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Full text of "Memoires"

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ACADÉMIE   D'AIX 


MÉMOIRES 


DE 


L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,    AGRICULTURE,  ARTS 

ET  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


-tiffîto» 


Tixx  -en-  Provence 

GARCIIf   ВТ  DIDIER,    IMPRIMEURS   DR    l/ ACADÉMIE 

Rxu  Manuel,  Ю. 

4  897 


^>      J  ÉLECTION 

.Z-/-S' 


SON  EMINENCE  LI  CARDINAL  BOYER 

ANCIEN     PRÉSIDENT    DE    L'ACADÉMIE 
A\x     titre     de     Membre     d'Honneur 


RAPPORT  DE  M.  GUILLIBERT. 


MESSIEURS , 

L'élévation  au  Cardinalat  de  M*r  Boyer  n'a  pas  été  sans 
faire  naître  parmi  nous  une  grande  satisfaction,  j'oserai 
même  ajouter,  une  réelle  fierté.  L'éminent  évêque 
appartient  à  notre  Compagnie  depuis  plus  de  25  ans  ; 
son  départ  d'Aix  n'a  point  affaibli  les  liens  qui  rattachaient 
à  ses  confrères,  et  de  l'antique  chaire  de  Sidoine  Apol- 
linaire, comme  aujourd'hui  du  siège  de  Primat  cT Aqui- 
taine où  Га  appelé  la  volonté  expresse  du  Pape,  l'Aca- 
démie  n'a  cessé  de  recevoir  de  lui  les  témoignages  d'un 
souvenir  fidèle  et  d'une  bienveillance  qui  nous  honore. 

Je  n'ai  pas  à  rappeler  ici  les  remarquables  qualités  de 
savoir  et  de  jugement,  le  dévoûment  infatigable  à  ses 
hautes  fonctions,  l'entente  admirablement  sagace  des 
besoins  actuels  des  âmes  qui,  en  élevant  par  le  seul  éclat 
du  mérite,  l'Archevêque  de  Bourges  aux  premiers  rangs 


—  6  — 

du  clergé  de  France,  le  désignaient  naturellement  à  la 
dignité  suprême  de  Prince  de  l'église. 

(Test  au  seul  point  de  vue  de  la  collaboration  du  Cardinal 
Boyer  aux  travaux  de  l'Académie,  et  de  sa  part  d'action 
dans  le  mouvement  littéraire,  dont  Àix  a  toujours  été  et 
demeurera  le  foyer  en  Provence,  qu'a  dû  se  borner  l'exa- 
men  de  la  Commission  dont  j'ai  à  vous  présenter  le 
rapport (l*. 

L'enseignement  supérieur,  l'un  des  traditionnels  apa- 
nages de  notre  capitale  universitaire,  brillait  d'un  parti- 
culier éclat  dans  les  dernières  années  de  l'Empire.  Nos 
trois  Facultés  formaient  un  faisceau  de  science  et  de 
travail  fortement  uni,  pour  inspirer  à  la  jeunesse  le  culte 
de  la  vérité,  du  droit,  des  lettres  et  des  arts.  À  la  tête 
de  la  Faculté  de  théologie  se  trouvait  M.  le  chanoine 
Boyer,  de  qui  plusieurs  générations  d'étudiants  avaient 
apprécié,  aux  réceptions  hebdomadaires  de  l'Archevêché, 
l'affabilité  et  les  marques  d'intérêt  alors  qu'il  était  attaché 
à  la  personne  de  Mgr  Chalandon. 

Les  titres  qui  recommandaient  le  laborieux  et  aimable 
professeur  de  dogme  aux  suffrages  de  l'Académie  furent 
présentés  par  M.  Bonafous,  l'éminent  et  regretté  doyen 
de  la  Faculté  des  lettres.  M.  Boyer,  reçu  le  28  mars  1 870, 
ne  tarda  pas  à  acquérir  dans  la  Compagnie  une  légitime 
prépondérance,  qui  lui  valut  d'entrer  au  bureau  dès  l'an- 
née suivante  et  d'y  demeurer  jusqu'à  son  départ  d'Aix. 


(t)  La  commission  était  composée  de  MM.  de  Magallon,  président,  chanoine 
Figuièrcs,  ancien  professeur-doyen  de  la  Faculté  de  théologie,  Guillibert, 
secrétaire-rapporteur. 


II  avait  apprécié,  comme  ils  le  méritent,  les  avantages  de 
notre  bibliothèque  particulière.  Comprenant  les  fruits  à 
retirer  d'investigations  suivies  dans  nos  collections,  assez 
rares,  des  travaux  publiés  par  les  Académies  de  France  et 
de  l'étranger,  il  s'appliqua,  comme  archiviste,  à  un  clas- 
sement méthodique  et  fort  simple  de  nos  richesses  en 
livres.  Nous  bénéficions  de  cette  organisation,  elle  facilite 
les  recherches  et  permet,  sans  numérotage  de  volumes, 
d'avoir  aisément  le  document  désiré. 

La  présidence  fut  confiée  à  M.  le  doyen  Boyer  durant 
les  années  1876  et  1877.  L'Académie  n'eut  qu'à  se  louer 
de  l'impulsion  qu'il  donna  à  ses  travaux.  A  cette  époque 
remonte  l'admission  au  titre  de  membres  honoraires  de 
M.  Beaune,  ancien  procureur  général,  de  M.  Zévort, 
ancien  recteur.  Les  allocutions  élevées  prononcées  en  ces 
circonstances  par  Mer  Boyer  ont  été  avec  soin  conservées 
en  nos  procès-verbaux. 

Son  discours  de  présidence  à  la  séance  publique  du 
26  juin  1876  eut  un  succès  remarqué.  11  reste  dans  nos 
annales  comme  une  page  d'honneur  et  constitue  un  mo- 
nument précieux  de  nos  archives.  Mgr  Boyer  y  résume  en 
quelque  sorte  l'histoire  de  notre  Académie,  en  montrant 
son  rôle  dans  le  passé  et  son  influence  heureuse  et  de 
réelle  utilité  pour  notre  cher  pays  de  Provence. 

Vous  ne  serez  point  surpris  qu'un  nouveau  Majorai  du 
Félibrige  signale  plus  particulièrement  à  votre  souvenir 
les  considérations  si  justes  de  l'orateur  sur  le  culte  inin- 
terrompu dans  l'Académie  de  notre  idiome  national  et 
sur  le  sujet  de  concours  proposé  dès  1811  :  De  Fin- 


—  8  — 

fluence  de  la  langue  provençale  sur  les  littératures  de  la 
France  et  de  l'Italie,  cette  langue  classique  toute  tissée 
d'images  et  d'harmonie  «  qui  réfléchit  si  bien  Pâme 
de  la  Provence.  » 

La  page  finale  de  ce  beau  discours,  où  l'auteur  évo- 
que l'amour  de  la  grande  et  de  la  petite  patrie,  ces  deux 
sentiments  intenses  essentiellement  corrélatifs,  est  à  vous 
citer  presque  en  son  entier  : 

ce  Ah  !  oui,  aimer  son  pays  de  tout  son  cœur,  consa- 
crer sa  vie  entière  à  servir  la  gloire  de  la  grande  patrie  à 
laquelle  on  appartient,  assurément  oui,  c'est  là  un  devoir 
sacré  pour  tout  homme.  Et  ce  n'est  pas  en  France, 
ce  n'est  pas  à  la  Provence  qu'il  peut  convenir  de  dé- 
montrer la  nécessité  d'un  sentiment  dont  la  source  se 
cache  au  fond  de  toutes  les  âmes.  Mais  ce  sentiment 
général  d'amour  laisse  à  chacun,  assurément  aussi,  le  droit 
et  le  devoir  d'envelopper  d'une  affection  particulière  le 
coin  de  terre  sur  lequel  la  Providence  a  placé  son  ber- 
ceau ;  à  chacun  le  droit  et  le  devoir  d'aimer  d'un  amour 
spécial  le  pays  qui  le  reçut  à  sa  naissance.  Car  toutes  ces 
affections-là  sont  corrélatives. 

«  Et  c'est  pourquoi  il  est  permis  à  la  Provence  de 
garder  souvenance  de  ses  gloires  personnelles  d'autre- 
fois ;  c'est  pourquoi  il  lui  est  permis  de  ne  point  oublier, 
par  exemple,  que  ce  fut  chez  elle  que  la  civilisation 
aborda  la  première  ;  que  la  première,  elle  reçut  le  bien- 
fait d'une  religion  et  d'une  morale  divines  ;  que  sa  langue, 
vieux  débris  du  langage  de  peuples  illustres,  a  été  le 
type  des  premières  langues  de  l'Europe  ;  de  se  souvenir 


L 


—  9  — 

enfin  que  les  hommes  justement  célèbres  qui,  en  si  grand 
nombre,  sont  sortis  de  son  sein,  font  l'orgueil  de  son 
nom  ;  et  que  tous  ces  souvenirs  lui  imposent  le  devoir 
de  connaître  et  de  faire  connaître  tout  ce  qui  peut  encore 
ajouter  à  son  honneur  et  à  son  illustration. 

ce  Et  ce  qu'il  faut  bien  savoir,  Messieurs,  c'est  que  c'est 
la  grande  nation  elle-même,  c'est  la  France  qui  stimule 
cette  fidélité  du  souvenir  :  c'est  elle  qui  encourage  dans 
leurs  travaux,  dans  leurs  recherches,  toutes  les  Sociétés 
particulières  d'études  qui,  à  l'heure  actuelle,  ont  leur  siège 
dans  toutes  nos  villes.  Eh  pourquoi  donc  cela  ?  Parce 
que  c'est  de  tous  les  souvenirs,  parce  que  c'est  de  toutes 
les  gloires  disséminées  sur  notre  sol,  que  se  compose  la 
gloire  totale  de  la  France.  » 

Dans  la  séance  publique  du  5  juillet  1877,  M**  Boyer 
appela  l'attention  de  l'assemblée  sur  le  concours  d'irriga- 
tion ouvert  par  l'Académie  à  l'occasion  de  l'adduction 
dans  le  territoire  d'Aix  des  eaux  du  Verdon.  S'occupant 
ensuite  de  l'ensemble  de  nos  études  habituelles  il  en 
précisa,  on  ne  peut  mieux,  l'esprit  et  la  nature  : 

ce  L'Académie  fait,  dit-il,  son  œuvre  en  silence.  Le 
bien  ne  fait  pas  de  bruit,  a  dit  quelqu'un.  Cet  aphorisme 
d'un  sage  pourrait  être  la  devise  de  notre  Compagnie. 
Tous  les  membres  qui  la  composent  n'ont  d'autre  but  que 
de  vivre  intellectuellement,  que  de  se  rapprocher  par  la 
méditation,  par  l'étude,  par  l'effort,  des  immuables  prin- 
cipes du  beau  et  du  bien.  Et  lorsque  parmi  nous,  l'effort 
de  l'intelligence  est  couronné  de  quelque  succès,  ce 
succès  est  de  bon  aloi  parce  que  pour  l'obtenir,  on  n4a 


MARIUS  REINAUD 

^RAVEIR      PBOIEUCAL 

Par  F.  VIDAL. 


CATALOGUE  DE  L'ŒUVRE  DE  REINAUD 

Par  Raymond  FERRIER. 


//  nous  plaît  de  dire  ici  en  manière  de  préface 
que  c'est  à  la  suite  de  Г  Exposition  provençale  cCAix, 
lors  des  fêtes  du  ime  centenaire  de  la  réunion  de  la 
Provence  à  la  France ,  en  1887,  que  nous  vint  la 
pensée  d'une  biographie  de  Marius  Reinaud. 

Nous  avions  été  peiné  de  ne  voir  exposer  de  cet 
artiste  ч  aussi  modeste  qu'habile  dans  Г  art  de  la  gra- 
vure au  burin  et  à  Геаи-forte,  qxCune  très  minime 
partie  de  ses  œuvres ,  malgré  notre  insistance  et 
celle  d'autres  bons  Aixois. 

m 

Et  nous  fumes  encouragé  à  écrire  les  pages  qui 
suivent,  sur  un  graveur  essentiellement  provençal. 


—  16  — 

par  bien  des  amateurs  et  des  artistes,  notamment  par 
M.  Lucien  Gautier,  un  des  premiers  élèves  du  maître 
ainsi  délaissé. 

Cet  aquafortiste  distingué,  qui,  lui,  a  quitté  Aix 
pour  Paris,  a  voulu  nous  apporter  le  concours  de 
son  précieux  talent,  en  gravant  de  son  habile  pointe 
la  sympathique  physionomie  de  Marius  Reinaud*  Ce 
beau  portrait  ne  contribuera  pas  peu  à  faire  vivre 
le  nom  de  Reinaud  pour  Vhonneur  et  la  gloire  de  la 
ville  dCAix, 


*  Physionomie  très  justement  exprimée  en  général,  surtout  dans 
les  yeux  ;  ses  contemporains  en  sont  frappés,  tellement  tout  est  res- 
semblant. «  Les  travaux  de  la  gravure  de  ce  portrait,  faisait  remar- 
quer un  de  ceux-ci ,  et  des  plus  autorisés,  ont  été  conduits  d'une 
pointe  si  libre,  si  facile,  que  l'on  est  à  se  demander  si  la  figure  est 
terminée.  »  En  effet,  en  examinant  avec  attention  les  hachures 
espacées  qui  modèlent  la  joue  droite  et  le  cou,  on  comprend  que  le 
graveur  a  voulu  sortir  des  règles  connues  et  des  méthodes  consacrées  ; 
mais  chaque  trait  est  juste  et  porte  coup,  pour  facilement  donner 
à  notre  personnage  sa  double  physionomie  de  douceur  et  de  finesse. 

(La  planche-cuivre  fait  partie  de  la  collection  d'un  amateur 
d'Aix.) 


MARIUS  REINAUD 


GRAVEUR   PROVENÇAL 


Bien  des  cités,  en  France,  ont  écrit  en  lettres  d'or,  ponr 
les  transmettre  à  la  postérité,  les  noms  de  ceux  de  leurs 
enfants  qui  ont  brillé  dans  les  belles-lettres  ou  qui  ont  cultivé 
les  sciences  et  les  arts  glorieusement.  Dijon,  Lyon,  Àix-en- 
Provence,  pour  ne  signaler  que  trois  des  principaux  foyers 
intellectuels  et  artistiques  de  Province,  comptent  par  cen- 
taines leurs  célébrités  intellectuelles. 

En  ce  qui  touche  plus  particulièrement  Part  de  la  gravure, 
Abbeville,  Nancy,  Lyon,  remportent,  assurément,  sur  les 
autres  centres,  et  par  le  nombre  et  par  le  talent  hors  ligne 
des  graveurs  qui  ont  vu  le  jour  dans  ces  dernières  villes. 

L'ancienne  capitale  de  la  Provence,  que  Ton  a,  à  si  juste 
litre,  surnommée  l'Athènes  du  Midi,  nous  parait  prendre 
rang  immédiatement  après  la  patrie  des  Claude  Lorrain,  des 
Cal  lot,  des  Mellan,  des  Audran,  avec  les  nombreux  maîtres 
du  burin  qu'elle  a  produits.  Si  ceux-ci  ne  sont  pas,  en 
tout  point,  comparables  aux  grands  artistes  dont  s'enor- 
gueillit l'Ecole  française,  leur  œuvre  est  assez  important, 


—  f8  — 

:rovou^uottS.  pour  assigner  aux  graveurs  aixois  une  place 
vtapta&tooorables,  an  moins  parmi  les  maîtres  secondaires. 

ttaefct,  les  Coussin  père  et  fils,  les  quatre  Cundier, 
SttasUeo  Barras,  les  nobles  amateurs  de  Lagoy  *  et  Boyer 
Л  Aiguilles  (ce  dernier  travaillant  à  Aix  avec  l'Anversois 
Goelmans),  et  dans  le  siècle  actuel,  Esprit  Gibelin,  François 
Peyron,  Etienne  Beisson,  J.-F.  Porte,**  ne  sont-ce  pas  là 
des  noms  qui  ont  quelque  reflet,  à  côté  d'autres  rayonnants 
de  gloire,  et  que  la  postérité  ne  saurait  davantage  oublier  ! 

Tous  ces  précurseurs  de  Reinaud  n'ont  pu  que  l'enhardir 
au  début  de  sa  longue  et  laborieuse  carrière.  Malgré  tout, 
il  a  failli  rester  dans  l'oubli,  un  oubli  bien  immérité,  avec 
ses  concitoyens  les  Maretz,  les  Grégoire,  les  Muraire,  les 
Anthelme  ;  pourtant,  son  œuvre,  si  correct,  si  intéressant, 
si  vaste,  ne  pouvait  échapper  à  l'attention  des  vrais  con- 
naisseurs en  cette  partie  des  beaux-arts. 

Parmi  les  initiateurs  de  notre  artiste,  sans  chercher  hors 
de  la  Provence,  et  même  sans  sortir  du  département  des 
Bouches-du-Rhône,  nous  ne  saurions  résister  au  désir  de 


*  Le  marquis  J.-B.  de  Lagoy,  exécuteur  testamentaire  de  Piquet 
de  Méjanes,  qui  légua  en  1786  sa  riche  bibliothèque  à  la  ville  d'Aix, 
où  les  amateurs  admirent,  à  côté  du  carton  de  Saint-Vincens,  de  la 
galerie  de  Boyer  d'Aiguilles  —  luttant  avec  un  véritable  bonheur 
de  burin  avec  ses  collaborateurs, —  un  superbe  recueil  de  quarante- 
sept  eaux-fortes  de  De  Lagoy,  si  rares  et  si  recherchées.  Ces  plan- 
ches sont  fidèlement  gravées  d'après  les  dessins  originaux  des 
grands  maîtres. 

**  L'auteur  d'Aix  ancien  et  moderne  grava  à  Геаи-forte  dans 
ses  moments  de  loisir  ;  nous  avons  vu  de  lui  maintes  épreuves 
gravées,  d'une  finesse  de  pointe  aussi  originale  que  spirituelle, 
dont  les  cuivres  sont  dans  les  collections  de  M.  de  Bresc. 


—  49  — 

citer,  à  Marseille,  les  Gautier- Dagoti,  les  Laurent  père  et 
fils,*  ainsi  qu'à  Arles,  Couvay,  Roullet  et  le  fameux  Ba- 
lechou. 

La  majeure  partie  de  ces  maîtres,  plus  ou  moins  célè- 
bres, ont  eu  la  bonne  fortune  de  voir  leur  œuvre  échapper  à 
l'oubli  du  temps,  le  soin  jaloux  qu'y  ont  apporté  quelques 
amis  des  arts  les  aidant  à  cela  ;  leur  renommée,  au  con- 
traire, grandit  encore,  semble- t-il,  de  temps  à  autre,  par 
tant  d'Expositions  méridionales,  par  la  conservation  de 
bien  des  chefs-d'œuvre  dans  les  Musées  et  cabinets,  d'a- 
mateurs patriotes,  et  par  de  nombreux  travaux  bibliogra- 
phiques. 

Il  n'en  était  pas  de  même,  jusqu'à  présent,  de  Marius 
Rein  a  ad,  qui  a  travaillé  durant  un  si  long  temps,  presque 
uniquement  pour  l'amour  de  l'art.  Confiné  dans  son  lieu 
natal,  il  était  satisfait  des  sympathies,  de  l'admiration, 
dirions-nous  presque,  de  ses  concitoyens,  qui  l'avaient  cer- 
tainement en  très  haute  estime,  et  semblait  ne  pas  se  dou- 
ter qu'avec  une  légitime  ambition  il  aurait  pu,  lui  aussi, 
s'élever  à  la  fortune,  à  la  gloire  peut -être  ! 

C'est  que  la  soif  du  gain  n'a  jamais  dévoré  ce  cœur  d'élite  ; 
l'ambition  elle-même  était  loin  de  hanter  son  esprit  déli- 
cat, —  alors  qu'un  courant  funeste  entraîne,  de  nos  jours, 
tant  de  chercheurs  plus  ou  moins  habiles,  plus  ou  moins 
récompensés. 

Toutefois  on  ne  s'explique  guère  qu'aucun  Dictionnaire  des 


*  Marseille  possède  un  jeune  artiste  d'un  grand  talent,  Valère 
Bernard,  le  majorai  félibre,  auteur  du  poème-album  «  La  Guerro  », 
avec  illustrations  magistrales. 


—  20  — 

illustrations  françaises,  aucune  Biographie  artistique,  voire 
aucun  Manuel  d'amateur  d'estampes,  ne  mentionne  ce  nom 
si  aimé,  si  populaire  chez  nous  ;  on  omet  ainsi,  bien  à  tort, 
un  homme  qui  fit  un  grand  et  beau  labeur  et  qui  mériterait, 
pour  le  moins,  une  bonne  mention  dans  les  livres  spéciaux. 
L'oubli  est  injuste  et  impardonnable. 

Plus  heureux,  Roullet  et  Balechou,  entre  autres,  ont 
dans  le  Plutarque  Provençal*  une  biographie  des  plus 
exactes,  due  à  la  plume  autorisée  de  TArlésien  Jacquemin, 
sans  parler  de  plusieurs  travaux  analogues,  pages  des  plus 
attachantes,  comme  la  notice  d'Alphonse  Meyer  sur  le 
paysagiste  Constantin,  cet  autre  artiste  si  original,  si 
fécond,  qui  ressemble  sur  tant  de  points  à  notre  graveur, 
avec  qui  il  avait  quelque  peu  travaillé  sur  le  cuivre.  — 
Quanta  Reinaud,  c'est  à  peine  si  Parrocel,  dans  sa  série 
de  volumes  sur  Y  Art  dans  le  Midi,  note  rapidement  son 
nom. 

Selon  la  mesure  de  nos  forces,  et  à  laide  de  nos  rela- 
tions, soit  avec  la  famille  de  l'artiste,  si  obligeante,  soit  avec 
des  dilettanli  aixois  (parmi  lesquels  il  nous  est  agréable  de 
nommer  le  bibliophile  Paul  Arbaud,  le  vicomte  d'Estienne 
de  Saint-Jean,  l'orfévre-iconophile  Raymond  Ferrier),  nous 
voudrions,  si  faire  se  peut,  combler  une  fâcheuse  lacune  ; 
nous  essayerons  donc  de  photographier  le  mieux  possible 
cette  figure  amie  du  travail,  du  devoir  —  et  du  clocher, 
ajouterons-nous,  — aimable  physionomie  qu'on  a  trop  ou- 
blié de  regarder. 

*  Le  Plutarque  Provençal,  vies  des  hommes  et  des  femmes  illus- 
tres de  la  Provence  ancienne  et  moderne,  publiées  par  A.  Gueidon. 
Marseille,  1835-1858  ;  2  vol.  gr.  in-8%  avec  portraits. 


-  21   — 

Marias  Reioaud,  pour  qui  Га  connu,  était  bien  un  reje- 
ton des  plus  vivaces  de  ces  vieilles  générations  d'artistes  qui 
se  sont  succédées  à  Àix,  dans  toutes  les  branches  du  savoir. 
Les  cabinets  de  riches  amateurs,  de  collectionneurs  persé- 
vérants, desavants  antiquaires,  ces  innombrables  richesses 
des  Rascas  de  Bagarris,  desPeiresc,  des  Mazaugues,  jusqu'à 
Piquet  de  Méjanes,  Fauris  de  Saint- Y  incens,  de  Fabre- 
goule,  ne  pouvaient  qu'exciter  dans  le  pays  ce  goût  inné  des 
beaux-arts  que  nos  concitoyens  ont  fidèlement  conservé. 

Marius  Reinaud  est  né  à  Aix  le  27  octobre  1 795  et  y 
est  décédé  le  3  mars  1868,  dans  sa  72°  année.  C'est  au 
n°  6  de  la  rue  Miséricorde,  où  ses  ateliers  de  gravure  et 
de  lithographie  avaient  été  depuis  peu  transférés  de  Г  hôtel  de 
Mons  (sur  le  Cours),  qu'il  succomba  à  une  affection  de  grippe 
qui  fit  bien  des  deuils  pendant  ce  même  hiver.  A  voir  cet 
homme  si  actif,  si  fortement  constitué,  et  ayant  toujours  eu 
la  vie  la  plus  réglée,  on  aurait  pu  croire  qu'il  atteindrait 
une  plus  longue  vieillesse  et  ferait  encore  bien  des  tra- 
vaux précieux . 

L'art  fut  la  passion  et  le  culte  de  toute  sa  vie,  peut-on 
dire  avec  la  plus  grande  exactitude  : 

Oui,  Marius  Reinaud  fut  un  heureux  mortel  : 
Artiste  il  était  né,  vécut  et  mourut  tel. 

Son  père  était  orfèvre, *  graveur  sur  métaux,  et  faisait 
quelque  commerce  d'objets  rares  ou  curieux,  qu'il  savait 


*  Le  bibliophile  Jacob,  dans  ses  Curiosités  de  l'histoire  de  Vart^ 
dit  avec  raison  que  l'orfèvre  manie  le  burin  comme  le  graveur,  el 
qu'il  est  essentiellement  artiste  ;  presque  sans  transition  il  devient 
graveur. 


—  22  — 

découvrir  principalement  à  Marseille,  et  dont  il  avait  le 
facile  placement  à  Aix  ;  les  amateurs  lui  payaient  en  beaux 
écusdes  trouvailles  qui,  le  plus  souvent,  ne  lui  avaient  pas 
coûté  «'quatre  sous,  »  selon  l'expression  pittoresque  de 
l'ancien  pressier  lithographe  de  la  maison.  * 

C'est  que  l'humble  travailleur  avait  des  connaissances 
techniques  peu  vulgaires  lui  permettant  de  vite  apprécier  ce 
qu'il  rencontrait  dans  ses  visites,  et  ne  reculait  devant  aucune 
peine,  aiguillonné  qu'il  était  par  le  souci  de  subvenir  aux 
besoins  d'une  nombreuse  famille. 

On  affirme  qu'il  faisait  toujours  à  pied  la  longue  course 
d'Aix  à  Marseille,  refusant  les  occasions  qu'on  lui  offrait 
d'éviter  les  fatigues  de  la  roule,  et  qu'il  revenait  de  même, 
emportant  soigneusement  sous  sa  veste  les  planches,  tableau- 
tins et  autres  pièces  de  prix  que  les  connaisseurs  devaient 
se  disputer. 

C'était  aux  premières  années  de  l'Empire.  A  cette  épo- 
que encore,  les  enfants  suivaient  volontiers  la  carrière  de 
leur  père ,  et  celui-ci  se  faisait  le  plus  souvent  un  hon- 
neur et  une  gloire  de  transmetre  à  son  premier-né  les 
traditions  de  ses  ancêtres.  C'était  ainsi  que,  tout  jeune, 
Marius  reçut  des  mains  de  l'auteur  de  ses  jours  le  premier 
burin  avec  lequel  il  devait  faire  bientôt  des  chefs-d'œuvre  ; 
le  jeune  ouvrier  burineur,  en  sa  foi  robuste,  se  fut  volon- 
tiers écrié  avec  le  poète  : 


*  Notre  cousin  M.  Curet  y  a  travaillé  pendant  vingt  ans,  et  nous 
tenons  de  lui  force  renseignements  utiles.  —  Tout  jeune,  quand 
nous  allions  le  voir  à  sa  presse,  combien  étions-nous  heureux  du 
don  de  quelque  épreuve  d'image  ! 


—  23  — 

Je  suis  jeune,  il  est  vrai,  mais  aux  âmes  bien  nées, 
La  valeur  n'attend  pas  le  nombre  des  années. 

Cet  outil  des  premiers  débats  fat  pieusement  conservé, 
et  с  était  toujours  avec  un  nouveau  plaisir  que  Reinaud  le 
considérait,  nous  racontait  un  de  ses  anciens  collègues  de 
la  commission  de  l'école  de  Dessin  de  notre  ville,  M.  Alexis 
de  Fonvert.  Il  le  montrait,  animé  d'un  juste  orgueil,  dési- 
gnant aussitôt  du  doigt  les  premiers  travaux  qu'il  avait 
exécutés  avec  son  secours  et  qu'on  voyait  étalés  avec  tant 
d'autres  sortis  plus  tard  de  son  atelier. 

Hàtons-nous  de  dire  qu'il  n'avait  hérité  de  son  père 
que  d'un  goût  bien  prononcé  pour  les  beaux-arts,  sans 
aucun  esprit  mercantile,  et  que  sa  simplicité  poussée  à 
l'extrême  et  sa  modestie  excessive  n'étaient  égalées  que  par 
sa  passion  du  travail  et  l'amour  des  siens.  Son  cadet,  ainsi 
que  leur  troisième  frère,  Jules,  avec  qui  il  avait  fondé,  vers 
1831,  la  première  lithographie  établie  à  Aix,  s'occupait 
aussi  de  gravure,  mais  spécialement  des  travaux  de  com- 
merce.* 


*  La  lithographie  Reinaud  a  été  unique  à  Aix  pendant  un  quart 
de  siècle  ;  la  seconde  fut  celle  de  M.  Martin,  en  1885,  puis  vint 
M.  Pascal  ;  plus  lard  M.  Nolane,  dont  l'atelier  disparut  par  la  suite, 
de  même  que  celui  de  ML.  Reinaud.  Il  y  a  peu,  M.  Giraud  créa  un 
établissement  pour  l'impression  musicale,  atelier  disparu  aus-i. 
Pour  compléter  l'historique  de  la  lithographie  à  Aix,  disons  que 
les  maisons  Remondet  et  Ely  oat,  dans  ces  derniers  temps,  annexé 
à  Fart  de  Gutemberg  celui  de  Senefelder  ;  ce  qui  porte  à  cinq  le 
nombre  des  lithographies  aixoises,  y  compris  celle  de  l'école  natio- 
nale d'Arts  et  Métiers.  —  Reinaud,  on  le  voit,  a  eu  des  succes- 
seurs pour  le  métier. 


