ne  fentit  jamais  de  plus  vive  tendrefle 

Que  dans  cet  inftartt  fortunié  ^ 
Mais  cette  ardeur  fe  perd  dans  le  ménage. 
Le  Peintre  qui  le  fentoit  bien , 
Trois  mois  après  ce  doux  lien^ 
yînt  à  TEpoux  rapporter  fon  ouvrage. 

L'Epoux  changea  bien  de  langage  • 
Tout  lui  parut  alors  admirable  ,  charmant. 
'^Ottsme  l'aviez  bien  dit^Motifieur  yquelcluf^ 
geroent  ! 
Je  ne  connois  plus  ce  vifage  ; 
Ces  yeux  font  mille  fois  plus  beaux  qu'aupara^ 
.rant. 
En  vérité  je  vous  admtrc. 
Cependant ,  s'il  fâut  vous  le  drre, 
Je  troiave  â  ce  portrait  trop  de  vivacité  ; 
franchement  cet  air  libre  à   l'Hymen  ne  f(ed 
guère. 


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tt    MERCURE  DE  FRANCE. 

Il  doit  avoir  de  la  beauté  , 

Une  beauté  folidc  &  fierc  , 

Un  feu  que  la  raifon  modère  ; 

Un  air  de  fenfibilicé , 
Différent  toutefois  de  cette  ardeur  légère  , 

Que  fouffle  le  Dieu  de  Citbere 
Dans  le  cœur  d'un  amant  aveugle  Se  tranfporté. 

Pour  le  coup  ,  je  fuis  bon  augure  , 

Répond  le  Peintre  en  baiiinant^ 
€c  que  je  prévoyois  arrive  juftemcnt. 
Le  tems  n'a  rien  cbang^^  Monfi^ur  ,  dans  ra^ 
Peinture  , 

Mais  dans  vous-même  feulement. 
^  ^cndant  que  vous  étiez  amant , 
Jfous  ne  voyiez  d*Hymen  quVne  fauffe  figure | 

Vous  êtes  mari  maintenant. 

Lopp^  dn  Mefiiil ,  de  Létvâl. 

VE    R    S 

Ecrits  fur  un  Racine. 


R 


Acine  ,  je  te  dois  tout  ce  que  j*ai  d'efprh  l 
De  fenciment ,  de  goût ,  de  ftyle ,  d'élégance, 
£t  fi  je  fçais  aimer ,  ton  Livre  roe  l'apprit  ; 
Mais  mon. Iris  ,  hélas!  mon  Iris  me  trahie  « 
Tu  ne  m*as  point  appris  a  fixer  (à  cooftancc» 


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FEVRIER;      1751.      6i 

£fi  paflanc  dans  fes  mains  ^  en  occupant  ït%  yeazn 
Kappelle-lui  du  moios  ce  que  je  fuis  pour  elle. 
Dâûs  tes  plus  teudies  vers  retrace-lui  mes  feux^ 
Tais-la  gémir  du  fort  des.am.aiis  malheureux. 
Et  rougir  au  portrait  d'un  amante  iofidelle. 

SUR  L'AMOUR  A  LA  MCU)E. 

Il  cft  de  la  pudeur  le  fiincfte  iercueiî  | 

Une  faveur  n'cxcUe  en  lui  que  de  l'  tgueil  ^ 

Le  plus  fubtil  poifon  s'exhale  pat  fa  bouche  % 

Mais  ce  n'eft  plus  le  coeur  ,  c'eft  Teiprit  qui  le 

touche* 
'Aux  frivolcs.devoirs  que  l'afoge  frcfcrit  , 

Son  pouvoir  tyrannique  affujettit  la  Terre  ; 

Sur  la  foible  raifon  il  lance  fon  Tonnerre. 

Le  menfonge  préfide  i  tout  ce  qu'il  ^crit  % 

11  trompe  chaque  jour  la  crédule  tifette  % 

pour  un  fexe  innocent  quel  tcdontaWe  '  Athlète  l 
Jl  ne  fe  fait  efclave  auprès  d'un  jeune  cœur , 

4311e  pour  être  infolcnt  quand  il  fera      vmn^ueuit^ 


i^ 


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?4    MERCURE  DEFRANCE. 
IMITATION  D'ANACREON. 

»  X    Ot  ou  tard  il  faut  fe  rendra, 
»  Et  c'cft  à  {iréfent  ton  tour , 
^  Me  diftit  le  Dieu  d'Ainour; 
Moi ,  je  prétends  me  défendre; 
Le  fripon  par  on  détour 
Poorroit  fort  bien  me  furprendriev 
Attaquons  fans  plus  attendre. 
Battons  d'abord  le  tambour  j 
J'en  veux  au  Dieu  de  Cythércr;» 
l'Art  ici  m'eft  néceffaire , 
Et  contre  l'A  mour  lutter , 
€e  n'cft  pas  petite  affaire  j 
Il  faut  pour  lui  réfiftcr 
^  Tout  Tattirail  de  la  guerre  ^ 
Vîce  ,  allons  ,  mon  cimeterre  ^ 
Mon  cafque ,  mesiayelots. 
Et  furtout  cuîrafle  neuve  , 
Dont  le  fèr  foit  â  l'épreuve; 
N'en  dëplaffe  â  nos  Héro» , 


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TE  V  R  I  E  R.     lYJï.       V$^ 

Qui  n'ont  pour  toute  défend 
Qu'une  épée  ,  Se  leur  vaillance  | 
De  maint  prudent  Chev^âlicr 
J*âime  mieux  l'antique  ufage; 
Et  ioutWtifled*acier, 
Je  mets  çncor  mon  courage 
A  l'abri  d'un  bouclier. 
Contre  moi  l'Amour  fait  rage^ 
Mais ,  grâce  à  mon  équipage  n 
Il  épuife  Ton  carquois  ^ 
Sans  me  faire  aucun  dommagei 
J'ai  mis  l'Amour  aux^bois  ^ 
Mufes /Célébrer  ma  gloire. 
Je  cbftntois  déjà  victoire  ; 
Quand  ce  Dieu ,  comme  un  éclafr  ; 
Fond  fur  moi  des  champs  de  l'air  , 
Et  tout  i  coup  me  pénétre. 
'  iwDe  ton  cœur  je  fuis  le  maître  i 

»  Envain  tu  reux  me  braver , 
•»  Et  me  voici  dans  la  place  i 
y>  Va  ,  l'Amour  fçait  bien  trottvcT 
>3  Le  défaut  de  la  cuira(re« 


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ig  MERCURE  Ôfi  FRANCE. 
RECEPTION. 

X>f  M.  U  Çomne  de  Bijfy  a  Vjicddémie  FraiU 
foife ,  le  Mardi  a 9  Décembre  1750. 

Quoique  les  aflTemblées publiques  de 
rAcadémic  Françoifc  foienc  toujours 
brillantes ,  on  n'en  a  gucrcs  vu  qui  Tait 
été  autapt ,  que  celle  dont  nous  rendons 
compte-  ïous  ceux  qui  aiment  les  Lettres 
'étoicnt  carieux  d'entendre  M.  le  Comte 
de  BilTy  ,  que  fa  bejlc  Traduâdotï  du  Pa- 
triotifme  avoit  r^ndu  célèbre.  M.  TAbbc 
de  Bernis ,  fi  connu  par  la  délicateffc  de 
fon  cfprit,&  les  charmes  de  faPocficî 
enfin.  M*  le  Maréclul  Duc  de  BcUcIfle , 
dont  l'éloquence  nous  a  été  auflî  utile  dans 
les  négociations  ,  que  l'expérience  &  l'ac- 
tivité dans  les  armées.  Nous  croyons  que 
le  Public  retrouvera  ici  avecplaifirce  qu'il 
a  applaudi  à  r Académie, 

DifcoHTs  de  M.  le  Comte  de  Rijfy. 

Mcflîeurs^  attaché  par  mon  état ,  pat 
won  devoit,  plus  encore  par  mon  inclina- 
tion, au  fervicc  d'un  Roî,  digne  d'occuper 
tous  les  inftans  de  notre  vie,  j'ai  bng-tems 
héfité  à  briguer  la  place  que  vous  avez  dai- 
gné Qi*accorder«    Mais    enfin  >  convaincu 


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r  E  V  RI  EU,  1751.  ^7 
|>ar  des  exemples  qui  font  familiers  cnrrC 
vous  ,  que  les  Armes  &  la  Littérature, 
loin  d'être  incompatibles ,  fe  prêtent  fou- 
vent  un  fccours  mutuel ,  |  ai  oie  vous  prier 
de  vouloir  bien  maflbcicr  à  vous.  Heu- 
reux ,  fi  un  violent  amour  pour  les  Lettres, 
&  '  le  dcfir  ardent  de  vous  imiter ,  poo- 
voicnt  me  tenir  lieu  de  talens ,  ou  dâ 
moins  les  fuppofer  ! 

Eh  l  dans  quels  lieux  ,  mieux  que  dans 
une  Compagnie  ,  rcfpcdkable  par  tant  de 
qualités  émmentes ,  un  homme  de  guerre 

f  eut-il  cfpcrer  de  fc  former  Tcfprit ,  de 
enrichir ,  &  d'acquérir  des  connoiflanccs 
utiles ,  même  à  fon  métier  \  Le  foldat  > 
îoftrumenr  journalier  de  la  gloire  des  Gé« 
néraux  ,  y  contribue  à  la  vérité  par  fcs  fa- 
tigues &  par  fon  épéc  -,  mais  ce  n*cft  pas 
lui  qui  traiifmet  à  la  poftérité  les  projets, 
\cs  marches ,  les  batailles  -,  c*eft  par  vos  pa- 
reils ,  MeiSeurs  ,  que  les  Grands  Capitai- 
nes deviennent  vraiment  célèbres  ,  &  que 
ceux  qui  afpirent  à  la  gloire  des  armes  ^ 
apprennent  comment  ceux  qui  les  ont 
procédés  y  font  parvenus.  Que  d'exploits 
ne  doit-on  pas  au  defir  de  voir  fon  nom 
occuper  les  Hiftoriens  ?  Si  la  vertu  forme 
le  Héros ,  ce  font  les  hommes  de  Lettres 
qui  le  couronnent  ,&  c'eft  fouvenc  à  leur 
mérite  particulier  qu'il  doit  Tépoquc  qoi 
rimmortalife. 


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««  MERCURE  DE  FRAISTCÊ. 

Ce  ne  font  point  les  combats  de  PM- 
lippe  8c  d' AiSkiam  ,  ce  font  les  Virgiles  >  les 
Horaces  ,  les  Ovides  ,  cjui  ont  fait  don- 
ner au  tems    où  vécut  Odave  ,  le  titifc 
pompeux  de  (îccle  d'Augufte.  Agrippa  fut 
moins  utile  à  la  gloire  de  fon  Maître  eti 
gagnant  des  batailles  ,  que  ne  le  fut  Mé- 
cène eh   protégeant  les  Lettres,    Par  ta 
valeur  d' Agrippa  ,  la  puiflTance  d*Oâ:ave, 
élevée  fut  les  ruines  de  la  République , 
enleva  à  TUnivers  le  fpcélacle  des  vercils 
deTancienne  Rome.    Par  les  bienfaits  & 
par  les  foins  de  Mécène  ,  fous  le  Règne 
d'Augufte ,  Rome ,  digne  rivale  d'Athènes, 
s'éleva  k  une  fupérioricé  de  lumière  &  de 
goût ,  refpeétéc  encore  aujourd'hui  de  tou- 
tes les  Nations* 

Par  quelle  fatalité  dds  jours  (î  lumineitx 
furent-ils  fi  promptement  fuivis  d'une  nuit 
profonde  ?  Qui  jamais  eût  ofé  prévoir 
que  le  (ïécle  d^Augufte  ne  feroit  que  de- 
vancer prefque  immédiatement ,  ces  teiris 
.  .  qu  on  a  nommés  depuis  le  bas  Empire  î 
On  diroit  que  la  Nature  ,  qui  s'étoit  épuî- 
féeen  faveur  d'Augufte  ,  avoic  befoin  d'un 
long  repos.  La  Terre  entière  tomba  dans 
une  ignorance  qui  tenoit  de  la  barbarie; 
d*épai(Iès  ténèbres  enveloppèrent  tous  ïts 
cfprics.  Enfin  un  léger  crépufcule ,  qui  pàf 
ii  lenteur  Se  par  fon  peu  de  force ,  ne  lâf- 


dby  Google 


FEVRIER.      1751.        69 

(pît  pas  cfperct  un  jour  bien  pur  ,  fit  plac^ 
tout  d'un  coup  à  une  Aurore  brillante  qui 
écarta  ces  nuages;  ce  fur  votre  illuftrc  Fon» 
dateur,  Aurpre  digne  d'annoncer  ce  Soleil 
-quialloic  éclairer  le  monde.^.  Louis  XI V... 
A  Tafped  de  cet  Aftre ,  les  objets  prirent 
une  face  nouvelle  5  toute  la  Nature  fembla 
s'épanouir  -,  un  grand  hon>roe  ne  paroiiïbic 
que  pour  çn  procéder  un  autre  plus  grati4 
encore. 

Pour  donner  une  idée  parfaite  de  ce 
Monarque ,  qui   fut  à  la  fois  le  plus  grand 
B.oi ,  &  le  plus  honnête  homme  de  l'Uni- 
vers ,  je    crois  qu'il  foffiroit  d'examiner 
fcrupuieufemenr    ce    qu'croit  la  France^ 
^  quand  il  prit  les  rênes  du  Gouvernementales 
ce  qu'elle  devint  fpus  fon  Règne.  Ces  deux 
points,  bien  comparés  &  bien  difcutés,  ren-f 
ferment  l'éloge  complet  de  ce  grand  Prince* 
Mais  fcs  vertus  particulières,  fes  conqucJ 
les  ,  fcs  viârpires ,  la  capacité  &  la  valeur- 
de    fes  Généraux ,  4onc   la  mémpirc  nç 
mourra  jamais ,  n^aurpicnt  pas  fuffi  pour 
donnera  fon  Règne  çc  titre  glorieux  de 
Cécle  de  Louis  XIV ,  Sans  les  Boffuets  ,  les 
l^cnelons ,  les  Corneilles  ,  |cs  Ç^acines ,  la 
Fontaine»  &  tant  d'Auteurs  dignes  d'uA 
jnom  immor td.  D'où  fortoien t-  ils  ces  honit 
^es  iperveilleux  .<*  D'entre  vous. 

-  Çç  C^éde^  ficplébrc  dont  tous  con&t 


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70  MERCURE  DEFRANCE. 

Crcz  tous  les  jours  le  fauvenir ,  a  un  avan- 
tage fur  celui  d' Augufte ,  c  cft  que  loin  de 
finir  ,  il  fe  retiouvellc.  Et  par  qiii  ?  Par 
k  fils ,    par  le  fucccffeur  de  Louis  XIV. 

Un  homme  d cfprir  a  ofc  dire  que  Icx- 
trcme  polircflc  croit  une  marque  prcfquc 
certaine  de  la  décadence  des  Etats.  Nouj 
voyons  le  contraire  ;  jamais  la  Nation  Fran- 
çoifc  ne  fut  plus  éclairée ,  la  Nobldle  plu^ 
inftruitc  ,  plus  polie  ,  &  jamais  clic  ne  fur 
plus  valcureufc.  C  cft  vous  que  j*en  aticftcjt 
Monfieut ,  vous  qui  avez  tant  de  fois  & 
fegloricuferacnt  commandé  la  pltïs  grande 
partie  de  ces  hommes^  générc^ux.  Ainff 
croyons  que  notre  (îécle  aura  fa  célébrité  » 
cbmmc  celui  de  Louis  XIV.  On  pourroit 
hardiment  raffûrer  ftir  la  foi  de  vos  talcns, 
6c  des  vertus  de  votre  augufte  Ptotcdcur. 
Ehl  QuelPrince  fut  jamais  plusgrand,p!u$ 
fcamain  ,  plus  modeftc  qticcelui'qui  prcfi- 
de  à  ce  lîécle  nouveau!.  Roi ,  H  n'oublie 
jamais  qu'il  cft  homme  -,  homme  il*  n'oublie 
jamais  qu'il  cft  Roi,  Louis  dédaignant  cet- 
te ffloire  faftuenfc  i  dont  Téclat  éblouit , 
&  égare  fouvcnt  le  Héros  ,  fur  de  lui-mc-' 
me,  laifla  aux  événcmcns  le  foin  de  déve- 
lopper fon  grand  cœur. 

Lorfque  preflc  par  nos  Armes  triom- 
phantes ,  l'Ennemi  trcmbloit  pour  fcs  Ca-' 
pitales  >  Louis  ne  fe  mit  point  à  la  tète  de 


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FEVRIER.  tT$t.  7»^ 
Tes  Armées  ;  tl  en  abandonna  le  (bin  a  Cet 
Lieurenans  ;  mais  quand  il  vit  fcs  Frontié* 
ces  menacées  ,  alors  ne  conhanc  qo  a  lui-' 
même  la  défenfe  de  fes  Sujets  ,  Louis  le# 
ra^ra  par  Ùl  préfence  ,  &  les  (âuva  par 
fes  viâoires  :  veriuble  héroïfme ,  qui  prc^ 
ferc  le  licre  de .  Confcrvatcur  à  celui  de 
Conquérant.  Que  d'exploits  glorieux  onc 
depuis  illuftré  le  Règne  de  ce  grand  Roi  t 
Mais  au  milieu  des  monumens  de  Ùl  va* 
leur  »  celui  qu  il  vient  de  cpnfacrer  à  (a 
clémence  y  en  donnant  la  paix  à  TEurope  ^ 
iera  ron  jours  le  plus  beau  &  le  plus  dignes 
qu'il  pût  élever  à  fa  gloire. 

C  cft  à  vous  ,  Meflîeurs  »  d'éternifer  tt 
mémoire  du  Règne  de  Louis  XV.  Et  que» 
nous  manque  t-il  de  ce  qu'on  admiroit 
dans  vos  prédéceflcurs  î  Ils  ne  vivant  ploft 
<pic  dans  leurs  Ouvrages  ,  &  lorfque  vous 
se  vivrez  plus  que  dans  les  vôtres  ^  le  fie-*? 
de  de  Louift  XV.  n'aura  pas  a  redouter  Icj 
fiécle  d*Augufte»ni  m^nie  celui  de  Louis 
XIV.  . 

Qu'il  feroit  doux  pour  moi ,  Meffieufs,; 
Ac  pouvoir  contribuer  à  cette  gloire  quei 
î'pfe  votis  prédire  ,  ou  du  moins  de  dimi-. 
nuer  par  mon  zélé  la  perce  que  vqus  avesi 
faite  par  la  mort  de  M.  l'Abbé  Terraflbn  ! 
Mais  le  remplacer  fans  l'égaler,  ce  fera  plu- 
tôt renouvellcr  vos  regrets  que  les  adou^ 


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7ir  MERCURE  DE  FRANCE, 

En  ctfct ,  auel  fut  mon  prédéccfleur  > 
Homme  fanft/ard  &  fans  orgueil  ,  il  difoic 
naturellement  fon  avis  ;  mais  ce  n'écoitpas 
avec  ce  ton  d  autorité  fi  fatiguant,  &  qucl- 
quefoisrfi  humiliant  pour  les  autres  y  il  ne 
cherchoit  point  à  troubler  le  repos  des  fo- 
cicrés  :  heurcufe  égalité  ,  que  les  grands 
hommes  défirent  de  mettre  dans  le  monde, 
&  que  les  gens  médiocres  s'efforcent  con- 
tinuellement d'en  bannir.  Philofophe  , 
Grammairien  ,  Géomètre  ,  Critique ,  Hifl 
torien  :  fa  TraduiStion  de  Diodore  de  Si- 
cile eft  un  ouvrage  important  par  les  lu- 
mières qu*il  répand  fur  THiftoire  anciciMic. 
Sa  Diflcrtation  fur  l'Illiadc  eft  un  chef- 
d^OBuvre  en  ce  genre.  Quoiqu'il  ne  fe  fuc 
point  adonné  à  la  Pocfie,  il  eftaifé  de  voir 
qu'il  jen  a  connu  toutes  les  délicateflcs.  . 

A  tant  de  qualités  &  à  tant  de  titres ,  que 
poflTcdoit  M»  TAbbé  Terraflbn  ,  il  joignoic 
un  mérite  que  vous  chériffiez ,  &  que  vous 
prouverez  en  moi  :  c'eft  fon  attachement 
pour  l'Académie  ,  &  fon  aflîduité  à  vos' 
exercices.  Mais  où  il  apportoit  tant  dé  con- 
noiffances  ,  je  viendrai  en  chercher  ;  je 
in*infti:uirai ,  &  il  éclairoit  j  j'admircraî  , 
4^  vous  i'écoutiez. 


REPONSE 


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FEVRIER.      1751;        7î 

tLE  P  O  N  S  E  de  M.  le  Ataréchal  Duc  de 
BtlU-IJle  y  DireBcHr  de  l'Académie  Fran* 
çoife ,  0U  Difcours  frmonci  par  M.  le 
Comte  de  Bijfj. 

MOnfieur,  l'Académîc,  en  répondant 
aujourd'hui  à  l  cmprcfltmcnr  avec 
lequel  vous  avez  fouhaitc  de  devenir  un  de 
fes  Membres,  vous  donne  le  témoignage  le 
plus  flatteur  de  tout  le  cas  qu  elle  fait  de 
vos  talens. 

Ce  que  vous  en  avez  laiflc  percer  dans 
le  PiAlic  ,  annonce  un  efprit  curieui  des 
connoiflances  qui  peuvent  tourner  à  l'a- 
vantage de  la  Société  ;  &  il  eft  bien  loua- 
ble de  chercher  tous  les  moyens  d'être 
utile  y  fur  tout  à  un  âge  &  dans  une  pro« 
fêffiofl ,  où  fouvent  trop  occupe  de  fe  ren- 
dre agréable  ,  Ton  finit  prelque  toujours 
par  refter  frivole. 

En  mon  particulier ,  Monfieur ,  j'éprou- 
ve dans  ce  moment  une  vraie  fatisfaâûon  , 
cjuc  le  fort  m'ait  mis  à  portée  d'initier  dans 
le  Temple  des  Mufcs ,  le  fils  &  le  neveu 
Je  perfonncs  a  qui  j*ai  été  de  tout  tems 
attaché  par  les  liens  de  l'amitié  la  plus  fin* 
iccre. 

Qui  fut  plus  fufceptible  de  ces  fentîmens 
cjue  M.  rÂbbcTerraffbn  àqtii  vous  fuccé- 
Jcz  ?  Né  avec  un*  grand  fond  de  Phifofo^ 

Ht 


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74   MERCUREDE  FRANCE 

pbic  &  d'humanité  »  qai  furent  la  régie 
invariable  de  fa  conduite  ,  il  avoit  beau* 
coup  de  candeur  dans  le  traraâére  &~  de 
'fimpKcicé  dans  les  mœnrs.  &  modeftie 
franche  &  naïve  ne  cherchoit  ,  ni  à  fe  ca- 
cher ,  ni  i  fe  moncrer ,  Se  Ton  indifférence 
pour  la  fortune  y  n'avoit  rien  du  fàfte  ni  de 
la  groffiereté  des  anciens  Philofophes. 

Dts  qualités  fi  précieufes  &  fi  rares  roc 
feroienc  prefque  oublier  Tes  talens  \  &  il$ 
ctoient  y  ainfi  que  Tes  connoiflànçes,  d  une 
grande  étendue. 

Bientôt  ils  furent  apperçns  Se  encouragés 
par  cet  homme  célèbre  ,  à  qui  nul  genre  de 
mérite  littéraire  n'échappe,  parce  qu'il  les 
réunit  tous  fiipérieurcmem.  Le  choix  qu'il 
fit  de  M.  l'Abbé  Tcrraflbn  pour  fi>n  ElevQ 
i  l'Académie  des  Sciences ,  le  travail  que 
cette  Compagnie  confia  i  cec  Académicieu 
pendant  un  grand  nombre  d'années^proo- 
vent  mieux  que  tout  ce  que  je  pourrois 
dire  ,  quel  étoit  fon  métite. 

De  tous  les  Ouvrages  que  nous  a  Ldflé 
M.  l'Abbé  TerralTon  »  la  Tradu(^(m  de 
Diodore  de  Sicile ,  eft  celui  qui  a  été  le 
plus  généralement  applaudi. 

Vous  connoifiez  >  M.  les  difficultés  de  cec» 
te  forte  de  travail ,  &  vous  en  recevez  une 
técomnenfe  auifi  prompte  que  diftinguée^ 

Ccft  à  vous  >  Monfieur  >  a  nous  d4* 


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r 


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FEVRIER.      lyyi.       jf 

iSotninagcr  de  la  perte  que  nous  avons  fai- 
te. Ne  craignez  point  cependant  que  TA- 
cadémie  Toit  injufte  dans  Tes  vues  ,  ni  dans 
iês  efperances.  Quelque  avantageafesqae 
foient  celles  qu'elle  a  conçues  de  vous  >  ei« 
le  fent  que  vous  avez  par  état  un  premier 
devoir  ï  remplir  ,  qui  s'allieroit.mal  avec 
des  travaux  qui  demandent  reus  les  inf* 
tans  de  celui  qui  s'y  livre  -,  &  un  homme 
tout  entier  fuffit  à  peine  à  toutes  les  con- 
noiflances  qu'exige  la  fcicnce  de  la  guerre. 
L'Académie  défire  donc  de  vous  ,  Mon^ 
{jcur,que  continuant  de  cultiver  avec  foin, 
pendant  que  la  paix  vous  en  donne  le  loi- 
fir  ,  ces  heureux  talens  cjue  vous  faites  pa- 
roirre  ,   vous  regardiez  comme    un  des 
tdojensles  plus  efficaces  de  les  perfcâion- 
ocr  ,  faffiduité  à  (t:%  a0cmblées. 

Que  ne  puisi-je  moi-même  en  donner 
l'çxcrople,  &  fuivre  mon  ipclination  :  fj 
donne  du  moins  mes  regrets^  &  des  re- 
grets très-fincéres  >  dans  la  forte  perfuanon 
où  je  fuis^  combien .  les  Letues  fêcvenr  à 
la  i^Loirc  des  Empires. 

Kf  •  l*Abbb'  de  Bernis  termina  la  Séance 
par  des  réflexions  fur  l'efprit  dufiéde  :  el- 
les forent  trouvées  ingénieufes  ,  fines ,  pi-  ^ 
qaantes  »  tout  à&it  clignes  de  l  Ecrivain 
crcs  efiimé  &  uès  cftimable,  qui  les  faifpit« 
-  Dij  • 


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yt   MERCURE  DÈFRANCÈ, 
E   P   I    T  R   E 

jl  Mddame  U  Mar^uife  de  Gwbriant. 

NOn  ,  non ,  de  nos  Pédans  c*cft  une  vieille 
erreur j 

La  Vertu  modefte  &  fincére  , 

L'aimable  &  couchante  candeiir 

A  la  Cour  n'efl  point  étrangère  : 

Lès  Rois  du  vrai  mérite  auguftes  Protedbears^ 

Pour  Iç  voir  ont  des  yeux  ^  pour  Taimec  ont  de^ 

cœurs  ; 

J'en  attçftc  Sully  piçs  4u  Trône  appelIéC| 

Ouï ,  par  ce  jufte  ckojx  notre  attente  eH  combWe  ^ 
Oui  >  fans  prefque  fonger  l  ces  divins  ayeux  , 

Sur  qui  votrç  vertu  fuprême 
Vcrfe  cncor  plus  d'éclat  «jii'cllc  n'en  reçoîr  d'coît  -  . 
Nos  cœufs  en  vous  nommant  ^  ne  non^nioient  qa^ 
vous  m^me, 

Enfin ,  vous  la  voyez  ,  cette  fuperbe  Cour  ; 
La  t;Q  de  tant  de  vœux  ,  Tobjet  de  tant  d'amoar  % 
Dangereu(«  beauté  ,  dont  les  rizueurs  cruelle^ 
Portent  le  défelppir  daps  les  cœurs  déchir({s  J 

Et  dont  les  faveurs  infidelles  , 
Igatent  fans  retour  les  mortels  pny  vrés  ; 
Qu'a  fpn  char  triomphant  Tillufion  enchainçj 

gttvaiaduCynjjuroTguciUçœi  - 


>y  Google 


FEVRIER.      175t.      77 

DmSJios  craDfpons  jaloox  ooasafFcûons  la  haine 
£n  vain  nous  noas  armons  de  dédains  foordlieoxt 
(  Vain  dépit  d'un  amant  comte  Ton  inhumaine  } 
Vo  regard  ,  un  foaritei  Ces  pieds  nous  ramène. 

Là ,  le  calme  trompenr  d'un  jour  pnr  èc  ferein 
Voile  l'orage  afireai  qui  fc  forme  en  fon  fcrn  ; 
L'oeil  ne  voit  point  partir  la  foudre  impétueufe  , 
Qui  brife  des  Sejans  la  tête  fùftueufe  ; 
L'efpoir  d'un  air  flatteur  préfentc  il  nos  dcfirs 
Dans  an  lointain  brillant  la  gloire  8c  les  plaifi:S| 
Da  Soleil  dans  ces  lieux  la  Majefté  préfente 
DiTpenfe  ,  avec  douceur  ,  fa  clarté  bien^ilànte  • 
Aftres ,  qui  de  la  terre  éblouiffez  les  yeux  , 
Vous  devez  à  lui  feul  votre  éclat  &  vos  feux* 
Vêts  ce  centre  (acre  de  gloire  &  de  lumière 
Kotre  ame  avec  ardeur  s'élance  toute  entière  $ 
Aînour  !  porte  nos  vœux  8c  nos  tranfports  divers  j 
A  ceTÎvanc  Portrait  da  Dieu  de  l'Univers  • .  • 

Mais  oà  m'a  tranfporté  mon  zélé  téméraire  ? 
.Où  fuis-je  ? .  «. .  Ah  !  tant  d'éclat  n'cft  point,  fait 
pour  mes  yeux. 
La  veuve  du  défenfeur  d'Aire , 
La  fille  des  Sullis  peut  vivre  avec  les  Dieux  ; 
Moi ,  que  le  fort  condamnera  ramper  fur  la  terre; 
|e  retombe ,  8c  vous  laifle'au  réjour  da  tonnerre* 

Sor  le  débris  fanglant  des  vices  abbatus 
Cet  immortel  Kobxy ,  dom  vous  foivez  les  tracoi  i 

D  iij 


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78  MERCURE  DE  FRANCE. 

A  côté  des  Amours ,  des  Plaifirs  &  des  G  tacct 
Datns  ce  réjour  brillant  fie  regoer  les  vertus^ 
L'Envie  ,en  frémiflant  admiroic  Ton  courage  f 
A  des  eTprits  jalou» ,  dans  âc$  fours  pleins  d'arageî 
^on  auftére  équité  fit  rcfpeélcr  les  Loix 
"9^  -plus  grand  des  mortels  &  du  meiilear  det 

Rois  5 
Tendre  ami  de  fon  Maître  ,  8c  foutien  de  fa  gloîre; 
Peuples  ,  aux  pieds  du  Trône  il  porta  vos  doulearf 
II  foulagca  vos  maux ,  il  efluya  vos  pleurs- 
il  fçayoit  que  l'Amourjiu  Temple  de  Mémoire , 
Au-deflus  des  Vainqueurs  &  des  Rois  Cou^éu 

rans ,    . 
Grave  les  ndms  facrés  des  Héros  bienfaifans. 

Sully  ,  vous  retracez  ce  rare  &  noble  exempte 
A  cet  Aftres  naiflans  que  l'Univers  contemple  ^ 
Délices  de  la  France ,  ornemens  de  la  Gour., 
De  l'Europe  attentive  Se  l'cfpoir  &  l'amour  ; 
Le  Ciel  en  leur  donnasr  les  vertus  de  leur  merel» 
Leuc  promet  pour  époux  des  Rois  ,  tels  que  Icilv 
père. 


.%^ 


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IfEVriER.     1751.       7f 
SEANCE  PUBLIQUE 

2>^  rjicadémie  Royale  des  Scientes ,  le  Sdr, 
medi  ^  15  Novembre  1750. 

MOnfiear  de  Fouchj  ,  Secrétaire  Per- 
pétuel de  1* Académie , lut  Iclogc 
de  feu  M.  de  Crouzas,  Il  le  peignit ,  com- 
me un  Critique  plein  de  bonne  foi ,  un 
Phyficien  fort  exaft ,  un  Métaphyficicn 
fiibtil ,  un  bonCéométre ,  un  homme  d'un 
goût  (ur ,  &  ce  qui  eft  plus  rare ,  comme 
un  Théologien  modéré. 

M.  de  laCondamine  lur  cnfuite  THif- 
toirc  des  travaux  des  Académiciens  ,  en- 
voyés par  ordre  du  Roi  fous  l'Equateur  , 
depuis  173  5  jufqu'en  1741  >  fervant  d'in- 
iroduâion  au  Livre  ,  qui  a  pour  titre  : 
Mefare  des  trois  premiers  degrés  dn  Aiiri-^ 
dien.  » 

M.  de  laCondamine  occupa  très- agréa- 
blement Taflcmblée  par  la  IcAure  de  fon 
Mémoire  \  on  fut  effraye  des  périls  qu'a- 
voient  couru  nos  Académiciens ,  étonné 
de  leur  courage  ,  &  charmé  de  leur  travail. 
Si  ces  hommes  généreux  avoient  eu  be- 
(oin  d'apologie  ,  ils  auroienc  été  pleine- 
ment juftifiés  par  le  détail  dans    lequel 

D  iiij 


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So  MERCURE  DE  FRANCE. 

M.  de  la  Condaminc  entra  :  il  n'eft  plal^ 
fi^rprcnant  que  le  voyage  de  ces  Mcfficor^ 
ait  duré  dix  ans  i  il  eft  feukmeiit  furpre- 
nant  qu'il  n'ait  pas  été  interrompu  cent 
fois.  Comme  le  Mémoire  de  M.  de  la 
Condamine  ne  fut  lu  qu'en.parrie ,  &  qu'il 
eft  fous  preffe ,  nous  n'en  donnerons  point 
d'extrait.  Le  Public  verra  bientôt  que  cet 
Ouvrage  mérite  d*ctre  lu  en  entier  ,  Sc 
qu  il  doit  tenir  une  place  diftinguée  entre 
le  peu  de  voyages  fur  lefquels  on  peat^ 
compter. 

M.  Rouelle  termina  laێance  par  dire 
des  chofes  très-carieufes  fur  les  enbaume- 
mens  des  Egyptiens  î  on  fera  bien  aife  de 
trouver  ici  quelque  détail  fur  cette  ma« 
tiere  ,  jufqu'ici  aflez  peu  éclaircie. 

PREMIER    MEMOIRE 

Sh}^  les  Embanmemens  des  Egyptiens  ^ 

Dans  lequel  on  fait  voit  que  les  fonde- 
mcns  de  l'Art  des  Embaumemens  Egyp- 
tiens^ font  en  partie  contenus  dan^  la 
defcription  qu'en  a  donnée  Hérodote  ,  & 
-on  détermine  quelles  font  les  matieres^  em- 
ployées dans  ces  embaumemens. 

Voici  le  paffage  d'Hérodote  traduit 
littéralement.  Il  y  a  des  hommes  en  BgyfU 
qui  font  métier  d^embaumer  les  corps.  QjMnd 


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F  E  V  R  1  E  R.      1751.      81 

':9nUkr  apporte  un  mort  ^  ils  montrent  au  for-» 
têur  des  modèles  Je  morts  peints  fitr  du  bois^ 
On  dit  ejue  U  peinture ,  oh  la  figure  U  plut 
recherchée  reprifente  celui ,  dont  je  me  fais 
Jcrupule  de  dire  le  nom  en  pareille  occurrence  .♦ 
Jls  en  montrent  une  féconde  ijui  eft  inférieure  k 
lia  première  y  &  qui  ne  coûte  pas  fi  chfr.  Ils 
en  montrent  encore  une  troifiime  ^  €fui  ejl  ato 
plus  bas  prix.  Ils  demandent  enfuite  jfuivant 
laquelle  de  ces  peintures  on  veut  que  le  mor$ 
/oit  accommodé,  ^près  quon  eft  convenu  dn 
modèle  &  du  prix  ,  les  porteurs  fe  retirent  s 
les  Embaumeurs  travaillent  chez  eux  pour 
embaumer  lé  corps  ,  &  voici  de  quelle  ma^ 
ntere  ils  exécutent  F  embaumement  le  plus  re^ 
cherché.  Premièrement ,  ils  tirent-  avec  un  fer 
oblique  la  cervelle  par  les  narines ,  ils  la  ti-' 
Xent  en  partie  de  cette  manière  yO'  en  partie 
par  le  moyen  dep  drogues  qu'ils  imroduifent 
dans,  la  tête  ;  enfuit  e  ils  font  une  incifion  dans 
le  flanc  avec  une  pierre  d^Ethyopie  éguifée ,  ils 
tirent  par  cette  ouverture  les  vif  cires ,  ils  les 
pettojent ,  &  les  papnt  au  vin  de  Palmier  , 
ils  les  pajfent  encore  dans  des  aromates  broyés  , 
en  fuite  ils  remplirent  le  ventre  de  myrrhe  pure 
broyée ,  de  canelle ,  &  £  rustres  parfums ,  ex-- 
cepté  £  encens  ,  &  ils  le  recoufent.  Ayant 
fast  ces  cbofes  ils  falent  le  corps  ,  en  le  cou-- 
vrant  denatrum  pendant  foixante^ix  fours., 
M  n*eft  pas  permis  defalér  plus  defaixame^ 

P  Y 


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8i  MERCURE  DE  FRAN'CE. 

dix  jours.  Quand  le  terme  efi  pajfi ,  ils  lavent 
le  mort ,  ils  enveloppent  tout  le  corps  avec  des 
bandes  de  toiles  de  Un ,  coupées  &  enduites  de 
gomme  ,  dont  les.  Egyptiens  fe  fervent  ordinal- 
rement  en  guife  de  colle.  Les  parens  prennent 
enfuite  le  corps ,  ils  font  faire  un  étui  de  bms  , 
en  forme  humaine ,  ils  y  renferment  le  mort^ 
&  l* ayant  enfermé  fous  la  clef ,  ils  le  mettent 
dans  un  appartement  defliné  a  ces  fortes  de 
caiffes  \  ils  les  placent  tout  droit  contre  la  mu^ 
raille.  Céfl  ainfiqi^ils  accommoient  les  morts^ 
fuivant  la  manière  la  plus  chère  &  la  plus 
magntfifjHe. 

Ceux  éjui  ne  veulent  point  de  ces  embaumC'^ 
mens  fomptueux  y  choififfitnt  la  féconde  manitre. 
On  embaume  leurs  morts  de  lafapnfuivame  : 
on  remplit  des  feringues  et  une  injHeur  onc^ 
tueufe  qilon  a  tirée  du  Cèdre.  On  remplit  1$ 
"ventre  du  mort  de  cette  Uqneur  ,fans  luifairg 
aucune  incifion  ,.  &  fans  en  tirer  tes  en^ 
trailles.  Quand  on  a  introduit  t extrait  dm 
Cèdre  par  le  fondement ,  on  le  bouche  pout? 
empêcher  que  VinjeBion  ne  forte  par  cette  voje^ 
enfuite  on  fale  le  corps  pendant  le  tems  prefcrit^ 
j^u  dernier  jour  on  tire  du  ventre  la  liqueur 
du  Cèdre.  Cette  liqueur  a  tant  de  force ^  qiCellt 
entraine  avec  elle  le  ventricule  &  les  entrait^ 
les ,  confumés  ou  diffouts  ,  car  le  nitre  diffout 
les  chairs  ,  &  il  ne  refle  du  corps  moft  que 
la  peau  &  les  os.  Q^uand  tout  cela  ejl fait  ^Uê 
le  rendent  fans  y  faire  autre  cho^e. 


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FEVRIER.      17JI.       Si^ 

ha  troijiitne  manière  cC embaumer  efl  celles- 
et.  Elle  ri! efl  ejnfloyée  que  pour  les  moins  r/- 
ches,  ytpres  les  injectons  far  le  fondement  ^ 
on  met  le  corps  dans  le  nitre  pendant  foixante* 
dix  jonrs  ^&  on  le  rend  kcenx  (jui  Pont  ap* 
porté. 

Ce  paflàge  avoit  ctc  inutile  a  tous  Icà 
Sçavans  qui  ont  fait  des  recherches  fur 
les  Mumics.  M.  Rouelle  ne  rapporte  pas 
leurs  4iffeiçns  fenrimens.  M.  le  Comte 
de  Caylus  les  ayant  rapportés  ,  &  fçavam- 
mcnt  difcutcs  dans  un  Mémoire  ,  qui  à 
été  lu  à  la  dernière  Affemblée  publique  de 
TAcadémie  des  Infcriptions  &  Belles  Lct-- 
très  ,  il  réfume  feulement  tout  ce  que  les 
Auteurs  ont  die  fur  cette  matière ,  qui  peut 
fc  réduire  à  deux  fentimens  généraux* 

»  Les  uns  qui  ont  peu  examiné  les  Mu- 
rt  mies ,  ont  cï\\  avec  Serapion  ,  que  le 
»  corps  entier  falé  a  été  embaumé  de  ma- 
»>  niere  ,  que  les  matières  balfatriiqucs  , 
i>  réfineufcs  ou  bitumineufes ,  fe  font  unifs 
»avec  les  chairs,  les  grailTes  &  les  diffe- 
>»  rentes  liqueurs ,  &  qu'elles  ont  formé 
9>  enfcmblc  une  mafîe  égale  ,  telle  qihpri 
»  Tobfervc  dans  les  Mumies. 

M  Le  deuxième  fentiment  eft  celui  d*un 
»  très-petit  nombre  d'Auteurs, qui  ontcxa- 
x>  miné  avec  plus  de  foin  les  Mumies  :  ils 
»  prétendent    qu'on  deflcchoit  le  corpl^ 

D  vj 

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84MERCUREDE  FRANCE 

*>  après  l'avoir  falé ,  &  qu'alors  on  lui  ap- 
>>  pliquoit  les  matières  balfamiqucs.  Ils 
a  regardent  rbumiditc  comme  une  caufc 
•>  de  corruption*  Quelques-uns  ont  voulu 
n  qu'on  féchât  le  corps  à  la  femcc  ,  d'an- 
al très  ont  cru  qu'on  faifoit  boiiillir  le 
9è  corps  dans  les  PiJfaJfhaltHtn  ,  pour  con- 
<i  fumer  les  chairs  &  les  grailTcs  ;  mais  que 
»  cette  méthode  n'étoit  que  pour  les  em-- 
i>  baumcmens  inférieurs. 

»L'infpcdion  feule  d'une  Munlie  ,  coo- 
w  tinuc  M.  Rouelle  ,  &  quelques  réflc- 
«xions  fuffifent  pour  faire  voir  le  peu 
»  de  vraifemblance  du  premier  fcntiment  7 
»  tous  ces  corps  font  dans  un  tel  état  de 
a>  féchereffe  ,  qu'il  eft  impoffible  de  poo- 
»  voir  imaginer  ,  qu'une  fi  grande  quanii- 
n  tité  de  d'ifFerentcs  liqueurs  ,  telles  que 
jj  celles  de  certains  corps  morts  de  mala.- 
w  dies  inflammatoires ,  qui  font ,  pour  ainfi 
«  dire ,  difibuts  par  des  pourritures  &  des 
»  corruptions  fubites  ,  puiflentêtrcabfor- 
*>  bées  par  les  matières  réfineufes  &  bal- 
»  famiques ,  qu'on  fçait  d'ailleurs  ne  faire 
«aucune  union  avec  l'eau.  Ainfi  cette 
»  grande  quantité  d'humidité  auroît  été  , 
»  par  la  fuite  ,  un  inftrument  de  deftxuc- 
a>  tion  du  corps. 

i>Lcs  fentimens  des  derniers  font  plas 
m  conformes»  à  l'état  où  font  les  Mumies* 


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:    1 

1  aD-  ' 


FEVRIER.     i7yi.       8/ 

j»  Ils  ont  eu  raifon  de  croire  que  les  corp^ 
M  avoicnt  éié  privés  de  leur  fcumiditc  avanc 
9»  d*être  embaumés. 

Enfin  ,  le  paflagc  même  d'Hérodote  i 
bien  entendu ,  met  la  chofe  hors  de  contro^ 
verfe.  Il  préfente  à  uu  œil  chymifte  Aes  lu- 
mières (uflSfantes  pour  découvrir  la  (uitc 
entière ,  &  le  vrai  fondement  des  embau- 
memens  Egyptiens.  »  Ce  paflàge  cft  rrès- 
»  court ,  dit  M.  Rouelle ,  &  ne  paroît  pas 
»  fuffire  pour  décrire  un  Art.  Cependant 
1»  il  a  cela  de  fingulier  ,  qu'il  renferme  la 
»  meilleure  partie  de  celui  des  embaimie- 
»  mens ,  &  qu'il  fournit  des  obfervations^^ 
»  qui  conjointement  avec  l'examen  de  dif- 
»ferenrcs  Mimiies ,  peuvent  en  démon- 
»  trer  les  fondemens. 

On  y  voit  d'abord  que  le  travail  ,  da 
moins  le  plus  exaft,fe  réduifoit  à  deux 
parties,  dont  chacune  remplifoit  une  vue 
diflFcrente  ;  dans  la  première,  on  avoit  pour 
but  d'enlever  aux  corps  toutes  leurs  li- 
queurs &  leurs  graiflcs ,  qui  eau fem  leur 
pourriture  &  leur  corruption.  Dans  te 
fécond  travail  ^  on  a  eu  (culement  en  vue 
de  défendre  les  cx>rpsdefféchés  de  l'humi- 
dité &  du  contaâ  de  l'air  ,  dont  on  con- 
noît  l'efficacité  pour  la  deftruûioa  des 
corps  orgaaifés. 

La  découverte  de  la  première  partie  da 


,y  Google 


ta  MERCURE  DE  FRANGE. 

travail  cft  fondée   fur  les  propriétés  dtt 
NatrHm ,  ou  nitrc  des  anciens.   Ce  Na- 
trHtn  ,  qui  eft  un  Tel  alkali  »  n'agic  pas  fur 
les  corps  des  animaux  comme  notre  nttre  , 
ou  comme  le  fcl  commun,  qui  confervent 
ces  corps  avec  leurs  graiflcs  &  cous  leurs 
fucs  ,  qui  les  afl&ifonnent ,  qui  les  falent  \ 
en  un  mot,  le  Natrum  diflTout  au  contraire 
les  grailfes  ,  &  toutes  les  liqueurs  anima- 
les. Les. embaumement  des  Egyptiens  ,  ert 
expofanc  un  corps  à laétion  du  Natrum 
pendant  un  tems  confidérable,  cnlevoient 
donc,  par  le  moyen  de  cet  alkali ,  les  li- 
queurs &  ta  gtaifle  ,  &  les  féparoient  deà 
parties  folides   &  fibreufes,  des  tendons,. 
des  mufcles  ,  de  la  peau  -,  ils  cmployoient 
le  Natrum  ,  précifément  comme  nos  Tan- 
neurs employent  la  chaux  dans  la  prépa- 
ration des  cuirs.   On  (çait  que  la  chaux 
agit  fur  les  fubftances  animales ,  comme 
les  fels  alkalis  ,  &  qu'elle  abforbe  &  en- 
levé ,  dans  le  cas  dont  il  s'agit  ,  le  fuc  des 
Eeaux ,  fans  endommager    leur  partie  fi- 
reufe.  Ainfî  les  Embaumeurs  Egyptiens 
tannoient  proprement  les  cadavres.  //  ne 
refioh  du  mort  tfue  U  ^ean  &  les  os ,  dit  Hé- 
rodote ,  c'eft-à-dire  les  parties  folides  Si 
fibreufes.  Cette  vérité  cft  confirmée  par 
plufieurs  defcriptions  des  Mumies ,  qu'on 
trouve  dans-difFerens  Auteurs ,  Se  par  Finf- 


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FEVRIER.    175T.       T7 

|ieftion  df  plufieurs  que  M.  Rouelle  a  exa^ 
minées  î  les  régumcns  ,  les  rendons,  le» 
^bres  charnues  des  mufcks  &  la  peaa 
font  confervés.         . 

Les  lotioos  qu'on  employoic  ,  felof» 
Hérodote ,  après  la  falaifon  ,  dans  la  prc^- 
miere  efpcce  d'embaumemens  ,  concou*- 
Toient  à  la  même  vue  ,  &  perfeâionnoient 
le  travail ,  on  eraportoit  par  ce  moyen  k» 
"partie  des  fubftances  dilToutes  par  le  Na^ 
trum  y  qui  ne  s'étoit  pas  feparéc  d'elle-mê- 
me y  Se  qui  auroit  retenu  de  Thumidité  fut 
les  parties  fibreufes ,  Se  par  eonfcquent  ub 
principe  de  corruption. 

On  ne  doit  pas  cire  en  peine  d*nne  ac- 
tion trop  vive  qu*on  pourroit  foupçonner 
^ns  ce  Natrmn  ,  capable  d  anaqucr ,  com-^ 
me  la  pierre  à  cautère  ,  les  parties  folidesy 
le  Natrum  n*eft  pas  fi  vit  ni  fi  cauftiquc 
que  1  alkali  fixe  ordinaire ,  &  à  plus  forte 
raifon,  que  ce  dernier,  animé  par  la  chaux» 
&  il  eft  même  affbibli  par  du  Tel  marin  qui 
y  eft  mêlé.  D'ailleurs  les  Embaumeurs  fça- 
voient  leur  métier  »  ils  avoient  des  dofes  y 
ils  ctoient  précifément  dans  le  cas  de  nos 
Tanneurs ,  qui  perdent  leurs  cuirs ,  lors- 
qu'ils les  expofent  à laâîon  trop  vive ,  ou 
trop  continue ,  de  la  chaux.  Cette  Loi  ^ 
dont  parle  Hérodote  ,  &  que  M.  Rouelle 
regarde  plutôt  comme  no  Statut  de  l'Aie 


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18   MERCURE  DE  FRANCE. 

des  Embaumeurs ,  qui  leur  défendoic  <lf 
faler  les  corps  pendant  plus  de  foixantc- 
dix  jours  ,  prouve  leur  attention  à  cet 
égard ,  &  fcrt  même  ^'un  nouvel  argument 
en  faveur  de  la  nature  alkaliue*de  ce  nitre 
employé.  Si  c'eut  été  un  fel  neutre  qiltr 
ces  ouvriers  employoient  à  la  falaifon  de 
leurs  corps  >  cette  régie  auroit  été  abfola* 
ment  fuperflue. 

La  féconde  partie  du  travail  confiftok 
À  appliquer  fur  les  corps  tannés  &féchés« 
des  matières  réiineufes  &  bitûmineufes  , 
&  â  remplir  des  mêmes  matières  les  grandes 
cavités  au  corps ,  le  ventre ,  la  poitrine  ôc 
la  tête.  Cette  partie,du  travail,  qui  faifoir, 
à.proprement  parler,rembauraement,  étdit 
la  moins effentielle  ,  puifqu'on  ne  lexéco^ 
toit  qu'en  partie  pour  les  cmbaumcnKns 
d'un  ordre  inférieur,  &  qu'on  la  négligeoît 
même,  abfolnment  pour  lesembaumemei>s 
du  dernier  ordre  ,  car  on  voit  des  Mumies 
(  &  M.  Rouelle  rapporte  la  dcfcription  de 
pluficurs  qu'il  a  examinées  lui-même  )  qui 
ne  font  recouvertes  que  de  bandes  de  toi- 
le ,  fimplenient  enduites  de  gomme,  &  il 
s'en  trouve  même  dont  les  pat ties  tannées 
&  féchécs  font  abfolumênt  à  nud.  C  cft 
par  les  variétés  de  cette  partie  du  travail 
des  embaumemens  ,  que  M.  Rouelle  en  di- 
vife  les  efpéces.L  étendue  ocdinaire  de  ne» 


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TE  V  R  T  E  R.      i7fi.      S^ 

jeitraits  ne  nouspermet  pas  d'encrer  dansct 
détail  y  qui  cft  très  curieux. 

M.  Rouelle  relevé  quelques  erreûra 
dans  le  paflfage  d'Hérodote ,  qu'il  etoit  en- 
core du  reflbrt  de  la  feule  Chymie  de  rec*- 
tîfierà  cet  égard.  Cet  Hiftorien  dit ,  dans 
la  defcription  de  k  première  efpéce  d'em- 
baumemens  ,  qu'on  rempli0bit  le  ventre 
du  cadavre  de  myrrhe  pure  pulvérifce,  de 
canelle  &  d'autres  parfums  ,  excepté  l'en- 
cens ,  avant  que  de  le  laver  &  de  le  faler« 

n  A  quoi  bon  ,  dit  M.  Rouelle^  remplie 
M  le  corps  de  myrrhe  &  d'aromates  avanc 
n  que  de  le  faler>puifqu'en  le  falant  on  em-- 
j9  porte  au  moins^une  partie  de  cesaroma- 
m  tes,car  le iV^/riij»  agit  puidàmment  fur  les 
«  matières  balfamiques  ,  en  formant  avec 
m  leurs  huiles  une  matière  favoneufe  ,  qui 
j»  eft  très-falable  par  l'eau  ,  Se  par  confé* 
j»  quenc  très  facile  à  être  emportée  par  les 
9  lotionsi  II  faudroit  donc>poar  donner  ua 
99  fens  plus  juftç ,  &  qui  convint  à  la  natu- 
99  re  des  chofes ,  &  à  une  jufte  applicatioa 
J9  des  matières  balfamiques ,  placer  la  (à* 
»  laifon  du  corps  >  &  les  lotions  aVant  l'ap- 
»  plication  des  aromates,  , 

Hérodote  s'eft  encore  trompé  ,  lorfqu'iL 
a  dit  au  fujet  de  l'embaumement  du  fécond 
ordre ,  qu'on  rempliflbit  par  le  moyen  de 
icringues  le  ventte  dumort/ans  y  faire  a^^ 


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-^ 


fo    MERCURE  DE  FRANCE. 

cane  incifion  ,  &  (ans  en  tirer  les  entraiU 
les  i  d'une  liqueur  onftueufe  tirée  du  Cè- 
dre, qu'on  bouchoit  le  fondement ,  pout 
empêcher  que  l'injcftion  ne  fortîr ,  qu'en 
faite  on  faloit  le  corps  pendant  le  tems 
prefcrk  ,  &  qi>au  dernier  jour  ,  on  tiroit 
du  ventre  la  liqueur  du  Cèdre  ,  qui  avoir 
tant  de  force  ,  qa\:lle  entraînôit  avec  elle 
le  ventricule  ,  &  les  inteftins  diflbus. 

V  II  eft  impoffible,  dit  M.  Rouelle,  conl- 
»  me  pluficurs  Auteurs  l'ont  déjà  remar-» 
•^quc,  défaire  par  le  fondement  upe  injec- 
té tion  capable  de  remplir  le  ventre.  Héro- 
dote a  été  trompé  dans  le  récit  qu'on  lui  a 
fait  de  cette  pratique  5  comme  aufli  fur  ce 
qu'on  peut  lui  avoir  dit  de  la  prétendue 
irertu  corrolîve  de  la  liqueur  du  Cèdre, 
•>  Car  comment  une  liqueur  far  qui  n'étoit 

•  qu'un  baume  ou  tinè   cfpéee  de  réfinc 
i»  molle,  telle  que  la  thétcbemine,  auroit- 

•  elle  pu  confumer  les  vifcércs  l  Les  Natu«» 
ir  raliftes  nous  apprennent  que  le  Cédria  a 
39  des  propriétés  diamétralement  oppofées 
9f  icelles  que  lui  donne  Hérodote.  La  plù- 
^*  part  difent  avec  Pline  Se  Diofcoride , 
9*  que  le  Cédria  cft  fi  vif  qu'il  bleflc  les 
**  corps  vivans  ,  &  qu'il  rend  les  corps 
»  morts  durables  ,  c'cft  ce  qui  fait  qu'on 
»  la  appelle  U  mort  des  vivani,  CT  la  vis  dci 
0  morts.    . 


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FEVRIER.      17p.      7t 

M.  Rouelle  conjeâurc  avec  fondement  ^ 
que  fi  le  Cédria  a  été  emploie  dans  ces  iiv- 
jcdtions ,  ce  n'a  été  qu'en  très  petite  quan-* 
tité  ,  &  comme  aromates  ;  &  que  leur 
baze  principale  a  été  le  Naimm  diflous,  ôt 
avec  plus  de  vraifemblance  encore  5  que 
cette  méprife  d'Hérodote  eft  précifémenf 
la  même  que  celle  du  premier  embaume- 
ment ,  dans  la  defcripiion  duquel  il  die 
qu'on  employoit  des  matières  réfineufes  tc 
balfamiques  avant  que  de  faler  avec  le  na- 
trum.  Ainfi  ces  injedions  avec  lajiqueur 
du  Cèdre,  n'ont  été  faites  qu'après  que  le 
corps  a  été  falé  &  lavé. 

Hérodote  a  répandu  une  autre  erreur  , 
que  tous  les  Auteurs  qui  ont  parlé  de 
Mumies  ont  adoptée.  Us  affûrent  tous  d'à» 
près  cet  Hiftorien ,  que  dans  les  embaume-» 
mens  les  plus  précieux ,  ou  employoit  des 
drogues,  aromatiques,  telles  que  la  canelle 
en  poudre. 

Toutes  les  matières  employées  aux  ent- 
baumçmensfont  purement  réfineufes  &  br- 
tumineufcs  5  &  ne  contienneri(t  aucune 
poudre.  M.  Rouelle' s'en  eft  afluré  par  plu- 
ficurs  expériences,  &  entres  autre  par  leurs 
diffolutions  dansl'efprit  de  vin.  D'ailleurs , 
le  but  principal  des  Embaumeurs ,  étoit 
de  deffendre  le  corps  detfcché  de  l'humi- 
dité s  &  les  matières  réfineufes  s&  faifaur 


>y  Google 


f»    MERCURE  DE  FRANCE. 

point  d'union  avec  Teau,  étoient  par  c«tt9 
propriété  les  plus  capables  de  dcffcndre  de 
rhaiiiidité  les  corps  fur  lefqucls  on  les  ap« 
pliquoit,  comnac  une  efpéce  de  vernis*  Les 
matières  végétales  organifées  ,  telles  que 
la  canelle  en  poudre ,  font  des  efpéces  d'é- 

fonges  f  capables  d'attirer  Tliumidiié  de 
air.  Audi  voi^on  que  les  Enibaumeucs 
ne  l'ont  point  employée.  S'ils  l'euflcnt  fait, 
ils  auroient  agi  diredement  contre  leurs 
vues ,  6c  ils  auroient  commis  une  faute 

Îfroflîcrc  contre  les  principes  de  l'Art,  tel- 
e  que  celle  qu'on  commet  dans  les  cm* 
baumcmehs  modernes. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des 
expériences  chymiaues  ou  dcsanalyfcs, 
que  M.  Rouelle  a  faites  de  toutes  les  ma- 
tières employées  dans  les  embaumemcns 
de  pluficurs  différentes  Mumies.  Les  réful- 
tais  de  cej  expériences  ont  fait  diftingucc 
à  M.  Rouelle  trois  cfpcces  d'embaumé- 
niensjdifferentes  par  leurs  matieres.Lc  pre- 
mic^r  avec  le  bitume  de  Judée  ,  le  fécond 
avec  le  mélange  du  bitume  &  de  liqueur 
du  Cèdre  ,  ou  Cédria  ,  &le  troifiémc  avec 
le  dernier  mélange  ,  auquel  on  ajoutoic 
•des  matières  réfineufes,  très  aromatiques. 

M.  Rouelle  a  examiné  encore  une  ma- 
tière balfamique  ,  très-odorante  ,  trouvée 
4an$  un  petit  pot  dans  les  chanabres  des 


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FEVRIER.  f7Çf.  •  ^f 
tHùtnits  ,  matière  qu'il  con|eaurc  .  avoie^ 
pu  être  employée  à  une  quatrième -efpéce 
d'embaumcynent ,  qui  aura  été  le  plus  pré* 
cieux, 

Au  refte  ,  fi. les  Egyptiens  ont  eu  en  vûa 
par  les  moyens  que  nous  venons  d  expofcr, 
de  rendre  IçutiS  corps  durables  ^  comme  il 
ne  paroir  pas  pern^ls  d'cndouter,  on  ne  fçau^ 
roit  trop  admirer  leurs  fuccès ,  puifqu'il  y  t 
de  ces  corps  qui  ont  été  embaumés  ,  il  y  4 
au  moins  deux  mille  ans  ,  &  qu'on  peut 
conjcâurer  quejlesMumies ,  fur  tout  celks 
qjii  font  encore  renfcrpiées  dans  leurs 
chambres  ,  doivent  durer  une  longue  fuite 
de  fiécles.  Cette  conjcfture  n'eft  ppint  ha- 
fardéc  ;  voici  un  fait  fingulier,  qui  indique 
quelle  peut-être  la  durée  immenfe  des  Mu- 
mies  j  il  eft  rapporté  dans  THiftoire  Natu- 
relle de  TEgyptéde  Ptofper  Alpin  :  voipi 
h  paflage.ii/o/  intrà  (jfêqddam  medpcafHm  ca^ 
élevez  ii^vmmH^  fcarabeum  magrtHtn  ex  lafi^ 
de  marmêreo  efformatum  ,  tjHod  intrà  pcElni 
cwn  Ubanotidis  aronarii  remis  repojitùmfye'^ 
rat^  JmredibiU  diSlu ,  rami  roris  marim  qui 
fina  enm  Jdolo  inventif  fnerum  ^folia  u/^iée 
adeo  veridia ,  &  recemia  vifit  fuerum  ,  ^$ 
$â4ie  kfl^mâ  decerùti ,  &  fofiti  afpHrHf^t , 


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H.  MERCURE  D^E  FRANCE. 
ODE 

Sur  U  mort  de  M.  le  Mâricbd  de  Saxe, 


M. 


L  Aurlce  notre  appui ,  pat  (es  nobles  travaux 
Sçut  fiieHa  viftoire ,  &  confondre  l'envie; 
ULxneurc  :  nos  ennemis  ,  &  même  Tes  rivaax  ^ 

Fleurent  fa  mort ,  &  célèbrent  fa  vie. 

Dix  luftres  l'ont  (bumîs  au  cifeau  <l'Atropo#  l 
I>es  fête?  (  qui  reuc  crû  )  marquoient  desfuné-* 

railles» 
Une  vapeur  funeûe ,  au  milieu  durrpos  » 
Pécruit  ce  qu'épargna  le  hazard  desbataillesl 

Maurice  ,  tu  n'es  plus ,  une  fapréme  loi 
T'interdit  ces  caveaux,  od  Guéfclin  put  defcentlrei 
STu  nous  laifleâ  choifir  pour  dépôt  de  ta  coàdre  , 
Raucoux  ,  Laûâel  ou  Fontehoy. 

♦«sa* 

'Celui  qui  vit  la  Grèce  i  fa  perte  échauffée , 
Hepofe  dans  les  lieux, dont  il  fut  le  flambeau  ? 
dpus  les  débris  de  Troye  Achille  a  fçn  tombeau  ^     . 
Leur  monument  eft  leur  trophée* 


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FEVRIER.       îrjt;      pf 
.f.e  nombre  d'ennemis  animoît  tes  foldats  ; 
tis  bravoient  les  torrens  ,  les  glaces ,  les  tempêtes  | 
Minerve  dirigeoit  ton  réjosc  &  tes  pas  ; 
X<s  camps  é^oient  des  forts  ;  tes  marches ,  de| 
conduites. 

te  repos  t^a  perdu  ;  les  bataillons  épaîs 
llenoavellotent  ta  force,  &  fignaloient ta  gloirçl 
Tu  meurs  dans  le  fein  de  la  Paix, 
Toi ,  <|ue  ranima  ta  viiftoire, 

I.*une  t'ëgaîff  atii  plus  fameux  Vainqueur^! 
L'autre'  arrêta  tes  projets  vaftes  ; 
Tu  vivr^s.toujours  dans  nos  faftet 
Tu  feras  gravé  dans  poscœ^rs* 

Que  fous  toi  de  H^ros  élevés  pour  les  armeit 
^u  revivras  dans  eux  $  tes&its  font  des  leçons  ; 
tVous  qui  de  (es  lauriers  partagiez  lesmoiflbnSf* 
^1  ménagez  le  (âng  ,  prodiguez- lui  des  larmes* 

TailUndiir^ 


s^ 


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^£  MERCURE  DE  FRANCE. 

VERS 

^  Snr  le  memefujeu 

MAurice  n'cft  donc  plus!  Le  rengcnrdc  b 
France 
Cft  plongé  ppux  jamais  dans  la  nuit  du  trépas  î 

Çuc^ti^.rs,  qui  fuivîtes  fcs  p^ , 
liéroSy^Hi  fécondiez  fa  valeur  ,  fa  prudcace; 
£ncourez  (on  cercueil  ,  intrépides  foldats  ; 
Venez  ,  venez  montrer  votre  douleur  extrême^ 

Puirqu'Achille  a  pleuré  lui-même^ 
"     Pleure» ,  &  o'en  rougiffez  pa»^ 
fous  les  coups  de   la  mort  quand  Maurice  foc-* 

combe  ; 
Si  pour  faire  de  lui  Pélogc  le  plus  vrai , 
Il  vous  manque  la  plume  &  l'Art  de  Mezeraî  J 
La  poipte  d'une  épée  écrira  fur  fa  tombe ,  ' 

^pntenoi ,  Mafiricht  ^  Courtrai  ; 
jPpur  rappcllcr  toujours  l'Hiftoirc' de  fa  vie  j 

Gf^ve^i  fon  nom  fur  vos  remparts  j 
Répétez  tou^  cnfemble ,  en  marchant  aux  hazardsl 

Il  vainquit  1*A  nglois  &  l'envie  ; 
ta  Vi£loire  en  tous  lieux  fuivit  fes  étendarts , 

Et  s'il  n*a  point  crd  ,  ce  grand  Homme,' 

Ce  qu'on  croit  aaiourd'hoi  dans  la  nouvelle  Rome. 

|1  coflîbattit  du  moins ,  comme  au  tems  de  Cczars. 

Turcnncj 


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FÉVRIER;      t75i;       ^f 

Turcnne ,  invincible  Turenne  > 
.  S'il  avoic  ixwvié  ta  foi  $ 

O  que  fan  ombre  fetoit  vaine  ,  ^ 

•    D$5  fc  voir  â  côté  de  toi  î 

Prançoîs  ,  fi  votre  aufHre  Loi 
lî'ofe  ouvrir  Saint  Denis  i  ce  grand  Capitaine; 
Allez  porter  fon  corps  aux  champs  de  Fontenoi.  * 

Enterréz-le  fur  la  frontière , 
Dans  ces  lieux  6d  mourant  il  défendit  fon  Roi.     ' 
Son  corps 'fera  pour  voiis  une  siiie  barrière , 
Oii  l'Anglois  plein  de  rage  &  de  honte  &  d^efiroî^ 
Servira  de  vidîme  au  fanglant  facrifice  , 
Que  vdiis  ferez  uû  jour  aux  mânes  de  Maurice* 

Le  Clerc  de  Munmerci ,  jivocst  an  Par^'^ 
Ument» 

y  E  R.  s 

Trifentis  à  ïf.  >.  X  M.  le  Dhc  de  Chartres  i 

^  p^^  Liverloz ,  jil^i  y  Maître  Ecrivain  des 

Pages  h  S.  a:  S.  M:  U  Dite  d'Orléans. 

A  l/gufte  fils  de  tant  de  Rois , 
Héritier  du  Héros  d'immortelle  mémoire  ; 

Dont  les  confeils  ^  les  exploits 
Du  régne  le  plus  beau  préparèrent  la  gloire, 
Vqus  êtes  I  comme  iui^  le  Proteâeur  des  Atts  | 

E 


,y  Google 


l)S  M  ERCUR^DE  FRANCE. 

Ceu|[^ù^èx«rfe{itSenotine  de  Mats 
Ont  occupé  vos  jours-4«»^^nr  et  f^tx£aà^  : 
La  Paix  qu'i  llln/ivets  :visiit  d'accordée  lSi>France, 
Sur  des  travaux  tnMistiiit^  ^itke  Vos  reg^lds» 
Le  goût  judicieiix  >  Se  la  m^Dificçocc      * 

Vous  doivent  leur  eflor  heureux  4 
Vos  Palais  «rabellis ,  vos  âîpe^açles  pompeux  » 
Tout ,  du  même  génie  annoucei'influence. 
Vous  attachez  le€  cœurs  par  les  plus  doux  liens  ;   . 
Vous  tempérez  l'éclat  de  la  grandeur  fuprême  , 

Et  vous  voulez  que  Paris  même  , 

Vous  compte  entre  (es  Citoytns. 

Tr©^  heureux  l^crivitn  ,  dont  fa  pkitiie  Wgéte^ 

fera  dt  vos  vertus  le  p^tcajt  ^<^^  { 

Mon  Art ,  de  tous  les  Arts  le  premier  cultiva , 

Se  borne  â  l'inftrument ,  au  traie ,  an  caradére  ; 

C|ai  rendeàc  nàe  idée,  &  la;pet^MtataQx  7)^1x4  ; . 

Chez  vous  tous  les  talens  ont  un  accès  facile. 

Le  mien  inférieur ,  n'cft  pas  le  moins  utile» 

Oferai-jel'offiir  i  l'Enfant  psécfeux», 

^ae  les  Mufes  bientôt  s'emprefiéront  d'ioftruirel 

Nous  leur  préj^arpos  {c  chemin  :      * 
Ne  pourrai>je  afpirer  à  l'honneur  de  conduite 
Les  premiers  trait;;  ^ue  formera  Ci  main-? 


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'FFVRIER      175t.       9^ 

On  â  du  expliquer  les  Eaigmes  &  le 
Logogriphc  du  Mercure  de  Janvier ,  par 
les'Perdremx ,  Ufimlier ,  l^jlpmicaire  &  U 
ie^lU  MUe  de  Lëfcdris  yèXl^  àt  feu  M.  le 
Marquis  d'Urfé.  On  trouve  dans  le  Logo- 
gripbc,  cmfi ,  U  Cmire ,  fit^  CAft  ou  c^fetc^ 
partie ,  paire ,  dir  ^  ire  ,  porc  ^or^fat^  râpè^ 
cote  &  carPe^ 

ENIGME. 

V>  Ifiq  voyelles  ,  aoe  confonne, 
S'ofiienc  pour  fortner  moa  Hoxa  , 
Bt  je  porte  fur  ma  f  erfonne 
^    De  )uoi  l'écrire  (âm  crayon, 

A   V    T  R    E. 

xj  Ans  la  prifon  ,  4  qui  je  fers  de  porte] 
I.orfque  je  fuis  fermée  ,  on  cft  en  liberté  ; 
'  Mais  on  m'ouvre  pour  faire  en  forte 
Que  tous  les  Habitaos  foient  en  captivité,   ^. 


«^ 


Eij 

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ipo  MERCURE  DE  FRANCE. 


LOGOGRIPHE. 


3 


E  ne  manque  point  de  compagnes  ;    . 
Dans  les  fauxbourgs ,  les  villes  »  les  campa« 

goes. 
Enfin  par  tout  «  od  l'on  voit  des  maifons  ^ 
On  mp  trouve .;  je  fuis  plus  qne  jamais  utile 
Dans  l'une  des  quatre  faifoos  ; 
A  deviner  frimb ,  je  fuis  facile  ; 
Mais  pout  t*aider  eacor  plur,  combinons  t 
Voici  ce  que  mon  nom  en  huit  lettres  préfènte  ^ 
Ce  que  tout  voyageur  doit  prima  bien  ffavoir  ,^ 
Ce  qui  dans  TEglife  fe  chante  ; 
Ce  qu'un  vieillard  â  table  veut  avoir  ; 

Un  infttument  qui  fert  en  guerre } 
Ce  qu'i,  Philis  on  eft  charmé  de  fairQ  ; 
Certain  engagement  qui  paroît  plein  d'attraits  f 
Mais  qui  du  repentir  eft  fiiivi  d'ordinaire  ^ 

Le  contraire  dej'épais  ) 
Uit  Pays  étranger  ,  que  ta  C Wne  on  appelle  j 
L'ame  d'une  bougie ,  ou  bien  d'une  chandelle  f    ^^ 
On  en  tiie  encore  ,  Leâeuc , 
ït  c'cft  tbut  ;  une  Comédie , 

Dont  une  Dame  eft  l'Auteur  , 
St  ^«i  lui  fait  une  gloire  infinie» 


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FEVRIER.      1751.     toi 
ji  V  T  R  n. 

POar  ftrvir  les  bumains ,  dès  long-tems  !n4 
ventée , 
Je  fuis ,  Leâeur ,  cberemenc  achetée  1 
J'embellis  un  appartement  ; 
Je  fuis  utile  au  riche  feulemébt  1 
^on  tfpéce  eft  multipliée  ; 
J'ai ,  Ledeur ,  mainte  &:  maintes  fctnttj 
J'en  ai  de  divcrfes  cpuleurs  j 
If  âîs  au.  même  u£»ge  employée^ 
Un  inlèâe  produit  ma  compofitîofi  ^ 
Kf  ais  ,  hélas  \  dè$  qUe  je  fuis  née , 
Led^eur ,  furs  je  coupable  ou  non> 
Au  feu  je  me. vois  condamnée* 
Durant  ma  trille  deflinéc  $ 
Les  hommes  font  cet|ui  leur  femble  html 
Si  tu  cherches  quel  efl  mon  nom , 
Donne  audience  â  ta  penfée  » 
£t  pour  t'aider  â  percer  la  nuée, 
Obferve  ma  difleâion. 
Six  lettres  ne  font  pas  une  petite  affaires 
J'offre  à  qui  veut  les  arranger 
De  telle  ,  ou  de  telle  manière , 
D'abord ,  ce  que  produit ,  l'eau  jointe  i  la  pou£i 

fiere;       v 
Puis  un  oifeau  ,  médiocre  manger  | 
Que  Top  prife  peu  d'ordinaire  ; 
Vn  beau  jeu  qu'aiment  les  enfans; 


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loa  MERCURE  DE  FRANCE. 

Du  corps  hamaia  une  partie  ^  ^    . 

XJu  mecs ,  non  pis  dei  plift  friands  ,^ 

Que  donne  le  Cluffear  ^ren^urd  tost,  eiî  vie^ 

Dont  il  meurt  en  très-peu  de  tems* 

En  me  donnant  xioê  nouvelle  allure  ^ 

Tu  peux  encor  trouver  dans  ma  ^uâure , 

Ce  qui  paroit  aux  afalheureiix  trop  long  3. 

Aux   gens  heureux  ttop  court  ;  un  membre  ip 

:  poifibn } 
Un  des  cinq  fens  de  la  nature  $ 
Un  Saint  faimeux  ;  le  nom  d'an    d«s  Rok  d# 

Basao; 
L'endroit  du  Choeur  ,  od  d'ordinaire 
On  s'en  va  folemuellement  - 

Chanter  l'Eptrre ,  &  mainte  autre  prière  j 
Celui  qui  rempli  d'équité  , 
Punit  le  crkne ,  &  venge  l'innocence  ,*^ 
Bref,  un  des  plus  puiffaas  Comcés. 
Mais  j'en  dis  trop  \  après  tous  ces  atticlef  i  ^ 

Si  eu  ne  trouves  pas  quH  y  en  ait  aHex  ; 
Pour  mieux  me  deviner  ,  Leâeur  »  prends   tef 

:  béficles , 
Peut-être  fuis-je  i  tes  câtéi  » 


^/^ 


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F  E  T  R  I  E  R.    1751.        10 j 
NOUVELLES   LITTERAIRES. 

ŒUvRES  Jk  M.  de  Crebilhm  ,  de 
rAcadémie  Fratiçoire.  A  Paris ,  dû 
llmprîmcric  Rojaic,  1750,  w-4*.  Deux 
volâmes* 

Lilooneur  d*êtrc  îniprimé  au  Louvre  ^ 
qni  D  avoir  jamais  été  accof  dé  â  aacuii  de 
nos  Poètes ,  eft  k  preuve  de  la  grande  ré-, 
pararion  de  M.  de  Crebîlloa ,  &  j  met  le 
comble.  Ce  grand  homme ,  à  qui  notre 
Théâtre  a  dû  une  très-grandc  partie  de  Cz 

{jloire ,  &  des  beautés  inconnues  fur  tous 
es  Théâtres  du  monde ,  voit  couronner 
fe  vicillcllè  par  ce  qui  peut  le  phis  flatter 
Tbomme  de  génie  ,  une  très  belle  édition 
àc  fes  ouvrages.  La  poftérité,  qui  penfera 
comme  nous  fur  M.  de  Crebillon  ,  admi- 
rera après  nous  un  Souverain  qui  apprécie 
les  hommes  en  Philofopbe  ,  &  les  récom- 
pcnfe  en  Prince. 

Tablettes  historiques  ,  Généalogi- 
ques &  Chronologiques  contenant  les 
rerrcs  du  Royaume ,  érigées  en  titre  de 
Marquifat ,  de  Comté ,  de  Vicomte  &  de 
Saronnie ,  avec  deux  Tables  alphabéti- 
ques ,  Pune  des  noms  de  fauûUe  ,  laurr» 
îics  jiomi  de  Tenes.    jt  Psris ,  chc»  U 

£  iiij 

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Ï04MERCURE  DE  FRANCE. 

Gr4/,  Salle  du  Palais >  L^nglois  ,  rue  Saint 
Jacques  ;  la  veuve  le  Gras ,  Galleric  des 
PrifonnicrS)  la  veuve  Loj^nejle ,  rue  vieille 
Bouderie,  Un  volume  />/-i^. 
'  Le  feul  titre  du  Livre  en  annonce  rutili^ 
té  9  &  en  fait  l'éloge  i  perfpnne  ne  devroic 
négliger  d'avoir  un  ouvrage  qui  donne  des 
connoiflanccs  néceffaires  oans  prefque  tou- 
tes les  conditions  ,  &  poUt  la  plupart  des 
converfacions.  Il  fuflSt  de  dire  que  les  Ta- 
blettes que  nous  annonçons^  font  de  M. 
de  Nantigny ,  pour  annoncer  qu'elles  font 
exactes ,  méthodiques  &  approfondies. 

La  Feume  H^efi  pas  inférieure  à  Vhomme\ 
ouvrage  traduit  de  TAnglois,  A  Londres  ^. 
*c  fe  vend  à  Paris  ,  chez  flocherean ,  Quai 
de  Conti  >  au  Phénix. 

On  s'eft  propofé  de  prouver  dans  cet 
ouvrage  ,  que  l'opinion  qu'on  a  ordinal- 
jement  des  femmes  ,  cft  auflî  fauflfe  qu*in- 
juricufe  ,  &  qu'elles  font  auflî  propres  que 
Jcs  hommes  aux  Sciences  >  à  la  guerre  ,  ajti 
Gouvernement.  L'Auteur  a  dit  tout  ce  qui 
fè  peut  dire  de  plus  fenfé  ,  &  de  plus  fort 
fur  cette  agréable  matière  s  onauroit  peut^ 
être  fouhaité  qu'il  l'eût  dit  moins  grave- 
ment ,  &  avec  un  peu  plus  d'élégance.  Ce 
défaut  n'empêche  pas  que  l'ouvrage  ne 
foit  bon  ,  &  qu'il  ne  mérite  d'être  lu. 

Etrennbs  de  raraour  aux  Çamcs ,  poiu; 


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FEVRIER.    1751^      fôf 

Tannée  .175 1  ,  pat  J.  F.  GuicharJ.  A  P4* 
ris  ,  chez  L.  C.  GuillaMmc,  Libraire  du 
Marché  Palu. 

Cette  bagatelle  eft  écrite  agréablement, 
facilement  ôc  décemment. 

Lb  Mechanique  des  Langues  ,  & 
l'Art  de  les  cnfeigner  ,  par  àî.  Pluchc.  A 
Paris  chez  la  Veuve  Etienne  y  Se  fils,  rue  S. 
Jacques  175  i.  /»  1  a  un  volume. 

M.  Pluchc  ,  Auteur  du  Speélacle  de  la. 
Narurc  ,  Ouvrage  infiniment  cher  à  tous 
ceux  qui  aiment  THiftoire  Naturelle ,  ou 
la  Vertu  ,  continue  à  fe  rendre  utile.  Le 
Livre  qu'il  vient  de  publier  ,  eft  tout  à  la. 
fois  un  livre  de  Grammaire  ,  de  goût  &  de 
Critique.  On  y  examine  d'abord  pourquoi 
les  jeunes  gens  font  des  progrès  fi  lents 
dans  les  Langues  fçavantes  ;  on  en  trouve 
la  caufe ,  &  on  7  applique  ,  à  ce  qui  nous 
â  paru  ,  le  remède.  Après  avq^r  enfeignc 
le  Latin  &  le  Grec  ,  M.  Pluche  entreprend 
de  former  le  goût.  Il  propofe  pour  cela 
l'étude  des  Anciens  ,  &  il  caradtérifc  très- 
bien  leurs  Ouvrages  ôc  leurs  differcns  talcns. 
Cet  Ecrivain ,  véritablement  zélé  pour  tes 
Lettres  ,  termine  fon  Ouvrage  par  une  in» 
veâive  affez  vive  contre  ce  qu'il  appelle 
le  ftyle  moderne.  Nous  allons  copier  ce  cu- 
rieax  morceau 

Les  Habicans  du  midi  de  la  France  ^  dir 

TE  V 


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io6  MERCtTRÉ^  OÉ  ÏRAMtE. 

M.  Pluchc  ,  &  fur  tout  les  gafcons  ,  mon^ 
tfcnt  naturellement  beaucoup  dc^ feu.  Lcut 
Langage  cft  coupé.  Il  va  par  bonds,  & 
fuit  les  mouvemens  impétueux  de  leur  cf- 

{>rir.  Montagne  étoit  des  leurs  ',  mais  avec 
a  vivacité  de  fa  Province  ,  il  montre  une 
fuffifance  &  une  témérité  de  fentimcns  > 
qui  ne  deshonore  que  lui.  La  liberté  de  la 
cpnvçrfation  s'accommode  aflTcz  de  leiurfa-. 
çon  de  voltiger  d  une  idée  à  l'autre  ',  en  fe 
jettant  toujours  du  côté  où  ils  voyent  jour 
à  mettre  de  l'enjouement  &  de  l'efprit.  Il 
y  a  long-tems  qu*on  a  cflayé  de  leur  rcf- 
lembler.  Aujourd'hui  on  les  copie  plus  que 
jamais  ;  le  nouveau  ftyle  fc  met  en  poffeC» 
fion  de  tous   les  difcours  &  de  tous  le» 
Ouvrages:  à  la  prononciation  ptès  on  pour- 
roit  croire  que  les  François  vcûleiit  deve- 
nir gafcons. 

Ceax-mème  qui  aur  oient  dé  la  facilité  â 
fe  donner  un  ftyle  ,  &  qui  félon  les  ren- 
contres fçauroient  à  tcms  le  rendre  grave  , 
enjoué,  nerveux,  gracieux,  pathétique,  fu- 
blimc  ,  fe  laiflent  gagner  par  le  torrent  de 
la  mode  ,  &  ramènent  tout  au  même  ton. 
Ils  compofent  d'abotd  de  génie,  &  ce  qu'ils 
ont  écrit  d*une  façon  caradérifée  &  fuivie, 
ils  prennent  foin  de  le  découdre  ,dc  le  ha- 
cher en  menues,  parcelles  ,  en  un  mot  de  le 
iraduire  en  gafcon  ^  fans  quoi  ils  ctîitn* 


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.'     FE  VR  I  E  R.      i75f.  .    ïo? 

àoicnc  d'avoir  un  air  niaflîf ,  &  de  ne 
^pouvoir  pas  prendre  féance  au  rang  des 
beaux  crprits.  U  faqr  dans  cette  vue  que 
lout  foit  feu ,  faillies  ,  pécillcmens;  Ecou- 
tez-les s  c*eft  lin  enihoufiafme  perpétuel , 
:qui  s'énonce  à  demi  mot ,  qui  paflc  préci- 
;pitamment  à  une  nouvelle  énigme  ,  aufli 
<oune  que  la  précédente.  Ils  voudroient 
rdcvenit  Orateurs  par  monofyllabes  -,  celui 
qui  tient  ce  langage  cft  un  hçmme  char- 
.manr.  Celui  qui  le  devine,&  qui  rend  vo- 
Jatil  pour  volatil,  fe  trouve  de  niveau  avec 
jbi  i  rcflbr  qu'ils  prennent  fait  envie.Oh  l 
Si  je  pouvois  feulement  les  approcher^ 
-même  les  fuivre  de  loin.  Bientôt  leurs  iid- 
jmirateurs  qui  les  voyent  çrt  plein  air  , 
prennent  la  plume  &  les  contrefoiii  à  tête 
repofée:  fur  toutes  chofes  ,  point  de  liai- 
ion  dans  leur  ftyle  i  un  air  de  pronîptitu- 
,ée  Se  de  négligence.  Ils  font  furpris  les 
.premiers  de  toutes  les  gentUleffes  que  ce 
^nouveau  genre  d'écrire  leur  fournit.  Ge 
-qni  a  été  dit  du  renouvellement  des  étu- 
-ijes  »  &  de  la  bonne  manière  de  s'y  légler  » 
-ils  Tappliquenr  fans  façon  à  leur  (ly  le>com- 
ane  s'il   étoit  Tazilc  ou  la  régie  du  goûr. 
j»  Voila,  difcnt-ils ,  le  ton  du  «écle  -,  il  faut 
-i>  le  prendre ,  ou  n'être  plus  4!?  ce  nKMidç, 
tBf  Trouvc-t'on  quelqu'un  qm  plaide  enco^ 
-if  re  pour  le  PlcirbCbam  de  Lully  >  Et  feroit- 

E   vj 


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to8  MERCURE  Dî.FRANïCE; 

il  on  bien  venu  de  faire  revivre  la  Profc 
»  Lyrique  de  Quinaut?  Nous  louons  nos 
M  devanciers  d'avoir  tendu  au  parfait  ; 
•»  maisnous  y  fommes.  Qu'on  ne  nous rc- 
9>  batte  plus  les  oreill»esde  la  juftefle  &  de 
99  rharmonie  de  Boileau.  Nous  fommes  las 
»  d'entendre  prôner  la  douceur  &  les  grâces 
»  de  Racine,  la  naïveté  de  la  Fontaine,  IV 
w  ménicé  de  Fénélon,  réloqucnce  nervcufc 
*>deceluUci ,  l'enchaînement  des  idées  de 
»  cet  autre.  Que  (ont-ils  vis-à-vis  de  nous^ 
99  Du  plomb  contre  de  l'or  -,  ils  nous  mor- 
»  fondent  ;  on  s'appefantit  à  les  lire.  C'en 
99  cft  fait  ;  nous  avons  rompu* 
'  w  Eft  ce  à  tort }  Ces  bonnes  gens  du  Hc^ 
»  de  paffé  éroicnt  trop  prolixes.  Ils  difenc 
99  trop  tout  ce  qu'ils  veulent  dire  »  il  y  a 
»  plus.  Avoicnt- ils  bien  réellement  de  l'cC- 
»  prit  ?  On  n'en  fçait  rien.  Ils  ont  peur  d'en 
99  montrer,  ou  ne  nous  en  fuppofent  guéres. 
»  Leur  ftyle  étoit  fi  lourd  ;  leur  tour 
»  d'efprit  fi  bourgeois  :  Nnous  fommes  dans 
»  une  toute  autre  pofition.  Us  commets 
99  çoient  toujours  à  regarder  en  bas.  Ilsanv* 
»j  bitionnoient  d'être  entendus  de  la  mut- 
»  titude.  Nous  autres  nous  avons  l'œil  à 
i>  ce  qu'on  penfe  au  deflus  de  nous*  Pla- 
»  ton  nous  entend  ,  8c  nous  goûte  ;  peu 
•»  nous  importent  les  jugemens  du  refte  de 
»  la  terre.  On  ne  parloit  ci-devant  que  d'c^ 


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•     !^B  V  RIE  R.    1751;"   ix>9 

V>  tudier  le  goût  le  plus  général  :  c*étoir 
a>  çjare  b^ffefié.  Eh  >  que  nous  faic  à  nous  U 
»>  multitude  ?  Les  génies  fupéricurs  fonc 
9i  faits  pour  s'aâranchir  *>  il  faut  aller  ea 
m  tout  au  délicat ,  à  la  fleur  de  Fefprit.On 
^9  fc  fcnt ,  on  a  des  aîles  >  &  on  vole. 

»  Vous  vous  plaignez  ;  vous  ne  poaver 
.^  nous  fuivre  l  Tant  pis.  Rampez-donc:: 
.a>  votre  gottt  romain  ne  bat  plus  que  d*unc 
*>  aîle  vil  tombe.  C'eft  une  chofe  décidée/, 
*>  la  nôtre  eft  Tunique  bon.  M.  Pluche.  a. 
.traduit  fon  ouvrage  en  très-beau  Latin,fouis 
4Ce  titre  ,  de  LingHarum  artificio  &  doSlrind^ 

H  I  s  T  0.1  IV E  des  Révolutions  de  l'Eny 
pire  des  Arabes ,  par  M.  TAbbé^^  Mari^ 
gny.  A  Farts  chez  Giffey  ,  rue  de  la  vieille 
Bouderie-,  Bordelet ,  rue  Saint  Jacques,  8c 
Cane4H^  rue  S.Severin.  ij^o.iff-ii.  1  yo\. 

M.  l'Abbé  de  Marigni  a  donné  il  y  a 
jenviron  cinq  ou  fix  mois  ,  une  Hiftoire  des 
/arabes ,  qui  a  eu  du  fuccès ,  &  qui  en  mé»- 
jritoit.  Cet  Ouvrage  comprend  depuis  Ma^ 
Jiomet  >  tous  les  Califes  fes  fu.cceflTeurs , 
de  la  race  desOmmiades  &  des  Abbafli- 
^es ,  jufqu  à  Textindion  du  Califat  j  ce 
^ui  faic  une  fuire  de  cinquante  trois  Ma>- 
narques.  M*  TAbbé  de  Marigni  n  a  pas 
été  fi  occuppé  de  la  profondeur  des  rcchecr 
ches,  qu'il  n'ait^clierché  à  donner  de  Tagré» . 
4(nenc  à  fj^  riarration ,  Se  qu'U  n  y  ait  téaÛif, 


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«10  MEftCURElDEFUANCE. 

.    Cet  Ecrivain ,  encouragé  par  le  fuftragt 
dcsSçavans  de  divcrfcs  Nations  ,  vient  de 
publier  les  deux  prenjicrs  volotncs  des  Ré- 
solutions de  l'Empire  dcsArabcsjils  feront 
foivis  de  quatre  .autres,qu*ondanncra  deux 
àdeux.C  haqac  tome  contiendra  laiiematié- 
le  détachée  de  Tautrc  ,  ce  qui  étoit  nccef- 
fairc  pour  déterminefr  le  Leâreur  ine  p» 
attendre  les  derniers  volumes ,  pour  lire 
les  premiers.  Nous  ne  croyons  p^  qu'il  y 
ait  d*H Moire  moderne  ,  qui  fourniffè  un 
pdus  grand  Tpcélacle  que  celle  des  Arabes» 
On  y  verra  vingt  Fondateurs  <kr  Motia^ 
chic  agir  avec  la  hàrdicffc  &  la  fermeté 
^ui  caraftcrifent  la  plupart  des  Légiflïf- 
tcurs.  Les  fcéncs  qu  ils  donneront ,  feront 
Ja  plupart  finguUeres  ^  vives  &  intéreffanf- 
tes.  Les  évenemens  fe  palferontcn  Afîe  > 
en  Afrique  8c  en  Europe.  On  va  voir  par 
deux  ou  trois  traits  que  nous  allons  rap^ 
porter,  quel  eftleion  de  M.  TAbbc  de 
-Marigni ,  qui  eft  tropinftruit  &trop  la^ 
borieux  ,  pour  faire  attendtêlong-tcms 
la  fuite  de  fon  travail. 
;  Mahomet  avoit  prié  le  Sénat  de  Vcnifc 
de  lui  envoyer  le  Peintre  Bellin  ,  qui  éxok 
4e  plus  «Icbre  de  fon  tems.  Ce  Prince 
lui  fit  peindre  la  décollation  de  S.  Jean  s 
tnais  lorfque  le  Tableau  fut  achevé  ,  il 
Reprocha  au  Peintre  qufc  le  <:ol  éioittrof 


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long  y  parce  qu'il  fe  racconrcit  d'abord  que 
les  efprirs^animiiu^  en  (ont  diffipés.  Qu'oqi 
s»'ameDe  un  efclave,  cUt-il  àfes  gens  :  &m 
tôt  que  t'efclave  fur  près  du  Sultan  y  il  ty» 
sa  fon  (âbre  »  &  d'un  feul  coap  ,  avec 
uncadrefle  de  une  force  furprenante ,  il  Lui 
abbactic  la  tête  aux  pieds  du  Peintre  ,  pous 
lai  donner  une  horrible  détnonftration  dû 
le  (blidité  de  (à  critique.  Le  Peintre  fré^^ 
mit  à  cet  horrible  rpe^acle,  Se  lorfque  cet-^ 
te  rète  fpt  entièrement  privée  d'efprics  vi- 
taux ,  le  col  fe  trouva  fort  racourci ,  comv 
ne  le  Sulran  Tavoit  dit.  Le  Peintre  n'eut 
^ue  la  force  de  dire  an  Sultan  ,  qu'il  étoir 
pleinement  convaincu  de  la  vérité  ;  mai» 
comme  il  avoit  été  elTrayé  de  cette  avan* 
ture  >  il  profita  deux  jours  après  d'une  oc^ 
caGon  qu'il  trotiva  de  revenir  à  Vénife. 

L'Ifle  de  Chypre  qui  appartcnoit  aux  Vé- 
oitiens  ,  tomba  en  la  pui0ance  de  Selim  f 
par  up  événement  aflez  bizarre.  Ce  Prince 
A4ufulm2n>peufcrupnleux,aimoit  beaucoup 
'k  ce  qu'on  dît,  le  vin  de  Chypre,  &  en  fai*. 
foit  même  des  excès.  Un  Juif,  qui  avoit  g*- 
gnc  fa  confiance  ,  &  qui  lui  fourniffoit  de 
ce  vin  ,  lui  infinûa  qu'il  l'achetoit  extréme- 
cienc  cher  ,.  parce  que  les  Chrétiens  de 
cette  Ifle  le  lui  vcndoient  à  un  prix  énpr* 
tne  :  il  confeilla  en  même  tems  au  Sultan 
ik  s'emparec  d&  Hue  ^  en  1  aHûrant  que  là 


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tti  MERCURXDEFRANCE. 

conquête  en  fcroic  très  facile.  Sélim  goûti 
fon  ^vis,  &cn  profita,  Nicofie  ,  Capitale 
de  tout  le  Royautec  ,  &  Famagoufte  fu- 
rent prifes  :  tout  le  reftc  de  Tlfle  fat  bien- 
tôt aptes  fous  la  domination  des  Infidè- 
les ,  tan  1 771  de  J.  C.  Le  Juif  avoit  doit- 
ne  ceconfcil  au  Sultan ,  pour-  fc  vengée 
dès  Vénitiens  qui  avoient  mcprifé  les  of- 
fres d'un  projet  qu'il  leur  avoit  propo» 
ft,  A:  qui  devoit  leur  être  avantageux; 

M.  de  Ferriol ,  AmbafTadcur  ^e  Fran^ 
Cfi  à  la  Porte  ,  s*ctant  préfenté  en  170 1; 
pour  avoir  fa  première  Audience  ^on  voa^ 
lut  lui  faire  quitter  fon  cpée  pour  cette  cé- 
icmonie  ^  il  le  refufa  avec  toute  la  ferme- 
té convenable  ,  quoiqu'il  fût  déjà  en  pré- 
fcnce  du  Sultan  ,  &  qu'on"  lui  fît  toutes 
for  tes  de  menaces  ,  s*il  rcfufoit  d  obéir.  U 
fit  remporter  fes  préfens  ,  &  préféra  k 
gloire  de  fon  MaîtreàrAudiencè  du  SuK- 
lan ,  qui  exigeoit  une  condition  auffi  fié- 
tri  flan  te.  L'Ambaffadcur  de  FEmperevir  fc 
prêta  à  ce  qu  on  exigea  de  lui ,  foit  man- 
que de  fermeté  ,  foit  pour  ne  pas  brouiU 
Içr  les  deux  Cours  ,  foit  enfin ,  parce  qu€ 
l'Empereur  d'Allemagne  a  toujours  plus 
d'intérêt  que  les  autres  Souverains  à  mé- 
nager les  Ottomans. 

Testament  polit  ique  &  moral  du 
Prince  Rakoczi  y  à  la  Hnic^  chez  Scbewrr 


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TEVRIER.      1751.     iiy 

1er  jij^i.  m  i^.  deux  vol.  Se  ixouvtk  Pa^- 
ris  ,  chez  Nyon  fils  ,  &  Gmllin  ,  Quai  des 
Auguftins. 

Le  Prince  Rakoczi  eft  connu  en  Euro- 
pe ,  par  rembarras  où  il  jctta  au  commen- 
cement du  ficelé  la  Maifon  d'Autriche  ,  ett 
armant  contre  elle  les  Hongrois  &  lesTran- 
fîlvains.  L'origine  ,  les  cvenemcns  ,  &  la 
la  fin  de  cette  guerre  ,  pouvoient  fournir 
à  l'Editeur  une  vie  du  Prince  pluscurieufc 
&  plus    intéreflantc  ,  que  ce  qu'il  nous 
donne  à  la  tête  de  l'Ouvrage  que  nous  an- 
nonçons. Le  Teftamenr  lui-même  ne  con- 
fifte  qu'en  lieux  communs  fiir  la  Religion  ^ 
la  Morale  &  la  Politique ,  où  nous  au- 
rions défirc  plus  de  Logique,de  méthode  & 
de  ftyle.  Si  l'Ouvrage  eft  véritablement  du 
Prince  dont  il  porte  le  nom,  j'aarois  mieux 
aimé  être  fon  Aijet  que  fori  leâeur.  Il  ré- 
gne dans  root  fon  Teftamenr  un  air  de  can- 
deur ,  de  modération  ,  de  générofité  ,  qui 
donne  une  grande  idée  de  fon  caradérc  , 
&  de  fon  Gouvernement.  Ceux  de  nos  Lec- 
teurs ,  qui  voudront  fe  former  une  idée 
juftc  du  Livre  que  nous  annonçons  ,  peu- 
vent lire  ce  que  nous  allons  tranfcrire  du 
chapitre  X  ,  qui  roule  fnr  U  Poiitejfe  dtt 
CûHrs  :  on  prétend  y  prouver  que  nous  de- 
vons la  politeflèâla  véritable  Religion. 
^'  ^  Qu'on  (ètepcé&nic<idî<l' Auteurs  ic 


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114  MERCURE  DE  FRANCE. 

9»  Gtand  Seigneur  dans  Tes  pompes  les  plus 
»  éclatances,où  l'ordie^le  fiieace,  &  k  nu-. 
»  gnificcncc  régnent  cgalcracnr.  Vayons- 
1^  le  entouré  de  Gardes  <ie' crois  différent 
)»  Corps ,  &  confidérons  atcentivenient  fa 
»  propre  perfonne,  marchant  d'un  pas  lenc 
»  de  ion  cheval ,  immobile  du  corps  &  des 
^  yeux  avec  un  air  féverc.  Confidcrons  tous 
»  Tes  fujets ,  on  n'en  trouvera  pas  un  qui 
»  osât  élever  Tes  yeux  fur  lui  >  les  Habitant 
«»  fe  retirent  dans  leurs  maifons,  &  à  peine 
9»  ofent-ils  le  regarder  à  travers  leurs  |a- 
^  louiîes.  La  Garde  des  Jani&ires  ,  qui 
»  borde  les  ruesybaiflfc  la  tête  jufqu  a  terre  i 
»  lorfqa'il  pafl[e>&  dans  ce  cortège  &  cctto" 
9  fuite  tiombreufe  d'hommes  j  le  filence 
»  &  U  gravité  font  fi  régulièrement  gardés 
B  qu  on  emendroit  un  Concert  de  Icub» 
^  Cela  vient  fans  doute^de  ce  que  ce  Prince 
»  eft  regardé  comme  Timagie  de  Dieu  »  de 
s»-qui  toute  poiiTanceeft  donnée,  maisit- 
^  eft  l'image  de  ce^  Efieu  couroucé  contre 
M  les  hommes  eiclaves  du  péché  «  de  qui- 
n  (on  propre  peuple  n'ofoit  emAidre  la 
n  voix  -,  de  ce  Dieu ,  dis- je ,  tonnant  fur  le 
n  Mont  Sinaï ,  qui  chatioic  les  prévaricar 
M  rions  de  ce  même  Peuple  par  le  feu  dn 
j»  Ciel ,  par  des  ferpens  enflanamés ,  &  p2^$ 
3»  des  Anges  exterminatciii3. 
m  Qu'qq  tou^oç  les  yc«s  4%  cèté  de 


dby  Google 


F  E  V  R  I  E  R.    ï7jf.        ïif' 

»  ^Europe  pour  obfcrvcr  k  marche  la 
»plus  éclatante  d'un  Roi  Chrétien  ,  le- 
»  fpeâacle  fera  tout-à  fait  différent.  L'or-» 
»  drc  &  la  magnificence  s'y  trouvent  v 

*  mais  au  lieu  d'un  Hlence  morne ,  la  |oye  , 
»  les  vis  yl'acclaniation  diè  Peuple ,  regnenc 
39  par  tout.  Tout  y  court ,  tout  s'y  remue  9 
m  &  comble  de  vœux  le  Souverain,  Il 
»  regarde  à  foa  tour  le  Peupfe  ,  avec  une 
»  bonté  !c  une  aSeâion ,  peintes  fur  fou 
m  Vifage. 

x>  A  peine  cft-il  pâflTé  par  une  rue ,  le 

•  Peuple  court  par  des  voyes  détournées 
9  pour  le  voir  de  nouveau  ^  car  il  ne  peut 
M  être  raflaflîéde  (à  vue,  D\)ii  vient  cette 
9  différence  ?  Que  les  profanes  difent  ce 
9  qu  ils  veulent»  examinons- le  fpirituelle* 
»  œent  »  nous  démêlerons  aiféaient  ÏM 
:»  vérité. 

