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Full text of "Mission Pavie Indo-Chine, 1879-1895: Géographie et voyages"

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MISSION   PAVIE 

INDOCHINE 

187 9 H  895 


ETUDES    DIVERSES 

1 

RECHERCHES    SUR   LA    LITTERATURE 

DU    CAMBODGE,    DU    LAOS    ET    DU    SIAM 

PAR 

AUGUSTE    PAME 


OUVRAGE    PUBLIÉ    SOI  S    LES   AUSPICES    DU    MINISTÈRE    DES    AFFAIRES    ÉTRANGÈRES,    DU   MINISTÈRE  DES   COLONIES 
Il    DU   MINISTÈRE    DE    L'INSTRUCTION    PUBLIQUE    ET    DES    BEAUX-ARTS 


AVEC  NOMBREUSES  ILLUSTRATIONS,  20  PLANCHES  EN  COULEUR,  UNE  CARTE  t^O" 

ET  TEXTES  CAMBODGIEN,  LAOTIEN  ET  SIAMOIS  C  *  ^""(jl 


PARIS 
ERNEST    LEROUX,    ÉDITEUR 

28,   RUE   UU\  SPARTE 

I  sus 


ONT  ETE  SUCCESSIVEMENT  ATTACHES  A   L\   MISSION 


MM. 

■|imi.   surveillant   dos    télégrapes, 

188-2-1883. 
"Lu  sey,  commis  principal  des  té- 
légraphes,  188'i. 
'  (  Iombi  flazier,     commis     principal 
des  télégraphes,  1885. 
Ni. in.  secrétaire  cambodgien,  1885 

à  189.-). 
Gautier,   1887-1888*. 
Clpet,    capitaine    an   3°  zouaves, 

1887  à  18922. 
'Nicolox,    capitaine    à     la    légion 

étrangère,   1887  à   1889. 
"MASsiE,pharm.maj.,  I888à  1892. 
Messies  de  Saint-James,  capitaine 

d'infanterie  de  marine,  1888. 
Vacle,  1888  à  [891  \ 
Garancer,   1888,  1889  et  1894*. 


MM. 

"Lekède.  capitaine  d'armement  des 
messageries  fluviales  du  Tonkin, 
1888." 
*Nicole,  publiciste,  1888. 

Lefèvre-Postalis,  attaché  d'am- 
bassade, 1889  à  1891  :  secré- 
taire d'ambassade,  commissaire 
adjoint  an  chef  de  la  Mission, 
189 i- 1895. 

Luga>",   commis   de   résidence   an 
Tonkin.   1889  à  18955. 
*Dugast,  lieutenant  d'infanterie  de 
marine.    1889  à  1891. 

Macey,   1889  a  1891  et  1895°. 

(  !i  ii  mixox, professeur,  1889àl892. 

Molleur,  commis  de  comptabihté, 
1889  à  18907. 

Le  Dantec,  docteur  es  sciences, 
1889  à  1890. 


Les  noms  des  membres  de  la  Mission  décédés  sonl  précédés  d'un  astérisque, 

i .  Consul  «li'  France. 

■>..  Chef  de  bataillon  au  i45e  de  ligne 

.'>.  Commandant  supérieur  par  intérim  <  1 1 •  II. ml   Laos. 

V  Commissaire  du  Gouverncmenl  au  Laos. 

.).  \  ice  ( lonsul  de  France. 

(i.  Commissaire  du  Gouverncmenl  au  Laos. 
~.    administrateur  au  Sénégal. 


MISSIONS    PAVIE 


MM. 

De  Malglajve,  capitaine  d'infan- 
terie de  marin,-.  1889  à  1892.  ' 

l!i\  ière,  capitaine  an  25  d'artil- 
lerie, I889àl891,  1894 el  L895. 

Cogniard,  capitaine  à  la  légion 
étrangère,  1889  à  1891. 

Penxeqi  in.  lieutenant-colonel  d'in- 
terie  ilf  marine,  adjoint  an  chei 
de  la  mission,  I889-18902. 

Friqi  ri. min.  capitaine  il  infanterie 
demarine,  1890  à  1892 el  1895. 

Don>.at,  capitaine  d'infanterie  de 
marine,  1890. 

De  Coulgeass,  commis  principal 
des  télégraphes,   1890  à  1895  . 

Guissez,  lieutenant  de  vaisseau, 
1890-1892. 

Tostivixt,  garde  principal  do  mi- 
lice,  1890  à  1892. 

I.i  Myre  de  Vilers,  lieutenant  de 
cuirassiers,  1 S  9  3 . 


MM. 

Caillât,  chancelier  de  résidence, 
secrétaire  particulier  du  chef  de 
la  mission,  1894-1895  . 

(  h  m.  lieutenant  à  la  légion  étran- 
gère, 1894-1895. 

Toi  RMER,     chef  de     luilaillnll     à    la 

lésion  étrangère.  ÎS'.I  'i-l  S ',15  . 
Simm,    capitaine    d'artillerie   de 

marine,  1894-1895. 
Thom\~-i\.   lieutenant  à  la  légion 

étrangère,  1894-18956. 
Mui.ii  i  111  i .  capitaine  d'inlanterie 

demarine.  1894-1895. 
S\i\<m\.  interprète,   1894-1895  . 
Samdré,    capitaine    d'artillerie   de 

marine.   ÎS'J  ',-1  SOT,8. 
I.i  i  i  \  re,  médecin  de  2e  classe  des 

colonies,  18H ',-[  805. 
Jacob,    lieutenant   d'infanterie  de 

marine.   1895. 


i .  (  iapilaine  au  î  53e  de  ligne. 

■!.  Colonel  d'inlanterie  de  marine. 

o.  Vice-consul  de  France. 

'i.  \  ice-résident. 

ô.  Lieutenant-colonel  au  t46'  de  ligne,  commandanl  supérieur  du  Bas  Laos. 

(i.  Capitaine  à  la  Légion  étrange)  e 

-.  \  ice-consul  île  France. 

8.  <  ommissairc  an  Laos. 


ERRATA 


Page    xvu,    >i|   ligne,  au  lieu  de  :   la  pensée...       lire  '.   leur  pensée 


mil  (i0  les  précédents... 

to,  i(ie     —  toulc  la... 

1 5,  a3e  d'un  montagne... 

58,  1 8e  <|ti'il  les  prennent. 

83,  i3°  nous  endormons... 

loi .  I  ~"                      -       Inus  deux  :  Ils... 

1 53,  fi  ses  bourreaux ... 


los  précédentes. .. 

—  toute  la... 

d'une  montagne. . . 
i|ii  ils  les  prcnnenl . 
nous  dormons... 
liuis  deux  :  ils. .. 

—  des  bourreaux... 


MISSION     PAVIE 


' 


de  Paris 


C  H  I     S       N 


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E 


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INDO-CHINE  ORIENTALE 

Dressée  par  A  PAVIE 

J     Régions  de   civift.rcdïon   Iruiouc 
d.°..  <r   .  fA?>iow-eJ 

<•("'         wn-  civi&s-ê&s- . 

Echelle  de  1: 8000.000 


too  200  K.l 


E.GimuiU.  Del. 


INTRODUCTION 


i 


Les  principales  populations  de  la  presqu'île  orientale  de  l'Indo-Chine, 
celle  seconde  partie  de  l'Inde  Iransgangélique  et  de  la  Chersonèse  d'or 

des  Anciens,  qui,  aujourd'hui,  renferme  la  plus  belle  possession  coloniale 


Fie    l. 


Premiers  élèves  Khmers  de  l'Ecole  Cambodgienne  de  Taris,  1885, 


delà  France,  sonl  soumises  aux  1ms.  dès  opposées,  de  deux  antiques  et 
grandes  ch  ilisations. 

a 


VI 


MISSION    PAVIE 


Los  habitants  «lu  Cambodge,  ceux  du  Laos  el  du  Siam  suivent  les 
grandes  lignes  de  la  civilisation  de  l'Inde. 

Le  peuple  du  Tonkin,  de  1  \nuaiu  cl  de  la  Gochinchine  observe  les 
règles  de  eclle  de  la  Chine. 

Au  Cambodge,  les  Khmers  (fig.  I  el  1 8)  sont  les  conservateurs  fidèles  el 
respectueux  de  la  civilisation  indoue,  apportée  aux  époques  lointaines 
encore  mystérieuses,  caractérisée  à  nos  yeux  par  les  religions  brahma- 
nique et  bouddhique  que  précéda  le  culte  disparu,  non  oublié,  du  serpent 
dont  les  traces  sont  là  profondes  plus  qu'en  aucun  pays. 


Fi£.   2.   —  Thaïs  du  Si. un    Le  généra]   SurrissaV  <'l  ses  officiers,    I 

Les  Thaïs  '  (fig.  2),  habitants  actuels  du  Laos  el  du  Siam,  descendus 
des  contreforts  du  Thibet,  envahisseurs  relativement  récents  de  ces  deux 
légions,  dépendances  de  l'ancien  Empire  cambodgien,  peuples  alors  [>ii- 
mitifs,  barbares,  n'apportant  pas  d  éducation  particulière,  ont,  peu  à  peu, 
siiln  l'influence  de  la  civilisation  des  premiers  maîtres  el  l'onl  adoptée. 


I  -   Se  prononce  Tail. 


IN  TRO  DICTION 


VII 


Le?  Annamites  (fig.  3),  conquérants  du  royaume  du  Kiampa  et  du 
Bas-Cambodge,  ont,  au  contraire,  au  fur  el  à  mesure  <lf>  progrès  de 
L'envahissement,  implanté  la  civilisation  chinoise,  depuis  longtemps 
leur,  sur  les  restes  de  celles  des  anciens  occupants  absorbés  ou  refoulés. 

Entre  ces  populations  différemment  civilisées,  les  séparant  pour  ainsi 
dire  le  plus  souvent,  un  troisième  groupe  n'appartient,  lui,  à  aucune 
civilisatii  m. 


■P 


\i 


Fig.   3.  —  Annamites  du  Tonkin.   Famille  d'un  ancien  Vice-Roi.    '      5. 


Il  comprend  les  autochtone-,  des  épaves  peut-être  de  peuples  dis- 
parus et  d'autres  peuplades  provenanl  de  migrations  moins  anciennes. 

Pris  entre  des  poussées  envahissantes  venant  des  côtes  ou  descendant 
les  vallées,  ceux  qui  le  composent  se  son!  réfugiés  dans  les  forêts  el  sui 


VIII 


MISSION    PAVIE 


les  montagnes,  s'\  maintenant  à  peu  près  isolés  lorsqu  elles  sont  vastes 
ou  d'accès  difficile,  tandis  qu'ailleurs  où  elles  so ni  plus  étroites,  plus 
abordables,  ils  se  sonl  fondus  avec  les  nouveaux  venus,  ou,  ne  son!  restés 
parmi  eux  qu'en  groupes  épais,  souvenl  insignifiants,  à  peine  suffisants 
pour  fournir  pendant  quelque  temps  encore,  de  faibles  hases  d'étude, 
d'incertains  points  de  repère  à  l'observaleur'et  à  l'ethnographe. 

Considérées  parleurs  voisins  civilisés  comme.élantà  l'état  sauvage, 
ces  populations,  dont  une  partie  vil  réellementà  un  degré  1res  inférieur. 


Fig.   4.   —  Sauvages  du  Sud-Ouest  de  l'Iudo-Cuine  (Tciiiongs). 


comportent  des  types  singuhèrement  différents  provenant  principalement 

des  origines:  négritos  (fig.  î).  malaise  (fig.  5)  et  thibélaine  (fig.  6). 

Elles  sont  généralement  confondues  dans  leur  ensemble  sous  les  noms 
de  Sliengs  ou  de  Penongs  par  les  Cambodgiens,  de  K.has  par  les  Thaïs  et 
de  Mois  par  les  Annamites,  dénominations  que  nous  traduisons  par  celle. 
cependant  rarement  |ustifiée.  de  «  sauvage  ». 


IM'ROIH  CTION 


\\ 


C'est  donc  entre  les  trois  grandes  divisions:  Khmère-Thaïe,  Annamite 
et  Sauvage  que  sons  le  rapport  de  l'éducation  se  répartissent  les  habitants 
de  l'Indo-Chine  '. 


Fig.   5.  —  Sauvages  du  Sud-Est  de  l'Indo-Cuiue  (Sedangs) 


Les  deux  premières  en  de  nombreux  poinls  absorbent  lentement  la 


i.  On  doit  cependant  considérer  comme  plus  qu'un  vestige  du  passe  les  débris  du 
peuple  de  l'ancien  kiampa.  illustre  par  des  siècles  de  grandeur. 

Aujourd'hui,  dispersés  en  groupe  encore  nombreux  par  les  vicissitudes  de  la  \ic  de 
vaincu  dans  les  différentes  parties  du  Sud  de  l'Indo-Chine:  Vnnam.  Cochinchine, 
Cambodge,  Siam,  les  kianis  offrenl  un  saisissant  exemple  du  courage  et  de  l'énergie 
que  peut  apporter  un  peuple  à  conserver  su  nationalité,  à  prolonger  son  existence  au 
milieu  des  plus  dures  épreuves  quand,  surtout,  son  passé  resplendit  à  ses  yeux  nimbé 
d  éblouissantes  légendes,  de  traditions  de  gloire  propics  à  remuer  les  cœurs,  à  v  entre- 


MISSION   l'Wd-; 


troisième  :  le  mélange  des  races  esl  partout  extrême;  il  est  fréquent  de 
rencontrer  dans  un  groupe  de  gens  d'un  même  pays  des  types  de  la 
plupart  des  autres. 


J 


Fig.  g.  —  Sauvages  du  Nord  de  l'Indo-CUiac  (Khas  Khos). 


M 


Les  deux  grimpes  civilisés  onl  chacun  leur  littérature  gardanl  la 
marque  particulière  de  la  civilisation  d'origine  avec  des  qualités  propres 
bien  caractérisées. 

G'esl  suieelle  du  premier  groupe  que  portent  les  présentes  recherches. 
Faites  au  début  de  mes  missions  au  Cambodge  el  au  Siam.  de  L879 
à  1885,  elles  étaient  après  la  marche  du  jour,  la  distraction  du  soir. 


tenir  l'espoir  des  tiers  réveils  qui,  si  les  événements  semblent  en  annoncer  I  heure, 
éclatent  parfois  ensoleillant  son  agonie  de  surprenantes  actions. 


INTRODUCTION  M 


Elles  comprennent  L'analyse  de  trois  romans  et  la  traduction  d'un 
quatrième,  sélection  faite  sur  une  foule  d'autres,  écoulés  aux  veilles,  au 
cours  de  cette  longue  période  dans  les  villages  de  toute-  le-  \  asles  régions 
de  ces  deux  grandes  contrées. 

Les  deux  premières  analyses  sont  l'exposé  rapide  de  romans  histo- 
riques : 

«  Néang  Roum  Sav  Sock  ». 

«  Les  douze  jeunes  filles», 
se  rapportant  aux  bouleversements,  supposés,  de  la  nature  dans  le  passé 
légendaire  du  Cambodge. 

La  troisième  est  celle  d'un  roman  de  moeurs, 

«  Néang  Kakey  ».     - 

La  traduction  du  quatrième  manuscrit, 

«  Vorvong  et  Saurivong  ». 
donne,  complet,  le  roman  de  mœurs  el  d'aventures  le  plus  populaire  du 
Cambodge. 

Suivant  1  usage  bouddhique,  lesauteurs  montrent  dans  le  héros  du 
drame  la  personnification  du  dernier  Bouddha  dans  diverses  de  ses  nom- 
breuses incarnations.  Il  est  par  suite  inutile  de  dire  combien  grande  est 
la  place  que  dans  leurs  récits  lient  le  surnaturel. 

Quoique  1res  répandues  dans  les  trois  parties  de  llndo-Chine  pro- 
cédant de  la  civilisation  indoue,  ces  œuvres  appartiennent  toutes  quatre 
à  la  langue  Khmère. 

Aussi  bien,  celle  origine  est-elle  celle  de  la  plupart  des  livres  peuplant 
les  bibliothèques  des  temples  de  la  région  Khmère- Thaïe  qui  n'ont  pas 
celle  de  l'Inde  même. 

En  publiant  ce  travail  en  fiançais  et  en  cambodgien  j'ai  à  la  fois  pour 
but  : 

1°  de  faire  œuvre  de  vulgarisation  et  de  montrer  sous  un  jour  plus 
exact  des  population-  extrêmement  intéressantes  : 

2°  de  donner  au  Cambodge,  en  lui  apportant  le  premier  ouvrage  im- 
primé pour  lui  dans  sa  langue,  un  témoignage  de  la  gratitude  vouée  à  ses 


XII  MISSION    l"\\  IK 


Rois,  à  ses  chefs,  à  ses  prêtres,  à  son  peuple  pour  l'aide  inappréciable 
reçue,  les  services  sans  nombre  rendus  au  cours  d'une  vie  de  voyages. 


III 


Dans  les  désastres  qui  marquèrent  le  déclin  de  la  suprématie  khmère, 
l'antique  civilisation  que  les  constructions  d'Angkor  avaient  pour  ainsi 
dire  résumée,  ne  succombait  pas  entièrement:  dans  l'effondrement  de  ce 
centre,  le  plus  étonnant  de  l'Asie,  elle  achevait  de  conquérir  les  Thaïs 
envahisseurs,  autant  par  l'incorporation  qu'ils  faisaient  chez  eux  des 
populations  enlevées  que  par  l'adoption  de  ce  qu'elles  leur  apportaient 
de  radine  et  de  supérieur. 

Les  traditions  de  l'art  architectural  développé  à  un  degré  incompa- 
rable au  Cambodge  ne  purent  être  maintenues  par  les  khmers,  ni  chez 
eux.  ni  chez  leurs  adversaires  dans  l'état  presque  constant  de  guerre  et  de 
trouble  qui  marqua  celle  période  longue  de  plus  de  huit  siècles  :  mais, 
avec  les  mœurs,  les  usages,  la  religion,  pieusement  conservés,  un  souvenir 
nébuleux  du  passé  magique  endormi  dans  la  nature  resta  au  fond  de 
leurs  cœurs  vivant  dans  des  restes  de  littérature  et  de  théâtre,  de  vagues 
idées  de  dessin  et  de  musique. 

Ces  épaves  violemment  transportées  au  Siam.  entretenues  au  Laos, 
sont  pour  ainsi  dire  inséparables  dans  l'éducation  et  l'esprit  des  popu- 
lations aussi  bien  de  ces  deux  régions  que  du  Cambodge,  point  de  départ 
de  leur  civilisation. 

La  littérature  et  le  théâtre  y  sont  surtout  étroitement  unis.  La  poésie 
et  le  roman,  sans  parler  d'un  peu  d'histoire,  forment  l'expression  littéraire 
et  sont,  presque  sans  modifications  dans  leurs  textes,  adaptés  au  théâtre. 

La  peinture  et  le  dessin  à  peu  près  réduits  Ii  !  étude  et  à  la  repro- 
duction des  ligures  de  personnages  de  la  mythologie  indoue,  des  scènes 
de  ses  épopées  et  de  celles  île  romans  ayant  trait  au  Passé  légendaire,  sont 
le  complément  de   la  littérature.  Ils  ornent   les  murailles  des  Temples  et 


INTR0D1  CTION 


X.III 


des  palais  avec  les  principaux  épisodes  de  ces  épopées  et  romans  et  souvent 
illustrent  des  ouvrages  manuscrits  qui,  alors,  au  lieu  d'être  écrits  sur 
feuilles  de  palmier,  sont  transcrits  sur  cette  sorte  de  papier  fait  d*écorcede 
mûrier,  replié  en  album,  en  usage  pour  les  actes  judiciaires.  Ils  contribuent 
surtout  ainsi  à  conserver  la  tradition  des  costumes,  des  gestes  et  attitudes. 
On  ne  saurait  comparer  ce  cpii  reste  de  cet  art  à  ce  qu'il  a  pu  être. 
Les  œuvres  des  peintres  et  dessinateurs  d'aujourd'hui  se  distinguent  par 


I  ne  répétition  de  ilanro  théâtrale  cambodgienne  à  Ballamban  • 


un  caractère  de  naïveté  originale  tout  à  fait   local  bien  plus  ijue  par  des 
qualités  marquées. 

La  musique,  aimée  passionnément,  n'est  point  écrite.  Le  répertoire, 
par  suite  limité,  se  compose  de  morceaux  transmis  de  mémoire. 

Compagne  obligée  du  théâtre,  elle  y  intervient  entre  les  actes  et 
scènes  el  pendant  certains  des  passages  mimés  des  pièces,  tels  que: 
voyages,  batailles,  danses,  etc. 

h 


XIV 


MISSION    PAVIE 


A  part  la  flûte,  une  sorte  de  hautbois  el  un  orgue  à  main  l'ait  d'un 
assemblage  de  légers  bambous,  connu  sous  le  nom  de  flûte  laotienne, 
les  orchestres  se  composent  d'instruments  à  cordes  el  de  deux  espèces  de 
xylophone  on  harmonica,  l'un  formé  de  petits  gongs  en  bronze,  l'autre 
de  lames  de  bois  ou  de  métal  1  ><  -  variétés  de  tambours,  gongs  et  cym- 
bales en  sont  l'accompagnemenl  obligé. 


. 


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K 


; 


lu  \.  '.  ars  remplissant  les  iùle>  de  géant. 


Les  danses  sonl  surtout  une  mimique  spéciale  employée  dans  les  rôles 
muets,  des  marches  lentes  avec  séries  de  poses.  Deux  particularités  les 
rendent  originales  :  le  balancement  en  arrière  du  pied  avant  qu'il  pose  à 


INTRODUCTION 


XV 


F;,.,  'i    Actrices  remplissant  des  rôles  d'hommes. 


\\1 


MISSION    I>V\  1K 


terre,  imitation  curieuse  du  même  mouvemenl  familier  à  l'éléphant  et  qui 
contraste  par  sa  légèreté  avec  l'apparence  lourde  de  l'énorme  pachy- 
derme, et  un  assouplissement  des  bras  qui  va  jusqu'à  la  dislocation  du 

coude  et  des  phalanges  des  doigts,  en  permet  le  renversement  et  facilite 
des  ondulations  considérées  comme  le  comble  de  la  grâce  (fig.  7  ) 

Au  théâtre,  1rs  acteurs  évoluent  dans  une  salle  ordinairement  carrée, 
longue,  que  les  spectateurs  entourent  sur  trois  faces,  l'autre  étant  réservée 
à  l'entrée  des  personnages,  à  l'orchestre  et  au  chœur. 

Les  artistes  dans  une  même  troupe  sont  du  même  sexe,  généralement 


Viï,     10.   —   L  ii-'  répétition  théâtrale  à   Batlambang 


des  femmes.  Cependant  1rs  troupes  ambulantes  son!  quelquefois  formées 

d'enfants  des  deux  sexes.  Dans  les  pièces  qui  comportent  des  géants,  des 
ogres,  des  animaux,  ces  rôles  sont  le  plus  souvent  tenus  par  des  hommes 

(%•  8). 

Les  actrices  ont  les  cheveux  coupés  courts,  les  pieds  nus:  elles 
portent  des  ongles  factices,  se  blanchissent  comme  nos  pierrots  avec  du 
talc  calciné  et  emploient  aussi  le  jaune  du  curcuma.  Les  perruques  sont 
exigées  par  la  plupart  des  rôles  de  femmes. 


INTRODUCTION  XVH 


Los  costumes  fort  beaux  rappellent  ceux  îles  bas-reliefs  anciens. 
\u  théâtre  du  Roi  Norodom  à  Pnompenh,  ils  sont  riches  et  véritable- 
ment remarquables.  Dans  les  troupes  de  second  ordre  ou  celles  ambu- 
lantes, ils  laissent  plutôt  à  désirer  mais  restent  néanmoins  dans  la  tradi- 
tion (fig.  9). 

De  l'adaptation  presque  sans  modification  des  œuvres  littéraires  au 
théâtre,  découlent  îles  longueurs  infinies  dans  les  spectacles;  rarement 
une  nuit  suilil  au  déroulement  d'une  épopée. 

Les  monologues  cl  dialogues  sont  dils  par  les  personnages  en  scène. 
Le  chœur  raconte  le  fond  de  la  pièce  pendant  que  les  acteurs  exé- 
cutent la  mimique  qui  convient  ou  gardent  une  posture  d'attente  ou  de 
repos  (fig.  10). 

Ces  «  Recherches  »  ne  sont  pas  le  seul  travail  dans  lequel  la  littérature 
de  la  région  Khmère  -Thaïe  sera  montrée  au  cours  de  cet  ouvrage;  le  deu- 
xième  volume  des  présentes  o  Etudes  »,  consacré  aux  «  Recherches 
historiques  »  donne  des  traductions  de  Chroniques  du  Laos  qui,  écrites  à 
Luang-Prabang  par  des  auteurs  Khmers  et  Laotiens,  rappellent  sous  les 
rapports  de  la  forme  et  de  la  rédaction  les  romans  présentés  ci-après. 

Aussi  bien  j'ai  plus  d'une  l'ois  remarqué  dans  îles  écrits  divers  chez  les 
peuples  de  ces  contrées  où  toute  œuvre  littéraire  doit,  en  vue  de  la  repro- 
duction, forcément  manuscrite,  être  réduite  au  minimum  de  texte:  une 
simplicité,  une  clarté  de  style  remarquables  jointes  souvent  à  une  allure 
vive  et  entraînante,  forçant  l'attention,  gagnant  le  cœur  par  l'expres- 
sion de  sentiments  naturels  point  soupçonnés. 

Rien  ne  contribuera  mieux  à  donner  mwv  idée  sous  ce  rapport  que  les 
quelques  lettres  et  récits  de  nies  collaborateurs  indigènes  reproduits  dans 
les  différents  volumes.  Sans  doute  plusieurs  d'entre  eux  ont  séjourné  en 
France  ou  ont  été  instruits  par  nous,  niais  il  se  trouve  dans  1  indication 
de  la  pensée  en  général  une  note  particulière  qui  ne  saurait  être  méconnue. 

L'immigration  chinoise  mêle  aujourd'hui  davantage  en  toutes  choses 
sa  manière  à  la  Iradil  ion  Minière.  Seule  depuis  plusieurs  siècles  à  a\  oir  une 
action  sensible  dans  la  constitution  des  populations  de  la  région  de  civili- 


WIN  MISSION   PAVIE 


sation  indouc,  il  semble  qu'elle  a  beaucoup  plus  <l  influence  mit  leur  édu- 
cation  qu'elle  ne  peul  en  avoir  eu  aux  temps  de  I'  \ il  supéri»  ur. 

(  >n  remarque  plus  particulièrement  l'impression  de  la  civilisation 
chinoise  dans  les  pays  I  liais  de  l'Ouest.  Elle  x  dm  me.  cm  ce  qui  concerne 
la  littérature  cl  le  dessin,  un  genre  dont  la  caractéristique  est  plutôt  l'am- 
phigourique cl  le  grotesque,  résultai  dû  à  l'instruction  inférieure  des  nou- 
veaux venus. 


IV 


Dans  ces  temps,  déjà  loin,  où  campé  en  forêt,  installé  dans  les 
plaines,  abrité  dans  le  temple  ou  la  case  commune  d'un  village  cambod- 
gien ou  siamois,  j'en  étais  aux  premières  de  mes  a ''es  de  marche,    les 

moments  de  repos  pour  l'esprit  après  le  travail  île  la  carie  nus  au  net. 
le  repas  du  soir  pris,  élaicnl  les  heures  de  causerie  avec  les  guides,  ecux 
souvent  nombreux  qui  marchaient  avec  moi.  les  piètres  de  la  pagode. 
enfin  parfois  le  hameau  tout  entier. 

C'élail  toujours  avec  un  véritable  plaisir  que  les  vieux  cl  les  jeunes  se 
groupaient,  presses,  les  uns  pour  parler,  les  autres  pour  nous  entendre 
sous  les  grands  arbres  des  bois,  ou  sur  les  nattes  des  temples,  au  clair  des 
étoiles  ou  à  la  lueur  des  torches  doublement  parfumées  décorée  de 
Smach  '  cl  de  résine  de  Klong2. 

(  »n  nie  l'aisail  causer,  d'abord  le  plus  que  l'on  pouvait  (car  ils  aimaient 
m'écouler  bien  plus  que  dire  eux-mêmes),  j'obtenais  ensuite  qu'on  lil 
des  récils  abrégés  des  contes  locaux  aimés,  des  romans  populaires  dont 
la  mémoire  des  plus  âgés  est  presque  toujours  pleine. 

J'étais  à  peine  dans  un  village  que  la  foule  arrivait,  accueillante  au 
possible,  surtout  quandilétail  forint'  de  Cambodgiens  captifs  de  guerre 

I .   Melalcuca  c  ichepuli. 

'2.    Dipterocarpus  magnifolia, 


INTRODUCTION  XIX 


au  Siam.  On  s'approchait  discrètement  du  campement  où  mes  deux  ser- 
viteurs cuisinaicnl  el  rangeaient  le  bagage.  Hommes  el  femmes,  loul  de 
suile,  presque  bas,  commcnçaienl  les  questions  ;  eux  répondaienl  presque 
toujours  ;iin-i  : 

«  Mais  oui,  c'esl  un  Français!  Nous  deux,  nous  sommes  tout  comme 
vous  des  Khmers  et  venons  avec  lui  de  votre  vieux  Cambodge. 

«  Vous  le  voyez,  là-bas,  au  bord  de  la  rivière  :  grand  chapeau,  veston 
blanc,  sampot  Khmer1,  les  pieds  nus.  écrivant  sur  sa  petite  table  les  ren- 
seignements que  lui  donnent  les  guides  et  les  chefs  du  village. 

«  Ce  qu'il  fait,  c'est  Ja  carie. 

«  Depuis  cinq  ans  nous  sommes  a  son  service  el  nous  nous  y  [liai- 
sons parce  qu'il  est  très  bon  el  qu'il  aime  les  Khmers. 

«  Venez  ensemble  le  voir  après  votre  repas,  \<>us  lui  ferez  plaisir,  il 
vous  rendra  contents  ;  il  sait  bien  noire  langue  el  vous  entretiendra  du 
Cambodge  mieux  (pie  nous.  » 

Je  le-  voyais  s'éloigner  satisfaits  ;  les  femmes  rapidemenl  pour  hâter 
leur  besogne,  les  hommes  plus  lentement,  Imis  jetant  des  regards  curieux 
de  près  sur  le  bagage,  de  loin  sur  ma  personne. 

.1  étais,  la  plupart  du  temps,  le  premier  homme  d'Europe  venu  au 
milieu  d  eux  et  j  éprouvais  un  sentiment  d  intime  joie  à  constater  quand, 
levant  la  tête,  nos  yeux  se  rencontraient,  qu  ils  devinaient  en  moi  un  ami 
résolu. 

Et  le  soir  arrivé,  dans  la  <-.'.<r  de  repos  ou  bien  dans  la  pagode,  les 
anciens  entraient,  la  foule  suivait,  espérant,  c'était  ainsi  le  plus  souvent, 
assister  à  la  fin  de  mon  frugal  dîner. 

Tous  s'asseyaient  sur  les  nulles,  les  hommes  d' :ôlé,  les  femmes  de 

l'autre,  les  vieillards  le  plus  près. 

Chacun  était  toutde  suite  liés. à  l'aise  car  j'avais  pour  souci  qu'auprès 
de  moi  on  se  sentit  tranquille;  des  regards  accueillants,  en  me  reculant 
pour  agrandir  la  place,  suffisaient  pour  les  mettre  presque  au  ton  qu'uni 
les  grands  enfants  avec  un  I grand-père. 

1 .    Pièce  d'étoffe  de  soie  ou  de  colon  disposée  en  forme  de  pantalon. 


w  mission  i'\\  11: 


Lorsque  tous  assis,  le  silence  régnait,  les  vieillards  saluant  en  s'in- 
clinant,  les  mains  levées  au  front,  parlant  à  l'unisson  comme  dans  une 
px-ière,  disaient  ondes  paroles  scandées  avec  des  mois  sonores  que  j'en- 
tendrai toujours  : 

«  Nous,  vieillards,  hommes,  femmes,  enfants  de  ce  village,  tous  en- 
semble pauvres  khnicrs  transportés  au  loin  de  leur  pays,  avons  de  la 
joie  plein  le  cœur  de  voir  parmi  nous  un  des  Français  qui  travaillent  au 
bonheur  du  Cambodge  vers  où  vont  nos  pensées.  Nous  vous  souhaitons 
longs  jours  et  toutes    prospérités.  Simples  gens   des  champs,   nous  ne 

soin s  pas  au  courant  des  usages,  vous  nous  pardonnerez  donc  si  dans 

noire  empressement,  loul  du  cœur  près  de  vous,  les  uns  ou  les  autres 
venions  à  les  enfreindre.  » 

Je  leur  disais  alors  combien  depuis  longtemps  jetais  en  pays  Mimer. 
quelle  aide  sans  réserve  dans  toutes  ses  régions  y  recevait  ma  lâche  utile 
pour  l'avenir,  toute  ma  sympathie  pour  son  peuple  droit,  généreux,  bon 
et  combien  je  l'aimais.  Quand  j'avais  remercié  de  l'accueil  et  des  souhaits, 
je  \o\ais  tous  les  yeux  s'éclairer  de  plaisir,  toutes  les  bouches  s  épanouir 
prêtes  pour  les  questions. 

On  laissait  d'abord  parler  le  plus  ancien  : 

«   Comment  se  porte  le  Roi.   Maître  des  existences!' 

«  Et  le  Prakéo-Fa,  prince  que  chérissent  les  Khmers.  aujourd'hui 
Second-Roi? 

«  Nous  les  avons  connus  lorsque,  enfants,  gardés  par  les  Siamois,  ils 
étaient  tous  les  deux  en  otage  à  Bangkok. 

«  Leur  souvenir  cl  celui  du  pays,  c'est  loul  ce  qui  nous  reste-  nous 
aimons  le  redire  à  ceux  qui  vont  vers  eux. 

a  Enlevés  à  nos  champs  sous  prétexte  de  guerre,  nous  avons  tout 
perdu  par  l'abandon  forcé,  par  le  pillage:  récoltes,  éléphants,  chevaux, 
bo'iil's.  tous  nos  biens. 

«  Entraînés  jusqu'ici,  marchant  de  longues  semaines,  le  jour, la  nuit, 
-ou-  les  coups,  sans  riz.  nous  avons  laissé  la  plupart  de  nos  vieux. 
presque  tous  nos  enfants,  mourants  ou  morts  dans  les  sentiers  des  bois, 
sans  pouvoir  aider  leur  misère  jusqu  au  bout,  honorer  leurs  dépouilles. 


INTRODl  iTlc\  \\| 


«   Maintenant  nous  parlons  sans  dous  plaindre,  seulemenl  pour  vous 

instruire,  nous  avons  tant  souffert  et  pleuré  que  le  calme  est  venu. 

«  Parqués  dans  des  marais  nous  les  avons  transformés  en  ces  rizières 
fertiles  qui  sont  à  d'autres  maîtres. 

«  Nous  savons  par  ceux  de  nous  qui  peuvent  de  loin  en  loin  s'enfuir, 
que  nos  anciens  champs  du  Cambodge  sont  exploités  par  de  nouveaux 
villages. 

«  Nous  ne  les  réclamons  pas,  ne  demandons  vengeance  ni  représailles, 
simplement,  qu'on  ait  pitié  de  notre  sort  :  nos  frères  sont  Français,  nous 
souhaiterions  le  devenir  aussi.  » 

Et  pendant  qu'un  murmure  louangeur  approuve  ces  paroles  : 

«  Parlez-nous  un  peu  des  lieux  où  nous  naquîmes.'  Moi  je  suis  de 
Puisât,  ma  femme  de  Kangméas,  ce  sont  des  pays  riches  et  beaux,  sont- 
ils  toujours  bien  cultivés;1 

«  Mon  frère  qui  s'enfuit  dans  les  bois  lors  de  notre  enlèvement  est 
devenu  depuis  gouverneur  de  Babaur,  une  autre  jolie  province,  le  con- 
naîtriez-vous  ?  » 

La  foule  alors  interrogeait  aussi  : 

«  Nous  trois  sommes  de  P>ati.  Nous  :  de  Kampot,  de  Prev-krebas. 
d'Oudong;  \  récolte-t-on  toujours  :  poivre,  colon,  mûrier,  riz? 

Les  femmes  aussi  parlaient  :  les  hommes  plaisantaient  ce  qu'ils  appe- 
laient leur  audace,  elles  restaient  demi-confuses  sans  être  décourager-. 
Ton-  s'enhardissaient  :  les  que-lions  étaient  courtes,  discrètes,  douce- 
ment faites,  je  les  entendais  toutes  et  ne  peinais  répondre  qu'en  les  in- 
terrompant, je  n'osais  pas  le  taire  avant  qu'ils  eussent  fini.  Dans  celle 
confusion,  lr>  voir  élait  un  charme:  chacun  avait  un  tel  désir  d'avoir  du 
voyageur  rien  qu'un  loul  petit  mot,  que  les  regards  parlaient  encore  plus 
que  les  voix. 

Quand  on  s'était  tu  : 

«  Ecoutez,  mes  amis,  pour  vous  contenter  Ions,  je  \ais  parler  à 
tous  >i  :  et  c'étail  comme  un  petit  discours  que  je  leur  débitais  dans  celle 
langue  que  j'étais  encore  loin  de  connaître  1res  bien.  (  m  s'amusait  des 
fautes,  l'ancien  expliquait,  comme  il  le  comprenait .  ce  qui  était  mal  dit, 


wii  mission  v\\  n: 


enfin,  ils  sentaienl  que  je  niellais  mon  cœur  à  leur  être  agréable  el 
que  s'il  dépendait  de  moi,  un  jour,  d'aider  à  leur  bonheur,  je  n'y  man- 
querais pas. 

•le  demandais  alors  que  le  meilleur  conteur  d'histoires  du  pays,  mil  toul 
son  talent  à  résumer  ce  qu'il  savait  de  mieux. 

11  élail  de  suite  indiqué  par  la  foule  énuméranl  en  même  temps  les 
titres  de  tout  le  répertoire  qu'elle  élail  accoutumée  à  lui  faire  réciter. 


G'esl  à  Teucthio,  importanf  canton  nu  Nord  de  Battambang,  ce 
principal  centre  de  la  région  cambodgienne  encore  aux  mains  du  Siam, 
que  j'ai  connu  l'histoire  de  «  Roum-Say-Sock  ». 

On  m'y  indiqua,  quand  j'arrivais,   Pnom-Kompatl  (colline  plate), 

comme  étant  à  voir. 

J'aimais  à  me  détourner,  un  moment,  de  ma  route  pour  visiter  les 
points  intéressants  du  voisinage,  celui-là  devait  me  faire  admirer  l'en- 
semble d'une  contrée  pleine  de  souvenirs  des  temps  mystérieux. 

L'idée  d'y  monter  fut  à  peine  émise,  qu'un  vieillard,  un  savant  du  lieu. 
vint  -  offrir  pour  guide. 

«  Moins  de  cent  mètres  à  escalader  ».  dit-il,  «  pour  voir  étalé  sous 
vos  veux  avant  de  le  quitter,  le  curieux  pays  laissé  en  arrière  :  la  grande 
plaine  herbue,  ses  îlots,  ses  rivages  !  Le  temps  esi  bien  clair,  on  verra  très 
loin  :  il  n'est  pas  dans  ce  canton-ci  de  plus  séduisant  bul  de  promenade  ». 

Je  n'hésitai  pas  :  du  reste,  la  hauteur  est  en  face  du  village,  sur 
l'autre  rive  du  Stung-Sreng,  une  des  grosses  rivières  qui  vont  au  Grand- 
Lac  cambodgien.  Comme  tous  les  soulèvements  de  celle  plaine,  elle  es1 
absolumenl  isolée  dans  l'alluvion.  Son  ascension  cri  facile.  Lorsqu'on  fut 
au  sommet,  le  guide,  semblant  convaincu  que  toutes  ses  paroles  avaient 
grande  valeur,  s'exprima  ainsi  : 

«   Les  hauteurs  au  Nord  sont  les  pnoms  Dang-reck,  on  les  nomme 


IMKOIHCTION  \\iil 


aussi,  très  souvent,  pnoms  Veng  (montagnes  Longues),  el  beaucoup, 
visant  l'apparente  unité  de  leur  direction  les  appcllenl  l'uni, il  (règle), 
comme  les  Siamois. 

«  Dang-reck  est  le  nom  du  bâton  flexible  qui  nous  srrl  à  porter, 
suspendus  à  ses  extrémités,  (1rs  fardeaux  sur  l'épaule.  C'est  à  la  ressem- 
blance crue  les  Cambodgiens  voient  entre  les  courbes  de  ce  bâton  et  les 
inflexions  du  faîte  de  la  chaîne  que  les  bailleurs  doivent  d'être  ainsi 
dénommées. 

(i  Ce  ne  sont  pas  des  monts  connue  les  autres  :  lorsqu'à  leur  sommet 
on  est  parvenu,  un  plateau  immense  s'étend  vers  le  Nord  couvert  de 
hameaux  et  de  grands  villages,  coupé  de  rivières,  quelques-unes  salées, 
taché  de  forêts  (ouïes  si  épaisses  qu'on  n'ose  les  fouiller1. 

«  Pour  les  peuples  divers:  Laotiens.  Miniers.  Kouyes  qui  vivent  à 
leur  base  ou  bien  les  habitent,  elles  sont  les  Kaos-Vone  (montagnes 
cercle);  ils  disent  par  ces  mois  que  dans  son  ensemble,  le  plateau  affecte 
la  forme  arrondie. 

«  Si  vous  ne  les  aviez  sou-  1rs  veux,  ces  différents  noms  vous  les 
montreraient. 

«  En  les  regardant,  les  gens  du  pays  qui  savent  le  Passé  se  sur- 
prennent parfois  prononçant  ces  mois:  Kierang-Sremot  (les  bords  de  la 
mer). 

((  Autant  leur  arrive  pour  les  [inouïs  hrevanb  étendues  au  Sud  el 
dont  l'un  des  groupes,  nommé  Thma-Angkiang  (falaises),  dépasse  les 
autre-,  juste  en  face  de  nous. 

n  Sauf  quelques-unes,  les  collines,  les  petites  bailleurs,  soulever-  çà 
el  là.  semblant  les  relier,  ne  se  voyaient  point. 

ce  La  mer.  autrefois,  avait  ses  eaux  bleue-  où  est  l'herbe  jaunie  entre 
tous  ces  monts. 

«  La  puissance  d  un  sainl  qui  vivait  ermite  sur  des  rochers,  là  toul 
droit  au  Sud.  maintenant  Bam-nân,  a  tout  bouleversé. 


i.  C'est   le    Sud  du    Laos    oriental,    avec    la   réspon    de    Koral    el    de   la 
Nain  Moun  que  le  guide  Indique  ainsi. 


\\IV  MISSION    l'V\  [E 


«  C'est  une  longue  histoire,  je  l'ai  vue  écrite  ;  son  titre:  Roum-Say- 
Sock,  esl  connu  de  tous \  le  livre  devienl  rare,  je  vais  vous  en  faire  un 
courl  abrégé,  si  vous  m'écoutez.  » 

Unis  j'entendis,  comme  on  la  lira,  l'histoire  singulière  des  deux 
jeunes  femmes  dont  la  lutte  est,  d'après  la  légende,  le  motif  de  la  trans- 
formation  prodigieuse  que  le  sol  de  ces  contrées  a  subie. 

Quanl  il  eut  fini,  le  vieux  guide,  comme  fatigué  d'être  assis,  se  leva  : 
ses  regards  se  portèrent  sur  l'horizon,  le  parcoururent  lentement  : 

(i  Mon  doigl  \a  \oiis  montrer  »,  reprit-il,  «  suivez-le,  les  points  restés 
célèbres  depuis  l'époque  lointaine  dont  je  viens  de  vous  parler.  » 

De  Thma-Angkiang  remontant  presque  droit  sur  Teucthio,  il  indiqua 
successivement  Bam-nân  avec  son  temple  ruiné:  pnom  Say-Sock  où  le 
solitaire  prit  l'enfant  sur  le  lotus,  et  il  dit  :  «  il  y  a,  prétend-on,  sur  celle 
dernière  colline,  prolongement  de  Bam-nân,  au  lieu  même  où  était  le 
petit  asile  de  l'ermite,  une  mine  d'or  qu'on  n'exploite  plus.  » 

Se  contentant  de  nommer  pnom  Sampou  |  n'ont  du  navire)  et  pnom 
Ivrepculi  (mont  du  crocodile),  où  Atonn  et  la  barque  sont  restés,  il  s'arrêta 
devant  kompor,  extrémité  Nord-Est  de  Sang-Kebal  (le  mont  où  la  tête  de 
Mika  fut  exposée),  et  reprit: 

«  Les  deux  tours  élevées  sur  ce  mamelon  sont  œuvre,  l'histoire 
l'ajoute,  du  fils  de  Néang  Mika.  Devenu  grand,  puis  Roi,  ayant  appris  de 
l'aïeul  son  malheur,  il  y  vint  faire  une  pieuse  fête  funèbre, 

«  On  dit  aussi  qu'il  déposa  ce  qu'il  put  trouver  des  restes  de  sa  mère 
sur  la  hauteur  centrale  des  montagnes  de  Sysophôn,  raison  pour  laquelle 
elle  porte  le  nom  de  Néang  Mika. 

«  Cependant,  au  sujet  de  cette  sépulture,  je  n'ose  rien  affirmer,  les 
livres  siamois  prétendant  que  Say-Sock  lit  porter  les  jambes  de  sa  rivale  à 
Kha-Néang  (jambes  de  la  jeune  femme),  la  mâchoire  inférieure  à  Bang- 
Kang  (rivage  de  la  mâchoire),  et  le  tronc,  partagé  en  huit  morceaux,  à 
Petriou  (huit  tronçons). 

«   Le  dernier  de  ces  points,  situés  tous  trois  dans  les  pays  que  régit  au- 


INTRODUCTION  \\y 


jourd'hui  le  Siam,  marque  la  place  d'une  ancienne  ville  de  la  province  de 
Sasongsao.  Les  deux  autres  sonl  des  villages  peu  éloignés  de  Pékim  :  les 
gens  qui  les  habitent  disent  que  comme  preuve  indiscutable,  il-  mil  les 
reliques  sous  la  main. 

«  Il  est  beaucoup  d'autres  lieux  cjue  j'omets  volontairement,  ne  vou- 
lant pas  surcharger  votre  mémoire  de  noms  sans  grande  importance, 
mais  je  veux  vous  faire  connaître  Buntéay-Néang  (camp  de  la  jeune 
femme),  le  petit  rocher  entre  Sang-Kebal  et  nous,  où  Mika  se  fortifia 
avant  d'aller  au  combat:  on  l'appelle  aussi  Kré-Néang  (lit  de  la  jeune 
femme),  parce  qu'elle  avait  d'un  creux  du  roc  fait  sa  couche. 

«  11  s'y  trouve  une  inscription  qu'il  faut  que  vous  alliez  voir  :  les  sa- 
vants de  votre  pays  pourront  peut-être  la  lire. 

«  Ceci  n'est-il  pas  étrange  ?  La  pierre  «  Kiéram-po  »  (ventre  haché), 
sur  laquelle  les  entrailles  furent  hachées  (elle  est  très  reconnaissable  aux 
marques  qu\  ont  laissés  les  couteaux),  se  promène  vagabonde:  tantôt 
l'un  de  nous  la  voit  près  du  Lac  ou  d'un  marais,  le  lendemain  un  autre  la 
trouvera  sur  la  route  ou  sur  un  mont.  » 


Suivant  le  conseil  du  guide  je  me  rendis  au  rocher. 

Soulèvement  de  calcaire  coquillier.  Bimtéay-Néang,  formé  de  deux 
blocs  unis,  l'un  plus  haut  de  moitié  que  l'autre,  a.  à  peine.  20  à  30  mètres 
d'élévation;  quelques  grands  arbres  qu'il  porte  et  ceux  entourant  sa  base, 
lui  donnent,  dans  la  plaine  nue.  des  proportions  trompeuses. 

Les  abords  sont  loin  d'être  séduisants,  une  couche  croissante  de  limon 
couvre  le  sable  que  cachait  la  mer  autrefois.  Jusqu'aux  approches  du 
rocher,  des  broussailles,  des  grandes  herbes,  blanchies  de  poussière  fine 
sont  le  seul  vêtement  du  sol. 