—  24  — 

Dans  leur  enfance,  les  frères  Reinaud,  dont  le  tempé- 
rament était  essentiellement  artiste,  étaient  élèves  de  la 
Maîtrise  métropolitaine  Saint-Sauveur  d'Aix,  où  ils  avaient 
eu  pour  condisciples  d'autres  excellents  Provençaux  dont 
le  souvenir  nous  est  cher,  parmi  lesquels  il  nous  est  doux 
de  nommer  le  chanoine  Charbonnier,  auteur  du  Magnificat 
des  Noëls. 

Dans  sa  monographie  attrayante  de  notre  manican- 
terie,*  M.  l'abbé  Marbot  raconte,  à  propos  de  cadet  Rei- 
naud et  de  la  princesse  Pauline,  alors  en  villégiature  à  la 
Mignarde,  au  terroir  d'Aix,  un  fait  qu'on  nous  permettra 
de  reproduire. 

Lors  d'une  visite  que  la  sœur  de  Napoléon  1er  fil  à  cette 
célèbre  école,  fière  de  Campra  et  de  Félicien  David,  après 
que  le  petit  virtuose  eut  fini  de  chanter,  elle  se  contenta 
de  lui  taper  sur  les  joues,  en  lui  disant  :  «  Tu  chantes 
bien.  »  Mais,  pas  le  moindre  bâton  de  sucre  d'orge  pour 
le  brave  clergeon . 

L'historiographe  consciencieux,  lui,  n'a  garde  d'oublier 
«  le  graveur  émérite  que  Paris  n'eut  point  dédaigné,  et 
dont  la  réputation  ne  put  être  arrêtée  que  par  une  mo- 
destie excessive.  » 


*  Notre  Maîtrise  métropolitaine,  son  histoire,  par  l'abbé  E. 
Marbot.  — Nous  aimons  à  noter  ici  les  noms  des  deux  fidèles  amis 
des  Reinaud,  également  les  nôtres,  qui  sont  aujourd'hui  à  la  tète 
de  ce  modeste  conservatoire  :  le  maître  de  chapelle  Henri  Poncet, 
musicien  diplômé,  et  le  chanoine  directeur  Chave,  felibre  de  la 
Pastouralo.  (Remplacé  par  l'abbé  Victor  Mille,  il  a  depuis  rendu 
son  âme  à  Dieu,  dernièrement). 


I 


—  25  — 

Tout  jeune  encore,  Marius  Reinaud,  grâce  aux  leçons 
de  son  ami  Constantin,  de  Clérian  père,  directeur  de  l'école 
de  dessin,  et  grâce  aussi  à  ses  rapports  suivis  avec  son 
cousin  le  peintre  et  graveur  habile  Belliard,  s'était  fait  re- 
marquer par  son  talent,  —  talent  précoce  d'une  finesse  de 
burin  remarquable  alliée  à  une  science  précise  du  dessin. 

Le  comte  de  Forbin,  qui  recherchait  avec  une  rare  bien- 
veillance tous  les  artistes  de  mérite,  et  surtout  les  artistes 
provençaux,  ne  tarda  pas  à  donner  à  son  compatriote  les 
marques  les  plus  flatteuses  de  sa  satisfaction,  pour  quelques 
eaux-fortes  et  quelques  sujets  gravés  dont  il  lui  avait  fait 
hommage. 

De  même,  Granet,  l'émiuent  Aixois  (qui  nous  fait  si 
volontiers  songer  à  cette  autre  illustration  locale,  Jean- 
Baptiste  Vanloo),  ne  devait  pas  méconnaître  le  graveur 
distingué,  et  celui-ci  ne  pouvait  pas  ne  point  rechercher 
l'amitié  de  l'illustre  peintre  de  la  lumière  ;  il  devint  bien- 
tôt son  traducteur  le  plus  scrupuleux  et  le  plus  fidèle. 

Déjà,  le  portrait  de  Granet  qu'il  grava,  en  1812,  d'après 
un  dessin  de  Ingres,  ainsi  que,  d'après  le  même,  celui  du 
comte  de  Forbin,  furent  on  ne  peut  plus  remarqués,  autant 
par  la  finesse  et  l'expression  de  la  physionomie,  que  par  la 
pureté  des  tailles  et  un  modelé  délicat  ;  ils  mirent  fort  en 
relief  le  fairejde  Marius  Reinaud  et  dénotèrent  chez  lui  une 
manière  qui  lui  aurait  assuré  de  très  grands  succès,  s'il 
s'était  voué  à  cette  spécialité. 

L'auteur  des  portraits,  Ingres,  fut  enchanté  du  jeune 
Reinaud  ;  aussi  Granet  écrivait-il  de  Rome  à  son  ami  Clé- 
rian :  «  Je  compte  le  remercier  et  lui  dire  combien  ses  dis- 


—  26  —  i 


positions  sont  grandes.  J'ai  parlé  au  général  Miollis  * 
pour  son  père....  J'ai  parlé  aussi  au  général  du  fils.  Dans 
ce  moment,  l'on  fait  un  ouvrage  sur  les  antiques  de  la 
villa  Miollis.  Lorsque  l'ouvrage  sera  plus  avancé,  et  qu'il 
s'agira  de  la  gravure,  je  mettrai  de  nouveau  sous  les  yeux 
du  général  les  mérites  de  notre  jeune  homme.  » 

La  hante  protection  de  Granet  ne  fut  d'aucune  utilité, 
à  Rome,  pour  Marius  Reinaud,  et  il  faut  le  regretter,  car  les 
voyages  et  l'étude  des  maîtres  l'auraient  aidé  à  se  perfec- 
tionner ;  par  contre,  eUe  lui  servit  assez  à  Aix. 

On  rapporte  que  lorsqu'il  passa  au  conseil  de  révision, 
on  ne  voyait  aucun  cas  de  réforme  à  ce  conscrit  si  bien 
planté.  Mais,  sur  l'insistance  de  l'un  des  examinateurs  (des 
mieux  placés,  sans  doute),  il  fut  déclaré  impropre  au  ser- 
vice militaire  ;  et  le  président  reconnut  alors  avec  à-propos 
•que,  plutôt  que  d'en  faire  un  médiocre  soldat,  il  valait 
cent  fois  mieux  conserver  un  bon  artiste  au  pays. 

Cet  épisode  ne  rappelle-t-il  pas  celui  du  chansonnier 
Pierre  Dupont  qui,  à  une  revue  passée. par  un  prince  du 
sang,  fut  trouvé  portant,  dans  son  sac  de  soldat,  musique  et 
poésies?  Le  chantre  inspiré  des  Bœufs,  des  Louis  d'or, 
fut  bientôt  rendu  à  sa  lyre,  comme  notre  protégé  si  mé- 
ritant fut  laissé  à  ses  planches  sculptées. 


*  Le  général  comte  Miollis,  né  à  Aix  en  1759.  Presque  au  centre 
tiu  cimetière  de  cette  ville  se  trouve  le  mausolée  du  gouverneur  de 
Rome,  qui  fut  en  même  temps  l'an  de  nos  plus  braves  généraux 
et  un  archéologue  passionné.  — Coïncidence  remarquable,  un  autre 
de  nos  concitoyens,  le  général  comte  deRostolan,  inhumé  à  Ja  Rosto- 
lane  (Puyricard),  fut  également  gouverneur  de  Rome  sous  le  second 
Empire  et  eut  bien  des  encouragements  pour  les  artistes  aixois. 


—  27  — 

Exempt  de  toute  préoccupation,  à  partir  de  ce  moment 
le  jeane  homme  se  voua  entièrement  à  l'art,  à  cet  art  des 
Callot,  des  Audran,  des  Barras,  dont  il  avait  ea  dès  sa 
plus  tendre  enfance  le  noble  sentiment. 

C'est  alors  qu'il  consacra  sou  burin  à  cette  belle  suite 
d'eanx-fortes,  d'après  des  dessins  et  des  tableaux  de  notre 
compatriote  G ranet,  estampes  que  tous  les  amateurs  admi- 
rent. Ce  sont  surtout  des  vues  de  Rome,  telles  que  «  le 
Colysée  »,  qui  a  été  reproduit  dans  la  Vie  des  Peintres,  de 
Charles  Blanc,  la  a  Porte  Saint-Sébastien,  à  Rome  q,  ainsi 
que  la  «  Rue  de  Carcbiano  »,  et  nombre  d'autres,  dont  les 
planches  sont  conservées  à  Aix  pour  la  plupart. 

Indépendamment  de  ces  vues,  il  reproduisit  aussi  d'une 
manière  magistrale  différents  tableaux  de  l'illustre  peintre, 
tels  que  «  la  Fornarina» ,  le  «  Chœur  des  Capucins  à  Rome  » , 
ce  chef-d'œuvre  qui  excita  l'admiration  au  Salon  de  1 819  ; 
Charles  Blanc  en  parle  magnifiquement,  disant  que  les  tôles 
couronnées  se  le  disputèrent,  et  que  l'auteur  fut  obligé  d'en 
faire  seize  répétitions,  fait  unique  dans  l'histoire  de  l'art. 
Il  ajoute  que  Louis  XVIII  fit  appeler  Granet,  lui  remit  la 
croix  de  la  Légion  d'honneur,  et,  parlant  à  plaisir  de  cet 
«  intérieur  »,  lui  dit  qu'il  venait  d'apprendre  qu'on  avait 
cru  entendre  éternuer  un  de  ses  moines.  La  royale  plai- 
santerie mit  le  comble  à  la  réputation  du  peintre  aixois 
que  Reinaud  a  traduit  si  heureusement. 

Aussi,  ce  morceau  de  calcographie,  bien  que  ne  mesurant 
que  quelques  centimètres  de  hauteur  et  de  largeur,  n'a-t-il 
pas'étédes  moins  remarqués  à  l'Exposition  provençale  des 
beaux-arts  tenue  à  Aix  en  1 887.  Il  est  digne  d'être  conservé 
au  Louvre  parmi  tant  de  trésors  de  ce  genre. 


—  28  - 

On  admirait  à  la  môme  Exposition  un  digne  pendant,  le 
«  Cloître  de  Saint-Sauveur  à  Aix  »,  d'après  le  même,  dont 
le  cuivre  eu  parfait  état  reflète  si  remarquablement  et  le 
célèbre  monument  historique  et  I  œuvre  du  grand  mailre 
du  pinceau. 

Marius  Reinand  était,  vers  1820,  dans  la  belle  éclosion 
de  son  talent,  et  le  voilà  devenu  le  graveur  attitré  de  Granet, 
par  le  beau  labeur  où  il  avait  accolé  à  ce  nom  glorieux  le 
sien,  quasi  obscur  naguère. 

Indépendamment  de  cette  série  dénotant  un  talent  réel 
pour  les  arts  du  dessin  et  une  connaissance  parfaite  des 
ressources  de  la  pointe,  il  exerça  son  burin ,  aussi 
ferme  que  gracieux,  sur  des  sujets  non  pas  très  différents, 
mais  empruntés  à  d'autres  artistes.  C'est  ainsi  qu'il  grava 
«  Santa  Maria  Novella  »  à  Florence  d'après  M.  le  comte  A.  de 
Forbin.*  Il  n'a  été  tiré  de  cette  magnifique  planche  que  fort 
pou  d'épreuves  :  elle  est  en  la  possession  du  généreux 
M.  Ferrier,  qui  a  voulu  dernièrement  en  offrir  une  épreuve 
personnelle  à  M.  Georges  Duplessis,  conservateur  du  dépar- 
tement des  Estampes,  à  Paris.  Ce  dernier  a  fait  un  choix  des 
plus  judicieux  de  60  estampes  gravées  par  Marius  Rei- 
oaud,  pour  la  Bibliothèque  Nationale;  de  même,  notre 


*  Portefeuille  du  comte  de  Forbin,  directeur  général  des  Musées 
de  France.  Paris,  Chalamel,  4855  ;  g*1  in-4e.  —  Outre  la  lithogra- 
phie représentant  le  splendide  cloître  de  Florence,  on  en  trouve 
dans  ce  curieux  recueil,  deux  autres  nous  intéressant  pcut-tHre 
davantage  :  «  l'Abbaye  de  Syivacanne,  »  de  notre  arrondissement, 
et  le  «  Cloître  de  Saint-Sauveur  à  Aix  ».  Ce  dernier  cuivre  est  con- 
servé religieusement  par  M.  R.  Ferrier. 


—  29  — 

Méjanes  fit  pareil  achat  de  100  pièces  du  cher  Aixois,  à  la 
suite  de  l'Exposition  provençale  de  1887. 

Aujourd'hui,  le  cabinet  des  Estampes  de  la  Bibliothèque 
Nationale  possède  123  pièces  de  l'habile  graveur,  puisque, 
indépendamment  de  cette  acquisition,  il  en  avait  reçu  50  en 
don,  de  M.  Boblet,  le  25  août  1852,  et  qu'il  avait  acquis 
dans  une  vente,  le  9  juillet  1880,  12  vues  d'Italie. 

On  ne  peut  qu'être  reconnaissant  envers  l'éminent  con- 
servateur M.  Georges  Duplessis,  qui  s'est  empressé  d'ac- 
quérir de  la  nièce  de  l'artiste,  Ml,e  Coullouret,  cette  série 
complémentaire.  En  somme,  la  moitié  environ  de  l'œuvre 
gravé  de  Marius  Reinaud  est  conservée  maintenant  dans  ce 
riche  dépôt  de  la  Nationale,  et  les  deux  tiers  à  la  Biblio- 
thèque d'Aix,  si  l'on  y  comprend  les  planches  dont  sont  or- 
nés maints  et  maints  ouvrages  relatifs  à  la  Provence. 

Le  chiffre  de  300  pièces  environ  que  nous  connaissons 
est  la  preuve  d'un  travail  énorme  ;  elles  ont  servi,  avec  tant 
et  de  si  obligeantes  communications,  à  la  dresse  du  cata- 
logue aussi  complet  que  possible,  que  nous  sommes  heu- 
reux de  publier,  enfin. * 

Marius  Reinaud  a  produit  aussi  divers  autres  ouvrages 
détachés,  dont  les  plus  importants  sont  un  sujet  pastoral 


*  Depuis  la  lecture  de  la  présente  étude,  en  séance  de  ГАса- 
démie,  nous  avons  pu  obtenir  ce  eatalogage  artistique,  avec  la 
large  collaboration  de  cet  expert  sapiteur  qui  a  nom  Raymond 
Ferricr.  Et  nous  ne  saurions  parler  de  notre  société  littéraire  et 
artistique,  sans  ajouter  que  son  président  actuel,  M.  J.  de  Magal- 
lon,  fait  hommage  chaque  année,  à  tous  ses  confrères,  d'une  nou- 
velle et  charmante  eau-forte  représentant  quelque  Vue  de  Pro- 
>ence. 


—  30  — 

d'après  le  peintre  lyonnais  Advinent.  pleio  de  finesse  et  de 
légèreté,  et  une  coraposkion  de  grand  style,  d'après  Boher, 
traitée  magistralement.  : 

.  Mais  ce  que  nous  ne  saurions  oublier  de  citer,  c'est  la 
reproduction  du  fameux  tableau  dit  de  la  Miséricorde,* 
d'Aix  (aujourd'hui  bureau  de  Bienfaisance,  rue  Gaston* 
de-Saporta),  qui  orne  la  notice  écrite  par  le  chanoine  Tha- 
neron*** 
C'est  là  incontestablement  un  chef-d'œuvre  de  gravure  ; 

ж 

cette  physionomie  de  Mater  Dolorosa,  son  altitude,  ses 
maios,  ses  vêlements,  tout  est  rendu  à  s'extasier  devant  nq 
tel  morceau  ;  et  notons  que  les  scènes  évangéiiques  qui 
l'encadrent,  sept  miniatures  de  quelques  centimètres  carrés 
seulement,  sont  autant  de.  merveilles  rehaussant  le  sujet 
principal  de  Notre-Dame: 

Reinaud  avait  une  prédilection  marquée  pour  limage  de 
la  Vierge  et,  à  tf instar  de  certains  artistes  célèbres,  il  Taisait 
volontiers'  poser  seé  nièces.  Tant  sa  ferveur  était  grande 
pour  l'exécution  des  '  gravures  de  piété,  qu'on  peut  dire 
qu'elles  égalaient,  si  elles  ne  les  surpassaient  point,  ses 
autres  genres  de  travaux. 


*    Donné   par  le  cardinal   Grima  kl  i  au    P.  Y  van,  fondateur  des 
Religieuses  de  N.-D.  de  Miséricorde,  et  par  la  R.  M.  Pin,  dernière 

survivante  de*  Misérioordincs  d'Aix,  au  Bureau  de  Bienfaisance. 

#  - 

•  **.  Notice  sur  1д  très  vénérée  image  de  Notre-Dame  des.  Sept  pou- 
leurs  rétablie  et  conservée  dans  la  chapelle  de  la  Miséricorde  delà 
jnlle  d'Aix.  Aix,  Nicot,  1851;  8  pages  in-8°  —  (Mince  et  rarissime 
brochure,  sur  papier  commun,  avec  couverture  sur  même  papier, 
avec  les  deux  magnifiques  planches  de  Reinaud  «  N.-D.  des  Sept 
Douleurs  »  et  le  portrait  du  «  P.  Y  van  »). 


—  31    - 

Saos  quitter  là  pièce  majeure  qui  nous  occupe,  nous 
devons  ajouter  que  les  Dames  de  la  Miséricorde,  dont  la 
maison-mére  jadis  établie  à  Aix,  est  aujourd'hui  à  Paris, 
voulant,  il  y  a  peu,  à  la  suite  d'une  visite  pieuse  au  ber- 
ceau de  leur  ordre,  vulgariser  ce  chef-d'œuvre  du  graveur 
aiiois,  durent  se  contenter,  n'ayant  su  retrouver  ici  le  pro- 
totype précieux,*  d'en  faire  refaire  le  cuivre  par  un  maître 
parisien,  mais  combien  inférieur  à  l'auteur  du  merveilleux 
cuivre  provençal  ! 

Nous  sommes  assez  heureux  pour  ajouter  que  nous  avons 
pu  acquérir  récemment  celui-ci  ;  il  est  entre  nos  mains,  ainsi 
que  le  portrait  du  «  P.  Yvan  »,  faisant  son  pendant  dans  la 
plaquette  citée  plus  haut. 

Parmi  les  possesseurs  des  pièces  originales  de  Reinaud, 
indépendamment  de  M.  Ferrier,  le  plus  fortuné  entre  tous, 
nous  citerons  MM.  d'Estienne  de  Saint- Jean,  du  Roure,  de 
Lagoy,  Guillibert,  Arbaud.Thumin,  ce  dernier  à  Marseille. 
Les  riches  galeries  Arbaudines  contiennent  la  «  Vue  de 
l'ermitage  de  Roquefavour  »,  sur  acier,  et  les  beaux  por- 
traits «  de  Forbin  о ,  et  «  Granet  » . 

Ceux-ci  nous  amèneront  à  nous  occuper  de  cet  autre  genre 
de  travaux  dont  nous  avons  parlé  en  passant.  Combien  de 
portraits  remarquables  dus  au  burin  de  ce  maitre  provençal? 


*  Nous^tenons  ce  fait  d'un  éminent  ami  en  relation  avec  tous 
les  chercheurs,  collectionneurs  et  littérateurs  de  notre  chère  Pro- 
vence, qui  avait,  comme  toujours,  mis  fort  obligeamment  et  sa 
science  et  son  urbanité  au  service  des  religieuses  franco -provença- 
les dans  leur  pèlerinage  en  Provence  :  nous  avons  nommé  notre 
confrère  L.  de  Berluc-Pérussis. 


—  32  — 

Albin.  Guy  on,  La  Brelenière,  de  Lestang-Parade,  de 
Mizenod,  Pascal is.  Piquet  de  Méjanes,  Terrasson,  le  P. 
Y  van,  ce  dernier  ornant  la  plaquette  sur  la  Miséricorde, 
sont  là  autant  de  témoinsaltestant  hautement  le  talent  spécial 
du  nouveau  Cundier.* 

Nous  devons  une  mention  toute  particulière  au  portrait 
du  «  Marquis  de  Méjanes  » ,  placé  en  tête  de  la  Notice  sur  la 
Bibliothèque  d' Aix ,  par  Б.  Rouard.  Ce  portrait  est  mal- 
heureusement sur  petit  format,  comme  la  plupart  des 
autres  ;  mais  on  peut  dire  qu'il  a  été  l'un  des  plus  savam- 
ment gravés,  car  l'artiste  sextien  s'y  est  intéressé  jus- 
qu'à rendre  de  sa  fine  pointe  les  moindres  plis  de  la  peau, 
montrant  un  véritable  art  dans  le  modelé  des  chairs  et 
une  très  heureuse  expression  de  vie.  Le  buste  de  Méjanes 
par  Houdon,  dont  il  s'est  inspiré,  décore  notre  vaste  biblio- 
thèque. Reinaud  se  surpassa  dans  colle  reproduction. 

Aussi,  le  savant  et  regretté  bibliothécaire  eut-il  recours 
maintefoîs  an  même  burin  pour  les  planches  de  ses  divers 
travaux  d'archéologie. 

Et  l'Académie  d'Aix  l'employa  presque  constamment 
pour  ses  Mémoires,  en  même  temps  que  plusieurs  de  ses 
membres  y  recouraient  pour  leurs  publications  indivi- 
duelles :  il  suffira  de  citer  l'important  Armoriai  des  Com- 
munes de  Provence,  par  Louis  de  Bresc,  avec  ses  sept  cents 
blasons.  ' 

*  Portraits  dos  Provençaux  célèbres,  à  la  Méjanes.  Recueil  fac- 
tice, 3  vol.  gd-in-f*  renfermant  nombre  d'estampes  de  graveurs 
aixois  dont  le  Manuel  de  l  Amateur,  de  Le  Blanc,  énumère  longue- 
ment l'œuvre:  60  pièces  de  Jacques  Cundicr,  mais  aucune  de  A.-B. 
Cundier. 


—  33  — 

Marias  Reioaad  excellait  aussi  pour  rendre,  et  par  le 
crayon  et  par  la  pointe,  les  vues  d'Aix  et  de  la  Provence, 
telles  que  «  la  Tour  d'Aigosy  »,  le  «  Calvaire  de  Lam- 
besc  »,  celui  de  «  Marseille,  le  a  Port  «,  de  cette  ville, 
celai  de  «  Toulon  *,  et  des  sites  des  Alpes,  souvent  ravis- 
sants, notamment  une  «  Vue  de  Digne  ». 

Noos  avons  dit  combien  il  était  heureusement  inspiré  par 
les  sujets  de  piété  ;  de  môme,  il  aurait  compté  parmi  les 
maîtres  pour  le  portrait  en  France,  s'il  avait  affectionné 
davantage  ce  genre,  ou  si  ses  occupations  multiples  de  gra- 
vure et  de  lithographie  ne  l'en  avaient  matériellement 
empêché. 

Est-ce  par  position,  est-ce  par  caractère,  qu'iln'adopta 
pour  ainsi  dire  aucun  genre  ?  Peut-être  le  métier  avait-il 
quelque  peu  dévié,  altéré  même,  un  talent  précoce,  qui 
aurait  certainement  atteint  les  plus  hautes  sommités  de  l'art. 
N'avait-il  pas  marqué  précisément  sa  vocation  de  bonne 
heure,  par  ces  interprétations  si  fidèles  de  Granel,  par  ces 
vues  d'Italie  et  autres  ? 

Nous  avons  comme  preuve  de  tant  d'aptitude  la  carte- 
adresse  de  la  maison  commerciale  Marius  Reinaud.  Qu'il 
nous  sbit  permis  de  nous  arrêter  un  instant,  la  loupe  en 
main,  sur  cette  pièce  mignonne,  témoignage  d'un  grand 
talent  d'exécution. 

An  premier  plan,  un  vaste  rideau  aux  larges  plis,  sou- 
levé par  trois  génies  ailés,  sur  lequel  on  lit  l'adresse  de 
Marius  Reinaud  ;  la  gauche  du  bas  de  ce  même  rideau,  sou- 
levé très  heureusement  (un  coup  de  vent  peut-être),  laisse 
apercevoir  la  silhouette  de  noire  chère  ville  d'Aix,  Et  sans 

effort  aucun  ,  nous  découvrons  de  ce  côté  le  clocher  de 

3 


—  34  — 

Saint-Sauveur,  la  tour  de  l'Horloge»  celle  do  Saint-Esprit  ; 
adroite,  est  le  clocher  de  Saint- Jean,  à  la  forme  svelle, 
élancée,  et  enfin  dans  le  fond,  borné  par  des  collines,  se 
dessine  parfaitement  la  tour  de  la  Queirié  et  la  fameuse 
montagne  Sainte-Victoire. 

Celte  petite  pièce,  beaucoup  moins  grande  que  la  main, 
présente  une  véritable  richesse  dans  la  composition  ;  car 
ici,  ce  n'est  plus  une  traduction,  c'est  le  génie  direct  de 
notre  artiste  se  déployant  librement  dans  le  choix  du  sujet 
si  heureusement  conçu. 

Maintenant,  si  nous  passons  au  travail  matériel  de  cette 
pièce,  nous  ne  pouvons  que  constater  combien  pointe  et  j 

burin  y  sont  associés  avec  délicatesse  et  amour  !  On  voit, 
on  sent,  que  c'est  un  témoignage  de  reconnaissance  donné 
par  l'artiste  à  sa  ville  natale,  qui  veut  la  glorifier,  en  mê- 
lant son  nom  à  la  cité  provençale  qui  Га  vu  naître,  pros- 
pérer et  mourir. 

Que  d'admiration  n'avons-nous  pas  encore  pour  celte 
autre  pièce  au  cadre  exigu  :  «  La  Maison  de  retraite,  à  Saint- 
Joseph,  présAix  »  !  Le  temps  semble  se  couvrir  ;  de  gros 
nuages  s'amoncellent  à  la  gauche  du  spectateur  ;  les  éclairs 
s'éteignent,  les  ombres  se  diffusent.  Seul,  le  premier  plan 
est  éclairé  dans  toute  sa  vigueur  d'intensité,  donnée  par 
un  pan  de  ciel  que  les  nuages  n'ont  point  encore  enve- 
loppé. 

Quel  vaste  paysage  dans  un  si  petit  format  !  En  bien  exa- 
minant l'ensemble  de  cette  estampe,  miniature  aussi  comme 
la  précédente,  on  y  remarque  un  effet  doux,  tranquille,  dont 
le  mystère  invile  à  la  rêverie.  Obeala  solitudo,  о  sola  beali- 
tudo  ;  c'est  bien  là  le  sens  de  l'inscription  latine  mise  au 


-  35  — 

bas  de  cette  petite  gravure,  interprétée  avec  infiniment  de 
bonheur  par  Marias  Reinaud. 

Tout  l'œuvre,  l'œuvre  entier,  presque,  de  cet  artiste  est 
sur  petit  format  :  il  n'a  pas  voulu  donner  de  l'envergure  à 
ses  planches  ;  on  dirait  que  son  caractère  d'extrême  modes- 
tie était  ainsi  concentré,  comme  le  plus  souvent  Tétait  le 
burineur  dans  son  cadre  local. 

Quel  contraste  ne  voyons-nous  pas  ici  entre  le  maître  et 
son  principal  élève  !  Nous  ne  parlerons  pas  du  célèbre  paysa- 
giste Constantin,  qu'il  avait  initié  à  son  art  et  dont  on  se 
dispute  encore  les  admirables  productions,  un  demi-siècle 
après  sa  mort.  Bornons-nous  à  citer  comme  élève  de  notre 
célèbre  graveur,  l'aquafortiste  Gautier,  dont  la  réputation 
a  franchi  Manche  et  détroit,  et  dont  les  grandes  estampes 
trouvent  si  facilement  acquéreurs  à  Londres  comme  à  New- 
York. 

C'est  un  hommage  rendu  à  la  mémoire  de  Marins  Rei- 
naud  que  de  reproduire  presque  in  extenso  la  lettre  suivante 
de  son  élève  Lucien  Gautier,  «  ce  brave  cœur  »,  publiée 
dans  Tune  des  principales  revues  artistiques  de  Paris  :  * 

a  Né  à  Ais-en- Provence,  le  8  janvier  1850,  mes 
parents  peu  fortunés  voulurent,  tout  en  me  donnant  une 
éducation  relative,  et  à  cause  du  penchant  que  je  semblais 
avoir  pour  le  dessin,  me  faire  suivre  les  coursa  l'école 
spéciale  et  gratuite  de  la  ville.  J'y  eus  assez  de  succès  pour 
intéresser  à  mon  avenir  le  directeur  de  l'école.  Il  aurait 
voulu  me  faire  concourir  au  Prix  Granet,  consistant  en 


*  U Art,  revue  hebdomadaire  illustrée  ;  directeur   cl  rédacteur 
en  chef  Eugène  Véroo,  28  novembre  1880. 


—  36  - 

âne  pension  faite  à  uu  élève  pour  venir  à  Paris  suivre  les 
cours  de  l'Ecole  des  Beaux-Arts  ;  mais  la  médiocrité  de  cette 
pension,  jointe  à  la  position  de  mes  parents,  ne  me  permit 
pas  de  mettre  ce  projet  à  exécution.  Il  fallait  avant  tout 
me  donner  un  état  qui  pût  au  plus  tôt  me  permettre  de 
n'être  à  charge  à  personne.  C'est  alors  que  Ton  me  plaça 
chez  mon  vénéré  maître,  M.  Marius  Reinaud,  bien  connu 
dans  le  Midi  de  la  France  par  ses  gravures  de  dévotion  et 
par  ses  eaux-fortes  de  l'œuvre  de  Granet  et  de  celle  de 
Constantin,  ses  amis. 

a  Le  but  de  mes  parents  était  de  me  faire  apprendre  la 
gravure  commerciale.  Mais  le  contact  de  mon  maître,  qui 
était  avant  tout  artiste,  l'empressement  que  je  mis  à  par- 
tager ses  idées,  me  conquirent  à  un  tel  point  son  amitié, 
que  je  négligeai  la  gravure  de  commerce  pour  ne  plus 
m'occuper  avec  lui  que  de  dessins  à  la  plume.  J'oubliai 
tout  pour  ne  m'inspirer  que  des  eaux-fortes  de  mon  maî- 
tre et  de  la  superbe  collection  qu'il  avait  amassée.  Cela  ne 
fit  pas  l'affaire  de  ma  famille. 

a  Pour  apprendre  le  métier  plus  prosaïque  et  plus  lu- 
cratif alors  de  photographe,  je  dus  quitter  mon  mailre... 
J'ai  toujours  conservé  pour  son  souvenir  une  grande  véné- 
ration. Sa  simplicité  et  ses  mœurs  patriarcales  sont  passées 
en  proverbe  dans  mon  pays.  Malheureusement,  une  trop 
grande  modestie  Га  empêché,  comme  tant  d'autres,  d'ac- 
quérir une  fortune... 