»  Ce  Prince  Chr&ieneft  tfhe  image  d'un 
m  l>ieu  fait  homme  ,  d'un  Dieu  Roi ,  Pc- 
a»  xe  ,  Paftrur ,  Frère  &  Miniftre  des  hom- 
M  mes,  en  tant  qi^' il  efl  leur  Médiateur,  & 
30vlcur  Avocat,  Tout  ce  Peuple  Chrétien 
3»<eft  enfant  de  Dieu,  fouiflant  de  la  même 
«»  liberté  &  biens  fpirituels.  Il  efl  l'héritier 
9  du  même  Royaume  \  la  Loi  (Famour  eft 
^  gravée  dans  fon  eotur  ;  fon  péché  a  été 
9f  efiacé  dans  fa  fourcc  ^  dc  c*eâ  atnft  <|ft  il 
«aéiéxégctiéfé^  :    ^. 


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fitf  MERCURE  DE  FRANCE: 

»  Voila  le  caraftérc  dont  fon  Prince  a 
••  été  revêtu  ,  Voila  les  effets  que  le  Peuple 
«  marque.  Les  Sçavans  Hiftoriens  imbus 
^  de  la  Science  du  monde  s  diront  peut-* 
••  être  ^  cjue  ces  différentes  mdsurs  des 
*>  Orientaux  &  des  Occidentaux  ,  vien- 
9»  nenc  de  la  politefTe  des  Grecs  2c  des  Ro<^ 
»  mains.  M^s  ils  auront  bien  de  la  peine 
»  d'étendre  leurs  raitbnnemcns  fur  tons 
*  les  Peuples  de  l'Europe.      • 

»  Où  trouveront-ils  la  poIitcCTe  danslt 
\»  bas  Empire  ,  fous  lequel  les  Soldais' fé- 
j»  dicieux  changeoient  leurs  Maîtres  feloa 
»  leur  caprice  ,  élevant  au  Thrônc  le  plut 
«  tumultueux  de  leurs  camarades  ?  Ces 
»  Sçavans  mondains  >  dis-jc  i  fe  tendroient 
»  ridicules  »  fi  dans  les  révolutions  de 
«»  l'Empire  Romain^  ils  vouloient  rappellec 
a>  la  gravité  >  la  politeffç ,  &  les  mœurs  de 
*•  l'ancien  Senït.  Ils  pourroient  peut-être 
»  nous  montrer  quelques  hommes  illuftref 
»  &  graves  dafts  ces  derniers  temsT  Mais  à 
>>  qui  perfuaaeront-ils  que  leuss  exemples 
n  ayent  été  plus  généralement  fui  vis ,  quC 
j>  la  corruprion  &  le  dérèglement  des  Em- 
«pereurs,  &  par  conféquent,  comment 
»  pourroit-on  prouver  que  cette  ancienne 
M  politedè ,  tant  vantée  ,  s'y  efl  confervéc» 
i»pour  qa^elle  eût  pu  erre  tranfplaiitée  p 
p  pour  aiofi  dire ,  dans  ks  Lombards  | 


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FEVRIER.     I7fï.\^    lit 

'm  Francs ,  Goths ,  Vifigoths  ,  Oftrogothts  ^ 
»  Huns^  Alains ,  Suiflès ,  &c  ?. . .  Non  » 
•>  non,  Rome,  même  ,  idolâtre,  ne  doit  fa 
j»  plus  çrandepolitcflc  ,  (çience,  fplcndeur 
m  &pui(rance ,  dans  lerquellcs  elle  a  çcç  da 
^  tcms  d'Augufte  ,  qu  aux  rayons  de  l'E- 
j»  toile  qui  apparut  dans  TOricnt ,  préfagc 
B  de  la  vocation  des  Gentils  ^  la  véritable 
j»  poiiteffe, 

»  La  Nature  ireflcnt  lese^etsdu  Soleil 
s>  bien  long-tems  avant  de  voir  cet  Aftrc  y 
9»  &  c'eft  ain(i  que  Rome  reffentoit  alors 
9  les  influences  du  Soleil  levant^dans  l'obC- 
j>  curité  de  l'Etable  de  Bethléem,  avant  de 
*  »  voir  par  les  yeux  de  la  Foi  le  même  Soleil» 

La  véritable  politcflc ,  fur  laquelle  on 
'9*  étend  ces  réflexions ,  n'a  paru  que  datls  , 
j»  Jcfus-Chrift  ,  qui  en  eft  l'auteur  &  Tc- 
j»  xemple  ,  non  feulement  dans  la  vie  fpi- 
^  rituelle  ,  mais  âûfli  dans  la  vie  civile. 

A  R  I  s  T  r  E  ,  Epifode  du  quatrième  Li^; 
vrc  des  Géorgiques  ,1750.- 

Nous  «ignorons  qui  vient  de  traduire 
en  vers  françoûs  ce  morceau  (i  connu  &  ii 
eftiméde  tous  ceux  qui' aiment  Virgile  & 
l'Antiquité.  A  juger  du  Traducteur  par 
Ton  Ouieage  ,  ce  doit  être  un  homme  de 
goût  ,  accoutumé  à  faire  des  vers.  Voici 
TEpître  Dédicatoire  ^  |dreffée  à  Virgila 
Jui-ipêmç. 


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ît«  ^fERCU•RE  DE  FRANCE. 

O  toi ,  dont  les  Chanfons  par  les  Grâces  di^ées, 
Du  tems,  qui  détruiç  tout,  ont  été  rerpcôécsj 
Favori  d'Apollon ,  dont  la  Miife  aiitrefeis    >. 
Célcbroit  Pan,  Céfês,  Bacchus,  Faune  Se  lesbois; 
Toi,  la  gloire  du  Tibre  &  l'tonneur  de  Mancooe^ 
Qu*infpira  Thcocrite ,  &  qu'Héfiode  a?oue- 
.  Je  t'invoque  aajoord'htiii  viens^échaufiè  mes  feos; 
Rends  mes  foibles  accords  dignes  de  tes  acceos  ; 
^'Embf afe  mon  efptit  du  feu  de  ce  GéxÀe , 
i^  de  Tart  des  beaut  vers  earichic  TAu^bnie  i 
Fit  fentir  aux  Romains  des  cbarmes  inconnus  , 
.  An  récit  des  combats  d'£&^  &  de  Turaus  ; 
.  £t  fublime ,  touchant ,  harmonieux  &  juâre  « 
Fut  le  rival  d'Hon;iere  &  ie  Chantre  d'Auguôe. 
Allez  d'autres  toujours  glacés  dans  leurs  tranfports 
Ont  Éwi ,  pour  t'égaler,  d'inutiles  eflorts. 
leur  châre  eâ  ma  le^on.;  le  Ciel  ena  £iit  naitrc 
Peu  d'excellens  dans  l'art  oïl  tu  régnes  en  luaître», 
A  Delphes^  chez  Ammoa,  tous  peuvent;  confùlter^ 
*  liais  le  trépied  pour  tous  ne  doit  2^  s*agioen 
Dodone  n'admet  point  de  populace  iule  ^ 
'Et  fans  le  rameau  d'or  oti  n'a  point  la.^ibjUe^ 
'Pucflài^je  de  iès  vers  heureux  imi^atettr, 
Cooferver  dans  les  miens  too  efprit  créaceisr  ; 
-Et  la  trompette  en  main  publiant  tes  merveilles. 
Dans  \t^  laAcs  François  consacrer  teslbeilies^ 
ISutvre  Caro  ,  Dryden  ,  chez  ^a  foûérité  , 
A«ec  eux  partager  «Dn^mmortaltcé^ 
iiAVi  ofons  fur  leurs  pas  entrer  dans  la* carrière  9  ' 


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F  E  V  R  I  E  R,     I7$t.      tt> 

4îaUiope  â  ton-oont  mfen  imvre  U  barrière  ; 
L^ombre  fttit^  £:  âtâîpe  &  Em  fiace  aoi  rayons , 
fit  4é jâ  ks  seoÊS^au»  pr^ârenr  mes  crayons. 

HLiToiB.E  dos  Paffioos  ,  Roman  ,  crâ« 
doit  de  rAaglok  »par  M.  L.  Deux  voia*^ 
mes  m-ia.  -/^  la  Haye  ,  chez  iW^ii/^ ,  & 
£:  ccomrc  4  ?4n/,  chez  trsMU ,  fils ,  Quai 
^ContL  .  -.  .    ^ 

Nous  n*avoDS  pas  en/encotÉ  leceoisfle 
lire  cet  oâvfKe -,  nous  {çavons  fenletnenc 
wquc  M.  ToufifflDt  en  eft  le  TraduAcori 
«oaS:icndtops  £09ipte  le  mois  ptochaia 
de  cette  nouveauté. 

:  MbUoies  ,  jwiii  fctvîr  l  THiftoirc de  la 
fête  des  Eoes  >  qui  fc  Biifoir  aiitrcÊsis  daas 
.jpiofieBts.Egtities.:  J^ar  M.  duTtlk^t ,  Gei»- 
tilhomme  ordinaire  de  S.  A.  R.  M«  le 
:Dttcde  Bctry.  A  Laitfaime^  Se  k  Genève  ^ 
.175i,&  fc  yend  iPirrix,  chez  Prmdt  ^ 
cfils  ,  C^i  dç  Conri^ 

U  y  a  dans  ce  Livre  des  chefes  iî  fingtK 
4ierés,fi  cdmiques.»  tranchons  le  mot,  fi 
-extravagantes  »  qu'on  ne  les  crotroit  pr, 
;  fi  elles  n'écoiem  appuyées  fur  lesmona- 
-TtYens  les  plus  ainlientiques.Ceux  qui  crient 
:  ércrurflemenr  contre  refprit  phi4oropfai^ 
que  du  fiécle ,  (ê  téconciIieEoient  peac^ 
tttt  avec  kii  ;  tfils  voyoicnt  dans  Touvra* 
.^  que  âoos  amxo&çoAs ,  À  quel  poiot^lV 


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tidMEUCURlDE  FRANCE. 

gnorance  &  la  ruperfticioa  43nc  dégradé 
UQC  RcUgbn  aafii  fàge  ,  &  auffi  fublime 
quç  Icft  la  nôtre.  G'«ft  dans  cette  vue  que 
nous  invitons  nos  Leâeurs  à  parcourir 
THiftoire  des  Fous  :  ils  y  trouveront  des 
recherches  ,  une  forme  élégante  ,Sc  d6 
jolis  dcflcins. 

OfiSERYJtTioNS^  far  Tcfprit  des  Loix; 
A  Amfierdam ,  chez  Pierre  Mârtier^htOi^ 
churci/i-ia  ,1750..  ;  : 
•  Lettre  fur  les  Tableaux,  tires  du  Cai 
jbinet  du  Roi ,  &c  expofés  au  Luxembourg. 
^  paris  ,  chez  PrMlf ,  père ,  1751,  bro- 
chure/»-ii.  ...  i 
-:  .Actes  des  Saints  Martyrs d'Oiicnt  & 
4'Ocjcidjent  ^  en  Syriaque  &  en  Latin ,  par 
JM .  ^Jferhani.  A  Kâme ,  &,  fc  crouv^i  Paris, 
•jchcz  Dâèure  ^  l'aîné* 

,     Le  Repentir  ,  Comédie  eu  un  aâe  >  8c 
^n  vers,  &  autres  Pocfîes ,  par  M.  L.  D.  S. 
F.    A  Paris-,  chez  U  veuve  Psffot ,  Quai  de 
4jonti,  175  î.     ' 

;.  Lettres  de  M.  l'Abbé  le  Blanc,  Hiftd^ 
«.riographe  des  Bacimcns  du  Roi.  .  Nou- 
velle édition  ,  de  celles  qui  ont  paru  fous 
:  le  titre  de  Lettres  d* an  Francis»  A  Amfler^ 
-  dam ,  I7S  i  j  &  fe  trouvent  a  Paris ,  chez 
.  Prauli ,  fils ,  Quai  de  Conti. 

Tout  le  monde  connoît  le  métite  de  ces 
^  JLcttres^  &  on  trouvera  dans  la  nouveijie 

oditioa 


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TE  V  R  I  £  R.    175t.     \%i 

iàinon  des  changcmcns  fort  fagcs ,  ^^ur^c 
Préface  très- eut icufe. 
;  Mémoires  s  pour  îcrvir  à  rHiftoifc.cîe 
Brandebourg ,  avec  -quelques  autres  Pièces 
intércflantes ,  1751.  Se  vcodent  kParis^ 
chez  Pranlt , iils  »  Quai  de  Cooti , in-it. 
Deux  volumes. 

Tout  Paris  «i  lu  avec  cmptcfleipcnt  ccr- 
tc  nouveauté.  Le  Conquérant  ^  le  Légifla-* 
teur  &  le  Fhilofoptc  s'y  nîonrrent  par- 
tout. Quand  on  n'auroit  pas  vu  à  la  tête 
<k  l'ouvrage  le  portrait  du  gr^nd  Prince 
qui  en  cft  l'Auteur , on  lauroit  reconnu 
aux  réflexions  profondes  &  hardies  ,  aux 
vues  fubliroes  >  &  pourtant  pratiques  ^  qqi 
%\y  trouvent.  Nous  rendrons  compte  le 
iBois  prochain  d'un  Livre ,  qui  fera  utile  i 
fous  ceux  qui  font  chargés  du  foin  de 
gpuverner  les  hommes  »  ^  pat  çpnféqUcnt 
4e  faire  leur  bonheur» 

.  Recueil  de  Pièces  importantes  ,  fiir 
l'opération  de  la  Taille  ,  par  le  Lithotome  . 
caché  5  chez  iHoiiry ,  le  fils ,  rue  de  la 
vieille  Bopclcr ie.  A  Taris  ,1751,1»  1  x . 
La  première  de  ces  Pièces ,  &  celle  qui 
adonné  lieu  à  toutes  les  autres  >  eft  le  Li- 
ihotome  cache  5  cet  irîftroment  a  neuf  pou- 
ces &  demi  dans  latotalicé  de  fa  lon« 
gdeur  s  fa  lame  ^  ^  la  gaine  qui  la  cache ,  a 
4pouce;i  £|c  quelques  lignes  de  longueur, 

F 


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ittMEUCURfi  DE  3?RANC£. 

^Ue  eft  terminée  par uaelangucHe,feai«* 
fclable  à  celle  d'un  gorgeretices  ^a^re' 
poQces   n'excédenc   pas   la  groiTear  <l*aii 
tttyao  de  phime  à  écrire;  ce-trajet  de  qua- 
tre poiiees  eft  coarM  .vers  fou  dos  dans  la 
moitté^  de  fa  tongtiedc  par  fon  extréniké;* 
cette  courbure  eft  defttnéepcmr  s'ajnibrr- 
à  la  convegtîcé  delà  canelure  de  ta  fonde 
qni  eft  dans  la  yeffie  àa  cems  de-l'opéra-^ 
lion  9  afin  que  cesdeuv  liiAmmens  jointt 
cnfemble ,  n'excèdent  poin^  le  calibre  de 
l'âréthre ,  ce  qui    épargne  aor  malade  1% 
dculear  des  inftrumens  ordînaifcs  qn'on 
îxicrodttit  dans  le$  autres  mérliodes.   Cet 
înftrpmeht  tke.  ujti  atrtre  gramt  avantage 
de  fon  manche  qui  eft*  taillé-  i6x  pans  » 
fie  qui  tourne  for  fon  aice ,  éf$int  (c^a^Cf^ 
par  une  petite^  broche  qm  paflTèpaf  ^ 
pitHeuL,tl  ^  dcu»  pouces  de  longueufi' 
chacun  de  ces  pans  eft  différent  l'ïin  à^i 
ràutre  dans  fon  épaiflTeur,  &  chaque  pan 
1^  numéroté  ^'ixn  chifre,  dçpiw  j  jafqq^à 
ïj  -,  la  queue  du  Wftouri',  oièLiAète«ie- 
eft  auffi  longue  que  Ictwanche  i,  p»4V5  on  •' 
de  ces  pans  fc  trouve  t  oùjows^  vn-à^i^  de 
cette  quaîe,&  il  j  cft«ttBh«  fikô  par  im 
rcffbrt ,  qui  ett^pêche  le  iïwihefcié  dé.  toui^  * 
ntt  fur  fon  axe  y  en  approcfcîanc  IsPqueuo  j 
ditbHlouri  contre  |e  pa^  dti  matidiiS'qiii  : 
la  rcgakrdcîlçbeucàéfôi?  «Miaçèaiit  wk- 


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iîcùcplnc  y  dont  fl  if&oi^M'é^amzut  àë 
lignes  ^*tl  f  a  de  oombves  daos  le  nu-^ 
iiwro  nuurqôé  fur  k  pio  que^enf^  quciié 
tooche<rC*dl-4^diîe  »  q«e  41  te  miAic^  eft 
«n  9»parexci^le)lcccn:«aent  d«^i}# 
4c  Ûl  ùasc  hxHs  de  fa  ^ne  eft  de  neuf 
i^sde  dîftaiK:e>&aiftfi  dcs^aofirês  pans  il 
d'où  il  céioUe  qoe  cecîoftFiicBefif^lafaJ 
<aikié:dc  Êôfc  wb  incîfioiis  de  dife rriiie^ 
^nmdeiics^  dcpm  <ûq  lignes  jdt'qu^â  v  5  y 
ce  qoi  iert  à  tes  pvoporafOAner  aux  âge9» 
&  à  la  grofieur  efiméc  de  ta  pierre  qu^oft 
extrait. 

Pour  fc  (errir  de  cet  inftniment  j  PAtt- 
febrjplasc  ibnimiadecoacbëâ^pla^rttrfba 
<l»«4L*raffiijetUi^  avec  des  liens  ncs-fîm^ 
pies»  ^'U  décrit  page  199  î  fa  fonde  in- 
tffDdoke  «il 4a  fak  centr^  panchéetfyr  i'^e 
énme.  pat  tin  »de ,  6c  (a  emtcbure  tépond 
«actclft  taberofité  de  ro9iichion&  Tanas» 
il  tend  Ift'peaa  avec  fa  main  gaacfte  vêts* 
le  fcrotam  ,  &  à^ecfa  draiteiifiiivQne  m^^ 
cifiM*qiM  Convie  i»  fofKËé  de  fept  A  hait 
iigtics^  il  y  introduit  enfutre  le  bcmr  â  iaa- 

rpitc  ^  ion  Liihotome  quil  ponlTe  dans  ' 
vefiie  >  il  retitc  enfaite  fa  fonde ,  re-  - 
coamtAt  k  pierre ,  &  àpfca  ptès  (on  vola* 
me  9  il  coorne  le  pan  »  que  ce  votUme  hii 
iamtfMt  ^éat^léiA  de  lia  queue  du  biftouri  ^ 
afia  àtj  proporcioBiiet*  foa  incifion^il 

Fij 

Digitizedby  Google 


»^i>f  MERCURE  DE  FRAMCE- 

porte  enruttc  le  dos  4e  (on  Lûhocom^ 
ious  1  arcade  des  o$  pabis,  i  oavre  flc^ 
retire  tojit  ouvert  |ttf<}a  aa  dehors^  iinro^ 
^uit  (sL  tenecte  feule  (ans  aucune  4i$o4* 
té,  charge  la  pierre^  &,  la  retire  fort  ai* 
fcment.  Cet  inftrument  fert  cgakmçnî 
pour  les  deux  Testes.  Il  s  eft  élevé  qoelqc^ 
ijifputes  w  fujet  deAetinftr^ment ,  on  en 
trouvera  le  deuil  daos  rouvrjage-quc  nous 
^ruioRÇons  *,  la  bonté  da  iithotome:  ne 
peut  ecre  xnieu^  prouvée  que  p>ir  les  éffirts  i 
1,1  y  a  huit  ipalades  de guér isdonr  voici  IV 
dreflcjcUe  fc  ttouvc  page  ijjj&fuii- 
yaitres, 

M.  Lcroi  5  Marchand  de  chaux,  de ^&t 
im ,  le  8  Oftpbtfi  174JJ ,  qui  fut  lc:pi%« 
pii<r,  ;         i>  ,     . 

Andfé  Juré^  4»  Boufg  Se  Margilly .^.^ 
F/anchc  Comté.  Louis  Clçrfpont  ,  rue 
pâgueflcau , fauîbourg  S^iut  HoQQiré,i 
paris  î  tous  trow  taiUiîspar  M*  URîocbe^ 
M^tre  en  Chirurgie  à  P^ris^    / 

Jatquc^-FjaniÇois ,  de  U  ParoWè  de  N* 
D4tne,dani  m  fapbojurg.de  ïlocfe^^foct, 

Kr  M.  Tardy  ,  Chitttfgiç»  Ma)pî:  da*>s  Iç 
>rt  de  la  nieiDe  Ville*  .  ' . 

.  François  de  May  ,. au  pillage  d'Auvçrs , 
près  Ppntoife,  -     i  < 

Le  fils  de  Vereolier ,  à  ÇhaiçW/^Çfièi 
Beauipont-fiir-pifc,:;  ..r;   .,i.      ;      '  :,    : 


,y  Google 


.       FËrFîrEK.     175  n      tiy 

te  fils  de  Pierre  D^sralTaii ,  W Village 
ic  BeflTaucôurc ,  dans  la  vallée  d'Angutcn  ; 
ï)ft»c  nomme  point  qdi  "a  opéré  ces  dcr- 
lïiersfc 

La  ftfxime du t) (initié Plâtre ,4 ChailIqtV 
près  Paris ,  taillée  pat  M.  la  Roclie ,  &  pat* 
faiteinent  guérie  fans  inconiincnce  d'u- 
rine 5  cette  eure^  cft  marquée  page  x-i  t  di- 
Recueil. 

Oîi  mfùt  a  rèïtti^  une  lifte  de  ccut  qui 
ont  été  taillés  depuis  état  qur  font  dans  le 
RecueilV  " 

Le  fils  Je  Kl.  Bernard ,  PatiflScr  dans  k 
grande  rue  du  fauxbcurg  Saint  Honoré  à- 
?aris,  le  8  Mars  17  jb,  &  mourut  le  if 
-fiiivant,  neuf  jours  après  Topéraiion  -,  ce 
madade,  âgé  d'eâViro^  doMc  ans,  étoit 
'hjklr0piq\iie.cfc^u&  trofeaifis,  &  prefque 
mouT^hc  lorfqu'on  le  raiih  j  on  trouva  pas 
4)àttVemire  de  foa  cadavre  fcs  reins  rem- 
plit de  cinq^ou^  fix  pierre»  chacun  ,  fes  ur-^ 
tétcrdifetés  i  ^pouvoir  iiïrrodifire  libre-^ 
*ieniîCra?d<iigt,%ycflpiç  fort  épailFe  &  en- 
gorgée v^  toutes  ces  parties  furent  montréet'' 
Fe  I  i  JSfars  i  l'Acadérpië  Royale  de  Cht» 
r4rgiè  5  plufieurs  des  Membres  obfervcrenif 
que  cette  morr  n'étoir  point  occafiontiéa- 
par*  Kopération ,  n'y  ayant  ni  contufion  ,. 
^î  inflammation  â  la  pfaye,  ni  à  h  veflSe;- 
M^  Poiiibnnier  >  Médecin  du  malade  # 

F  ii|, 


,y  Google 


lotfMBRÇUftE  DEFftAl^CE- 

f^iis  ;  oonfc five  ces  pa«î^  dans  1  tfprit  de- 

.:  Le  fils  (du  nommé  Cotiio ,  Vigntr^t 
d'ArgentculI. 

^  J^e  iSIs  icfAiHoioe  ^rtaki  ^  m  feuxbaarg 
èc  r  Aiuiièiîie  -,  à  Poncoifc. 
.    Lfi  fils  du  Sieu&le  Ko\x% ,  Chtrur^tcn  k 
YvQr^jdaiîs  le  Vallois  ,  à  <letutlicucade 
Crcpy. 
l,e  Âis  de^Picrj^  Mîgftttt  >^tt  £uiibonrg 

Le  fils  de  Nicolas.  Boncemps ,  VigiKifOit 
à  Saint  Leu-Tavcnay  ».  Vallée  tfAnguicn. 

Clattdt  Gérard ,  à.  Tikoinvilk  ,  a  qoar 
f^Fc  lieues  de  B^*tc-Du€ ,  par  M.  CacnTOn», 
Chirurgien-Majoc  èxx  &é^iBiea€  d^  Cacar 
p^n  s^  â  Ugny.»  daosJb  fiarrots. 

te  YeuviC5d9  M.  Flcttcp ,  premier  Stoemir^ 
d^.  M»  .de  Loavoii,  goétie  :en  tooiss  de 
J^m  joncs  »  par  M.  de  la  Roclîe  ct-dc£Gis» 
le^i^ovembee  i7.5ty»eftJa  denùece^ 
fit  ^  of  ércc 

.  jQiioîq  w  li^  PuèSc  ioit  iiitétefië.  à  coA- 
lioiiie  rAîiwwwib- vertueux,  ttès-teAife 
l^-<rè$  ccitboe  ,,qui  propofe  k  Litliotomr 
ç^ché  i  notis  n'ayons,  pu  le  ftéternEubé^i  fe- 
portmos:* .  Voici  Ici  granda.  MakreSs  c^ 


3dt3yGo^le 


f  É  V  R'  I  Ê  K.     175 1:       117 

Xicâicars  la  Roche ,  CKkargîen  à  Paris  , 
frèsfc  Palais  Royal. 

Tfflrdy  >  à  Rocbcforl* 

Duval,àBrçft. 
.    Cafubon  ,Cbkurgkn-Majdr   de  Cat^ 
itian  y  à'Ligni  >  en  Lorcaine. 

pCTctKTc ,  Premier  Cbirtirgieti  da  Roî 
^  Naplei. 

Cranipagna  ^^CRirargkti   da  cOfps  de 
j?£le£beur  de  Cologne,         :. 

DttTochcr ,  Premier    Chirurgien  de  ta 
Reitic  Douairière  d'Efpagoe. 

IXTRAIT  D'ATTILIE, 

T  Ryl  G  E  D  1  E. 

NOas  aTOns  protni^  dans  le  Mercure 
da  mois  dernier ,  de  donner  Textrait 
de  la  TTagédie7K)artire  rinchulcc  ,  ^i/^rr. 
irious  reitipltfofis  ici  nocrc  cngageiftenr. 
-  Le  fo jet  de  cerre  Pièce  ne  parou  pas  aTok 
^épQt<edaosrHiftoire«A  l'époque  près^A: 
à  t'cxceptien  de  <|iidques  circooftaacos 
«onmies^,  ell^  eft  tomed'itnagtnacicm. 
.  Placide  ,  Général  Romain  »  avok  éeé 
#sîié  (bus  FEmpereur  Trajan^^fefimiCA 
^i  voaUu  partager  fa  difgrace»  lui  âme- 
non  Tes  entans^  loriqoé  la  mon  les  arrS^ 
ianc  fwla  iottre)i>e.laîâàde  cette  fanoUe 

Fuij 


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ia«  MEUGURE  DE  FR  ANTCE. 

JnfotTttnéc  ^qu'un  fils  &  qu'une  fille ,  dont 
Placide  fc  vit  encore  bientôt  fcpârc.   Uà 
Corps  de  Daces  Icsloi  enleva  fous  les  rnurs^^ 
de  NilFa.   Accablé  de  fcs  malheurs  ,  il  fe 

retira  feuldaiis  un.  défcrt  de  la  Thrace , 
où  il  vécut  pendant  vingt  années  du  tn^ 
vail  î  de  fts  maios»  adorant  le  Dîcu  des 
Chrétiens,  dont  il  avoit  depuis long^tenos 
cmbraffé  la  Religion. 

Cependant   une  guerre  cruelle  défoie 

d^Empire^  Les  Dàces  vidoticux  menacent 
de  porter  le- feu  Ja(qiie?  dans  la  Capitale. 
Dans  cette  extrémité ,  on  fe  rappelle  les 
anciens  exploits  de  Placide.  I^esLégioris^ 
Romaines  le  dcniandenr.  Adrien  ,qui  ve- 
nait de  fuccéJer  à  Trajan  ,  le  fait  cher- 
cher. On  le  trouve  ,  6c  on  le  met  à  la  tcter 
des  crbtipes.  Il  marche  contre  les  Dacêsr, 
les  combat  &  les  défait»  Adrien  le  man:- 
de  à  Rome  pour  récompenfer  fa  viftoireé 

A  Rome  étoicnt  fon  fils  &  fa  fille ,  Tuti 
portait  le  nom  de  Maxime  ^  l'autre  ce- 
lui d'Attilie>inconnusàtout  le  monde  >. 

^inconnus  à  ei>x- mêmes.  Attilie  >  le  même 
jour,  de  fon  enlèvement ,  avoit  été  reprife 
lur  ies  Daces  par   des  foldats  Romains* 

.  Présentée  A  Sabine  ,  nièce  de  Trajan  ,  elle 
Ifii  avoit  plu  ;  Sabine  avoit  élevé  fon  en- 
fance ,  &  cette  Princcflc  ,  devenue  Impe-*: 
ratrice  en  époufant  Adrij:Qr.^^lui  avoic  doo? 


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né  àrfa)  fuite  un  rang  confidcrable.  Dua* 
autre  côté  ,  Maxime  ravi  par  les  Daces* 
avQit  éic  cfclave  pavitiieiix.  H  ronipit  (a 
chaîne  ,  &  paflfa  jenire  cfatzles  Romains »* 
il  y  fit  preuve  de  vaknr  ;  on  dk  même  qu'ils 
{^vaja  vie  à  Trajan  dans  on  combat.  Ce 
fcrwe iui  mctîta  f^  fzvtvkt ^6c^ Uacquio^ 
a^ffî  celle  de  fon  SucccfTeurr- 

Im  beauté  5c  les  vertus  d*Attifie  aflilî^ 

merenc  bientôt  de  l^mour  dans  le  cœut^ 

4* Adrien;   Cet  Empereur  forma  le  deSeîtt' 

de  répudier  Sabine ,  pour  larplacer  fur  font? 

Trqne,   .  Déi»'  mo^ifs^  décermidoicm  les» 

refus  d'AttiKe.  Ce  prettiier  Si  le  plus^'ôacr-< 

lik  »  étoit  un  juftè  fcntiment  de  reoonnoiC^ 

fonce  pour    fa  bienfai6birîce  :  le  fcconc^ 

pllis  ckèr.  Se  hbtrmoins  abfoltTy^  ét0Ît  fbn> 

dmour  pour  Maiittie ,  fon  firere  y^iju'cller 

fie  connoiâbtt  pas.  Maxime  àhSon>ctJ^ 

ÎViin^ôkîmais  .cpnfidenc  de  Tàrdeu»  de* 

ft)»  Prince, il'  avott  cacKé  kficnné;    LeP 

IJOurTaotre; 

Tei^ôitréciKdcraCoiïf,Icïr(qtieP&^  . 
tfîdè  y*  arriva ,  de  ecfticique  commenedP 
ïâKécew  Bàns  le  ptemieç  A^e>  Adrierf» 
écfer^:!^  Ifiomphô^  à  Ptacidè  ^  Soetf  même" 
vtmsh  pmir'fibnôte^'  davantage  le  prehaîc^ 
êè  ks  ftipt»?V|il  fè  p'opofe^'^taxikk  ûcti^ 


,y  Google 


i50-Mi»tetrRÉ  DE  FRANCE. 

.qui  doit  s^&ir  aux  Dievspoor  ibnKyir- 
mcn  avec  Axttiic  qKiil  aiuK ,  Se  qci'îl  veut? 
£ûre  fbccé^f.  â^Sabsue,:  Bkcide  ,^Chïé* 
tien  ^  cefure  cet  bonncor^  &  lorAïae  TEm^ 
pcccoc  eft  Jbfti9U^o.décoQy4r€  lacaufcâv 
Afaryjmr  »  qmîi  ftévéna^ca  fa  fayseurdès  la^ 

ftepmté  vUQ,.cxaiat  poxttMid^i&tàcUrt 
aine  d'Adrien  coocce  k  Rcr^ioB  €bré^ 
ûcHoe  {'mak  icsigeafic^fic:  t.h^iBetrd'4«ti*>. 
.  lie»  pottrqui  ilbràke.et^fecretvéeoitisé  au-^ 
triocRpim  >.il;  ^oit  avec  plaisir  i'obftade* 
qu'y  .appotuot  ies-rc^  de  Placide^  Att% 
»ile  leibl  oii'avoit  ÊHiffirr^k  Hécos^  la^^ 
¥  iâoiee  cps'ii  a  Mosp^rtée .»  font  atméficés  ;^  > 
k  récit  drs  mallusuts  dû  £a^iaijnîlkeftp(ér^ 

Il  £in£  .GCM^ftair^  qœ  Të^i^âcioit  dii> 
fis^  cft  £nre^  avec  adseâc  »  .&.aateue  «vecc 
ofu  adrtâEb  friogâûeisfo »  9fsf^  ne^^ap* 
jjjftrçottf  as  delà  pcotate  ^f  oar^eft  ^aékiod» . 
i^s  âmettcesrde  Ui^tiÉrec  7ti(»i»t7«iitécfii 
]M?epD€«  L&^oaâérc.  nËs  Ht^idë  c^  dé?eM 
îoppér  Rere  tendiJe ,  Hérc»  magfiaiiiiae^. 
66i^^fen    zélé  >r  ai«s9^  fege  & .  prucfenc  ^. 
gca«)d  bi>fuiM  y  te>n4iêce  tiKuncnav^  -^  hooH 
see  d^  ni^nde^  C*eft  (îi^ce  co»>dc^raiibâ^ 
&  d«  di^s^ii  j^d^lne  Aiôiiïeïeégaldmcne^ 
Hibignie  éih  pefametti  lWi>ldgiqpey  dTr 
dies  emMr«eaier>sdti  &nati&ae5qiie  kRèK^ 

|^€ea  «&  CCâis^^daïU^CÇHU  iMOlttsdci'ittlv- 


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F  E  V  R'I'ER^    i7jt;      ijt 

vragCtf  t^uànt  l  la  diâioh  ,  on  en  jiigerâ 
iût  i€3  itiorcetox  qui  feront  cités  s  quelles 
fautes  de  corrtâicm  >  i^Imes  termes  im- 
propres Se  qntiqtiestipreffions  troptnéui- 
phcKi^ei  y  foât  radietés  par  beaucoup  de 
¥trs  iâgénitttt  jiitoteax  ft  batmonieiuu 

Jêtfiùt  m  Plicidé ,  fin  MtieH  ami. 
Iteme  qui  votts  eka£,  ^éu^refoit  plc^n  de  f^îte^ 
Scignfar ,  toqs  y  reorret-conâoht^irr  lai  TÎâoire^ 
£t  pottaot  dan$  (ê%  mars  &  P&6rttteU¥  &  la  paix  ,^ 
Tbas  tenget  Tds  affroéu  pK  d^iUal^Hs  bietifakN 

rff^Hoir  doe  têtb  $  AT  tetie  tirillé  (Mdivt 
A  PEmpire  éperdtrne  doniDMeot  que  des  bras.  ^•^ 
▼00»  pifoif  «t ,  hxttxtàc  Vôtre  ardeur  îfit¥éfUié 
Dans  le  motodft  gueriier  rtprMhik  im  Placide^'.  •  • 
Ift  jNct  (dieéc âne 9  at  les mom ^tafftf  , 
Acrêtent  dis  Viiuywmsif  fm  tÉtiiirtagte'» 

*(îe^ncfant  montrez  vous  plosfenfibTè^ 
iUla  joie  (^ue  me  eairft  votro^  heureux  ce- * 
loui'. 

hpéwt  «ertpaiifpvitsr^fll  dt^nai  qtt'ivrrefdir» 
'A  iPMxe  fnf ufte  tait  je  femb  tMr le  poids , . 
R  que  pour  vous  fervir  m' eaponmt  a  l'orage  ; . 
|é/iuM^pK^ihrpdtv«lr;rafl*iiia«jiiffr  de^^ori^r. 

Placide. 
Af tous  les. fôitimenimoii  cœttr  nrtfll:^cRdt  ttttaf^» 
0aKM>  if  fça^  goiîict  le^ifod'iifreaifné^i  .  ' 


,y  Google 


ijiMERCURE-DEFRANCE*. 

Cher  JufHn  »  en  effet  ta  tendreflè  fiocére  » 

Du  feinc  empreflèmeot  o*eut  point  lecaradére$jr 

Et  lorfqtt'auz  faax  amk  jC/me  vis  immola  , 

Arrofé  de  ces  pleurs  ,  je  partis  confolë. 

Tu  me  fuivois  :  Tf ajan  re  cetioc  ;  8c  peut-être 

Tes  foins  m^auroient    rendu  l'efttme  de  mott 

Maître,  y. 
Si  ce  Kea  y  qui  vouloit  nL*éprowrer  ,  ^m'a£Fei;«- 

mir^.  • 
Mais  d!uaiunftfle  esil  )àflons-nous*dé  géinîr. 
Que  ne.le  pnis*je  iA  Çitl  l  .occupé .de  ma  gloire;» 
De  mes  i^iauxque  ne  pnisje  étoufiêr  Ja  mémoire  > 
Hélas  !  peut-être  en  m'aime,  on  m*envie ,  oa  me  - 

crainfc 
Qu'importe  â  ifoa  douleur  H^rfénue  ne  mt  plainrè^ 

Plèêidè  k  jidritn. 
y4tM  it moi ,  Seigneur,  &  dans  maMitude^. 
De  l*ôuUi  àti  humains  je  faifots  mon  étude  ; . 
Fri?é  d<  tout  t  au  moins  je  ne  connoiflbis  plui^^ 
>H  les  vaines  terreurs ,  ni  Tes  vcexix  fuperflas. 
Ce  brasmêthe ,  oublfantune  valeur -cruette  ^ 
De  la  terre  avec  joie  ouvroit  le  fein  fidèle. 
De  me$  champs  fortunés  je  formois  mes  Etatst . 
Leurs  StwXA  fiattoiem  mon'goik ,  dcne  PirritoiciM^: 

pas. 
Sous  le  paifible  toit  d-'un*  feuillage  fragile  ,. . 
PJus  que  fous  les  lambris ,  je  repofois  tranqnile;^ 
It  d'une  humble  toifon  le  tifTu  naturel 
fax  blcITé  rorgttcUleux^  mais  couvr oit  le  mottcli^ 


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É  £.V  R  TE  RV    I7>n.     Ij^ 

Méxime. 
Be  plus 'grand  des  mottels  ,  Blacide.  ;  «^  •  •  efloivi 
Cbcéticn  • .  »^  • 

La  Scène  qjai  commcoec  lefibcond'Afte- 
eft'  (î  belle  ,  que  nous  {buliaiterions  la  pou<«- 
voir  rapporter  dans  toute  fon  itenduc» 
Artilicy  juftific  dcvam  (â  conffdente,les^ 
refus  quelle  £dc  de  k  Gouroane  d'Adrien^. 

Ah  î  pourrois-je  trahir  nia^ndre  bicirÉitârice't' 
Bar  un  Cfimeacheter  le Aem  d'Impératrice  • 

Je  dois  tout  à  Sabine.  C'éft  fâ  mattr  qpii 
mV  portée  au  rang  oi\  tu  naevoîSé^ 

Et  fa  tendreS ,  hélâs ,  lui  de>ieadroir  fatale  S" 
Dis* moi  y  fans  fei  bieafalts^fçtoisrjc  fa  rl?ale  \- 

i;^  Jç  re^âe'enfié  V0|re  çft6rc  mag^niaie;. . 
M#«laaie  »  &  plus  le  Trône  érale  de  fplendear  ^ 
Et  plusieyos refus  j'admireJa grandeur*. 

7^  m'applaudis  S:;  «.Hélas  !  £t  fi  jç m'mrerrogr^ 
Que  jç  fuis  a  mes  yeux  peu^ digne  d'un  éloge  l 
Le  plus  beau  femiment  a^cH^il  point  corrompu  ^ 
Ah  lâche!  Ma  feiblefle  aura  fait  ma  vertu. 
A]>prensce  queje  dois  me  cacher,  imoi  méo^e^ 
^o'û  ce  coci^&cooilrant ,  ^ei>leSè  un  Diadème* 
Q^ivantoit  fon  devoir  ,  que  tu  crois  généreut  ^^ 
Ssxeit  £eut-ictce  ingrat  ^  s'il  ofétoit amouicna.^ 


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1 

PauHne  nomme  bientôt  Maxime  ,  pour 
l'Objet  de  lamodr  d'Attilie,  Mais  clic  rc- 
{Nréfente  les  dangers  qu'il  couru- 

<|j^els noms  poor  Adrfcn  !  J^tfalfirvGonSieBt  !« 
'(Ipireninfbttîrafr 

Vous.  L*â'nrour  eit  imprudence-,  r  - 

Mais  ptM^if  i  ?o^  yemrtficor  AJmvf^ 
Ooii&oifle»«voB*(bf]/aiig  >  ! 

Eh^i  connois'je  le  imeirt 
Bansicmstnet  iéfrtittieDSt|iirlqtre  déticateffë 
5èm6le  it  tirà  naifiSnee  affilrer  U  nôbfeflif. 
Mais  fi  nioo  cciciraintf  ftv»  fi^tte  fits'app]attitîr% . 
@e4«râ^Mcaive,iwrifeur4(fe<Hr.  «. 

'KiâximearriYC.  Il  vient  par-rordrc  d'A^' 
dcien  annonçât  l'Hyincn  d^Atcilie  ,  aVce 
cet  Emoçreur^  La  ficuaçion  eftiatéieffan- 
te.  Aftiiic  a  qui  rAuteut  â  donné  un  ci- 
ra<aére  vif  &  impétueux ,  fe  répand  ^  la 
pfopofirioft  dcrMa:5kne>e£ïTcptoche^con-- 
weluir 

t^Empereuf  A^aV9i^4i  ^^lév#i«4e  M«iÂiie? 


,y  Google 


/   JPB  "P R^  I?  E  R: ,     r75  Vk      H 1^ 

<J»îl  rcfRtit  l«i  mcmc  de  l'^rdi^c  cjullî 
afpo^rc; .  AtîHie  ne  reçoit  point  fes  cxcu-* 
fesi  Vous  n -a vczcpas-fak  pour  moi  ^  te  que .: 
wus  âuricît'cîû^  luidft»cllc.. 

Vous  poimez^  d' Aéncn^  combattrer  au  nioinr Jà^ 

ffibicy.  •'  - 

Si  ce  n'étoit  aflcz  j  ijjac  je  le  déic(tei!K' 
Dd  (^premiers  fertnens  lut  nrpfetle^  kferfcc,- 
1(  f  horreur  Jii  paf^rd  >^  l*ëclirt«du  di%ôr<2c>T 
Et  du  fâng  de  T^aj>o  les  refpeâ'l^lef  droitf  : 

fïiodre  lise  éfcmù^  aa  feiii  del^>jlpmi»feB^  dei< 

De  ma  naifliabce  enfiii  tracer  l'dl>{carité>^ 
Et  pour  mon  iotéf  êt^rahic;  ma  «anété^ 

^c  Mixinic:^  troiiol^  làî'  déclare,  foa- 
«fôtif . .  y  te'  hiîrpctlt'  K  creitc  fllh  ptr- 
fifâdc  lion  re6èctW>éclKrppe«iifitî>*  cité 
ki  fak  à^fen  tcuf  PaLvtti  de  fa  rchdrcdc.. 
Adrien  ^<Mfe.  Atrife?  veut  fûîr»,  obligée^ 
di  f^o^d^4  fSm^tm  ytilcltrfmzrcc: 
fierté,  &fe  retire».  ^    . 

AdïiteA  ib«|H|<mne  t^*<Alè  a  dé  Fé  pa(^ 
fibii  petir  ttâ  fta«r«v  l\  eft  prêt  d^alièt  s'éfv^ 
àdaiicisc  au£pàs'd!etlc  >  iorr<|g^oii  .vient  luii 


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demander  audience  pour;  Placide.  C« 
cicrnicr  ,.  qpe  la  continuation  des  prépa^ 
râtifi  du  Triomphe  forçoic  de  s'expHc^ery* 
vient  déclarer  à  rEmpcrear  <mil  Uxh  li^ 
Eoiflea^Cbréticns^^ 

ji'irien. 

Quoi  l  y ^tt»  V  Pladde  »  iK>«rdbDt'fex««ir  géâ£^ 

reux^ 
ftfnbWii<ie'l^omieaf  (èol  feotir  1er  nobles  feiixt* 
VoQS  ^.Papftni  d«  mon  Seepece  ,^4^mottf  deil» 

lA[>^s  «vev'pu  gi;offit  |c  jn^prifitlc  ima$  ^ 
Ah  IToorquoi  veniez-^vous-âcoartf  Adcien  ^' 
ftHir  Tmic^U  i'fitac  ^ .  »'&ak-tt^%:i^€brécie»r  * 

0àfis  ion  M«}tt9  on  CliriMen>.teiio«&  (oft  Diév 

iBême  > 
Kiic  l'érrear  des  ÇiGas  y  d<fSnd ttur  Dkdê»M^. 
Souffre  leurdajufiîee  ,  &  Sbldac  généreux^, 
P^ eux  pecfécacé  ,  doanefbn faog  pour  eax«.  :• 
La  vertu  pâri8t'iN>uMrouve4ks're^âceots  $ 
Mais  vo^  DleQxr  yalencr  amot  (}|j^  leius  adon»^ 

tenrf  »^ 
Bt  ()«i  n'a  pa»  roi^i^  de$  mdmes^cacemj^li!^ 
Ql^'un  Fanatifine  affceu^:  ç<a^g«  4ai»^eft  Tètf»' 


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FEVRIER.    i7yi-     137; 
JLe  vîce  cq  ? otie  Olimpe  a  tcgli  toos  les  raogr. 
I.es  Mooftres  les  plus  ? ils^lbot  les  Dieux  les  plot . 
grands^ 

Dans  la  Scène  fuivante  jrEmperear  dé-» 
libère*  •  •  Pardonnera- t*il  i  un  Chrétien  ^ 
Fera-t-il  mourir  un  Vainqjueur  >  Il  envoyé 
l^laxime  pour  le  fiéchLr  ,  &  il  fe  rend  au- 
près d'Attilie.  Là  finie  le  fécond  A âe. 

Maxime  y  au  lieu  de  déterminer  Placi* 
à  abjurée  le  Chriftianifme  y  la  embrafle 
lui-  mcmc  \  c'eft  le  fruit  de  l'entretien  qu'ils 
ont  eu  enfemble. 

Au  moment  que  ces  deux  Chrétiens  aU 
îoient  fortir ,  Attilie  leur  apporte  une  nou- 
velle funefte.  L'Empereur  a  découvert  par 
elle-même  fon  amour  pour  Maxime.  « 

Il  a>faifi  mon  tronble  ,  il  a  nommé  Maxime*  •'  ; 
J'étoîs  fiins  voix  :  bientôt  comblant  mon  impnH- 

deoce ,  ' 
Avec  trop  d'inréiêt  f  ai  pris  votre  icStnCc 
Mon  gefte  étoittrop  vrai  $  mes  yeux  trop  expref^ 

La  aainte  far  mon  front  peignoic  des  traits  fi  vi6^ 
Qoe  vous  dirai-je  enfin  ?  Ma  fierté  s^eft  énrae , 
£c  mon  fapetbe  aven  ^  Seigneur ,  m'aconvaincue^ 

Cet  événement  excite  bien  des  paflions.^ 
Maxime  cSt  arrêtée  Axtilie  va  dcmandeci 


>y  Google 


Ift   MERClTRiDEFRAWCE; 

tsL  grâce  si  l'Empcmir.  Jafttti  wtit  join^ 
MâctdefttrUi  Scène. 

C'ell  dans^  la  conrerfatîon  lié  ces  dëoif 
amis  ,  qiîi  cft  une  fuite'de  celle  de  la  pre- 
mière Scénev-C  cft  ptr  lacomparaifon  qu'il» 
font  des^malheurs-  arrivés  aux  deux  cnfans^ 
de  Placide  ,  aveo  ceux-  que  Juftin  fçaic  qiic 
•Maxime  &  Attilk  ont  eflfayés  ,  qu'ils  de* 
couvrent  que  l'ïin  &  Tan tre  appartiennent 
I  Placide.  Il  auroit  été  à  fouhaiter  que 
ccrre  reconn©i(Tànce  fe  fît  en  préfencc  det 
enfans-,  mais  ç^rtK  éré  copier  Zaïre.  Du 
reftc  ,  elle  e(l  ici  ewcurce  avec  aflez  de 
jîifleflre  Ôcdc  netteté  ,  &  Icsf-beaux  vers  n*f 
iont  point  rares, 

'gt  jrais  de  lentswAlbeuis  rappeUcr  kt  «émoifr^. 
£c  il'un  tiûtaonvcê^  fatiguanma  fkiéy 
Redemander  des  pleurs  i^ca  triftv  amitié. .  •  ^ 
J?emnie9éit^  txil  ces  CAliros'précieQap  ^ 
'Refle  uoî<)iie  8c  cHéfi  d'uo  Hymen  gloôei»  | 
Us  confoloienr  lesmajux  don^tonbf  as  »  Dieu  C^ 
vête, 

Avoir  f?»ppé  WpiKiiir,  lecipoyefi  ,.lc  Péce>  «* 
l^\r$  S  6  vous ,  daac  k  iet  mwSinnà  4es  aonétSr^ 
Je  vous  atterte ,  amij  ,  ombres  infortanées  » 
Hus-malheureux  q«e  vous  ,  j'enviai  votce  fort  p, 
It^ma  vaJeur:devoit  meflaétiref^hmiacr»- 


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.FEVRIER.      I7JK      ij» 

'     Atrilk  paroîc  dans  cethomcnc  de  chai» 
tc«r  &  d'atccndrtflèmeiu.  Sa  préfence  pré-» 
parc    toc  grànck    ficuatîon.   Elle  foctok 
d'aauprès  d'Adrien  »  dont  elle   iraiFoic  pib 
tobtenir  la  grâce  de  Masiinie  >  &  elle  cra- 
•vcrfoit  le  Théâtre  >  livrée  à  fa  dooleoTy. 
Jbifque  Placide  court  à  elle,  il  fe  hâte  de  la 
ia{Iorcr)de  loi  a|^rendre  que  lacaufedela. 
falooûe  de  lEmpereur  ne  6ib(îfte  plus,  qœ 
MAjcime  çft  (on  ftere.  ti  alloireii  dire  da- 
vaEDtagc  tAttiiie  rintcrrompt.  ElleaTenti 
le  coup^a'on  Imponoic^  Maxime  eft  (bo. 
Acre  l  Cette  nouvelle  terrible  pour  un» 
cœur  plein  de  Ton  amour  ta.  confond  ,  lat 
tend  furkoTe.  Elle  ne  veut  rien  écouter  », 
ncn  croire.  Placide  a'o&nfe  àla  fia  de  Tes; 
ÎDjurieiBi^rnap^teiBens»  Ccflaii.imUea  dcr 
ces  vi;res  axiteftations  que  la  icconooif^- 
ikoce  it  forme»  ^tilie   fènfiblb  aa  bon^ 
Ikur  decef foiiver  on  père ,  pîcomct  en  fo»- 
ipîrant  d'ctouâ^r  foh  amont  pour  on  &ere- 
trop  chéà../Placîde  bkntôt  hii  donne  des. 
tcçonsde  la  Religion  ClHctkunc,  rii\viter 
à  tcconnbître   on.  I^eu ,  tiuquel  fes  pre- 
cûers  }ottts  furent  confacrés.  Elle  ne  f^- 
ftcr^  point  ;.d*aotres  objets  ta  preflènt.  Ce- 
Dko  qu*6n  hiî.  annonce ,  lui   psiroît  t]n> 
Dieu  fangninaké  &  inalÊiifant  »  quiefte 
Iprt  à  lui  arracher  fon  père  &  &n  Irere* 
lM:^atriéfnc  Aâ;eciLrem^d'é!0Qeû&^ 


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f4a  MERCUREDE  FRANCE 

mens  trop  multipliés  peut-être  ;  qa*il  notf^ 
fuffife  de  dire  que  l'Empereur  refufe  de  re^ 
connoîrre  dans  Ton  rival  te  ftered*Attilie  , 
êc  bien  de»  raifbns  fpéeieufeS'juftiSenc  foa 
kicré  Julité.  U  donne  Pordre  de  fa  mon  z- 
Placide  de  fon  coté  cftatrêic;  AttUie  qui 
ignoroit  cette  double  cataftrophc  »  fe  pré^ 
(ente  à  Adrien.  Ses  périls  lui  ont  feit  vains- 
cre  fa  haine  pour  lui^;  cHe  (e  f^it  la  rançon 
des  deux  infortuné».  De  l'aveu  delagénc-^ 
reufe  Sabine,  cMc   vient  ol&ir  fa  main  i 
t'Empereof.      Dans    ce    moment   même 
arrive  an  Garde  ,  qui-  rend  compte  air 
Prince  de  Tcsiiécution  de  fes^ordres  ,  dîr  la 
mort  de  Maxime  ,  &  de  Femprifonnement 
de  Placide..  On  peiit iê  tepréiientec  l'état 
affocw   oà;  tomber.  Attilie  à^  cette:  fout 
droiantenotiveHc  srelfë  refte  imrnittiée.  La 
rage  la  rappelle  ^  elle  accable  dlmpréca-»' 
âpns  rail[aâîn  de  fon  fterev^  Aumilîeade 
fcs  Gaxtuvfi  elle  fe  fouvient  que  fcs  jour»  de 
fon    pcre   dépendent  encore  du    Maître 
qu  ^llé  vitfnt  d'irriter  r  fa  fierté  cède.  Elle 
^mbe  â   des  genoux.  Quelle  fituatîon  l 
Adrien  attendri  ,  èntrepcend?fr  juftifica* 
tîon  ;  il'ferreprocBc  fon  kicrcdulité  &  fa 
jaloufie  :  il  donnera  grâce  au  Hcros^-Ce* 
{pendant ,  comme  il  n!a  point  perdu  fes  pre- 
miers defTèins  ,  ilireprefentc  qu'il  ne  peut 
&iiA  ouvrir  les  pâfonsi  IHacide»  parc&que: 


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FEVRIER.    1751.      141 

le  Pcuplc^qu!  mêle  de  la  fureur  au  zélé  potf^^ 
fcs  Dïcxn  ,  irôic  j)cai-ctf€  punir  le  Npva- 
tcur  jafques  dans  te  G^îvqoéraiit.  Il  sca- 
iiârdic  enfin  jufqu'â  tenouveller  la  pro* 
|k>fitic>Q  de  i'Hymen  ^  comme  Tunique 
jnoyen  d*élar<gk  Placide  avec  fûreié  ,  puis- 
que le  Peuple  alors  rcfpcûcroit  infaillible* 
ji[icnt<daf)slm  lebeau^^pere  de  (bnElnpcreiiT« 
Cette  étrange  propoiuion   cft  faite  avec 
tous  les  adoucilTcmens convenables.  Attilie 
Icîntdc  s*y  rendre;  elle  donne  fa  promcf- 
ic.  Mais  à  pcincle  Tyran  eft-il  forti,  qu'elle 
fc  récrie  contre  la  violence  qu*il  vîentdo 
lui  faîrie.  Elle  a  été  obligée  de  promettre. 
Qh  &r&k  •  pc^iir  obtenir  la  liberté  de  fon 
pecc  i  mais  elle  n'a  ^arde  de  Je  confommer, 
Ellft  prend  à  témoin  lej  jmâncs  de  foo  frc- 
rc  ;  elle  s'attendrit 'douloureufcmcnt  ^u 
{boyehirdece  cher  objet  de  fes  premiers 
feux.  Elle  fort  défefperée  >  &,rcÛ5lue  à,  k 
yengcr  ,  .ou  à  le  fuivrc. 

On  ne  fera  point  fâché  de  yo  r  ici  qvieU 
çies  vers  dç  cç  qi^atricme  AÀe.i 

Mdxime  à  Adrien ,  tnfarlant  djinilîf» 

Ah  !  mon  forr  Ait  trop  bèiu«  Ce  cceur ,  ce  noble 

cœur ,  ♦ 

Vous  Pavez  attaqué  ',  Maxime  en  cft  vainqueur. 
Vous  âcrtz  eo  gémir,  moi  chéth  ma  vid^oire  $ 
}q  U.ciois  ionocit»(  f.  ^  j'en  ffxûu  k  gloire. 


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€4^  MERCURE  DE  FRANCE. 
Vfttdcoîez-oiei  »  luiv  ex  votre  cooiioiixÊitaL     *    ' 
J'emporte  moQ  amour  >  &  meurs  votre  rivaL 

}e&Uplus  ;  &  géo^rf«flc*coapàl;ik^ 
MoMiène  irro$£tamns  ^'o^nn  «eile  beaoràble  « 
Vont  n'alliez  «i^mmolet  ^ivptfc  wmomjûom^ 
Vœ  raifoa  d*Etat  v«  confaocor  .-vcs^ocMips. 
}e  fais  Chrétien.  Puxksie  riràidaBSJ'inipiet 
•i^and  la  1^  4se  eondamoe .,  «Ue  vous  joSi&l. 

RUcide. 
t>e  ^uel  droit  me  ^frlaccr  cotre  wi  double  attentat  ^ 
Me  rendre^pauicide^  ou  me  cendre  apoilat  ? 
■•  ^         ••  ♦•        •  •  ■♦ 

^ètw^  Ofeft  confidérer  la  |#i  f ai.votts  cngageu 
De  foille  fooges  y4ia9  ridicule  a&mbla«, 
^^  ••• 
l%tt!U#.  Aerpeats^a ,  Seigneur ,  je  vous  ai  d^ 
dit  '•  •      : 

Qu'à  cette  feute  Loi  la  tat&i»  applaudit;; 
^tfifrw».  Elle  c6  née  en  nos  jours. 
Tlmde,,  .  ^aispour  ttre  xmmaaeRé 

Jtitim,  Avec  elle  «û  IV^pprobre,  - 

Vlactit.     ^  £t1aglbWâpfésdW 

vf dfv#9.  llle  eA  par^  teurpno^itc  ; . 
Fbuide.  Et  s'accroît  en  tous  lieux* 

Adrien.  D'an  ioucbe  elle  ta  l'ouvrage  ; 
^laciêU  £)ie  eft  fille  d'un  Diea.  ^ 

AitHiâ^  ..... 
Suc  tous  leioeenfs«(i9iipçré4l9  plu»  frftt^dcoic   ^ 


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r  ECRIER.       ty^^^         t^,, 
C^D fçait ccgn^Uâ fort ,  qu'tœpoftè ceçti'ir  crMff 

:Sui^  im  virigafrç  ingrat  voire  ajfifiuaftcc^ft  vaine. 
J[l  n'cft  de  fan  amour  qif*4in  pas  jufqu*!  h  haine  ; 
^c  fon  orgueilWtflié  desibicofâfts  qu'il  rejut , 
3Dè%  qa^on  n'eft  ptns  oiUe  ,  ignore  qu'oolefuc 

Dans  la  dcrnicfe  Scénie  ,  Amlîe  dit  à 
l'ombre  de  fou    frère* 

-To  mouruî  mon  amam ,  ôCiel  j  Et  ma  douleur, 
l^c  doit  i  ton  tiipas  que  des  lai-mes  de  fœur  !  .*, 
l^t^^iandtBjB'espluspour  m«i  qu'une  cjéndre  muet* 

42u*impotte  fous  quel  titre ,  hela^l  \t  te  regrette^ 
Mes  regrets  fefont>its  /a>mai£trx>p  ëténduff 
£t  criaiinefe  oq  pars ,  en^  font-ils  moins  petons  ? .  « 

Notts  «rtivôiis^att  doquiéine  Aâte*  Il 
«'ouvre-pac  un  Mouologue  d*AciJJie:>  ElJk 
a  fornac  le  deflcin  de  faire  mourir  l'Empc** 
reuf.  Elte  y  cft  ç«cifé«  pour  venger  Ton 
frcrc  ,  pour  s'^aiùbir  d'un  Hyn»! 
odieux  ,  poup  fauvèrx  fon  {>cfe  doîic  coc 
Hymeaeft  1  niit<}qe  x^zxnpxk.  Toiift  Cfi$  mo 
cifs  font  esDprkiiés  Am%  On  vecs.: 

lirais  qu'un  (eul  cou^enftn  ,  {tuifqull  n'eft  pohit 
de  ehoîx  ,  ■  i 

Te  f  enge  ,  m'afifranchifle ,  &  If  (aniFe  a  la  fois, 

A  peine  â^mo^&i^il^'  ftoC^tivh^  tête  ^    . .   \ 


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*44  MERCURE  DE  FUANCIE. 

{l'an  déteftable  Hymen  il  prépare  la  Fèc«  | 
Ct  i^aoe  fœur  en  pleuFS  ^  les  malheureax  appas  ; 
Daosiès  bras  tout  fanglans  patroieac4ès  attend 
taie. 

Pour  aHurcrina  yeogcaïKe  ,  <lic-efle, 

Tironii  Adrien  do  centre  de  là  Coor^ 
Que  (k  févéricé  le  trahifle  à  fbo  tour. 
Dans  mon  Appartement  je  l'invite  a  fe  rendre  ; 
il  ?i^nt.  Tandis  qxfd  mâscbt ,  habile  à  le  farpiofr: 

Retirée  en  un  lien  qui  cache  fiion  effort^ 
Sans  lui  donner  d'c£Erei ,  |e  lui  donne  la  mort; 
$€9  yeux  ne  verront  point  k  coup  qui  le  menace  ^ 
£t  les  miens  à  loifir  en  choifiront  la  place* 

Elle  invoque  Trajan  ,  Sabine  :  elle  s*a- 
4rc(re  même  au\Diett  des  Chrécieosn 

Be  toi ,  que  je  ne  conivois  pas,; 
Dieu  qnç  Placide  fert ,  Dieu  qu*adoroit  mqn  frète! 
Si  la  voix  de  Ton  fang  excite  tacoiere  « 
Si  tu  plains  tes  A  uteis  brifôs ,  déshonorés  , 
Sous  la  pierre  &  le  fer  tes  Chrétiens  maflâcrés  ; 
&ereille«toi,  dépends.  Mon  injure  eft  la  tienne.  , 
l>efcends ,  fi  tu  n*es  point  un  fenge  ^  une  ombte 

vaine, 
(Viens  conduire  mes  coups ,  &  te  venger  par  mot  • 
Alors  je  ce  comtois ,  &  j'embraflc.  u  ioi. , 

Daus 


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T  B  V  RI  E  R.      1751.       j45 

Dans  le  cours  de  fcs  agitations  ,  elle 
•^pperçoit  un  Trophée  d'armes  ,  mona- 
5ii9ent  de  la  viftoire  quefon  pcrc  âvoit 
-remportée  fur  les  Daces,&  qu'Adrien  avoir 
fait  expofer  dans  cette  Salle  du  Palais  ,  en 
•^rendant  qu'il  fât  ^onfacrc  à  Jupiter  Ca- 
pitolin.  C'eft  dans  ce  Trophée  qu'elle 
prend  le  fer  3  qui  doit  être  rinftfumeni  de 
la  mort  du  Prince.  Cette  invention  eft  in- 
génieufe  &  Théâtrale. 

O trophée  ,  6  dépbuîîlc  étrangère  , 
'Koble  êc  facré  témoio  des  exploits  de  mon  père , 
Yods  do  pouvoir  dû  Frioce  ,  orgueilleux  Mouar 
méat,  ,  ■    ^ 

€>e  là  terrible  mon  prêtez  moi  l'inftrumeot. 

Elle  voit  arriver  fon  pcre  i  fiire  qu'il 
-défaprouveroit  fon  projet  ,  elle  fuit  ar- 
mée <du  fatal  Javelot. 

Placide  entre  accompagné  de  Juftin  fon 
Ëdéleami.  On  apprend  à  ce  pcre  infortu* 
né  »  &  la  mort  de  fon  fib ,  &  l'Hymen  de 
ïà  fille.  Rien  déplus  tendre  ,  rien  de  plus 
Chrétien  que  fes  fentimçns  fur  la  perte  dç 
Maxime. 

X^l  coup  de  (budre ,  à  C!el  !  Dieu  !  foutieiis  ma 

conftaDce. ... 
Ah  l  ics  vertus  déjà  goûtent  leur  récompenfe. 
X>ce-inoi  ces  regrets  que  condamne  ma  foL 


,y  Google 


-I4(f  MERCURE  ©£  FRANCE. 
j'ai  g^mi  ^Je  c'adote  >  9c  je  oe  plains  q«e.BH)i. 
jl  cft  more  »  &  COQ  Maître  ofe  m'ofirir  ma  gracei 
iQiids  traits  de  craaoté  »  d'imprudeace  ,  d'audace^ 
^aittb^u'ain^  d^nn  Caxnp  prompt  à  me  foutenir, 
4i  j'ai  pu  le  teoger  ,  je  pouri^is  le  puoir  ? 
-^jaitril  ^  •,.  Jdaif  non  J'iflgrat  f^ait  qu'iln'a  rictîi 

craindre. 
jQue  je  puis  tont  pfer  ^  Se  ne  veut  rien  enfreindre  i 
-<^e  refpe^at  le  rang  datis^  l'abns  du  pouvoir , 
Je  fens  Ton  injoftice  ,  5c  connois  mon  devoir* 
^ome  oKre.^  la  vengeance  un  tt^ns  faQrilége , 
^a  Domipe  un  droit  iUuftre  >  un  divin  pt ivtlëgo^j 
Plus  fnblime  »  ma  (.oi ,  (çait  lui  n:iarji)aer  Xoa  rang. 
^^^  fe  venge  ,  t^abbaUTe  »  Se  M)ui .  pardonne  eJ| 

grat^d. 
Mon  fils  çÇ  mptt  1  Enjfin  qu^lU  pitié  cruelle  ,  &ç. 

;  Aurcïjte  j  il  yruc  rompre  le  projet  dt 
l'hytnenéc  d'Attilic  avec  Adrien.  Ma^Ue 
fe  donncroit  au  Bourreau  dç  mt>n  fils  î  Mf 
fille  époafcroit  le  pcrfécutcur  des  Chré- 
tiens &  l'ami  de$  Faax-Dicux  l  11  fôn., 
la  colcre  &  Je  trouble  peints  dans  fon -ait 
^dansfcs  regards.  * 

C'cft  dans  cet  çtat  que  l'Empereur  fe 
,fucprcndvL'E«npc^ï^^i^^  appej^lé  »  dans  Vap^ 
partcmcnc  d'Attilie  ,  érpit  fortî  du  fîca 
pour  s*y  rendre  Tandis  qu'il  mftrchpiCi» 
«n  Javelot  ^tpi,t  pir.ti  de  dprrîcrc  lui ,  ^ 


,y  Google 


T  è  V  R  1 1i  R/   Ï751.      1 4«f 

îUvou  percé  un  de  fcs  Gardes  à  Ces  côtés,  tl 
^toit  revenu  fiir  fcs  pas,  pour  décoitviir 
raffaffin,  Attilic  avoic  fui  ^  Placide  cft 
troiivé  fur  la  route.  Le  foupçon-tombe  fiîr 
;lui,  foupçon  que  confirmoit  fon  air  égaré, 
:&  que  réalifoicnt  dans  rçfprit.d*Àdriçn  Q^ 
<îéfiancc  &  fa^liaine^our  les  Chrétien^ 
<^omrocDt  d'ailleurs  eut-il  crû  fa  Maitrçl!^ 
iç  capable^ un  aflaflînat  ïïharxîi  î;Pl^çi4ô 
.^ft  donçcavoyé  auiupplice. 

Ces  évcnemcns  font  racontés,  fwr  la  Scé- 
41C  à  Juftin  pari'Enapereur  lui-mcme.  Juf- 
tin  ,  convaincu  dcFinnoccnce  de  racçufé,  - 
&  défefpcrant  de  défabufer  Adrie;i  dans  ce 
prçtnier  nooment ,  s'échappe,  pour  d^érobér 
Placide  iuTic  mort  inji^e.  T^dis  qu'^ 
fort,  AttïUcsWaîice. 

C'eft  ifloi-nïfmc,  Acîrict^/^i^eteidi'Drr, 

tUc  vient  dem*nderl%  grâce, fie /onpetje; 
Quel  .mQDftrç  tfi  donc.  iîjtÂT^flGn  ,.  dit 
Adrien  }  Ceft  ntêi.  Mais  rjprmpeçeur  çeÇc 
inflexible  \  elle  ne  confulte  plus  que  fon 
^éfeïpoir.  *  Elle  fe  frappe,  après  ivcir  re- 
jette fur  le  Tyran  le  crime  de  fa  mort ,  de 
celle  de  fon  père  »  de  cette  de  fon  frcrc. 

C'eftfait, 
Et  te  voila  ehargé  d'un  trotfiéme  forfait. . . . 
^  ^o  ïc  YOi».'ic  n*aiflu»à'c(poir ,  plus  d'intëfét. 

G  ij 


,y  Google 


:f4l  MBRCUR;E:I>E  F«.A.NCî. 
'Je  mears.  D^ja  mon  père  a  fabi  Ion  arxêç. 
«Mais  poar  mettre  en  ton  cqeur  un  fuplice  effiroj;* 

blc, 
^e  té  Taflidre  encore  |U  n'^coit  point  coupable. 

Non  ,  il  ne  J'éroit  pas  ^  s  ecrîe  le  gcnc- 
^rcux  Juftin,  en  rentrant  fur  la  Scène.  Il 
'faut  qu'il  vive ,  ou  que  vous  m'immoliez. 
.On  ramené.  J*ai  fappoft  un  ordre  de  votre 
J)ârr.    Placide    entre,  a\rfli-côt.  Tous   IcJ 
xoups  deThéatrefc-fuccédent  ici  rapide- 
ment. Le   premier    objet  qui  frappe  les 
yeux  du  Héros  j  c'cft  fa  fiUe  enfanglanréc 
&  mourante^  étendue  fur  un  fauteuil,  te 
^défir  de  revoir  fo.n  pcrc,  fui?  la.  nouvelle 
que  Juftin.avoit  apportée  >  l*avoit  retenue 
*iur  le  Théâtre.  Ce  père  malhçp^reux  qui  la 
xroit  morte,  fc  livre  aux  regrets  les  fks 
;toucbans<  Eilp  donne  cependant  les  figod 
jd'un  rçfte  de  vie.  Placide  fe  hâce  d'en  pro- 
^^cer  ,  pour  Jnl  infpire'r  fes  féntittiens  de 
'  Religion  ,  &  il  yïéuffir.  Elle  deflfvanHepai 
*  don  à  Adrien:  .    * .       .  î  ;* 

.  Xc  Ciel  que4V)atr4geais,..ce  Ciel  vengeur  te 

Rois,  ' 

.  ^ar  mon  attentat  roêçne  ^  confaycr é  vps  drotcr.  ^ 

<:'eft  en  Dieu  qu'il  to\is  venge  ,  il  me  corrige  e« 

,  '    *  père*  •  • ,. 


..  jyie  e;s:pire  .,.en  !U:a4anfi  lw>jr<ts  ^ 


,y  Google 


ffcre  qu'elle  croit  appercevoir.  Adrien  pé-^ 
liétré  dcdoUlcor  ,  laifTcla  vie  à  Placide. 

Nous  igncfrons  quels  font  les  motifs  qut^ 
ont  empêché  M.  le  Gouvé  de  faire  jouer- 
{&  Pièce  ,  si  les  ratfonsxjnî  te  font  renon- 
cer à  une  ciarriert  ^où  il  y  aapparence  qu'il- 
anroit  réuflîv  Le  Barreau' pont  lequel  on» 
BOUS  aflure  qu'il  a  de  grandes  difpofitions >- 
&  qui  a  été  toujours  l'objet  de  fes  études^,  • 
a  eu  Tans  doute  pour  lui  plus  de  charmes;?- 
On  trouvera  la  Tragédio  d'Atiilic  cheas^^ 
Gifam        .    ^ 

C  ou  K  s' de  Ghytwic  pour  fcrvir  d'intro»' 
dkiûion  àr  cette  Science.,  par  Nicolas  /r 
Fevrfy  Profeflcur  Royal  de  Ghymie,  & 
Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres;  « 
cînqtnéme  éditièntcvûe  ,  corrigée  &  aug- 
menté d'un  grand  nombre  d'opérations  , 
âc  enrichie  de  figures ,  par  M.  Dùmonflier  ^• 
Apoticair.é^délît  MarÎT^'e  &  des' Vaiffcaux' 
du  Roi ,  Membre  de  la  Société  Royale  de* 
Londres  j  &  de  celle  de  Berlin.  APàris  ,/- 
chez   Jean-Noël /tf  LoupyÇln^i  des  Àu-i 
guftins ,  à  U'  defcencedu  Pont  Saint  Mi^  - 
ctjftl  ^  à  Saint  Jcan^Chryféftpme.  175 1  >  !«--' 
M.  cinqvoL  *  , 

Quoique  cet  important  Ouvrage  foit' 
fort  cocnu  Scfort  eftimé,  ïtouscn  rcn-^ 
drocs  compte  dans  Ip  pt^miçt  Mçirçurc^ 

Giif, 


,y  Google 


pyo  MER<;irRE.D&FRA*lCE. 

Les  augmentations  qu'on  y  a  faites ,  font  & 
conCidéxsiÀcs  ,  qu'il  peut  pafler  en  qaek> 
que  manière  pouc  an  Livre  nouveau. 

L  B^  r  T  R  1  s  Angloifcs  ,  oitHiftôirc  der 
JiliiVClarife  Héfrlove ,  î,voK  en  fix.  pac- 
ries,  d  Londres^  &  fe  croUvcrtt  kt  Paris  çhc», 
plafieurs  Libraires-  '     ^ 

Les  Anglois»  qui  ne  font  pas  remués  fad- 
lein^it ,  le  font  beaucoup  par  le  Rotnan^ 
qac  nous  annonçons  >  tt^\%  qpc  nousnV 
vons  pas  eu  encore  le  teros  délire.  1}  n'eft 
pas  poffible  que  l'intérêt  qui  règne  dan* 
ce  célèbre  Ouvrage,  ait  été  afFoibli  parU 
Traduaion  de  M.  l'Abbé  Prevot:  toatir 
monde  {^ait  que  de  gçand  Ecrivain  a  l'ii' 
magtnacion  heurettûl  ,  vivt ,  féconde' >  te 
le  ftyle  clair  ,^na;ture£,  nobk  &  nombrooxw. 


,     BE  AU  X'ARTS.. 

LA  place  d'Honoraire  Amateur,  va^- 
<ante  â  l'Acadéhiic  Royate^c  Pdn- 
tttté',  par  tâ^  mort  de  Mil*!  Febvcc ,  ci^Je- 
vïrtit  ili:îténdattt  dt$  M^nas  Plkifirs  ,  a  été 
donnée  à  M.  le  Comte  de  Rafchi ,  Hono^ 
rairc^  Aifocié  Kbfe  ;  &  M;  Mariccte ,  dont 
tout  Itfmorfdë  connoît  les  luhiietes  &  le 
gràl^i-^iUcêedé  à/]vf«  leComce  deB^chi^ 


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Ï^TE  V  R  I  É  É:.  '   17 fi.       ifi^ 

.  Sa  Majcfté  le  Roi  de  Potoghc  ,  Duc  de' 
tp-orraine  ,yicnr  de  choifir  M.  Kaacn  pour 
fbn  Peintre  ordinaire  en  miniarurc.  Cç 
Peintre,  Allemand  de  naifïkncc  .mais  fi* 
3fé  à  Paris ,  eft  redcvabltî  de  cet  honneur  i* 
fon  feul  raient.  1-1  a  feit  un  bon  portrait  da^ 
Roi  tJe  Pologne; 

D  A  ulle'.  Graveur  du  Roi ,  rue  deaf* 
Î^Ioyers  ,  vient  de  mettre  au  jour  une  Ef- 
campe  intitulée  ,  les  Amours  en gAjtti.  Elle 
reprcfcntc  quatre  bcaiDt  Enfans ,  groupés 
enfcmble  Air  un  fond  de  payfagc;  L>r 
deux  plus  apparcns  ,  &  qui  rempliflfenc 
prcfque  Le  devant  du  tableau ,  paroiflcnt 
vouloir  fe  dlïputer  une  pomme  qac  tient- 
Fùn  d'eux  r  leur  «Ulputc  n'a  nulle  aigreur  ^ 
fc  concrairtr  ah  voir  {\ir  fêurs  viïàgcs  uiV 
air  de  gayécé  qfli  montre  que  ce  n'eft  en- 
ttCv  eux  qu'uh  bhbinage.  l^n  uroifiémc  »• 
(jùi  e(l  prè^  d'eux  ,  tient  dans  Tes  raiains  utv 
gigeon.  On  verra  bien  ,  fins  qpc  nous  en** 
swettiflïons ,  que  cette  Eftantpe  eft  gravée^ 
&  bien  gravée  d'après  un  tableau  de  M*' 
Boucher. 

Le  même  Gravcùt  vient  de  pid>tier  un«r 
autre  Eftampe  très^ jolie  ,  d'après  un  ori- 
ginal de  M.  Nonorte ,  Elevé  de  feu  M.  Te 
Moine.  Eilc  repréfcntc  une  fbrt  jcuile  per<- 
^ne^oofFéç  «légarantent^^affife  &  i  dfcmi 

G  iii; 


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1^4:  MERCURE  DE  FRANCE 

couchée  au  pied  d'an  gros  arbre  &  fur  ait- 

fond  de   payfage.  Ellç  eft  prefqiie  nne^ 

mai$  cependant  dcccnvmcru  drappéc  d'a- 

ne  légère  gazç  :  elle  tieac  une  flèche  de  las 

main   gauche ,  &  de  l'index  de  la  maiiv 

droite  elle  eh  tace  légèrement  la  pointe» 

Sous  elle  on  voie  une  drappcrie  parfémée 

de  fleurs  naturelles  ,  &  auprès  d'elle  une 

partie  d'un  carquois-  6c  dxm  arc.  Selon 

toutes  les  apparences  ce   tableau  efl:  u» 

portrait.  M.  Nonotte  a  cboifi  ce  genre  Sc 

y  réuflît,.  Cette  agréable  Eftampc  eft  inti-^ 

çulçe  :  Climene   effayant,  hs  flèches  de  VA'- 

moHr  von  y  lit  au  bas  ces  quatre  vers. 

Belle ,  dont  les  mains  toujours  fâres  , 
Vont  du  fils  de  Vénus  lancer  les  traits  vainquem^ 
Quand  ceDieu  par  vos  coups  aura  percé  nos  coeurs» 

En  guérirez- vous  les  bleflures  ? 

DuFtos  ,  Graveur ,  Place  Dauphine  ; 
vient  de  mettre  au  jour  deux  Eftampes^ 
d'après  deux  rableauic  très- agréables  dc^ 
M.  Boucher.  Comme-  les  vers  qui  font  au 
bas  des  Eftampes  en  expliquent  mieux  le- 
fujet  que  tout  ce  que  nous  pourrions  dire, 
riouë  allons  les  rapporter. 
Première  Eftampe,  U  Toilette  P^ftoralu^ 

Loin  des  otneniens  précieuiç ,  *  . 
'....  DcStLt  u  cQ(}aet(e  eni|»runce.ta  parure  j^. 


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TE  V  R  lE  R.     175 u       'îf 

rhilis  â  la  fimple  Nature 
iSoît  tous  les  agrémeos  qu'elle  étale  i  nos  yeux. 
.C^eR  ^infi  que  femanc  4es  fleurs  toujours  nour^ 
vélles. 
Agréable  Bôcrcfaet;  Peintre  cliéri  des  belles^ 
Tû  nous  fais  admirer  dans  ce  charmtnt  cableaa^^ 
Les  atKairs  fêduifans  de  ton.  brillant  pinceau^ 

Seconde  Eftampe,  tes  Confi^nces^Pnfiorales.  ' 

Dûatis  un  charmant  repo^,,  ces  àîràables  bergcrer  * 
S^èntretiennenc  au- frais  de  leurs  tendres  amours  ; 
£xeiiipte$  des  fouets  qufenfantent  nos  chimères , 
Die  leurs  plaififs  parfaits  rien  n'inrerrom^t  lecourff;^ 
De  Daphiîis  j'ai  reçtt  ce  joli  flageolet^r 
Colin  fous-ca  vcrgei"  me  mie  ce  bracclef,  ' 
Vit  cet  agneau  Tirci^  m'a  prouvé  (a  cqnfranceV  - 
C^tSt  ainfi^u?àu  Viilag^pa  cûcpc  eu  confidtnoc.  - 

MoYRE AU  ;  Graveur S\x  Roi  ,  vï^ferir  et' 
mettre  au  jour  one  Eftàmpc  très-agréable^  ^ 
diaprés  \fâ,uvermiéfis  telle  eft  intitulée  U  '" 
Charité  des  CapHcim,  Le  rab΀'a:tf  appartient  ^ 
avi  Roi  de  Pologne ,  Elâdteitr  de  Saxe.  M.  • 
Moyreau  demeure  rue  du  Petit  Pont  Sainr  «^ 
Siveîin5,.àllhiage..Nôtré-Damti  - 

Rf cuÉiL^  de'  icr  VàTcs  de  Sàty  ;  qTfî  Ce 
ttonvcnt  k  P4ris\  cli^îs  Fejjard^  rue* de' U'^ 
Harpe  y  vis-à-vis  là  tût  Serpenté. 

Noiis  prpôrôhs  àWc  'f(Sft-àt^  l'occafîoi^'  * 

G  v^' 


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r^vp  \fEîrCtrR E  D^  PRfCK CE. 

que  nous  fournirent  ctsVafes,<f entretenir' 
nos  Lcdèursdc  ^i.  Saly.  Quancton  eft  bon 
Patriote  ,  iï  clt  peu  de  plâifîrs  aafli    or- 
quans,  que  cciui  d'annoncer  lepi'ogrès  des^ 
talens,  a  en  infïrtiitefon  pay%'n3ême,^dc 

(trouver  par  cfcs  faits  etfénticîs^  combien 
'Académie   Koyialîc'  dé   Peinturé  &    de 
Scolpfi^e  repoftdr  aux  bontés  dont  le  Roi- 
rbonore. 

U.  Saly  cft  deTalerieîennes  &  Héve  de- 
feu  M.  Cotiftou  fc  cadet.  Des  Pri*^/rcm» 
portés  à  rAcadémie  de  Paris^,  lui  ont  mc- 
rhé  d*etre  envoyé  à  Rohie  :  il  y  à  fait  hoti-- 
ncurà  fa  Natipn,  &  pé^fi^dnné^fes  ra- 
ient. Tout,  jnCqÙ'à  (esaitiùfemcrtJ,  y^a  pùt^ 
le  Pertipteinte d'un  homtnencpdiifcieel- 
1er  dâni  (bn  att.  Nbus  éCorni  citei*  eô^  pttfo- 
YC  les  Vafcs  que  nous  annonçons.  Un  tel 
ouvrage  eft  «crtainemcnt  un  badinagc  pour  * 
uiT  grand  Sculpteur  ',  cependant  cette  ba- 
gatelle indique  ,  nori-feulement  un  génie 
facile ,  nourri  par  les  bons   exemples  & 
rempli  des  bonnes   Formes,  mais^  encore' 
une  liberté  de  dcffein  ^  que  la  Sculpture 
ne  femble  que  trop  refiiïer  d  ceux*  qui  la 
pratiquent*  D'aiHcurs  U  liberté  de  la  poin« 
te  &  rinrelligcncf  ,dc  Tèau  forte ,  prou- 
vent que  ce  n*cft  pas  fans  raifon  que  M.- 
Saly  a,  placé  la  Peinture  à  la  tête  de  [c^< 


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F  E  VKÎEVil     1^51.       f5î 

'  C^oelqucs  légères  que  foicni  en  elfcs-roê. 
f^€S   ces  opérations,  elles  indiquent   de. 
très-grands  cal^ens,  qui  fe  trouveront  con- 
fijrmés  par  dc^  opérations  plus  importantes. 
Qàan4  ort'^^  feit  un'fond  par  le  moyen  de 
y^tudc  ^Sc  qu'on  ne  s  ccairtc  pis  de  la  Nâ- 
ti^re ,  la  facilité  n  ett  plus  uft  don  pervers 
&  dangereux  rc'eft  mktnt  un  grand  bon-' 
Keur  de  l'avoir  étendre  comme  a. fait  M, 
Saly  ,  jufqua  la  coupe  du  marbre.  Nous 
comptons  en  donner  bien-rôt  dés  preuves , 
en   faifanf   ebnnoîrre  pltificurs  ouvrages* 
qui  vont  fortirdc  lattelier  de  ce  jeune  Se 
bxillartt  Arriftc.  Nous  infifterons-;  comme  ' 
il  conviefit ,  fur  la  Statue  pédeftre  du  Roi,  ^ 
de  neuf  pieds  de  proportion  ,  que  M.  Saly 
cxécure  pour  la  Ville  de  Valencienncs.  Le" 
itîodéle  de  ce  grand  ouvrage  eftiirrêté'^^'^ 
a**charmé  les  cônnoiffeurç*^ 

.  C AtÂt ÔGitî  des Tâbreàdx'dtt'Cabirielf" 
du  Roi  au  Luxemboxug  ;troi(îcme  édition,  ' 
revue ,  corrigée  &  augtpentée.  ./^  Paris  y 
éïQzPraiilt  père,  Qtiai  de  Gêvres,  175 1,  ^ 

Lorfqiic  nous  avons  annoncé  au  Public 
rexpofitiori  fi  digne  d  elogè  ,  d'une  parriç 
des  Tableaux  du  Roi  au  Luxémbdifrg,nous 
avons  parlé  du  Catalogué  qui  en  â voit;  éré ' 
dtelTc  par  M.  Bailly.  Ce  Catalogue  ,  qiit''^ 
étoic  fait  avecigoàt-j  cftdevenu  toiit-à^f^i-c 


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i$6  MERCURE  I>E  FRANCE. 

Le  Se  Odicuvrc  ,  qm  continue  avec- 
fuccès  la  fuite  des  Gtaods  Hommds  &  dcs"^ 
perfonnes  lUuftrcs  dans  tous  les  genres, 
avertit  le  Public  qu'il  vend  chez  lui  depuis-^ 
peu  2  1  Médailles  rrès-intéreflantes,  gra^ 
vées  par  M.  le  Clerc ,  &  qu'il  vient  de 
mettre  au  jour  le  Portrait  à' Adolphe  ,•  fils- 
ci' Arnoul  ,  Duc  de  Gueldres ,  nié  près  dc^ 
Toutoay  cnï477,&celui  de  François 5/Sr-*- 
ce  Duc  cfe  Milan.  Le  Sr  Odicuvrc  demeure- 
rue  des  Poftcs ,  près  TEttrapade  ,  cul-de- 
fac  des  Vignes ,  vis-à-vis  la  rue  du  Por-de- 
fer.  Os  trouve  chez  lui  urt  bel  aflortinient 
de  bonnes  Efta^mpes ,  un  magafin  de  Ta- 
bîcaui^&  beaucoup  de  Deflcings  de  grands 
Maîtres. 


V    E   R    S 

J):  JM.'  Fannard  ,  4  VôccApon  et  un  Portrait^ 

peim  par  M.  Appclius ,  ne  a,  Caffel  e?t 
Allemapjâ  ^  à  préfem  à  Pariu 

l-#  E  petit  EXiça  qn*ôTi  nomme  Amour  ^ 

Far  fantaifie  ou  non  fattrouver  I*.iutre  jour 
lia  Peintre  ingénieux  ,  dont  Je  pinceau  docile 
5nit  la  Nature  en.  tout  %  &  l^îTprimç  ft  bien  , 

C^ae  traits ,  attitude-,  miiottcn  , 
Ciacci^ regards^  tournure  j^ il  ce- lui  ôiaij^uç  hcoi 


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F^E  YKl  E  R7     1751-      1^^7-3 

Ce  Peintre  alprs  dans-un  dHé 
Voifîn  de  la  Marne  &  tranquille  ^^ 
Se  livroit  â  Ton  An  chez  un  bon  Citoyen  ,• 
Cher  aux  ulcûi&  Jîé  pour  être  leur  fodtien  j  • 

L*Amour  en  l*ab6rdant  d'une  Façon  civile  ♦ 
Bon  jour  ,  frère  ,  ton  nom  fait  qnjcn  ces  lieux  Je  t^ 

viens, 
Tbn  intérêt  aufï;  ^  car  je  puis  t*être  utile  ; 
Mpn  a^rt  cil  dans  ion  genre  auffi  beau  que  le  tien  i  » 
Sotîs  cerert^rieu^ délicat  Se  débile", 
De  rUnivers  entrer  je-fijis  le  vralmobîte;-- 

Tout  n'agit  que  pat  nwn'  moyen  ; 
Partant  je  te  pourrai  procurer  un  grand  bien  ^  , 

ioit  à  la  Cour ,  foit  a  la  Ville  ; 
Mais  je  veux  un^xhofe&  j'exige  de  toi..  . .   . 
Quoi  ? 
Qpje  ton  pinceau  que  l'du  dir^ fertile  ,  . 

Me  peigne  trait  pour  trait , 
Et  dans  î'inftant.  Contenter  ton  feuîîait,-  , 
Btti  répliqua  lePeintrc^,  eft.chofcbien  facile,   . 
Et  iç  vâis/ur  lè  càanip  té  tendre  fatisfair^  . 
Le  Peintre. en  fa  promeire.éiott  sdc  de  ù>n  hiu-. 

l\  venoit'de  fimr  la  xèat  dé  Cèû\lè  \ 

Je«ne  enfant ,  qt>icharmanrc.a?ant  Pâ^c  nubiîé'^r  . 

lait  preffcntir  en  elle  unanérite  paifait. 

Q-ie  faic  no*re  Zcuxis?  A  ceitetête  il  met 

Wti  bandeau-fùr  lei  yeux  ;  tien  .  ?oilâ?  ton  portrait , 

Si£«^  i  CupidoB^,'  voi  û  je  io'is  habile.- 


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^^«Tmbr'cûre  de  franc: e.- 

L^Aœqpr  en  ftit  joycur  autant  que  ftapcfaic  ; 

Pour  prix  de  ce  bienfait ,  , 

Rien  poar  toi  dans  Paphos  ne  fera  diflicile  : 
dier  Peintre ,  fi  jamafs  tu  ckéris  tin  objet  J 
Eliffei-tu  cent  tiraux  &  fflême  plufs  de  mille  ? 
Ç  Parle  5tyx  aujourd'hui  1*  Amour  te  le  promet}" 

Ils  verront  leur  peine  mutilé  ; 
t'es  feux  auront  par  tout  uii  triomphe  complet.' 

'         -  

La  Lctttc  fuivântc  noos  a  paru  piquante. 
Nous  y"  avons  trouvé  du  fcnrimcnt ,  de 
r^fcfprit  ,  du  ftyk.  Nous  fouhaiterions' 
cm  on  nous  fournît  fouvcnr  Toccafion  d*of- 
tfir  i  nos  L^ûcury  des  morceaux  de  cet 
agréflïcnt, 

LETTRÉ 

ife  M.  de  SI  P.  à  M.  de  B.  fnr  le  bon  goût' 
dans  Us  j^rts  (gt  dans  Us  Lentes. 

VOm  aimfcz'Mcs  Afts  ;  Monfieur,  a 
nd^i  j'aime  les  Lettres.  Ces  goûts  n^ 
différent  pas  beaucoup  entre  cux*^  &  j'ai- 
même  fouvtnt  remarqué  des  conformités 
dans  notre  façon  de  fehrir  lès  chofes  qui 
nt)us  afeâoienr.  Cependant  ihcft  arrivé 
que  dans  les  confidences  particulières  que 
nous  nous  faifibns  réciproquement ,  noiis^^ 
nous  fommes  plus  d'une  fois  regardés  l'oa' 
l;iucFe  conima  un  gcu^  viuonnake^    }e 


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février;    ty^u  ,r5^ 

vous  en  ftis  l'aveu^  faiccs-moi  le  vôtre 
^vcc  la  mçmc  fincériré.  Quelquefois  vour 
m-avci:  trouva  lifant  un  gros  volume,  farci- 
de  Grec ,  que  j'appellors  V^mhotdgie  -,  j'é- 
rois  en  cxtafe  fur  une  Epigramrrtc^Gfccqqe, 
où  je  découvrois'dcrbeamcs  for  Icf^ÇûcUc^' 
jt  ne  rat iffoispoiVit,  car  quel  cftl*îtommc 
ailtrz.ftcrilc  pour  n'être  pas  biibiUûrd^uariil'* 
V  if  parle  de  Ci  paflîôn  îCcs  beautés  vous- 
paroîiïoient  bien  inïîpidîès^,  &  vous  avicsJ^- 
gTand<?  envie  de  me  renvoyer  à  là  pkifan-^ 
uric  de  Râcan  for  lesPotagesà  laGrecque .** 

^'^M.  de  Racan  âHa  voit  uïi  jd^u'f  MTadciiioirelIa" 
dé  Gournay^  qiit  lui  fit  voir  dçj,  Epijçramnies  <}u'el** 
lé  avoft  faites ,  &  lui  en  demanda  Ton  fentimenf.' 
M.  de  Racat)  kii  dk 9^- i^n' y  stvàit  rien  de  bon,  dc 

Si^tWts  n'avoîenc  pas  de  pointa,  MUc  de  Gournay  » 
f  diif  qu'il  ne  falloîc  pas  prendre ^arde  i^ela,  que 
c^étàiênt  des  Epigrammet  ila  Grecque.  Ils  aile* 
Eânc  enfonce  dîner  enfemble  chez  M.  de  Lorme  ; 
Médecin  des  Eauï dc  Bourbon.  M.  dc  Lormc  leur- 
ayant  £ait  fefvrr  un  poTage  qui  n'itoit  pa^s  fort  bon, 
Mlle  de  Gournay  fe  rourfia  dil*  côté  de  M.  de  Ra- 
Ca^,  Se  Ui'tdit  :  KtOnfieur, ^oHi une  méchante  fou*» 
pc  ;  Màdîcmoîfclle  ,  répartit  M.  de  Racati ,  c\R  une 
foupe  à  la  Grecque.  Cela  fe  répandit  tellement 
çj*i*on  ne  parloiten  pluf^surs  endroits  que  àtfiufs  " 
<»(#  GrecqHe\  ^oïit  dire  uaméchant  potage  ;  & 
pour  nfïarmicr  un  méchant  Cuifinter ,  on  diJoit ,  il 
fait  de  i;^  ibupc  â  la  Grecque.  Voyez  Coftàr ,  p.- 
174  <ie  fa  Suite  de  la  défenfe  de  Voiture  ;  &  Per- 
rault, p.  3*^  du  tome  i  de  (on  Parallèle  des  An- 
ciiMM&'dcs  Modernes. Menagiana ,  T.  IL  p.  344. 


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'  1^6  MERCURE  DE  FRAIfGE^ 

là  m*cn  appcrccvois ,  quelque  peine  que' 
vens  prifUez  i  vous  échauffer  ,  afin  de  pa-^ 
soîrre  de  mon  avis  y  ce  font  de  ces  trompe*  • 
ries  qu'on  Ce  fait  entre  amis.  Plût  a  Diea 
que  les  hommes  ne  s'en  fiflent  point  d'au- 
tres ,  &  qu'ils  s'en  fiffent  plus  fou  vent  de 
celles-là  !  Ils  fc  fcroiciit  plus  sûrement  re- 
venir de  leurs  erreurs  &.iie  fe  haïroicnr- 
pas  tant.  Aptès:  bien  des  difcoars  qui  ne: 
vous  pcrfuadoient  pas  >,  vous  forciez  de 
chez  moi  en   hauffant  les  épauler-,  &  fî;U 
vous  ne  difiez  pas  avec  Molière  > 

Mh  foi ,  jc  le  rieo^fol  de  toutes  les  manières-  ^ 

da  moins  difiertVQHS  comme  lui  :  - 

W  !a  l'cfprii  bicffé  6ir  certaines  marièrcs»  >. 

Quoiqu'il  en  foit.^  |c  vous  le  rendoîs^- 
bien  à  la  première  vifire  que  JC' tous  fai^*^ 
fois  ,  brfqtye  vous  trouvanrau  coin-dc  vo-- 
rre  feu  en  contcrpplarion  fur  un  porrcfeuîî- 
Ic  plein*  de  papiers  tout  déchirés  ^  jenY- 
voyois  qu'un  griffonnage^  raooftruenx  de 
figures  à  détni  tracées  »  qui  me  paroiffbir 
un  Livre  de  fortilè^e  ,  &  que  dans  un  au- 
rrc  (ens  voùsappelliéz  la  magie^dc  l'Art 
du  Deflein.   Ce  q.iTe  je  meprifois  n'écoit 
rien  moins  que  Touvragcde  Raphaël  ;  de  ^ 
Michel-Ange  &  des  Caraches  ;  de  ces  hom* 
maçsicjui  je  vous  ai.  entendu  fi  fouvent - 


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F  E  V  R  lE  R;      i7p;      i^n 

prodiguer  le" titre  d'immortels  &  de  Dî- 
vins.  Tandis  que  vous  forciez  de,  votre 
flegme  ordinaire  pouB  paflçi  aux  plus  vif$- 
tranfports  d'admiration.,  je  reftois  comme* 
pétrifié.  Il  nc„m'entroic  pas  dans  refpric. 
comment  des  traits  fans  liaifon  ,  fans  or- 
dre &  nullement  arrêtés  ,.queJqucs  coups^» 
de  plume,  jettes  rapidement  &  comme  aii< 
bazard  fur  le  papier  ,.pouvoicnt  produire, 
fur  vous.de  (wgrands  efiFets  ,  &  vous  faire.* 
entendre  ce  qi>e  ces  habiles  g^ns  avoient 
voulu  fc  dire  à  eux-mêmes  ^,  lorique  dans^ 
là  chaleur  de  la  comppfition  ;  ils  avoient 
ainlî    exprimé   leurs  penfées.  J'étois   çr— 
corc  moins  perfuadéque  descfquiffes  fi  lé- 
gères ,  pûllcot  être  qualifiées  du  nom  fé— 
f  ieux  d^éîudes,. 

Vous  vous  fouvenez  (urement  de  certes- 
Statue  Egyptienne  qui  éioit  fur  votre  che* 
minée,  que  vous  cédâtes  avec  cettefoibleflç* 
qpi  vous  fied  fi  biennaux  tn ftances  d'un  ami, ^ 
&  que  vous  n'auriez  pas  donné  pour  toat^ 
Por  du  monde.  Votre  Magot ,  car  alors  je 
n'y  voyôis  autre  chroft^  ^  étroit  accroupL 
dans  une  attitude  aflcz  mauffade ,  la  tête 
paflabicment  ébauchée ,  le  reûe  me  paroif- 
{bitauflî  informe  que  ces  Marmoufets  quci 
les  Bergers  oififsde  nos  campagnes  ,  for- 
ment avec  un  couteau  fur  un  morceau  de;  r 
bois,. Des  quatre  .cpius  de  la .  figure  ,  f^E«- 


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Hr   MEKCITRE  DE  FRANCE. 

fDtcnt  dcox  jambes  &  deux  bras  égalcmcnf 
foidcs  &  fccs,  cependant  vous  vous  rccrîiex' 
for  le  bel  enfentble  de  la  figure  ,  fur  fk  no- 
ble compofîûon  ,  &  fur  la  juftcflc  &  l'élé- 
gance de  fcs  proportions.  Tout  vous  y  pa-» 
roifloît  admirablement  bien    deflîné  ,"  les 
membres^bien  cnmanchés  (padèz moi  les 
fermes,  fi  je  lesar mal  retenus^)  aucon  muP 
de  n'ctoic  oublié  ,  &  toasétoient  en  fonc- 
tion. Vous  pcnétriez'jtffqûes  fous  la  peau  , 
St  Vous  re(Icnticz4e  jeu  &  raflcmblagc  des 
os  ',  M;  Vinfibu  n'eût  jamais  porté  (es  ob^ 
ftrvations  plus  loin.    VoCfc  Statue  dans 
votre  imagination  ,  deVenoir    un   chef- 
d'œuvre  d'Anatomie  &  d'Oftéologie  ,  au- 
nmr  que  de  Sculpture.  Vbus  y  fuppofics^ 
tbur  ce  que  le  Sculpteur  n'y  avoit  pas  mis  r' 
commet  s^il  n'avoir  voulu  que  indiquer  „• 
8i  de  mon  côté  jccroyois qu'il  n'y  avoir 
ps  plus  fongc  que  moi. 