A  la  base  du  côté  Sud.  un  hameau  du  même  nom  a  ses  cases  dans 
des  jardins,  un  gros  ruisseau,  fangeux  [tendant  la  sécheresse,  le  joint  lors 
de  la  saison  des  pluies  à  la  rivière  de  Mongkol-Borey. 

Trois  ou  quatre  prêtres  bouddhistes  mil  leur  maison  délabrée  sur  le 
plus  petit  sommet  que  des  lézardes  profondes,  de  très  larges  déchirures. 
des  crevasses,  ornent,  comme  l'est  aussi  le  plus  grand,  des  lianes  et  des 


W\l  MISSION  PAVIE 


petites    plantes    nées   dans    l'humus  dont  elles   sont    aux    trois    quarts 
pleines. 

Des  blocs  de  grès  fin,  les  uns  sculptés,  les  autres  simplement  polis. 
gisenl  eà  et  là.  Près  de  la  easc  des  prêtres,  un  jeune  manguier  lient  la 
place  d'une  ruine  disparue  qui  y  chancelail  encore,  au  dire  de  ces  der- 
niers, il  n'v  a  pas  bien  Longtemps. 

Dans  la  muraille  que  forme  la  partie  haule  du  rocher  en  dépassant  à 
pic  cette  première  élévation,  une  grotte  lié-  étroite,  sans  apparence  cu- 
rieuse, s'enfonce  de  quelques  mètres.  Là  une  anfractuosité  du  roc  qu  on 
ne  remarque  qu'autant  qu'on  vous  la  montre,  est  le  Ivre-Néant:,  le  lit  dont 
parle  le  roman  que  le  guide  a  esquissé. 

Sur  le  sol.  une  douzaine  de  statuette-,  bois  ou  grès,  mutilée-,  -ont 
adossées  aux  paroi-  qu'un  suintement  calcaire  fait  luire. 

Dans  les  creux  et  dans  les  fentes  sont  placées,  en  grand  nombre,  des 
petites  lasses  point  couvertes;  elles  sont  à  demi  remplies  des  ossements 
calcinés  et  des  cendres  des  -eus  que  la  morl  prend  au  hameau. 

Au  milieu,  isole  des  statue-,  sur  une  grande  pierre  taillée  plate  et  jetée 
horizontalement  sur  le  sol.  une  stèle  de  grès  fin  est  debout,  soutenue  par 
un  caillou. 

Devant  elle,  les  restes  de  petites  bougies  salissaient  son  piédestal: 
elle  porte  sur  une  de  ses  faces  une  figurine  en  relief  qu'encadre  1  inscrip- 
tion dont  il  a  été  parlé.  J'en  pris  religieusement  l'empreinte,  elle  lui  plus 
tard  traduite,  et  je  sus  à  mon  regret  qu'elle  n'avait  point  de  l'apport  avec 
L'histoire  de  Say-Sock  et  de  Mika. 

Je  voulus  aussi  connaître,  non  loin  de  Sysophôn,  le  petit  mont  Sang 
kehal  afin  d'y  chercher  l'autel  élevé  par  le  (ils  à  la  mémoire  de  la  morte. 

Le  gouverneur  de  Mongkol-borey  à  qui  je  m'adressai  tenta  de  m  en 
dissuader  : 

«  Le  lieu  n'esl  plu-  fréquenté,  les  lianes,  les  broussailles  1  ont  tota- 
lement envahi,  el  »  ajouta-t-il,  voyanl  que  je  persistais.  «  un  génie 
farouche,  inconnu  l'a  choisi  pour  sa  demeure  el  le  garde. 

«    Il  \  a  six  moi-  à  peine,  un  imprudent  chercheur  de  nids  d  abeilles 


INTRODUCTION  WVII 


s'étanl  risqué  aux  abords,  disparut,  \près  une  attente  de  deux  jours,  le 
pays  tout  entier  se  mit  à  sa  recherche.  Nous  le  trouvâmes  mort,  le  corps 
debout  contre  un  arbre  :  le  visage  tuméfié,  noir,  ne  laissait  plus  voiries 
veux,  la  gorge  était  machurée,  le  buste  entouré  de  cercles  bleuâtres 
comme  s'il  avait  élé  lié  à  l'arbre  avec  d'énormes  rotins,  avait  l'écorce 
dans  les  chairs. 

«   Sa  famille,  épouvantée,  a  quitté  noire  pays.  » 

Il  fallut  cependant  que  le  pauvre  fonctionnaire  se  décidai  à  m'y  laisser 
aller:  il  considérait  celte  course  comme  si  dangereuse  qu'il  adjoignil  son 
(ils  aux  guides  chargés  de  me  conduire  el  recommanda  à  mon  compagnon 
Biot  d'emporter  son  fusil. 

Biot,  que  j'ai  eu  pour  premier  collaborateur,  était  un  chasseur  d'une 
adresse  remarquable,  les  indigènes  le  connaissaient  vite  dans  les  pays  où 
nous  passions.  Dans  ces  régions  de  plaines  qui  entourent  le  grand  Lac  où 
le  gibier  pullule,  il  augmentait,  tout  en  faisantsa  besogne,  noire  ordinaire, 
celui  de  nos  hommes  et  souvent  celui  du  village,  de  lièvres  ou  de  plus 
grosses  bètes.  On  l'aimait  pour  sa  douceur,  sa  simplicité,  sa  droiture, 
presque  autant  que  je  le  chérissais  moi-même.  Il  fut  de  la  Mission  trois 
ans.  11  succomba  plus  lard  à  la  morsure  d'un  singe.  Je  dirai  ailleurs  les 
services  qu'il  rendit  et  le  bien  que  j'en  pense. 

Nous  marchions  donc  tous  trois,  lui,  moi.  le  fils  du  Gouverneur, 
solide  garçon  de  vingt-cinq  ans,  pénétré  de  l'importance  de  sa  mission, 
précédés  de  deux  guides,  suivis  d'un  domestique  porteur  de  ma  boite  à 
insectes.  Le  sol  de  la  colline,  soulèvement  calcaire,  était  par  un  ardent 
soleil  de  midi  pénible  à  parcourir:  des  caillons  roulant  sous  les  pieds,  des 
broussailles  épineuses  auxquelles  on  ne  pouvait  se  raccrocher. 

Parvenu- au  sommet,  les  guides,  sans  l'approcher,  nous  indiquèrent 
la  ruine. 

Il  y  avait  là  un  écroulement  de  blocs  de  grès  taillés,  sculptés  avec 
cette  perfection  qui  vous  laisse  songeur  devant  tout  reste  d'art  Ixlnncr. 
La  broussaille  avait  tout  envahi,  quelques  frangipaniers  grillés  par  le 
soleil  étaient  tout  l'ornement  avec  leurs  rares  bouquets. 

Nous  étions  silencieux,  regardant,  essoufflés  par  la  montée,  épongeant 


WVIII  MISSION    PAVIF, 


do  nos  mouchoirs  la  sueur  ruisselant  de  nos  frouls.  Biot  allongea  lebras 
pour  tâter  quelque  chose  do  luisant  dans  une  cavité  sombre,  il  cul  un 
recul  électrique  :  «  J'ai  touché  un  serpent.  » 

On  le  distinguait  bien.  Il  dormait  enroulé,  pelotonne  comme  un  chat, 
mieux  comme  une  panthère. 

Ce  n'était  pas  un  boa,  ce  n'était  pas  un  python,  je  ne  le  connaissais 
pas.  Je  regardai  interrogateur  noire  compagnon  indigène. 

Le  calme  l'avait  abandonné,  blême,  suppliant,  évitant  de  parler,  il 
lirait  nos  vêlements  cherchant  à  nous  faire  taire,  sans  bruit,  retraite. 

Les  guides  à  dix  pas  en  arrière  semblaient  épouvantés.  Nuire  petit 
domestique  s'élail  approché  curieux  de  voir  de  près. 

Biol  arma  son  fusil,  c'était  un  Lel'aucheux. 

«   Cassez-le  »  dis-je  «  sans  abîmer  la  tèle  !  » 

Le  coup  partit.  La  bête  manquée  se  dressa  en  sursaut,  droile  comme 
une  barre,  la  lète  à  un  mètre  du  sol,  effrayée,  furieusement  menaçante, 
la  gueule  étonnamment  ouverte. 

Le  fils  du  Gouverneur  et  les  guides  s'étaient  rapprochés  à  la  décharge, 
n'imaginant  pas  (pie  le  coup  n'eût  pas  porté:  brusquement  rejclés  en 
arrière  ils  jetaient  des  cris  désespérés,  tentant  de  nous  arracher  à  un 
danger  dont  ils  se  disaient  responsables,  nous  criant  le  nom  :  «  Pos-vcck- 
pnom  ».  du  serpent,  que  nous  entendions  pour  la  première  fois,  comme 
s'il  devait  suffire  à  nous  dire  le  péril  et  cassaient,  affolés,  des  branches 
pour  s'en  faire  des  armes. 

Biol.  interdit  d'avoir  à  bout  portant  été  si  peu  heureux,  arme  son 
second  coup  pendant  que  la  bête  donne  à  sa  tête  le  balancement  précurseur 
de  l'élan  qui  la  jettera  sur  celui  de  nous  deux  qu'elle  croira  l'assaillant. 

.le  répétai  :  «  n'abîmez  pas  la  lète.  » 

Réaction  étrange  qui  met  subitement  aux  cœurs  terrorisés  la  fureur  de 
celui  qui  les  glace  cl  brusquement  succombe!  nos  hommes  entendant 
après  le  l'eu,  la  crosse  du  fusil  tomber  au  repos  sur  le  sol  et  l'ironique 
«  voilà  »  de  Biol  se  retournant  vers  eux.  s'approchent  timidement, 
voient  le  serpent  mort,  se  jettent  sur  lui.  et  sans  me  donner  le  temps 
d  arrêter  leur  folie,  le  mettent  en  pièces  à  grands  coups  de  bâtons. 


INTRODUCTION  \\i\ 


Je  pus  tout  juste  sauver  la  tête  pour  nuire  Muséum. 

On  rapporta  la  dépouille  au  village.  Le  fils  du  Gouverneur  et  les  guides 
racontaient  leur  exploit  montrant  à  la  foule  le  corps,  long  de  sept  coudées 
royales.  C'était  comme  une  délivrance,  chacun  était  joyeux.  De  l'avis 
général  le  serpent  fut  reconnu  pour  l'auteur  de  la  mort  du  pauvre  chas- 
seur d'abeilles. 

Nous  avions,  chance  rare,  trouvé  un  des  derniers  Najas,  ces  mêmes 
serpents  sans  doute  autrefois  objets  du  culte  aujourd'hui  légendaire'. 

Ma  visite  avait  donc,  pour  seul  résultat,  détruit  ce  point  de  la  légende 
d'après  lequel  la  ruine  élail  gardée. 


M 


J'entendis  pour  la  première  fois  parler  de  l'histoire  îles  «  douze  jeunes 
filles  »  en  visitanl  le  petit  mont  Bakeng,  près  d'Angkor  la  Grande.  Le 
guide,  en  me  montrant  la  citerne  qui  s'y  trouve,  me  dit  : 

«  Rothisen,  le  Bouddha  noire  Maître,  esl  né  là  :  sa  mère  et  ses  onze 
taules  furent  jetées  dans  ce  puits  après  qu'on  leur  cul.  à  toutes,  crevé  les 
yeux.  » 

C'était  là  tout  ce  qu'il  savait. 


1.  Ophiophagus  élaps.  C'est  probablement  le  plus  gros  îles  serpents  venimeux 
existants.  Par  s,  taille,  qui  peut  dépasser  i  mètres,  il  se  place  au  dessus  de  toutes  les 
espèces  connues  en  Indo-Chine  et  dans  les  deux  mondes.  Fort  heureusement  il  est 
rare,  je  n'ai  pu  voir  qu'un  ophiophagus  \  ivanl .  J'ai  pu  examiner  récemment  une  tête 
énorme  de  serpent  rapportée  par  M .  Pavic,  appartenant  à  celte  espèce. 

On  a  trouvé  des  ophiophagus  sur  toute  l'étendue  de  l'Inde,  de  l'Indo  Chine,  de 
la  Malaisie,  des  Philippines  et  de  la  Nouvelle-Guinée.  Ils  paraissent  plutôt  raies 
partout . 

Les  Cambodgiens  le  nomment  Pos  veck-phnom,  naja  des  montagnes,  d'après 
M.  Pavie.  (Note  sur  les  reptiles  de  la  Cochinchinc  ci  du  Cambodge,  par  le  docteur 
Tirant.  Saïgon,  1885.) 

L 'ophiophagus  élaps  a  également  été  rené. miré  dans  cette  région  par  M    \\  i ier. 


\\\  MISSION    l'WIE 


Plus  lard,  ii  l'entrée  des  Lacs,  demandai)!  l'explication  des  noms 
des  villages  de:  Kompong-Hao  (rivage  <U-~  appels).  Kompong-Leng 
(rivage  de  l'abandon)  et  de  la  montagne  de  Néang-Kangre)  à  côté, 
j'appris  que  de  même  que  la  tradition  cambodgienne  attribue,  ainsi  qu'on 
le  voit  dans  le  roman  de  Roum-Say-Sock ,  le  reliait,  la  disparition  finale 
des  eaux  de  la  mer  de  eetle  partie  du  pays  khmer  à  un  soulèvement  du 
sol  entre  les  monts  Dangreck  et  les  monts  Krevanh,  de  même,  elle  donne 
à  un  affaissement  de  date  plus  récente  la  formation  du  Grand  Lac. 

Ce  fait  que  ces  idées  sont  en  accord  avec  nus  théories  scientifiques  a 
contribué  à  me  faire  choisir  pour  les  conter  ces  deux  premiers  romans  de 
préférence  à  plusieurs  autres  ayant  aussi  un  intérêt  très  vif. 

Néang-Kangrey,  c'était  le  nom  de  l'héroïne  du  roman,  le  rivage 
des  appels  et  celui  de  l'abandon,  qui  n'indiquent  pas  comme  c'est 
l'habitude  des  points  habités,  sont  les  lieux  où  la  jeune  femme  couranl  sur 
les  traces  de  son  mari,  l'aperçut,  et  l'ayant  appelé  en  vain,  se  voyanl 
abandonnée,   se  coucha  pour  mourir  au  pied  d'un  arbre. 

J'ai  écrit  cette  histoire  telle  que  je  la  reçus  alors.  Quand,  plusieurs 
années  après,  je  parvins  a  Luang-Prabang,  je  ne  fus  pas  peu  surpris 
d'apprendre  que  les  collines,  sur  la  rive  droite  du  fleme.  devant  la  ville, 
portaient  les  noms  de  Rolhisen  et  de  Néang-Kangrey,  en  souvenir  d'un 
passé  presque  ignoré.  Homme  je  laissais  voir  le  plaisir  éprouvé  à  entendre 
ces  noms  familiers,  le  prince  laotien  qui  m'accompagnait  me  dit  : 

«  Je  viendrai  tantôt  quand  le  soleil  baissera  vous  prendre  pour  une 
promenade  aux  jardins  de  Néang  Moeri'.  la  mère  de  Néang-Kangrey.  Ce 
sont  les  plus  fertiles  du  pays.  Les  Durions,  ces  fruits  vraiment  divins, 
mûrissaient  seulement  là:  le  sol  des  jardins  recevait  comme  engrais  les 
entrailles  des  humains  que  dévorait  la  Heine  des  Yacks.  » 

11  me  raconta  le  soir  quand  j'allai  sous  les  ombrages  m'asseoir  au 
bord  de  la  plus  grande  des  pièces  d'eau  embellissant  les  jardins,  comment 
dans  une  existence  suivante,  Rothisen,  récompensé  par  le  ciel  de  sa  piélé 


i .   Santhoméa  dans  le  texte  cambodgien. 


INTRODUCTION  \\\i 


filiale  et  de  sa  courageuse  abnégation,  retrouva  Néang-Kangrey,  née  dans 
un  grand  royaume,  fille  d'un  Roi  très  puissant. 

La  manière  charmante  donl  celle  exquise  petite  histoire  me  fui  dite 
vaul  que  j'essaie  de  la  rapporter  : 

«  Je  ne  vous  dirai  pas  Le  roman  toul  entier  »,  conta-t-il,  «  mais  un 
simple  épisode  montrant  commenl  se  réalisa,  pour  une  vie  entière,  l'union 
si  tristement  rompue  des  deux  jeunes  époux  dont  l'histoire  vous  charma. 

«  Nous  ne  doutons  pas,  dans  tous  uns  pays  laotien-,  qu'elle  est  bien 
véridique,  vous  l'entendrez  partout,  au  Nord,  au  Sud.  au  Cambodge  et 
au  Siam,  et,  dans  nos  vieilles  chroniques  vous  verrez  ces  noms  cités  tout 
au  début,  pour  que  leur  souvenir  par  le  peuple  soit  gardé. 

Le  Prince  Rothisen  sous  un  nom  différent,  dans  une  nouvelle  vie. 
instruit  de  toutes  choses,  marchait  pour  trouver  le  bonheur. 

Heureux  quand  il  pouvait  se  rentre  utile,  dédaigneux  dr<  séductions 
des  plaisirs  passagers,  il  plaisait  à  tous  ceux  qui  l'approchaient  par  la  dou- 
ceur de  son  regard,  miroir  de  l'âme,  par  sa  bonté  naturelle,  sa  simplicité, 
enfin  parées  mille  dons  ,\[i  ciel  qui  font  aux  îtres  prédestinés  à  rendre 
les  peuples  meilleurs  comme  une  invisible  auréole  d'aimant  appelant 
tous  les  cœurs. 

Il  était  arrêté  au  bord  d'un  ruisseau  à  l'onde  transparente  et  cherchait 
à  cueillir  une  feuille  de  lotus  pour  en  faire  une  tasse  el  se  désaltérer. 

\int  une  jeune  esclave,  une  cruche  sur  les  bras. 

«  Charmante  enfant,  permettrez-vous  que  je  boive!'  Où  portez-vous 
cette  eau  ?   » 

Elle  puisa  au  ruisseau,  lui  lendit  le  vase  iliur.    1  1  l. 

«  Je  vien-  remplir  ma  cruche  pour  baigner  ma  maîtresse,  la  fille 
cadette  du  Roi,  Princesse  incomparable  que  tout  le  peuple  chérit,  qu'ado- 
rent ceux  qui  l'approchent.  » 

Ayant  bu,  Rothisen  remercia. 

La  jeune  enfant,  versant  l'eau  sur  la  tète  de  sa  maîtresse  disait  : 

«   Quand  j'ai   pui-é    cette  eau.    un    Prince  étranger,   la   perfection 


\\\ll 


MISSION    l'WIE 


humaine,  arrêté  sur  le  bord,  m'a  demandé  à  boire,  il  s'esl  abreuvé  à  ma 
cruche,  je  n'avais  jamais  \  u  un  regard  aussi  doux  !    » 

El  tandis  qu'elle  parlait,  l'eau  coulait  surlecorpset  la  jeune  Princesse 
sentit  dans  ses  cheveux  un  tout  petit  objet,  le  prit,  el  voyant  que  c'était 
une  bague,  la  cacha  dans  sa  main,  puis  dit  : 

u  Retourne  remplir  ta  cruche,  vois  si  le  Prince  est  encore  sur  le  bord, 
dis-moi  ce  qu'il  y  fait  ?  » 

El  pendant  que  l'esclave  allait  vers  Rotbisen,  la  Princesse  pensait  : 

«  Ce  bijou  sans  pareil  est  sûrement  la  bague  du  jeune  Prince,  je 
saurai,  parce  que  va  me  dire  ma  suivante,  m  c'est  un  audacieux  qui  !  a 
volontairement  dissée  dans  la  cruche,  ou,  si  par  le  vœu  du  ciel,  taudis 


Fi».    II. 


qu'il  soutenait  de  sa  main  le  vase  et  buvait,  elle  est  tombée  de  son  doigt 
pour  venir  vers  le  mien  m'annoncer  le  fiancé  que  Pra-En  me  destine.  » 


«  J'ai  »,  dit  la  jeune  fille,  à  son  retour,  «  trouvé  le  Prince,  en  larme-. 
cherchant  dans  l'herbe  une  bague  précieuse  entre  toutes  pour  lui,  don 
de  sa  mère  exauçant  tous  les  souhaits  :  il  m'a  prié  de  revenir  1  aider  à 
la  trouver.  » 

La  Princesse  pensait  en  l'entendant  : 

Si  c'était  un  audacieux,  il  eût  simplement  attendu  l'effet  d'une  ruse 
_    issière,  je  vois,  au  contraire,  la  volonté  du  ciel  dan- ce  qui,  là.  arrive, 


IVl'Unl»!  CTIOiN 


XWIII 


cl  crois  devoir  aider  à  son  accomplissement;  je  sens  d'ailleurs  mon  être 

toul  entier  sous  une  impression  non  encore  éprouvée  : 
«   Va  vers  le  jeune  Prince  et  dis-lui  ces  seuls  mois  : 
«  Ne  cherchez  plus,  Seigneur,  la  bagueque  vous  perdîtes  ;  vousl'aurez 

retrouvée  quand  le  puissant  Roi,  maître  de  ce  pays,  vous  aura  accordé  la 

main  de  sa  fille,  la  Princesse  Kéô-Fa.  Faites  doue  le  nécessaire  et  taisezà 

Ions  ma  rencontre,  mes  paroles.  » 

Le  Roi,  quoicpi  elle  lui  en  âge  de  choisir  un  époux,  ne  pouvait  se  ré- 
soudre à  accorder  la  main  de  sa  jeune  fille  à  aucun  des  prétendants  sans 
nombre  qui  s'étaient  présentés.   Pour  les  décourager  il  leur  posait  des 


Fig.    I. 


questions  impossibles  a  résoudre  ou  bien  leur  demandait  l'accomplis- 
sement d'actions  point  ordinaires.  Aussi  bien,  la  Princesse  n'avait  montré 
penchant  pour  nul  d'entre  eux. 

Lorsque  Rothisen  parut  devant  la  Cour,  eut  exposé  au  Roi  le  but  de 
sa  démarche.  le  regard  animé  d'une  absolue  confiance,  séduisanl  par  les 
charmes  (pie  le  courage,  la  volonté,  le  cœur  niellaient  sur  son  mâle 
visage,  en  toute  sa  personne,  chacun  parmi  les  Grands,  parmi  les  Princes. 
se  dit:  «  Voici  enfin  celui  que  nous  souhaitons.  » 

Kl  le  Roi  pensa  :  a  Je  n'ai  pas  encore  vu  un  pareil  jeune  homme,  sûre- 
ment il  plaira  de  suite  à  mou  enfant.  Ne  le  lui  laissons  donc  pa--  voir  dès 


\\\l\ 


MISSION    r  W  11 


à  présenl  el  soumettons-le  à  une  épreuve  qui  éloigne  encore  la  séparation 
que  tout  mon  cœur  redoute.   » 

\lors  il  demanda  qu'on  apportai  un  grand  panier  de  riz  et  dil  à 
Rothisen  : 

..  Tous  ces  grains  soûl  marqués  d'un  signe  que  tu  peux  voir,  ils  sonl 
comptés;  en  ta  présence  ils  vont  être  jetés  par  les  jardins,  par  les  champs, 
par  les  bois  d'alentour,  si.  sans  qu'il  en  manque  un,  lu  1rs  rapportes  ici 
domain,  je  reconnaîtrai  que  la  demande  vaut  qu'elle  soit  examinée.  » 

Kl  ainsi  il  lui  fait. 

Rothisen,  emportanl  le  panier  vide,  retourna  au  bord  du  ruisseau,  là, 
s'étant  agenouillé  : 


Fig.   13. 


«  ()  vous  tous  les  oiseaux,  les  insectes  de  l'air,  les  fourmis  de  la 
terre,  ne  mangez  pas  Les  petits  grains  de  riz  qui  viennent  de  pleuvoir  sur 
le  sol,  secondez  l'amour  qui  me  gagne,  ne  mettez  pas  obstacle  au  plus 
cher  de  mes  \  ceux. 

«  0  vous  le-  Génies  protecteurs  du  pays,  si  vous  croyez  que  mon 
union  à  la  Princesse  pour  qui  je  suis  soumis  à  celle  difficile  épreuve  doive 
être  de  quelque  bien  pour  les  peuples,  laites  que  les  êtres  animés  que  j  in- 
voque, entendent  ma  prière. 

«  El  loi.  puissant  Pra-En,  si  la  belle  Kéo-Fa  esl  ma  compagne  desexis- 


INTRODUCTION 


\\\\ 


tences  passées,  si  lu  me  la  destines,  inspire-moi  pour  que  je  réussisse 
el  qu'il  mo  soit  donné  de  réparer  en  celle  vie  les  torts  que  j';ii  pu  avoir 
cm  ers  elle  autrefois.  » 

Tandis  qu'il  parlait,  des  gazouillements  joyeux  éclatèrent  dans  les 
branches,  il  était  entendu;  les  oiseaux  de  toutes  -iules  apportaient  au 
panier  les  grains  de  riz  dispersés  sur  le  sol  ((ig.   12). 

Rothisen  les  caressa  doucement  en  leur  disanl  merci. 

Étonné  devant  le  résultat,  le  Roi  le  lendemain  fil  porter  le  panier 
jusqu'au  bord  du  Grand-Fleuve,  les  grains  y  furent  jetés  à  la  volée 
(fig.  13),  il  dit  ensuite  à  Rothisen  : 

a   Je  les  voudrais  demain.  » 


Comme  les  oiseaux,  les  poissons  servirent  le  protégé  du  Ciel. 

Mais  quand  le  compte  fut  fait,  le  Souverain  dil  : 

»    Il  manque  un  grain  de  riz.  retourne  le  chercher.   » 


\--N  sur  le  rivage.  Rothisen  appela  les  poissons  : 

«  Se  peut-il.  nies  amis,  qu'un  grain  si  'il  égaré?  Veuillez  l'aller 
trouver  dans  les  sahles  ou  les  vases,  partout  où  il  peu!  être,  même  au 
corps  d'un  des  êtres  peuplant  ces  eaux  fougueuses  qui  n'ayant  pas  en- 
tendu ma  prière  aurait  pu.  par  hasard,  s'en  nourrir.  Je  ne  saurais  croire 


\\\M 


MISSION    I'v\  II 


qu'un  méchanl  l'ail  voulu  dérober  el  le  garde.  Le  bonheur  de  ma  vie  tient 
à  ce  petii  grain.  Soyez  compatissants,  faites  que  je  sois  beureux.   » 

Tous  les  poissons  se  regardaienl  surpris,  quand  l'un  d'eux  caché 
derrière  les  autres  s'approcha: 

«  .le  demande  le  pardon  car  je  suis  le  coupable,  voici  le  dernier  grain, 
je  l'avais  dérobé  croyanl  que  le  larcin  passerai!  inaperçu.  » 

Rothisen  lui  donna,  du  boul  du  petit  doigt,  un  coup  sur  le  museau 
(fig.    14). 

Subitement  celui-ci  se  courba  chez  tous  ceux  de  l'espèce. 

\  ce  poisson  mauvais  envers  le  Saint  qui  plus  lard  devait  devenir  noire 
Maître,  on  donna  le  nom  de  «  nez  courbé  ». 


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Fis,    15 


(  lombien  de  siècles  se  sont  écoulés  depuis  ce  jour  où  Rothisen  frappa 
le  poisson  ! 

Son  pardon,  le  «,  nez  courbé  »  ne  l'a  pas  depuis  obtenu  ! 

Cependanl  chaque  année  sa  race  toul  entière,  quand  viennent  les 
pluies  indice  de  la  crue,  se  donne  rendez-vous  à  Kierouil-Kianva,  près 
de  Pnom-Penh  dans  notre  Grand-Fleuve,  peur  aller  en  masse  vers  le 
temple  d'Angkor  saluer  la  statue  du  puissant  Bouddha  el  y  demander 
oubli  de  l'offense. 

Mais  au  même  endroit  viennenl  se  réunir  pour  l'empêcher  d  atteindre 
le  but,     les   bommes    du    pays:    Miniers.   Youns,    Chinois,  jusqu'aux 


I  STRODUCTIOX 


\\\\  Il 


Mains  i|ui.  musulmans,  ne  suivent  pas  1rs  lois  du  Irès-saini  Pra-Put. 
Tous  se  liguent  si  bien  pour  barrer  le  Fleuve  avec  leurs  filets  que  pas  un 
poisson  n'arrive  à  Angkor.  Ils  ont  beau  choisir  un  jour  favorable,  fondre 
brusquement  en  une  seule  colonne  pour  franchir  l'obstacle,  efforts  mu- 
tiles  '.  Huit  jours  à  l'avance  ils  sont  attendus,  tous  sonl  capturés.  La  po- 
pulation  rit  de  leur  malheur,  ils  servent  à  nourrir  le  Cambodge  entier. 

Rothisen  portant  le  dernier  grain  de  riz  au  grand  Souverain,  s'excusa 
avec  tant  de  grâce  de  l'avoir  trop  longtemps  cherché,  que  le  Roi  charmé 
lui  parla  ainsi  (fig.  15)  : 

«  Je  ne  désire  [dus.  Prince  aimé  du  ciel,  que  te  voir  trouver,  entre  une 
foule  d'autres,  le  petit  doigt  de  la  main  de  celle-là  que  lu  me  demandes. 


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Fig     l 


ce  Pour  eela.  demain,  avant  le  repas,  toutes  les  jeunes  lillrs  des  Princes 
el  des  Grands,  toutes  celles  vivant  au  Palais  passeront  le  doigt  par  des 
petils  trous  perçant  la  cloison  de  la  grande  salle  :  lu  seras  conduit  devant 
toute  la  file  des  doigts  allongés,  si  en  le  prenant,  lu  indiques  celui  de  ma 
chère  enfant,  le  repas  sera  celui  des  fiançailles,  elle  sera  à  toi,  mou 
royaume  aussi,  car  afin  d'avoir  toujours  près  de  moi  ma  fille  adorée,  je 
te  garderai  t' offrant  ma  couronne  el  toutes  mes  richesses.    » 


Rothisen,  tremblant,  la  prière  au  cœur,  sans  paroles  aux  lè\  res,  passait 


WWIII 


mission  i>\\  ii; 


devant  les  petits  doigts,  jolis,  effilés,  plus  les  uns  que  les  autres  ;  il  \  en 
avail  clrs  cents  cl  des  cents. 

Bientôt 'il  s'arrête  devant  l'un  d'entre  eux.  Il  a  aperçu  entre  ongle  et 
chair,  un  grain  de  millet.  Mie  il  s'agenouille,  le  presse  et  l'embrasse 
tli-  Mi)  :  à  ce  même  moment  la  cloison  s'entrouvre,  Rothisen  se  \<>it 
devant  sa  fiancée,  reconnaît  à  l'un  de  ses  doigts,  sa  bague  perdue  et  pen- 
dant qu'heureux  doucement  il  pleure,  se  sent  relevé  par  le  Roi  lui-même 


jTp"  ■'"  r'  V;    i 


r. ',- 


Fis.   17. 


au  bruit  harmonieux  d'une  musique  céleste,  aux  acclamations  de  la  Cour 
en  fête  (fig.  17). 


Vil 


En  1880.  je  parcourais  en  compagnie  de  M.  Aymonicr  les  montagnes 
séparant  le  bassin  du  Mékong  de  celui  du  golfe  de  Siam.  Les  guides  nous 
conseillèrent  d'aller  visiter  le  mont  Vorvong-Saurivong,  sis  dans  la 
partie  méridionale  de  la  chaîne. 

«  Il  contenait,  nous  disaient-ils,  l'emplacement  d'une  ancienne  ca- 
pitale. »  Nous  nous  y  rendîmes. 

Dans  le  compte  rendu  du  voyage  publié  dans  les  «  Excursions  et 
Reconnaissances  de  Cochinchine  »,  disant  ce  que  j'avais  appris  sur  ces 
noms,  je  m'exprimais  ainsi  : 


INTKolil  CTION  \\\l\ 


«  Le  mont  ^  orvong-Saurivong  est  connu  de  nom  clans  tout  le  Cam- 
bodge, et  même  au  delà.  A  son  sommet,  dit  un  manuscrit  très  répandu, 
des  rochers  forment  un  rempart  circulaire  naturel  qui  fut  autrefois  une 
forteresse  redoutable.  D'après  la  légende,  un  usurpateur  nommé  Yey- 
\  ongsa  y  eut  sa  résidence,  les  princes  ^ orvong  et  Saurivong,  fds  du  Roi 
légitime,  l'ayant  vaincu  et  mis  à  mort,  donnèrent  leur  nom  à  la  mon- 
tagne. 

«  Des  roches  presque  alignées  se  soulèvent  en  effet  sous  les  pins, 
mais  elles  sont  basses,  espacées,  et  ne  forment  pas  d'enceinte. 

«  Le  guide  montre  le  lieu  où  la  belle  Monléa,  la  mère  de  Vey-Vongsa, 
fut  conduite  pour  mourir  et.  en  racontant  ce  qu'il  sait,  fait  faire  le  tour 
du  rocher  sous  lequel  fut  placée  la  tète  du  vaincu  cl  plus  loin  l'énorme 
bloc  qui  recouvre  son  corps.  » 

Ces  quelques  détails  m'avaient  donné  le  désir  de  savoir  l'histoire 
toute  entière. 

Ce  fut  un  soir  de  l'année  suivante  que  je  la  connus. 

La  pluie  à  torrents  subitement  tombée  m'avait  empêché  de  rejoindre 
le  petit  village  où  mon  compagnon  Biot  m'attendait  pour  le  repas  et  pour 
le  couchage. 

J'étais  réfugié  avec  Kol.  un  jeune  interprète,  dans  une  case  pour  les 
voyageurs  construite  sur  la  route  dans  le  pays  cambodgien  de  Somrong- 
long. 

Quand  la  pluie  cessa,  la  nuit  était  noire,  je  me  résolus  à  m'endormir 
là.  Kol  fut  au  plus  proche  hameau  dire  mon  embarras. 

Ce  n'était  pas  loin.  Des  femmes  arrivèrent  apportant  sur  des  plateaux: 
du  riz.  du  poisson,  du  (lié  et  des  fruits,  puis,  reparties,  elles  revinrent  bien- 
tôt avec  des  nattes  et  des  oreillers,  s'assirent  regardant  avec  complaisance 
combien  celui  qu'elles  >ervaienl  paraissait  heureux  de  leur  gracieuseté. 

Parlant  gentiment  elles  disaient  entre  elles  pour  que  j'entendisse  : 

»  L'oncle  Nop  est  venu  ce  soir,  du  village  voisin,  dîner  au  hameau.  Il 
\a  nous  lire  après  le  repas  l'histoire  des  deux  frères  \  orvong  Saurivong. 
Si  nous  proposions  à  M.  Pavie  de  venir  chez  nous  entendre  le  conteur?  » 


M,  MIS  ■|n\    p\\  IE 


Comme  j'étais  heureux  de  ces  bonnes  paroles  et  avec  quelle  joie  je 

>ui\  is  leurs  pas? 

(  »u  me  fit  asseoir  toul  près  du  vieillard.  11  semblait  joyeux  de  me  voir 
venu.  Ses  larges  lunettes  ajoutaient  une  grande  bonhomie  à  son  regard 
doux  :  je  le  vois  encore  disant,  quand  je  serrais  sa  main  amaigrie  :  »  vous 
m'excuserez  si  ma  voix  chevrotte  ». 

A  ee  moment  Biof  nous  arriva  avec  l'interprète  apportant  des  vivres. 
Toul  le  monde  riait  de  son  air  surpris.  On  lui  faisait  place,  je  disais  à  kol  : 
«  \ous  lui  traduirez  tout  bas  sans  rien  déranger  ». 

L'histoire  commença.  Je  jetais,  tout  en  écoulant,  les  yeux  sur  ceux 
groupés  près  de  nous.  Tous  bien  attentifs  donnaient  leurs  oreilles  au 
vieux,  avaient  les  \cux  vers  moi.  Content  auprès  d'eux,  j'étais  recueilli. 

L'oncle  Nop  disait  les  vers  cambodgiens  nasillant  un  peu  mais  avec 
un  charme  qui  touchait  le  cœur.  Aussi  bien,  le  texte  tenait  l'auditoire 
ému,  silencieux. 

Il  s'interrompit  aux  sanglots  subitement  entendus  derrière  un  rideau 
où  je  devinai  qu'étaient  les  jeunes  filles. 

(  l'était  à  ce  passage  du  prologue  où.  avant  de  mourir,  les  deux  petits 
princes,  héros  du  roman,  priaient  les  génies  des  bois  pour  leur  mère. 
tombée  sur  le  sol  devant  les  bourreaux. 

Chacun  en  même  temps  dit  son  impression,  l'un  admirait  le  beau  ca- 
ractère des  enfants  chéris  de  la  Reine,  l'autre  complimentait  le  si  bon  lec- 
teur tandis  que  la  plupart  demandaient  la  suite. 

Mais,  sans  doute,  s'arrêter  un  peu,  aux  passages  poignants,  c'était  sa 
manière  de  prendre  son  public  car.  après  une  tasse  de  thé  hue.  il  demanda 
la  boite  au  bétel,  rappelant  à  tous  qu'il  avait  déjà,  il  y  a  dix  ans.  lu  la  même 
histoire  dans  celle  même  maison. 

«  Lcsjeunes  d'aujourd'hui  ».  lui  répondait-on,  a  étaient  trop  petits  pour 
avoir  gardé  l'exact  souvenir  de  votre  récit:  excusez-nous  donc  si  nous 
vous  pressons,  rafraîchissez-vous,  prenez  votre  temps,  mais  que  l'histoire 
entière  nous  soit  lue  ce  soir.  Aussi  bien  notre  hôte  vous  prie  avec  nous  : 
unis  ne  sauriez  pas  le  laisser  partir  sans  l'avoir  achevée  ». 

Je  joignais,  moi-même  saisi  par  l'attrait  du  louchant  roman,  mon  désir 


[NTRODUCTIOK  xli 


à  toutes  leurs  instances, et  Le  bon  vieillard,  heureux  de  nous  voir  ainsi  sous 
le  charme,  continua,  ne  s'arrêtanl  plus  qu'à  la  lin  des  actes  pour  prendre 
unegorgée  de  thé  refroidi  cl  pour  m'expliquer  lc>  passages  qui  lui  parais- 
saient difficiles  à  comprendre  pour  un  homme  dont  l'éducation  différait 
si  profondément  de  celle  du  pays. 

.1  entendis  ainsi  sa  manière  de  voir  sur  ce  dogme  sage  et  généreux,  la 
métempsycose  qui,  Ki-I >;i- .  laisse  le  calme  dans  les  plus  grands  maux. 
donne  le  courage,  adoucit  les  mœurs,  rend  les  peuples  bons. 

«  ^  mis  voyez  combien  la  pensée  que  tous  leurs  malheurs  son)  l'expia- 
tion de  fautes  même  les  plus  petites  dans  une  vie  passée,  aideVorvong 
et  Néang  Kessej  à  en  supporter  le  poids  écrasant,  sûrs,  en  même  temps, 
que  leur  achèvement  marque  le  pardon. 

«  El  quel  sentiment  d'intime  bonheur  ajoute  à  l'amour  de  deux  jeunes 
époux  la  pensée  que  cette  existence  n'est  pas  la  première  ensemble  \  écue. 

«  Seul,  un  point  donne  un  vrai  regret  :  la  mémoire  se  perd  entre 
chaque  vie  !  » 

Il  acheva  ainsi  de  lire  toute  l'histoire.  En  le  remerciant  je  lui 
demandai  de  me  confier  le  vieux  manuscrit  sur  feuilles  de  palmier  qu'il 
nous  avait   lu. 

«  Simplement  ».  disais-je,  «  le  temps  juste  d'en  prendre  copie.  J'ai  le 
vil  désir  d  avoir  en  mes  mains  une  >i  charmante  œuvre  pour  la  reproduire, 
si  je  puis  plus  lard,  par  nos  procédés  faciles  d'impression  e(  en  répandre 
dans  tous  vos  villages  beaucoup  d'exemplaires.  » 

11  me  le  tendit,  le  recommandant  comme  un  trésor  cher  à  lui,  aux 
gens  du  paj  s. 

Tous  avec  le  vieillard  lisaient  dans  mes  yeux,  mieux  (pie  mes  paroles 
ne  savaient  le  dire,  combien  j'appréciais  celte  marque  de  confiance, 
et  mon  grand  désir  de  mener  un  jour  à  la  fin  voulue  le  souhait  né  près 
d'eux. 

Aujourd'hui,  dix-sept  ans  se  sont  écoulés,  quelle  joie  je  ressens  de 
1  accomplissement  ! 

«  O  cher  pays  Khmer.  comme  je  revis  dan-  tout  ce  passé'  !  » 


\l  H  MISSION   l'W  il-: 


VIII 


Ainsi  que  pour  les  romans  de  «  Roum-Say-Sock  »  et  des  «  Douze 
jeunes  filles  »  j'ai  résumé  celui  de  «  Néang  kakey  »  après  L'audition 
du  récit. 

Dans  celte  petite  histoire,  très  connue  au  Cambodge,  au  Laos  el  au 
Siam.  est  mis  en  scène  un  personnage  de  la  mythologie  indoue,  le  Krouth, 
ou  Garouda,  l'oiseau  céleste  qui  n'a  pas  de  rôle  dans  les  précédents. 

Lorsque  j'en  rédigeai  le  court  exposé  j'étais  à  l'époque  où  j'allais  trou- 
ver dans  la  traduction  des  chroniques  laotiennes  une  occupation  qui  me 
prendrait,  toutes  entières,  mes  heures  fibres, 

,1e  n'eus  pas  dan-  la  suite  l'occasion  de  me  faire  conter  le  roman 
en  détail  pour  le  présenter  -mis  une  forme  plus  complète. 

»  Néang  Rakej  »  termine  une  étude  dans  laquelle,  comme  dans  celles 
qui  la  suivront,  je  retrouve  une  vie  d'activité  et  d'entraînement  semée 
d'inoubliables  épisodes,  au  milieu  de  populations,  sympathiques  à  l'ex- 
trême, à  qui  j'ai  l'ardent  désir  d'intéresser  tous  ceux  qui  me  liront. 


IX 


Le  texte  fiançais  des  «  Douze  jeunes  filles  »  et  de  «  Néang  Kakej  » 
m'a  servi  à  rédiger  les  textes  cambodgien,  laotien  et  siamois.  J'ai  été 
aidé  dans  ce  travail  par  deux  de  mes  compagnons  khmers.  les  secrétaires 
\gin  et  Som. 

Le  texte  français  de«  Vorvonget  Saurivong  »  est,  au  contraire,  la  tra- 
duction du  texte  en  vers  du  manuscrit  du  vieil  oncle  \op,  de  Somrontong. 

Afin  de  pouvoir  rendre  sans  retard  le  précieux  livre,  je  le  fis  copier  à 
Battambang  où  je  passai  quelques  jours  après. 


INTRODUCTION  XL1II 


Les  illustrations  dont  les  originaux  sont  tous  en  couleur  sont  la  copie 
de  fresques  ornant  des  temples  de  celle  dernière  région. 

Les  dessins  des  trois  autres  romans  ont  été  laits  d'après  les  textes  : 
ceux  de  «  Roum  Say-Sock  »  à  Bangkok,  ceux  des  «  douze  jeunes  filles  »  à 
Sysophôn,  ceux  de  «  kakey  »  à  Pnompenh  ;  ils  donnent  donc  une  idée 
générale  de  la  manière  dont  le  dessin  est  compris  dans  l'ensemble 
du  pays. 

La  traduction  de  «  Vorvong  et  Saurivong  »  a  été  laite  par  lambeaux 
aux  moments  de  loisir,  de  1889  à  1894,  avec  l'aide  successive  de  quatre 
de  mes  collaborateurs  cambodgiens  :  MM.  Ouni  à  qui  revient  la  plus 
grande  pari,  Takiat,  Tchioum  et  Ghiaup. 

La  rédaction  du  texte  français  n'est  pas  une  œuvre  de  linguistique 
elle  est  toute  de  vulgarisation,  on  n'y  cbcrcbcra  donc  pas  le  mot  à  mot. 

Je  viens  de  citer  quelques-uns  de  mes  compagnons  cambodgiens,  il 
me  parait  bien  (pie  dans  ce  livre,  écrit  pour  leurs  compatriotes,  je  fasse 
connaître  que  nombreux  sont  ceux  qui  ont  aidé  au  succès  de  mes  missions. 

En  août  1 885.  le  général  Bégin,  alors  gouverneur  de  la  Cocbincbine  et 
du  Cambodge,  satisfait  de  ma  collaboration  dans  ce  dernier  pays,  me 
demanda  comment  en  récompense  il  pourrait  m'être  agréable,  ayant 
confiance  que  ce  que  j'indiquerais  serait  surtout  utile. 

■le  venais  précisément  de  recevoir  de  M.  Félix  Faure,  alors  Sous-Se- 
crétaire  d'Etat  des  Colonies,  l'approbation  de  mes  propositions  relatives 
à  la  poursuite  de  l'œuvre  à  laquelle  je  m'étais  altacbé  en  même  temps  que 
ses  félicitations  pour  mes  missions  précédemment  accomplies. 

Depuis  onze  ans  je  n'avais  pas  revu  la  France,  le  moment  élail  venu 
d'y  aller  faire  provision  de  santé. 

J'avais  souvenleu  l'occasion  de  reconnaître  que  ce  qui  fail  le  plus  défaut 
aux  missionnaires  de  mon  genre  c'étaient  les  collaborateurs  indigènes, 
sorte  de  disciples  aptes  à  toutes  les  fatigues. 

.1  avais  par  ailleurs  reconnu  chez  les  kbmers  les  qualités  de  cœur  qui 
rendent  capable  de  tous  les  dévouements. 


XLIV  MISSION   m\  II. 


D'autres  voyageurs  avaient  eu  aussi  l'occasion  de  constater  tout  ce 
que  \aul  le  tempérament  cambodgien,  en  particulier  M.  Aymonier,  dont 
lis  collaborateurs  lvlnners,  venus  me  rejoindre  quand  il  quitta  le  pays, 
furent,  avec  ceux  qui  m'avaient  suivis  jusqu'alors,  la  hase  de  la  milice 
cambodgienne  quand  des  troubles  éclatèrent. 

Je  soumis  au  général  mon  idée  d'emmener  en  France  un  groupe  de 
jeunes  Khmers  que  j'y  laisserais  en  la  quittant. 

«  Ils  y  apprendront  ».  lui  dis-je,  «<  à  connaître  notre  pays.  Quand  ils 
se  seront  un  peu  familiarises  avec  notre  langue,  nos  idées,  le  momenl  sera 
venu  pour  eux  de  me  rejoindre  dans  les  régions  que  j'aurai  étudiées.    >i 

11  fui  fait  ainsi. 

Treize  jeunes  gens  partirent  a\ec  moi.  Je  les  axais  recrutés  en  quelques 
jours  dans  les  bonnes  familles  du  Cambodge,  el  de  préférence  choisis 
parmi  ceux  parlanl  la  langue  thaïe  el  pouvant  ainsi  servir  au  Laos  dès 
leur  retour  en  [ndo-(  ihine. 

Leur  groupe,  grâce  à  l'accueil  bienveillanl  de  deux  Sous-Secrétaires 
d'Etal  des  Colonies,  successifs.  MM.  Armand  Rousseau  el  de  La  Porte, 
forma,  sur  la  proposition  du  général,  l'Keole  Cambodgienne  de  Paris 
transformée  depuis  en  Feule  Coloniale  (lig  1). 

J'avais  obtenu  avant  mon  départ,  de  M.  Le  Myre  de  Vilers,  ancien 
Gouverneur  de  la  Cochinchine,  qui  avait  le  plus  favorisé  mes  débuts 
d'explorateur  et  à  qui  je  devais  mes  premières  missions,  qu'il  se  chargeât 
delà  haute  direction  de  ceux  que  je  quittais,  en  attendant  l'organisation 
définitive  de  l'École. 

Retournant  en  Indo-Chine  après  trois  mois  de  séjour  en  France. 
j'emmenais  les  deux  plus  âgés. 