«  Le  peu  de  loisirs  que  ma  place  (dans  une  administra- 
tion, à  Paris)  me  procure,  je  les  consacre  à  la  gravure.  Cela 
m'est  assez  pénible,  c'est  surtout  le  soir  qu'il  me  faut  tra- 
vailler... » 


—  37  — 

Le  rédaclenr  deYArt,  M.  Paul  Leroi,  se  félicite  d'avoir 
découvert  M.  Gautier,  qui  о  fait  preuve  d'une  magistrale 
cràoerie  »  ;  et  que  la  presse  anglaise  a  tout  particuliè- 
rement distingué  dans  un  unanime  concert  d'éloges.  Il 
termine  en  disant  : 

e  II  est  très  fort  ce  jeune  aquafortiste  qui  ne  peut  con- 
sacrer à  son  art  que  ses  trop  rares  loisirs,  et  qui  prend  sur 
ses  veilles  pour  produire  de  temps  en  temps  une  de  ces 
créations  sincères,  d'une  originalité  puissante,  comme  son 
«  Petit  bras  de  la  Seine  «...Notre  Revue  pourra  publier 
toute  une  série  de  planches  nouvelles  que  va  graver  expres- 
sément pour  elle  l'ancien  élève  de  Marius  Reinaud.   » 

Ce  témoignage  d'admiration,  de  reconnaisssance  pour 
le  maître  n'est-il  pas  touchant  ?  La  mémoire  du  grand 
artiste  provençal,  presque  oublié,  méconnu,  comme  nous 
le  disions  au  début  de  notre  élude  biographique,  est  ainsi 
noblement  gardée. 

De  même,  avons-nous  dit,  son  œuvre  fécond  est  aujour- 
d'hui conservé  dans  les  richissimes  dépôts  de  la  Bibliothè- 
que Nationale  à  Paris,  delà  Méjanes  à  Âix,  comme  chez 
bien  des  délicats,  des  admirateurs  passionnés  de  notre  com- 
patriote. 

Souhaitons  que  le  Musée  de  la  Ville,  où  Ton  remarque 
tant  d'œuvres  intéressantes,  contienne  aussi  un  choix  des 
plus  belles  œuvres  de  Marius  Reinaud. 

Et  nul  doute  que  la  Municipalité,  si  soucieuse  de  nos 
gloires  artistiques,  littéraires,  scientifiques,  ne  veuille,  au 
plus  tôt,  rendre  un  hommage  à  cette  illustration  locale,  soit 
en  donnant  le  nom  de  Marius  Reinaud  à  lune  de  nos  rues, 


—  38  — 

où  tous  les  arts  brillent  déjà  largement,  soit  en  faisant 
revivre  par  le  marbre  on  le  pinceau  cette  figure  amie  du 
pays  et  de  l'art,  une  des  figures  les  pins  nobles  de  la  noble 
cité  de  Sextius. 


CATALOGUE 


DE    L'ŒUVRE    DE    REIJ4AUD 


1 


Faire  connaître  un  artiste  provençal  et  distingué 
tel  que  Va  été  Marius  Reinaud  par  les  détails  de  sa 
vie,  ainsi  que  vient  de  le  raconter  avec  tant  cTéru- 
dition  rhonorable  académicien  F.  Vidal ,  с  est  lui 
assigner  Vestime  que  dans  notre  chère  Provence  les 
gens  de  goût  et  T opinion  publique  se  plaisent  toujours 
à  accorder  au  vrai  mérite. 

Mais,  pour  juger  entièrement  de  la  fécondité  artis- 
tique du  dessinateur-graveur,  nous  ne  pouvons  mieux 
faire,  avant  de  donner  la  description  de  son  œuvre 
gravé,  que  de  dire  quelques  mots  sur  ses  compositions 
originales  dessinées. 

ZKabord  et  toujours  de  très  petite  dimension,  les 
dessins  originaux  du  Maître  étaient  traités  soit  à  la 
mine  de  plomb,  soit  à  la  sépia,  lavés  dC  encre  de  Chine  ; 
et  comme  il  devait  lui-même  être  le  Jidèle  «  inter- 
prétateur -» par  le  burin  ou  la  pointe,  de  son  sentiment 
et  de  ses  intentions,  il  ri hésitait  pas  à  terminer  et 
finir  complètement  pour   en  avoir  une  appréciation 

juste  et  vraie. 

Tous  sont  tracés  avec  grand  soin,  le  contour  ferme 
et  délicat  est  arrêté  cTune  main  sûre,  renforcé  dans 


—  42  — 

ses  ombres  (Тип  lavis  léger  ou  intense  —  selon  le 
cas  —  afin  (Ten  obtenir  tout  Г  effet  désiré  et  cherché. 

Aussi ,  quiconque,  ayant  le  sentiment  de  Part, 
examine  avec  attention  ces  originaux,  remarque  aisé- 
ment, dans  la  touche  et  le  procédé,  combien  ces  petits 
chefs-d'œuvre  sont  admirables  de  science,  de  pureté, 
en  même  temps,  que  très  personnels. 

En  ce  qui  concerne  son  œuvre  gravé,  nous  n'avons 
nulle  prétention  de  croire  notre  travail  complet,  bien 
que  nous  ayons  puisé  nos  renseignements  dans  les 
cartables  de  nos  amateurs  aixois  et  notre  propre 
collection  formée  depuis  plus  de  trente  années. 

La  tâche  était  par  trop  difficile,  même  impossible, 
dirons-nous,  pour  supposer  un  seul  instant  avoir  tout 
vuy  découvert  et  décrit  en  ce  qui  concerne  Г  œuvre 
si  multiple  du  Maître. 

Que  Ton  nous  pardonne  donc  notre  modeste  entre- 
prise ,  dictée  absolument  par  la  plus  pure  affection 
envers  ce  consciencieux  et  habile  artiste  que  nous 
avons  beaucoup  connu  et  souvent  fréquenté. 

R.  F. 


DIVISIONS  DU  CATALOGUE 


1°  Pièces  provençales,  comprenant  :  Portraits,  Sujets 
religieux,  Sujets  profanes,  "Vues,  Paysages,  Genre  ; 
2°  Portraits  non  provençaux  ; 
3°  Vues,  Paysages,  Genre  ; 
4°  Sujets  religieux  ; 
5°  Sujets  profanes. 

Abréviations  : 

P.  en  H.       veut  dire  :  Pièce  en  hauteur. 

P.  P.  en  H.         ce  Petite  pièce  en  hauteur. 

P.  en  L.              «  Pièce  en  largeur. 

P.  P.  en  L.         ce  Petite  pièce  en  largeur. 

Les  planches  cuivre  ou  acier  gravées  par  Marius  Reinaud 
étant  encore  en  majeure  partie  dans  les  collections  de  nos 
amateurs  aixois,  nous  les  mentionnerons  par  les  abrévia- 
tions suivantes  : 

Possessenrs  Abréviations 

La  Planche  cuivre  est  dans  la  IL  _     _,.  4  ,       ,       „  _  . 

collection  de  M.  Paul  Arnaud.    S  La  pl-  c-  est  dans  la  colL  p  A 

La  Planche  cuivre  est  dans  I  _     _.  ,        .       „   _    ^ 

la    collection   de    M.    Léopold  5  La  Pl.  с  est  dans  la  coll.  L.  D. 

Durand.  jj 

La   Planche  cuivre  est  dans  ш  t    «,  .  ,        .        ..   „  лт 

la  collection   de   M.  François  g  La  Pl.  с  est  dans  la  coll.  F.V. 

Vidal. 

la  ыЙоГаеТ  fayid  ?  L"  И"  *■  «*  dans  la  «»«•  «  F" 
Ferrier. 

Les  mêmes  abréviations  seront  observées  pour  indiquer  les  amateurs 

en  possession  de  dessins  originaux. 


PIECES  PROVENÇALES 


PORTRAITS.  —  SUJETS  RELIGIEUX.  —  SUJETS  PROFANES. 
VUES.  —  PAYSAGES.  —   GENRE,  ETC. 

PORTRAIT  DE  M*'  DE  BELZUNCE. 

P.  en  h. 

Le  portrait,  comme  l'éloge  et  l'oraison  funèbre  de  l'im- 
mortel Évéque  de  Marseille,  ont  été  faits  par  bien  des 
auteurs.  Henri-François-Xavier  Belzunce  de  Castel-Moren  est 
né  au  château  de  la  Force  en  Périgord  ,  en  1 671  ;  mort 
en  4755. 

J.-A.  CONSTANTIN,  peintre. 

D'après  Gras. 

P.   lithographiée  en  h. 

Né  dans  la  banlieue  de  Marseille  en  4756,  mort  à  Aix  en 
4844.  Fit  de  sérieuses  études  à  Rome  et  revint  à  Aix  pour 
être  nommé  directeur  de  notre  école  de  dessin.  Chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 

Peintre  paysagiste  de  talent,  a  surtout  excellé  dans  ses 
dessins  lavés  d'encre  de  Chine,  dont  la  touche  et  les  effets 
se  rapprochent  énormément  des  productions  du  premier 
grand  mattre  traducteur  de  la  nature,  Claude  Lorrain. 

Cinq  essais  de  gravure  ont  été  faits  par  Constantin,  parmi 
lesquels  nous  citerons  le  plus  heureux,  intitulé  :  Le  canal 
cl9 Is  très. 

LE  COMTE  DE  FORBIN  L.-N.-P.-A. 

DIRECTEUR    DES   MUSÉES   DE   FRANCE. 

D'après  Ingres. 
P.  en  h. 

Portrait  à  mi-corps  vu  de  t rois-quarts,  légèrement    tourné 


—  46  — 

à  droite.  Tête  nue,  figure  intelligente  très  heureusement 
exprimée  par  une  très  grande  justesse  dans  les  travaux  de  la 
pointe;  d'ailleurs  notre  graveur  a  voulu  porter  sa  science  de 
traduction  dans  la  figure  pour  négliger  presque  l'habit  dont 
iJ  est  vêtu,  portant  déjà  les  insignes  de  la  Légion  d'honneur. 

Né  à  La  Roque-d'Antheron  (B.-du-R.)  en  4777,  mort  à 
Paris  en  4  8И. 

Elève  de  Boissieu  et  de  David,  membre  de  l'Institut,  direc- 
teur général  des  musées  royaux  et  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, a  exposé  aux  salons  de  peinture  de  4800  à  4840. 

Il  existe  dans  la  collection  d'un  amateur  de  notre  ville  un 
essai  de  gravure  de  A.  de  Forbin  représentant  la  tour  Haute- 
Rive  en  Dauphiné  ;  en  examinant  de  près  cette  rarissime 
épreuve  on  sent  l'influence  de  son  premier  maître  Boissieu. 

Une  très  rare  épreuve  de  4"  état  existe  dans  les  nom- 
breuses collections  de  l'obligeant  commandant  H.  Guillibert, 
où  Ton  voit  ce  même  portrait  déjà  décrit  avec  le  ruban  de  la 
Légion  d'honneur  à  la  droite  de  la  boutonnière  de  son  habit. 

La  Planche  cuivre  est  conservée  à  Aix  dans  la  collection 
de  M.  Paul  Arbaud. 

LE  CHEVALIER   GRAXET,  peintre, 

MBMBBK   DE   L'INSTITUT. 

D'après  Ingres. 
P.  en  h. 

Yu  de  face  légèrement  tourné  à  gauche,  tenant  une  palette 
rectangulaire  dans  sa  main  droite. 

L'ensemble  de  ce  portrait  est  un  peu  plus  poussé  que  celui 
du  Comte  de  Forbin  son  ami,  ce  qui  ne  nuit  nullement  au 
bon  effet  de  l'ensemble. 

Né  à  Aix-en-Provence  en  4775,  mort  en  4849,  élève  de 
Constantin  et  de  David,  comtemporain  de  M.  le  Comte  de 
Forbin,  qui,  par  sa  protection,  le  fit  entrer  dans  l'atelier  de 
David,  passa  de  longues  années  à  Rome,  retourna  à  Paris,  où 


—  47  — 

il  fat  très  remarqué  dans  ses  expositions  de  4799  à  4847. 
Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  4849,  membre  de  l'Ins- 
titut en  4830. 

Il  a  légué  à  sa  ville  natale  sa  fortune  et  la  majeure  partie 
de  ses  tableaux  pour  en  former  un  musée  actuellement 
installé. 

Granet  n'a  gravé  qu'une  seule  planche,  assez  sèchement 
exécutée,  représentant  un  Intérieur  d'Auberge.  Nous  n'en 
connaissons  que  deux  rares  épreuves  conservées  dans  les 
collections  de  MM.  Paul  Àrbaud  et  R.  Ferrier. 

JACQUES  GASSIER, 

AVOCAT  AU  PARLEMENT  DE  PROVENCE. 

D'après  Maurin. 
P.  en  h. 

Ce  célèbre  avocat  au  Parlement  de  Provence,  annobli  par 
Louis  XVI  en  4777,  est  né  à  Brignoles  en  4730  et  mort  à  Aups 
(Var)  en  4844.  Le  chef  de  cette  famille,  François-Jules  de 
Gassier,  fixé  à  Aix,  est  allié  aux  MM.  de  Bresc  et  de  Berlue. 

LE  MARQUIS  DE  MÉJANES. 

D'après  Houdon. 

P.  en  h. 

Le  portrait  du  Marquis  de  Méjanes  est  en  buste  reposant 
sur  un  piédouche,  vu  presque  de  face,  tête  couverte  d'une 
abondante  chevelure  rejetée  en  arrière. 

Il  est  vêtu  d'un  simple  habillement  négligemment  ouvert 
devant  la  poitrine  ainsi  que  le  collet  de  sa  chemise. 

En  examinant  attentivement  la  touche  de  ce  portrait  Ton 
sent  dans  la  conduite  des  travaux  de  la  pointe  un  sentiment 
exquis  de  délicatesse  pour  en  arriver  à  traduire  l'expression 
de  surprenante  vérité.  11  était  difficile  de  rendre  avec  plus  de 


—  48  — 

bonheur  le  modelé  des  chairs  de  cette  intelligente  figure  qui 
fut  notre  Mécène  aixois.  *  * 

Le  modèle  en  marbre  qui  servit  à  Marius  Reinaud  est  un. 
chef-d'œuvre  du  statuaire  Houdon. 

PORTRAIT  DE  M.  de  PARADE  MELCHIOR  de  LESTANG. 

D'après  A.  de  Parade. 
P.  en  h. 

La  famille  des  Chevaliers  de  Malte  Alexandre  et  Melchior 
de  Lestang-Parade,  remonte  au  XI*  siècle  et  compte  des  sa- 
vants, des  magistrats  ;  l'un  d'eux  fut  consul  d'Aix  en  1764. 

J.-J.-P.  PASCALIS, 

AVOCAT   A   A1X. 

P.  ovale  en  h. 

Ce  portrait  orne  le  remarquable  ouvrage  de  M.  Ch.  de 
Ribbe  :  «  Pascalis,  étude  sur  la  fin  de  la  constitution  proven- 
çale »  ;  Paris,  Dentu,  4854,  in-8e. 

PORTRAIT  DE  MARIUS  REINAUD, 

GRAVEUR   A   AIX. 

D'après  Belliard,  son  ami. 
P.  lithographiée  en  h. 

Vu  de  face  légèrement  tourné  à  gauche. 

Pièce  assez  rare  dont  nous  ne  connaissons  que  4  ou  5 
épreuves. 

Physionomie  douce  et  souriante  que  le  crayon  de  notre 
maître  a  très  heureusement  rendu. 

Il  existe  chez  l'honorable  M,,e  Aubert,  fille  du  regretté 
président  du  tribunal  de  commerce  à  Aix,  un  admirable  des- 

*  H  était  l'oncle  des  Marquis  de  Lagoy  qui,  eux  aussi,  se  sont 
illustrés  dans  la  gravure  à  Геаи-forte,  la  numismatique  et  les 
sciences. 


—  49  — 

sin  lavé  d'encre  de  Chine,  ayant  de  grandes  analogies  avec 
le  portrait  que  nous  venons  de  décrire. 

M1"  Aubert  a  bien  voulu  nous  confier  cet  original  pour  en 
faire  prendre  une  copie,  que  M.  G.  Michaud  a  exécuté  à  la 
plume  avec  un  talent  inimitable. 

LE  ROI  RENÉ. 
P.  lithographiée  en  h. 

Reproduction  fidèle  de  la  statue  de  notre  bon  Comte  de 
Provence  exécutée  par  David  et  érigée  en  4823,  que  nous 
voyons  encore  actuellement  sur  le  Cours  d'Àix. 

Seulement,  le  dessin  de  notre  artiste  ayant  été  traduit  sur 
la  pierre  lithographique  par  un  nommé  Ogier,  certaines  par- 
ties peuvent  provoquer  la  critique.  Qu'il  nous  suffise  de  rele- 
ver cette  particularité  sans  entrer  dans  les  détails  qui  nous 
entraîneraient  trop  loin. 

LE  PÈRE  A.  Y  VAN. 
P.  en  h. 

Le  P.  Antoine  Yvan  né  à  Rians  en  4576,  mort  à  Aix  en 
4653,  avait  fondé  dans  cette  ville  le  monastère  des  Dames  de 
la  Miséricorde  dont  la  maison-mère  est  aujourd'hui  à  Paris. 
Voir  la  Notice  «  N.-D.  des  Sept  Douleurs  »,  par  le  chanoine 
Thaneron.  Aix,  imp.  Nicot,  4854,  in-8\ 

SAINTE  MADELEINE. 
P.  en  h. 

La  Sainte  est  assise  dans  une  grotte,  accoudée  de  son  bras 
droit  sur  des  rochers,  pleurant  et  gémissant. 

A  sa  droite,  une  tête  de  mort  et  une  croix  penchée. 

Dans  le  haut  et  hors  de  la  composition  on  lit  :  A  la  Sainte- 
Baume,  dans  le  bas  :  Su  Madeleine,  etc. 

Le  dessin  original  lavé  de  sépia  et  la  planche  cuivre  font 
partie  de  la  collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

4 


—  50   — 

NOTRE-DAME  DE  LA  SEDS. 
P.  en  h. 

Cette  Vierge  si  populaire  et  si  vénérée  dans  notre  ville 
est  debout,  tenant  l'enfant  Jésus  à  sa  droite  et  le  sceptre  à  sa 
gauche  ;  elle  est  vêtue  d'une  robe  richement  brodée  en  feuilles 
vignes  et  raisins  ;  sa  tète  couronnée  est  surmontée  d'une  au- 
réole de  dix-sept  étoiles  qui,  ressortant  sur  un  fond  noir, 
forme  un  très  bel  effet.  Dans  le  haut  et  hors  de  la  composi- 
tion on  lit  :  Notre-Dame  de  la  Seds,  et,  dans  le  bas,  une  ins- 
cription et  annotation  en  huit  lignes. 

Le  ravissant  dessin  original  de  cette  Vierge  est  fait  à  la 
mine  de  plomb  et  admirablement  traité. 

NOTRE-DAME  DES  SEPT  DOULEURS  ou  DE  MISÉRICORDE 

A  AIX. 
P.  en  h. 

Pour  le  tableau  reproduit  par  ce  chef-d'œuvre  de  Marius 
Reinaud,  voir  : 

Roux-Alphéran.  «  Les  Rues  d'Aix  »  (ouvrage  se  trouvant 
dans  toutes  les  bibliothèques  provençales)  ; 

Le  chanoine  J.  Thaneron.  Notice  sur  la  vénérable  image  de 
N.-D.  des  Sept  Douleurs  dans  la  chapelle  de  la  Miséricorde 
de  la  ville  d'Aix  (plaquette  rarissime  en  notre  possession 
ainsi  que  la  planche  gravée  et  celle  du  P.  Yvan). 

AUX  AMIS  DE  LA  PAIX. 

P.  en  rond  dont  la  partie  basse  seulement  est  encadrée 
dans  une  bordure  ornementée. 

Une  vaste  perspective,  dominée  par  des  maisons  et  platanes, 
représente  sans  doute  une  ancienne  voie  de  Marseille.  Au 
1er  plan,  des  bornes  en  pierre  rapprochées,  dont  deux  sont 
reliées  par  une  chaîne  ayant  pour  but  d'empêcher  l'accès  des 
voitures. 


—  51   — 

Ли  1"  plan,  des  marchandes  d'oranges  vendant  à  divers 
acheteurs. 

Vaste  étiquette  de  boîte  ronde  pour  confiseur. 

UNE  BASTIDE  EN  PROVENCE  AUX  ENVIRONS  DAIX. 

P.  lithographiée  en  l. 

Si  un  Aixois,  connaissant  bien  son  territoire,  se  trans- 
porte par  le  souvenir  sur  la  route  d'Italie,  entre  le  moulin 
à  eau  du  pont  des  Trois-Sautets  et  le  hameau  de  Palette,  il 
trouvera  à  sa  gauche  une  bastide  à  deux  toitures  inégales 
avec  sa  façade  principale  visant  au  midi,  percée  de  neuf  ou- 
vertures, et  ayant  sur  le  devant  une  terrasse  soutenue  par 
une  vaste  et  haute  muraille. 

Cette  construction  est  faite  sur  des  rochers  épars,  mais 
dont  les  intervalles  sont  pittoresquement  , remplis  par  des 
chênes  kermès. 

A  droite  du  spectateur,  un  bouquet  de  pins  venant  aboutir 
près  de  la  bastide. 

Un  tel  sujet  champêtre  ne  pouvait  que  tenter  notre  maître. 

Le  velouté  du  procédé  et  la  dégradation  des  divers  plans 
donnent  à  cette  composition,  traitée  en  croquis,  la  vraie  sincé- 
rité d'un  de  nos  sites  provençaux  les  plus  agrestes,  les  plus 
ensoleillés. 

Telle  est  l'épreuve  que  nous  avons  vue  et  mieux  voulu 
contrôler,  en  nous  transportant  sur  place.  A  peu  de  chose 
près  tout  existe  encore,  sauf  le  bouquet  de  pins  disparu  et 
la  transformation  des  fenêtres  du  4"  étage,  qui  primitivement 
étaient  de  style  Henri  II. 

CARTE  COMMERCIALE  D'ADRESSE  DE  MARIUS  REIN  Al  )D, 

GRAVEUR. 

P.  P.  en  L. 
Voir  page  33. 


—  52  — 

CARTE  DU  CERCLE  DU  COMMERCE  D'AIX. 

P.  en  l. 

Dans  un  ovale  en  largeur,  bordé  d'un  encadrement  carré, 
laissant  aux  quatre  angles  intérieurs  un  espace  restreint  dans 
lequel  notre  graveur  a  su  loger  tous  les  attributs  du  com- 
merce. 

Au  centre  on  lit  :  Cercle  du  Commerce  M.  XX.  sociétaire. 

Ce  genre  de  cartes  artistiques  est  malheureusement  aujour- 
d'hui bien  peu  en  faveur. 

UNE  ÉTIQUETTE  DE  CONFISEUR. 
P.  ovale  en  l.  lithographiée. 

Au  centre  de  cet  ovale  composé  de  fleurs,  rocailles  et  en- 
roulements on  lit  :  Giraud-Ginésy  F"%  confiseurs,  sur  le 
Cours,  42,  à  Aix  (Provence). 

Une  des  rares  lithographies  que  le  maître  avait  daigné 
exécuter,  -laissant  ordinairement  ces  sortes  de  travaux  moins 
artistiques  à  son  frère  Jules  Reinaud. 

La  pierre  lithographique  est  conservée  dans  la  collection 
d'un  amateur  de  notre  ville. 

AU  FIDÈLE  BERGER. 

P.  en  rond  encadrée  dans  une  bordure  ornementée. 

Au  centre,  tout  près  de  deux  pieds  d'arbres,  une  bergère 
est  assise,  tenant  une  houlette  de  sa  main  droite  ;  elle  sem- 
ble écouter  les  serments  d'amour  qu'un  berger  lui  fait  à 
genoux,  la  main  portée  au  cœur  et  tenant  lui  aussi  la  hou- 
lette de  sa  main  gauche. 

Entre  les  deux  personnages,  un  chien  caressant  sa  maî- 
tresse ;  tout  à  côté,  deux  moutons  couchés. 

On  remarque  à  la  droite  du  fond  un  château  dans  les  om- 
brages, plus  un  rocher. 

Les  armes  de  France  occupent  la  partie  inférieure  du  cen- 
tre, et  plus  bas  on  lit  :  Dusouchet,  breveté,  etc. 

Vaste  étiquette  de  boîte  ronde  pour  confiseur. 


-  53  — 

PLAN  ET  DESSIN  DE  LA  FENÊTRE  ET  DE  LA  BOISERIE 

A  SAINT-JEAN-DE-MALTE  A  AIX. 

P.  Uthographiée  en  и. 

La  fenêtre  absidale  de  Saint- Jean-de-Malte  semble  re- 
monter au  XIV*  siècle.  Aveuglée  au  XVIIe  par  le  prieur 
Viany,  elle  a  été  réouverte  en  4858,  et  ornée,  l'an  d'après, 
d'une  belle  verrière.  Une  notice  lui  a  été  consacrée  par 
M.  Alexis  de  Fonvert  dans  le  lome  IX  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démie d'Aix. 

La  boiserie,  toute  moderne,  du  chœur  de  Saint-Jean,  a  été 
installée  peu  après  la  verrière. 

Plus  récemment  (1895),  la  rosace  qui  surmonte  le  portail 
de  Saint-Jean,  et  que  les  Chevaliers  de  Malte  avaient  égale- 
ment obstruée,  a  été  réouverte  à  son  tour. 

QUELQUE  CHOSE,  S'IL  VOUS  PLAIT. 

D'après  J.  Gaut. 

P.  Uthographiée  en  h. 

Une  mendiante  accroupie,  tenant  un  enfant  au  maillot,  tend 
sa  main  gauche  aux  passants.  Un  jeune  garçon,  tête  nue, 
grelotte  de  froid,  car  la  neige  couvre  complètement  le  sol. 

Tout  nous  porte  à  croire  que  la  scène  se  passe  dans  une  de 
nos  rues  d'Aix,  car  nous  reconnaissons  dans  le  lointain  la 
silhouette  aiguë  du  clocher  de  Saint-Jean  dominant  parmi  les 
nombreuses  toitures  blanchies  de  neige. 

Lithographie  faisant  partie  de  la  suite  du  journal  illustré 
ayant  pour  titre  Le  Cygne  fondé  à  Aix  en  4840,  comprenant 
65  numéros  parus,  devenus  très  rares  aujourd'hui. 

Notre  maître,  quoique  très  peu  porté  pour  la  gravure  sur 
pierre,  n'hésita  pas,  sur  les  sollicitations  qui  lui  furent  adres- 
sées, d'y  collaborer  de  son  habile  crayon  poux  une  très  large 
part,  en  compagnie  des  Clérian,  J.  Gaut,  Gras,  etc. 


-  54  — 

Ufc  IVA1X-EN-PR0VENCE. 
P.  en  r. 

>  ;u?  sÀ  Vi\  se  déploie  dans  son  plus  grand  parcours,  à 
%v..iv<fcK  **  clocher  de  Saint-Sauveur,  la  grande  horloge, 
Xv*uvJk*u  extra  mures  л  Saint-Esprit  et  Saint-Jean,  tous  les 
чччч^ксг$  apparaissent  facilement  aux  yeux  du  spectateur  ; 
pt№  loin,  les  T rois-Moulins  actuellement  démolis,  la  tour  de 
la  Queirié  et  enfin  le  mont  Sainte- Victoire. 

Au  1er  plan  et  à  droite,  des  jardins  maraîchers  ;  à  gauche, 
une  allée  d'ormeaux  allant  aboutir  à  l'entrée  du  Cours. 

Vaste  étiquette  de  boîte  ronde  pour  confiseur. 

La  Planche  cuivre  est  encore  entre  les  mains  de  l'industriel, 
M.  Barthélémy,  confiseur,  à  Aix,  qui  l'avait  spécialement 
commandée  pour  lui-même  à  Marius  Reinaud. 

CLOITRE  DES  CAPUCINS  DE  SALERNES. 

D'après  Clérian. 
.  P.  lithographiée  en  l. 

Au  centre  du  fond,  la  perspective  du  cloître  sous  lequel 
marche  un  religieux  paraissant  lire  son  bréviaire. 

Sur  le  devant  du  4"  plan,  deux  colonnes  soutenant  des 
arceaux  à  moitié  ruinés  par  un  incendie  survenu  en  4789. 

Croquis  de  premier  jet  et  nullement  recherché. 

Nous  croyons  ce  cloître  situé  dans  le  Var  ayant  appartenu 
en  4850  à  la  famille  Pontevès. 

VUE  DE  DIGNE. 

P.  en  r.  encadrée  dans  une  double  bordure  de  feuilles 

d'acanthes  et  de  lauriers. 

La  ville  de  Digne  est  vue  à  droite  du  spectateur,  au  pied 
des  montagnes  ;  le  clocher  qui  domine  est  la  cathédrale  ; 
dans  le  centre,  plusieurs  montagnes,  dont  certaines  sont  cou- 
vertes de  neige  ;  la  première  colline,  c'est-à-dire  colle  tou- 
chant les  maisons  de  gauche,  et  derrière  les  plus  grands  ar- 


—  So- 
bres du  2"*  plan,  est  la  colline  dite  de  Saint- Vincent,  où  les 
habitants  et  étrangers  grimpent  pour  recueillir  ces  petites 
pierres  étoilées  connues  sous  le  nom  de  pierres  de  Saint- 
Vincent. 
A  gauche  de  l'estampe,  un  vaste  pont  à  sept  arches  sous 

lequel  coule  la  Bléone. 