Vous  aurez  encore  moins  oublié  cer-- 
tàin  vafe  Etrufque  *'qai  fàifoit  vos  délicesr 

-  •  Le»  .Vafcs  Ettuf^u^  (ofst  la  plupart  èer 
vailTeaux  à'anc  terre,  commune ,  mais-très*fiiie  & 
nès-légère  ,  anciennement  deftinés  à  coûte»  £cmes 
d'ufages.  Les  Ecruriens  ou  Tofcahs ,  qui  avant 
que  de  paflfér  fous  la  domination  Romaine,  avoieot 
reçu  les  Arrs  des  Egyptiens,  ou  dc«  Grecs .  *c  pi- 
roiflbrent  en  avoir  urnti  toutes  les  perfeâions  flr 
toutes  les  finefTes,  lorfcjue  les  Romains  n'es  avoieor* 
f^s  encore  la  plus  légère  teinture ,  ont  laiflif  des'    1 


,y  Google 


_  ,:     F;E-V  RI  ER.     175  n     rd$ 

fSl   pour  lequel    vous  cbaffatcs  un  valcff 
excellent  ,  qiii   ravoit  malhcurcufcmcnc 
eaflç.  Je  ne  m'accoucumok  pasàTEloquen-- 
oc*  coajouxs  nouvelle  r.  avec  laquelle  vous* 
en  vamie»  la.  belle  £jrme  y-  les  contoursr^ 
heureux  &  coiilans  ',  &  mille  autres  per-^ 
%âions  de  ee  genre.  Quelques  figures  tra- 
cées furçey^le,  comme  nous  en  faifons* 
qpclqpcfDis  av«c  dès  cartes-  cm  du  papier 
que    nous  4écoupons  ^  vous  raviffbient  ,-. 
difiez-vous,  par  la  naïveté  des  attitudes  ». 
la  régularité  des  profils  ,  la  magnificence 
des  habillemcns  dans  leur  fimplicité.  Nous 
BOUS  fomtnes  fouvent  féparés  un  peu  refroi* 
dis,  afles-.  mecontens l*un  del^autre.^ 

Monumens  de  leur  goût    dans    la  belle  cona-^ 
poficion  de  leurs^Vafes  Se  dans  les  deiïcins  qu'ilt*^ 
T.oot . a jpdtés*  Quoique^  ces  rares  morceaux  ne-= 
ipienc  connus  en  France  que  d'un  ptttt  nombre 
de  Curieux  ,  ili  font  très  cftim^s  &  très-rccbçr* 
chés  en  Italie  )  on  en  voit  dans  lès  plus  riches  Ca* 
Sinets  &  dan»  les'  plus  grandes  Bibliothèques  ,. 
comme  celle  du  Vatican  »  d6nc  ils  font  un  «des  orne^^ 
ttiens  principaux.  Il  y  a  plus  de  deux  mille  ans 
qu'ils  férvotent  i^parer  le  s  buffets  du  Roi  Porfenna.- 

Imitus irmTufiii Burfinti fiikhhut^  fuiv«m  Martial; 

Voyez-ce  ^ue  dit  le  P^  Montfiucon  deS  reAes  àc^ 
ecs  Antiquités  Etrufques.  Antiq,- expliquée ,  tbmc 
3 ,  liv.  4  ,  chap.  4.  Tome  y ,  liv.  x  ,  chàp.  ^  j  &  le^ 
Supplément ,  tome  3  ,  \iv.  3  ,  chap.  x^,  3,  4,  5 .,, 
^«,  7  &  ^  »  &  toia»  4^  liv,  x^  chag:  i*    - 


DyGoogle 


T^4  MERCUKEDEFRArrCR 

.  L'Eté  nous  raccommodoit  dans  nùT 
promenades  aux  Cbartreux;  Lorfqtic  tîoosp 
entrions  enfcmble  dans  ccs'bcaax<^lôîtrcs, 
&  que  nous  confidérions  les  mcrreillcutr 
Tableaux  de  le  Sucut ,  *'nous  criofis  alow 
lin  peu  plus  d'accord-,  rovtf  aviez  cent 
ehofcs  à  me  dire ,  &  moi  fi  -  je  n*avois> 
rien  à  vous  dire  pour  confirmer  vos  jugc*^ 
mcns&  vos  éloges,  jcn'arvois-da  moinr 
rien  à  répliquer  pour  les  contredire.  J'é^ 
rois  prefquc  toujours  de  vôtre  avis  ,  tmisr 
je  ne  fçavois  pas  pourquoi  un  fentimcnr 
inrérieur  que  je  ne  démèlois- point  ,  me 
fôrçpit  à  penfer  comme  vous  :  enfin  la  nui^ 
nous  rcnvoyoit  chacun  chc»  nous  y  SCitoû 
Itvroit  i  mes  réEexions*^ 

*  te  Sueur  fortoît  dé  l'Ecole  de  youêt  8cn*i^- 
voit  que  vingt-hutt  ans  lorfqu'il  peignit  le  Cloître 
des  Chartreux  en  1^4?  ,  &  ce  fut  fur  cet  ouvrage 
çp'il  s'établit  la  grande  réputation  dont  11'  jouit  ,'- 
&  a  laquelle  les  peintures  dé  la  maifbn  de  M«! 
tambert  ,  dans  l'ifle  Notre-Dams ,  aujourd'hui* 
occupée  par-  M.  de  la  Hiye  ,  F'^rmier  Général , 
ont  mis  k  dernier  fceau.  On  nies  Edanipesdé 
CCS  •  peintures  du  Cloître  des  Chartreux  ,  gravée!? 
par  Chau veau ,  mais  elïes^ n'en  rendent  tout  atr 
plus  que  la  compofîtion.  M.  de  Soubeyran,  habile 
Graveur ,  qui  s*eft  retiré  depuis  peu  àtîenéve  .  fa 
patrie  ,  en  prépare  d'autres  ,  qui  feront  beaucoup-' 
plu9  parfaites ,  &>  nous  fouhairerions  que  cette 
annonce  pât  le  détenoinar  â^  nous  les  donnée^ 
jluiôe*.  -  '    .        .  '     -  ^ 


,y  Google 


^  -  :*F  :b  ^  R  ï  E  ^R*    i7fi.     1^^ 

.  :       Ce  n'éto^tj)lus  de  vous  alors  g  ne  )'étoi« 

;Tnéconicnr,  c  étoit  de  n-joi-niemc. JcBi'im- 

^atiemoisjdc  ne  pouvoir  iiie.rendrc  raifon 

.^'un  fcnrinrent ,  qui  n'en  étoit  pas  moins 

^vif  ,  quoique  le  principe  ne  m'en  fût  pas 

..connu  ,  ,&  cj^ns  mon  impatience  ,  j'avois 

^quelque  rçgret  au .  plaiiîr  gue  mon  fcntj- 

.^xnent  mavmc  prpcnté..  .     . 

Comme  nos  promenades  &  nos-viCiçs 

idtt  CloîtTc Te  tépecoieht  fouvent ,  mes  yeux 

,,fc  défiliercnt  enfin  ,  '&  le  voile  tomba, 

.En  considérant  ces  tableaux  incompa- 
,fTâblq  qui.  me  tîpnnent  plus  que  tous  Les 
^aut^es,  ridée  .que  ie  me  fais  de  la  Pein- 
ture des  Grçcs  ,.&  du  goût  qu'ils  portèrent 
ulans  les  Arts  ,  corpme  dans  les.Ouvragês 
.purement  de  i'efpric  ;  en  «onfidérant  ces 
Tableaux,  je  rjemarqqois  que  deux  ou  trois 
*|)erfonnagcs dans  une  cellule,  ou  dans  un 
^p^Tagç ,auiïî  iîm pie  jque  Ja  »cellifle  même; , 
r  faifoiçnt  tout  [e  (ujet .  Ppint  de  ^es  at^tudcs 
, -forcées  que  la  Nature  défavoue  ,  &  queJc 
.Peintre  rnet'  fans  ïîéccflîté  >  .&,  feulement 
pour  rtiontrir  , qu'il  fe  joue  du  deflein  ; 
point  de<:es  cxpreÛions  outrée-s  i^  toujours 
[imanquéeSjdc^ces  draperies  dont  toute  la  ri- 
^xlidîç  qftdaj)s  la 'tjiurre  fur  Abondance  dfes 
!  plis,^  d^ns.(ies  ornemensftiperflnsjpointdc 
^XtCS  P^ais^de. Fées  qui  pç^recni  un  Cielbru- 
,)^}^  tottCjjsn/eû  >pJoiac  de  ces  cçmu^cs 


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tttf5   MERCURE  DE  FRANCE. 

idans  Tordre  des  groupes ,  aînfi  que  dafns  fin 
^ftriburion  des  ombres  &des  lomicrcs?, 
wqai  ajoutent  au  fracas ,  cja'on  appelle  la 
JUachme. 

Notre  Cloîrfe  nottsrcpréfcntc  quelques 
pieux  Solitaires  debout  ,  *â  genoux  >  oâ 
-dans  d'autres  attitudes  ,  chacun  xronformé- 
4nent  à  la  dcuatiou  de  fon  ahie ,  dans  la^nié- 
ditation  ,  dansla  prière  ,  dans  des  exerci* 
^es  intérieurs  de  pét^^tetice  ou  de  dévb- 
:tion.  Un  long  vctemenr  de  fcrge'  blatidic 
-couvre  de  la  tète  auaf  pieds  la  figdré  hum- 
ble &  modeftc  des  pieux  Solitaires,  dont  la 
J)Iûpart  ont   les  mains  enveloppées  dans 
eurs^  manches,  les  brasoreifés,  ou  quel- 
quefois tombant  avec  négligence ,  telles 
que  le  hazard  les  fiût  rencontrer  ,  ou  qiic 
les  avoir  préfentcs  au  Peintre  laNature^mc- 
tne  ,  qu'il  avoir  toujours  étudiée  ,  &  qui 
fera  toujours  la  feule  maicrefle  its  Arts  & 
^du  bon  goût,  tJn  petit  nombre  de  couleurs 
«donne  la  vie  à  ces  tableaux  ;  ^  nïmpolfe 

Î)oint  par  ùrf  faut  brillant  ;  tbut  y  refpite 
a  plus  grande  fimplicité.'Lfcs  compofittoiis 
femblcnt  s'être  oïtcrtes  telles  quelles  font, 
&  n'avoir  rien  coûré  à  leui;  Atiçeur,  Cepen* 
Jdant,  plus  je  les  confidérois , ^  plusfetoSs 
enchanté.  Je  fis  alors  cette  réflexion ,  qiic 
^lus  on  nous  découvre  par  Tes  efforts  Teft- 
vit  de  nous  émouvoir ,  xnoinstiou^^mi- 


,y  Google 


IF  E  y  11  1ER.      i7^u      i^r 

tvçs   émus  i  .&  plus  on  fçaic  cacher  Tarri. 

fice  ,   plus  on  parvicnjc  à  nousféduirc  te 

à  T^ous  toucher.  J'en. conclus  enfuite  ,  que 

moios  on  employé  de  moyens  à  produite 

un  .efFec ,  plus  il  y  a  de  guérite  à  le  produii- 

re.»  &  plus  le^ei^teur  ou  le  leifteurfe 

livre  volonûecs  À  l'impreflion  que  mms  * 

a.vons.cher(;h.é  à  faice  furiui.  Ccftpir  la 

;fin^plicitc  ^c  ces  moyens  >  ^ui  feniblciK 

.avait  été  dans  les  nuuns  &  Tous  les  yeux 

Jetons  les  hommes  )  quoiqu!ils  en  falfenc 

ii  rarementufage ,  que  les  chefs-d*œuvre^ 

.dans  tous  les  genres  i<om  été  créés  comme 

pour  nous  fer  vir  éternellçmer^  de  modèles* 

C'c(l-là  ce  fublime  fur  lequel  on  a  tant 

^i^uté. 

Jeme  fuis  raccommo<ié.»:Klonnear  yà^ 

mzhtc  ceaaslàavec  vos^gros  porce-feuit- 

Hfes,*vos  ctoquis  ,  vo^s  Sâmes  Egyptien- 

4nes  ,  vbs  va/es  Etrufque^»    Je  reconnok 

^\xc  la  diyifîon  cUns    nos  jugement  n^ 

orient  que  d'a^cûr  voi»lu  eomraiencer  pan: 

roù  il  faUoit€nir  :  je  voulais  féwtxct  dans 

âcsttîjftèresdcja  Peinture.,  &  je  ny  étdi,s 

pas  (eulemea^  Initié.  Comme  lûen  d!aar 

MC$ ,  je  voyois  làns  voir  v  il  Éallôit  pour«ic 

^amener  dans  la  voie  des   tho(es  abfo- 

aliment  termrt\écs  ,  8c  qui  ne  me  laiffitlTcnc 

lien  à  fupplé.cr ,  des  Ouj/ragçs  , Tur  rour,^ 

4^id  p.all^^t4ol'^Çp£ifCtVi^Q!l6S>i  ll^uv^f* 


,y  Google 


1 


4«S    MERCUR€I>E  FRA^NCl. 

.-J'admirerai  maintenanc  (kns^  comptaifanâ 
ïouc  ce  que  vous  voudrez  ;  j'cfpere  àuffi 
:que  vous  ne  ferez  pas  oblige  de  faire  plus 
id  efforts  pour  gôûteriDon  gros  volume  de 
V^ntholo^ie.  Partez  du  même  principe  que 
•tnoi ,  &  je  me  flafte  que  vous  *vA:rcz  avec 
plaifir  une  aïKÎennetpiiaphe*  Grecque, 
fur  laquelle  je  tombai  ces  jours  pàfles  ,  & 
ui  excita^n  moi  unfen riment  que  j'aurois 
e  la  peine  à  vous  exprimer.  Peut- être  n  a 
:t*il  d'autre  (ource  que  dans  cette  hcûc 
implicite ,  qui  fait  le  principal  mérite  des 
:produâions  de  l*efprit ,  comme  de  toiB 
les  Ouvrages  de  l'Art.  VoiciJ^riginai. 

*1ElicT»oct,  qui'le  premier  a  rapporté  cetft 
ïpitaphe  dans  fou  Commentaire  fur  Aufbne ,  im- 
primé en  1590  (  iio.  I.)  die  qae  trente--cfnq  aos 
auparavant  il  l'avoir  copiée  fur  le  marbre  nnême 
>qoi  fe  trouve  dans  la  Ville  de  Bourdeaux,  Se  qu'a- 
lors on  pouvoit  la  lire  facilement ,  mais  que  de- 
λais  ce  tems-lâ  des'gensrqui  neconnoifloicot  point 
exulte  &  la  vénération  qu'on  doit  â  TAntlquité; 
avoient  employé  ce  marbre  au  pavé  de  l'Egb'fe 
%>uterraine  de  Saint  André ,  od  tous  les  jours  il  câ 
'foulé  aux  pieds  d'une  infinité  de  perfonnes  ,  dont 
la  plôpart  ont  des  doux  à  leurs  fouliers ,  &  qa^  m, 
été  tellement  ufé  depuis  ,Tqu*à  peine  peut-on  y  re- 
^connoftre  quelques  lettres  dans  le  tems  od  il  écrit» 
On  peut  voir  dans  le  n.ême  Commentaire  les 
traduâ-ions  en  vers  Latins  de  huit  dif&frens  Au- 
teurs qui  fe  font  exercés  fur  cette  Infcription ,  et 
^tti  fumcoît  pool  en  relever  le-mérke. 

AEI^ANA 


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FEVRIER.     1751.      169. 

AEWANA  AOTKIAAKC  .  AIAIMATOKOT. 
ENeAAE.  KEITE*  HK.  MEMEPIKTO.  BP£- 
^H.  2ÛON.  ITATPI.   0ATEPON.  ATTH. 

Que  le  Grec  ne  vous  effraye  pas  ,  en 
voici  la  Traduâion  Françoife  littérale. 

»  Ici  rcpofent  les  rcftes  de  Lucile.  Elle 
»  accoucha  de  deux  jumeaux  qui  fureuc 
m  partagés  >  le  vivant  au  perc  ,  &  l'autre 
2>  à  la  roere. 

Je  me  {\ns  amufé ,  quoique  je  ne  fois 
tien  moins  que  Poëte,  à  la  mettre  en  vers, 
vous  Y  fentirez  peut-être  mieux  1  intention 
(de  l'Original. 

De  Xbn  mari  Lucile  oniquenaLcnt  chérie  ^ 
A  deux  jumeaux  donna  la  vie  ,. 
Et  la  perdit  en  roêree  tems. 

I.e  (brt  aux  deux  Epoux  partagea  les  enfàns  ; 
L'un  an.  tombeau  fuivit  (à  mère  . 

L'autre  vécut,  pour  confoler  (on  perc. 

Je  foutiaiterois  que  quelques-uns  de  nos 
Poètes  vouluflent  employer  leurs  talcns  à 
tradoire  cette  Epitaphe ,  &  qu'ils  s'appli- 
quaflent  fur  t/wt  à  lui  rendre  la  fimpUcité 
&  la  précifion  ,  que  j'ai  tenté  inutilement 
de  lai  conferver. 

H 


dby  Google 


I70   MERCURE  DE  FRANGE. 

Af.  Gautier  avertit  Tes  Soufcripteurs  ,  qu*il  fctt  i 
la  fin  de  Février  ,4a<roifiérae  diilrihacioa  de  Tes 
Planches  Anatomiqiics  de  1&  quatrième  &  d^mie.e 
Soufcriftion.  Elle copiiendrA^^a  détail  circooftao- 
cié  des  parties  de  la  génération  de  rbomme  êc  de 
i^  feainie%  On  y  (r^uireraTepréfentés  au  fnaturei  les 
cinq  differeos  états  de  la  matrice  Se  da  vagio  :  ce 

Îiu^on  ne  voit  dans  aucun  Auteur.  Les  Planclics 
eroDt  très  utiles  aux  Aecôucheurs,  aux  Sages.fen« 
mes ,  &  à  tous  ceux  ^ui  étudient  les  maladies  qui 
«nt  rapport  à.ces  parties  da  corps  humain.  Le  re- 
tardement de  la  didribution  n'a  étécaufê  jque  pet 
la  difficulté  d'avoir  des  fujcts  convenaUes.  Cette 
excufe  ,  pour  avoir  été  fouvenc  réitérée  ,  ne  laift 
pas  d'être  des  plus  légitimes. 

^. ■■■^     * ^-« ■ -^ -r 

AU  BAROMETRE-ROUGE,' 

Cran^  rue  dit  tauxbourg  S,  jintùine  ,  m^ 

àûjfns  desc,nfanS'TtoHvés» 

ANdré  Bourbon  ,  Ingénieur  de  l'Acadéiai( 
-  R.oyale  des  Sciences  pour  les  InArumeos^ 
Phy(iqae ,  £att  Sc  rend  toutes  fortes  d'inflromèns 
de  Phyuque  en  verre  ;  'fçavoir. 

Tontes  fortes  de  Baromètres ,  Baromètre  de 
TorkHli  ;  «aromette  éc  M.  Hu^tum  ^ou  coitipofé. 
Barom jette  incliné  de  M.  j^r»miti;&rcmietrepori 
'  tatif  de  M.  Derham  ;  Baromètre  marin  de  M.  Jff^tk^ 
Baromètre  a  roue  parle  même  Auteur ,  décoté  de 
tous  les  oinemetis  dont  U  b(l  fû&eptiUe  ,  &  Bi« 
rometre  lumineux* 

Toutes  fortes  de  ThcrmonMilFCB  d'E^rît  de'i^ 
&  de  Mercure  ,  fuivant  Mrs  de  Kérnsmur  »  de  làfi 
U  ,  Nexvton ,  FMêutîtk ^ lOiàFràn^^  Chri^  de 
Lyoa. 


,y  Google 


F  B  V  RI  E  R.     i7îff.        X7t 

Thctmometres  à  aiguille  ,  Thermomercres  pooc 
les  poules  ,Tfaciiiioftictrcs  de  podie ,  &c. 

Tomes  fortes  d^Hygroraetrcs  félon  Mrs  Mùli* 
mux  y  Haies  yDefagutim  ,  &c. 

Il  vend  auffi  des  Machines  d'Eleârîcicé  de  ton» 
.tes  gtandeurs  arec  ce  ^ui  en  dépend  ,  pour  faire 
les  e^xpériences ,  qu*il  exécute  lui-même  lorfqu'oa 
Pexige  ,des  Aréomètres  ouPcfe-liqueurs  ,  des  Pc- 
^atdsydes  Larmes  Bacaviqiies,  des  Ludions  danfans, 
Jcs  Soleils  de  verre ,  &c.  des  PrifmeSi  des  Syphonl 
^e  différences  efpéces  ;  des  fontaines  artificielles  ; 
Fontaines  de  Héron  ,  dcKirker^  de  Jouvence  ,  &c. 
^es  Cruches  de  Caojt  ,  &c.  4es  PadeVins  ,  des 
Diabètes ,  Sec, 

On  trouve  encore  chez  lui  des  Machines  Pneu« 
fDatiques>divers  Phofphores,  Phofphore  de  MeUgnt^ 
d'Angleterre  ,  de  Kunkel ,  î*Homherg  ,  Sec, 

Quoique  le  Public  veuille  apprécier  lui>méme  la 
bpnté.  des  Ouvrages  &,  des  hiRrumens  dont  il  fais 
{'emplette  ,  cependant  il  efl  toujours  charmé  de 
fçavQÎr  ce  que  penfent  les  Sçavans  fur  ceux  qu'oa 
lai  vend  C'eft  dans  cette  vue  qu*on  a  crâ  devoir 
rapporter  ici  les<}ettifîcats  de  Mrs  dcReMumur  Se 
de  Lijle ,  Juges  reconnus  fupérieats  en  cette  ma-n 
«iere. 

Certificat  dt  M*  deReatmar  ^Intendémde 
f  Ordre  Royal  &  Militaire  de  Saint  Louis^ 
des  Académies  Royales  des  Sciences  de 
France^  d'Angleterre^  de  truffe,  &c. 

}e  certifie  volontiers  que  le  Sieur  André  B^nr- 
%en  a  fait  pour  moi  diverfes  Ouvrages  ,  dont  j'ai 
été  coateat.  A  Paris  ce  ^  Aoât  1750.  Signé  ^àii^ 
R^aumur. 


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171   MERCURE  DEFRANCÊ.  . 

Certificdt  àe  JH.  de  Lijl: ,  Profcjfsiir  Royal 
d€.s  Aiathimatiques  ,  des  Académies  Rojé* 
les  de  Paris  ,  de, Londres ,  de  ^erlirf ,  dTc. 

\^(i  Sieur  Aadrj  Bofirhm  ^  qui  travaille  â  tqurçs 
forces  d'Inffrumens  de  yerrcpour  les  Expéricnccç 
de  Phyfîque ,  comme  Barome(|:es ,  Tl^ermome- 
tres  ,  Sec,  m'ayant  demancié  des  ijémoigpagcs  de  fa 
capacité  dans  toutes  ces  fortes  d'Inflruipens,  je  n'ai 
p  û  les  lui  icfufer ,  aya«t  été  extrêmement  conteot 
de  tout  ce  qu'il  a  fait  pour  moi  &  pour  d'autres.  A 
Paris  le  Z9  Janvier  1750.  Signé,  de  Lifle,(Profc fleur 
Royal  de  Mathématiques  &dePAc9démie  Roya- 
Iç  des  Sciences^, 

ji  F I S  imirejfant  aux  perfonnes  chargées  dtt 
lurninaire  des  Eglifes» 

LE  Sieur  Méjfter  donne  avis ,  qu'il  tient  ma- 
nufadure  de  Cierges  â  reflbrt^  qu'il  a  poufTés 
âla  derpiere  perfedion  ^  le fquels  Cierges  ofFrcaC 
de  grands  avantages. 

De  ménager  la  Cire  au  moins  de  deux  tiers  »  de 
n'être  point  expolés  à  couler  comme  les  auttes 
Cierges  ,  ce  qui  périt  tous  les  orncmcns  des  Au- 
x£\s  ,  (Je  confervej:  une  même  hauteur  ,  ce  qui  eft 
impoffible  avec  les  autresj  de  brûler  toutes  fortes 
de  cires  jaujie  ou  blanche,  n'ccant  point  expoféei 
la  vde  ,  puifqu'elle  fe  trouve  renfermée  dans  un 
Ca  .on  qui  ne  laifle  voir  que  la  lumière  ;  le  tout  s'y 
confunie  fans  aucun  déchet ,  la  Bougie  brûlant 
jufqu'â  la  fin ,  le  même  avantage  fe  trouve  luffi 
dans  les  Cierges  Pafcals  ,  Flambeaux  ^'Ek  - 
tiou  ,  Bougies  pour  brûler  devant  le  ^aincSc  iwt 
inent. 
Os  fertç5  de  Cijcrges  fe  pouvrenj:  non-fiul^* 


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FEVRIER.      ij^5i.      17) 

ment  de  cire,  mais  encore  onléspcrnten  ver- 
tïis  y  couleur  de  cire  pour  la  commodicé  des  pcr« 
fonnes  qui  ne  fetoient  pasiportéede  les  taire 
tccouvrir  en  cire. 

Il  en  a  déjà  fait  des  envois  conéd^rabJes  dans 
les  Provinces  &  les  Pays  Etrangers  les  plus  éloi- 
gnés 9  dont  on  a  été  très  fatisfait  :  il  en  fait  de 
toutes  grandeurs;  les  perfonnes qui  en  foubaice^-* 
ieront ,  pourront  envoyer  la  mefure  de  la  pointe 
de  leurs  Chandeliers,  eâ  faifant  un  ^rou  jufle  â  une 
carte  ,  afin  que  leurs  Cierges  foient  plus  fiables. 

Il  en  fournit  aufC  aux  Marchands  étrangers  qui 
en  voudront  6ire  commerce  :  les  perfonnes  qui 
lui  écriront ,  foiH  priées  d'affranchir  les,  porcs  ,  à 
inoins  qne  ce  ne  foitpour  commander  de  l'ouvra- 

fe.  Sa  Manufadhire  eft  rue  Chasonne ,  Eauxbourg 
*  Antoine.  A  I^aris. 

CHANSON. 

Confeils  k  une  jeUne  ferfonne. 


V, 


Ous  avet  les  appâts 
De  l'aimable  jeunefle  ; 
L'erptit&  làfinefle 
l^ïe  vous  quitteront  pas  % 
De  l'adroite  raifon 
Suivez  toujours  les  rracei , 
Bt  vous  aurez  des  grâces 
Daas  l'arriére  faifon» 


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Ï74  MERCURE  DE  PRAI^CB; 

Voyez ,  dans  ce  /ardio , 
Ce  que  c*eù  qu'âne  rofe  ^ 
De  ce  matin  éclofe , 
Elle  petit  foadaio  ;. 
Aiofi  de  la  beauté 
PaAie  la  gloire  vaine- 
£toic-ce  bien  la  peine 
D'avoir  unt  de  fiertés 

Prenez  vos  agrément 
Chez  la  fimple  Natjare  f 
On  n'a  de  rimpofture 
Que  de  faux  ornement; 
£ft-il  un  bien  confiant  ^ 
Tonde  fur  l'artifice? 
C'cft  un  frêle  édifice 
Qui  s'écroule  â  i'inftant» 

Que  l'efprit  cultivé  > 
Soir  toujours  agréable^ 
Le  fçavoir  fociable 
£ft  le  fèul  approuvé  ( 
De  riante  couleurs  .  . 

La  Raifon  doit  Te  peindre  ; 
Et  fouvent  gagne  à  feindte 
De  n'offrir  que  des  ikniu 

♦«©H 

Des  Roffigoots  charmaitt' 


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Redoutez  le  famage-i 

Lear  ChaDfofi  éft  l'image 

De  celle  dçs  ftmans  i 

Pour  s'eo  reflbuvenir 

On  fi;  plaît  à  Tomendr^; 

Quand  on  goi3(e  un  ait  (tnâre^^    - 

On  peut  le  devcnui^ 

Mais  au£  n'allez  pas 
•Suivre  dans  le  filençc 
Une  froide  indolence 
Qui  reflemble  au  trépas  i 
Dans  l^att  du  Vrai  plaifir , 
Le  cœur  feul  eft  le  maître^ 
Mais  pour  le  faite  naîctc, 
11  faut  le  teflcEftir. 

Comme  le  Papillon , 
Qui  ftduk  &  9^en\'«le', 
La  coquette  fûvole 
$£  livrer  a^  toa^billon  | 
Le  urf«  &  U  (ftlei^^i 
Det  baltes  ^uW  eoe«n6i  ; 
Ne  Taut  jias  tavdéccnce 
.    P^une  aimable  pudeur.. 


Voyez  ayec'pUii 
tt  folagç  H;toodiiHp» 


1^  iiij 

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ij6  MERCURE  DE  FRAMCm 

Soyez  roajouES  fidelle 

Aai  loix  de  Tamitié  ; 

Il  ne  faut  s'epgager 

Que  fous  le  meilleur  gage  ; 

Mais  dès  que  Tod  s'engage  r 

U  ce  faut  pjas  changer. 

Dans  le  moindre-  enetetîei\  ^ 
'A  beaucoup  de  jufteiTe 
Joignez  la  policefle 
De  qui  ne  fçauroir  rien^ 
Ayez  le  ton  flatteur 
De  la  d^licacefle  ^ 
Et  non  la  petiteile 
Du  fade  adulateur. 

SP  kj:TACLES. 


L'Académie  Royale  deMufique  donne  alterna^ 
tire  ment  Théthh  &  Pelée,  Tancrede  3c  lés  Fêtes 
Vénitiennes,  Le  premier  de  ces  ouvrages  attire 
toujours  beaucqup  de  monde  ;  Mlle  Chcralicr  6c 
M.  Jeliotte  continuenjt  à  s'y  diftinguer. 

Les  Comédiens  François  ont  remis  au  Théâtre 
VAndrienne  ,  Comédie  qui  a  paru  fous  le  nom  de* 
T^won  ,  &  qu'on  croit  êfre  d'une  aut|:e  main» 
Cette  Pièce  eft  jouée  (i  fupérieurement  ,  qu'elle 
£aic  le  bti^ic  d'une  Pièce  nou?eUc  qui  r&ffir« 


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^      FEVRIER.     Ï751.        177 

^M.  BeUoÊ^f  Aôcar  de  réputarîon  dans  la  Pro- 
tipcc,  défema  i  la  Comédie  Françoife  le  ti  Oé« 
cembre.  Ses  rôles  de  début  obt  été  Achille  dan» 
Iphigénie  ,  le  Glorieux  &  le  Babillard,  l'Homme 
â  bôones^  fortunes  &  le  François  â  Londres  ,  At^ 
viane  dans  Melanide  &  Oiinde  dansZéneide  ;  le 
Baron  daas  les  Dehors  trpmpcurs  ;  fon  début  co5* 
tintie  encore 

On  lui  a  découvert  dans  la  plupart  6ts  ti^ 
les,  beaucoup  de  (aient,  des  finefleSydes  craies- 
qui  lui  font  propres.  Ce  Comédien  a  vingt-quatre 
«ns  y  une  figure  charmante  ,  qUelq^ues  détaucs  que 
l'Art  peut  cornger  ,  Ôc  beaucoup  de  ces  dons  heu- 
reux <}ue  Ta  Nature  feule  peut  donner ,  Se  que 
l'Art  ne  fçauroit  atteindre.  Tout  Paris  court  en 
foule  2  la  Comédie  Françoife  ;  la  nouveauté  y  » 
fans  doute  quelque  part  ;.  mais  letaleut  de  M«  Bel-» 
,  court  y  en  a  encore  davantage^  , 

tes  Comédiens  Italiens  ont  repris  le  ReveHtk 
Thalie,  Les  gens  d'efprit  ont  tous  fenti  les  traâtç 
fins  &  faillaui^,  dont  cette  agréable  Pièce  eft  rem^ 
plie.. 

.  On  a  vu'far  le  môme  Tliéatre  avec  dîvcrfes  Piè- 
ces ,  un  Ballet  pantomime  »  intitulé  U  Pédant  *  il 
cft  de  la  compobûon  de -M.  Oehefle  ,  dont  les  ca« 
lensont  été  fi  fouYent  applaudisâla  Cour&â^l^ 
yiUc  En  yoki  l'idée^  * 


1^ 


Ht 


,yGooglç 


17»  MERCURrE'DE  FRAl^CEt 
LE  PEDANT> 

Ballet  ?4nt9mime. 

LE  TUacre  repréfente  tme Ecofe  ;  le  P^dâar 
gefHcule  dans  fa  chiire  ;  il  appelle  fct  écolier» 
A:  (cf  ëcolieres ,  if  qui  il  laie  dite  um  â  tour  leor 
leçon.  Sa  tâcheremplie  il  fonne.Son  vakt.  Pierrot 
cft  long-tems  i  Tenir ,  de  il  a*arrive  qo'â  demf 
cndorùii.  Il  s'appaie  far  foo  Matrreqat  recule  '.;. 
'  Fienot  ton^e  y  tl  (c  fenc  relever  par  les  oreiller 
Comme  le  mal  n^eft  pas  grand ,  il  ne  peut  s'empê- 
cher de  rire.  Le  Pédant  ayant  à  fonir  demande  (a 
Yobe.  Pierrot  la  kir  met  couverte  de  poaâiere  :  ait 
liev'de  broffe ,  il  prend  an  balai  qa^l  trempe  dans 
de  l'eau  ;ft  nettoyé  foo  Mafcre  de  la  À  te  ans 
'T  pieds.  Cekii-ci  fe  retourne  en  colère ,  prend  (a  ft- 
lule  y  $c  voulant  frapper  dan»  k  mdn  de  Pierrot» 
il  frappe  dans  la  fieime;  nouvelle  fureur.  Il  prend 
une  poignée  de  veinas ,  9c  veut  fe  venger  fur  Pier- 
rot ,  qui  de  rebelle  devient  etifin  docile.  Le  Pédant 
eit  touché ,  &  renoue  avec  lui  ;  d'ailleurs  II  doit 
aller  montrer  le  Latin  en  Ville  :  Tes  livres  Se  hn 
chapeau  pris ,  ît  donne  fer  ordres  »dr(bft.  VoilÀ 
'  les  EcoHers  en  mouvement  ;  teparolt-il  ?  U^Iifear. 
•  £Af*fl  bien  loin  ^  Ils 'jouent  :  Pierrot  lui-même  £ât 
:  nller  an  (àbot ,  il  s'en  amufe  tellement  qu'il  fe  Iai& 
fe  furprehdre  ;  fon  Makte  lepoutfirit^  ft^ous  lé» 
deux  fortent  enfemblé. 

Tandis  que  les  Ecoliers  tâcheàtde  s'en  aflîker  , 
deux  Payfans  &  dcuxPayfanncs  ayant  chacune  une- 
corbeille  ,  arrivent  en  danïant  >  &  formeiït  un  pa» 
de  quatre;  les  Ecoliers  danfbit  auffi  r  Pierrot  entre; 
il  CG^ie  Ton  Maîcre  y  &r  l'on- fe  cache.  Le  faux  Pé* 
dant  eft  reconnu  &  châiîé  honteufement  ;  il  fèinr 
d'appeller  fon  Maître»  Les  ^ayraùpes  leiattenr. 


,y  Google 


^  lai  donncnr  leois  corbetllei  ôii  font-  mçï(fic% 
cn^ts.  Pencknt  qu*il.eft  à  manger  ,  etks  (^  ràuvenr^ 
^  il  refte  fttil  :  imç  Nourrice  \c  jbinr  3  il  iiaafe 
avec  ellc.^&  cnfuitc  ils  (ç  retirant.  , 

Les  dinx  Paynuin»s  &  le&irois  Ecc^lVrs  s'avan* 
•cent  en  danfant  ;  on  d'eux  fe  décache  6c  fait  fenci* 
9cllc»  les  çuire  ^aalèiuiuipat ,  apm^uoifès 
JBcoliers  fe  jettent  aux  gçoot^  des  Pay  faunes ,  od 
•le   Pédant  les  furprena  :  ces  amans  prennent  la 
fuite.  Xe,  Péd^jut  arxèr©  I^  P^ylaunes ,  rit  avec 
une  ^ui  paroîc  Taîmer  &  pleure  avec  l'autre  qui  ep 
paroît  jaloufe..  Ils  dânfent  un  pas  de  trois  ,  que  le 
Pédant  termirie-eri  (è  je^tant  aux  genoux  des  Pay« 
iànnes.  Il  eft  furpris  en  eet  élgipai  fes  Efioliei8,qai 
mètrent  des  Payfan^i  laplaçQ  desPaiyfa^^.  tp 
Pédant  ne  revient  dç  fon  crrcuç  que ,  lorfqn'îl  çft 
fur  le  point  de  \ts  embraser  :  il  t  moqué  ôc  me- 
nacé â  fon  tour  de  férules  Se  de  vergesb  Lâ-dèflas 
Pierrot  entre^  inftruit  du  jnQtrl  doit  mcBUces ,  il]  es 
dppuye  ;  il  fort ,  &  revient  armer  tous  les  Ecoliers 
de  verges.  Il  ordonne  i  fon  Maiere  de  fe  prêcer 
«  châtiment;  ç#  dcrniçr  refofe ^Ptt v'çut . Iç/ai- 
fir  ,  il  s*échaj^e  r  Pierrot  refte  ,  &  H  efl  pris  pour 
£>n  Makre.  Le  malheureux  ¥a}et  effùye  ub  orage 
«le  couper- jeconns  ^  entlepofe  à  teire^dr  Foa  tit 
et  Pavcnture.LeiiP^yf^jre.jFenjfiilfenti  1^  danff. 
J\  fe  forme  un  Balleç ,  «od  ^  mêlent  fes  Ecoliers/^ 
les  Ecôlieres;  Pierrot  fe  cou  foie  ,  &  dAtifc  avec 
eux  :  on  laiffe  feùlcsffes*  Payfannfcs.  Le  Pédant  ks 
aborde  ,  &  veut  les  £^&r  \  cdlê»  fs  dégagenr 
en  les  pourfuivant ,  ;  il  (ê  (i^vs  çnfefmédans 
une  cage ,  piège  dreffé  par  Cet  EcoRers.  Pierrot 
plaifante  fort  fur  l'emptifeociement  de  foti  Maître^ 
Jes  Ecoliers,  Jes  Ecolicres,  les  Payfans  &  }ej  Pay- 
fanes  formetit  le  ^erttffei&ést  gfcéral^ui  tfait  la 
Pantomime»  t   •   i      j  -        -  r  .  ..    vi 


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i8o   MERCURE  DEFRANCÊ; 

Comme  les  VaadeviUes  faivans  ont  été  fo«t 
godcés  â  la  Comidie  Italienne ,  nous  avons  cr^ 
faite  plaide  â  nos  Ledears  en  les  leur  préfeacanCe 

VAUDEVILLE 

2>/y  Ballci  des  Sav0ynrd3  qui  mordrem  I4 
CHriûfité. 

V   Ous  allez  Torr,  Meflîcnrs ,  mes  Damer; 
Tout  ce  que  vous  allei  voir  r 
Un  fat  qui  dit  du  bien  des  femmes^ 
Et  qm  les  fert  fans  efpoir  r     ^ 
Un  Guerrier  confiant  8c  difcrer  y 
Qui  rougit  près  d'un  jeune  objet , 
Aht  la  rareté  nKrveiileufe  I 
La  pièce  corieufe  t 

Voyca  Jeux  petites  Mafcrefles  , 
Qu'une  amitié  tendre  unit , 
Point  de  noirceurs  dans  leurs  careffUr 
Leur  cœur  parle  &  noit  Tcfprit  5 
Voyez  comme  par'  fetitilfiént 
L'une  cède  â  l'autre  un  amant  ;  ' 
Jàh  l  la  rareté  mer veilleufe  l   - 
La  pièce  curieufe  l 

vas» 

'Ahl  remarquez  un  beau  mod<3e 
D'amottxenrer&aa  maii»  ...     . 


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FEVRIER;     tr$ii     st« 

Vtft  ooe  époufe  jpbdc  9c  héRc 
Qui  pleure  un  vieillard  diérf; 
Slle  Tadefcendre  aa  tombean 
Pour  s^  joindre  an  toartereaot 
!Ali2  la  rareté  merveilleufè  i 
La  p^ce  curieufe  l 


Tons  aHcz  voie  on  Pecit-lbfaiiTe 
CJiû  cache  ks  reo,dez*Toas  ; 
Heorenx  fans  vooloir  le  parokre^ 
II  brdle  Tes  billei»  doox  $ 
Aux  égards  dâs  1  la  beauté 
Il  immole  Ca  niiûité  , 
'M  t  la  rareté  menreilleii6X     • 
La  pièce  corieùfe  ^ 

.  1*8»    . 

Une  cofaette  faranée,, 
Qui  n'a  plus  foin  de  fbn  tein^ 
Qai  rongeant,  a^  fem^s  qa'elle  eft  néej;^ 
Renonce  an  ton  enÊintin; 
Des  belles  lonaoc  les  anrairs. 
Sans  glîBer  un  perfide  mais .  •  i 
4b!  la  rareté  merveilleuïc  l 
La  'pièce  caiieafe  t 

Vn  Aatenr  qa^  k  rend  jnflfîce'} 
Pm  Ctiti^  ÊAS  b^meur^    , 


,y  Google 


Uo  îeune  Fageûm  aaKct^ 
tJne  pnide  fans  aigreur/ 
Vn  valet  devenu  Commit,  ' 

Qui  cite  Tes  aocienr  amis. 
Ah  l  la  rareté  merveilleuiè  f 
La  piéct  cm:iettfc  I 


Uq  bel  efjprii  hm  ftt&^;^  ' 
Sans  orgueil  &  fans  jaigon^ 
Q^i  de  la  b^one  CQmp4gntfl 
M'a  point  pris  le  mauy«a.xo0^ 
Et  qui  ne  déchire  limais  .    . 
Ses  amis  pat  de  malins  tuùtÈ  t        -  ^ 

iHhi  la  rareté  mcijFeiUettfe*.-  ...  ,  ^^ 

La  pièce  cufieufçj  _   .     .    :    .u 


N, 


E  regcettOTHS  ^ottst  nps  champs- 1 
fuyons  1%  tr^è  intSgence  $' 
En  Frath:e  on'Uouve'en  tout  teras 
Les  plaifiri  &  raboûdanccf 
les  peuples  y  font  coritcnsj"" 
Tout  cft  pour'éùx  jôuîffance.^ 
i&Ilons  tous  en  France^  mes  enfafld» 
Allons  en  France. 

Nous  n*âlk)ns'Hen'  ap(>r^ 
IPottc  faiic  notre  vdyagî>       '  ^    '  ^ 


dby  Google 


-   *Ey  II  TER.    ï7jf.      ï^ 

f^os  talens ,  notre  gajté 
Nous  tiennent  lieu  d'équipage. 
Par  des  danfes ,  par  des  ckuits , 
Nous  payons  notre  dépepTet   . 
unions  tons  en*  Franco  i.SMteiifimt^ 
Allons  en  France*        .        - 

Kons  ne  craignons  jamais  n9âf, 
Kous  vivons  &ns.erpérance  |. 
Le  prëfent  eft  notre  hiextp 
}ouir  eft  notre  fcieace>; 
Kos  jeux^  nos  amofemeas'. 
Kous  valent  de  la  finanopi 
lAUons  tous  en  France  ^  met  en&npj^ 
Allons  en  France;. 

XÀ  ga£té  confond!  les  rang^  j  / 
Dans  ce  pays  de  Cocagne  « 
On  y  reçoit  bien  les  gen^ 
Qae  le  plaifir  accompagne  f  ^ 

On  y  trouve  chez  les  Gj:and# 
Poux  accueil  fans  fuffi(ànce.  ^ 

plions  tous  ei}  France  ,  mesen&i»^  \ 

Allons  en  Francçt 

tes  attraits  les  glas  piqnanr  :  ' 

K'y  fuffilcnt  point  a^*,  Wks  j        ...     .     i 


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le  prit  flatteur  des  talent 
K'cft  réfervé  que  pour  elles  ; 
les  dons  les  plus  fédutfans- 
Sont  unis  i  la  décence. 
Allez  tons  en*  France  ,  mtt  enfant^ 
AHez  en  France. 

ti  Pefprit  te  plus  pefant 
Mime  mieux  par  convenancfe' 
Devenir  mauvais  plaifant , 
Cju'ennuyeux  par  fon  filence*, 
,Tons  propos  font  amufans-. 
Souvent  on  en^rit  ii*avance; 
Allons  tous  efcv  France ,  mes  enfalni  } 
Allons  en  France; 

♦«sa 

On^  voit  les*  Médecins* 
iLaifonner  mufique^  danfCy 
Et  par  des  propos  badins" 
Egayer  a|k  ordonnance  ; 
Là  les  gens  i  cfteveux  blancs} 
Ont  la  gaicé  de  l'enfance. 
I^ez  tous  enr  France ,  mes  enfans^ 
Allez  en  France. 

Cfeft-U  que  IW  AvocatSfy 
fy'uoe  badine  éloqQehee"^     ' 


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Par  mille  traits  délicate, 

KéjouifTent  l'Audience  ; 

Les^Abbés  y  font  gajans; 
.Tout  eft  gai  par  influence» 

Allons  tous  en  Fiance ,  mes  enfans  g 
Allons  en  France. 

En  ce  charmant  payis-ll. 
Pat  l'iïidttftrie  on  s'avance > 
Souvent  on  nous  chargera 
Ee  meflagcs  d'importance  ^  ■      , 

Soyons  adlifs  &  prudens^^ 
Sur  tout  gardons  le  filence. 
Allons  tous  en  France ,  mes  enfant j- 
Allons  en  France^ 

,  La  grand'Ville  de  Pari» 
Sera  notre  réfidence  j 
C?eft-li  que  tous  les  efprir» 
Sont  gais  avec  pétulencc  ^  ^ 

On  y  marche  en  fredonnant  i 
On  s*y  promené  en  cadence. 
Allons  vivre  en  France ,  mon  enfant  ^ 
Allons  en  France 

CONCERTS   SPJKITVêLS. 

te  Jeudi  14  Décembre,  veille  de  NoîcJ ,  otÈ 
cx^cuu  dans  la  Salle  des  Th^ilkties  une  fymsWw^ 


>y  Google 


M  MERCURE  DE  FRANCE: 

ote  de  Cors  de  chafle ,  enCmttfugh  nox ,  Motet  2 
grand  Chœur,  mêlé  de  l^o'éis  ^  dans  lequel  Mrs  ]o* 
Ëge  ,  Organtfte'des  petits  Pères  ,  jouji  ^eul. 

Un  Duo  de  Hadcbois  ,  exécuté  pâf  M.  Saiea- 
ttn  8c  Bureau/uivir  cegrand morceau, de  Mufique^ 
&  M*  Gelin cette  Bade- ui lie  nouvelle,  dont  nous 
avons  parlé  dans  le  précédint  Merctfre,  &  que 
le  Public  entend  toujours  avec  un  nouveau  piaiur  , 
chanta  le  Motet  Venite  êxuktmut. 

Un  Duo  de  Mrs  Gaviniés  &  Cstoâ^ras»  pkicéé^ 
le  beau  Motet  Bonumeft  de  M#  M^ndotHrille  »  pat" 
lequel  on  termina  ce  Concert.  ^ 

Le  lendemain  jour  de  Noî^  ,  k  cfoncours  fuf 
Cttr&me»  L'afEche  annonçoit  aux  Ativafeurs  &  at^ 
Public  trop  de  plaifir  ,  pour  que  tout  le  RK>nde  ne 
s'emprefsât  pas  d'y  aller  prendre  pairt. 

On  fit  Touverture  du  Concert  pit  fu^f  noxé 
Ceft  uo  tiKKceàu  de  Mufique ,  aulO  agréable  qu^ 
fingnlier.  Le  muficien  a  adapté  àut  paroles  de  ce 
Motet  les  Noëls  les  plus  connus,  &  dont  le  chane 
eft  le  plus  aimable.  Cts  chants  qui  régnent  tou-r 
jours  ,  &  qui  forment  »  ou  Pàccompagneiioù  , 
ou  vcAtat  le  fujet ,  font  co^péfi  de  Cifon^  »  qu'i^ur 
grand  chant  précède  un  récit ,  qui  eft  fuivi  ou 
d'un  beau  duo ,  ou  d'un  autre  grand  cbeeur.  La- 
mélodie  &  l'harmonie  s'uniiSent  dans  cet  Ouvrage 
pcfùr  le  rendre  vraiment  umque^  ^  l'ezeèf  dr 
travail  qu'il  a  fallu  pour  lier  enfemble  toutes,  cet 
découpures  ,  eft  adroitement  caché  pat  toutes  let 
grâces  du  chant.  * 

Mrs  Salentitî  &  l^ureair  nartrem  dat»  un  Duo  de 
liaut-bois ,  qu'ils  exécutèrent  apr^  cç  Mpiet  »  upe 
légèretés  une  expreffion  infinies.  Se  Mlle  Chevà- 
ter  qui  chanta  un  grand  récit  de  Lalande  »  dans  le' 
Wt^mn  de  Gilles,  auquelonaê^l'adrelTe  de  le 
1k€t' ,  pcrrta  dans  ce  tnorce&u-tb^  te  pathfet^jiicf 
qu'elle  met  dan»  le  rMe  de  TUtis^ 


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Xfne  grande  Tymphonie  de  M.  GnminUni  fiiivfr 
<^  Motet.  On  l'écouta  arec  quelque  diftradtioo  , 
parce  quelle  retardoie  l'éxecution  du  petit  Motet 
Italien  LautUtefum  Dominum,  anc  devoit  chan- 
ter Mlle  Fel. 

Jamais  fa  voix  n'avoit  été  ni  fi  fonore  ,  ni  fi  éga- 
le ,  ni  £  léeere  que  ce  jour-  ii.  Jamais  elle  n'a  mi» 
dane  Ton  chant ,  ni  tanrd'art ,  ni  tant  de  grâces  » 
citant  de  finefle.  Jamais  an  A  le  Fubltc*  n^a  paru  fi 
content  ;  ce.  i^'étoit  peine  des  applaodiflemen»  , 
::s'étoitdes  tranfports. 

Après  que  M.  Gayintës  eur  exécuté  feul  une 
'5onate  tréS'^gréable  de  fa  compoiîtion  ,  Mlle 
f  el  re;parue  ^ans  le  FenUe  extUtemus  ,  grande 
Motet ,  auieft  fans  cenitcdit  k  chef,  d^oenrre  de 
M.  Mondonville. 

On  yenoit  d'entendre  cette  Chanteufe  fingulie* 
je  dans  un  morceau  de  la  plut  grande  exécution  ;, 
elle  y  avoir  répandu  une  précifion ,  une  variété^ 
tous  ces  traits  enfin  vifs  &  délicats  qu'on  admire* 
en  Italie  ,  &  qu'eue  nous  a.£orcé  d.'aiœer  en  Fran- 
ce. 5a  voix,  qui  eft  un  Protée,changea  tout  i  coup, 
&  pafla  du  léger  au  pathétique.  Les  inflexions  ieft 
,plus  touchantes  fuccéderent  aux  traits  les  plus  ra- 
j^des/ Jamais  grand  tablean  de  Mufique  ne  fttC 
xendu  avec  une  onûion  plus  intérefiantc  eue  le 
PlpTimus.  On  fortit  du  Concert  pénétré  de  pfaifir  ». 
ic  tous  les  fpeâateurs  étoieni  dans  nne  efpéce 
d'enthoufiafme. 

Qu'il  nous  foit  permis  de  rap|«Hcr  ici  ce  que 
nous  avons  ofé  annoncer  i  Mrs  Royer  Se  Capran 
4laas  le  âextikK  Mercure.  Ce  nonveau  fuccès  doit 
leur  prouver  ,  que  leur  gloire  &  les  plaifiisdu  Pu* 
hSc  fent  dans  kurs  propres  mams ,  le  dépendent 
.  «niqiiemenr4e  Perdre  le  du  choix  qu'ils  metirose 
4ms  kyra  ceacçjrii»  ;  qn'ils  cMtiaaeni  4iHMi»  pte^ 


,y  Google 


S88  MERCURE  BE  FRANCE. 

carer  de  la  bonne  Mnfiqve  ,  Paris  Paîme  ,-iet 
EcnogersHiai  fonc  id  en  font  vraiment  affaoïë»^, 
9£  on  coarra  en  fbale  a  lenr  Speélacle  Noos  ne 
fjaarioas  trop  exhorter ,  fur  tout  les  fages  Direc- 
tcars  (k  Concen  ,a  (âifir  foavencles  occafioos  <k 
£ûce  entendre  leurs  premiers  ritjecs»Dans  un  Spec- 
tacle (ans  aâion  ,  il  ùat  que  les  exécutans  puif- 
fenr  mettre  cont  le  fini  de  l'Art  :  les  Amateurs  l'o- 
zigenc  »  Se  le  Public  lui-même  ,  fans  fçivotr  pour- 
quoi y  fe  dégoûte  lorsqu'il  n'entend  que  du  médio- 
cre. On  ne  peuf  trop  varier  ,  rrop  animer  un  Co»- 
.  cert  ;  il  £ittt  qu'on  n'ait  rien  à  défirer  dans  les  (blo 
qui  doivent  le  couper^âc  Mlle  Fel  elle-même»  tou- 
te excellente  qu'elle  eft»  né  l'eft  pas  plus  qu'il  ne 
le  £uit  dans  de  pareilles  circonftanceSir 

NOUVELLES   ETRANGERES- 

De  CoïïsTAKTiNOPLE  ^ /^  iO  Novemirci 

KAdgi  ÉctiT ,  arrivé  ici  depuis  peu ,  a  pris  pèf» 
fedion  de  là  Chârf;e  de  Capiran   Pacha ,  ou 
d'Amiral  de  la  Flotte  Ottomane.  Elle  eft  le  prix 
de  fa  bonne  conduite ,  qai  a  appaifé  l'émeute  que 
les  Janiffaires  avoient  excitée  en  Bofuie  ,  doot  il 
'  étoit  Pacba. 

DV   NORD. 

*Dfi  Pbtersbourg,  /#  i8  I^avmki% 

IL  y  a  quelque  tems  que  le  Baron  de  OreifiilJ 
bayn ,  Envoyé  Extraordinaire  èAffiîjU  Suéde^ 
m  des  repréicl^a(io<ls  a  la  Cotti  |  (or  ce  que  mi^ 


)y  Google 


.F  E  V  R  I  E  R.      i75t;      iO 

^té  la  rigueur  des  ordres  de  l'Impératrice    cou«r 
.ehanc  la  manière  donc  Tes  troupes  fe  doivent  coin* 

λorter  fur  les  confins  de  la  Finlande  ,  quelques 
bldacs  Riiâiens  n'avoient  pas  laiiïé  d'enlever  aux 
liabicans  d'ua  Village  Suédois  diverfes  Ptovifiont 
ùc  entre  autres  un  bœuf,  auquel  ils  s^étoiept  avi- 
sés de  mettre  des  bottes ,  afin  qu'on  n'apper^ût  pu 
les  traces  de  Tes  pieds  fur  la  neige.  L'impécatrice 
£c  écrire  fur  le  chainp  aux  Généraui  qui  comman- 
^en^  fur  cette  frontière ,  de  vérifier  les  farts  dibnC 
le  Mioiftre  |de€uéde  s'étoic  plaint,&  d'en  faire  piir 
.  mir  les  ai^tenrs  d'une  panière  exemplaire. 

L^s  ]ui&  ont  e^yain  engagé  quelques  Puiflan« 
ces  2  faire  des  démfrcbes  auprès  de  l'Impératrice, 
pour  qu'elle  leur  pjermit  de  revenir  s'éjtablir  dans  les 
Villes  de  Tes  Etats ,  ou  feulement  dans  quelques- 
'  unes  qu'elle  voudroit  bien  leur  aflîgner.  lis  avpienc 
Viiêmc  offert  une  fomme  confidérable  â  la  Couron- 
ne peur  obtenir  cette  grâce.  Lor (qu'ils  avoietic 
des  établiflemens  dans  cer  l:ta^,  ils  y  écoient ,  fans 
doute,,  de, quelque  utilité.  Outre  la  part' qu'ils 
prcrioient  aûCoînmet.ce,ils  teqoient  les  Auber- 
ges &  les  Poftes  iur  les  grands  chemins  &  payoienc 
'pour  cet-effet  nn  gros  tribut   Mais  leur  expulËon 
'  ayant  été  caufée  par  la  découverte  que  Ton  avole 
'faite ,  qu'à  la  faveur  de  leurs  correlpondjances  ils 
^en  entretenoient  quelquefois  de  contraires  aux  in« 
térêts  de  l'Etat ,  qu'ils  étoient  fouvent  entrée  dans 
des  intrigues  préjudiciables  au  bien  public  &  qu'ils 
«voient  prêté  leur  minïftcre  pour  faire  fortir  de 
greffes  fommes  hors  du  pays  ;  l'Inipératrice  a  re- 
fuféde  fe  rendre  aux  foUicitations  faites  en  leufr 
ifavcur ,  &  perfide  dans  la  réloluuon  de  n'en  a^-^ 
fuc^tre  aucun  dans  toute  l'étendue  de  [pT  Çta^s^ 


,y  Google 


Z>s  Copf ENKAGUE«2^  ixD^embreK 

Le  7  de  ce  jnois ,  le  Baron  àt  Flemmcag  ,  Ml- 
«iftre  dç  Suéde ,  eat  une  audience  particaii^  dp 
Rot  for  quelques  dépêcKes  arrivées  de  (à Cour. 

Le  8 ,  il  T  eut  au  CKâceau,  Appartenenc  y  Co«r 
ferc  y  grand  fouper  k.  Bah 

Le  Rot  informé  de  dif&retis  rels  faks  en  NoN 
vege,  fingulieremenc  de  ckerauz ,  qu'on  a  voit 
l'audace  d'enlever  du  milieu  de  leura  pâcurageii« 
îpftruic  eu  m£me»»(ems  que  des  yoleurs»ttK>ins  baiy 
\dis ,  en  coupoieot  la  crinière  ic  la  queue  pour  ep 
vendre  le  ccio ,  a  déclaré  par  un  Edit ,  que  coalbfu 
tnément  i  l'Ordonnance  de  i^^o ,  tout  voleur  d^ 
<^evauz  feroit  condamné  à  Atre  pendu  ^&  tout 
coupeur  de  crinière  &  de  queue  fèrott  condamné 
4  payer  au  propriétaire  la  valeur  du  ckeval  »  &  de 
plus  â  être  touecté  &  mis  en  eiclavage ,  û  ^'eft  ofi 
Aomme ,  ou  â  être  renfecméeic  refte  de  (es  jours^ 
£  c'cft  une  femme»       -  > 

De  Warso  vie  ^le  ^  Dic^mirt. 

La  Régence  de  cette  Ville ,  par  un  Décret  dû 
Il  du  mois  dernier  ,  ordonna  que  tous  les  Juifii 
^établis  ici ,  même  ceux  qui  fc  trouvoient  emp^4^ 
dans  les  Palais  des  Sénateurs.  &  dans  les  MaifoQS 
de  la  Nobleflè  «  euflent  i  (bctir  de  la  Vil|e  dans  S4 
heures.  Ils  furent  obligés  d'obéir ,  (ans  avoir  fk 
obtenir  aucun  délai  Les  moti&  de  ee  Décret 4 
févere  ne  font  pas  encore  venus  i  laconaoiflance 
du  Public. 

Depuis  que  l'on  a  fait  marcher  des  Déudie- 
mens  dans  la  Pqdolie  &  dans  la  Wolhinie  ,  poqr 
s'oppofer  aux  ravages  à^s  Haidamaques ,  ces  Bri- 
garniront  quitté  ces  Provinces  pour  fe  jetter  foi; 


,y  Google 


r^^UlEïl.     1751.       tlp* 

tesirontieret  6t  la  Ucbttanie  fc  fur  ks  Provîncét 
Occidentales  *âe  la  Ofande-Ruffie  ;  mais  on  ap- 
|>renâ^(}jie  i'on  y  a  Ênc  avançât  au/fi-de$  tcoupet 

.f  uiit  icAir  ilonncr  hcfai^^  ' 

Di  ViENNiB,  /^  a  Dicemhri. 

LE  30  No^'cmbrie ,  le  Comte  Nicolas d'Efteè^ 
4iafi  ,  nommé  Minière  â  la  Cour  d'$^à<« 
>^è ,  partit  pour  £b  rendit  i  Madrid. 
•  Le  Général  Baron  tte  Pretlax  ,  qui  retourne  eïi 
^mbaflade'â  la  Cour  djs  Rufiie,  en  parti  ce  matui 
|M>ur  aller  relever  le  Comte  de  Bernes. 
..  X*Em©ereur  &  Tlmpénitricc  Reine ,  réfelas  df 
ft  relâcher  infenfiblement  fur  ce  que  l'ancienne 
£tiquette  avoii  de  trop  gênant ,  ont  commence 
yir  abtogoc'l'ufâge  qui  s'étôit  ôbTervé  jufqu^ici 
^ne  poitrt  admettre  de  Seigneurs  ni  de  Dames  % 
leur  table  »  Iprfqoe  L.  M.  1 .  mangeoient  en  public^ 
On  écrit  de  Trreftc  ,  qu'on  a  confidérablemenç 
^bufctit  pour  la  Compagnie  établie  en  cette  Ville. 
Suirant  les  avis  qu'on  reçoit  de  Venife  ,  on  y 
^  d'une  grande  cifconf^^eâioa  fur  PafFaire  du 
I>âtriarcb«t  tl'Aquilée,  Le  Gouvernement  a  fa^ 
-^nétér  &  C4>ndiiire  i  la  Fortcreffe  de  Fdma  Nuo^ 
««MS'Uti  Gcntilliomme  qui  appartient  aux  premières 
M^ifons  de  la  République ,  pour  avoir  parlé  pu-v 
j|>liqu<emetit  âçefttjet  d'une  façon  trop  libre  danâ 
une  Ville  oji\  le  premier  devoir  d'un  Citoyen,  ft 
même  d'un  Etranger,  eft  le  ^lence  fur  les  a&irçà 
d'Etat. 

De  D|iESPE>  le  9  Décembre^ 
1^  Marquis  des  Iff^rts  ^  Ambaffadepr  de  Se  Mi^ 


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Sfix  MERCURE  DE  FRANCE. 

ieftéTris-Chcécieiioe  partir  k  4poQr  alki  iPaiir 
Cravailler  »o  r^tabliflcincQjtde£i£incé^ 

(^  S  après  midi ,  M.  Boyer ,  chargé  des  a&tres 
it  France  pendant  Tabfence  de  cet  Ambaflà- 
iuis ,  reçut  un  Courier  dépêche    pat  le  Mar« 

2 ois  de  Poyzieulz  s'Mini/be  &  Secrétaire  d*Etat 
es  affaires  étrangères  à  la  Cour*de  France»-&  fur 
le  champ  il  fe  rendit  aufîitôt  chez  le  Comte-  de 
Bruhl ,  Premier  Minifke  d'Etat  pc  du  Cabinet ,  ft 
lui  remit  une  («ettre  que  S^  Majedé  trps- Chré- 
tienne écrivoit  au  Roi  i  l'occafion  de  la  mort  du 
Maréchal  Comte  4c  S»xc ,  gue  )L.  M.  la  F^unille 
{Loyale  Se  toute  la  Cour  appxireat  avec  un  e^crc- 
me  déplaifir. 

Db  Rittberg  bn  Westphalie, 

le  \  6  Décembre^ 

Un  voleur  attaqua  la  nuit  du  13  au  14  de  ce 
mois  ,  fur  la  bruyère  de  Delbruc ,  le  Poftilioo  Us- 
périal  »  oui  alloit  d'ici  j  Padc;^born  ;  apré$  l'avoir 
abâttîi  d'un  coup  de  piAolet  dans  la  poitrine ,  il 
attacha  Ton  cheval  à  un  ^rbre  &  prit  la  fiiite  avec 
fà  valife  ,  qui  contenoit  >  outre  les  lettres ,  plu- 
fieur^  étoffes  &  d'autres  eiPPets.  Le  Poffillon  cranC 
porté  ici ,  mourut  le  lendemain  de  fa  bleflîire.  Les 
foupçous  tombent  fur  un  nommé  t.  onraed  •Gre*- 
ving  ,  qui  a  été  portier  de  Rittberg  »  &  qui  a  pris 
le  1 1  un  pafTeport  a  Lipfladc  pour  pafTer  en  HoT- 
lande.  5on  (igaalement  a  été  envoyé  par  tpiu  oA 
l'on  a  ^'ugé  qu'il  feroit  poiHblç  4^  le  TaiAr. 

P  O  R  T  V  G  A  L. 
Df  Lisbonne,  le  %^  Novembre. 

T  E  Traité  corclu  le  13  Janvier  17^0  ,  entre 
i/  cette  Çogr  ^  celle  d'Efpagne  ,  pour  terminer 
les  différends  (iuveni^s  aux  indes  Occidentales,  a 


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/    Î1E  V  R  î  E  R.     Ï751.      i9f 

ëté  agréiez  fÂtifié  par  le  Roi.  On  y  a  epvoyé  ei^ 
^Aléipteocc  tes  ordres  ûjéçeiTaires.pour  régler  let 
Jûnires  ie  part  &  d'autre  ,  conformément  i  ce  ^jsî  ^ 
A  ité  ilipuplé  par  lé.  fuldit  Tracé, 

E  S  P  JiG  NE. 

'"  \    1l)%  Madrid,  îe  8  Dicemhre. 

'*^'  E  Roî  ayant  a  cœur  le  progrès  des  diverfejr 
«LManufaâures  qu'il  a  établies  dans  plufieuri 
jcndroits  de  Ton  Royaume ,  a  dernièrement  aflîgné 
,^es  fonds  ,  uniquement  deftinés  à  payer  les  ou- 
vriers &  les  autre*  peifonnes  employées  â  ces 
Manufactures, 

One  chofe  très- incojnmode  pour  les  voyageurs 
étoit  le  défaut  de  bonnes  Hôtelleries  d^ns  les  dif- 
/ercns  Etats  de  cette  Monarchie.  î.  M.  y  a  pourvu 
*par  rétabliflement  qu'elFe  vient  de  faire  d'Hôtel^ 
îcries ,  réglées  fur  les  grands  chemins  &  fur  lei 
chemins  de  traverfe  ;  &  pour  que  ceux  qui  les 
tiendroht  puiflent  s'en  acquitter  de  manière  â 
CjiQtenter;  les  voyageurs ,  elle  a  bien  v-oulu  leui^ 
licçorder  la  jouiflahcc  dé  certaines  exemptions. 

De  Cadix,  U  11  Novembre. 

tes  nouvelles  les  plus  précifes  qu'on  ait  apprît 
fcsde  celte  Ville  fur  le  fort  des  fept  Vaiffeaux,at- 
tcndus  des  Indes  Orientales ,  portent  que  le  Galga 
â  fait  naufi âge  fur  la  côte  de  Virginie,mais  qu'on  4 
fauve  tout  l'équipage  ;  que  la  Nymphe  a  beaucoup 
IbùfFett  »&  quelon  gouvernail  a  été  emporté;  que 
\a  Noue.Dam€  de  la  Solitude  a  échoué  fur  h  cô-^ 
X^  de  la  Caroline ,  mais  que  l'équipage  ellbeu- 
JCUfemcnt  échappé  ^  qu'un  Vaiffeau  de  Carthag^ 

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f94  MERCURE  DE  FRANCE. 

bé  a  épi^XiVé  fo  thlttit  deÛinit ,  iqa'an  qûatriént 
«  relâché  â  la  VirgiaU, 4c  qae  ^ox  ont  pqiufiN«i 
Iciic  toute. 

/  r  ^  LIE.  • 

LÉ.  Marqats  de  Wôpual ,  ^près*  tvQÎr^féfidé 
(tans  cette  Cour  pendant  pldfieurs  âbnl^es  ea 
«qualité  d'AoQbaflideur.  de  5a  Majeflé  Très-Chr^. 
tienne  ,  partit  le  2.1  pour  reiôifmet  en  France. 

Il  eft  arrivé  dérnieremehc  â  la  Cour  on  Exprès 
ie  Sicile  avec  avis  ,  que  deu*  Galiotes  de  Tunis 
ayant  débarqué  environ  jo  hommes  dans  Vlfk 
"de  Pintallaria ,  fîtuéc  fur  les-  côteis  de  ce  Roy^^time, 
les  habitans ,.  fécondés  de  quelques  foldat^  ,  \e$ 
avoicnt  furèrîs ,  en  avoicnt  tué  xtït  ,  fait  fix  ^ri- 
/bnniecs  &  Forcé  les  alicres  a  fé  retirer  fi  précipr- 
*tarhmcni  vers  la  mer,  qu'ils  's*étotèat  flOyés  ca 
roulant  regagner  lelirs  VaifTeaux. 

De  Rome» /^  5  Dieemtre^ 

'  te  17  du  mois  déniîer ,  le  P.  Généra]  des  t)o^ 
Bftihicâîni  fe  rendît  chiez'S.  S.  pour  Itii  côtntVïiiàr- 
quer  une  lettre  qu'il  avoir  ,re$ue  4u  Comte  de 
KoitembohoiiTgi&'iiu^atonàe  Suetr  ^  Dirtôeurs 
de  la  npQvelle  jBglife  qu'on  bâtit  â  Berlin  pouc  les 
tîatholiqucs,qui  y  font  leur  féjour.  Ils  marquotent 
an  P.  Général  que  le  Roi  par  une  Patente  c'xpreflb 
j>ermettoit  dans  fa  Capitale  le  libre  exercice  dfe 
ïiôtre  Religion  ,  &  âvoît  en  même-tems  ordobng 
qu'aufH  iôc  que  la  nouvelle  Egli(è  feïôit  achevl^ 
&  coi^facrée ,  les  fpuls  Dominicains  établis  â  Ber- 
lin depuis  quelques  années ,  conjointement  aveè 
ceux  du  Convent  de  'Haptbérftàd.  âuroicôt  Ife 
àcQÏt  d^y  célébrer  les'O&es  Difins  k  d'y  adte^ 


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TE  VK  I  E  R.     175Ï.       t,j 

«ùftrec  les  Sacremens.  S  S.  apprit  avec  beaucoup 
4ie  confoUtiofi  cette  nouvelle. 

Les  pjuyes^ui  font  tombées  fans  incerruptioa 
jpendant  ua  mois  entier  ^  ont  groflî  les  eaux  du 
Tibre  ^  au  point  ^u^tant  forti  de  foa  lit,  il  a  inon*^ 
éé^  ravagé  ks  caiBf>agaes  voififies,  dont  plufieurp 
Jiabkans  ont  p^ri  mtierablement  dans  les  eaus  (fui 
&  font  élevées  |u(!|u'â  la  cime  des  arbres  ,  6c  qiU 
^4à  fe  font  répandues  dans  diâerens  quartiers  dp 
ia  Ville  9  où  Hon  ne  pouvoit  aller  dans  les  r^iQS 
^u'en  batteaa. 

Un  débordement  auffi  terrible  a  interrompu  1^ 
Oifices  divins  qui  le  célébroienr  dans  pU1(ie^rs 
£glifes ,  dont  les  portes  ont  é(é  fermées,  £n  un^ 
ctrconftanceii  périUeufe,le Gouvernement  a  pouc- 
vÛ€xadement  atout  ce  qui  pouvoir  contribue;  {t 
la  fureté  publique.  5.  S.  touchée  de  l'état  malheu- 
reux od  fe  trouvoient  Cos  fujets ,  que  l'inondation 
tenoit  affiégés  dans  leurs  maifons ,  dépourvus  de 
TivteSyât  dtllribuer  dans  différentes >arquesi  le 
pain  gratis  ,  i  proportioa  des  familles.  r 

Il  ordonna  des  pckres  publiques  en  l'honneut 
de  ia  Saiote  Vierge,  Protedrice  de  Rome,  ju^. 
qu'au  i  5  de  ce  nsois  inclufivement ,  accordant 
i^lndulgence  i^  ceot^'ouips  à  toiis^eux  qui  y  affiC 
icroient.  L'inondation  commença  le  Jeudi  3  ^^ 
alla  to*ij<Hirs  eo  atjgaientônt  juiqu^au- Lundi  7  da 
même  mois  ;  vers  la  fin  du  jour  il  diminua/de  for- 
t^ue  le«  ,Jct<?nis  fe  ca1ma>&je  éemverejptra 
<lans  fon  lit.  L'illuftre  Maifon  Borgheze  &  celle 
i'e  Corfini ,  qui  ont  le  plus  fouffcrt  de  finonda* 
lion^y  firent  de  gratides  aunoônes  aux  pauvret. 

'  Die  F l o r en  c  e  ,  A?  27  Ntyvembre^ 

-LeComtede  Wchecourt,Préfident  du  ConTetl 
fcRégciiçc^cToftaac  l'avait,  il  ya  quel^a 

i  n 


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f96   MERCUREDEFRANCE. 

tcms ,  rcçâ  ordre  de  l'Empereur  de  rechercher 
<dans  les  Archives  3c  dans  les  comptes  du' Grand 
Duché,  «juelles  font  les  prétentions  que  les  Grands 
Dues,  i^rédéceffeurs <le  S.  M.  I.  avoient  i  la  char» 
gc  de  l'Efpagnc ,  pour  les  «lentes  conTra<aécs  an* 
ciennernent  par  cette  Couronne  envers  la  Maifotl 
^e  Médicis.  La  rechecclie  étant  ter  minée,  on  a  trou- 
ve que  ces  dettes  formoient  une  fonimetrès-conr 
îdèrable,  &  qui  pourroit  peui^trc  entrer  en  com- 
^enlation  avec  les  prétentions  de  la  Cour  d'Efpa- 
gne  fur  les  biens  aliodiaux  &  le  mobilier  de  la 
fvlairon  de  Médicis.  La  liqurdation  de  ces  dettes 
•àvoii  éi^é  Tune  des  principales  vûj^s  pour  lefquelr 
les  le  Grand-Duc  Cofnie  IILavoiten  1713  en- 
•^oyé  le  Marquis  Rinuccini ,  en  qualité  de  foo 
l^iniftrc  Plénipotentiaire  au  Congrès d'Uixeclu. 

Pe    PARHE>/(ftf  Dictmhre. 

,  le  Comte  de  Maulevricr ,  Miniftre  Pléoîpoten^ 
tîaire  du  Roi  de  France ,  mourut  en  cette  Ville  Iç 
%9  dvL  mois  dernier,  après  huit  jours  de  maladie. 
Son  corps  fut  tranfporté  le  lendemain  dans  l*€gU* 
fe  des  Carmes.  Ce  Miniftre  a  été  génétalenaenç 
regreué  d|B  X..  A.  R.  dont  il  ^voi^  acquis  Se  mérité 
J'cllimc. 

G  RAN  DE  BRETAGJSTE. 

De  Londres,  U  17  Décembre.    . 

ON  a  djéja  foufcrit  près  d^  190  mille  livrer 
.^iterlings  pour  réiabliffement  de  la  Pêche  d|( 
harang. 

Le  6  du  mois  de  Décembre ,  l'Amiral  Griffioi 
déclara  pour  fa  défenfc  devant  \t  Confeil  de  guer- 
re,  qu'il  n'étoit  pa«  de  la  prudence  d'abandonner 
J4  Côte ,  loi(que  les  François  y  oat  paru  ^vcc  ui^ 


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FËVRtER.       ii$i:     trf 

%\oXH  formidable  >  poifqa'il  aoroic  rifcpié  la  perter 
iM\  Fott  5.  David  &  de  (ous  les  autres  écablilTi. 
znensr  Aoglois  ,  qai  eoflenc  été  égàlemeat  etpofëff 
à  êcre  emportés  ,  d'autant  plus  qu'il  n'auroit  pil 
l'egagnerla  CôteicauCe  du  vent  contiaire.  Ce^ 
pendant  le  lendem^n  l'Amiral  Haco^e,  Préfidentv 
après  avoir  mûrement  examiné  !es  témoins  d& 
part  &  d'autre ,  lut  la  Sentence  de  l'Amiral  Grif- 
Sn  ;  fçavoir ,  qu'il  étoit  coupable  d'avoir  négligé- 
fbn  devoir ,  &  qa'eo  conféqoence  il  de  voit  être 
dépofledé  de  foti  rang  d'Amiral  pendant  le  tem» 
que  le  Roi  pigeroit  a  propos  de  limiter. 

Le  lo  au  foir ,  on  expédia  us  courier  a  Vienn^^ 
avec  la  ratification  du  Koiâ  (09  acceâion  au  Trat-' 
té  définitif  conclu  en  174^  entre  S.  M.  Britanni^ 
que,  l'Impératrice  de  Rufli?  &  l'Impératiiic  Rei- 
Ae  de  Hongrie  &  de  Bohême.  Le  même  foir  il 
arriva  ici  un  courier  de  Madrid ,  avec  la  racifîca* 
tion  du  Roi  d'Efpagne  au  Traite  de  Commerce' 
conclu  entre  $.  M.  Catholique  de  S.  M.Britamii^ 
que.  Je  5  0£^ohre  dernier. 
.  Off  eft  fort  en  peine  d'une  flotte  de  Navire^ 
Marchands ,  confidant  en  près  de  70  voiles ,  qui 
partit  de  Malaga  il  y  a  fix  (èmaines^,  &  dont  oa 
fi'a  point  encore  de  nouvelles  ;  elle  eft  deftinée 
poni  Londres  •  Br iftol ,  &c. 

Lt%  Moraves,connu$  fous  le  nom  d'Hcrnliutters^^ 
ont  obtenu  du  Gouvernement  la  permidion  d'aller 
t'^ablir  dans  le  Comté  d'Argile  en  Ecofle;  en 
conféquence  ils  y*ont  envoyé  des  Députés  avec 
eorniuifiTon  d'y  choifir  on  endroit  propre  a  y  for*» 
mer  une  Colonie  de  deux  mille  d'entre  eux.  L& 
terrein  convenab'e  qu'ils  ont  demandé  ,  leur  9, 
ixé  accordé ,  à  la  charge  de  le  cultiver ,  d'y  établir 
diflerentes  Manufacturas  ,  &  après  un  certaine 
eems  de  franchife  ,  d'en  payer  une  redevance  aa«# 
wieUe  aux  ieieneuis  fonciers. 

*  m 


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tj*  MJEftCURE  DE  FRANCE. 

TROriNCES^VNIES. 
De  la  Haye  ,  le  i6  Dieembrê^ 

LEs  Etacs  Généraux  ont  depuis  peo  fait  publier 
un  Placard  ,  qui  potte  en  Uibôaoce  ;  »  «yie 
»fr  L.  H.  P.  informées  qu'il  s'eft  roaaifefté  dans 
Mie  Royaume  de  la.  Grande-Bretagne  ,  parmi  le» 
^  cbevaux  une  maladie  qui  parok  contagieufe  ,  Zc 
M  confîdérant  qu'il  importe  au  bien  de  ces  Proyincot 
^  qu'une  pareille  maladie  n'y  foit  pçinc  introdui- 
»  te,  ont  jugépi  propos  de  défendre  que  I*on  tranCf 
»  porrât  fur  le  territoire  de  cet  Etat ,  provifionoel* 
»  iement  d:  pendant  bi  mois ,  direélement  ou  in* 
99  dirt^ement ,  par  mer  pu  par  terre  ,  aucuns  che- 
»  vaux  venans  de  la  Grande-Bretagne ,  a  peine  de 
»  mille  florins  d'amande  pour , chaque  che ?al ,  & 
>> félon  l'exigcHce  du  cas  ^  de  punition  corporelle  ^ 
>•  à  l'égard  de  ceux  qui  ne  feront  pas  en  êtac  da 
•»  payer  t^amande^         , 

FRANCE. 

Nouvelles  de  U  Cenr  ,  de  Paris ,  &c. 

LE  10  Décembre  ,  quatrième Dimaoclie de Y/è» 
vent ,  le  Rôi ,  la  Reine  ,  Mon&ignear  le  Dau^ 
vbin  ,  Madame  la  Daupbine  Me  toute  la  famiUe 
Koyale  adîf^erent  en  bas ,  dans:  la  Chapelle  à% 
Château  ,  an  Sermon  de  l'Abbé  Foule  ,  Doâeoc 
é^  Sorbonne»  • 

Le  2.x  ,  PArchevêqnie  de  Paris  prêta  ferment  9c 
prit  féance  an  Parlement  ,  en  qualité  de  Duc  de 
5.  Ck>ud  ,  Pair  de  France.  i 

Le  œêxne  joui  ^le£>acde^4[lbâicrcsb£e  readit  c» 


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^mpe  âu  PaUit  »  pdur  y  prendre  fêaace  aîi  Parle* 
ment.  Il  aroic  arec  loi  dans  Ton  Caroffe,  le  Comte 
de  Ckri]iont<rGallecancie  ,  premier  Gennlhommç 
àc  la  Chambre  du  Duc  d'Orléans  ;  le  Comte  de  la 
Toor^dQ^Pin-Moncauban,  Capiuinedes  Gardef 
te  Chambellan  ,  le  Vicomte  de  Mootboiffier  ,  If 
ChcTaKer  de  Peos  &  le  Comte  de  Caftellane  » 
Chambeilaos  dn  même  Prince.  Ses  Ceatils-hom** 
Jûes-Ordinaires  &  Tes  Sccrëuires  des Comoiande-. 
«lens  remplifloient  qnatre  Carofies  de  fuite.  Touf 
le  conége  ^toic  précédé  des  Carofles  d'un  grand 
nombre  de  Gens  de  Qualité ,  qui  s'étoiçni  rendus 
^Q  Palats-Royal ,  avant  que  le  Duc  de  Chartres  ea 
partit  y  &  qui  (c  trouvèrent  au  Palais  a  Ton  arrw 

vée. 

L'UBrrerfitépropefecetreannée^poorfuieidaprii 
d'Eloquence  Latin&fendé  par  le  Sr  Coignard ,  Im- 
primeur du  Roi  I  $«#  U  ttavéûl  (^  UfU^r  >  ^uûi- 
fM  de  rnoim*  if  h  J^êrmtê  \  ne  Uiffeni  fas  d'hoir 
^n$re  êtix  umfwtê  £t  ItMifm  (  l^ot  VtUiiptâfyuê  dif* 
fijMilUmd  naturdficiê$s$e^iâddMmm$irf$fimtpi9ti' 

X>o  %$  :  A&km^  19  cens  )$  â  40  3  ZMitsAt  k 
ptemicre  Losterie  Royale ,  744  iBilUts  de  la  iè- 
conde,  étu 

Le  ^4 .  veille  de  No'él,  le  Roi ,  la  Reine  ,  Mon- 
léignenr  k  Dauphin  ,  MaiTame  la  Dauphine  9c 
Mcldames  de  France  affifterent  en  bas  dans  U  Cha^ 
pelle  du  Château  aux  premières  Vêpre&  chantées 
par  la  Mufique  ;  PEvêque  de  Digne  officia  ponti- 
'ficaletoent.  Le  même  jour ,  iur  les  dix  heures  »  le 
Roi  y  la  Reine  8c  tonte  la  Famille  Royak  a^tile» 
lent  en  haut  dans  fa  tribune  aux  Matines ,.  qui  fa« 
tenr  chahtées  par  laMufique  ;  l'Abbé  G ergeois  , 
Chapelain  ordinaire  de  la  Chapelle  y  o£çia  ;  eii- 
"ftite  le  Roi ,  la  Reine  Se  tome  la  famille  Royale 
^^ffiftirentauz  ctois  Meftesde  Minuit  ^  pendagc 

i    iiij 


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iO(J   MERCUFftî)ErRANCE. 

JefqocHe$  -on  etécata  âts  Nqëls  &  on  Motet' I 
|;rtii(i  chœur  ,  de  h  conipofition  de  l*Abbé  M4- 
^tn  ,  Maître  de  Mufi^ue  de  la  Chapelle  du  Roi. 

Le  lendemain  jour  de  Noël ,  le  Kw  ,  la  Reine; 
<C  toute  la  famille  Rqp le  aâifterenr  en  b^sdat^ 
la  Chapelle  du  Châceso  ila  Grind*Meffe  célébrée 
par  l'Evêqtte  de  Digne  ,  &  chantée  par  la  Md& 
^ue  ;  l'après-midi  Lcats  Majeftés  ,  ics  Princes  A 
^rincefles  afiîflerent  au  Sermon  de  F  Abbé  Poule, 
ic  enfuite  ani  Vêpres  célébrées  par  le  même  Evê- 
^ue  de  Digne ,  &  chantées  par  la  Mofiaue. 

Du  ji ,  Gâtons  y  19  cens  91  i  y  s  oeillets  de  h 
première  Lotetie  j<u3yale  ^  745  ;  delà  fecoixie, 
éto.  .    -     *  -• 

Le  icr  Janvier  les  Princes  8c  PrincciUes  du  Sang 
ic  les  Seigneurs  8c  Dames  de  ra€oureûcemi*holi<* 
neur  de_  complimehter  le  Roi  ôr  la  Reine  furlâ 
aouveîlc  année ,  &  le  Corps  de  Ville  rendit  a  cette 
eccafion  Tes  refpe^ i  Leurs  Majeftés  ,  a  Monfeî- 
gneur  le  D^ophin^  à  Madame  la  Daupbiae  8c  i 
Mefdames  de  france^  -       »..    .     \ 

Le  çnêmc  jour  les  Chevaliers  Commandeurs  8C 
Officiers  de  l'0»di?e  da  St  Sfptit  s*éfiint  affemblés 
-dans  lo  Cabinet  du  Roi ,  vetsJes-qoze  heures  da 
siatin  ,Sa  Majeflé  tint  un  Chapitre  ,  dans.lei|açl 
elle  nomma  Chevaliers  deTê^O^drë^  ,  le  Duc  de 
Chaulnes  8c  le  Marquis  d'Hauteforc ,  foiv  Ambàf* 
fadeur  à  la  Cour  de  Vienne^  Enfuite  le  Roi  précér 
4é  de  Monfeigneur  le  Dauphin  »  du  Duc  de  Char* 
1res  ,  du  Comte  de  Charolois  ;  di\  Con^te*do  Cler- 
mont  y  du  Prince  de  Conri ,  tiht  Comte  4e  la  Mac-* 
che  ,  du  Priiice  de  Dotfabcs  ,dtt  Comte 4* Eu, dit 
Duc  de  Penthiévje  ,&  des  Chevaliers  Comman- 
deurs &  Oâiciers  de  IfOrdre  ,  Ce  rendit  â  la  Chv 
Selle  ,  où  Sa  Majefté  entendit  laGrand'Meffe  ce* 
îbrée  pontificalement  par  TCvêque  Duc  de  Lat^ 
fres^  Pxéiâc  Comnandcucde  rOjfd^e  »,&cjbjM* 


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î?  Ë  VR  I  E  R.      1751.     20* 

tje'  pac  la  Mufique  ;  la  Reine  &  Mefdamel  dé- 
fr  an  ce  entendirent  ia  Mefled^sla  Tribune. 

he  i>>  le  Roi  accompagné  comme  le  jour  pré-^ 
cèdent ,  afUfta  au  Service  qui  fut  célébré  dans  là« 
Chapelle  pour  le  repos  ^es  âmes  des  ChfcvalicrS' 
morts  dans  le  cours  de  l'année  dexnierc  ,  &  au- 
quel le  même  Prélat  officia: 

Le  i7'du  mois  dernier ,  S,  M.  a  nommé  l'Abbé 
^c  Fleuri ,  Grand- Vicairede  Chartres^,  i  rArchc-/ 
vèché  de  Tours. 

Le  4 ,  le  Roi  nomma  Conftiller  d'Etat  KO 
Berryer ,  Lieutenant  Général  de  PoHcc,  &  partit* 
le  même  jour  pour  Trianoo. 

S:  M.  a  donné  les  entrées  de-Ta  Chambre  à  Mi- 
Ouclos,  Hift«riographe  de  France  ,  &  l'un  de^ 
quarante  de T Académie  Ttan^oife.' 
.  LaConr'  prit  le  deuil  Dimanche  ib  de  ce  mofy;. 
à-  l'occafîonde  la  mort  de  l'Impératrice  ,•  V^uvo^ 
<ie  Charles  VL  décédée  â  Vienne  le  xi  Décem^i^ 
bre  1750  ,  dans  fa  roixanricmie  année. 

Du 7  :•  ABhns  ,  19  cens  ço  ;  Billets  de  laprei- 
miere  Loterie- Royale^,  pomc^de  prii  âxe:~deliVf 
ftconde,680é' 


MAISS^ANC  E  S\   MA,R  VA  GE^ 
(Sr    Mort.' 

LE  1  Décenstre,aété  baprifëe  fur  les  Fonts  ddî 
Ja  Paroiffe  de  Saint  lc.n^3iC\it  yyJlnne^MatU^ 
Pmnçoifi^  née  la  veille,  ftlle  de  Gabriél-Franç^isii- 
jean-Louis   du  HauJjf^jifM  de  Félicité-  Bavci'  foM* 

Le  4^  a  été  baptifée  dans  la  -même  pârôtlft  ;  EU*- 
xal^eth^ Marie,  fille  deLouis.Picrre-ScbaôienJMii- 
frj5^^/»/^.Ch€vali«r.de  l'Or  die  Roy^al  &  Milttaire  di^ 


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so»    MERCURE  DE  FINANCE; 

3«înc  Louis  y  ancien  Capitaine  de  Cavalcrb  ,  9^ 
cien  Maître  (ifHôtel  ordinaire  du  Rot ,  Qjoisver* 
néiit  d' Albc  ville  fConfei  lier  du  Roi,  Rçoeveuc 
Géttéral  des  Domaines  &  Bois  de  la  Géaéaiicé  de 
Met2  ,  Bconoflie  Général  du  Clergé  ^fc  d'Elifa. 
ketb-Marie-Sufannc  Meny  ,  fou  épour& 

Le  14 .  a  été  baprifée  eacore  fur  te»  inèreef 
font»>  Mafiê-Sûpkàe'JcJipht^  6lie  tie  Lcmts  Ar-» 
«Xand  de  la  Briffe^  VicomBe  de  B«sy  ,  Seigneur  de 
Morfain  &  autres  lieux  [  Confeillex  da  Roi  es  fcs 
Cotiferl»,  Mâicre  Ordinaire  ées  Rei|iiêtes  «Le  /on 
H6tel ,  Inten^nr  de  la  Généralité  de  Oe»  ^  &  de 
Magdeleine  Thohiard,  fon  éponge. 
*.!.«  i£  du  noêaie  mois  ,  Eeicnne^ rJsmqpk Je  Cbd" 
^Hci.Mascpiis  de  Sratnvrlle^  M^sédial  des  Cainpsl^ 
Armées  du  Ror.,  Goavemettr  pour  lie  Roi  de  Fo- 
l^^ne  ,  Duc  de  Lorraine  «  des  Villes  de  Mericourt , 
ëcc.  ^poiigi  dan»  TEgliTe  PaioiHak  de  S.  Eufta- 
cke^  Lotuifê-Honorine  CrâZM  dm  OhMfêl ,  M\e  de 
ièis  Loftis  François  Crozar ,,  Marquis  «du  Cliaeel  ^ 
Ltemenant:Général  des  Artnées  ^u  Rjoc^âlc  ^casd; 
€roi:>  de  l'Ordre  de  S.  Lottis  ^  &  de  Matie-Tbé* 
lefe-Cat^rine  Gouflîtr. 

Le  II  Janvier  i/ji  ,,  Daniel  -  Charles  <fc 
Tjtl^yremd  Pmgord ,  Coiute  de  Tallcyrand  ,  kjbcU' 
tenant  dans  le  Régmicnt  de  Talleyrand^jlCaTï- 
fepie,  £ls  du  fecond^lit  .de  DaaR^-Marie-/bnBe  de 
Talfceyrand  Perigord  ,  Marquis  de  Talleyrand, 
Brigadier  des  années  du  Roi,  Colonel  du  Régi- 
jtoenr  de  Normandie, M enin  de  Motifeî^eur  le 
Dattplii»,&  de  Marie  Elifabeth  Cbamillard  ^  J^an 
xne  dcr  I^alais  de  h  Reine  ;  épousfâ  A]e»andt4oe> 
lriftoïre*€Wofto*e  Mamus  d[^n^p^ ^ €Ahcie  Jo- 
fcpk-Braii|ois  Damas  Marquis  d'Antigny-  ^  Com*! 
•e  d«  Ruiky  ^  Baron  de  CJheûvraii  \  Brigadier  de^ 
ftKnées  ^n  Roi,  C»IoaeI  du  Régiment  de  Boalo-I 
^'G^HUteJsDeiu:  delà  5att;rerainccé  de  Doo^bc^ 


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FEVRIER.    i75fir.     ao| 

^SlAc  Maxie-Jo^itli  de  Vienne ,  Comteflie  de  Com* 
marac|c.  Voyez  pour  la  Généalogie  de  la  Maifoft 
de  Damas ,  PHiftoire  des  Grainls  OAciers  ,  tome 
VIIÏ.  pages  338  de  339;  la  Maifon  de  Viennc^iUi^ 
tome  VII.  page  Soi  ^  faifantes. 

M»  Binet  df  Boi/gsrimd ,  Meftre  de*Camp   de 
€a?alenc,  Chevalier  de  l*Ordre  Militaiie  de  Saine 
Louis ,  fils  de  M.  Binet ,  Mêftre-de-Camp  de  Ca« 
Valérie  ,  Chevalier  de  POrdrc  Mitiake  de  Saint 
Louis,  Gouverneur  de  la  Totar  de  Coordrau, 
Lieutenant  de  Itoi  de  Châtillon ,  êc  Premier  Valec 
de  Chambte  d.e  MonCeignenr  le  Dauphin,  a  époa« 
fè  lei4  de  ce  inois  la  ftlle  de  M,  Bufmr , Contré^ 
ieur  Généra]  de  la  Maifon  de  Madacne  la  Dau* 
,^hiiie,  &  Ma&re  d'Hôcd  ie  la  Reine  ,  éie  de  Mi« 
dÀmt  da  ENifoar  >  Nourrice  de  Monfeigneur  le 
Dauphin  ^Sc  Première    Femme  de  Chambre  de 
.Madame  la  Dauphine  ;  ils  ont  été  fiancés  dans 
f  appartement  de  Madame  la  Dauphine ,  en  pré* 
"fence  de  Monfeigneur  le  Dauphin  Se  de  Madame 
%  Dauphine  ;  le  Roi ,  la  Re^ie  &  toute  la  Faniille 
Royale ,  ont  figné  au  Contrat    de  Mariage.    Sa 
Majeflé  a  accordé  i  M.  de  Boi%ifond  la  fiiT' 
vivance  de  la  Charge  de  M.  Ton  père ,  de  premier 
"Valet  de  Chanïbre  de  Mon(efgneur  le  Dauphto  ^ 
'ic  de  Contr64eur  Général  de  la  Maifon  de  Madame 
fa  Dauphine  ,  &  la  furvivance  de  Première  icmmc 
de  Chambre  i  la  DemoifèUe  Dafour ,  dont  pxût 
"aôïiellement  fa  nrere. 

Le  1 1  péçembre ,  Frère  Jean  -  Pierre  <fir  Grcmx^^ 

/Chevalier  de  l'Ordre  de  Saint  Jean  de  Jcri^ralem 
^crcj^aixe  des  Comnnandemens  de  S^  A.  5,  M,,  te 
*Comte  de  GB^olox» ,  &  Prieur  Conmmn:î«aîre 
'^e  Chaftaiit ,  Diocéfe  àc  Poitiers-.  &  de  Cliaynes^ 

,  "foioeérè  de  Chante*. mourtrt  âgé  de  ^Mts^Ss, 
fu«  i&haméiSsnntCcKVafaw 


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ao4  MERCURE  DE  FRANC© 


N  OusFrerc  Franco  is  T  rouve',  Abbif 
de  Cîcjcauy ,  Docteur  en  Théologie  de  la. 
lacùlté  de  Paris , .Premier  Confeiller  né  au  Parle* 
-ipenc  de   Bburgogn^,  Chef  Se  Supériear  Général 
de  tout  rOrdrc  de  Cîceaux ,  ayant  Tcntier  pouvoir 
du  Chapitre  Général  d'icelui,.&c. A  tous  les  Abbés 
:  êc  Abbefles ,  Prieur?  &  Prieures  &  autres  Supé- 
,  rieurs  de.* notre  Ordre  dans  ^le  Royauine^'Salat. 
Sar  ce  qui  nous  a  été  représenté  par  plufieurs ,  que 
'   ians  les  circondaaces  préfentes  ils  fouhaiteroient 
avoir  un<  modèle  qui  leur  donnât  la  fox  me  qu'ils 
doivent  fuivre  dans  la. déclaration  de  leurs  biens  Se 
.  i«venus.  Pris  fur  ce  l'avis  de  plufieurs  perfonnçs 
éclairées  de  notre  Ordre  &  autres,  nous  avons  jugé 
^ufil  feroit  incelTammenr procédé  â  un  modèle  gé' 
jié^al ,  fur  lequel  toutes  les  Maifons  de  notre  Ordre- 
Croient  renues  de  former  leuridéclaration,  ce  qui 
Vient  d'être  exécuté  a rnotrefatisF^dion.  En'confé- 
quence  de  notre  autorité  paternelle  »  nous-sLous  re- 
commandons. &  ordonnons  qtie  for  Je  modèle  de 
déclaration,  qui  vous  fera  remis  de  notre  part  p^r 
aotrc  Procureur  Général  ou.par  nos  VicairesGéné- 
laux  de  Province ,  vousfaffiez  travailler  inccffain^ 
ment  â  former  la  déelaraûan  de  vos  biens  &  reve« 
-f^us/delaquelle  vous  en  remettrez nn  double  â  nos 
.Vicaires  Généraux  j  l'autre  fe  rançon  fer  vé.pour  être 
envoyé  dans  le  tems  &  a  qui  il^ippartiendra  re^- 

Ïe£livement,  fuivanc  les  ordres  que  nous  en  fignî^ 
erons  dans  la  fuite. Donné  à  notre  Abbaye  dé  Cî- 
t£AUx, fous  notre  fci'ig  manuel.,  celui  de  notre 
Secrétaire  &  Pimpreffion  de  notre  grand  Sceair, 
ce  14.  Décembre  1750^  Si^né,  É  F  R  A  N  Ç  O.ï  S  * 
AbbéGénéral  de  Cîteaux.  Et  flm hs^  F..  Pierre^ 
'4ifi5oine  CHAiciiT^^Séaetaire.- 


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^jSt£ O  D  ELES  des- titres  des  Déclaration/ 
pour  les  j4hbis  ÏLégnliers^Abbeffes^  P rieur $% 
Titulaires-  &  Prieurs  ConventHeti  ,  char-^ 
aes  OH  non  chsrgis  de  t^  Manfe  Abbatiale 

^       &  dti' tiers-lots  y.oji  de  partie  d^icelni.- 

'  Tp\  Eclaratîbn  <juc  Joirne  N.  ^ .  Abbé  Régulier^ 
*  M  y  ou  Abbefle  ,  ou  Prieur  de  l'Abbaye  de .  .  .^ ,, 

ou  du  Prieuré  de  ... .  des  biens  éc  revenus  de  la- 
;dite  Abbaye  ou  Prieuré,  ou  de  la  Manfe  Abbà- 
'tiale  ou  Conventuelle,  ou    dû  tiers-lots  ,  ou  de? 

partie  d*icelui.  -  .  ..  &c»^ 

donc  ilsjouiffent; 

JHodeles  du  corps  des  Déclarations  pour  Iti^ 
.    ."  biens  &  revenus., 

Article    Premier^ 

.  Pour  le  Si  biens  &  revenus  affermes,- 

L'erdits  biens  &  revenus  confiftènr  en  la  Terre.;, 
;Ke£, Seigneurie  ,^c.  de:. .  . .  .  firuéa  ....  la- 
.dite  T^rrc  &  Seigneurie  avec  titrcde  Comté  ,  ou' 
'de  Baronie  j.ouChâcellcnie  ,  ou  feulement  avec- 
[juftice  haute  ,  moyenne  &  bafle  ,  ou  avec  J^fticc 
jncyennc  &  baffe ,  confiftant  L\<liteTçrre  ea ..... 
Il  faut  ici  tratyfcrire  tout  ce  qui  eft  comgris  dans^ 
le  Bail,  &•  dont  le  Fermier  a  droi*  de  jouir. 

Le  tout  affermé  pour ans  ,  par    Aéic 

du reçd  par...,  Kotaire  de  ....  .    la 

Jft)înmede  .... . .  ptar  an  ,4)ayablé  eiu  .  .^  termes , 

jfiiivant  ledit  ]^ail,dont  il  cil  ici  rapporté  copie 
collationnée. 
^i]  y  a  des  réferyes  datis  le. Bail ,  il  en  faut  faxi^è; 


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»0(  MiRCUKt  D£  FK^ÎCCI. 

Aieocioo»5c  fi  plies 'ne  fofK  poiot^aloécs  eô  f^ 
genc  par  le  Bail,  d  £auc  les  évaicicr ,  aifi&  qa4 

•S . .  Corvée».  ^.^^  cbaponf  • . .  •  c^Kibons  « -^c^ 
véfervés  .ai|x  dédaraDS  par  le  CaCdU  ]^il  ,  qiâ 
peuvent  monter ,  fuivanc  l'eftim^tion  commune, 
(  ou  les  Taux  des  gros  fruits  du  Marché  de  .... , 
^ei  dix  dernières  années ,  )  4 1^  (mmatc  de     ^     •    « 

.  •  • .  Arpens  .  acres ,  jouioaax  »  ou  ^ucre'  mefii* 
tes  de  terre  labourable ,  réfervés  par  ledit  Baiî^ 
i)ui  peuvent  valoir  la  fomme  de         .  .  \ 

»...  Arpens ,  acres  ^  (bit aies  ,  ou  autres  n^erure» 
èc,  prés  .refecvéspar  ledit  Bail^  qui  peuvent naontç^ 
i  ta  fomme  de  •    •         i  .  •  • 

•  • .  »  Mine»,  perés  ,  boifieauz,  (èprî6R,  C^cs ,  faU 
ipées  ,  ânées,  muids^  ou  autres  meijttres  de  bji> 
ment ,  feigle ,  ou  autres  grains  réfcrvés  par  le  fn^ 
dit  Bail  ,,qui ,  Aiivant  les  Taux  dt»  Marché  de  ; ..  • 
des  dix  dernières  années,  montent  â  la  (bmmer 

•  «^ .  •  Arpens  ,  acres  ,  ou  journaux  de  Bois  tail^ 
lis  qui  fe  coupent  annuellement ,  de  Page  de  •  « .  «. 
aT>s ,  non  compris-  dans  k  fufdit  Bail ,  qui  peuveof 
Taloir  la  fomme  de   .      .       ,  *  .  . 