Trois  ans  plus  tard  en  juin  1888,  le  général  Bégin,  commandait  en 
chef  le  Corps  des  troupes  de  l'Indo-Chine  ;  j'avais,  sur  notre  commune 
demande,  été  mis  à  sa  disposition  par  le  département  des  Affaires  Etran- 
gères pour  la  pacification  des  territoires  de  la  Rivière  Noire. 

Je  lui  demandai  de  mettre  à  ma  disposition  les  Cambodgiens  déjà 
revenus  de  France  qui  voudraient  marcher  avec  moi  el  ceux  instruit-  au 
(  lambodge  également  désireux  de  me  suivre. 


INTRobI  CTI01V 


\l.\ 


Quinze  jours  après.  M.  Jammes,  directeur  de  l'École  de  Pnompenh, 

m'amenait  à  Hanoï  onze  jeunes  gen>.   a\ec  lesquels  je  prenais.  le  mois 
suivant,  congé  du  général  (fig.  18). 

Pas  un  n'a  manqué  à  la  tâche  rude  acceptée  en  sui\anl  les  Membres 
de  la  Mission.  La  plupart  n'ont,  depuis,  pas  revu  leurs  familles,  Douilh  (  t 
Seng   ont   été  emporté   par  la   fièvre  au   cours  d'explorations   pénibles, 


Rs.  is  '. 


Cliaun  est  mort  des  blessures  reçues  lors  du  massacre  de  M.  Grosgurin 

qu'il  accompagnait.  Kiéen  a  succombé  aux  suites  d'une  longue  captivité. 

Leur  rôle  souvent  de  dévouement,  quelquefois  héroïque  auprès  de 

i.  Les  figures  i>nt  été]exécutées  d'après  des  photographies  de  MM.  Pavie  (i  et 
Messier  de  Sainl  James,  capitaine  d'infanterie  de  marine,  membre  de  la  mission  (3 
et    18),   Stoecklin,    commis    principal    <li's    télégraphes    (4).    Docteur    Ycrsin    (.">), 
Docteur  Lefèvre  (6),  Brien,  inspecteur  des  postes  cl  télégraphes  (7,  8,  9,  10). 

f 


MAI  MISSION    PAVIE 


moi  el  de  mes  compagnons  français,  aura  sa  place  au  cours  de  celle  publi- 
cation ainsi  que  celui  de  beaucoup  de  leurs  compatriotes,  de  précieux 
auxiliaires  annamites,  laotiens  cl  chinois  cl  de  leurs  camarades  morts 
au  devoir:  qu'aujourd'hui,  dispersés  dans  les  divers  centres  tic  ces  terri- 
toires qu'ils  ont  aide  à  l'aire  français,  ils  reçoivent  ce  premier  témoignage 
de  leur  mérite. 


Les  points  géographiques,  historiques  cl  Légendaires  cites  dans  ce 
m  il  unie  figurent  tous  sur  la  petite  carte  physique  de  l'Indo-Chine  orien- 
tale qui  y  est  jointe. 


NÉANG  ROUM-SAY-SOCK 


NÉANG    ROUM-SAY-SOCK 


Riches  marchands  de  Thma-Angkiang  avant  du  sang  royal,  les  parents 
de  Réachkol  conduisirent  leur  fils  à  un  ermite  célèbre,  pour  qu'il  relevât 
dans  la  sagesse  et  les  sciences  et  en  lit  un  homme  capable  de  marcher  de 
bonne  heure  dans  la  vie  (iig.  I  |. 

Le  religieux  n'était  pas  seul  dans  sa  retraite.  Néang  Roum-Say-Socl 
(la  jeune  fille  aux  cheveux  dénoues  i.  qu'il  avait,  petite,  trouvée  sur  une 
finir  de  lotus  fraîche  éclose,  y  grandissait  sous  sa  garde. 

Retournant  au  pays,  son  éducation  terminée,  l'élève  emmène  Roum- 
Say-Sock,  à  laquelle,  en  la  lui  donnant  pour  femme,  le  vieillard  a  fait 
présent  d'un  incomparable  bijou,  pour  maintenir  ses  longs  cheveux. 

Réachkol  quitte,  peu  après,  parents  et  compagne,  et.  vers  les  rivages 
de  Korat.  va  vendre  le  chargement  d'un  navire  que  son  père  lui  équipe. 

Là,  en  abordant,  il  voit  et  aime  Néang  Mika,  plus  jeune  fille  d'un 
vieux  roi.  qu'il  surprend,  se  baignant. 

Ce  n'est  qu'après  leur  mariage,  que  Réachkol  ose  lui  avouer  qu  il  a 
en  son  pays  une  épouse,  complètement  oubliée  du  reste. 

Ils  sont  ainsi  heureux  trois  ans  :  puis  la  jeune  femme  devenant  mère, 
croit,  comme  son  mari  le  lui  démontre,  qu'il  serait  bon  qu  il  s  en  allât, 
pour  donner  richesses  à  l'enfant,  aux  côtes  de  l'Est,  échanger  sa  grande 
barque  pleine  de  marchandises. 


MISSION   l'WIK 


Bienlôl  le  navire  chargé  part.  Mika,  fort  occupée  à  l'encombrer  de 
provisions,  toute  aux  dernières  caresses,  tout  entière  aux  adieux,  songe 
seulement,  l'ancre  levée,  qu'il  se  pourrait  qu'elle  soit  Irahie. 

Elle  court,  par  une  angoisse  subite  étreinte,  vers  un  très  haut  édifice 
d'où  l'on  domine  au  loin  la  nier,  et  en  atteint  le  sommet,  à  l'instant  même 
où  Réachkol,  ne  se  croyanl  pas  surveillé,  abandonne  le  chemin  de  l'Est 
pour  courir  à  toutes  voiles  au  pays  où  son  retour  rendra  le  bonheur  à  sa 
famille  et  à  Say-Sock, 

De  grosses  larmes  coulent  de  ses  veux  sur  son  enfant.  A  oilà  donc  tous 
ses  rè\es  d'heureux  avenir  détruits!  Tandis  qu'elle  pleure  le  passé,  la 
plus  farouche  colère  vient  s'emparer  de  sa  raison. 

Sûrement,  elle  va  bien  savoir  empêcher  celui-là  qui  brise  sa  vie, 
d'avoir  joie  quand  elle  a  peine. 

Atonn,  le  crocodile  que  depuis  l'enfance  elle  nourrit,  la  vengera 
rapidement  et  beaucoup  mieux  (pie  personne. 

Incontinent  elle  lui  crie  :  «  Pars,  poursuis,  atteins,  dévore  Réachkol 
qui.  pour  une  autre,  me  laisse  avec  mon  petit  enfant.  » 


L'ahsence  longue  de  Réachkol  a  mis  une  morne  tristesse  sous  le  toit 
de  Thma-Angkiang  :  boum-Say-Sock  seule  ne  croit  pas  que  les  flots  ont 
pu  lui  prendre  son  mari.  L'ami  de  ses  jeux  d'enfance  reviendra,  elle  en 
es)  sûre,  et  sera  le  compagnon  des  vieux  ans. 

Chaque  jour  elle  se  rend,  pour  s'y  baigner,  sur  la  plage  où  ont  eu 
lieu  les  adieux,  interrogeant  l'horizon  ardemment,  captivée  et  longuement 
arrêtée,  au  grand  ennui  des  suivantes  peu  discrètes,  par  toute  voile,  qui, 
dans  le  lointain,  blanchit,  s'approchant. 

Ce  fut  par  un  très  beau  jour,  air  pur  et  vent  frais,  qu'elle  s'écria  toute 
troublée:  «  Le  voici!  ne  reconnaissez-vous  pas  la  barque?  à  la  finesse 
de  sa  coupe  personne  ne  saurait  douter.    » 

Sa  joie  éclate  délirante  :  on  accourt. 

«  Oh  !  c'est  lnen  bu  :  vovez-le  à  l'arrière  ! 


NÉANG  IUUM  SAY-SOCK 


«  Mais  pourquoi  ses  matelots  sont-ils  agités  ainsi?  Pourquoi,  par  ce 
«  temps  superbe,  grimper  aux  mâts,  redescendre,  courir  à  droite  et  à 
«  gauche  affolés?  Est-ce  que  d'un  danger  quelconque  le  navire  a  la 
«   menace  ?  La  crainte  vienl  chasser  ma  joie,  j'ai  très  peur  ! 

«  "\  oilà  abandonnés  les  bateaux  à  la  remorque  :  maintenant  on  jette  à 
«   l'eau  les  cages  où  sont  poulets  et  canards   (fig.  *2)  ! 

«  Mon  cœur,  que  l'inquiétude  tourmente  depuis  si  longtemps,  se 
«  hrise  :  j'aperçois  dans  le  sillage,  le  monstre,  cause  de  leur  trouble,  .l'ai 
<(   cru  voir  \enir  le  bonheur,  c'est  la  mort  !    » 


Dès  qu*  Atonn  a  paru.  Réachkol  a  crié  : 

«  Cesse  de  me  poursuivre,  Atonn  :  tu  ne  reconnais  donc  pas  le  mari 
«  de  la  maitresse?  » 

—  «   J'obéis  à  celle  qui  me  nourrit,  je  ne  connais  qu'elle.    » 

Réachkol  comprend.  Pour  accélérer  la  marche,  il  laisse  au  gré  des  flots 
les  petites  barques  remorquées,  puis,  espérant  que  le  saurien  s'attardera 
à  manger,  lui  fait  jeter  la  cage  qui  tient  les  poulets,  ainsi  que  celle  des 
canards. 

Ces  efforts  pour  échapper  ont  mis  Atonn  en  fureur  ;  il  ne  lui  faut  plus 
qu'un  bond  pour  atteindre  le  navire.  Se  tournant  vers  le  rivage  où  il 
reconnaît  sa  femme,  Réachkol,  résigné,  fait  de  la  main  à  Say-Sock  un 
signe  de  dernier  adieu. 

Elle,  désespérée,  cherche  machinalement  une  arme  ;  faisant  crouler 
en  manteau  ses  cheveux  sur  ses  épaules,  elle  leur  arrache  le  bijou,  stylet 
d'or,  lourd  de  diamants,  don  du  vieil  ermite,  et  invoquant  tout  en  pleurs 
son  père  adoptif,  lance  vers  la  bête  monstrueuse  le  précieux  joyau. 

A  vingt  pas  en  avant  d'elle,  le  stylet  tombe  dans  la  mer. 

Alors,  inoubliable  prodige  !  sa  pointe,  au  fond  à  peine  a  touché  le 
sable  que  le  sol,  chassant  les  eaux,  se  soulève  et  de  Thma-Angkiang  aux 
Dang-Heck.  se  montre  nu. 

2 


10  MISSION  PAV1E 


En  môme  temps,  la  foule  attroupée  sur  le  rivage,  voit  Réachkol  accou- 
rir vers  Say-Sock  du  haut  d'un  bloc  de  rochers  où  son  navire  esl  resté. 

Non  loin  sur  un  autre  monticule,  Alonn.  foudroyé,  expire,  s'écrianl  : 
K    Maîtresse,  je  meurs  :  vemjez-moi!    » 


Néang  Mika  à  levé  une  troupe  d'hommes  considérable  :  à  sa  tête  elle 
est  partie  (fig.  3)  et,  à  mi-chemin  de  Ixorat.  aux  monts  Krevanh,  dans 
l'immense  plaine  que  la  mer  vient  de  quitter,  au  rocher  appelé  Bunteay- 
Néang,  ellea  planté  son  étendard,  s'est  fortifiée,  puis  a  expédié  à  Réachkol 
courrier  porteur  d'un  message  appelant  Say-Sock  au  combat. 

Le  défi  est  accepté  :  la  jeune  femme  a  réuni  des  combattants  en  grand 
nombre  :  Réachkol  la  laisse  aller,  disant  :  «  Adieu  et  succès  ». 

Ïha-Moeun,  guerrier  vieux  mais  plein  de  feu,  va  en  avant  reconnaître 
les  forces  et  la  position  de  Mika. 

Celle-ci  veille  :  elle  le  chasse,  le  poursuit,  ne  s'arrête  qu'en  vue  du 
camp  de  Say-Sock. 

Ce  début  rend  inquiète  la  troupe  de  Thma-Angkiang  :  il  faut  toule  la 
fermeté  de  Tha-Kray,  autre  chef  d'une  grande  valeur,  pour  la  mener  au 
combat. 

Ce  que  voyant .  Roum-Say-Sock  se  rappelle  le  solitaire  : 

«  Fais  que  je  sois  le  vainqueur,  »  s'éciïe-t-elle,  «  je  te  promets 
pour  prier,  un  temple  sur  la  montagne!    » 

Puis,  couverte  de  ses  bijoux,  montée  sur  un  beau  cheval  comme  Mika. 
elle  prend  des  mains  des  suivantes,  les  armes  superbes  qu'elles  lui  ten- 
dent :  sabre  et  lance,  cl  se  jette  dans  la  mêlée  pour  v  joindre  sa  rivale 
(fig.  1). 

Si  braves  qu'ils  soient,  les  guerriers  sous  les  bannières  des  deux 
femmes,  n'ont  point  leur  ardeur,  il  s'en  faut  :  aussi,  dès  qu'elles  sont  aux 
prises,  s'écartent-ils.  songeant,  presque  tous,  à  fuir,  si  leur  chef  a  le 
dessous. 


M:l\\(.  ROI  M-S.VY  SOCK  15 


Ce  qu'elles  se  disent  d'injures,  loul  en  se  portant  des  coups,  après  s'être 
regardées  (et  elles  ont  été  surprises  de  leur  mutuelle  beauté,  Réachkol 
ayant  à  chacune  fait  un  laid  portrait  de  l'autre),  ne  se  peut  imaginer. 

La  fatigue  semble  sur  Say-Sock  n'avoir  pas  le  moindre  effet  :  on  dirait 
en  la  voyant,  qu'elle  se  croit  invulnérable.  Mika,  au  contraire,  blessée, 
sent  ses  forées  la  trahir.  Si  ses  gens,  reprenant  le  combat,  la  couvraient 
un  instant,  un  peu  de  repos  (pense-t-elle)  la  ferait  ensuite  quasi  sûre  de 
l'emporter. 

Elle  jette  un  furtif  regard  sur  les  chefs  cl  leurs  soldais,  devine  de 
l'hcsilalion.  les  appelle.  Eux.  loin  de  prendre  l'offensive  et  de  lui  faire  un 
rempart  de  leurs  corps,  s'enfuient,  non  vers  le  camp  où  ils  pourraient  se 
défendre,  mais  dans  toutes  les  directions. 

Si  d  avance  la  vaincue  ne  le  savait,  les  cris  féroces  que  la  victoire  lait 
pousser  à  Say-Sock,  lui  diraient  qu'elle  n'a  point  à  espérer  de  merci. 

Succombant,  près  de  périr,  voilà  qu'elle  songe  à  l'enfant  laissé  au 
grand-père!  Elle  veut  le  revoir  encore!  Jetant  ses  armes,  elle  s'élance, 
poursuivie,  au  grand  galop  du  cheval  vers  les  monts  (fig.  5). 


H  n'était  point  facile  de  se  cacher  dans  ce  pays  neuf,  vierge  alors  de 
végétation.  Koum-Say-Sock  atteignit  sa  rivale  dans  le  Véal-Néang-Ioum 
(plaine  de  la  jeune  femme  en  larmes). 

Elle  l'emmena  enchaînée  à  son  camp  (fig.  li).  l'y  tortura  à  loisir 
(fig.  7).  ht  ensuite  tomber  sa  tête,  qu'au  bout  d'un  fort  long  bambou,  on 
éleva  au  sommet  d'un  montagne  rapprochée,  qui  prit  pour  nom  Sang- 
kehal'. 

Puis,  arrachant  elle-même  au  ventre  de  la  morte  ses  entrailles,  les  lit 
hacher  liés  menu  par  des  hommes,  et  jeter  au  loin  sur  le  sol  (fig.  8). 


1 .   Elévation  de  la  létr 


h,  MISSION  PÀVIE 


Après  cnioi  s'en  retourna  triomphante  au  pays  (fig.  '.M.  où  elle  trouva 
Réachkol  sur  le  trône,  le  roi  élanl  morl  sans  enfants. 

l'on-,  deux  se  rendirent  en  pompe  aux  pieds  du  a  leux  solitaire  et,  pour 
tenir  la  promesse  faite  au  momenl  du  danger,  édifièrenl  sur  la  colline, 
dès  lors  appelée  Bam-nân  (vœu),  le  superbe  temple  îi  neuf  tours  qu  on  j 
voit. 

Depuis  cel  événement,  le  nom  de  Mika  esl  devenu  au  Cambodge 
s\  non  vine  de  concubine. 


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LES  DOUZE  JEUNES  FILLES 


LES    DOUZE   JEUNES    FILLES 


Fis.    I 


Un  pauvre  bûcheron,   père  de  douze  filles,  jumelles  deux  par  deux, 
poussé  par  une  affreuse  misère,  soumil  à  sa  femme  celte  idée  (fig.  1): 


30 


MISSIOÏS   l'AVIK 


.1  Nous  ne  pouvons  voir  plus  1< niirl tiups  uns  enfants  souffrir  avec 
nous  les  tortures  de  la  faim  :  si  j'allais  les  perdre  dans  Les  bois,  les 
génies,    j'en    suis   sûr.  écoulant   nos   prières,    les   prendraient    sous  leur 


garde.   » 


K//      fh 


Fis.  2. 


Et  quelques  jours  après,  la  femme  ayant  cédé,  il  mena  ses  filles  vers  la 
t'oièl  pour  chercher  du  bois  mort  et  les  abandonna  (iig.  2). 

Conduites  par  Néang-Pou,  la  plus  jeune,  elles  retrouvèrent  leur  route 
et  revinrent  à  la  case:  le  père  les  perdit  de  nouveau. 


LES  DOUZE  JEUNES   FILLES 


31 


Lne  reine  de  \ack'  les  rencontra  mourantes,  leur  montra  son  palais, 
leur  offrit  un  asile  (fig.  3). 

Cette  reine  se  nomme  Santhoméa,  elle  est  veuve  et  a  une  tille  tout 
enfant. 

Elle  ordonne  qu'on  s'empresse  autour  du  troupeau  humain  qu'elle 
amène,  veut  qu'on  y  veille  de  près,  se  promettant  de  succulents  repas 
après  quelque  temps  de  bons  soins. 


Au  bout  d'un  séjour  assez  long  pendant  lequel  elles  oui  grandi,  sont 
devenues  d'admirables  jeunes  filles.  Santhoméa  commande  au'on  éeoree 
l'aînée,  et.  pour  se  mettre  en  appétit,  monte  sur  son  éléphant  et  va  se 
promener. 


1.  ^  ack,  Yacksas,   Mythologie   de   l'Inde;   monstres  se  nourrissant  de  chair 
humaine.  Les  osrres  de  nos  contes  de  fées. 


32 


MISSION   PAVIE 


1  n  génie  sous  la  forme  cl  un  rai  blanc  creuse  un  trou  sous  la  muraille 
du  palais,  prévienl  les  douze  sœurs  du  sort  qui  les  attend  et,  au  moment 
où  l'ogresse  passe  la  grande  porte,  les  fait  fuir  el  leur  indique  un  chemin 
sûr. 


Fis     i 


Santhoméa,  à  son  retour,  en  proie  à  une  furieuse  colère,  roue  de 
coups  ses  gardes,  et,  lance,  mais  en  vain,  ses  serviteurs  à  la  poursuite  des 
enfants  du  bûcheron  i  fig.   i  ). 

Plus  tard,  elle  apprend  qu'un  matin,  les  esclaves  du  nu  d  ^.ngkor, 
venant  à  la  fontaine  pour  y  puiser  tic  l'eau,  les  oui  vues  endormies  sur 
les  branches  d'un  grand  arbre,  où,  harassées  de  fatigue,  elles  oui  passé  la 
nuit  (fig.  .'i  )  :  que  le  Uni.  prévenu,  épris  de  leur  beauté,  leur  a  ouverl  toute 
grande  la  porte  de  son  harem,  qu'elles  -mil  ses  favorites  (fig.  6). 


LES   DOUZE  .lEI  NES   EILLES 


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1 1 


mission  l'wn: 


La  reine  des  Yacks  confie  son  enfant  à  ses  gens,  prend  la  forme 
d'une  éblouissante  princesse  cl  vienl  s'asseoir  près  de  la  même  fontaine 
(fig.  1). 

Elle  est,  comme  les  douze  jeunes  filles,  conduite  devanl  le  prince, 
supplante  sans  peine  les  naïves  favorites  et  obtient  du  monarque  incons- 
tant qu'elles  seront  descendues  dans  une  citerne  aband< ée  (  fig.  s  (. 

\  l'insu  du  roi,  elle  exige  des  gardes  chargés  d'exécuter  l'ordre 
qu'avant  de  les  descendre  dans  le  caveau,  on  leur  arrachera  les  veux 
(fig.  9,   10.   I  I). 


Fis. 


Puis,  ne  les  perd  pas  de  vue  dans  le  tombeau  où  elles  vivent. 

Toutes  \  sont  entrées  enceintes. 

Santhoméa  veille  à  ce  qu'on  ne  leur  donne  qu  une  nourriture 
insuffisante;  clic  les  en  prive  .même  totalement  pendant  la  période  des 
couches,  et,  les  malheureuses  dévorent,  à  mesure  qu'ils  naissent,  les 
enfants  les  unes  des  autres  (fig.  12). 


i.ks  oorzE  .11:1  \i:s  kili.es 


35 


Fis.  S. 


Fis.  0. 


36 


MISSION  l'W  11: 


Siiilc  Néang-Pou,  la  plus  jeune,  parvient  à  sauver  le  sien  :  elle 
déclare  qu'il  est  venu  au  monde  morl  el  présente  comme  preuve,  à  ses 
sieurs  affamées,  des  restes  en  putréfaction  qu'elle  avait  mis  de  côlé 
(«g.  13). 


-*S^ 


'Y 


f 


Fi»,   lu. 


Soit  par  ruse,  soit  par  oubli  des  bourreaux.  Néang-Pou  a  conservé 
son  œil  droit:  elle  rend  mille  services  aux  aveugles;  aussi,  lorsqu'un  peu 
de  subsistance  arrive,  Santhoméa  se  croyant  sans  doute  débarrassée  des 
enfants,  toutes  au  comble  de  la  joie,  se  privent  pour  élever  1  enfant,  dont 
leur  sœur  leur  l'ait  connaître  l'existence  (li^.   I  \  )■ 


LES  DOUZE  JEUNES  FILLES 


37 


A 


FiK.   11. 


Fia     I  -' 


38 


MISSION   l'Wli; 


Elles  le  nomment  Rot-thi-Sen.  adolescent,  il  parvienl  à  sortir  à  volonté 
du  caveau  cl  y  rentre  sans  èlrc  vu. 

En  jouanl  avec  les  autres  enfants,  il  gagne  ce  qu'il  faut  pour  acquérir 
un  superbe  coq  de  combat  qui,  toujours  vainqueur,  donne  à  son  maître, 
par  ses  succès,  le  moyen  de  revenir  le  soir,  courbé  sous  les  provisions 

(fig.  15). 

Depuis  longtemps  déjà,  l'abondance  est  dans  l'abominable  prison, 
quand  un  jour   Sanlhoméa.  attirée  à  sa  fenêtre  parle  bruit  que  l'ail  la 


Fis.   13. 


foule  autour  d'un  combal  de  coqs,  examine  Rot-thi-Sen  el  lui  trouvant 
une  ressemblance  qu'elle  ne  peut  pas  s'expliquer,  le  l'ait  suivre,  puis  le 
lendemain  appeler  à  son  palais  (fig.  16). 

Elle  a.  lui  dit-elle,  un  écrit  important  pour  une  région  lointaine  et  le 
choisit  pour  courrier.  Si  le  résultat  montre  son  intelligence,  sa  fortune 
sera  grande. 


LES  DOUZE  JEUNES  FILLES 


39 


Fig.  14. 


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FiS.  la 


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MISSION   PAVIE 


On  le  couvre  d'habits  princiers  ;  il  parla  cheval  el  seul. 

I  n  jour,  harassé,  Rot-thi-Sen  dorl  sous  un  arbre;  un  er  mi  le  passe, 
s'approche,  prend  au  cou  du  cheval  le  tube  de  bambou  dans  lequel  se 
trouve  la  lettre,  enlève  le  sceau  el  lit  l'écrit. 


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FiS.    10. 


adressé  par  la  reine  des  Yacks  à  sa  fille,  il  ne  contienl  que  ecs  mol: 
o   Siini  ce  jeune  homme  arrivé,  fais-le  hier.    » 
Le  solitaire  déchire  la  missive  el  la  remplace  par  celle-ci  : 
«   Siini  ce  prince  arrivé,  épouse-le.   » 
El  replaçanl  habilemenl  le  sceau,  il  continueson  chemin  (fig.  17). 


LES  DOUZE  JEUNES  FILLES 


Néang-kang-Rey,  gardée  par  les  Yacks  dans  le  palais  de  sa  mère,  est 
une  adorable  enfant  à  L'étroit  dans  ses  jardins. 

Elle  éprouva  un  grand  double  le  malin  où  le  bruit  l'ail  par  Rot-thi-Sen 
à  la  porte  dont  on  refusait  L'entrée,  l'amena  en  face  de  lui  (fîg.  1,S). 

Celui-ci  de  son  côté,  à  sa  vue.  se  sent  tout  interdit  :  descendant  de 
cheval,  il  salue,  met  L'écrit  sur  le  plateau  qu'on  présente  et  suit  vers  la 
grande  salle  son  incomparable  guide. 

o  le 


'•■fi 


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\ssis  en  lace  I  un  de  L'autre,  1res  émus,  ils  attendent  le  contenu  de  la 
lettre  que,  devanl  lous.  un  vieux  serviteur  va  lire  (fig.  19). 

La  lecture  esl  à  peine  faite  qu'un  tumulte  joyeux  ('claie  :  en  un  instant, 

à  I  exemple  de  la  jeune  fille,  le  palais  loul  entier  esl  aux  pieds  du  nouveau 
maître. 


i2 


MISSION    l'Wli: 


Les  Longues  cérémonies  terminées,  le  gracieux  couple  s'échappe,  dis- 
paraît sous  les  grands  arbres  :  Nang-Kang-Rey  veut  montrera  sou  mari 
ses  jardins  immenses,  leurs  pièces  d'eau,  les  édifices  -ans  nombre  donl 
ils  sonl  tout  parsemés  (fig.  20). 

Leur  promenade  va  s'achever  lorsque  la  compagne  de  Rot-lhi-Sen 
s'arrête  indécise,  très  inquiète,  devanl  la  porte  close  d'une  petite  case 
isolée. 

«   La  dernière  fois  que  ma  mère  est  venue  ici  me  voir,  elle  m'a  dit: 


■jjr isv- 


FiS    1S. 


a  S'il  t' arrive  de  révéler  le  secret  enseveli  sous  ce  toit,  le  malheur  etla 

a    moil  seront  sur  nous.    » 

La  clef  trembledans  sa  main  :   Rot-thi-Sën  la  rassure  : 

«   N'ouvre  pas.  contente -toi  de  me  dire  ce  que  cache  la   maison.  Si 

j'avais  été  ici,  lorsque  ta  mère  t'a  quittée,  elle  m'en   eût,   bien  sûrement, 

aussi  confié  la  garde.    » 


LES  DOUZE  JEUNES  FILLES 


« 


Elle   se  rapproche  de  lui  : 

ce  Sur  une  lable,  dans  un  vase  d'argent  doré,  les  yeux  de  douze 
jeunes  femmes  -"iil  pêle-mêle;  un  flacon  à  côté  contient  le  remède 
pour  les   l'aire  revivre  et  les   remettre  à  leurs  places. 

«  Entre  le  \;ise  el  le  flacon,  le  bâton  magique  de  ma  mère  sépare 
les  yeux  du  remède.  » 

Le  visage  de  Rot-thi-Sen  subitement  s  inonde  de  larmes. 

«  Qu'as-tu,  maître  »,  lui  dit-elle,  «  aurais-ie  donc  ilù  me  taire? 
(fig.21).» 


Fis.   19. 


Surmontant  son  émotion,  ill'èntraîne. 

Et,  le  soir,  en  mangeant,  l'enivre,  l'endi ni .  s  empare  de  la  clé,  puis  des 
yeux,  du  remède  el  du  bâton,  et,  s'enfuil  après  avoir  déposé  un  baiser  sur 
le  front  de  l'innocente  fllle  de  la  reine  Sanlhoméa  (li;.r.  22,  23,  24  et  25). 


MISSION  PAV1E 


Fig.  20. 


Fig.    .M. 


LES  DOUZE  JEI'NES  EU. LES 


45 


Fig.  22. 


46 


MISSION   l'WIK 


S^i 


Fig     24. 


Fig     îâ 


LES  !)()[  ZE  JEUNES  FILLES 


47 


A  son  réveil.  Néang-Kang-Rey  monte  à  cheval  et  suivie  d'une  foule 
de  serviteurs,  courl  sur  les  pas  de  son  mari  (fig.  26,  27  . 

Celui-ci.  dès  le  (léliul  de  si  fuite,  ii  rencontré  l'ermite  qui.  une  fois  îi 
son  insu,  s'est  intéresse'  à  lui. 

«  Marche  h  ton  but,  »  fait  le  solitaire.  «  si  la  femme  vient  à  le 
joindre,  souviens-lui  ([ne  le  bâton  de  Santhoméa  permet  de  franchir 
l'espace.  Si  lu  crois  utile  d'arrêter  toute  poursuite,  jette  sur  le  sol  le 
petit   rameau   que  voici.   » 


&Y!tfÇ&'iyî%-f 'Ù/yt  -v'- 


?T7    " 

iLLLl 


Fis.  16 


La  jeune  femme  lit  une  telle  diligence  qu'elle  ne  tard;»  pas  à  atteindre 
Rot-thi-Sen. 

Lui,  l'apercevant,  saisit  le  bâton  de  la  main  droite,  lance  son  cheval 
dans  I  air,  puis  1  arrête,  se  retourne  el  dil  un  dernier  adieu  à  celle  qu'il 
veul  oublier. 


MISSION  PAVIE 


*m&*irfiwpx ' 


Fis       - 


LES  DOl"ZE  JEUNES  FILLES 


49 


Néang-Kang-Rey  le  suj)|)lie  de  l'emmener;  s'il  refuse,  elle  marchera 
sur  sa  trace. 

Rot-thi-Sen,  sans  répondre,  reprend  sa  course  el,  les  yeux  humides, 
le  cœur  brisé,  laisse  tomber  sur  la  terre  le  petit  rameau  de  l'ermite. 

Au  même  moment,  jusqu'aux  pieds  de  la  jeune  femme,  le  sol  s'affaisse 
sur  une  immense  étendue  ;  en  un  instant  l'eau  d'innombrables  rivières 
l'ail  un  lac  du  bassin  ainsi  créé  (fig.  28). 


\  ruuo 


Fia.  20. 


Rot-thi-Sen  arrive  au  palais  du  roi  son  père,  se  fait  connaître, 
démasque  la  reine  des  Yacks,  lui  donne  sa  forme  première,  grâce  au 
bâton  magique  et  la  tue  (fig.  29). 

Puis  court  rendre  la  vue  aux  douze  sœurs  el  les  ramène  triomphantes 
au  harem  où  elles  retrouvenl  la  faveur  d'autrefois  ,;fig.  30  et  31). 


50 


MISSION   l'WIK 


Fig.  30. 


Fis-  31. 


LES  D01  ZE    P  Kl  NES  FILLES 


51 


L'es  instances  du  roi  pour  garder  son  fils    unique  furent    inutiles:    il 
quitta  tout  pour  se  faire  religieux. 


I  if 


Taiil  qu'elle  aperçut  son  mari.  JVéang-Kang-Rey  l'appela  du  bord 
du  lac:  lorsqu'il  eut  complètement  disparu  à  l'horizon,  elle  renvoya  ses 
serviteurs  et  se  coucha  pour  mourir  sur  la  rive,  au  pied  d'un  arbre 
(fig.32). 


VORVONG  ET  SAUR1VONG 


VORVONG    ET   SAURIVONG 


11  y  avait  autrefois  un  Roi  nommé  Sauriyo;  son  pays  était  le  royaume 
de  •  Iréassane  (fig.  1  ). 

La  Reine  sa  femme  était  si  belle  qu'on  pouvait  la  comparer  aux  anges 
célestes  :  elles  s'appelait  Tiéya. 

I  ne  nuit,  elle  enl  un  songe  extraordinaire:  un  anachorète  tenant  une 
boule  de  cristal,  toute  rayonnante  de  feux  variés,  descendait  du  ciel  vers 
elle,   disant  : 

«  Incomparable  princesse,  recevez  ce  joyau,  il  permet  à  celui  qui  le 
tient  à  la  main,  de  parcourir  les  airs  et  vaut  plus  ipi  un  royaume;  vous 
le  consen  ère/  en  étant  pieuse,  si  vous  en  si  ml  eu  le/  un  second,  votre  désir 
va  être  exaucé.   » 

Presque  aussitôt,  il  plaçait  une  autre  boule  dans  la  main  de  la  lîeinc 
et,  en  s'élevant  dans  l'espace,  ajoutait  : 

<(   Celle-ci  est  plus  précieuse  encore  que  la  première.   » 

Néang1  Tiéya,  très  heureuse  en  recevant  ces  deux  merveilles,  les  nul 
au-dessus  de  sa  tête. 

\  son   réveil,  elle  raconta  le  rêve  au   Roi.    Plein  de  joie,  le  prince 

1.   Néang,  appellatif  des  femmes. 


56  MISSION  PAVIE 


conclut  qu'ils  nuraicnl  deux  enfants,  dont  l'un  surpasserai)  en  qualités 
tout  ce  qu'on  pouvait  imaginer. 

Peu  après,  la  Reine  se  trouva  enceinte  :  entourée  des  attentions  de  sou 
époux,  elle  eu)  un  premier  fils  après  dix  mois1. 

L'année  suivante,  elle  donna  également,  après  dix  mois,  le  jour  à  un 
second  garçon  sur  les  traits  duquel  les  devins  reconnurent  qu'il  élait  déjà 
en  sagesse,  l'égal  des  prêtres. 

Lorsque  les  princes  eurent  grandi,  le  Roi  leur  donna  les  noms  de 
Saurivong  et  de  Vorvong.  Il  les  aimait  beaucoup.  Les  chefs  et  le  peuple 
les  avaient  aussi  en  grande  affection. 


Le  Roi  avait  une  seconde  femme,  Néang  Montéa.  Il  arriva  qu'elle  eul 
après  dix  mois  un  garçon.  Vey-Vongsa. 

Le  Roi  aima  cet  enfant  comme  les  premiers  :  il  se  plaisait  à  procurer  à 
ses  trois  fils  toute  sorte  de  jouets,  pour  leur  amusement. 

\  e\  -\  ongsa  parvint  ainsi  à  sa  cinquième  année. 

Néang  Montéa  avait  un  cœur  détestable,  elle  ne  pouvait  supporter 
(pie  quelqu'un  fui  au-dessus  d'elle:  l'idée  que  la  Heine  avait  deux  enfants 
qui,  grands,  auraient  le  trône,  la  rendait  comme  folle. 

Elle  songeait  qu'en  cas  de  guerre  ils  se  soutiendraient  tous  deux. 
»  Quand  l'un  combattra  ».  se  disait-elle.  «  l'autre  construira  des  for- 
teresses.   »  Son  unique  enfant  ne  pourrait  jamais  lutter  contre  eux. 

Celle  méchante  femme  cherchait  constamment  le  moyen  de  faire 
périr  Saurivong  et  Vorvong. 


Un  jour  les  deux   frères  se  promenaient   dans  le  palais,   l'aîné  avait 
alors  sept  ans,  le  second  six.  Ils  passent  en  Mie  de  Néang  Montéa. 

Celle-ci  se  réjouit  de  la  rencontre,  elle  veut  de  suite  assurer  leur  perte. 


1.  C'est  une  vieille  croyance  cambodgienne  qu'un  enfant  est  d'autant   mieux 
doue  qu'il  a  été  longtemps  dans  le  sein  de  sa  mère. 


VORVONG  ET  SAURIVONG 


s; 


Fi»,    !,   —  son  pays  était  le  royaume  de  Crcassane. 


«  Venez,  chers  enfants,  je  suis  heureuse  de  vous  voir.  \on</  vite  que 
je  vous  embrasse.    » 

8 


58  MISSION  l'WII. 


Entendant  ces  paroles  aimables  de  leur  seconde  mère,  ions  deux 
s'approchent  respectueusement. 

Elle  les  embrasse,  elle  les  caresse,  puis  toul  à  coup  elle  les  presse  entre 
ses  genoux  el  appelle  au  secours. 

«  Venez  me  délivrer  de  ces  jeunes  gens  unis  pour  faire  violence  à  la 
femme  de  leur  père  ! 

«  0  Roi  Sauriyo  tpn  m'aimiez,  pourquoi  me  détestez-vous  main- 
tenante! me  rendez-vous  malheureuse  à  ce  point?  Pourquoi  laissez-vous 
\ns  enfants  se  jeter  ainsi  .sur  moi  el  me  brutaliser?  Si  vous  n'avez  plus 
d'amitié  pour  moi,  chassez-moi.  mais  ne  nie  laisse/  pas  déshonorer  ainsi! 

Ses  appels  rassemblent  toul  le  monde,  le  Roi  descend  de  son  trône,  il 
aperçoil  Le  groupe  de  ses  lils  el  Néang  Montéa;  dans  sa  colère,  il  se  frappe 
le  corps,  il  s'écrie  : 

«  Commenl  si  petits  peuvent-ils  commettre  une  aussi  abominable 
action?  Certainement  quand  ils  seront  grands  ils  se  révolteront  contre 
moi;  je  ne  puis  les  laisser  vivre  !   » 

El  comme  sa  fureur  augmente,  il  oublie  que  ce  sont  ses  enfants,  il 
appelle  les  bourreaux  :  il  ordonne  qu'il  les  prennent,  les  lient,  les  entraî- 
nent au  loin,  les  décapitent  el  les  enterrent  aussitôt. 


Les  bourreaux  reçoivent  l'ordre  du  Roi  et  vont  prendre  les  deux  frères 
(fig.  2). 


»    Combien  les  petits  princes  sont  à  plaindre  pour  l'affreux  sort  que 
leur  fait  subir  Néang  Montéa  !   » 


Ils  appellent  leur  mère  en  pleurant. 

a   ()  mère  chérie,   ayez  pitié  de  nous  qui  sommes  si    jeunes,    nous 
n'avons  pas  commis  de  faute,  pourquoi  le  Roi  nous  condamne-t-il?  Allez 

lui  demander  noire  grâce,  ô  chère  mère  !    » 


VORVONG  ET  SA.1  EUVONG  59 


Le*  bourreaux  n'osent  d'abord  pas  brusquer  les  petits  princes,  cepen- 
dant songeant  qu'ils  onl  I  ordre  du  Roi,  il>  les  lient  et  1rs  entraînent  vers 
un  bois  solitaire. 

En  entendant  les  appels  de  ses  fils,  la  Reine  s'esl  évanouie:  bientôt 
relevée,  elle  court  à  leur  suite  a  ers  la  forêt. 

Elle  les  rejoint,  tombe  en  pleurant  sur  le  sol,  va  vers  eux.  les  embrasse 
toul  en  larmes. 

«  0  mes  entants,  vous  voici  captifs,  une  peine  mortelle  est  dans  mon 
cœur!  Depuis  votre  naissance,  vous  ne  m'avez  pas  quittée,  vous  n'avez 
jamais  subi  les  ardeurs  du  soleil!  En  vous  couchant  tous  les  soirs  votre 
mère  ne  craignait  rien  pour  vous,  elle  vous  serrait  dans  ses  bras  ! 

d  Maintenant  le  malheur  arrive,  on  veut  vous  tuer  tous  deux,  vous 
enterrer  après,  ô  mes  petits  ' 

«  Sitôt  qu'elle  a  vu  qu'on  vous  accablait,  votre  mère  est  \enuevous 
rejoindre;  ô  chers  enfants,  ma  poitrine  est  en  feu!  lorsque  je  vous  voyais 
tous  les  jours,  les  chagrins  me  semblaient  moin-  lourds:  je  crois  main- 
tenant que  tout  est  brisé  dans  mon  cœur  ! 

«  Si  on  vous  tue,  je  veux  mourir,  pourquoi  resterais-je  sur  la  terre 
après  la  mort  de  mes  enfants  ? 

«  Mes  petits  sont  les  fds  d'un  Roi  el  on  n'a  pas  d'égards  pour  leur 
naissance  illustre  !    ■■ 

Son  visage  est  tout  mouillé  de  larmes. 

«  Pourquoi  quand  vous  étiez  en  moi  n'êtes-vous  pas  morts?  je  ne 
saurais  rester  et  vivre  :  c'est  à  présent  que  je  veux  mourir  !   » 

Son  corps  est  agité  de  mille  mouvements,  les  larme-,  coulent  sans 
cesse  de  ses  yeux,  elle  se  frappe  la  poitrine,  elle  la  noircit  de  coup-.  Sa 
gorge  est  desséchée  :  bientôt  elle  tombe  à  terre  épuisée,  toute  raidie. 

Les  deux  chéris  se  mettent  à  pleurer. 

Saurivong  parle  ainsi  : 

«   0  mère  qui  nous  aimez  tant  el  venez  nous  chercher  dansée  lieu, 

| rquoi,  quand  nous  vous  revoyons,  mourez-vous?  Non-  ne  savons  pas 

comment  l'aire,  ô  mère  qui  non-  avez  nourris  :  m  vous  ne  vous  levez  pas 
el  ne  non-  répondez  pas  nous  allons  mourir  près  de  vous  ! 


60  MISSION   l'A  VIE 


h  Cher  frère,  prions,  demandons  que  la  vie  soit  rendue  à  notre  mère 
(fig.  3). 

«  (  )  Génies  cjui  habitez  dans  1rs  dix  directions  el  vous  tous,  les  \  nue* 
du  ciel,  nous  deux,  très  fidèles  à  nos  parents,  nous  vous  prions  de  venir 
faire  renaître  notre  mère.  Exaucez-nous,  nos  lion-  seigneurs  !   » 

Le  pehl  Vorvong,  toujours  pleurant,  serranl  sa  mère  de  sis  deux 
inains.  dil  aussi  : 

a  0  bien-aimée  mère,  vous  êtes,  par  amour  pour  nous,  venue  nous 
suivre  jusqu'ici.  Noire  figure  est  rouge  comme  le  sang.  Vous  pense/  tanl 
à  nous  el  souffrez  tant  de  noire  malheur,  qu'après  avoir  pleuré  toutes  vos 
larmes,  vous  \ous  èies  évanouie  et  avez  succombé.  0  noire  mère  chérie, 
vos  bontés  pour  nous  sonl  plus  viandes  que  la  terre  el  la  mer  ensemble. 
Vos  soins  nous  étaienl  si  doux  !  Maintenant  nous  allons  périr  au  milieu  de 
cette  forêt  solitaire,  nous  faisons  aux  Anges  nos  dernières  prières. 

«  0  Anges  qui  habitez  les  ra>  ins.  les  vallées  el  les  montagnes  d'alen- 
tour, je  m  m  s  prie  de  secourir  notre  mère  chérie,  écoutez-moi,  ô  vous  tous 
qui  habitez  les  grandes  régions  du  ciel;  écoutez  nos  dernières  prières  ! 

«  Nous  deux  nous  avons  toujours  été  fidèles  à  noire  mère  chérie, 
avez  compassion  de  celle  qui  nous  a  donné'  la  vie,  secourez-la,  faites 
qu'elle  redevienne  vivante  comme  autrefois  !    » 

Par  la  grande  bonté  du  ciel,  la  vie  est  aussitôt  rendue  à  la  Heine,  elle 
se  l'éveille  suivant  les  vœux  de  ses  enfants. 

Aussitôt  elle  étrcinl  dans  ses  bras   les  deux  bien-aunés. 

«  Chers  petits,  avais-je  donc  succombé  au  sommeil?   » 

Tous  deux  lui  répondent  : 

«  ^  mis  ne  dormiez  pas.  vous  aviez  perdu  la  vie,  nous  avons  prié  les 
Anges  du  ciel  de  vous  la  rendre,  el  c'est  parleur  faveur  que  vous  nous 
pressez  ainsi.    » 

Les  entendant,  elle  dit  : 

«  11  vaut  mieux  mourir  que  souffrir  la  séparation,  je  ne  puis  être  heu- 
reuse que  si  vous  êtes  vivants  auprès  de  moi.    » 


5fe  ?& 


55==C  '"^---iOs, 


Les  bourreaux  les  entraînent   vers 


un  bois  solitaire   page  59 


YORYONG  ET  SAURTVOKG 


61 


I    _       .   —  vont  prendre  I 


Les  bourreaux  oni  assisté  à   la  mort  de  la  Reine,  ils  ont  entendu  la 
prière  des  petits  princes,  ils  ont  vu  les  Anges  l'exaucer;  surpris,  ils  se 


62  MISSION   PAVIE 


regardenl  en  hochant  la  tête,  ils  ne  veulehl  plus  prendre  leur  vie,  ils  se 
mettent  à  genoux,  ils  saluent,  ils  disent  : 

«  0  Heine,  nous  reconnaissons  la  puissance  de  vos  illustres  enfants. 
Le  Roi  nous  a  donné  l'ordre  de  les  décapiter,  nous  ne  saurions  le  faire. 
Nous  allons  les  laisser  échapper,  nous  dirons  ensuite  au  Roi  que  tous  deux 
ont  été  tués,  (pic  les  cadavres  sont  brûlés. 

u  N'axe/  pas  crainte  de  nous,  nous  garderons  le  secret,  mais,  ô  nos 
maîtres,  fine/  tout  de  suite,  allez  vers  lespa\s  étrangers.    » 

Les  entendant,  la  Heine  est  transportée  de  joie,  le  poids  de  sa  douleur 
est  diminué,  elle  se  seul  un  peu  heureuse. 

Elle  s'adresse  aux  bourreaux  : 

«  O  vous  les  bourreaux!  mes  enfants  restent  vivants,  vous  êtes 
maintenant  leurs  auteurs!  celle  bonne  action  est  incomparable!  Nous  êtes 
les  rives  de  la  mer  pour  le  naufragé!  Tant  (pie  je  vivrai,  vous  ne  man- 
querez de  rien,  je  vous  comblerai  de  présents,  vos  désirs  seront 
satisfaits.    » 


Transportée  de  joie,  la  Reine,  sans  inquiétude,  rentre  aussitôt  dans 
son  palais. 

Elle  prépare  deux  bissacs,  les  remplit  de  nourriture,  puis  prend  deux 
bagues  d'un  travail  admirable,  chargées  de  diamants  cl.  retournant  vers 
ses  chers  petits,  les  leur  remet  et  dit  : 

«  O  mes  enfants,  je  n'ai  d'autre  fortune  que  ces  bagues,  je  vous  les 
donne:  les  pierres  dont  elles  sonl  ornées  valent  un  royaume.  Quand  vous 
vous  arrêterez  en  roule,  si  vous  manquez  de  lumière  ou  de  feu,  prenez-les, 
leur  éclat  est  égal  à  celui  de  la  flamme  ;  réunissez  des  brindilles  et  des 
feuilles  sèches,  le  contact  des  diamants  les  allumera,  vous  n'aurez  plus 
qu'à  mettre  une  branche  d'arbre  au-dessus  pour  cuire  vos  aliments. 

«  Quand  vous  marcherez  dans  les  forets  et  les  vallées,  prenez  bien 
gard?  aux  hèles  féroces  cl  aux  buffles,  ô  mes  chers  aimés. 

«  Nous  aller  errer  au  hasard,  mais  vous  serez  sous  la  protection  du 
ciel  et,  votre  mère  en  est  sûre,  vous  reviendrez  dans  dix  années  à  compter 


VORVONG  ET  SA.URIVONG 


63 


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q^e  la  vie  soit  rendue  à  notre  mère. 


de  celle-ci.  Pendant  ce  temps,  en  proie  à  ta  tristesse,  elle  demandera  en 
vain  la  mort.    » 


64  MISSION   PAVIE 


La  Reine,  unissanl  tout  son  courage  à  son  amour,  les  serra  dans  ses 
bras. 

Les  deux  enfants  lui  firent  leurs  adieux  et  partirent. 