Vaste  étiquette  de  botte  ronde  pour  confiseur. 

ERMITAGE  DE  ROQUEFAVOUR. 

P.  en  l. 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  redire  ce  que  nous 
avons  écrit  sur  ce  sujet  dans  le  journal  Y  Echo  des  Bouches- 
du-Rhôneàw  26  juin  4887. 

«  L'Ermitage  de  Roquefavour,  près  d'Aix,  dessiné  et  gravé 
par  M.  Reinaud,  pièce  précieuse  s'il  en  fut,  qui  décèle  bien 
tout  le  talent  de  son  auteur.  M.  Reinaud  partit  un  jour  d'Aix 
et  se  rendit  à  cet  ermitage  si  souvent  visité  ;  là,  choisissant  un 
point  de  vue  favorable,  il  dessina  ce  site  charmant  qu'il  re- 
produisit ensuite  sur  acier.  Que  de  finesses  dans  tous  les 
détails  du  dessin  !  la  pointe  unie  au  burin  a  attaqué  le  métal 
avec  légèreté  ou  vigueur,  selon  l'effet  cherché.  Les  effets  de 
perspective  sont  nets  et  délicats,  les  lumières  et  demi-teintes 
sont  aussi  savamment  comprises  et  exécutées  ;  en  un  mot,  il 
est  impossible,  ce  nous  semble,  de  rendre  avec  plus  de 
bonheur  et  de  vérité  cette  nature  si  pittoresque  et  rocheuse 
qui  caractérise  si  bien  notre  belle  Provence.  Cette  œuvre 
seule  prouve  jusqu'à  quel  degré  de  force  pouvait  atteindre 
notre  artiste,  et  quand  bien  môme  elle  aurait  été  unique, 
nous  n'aurions  pas  hésité  à  la  décrire.  » 

Il  existe  dans  la  coll.  R.  F.  quatre  épreuves  d'état  très  in- 
téressantes à  consulter. 

La  planche  acier  est  dans  la  coll.  P.  A. 

ENVIRONS  D'AIX. 
P.  lithographiée  en  l. 
Paysage  d'après  nature  dessiné  et  gravé  par  le  maître,  re- 


—  56  — 

présentant  l'ancien  pont  de  la  Torse  sur  la   route  d'Italie, 
ombragée  dans  cette  partie  par  de  vieux  arbres  séculaires. 

A  droite,  la  légendaire  tour  d'Aygosi,  que  tout  paysagiste  a 
dû  dessiner. 

Le  suave  dessin  lavé  de  sépia  est  conservé  dans  la  collec- 
tion d'un  amateur  de  notre  ville. 

FONTAINE  DE  VAUGLUSE. 
P.  en  r. 

Gigantesque  site  rocheux,  de  forme  circulaire. 

Dans  la  partie  basse  du  fond,  on  remarque  une  vaste  et 
sombre  excavation  d'où  jaillit  une  immense  source  (la  Sor- 
guej  qui  vient  couler  jusqu'au  devant  de  l'estampe. 

A  droite  du  spectateur,  Ton  remarque  des  fabriques  de  pa- 
pier établies  sur  les  bords  de  la  rivière. 

Au  sommet  de  la  montagne,  les  ruines  d'un  château. 

Dans  le  bas  et  hors  de  la  composition,  on  lit  les  noms  du 
confiseur  Cognasse  Beaupré,  qui  avait  commandé  la  planche  à 
notre  graveur. 

Pièce  très  heureusement  traitée  et  peu  commune. 

VUE  DE  MARSEILLE. 
P.  P.  en  h. 

Composition  ayant  de  grandes  analogies  avec  les  mêmes 
vues  de  Marseille  déjà  décrites,  seulement  notre  artiste  ne 
manquait  jamais  d'y  apporter  quelques  changements,  par 
additions  ou  variantes. 

VUE  DE  MARSEILLE. 
P.  dans  un  ova'e  en  l. 

Composition  entourée  d'attributs  maritimes  et  commer- 
ciaux. Au  centre  le  port  charge  de  vaisseaux,  bornée  au  fond 
par  des  maisons,  le  fort  Saint-Jean,  et  iiualeinent  les  collines 
de  la  Nerthc 


—  57  — 

MAISON  DE  RETRAITE  A  SAINT-JOSEPH, 
près  Aix  (B.-du-R.J. 
P.  P.  en  l. 
Voir  page  3i. 

VUE  DU  PONT-DE-L'ARC,  près  d'Aix. 

P.  en  l.  lithographiée  par  E.  de  Cabre. 

D'après  ud  dessin  de  Mari  us  Reinaud. 

Charmant  paysage  représentant  un  site  des  environs  d'Aix, 
fait  d'après  nature. 

Le  centre  du  fond  est  occupé  par  le  pont  de  Г  Arc  à  deux 
arches,  sous  lequel  coule  la  rivière  du  même  nom.  A 
droite,  les  rives  plantées  de  chênes  et  joncs.  Au  4"  plan, 
deux  pécheurs  dont  l'un  prépare  son  filet,  l'autre  péchant  à 
la  ligne. 

Au  bas  de  l'épreuve,  on  lit  à  gauche  :  M.  Reinaud  del  ;  à 
droite,  Lith.  de  E,  de  C. 

L'établissement  des  presses  lithographiques  de  E.  de  Cabre 
était  installé  sur  le  Cours  à  Aix. 

Nous  avons  cru  pouvoir  comprendre  dans  notre  catalogue 
et  devoir  indiquer  aux  amateurs  cette  pièce  ayant  la  rare 
particularité  d'être  composée  et  exécutée  par  deux  artistes 
différents. 

VUE  DU  PORT  ET  DE  L'ARSENAL  DE  TOULON. 

P.  en  l. 

A  droite  et  à  gauche,  des  vaisseaux  en  cours  de  construc- 
tion ;  au  centre  du  2"#  plan,  un  navire  que  les  ouvriers 
calfate  réparent  ;  le  lointain  est  indiqué  par  la  mer  chargée  de 
six  vaisseaux  alignés  de  front. 

Composition  très  animée. 

VUE  DU  PORT  DE  MARSEILLE. 

P.  en  l. 

Au  bas  dans  le  centre,  le  port  dallé  sur  lequel   reposent 


—  58  — 

des  marchandises  que  des  portefaix  sont  en  train  de  charger  ; 
au  4 "plan,  trois  marchands  juifs  et  syriens  débattent  les 
prix. 

Au  2Be  plan,  la  mer^bordée  à  droite  et  à  gauche  de  maisons. 

Jolie  composition  d'un  bon  effet. 

PAYSAGE. 

D'après  PlLLEMBNT. 

P.  en  l. 

Site  des  environs  d'Aix,  entièrement  rocheux,  au  milieu 
duquel  coule  en  cascade  la  rivière  de  l'Arc,  dont  la  vue  est 
prise  au  quartier  dit  les  Bains-de-Lan gesse. 

Au  bas  on  lit  :  Dédié  à  M.  Gassier,  Nn  à  Aix. 

Pièce  peu  répandue. 

CLOITRE  DE  SAINT-TROPHIME  A  ARLES. 

D'après  Granet. 
P.  en  h. 

Vaste  corridor  voûté  au  milieu  duquel  cinq  capucins  dans 
de  différentes  attitudes  conversent. 

A  droite,  les  arcades  du  cloître  en  perspective  sont  soute- 
nues par  de  petites  colonnes,  surmontées  de  riches  chapiteaux 
sculptés. 

Il  est  difficile  de  mieux  rendre  sur  une  surface  plane  l'il- 
lusion du  fuyant,  si  heureusement  obtenu  dans  ce  sujet. 

LA  TOUR  D'AYGOSI. 
P.  en  h. 

Charmante  estampe  dessinée  et  gravée  par  notre  maître 
aixois,  d'une  pointe  minutieuse  et  facile. 

Cette  tour  date  du  XIV*  siècle  et  doit  son  nom  aux  Aygosi 
qui  la  possédèrent  pendant  plusieurs  siècles. 

Le  dessin  original  à  la  mine  de  plomb,  d'après  lequel  cette 


—  59  — 

pièce  a  été  gravée,  fait  partie  de  la  collection  d'un  amateur  de 
notre  vDle. 

L'érudit  et  consciencieux  M.  Roux-Alphéran  a  écrit  une 
très  intéressante  notice  à  ce  sujet. 

VUE    DE    VAUCLUSE. 
P.  lithographiée  en  h. 

Charmante  composition  représentant  l'entrée  de  ce  petit 
village  que  l'on  distingue  dans  le  fond. 

Au  4 #r  plan,  un  vaste  pont  à  deux  arches  inégales,  sous 
lequel  coule  la  Sorgue. 

CLOITRE  DE  SAINT-SAUVEUR  A  AIX, 

D'après  Geanbt. 

P.  en  l. 

Presque  au  centre,  une  galerie  en  perspective  allant  abou- 
tir à  une  porte  actuellement  murée.  Sous  cette  galerie,  cinq 
capucins  dans  des  attitudes  différentes,  conversent  et  prient. 
A  droite  du  \*'  plan,  une  vaste  ouverture  de  forme  ogivale 
donne  accès  à  la  sacristie  et  au  clottre,  si  intéressant  à  étu- 
dier dans  sa  construction  datant  du  XIм  siècle. 

Bien  des  sculptures,  statues  et  autres  détails  figurant  sur 
cette  eau-forte,  ne  se  voient  plus  actuellement,  mais  elles 
existent  toujours  et  n'ont  été  que  déplacées  pour  être  mises 
en  meilleures  places,  assignées  par  M.  Revoil,  architecte 
diocésain. 

Par  les  travaux  très  serrés  de  l'outil,  notre  graveur  a  su 
obtenir  des  effets  très  vigoureux  qui,  faisant  opposition  aux 
parties  éclairées,  charment  l'œil  et  rendent  bien  la  pensée 
de  la  peinture  originale,  faisant  partie  du  cabinet  de  M.  le 
chevalier  A.  de  Lesta ng-Pa rade. 

La  planche  cuivre  appartient  à  la  coll.  R.  F. 


1 


—  60  — 

UNE  ÉTIQUETTE  DE  PHARMACIEN. 

P.  en  l. 
Représentant  la  fontaine  de  la  place  des  Prêcheurs  à  Aix. 

Sur  notre  principale  place,  la  superbe  fontaine  de  Chastel 
frappe  immédiatement  le  spectateur.  A  droite,  l'église  de 
Sainte-Madeleine  dessinée  avant  la  façade  actuelle  ;  à  gau- 
che, des  maisons  en  bordure  qu'ombrage  une  ligne  paral- 
lèle d'ormeaux. 

Divers  groupes  circulent  sur  la  place  en  nombre,  et  tout 
cela  contenu  dans  un  espace  de  6  X  4  centimètres  ! 

L'érudit  M.  de  Magallon,  président  de  l'Académie  d'Aix, 
graveur  dans  ses  rares  moments  de  loisir,  a  très  savamment 
gravé  ce  môme  sujet  à  Геаи-forte,  mais  dans  de  plus  grandes 
dimensions  et  sous  un  autre  point  de  vue.  Cela  lui  a  per- 
mis de  payer  un  tribut  d'affectueux  souvenir  à  sa  famille,  eu 
comprenant  dans  sa  composition  la  maison  de  ses  aïeux  fai- 
sant le  coin  de  la  place  des  Prêcheurs  et  de  la  rue  Saint- 
Louis,  qù  est  né  le  père  Paul  de  Magallon,  ancien  officier 
d'état-major,  restaurateur  en  France  de  l'Ordre  hospitalier 
de  Saint-Jean -de-Dieu. 

MONNAIES,   MÉDAILLES   ROMAINES   ET  PROVENÇALES 

illustrant  les  ouvrages  sur  la  numismatique 

par  M.  le  Marquis  Roger  de  Lagoy. 
Réunion  d'environ  7  planches  en  hauteur. 

Toutes  ces  monnaies  sont  gravées  avec  un  art  infini,  don- 
nant l'illusion  du  métal,  surtout  celles  au  profil  des  empe- 
reurs romains,  de  si  caractéristique  et  mâle  énergie. 

Nous  ne  doutons  pas  qu'avec  le  concours  de  notre  maître 
graveur,  les  savants  ouvrages  du  marquis  n'aient  eu  un  véri- 
table attrait,  car  ici  l'intelligence  du  texte  est  puissamment 
secondée  par  de  précieux  et  fidèles  fac-similés. 


—  61  — 

PAROISSE  MÉTROPOLITAINE  DE  S'-SAUVEUR  A  A IX. 
P.  P.  ovale  en  n.  servant  d'estampille,  représentant  l'Ascension. 

UN  TAMROUR1N. 
P.  P.  en  h. 

Charmante  petite  vignette  représentant  notre  instrument 
de  prédilection  sur  lequel  on  bat  avec  une  baguette  pour 
indiquer  le  temps  fort  de  la  mesure  de  nos  airs  provençaux 
chantés  sur  le  flûte  t. 

Si  on  détaille  les  travaux  de  la  gravure  accomplis  sur  cet 
objet  minuscule,  on  est  étonné  du  rendu  et  de  la  finesse 
d'exécution  offrant  de  réelles  difficultés,  car  contrairement 
aux  habitudes  du  maître,  la  planche,  ou  pour  mieux  dire 
le  «  polytypage  »,  a  été  exécuté  sur  bois  pour  le  livre  Lou 
Tambourin.  Il  appartient  à  l'honorable  académicien  auteur 
de  l'intéressante  biographie  qui  précède. 

TOMBEAU  DE  M,b  PORTE. 

D'après  J.  F.  Porte. 

P.  en  r. 

Sous  un  saule-pleureur,  un  tombeau  surmonté  d'une 
urne  funéraire  à  demi  voilée  par  un  crêpe. 

Précieux  souvenir  que  l'auteur  d'Aix  ancien  et  moderne 
avait  dessiné  lui-môme  et  confié  à  notre  graveur  pour  en 
avoir  la  reproduction. 

TOMBEAU  DE  ANDRÉ   ABELLON. 

P.  en  h. 

Pierre  sépulcrale  sur  laquelle  est  gravée  la  statue  en 
pied  du  religieux  dominicain  (actuellement  l'église  Sainte- 
Madeleine  à  AixJ  dont  la  figure  est  complètement  effacée,  en 
outre  les  inscriptions  figurant  en  bordure  à  droite,  à  gauche 
et  au  bas  de  la  composition. 

Gravure,  en  lètede  la  notice  sur  André  Abellon,  par  Roux- 
Alphéran. 


—  62  — 

TRÈS-BIEN. 
P.  en  h. 

Récompense  destinée  aux  élèves  d'un  pensionnai  d'Aix. 

MATER  DIVINE  GRATIS. 
P.  en  h. 

Quoique  d'un  très  petit  format,  les  travaux  de  la  gravure 
n'en  sont  pas  moins  admirablement  traités. 

La  Vierge  debout,  parée  d'un  riche  vêtement  brodé  d'or, 
tient  à  sa  gauche  l'Enfant  Jésus  et  à  sa  droite  un  sceptre 
chargé  de  fleurs. 

A  Pextrémité  du  haut,  et  dans  les  deux  angles,  on  voit  le 
chiffre  de  Marie  et  un  cœur  percé  du  glaive. 

Hors  de  la  composition  on  Ut  :  Paroisse  Sainte-Madklkinb 
d'Aix.  Mater  divinœ  gratiœ,  orapro  nobis. 

SAINT  DOMINIQUE  RECEVANT  LE   SAINT  ROSAIRE. 

P.  en  h. 

Composition  ayant  quelque  analogie  avec  le  tableau  placé 
à  l'église  de  la  Madeleine  à  Aix  dans  la  nef  de  gauche,  peint 
par  J.  Daret. 

SAINT  HONNORAT. 
P.  en  h. 

Dans  un  paysage,  le  saint  évoque  est  vu  debout,  couvert 
des  habits  pontificaux,  coiffé  de  la  mître,  tenant  la  crosse 
pontificale  de  sa  main  gauche. 

Au  fond  du  paysage  vers  la  gauche,  l'église  de  Saint- 
Honnorat  surmontée  de  son  clocher  aigu. 

Cet  évêque  exerça  ses  pieuses  fonctions  dans  la  ville 
d'Arles,  où  il  y  mourut  le  45  janvier  429. 

Enterré  dans  le  cimetière  des  Aliscamps  auprès  de  saint 
Trophime,  ses  restes  mortels  y  reposèrent  jusqu'en   1391, 


—  63  - 

puis  furent  transférés  dans  l'Ile  de  Lérins,  qui  depuis  cette 
époque  porte  le  nom  de  Saint-Honnorat. 

A  Aix,  la  place  Saint-Honoré  possède  contre  Tune  de  ses 
maisons  formant  le  coin  de  la  place  du  môme  nom  et  de  la 
rue  des  Gantiers,  une  niche  renfermant  la  statue  de  saint 
Honnorat,  que  les  habitants  du  quartier  ont  fait  ériger  pour 
perpétuer  le  souvenir  d'un  miracle  que  le  saint  fit  dans  ces 
parages. 

Enfin,  tout  près  le  gigantesque  aqueduc  de  Roquefavour 
existe  l'ermitage  agreste  que  les  touristes  ne  manquent  pas 
de  visiter.  11  est  sous  le  patronage  et  porte  le  nom  de  Er- 
mitage Saint-Honnorat. 

ARMOIRIES  DE  №'  RAILLON, 

ARCHEVÊQUE  D'AIX. 

P.  en  h. 
Une  des  rares  vignettes  sur  bois  gravées  par  notre  maître. 

LE  SOURD  ET  MUET  DE  PEYROLLES,  BENOIT  PAUL. 

P.  en  h. 

Buste  vu  de  face,  légèrement  tourné  vers  la  droite.  La 
figure,  modelée  avec  une  grande  finesse,  exprime  et  rend 
bien  la  caractéristique  de  l'idiotie.  En  outre,  la  vétusté  du 
chapeau  et  de  l'accoutrement  décèlent  chez  ce  malheureux 
la  pauvreté  ou  pour  mieux  dire  la  misère.  Deux  christs  en 
croix  sont  passés  et  soutenus  dans  son  gilet. 

Pièce  peu  commune. 

PORTRAIT  DE  M.  TOPIN, 

DIRECTEUR   DU    COLLÈGE  D'AIX. 

D'après  Advinent. 

En  tenue  officielle.  L'intelligente  figure  de  ce  portrait-buste 
se  montre  de  face,  légèrement  tourné  à  gauche  ;  la  physio- 


—  64  — 

nomie  est  si  vivante,  de  grands  yeux  et  la  bouche,  où  réside 
toujours  l'expression,  sont  rendus  avec  une  telle  justesse, 
que  Ton  peut  croire  à  une  véritable  ressemblance. 

UN  COIN  DE  PAYSAGE 

D'après  Mlb  Aglaé  Constantin. 

P.  en  hauteur  lithographiée. 

A  droite,  un  groupe  de  trois  bouleaux  aux  branches  déve- 
loppées et  pendantes.  A  gauche,  au  troisième  plan,  un  pont 
d'une  seule  arche  et  les  restes  d'un  château  ruiné. 

Sur  le  devant,  un  ruisseau  baigne  le  pied  des  bouleaux  et 
anime  ce  paysage. 

VIGNETTE  DU  PENSIONNAT   DES  RELIGIEUSES 
URSULINES  DE  LA  MAISON  D'AIX. 

P.  en  h. 

Charmante  composition  allégorique,  représentant  la  Sa- 
gesse récompensant  la  Vertu. 

SAINTE  THÉRÈSE. 

D'après    le  Giterciiin. 

P.  en  в.  dont  le  tableau  original  est  déposé 

au  Musée  d'Aix. 

Le  dessin  lavé  d'encre  de  Chine  et  la  planche  cuivre  font 
partie  de  la  collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

DIPLOME  DE  L'ACADÉMIE  D'AIX. 

P.  en  l. 

Vaste  composition  allégorique,  représentant  les  attributs 
des  Sciences,  Arts,  Agriculture  et  Belles-lettres  admirable- 
ment groupés,  que  des  rameaux  de  lauriers  et  oliviers  en- 
lacent. 


—  65  — 

Au  centre,  un  flambeau  éclaire  de  ses  nombreux  rayons 
toutes  les  parties  de  ce  sujet,  presque  entièrement  entouré 
de  nuages. 

A  droite  et  à  gauche,  des  couronnes  de  lauriers  tombent 
en  chute  et  retenues  entre  elles  par  une  banderolle  sur 
laquelle  on  lit  tous  les  grands  noms  qui  nous  sont  chers 
ayant  illustré  la  Provence,  tels  que  les  Peiresc,  Méjanes, 
Portalis,  etc.,  etc. 

Au  centre  du  bas,  les  armes  de  la  ville  d'Aix  surmontées 
de  la  devise  :  Generoso  sanguine  par  ta. 

Quoique  non  signée,  la  pièce  qui  nous  occupe  est  trop  inté- 
ressante pour  ne  point  appeler  l'attention  des  observateurs. 

Ainsi,  les  procédés  employés  dans  les  travaux  de  la  gra- 
vure nous  paraissent  tenir  du  sentiment  de  Reinaud.  Mais 
parmi  leurs  variétés,  nous  remarquons  une  profusion  telle 
de  pointillé  aux  bords  extrêmes  des  nuages,  que,  sachant 
combien  il  n'en  usait  qu'avec  modération,  nous  en  sommes 
déconcertés,  au  point  de  nous  faire  douter  presque  de  l'en- 
tière paternité  de  cette  planche. 

A  part  cette  observation,  nous  reconnaissons  volontiers 
toutes  les  qualités  de  son  burin  hardi  et  moelleux,  précisant 
avec  une  juste  convenance  le  mouvement  des  figures  et  for- 
mes de  ces  attributs,  si  multiples  et  si  divers,  répandus  dans 
cette  superbe  composition. 

Et,  si  plus  haut  nous  avons  émis  certains  doutes  sur  l'en- 
tière exécution  de  cette  planche,  hâtons-nous  de  lui  en  attri- 
buer toutes  les  parties  capitales  et  essentielles,  car  elles 
donnent  à  l'ensemble  une  telle  harmonie,  que  le  spectateur 
est  charmé  d'y  voir  toutes  les  ressources  de  l'art  employées 
pour  en  faire  un  de  ses  meilleurs  œuvres  digne  d'être  pré- 
senté à  notre  docte  Académie  d'Aix. 

La  planche  est  conservée  dans  les  Archives  de  l'Académie 
d'Aix.  Elle  a  figuré,  l'an  dernier,  à  l'exposition  du  Livre,  à 
Marseille. 


PORTRAITS   NON   PROVENÇAUX 


PORTRAIT    D'UN    ARCHEVÊQUE. 

D'après  André  Martin,  sourd-muet. 

P.  ovale  en  h. 

Ce  prélat  est  en  buste,  vu  de  face,  tête  nue,  vêtu  du  camail 
sur  lequel  repose  la  croix  pectorale. 

C'est  la  seule  épreuve  avant  la  lettre  que  nous  ayons  eue 
sous  les  yeux. 

ALLEMAND  (J.  J.  messirej. 

D'après  André  Martin,  sourd-muet. 

P.  en  h. 

Dans  un  ovale  en  hauteur,  le  portrait  du  directeur  de 
l'Œuvre  de  la  Jeunesse  de  Marseille  est  vu  de  trois-quarts, 
tourné  légèrement  vers  la  droite,  coiffé  d'un  bonnet  de 
chœur  et  vêtu  du  surplis,  les  yeux  fermés  et  en  attitude  de 
méditation. 

ALBINI,  missionnaire. 
P.  en  h. 

Portrait  buste,  vu  de  trois-quarts,  tourné  à  droite  ;  une 
croix  avec  Christ  passé  dans  sa  ceinture. 

BRETEN1ÈRE  GABRIEL. 
P.  en  h. 

Portrait  buste,  vu  de  face  ;  le  personnage  lit  un  feuillet  sur 
lequel  est  écrit  :  Justus  ex  fide  vivit. 

M.  FAUVET,  missionnaire. 
P.  ovale  en  h. 

Portrait  buste,  vu  de  profil,  tourné  à  gauche,  coiffé  de  l'an- 
cien bonnet  et  vêtu  du  surplis. 


—  67  — 

GRÉGOIRE  XVI. 
P.  lithographiée  en  h. 

Portrait  buste,  vu  de  face,  camail  d'hermine,  étoile  brodée 
d'or,  avec  attributs  pontificaux. 

GILUANI  VÉRONIQUE  (bienheureuse). 

P.  en  e. 

La  Sainte  est  vue  de  face,  la  tête  couronnée  d'épines  pen- 
chée vers  une  croix,  qu'elle  soutient  de  sa  main  gauche  por- 
tant la  marque  des  stigmates. 

La  planche  fut  commandée  à  notre  graveur  par  les  Capu- 
cins d'Aix  qui,  sans  doute,  l'ont  encore. 

GUYON   G. 
P.  en  h. 

Portrait  buste  vu  de  profil,  tourné  à  gauche,  tète  nue,  vôtu 
du  surplis. 

La  planche  cuivre  appartient  à  M.  Pourcel,  prote  de  l'im- 
primerie Remondet,  à  Aix. 


VUES,    PAYSAGES,    GENRE 


ABBAYE  DE  SYLVACANNE. 
D'après  A.  de  Forbik. 

P.  en  h. 

Sous  un  vaste  arceau  architectural,  un  pâtre  tête  nue  est 
adossé  contre  l'un  des  piliers  de  droite,  essayant  de  tirer  de 
son  flageolet  les  réminiscences  de  nos  chansons  provençales. 

L'écho  doit  certainement  les  lui  répéter,  à  en  juger  par 
les  profondeurs  immenses  de  ces  ruines  pittoresques,  à  demi 
recouvertes  d'herbes  folles  qu'enlacent  des  plantes  grim- 
pantes. 

Au  premier  plan,  une  source  qui  sort  abondamment  d'une 
pierre  portant  encore  quelques  restes  de  sculpture,  vient 
couler  dans  un  vaste  bassin. 

L'aspect  des  ruines  de  cette  abbaye  évoque  les  pieux  sou- 
venirs de  notre  Provence,  où  le  culte  religieux  était  si  pro- 
fondément enraciné. 

La  même  pièce  existe  lithographiée  dans  l'ouvrage  intitulé  : 
Portefeuille  de  Forbin%  déposé  à  la  bibliothèque  Méjanes  ; 
mais  nous  préférons  de  beaucoup  J 'eau-forte  que  nous  venons 
de  décrire,  car  la  liberté  de  la  pointe  et  la  sentimentale 
docilité  du  burin  concourent  à  indiquer  toute  la  véritable 
valeur  de  l'œuvre  peinte  par  A.  de  Forbin. 

Pièce  très  rare. 

CAMPAGNE  DE  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Une  vaste  maison  de  campagne  bâtie  à  gauche  et  commu- 
niquant avec  d'autres  fabriques  par  un  pont  élevé  et  couvert. 


—  69  — 

A  droite,  un  paysage  agreste,  borné  dans  le  fond  par  des 
groupes  d'arbres. 
Pièce  très  rare. 

LE  COLISÉE. 

D'après   Granet. 

P.  en  l. 

Au  premier  plan,  une  des  nombreuses  entrées,  en  forme 
de  voûte  cintrée,  donne  accès  à  cet  immense  amphithéâtre, 
bâti  par  Vespasien  dans  de  telles  proportions  que  80,000 
personnes  pouvaient  s'y  placer  pour  assister  au  combat  des 
gladiateurs  et  des  bêtes  féroces. 

A  droite  de  cette  entrée,  deux  capucins  s'entretiennent 
sur  le  seuil  de  l'habitation.  Un  peu  à  gauche,  deux  religieux 
du  même  ordre  cheminent  vers  le  fond  du  Colisée,  dont  on 
voit  les  restes  ruinés. 

Ci-contre  l'épreuve  gravée  de  la  composition  que  nous 
venons  de  décrire. 

Le  cuivre  fait  partie  de  la  collection  R.  F. 

Ce  même  sujet  a  été  traité  plusieurs  fois  très  heureuse- 
ment, mais  avec  variantes  et  même  en  renversant  la  com- 
position. 

CHOEUR  DES  CAPUCINS  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Dans  un  vaste  chœur  aux  voûtes  surbaissées,  on  voit,  à 
droite  et  à  gauche,  des  capucins  récitant  leur  office.  Au 
centre,  un  lutrin  surmonté  d'une  croix  est  entouré  de  deux 
officiants  et  de  deux  enfants  de  chœur  ;  au  premier  plan  à 
droite,  un  capucin  prosterné. 

Toute  cette  scène  religieuse  est  éclairée  par  une  fenêtre 
du  fond,  qui  donne  un  effet  de  jour  des  plus  saisissants. 

Quelle  pieuse  et  silencieuse  animation  dans  ce  sujet,  pers- 
pective  effet  de  jour  (prédilection  chérie  du  peintre),  tout 


—  70  — 

est  harmonieux  ;  mais  au>>i  quel  consciencieu*  traducteur 
u'a-l-il  pas  en  pour  interpréter  et  répandre  par  la  gravure 
une  aussi  belle  rooiposilion  '. 
La  planche  cuivre  fail  partie  de  la  collection  H.  F.  Vidal. 

CLOITRE  SASTA-MABJA-NOVELLA   A   FLORENCE. 
D'après  A.  de  Fou». 

P.  en  L. 

Sous  une  vaste  galerie  de  style  roman,  circulent  quatre 
religieux,  le  premier  se  dirigeant  vers  la  gauche,  deux  autres 
groupes,  dont  l'un,  homme  d'épée  coiffe  d'une  loque  à 
aigrette,  se  penche  confidentiellement  vers  un  capucin  ;  au 
food,  un  moine  en  méditation. 

Contre  le  pilier  du  premier  plan  à  gauche,  un  bénitier  ; 
à  droite,  quelques  vases  avec  arbustes  et  un  fauteuil  de  style 
Louis  XIII. 