Les  droits  Seïgneoriaox  annuels  ,  co-.fîftant  en? 
ccnfive  ,  rente  ,  fbuage  .  çq  autre.,  rcfervés  par  (b 
^ifdit  Bail ,  peuvent  monter  à  la  fomme  de   .    .    >• 

Une  Cheneviere ,  Verger  ,  ou  herbage  ,  réfef^ 
•vés  par  le  fufdit  Bail ,  qui  peuvent  valoir  lafomuie 
■^ç        y      •■  •  •  «i 

Les  menues  &  vertes  Dfmes  ,  les  Dhnes  dii  liiiy 
chanvre  ,  agneaux  ,  laide  ,  oifons ,. ^c.  qui  pei»^ 
tent  varloir  la  femme  de  »         »        ,.      v,   ; 

Comme  dans  plulîeurs  Bnux  ,  iûrtouc  dess^rac^ 
Ji<s  Seigneuries  ou  Terres, on  «rércr^fe  fouvenries 
droits  Sdgneuriaa;if  çafuéjs  ,  de  duint  , rachat,, 
«atré  y.  lods  &  >?catc ,  déshérence ,  «  auttcs  droits 


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(ctfrncuriaaz ,  dâs^par  motatbfi^  la<^4*ire  ré&rve 
|ft  laLÏie^m  général  poux  toas  ces  droits ,  «u  feale^ 
mène  lorsqu'ils  exotàctotip  une  ccttaine  fomme  ^ 
i4  ^  faut  faire  mention  ,  &  marquer  àrquelle  fomfr 
wae  ces  droits  pei»rent  xQoatec  ^  année  comntune  ~^ 
de  \a.  manière  qui  fuir. 

Les  droits  catUels  ic  mstat  »  rachat ,  entvé ,  lodt* 
Mt  v€nc«  ,  déshérence  ,«  autres  droits  Seis^e«i 
riau»,  f  ou  fmttie^  Vieeux, laéùriféi  par  le  CMUf 
Bail  ,  q^ii  peuvent  va^loir , année  Goramune,!»^ 
^ojnme  «le*»       «-•        .  • 

Le  droit  4k  Pêche  dams  let  Rvviôr^s  de . .  .  ré<» 

feiyé  par  le  fufdrt  l^ail  ,  q»i  ftmî  «kxitet  i  If 

fcmRie  de  •  •  •     '        •  • 

ta  Pèche  ^e  l'Étang  . .  • . .  qui  fe  pèche  toot^ 

les^^ , .  ,  a«s  ,^ot  le  pwduit  i^actt  peut  monte» 

â  la  fomme  de .  •-         •.     •        .  •     ^^ 

5i  dam  la  Terre  affermée  il  y  a  des  Hoi»  en  fii^ 

tay€  ,  il  faut  Pexprinier  de  la  i«a«iei»e  (oiv^aticip. 

.    Oan«  laquelle  T«r*c  il  ya  ,  .  .  .  .  arpeiw  ,0» 

acres,  ou  antres  niefiircs  de  Bois  en  ^tâye  ^d«^ 

l*lgcde      V       .  .  .  • 

Si  la  giandée  defilts-Bois  cft  téfcrvér,.  oii  1# 
•aetTFa  en  déclaration* 

La  glnndée  defdtts  Bois  ,  réfcnrée  par  le  fxifdif 
Bail ,  peut  valoir  ,  année  commune  ,  la  fômmc 
de      V  .  -  .  • 

Si  on  nes'eftréfervé  qtiera  focuî té  d'y  mettre 

anwieflement  un  certain  nomtr/e  de  cochipiw  ,  Pu- 

Petprimrffra  de  la  manière  fuivante. 

*    Danv  la  g^andée  duquel   Bois  leif  déclaf  ans  fe 

fent  réfervés  par  k  fafdit  Bail  ,  la  facuké  d'y  mcr-^ 

»r^  aniwicl4e«tiMît  la  quantité  de. .  .  .  cochons  5  la^ 

qoejk  référé  monte  i*  la  fomme  de    .   .    .   •    •  • 

Les  droits  de  Juftice  ,  de  Greffe  ,  amendes  ,  coni* 

ififcations  ,  désbéretke  ,  riéfcrvés  par  le  fu^it  Bail-jr 

^w  j>cuvent  mbmer ,  imnée  Go«imtmç  y  à  la  (oa»? 

me  de  r  •  * 


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»d8^  MERCURE  DE  FR  A  WCË. 

Le  totial  da  tevena  de  ladite  Terre  monte  2  Ig 
fommedc  .*  •»  ...  ^ 

.  .  oooooo 

S'il  y  â  plufîears  Terres  flfFermécs  féparéinent, 
#ii  fera  mention  du  Biil  de  chacune ,  fuivant  le 
Modèle  ci  deffus. 

Mais  (i  pi ulîeurs  Terres  font  affermées  par  qq 
mèaie  Bail ,  &  q^'il  y  air  des  fous- Baux  4)Our  chai 
tune ,  il  faudra  produire  les  fous-Baux^  avec  le  gér 
i)éral. 

Un  Moulin  fîtuë  à affermé  pour aos^ 

par  A^e  du reçjî  par  N.  . .  .Notaire  de. . .; 

pour  la  fomme  de.  .  «v. .  pat^n*^  payable .  • . . . 

Une  Ferme  ,  ou  Métairie  »fituée  à .  ....  affer^ 

méc  pour  , .  • .  .  .ans  ,  par  Aùt  du reçu  par 

N Notaire  d&.-. ..  .pour  la  fomme  de.. ..  ..^ 

'  par  an  ,  payable  ........ 

• .  La  Dîme  de  telle  ou  telle  Paroiffe ,  od  les  déda^ 
rans  (ont   feuls  Décimateurs ,  ou  dans  ief<^uelief 
Usant  partie  de  la  Oime  affctoîée  pour . .  ...  aos^ 

&c. 

• . . .  Arpensî  de  terre  labourable  . . , .  -Toitures  -^ 

ût  arpens,  ou  autres  me  furies  de  Prés jour-- 

naui  ,  ou  autres  melures  de  Vignes,  fitués  en  la 

FaroiOe  de affermés  poiK  . . ,  .^ns  ,  &c, 

.    Sut  ces  Modèles ,  on  peut  déclarer  lomes  les  au^ 
ttes  efpéces  de  biens  Prévenus  affermés  .   ,  *  ,'  , 

A RT.n.  PoHr lesTtrrcsmn affermies.   . 

La  Terre ,  Fief&  Seigneurie-de ....  fituée  i  .  :C 
ladite  Terre  ou  Seigneurie ,  avec  le  l'iUz  de  Comté 
o«i  Baronie  ,  çu  .Cbâtellenie  ,  ou  feulement  avec 
Juftice  haute  ,  moyenne  &  baffe,  ou  avec  moyen- 
fte&  baffe  Juffice. 

Confiffant  ladite  Terre  auc  droits  dj  Juftice  ;* 
de  .Greffe  ,  amenieS|ConEfç^ciôas  ydéihérence^/ 


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«     rEr%  ÏÊR.'   t75T;       «cjj^ 

icc.  qui  peuvent  monter  ,  aanéic  connnane  ,  S  la 

^uimcde         .       *  •  *  .  •        .        ,         '# 

Les  droits  SeîgneiiriâBz  annuels,  confinant  en» 

cenfivc  ,  cbampart ,  agries ,  taftiue^  fouagp  ,  on  a^ 

ti es  ,  pcurent  produire  la  fomme  de  *.    .    •      •  • 

Les  Terres  en  Domamc  ,  confHlant  en  .  ...  ^ 

aTpens  ,  ou  acres  ,  ou   jpurnaux ,  ou  falfnéçr',  de 

terre  labourable ,  <jui  peuvent  produire  par  an  1» 

fbmrae  de      *    '  ^  .-  -  .        '    . 

. . .  •  Arpent  ,  ou  autres  mefures  dfe  Prés ,  qù! 

peuvent  produire  la  fomme  de         .       •       .        . 

Tant  d'arpens  ,  ou  autres  meforcs  de  Vignes^, 

qui  penvènt  produire  la  fominc  de    .      •     .     .     . 

.  r  .  .  Arpens ,  bu  autres  mefures  de  Bois  lailJi*-, 

qui  fç  coupent  de  15  en  15  ans, ou  autre  terme^^ 

qui  peuvent  produire' par  an  lia  fo  m  me  de  .,.,*- 

Un  Moulin, fîiué  dans  ladite  Terrre  ,  fur  lor 

Hiviere  de  .^,  .^  qui  peut  produire  par  an  la  fonw 

me  de  . 

Un  Etangfde^'ëtenduede  ^. .  .  dont  la  Pêche  fr 
fâir  de  3  en  3  ans ,  ou  auue  terme  ,  Se  dont  le  re»» 
Yenn  réparti  fur  chaque  année ,  peut  produire  par 
an  laroirune  de    '  .         .    * 

sTant  d'arpens,  ou  autres  mefures  de  Bois  et 
fctaye /de  ràgede    .'■>-, 

Le  droit  de  Pêche  fur  la  Rivière  de qtif 

peut  produire  la  fon^me  tTe         .         .         .       -* 

Les  droits  de  Péage  ,  Barrage ,  Pontônage  ,  oor 

autres  .peuvent  produire  par  an  la  fômme  de  .  . .». 

Les  droits 'SeignéuTÎa ut  cafuels  »  comme   font 

Rs  droits  de  quînt,  treidéttîc  ,  lôds  8c  vente,  râ«» 

chat ,  'acceptes ,  ou ,  autres ,  que  l'on  exprimera'  ^ 

peuvcntproduire  para» la  fomme  de    .    ^  .  •    , 

Les  droits  de  chau&ge ,  pâturage ,  d'ufage  ,  de 

mort  k  vif,  bois  dans  la  Forêt  de* . .  ..qui  peuvent 

monter  par  an  à  h  fomme  de       .       •         •       «^ 

On  peut  fur  ces  Modèles  déclarer  toutes  e4^ce^ 

it  biens  &  revenus  aon  ai£;rmés« 


,y  Google 


tîôMERCVRBDE  FRANCE. 

te  total  da  icrenvk  de  ladite  Teci e ,  moBte  i  fa 
lonmede  «  .     •      i^  «  ^ 

Qooa 

A  II  T.  1 1  !•  Poftr  tes  antres  efficls  de  bietff 
non  éffermis ,  fui  ni  difendc'm  foim  d'une 
Terre  ùu  Seigneurie. 

Tant  d*arpeiw ,  d'acres ,  otf  afatres  mefures  àc 
Terres  labourables ,  fitués  â  ......  qui    pe'uveôe 

produire  par  an  tant  de  bled  ou  autres  grains, 
iequel  bled,  ou  autres  grain»  s'eft  vendu  ,  par  fèp-' 
fier ,  ibée  ,  falmée ,  (àc  ou  autre  mefure  ,1a  fom-' 
jAe  de. ...  «  fuivant  i'cvaluaii^Q   comamne    des 

années^  .  •  .  .  ,  ^ 

Un  Moiilfn ,  fitué  à .  «  • . .  ^  penr  produire  par 

Tant  d'acpens  ,  purnaux ,  oo  autres  mefurer 
'de    Vignes  ,  qui    peuvent    produire  k   foiBxqff 

Les  droits  de  cenfive  eo  la  Paroiue  de. .  . .  <|Qi 
jâppartiennent  aux  diclarans ,  conâftatu  en  cens  , 
rente  ,  chef-repte  »  cbampatt  »  agries^a  â(  patres, 
qui  peuvent  valoir  )a  fomme  4e    .      .^        •         « 

Les  droits  cafaels  Seigneuriaux  en  ladîce  Pa* 
loiffe  »  çpnfiilaftt  eu*  treizième ,  lods  fc  vente ,  ta** 
chat  ydcc.  qui  peuvent  valoir  par  an ,  &c«. 

On  pourfiiit  la  déclaration ,  fui?ant  les  Modèles 
.des  Terres  non  a&rmdes. 

Si  dans  le  P«yi  il  ne  Te  trouve  pas  de  Regîftre» 
pour  les  évaluations,  ou  s*U.s>git  de  ^HÂt,d«tit  ça 
,  A'ait  pascpdcmtie  de  maïqnçr  l'évaluation  fyxù» 
Rcgjftrcs, celui  q^i  fcr^T>  déd^rati^p. marquer* 
l'évaluation  deTano^e  cofioMii^evU  flus  exaâc^ 
ment  qu'il  poji«r#» 


,y  Google 


F  JE.V  R  lE  R.    f7p;     ut 
A  R  T.  I  y.  Ponr  les  Dîmes  non  affermies. 

La  D&ne  d'une  teHe  Paroiffs ,  ou  de  partie  ,  la^ 
^e!Ie  peut  produire  par  an  tant  de  tel  grain ,  le-î 
quel  fè  vend  par  ati  la  fon^tne  de  .... .  ^fuivtnr 
L'évalaaticm  cooiinune  des  années ,  &c. 

Tant    de  vin,  cidre,  huile  ,  ou  autres  fruits  i» 

lefquels  fe  vendent  par  an  la  fonutic  de fui- 

vani  l'évaluadon  commune  des  années,  5cc. 

Bt  ain/î  ^t  chacjue  Paroiffe  ,  s'il  y  en  a  plufieurs^ 
Jans  ler(^lles  celui  (|ui  fesa  fa  déclaration  a  droi|f 
ilc  prendre  U  Dîme. 

Art.  V.  Tùwr  les  menues  &  vertes  Dîmes ^ 

Les  menues-  &  vertes  Dîmes  de  ladite  Paroifle^ 
îefquelles  peuvent  produire  par  an  U  fomme 
de ....  &  comme  nous  n'avons-  dç  ces  fortes  de- 
Dimes  qu'à  proportion  des  Gioffes  ^il  fuifira  ,fc 
l*ôii  veut ,  de  lesdëclarcr  enfembk. 

A  Bc.T.  V  L  Pour  unejimple  rente  foncière  eiê 
Argent ,  OH  on  efféces  àe  fruits  ,  &  ponrlh 
rentes  &  revenus  emphitéoti^ues. 

La  Commrde •  de  rente  foncière,  qui  eft 

dèe  annueltenrienr  par  un  tel  ou  tel  héritage  ,  fui* 
vant  rAâ:e  du  .... .  reçu ,  &c. 

Tant  de  bled  oU  de  vin  ,  ou  autres  fruit»  de  ren# 
te  foncière  ,  ddo'  par  tel  héritage  ^fuivant  l'Adldr 
da,lEc.  lefquels  fruits- fe  vendent  par  an, fui» 
vant l'cftimation  commune  des  années,  &c. . . .., 
la  fomme  de.  ;..«'  ou  telle  quamité  de  fruits  de 
fente  duc  par  un  tel  héritage,  futvanc  le  Bail  em-^ 
phitéotique.  ou  â  longues  années^dc  cent  ans^ 
•u  autre  terme  ;  ledit  Afte^  da xc^  (aj>^ 


,y  Google 


m  MËRdURE  DE  FRANCE: 

Art.  VII.  PoHr  les  rentesobituaires  y  mdK^ 
trei  Fondations  fieptfes.  - 

la  fotnnie  d«  . .  ^ . .  ou  telle  qa'afitité  àe  fruits  ; 
jpayés  annuellement  par  une  telle  Terre ,  ou  pat 
tel  Seigneur  ,  ou  par  telle  fânwUe  ^oupar  les  hé* 
fitiets  d'un  tel ,  ou  établie  fut  tel  kéricage  par  le 

tedament  ou  codiciie  du  .... ,  reçirpar  Nv 

^lotaire  ,  Ôcc,  ou  par  donation  >  ou  autre  A€te  en* 
trfe-^vifs  du  ...  .  l'eçé  pafr  ,  &c.» 

Si  la  rente  eft  en  efpéce  de  fruits ,  il  faudra  eo 
faire  révaluacion  comme  deflus. 

Four  lacfuettc  rcRte  ladite  Abbaye  ,  ou  Prieuré, 
ou  Monaftére  ,  eft  obligée  de  dire  ,  ou  faire  dire 
tant  de  Meffes  par  an ,  ou  faite  tel  ou  tel  Service. 

Art.  Vlli.  Dts  rentes  conliUuies^ 

ta  (omme  de ... ,  de  rente  au  principal  de.  ; .  ; 
Rir  PHÔTcl  de  Ville  de  Paris  ,ou  furies  Etats  de 
la  Province  de  ....  ou  fur  un  tel  ou  tel  Partie»- 
lier ,  fuivant  le  Contrat  du  .... .  teçû  par  N.  •  • 
Notirire,.&c; 

Aki.  IX.  Ponr  exfrmer  fi  les  héritages  tjui 
ne  font  pas  des  anciennes  Fondations  ^  ont 
été  amortis  ou  non» 

tefquelis  héritages'  ont  ère  ddënieat  amorti?  ; 
luivant  la  quittance  du  . .  ...  ou  fuivam  tel  Aâe 

du  .... ..  ou  leAjuelf    héritage»  n'ont    pas  été 

d^mottîs. 

On  peut  erprîmèr  ceux  qui  l'ont  été ,  ou  cens 
qui  ne  l'ont  pas  été. 

^  Chaque  Abbaye  ,  ou  Communauté  ^yant  fait  & 
dreflé  (à  Déclaration  fui^ant  Its  Modèles  ci  defliis, 
^  rempli  chaque  article  d'icelle  de  la  fomine:  » 


,y  Google 


F  E   V  B  lE  R.      ï75f,       itj 

laquelle  il  monte, Icfqucllcs  fommcs  feront riréei. 
liois  ligne  en  chiffres. 

Terminera  lia  déclararion  de/esbiens&  reveniif 
jàe  la  manière  fuivante. 

Total  des  revenus  de  ladite  Abbaye  ou  Pricuri; 
ou  Xanfe  CoriventuelW ,  Sec. 

Sut  laquelle  fomme  de iljdoit  être  fait  dii 

âuélion  des  charges  ci- après  énoncées. 

S  ç  A  V  o  %  R  ^  Gros  &  Portions  Congrues* 
d^s  Curés, 

Au  Sieur Curé  de  la  Paroiffe  de . ...»  3 

Diocéfc  de h  fomme  de ,  • . .  par  chacun 

j^n  ,  pour  fon  Gros  &  Portion  Congrue.    .    .    ,    ^ 

Au  Sieui:  . . .  •  Vicaire  ou  Secondaire  de  la  P4- 
roiffe  de la  fomme  de    .     »    .....; 

Pour  fon  ejitretjen         .         •         ,        .         „ 

Pour  ....  Meffes  folemnelles  6a  Meiles  bâfles^ 
pat  chacun  an ,  la  fomme  de       •       .      .      ,     ^ 

Entretien  des  Bâtimens. 

,      Pour  l'entretien  des  Maifons ,  Eglifes ,  Cloître^; 

Plôtuies  de   1* Abbaye  de  , ou  du  Prieuré 

de la  fomme  de par  Chacun  an. 

Pour  les  groffes  réparations  de^i^s  lieux  ,  JL* 
fbmnic  de  .... .  par  chacun  an. 

Pour  l'entretien  du  Cancel  de  PEglife  de  la  Pa- 
roiffe  de  ... .  dont  les  Abb^s ,  Abbcflcs  ou  Prieurs 

,4c  l'Abbaye  de ou  Prieuré  de  .... .  font 

gros  pécimateurs,  la  fomme  de    ....... 

Pour  les  gfoffcs  téparatijons  dudic  Cancel  ^  \x 

fomme  de      .     *  .  -  •  .  ^  . 

•  -Pour  Pçntjetiea  ies  .  .  ^ . .  Majfons  ,  ou  Mé- 

l^^ties  ^  ou  MouUds  ^  ou  Fermes  /fifes  â Se 


,y  Google 


:ai4M£RCURE  DE  FRANCE. 

«dont  le  revenu  a  ité  cldctSks  évf^laé  U  Commt 
^c  .  .         .         .         .         •    •   . 

Pom>l*cntrctien  &  réparaiiotis  des  Etangs .... 
^oot  ie  revenu  a  éti  ci^defius  évalué  la  fbnu&e 
^c  .  •  •  .         .  .         . 

Pour  les  gages  d'un  Carde  ,  ou  plufieurs  Com- 

«lis  ,  à  la  garde  des  Sois  taillis dont  le  re- 

-venu  a  été  ci^effus  évalué  la  fonunc  de    .  •      .  ^ 

••  Total  des  charges i  déduire dcfditsjcvcnus.^.. 

»Les  Abbayes  ,  Monaûércs  ,  Prieurés  ,  Sccx  ât 

3'un  &  t^autre  Texe,  déclareront  en  fuite  le  nombre 

^  Religieux  5u  Rdigieufes^u'ils  entrççieoneut. 

Jt^odéUs  dei  Certificats  par  lépfuHi  Us  ^bhis, 
Abheffss  ,  PrieHrs  ,  &€.  affirmeront  letsrs 
DécUrutUns^ 

Nous  feufGgn^  cerci£olis  &  affirmons  la  pré- 
sente Déclaration  véritable  .  ..«.'.  .  .  • 
àt  laquelle  Déclaration  nous  avons  remis  lé  pré- 

fent  double  â  ,  &c. «  . 

avec  copie  des  Baux  ,  Contrats ,  &  autres  Pièces  y 
foncées  ;  déclarant  au  (brphis  qu*il  n'y  a  ni  con« 
tie^lettie ,  ni  riferve  aux  fujets  defdicsBaux  ,  fi  ^ 
n'efl  celles  qui  y  font  exprimées;  eu  fai  de  quoi 
>  Âotiis  avons  itgné  lepvéfent.  A  .  ^  •  •  •  le  .  .  .  «  ^ 

AJf  P  KOBATION. 

J*Aî  là  ,  par  ordre  de  Monfelgneur  le  Chaneéii 
lier  ,  le  Mercure  de  France  du  pféfenc  mois*  A 
5aris  ,.le  premier  Février  175 1. 

MAîèNAN    éE    SAVIGMYé 


,y  Google 


T  A  B  L  E. 

PÎMCns  tvo I T X V fi 8  en  Vêts  &  en  VroCéi 
Le  MarfeoH ,  Epitjre ,  fous  le  nom  de  Vénus  , 
4  Mad*  Tenctn  »  en  lui  envoyant  un  petit  mar* 
f  e^a  dfî  table ,  ie  jour  iç  l'an ,  par  M .  Vtron  ^  des 
f  orscs  dcLemnos,  p^emiei:  Janvier  174$.  3 
^oaaç  heiuf  dut  UyCrimm ,  à  l'Auteur  duMer^* 
cure  ^  fur  la  Littérature  Allemande  »  ib 

Fj^e  donnée  a^^ancy  au  Roi  de  Pologne ,  t>ac  de  ^ 
(.orraÎDc  &  de  Bar ,  dans  le  Séminaire  Royal 
.des  Miffions  de  la  Coi»pagnie  de  Jefus ,  donc 
il  eft  Fondateur ,  le  d  du  mois  de  Déceml>fo 
1750,  '  3j 

Ode  au  Roi  de  Pologne  »  Duc  de  Lorraine  êc  da 
3ar,â  l'occafîo\i  de  Ton  Bufte  en  marbre  blanc  ^ 
érigé  dans  une  Salle  du  même  Séminaire ,    2^ 
Compliment  au  même  Prince-à  Poçcafion  de  ç^ 
/'Bufte  ,  y  4f 

Autre,  '  4^ 

îifi  de  VHiftoîre  des  Croi&des ,  par  M»  de  Vol« 

«^Jrc, ;     _         "  4/ 

k'Aroant  aveugle ,  5^ 

Vers  écrits  fur  Racine  ;    *         6i^ 

Autres  fur  Pamour  a  1^  mode ,  6^ 

Imitation  d' Anacréon  par  M.  de  R  *  *  *  ,         64. 

:  f^çeption  drM.i^  Comte  de  Biffy  i  iMcadéîgje 

Françoife  ïe  i^  Oécem)>re  1750  ,  ^^ 

Epitre  à  Mad.  la  Marquife  de  Goefbriant ,         ^4; 

Séance  publique  de  l'Académie  Royalç  ies  Scien« 

CCS,  le  13  Novenibre  1750  ,  7^ 

Ode  fur  la  mort  de  M.  le  Maréchal  de  Saxe  »     94 

Vers  fur  le  même  fujct ,  9^ 

Cotres  priffentés  à3.  A.  5.  M.  le  Duc  de  Ctartf  es, 

'  p»  Lircrlos  i-fils ,  Maître  Ecrivain  des  pages  de 

S^  A.  S.  M.  le  pue  d'Oilé^QS ,  ^y^ 


,y  Google 


Mots  ics  Smgmes  Se  âa  Logognflkc  da  Mstcm 
de  Janvier ,  «ri 

£nigmcs  &  Logogf  iphec ,  ihil 

Nouvelles  Littéraires.  (ÉuvreS/Jc   M.  de  Cre" 
bill.on  »  6cc.  103 

^eaux-Arts  ,  &c.  X{o 

yers  de  M.  Pannard ,  i  focca/îon   d'an  Portrà 
peint  par  M.  Appeltus  ^  né  à  CafTei  en  Allema- 
gne,  i  préfenc  à  Paris ,  i{^ 
Xetcre  de  M.  de  S.  P.  â  M.  de  B.  far  ie  bon  go& 
doAs  les'  Arrs  &  dans  les  Lettres  ^                   i  jS 
^vîs  de  M.  Gainier;                                         170 
Autre  de  M.  Bourbon  ,                                     ^ii 
Autre  des  Cierges  à  rcffort,                               171 
Chanfon  notée  ,                                                  175 
5pe£baclcs ,       .                                                 J76 
'  Le  Pédant ,  Ballet  Pantomime  î,                        17^ 
•.Vaudeville^                                                       il» 
':Autre ,                                           -                     iSi 
!  Concerts  Spirituels,          ^                              1I1 
Neuvclles  Etrangères ,                           «          Ij 
France.  Nouvelles  de  la  Cour ,  de  Paris ,         isi 
"  Nai (Tances ,  Mariages  5c  ^ott ,                        lo* 
^  Modèles  de  déclaration  des  biens  &  retenus  d: 
'      rOrdre  de  Cîceaux  ,                                     10, 


Za  Chi^finnàt/e  doit  n^Mrder  U  fj^ê  ^: 


»  ■       '  ■        * ■ 

Pe  rimprimerie  de.  J«  B  u  i  x.  o  u 


A 


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MERCURE 

DE  FRANCE. 

DEDIE  AV    ROI. 
.      MARS.      175t. 


Cke2* 


APARIS> 


ANDRE*  CAlhLhAU^t^iéîtÊt 
]ac<{iifis,  i  $.  Andti*  .,/\  i  ,  ; 

I  La  Veuve  P  r  S  S  O  T,  Quai  de  Contf  ^ 
â  la  dekencc  du  Ponc-Neuf. 

UEAN  DE.NUtJLY,anPalaB. 

|jiï?tiQ^t7E*  B-ARROft,  Qju£ 
des  Auguftins  >  a  la  yille  de  Neyers» 


M.    DCC.  LI. 

^vt€  AffrobéUim  &  Privilège  du  R$i, 


,y  Google 


A  y  I  S.       - 

L*ADRESSEginirde  dHMercureeft 
s  M^    DE    CXBVB^S  D'ArniCOUHT, 

TMë  des  Mawvéïis  Garçons  ;  fauxhêurg  Saim 
Germain ,  4  t  Hôtel  de  Micon.  Nous  fri9tu 
très  '  in'fiamment  celiX  tjMt  nous  adrefferûtà 
des  Pd^nets  par  M  \JP9fie ,  cCen  affranchir  le 
port  /four  nous  épirgKfr  je  déplaijir  de  lu 
rebuter^  &  0  eux  y  celui  de  nef  as  "wir  pésrmre 
leurs  Owwrages» 

Les  Libraires  des  Vrovinces  ou  des  Pajs 
Etrangers  ^efui  fouhaiteront  avoir  le  Aiercwrt 
defrançe^e  lafremi^refn^n^  ^tS^^  promf* 
tement,  n*aurent  qu*à  écrire  i  Ca^^  jpi^Jfns 
indiquée  \  oh^fe  04ipJormera  tris  #Aiifl|yiwMtf^y< 
leurs  intentions.         -        .  ^   ";  ^    ^      ^* 

j^inji  il  faudra  mettre  fur  les^adreffes  a  M* 
dê.Cleves  JFjimkokrt ^Cmmis au  Mercwn 
4e[  J^rimee  »  rué  des  Mauvais  G^rgons  ,  four 
remettrt  à  A4,  l'jibbé  RaynaL  / 


Prix  XXX-  SoÀi 


,y  Google 


MERCURE 

DE  FRANCE. 
DEDÏ  E     4%/    K  Oi 

MARS,        175 1. 

PIECES  FUGITIVES^ 

en  Vers  ^  enrfnfe;        '  ' 


LE  SONGE  A  IRIS. 


I 


Tar  M.  de  tontentlU. 


Ris  V  je  revois  rautrè  four 
Qvte  deuK  petits  Amours ,  envoyés  par  leui-  Matrre, 
Koiis  enlevoieht  tous   deux ,  pour  nous  mcoCf 
paroftre 
Au  Tribunal  du  grand  Amour. 
Moi  »  'qui  fentois  ma  confcience  nette  \ 
]'aIIois  gai  ment ,  d'un  pas  délibéré  $ 
(our  vous  y  vous  n'aviez  pas  le  vifage  alTdré , 

Et  je  vous  trouvois  inquîctte  : 
Sans  cefle  Vous  dillez  ,  Amdurs ,  je  fuis  Iris , 

A  ij 


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4  MERCURE  D£  FRANCS. 
Dool  le  cceor  n^a  jamais  conna  votre  puînée  i 

Il  hat  que  l'otf  fe  foie  mépris  i 

Je  proccfte  de  yi^Ience  j 

Mais  on  n  écoutoic  point  vos  crk. 
pé  l'Amour  ep  c^  là  méthode  eft  fort  bonnes 
iContre  fa  vioieûce  on  a  beau  protefHr , 
Il  vous  latfle  tout  dire ,  &  loin  qu'il  s'eo^onne^ 

'  Va  ba  chemin  ^  fans  s'arrêter. 
A  Ton  grand  Tribunal  enfifi  on  nous  préfehte. 
•        II  D^avoit  pins ,  ni  l'air  Conmii  &  ^odr  ; 

Ni  la  figure  fuppflante  , 
.Qu'il  avoir  toujours  fait  parokte  devant  vous  ; 
'Mais  fièrement  aiSs  ,  comme  un  }uge  fevére  , 
li  ne  re&mUoit  j>oint  ^u  pluf  galant  des  Djesf. 
.Un  grand  régime  ouvitrt    qu'il  parcatv^it  du 

"         Sàmbloit  exciter  Ta  colère  ; 
, .    CeA-li  qu'il  voit  en  un  momeni 
Les  affaires  de  (on  Bmpire. 
Chaque  petit  Amour  vient  chaque  mois  éctim 
Ce  qui  fç  p^Qipen  feu  Gouvernen|e(|t  , 
-  Un  GoMverpemfnf ,  ç*eA  i^dire, 
,Uaç  be^e  avec  Cpn  iinfnt  I  .     , 

' far  exemple , un  Amour ,  fujçt  if çndrc  compta 
De  tout  ce  jjgi  dépend  de  fon  petit  emploi , 
Vient,ëcrirc.  aujourd'hui  ;  Çliinént  fous  {a  loi 

A  fçu  ranger  ,  fi  vous  v^ulc» ,  Ôronte-, 
Et  nuis  un  mois  ?près  ,  Clfniéne  s'attendrir: , 
Rcçoic  les  -vecAiy  d'Orontc  ,  3c  n'en  reçoit  phf 


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r-n^  A  K  s.    Mise         j; 

£'€  le  mois  fuiyàttt'n  écrtt  » 
La  belle  Cliniéne  eft  ctes'nérref; 
Cefè'atnfi  qu'on  trouvé  ilir  foï< 
Veut  de  tous  les  cObtir^  iUkS^tt-  Vffk'Méméirei 
(    Heureox  les  kmatis  yidont  riHiftoiré 
Change  beàucoi^  denuftiteh  moisi 
Pour  le  petit  Amour ,  qoe/ori  devoir  epgage 
K  i^Hlef  fur  qosçœui^,  lonpbés  dans  (bo  partage}^ 
Depuis  plus  de  deux  aBr^-que  j^'avance  ibrt  pet^  ^ 
W  avoit  cha<|!Eie  mois  le  même  compte  i  rendre  |r 
Iri^  protnet  un  aveu  içndre  , 
Iri$  promet  un  tendre  aveu  : 
Du  courroux  de  l*Amour  c'étoii  ici  lacaufcf    . 
Qu'cft-ce  ci,  diïbit-il ,  5d  chagtïn  &  furpds^ 
Déjà  depuis  dcal  an^fur  l'aiticle  d'his 

Je^Vois  toujours  la  mênAe  c&ofe> 
Toufoisrs  l'aveu  promis  ,  &  rien  après  cela* 
Celles  qui  dès  ce  tems  faifoient  m6me  proméfl*e^ 
Ont  mille*  ôc  mille  fois  avoué  leur  tendrefle  i 
Traîrtient ,  elles  n'en  font  plus  \à^ 
Ce  regiflre  ,  quoiqu'afiez  ample ^ 
Que  j'ai  feuillette  tout  expris  , 
Me  me  foarnit  aucUn  exemple 
1/aoe  affaire  qui  fafle  aufTi  pett  dé  prog;^&. 
Alors  de  mon  côté  ,  commençant  i  me  plaindre^ 
Je  crus  qu'avec  l'Amour  j'allôit  être  d^accord  r 
Car  que  votre  parti  fût  extrêmement  foit , 
C'eft  ceque  je  penfois  n'avto  pas  lieu  de  craint 
dffe  ^ 


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6    MERCmiB  DE  FRANCE. 

Taifèz-Toos ,  me  dit-il ,  tous  Iqî  perfitadex  ^ 

Qpe  votre  amoiir  n'en  (èroic  pts  moins  cendre» 
Qaand  elle  ne  détroit  jamais  vooi  ùkst  eiuaoâi» 
,'.   CecâfeaqoQ  von»  demandes* 

Ceft  bien^lâ  comme  il  s*y  £iat  psendce  ^ 
Aîmcx  d^ia  aidom  fi  co^ftanc 
Qiilt  «oos  plaira  »  l'en  fois  content  % 
Màif  faites  qnelqoe&is  entrevoir  â  la  belle  ^^ 
C2a*en  (r  défendant  trop^  elle  courroit  liaxard 
De  ne  pas  infpirer  ane  flamme  éternelle,. 
SuiSt-il  q^ue  l'on  fok  groffierement  fidelle  K 

Il  faat  l'être  avec  un  pet  d'art  i 
Je  n^entends  pourtant  pas  qu'Iris  tire  aivantage' 
bu  peu  d*adrcfle  de  l'amanfi: 
Çl  donc  «  Cris>  qu'on  change  de  lai^g^e» 
Qii'on  dife  faime  en  cemÂme  moment  ^ , 

M>is  am«ur  eft-al  néceflaire  ^ 
Lui  difiez-vo^s  d'an  air  affcz  fournis  ^ 
Ce  ten^feave^  dis  long^^ems  eft  promisse 
Pronveme  un^iveu ,  c'eft  le  faire  ; 
Non  ,  en  ternies  exprèf  ^il  tous  fiiut  déclarer* 
Four  la  première  fois  que  ce  mot  coâte  i  dire  !^ 
Vous  avereu  deux  ans  â  vous  y  préparer ,, 

'  '  Cela  ne^oit-il  pas  fu&e  \ 
VouS'tombiea^  »  belle  Iris.  »  dans  un  doux  enlba^ 

.  ras  j 
Jfiz^  P Amour  demandoit  la  choCe  un  pei&glaa; 
claire. 


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<îiicyt }  V005TOU9  obftittcz ,  reprir-a ,  2  vonsuirei 
Hé  bien  >^rous  ailes  voir  ^e  pour  d*aatret  appat^ 
Tîrfis*'ûéglîgcra  tous  fes  foins  àc  Vous  plaire: 
I.a  meiiace «n  nous  dei;ix 6t  uneflet contraire |. 
Yous  criâtes  ^ Amour ,  ab  f  ne  le  faites  pas  f 
Je  répondis  ,  Amour ,  vous  ne  le  ffauriez  raire;^ 
Enfin  l'AmtMir  ,  Iris,  ffutii  bîe«  vous  preffer^. 
A  vpc  cetrè  çpldre ,  ou  véritable  ou  feinte,  $ 
Qï>e  vour  dites, eh  bien^puif^ae  fy  fui^  çom^ 
' ,    traiote , 
Puisqu'on  ne  peut  s'en  diQ>en6r.» 
fl  eft  vrâû  «r.  • .  votre  bouche  alloit  prononcer r 

j*aime  fr . 
Votre  ait ,  votre  langueur ,  votre  ftence  mêmey. 
I^ar  avance  déjà  fembloient leprononcer j 
joire  tein  iê  couvrojt d'une  rougeur  nouvelle V 
tVos  timides  regards  fç  détoomoîent  die  moi  $ 

Pourquoi  »  dans  cet  ioflant ,  pourquoi 
tTne  funefte  joie ,  hélas  !  m'éveilla*t'elle? 
'Tet-cft  mon  fort  ;.6emot  fi  cher  à  mes  (bubaity-J, 
ïr  que  j'ai  mérité  par  un  amour  fi. tendre , 
Xt  tne-v^eKai  toujours  fiu  le  point  de  renteadrrj, 
£r  ^  ne  ^entendrai  j^maîsè 


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f    MERt:ORE  DE  FRANCE. 

C:0  MP  L  I  M  EN  S 

Fah  far  ""^It.  de  Atdiri^âU^  ,  Chancelier 
'  '  dé  t'Jicadmié'  Frahfoife^  • 

:  ^  M^  It  Ch^mctUer^ 

MÔnfcignçur ',  il  ^  à  cîcs  refpcâ^  ré»- 
feWés  potiB  Icà^Dignitcs  érmocntçs, 
des  rcfpcdfcs  accompagnés*  d'éclat  &  de 
cérémonie  \  mâfe  *  cjut  \  ne  '  font  fbuvcnt 
^VçtériçOfs ,  qui  a  ont  pas  befoin  d^trc 
(cnris  pour  ccrc  rendus  ,  Sx,  qui  par- là  ne 
rçaurbicfitt  flatter  qu'une  ame  vaine. 

Il  y^4çj^^4ç  iJîbrc^^^KlUndépcndatis^y  |é 
d'^oténcjifîj,qut  n^fc  joignent  cas  tou; 
jours  aux  prcmieri,'iSc  qijc  hutic  Lori ,  nnllè 
polite' d'État  ne  pciit  ckîgfer  p<&r  aùtotfe 
Dîgnîtéjpouf  aucun  rang  du  monde,  qui  fc 
reftfcnt  a  îa  force  même  ,  &  que  l'eftîme 
piibiîqtiè  n'a  jamais  gardé^uepour  la  vjsrttr^ 

Qu'il  cft  donx,MQttfeigneur ',4c;  pouvoir 
è^m  MU  nrêmeioftant  les  rendre&  les  ua,ip 
cnfcmblcrQuç  l'union  de  cesdcux  fortes  de 
refpcfts  faicun  fpeftacle  touchant  l  Et  voilà 
Knftant  où  nous  fommes-,tet  cft  le  fpeftacle 
que  TAcadémie  Françoife  vous  préfente, 
&  dont  elle  jouit  adtucllcment  eUe-mcnae» 

Non-fculemcnt  c  cft  aa  Chef  de  la  Ju^ 


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MARS.       I7S1%  >. 

lice ,  aa  Premier  Magîftrat  da Royaume, 
jrevêru  <ic  h  première  Digôicé  de  rBcac  ; 
c*eft  aaflS  au  >lagifttar  éclairé  r  iflu  d'an 
faog  iUuftre  qu'il  annoblk  cncose ,  c*eft  i 
Vami  éproové  de  la  jafiice,  c'eft  àrhomme 
c^oili  par  fen  Hoi  pour  la  protéger  î  c'eft 
à  Tobiet  de  ia  ^Yen^r^^iofi  pubkqae  qjie 
acNi^adrefifonsnetr-e  koœœager 

jt  M.le  Corde  des  SeeMXé 

MOnfeiçneiir,  voici  fe  nxMent  S^ 
nous  livrer  ï  coot  rempredèment  do 
tkos  refpeâs  &  à  rovs  lesmodâ  qui  no9» 
tes  iftfpirent:  cependant  nous  n'^n  jouiroQ» 

2o*avcc  la  modération  qui  voQs  eonvtenr^ 
^AcadésiieFrançoife  aréi<^ude  vous  plaik 
f  e ,  &  ce  ne  feroit  pas  Te  moyen  d^y  parve-* 
Air>  qae  de  céder  à  rexcreme  envie  qu'elfe 
^.de  vous  .kmer.  Oh  doit  même  ce  refpeât 
â.TO^.  pareils  >  de  ne  jamais  lesconfronief  ^ 
eour  ainfi  dire» avec  tes  vérités  qai  \e^ 
louent  J  ils  y  voyent  .toujours ,  \c  ne  fçai» 
quelle  image  de  flaterie ,  qui  tes  rebute ,  tc 
qui  répi^ne  â  la  noble  ^  i  k  modefte  6C 
fiere  (implicite  de  leur  amer 

P'ailtcurs,  quel  éfoge  poorrions-noot 
f^kc  de  votiijqui  ne  f^^rdéja  faicdc^ns' 
0905  les  efprits,  &  que  le  Roi  lui-même 
n*ai(  con&œé  pac  VémiiieiHc  Dignité  dpni^ 
il  vous  honore  3f 


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t^  MERCC^REIXE  FRANCK 

li  ne  feue  pas  le  diflitnuler,  Monfeè^ 

Eneur  \  vous  ères  àojbQrd'hairobjetintéfeT-^ 
im  des  ttteàâons  du  Public  i>oas  éprou- 
vez le  fort  decesMioiftr^que  TàcIftiinK 
tion  0c  Tenvie  oncioués  chacune  i  leur  nor 
niere  s  de  ces  Miniftres  que  leurs  lumières 
fdpirieuces  >  que  leur  fermeté  pour  les  in- 
térêts de  TEtatj  que  leur*  invariable  amour 
{>our  Tordre,  que  leur  aéle  ardent  pour 
a  grandeur  de  leur  Maicre ,  &  que  leucr 
illuftre  naiifance  ont  cohfacrés*  à  THif*^ 
tôite. 

^  Il  nous  fied  bien  dfe  vous  le  dire ,  â  nouss 
qàe  regarde  principalement  le  foin  de* 
trànfmettrt  à  la  poftér îté  &  la  gloire  du*. 
Roi ,  8c  lès  grandes  qualités  des  Miniftres* 
cjnl  auront  illuftréfon  Rcgne  >  &  par  coa« 
léquent  les  vôtres.. 

^oiU)  Monfcigneur,  Irfaul  mord'élogcr 
4|«i^  nous  échappé  y  ôc  que  vous  vo^dres: 
hîek  Pons  pardénnerw 

Réfiexims  ât  M.M  Mérhtmme..^ 

I>Litfi  d'un  homme  qutTarropdê pm^ 
dènce^tropde  fagctTe^tropde  bonté,  trop 
dècourage,trop<^fprk ,.  ce  n'èft  point  dirr 
qh'iDa  une  pruaênce>  un^  e/prtr-^.ufn  èourage 
infini  \  de  toutes  les  qualités^  dont  je  parie* 
là  \  oan'ena^jamais  t^op,  (|aand''on  n'en) 
a  qu'infiniment,  &  jamais^  en.  n'énitÎQ#» 
Âiâniment^quaad.on  en  a^troj^ 


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U  A  K  s.      iTft.  px 

ta  trop  grande  pradesce  Tapoartàht 
Bien  loia ,  mais  trop  loin  ,  &  d*iîn  loin 
qoi  n'cft  pas  far  la  ligne  de  l'iofinicé  de 
prudence,  qui  n'eft  antre  chofe  qn'nne 
fofkctk  infinie  de  vue  ;  une  prudence  in« 
finie  n'eil  ^maîs  exceffive>  elle  n'a  pas  co 
dcfanc-la^  fa  jufteflè  infime  de.  vue  i  l'en 
^antit-yCTop  de  pmdence  fait  qu'on  eo« 
manque  conu&e  trop  de  fineflè  Êrttqu'oir 
n'eft  plus  fin. 

Errr toujours  infibimem  pmdent,  e'eft 
ne letre  jamais  plus  qu'il  ne  fant^nne  pru< 
^leace  infiaici  vous  a(^>cend  jufqn'à  -qocK 
jioinr  vonr  devez'  porter  vosmefiuvreiv 
ttl  ontel  cas  ^  voos  rait  fentit  que  voos  Ic^ 
itafairiez:;  fi  >vou5  les  potticz  plus  loin  p^ 
Se  que  vous  lestiafairiez  par  telle  oci'itlla: 
fidfôn; 

Ainfi  9  voir  ïes  raifiikis  qui  dpliient  voo# 
empècbcr^de  porter  vos  précattrioo$:pIus^ 
k>in!{:voâr  préafénicnt  le  point  oà-  il  fiiuc*' 
les  borner^  voir  celles  qû'itfaut  négl^er  ^ 
etlles  qn'il  iànt  cacher  ou  montrer  ;  voilât 
ce  qu'on  ^pelle  voir  avec  une  jnftcflè  inc> 
inie  /  ASr  c'eft  en  tout  cela*  que  confiffi»: 
MÊnfiiiité  de  pmdenoffi 
1  Tiaàp  de  courage 'fiiit  fc  t^erwe?'* 
âveç  tttjp  decouc^on  fè  perd^  aveeuifi 
oouragc  infini  on  iciauve  ,oa  Ton  triom^ 
^tiioa-  £ûi  tout  €0^  qu'il  eft  pofiîblc  d&' 


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Il    MERC;UïlEDEF5^AJfCE. 

ÊiitCi;  oa  ne  .s'arrête  q.u  a  l'impoffihic  ? 
H  ufy  a  jamais  de  quaiiré  infinie ,  qui  né 
£on  fage  /point;  de  qaaiicé  cxccflive ,  qm 
ne  (bic  folle. 

-    Où  le  trop  d'anç  qualité  commence  y^M 
qtialitéluii^ ,  dcpreod^iin autre  nom.    . 
!  Ainff.,  le  trop  liberkl  nVfkquîon  pro*î 
iigue ,  dont  on  aime  la  prodigaiicé >.  fans? 
pouToû:  la  trouver  latlbnnabre* 

Le  trop  courageux  n*cft  qu'un  fiirtcux  ^ 
qu'un  témcrairr,  qui  peur  tout  perdre*  Le- 
trop  prudent  y  qu  uarêveuty  q.ai  pafle  rou- 
jbôn  le  but  dé  Ia:pctidenire  qa  il  Èitk  s  qofc 
ajouce  à:  la  cHfficttk&de  fcs  cntrepifes  >  par 
kLmultîpIkité  des  .pEécamiaQ&  qu'il  prend 
mat  i propos:,  8c  qui  fecachceo  tantd'én^ 
drobs ,  q»*à^  laiîn  on-le.découy te.. .  . 

Le  trop  fage,  qu'un  homme  hétéroclite^ 
^n^mi  ifba^  giâviç  :  lîami  otcoSiif  ^r^%rr 
bonme  Souvent  nuUîblevaufliidaQgetetnE 
^Q*iin  eimemi'  même  :  lé  trop,  ipiritpel  ^ 
qa\tn  homme  qui:  n'a  pasiaÔ^r  d'^iptir 
pour  contenir  le  fien  ^  pourne  pas  noyer 
y  force i^  ou  la  fineftc  de  fcs>idéc»^  dans  Ka^ 
bondatice  de  (es  idée»^  n»mey<^i  nVja«^ 
mais^  aifez  d'efprir  pour  ;%a voir  k  }nâet 
tfk^tt  qu'il  en  hvixxs^TtSt  d'bà  dépende 


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X  F  IT  R E 

De  J^^dê  fa  Soriniere^i  ÂÏMresCfemeffit 
Afarot ,  &  Srançch  \^cUis  ,fur  l*itM9 
préfcm  de  U  MêtrûmanU^ 

V--I  Lemcnt  très-cficr ,  &  mon  ami  Françoir, 

Depui»  trente  ans ,  qu'enrôlé  fous  vos  loix  , 

Hardi  Rîmeur ,  grand  cooilruftcur  de  Mccre»y 

Je  cherche  i  plaire  &  ne  puis  réuŒr  > 

A  pprenez«fnoi'  comment  l*liommf  de  Xctcccss 

Dans  la  carrière  od  vous  fçutcs  çourk 

IDoit  fc  conduire  afin' de  parvenir. 

J*ar  beau  tnner  Rondeaux ,  Epichalames;, 
Cents  Triolets  .contfei' faits  ipfaifir,  « 
Billets- d'Aflnoi»\  fipitresf ,  Ej!»ïgpathmef;.       i     ^ 
De  mon  Ltdisaeitw  (omhte  es  tétriymé^  '- 

l^ednrd*ab<n'dqaefaît»afb«efogti?|     . 
Que  a^enrain&què  NCaPDtifa  Dâme^ 
Au  tems  jad^s  coiHoit  joKs  feg^ots  r 
Que  Rral;>elàisen Tap^iilmte  gammr 
^âiCwt  quadjnêr  le  ftos-  avec  le»  mots  ^  . 
0\i  que-VilTon ,  Ans  contraindre  fa  tcrver,,  . 

Par  CBants-RoyauX'égayokfaMrrfeTrcj^ 
ït  que  ne  C^a  (  mu  fr/^#^  d'Apollon  ). 
5fe^vrai  r^/^w  >  un  glaifont  v<(rff»»- 


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T4  MERCUREDE  FRANCE. 

te  Cqzlt  très-bien ,  que  point  né  toqs  ceftmUèrf 
Maïs  i'potmaot  renuriiibpea  plus  tard  , 
LaiiTant  derrière  6c  Malherbe  &  Roo&rd  ^ 
Mies  boas  amît ,  nous  f  égétioof  ea(èhiblev< 
Fourriez  trifr-biea  par  un  coup  du  hazarcl: 
Ke  remporter  la  palme  de  irotre  Att ,. 
Et  toir  fleurir ,  au  mépris  de  vos  vailles. 
Bien  â€$  rimeurs  écorebaot  les  oreiHes. 

te  plut  grand  Clerc  danrce  fiéde  pcrvci»  ;.     . 
S'entend  honnir  ,  taxer  d'outre-caidance  9, 
he  plus  Ignare  acharné  fur  fer  vers  , 
2oïle  outré  \  }uge  fans  compétence  « 
St  bica  fbtivent  rAuteur  le  moins  poli,. 
AifecGreflct  vient  faire  paiali;- 

Nôfrtotttefots  tombé  dans  la  roture  ^ 
Q^  le  bon  goâc  déroge  i  la  nature  »> 
Ou  que  l'e^ir  fur  tto  fi  £fa^dabjûc>    ,  . 
De  Ton  eflcnce  ai^fptt&rt  da?déchetté    .    !  j 

Mais  c'cft  plutôt  qu*àu  lieitdcîa  juftkc^ 
©à  voirregnct  la  bitgue ,  lè  caprice  : 
Et  que  l'Attteur^^'iniufteiiienron  hak  p. 
(^Qùoiqu'au  Farnaffb  il  eât  un  Dieu  propice  j^ 
Ne  fç^iimoii:  faire  uiiceavre  atfiez^parfair.  * 
C'eft  par  l*Aatcttr  q9*on  veut  juger  l'ouvrage  s.* 
Bt  le  mépris  fiiit  la  piemicrepage.. 

Drfôns  auffi ,  qae  nos  contemporakir,* 
Bt-pltts  encoK  gços  de  to&mt  FaUri»^ 


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,:  w  A  R  j;     J7>»^ 

Stat  entichés  Je-fette  jaloufiè ,     * 
Oa  pIévell^s^par  d*ui)aâes>.^<iatti»> 
Contre  cectui  4)ut^reçu(  «n  ^nagc 
Wn  peu^d'^r^m,  detaltor:^  ï^g^g^' 
Que  cottt  fon  crime  e(^cc  mâoe  tàleor 
Qui  nous  élevé  V.&  nous  afflgneunrangv 
Où  nos  xktaux  n'âoroietit  ^(i  prtftendres 

Ceci  po(é  ,^f  »arre»> TOUS  pas  eompreiHlcevf 
ïeanes^  aigloiis  ^combien  eft'daûgcreox* 
L'arr  féduifa/it^àe  voler  plin^haiit  qu'êui  ?' 

Vils  &  rampans ,  datts  une  hutnÛe  pofbtxe>. 
Si  fuffiez  né»  gens  de  douce  natuse^ 
Bnfans  gre£fi§s  ittr  fiuies^ûavageàns., 
Dont  racabii.n*cdtJa<moiBdre»faliife ,. 
Blairiez  miéux^Fors  à  tons  ces  Lycophronsj, 
Dans  lés<raniports  d^ùne  ame  fatisfait^,. 
Us  s^écriéroîtnt::  »  O  les  aimables  gens  S 
M  Point  ne  d'âignoBsde  lent  verve  mnertor 
«9  Les  traits  aigus ,  Ics^farca&ies  perçans  ; . 
M  6e foncttop  mieur dé hoBsIfràëlhes , . 
a»  Que  0ieu  ne  fit  &  daogere»r plai(àns  ,. 
••  fit  nons  pourrons  ^  îinpert'inenrT]ierfi(es>> 
^SuDrtoet.propos  donnani  dans  le-  irayei»>^ , 
M  Impunément  en»u]^t  rUoivérSi» 
€*^ft  fut-ce. ton qitc  cette  race  ioiqver 
]^rlef<)uen)eo«^décide  âc^cricique  r 
Bim'aurez  d'eux ,  pour  tout  los  Je  guerdo»^ .  ^ 
l^'im^aboatetixàcéde-Piadoiw 


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U  MERCURE  DÉ  FRAWCR 

Martyrs  da  Am ,  vidtmes ingénie , 
ToQC  biea  compté  dans  la  Mtoomanie , 
Que  fcrt  ce  nom  <ju*otr  laifle  Ifcs  ffcvcux  t 
TivoQs  pour  Douiy  vivons  ponr  êtie  heureiur^ 
E(  fi  jamais  rerenions  â  la  vie  • 
De  nosmaiix  nVxcitons  plarPetivie. 

Toujouct  en  guerre  avec  cescht&mfueicF 
t>a  plat  pays  qu'^atroie  le  Permefle  , 
Toujours  enproye  iccs  vains  ckanfounie]^ 
Dont  les  ftrs  placs  décèlent  la  baffeffe  ^ 
Eft  m  emploi  d'autant  plus  dangeteui , 
Que  répliquer  nous  tend  auflî  fots  qa*cn5r< 
C'eft  ChétfeUin  cpii  s'ouvre  «ne  cariiere , 
Où  fur  les  pasd'un  AuteiK  défiigté , 
Plus  d*ùn.badaut  vient  rire  avec  Liniert  5^ 
tx  le  Villain  *  qui  vit  dans  fa  cba^^rtiercv 
Sombre  &  teclus,  du  public  ignoré , 
Ift  plus  comcnc  q^c  cette  troupe  àlçieto> 
Qui  prend  f<ia  vol  vci»  le  Ciel  awrét. 


'm 


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*  '  M' A  K;  s.     1751.  17 

REFLEXIONS 

Smt  Us  Cdufss  ieUgncrre  civile  entre  Cèfxt 
&  Pompée.  Par  M.  de  Burigni. 

C'Eftunc  opînian  forr  générate,  que? 
Céfàr  naquit  a v!ee  tuic  ambition  ex- 
rréme  ;  qu'il  forma  àks  fa  /euncflc  \c  pro- 
jet de  fc  rendre  maître  de  Rome ,  &  qu'il 
fapporta  toutes  fcs  adions  à  Cette  idée  dô^ 
ininante.  Il  eft  eondânc  que  ce  grand  honv 
me  9  â  qui  la  Nature  avoit  donné  des  ta- 
lens  fupérieur<i ,  fe  probofa^de  les  Éiitc  va^ 
loir  dans  cette  MAteMc  du  ttidnde  ,  où  le 
grand  mérite  élcvoit  prcfque  toujours  à 
tme  grande  fomine*r  n>ais  il  ibc  paroîr 
très- certain  ,  en  examinant  les  caufes  de 
la  gtierre ,  qui  de  la  République  Romaine 
fit  un  Etat  Monarchique  ,  que  Pompée  c» 
doit  plutôt  être  regardé  comme  TAutcur  , 
que  CéAir,  qui  n'âuroit  jamais  penfé  à 
èfurper  l'autorité  fouveraine ,  fi  la  jaloufie 
&  rinjuftice  de  fes  enuemis  ne  teulTenr 
obligé  de  prendre  les  armesr 

C'cft  ce  que  nous  allons  prouver ,  en  ex- 
Po(âiit  les  faits  qui  ont  précédé  &  donne 
lieu  i  la  guerre.  Pompée  étant  Confut 
poiii  b  troifiégie  fois  »  dil  Tribuns  da 


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1»  MERCURE0E  FRANCE. 

Peuple  y  à  fa  folllcitation  firent  une  Lof 
qui  fut  approuvée  V  elle  portoit  que  Céfar^ 
quoiop'aD&nt^  pouirok  briguer  un  fecotul 
Conmlat  Se  confervtr  fon  Gouvernement 
des  Gaules  6c  l'armée  qu'il  7  oommandoit 
avec  le  plus  grand  fuccès^  (1  ) 

CTétoit  une  graçe  nouvelle  >  accordée  aa 
fté^àite  d'un  Regiemetit  qui  avoir  «  too^ 
îpt^s  été  en  ufage»  par  lequel  ceux  qui 
briguobnt  leCoi^utkc ,  étoienr  obligés  de 
foUiciter  en^pcfffonne.  Les  grandes  adion» 
de  Ccfar  &  le  cré<^t  de  Pompée  9  av«a  le- 
quel il  vivoit  pour  lors  dans  la  plus  gron^ 
de'  union  »  firent  pafler  cette  Loi. 
Trois  ans  s^étant  écoules, (r)Céfar  fc 

Préparant  à  profiter  du  privilège  que  le 
eupie  Romain  lui  avoit  accordé,  le  Sénar 
fyfcàxèfST  fcs  ConfukLentûlUs  Se  Marcel 
lus,  très  a;tt^cbés  i  Pompée,  ({}  décidai 
qm  Céfarne  potirroit  follicicer  leConfu* 
lut  qu'en  perfohne  »  &  après  avoir  congé- 
dié ion  armée.  Pompéexxmimençpit  à  être 
irès-jafioux  de  la  grande  réputation  de  Cé« 
6u:  ^  &  la:  mor^  ce  Julie ,  Ç^k  femme  ,.  fille 
de  Céi^  ,  avoit  difibus  leur  amitié.  jÇéfar 

.  (t)  Livii  JSpIt:  DéfOi  XI.  Uj^J^^Mlà  chîU,  /.  I^ 
m  ^;b..Epifi.  ad  Atticum   Cictrênh  ,  l  7.  Eftfi.  1.  n 
7.  ^  1317  ,  /..  8.  Efift.  5  ,,f.  141$. 
(i)  FlhrusJ,  4  ,  c.  %,        .V 


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fc  trouva  crès-o&nfé  que  dans  te  tcn» 
qt/il  rendoit  les  plus  grands  fervîces  yfic 
<]u'it  méritoit  des  triomphes  &  des  récom«^ 
pcflfes ,  le  Sénat  voulût  annuUer  une  grâce  . 
que  le  Peuple  Romain  hii  avok^^çGordcc.- 
Ileut  d'abord  rccoius,aux  plaintes  fit  aux 
fçpréfcntations.  LeSénat^,  entièrement  dé- 
voué à  Pompée  >  fut  inflexible  >  les  Séna- 
teurs les  plus  modérés  fentoicnt  bien  l'in- 
jufticc  des  procédé^  que  leur  Compagnie 
ayoit  avec  Cêfar  ,  car  Antojne  >  qui  etoir 
pour  lors  Tribun  daPcuple,  ayantapporté 
«les  Lettref  de  Géfar,  jjar  lefqucllés  il  of- 
froitLdc  fe  démettre  de  fou  Gouvcrnemcnr 
&  de  licenticr  fon  armée  y  fi  Pompée  v  qui 
fe  déclaroit  fon  ennemi  capital ,  en  faifoic 
autant  *,  tout   le  monde»  (ans  exception  ». 
fe  rangea^  a  cet  avis  ;'mats  Seiptecr»  beatK 
pcre -& .Pompée ,  &  Te  Conful  Leniûlufc 
empêchèrent  que  ces  offres  n'enflent  Keu*. 
Çi(^ron>qui  >  dans  lecooxnencrement  de 
cette   grande  divifion  ,  en  prévit,  lesi  fui»^ 
tes  funeftes ,  vouloit  que  Koti  donnât  fa- 
.  tisfaékion  à  Géfar;  tJtne  ccffeir  de  confeiU 
1er  un  accommodement.,  dit  Plutarque  (i)^ 
écrivant  àCéfar  plufieurs  lettres  pout  cet. 
effet ,  &  étant  toujours  après  Pontpée  à  le 
prier ,  fir  à  le  conjurer  avec  de  grandes  inP 
lances,  tâchant  de  les  adoucir  l'un  &  ïlank-- 
(t)  tlut.  Vie  d€  Cic^on^ 


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10   MERCIERE  DE  FRAKCÉ.' 

trc ,  de  l'c5  appaifer  &  de  guérir  Icar  mé^ 
Concencen^enc  -,  mai^  écoutons  parler  Ci- 
ccron  Im-même.  (ty  A-pcînc  ai^je  encore  ' 
trouvé  uiT  feul  homme  ,  dîc-il ,  qui  ne  fut 
d'avis  qu'U  falloit  platét  accorder  à  Céfart 
ce  qu'il  demandait ,  que  d'en  venir  à  la' 
voyc  des  armes  \  je  ferai  de  Pavis  de  Ponv 
pée ,  nurts  en  particulier  je  Fexhorterai  à 
lapait  s  mon  fentiment  eft  qu'il  faut  ne 
rien  négliger  pour  éviter  la  guerre;  j*at 
toufours^penfé  >difoit-il  à  Céfar,  que  Totr 
vous  faifoit  une  injufticfe ,  Ibrfquc  par  cet- 
te guerre  on  vouloir  empêcher  TefFet  des 
grâces  que  le  Peuple  Romain  vous  avoit 
accordées,  (a)  Caton^ltÉi-rocme  ne  défap- 

E ouvrir  pas^fi  fort  Céfar  ,  qu'il  n'eût  fctf* 
icé  que  Cicéron-reftât  neutre  dans  cette 
grande  quercile* 

L'amour  du  feien-  {feHîxr  n'étoît  par  le 
motif  qui  fei  foît  agir  Pompée  ;  (5  )  il-  avoir 
favorifé  Céfar  ,  t^nt  qu'il  ne  Tavoit  par 
€rainty&  lorfqae  leurs  intérêts-avoitnt  été 

(i)  Efi(^.  U  Aitic.  t.  ;j;  Efift.  y.  Efifi.  6.  f^ 

(t)  JtédicTfvi  eu  belle  tê  njjât^ri  contra  CMJu$  h^n^ 
nèremPùpt^  K^rnsni  à»nefi<mconce]fummmici  titqnt 
inviii  mitterentur  ,fedHt  00  te^fpore  non  mode  Iffe  ' 
fantùf  dignitaùs  ttm  fui ,  vttnm  etiam  riteris  auBot 
sd  te  adjuvémdum.  Efift.  nd  Attif.  l.  p,  Efiji.  Çkm 
Çi!fAvi,tm^7'f'  tsi9* 

43)  Plut.  Vie  de  Cic^toû» 


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MARS.       1751.        »i 

^conîs',  mais  dès  qa  il  s'apperçui  qucCé- 
ùt ,  qui  écoit  l'objet  de  l'adoration  da 
[Peuple  Romain 9  pouvait  contrebalancée 
fon  crédit ,  il  ne  cliercha  qu'à  le  détruire  , 
xar  Pjompée ,  fans  avoir  la  quâUcé  de  Dic^ 
'  tateur  ,  chcrcboit  a  en  avoir  l'autorité. 
'  Ceftcc  que  lui  reproctoit  Caton ,  le  fcut 
Romain ,  qui  dans  cette  circonftance  oe 
,  confulta  qac  fon  devoir  ,  fans  avoir  égard 
.a  aucun  intérêt  particulier  ,  &  à  qui  1  oa 
ne  peut  reprocher  que  d'avoir  été  trop 
'liomme  det>îen  dans  un  fiécle  très-cor* 
rompu  >  (1)  Te  plaignoit  hautement  dé  la 
xonduite  de  Pompée.  (%)  Il  prend  les  Pro- 
.  minces  de  force,  difoit-il  ,&  donne  Ici 
'  autres  à  fes  favoris  j  U  refte  ici  dans  la 
'  Ville  pour  y  cicciter  des  (éditions  dans  tes 
'Comices ,  &  pour  y  fufciter  de  nouveaux 
'croubles,  d'où  il  eft  aifé  de  voir  que  pac 
'  Je  moyen  de  cette  Anarchie  qu'il  intrô- 
•  xiuit ,  il  fc  prépare  &  fe  ménage  la  Mo- 
narchie^ .  r         , 

Les  apparences  de  la  ^érte  civile  ayaht 
«ticore  augmenté  rauiôritc  dePbnnpéé, 

(s)  Nsm  Cstanefn  nêfirum  non  m  amas  fÎMffnjm 

'  4go  ^fedtamtn  slU  oftimô  animù  utens  é' fimumjiiii 

*nMt  inttnkmRtifttblicÂ^  i^ctt  iniih  tMnpêkm  )n 

^UfùHÎs  'K%Aiy%t<tfententtaim  nêitih^em  m  ^tffwèr 

'Sfieeê.t^z.Éfifi.adAttic.i.'f.ioo^  -'•     > 

h)  Plut.  Yiedc Caton.  ■  ^    ,    '  ,        ]       ^ 


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Al   MERCUR1B  DE f  RANGE. 

.«qui  étok  comme  le  Rai  de  Rome  >  il  ae 
ménsàgcx  plus  Ç^far.  Comme  il  ne  chcf- 
•choic  qu'à  le  décruire  3  il  ne  vouloit  point 
fe  prêter  à  aucun  accomnïodemènc ,  (i)  U 
fie  fouhaicoit  qae  la  guerre  »  dans  la  p^- 
fuafion  où  il  écott  que  la  viâoire  ne  lou- 
voie lui  échapper ,  &  qu'elle  l-éleveroic  i 
la  Diftature  ,  car  fon  ambition  étoic  de 
gouverner  Rome  avec  la  même  autoricé 
^û'avoit  eue  Sylla ,  &  il  difoit  fouvent^  çc 
•que  Sylla  aoû  faire ,  pourquoi  ne  le  pour* 
rois- je  pas  faire  ^  (1) 

Céfar ,  qui  ne  pouYoît*  pas  douter  de  la 
mauvaife  volonté  de  Pompée ,  oflfroit  ée 
pofer  lesarmes,  pourvu  qtte  ^n  énnenii 
en  fît  autant  (})  &  allât  à  fon  Gouvcmc* 
tnent  d*Efpagne^  car  de  lui  ôter  fes  trou* 
pes.  Se  dé  laiffcr  â  Pompée  les  (iennes,  c*c* 
toit,  en  Taccufant  d*afpirer  à  la  tyrannie» 
donner  i  fon  rival  un  moyen  lut  de  s'en 
emparer.  Curiori  propofoit  hautetnenc  cçs 
conditions  au  peuple  »  &  il  étoit  écouté 
avec  de  grands  battem^ns  de  mains  >  il  / 

(i)  EfiJI,  Mi  Attknm»  1 8.  Efifi.  iv.  f.  14^5; 

JMXL  S» 

(t^  Mifânium  hmoinmCnêim  mfier  ShUmjU 
.  regm  Jltndittulmêm  eoncufivii.  Efiji.  m4  *^^  ^  ^ 

-    SyUa  non  fptuk ,  i^ù  nên  p9tm  ^  Efift.  sd  Attk^ 
I.  9.  Efift.  xo  ,f.  t^07  itom,  8. 
(3}  Plac;  Vie  de  Céfar.  Cr/2ir  di  iêtio  civiU.  Ut. 


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M  A    t.  ^.      175t.        I5 

mû  eût  tfiêttléqùi  ^juand  il  fc  retira ,  jette* 
tt^tmCùic  loi  J^cs  céiàtbtunes  de  âeors. 
'    Aht'Oinc  ayant  la ,  cil  préfencc  du  Peu- 
tac<i)  Mes  lcttr4îs'de<Séfar,daos  kfqud- 
ie^  U  o^rott  de  fe  démettre  du  commande* 
èatta  de  (on  armée  ^  û  Pompée  en  faifoit 
^UM  3  le  plus  gtand  nombre  trouva  que 
Çéfar  ne  deitMWidoit  que  des  cfeofes  juftes  & 
tai^nnàbtes  ^  itiais  ces  mêmes  lettres  ayant 
ééé^làes  danslç  Sénat ,  le  Conful  Lenculus 
iiiVëâîvâ  «▼ec  Violence  contre  Çéfar,  (2) 
il  hvaltraita,  Antoine  Se  Curion  qui  pr^- 
eoi^nt  foti  parti  s  eux  ^ui  ne  (t  croyoierit 
-pas  eh  lurcfé  dans  Rome ,  fc  déguiferenc 
•  ci>  ïfcWvcs  &  vinrent  trouver  Céfar ,  a 
'".qiii  ils  dirent  <iu'ii  n'y  avoit  plus  d'ordre 
nidc^ police  à  Rome  j  que  IcsTribufis  mè- 
^mè  n'âvbient  pas  la  liberté  de    parler; 
qu*4>n  les  dvaflbit  du  Sénat  >flt  que  tout 
homme  qui  ofoît  ouvrir  U  bouche  pour  la 
lufticC)  le  mettoit  en  grand  danger. 
/     Il  étoit'donc  ifès-tecilc  à  Pompée  de 
•jfrçYcnir  la  guerrç  y  Cicéron  en  a  toujours 
^écé  perruadc*  J*étois  d avis ,^  dit-il,  mc 
-  Pompée  allât  à  fon  Gouverneihent  d'Efpa- 
'  gfttf ,  flc  s'il  àvoit  pris  ce  pani  i  nous  n'euf- 
.  Xioqs  ppiftç  eu  de  guerre  •,  mais  outre  qu*il 

(ifVîc  ât  Pompée.  Plutarque  ^  Yîe  d'Antoio^^ 
(1.)  dfitr  rdê^Mh  avili ,  /.  i.  ».  5,  LivU ,  Efii. 
J>t$a*  11. L  9»  •(^.*    ,  .u  .V.., //ii:  .'     ., 


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^   MEÏICURED€  FRAMCt 

.  cCpétoiç  *  qu*cUe  hiî  ferou  a^^ftikragçsCf  i 
ceux,  qu'il  admectoît  i  Cba  Confcii^  I^fon* 
fcaitoicnc  ^veci^mptttCcyiAcnt  »  parce  <|m ils 
Jie  doutdi^Eit  pal^qué  Içs  rroublfcs,  pi^Uti 
jie  leur  f^urnUTeAC  des  reiToacces  pour 
irérablir  Jeurs  zS^\%c^  dQtt^cfttquci  )  &  po«tf 
/acisfaice  leurs  cu{H<lttés  ^c*çft  Ciùétpn  qqi 
^ôiis'  apprend  i:eS.  Afnccdpiej.  O  ) 
:  Céfar  cioic  d'aurahc  plasi  loaabjLe  deifê 
.  iprêter  à  ttiia.^Oïnti}Qdcraciît,>&.  de  p^p  vajtt- 
loir,  pas  porter  1^  chofes;  ï  la  derEvieie  /s^ 
^rèmitç  »  q\i\\  éioit  pecfaad^.què  d^s  ^u'il 
.^c  fcroit  plus  à  ta  <;ete  de  fon  armé^,  il  nf 
«voie  plus  de  fureté.pour  l\Xu(z)  cepei^ 
danc  il  vauloic  bien  (^  démettre  du  potn* 
mandement, fi  fon eni^enîM cédoit  fçs  Lç- 
«gions  à  quelque  autre  Général.  Il  e^  c<Hif- 
;cantquele5  partifahs  de^Ponipoe  haiÀbieçt 
^naortclleaie^;  ÇéCa^Vy  il  n'^d  faut  poiat 
d'autre  preuve^quê  ce  qui  fe  p^if^  dans  une 

,  €$vile  bellnm  nuUum  ûmninhfiiiJ[et;viéiÀ  ifi  MtSmhfis 
mi^%  nàn  t4m  k  Pâmfmjnsm  is  movehatar^  qamm  ié 
-hs  qm  duce  fomfeUfnti  fefèffêrmném  fehms  détm^ 
-fiicis  (^  eufiditéUihmftihjmms  hêUi  wÛarimm  forepti 
:t/Ufimt,  Ef^^  Citer.  Cecihné^Efffi*  ad  fsfnilimês  i 
L  6,  Efifi.  6.  tùm,  ^.  f,  300.  501. 

(1)  Cifari  autem' ferf^afum  efl  fi  Jalvum  ejji  nm 
f^S^  'tfidk  €9C€rckM  ncejltriti  fm  ifi^  um^en.  £ùm^ 
tionem  Ht  amhexércitustrsdini.EfiJié^édfiimit.  L  S* 
Efifi.  xiv^  tom.  tf.^435•  A:  .  •    ^^ 

entrevue 


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Xî  A   R  3.      175  n         ;i5 

imtSFevûe  où  Céfar  p^oporoic  des  vpye&4c 
coiicilûtipti  )  Labteims  dit  avec  enapQrtq^ 
mène  ces  ^paioles  pleine»  de.  fareur  t  (l) 
cc^et  de  nous  parler  d*accoaMnodemcnc  ^ 
il  ne  peut  y  asoïï  de  j>aix  ,  qu*en  nous  ap- 
;portant  la  tête  de  Céur. 

L'indignirë  avbc  kquclle  Antoine  ^ 
Ciirion  mreut  ^tairés  dans  le  Scrvac ,  lorf- 
<îu*ils  ne  <hcrchoient  ^u'à  concilier  le» 
*chQfes  »  écoit  convroe  un  premier  aâ^ 
^'hoftiUtCj^ue  l'on  prévoyoit  dey  oit  êtcc 
îiiiyi  dune  guerre  cfuclle.  Le  Çonful  Len- 
lulus ,  qui  la  fouiairoit ,  voulut  faire  des 
ievfes  à  Rome  i  mais  le  peuple  ,  qui  croit 
convainca  que  les  demaDdcs  de  Céfar 
^étoient  raifohnables ,  ne  s'y  prêtoic  qoje 
de  fort  roauvaife  grâce  ^  les  uns  n*obci(l 
foient  point  àfcs  mahdemens ,  dit  Plurar- 
quç,  (1)  les  autres  ne  venoient  fef  réfenrer 
qu'en, petit  nombre  &  avec  trçs-mauvaifp 
volonté ,  Se  U  plupart ,  au  lieu  de  donner 
ieurs  noms^  crioient  la  paix ,  lap^ix.  (j)  .^ 

Céfaç  fc  vit  pour  lors  réduit  (4)  à  |^ 

(  0  Defînlre  ergo  ^  eûtnfofitiônelàqtêi ,  nam  nâ^ 
mifi  Câfitris  cttfhereUUê  fMX  ntdU  êffe  ptefi^  Ui  hêUê 

(i)  Plut.  Vie  de  Pompée. 

{^yhlec  Mdhuc  fêfi  inve^'éftêi  M^eon^âeitândum 

pumdm»*  Cictfo  dd  Jiiise»  L  7-  tom*  7»  f*  H  S  h     " 

B 


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VS  MEftCîfREBEF&AMCE. 

crncUc  iiéceffii^,ôa  àc  p«érit  pàit  h  tièisMà 
ifeirotonté  àc  As'cMKeiKts^  m  (ée  4&ii«^  fa 
guértt  i  Cl  P^rî^  ^  U  «(I«!&nMli  fc%  ^(90pes, 
il  Jeur  fit  wè:  Vi^yjôftkse  dt  fts-tui^^ùi- 

le  Peuple  Romain  feïi  ^v<ôit  ftc^èrdéi^s  ,  jâ 
*j<yrféftitiw,tn  offrant  ^t  iactifiïîr  /c$  jioiv 
neurs  8c  fa  digtiité  aû-bicîi  de  k  pai»  ,11a. 
fèlente<i(i  patci  ^uiiiu  4?^k  ^p^fô  <ian 
4cs  procédés  îsrvec  les  Tribune;  il  cohck 
4i)u  il  tie  lai  ï^cm  d*au(re  pi;td  ^c  de  k 

Witfottjours  négôriet  |K)tir  cacher  de  ^- 
^jveftir^  la  ptfh.  fUvoitiî  peu  forrgé  fi)4 
«feit«  la  guette  à  Pompées  ^^*i4  4^e^dît  é 
Id  renvoyer  datk  Lé^riï, ^«11  ^uspoir, 
-iânf  lîottte  >  gardées,  s'il  iiWir^  f  a^t^ï^ 
Quelque  «c6rttftH>dtm<?m.  L«5  HAri^  ï«k 
Céfat  éloitnt  ^erfaadé»  ><}Ut  dan^  lè-fead 
•du  capur  il  fcmhâ^tcic4à  min,  ftiibu^À». 
Vmt  à  Oi(Sérdn,^«tQé{wtte  actn«i4à 

3a'à  viVrie  en  W^é  Cëmni^  WaMttk 
cffcte^  de  Jfes  erirK*n«is^  ^a^M  ne  cbeafaoîc 
TOS  même  à  dirpiitcr  U  ^eccuiec  cangi 
fectaipée.<t)  Il  Uvok  Éftit  pcier  C^nérM 
d'employer  fon  éloquence  ^  <im  ^crtèt 

*ii)'Wat.  Vit  Jé^éfaî. 


,y  Google 


-       ^  M'A  *  fe    '  t75î-        it 

tm  efouvec  ées  inb^nii  ë'Kcc^modc^ 
Qcat ,  (  I  )  6c  lor Wfl  apprit  ^11  fi wk 
téétclsLvé  par  le  iénfît  cntitiuî^é  4^  Pd*. 
rie  ,  &  <ju'il  ne  iai  rcftoic  pluç^^*<Kitrfc 
paTti4Mc  de  vainetc  ceux  qtii  lui  étoicnc 
jppofies,  po  de  périr,  it  balai  ça  s'^loppoi- 
fcioit  la  force  i  4'infiifticc -de  Itsad^erfai- 
rcs^  Liwiiia'il  ifc  VTt  fur  le  bcKd  ^a^  Rtabiooil 
ivecianc  partie  de  ion  ami^  ,  (i)  di^  r^ 
flexions  profoiî^des  fe  préfet  tarent  S  foh 
cfprit  $  il  s'arrêca  renie  d'an  coup  ,  &  fix^ 
dans  la  même  place ,  il  repafla  dans  foti 
cfprit  tous  les  inconvéniens -de  parti  gti'il 
alloit  prendre  ,  &  plongé  dans'Ufi  prt)<oiKl 
filçncc  ,  il  cHaoge^  i&  cediattgca  d>vis  une 
infiniié  dcifoisiaVecbc^iiccKiip  d  agiratioh 
«Bt  de  traable;  c'étoir  y  dit  ^tcttarquc', 
tomme  le  flax  &  tcAmx  de  la  ni«r  ;  il  com* 
muniqoa  fes  inquiérodes  à  fes  amis  ^  qui 
Soient  préfens ,  il  lèut  fit  paqt  de  (ç$  dod^* 
ilct  &  ac  fes  inee«ittlde^',^h-;idppéllîmc 
aot|sies  ^grands  tiïSMUc-âofet  Ptftwvçts  étoît 
menacé  pat  ce  paflage^  enfin  par-iifif^ranC- 
t^iort  de  courage,  &■  comtHé  s'ÀàWiotwianc 
ï  lui-même  »  &  fe  jecranc  i  corps  perdu 
-dans  r^Ventf ,  en  feiiant  céder  tous  les 

(tj  Plue.  Vie  de  C^»       -     ., 


,y  Google 


jces  pirolcs  ;iparclioiis«  pt^fqde  Hn^'ofiicc 
ide  mes  ttB^tfsi^nfy  oblige  $  le  ^rc  enreft 

Il  étoic  cepcadaoc  .toujours  éatks  ia  dit 
|>oficioo  de  s'accommoder.  (2)  Se  voyant 
jDaicre  de  Rome ,  il  exhorta  les  Sénatetm 
xju  il  y  trouva ,  d*envo3rcr  des  Députés  i 
Pompée  «  pour  ttaicer  d!un  accommod» 
ment  à  des  <:ondicions  raî£c)nnabLes  i  pet- 
fonne  n'oTa  s'en  charger  y  parce  que  Pom- 
pée avoit  déclaré  qu'il  regarder oîc  coinr 
sne.fes  ennemis  tous  ceux  qui  ne  le  (wr 
l^côLent  ^as,  , 

Lçrfqu  il  fut  arriva  à  Brin^fi  >  (j)  3 
jd^pècha  yiljalUu^Rmus!,  âmi  particulier 
de  Pompése  i  à  cç  Général ,  pour  lui  propè- 
fer  d'avoir  une  conférence  enfemWc ,  de 
congédier  Jeujrs  arnaécscn  trois  jours  ,  de 
1  confirmer  par    des  fermcns   refpedaUcs 
-leur  ançienw^<iti4>  1^  qu^fuite  :Uss-jEn 
.  retour nadlèii;  ^  it^lk  »  ^Pompée  rcjecu 
jces offres^,)  s*       j  :  '        .  ^ 

Xc  jour  mènae  de  UM^^I^^  ^^>  Piiarfafe, 
t  .  "  ,  '       •  ■  *        •-     .   - 

(t)  Edtiff  quVDeêrttnào^ntâ^é^  inimiefrHmmh 
^HttMs  voeat,  i»Ba  efi  édes,  Suetonc. 
,     Vfiyei  auffi  l'Qraiiaa  daCicéroia ,  fhro  Hgiri$i 
n.  <?.  ip^^nt'  w*»-  ^  ^*^  ^  Véilnirgç.      ^ 
'   (x)  Plu;.  VAC.dcCifaf.:  t .  ;  . 

(j)  Plur.  yie  de  Ponjp&w^  J* .:'/  .j-.  *  .  . 


,y  Google 


Ç^^cfar  (i)  harangua  fcs  foldats  pour  I» 
prendre  â  témoins ,  qu'il  avoir  fouhaicj  ht 
paix  avec  cmpreflcBDcnt ,  qu*il  avoir  pro* 
p.pfé  d^s  contcrcQCcs  &  envoyé  dès  Dcpu-» 
tes,  roQJours  inmilcmenr,  (i)  &  aptes 
îiYoir  fgï^né  cèçtc  bataille  décifivc ,  con^ 
tvnsplani  \ts  morrs  &  lesmourans^ildir  cc^ 
propres  paroles  fur, le  cfaaxup  de  viâoirc  > 
f3)Celonr  eux  qui  l'ont  vooliyen  parlanD 
lâe  Tes  enoemis.  Après  r«nrdc  viûoires^& 
^c  guerres  â  gtorieuferocnr  terminées  ,fc- 
fois  ptcrdtt  fi  ;c  n'euffeeù  recours  i  la  pro* 
rçâion:de  mon  armée  -,(4)  routes  ces  dé^- 
loarcfaes  onr  fait  dire  à  un  célèbre  Hifto-* 
^n  queCéiâc  n'avoit  rien  négligé  pour 

V  ;  f  ?)  ^^  **^  ^^  k-'*  »•  »•  ^• 

iSfilittendh  ultf}  ffi^uUviJet  \  in  ^up  jaàurmn  di-'' 
gnitftis  at^ue  héncrfsipfi  faâsifMsfitiffet ,  cfudeUtM- 
B^  -^  inpfl^iaM  in  etteumfmbtniis  TrUunif 
flthis,  Cmdiiiûngs  afe  Utas  (j^  expitiiM  colhifuia  'é^ 
den0g^se§mmemorat,  Leguta  md  fêmfeium  dt  tvné^^ 
ftfiriime  mitti  ofortere.  De  heilo  civiU^  /.  T.  3 1.  /.///• 
»,  50.  mfrinùs^ûmmfjmna?iitseftihi$f0  miM^ui  nU 
f^êquâutojiHdiû  parefn'petiijlet ,  Jiué^erVtiiinnt» 
m  cdUqui/^ue  per  Ciodium  cum  Scipiêm  giffit  ^ftùm^. 
^m  mcdis>mdw$mn  tum  Sikm0  demitSêtidis  LegMBii^ 
09mtem6pt. 

(3)  Plot.  Vie  de  Céfar.. 

Ç4)  Hù€  voluêfunt  ;  tttntiiuiusgefiis^  C  Cêfin^ 
nndipmMtus  f^em  wfi^  Mhtxirâtm  Mttxiliumfêtiifiw^ 
AtecoBe  »^yic  de  Céiar« 

B  uj 


,y  Google 


j^o    MERCURE. DE  FRANCE. 

fonretvcr  la  paix,  mais  que  le  pafiièri 
Pottipéc  n*avotc  jamais  voulu  entcnclre  à! 
aiicitn  acçommBodemciu  ,  («)  c*cft  prédft-^l 
sscntce  qoeooas  avons  dbcircm.  ilcpro«^ 
Tcr. 

Il  eft  Ttaa  <fae  CéGtf ,  ^firès^avoir  vaîtic* 
Ict  enaeims  ,.  oe  fi^ogea  jamais  à  rencif e  U 
iikercé  i  Romev  mais  il  étoic  crès-natuid 
^'après  les  dangers-  qu*il  awoii  évites ,  il 
JOmi  de  ccmre  Tétemlue  de  fa  vifkoirc  >  ce 
^î  a«ioît  éré  en  crieme  dansCftCon  &  d^ 
Ârmur»  CoahUâi  être  percnt^àCé^»  cjoi 
a€s*eftjanaîipiiq^iédl'&tTc  bTerto  mêmci. 
(ftjf  Cd  s'il  jti^a  i  ptopoi^  de  fe  laoetirc  tf^ 
.eut  de  n'avoir  pkis  rien  àr  craindre  du  ca« 
price  de  ceax  qui  ne  raimoienc  pas  ,  oa 

Icra  du  moins  fo^a^  4'4^^^  >  "^^  P^^^ 
pcHhttàt  rtli  porté  plus  haik  la  cfémetïcc, 
Peut-itre  mcn^  qne  Céfar  ,.<jùand  il  eût 
9té  pins  vcsçQCBXy  nauroil  pas  da  rétablit 
ll^  RépcM jfTO  ç  les  Romains  n^oîent  plttt 
rtpawef  de  tivr'e  en  libeitév  les  Nobles 

fifftgfmod  fifvémdk  faefse/mjfk  tentmi  (âfféi  ^  mkt 

Ms)Hy#<^epc«tlanrt  êtt!i^i<m  éeMqrA  ft* 
soient  hooneur  même  i  un  homnic  iièsttrtatutt^ 
Le  Di^aicuf  Sylla  l'ayant >ottb  oMiijer  dt  i<pu- 
dlH  <îo^c4îâ./fille  de  Cinn^ ,  il  ttma  mieur  tiU 
qiM^.tk^f&mneët  fi»  bfetiJ  »  <ïue  de  mèrktt  la  6-^ 
Vi^orde Sjrlla par  cette îojufttee;  ^Sifêfmà^r 


,y  Google 


*4    A  K    s.      ifft.        it 

ftp\evi%  trop  ^riches  &  trop  ambitieux  ;  le 
Peuple  trop  indocih  S<,  trop  avide  >  une* 
révolution  éroii  devenue  nçccflaire  par  la 
grandeur  de  fe  corçqpûon  ,  les  Hiftoricn^ 
de   bonne  foi  eeT^eonvîtemiein*,,  écouîQn^ 
Ftatarquc  :  (i)  k  Gauv^incmcot  étoit  ûî 
mauvais  à  Rome  i.  que  Von  foqftoit  quqf 
ceux  qui    briguoient  les  Chargcsl  >  noiflenl 
au*  milieu  xiè  là  pkçe  4t$  tibles ,  6c  qnUbf 
achctaflcnt  pubhqfttcmenrà  deniers  compp 
tans  avec  une  impûdchcc  horrible  les  Cm^ 
i&age»  du  Peufte  ,  qui  aprè^  avoir  hoiwu- 
îfemenr   trafique  de  fon  fuffragc\  VcngiÇ 
aux   affemblécs,  non  dbnner  amplement 
&  voix  à  celui  qoi  l'avoir  payé,  maiscomir 
battre  pourjui^vc^  de^  artncsi  offenfives  , 
&  il  arrivoit  fouvcht  qu'ils  ne  fc  fépa- 
roient  qu!apcè$  avoir  fouillé  de  fang  &  de 
morts  Ifc  Tribunal*,  lai(&nl  tôfliottp  W 
Ville  dans  l'anarchie,  comme  un  VaMbiu 
fans  Pilote  tk  (ans  gouvem^iil  ',  ^cçianie"» 
Fe  que  ecux  qtii  avaient  du  icits , Aiiroienr 
c:c  bien  fatisfeiis  slU  sipoienr  ^Ct  pfc^ 
mettte  qu^ioe  fi  grande  Jkéiii«iett>^tinc  lî- 
furieufe  cooftifien  &  nnt  todirosente  (è 
horrible,  ne  les  jetteroient  pas  dmt naf 
état  pire  encore  que  la  Monarcyc. 

pe  fi  ^aiMk  défordres  faifoicfit  dkiQ  pn-t 
bliquemcnt,que  la  feule  itSaOBESSt  i{fti  rc^ 

UIJ 


„  Google 


fi    MERCURE  DE  FRANCE 

toît  à  la  Répabliqiie ,  écoit  d*ctrc  rcdmre^ 
fous  la  puiflance  d'un  féal.  Cicéron  Idi- 
iVicmc  convcnoit  qu*il  n'y  avoîc  plus 
d'honnctcs  gcnsi  Rome,  (i)^ 
'  Dans^  de»  circonftances  auffi  cririqucs.> 
^uc  pouvoir  fsiuc  Ccfar  de  plus  con- 
venable que  de  coaferver  une  place  que 
fa  violence  de  (es  ennemis  l'avoir  oblige 
d'ufurpcr,&  dont  il  croit  plus  digne  qu'aii* 
cbn  homme  de  fon  fiécle  ^ 

.  (i) Egi quoi  M iûnos  ejft  dkas- n^nmtHUgo  , ifjît 
9hIIos  novL  Efffi'  AdAtiicJ.^.Epifi.i.f.  i3fi 

E   P  I  T  R  E 

^M.  U  Cornu  de  M**"^  .fitrt'a  mon  dt 
^  Mdd.  U  ComteJJe  de  M***^fen  épon/K 

\^  Rgane  du  courroux  des  Dieux  ^ 

La  foudre  épouvante  la  rçrre  ; 
.  >    ■:-  Tout  cède  aux  horreurs  de  1^  guette  ^^ 
l^î  change  les  humains  eu  monftres  (urîéux^ 
liât  la  contagion  Tair ,  foûden  de  lavvie. 

Dataient  la  fource  de  la  naott. 
Bé  ces  fi(^uz  divers ,  de  ces.crimcs  du  fort» 
%—    la  fatalité  réunie  . 

'ifLfflig^  juoias  ia  tcite^  accufèmoiiSiS  les  Cieio^ 


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•      la  A  R  s!      i/yr.  j'j: 

^^e  le  coup  HûàtKtù  qtit  détruit  à  nos  y  eux 
USes  charmes ,  dês^errtis  lé  brillant  aflembtage*- 
^A  *  *  *l*àniOttr  Se  Plionnreor'dc  notre  Sge  , 
Grands  Dieux  l  pourq^aai  la  rerttt >  la  btauté  p* 
Votre  précicnlt  appanagr, 
Pourqiu>roes  ipaits  de  la  Divinité' 
T3e  jôuiffcnr-ils^poitft  de  l'immortalité  r 
JÇlîepi  !  Fûtes  vous  jalouz^  de  voire  propre  ourioeèf^ 
Au  fort  d'un  fàvorr  de  Mars 
Vo«s  Unîtes  fa  deftiiïce ,  < 
Et  (eur  union  (oirtQ née 
.  S^pplaudiiGsic  de  Tos^regsrd»^- 
-Sllbur^  cruels!  Qt^elle  tK>rreur  foccëde  â  tint  (J^ 
'  •    ^  '        charmes  1"  ,  ^ 

'*         ïÇe  TOUS  vende:è  thef  vis  fivenrs  !  . 
SHtt  l'éppafe  là  mtrt  )épQÎfe  fcs  fureurs ,' 
^  ne  lai&  i  l'époux  de  vos  ddns  querferlarmess' 

Oui ,  doûne-  lëwt  uiï  life're  cotits , 

Oui,  digne  époux*,  pleure  dès  joorf - 
Q3e  pleurent  a^c  toi  l'Amour  &  la' Nature*'- 

Sr  ccprndint  de  ton  fenfiôlc  cowir 
Qjjelque  objet  doit  guérir  la  profonde  blefliire;* 

OU  du  moins  calmer  la  d^eur; 
^ntémple  cet  enfant  en  qurfe  renouvelle' 
0ette  ép.oafe  chérie , hélas  .'mais  qui  n'eft  plus^ 
^a$,cê  fruir  àc  l'amour,  ddnt  tu  brûUsptttr^llê^ 

Sont  ïéunis^  confondus , 


,y  Google 


f4^  itrRrCtrRE  de  fran ce_ 

Et  U  double  ttge  immoneUo 
Dca  Çéfari  5c  des  Tullios, 
A  la  oiceflué  ccde  d  êire  rebellç  r 
^  Aoi  )«ix  do  fort  (bomecs-coi  coin  me  noas  ^ 
11  te  re  Ae  an  <fnfm  »  ^e  deftia  eft  abfbus .    • 

P  O  R  T  R  A  l:T 

De  Mlh  *  *  ♦  ,  fitit^  eltt-mime. 