Invoquant  alors  les  génies  peuplant  les  sources,  les  forêts  et  les  mon- 
tagnes  voisines,  Néang  Tiyéa  leur  demanda  de  veiller  sur  ses  lils. 


Les  bourreaux  dirent  au  Roi  : 

«    Nous  avons  lue  vos  enfants,  leurs  corps  sont  déjà  brûlés.    » 

Entendant  leurs  paroles,  il  fui  satisfait  et  répondit  : 

«  Les  brûler  était  inutile,  il  suffisait  de  les  enterrer  dans  la  forêt  :  qui 
peut  nous  reprocher  ce  qui  esl  arrivé  par  leur  faute?    >> 

Apprenant  que  la  Reine  ne  cessail  de  pleurer,  d  se  fâcha  contre  elle, 
il  l'injuria,  disanl  : 

«  0  femme  sans  cœur  et  sans  intelligence,  dont  les  enfants  m'ont  si 
gravemenl  offensé,  pourquoi  larmoyer  ainsi?  ne  reste  pas  dans  mon  palais, 
sors  ou  je  le  lais  entraîner  par  les  gardes.    » 

Lorsqu'elle  entend  ce  langage.  Néang  Tiyéa,  effrayée,  n'ose  plus  pro- 
noncer un  mol.  Elle  va  au  dehors  sans  que  personne  l'assiste,  gémissant 
sur  son  malheur. 

Le  Roi.  dans  sa  colère,  l'abandonne  complètement,  il  ne  cherchera 
pas  à  savoir  de  ses  nouvelles,  de  même  qu'elle  n'enverra  jamais  vers  lui. 


VORVONG  ET  SAURIVONG  65 


II. 


Les  jeunes  princes  étaient  partis  seuls  vers  l'horizon  lointain, 
accablés  de  chagrin,  marchant  tous  deux  clans  le  bois  solitaire,  ils  ne 
pensaient  qu'à  leur  mère,  oubliant  combien  eux-mêmes  étaient  malheureux. 

Ils  arrivèrent  dan-  le  grand  pays  de  Baskim,  dont  le  Roi  se  nommait 
kiélat  Méanok. 

Par  une  faveur  du  ciel,  incomparable,  ils  avaient  accompli  en  un  seul 
jour  un  trajet  de  plus  de  soixante  lieues. 

Il  v  avait  là  un  grand  marché  :  des  objets  précieux  étaient  entourés  de 
nombreux  acheteurs  de  tous  pays. 

En  voyant  les  deux  enfants,  on  les  admirait  et  murmurait  :  «  Qu'ils 
sont  beaux  !   » 

Les  vendeuses  parlaient  entre  elles  :  «  Comme  ils  se  ressemblent  et 
comme  ils  sont  gentils  :  si  on  nous  les  offrait  pour  être  nos  enfants  nous 
les  accepterions  volontiers.   » 

Quelques-unes,  après  avoir  causé,  demandèrent  : 

«  D'où  venez-vous,  pauvres  enfants  qui  passez  ainsi  seuls?  A  ous 
scricz-vous  égarés  loin  de  votre  mère,  dites-nous-le  vite,  nous  voudrions 
vous  servir!' 

«  Pourquoi  ne  nous  répondez-vous  pas? 

«  Vous  semblez  ne  rien  entendre  et  passez  silencieux  en  suivant  le 
marché.    » 

9 


66  MISSION   PAVIE 


Elles  les  pressaient  amicalement  dans  leurs  liras,  leur  donnaient  des 
gâteaux;  les  couvraient  de  leurs  écharpes  (fig.  'i). 

Touchés  de  la  bonté  des  tiens  de  Baskim,  ils  marchaient  les  yeux 
baignés  de  larmes  et  se  disaient  :  «  Ne  nous  plaignons  pas.  ne  pensons 
qu'à  noire  mère,  qui  sans  doute  pleure  cl  étouffe  de  douleur.    » 


Au  sortir  de  ce  pays,  ils  entrèrent  dans  une  forêt  superbe,  peuplée 
de  sources  el  d'étangs,  coupée  par  de  nombreux  ruisseaux  et  une  jolie 
rivière  dont  l'eau  coulait  comme  endormie. 

Après  l'avoir  dépassée,  ils  atteignirent  les  montagnes.  Elles  étaient 
entourées  de  prairies  d'un  beau  vert  tendre  dans  lesquelles  paissaient 
toutes  sortes  d'animaux. 

Ne  trouvant  plus  de  chemin,  les  deux  princes,  épuisés  de  fatigue, 
s'assirent  à  l'ombre  d  un  grand  figuier. 


«  Pauvres  petits  princes  qui  étiez  si  heureux  !  Séparés  de  voire  mère, 
éloignés  de  votre  pays,  vous  subissez  cruellement  la  peine  des  fautes 
commises  dans  une  \  ie  antérieure  !    »> 


Jetant  lc>  yeux  sur  les  monts,  ils  eurent,  dans  la  solitude  silencieuse, 
le  merveilleux  spectacle  delà  végétation  fleurie  à  ce  moment  où  le  soleil. 
affaiblissant  sa  lumière,  cacha  complètement  ses  rayons  derrière  les  hauts 
sommets. 

Cherchant  alors  un  abri,  ils  grimpent  sur  l'arbre,  s'attachent  à  une 
branche  pour  dormir,  mais  le  sommeil  n'arrive  pas.  la  tristesse  est  sur 
leur  visage,  leur  cœur  esl  abattu,  leur-  yeux  sont  humides. 

Ils  répètent  en  pleurant  : 

«  Que  nous  sommes  malheureux,  noire  sort  esl  sans  pareil,  sommes- 
nous  morts  ou  vivons-nous!' 

»    En  nous  quittant,  notre  mère  chérie  disait  : 


YolîVOV;   ET  SA!  Iîl\n\<; 


67 


K*s  couvraient  de  leurs  écharpcs. 


«  <).  mes  enfants,  voire  mère  vous  fail  sesadieux,  elle  vous  promet 
le  retour  dans  <h\  ans:  si,  celle  date  révolue,  vous  n'arriviez  pas.  ne 
pouvant  supporter  plus  longtemps  sa  douleur,  elle  mourrait. 


68  MISSION  l'W  11: 


a  Maintenant  vous  allez  errer  dans  les  forêts,  passer  les  nuits  dans  les 
solitudes  où  \i\ciil  des  bêtes  Féroces  qui  menaceront  votre  \ie  :  l'idée 
qu'elle  pourrait  mourir  sans  vous  revoir,  la  torturera  sans  eesse.    » 

Ils  dirent  encore  : 

«  Que  le  ciel  nous  protège  et  nous  fasse  vivre  comme  les  autres  hom- 
mes, afin  que  nous  revenions  rendre  notre  mère  heureuse.  » 


On  entendait  les  cris  des  oiseaux  de  nuit,  les  rugissements  des  bèle-. 
fauves. 

Il  était  minuit  lorsqu'ils  s'endormirent. 


Par  une  grâce  particulière,  la  connaissance  de  ce  qui  s'est  passé 
parvient  aux  cieux  :  le  puissant  Pra  En'  ressent  comme  les  bouffées  de  la 
chaleur  insupportable  que  produirait  l'embrasement  du  temple  divin. 

Devinant  que  quelque  chose  d'extraordinaire  se  passe,  Pra  En  promène 
ses  regards  perçants  sur  la  terre,  aperçoit  les  deux  petits  sur  la  branche  de 
l'arbre,  enlacés  dans  les  bras  l'un  de  l'autre,  plongés  dans  un  profond 
sommeil.  Il  comprend  la  cause  de  leur  présence  en  ce  lieu  :  prenant  le 
livre  des  existences,  il  reconnaît  qu'issus  du  Bouddha  ils  sont,  après  de 
nombreuses  transformations,  près  d'arriver  au  Nirpéan*.  «Je  dois,  »  se 
dit-il,  «  les  secourir  et  leur  rendre  le  destin  favorable.    » 

Pra  En  appelle  un  génie  céleste,  le  Pra-Pusnoka. 

«  Descende/  sur  la  terre,  aidez  nos  deux  enfants  afin  qu'ils  s'élèvent 
suivant  leur  rang  et  que  leur  passage  dans  la  vie  soit  marqué  par  des 
actions  supérieures.   » 


Entendant  ces  paroles,  le  Pra-Pusnoka,  rempli  de  joie,  salue,  parcourt 

1.   Indra. 

'2.  Nirpéan,  Nirvana,  Paradis. 


VORVONG  ET  SAURIVONG  69 


rapidement  l'espace,  arrive  près  de  la  montagne,  \  voit  les  deux  enfants 
endormis. 

11  se  transforme  en  deux  coqs.  L'un,  noir,  chante  aussitôt  bruyam- 
ment sous  l'arbre  :  l'autre,  blanc,  arrive  de  la  montagne,  perche  au  sommet 
des  branches,  et  crie  aussi  de  toute  sa  force. 

Le  coq  noir,  moqueur,  interpelle  le  coq  blanc  : 

«  Seigneur,  qui  êtes-vous,  d'où  venez-vous,  pour  oser  ainsi  percher 
sur  ce  figuier!'  Moi.  qui  suis  des  plus  forts  je  n'oserais  monter  si  haut  !    » 

Puis,  il  le  provoque  : 

«  Tes  parents  t'ont  bien  mal  élevé  pour  que  lu  me  disputes  ma  rovale 
demeure.  Sache  cette  chose:  celui  qui  mangera  ma  chair  sera,  sept  ans 
après,  le  roi  de  deux  royaumes.  !  Tes  cris,  le  bruit  de  les  ailes  là-haut, 
m'offensent  :  descends  montrer  ta  force  et  prouver  ton  courage  ?   » 

Le  coq  blanc  riposte  : 

«  Sans  doute  vous  êtes  de  basse  extraction  pour  rester  ainsi  sous  cet 
arbre?  Moi.  puissant  et  fort,  j'habite  le  sommet  des  montagnes.  Sache 
ceci,  qui  est  mieux  :  celui  qui  mangera  ma  chair  régnera,  sept  mois  après, 
sa  vie  durant,  sur  deux  royaumes. 

«   Tu  veux  te  battre,  soil  :  lâche  de  me  résister  !    » 


LePra-Pusnoka.  en  se  métamorphosant  ainsi,  veut  laisser  ignorer  aux 
deux  princes  que  le  ciel  leur  vient  en  aide. 

Eveillé  au  bruit,  comprenant  que  les  coqs  vont  se  battre.  A  orvong  dit 
à  son  frère  : 

«   Choisissez  l'un  de  ces  deux  coqs.    » 

Saurivong  répond  : 

»  Prenez  le  noir  ou  le  blanc,  comme  vous  voudrez,  nous  verrons 
ensuite  lequel  aura  gagné.    » 

Mais  le  petit  \  orvong  salue  : 

«  Je  suis  le  plus  jeune,  je  dois  prendre  le  noir,  il  est.  bien  sûr,  très 
inférieur  au  blanc.    » 

Saurivong  répond  : 


MISSION    l'Wli; 


(i   Cela  ne  fait  rien,  prenez  celui  que  vous  voudrez.   » 

A  cel  instant,  le  coq  blanc  saute  du  sommet,  le  combat  commence 
acharné  :  quand  le  jour  naît,  les  coqs  succombenl  tous  les  deux. 

Les  enfants  ont  de  tous  leurs  yeux  suivi  leurs  efforts,  les  voyant  morts 
ils  se  pressent,  Vorvong  prend  le  noir.  Saurivong  le  blanc. 

Ils  les  plument,  les  cuisent  el  apaisent  leur  Faim;  ce  qui  reste  il-  le 
gardenl  el  se  remettent  en  roule. 

Sept  mois  se  passenl  ainsi,  sans  qu'ils  rencontrent  personne,  axant 
le  souvenir  de  leur  mère  toujours  présent  à  1  esprit. 


Un  soir,  dans  le  royaume  de  Contbop  Borey,  ils  se  trou\ èrenl  devant 
une  maison  de  repus  disposée  pour  les  voyageurs. 

Tout  x  était  silencieux,  ils  entrèrent,  se  couchèrent  et  s'endormirent. 
C'était  le  pays  du  Roi  Visot. 


Entouré  d'une  nombreuse  armée,  aimé  du  peuple  innombrable  el  des 
chefs,  le  RoiYisol  avaitgouverné  jusqu'à  l'extrême  vieillesse:  mort  depuis 
sept  mois,  il  avait  laissé  à  sa  femme,  la  Heine  Komol  Méléa.  une  fille 
unique,  parfaite  en  beauté  et  en  vertu,  adorée  de  ses  parents,  chérie  de  tous. 

A  ses  charmes  naturels,  la  petite  princesse  Sar  Bopha  joignait  une 
rare  intelligence:  elle  aimait  les  livres  cl  se  plaisait  aux  jeux  de  l'esprit 
les  plus  compliqués.  Les  Grands,  les  Brahmes  el  les  Savants  recher- 
chaient le  plaisir  de  la  voir  el  l'entendre,  elle  leur  posait  tics  questions 
ingénieuses,  des  énigmes,  répondait  habilement  aux  leurs  et  souvent  les 
obligeait  à  s'incliner  devant  sa  surprenante  subtilité. 

Cependanl  les  Principaux  du  pays  avaient  en  vain  tenu  de  nombreux 
conseils  pour  le  choix  d'un  successeur  au  trône:  voyant  le  peuple  éploré, 
désireux  d'un  appui,  ils  recourent  aux  calculs  des  astrologues  et  apportent 
celle  réponse  à  la  Heine  : 

«  0  Heine,  celui  qu'il  faut  pour  bien  conduire  le  peuple,  être  noire 
glorieux  souverain,  se  trouve  dans  le  Royaume. 


0     ^i\      ^  o 


â^| 


3*ë 


Choisissez  l'un  de  ces  coqs    pai 


VORVONG  ET  SAURTVOÏVG 


«  Faites,  nous  vous  en  prions,  harnacher  l'éléphant  sucré  et  laissez 

le  partir  à  son  gré. 

«  Il  ira  droit  vers  le  prédestiné  à  qui  notre  pays,  présent  divin,  est 
offert  par  le  ciel.  Il  s'agenouillera  devant  lui,  le  saluera,  l'enlèvera  respec- 
tueusement, le  placera  sur  le  coussin  royal  cl  l'amènera  dans  la  capitale.» 

A  peine  ont-ils  parlé,  la  Reine  donne  les  ordres. 

L'éléphant,  comme  heureux  de  sa  mission,  part,  mugissant  fière- 
ment :  il  se  dirige  au  nord. 

Au  milieu  de  la  forêt,  dans  la  maison  de  repos  solitaire,  les  jeunes 
princes  dorment  d'un  sommeil  profond,  suite  des  longues  l'alignes,  des 
dures  privations. 

Ils  ne  s'éveillent  pas  quand  tout  à  coup  l'éléphanl  royal  que  suit  un 
long  cortège,  vient,  là  même,  arrêter  triomphant  sa  course  tout  auprès 
d'eux. 

La  bête  intelligente  salue,  s  agenouille,  se  baisse  sur  ses  quatre  pâlies, 
descend  à  leur  hauteur.  De  sa  trompe  délicate  elle  enlace  doucement  le 
corps  de  Saurivong,  l'aîné  ;  sans  interrompre  son  sommeil  elle  le  place 
avec  précaution  sur  sa  tête  et  rentre,  rapide,  au  palais,  comme  les  savants 
l'ont  dil. 


Quelle  n'est  pas  la  surprise  el  l'effroi  de  Vorvong  quand,  réveillé  au 
bruit  l'ail  par  le  cortège  en  se  retirant,  il  ne  voit  plus  son  frère  auprès  de 
lui  el  aperçoit  la  foule  drs  chefs  el  des  soldats  non  loin  de  la  maison. 

Il  s'enfuit,  il  se  perd  dans  la  profondeur  du  liois.  Les  bruits  vagues 
que  le  vent  porte  augmentent  sa  frayeur,  il  se  cache  dans  le  creux  d'un 
arbre. 


Emporté  par  l'éléphant,  Saurivong  se  réveille  dans  le  palais  au  milieu 
des  ollieiers  et  des  serviteurs  pressés  de  lui  être  agréable. 

Ne  voyant  pas  son  frère  qu'il  croit  d'abord  avoir  été  amené'  avec  lui, 
il  s'inquiète,  des  pleurs  s'échappent  de  ses  yeux,  il  interroge  : 


72  MISSION   l'WIK 


«  0  vous,  bons  seigneurs,  dites-moi  où  est  mon  frère bien-aimé ?  Nous 
dormions  l'un  près  de  l'autre,  pourquoi  m'avez-vous  pris  sans  Lui? 
Ecoulez  ma  prière,  rendez-le  moi  !  » 

Tous  s'inclinent  : 

«  Nous  ne  savions  pas  tpie  vous  aviez  un  frère,  illustre  Prince,  l'élé- 
phant qui  nous  revient  vous  a  amené  seul.  » 

Devant  son  désespoir,  ils  se  retirent,  ils  vont  vers  la  forèl  pensanl  y 
retrouver  '\  orvong. 

A  leur  retour,  ils  ne  peuvent  que  dire  : 

«  La  maison  dans  laquelle  l'éléphant  vous  a  enlevé  est  vide,  toutes 
nos  recherches  ont  été  inutiles.  » 

Saurivong  s'abandonne  alors  pleinemeni  à  sa  douleur. 

Quand  la  raison  enfin  l'apaise  un  peu,  voyant  qu'on  lui  présente,  à 
lui  qui  n  est  qu'un  enfant,  les  hommes  de  guerre,  les  serviteurs  et  tous 
les  gens,  suite  ordinaire  des  rois,  il  demande: 

«   Pourquoi  m'avez-vous  pris,  que  voulez-vous  faire  de  moi?   » 

Tous  les  grands  personnages  répondent  : 

«  Nous  savons  maintenant  que  vous  étiez  deux  jeunes  princes  avant 
quitté  leur  famille  à  la  recherche  d'un  savant  ermite  capable  de  les  ins- 
truire. 

«  Nous,  les  chefs  de  cet  ancien  pays  dont  le  Roi  n'es!  plus,  n'ayant 
pas  parmi  nous  d'homme  apte  au  pouvoir  suprême,  tonnons  le  vœu  et  la 
prière  de  vous  avoir  pour  Souverain  et  Maître  dans  ce  palais  où  une 
heureuse  destinée  vous  amène. 

«  La  gracieuse  princesse  Sar  Bppha,  fille  unique  de  noire  Loi, 
deviendra  votre  femme  et  sera  notre  Reine.    » 

Celle  proposition  des  Grands  du  royaume  de  Conthop-Borey  pros- 
ternés devant  lui.   il  était   impossible  de  la  refuser,  Saurivong  s'inclina. 
Aussitôt  la  Reine  Méléa  est  prévenue  de  l'arrivée  du  prince  indiqué 
par  le  Ciel.  Elle  commande  qu'on  prépare  en  toute  hâte  son  élévation  et 
celle  de  la  princesse  Sar  Bopha. 

Laissons  Saurivong  au  milieu  des  grandes  cérémonies  et  revenons  à 
\  orvong  (lig.   5). 


De  >.i  trompe  délicate,  elle  enlace  doucement  le  corps  de  Saurivong  pagi  ■■■ 


YORYONG   ET  SA.UR1VONG 


73 


Ti_'     5.   —  Laissons   Saurivong  au  milieu  des  eranJ 


es  cérémonies. 


Quand  le  soleil  couchanl    empourpre  les  grands  arbres,  Vorvorig 
dans  sa  cachette  pleure,  désespéré,  la  perte  de  son  frère. 

10 


MISSION  PAVIE 


«   Peut-être  esl-il  mort;   la  vie  alors  me  Sérail  une  charge  insu 


- 


ipp 


or- 


table  :  je  in-  saurais  rentrer  suis  lui  dans  le  Royaume  de  mon  père  ! 

«  Enlevés  à  1  amour  de  notre  mère,  unis  tous  deux,  nous  supportions 
le  sorl  :  nous  ne  saurions  être  séparés  à  jamais  ! 

«   Oui  pourra  m' aider  à  retrouver  mon  frère?   » 

Cherchanl  el  appelant  Saurivong,  il  revoil  la  maison  de  repos  où  il 
1  a  perdu  :  ses  larmes  coulenl  abondamment. 

Marchant  pieds  nus  sur  le  sol  sec  sans  arbres  ni  gazon,  il  s'éloigne 
par  le  chemin,  se  retournant  à  chaque  instant,  ramenant  à  sa  pensée  les 
longs  mois  de  voyage  faits  à  travers  les  forêts  peuplées  des  seules  bêtes 
féroces. 


Le  voici  à  la  porte  de  la  ville  où.  sans  qu'il  s'en  doulc,  son  frère  se 
désole  comme  lui  : 

11  va  aux  gardes,  il  leur  demande  : 

«  O  vous  qui  ne  quittez  pas  celle  place,  n'avez-vous  pas  vu  entrer 
mon  frère  ?  » 

Ces  hommes  grossiers,  mécontents  d'être  importunés,  répondent 
brutalement  : 

«    D'où  vient  eel  enfant  qui  ose  déranger  les  gardes  du  Roi? 

«  Si  son  frère  élail  passé,  qui  aurait  pu  le  reconnaître  ne  l'ayanl 
jamais  vu!' 

«   Garde-toi,  vermine,  de  revenir  la  nuil    troubler  notre  sommeil  !   » 

A  ces  méchantes  paroles,  ils  ajoutent  des  injures,  des  gestes  mena- 
çants. 

Le  pelil  Vorvong  quille  craintivement  l'enceinte,  il  prend  un  chemin 
au  hasard. 


Après  sept  jours  pendant  lesquels  il  a  souvent  prié  les  génies  de  le 
proléger  des  bêtes  féroces,  il  se  trouve  dans  le  Royaume  de  Pohoul- 
Borev. 


YoH\u\<;  ET  SAl  uimim; 


La  capitale  esl  entourée  de  murailles:  le  palais  aux  loils  étincelants 
d'or,  de  vert,  de  rouge,  de  bleu,  esl  celui  du  Roi  Thornil  dont  la  femme 
favorite,  la  Reine  Kramolh,  esl  morte  lui  laissant  seulement  une  fille. 

Néang  Kessej  esl  la  plus  aimable,  la  mieux  accomplie  des  princesses, 
sa  beauté  surnaturelle,  l'incomparable  harmonie  de  son  corps  svelle, 
éveillent  l'idée  des  anges  célestes.  A  la  plus  rare  intelligence  elle  ajoute. 
malgré  sou  jeune  Age,  les  connaissances  les  plus  variées. 

Elevée  par  les  soins  de  son  père,  jaloux  de  son  trésor,  elle  vit,  gardée 
dans  une  solitude  somptueuse,  entourée  des  femmes  de  la  Cour  et  de 
suivantes  choisies. 


Près  de  son  palais  une  vieille  femme  cultive  des  fleurs,   qu'elle  lui 
porte  en  bouquets  le  malin  et  le  soir. 


La  nuit  esl  venue,  le  tonnerre  gronde,  le  ciel,  noir  de  nuages,  laisse 
tout  à  coup  échapper  des  torrents  d'eau. 

\  orvong  forcé  de  s'arrêter  cherche  un  abri  à  la  lueur  des  éclairs. 

Il  aperçoit  la  maisonnette  de  la  vieille,  il  s'approche;  debout  près  de 
la  porte,  il  appelle  : 

«  0  obligeants  amis,  permettez-moi  d'entrer  chez  vous  pendant  la 
pluie?  » 

La  vieille  questionne  : 

«   D'où  venez-vous  ainsi  en  pleine  nuit  ?   a 

—  «  D'un  pays  bien  lointain.  J'ai  perdu  mon  frère  dans  la  route, 
je  grelotte  sous  l'averse,  ayez  pitié  de  moi  !   » 

—  «  Je  suis  une  pauvre  bouquetière,  mou  jardin  me  donne  à  peine 
de  quoi  vivre;  ma  maison  esl  si  étroite  que  je  n'y  ai  pas  place  pour  faire 
ma  cuisine,  si  vous  \  entrez  on  n'\  pourra  remuer  :  cependant  puisque 
vous  avez  froid,  abritez-vous.    » 

Le  malheureux  Vorvong  grimpe  par  l'échelle,  il  s'assied  transi  dans 
un  coin.  Lue  faim  douloureuse  le  torture,  il  n'y  peut  résister  : 


MISSION    l'W  m: 


«  N'auriez-vous  pas  un  peu  de  riz.  le  reste  de  votre  repas,  par  grâce, 
(ailes  m'en  l'aumône!    » 

—  «  Comment  pouvez-vous  avoir  pareille  audace,  d'où  venez-vous 
donc?  Je  vous  abrite,  n'est-ce  pas  suffisant,  faut-il  encore  que  je  vous 
nourrisse  ?   » 

—  «  O  bonne  vieille,  depuis  plus  de  sept  mois  j'erre  en  Ions  pays, 
subissant  les  plus  dures  privations,  je  marche  sans  cesse  me  nourrissant 
des  fruits  des  arbres.  Je  ne  connais  plus  le  riz.  abattu  par  la  souffrance 
j'ai  osé  vous  dire  ma  faim,  soulagez-moi  je  vous  en  prie  !    » 

—  «  S'il  est  ainsi,  voyez  dans  la  marmite,  auprès  de  la  cloison,  les 
restes  de  mon  repas  y  sont.    » 

Pénétré  de  reconnaissance,  Vorvong  remercie,  il  se  lève,  entre  dans 
la  cuisine,  l'obscurité  l'oblige  à  demander  de  la  lumière. 

Mais  la  vieille  fâchée  d'être  de  nouveau  dérangée  parle  plus  durement 
encore  : 

«  11  vous  faut  maintenant  une  torche,  je  n'en  ai  pas,  vous  êtes  par 
trop  exigeant  et  effronté,  je  vous  ai  donné  abri  et  nourriture,  ne  m'em- 
pêchez plus  de  dormir.    » 

11  songe  alors  à  sa  bague,  il  se  dit  :  la  bague  que  ma  bonne  mère  m'a 
donnée  possède  la  plus  précieuse  des  pierres,  «  à  défaut  de  lumière,  » 
m'a-t-elle  dit,  «  il  suffît  de  se  la  mettre  au  doigt  pour  s'éclairer,  grâce  à 
elle  on  peut  aussi  cuire  les  aliments  très  \  ile.    » 

Il  la  place  à  son  doigt,  une  vive  clarté  s'en  dégage,  la  vieille  croit  sa 
torche  allumée,  la  colère  s'empare  d'elle. 

«  Le  restant  de  la  torche  que  je  ménageais  si  soigneusement,  il  la 
brûle  sans  besoin  !   » 

Elle  prend  un  bâton,  court  à  la  cuisine  disant  : 

a   Je  vais  lui  donner  sur  la  tête  une  leçon  méritée  !    » 

Voyanl  que  la  lumière  jaillit  de  la  bague  tic  Vorvong,  elle  s'arrête 
confondue,  elle  prend  le  jeune  Prince  pour  un  voleur,  elle  craint  d'être 
arrêtée  comme  sa  complice,  elle  court  vers  le  palais,  parvient  jusqu'au 
Souverain. 

«   O   suprême   Maître,    dans  ma  maison  s'est  réfugié  un  voleur  au 


VORVONG  ET  SA!  lll\nN(, 


doigt  duquel  brille,  de  lueurs  extraordinaires,  une  bague  merveilleuse 
qui  ne  peut  appartenir  qu'au  trésor  royal.   » 

Entendant  ces  paroles,  le  Roi  ordonne  : 

«  Suivez  cette  femme,  arrêtez  le  voleur,  mettez-lui  eangue  au  cou, 
fers  aux  pieds,  veillez  à  ce  qu'il  ne  puisse  fuir  !    » 

Les  gardes  arrivent  devant  la  cabane:  la  vieille  leur  parle  bas  : 

«  11  est  l'a.  faites  attention,  saisissez-le  vile,  conduisez-le  au  Roi,  qu'il 
soit  puni  connue  il  le  mérite.   » 

En  se  voyant  subitement  entouré,  enchaîné,  le  pauvre  petit,  trem- 
blant, tout  en  pleurs,  prie  les  Anges  du  ciel  de  lui  venir  en  aide  i  fig.  6  |. 

Sans  rien  écouter,  on  l'entraîne.  Le  Roi  ne  le  l'ait  ni  interroger,  ni 
juger,  on  l'enferme  dans  une  cage,  on  lui  hu>se  au  cou  la  cangue,  aux 
pieds  les  l'ers  et  défense  est  faite  de  lui  donner  aucune  nourriture. 


Se  voyant  à  ce  point  atteint  par  le  malheur,  ^  orvong  entrevoit  la  mort 
proche.  Sa  mère,  le  souvenir  de  ses  doux  soins  viennent  alors  emplir  son 
esprit,  il  songe  à  toute  la  reconnaissance  qu'il  lui  doit,  sa  chère  image 
toujours  présente  à  ses  yeux  lui  rend  le  courage,  l'aide  à  supporter  son 
sort  cruel.  Il  comprend  que  les  peines  qu'il  souffre  effacent  les  fautes 
d'une  existence  passée. 

Pendant  six  ans.  il  reste  ainsi  >;ms  rien  manger:   ses  larmes  ont  tant 


coulé  qu'il  doit  enfin  inspirer  la  pitié. 


Les  Astrologues  royaux  cherchèrent    dans    les  astres    la    cause  des 
souffrances  ainsi  supportées  par  un  si  jeune  enfant. 

L'un  d'eux  expliqua  qu  elles  étaient  la  punition  d'un  passé  coupable  : 
«  Dans  une  existence  antérieure,  cet  enfant,  chasseur  avide  de  la  vie 
des  animaux,  en  lit  périr  un  grand  nombre  dans  les  ravins  et  les  mon- 
tagnes. 1  a  jour,  surpris  par  l'orage,  il  se  réfugie  dans  un  ermitage  aban- 
donné. I  n  beau  couple  de  cerfs,  effrayé  par  les  éclats  du  tonnerre,  s'j 
abrite  en  même  temps.  Son  cœur  s'emplit  de  joie,  il  saisit  le  mâle  par  ses 


n  \II^SIm\  PAVIE 


e 


(■(unes  velues,  L'attache  pensant  retenir  auprès  de  lui  la  biche,  mais  elle 
fuil  n  |,i  poursuit,  ne  peut  l'atteindre,  revient  au  cerf,  l'emmène,  le 
garde  captif  en  cage.  C'est  cette  faute  qu'expie  le  prisonnier.   >> 

(  )n  demande  encore  au  savanl  : 

«  Il  est  devenu  maigre  comme  une  feuille  depuis  si  longtemps  qu'il 
est  privé  de  nourriture,  pourquoi  n'est-il  pas  mori  de  faim  comme  il 
serait  arrivé  à  tout  autre?  » 

—  «   Un  coq   noir,    dont   il   a  mangé  la  chair,   n'était  autre  que  1 
Pra-Pusnoka  métamorphosé  :  dix  mille  ans  de  nouvelles  privations  ne  lui 
ôteraient  pas  la  vie.   » 


Son  origine  illustre,  les  mérites  acquis  en  supporlanl  ses  maux,  sur- 
tout la  rec aissance  que  dans  ses  pensées,  il  ne  cesse  de  témoigner  à  sa 

mère  appellent  enfin  sur  lui  l'attention  de  Pra  En. 

Le  Puissant  Souverain  des  Cieux  est  soudainement  obsédé  par  1  idée 
que  l'action  de  sa  bonté  est  urgente  sur  la  terre. 

Quittant  sa  divine  demeure,  la  suprême  intelligence  aperçoit  dans  la 
cage  l' enfant  issu  de  la  race  du  Bouddha.  11  interroge  le  livre  des  exis- 
tences, reconnaît  que  les  peines  qu'il  subit  ont  leur  terme  très  proche,  et 
que  la  compagne  de  ses  vies  passées  doit  rendre  sa  liberté  plus  douce. 

«  La  charmante  Kessej .  »  pense-t-il,  »  ne  se  doute  pas  que  son 
fiancé  se  trouve  aussi  près  d'elle.  Allons  la  prévenir  et  finir  les  misères 
de  notre  cher  enfant.    » 


Par  ia  nuit  lié-  profonde,  il  traverse  l'espace  cl  vient  -m-  le  palais  où 
la  jeune  tille  dort  i  fig.  ~  )■ 

Dans  un  songe,  clic  le  \<>il.  il  lui  parle,  elle  I  entend  : 

«  Le  compagnon  futur  de  votre  vie,  prince  issu  du  Bouddha,  sup- 
porte, tout  près  de  vous,  une  dure  infortune,  resterez-vous  plus  long- 
temps, ô  généreuse  Kpssey,  indifférente  à  son  malheur?   » 

Néang  K.esse\  s'éï  cille,  elle  s'assied  sur  sa  couche,  elle  repasse  le  rêve: 


VORVONG  ET  SA.URIVONG 


i  jj  t^t,.. 


Fig.  G.  —  enchaîné,  le  pauvre  pclit 


«   t  ii  sainl  Brahme  m'a  parlé,  nuis  il  a  disparu!  J'ai  bien  retenu  ses 


paroles  ! 


80  Ml<-!'i\    l'WII' 


«  Le  jeune  étranger  qui,  aux  premiers  jours,  sera  depuis  six  ans  dans 
la  cage  captif,  esl  le  seul  dont  j'aie  ouï  raconter  le  malheur  ! 

«  La  pensée  que  c  esl  lui.  émeut  déjà  mon  cœur.  Nedois-je  pasallerde 
suite  au  pauvre  prisonnier,  apprendre  qui  il  esl  et  ce  qu'il  me  faut  faire  ?  o 

Troublée,  elle  s'agenouille,  envoie  mis  le  ciel  une  ardente  prière, 
demandant  qu'il  L'inspire  el  veuille  l'éclairer.  Puis  se  sent  résolue. 


Elle  se  remet  aux  mains  du  bienveillant  Pra  En  et  lui  confiant  son 
être,  revêt  ses  vêtements,  descend  de  sa  demeure,  marche  par  la  nuit 
obscure. 

Dans  les  appartements,  les  suivantes  sommeillent.  Les  gardes  aux 
porto  se  -oui  tous  endormis. 


Le  regard  du  prisonnier  erre  tristement  dans  l'obscurité,  soudain  il 
reste  fixe. 

La  jeune  fille  approche. 

Sa  beauté  surnaturelle,  l'harmonie  de  son  corps  svelte,  éveillent  l'idée 
des  .Anges  célestes. 

Comme  une  apparition  divine  elle  marche  vers  la  cage. 

Cette  créature  incomparable,  Vorvong  ne  l'a  jamais  vue  passer:  il  se 
croit  le  jouet  il  une  illusion,  d  un  songe,  craint  de  le  voir  s'évanouir. 

Puis  il  se  dit  quelle  est  sans  doute  un  envoyé  des  Cieux  pouvant 
mettre  fin  à  sa  misère  affreuse.  Il  tente  de  se  le  rendre  favorable  : 

«  Bon  génie  qui  venez  ainsi  seul  dans  l'ombre  de  la  nuit,  pourquoi 
semblez-vous  hésiter?  Ecoutez  ma  prière,  permettez  que  je  vous  parle. 
dites-moi  qui  vous  êtes  ?  » 

Souriante  el  de  sa  voix  d'une  douceur  s;ms  pareille,  elle  répond  : 

«  Je  sui<  la  fille  du  Roi  ! 

»  Dans  le  sommeil,  il  n'y  a  qu'un  instant,  un  envoyé  du  (  !iel,  sou-  la 
forme  d'un  Brahme,  m'est  apparu,  m'a  dit  : 

«    Le  compagnon  futur  de  votre  vie  prince  issu  du  Bouddha,  supporte 


VORVONG  ET  SAUR1VONG 


81 


Fig.    7.    —    virnl   sur  le  palais  où  la  jeune  fille  dort. 


tout  près  de  \<ms  une   dure   infortune,    reslerez-vous  plus  longtemps,  ô 
généreuse  Kessey,  indifférente  à  son  malheur? 

11 


82  MISSION  PA.VIE 

«  J'ai  par  une  prière  remis  ma  destinée  à  la  garde  des  ^nges,  pensant 
que  vous  êtes  bien  Le  prince  de  mon  rêve,  j'ai  quitté,  confiante,  ma 
couche,  le  palais,  el  suis  venue  vers  vous. 

«  Sur  un  m  passât;!',  j 'ai  vu  les  suivantes  el  les  gardes  pris  d  un  profond 
sommeil,  indice  que  le  ciel  protège  ma  démarche. 

«  Dites-moi  (loue  votre  famille,  votre  pays,  votre  histoire,  je  serai 
bien  heureuse  si.  par  voire  voix  même,  j'entends  se  confirmer  l'espoir  né 
dans  mon  cœur.   » 

Le  prince  ému  par  le  bonheur,  comprend  que  celle  jeune  fille  au 
cœur  exquis  esl  sa  compagne  des  \  ies  passées,  qu'elle  ile\  ienl  sa  fiancée  : 

d  O  chère  sœur,  votre  rêve  réalisé  nous  ramène  l'un  vers  l'autre,  je 
sens  ma  délivrance  proche  ;  la  nuit,  par  la  bonté  îles  Vnges,  va  prêter  si  m 
silence  au  récit  de  mes  peines.    » 

Elle  s'assied,  attentive,  à  légère  distance  el  le  captif  commence  : 

«    Mon  pays  esl  le  royaume  de  Créassane. 

Le  Uni  Sauriyo  a  sa  capitale  remplie  de  palais,  une  armée  innom- 
brable, cinq  cents  territoires  pour  tributaires.  Il  a  dans  son  collège  des 
rois,  des  princes,  une  foule  de  chefs  el  d  officiers. 

d  La  I  Ici  ne  Néang  Tiéya  esl  entourée  d  une  nombreuse  cour,  plusieurs 
milliers  de  suivantes  journellement  se  relèvenl  auprès  d  elle. 

»  L'un  el  l'autre  ne  me  sont  pas  étrangers.  Le  Roi  esl  mon  père  el  la 
Reine  esl  ma  mère. 

«  Nous  sommes  deux  frères,  Saurivong  el  Vorvong.  Saurivong  esl 
I  aîné. 

»  Mon  père  a  une  deuxième  femme.  Néang  Montéa  :  il  satisfail  tous 
ses  désirs.  Elle  à  un  fils,  \  ej  \  ongsa. 

«  Avanl  celle  l'en  m  ie.  le  Roi  n'avait  jamais  rendu  notre  mère  malheu- 
reuse. 

«  Mais  Néang  Montéa.  ne  pouvant  supporter  l'idée  que  mon  frère  el 
moi  régnerions  plus  tard,  cherchait  l'occasion  de  nous  perdre. 

«  l  n  jour,  nous  passions  auprès  d'elle,  elle  nous  appelle,  nous  prend 
dans  ses  bras,  nous  étreint,  crie  à  l'aide,  non-  accusant  d'un  crime  contre 
sa  personne  même. 


F 


"  _  ■ 

; ■_ ^%HV  ^__ 


1.11,'  s'assied  nttcntive  ;'i  légère  distance  (page  82). 


\nlt\ov;   ET  SU  Ul\n\i. 


83 


«  Le  Roi  sans  rien  entendre  s'abandonne  à  la  colère,  donne  des  ordres 
aux  bourreaux  qui,  sur  le  champ,  nous  emmènent  vers  la  forêl  |  our  nous 
\  mettre  à  mort. 

ci  Nuire  mère,  avertie  par  nus  plaintes,  par  nos  cris,  suit  nos  traces, 
m  >i i~-  rejoint,  obtient  des  bourreaux  qu  ils  contreviennent  aux  ordres  du 
Roi  et  réussit  à  nous  faire  fuir. 

«  Elle  remet  à  chacun  une  bague  précieuse,  fait  les  recommandations 
que  son  cœur  lui  inspire,  nuiis  embrasse  en  pleuranl  et  brisée  de  douleur 
retourne  \  ers  le  palais. 

«  Marchant  de  longs  mois,  tendrement  unis,  supportant  nos  maux  par 
son  souvenir,  nous  arrivons  un  soir  dans  le  grand  Royaume  de  Conthop 
Borej  . 

(i    accablés  de  fatigue,  nous  endormons  la  nuil  dans  une  maison  que 

s  croyons  faite  pour  les  voyageurs.  Le  Kui.au  cœur  dur.  l'apprend, 

s'en  irrite,  il  fait  prendre  mon  frère  pendant  le  sommeil  par  des  officiers 
suivis  de  soldats. 

((  Au  bruit  je  m'éveille  et  fuis  dans  les  buis:  n'ayant  pu  retrouver 
mon  frère  bien-aimé  je  laisse  en  arrière  ce  méchant  pays. 

a  J'arrive  ici,  par  la  nuil  nuire,  pendant  un  gros  orage,  el  m'arrête 
devanl  la  cabane  d'une  vieille  bouquetière.  Bien  à  contre-cœur  elle  me 
donne  abri  el  un  peu  de  riz,  puis  elle  me  refuse,  avec  de  dures  paroles, 
la  lumière  d'une  torche. 

«  Me  rappelant  la  précieuse  vertu  qu'a  la  bague  de  ma  mère,  je  la 
mets  au  doigt,  une  lueur  éclatante  jaillit  et  m'éclaire;  la  vieille  l'aperçoit, 
elle  courl  dire  au  Roi  quel  précieux  bijou  esl  entre  mes  mains. 

«    De  suili m'arrête  sans  vouloir  m'entendre  ;  sans  me  juger  on 

me  jette  en  cage  et   depuis  six  ans.  je  supporte  la  faim,  la  cangue   el  les 

fers,  sans  que  personne  m'ait  montré  quelque  pitié,  n'axant  | r  soutien 

que  l'espoir  de  revoir  ma  mère  chérie  et  de  retrouA  er  mon  frère  perdu.    » 

«  .Maintenant.  Princesse,  par  voire  entremise  les  Dieux  viennenl 
m'aider,  je  confie  mon  sort  à  leur  sagesse,  à  Mitre  bonté,    o 

Néang  fcessej  suffoquée  de  pleurs  rentre  promptement.  Elle  prépare  des 
mets  -ans  prix,  vienl  le-  lui  servir  avec  ud  doux  respect,  puis  lui  laissant 


MISSION   l'VMI- 


Le  cœur  plein  d'espoir,  salue,  élevant  ses  mains  jointes  au  front,  el  regagne 
sa  demeure  d'un  pas  assuré. 


Ce  jour  là.  suivantes  el  gardes,  quand  ils  se  réveillent,  se  demandent, 
surpris,  la  cause  d'un  sommeil  inaccoutumé. 

Dans  son  palais  la  jeune  fille  songe  désormais  à  Vorvong,  elle  se 
reproche  de  l'avoir  m  longtemps  cru  un  homme  ordinaire,  ses  yeux 
souvenl  se  gonflent,  elle  s'écrie:  «  O  noble  el  cher  Vorvong,  vous  aurez 
un  haul  rang  dans  le  inonde  et  votre  race  sera  grande  par  dessus  toutes!  o 


Interrompons-nous  pour  parler  du  grand  et  prospère  royaume  de 
Ghay  Bore)  . 

Son  Roi  puissant,  juste  et  bon.  se  nomme  Sotat. 

Des  chefs  sages  administrent  ses  >ille-,  son  peuple  jouit  d'une  félicité 
parfaite. 

Le  Roi  a  une  jeune  fille,  Rot  Vodey,  belle,  intelligente  et  d'une  bonté 
incomparable:  aimée  de  tous  ceux  qui  l'approchent,  elle  est  entourée 
de  soins  sans  pareils. 

Sotal  esl  l'ami  et  l'allié  du  Roi  Thornit,  constamment  leurs  ambassa- 
deurs ou  des  envoyés  sont  en  route  de  l'un  vers  l'autre. 

L  n  jour,  un  Géant,  ignorant,  brutal  et  féroce  entre  dans  le  Royaume. 

Son  arrivée  effraie  le  (iénie  familier,  protecteur  dupavs.  il  abandonne 
la  caverne  sa  demeure  et  se  relire  sous  un  arbre. 

Le  (  îéant  se  loge  dans  la  caverne  et  en  ferme  l'entrée  avec  des  rochers. 

Ensuite,  de  sa  voix  de  tonnerre,  s'adressant  au  Roi,  il  hurle  : 

«   Roi  qui  règne  ici,  sache  ceci  : 

«  Je  me  nomme  Sokali-Yack1,  ma  puissance  est  extrême  et  surna- 
turelle, j'ai  chassé  le  Génie  de  ton  pays,  il  s'est  au  loin,  réfugié  sous  le 
feuillage  d'un  arbre. 

1 .   Voir  paye  31 . 


YORYONC  ET  S.URIYONC  85 


«  Je  ne  crains  ni  toi,  ni  les  soldais,  cependant,  je  ne  toucherai  à  per- 
sonne du  palais,  je  ne  ferai  aucun  mal  au  peuple,  je  désire  seulement  te 
manger,  loi  Le  Roi,  el  suis  venu  ici  uniquement  pour  cela.   » 


Le  Roi  de  Cha\  Borej  croit  sa  lin  prochaine  tant  le  Géant  inspire  de 
terreur,  il  se  <lil  : 

»  Il  faut  que  j'appelle  mon  ami  Le  Roi  Thornit,  je  lui  confierai  ma 
fille  adorée,  la  Reine,  mon  royaume.   » 

11  envoie  des  messagers  rapides,  pensant  en  lui-même  : 

«   O  mon  pauvre  corps,  de  quelle  triste  fin  es-tu  menacé  !    » 


Dès  que  Thornit  a  connaissance  de  La  fâcheuse  nouvelle,  il  ordonne 
la  réunion  immédiate  de  L'armée  afin  de  secourir,  sans  larder,  son  ami. 

Les  guerriers  arrivent  en  foule  de  tous  côtés.  Les  vaisseaux  sont  aus- 
sitôt armés  en  grand  nombre. 


I  n  obstacle  survient,  le  navire  royal,  repeint,  redoré,  toul  prêt,  on 
tente  en  vain  de  le  mettre  à  l'eau,  architectes  el  charpentiers  s'avouent 
impuissants. 

Sur  Le  champ.  Le  Roi  fait  au  son  des  trompes  et  des  gongs,  appeler 

partout  quiconque  croit  pouvoir  réussir  celle  opération.   S'il  a  le  succès. 

la    récompense   qu'il  demandera  lui  csl  d'avance   accordée  :    argent,  or. 

soieries  ou  encore  (oui  autres  choses  riches. 

Aux  appels  répétés,  pressants,  personne  ne  répond.  Consternés,  les 

officiers  rentrent  au  palais. 

\  orvong  de  sa  cage  les  voit,  leur  demande  : 

»    Ne  pourriez-vous  me  dire  la  cause  de  \os  appels?    » 

Sans  rien  lui  répondre,  le  traitant  de  fou,  ils  vont  vers  le  Roi  el  ne  lui 

cachent  pas  que  seul,  le  misérable  captif  de  la  cage,  les  a  questionnés. 
Incontinent,  le  Roi  les  envoie  chercher  Le  prisonnier. 


86  MISSION   PAVIE 


«  Si  lu  peux  lancer  mon  navire,  tu  auras  liberté  el  récompense 
insigne.   » 

Le  prince,  prosterné,  lui  parla  ainsi  : 

»  Grand  Roi,  excusez-moi.  je  ne  Mimais  me  vanter  de  réussir,  mais 
convié  par  vous  je  tenterai  l'entreprise,  si  le  succès  me  favorise,  vous 
devro/  le  mettre  sur  le  compte  du  ciel. 

«  Je  demande  seulement  des  bougies  parfumées  el  trois  de  vos  plus 
beaux  drapeaux.    » 

En  présence  du  Roi,  devant  la  foule  des  chefs  el  des  guerriers,  devant 
un  peuple  immense  accouru  au  spectacle,  Vorvong  agenouillé  fait  un 
appel  aux  ^.nges,  puis  de  son  petit  doigl  il  pousse  le  navire  (fig.  8). 

Parla  faveur  céleste,  grâce  aux  mérites  de  son  illustre  race,  et  pour 
l'accomplissement  de  sa  grande  destinée,  le  vaisseau  rebelle  glisse  douce- 
ment, à  sou  contact,  jusqu'au  milieu  des  llols. 


L'armée  étant  prête,  la  flotte  déploie  ses  voiles,  part,  atteint  le  port 
de  Chay  Borey. 