La  gravure  de  celle  planche  a  été  exécutée  avec  grand 
talent,  el,  si  l'on  peut  dire,  avec  affection  ;  car  gentilhomme 
compositeur  et  humble  graveur  se  connaissaient  ! 

D'ailleurs  on  peut  voir  dans  la  collection  R.  F.  la  réunion 
du  dessin  original  très  fini,  lavé  d'encre  de  Chine,  de  la 
nlaiiche  cuivre  et  de  l'épreuve  que  nous  venons  de  décrire. 

On  pourra  ainsi  constater  la  précieuse  fidélité  existant  de 
rmte  façon  dans  ces  trois  mêmes  sujets. 

Pièce  rarissime. 

LA   CRUCHE  CASSÉE. 

D'après  Aovinbnt. 

P.  en  l. 

Au  centre,  une  jeune  fille  pieds  nus,  jupons  courts,  caresse 
le  ses  mains  une  vache  debout  qu'elle  vient  de  traire.  Une 
mire  vache,  couchée  près  de  la  première,  rumine  :  derrière 
ii  jeune  fille,  un  chien  en  train  de  laper  le  lait  répandu  sur 
о  sol,  qu'une  cruche  cassée  contenait. 


—  71   — 

A  gauche,  une  chèvre  couchée,  et  un  peu  plus  loin,  sous 
un  grand  arbre,  une  fontaine  dont  le  jet  sort  d'une  tuile  et 
coule  dans  un  bassin,  autrefois  d'ablution,  formée  d'une 
seule  pierre  sculptée  de  goderons  avec  un  médaillon  buste 
au  milieu. 

A  droite,  une  entrée  ouverte  donnant  accès  dans  un  inté- 
rieur de  ferme,  borné  dans  le  fond  de  bâtisses  diverses. 

La  pointe  de  notre  graveur  a  été  ici  tellement  facile  et 
pittoresque,  son  burin  si  brillant,  que  Ton  sent  et  voit  pour 
ainsi  dire  la  couleur  de  l'original . 

C'est  la  plus  grande  pièce  que  le  maître  ait  gravé. 

La  planche  fait  partie  de  la  collection  d'un  amateur  de 
Marseille. 

ENVIRONS  DE  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Une  construction,  percée  à  son  extrémité  de  deux  fenêtres 
lucarnes  grillées,  se  trouve  à  droite  bâtie  sur  des  rochers 
percés  en  souterrains. 

A  gauche,  un  portique  voûté,  sous  lequel  deux  hommes 
conversent,  donne  accès  à  un  autre  passage.  Le  centre  est 
occupé  par  un  portique  plus  petit  que  le  précédent.  Au- 
dessus  une  composition  religieuse  sculptée  en  bas-relief. 

C'est  une  des  plus  heureuses  traductions  de  notre  graveur. 

L'original  appartenait  à  M.  le  chevalier  Alexandre  de 
Lestang-Parade,  et  le  cuivre  fait  partie  de  la  collection  R.  F. 

VUE  D'UNE  ENTRÉE  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Une  des  nombreuses  portes  de  Rome  affectionnées  du 
peintre  ;  sa  forme  architecturale  est  déterminée  par  quatre 
colonnes.  Au-dessus  du  portique,  on  lit  :  S  P  Q  T. 


—  72  — 

A  droite,  une  croix  montée  sur  un  fût  de  colonne  isolé. 
Six  personnages  disséminés  animent  cette  composition. 

ENVIRONS  DE  ROME. 

D'après  Granbt. 

P.  en  l. 

A  droite  une  muraille  romaine  taillée  en  bossage  ;  au-delà, 
une  fontaine  dont  les  deux  canons  coulent  dans  un  bassin, 
au  bord  duquel  un  homme  est  penché. 

A  gauche,  des  édifices  élevés,  reposant  sur  des  remparts 
crénelés. 

Les  épreuves  sur  chine  sont  avec  raison  très  recherchées. 

LA   FORNARINA. 

D'après  Granet. 
P.  en  H. 

Intérieur  d'une  boulangerie,  dont  les  voûtes  sont  soutenues 
par  des  colonnes.  Presque  au  centre,  on  remarque  un  ouvrier 
occupé  à  tisonner  le  feu  du  four. 

A  droite,  un  homme  endormi  devant  une  table  chargée  de 
huit  pains. 

A  gauche,  tout  près  de  la  colonne  isolée,  une  femme  et  un 
homme  portant  un  cartable  conversent  ensemble. 

Le  jour  vient  de  droite  et  éclaire  vivement  les  parties  qui 
le  reçoivent. 

La  légende  du  siècle  passé  a  voulu  attribuer  les  amours 
de  Raphaël  à  la  visite  que  fit  dans  ce  modeste  intérieur  l'im- 
mortel peintre  qu'avait  frappé  la  beauté  de  Marguerite  — 
son  vrai  nom.  —  Elle  devint  sa  maîtresse  sous  le  nom  de 
Fornarina  (fournière). 

C'est  d'après  les  données  de  cette  légende  que  Granet  a 
composé  son  tableau,  si  bien  interprété  par  notre  graveur 
aixois. 


-  73  — 

La  planche  cuivre  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Léopold 
Durand. 

VUE  DUNE  GALERIE  DU  C0L1SÉE. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Fragment  du  célèbre  et  antique  monument,  dont  on  ne 
voit  qu'une  partie  des  galeries  circulaires. 

Au  4"  plan  à  droite,  deux  capucins  paraissent  converser. 

Au  fond  à  gauche,  une  porte  à  claire-voie,  par  laquelle 
deux  personnages  vont  passer. 

L'effet  de  jour  se  projette  vivement  contre  les  voûtes  de  la 
galerie  de  droite,  pour  laisser  à  tout  le  restant  la  valeur  de 
son  obscure  tranquillité. 

Nous  avons  vu  le  cuivre  conservé  chez  M.  Léopold  Durand, 
amateur  distingué,  qui,  guidé  par  son  goût,  a  su  la  mettre 
en  bonne  place  sous  son  jour  le  plus  favorable  et  très  soi- 
gneusement encadré. 

Dans  ces  conditions,  nous  n'hésitons  pas  à  le  préférer  de 
beaucoup,  sous  son  chatoyant  aspect  métallique,  à  maintes 
peintures  de  l'école  moderne. 

UNE  GROTTE  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Vaste  excavation  pratiquée  dans  les  rochers  formant  voûte. 
Neuf  à  dix  marches  y  ont  été  pratiquées. 

A  droite,  une  ouverture,  sous  laquelle  est  un  capucin, 
donne  le  jour  parcimonieusement  dans  cette  grotte. 

Pièce  extrêmement  rare. 

GALERIE  D'UN  CLOITRE  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  h. 

A  droite,  une  galerie  de  six  arcades,  sous  laquelle  deux 
groupes  de  capucins  conversent. 


—  74  — 

A  gauche,  une  volée  de  vingt-cinq  marches  conduisant  aux 
étages  supérieurs. 
Bel  effet  de  jour,  venant  de  gauche. 
Pièce  très  rare. 

UNE  IMPASSE  A  ROME, 

D'après  Granbt. 

P.  en  h. 

Dans  un  corridor  voûté,  donnant  accès  de  divers  côtés,  on 
remarque  à  gauche  une  volée  d'escaliers  de  quinze  marches, 
allant  aboutir  à  une  fenêtre  grillée  qui  éclaire  cette  compo- 
sition. 

Les  épreuves  en  sont  très  rares. 

INTÉRIEUR  DE  CLOITRE. 

D'après  Granet. 

P.  P.  en  l. 

Plusieurs  voûtes,  prolongées  en  divers  sens,  donnent  des 
effets  de  perspectives  très  intéressants  à  observer.  Le  jour 
venant  de  gauche  éclaire  cette  partie,  pour  laisser  toute  la 
valeur  du  clair-obscur  savamment  rendu. 

Malgré  la  profusion  des  épreuves  de  cette  composilion,  les 
amateurs  conservent  volontiers  dans  leur  collection  cette 
petite  pièce  qui  a  été  copiée  plusieurs  fois,  notamment  par 
M.  C.  Michaud,  artiste  amateur  de  notre  ville,  qui  a  su  rendre, 
par  le  puissant  secours  des  travaux  de  la  plume,  tout  le 
vigoureux  effet  que  comportait  ce  petit  sujet. 

La  planche  cuivre  porte  au  bas  non-seulement  la  signa- 
ture du  graveur,  mais  encore  celle  de  Granet,  avec  dédicace 
à  M.  Bachy  d'Arbaud. 

Elle  fait  partie  de  la  collection  R.  F. 

UN  ORATOIRE  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  h. 

Presque  au  centre  de  la  composition,  un  oratoire  couvert 


—  75  — 

surmonté  d'une  croix.  A  droite  et  à  gauche,  de  grands  arbres 
ombragent  ce  lieu  de  prières. 

Pièce  très  peu  commune  dans  les  collections. 

PORTE  SAINT-SÉBASTIEN  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Presque  au  milieu,  un  peu  adroite,  se  trouve  le  portique 
de  la  porte  Saint-Sébastien,  sous  lequel  deux  hommes  sont 
engagés. 

Un  peu  en  arrière,  deux  tours  carrées  crénelées  donnent 
un  aspect  monumental  à  cette  entrée. 

La  peinture  originale  fut  exécutée  pour  M.  A.  de  Parade. 

UN  PONT   A   ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Deux  vastes  tours  rondes  crénelées  et  reliées  entre  elles  par 
une  muraille  à  mâchicoulis,  servant  sans  doute  à  défendre 
le  passage  du  pont  qui  est  sur  le  devant  et  sur  lequel  deux 
hommes  sont  engagés. 

.  L'arrière-plan  figure  de  vastes  collines  un  peu  trop  accu- 
sées, selon  nous. 

Pièce  très  rare. 

UN  PORTIQUE  A  ROME. 

D'après  Grànbt. 

P.  en  l. 

Le  centre  est  occupé  par  un  ancien  portique  architectural  ; 
au-dessous,  une  table  de  bois,  rectangulaire  sur  quatre 
pieds,  contre  laquelle  est  adossé  un  homme  vu  de  dos. 

A  droite,  des  maisons  en  perspective,  et  à  gauche,  une 
maison  en  façade  percée  d'une  porte  sous  laquelle  deux 
hommes  semblent  converser. 

Sur  une  plaque  adossée  contre  la  colonne  du  portique  on 
lit  :  VIN  IXIXI. 


—  76  — 

Pièce  lumineuse  et  d'un  très  bel  effet. 

La  planche  cuivre  a  fait  partie  de  la  coll.  R.  F.,  et  le  des- 
sin original  lavé  d'encre  de  Chine  figure  dans  le  précieux 
album  de  M"  la  marquise  Edmond  de  Lagoy. 

RUE  DE  CARCHIANO. 

D'après  Gra.net. 

P.  en  h. 

Voir  page  27. 

UNE  RUE  A  ROME. 

D'après  Grankt. 

P.  en  h. 

A  droite,  une  perspective  de  rue,  coupée  dans  son  par- 
cours par  un  arceau  supportant  une  maison.  Sous  l'arceau, 
un  homme  se  dirigeant  vers  le  fond  de  la  rue. 

A  gauche,  une  volée  de  douze  marches  conduisant  à  une 
autre  maison,  sur  le  seuil  de  laquelle  deux  hommes  con- 
versent. 

Composition  très  ensoleillée  et  fort  bien  traduite. 

RUINES    ROMAINES. 

D'après  A.  de  Forbin. 

P.  en  h. 

Sous  un  vaste  arceau  supportant  les  ruines  d'un  vieux 
monument,  derniers  vestiges  d'une  somptueuse  architecture, 
deux  hommes  se  tendent  les  mains. 

Le  fond  admirablement  rendu  est  borné  par  des  bâtisses 
ruinées  à  peine. indiquées. 

Au  bas  à  droite,  en  dehors  du  trait  carré,  on  lit  :  ATlM  Rei- 
naud  S1  1812.  A  gauche  :  A  Forbin  inv%  pour  M.  Clérian. 

Malgré  que  les  épreuves  composant  l'œuvre  gravé  dont 
nous  donnons  description  soient  toutes  signées  de  Marius 
Rcinaud}  nous  mentionnons  particulièrement  celle-ci  comme 
portant  en  outre  de  la  signature  habituelle  du  graveur,  celle 


—  77  — 

encore  de  l'illustre  compositeur  avec  dédicace  à  son  ami 
Clérian,  autre  artiste  aixois  de  véritable  talent. 

Dessin  sepia  original  et  épreuve  de  cette  pièce  existent 
encadrées  cote  à  cote  sous  un  seul  verre  dans  la  collection  de 
feu  M.  H.  Gibert,  conservateur  du  musée  d'Aix, 

Pièce  très  rare. 

UNE  RUINE  ROMAINE. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Restes  de  constructions  ruinées,  occupant  presque  la  tota- 
lité de  l'estampe. 

A  droite,  une  porte  voûtée,  vers  laquelle  se  dirige  un 
homme. 

A  gauche,  deux  hommes  encore,  dont  l'un  appuyé  sur  un 
bâton,  semblent  diriger  leurs  pas  au  loin. 

Nous  avons  vu  chez  un  amateur  de  notre  ville  une  rare 
épreuve  portant  dans  la  marge  du  bas,  sous  le  trait  carré, 
l'inscription  suivante  :  Dédié  à  M"  la  comtesse  Thibaudeau, 
protectrice  des  Arts,  par  son  •  très  respectueux  serviteur \ 
M*91  Reinaud. 

UN  SOUTERRAIN  A  ROME. 

D'après  Granet. 

P.  en  l. 

Vastes  voûtes  éclairées  par  un  soupirail  venant  du  fond. 
Les  épreuves  sont  peu  répandues. 

VUE  DU  TIBRE  AUX  ENVIRONS  DE  ROME. 

D'après  A.  de  Forbin. 
P.  en  h. 

Ce  fleuve  tient  presque  la  totalité  de  l'estampe,  car  les 
ruines  d'un  vaste  château  (peut-être  de  la  villa  Madame) 


—  78  — 

émergent  de  Геаи  môme,  qui  reflète  fort  heureusement  ces 
vieux  restes  d'architecture. 

A  droite,  deux  pins  parasol,  contre  l'un  desquels  un 
homme  est  adossé. 

La  peinture  originale  appartenait  à  M.  le  comte  A.  de 
Parade,  et  les  épreuves  de  la  gravure  sont  peu  communes. 

LE   VIATIQUE. 

D'après  Granet. 
P.  en  h. 

Sous  les  voûtes  d'une  église,  on  voit  un  prêtre  en  surplis, 
portant  le  viatique  ;  il  est  dirigé  vers  la  droite  accompagné 
d'un  enfant  de  chœur  soutenant  un  espèce  de  dais  en  forme 
d'ombrelle  à  très  long  manche. 

A  gauche  des  deux  marches  d'escalier  du  4"  plan,  un 
homme  à  genoux  tient  un  cierge  allumé  ;  plus  loin,  des  fidèles 
agenouillés. 

Le  jour,  si  cher  à  Granet,  vient  de  droite  et  donne  tout 
l'heureux  effet  voulu  à  cet  intérieur  que  le  graveur  a  fort 
bien  rendu. 

La  planche  cuivre  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Léopold 
Durand. 


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SUJETS  RELIGIEUX 


Le  nombre  en  est  si  grand  qu'il  nous  est 
impossible  d'en,  donner  le  détail  pour  cnaque 
compoei  tion . 

Nous  ne  nous  y  résignons  qu'à  regret,  car 
tous,  après  examen,  sont'  remarquables,  et  un 
volume  entier  ne  nous  suffirait  peut-être  pas 
pour  en   donner  *  l'intéressante    description. 

Cependant  f  nous  ne  devons  point  passer 
sous  silence  certaines  particularités  saillantes 
ou  inconnues,  ЯУ*&  nous  indiquerons  au  fur  et 
èi   mesure   qu'une    pièce   mentionnée  .l'exigera. 

Par    conséquent  ,    nous    donnons    sommaire- 

4 

ment  ci—  après  la  nomenclature  des  titres  quo 
comporte  chaque  sujet  et  tels  qu'ils  sont  in- 
diqués  par   l'artiste  lui-même.' 


ACCEDITE  AD  EUM. 

IN  SIMPLIGITATE. 
CHRISTUS   DOMIXUS. 

CHRISTUS  PER   СОУМШЮХЕМ»' 
PP.  en  h.  et  en  l. 

Suite  complète  de  quatre  .sujets  religieux  variés,  repré- 
sentant chacun  un  des  épisodes  de  la  vie  de  Jésus  enfant. 
>    Tous  sont  admirablement  traités  et  rendus  dans  le  goût 
du  précieux  graveur  de  Longueil. 

On  peut  voir  chez  un  amateur  de  notre  ville  la  réunion 
de  ces  quatre  suaves  dessins  originaux,  lavés  de  sepia  et 
rehaussés  d'or,  plus  les  quatre  planches  réunies  sur  un 
môme  acier. 


80  — 


0      * 


A   ETE    REÇU   MEMBRE  DE   L'ASSOCIATION 

DU  TRÈS  SAINT,  ETC.,  ETC. 

P.  en  h. 

Marie  en  buste,  tenant  de  sa  main  gauche  un  cœur  en- 
flammé. 
Au-dessous,  le  titre  précité,  plus  une  prière  en  seize  lignes. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

A  LA  MÉMOIRE  DU  VÉNÉRABLE  ABBÉ  DON  AUGUSTIN 

DE  L'ESTRANGE. 
P.  lithographiée  en  h. 

A  droite,  un  mausolée  ombragé  par  un  saule-pleureur.  A 
gauche,  Don  Augustin  faisant  signe,  de  sa  main  gauche,  vers 
le  mausolée,  à  un  enfant  à  genoux. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

UN  ANGE   CONDUISANT  UN  PETIT  ENFANT. 

P.  en  h. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

BEATA  MARTHA. 
P.  en  h. 

A  gauche,  la  Tarasque  ayant  déjà  dévoré  la  moitié  du 
corps  d'un  enfant. 

La  Sainte  dompte  tout  à  coup  l'animal  par  l'attouchement 
du  goupillon  béni. 

BENE. 
P.  en  h. 

Récompense  accordée  dans  les  pensions. 
Ovale  formé  de  branches  de  lis  surmonté  de  Saint-Louis- 
de-Gonzague  considérant  un  crucifix. 
Dans  le  bas,  une  palme. 
La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  81   — 

BÉNIE  SOIT  LA  SAINTE  IMMACULÉE  CONCEPTION. 

P.  en  h. 

La  Vierge  debout  sur  la  boule  du  monde,  écrasant,  à  tra- 
vers le  croissant  ,  le  serpent  ;  tout  autour  des  petits  anges 
ailés,  dans  des  attitudes  différentes. 

La  suavité  de  cette  composition  et  la  grâce  dans  la  pose 
de  la  Vierge  nous  rappellent  de  bien  près  la  célèbre  Vierge 
sculptée  par  Chastel,  que  nous  voyons  dans  l'église  de  la 
Madeleine  à  Ai*. 

La  PL  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

C'EST  UNE  LOI. 
P.  en  h. 

Allégorie  religieuse,  représentant  un  tombeau  surmonté 
d'une  croix. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

COEUR  BLESSÉ   DE  MARIE. 
P.  P.  en  й. 

La  Vierge  tient  de  sa  main  gauche  un  cœur  enflammé, 
traversé  par  un  poignard. 
La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

COEUR  IMMACULÉ. 
P.  en  h. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

COEUR  TRÈS  SAINT  DE  MARIE,  INTERCÉDEZ  POUR  NOUS. 

P.  en  h. 

La  PL  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

6 


—  82  - 

COEUR  SACRÉ   DE   JÉSUS. 
P.  P.  en  h. 

Jésus  vu  de  face  à  mi-corps,  la  tête  penchée  vers  la  gauche, 
tient  de  sa  main  droite  un  cœur  enflammé. 

Petite  composition  très  soignée,  tirée  à  plusieurs  milliers 
d'épreuves. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

CŒUR  SACRÉ  DE  JÉSUS,  AYEZ  PITIÉ  DE  NOUS. 

P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

CONGRÉGATION  DES  ENFANTS  DE  MARIE. 

P.  en  h. 

Dans  un  ovale  de  lys,  flanqué  aux  quatre  extrémités  d'at- 
tributs religieux,  se  trouve  au  centre  deux  cœurs  enflam- 
més, dont  l'un  est  traversé  d'un  glaive,  l'autre  entouré  d'une 
couronne  d'épines  et  surmonté  d'une  croix. 

Ce  sujet  était,  lors  de  sa  création,  sur  deux  pages  se  faisant 
vis-à-vis,  l'une  pour  la  composition  précitée,  l'autre  ne  con- 
tenant absolument  que  le  texte  gravé  du  règlement  de  la 
Congrégation. 

Combien  de  fois  n'avons-nous  pas  vu  cette  image,  mais 
toujours  avec  le  texte  supprimé. 

Le  ravissant  dessin  original  lavé  d'encre  de  Chine  fait 
partie  de  la  collection  R.  F. 

CONSÉCRATION  A  LA  SAINTE- VIERGE. 

G.  P.  en  n. 

La  Vierge,  debout  dans  les  nuages,  écrase  de  son  pied  le 
serpent. 

Au  bas,  des  chrétiens  et  chrétiennes  reçoivent  les  rayons 
célestes  et  offrent  à  la  Vierge  des  couronnes. 


—  83  — 

Dans  l'ovale  bordant  la  composition,  sont  écrits  maints 
versets  des  apôtres. 

Des  attributs  d'église  figurant  aussi  en  nombre. 

Un  amateur  de  notre  ville  possède  la  planche  cuivre,  plu- 
sieurs intéressantes  épreuves  d'états,  enfin  le  dessin  original 
lavé  d'encre  de  Chine. 

CROIX  DE  MISSION. 
P.  en  h. 

Le  dessin  original  lavé  à  l'encre  de  Chine  fait  partie  de  la 
collection  d'un  amateur  de  notre  ville,  ainsi  que  la  planche. 

DESCENDIT  CUM  EIS. 
P.  en  h. 

Saint-Joseph  vêtu  en  charpentier  est  en  train  d'équarrir 
une  pièce  de  bois  sur  son  banc  de  menuisier. 

Au  bout  du  banc,  le  petit  Jésus  debout  considère  une  mi- 
nuscule croix. 

La  Vierge  entre  les  deux,  causant. 

Cette  touchante  scène  de  famille  eut  un  énorme  succès 
dans  la  vente  des  épreuves,  aussi  le  graveur  refit-il  deux 
fois  la  même  planche  cuivre. 

Toutes  deux  sont  conservées  dans  la  collection  R.  F.,  plus 
le  dessin  original  à  la  mine  de  plomb. 

DIEU  SEUL  TOUJOURS  VIVRA. 

P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

LES  SIX  DIMANCHES. 
P.  en  h. 

La  Vierge  debout  tend  les  bras  à  Saint-Louis-de-Gonzague, 
qui  la  supplie  à  genoux. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  84  — 

EGCE   AGNUS  DEL 
P.  en  h. 

La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

ENFANT  JÉSUS  COUCHÉ  SUR   LA   CROIX. 

P.  en  h. 

Jésus  est  couché  presque  complètement  sur  sa  croix,  sou- 
tenant sa  tète  de  son  coude  gauche  ;  il  parait  méditer  sur  les 
angoisses  de  sa* future  passion. 

EXALTATION  AU  SACRÉ-COEUR. 
P.  en  п.,  cintrée  dans  le  haut. 

FIDEL1S  DEUS,   PER   QUEM  EST. 
G.  P.  en  h. 

Au  centre,  dans  les  nuages,  le  Seigneur,  entouré  de  la 
Sain  te- Vierge  et  de  Saint-Joseph. 

Dans  le  bas,  une  foule  de  religieux  adorant  le  groupe  divin. 
L'un  d'eux  tient  un  livre  ouvert,  sur  lequel  on  lit  :  Ad  ma- 
jorem  Dei  gloriam-Consti  Socie  Jésus. 

Une  des  plus  grandes  compositions  du  maître,  dont  la 
PI.  с  fait  partie  de  la  coll.  R.  F.     . 

FONS  LACRYMARUM. 
P.  en  h. 

Dans  un  ovale  formé  d  opines  les  instruments  de  la  Passion. 
La  Vierge,  vue  de  face,  tient  un  voile  à  la  main  et  pleure  sur 
la  future  passion  que  doit  subir  son  divin  Fils. 

La  PJ.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

HIERONIMO  DE  S.-J. 
P.  en  h. 

La  PL  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  85  — 

IL  N'EST  PAS  EN  SÛRETÉ. 
P.  en  h. 

Allégorie  religieuse,  représentant  un  lion  couché. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

IL   RÉVÈRE  LE  SOLEIL   LEVANT. 

P.  eu  h. 

Allégorie  religieuse,  représentant  un  éléphant  élevant  sa 
trompe  vers  le  soleil. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

IMMACULÉE  CONCEPTION. 
P.  en  h. 

Dans  un  ovale,  composé  de  lys  et  de  roses,  la  Vierge  est 
vue  debout,  la  tête  entourée  d'une  auréole  d'étoiles,  les  bras 
étendus  et  rayonnants. 

Très  jolie^  composition  rappelant  complètement  la  Vierge 
miraculeuse  que  Ton  voit  sur  les  médailles. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

ITE  AD  JOSEPH,   ETC. 
P.  en  h. 

Saint-Joseph  pieds  nus  porte  dans  ses  bras  l'Enfant  Jésus. 
La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

JE  MÉPRISE  TOUT  LE  RESTE. 
P.  en  h. 

Allégorie  religieuse,  représentant  une  main  tenant  une 
couronne. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  86  — 

JÉSUS  AGONISANT. 
P.  en  h. 

Le  Christ  va  expirer  sur  la  croix.  A  ses  pieds,  la  Vierge 
ayant  le  cœur  transpercé  d'un  glaive.  Tout  à  côté,  un  dis- 
ciple, et  dans  le  fond  la  ville  de  Jérusalem. 

JÉSUS  ENFANT  ADORÉ  PAR  LES  ANGES. 

P.  en  h. 

Belle  composition,  tenant  beaucoup  de  l'école  italienne. 

La  Sainte  Famille  est  vue  dans  un  paysage.  Saint-Joseph, 
debout  appuyé  sur  un  bâton,  et  la  Sainte-Vierge  assise  au 
pied  d'un  arbre,  ayant  sur  ses  genoux  l'Enfant  Jésus,  que 
des  anges  prosternés  viennent  adorer,  en  lui  présentant  les 
instruments  de  sa  future  passion,  contenus  dans  une  cor- 
beille. 

L'enfant  saisit  un  clou  et  paraît  le  considérer. 

Quelle  suavité  dans  toutes  ces  figures,  et  particulièrement 
dans  l'expression  de  la  physionomie  virginale  de  la  Mère  du 
Sauveur  ! 

Il  fallait  au  maître  une  véritable  habileté  dans  le  manie- 
ment de  la  pointe  pour  conserver,  dans  ce  charmant  sujet, 
toutes  les  qualités  de  finesse  et  de  précision,  que  n'excluent 
ni  le  sentiment  ni  la  grâce. 

Ci-contre  l'épreuve  de  la  composition  que  nous  venons  de 
décrire. 

La  Pi.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

JÉSUS  EN   CROIX. 
P.  en  h. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

JÉSUS,   MARIE,  JOSEPH. 
P.  ovale  en  h. 


-  87  — 

JE  SUIS  PARTOUT  EXPOSÉ  A  SES  COUPS. 

P.  en   n. 

Allégorie  religieuse,  représentant  un  chêne  déraciné  par 
la  foudre. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

JÉSUS  TENANT  DE  SES  DEUX  MAINS  UNE  CORDE. 

R  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

JE  VAIS  AU  GRÉ  DU  VENT. 
P.  en  n. 

Allégorie  religieuse,  représentant  un  vaisseau  aux  voiles 
gonflées  par  le  vent. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

JE  VOUS  ADORE,  О  CROIX. 
P.  P.  en  h. 

Composition  minuscule,  où  figure  le  Sauveur  crucifié,  que 
Sainte-Marthe  adore. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

LIGORI  (LE  R1ENHEUREUX  ALPH.  DE) 

D'après  Olive,  statuaire  à  Aix. 

P.  en  h. 

Le  portrait  de  cet  évoque  est  vu  de  face,  la  tête  penchée  à 
gauche,  les  bras  croisés  sur  la  poitrine  ;  tout  à  côté,  la  crosse 
et  la  mftre. 

ALPHONSUS  DE  LIGORIO. 
P.  en  h. 

Variante  de  la  même  composition  déjà  décrite. 
La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  88  — 

LAISSEZ  VENIR  A  MOI  CES  PETITS   ENFANTS. 

P.  en  h. 

Jésus  occupe  le  centre  de  l'estampe,  appuyant  sa  main 
droite  sur  l'épaule  d'un  petit  enfant.  Une  femme  s'avance  et 
lui  présente  son  enfant,  qui  tend  les  bras  pour  arriver  au 
Seigneur. 

La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

LITANIES  DE  LA  SAINTE  VIERGE. 

P.  en  h. 

Composition  de  plusieurs  personnages  adorant  la  Vierge 
debout,  couronnée  par  deux  anges. 
La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

MARIE  MÈRE  DE  DOULEURS. 
P.  lithographiée  en  h. 

Répétition  avec  variantes  de  Notre-Dame  de  Miséricorde  à 
Aix,  mentionnée  page  42. 

MATER   DOLOROSA. 
P.  en  h. 

La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

MON  FILS,   DONNEZ-MOI  VOTRE  COEUR. 

P.  en  h. 

MONST1A   TE  ESSE   MATREM. 
G.  P.  en  h.,  dans  un  ovale  composé  de  lys. 

A  gauche,  Saint-Louis-de-Gonzague  dans  les  nuages,  les 
mains  jointes,  implore  la  Sainte-Vierge.  Au-dessous,  des 
chrétiennes  vêtues  de  blanc  élèvent  une  corbeille  remplie  de 
roses  et  de  cœurs,  surmontée  d'une  plante  de  lys  en  (leur. 


—  89  — 

Composition  très  heureuse. 