Q  Û'clie  cft  hardie  ,s'à::ficrart'on  ,  d  cn-^ 
ciepirencke  clk-pèoqe  de    faire  c^ 
qu*à  peineonlaifTc  faire  aux  J»^cresl:Maisii 
tcllfs  font  les  jcuncs^pcrConncs  ;  eHcs  nc- 
eonnoiflenr  point  de  diâSfculccs,  lorAqa'el- 
ks^  entreprennent  quelque  chofe..,Jc  ne- 
fuis  pourranc  pas   tout  à  fait  dans  le  cas^ 
Je  fçais  combien  il  eft  difficile  dc^e  pein- 
dre (oî-mênaejJcS'- femmes viurtout /qak 
font  accuftes  de  pré^^ntion.  Si^jemVra- 
Èicllis,  on  fe  ||pcquera  de  moi*,  C\  mon  pim> 
eeau  joint  à  ^foibklTe  de  rb^milifré  ,  m^^ 
foi  ^  ee  q*cfcpas  la  peine  j  on  dit  dailleur^. 
qu*an  ae  fe  voit  pas  avec:fcs.  ycux«  Lcf- 
^lelà*  prendrai:  je  ?  GtttX'  de^roet  amans  h* 
Non  ,  je   donherois    dans  les  embcllific-- 
ncm»  Ceuji;.de.mii^^ci&^3Q^^ceQjuir' 


,y  Google 


U  A   R   S.       1^5  li-         îs 

mc$  amies  S  Ma  foi  »  je  n^cn  ai  pas.  Ceux 
de  mes  ennemies  ?  Oh  î  je  dorincrois  dans 
l'humiliré.  Quel  embarras  t  Ah  l  je  l'ai 
trouvé.  Je  prendrai  un  œil  d'un  de  mes 
amans  ,  &  l'oeil  d'une  dttnes  ennemies ,  Se 
.comparant  leurs  rapports  équitablcment,  ^ 
Sç  fans  la  prévention  de  Tun  Se  de  l'autre , 
f^  tiendrai  un  juftè  milieu  en trt  les  deux  , 
6f  je  commencerai  par  ma  taillcr  Elle  e(ï - 
bien  prife ,  fine  &  déliée;  fk,i  le  pred  fort 

Eeiit ,  la  jambe  bien  faite,  mon^torps  cft^ 
icn  placé  fut  toutes  les  deux  •,  j'ai  la  main  • 
fneiKic ,  un  peu  maigre,  mais  bicri  faite j> 
fjài  le  bhtô  pafTablcment  bien  ,  fa  gorge 
î^lanche ,  Se  le  peu  que  f  en  ai  eft  bien  plac- 
ée v  ma  tête  cft  bitn  placée  fur  mesépaa^ 
Hst  Se  ic  n'ai  pas  mauvâifé  gf ace ,  qutrf-^ 
que  je  foi;?  petire  j  j'ai  le  vifage  rontf ,  & - 
très- bien  pris  î  j'ai  les  yeux  plus  gfands^^ 
eue  petits  ;  ils  font  gris  >  yifs  Se  brillans^- 
lis  en  difent  fouvent  plus  que  je  n'en  veux  • 
4ire ,  Si  plii$  que  je  n'en  pcnfc ,  mds  ce  ' 
li^cft  pîïs  ma  fautes  &  je  tv'en  fuij  pas^maî- 
ffeflc  i  c'eft  ala  Nature  qu'il  faut  s'en  prcn-- 
^e.  Jai  le  regard  un  peu  fec %  &  quelque- 
fôis  impertintut  j  j'ai  iesfourcils  beaux  &^ 
noirs  ;  bîen  placés^,  a^quifôrmtnt  far  mes ^ 
i^ux  deux "^rcs  parfaits  1  j'ai  le  nez  ]3retir  ,  > 
Éirge ,  un  peu  rond  parle  bout ,  &  un  peu  * 
fitiMâ}.  Malg^  coa«^  cela  ,  ii  ne  mç  6^4^ 

I^-vj^; 


,y  Google 


i^  MERCURE  DE  FRANC Bi 

pas  fi  mal  qu'on  le  crq^coit..  J'ai  la  bouche- 
grande  ,  mais  j'ai  les  Icvrcs  belles  &  biea^ 
ctcflSnces,  je  puis. dire  qu'elle    n'cft  pas- 
defagréable ,  uxc  n'eft  lorfquc  je  ris  ;  poar- 
lors  ,  j'ai.befoin  de  mes  dents  qui  font  bel- 
les »  Se.  elles  s'acquittent  fort  bien  de  la- 
commifllon.  J'ai  le  menton  rond ,  pdcelé  ,. 
8ç  un  p^tit  trou  at;  mifieu  »  ce  qui  le  rendi 
fort  joli  \  )*ai  tç  front  étroit  ..mais  j  ai  les< 
cheveux  bien  plantés ,  &  d'un  joli  brun.  Je- 
fliis  blanche ,  beaucoup  plus  qvi'uhc  bra-s 
ne  nereft,ordinairemcnr.  Enfin ,  on  m'af^. 
|Jcllc  une. jolie  femme,  non  poœ:  mes  trait s^: 
mais  pour  un  je  ne  fçais  quoi ,  qui  a  plu  ai- 
Ken  des  gens  3  &  qui  peut  pkirc  encore  >., 
car  je  n'ai  que  vingt-ans.  Pour  le  carac-^ 
tere  ,  il  eft  indéfihilTable  •,  il  eft  tout  à  la 
fois,  doux,,  vif  ;  enjoué  &  trifte.    Deiix^ 
dans  h  bontitur  >  impatient  ^ans^  le  maU 
heur,  enjoué  avec? ceux <jui  me plâifent^ 
&  triftç  avec  k  grand  nîonde  ,  car  je  fiiiy^ 
nArurcllemeot  fombrc  8c  rcveuic.  Je  fuîs^ 
compatiflûnte.,  Se    les^  malheurs   d'autroi*: 
me  touehenti  Je  ftrois  bonne  ainie  j  mat^ 
là  difficulté  de  trouver-  ma^pareiUe ,  fait>^ 
que  ceientiment  efr  encore  tibïcchez  moîwk 
Je  fuis  grande  ennemie  v&^e  haisl>ien|;^ 
Cependant  l'on  ne  s'en  appercçvFoit  pas  >„ 
fi  je  le  voulois  bien  ^  mais  aci  contraire  ,  je- 
It^ouc  avec  gjbuiir ,  làccainie.  de.  j^Sw 


,y  Google 


M-  A^  K,S.      175t.  î9r 

9rxjtt  (larèufe.,  me:  (211  ,donner  plutôt  da(n9^ 
k.tacre  excès.  J.^îmcroisancz-la  vengcail*^ 
r    9  mais  le  Ciel  m'a^faic  naîcre  dans  uno 
>  ndition  <jai  m'ôic  cou*  pouvoir  •,  je  pour-? 
>is   quelque,  chofe:  paf  les* autres,  'mai^« 
a  i    trop  *  de  coeur  pour  avoir  de  ces  oblî-» 
^^^ibns*là^;  j'aitne.  aflez,  dira  quelqu'un  , , 
voir  unc^iemm^  fe  vattter-d'aw)ii:/dii> 
o^ur.  Attcndezuun  moment ,  |e  rép ondiair . 
A    HC  s  agir  pas  icisde  bravoure  5  je  nc" 
n'en  pique  pas,  car. au*:^ contraire  je  fuis  > 
Dolcronne,&  j-at  peur  diine.fûfce  vor 
1-â.nte.    Gepchdanr  je  n'aime  -pas-les^pol-' 
CFons»  &  je*  jettcrois  la  première  pierre  fi- 
on  lapi^ok  ces  efpéces  d*homn)e9"U  ',  ain& 
il  ne  s'agit  dofrc  que  da  coeur  délicat  e« 
fkir  d*honneur  ficnaclU  v  oh  i  pour  délicat ,, 
ih  Teft  ^  &  foùâie  qiielquefois*  de  la  bizar*^ 
reric  d'un  public  »^ui  jugeant  des  unes  par 
les  infathes  tnoffups  deis  autres^  les- met  air 
rang>^des  objet»  méprifables^  Oui  ^c'eft-là 
mon  grand-tnal ,.  St  qui  mc^donne  de  Thu-^ 
iBCur.  On  m'accufc   d'en  avoir  beaucoup* 
aufli  y  je  hai^quadrouc.  le  monde ,  &quoU 
cjue  je  paK)krc  revenir,  il- me  refte  tou- 
jours un  v«nin  d2N;is  lé  coeur  qui  ne  s'éccicir 
jamais.  Oa  ne  mroSî»n(è  pas  unpunémenr». 
&  ceux  qui  m'ont  calomniée*^,  j'en  ai  mé- 
dita vec  d'autant  plus  d'avantage  ^,  que  ce- 
e^^  je  dis  de  méchant  cft.  aiTez  bien  diu  £iiv 


,y  Google 


^  AfElfCirRE  ITE  FR  AKCE. 

eela  ,  je   l'avoue  »  |e  fuis  méctiànte ,  Se 
^nand  je.peus^^faire  umc  mauvaife  plaifan^ 
nrrie  fuf  tes  gens  ciui^me  déplaifcnt ,  ocU 
me  met  du  baume  aans  le  fang:,  i[  me  fcm- 
Me  que  je  refpire  nn«ux:    Mcscnneitt» 
m'ont  donné  la  réputation  d^'être  m^vai» 
fc ,  &  je  la  fouticnr  i  léac  dépens.  Poa 
fc  Tcnger  ib  me  déchirent  ^^mais  ils  n  otf 
pas  te  plaide  de  voir  Vc&f^  de  leur  noir- 
ceur »  car  perfonme  n'eft  makreffe  de  fou 
Hrifage  comme  moi;^^    Cependant    je  ùm 
Usiûtc ,  Se  né  prends  pas  tranqu^lement  les 
pritestnorrtBtatbns  que  fBon  orgueil  cf- 
ixxjc.    Mais  Je  m'apperçots  qu'il  mai!^ae 
quelque  choie  â  mon  portrait*  Qlioi  l  paf 
«me  inclination^ Point  de  tendrcffc'KA 
qtie  fi;j*ai   leedeur  tendre  ^-j  aime  »& 
•fàime  bien  y  niais  je  n'en  avoue  pas  tout, 
'&  l'on  ne  croiroii;  jamais  à  mon  air  froicT 
•&  indiffèrent ,  ce  qui  fë  paâe  danstnoA 
H^amt.  Je  me  lé'cachequeiqtieibis  âmoi- 
^mèrue.  Je  crois  penfcr  jwfte  j  tant  que  Ton 
'n'cflrpas  uni*  à  ce  que  rt)n  ainœv  on  doit 
du  moins  lui  cacher  une  partie  de  Tes  fen- 
-thnens.     Il  n'cft  pas  nml  qtt'un  hbnnne 
•doute  un  peu  de  l'effet  de  fa  tendreffe,  & 
avec  beaucoup  de  vertu",  l'objet  le  plas- 
'  joli  doit  joindre  de  U    retenue.    Com- 
ment ?  Faudroitil  fe  jetter  i  la  tète  deibn 
^  amant  >  parce  qi^c  l'on  c&^h  d'êtse  obîa^ 


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.'-      M  K  R   S.      i7jn  359EÎ 

Bbor  moi  jç  pctjfe  le  contraire  ,  car  c'cft: 
l*  rems  Jo  plus  critique,  &  parconfequent^ 
celui  ou  lîon  a  le  plus  befôin  d'indiffcrcn- 
ée^  &  âc  fagcffe.    Tel  cft  mon  carâdérc  ^ 
ma  façon  ^*^gir  &:  de  penfer-.   Si  'l'oA) 
voyQÎ^  ïpçn  arîie,çoinme  Ton  voit  ma  6*- 
gurc/on  mè  rcndroit  fuftice  ,.,&ioncon- 
ykacfaôitqiJecjt; fois  hon©e.ij peindre^, 
digne   d'côimç  ,  mat*  jnallvcjrcu(ei     Lc' 
Gicl ,  en  rte  donnant  ies  fentimens  que  ' 
«loic:  avoir  U  noblc(&  rt^ie  m'a^donné  que  - 
Ictîi'  ainiârian  ^..om  vK  f^^  ambitieufe  >  . 
&  mes  vonîs<vi(cnr  an- pen  baof«^.  Cetn'e&H 
pas:  do^  coté  Jki  rictieflfes  y  non  \  Se  fijc  1er; 
fti  foiiliaitées  (|nelquefoîs,  ^uroir  éc^pouf ' 
&imtmûr  le  nombre  triM>  granid  des  maU 
iijeareox  qucld  fortune  a  taksv-c*eft  un  rang:': 
cjue  j'envierok ,  non  ,  pour  tourcs^cs  vani* 
tés  puériles*  qai  occopenc  les^  tctes^  de  i>or- 
jeuncs^  folles  -,  mais  pour  être  au-dcflfus^^ 
d'unecertainc partie  du  public  qiie  je  hâîs,.- 
''&  qui-  ne  prifé  qnr  cesqui  eft  au-dcflu^- 
de  hi  ott-fon  égak  Ainfr  je  conclâs  de 
f=out  ee  qttC'  jcvrcns  de  dire  ,  que  je  fuis-- 
gayc  &  colère  par rrmpérammcnr, trifte- 
■ôc  iimbitieufê  par raifoh ,  haute  naturelle- - 
nicni  ^«cére ,  Kitmai^C',  insfparicnt  c-;  mé-- 
.prifante  pour  les  ans  &  polie  pour  les  a^i*- 
^cs ,  Cotte  avec  lesfotsL,fçavanre  avec  les^ 
^vaiis.>i:ar  ilxilbbn  de  dii^que  Jefç^ 


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40  mbrcifredrfrance: 

on  peu  de  tour.  C^  peut  m^accorcter  uA 
rang  c^hczlcsgcns  fpitimelsi  On  l'accorde 
àfitaac  de  gçn$  5  &  fi  l'on  me  le  rcfufc  abfo^ 
|an)CQCy^n  ne  peut  pas  m'en  ref^ifcc  of^ 
phez  les  gçns^uL  ont  dti  bon  fenr» 

HRO S E  A  U  R 01: DE: P RiU^S S  E> 
P^r  Madame  Curé^ 

Roi  des  Sçavans  &  dcgSiagés,  je  fuis* 
née.  fur  les  riyeg  de  la  Seine  ^  &-  low 
des  bords-  fortunes-  de  la  S  fret ,  que  tiv 
embellis  pAC  ta^réfinice  ,  je  pettx^4Be  vgjx- 
.ter  néanmoins  d être  ta  Sujette»  Ta  re- 
çues fur  tesefprits  ylcs  bornes  de  ton  Em-*^ 
pire  ne  font  ni  les  fleuves  ni.  les  riTiercs> 
daigne  recevoir  aujourd'hui  le  tribut  da 
mon  zélc  âc^demon  admiration»^ 

,    Mais- qpi  fiiis*je%  pour  facrificr  fui?  te»- 
-Aiuclsîje  ne  compte  p^mi  mes  ancêtres- 
que  des  hoinmcs  \  lest  Dkox^ont  rcfufc 
jcs  honneurs ,  Ids  tirrcs-,.  les  dignités  tune 
vpix  Plébéienne  peut  elle  chanter  un  Ro4  ^' 
Oui  i  secric  laSagcfle:  tu  peux^  chanter 
im  Roi  Phiiofophe  ,  qui  foulé  aux;  piedt^ 
la  chimère  de  la  naiffancc ,  &  qui  pcnfc^ 
avec  moi  qu'il  n  eft  gcûûtd'autrc^obletfct-' 
,(^ela  Vertu,. 


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^ 


.  M;  A   R  $•      175  Î-.         4K 

•  te  favori  d'Urànic,,Pami  deCatliope^ 
Vun  se  1  autre  nés  >.  comme  anoi  ,  dans 
L'Empire  de» Lys  >^ont  voté  dans  les  Ré-^ 
gîons  H)tperborées ,  pour  s'aller  pcoftecnec 
aux  pieds  de  ton  Trène ,  Se  admirer  eh  co^ 
lin  Roi  ,ami  de  k  fageflTc  ,  qui  d'un  ϔt 
f^avanc  découvre  tout  âla  fois  dans  Apol» 
Ion  Se  le  Dieu  des^  fàiions  >  &  le  Dici^ 
des  Pcëces, 


•  Toute  la  rcrrè  te  f^t  hoinstoiage  dçsSfai** 
yans  qu  elle  nfodpit  v  la  fuperbe  f^émfc  fa 
uante  moins  aes.Fayeurs  deN9^liinr)i}»c 
de  la  nahlânce  d*an  ^h^loCophe  aimable  ^ 
qui  ta  fçû  plaire  »  parce  qu'il  a/çCi  lui- mc-i 
me  marier  les  grâces  itjiHfonie  avec  la  pro*^ 

'  Maïs  convient-iî  à  un  ftiec  foiblc  ,&: 
Ignorant  de  macchej:  fur  les  traces  dé  tant 
de  grands  hommes  «*  Ai-je  jarnais  fixé  mes- 
yeux  fur  l'œil  du  monde  v  Ai-je  jamài». 
chanté  le  Grand  /ftwri,  pu  éclaircî les  té- 
nèbres qui  environnei>t  la  lumière  ?  Peut- 
être  à  de  pareils  titres.  Grand  Frédéric  ^ 
pourroîs-je  brûler  mon  encens  fur  tes  Au-» 
(els  \  mais  béks  y  que  mon  efprit  eftéloignic^ 
de  ces  merveilles  t  . 

Quellei  timidité  s'empare  de  mo^  acné  ïi 


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4^  MERCURE  DE  FRANCE. 

Mes  fcn$  font  glacés^,  ki  trompette  m"^ 
thâppc  àct  mains ',  &  aa  lieir  de  frapper 
Kair  cle  fons  mâles  &r  pén^rans,  tu»  accen» 
annoncent  mon  (exe  ^  ^peine  égalentîts  ter 
fort  des  vils  inftmtticns^  de^  befgè«$  %em^ 
feux,  qui  dans  ion  Empire  clwiiitenrRK 
bondance  »  firak  de  cesibms  patetfH^. 

Infpire  moi  »  Dieu  de  l'Hélkôn  ,  livre 
mon  ^ame  à  ces  heureux  tranfpom  que  rcf- 
feniît  aatrefoîita'Mufe  àt  tesbos  l  Elle 
fhama  les^atcratts  d'un  amainc  dangereaxi^^ 
qui  irmèl»  ik  ftifpn*  Je  clwmtç  aujour- 
iFhoi  te»  venm  d^tHi  Si^  cof^ronné  »  i|ii» 

tels ,  rivaux  de  tes  exemples ,  apprendront 
4&n$  tous  les  tems^  at>x  D^ïrax  oë  la  ferre* 
Kafr  de  gouverner  les  honwne*.  Tai^d^ 
mafqué  la  fomberie  &  la  trabtf<»^  qnr 
ÏA^p^r  perfide  éonfbtidôtc  malignemenf 
svec  ta  politique; 

<  Royal  Favori  de^neuf  SGrars- ,  \cs^v^ 
eens  de  ta  fy^e  ont  pénétré  jufqtri  moir 
ic  le  Chantre  immortel  de  Hhtri  s*eft  ap» 
plaudi  mille  fois  de  ccuxq»'i>,i'apliieii* 
fehtcr  â  fa  gloire  :  fou  vent  il  ferma  Toreille 
i  ceur-d' Apollon  pour  t^cfttendrc>  le  Dteo* 


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MA    R   s.       I7!r»*  41 

fie  îuî  en  fçut  pas  mauvais  gré  ,  il  ctoir 
îiaiàs  coi  ,  on  ne  kti  pcéfeioit  ^qç  luir 
hicjne; 

Qiie  de  fons  &  Raccords  ditfercns  tur 
scins^  fais  entendre  iPan  ,  confos  &  inter- 
-âk  ,  s'cn&tit  d^s  les  ptus  fombrea  forèrs^ 
&  n'ofe  difpiuer  avec  toi  til  fe  fottVi"(fiit 
d*avoir  jadis  été  vainfadans  lit  PKrygie  ^ 
par  un  rWat  ccdontabù  <»  qtii  ne  kii  p^ul: 
cl-'abord.  qu'im  paftf  ar  i  il  craint  qnll  n'ait 
changé  en  Sceptre  G^htoolcttc>  &  que  Ir 
^oi  ne  lui  câcke  le  hcrgêr  5r.fi  U  Vit% 
champêtre  ctoiç  affcx  téméraire  >  pour  en- 
trer en  tiGc  avec  toi  »  l'on  ne  ttGavcroife 
plus  de Midas  zSck'mkù^  peiic  luiaccoc^ 

h  viens  ^W  n#m*cr  >Dltp{ïc  vofege-,. 
qui  couronne  les  gueqricrs  j  tu  me  retraces^ 
tes  exploita  du  vainqaeof  de  Charles  ic. 
-  â*'jiiighfté^.jt  vok  en  lui  un  autre  ^f*li^ 
d*une  main  dans  les  champs  de  BcUoni^  >. 
&  de  l'autre  dansks  eBampa  de  Minerve  ,, 
il  moiâbnnç  des  Uunec3  imti:iorrcUf 

O  Cicf  !  qu*entendsse  ^  Un  monftre^ 
affreux  fait  rercnjir  les  airs  de  fcs  doulçurs- 
&  de  fcs  gémiffèmcns  :  l'ennemie  de  TTrr- 
mû ^que  le  Sabmofi- da NQrd.CJ|||tune >« 


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44  MERCURE  DE  FftA^NCE. 

fc  teint  brûlant  &  enflammé ,  tourné  (c^ 
mains  homicidcsr  contre  elle-même  r  fi 
Aireur  ÔCé  fon  dcfefpoir  lui  ont  didkc^foa 
acrèt  V  ta  Dée0e  de  U  }uftice  applaudit  en 
(buriant  au  premier  trait  déduite  ^i 
échappe  à  fon  ennemi,  elle  cède  la  balaacc 
&  fon  épée  au  Légiflateur  de  là  Sprrée^  * 

'  La  fttperftition  *.  Tignorance  ^le  fatt^- 
tîfme  ^  mêlent  leors^cris  aur  hurlemens  de 
la  corruptrice  desLoir^j  jc.prète  une  oreii- 
\c  attentive  ,  je  me  tais  \  leurs  impré* 
«acions  &-  leurs  blafphémes  te  louent 
mieux ,  ^rahd'  Rot ,  c|ue  mes  àj^laudiile^ 
ment ,  ni  mes^louanges; 

E  FIT  R.  E        V 


I 


A  mats  pour  moi  ptus  belle  aurore" 
4N^lyôic  fait  aaicre  urt  plas  bcaa  jour  i 
^Ptt  tivrcs  doncâ'  mon  amour  '  > 

Ton  jeOiK  coear,  tbtit  neuf  racore  V 
Tu  m'aimes  bien  :  bt^n  tendrement  if} 
M«s  feux  dans  ton  fein  innocent    ' 
Ont  donc  enfin  pâ« faire  tf dort 
Ke  gecme  heureux  du  fentiment  p 


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.  M  A    R   S.      1751,       •  im 

^^â  de  ï  tcnjîrcs  mou?cmco«     . 
Je  fois  le  Cciû^dtMi  amaos 
-Qtti  rende  ta  raifon  docile. 

Combien  je.t'aimcl  Oiii ,  ppurtouioilis,  .^w 
t}onçois-tu  bien  loutemâ  joie  î  > 

Parques,  fiîcz  d'or^  .de  foie    .  ^ 

^ec-inftancrher  à4ne<.ai:noii|^  t 

Aion  boniicur  n'cft  point  fans  allarmec^ 
/Qur  f  eut  te  vôîi;  toi ,  totfi  tes  charxne!^  :[   '    ^ 
;San$  être  épris  ,  ému  ,  charmé  i 
<îuand  on  aime  /on  veut  être  aîmél{ 
I^our^te  .vaincre  on  aura  des  armes  |.         -     • 
rfîs-mot  ,«e -céderas- tu  pas  î 
^e  fcrai-tu  toujours £dclle^ 
-XuciUc;'^'c  voudrôis  ;  Kijasi      • 
t<Îpe,ï>ouitout-aUtre  fans  apfas^ 
dbm^s^jfduxifcsul^.^^  fûffesbdle* 

,  ,  ^^rdonoe  aines  v«u!f  bdifcren* 
Mais  ^  Dieux  !  iî  le  dcftin  barbare 
JD'entiie  mes.bra&^'^ôce.iainaîs;» 
rSi  je  teipords ,  de  tftsrattraitf  ; 
r^i  goé1que>^pott¥  ;}ieureqx  $'eippat«^ 
:  Vois>  que  de,  larmes  yfic  i^greis 
, Ce  jpùt  funefte  me  psépare  s 
:  Ah  I  {irérenona  tbus'ces  forfaits  ; 
-  Ajiiac^  nous ,  que  tien  ne  fépare 
Kos  cœxktf  percés  àes  mêmes  traits. 
f'Oui^  (oyons  tâi  exemple  rare  .'^ 
jI^aiÇQuiîjdeconlbcafic^jpaîxî.  " 


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4<  MERCtJRE  DE  FRANCE.     , 

C^'on  en  médife  ,  ^n*où  en  gronde , 
Soyons-noos  tout  ;  comne^es  Dîeaz^ 
K*apperccvoiis  qae  nois  Jti  mon^  ; 
Cooceas  /•eliannëi  ,:taufoiiTS  heoreut , 
Que  nous  importent  t«as  les  antres  f 
)'en  jute  »  cefont  li  mesircBax  , 
Luctie  9  £>n t^e  auffi  les  ?Srt es  t 

L  E  T  t  RE 

ji  Mlle  Cléàran ,  des  Champs  Elijiet , 
le  I  j  et  Hécate. 

JE  comraeiice  na  Le(;rre ,  Mackmoîfel* 
le  »  par  vou$  dire  qii<  je  fuis  la  Duclos  > 
cette  fameu(e  A^ôcç  <)vi  a  faic  tant  de 
bruit  pendant  fa  vie«  Ceft  une  pui^nce 
fupérieure  qui  me  force  à  irons  écrire*  Je 
m'étois  Bguré ,  à  force  de  Tenrendrcdire  , 

3tte  je  n'avois  jamais  eu  dTrgalc  dattiTArc 
'attendrir  les  cdburs.  La  beHèOlé  de  la 
Motte  avQtCAçhevéde  titc  rbutiier  la  ;eètie 
fur  mon  mérite  »&  mon  âmotfr-ipropfe 
croyoit  n'avoir  rien  â<défirer  dececocé. 
Cependant  j^apprcndsi  chaque  «omeûC 
dans  les  Enfefs^par  lesnrôrtsqm  y  deicen- 
dent ,  qu*il.&atque  je  vous^de. 

Je  n  entends  ^rkr  que  de  vof  talc»if  ; 
mille  broies  e^  coticem  icii  ypccegloice 


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,%i  A  K  S.     «751^  4f 

ÉC  21  tm^omc  ;  on  dit  que  cîen  xitapfitùchc 

•ditfeims  îpcr£cmnages  cpe  vom  tefféCcn^ 

c©x;  Voit5c  t€>»  cfc  voipc  ^  iros^fDocnrcisefis  ^ 

^ros  rc^Hs  ,  vatrfc  filencé  roboe  ,  portent 

ia  fcn£biliné  )itiqa'au  fonàé  àcï^nfc.  Le 

rendre  *Se  Jepstthéri^ue ,  le^rand  ic  leftt- 

4^iiine  ,  k  cragiqoe  &  Ictctribk,  vous  font 

iti  nacunés^  jqu 'U  femble  qtie  iroa»  ayez  otif 

ifekrci^or  chacune  de  oes<:faofe§<ii  partie 

'£uUcr.  Il  D y  m  4M]cun  rMe  ,  nous  »mir&* 

t^oPi  y  qœ  voas  ne  rcmplHIicE  avoc  nr>e  d<9^ 

Jbielfc  ,  tmc'^di^xté  fi:  ot>e  imelldgence^tfi 

<i'iiipparâeiTn6bcic|u'iToas.  VdosetesVido* 

le  de  ce  même  public  doniij'crtots  tnkttfcm 

ridolâtrç^    VoiU  ce  qui   me   dcfcfpcrc, 

Voiïs  VOUS  faire«  fans  efforts  des  admira- 

cearsde  ceux  ,  donc. je  bernois  ma  gloirci  A 

knc  faire  écouter.   J'en   fais  înto'nfolatlc. 

La  pauvre  Cbampmètc  i^me  en  gémit  i 

récart  avec  fon  tendre  Racine  ,  &  je  croit 

?[ue  il  les  n>ért^  pouV^e?^  mourir  deux 
bis  ,  nous  en  perdrions;  encprç  layi^c 
regret.  Ce  qui  acfhevc  fteiibûsttéconccf- 
ter ,  c'eft  que  dcsp«frmîtrestjtri*iroosoTit 
vu ,  &  qui  nous  Vojnmt,  foactettncîit  qtfc 
vous  nousfappafTcaretwoBfc  tnl^eatttël»  en 
efprit.  Votre  air ,  V0n:C'ëéïttajrc?he  ,tbtrtéii 
vous  annonce: te SiHpy^tnê;  .Le^4itt<ft41 
irous  manque  >  Se  vous  ljP>iiiwrffe6a>    /    r 


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t 


4ST«ERCURE  DE  FRANCE. 

Voili  l'avea  humiliant  que  je  fais  db& 
;éé  de  faire.  Il  vous  doit  être  bien  doox 
vous  entendre  louer  par  une  fcmmc> 
qui  avoir  affine  bonne  opt mon  d'elle- mè^ 
tne  pour  fc-croirc  au  dcilus  àc  roace  louan» 
^e^  Plufon  ,<:e  farouche  Dieu  des  Enfers, 
-a  été  "il  charmé  des  récits  avantageux  que 
4'on  a  feits  fur  votre  <:ompre  ,  qu'il  m'a 
•contrainte  île  vous  apç^cnafc,  çn  quelle 
qrépurarion  vous  êtes  dans  Ton  noir  Empira 
il  fouhaite  fort  de  vous  y  voir-j  mais  je 
vous  confeillc  de  ne  çàs  vous  préflfcr  de 
i^cùir.  La  gloire  de  plaire  au  Roi  des  morts, 
fie  vaur  pas  le  plaifir  de  charmer  le  der- 
nier des  vivàns. 

Duclos^G.M. 

V  E  R  S 

A  M.  D.   L. 

JuL  Mi ,  f  ai  mis  dans  la  balaûCe 
Les  richeffes  8c  les  honneurs , 
.  {.'efclavage  &  la  «lépendance , 
Lc$  attributs  «le  l'opulence 
Atcc  tout  l*encens  des  âattcuts  { 
Dans  l'autre  j'ai  mis  la  Science  > 
Jta  fage  médiocrité  , 

Us 


,y  Google 


M    A    R   s,      I7JI, 
t«s  diarmcsdcIâJiicuié, 
£t  CCS  amis  de  préfercDce 
Que  l'on  doit  i  l'orbanité  ; 
JEt  juillejnent  i  l'dperance 
De  les  voir  par  utilité. 
J'ai  pris  la  raifon  pour  arbitre; 
Enluidifam,  pefe  les  deux, 
tar  ijnon  d^fîr  eft  d*être  hcurpux  • 
Mais  je  prétends  1  être  à  bon  titre| 
La  raîfbn  n*a  point  iicfité;  - 
I^cfant  le  tout  avec  jufteflc  , 
La  balance  de  fa  rîchefle 
S'élève  avec  rapidité. 
Et  ceUe  de  la  liberté  , 
Par  fon  propie  poids  eftreftc. 
J*ai  donc  choifi  par  préférence 
La ûge  médiocrité} 
A  tout  Péclat  de  Populeoce 
]'^  préferi'la  liberté. 

^  A   V   r  R   E. 

A  Mad.  U  Aï.  de  F. 

JD  Eau  chef-  d'œuvrc  de  la  Nature  ^ 
Vous  ,  ^ue  les  grâces  &  l'Amour 
N'oferoient  peindre  en  raignaturc. 
Ne  ven^«  point  âu  Luxembourg  ^ 
L      ^Poot  la  gloû$  4e  If  Pçiocuce, 


4i> 


,y  Google 


5x>.MEIU::lfRE  DE'FKAMCE. 

Cette  fralciiear  de  tcin  ,re  c»lork  cbarmanr  | 
Ce  foarire  enchaoteor  que  forage  ^potre  bouche  i 
Cette  taille  »  cet  air  qui  utvic  &  qui  touche  , 
Fixeroieot  tout  les  yeux  4aas  le  même  moment . 
£t  l'on  verroit  alors  la  fçavante  impc^ure 

De  Raphacl  ^c-^e  Mignacé 

Céder  à  la  belle  Nature  , 
Qviaodelle  efl.coi^uxe  vous  «toute  £mple  Se  fâo$ 
fard,  ' 

L  E  T  T  ,R  E 

De  Dom  f^aijfet^  à  M.  de  Fomsnelle. 

LE  dcfir  de  voir  ,  Monficur ,  le  frag- 
tuent  d'an  de  vos  Ouvrages ,  qui  n'eft 
point  connu  du  Public  ,^tn?a  faii  Utc  Ic- 
Mcj:fiarc  du  iHAis  de  Janvier -,  rHiftoîrc 
du  prétendu  Ron^cu  dç^Pi^vcncc  a  les 
mêmes  charniès  que  tout  ce"  qui  cft  forti 
de  votre  plunfic  -,  je  defirerois  pour  ce 
grand  hominç  que  vous  cuffiez  daigné  en 
faire  UA  "Ouvrage  féricux  ;  j*ai  eu  occafion 
de  parler  de  lui ,  dans  mon  'Hiftoire  de 
Languedoc ,  tom.  j  »  p.  4*5^1.  Je  n'ai  pu 
me  difpetifer  de  dire ,  que  fon  arrache- 
ment à  S^c 'Louis  'le  fit  iifer.dé  duplicité 


,y  Google 


M   A    R  s.      17SI*  5» 

|»out  exclure  le  Comte  de  Touloafe  de  U 
lucceffion  de  la  Provence-,  &  préférer 
Charles  d'Anjou  ,  auquel  il  maria  la  Priii- 
cefTe  donc  il  écoit  tuteur.  Le  Père  Main« 
bourg  ,  Hiftoire  des  Croifades  »  tome  4  9 
page  I }  1  »  dit  que  <•  Saint  Louis  fçuc  fi 
g%  adroitement  gagner  Romée  de  Ville- 
»  neuve,  &  Albert  de  Tarafcon,  tuteurs  de 
9»  la  Princeflc  Bcatrix,  qu'il  l'obtint  pour 
m  Charles  d'Anjou  ,  fon  frerc  :  je  fuit 
étonne  ,  Moniteur ,  que  vous  ayez  ignoré 
Ton  véritable  nom ,  &  que  vous  n'ayez  pat 
<lit ,  que  ce  Romieu  n'eft  qu'une,  fidiom 
poétique  du  Dante ,  qui  pour  donner  da 
nier veilleux  à  tout  ce  qui  s'eft  paflé  foua 
fon  miniftére ,  feignit  qu'il  étoit  arrivé  en 
Pèlerin  ,  qu'il  ne  voulut  jamais  dire  fon 
nom ,  &  difparut  mécontent  du  Comte  de 
^ovence.  Son  nom  de  Baptême,  en  Latint 
XomeHs ,  en  François  Romée ,  en  Proven-^» 
çal  Romiou  ^  ou  Romieu ,  Signifie  en  laa«* 
gage  du  Pays  ,  un  Pèlerin*  Le  voyage  que; 
Romée  de  Villeneuve  fit  en  Syrie ,  ou  du 
moins  qu'il  eut  intention  de  faire ,  peut 
encore  y  avoir  contribué  \  on  donnoic  vo- . 
lontiers  le  nom  de  Pèlerin  â  ceux  qui  al** 
loient  aux  Croifades  -,  le  Grand  Maître  de 
Rhodes ,  par  une  Lettre  de  Tan  1 1  )  9  »  lai 
écrit ,  qu'ayant  appris  par  Frère  Guillaume^ 
de  Cabrios ,  qu'il  voidgic  aller  en  Syrie ,  il . 

CiJ 


,y  Google 


St   MERCUREDEFRANCE. 

Tcxhorte  â  faire  ce  voyage,  &  lui  indique 
les  provifîof^s  qui    lui  (ont  ncceflaires; 
cette  Lettre  eft  toute  entière  â  la  Biblio- 
thèque du  Roi  9  b  Soufcription  en  eft  rap« 
portée  par  l'Abbé  Robert ,  tome  j  ,  page 
a^4  ,  en  fon  Etat  de  la  Provence  :  JUaflnJl 
fimo  ac  mMgnifico  &  ïnclîte  viro  ,  amico  fpe^ 
csAliJftmo  &  prétcordiali ,  Domino  Kamco  de 
ViUanova ,  Domini  Comitis  ProzlncU  Bajulê 
&  Connefiabnlo ,  Ft^ater  B.  Dei  gratiafanB4 
domiês  Hefpitdlis  Hierafalem  Magifterhumi^ 
lis  &  fauperum  Chnfti  cuftos  yfaluum.  Il  j 
m  lieu  de  croire  que  Romée  de  Villeneuve 
rendit  compte  de  fon  adminiftration  en 
conléquence  de  ce  voyage ,  ce  qui  a  fait 
fuppofcr  ,  que  mécontent  d  être  foupçon- 
né  ,'U  avoit  quitté  la  Cour  du  Comte ,  (ans 
avoir  jamais  voulu  dire  fa  Patrie  ni  fon 
nom  *,  la  quittance  qu'il  obtint  du  Prince 
eft  dans  les  manufcrics  de  la  Bibliothèque 
du  Roi,  en  datte  du  2  y  Mai  1141.  Tihi  Ro^ 
me9  de  yillamva  Bajulo  &  fideli  nofiro.  En 
voilà  bien  affcz  à  un  Poète  pour  bâtir  cctre 
fidion.    Michel  Baudicr,l*an   1(^35,  en 
fit  un  petit  Roman, fous  le  titre  d'Hif» 
toire  incomparable  de  Tadminiftration  de 
Romicu ,  Grand  Miniftre  d*Etat  en  Pro- 
vcoccv, lorrqu elle  étoiten  Souveraineté: 
il  s'cft  aidé  dc$  Hiftoircs  de  Provence  ^  & 
aa  eu  beloin  que  de  retrancher  le  nom 


,y  Google 


MARS.      17ÎÏ,         Si 

de  Villeneuve ,  &  changer  celui  de  Ri>- 
tuéc  en  Romieu.  Noftradamus  en  fa  Chro- 
nique de  Provence  ,  page  104,  rapporte 
d'après  le  Danre  ,  donr  il  cite  les  vers  : 
»  Que  fous  Raymond  Bcrangcr  ,  Comte 
•9  de  Provence  ,  un  Gentilhomme ,  qui  al- 
»  loir  aux  extrêmes  parties  de  TOccidenc 
«vifiter  Saint  Jacques  ,  arriva  en  Pro- 
»  vcnce ,  lequel ,  ayant  apparence  d*èrre 
^  homme  de  bien  &  de  haute  cpialité  ,  ne 
»  voulut  jamais  découvrir  fon  Pays  ni  fou 
»  nom ,  fi  qu'on  le  nomma  le  Romieu. .  • . 
»>Le  Commentateur  du  Dante,  dit-il,  le 
99  récite  ainfi  \  quelques  autres  difent  que 
»  ceux  de  la  rrès-noble  &  illuftre  Mailon 
•>  de  Villeneuve  font  defcendus  de  ce 
m  Roméc ,  venu  de  rrès-noble  &  très-an- 
9»cienne  Maifon  d'Arragon.  Mais  lorf- 
qu'ii  parle  férieufement  &  d'un  fait  hifto^ 
tique,  il  n'obmet  janiiais  fon  véritable 
nom  :  page  ipo ,  le  Grand  Romée  de  ViU 
'neuve  ;  page  lop ,  ce  grand  &  noble  Ro- 
mée de  Villeneuve ,  &c, 

Piihon ,  Hiftoire  de  la  Ville  d'Aix ,  page 
124 ,  parlant  de  Raymond  Beranser .: 
»  Ce  fut  un  Prince  pieux ,  libéral  julques 
»  à  l'excès  *,  fans  le  fecours  de  fon  Miniftcc 
m  d'Etat ,  Romieu  de  Villeneuve  ,  il  fûc 
»morr  pauvre;  mais  il  trouva  le  moyen 
»  de  recouvrer  les  Terres  aliénées ,  fans  in* 

C  iij 


,y  Google 


54  MERCURE  DE  FRANCE. 

i»  comtDoder  le  peuple ,  &  de  faire  fabfiftcr 
P>  le  Prince  fans  nouvelles  impofiiions  ;  fa 
!«»  conduire  parut  fi  exrraordinaire  A  nos 
n  Provençaux,  qu'ils  l'ont  accompagnée  de 
m  mille  évencmens  fabuleux. 

RufE  ,  Hiftorien  des  Comtes  de  Pro- 
vence ,  eft ,  comme  vous  fçavcz ,  i'Hifto- 
xien  le  plus  eftimé ,  parce  qu'il  ne  die  rien 
ique  d'après  les  tirrcs  qu'il  rapporte  ;  vous 
trouverez  page  104 ,  >»  qu'il  déclare  devoir 
»  faire  mention  de  cette  aventure  ^  que 
»  quelques  Hiftoriens  ont  rapportée  ,  bien 
4»  qu'ils  la  rieniicnt  pour  tabuleùJe  ;  Sc 
p9  lotfqu  il  parle  de  la  Princeffe  Béatrix^ 
^  P^gc  151  9  il  dit  qu'elle  demeura  fous  ^ 
»  conduite  &  dircaioù  de  Romicu  de  Vit- 
«leneuve  &  d'Albert  de  Tarafcon  >  Pci;- 
^fonnage^  de  haute  tiaidance  &  de  beau* 
i^  COlîp  de  vertu. 

Bouche  ,  Haioire  Gkdnolog^qïic  et 
Provence  ,  tome  %>  page  ij6  5  rapportp 
cette  imagination  du  Dante  ,  fie  dit-, 
«  que  ce  ^nt  des  fables  s  mais  que  la  vi^ 
»  des  grands  hommes  eft  toujours  acccom- 
u  pagnée  de  quelques  faits  fabuleux  >  tejs 
w  (juè  l'on  dit  d'Hercules  >  Numâ  ,  Alc- 
if»  xandtc  ,  Clovis  >  Chétlerûague  &  ai|- 
if  très. 

Gaufridy  ,  Hifforien  plus  moderne  ^  à 
cru  indigne  de  l'Hiftoire  de, rapporter  cet- 


,y  Google 


.       MARS.     r7ji;        %$ 

tt  fable ,  &  voici  an  p;^age  qat  fnéti^t 

'id'êtrc.  ciié ,  parce  qu*U  contient  tout  ce 

que  je  fuis  dans  le  dcffcin  de  vous  prouver, 

p»  IZ7,  an.  122.9.  >«  Après  quoi  le  Prince > 

$9  voulant  rcconnoitte  lesfervkes  que  Ro- 

>  mée  de  ViHcneuve  lui  avou  rendus ,  il 

»  le  fait  Gouverneur  de  Nice  $  &  lui  don- 

»  ne  en  propriété  la  Ville  de  Vence  ,  & 

9>  plùfieurs  autres  Terres  que  fa  poftérité 

9»  poflede  encore  aujourd'hui.    Ces  bicor 

*>  faits  ,  quoique  très- cor fidéribles' ,  ne 

.»>  furent  pas  les  fculs  que.Romée  mérita  5 

'^i\  mérita  «ncoiè  d'être  fait  Gouverneur 

pi  de  la  Province  -,  il  s'acquitta  fi  bien  de 

fto.  tous  fcs  devoirs,  qu'il  en  acquit  l'entière 

•w  confiance  du  Prince  :  pendant  que  Ro-i- 

V  mée  prépare  ainfi  aux  Barons  de  Yence , 

«fcs  Succeflcots ,  la  gloire  d'une  origine 

#>  il  illuftre ,  Arnaud  de  ViUeneuve  ,  foa 

99  ncVeu  >  d'où  vient  la  Maifon  des  Arcs  » 

>>  n^acquiert  jlas  moins  d'avantage  aûlt 

^  ficns  5  il  obtient  par  fes  fervicès  la  c^rt- 

»  firmation  des  Terres  dès  Arts ,  dé  TràtiHj 

^  6c  de  plufieurs  autres  irufebdécs  ^ar  It 

-•*  Comte  Idcflftrfis  àGeraud  dô  Vîllchèiive, 

-*^fon  ayeul.  Ainfi  les  tefidiès  dfcs  Arts 

*»&  de  Veûcc  ,  âllarit  à  la^ékéd*ûrt  pss 

^i  égal  ,  reccvoiéht  dû  Prinèe  d'égales  rtl^- 

»gues    de  rccdnnoiflanc^  ^  &  ^féâiri- 

«ioient ,  pour  ^mfidire ,  dès  fri»iià  dlghet^. 

C  iiij 


,y  Google 


5*  MERCURE  DE  FRANCE; 

»de  leur  Trône  commun.  Car  après  qae 
»  Raymond  de  Villcncirvc  fiic  défembir- 
»  rafle  de  Icngagcmcnr  qu'il  avoir  pris 
«>  pour  le  parti  des  Baux  ,  il  demeura  (\ 
»>  conftamment  dans  le  parti  de  fcs  Com- 
»  tes  ,  qu*il  fut  toujours  remarqué  parnrt 
p>  les  premiers  de  leur  Cour.  Cela  parok 
j>  encore  par  le  feing  de.  ce  Seigneur  qui 
D  fc  voit  prdque  dans  coures  les  Chartes 
3»  de  ces  Princes ,  rémoignagc  certain  de 
^  leur  eftime ,  auflî  ^ien  que  de  (a- fidélité. 
Pcrfonne ,  jufqu'à  moi  i  nie  s'eft  encore 
avifé  de  réfurcr  férieufcment  les  vers  de 
Danre  ,  ni  le  Roman  de  Baudier  \  la 
notoriété cft  trop  grande  ,  &  d'ailleurs  l'un 
èc  l'autre  n'ont  rien  dit  de  choquanr  pour 
ce  grand  homrne  &  fa-ppftérité  \  le  fup- 
^pofcr  un  homme  de  qualité  ,  qui  voyage 
«n  Pèlerin  fans  dire  fon  nom  ,  cft  une -fic- 
tion que  l'on  peui:  bien  pafler  à  uaJ^oete  j 
maiis  comme  tians  vojrrc  fragment  \  page 
14  du  Mercure,  vous  faites  dire  à  Ro- 
jnieu  par  le  Comte  :  »  Vous  êtes  un  hoxiv 
.4»  me  de  qualité ,  qui  êtes  tombé  daos 
,»  quelque  grande  foute ,  &ou  vous  a  don- 
j»*  né  pour  pénirencei  d'errer. par- le mon- 
^  de  fous  ce  miférable  équipa^  V  fans  ofer 
}»  déclarer  qui  vous  êtes  ;  je  vous  avoue 
•»  que  je  trouve  cette  xportifieatiQn  aflcs 
1^  bien  imaginée.  Monfeigneur  ^  répondiir 


,y  Google 


MARS.       1731.  57 

^  il ,  je  n^aurols  pas  eu  aflèz  peo  de  coiW 

i^fâence  pour  ne  pas  dire  à  mon  Confcf^ 

»  fcur  de  m'en  chercher  une  autre  ,  car  ca 

»  vérité,  il  y  auroit  été  trompé»  &  fi  j  ctoîs 

»  homme  de  qualité  ,  rien  ne  me  coûteroîc 

a»  moins  que  de  cacher  ma  naiflànce  8C 

»  mon  nom.  Comment ,  reprit  le  Comte  ^ 

«  feriez-vous  bien  atfe  qu'on  vous  traitât 

»  comme  un  homme  du  peuple  >  Prendriez- 

M  vous  plaifir  i  vous  priver  des  égards  SC 

99  des  rcfpefts  qu'on  dcvroit  à  votre  rang  î 

»  Vous  me  fournirez  vous-même  la  ré- 

«ponfe  «Mon fcignrur,  répliqua    le  Ro« 

»  fniea ,  ce  fcroit  à  mon  rang  que  tout 

«cela  feroit  dûs  ii  le  per droit  y  mais  pouc 

»  moi ,  je  ne  perdrois  rien  :  mon  rang  & 

»  tnoi  nous  ne  ferions  pas  la  même  chofe.. 

Paroles  que  vous  ne  pouvez  avoir  lues 

nulle  parc 9  Se  que  vous  vous  êtes,  fans 

;doute,  permis ,  croyant  n'écrire  qu'un  Ro- 

-man»  En  effo ,  comme  le  Héros  n'avoit 

point  de  nom  ,  il  «vous  a  paru  indiffèrent 

de  quelle  manière  vous  le  traiteriez;  mats 

permettez- moi  >en  qualité  d'Hiftorien  da 

Languedoc  ,  de  traiter  la  chofe  un  peu 

pltis  férieufement  ;  loin  de  m'en  fçavoir 

spauvais  gré  »  )e  penfe  q«  vous  me  (èrex 

obligé  de  vous  inftruire  de  ce  qu'il  étoit  » 

&  que  vous  ferez  fort  étonné  ,  faute  d*a>- 

voir  lu  lesHiftoriens  de  Provence  ,  dV 

Cv 


,y  Google 


$t  MERCURE  DE  FRANCE. 

^oir  ignoré ,  jofqu'à  au;oard*lmi ,  qùMIÏoc 
4le  la  Maifon  de  Villeneuve  ;  il  fam  ua 
peu  fc  défier  des  Troubadours  en  matière 
de  faits  hiftoriquej.  Les  Pdctes  fc  font  tou- 
jours permis  des  licences  ,  de  vous  n'igno* 
rez  pas  jufques  où  le  Dante  a  pouAé  k 
iienne,  poifque  dans  le  même  onvrage  où  il 
B  imaginé  celle  ci  >  il  a  eu  l'audace  dedoif- 
fier  un  Boucher  pour  pereaa  chef  de  k 
Xroifiéme  race  de  nos  Rois, 

Roméc  de  Villeneuve ,  Baron  de  Vcnce^ 
Connétable  ,  Premier  Miniftre  ,  Grand 
SénccTial.  &  Gouverneur  de  Provence, 
Tutenr  &  Rcgent ,  pendant  la  minonté  de 
la  Princcflc  Béatrix  ,  eft  llionnne  ,  Mdb- 
fienr ,  que  votts  faites  patlcr  fi  bumblc- 
xnent.  Je  ne  lui  trouve  point  ce  tori-ti 
dans  aucun  aâe  dé"  fa  vie,  ntnieme  dans 
ion  Teftament ,  oA ,  malgré  fon  extrême 
pieté,  on  reconnoîr  tm  grand  Seigneur , 
tant  par  (es  grands  biens  que  par  {es  lifaé- 
jralités. 

Je  ne  prétends?  point  ici  faire  la  généa- 
logie de  la  Maifon  de  Vttlencuve ,  que  fou 
voifinage  avec  le  Languedoc  me  rend 
auffi  connue  que  toutes  celles  de  cette  Pro- 
vince ;  je  ne  vous  dirai  que  ce  qui  eft  né- 
cedàîre  pour  vous  faire  connoîtrc  Rômée 
de  Villenenve ,  les  grands  hommes  quelle 
a  produits^  fes  alliances  avec  des  MaifoM 


,y  Google 


:M   A   fe  s*      175Ï.        5> 

^Sônviemims^ ,  fcs  affinités  avec  le  Sa^g 
Royal  par  la  Maifon  de  Foix  ;  tout  cci4  c&, 
ida  rtlTort  des  Généalogiftes. 

La  tradition  de  cette  Maxfon,  &  le  fen^ 
timent  de  quelques  Autears>rapportent  foa 
origine  à  un  cadet  de  laMaîfon  desComtes 
de  Barcelone ,  Rois  d'Arragon ,  dont  cette 
fâmïile  acdnferté  fer  armes  daes  Tes  Etçn- 
darts.  Noftradamtts,  page  li}^, ,  parlant  deè 
Maifbns  ilToes  de  Princes:  die  celle  de  ViU 
Icneuvejd'Arragon. Je  ne  prétemis  pas  voift 
donner  les  Fables    des  grandes  MaifodS 
pour  des  vérités ,  aaffi  je  ne  commencerai 
qu*à   Rayniond  de  Villeneuve  ,  établi  ea 
Provence  en  1144,  duquel  conftamtnent 
toutes  fcs  branches  font  fonies.  Je  crois 
ceux  de  ce  nom  tropraifonnablespour  exi* 
eer  qu'un  Hiftorien  »  qai  veut  convaincre 
M.  de  Forttenclle  ,  rapporte  avec  certitude 
<k$  faits  qui  ne  font  pas  appuyés  d'autori-^ 
lés  :  les  auteurs  font  partagés  fur  la  Terre 
de  Villeneuve ,  qui  a  donné  le  nom  à  cette 
Maifon  s  les  ûfis  veuletit  <^cê  fott  Villas 
Dova  ,  prèsf  de  Ba^rteloiSne  ;  les  autres  ViU 
kneuve ,  près  de  WetiCt ,  en  Provence  ;  \t 
premier  (entiment  cft  conforme  à  la  tradi- 
^n  due  cette  Màtfon  adopte  :  »  Taotre 
j»  fouirent ,  pouf  là  gldîte  de  Provence  é 
i^  que  ctt(t  Miaifùn  Cft  eft  originaire  ,  & 
n  a  pris  i^t^  nom  de  k  Terris  àt  VilUnco* 

C  vj- 


>y  Google 


io  MERCURE  DE  FRAKCE; 

j»  vc  ,près  de  Vence ,  &  il  en  faut  laiflcf 
.»  (  dit  l'Abbé  Robert ,  tome  j  ,  p.  ^4$  )  Je 
m  JQgement  libre  au  leâeur  v  il  fuffira  de 
»  dire  ()i\e  ces  deux  Maifofts  portent  les 
9»  mêmes  armes  >  &  qu'elles  font  très-con* 
«I  (idérables  en  Arragpn  comme  >  en  Pro» 
»  vence. 

Je  croîs  pourtant  qull  7  a  des  rat(bn$ 
fortes ,  pour  •dire  <|u  elle  eft  étrangère  â  U 
Provence  ;  la  première  eft,  que  la  Terre  de 
•Villeneuve    n^î»    pris    ce  nom  que  vers 
S  i  5o ,  &  qu  elle  s'appeUg4r  auparavant  le 
Gandelet ,  dont  une  perire    portion  a  re- 
tenu le  nom  ,  ce  qui  me  fait  cfoircqa'elle 
fut  donnée  en  récompenfe  à  Raymond  de 
Villeneuve  ,  qui  Uû  impofa  fon  non*;  Ro- 
xnce  ,  fon  petit-61$^x>rdonne  par  fon  tef. 
tament ,  qu'elle  foie  vendue  ;  d'ailleurs  /î 
cette  Maifon  avoir  été  de  toute  aociennetc 
«tans  le  Pays,  elle  auroit  eu,  comme  les  au- 
tres ,  plafieurs  perfonnes  dtfts  les  differens 
partis  de  la  guerre  des  Baux  ,  au  tieu  que 
Kaymond  de  Villeneuve  eft  le  fcul  de  km 
jnom ,  nommé  datu  la  Lifte  des  Barons  du 
Pays ,  qttc   Noftr<idamus  &c  Bouche  ont 
*  «rapportes  ,  page  1 1 4  &  1 1 5.  Il  paroîc  au/S 
q^nc  le»  premiers  étaUiflcmens  qu'ils  onc 
eus  viennent  d'iriféodation  d«  Ums  Souve* 
raios ,  &  que  c'èft  en  dédoçimageHïenc  des 
^ens  qu'ils  laiflEbrcat  en.Arragoa  4- leur 


,y  Google 


MARS     1751;  tt 

tekîcr.  Quoiqu'il  en  foit ,  Bouche ,  pagp 
147  ,  rapporte  FAdc  de  confirmation  des 
biens  donnés  au  Monaftere  de  la  CeDet 
par  le  Comte  Idelphoofe  y  cité  dans  le 
G  alita  Chrifliana ,  Teftes  :  Huge  de  Baucio  , 
Raymunàns  de  Villanova.  Noftradamus , 
page  14(7  9  dit  n  que  le  Comre  Idelphon* 
j>  le ,  voulant  guerroyer  Iç  Comte  de  For- 
aï  calquier  >  lui  envoya  Hugues  des  Baux  9 
?o  Se  Raymond  de  Villeneuve  ,  Gentils* 
»  hommes,  des  premiers  de  fa  Cour*  Nout^ 
cet  Hugues  ctoir  Souverain  ,  &  cette  pa- 
rité donne  une  grande  idée  de  fon  collègue. 
Louvct ,  dans  (es  adduions  des  troubles  de 
Provence,  fol.  xi  î  ,  dk  que  >r  Raymond  de 
n  Villeneuve  étoit  Gouverneur  de  Proven- 
»  ce ,  que  la  tradition  de  cette  Maifon  la^ 
»  fait  dcfcendre  des  anciens  Princes  d*Ar- 
jiragon  5.  &  qu'en  effet  leurs  Armes  étoienc 
»  autrefois  d^or  à  4  pals  de  |ireule  ^  qu'ils: 
«j  quittèrent,  pour  prendre  les  lances  &  les^ 
9»  écuâbns.  Raymond  laiâfa  pour  fils  Ge- 
laudde  Villeneuve  >  à  qui  le  Comte  Idel- 
phonfe  II.  dotvna  Tan  1 201  les  Terres  des 
Arcs ,  de  Trans  ,  la  Motte  &  Efclans ,  eifc 
confidération  des  fcrvices  qu'il  avoit  ren- 
dus à  ce  Prince  &  à  fon  pcce  ,  &  de  cc^2x 
que  les  prcdéccffeuts  dudic  Gcraud  avoieat 
fendus  aux  Rois  d'Arragon  ,  Comtes  de- 
Provence > Prcdécclleurs de  ce  Prince^ fit 


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»i   MERCUREbEFftAHCË; 

du  beau  &  honorablt  train  qu'il  avoît 
toujours  cetiu  près  dé  leurs  perlonncs  ,  ce 
qui  mût  le  Côititc  à  ufcrd  une  tcHc  libc- 
taliié  à  rcndroic  de  ce  Chevalier.  Voyez 
Bouche,  page  178, qui  cite  le  tréfor  de 
la  Chambre  des  Comptes ,  &  Noftr^da- 
mus  ,  page  1^4.  Il  rut  Gouverneur  dé 
Tarafcpn,  félon  Jerofme.Zurita  ,p.  90; 
Geraud  eut  pour  fils  Ro  niée  &  Geraud  dé 
Villeneuve  II.  du  nom  ;  Romée  fut  Sei- 
gneur de  Villeneuve  ,  Cagncs  ^  Greaulie- 
res ,  la  Gaude  Saint  Jean  net ,  Torenc  i 
Andaon  ,  Courfcgoulcs ,  Scipicrre  ,  Toar- 
lion  9  le  Caftelet  ,  Trigàns  ,  Mauvans  , 
Befauddn  ,  Tourettcs  ,  le  Paget ,  Saine 
Laurent,  Serenon  ,  Caufors  ,  Pugnaforr, 
Châteauneuf,  le  Broc  &  la  Ville  de  Vence  : 
Terres  qu'il  nomme  toutes  dans  fon  Tcfta- 
menr.  Geraud,  fon  frère,  eut  les  Terres  dé 
Trans,  des  Arcs ,  la  Moite ,  Sclans  ,  &  £at 
témoin  â  la  Paix  que  le  Roi  Idelphonfé 
accorda  à  ceux  de  Nice  en  1 2  î  g.  U  cft  (îgné 
d'abord ,  après  l'Evèque  de  Nice  ,  &  avant 
l'Abbé  de  Saint  Pons.  Voyez  Oallia 
Qhrifliana.  Tcfles  fuerunt  ï)omniis  Henri* 
CHS  Nicien.  Epfc.  Ghranius  ^  t^illanovA  , 
GuildbertHS  Abhut  Sanitt  Vontii ,  ff^mus  , 
&Ct  II  eut  pour  fils  Arnaud  de  Villeneu- 
ve^ Seigneur  dcS  mêmes  Tctrés  ,  auquel 
k  Comte  Raymond  Etranger  cottfirma  U 


,y  Google 


llf   A  H  s.     lyçi;         êi 

IDofttrion  fakc  tftir  Ideîphonfc  ,  foft  pcre  , 
à  Geraad  dé  Villcncavt ,  foB  grand  pcrtf^ 
aux  Nones  de  Mai  1239*  Voyez  Bouche  , 

Eage  142  ,  qui  cite  k  ixéTor  de  la  Cbain* 
rc  des  Comptes  >  M.  7,16.  Tefies  fitht 
Dom.  R.  Farcjalien.  Ep.  F.  fntpofit.  Râmeks 
de  niUftavd ,  &c.  De  cet  Arnaud ,  Sei- 
gneur des  Arcs  &  de  Trans ,  viennctt 
toutes  les  autres  branches  de  la  Maifonde 
Villeneuve.  Vous  n'ignorez  pas  que  Hfc- 
lion  de  Villeneuve  ,  Grand  Maître  de 
Rhodes  en  iiii,  étoitfon  petit-fils.  Louis, 
un  de  fes  defcendans ,  connu  d*abord  fcms 
le  noin  de  Seigneur  de  Serenon ,  comraafi- 
da  larmée  navale  de  Charles  VIII.  à  la 
conquête  de  Naples  ,  di  cni  cra  Capitan^ 
JUonfigitore  de  Serenone.  Scip.  Amniirato  , 
Guichardin,Ph.deTZommincs.CePrineelài 
donna  ta  Principauté  d'Avellino,  &  Louis 
XII,qui  l'envoya  deux  fois  Ton  AmbalTadeur 
à  Rome  :  Monfignor  di  Tr^ms  Ordtor  del  Re. 
Voyez  Guichardin,  érigea  en  1 5  o^ ,  laTet- 
dc  Trans  en  Marquilat ,  qui  eft  la  pre- 
mière en  France  honorée  de  cette  dignité. 
En  voilà  aflez  pour  la  preuve  que  je  veut 
en  tirer  de  TextracShon  de  Romée.  Vous- 
verrez  ci-après  par  fon  Teftament  de  Vfn, 
1150,  approuve  par  Pierre  ,  alors  Evêqdc 
de  Vencc,  auquel  il  fait  un  legs,  qVAf- 


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*4  MERCUREDE  FRANCE; 

iiaud  de  Villeneuve  ,  Seigneur  de  Tf anÉ 
&  des  Arcs  »  Chevalier  ,fin  ncven ,  fut  foa 
exécuteur  teftamentaire* 

Permettez-moi  de  faire  ici  une  petite 
analife  du  Roman  de  Michel  Baudiec  , 
d  après  lequel  vous  avez  Tans  dputc  tra- 
vaillé »  Mil  arriva,  dit-il  ,  un  étr^iger 
»  Pèlerin  qui  venoic  de  Saint  Jacques 
«>en  Galice,  perfonnage  doué  àçs  gra-* 
»  ces  du  (forps  &  des  vertus  de  Tame  ;  foa 
m  nom ,  Ton  extraâion ,  (à  Patrie ,  furent 
M  inconnus  à  Raymond  &  à  fa  Cour  ,  & 
9»  fut  roujours  depuis  appelle  le  Romiou, 
»  qui  eh  Langue  Provençale  fîgnific  le 
?•  Pèlerin. 

Le  Comte  Raymond  avott  été  porté  tout 
Jeune  i  Barcclonne  ,  &  les  Auteurs  font 
étonnés  qu'il  fc  trouve  en  Provence  en 
1 2 1((  ,  parce  qu'il  ne  pouvoir  avoir  que 
^à  lo  ans  :  cependant  un  A6ke  cité  dans 
rHiftoircd'Aix ,  prouve  qu'il  y  écoit.Ccb 
fuppofé  ,  Romée  de  Villeneuve  étoit  en 
Provence  avant  lui,  puifquil  acheta  ea 
X  2 1 1  la  terre  de  la  Gaude  de  Guiikupiie 
d*Antrevaux. 

»  Le  Comte  Telcve  aux  premières  dî* 
^gnités  de  fon  État  ^  le  fait  chef  de  fon 
^  Confeil  ic  Sur  -  Intendant  de  fes  fr^ 
0  nanccs» 


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MARS.      1751.  ^î 

La  Charge  de  BajuUs  ,  ou  Grand-Sénc- 
chai  ,  renfccmoit  louces  ces  dignités^  Vo>- 
ci  un  Ade  de  vente  du  Château  de  Drapo 
à  rEvêcjue  de  Nice,  rapporte  par  Bouche^ 
page  257  ,^ù  il  a  mis  dans  des  patenihefct 
TexplicarioD  de  cène  Charge»  Il  dit ,  »>  voi- 
»  ci  un  Titre  qui  prouve  &  fa  famille ,  & 
»  les  Charges  qa  il  exerçoit  dans  certc 
»  Province  ,  &  les  moyens  qu'il  obfervoit 
»  pour  tirer  de  Targenr  ,  fans  charger  les 
»  peuples.  In  Chrifti  nom'wc  an.  à  Nativiia-' 
«>  te  Dêmini  i  laS.  Notum  fit  omnibus  tam 
»  prefemihtts  ^aam  fuîwris ,  {pi^d  ego  Romtm 
ao  df  ytUanova,  >  (  on  fçait  bien  que  cette 
»  famille  eft  une  des  plus  ilîuftrcs  ,  pufiir 
«bien  que  des  plus  anciennes  de  cette 
i>  Province  ,  &  nous  avons  vu  fur  l'a» 
«1140  un  Raymond  de  Villeneuve,]^ 
^  VicArins  &  Bm}uIms,  in  lêco  &  Comitam 
»  ProvincU  3  (  cette  Charge  de  Viguicr  de 

*  de  Btile  a  puis  été  nommée  aux  Régnée 
»  fuivans  du  nom  de-  Grand  -  Sénéchal  ) 
»  Confiimtus  k  Domino  K.  B.  illnfiri^imo  C^ 
»  mite  Provincid ,  &c.  l'an  1 1 S  j.  Le  Cooi- 

•  te  de  Foix  étoît  pourvu  de  cette  Charge: 
»  in  prefintia  Comités  Je  FoiXy  tune  temporis 
i^Bajuli  Pravincid  conftituti.  Voyez  Bou- 
iiche,  pag.  17U 

»  Il  fait  la  paix  entre  le  Comte  de  Pro-; 
>  vence  &  le  Comte  de  Touioufc. 


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U    MERCURE  DE  F&ANCE; 

*   r^î  rappoité  dans  mon  Hiftotre  de  Lati« 
gacdoc ,  aax  preuves  da  troifiéme  corne  ^ 
page  41 6 ,  ce  Traité  de  paix  où  Rofntus  de 
rul4tt9Va ,  &  jilbtrt ,  de  Tdrsfeifm  milites 
font  rémoins  le  5  Juiiler  1^45. 
»  Il  foumer  la  Ville  d'Arles  au  Comre* 
^Voyex  TAftedc  ccrte  fonimffion^  rap* 
porté  par  Bouche,^page  244.  Tefitl^us  Komeo 
de  FilUnava ,  Qmdone  prépo/tta^Barjûlenci , 
Henrico  fréipofitQ  Antifelenfis^  anno  1 1 5  9,  le 
16  Seprembre:  les  Eccléfiàftiqaes  ne  Çc 
lâiCToient  gucres  précéder  que  par  des  Sei- 
gneurs d'un  rang  très-diftingué< 

^>  Il  dégage  le  Doniaine  &  augmente  fan 
i>  revenu. 

Voyez  Bouche,  page  141.  »  En  ce  rcim 
i>  viN^oit  Romée  de  Villeneuve  <  Gran4 
#>.Mifiiftre  d^Etat,  grand  récherche^r  de$ 
M  biens  aliénés ,  fit  céder  ail  Covnre ,  ^tec 
*i\^  Prévôt  de  Barjols 5  le  Chârtau  &  \h 
»>  Jurifdiâion  de  ce  lieu ,  le  premier  AvrH 
»  I1J7.  L'Evcquefic  le  Prévôt  deSehèfS 
a>  le  prirent  po^rArlfttriidails  un  différend 
Hiavcc  le  Comte  de  Provence:  Cmff^mh. 
Jerum  iH  R4me$m  de  f^tllamva^  hO^  cité 
par  Bouche  i  page  i&  54» 

»  Il  validé  l<^à  dâ|efettd$1^nlrt  leCohir»'' 
j>  &  les  Gentils- hommes  dil  pay^. 

Cet  accord  éft  iràp*{«>rté  par  Nèftrada- 
mus,  page  lyo  ^  par  le  grand  Rêmee  ek 
VilUncnve. 


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MARS;        175  t.         4J7 

«i  II  a  deflein  de  remplir  la  Cour  de 

»fon  Maître  de  perfonnesde  mérite  & 

^  attirer  les  Troubadours;  Rambaud  d'O* 

*>  range  eft   puni  par    lui  d*avoir  com* 

»  pofé  on  Livre  intitulé ,  U  MMsirsfc  iA-^ 

Noftradamus^  page  iSj  ,dit  qu'il  foc 
exilé  aux  Ifles  Siecadcs  ou  d'Hiercs  «  p^tf 
le  gréind  Romeo  de  Villeneuve. 

»  Il  fait  la  paix  avec  les  Génois 

Ce  Traité  eft  rapporté  par  Bouche ,  pagtf 
149  :  Prâfemibus  Domimis  K9meo  de  Villéi^ 
MêVd  y  Vice-Dominm  de  Vice-Dominis ,  &c, 
le  21  Juillet  1141. 

I»  Il  marie  les  filles  de  Ton  Maître  avec 
P  trois  Rois  &  un  Empereur. 

M.  de  la  Chaife,  Htft.  de  Saint  Louis  ^ 
tome  I ,  page  180 ,  rapporte  que  le  ma- 
riage de  Marguerite  de  Provence  aveà 
Saint  Louis  fut  fait  par  lavis  de  Romée  de 
Villeneuve. 

Les  fiançailles  de  la  Princeflè  Sance^ 
rapportées  par  Bouche ,  page  249 ,  avec  le 
Conlte  de  Touloufe  >  font  fignécs  par  Ro^ 
mem  ,de  Fillànwé^ 

A  l'égard  de  Béatt ix  ^  il  nj  a  qu*à  lire  ce 
que  j'en  ai  tapponé  dans  mon  Hiftoire  de 
Languedoc ,  page  45 1 9  tome  )•  Noftra- 
damus ,  page  199,  rapporte  le  teftamenc 
de  Raymond  Bcranger,par  lequel  il  laiffe  b 


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'ii   MERCURE  DE  FRANCE 

tutelle  de  fa  fille  •»  à  deux  de  fcs  Barorts, 
i>  Romeo  de  Villencave  6t  Guillaume  de 
»  Cotignac,  les  difpenfe  de  rendre  comp- 
»  te  ,  veut  que  tous  fes  fujets  foicht  tenus 
«  de  leur  obéir  &  jurer  fidélité ,  jiifqu*à  ce 
»  que  la  PrinccflTe  fût  mariée  >  çnrendairc 
V  que  11  l'un  dcfdits  Barons  vcnoit  à  décé- 
'•»  dcr  à  rélcdion  du  reftant  &  de  la  Com- 
»  telTc ,  fa  mcfre ,  il  eu  fut  mis  &  prinsun 
w  autre  de  bonne  &  irréprochable  qualité, 
»  pour  tenir  Ùl  place.  Ruffî ,  page  jci , 
rapporte  le  teftament  original  en  Latin  {& 
fi  cantin^eret  quod  a,licjuh  de  pradiSis  prald» 
fis ,  vel  de  BAromh^s  [Hpradi^is  decederev^ 
aliits  de  terra  ifia  &_nationey  qui  ejus  vicibui 
fitn^cretiir,digatnr  per  àiElam  Comitiffkm  & 
fer  ifuatHor fuperjiites  ^  ita  fcilicet  Cju^d  loc9 
frdUti  préûafus  eligatur^  &  Iocû  militis  miles  *, 
tS^c.  Tefles  vocati  &"fOgm  fuirtint  F.  Bif^ 
7iavem,MittiflerFP.  Min.  in  Prov,  Romeu^  Je 
Fdlftnova,  Gmllelmus  de  Cotignâào^jinfilmms 
Feri  Guido  prapof.Rodriiiâ  BajUlus  V6rcalf> 
&C.I1  me  paroît  que  cette  feule  pièce  fuffi* 
roit  pour  réfuter  cette  fiûion  d'ua  Pelcrirf, 
&  il  faudroit  n'être gucres  inftruit,  pour 
ignorer  que;lâ  qualité  de  Chevili€r,&  for- 
tout  celle  de  Baron  ,  non-fcUlcmcnt  n*eâc 
pas  été  donnée  à  un  inc6nnu  -,  mais  qu'elle 
défignc  les  plus  grands  Seigneurs  d'unEtae. 
Bouchj; ,  page  2(^4,  rapporte  une  Ordoot 


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MA    R    S.      1751.  tfj 

tiance  de  la  Princcflc ,  étant  encore  mineu^ 
JCC ,  de  Tan  1 145 .  Nos  Beatrixfuvcms ,  Dci 
^atia,  Conùtiff*  &  fAarehiomjfM  Provinct€  , 
éiffifientibHs  ^  confcmitmibus  nobis  Rumeo  de 
f^illétnoVM  &  j^lheno  de  Tétrsfeone  adminif^ 
tratoribus  datis  nobis  à  H.  Berengdrio  quon* 
4ani  fatre  nofiro. 

a>  Il  eft  calomnié  par  les  Grands  de  I9 
»  Cour  ;  le  Comte  délibère  de  lui  faire 
9  rendre  compte  ,  &  le  Pèlerin  le  rend  | 
4»  où  il  montre  que  le  Comte  lui  étoit  dé- 
^  bitcur. 

J'ai  dit  ci-deflus  Toccafion  pour  laquelle 
Roméc  rendit  fon  compte  ,  &  la  quittance 
qu'il  reçoit  de  Raymond  Bctcnger  :  tibi 
Romeo  de  Villanova  Ra/ulo  fSr  fideli  nofho. 

»  Il  s'en  va  de  la  Cour  difant ,  pauvrç 
»  je  fuîs  venu ,  pauvre  je  m'en  retourne  % 
»  cet  adieu  dit ,  il  s*en  alla ,  fans  que  les 
j»  prières  ni  les  commandemens  du  Prince 
w  le  pùflTent  retenir  davantage  -,  le  Prince 
»  lui  écrit  -,  il  lui  répond  qu'il  n'a  plus  bc- 
p  foin  de  lui ,  continue  fon  chemin  ,  fans 
»  qu'on  ait  fçu  ce  qu'il  eft  devenu.  Voila 
la  fin  de  ce  Roman.  Il  ne  rae  jeftc  qu'à 
juftifier  Raymond  Berengcr  de  l'ingratitu- 
de dont  on  Taccufe  :  bien  loin  de  pouvoir 
lui  être  reprochée ,  il  combla  de  biens  & 
de  dignités  fon  favori.  Bouche ,  page  ^V)% 
dif  9  que  le  Conuc  voulant  trccoanoîtiç 


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70    MERCURE  DE  FRANCE. 

»lcs  fcrvices  que  Romcc  de  Villeneuve 
a>  lai  avoir  rendus  dans  la  reddition  de  h 
»  Ville  de  Nice ,  lui  donna  la  Ville  de 
p  Vence ,  de  plusieurs  biens  à  GralTe  & 
»à  Nice  le  7  Février  1^30,  donc  il  lui 
w  fit  hommage  le  même  jour.  Item  J)o^ 
fninmm  ^H»d  hahmus  vel  vifijHmms  héibere 
fupra  lêttiverfis  &  fingiiUs  Dominis  pradiSd 
Civitatis»  En  conféquencc  Durand ,  Pré- 
vôt de  l'Eglife  de  Vcnce  ,  en  fon  nom  & 
/en  celui  de  Ton  Chapitre  ,  prêta  hommage 
;aux  enfans  de  Roméc,  Nos  cffe  homines  & 
vajpillosvs0ros,  &  omnia  quA  temmus  in  Ci' 
Vitâte  Vinci$  imhi  CT  extra  &  ejns  tcrritorio^ 
&c.  Et  CCS  mêoîfs  enfans  paflirenc  le  8  Fé- 
vrier 1x95 »ane  Tranfadion avec  TEvêque 
&  le  Chapitre  de  Vence  ,  par  laquelle  ils 
"  quittèrent  TEvêque  de  Thommagc.  Inter 
nohiUs  &fotentes  viros  Dominos  Romewn  Ji 
Vill^nçvs  C  PetrHfn  Romeum  de  F'ilUnova, 
piilites.  Remarquez  que  voila  des  Titres 
tien  rares  dans  ces  lems-U  :  cependant 
quelques-uns  de  fcs  defcendans  ont  exigé 
ctt  hommflgc ,  &  le  Marquis  de  Vcnce , 
plaidant  contre  TEvcquc  de  cette  Ville , 
de  la  Maifon  de  Crillon ,  produific  ces 
deux  Titres  SfÇ  l'hommage  de  Jean  Abra- 
hardi ,  Evêque  de  Vence ,  du  p  Janvier 
1385  ,  qui  eft  aux  termes  les  plus  forts. 
Fecn  homagmm  &  fidclimem  magn^o  <^ 


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MARS.       J75Ȕ  7t 

>atentiviro  Gironde  de  FlUancva ,  diEld  Cûé 
'Jitatis  VmcU  'Domino^  0*  pro  vero  Domino^ 
^  r€Cognovit  ex  certa  fcicmui  fe  ejfe  hominem 
^  t/aJfallHm  iffius  Domini ,  (^  ^Uûdjus  w 
'^/km  EfifiofMm&  Jmos  fuccejfires  hatet^Do* 
mimmm  ^  StgnorUm^ficut  DominHsJuis  vdf^ 
faUh  hdbére  dehu  j,  wnnia  ^U4  tenekat  rffi 
IDominus  ftfifcôfm  habet  &  pe0det ,  vd  vU 
fus  eft  b^bert  ^  tenere  in  diild  Çtvitatis  Fen* 
fU^  intks  &  extm^  &  ejus  ttrritario ,  Domina 
di£la  EccleJÎA  untt  &  poffidet  fro  ipfi  DomU 
no  f^en€i€ ,  (fr  tenere  vkh^fictu  fro  Dominé 
fHo^nec  HbicHmtjHefHHin  Dominium  dene^abit^ 
Cet  hojpmagç  fut  prête  après  avoir  v4 
riaféodatioH  faite  à  Rôtn^c  cle  Villeneuve, 
Vifit  ^  infpeUis  cum  diligentiâ  privtlegUs 
CQttcejJis  Domino  Romeo  de  Vill^ne^a,. 

Il  ne  me  rcftc  plus  qu'à  prouver  qucca 
Pèlerin  prét^udu  ,  dont  on  n'a  plus  riea 
appris ,  êft  mort  en  Provence, 

Rotnée  tomba  n^alade  au  Château  des 
Arcs  ,  chez  Arnaud  de  Villeneuve,  Sei- 
gneur deTrans&  des  Arcs,  fon  neveu j 
foh  tcft^mcnt  eft  aux  Archives  de  t'Evc-ê 
che  <ie  Vence,  Bouche,  page  237,  en 
rapporte  des  fragniens ,  &  dit  >  »  que  c  c(t 
>»  une  pièce  curicufe ,  qui  eft  trop  longuo 
H  pour  la  donner  en  entier  ^  il  s'en  fcrc 
»  pour  prouver  que  la  fervitude  fubfiftoit 
I»  encore  ^^ifquc  Romée  doniie  la  libei:^' 


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71    MERCURE  DE  FRANCE 

>i  te  à  Jean  Manumitco ,  &  veut  que  Ton 
»»  vende  tous  les  Sarrafins  &  Sarrafincs  de 
n  fa  Terre  de  Villeneuve.  Il  y  en  a  une 
copie  dans  les  manufcrici  de  la  Bibloché- 
que  du  Roi;  la  fimplicité  du  rems  fait 
qu'on  n'y  trouve  pas  de  ces  titres  faûueux 
qui  (ont  venus  en  ufage  depuis ,  puifqae 
^ans  VAStc  cité  ci-deiliis  des  fiançailles  de 
Ja  Prijiccflc  Sance  ,  les  Comtes  de  Toulou- 
fc  &  de  Provence  ne  prennent  que  la  qua- 
lité de  noble  honime  :  Recipimus  fîos  Sun- 
ciamfiliam  mhilisviri  Raimundi  Berengarït^ 
Comitis  Provinc'iA. 

Teflamentum  mbilis  viri  Domim  Remet  ds 
VillanevA  militis  anm  125  o^die^ .  menfis  De* 
cemhrts  ,  fer  Magifirum  Hugoncm  Mcrcadt" 
ris  Noiarinm  pubticHm.  Il  fait  fon  héritier 
Paul  de  Villeneuve ,  fon  fils  aîné ,  fait  des 
legs  à  Pierre  Romée  ,  fon  cadet ,  à  Béacrix 
fa  fille ,  qui  fut  m  riée  au  Prinç/r  Hugues 
des  Baux  ,  nomme  pour  Exécuteur  de  foa 
Teftameiit  Arnaud  de  Villeneuve,  Sei- 
gneur des  Arcs  &  de  Tranç ,  Nepoiem/Hum, 
fait  des  legs  à  deux  de  fe$  Chevaliers , 
Mtl^tbus  fdelihus  meis ,  &  à  deux  de  /es 
Ecuyers ,  Scmifcyis  meis. 

Je  crois,  Monficur,  que  voila  tout  ce 
qui  fe  peut  dire  fur  un  tel  fujer^  Mrs  de 
Vence,  defccndans  jde  ce  grand  homme  > 
me  iCctont  peuc-e^c  obligés  dç$  rçchet  ches 


,y  Google 


MARS.      Î7JÎ.  7) 

4quc  voKc  fragmcne  m*a  obligé  de  faire  ^ 
éc  fj  xtoavc  une  occafion  de  vons  adurcr 
dès  fcntiincns  d'clliiiie>&  de  rcfpcâ:  avec 
le£quek  j'ai  Thonneur  d'ècre ,  Moniîcur  ^ 
votre,  &c« 

D.  Vdijfete. 

A  Taris\  le  1 1  Janvier  175 1. 

L^Ecablifleracnt  de  TEcole  Royale  Mi- 
litaire eft  un  des  plus  uriles  &  des 
plus  nobles  établiffcmens  qui  ayent  jamais 
ét^  faits.  M.  le  Chevalier  Lautés  a  bien 
vu  l'ioipoctance  du  projet,  &  bien  exprimé 
les  avantages  que  la  Fr^ice  en  retirera* 
Ses  vers  fdnt  àt&  vers  de  icniitnent ,  & 
£ont  autant  d'honneur  au  Citoyen  qu'an 
Poëte, 

EPITRE    AU    ROI, 

'fiur  Vétablijftmertt  de  rÉcole  Royale  &  MU 
'  Jitaire.  Par  M.  le  Chevalier  L  a  u  r  e's. 

UN  grand  Roi ,  don  dn  Ciel ,  fruic  péniblq 
des  tems , 

>îc  ccflc  de  vcrfcr  des  bienfaits  éclatans. 

Cétôic  donc  peu  ^  Louis ,  de  couronner  ta  gloire  ** 

fia  li?ian(  à  la  paix  le  prix  de  la  ri<floire  : 

D 


,y  Google 


74    MERCUREDE  FRANC 

C'rftoit  peu  Je  venger  pot  on  regard  dmn    . 
Ces  Héros  Plébéyens .  oocragés  du  Deâio  $ 
Qui  par  tant  de  aairanx  accufant  Tes  caprices  » 
Comptoieut  au  iieo  d*ayeax  d'illuflres  cicatrice»  ' 
Qpoi  !  fous  toQ  aîle  encor  tu  vas  donc  réaav: 
Ces  jeunes  NourrifTous  ,  l'efpoir  de  l'arenir  , 
Le  plus  pur  du  beau  faog  dont  s'applaudit  la  Fraocei 
O  vertu,  folis  mon  Roi ,  quelle  eft  ta  réconipenfel 
L'éclat  dont  il  te  couvre,  embrafle  tons  les  tcms  ; 
Des  Ancêtres  il  pafle  à  leurs  derniers  enfans. 
Il  les  coivfacre  tous  :  fous  l'empire  d'un  Sage., 
Tes  droits  font  des  fujets  le  plus  riche  héritage. 
Vous,  Citoyens  fameux,  qui  fûtes  autrefois 
Les  défenfeurs  du  Trône  ,  ou  le  foutieii  des  Loir  ; 
FranchiŒ^z  à  aies  foos  les  rives  ténébreufes  • 
ilccourez  parmi  noos*  voyez  ,  Ombres  h^ireofês 
Quel  liftrc  fàri  vos  ooiiis  ùk  rejaillir  Louis. 
Pour  acquitter  nos  coeurs  il  adapte  vos  fils  : 
De  Ton  augufte  fein  l'amour  les  £siit  renaître  ; 
Qu'il  cû  dour  de  devoir  fÎLfpleadeuri-(ba  Haltrei 
Le  befpia  ^  ce  ^yran^  qui^ourfeit  la  v«stu^ 
Tietk  foùVent  fous  fôn  fo'ng  le  couirage  a6atftu'  ^ 
L'mdîgeat  foie  èm  jour  HmpMtune  lomiere  $  ^ 

Sous  de  triftes  lambeaux  Couché  d^ns  lapouflîere;, 
rnutile ,  il  languit  dans  un  affreux  repos  ; 
Son  pays  perd  un  homme ,  8c  la  gloire  un  Héros. 
Refpirez ,  vous  qq'opptime  un  deftîn  fi  barbare  :      . 
Louis  voit  vos  malheurs  ,  (bupîre  &  les  répare, 
I^  des  nœuds  immortcîs  il  eachatne  (es  dons; 


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MARS.        1751:         75 

Vol  dc(lins  fotic  liés  aux  deftins  jes  Bourbons. 
Qacl  eft  i'obftacif  encor  que  votre  cœur  rçiioute  | 
Va  Dieu  Tiefic  ^  9c  du  Ciel  il  tous  ouvre  la  route. 
O  teadrefle  /  6  pouvoir  !  de  fes  rayons  frappés  9 
Que  de  germes  lieureas  ferout  développés  ! 
Je  les  vois  ces  Aiglons ,  formés  fous  Ton  !  gide, 
S'arràer  de  Ton  tonnerre ,  8c  dans  leur  vol  rapide , 
Faire  tomber  fes  coups  fur  cent  murs  chancelans. 
]e  vois  ces  fiers  Lions  ,  les  yeux  étincelans , 
L'air  terrible ,  affronter  &  le  fer  8c  la  flâ.ne. 
Que  l'ardeur  ,  difentils  ,  qu'il  fouffla  dans  notre 

ame  , 
Entante  des  exploits  dignes  de  ce  Titus. 
Nons  comptons  fes  bienfaits  ^  qu'il  compte  nos 

vertus. 
Dans  ce  champ  de  carnage  od  régne  fa  vengeance, 
Ccavons  en  traits  de  ûtng  notre  reconnoiflance. 
Que  partout  l'ennen^i  reconnoiffe  a  nos  coups 
Quel  Roi  guidie  nos  bras  8c  triomphe  avec  nous» 
Mais ,  Acs  cnfans  de  Mars  la  Seine  environnée  , 
Xoule  orgueillenfement  fon  onde  fortunée  ; 
Tout  charme  fur  fes  bords  fes  avides  regards  ; 
Elle  y  voit  le  berceau  ^  l'afile  des  CéCirs  : 
La  Nymphe  s'applaudit ,  &  tourâ-tour  contemple 
Dans  la  lice ,  l'Emule ,  8c  dam  le  port  ,l?cxemple. 
Du  même  zélé  épris  les  grands  Rois  font  rivaux. 
La  gloire  d'un  bienfait  en  produit  de  nouveaux. 
D'ane  main  qu'embellit  leur  noble  impatience, 
^  Pcnvi  fin  leur  peuple  ils  vctfcnt  l'abondance, 

Dij 


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76    MERCURE  DE  FRANCE, 

Tel ,  du  vainqueur  du  Rhin ,  l'héritier  généreux  * 
Lui  difpuce  l'honneur  de  faire  des  heureux. 
Tel  du  trône  des  airs ,  dans  (ia  courfe  fécoadc  i 
Le  Soleil  renaifTant  yient  enrichit  le  monde^ 
CVft  ainfi  qu'à  l'abri  du  ravage  à^s  tems  , 
Louis  >  de  fa  grandeur  pofe  les  fondemens, 
5a  valeur  la  commence  «  &  fa  bonté  l'achevé; 
Lès  rameaux  languiflans ,  qu'il  ranime  &  relevé  l 
Dans  d'autres  rejettons  i  jamais  reproduits , 
L'honoreront  fans  cefle  en  fe  couvrant  de  fraies, 
Bpoux  y  mères ,  énfans ,  iront  dans  tous  lestages 
Couronner  de  lauriers ,  encenfer  fçs  images. 
Leurs  mains  embraiTeront  ces  facrés  monumens  \ 
pes  plçurs  délicieux  dans  ces  heureux  momens^ 
Peindront  les  doux  tanfports  de  leur  ame  attea** 

drie; 
Xeuxs  vœux  t'invoqueront ,  ô  Dieu  dç  la  Patrie  g 
Et  tes  yeux  enchantés,  dans  ce  brillant  féjour , 
Nç  verront  plus  qa'ua  Tçmple  enflammé  pac 

l'AmQttr. 


4S^ 


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MARS.      lyfu         77 
LETTRE 

i)â    M.  TôHjfaint   a  un  Afni. 

3E  ne  m'engage  point ,  Mondeur  >  à  ce 
que  vous  me  demandez  \  je  fais  grand 
cas  de  votre  amitié ,  &  vous  le  fçavez  \ 
mais  jugez  vous  m&me  fi  vous  pouvez  en 
<x>nrcience  exiger  de  moi ,  fous  peine  de 
me  vouloir  du  mal ,  que  jc.m*aille  brouil- 
ler avec  tout  l'Univers  pour  vous  procurer 
une  légère  facisfaâion.  C'eft  pourtant  ce 
qui  m  arriveroit  infailliblement,  fi  j'entrc- 
prenois  de  vous  envoyer  par  tous  les  ordi« 
naires ,  des  £:(traits  raifonnés  des  nouveaux 
Ouvrages  de  Littéramte.  La  proJFeflîon  de 
Critique  Littéraire  eft  un  métier  où  il  n'y  a 
qu'à  perdre.Celui  qui  ofc  le  faire  eft  un  vrai 
Loup  dans  le  bercail  àt^  Lettres ,  un  Loup 
qu'on  détefte,  comme  de  raifon,  un  Loup  à 
qui  chacun  cherche  à  nuire ,  &  dont  oa 
croit  que  la  ruine  importe  au  bien  public. 
Et  quand ,  par  impofiible ,  je  n'aurots 
point  à  craindre  la  ligue  de  tous  les  beaux 
efprits  ^  j'aurois  à  me  défier  de  moi-même. 
Qui  m'cmpcche  de  faire  par  ignorance 
quelque  bcyûe  qui  nae  deshonore  ?  Je  fup- 
pgfc  même  que  je  ne  touchâlfe  point  aux 

D  iij 


,y  Google 


7$    MERCUREDE  FRANCE. 

ouvrages  fcicntifiqacs ,  qbc  je  laiflàffc  Ics^ 
Traités  de  Mathématiques ,  de  Phyfîque, 
de  Théologie,  de  Droq,  de  Médecine  & 
autres  pouf  ce  qu'ils  font  (car  qui  pour- 
roit  fuftire  à  une  carrière  fi  yafte  î  \  Que 
je  ne  dîflTc  mon  avis  que  fur  des  ouvrages 
de  Bclles.Letttits  &  de  bel  cfprif,  fuis  je 
affcz  vain  pour  me  Batter  de  remplir  di- 
gnement une  tâche  encore  il  foae  >  J'aurai 
à  rendre  compte  d'un  Difcours  Académi- 
que ,  d'un  Plaidoyer  ,  d'un  Sermon  -,  il 
faut    pour  cela  bien  pôflcder  ,  non    ps 
feulement  les  régies  ,  mais  auflî   le  bon 
goût  de  l'éloquence.  Il  s*agira*  d'un  ou- 
vrage Dramatique  y  d'uii  Sonner  j  d'une 
idylle,  d'une  Ode  Anacréonrique ;  outre 
la  connoiflince  du  méchaniqne  de  ces  pîé* 
ces ,  vous  fçavcz  quelle  finefte ,  quelle  dé- 
licatcfleil  faut-àvoir  pouf  en  bîenjueer» 
Ce  n'eft  pas  en  s'appdfantiflant  fur  la  let- 
tre ,  qu'on  aprécie  avec  juftcflc  les  ouvra- 
ges d'efprit^  Ce  fera  un  ouvrage  de  Mo- 
rale ou  de  cette  belle  Métaphyfiqdc  cto 
cœur ,  dont  le  fiécle  eft  fi  friand ,  qui  s'ofc 
frira  à  ma  cçnfure  ;  viendra-i'il  un  Apol- 
lon rôut  exprès  m'inftruire  du  plan   de 
TAuteur  ,  &  me  communiquer  fes  vues  > 
Sans  cela  pourtant  j'en  ferai  mal  la  critî* 
que.  Dans  chaque  chofe  il  faut  voir  l'ef* 
prit  i  la  lettre  tue*  Et  tel  entreprend  1% 


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MARS.         1751.         7j 

cenfurc  d'an  long  oavrage  qui  ne  l'a  pas 
fçû  lire ,  j'entends  lire  avec  intelligence. 

Vous  voyez  donc ,  Monfieur ,  qu'il  n'y 
-a  perfonne  de  trop  bon  pour  le  métier  de 
Cenfeur  Littéraire  ;  qu'il  exige  tous  les 
f  alens  ncceflàires  à  celui  q«i  opère  ;  c'eft* 
a-dire^ outre  les  lumières  &  les  connoiC- 
"fances  ,  on  génie  ,  une  fineflfc ,  une  judi- 
ciaire exquife.  Et  moi ,  eft  ce  que  je  poflfe- 
tle  tout  cela  ? 
^  Vous  me  direz  pçut-ctre  que  vous  fe- 
riez difcrct,&  ne  montreriez  pas  mes  Let- 
tres; 8c  moi  je  dis  que  vous  ne  k  (criez 
pas  &  les  montreriez;  on  les   tranfcti- 
roit ,  on  ks  imprimeroit  fous  le  titre  de 
'Pièces  dérobées  ^  &  je  ferois  vidimc  du  lar- 
tM:  D'ailleurs  les  ayant  une  fois  faites^, 
que  fçavez-vous ,  fi  intérieur^tnent ,  mal- 
gré toutes  les  mines  que  je  ferois  du  con- 
traire ,  je  ne  défîrerois  pas  qu'elles  devin  f- 
fent  publiques  1  Cette  vanité  cîl  le  péché 
mignon  de  ceux  qui  écrivent.  Je  veux 
donc  me  tuqttre  à  l'abri  de  k  tentation  en 
n'écrivanr  point. 

Donci  Monfieur, je  ne  fois  pas  votre 
hommppour  les  Gazettes  Littéraires  j  ce- 
pendant, afin  de  payer  en  partie  k  tribut 
dû  à  l'amitié ,  je  vais  vous  donner  l'extraie 
du  feul  Ouvrage  de  marque  qui  ait  paru 
ici  au  commencement  de  cette  année, 

D  iiij 


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So    MERCUREDEFRANCE; 

mais  i  condition  que  ce  fêta  une  fois  pomf 
toutes ,  Se  fans  tirer  à  conféquencc,  D  ail- 
leurs l'ouvrage  vaut,  bien  la  peine  que  je 
me  relâche  de  mon  inflexibiliré  en  fa  fa* 
veur.  î 

L'Edition  donc  je  vous  rends  compte 
(  car  il  y  en  a  une  antériei^re  )  a  pour  titre  r 
JHémaires  pour  fervir  a  PHiftoin  de  Brart>^ 
debourg  ,  en  deux  parties.  Tune  de  25  j 
pages,  l'autre  de  247,  petit  /»-8°.  fans 
-lïom  d'Auteur ,  dlmprimeur,  ni  de  Ville, 
&pour  date  175 1. 

Sans  compter  quelques  hors-d'œuvres, 
qtti  font  rejettes  à  la  fin ,  louvragc  coo» 
lient  trois  morceaux  importans,- 

Le  premier  cft  comme  une  Chroni(jn6 

des  Markgraves  Eleveurs  de  Brandebourg 

Le  fécond  eft  un  morceau  plus  raifonné 

.  fur  le  progrès  des  Mœurs  ,  des  Arts  ,  des 

Sciences ,  des  Ufages  &  des  Coutumes  des 

\Marches  Brandcbourgeoifes. 

Le  troifiéme  eft  l'Hiftoire  des  Religions 
de  ce  même  Pays. 

Les  deux  Pièces  rejettces  à  la  fin  ,  font 
l'Eloge  du  Général  de  Goltze ,  &  celui  de 
M.  deBorck.  ^ 

L  Dans  le  morceau  que  j'appelle  la  Chr$^ 
nique ,  TAuteur  parcourt  légèrement  toute 
la  defcendance  des  ^arkgraves  de  Bran- 
debourgs dont  il  compte  fix  races  ^  a% 


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MARS.         175  ï.         8^1. 

Commençant  par  Taflîllon ,  premier  Com- 
te de  HohenzoIIern. 

Il  paflc  rapidement  fur  les  quatre  pre- 
mières races ,  &  commence  la  première  i 
Frédéric  VI  ,  Burgrave  de  Nuremberg  > 
qui  en  141 5  reçut  de  TEmpereur  Sigif- 
Blond  la  donation  du  Markgraviat  de 
Brandebonrg  ,  fous  le  nom  de  Frédéric  I  , 
dont  le  fils  de  Frédéric  II  ,  fut  furnommé 
Dern  de  fer. 

Ce  fut  une  mode  pendant  quelques  gé- 
nérations de  donner  au  Prince  un  fumom 
rire  de  lUiftoire  ancienne ,  relatif  aux 
qualités  qu'il  avoit  oh  qu'on  lui  fuppofoit» 
(  Les  fmrnoms  donnés  aux  Princes  vivans  , 
non-plus  que  les  trophées  érigés  en  leui: 
honneur ,  ne  iont  pas  pour  la  Podéricé. 
des  attcftations  bien  (ures  de  leur  mérite 
ou  de  leurs  talens.  )  Albert ,  fucceâfeur  At 
Frédéric  II ,  fut  furnommé  Achille  v  fon 
£ls  Jean  fut  appelle  Cicéron,  à  caufe  de 
fon  éloqi^nce ,  qui  pourtant  n  eût  pas  été 
d'un  grand  poids  fans  la  bravoure  dont  ii 
la  fecondoit.  Il  eut  pour  fils  &  pour  fuc- 
ceffcur  Joachim  I ,  dit  Neftor  ,  qui  malgré 
fon  furnom  ne  vécut,  pas  cinquante  ans,  . 
£c  lai(fa  en  fa  place  Joacbitp  II  >  qui  fe  fie 
l^urhérien  en  15: 5P-  L'Hiftorien  à  cette 
occafion  remonte  aux  évenemens  qui  oti^; 
^miené  ce  changement» 


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Si.    MERCURE  DE  FRANCE; 

Depuis  la  Réforme ,  les  Princes  de  Bran^ 
dcbourg  n'eurent  plus  l'honneur  de  porter 
des  noms  Grecs  ou  Latins.  Ce  Joachim  II, 

2 ni  mourut  fans  furnom ,  eue  pour  facceC- 
rur  fon  fils  ,  qu'on  appella  tout  Simple- 
ment Jean-George  ,  auquel  fuoceda  Joa- 
chîm-Fredéric.  Celui-ci  fut  le  premier 
Prince  qui  établît  un  Confcil  d'Etat, 
j»  preuve ,  dit  le  Chroniqueur ,  de  la  belle 
0»  adminiftration  qui  avoir  précédé.U  laiSk 
pour  fucceflcur  Jean  Sîgifmond ,  qai  reçue 
de  Sigifmnd  III ,  Roi  de  Pologne ,  Tin- 
veftiture  de  la  Pruflfe ,  pour  lui  &  fes  def- 
cendans.  C'étoit  la  troifiéme  fois  que  l'in-  1 
Teftiture  en  étoit  donnée  à  la  Maîfoti 
Eleddrale.  Ici  eft  placée  une  di^rcflion  cu- 
ricufc  fur  THiftoirc  de  la  Pruffc  (ufqu'à  ce 
tems-là. 

Jean  Sigifmohd  laiflfa  la  Pruffe  &  lïlec- 
torat  à  fon  fils  George-Guillaun^ ,  dont  la 
Régence  fut  une  fuite  &  peut-être  une 
fource  perpétuelle  de  malheurs  pendant 
3Q  ans.Mai^  Frédéric-Guillaume ,  furnon>- 
iué  le  Grand  >  qui  lui  fucceda,  répara  bien 
avantageufement  les  défordres  de  Tadmi- 
niftration  de  fort  père.  Il  commença  à 
gouverner  à  1  âge  de  vingt  ans.  C'eft  à  ce 
Prince  que  la  Prulïc  doit  tout  l'éclat  donc 
elle  jouit  aujourdhuî. 

Frédéric ,  fon  fils  >  recevant  d^  mains  j 


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'^        M  A  il  S;       I7fn  «3 

cle  fon  père  un  Eut  florUIknr ,  voulut /oîn- 
<lre  les  cictes  à  la  puidance  réeUe  *,  il  fon- 
gea  à  (c  faire  déclarer  Roi ,  &  y  réuffir.  Il 
fut  couronné  en  cette  qualité  en  1701. 

Quoique  faye  prcfcntc  cette  première 
-partie  comme  une  (impie  Chr^niifHc  >  je 
ii'ai  pas  entendu  par4i  qu'elle  foit  traitée 
avec  fecbcreâe  ou  aridité  >  mais  feulemeoc 
,-quc  les  faits  n'y  font  rapportés  que  fora- 
mairement  »  ce  qui  n'a  pas  empêché  que 
TAuteor  n'y  ait  femé  t^anticé  de  traits 
faitlans»  foit  de  morale  ou  de  politique>  5c 
des  portraits  par/^temct^t  bien  tr>acé^ 

Pà  exemple^  i  propos  db$  Tournois 

^meurtriers  dont  s'amufoieitt  aurrefois  les 

•Princes ,  &  d'où  Albert ,  furnomtnéAchiJi* 

le  ,  fortit  dix-fept  fois  viâorîeux,  %\  fair 

une  remarque  digne  d'un  comr  humain  Se 

«l'une  belle  ame.  t>  On  &i(btt ,  dit-il ,  d^uis 

99CC&  fiédes  groffiers  le  même  cas  de  Ta- 

oft  drefle  jéu  corps  que  J  on  en  ât  du  téms 

«dHomerc.  Notre    ficelé  pluis    éclairé» 

'»  n'accorde  Ton  eftime  qtt'aag  tatens  de 

■M  l'efprit  Ccicts  Tertus  qui  élevant  llK>m* 

s» mè  prefque  audeâus  de  fa  coadi;tion » 

9»  lui  tout  fouler  fes  paffioos  fou^  les  pieds 

9»  £6  le  rencknt  biénifaifant  >  généreiix  Se 

n  fecotirable. 

Il  en  fut  une  autre  du  même  genre  fur 
•ce  que  Charles  II  déelaia  h  guerre  ata 

D  vj 


,y  Google 


«4    MERCURE  DE  FRANCE: 

Anglois,fou$  prétexrc  que  Meffieurs  cîe 

'V^ic  avoicnc  un  portcair  fcandaleux  daf» 

'  leur  maifon.  (  Ce  portrait ,  dit- on  y  repré-* 

fentoit  une  bataille  navale  que  les  Hol- 

landois  avoient  gagnée  fur  l'Angleterre.  ) 

s>  Faut-il ,  dit  notre  Ecrivain ,  que  de  pa« 

j>reils  fujets  deviennent  Torigine  de  la 

»  ruine  des  Provinces  y  &  que  Icfpece  hu- 

*»>inaine  prodigue  (a  vie  &  répande  fba 

>  (àng  pour  fatisfaire  aux  Eintaifîes  8c  an 

»  caprice  bizarre  d'un  feul  homme? 

Il  a  ofé  erre  d'un  avis  diflferent  des  Doc- 
tes &  des  P^hiiofophes  du  fiécle  dernier  aa 
fu^et  de  l'abdication  de  la  Reine  Ckrifti-- 
*  ne  :  »  Aux  yeux  des  f^es ,  di^il  y  la  con- 
j»  duite  de  cette  Reine  ne  parut  qu'étrange* 
j»  Elle  ne  méritoit  ni  louange  ni  blâme 
»  d'avoir  quitté  le  Trône  ^  une  pareille  ac- 
»  tion  n'acquiert  de  grandeiK  que  par  les 
ji  circonftances  qui  l'accompagnent  Se  par 
«»  la  magnanimité  dont  elle  eft  (butenue 
lj>  dans  la  fuite» 

Mais  il  pcnfe  comme  tous  les  pofitiques 
intelligens  fur  la  révocation  de  TEdit  de 
Nantes. 

il  expofe  briévemenrA  ÎAgéiieiirenient 
les-  motifs  qui  introduidrcnr  la  réforme 
dans  différentes  contrées  de  l'Europe.  »  Bu 
j»  Allemagne,  dit-il,  ce  fut  l^uvrage  de 
P  rintérêc  ^  en  Angleterre  celui  de  l'a-r 


,y  Google 


""      MARS.       i75t:        ti 

^mour,  &  en  Fiance  celui  de  la  noi»^ 
a»  veauté» 

Sur  la  fin  de  ce  premier  morceau ,  lE 
fcmble  tirer  de  fon  récit  même  cette  bel- 
le réflexion  que  le  fort  alternatif  des  arme;» 
devroit  faire  naître  naturcUcmcnt  aa« 
Princes  remuans  &  inquiets.  »  Si  les  honv- 
^  mesétoient  capables  de  raifon  ^feroienc- 
9»  ils  des  guerres  fi  longues^fi  acharnées  &  & 
j>  onéreufes  pour  en  rerenir  pourtant  à  des 
■«conditions  de  paix,*qui  ne  leur  paroiÛenc 
>»  intolérables  que  dans  les  momens  où  k 
^  paffion  les  gouverne ,  ou  dans  lefquels 
»  la  forruae  leur  rit  ? 

A  propos  de  la  difgrace  de  Dankalmani>^ 
envoyé  à  Spandaul  pour  avoir  dit  fes  feu- 
timens  avec  hardic^e  fur  le  projet  de 
Royauté  de  Frédéric  :  m  II  y  a ,  dtr  notre 
a>  Auteur ,  un  milieu  entre  le  poifon  de  la 
9$  flatterie  &  la  rigidité  falutairç  de  la  vé«- 
»  rite  ,  qiii  fe  peut  concilier  avec  le  carac- 
»  tére  d'un  hoipme  d*honneur.  Les  leçons 
■»  d'un  mifantropc  révoltent ,  mais  les  con- 
»  feils  dont  on  modifie  la  rudefTe  ,  font 
^  comme  le  miel  dont  on  a  frotté  les  bords 
M  d'un  vafe  rempli  d'abfinthe.  Ccft  un  vé- 
-»  hicule  qui  en  dérobe  l'amertume.  Hcit- 
»  rcux  font  les  Princes ,  ajoûte-i*il ,  dont 
»'Us  oreillts  moins  délicates  aiment  k 
IP  vérité  ^  lors  même  qu  elle  eft  prodiguée 


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ff    MEilGUREErEPÎlAlSICE 

*«?  par  (des  bouches  ia^iiTcrecc es  ;  nuits  c'^ 
»  un  effort  de  vertu  dont  peu  d^^ounes 
•»  font  capables. 