Des  cases  pour  les  soldais  sont  1res  \'[\^•  construites;  le  Roi  alors  se 
rend  à  la  capitale  où  son  ami  Solal  lui  dit  la  situation 

«  O  mon  fidèle  el  mon  meilleur  ami,  »  dit-il.  en  terminant,  mon- 
trant son  désespoir.  «  le  Géant  qui  doit  me  faire  périr  csl  d'une  tadle 
gigantesque,  il  inspire  terreur  à  lout  le  monde   »  (fig.  9). 

Le  Roi  de  Pohoul  le  rassure  : 

«  Grand  el  royal  ami,  éloignez  toute  inquiétude,  laissez-moi  le  soin 
de  vous  sauver  la  vie.  I  a  de  mes  serviteurs  a  un  pouvoir  surnaturel,  à  lui 
seul  il  a  mis  à  la  mer  mon  beau  navire  doré.    » 


Sans  plus  larder  il  l'ail  appeler  Vorvong,  resté  avec  la  Hotte. 
Mais.  lui.  refuse  de  l'aller  rejoindre,  disanl  : 

«   Avant  de  répondre  il  faut  que  je  sache  la  cause,  honne  ou  mauvaise, 
de  l'appel  du  Roi.   » 


\H|;\(IM!   ET  SU  HI\n\i, 


87 


!..     ■ 


il   pousse  le  navire. 


I  nom  il  comprend  le  désir  de  Vorvone.  il  lui  fait  dire  : 

1  o  ' 

«  Je  voudrais  te  charger  île  vaincre  Sokali,  le  Géanl  menaçant  qui, 
près  de  la  capitale,  habite  une  caveri I  veut  la  vie  du  Roi.  » 


88 


MISSION  pavii: 


Fifif.      .    —   a  0  mon  fidèle  et  meilleur  ami 


Le  prince  répondit  : 

«i   J'accepte  de  combattre  le  Yack  eu  place  du  souverain,  mais  s  il  faul 


\<>h\(>\<;  et  su  m\o\(i 


89 


Fis     1  i  Le   lî"i  ordonne 


succomber  ce  doit  être  en  Roi.  Je  demande  insignes  et  vêlements  royaux.  » 
Le  Roi  ordonne  qu'on  fasseainsi  qu'il  en  exprime  le  désir  (fig.  10). 


12 


00  MISSION    l'UlK 


Puis,  pour  lui  faire  escorte  il  envoie  ses   beaux,   braves,   terribles 
éléphants  de  guerre. 


Quand  Vorvong  arrive  dans  la  capitale.  vêtu,  paré  en  roi,  monté  sur 
l'éléphant  royal,  il  ressemble  au  loul  puissant  Pra  En  lui-même  (fig.  I  I  ). 

A  la  vue  de  ce  jeune  prince  aux  traits  mâles  et  charmants,  respirant 
la  confiance,  les  deux  souverains  se  sentent  très  heureux. 

Le  Roi  Sotat  le  fait  approcher  du  Trône  : 

«  0  valeureux  \  orvong,  je  vous  ai  fait  prier  de  combattre  le  Géant  au 
cœur  ténébreux.  Si  vous  revenez  vainqueur,  je  vous  offrirai  mon  trône  et 
j'abdiquerai   »  (fig.  12). 

Répondant  à  l'espoir  du  Roi  :  ^  orvong  respectueux,  s'incline  : 

«  Illustre  Souverain,  je  sollicite  de  votre  bonté  le  glaive  sacré  aux 
tranchants  irrésistibles  :  si  avec  une  telle  arme  l'issue  de  la  lutte  m'est 
défavorable,  je  ue  regretterai  pas  la  vie.    » 

\\anl  ainsi  parlé,  il  fait  appel  au  Ciel,  part  vers  la  caverne  et  d'un 
seul  coup  de  pied  disperse  toutes  les  roches  qui  en  ferment  l'entrée. 

Voyant  son  audace,  les  Anges  se  réjouissent,  souhaitent  son  succès, 
prient  pour  qu'il  l'obtienne. 

En  présence  d'un  adversaire,  aussi  ouvertement  le  protégé  des  dieux, 
le  "\  ack.  pris  de  peur,  ne  peut  se  décider  h  la  lutte. 

\  orvong  tire  son  glaive,  va  pour  prendre  sa  vie. 

Près  de  la  mort,  le  Géant  se  prosterne  devant  son  vainqueur  : 

«  <>  puissant  seigneur,  soyez  magnanime,  votre  destinée  est  celle  du 
Bouddha,  vous  serez  un  jour  le  salut  du  monde:  laissez-moi  la  vie,  je 
vous  la  demande,  je  retournerai  sans  aucun  retard  d'où  je  suis  venu  » 
(fig.  13). 


Dans   sa  joie  de   voir  \  orvong  revenir  vainqueur,    le  Roi  Solal   ne 


VORVONG  ET  SAURIVONG 


91 


Fis-    H. 


monte  sur  l'éléphant  royal. 


peut  |)lu>  le  quitter  des  yeux,  remarquanl  l'admirable  bagne  <jui  brille  a 


suit  doigt  : 


92  MISSION  l'Wli: 


o  Cher  Vorvong,  votre  origine  pour  moi  n'esl  plus  douteuse,  celte 
pierre,  précieuse  entre  toutes,  montre  que  \<>u>  sortez  (rime  famille 
illustre,  mais  quand  même  votre  père  sérail  homme  du  peuple,  votre 
destinée  esl  celle  du  Bouddha. 

«  Votre  courage  el  votre  mérite  son!  connus  de  l<>n^.  \  mi^  avez  épar- 
gné au  pays  le  malheur,  vous  avez  non  seulemenl  sauvé  la  vie  du  Roi, 
mais  aussi  celle  d'un  prie. 

«  Je  remets  en  mis  mains  mes  richesses,  ma  couronne,  le  royaume, 
je  \niiv  confie  le  bonheur  de  ma  fille,    o 

Le  Roi  Thornit  annonce  qu'il  lui  l'ail  la  même  insigne  laveur:  avec 
Néang  Kessey,  il  lui  donne  son  royaume. 

Celle  grande  nouvelle  est  annoncée  aux  peuples  suivant  les  usages  el 
les  préparatifs  de  l'élévation  tlu  vainqueur  au  Irône  el  de  son  mariage 
avec  les  deux  princesses,  -<>ut  de  suite  commencés. 


Les  cérémonies  eurenl  lieu  à  la  date  dite;  des  jeunes  tilles  de  taille 
élancée,  choisies  dans  les  deux  pays  parmi  les  plus  belles,  vinrent  former 
cortège  aux  deux  charmantes  Reines.  Les  Brahmes  el  les  astrologues 
assemblés  leur  prédirent  bonheur,  toutes  prospérités. 

Des  spectacles  joyeux  embellirent  la  fêle,  on  entendail  partout  musi- 
ques de  toute  sorte,  cris  de  plaisir,  bruits  joyeux,  confus. 


Après  l'élévation  de  Vorvong  au  Irône  de  Chaj,  Borey,  le  Roi  ["hornil 
lui  lit  ses  adieux  ainsi  qu'à  sa  fille,  puis,  sur  son  navire,  dregagnala 
capitale  du  Pohoul  où  le  bonheur  continua  de  régner. 


Roi  de  deux  Royaumes,  Vorvong  se  vil  aimé  el  respecté  des  peuples: 
des  envoyés  arrivaient  de  tous  les  points  de  son  empire  pour  le  saluer. 

I  u  jour,  le  Génie  chassé  du  pays  par  Sokali  Vack  \iul  lui  rendre 
hommage. 


VORVONG  ET  SU  R1YONG 


93 


Fig     1.'.   —   je  vous  offrirai  mon   trône. 


ïenanl  à  la  main  une  boule  de  cristal  d'éclal  lumineux,  il  1  oflnt  et 


dit: 


MISSION  PAVIE 


Fis.   13. 


laissez-moi   la  vie. 


«  Ce  précieux  joyau  vous  permettra,  Roi,  de  réaliser  vus  |>lu>  beaux 
désirs,  votre  règne,  tant  que  vous  l'aurez,  sera  garanti  de  tout  ennemi. 


VORVONG  ET  SAURIVONG  95 


«  Pour  voyager  à  travers  l'espace,  il  vous  suffira  de  L'avoir  en  main. 

Puis  il  ajouta  : 

«  O  Roi.  voici  la  demande  que  je  viens  vous  faire:  quand  Sakali, 
"iack  vagabond,  m'obligea  à  fuir  mon  ancienne  demeure,  je  me  réfugiai 
sous  un  arbre  immense,  dont  brandies  el  feuilles  onl  des  qualités  utiles 
et  très  rares,  mais  je  ne  serai  heureux  cl  content  que  dans  ma  caverne, 
Roi,  noire  salut,  permettez-moi  d'y  revenir  vivre.    » 

Le  Roi  répondit  : 

«   Soyez  satisfait.    » 


96  MISSION   PAVIE 


III. 


Après  un  an  de  règne  il  se  trouva  que  la  Reine  kessey.  aînée  de  Rot 
Vodey,  portait  depuis  trois  mois  un  enfant  clans  son  sein. 

A  ce  moment  la  pensée  que  son  père  était  seul,  l'obséda,  elle  n'avait 
plus  ni  faim  ni  sommeil. 

Vorvong  accepta  le  voyage  désiré. 

Les  deux  Reines  s'aimaient  d  une  douce  amitié,  elles  s'embrassèrent 
ne  cessant  de  se  faire  des  recommandations  l'une  à  l'autre  jusqu'au 
départ. 

Prenant  alors  dans  sa  main  gauche  le  cristal  merveilleux,  don  du 
bon  Génie.  Vorvong  enlace  amoureusement  kessej  de  son  bras  droit: 
aussitôt,   sans  efforts,  ils  s'élèvent    dans  les  airs  et  volent  vers  le  Polioul. 


Lorsque  leur  départ  fut  connu  de  Ions,  il  y  eut  tristesse  générale; 
grands,  officiers,  peuple,  Ions  étaient  inquiets;  des  gens  allaient  et 
venaient  pleurant  :  d'autres,  se  frappant  la  poitrine,  disaient  : 

«  O  cher  et  généreux  Roi,  pourquoi  nous  avoir  quitté  seul  avec  la 
première  Reine?  Sans  soldats,  sans  serviteurs?  Vers  quel  pays  êtes-vous 
parti  à  travers  les  airs?  S'il  vous  arrive  accident  comment  pourrons-nous 
en  être  informés?  » 

«   Nous  ne  pouvons  nous  passer  devons.    Est-il  possible  que  notre 


VoltVOM;  ET  SA.URIVONG 


jeune  Rcino  soil  seule,  si  elle  avail  une  guerre  à  soutenir  commenl  pour- 
rions-nous vous  en  prévenir?  » 

\  oyant  la  peine  que  cause  l'absence  de  son  mari,  la  bonne  l'«>l-\  odej 
ne  peut  retenir  ses  larmes. 

«  O  bien-aimé,  vous  èles  parti  sans  escorte,  sans  serviteurs,  vous  qui 
ne  manquiez  jamais  de  rien  :  j'éprouve  une  inquiétude  extrême  à  vous 
savoir  ainsi  au  loin. 

»  Pourquoi  m'avoir  laissée  seule,  je  sens  que  je  ne  puis  supporter  le 
poids  de  l'isolement,  que  ne  puis-je  fendre  les  airs  cl  vous  suivre?  » 


Néang  Kessey  cl  Vorvong  brillent  dans  les  airs  comme  la  Reine  des 
nuits  :  ils  parcourent  trente  lieues  la  première  journée. 

Apercevant  un  ermitage  dans  une  île  déserte,  la  pensée  leur  vïenl  de 
s'\  arrêter;  ils  descendent  sur  terre,  vont  saluer  l'ermite  (fig.   I  i  t. 

Surplis  de  les  voir,  le  vieillard  leur  dit  : 

«  D'où  donc  venez-vous!1  depuis  ."illOO  ans  je  prie  dans  celle  île  je 
n'\  ai  pas  vu  un  seul  être  humain.  Ëtes-vous  arrivés  par  mer  ou  bien 
avez-vous  pouvoir  de  franchir  l'espace  ?   » 

\  orvong  respectueux  s  incline  el  répond  : 

«  Vénérable  ermite,  venant  de  Chay-Borey,  nous  allons  au  Pohoul 
voir  nos  parents. 

«  l  ne  merveilleuse  boule  de  cristal  nous  permet  de  parcourir  l'air  . 
Mais  voyant  dans  cette  île.  nous  avons  voulu  vos  souhaits  el  prières. 

a  Prêtez-nous  votre  corbeille,  nous  irons  dans  les  prés  la  remplir  de 
fleurs,  taire  un  bouquet  pour  Mitre  saint  autel.    » 

Vorvong  confie  à  l'ermite  sa  boule  de  cristal  et  suivi  de  Néang  Kessej 
s'éloigne  léger  cueillant  des  Heurs  à  tous  les  arbres. 


Quand    ils    sont  partis,    le  vieillard  regarde  le  précieux  objet,   songe 
à  le  posséder,  il  se  dit  : 

«   Depuis  tant   de  siècles  je  prie  dans  le  but  de  devenir  apte  à  l'ran- 

13 


98 


mission  l'wn; 


Fi",    li.    —   vont  saluer  l'ermite. 


chir  L'espace:  Cinq  mille  ans  entiers  se  sonl  écoulés,  je   n'aurai  jamais 
un  cristal  pareil  au  si  beau  joyau  que  cet  être  liumain  a.  sans  défiance, 


remis  à  ma  garde.   » 


iVcang  Kessey  el  Vorvong  brillent  dans  les  airs  comme  la  Reine  «les  nuits. 

page  97.) 


. 


$8*% 


[àtîdk- 


Vorvong  suivi  de  Néang  Kcsscy  s'éloigne,  léger,  oueillaiil  îles  fleurs 
à  tous  les  arbres  (pngc  07^. 


VORVONG  ET  SAURIYONG  99 

Il  prend  la  boule  éblouissante;  sa  joie  n'a  plus  de  bornes. 
Il  s'élève  dans  l'espace  autant  qu'il  peut  monter,  allant  sans  savoir  où. 
Rapidement  il  s'égare  : 

Le  voici   dans  la   région  du  terrible   vent  Kamoréath.  Le   tourbillon 

emporte,  en  un  instant  son  corps  est .  en  morceaux,  jeté  au  fond  des  mers. 

Cette  mort  est  la  juste  punition  de  la  faute  du  solitaire  au  cœur  noir. 


Le  cristal  tomba  dans  la  capitale  du  Conthop  Bore\  où  régnait 
Saurivong,  éblouissant,  il  gisait  sur  le  sol;  un  officier  du  Roi  le  vil  le 
premier,  vint  le  lui  offrir. 

La  garde  en  fut,  le  même  jour,  donnée  au  chef  des  trésors  (lig.  15). 


Vorvong  et  la  charmante  Kessej  rentrent,  chargés  de  Heurs  dont  ils 
font  avec  art  des  bouquets  pour  l'ermite.  Quand  ils  se  disposent  à  les  lui 
présenter,  ds  s'aperçoivent  qu'il  a  disparu. 

Leur  désolation  ne  se  saurait  dire  lorsqu'ils  ne  voient  plus  la  houle  de 
cristal.  Les  deux  jeunes  époux  poussent  un  même  cri  de  mortelle  détresse  : 

«  L'ermite  nous  a  pris  noire  précieux  trésor  et  il  s'est  enfui!  Est-il 
possible  qu'un  religieux  ait  pu   nous  voler  noire  seule  ressource! 

«  0  femme  chérie,  combien  je  le  plains,  toi  qui  ne  connais  misère  ni 
fatigue.    » 

Les  jeunes  gens  quittent  l'ermitage  où  a  vécu  le  soutane  maudit.  Ils 
vont  par  munis  et  plaines,  se  dirigent  au  hasard  :  bientôt  épuisés,  ils  ren- 
contrent un  abri  et  malgré  leur  tristesse  se  sentent  heureux  d'y  trouver 
du  repos. 


L'arrivée  dans  l'île  de  deux  êtres  humains  esl  hienlôl  connue  d'un 
Yack  qui  l'habite;  attiré  par  l'odeur,  il  crie  du  dehors,  faisant  des  mou- 
linets sans  fin  de  son  bâton  terrible  : 

«  Quel  audacieux  humain  a  bien  pu  oser  prendre  mon  asile!' 


100 


MISSION   PAME 


Fig.    15.  —  La  garde  en  fut  donnée  au  chef  de-  trésors 


«  Je  vais   tout  à   l'heure  lui   faire  voir  comment  peuvent  périr  les 
hommes.   » 


S; 


O 


Le  tourbillon  remporte,  en  un  instant  son  corps  est  en  morceaux, 
jeté  au  fond  des  mers    page  09J. 


VORVONG  ET  SA.UR1VONG  101 

Hardiment,  ^  » >i-\ » »n i^  lui  répond: 

«  Yack  ignorant  et  grossier,  tu  ne  connais  donc  pas  combien  je  te 
-m-  supérieur  en  force  et  en  puissance?   » 

Les  \ngcs  appelés  par  une  prière  courte  mettent  la  terreur  au  cœur 
du  géant,  il  s'incline,  s'éloigne,  pensant  en  lui-même: 

«  D'où  peut  bien  venir  cet  homme  surnaturel.  Comment  pourrai-jë 
le  faire  périr?   » 

Mais  il  n'ose  revenir. 

Le  jeune  Roi  prend  sa  compagne  dans  ses  bras  : 

«  Quittons,  ma  bien-aimée,  ce  lieu  dangereux,  nous  ne  [jouirions 
constamment  nous  garder  du  Yack,  nous  serions  sa  proie.    » 


Quand  l'aurore  dissipe  les  ténèbres,  ils  se  trouvent  sur  le  bord  d'une  mer 
sans  bornes.  (  >n  n'entend  là  que  le  murmure  du  vent,  le  rugissement 
des  Ilots. 

Devant  celte  barrière  le  regard  du  prince  erre  triste  et  désolé,  lorsqu'il 
découvre  en  vue  du  rivage  des  troncs  d'arbre  flottants  pouvant  supporter 
leur  poids  à  tous  deux  :  lis  parviennent  aisément  à  les  atteindre  et  à  s  \  ins- 
taller. L  n  heureux  vent  les  conduit  alors  non  loin  des  côtes  du  bord  opposé. 

Mais  sans  doute,  c'est  l'heure  d'expier  une  faute  de  la  vie  passée. 

I  ne  tempête  effrayante  survient,  l'obscurité  se  l'ail  si  profonde  que  le 

regard  sous  son  épais  rideau  ne  distingue  plus  rien.  Les  vagues  deviennent 

furieuses,  les  infortunés  n  \  peuvent  résister,  malgré  leurs  efforts  ils  sont 

.    i  o 

séparés. 


La  princesse  épuisée,  Lancée  par  les  vagues  roule  sur  la  plage.  Meurtrie, 
elle  se  traîne,  appelle  Vorvong,  va.  vient,  erre,  brisée  elle  tombe  à 
irenoux  : 

«  O  mon  bien-aiiné.  èles-vous  sur  le  bord,  êtes-vous  sur  les  Ilots? 
Auriez-vous  été  la  proie  des  féroces  monstres  de  la  mer?  Sur  le  rivage 
n'êtes-vous  pas  aussi  exposé  aux  fauves? 


102  MISSION   I'AVIE 


«  O  vous.  Génies  qui  peuplez  mers  et  plages,  ayez  pitié  de  mes  pleurs, 
n'avez-vous  pas  vu  mon  bien-aimé?  Dites-moi  vers  quel  lieu  je  le  trou- 
verai.'' Je  veux  le  suivre,  le  servir  toujours. 

«  O  Anges  qui  habitez  les  sept  directions,  gardez  les  bois  et  les  forêN. 
la  terre,  les  eaux  et  l'air,  le  monde,  le  ciel  même,  dites-moi  où  il  est,  je 
veux  le  rejoindre,  le  servir  toujours. 

«  O  immenses  forêts  et  vous,  arbres  verts  qui  croissez  par  cou- 
ples. Heurs  écloses,  contemplerez-vous  muets  mon  malheur  sans  pareil.' 
Quand  le  sort  implacable  arrache  à  mon  amour,  la  moitié  de  mon  être, 
mon  prince  bien-aimé.  n'aurez-vous  pas  peine  de  ma  douleur  et  de  mon 
abandon,  ne  m'aiderez-vous  pas?  Je  veux  le  retrouver,  sinon  je  vous  prie, 
faites-moi  mourir?   » 

Elle  ne  cesse  d'appeler,  de  prier,  de  se  plaindre,  jusqu'à  ce  qu'épuisée 
elle  roule  sur  le  sable  inerte,  évanouie. 

Lorsqu'elle  revient  à  elle,  son  corps  tout  entier  ressent  fatigue  et 
douleur:  se  roidissant,  elle  arrête  ses  larmes,  découvre  sa  poitrine,  l'ail 
de  son  écharpe,  mise  au  bout  d'une  branche,  un  drapeau,  un  signal, 
qu'elle  plante  sur  le  rivage. 

Elle  marche  malgré  trois  mois  de  grossesse,  continuant  à  fouiller  les 
bois,  les  ravins,  ses  pieds  déchirés  laissent  leur  sang  au  long  du  chemin. 
Bientôt  elle  s'égare:  au  bout  de  ses  forces,  elle  s'arrête  et  s'étend  sous 
l'ombrage  d'un  grand  arbre  qu'un  doux  vent  agile. 


La  forêt  est  immense,  épaisse,  accidentée.  >éang  Kessey  la  parcourt 
ainsi  quatre  mois  en  tous  -eus.  sous  l'impression  constante  de  la  crainte 
des  fauves,  n'osant  pas  prononcer  un  mot.  Elle  se  trouve  alors  aux  con- 
fins du  royaume  où  règne  Saurivong. 

Par  lambeaux,  ses  vêlements  sont  restés  aux  épines,  aux  broussailles 
elle  a  dû  se  couvrir  uniquement  de  feuilles  d'arbres. 

La  direction  qu'elle  suit,  sans  le  savoir,  est  celle  de  la  capitale. 


Les  ;i ut; es,  appelés  par  une  prière  courte,  un* U en l  la  terreur  au  cœur  du  yack  . 
il  s'incline    page  101). 


J**^*** 


3< 


Ils  découvrent  en  vue  du  rivage  des   troncs  d'arbres    Bottants  pouvant 
supporter  leur  poids  à  tous  deux.  Ils  parviennent  aisément   à  s'y  installer 

(page  101). 


Elle  i;<il  de  son  écharpe  mise  au'boul  il  une  branche,  un  drapeau,  un  sit;i 
qu'elle  plante  sur  Le  rivage  'page  Wii. 


VORVONG  ET  SAl  RIVONG  103 

Dans  un  village,  non  loin,  habite  un  vieillard,  chasseur  habile. 

Une  foule  de  chiens  le  suivent  dans  ses  courses. 

II  a  la  lance  et  l'arc  pour  armes,  son  carquois  est  plein  de  flèches  acérées. 

Ce  jour-là,  suivant  son  habitude,  marchant  le  long  des  champs,  il 
longe  la  Corel . 

Soudain  les  chiens  bondissent,  s'élancent  vers  un  être  étrangement 
velu  :  c'est  Néang  Kessej  ! 

Les  aboiements  bruyants  dirigent  le  chasseur. 

La  malheureuse  fuit  du  reste  de  ses  forces.  Quand  les  chiens  vonl 
l'atteindre,  une  fondrière  escarpée  se  présente  sous  ses  pas:  elle  s'y  laisse 
tomber. 

Croyant  avoir  affaire  au  gibier  ordinaire,  le  vieillard  accourt  guidé 
par  les  appels  et  quand  il  tend  son  arc.  voit  la  jeune  femme. 

«  Il  se  peut.  »  pense-t-il,  «  que  quelque  revenant  tente  ma  vieille  ex- 
périence.   X) 

«  Etes-vous  »  s'écrie-t-il,  «   Génie  des  bois  ou  créature  humaine? 

«  D'où  pouvez-vous  venir  sous  ce  costume  de  feuilles?  vous  semblez 
malheureuse,  pourquoi  donc  êtes-vous  seule  ?  » 

—  «  O  bon  vieillard,  mon  mari  et  moi  avons  fait  naufrage  en  mer  en 
vue  des  côtes,  les  vagues  furieuses  nous  ont  séparés,  recueillez,  je  vous  en 
prie  une  pauvre  infortunée,  ayez  pitié  de  son  malheur:  je  serai  votre  ser- 
vante et  ferai  mon  possible  pour  vous  faire  content  de  cette  bonne  action. 
Quand  je  retrouverai  mon  mari,  il  récompensera,  ayez-en  confiance, 
votre  cœur  généreux.    » 

Le  vieillard  répond  : 

«   Ne  soyez  plus  inquiète,  je  pourvoirai  à  vos  besoins.    » 

De  son  gros  couteau  il  coupe  une  branche  d'arbre,  la  place  dans  la 
fondrière  pour  servir  d'échelle,  puis  il  jette  à  la  jeune  femme  le  superflu 
de  ses  vêlements. 

Se  voyant  assistée.  Néang  Kessey  rapidement  se  couvre  puis  monte 
par  la  branche. 

Heureux  de  son  bienfait,  le  vieux  chasseur  la  conduit  vers  sa  maison, 
sans  plus  penser  à  la  chasse. 


104  MISSION   PA.VIE 


Quand  sa  femme  Les  voit  arriver  tous  deux,  ses  yeux  méchants, 
jaloux,  s'emplissenl  décolère,  elle  leur  tourne  le  dos. 

«  Vieux  misérable,  »  s'écrie-t-elle,  «  ta  peau  se  racornit  et  lu  ;is 
encore  une  maîtresse  !  Sans  doute  pour  nie  dépister  tu  lui  avais  construil 
une  case  dans  la  forêt,  maintenant  qu'un  enfant  va  naître,  lu  me  l'amènes 
ici,  tu  es  vraiment  par  trop  naïf.   » 

—  «  Ecoule,  femme,  ne  dépasse  pas  les  bornes  qui  sont  permises,  ne 
dis  pas  de  paroles  méchantes  et  inutiles,  tu  ne  sauras  donc  jamais  être 
juste  cl  bonne,  attends  au  moins  d'entendre  ce  que  je  Nais  te  dire. 

«  Celle  infortunée  qu'un  naufrage  a  séparée  de  son  mari,  arrive 
seule.  J'ai  eu  pilié  de  son  malheur  et  je  l'ai  amenée  pour  la  nourrir  en  at- 
tendant qu'elle  retrouve  celui  qu'elle  a  perdu.  Ne  dis  donc  plus  qu'elle 
vient  te  voler  mon  affection.    » 

Mais  la  vieille  ne  le  laisse  pas  achever. 

S.'adressanl  à  Néang  lvessey  : 

«  Tu  vas  apprendre  comment  je  traite  les  donneurs  de  conseils. 

—  «  \  ieux  misérable,  lu  as  abusé  de  cette  enfant,  les  juges  le  puni- 
ront, tu  paieras  l'amende,  ton  cou  ne  lardera  pas  à  être  chargé  d'une 
cangue  et  ta  tête  sautera  un  jour,  c'est  certain!   » 

Tandis  qu'elle  parle,  elle  devient  furieuse,  se  jette  sur  le  veillant,  lui 
arrache  les  cheveux,  déchire  de  ses  ongles  la  chair  de  son  visage  :  rien 
ne  peut  l'apaiser,  elle  se  retourne  vers  la  jeune  femme  : 

«  Et  toi,  effrontée,  cœur  méchant  qui  peux  avoir  un  semblable  ca- 
price, voleuse  de  maris  qui  fais  l'étonnée,  sors  d'ici,  tu  déshonores  ma 
demeure  !    » 

Dans  sa  grande  bonté,  la  triste  victime  se  dit  :  «  Si  elle  veut  me  tuer. 
je  ne  saurai  me  défendre,  mais  les  Anges  ne  voudront  pas  me  laisser  mourir. 
Je  ne  quitterai  pas  cet  homme  si  bon  avant  d'avoir  retrouvé  mon  mari:  je 
lui  montrerai  ma  reconnaissance  en  supportant  les  peines  qu'il  faudra.» 


Parla  nuit  noire  et  malgré  la  pluie,  la  vieille  la  laissa  sur  le  sol  bu- 
mule  en  bas  de  sa  case. 


w 

c 
mm 


t  ne   fondrière  escarpée  se  présente  sous  ses   pas,  .Ile   s'y  laisse  tomber. 

(page  103.) 


Vieux  misérable,   lu   .i>   abusé   de  cette  enfant  !  (page   i»*i 


VORVONG  ET  SA.1  RIVONG  [i  5 

Néang  fcessej  atteignit  ainsi,  servante  misérable,  le  dixième  mois  de 
sa  grossesse.  Lorsqu'un  jour  d'orage  furieux  elle  ressentit  les  premières 
douleurs,  elle  pria  la  vieille  : 

«  Maîtresse,  soutirez  que  je  vous  dise  la  vérité:  mou  petit  enfant  va 
venir  au  monde,  j'ai  grand  besoin  d'être  secourue?   » 

—  K  Eloigne-toi,  sors  sur  le  champ!  moi  je  n'ai  pas  d'enfant  et  ne 
saurais  supporter  un  spectacle  pareil  !   » 

—  «  Par  pitié,  laissez-moi  dans  l'enclos  au  pied  de  votre  haie,  je  ne 
puis  aller  nulle  part  par  cette  pluie,  ce  tonnerre.    » 

—  «   A  a.  suis  le  chemin  !    » 

Elle  la  repousse,  ouvre  la  barrière  et  la  chasse  au  dehors. 


Néang  Kessey  cherche  sous  l'averse  un  sentier  qu  elle  puisse  suivre  : 
la  douleur  l'oblige  à  s'asseoir  sur  le  sol  :  les  larmes  sur  son  visage  maigri 
ruissellent  avec  la  pluie. 

«  O  mon  bien-aimé.  êtes-vous  donc  mort  ?  Si  votre  vie  a  été  épargnée, 
dites-moi  où  vous  êtes  que  j'aille  vous  retrouver,  vous  servir  jusqu'à  ma 
mort  !  Si  quelqu'un  m'apprend  qui'  vous  êtes  dans  les  profondeurs  de  la 
mer.  je  me  laisserai  mourir  :  pourquoi  \  i\  rais-je  si  je  n'ai  l'espoir  de  vous 
retrouver?   » 


Par  une  faveur  du  ciel.  Pra  En  de  son  regard  perçant,  miséricordieux, 
\nit  la  situation  de  la  jeune  femme. 

S. m-  la  forme  d'une  bonne  vieille,  il  se  dirige  \ers  elle. 

«  Jeune  et  charmante  femme,  que  faites-vous  ici  par  un  pareil  temps?  » 

- —  «  O  bonne  mère  séparée  de  mon  mari  par  la  tempête,  égarée  en 
li'  cherchant,  j'ai  ilù  me  faire  servante  dans  la  maison  d'un  chasseur  dont 
la  femme  méchante  m'insulte,  me  maltraite  et.  ne  voulant  pas  voir 
naître  mon  enfant  \ient  de  me  chasser. 

«  O  bonne  mère,  je  souffre  d'intolérables  douleurs,  je  ne  puis  plus 
respirer.    » 

14 


106  MISSION   l'WII 


Elle  pense  qu'elle  meurt.  Dans  un  larmoiement,  elle  murmure  aux 
Anges  une  douce  prière  : 

«   Ma  misère  étail  dans  la  destinée  !   » 

«  O  sort  impitoyable,  lu  nia-  arraché  mon  mari,  lu  me  le  cache? 
mystérieusement!  S'il  est  vivant,  je  veux  vivre  el  le  retrouver,  s  il  n'est 
plus,  que  je  meure  et  lui  suis  réunie  dan-  la  vie  future,  que  rien  ne  nous 
sépare  plus  ! 

«  Que  je  sois  oiseau  aux  ailes  toujours  prêtes  à  fendre  les  an-  -i  lui 
l'est  aussi,  je  ne  serai  heureuse  qu  à  côté  de  lui  ! 

«  Que  je  sois  bête  fauve  s'il  l'est  également  :  s'il  est  poisson  je  veux 
aus-i  l'être  :  au  delà  de  celte  mort  je  ne  serai  heureuse  que  réunie  à  lui  ! 

«   Ecoutez  ma  prière.  ô  Anges  célestes,  exauce/,  nie- dernier-  souhaits!  » 

Elle  se  tourne  vers  la  vieille  femme  : 

«  O  bonne  mère,  sauve/  mon  enfant,  sauve/ nia  \ie.  ce  bienfait  sera 
égal  à  celui  que  je  dois  à  ma  mère.   » 

Soutenant  ses  épaules,  le  Dieu  répond  : 

<(  N'ayez  plus  d'inquiétude,  je  ne  vous  quitterai  pas.   » 


Néane  Kessev  met  au  monde  un  beau  garçon.  En  le  voyant,  Pra  En 
s'écrie  :  «  il  sera  mon  petit-fils  '.  o 

Il  l'ait  naître  du  l'eu,  réchauffe  la  jeune  mère,  puis  lui  dit  (fig.   Ifi)  : 

«  Ma  maison  est  à  l'Est  du  palais,  je  vais  emporter  votre  bel  enfant 
et  le  bien  soigner.  Quand  vous  pourrez  venir  le  voir,  vous  le  trouverez. 
n  axez  pas  de  crainte;  donnez-moi  quelque  objet  qui,  placé'  à  son  cou.  le 
fasse  reconnaître  ! 

«  Vous  êtes  seule  el  -an-  aide,  chez  \olre  méchante  maîtresse  VOUS 
ne  trouveriez  pas  un  moment  à  lui  consacrer,  il  ne  pourrait  \  i\  re  dan-  ces 
conditions;'   » 

—  «  O  bonne  mère,  je  vous  remercie,  je  vous  confie  mon  enfant, 
aimez-le  el  le  soignez  comme  si  vous  lui  aviez  vous-même  donné  le  jour, 
quand  j'aurai  retrouvé  mon  mari,  nous  viendrons  vous  le  demander, 
nous  vous  récompenserons  de  vos  soins  -ans  prix,    o 


VORVONG  ET  SAURIVONG 


107 


J    \ 


iS 


Fîg     IG     —  Il   fait  naître  du  feu  pui?  il  lui  dit:.. 


Elle  prend  dans   ses    liras  l'enfanl    né  dans  une  telle  misère,  elle    le 
mouille  de  larmes  : 


108  MISSION   l'VMK 


«  ()  trésor  précieux  de  mon  cœur,  combien  il  m'esl  pénible  el  dou- 
loureux ilf  me  séparer  de  toi  :  que  pourrai!  faire  une  pauvre  servante?  ma 
maîtresse  sans  pitié  sérail  cause  de  la  mort,  par  crainte  de  te  voir  malheu- 
reux je  te  confie  à  cette  bonne  mère.  Nous  nous  reverrons,  dans  un 
mois  je  quitterai  mes  maîtres,  j'irai  te  prodiguer  mes  soins,  nous  serons 
deux  à  l'aimer.    ■» 

\\anl  ainsi  parlé  elle  remet  à  la  vieille  le  précieux  fardeau  el  lui  confie 
la  bague  de  sou  mari. 


Néang  Kessey  étant  rentrée  chez  le  chasseur,  la  vieille  lui  demande  : 
«  Eh  bien,  fille  misérable,  tu  as  donc  abandonné  ton  curant!'   » 

—  «  Amis  n'avez  pas  voulu  le  voir,  je  l'ai  confié  aux  soins  d'une 
personne  charitable  qui  l'a  adopté  pour  son  petit-fils    »  (fig.    17). 


Vprès  le  dépari  de  la  jeune  mère,  PraEn  place  l'enfant  sur  un  superbe 
tapis,  attache  à  son  cou  la  bague  de  sa  mère.  11  se  transforme  en  vautour 
cl  de  ses  ailes  déployées,  le  protège  de  la  pluie,  de  la  rosée  et  du  soleil. 


Le  Roi  Saurivong,  depuis  longtemps  souverain  de  Conthop  Borey, 
ayant  éprouvé  le  désir  de  faire  uni'  promenade  au  boni  de  la  forêt,  de 
grand  malin  revêt  ses  insignes,  la  couronne  et  sort,  monté  sur  l'éléphant 
royal,  suivi  d'une  escorte  nombreuse,  salué,  admiré  par  la  foule  respec- 
tueuse. 

Passant  près  delà  cabane  du  chasseur,  ses  regards  sonl  attirés  par  le 
vautour  qui.  malgré  lebruit  el  l'approche  de  l'eseorle.  garde  sou-  ses  ailes 
déployées  une  attitude  de  tière  indillérenee. 

«   Que  quelqu'un  aille  voir  ce  que  mange  ce  vautour.   » 

On  se  presse  d'obéir  à  l'ordre  du   Uni. 

Le  vautour  fait  un  bond,  s'écarte,  l'officier  voit  l'enfant. 


VORVONG  ET  SAURIVONG 


109 


i'ig. 


je  l'ai  coulié  anx  suins  d'une  personne  charitable. 


«   O  Roi,  un  nouveau-né  beau  connue  ceux  des  Anges,  couché  sur 
une  superbe  étoffe,  esl  là.  abandonné.  Le  vautour  allait  lui  ôter  lu  vie 


110  MISSION    PAV1E 


(|iiiiii(l  nous  sommes  arrivés,  sans  nous  certainement  celle  charmante 
créature  était  dévorée. 

Content  d'une  pareille  rencontre.  Saurivong  ordonne  : 

«   Qu'on  me  l'apporte  vite,  je  veux  le  voir.    » 

Délicatement  ou  le  présente  au  Roi,  il  le  reçoit  dans  ses  bras. 

«   J'adopte  ce  joli  enfant  !    » 

11  le  caresse,  l'admire,  aperçoit  la  bague  attachée  à  son  cou,  la  com- 
pare à  la  sienne,  surpris  et  troublé  les  trouve  en  tout  semblables,  ne  doute 
pas  qu'il  a  dans  ses  bras  reniant  de  son  frère. 

«  (  >  cher  enfant,  (jucl  bonheur  te  met  dans  nies  mains,  mais  pourquoi 
es-tu  seul!1  Où  esl  ton  père? 

«  0  destinée  étrange,  conséquence  de  nos  vies  passées,  pourquoi 
toujours  ces  séparations  violentes  el  douloureuses!  » 

11  se  laisse  aller  au  chagrin  qui  le  ronge,  ses  larmes  coulent  le  long  de 
son  visage,  il  ordonne  de  chercher  les  parents  partout  aux  environs; 
l'escorte  se  disperse  mais  en  vain  car  personne  ne  songe  à  s'informer  dans 
la  misérable  cabane. 

Le  Roi  alors  rentre  au  palais,  il  fait  choisir  parmi  les  femmes  belles 
et  de  taille  élancée,  des  nourrices  habiles. 

Il  ordonne  qu'une  élégante  maison  de  quatre  pièces  soit  de  suile  ('le- 
vée pour  le  petit  prince  dans  la  cour  d'honneur. 

Qu'elle  soit  ornée  de  peintures  murales  reproduisant  les  scènes  de 
sa  jeunesse  vécues  avec  son  frère. 

Il  fait  publier  par  gongs  et  trompettes  qu'il  l'inaugurera  par  une  fête 
superbe  et  distribuera  à  cette  occasion  d'immenses  richesses,  que  la  foule 
entière  sera  admise  au  petit  palais  où  on  hébergera  tous  les  visiteurs,  que 
des  gardes  spécialement  choisis  leur  expliqueront  les  scènes  peintes  sur 
les  murailles. 

Quand  tout  fut  prêt  il  recommanda  aux  gardes  de  lui  venir  dire  l'im- 
pression produite  par  les  tableaux  sur  les  visiteurs. 


Revenons  maintenant  au  malheureux  Vorvone. 


zm  ^i 


O  Hoi  !  un  aouveau-nc  beau  comme  ceux  «les  Anges,  esl  lu.  abandonné  (p.  109). 


VORVONG  ET  SA.URIVONG  111 

Vrraché  violemmenl  à  sa  jeune  femme,  il  dispute  sa  vie  aux  Unis 
furieux  :  après  des  efforts  désespérés  il  gagne  la  cùlc. 

Recherchant  su  chère  compagne,  il  fouille  en  vain  lus  plis,  les  recoins 
du  rivage,  il  s'abandonne  à  la  douleur,  il  s'écrie  : 

«  O  mon  bien-aimé  trésor,  (ju'avons-nous  donc  fait  pour  mériter  lant 
de  malheurs? 

«  Que  ne  t'ai-je  refusé  ce  voyage! 

«  Que  ne  puis-je  savoir  dans  quel  heu  lu  te  trouves  pour  aller  te 
rejoindre  ! 

«   Es-tu  morte  ensevelie  dans  les  flots;1 

«  As-tu  été  dévorée  par  les  monstres  marins? 

«   Es-tu  égarée  dans  ces  forêts  sombres? 

«  As-tu  été  la  pioic  des  bêtes  féroces? 

«  Aurais-tu  plutôt  par  bonheur  été  recueillie  par  un  chasseur  chari- 
table ?   » 

L'infortuné  prince  longe  tristement  le  rivage,  seul  le  mugissement 
des  Ilots  répond  à  ses  appels. 

Tout  à  coup  il  aperçoit  sur  une  plage  éloignée  un  signal,  un  drapeau. 

11  hâte  la  marche,  tremblant  d'espoir,  comme  si  l'étoffe  flottant  au 
gré  du  vent  allait  lui  rendre  sa  bien-aimée. 

Il  reconnaît  l'écharpe  de  Néang  Kessey  et  voit  sur  le  sable  la  trace  de 
ses  pas  (fig.   18). 

La  plaie  de  son  cœur  ne  l'ail  que  s'aviver. 

«  Trésor  de  mon  être,  la  destinée  \ous  a  amenée  sur  ce  rivage,  vous 
n  \  avez  laissé  que  votre  écharpe  el  la  trace  de  vos  pas  ! 

«  Sans  doute  tu  n'as  pris  que  le  temps  de  mettre  cette  étoffe  légère, 
emblème  de  l'espoir,  au  boul  de  celle  branche! 

a  <  )  chère  écharpe  qui  as  couverl  ma  bien-aimée,  tu  es  le  seul  souvenir 
de  notre  séparation  ! 

«  0  solitudes,  racontez- n  loi  sa  peine!1  est-elle  égarée  dans  vos  replis? 
ayez  pitié  d'elle  et  de  ses  souffrances  ! 

«  Compagne  de  ma  vie,  tu  avais  en  abondance  les  plus  précieuses 
élollés.  |e-  fatigues  étaient  le-  doux  amusements  du  palais,  tu  as  été  en- 


112 


MISSION  PA.VIE 


%Wm 


'«**r 


Fig.    |s.   —  Il  reconnaît   l'ëcharpe. 


tourée  de  soins  autant  que  les  Anges:  tu  marches  maintenant  demi-nue 
sous  le  soleil  ardent  dans  des  forêts  sans  lin.   » 


VORVONG  ET  SU  RIVONG  113 

accablé  de  douleur,  il  tombe  évanoui  sur  ce  sable  couvert  de  l'em- 
preinte des  pas  de  K.essej  . 

Relevé,  il  suit  ces  empreintes  encore  fraîches,  atteint  la  lisière  de  la 
forêt,  mais  là,  le  sol  est  tapissé  d'herbe,  il  lui  est  impossible  de  recon- 
naître aucune  trace,  il  appelle  longtemps,  l'écho  seul  lui  répond. 

Sept  mois  entiers  il  fouille  la  forêl  dans  Imites  ses  parties,  elle  u  a 
aucun  secret  pour  lui  :  peines  inutiles. 


Ln  jour  il  se  trouve  dans  les  champs  et  arrive  à  la  capitale  de  Canthop 
Borey  le  cœur  plein  de  tristesse. 

Il  entend  dire  aux  gens  qui  le  coudoient  que  le  Roi  donne  une  grande 
fête  et  fait  distribuer  d'abondantes  aumônes  dans  la  cour  du  palais  pour 
l'inauguration  d'une  maison  sur  les  murs  de  laquelle  sont  reproduites  les 
scènes  de  son  enfance. 

«  Entrons.  »  se  dit-il,  «j'aurai  part  aux  aumônes  du  Roi  et  verrai  les 
tableaux.    » 

Selon  les  ordres  reçus,  en  le  voyant,  les  officiers  le  font  entrer,  lui 
offrent  toutes  sortes  de  provisions,  le  couvrent  de  vêtements  neufs,  lui 
font  prendre  un  repas,  puis  ils  le  conduisent  devant  les  peintures. 

Ils  lui  en  détaillent  les  M-ènes. 

C'est  d'abord  l'enfance  heureuse  et  tranquille  du  Roi,  de  son  frère 
auprès  de  leur  mère. 

A  mesure  qu'ils  parlent,  Vorvong  s'aperçoit  que  ces  sujets  sont  ceux 
de  sa  vie,  l'émotion  l'étreinl.  il  tombe  à  genoux  : 

«  ()  sort  incroyable;  nie  voici  jouant  avec  mon  frère  près  de  notre 
mère,  au  temps  du  bonheur  ! 

«   [ci,  Néang  Montéa  nous  tient  dans  ses  bras  ! 

»  Cet  autre  tableau  représente  le  Roi  rempli  de  colère  ordonnant  de 
nous  faire  mourir  ! 

((   A  oici  noire  marche  affreuse  vers  la  forêt  avec  les  bourreaux  ! 

«   Notre  mère  affolée  accourt  nous  rejoindre  ! 

«  Puis  voici  sa  mort,  sa  résurrection  ! 

15 


Il',  MISSION    PAVΠ


«  Les  bourreaux  à  genoux,  surpris  el  touchés,  nous  laissent  partir! 

«  Là,  c'est  notre  passage  parmi  les  vendeuses  du  pins  de  Baskim  ! 

«  Le  grand  arbre  sur  la  branche  duquel  la  première  nuil  nous  nous 
reposâmes  ! 

«  Le  combat  de  coqs  livré  à  l'aurore. 

«    Le  coq  blanc  el  le  noir  à  bout  de  leurs  forces  mourant  tous  les  deux  ! 

«   Le  feu  que  nous  fîmes  pour  faire  cuire  leur  chair,  avant  de  partir  ! 

«   Notre  halte  enfin  à  la  case  du  bois  où  mon  frère  chéri  m'a  été  ravi  ! 

«   O  gardes,  qui  de  vous  pourra  me  montrer  mon  frère  bien-aimé.  » 

Les  sanglots  l'aveuglent  et  l'étouffent,  les  officiers  le  laissent  à  terre, 
s'esquivent,  en  sachant  assez  :  ils  se  pressent,  contents  d'aller  dire  au  Roi 
tout  ce  qu'ils  ont  vu  (fig.  19)  : 

«  Un  pauvre  étranger,  jeune,  beau,  ressemblant  ô  Roi,  à  votre  per- 
sonne, s'est  présenté  au  petit  palais.  Nous  lui  avons  donné  tout  le  néces- 
saire et  l'avons  mené,  son  repas  fini,  devant  les  peintures. 

«  >>ous  allions  alors  les  lui  expliquer:  il  les  a  comprises,  est  tombé  à 
terre  brisé  d'émotion  et  s'est  évanoui.    » 

Saurivong  accourt,  reconnaît  son  frère,  le  presse  dans  ses  bras. 

«  0  mon  frère  chéri,  compagnon  des  peines,  pris  à  mon  amour! 
Depuis  les  longs  mois  que  je  t'ai  perdu,  ma  vie  a  élé  remplie  de  tristesse  ' 
Pas  un  seul  jour  ton  cher  souvenir  ne  s'est  éloigné!  O  mon  cher  trésor, 
attendu  sans  cesse,  le  ciel  généreux  vient  nous  réunir  !    » 

Des  larmes  de  bonheur  coulent  de  ses  veux. 


Le  creur  de  Vorvong  en  même  temps  déborde  de  joie  et  étouffe  de 
peine:  les  pleurs  peu  à  peu  soulagent  son  angoisse.  11  conte  à  son  frère 
les  misères  subies. 

«   O  bien-aimé  frère,  je  ne  sais  comment  je  puis  encore  vivre.    » 

11  dit  l'histoire  de  sa  bague,  le  seul  souvenir  gardé  de  sa  mère  à  cause 
duquel  il  a  subi  six  ans  de  martj  r. 