Le  dessin  original  à  la  mine  de  plomb  fait  partie  de  la 
collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

MORT  DE  SAINT-JOSEPH. 
P.  en  h. 

Composition  traitée  quatre  fois  de  différentes  manières, 
mais  toutes  représentent  les  derniers  moments  de  l'agonie 
de  Saint-Joseph. 

Sujet  ayant  eu,  lors  de  son  apparition,  un  énorme  succès 
de  vente. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

NISI  EFFICIAMINI  SICUT  PARVULUS  1STE. 

P.  en  h. 

Composition  représentant  la  Nativité. 
La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

NOTRE-DAME  DE  BELLE   VUE. 

D'après  André  del  Sarto. 

P.  en  h. 

NOTRE-DAME  DU   ROSAIRE,   PRIEZ  POUR  NOUS. 

P.  en  h. 

Très  jolie  composition,  contenue  dans  une  vaste  rose  sur 
tige.  Les  quinze  feuilles  de  la  rose  représentent  chacune  un 
des  quinze  mystères  admirablement  rendus,  malgré  l'exi- 
guïté de  la  place  ;  enfin,  au  centre,  Saint  Dominique  rece- 
vant de  la  Vierge  et  de  l'Enfant  Jésus  le  Saint  Rosaire. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

NOTRE-DAME  DE  CONSOLATION   D'HYÈRES. 

P.  en  h. 


—  90  — 

NOUS  VAINCRONS  PAR  CES  SIGNES. 

P.  en  h. 

О  CŒUR  IMMACULÉ  DE  JÉSUS,  JE  VEUX,  ETC.,  ETC. 

P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

OPTIMÉ. 
P.  en  h. 

Bon  point  ou  récompense  accordée  dans  les  pensions. 
Ovale  formé  de  branches  de  lys  surmontées  de  la  Vierge 
avec  l'Enfant  Jésus  offrant  une  couronne  de  lauriers. 
La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

PAUL,   JEAN,  JACQUES, 

MARTYRS   DU  JAPON. 

P.  en  H. 

Les  trois  saints  sont  vus  de  mi-corps,  dans  les  nuages, 
portant  chacun  une  grande  croix. 

Au-dessous,  une  prière,  suivie  d'une  petite  composition 
représentant  uue  palme  et  une  croix  reliées  par  un  chapelet. 

La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

PENSÉE  DIVINE. 
P.  en  h. 

Un  cœur,  duquel  émergent  trois  fleurs  de  pensée,  conte- 
nant chacune  une  inscription  chrétienne. 

PRAYEZ   ТО  THE  BLESSED  EST. 
P.  P.  en  h. 

La  Vierge,  entourée  de  chrérubins,  écrase  de  son  pied 
droit  le  serpent. 

A  droite,  un  ange  tenant  une  bande  roi  le  sur  laquelle  on 
lit  :  Marie  a  été  conçue  sans  péché. 


—  91  — 

PRÉCIEUX  SOUVENIR,  SI  VOUS  ÊTES  FIDÈLES  (LA  CÈNE). 

P.  en  H. 

Composition  faite  et  gravée  dans  le  goût  de  l'Ecole  ita- 
lienne. 

PRIÈRE  A  LA  SAINTE  VIERGE. 
P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

PRIÈRE  A  LA  SAINTE  CROIX. 
P.  en  h. 

Deux  pièces  gravées  en  rouge  mordoré. 

A  gauche,  tous  les  attributs  de  la  Passion  (sauf  les  clous) 
renfermés  dans  une  auréole  rayonnante.  A  droite,  le  chiffre 
du  Christ  et  les  trois  clous  renfermés  aussi  dans  une  auréole 
rayonnante. 

Combien  peu  de  personnes  doivent  encore  avoir  ce  petit 
sujet  ! 

PRINCE  DES  APOTRES. 
P.  en  h. 

Saint  Pierre  et  Saint  Paul,  debout  et  adossés  contre  une 
colonne  carrée,  portant  chacun  leurs  attributs. 

Très  bonne  composition,  mais  peu  réussie  dans  les  travaux 
de  la  gravure. 

La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

QUI  EST  SEMBLABLE  A  DIEU  ? 
P.  en  h. 

Composition  représentant  Saint  Michel  terrassant  le  démon. 

Prévoyant  le  succès,  notre  artiste  n'a  pas-  hésité  de  la 
graver  sur  une  planche  acier,  laquelle  fait  partie  de  la  col- 
lection R.  F. 


—  92  — 

QU'ILS  SOIENT  CONSOMMÉS  EN  UN. 

P.  en  h. 

Deux  cœurs  enflammé?  dans  les  nuages. 
La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

RÈGLEMENT  DES  VACANCES. 
P.  en  h. 

La  Vierge,  tenant  l'Enfant  Jésus,  offre  à  Saint  Louis-de- 
Gonzague  le  scapulaire. 

Plus  bas,  un  jeune  élève  à  genoux  devant  un  autel. 

En  outre  de  la  description  qui  précède,  figure  à  droite  et 
à  gauche  le  texte  gravé  du  règlement  des  vacances,  de  sorte 
que  cette  image  devient  une  espèce  de  triptyque. 

Combien  de  gens  ont  déchiré  le  texte  gravé,  pour  ne  con- 
server absolument  que  le  sujet. 

RODRIGUES  ALPHONSUS  EN  PRIÈRE. 

P.  en  ы. 

La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

ROSAIRE  (LE). 
P.  ronde  entourée  de  quinze  petits  médaillons. 

Le  sujet  capital  est  au  centre,  représentant  la  Vierge  don- 
nant un  chapelet  à  Saint  Dominique  et  soutenant  de  sa  main 
gauche  l'Enfant  Jésus,  lequel  offre  de  ses  deux  maios  une 
rose  à  Sainte-Catherine. 

Ce  sujet  est  entouré  de  quinze  médaillons,  contenant  cha- 
cun un  des  quinze  mystères. 

Composition  très  heureuse  et  habilement  gravée,  dont  les 
;.  épreuves  sont  devenues  fort  rares. 

r  Un  fragment  très  fini  du  dessin  original  et  la  planche  cui- 

§L    *  vre  font  partie  de  la  collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

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—  93  — 

SACRÉ  COEUR  DE  JÉSUS. 
P.  en  h. 

Jésus  en  buste  est  vu  de  face,  portant  la  main  gauche  sur 
sa  poitrine,  au  centre  de  laquelle  est  le  Sacré  Cœur  enflammé. 

Composition  complètement  entourée  de  nuages. 

La  planche  cuivre  et  le  dessin  original  font  partie  de  la 
collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

SACERDOS  ALTER  CHRISTUS. 
Grande  P.  en  h. 

Une  des  plus  grandes  et  heureuses  compositions  religieuses 
du  maître,  représentant  le  fond  d'une  église,  ayant  dans  son 
architecture  de  grandes  analogies  avec  notre  Métropole  d'Aix. 

Aussi  la  planche  cuivre  originale  fut  immédiatement 
vendue  à  l'éditeur  Pillet,  de  Paris,  qui  en  a  répandu  les 
épreuves  surtout  à  l'étranger. 

SAINTE  ANNE. 
P.  en  h. 

Sainte  Anne,  assise  dans  un  fauteuil  de  forme  antique, 
enseigne  la  Sainte  Vierge  agenouillée  écoutant. 

Suave  composition  d'intimité,  dont  les  épreuves  sont  peu 
répandues. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  BERNARD, 

ABBÉ  DE  CLAIRVAUX. 

P.  en  h. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  BRUNO. 
P.  ovale  en  h. 

Le  Saint  est  vu  de  profil,  lisant  un  livre,  appuyé  sur  une 
tête  de  mort. 
Une  des  pièces  les  plus  soignées  du  maître. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  94  — 

SCAPULAIRES. 
P.  en  h. 

Composition  chrétienne  sur  étoffe,  dont  le  maître  avait 
tiré  un  grand  parti  commercial. 
La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  ELZÉAR  ET  SAINTE  DELPHINE. 

P.  en  h. 

Debouts  et  somptueusement  vêtus,  Saint  Elzéar  et  Sainte 
Delphine  ont  chacun  le  bras  élevé  vers  le  Saint-Esprit,  rayon- 
nant dans  les  nuages  au-dessus  de  leur  tête. 

Au  bas  de  l'estampe  et  au  centre,  les  armes  accolées  des 
deux  familles.  Au-dessous  une  banderolle  sur  laquelle  on 
lit  :  Noli  me  tangere. 

Variante,  suggérée  par  M.  Théodore  de  Fonvert,  à  la 
devise  bien  connue  des  Sabran  :  Noli  imitare  leonem. 

La  PI.  est  de  la  collection  de  la  famille  Sabran  de  Pontevès. 

SAINT-FRANÇOIS-D'ASSISE. 
P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT-FRANÇOIS  BORGIA. 
P.  en  h. 

Le  Saint  à  genoux  adore  l'hostie  supportée  par  un  calice. 
A  ses  genoux,  la  couronne  et  le  sceptre. 
La  PL  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT-FRANÇOIS-RÉGIS. 
P.  en  h. 

A  droite,  le  Saint  agenouillé  sur  des  nuages,  adorant  le 
signe  du  Christ  rayonnant  de'gloire. 

A  gauche,  une  banderolle  soutenue  par  des  anges,  sur 
laquelle  on  lit  :  Hic  est  qui  multum  orat  pro  popuîo. 


—  95  — 
SAINT-FRANÇOIS-RÉGIS. 

APÔTRE   DU   VELA Y. 

P.  en  H. 


La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT-FRANÇOIS-XAVIER. 
P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  IGNACE  ÉCRIVANT  LES  SAINTS  EXERCICES. 

P.  en  h. 

La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  IGNACE  DE   LOYOLA. 
P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll..  R.  F. 

SAINT  JEAN-RAPTISTE  ET  L'AGNEAU. 

P.  en  h. 

La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  JEAN   L'ÉVANGÉLISTE. 
P.  en  h. 

Le  Saint  montre  et  soutient  de  ses  deux  mains  un  feuillet. 
A  droite,  un  aigle. 

SAINT-LOU1S-DE-GONZÀGUE  ADORANT  LE  CHRIST. 

P.  en  h. 

SAINTE-MARIE  DU  COEUR. 
P.  en  h. 

La  Vierge  est  agenouillée  au  pied  de  la  croix,  les  mains 
jointes  et  le  cœur  percé  d'un  glaive. 
La  PL  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  96  — 

SAINTE-MARIE,   APPRENEZ-NOUS  A  FAIRE  ORAISON. 

P.  en  h. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINTE  PHILOMÈNE. 
P.  en  h. 

La  Sainte  repose  dans  une  châsse,  une  branche  de  lys  à  la 
main. 

Au-dessus,  trois  petits  médaillons  contenant  une  des 
scènes  de  son  martyre  ;  enfin,  à  la  partie  supérieure,  la 
Sainte  montant  aux  cieux,  entourée  de  petits  anges,  dont 
deux  lui  donnent  la  couronne  du  martyre. 

Composition  très  fournie  en  scènes,  attributs  et  figures, 
car  nous  n'avons  pas  tout  décrit. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT  ROCH,  PRIEZ  POUR  NOUS. 
P.  P.  en  h. 

Le  Saint  est  assis  sur  une  pierre,  l'auréole  sainte  sur  sa 
tôte,  regardant  avec  extase  un  rayon  lumineux  qui  lui  vient 
du  ciel . 

A  gauche,  son  chien  lui  apportant  un  pain. 

SAINT  ROGH. 
P.  en  h. 

Variante  du  même  saint  déjà  décrit. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

SAINT   ROSAIRE. 
Quinze  pièces  en  h. 

Les  quinze  planches  du  Saint  Rosaire  en  quinze  mystères 
font  partie  de  la  collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 


—  97  — 

SI  QUELQU'UN  VEUT  VENIR  A  MOI. 

P.  en  h. 

Le  Christ  est  vu  portant  sa  croix  et  dirigeant  ses  pas  veto 
la  droite. 

Du  môme  côté,  sur  la  partie  élevée,  les  trois  croix  du 
Calvaire. 

SAINTE  ROSSOLINE  DE  VILLENEUVE. 
P.  lithographiée  en  l. 

Au  milieu  d'un  vaste  tombeau  de  forme  architecturale,  se 
trouve  la  châsse  de  la  Sainte,  que  Ton  voit  vêtue  des  habits 
religieux,  les  mains  étendues  sur  la  poitrine  soutenant  une 
couronne  de  roses. 

A  droite  et  à  gauche  de  la  composition,  on  lit  deux  prières 
dont  l'une  en  latin,  l'autre  en  français. 

Sainte  Rossoline,  religieuse  de  Tordre  de  Ctteaux,  était 
la  sœur  d'Hélion  de  Villeneuve,  élu  grand  maître  des  Che- 
valiers de  Rhodes  en  4323. 

Son  nom  et  ses  reliques  sont  en  grande  vénération  parmi 
les  religieuses  populations  du  Var. 

SAINT  SIMON  STOCK  RECEVANT  LE  SCAPULAIRE. 

P.  en  h. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  P. 

SAINT  STANISLAS  KOSKA. 
P.  P.  en  h. 

Le  Saint  tient  avec  respect  le  petit  Enfant  Jésus,  que  la 
Sainte  Vierge  vient  de  lui  confier. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 


SOUVENEZ-VOUS. 
P.  en  h. 

Une  fleur  de  pensée,  avec  allégorie  chrétienne  ;  au- 
dessous,  une  télé  de  mort. 

La  PI.  â.  est  dans  la  coll.  Et.  F. 

SOUVENIR  DU  JUBILÉ  DE  1826. 
P.  en  a. 

Saint  Rodrîguez  est  à  genoux,  récitant  le  Rosaire  et  adorant 
la  Vierge  et  l 'Enfant  Jésus. 

SOUVENIR  DE  RETRAITE  ECCLÉSIASTIQUE. 
P.  en  я. 

Composition  en  rond. 

Au  centre,  un  évéque,  assis  devant  les  marches  d'un  autel, 
exhorte  un  prêtre  agenouillé  devant  lui. 
Pièce  entourée  de  divers  attributs  d'église. 

SOUVENIR  DE  PREMIÈRE  COMMUNION. 
P.  en  h. 

Composition  allégorique  représentant  un  intérieur  d'église 
un  jour  de  première  communion. 

Bien  des  épreuves  de  celte  pièce  sont  répandues  dans  nos 
familles  provençales,  car  le  maître  a  plusieurs  fois  répété  ce 
sujet  avec  variantes. 

U  PI.  с  est  dons  la  coll.  R.  F. 

SOUVENIR  DE  PREMIÈRE  COMMUNION. 
P.  en  a. 

mante  de  la  même  composition  déjà  décrite. 
PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 


—  99  — 

SOUVENIR  DE  PREMIÈRE  COMMUNION. 

P.  en  h. 

Autre  variante  de  la  même  composition  déjà  décrite. 
La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

STATIONS|DU  CHEMIN  DE  LA  CROIX. 
Quatorze  pièces  en  h. 

Suite  de  quatorze  compositions  différentes  résumant  toutes 
les  phases  douloureuses  de  la  passion  du  Sauveur. 
Ces  quatorze  pièces  sont  peu  communes. 

LE  TEMPS  EST  COURT. 
P.  en  h. 
Un  sablier,  et  au-dessous  une  colonne  et  un  tronc  d'arbre 
brisés. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

TOUT  FINIT  SOUS  LE  SOLEIL. 
P.  en  h. 

Composition  chrétienne  et  allégorique,  résumant  la  fin  de 
tout  dans  ce  bas  monde. 
La  PI.  с  est  dans  la  coll.  R.  F. 

TOUTE  LA  GLOIRE  DE  LA  FILLE  DU  ROI,  etc. 

P.  en  h. 

Le  dessin  original  à  la  mine  de  plomb  et  la  planche  cuivre 
font  partie  de  la  collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

VERTUS  THÉOLOGALES. 
P.  en  h. 

La  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  P. 


LA  VIERGE  MONTANT  AUX  CIEUX. 
P.  en  h. 

La  Mère  du  Sauveur  s'élève  dans  les  nuages  et  traverse  les 
rayons  célestes,  le  regard  élevé  vers  les  cîeux,  la  main  droite 
portée  vers  son  cœur. 

Sous  elle,  un  ange  soutenant  le  groupe  dos  nuages  sur 
lequel  la  Vierge  repose. 

Une  des  dernières  compositions  du  maître. 

On  voit  réunis  chez  un  amateur  de  notre  ville  le  suave 
dessin  original  a  la  mine  de  plomb,  la  planche  cuivre  et  les 
épreuves  avant  et  après  la  lettre  de  cette  belle  idée  religieuse. 

LA  VIERGE  ET  L'ENFANT  JÉSUS  TENANT  UNE  BOULE 

ET  UN  LIVRE. 

P.  en  я. 

VIERGE  SAINTE,  DU  HAUT  DES  CIEUX. 
P.  en  в. 

A  gauche  dans  les  nuages,  la  Vierge  tenant  l'Enfant  Jésns. 
A  ses  pieds.  Saint  Louis  et  Louis  XVI,  rois  de  France,  et  plus 
bas,  la  France  personnifiée  allégoriquement  par  une  reine 
couronnée  ayant  à  ses  pieds  une  sphère  sur  laquelle  figurent 
les  armes  de  France. 

VIE  INTÉRIEURE  DE  LA  TRÈS  SAINTE  VD3RGE. 
P.  en  в. 

.a  Vierge  vue  de  face,  les  bras  croisés,  le  regard  élevé  au 
я  PI.  c.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

OILA  CE  COEUR  QUI  A  TANT  AIMÉ  LES  HOMMES. 
P.  en  h. 

îr  le  sol  aux  dalles  de  marbre,  Sainte  Marie  est  en  extase 


—  401  — 

devant  le  Sauveur,  qui  lui  apparaît  en  lui  montrant  son 
cœur. 
A  droite,  quatre  chérubins  dans  les  nuages. 

VOICI  LE  FIDÈLE  ET  PRUDENT  SERVITEUR. 

P.  en  h. 

Allégorie  représentant  les  rois  de  toutes  les  nations,  venant 
adorer  le  Père  Éternel. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

VOUS  ÊTES  PIERRE,  ET  SUR  CETTE  PIERRE,  etc. 

P.  P.  en  h. 

Malgré  l'exigu i té  du  format,  notre  artiste  a  su  y  enfermer 
treize  personnages.  Le  sujet  est  Jésus  au  milieu  de  ses  apô- 
tres. S'adressent  du  geste  à  l'un  d'eux,  Jésus  lui  dit  :  Vous 
êtes  Pierre,  etc. 

Le  dessin  original  et  la  planche  cuivre  font  partie  de  la 
collection  d'un  amateur  de  notre  ville. 

VOUS  ME  DONNEZ  VOS  COEURS,  О  JÉSUS,  О  MARIE. 

P.  en  h. 

Dans  un  ovale  composé  de  roses  et  lys,  la  Vierge  à  mi- 
corps  soutient  de  ses  deux  mains  l'Enfant  Jésus  debout. 
La  PI.  a.  est  dans  la  coll.  R.  F. 

VOUS  NOUS  MONTREZ,  О  JOSEPH... 

P.  P.  en  h. 

Cette  petite  composition  eut  un  tel  succès  que  la  première 
planche  fut  rapidement  usée. 

Notre  artiste  en  refit  une  deuxième,  semblable,  mais  sur 
acier. 

Les  deux  planches  font  partie  de  la  collection  d'un  amateur 
de  notre  ville. 


—  102  — 

VRAI  PORTRAIT  DE  SAINT  IGNACE, 
P.  ovale  en  h. 

Le  Saint  est  vu  presque  de  face  ;  au-dessous,  dans  un 
cartouche,  est  écrit  :  О  quam  sordet  terra,  quum  cœlum 
aspicio. 


'i. 


SUJETS    PROFANES 


ATTRIBUTS  DE  COMMERCE. 
P.  en  h. 

Au  4*'  plan,  les  attributs  commerciaux,  composés  déballes 
de  coton,  tonneaux,  fruits,  caducée,  etc. 

Au  2M  plan,  la  mer  portant  un  vaisseau  aux  voiles  dé- 
ployées. 

Au  fond,  un  phare. 

AURELIUS  IN  РАСЕ. 
P.  en  l. 

Jeune  homme  mort  étendu  dans  un  linceul  ;  à  ses  pieds, 
un  vase  ayant  la  forme  d'un  brûle-parfum.  Sous  la  pierre 
soutenant  le  coussin,  on  lit  :  Aurelius  in  расе. 

BOUTIQUE  D'UN  PATISSIER. 
P.  en  l. 

Devanture  en  bois,  de  forme  architecturale,  montée  sur 
quatre  colonnes  entre  lesquelles  des  vitrines  intercalées  con- 
tenant des  gâteaux,  pièces  montées,  etc. 

BILLET  A  ORDRE. 
P.  en  travers. 

En  tète,  une  vignette  représentant  Esculape  en  pied  ;  à  sa 
droite,  un  grand  palmier,  dont  le  tronc  est  entouré  d'un 
serpent. 

Très  jolie  composition  qui,  bien  que  commerciale,  est  très 
soignée. 


BILLET  DE  SATISFACTION. 
P.  en  h. 

Couronne  composée  de  feuilles  de  chêne  et  glands. 

UNE  BALANCELLE  SUR  L'EAU, 

Я  lithographie»  en  t. 

Une  femme  demi  nue,  jouant  de  la  harpe  éolienne,  est  as- 
sise dans  une  balancelle  terminée  a  l'un  dee  bouts  par  un 
col  de  cygne. 

Un  ange,  le  trident  en  main,  dirige  l'embarcation. 

Illustration  d'un  livre  provençal. 

ÉTUDE  DE  BŒUF,  CHÈVRE  ET  MOUTON. 
P.  en  l. 

Ces  trois  animaux  sont  dirigés  et  cheminent  vers  la  droite 
du  spectateur. 

Les  têtes  sont  bien  Vraies,  et  les  travaux  serrés  de  la  pointe 
rendent  et  donnent,  avec  une  exactitude  surprenante,  la 
finesse  des  poils. 

On  croirait  voir  une  gravure  de  V.  Hollar. 

La  planche  cuivre  fait  partie  de  la  collection  R.  F. 

UNE  ÉTIQUETTE  DE  CHOCOLATIER. 
P.  en  h. 

Dans  le  haut  de  l'étiquette,  une  Renommée  portant  de  son 
luche  une  banderolle  où  on  ne  lit  encore  aucune  ins- 
n. 
;  le  bas,  un  pelit  amour  broyant  du  chocolat  sur  la 


UNE  ÉTIQUETTE  DE  FLEURISTE. 
P.  en  h. 

la  partie  haute  de  cetle  estampille   figurent  deux 


—  105  — 

petits  amours  aux  ailes  de  papillon,  garnissant  une  corbeille 
de  fleurs. 
Petit  sujet  très  habilement  composé. 

ÉTIQUETTE  DE  PARFUMEUR. 
P.  P.  en  rond. 

Composition  représentant  une  femme  en  buste,  très  décol- 
letée, assujettissant  à  son  chapeau  une  branche  de  jasmin. 
Il  existe  des  épreuves  en  couleur. 

FLEURS  DES  CHAMPS. 
D'après  H.  С 

P.  en  h. 

Une  fleur  d'iris  et  son  bouton  d'une  suite  faisant  partie 
d'un  ouvrage  sur  la  botanique. 

MOÏSE. 
D'après  Boher,  statuaire. 

G.  P.  en  h. 

Le  législateur  des  Hébreux  est  vu  de  face,  la  jambe  droite 
agenouillée  et  la  main  élevée  à  la  hauteur  de  la  tête. 

Cette  dernière  est  fortement  caractérisée  par  une  large  et 
abondante  barbe  et  chevelure  très  savamment  massées. 

La  manière  du  procédé  de  l'outil  est  ici  peu  habituelle  au 
maître  :  c'est  tantôt  l'ampleur  des  tailles  de  C.  Mellan  pour 
tout-à-coup  les  délaisser,  en  abordant  dans  la  figure  la  touche 
mile  et  sûre  de  Van  Dick. 

La  traduction  de  cette  statue  marbre  d'après  Boher,  est 
certainement  rendue  avec  une  grande  hardiesse  de  burin  ; 
mais  eombien  ce  Moïse,  aux  tons  libres  et  durs,  est  loin  de  la 
finesse  spirituelle  et  amoureuse  du  portrait  du  marquis  de 
Méjanes  ! 


—  106  — 

MISÉ  NANOUN. 
P.  P.  en  h. 

Bonne  femme  vue  par  derrière,  cheminant  dans  la  campa- 
gne, appuyée  de  sa  main  gauche  sur  un  bâton,  et  un  broc  à 
sa  main  droite. 

C'est  le  titre  qu'avait  donné  notre  artiste  à  cette  petite 
pièce,  qui  certainement  date  de  ses  débuts. 

ODÉON. 

P.  en  travers. 

Représentant  une  carte  d'invitation. 

À  droite  et  à  gauche,  des  attributs  de  musique  très  fine- 
ment gravés. 

Le  centre  est  en  blanc,  et  réservé  pour  y  inscrire  le  nom 
de  l'invité. 

RECUEIL  DES  COSTUMES  DES  ENVIRONS  DE  ROME. 

D'après  E.  L. 

Réunion  de  20  à  25  lithographies,  représentant  les  divers 
costumes  italiens  de  l'époque  (4840  à  1815). 

SOMMEIL  EN  DILIGENCE. 

D'après  Gras. 

P.  iithographiée  en  l. 

La  scène  se  passe  dans  l'intérieur  de  nos  anciennes  dili- 
gences traînées  par  trois  ou  quatre  chevaux. 

Un  homme  profondément  endormi  s'est  laissé  aller  tout 
d'un  coup  de  la  tête  sur  l'épaule  de  sa  voisine  qui,  surprise, 
lève  les  yeux  au  ciel  de  frayeur  et  peut-être  de  pudeur. 

Cette  petite  aventure  comique  porte  certainement  à  sou- 
rire, mais  nous  avouons  franchement  que  ce  genre  ne  con- 
venait nullement  à  notre  graveur. 


—  407  — 

TOMBEAU  D'UN  JEUNE  ENFANT. 
P.  en  rond. 

Monument  funéraire  surmonté  d'une  urne  couverte,  au 
pied  de  laquelle  une  couronne  d'immortelles  est  placée.     s 

La  face  de  la  pierre  tumulaire  porte  une  longue  inscrip- 
tion en  vers. 

Composition  entourée  de  cyprès  et  saule-pleureur,  très 
habilement  gravée. 

VICTIME  DU  CHOLÉRA  MORBUS  PESTILENTIEL 

DE  MOSCOU. 
P.  lithographiée  en  travers. 

Cadavre  d'un  homme  étendu  sur  un  matelas  ;  la  face  tu- 
méfiée exprime  bien  les  douleurs  de  la  terrible  maladie. 
Pièce  faisant  sans  doute  partie  d'un  ouvrage  médical. 

VIGNETTES  VARIÉES  DE  LIVRE. 
Toutes  en  h. 

Toutes  représentent  des  épisodes  de  charité,  de  dévoue- 
ment, etc.  Destiné  à  l'illustration  de  livres  de  prix  scolaires. 


•чвдда» 


—  408  — 

Bien  des  choses  nous  resteraient  à  dire  sur 
la.  fécondité  artistique  de  notre  graveur  pro- 
vençal ,  car  si  nous  avons  eu  l'honneur  de 
faire  connaître  l'œuvre  du  maître ,  nous  de- 
vrions aussi  parler  d'une  autre  spécialité  de 
gravure  en  intaille  sur  métal  ordinairement 
précieuse,  tel  que  le  cachet  de  bureau  ou  celui 
porté  en   breloque. 

Leur  exécution  offre  toujours  de  grandes 
difficultés  ,  car  il  faut  non  seulement  creuser 
très  profondément  le  métal,  mais  encore  com- 
me toujours  graver  les  figures,  attributs,  etc. 
à  l'envers  ,  afin  d'obtenir  à.  la  cire  d'Sspagne 
une  empreinte  d'un  beau  relief  et  dans  son 
véri  table   sens . 

Cette  difficulté  était  facilement  vaincue  par 
le  talent  de  notre  maître  qui,  vu  la  fréquence 
des  commandes  n'avait  point  hésité  de  graver 
d'avance  des  poinçons  minuscules  sur  acier 
pour  transporter  ensuite  à  petits  coups  de 
marteau  de  ciseleur  leurs  empreintes  dans  les 
creux  préalablement  ménagée  dans  la  matière. 

Ces  poinçons  et  ciselé  te,  au  nombre  de  300 
environ ,  sont  en  notre  possession  ,  tous ,  très 
intéressants  à  étudier ,  car  ils  représentent 
les  figures  ou  attributs  de  nos  armoiries  pro— 
vençales,  et  bien  sou. vent  un  poinçon  de  la 
grosseur  d'une  tête  d'épingle  a  été  transformé 
et  sculpté   avec  un  art   inouï  en    tête  de  lion  ! 

Combien  nous  avons  vu  de  fois  sur  les  bu- 
reaux ces  pet**3  chefs-d'œuvre  symbolisant 
les    noms    et    titres    de    nos    sympathiques    fa- 


—  109  — 

milles  aixoises  ;  combien  de  fois,  notre  profes- 
sion d'orfèvre  aidant ,  nous  ont-elles  montré 
leurs  mobiliers  de  luace  ,  en  полое  soumettant 
leur  argenterie  artistique  bien  souvent  signée 
de  nos  orfèvres  provençaux  du  siècle  passé,  et 
gravée  en  dernier  lieu,  des  armoiries  ou  ini- 
tiales du  dernier  possesseur  par  Reinaud  qui, 
mu.  d'un  sentiment  de  respect  et  d'admiration 
pour  ces  pièces  si  habilement  conçues  et  cise- 
lées, venait  y  ajouter  par  la  finesse  et  l'énergie 
de  son.  burin  une  beauté  de  plus  en  gravant 
le  motif*  qui    lui   était   commandé. 