Voulez-vous ,  Monficur ,  voir  des  poN 

^aits  de  notre  Ecrivain  ^en  vaiciquelquei» 

:ëchaQtilloiis  :  pour  le  furplus  recourez  à 

rOuvragc  même  ^  d*où  je  les  tire ,  car  \i 

ierois  bien  fôcbé  que  vous  ne  le  luifiez  pas. 

w  Frcdcric-Guillaumc  reçut  le  fumom  de 
»  Grand  ,  &  l  etoit  effeûivemcnt ....  Il 
-»  femblc  que  par  méprife  la  Nature  -avoit 
1» uni  en  lui  lame  d'un  grand  Roi  à  la  for- 
.^  tune  médiocre  d'un  Eleâfcur  :  On  vit 
9>  pendant  Ton  règne  les  aâdons  d'une  anie 
M  forte  &  d'un  génie  fupcrieur  -,  taatot 
»  tempéré  par  la  prudence ,  tancoc  pofr- 
»  tant  ce  caradtéred'entboufîafnîe ,  quicn- 
I»  levé  nocrc  admiration  ;  inépuifable  en  ttC- 
«  foUrces ,  fans  le  fccours  étranger  vformaat 
«•fes  proîpts  loi  même  &  les  mettant  en 
'^  exécution  ^  rétabliflànt  par  fa  fagefle  un 
:»  pays  abîmé  ;  acquérant  de  nouveaux  Etats 
Jb  par  fa  politique  &  fa  prudence  ;  affiftant 
nCcs  Alliés,  &  défendant  fcs  peuples  par 
*f  fa  valeur ,  &  toujours  également  grand 
^  dans  tout  ce  qu'il  entreprenoit .  • . .  ^ . 
Et  quarante  pages  plus  bas  :  »  Frédéric* 
^  Guillaume ,  qui  étoit  le  défenfcur  de  fcs 
«  fujcrs  en  tems  de  guerre ,  avait  la  nobit 
j»  ambition  de-lc^t  fcrvir^  pcrc  ca  tcras 


>y  Google 


MARS.       t7$i:        «^ 

«  ic  patx.  Il  foolageoic  les  familles  rainée» 
9»  par  les  ennemis.  Il  xclevoir  les  roorailie» 
M  abacrues  des  Villes  -,  les  forets,  les  bête» 
»  fêroces  qui  les  habitoient  difpatoiflbicnt 
»poar  faire  place  à  des  Colonies  de  Lz^ 
j»  boarenrs  &  à  de  nombreuxtroupeaux...» 
t  L'induftrie  fi  utile  &  fi  méprifée,  Téco^ 
o  nomie  rurale  étotc  encouragée  ,  &c. 
Cinquante  autres  pages  plus  loin  :  »  La 
»  {àgcfie  ,  la  fermeté  ,  la  pénétration  & 
3  toutes  les  vertus  de  ce  Prince  fe  modi<r 
m  Soient  félon  les  circonftanccs  ou  il  fe 
ji  trouYoit ,  &  paroifToient  tantôt  plus  fu* 
m  blitnes^  tantôt  plus  douces  oc  plusfecou* 
a»  râbles ,  mais  toujours  affujetrics  aux  prin* 
i»cipesde  la  jufticè&  ne  tendant  qu'i  la 
»  gloire  de  fon  règne  Se  au  bien  de  l'hu*- 
«  manité.  Et  dix-huit  pages  plus  loin  ;  Fro- 
;»  dérîc-Guillaume  avoir  toutes  les  qualité» 
»  qui  font  les  grands  hommes ,  &  la  Pra- 
P  vidence  lut  rournir  routes  les  occafion» 
^propres  à  les  déployer.  Il  donna  de» 
9»  marques  de  fa  prudence  dans  un  âge  oà 
>>lajcune(Fe  indocile  &  fougucufe  n'ca 
j»  donne  qtie  de  fcs  égaremcns*  Il  ne  pervei?- 
»  rit  jamais  fa  valeur  héroïque  par  un  coo- 
»  damnable  ^bus ,  &  il  n'employa  fon  coti- 
»  rage  qu'à  la  défenfe  de  (es  Etats  &  aa 
>»  fecours  de  fes  Alliés^  Il  étoit  prévoyant 
»  Se  fage  >  ce  qui  le  rendit  grand  politique» 


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n    MERCURE  OETRAP^Ë. 

»  Il  écoic  laborieux  &  hatnaia,  ce  qui  le 
m  rendit  bon  Prince  • . .  Il  fat  le  reftaura-* 
^  tear  &  défenfcar  de  Ton  pays ,  le  fonda* 
»tear  de  fa  poiflance  ,  l'arbitre  de  fes 
»  égaux  &  l'honneur  de  fa  Nation.  i 

Le  portrait  que  notre  Auteur  fait  du 
Roi  Jacques  n'eft  p:^  à  l'avantage  de  Tort-* 
ginal  ;  mais  ce  ndl  quelquefois  pas*iâ  un 
yice  dans  un  portrait. 

Guillaume ,  gendre  de  Jacques,  qu^oa 
appelloit  Roi  de  Hollande  &  Stathoudee 
d'Angleterre,  ne  paroît  pas  non  plus  dans 
les  Mémùires^dcdcti%  lignes  plus  haut  qu'il 
n  ctoit.  L'Auteur  qui  les  a  écrits  prend 
olTez  bien  la  mefure  des  gens. 
.  Voyez  le  parallèle  de  Frédéric  le  Grand 
^  de  Louis  le  Grand  ^  page  zio  de  la  pre^ 
micre  partie.  Il  ncfiéroit  pas  à  un  François 
de  le  tanfcrire  ici  ;  on  y  a  dôimé  trop  d# 
fupériorité  an  Héros  Pruflîen. 

Voyez  celui  du  Czar  Piètre  ,  page  z  i  ^ 
ic  celui  de  la  Reine  Sophie-Charlotte  > 
pages  46  &  135; 

II.  Par  rapport  au  fécond  morceau  qui  a 

I)our  titre ,  des  Mœurs ,  des  Contimes ,  &ci 
'Auteur  lui-même  nous  en  donne  une  idée 
en  commençant .  »  Je  n'y  préfente ,  dit-il, 
a»  au  Ledeur  qu'un  choix  des  traits  les 
^  plus*    appans  &c  les  plus  caraârértftiques 

^r  ie  des  Brandeix)urgeois» 
^»  du  gêti 


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MARS.      tf$t:        8^ 

Ce  morceau  cft  encore  plus  fourni  que 
le  premier  ,  de  penfées  fines ,  de  maximes 
jadicieufes,  d'exprcffions  heurcufes.  L'Au- 
teur y  eft  moins  Hiftorien  &  plus  Philofa- 
phe  j  or  c'cft  quelque  chofe  de  bien  agréa- 
oie  que  la  Philofophie  d'un  homme  de 
génie ,  c  eft  la  vrayc  pâture ,  difons  mieur» 
c'eft  le  ragoûWcs  hommes  raifonnables. 

Que  peut-on  par  exemple  de  plus  jufte 
ô^  de  mieux  tourné  que  ce  qui  fuit  ?  *9  Re* 
j>  montons  aux  origines  des  Nations ,  vous 
»  les  trouverez  également  barbares.  Pren- 
99  dre  un  peuple  dans  ta  ftupidité  la  plus 
»  groffiere ,  le  fuivrc  dans  les  progrès  8c 
»  le  conduire  jufqu'au  rems  qu'il  s'eft  civi- 
»  lifé ,  c*eft_étudier  dans  toutes  fcs  meta- 
»  morphofes  le  ver  à  foye  devenu  chrifta- 
»  lide  Se  enfin  papillon. 

Et  un  peu  plus  bas ,  pour  mettre  en  plus 
beau  jour  cette  pcnfée,  qu'il  rcfte  toujours 
dans  une  Nation  un  fond  de  caraâére  iu- 
cfifàçable ,  que  les  tems  &  les  révolutions 
ne  changent  jamais  entièrement,  »  Ua 
»  Statuaire,  dit  notre  Ecrivain  ,  peut  tail- 
«»  1er  un  morceau  de  bois  dans  la  forme 
»  qu'il  lui  plaît.  Il  en  fera  un  Efope  ou  un 
)•  Antinous,  mais  il  ne  changera  jamais  bi 
»  nature  inhérente  du  bois. 

Ce  qui  m'empêche  de  rapporter  un  plus , 
grand  nombre  de  ces  traits  ^  c'cft  que  lou^ 


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5>o  MERCURE  DE  FRANCE 

Touvragc  en  fourmille  »  Se  que  tranfcrire 
un  ouvrage  n'cft  pas  en  faire  l'analyfc. 

Ce  morceau  eft  diftribuc  en  trois  épo- 
ques. La  première  contient  les  mœurs  des 
marches  Brandebourgeoifes  avant  Charle- 
magne.  L'Auteur  réduit  la  peinture  qu'il 
en  tait  à  leur  bravoure  &  leur  férocité. 

La  féconde  époque  conUtnence  à  Char- 
Jemagnc.  C'eft  pendant  cette  époque  fous 
l'Empire  de  Henri  TOifeleur,  que  le  Bran- 
debourg commence  à  avoir  une  forme  re- 
liée de  gouvernement.  Cet  Empereur  y 
jctablit  des  Markgraves ,  fous  Iclquels  les 
inœurs  s*adoucirent.  Sous  les  Markgraves 
des  qtiatre  prenûeres  races  les  Berlinois 
jreftcrent  dans  une  oppreflîon  perpécucilçj 
uns  fureté  ,  fans  poJice. 

La  croifiéme  époque  commence  à  YEtOr 

Îercur  Sigifmond  ^  qui  conféra  le  Brande- 
ourg  &  la  dignité  Eledorale  auBursrave 
de  Nuremberg ,  qui  le  premier  fc  icrvic 
xi'un  canon  de  14  livres  ^  en  quoi  confiftoic 
toute  fôn  artillerie ,  av^c  laquelle  cepen- 
dant il  réduifit  fes  fujets  rebelles.  Pendant 
.cette  époque  il  y  eut  nn  peu  plus  de  police 
£c  de  fubordination ,  fartout  fous  Jean  le 
Cicéron,  qui  pour  polir  Tefprit  de  fcs 
peuples ,  fonda  i'Univerfité  de  Francfort 
iiir  roder.  Joachim  contribua  encore  plus 
4iu  progrès  des  Sciences.  Ce  fut  »  dit  nacre 


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MARS.        }7Sx:         ft 

Auteur ,  le  Léon  X  da  Brandebourg. 

Pour  montrer  par  des  faits ,  que  danç 
ces  tems  même  pu  la  Nation  commertçoic 
a  fortir  de  la  barbarie ,  il  rcftoit  encore 
des  mceurs  anciennes  une  forte  teinte  de 
ifcrocité  jH  rapporte  que  Joarhim  IL  cou- 
cha  la  nuit  oc  (es  noces  artnc  de  toutes 
pièces  auprès  de  fa  jeune  époufe ,  m  comme 
*»  fi  ,  dir  il ,  les  tendres  combats  de  Ta- 
n  mour  demandoient  des  préparatifs  ^fli 
99  redoutables. 

:  Il  fait  aihfi  d*Ele(2:éur  en  Elefilcur  la 
gradation  des  moeurs  &  des  Arts  dans  Je 
Brandeboug ,  &  orne  la  fin  de  fon  récit  par 
cette  réflexion  fcnfée  :  «  Comme  les  fe» 
V  riienccs.  ont  befoin  d'im  terrain  propre 
4f  pour  leur  déyetôppcraçnt ,  de  même  le» 
n  Nations  dethandenc  un  concours  de  eoa«>^ 
»  jeftures  Heureûfes  ,  pour  qii  cUcs  for- 
a?  tent  de  leur  engourdiffement ,  &  qu  eU 
9  les  reçoivent ,  pour  ainfi  dire  ,  une  nou* 
^  velle  vîe.^ 

•  Il  finit  par  un  pa râtelle  de  l'Etat  Mo- 
narchique ,  &  de  TEtat  Républicain ,  où  il 
balance  avec  jugemenr  -Se  avec  fageffe  ,  les 
avantages  &  les.inconvéniens,  refpedtfs 
de  ces  deux.fortes  de  Gouvernement. 
;  IlL  Le  troifiéme  morceau  qui  a  pour 
ritre  :  de  ta,  Supfrfthtm  &  de  U  IReUgion  p 
RTeâ:  point  inférieur  aux  deux  autres»  .Oa 


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91   JrERCUREDEFRAhrCÊ* 

yrcconnoîc  ufi  Ecrivain  Protcftant  ;  maîi 
ce  ncd  poinc  par  des  déclamations  contre 
les  dogmes  fondamentaux  de  la  Religioit 
Romaine  qu'il  fe  fait  connoîcre  ;  c'eft  fea-^ 
lemenc  en  relevant  avec  force  des  abus 
qu^nous  lui  abandonnerîonspeut-être  fi  fa 
réunion  ne  renoit  qu'à  cela«  Au  refte  on 
▼oie  un  homme  fi  plein  de  cette  Religiotf 
naturelle  5  qui  eft  la  bafe  de  toutes  les  au- 
très ,  qu'il  eft  vifible ,  que  quand  il  ne  fc- 
roic  ni  Catholique  ni  Reformé  ,  il  feroit 
au  moins  honnête  homme.  Or  c'eft  déjà 
avoir  une  forre  de  Religion.  Quand  on  en 
eft  là  >  on  n'a  plus  qu'un  pas  à  faire  peut 
devenir  Chrétien. 

Vous  verrez  bien ,  Monfieur ,  â  la  for- 
me des  crois  Mémoires  »  dont  }4  viens  de 
vous  rendre  compte ,  que  ce  font  en  cfFec 
des  Mémoires,  &  qu'on  n'a  pas  fongé  à  fai-* 
re  un  Livrer  il  eût  wUu  pour  cela  les  fondre 
cnfemble.  Mais  ne  vaut-il  pas  bien  mieux 
préparer  des  fonds  pour  des  Livxes  que  de 
faire  dç$  Livres  fans  fonds  ?  Un  bârimeoc 
pour  lequel  on  auroit  déjà  les  pierres  &  la 
charpente  toutes  raillées,  feroit  plus  avan** 
ce  que  celui, donc  on  n'auroit  fait  que 
conftruire  un  modèle  en  plâtre. 

D'ailleurs  il  falloir  que  l'ouvrage  donc  il 
eft  queftion  ,  eût  la  forme  qu'on  lui  a  dooh 
oée«  Ce  font  en  eâèc  des  Mémoires  Acâ-; 


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MARS.      175  T.  Pf 

4cinîques  qui  ont  été  lus  dans  TAcadcmic 
Royale  des  Sciences  &  fiellcs-Leccres  de 
Pruâe,  comme  on  le  voit  par  la  réponfc  de 
M,,  de  Maopertuis  ,.dont  je  ne  puis  me  diGr 
penfer  de  vous  rapporter  ici  les  deux  tiers  , 
parce  que  vous  y  verres^  la  confirmatioa 
des  conjeâures  du  Public  fur  le  nom  &  1^ 
qualité  de  l'Auteur  -,  &  que  d'ailleurs  elle 
contient  un  éloge  des  Mémoires ,  meilleur 
fans  doute  que  je   n  aurois  pu   le  faire, 
»  Repréfçi^ter  lesjévenemens  dans  leur  or* 
3»  dre ,  donner  â  chaque  partie  de  THiftoire 
s>  (a  proportion  &  la  mefure ,  écrire  avec 
i>  precifion  6c  éleeance  ,  fuppofe  un  eC« 
»  prit  jufte  ,  une  imagination  beurcufc  , 
»  &  une  connoiflance  parfaite  de  la  Lan« 
»  gue^  Décrire  les  moeurs  &c  les  coûtumes^ 
f  des  peuples  ,  remonter  à  leur  origine  , 
#  les  fuivre  dans  leurs  progrès  \  marquer  ce 
»  qui  appartient  à  Thommc  en  général ,  ou 
a»  aune  Nation  en  particulier  ^n'eft  donnç 
»  qu'à  un  efprit  profond, 
.  *>  Si  un  Ecrivain  fe  trouve  aflTez  avanta^ 
«gé  de  la  nî^turcpour  pouvoir  remplie 
^  tour  i  la  fois  tous  ces  di£ferens  objets  « 
»  combien  ne  fera-t'il  pas  fupérieur  ,&cX 
if  THiftorien  qui  ne  rapporte  que  les  faits, 
^  Se  an  Philofijphe  qui  s'en  tient  aux  fpé-» 
n  çulations  ?  C*cft  que  les  évenemens  font 
^  péceiraircment  liés  aux  moeurs  ^  6c  ea 


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^4^  MERCURE  DE  FRANCE. 

j»(bnc  prcfquc  toujours  les  fajetsoulcs 
j»  caufcs.  Un  cfpric  aflez  vaftc  cmbrafle 
«cette  Relation; il  pourroit  çn  quelque 
w  forte  prévoir  les  mœurs  qui  doivent 
••réfulter  d'une  certaine  chaîne  d^évene-? 
;»f  mens  y&c  prédire  les  évenemensqui  Te-; 
»  ront  la  fuite  des  mœurs.  . 

«•Si  un  tel  homme  fe trouvoit appelle 
p  au  Confeil  des  Rois ,  s*il  fe  trouvoit  lui-^ 
«>même  revêtu  durtc  grande  puiflàncci 
m  (car  nous  avons  depuis  Céfar  l'exemple 
»  de  grands  Princes  qui  ont  été  en  même 
»  tems  d'excellens  Auteurs  )  quel  bonheur 
n  ne  feroitce  point  pour  les  peuples  qu'il 
w  ahroit  â  gouverner  >  Quel  bonheur  né 
*>  feroit^cc  point  pour  toute  TEùrope  ? 

Il  faudroit  ne  pas  entendre  la  valeur  dci 

fermes ,  pour  douter ,  après  ce  que  dît  M.' 

de  Maupertuîs  »  que  ces  Métnoires  luis  i 

l'Académie  de  Berlin ,  ne  foient  l'ouvrage 

du  Proreârur  même  de  cette  Académie; 

C  cft  un  demi- Dieu  qui  a  bien  Voula  fe 

rendre  (cmblable  à  nous,  &  fe  revêtir  de 

nos  foîbleffès  ,  en  écrivant  pour  le  public^ 

&  s'expofant  à  fa  cenfure,  qu'il  ne  s'cft  pasf 

mis  au  refte  dans  le  cas  de  redouter  beau*^ 

coup  la  critique  s  cette  vipère  qui  aime  et 

mordre  ,  n'a  pas  de  pouvoir  contre  des  ou* 

vrages  auffi  fnpéricurs,c'cft  du  pur  acier 

pour  elle. 


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MARS.        I7ît.  9J  ' 

Audi  je  ne  f^ache  j^  qu'on  y  aie  de  a 
repris  que  qaclqiKS  exprcilions ,  qui  ooc 
(emblé  aux  purifies  blcflei  la  ilélicaceiTe  de  i 
notre  langue.     . 

Par  exemple  ,  fur  l'endroit  où  on  lit  qae 
Léon  X.  amalToic  pair  un  négoce  d'Indul- 
gences les  fotnines ,  dont  il  avoit  befoiix 
pour  «4/^r  la  ^afilique  de  Saint  Pierre , 
onr  prétend  <\vk  édifier ,  dans  le  fens  littéral 
4a  mot  Latin  sdificare ,  bâtir  »  n'eft  pas 
Fratiçois* 

Sûr  cet  autre  endroit  :  t»  Après  la  more 
»  de  Frédéric ,  Evcque  de  Havelberg  ,  l'E^ 
i>  kdeur  eut  aflez  de  crédit  pontlcfairô 
t^fHCi:éder,  par  k  troifiémc  de  fcs  fils  -,  on 
dit  que  fuccider  ^fîeltjH*Hn ,  cft  un  idiociC* 
me  Allemaî^d^  &  qu'on  ne  peut  direea 
François  <^Mtfii^der  à  (fiêcl^H^nn. 
-  .  On  hi^tnctncovcrcjfcfftir  un  refus  ,pouc 
tH  tém^igmr  fçn.  reffent'ment  :  Tonmcr  lu 
Cé^  ,  ^wtmrmr  Jmtour  ^  Camp,  r 
«  n  La  réputation  eâ:  la  roonaoye  desHé^ 
xo9»tnai8  ce  n'eft  pas  toujours  dV/i^  que 
-it  Ici  Prifiicesfc  contentent.  Les  Critiques 
j#  vopdrotent  qu'il  y  eik  :  Msis  ce  tfeift  pas 
»  tùHJours  celle  dom  les  Prmcexfi  cûmement  , 
«•  parce  qu'en  François  on  ne  rapporte  pas 
r//<f.»  à  une  chofe  inanimée.  > 

Ils  ne -trottvent  pas  bon  noii  plus  que 
•i'Aateor  aie  dii  ;  «  La  tolérance  eft  unip 


,y  Google 


fé   MERCUREDE  FRANCE. 

m  yerca ,  qu'il  eft  même  quelquefois  (kn- 
»gereux  d'enfreindre  :  parce  qu'il  leur 
femble  qu'on  ne  dit  pas  enfreindi^e  une  ver^ 
lM,mais  feulement  enfreindre  un  orÀn^ 
medifenfe» 

Mais  c'eft  faire  Tapologie  d'un  ouvra- 
ge ,  que  d'être  réduit  à  n'y  relever  que  de 
pareilles  minuties  ;  d'ailleurs ,  vu  Texaâi' 
'  tude  de  ftyle  qui  règne  ^  généralement  par- 
lant dans  ces  Mémoires ,  &  le  bon  im 
dont  ils  font  écrits  ,  même  relativement 
aux  régW  de  la  Langue  Françoife,ily2 
plus  à  s  étonner  que  tout  autre  qu'un  Fraa« 
çois  en  foit  l'Auteur ,  qu'à  exercer  une  cri- 
tique raifonnablc  fur  quelques  vétilles  de 
langage. 

.  C'eft  donunage  que  notce  choix^  8c  no* 
tre  goût  né  décident  pas  en  matière  de 
faits.  Je  me  d-onnerois  le  piaifir  de  fou- 
baiter  que  l'Auteur  des  Mémoires  ne  fSit 

{)as  un  Roi  ,  afin  qu'il  me  fut  permis  d'tQ 
aire  l'éloge  ,  fans  être  fufpeâ  d'adalaœiiu 
Hélas  l  Les  gens  de  Lettres  même  ont  en- 
core tant  Gonfervé  des  miféres  de  rhoma- 
cité  >  qu'ils  ne  font  pas  au-delTus  du  foap* 
çon  de  louer  baûfement  nn  Grand ,  fans 
autre  motif  que  fa  grandeuç  ;  ou  un  riche, 
en  vue  de  fon  opulence.  Mais  fi  un  Prince 
cft  étranger  par  rapport  à  moi ,  fi  ce  n'cft 
,fas  mon  Prince  >  pourquoi  mes^  éloges  ne 

poorroieot- 


,y  Google 


U  A   R   s.      175T.  vt 

|foarroient-ils  pas  être  fincéres  ?  Et  pour^ 
^oi  iDcme  le  propre  Sû^c  d'un  Monar- 
qoe  oe  pourroic-U  pas  le  louer  »  fans  ris- 
quer qu'on  le  récufe  ?  Qu'un  Franîçoif  exal- 
te la  bonté  du  cœur  de  Louis ,  fa  clémence» 
ion  humanité ,  lés  récompenfes  5  dont  il 
paye  ceux  qui  le  fervent ,  la  îufte  confiance 
quil  leur  donne  ,  la  fageflc  delts  Rcglc- 
mens  >  fa  fermeté  dans  fes  réfolu^ions  ;  tout 
Françoib  qu'il  eft ,  on  l'en  croira  ,  parce 
qu  il  ne  parlera  pas  de  fon  Prince  autrcr 
ment  que  la  renommée. 

Quoiqu'il  en  foit ,  un  doit  m'en  croire 
fur  le  compte  de  l'Autcor  des  Mémoires. 
J'ai  fait  preuve  de  bonne  foi  ,  par  la  criti^ 
jue  <|ne  j'ai  hasardée  de  quelques-unes  de 
es  cxpreflîons ,  qui  ont  paru  incorreftesà 
nos  Grammairiens.  Mefcrat'onun  repft>- 
che  d'être  toujours  de  fon  avis  fur  les 
points  plus  imporcans  ?  Et  ne  pourrois-jc 
mériter  la  conhance  du  Public,  qu*cù  con- 
tredifant  un  Sage  ? 

Jai  rhonncur  d'être ,  &c. 


Les  mots  des  Enigmes  6t  des  Logogrî- 
phcs  du  Mercure  de  Février  ,  font  Oi/èan  , 
Ia  bonde  des  Etangs ,  Cheminée  &  Boufie. 
Oo  trouve  d^ns  le  premier  Logogrique  , 
chemin  ,  hymne ,  mie  ,  mine ,  nichs ,  hymenie. 


dby  Google 


?c 


9t    MERCURE  DE  FRANCE. 

fififsce  y  Chine  x  weche  «  Cénie.  Oa  trouve  dafti 
Je  fccand ,  hou'é ,  i>/V  ,  U  Jeu  de  ioie^  la  joi  ï , 
^ote ,  vie^,  0uie ,  fattïe ,  5/.  Ty^/  ,  Og ,  Jii^ft^ 
Juge^leComiécCEn. 


.     E  N  I  G  Aï  E. 

1^  E  luxe  m'a  donné  naiOance  ; 
Ma  Coar  écoit  jadis  dans  le  Nord  de  la  France  , 

A  préfcnt  je  règne  i  Par». 

Du  Printems  retraçant  l'image  , 

Des  grâces  ,  des  jeux  &  des  tis , 

Je  fotoie  le  doux  afleroblage  : 
J'embellis  les  Palais  ,  j'habite  cbez  les  Grands, 

£c  rarement  dans  les  Villages  ; 
Cependant  les  forêts  ,  les  hameaux  ,  les  payfages 

Font  mes  principaux  ornemçns* 
Agréable  en  Eté^  dans  l'Hyver  plus  commode  « 
)e  fuis  dans  tous  les  tcms  de  fervice  &  de  mode  : 

Pat  mes  encbantemens  divers 
Je  fats  fous  un  conp  d'ceil  pacoitre  TUnivets  ; 
J}ts  pins  beaux  monumensque  préfeote  THidoice 

Je  fçais  rappeller  la  mémoire  ; 
Sans  plume  ,  fans  pinceau ,  je  ttace  les  poi  traies  ; 
Tu  vas  bientôt ,  Leâeor ,  me  connoicre  i  ces  traita 

Muyart. 


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MARS.-      i7$i.  M 

— *—  Il      ■     iii    I      h      I        II  ■    m  ■■    ■    I  I      I    I  11  II         .        .1,         ^J 

LO  G  O  G  R  I  P  HE. 

IZ»  Nnemi  déclaré  d'un  préambule  long  ,  \ 

]e  vais  ,,  fans  plusf  jrder  ,  l'expliquer  ma  naturr. 
Huit  pieds  .ami  Ledeur ,  compofenc  maftrù^Vurt 

Je  lailTe  a  ton  efpiit  fécond 

L^  rpin  de  les  unirenfemble  , 
£c  de  rrouverjcou.s  les  mots  que  j'affemble» 

Po£^e  enfant  du  raifonnement  » 

Le  bon  fens  forme  mes  parties  j 
Et  quand  avec  tfprit  l'art  les  a  réunies , 

Je  fçais  convaincre  fortement. 

Mes  deux  extrémités,  prifcs  avec  jufteffc  , 
Te  donneront  ce  qui  fait  la  richeffc. 

Combine  tout  différemment,  , 

Tu  trouveras  ce  qui  forme  une  Ville  y 

Un  vuide  dedans  fort  utile  , 
'  '  Le  rendez-vous  de  la  moindre  vapeur  ; 

Un  animal  qui  n'eft  point  en  honneur  ; 
Ce  qu^on  entend  crier  aux  Cochers  dans  les  rues; 

Ce  qui  fait  cheniiner  les  nues. 
Les*  noms  d'un  Saint ,  d'un  légume ,  d'un  fruit , 

S'offrent ,  fans  douée  ,  â  ta  pcnfée. 
Ce  qu*on  doit  voir  roder  pendit  la  nuit 

Dans  une  Ville  policée; 
Terme  de  Droit ,  âorit  l'effet  enrichir  5 
Ce  qu'en  un  Livre  on  voit  à  toutes  pages  ; 

Mais  qu'on  ne  trouve  point  écrit  ; 


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looMERCURIEDE  FRANCE 

Va  élemeuc  ;  le  nom  d'un  ic  ces  Sages  , 

Dans  l'Egypte  autrefois  fameux. 

Un  animai ,  dont  la  riche  fourrure 
Aux  uns  fervant  de  meuble ,  aux  autres  de  parure^ 

Défend  contre  un  froid  rigoureux  ; 
Ge  4Qt  dans  une  femme  eà  l'idole  des  yeux  ; 

Un  être  qui  n'eft  point  matière  ; 
Ce  que  l'on  voit  de  loin  dans  un  vaiflean  ; 
Chofe  qui  chaque  /our  conduit  l'hoamae  au  toa^ 

beau; 
Terme  d^un  certain  jeu  $  le  nom  d'une  rivière  ^    - 

Ce  que  l'on  fait  quand  on  a  faim 4 
L'oppofé  de  celui  qui  babille  fans  fin  ; 
Ce  qui  diAingue  l'homme  ;  à  dopx  onmotoos* 
traire  > 

Une  efpéce  d'homme  d'affaire* 
J'achève;  un  mot  Latin  connu  de  tout  le  nuMidCi 

Sur  lequel  noue  efpoir  fe  fonde  ; 
Une  note  ;  accident  qui  nous  fait  voir  la  nier^- 
Ce  qui  donne  la  mort ,  ou  conferve  la  vie  ; 
Ce  que  fait  la  maman  qui  trop  aime  Ton  fils. 
Mais  c'eft  affez  ,  Le^fteur  ,  devine  qui  je  fuis; 
Car  t'accabler  de  mots  n'ed  pas  ce  que  j'envie^ 

Par  M.dcX.. . 


çS«? 


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M   A   R    S,      ¥751.        ic^ 

A   V    T  R    E. 

J  E  fuis  ici  ,  Leél^eiir  ,  ce  que  tout  cfl  pat  moi  j 
.  J'entre  en  matière  .  apprête- toi. 
Mes  membres  (ont  une  doiîïaine  ; 

Ils  C'offrironr  >,biBn  combinés , 
Le  moment  redoutable  à  la  nature  humaine , 
Od  s'accomplit  Parrêt  qui  nous  a  condamnés  ; 
Le  Dieu  qui  nous  repaît  d'agréables  menfonges  « 
Lor (qu'il- Yoit  au  fommeiJ  nos  fens  abandonnés  ; 
Le  mortel ,  dont  îa  force  appuyant  de  vains  fonges» 
fit  fléchir  fous  Tes  lois  cent  peuples  cooftecnés  i 

Ce  fo! ,  dont  le  Roi  du  Tehare , 
Malgré  Tes  doux  eiKcns ,  eut  {\  peu  de  pitié , 
Qu'il  ne  tint  pas  i  lui  que  le  Chantre  bizare 
Ke  fottit  des  Enfers ,  fuivi  de  fa  moitié  ; 

La  veftale  ,  qu'un  fort  barbare 

Fit  defcendre  vite  au  tombeau  ; 
Merc  ic  Romulus ,  pour  on  crime  fi  beau  ; 

Tu  roérttoîs  Papothéofc  ; 

Ce  que  bien  du  inonde  eil  ;  que  tout  le  monde 
giofe. 

Le  mont  où  s'immola  le  Vainqueur  de  Chiron  | 
Une  fieur.de  Vénus  chérie  ; 
Le  nomades  Enfaos  d'ApoUon^i 
Une  Ifle  pi  es  d'Alexandrie  ; 
Celle  d'od  vient  Je  marbre  blanc  ; 
le  Dieu  qui  fait  voler  l'eflroi  de  rang  en  rang  | 
Quand  on  eft  trop  long ,  on  ennuyé» 
5*  *  »  *  S 
Eii; 


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loi  MERCUREDE  FRANCE. 
A   V  T  R    E. 

J  E  fuis  l'occafion  d'un  fpeâacle  amt^fànt  » 
Et  je  poite  le  nom  d'un  Monarque  puiûTanc^ 
Q.ioique  très  rarement  jç  fois  mû  en  ufage  » 
J'attire  les  badauts  &  gens  du  bas  étage  ; 
Nëceâaire  aux  humains  »  quand  parleur  ctoauté» 
Oo  doit  avoir  recours  à  mon  utilité. 
Il  faut  pour  m'employcr  qu'on  falTe  diligence  j 
^La  mort  feroic  le  prix  d'an  peu  de  négligence.  • 
Combinez  les  dix  pieds  ,  donc  mon  tout  cft  cons- 
truit » 
Vous  trouverez  d'abord ,  d'un  bel^rbre  li;  fhiît  y 
Un  arbuûe  connu  dans  l'Ifle  de  Cjrtbére  , 
El  qui  ferc  de  laurier  dans  l'amoareupt  nijrftére; 
L^animal  qui  fou  vent  fe  loge  eo  maînu  cerveaux]; 
Une  arme  des  anciens  \  l'azile  des  Vatireaux  ; 
Une  Vilie  qu'on  voit  (ur  les  Côtes  d'Afrique^ 
Un  Opéra  fameux  ^  deux  noi^s  de  n>ufi<^  ; 
Un  péché  capital  $  le  premier  desinipôts  ; 
£n  Amérique  un  temsque  Ton  donne  au  repos  ^ 
L'^lAwcttt  ^  ou  fouvçnt  t'avarice  importée  .. 
Nous  fait  tro^ver  U  moic.»  en.  cberdbaat  la  fo^ 

Mais  mon  ouvragé  enfin  d6ît  ici  (è  bei«ier , 
Car  ï  préfeiic  ^  LeAeur  »  tu  dois  hk  deviner^. 

•  *     •       '  Lt  Chevalier  de  T***» 


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M   A    R    S^      17 SI*        10) 
IflOU  VILLES    LITTEll AIRES. 

MOhsieur  Diderot,  un  des  Edi- 
tcur$^  de  TEncyclopédie ,  que  les 
gens  du  monde  ,  &  les  gens  de  Lettres  at- 
tendent avec  ane  (î  grande  impatience,  Sc 
Auteur  du  ProfpeElns  ,  que  toute  la  Fran- 
ce a  lûavee  tantd*emprcffement&  de  plai- 
Ht  5  vitînt  de  publier  féparcment  un  def 
'Articles ,  qui  doivent  entrer  dans  le  pre-* 
irîîàr  volume  de  cette  Encyclopédie  ,  pouf 
«lonncr  au  Public  une  idée  au  foin  avec 
lequel  cet  immenfe  &  important  ouvrage 
cft  exécuté.  L'article,  dont  ii  8?agit,eft 
Akt  ,&  on  peut  dire  qiie  Mw  Diderot  qui 
fatompoTé  ,  y  a  réunr  la  plus  faine  &  là 
plds  profonde  PhilofopWc  '  à  tièu^cs  -Ict 

tracés  de  rimàgîhàVicxrt  &  du'ft^^.  î-*a-i^ 
ondance  des  matières  dont  nous'fon^tneé 
accablés  ,  nous  emp^chfe  de  trahlçrirc  ici 
en  entier' ùc  beau  morceau  s  mais  nous  ne 
fçaurions^tfop  exhonet^rios  Lcâiktrs  à  fe 
fc  procurfcr,  &  -nous  èrbyohs  pouvoir  Icf 
^ûter  d'aîvancc  qu'aprèi'  FàvoW'  W,'  ili> 
nous*  fçauront  gré  de  not^c  cbbftill  I&  y* 
trouveront,  des  réflexions  /«r  Iw diftinEliofi^ 
des  Ans  ,  bien  dignes  d'une  ame  noble  &' 
fadépciïdanre  ,  qui  n'eftinïe  Ibsliômmei^ 

£  iiij. 


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yo4MERCUREDE:FRANCE. 

3u  a  proportion  qu'ils  font  utiles  ;  le  p^9}ei 
W  Traité  ginirsl  dei  Arts  Michani*jtus  3. 
qui  en  éclairane  les  Philofophcs ,  fburai- 
roit  des  vues  aux  artîftcs  -,  le  plan  ^u* il  fait- 
dro  t  fiéhre  dans  un  pareil  Traité ,  en  rap- 
pclïant  Içs  Arts  aux  produaions  de  la  Na- 
ture ;  les  motifs  éjui  doivent  nous  animer  à  ce 
travail.enfailant  attention  à  un^rand  nom- 
hre  de  découvertes  que^nous  avons  eu  long- 
cems   fous  les  yeux ,  fans  les  appcrcevoir  ; 
4cs  remarques  très-fines»  très  Ptûlofophi- 
ques,&  très-bien  cxpofccs  furies  différences 
qu'on  doit  obferver  dans,  la  defcriptioa 
^es  machines  ,  fur  la  Langue  des  Arts^  ou 
Ton  trouve  à  la  fois  tant  de  (uperflu  ,  & 
tant  d'indigence  5.  enfin  fur  ce  o^vrendtme 
^ankfaHwre  fiffirienre  a  une  antre.   A  U 
tçte  dç  ce  bel  ^Cfi<;|e  ,  dont  nous  pouvpi» 
4itc  ncç  .quQ  diÇr;  Jiàt4.piflf  rot  du  Chance- 
lier îKacqa  yC^ç^pô^m  nùHS  lajfons  pùtni  dà 
If  rhu^r  yparçeque  nous  ne  naus  fommes  poini 
l^Jfésde  te  tire  j  on  voit  l'ordre  Encyclopé- 
4iq^c^^4,mot  AaT»c'cftrà'dirc  la  place 
q[uil  4p^ :9<{cttpet dans  4'arbre  Encyiopé* 
^iqaçjdtt  PfioJpeSk^.    Cet  article  a  eu  uft 
i$:graqf(]  fucq^  ^  qi§e,  nous  connolidôns  plu- 
ûf\XPs  pprfoi^pes  »  qui  après  1  avoir  lu  ,  ont 
4té  fpufcrire.  M.  Diderot  nousenproi?iet 
d'autres ,  en  attendant  le  premier  volume 
4s:i'JÇncycJopc4ic ,  q^ui  paroîtra  certaine-. 


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MARS.      175T.  105 

Rient  au  mois  de  Juin  de  cette  année  ^ 
cornue  le  FrofffUHS  l'annonce.  Les  ta- 
Icns  fupéricurs  de  M.  Dideroc ,  &  de  II 
plupart  des  Sçavans  qui  ont  travaillé  i 
rEncyclopédic ,  donnent  tout  lieu  de  croi- 
se que  les  articles  qu'il  nous  promet  ,.n« 
le  céderont  pas  à  celui-ci ,  quoique  dan$ 
des  genres  difFerens  ^  ic  nous  ne  pouvons 
trop  l'exhorter  à  remplir  un  engagement,  û 
capable  de  fortifier  de  plus  en  plus  la  coi»* 
fiance  du  Public. 

Recueil,  de  Lettres  choifîes,  pour  Ser- 
vir de  fnpplément  aux  Lettres  de  Madame 
de  Sevigné.  j1  Pétris,  chez  RoBin^ûh^ 
Quai  des^  AuguiUns  >  175.1.    Un  vokime 

Le  galant  Homme  qui  nous  donna,  iïj 
a  quelques  années ,  le  charmant  Recueil  dc«^ 
teirrcs  de  Madame  de  Sevigné  ,  vient  de 
nous  faire  ce  nouveau  prcfcm.-  Ce  fepti&. 
me  volume  contient  dés  Lettres  du  Cardi- 
nal de  Retz ,  du  Duc  de  la  RochçfbacauIt> 
de  Madame  de  h  Fayete ,  de  M.  &  de 
Madame   de  Coulanges^,  de  Madame  de 
Çtignan,  &  de  Madame  de  Sevigné.  Quoi- 
que  la- plupart  de  CCS' Lettres  ,  ftngulicrct- 
ment  celles-  de  Madame,  de  Coulanges^^ 
foicnt  pFeines*^  d'agrément  &  de  naturel, 
il    n^   en  a  point  qu'on    puiflecomp»- 
S£i  à-ccUes^dc  Madame  de  Sevigné.  Lair- 


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lOiTMER^Cl^RE  DE  FRANCE- 
tiquité'n*a  rien  à  oppofer  à  cette  fcmmV 
îlluftre ,  &  la  poftérité  la  "placera  parmi  Ifc 
petit  nombre  d'immortels  Écrivarns'qtri 
ont  fait  la  gloire  du  dernier  ficelé.  La  Let- 
tre que  nous  allons  rapporter ,  prouve  que 
STur  ce  point ,  les  gens  de  la  Cour  peufeK 
comme  les  gens  de  Lettres,. 

;  L  E  T  T  R.  E 

JE  ferois  un  volume,  s'il  falloir  vo« 
rendre  un  compte  exadt de  rour  ce  que- 
7c  pcnfe  des  Lenres  de  Madame  de  Se- 
nrigné  ,  &  lie  ce  qui* m'a  palTç  pai  la  tête 
%n  ks  Ufknt;  '|b  commence  paE  vous  dirr 
en  gros ,  <}ue  j'en  fuis  charqfié  v  \\  efr-bien 
ïur  iqu'clle  né  lésa  pas  écrites  pour  être 
•données  au  Public  v  niais  qiiana  elle  ai 
Toit  prévU'  qu'elles  le  fcroient  ,.je  doute 
qu'elle  car  pris  beaucoup  de  peine  pour 
*cviter  k  triûe  critique  de  ces  petits  Granî^ 
rnairiéns  :  elleécoit  tàen  éloignée  d*afpiret' 
à  la  perfcdripn  gramcnatical^  ;-  je  croîs. 
x]n'ctle  aaroir  ptuxât  fair  profcffion  de  la 
méprifer*  &  quVlle  \wï  auroit  volbntiers. 
reproché  d^avair  pcnfe  déshonorer  les  Let- 
tres de  Voiture.  Je  fuis /3c  fonavis,  vous- 
<n'en  aver  que  trop  de  prtuvcsJans  la  Bar- 
barie de  mon  ftyle Jl^our  moi , ^}Qïit  trouve 
liea  de  plus,  fi^e  qtie  des  Le  tt tes.  étudiées,» 


,y  Google 


.      M    A    K   S.      ijjt.  xoy 

'CEntvaiUécs ,  çompofées  dans  un  commerce 
j^ournalicr  entre  ap^is  intimes^  ou  entre  une 
jaacre  &  anc  ftile.     ,         ,  j  , 

'  Il  faait.A^^  bien  peu  (îe;renrira^nt  4an9: 
lecccut  y  &  4t  goût  daiis  reTpck^pour  ne 
pas  trou-ver  iiafts, CCS  Lettres  cLqs  beautés- 
incompatables ,  très- indépendantes  de  Té- 
locution*  Kâ vouerai  que  j'aijrouvé  la  ren- 
dceâfoide  cette  r^iere  ,  j^r  la  manière  donr 
elle  l'cxpjrinîCyplus  incçrclTan^te  qpcbie» 
des^  fpfaèfoclcU'  d'amour -,  dont  les  Pbctcsr 
&  les  Romafîcicrs  nous  amufenc  5  &puiîf^ 
quand'  on  a  cpmiu  ,  cpnrmc  noiiç- ,  cerob-^ 
|Et  lvxligiTe.<f une  paflion  fiprodigicufc  ÔC 
fc^Yraic  y  cUq  fait  qiG(Ke  plus  ci'împreflîonfc. 
Wacîamc.  de  ^  Se  vigne  fc  retient  ,dan^  l^ 
peur  dîetiDnyer  la  fijle -,  clliB^,mcr^  poqir 
aiofi  dircy^uu  frein  à  Tabond^ânçc  fde  fef 
penfécs  &  de  fes  exprefl^ns>  &  u^cdigue: 
au  idébôrderacnr  de  fon  cceur  ,.  pendant: 
«for  liosPbctcs  fe  donnent  la  torture  ,ca« 
mtdtipUanr  leurs;  exagé^rations  ^iSs  le  pk$^ 

o;  Il  7  a:^  des  ponmts  inîimtaWeV,  qu^elTe: 
Élit  faûs  y  penferii  Se  d'un  1  cul.  trait  dç: 
pkime.  Il  eft  pourtant  v-rai  que  cette  lcc« 
turc  eft  plus^  i-fHéielFàqte  pour  ceux  qut> 
eommc  nous  j.oot  connue  k  plus  girandcr 
frairtic  dt»  pes^&tftine^^  àoa^  elle  p^dev^ufi^ 


,y  Google 


loSMERCCTRE  DE  FRANCE. 

Enfin ,  tour  y  eft  tiatiuel  Se  plem  de^; 
glaces  -,  pour  ics  endroits  dlm^gioattoo  #^ 
où  il  y  a  IcpUi  d'pfprir ,  on  voie  qu^4»laii 
échappent  Ws  fc  nn>kidre  dciSein  d'y  ca 
ificttrc  î  toiic^abforbéc  dan^  fonacrenûon. 
i .  cet  objet  à  qui  etle  patlc ,  dont  cUe  eft: 
ttjtipViCySc  qui  la  porte  à  autant- de  dîT*. 
tance  d'elle-même ,  qûlï  y  en  a.  entre  Lt 
Bretagne  &  la  Ptoveuce  >  elle  n'a^KHC'gat^ 
dfc  de  ranger  i  ce  qn^eÙc^ctwvicMt  cnxD 
ifcmî^là  /  par  fapfxWt  il*  yahifé^  bien» 
écrire,  J*ai  fait  encore  un  ■  iif'age  -  plus  fé-^ 
ricux  de  ces  Lettres  ^^que  dcm  eor  divcrtiD 
Amplement  vaucun  Sermon  fut  U  vanitcr 
dfcs  chofes^  4a  monde  ;^fe  m'a  fait,  lan^ 
tfimpreffiôh.  Je  jrt-aî  iàm*is.eci.i*iinagÎQaH 
tion  fi  frappée  ï;'U.  m'a-  (c»*l^lé  qtie  Svm 
éôûp.deHïagacttê  ,.€amffrepAr.r»agie>  >.rclie 
àvoit  fait  lortir  de  terre  t(tt  ancien  moa.> 
âc  que  ncfusayons  vu C\ dilferent de celiûrc 
ci ,  pour  le  faire  paflcr  en  revue  devant 
fnoi.  Ëtte'reflRifcitok-  f\  pscfaitement  ton» 
ceux  qu'elle  ipe  nommoit ,  qiMÏlt^  mtau 
guoit  paj;  un  trait.  Elle  ib*a  Éiit  xetreuvar 
H*àncienÀfe$  dbukufs  à  q<ioi  je  ne  pehfibii 
plus ,  &  elfe  m*en  a  fait  regretter  d  autres,: 
dont  je  ne  m^ctois  p{isa<^ifé-dnns.le  tcms. 
de  leur  moit.  Enfi^n  ,  foit  que  j'aie  tort  i, 
ïbitiquc  j'aie  raifon  ,  cât  vous  croytez  biea 
^ttc  je  ne  donne  pa&mon  jugcnieAt  coxxuat 


,y  Google 


MA  R   S.      1751.         i^ 
^ôe  régie  (urc  ,  j*ar  fait  une  grande  pro*- 
v»(ien  de   compaOlon  p<MiF  en  diftribuer 
•lîbéralement  à.  tous  ceux  qui  ne  £:j:onc  pas^ 
àt  mon  avis,  fur  ces  Lettres.  }.e  ne  fçais 
€6înmem  jfi  me  Qûs  embarqué  dans  une 
â  longue  DiflTertarion  ^auMez-vous  la  pa- 
tience de  la  Ike  jufqu^au  bout  ?  Je  luis 
l^en  (ht  du  moins,  que  vous  me  pardonne*- 
:ge%  -mon  radowge  ,  &  comme  ce  n  cft  que 
rûts^im  vous*  toiir  £?ul  que  j'cxtrayague  , 
ïfe  m'ai  pas  eu  la  force  de  m'en  contraindre  ^. 
connoi0ànt  voue  i/^dulgence  pour  moi. 

Cours  d€  Chyuie  ,  pouF  fervir  d!in- 
-trodoâion;  i  cette  Science  ,par  Nicolas 
ih  Févrt  ^ Pfoicffiear  Rojial  en  Chymie  ,  & 
Mcinbredel^  Société  Royale  de  Londres.. 
•Cioqaiéme  édition  ^  revue , corrigée  ,  & 
aagtiientée   d'un  grand  nombre  d'opéra-- 
Btons ,  par  M.  du  Monfiier.  ji  Pans ,  chez. 
Jean -Noël  le  Lot^p ,  â  L'èntsée  du  Quai  des 
,  AuguAins  ^  à  la  descente  du  Pont  Saint 
MidieL,à.Sain(  Jean  Chryfoftôjne  »^  1 7  5^ 
itt»i%.  Cmq  volumes* 

On  vok  bicBi  rinfpç<^on ,  &  par  Texa-^ 
men  de  cet  ouvrage,  que  ce  n'cll  pas  ici 
une  (im^e  réimpre(Son  de  Libraire  ,  êc 
qu'une  main  pratique  dans  la  Chymie  ,  a^ 
pris  t(Àn  de  l'augmenter  &  do  la  perfec* 
ûoxuiei:»  l!^colas  k  Févre^  qiû  en  eftk: 


,y  Google 


?w  MERCtTRE  DE  FRANCE. 

premier  Auteur ,  fut  un  Chymiftc  dcgrao»- 
de  réputation.  Louis  XIV. de  lattis  de 
Valloc ,  fon  Premier  Médecin  ,1e  nom- 
«la  Dénianftrareur,&  ProfefTcur. de  cette 
•Science  au  Jardin  Royal  des  Plantes*  Sr 
•péputarion  paffii  les  mers,&  le  Roi  d'Angle- 
terre Charles  II.  pcnfant  à  établir  la  Société 
Royale  ,  voulut  auparavant  former  un  lar 
J&oratoire  à  Saint  James.  U  ehoifit  Nicolas 
It  Févre  pour  e^  avoit  la  direâion  ,  Fan 
v66f  ou  w6S^  Le  Fét^e,  ca  quittant  1^ 
France  ,  n'oublia  point  fa  Patrie  i Tes-  tra- 
vaux continuels  lui  donnèrent  moyen 
d  augmenter  &  de  pcrfeâionner  (k  Chy- 
mie  ,.qu'ikavoit  fait  paroître  «rn  detut  vo- 
lumes â  Paris  en  lô^ovelle  I  reparut  en 
r469  d^ï^s  la  même  Vilk ,  &  dipuis^  en 
Hollande  ,  &  enfin  à  Patis  eti  1^74.  Ton» 
tes  c^s  dernières  impreffions  en  ont  fait 
un  Livre  tout  nouveau.  Ccft  fut  ces  édi^ 
tions  qua  travaillé  M.  dn Aionfi'ur.  lia 
refpcéèé  le  texte  original  de  fon  Auteur ,^ 
maîi  il  à  eu  foin  de'le  feire  parkr  Françoisr 
comuie  lé  Févre  pàrleroit  lui-même  au* 
jourd'fiui.  Il  n'a  éf^  qiîeftion  que  de  fubf- 
tituer  àdes^mots  &  à  des  locution!  fiors 
d'ufage  ,  des  termes  &  des  phrafes  reçùcs^ 
aujourd'hui  dans  te  ftylc  ordinaire. 

Mais  conmient ,  dii?a-t'on  ,  pouffer  juf- 
^ttes.à.cia<£  volumes  iiû^  ouvragée v^gù-  diu^ 


,y  Google 


M  ^  R  s.      175  r.         Tft^ 

feortî  n'en  fairoit  jqae  deux  ic  pareille  for- 
me ?  L'EdUcur  ,  pour  rendre  ce  Livre  plu*i 
^commode ,  en  a  un  peu  groflî  le  caraûércV 
qui  n'écoir  pas  aflez^lifîblc  dans^les  derniè- 
res éditions,  &  pour  former  les  volume*, 
^'iinegrofl&ur  convenable,  au  prix  que  le-  . 
libraire  avoir  deflein  d  y  mewre  ^PEdi^ 
tcur  a^  joint  d  chacun  des  trots  premiers  ,> 
qui  contiennent  k  Çhymic  de  leFévrCj,^ 
des  additions  rclarivcs*  aux  matières  trai-r 
tées  dans  chacun  de  ces  volumes.  Ainfi  on. 
ttouvçra  à  la  fin  du  premier  vu^Iume,  non*» 
feulement  une  prcpâraiion    d'hydromd^ 
Riais  même  une  fermentation  particulière 
du  miel ,  par  le  moyen  de  laquelle  il  pré- 
pare une  eau  fpiritueufe  de  McUATé  ,  aufiî- 
bien  que-Tcau  de  la  Reine  de  Hongrie. 
€es  àexix  morceaux  font  travailJés  fur  Ihs^ 
principes  de    TAbbé  RouflTeau ,  qui  étoir 
l'un  des  Capucins  que  Louis  XIV.  avoir 
établis ,  &  qu'il  entreten0it  au  Louvre,  en 
qualité  de  Chymiftcs, 

Le  fécond  volume  a  pareiliemeni  fes  ad* 
ditions  ,  pawRi  lefquelles  on  trouve  une 
préparation  particulière  dùQliinqxiina  par 
Kèaude  vie  &  Tefpric  de  vin,  auflî-bien 
'  que  l'huile  de  briques, dont  les  propriétés^, 
au  nombre  de  plus  de  quarante  ,  lont  ici. 
'  cxademcnt  détaillées.  Cet  article  qui  eft: 
axiU  &i  curieux  ,,.eft  tiré  de  Jean  Libaut^ 


,y  Google 


m  MERCURE  DE  FRANGE. 

célèbre  Dodcur  en  Mçdccinc  de  laFacalcé 
de  Paris  au  fciziémc  (iéclc.  On  y  trouve 
même  la  préparation  de  Téau  de  goudron  # 
ainfi  qu*cllc  fe  pratique  en  Angleterre» 
où  elle  a  beaucoup  de  vogue,  ou  pour  le 
'  lécabliflèmenr  »  ou  pour  Ta  confervatiot» 
de  la  famé. 

Le  rroifiéine  vx>lume  né  préfènre  pas 
moins  d'additions  utiles.  Outre  des  remè- 
des fpccifiques  contre  la  fièvre  ,  on  troaye 
plufieurs  eaux  minérales  artificielles  >  ti- 
rées de  Gkfer  ,  célèbre  Apotiquaire ,  qui 
for  le  fucceflcur  de  leVévre  dans  l'emploi 
de  ProfcfTeur  dfc  Chymnie ,  au  Jardin  Royal 
des  Plantes  à.  Paris.  On  y  voit  même  dans 
un  grand'  détail  {Jufièurs  remèdes  contre 
^a  rage  V  deux,  furtout  mèritem  rattentio& 
dit  Public  pour  la  cure  de  cette  terrible 
maladie.  L^un  eft  tiré  des  écailles  infèriea- 
res  des  huitres  mâles ,  dont  laprèparatio& 
eft  ici  dccaillée  avec  beaucoup  de  foin  & 
de  précifion  ,cc  qui  n  avait  pas  encore  été 
fîiir  depuis  Le  peu  de  tems  que  ce  reraétifr 
eft  découvert.  L'autre  remède  eft  tiré  de 
ta  pratique  obfervce  a  TAbbay^  de  Saiûl' 
Huberr ,  aux  Ardènnes. 

Mais  les  quatriètne  5r  cinquième  volu- 
mes ne  font  que  des  additions;  On  trouve 
d'abord  ce  quTthmuUer  ,  fameux  Mèdc* 
fiin  Âllen)and>.a  die  de  plus  précis  (ur la^ 


,y  Google 


M  A   R  S,      Ï751.        iij 

Ckytnîc  ,  qui  feifoit  une  de.fcs  occupa" 

tîons  favorites  y  ccpcndaur  ,  comnoiC  le  dé' 

tail  de  CCS  deux  volumes  nou&mencroic  trop 

loin  ,  pour  faire  connoître  Les  nouveau* 

lés    utiles  qu'ils  contiennent,  nous  nout 

bortiçronsâ  très-peu  de  préparations.  CcU 

les  de  la  quintcflence  de  Icfprit  de  vin  & 

du  (ang  de  cerf,  ne  font  pas.  les  moins  cu- 

sieufes,&  font   ici  très^bien  décaillées» 

aulfî-bien  q.ue  la  Boule  de  Mars ,  qui  eft 

une  coiTipofirion  très-fîmple  de  limaille  de 

fer  y  de  rartrc  &  d'cau-de- vier*,  mais ,  don* 

les  propriétés   font  admirables  ,   &  que  ' 

l'Auteut  dit  avoir  éprouvée  à. Vienne,  ea 

AutricJie ,  Se  dont  il  a  aJtm^  envoyé  la 

compofition  en  Efpagne  ,  pour  le  Service 

des  troupes  de  Sa  Majefté  Catholique.  Ce 

fm,M.  le  Prince  de  Boum  on  ville  qui  U 

lajirdçoi^da. 

Le  cinquième  volume  n'eft  ni  moins 
çtttieux  ,  ni  moins  impoi^tant ,  foit  pour 
les  différentes  préparaûpns  do  vitripl  Se  dt> 
fouffre  ,  minéraux  dont  les  propriétés 
Aouvelles  &  inconnues  fé  découvrent  tour 
les  jours, ce  qui  donne  Ueo  à  KEditeur 
d'expliquer  diverses  opérations ,  furtout 
felle  de  1&  poudre  de  fympatbie.  Lçs  pré*- 
parations  de  l'or  potable  tiennent  ici  une 
place  confidérable*,  ^  l'Editeur  eft  d'au^ 
1^1  plo&  louable  >  qu'il  a  fait  .coonoucib 


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î»4  MERCURE  DE  FRANCE. 

'es  Auteurs  ,  dont  il  a  pris  fcs  opérations 
principles,  c  eft  ce  qui  fait  que  Ton  y  trou- 
^c  les  noois  refpcâables  de  Quercetan  ^ 
d'Helverius  ,  de  du  Sault ,  de  Senac  &  des 
plus  habites Médtcins^ni  ont  joint  laChjt- 
mie  avec  la  pracique.de  la  Médecine* 

L'Editeur  fe  fait  honneur  de  rendre  ja£> 
»Î€e  à  ceux  cfai  ont  fuivi  la  nnèmc  carrière 
que  lui  j  c'eift  ce  qu'il  fait  à  l'égard  des 
modernes  »  au  dcflus  defiijuets  il  diftingue 
avec  ratfon  M.  Mallouin  ^Doâeur  en  Mé- 
decine de  la  Faculré de  Paris ,  qui  ^pa- 
MiédneChjmùe  Médicinale  dans  te  tems 
même  que  la  fienoe  altoit  paroitre.  Et  par 
tout  ce  que  nous  avons  remarqué  des  ci- 
tarions  faites  par  l'Editeur  »  on^  peut  dke 
que  la  Chjome  de  le  Févre  eft  devenue  Ut 
ChfOÀc  de  tous  les  tems ,  Sc  de  toutes  les 
Nations  »  parce  qu'il  n*a  pas  négligé  ce  qto 
tes^  anciens  ont  de  curieux  >  &  que  les^ 
ChjFmiftes  des  ^ffereus  Pays  luî^ontfervi 
éàïïs  ce  qu'ils  ont  do.  bon. 

Amours  d'AkidcM?  &  de  CKarifee ,  ou- 
vrage traduit  du  Grec.  Deux  PâHi^s.  ' -i4^ 
ylwfterfdam  ,  chez  Zacbafie  Ckaulén-^ 
1751  ,&  fc  uow^t  itP4f4i ^x^ttt F oiilji 
Quai  des  Augaftins. 

Ce  petit  ouvrage  ^dom  la  féconde  par* 
^e  eft  fbct  inférieure  à  la  pteitiitrc^iole 


,y  Google 


MARS.     1751.         tif 

ragrimcnt  ,  &  même  une  cfpéce  de  vo- 
lupté. Il  fcroit  à  fouhaiter  que  rAurcur 
écrivît  avec  plus  de  décence  j  &  refpedâc 
xlavantagc  les  bonnes  roœats. 

Les  Pseaumes,  traduits  en  vers  pat  les 
meilleurs  Pccies  François ,  avec  les  prin- 
cipaux Cantiques.  A  Paris  ,  chez  Defaim 
Se  Saillant ,  rue  S^nt  Jean  de  Beauvais  , 
lyfi.  Deux  volumes />-i  a. 

Nous  ignorons  de  qui  aous  viennent  - 
ces  deux  voluoies  ;  i  juger  de  L'Auteur  par 
le  projet  &  par  rcxccntion ,  ce  doit  être 
en  homme  de  bien  »  &  un  homme  dégoûta 
Noos  exhortons  les  perfonnes  vertueufes  4 
ie  procatet  uiï  Livre ,  que  nous  croyons 
également  propre  à  les  amufer  &  à  les  édi- 
fier. Le  nom  des  Traduitenrs  aidera^nos 
Leâeurs  à  apprécier  lacoUeâioB  (^C: 
eous  annonçons.  M.*  Racine  ,  M^  Pic* 
quet ,  l'Abbé  des  Fontaines  ,  Mlle  Chci-^ 
ron  ,  M.  le  Nobk  ,  M.  Racan  ,  M,  Go* 
deau  ,  M.  de  Boifragon  ,  M.  de  Ro^ 
l^giîe  ^  M.  Frenicle  ,  Mlle  D  *  *  *.  M^ 
Doutxigné  >  M,  Ranchin  5  le  P.  le  Breton > 
Jefuite  5  le  P.  Manuel  ,  de  la  Dôdbrine 
Chrétienne  y  M.  Guis>-M.  Lefranc  ,  M^ 
Billard  ,  M.  Contart,  M,  Defmarcts*  M. 
de  Sainte  Palaye ,  M.  Mallevillc ,. M.  Mal- 
herbe ,  M,  Daire  »  M.  Moreau  de  Mautou»^ 
M^DulUrdi,  M.  Clakabaad  ^de  IfQcatoir^â. 


,y  Google 


tu  MERCURE  DE  FRANCE; 

Traite*  far  les  duels ,  par  un  Prêtre 
Séculier,  yt  jivignm ,  chez  Dominiqi:^ 
Ssgitin  ^  in*  1 1. 

Les  Leçons  de  Titalib  ,  ouïes  Tableaux 
de  divers  ridicnles  ,  que  la  Comédie  pré*  . 
fente  ,  portraits,  caraâéses ,  critique  des 
moeurs  ,  maximes  de  conduite  ,  propres  i 
la  fociété.  A  Pdrh ,  chea  Nyjn ,  fais  ,  & 
Giiillyn ,  Quai  des  Auguftins. 

lis  chapitres  de  cet  ouvrage  (bntl'at 
fromteuc  ,  l*amour  ,  Uavare,  les  baurgeoB- 
fes  ,  le  brutal  »  le  capricieux ,  le  charlatan, 
le   fin  comique  9  le  comique  fâcheux  ,  lift 
coquette  »  la  Cour  ^  le  diftrait ,  Teffronté  , 
réquité  ,  les  femmes,  le  fiatteur  ,  ks  focu> 
bes,  la  fout  beric,  les  François,  le  gentit* 
homme ,  le  gloiicmc ,  le  grondeur  ,  l'hon- 
fiète  homme ,  Thypocrite  ,  Tlntendanc  de 
MâiG3n  >  rirtéfola,  le  jaloux ,  les  jecraes 
^ens  ,  le  joueur ,  la  juftice  ^  les  maris  ,  It 
mariage  ,  les  tneires  ,  le  myfancropcjlè 
monde,  les  nobles  de  Province  ,  le  Nor- 
mand ,  le  patelin  ,  le  pédant ,  lé   pctir- 
.mtiîtrc  ,  la  précicufe  ,  le   Provincial ,  fc 
richard,  kf  Robin-  Le  compilateur  a  réuni 
fous  ces  ditfcrens.titrcs  ce  qu'il  a  trouve  de 
plus  agréable  dan^  nos  meilleiires  Corné* 
dies.   Cette  colleÛion  nous  paraît  com> 
mode;  elle  remet  fous  les  y^uxuncinfi-ncç 
4c  jalies  ciiofes  qu'on  elL  bien  aife  de  re- 


>y  Google 


MARS.     1751.  117 

trouver.  Nous  avons  tvt  de  la  même  main^ 
U  y  a  quelques  mois  ,  les  ornemens  de  la 
snànoire  >  ou  les  craies  brillans  des  Poètes 
François. 

Traduction  des  modèles  de  Latinité  i 
tirés  des  meilleurs  Ecrivains  ^  quatrième 
&  dernier  Recueil  de  profe.  -/^  A4r/>-,chcat 
Louis  François  de  U  Tour  ,1751. 

Il  fe  glide  affçz  ordinairement  trob  de- . 
fauts  dans  l'éducation  :  ou  on  met  entre 
les  mains  des  jeu^s  gens  des  ouvrages  La.- 
tins ,  compofcs  par  des  modernes  ;  &  ces 
modernes  quels  qu'ils    foient  ,  font  de 
mauvais  modèles  â  propoiêr  >  ou  on  leut 
fait  lire  les  anciens  Auteurs  de  fuite  &  ea 
entier ,  &  Timpoifibilitè  où  on  eft  dès  Ie$ 
premières  années  de  fuivre  le  fil  des  idées 
&  des  raifonnemens  ,  entraîne  néceffaire^- 
ment  lennui.    Si    on  retranche  quelque 
chofe  des  Auteurs  claffiques  «  on  n  en  rc^ 
tranche  que  ce  qui  eft  contre  les  bonnes 
mœurs ,  &  on  y  laifTe  ce  qui  manque  do 
clarté  >  d'intérêt  ou  d  agrément. 

Un  Citoyen  laborieux  y  èckiré  &  ver* 
tueux ,  a  entrepris  de  remédier  à  ces  dèfot'* 
dxes  »  &  y  a  rcufli.  Sa  Méihode  nous  patok 
excellente, 6c  nous  ne  voyons  pas  ce  qu'on 
y  poutroit  ajouter.  Il  cotptnence  par  les 
Auteurs  clalliques  les  plus  faciles ,  &  finie 


,y  Google 


ti8 MERCURE  DE  FRANCE. 

par  ceux  où  l'on  trouve  le  plas  de  dîflficoU 
tés.  Il  a  foin  df  ne  prendre  dans  ces  Ecri- 
vainsque  ce  qu*ilsrenfermcnc  de  plus  uti- 
le ou  de  plus  piquant ,  les  morceaux  d'HîA 
coire  les  plus  héroïques ,  les  traies  de  mo- 
rale les  plus  inftruâifs.  Lorfque  ces  Au- 
teurs prcfentent  des  difficultés  trop  foncsi 
on  les  éclaircif,  mais  on  ne  fait  de  chan« 
^cmens  dans  leur  ftyle ,  que  ceux  qui  font 
indifpenfables  :  on  ajôuteun  mot,  ou  on 
change  une  conftruâion.    La  Traduâion 
des  morceaux  choifis  e^faite  avec  le  mè^ 
me  goût  que  la  cotleâion  5  on  t*a  emprun- 
tée de  nos*  meilleurs  Traducteurs  ^  ou  on 
l'a  faite  fur  leur  modèle.    Elle  n'eft  pas 
déftinée  à  favorifer  la  pareflè  des  ^unes 
gens  )  mais  à  féconder  la  capacité  des  Maî- 
tres. Le  judicieux  Auteur, dont  nousan^ 
nonçons  l'ouvrage, fe  déclare  hauten^ent 
pour  les  verfions  contre  les  thèmes  ;  noua 
fommes  tour* à^ fait  de  fon  opinion  ,  Se 
nous  en  dirions  lesraifons,  ù  on  pouvait 
ajouter  quelque  chofe  à  et  que  M.  Plucbé 
a  dit  fur  cette  importante  matière;     M; 
-Chompré  annonce  fur  les  Poètes  le  travail 
^u'il  vient  de  finir  fur  les  Ecrivains  qui 
ont  écrit  en  profe  :  cette  nouvelle  entre* 
prife  eft  bien  digne  d*un  ami  du  vertueux 
&  célèbre  M.  RoUin. 


,y  Google 


-'  '      M'A  U  S.        175U     '    ir^ 

CssAi  (uTl'clcaricitéticscorps.  Par  M. 
TAbbé  NdUt^der  rAcadémie  Royale  drs 
ScilenccS)de  la  Société  Royale  de  Lon-» 
<lres ,  de  llnftimc  de  Bologne  ,&  Maître 
de  Phyfiquc  de  Monfcigncur  le  Dauphin, 
Seconde  édition.  A  Paris ,  chez  les  Frères 
^merân ,  rue  Saint  Jaques ,  1 7  5  o ,  /»-.  1 1, 
.Tout  le  monde  fçait  que  cet  ouvrage  de 
M.  Nollct  renferme  fous  le  titre  d'£(Iài  » 
un  Traité  prefque  complet ,  au  moiiis  tics- 
tnéihodique  ,  de  réteâricité.  La  première  . 
partie  contient  des  inftruiûions  touchant 
4cs  Inftruracns  propres  aux  expcrioBces  de 
r£le<5tricitc,.&  la  manière  de  s  en  fcfviti 
ta  féconde  partie  cft  une  expofition  mé- 
thodique des  principaux  phénomènes  élc<> 
criqats,  pour  fcrvir  à  la  recherche  des 
carules.    La  troifiéme  partie  expofc    des 
conjeûurcs ,  tirées  de  Tcxpéricnce  fur  les 
caofes  de  1  eledricitc.  Les  foos-divifions 
<lecct  ouvrage  font  aufli  méthodiques  que 
la  divifion ,  Hc  s'il  étoit  poffible  que  Tédi- 
ftcecjne  M.  Nollct  a.  élevé  avec  tatit  de 
foin  )  croulât  par  quelque  endroit ,  ce  ne 
fcsoit  pas  apurement  par  lordoTinancc. 
Nous  n'entrerons  dans  aucun  détail  fur  un 
ouvxage  traduit  dans  toutes:  les  Langues  de 
4'Eutopc  5  ni  fur  un  Phyficieî^  fi  cftimé. 
-Tout  le  monde  fçait  que  M.  l'Abbé  Nollct 
aune  la  Nature^  ^'il  i'ctttdie  avec  fuccès^ 


,y  Google 


no  MERCURE  D£  FRANCE; 

&  qa'il  la  développe  avec  clarté.  iOet 
Ecrivain  rend  inftruâîf  &  întereflaiu  t<m 
ce  qu'il  écrie  ^  jufqa'i  k&  di^aces  lie- 
céfaiie9% 

DissERTATioM  fur  la  Sainre  Lanâe  it 
Vend&roe.  Par  Miniers,  Doébeuf  en 
Théologie ,  avec  la  réponfe  i  la  Lecrre  da 
P.  Mabulon,  toachant  la  préceodcie  &riiu)i 
JLarme.  ^  jimfterdam ,  175  £  ^  iSc  ic  v^eod 
Il  P^ris ,  chcE  le  Lûiêp ,  Quai  des  Augaftios^ 

M.Thiers^  Sçavanx  célcbredu  dernier  (ié« 
cle»  a  traire  une  infinité  de  fujecs  très-parti» 
culiers,  &  y  a  répandu  des  recherches»  de  li 
lumière,  &  une  force  d'agrément  chcoio^ 
que&cririque.Il  avoir  furtouc  le  calent  d'é« 
tendre  fon  lujcc  &  d  y  ramener  très- adroit» 
temenc  beaucoup  de  cbofes  qui  ^eh  paroiA 
foicnt  fort  éloignées.  Si  ces  fortes  de  ma- 
rieres  étoient  du  teflort  de  notre  Journal  * 
xious  citerions  la  Di(!èrtation  que  nous  at^ 
nonçons ,  en  preuve  de  ce  que  nous  vc-. 
fions  de  dire,  M ^  Thiers  y  attaque  avec 
courage  une  Tradition  fort  ancienne  »  Sc 
nous  avouons  de  bonne  foi  que  cet  adver* 
faîte  doit  paroître  bien  redoutable  aux  d^ 
fenfcurs  de  la  Larme  de  Vendôme,  Pour 
peu  qu'on  aime  le^  dicuffions  de  cette  iuh 
turé  ,  on  lira  avec  plaidr  la  DifTenarioti 
t<mt4-£ût  curieufe  que  nous  annonçons. 

JESSAI 


,y  Google 


t  s  s  À I  fur  la  CDnnoiflànce  des  Thé*» 
tocs  François ,  i  Paris  chez  PrAiUt  Pcrc  ^ 
<îaai  de  Gcvces  17$!,  Brochure  in  1 1. 

On  trouvera  dans  cette  Brochure  des 
<lécaiis  agréables  fur  tout  "ce -qui  regarde  le 
"Chant  &  la  Déclamation»  Nous  voudrions 
^voir  afleE  d*cffp^e  pour  copier  ici  le  pop- 
'trait  qu^on  lait  des  e<xcellens  Aâeurs  qui 
ic  font  admirer iuf-Lçs  trois  Théâtres.  On 
-pourta  ji]^cr  de  TOu^rage  entier ,  par  ce 
•que  nous  allons  rapporter.  Il  eft  inutile 
'que  nous  avert^ons  qu*en  citant  ce  que 
4' Auteur  dit  de  nos  Comédiens  >  nous  ne 
prétendons  pas  approuver  coûtes  firs^  crî* 
iîqucs. 

Le  Sieur  Grand  val  eft  le  ûairoir  des  pe- 
tirs-Maîtres  François  \  ils  rient  de  fe  voir 
4i  bien  repréfentés  ^  rien  ne^lui  échappe  de 
ce  qui  peut  les  caraâérircr.  Son  jeu  varié 
3&  délicat  pUnt  d'autant  plus  »  qti'il  eft  ral^ 
fonné  :  c*cft  l'Afleurle  plus  vrai  6c  le  plot 
•inimitable  qu'il  y  ait  en  fur  la  Scène»  . 

Le  Sieur  la  ThoriUiere ,  après  bien  da 
^ems ,  &  encore  plus  de  peine  ^  eft  enfin 
parvenu  au  point  de  faire  oublier  le  char^ 
snant  Aâeur  ^  auquel  il  a  fuccédé  ;  on  ne 
Ven  reflbuvient ,  que  pour  les  comparer^ 
<^oncedans^le  Phuorophemarié>  Lîiimoii 
^dans  le  Glorieux ,  Sec.  ont  déterminé  it 
I^Uc  À  lui  rendre  juftice> 

F 


,y  Google 


lit  MERCURE  D€  FRANCE. 

>  Pecfonne  n'a  mieax  contiti  ,\z  NSore 
Azùs  la  Comctlie  que  ie  Sieur  la  Noue  \  i 

la  pare  de  coiis  Tes  a^jémeos  9  fans  kà  liçR 
i&rer  de  Ta  ûnoipticKé*  On  oublie  <en  le 

voyant  »  tjtiec'cftitn  i^olt  qu'il  doit  rcpre- 
:fencer  ,  c*cft  lui  qui  parle ,  ce  font  fc$  fea- 
-dmcns  qu'il  met  au  jour  ,  rAAcfirrn'jrté 
four  rien«  Quelle  yraifemblance  &  xpd 
Comédien  l 

Deux  Aâkeurs  qui  jouent  4es  Valets, 
œéritent  égalemeoc  bs  applaudiâemn 
ià\i  Public  Le  Sieur  Armand  en  amu&K 
ies  fpeâaceurs,  cherchcàsamarcrlui-fiX' 
•sne  i  6c  i  partager  le  plaifir  qu'il  dôme 

aux  autres  ,  ce  qui  rend  fon  jeu  très-vifSc 
«crès^naturcii  Le  Sieur  Ù^chzms  y  tncc  ai 
Ipcu  plus  de  râtfoiincnient ,  œ  qid  fait  que 

le  Coœédiea  par  oît  davantage.  Iboot  dtf- 
^enti  «ne  façoti  différente  de  reprcfesrer, 
•^'on  oc.  diftîngue  qm  parce  qu'dles&ac 
sch^cuae  fupécteores  eu  leur  genre.: 

Le  Sieur  Poiflbn  eft  unique  dans  fesci* 
:raâérés.  Quoique  la  Namre  ait  bcanâocp 

contribué  à  le  rendre  original  ^  il  ne  hiA 
-  pas  que  d'avoir  acquis  beaucoup  de  tsàem  » 

qui  le  rendent  ininiieaUe.  U  eft  p^nàCo^ 
.  tné&ea  «  Se  remplit  (c$  ;roies  de  raar'il 

vaiiérés^  quicmqab.i^pflérenkation^ 
y  découvre  tmc  ii^i^v^le  fàçon    dek 

rendre.  Cet  Mûcat  ârra.tiifficilea  tcaifh 


>y  Google 


MARS.      175 1»         XA{ 

t:er ,  dans  Turcarec ,  4e  CbevaUcr  à  la  mo- 
<k  )  la  Fctnim  fagc  »  &  aombre  d  aucces 
i^cesde  canâtérc, 

.  Les  Pâ^rûns  font  rendus  avec  tourcla 
imvecc  &  le  comique  poflible  »  pi«r  le 
&cur  Paulin.  "Quoique  cet  emploi  ne  Toit 
fis  foCT  au  Théâtre  ,  il  cft  abr<>luoicnx  pé^ 
ceflkire  ,  &  rAâeur  qui  en  cft  chargé  de» 
¥roit  s  y  borner. 

-  Quelque  perfc^on  que    les  A<lleai:a 
mettent ,  foit  dans  les  Comédie^  ancien- 
nes ,  foit  dans  les    Pièces  nouvelles ,  les 
Aânrices  s'y  diftinguent  encore  pliAS  géné- 
talement.  Chacune  dans  Ton  genre,  ne 
iai0e  pas  efpercr  d'en  trouver  qui  puiÂèla 
Tcmplacer.  Combien  de  fois  Mlle  Cauffin 
ïi'a-trclle  pas  fait  porter  ce  jugement  ;»»ès 
le  Speâade  ?  Amante   infortunée    daos 
l'Andrlenne  ,   tendre  épouse  dans  le  pcé- 
jt^é  à  la  mode ,  vertueufe  mère  dans  la 
Gouvernante  »  £mple  Agnès  xlans  Zeneîf- 
de ,  timide  dans  la  Pupille ,  divine  dans 
l'Oracle^  .enfin  )  par-tout  belle  &  fédui- 
'  Ikncé^ ,  elle  foumet  les  efprits  »  &,  captive 
ks  cœurs.  Que  d'hommages  n  en  a  c-ellc 
'  pas  reçtls,  plus  capables  de  faise  fon^loge, 
'  que  tout  ce  que  Ion  en  pourcoit  écrire  ! 
^  On  ne  peint  pas  fi  bien  les  belles  paffions 
'  fans  en  ètrealKrâé  ,  &  ceferoita£R>iblir 
^  fm  médie  >  une  de  voolotr  le  détailler. 


Fii 


,y  Google 


«04   MERCURE  DETRAWCE. 

Les  lôles  cl*Ainourcufes  font  d'autant 
plus  difficiles,  qu'ils paroiflenr  fore aifcs. 
'ïout  le  monde  connoît  l'Amour ,  &  ce 
^u'il  fait  dire  ;  il  eft  peu  de  perfQnnes  qui 
'^e  ie  foienc  trouvées  dans  la  ficuatioa 

2u'on  voit  dans  nos  Comédies  ,  &  j'ofe 
ire  ^  qui  n*ayeni.écé  des  Adeurs  parfaits. 
Cette  palfion  étant  plus  connue ,  il  eft  diB- 
£cile  de  lui  donner  des  nuances  qui  frap- 
|ient  >  &qui  paroifTent  nouvellcs«Ccpca« 
xknt  Mlle  Grandval  a  trouvé  Tart  de  fixa 
Inattention  du  Speâateur  ,  par  un  main- 
tien Boble  Se  intéreflànt.  Tout  eft  x:har« 
niant  dans  fon  jeu3  Ton  cœur  &  fa  bouche 
«'accordent  toujours  dans  l'expreffion  s 
c'eft  dans  la  fivrprife  de  l'Amour  qu^dle 
^peint  le  fentiment  ^.  c'eft  dans  laComteflè 
4u  Méchant  qu'elle  peint  le  caraâére. 

Les  Soubrettes  n'ont  jamais  été  jouées 
iavec  autant  de  naturel  &  de  vivacité. 
Mlle  DangeviUe.a  furpafTé  toutes  ceUcs 

Îiui  ont  paru  iufqu'à  préfent  ;  elle  poflcde 
e  grand  art ae  varier  Tes  rôles»  qai.  par 
eux-mêmes  (ont  aflez  unifoimes  »  u  T Ac*^ 
lOrice  n'y  joint  mille  finefles  qui  les  diftia- 
guent.  C'eft  par-là  qu'ella  a  £fu  fe  faire  un 
genre  qui  lui  eft  propre  ;  ce  feroit  rifquec 
beaucoup  que  de  vouloir  la  copier  ;  la  Na- 
^ure  &  l'Art  font  fi  bien  d'accord  î  qu'il 
^iiudroit  un  rapport  i>îen  çxziBt,  pour{>o»* 


,y  Google 


t/l   K   K  s.      rrsr.        trfi 

Yoîr  iDclct  dans  un  jeu  imité  les  agrcmcnr 
naturels.  Tel  Adeur  cft  parfait ,  qui  ne 
veut  être  copi'é  en  aucune  façor^.  Cclul^ 
qui  tire  fan  jeu  de  la  Nature  ,  eft  prefcjufr' 
inimitable  •,  on  peut  plus  aifétnent  attein- 
dre les  perfcftions  de  celui  qui  les  tient  d«^ 
Mrr: 

Ceft  dâdscesdrfftrenscaradéres,  qut- 

Mlle  Dangeville    nous  montre    la    coiK^ 

noiflance  qu  elle  a  de  la  belle  Nature  -,  el^ 

le  feule  fçait  l'Art  qu'elle  a  employé  pour 

les    rendre   auflî   brillans    que   naturels.- 

Elevé  dune  des  plus  célèbres  Adrices qu'il 

y-  ait  eu  au  Théâtre  ,  elle  en  a  reçu  désole-- 

^»s^  qui  lV)nt  phcée  au  premier  rang^ 

^ans  un  âge  où  les  autres  commencent 

encore  à  entrer  en  lice  \  ce  fer  oit  d'elle = 

que  l'on  devroit  attendre  un  véritable  Art* 

cdû  Théâtre  da?ns  le  comique  ,  elle  décou-- 

•vriroitdes  principes  qu'elle  a  connus  mieux- 

'^ue  pcrfonne.  Tout  ai^nonce  dans  Mlle] 

Dangeville  un  jugement  fur ,  par  la  vérité' 

qo'eîlè  met  dans  fcs  rôles  ,  malgré  leur' 

variété,   &  le  peu  de  rapport  qu'il  y  a  à" 

-fon  âge  &  à    la  figure.  Céliantcdans  le* 

PhilofopJhe  marié  ,  la  Gomteflc  d'Olbaa' 

^ns  Nanine,  font  des  caraftéres  qui  ne  luÎJ 

convcnoicnt  point  ;  cependant  nous  avons 

yû  avec  quel  fucccs  cette  admirable  Adrî- 

ee^  ^  fttriiKmté'  ces  défauts  de  vraifemMa%  ' 


,y  Google^ 


4itf  MERCURE  DE  FRANCB. 

ce  ;  il  cft  à  préfumcr  que  le  travail  a  i^ 
prodigieux ,  mais  e!Ic  a  trop  de  zélé  poar 
Çt  rebuter»  Ses  plaifirs  font  facrifiés  à  con- 
tribuer â  ceux  cm  Public  ;  en  eft-îl  de  fins 
grands  que  celui  d'être  la  prcmkre  dans. 
yn  état  que  1  on  a  choifi  >- 

Il  fuffic  de  dke  <|iie  Mlle  G^rutier  dou-^ 
ble  l'Aârice  ^  doEix  on  vient  de  parler  > 
dans  certains  rMes ,  avec  beaucoup  d'ap- 
plaudiflTemens.Le  Public  a  toujours  eu  bon- 
ne opinion  de  Tes  talens ,  fiir  tout  dans  les 
Suivantes,  où  fans  vouloir  imiter  Mlle 
Dangeville ,  elle  ne  lailFe  pas  de  faire  bien 
du  pTaiâr.  Son  jeu  paroît  an  peu  plus  re- 
cherché ,  &  FArt  s  y  ttiontre  davantage , 
ce  qui  fait  qu'on  lui  reproche  de  coorii: 
trop  apfèsrefprit. 

HlSTOfUE  MS  FASSIONS.  A  U  Héje  ^ 
«he2  Jacques  Ncaulme ,  17  ço ,  &  fc  trou^ 
Ht  4  Pdris  y  chez  Prault ,  fils  >  Quai  de 
Conty  »  in^i  i»  un  volume. 

Nous  commençons  l'Extrait  que  nous 
Avons  promis  de  ce  Roman ,  par  avertir 
qu'on  le  cromperoit  fi  fur  le  titre  on  s*ima« 
cinoit  que  l'ouvrage  foie  unTraité  métaphi^ 
uque  du  cœur  humai n^  ce  n'eft  rîcn^  moins 
Cjur  ccts)  c  eft  la  vie  d'un  honnête  homme, 
où  les  évenemens  font  tellenoent  difp#fé»>. 
<^*oii  voii  kktiàSttCM  agibs  fe  défclo^ 


,y  Google 


MA   K   S.      J7$K  117 

'pAT  toutes  les  paflîons  propres  &  affedkécs 
^  cbacuncdcs  périodes  de  la  vie  humaine  : 
ci^r>s  l'enfance  ,  par  ex^emple ,  le  germe  de 
toutes  les  paflîons ,  &  fingulierement  la 
i^aurinerie  &  rattachement  a  fa  propre  vo- 
lonté ;  d^ans  Tâdolefcencc  ,  l'amour   des» 
€ciTinies  &  la  fureur  pour  le  plaifir  idans^ 
i*âge   viril ,  le  défir  de  faire  fortune  dC 
l* ambition-,  plus  tard  ,  un  grain  de  jaloufie* 
i^iand  ou  vit  dans  Tëtat  du  mariage  ,  St  i 
l^cxtcêmitc  de  la  vie  ,  Tav^arice.  Outre  cet-» 
«e  file  de  paffions  graduées,  communes^ 
peu  près  â  tous  les  hommes ,  on  verra  des 
fituations  particulières ,  d'où  nailfent  <juc?t 
ques-uncs  de  ces  paflîons  qu'on  pourroir 
appcUct  perfonnclles  &  qui  caraftërifent 
glus  fpécialcment  chaque  individu. 

Le  Héros  de  cette  hiftoice  eft, comme; 
Ik  font  tous  Its  Hommes ,  excepté  les  ftupi^r- 
des  &  les  indolens,  le  jouet  perpétue^  da 
fcs  paflîons  ,  mais  il  ne  laifle  pas  ,  malgré 
cela,  detrchomme  de  bien^  Et  en  effets 
^e  fcfbit  une  clafle  d*liommes  trèsmépri-* 
{able ,  ou  du  moins  très  ennuyeufe  que  les 
gens  de  bien ,  s'il  falloir  pour  l'être  n*é- 
prouvcr  auconcs  paflSions.  Que  dis-jeMf 
n'y  auroic  pas  de  gens  de  bien ,  s'il  n'y 
gvoir  point  de  pâmons ,  puisqu'elles  fonr 
autant  la  fource  des  bonnes  aâions  qiar 
«ksmauv^ifqjceroat  les  gouvernait  de 
^  Fiiîj        , 


,y  Google 


*xS   MERCIPREDEFRANCR 

b  vie  humaine  9  qac  la  Providence  &c.  fi^ 
yolonré   même  de  rhomme  toarncnr   k. 
droit  ou  à  gauche  comme  bon  leur  femblc. 
Il  n'y  â  dan$^le  monde  rien  qui  foie  pure- 
ment un  mal  ou  purcmcnrunh  bien.  (  Un 
Anglois  a  ipèmc  fait  Félogc  du  Rhumatis- 
me &  de  la  Goûte.)  n* dépend  de  nous  de 
faire  de  nos  paflîohs  ic%  vertus ,  au  lieu  dct 
les  laiflcr  dégénérer  en  vices. 

Un  de  nos  Seigneurs ,  homme  d*cfprit 
18:  de  Lettres,  fur  le  titre  àt  l'Ouvrage  ,  a 
dit ,  que  le  Héros  dçvoit  être  un  grancf 
fçélérat,  fi  l'Auteur  a  rempli  fon  titre,. 
Mais  TAurenr,  pour  ne   point  faire  un 
monftrc  de  méchanceté,  a  rejette  les  cou*. 
Iturs  odieufes  fur  des  pcrfonnages  fubak 
ternes  \  le  prindpal  n'a  que  d^  pafEoo& 
xnodétées,  qui- ne  le  fbrtent  jamais  au- de- 
H  des  bornes  de  l'honneur  &  de  la  probité. 
11  cft  quelquefois  â  deux  doigts  de  les  fran-1 
chir-^mais  fon  heureux  naturel  le  rétient.. 
D'ailleurs,  mettre  fur  le  compte  d*un  même- 
homme  toutes  les  paillons  diverfes,  poif 
«ces  chacune  à  l'exc^  ^  non.feulement  ce 
ne  feroit  pas  faire  l'hiftoire  d'un  honnête* 
homnie  3  ce  ne  feroit  pas  même  peindre 
un  mélange  de  vertus  8c  de  vices  ^  puifqiie 
toutes  paffions ,  portées  à  l'excès  j  fontdér 
terminement  des  vices  s  ce  feroit  peindre* 
wx  méchant  cû  tout  genrci  l\y  a  plos^ce. 


,y  Google 


Vl  A  K  C      1751.        ii>i^ 

(Suroît  forger  un  pur  être  de  raifon^  à  qui' 
on  donneroic  cent  vices  oppofé$  5  qui  de^ 
leur  nature  font  incompatibles.  U  feroic' 
f>ius  poffibie  de  fuppofer  dans  un  même^' 
Minmc  des  vertus  oppofées  >  du  oioin»  eit^ 
s^arence^  que  des  vices  contraires ,  parl- 
ée que  les  vertus  n'étant  pas  des* excès, -• 
loin  de  s'exclure ,  s'amènent  fouvent  les  • 
uîes^tes  autres.  Nous  recotinôiflbns  bieiV' 
en  Dieu  une  juftice  Se  une  mîféf  icorde  in«^ 
finie  ;  à  combien  plus  forte  rai(bn  pour-^ 
rîons-nous  imaginer  un  homme  équitablcf' 
it  humain  »  généreux  &  économe  >  remué- 
par  rémulation-,  fàfus  être  jaloux  du  mérité*' 
d^autrui  y  prudent  ^s  défiance  ;  patient- 
iàns  être  infenfible  ?  ? 

Malgré  iin  aflèz  grand  nombre  de  négli-^^ 
gences  qu'oa  trouve  dans  cet  ouvrage,  il  e(t^ 
en  général  aflcz  bien  écrit  -,  je  dis  bien ,  re- 
laltivemenriau  ton  dont  doir-  être  écrit  un"- 
ouvrage  de  cette  forte.  On  n'y  a  point  alféc-^ 
tédenéologififie-yOn  aY  a -point  couru  ^ 
après  Fefpiit;  Ce  qti*il  7  a  de  réflexion»  ^ 
morales ,  naîr  du  fujct ,  &*feroit  venu ,  ccK 
femblc,  au  Leéleur  comme  à  l'Auteiir.  - 

Pour  achever  de  donner  une  -idée  de  cct"^ 
ouvrage ,  nous  renvoyons  â  l'introduâiou)  - 
oui  eft  de  TAuteur  Anglois ,  &.à  l'avertif-- 
fenent  du  Traduâ^ur^  qui  eft  en  tête  dç^ 

f  1^' 


,y  Google 


r3<y  M-tRrCtJUE  D-£  FRANCF: 

Pour*  l'Epitrc  Dédicatoirc  à  MybrcÊ 
Comte  d'Albcmarlç  ,  clic  n'cft  ni  de- 
r Auteur  Anglois  ni  du  Tradu^ur-,  mais» 
du  Libraire ,  qui  a  été  bienTaife  de  faire  â^. 
ce  Seigneur  l*hotiii»a^  d'un  ouvrage  An- 
siois  >  pour  rcconnoirre  les.  bornés,  doni^ 
il  Hionote.. 

Histoire  NAXtrREtM  ,  géhcraFe  8cz 
particulière ,  avec  la  defcriptiôn  du  Cabi-- 
net  du  Roi*  /;t-4^t  5  volumes.  Ada  H^je^ 
chez  Pierre  ai  Hônd$^  1 7  fo^ 

Norre  Nation^  fi  féconde  en  ouvrages 
^cfprit  &  de  fentiment  ,.jcfi  produâipns . 
4ui  ne  durent  qu*un  hj^vcr  ou  qui  ne  paf- 
fcnt  pas  chez  nos  voifihs ,  s^élcve  de  tem^ 
en  tem^  au  grand  &  au-fublime ,  &.forme- 
des  entrcprifes  qui  demandent  de  la  (âga* 
cité,  dès  recherches ,  de  la  PhUofophw.r. 
Toute  TEurope  a.  conçu*  cette  idée  du  tna^ 
gnifiqoe  ouvragt  derMe(Seurs  de  Buffoti^ 
&  Dâubenton. .  Leur  Hiftoire  Naturelle- 
s'imprime  parrout,  (è  traduit  dans  toutes, 
fcs  Langues ,  &  vient  d*êtrc  réimprimée 
en  Hollande.  Les  Editeursoni  ajoûcé  à  la.> 
Prélàce  une  addition  qu'(^  nci&ra  pa^ 
fâché  de  retrouver  ici, 

D&  ooc  ce  2xQ^^SQioCx  £ubiié,iPad% 


,y  Google 


MARS.        iTJi;        jyt 

f&t  parvenu  JQfqu'à  nous ,  nous  comprimes 
bien- tôt  que  le  prix  exceflîf  de  l'ouvrage 
qui  7  étoit  annoncé ,  empêchcroic  qu*il  ne 
devînt  aufC  commun  qu'il  éroic  à  loubai- 
ter  pour  les  progrès  de  THiftoire  Naturel- 
le ;  cela  itotts  fit  former  le  dclTein  d'en  pu- 
blier dans  ce  pays  une  édition ,  qui  ren« 
fermant  tons  Us  avantages  d^  celle  deFran- 
ee  s  coûtât  cependant  beaucoup  moins» 
Nous  communiquâmes  notre  projet  à  M^ 
de  Hondt ,  qui  voulut  bien  fe  prêter  â  (on 
exécution  ,  &  il  annonça  de  notre  part  foa 
édition  comme  devant  ^re  enricbie  de^ 
pjufieurs  additions,  &  effc^vement,  com- 
me les  Cabinets  d'Hiftoirc  Naturelle  qai 
fbnt  dans  ces  Provinces  ^  contiennent  lui 
très-grand  nombre  de  qporce^ux  curieux, 
notre  intention  étoit  d'ajouter  la  defaip^ 
tionde  ceur  qui  parokroient  Us  plus  rares 
St  lés  plus  intéreflans ,  a  celles  du  Cabinet 
du  Roi;  Mais  lorfque  nous  eûmes  reçu  dc^ 
Raris  les  trois  tomes  que  nous  publions  ac- 
tuellement ,  nous  remarquâmes  bientôt 
que  CCS  deferiptions  que  donne  l'Aoteur, 
fcrvoient-d'éclaif  ciflfcment  à  divcrfcs  bran- 
ches du  fyftcme  qu'il  s'eft  formé  fur 
l'Biftbire  Naturelle  ,  &  qu  abfi  toute  ad- 
dition feroit  hors  d'oeuvre ,  à  moins  que 
imus  ne  owrchiaffions  avec  lui  dans  la  nou- 
ikUc  j;oatc^Us'è&fi»yTc  î  mais  pour  ne 


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ïj»  MERCURE  DE  FRAWCfc 

pas  broncher  i  chaque  pas ,  U  faadroit  qoè^ 
nous  fuflîons  guidés  par  le  même  génie  fo*. 
f>ériear  qai  brille  dans  tout  ce  Livre  ;  or- 
t^^flr  ce •  qiie  nous  ;  nsàvons^  pas-  la  vanité: 
dyfpérer.  Ainfî  nous  rcnvoypûsàmn.oo-. 
-vragc  féparé  ,  qui  pourra  fcrvit  de  fapplé* 
ment  i  celui-ci,  rexécutiom  de  ce  que  nous^ 
avons  promis.»Mai$  cek  ne  nous  empeche- 
>ira  pas  de  prendre  tous  les  (btospoffibles  de> 
-cette  édition,  cncounieés  pat  les  grands v 
•frais  que  M;  de  Hôndt  ftit  généreulcmenc 
•pour  la  gravure  des  Planches,  U  employé- 
4 ce  travail  M.  Vanderfchle3^,  digne  £Icve- 
du  fameux  Picard'»,  qui  »  autant  pargoûc^^ 
qjue  pour    (butenir    Ift  réputation    quH: 
s^tl  acquife  par  la  déficatefïè  de  Ton  bt»- 
r|n  ,  n*a  rien  négligé  pour  que  la^ravûrc^ 
des  Planchas  repondît  au  mérite  de  cet- 
ouvrage.  Les  éehantilfons  q^on  en  voic^ 
dans  ces  trois  premiers  volumes ,  feront- 
f  ppur  nos  Led^fturs  joqç  prèuvç  d^  c^  que;: 
Hpas  difoil%, 

Lettuïs  CaiTicîaEs  fur  divers -Eerîrt> 
d^  nos  jours,  contraires  à  la  Religion  &t 
aux*  mœurs  ^  i  -volumes  i»*  i  %irA  Londres  y 
t^  (Mtonyont  à  Paris  >^ch$z.<AiKc^^  fil|^^ 
Quai<les  Augufens.v 

La  Religion  eft  attaquée  aver tant  d^tt-^ 


,y  Google 


yevLi  trop  louer  ,  trop  encourager  les£crk 
Tains  éclairés  qui  en  prennent  ia  défcnCt^ 
Quand. nous-  aucoas.la  les  Lettres  quoi 
nous  annonçonss  nont^^en  parlerons  aveo 
le  foin  qu'exige  une  matière  ft.importan»^ 
te.  Quoique  Tes  rophifraes^.  les  plaifan-^- 
tcries  dcsiAcrédalesfoient  des  aimes  touc«« 
â-fait  impuillantes  :con«re  la  révélation  , , 
il  eft,  bon-^d'en  faire  fentir  la  foiUefle». 
Tout  hboinie  fage  qui  aura  fuivi  avec  at^ 
tcntion  ces  dirpute&^  fentirax}ae  leChriC» 
mnifoie  eft  J  ouvrage  do  Dieu ,  &  que  let^> 
opiûions  phibrophiques  font  le  fruit  dcj 
j^rgueiloudp  i^corruptioo  des  honunes* . 

Le  1  j  Août  prochain ,  Fe'tc  de  S*  Lpuisj  » 
rAcadémiç  Fraoçoife  dQnnera  trois  Prix,  , 
lin  d'Etoquence  &  deqx.de  Pocfie.  Lt  fu-  - 
jet  du  premier  fera  rindnlg/mce  pour  les  dé*  - 
fims  tt autrui ,  ffflon  lès  paroles  de  Saine 
Paul:  ÇhdritdtfMtieas efi^,  Cejui  du  fécond,  ^ 
U^  hornieitrf  scc^rMs  au  mérite  miliuire  far  ^ 
JUmis  XîVy  er ittugmemés  par  Dfuis  XV.  Le  z 
troifieme  Prir,,  fondé  par  lefieur  Gaudron,  , 
aiira  pour  fujet  ^  UfaJJîoh  clnjeu. 

Debvkb  »  IViijé  j  Quai  des  Auguftkis ,  a  ^ 
^çû  le.  troifiéme;  tome  dtt%mois  de.Sep* 
tçipbre  des  ^Ses  des  Sifims.  Ce  Libraiic^- 
fournit  la  compilation  entière  des  Bollao^^ 


,y  Google 


ppfi  ME »C UTLE ITE  F1I'A^1»CR 

>  Nous  avons  reçCi  placeurs  Lettres  9  danf: 
kTqjaelies  on  reprocbe  à  M.  de  Vcrricrcdc 
a^rre  approprié  iine  pièce'  de  Poëfie  de 
Rottdèaa,  intimléé  U  Marmelade.  Il  eft 
vrai  qaccecreingénieafe  bagatelle  retrouve: 
dans  de  màuvailes  éd^ons  du  grand  Poète 
aui|ael  on  l'attriboc;  nui» après  ie  défaveu 
£9rmel  qu'il  en  a  fait  dans  les-dernieres^ 
lettres  qu'on  nous  a  données  de  lui ,  nous^ 
ne  croyons  pas  que  perfonne  puilSe  ,  fans^ 
injuftice  y.  cofltefter  cet  ouvrage  à  M.  de: 
Verrierew. 

NouTi Aux:  Effàis  de  PByfiquc ,  par  WE- 
XéUZ.  de  Lamhenie.  A^  Paris ,  chez  Dsirsnd 
Se  Fijfot,  fils.  Nous  parlerons  le  mois  pro- 
chain de  cette  nouveauté  &  de  la  fuivante». 

Systemi  du  Philofoplw  Chichcij ,  pat 
M.  de  G. .  •  •Chanoine  Régulier  de  Sainte 
€roix  de  la  Brctonncric,  Seconde  édition^, 
.augmentée.  A^aris, chez  David ,  Taîné. 
,    Les  CaÛacter£S  >  par  Madame  de  Pm*- 
Jitux.  Seconde  partie.'  AAmfférdàm^  So:.  ' 
ie  trouve  4  f4r// ,  chczD^w^,  le  jeûneur. 

'   1¥  A6EmE« ,  Opéra  de  l*Abl>é  MftéftajMy . 
tfaduites  en  François.  Tomes  }  ^  4  &  5.  >^ 
Fitmey  175 1,  &  fe  trouvent  dfarUy  chez?: 

'Ourand. 