Il  raconte  le  lancement  du  vaisseau,  la  victoire  sur  le  Géant.  Son  cou- 


VORVONG  ET  SUÏUYOXG 


115 


Fi-:.   IU.   —   Les  saneluts  l'aveuglent. 


ronnemenl  el  son  mariage,  le  voyage  dans  l'air,  la  descente  dans  1  île,  le 
vol  de  l'ermite,  le  naufrage,  la  séparation. 


lit;  MISSION  PAV1E 


ci  (  )  frère  adoré,  vous  êtes  le  salut,  c  esl  par  nous  que  je  rc\  errai  nuire 
mère  chérie. 

«  Je  me  demandais  si  vous  étiez  mort,  votre  enlèvement  m'avait  fail 
craindre  le  malheur,  je  n'aurais  jamais  cru  nous  retrouver  Roi  de  ce 
beau  jia\ -. 

«  Après  tant  de  maux,  j'éprouve  une  joie,  douce  par  dessus  tout,  à 
vous  contempler!  une  peine,  sans  pareille,  hélas!  s')  mélange;  j'ai  perdu 
ma  compagne  aimée  ;  elle  a  dû  souffrir  de  telles  misères  que  j'ai  peur  et 
tremble  qu'elle  n'ait  succombé. 

«  Quand  les  Ile  ils  furieux  nous  ont  séparés,  elle  était  déjà  grosse  depuis 
trois  mois  et  en  voici  sept  que  je  pleine  sa  perte.    » 

<(    Ecoute,  û  cher  frère,  dit  Saurivong  : 

«  J'ai,  dans  le  chemin,  recueilli  sur  un  riche  lapis,  un  petit  garçon 
né  de  quelques  jours. 

«  11  avait  au  cou  une  bague  admirable. 

«   Cet  enfant  n'est  pas  étranger  à  notre  sang,  il  est  sûrement  ton  fils. 

«  La  bague  me  l'a  fait  connaître. 

«  Ayant  en  vain,  pour  te  retrouver,  recherché  partout,  j'ai  imaginé 
La  salle  des  tableaux  et  fait  annoncer  que  je  donnerais,  en  L'inaugurant, 
fête  et  riches  aumônes. 

«  Des  gardes  étaient  chargés  de  conter  à  tous  l'histoire  de  ma  \ie  et 
de  détailler  notre  longue  misère.  C'est  parce  moyen  que.  grâce  au  ciel, 
j'ai  pu  retrouver  mon  frère  bien-aimé  !    » 

«  0  cher  frère.  »  demande  Vorvong,  «  satisfaites  mon  impatience,  je 
veux  voir  l'enfant  que  vous  élevez?  » 

Le  petit  prince  esl  aussitôt  apporté,  entouré  de  nourrices  et  de  sui- 
vantes. 

V  la  vue  de  l'enfant  au  cou  duquel  brille  sa  bague,  \  orvong  le  recon- 

1  DO 

naît,  le  prend  amoureusement,  laissant  couler  des  larmes. 

«  0  cher  enfant  que,  par  la  permission  des  Anges,  je  puis  aujour- 
d'hui porter  dans  mes  bras,  regarder  avec  amour,  pourquoi  t'a-t-on  aban- 
donné sur  la  nulle  ?  » 

«    0  cher  petit,  où  peut  se  trouver  ta  mère  '.' 


YORVONG  ET  SAURIVONG  117 


«  Cher  li'ésor  de  mon  être,  je  crains  pour  sa  vie,  aurait-elle  été  ravie 
par  dos  hommes  sans  cœur  et  s;ms  pitié?   » 

La  douleur,  à  cette  pensée,  le  brise,  il  tombe  évanoui. 

Saurivong,  effrayé  de  l'état  de  son  frère,  humecte  son  visage  d'eau 
fraîche  et  le  rappelle  à  la  vie. 


L'infortunée  princesse  Kessey  en  servant  sa  maîtresse  était,  malgré  sa 
bonne  volonté,  sans  cesse  maltraitée,  insultée,  cette  vieille  sans  pitié  la 
menaçait  journellement  de  la  chasser. 

Après  sept  jours,  elle  la  quitte  et  part  à  la  recherche  de  son  enfant. 
Elle  se  dirige  vers  le  palais,  y  entre  sans  y  prendre  garde. 

(  Iherchant  la  case  de  la  bonne  mère,  elle  erre  près  la  maison  construite 
pour  son  enfant. 


Vorvong,  à  l'entrée  de  la  salle,  regarde  tristement  au  dehors  ;  il  aper- 
çoil  Néang  Kessev.  la  reconnaît  quand  elle  s'éloigne,  accourt,  la  relient 
par  la  ceinture,  l'étreint  dans  ses  bras,  l'inonde  de  larmes  (fig.  20). 

En  un  instant,  ils  se  sont  dits  tous  leurs  malheurs. 

Vorvong  l'entraîne  dans  la  maison,  lui  racontant  comment  son  frère 
a  recueilli  leur  fils. 

Néang  Kessej   prend  l'enfant,  le  couvre  de  baisers,  de  caresses. 

«  Bénie  soit  la  destinée  qui  me  fait  te  revoir.  Je  remercie  les  Anges 
qui  ont  voulu  que  le  Roi  ton  oncle  ait  recueilli  toi  et  Ion  père. 

«  Nous  sommes  maintenant  réunis  pour  toujours. 

<i    (  )  précieux  trésor  de  mon  cœur  ! 

«  Voilà  sept  jours  que  ton  visage  m'est  inconnu,  j'avais  cru  que  la 
vieille  mère  t'éléverait,  elle  m'avait  demandé  de  t'avoir  pour  petit-fils,  je 
ne  puis  comprendre  qu'elle  t'ait  abandonné  au  milieu  de  la  route  et  qu'un 
vautour  t'ait  gardé  sous  ses  ailes  ! 

«  ÎN'ai-je  pas  plutôt  été  assistée  par  un  Ange,  sous  l'apparence  d'une 
\  ieille  femme  !    » 


118 


MISSION  IWY1E 


Fi».  30.    -    l'étrcint  dans  ses  bras,   l'inonde  de  larmes. 


Lorsqu'elle  a  séché  ses  larmes  de  bonheur,   les  deux  Rois  frères  la 
conduisent  chez  la  reine  Sar  Bopha  qui  la  reçoit  avec  une  joie  extrême. 


VORVONG  ET  SA.URIVONG  119 


Saurivong  fait  célébrer  une  superbe  cérémonie  à  l'occasion  de  L'heu- 
reux retour  de  sou  frère  et  de  sa  famille.  Puis,  le  beau  nom  de  Vorvong 
Sauria,  est.  dans  une  grande  fête,  donné  à  l'enfant  aux  acclamations  des 
grands  et  du  peuple  venus  le  saluer.    » 


120  MISSION  PAVIE 


[V. 


«  O  mon  frère  bien-aimé,  »  dit  un  jour  Saurivong,  «  \«>us  ne 
m'avez  plus  reparle  de  voire  merveilleux  cristal,  j'ai  grand  désir  de  le 
connaître. 

«  On  m'a  offert  un  jour  une  boule  éblouissante  de  beauté,  je  1  ai 
gardée  précieusement,  ne  serait-ce  pas  celle  que  vous  avez  perdue!'  » 

Plein  d'espoir,  Vorvong  demande  à  la  voir,  des  officiers  l'apportent. 

«  C'est  mon  joyau  lui-même,  ô  mon  bon  frère:  si  vous  le  permettez 
je  vais  vous  montrer  tout  de  suite  sa  puissance.    » 

Le  prenant  dans  sa  main,  il  le  fait  tournoyer,  il  s'élance  dans  les  airs, 
faille  lourde  l'enceinte  puis,  décrivant  de  grands  cercles  autour  du  palais, 
il  redescend  aux  pieds  du  Roi  Saurivong.  Tous  ceux  qui  le  voient  -nul 
émerveillés,  la  ville  entière  s'émeut,  veul  le  contempler  (fig.  21  ). 

^  orvong  s'incline  respectueusement  : 

«  0  cher  frère,  notre  mère  adorée  in  mis  a  recommandé  d'être  de  retour 
dans  dix  ans.  Elle  pense  sans  cesse  à  nous.  N'oublions  pas  ses  recom- 
mandations, ayons  pitié  de  sa  douleur.  Si  vous  le  voulez  bien,  je  retour- 
nerai prendre  tout  ce  qu'il  faut  dans  mes  royaumes,  c'est  ici  que  je  me 
réunirai  à  vous,  nous  n'avons  que  le  temps  nécessaire  pour  préparer  les 
navires .    » 

Saurivong  répond  :  «  Votre  pensée  est  heureuse,  je  vais  organiser 
une  armée  de  terre  afin  que  nous  arrivions  par  les  deux  côtés  en  même 


vorvom;  et  suriyov; 


121 


I'ig     21.    —    lous  ceux  qui  le  voient  sont  émerveillés. 


temps  el    assurions  le   succès,  car  dès  qu'un  saura  noire  marche   tous 
les  obstacles  nous  seronl  élevés.    » 


10 


L22  MISSION   l>\YIK 


\  oryong  dit  encore  : 

«  Je  confie  à  vos  soins  Néang  Kessey  et  mon  enfant  :  ô  mon  frère,  je 
ne  saurais  trop  vous  les  recommander,  ils  ont  été  si  malheureux.   » 

Puis  il  fait  ses  adieux  à  sa  compagne. 

«  Chère  Kessey.  la  plus  charmante  des  femmes,  je  vais  te  quitter  pour 
rentrer  au  Royaume,  la  pauvre  Rot  Vodey  doit  être  inquiète  d'une  aussi 
longue  absence  et  sa  tristesse  grande.  Ne  pleure  pas  mon  départ,  n'attriste 
pas  les  beaux  jours.  Je  voudrais  f  emmener,  ne  plus  me  séparer  de  toi,  la 
crainte  des  accidents  me  retient. 

«  Je  vais  de  nouveau  me  servir  du  cristal,  mon  absence  consacrée  à 
préparer  le  retour  vers  notre  mère  sera  de  courte  durée. 

«  O  toi,  chère  fidèle,  aies  soin  de  noire  enfant,  je  reviendrai  avec 
Rot  Vodey  et  ramènerai  serviteurs  et  suivantes.   » 

Ayant  parlé,  il  s'élève  dans  les  airs  :  son  vol  gracieux  est  semblable  à 
celui  de  Hansa,  l'oiseau  du  ciel  prenant  son  essor  des  beaux  jardins  des 
heureuses  régions  célestes  (fig.  2?). 


Vorvongnemit  qu'un  jour  pour  atteindre  sa  capitale.  Il  presse  dans  ses 
bras  la  bonne  Roi  Vodey  qui  amoureusement  dit  ses  peines,  son  inquié- 
tude pendant  la  séparation. 

Vorvong  raconte  son  voyage  avec  Néang  Kessey.  leur  naufrage,  les  mi- 
sères qu'ils  ont  eues  séparés  l'un  de  l'autre.  La  généreuse  Vodey  pleure, 
émue  de  pitié. 

Le  jeune  couple  se  rend  ensuite  cbez  le  vieux  Roi.  Ils  sont  reçus  avec 
bonheur. 

a  O  cher  enfant,  comme  chaque  jour,  la  tristesse  et  le  chagrin  nous 
assiégeaient  en  ton  absence. 

«  Combien  de  fois,  pris  d'impatience,  avons-nous  passé  le  temps  à 
parler  de  ton  heureux  retour,  ô  comme  nous  avons  senti  le  besoin  de  te 
posséder  et  de  l'aimer  ! 

((   Où  avez-vous  laissé  notre  charmante  Ivessev  ?  est-elle  heureuse  ou 


VORVONG  ET  SAURIVONG 


123 


—   .  ...   il  s'élève  dans  les  airs. 


Insie?.  Serait-elle  oublieuse  qu'elle  n'a  pas  profité  de  voire  retour  pour 
venir  nous  revoir  ?   » 


124 


MISSION   PAVIE 


Fi".   23.   —  Vorvong  refait  le  récit  de  ses  misères. 


Vorvong  refail  le  récit  de  ses  misères,  le  Roi  Sotat  ne  peu!  retenir 

ses  larmes  (lig.  23). 


YOUYONG  ET  SA.URIVONG 


125 


Vorvoog  reprend  sa   course. 


Bientôt  A  orvong reprend  sa  course,  il  se  dirige  vers  le  pays  du  Roi 
Thornil  (fig.  *?4).  Il  fait  à  son  beau-père  le  récit  de  ses  malheurs,  puis 
lui  parle  ainsi  : 


12ù  MISSION  PAVIE 


<(  ()  Roi,  je  viens  vous  demander  500  vaisseaux  el  une  armée  pour 
aller  vers  mon  pays  natal.    » 
Le  Roi  Thornil  répond  : 
«   Ce  royaume  est  à  vous,  votre  volonté  sera  faite.    » 


Vorvong  s'embarque  avec  des  suidais  tous  choisis,  revienl  chez  le  Roi 
Sotat,  lui  l'ail  la  même  demande. 

Rapidement  les  troupes  sont  lr\ées  el  la  Huile  équipée; 

Vorvong  dit  alors  à  sein  beau-père: 

«  Grand  el  généreux  Roi,  je  lais  des  vœux  ardents  pour  le  bonheur 
de  Milre  règne  et  la  prospérité  île  votre  royaume. 

«  L'absence  sera  courte,  .le  muis  demanderai  d'emmener  votre  chère 
fille  ma  compagne  afin  qu'elle  voie  ma  gentille  mère?  » 

Le  Roi  Sotat  eût  préféré  garder  sa  délicieuse  Roi  \  odey,  mais  il  n'ose 
refuser. 

«  0  fils  cher  à  mon  cœur,  je  ne  puis  contrarier  Ion  voyage,  va,  que 
le  eiel  le  protège,  mais  ne  me  laisse  pas  longtemps  dans  l'isolement. 

<i  N'oublie  pas  que  la  présence  ici  est  indispensable,  epic  ton  élévation 
au  trône  du  royaume  est  le  plus  heureux  événement  de  ma  vie,  lu  étais 
l'homme  prédestiné  au  salut  de  noire  race.    » 

Puis,  s'adressant  à  sa  fille  : 

<>  ()  trésor  de  mon  cœur,  toi  que  jaune  plus  que  tout,  écoute  mes 
prudentes  recommandations  : 

(i  Prends  soin  de  ton  mari,  respecte-le  et  obéis-lui  toujours.  Quand 
vous  serez  arrivés  heureusement  dans  son  pays,  sers  ses  parents  comme 
s'ils  t'avaient  donné  le  jour,  que  rien  ne  puisse  te  faire  étrangère  à  leurs 
yeux. 

«  Sois  attentionnée  pour  les  Génies  des  pays  où  tu  te  trouveras. 

«   Sois  bonne  el  douce  pour  ceux  qui  le  serviront. 

«  Adoucis  la  misère  des  infortunés. 

«  Aime  ceux  que  ton  mari  aimera,  n'altère  pas  son  bonheur  par  la 
jalousie. 


VORVONG  ET  SAURIVONG  127 

«   En  tout,  use  de  bonté  et  de  modération. 

«  N'aie  pas  pour  ceux  quisuhironl  la  disgrâce  de  Ion  mari  le  même 
sentiment  que  lui,  sois  bienveillante,  interviens  pour  eux  auprès  du  Koi. 

«  Quand  ton  mari,  la  nuit,  entrera  dans  la  chambre,  couche-toi  un 
peu  plus  bas  (pie  lui.  ne  reste  pas  sur  un  rang  «'gai.    » 

La  princesse  ayanl  respectuesement  reçu  les  conseils  de  son  père,  les 
deux  époux  le  saluèrent  agenouillés. 


La  Hotte  se  dirige  voiles  au  \enl  sur  Conthop  Borev  où  un  chaleureux 
accueil  lui  est  lait  par  Saurivong  qui  reçoit  avec  transport  son  frère  dans 
son  palais. 

En  se  retrouvant.  Néang  Kessey  et  Roi  Vodey  se  jettent  dans  les  bras 
l'une  de  l'autre,  ne  cessent  de  se  parler. 

Rot  A  odey  prend  le  petit  prince  ^  orvong  Sauria,  elle  le  dépose  amou- 
reusement sur  ses  genoux,  le  couvre  de  baisers,  de  caresses.  Elle  verse 
des  pleurs  en  pensant  à  la  misère  qu'il  a  eue  (fig.  25). 

«  O  cher  enfant,  la  protection  du  ciel  est  sur  toi.  sans  elle  tu  n'aurais 
pu  résister  à  tant  de  malbcurs.    » 


ce  Nous  sommes  enfin  réuni-.  »  dit  ^  orvong  :  «  mettons,  cber  frère, 
notre  projet  à  exécution,  parlons  pour  le  royaume  de  nos  parents.    » 

Sauvirong  répond  : 

«  Charge-toi  de  commander  les  flottes,  je  conduirai  l'armée:  nous 
calculerons  notre  marche  de  manière  à  entrer  en  même  temps  dans  le 
royaume  de  notre  père  et  bloquer  subitement  la  capitale.    » 


Les  derniers  préparatifs  du  départ  sont  rapidement  poussés,  ou  n'attend 
plus  ipi  un  jour  propice. 


128 


MISSION   l'W  II'. 


~T : 


Fig.    25.  —  Elle  verse  des  pleurs. 


Dans  les  deux  armées  règne  l'ordre  et  la  discipline. 
Saurivong  compose  l'avant-garde  des  hommes  les  plus  audacieux.  Il 
choisit  ses  oflïciers  parmi  ceux  ayant  fait    preuve  de  brillant  courage,   ils 


La  flotte  se  dirige  voiles  au  vent  sur  Canthop  Borey  (page  187 


VORVONG  ET  SAURIVO.NG  129 


portent  les  sabres  suspendus  à  l'épaule,  leurs  coiffures  sonl  de  couleurs 
éclatantes. 

L  armée  est  innombrable,  le  sol  tremble  sous  ses  pas:  parmi  les 
guerriers  joyeux,  eliacun  ne  songe  qu"à  saisir  l'occasion  de  montrer 
sa  valeur. 

On  ne  voit  que  drapeaux,  bannières,  emblèmes  de  toutes  sortes  flot- 
tant au  gré  du  vent. 

Saurivong  emmène  la  Reine,  une  foule  de  femmes  de  rare  beauté  for- 
ment  sa  suite. 

Rien  ne  manque,  tout  a  été  prévu. 

L  armée  se  met  en  marche  en  plusieurs  troupes  séparées  dans  un  ordre 
parlait. 

La  route  sera  longue,  pénible,  aussi  Saurivong  a-t-il  bâte  d'arriver. 


Vorvong  de  son  côté  a  organisé  la  Hotte:  elle  est  montée  par 
des  marins  éprouvés  dont  le  courage  et  la  bravoure  sont  les  qualités 
ordinaires. 

Des  quantités  considérables  de  provisions  rempbssenl  les  navires. 

Desdrapeaux,desbannièresdetoutescouleurss'agiten1  en  liant  de- mais. 

L  ne  troupe  choisie  forme  la  garde  du  Iioi. 

La  flotte  est  innombrable,  on  ne  voit  qu'une  forêt  de  mâts  et  de 
gouvernails. 

Elle  se  met  en  route  en  même  temps  que  l'armée. 

Lu  vaisseau  aux  sculptures  magnifiques,  orné  de  gracieuses  guir- 
landes de  fleurs,  emporte  le  jeune  Roi  et  les  Reines.  En  s'éloignanl 
tous  trois  échangent  avec  Saurivong  cl  Sar  Ropha  montés  sur  de  superbes 
éléphants,  des  souhaits  el  des  vœux. 


Bientôt  on  n  entend  plus  (pic  les  mugissements  des  vents,  les  vagui  s 
s'élèvent  bailles,  retombent,  frappanl  lourdement  le  bordage  des  navires. 
On  ne  voit  que  l'étendue  sans  bornes  des  eaux,  et  le  ciel. 

1: 


130  MISSION  rwii: 


Le  suir.  la  llnllr  mouille  dans  une  île.  les  matelots  réparent  leurs 
forces  par  des  aliments  abondants  ;  Ions,  penchés  sur  les  (lots  admirent, 
à  la  lueur  de  la  lune  el  des  étoiles,  !<•>  animaux  marins  de  toute  sorte. 

Le  lendemain,  la  traversée  continue. 


Laisson-  les  armées  s'avancer  et  parlons duRoi  Sauriyoetde  la  Reine 
Tiéya,  1<'  père  cl  la  mèrede  Saurivong  el  de  Vorvong. 

\|uès  la  fuite  de  Vorvong  et  de  Saurivong,  enfants  sauvésdela  mort, 
que  se  passa-t-il? 

La  douleur  de  Néang  Tiéya  exaspéraol  le  Roi,  il  la  chasse  du  palais. 

Dans  son  abandon,  la  pauvre  Reine  ne  doil  la  \ic  qu'aux  bourreaux 
compatissants  qui  lui  portent  chaque  jour  en  cachette  le  nécessaire  pour 
entretenir  son  existence  :  riz,  bétel  el  bois. 

Par  crainte  de  la  colère  du  Roi,  personne  n'ose  la  secourir. 


Sept  ans  ('■coulés.  Vey  Vongsa  dans  sa  douzième  année  est  sacré 
Roi  à  la  place  de  son  père  qui  abdique.  Il  gouverne  les  cinq  cents  princi- 
pautés tributaires  ;  des  trésors,  des  richesses,  des  objets  précieux  de  toute 
sorte  lui  si  ml  annuellement  présentés. 

La  prospérité  el  le  bien-être  continuent  de  régner  chez  les  peuples  de 
son  empire. 


Cependant  le  temps  passe.  La  malheureuse  abandonnée,  la  Heine 
Tiéya,  a  recommande''  à  se-  fils  de  revenir  sans  faute  au  boul  de  di\  ans  : 
maigri''  son  courage,  elle  esl  toujours  sous  l'impression  de  I  inquiétude  cl 
de  la  tristesse  que  lui  a  laissée  leur  départ. 

Elle  a  pour  compagnons  de  misère  :  le  chagrin,  la  douleur,  la  sou  lira  née 
cl  1  impatience  de  revoir  ses  enfants. 

Cependant,  une  nuit,  elle  a  un  songe  charmant. 

—  Ses  lils  reviennent  tous  deux,  fleuris  de  jeunesse  el  de  santé.  Ils  se 


Kn    s'éloignant,  tous    trois    échangent    avec    Saurivong    .1     Sar    Bopti 
montés  sur  de  superbes  éléphants,  des  souhaits  et  des  vœux  (page  129). 


VORVOiN'G  ET  SAURIVO.NG  131 


jettent  à  ses  pieds,  étouffant  de  douleur  en  la  voyanl  tombée  dans  une 
misère  pareille.  Elle  les  presse  étroitement  dans  ses  liras.  Heureux  «le  la 
revoir,  heureuse  de  leur  retour,  tous  trois  ne  cessent  de  pleurer  de  joie  et 
de  bonheur. 

Suffoquée  par  l'émotion,  elle  s  éveille  en  sursaut,  cherchanl  encore  à 
étreindre  ses  enfants. 

Les  ténèbres  profondes  la  rappellenl  à  la  réalité;  elle  retombe  dans  la 
douleur  el  le  désespoir,  les  larmes  inondent  son  corps,  elle  se  plaint 
amèrement. 

«  0  chers  adorés  de  Dion  cœur,  que  je  suis  malheureuse,  Ions  les 
jours  la  douleur  m'accable.  Depuis  votre  départ,  dix  ans  se  sont  écoulés, 
ma  misère  est  affreuse,  je  ne  dois  l'existence  qu'à  la  générosité  des 
bourreaux.    » 


Ce  jour-là,  au  lever  de  I  aurore,  une  année  innombrable  inonde  le 
royaume,  marche  sur  la  capitale. 

Ce  n  est  plus  dans  le  |  euple  que  terreur  el  désordre. 

Le  Roi  esl  informé  par  des  courriers,  témoins  oculaires  de  I  invasion. 

»  <*  grand  Roi,  une  armée  sans  nombre  envahit  le  pays.  Riennepeul 
arrêter  sa  marche  audacieuse.    » 

I  >'aulres  accourenl  disanl  : 

«  l  ne  autre  année  arrive  par  la  mer.  On  ne  voit  que  navires,  que 
guei  riers. 

«    Sauvez-nous  du  malheur,  ô  grand  Roi  !   » 

Le  Roi  Vey-Vongsa  aussitôl  rassemble  son  armée,  ses  guerriers 
toujours  prêts  sont  braves,  bien  armés. 

Les  nouvelles  sonl  alors  que  l'ennemi  atteint  la  capitale,  que  la  rési- 
dence royale  mi  être  cernée. 

«  0  vous  tous  ».  dil  le  jeune  Roi  Vey-Vongsa,  «  chefs  et  guerriers, 
quelle  que  soit  son  audace,  celle  armée  ennemie  ne  pourra  nous  vaincre.  » 


132  MISSION  l'\YIE 


Les  armées  des  deux  Lois  frères  se  sont  réunies. 

Vorvong,  \r\i\  pour  la  bataille,  se  rend  à  la  tente  de  son  frère  aîné. 

Entourés  des  généraux,  des  chefs,  des  savants,  les  deux  Rois  prennent 
place  sur  l'estrade  superbe*  rapidement  construite,  au  centre  de  l'im- 
mense camp  des  troupes. 

Ils  choisissent  de  suite  des  envoyés  pour  le  \  ieux  Roi. 

«  Allez  vers  le  Roi  Sauriyo,  vous  lui  direz  que  nous  voulons  son 
royaume,  sa  couronne,  se-  richesses;  s'il  refuse,  vous  l'inviterez  à  la 
guerre,  nous  la  lui  imposons  par  la  force  puissante  de  nos  armes.    » 


Les  envoyés  parlent,  ils  portent  au  vieux  Hoi  la  demande  des  deux 
Rois. 

En  les  entendant,  le  vieillard  laisse  échapper  des  cris  de  désespoir: 

<i    Si  je  suis  vaincu,  on  me  fera  périr  par  les  armes.    » 

Dans  son  effroi,  aucune  idée  de  résistance  ne  lui  vient  à  l'esprit. 

Le  Ciel  lui  l'ail  subir  les  consécjuences  de  l'action  accomplie  sous 
l'influence  de  Néang  Montéa  sa  seconde  femme  à  l'égard  de  ses  deux 
enfants. 

Il  s'adresse  au  jeune  Roi  Vey-Vongsa: 

«  0  cher  enfant,  mon  salut,  que  décider  en  face  de  cet  ennemi?  Faut-il 
accepter  sa  volonté? 

«  Comment  pourrions-nous  trouver  assez  de  soldais  pour  engager  la 
lutte  contre  lui  ?  Le  royaume  est  en  ses  mains,  noire  peuple  à  sa  discré- 
tion ! 

«  Une  lutte  malheureuse  aura  des  conséquences  terribles  pour  le 
pays,  causera  notre  mort. 

«   Mieux  vaut  se  rendre,  au  moins  l'adversaire  nous  laissera  la  vie.  » 

^  ev-\  ongsa  répond  : 

«  0  cher  père,  n'ayez  pas  de  crainte  sur  le  sort  du  pays.  Il  esl  vrai 
que  l'armée  ennemie  esl  innombrable,  que  le  royaume  est  clans  ses  mains, 
que  la  valeur  de  ses  armes  esl  redoutable,  que  ses  soldais  sont  audacieux; 
niais,  il  esl  permis  de  se  mesurer  avec  elle  comme  avec  toute  autre.  Je 


Ail,/,  vert,  le  Roi  Sauriyo,  vous  lui  direz  que  nous  voulons  —, 
royaume,  s.  couronne.,  ses  richesses,  s  il  refuse,  vous  l'inviterez  ;,  1, 
iruerre    nous  1;.  lui  imposons  par  lu  force  puissante  de  nos  armes  [page  132 


/ 


VORVONG  ET  SAURIVONG  133 

puis  être  battu,  écrasé,  mais  vous  ne  pouvez  pas  me  faire  retirer  sans 
lutlc. 

«  Silc  sort  des  armes  nous  est  favorable,  nous  garderons  notre  royaume, 
dans  le  cas  contraire,  nous  consentirons  à  le  céder  à  notre  adversaire. 

Si  je  succombe,  j'aurai  montré  que  je  suis  un  homme,  alors  ne  me 
regrettez  pas,  ô  mon  cher  père,  quand  on  esl  né  il  reste  à  mourir.  Tant 
que  je  serai  là,  ne  craignez  rien,  nous  ne  sommes  pas  encore  aux  mains 
des  ennemis  »  (fig.  26). 

—  «  0  mon  cher  enfant,  les  idées  de  lutte  me  font  craindre  pour  ta 
vie.  Puisque  tu  veux  le  combat,  réponds  aux  envoyés  afin  qu'ils  aillent 
prévenir  leurs  Rois.  » 

Vey-\  ongsa  prend  la  parole  : 

a  Vous  pouvez,  ô  seigneurs,  aller  dire  à  vos  Rois  que  nous  n'avons 
pas  idée  du  motif  de  leur  demande,  nous  ne  la  comprenons  pas. 

«  Dites-leur  que  nous  acceptons  la  lutte  et,  que  je  laisse  aux  armes  le 
soin  de  mon  destin. 

«  Pour  épargner  le  sang,  les  pleurs,  je  demande  qu'il  y  ait  un  combat 
d'éléphants,  chaque  armée  choisira  le  meilleur  qu'elle  aura,  votre  chef  et 
moi  les  monterons  nous-même.    » 

Les  envoyés,  ayant  écoulé,  prennent  respectueusement  congé  du  jeune 
Roi  et  rentrent  au  camp. 


Les  deux  frères  alliés  sont  heureux  de  la  proposition  de  leur  adver- 
saire Vorvong  de  suite  s'incline  devant  son  frère  aine  : 

«  Je  réclame,  ô  frère,  l'honneur  de  la  lutte?   » 

Saurivong  répond  : 

«   Que  votre  volonté  soit  l'aile.    » 

Vorvong  salue  son  frère,  puis  dit  : 

«  Je  vous  assure  du  succès,  ô  frère  bien-aimé,  je  ne  crains  pas  un 
combat  d'éléphants,  je  veux  prouver  ma  force  et  mon  adresse. 

«  Soyez  sans  inquiétude  aucune,  je  prendrai  le  royaume  de  notre  père 
et  je  vous  l'offrirai. 


13'. 


MISSION  PAVIE 


Fis.  26.  —  Si  je  succombé 


«  Je  désire  que  vous  restiez  sur  celle  estrade  :  d'ici  vous  pourrez  suivre 
a  lutte  contre  A  ev-Yongsa.    » 


VORVONG  ET  SAURIVONG  L35 


On  rassemble  sur  Le  champ  l'escorte  de  Vorvong,  ses  guerriers  \èlus 
nour  le  combat  viennenl  entendre  les  prêtres  prier  pour  la  victoire. 


Vey-Vongsa  a  donné  les  ordres,  l'ail  les  préparatifs  nécessaires  :  il  se 
rend  près  du  vieux  Roi  pour  ses  adieux,  lui  demande  ses  souhaits  et  rentre 
dans  sa  demeure. 

Il  se  parc  de  tous  le-  ornements  royaux,  sa  tète  porte  la  couronne 
couverte  de  pierres  précieuses,  toute  miroitante  de  lumière  et  de  beauté. 

A  sa  ceinture  est  suspendu  un  sabre  à  manche  d'or  piqué  de  dia- 
mants. A  ses  doigts  brillent  des  bagues  admirables,  le  crochet  de  son 
bâton  d'éléphant  est  d'or  massif. 

Sa  toilette  de  bataille  terminée,  il  prend  place  sur  son  éléphant  aux 
harnachements  neufs  et  brillants. 

Tous  deux,  armés,  sont  superbes  de  fierté,  décourage. 

Un  groupe  de  combattants  déterminés  forme  l'escorte. 


Les  deux  frères  alhés  sont  sur  l'estrade  entourés  de  leurs  ministres, 
de  la  foule  des  généraux  cl  des  chefs  :  on  leur  annonce  l'approche  de 
l'ennemi. 

Saurivong  ordonne  : 

a  Faites  prendre  leurs  places  à  toutes  les  troupes,  éléphants,  cavalerie, 
disposez  toutes  nos  armes  !    » 

On  voit  se  mouvoir  des  groupes  terribles,  le  Roi  est  aussitôt  informé 
de  l'exécution  de  ses  ordres. 

Vorvong  salue  son  frère,  monte  sur  l'éléphant:  sa  main  lient  une 
aune  magnifique,  un  crochet  d'or  pour  l'éléphant  orne  une  extrémité,  un 
sabre  termine  l'autre.   Le  parasol  royal  ombrage  son  visage. 

L'escorte  nombreuse,  choisie,  qui  va  combattre  avec  lui,  avance  avec 
ordre.  On  ne  voit  qu'une  forêt  d'armes. 

Cette  marche  serrée  des  guerriers  versl'ennemi  est  saluée  par  teintes 
les  musiques,  les  gongs  el  les  trompettes. 


136  MISSION    l'VVIE 


Les  deux  troupes  se  sont  jointes  :  soudain  la  lutte  s'engage,  on  n  en- 
tend plus  que  les  bruits  confus  des  cris  de  guerre  et  des  chocs  d'armes,  le 
sol  tremble  sous  les  hommes. 

Aucune  arme  ne  reste  immobile,  les  soldats  se  mêlent,  attaquent,  se 

défendent  avec  les  sabres,  avec  les  lances. 

Pêle-mêle  sont  des  blessés,  des  vainqueurs  et  des  morts  ;  des  hommes 
tombent  renversés,  d'autres  viennent  les  égorger,  les  pieds  des  guerriers 
sont  rouffis  par  le  sang. 

L'épais  rideau  des  combattants  s'éclaircit,  la  place  se  dégage,  les  deux 
Rois  lancent  l'un  sur  l'autre  leurs  éléphants:  les  meilleurs  des  guerriers, 
avec  eux.  s'attaquent  avec  lances,  sabres,  piques,  tous  ces  fers  flamboient, 
on  les  voit,  teints  de  sang,  s'abattre,  se  lever. 


Aussitôt  qu'ils  se  heurtent,  les  éléphants  des  deux  Rois  se  déchirent  ; 
leurs  maîtres  échangent  sans  parler  un  regard,  croisent  leurs  armes. 

Les  traits  mâles  de  leurs  jeunes  visages  expriment  le  courage,  le 
calme  et  la  résolution. 

Vey-Vongsa  adroit,  valeureux,  combat  en  Roi  superbe,  habile  dans 
L'attaque,  mais  bientôt.  Vorvong,  invincible,  d'un  coup  rapide  de  sa  longue 
arme  détache  du  corps  élancé  de  son  adversaire  la  tète  et  la  couronne. 


A  la  vue  du  Roi  mort,  les  plus  braves  même  des  gardes  de  A  ey-A  ongsa 
reculent,  le  trouble  se  met  parmi  eux:  comme  un  Ilot  mouvant  ils  roulent 
hors  du  champ  de  lutte,  on  voit  des  bommes  tomber  tremblants  de  peur, 
mourir  d'épuisement. 

\  orvong  fait  crier  aux  soldats  du  vaincu  d'arrêter  leur  fuite,  de  quitter 
toute  crainte,  qu  il  laisse  à  tous  la  vie. 

Saluant,  les  mains  au  front,  le  cadavre  de  son  vaillant  adversaire, 
il  donne  les  ordres  pour  qu'il  soit  gardé  avec  respect. 

Alors  les  bannières  sont  levées,  Vorvong,  loiil  autour  d'elles  ras- 
semble ses  soldats.  \;i  saluer  son  frère  et  lui  dire  sa  victoire. 


Vey-Vonsga  prend  place  sur  son  éléphant  au*   harnachements  neufs  et 
brillants  (page  135). 


.3     o 


S    — 
-     - 


VORVONG  ET  SAURIVONG  137 


Les  deux  Rois  envoient  à  leur  père  la  nouvelle  de  la  mort  de  son  fds. 

\  ous  direz  ceci  : 

«  O  puissant  Roi,  votre  valeureux  fds  abandonné  par  la  fortune  a 
vaillemment  succombé. 

«  Nos  illustres  Maîtres  vous  demandent  s'il  vous  convient  de  conti- 
nuer la  guerre.  Dans  ce  cas,  allez  sur  le  plateau  les  attendre.  Si  vous  ne 
le  désirez  pas.  vous  devrez  les  saluer  à  leur  camp. 

«  Vous  y  viendrez  à  pied,  non  sur  un  éléphant  ou  toute  autre  monture  : 
sans  armes,  sans  escorte:  faute  de  tout  cela  votre  attitude  sera  considérée 
hostile,  menaçante,  causera  un  nouveau  combat  dont  l'issue  vous  sera 
fatale,  votre  vie  paiera  alors  votre  témérité.    » 


Quand  il  entend  ce  langage  impérieux,  le  vieux  Roi,  effrayé,  répond  : 
«  O  vous,  les  envoyés  de  mes  forts  adversaires  !  Pourquoi  soutien- 
drais-je  une  lutte  clans  lacpielle  je  serais  vaincu,  mon  fils  a  été  trahi  par  le 
sort,  il  a  trouvé  la  mort,  je  ne  puis  plus  rien  contre  eux,  qu'ils  aient  la 
générosité  de  m'accorder  jusqu'au  soir  afin  que  je  puisse  réunir  les  pré- 
sents dont  je  me  ferai  suivre. 

«  Je  leur  remettrai  le  royaume,  les  trésors,  ce  que  je  possède,  je  ne 
leur  demande  que  la  vie  en  retour.    » 

18 


138  MISSION   l'.VVIE 


Les  envoyés  rapportent  aux  Iîois  frères  la  réponse  du  Roi  Sauriyo. 
Aussitôt  l'armée  reçoit  cet  ordre: 

«  Qu'on  plante  en  terre  les  drapeaux.  les  bannières,  les  emblèmes  de 
Imites  les  troupes,  de  tous  les  chefs.  Quand  le  Roi  vaincu  viendra  saluer 
les  Rois,  on  ne  lui  montrera  pas  l'estrade  royale,  mais,  l'abusant  sans 
cesse,  on  l'enverra  de  l'un  à  l'autre  des  drapeaux  indiquant  les  campe- 
menls  des  chefs,  des  généraux  et  des  ministres,  du  premier  au  dernier. 
jusqu'à  fatigue  extrême  ;  alors  seulement  qu'exténué,  il  ne  se  soutiendra 
plus,  il  sera  conduit  devant  les  Rois  alliés. 

«  Que  partout  les  musiques,  les  gongs  et  les  trompettes  résonnent 
bruyamment.    » 

Ordonnant  ainsi,  les  deux  Rois  frères,  entre  eux.  pensenl  : 

a  Nous  lui  fcron>  souflrir  un  instant  la  misère  cpie  nous  avons  subie 
de  longues  années. 

«  C'est  par  miracle  que  nous  vivons  encore,  sans  le  secours  du  ciel 
nos  corps  seraient  ensevelis  dans  les  sombres  forets. 

«  Il  faut  qu'il  ressente  la  leçon,  alors  seulement  qu'il  succombera  à 
la  souffrance,  nous  le  recevrons.  » 


Quand  les  envoyés  ont  accompli  leur  message,  le  vieux  Roi  Sauriyo 
esl  assailli  de  mille  pensées,  il  sanglolle  désespéré.  11  craint  pour  sa  vie 
et  pleure  son  fils,  son  seul  soutien:  son  cœur,  comme  brisé  en  mille 
morceaux,  n'existe  plus. 

«  O  cher  enfant,  loi  mon  précieux  trésor,  pourquoi  le  fatal  destin 
t'enlève-l-il  si  jeune  à  mon  amour? 

«  Toi,  la  douce  consolation  de  mes  vieux  jours,  jamais  jusqu'ici  tu 
ne  m'as  causé  de  chagrin,  je  t'ai  donné  mes  royaumes,  lu  as  été  le  bon- 
heur  de  mes  peuples  ! 

«  Nous  étions  deux,  mon  tils  cl  moi,  maintenant  je  suis  seul!  Pour- 
quoi meurs-tu  si  jeune  au  milieu  des  combattants  n  ayant  aucun  parent 
près  de  toi  pour  le  secourir?  Je  n'ai  pas  même  revu  ton  visage! 

«  Ta  mort  m'enlève  mon  amour,  mon  salut,  luise  ma  vie  !    » 


VORVONG  ET  Ski  M\<»\(; 


139 


I  i_'.   27.  —  La  douleur  de  Néang  Montés  est  immense. 


La  douleur  de  Neang  Montéa  csl  immense  en  apprenanl  la  terrible  nou- 
velle, sa  poitrine  csl  près  d'éclater  tanl  son  cœur  bal  violemment  (fig.  27  ). 


140  MISSION    PVVIE 


«  0  mon  iîls  chéri,  trésor  de  mon  être  !  j'éprouve  une  douleur  into- 
lérable, je  ne  saurai  jamais  me  consoler. 

«  Pourquoi,  toi,  le  bonheur  du  peuple,  cs-tu  enlevé  violemment  par 
la  morî  ? 

«  Pourquoi  ne  m'a-t-il  pas  été  donné  de  mourir  avec  toi?  Pourquoi 
n'es-tu  pas  mort  dans  mon  sein,  alors  que  tu  n'avais  pas  encore  grandi 
par  mes  soins,  que  tu  n'avais  pas  mon  amour  tout  entier,  que  tu  n'élais 
pas  Roi  ?  » 

Elle  ne  cesse  de  pleurer  son  fils,  son  corps  est  secoué  de  souffrances 
inconnues,  elle  s'évanouit. 


Le  roi  Sauriyo,  devenu  plus  calme,  réunit  tous  les  grands  du 
royaume.  11  ordonne  qu'on  rassemble  les  richesses,  les  trésors.  Quand 
tout  csl  prêt,  il  prend  la  tète  du  convoi,  se  rend  au  camp  des  vainqueurs 
(fig.  28  . 


Dans  les  armées  alliées,  des  drapeaux,  des  bannières  sans  nombre 
indiquent  les  campements  des  ministres,  des  généraux,  des  troupes  :  leurs 
étoffes  de  toutes  tailles,  de  toutes  les  couleurs  flottent  triomphales  au  vent. 


Le  vieux  souverain  demande  aux  premiers  soldais  en  quel  lieu  se 
tiennent  les  Rois:  ceux-ci  lui  indiquent  un  drapeau  rouge  dans  le  loin- 
tain: il  s'y  rend.  Quand  il  arrive,  il  s'arrête  et  se  prépare  à  saluer.  Ceux 
de  cette  troupe  descendent  de  leur  pavillon,  ils  lui  disent  : 

«  O  Roi.  vous  ne  devez  pas  nous  saluer,  nous  sommes  simples 
guerriers  issus  des  rangs  du  peuple,  des  serviteurs  du  Roi.    » 

Le  vieux  Roi  dit  alors  : 

«  O  guerriers  de  l'armée  victorieuse,  je  suis  le  Roi  vaincu,  je  viens 
saluer  vos  Rois.  Dites-moi  où  ils  se  trouvent-,  indiquez-moi  le  chemin?  » 

Les  guerriers  répondent  : 


YORYONG  ET  S  U  RIYONG 


1,1 


Fig.  28.  —  il  prend  la  lêle  du  convoi. 


«  O  Roi.  vous  trouverez  nos  souverains  et  maîtres  près  de  la  bannière 
verte  là-bas,  à  L'horizon.  » 


142  MISSION   l'WIK 


Le  \ien\  Roi  \  arrive,  se  prépare  à  saluer. 

Les  généraux  sont  campés  en  cet  endroit,  ils  L'arrêtent,  lui  montrent 
un  autre  groupe. 


Il  erre  au  milieu  de  I  armée  innombrable,  en  proie  à  la  souffrance. 

<i  Dans  quelle  situation  terrible  je  nie  trouve?  »  se  dit-il.  «  Pourquoi 
me  trompe-t-on,  sinon  pour  avoir  prétexte  à  nie  faire  périr  en  me  faisant 
manquer  l'heure  du  rendez-vous? 

«  Je  croyais,  en  me  sou  mettant  à  mes  ad\  ersaires,  trouver  un  peu  de 
générosité,  j'espérais  deux  au  moins  la  vie!  Pourquoi  mimpose-t-on 
tant  de  honte  et  de  souffrances?  puissé-je,  avant  la  lin  lu  jour,  voir  mes 
deux  vainqueurs,  je  trouverai  peut-être  leur  cœur  assez  compatissant 
pour  me  Laisser  la  vie.  Le  doute  affreux  m'obsède,  ma  poitrine  esl  secouée 
violemment  !  » 

Cependant  le  soleil  descend  rapidement  :  écrasé  par  la  fatigue  et  la 
douleur,  le  Roi  sent  qu'il  va  faiblir  sur  le  chemin  :  il  atteint  un  campe- 
ment qu'on  vienl  de  lui  assurer  être  celui  des  Mois,  et  lui  parait  être  le 
dernier  de  l'armée,  il  se  prosterne  : 

I  )es  chefs  le  saluent  : 

a  0  Hoi,  pourquoi  nous  faites-vous  cet  honneur,  réservez-le  pour 
li ss  souverains  dont  nous  sommes  les  ministres  !  » 

Le  voyant  à  hout  de  forces,  ils  le  l'ont  conduire  devant  l'estrade 
superbe  des  I\ois  alliés. 


La  \  i if  de  ses  puissants  vainqueurs  rend  le  Roi  Sauriyo  plus  inquiet 
encore,  il  s'agenouille. 

«  Pourquoi,  Roi,  prenez-vous  cette  attitude  suppliante  ?  \  ol  re  âge  \  eut 
que  nous  vous  traitions  comme  notre  père,  venez  prendre  place  auprès 
de  nous  !   » 

Ces  parois  augmentent  sa  crainte,  il  n'ose  pas  monter,  il  reste  age- 
nouillé à  terre,  salue  les  souverains  les  mains  levées  au  front. 


VORVONG  ET  SU  RIVONG  143 


Les  deux  frères  se  lèvent,  ils  descendent  prendre  de  leurs  main-  ses 
deux  mains. 

«  Non.  non.  »  disent-ils,  «  nous  no  pourrons  pas  souffrir  qu'un  Roi 
dont  l'âge  égale  celui  de  noire  père,  nous  rende  ces  honneurs,  ce  sérail 
contraire  à  toutes  règles  et  usages.  » 

Ce  langage  ne  rassure  pas  le  vieillard,  voyant  que  les  deux  souverains 
remmènent  par  les  mains,  il  tremble  de  tous  ses  membres,  il  est  con- 
vaincu qu'on  va  le  faire  mourir. 

«  0  puissants  Hois.  ne  concevez  aucune  inquiétude  sur  moi.  je  n'ai 
pas  d'arrière-pensée,  de  mauvaise  intention,  je  n'ai  point  mal  parlé  de 
vous  et  n'ai  écoulé  personne  en  mal  parler.  Je  suis  venu  me  soumettre. 
Je  vous  conjure  en  retour  de  me  laisser  vivre,  je  vous  remets  royaume, 
richesses,  tout  ce  qui  peut  vous  satisfaire  !  » 
\  orvong  et  Saurivong  répliquent  : 
«  O  Roi,  nous  n'avons  nullement  l'intention  de  prendre  votre 
vie. 

«  Nous  vous  faisons  venir  afin  de  connaître  vos  intentions  :  nous  ne 
vous  voulons  pas  comme  tributaire,  nous  ne  désirons  pas  île  soumission 
de  ce  genre. 

«  Votre  fils  nous  a  résisté  jusqu'à  la  mort,  nous  voulons  savoir  par 
votre  bouche  si  vous  ne  seriez  pas  disposé  à  continuer  couragcusemenl 
la  bille!1  ^  oulez-vous  combattre  ou  non,  c'est  cela  (pie  nous  tenons  à 
savoir?  » 

En  les  entendant,  le  vieux  Roi  Sauriyo  devient  blême  de  frayeur,  il 
est  près  de  s'évanouir. 

Il  est  bien  loin  de  se  douter  que  ses  deux  vainqueurs  sont  les  deux 
fils  que  dix  ans  avant  il  a  donné  l'ordre  de  détruire. 