Mentionnons,  pour  terminer,  un  autre  genre 
affectionné  de  notre  artiste  qu'il  pratiquait 
dans  ses  rares  moments  de  loisir,  en  signalant 
ses  camées- reliefs  gravés  sur  coquille  ou  corail. 

Circonscrits  comme  toujours  dans  de  très 
petites  dimensions,  ses  profils  si  purs,  sculptés 
et  modelée  d'un  goû.t  sûr  et  délicat,  évoquent 
les  souvenirs  de  la  Grèce  antique  et  nous  don- 
nent une  juste  idée  de  la  beauté  ,  en  nous 
faisant  saisir  les  traits  distinctifs  qui  la  carac- 
térisent (1). 

C'est  certainement,  la  spécialité  artistique 
qu'il  a  le  moine  exercé  et  répandu,  mais  par 
les  rares  spécimens  existant  encore  dans  notre 

{h)  En  1680,  M.  Laùtkier,  riche  collectionneur  et  antiquaire  à 
Aix,  ami  et  rival  dans  la  curiosité  du  célèbre  Peiresc,  chez  lequel 
il  avait  fait  maintes  acquisitions  de  nombreux  camées  (entre  autres, 
le  fameux  cachet  de  Michel-Ange),  vendit  à  la  France  sa  superbe 
et  unique  collection  qui  prit  rang  parmi  les  pierres  gravées  du 
Cabinet  du  Roi.  (Mariette,  1750.) 


—  но  — 

ville ,  nous  avons  acquis  non  seulement  la. 
preuve  irréfutable  que  dans  l'art  de  la  gra- 
vure Mari  us  Reinaud  n'a  rien  ignore  ,  mais 
encore,  ce  qui  est  bien  plus  precieu3cf  l'attes- 
tation certaine  de  sa  supériorité  artistique  que 
bien   peu  de  graveurs  pourront   atteindre. 


APPENDICE 


JOSEPH  PITTON  DE  TOURNEFORT. 

P.  en  rond. 

Portrait  vu  presque  de  face,  légèrement  tourné  vers  la 
gauche,  en  buste,  vêtu  de  soie  et  couvert  d'un  manteau 
bordé  d'hermine  moitié  ouvert,  laissant  voir  la  décoration 
du  Saint-Esprit  dont  il  fut  honoré  en  4698. 

La  mâle  figure  très  bien  modelée  indique  l'intelligence,  et 
sa  barbe  aussi  bien  que  sa  chevelure  très  fournie  nous  révè- 
lent une  robuste  constitution. 

Dans  cette  pièce,  les  travaux  de  la  gravure  ont  été  simul- 
tanément conduits  avec  le  secours  de  Геаи-forte  et  du  burin 
selon  la  nature  de  l'objet  à  rendre  et  imiter,  tel  que  la  soie, 
l'hermine,  etc. 

L'épreuve  qu'il  nous  a  été  donné  de  voir  porte  en  outre 
de  la  signature  du  graveur  la  date  de  4844,  ce  qui  nous  indi- 
que suffisamment  l'heureuse  précocité  du  talent  de  notre 
artiste  aixois. 

Les  épreuves  sont  recherchées  et  peu  communes. 

Né  en  1656,  mort  en  4708,  ce  célèbre  botaniste  parcourut 


—  ш  — 

toute  la  région  méridionale,  particulièrement  le  Languedoc, 
le  Dauphiné  et  la  Provence,  pour  y  découvrir  et  étudier  les 
plantes  et  en  faire  une  classification  spéciale  pour  chaque 
contrée. 

Son  nom  est  une  des  gloires  de  la  ville  d'Aix,  car  ses  nom- 
breux ouvrages  sur  la  botanique  font  bien  souvent  encore 
foi  chez  les  savants  s'occupa nt  spécialement  de  la  science  si 
abstraite  sur  l'histoire  naturelle  de  la  botanique. 

La  planche  cuivre  originale  est  conservée  dans  les  nom- 
breuses collections  de  notre  sympathique  secrétaire  de 
l'Académie,  M.  le  baron  Hippolyte  Guillibert. 

LOUISE-MARIE  DE  BOURBON  PENTHIÈVRE, 

Duchesse  d'Orléans. 

D'après  Guis. 

P.  en  rond. 

Portrait  buste  vu  de  face,  coiffée  d'un  bonnet  de  dentelles 
canonées,  le  corps  est  vêtu  d'un  fichu  canoné  aussi,  dans  le 
goût  du  fichu  Ma  rie- Antoinette. 

Pièce  médiocrement  gravée,  assez  rare  à  rencontrer  dans 
les  collections,  cependant  un  amateur  de  notre  ville  en 
possède  deux  épreuves,  avant  et  avec  la  lettre. 

ARMORIAL  DES  COMMUNES  DE  PROVENGE. 

Par  M.  Louis  de  Bresc,  avocat. 

Planches  en  h. 

Bien  que  ce  précieux  ouvrage  ail  été  déjà  cité  page  32, 
nous  ne  pouvons  résister  d'en  donner  une  description  dé- 
taillée et  même  des  faits  inédits  sur  cette  œuvre  de  si  longue 
haleine  qui  fut  une  des  dernières  de  la  vie  de  notre  graveur. 

Le   frontispice  représente  une  Renommée  sonnant  de  la 


—  112  — 


trompette,  de  sa  main  gauche  étendue  elle  tient  encore  une 
autre  trompette  contre  laquelle  est  suspendu  un  étendard 
flottant  où  l'on  remarque  au  centre  un  écusson  couronné 
sans  aucun  signe  héraldique,  cet  étendard  est  retenu  à  Tune 
de  ses  extrémités  par  une  branche  de  lauriers. 

Au  bas,  quatre  couronnes  murales  indiquant  d'une  ma- 
nière précise  par  le  nombre  des  tourelles  les  attributions 
de  communes,  cantons,  sous-préfectures  et  préfectures. 

Quant  aux  blasons,  au  nombre  de  600  environ,  tous  sont 
lithographies  avec  grand  soin,  particulièrement  les  espèces 
de  chaque  animal  et  les  minutieux  attributs. 

Rien  ne  doit  nous  étonner  dans  cette  perfection  si  fidèle, 
car  presque  tous  ces  blasons  ont  été  dessinés  de  la  main  de 
l'auteur,  Térudit  académicien  M.  Louis  de  Bresc  qui,  patiem- 
ment, et  dirons-nous  avec  art,  exécutait  à  la  plume  les 
armes  respectives  de  chaque  commune. 

Soutenu  d'un  aussi  puissant  concours,  notre  artiste  graveur, 
malgré  qu'il  fût  bien  près  du  déclin  de  sa  vie,  ne  pouvait 
qu'être  encouragé  de  transmettre  sur  la  pierre  ce  qui  était 
aux  trois-quarts  fait,  c'est-à-dire  composition  et  dessin. 

Et  si  l'auteur  attribue  le  principal  mérite  de  son  ouvrage 
aux  planches  gravées  par  Marius  Reinaud,  hâtons-nous  d'édi- 
fier nos  sympathiques  lecteurs  en  rendant  à  chacun  la  part 
qui  lui  est  due  dans  la  collaboration  intime  de  l'auteur  et 
du  graveur,  l'un,  en  ce  qui  concerne  la  composition  dessinée, 
l'autre  dans  l'exécution  gravée. 


LE  STUDIUM  PAPAL 

DE     TRET§ * 

AU    XIV™    SIÈCLE 

Par     M.     ГаЪЪб    CHAILLAN. 


Les  institutions  d'enseignement  public  ont,  sous  les 
Grèce  et  les  Romains,  brillé  du  plus  vif  éclat  en  Pro- 
vence. Mais,  avec  les  invasions  des  Barbares,  changent 
étonnamment  les  mœurs  et  cesse  presque  tout  entière 
cette  haute  influence  scientifique ,  littéraire,  artistique. 
Le  maintien  de  l'indépendance  nationale,  les  luttes  pour 
la  défense  du  sol  entraînent  l'abandon  des  études,  et  il 
nous  faut  arriver  au  règne  de  Charlemagne  pour  les  voir 
renaître  sous  le  génie  si  puissant  de  cet  empereur. 

S'ouvrent  ensuite,  auprès  des  églises  capitulaires  et 
dans  les  cloîtres,  des  retraites  favorables  à  l'instruction. 
Moines  et  évêques,  durant  la  période  fort  compliquée  du 
moyen-âge ,  parviennent  à  les  faire  refleurir  au  milieu 
des  grandes  villes,  et  même ,  parfois ,  rayonner  jusque 
dans  des  paroisses  rurales. 


*  Trets,   chef-lieu  de  canton,  3000  habitants,  arrondissement 
d'Aix  (Bouches-du-Rhùne). 

8 


—  ш  — 

La  présence ,  au  XIVme  siècle ,  de  la  cour  papale  h 
Avignon  accentue  encore  et  vivifie  très  puissamment 
dans  nos  contrées  le  goût  du  savoir  et  d'une  civilisation 
épurée. 

La  vieille  abbaye  de  Saint- Victor  de  Marseille  avait 
acquis  au  près  et  au  loin  une  telle  réputation,  qu'à 
partir  du  X[me  siècle,  de  tous  les  points  du  Midi  on  s'é- 
tait adressé  aux  Abbés  de  cette  église  pour  instruire  les 
intelligences,  sanctifier  les  âmes ,  restaurer  les  monas- 
tères tombés  en  décadence. 

Région  fortement  marquée  aux  empreintes  celto- 
ligurienne,  grecque,  romaine  ;  territoire,  semble-t-il,  de 
la  civitas  d'  Arles  ;  propriété  des  comtes  de  Provence 
d'abord,  puis  de  la  famille  vicomtale  de  Marseille ,  la 
vallée  de  ГАгс  supérieur,  était  devenue,  aux  XII™6  et 
ХШтв  siècles,  une  vallée  essentiellement  monacale. 

Les  Bénédictins  de  l'abbaye  de  Saint-Victor  y  tenaient 
plus  de  vingt  églises  exemptes  de  complète  juridiction 
épiscopale,  avec  Trets  pour  chef-lieu  de  domination.  * 

La  ville  de  Trets  avait  alors  une  population  notable- 
ment plus  importante  que  celle  d'aujourd'hui,  comme  le 
prouvent  des  restes  d'anciens  dénombrements  trouvés 
dans  les  greffes  de  Provence,  et  aussi  la  taxe  des  affoua- 
gements,  enfin  certaines  pièces  de  la  commune. 

Au  surplus ,  ses  remparts  fraîchement  construits  et 


*  Recherches  historiques  sur  Trets  et  sa  vallée,  4  volume  in-8*, 
par  l'abbé  Chaillan,  page  67  et  suiv. 


—  115  — 

refaits  (1330-1 363),  les  nombreuses  tours  carrées,  s'éle- 
vant  de  distance  en  distance  avec  leurs  mâchicoulis  ;  le 
large  fosse,  les  grandes  portes  ogivales  surmontées  de 
créneaux  et  parées  d4me  terrasse  reliant  rentier  péri- 
mètre des  fortifications  :  tout  cet  ensemble  d'architec- 
ture médiévale  caractérisait  cette  époque  batailleuse, 
tourmentée  et  en  portait  admirablement  la  signature. 

Urbain  V  (Guillaume  de  Grimoard)  ,  nous  le  savons 
par  son  propre  témoignage ,  était  venu ,  tout  jeune,  à 
Marseille ,  s'initier  à  la  vie  religieuse  et  y  professer  so- 
lennellement la  règle  de  Saint-Benoit  ;  plus  tard ,  en 
1361,  il  v  retourna  comme  Abbé. 

Il  connaissait  donc  par  lui-même  la  richesse  des  pos- 
sessions terriennes  de  son  Ordre  à  Trets. 

Devenu  Pape  il  s'empressa  d'accorder  des  privilèges 
[dus  insignes  encore  que  ceux  de  ses  prédécesseurs  au 
lieu  même  où  avaient  afflué  tant  de  dons.  * 

Sacré  et  couronné  à  Avignon  le  6  du  mois  de  novem- 
bre 1 362,  le  bienheureux  Urbain  ordonne,  par  une  lettre 
du  13  avril  1363,  d'établir  à  Trets  six  religieux,  outre 
le  prieur. 

Le  prieuré  de  Trets,  ajoute  le  document  pontifical,  est 
assez  bien  pourvu  de  bénéfices  et  de  terres  pour  nourrir 
convenablement  le  nombre  de  moines  sus-désignés,  et 
notre  désir  formel  est  d'y  faire  célébrer  le  culte  divin 
avec  plus  de  décence  et  de  majesté. 


** 


•Cart.  St-Vict.  18,  410,  411,  413,  M 5,  288,  32,  etc. 
Reg.  Vratic.  261,  f.  122  v,  epist.  75. 


»* 


—  116  — 

En  cette  même  année  1363,  le  docte  Paperami  parti- 
culier de  tous  les  savants,  bienfaiteur  incomparable  d'un 
grand  nombre  de  maîtres,  soutien  unique  de  plus  de  mille 
écoliers,  élevés,  chaque  année,  à  ses  frais,  fonda  dans  ce 
même  Trets  une  Ecole  conventuelle ,  sorte  de  collège 
supérieur,  préparatoire  aux  grandes  Universités,  où  Ton 
enseignait  aux  clercs,  à  des  moines,  et  même  à  plusieurs 
prêtres,  la  grammaire,  les  belles-lettres,  la  «  dialectique  » 
ou  philosophie  et  la  théologie  élémentaire.  * 

De  rares  actes  de  l'époque  nous  avaient  à  peine  révélé 
l'existence  de  ce  centre  d'étude.  Nous  connaissions  par 
les  actes  de  nos  notaires  le  nom  de  magister  Castelan, 
de  Trets,  qui  était  le  barbier-perruquier  de  cette  nom- 
breuse communauté.  (1363-1364.) 

Une  curieuse  délibération  du  conseil  municipal  de 
Marseille,  datée  du  mois  de  novembre  1363,  nous  mon- 
trait la  supplique  de  l'opulente  cité  auprès  du  Souverain- 
Pontife  pour  faire  admettre  au  Studium  du  castrum  de 
Trets  quelques  clercs  marseillais  sans  fortune. 

Et  c'était  tout  ! 

Heureusement ,  pour  satisfaire  notre  curiosité ,  une 
gerbe  d'une  dimension  inattendue  avait  été  engrangée 
au  Vatican  depuis  des  siècles.  C'est  là,  au  milieu  de  tré- 
sors uniques  pour  les  sources  de  l'histoire,  que  nous 
sommes  allé  l'admirer,  la  cueillir,  la  dépouiller. 

Au  profit  de  l'histoire   nationale  et  provençale,  des 


*   Délibération  du  conseil  municipal  de  Marseille,  16  novembre 
1363.  —  Actes  dos  notaires. 


—  117  — 

diocèses  de  Marseille  et  d'Aix,  et  aussi  de  tous  nos  conci- 
toyens, nous  lui  donnons  le  grand  jour  de  la  publicité. 
L'incomplaisance  à  garder  plus  longtemps  pour  nous 
seul  une  pareille  trouvaille  et  à  en  thésauriser  en  quelque 
sorte  les  résultats  nous  aurait  paru  excessive  et  trop  légi- 
timement blâmable.  Aussi  c'est  toute  la  moelle  et  comme 
Tentier  froment  de  la  gerbe  vaticane,  ornée  de  son  parfum 
et  de  son  vernis  d'antiquité,  que  nous  tenons  à  commu- 
niquer au  public  savant. 

Le  manuscrit  des  archives  vaticanes  forme  un  volume 
de  301  feuillets  de  papier  de  chiffes.  Sa  hauteur  est  de 
24  centimètres,  sa  largeur  de  1 T  centimètres.  Il  est  re- 
couvert d'un  parchemin  aussi  blanc  et  aussi  propre  que 
s'il  était  récent.  Son  titre  est  :  Rationes  Scholarum 
de  Tritis  1364-1366.  Il  a  été  écrit  au  jour  le  jour,  à 
fur  et  mesure  des  besoins  et  des  événements,  comme  un 
véritable  ce  livre  de  raison.  м 

Le  rédacteur  a  laissé  en  blanc  plusieurs  feuillets  ou 
portions  de  feuillet.  Sa  transcription  en  a  été  faite  avec 
soin ,  et  nous  en  avons  même  confié  la  collation  aux 
archivistes-paléographes  les  plus  autorisés  des  archives 
du  Vatican. 

D'ailleurs  l'authenticité  apposée  à  la  copie  que  nous 
livrons  est  une  garantie  de  scrupuleuse  exactitude. 

Dans  cette  préface  nous  désirons  tout  simplement 
désigner  les  chapitres  et    chefs  de   matière  inscrits  au 


—  118  — 

volume  du  XIVme  siècle,  et,  aussi,  mettre  en  relief  cer- 
tains articles,  pièces  ou  faits  plus  intéressants. 

Le  savant  qui  lira  cette  publication  ne  s'étonnera  pas 
de  notre  méthode.  Il  préférera,  sans  aucun  doute,  con- 
naître le  texte  intégral  sans  s'attarder  longtemps  à  un 
avant-goût  et  à  une  traduction  inutiles. 

L'idée  générale  connue,  quelques  notes  explicatives 
sur  les  principaux  actes  renfermés  dans  ce  recueil,  suffi- 
samment développées,  rien  de  plus  utile,  rien  de  plus 
profitable  aussi,  que  de  recourir  de  suite  aux  détails,  aux 
compléments  de  renseignements,  en  un  mot,  au  texte 
latin  lui-même. 

De  ce  texte  il  se  peut  que  certains  mots  romano-bar- 
bares,  si  divers,  selon  chaque  localité,  aient  été  corrompus 
par  le  défaut  de  règles  fixes,  d'emploi  ou  de  lecture,  mais 
nous  croyons  que  Terreur  sera  minime  et  nous  voulons 
accéder  sans  réserves  à  toutes  les  critiques  judicieuses. 

Les  vingt-cinq  premiers  feuillets  du  manuscrit  sont 
des  indications  relatives  aux  étudiants,  à  leurs  noms,  à 
leurs  pensions  pleines,  nulles  ou  partielles.  Et  comme 
Tabbaye  de  Saint- Victor  de  Marseille  avait  acquis  des 
prieurés  innombrables,  Térudit  s'explique  pourquoi  figu- 
rent au  vationaire  de  Trets  des  clercs  venus  non  seu- 
lement des  provinces  ecclésiastiques  d'Arles ,  d'Aix , 
d'Embrun,  d'Avignon,  mais  encore  des  prieurés  ou  églises 
disséminés  dans  les  diocèses  de  Rodez,  de  Mende,  de 
Nîmes ,  de  Vabres  ,  d'Uzès  ,  de  Viviers  ,  d'Agde  ,  de 
Chartres 

Plus  de  vingt  comtés  étaient  représentés  au  Studium 


—  119  — 

dirige  par  les  Bénédictins,  et  la  seule  petite  ville  de  Trets, 
bien  favorisée,  certes,  par  le  Pape,  comptait  dix  clercs 
étudiants  ce  avec  pension.  >э 

En  deux  années  scolaires  (1363-1364)  s'étaient  suc- 
cédé à  Trets  les  recteurs  Astorge  de  Cayraco,  Bernard 
Guidon,  Déodat  Jordan.  * 

Le  nombre  total  des  candidats  qu'ils  avaient  reçus  dé- 
passe 200  ;  mais  par  suite  de  décès  ou  d'autres  motifs  le 
chiffre  des  écoliers  restant,  mentionnés  au  livre  de  raison, 
en  juin  1364,  est  de  180  (fol.  11  v°.) 
155  ce  avec  pension,  w** 

I  &  ce  ad  expensas  proprias.  м 

II  ce  sine  pensione.-» 

Nous  ne  signalerons  pas,  ici,  les  noms  de  ces  écoliers 
et  de  leurs  pays  d'origine.  Il  sera  bien  facile  de  prendre 
la  page  première  et  de  les  suivre  diocèse  par  diocèse, 
souvent  paroisse  par  paroisse  ,  et ,  toujours  famille  par 
famille. 

Les  fils  de  la  noblesse  des  villes  et  des  campagnes  y 
sont  confondus  avec  les  fils  de  la  classe  des  tenanciers 
privilégiés  et  des  serfs. 

*  Si  Pierre  de  Areabaudosa  a  été  directeur  de  l'école  pontificale 
de  Trets  (f.  285  v),  il  est  possible  qu'il  n'exerçât  cette  charge  que 
par  intérim  ou  comme  adjoint  et  suppléant.  En  tous  cas,  c'est  en 
qualité  de  procureur  qu'il  figure  sous  le  priorat  de  Déodat  Jordan. 

**  Ces  premiers  devaient  payer  la  modeste  rétribution  de  4  flo- 
rins ;  mais  un  certain  nombre  les  promettaient  sans  les  donner,  et 
le  Pape,  toujours  libéral,  agréait  facilement  leurs  excuses. 

Les  seconds  étaient  taxés  à  10  florins. 

Quant  aux  derniers,  ils  jouissaient  de  la  gratuite  absolue. 


—  420  — 

Tous  ces  clercs-écoliers  n'étaient  pas  destinés  à  la  vie 
sacerdotale  ou  monastique.  Urbain  V  en  envoya  plusieurs 
étudier  le  droit  ou  la  médecine,  et  il  en  mit  d'autres  en 
leur  place,  comme  on  le  lit  en  plusieurs  passages  de  notre 
document.  L'Université  de  Bologne  était  la  plus  renom- 
mée de  Tépoque.  Le  Pape  fit  rechercher  à  Trets  les 
étudiants  qui,  étant  peu  fortunés,  avaient  le  plus  détalent 
et  de  disposition  pour  les  sciences,  les  dirigea  sur  celte 
ville  fameuse,  fournit  à  tous  leurs  besoins,  (f0  7  v°.) 

Ces  faits  confirment  ce  que  tous  les  historiens  racontent 
du  bienheureux  Urbain,  à  savoir  qu'il  était  généreux  et 
prodigue  envers  les  jeunes  gens  voués  aux  sciences  ;  ces 
actes  aussi  démontrent  que  les  docteurs  et  maîtres  du  col- 
lège de  Trets  professaient  avec  le  plus  grand  succès  le 
haut  enseignement  littéraire  et  philosophique. 

Ces  maîtres  et  serviteurs  se  trouvaient  au  nombre  de 
dix-sept,  (f**  12  v°.)  Ils  habitaient  avec  leurs  disciples  un 
établissement  situé  à  l'entrée  occidentale  du  castrum 
de  Trets,  à  l'abri  des  remparts  *  et  confrontant  la  porte 
de  Clastre  h  l'occident  ;  la  fontaine  de  Clastre  et  le 
jardin  dit,  plus  tard,  de  René,  au  nord  ;  du  midi  la  petite 
place  triangulaire  décorée  aujourd'hui  de  gracieux  aca- 
cias ;  enfin,  du  levant  la  rue  Centrale  et  l'église  claustrale 
de  la  Trinité. 

Cet  emplacement  répond  actuellement  à  celui  du  bu- 
reau de  poste  de  Trets,  de  la  mairie,  de  la  salle  d'audience 


*   Archives  do  la  famille  de  Forhin  d'Oppède. 


—  121   — 

du  juge  de  paix,  *  des  immeubles  May  en,  Jean-Baptisle 
Baille  et  du  château  de  Clastre.  ** 

Il  occupe  un  vaste  espace,  ou,  comme  disaient  les 
Romains,  une  île  entière  enfermée  entre  quatre  voies. 
Cependant  quoique  important  un  pareil  carré  de  hautes 
constructions  ne  suffisait  point  à  l'installation  ainsi  qu'aux 
Iiesoms  de  toutes  les  personnes  ou  choses  du  Studium 
pontifical  ;  c'est  pourquoi  le  manuscrit  nous  indique 
Tarrentement  de  plusieurs  hospicia  voisins. 

Pour  établir  une  communication  facile  on  perfore  les 
murs  et  on  jette  un  pont  sur  la  rue.  Ce  système  de  pont 
couvrant  les  rues  de  ses  arcades  se  trouve  commun  à 
Trets,  et  de  nos  jours  encore,  on  remarque  à  plusieurs 
endroits  du  pays  ces  singuliers  portiques  traditionnels 
soutenant  des  maisons  qui  tombent  de  vétusté. 

La  deuxième  partie  des  Rationes  Scholarum  s'étend 


*  Monsieur  André,  ex-maire  de  Trets,  avait  bien  voulu,  sur  notre 
demande,  promettre  de  donner  une  place  plus  digne  à  trois  débris 
d'inscription  et  de  sculpture  gothiques.  Ils  ont  servi  longtemps,  tout 
récemment  encore  ils  servaient  de  degrés  aux  escaliers  qui  con- 
duisent du  prétoire  à  l'antichambre  du  secrétariat  de  la  Mairie. 

Ces  morceaux  de  dalle  funéraire  provenaient  de  la  chapelle  claus- 
trale si  voisine. 

Sur  cette  dalle  était  figuré  un  personnage  en  pied,  vêtu  d'une 
robe  longue.  Autour  de  l'image  se  développait  en  bordure  une  épi- 
taphe  dont  il  ne  reste  plus  que  les  mots  : 

DE  TRITIS....  ORATE.... 
c'est-à-dire  «  de  Trets   ....      priez....  (pour  lui?)». 

Los  lettres  sont  de  la  fin  du  XIV*  siècle. 

**  Voir  sur  ce  château  acquis  un  instant  par  les  Foresta,  au 
XVI-  siècle,  notre  étude  sur  les  religieux  de  Saint-Victor,  à  Trets. 


—  122  — 

du  feuillet  25  au  43  v°.  Elle  est  intitulée  :  achat  des 
provisions  par  Déodat  Jordan,  recteur  du  Studium  de 
Trets.  Ce  recteur  venait  d'arriver  à  notre  Castrum. 

Camérier  de  l'abbaye  de  Saint-André,  près  Avignon, 
il  avait  laissé  les  bords  du  Rhône,  et  s'était  rendu  à  son 
nouveau  poste  dans  l'espace  de  deux  petites  journées,  en 
passant  a  par  le  port  *  de  Noves,  »  sur  la  Durance. 
(30-31  mai  1364).  .- 

Cela  prouve  qu'au  moyen-âge  les  voyageurs  pouvaient 
aller  vite  s'ils  y  tenaient. 

Avec  le  journal  des  comptes  de  Déodat  Jordan  il  nous 
est  permis  de  connaître  les  noms  des  propriétaires  ven- 
deurs qui  font  au  Studium  de  Trets  offre  et  livraison  du 
blé,  du  seigle,  de  l'huile,  des  moutons,  des  porcs  salés, 
du  poisson  en  conserve,  des  chandelles,  etc.  Le  prix  de 
ces  marchandises  est  exactement  inscrit  comme  aussi  la 
quantité  et  le  coAt  des  lentilles,  fèves,  pois-chiches, 
œufs,  noix,  figues,  amandes,  fromage,  sel,  foin,  avoine... 
Sur  l'ensemble  de  ces  données  on  peut  faire  quelques 
observations  afférentes  aux  personnes  et  aux  choses. 

Le  mouton  ainsi  que  le  porc  étaient  très  communs, 
puisqu'il  est,  h  chaque  jour,  question  de  ces  animaux 
pour  la  nourriture  des  élèves  et  des  serviteurs. 

Le  bœuf  n'apparaît  qu'aux  grandes  fêtes  ;  on  y  mange 
encore  des  perdrix  et  des  lapins. 

L'agneau  est  servi,  tout  le  printemps,  aux  malades  et 
convalescents. 

*  Portus.  —  Lieu  où  l'on  passe  un  bac.  —  Ducangc. 


—  123  — 

La  fabrication  du  fromage  avait  pris  un  certain  déve- 
loppement. Aussi  FEcoIe  papale  qui  en  faisait  une  bonne 
consommation  se  pourvoyait  auprès  des  petits  établis- 
sements voisins  appelés  cellœ  caseorum.  La  réserve  du 
réfectorier  était  toujours  abondante,  et  malgré  Kmmi- 
nence  du  transfert  des  étudiants  il  en  tenait  encore  72 
livres  et  demi,  à  la  fin  du  mois  de  mai.  Cette  réserve 
disparut  en  grande  partie  au  milieu  du  trouble  extrême 
causé  par  les  préparatifs  du  déménagement.  Aussitôt  dans 
l'église  de  Trets  on  lance  l'excommunication  contre  les 
auteurs  de  ces  pilleries. 

Plusieurs  notes  de  compte  nous  font  connaître  les 
espèces  de  poissons  salés  qu'on  servait  h  la  table  de 
Trets  :  thons,  dorades,  mulets. 

Quant  aux  poissons  frais  ils  sont  invariablement  dési- 
gnés in  globo  par  les  termes  trop  vagues  pour  notre 
curiosité  :  pisces  récentes. 

Toutes  ces  fournitures  arrivaient  des  côtes  de  Pro- 
vence :  les  unes,  nous  le  savons  exactement,  des  pêche- 
ries de  Marseillej  et  les  autres,  le  registre  de  Charles  Ier 
nous  Tapprend,  des  pêcheries  de  Nice  et  d'Arles. 

Le  sel  dont  la  fabrication  et  le  commerce  avaient  pris 
une  grande  extension  en  Provence,  dès  le  XIme  siècle, 
était  apporté  au  couvent  de  Trets  par  des  sommeliers 
de  Valencia  (?)  et  surtout  de  Gardanne. 

Enfin  quant  au  froment,  au  vin,  à  l'huile,  tous  les 
villages  de  la  vallée  de  ГАгс  supérieur  en  étaient  abondam- 
ment pourvus,  et  presque  tous,  même  Saint-Maximin, 
s'empressaient  d'offrir  leurs  produits  au  puissant  recteur. 


—  12i  — 

Plusieurs  noms  des  anciens  producteurs  duXIVme  siècle 
sont,  aujourd'hui  encore,  très  honorablement  connus 
dans  notre  région.  Mentionnons,  entre  cent  autres,  Audric, 
Négrel,  Icarden,  Maynier,  Milon,  Véziau,  Porte,  Girard 
ou  Giraud,  Rostan,  Bernard,  Cas  le  11  «in. 

La  plus  grande  partie  de  notre  document  est  la  troi- 
sième, qui  se  rapporte  aux  dépenses  ordinaires  et  quo- 
tidiennes du  Studiwn  de  TreU.  (52  v°  à  263  v°). 