€^dLJa  A^(6^ks.»ottvf a^stdtf  xéUbe-^ 


,y  Google 


l^é^aAafe  ^  dont  M..  R  *  *  * .  nous  avoir 
Lonné  deux  volumes  il  y:  a  quelque  rems.^ 
l^jQUC  le  .monde  cennoic  le  mérite  de  l'ori- 
ginal 'y  nous  ferons  connoître  le  mois  pro^ 
Jbain  Pélcg^nçe  &  la  fidélité  de  laTrar 
^u(kiQn.:xn  attendant  nous  exhortons  no9»» 
Uf  âeurs  a  fe  procurer  «me  des  plus  déU<« 
ci<o(ê$  Uâures  quc  on  puâflè  fkire« 

Traiti'  des  œaladies^des  Os^,  par  M;, 
J]^uvir9gây^Doâtm  en  Médecine  ,  ancien  > 
profeflcur  d*Anatomie  &  de  Chirurgie  an» 
Jardin  Royal ,  &  Membre^  l'Académie- 
jElofitlje  des  Sciences^  itomes  in- ii  ^  4 > 
Péêris  y.  ch^Zf  Debme^  l'aîné  ,  Quai  dc»t 
Ag^i^s  >  Pf es  l^  Font  S.  J^ichel ,  1 75 1 . . 

Oh  a-  lu^d^tfis  lé  Mercure  dé  Décembre? 
WîC  Hiftoire  tra^qqe  de  Li^dovifioCaranm^ 
u$m.Ct  nomque  nous  croyions  fuppofé^, 
tt  trouve  être  celui  d'un  honune  refpeâra-* 
|jle  qui  vit  eticore,  &  qui  n*a  eu  ,  ni  p&i 
ftvoir  aucune  des  avaniurés  contées  dans  1er 
|betit  Roman  dont  nous  rappelions  le  fou-! 
venir* 

3Li  Rot^de  Polbgnci  Pi|c  dé  Lor-^. 
ftiae    &    de  B&:>.  voulafnt  exciter  l'a^ 
|iiojyr  des  icitre*  dins^  fcs  Etats»  vienct 
4e.  fiipd^tt  à.{^çjPj^.1IIUL  B^fliorficriir 


,y  Google 


'  wbHqiic>avec  un  cevenu  annuel  de  naH^ 
lé  écus  poup  Paugmenracioii  des  Livtcs^ 
U  vient  auffi  ^  d'écablic  deux'Ptix  de  fin 
«cns  livres  chacun^,  Tim  poac  les  Scient 
•civ  &  raacrc  pour  ksBeHts- Lettres.  Ce 
grand  Prince,  toujour»'  arcentif-aa  bieir 
oe.  fcs  fujccs^  a  craque  des  Prix  ne  pom* 
roienc  Tuffife  à  leur  inrpÎFer  une  émola^ 
tk>n  auffiurtle  qt|eUle  doit  Têcre,  s'il  ne 
Idar  fearniâôic  en  nième-tems- les  Livres 
nécelTaircs  pour  fe^  perfc<^nner  dans- 
les  Beaux-Arts.  Les  Jagcs^^qu'il,  a  *  établis- 
au  nombre  de  cinq  pour  décider  du-tné^ 
rito  des^oavf«gc$  qui  leur  feront  retmsi)- 
doivent  jouir cRine  penfion  canvcnaMe;- 

t  Nous"  apprenons  en  ce  moment- qu'à  cet* 
Juges   ,   qui    feront    nommés    Cenftmrs^ 
Ràyaux ,  Sa  Mâjefté  Pdlonoifc  en  'a  joint 
d^'hônoraires  ,    tous-  diftingiiés  par  loir 
.iitifiancej  par  leurs  empldis  &  par  leur 
•goût  décidé  -pour  les  Sciences.  La  diffi* 
lîulté.di^  former  d'abord  une  Aca demie  i. 
^réduit  vrai  -  fetablablcmcnt  1^  Rôi  de 
•Ffalognc   au   detTéin    que  nous    venont-i 
diexpofer  ^  mais  il  efL'â  croire  qi^auffi^ 
rôé  qu'il  verra  Tamour  des  Lettres  con*- 
Armé  dans  fe&  Etats ,  &  des  Sujets  d^^ 
exercés  £c  capables-^ de  foutertic  llibmieQt  ^ 
i£ane  Compagnie  Littéraire,  i^-^r i^fij  - 
éliu  pas  ^iLi'éfiiUk.^^  iafendct  \\\  lia" 


,y  Google 


W  A  "k  S.      iTfî.         T^Tt 

Mitte  qu'elle  puifli  fubfiftcr  à  famaîs.  Sa* 
Majedé  a  publié  à  cetre  occafion  un  Edir 
qui  mérite  d*être  recueilli'  comme  at^ 
monument  précieux  pour  les  Lettres* 
C'eft  l'ouvrage  dt'àn  Prince-,  qui  le» 
ayant  culiivées  toute  fa  vie,  veut  leur 
rendre  un  éternel  témoignage  du  fruit? 
qu'il  en  a  retiré. 

BE  AU  XrARTS.. 

LE  iode  Janvier  de  cette  année  a  été* 
un  jour  de  triomphe  pour  la  Peinture.. 
L'Appartement  du  Roi  à  Verfailles.étoici 
retnpli  depuis  la  Galerie  jufqu'à  la  Cha- 
plle,  de  tableaux,  &:  de  tapi^ries  nouvel*- 
Içmenr  exécutées.  Nous  allons  effayer  de: 
donner  une  légère  idée  de  tout  ce  que  M», 
de  Tournehem  a  eu  l'Jionneur  da  préfeQ-- 
ter  à  Sa  Majefté. 

Le  portrait  du.  Roi  en  pied ,  grand  com^i^ 
me  nature ,  peint  par  M.  Vanloo ,  Gouver* 
neur.des.Eleves  protégés^  étoit  placé  dans^^ 
la  première  pièce.  E'accordtiréd*une  feulcu 
couleur»  produit  dans  ce  beau  morceaai 
autant  d'agrément  à  l'œil,  q^e  la  (implicite/ 
dç  la  pofition  repréfente  à  l'efprit  de  gran*- 
4s^  k  dejQoUcflç:Ja  richeiTe  de  ràro^to^ 


,y  Google 


fj-y  MERCITRE  X>E  FftAMCE. 

ic  cft  rendue  avec  tout  fon  éclat  i  fans  êtte 
trop  heurtée ,  comme  il  arrive  fouvcnc 
dans  ce  genre  d'ouvrage  ^  elle  eft  du  plus- 
grand  terminé  9  fans  cependant  être  froide; 
la  Tente  dans  laquelle  le  Roi  cft  rcpréfcn* 
té ,  ain(i  que  le  tapis  fur  lequel  il  marche  r 
font  également  rouges  •,  Se  cette  couleur 
haute  &  qui  ne  reçoit  fes  oppofitîons  que 
d  elle- même  ,  n'en  exprime  pas  moins^^ 
mures  les  vagueflTes  de  l'air  que*  l'on  peut 
attendre  du  pinceau.  Les  richclTes  de  la  ta- 
ble qui  porte  le  cafque  du  Roi ,  &  le  ta* 
bouret  placé  derrière  ce  Prince  ,  font  aufli- 
Ken  ménagés  que  bien  entendus.  Ce  por- 
trait a  infiniment  réuffi.,  Se  (on  fuccès  n'a* 
fbrprisperfonne. 

-  La  Phché ,  tirée  de  celle  de  Molière  »  8c 
eiréciitée  par  M.  Çoypel ,  Premier  Peintre 
rfu  Roî,  paroiifôit  enfutte.  Cet  illuftre^ 
Artifte ,  qui  a  la  réputation  de  mettre  beau* 
coup  d'cfprit  &  d'agrément  dans  les  fujcts- 
qu'il  traire,  &  qui  n'y  met  pouttant  quç 
^tprît  &  ragrémeni  convenables  ,  a  choi- 
fi  Le  moment  où  l'Amout  s'envole  &  le 
palais  s*évanottit.  QUoiqiie  ce  beau  tableaa^ 
©ttt  fixé  Tartention  de  la  Cour  àzns  tous  les 
tems ,  une  innovation  Utile  Ta  (aie  encore- 
plus  remarquer.  » 
'  M.  de  Tournehcm,  toujours  jufte  ,  tou- 
giiirs  attentif  au  progrès  des  Arts  ».a.pri9:  j 


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MA  %  S.     I7J**  ijï^ 

•cttc   année  un  foîn  qu*on  ne  s'ctott  ja^ 

siais   donné  y  il  a  vodIu  que  le  morceau. 

de  tâpvfllèrie  fc  nrouvâc  à  côté  du  cableau: 

d'après  kquel  il  a  été  fait  :  c'eft  «n  moyeiv 

aflûré  pour  faite  juger  faincmcnt  da  mé-^ 

cite  des  Tapiflîers,  &  les  rendre  de  plus- 

ery   plus  attentifs  à  fourenir  la  réputatiott» 

•d'^anc  Manufaâuxe  auffi    diftinguée  que 

celle  des  Gobelinf.  En  conféquence  d'une- 

-idée  awffi  raifonnaUe,  on  avoir  également 

apporté  un  morcea»  de  tapiflerie  ,  exécuté 

d*après  M.  Vanloo  *,  il  rcpréfcnte  Thcfée, 

préfcntant  auTcroplc  de  Delphes  le  taureau 

de    Marathon  ,  qu'il  a  forcé  à  le  fuivre^ 

-Coin«ne  le  tabUa«rétoit  àc^cé  de  la  tapif^* 

(crie  j  on  s'cft  trouvé  à  portée  de  juger  du* 

mérite  avec  lequel  on  ^icnàû  là  force  dvti 

pinceau  &  l4  richefiè  delà  compofitioQ. 

exprimées  dans  1  original 

On  voyoir  dans  une  pièce  fiiîvante  deuxL 
«lorceauxde  tapiflferie  ,  exécutés  aux  Go^ 
belins,  d*après  les  tableaux  de  M.  Coypcl  5;; 
ik  repréfentoicnt  des  fujers  du  Roman  de 
Don  Quichotte  ,  dont  cet  Artifte  ingé«> 
nîcux  a  multipliéles  idées  dans  l'Europe  », 
Se  qu'il  éroit  peut-être  feul  capable  de 
icndre  convenablement.  Sans  totnber  dans. 
le  bas  &  dans  le  trivial,  Mi  Coypel  a^ 
confervé  tout  le  fcl ,  le  plaifani  &  le  ccir- 
»î^^  tîc  Wi|ueldc  Ccn^nies., 


,y  Google 


it^tr  MEILCURBD'E FRANCE 

Lés  ouvrages  ^dcs  fix  Elcvcs  protcgjfts 
aoniiftanc  en  quatre  cableaux  Se  deuxin^  ^ 
iicles,fc  prclcntoicnt  cnfuirc^Lc  Roi  a 
eu  la  boncé  d^cncouragjer  ces  jeunes  Artit 
tes  &  même  de  diftinguer  le^ouv-ragcs  àcs 
quatre  qui  font  depuis  deux  ans  dans  TEco- 
le,en  daignant  remarquer  les  progrès  qoTik 
ont  faits  depuis  l'année  patfce.  Cette  bonté 
doit  engager  les  deux  qui  n*y  font  que  de* 
puis  fix  moisyà  ne  rien  négliger  pour  mcri- 
fiter  d'être  remarqués  Tannée  prochaine 
d'une  &çon  aai&avantag^e» 

No  trs  annonçons  avec  autant  de  plaifr 
que  nous  en  avons  eu.  à  Ic^  Voir ,  dcrac 
PlancKcs  que  Kf.  Dkpféis  vient  de  nicttre  an* 
jour.;  elfcs  font  gravées  d'aprèsles  tableaux 
que  Mi  Pierre  peignit  il  y^  a  déjà  quel- 
que?  années  pour  TÈglife  de  S.  Sulpice ,  & 
qui  rcpréfcntent  &  Nicolas  &  S.  François, 
lut  des  toiles  de  lopicds  fur  S*  Ce  gran4 
Pein  ère  a  pris  plaifir  à  oppofec  dans  les  deœc 
pcndans  la  tranquiUité  d'^n  Solitaire  au 
-mouvement  diwie  tempête ,  ôc  les  a  égale- 
ment bien  rendus.  Saint  Ftançpis  implore 
là  miféricorde  de  Dieu,  &  Saint  Nicolas 
la  fait  efperer  à  des  hommes  que  la  mer 
•ft  au  moment  d'engloutir ,  &  qui  travaiU 
lèrjt, comme  Dieu  lui-même  ordonne  de 
ft.  faire  xppiu  mériter  d'être  fccoaros,  Bâi  ^ 


,y  Google 


mmot>1e  repos  cdnon-fcaletnenc  trcs-bien 
exprimé  dans  le  Saine  François,  mais  l'auG* 
cémé  &  la  nature  du  p;^ylagc  concourent 
à  inlpirer  la  pénitence.  Dans  le  Saint  Ni- 
colas j^out  peint  le  daiiger  de  la4ncr ,  fci 
horreurs^  les  efforts  prodigieux  des  hom- 
mes qui  veulent  fe  ticer  d'un  auifi  ^tan4 
id^ingcr:  voila  quant  à  la  partielle  relprit* 
A  l'égard  du 4eflcins&  de  la  couleur,  l'un 
iSc  Uautre  font  parfaitement  convenables 
aux  fujets,  ^e^ui  ajoute  un  grand  mériu 
À  leur  corrcdion'&  i  leur  exécution.  Il  fe- 
xoit  à  délirer  que  tous  les  grands  ouvrages 
gravés  fulTent  exécutés  Se  xendus  par  la 
gravure  ^ec  autant  xie  ^ufte^e ,  de  goût  , 
4c  vérité  &  de  précifion  que  ceux-ci  ^  ces 
deux  Planches  rendent  toutes  ies  parties 
que  préfentent  les  originaux  que  nou^i 
avons  décrits  très-imparfaitement.  Un  au- 
.ire  motif  redouble  le  plaifir  avec  lequei 
nous  en  patlons ,  c'eft  celui  de  faire  revoir 
A\x  Public  les  ouvrages;  d'un. A4:tifte  pour 
^lequel  nous  avons  été  icmgtems  dans  les 
allarmes»&  quefes  maladies  ont  oblige 
^d'interrompre  ces  mçmj^s  Planches  pen- 
dant le  cours  de  fij^  années.  Un  excellent 
<ïrayeur  efl:  une  chofe  rare  &c  des  plus  im- 
portantes dans  r^tr  ,  la  gravure  pouvant 
leule  conferver  les  belles  compoiitions  à 
ia  pofièritCa  Ce  beau  genre  aimitatioa 


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%^%  MERCtFREDEFRSNCE; 

n*eft  pas  fealement  unenfechanique  ,coâi*> 
Dic  bien  des  gens  fe  le  perfiiadent.  Là  Gnt^ 
/vûrc  n  a  pas ,  à  la  vérité  befoin  pour  excci^ 
4er ,  du  feu  &  da  gcmc  ncccffaircs  pour  la 
•bclic  prodaftioiT^  mais  elle  cft  fondée  for  le 
*deflcin ,  fur  le  fentimcnt  &  fur  une  prodi* 
igieufc  intelligence,  telle  qu^iUa  fatiten  cf- 
Jet  pour  donner  ce  qa'on  appelle  là  couletft 
«par  la  difFereTYce  du  travail  ou  des  raille^, 
|)our  indiquer  un  accord  par  des  voya 
«différentes ,  mais  qui  doit  cependant  pro-» 
duire  les  mêmes  eflfets,  pour  confervct 
«nfin  un  caraâére  qui  (erve  à  rcconnmtre 
le  Peintre  dont  le  Graveur  a  réfolu  de 
cendre  Touvragc  &  de  perpétuer  les  talen& 
Nous  devons  nous  récrier  d'autant  plus  en 
France  fur  la  négligence  de  nos  Graveurs  > 
"que  notre  Ecole  a  produit  un  grand  nom* 
bre  d'hommes  excellens  en  ce  genres  Noa$ 
devons  encore  convenir  que  l'abiis  de  Veaft 
forte  eft  poufle  beaucoup  trop  loin.  Ce  gen- 
Tc  cft  bon  pour  rendre  promptcïïient  des 
chofes  d*cfprit  &  qui  n-expriment  que  d« 
idées  fans  exiger  aucun  tetminé.  La  pointe 
'  même  nVft  véritablement  ^otme  que  dans 
la  main  dts  Peintres  ou  de  ceux  qui  font 
nés  avec  àflcx  de  feu  pour  exprimer  des 
badinages ,  qui  dans  le  fond  ne  font  pas 
plus  i  la  Gravure ,  que  les  deffcins  &  les 
premières  pedSes  peateut  èire  à  la  Peinr 


,y  Google 


JA  "a  K  s.       175 t.         t4f 

^irc.  Ce  n'eft  pas  qu'un  Graveur  au  burin  ^ 
"et  (col  qoi  m^rire  ce  nom,  ne  puiflfe  em« 

t loyer  Teaa  forcer  mais  quami  il  eft  ja* 
M%  de  ion  Tal^m^  il  n*en  fait  ufageqab 
ipoftkt  prépafct  légèrement  t^utc  fatnacîii^ 
«vc.  Lfe  gcmt  cortiervé  dans  une  l<>Bguei?é- 
^tkion  ,  la  patience  fans  froideur ,  rima- 
^^utûon  fans  lervirude ,  la  manière  refKiut 
^r  fon-beau  ëôté, enfin  1  exaâitude  ,  fo 

Îrccifion  &  le  caraûcrc  du  trait ,  jcÀms  â 
flccor^l  du  JPcintre  ;  voilà  Ics^  pafrcies  qi*i 
^nc  rendu  célèbres  les  Audrans  ,  les  Ede- 
iinrhs ,  les  Poyllis  >&c.  nous«fpcrons  qefe 
^^  Dupuis  rappellera  plus  àhnt  fois  ak 
-SPublicitc  fouvenk  et  ces  granés  Artiftcè* 

L  E  T  T  R  E    A   M.  *  *  *.    ; 

•    £n  M  envoyant  une  muvelU  tftampi 
de  M.  le  Bas. 

VOrrc  eflipt^flcffiertt  à  vous  ppocuwt^ 
Mon6e« ,  t^otrt  ce  que  public -M-  le 
•Bas  ,  eftl^cn  juftifié  parle  méritt &  paf  Ui 
xéuffitc  <lc  fes  ouvrages  :  il  fembte  nclt» 
•multiplier  que  pour  augtnenrer  Tes  fiacxèsi, 
&  ce  qui  doit  encore  plui  tK)Us  étocnncr^ 
x'cft  que  XçKiï  grand  nombre  tie  prtnd  tien 
-Tac  U^r  perfeâiion^  Je  veuï  envoyé  om 
•«KMi«elle  Ëft2N7>pe  qciHl  viénr  de  ^ticvcc 
4^3i^è)SiTeiiie^e«^^'eft^la  ^bisànûtécie^tt 


,y  Google 


T44  MERCirREi>E  PHAîïCÏ. 

nmu  ait  ionnée  dh^iptès  têt  illaftre  Fk> 
inaodydonc  OQQC^auroic  trop.perpccii^ 
les  produâions.    Le  fiijec  dc-celie-^ci  cft 
-une  Fecc  Flaoïandc ,  douche  Peiotre^^lé* 
4>rc  a  icnda  tout  4c  ftacaS'»  toac4c  mouYc* 
«aenCjlajoie  &  ryvrcflçmèmcvavcc^c 
aatarel  »  &  cette  vérité  que  vooslai  cou* 
«ooiflès.  Le  nombre  confidérable  de  figaret 
4]ui  jooenc  dans  ise  Tableau ,  &  la  yaricté^ 
iDJiQicde4eurscaraâéresjdt  leurs  a^ita* 
xles  >  ^  de  leurs  fitnacions  »  n*y  répand  au* 
>cupc  forte  de  négligence  ûi  de  confufion-; 
4out  eft  fait  avec  Ta  noeme  force ,  &  le 
aème  foin  ^  Tans  effort  &  fans  fl&âation. 
Ondiroic^en  voyantchacune^  ^cs  Bgut- 
tes  en  particuliet  ^  qu'elle  eft  la  feule  que 
Tenieres  ait  voulu  peindte,&  que  le  burin 
•de  M.  le  Bas  aie  voulu  rendre;  &  quand 
oh  confidére  Tenfemble  du  Tableau  Von 
tïft  futpris  que  ractention  de  M.  le  Bas  ah 
|ni  fumre  a  tant  de  dilfèrens  objets  y  (ans 
«qu'aucun  fut  négligé ,  eu  ce  qui  ne  fecoic 
^as  moins  i  craindre,  ùtns,  qu'ils  fè  rèfifen^ 
ciflènt  tous  diin  travail  capable  de  flétrie 
la  fleur ,  8c  d  eœ<^flèr  lepicqoant  qui  ca^ 
raftérifent  fi  particulièrement  ces  fortes 
^'ouvrages.  Il  faudroit  pour  décrire  roue 
ice  que  vaut  .celui-ci  5  que  feufle  les.  con*- 
noiuances  qti,e  vous  pofledez  ;  vous  en  fu^ 
jirez.tooc  leprix»  beaucoqp,  mieux  que  je 

ne 


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^  A  fe  S.  ^7^ï.  HT 
t^  poarrois  voos  i'exjifitner..  Cette  belle 
£ftainpe  eftxlécliée  à  Madame  la  M^rquifc 
^  p  ♦  if  âf^  qui  foint  i  l*avanfage  <le.coa-> 
fK^tre  les  takns^^e  les  cultiver ,  le  bon*^ 
lienr  plus  flatteur  ehcpre/depouvQir  kt 
accueillir  &  les  récompenfirr.  > 

J'ai  l'hbnnçur  d  être ,  &Cé  j 

P.  S,  Voici  quelques  vers  que  nfom 
iiilpirés  ccvsc  Eftampc ,  flt  de  notfa  dont 
cUe  eft 'décorée.  Lilez-lcs  ,  moins  cbtmnc 
tta  bomtnagt  digne  de  fon  >objet  »  que 
comme  Uhc  preuve  de  mon  zélé, &  de' 
ilntérêc  que  je  prends  aux  progrès  du  gé« 
tiie  ,  du  içavoiî  &  du  ^om. 

A  Madame  la  Mar^uifi  de  P  ^.^  *. 

Sut  les  miens  qaî  t^envîiomieht  ^ 
ï  •  **.  tu  répands  le  feu  de  tes  regards; 
D'an  laurier  itnincrtel  tu  couronnes  les.  Aftf , 
£t  de  fleurs  i  leur  tour  les  Beaux  Arcs  te  couroii* 
nem. 

IitM;hereaH  jtihvBLité  yC^QAi  de'Conti^ 
qui  eft  chargé  de  vendre  Tédirioti  du  Lou- 
tre i  des  ouvrages  de  M.  de  Crcbillon  > 
yend  auffi  le  portrait  de  ce  grand  Tragi- 
que. <lc  Portrait  eft  Un  des  meilleurs  de 
M.  Aved ,  &  il  a  été  très-bien  gravé  pat 
£alechbu. 

A  L I A  là  s  t  >  Phèc  Cambrai ,  vient  de 


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Bietir  e  m  |i>ur  anô  fiftatnpe  ^  gravée  «Bapsèi 
on  agréabic  TaUciu:  ite  WâuverromiSi 
qui  tejpréif  noe  «ae  ^ardc^arancée^c^  Hb& 
kns.  (;'cl):  la  liiiKpiéiiK.ou  (uiénsQ  SAiaft- 
pe  que  nous  avons  da  ML  Atitmcc ,  qiiii 
xlu  raleni ,  Se  qai  aofKiicrc  de  la  rcput^* 
xion.  '  i'-' 

•  ,  r  •  •      •    •  ,' 

powr  hs  inftnvBœs;diç  MaoHcfnaoî^tifll^ 
Aoxmc  avis  qail  a  compofë  fctdUotf^Icki 
Car'ccs.  propres  à.  morrtcr  <]e^, Globes  à 
tant  céloftc«  qoe  refroftr^s  ,  ti&  pls^oirt 
grandeurs  ,  d'aafant  plus^cil^,.  q»'flifll 
comprennent  plufieurs  cbofcs  curicufes, 
Se  oà  le  calcul  àc$  étoiles  eft  •drcfte'^our 
Tannée  1754^    E41ies»  fon;^  a^gj^ctuées  de 

f)lu(ieurs  f:;pçift€;ilaiions  npi^vqUflS  >  les  Pô» 
es  dv^McU  y  (opt4i?«qués  ^  afnfi  qae/a«} 


cun 


diftiiigttésjpar  dffsjjgçcf  fpnApfl^  î  ik^^ 
forcocnt;.  aoiâifMPi  Ç9j9fr^«^a«ccte5awr^ 
cf^ikku  Ics^  éîpi.lw  <»t  itéppfée%41ç»wa 
diftancciduPôl^  •[ô^ilcurAkcixfiw  droi- 
te ,  avec  twx\^i(o'm.fif{\^jf\iiç0^,pQ^y\^ 
D:aillwt|lrîS  oy^fe%a^fipfl^q  j  o^  lcs49iV»tVr 
ges  ,  qui  doivent  être  aflc0j>lés  piQ^jf  for^ 
^r  Ic^  CJâi^.i.fejit:  Iki^F  ,df  Çeilq^tpyyf  rc 


,y  Google 


ipi^il  y  regpe  une  om^ocosufé  parfaite  çUtif 
la  Courbure  des  fufeaux  Se  ws  cefcle«>p^ 
-ralleles  ,  donc  les  Globes  ^nc  compofés. 

Nous   àjoaterons  que  tes  figures    des 

'ConfteUarixins  ont  été  iieSnées  Se  gr^^rées 

ti'un  nouveau  goàc^A  Pég^rd  d^s  Qjlqbcj^ 

^rrcftres ,  ils  ^oot  greffés  iuç  les  uoijLveÛçf 

Obrervacions  deAÎeâSeurs  de;l*Aca4àii¥ 

iLoyaie  des  Sâeoces ,  &..ûii;rant  te^  ]^44r 

fBoircs  ^ac feu  M^ lc.?ripçc ^f\Cf^i^ry, 

Xmbafladieut  de  Ruflîe  Sçae  Mofepvie  /Cfi 

France,  afçoireommuai^ocs  au  SicaxBarif^ 

4<tUc  t  au  fujec  de  la  grande  Tari^ric^to^ 

^ovite  jur4qu*à  la  mer  de;  Kamchafka  ;  cç 

£lobe$^  ont  été  gçavé$  p^f  ,!&$  n^eil^f urs 

^ravçursde  ce  cems.  Le^  di^Eercns  cara(> 

tércs  en  IbfU -parfaits  ,>  fan$  çxxe  trop  peci^ 

^  Càos  CQnfanon  ^  &  crès^li(ibles.  Pour  çi^ 

faire  1  éloge  ,  il  fo^t  de  dire  qu'ils  fon^c 

gravés  par  le  Sieut  jfltéw. 

>  M.  BAr^elle  a  4^^  Çlqbcs  ,  de  Tupe  iç 

sdc  l'autre  cfpéc^  >  àc  crois  grpdeurj  diÇ» 

jFpEcntc^i (Ravoir  dc.^ qçu^. ponces,  de  fix 

)pouces ,  ^  de  auacre  pooçes  Se  àcwx.  I) 

te  propofe  d'en  faire  de  quijize  pouce;.  Ù 

jB^  aa(fi  des  Sphères  de  Piûlamc  Se  d/c  Çoper^ 

|mV:j  de  la  grolTcur  de  ces  Glob'q»  exécucée^ 

îa^eclo^meoie  foin^        ,'.  ^j 

r    >i:  Çtr^dilU  dcmeurp  toujours  à  P^is^ 

G  i| 


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%4t  MERCORE  DE  FRANCE 

Quai  de  l'Horloge  da  Calais  »  àrcafeigtâl 
.dci'Obfecvacoire. 

Céittte  Uydr^étphiqu^ 

Il  a  pam  à  la  fia  de  Tannée  dernière., 
fine  noorelle  Cane  Hydrographique  »  qui 
%jpoiir  titr:C  :  Cétra  rimite  de  VIfle  de  Smfk 
'iSamingue&defes  dibonefuemem ,  ptm^firvir 
Ttmx  Véi^êmx  du  1toi\  drefféè  au  <léf^c  dâ 
«Cartes  &  PUos.de  k. Marine ,  par  ordre  dé 
9id.  Rouillé,  Secrétaire  dïtat payant  le  Dé- 
{mrtemenc  de  la  Marine.  Par  M.  Bellin^ 
ingénicar  ordinaire  de  la  Mairine  »  me 
ÎJaupfainc ,  ptèsla  rue  Chriftine. 
■  On  n'a  poipt  encore  -vu  de  Cartes  Ma* 
fines  traitées  dans  le  gourde  celle-ci;  Ici 
iiîrs  de  rcht  y  font  tracés  en  irottge  ,  &  lé 
corps  de  la  Orte  cft  en  noir,  ce  qttîn'a 
pu  s'exécuter  que  par  deux  planches  dtfiè^ 
rentes  ,  Tpne  pour  les  airs  de  irenr  ,  & 
^'autre  pour  la  Carte  ;  toute  la  difficulté 
eft  dans  la  juftefle  du  rapport  des  deœr 
planches ,  qu'on  tire  fttcëcffivcment  fur  U 
«lèrtie  feuille  de  papier ,  carfi  le  moindre 
dérangement  arrivoit ,  les  airs  de  vent  ne 
tadrer  oient  pas  avec  lés  latitudes  &  lésion^ 
|itttdesdt  la  Carre,  i^ui'dévicndroît  fkofle; 
i&.  ne  fçroit  d'aucun  ufiige  pour  les  Navi* 
ga'ceuirs  î.mais  oh  ^  triès^t^tn  réuffî  «  &  toat 


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MARI      nju         »4> 
fe  trouve  cadrer  avec  la  dernière  préçi" 

Le  but  qu'on  s'cft  propofé  »  en  cher- 
chant cette  nouvelle  méthode  ,  a  été  d'é- 
Yitet  la  confuiîon  que  répandent  lès  aif^ 
de  vent  fiK^  Icf  Carc^cs  Marines ,  &  qur 
devient  d  autant  plus  grande,,  qu'il  faut 
Tes  multiplier  beaucoup  \  pour  donner  aui^ 
Navigateurs  les  n^oyens  de  pointer  leurs^ 
routes  journalières  avec  facilité.  "" 

M.  B.  a  joint  à  cette  Carte  un  Mémoire 
de  hait  pages  y  in-^^.  qqi  rend  compte  de» 
principales  obfervations  9  dont  il  s*e(l  fer-» 
vi  pour  parvenir  â  des  corrcAîons  extrê- 
mement importances ,  dans  le  détail  def* 
4|uelles  il  ne  nous  eft  pas  poffible  d'entrer  i 
oous  remarquerons  feulement  d'après  lui  : 
9>j^*il^y  a  Ung'Ums  cjue  les  Navigateurs 
w  fotthditem  it avoir  une  Carte  fartiCHlierê 
)»>  de  VJJU  de  Saint  DdmhgHe  ,  dont  ils  pui/^ 
^fentfefervir  four  régler  leurs  routes  U  lonjg 
m  des  coter  de  cette  IJle  y&  oie  fes  différent 
mdihouejfumins  foieni  ditatlles  avec  ajfez.  do 
9»  f,ricifiott  y  pour  ne  h  s  pas  expo  fer  aux  dort" 
» gers  qu'ils  courroient ,  en'  fifervant  de  la' 
»  plupart  de  Carres  (jui  ont  puru  juf^u*ici.  •  •  ^ 
J«a  fuite  de  ce  Mémoire  prouve  trèc-bien  ,> 
&  d  une  manière  fatisfaifante ,  ce  qu^iJB 
avance.  Un  ^pareil  ouvrage  eft  d'aucahc 
plus:  eftimabk  9  qu'il  tend  i  confetvet  \k^ 
Gii| 


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tj*  MERCIERE  Dr  FftAWCl. 

Vie  &  les  biens  de  ceux  qui  fc  dévo^tÀ 
au    comoacrce  maritime  >.  ou  à  ùl  défend 


i  LETTRE 

pt  M.  (tAnvilleyà  M.  Folles ^PréfiJUnÊt 
j    de  la. Sacieti  Royak  de  Londres ^fur  hmû- 
Copie  faite  À  Londres  de  ha  Cart^  de  tj^ 
.    miritf  tu  Septentrionale^ 

IL  y  a  cnvîrofi  fix  mois  >  Moiifiéar  î. 
qu'un  GcntiUiommc  de  Dublin  ,  quo 
f^i  connu  ici ,  me  manda  qu'il  paroiflk>it 
à -Londres  unc^Iopic  de  ma  Cattc  de  TA- 
itiériqueScpcenccionale  ,  à  laquelle  ,  felôci 
fc  {Ja[pier\public  qui  annonçoit  cette  Co-« 
|ie,  TEditeuc  difoir  avoir  fait  des  aug* 
IbVhtarionSt  Urt  ^^figôciafl^dcLolTd^«»-> 
^ut  eft  venu  ehez  moi  depuis  peu  de  ccmsi 
m*a  même  aïluré  qu'il  y  a\rdic  trois  Copie* 
Arigloifes  démon  otfvragé.  J'ivo^s  clëj* 
.^cé  très- flatte  de  voir  que  riia  Cane  dlfrfi 
fie  eut  ëtc  adoptée  en  Angleterre  ,  &  co- 
piée cxa<£kement  chez  une  I^ation  aufl( 
èàricufe  &  auffi  éclairée  que  là  vôtre  \  flC 

Îc  penfois  à  l'égard  de  TAmérique  Scpttfn* 
rionaIe>que  d'utie  édition  Angloifë  il 
^llqit  attendre  dé^  atnêliorations  de  qutrl<i 
qUe^côn^^^èhce  datis'  lè  détail;  dit  lpc»i 


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MA    R   S.      175  r.  rj» 

éhs  Colonies  Britanniques  de  cette  Partie 
Aa  Monde ,  bien  réfolu  même  d'en  profitcty 
de  d'enrichir  ma  Cane  de  c^  que  )  acquc'f- 
F^rois  par  ce  moyen» 

Comme  je  fuis  redevable  de  la  pnblica*^ 
Mon  que  je  fais  aâuelicment  d'un  certain 
iK>mbre  de  Cartes  générales  fort  amples  ^ 
Se  en  plufieurs  feuilles  ,  aux  bienfaits  de- 
M.  le  Duc  d'Orléans  ,  qui  ma  même  ex- 
ciré â  ce  nratoil  r  fai  Fobligation  i  une  pec^ 
fbnnc  de  grande  confidératfonattacliée  à  ce 
Prince ,  de  m  avoir  procuré  un  exemplaire 
de  la  C^pie  Angloifc  qui  m'a  voit  été  ad- 
JKmcée  i  &  comme  elle  vous  a  été  dédiée  ^ 
Monfieur ,  fai  crfr  devoir  vous    adrefler 
hs  obrcrvarions  que  je  ne  puis  medifpen«« 
fei  de  fkire  fur  cette  Copte   Je  ne  difEmo- 
lerai  pas  (urtout  ^  que  le  Sr  Bolton ,  £di*^ 
teur  de  la  Copie ,  en  ayant  décoré  le  titre 
de  ces  itttncsràreatl^  improved,  je  n'aye'> 
en  beaucoup  de  curiofité  à  examiner ,  eiy 
q[iioi  pouvoit  confifter  cette  augmentation^ 
00  bien  amélioration  confidérabfe. 

•  Faire  augmentation  à  la  Carte  Géogrs^. 
phique  d  un  grarulContincnt ,  &  qui  Toit 
toiie  qu'on  puide  en  tirer  avantage  y  tC^ 
s'en  prévaloir  vc'eft  ^  ou  remplir  levuidr 
de  quelque  efpace  auparavant  inconim^^ 
ou  (ajouter  beaucoup  aux  circonftanccs  des 
ftîri|:s  tTo|f  ^ibkmmc  cohmo;.  Pans  k» 

G  iiij 


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lyx  MERCURE  DBFRANCE. 

Carte  de  l'Amérique  Méridionale  ,  qai  ^ 
fuLvi  la  Septentrionale  ,  au  milieu  de  Tcf^ 
pace  immenfe  de  la  partie  incérieare  dct 
Bréfîl  y  fz\  rempli  environ  cinquante  miU 
le-  lieues  Françoifes  quarrées  de  terrain  » 
dont  les  Cartes  ne  donnoiesit  aiKune  con^: 
noifTance  ;  &  s*il  eft  permis  de  fe  flatter 
d*àfouter  aux  ouvrages   de  Géographie^ 
c  cft  par  des  moyens,  de  cette  efpccc.  Mais 
de  pareils  accroiflèmens  dé  connoiflàncc  nc^ 
pouvant  gnéres  s'exiger  ,  vu  rimpoffibtlité 
même  de  les  acquérir  en  di£Eerentes  ré-v 
gions ,  &  le  mérite  àcs  nouveaux  ouvra-^ 
gr$  étant  le  plus  fouvent  borné   à  perfcc-^ 
tionner  des  objets  qui  ne  font  pas  entière- 
ment neufs  pour  la  Géographie  ,  au  moins, 
faut-il,  pour  prétendre  enchérir  fur  lesou-^ . 
vràgés  précédens  ,  les  couvrir  par  le  nom* 
biîe  »,&:  par  jine  meilleure  expceflîon  dci. 
circdnftânccsrde  détail ,  de  tnaniere  même. 
qu'il  en  nai({e  une  forte  préfomption  de-. 
Igftcffc  &  de  précifion ,  qui    faflc  juger 
favorablement  des  changcmens  apportés^ 
aux  parties  ain 6  travaillées.  Jcn'atpreC* 
<]tie  point  p^ile  les. bornes  ccuinues  des; 
Pays  Ëfpagnols  du  nouveau  Monde -dans 
mes  deux  Cartes  de  l* Amérique.   Mais», 
jofedîre  qulls  y  ont  bien  changé  de  cotti^ 
leur ,  fi  je  puis  employer  cette  expreflîon,^ 
en.  compacaifon  des  Carier  qui  CHicpcérw 
cédé.        (  .. 


dby  Google 


t/l  A   K  s.     1751.         Hii 

On  fie  di(conviendra  pas  ,  ce  (cmble^v 
éc  la  nécefficé  de  fatisfaire  i  Ttfne  xm  i 
Tautre  des  eondîriof»  eî-deEîis  énoncées  v 
poar  erre  en  droit  de  dire  av<Mr  augmenté^ 
coofidérablemenc  an  ouvrage  Géographi- 
que.   Or, je  ne  vois  rien  qnr  rempiifle'* 
ces  condidoBS  dans  la  Copie  de  M,  Bot* 
ton  ,  Se  qHÎ  pmfle  joftifier  les'teraies  4eP 
Grêmtly  mfrêved.     €'êft  une  chofe^oof^ 
ilcft  aifé  à<]ai<[uêceroiedereconiraiiK' 
cre^par  Ir  confroncation  dcdeaz'^xeniiA* 
plaires  de  la  même  Carte  »  dont  l'un  (oiç^ 
Foriginal ,  &  Tautre  W  copie.  On  tros^ 
Tera  l'un  calqué  précîféniem  (or  rautreen^  > 
toutes  Tes  parties ,  &  fi  on  remarque  queU"^ 
qucs  additions   d^s  îa-€opie»  elles  ne? 
paroîiiont  confifter  qnen  quelques  Lé«^ 
gendes  infcrircs  en  difteretw^endroir&"  Jc^ 
crois  même  dtvotrdifcu terrer  quf  "eft  con^ 
tenu   dans  ces  Légendes  ^  par  la  railbn^^ 
que  fr  le  terme  ^improved  Ttnktme  plùtôr' 
Hdéc  d'amélioration  qttc  cclf e*^  d'aug^en^^ 
tation  ,  il- cft  bon  de  voir  fi' l'améliora» 
tion  peutv  êcte  regardée  connnetelté ,  fu^ 
tc^ut  avec  la  quaUncanon  Atgreatlj  ;  c'efti^ 
^-dire    d^  grandcmeat  ^ott-confidérabte-^ 
ment/ 

La  premkrc'dcs  Légendes,  dé  M'.  BôK 
ton- ne  dit  autre  ckofc  ,fihon  que  par  le 
J^ci-  d'Ou^echt  y  les  François  ^nt  dc^ 


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i^f4»ltfER.GXTR E  DE.f  ï| AN C E. 

4©.  frcqùcotcc  la  Côt«  Sepccatrioçaletfe* 
Tccrc-aciiye*  C'cft  air«rcincnt  <k  qucjj  jA 
tpmbcrai  d'accord  avec  lut  ;  mais  ce  ac^e- 
tjn^  une  oipiâion    dans  ma  Cf  Ftç  ,  que 
Jkàs  le  co^  qtie  |e  l^eotTe  chargée  ailkui»^ 
4i^  notes  d^çfcteefpéte. 
-!U  ccffK^n  lie  la  Baye  d'HudfaQ  ,  faites 
Qch  Gmcde^Brec^ne^  doiine  lîêti  d  <)hftf«^ 
vm  4aii8ift6e  turre  Légende  ^qye  les  litni^ 
t«:jdu  Canada  doîvem  pafier  fur  le  Lac^ 
dofi  Al^kibk  p/aLt  4i>  degrés  de  lâcîtude»^ 
Gpitime  jlfetoic difficile  de  noa% citcoaC^ 
ca»çkr  drs:  tinbesr  bien  fuirâ  ,  3$  appU^ 
€|t)é&ri]icccffiifemear  à  chaqiie  lieu  en  pac^ 
utulicr  -dan»  isea^  Contrées  fauvages  ,  de: 
même  que  s^l  Vagiflbic  des  p^^mons  de* 
l^dr^pe,une  habicatipn  Françoise. fur k- 
laâc  dcf'Âbictbî^^  a  dô  déterminer  un  Géo* 
graphe  Prançpis'.à.regarderceLac  comive^ 
^nc  pofleffioa  Fran^ife.    Les   liacs  dcBi 
Miftiilins,  dont  la  Léeen(&  ne  parle  poînr»^ 
tàtttf  d'autant  plus  legitimenaeRC  renfcr*^ 
sites  èstns  le  Canada  ^îe Ion  ma  Carte  cri» 
gtnalc  ,  que  k  droireft  feHidé-fufHiiMî  Ion*- 
gde  poÛTeâiôTi ,  piaîfqti'iHv  Hahirani  Fran«- 
fois  »,nommé  Jpliei ,  y/orma  un  ^abliflc^ 
ment  dès  Ikn  1 6j^ ,  félon  une  Carte  fs^ 
m  drbflei  >'^'qoi^  eft  toanuferite  entrer 
antes  inains^y^datée  de  Québec  au  nsoîs^O: 
l)tettefnbj[£  de  cj»tte:«|iia«Ck^l4  84ilkiiK^ 
'    'j 


,y.Google 


^    IÇI    A-    R'    ^        ir^r.^         15  fr 

îsr'écnnoiffi^ttcc^  très  particiilkrt  qucfâî - 
ea  de  cette  porrion  du  Canada  ,  &  par  la-» 
qucUe  ma  Garre  prcml  beaucoup  d'avanta-v 
gc  fur  toutes  les*  pfécédentcr,  je  la  doï^» 
ad  Père  liaure  ,  Jàfuïw  ,-Miâîomiaire  cw 
ces  quartiers  )  St-  qui  u«  lc$  a  reconnus  0&^ 
frcqwcutés  >  ^c  eômttve  fdjïirde  laCoa^' 
ronne  de  France,' M.  R^on  fcrA^r'il  foit* 
dé  i  dite  avoir  augmenté  ou  amilîoié^ 
confidérabicmènft  lia  Carre  de  Mmériquc^ 
Sepccntrionnale  ,  pour  avoir  tracé  uaie'^ 
fihiple  ligne  de  divifion  ,  plos  favorable  i^ 
la  Grande-Bretagne  KPeut-orVmemciiiu^i-i^ 
rrer  ,que  ce  qu«  '-4'Alîte^  d'une  Carte  ^-* 
ou  fon  GopiAe  peut  ftire  fur  ce  fujct  h 
*  fàffc  Tavantage  on  lé  pré^iee  d«5  Go»* 
tonnes  V  •  > 

Une  troifi^me  Eegifnde',  qnr  concerné* 
fès  limitics  de  4a  Louifiâne  ,  eft"  de  la  mê- 
Bfte  efpccc*,  8t  avec    des  e^ptcffiim*  pea^ 
rfiefur^V;  M.  Bottùn ,  d*uri  ton  âiTe^bruff* 
que  ,  atertfe  les  Géographes  Fr^i^içois    do 
reculer  leur  Eouifiane   ptus  versTOàiôft,. 
ebmme  fi  Hr  aHiaAcçs  qull  alféguc'  aVcc^ 
lis  N^tionï'fauvagés  ,  détruifoitnrle  droit 
ôue  donne  k  découverte  da^fléuvt  Mif-* 
fmîpi  ou  dé  S^'ftt  Louis  ,dcc»raffiaré,pwf 
dts  établiflfcnrïen^  fàrts^eti  €6«féqpencc  do» 
M  découverte  &  fans  cofv«afdiâ?îort^  Mata» 
^;i(lk^^'eft4*^iiK>mé'^att'U#otifidu  C^ 

&.vji 


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ij(f  MERCURE  DE  FRANCE: 
pifte  >  Uyrfqa  il  recule  et  <]u'îl  appelle  FloU. 
rî-ie    fafc|u,'âu.  rivage  gauche  ou  oriental 
dti  Kti^Iiffipt  ^IgIlore-c'il  <]ue  la  nouvelle 
Orléans  ,  Capitale  de  la  Louifiane  ,  eft 

Gécifcment  affife  (^z  ce  rivage  ,  &  que  k.^ 
obtie /quis'^  écarce  même  confidcra* 
bUniem  ,  eft  occupée  par  des  éfablilFemens  ; 
Fnm^ôiff^tandis  que  celle  des^Efpagnols, 
en    Fkuâdc   ne    padènc    pas^Penfacola? 
Pourquoi  I  en  étendant,  UrXîéargie  dans^ 
ce  que  i*ai  regardé;CaiSfîie  Floride  ,  env- 
braiicf-t^il  Iç  Forr  que  les  fraBÇois  ont  aux , 
Alibamons ,  &  donc  if  convient  par  ces . 
tçrmc$^:  Alibétmms  H-mtf€»ch  ?  Je  ne, 
n^'étendraî  ^'  davantage  (îu  ce.  fujet,^. 
parce  qu'une  Carte  n>ftrpaslechanipott4 
CCS  chofcs  pourroient  fc  difcutcr, , 
:  Le  quarte  particulier  dans   îangle  d«v 
Nord^Oueft  de  là  Cartç ,  qui.  renferme  lesj 

Krcies  plus  SeptentfiofiaJiips  adhérentes  i^ 
Linétique  ♦  eft  accompagné  dans  la  Co-^ 
pie  de  pioâe^rs  Légendes».  Seloi^ne  C^r-. 
te  ^articaiierc^ publiée  en»  174.7-,  par  1^; 
Capitame  Smith  ^  il  y-sun.c^nal  qui  tra*^ 
xerfe.  de  la  Baye  de  TOurs-blanc  ,  White^, 
btar^  jivfqiies  vers.  Ttrifrét  du  détroit  de^, 
Gumbcïland,» ce  caotl  formant. avec  la. 
grande  mer  uoc  ifle  s  flifc  de  bonne  for- 
tune»  £t  un  fécond  canal  efl;  ouvert  ac^v 
Nord,  dc^  iUk&.MUl  Qiuidii  MQulia>..aii 


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Ihnt  rcjticontrcr   le  coin  Nord-Oucft  dux, 
détroit,  de  Cumberlond,     Nous  pouvons  . 
adopter  cc^  ouvertures  ou  canaux  fur  1&: 
pied  de  conjcâores  ,  n'jr  employant  qu'a«^ 
njc  legcnc  trace  de  points  ^comme  M. Bot 
ton  lui-mètne  en  aufé..   Danser  des  Cauess 
plus  ^ciennes  quela^mienne.,  on  trouvera^, 
de  gr.ands'  bjas  de  mer  traces  en  ces  par- ^ 
tics  ;  mais. dont  ta  connoiilànce  eft' trop.- 
iiicertaiae  pour  Te  faire  une  loi  de  les  ad-- 
mettre,  &  de  les  répéter  en  toute  Carte.  ^ 
Quant  au  nom  de  James ,  que  M.  BoltQo  t 
Vj^ut  ê.tçc  tjranfportc  à  riflc  renfermée  cn-^ 
tce  Ici  dcujfc  canaux  dont  je  viens  de  par^ 
1er  5  réfervant  Ic:  nom  de  Cumèçrland  en:.. 
particulier  à  Tlfle  qjai    porte  lé  nom.dc< 
J^mesdaDS  ma  Carte,  j'àutok  Bcaucoup^^ 
dç  Carj:es-  à  citer ,  où  le  nom  dlflè  de  Ja- 
lues  eft  donne,  précifément  à  la  terre  qui; 
bordç  k   détroit,  de  Davis  à  rOueft.,  Sc: 
q^i  forme  le  Cap  dc.WalCnghanri  ren- 
trée de  cç  détroits  Etpour ie  nom  de CutXK- 
Borland.,  M.  Bolton  .confulcant  lesCar.ter^ 
Ancloifes  de  Hcrman  WoII',de  Seller,,, 
Êplfon  &  Thorntoii,,yerra  que  cette  dc- 
nominadon  fe  rapporte  aux- liles  renfer-» 
ipées  dans  la  Baye  y^dice  de  Cumberland.,, 
Mais  au.  fond  ^  cette  critiqur  paroîua  de» 
bien  petite  confcquence  ,  &  fon  objet  fortw 
ia(Ultei:eG^  Je  f^^  dédommagerai  par  «po: 


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*Vfr  M E flic tm E  DE  IF R A NC B. 

remarque  particuUcrc  ât  M.  Bottoa,  q^* 
eft ,  que  la  Carte  rcpréfcnte  tour  Ce  cjui  i 
été  fait  de  décoavcrc^s ,  à  remonter  juf-  * 
qu*!  U  navigation  de  Forbisher  cû  t^f6, 
Gâr  ,  paifqûe  la  Copie ,  fiir  laquelle  cette 
rémarque  cft  infcrite ,  ne  diffère  en  rien' 
d'eflcnticl  de  loriginal ,  je  dois  être  flatte 
que  mon  ou<rrage  ait  foutcnu  T-examen»^ 
è  la  revue  que  M.  Bolcon  dk  avoir  faite- 
de  tous  les  Voyages  &  Journaux -qui  con* 
ctrncnt  ccs=  parages. 

'  Il  cft  vrai  que  dans  là  panie  du  Nord*  ' 
Oueft  de  la  Baye  d*Hudfon  ,  il  fz  une 
rfbttzaîne  de  noms  propres  de  lieu  ajouté*^ 
a  la  Carteorîginalc.  La Icdiire de  là  ftc- 
lîirîon  curieufe  &  très^bièn  faite  de  ML- 
Ellis>m*a  fm  cannoîfrc  ,qiae  ma  Carte* 
éroit  en  effet  fufocpâblc  de  quelque  actdi* 
tîon  de  cette  nature  -,  &  voili  précifement 
iqnoi  peut  s*ip^V\qi\€r  Vimpraved^dt  M^ 
Boitori  ,  fans  que  le  grsatty  s^étende  plufr 
loin  dans  la  totalité  d'un  ouvrage,  q^ircû- 
l^rme  plufieurs  millier^  dedé'nomiriationt* 
iècales. 

Je  n'omettrai  pas' là  dernière  dés  Légen- 
des, relatives  au  même  quatre  de  Cattc ,  ftP 
fSar  laquelle   il  eft  dft ,  que  le«  détroits  • 
Itear  Soond  &  de  Forbisher  ,  dans  la  Paf^ 
nc^du  Groenland  qèî  S'atance  vers  le  Sud^l 


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-     Rt  A    R  s:      rrpr         fif^ 

'Egede.  Je  n'aijioînr  lu  le  rK>uvcl  ouvrage 
^r  riflaade  &  le  Groenland  ^donr  on^ 
publié  depuis  peu  une  Traduâion  Fran^^; 
^ife*    Il  m'ç&  pourtant  tombé  fou»  la» 
tnain  ,  &  j'en   ai.  parcouru  quelques  en-r 
proies.  le  ne  fçais  même  y  <*il  n'eft  pas  dic^t 
quelque  parr  ga  cet  ouvrage  ,  qu'en  ion* 
geaairla  Côte  on  a  trouvé  ces  canaux  bou<^ 
^és  par  les  glaces.    Douterons- noiis  de 
Pexiftence  du  vieux  Groenland  ,  paKe  que* 
le  même  inconvénient  des  glaces  en  afer«-^ 
mé  l'abord  ^M.  fiolron  eftril  pM  certaia 
for  les  canauit   qu'il  a  tracés    d  après  U^ 
€arte  du   Capitaine  Stxiîth  ,  quoiqu'ila 
oayent  point  été  naviguas  que  ron-fça* 
Cihe  >  quç  fur  les  détroits^  ou  canaux  ,  donr 
il  eft  aélucllcmcnr  qucftîon/Ces  détroiir 
ne  font  point  prollrics  dans  la  belle  Carte: 
Danoife  de  Laurent  Feykes-haan  ,  que: 
KAuteur-  de    Touvrage  allégué  ci-déflus. 
i^conamande  comme  la  meilleure  que  nôu^ 
a^onspeur  ces  Gares  ,,&  dont  j'aï  eal'a^ 
Vûntagc  de  faire  ufage. 
.    Il  me  refte  peu  de  chbfe  a  défendre  de: 
là  Critique  de  M.  Bolron.  Il  nous  accufe  , . 
M,  de  l'Iflê  &  moi,  d'avoir  tronqué  nos; 
6arte$  du  coré  de  la  Californie  ^idefTeiti 
de  ne  point  marquer  par  la  hauteur  de  ^^  ^ 
degrés  ■  5i  demi  >  le  non»  de.  New-Mkimf , , 
4^^  ËSti^ .  JFcan||pis.^X3iaiU  .^^ataii4l^: 


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M^  MERCITR-E  DEFRÀ-NGB. 

cette  Cote  en  1579.  Jfe  pais  aflurer  l'E^ 
rcur  Angbis  de  ma  CanedelWliDériqar 
Septentrionale,  que  riuiicjiie  motif  d'eXi*^ 
dare  de  cette  Carte  ce  cygà  ny  entre  pir 
de  U  Californie ,  a  été  dem^pargner  tia 
grand  efpâce  prefque  vtttde^  &  aoqael  Ui 
Mappe-moAdo  que   |e  projette  »  mffira». 
m'etant  procuré  par  ce  moyen  plus -d'el- 
pace  8c  d'emplacement  pour  les-  rartie9r> 
principales^»  &<  phis  intéreflantes-de  mon^ 
ftijet.   C'eft  par  la  m^me  raifen  ,que  je 
mt  fuis  retranché  dans  un  angle  de  Is'^ 
Carte ,  pour  la  repréfentation  des- régions^ 
plus  Septentrionales-^  qui  admifes  antre-^ 
ment  dans  la  Carce  ,  L'auroient  confidéra-»- 
Blement  aggrandie  avec  inutitité  »  puKque^ 
M*  Bolcon  convient  qae  les  découverte»^^ 
y  font  fuflS&mment  exprimées^ ^  nonob& 
tant  que  le  point  d'échelle  en  fcit  raccour— - 
ci  de  mouié^,&'  T^endueen  fur&ce  ré^ 
diiicc  aa  quaft.  M  cft-ce  pas -trop  marquer* 
l*enyie  de.  reprendre  &  de  critiquer ,  que 
de  le  faire  fur  ce  dernier  objet  ?  M.  Pop« 
jrfe ,  en  qualité'  d*A-nglois  ^fcra-  bien  plux  ^ 
fepréhenhble  que  nou»^  dans^une  Carte  ir 
q«i  outre  la  grandeur  qu-on  lula  donnée  ^ 
eft    intitulée  fofmQÏUment',  Brkhh  Em^ 
pire  in  America^ 

Enfin  ,  M^Bdlton  naie  reprend  d^'avoîrr 


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MARS.      175^^        itr 

Itir  le  pied  âciz6  roifcs  aa  lieu  de  825 
Convaincu  comme  je  fuis,  qu'il  y  a  dans 
ma.  Carte  des  fautes  bc  des  erreiKS  de 
bien  plus  grande  conféqucnce  que  celle-Iâ 
lie  le  fcrbit  ,  il  eff  hcureur  pour  moi 
qu'elles  ayent  ccfiapc  aux  himiercs  de  M. 
Bolton.  Quoique  étranger  à  TAngleterre, 
j^ai  étudié  la  valeur  des  differens  Milles  >< 
4ont  on  ttfe  dans  la.  Grande-Bretagne  ». 
comnic  on  peut  s'en  aflTurer  par  la  lefturc 
cTun  petit  Traité*  de  Mefures  itinéraires  ^ 

3ui  précède  les  cclairciflemens    que  j'aL 
onnésfur  quelques  points  Géographiques' 
de  l'ancienne  Gaule.    M.  Bolton  n'a  lieu- 
<f  accufer   mon  évaluation   du  Mille  An- 
glois,  fixe  par  Henri  VII.  à  1760  verges,. 
ou  5a8.o  pieds  Anglois,  que  parce  qu'il- 
c^oît  que  le  f\sd  Anglois  eft  au  pied  Fran- 
çois exaftcment  comme  i  ç  eft  i  1^.  Mais 
une  mcfure  de  6  pieds  Anglois  ,  envoyée 
à,  l'Académie  ^Royale   des    Sciences  ,  ic 
comparée  i  la  Toife  Françoife  avec  le  plus, 
grand fcrupule ,  s'eft  trouvée  contenir  Su 
lignes  de  notre  pied  ,  au  lieu  qu'elle  fc^ 
borneroir  à  S^jo,  fclon  cette    proportion/ 
dé  If  à  1^.  Que  M.  Bolton  veuille  bien-. 
calcule/  fur  cet  élément ,  qui  n'eft  point?  * 
cqnivoque  ,  il  trouvera  que  l'évaluation? 
da  Mille  Anglois  furpalTe  même  de  quek- 
^ue  chofc  les  S  uS  toiles» 


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i6%  MERCURE  DE  FRANCE. 

L'Edicear  Anglois  ne  doit  point  rcgat^ 
Jcr  comme  ttnqcorreétion,  Image  qu'il  * 
fait  du  nom  d'Antilles  ,  diffcrcnt  de  celui. 
qui  eft  propre  à  notre  Nation  ,  &  qu'il 
ne  peut  autorifer  que  pat  conformité  à  ce 
<|ue  la  fienne  entend  par  cette  dénonHna« 
rion.   Nous  nonamons  proprement  Antil^ 
its  ,  Am-infiêUs  ,  cette  fuite  d'Illcs  ,  qui 
ctepuis  Portorico  s-etend  en  ligne  courba 
juiques  vers  la  Tcinidad  y  parce  que  ces 
Mie*  fe  prcfentent  avant  toute  autre  tetre 
en  arrivant  dans  ces^  parages ,  &  qu'elle* 
précédent  la  terre-ferme  ou  le  continent,. 
Nous  les^  appelions    àuffi  Ifles  du-Vent  ^ 
les    Eipagnols   Barlovema  y  parce  qu^ellês- 
reçoivent  le  vent  alifé  qui  foufle  de  W 
'bande  de  l'Eft  ,  i  la  différence  des  Mes^' 
oui  depuis  la  Marguerite  jufquàCuraçàOy* 
fônc  fous  le  vent  à  l'égard  des  premières.  * 
M.  Bolton  coftferve  aux,  Antilles  le  ronr 
de  Caribes ,  celui  dont  on  a  défigné  lc9" 
Indiens  ou  originaires  du  Pays, qui  au*' 
jputd'hui  n'cll  prcrque   par  plus  d'iifage 
chez  lioui  que   celdi   d*{ffes  Canibalès , 
dont  Laet  &  d  autres.  Auteurs  fe  font  fervis  t- 
&  les  Antilles,  que  M.  Bolton  diftinguc  en 
grandes "&  pctites,(bntfclon  lui,Saint  Do— ' 
mijigue  &  les  Ifles  voifines  d'ufte  part  ^  Se  * 
de  Tautre  celles  que  oous  cntepdons  par  * 
k:  uo»d'lûts  fous  le: Vent.  ^Ùir  On  gareit* 


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Atfct  >Phabitade  cpxc   chacun  aart  prif^- 

ë'une  manière  décidée  ,  doit  être  fuivie 

»e(pc<5fcivcment«    Cependant ,  o»  ne  voÎD 

point  le  mèrac  emploi  da  nctn  d^AntïlIel» 

dûns  tes  Carres  d'Herman  Moll ,  ni  dan9 

ctf tle  de  Popple.    Celui-ci ,  par  ce  qu'il 

âottime  the  jImiUes  or  Caribbie  ijlands  ^t 

àéd^ùc  précifément  les  mêmes  Ifks  que 

â^uâ  y  à  commencer  par  Porto^rico.  Eif 

]htiattt  n'en  diffère ,  que  pour  étendre  le 

»Ofn  d'AmilIes  dans  U  Carte  deTAméri^î 

^U€  Septentrionale  ,  à  toines  les  Ides  qui; 

eOâVfetu  le  coùcinent  de  FAmériqae,  h 

commencer  par  les  Locales  y  en  quoi  il  n'y^ 

^-  rien  de  contraire  à  ce  qui  a  dotrné  lien^ 

stu  tK>m  d* Antilles;  Ainâ,  M^  Bokon  n^ 

peut  fe  prévaloir  ht  cet  article  d*iin  ufageî^ 

^nftamment  établi  chez  les  Sujets  del» 

Cfânde  Bretagne^  : 

Pour  ne  rien  omettre  de  ce  que  j^ireA 

marqué  dans    1  édition  Angloifa  de  m» 

Carte  ,  j'j  trouve  U  longitude  de  la  Ber-. 

mude»  marquée  par 'écrit  de  64  degrés,^ 

4S  minutés  à  l'égard  tie  Londres*  Et  fut' 

oc  fujet  je  fÎHs  înf éreffé  à  cxpofer ,  que  de-* 

puis  la  confti;uâion  de  ma  Carte  j'ai  éto 

iDftruic,que  par  des  ÛbTervations, faitesi 

en    lyax  &  171^  ,  à  Saint  George  aiv 

Nord-Eft  de  la  Ber-mude  ,  cette  dififerenc«f 

4^  bugitud^^  ^it  croisée  4fi  4  hjeures.wi4|^ 


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%ë4i  MÊHCÛREtDBFRANCE. 

à  xo  minâtes  •  d'où  l'on  peut  conclarc  6f 
ècgtés  9  de  compte  rond  ^  ou  7  à  8  mioutes 
de  mollis^  Lorfque  j*ai  compofé  ma  Carte. 
de  TAmérique  SepcentrioDalè  ,  )  ai  fup-' 
pofé  la  longitude  de  Paris  de  i<^degrés- 
ji  minutes  à  Tégard  du  premier  Métu 
dien  y  (cïbït  les  premiers  réfultats  qot 
avoienr  paru  des  obfervacions  faites  aux- 
Canaries,  par  le  Père  Feuillce,  Depuis  ce- 
tems  là  9  ayant  été  informé  pkxs  particu^r 
liercment  des  opérations  du  Père  Feuillée,^ 
jlai  connu  que  cette  longitude  approchqic 
davantage  de  z  a  degrés,  &  mlaconmKK 
dite  du  compte  rond  do^  10  degrés ,  daas^ 
y.  rapport  des  differences  de  longitude 
dune  infinité  de  lieux>  au  Méridien  de- 
Saiis^  l^aitadopté  par  préférence  ce  comp*: 
ce  dfe  2  o^  degrés^,  &  |y  ai  même  alTujetcii 
ma  Carte  de  TAmérique  Méridionale ,  ne* 
C4X)yant  pas  devoir  facrifier  unerplus  gran- 
de précilioB  à  Tavantage  de  là  corre(pon<^ 
dance  entre  les  deui^  Cartes.  Un  lieu» 
dont  la  longitude  si  l'égard  de  Londres  fera^ 
d'environ  ^5  degrés ,  s'écactera  de  67  ^ 
près  de  demi,  du  Méridien^de  Paris,  parcct 
que  la  longitude  eaii^LondrjCS^  Paris» 
en  combinant  le  réftiltardcdiverfes  obfer- 
nations, m'a  paru  de  z  degrés  ,  & envi«» 
i»n  17  mioutes,  un  peu  plus  forte  qu*on^ 
W;l!dUme  çommuncmem  > jna^  bien  glut» 


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^   A  R  s.      t7tf/      i^T 

^Ible  pat  proportion  que  ce  qairéfultc 

^es  oblcrvafîons  qui  donnent  le  plus  dç 

iongitude.  En  ^tablHTant  4a  longitude  dt 

yans  à  19  dcgfis  5aininuies^  comme  jt 

ie  faifots  dans  la  conftruâion  de  la  Caret 

de  l'Amérique  Sepicntrionflde ,  &  dédoi. 

Tant  cette  longitude  fur  éy  -degrés  envt- 

•ffon  ro  ininutes  »  on  aura  la  'longîmdc^e 

Saint  George  de  la  Bermude  à  47  degrés 

'&  demi ,  ou  environ  ,  de  longitude  Occi^ 

Mentale  du  premier  Méridien.  Or,dàils 

«na  Carte  ^Saint-tSeorge  fc  rencontre  à  47 

'&  dea^  tiers  de  cettelongitudé ,  ôc  je  fot^ 

4iaite  ne  jamais  fencor^trer  pl«s  mal  gofe 

^ans  la  fituation  de  ce  lieu ,  (\\t  Tempdacie^ 

ment  duquel  je  pourrois  faire  remarquer 

'^C  bien  plus  -grandes  diverfités ,  fi  je  ot 

^ongeois  à  abréger  cette  Lettre. 

Mais-,  ce  qui  adroit  de  m'étonner ,  c^cft 
^oe  ^.  BolH>n  ait  un  pcvt  changé  la  Ibti^ 
-^itode  ^è  la  l^rmude  »  fans  èireinformé 
•de  celle  fur  laquelle  /étois  fondé  ,ou  doftt 
^e  partois  <)ans  la  conftruâton  demaCai^ 
tê.   Je  n'autois  sûrement  pas  refùfé  «de 
lai  en  faire  part.  «  s'il  in*«n  eût  re^is.  Il 'a 
rangé  Georgetown ,  ou  Saint  George,  à  47 
degrés  de  longitude  ©ccidenfale  do  pre^ 
jnier  Méridien, ou  de  Hfle  dé  Fer,pâ!'î 
cant  6^  degfés  5^'ininute^i  l'égard  de 
^^ins  a  putfqci^  la  Jongltudc  dc^a  Carte 


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^^  MERCURE  DE  FRANCE. 

ne  fappoTe  que  19  degrés  71  miimces^ 
4ongiciuk  Orientale ,  eptre  lejpreaûer  M^ 
•fidien  &  Parii.   Sur  quoi  déduifant  z  do- 
^és  &7  tmnuces ,  doQC  Londres  eft  }u^ 
|>lus  Qccidcorol  qoe  Paris  ,  donc   Saiac 
"George  de  la  Scrmude  ne  diacre  da  Mi* 
j^tn  de  Londres  dans  Tédmon  AngloiTc 
fU  VAmétiqai  Septentrionale  :»  que  de  6^ 
fdegré^  %$  mf;mîfis.  Or  >  ce  Iteu  de  iopgV 
jrAoe  s'écarte  phiadç  U  ciérermination  nla^ 
iquée  pat  M.  Bolcoo ,  ^voîr  64^  4S  »  qo^ 
4e  lieu  de  ma  Carre  qui  eft  environ  6f 
jrapporté  au  Méridien  de  Londres.  Il  s'en- 
fuie lopmc  de-l«  q^e  les  lieux  dont  on|i 
la  longitude  déterOiinée  par  observation^ 
<ofiifne  Bofton  dans  la  nouvelle  Angle- 
'jterre  >  la  Mobile  dans  la  Loui£anjb  »  |à 
Martinique  ,  Saint  Donûngue  «  &   doîOC 
les  déterminations  ont  été  rapportées  dans 
JttiA  Carte  i  l^.  longitude  que  j'ai  dite  et 
•Pari$').ne  corcefpoadeot  par  à  celle  qui 
:eft  donnée  à,  la  Bem^qde  dans  la  Copie 
.Angloiiè.  Le  remède  cftà  la  vérité  facile» 
:^  reporrant  d'environ  deux  cinquièmes 
;4e  degré  vers  TOueft  i  la  poikion  fo^t 
-ifolée  de  la  Bermude«  Par  cette  op^ation 
.90  fera  repafier hu Beimude par  lendroit 
t»i'elie  occupe  dans  ma  Carte  >  pour  nes'on 
'.^carter  quft  d'enviretn  j  o  owatcs. 

yQ'ûà,.,  MonfettTtCe  fuc  IjesprelSo 


dby  Google 


^     .  AI   A  41   S.      1751:.        ké^ 
j^eja  jvftfj  <lc  ir<4[//jr  improvcd  idu  xkw  4^ 

â^(}ac  Sffpcent3fÛ9nai:ç  ,  m'a  xomraint.  idc 
ttKttrc'ftir  le  papier.  Si  fétoîs  ^otns  |«»- 
Ibux  de  IVHimc  de  la  Nation  Britanni- 
que ^.  je  ierpis  plus  indificjrc^t  fur  ce  fajct. 
Âxx  £€(k^  y^c  ixM  tcèsrjlatté  de  Télég^n^ 
i^d'oft  &  dOAtiéfc  èla  Copie  de  mon  ûtivtsH 
îge,  qoi  quelqiièjbièn  exécuté  qixHl  £t,éftS 
lous  mes  yciik  %  n^a  gliéjres  d  avàhrâgc  mr 
jçiçtçc  Gopi^\pw:  le  même  en<koifr  Soyez 
fldGTûré,  Kionfieur^que  nofiobftantxre  qw 
fait  la  matière  de  cette  tertre  ,  j'at  une  fft- 
^tbraâupn  partjcdicrc.  a  faijGf  cptitç  occ^- 
«ôn  d'avoir  Thonhcur'  de  ypMS  Cjfjrirç. 
J'aurai  inceflTamment  celui  de  vous  tn- 
#^yef  un  exernpteire  dé  JaCam  deJ'A- 
ïirique  qtie  je  puplic  ,  de  mêtne  grandruF-, 
*^  de  mênjc  foimc  que  celle  dçrAniéri- 
f\V^  S^prei:^rio(3àl£  »  fi  vous  voulez  bi^ 
me  faire  fçavok  par<}iiQlU  voi^vousibo^ 
hairez  recevoir  ce  nouvel  ouvrage.    Je  ne 

J)arle point  de  l'Amérique  Méridionale, 
cachant  qu'on  en  a  tiré  pluficurs  exem* 
plaires  pour  l'Angleterre. 
J'ai  l'honneur  d'èure  ^  &c. 

AVIS   A^    PUBLIC. 

LE  Sieur  GuilUmain^  Ordinaircdc  la  Mnfîqac 
<le  la  Chapelle  Se  Chambre  du  Roi ,  dont  les 
ffl^eos  pouc  le  violon  (ont  A  connus  du  Public^ 


,y  Google 


158  MERCURE  D*  FRANCE. 

âisfi  ^nt  lesoarrages  de  fa  comp^îon .  irîefïeSe 
*Ciire  graver  Ton  quinciéioe  (Sturto,  compeft  ^ 
Aux  Dircittflèineiis  de  fjMODlumien  Cetiravrap 
4onc  une  partieiteale  boDhear  d*ècre  cntendoc 
«yec  faccès  au  CeiKerc  Spirituel^ t  été  féduit  ea 
"TVi» ,  poar  II  commodité  éti  Public. 

Il  fe  ^etid  ai»  Adrcfles  ordmaires  poor  b  Mt^ 
Cque.  Oo  ctoaYcra  d  hi  téfe  de  ce  quioziéiM 
4iuTre  le  Catalogue  entier  des  earrages  que  i' A«- 
;«ear  a  fait  graver  jufqaes  i  préfeat^ayec  l'effm 
^  le  caradére4e  chagtte  (Euvre. 

TuoiftniB  Lhrre  éct  PBéces  de  Cla^ecTti  ià 
^ignore  Seârlatti.  Prix  neuf  livres.  Ji  Paris,  k 
vend  aux  Adcefles  ordinaires. 

Les  deux  premiers  Livres  ayant  été  bien  accueil* 
"lis  du  Publit ,  on  e^ere  que  celai-ci  n'tn  fera  pis 
'tmoins  godté* 

L 1  s  Libraires  Aflbcîésfour  PËncyclopédie^ 
^vettiffent  le  Public ,  qà*i  commencer  du  premier 
^e  ce  mois ,  on  pourra  voir  chez  eux  les  feuiliel 
-imprimées  de  cet  ouvrage.  Cette  confiance  del 
l^ibraites  »  qui  n*ï  point  encore  eu  d'excnçte^ 
^ic  leiUT'iviécicer  celfie  du  Public. 


4^ 


CHANSOti. 


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^■. 


yCjOOgle 


i.      i 


<  V 


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MA   R   S.       lyft.        lif 

CH  AN  SON. 


V, 


Oos  avei  d'Rebé  It  fratcheor^ 
t>e  C^prîs  Itttrtiti  6c  les  grâces  ^ 
]t>e  Flore  l*écUt  enchanteur* 
l»es  Amours  ?oleac  fiir  yos  tr«cts. 
Que  d^apf  as1  Ah  l  <{«elle  douceur  1 
Ce  Porcrait  tous  crayonne ,  Amînte  ; 
pour  vous  rrouf<fr  beaucoup)  mieux  peinte  > 
Il  faudroic  vous  voir  dant^noo  <qcmu 


SPECTACLES. 

Es  Comédiens  ïran^ois  &  Italiens  n'ont  |foînt 

_j  eu  de  nouveautés  Cet  hy  ver.  Les  uns  ont  fou- 

fèu  l'Honneur .  de  leur  ihéatre  par  d'anciennes 

l^j^ces  bien  jouées  j  les  autres  ont  amufé  Paris  pat 

jé%  Ballets  ingénicufement  deffinés ,  &  exécutés 

V)&ec  goût.    L*Académie   Royale  de  Mufîque  a 

'  fonné  le  Jeudi  iS  Février,  les  ftragméns  coinpofés 

'  it%  Aélesd'Ifmcne.deTiton  &  I*Aurôre,5(  d'yEglé. 

Kous  fommes  bien  fâchés  t^ue  l'abondance  àd 

matières  nous  oblige  à  renvoyer  au  mois  prochain 

!c  compte  que  nous  aimerions  â  rendre  d'unfpec*. 

%ac}e ou ii y  4 des chofes trisagtésblc's. 

H 


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(te  I 


f7«   MERCURE  D£  f  RA^C£. 

—      ■  '  ■  ^  ■*'■!  ,      I    1         ■■■  ■  »■    I       I  [  "l     il, 

CONCERT  SPIRIJIUEL. 

LS  Pabtic  ne  montra  jamais  un  gode  «iHII  vil 
poor  nos  diffisreas  Spr^ackn  yU  recette  d« 
.ceazjC|u'on  a  eu  l'adreffe  de  lui  rendre  agréaUett 
augmenté  conâ4érablciuen(e^ci»iâiit  kt:o«n  decec 
hyver.  LeConcect  SDiricurl  e^l  de.ce  nombre,  l^^ 
caoiz  des  morceaux  briflans  que  l'aÊciie  aunon- 
joit  pour  le  %  Février  ,  four  de  ia  iPuTificatioa  /f 
attira  une  nombreofe  ^tnb\ét ,  et  la  fatisifa^et 
extrême  Que  lui  doanerefK  Papcattgemeiït  &  f e^ 
gtecutioti  de.tous  ces  morceau  x  agréables  ,  préfagf 
une  aflerobiée  encore  pins  complette  {u>ur  le  jour 
Jel'AnDQndacion. 

Le  Concettcoi»fl»o(t  par  ttMTgi^a^yde  fympli< 
iiie  de  M.ICillery^,Direâeut  de  laMufique  ^ 
Haï  de  Suéde ,  oui  fet  fuivic  dii  Cmfifeèûr^  Mot( 
a  grand  choeur  de  M.  de  1  Lande.  Mlle  Cbevalfj 
y  chanta  «n  beau  récit  »  dans  le^ei  t\Ae  d^bya 
lout  le  pathétique  »  U  Sorce  &  les  grâces  de  (à 
voix.. 

*  Le  chan;  fut  courȎ  par  iine  fy m{fcboiiie  de  Cori 
ié  châfie  »  qui  précéda  LAttmnr  Cotli  ^  ^pùc  Motoc 
Nouveau  de  fsi^  Martin* 

Cet  ouvrage  »  le  uaieux  coupée  le^tus  a^éa« 
ihement  varie  de  tous  jceux  qu'a»  a  taira  ea-cc 
genre^eft  rempli  de  traits  »  de  chant  ic  de  {ym^ 
phonie»  aufii  neu&  qu'agréables.  Il  débute  par  utt 
dttégrOiieAi  ilpaffa  i  un  réckdu^Uis  grand  jgeqcc^ 
qui  iait  tableau*  Ce  xhorceau  ne  ittt  poii^  applaudie 
fl  furptit  &  on  Padroira.  Une  joîie  bergerie  le  iuir. 
On  MÎÎegr»  plufifif^  P^^VP^^^f^^ARt  encore  ^oe  la 
premier,  lui  rùccéde.M.  Martin  y  a  placé  de  petitei 
flûtes ,  gpicA  le  mariant  avec  la  ? eii ,  ptocfuifcnt 


,y  Google 


JA'  A  R  S.       1751^         17t. 

Péffet  le  plus  agréable; un  cécic  fort  i^^rc  <i^ 
YÎcnt  cniÎHce  ,  donae  Tictt  1  U  repriCb  «du  mémo 
#//i^0,8c<:*6(l  pat  ce  coup^ieicu^uc^e  Motet  eft 
terminé. 

4^our  avoir  qaelque  Idée  àt  ht  manière  dont  il 
ibt  Moduy^qu'oii  s'imagine  -fout  ce  que  peùveac 

Îrocorer  de  plaifir  la  roh  la  plat  kgere ,  le  gofiet 
t*f\n%  briliam  i  le  goût  du  chaot  le  plas  parfait'^ 
Mlle  Fel ,  en  un  mot  ,^în  etécucant  un  morcead 
•charmabtpat  lui-même.  On  a  cr^  deirdic  s'éten- 
dre Tur  cette  nouvelle  compofitioB  de  M.  Martin, 
^eut-on  trop  louer  4es  jeûnes  A  reines  qni  réuflif^ 
fentl plaire  ^L'encouragement peut ïexii  dévelop- 
:j>er  les  ttièns  ,  Bc  ceux  de  ccCompofiitur  donneot 
«depuis  long-tems4itt«  comiotfleurs  les  plus  graa- 
iles  efpérances* 

t Après  4e  Mocec  nie  M.  Martin ,  M.  Gavîniâ 
ua  feul  <en  maître  une  Sonate  de  M^Tarfini., 
le  Concett  fut  terminé  par  le  Cùéli  enarrânt  de 
l.  Mondonville  ,  que  le  Public  ne  fc  lailepoiuc 
^*crttendre. 

te  D«o  ftrt  eiécttté  i  tavrr  par  Mlles  f  cl  i: 
Chevalier  ;  M.  Benoît  chanta  fapérieirremcnt  fc 
4ie8U  #écic  InfiU^ofuit^  6c  Mlle  Fel ,  qui  termina 
4e  Motet  de  le  Concert  par  le  VUria  Pàtri,  mit  Ik 
«comble  â  lalattsfaâion  générale. 

C!eft  pour  nous  une  grande  douceur  en  reti* 
^ant  compte  des  Spectacles,  de  n'avoir  que  da 
.  hitn  à  en  dire  Se  des  éloges  â  en  faire.  Edios  da 
Public, nous  devons  lui  retracer fes  propres im- 
^effions  ;  Se  liiï  rappeller  fes  fhïdn.,  Cdk  loi  en 
jirocarer  «k  tMôreaux. 


HV 


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17*  MEKCUREDEFRÀNCR 
CONCERT  S  A  LA  COVR, 

Aioii  de  fnn'visr^ 

L£  SamctU  i ,  on  ,eiécata  cher U  Reine  l'Ade 
à*Alm4jis ,  lité  de$  fragmens  de  M.  Royer, 
Maître  de  Mufique  ât  Monfeigneur  le  Daupiiia 
ic  de  Mefdames  de  France. 

[  Le  Lundi  4 ,  TAâc  de  Liws  de  M.  de  B 

'  Et  le  Samedi  y  ,  celui  d'ifméne ,  de  Mrs  Rébel  ft 
Fraacœar ,  Sur-Intendans  de  la  Mufique  de  la 
Chambre  du  Roi 

Les  paroles  de  ces  trois  Aûes  fom  de  M.  df 
Monterif^  Ledleui:  de  la  Reine ,  Se  Vmxx  des  Qiia- 
rance  de  l'Académie  Françoife.  Mlles  Chevalier  , 
de  Selle ,  Mathieu  &  Coapé  en  ont  chance  k: 
les ,  ainfi  que  Mrs  de  ChaSié ,  Joguec ,  Poir; 
^eliotte. 

Le  Lundi  1 1,  on  chanta  l'Afte  du  Sylphe^ 
fiquede  Mrs  Rebel  &  Francœur,  paroles  de 
de  MontcrtF.  Mlles  Chevalier  U  Mathieu,  Mi 
Jeliotte  éc  Benoit  en  ont  charué  les  tAies. 

Le  Samedi  i^  ^  Lundi  18  &  Samedi  13,  9m, 
fifaanta  le  Prologue  &  les  cinq  A^tes  de  l'Opéra 
d*Amadis  de  Grèce ,  de  feu  M.  Oc(h>uches  ,  Sar« 
Intendant  de  la  Mufique  de  la  Chambre  du  RoL 
Les  paroles  de  M.  de  la  Motte.  Mlles  la  Lande , 
Mathieu I  Mrs  Benoit,  Poirier,  Jogutt»  en  ont 
chanté  les  rôles. 

Le  Lundi  tf ,  le  Samedi  30  &  le  ^  du  mois  de 
février,  on  chanta  chez  la  Reine  le  Prologue  &  les 
cinq  A£tes  de  l'Opéra  d'î^igéme.  Mlles  Romain» 
ville,  Mathieu,  de  Selle,  d'Aigremont,  GodonaeP 
che ;  Mrs  Poirier ,  Bêche,  Dnbourg ,  Joguet  Se  de 
ChalTé  en  ont  chanté  lès  rôles.  Les  paroles  (obc 


,y  Google 


MARS.       i7ji^  17J 

ie  Mrs  Puché  &  Danchet  ;  la  Mufique  de  ÏAn 
Delmarets  &  CampraV  . 

Le  Manli  t6  Janvier ,  il  y  eut  un  Concert  chc» 
Madame  Vié^oire  5  on  y  chanw  U  Syhhe  de  Mrs 
Rébel&  FrancŒur ,  Sur-Iarendsns  de  la  Mu(ic|u« 
de  la  Chambrr  du  Roi.  Les  paroles  de  M.  de 
Monccrif  »  Lf  £^eur  de  la  Reine,  l'un  des  Quarante 
de*  l'Académie  Franfoife ,  as  Secrétaire  Général 
des  Portes. 

Après  cet  A^e  on  clianta  une  Scène  de  l'Opeia  „ 
de  Thétis  é*  ^*^^« .  Mufîque  de  M.  Coljffe.  Paro^  - 
les  de  M.  de  Fonrencllc;  &  le  Duo  du  Pfeaume 
Cœli  Enftrr^t  ,  &c.  de  la  compofition  de  M.^ 
Mondonville ,  Maître  de  Mufique  de  la  Chapelle 
du  Roi ,  &  Ordinaire  de  la  Muiique  de  fa  Charn* 
bre;  Mlles  Chevalier,  de  Selle,  Mathieu,  Mft 

Hotte  &  Benoit  en  ont  chanté  les  rôles* 


Février» 


PP^te  Lundi  S  &  Samedi  13  ,  on  chanta  l*Opcrade 
TAYcis  f^  Zelie ,  de  Mrs  Rcbel  &  Fraococur ,  Sui- 
tntendans  de  la  Mufîque  de  la  Chambre  du  Roi; 
Paroles  de  M.  de  la  Serre.  Mlles  la  Lande, de 
Selle,  M/thieu,  Poitier,  Benoît  &  Joguct  éof 
ont  chanté  les  lôks. 


«^ 


» 


„  Google 


A74  MERCURE  DE  FRANCE 

NOUVELLES   ETRlAJ^GERES. 

Dt  PiTiasB'OURG.,/^  iS  Dicemkrté 

LE  Grand  Cbaoceliem ^^omee  de  BeftacLeff^, 
entra  ces  jour»  paffésen  coo^érencc  avec  W 
GéaérafDarnimb^  Envoyé  Exiraor^Unaire  4a  Roè 
de  Pologne.  On  con^ékie  ^ue.  c'ell  aiLiÀijet  4cs. 
^lires  4e  CuxUnie, 

.  Le  icuBc  Comte  4e  Sokiceff ,  C&ambellan  4» 
pEan4  Duc,  4oir  époufcr  4a9s  peu  la  fiile  4a  Duc 
Croeft  de  Oiioa«  L'IivfécMÙce  a:4ofuié  fou  agrJK 
Aient  i  ce  maria gev 

On  a  rep  éfenté  ces  )oaKS-«i  i  la  Cour  une  Ttt« 
^tàït  IVu(nenne.  Le  fuccés  a  écé-fi  heureui ,  ()u'U. 
a  faic  oaftre  le  4eireit\  d<«ca4t»irc  ea.ceite  Las^oer 
l'élite  4cs  9iécif  4e  Cocneilk.. 

L'impécacric»  a  nomm^  M«  Groff  Coftfeillcg 
iPEcatavec  une  pea£oQ  4eftoooroaUes><c  a  léfela 
4e  )(tfi^k>fu  4aos  le  44||acttmcnt  dïet  afEaixci 
écraogeres*  ? 

De  s t o g k h o l m ,  /e 2 5  Décembre.: 

On  4oir  Faire  panir  a«  olotAt  4es  Ports  4e  la 
Baltique' une  quantité xoniîdérable  4e  bois  propre 
i  la  conftruéHou  des  VatiFeaux  pour  é:re  tranfpoff 
tés  dans  les  Ports  4e  France ,  eff  ?ef  tu  d*UQ  contrat 
pafle  pour  cette  lifraifon* 


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U    fit    R    S.     tf$r.  iff 

\  T>B  C  o  p  p  E  N  H  A  G  u  E  ^  /^  1  fonvier. 

lia  Coura  rfçâ^ùn  Mathématicien  qu'elle  avoxt 
envoyé  en  Iflande  »  divers  Mémoiies  fur  les  découd 
vertes  qn'ily  a  faites;  il^niarque  <]ue  cette  lâe'pro« 
duic  beaucoup  de  falpètre;  qu'en  Quelques  cndroitr 
il  s'y  trouve  de  la  ctrrc  propre  â  taire  de  la  Porce-r 
laine  ,  &  qu'on  y  découvre  des  pierres  rares  o  il 
y  a  de  l'argent.  Il  en  a  envoyé  ici  un  certain  nom* 
bre,  &  fuivant  Peflai  qu'on  en  a  fait ,  les  cenr 
livres  pefanrde  ceirpicHcs  ont  rendu  fiz  onccf^ 
d'âigencfin. 

Le  Rot  lui  aacoytdé  une  penfion  &  lui  a  a(Iign4^ 
une  forame  confidérable  pour  fubvenir  aux  àaif 
de  Tes  expériences. 

S,  M.  pour  foulager  les  faabitans  de  Tes  Provin* 
ces  qui  ont  le  plus  foufiert  par  la  mortalité  des 
beftiaux  ,  leur  a  remis  \esi  arrérages  dont  ils  étoienc 
redevables  >  avec  le  quart  de  leurs  taies  aonoellet* 
ittf^^u'au  tems  oïlxe  èeau  aura  ccffé. 

jétLEMACUE. 
D  t  V I B  N  H^B^,  &  ao  J^mfier. 

L*Iinpératnce  Reine  avance  heureutèifletJt  dans  = 
fa  groAeife;  qwoîqu'eîle  foit  entrée  dans  le 
I^itiéme  mois  ,  elle  'paroît  toa^ours  en  pablic,  dr 
afllfte  régulièrement  i  tous  les  Coofeils. 
:.  L%  to,  la  Cour  d'AnglMexrt  envoya  â  M.  Keitb; 
fôn  Minifïre  â  celle  de  Vienne.un  Courier  chargé** 
4«  d^èc^es  ^  qir'on  d  t  écre  t^ès  importantes. 
'  On  f  kit  dés  préparatifs  pour  la  cérémonie  de^ 
FènveiVitute  des  Etats  refpeâifs ,  que  l'Empereur 
dote  doaaei  i»ccfianMnf m  â  flttGears  PriAce»de>^ 
t^wfire**^ 

H  iîij 


,y  Google 


176  MERCUREDEFRANCE. 

De  K KTi  s  boV}^ e  ,  le  i^Décemèi't^ 

'*  M.  Pfeil.,  Hinifttc  du  Dttc  de  Wirtcmbcig ,  * 
rçiî  depuis  peuunRefcrk  dje  fa  Cour  courre  U 
KobîcUe  iaiiDcdiatcdçrEmpirc.  Il  ctt  relatif  aux 

ÏnvWégcê  6c  immunités  <juc  ceUe-ci  fo^ tient  lui 
trc  di3s ,  &  q.uc  le  I>iic  de  Wirtembcrg  piétend 
avoir  été  portés  aa-deli  de  leurs  bornes.  Ce  Pîincc 
enjpint  a  fo;i  Miniftre  d^  preffcr.  vivement  cette  af- 
faire auprès  du  Dircftoirc  de  Mayence,  &  de  faire 
appuyer  (a  jufte  demande  par  les  autres  Miaiflres, 
Lo  Duc  dcWrtcmbcrgacQvoyé  â  M.  Pfeil, 
foD  MiniAre ,  un  nouveau.  Refcrit,  dans,  lequel  il 
lui  mande  que  l'Electeur  de  Cojognc  lui  a  écrit, 
four  l'informer  ^'il  étoir  Airpolé  i  faire  cauft 
commune  avec  lui ,  tu  égard  à.  fe$  gnck  contic  h 
is^oblcflc  immédiate  de  TEiapire. 

De  Berlin,  Un  Janvier^ 

te  Prince  d'Anha|i  Deffau  a  obtenu  du  Roi  I* 
démiffion  de  fes  Eçiplois  Militaires ,  qwe  le  man,» 
vais  état  de  fa  f^nié  .heluip^rraettoit  plus  d'e- 


xcrccr 


'  Par  Ic;  nouveau  plan  de  Juftice  que  le  Rîôi  a- 
établi  dans  fes  Etats  ,  Iç  Tiibunal  de  ce:te  Capita* 
le  qui  l*a  fuivi ,  a  jugé  en  defnieie  inftance  ciacf 
cens  (bixanie  procès  dans  le  cours  de  i7Ço  »  ^*/*" 
çon  qu'il  n'en  refte  auc»a  i  décider  de  la.mêmc 
a^née.  ■ 

Le  Roi  a  témoigné  au  Baron.dc  Coccejiy  Grand 
Chancelier ,  çombicnjl  étQH  conrcnt  de  fon  zélé 
^  de  celui  de  tous  les  Membres  du  Tribunal ,  etx 
]^i  difant  que  ks  Chefs. de  la  Juftice  qui  abtégçnt 
Us  procès  ^  ont  la  même  gloire  que  Ics.Gfficicn 


,y  Google 


M  K  R   ?•-       lyp-         ^Vr 

Généraux  d'armée  qui  terminent  la  guerre;  qu'ils- 
ootTCoarcni  également  â  l'ouvrage  de  la  paii  ;que 
lés  Princes  ont  beau  la  (igner  entre  eux,  tandis ^ 
que  les  fujets  la  ttonblent  par  leurs  différends  ,  &» 
que  pour  rétablir  folidement  da^ns  uti  Etat ,  il  iauc- 
commencer  pat  mettre  les  Partrculfcrs  d'accord. 

Le  Chambellan  d'Amrton  /ayant  reçl Tes  inf-- 
fîu^liotis  du  Koi  pour  la  ConîmiflTon  dont  il  tft" 
chargé  autres  de  là  Cour  de  France,  cft  parti  le" 
13  de  ce  mois  pour  fe^rendré  i  Parii. 

Le  Màrqiîis  de  la  Pueblà  ,  Mîniftre  PKnîpoten-' 
Ifaîre  de  Leurs  Majcfïés  Impériales ,  &  le  Bh*roii'^ 
dcKoch,*  Membre  de  la  Chambre  de»»  Finances'" 
dt  la  Coilr  de  Vîenrre,  con^n  lient  leurs  Conféren- 
ces atec  les  Minières  du  Roi*,  concernant  les  af- 
faires de  la' Si  léfTe  ,  dont  l'arrangement  éprouve' 
encore  de  part  &  d^iutre  quelques  difficultés  On  »* 
èipédié  un  exprès  a  la  Cour  Impéi  lale  pour  l'in- 
ftitmer  du  chaogçmcDrqi^'on  a  fait  au  Plan  dfeiÈ&-' 
ice  fujet; 

•    De  D  k'e  su  r,  te  i  S'  Jawién- 

L^Comte  dô  L'oos  cft  fur  fon  départ  pour  tit4 
tourner  i  fon  AAnbafi^de  à  la  Cour  de  France. 

Le  Comté  de  Flêmming  fe  prépare  aufllâ  fc' 
rendre  irtcclfemftient  â1a  Cour  de  Londres,  pour  j[' 
reprendte  Iè«  fbn^libns  de  Miuiftfe  Plcnipoten-^** 
liairc  du.  Roil' 

Le  Cômttf  dé'  iCeifcrliniÇ,  Envoyé  fe^xtrilordînaîré  * 
&^ Plénipotentiaire  de'RufBêa  déclaré  aùfx  Minifî 
tfcs  du  Rof ,  que  Sa  Majefté  Impériale  Czàr.prcn*' 
droit"  dans  peu  Air  les' affaires  du  Curlande  une 
léfolution  c^ui  proaveroit  les  égards  qu'elle  a  p^ur^ 
f(teAlUé«.' 


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17^  RtEftCUREOEFRANCE^ 
Ds  Hambourg»/^  19 Décembre. 

On  écrit*  de  Pécer(bourg,  qa'oD  y  a  reDoafelIé- 
ks  or Jrcs  de  rappocter  au  Sënat  tpuc  ce  qui  pour-> 
roit  fê  ctcuver  d'cxemplaiies  de  Maoifcftes .  d'Or* 
donnauces  «  Edits  ,  Décrets  .   Relations ,  Pade* 
^rcs ,  mftiiie  feuilles  publiques ,  od.  il  a  écé  faiij 
fneotton  du  Regoe  appcM  dans  lefdics  ordres  :. 
IntritfifiM  dm  jmmê  Ctutr  Jesm ,  4  tûrt  ^Emfenur'f 
^  de  VsimimJtuuUm  de  U  Princejfefi^mere,  à  titré* 
de'K^ente  de  fEmfire  ,  afin  de  brûler  le  tour  pu- 
Eriqucment^  d'ef&cer  jttTqtt'aux  dcrniersKveflig^^ 
de  ces  époques  êcAç  tout  ce  qui  s^ft  Ùl»  ea  coq* 
fêqiKnce  au  préjudice  des  droits  légitimes  »  en, ver^. 
tu  defqoels  rhériticre  de  Pierre  le  Grand  s*eft  mh* 
fienpo(Ie(Eon.de  la  Couronne  de  Tes  Ancétrei^ 
le  Sénat  ayant  en^  nÂoie-cenAs.  déclaré,  qote  quî^^ 
fonque  g^deroii  aucune  pièce  de  cette  nature  j^* 
Ikioitteiui  pour  criminel  de  leze-M^i'cfté^ 

De  FjLAHCiFORT.>,£f  ^<\.D€€emirc 

Jeai^L^is  Uonger»  M«n^re du  M«^(hat  de- 
cette  ViUc  ,  mouriUcici  laiêmaine  dernière  »dajEi«^. 
la  quatre  vingt-cinquième. ancée.-  U  Jaifle.uné- 
f<^(!érité  de  cent  quatatze  epfan^^petit^-en^Qtv 
i.  arnere*p^tiij^enfans.  ^ 

t  j^  Cour  de  Fiance  a  hit  acbeter  àzaii  Tta^ire  .- 

5U1S  de.  iipocbevaux  de  renioiiiteiav^c  une  gran»> 
e  quantitérde  (àbres  &.d'épées  de  ia  Maoufaôute 
dt  Solhingenvpour  .Tufage  dçs^egimcns  Ailes, 
iiuas  «uJe(Yiceic4:ctcc^C^U)oac.xa.Aliâ£jc^. 


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MA   R    S      1751;         ï^jr 
PO  R  T  V  a  ^  L. 
'  ï5e'  Lis B;0 N K JB ,  /^  1 2  Décembre. 

'1^   E'  Roi  »  ordonne  qu'i  l'avcnii:  ceux  qac  ITn- 
X^  ({aifuion  coodamA^roit  i  mort  ,  ne  reroient  ' 
pohH  exécutés  »  que  leurs  Sentepéc$  n*eu^[^t  été 
aiiparayani  viiécsâc  apprùuvéçs'pAr  foa  Coafeii^âc 
%oécs  par  Sa  M^jefté. 

:  On  rcbâ<tt  I0  gratui  HÂpîuI  Royal ,  qtit  a  été  - 
réduit  e9  ÇQti4rOf  II  ^it  êtr^  augmenté  if  un  nou-  ' 
vtl  tppar«em^fil,d<ftipépo(ir  ccnl  quinze  muiad'es  ' 
étrangers. 

Tous  les  Ootlvertieurs  &  Cootmandans  des  For'^^ 
r^dedes  ttfftOâ^zs  do  ce  Royaume  ont  rc  fil  or-' 
dre  de  la  Cour  d'envoyer  avant  le  i  f  Mars  pro«* 
ckàin  uoe  nète  exûe  de  l'état  où  elieS  (ê  trouvent,  * 
pdur  travailler  qn  conformité  ^ux  réparations  né- 
càflàfii-es.  Lea  ;(^cterf  d<ûvent  au»!  avoir  leurs  ^ 
Compagdie^  CQ9if leite<  avant  le  10  Avril ,  le 
Rbi  ayant  réfelji^  de  f^rt  alors  une  revûé  générale 
defestjîottpcfii' 

Il  y  «a  pré&ntettefit  dans  ce  Port  \io  Navires 
élraii|;ef9^;  qui'fe  prépart nc^i ùiettre  au  plutôt  â  la; 
voflc 

Le  Cardinal  d'Acimhâ ,  Grand  Inqififiteur  de 
^nogal,  eftinoirt  «n  cette  Vrlje  danfs  uo  âge 
ts&'*aviiiicéw^'     .    . 

:  '       £  s  p  ji  0  ij  E. 

DOrf  FrioçQÎs  de  Vàras,  fntèniant  de  Màf- 
ùntBL  Préfideat  du  Comn^tce  aui  Indes ,  a 
(^«îbé'aQ  R^'un  Ccmrlcr  til^aotdrnairé ,  pour 


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igo   MERGirRE^D#FàA'NCK. 

l^nformcr  qu'un  Navire  ,  nomm^  ta  B4gûjM,<pxi 
éio'n  allé  chargé  de  marchand ifcs  au  Pou  de  Vcra* 
Cru7>  eft  entré.  Iea<ftle  ce  mois^ânc  la  Baye^ 
^c  Qdix.  La  Cifgaiiop ,  t^iu  po||c  SaMajcfté,^ 
que  pour*  l€s  Paniculters ,  ooniiÀe  en,  on  ^illioa4 
huil  ceûS  dit-fept  miKje  livres,  qiianiQtç ^ <^ciix^ 
pi'aftrcs  fottcs  <în  argent  mponoyé;  13  mijle  yoot 
eft  or;  3^07'  marcs  mis  en  oe^ivre  ;  4J34,,w4it^4$*. 
lie  .Cochenille  finç  ^  itoS  Arro^  d'Indigo  ;  671,^ 
J[froîfAiàc  Drogues  de  Xalapa  ;  eàoo^npiûis  de- 
Tâbaç  ;  1076 .  caiiEes  de  Sucrç  ;  3000  quinuQX  de- 
hàh  de  fcampeche,'  40cy  de  b<>is-dc  Bteûl^  470^/ 
dcCuii^  &  autres  marcha ndi fes,  cpofiiftatices  ea^ 
C*ârmin ,  Ecarîlcs ,  Parfums ,  8ç«. . 
"Par  un,auir«  excraordinaite ,  Door  Franççîsde- 
V  as  donne  atis  l^a  M^jVfté,  que  le  i^  ii  eft  en», 
t  w'  dans  Umétne  Baye  la-fr-égate^ppdMe^UPer-^ 
le  ,  appartenafite  IJa  Conïpagnie  dk  la  Havane  ;^ 
elle  revient,  de  cç  P.otr-,  80  porte,  eaoc.  pour  la.^ 
ÇompagiMc,qoepomle:CominefCiÇ,  cçot  trente* 
neuf  mille  37<^pialhcs^fM'tes,  1 4  çmjlerii  Afr9hm^, 
de  Tabac  ^  5&,quelques  au|tes  marchandifes.^ 
^  ht  Roi  yrenrd^rc  ifvfomié-par -de  noiiv#lles le^ . 
tJ^s;  dt bon  Fratijow  de  Vatas,. qu'il  ëtoit«emr6 
daiis  la  Biiye  de  Cadix  \t  x  ^Ddcembcç ,  un  Paq^ie- 
btit  .nommé  Notre-Damo  agios  R/mgdks^  qtii  vient- 
chf-PoVr  de  S*.  Thom«/CfKG*iflillerdai^.  la  Pro-.. 
v^incede  Hoaduras  ,  chArgépour  le  Comai«rce4le. 
J34  uiillp.874  pi^ûxes^t^es  en.a|gem itipnney^^ 
7f  n)il)c337,piaftres  cn'da«blpqsV,i»iL.p«r^»4*ar*. 
gcnc  mi&enccpvrc  ,  &t;.^ 

Il  Ù  arrivé  le  nié  me  JQ^WMwrR^gite'^  ap  pdlée^ 
I^otre  Dame.dg^  l^  Conceffign^  dc^  ia  illompagnte 
,  <Jp  la  Havane.  Sa  Cargaifon  cfl'de  neirfmiifé  Jit'm 
tfk^sAt  Tabac\«çdç^f3  qj^iqtAUj^^çdifexcoifi^ 


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•  '  '      M*  A  R  Sr.       i7yp.        jS^ 

hc  19,»  un  attire  Bâeiitiènt.  efl.! arrive  tîc  Vcra^ 
ftuz.  il  apporte  39  miUc  809  piaftccs  en  argent'}^ 
^  Arrobas  de  Cochenille  fine  ;. 31^  q|k»incaitt%d^:: 
bois  de  Qj^eûJl ,  ^  autixs  d^orées*. 