«  Quel  incompréhensible  caractère  est  celui  de  ces  deux  rois,  d  se 
dit-il.  ((  Je  me  remets  en  leurs  mains,  je  leur  présente  mon  royaume,  mes 
richesses,  ils  semblent  avoir  le  désir  de  combattre!  Ils  me  font  subir  la 
honte  par  leurs  paroles,  après  m'avoir  offensé  sans  égard,  ils  m'imposent 
le  combat,  c'est  qu'ils  veulent  ma  vie  !    » 

—  «  Je  ne  saurais  avoir  la  prétention   de  reprendre  la  bille  contre 


144  MISSION  PAVIE 


vous,  ù  illustres  Rois,  modérez  votre  colère,  laissez-moi  vivre,  je  serai 
éternellement  votre  serviteur  reconnaissant.  » 

Ses  fils  inconnus  lui  répondent  : 

«  Puisque  vous  avez  peur  de  nos  armes,  ne  conduisez  pas  le  combat: 
envoyez  contre  nous  vos  deux  autres  lils,  nous  voulons  nous  mesurer 
avec  eux. 

Mais  pourquoi  êtes-vous  seul?  Pourquoi  ne  vous  accompagnent-ils 
pas  ?  Pourquoi  les  laissez-vous  dans  l'oisiveté  et  la  mollesse  ?  Où 
sont-ils  ?  » 

—  u  Puissants  Rois,  mes  deux  premiers  tils  sont  morts  depuis  long- 
temps, le  troisième  a  succombé  par  vos  armes. 

«  .Mes  deux  aines  étaient  de  nature  mauvaise,  rebelles  à  mon  amour: 
encore  enfants,  ils  turent  assez  audacieux  pour  tenter  de  faire  violence  à 
la  seconde  Reine. 

«  Je  les  ai  fait  décapiter.    » 

—  «  S'ils  étaient  encore  enfants,  vos  deux  fds.  est-il  possible  de 
croire  qu'ils  aient  osé  une  pareille  action?  Qu'avez-vous  su  de  leur 
crime  ?  l'accusation  de  la  seconde  Reine  ! 

«   Ne  se  pouvait-il  donc  que.  ne  les  aimant  pas.  elle  l'ait  imaginé? 

«  N'eûtes-vous  donc  aucun  égard  pour  ces  deux  lils  qui  pourraient. 
aujourd'hui,  vous  défendre  contre  vos  ennemis? 

«  Votre  colère  vous  aveugla-t-elle  au  point  de  faire  mourir  vos  enfants 
sans  vous  être  assuré  s'ils  étaient  criminels? 

«  \  otre  conduite  aurait  alors  été  celle  d'un  homme  suffisant,  déna- 
turé, féroce,  à  qui  la  colère  ôte  tout  jugement,  toute  raison,  d'un  homme 
sans  cœur  et  sans  pitié.  Comment  alors  pouvez-vous  représenter  la  justice  ? 

«  Aujourd'hui,  sous  les  veux  de  votre  population  confuse,  vous  vous 
livrez  honteusement  à  vos  ennemis,  tremblant  de  peur  comme  le  der- 
nier du  peuple. 

«  Yavez-vous  aucune  confusion,  aucuns  regrets,  aucuns  remords,  ne 
pensez-voûs  pas  que  vous  supportez  une  juste  punition? 

«  Ne  reconnaissez-vous  pas  en  nous  ces  êtres  négligemment  con- 
damnés à  la  mort  ? 


VORVONG  ET  SÀ.UR1VONG  145 

«    Nous  sommes  vos  deux  fils  !   » 

A  cotte  déclaration.  le  vieux  Roi  est  secoué  de  terreur. 

«   Non.  i)  se  dit-il.  «  ce  ne  sont  pas  mes  fils,  ils  cherchenl  un  prétexte 

déplus   pour  me  condamner.  Après  m'avoir  inutilemenl  provoqué  à  i 

autre  lutte,  apprenant  que  j'ai  l'ail  décapiter  nies  lils.  ils  disent  être  ceux-là 
depuis  si  longtemps  réduits  en  poussière!  Leur  langage  violenl  tn'an- 
Donce,  pauvre  créature,  que  ma  dernière  heure  approche!    » 

—  «  O  puissants  souverains,  je  reconnais  les  torts  que  |  eus  en 
faisant  ainsi  mourir  mes  enfants.  J'étais  déjà  âgé,  ma  tête  était  affaiblie. 
Sous  la  violence  de  la  colère  inspirée  par  une  femme,  j'ai  donné  cet  ordre 
sans  considération  pour  nies  enfants  et  pour  mon  sang. 

«  Accordez-moi  grâce;  ô  Rois?  N'aggravez  pas  ma  situation  de 
vaincu  en  vous  disant  ceux  que  j'ai  l'ail  mourir.  Soyez  grands  et  géné- 
reux, n'augmentez  pas  la  charge  que  la  guerre  met  sur  mes  vieux/jours, 
laissez-moi  vivre  encore  ?  » 

Vorvong  cl  Saurivong  comprennent  alors  clairement  (pie  leur  père 
ne  les  reconnaîl  pas.  que  sa  raison  est  près  de  s'égarer,  respectueuse- 
ment, ils  se  jeltenl  aux  pieds  du  Roi  l'ère: 

«  ()  père!  Nous  siiniuies  ceux-là  que  vous  avez  chassés  de  votre 
cieur  ! 

«  Croyez  que  nous  sommes  bien  ces  deux  frères,  mis  deux  (ils! 
N'ayez  plus  aucun  doute,  nous  nous  appelons  ^  orvong  et  Saurivong  ! 

«    Nuire  mère  esl   Néang  Tiéya. 

«  La  Reine  Montéa  nous  avait  en  haine;  un  jour,  elle  nous  prend 
dans  ses  bras,  appelle  au  secours,  nous  accuse.  En  l'entendant,  la  colère 
vous  aveugle  :  sans  rien  vouloir  entendre,  vous  donnez  ordre  qu'on  nous 
fasse  mourir. 

«  Notre  mère  affolée  nous  suil  dans  le  bois,  arrive  jusqu'à  nous. 
nous  couvre  de  caresses,  pleure,   roule  à  terre,  meurt   de  douleur  sous 

nos    \eux. 

«  Nous  prions  les  Anges  de  lui  rendre  la  vie,  iU  exaucenl  nos  vœux. 
Devantcelte  manifestation  de  la  puissance  du  Ciel,  les  bourreaux  favo- 
risent noire  fuite.    » 

19 


146  MISSION  l'VMK 


Les  deux  princes  racontent  aussi  leur  vie  pendant  la  longue  absence, 
leur  séparation,  la  misère  de  Vorvong,  son  naufrage,  son  arrivée  à  (  lan- 
thop  Borey  el  la  scène  de  la  salle  des  peintures. 

Le  vieux  Roi  ne  doute  plus:  il  serre  ses  enfants  dans  ses  bras,  il  leur 
parle  avec  douceur  et  tendresse. 

«  O  cbers  enfants,  remercions  Le  Ciel,  votre  destinée  vous  a  sauvés 
de  la  mort,  quel  bonheur  de  vous  revoir,  tout  puissants,  beaux,  géné- 
reux, remplis  de  vigueur,  pleins  de  jeunesse. 

«  Mes  torts  à  votre  égard  sont  immenses,  j'avais  perdu  la  raison, 
j'aimais  trop  une  femme,  ses  paroles  faisaient  ma  loi.  je  ne  voulus  pas 
approfondir  les  causes,  je  perdis  l'amour  cme  j'avais  pour  vous:  n'en- 
trant dans  aucune  considération,  je  donnai  l'ordre  de  vous  tuer. 

«  Grâce  à  la  miséricorde  des  Anges,  à  la  vertu  de  voire  destinée,  vous 
vivez  et  vous  êtes  Rois  tous  deux. 

«  Je  n'aurais  jamais  pu  comprendre  que  vous  étiez  à  la  tète  d'une 
pareille  armée,  jamais  il  ne  me  serait  venu  à  l'esprit  que  c'était  vous 
qui  aviez  envahi  mon  royaume. 

«  Mon  crime  est  impardonnable,  considérez  seulement  mes  vieux 
jours  el  laissez-moi  de  côté  comme  un  être  sauvage  et  odieux.    » 

Les  deux  jeunes  Rois  se  prosternent  à  ses  pieds. 

«  Ce  qui  nous  est  arrivé  par  Néang  Montéa.  conséquence  de  nos 
vies  antérieures,  était  écrit  dans  le  destin.    » 


Le  Roi  envoie  aussitôt  des  ambassadeurs,    une  escorte  et  des  sui- 
vantes à  la  Reine  Tiéva  pour  L'amener  vers  ses  enfants. 


Ordre  est  alors  donné  à  Néang  Montéa  de  se  présenter  seule  à  pied. 

Bientôt  elle  arrive  : 

Le  Roi  Sauriyo  lui  parle  avec  colère  : 

«  Te  voilà,  Montéa,    femme  artificieuse,  qui  m'as  volé  mes  bis. 

«  Ecoute  ceci  : 


O   père!  nous    sommes    ceux-là    que    vous    avez   chassés    de    votre    c 

(page  145.) 


VORV.ONG  ET  SAUWVONG  n; 


«   Avec  des  paroles  mielleuses,  dissimulant  ta  haine,  tu  as  attiré  mes 
enfants  dans  tes  bras:   les  y  retenant,   tu  as  crié  à  l'aide  en  trompant 
tout  le  monde,  personne  ne  se  doutant  de  ce  que  tu  préparais  : 
«  Raconte  maintenant,  ici,  la  vérité  complète?  » 
Néang  Montéa  enrayée  se  prosterne  en  pleurant  : 
«    0  grand  Roi.  ce  que  vous  venez  de  dire  n'est  que  la  vérité  !    » 
Entendant  son  aveu,  le  vieux  Roi  ordonne  qu'on  la  prenne  et  qu'on 
Taille  de  suite  noyer  dans  un  étang  (fig.  *29). 


L'infortunée  Néang  Tiéya  fait  son  entrée  au  milieu  de  l'armée  respec- 
tueuse. 

Anéantie  de  joie  et  de  bonheur  elle  reconnaît  ses  fds.  serre  en 
pleurant  leurs  corps  contre  son  corps. 

L'armée  entière  assiste  émue  à  ce  spectacle. 

«  O  mes  enfants,  j'étais  désespérée  de  ne  pas  vous  voir  revenir  les 
dix  ans  écoulés.  Pas  un  beau  jour  n'est  entré  dans  ma  vie  pendant  votre 
absence  ! 

«  Par  un  excès  d'injustice,  la  colère  de  votre  père  n'a  jamais  diminué 
pour  moi.  Néang  Montéa  l'entretenait  par  sa  haine  ! 

«  Aujourd'hui,  je  revis  par  votre  vue  ! 

«  Sans  votre  retour  je  serais  morte  de  douleur,  mon  cadavre  serait 
resté  abandonné  dans  ma  misérable  cabane.   » 

Le  Roi  Sauriyo  lui  parle  alors  ainsi  : 

ii  O  femme,  sois  généreuse  et  pardonne  ma  conduite:  oui,  mon 
crime  est  grand,  j'ai  honte  d'en  parler.  Montéa  qui  l'a  causé  est  morte 
ainsi  que  ^  eyA  ongsa,  c'est  la  punition  de  la  faute.  Toi  au  contraire,  ta 
destinée  est  heureuse,  le  bonheur  t'accable,  tu  revois  tes  enfants  et  tous 
les  deux  sont  Rois  ! 

«  Pardonne-moi  le  mal  que  je  t'ai  fait,  ô  femme  qui  fus  chère  à  mon 
cœur.   » 

—  «   O  Roi.  je  ne  saurais  avoir  sentiment  de  haine  ou  de  vengeance, 


148 


mission  i'A vu: 


ordonne  qu'on  l'aille  nover  dans  un  étang. 


mes  fils  sonl  là.  mes  lîls  oui  oublié,  je  vous  pardonne  tout,  vivez  heu- 
reux comme  autrefois  !    " 


(i  Uni.  je  ne  saurais  avoir  il e  scnltmenl  Je  haini le  vengeance;  mes 

lil>    sniil    là!    s    lils    mil    oublié!  je    vous    pariloniie    lmi(.    vivez    lieiirenx 

.■ le  autrefois  !  (page  II*. 


VORVONG  ET  SAURIVONG  149 

Les  deux  jeunes  Rois  présentenl  ensuite  au  l'un  et  à  la  l'unie,  les 
princesses  leurs  femmes  agenouillées,  respectueuses  en  arrière,  et  le 
petit  enfant. 

Le  Roi  Sauriyo  et  Néang  Tiéya  se  sentent  heureux  et  fiers  en  voyanl 
les  admirables  jeunes  femmes  de  leurs  iils.  ils  prennent  dans  leurs  bras 
le  fils  de  Vorvong,  le  comblent  de  caresses. 


Vorvong  et  Saurivong  préparèrent  ensuite  les  funérailles  de  leur  frère 
Vey-A  ongsa.  <  ni  éleva  nu  superbe  monument  à  l'intérieur  duquel  fut  placé 
le  corps  du  jeune  Roi  (fig    30). 

Pendant  un  mois  et  demi  les  prêtres  prièrent  jour  el  nuit  près  du 
cercueil. 

La  cérémonie  pour  confier  les  restes  au  feu  eut  ensuite  heu. 

Des  fusées  en  nombre  incalculable  lurent  lancées  dan-  le-  ans.  des 
feux  d'artifice  firent  la  nuil  semblable  au  jour.  Tout  était  d'une  splendeur 
comparable  aux  fêtes  célestes. 

Des  guirlandes  de  fleurs  ornèrenl  l'édifice  funéraire  dont  les  alentours 
transformés  en  un  jardin  immense  étaient  remplis  d  arbres  et  de  hauts 
artificiels. 

On  vovail  des  [leurs  Huiler  gracieusement,  fraîches  ('cluses  an  vent. 
Il  \  avait  des  fruits  à  tous  les  degrés  de  maturité,  on  les  eût  cru  créés  par 
la  nature,  tant  ils  étaient  bien  imités. 

Sauriyo  et  les  jeunes  Rois,  ses  Iils,  placèrent  eux-mêmes  le  cercueil 
de  ^  ey-\  ongsa  sur  le  bûcher.  Ils  demandèrent  au  mort  de  leur  accorder 
le  pardi  m. 

De  véritables  richesses  huent  ensuite  distribuées  aux  pauvres. 


Ce  devoir  pieux  étant  accompli,  l'élévation  du  Roi.  de  la  Reine,  et 

de  leurs  fils  fut  solennellement  faite,  puis,  les  frères  avant  le  désir  de 
rentrer  dans  leurs  royaumes,  se  rendirent  au  palais  pour  faire  leurs 
adieux  à  leurs  parents  (fig.   .'Il  ). 


150  MISSION  PAVIE 


«   O    père,   nous  souhaitons    que    votre    rogne    soit    heureux.    Nos 

royaumes  sont  sans  rois,  la  roule  est  longue  el  pénible.  Nous  ne  pouvons 
pas  rester  plus  longtemps  dans  notre  pays  natal.    » 

N'osant  les  retenir,  le  Roi  leur  répondit  : 

«  0  enfants,  je  ne  puis  pas  prétendre  au  bonheur  de  vous  garder, 
mais  vous  ries  nies  seuls  héritiers,  si  vous  parlez,  laissez-moi  au  moins 
mon  petit-fils,  je  le  ferai  régner  bientôt  à  nia  place?  » 

«  Puisque  vous  désirez  le  garder,  je  vous  l'offre,  »  répondit 
A  orvong. 

«  Nous  demandons  seulement  à  emmener  les  bourreaux,  ceux  qui 
nous  ont  sauvé  la  vie,  leurs  bienfaits  ne  peuvent  être  oubliés?  » 

—  «  0  chers  enfants,  ma  joie  est  grande  de  voir  que  vous  n'oubliez 
pas  les  bienfaits. 

«  Quand  vous  serez  dans  vos  royaumes,  pensez  à  nous,  vous  êtes  la 
seule  consolation  de  nos  vieux  jours.  Oubliez  mes  fautes  et  de  temps  en 
temps  donnez-nous  le  bonheur  de  vous  revoir.    » 

Ensuite  Néang  Tiéya  prit  la  parole  : 

«  Mes  chers  enfants,  \otrc  départ  va  nie  mettre  un  poids  douloureux 
sur  le  cœur,  je  sens  ma  poitrine  se  déchirer  à  la  pensée  de  cette  nouvelle 
séparation.  Mitre  dépari  m'enlève  le  bonheur. 

«  Je  suis  comme  une  femme  au  bord  de  la  mer.  baignant  son  enfant. 
Soudain,  enlevé  par  les  Unis,  le  petit  être  échappeà  ses  bras  :  elle  sanglotte, 
gémit,  arrache  ses  cheveux,  roule  sur  le  sable,  lançant  vers  le  Ciel  appels, 
plaintes,  prières. 

«  Elle  est  écoutée  ;  un  Ange  prend  l'enfant  et  le  lui  redonne.  Grand 
est  son  bonheur,  elle  pleure  maintenant  de  joie  et  d'amour. 

«  Je  ressemble  à  cette  mère,  ô  chers  enfants,  pourquoi  me  quittez- 
vous  de  nouveau  ?  » 

Les  deux  princes  se  jettent  à  ses  pieds  : 

«.  O  mère,  comment  pourrions-nous  vous  laisser  dans  la  douleur? 
chaque  fois  que  vous  le  demanderez,  nous  vous  promettons  de  venir  vous 
revoir.    » 


VORVONG  ET  SAURIVONG 


151 


Fig.   30.  —  On  éleva  un  superbe  monument. 

\  orvong  avec  sa  (lotte  prend  la  route  de  Chay  Borey. 


Fiï       I.  —  L'élévation  ilu  Roi,  de  li  Reine  e-l  <!<•  leur  fils. 


VORVONG  ET  SAURIYONG  153 


Il  revoit  son  beau-père,  le  Roi  Sotat,  confie  à  ses  soins  la  Reine 
Rot  Vodey,  puis,  à  travers  les  airs,  il  se  rend  avec  Néang  Kessey  près  du 
Roi  Thornit. 


Il  est  sacré  Roi  de  ce  royaume,  au  milieu  de  la  joie  du  peuple  et  des 
grands. 

A  orvong  voulant  récompenser  l'action  du  chef  ses  bourreaux,  le  fit 
Second-Roi  et  repartit  pour  Chaj  Borey. 


Longtemps  après  le  Roi  Thornit  mourut,  une  cérémonie  sans  pareille 
eut  lieu  pour  ses  funérailles. 


Le  bonheur  resta  sur  celle  grande  famille,  ses  royaumes  fiorirent  : 
leurs  populations,  sagement  gouvernées,  furent  heureuses  sans  cesse. 

Rois  el  Reines  moururent  à  un  âge  extrême  ;  regrettés  des  peuples  et 
du  monde  entier,  ils  eurent  place  au  Ciel. 


20 


NÉANG-KAKEY 


NÉANG-KAKEY 


Fis.   1 


Recommençant  une  nouvelle  existence,  le  Praputisaf  naquit  d'une 
princesse  Krouth,  devint  un  roi  puissant. 

Il  avait  un  palais  admirable,  des  jardins  merveilleux.  La  nature  dans 
son  pays  était  cxtraordinairenient  belle,  forêts,  montagnes,  mers  étaient 
sans  pareilles. 

Il  se  transformait  à  son  gré,  on  le  voyait  avec  le  visage  d'un  génie, 
sous  la  forme  d'un  prince,  etc. 


158 


MISSION   l'WIK 


\iniiii  Krouth  ne  l'égalait. 

11  se  nourrissait  des  fruits  des  forêts  (fig.   I  ). 

Pour  se  distraire  il  descendait  chaque  semaine  sur  terre  au  pays  du 
roi  Promatal  (fig.  2). 

Prenanl  Le  corps  d'un  homme  du  peuple  et  le  m  un  de  Méas-Nop,  il  tou- 
chait le  sol  près  d'un  figuier  et  se  promenait  dans  les  cn\  irons  du  palais. 

Le  roi  le  rencontrant  un  jour  l'invita  à  jouer  aux  échecs.  Comme  ■! 
était  1res  habile,  il  lui  plut  :  il  ne  manqua  pas  dès  lors  de  venu-  voir  le 
prince  à  chaque  voyage  (fig.  3). 


Fis.  2. 


En  jouant  un  jour,  il  aperçut  Néang-Kakey,  l'épouse  favorite  de  son 

ami  :  dans  son  cœur  il  se  dit  : 

«  Comment  un  être  aussi  adorable  peut-il  exister  sur  la  terre,  il  n'en 
est  certainement  pas  un  seul  dans  les  régions  célestes  qui  lui  soit  com- 
parable.  »  Et  le  voilà  éperdûment  amoureux. 

En  le  voyant.  Néang-Kakey  éprouve  pour  lui  un  sentiment  pareil. 
elle  désire  même  fuir  le  palais  pour  le  suivre. 


M:\Mi-K.\KEV 


159 


Ayant  joué  jusqu'au  soir,  le  Méas;Nop  se  rend  au  figuier,  \  prepâ  son 
vol,  puis  revient  près  de  la  demeure  du  roi. 

Dans  les  jardins.  kakev  se  promène  espérant  sqd  retour. 

Pour  dissimuler  l'enlèvemenl  Le  ICroulh  soulève  la  tempête  (fig.  î)  : 
il  prend  alors  kakev  dans  ses  bras  el   l'emporte  par  l'air,   au-dessus  des 

montagnes,  des  sept  mers  des  plaines  immenses,  séparant  sa  régi le  ce 

pays  qu'ils  quittent  (  fig.  5). 


Fia 


On  ne  s'aperçoit  pas  tout  d'abord  de  la  disparition  de  Kakev.  mais 
l'orage  apaisé,  la  nuit  venue,  les  recherches  ne  laissant  pas  il  espoir,  ses 
compagnes-qui  toutes  l'aiment  à  cause  de  -un  caractère  doux  cl  aimable  el 

urs.  aux  pieds  du  roi,  duc  leur  douleur. 


malgré  sabeaulé,  viennent  <'n  oie 


I' 


160 


MISSION   l'AVlE 


Fis.  i. 


Arrivé  clans  son  royaume,  le  Kxouth  montre  à  sa  maîtresse  ses  jardins, 
son  palais,  les  eaux  :  tout  lui  parait  prodigieux  (fig.  6). 


Fi»    5. 


NÉANG-KAKE1 


161 


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C&taR»    -ife; 


=2S 


Fis    G. 


Il    Lui   dil  :    «  Oublie   le   passé,    tu  jouiras   ici   il  un    bonheur   sans 
mélange  »  (fig.  1  ). 


162 


MISSION  PAVIE 


Le  roi  Promatat  songe  que  peut-être  Kakex  a  été  enlevée  par  le  Méas- 
Nop,  il  confie  sa  pensée  à  son  ami  Yack  Kotonn. 

«  Attendez  au  septième  jour,  lui  dit  celui-ci,  lorsque  le  Krouth  vous 
quittera,  je  me  transformerai  en  puceron,  je  m'introduirai  sous  ses  ailes, 
je  serai  transporté  dans  sa  demeure,  j'en  reviendrai  avec  lui,  je  vous  dirai 
ce  que  j'aurai  vu   >i  (fig.  8). 

Le  krouth  et  sa  compagne  se  promènent  du  malin  jusqu'au  soir, 
cueillant  sur  les  montagnes,  dans  les  bois,  les  fruits  aux  arbres,  se 
baignant  dans  les  fleuves.  Kakey  oublie  tout. 


Pour  ('carter  les  soupçons,  le  ravisseur,  le  septième  jour  venu,  va 
taire  sur  la  terre  -a  visite  ordinaire.  11  dit  adieu  à  la  jeune  femme,  ferme 
jalousement  les  portes  et  disparaîl  dans  l'air  (lij:.  '.M. 

Près  du  liguier  il  prend  le  corps  du  Méas-Nop  et  se  rend  au  palais  où 
le  roi  l'accueille  avec  l'empressemenl  habituel  (tig.  Kl). 

Pendant  qu'ils  jouent,  le  Vick  vient  s'asseoir  près  d'eux,  et.  quand 
il-  se  quittent,  se  rend  invisible,  suit  le  Méas-Nop  à  l'arbre  (fig.  11). 


NÉA.NG-KAKEY 


163 


Fie.  9. 


\u  momenl   où  il   redevienl   Kxouth,   Kotonn  se  transforme  en  un 
imperceptible  insecte,  bondit  sur  son  aile  cl  franchit  avec  lui  l'espace. 


Bientôt  il  voit  Kakev  :  satisfait  il  se  cache. 


ar^MffiMnm 


lv7 


16'. 


MISSION  l'VVIK 


\  peine  de  retour,  le  roi  Krouth  s'éloigne,  il  va  dans  la  forêt,  cueillir 
jusqu'à  la  nuit  des  fruits  pour  si  compagne. 

Kotonn  alors  parait,  s'approche  de  Kakey,  il  dit  qu'il  vienl  pour  la 
distraire,  puis,  qu'il  l'aime  et,  chaque  fois  que  le  Krouth  s'absente,  ils 
sonl  dans  les  bras  l'un  de  l'autre  (tii:.  12). 


M 


Fie.    11. 


La  semaine  finie,  le  Krouth  ramène,  sans  le  savoir,  le  Yack  au  pays 
de  Promalat. 

Quand  le  roi  aperçoil  Méas-Nop,  il  l'ail  préparer  les  échecs.  Déjà  ils 
jouent,  Katonn  entre,  prend  une  guitare,  s'assied  et  chante  (fig.    13)  : 

«  Le  palais  du  Krouth  est  véritablement  le  plus  agréable  des  séjours  ; 
cette  Kakej  est  incomparable,  son  corps  exhale  un  parfum  plus  pénétrant 
que  celui  des  fleurs.  J'ai  passé  sept  jours  seul  avec  elle,  vivant  de  son 
amour;  la  nuit  elle  reposai!  auprès  du  Krouth.  je  suis  encore  tout  im- 
prégné  de  son  exquise  odeur.   » 


NEANG-KAKEY 


165 


FiK.  15. 


Tandis  qu'il  chanle,  le  cœur  du  Kroulh  s'emplit  de  honte  et  de  colère. 


Kir     1 


106 


MISSION  PVVIE 


Fis.   14. 


11  se  lève  aussitôt,  regagne  sa  demeure,  dil  à  Kakey  :  «  Ton  cœur  esl 
abominable,  je  te  ramène  chez  ton  maître  (fig.  1  î).    » 


nn-fT 


Fie  i: 


NEMG-KAKE1 


167 


Sourd  à  ses  prières,  insensible  à  ses  larmes,  il  repart,  la  dépose  à  la 
porte  du  palais,  disparaît  pour  toujours  (fig.  15). 

Cette  femme  qui  a  eu  plusieurs  amants,  le  roi  Promotal  ne  l'aime  plus. 

Des  gardes  la  lui  amènent. 

Tremblante,  elle  tombe  agenouillée,  en  larmes,  devant  lui. 

En  proie  à  la  colère.  le  roi  veut  qu'elle  périsse.  Il  ordonne  qu'on 
l'expose  et  l'abandonne,  en  mer.  au  gré  des  (lots  sur  un  radeau  déjà  tout 
préparé. 


Fis.   10. 


kakcv  ne  veul  pas  mourir;  elle  pleure,  gémit,  supplie,  se  traîneaux 
pieds  du  maître,  implore  sa  pitié. 

Mais  lui.  reproche  aux  gardes  leur  lenteur  à  lui  obéir,  il  commande 
qu'ils  l'attachent  cl  l'entraînen!  aussitôt. 

Ceux-ci  alors  la  lient,  la  conduisent  au  rivage  (fig.  10). 

Ils  l'aident  a  monter  sur  le  radeau,  le  lancent  dans  le  courant  (fig.  17). 

Gémissant  sur  son  sort.  Kakex  est  emportée  par  la  marée  au  large. 

Lorsqu'au   milieu  des    Ilots,  elle  aperçoit   les  monstres  des  abîmes. 


168 


MISSION    l'WII 


■    '    ' 


Fi*.   17. 


elle  est  saisie  d'épouvante  et   s'évanouit;    le   radeau  chavire  et   elle   es1 
engloutie  (fig.   18). 


Fig.    18 


VORYONG    ET    SAURIVONG 


TEXTE    CAMBODGIEN 


LES    DOUZE    JEUNES    FILLES 


TEXTES    CAMBODGIEN,    SIAMOIS    ET    LAOTIEN 


NÉANG-kAKEY 


TEXTES    CAMBODGIEN,    SIAMOIS    ET    LAOTIEN 


22 


saisi 


-<33 


i%m 


m 


VORVONG    ET    SAURIVONG 

(Texte  Cambodgien.) 


mnn'pj     u paru  ion  tu     rwrrn/nnnh    mrnhpumnmv       & 
Mfîrvjù-m     nrmmmm     'Imsnjpfêr      mtmjpfjf/ff    wnn£ 


m'mno      upjtjntnnrtro       wnnnmm  ®  hmMionyn    tvn 


ïïismm^      Mïï[pswfrj)       notfnufrimrts      trwmm 

mfb-diuvDo      îjmwBms     wnwninnihD      mneùia 
(umurfêim       (%ns>!fltPffv       mun/fntr        \mvvJvvi 
tjhMftffffff'm      tf>rrmiurTT      mmmd^rim     mmnnnwj 

=*->  ^— ^    — ^  >        v   v  /r 

$9fffB®BstiD      hfMihms      mtnnn      mfummt! 
nsnlwr-jnm      nnmmfri       iïj:wv<rrjm  ®  ffrnméurp 
s       r\n:Mïïtisfpjtj      htm  m:  nu 


mniiinjlfiui       wMihMJ      iimssUr(riînim      sfet^vm 


—  174 


unmrfg?  ©    rmssjrn'îrn  rjm'gïïiflax      rwiuiuirmnn; 

i  <l/cVal               i             s)  JJ                    '         1) 

hcfïïDmïï:',:       hfyïïnMTi  hnmim         wuïïp'rjlwi 

©iff):ffm)nm       rtr:D~sfrrwnt  jn-.hiBimsrmr       fïïffamp^u 


wninïï  finir  tir       virjrmflïïnm       rjn:^K/in^       ïïxwnfmr 
£J      <r>  y/  qj  i       a/au 

sm'vrnA'jrm    ^J2llp\H:        V]  M  v:\ijm       jmntrêrïnîf 


ma 

(m'n       rrMfymriïn'iï        "dmvwv        sriftrrsicîor     m 
rmijiffuir      jïïjmhjind        Bïïfiïriïu        sim%\sjâ)ssmd 


175  — 


rinrmrih        niritvêmv         fiunÂjèi  hrinténsn  : 


msffrKSBj      juin  wninnÈhê       trru/rtmiarp      iiifîéênvsnrrf 
%  siBïïiijfarïïn       tnvïïJStrî/tfi      àfjrpftâyr       mosumhnm 


hnwimsrifp        rw®  marri  riïr       ifunajjfwuujîr      mwi6 
ttsmv       $jf)tu!ij\ipm       wvm-.kfniJ         sfirsimrTrjnaj 
l?jnln:'Lm?rt}r       mfmmtns  ©  tlfiinjn^jsi       jtiumw 
m        HWfflivvmv        tvtntrnjhvn       Hrrwnr.ïïpv 
njiUj-Ddtnv       un  fin  bs  ®  linvunitm      ^  p  [u:\hv\u-- 
-ivBënBHrnn         n -a < #/ 6 à iwv         ûvcréçnzn        nunetaajMh 
nwnvûfknp   ®  nmnjffïvnB       tufunincnoinïï        ni 


—    176  — 


ifoutlvttmii       ùfHfforim       nTjniurvmy         h&rtnBWv 
wmnnjr  ®   m:ktivm       mu^vu)'M        nuiméfuvfwr 


(\yur)viynjn      ntfuïïFfimr      nnbiuawj     jtfimtvntun 

fi  '   "O  "J             )         ) 

ywrmrni        iTsiBaven  mtfyjnpv  ®  tvnwuR      îsv 

vrmjwn  ir:mrrvS  èrnujn&fk       vttunvhïï 

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bvfînaim      unuiïmim       nnosmiS      wniann^hv 

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Pi/rvnïïftîïï       m-.iwm       mmikirrin        ëfr&îfifwïï    : 
vïïfmfhïhî  ©  jhïïimfuni      nzïïïhinpi       tmjj/srn     : 
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—  178  - 


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miijtijmihé       rlynrtjnjfihô        Hvwnmi  &\mntnm\ 
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—  179 


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180  — 


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tïïwramo  ®  u'psmwimsmïï      Pim'.Humïi      zunnhffg 


ffrmmuvtm       arnniïïiuïïo       mnrtffùo       wrwmi^s. 


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'innmkffjmv     'Rfiqu^iwu       iïi/ïïanm      ojjmmniSo 


nUâiïmnj      nunnswfn        rmnrnmrwa      niinournôom 

mnrrtujhiïïQ       fVJâuawufï       nïïmbirsé      nrrïïuj 

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Tourna      (tnf[pwfn        tujgnftf&injfnjT        tfimriujo 


vnmr      fmiso'tirwjs?       wistnvinvswiu     mfjfpiuttuw 

Qtmwm      rlrpiïrlîjiriBD  ®  mrnnimijzvw      r/unujïï'^FT 

uîiQmnïïsîfhf)       ifuntmirvif      hrnnifdjHva    ffim 

mïwsimé      TjQiRjohïïiv  ©    f%tibjfjiHu      krf/rniï  ns 
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mfmwsDV       \méié\Sïï       siiwnmtiou       nénrn 


—  181  — 


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h  m  ma       f^sf^phint)       îîqjJJïïïïiîiuib      main  Htm 

i'fiïfàmf'     smfniniwîiuMiî  ©  ^ntuiftnj^unïï    mi 
mnypiwr      wmjsnnmui  n    ffmffwreipnïïiT      nfuwfo 

mu/mm krtnv .      wjjunïïivnuujmun  ®  umm  sainai': 

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—  182  — 


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si'îiwn      hmnuumfn      ymwïjijnhnurèJV      fisammi 


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183  — 


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pmvnfitfpnnfJFi        fiièsjf^ovmn       %h\vdm'umsm 
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flïïfl(urniuffïï((iMnïï  ©  (nuurwisuro^D        nvjf/iwnfrh'É^ 

imniujnom'nn   '   fnturifuwwjïjfr)  <§•   vfinmrdifnm 

jm  tir  m  tl vi  fin  ri  F)  7       ^uVîpfn        f^fffirim^^Hr©  urn 

uTwuhifLrmtîP      nufifenJTmnnljf       bt/édlmmuar 
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—  184  — 


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uoj^uuSin^v       tvjstiWTSjifm       FsnmmwmDtnp 

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—   185 


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Inwuwmi      îJgDijïïinàriï       \tjmmmnr     wn)o 


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ni  m  fin      fSOïïtïïviujûiiP       ufmnué 


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Jnjrrm   n    mvmvw]       m  vn  avril        moufitiriini 
t         )         S  U^^j      t)  ^  /T 

tmtfWMW        fflfm&ffln      ($p(Lr[finD@n      wmriv 


fujeu  ®  ï%R$iLm'v&     miwùîwîjnno       nBNmtmwf 


n  Txïïôvimfvj     ikjjnfi¥iJtRji      esivhu 


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nyu$QMtr>]  ©   mwfioTii      îjrjdjïïtftUïïïs     (tmfnj 


24 


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W/yffip       mvrlèfm'n      im'îjHminv       miurujQFiP 


tifufîtfùtfv  ©   firmuèntinm        fîïïnùnth      ïîîim'u 
ïïDiîma       kn&mliïiiïTLi'fiï      finît t  top  5  d       ïï)huv)himl 
mhfifupms       fîîîiu)U[ini([f7)é     uïinfiïrmp      Pinrir, 
frmtfir      lukiiïfVcnB       ffm&rmDtnp      rnrninmhj 
iiïôhhiïfLnnlJD      iïfihfifflD      [ffpriïjnsm     ïïnnwif 
muDfîianiFBT       \ujfjmnmmf       nuniLfïïi   ©  tidip 
■èvrin       mrmdnirïïiN      niimnaiifTl        info?  mima 
pmpivfn      rspropBnrriiïn        oifuuîffnf  e>  mèinv 
souDi      ihfrtmmT      .wnftfiïftffw      &  m  m  m  ri 


&iïfuimnm      piornôsorm      néjijjtiwv     r 
nasivujn        HrmjBÏÏf&n       firpvmpfniJ 


IDfflDêOftdr        HïdZ\Urif\fiS3       fUIf 

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—  187 


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fduuiffijnrmj       Dftéïïiffjr     j^DFDfififny  ©  ntipn 

Wftn      shahinnus:    7  ru)  a  k  mu      twiuurnhnjrin 
^^-    a)    u    '  >  cy    l>  J]      1 

rwmnTJ&nfk/v      irwiîifn'nrrpi}      irrtftitriurlnaj 
rcujvfRflïïMn       finmDuîïïi       ainrn'npYfftr     mnp 


©  rmfn,Df\imir      nïïijiffjifu-   ■  fhisrnmrjK)      frnirnj 
h  in  fi       rlfivfûfiaJDnjé      uJZfisitund       flEfifËnr. 

Je/  J  '    ^-     -     If-  ■■  7 

v'mrivhti!      m  wv  fit  un       nnmtTijtw     Jrrtfzr&n&} 


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—   188  — 


irno^miu       ïïïïiIijïïm      sinu'oiuaiiur      mrunmn'-j 
huwnrn       ^ffiirivimr      wvrliïïii        ssntfuirifMruf 

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VJÎ1WUJ         dUlfUDlfUIMT)    ©  fiSWQlUjI      lifïWitfflf 

kîi       ftfarrT&hiïir®,  {%riïïiSjnan'u     "isuÎDirfrtn'i/    firj 
hfntmpn     fmuiïfïïjrum      smfjrpnstro      urlnàrriu 


hrvfuhoja  ^    fsnïïsmbufïïv       ffnsi'rrti'ânr/r  ©  tnni 
a/       '       — u-^ZyJ  '  D 

«riuïïitmn       wïnsmîhmis)        fîiïnvfeiirr       nmwmm) 


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ïïrmnTTrmî      mnhvmx.       utrnvsnm  ©  wïïwfitxnf 

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189  — 


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àflïïïfêm      RffDTTffDSiB  ©  frjïïsnkrïïfmi      irioufi 


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fîjUïïiDïïwans        trfçufifïïiw'v    ê  wiu'rwavnjsv 
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fûfWiïïmhfhm      mbninfijm      mrfmrpmèfni     mn 
kftnnjwm      wefLniWfîurmlniifiNi      nnnwrÊnwm 

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mïï^HïïFïïiD       nnikuntfjMn       writfni&rrturiimm 


—   190  — 


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iïiMBUtrn      mirée]  to  fin      âfnr^sjlàn^     cnnaJiffan 
ïïtt     âmrmnP  ©  irnT.piufÉ      munsnsTi     smïï^tjriti 

nmmwfumnnj     Tfïïbpjtjotufu        ^jnïiofnr^  m 6 
(umfûihîrjïïi      hnîfhunnnïïlfijwrn       çnœwffiiyïi 
u  m  n  iisiTimrBjnrri   n   twnmnïï       riffUtianonJu  n    ~ 
tm'nnîTffttRjïï       fu  °i  ïïïjîFi       hu^ri^ouïïïïi    m  ni 
unpjjïifun     yifuiflffn%)w       cnîuyrn:iîiwn(o6    jf&JL 

fw'nwr    stvDUD$Dn      nnanuh^iuefujMn     nnhh<rm 

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—  191  — 


mransHînnntfrt       tïïtnriMnrin      nnRDîiifnws       ffnrlf? 
miÉfkimTi      hfÊ)6nm      hfinfnm       "hnfjfrt/iïamm 


umjq      mvHw'umj  sWcâ  a       niuiïuumjiï 


ïïRiwi      mmmniïajfn      f^cfj^Dtnfrj      ^ifi^ônir 


iBfirfnfi/Un'nmTmuj      jïïtjsv.irtniffli  -      àfumiuju 


Tiwrun'D      huïïfoiïïif)      utvifnm    $m 


\  (^  S       e£     S>  /  \  y       ^""^ 

9ifnimui7jfnm      fn'nîinJjwj     ifnDsvitmd 
eu'&rnnfln®  "înznifi     utiJRfUwpi     smvppnfîn 


—  192  — 


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196  — 


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—  197  - 


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—  198  — 


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199  — 


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làffiriffi     iniumBitfkJ      nusii^îonEffUbinn      pplnr 

M  n  if)       -^_t_.-i)  jj 

EiQiUWFii       mufLTfPiffpir      it/imtjjuifnr      IfiwsH 


ïiïïîmfûwïï      NàJcfîièrfBr       msunu 

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0  ^m  -12], 


iïnfu[fp&[p7     mjiTjrjtl      mii/dn    afuanbadn 


IptUl 


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\V       iïiïrifftfupjfir.       ^î/firifurfimD       ÇiiDtmft 


fin  dp       pjfirifnfutnfir-       tijjfiTênfrf 


—  200  — 


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Il        QJ  vn  ^-  U        ^  4) 

tirnïïJn  ©Ijmfnma/ns       Nàijfnjmnijp       ijjb&nfftfh 

fl?jnmmn       j6\rpçmtw/n       Gumémiuirt     ?tduv)j 

■^n)    n  ■     j  ^     '    ^^J 

ffnlmujnukru     fLniBRJtùrtjïj      umn^ni     ihtwD 

-*-»  Jy  v     IJjy    -  si 

.    àtmi      n-Bjmt&i      (untîuflcfusiiïj      uirifj enfin 
'Batnffjfnuu      vTunnftjH'Dsumi'ijffixr)      wvif)&tfnr 
tiïujtïïzTi      IjkWhîhm      msn'îiûlmf      fuvmuku 
sjîmwju      fjntflnvfyrni      lu m'unis  s     Bi^nnsfan 
vwaMJ'dii      t al i i tu DiSHbifrit)  ©  lunihiitjn     h/b 

DFmïïiFimp       nudïïtinmf)       Rjusinrh/p 


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—  201 


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—  203  — 


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ttïïfuffhn     fltfmf/p      tan  n  vît  m     nfumi-anm} 
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ujïïfïntfurriïjm'u      rmvfhniu     bîîirrinm)     wimti 
fifirinm      wwsm     vmnrBkiïïifttjj      «jjinvmiriu 


[hmïïfifp     tnfïïihWglôiD      r&v  ïhfifèrinjtfiniiiiw 

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muEf&Rfunimfïïii       fu-v'n  nsn  mjj})       mnaicrî  r 
uwajsniJirinn&fn       tnïïwïïtfumdfm)      vfhmnrr 
twm     ^fn^awiin      misiïïfènnm     mvInSmffi 


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—  206 


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çnp/r       rtùffliym      nsinïïMfué      mut m  a/ fi jtj d 
njwjinîfié      (mwéuw\       îiîurnwwrn^uu      Bjm 
Inwtf      t/nu/n'nn   ®  mKsnvïïifJtJisnnvm)      mnn 

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wmm\      uTTnrifïïim      vut/rmioD      ifnrDnnjnu 

Tmjslrjjnaiïd      tkrnrjryfnïï      B  DmîlhziB     ffn 
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—  209  — 


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£  m  f  tu  y      trmm&umr      rsir^Ttwm      fu^énssin 


m'umirïïiwn       Uhisnbfuj^ri     txnt) rsr/i (y &&/   «a 


Igimsur        rmnaj\ip 


©  mifwunTftm       tcnvmimwT        niïTfictnltn       nïïnitJVf* 


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Muïtrirrtiinn  nu-^oùiwg  lunmnjfnmo  tsniziné 
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ÉrrrîfÏÏ&r     ulKim^m^j  ®  [nnmimT     nnnurdn 


ntfn      fLnrnïïtvtfîm      Hïï^fnmv     f)R/»nffBrv 
lïïiiffhifMr)      ft'rishïnïmi      hmvfmrnj .    rtnnmnn 


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—  212  — 


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àmmtviJD      wrmujfnruïLjniPirnD     ftrmffifîsfnr 


\imn      irnjnfjniffDfrfffvr     srffrrrvBnrèriïi    kimih'tf 
cm      nsyn&itmrtmm       f&mffîffTîrt'fTccfiMn      àrsr 


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—  213  — 


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—  21^ 


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mnnDnurrnr      ^nmaunm      annranDrnrnRf-    ni 


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—  215  — 


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jm  &-[F)  w      mvnmnjntw      tfpfLr/rjpp      wsamms 


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nrfcfnif{inj.  Irpvnpiv-îTu)  wmr)d\irrôj  nrmmni 
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h  fut  f  tm-     nsîmam      ç/nhutn      tjDmuiai 

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ujmnên     mnymuiin      fwfo7fn&é    infino 

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—  216  — 


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wiùriDffl      mm  mm      ftruflnrr^îuf      msmlînj 
FiffmffiuJ)      [/nsH-mnn       nanavîJifrrn     finrwu 


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—  217  — 


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HWfTitm      rninman       tnoflîrRTV  kla        vsnaiffn 

~~Jl  M    lcVJ    \))J  *  J 

tnvunmfjt)      siurmlmirtma      rRinnfrfsn     na 
tfïïisnu      fUJânÈiffiD      "èmTVfjnim      rn'Tîfua 

"y  j    m \ n        \ 

tuôtn'uïïupur      httu^mi     n fiffini ù wb    » 


ïïfu     ifv'fuiwMV      Tfm[y~nvwfîihv     vDfjùvjv 
V9T0      jfjnivàr$v      ujnun\i/mlj     rrny 


nnirn 


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28 


218  — 


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frm      RS&tfnptiJ     fn'iïiïgniïji      i/njufifêun    ituô 


Riruânïï     twgfnnwifin&     uw&niih     ijfnjîjiïïiitsnïï^ 
(jnfijmïïïïitiïin      ïïinMiumn      fwîïïiïi     fyijlutini 


iniwuuftiD      ïïihtïïirin     munivra    .  s^éîivinimn 
Rjhjnju     hîiomrïï]]     unmn'dïrisij 


îrrjiJiprïïm'êf     nnturnuajy 


mj     m'fîïïimrhr     fmfamisujîjo     tymundy^nj 

fÈmnm'nêj      zwïïimrnma      éjnmnrjw      htnni 
)  ?  <#  )  \) 

;      Annuel  ni      nu^oTmf     yn^masi^} 
Fnmai&nsm      çwmnrDïïnffr      tvrtifuvunQrn 
t%<nmmmi      muuéiïïjrmi      njînrltu-Risnn    fayr 

^^L^y    j        o  \     j  a    ^    -^ 


—  219  — 


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nmnvmv      mBtriftfm     t&Btnwffmj    (ujj 

irrôuÉtu     îrnwmtïïiô     jnooitmnn     (m'utrmuu'n 

ïtttrnrntinô      snvïïik/mMlïï     vîmqmm'n  tuna nm 

ÛjifhD     ^dtrrnjain      ^mnDtwjp   ^nfi&tttnT  __ 

nwmmvm     motnmu     fjpffMirtrnàiff     ujism 

Hsin     mwDimmT      si/^uffr/n       inûrjeryrgr? 

j     Va     „  ^n0  J  JY 

fnwDzrw       mtfÉri/pir     lyfàuiuïiiw      anfmnw 

an  rn      rhmfircf&fi?  ©  jmenniMin      nn/ffntmtfujv 

mwihtunj    'k&îKmn      Fujmnnfunir'tu     fb> 

tnâimn      %[)imàn       nôfyfriRJ       àu}yw 


Rijsmm      nsnnvfv       fi^nonriFu      wrMiniao 


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nMnn/frïfv      tywivvM      ufwnmo     nn& 


—  220 


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pimhunmr     tMfiiîiyrikj      fffhmïïfwaj      nsjfênnuj 

VJ      '    i     &Pi4  \ 

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srmHvn     %rn[zfrm     ^nsmf   .  hpn'uwrsî 
mïïrïïiitiijmtn%      irlmnfupD      îiurirlpfir  triff 
TTîmniinm      mmîîWDffr     mïïfflîipmr     rmi 


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—  221  — 


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fuï'vpnîîtxfhip       wunfinanti      ?n  dm  m     h  m 


féjhjumurdno       Sse&TInfi 
nmmsnpy      fmrvurmfffl)      wntïïirMn     nnn 
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—  222  — 


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fifiF^mmo     InméloD&r      îwiwnïïùd     ma/mn 

rmmD      ffrrinuffrrfun      TjdîrèDBTi      mbw^Z" 


tnrerR/monni       /èriîrmlrJïï      rnnnnjfi^)^ 
ffnufmi       jtncrbcfTlun       fflîffi  nn'ireujr      digitnrirfr 


—  223  — 


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mvnfjinvnffi  vimTfniïïiiwn       fUiDurfrunn      nni 

rAftfjgptrn  nmiiumunifutuno        ûfFèatinmi    foi 


HivrniZ]  ®  mrufnlioiin      atngn'rrvtiriîo.  veut  mu  m 

tmifïmuffluj       ffrnarjftul7îtfumBT  kyî(rfmi]î 

vfènyicrim      nvvilHm  &  m  ancien     wukàv 
ci/  _[__^*  ^^_y      °  j*  «   « 


225  — 


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vunan      nmvv*m%i      HiWirmffî      nflmminuf 
Hmiômnirnù      ètfrnirrfun      iïifmrïïitJjr      ifflunj)  ^ 
m'ii/teD     virrltniwv      Qnifjwéô      hm'nmhèé 


n  ïïfinfimmt  ©  Ri  m  ffiin     t!n  tiyrlrr     imnr^in 

*  J)    n  P         ^J     ■■!  ) 

ijifjnifnîm       Pimsumntf     \t\wémrJîi     <$taW 
re)^in     èmmHV      nMumsrn      tvïïvîarrivï 

y   JJU  *  j/       iy^  f  j  «  ) 

unfmunlrn    ©  nnrmlàrrT     (nrnr&f$D3}ïï      rivé 

//       b      u      y     *  <w  J  j        \ 

s       ^ >   ^J  cAjj        j      "j   y,         | 

fnwûmurt      nifÀmimS     lyèrtuDffmo     nujj 

imMi      Fàrufpîiûfiim      inrumïïiïïi      aififiJtfim 


immfpu9su      ^i/fDVDMD       isrnmïïrïïivf    jnvfô 
\hurjn6  ®  î%nniïJtfnïïD       sWjrrnVrTnirtmi   ii 


29 


—  226 


nm  Wutyunm       uvvnjtyiRiîh      mLirnumV' 
h»mB\furl    NmloDêrw     Ipuj»fèw6     il 


Ttfu      °irT)$jmff/i     ifjniêiï 


iïïïfîfufîfih)      jnvrrwJârn      ^'uotb      JpiDp? 
ffimriïhiStîmQ       iïljveu'nn      mnotmafi     fnnm 
TÏifiïfi      fïïîfjsiDmn     T?Dnàrff)tff    ^s^nffimD 
wmonm     nnurs/noty     Hr&rins>DrfiJ!      Atus>m 


rtj     ms^itmssr     fmmmw/    ^ujhsriuvi 

éiuunnmt)       funTuiirknnfué      m  m  uni 


m  M)     ràrtr 

<"     et      \s      _< — 


l^iru-fîMin     &ruj~njfj)um     mnîrfîWJ    (nwvftw 
anBPsnnijnj       tro^î^mv     &n}mfm    tufi/i 


227  — 


Inmhwrtiû 


riTsTTiflultn    ©    f%r)f)fJHTl1oé 

nurwfiria      f^nn/i/ffi/om      taajniwmT  mufuJMr 

■S/       s!  \  À2   w  ^  ^  ur 

n   J\  \      JS        \       ■   )  \  I 


(un       tfpmmçfîy'giïï       nrvywnnu       sjouiiff^o  yïnv 


Mirvw      tunjnirmcfè      nffrmsïïé      ïïfîlnlJïïif  © 

n    n  <(/         ■n  V      n  V  « 

mmuimiéfl       s^Rfhiwm       rlyiïtÈrh-fr}'tr(nwD 
hvjiumvymqr     txffuffrlnmmé     MfwfîifTitrrfn 
tjflifuifinFwn      fia/mnjuialin      hfuniknmm 

mtfini  nwFtuiffJn      tmimnmllfi    .  îîrfViTîfBtifirfrfvrr 

r  j)  ,j)  —h  ;  >i % 

muîuimqritmtim       HùuJBnBi       ïïfïïiïwvxFIuj 


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hmjniumfifBuj      uDtfju^H^/êîn      m(ani[nm 
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—  228  — 


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—  229  — 


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Ipwfâtm    fivnnÈnqm     nnis^ïïiv^pu     ff/foiyv 
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231  - 


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ma      jnïïïïitmiHa      muiùrlm       mDtw5fTfuïïi 
{ufîwnrïïuiDi      inrfLrf/sfinn      trnmnicn     vjïïiij 


nsr     rrff/fsifun     srrTdfp&m'ff      ïïnïïhiuj'v 

nnbfïïsutffiT      fmjNïïiiurrïïr      iïnfrmïfé      fia 


—  232 


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iïvumfh      nnintri     wwwrrimô      ôtfvnump 

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nunljhun  mnmfjm  ïhteyùtn'n  tnjainmm 
m     mufïïinnm     jtpyv-inîNn     !\mrjjsoîTuj'ni_ 

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w  amnînsra  ffpvrtnn  nfrrpnifirnii  min 
^HTfr;mi     snirsfîfïïiT    'ypttniffiitni     mtvfi 


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—  233  — 


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m      mfiwiwn'n     m  ërÈrëim'înr/n     immlniu 
m      smiuntitu     ummmmm     ^9jnjwmm6 
ftuntifé]^    mwïiïïBZ     ïïm\mjnïï     mSrrrv 

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ntiihé     fjiyiïfêpbfirirrunD     Sn^nimm    mun'&r' 
strvBif     thntfu\rji finir     jywïïtiinm     jfjiwifuinH^é 
Fïï/iïStLnm      îimirïmlpjtrm      ïïfiïbDiïj     IrnnrmMn, 
ppinfiim     tnvmrmTîi     sniYrlrsowïï    smwu&ïïw) 


snmnsnini     SDmîimujy     aroiïmwsMm      wmr 
mj)rT9rjT%m     slfirFim^     rjnmhjj/tfû 


nm'i       vwjmwm     wjhvqflf)!     f/fiïfM[    %n 


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—  235 


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JwàtrrcmiïïiB      fmrmBiïrm    -f-vdétmm      '*> 

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mriiïïiihTJiïirïïmfWiffri     WaifirutuiBSUiS/     ajfunv 

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n(siiifmtûjfTfir:f£ii      nwmfjWDnffur     mTTjtjffjj 

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tin  m    TfrwfUfnsmo      ji/nfunun  '  imïïrtu 


tin  m     intfïïÊmïïif)     uiiimmn    smjilir.^njk 


^A^Jn        \      JX     Ih.       u         U  J  <4     J 


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ùuî)     wnmwfm     fPlfrhûwju      ifnnmo 


vp     wnmivtinm     tmirmifiJu      i/nr. 