:  L%ALIE; 

PAr  ordre  dè^l^mperettr^  A:  arec  la fermiflioili 
dc.S.  S^  l'Archevêque  de  aeite.  Vaille  a  faiip a* 
bjier  une  Ordonnance  qui  enjoint  au. Cierge  &  i^ 
téuces  ks^Cocfnumiutéf  Reltgieuresda  Tofcaue  ,^ 
4l«  i'un  â(.  de.  l'autce  faxc  ,  de.do&n«r ,  en.  confér 
<)uence.de]a  Bulle  du.Pap^  »  des  déclarations  ezaCr 
ti^s  de  leurs«revenus  »  peniîons  &  bénéfices  t  afia  > 
■d^> procéder  enfuice  i  une  répatcjiioapius  )uA($  de.- 
:k  4>arc  qu'il».  doivenL^ootiùhucc  dans  les  /chatiges^-^, 
-d^  r£t*fc,,  .     ' 

•  De  Na»pl>e-S', /^^  i.5v^^»iAiy*  . 

PBnni.les  tnioes  des  anciens  «.é^iH^iCS  de  P9U%r^ 
zoUes^,  oaa  décotiretfe>un^ Temple  dé(ii^.i l'EniT*. 

Îijerear^epiime:  Sévère.  Le  pav^ ,  les  coloannes  je  < 
«s  ornensens  en  font  d'oa  mature  rate  âçenipartiet-: 
"tMnfparent,  On.  y,a  tr.ouvi-. quatre  f^aiues  d'une . : 
.beauté  ii^iùi ère  &  d'Ui)  travail^ parlait.  La  pro* 
miere  repréfenre  Ijtosqst;  W.ièconde  Sé^phis  «  dCc 
-I9  deux^aucfes  J'aûton^ d'une,  fejx^e  ép^rduA»., 
^i  (àurç^au  col4!uabpaw«;^ . 

£:e«i4  9  veille  de^ot?^ ,  termina  l'année  5ain(r^^ 


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i«i^  MER'CXniEDEPR^«NCB; 

1er  diff^eos  Prélats  ifir  Chth  d'Once ,  te  rtnâkat 
Î6ur»Iâ  en  Proceflion  â  i^Egltfe  da  Vatican  ,  dott; 
i^  fet nu  laf^anêine  la  Porte  Stinie ,  en  f  foùns  Im  ' 
première  pierre.  Dan»  les  Bafiii<fues  de  JS.  Pàal  «  • 
de  S.  Jean  de  Latran  ^  de  Mainte  Marie  Majeore , 
lés  Cardinaux^  Garàffa^  Cocfini  âr. Colonne ,  firent  ' 
H  même  cérémonie  »  après  laqpieUe  S.  S.  &  pa- 
bliet  an'elk  accwdok  rin(lulgsence|4éaie«e  ^  la- 
rëmifljon  de  lears  pécher 4toiift. les  ndéles  de  Vàa* 
êtV.Mêi  fww ■  fytTtmxjJent  affilié  i^ette  clôcurc^ 
èc  qm  auroieii&  en  mèmc-utt^  accompagnée  les- 
^rece^ont. 

.    Quoique  le  terme  da'Jafailé  fcihr  expbdM,  l'ex^ 
^lème  charité  du  Pape  Ka  ptolongé jttK|v^au  iS  V 
-Mfe  des  Hin^eeiis  inclufiMemenc .  pendMir  kqnel 
^nrervalle/Kar  qni  n^ai^om  point  vififé  les  quêWc  - 
nfiliquet  dans  le  couH  de  Paneée^cMt  n'auroar' 
^nt  rempli  le  noml>*c  ^es;  n€tes-  pre&ixies  par 
la  BaUe  dii  fiihilé ,  auront  le  bonheur  de  k.  ga»» 
gner  fc  d'oi>renir  l'Indulgente  plentere,en  vifi^  * 
tint  mm4tÊàm6^  una  de^£a»Eg{iiics ,  a^tif  ^'ê«-e 
confeflé'dc' avoir  communié*^  S^  5.  accùdam  a«&  * 
àùt  Confefieurs  le  droit  d'aë^dcciefr  péhiteiir. 
'     La  fin' de  FAnnée Mainte  ^ceHe  du  nuHivMr^ 
tems  ont  attiré  ici  cène  fèmaine  un  fi-grand  coq«^ 
cours  d'étrarrgers ,  qu'ils^ ont  pafié  le  nomVede 
cent  miHe^  dt  que  dans  le  feul  Hôpital  de  la  Sak^  ' 
te  Triaitd'k  on  a^otnpré  jorqui^buit^onlle  ^letinr.  - 
Le  Lundi  r  i  de  Janvier ,  le  Dtrc  de  Niremok^  . 
Atnba0«deuc-^e  France >,  dosna  ^un  diiter  magni*- 
fi^ue,  oè'plufieurs  C»rdiàdUT^.les  Minifirres  Urao^ 
gers&  les  principaurSeigaeursde  Rome  affifte*^- 
rcnt.  îl  eft  rare  de  voit  régner*  danS  une  lète  tant - 
de  magnificence  ,  d'oVdre  &  d'élégance.  Deus  M^ 
£ii^ts  magnifiques >  tfà  étoiéne:'dreffét  ^aasd^ao-^ 
•  iieaCbj«ibsia  9^e4lte<)ià|^Mdsaa>%eM^^i  > 


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m  KK'  s.      175  *t         r«|.. 

iaancrz^€m  ,ppur  des  chef-d^oenvres  en  ce  genre^^ 
tt  on  eft  convetiu  unattimemenr ,  qu'il  y  avoirs 
l^ng  teiTW  qu'on  nfa^it  rien  viî  de  fi*  beau.  L^afe 
feïtoblée  étorr  rrès'britlanre ,  &  compofëe  d'envir 
T#n  centperfonoett  I^^NoWeffé  Romaine  s'eft^ 
empreffie  dans  contes  ks  occafions  femblables  de 
réiiToigner  au  Duc  dt  Niveraois  combien  elle  cft? 
faiisfatre  de>  ce  JMfèntttre  >,it{ai  h  conduite  fage  9  » 
ftfs  manières  pohes  Ôc  Tes  attentions  ,  ont  concilia..* 
l^fHme  8c  hr  bienveillànce^:de  toii» les  ^Ofdces  dor 
cette  Capitale  daMotide^. 

D  r  G  E  N'B  s  ,  Ji  2'  fànvieTi'.       0 

-  Ltt  rerts  orageiï^<pi*î!  coatînac-i  faire  fur  ce«»< 
06ces ,  empéckent  i^arrivëe  des  N^nvs  étrangers  > 
fkos^  Te  Pori  dc'Cetie  Yi\\c.  ; 

On  ^if  de  ,To»Id»  qo'on  y^travailloit  tou joorr*^ 
«vec.chaleisf  à  ;la  cooftrvâion  des  Vatl^ux  de  - 
^<rre  cjoi  foorfur  les  chaiwicrs  v  <})t|i'o»  é^uipoir  ^ 
wxx  qu'btr  vient  deJancer  à  l'eau-,  &  <j«e  les  fi»^ 
"▼wffcauxxlerEfcadrc  de  M.dcMdtcnamora,  arri-. 
•▼é depuis  peu  des.  CÔccs  de  Barbarie  d«ns  ce  P6rc  ^ ,. 
ftroiei^^s  ea  éiat  d'alkt  en  mer  au  Piintems^.- 
'piocboini^ . 

Ce  Gfeef*  d^fcadcd  avote:  roo»illé  le^pteniicrT 
dîOtebre  dernier  â  la  rade  de  Tènis  j  &  s'y  étoit^ 
atrêrépendam  buk  ^oufs  ,^  (ams  deftendt*  à  terre ,  . 
Tiâétanrctea^é  que  de  faire  affdre*  leî>acbaBcy  de  - 
r^âajtiédu  Roiloii  M^îiJfC^,  &  dé  loi  faire  remettre  * 
^  pëfinis  cpe  faGour  lui  en'toyofrv  cori(îÛint  en  > 
îiae Pletidukà lépetitioa  ,  Une  Monrce dVr  ;  un  Fa* 
-fil avec  des-Piftoîcts  garnis  d'oï,  une  Cirahdoîe  de  r 
porcelaine,  It^ot  pièces  dd  Drap  fis  deia  Mana-v- 
-feôure  Royale  d'Albeville.  . 


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£04^  rvic,i\.AM»«j  tKv,  i^c  xKArrv^c; 

gi  cette  commifTion^Sc  a  remis  en  mêine-cems  aiur 
s  da  Pâcha  Bey,aiofii|^u^3uX'Miniili:e$du  pivaa^. 
les  préCens  qui  leur  é^ienf  deflioë&âc  qoi  confif- 
coicot  pareillement  ea  Pendules  -  âc  Montres  à  ré« 
p^cicioQv  Fufils  de  Pillbiets  garnis  d*argeac .,  avec 
quelques  pièces  <ie .-Drap  d»ia  même  M^mafaâiiie* 
Le  i6  du  mois  dernier,  le.  Doge  donna  ,  (èloa  ■ 
Tufage  annuel  ,  une   (bmpcueuie  coUatioa    aaz^' 
principaux  SeigcieursÀ  Dames  de  cette  Ville*  Le 
Chevalier  Chauvelin  »  Envoyé  Extaordioaire  de  la.« 
6our  de  France  ,  s'y  trouva  ,  ainCque  les  Minîftre& 
de  celles  d'Efpagc^e  6c  de  Sardaigne. 
^  On  parle  d'une  rédu^Uon  dans  les  Moanoyes  ^^ 
^  prix  oè  elles  ont  été  portées  excédant  leur  va« 
leur  intrinlëque.  L'affaire  £ft-aâaeUememeo<lé^ 
libération. . 

MR  àc  Wat,  Mioiftcc  d'Efpagqc  ,  a  reç<|  «le  lât 
Coar  les  cent  mille  livfes  ilerling«  qi|i  doû> 
veut. être  payées  i  la  Compagnie  Angloife  du  Sud»  . 
conformément  au  Traité  ic  Commerce^^nouvelle*- 
menr  conclu  entre  les  Cours  de  Madrid  &  de  Lon— 
drcs*-.  Le  Député  Goiiv.eroeup^& .  le  Sotts  Goiivct— 
»eût  de  cette  Compagnie  doivent  remettre  dor 
yant.lcs  Diri^âreurs  les  articles  dudit  Traité  quiUr« 
tegardeut  ^  afin  de  pfcndre  des  mefuces  conveaa^- 
blés  pour  la  recette  àé  cette  ibmme» 

Jùa  dernière  lettre  qi^e»  Je  Dey^d'AJgeta^ écrite' 
au  Roi»  eu  .conçue  en  des  termes  ^^ii  fenlbleiix^ 
marquer  un  défir  àè  s'accommoder  *miableaieiic  ^ 
avec  Sa  Mâjefté  Britannîcwe.  Le  Dey  s'cxcolè  de 
ofi  pouvoir  point  acquieicer  à  la  demande  faxlir  ; 
d^ccQudor  aux  AJiglj^is .,  à.  l'excloiiça  de  tante.  a»»i 


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MARS.       175».         ^^$ 

tre  Nation  ^  un  établiiTcment  foHde  dans  Tes  Ecats^ 
avec  la  diminuttoK  06  ciiu]  pour  cent  à  trois  pour 
cent  fur  les  matchandifes  Qu'ils  y  apporteront^ 
déclarant  en  niémetems  c^n'il  ne  peut  confentic 
mic  ce  dernier  article  foit  compris  dans  Le  nouveau 
Traiié  d'acconimodeaient  cooime  une  compenfa* 
^ion  pour  la  faifie  du  Paquebot  Anglais  le  Pr'mcê 
Frédéric  ^  dan&la  jufte  crainte  qu^ane  tclie  démar- 
ché ne  portait  lesliens  â  quelq^ue  révelte«&  ne  l'ex- 
posât lui-mêmje  aux  effets  de  leurs  reffentiroens; 
mais  qne  fi  S.  M*  Britannique  envoyoic  un  Agent 
ou  quelqu'autre  perfonnc  caradlérifée  dans  quel- 
9,ue endroit. de  Tes  Etats,  les  Anglois  y  jouiroieni 
de  tous  les  ayantages  qu'iis  peuvent  attendre  d'un 
fidële  allié.  • 

Cette  lettre  ^ant  été  muremeat  examinée  pac 
le  Roi  &  fonConfeil ,  il  a  été  réfolu  d'envoyée 
après  Ici  Fêtes  de  Nocl ,  le  projet  d'acconmiode- 
ment  entre  cette  Cour  &  le  Dey  d'Alger  yic  de 
xiii]nir  les.  deux  Négociateurs  des  indruàions  n^ 
ccilaires  à.  cet  cfFer.  lia  été  au/lî  arrêté  d'expëdiei^ 
en  4Bêaie-tems  de  nouvelles  inAru^ions  aux  di« 
vers  Cqniuls  ^  i^gcns  d^^ngleterie  auprès  itt. 
^utres  Etats  de  Barbarie. 

.  On  afTiirp  qu'à  la  prochaine  convocation  du 
]^arlcment ,  on  donnera  des  titres  &  des^biens  aujS: 
Princes  de  \à  Maifon  du  Prince  de  GalUs  ;  que  le 
Btince  George  fera  crée, Duc  de  Glocdler;  le- 
Jfince  Edouaid  ,.puc  de  Lancaftre  >  &  le  Prince- 
CuilUumc  Henri ,  Duc  de  Wilt$hire. 

On  a  reçu  de  Dublin  la  fàçbeure  nouvelle  que 
la  maladie  qui  a  r.egné  parmi  \ts  chevaux  en  An- 
gleterre &  en  Ecofle ,  s'eft  déclarée  dans  ce  pays 
Jà  ,  od  elle  fait  beaucoup  de  ravage.  Elle  diminue 
tous  les  jours  ici. 
W^JKcenqc  amande  en  Cow ,  qiic  furies  £lai%^ 


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^U    MERCURBM  FRANCE. 

ic«  quHI  avoir  poftéet  Jtt  Mioifteœ  d'Brpigae  >  a^ 
il  jet  des  dépravations  faket  par  les  GonTemeiiri^ 
ft  les  Gardes  Côtes  tfpayiots  en  Amëriqae ,  iat^ 
les  Navires  Angiots ,  il  avoir  ett  les  plo^-  fortes  a€^ 
MÉrances  <ie  la  p-arc  des  Mmtfires  de  9a  Mlijcâil 
Catholique  »  que  les  fa  jets  de  Sa  M^  jefté  Brkan- 
iiiq'ie  (èroient  indemtiirés  des  perles  Se  dommages^ 
qu'ils  oat  fouâerts  en  cette  occafion -,  &  qo^n  cts^ 
péJieroit  inceSùmment  des-  ordres  anx  Goaver^ 
nears  Efpagnols ,  dain  les-  Indes  Oectdcntalcs  >  d& 
preudre  connoifllsnce  de  ces  plaintes^ 

Le  Roi  fera  Jeadi  pfoehain  l'ouverture  de  \m^ 
finance  du  Parlement ,  par  on  Dîftours  ^  a  été- 
■Activé  dans  leConfeil  privé. 

P  A^^T/S'B  A  S. 
De  LJ^  Haye  j  U  j  janvier. 

PAr  une  Dédaratton  des  Etats  6éoénur,  il-é* 
été  arrêté  qu'on  leveroit  dans  tous  les  étafaîîf^ 
Amens  de  la  Compagnie  Hôïlandoffe  aux  Iit^e#^ 
0vîefKatef  ,1e  Ot>n  Libéral  on  lé  Cinquantième 
Dénier  de  leurs  effets  Se  poflcflfion^ ,  comnne  Ict^ 
lubirans  des  ProVinces-Unîcs  l'oift  p^yé  il  y  a 
trois  ans.  pour  remédier  aux  bcfoios  preâans  àclh- 
A^ublqne. 

La  première  vifitc  qae  le  Marojts  dcîPtiertOjj. 
AmbaUadeor  i*Efpagne ,  avoit  rendue  au  StarKon^ 
der  lors  de  fon  élévation  à  cette  dignité ,  n'ayanè 
f  as  été  revêtue  de  toutes  les  formalités  requifes^ 
Son  Excellence  a  rccd  ordre  de  S.  Ml  Cath.  de 
faire  nu  Prince  une  féconde  viflre,  ca  y  recevant 
lOQS  les  bonnents^  d^s  i  (on  rang.  Le  Starhôuder 
'  en  étant  con venu,  1* A mbaifadeorfe rendit  le  j  de 
ce  mots  i  ra^ècl  dcce-Mace  d^s-  un  osag^ife 


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M  A  R   S^      ijyu.         j87 

^pie  carofle  de  parade,  tiré  par  deux  cherto»  Da^ 
n^is  ricbetnent  cnharnachés.  M.  de  Ja  Qiiadra  ;, 
Secreiaite  de  l'Ambaflade^écoit  fut  le  devanr  ;  Tes 
-  yalets  de  pied  eo  grande  livrée ,  avec  dcoi  Hei*^ 
dttques  a  leur  tête  ,  marchoietu  aux  deux^  cétés  di» 
£aro({e  ;. deux  Gentilshommes  étokne  dans  un  au^ 
tre  qui  les  prëc^doit;  la  Garde  qui  avoir  été  dou«^ 
b\éc  »  préfenta  les  armes  a  i'Aœbaffadeur ,  les  0£* 
ficiers  le  faluerrnr  du  Drapeau  ôc  de  l'Ef ponton ^fc 
ks  .tambours  barrirent  aux  champs.  Le  Stathou^ 
der  vint  jufqu'ila  portière  te  recevoir  à  la  dtfcente 
iur  carolTe  &  lui  donna  la  main.  Les  Gardef  (ftfi 
Corps  Se  les  HaUcbardiers  du.  Prince  étoiént  rjfo-^ 
géi  en  hayc  dans  le  'yetfibufc;  ks  OffidtfS  de» 
Gardes  Hollandoifes  &  Suiflès^en  grand  unifor* 
SIC ,  étoient  dans  la  pcemkre  chanvbre  ;  les  Offi- 
ciers Généra^ax  ,  ceux  de  la  Maiion  de  fan  Alteflfe 
ai  antres  peiTonne»  de  difUnâion ,  étoieat  dans- 
la  Chancre  fuivante  ;  l'Ambafladeur  les  ayan^c 
Uavcrfi$cs  ,  entea<lai\s  le  Cabinef  du  Scathoader;,^ 
f^aCSt  dans  un  fàuteai^^  de  k  PeiiKefe  plaça  dai». 
un  aaue  vis-i-vts  de  l'Aoïbafladeofi.  Les  goxter. 
du  Cabinet  reâerent  fennées  peadant  k  tems  ê^ 
h  vifite,  apr«s  laquelk  k  Stathouder  reconduire 
k  Marquis  del  Puerto- fuiqu'i  k  portière  de  foiv* 
c  rofle ,  8c  ne  rentra  qu'après  Tavotr  vûpartir. 

Le  6  à  la.  même  heure»  k  ^tatbouder  fut  ea 
grand  corrige  rendre  vifite  àJ'Afnbafladeur ,  qui: 
k  reçut  avec,  le  mâme  cérémonial.  La  marche  ou» 
vrit  par  un  détachenxent  des  Gardes  à  cfaevai^. 
avec  deux  trompettes,  il  fut  fui  vide  deu,rcaro(k|r 
â  (ix  chevaux  .  occupéspar  ks  Aides-de  Camp  d|u 
ifîrince  y  etrgrand  uuifornaé.  Le  Stat^ouder  étoif 
dans  un  fuperbc  carofle  d  hait  chevaux  ,  p4;éce<i|i:f 
de  fes  Gardes  du  Corps  ^de  quaJtre  Pages  à  che- 
^^  9k  &miQ»tié  dé  fes  l^aikbai^icis*.  L^  9azq^\ 


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>88  MERCURE  DE  FRA'N^CE. 

Ae  Barmania ,  GraaH*Mâ£tre  de  fa  Maifon  .  &  Id. 
BrjroQ  de  Groveûms ,  fou  CrfixI^Ecitycr ,  écoienc 
fur  le  devant.  IV) ns  deiiz  ancres  caroflbs  qm  (ui^ 
▼oient ,  étoiéot  le  Général  Bi^oc,  Ecayer  de  îi 
Princeile ,  M^  de  Lazara-,  Capicjîne  d^  Hollebar^ 
diers ,  &  les  autres  principaux  Officiers  de  la  Mai- 
Ion  du  Prince,  vn  fécond  détache mrnc  des  Gar« 
des  a  cbcv^,  &  deur  trooipettes  fcroioieiK  la^ 
Kiarclie. 

F  R  A  N  CE. 

NoHvMef  de  U  Cour^^  de  Paris,  &c^  ' 

LE  13  Janvier  ,  le  Rbi  partit  pour  Choifi. 
LeRo^  a  nommé  iotendanr  du  Languedoc 
M    Guignard ,  Vrcorare  de  Saint  Piricft ,  M'jftre 
des  Requête^»  Préfîdent  aa  Grand  Confeil  ,  & 
Coaimi0aire'dii  Roi  à  la  Compagnie  àti  Indes. 

Ou  14:  Aâiom ,  1 9  cens  40  ;  Billets  de  la  pre- 
mière Loterie  Royale ,  74.3  ;  Billeti  de  la  focondc, 
ers. 

Le  corps  àti  Maréchal  Comte  de  Stixc  ,  gardé 
pendant  quarante  jours, par  un  Capitaine  &  xii- 
qi.ince  Dragons  dcTon  Régiment  de  Volontaires 
dans  le  Château  de  Chambort ,  en  fut  déplacé  le  S 
de  ce  mois  pour  être  conduit  a  Srraft/Durg  Le 
Convoi  partit  au  bruit  de  plufieurs  pièces  de  ca- 
non ,  dont  Sa  Majefté-avott  fait  'préfenc  J  ce  Ma- 
réchal ,  &  a-  été  accompagné  par  Ton  Rrégiment  i. 
une  certaioe  dtflance ,  fous  les  ordres  du  Baron  le. 
itert ,« Lieutenant  Colonel. 

M*  de  Chollet ,  premier  Capicai.le  &  Chef  dé 
lfigadc^a?cc  cent  Dftgons  du  môme  Régiment^' 


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li  A  R  s.        1751.         iSf 

*^Ke(corter  le  Convoi  jufqu'iSttafboarg  ^o4  le 
corps  doit  être  dépofé  daQsla  roatfbn  du  Maréchal 
îie  Coigni ,  lufqu'au  joui  de  (on  inhumation. 

Le  Convoi  fexa  trente  deux  jouis  en  marche ,  êc 
il  eft  brcionné  aux  Coinniandans  des  Places  par  oa 
il  paflera,  de  rendie  au  feu  Maiëchal  les  mêmes 
lionnems  qu'on  lui  eût  rendus 5*1]  eut  été  vivant. 

Par  la  récapitulation  générale  de  Tailnée  1750^ 
le  nombre  des  fiapiémes  de  cet<eOpitale  (e  tnoo^ 
te  à  1  yb3f ,  celui  des  mariages  â  4e  1 5?  Je  nombre 
des  monsti  i8c44  .&  celui  des  tnfaos  trouves  i 
37Sf  ;  a^.nfi  le  nombre  des  fiapiémcs  de  1750  ex« 
cède  celui  des  moits  de  551. 

•  Il  y  a  eu  en  mille  fcpt  cens  quaranteneof  191 5^ 
Baptêmes,  4153  mariages,  jSé07  motis,.&.3 77 f 
•Eàfanstibuvés.  Le  nombre  des  Baptêmes  de  1750 
efl  par-là  dii^nué  decdui  de  1749  de  123.  Celui 
des.  mariages  elt  augmctitédc  3  56,  celui  des  moi  tis 
eft  dimhïué  de  513, 0c  cchii  des  Enfans  trouvés  eft 
^uffSïctïté  de  KX 

•  Ou  1 1 1  ^aUns ,  1 9  cens  40  ;  Billets  et  la  pre- 
mière Loteiie  Royale  ,  74S  |  Billets  de  la  féconde 
tf8x,8}&84. 

.  Le  1^  de  ce  mois ,  KL  de  Grevenbroch ,  Miniftrc 
Plénipotentiaire  de  l*Ekdeur  Palatin,  eut  eo  quar- 
lif é  de  Mîniflre  PJénipoteniiaice  de  P£leâenr  de 
Bavière  ,  une  aodience  particulière  du  Roi,  â  U. 
quelle  il  fut  introduit  par  le  Marquis  de  Y erneuil , 
Introdu^eurdes  AmbafTadeurs. 

Le  Duc  d'Orleans,ayant  fondé  en  Sorboone  uciè 
.Chaire  de  Théologie  pour  l'etpiication  du  Texte 
Hébreu  de  l'Ecriture  Sainte ,  M.  Leflocq ,  Sénieur, 
i  la  tête  de  doute  anciens  Doreurs  &  des  ût  Pro* 
•feflèurs  At  la  ^ai(on,  fe  rendit,  â  l'Abbaye. de 
Sainte  Genévié«re*le  8  Jaavier  ,  &  fit  au  Prmce  imi 
lenKrcImenc^dont  le  précis  éroit»  que  ce  nouvel 
énbliOcment  était  auffi:  honorable  a  la  Maifon  de 


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ï^  MERCURE.T5E  FRANCE. 

Vosbonne,  qa'airaniageax  â  rEgH(è>érq«*a  fe- 
roic  aa  MoaomcDt  écerael  dtt  «éle  ée  ce  Priaco 
pour, la  RcHgioB  /êc  de  ù  fcience  profeii^  de  fi 
ftQ  couuuaae  de  k  Langue  Sjbtt. 

La  Compagnie  d'Adikaoce  de  Paris  £ât  dia^ 
joor  de  noaveaax  pcogf es.  Le$  mcillettres  Adailboi 
da  Roy  anime  y  oot  dostté  leur  confiaace^&iê 
fooc  ciuwgées  des  OttreéHoas  Prmrîncialea  decene 
Compagnie»  dootlac^artttioo  pour  l'anoée  dei» 
«teceA  été  réglée  par  i*  A tf emblée  générale  dot 
focereffés  â  cinq  pour  cent,  «({ootqiie  le  produit 
4es  Prises  monte  à  beaucoup  au^deflus  ;  snais  ks 
Vaifleaux  dont  elles  procèdent  ue  font  paacocott 
lit  mom.  Ce  bénéfice  acauis  augmestera  le  Di- 
vidende de  làr  r^amtioB  4e  1 7  fo. 
^  U  vient  de  pafoirre  un  fidit  ponaar  création  d%^ 
mt  Ecole  pour  l^ducadon  de  cinq  y:eas  Gentib' 
bommcs  daus  l!Art  Miiitaire.  Ce  nouveau  Iten&Bi 
'du  Roi ,  dont  la  guerre  aroit  retardé  P^xdcunoo^ 
^  qu'il  s'efl  phi  ï  diriger  luimême  ^  pas  l'unlké 
<ntt  en  réAilte ,  exctte^laas  tous  4es  cœurs  krlov^ 
tuaens  de  reconuoiflauce  qui  foBCxlâs  à^Sa.  Ma^ 
tfé,  pour  un  établiffement  qui  foutieut  dr  qui  ilbrf*^ 
tre  laNobletfeduRoyaumt^douc  le  fU>i  £edé» 
-dave  de  plus  en  plus  ie  Protcâeur  Se  le  Père» 
.  Du  %tiUch0m^  ly  cens  if  {^^iir«de.la.p«k 
aniere  Loterie  Royale ,  7$3  »  BUkts  deia  féconde^ 

Le  premier  Férrîer  «reille  dé  la  Purification  de 
k  Sémt  Vierge,  la  Reiue  fe  fi;s  dévotions  A: 
canmMBuia  par  les  imiinsde  l^^véque  de  Clartiai^ 
ion  Preméer  Aumônier.  .   .  » 

Monfegneuzle  Daupbtu  fitaufifta^UvotionsA: 
communia.  Madame  la  DirapUae  fitaoffi  les  fieu^ 
iWs  H  communia  par  les  msà»  defEvâque  de 
Bayeuz  »  fou  premier  Aumâmet.  Mdibaiet  de 
F^^auce  £reAt  paieiUcMettt  le«ra  ddf otioas» 


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-Ce  «iflBe  j^Ar  »  le  Re^kdr  ()e  rUniverCcé ,  ac- 
COfqpago^<^  tottc  leCorps  ;  a  pré&nté  an  Roi ,  2 
k  Reiffc  »Â  MofiTeigne^r  le  Dauphin,  a  MadaiM 
la  Dauphine ,  ies  Cierges  pour  la  £êf  e  de  la  Chauvi 
4kl€or ,  Mùu  V-vÉ^c  xmKoaife. 

Xe  1 ,  Fête  de  la  Purification  de  la  Sainte  Vier* 
ge,  4e  Kettint ,  ven  ksàn^e  henrea  du  matin  »  un 
Cl^pitre  ;  dans  ie^d  l'Abbé  de  Pomponne,  Coni<^ 
jBâftdeuc  CbaoceÛer  &  Sur  intendanc  de  fesr  Or« 
Jtes^  rapporta  les  3%eoves  du  Doc  de  Cbaulnes  ^ 
Pair  de  France  ,  &  du  Marquis  d'Hanrefort ,  A  m* 
bafladettr  du  Km  i  V^^iemic.  Ccc  freuves  ayant 
ictë  adaifès ,  Sm  Maieftë  c^atnvanda  «n  Comte  dé 
5aint  Flaxtencia,  ComaAawdesx  Secrétaire  <le  l'Or^ 
dsK  dnS.  Ë(prit  «dE'envoyef  i  cvt  Ambaflàdedr  une 
fetire^  pat  lamelle  «De  lui  permet  de  porrer  le« 
lionncurs  de  cet  Ordre  ,^ttr(|u'â  ce  qu'il  puifieétré 
«e^d  Bt  pëètcT  fetmeot^atiie  ies  mains  ca  la  ma* 
.ptese  «ccoâtômée!» 

:  Le  Roi  fe  rendit  enfnite  à  la  Chapdle ,  précédé 
4r  lioofeignettr  ie  Oattpkin ,' des  Princes  du  Sang 
^des  Clfetrateis  C^i^iaaaadeus  &  Oficicrs  éê 
fo  Ordres.  .     . 

Sa  Majeûë»  après  avoir  a^ftd  à  la  l>dnddiâioft 
^es  Cierges  &  à  la  Proceffion  qui  fe  fît  au  tour  de 
la  Ck^pâlf^ruteadit  la  gModa  Meflè» célébrée 
yosttficalement  pat  KHvêquc  Duc  de  Langres, 
Prélat  Commandeur  de  POrdre  du  Saint  E^rir, 
te  cbantéib  pat  la  Mnfique  dé  la  Chapelle. 

Après  la  Mefle  8c  ks  cérémonies  ordinaire^ ,  St 
Matefté  feplajl  far  fou  Trône ,  préi  de  TAum;!, 
idu  cÔné  de  rEvangac,  &  leçur  Je  ferment  du  Duc 
tfe  Chaolnes ,  lequel  eut  pour  Pareins  le  Marécbai 
Doc  de  ^eilt  tÛe  «c  leMarécbal  Duc  de  Coigny , 
Chevaliers  de  {es  Ordres.  La  Rerne  ^  Mefdam^ 
SfttQUdi^t  laMcâe  dans  la  Tribune. 


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ïpi    MERCURE  DE  FRANCE. 

'  Le  Roi»  la  Reioe,  Monfeignéar  le  Daiiphio  IC 
Uefdâcnes ,  affifterent  en  bas  aa  Sermon  da  P» 
CriSec ,  de  la  Compagnie  de  Jéfos  y  êc  aax  Vèftct 
chanréespar  laMufiqne.  L'Abbé  Gergoi ,  Cba^ 
pelaia  otdioaire  <le  la  Chapelle  de  la  Mufique  y  o£» 
ficia. 

te  même  joar  ,  M.  Do?  îni  »  Archerê^ae  de 
Rkodes  8c  Nonce  ordinaire  du  Pape ,  enr  nne  Ai^ 
dience  particulière  du  Roi ,  à  laquelle  il  fiit  coa« 
4nic  par  le  Marquis  de  Veraeuil ,  lutrodoâeur  dét 
Ambafladenrs. 

Le  Roi  a  juco^dé  â  M.  de  Ëulceley ,  CkeTalier 
de  Ces  Ordres  ^  Lieutenant  Général  en  Ces  Armées 
A  Colonel  d*un  Régiment  d'Infanterie  Irlandoiiè» 
le  Goorernement  de  Saint  Jean  Pied-de  Port,  va* 
cant  par  la  mort  de  M.  le  Comte  de  MauIeTrtet* 
Colbert. 

Du  4tjf^ldM^i^  cens  v6;ÈiUifs  de  la  pre« 
viier  Loterie  Royale,  7^1  ;  Billets  de  la  féconde | 

Du  1 1  :  A^ns  y  19  cens  15  iBUUts  de  la  pre^ 
tnie  Loterie  Royale ,  74e  $  BUl$9$  de  la  féconde , 

BENEFICES   DONNE'S. 

LE  Roi  a  nommé  i  TAbbaye  de  Champagae; 
Ordre  de  Cîteaux  ,  Diocèle^u  Mans ,  l'Abbé 
le  Voiié,  Chapelain  de  la  Reine  $  i  l'Abbaye  de 
Saint  ]u(l  de  Romans, Ôrdte  de  Cîteauz,Dîo- 
tèfe  de  Vienne ,  la  Dame  de  Beaumont ,  Relt- 
^ieufe  do  même  Ordre ,  5c  au  Prieuré  de  Chuiaes . 
Diocèfe  de  Chartres, l'Abbé  de Chabannes, Grand 
yicaif  e  de  Nc?eis. 

MARfjiGES 


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Mars.    1751.       tpj 

'    MARIAGES  ET  MORTSy 

LE  II  Odlobre,  Henri- Mictcl- Ange  ,  Marquîi 
lie  C4[/f «///Me  ,  Sous  Lieutenant  dans  le  Régi* 
ment  du  Roi  Infanterie  ,  époufâ  par  contrat  paflé 
le  même  jour .  Charlotte-Louife  Charron ,  fille  aî« 
ioée  de  Michcl-]ean  BaptiÛe  Charron  ,  Marquis  de 
^enars ,  Brigadier  des  Armées  du  Roi ,  Couver- 
ceur  de  Blois ,  &  d'Anne  Caflratz  de  la  Rivière  , 
(a  fecondç  femnie.  Le  Marquis  de  Cafleliane  eft 
£ls  de  MicliçlAoge».Comte  de  Cadellane ,  Bri* 
gadier  des  Armées  du  Roi ,  Gouverneur  de  Niort, 
ci-devant  AmbaiTadeur  Extraordinaire  i  \^  Porte 
Ottomane ,  &  de  Catherine  de  la  Treille ,  &  dcf- 
cend  au  cinquième  degré  de  Pompée  de  Caftella- 
^e ,  Seigneur  de  Novefan ,  fi's  puîné  de  Pierre  de 
Caftellane  I.  du  nom  ,  Seigneur  d'Efparron ,  Che- 
valier de  l'Ordre  du  Roi ,  &  de  Gabrielle  de  Glan- 
devez  ,  fa  première  femme.  La  branche  des  Stu 
neurs  H,  Marquis ^'Ëfparron  ,  qui  fubfifte  a^ueU 
lement  en  la  perfonne  de  Jofeph  Jean  Bâpcide, 
Marquis  de  Cafleltane-Efparron ,  Maréchal  des 
Camps  &  Armées  du  Roi ,  Gouverneur  de  Belle* 
Igardc  }  &  de  Gafpard  Conftantin  Boniface  ,  Vi- 
comte de  Caftellane  ^  Meflre  de  Camp  du  Régi^ 
.anenï  de  Penthievre,  Cavalerie  ,  cft  iffue  de  Geor- 
ges de  Caftellàne  ,  Seigneur  de  Salernes  ,  arrieré- 
petit*filsde  Boniface  V  du  nom  , Seigneur  de  Caf* 
tellane ,  premier  Baron  de  Provence  ,  qui  defcen* 
«ioitau  cinquième  degré  de  Boniface  I  du  nom^ 
Souverain  de  Caftcllane ,  vivant  Pan  looo. 

Le  1$  ]anv- 17 ^  î, Jean- Claude  Palamedis  Mar* 
flûis  die  FirUrhÇârélAnnc ,  époufa  â  Marfeille  Pièce 

1 


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Ï94   MERCURE  DE  FRANCE. 

rcttc-Auguftinc  de  Félix  ,  Dame  de  la  Fcrraticrc. 
Les  anicies  fareoc  fignés  Je  Vendredi  1 5 ,  de  le 
Mardi  foirant  le  mariage  fbt  célébré.  Le  célèbre 
M^e  Peirefc.daos  Tes  Gen.  24^^  deProrence, 
nous  dit  (]ae  la  Maifoa  de  Forbio  defcend 
d'Henri  de  Frçwicjc ,  Seigneur  d'OIfij\iJd  en  An- 

f*  Icterre  ,  rivant  l'an  1115  ,  &  que  Pépoqoê  de  foa 
cabliflecnent  en  Provence  eft  en  l'an  131;,  qae 
Pierre  deForbiD^époafajfranjoife.d'Agoac/arquoî 
f>j^  peut  confulccr  a^rès  Pçirefc ,  Nçftradajllas, 
Robert ,  Loum,  le  Nobiliaire  de  Picardie,  ^ 
ï'JHiftoire  d'Aix  par  Pittoo,  Cette  Maifon  iabfîftc 
ipQ  cinq  brjnclt<!S  ,  de  Japfon ,  d'Oppedc ,  de  Sain- 
te Croiî  ,  de  li  Barbent  Se  dé  Gardaaoe.  La  btan- 
clic  de  Sa  lier  s  ,  qui  a  5ni  en  la  perfonne  de  Looïs 
J^Umedcs  de  FmbiOjMaxquis  deSoliers^Chevalier 
d*honncur  de  S.  A^  R.  ElKabetb-Charlotte  de  Ba- 
yicre ,  Diicliefff  d'Orléans ,  avoir  commencé  i 
îp^l^medes  de  Fotbin ,  dit  le  Grand ,  qui  a  été  fuc- 
ccffivcriT.^nt  Seigneur  dé  Joulon.de  Soliers.'dii 
Luc.  de  Peyii.il,  de  PQrqucjj:olIes,de  Pierrefeuà 
}3e  Puimiçlicï,  ViconjEe  de  Martigues,  Gouverneor 
[du  Duc  de  Calabre ,  fils  aîné  de  René,  Roi  de 
N^iplcs,  fie  Sicile  &  de  Jérufalem  ,  Que  d'Anjou, 
Gsmte  de  Provence  S;  du  Maine ,  Grand- Préfidenc 
de  Provence  ,  Confc;ilIer  Çc  Chambelian  de  Louis 

il  fât 
iBoù- 


cnfuîie  Gaiivcineur  dtiDauphiné ,  Lieutçnanc  Gë^ 
^lïéia! ,  Grand-Sénccbal  &  Gouverneur  Général  <fc 

Provence  ,  avec  une  autorité  prefque  Royale.  U 

jivoit' droit  de  vie  &  de  mort  en  Provence  ,  ûoni- 
*  moit  ajoutes  les  Charges  de  guerre  &  de  Jafticè , 

à  tous  "Bénéfices  de  collation  Royale  ^  inféodoit 
Je  j>i.opre  Domaine  du  Roi,  donnoic  dbs  pn]^é« 


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MARS.        lyyi;         ipy 

jes.franclîifes  aux  Villes  de  la  Province,  &  étabJiç 
qu'on  s'y  fcrvitoit  du  Droit  écrit.  Cette  grande 
autorité  lui  fut  dpnnée  en  confidération  cUs  Cçt» 
vices  qu'il  rendit  à  h  Couronne  eq  portant  Char- 
les d'Apjou ,  dernier  Comte  de  Proven'ce  ,  à  infti-* 
tber  pour  héritier  univcrfel  de  (es  Etats  Louis  J(I , 
Se  après  lui  les  Rois  de  France  fcs  fucceffeurs,  La 
France  acquit  par  ce  teftai;nent  les  Royaumes  de 
Naples  Se  de  Sicile,  dont  Charles  VIII.  fut  en  poG 
icinpn  ;  les  Comtés  de  Provence  ,  de  Forcalquier 
^  du  Maine ,  avec  le  Duché  d'Anjou ,  Se  généra- 
lement tous  les  droits  que  les  Comtes  de  Provence 
'  avoient  fur  les  Royaumes  d'Arragon  ,  de  Jértifa- 
Ipm,.  de  Mayorquc^  de  Valence,  de  Corfe  Sc  de 
5ardaigne. 

Louis  deForbin,fon  fils, fut  drand  Préfîdent 
«le  Provence  après  fon  père ,  Confcillcr  &  Cham- 
bellan du  Roi  Louis  Xll,Sc  AmhafTadeiii  à  Rome 
au  Concile  de  Latran ,  od  il  défendit  avec  beau- 
coup de  vigueur  les  droits  de  l'Eglife  Gallicane, 
&'fit  la  paix  du  Saint  Siège  avec  la  Cour  de  France, 
françois  de  Forbin,  Seigneur  de  Soliers,  fon  fils, 
^j>oufa  Catherine  d'Anjou ,  fille  aînée  de  Jean 
d'ÀnJQU,fils  légitimé  du  Roi  René ,  Comte^de 
Provence  ,   laquelle  porta  dans  la  branche  des 
Seigneurs  de  Soliers  les  Terres  de  Saint  Rémi  Se 
de  .S.  C^onat^  avec  le  Matquifat  de  Pont-à-Mouf- 
fon  ,  qui  fu;ept  donnés  par  ce  Prince  à  Jean  d'An- 
jou ,  ion  fils  naturel  &  â  tOMtc  fa  poitérité  ,  tant 
xi^âleque  jÉémelle.  , 

Palamç4^5  4e  forbin  II  du  nom ,  Seigneur  de 
Soliers,  &  Cafpard  de  Forbin,  Marquis  de  Saint 
C^anoat ,  fon  fils ,  fe  fignalerent  durant  les  guerres  ' 
ie  Ja  tigMp  ^  Se  furent  lucce/fîvement  Gouverneurs 
dêTojjJpn.  Le  pfcipier  rédiiifit  a  l'^béiffance  du 
R<w  Ici  Vijles  4  4«  ^  <IÇ  Towloji.  le  fécond  fe 
'        ■        •  ^       ■  lij-   ""^- 


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19^  MERCURE  DE  FRANCE., 

4iftiogaa  aux  batailles  d'AlIemague  9c  de  Viaoa  ; 
ôc  &t  lever  le  ûége  da  Puefch  au  Duc  de  Savoye. 

La  braocbe  des  Seigneurs  de  Gardànhe  fubûdé 
en  la  pcrronne  du  Marquis  de  Forbin  ,  qui  a  don* 
oé  lieu  à  cet  article»  Se  de  Gafpard-François-Anae 
de  Forbin,  Chevalier  de  Malte,  Major  du  Ré^^ 
tnent  Royal  des  Vaiffeaux.  Paul- Albert  de  Forbia- 
Cardanne  ,  leur  grand-oncle  ,  Grand-Prieur  de 
Saint  Gilles  ,  fut  le  premier  Ambaffadeur  que  l'Or* 
dre  de  Maire  envoyaenFrance^il  devint  Lieutenaac  . 
Cénéral  des  Galères  du  H^U.^  on  remarque  que 
le  Marquis  de  Ponc-Courlai ,  Qénéral  dçs  Galères^ 
Sç  neveu  du  Cardinal  Duc  de  Richelieu ,  ayant  été 
furpendu  de  fa  Charge  en  1^39;  Paul- Albert  de 
Ij9cbin  en  obtint  h  commi(fion ,  &  ce  fut  en  cette 
qualité  qu'il  commanda  en  chef  Tarrnée  navale 

2ui  alliégeoit  Colioure ,  Place  Maritime  du  RonT- 
lion,  l^n  1^41,  Claude  Comte  de^  Forbin,  Ton 
neveu ,  mourut  Chef  d'Efcadre  des  Armées  nava* 
lés  ,  après  avpir  été  Amiral  deSiam  Se  Généralis- 
ée des  troupes  de  S.  M.  Siamoife. 

'  La  branche  des  Seigneurs  de  Janlbn  fubfîfte  en 
la  pprfonne  de  Jofeph  de'Forbin ,  Marquis  dé  Jan- 
fon ,  Maréchal  des  Camps  8c  Armées  du  Roi, 
Gouverneur  d*Antîbes,  neveu  de  Touffaint  de 
>orbio ,  Cardinal  de  Janfon  ,  Evéque  Se  Comte  de  : 
Bèauvais .  Pair  &  Gr^nd-Aumônier  de  France  » 
Commandeur  des  Ordres  du  Roi ,  Se  Ambafladeur 
en  Pologne ,  oii  il  eut  la  gloire  de  faire  élever  fur 
le  Trône,  conformément  aux  intentions  de  la' 
France  y  le  fameux  }eaa  Sobierxi,  Grand- Maré->^ 
clial  de  la  Couronne. 

La  branche  des  Seigneurs  d'Oppede  fubfifte  ei| 
la  perfonne  de  Jofeph  Louis-Roch-Cbarles  Pala-  ' 
inVdcs  de  Forbin ,  Baron  d'Oppede /Capitaine  dç 
1a  dixième  Compagnie  dc$  Cendatmei  du  ftoû 


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MA    R  S.      i75t;         %97 

■  £ofin  celle  At  Sainte  Croix  fubfifte  en  la  perfô»* 
ine  de  Marc- Antoine- François  de  Forbin,  ci  de- 
vant Goidon  de  Gendarmerie. 

Le  7  Novembre,  mourut  a  Aix  la-Chapelle , 
âgé  de  76  ans  »  Louis- Pierre  Comte  de  U  Marck  , 
Baron  de  Lnmain  ,  Comte  du  Saint  Empire ,  Che^ 
valier  des  Ordres  du  Roi ,  Lieutenant  Général  de 
(a  Armées ,  Gouverneur  de  Cambray  ,  Grand 
d'Efpaene  de  la  premieie  Clafle ,  &  Chevalier  de 
Ja  Toiion  d'or,  né  en  1^74.  II  fut  d'abord  deftiné.â 
l'Eglife,  ^  poufla  fes  étudesrjufqu'i  devenir  Bache- 
lier de  Sorbonne.La  mort  de  Ton  frère  aînél'enga* 
gea  i  prendre  le  parti  desArmes,&  il  fut  fait  CoTp- 
nelduRégiment  deFurftemberg  en  i^97iBrigadiec 
des  Armées  du  Roi  eni704;Maréchal  de  Camp  en 
170^  ;  Lieutenant  Général  en  171 9;  nommé  Che- 
valier des  Ordres  du  Roi  le  x  Février  1714 ,  &  re- 
çu le  3  Juin  fuivant.  La  Maifon  de  la  MarcK  tire 
ion  origine  des  Comtes  d'Altcmberg ,  d'od  foni 
iflus  les  anciens  Ducs  de  ]uliers  &  de  Cleves* 

Le  15  Décembre,  Claude-Lidie  deHanourt^ 
Teuve  de  Gabriel-René  Marquis  de  Mailloc ,  Com- 
te de  Clery«Crequy ,  Baron  de  Combon ,  mourue 
âgée  de  54  ans  ;&  fut  inhumée  le  17  dans  i'Eglife 
.MétroDoIitaine  de  Notre-Dame ^  où  eft  la  fépultu- 
le  de  fa  Maifon.  Elle  étoit  née  le  1 1  Janvier  169^  ; 
avoit  époufé  le  7  Juillet  1710  le  Marquis  de  Mail- 
loc ,  mort  fans  epfans  le  1 1  Odiobre  1714 ,  âgé  de 
75  ans  s  &  étoit  fille  d'Henri ,  Duc  de  Harconrc, 
Pair  &  Maréchal  de  France  ^Capitaine  des  Gardes 
du  Corps  du  Roi  >  Chevalier  de  fes  Ordres ,  Lieu* 
tenant  Général  en  Normandie,  Gouverneur  da 
Vieux  Palais  de  Rouen,  5c  de  la  yille  deTournav, 
^mbafTadeur  Extraordinaire  en  Efpagne,  &  de 
Marie-Annc-Claude  Btulart  deGcnlis;&  aroit  pour 
frètes  ;  entte  autxes  ^  Fcanjois ,  Duc  de  Harcourc , 

I  iij 


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ipS  MERCURE  Dï  FRANCE; 

Pair  8c  Maréchal  de  Fraiyce  ,  C^'raine  â^Chrie^ 
du  Corps  du  Roi ,  Chtv^kt  dé  fti  Ordres ,  Gou- 
verneur de  Sedan  ;  «  Loiris-Abratiam  de  Harcourr, 
Abbé  de  Signy ,  Comtfeandtur  des  Ordres  du  Roi» 

Le  premier  Jantièr,  Adtoréie  FVançdi^  Foucattie 
BêMHchtimfs^ConftiWtt  do  Roi ,  Maître  Ordinaire 
en  la  Chambre  dés  Comptes  de  Nantes  ,&  Sccre-t 
taire  de  la  Sur-Int^nd^nce!  Générale  ^des  Poftes, 
mourut  â  Paris,  âgé  d<  ^7  atts ,  ÔC  fut  inhumé  â 
Saint  Sulpice. 

Le  f ,  Jofeph.  Antoine  Cfeult  de  Thisgny ,  Préfi- 
dcnt  honoraire  du  Par teffiéti^  de  Paris  ,  mourat^ 
âgé  de  î  I  any,  âc  fut  interne  à?  S.  Roch. 

Le  S.  Angélix);ûe- Eiifebcth  Thon  y  veuve  de 
Jean  Baprifte.|ac<ïu«i  Gôn,  Chevalier ,  Seigneur 
du  Vicomte  d'Argenlieù  ,Con<ciHer  au  Parlemenr 
de  Paris ,  rrtourut ,  âgée  de  ^tf  ans  ,  &  fut  eotcrréc 
i  Sa^nt  Euftache. 

,Le  ri,  Marie-Gedeviéve  dté  Chefn$j  veuve  de 
Jean  Code  de  Champeron ,  Confeiller  du  Roi., 
Préfîdent  eu  Ta  Cour  des  Aidw,  mourut ,  âgée  de 
^3  ^^s,ôc  fut  tratifporcée  aui  nouvelles  Cathoi» 
liques: 

'  Le  1 1  ^  moârur  à  Epernay ,-  âgé  de  f  4  ans ,  AneJr^ 
Claude- A mable  Fidard,  Seigneur  de  Saint  Clair ^ 
Chevalier  de  l'Ordre  Royal  &  Militaire  de  ^aint 
Louis  ,.  Maréchal  des  Cartips  8c  Armées  du  Roi^ 
'Lieutenant  au  Gouvernemçni  àts  Proviwccs  de 
ChanVpagrte  8c  Rrie*  v 

Le  17.  Augutle-LéonineGlimpe-Nicole  de  Bn/- 
lîon ,  Ducheffe  de  BeatèvHtiêrs,  Dniie  de  Mifda«- 
mes  (îe  France ,  mourut  a  Paris  daris  le  âxiéme 
mois  de  fa  groffefle ,  de  la  petite  vérole ,  âgée  de 
15  ans ,  &  fut  inhumée  à  Saint  Sulpice.  EPc  écéir 
fille  de  Anne-Jacques  de  Bullion  ,  Marquis  de  Fc£. 
vaques ,  Chevalier  des  Ordres  du  Roi.^  LieutcnaoÊ 


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M  A   R    S.      tyii»        ï?5» 

Général  4e  fes  Atmiécé ,  Gôuvcrneiir  dé  Maine  , 
Petchc  &  Comté  jie  Laval  ,&  de  M'arie-Magdc- 
l^itie-Horténfe  Gîgaiilé  de  Belleibhds  ,  éc  avt)it 
époufé  Je  I  Arril  174 j,  Paul-Louis  dé  BcaiiVilliers, 
Marquis,  puis  Dde  de  Bea^vHIiërs  ,  Ptfii  de  France, 
Comte \de  Buzahfois,  Grand  df'Êfpagne  d^  l'a  pVé* 
tniere  Claffe,MefVr'e  dt  CahV^  du  R^giiV^ent  dé 
BcaaViliers,ChevaK'er  de  l'Ordre  Miîitaii^é  dfe  Saint 
Louis ,  rté  lé  S  Noveitibie  1711  ,  Sis  puSné  dé  Paiil'. 
Hypolire  de  Bcauvilliérs  ,  Dnc  de  Ç^ahn  Aigoany 
Pair  de  France  ,'Coihte  de  M'ontredor,  Baron  dô 
la  Ferr^-SàirtuAigtiatî  ;  de  la  Salle-Ies-Gléry  i  dé 
fchteméry ,  Séigfàeur  de  la  Cliatellénîe  de  BeauViû 
liers.  Chevalier  des  O'rdi'es  dli -Roi /Lieutenant 
G'énéral  dé  fes*  Armées ,  GoUVeftifeui'  dfe  Boùrgd-. 
gne  ÔC  Breffe ,  Villfe  ae  CitadeHé  du  Hafrè  de  Gra^*' 
ce.  &des  Villes  &Èbâî'eau!x'de  Loches  .B'eaulreu; 
Dijon  »  Saint  Jean  de  Lofne  &  Séirrre ,  Grand^BaiK 
li  d'Epée  du  Pays  de  €abk ,  l'un  des  Qurai-ânte  dé 
TAcadémle  F^rârtçdilfe  ,  Honoraire  dé  celle  des 
lT*rcriptiem's  «r  Bélier- Lettres ,  de  CéUci  de  Hfèéorû 
^didt  Roîftfe  ,  de  ÏUcth^ifàti  de  Pad'buié*,  de;ceril^  dé 
Yéroiic  ,  rionimé  Protcdhur  de  celle  dMrIe!^,ct-^ 
â'cvârit  Preniier  Gebtîlhoniitié  de  Ja^  Chahibré" 
«h-  Féu'M:  le  Duc  de  •Bci'rf ,  CôHfeiflér  afu  G6h.' 
feil  dé  Régence  ,  Ambaffadeùr  Exti^drdinairé 
Si  '  Plénipotentiaire  du  R6i  en  Ëf^iagne  .  dt  de- 
puis auprès  du  Saint  Si^  ;  Bt  de  Marie-Céné- 
"Wve  déM6htîe7un,décédééi'Rt>ihe  le  rj  O6^o* 
brè  ^7j4.  Du  ihar iàgé  du  Duc  dé  BeiuTHIiers  àvcà 
Auguile-Léoninc-Oliitepè-Nrtoic  de  Bullica  fontf 
liés  deurf  enfahS;  i^  Patll  Etienne- Au guftc  de* 
Bcauvilliérs ,  Comte  de  Saint-Aignah  ,  né  le  irf 
Décembre  1745.  i^  Charles-Paul- François  de 
Bcauvilliérs^  Comte  de  Buzançois  »  né  le  17  Di*-^ 
cembrc  174^. 

I  iiij 


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100  MERCURE  DE  FRANCE; 

Ters  le  milieu  du  même  mois>  Pierre  deBemi'^ 
foU  di  Sainii  Aulâirt^  Evêque  de  Tafbes,  Abb^ 
des  Abbayes  Comme^dataires  de  Tourtoirac  y. 
Dîocéfe  de  Péiigueuz  ,  Se  ie  Morcemer  ^Diocëfe 
de  Rouen  »  mourut  à  Tarbes,âgé  de  cinquante 
ans  paffés.  Il  étoit  fils  de  David  de  Beaup^il ,  Sei- 
gneur de  ChabanocSj  Capitaine  de  Cavalerie  au 
Kégimenc  de  Saint  Simon,  &  de  Gabriellejauberr 
de  Nantia  »  8c  couûn  ifTu  de  germain  de  Marc- 
Antoine-Front  de  Beaupoil  de  Sainte  Aulaire». 
Marquis  de  Lannury  ,  Chevalier  ûes  Ordres  du 
Xoi  le  1  Février  1749  ^  Lieutenant  Général  de  fès 
Armées ,  Ambaflàdeur  en  Suéde ,  ci«devaBC  Grand 
£chanfon  de  France.  Cette  Maifoft  originaire  de 
{.imofîo  >  descend  en  droite  ligne  de  Guillaume 
de  Beaupoil  »  Seigneur  de  Neomalet,qui  pik  fe 
parti  de  Marguerite ,  Comtefle  de  Penthiévre^ 
V  icomtefle  de  Limoges ,  coatre  Jean  VI.  du  nom» 
Duc  de  Bretagne  >  Tan  1410. 

Le^  premier  Février  ,  Michel- Etienne  Turg9t^ 
Marquis  de  Soufmon  ,  Seigneur  de  Saint  Ger- 
jbain-fur-Eaulne  ,  VatierviUe  &  autres  lieur  ^ 
mourut  i  Paris  Âgé  de  ^bans  &  huit  mois.  Il  étoit 
Bé  le  9  }uia  i^vo^  avoitété  reçu  Con&illei  au  Par- 
lement, le  31  juillet  X711 ,  <c  Préfidént  an  Pafle>^ 
jnént  en  la  deuxième  Chambre  des  Requêtes  da 
Palais,  le  15  Janvier  17^7  ;  il  avoir  été  élu  le  14^ 
Juillet  \7t9 ,  Pr^v6t  des  Marcbands  de  la  Ville  de. 
Paris ,  U  avoir  rempli  cette  place  jufqu'au  i^ 
Août  1740.  Le  ijï  Avril  1737  >.iL  avoic  été  £iiC 
Confeiller  d'Etat ,  &  étoit  monté  au  rang  d'Ordi-t 
naire  au  mois  de  Novembre ,  1744.  H  ^oit  été; 
fiommé  ppar  remplir  les  fonflions  de  Premier  Pré- 
£denc  du  Grand  Confeil ,  en  qualité  de  ÇonTeiUer 
d'Etat  ^pendant  le  cours  de  l'année  1 741  ;  il  étoit 
depuisie  commeocàmenc  de  174^  »  l'un  des  Ac^ 


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M  A  K  s.     175 1.  201 

lïémiciens  honoraires  de  l'Acsiiémie  Royale  des^ 
Infcriptions  Se  Belles  Lettres. 
,  Le  nom  de  Turgot ,  originaire  de  Breragoe ,  effi 
ancien  en  Normandie;  on  le  trouve  dans  un  rôle 
de  1171 ,  où  font  compris  les  Gentilshommes  de 
la  Province  qui  doivent  fervice  au  Roi ,  Se  dansB^ 
quelques  aurres^titrcs  du  commencemeilt  du  qua-^ 
rorzieme  fiécle ,  qui  font,  ainfi  que  le  t61e,  dépof<é«< 
à  la  Chambre  des  Comptes  de  Paris. 

La  famille  de  ce  nom  remonte  par  une  filiation} 
prouvée  de  degré  en  degré  fans  fnterruption  ,,juf* 
qu*à  K  Turgot,  qui  vers  le  milieu  du  quator^ 
Xiéme  fiée  te  fonda  Se  dota  ,  conjointement-  avec^ 
Laurence  de  la  Pierre ,  fa  femme  »  i'Hôtel^Dieiv 
àc  Condé-fur-Noireau ,  od  lès  armes  étoient  env 
€or&en«i7oo; 

En  1445  ,Jean  Turgor ,  atrîere-petit-fik  db 
précédent ,  époufa  Philippe  Biertrand  des  Touraili-- 
les, qui  lui  porta  en  mariage  la  Terre  des Tou^ 
railles  ,  dont  la  branche  principale  de  la  famille  3$ 
toujours  porté  le  nom  ,  &  écartelé  les  armesi- 
Cette  branche  fubfifte  encore  dans  là  per(bnne  dep 
Jean-Claude- AlexandreTurgot,  Seigneur  des-Lonv 
des  ,  appelle  le  Chevatiec  des  Tourailles^.noiv 
I   marié. 

Jacques  Turgot,  Seigneur  de  ^aint  Clair, d'dP 
Menilgondouin,  de  Pons  ^  de  Sou fmont,&c.  petite 
fils  de  Louis  Turgot,  Seigneur  des>  Touraillès^> 
lequel  étoit  arrière- petit- fils» duiprécédent^j-ftiPle? 
premier  qui  s'étabHt  a  Paris;  ayant  d^abord  fuivMir 
parti  des  armes  ;  il  fut  i l'âge  de  vingt  ans  dé{)Uté^ 
de  laNoblefie  duRaUliage  de  Caën  aux  Etatè^de? 
I^ermandie  ,  &  député  de  la*  Noblefle  de  ces*£tât9i 
jour  préfenter  les  cabieis  au  Roi;  Btant^entridè» 
fuis  dùns  la  KTagiftfatttrev  il>  ^^  fucceifiïvementf 
CoafeilleJ?  au- Barkment  dc^  Rouea\  Maître:  dl^ 


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«o'«  MERCURE  DEFRANCE. 

JLequétes  ^  Intendant  de  Berri ,  do  Boarl>onnoîs; 
&  de  la  .\îârche»cn  t6i$  »  il  étok  en  1^31  ,  In- 
tendant d-^  ProWnccs  de  Normandie,  da  Berri , 
en  Bouiboonois  ,  de  la  Marche ,  de  Tourame, 
dMnjou  Se  du  Maine.  Il  fut  nommé  Confeiller 
d'fciat  en  1^4^  ,  &  -monrutConfei lier  d'Etat  On 
dinairr.  li  eut  d'Anne  Favier  du  Boulai  ,  qu'il 
avoit  époufée  en  i^i^^huit  enfans  ,  dont  Toiaé 
eA  mort  Fréfident  i  Mortier  du  Parlement  de 
ï^ormandie ,  fans  pofttrité.  Denx  feulement  ont 
été  mariée. 

-  Antoine  Turgot ,  troifîéme  6I5  de  JacqoesTar-* 
got ,  Confciller  d'Etat  ,  Seigneat  de  Saint  Clair  ^ 
4cc.  reçu  Chevalier  de  Malte  de  mînofité,  depoii 
Makre  des  Requêtes  ,  époufa  Jeanne  du  Tillet  do 
la  Bufljcrc^dont  il  eut  i®  Jacques- Antoine  Tut-» 
gbt ,  mort  fans  enfans. 

1^.  Dominiqtie-Barnabë  Turgot  ,  Aiimftoier 
éa  Roi  en  16^^ ,  Agent  Général  du  Clergé  eo 
170S  ,  Evêque  de  Sées  en  1710 ,  &  en  17H  ,  Prc- 
ifiier  Aumônier  de  M.  le.Dac  de  Berri. 
•  5<^,  Marc- Antoine  Torgot , Seigneur  de  Sainr 
Clair  ,  du  Mernilgondouin ,  &c.  Maître  des  Re- 
quêtes ,  Intendant  d'Auvergne  Se  du. Bourbon* 
nois  ,  mort  en  1748  ;  marié  en  1703  à  Anne-  , 
Louife  le  Gôux  de  Maillart ,  &  peris  de  Benoît» 
Antoine  Turgot ,  Seigneur  de  Saint  Clair ,  Scc^ 
aujourd'hui  Confeiller  au  Parlement» 

4^  Plufîeurs  filles ,  dont  trois  Religieufi» ,  Se 
wne  mariée  en  premières  ndccs  à  Gilles  d'Aligre 
de  Boiflandri  ^  remariée  à  Claude  Hacte  de  Che* 
villi ,  Capitaine  au  Régiment  des  Gafdes-  Domi- 
nique Turgot ,  Seigneur  de  fions  ^  Sbufmont ,  &gv 
Maître  des  Requêtes  >  cinquième  fils  de  Jaa)«efr 
Turgot ,  Confeiller  d'Etat ,  eût  d'Amoiocttc-Ma? 
tic  Daurac ,  fou  épouCc  > 


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MARS.      1751»         «ôj 

'  Jacqties-CcicDhe  Turgot ,  Seigneur  ié  Bons  J 
Soiiftnônt ,  Brécourt ,  &c.  Maître  des  Requêtes  . 
Intendant  des  trois  Bvéctés  ,  de  Toiiraine  ,  &  dtt 
Sourbodnois , qui  époufa  Maric-Ciaufdè  léPdlèi» 
lier  ,  fille  dt  Mickel  Ic.Pelletier  de  Souïi ,  Intcfl- 
clant  des  Finances ,  Confeillcr  J'Etai  ordinaire,  6c 
aa  Confeil  Royal,  Conféil  1er  auConfdl  de  Régen- 
ce, mort  Doyen  du  Confeil.  De  ce  ttiatiage  naqofi 
îrent ,  i«.  M.  Turgot ,  qui  donile  lieu  i  cet  article; 
l^.Marie-Ckude  Turgot ,  ibatiée  4  Jeari  Fraili 
çois  de  Creil ,  aujourd'hui  Confeiller  d'Etat  ,  lui 
Cendant  des  troi5  Evêchés ,  dont  elle  a  eu  Marie*» 
Sufailne  Françoife  de  Creil ,  veuve  de  Paul  Fran- 
çois  Due  de  BeauviHiers ,  Fait  de  France  ;  â  préfcnC 
Dame  d'Honneur  de  Mefdames  Henriette  St 
Adclaïdc  ,  Filles  du  Roi.  M.  Turgot  atoit  époufé 
fe  15  Novembre  1718  ,  MagdeIelne*Françt^ift 
Martineau  ,  d'une  famille  ancienne  dans  la  Robe  p 
il  en  a  laifTé  quatre  enfans. 

Michel- Jacques  Turgot  ,  Préfident  du  Parle'* 
aient  de  Paris. 

Etienne- François  Turgot ,  Chevalier  de  Malte; 

Anne  Robert  Jacques  Turgot^  dans  l'état  Ec- 
<cléfiaflique. 

HeFéne  Françoifc-Etîetinette  Turgot» 

Paris  eft  rempli  de  monumens  qui  prouvent  qoeJ 
M.  Turgot  eft  un  des  meilleurs  Citoyens  8^  de$ 
plus  grands  Magiftrats  Qu'ait  eu  la  France. 

Le  ^  »  Henri-François  d'A^fteffeaû ,  Chevalier  ^ 
ChaiiCelier  de  France  Honoraire  ,  Commandeur 
des  Ordres  du  Roi,  mourut  â  Paris,  âgé  de  8t 
ans  &  deux  mois ,  &  a  été  inhumé  daes  le  Cime- 
tière d*Antcuil ,  od  cft  fa  fepulture  ,  auprès  de  fa 
femme.  Il  a  rcmpU  la  Charge  d*Avocat  Général 
i  vingt-deux  ans,  ôc  celle'  de  Procureur  G  énirat 
à  trcnrc-dcux.   Les  lumicrcs  que  ce  gavant  Mj^ 


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104MERCURE  DEFRAMC& 

EÎihâC  f  fit  paroicre  »  lai  méritèrent  la  pkce  dé 
Chaocelier  â  fa  quaratHe-haiciëmc  anoée.  U  ar 
commencé  1  l'occuper  le  il  Février  1717  »&J^ 
qniccée  ,  i  caafe  de  Ces  infirmicés ,  le  aS  Norem»' 
bre  dernier  »  qa'il  fie  remettre  les  Sceaaz  4  Sa  Ma- 
jefté»  Il  étoit  fils  d'Henri  d^Agoefen»,  CoofeiU 
kr  d'Etat  ordinaire  ^&  a«  CcmfcH  Royal  des  Fi* 
aaoces ,  &  de  Claire  Eugénie  le  Picarc  de  Ferigoy  ^ 
Se  avoir  époufé  le  4  Odobre  1^94  ,  Aniie  le  Fé? re 
d'Otmeffon  »  morte  i  Auteuit^ ,  prés  Paris  »  le  pre* 
anter  Décembre  17) f  ,  âgée  de  57  «as^,  fîile  d'Aor 
dire  le  Fé.vre  d.'Ormeflbn  ,  Seigneur  d'Amboile , 
Maître  àes  Requêtes  ,  Intendant  i  Lyon  y  8€ 
^'Eiéonote  le  Maître  (k  EelleJ^mme.  De  cette- 
alliance  font  iflîis  ,  1^.  Henri^rançpis  derPaulr 
d^Agueffeau  ,  Seigneur  de  Frefncs,  Confcillcr 
^tat  ordinaice  ^  marié  iFrançoife  Martbe- Angé^ 
liqiire  de  Noilcnr.  i®.  Jean  BaptiAe-PauHn  d'A- 
jnefleaa  ,  Comte  de  Compans  8c  de  Haligny^^ 
Con&iller  d'£tat  ocdinaire ,  n»arié  pour  la  féconde 
fois  i  Marie  Geneviève  Rofalie  le  Bret  de  Tli»' 
cotirt  ,  iont  il  a:  des.  enfans.  5''.  Henri-Louis- 
iLMgueffeau. ,  Maréchal  des  Camps  &  Armées  do* 
Jtoi ,  Chevalier  de  l'Ordre  Royal  &  Militaire  de 
3aifit  Louis  ^  ci- devant  Capitaine-Lieutenant  d'une 
Compagnie  de  Gendarmerie  ,  mort  le  1 1  Féwier 
^7^y^^  de  44  ans.  4*^HeorL-Charles  d*Aguct 
lesKt  de  Plaintmont ,  Avocat  Général  an-ParJerneot 
«Te  Paris  .  mort  le  19- Septembre  17 41.  5»**.  Claire- 
Thetéfe  d'Agucffeau ,  mariée  le  ir6  Février  17x1*,. 
i  Gui^aume-AncoineyConKe  de  Chaft^lus^  Vie 
cemt«  d' Avalon  ^  Premier  Gliinoiue  Héréditaire 
ifc  L'Eglife  Cathédrale  d'Auxerre  ,  Lieutenant  Gé»- 
xâal  deSsarmées^duRoi',  Com  mandant^  en^  R:ou&- 
filom ,.  mort  iPespignan-  ie.  1 3  Avtil  1741^  Il  y  ai 
.tit|tu£eai&ami:es.cflfaiis  q^ic  font,  morts  j.eunes^ 


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MARS*     tyjr;        îtf 

le  19  du  mène  mois ,  Me/Heurs  les  Avocats  ait 
Confeil ,  firent  célébrer  dans  r^glifedcs  Mathurin» 
un  Service  pour  le  repo»  dfe  l**aine  de  M.  le  Chan-^ 
cefîer  ,  &  après  Te  Service  la  famille  fut  Haranguée 
far  M«  le  Vafleur ,  Premier  Syndic  du  Collège. 

An  commencement  de  ce  mois,  Antoinette  ifir 
la  "BiochefaueékuU  ,  Comtejfe  d'^fMer  ^efl  morte  de 
la  Alite  de  Tes  couches  »  dans  uiie  de  fes  Terres  ea 
Auvergne.  Elle  écoit  fœQr  de  Dominique  de  la. 
Koche Foucault  Saint  Elpis.  ^  Archevêque  &  Sei* 
gneur  d'Albi  ^&  avoitépoufé  en  1747  ,  Jofcphy 
Comte  d^Apchier  ,  fils  de  Chriftophe  II.  du  nom  ,. 
Comte  d'Apchier ,  &  de  Magdeleine  •Filfaot.  La 
Maifon  des  Seigneurs  d'Apchier  ,  aînés  desDucs^ 
de  Joyeufe ,  fùbdfle  dans  les  branches  de  la  Garde 
&  de  Vabres.  Cette  dernière  ne  fubiîile  ^ue  dans* 
la  perfonne  de  Jofeph- Philibert  d^Apchier ,  Com* 
te  de  Vabres  &  de  la  Baume ,  Grand  Sénéchaf 
d'Arles  y.  marié  en  Septembre  1730  ,  à  Acné  Mar«r 

fucrite  Guenct  de  JEranquev.ilIe  >.dont  il  n'a  point 
'enfans.  La  première  fut  formée  par  Jacques^ 
d'Apchier ,  Seigneur  de  la  Garde  &  dcTouws^ 
snorc  en  itfo^yJaifTant  de  Dauphine  de  Tailhac^ 
ÎA  femme,  i^  Chriftophe d'Apchier  I,  du  nom^ 
5eigpeur  de  la  Garde ,  père  de  Chrjftophe  II.  di» 
nom  ,  Comte  d'Apchier  ^  dont  le  nls  Jofcphi- 
d'Apchiec  eft  aujourd'hui  veuf  d'Antoinette  àJer 
\sL  Rochefoucault.  x*.  François- Philibert  d'Apchier^ 
Vicomte  de  Vazeilles ,  qpi  époufa  en  1^4$  Anne 
de  Pontault  Dame  de  Saine  Didier.  De  cette  at- 
Bance  vint  Hugues-  d'Apckier  .Vicomte  de  Va*- 
aeilles ,  mort  en  1709 ,  laiflant  entr'autres  enfins- 
d'Anne  Chevailherde  Roufles ,  fa  femme  ,,Claudc^ 
Annet ,, Comte.  d'Apchier,  né  le  14,  Juin  169^^^ 
Lieutenant  Général  des  Armées  du  Roi  le  x  Mair 
£744%  >.  &  t^i^  Cheraliej;  de  fe^  Oxdfcs  le  i^féviicg 
^7\^ 


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MoS  MERCURE  DÉ  FkAKCE. 
ACADEMIE  ROYALE 

De  Teinture  &  Sculptsére^ 

LE  Roi  9  par  une  fatrc  de  la  proteéHon ,  dont  ît 
Ittt  a  plâ  honorer  fon  Académie  de  Peinture 
6c  Sculpture ,  vient  de  donner  à  cette  Compagnie 
fin  nouveau  Règlement ,  dont  nous  allons  inférer 
ici  une  Copie  ;  Se  nous  avons  crd  ou*à  cette  occa* 
fion  le  Public  ne  feroit  pas  fkhé  d'avoir  une  idfc 
Iuccin6^c  de  cetétabliffement. 

L'Académie  Royale* de  Peinture  Se  Soriptarc 
fiibfif^e  depuis  l'année  1^48. 

Elle  fut  infHtuée  dans  la  vde  de  réunir  tous  les 
grands  Artiftes  en  un  Corps  de  (bciété  réglée  , 
capable  de  faire  fleurir  &  honorer  les  Beaux  Arts, 
far  le  mérite  des  Sujets  dont  ii  feroit  compofé  ^ 
êc  par  les  foins  qulls  fe  donneroient  pour  les  per- 
pétuer en  France. 

Louis  le  Grand  regarda  cette  ioftitinron  comme 
ttn  objet  d'Çtat ,  Se  l'un  des  plus  dignes  de  foii 
attention  &  de  fa  munificence  Royale*. 

Par  fes  Lettres  Patentes  dû  niois  de  Janvier 
i^îf  ,  ce  Monarqueaflîgna  à  l'Académie  un  loge- 
ment &  une  penfion  annuelle,  lui  accorda  plusieurs 
exemptions  Se  plufîeurs  privilèges  bonoraWes  ;  Sc 
lui  attribua  privativement  â  tous  autres',  la  faculté 
di  donner  leçon  en  fuhlie  ,  toùchétnt  le  fdt  àe  Pein^ 
tufe  ^  Sculfture  ,  Se  de  l'exercice  in  modèle  , 
Sec. 

'  Par  autres  Lettres  Pareil  tes  du  iboîS  de  Décenf- 
i>re  1453  ,  qui  autorifehr  vîn'gtrfèpt  article^  dé 
nouveaux  Statuts,  Sa  Majefté  ,  pour  donner  d*au- 
unt  phis  de  marques  de  l'eftime  qu'elle  fâii<^  de 


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M  A   R   Sr     1751;        Î07 

t'^câdemte  ^^  de  la  fatisfaêfion  qu'eïïe  avoh  dta 
fruits  ^des  ko^sfucch  quelle  froduifoit journelU^ 
ment ,  H  confirma,  dans  tous  les  privilèges ,  exemptionp^ 
honneurs  y  prérogatives  cJ»  prééminences  qu'elle  lai 
avoir  déjà  attribuées  :  lui  ^i  don  de  quatre  mille 
li'vres  par  an ,  appliquablcs  zV entre fenernent  de  VA" 
aadémie  &  de  Tes  exercices  publies  :  défend  ces  exer^ 
cices  â  totis  autres  ,  a  peine  deioào  Hv.  même  de- 
prendre  la  quali:é  de  Peintres  ou  de  Seulptetm  ds^ 
Iioi,a  toHS  ceux  qui  ne  feront  du  Corps  de  ladite 
académie  f  Se  ordonne  enfin  a  Vé^itd  des  Elevé i^ 
des  Académiciens,  lefquets  après  avoir  demeuré 
flufleurs  années  auprès  d'eux  y  ne  pourront  parvenir 
i  être  admis  a  l* Académie  ;  que  ce  tems  leur  Ctiz 
compté  ^  pour  parvenir  à  la  MaUfife  dans  teutes  lés 
ydles  du  Royaume  ,  &c. 

Enfin  par  Lettres  Patentes  dû  mois  de  Novem^ 
fcre  167 S  ,  Sadite  Majefté  permet  SC  autorife  Téta- 
fcliffcmenc  dans  toutes  les  yUles  du  Royaume  où.  it 
fera  jugé  néctffaire*  d'Ecoles  Académiques  de  Pein^ 
fure  ^  de  Sculpture ,  pour  ces  Ecoles  être  gouvernée» 
&  conduites  par  les  Officiers  que  l*Académie  Koyate 
' commettra ,  ^  fe  conformer  a  la  difcipline  de  l'Acom 
demie  ,  fuivre  les  préceptes  ^  manières  d'enfeigner 
qui  y  feront  réfoltis ,  (^  lui  coMmùnijuer  quatre  fois 
f  année ,  pour  le  moins ,  les  ouvrages  de  leurs  étu^ 
•  diin!, 
'  Le  Règlement  qui  nlet  aujourd'hui  en  poffeC* 
ïîon  l'Académie  d'une  prérogative  auffi  glôrieufir 
que  l'eft  la  prote^îon  immédiate  dé  Sa  Majeflé  ^ 
contient  en  même  tems  toutes  les  difpofitions  né-^ 
ceflaires ,  pour  la  mettre  en  état  de  fe  rènoUveller 
'd'une  manière  ^  fe  rendre  de  plus  en  plu$  digbe  déà 
boutés  de  Ion  auguâe  Prote£UUr. 


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aoSMERCl/RE bé  FRANCE 
REGLEMENT 

Têur  l*Acddmie  Royale  de  Feinture  &  ScH^ 
tare >  du  ij^  Janvier  1 7  f i. 

D  E    FA  R     I.E     Ro  I. 

SA  Majefté  ayanr  pris  fbas  fa  proteâion  înfim^ 
diace  l'Académie  de  Peinture  Se  Sculpture  {  St 
toulaot  donner  à  cet  écabliflement  une  forme  ea* 
core  plus  folide  8c  plus  avantageufe  que  celle  qu'il 
a  eu  jafqu'alpréreuCySaMajeftéaordooné&or-^ 
donne  ce  qui  (uir. 

Art.  I.  L'Acadiéroie  Royale  de  Peinture  Se  Scnlp* 
lare  fera  toajoursfeus  la  prote6lion  immédiate  de 
5a  Majedé  ,  &  recevra  les  Ordres  j>ar  le  Direcr 
teur  ^  Ordonnateur  Général  dé  (es  BâcimenS 
Jardins  ^AruSe  Manufadures» 

1 1  Cette  Académie  demeurera  compofée  d'at» 
Direâeur  ^  d'uaCHanceliec ,  cboifi  parmi  les  Rec- 
teurs ;  de  trois  auties>  Reéteurs  ,  au  cas  que  le 
Direâeur  n'ait  pas  ce  grade ,  finon  de  deux  feu* 
Iement;de  d'eux  Adjoints  i  Redteuts  ;  de  hnh 
Honoraires- A mareurs;de  huit  fTonoraires-AfTo-^ 
ciés-Libres;  de  douze  Profefleurs  de  Peinture  od 
de  Sculpture  I  de  (ix  Adjoints  à  ces  ProfefFeurSV 
d'un  Profcflcur  de  Géoméciie  &  de  Perfpcdive;. 
d'un  Profefleur  d^Anatôraic  ;  de  buic  Cônfeillers  ;■ 
d'un  TréTorier;  d'un  Secrétaire  &  Hiftoriograplie, 
it  d'autres  Académiciens  en  nombre  illimité  ,  qUi 
ftront  fucceffivemenr  jugés  par  l'Acadétnie  aVoiii: 
les  talens  nécefTaires  pout  pouvoir  y  être  reçus. 

I  I  r^  Les  Profefleury,  qui  auront  fervi  afSdue^ 
ment  en  cette  qualité  pendant  dix  années  révoluesV' 
(k  demaodcronr  la»  vécésancc  ^l'obtiendront y^iÎM 


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MARS.       17  jr.*        20^ 

t^Académie  le  juge  convenable  ,  &  ptendronralor» 
le  r?ng  de  Profcucurs  Anciens.  L'Académie  pour* 
ra  même  conférer  le  titre  d'Ancien  Rcâeuràceur 
de  Ces  Officiels  qui  fe  feront  didingués  pendant 
plufîeurs  années  à  la  tête  de  PAcadcinie  Royale  de 
Rome  ou  chez  des  Souverains  ,  jtvec  P'agrénienr 
de  Sa  Majefté. 

I  V.  Dans  îc  cas  oi  l*"Académie  crofra  devoir 
fbulager  ,ou  fnppléer  fes  Profeffcuis  de  Géométrie: 
êc  Perfpeâive.  ou  d'Anatotnic ,  il  lui  fera'pcrmiS' 
ée  leur  choi£r  a  chacun  un  Adjoint. 

V.  t'^Acadéraie  ne  recevra /Tcn  qualité  d^Aca- 
d^^émiciens  ,  que  des  Sujets  d'un  mérite  reconnu 
dans  les  Arts  de  Peinture  >  de  Sculpture  ou  de  . 
Gravure  ;  Se  pour  s'àffiîrer  de  Ta  réalité  de  ce  mé- 
rite ,  elfe  nfera  des  précautions  prefcrires  par  les^^ 
fept  Articles  fuivans. 

'VI.  Tout  Sujet  qui  voudra  fe^réfenter  à  l'Aca- 
démie ^  s'adreffera  à  l'un  de  fes  Officiers  , exerçant 
le  mêmetaîent  auquel  iFfefera  adonné.  Cet  Offi- 
cier, api  es  avoir  examiné  les  ouvr.iges  de  l'Afpr- 
ranc^le  prope&ra  â  l'Académie  aEemblée  >  mais 
fans  déclarer  fon  nom. 

VIL  Alors  1* Académie  rrommcra  un  Rcâreur^ 
mn  Adjoint  â  RcÔeur  ,  deux  Profeffeurs  ,  ou  u» 
Profcffcar  &  un  Adjoint  i  Profeffeur  ,  pour  aller 
voir  les  ouvrages  de  l'Afpirant  ,&  en  faire  leur 
lâpport  en  PAfifcmblée  fa  plus  prochaine  ,  fur  le- 
quel rapport  elle  fe  déterminera  pour  confenttr  k 
la  préfcntation  pu  pour  la  différer. 

VIII.  L*Afptrant  fe  préfentera  avec  fes  ouvra* 
ges,  i  TAcadémie  aflemWée  ,  qui  décidera  du  mé* 
rite  defdits  ouvrages  par  voie  de  Scrutin  :  Bc  s'il  fe^" 
trouve  avoir  au  moins  les  deux  tiers  des  fuffrages  ^ 
il"  fera  agréé  ;  fînon  il  fera  exhorté  â  faire  de  nat»? 
f  câiiz  efibrts  pour  s'en  rendre  digne. 


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lloMERCURE  DE  FRANCE. 

IX.  Dès  que  l'Afpiraot  aura  été  agr^é,  Ufé 
rendra  chez  le  Directeur  ,  pour  recevoir  de  lui 
le  fujec  qu'il  devra  crâner  pour  Ton  morceau  de 
K^cepcton.  Il  en  préfcDtera  à  TAicadémie  aflem* 
blée  une  Efquiffe  pci  ite  a  l'huile ,  s'il  eft  Peintre  j 
ou  une  Maquette  modelée  en  terre yS'il  eft  Sculp- 
teur :  le  fquell  es  l'Académie  jugera*  par  voie  de 
Scrutîu  ,  &  qu'elle  admettra  i  la  pluralité  des  fuf^ 
frages>ou  qu'elle  fera  recommencer  ^fqn'àce 
qu'elle  en  foit  fatisfaite. 

X.  Le  Peintre  agréé  fera  tenu  d'exécuter  &  de 
finir  dans  l'Académie  même,&  non  ailleurs  ,  le 
Tableau  qu'il  i'era  fur  ladite  Efqoiffe.  Le  Sculp- 
teur agréé  y  fera  de  même  Ton  modèle  en  grande 
mais  il  pourra  l'exécuter  en  marbre  chez  lui  :  te 
l'Académie  nommera  deuxdc Tes  Officiers  pour  al- 
ler lui  Toir  tràrailler  le  marbre  :  elle  en  inféra  de 
même  a  l'égard  des  Graveurs  agréés, 

X  I.  S'il  eft  reconnu  que  les  Agréés ,  foit  de 
Peinture  ,  de  Sculpture ,  ou  de  Gravure  fe  fôienc 
prévalus  dans  le  trav^iil  de  leur  morceau  de  Ré- 
ception ,  d'aucun  fecours  étranger ,  ils  (éront  dé- 
clarés déchiîs  du  bénéfice  d'Aggcégation  r  dont  ils 
ftronr  déchus  de  même ,  faute  par  eux  de  s'être  ac- 
quittés de  ce  devoir  dans  le  tenisqui  leur  aura  été 
prefcrit  par  l'Académie. 

XH.  L'Académie  affemblée  jugera  ces  mor- 
ceaux de  réception  par  voye  de  fcrutin^  Se  s'ils  ont 
•au  moins  les  deux  tiers  des  fufFrages,  l'Agréé  fera  . 
xeçû  Académicien  en  la  manière  accoutumée ,  Se 
s'il  a  pour  lui  un  moindre  nombre  que  celui  dès 
deux  tiers,  il  perdra  les  droits  de  fon  aggrégation  p 
laquelle  fera  regardée  comme  nulle  &  non  avenue. 

XIII.  Pour  ioutçuir  &  accroîtte  le  progrès  des 
Arts  en  France^  &  renouveller  fucçeflîvcmcnt  l'A- 
fadémie  de  dignes  Sujets ,  veut  Sa  M^ycSii ,  qoe 


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MARS.      1751.        *tl 

l^Acadcmtc  Royale  de  Peinture  ,  Scolptore  &  Ar- 
cbiceûure  ,  qui  fubfifte  a  Rome  depuis  l'annéç 
B  665,y  fôii  toujours  entretenue  aux  dépens  dcS.M^ 
Se  qu'il  y  ak  fans  incerruption  douze  Penfionnai- 
jpcs  pour  y  cCre  formés  par  un  Directeur  (  qui  ne 
pourra  être  ciré  que  de  ladite  Académie  de  Paris  ) 
dans  la  connoiflance  Se  la  pratique  defdits  Arts,  fur 
Jes  Statues  &  autres  Monumens  antiques,&  les  ou* 
-vragcs  des  plus  grands  Maîtres  des  divcrfes  Ecoles 
^'Italie,  lefquels  Penfioonaires  (èrout  choifis  & 
nommés  par  le  DireÛeur  Si  Ordonnateur  général 
dies  Bâtimens  de  Sa  MajeAé. 

XIV.  Et  afin  que  ceux  qui  feront  à  portée  à^âl' 
'pirer  a  ces  places  /oient  mieux  préparés  à  profiter 
écs  études  fupérieures  qu'ils  devront  faire  à  Rome, 
-adonne  Sa  Majefté ,  que  l'Ecole  Royale  qu'elica 
établie  à  Paris  foie  toujours  compofée  de  fix  £lc* 
Ycs  piotegés. 

XV  Leldits  Elevés  protégés  feront  réunis  en 
•ladite  Ecole  fous  une  éducation  commune  ,  Se 
conduits  ,  tact  pour  ce  qui  concerne  ,  l'étude  de* 
Ans  de  Peinture  Se  de  Sculpture  ,<ïu<^  pour  les 
moeurs  ,  par  un  Gouverneur,  qui  fera  toujours  tiré 
de  la  Clafle  des  ProfefTeurs  de  ladite  Académie  de 
Pat is ,  lequel  nourrira  lefdits  Elevés  protégés  à  (Â 
table ,  Se  occupera  avec  eux  une  feule  Se  même 
demeure»  dont  Sa  Majefté.  continuera  à  faire  les 
frais. 

XVI.  Seront  auffi  lefdits  Elevés  protégés  for- 
nés  dans  Pétude  de  PHiftoire  ,  de  la  Pablc ,  de  la 
Géographie  &  des  autres  fciences  relatives  anfdies 
^Atts  ,  pat  UD  homme  de  Lettres ,  qui  de  même  vi* 
▼ra  habituellement  avec  eux ,  &  aura  le  titre  de 
Frofefleurde  ladite  Ecole  Royale  Se  féance  att 
Aficmblées  de  ladite  Académie  avec  les  Profef- 
ièoxs  de  Géométrie  ^  Per/pcâive  Se  Aoatomie.. 


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»t«  MERCUREDE FRANCE; 

XVII.  Les  Elevés  protégés  ne  pourront  reft^ 
que  crois  ans  en  ladite  Ecole  ,  &  ceux  qui  s'y  a^' 
pliquerouc  avec  le  plus  de  fuccés  «  panerooc  aux 
places  de  Penfionnaires  du  Roi  a  Rome ,  i  mefure 
qu'il  en-vieadra  à  vacqucr,&  cela concurren»- 
ment  avec  ks  fils  des  Officiers  5c  autces  Membres 
de  l'Académie,  qui  auront  été  formés  dans  VAk 
fous  leur  perer  Se  auront  gagné  ira  des  premiers 
grands  Prix  de  ladite  Académie. 

X  VIII.  Les  places  que  ces  mutations ,  ou  autres, 
feront  vacquer  dans  ladite  Ecole  Royale  des  Elo 
ves  protégés ,  continueront  d*être  remplies  fur  k 
nomination  dadit  F>ircdeur  &  Ordonnateur  géné- 
ral des  Bàtimeof  de  Sa  MajeAé ,  par  les  Ecudians 
de  ladite  Académie ,  qui  dans  les  concours  an«> 
nuels ,  auront  obtenu  le  premier  Prix ,  foit  de  Pein- 
ture ou  de  Sculpture*)  &  ne  pourront  jamais  être 
remplies  par  des  Sujets  qui  n'auront  point  reos* 
porté  Kun  defdits  premiers  grands  Prix. 

XIX.  Le  concours  fera  ouvert  an  commence- 
ment du  mois  i'\9n\  de  chaque  année.  L'Acadé- 
mie fugera  da  degré  de  capacité  néceflaire  ponr 
pouvoir  y  être  admis  ,  fur  les  Efquiffes  peimes  ov 
dedîaées ,  ou  fur  les  Modèles  en  terre  qui  auront 
été  faits  fur  le  champ  dans  l'Académie  Se  en  pié- 
fence  du  Profefleur  de  mois.Les  Sujets  qui  auront 
été  admis ,  feront  leur  Tableau  ou  Easrelicf  daoc 
des  Loges  préparées  â  cet  e£Fet  dans  l'Académie^ 
Se  feront  exclus  du  concours,  s'ils  ont  recours  à 
aucune  aide  frauduleufe.  Leurs  ouvrages  feront 
examinés  pat  l'Académie  avant  que  d'être  expofés 
an  Public  le  jour  de  la  Saint  Louis  ,  &  feront  jiH 
eésdaos  une  Aifemblée  générale  de  l^Académie^ 
fpéctalemcnt  convoquée  pour  ce  jugement  le  dcr- 
liier  Samedi  du  mois  d'Aour. 

XX. 'Ne  fetont  admis  audit  concours  que  les 


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MARS.      i7îj[:       ttf 

fiçuls  JEtodiajis  fie  ladite  Acadé^nic  ,  ducmcnt  inf- 

cru$  coiHAK  te)s,  qui  y  fuivronc  aéiuellemenc  lef 

eqcercices  du  Modèle  en  l'Ecole  que  Sa  Majeft^ 

fait  tenir,  &  qai  auront  remporté  au  moins  Tuii 

des   petits  Prix  qu'elle  y  fait  diflribuel*  tous  les 

frois  moi$,  Sefont  m^me  tenusj  lefdits  Etudiant» 

pour  être  a^mis  apdit  concours  ,  de  rapporter  uri 

Çcrti^cat  du  ProfeifeMr  de  pébm^trie  &  Perfpec- 

tive  ,  &  un  autre  du  Profefleur  d'Anatomie,  d^ 

leur  ailiduité  i  fuivre  les  leçons  de  l'un  Se  de  Taa^ 

tre  y  ou  de  leur  cap,acité  dans  Ips  Sciences  qui  ctl 

font  l'objet,  ^ 

^XU  Les  Sti^tutf  &  R^glemens  de  ladite  Aca^ 

jdéinie  Royale  de  Peinture  &  de  Sculpture  ,  autp- 

lifés  par  Lettres  Patentes  du  mois  de  Décembre 

166 S  t  continueront  d'être  exécutés  félon  leur  for- 

jne  &  teneur  ;  enfcmble  tputes  autres  Lettres  Pa» 

tentes ,  Att.êfS  &  Réglernens  donnés  en  fa  faveur  ^ 

en  to^t  ce  qui  np  le  trouvera  point  contraire  ^a 

préfent  RegJeipent  :  mande  &  ordonne  Sa  Majefté^ 

au  Siéut  le  Normaht  deTouinehem ,  Piredeuç 

Se  Ordoruiateur  Général  de  Tes  Bâtimehs ,  Jardins  ^ 

Arcs  &  Mdnufaâures,  &  i  Tes  Succeileurs,  de  tenir 

la  main  a  ce  que  ledit  préfent  Règlement  ait  fa. 

pleine  8c  entière  exécution.  Fait  à  Verfailtes  le 

douziémje  Janvier  17 j  i-  ^^^»^»  L  O  U  I  S  5  £/  flsif  ' 

tfH  ,  M.  P.   Dl .  V  P  r  B  K.    p'A  K  G  B  ^  s  O  N. 

aIr^RESTS    NpTyABLES. 

DECLARATION  du  Roî,  donnée  i 
Vetfailles  le  14  Novembre,  Regiftrée  en  Par* 
lement ,  pprtanc  augmentatjton  du  droit  de  Fret  fur 
les  Navires  étrangers  |.  i  CQUuneïicer  au  premier 
Jajnviçri7ji. 


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4ï4  MERCUREDEFRANCE, 

A  R  R  E  S  T  du  Confeii  d'Etat  du  Roi ,  du  ti 
péccaibre,qiH  fiiei  6  lîv.du  cent  pefâocjes  droits 
^e  fortie  fur  les  Rogaures  de  peaux  deftinées  pooi 
l'étraogec 

AUTRE  du  même  jour ,  qui  proroge  pour 
lin  an  »  â  compter  du  premier  Janvier  17c  i  ,  l'e- 
xemption des  droits  fur  les  Beftiauz'venanr  de  l'é* 
franger  y  accordée  par  celui  du  X4  Février  1750. 

A  U  T  R  £  du  mime  jour ,  qui  ordonne  que  les 
Laines  de^ Vigogne  ,  qui  viendront  d'ailleurs  que 
d'Bfpagne ,  payeront  trente  fols  du  cent  pefant  i 
loutes  les  encrées  du  Royaume. 

AUTRE  du  même  jour ,  qui  régie  â  liafc 
fols  les  droits  de  fortie  fur  chaque  Porc ,  Truye 
JBc  Porcelet ,  qui  for  riront  des  Provinces  fujette^ 
aux  droits  de  h  Patente  de  Languedoc  Se  de  Ji 
Traite  d'Arzac  ,  pour  pa^er  dans  les  Provinces  oà 
les  Aides  n'ont  point  cours. 

AUTRE  du  1^  ,  qui  modère^  â commencer 
^u  premier  Janvier  175 1  ,  les  droits  de  marc  d'or, 
(d'enrcgiftrement  chez  les  Gardes  des  tôles ,  fceaa 
Se  autres  frais  de  prçvifîons  des  offices  vacans  ,& 
autres  réputés  tels ,  qui  feront  levés  aux  revenus 
fPafuels. 

.AUTRE  du  50  ,  qui  réglç  les  dépen&s  de  la 
-Marine  &  des  Galères,  fur  leiquelles  le  Viagtiémt 
xloit  être  retenu ,  Se  celles  qui  en  font  exemptes. 

EDITDUROI,  donni  â  Verfailiesaù  itioif 
'de  Janvier  ^  portant  création  d'une  Ecole  Royalç 
Miiiuiie. 


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AV  P  ROBATION. 

T  'Ai  Uî  ,par  ordre  de  Monfeigncur  le  Chanctf» 
J  lier  ,  le  Mercure  de  France  du  préfeot  mois.  ^ 
Paris  y  le  quatre  Mars  i7f  i. 

MAIGNAN   DE    SAVIGNY; 


-♦ 


T  A  B  LE. 


PIbcjis  FirpiT^yss  eo  Vers  5:enPrQfe; 
Le  Songe  i  Ins ,  par  M.  de  Foarcoelle  ,         3 
Cpmplimens  faits  par  M.  de  Marivaux  ,  Chance* 
lier  de  l'Académie  Franjpilè^à  M>  le  Chaa- 
cclier,  '  ■       ^ 

A  M.  Je  Garde  des  Sceaux  ,  9 

Réflexions  de  M.  de  Marivaux  ^  i Q 

£pitre  de  M.  de  la  Sotiniere  i  ^aftres  Clemenf 
Maroc  &  François  Rabelais  fur  T^tat  préfent  de 
la  Métromanic's  i| 

Réflexions  fur  ks  caufes  de  la  guAtrje  civile  entre 
Céfar  &  Pompée  ,  par  M.  de  Burigni ,  17 

tpitre  à  M-  le  Gomte  de  M  *  *  * ,  iSr  Ja  mon  de 
M^d.  la  Comtcffc  de  M  *  *  *,  fon  époufe^     33^ 
portrait  de  Mlle  »  fva.it  par  elle-même  ,  34 

t^rofç  au  Roi  de  Pruffe,  par  Mad.  Curé  ,  4c 

Epitre  à  Lucile ,  '  44 

Lettre  à  Mlle  Clairon ,  des  .Champs  Elifées ,       4^ 
Vers  a  M.  D.  L.  48 

Autres  i  Madt  la  M.  4e  F.  4f 

Xcttre  de  Dom  Vaiflette  a  M.  de  Fonteneîle ,     50 
Bpitre  au  Roi,  fur  l'ctabhffcment  de  1- Ecole  Roya^ 
le  &  Militaire  ,  par  M.  le  Chevalier  Laurés,  73 
lettre  de  M.  Touffàint  â  un  ami  ,  77 

Mots  des  Enigmes  &  des  Logogriphes  du  Mercure 
de  Février;     '  V   !      ''    •  .  .     f^ 


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Cnîgme  &  togogrîpties  ;  ^ 

Nouvelles  Littéraires  ,  &c.  lO) 

Bçaux-Arts.  Tableani  &  TapiffcricS fiôUV^UcHient 
exécutées  pour  le  Roi ,  ^  37 

Nouvelles  Planches  de  M,  Dupais  ,  i4« 

Lettre  i  M  *  *  *  ,  en  lui  envoyant  une  nouvelle 
EftampedeM.  leBas,  H3 

Portrsk  de  M.  de  Ctcbillon  ,  «45 

Kouvellc  Eftampc  de  M.  Aliamet ,  14^ 

Nouvelles  Cartes  d^  M.  Baradellc,  «M. 

JUtirc  de  M.  d'Anville  à  M.  Follet ,  Préfident  de 
Ja  Socicti  Royale  de  Londres  ,  fur  une  copie 
fane  à  Londees  de  la  Carte  de  l'Amérique  Sep- 
•    tentrionale,  ^5<ï 

V^vis  du  Sr  OuiHeoiain  ,  Maître  de  Muiiquc  ,  1^7 
Chanfon  notée.  Polirait^  .  }^9 

Speûaclcs,  ^"^ 

Concert  Spirituel ,  ^70 

Concerts  i  la  c  oitf ,  ^72- 

>JouveIle8 Etrangères,  &c.        ,    ^    .  ^Zt 

f  rance.  Nouvelles  de  la  Cour ,  de  Pans  ,         1 88 
Bénéfices  donnés ,  '  ^  *' 

Mariages  &  Morts ,  .   ^    ,  ^^l 

Académie  Royale  de  Peinture  &  Sculpture ,    xos 
Règlement  pour  la  même  Académie  ,  du  it  Jan- 
vier 1751»  ^^^ 
y&trêis  notablps,                                           ^^^ 


IsChMnfinnêt/iéUirêS'^rdertMtMiê      ^        t^ 


1^ 


De  rinaprimcric  de  J.  B tjl i-  o t» 


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