264  — 


Uuumwèan      fujtmjuùnt)      imdinnwinnn     mnm . 


anoii     tnvviT) Mitai    vfidTwim     hs/fumri    îiô 

nriu$in\    .tujtfujnfçniïtfib      ftnitrnùrr'0     S/^f 
eJ  c/Û       -—^-*  „4  V\U 


taiïïi    [trwr.tùfitim     iEturlnrntùm     tuiurtuèmit 

nnnÉlânT     fttrntv:     unhtwmujum:     linp 
iy    //  '   J        )  J/ 


çHnvMf)     tfrtnv[tim?     nuffmwijp 


iwfïï)     fin  m  vin    nmnmmi    {mnmmvvn  mm 

mmt 
mumvittnj     mMiiïnïho     nrfîuti&D    hiffi 


6ïïiimt>      mtimntrïïiif     fftrpvBnhu     uwtinfih 

yj,    °^~y     ^  yy 


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innmirmzi    vmrmm 


—  265  — 


inhiuïïâ]      ujmmmtmm     têsàuffirm    mfom 
tfnàj      hflufyfriu     vriuMî      sm^tjj   & 
unmmt      mmm^uâj    flnhiyétfj  juf&nviï 

trf&vfttsî  ,  nriumfiîim      îàarérmmi    $i\nt>ijv 
U    ^     Jô  JJj  U     ny/h      ^ 

y'v      Lmrmff      en'irmnra/Mn      ^j^rfvnw  p 

"       )     )     a    3 


ftfj     imnntvjtu     nmmFVj      iiwrlussijjMr) 
^mJ^m     wmfa'îii    vri$vn?>     fmfîaJÏ 

\R1mp3f     itfmrmm     im$miGruï)5    %u 

1     "~  U    '  rr         Vj/J      J 


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—  266  — 


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ufïïiwmrnanuj       pnaïuivnsinr       nJfU'.iïïtnJ 


WWVJ 


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fm3fË~BFTi?       hff&VTnViff     'dVtijfîssum    \ïï)'ui\rhmj 
l^ihu^mu.    fHVcnïïRftff     fmm'ummi     rnjfvin^ff 


lui     fmtS^ïQï     mttinwmn      urnbu-BR/i 


hwi  fà*v\!ji 


iuljfî$lji      çMjfSm 


farjiHÎhi     ifmhftmr      ^iirTlmm      uivnnitu/m  \rji 


c/U    n  U'U 

imDfrtttj     \unmnw  iiunsfi 

tnviimitwjfp      hibnrfnu'Rj      nfiîwuujm     tanu 


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lïïïïfîT, 

hwwiwum 


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^irJJjmnjjrp'n     jiffn'.'tfi&rt]    mut), 


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a      ïïjiîrmirmv       rrhuilniDU      ûjntîmmmo 


—  267  — 


bvijiîtlrjné     if/ffénimô      WMiW'   ^mtj] 
muïïiu     ùmuéim      Ptoïïiufff      wumioTjpùé 


bifimmvmn     windtuJu      mvivfUHiirins      r«/ 


uruiïén     fiuinûvuô     uuhdwb     mturjn 
2/y    '  J      n n         ^ 

Rji      èïulnuv     [/'Bpvrwjfu     kmBVum 


jpivswi    $:ij}yfsM'v  y^^qi^  ' 

nwfuuifm      Vfrnteuoni        vindit$ti     w 


U      Wïï 


—  268  — 


funfj      siïïRJtïïri     wfUftffUrWiu      unîutwiiM) 
%m     imnmriiDd      funa/nmrèï     Tjnifrswf, 


nujfUfRjrumô      miomÔRfinn      iinrunp&tuf     finJfn 

majsujdmnjmi     ïïriïfîwjunô      rtnmiprujpvfi 
Hwrfjmns      mnuwîTfVi^    Fwnisun    \fnnuw6 
vBfîïïUMiij      flîjniinïïun       mwàvivifj      vvîf 

y/ 


ïïTBnïïunsih)      flfjflunîîvj) 

Tiviwwivm      9tF8rtfïï8eufu       ni  m  un  m    msi 

"r.-r.r.'^Ti       jfijrmtîfir        FihfïïWhJ'aïï      ulrJVfîivrj 
i  ^/  y'   "— ^*      ;     )  j       ? 

innvuifnnfu      Finïïifsjlfn  ©  mnn?nijr     ujsulniïh 

^UHBfiJllfhm        lRTt!OifklSV)lI  q3}ifffm}      flR/ir, 


—  26» 


mm    léfébm     wïïtmsmn      ïrrpnini     mai 

unninv     wnniwmifV     tmrtninent)     m-mwl 

V — C~     )  )) 

ms     vuunmjni    ^nva/ùju      firmnvrw     imwi 

m  mm      nii/irîfihr     tnnnim/ifpfr       nSJîmçjjJJ 

UJjj    h    '      \  y  '^2 

Mfj  ^\  v  )  Jj    /„  , 

fuwrnlmmï    lifiDWfp     vfMfmm    \nimvmi_ 

Wi  ùu  47  V  ^%h  <  V 

{plfhôffifM!     tiimïïi$u§s    fywujnjtàti       mv 

m'utums)     mu^minsifi     vnffimnu     ffPffUL 
^y        Szi     )       \     A) 


nm'ntfirri       (n-muriàr       tëWtmrfiJlîlhf)      TîïiïJu 


hniîimm     ^^JHL    wvtWMîiyv    Truffé 
mm)       innn'amniuîu      ujiïujiumvw    *$vnm_ 

/y  !  I  OU 


HVnijjifrt    jjfrnfyfify     ^mmm    pjn^à 


—  270 


id\y\hm\mvi     lifiFmvfiui    muf/OMt 


■v  q/       i>  &  U 

ùnmTTfjm'iu     m  narine  simili  Irrikj     rrinmiifrmjsmtti 

H  in 

y  '  '        bnjJ  j 

hiiu)isiuf%mm:     ûffiwi/pm:     wnvhfy     rni 

Fimuv'futLnfiïï      lùrtnryrlm      lumtuvujfif     srn 
\      U  «  Zfv  ;       \      y  V- 

W  tS~  '  P  J  < 

fnimnwwNfu      inTfiunfiRj       ImûBfVi/n 

t  i/ffô  ®mmui(mmi      p  fan  an  ah     nrin  nfînwlaj 


ijMnfup/i/mrdinjftfu      fn  mh  vu  6  uj  fu     P?mo 


;  ÎWffflOi 

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)tm      ïïiû^ij&tfffiniuffp     flnh^im 


wiï    vnniiinmm    tymmjm 


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ui/sn'uruiïmutÊjNn      -(XJdUJfumîPf     nffitoftr, 
")"    %L  J  <^  )) 

ffîjnmi      mifinfifffmviuB      tviiinmvvt)   î]8 

rriviïifLmîïf      tvu&n'iuuin'vttmfiji     jhhrfply/y 

rlrrmniht      rtntufuiritïfBhinf       mmïfiwrih     npi 

'))  )    "  J)  ))W 

fuiiiïé     lujôiïnffnjîmâvùô      ffnujnmrtué 


272  - 


ùmmsnffii     ^nfftuïïUDnfddïïii     (tnnanmithinimiun 
nv      mrvèninumfrBU     mmufvinuv  tunnipi  trni 

VA  N'j)o    .<  '    /* 

rmfnrtntrmr    mnaMj    hm'îitnuvn»     mmm$J 

wVfj-imftjn     ïmuwrtfnnni     wtu7lpnuVntfia/^nn°. 
Mtrffffmhfjni     m'tiwmrmw     nàmniiuturimin 
"^éiSintJf    vn m  mm  fini      ninjmsïïfnniiïï)i    tint 

^  •si'-i  ^-ay      2     •       P    4 

sjut^rn    §rurwwf     Fiè^m^mmuiim    ueni 
4/    ^^ffZ^P\      u 


muni  WfumïDiu     mniFiuanminiu     tfvujuvnj 
fiïfintrwn  ©  Imnémainm     ïïimjiuïïu    mn'nrdfj 
w  n  m  m  m  m  su  m  ri  \    i^nhmmj     iirdimm    sinr 

ci    V    n   A7    /••> 

rwtTftimsjirîTvfTjr     nifflpyfrffw      ïïftjfwwii   i 


273   — 


(irritulâm     mmiumn 


nwnêrmjjt, 

fffff    Jtiïrnirïïis    FWBrrainnunfipnfsnïF     tmmnnïï 


ffwsnsim     mu 


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?  imimiï~iiMn    Ifinmnm     'jpfumsmi 

r       ,  ^       ^  ^     h 

h  Tint}    frrfffjiutfnj    tnffjnuvïïfm     mouôt 

'tfjïïjrlîn'u     wïïmniïïikr    upromii 
m  m  vu  nanti!    Bfmnurrnm 


q      nrmyufujfMn     tvifîîièifnhf      uilnmlfrw 
jnufjuwtiffm     ntirî[fpu[jfjj     Inn/rpim)    tvjfm 


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WUfiUJ      tmpffÏÏDiifJl         sB <tï tuw  kî 


35 


274   — 


i>  Wïïm'dimm'      Ifpjrinjriifn:      ^'njmmuisif  •  rimn 

fïïmùlîWJtwd 


pria      rhru/nmé  mr     numbunî     nr 
wiS'JBWïïrjn:     °}iunjïïmfT.      wajuumn 

5  v3yn/"     y? 

ûmu      n/::J7ffigrfD5fu      n:muwuujnj      f/tiîj  n: 

u  sj  n    n      .     V    u     g>  si  U 

J,         Où  .   $1 

uiïïuj      wurifnu'.ïïiv     kra/iïïRj.'iuiff      fuunîj^m 

\n:!jjvnm      20iVnïï      limntnnm      hmvumïïilj 

Irpufirptffj'.ïïi      n:rmr)iff     wînunn     nturfiM) 

•  fi  ?   P)     )     ^  Jhl     <^V, 

wy-.mm    'Hnwéiiv      Tfmmwîhif      iffîffjm 

piif    (jycoftuoliulg      iwfnjnijfi      sunniuo 

"~    <&  ^f  <?  %"  e^h) 

imviSrmTt      tuTîntorvam      ftLnff)inuifiï 
■fwn     g  &  vus:  m      lusonn^m'u     mmné 


lunn 


—  275 


\\umu     ûiffffïim      faJo^fîBjm'w      irmu  iifnr 
rmjpjffiMt     sofUfotmîïïiû    \mmnm    udrjW1^ 


ti    mvflrrnnïïé     Dretunin      vvllnmffrîms 

7       J     P     •    i  <§J     "A    au         J 

m-.ïïjjiTiv     liimumnm     rjtmlm     nrrmi 


\  J  ,         n         ^i       ^ 


■nitm  nùmnmujv  mmfitrrTfjmj  tfDêjwC 
imp  ifui/mrïdD  hm^nïïné  p'.HBîjiïfïJW 
ïïifuffl.îinr     buéolïump       wiahrufirnif      duui/F 

<-  U  -J     j         n j         j  U       <    V 

nnani      ujinp/fB'.tunn     JJpïïnhUjJ      urlnimm. 


■p  "  "  'rfty  *  h  }  g^ 

'     «^     )  *ù±    b    J 

unr.t  ma     mm  vfwî     wutiv 

~T1\  )  î    U)  %     J 

moulu      nnruiïiïfùn?      LfipJhinJRjfft      mam 
tJDtm      flDtmi/sr      vnj'JJJ      ttvpffjjnmsiim 


-  276  — 


fuimpinamn      ruwuavsnn     vrinùmm     nmrj 
U*  aJ      %  cl 


irjinmnj     lW/77£/|yi/     mvdfnmtyaun     ftnrr 
vnjffvm      fwt/inm      nnp'ÉSswïïnn      u'édvhujfû 
niifiijpfMTT    miymsnw     wnittiitjfuw     unm 

ifid     snuinjfpnlinu     vnvvaiunti     u$nn0tmmD 
immïïmu     mpmw.nrn     wmutwfm    ^fUJp 

^  .  W  p    -  <  •  <    J? 


\nnnu     iintinôinlm     w  huai  nu      t  m  m  s  m  m 

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tinrspliiivv      ujttfîtnsjmsu      nîjufîmnt     rimai 

y    ■  f      J)  p'  ÏJ'-i 

%n&     mutuionm     tmâmufllm    Innourrëtv 
ïïiwmljiftî      tqjB/BfmtJJîJ       tnèfnfnr     vlw 


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278  - 


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u'mjmunn      grmwiifim      (sjoswmnw     ïïisnnujMn 

V  p  ■  )    ^        ^ ^J   ) 

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279  — 


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*  *         s        *  ^    n  MJJ 

marin      nvÏÏfirtlami     n  an  n  (fin  m      rnêophuid 
i^jDiwjifim^în     umnannsi'n     unnm  lïnn  knu 

r}(u    -fjnfutttiiff)]      iwju'dttiim      uwïïiffjrtfû   mi 

«  m  y  è  .  )  /y 

n  n  m  in     ïïPpujïïw?     tunîiuumt)     mrammnn 
ïïihm\mù      ïïifÛnulrjnv      Fr?ifVny<n7 


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ujWpfuifîmqiîi     iÈ/)ïï77ljn7/i      èjynèJWM)     iumm 


iïunBwMjl       fiïurnfUïmni      imini-dèi 


280  — 


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unrtnrnm      ^PfjujD'flffn^'i/      wémumi 
\n:1wm     int/imim      urJnjn'.HD 


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m      ùujifiïnïiNn       PiDrn/m      f):n 
munn     çiïïiSFfnn'fi)     ujDLViuwm 


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IfDHD^na      hwutîl'éur      unnénumi      rwjnuw\m> 


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wuvïïwinn       ïïifinrnpïïï       niunùanj 
twn      mutin  In  ti      fWi(ïïjrïï7mj     Infisu 
aiDin/       mnïïjifriiiï       runuL 


Hinîin 
untriu    nwn 


u  un  m  s  mu      fiDïïimsmn 


çiJUBiym 


ly$p     hurdjfWinsu      umsmvujfu 
uumlïféTi      vfhvnhp      ùninfimn 


if^mj^sYj    hcJd 


îjsmDiJirMn 
<ninmwiwni 


—  281  — 


luinînï^nmm 


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Ut(HTUniï) 

UJftinîrèïïi 


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ututimo     isn:l)ivfivPD     miufjfmrauu     tm^ 


utniima     w.uivwvô     tuaiSifinnsuy 


j-  ■*  -       ,^SK 


4    ) 


««flffor     fmiwvistj      if  F  ffi  fut  noir  ri  eu     \umn   * 
)      ]  V    A      j  j  Jb,     p\p       M 

hmmwm     iumhtnimn     flnnsm     mimn 


7^r#7 


iïfutm^i     (îrnwîfu     fvvnrmtffp 


36 


282  — 


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m      ûf&wmuii      nr.QriunriMftjj      wnv.mm 

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WDW.sviD      wmsTnsiîi'wi      ftdwfivbiun 


—  287  — 


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—  288  — 


unlrpumuau      fujj^mtbumjmm     wmnwMnn 
nsn     muflmtfhwQnnr     tufunumgwiD^u     vmrjmu 


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ïïiïïjM\mmûtu      fïïînm'iTsrmÏÏffiî 


FJïïffinifPimrjnv     mvumntmnm 
wnmrinmniiuù      mmmujsnmt)     fiiwnnfTnfr 
himuj      nrtntumvmsm    .  Huvmnummr      nn  . 
finnvfijr     fhfêvfnîJZWFThjn      m'nvuninmé    fïio 


nnHm[rJ!J"f     ftnimwnRnmiu     mMjniïmujrtmî} 


a/y      mufïïntufUfijn     iwmnvurn    fin 
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Wm     mmfàu$     m'ntôwnffi     vtfiiffiîi] 


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fhnam     lïïftrnWrr     flifnvnTin      î/ijffiin^p 


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m(uniu     sn'umnmm     Rfiiuidùnniu     imunu 


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ninuifijuwô       fiïmnurlîisri       tffmmsïïmunù    iituB 
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tJïïfUfsIfïïi      ifnnnrj&iu     fjifium     nnufffjrmsj 
w      siq-mmantr      (niftnuoiltfy      (crtgfvitrrmv 
ffrrmvnsrj     irrrrnrvpfim  m  fi'.ïïifômïïiiiJiin 
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—  293  — 


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itjnm     mïïnnêmmm     wiï\fpmrk 

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dm    ^fipfwrtn^i      mumrnmitmr    ^nv^m^m 

fm&RinifnrFn      rfjïïîrvnjhyBrin  K  upnoim'inmrJT 

fifi/m     jfiufnijufiQimm     rnumfmwrus    ainnïïi, 
■A  j  '  Ihcjj       A)    V  U~\ 

rrimififirmî      itnîurjtrnïjlnnïïm       a/ m  a  an  \rn  .  ni 

I  l   \  ^fv        ni  e->  V         li 


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rninatmimi    wuRinintsani     wumi himpw     ?l 

nspujmffïïi     mmtrpttm:     mnmnpïïi      upiumun 


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iïwnnujfu      un'fUtnuma     gn&si&imj    ""iznnffimï 

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funnuii     ffDNfUfUjtinr     unnnnwni      ïïîiW.ïïuJiï 

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tfiuHDîfmuj  durjmdu  l\Tirnuuw]tu  wmiînB 
ïïii  fïïmwômi  fiïïinmm\  £ïn%j0w  luwymnr 
îtjfVtiîimaj  nffuuiw  vwiduïïij  uùsknrtnnrn? 
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wnirn     ëriwimuïï     ùJfmniumiliri/     fn^n 

znvîmm    lïïimnujhjD     fnnnwnï^uj     ^ntnu/ 
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m    nJjpnvwtu     winfsiuJtlf     mtitntwwtu 

'tmfuto     mffinizrm    fûiminuni    unffwtw 

J     n  -^        ^^JJ     ^  ê 

vnvp-.fvm     wrdin^n^'fu     rvutitfjfvnv    ^gj 


imify-     lyM'duwi     zpDojnmm      iflinnjmfin 


mrfWirfbnfif     ttxnmamunj     zïntivmfr      film 


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U    m  ?    n   ,        U 


miMn      wntMm:      uviïfàfïïï:     TJrTfffàrlfp 
iïiïuiïvm     nfînmirim      njinjïïiïli 


—  302 


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wuiûifmnnïï      mnjàuÎDîj"B      ên'SJrJsnjf     msani 


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tî]imj?Ofu     mime)    PsariuvtffUifr     dunnimm 
fhtffmm:]/n     Uo^brmfÉn      flfuinmiwn     mmn 
fbnûjy      L/MiJ$njHi      u/lffvrm      iwsfrufminmD 
hjiftam      tjluînifytn      jnufrnrTîmD      lA/sign 


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nwm'mmm    mwvnwïïtriu    uuiunjm'u    ivuie] 

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usfufinvv     Pirsïïiwm      lîiumnnsfar   n 


mirû    imiiïmTïnjiï     tunnnnfd        hwîîwbïï)? 
imiïïjm&Mr    fUtnrjDfuji    Hinïïhujnj    fnnnmsmu 
awfiUUfPiu     tffinruffSf'J     imnmifnui    ntmnjsnr.prijnj 


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trv'd)i[ïïi»Jinï      ïïwUjnfiPJi      imfjfTuffTfn)     içàinuf 


—  320  — 


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rïïrnihm     niujmjîmn     t^BmKW     wtrMnmrn   m 


nnsiiuD    mujtuffvtm     mfijtnrhànnr    Tin  h 


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njmn/mmn     âtiQnnmtfn      n  m  (m  tin  né     witloîm 

tnj    ï[ïïfifrm      mnBtfmn     f5nin(trnmn     rcrrf^ 

\      V    V   /     <^       '    <^  & 

rïïr     whnonhr    mtnm    mhuxnfmv     imfimÂiti 


nr     yinnontrir    rmt  marri    mumnmjs     m 
ujb     rîTP*]  nrjrïïtf    mérmmfiJmd    zr\tf:ïïsm$s    ur^ns 


m     riïrrmfîn     u/rrrr^ 


ftniîrn     înïïfftrvrm     mm  mm     mîrsnthi     mvamn 
fkî    (nnmitDfi^/unfif     r{firuiiïnfiiïïntm      irr[r/(tffnr  rïï 

ftfinrêïïTii     unnunnrimû      nm^pfSu      &  tir  m  n  (lotir 


<î)ïïu\m     mm\mum     ubusn/im      hfionfTim    m 
ifyj-rtLrtffRjl       itUhiVDijfitfj      tsiiry-irtfirrî)      (uriïr 


321 


n  '■.;" 


mféétmrp    "inmnnniâ    ram\u'w    màtH, 


ira     iTfhttlnfy'     Hèipijfp     ifjnuilyn^u    rtïïuBrrTsnwîr 
BfflWMPJ     qv^i/nDim     w  ni  n  y  m     ctuffrjHihr 


ruistt 


ifiWh)    miRmujm      v'kfumtmn      Uîïï'.hiuQ 


'mfnop     ïïfiiFiïïnû     FfijurulôfFynh)    mnnujmm 
mnimTiuiwi    ffefefel/    wvimM    ysiumij 


nsu'jif    pni?nm    wnttimtwïï     mnolmm    wtr 
an/mm     u^fffj'ûi    trpjmffjn      fsjvsnpèjngnr  sir 


jwki     ^imimffïjM     rpjLffiïnfnïïi     uriiTBivnfti 

'  J    V    ,  "  w!    ^ 

WUmmïj      JifflïïHBFU      (^^nérjnhJfu     Hyui&nr 
Wuïïi}uau     [nrnlmii[îjMb 

n    n 


J    V    .  "  ■■;  ;    ^ 

'5«flj9       UtnïïHïïfU      flrlhlTTïïfjnhJfi' 

m     wuinrj'au     mmjrpulijdhii      [yi/i 
mwf      BittiHLrjrfwn      %n,ëini<?p      HJjjsiîHinïïjj 


M 


322 


■rjfin     Hjnmrrnjrp      mummimr     mvium     sifinveir 

muriMïïiviï)\     uhuffîi    InmîjiïrT     vrujuT^rr      Ojrd-.înm  mnr 
a  AI  \  "    j      bj  J       v     -"    ir   » 

n/tg8nr    gpn{ymBp     muTlffUm      Ffîntrûntio      unnîm^int 
erammsur    maiMvmiïln~à     itmrfntem     jy  sinus  a     ff.fttvn 
nuio     iïmmiw     fu:f/itéifl    nuïïmmzvj      Bmrmifuri      m 

wuffîBvïïi  numrnriiïïiB  rut  nain  munit  èfinu-numo 
imj7f)tnjr>f)  fjyirrwrorim  tliîitrrnijzwn  fiîVft'QV  nt  çnv 
rïïynwm'nm)  ËrmurtruiB  \nu\çjmw.b 
va  mu  vu     nnrfiïnniné  "itu^vunioD     nau/îts'ut      uni 

VjV     il'*  </v  n 

lù/i/ïf      fitifis/ryaiu      mjBtwnr<tfiu      tnajuimm)      ni 

7  *     )■       '))  -à    J 

Fièri$îïï     [Rninffivynn      iuirfiu35~<       ajuujrtniBn    >& 
J^-      if    ^J       ^_^         -        /  , 

rnnn/iFi)     fîiunwpn     kJJntriforitanv~     \mmrn~i    vlrii  , 
jjn  >         ^-     U-th      l  j/u  J 

mm     ojjfjfntuuns      pf(niff]-dr>n      m^nffmti     *jd 


323 


irfïïWS     iiniflnwifl     wSifrjf    Hinnufur  knrrfM     R/tftnpiririrnr 

J  ^/n         u  <yu  n         &4/ 

"unmùiim     TJnrizjcnntmr     mon  vis  ma      iu:(nmp[/pv    mm 
nrptfnp:     ffmtiiôjvnza    fyfiétvtn     mnâtra      l>uifmfin& 
ujjfUfïf!)    ©  rJtijrfmr'w   finïïmcrim     luû-rrmrmf/m     nra/mml; 

iriïè$nw    rjrrtôlnivim     wmnùérunà     tmôM)     imwnnln 


er     Tlîiwrrtrxrï?      Fsrmim&fr     frnfïîïïilvtfD      V)$i6(mrjn6 


'^     \  ^  )  J)) 

rtvrrW'énm    f§n$xmm     (nmwfn'n     jj^mmtn'dïïiè^y) 
[SiifrriniMn    p/Wi/^^    ^mimnmn    fitfhmrftnTt- 
mseirmnunr     nmmriniif    tnnmrij   ntlNu-nm   ïïfmw 
mmtf  §-Â/rRnrnm     jnsmfwumî     u^nnnm     Ifrn^p 
mfjsw     mnrà\     tâmvn     imivujntfMj    rmiewr 
inr    Tjumtwwv      rr^wmmi    W^ïStmi      sanrmâintr 
,ifr/lr>ir)WRj     mnnini'sn      TfofMïïhmj     miminmtxj 


324 


irhwfé    îïSKxifmmn     nvfnmtvjo     [wr/ffimBp    ffUjutueTIfi 
no    ufuFtnniïîim6    bmsjfd    mmum    Wf^iJisr    § 

WWT     fïïnfufjnm    tnsmrr 


inyof/f   y^lïïfÉn    ujnarnlfln   lit}  ainsi  m     hfrjpmnn  nns 
fo'ffynrlr    ^Fûitnrr   hwimmifft     mmurjun    stmviirlm 

\    r  u     <L^  >  ^  j  "j 


n$(j    nrWrjnïïh)     Itiàïïiumm     mfnjjnrin      ftt 
^_>     J  b,       «/  »       A/ 

wintinn  Tjtnnwfumn    novrinfir^/n    tiïàu'uttrirjTtà    qj^ — 


LES   DOUZE  JEUNES   FILLES 

(Texte   Cambodgien) 


1^1 


—  326 


m^/^ènrffm^^0r£rmj(2f0mTTr^è^60t^nx^n^/^bemi^e&^r 


fn&ffr/r0fmmmMWwn 


r 

[^nmnnrb^^ti0yt^u^7Srea-fm£^ff0^f^^mré^è       = 

pmr§b'(^rmv^m^r^rmbj2ûi5uurfr£mvj'  mamb/vgm 
(3rmSiu^fn^d[m^îm^b^û0^rmtf^^çi^^'!J 


327  — 


mormrrm?rtmmr%r 


—  328  — 


L  * —  ^_ 

ntr&r&t?nyr/}T^?rfU?r3rFrrm7Ïtlfa 
((tKrtfrrr&nm 


7      ■ 


—  329 


■cmj?mn$drr$M&#frêpr 


r,^-'.'-r;.:v--.ri;;:v.';-  -ctW? acrr^r&ri.^rrj-rr.v:: r  c 


ramier  m  m/rb  ur/p/ 

{u:ùrv^:raimér^r^tej^rewrnri5fftuTerr^^^mmi?^mmrv-îTrut3 
/&,y~/v/fjïiï.wr&1£/yr&£rzffi/&gpfnrr>rr£vr 
(fff^^/s/^Tff-c^firr^^r^UT^exj-JT^Wiinfjfrmp  /if)tr  * 


330  — 


r&nraîi 


c^ 


I        9 —  .  /"^     ^"         •^"~*"  I   $^  '  ^--*"  v  «=V 


—  331   — 


^a/^t0}:^0mptf>isatri^nfn/vm:t3iTràtrùsnar97}/m/3Çnffmèési&bTT 


f 


trfbc&iôm00)fmimr^u^mhtiem:(nftf^ù§:nfhtm-m6nn^Trfrr 


^ê/^rfmmcra^è^:mfrâi^/^rrp;£niinà?m^/Sj^ir9È^ur 


-  332  - 


nmcirrmlrnj-prtJtc*  m  0  te&  tnr/Gm(fn:te9atr/&n:0xàErtmtfeirr 


&znritrATr9rfP>?td 


£(  u   9     <^L 


1 


333 


frhnè/T^rwrtl&ni!Trin-uïfîrmTîftfw3clcu-y-e?uffî 


eu       n^  &  — -y    t/ 


LES    DOUZE   JEUNES    E1LLES 

(  Texte    Siamois) 


fcîfl4UU%$N 


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lâu'/iîsmmH&fiafî  aHs\ri&iaW  if  «MifmnnMminÎHe&jnflMti 


M» 


jjtaniaimVjtmihmmwmâ^ 


*^  <T|     i  i      ,  BU   ^ 


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rfanmtnwiîîJMr  hinararnsiyn 


—  336  — 


4        %  ^  ci   y    a.    ^ A        *£>  3        «H  '         ^     «-^    ' 


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îu^ffîj^î^wfifJtjn/riiJfi(îi"iifrijy^,3>Jvri<ifHiSijTn^  ^ 

nwrHWSOHt^jMWMiwnwsiJinniiîHHriiriN'ififijjfi'jriwHHn^fiîJ^HHid^ritJ 


—  337 


L'  1i  L  1   L 

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rraHHHntJwiH.iffl   en  nîuisunnwnsu    «|    mwjww'finyly  ~ 

rMnwifaMWMnnii^Tiflnwfl*^ 


jifm«^:tn!jMw«i<^mM);'îinT/«jn'^n   «n  wtnn  «o  ^fnwunwlaliî'un 


l  i 


w«iïiînviTuMtf!ariai)«i^r^iMilJ^!^'jHlntnw!îJ 
I  j  li      11 


43 


—  338 


ii^m^,j!troie3^BtJi'Bnli/ltwnin:fri;u,i)i;ti'iM'  s 

ï  li 

^îHtunîtirji1swl^H$^j>n1^ 

ii  ti  > 

1  m  h  ri  vi^i  ^tiiri  fl^yy  Jfî  n/n'3'9  n'ri  j  rîn  m  wîiiîPîÎB  «tiS\'^rr  Vniiri'a  jj  J'A-i^^ «vi^n^  )  ^ 

Inrllfi 


wflu    "i   n"^ y^ vn J ui t fin u tflti'w*HH S^nrjfu^wi h'SciJ'B'b w rnfl'j îi^>j n^n ntv^ j^muo 

innwiun:wsMfl(j]!$if1wrnwa:nufi!t?i^ 

nwiwiîrnîiinniJMHwwiyBW.i^ 

Jn«ii»jînTiiilHtiwrriHw!^wri^{iîitrMfiHstJ 

miiiitannfluuwirwwtjijnifltj 

if]'J3n  2  n  m  Mmn  nS  yti^t^Pij  vhvi  1^^  !«ij  mit^uu  1 


—  339 


l       li      li 


—  340  — 


ijîinbtTiîfiriwiri«^nuH!j^ni:JT)ftriNfli^ri'iirrnnumiJvi>îiiwfiwi>iiiJilnnnwm 
i'  j  ^  •  ^n      *i  i 

iiPri  tP:n  n'a  n  h  n  w>âl  n  i  wm  s^'u  u^n^  il  I  u  fifi^'3*!J'B>3W  i  ?  in^  tw'c  minn  ut!  n  n  u  iri  w 

flnmunnuCTrniininlîJ'i^îJMrnwnitiwfriwHriiMwriiHJJiitJfiNiiriij  i 

l) 

fnnuinTOnuin  i 

Mnmnt!^u^Miitjlunflw:^]nlî?ni^  * 

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1  1    1)  1)  I  l 

iirifi^î?:nn^fi.iJTmlnw^J'î:rYi^rmjKi<iij1tunryiWî^^vvn^mn.Tiwi<ju1 

1)  !) 

■y  t  ^ 
nauitrtnu  " 

rinuîu«^irvfflfiinrnnin?ni?wlfltr3nunw 


—  341  — 


ii 


->::.!\:':;-^sn'v^r"^^^<fîî>,r,r?^o1'J^i'L? 


iSr^^^?rwnflH8HrmaWr.N^:vrt^>î"[rL^wnon9WJnnint;iia''!îfi<fi^îrifirifri» 
I  I 


raMinwtn»lnifl«li?  : 

umjjj  r  m  rC'z, tu  mw.ti\unmv\iuftw:i\r\nimn<\<Afti\$vrr'_ 

fj'ini    '•■"."  ■ruCTW8wli?fVJurnuMm:{)Mijjmiwkv'i 

/ijfl'n'ii  h  w  i n  h  I  i7l  «  ni  t?i  rvrmfw; tu  I  w 


—  342  - 


rpn}j|.unTl 


i^-q  1  un  n^  ^.w  i  im  ^  uu  h  n  nPfir^  un  wvs  ui^  i  wl1  i  i?l  n-^  wn  n  u^iBru  trwt/i  rn  w  w^riM^ 

lrfm\<lMmlnlsjlwMi?r,Nfl^ 

V 

^B^wn^ffflwrïlriwriTivif'jwîîiwfnijiîJ'SHnNîiifiriîfj  * 


/fl>ilvïnnuiuwuiyirinrrj^nuunpjuîriwifirinîiTW<jnni)n«;nhmnnin^inflîn 

mnmuflij'ff'fiijîtjflinntjlwlvin)  r 

1 


LES    DOUZE   JEUNES   FILLES 

(Texte    Laotien 


r§Qe?§ju£ 


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c^ri4jo?r^ô^r^£<^r^ys§:juo£^ 


in 


00^ 


344  — 


rffiJ[O:ijnûîl8  0i^!j]yrra!n(jS(5):nlsiiJirn,')c?wju(O(îiQy  : 

a-?  •>   ^  .  i>  o    ^/  o/  .  „^y  o  /     y  I     ^      -.    W 

fSc3ot>®y9ruifO?:o^c?c;^jo<o©i£iy|gc?U5S)aîO(fffgpi:o?!wonrn,')rj!Q<p,> 

"J  o  C?       O  ?  o  0        l;  ^  o    u     *  u  w 

H      -  j  "^  0    ■»  ;    9/     .^■*lf;vO    ■*-  ■*  Ooo     0*0    -»o  .    -    ■/ 

l>S(wrpt/}£5yun§gr<iyf«4Q(?o:[ogyj£c>us®^ 


—  3i5  — 


a  .  o  / 

anUT)rj(tt 


'1-)56«j^^°iOHlll^ffm^â*^6Hmo:'^ôS''<n'^y:'î 


§{4^a>a3fi|o|lffyf§|Srr^<n|A9/uo1ûajo(ovV8i§ff4wî^anâ^«^^ 


"H] 


i^aofroiro/oêgaeuol/p/tn^w^/ugrgeu^^ 

câlarrucJsrêoeuaaa^ouoîfjSoiSénîu?^ 
ooo:«fijoj'tnjlcn 


—  346  — 


èâyarg^ùrqTt^RS/o/Qoryoïyfciytïooui'jr^ifnTrr^aiucjJ^cnjaî/u 
<yu3Qusà«'^oîQf«io''î(y|jj36uaoÇgC9S(%'>r|î>rarr)rjîo;^ys^(srfcr2yî/Qço:i'u 

rÛsgff^(ura8C3089[joguwggO(ooiU2f8To:o|3erf^nq!Çc^fr^u'3uj!^|c;(-as(?c^j^j 

ôgnuTfyr^f§ff^sy6oçc2'Q'OQsn^a3âff^fuïQfy^R2JêÊ"Bf^fr^^0'^eu,§ 
ci^ff^6^ufcùoî^CT||WqSff^Qrusai^L^8|ff^aj5[nc  : 

tyr£u^3cw3rW£§|frj^gn^gQsri|ud^cn3Ôaî9rraK8^ 


—  347  — 


fio;»joyc?oî05ô^(oturrvj<j>yro[jo:rogoffO3a(gruCT^^uj>0î(ûoccîue!ji^fr^ 
ryrfao^fôîto^'|ajs^c'<"5ja^fruôSo;^'^nsft^rj,(^  s 

|'y9g^^§5  0Qn^oo9gat^^n^goj(un:gffu^o2n7;foûit/'wiQCPTf2j5,jf>'S 

^grfj^os"o9rfOT?uo§snrjrq<^9UT<QgQ§§rr^^ 
ÇÇ/oVoîn'î4qg(un^^^c?rBl(u^rSuw^[^yoTÔn,>c'fa9(T](/uu^ 

w|y9jfûof0^gs^u^r^|oÎ5sla^soouaral^r(^nr^^fooj>ffOTO^Co:'^ 
0^rnîfu<n^a^g9(^(VO3?soîfs^1)9frr0Man:yc/sr^n^noTO^3çt)®a 


—  348  — 


(o 

êo  oo  q^       qqoo    -    oo  -  ^       -v-  /    <*   ~    -       o 

«3  0îsgfri^^c?fU9SMÇgos@cf»j[oiGïffïrtûerjja»i|Si«8r?yn(tn^s^oqiSfny 

ra8grf^ft^§ry§OTju^f§1§9So:gCfwî:|(u<'ucqfc^ojw')iryo^îu-3>5?falo^Q 

SîOTsfe'rcujf  jic?(2j('oyîf5^'èfu'3ioracfrcg 

o /  ..  . /  /  "f-  ■*  /    o     ^      _,    -a      »       <  o 

o^oî6(n:^çf^OT9rq^gswî/o^ç^rf^(V);^/afn'3gc6gco••wi5^'3t'lt/o'G^3u, 

QO  / 

S^ff^o:n§q:/swîgo/anf«^^ion'3rô)o:oon'5(ws<oQ'3falêw^ft<'<"(g<'<'S'o 

-       „  s/     a~        ~o~o/o©ci/^       / 

gaQnjfinî;f  (oru^ff(^ti;rn')n(a0syiing%?lo  « 


—  349  — 


<]>!/;  rr<u  lieront  ou;  6  rr<y  râiwoiQO]t)"5(ylv)roUicmnu:ui,jfrfU(-^râf>-?fô-! 


NEANG-KAKEY 

(Texte  Cambodgien) 


tnrb£rbirnn00:rfr  * 

mnJtnfffQman^mDnr^^:^j(DJrtnrt0G^r^oi(^^0ff(%m^ 

&0%timxmrtfcf^0trfymurir{fatr&frmôoiMàèb(?!m6  s 

m^rD^tn0m^ft^anr&r0in^t!t/iTB^:^^^n/i^(Mr^:ç)^^nTr^ 
n^K0hmfrRrtmM/èt(^:^b0/:tGi^0^((fftmu^a^&i^^mùmTAta^p- 
/rM@émôf0:tf/rûrJi$rtôFl£rb}àïïrfâtô 


352 


V 


^à)ftm:r^rn^r/vi^()mmrmisda-fiirG^(ffgiihr  » 


mnrt/tr, 


—    ...»o    — 


er/rn/wnnniîranfn  ~ 

mmt»iîm!Tcu)mtmmmm^mp^:nirrRTmt^^emmn0^r(^rn 
imbrtxfc  brarij-Q:  çn@  &p,rmpjWG$!rbbttfn:rê}?&œ0tntT&in'rTt(tnr 
rwrFffirtcrfjfmffns^atr^bffffr/uirm^rû^ 


mMtftrrcm:Dnrf3fat/$:fârr&)rt/tri$abJ^ 
8ffl@:np7Ît)@temGlb&rtâep/wftfrf/!r/bH0$bf/vv® 
^&pnmâtorrrb@:n0tmrremf$tflffr£jur  r 

mnrrcdmçnrnfbip&nj-      ^bctVBfyitpfQ'&virr  nfêffôuTûif&firrari 
wegd(ntriTcny'/ôtyf    rre/ôtrbbbc^irt/irc'hurf^sfej/wfapûtnrcrQ^fir 


354 


mmnrafycr  7àrrG/êrf)ozrnn'i°/u-£r:pprthr      ttvûfàtrmnnnnbrfirtiït) 

rncu-rnrtmtTfLritpetârriurr    uxnErnSmtimrTffrw p  Rrcfàtrcinmt 
-tdpffrrnnismr     $rmmR/b(ptyw^iktxiïti@:tpsQj&-ftfr    Jp) 

mnrfftrtrfàtJ    ecm:mrOnrtb&$t$pfy$fflTair&}Enejo    nje/mer?) 


355 


èfffmùi}bd@#$k   mnf^arbmh0:^f^r  waltQ/tàMsrmir 

tnb$bràt[f$:pp(§v-F!,tjhn 

mwmfàanmbmrîfi    ttm:mrt]Memm7iiwj&mwt^cr&nnœmbm 

wo®:tpF@}trntT  tv?Miïv&?ju   ràèimtnfivmiTSbm 
mtwi*ff@:tpï@m'rr  tamémtfmmnf^    rfaQ  ma,  faatmrtfft» 
triïtvwrffxtyinbmmur   rwtimr$j@:»b    ^nômnwx^^b 
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—  356  — 


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NÉANG-KAKEY 

(Texte    Siamois) 


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—  358 


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—  361  — 


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N  É  A N  G-KAKE Y 

(Texte  Laotien  ) 


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—  364 


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rf^gnrfCTf^('oœ9(V)u^'3u?Sr[ujo<'o("OQsj2ni}joo5°'î4  : 

ruononj(Sffsi^ur|(CTucT5u?^QOf.f(yraj_g<3aby)9  0SfnfU>3î)y 

9'JgSff03noy/Q[5i«tnouu^go?nuç£;CT/o|[n(^6o(n(-à'3ff(nQ2ô 

<y<'c?3c(f)ucr)<>uo^SQ^n9Qjn^GO'3/fy  t 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 

Introduction ...  va  xi.vi 

j   l'ioiim  Say  Sock ....  1  .1      - 

Les  douze  jeunes  filles 27  a     o- 

Vorvong  et  Saurivong 53  a  loi 

Néang  Kake) .  155  à    168 

\    i     ma  el  Saurivong  (texte  cambodgien).         ...                169  à  ■!'-  ■ 

Les  douze  jeunes  filles  (texte  cambodgien) 325  a  .!•>  i 

—  (texte  siamois) •>•>■>  a  3*2 

—  (texte  laotien) 343  à  350 

Néang  Kakey  (texte  cambodgien) .     ...  351  a  3s6 

(texte  siamois) •  35' 

—           (texte  laotien) 365 


CHÀHTBES.  —  lu  PH1U  t  h  I  F  DURAND,  R  I  i   t  i  I  1  i  l;  r 


III. 


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