Ici  la  nature  des  articles  n'est  pas  d'une  riche  variété  ; 
cependant  sous  cette  uniformité  de  détails,  parfois  fati- 
gante pour  le  lecteur,  se  cachent  de  très  précieux  rensei- 
gnements. 

Pendant  une  année  entière  (de  juin  1364  à  juin  1365) 
le  livre  de  raison  relate  le  nombre  de  personnes  qui, 
chaque  jour,  ont  pris  part  aux  repas.  Ce  qu'on  a  mangé, 
ce  qu'on  a  bu,  ce  qu'on  a  acheté  de  particulier  pour  tel 
maître  ou  tel  écolier,  rien  n'échappe  à  l'investigation  et 
à  la  note  du  dépensier  :  tout  le  menu  s'y  trouve. 

A  la  fin  du  mois,  récapitulation  du  chiffre  des  convives 
et  des  dépenses  ;  à  la  fin  de  Tannée,  addition  totale  des 
hôtes,  comestores,  des  fournitures,  des  objets  de  con- 
sommation, du  prix,  du  volume,  des  pièces,  des  denrées 
servies... 

Voici  quelques  exemples  de  la  carte  à  manger,  pris  ça 
et  la,  dans  cette  longue  liste  de  mets. 

Dimanche  2  juin  1364.  (fol.  53). 

ce  Nous  avons  mangé  : 

ce  Un  mouton  de  la  bergerie  du  Studium. 

ce  Condiments  du  potage,  20  deniers. 


—  125  — 
«  Trois  livres  de  bacon. 

« 

ce  Aux  malades,  3  sous  do  viande  légère  et  variée. 

ce  Fromage  pour  le  directeur  et  les  maîtres. 

ce   32S  pains,  valant  3  setters,  *  et  au  surplus,  ГоЫа- 

tion  de  l'église. 

ce  Nous  avons  bu  23  escandaux  **  de  vin  dont  12 
font  une  millerole  et  18  une  sommée  ou  charge  de  vin. 

ce   163  commensaux. 

ce  Une  livre  d'huile  pour  la  lampe. 

ce  Une  demi-livre  de  chandelles.  x> 


*  Cette  mesure  de  capacité  (sextarium)  a  varié  avec  le  temps  et 
les  lieux,  dit  Ducange,  qui  ne  cherche  pas  à  la  connaître  d'une 
manière  complète.  —  Diligentius  perse rutari  per  tempus  non  licet. 

M.  L.  Blancard  qui  a  étudié  magistralement  la  question  des 
monnaies  et  mesures  provençales,  au  XIII*  siècle,  assure  que  les 
*  setiers  locaux  avaient  des  contenances  diverses  ;  il  se  trouvait 
même  le  setier  à  blé,  seigle,  et  celui  à  avoine  et  orge.  » 

Pour  le  calcul  et  l'indication  des  contenances  des  mesures,  voir 
pages  347,  350,  etc. 

—  Essai  sur  les  monnaies  de  Charles  I,  comte  de  Provence,  par 
L.  Blancard,  archiviste  des  Bouches~du-Rhône. 

Voir  encore  Tavernier.  Usages  et  règlements  locaux. 

Notre  rationaire  dit  aussi,  quelquefois,  «  ...mensure  Tritis...  » 

**  Vescandal  ou  escandau  (Duc.  Gl.  Fr.)  était  une  subdivision 
de  la  millerole. 

Sa  dimension,  quoique  variant  avec  les  villes,  était  en  moyenne, 
environ  le  quart  de  la  millerole.  —  Le  douzième  serait  donc  de 
beaucoup  dép.issé  ici... 

Aucun  renseignement  extérieur,  très  précis,  n'est  venu,  malgré 
nos  recherches  et  nos  demandes,  confirmer  le  texte  de  notre 
rationaire. 

Mais  en  additionnant  le  nombre  des  scandalia  bus  durant  tout  le 
mois  de  juin  1361.   nous  sommes  arrivé  au  total  de  669.  Ce  chiffre 


—  126  — 

Mardi  4  juin.  Un  mouton  de  la  communauté.  Potage 
de  brouet.  Viande  pour  les  malades,  2  sous  7  deniers. 
Bacon,  4  livres.  Fromage  au  recteur  ainsi  qu'aux  maîtres. 
340  pains,  valant  3  setiers,  3  cartayrols. 

Vin,  23  escandaux.  —  Demi-livre  de  chandelles. 

163  commensaux. 

Mercredi  19  juin.  Viande  salée,  28  livres.  Viande 
pour  les  infirmes,  28  deniers.  Potage  aux  herbes  du 
jardin  du  Studium.  Poissons  frais,  2  sous.  Une  demi- 
livre  d'huile.  322  pains,  valant  3  setiers^  1  panai. 

Vin,  23  escandaux.  Demi-livre  de  chandelles. 

164  commensaux. 

Vendredi  28  juin.  Potage  aux  herbes.  —  (Eufs,  4 
sous,  —  Autre  plat  d'herbage  pour  les  malades,  4  de- 
niers. —  Fromage  pour  tous  les  hôtes.  —  Une  livre 
d'huile. 

300  pains  valant  3  setiersy  1  panai. 

Vin,  22  escandaux.  Une  demi-livre  de  chandelles. 

159  commensaux. 

divieé  pur  12  donne  bien  exactement  les  55  milleroles,  9  scand. 
inscrits  au  summa  du  fol.  67  v«.  —  Voir  aussi  fol.  31-31  >*•,  etc. 

Nous  remercions  vivement  à  ce  sujet,  MM.  Ch.  de  Ribbe, 
L.  Blancnrd  et  F.  Mistral  de  leurs  communications  aussi  savantes 
qu'obligeantes. 

«  Duns  mes  recherches,  nous  écrit  l'illustre  F.  Mistral,  j'ai  trouvé 
quo  Vescandau  est  le  1/i  de  la  millcrole  ;  seulement,  au  mot 
escandoli  ou  escandueli  de  mon  dictionnaire  provençal -français, 
j'ai  mis  ceci  :  «  nom  générique  de  toutes  les  petites  mesures  pour 
les  liquides,  pour  l'huile  en  particulier,  v.  escandau.  »  et  je  donne 
la  comme  citation  :  manja  soun  bèn  en  escandueli,  dissiper  son 
bien  petit  à  petit.  » 


—  127  — 

Samedi  29  juin.  —  Poissons  frais,  3  sous,  4  deniers.  — 
tiSuls,  3  sous,  8  deniers.  —  Potage  de  brouet  au  fro- 
mage. —  Herbage  pour  les  infirmes.  —  A  l'écolier 
Monet  malade,  un  poulet,  10  deniers.  —  Une  livre  et 
demi  d'huile. 

315  pains,  valant  3  setiers,  1  panai. 

Vin,  21  escandaux  et  demi.  Une  demi-livre  de 
chandelles. 

157  commensaux. 

Journées  festivales  des  25  et  26  décembre  1364. 

ce  Mercredi,  jour  natal  du  Seigneur,  j'ai  dépensé  100 
livres  de  bœuf,  60  livres  de  mouton  et  4  livres  de  viande 
salée.  —  Bon  potage  de  diverses  épices  prises  chez  l'apo- 
thicaire.  —  Plat  d'oeufs  pour  le  professeur  Jean  et  un 
écolier.  —  Fromage  au  prieur  ainsi  qu'aux  maîtres.  — 
Deux  lapins,  5  sous,  et  une  perdrix,  1 8  deniers.  —  Des- 
serts variés.  —  314  pains,  valant  3  setters,  1  panai, 
1  othène,  (?)  outre  les  oblations  de  l'église.  25  escan- 
daux de  vin.  —  4  livres  de  chandelles. 

Tout  cela  pour  145  commensaux  ! 

Jeudi,  lendemain  de  Noël,  75  livres  de  boeuf^  50 
livres  de  mouton,  3  livres  de  porc  salé.  —  Potage  aux 
poireaux  du  jardin.  —  Deux  perdrix,  3  sous.  —  Mou- 
tarde, 12  deniers.  —  Fromage  aux  professeurs. 

250  pains,  valant  3  setiers  et,  au  surplus,  Toblation 
faite  par  les  fidèles  à  l'église. 

24  escandaux  de  vin  ;  3  livres  de  chandelles. 

1 42  commensaux.  >* 

Si  le  chiffre  des  pensionnaires  a  baissé  durant  ces 


—  128  — 
quelques  juins  de  frics,  les  ohlations  des  fidèles  sont, 
au  contraire,  bien  généreuses.  Cette  coutume  antique 
qui  voulait  que  les  chrétiens  offrissent  spontanément  à 
l'autel,  du  pain  et  du  vin,  avait  snbi  des  modifications 
â  travers  les  temps.  *  La  piété  du  peuple  de  Trcts 
n'avait  point  eu  besoin,  comme  ailleurs,  des  décrets  con- 
ciliaires pour  continuer  à  verser  chaque  dimanche  et 
solennité  des  dons  alwndanU  de  pain  en  l'honneur  de 
Dieu  et  des  pauvres  «  entre  lesquels  les  moines  de  Trets 
avaient  gloire  d'avoir  rang.  » 

La  table  de  l'Epiphanie  mérite  une  mention  pour  la 
quantité  des  mets  et  des  vins  ;  mais  une  diversité  plus 
digne  de  remarque  s'applique  à  la  durée  du  Carême  dans 
le  Studium  de  Trets.  Il  s'étend  sur  le»  sept  semaines 
pleines  qui  précèdent  Pâques,  ce  qui  fait  48  jours  de 
jeûne  ou  d'abstinence,  ** 

Cette  pratique  de  prolongation  de  pénitence  était  sans 
ibre  dévotion  ;  il  ne  paraît  pas  du  moins  quelle 
ité  regardée  comme  une  obligation  rigoureuse  et 
Dans  d'autres  églises  le  Carême  n'avait  pas 
irante  jours. 

)le  de  Trets  le  dimanche  du  Carniprivium 
îe  servait  plus  de  viande  aux  valides  jusque  à 
ns  discontinuer  et  sans  excepter  les  dimanches. 


sin .  Disciplina  île  l'Eijtisi 

111°  die  folironrii  —  prim 
1НЛ  nprilis  ilio  dominica 


—  129  — 

De  ces  nombreuses  pages,  par  moment  fastidieuses, 
consacrées  à  peu  près  uniquement  à  la  répétition  des 
mêmes  choses  culinaires,  notre  publication  fait  un  choix. 
Il  est  suffisamment  complet  pour  permettre  de  formuler 
un  jugement  sur  l'ensemble,  d'une  part  ;  et  par  ailleurs, 
il  évite  l'ennui  d'une  interminable  série  ou  énumération 
d'aliments,  d'objets,  de  faits  identiques. 

Les  quelques  curiosités  à  détacher  encore  de  ces 
étranges  éphémérides  de  la  cuisine,  dont  la  copie  intégrale 
est  entre  nos  mains,  sont  les  suivantes  : 

Chaque  personne  avait  une  ration  moyenne  d'environ 
presque  trois-quarts  de  litre  de  vin  par  jour. 

L'apothicaire  était  généralement  épicier.  Figues,  poi- 
vre, moutarde,  piments  et  tous  les  arômes  ou  substances 
condimentaires  sortaient  de  sa  boutique. 

Trets  comptait  trois  apothicaires,  ce  qui  prouve  que 
cette  profession  était  lucrative. 

Les  goûts  provençaux  du  XTVme  et  du  XIXrae  siècle 
restent  bien  les  mêmes  pour  la  soupe  à  l'huile  avec  les 
poireaux,  oignons  et  surtout  l'ail. 

Les  fêtes  de  Sainte  Marie-Magdeleine  et  de  Saint  Jean- 
Baptiste  se  célébraient  avec  éclat. 

À  celle-ci  on  montait  au  prieuré  forestier  de  l'ermitage 
de  Saint-Jean-du-Puy  qui  conserve  encore  une  inscrip- 
tion de  ce  XTVme  siècle  ;  à  celle-là  on  s'unissait  de  cœur 
aux  Dominicains  dont  le  couvent  et  l'église  de  Saint- 
Maximin  retentissaient  de  louanges  envers  cette  illustre 
femme  de  l'Évangile. 

Tous  les  arts,  tous  les  penseurs,  tous  les  saints  du 

9 


—  *30  — 
moyen-âge  avaient  rivalisé  de  zèle  pour  honorer  l'Eucha- 
ristie. Depuis  quelque  temps  s'était  introduit  et  géné- 
ralisé dans  les  églises  l'usage  des  tabernacles  et  des  osten- 
soirs pour  y  conserver  et  exposer  le  Saint  Sacrement. 
Л  Trels,  dans  l'église  claustrale  de  la  Trinité,  qui  servait 
aux  étudiants  du  Pape,  une  belle  lampe  brille  devant  le 
tabernacle.  La  quantité  d'huile  brûlée  a  une  note  parti- 
culière dans  notre  manuscrit  : 
Oloum  pro  lampade  ecclesie  ! 

Quand  un  étranger  de  marque  visitait  l'Ecole  papale 
on  achetait  du  pain  blanc  de  la  ville  pour  les  hôtes  placés 
Л  la  table  d'honneur.  1-е  service,  la  cordialité,  l'abon- 
dance ne  laissaient  rien  à  désirer. 

''■■si  le  31  mars  1365  arrive  au  castrum   de  Trets 

rge  de  Cttyruco,  inspecteur  pontifical. 

n  offre  aux  convives,  qui  se  trouvaient  juste  cent,  un 

•c  de  fèves  et  un  potage  aux  épinards. 

tissons  frais,  G  sous,  1 1    deniers  ;  dorades  salées, 

ta,  thon  en  conserve. 

:s  quatre  plats  de  divers  poissons  exigent  3  livres 

le. 

>ur  les  malades,  20  deniers  de  chevreau. 

jssert  de  noix. 

lins,  180,  valant  2  setiers  ;  et  en  outre,  2  sous,  9 

:rs,  de  pain  blanc. 

ii,  21  escandaux  ! 

hix  livres  de  chandelles. 

ie  réception  d'un  autre  genre  est  signalée  le  samedi 

:tobre  1364. 


1 


—  131   — 

208  commensaux  boivent  deux  milleroles  et  demi  de 
vin.  Les  œufs  forment  le  plat  de  résistance. 

Pendant  qu'elle  mange  le  fromage  servi  à  tous,  ce 
jour-là,  la  jeunesse  écolière,  iradiée,  braque  des  regards 
vivement  curieux  sur  une  dizaine  d'avocats,  de  juges, 
de  scribes  arrivés  d'Aix,  quia  fuit  disputacio  propter 
principium  Studii, 

Enfin  le  quatrième  et  dernier  chapitre  est  consacré 
aux  dépenses  extraordinaires ,  faites  pour  TEcole 
d'Urbain  V,  à  Trets. 

C'est  un  morceau  qui  enrichit  notre  connaissance  des 
mœurs,  de  la  société,  de  la  géographie  du  XIVme  siècle.* 

En  examinant,  en  effet,  les  innombrables  éléments 
d'information,  éparpillés  dans  ces  pièces  de  comptabilité, 
(263  v°  à  301)  on  enregistre  certains  faits  ou  circons- 
tances qui  jettent  quelque  lumière  sur  des  usages  domes- 
tiques, moraux,  économiques,  religieux,  lois,  institutions, 
opinions,  préjugés,  organisation  sociale,  scolaire,  croyances 
des  peuples,  etc.  Sur  tous  ces  sujets,  l'esprit  sagace, 
attentif,  peut  démêler  des  parcelles  de  vérités  historiques. 

Avec  les  grandes  lignes  de  notre  Ecole  supérieure, 
sorte  de  Faculté,  de  Trets,  cette  partie,  la  plus  intéres- 


*  Le  Studium  de  Tritis  (1361)  pourrait  faire  l'objet  de  plusieurs 
rapprochements  avec  le  Studium  générale  ou  Université  d'Aix, 
en  Provence,  fondée  aux  premières  années  du  XVe  siècle.  Cette 
Université  vient  de  trouver  en  M.  F.  Belin,  recteur  de  Г  Académie 
d'Aix,  un  historien  sûr,  exactement  et  complètement  informé. 
Son  premier  volume,  le  seul  qui  ait  encore  paru,  contient  des  faits 
d'un  caractère  propre  et  d'une  physionomie  bien  originale. 


—  132  — 

santé  du  manuscrit,  nous  fait  savoir  des  détails  qui  agran- 
dissent encore  l'œuvre  ponti6cale. 

Pour  permettre  d'apprécier  cet  exposé,  il  n'est  pas 
indifférent  de  rapporter  quelques  points  particuliers. 

La  femme  est  excessivement  robuste  et  laborieuse  à 
Trets.  Nettoyer  le  blé,  faire  des  plantations  de  choux, 
d'oignons,  de  poireaux,  d'épinards,  porter  sur  sa  télé  des 
trousses  de  paille,  laver  les  tonneaux  pour  le  vin,  servir 
de  manœuvre  aux  maçons.  Voilà  son  travail  et  sa  tache 

•4 

propre. 

Le  recteur,  qui  avait  presque  toute  Tannée  des  fem- 
mes au  service  du  prieuré,  leur  comptait  8  à  10  deniers 
par  jour,  selon  les  saisons  et  le  genre  d'ouvrage. 

Le  bât  pour  les  bêtes  de  somme  ;  la  selle  pour  le 
cavalier  ;  l'évaluation  des  cordes  pour  sonner  les  cloches  ; 
le  traitement  annuel  de  certains  professeurs,  du  perru- 
quier, du  buandier  ;  l'honoraire  des  visites  du  médecin  ; 
le  prix  de  la  poix,  des  verres,  clefs,  serrures,  lanternes, 
toiles,  tables,  portes,  chaussures,  et  même  des  urinalia, 
tout  est  minutieusement  noté.  Sont  également  à  signaler 
coutumes  spéciales  d'achats  et  ventes  à  l'encan  ;  mesures 
de  capacité,  poids  et  monnaies  ;  gages  du  menuisier,  du 
boulanger  et  de  l'agriculteur  ;  du  meunier,  du  forgeron  et 
du  peintre  ;  factures  des  ouvriers  tailleurs,  cordonniers, 
fustiers,  maçons,  cuisiniers,  coupeurs  de  bois,  tonneliers, 
sommetiers,  et,  en  général,  des  mercenaires  et  serviteurs. 

Ameublement  :  lit  confortable,  matelas,  courtes-pointes, 
couvertures  de  parade,  lingerie  de  chambre  assortie. 

Harnacherie,    maréchalerie   :  licols  divers,    sangles, 


a 


—  133  — 

clous,  fers,  paumelles,  bourre ,  coton  non  filé ,  étonpe. 

Infirmerie  :  emplâtres  et  onguents,  remèdes,  usten- 
siles et  objets  de  malade. 

Services  de  table  et  batterie  de  cuisine  :  tranchoirs, 
stock  considérable  d'écuelles  en  bois,  verres,  plateaux 
de  différent  volume,  nappes,  essuie-mains  pour  le  réfec- 
toire, marmites,  jattes,  jarres,  vases  de  toute  dimension 
et  de  tout  nom... 

En  lisant  ce  chapitre,  les  gens  d'église  retiendront  les 
lignes  destinées  aux  ornements  et  costumes  religieux  : 
coules,  tuniques,  cottelles  et  autres  vêtements  de  moine, 
avec  la  nature,  la  quantité  de  l'étoffe,  le  prix  même  de 
la  confection. 

Us  feront  aussi  la  part  de  la  sacristie  et  de  la  cha- 
pelle :  sorte  de  nappes  et  tapis  brodés,  frangés,  candé- 
labres, lampes,  fioles,  patènes,  plats  en  cuivres,  aiguières 
en  étain,  vases  et  coupes  variés. 

Les  étudiants  sauront  bien  souligner,  eux,  les  espiè- 
gleries de  leurs  prédécesseurs  qui,  parfois,  s'égaraient, 
aux  heures  indues,  dans  la  cuisine  et  le  réfectoire,  ou 
s'échappaient  du  Studium,  en  sautant  par  les  fenêtres 
non  barrées. 

Aux  saints  évéques,  aux  pieux  catholiques  une  pensée 
d'encouragement  viendra  en  considérant  les  dispositions 
testamentaires  si  généreuses  du  prélat  Bertrand  Besaudun 
en  faveur  de  l'église  et  de  Xhospicium  de  la  Trinité  de 
Trets. 

Les  Juifs,  nombreux  dans  le  prieuré  de  Trets,  avaient 
un  quartier  à  part  et  une  petite  synagogue  dans  la  ville. 


-  134  — 
Leur  empressement  à  offrir  des  services  au  Studium  est 
remarquable.  Outre  le  tailleur  qui  appartenait  à  ce  peu- 
ple, nous  devons  relever  quelques  domestiques,  plusieurs 
fournisseurs  de  blé,  de  vinaigre  et  surtout  un  aide- 
médecin,  infirmier,  physicus. 

Ce  singulier  personnage  se  disait  très  attaché  à  l'éu- 
ssement,  mais  à  la  vérité,  c'était  un  âpre  demandeur 
florins. 

Durant  l'épidémie  qui  Ht  au  Studium  une  peur  terrible 
un  ravage  profond  au  point  de  motiver  la  décision  du 
angemcnt  du  local  scolaire,  Dians  Losal  s'employa 
tivement  au  soin  des  soixante  malades.  Et  comme  le 
édecin  interne  de  la  communauté  ne  pouvait  suffire  à 
i  mal  si  général,  notre  Juif  Ct  l'office  de  médecin  sup- 
éant.  Le  recteur  Déodat  crut  le  récompenser  largement 
i  lui  présentant  une  gratification  de  12  livres.  Il  se 
>mpa,  car  il  écrit  :  Et  adhuc  non  contentatur  !  Et 
Juif  trouva  que  ce  n'était  pas  assez. 
Ce  qui  précède  nous  amène  à  dire  qu'un  médecin 
connu  et  nommé  par  le  Pape  ou  son  délégué  résidait 
l'Ecole.  Ses  collègues  de  la  ville  de  Trets  et  les 
ois  apothicaires  installés  aussi  a  Trets ,  ne  parvc- 
ûent  point  à  calmer,  à  pacifier  sa  conscience,  relative- 
ent  a  la  responsabilité  de  l'affection  bizarre  dont  souf- 
it,  a  un  moment,  la  moitié  de  la  jeunesse  écolière. 
Inmaniatiy  furiosi  seu  incensati  erant...  et  liga- 
•mtur...  tel  est  le  texte. 

Deux  praticiens  de  Saint-Maximin,  Isnard  Brun  et 
îerre  Gavandin,  arrivent  a  Trets,  en  juillet  1364.  Une 


1 


—  135  — 

consultation  a  lieu  ;  des  remèdes  sont  ordonnés  et  admi- 
nistrés, mais  les  chandelles  brûlées  et  les  processions  ou 
réunions  de  prières  faites  en  l'honneur  de  la  bienheu- 
reuse Vierge  Marie  semblent  surtout  opérer  de  parfaites 
guérisons. 

Candele  cere  oblate  in  processionibus...  et  altari 
béate  Marie...  quia  miraculose  videbantur  sanari 
(fol.  287  v°.) 

Rien  ne  frappe  plus,  au  milieu  de  ces  chiffres  et  em- 
plois d'argent  de  notre  budget  scolaire,  que  la  vie  active 
et  les  courses  sans  (in  du  recteur  de  Trets. 

Ce  n'est  pas  que  les  voyages  fussent  alors  aussi  rares 
qu'on  le  suppose  ordinairement.  On  n'aimait  guère  plus 
à  rester  en  place  dans  l'antiquité  que  de  nos  jours. 

Au  moyen-âge,  les  étudiants,  en  grand  nombre,  qui  se 
rendaient  auprès  des  professeurs  connus,  dans  des  villes 
où  florissaient  les  études,  les  pèlerins  qui  visitaient  l'un 
après  l'autre  tous  les  sanctuaires  notables,  les  gens  qui 
voyageaient  par  nécessité  ou  par  plaisir  trouvaient  à  la 
porte  des  localités  de  quelque  importance  et  des  hôtel- 
leries et  des  loueurs  de  roussins  ou  de  mules. 

Sur  les  routes  mêmes,  notre  texte  nous  l'apprend 
encore,  étaient  des  ce  bégudes  »  ou  logis  qui  essayaient 
d'attirer  les  voyageurs  et  les  passants  par  des  enseignes 
aussi  bizarres  qu'engageantes. 

Donc  Déodat  Jordan  parcourait  sans  cesse  la  vallée  de 
l'Arc  et  de  la  Durance.  Il  pensait  qu'un  maître  administre 
bien  lorsqu'il  traite  et  voit  ses  affaires  de  ses  propres 
yeux. 


—  136  — 

En  0112e  mois  il  fait  cinq  voyages  à  Avignon  et  se  rend 
à  Pertuis,  Manosque,  Aix,  Puyloubier,  Rousset,  Saint- 
Maximin,  etc.,  plusieurs  fois.  Ces  itinéraires,  vieux  de 
plus  de  cinq  siècles,  nous  font  retrouver  d'abord  avec 
une  sorte  d'étonnement  les  noms  de  paroisses,  de  ha- 
meaux et  même  de  simples  fermes  qui  n'ont  point 
changé,  et  ensuite  nous  aident,  dans  leurs  apparences 
insignifiantes,  à  reconstituer  la  physionomie  de  nos  con- 
trées au  XTVme  siècle. 

Le  28  juin  1364,  il  part,  traverse  Salon  et  gagne 
Avignon.  Son  but  est  de  rapporter  de  l'argent,  acheter 
des  provisions,  faire  choix  d^un  professeur. 

Quatre  compagnons  le  suivent  et  protègent  sa  bourse 
bien  garnie  ;  erant  mecum  Ludovicus,  Perrinus,  Guil- 
lelmus  et  Ioharmes  de  Rivo  pro  sociando  quiaferebam 
pecuniam. 

Les  frais  de  ce  déplacement  qui  dura  treize  jours  s'élè- 
vent à  9  livres,  3  sous,  8  deniers.  Et  encore  sur  ce  prix 
on  amena  un  maître  qu'on  était  allé  prendre  à  Orange. 

Le  9  septembre  et  le  27  novembre,  nouveau  départ 
pour  Avignon,  nouvelle  visite  h  la  Cour  du  Pape,  nou- 
velles instructions  sur  la  direction  scolaire,  enfin  copieux 
encaissement  de  florins  destinés  à  la  nourriture  des 
pensionnaires  de  Trets.  Ces  deux  absences  furent,  Tune 
de  huit  jours  et  l'autre  de  neuf  jours.  Elles  coûtèrent, 
celle-là  72  sous,  et  celle-ci  6  livres,  1 5  deniers. 

Deodat  Jordan  était  prêt,  le  10  mars  1 365,  à  retourner 
à  Avignon,  mais  les  graves  événements  de  son  Studium 
l'empêchent  de  réaliser  son  dessein.  Aussitôt  il  confie  à 


—  137  — 

un  messager  fidèle  et  sûr  la  mission  de  porter  une 
lettre  au  Trésorier  papal  pour  lui  demander  conseil  et 
lumière  sur  la  conduite  à  tenir  vis-à-vis  des  dépenses 
des  malades.  Le  dévoué  Jean  de  Rive  qui,  récemment, 
avait  fait  déjà  le  trajet,  exécute  les  ordres  de  son  supé- 
rieur et  reçoit  1 6  sous  tant  pour  ses  débours  que  pour 
sa  récompense. 

A  la  date  du  2  avril  nous  revoyons  le  recteur  infati- 
gable sortir  de  Trets.  Cette  fois  il  accompagne  l'inspec- 
teur pontifical  Astorge  de  Cajrraco. 

L'escorte  de  ces  deux  dignitaires  se  compose  de  quatre 
cavaliers.  Us  prennent,  tous  les  six,  leurs  montures  et 
se  dirigent  sur  Aix.  Le  diner,  dans  cette  ville,  coûte  28 
sous  et,  à  Perluis,  le  droit  de  péage,  7  sous.  Au  soir  du 
même  jour  et  durant  la  journée  du  lendemain  3  avril, 
on  reçoit  Phospitalité  au  monastère  appartenant  à  Г  Abbé 
de  Mont-Majour,  dans  la  ville  de  Pertuis.  * 

Le  vendredi  4  avril,  la  petite  caravane  se  remet  en 
marche  et  traverse  la  rivière  à  Gadenet.  La  redevance  de 
6  sous  payée,  elle  atteint  Mallemort. 

L'hôtelier  de  ce  lieu  est  fort  raisonnable  et  ne  de- 
mande que  20  sous,  6  deniers. 

Mais  à  Saint-Remy,  où  Ton  dîne,  le  samedi  5  avril,  il 
faut  débourser  30  sous. 

Le  même  jour,  dans  l'après-midi,  Châteaurenard 
exige  6  sous  pour  son  tarif  de  passage,  et  le  soir,  les 
voyageurs  sont  heureux  de  souper  et  coucher  à  Avignon. 

*  Conf,  Gallia  ckristiana. 


—  138  — 

Ce  détour  singulier,  au  milieu  de  localités  qui  n'étaient 
pas  précisément  sur  la  ligne  directe  du  point  de  départ 
et  d'arrivée  ne  constitue  pas  une  énigme.  Il  avait  pour  but 
formel,  nous  le  savons,  de  rechercher  si  Pertuis  ou  Saint- 
Remy  étaient  des  centres  propres  à  l'installation  du  Stu- 
clium  d'Urbain  V. 

Trets,  en  effet,  venait  d'être  condamné  :  les  avis  des 
médecins  consultants  de  Trets  et  de  Saint-Maxim  in,  les 
rapports  de  l'inspection  et  des  enquêtes  attestaient  que 
la  situation  était  défavorable. 

Les  trois  journées  que  Déodat  Jordan  passe  dans  la 
cité  papale  sont  intégralement  prises  par  de  sérieuses 
conférences  avec  ses  supérieurs. 

Rentré  à  Trets  le  9  ou  le  10  avril,  il  en  repart  le  lundi, 
li  du  même  mois,  et  c'est  h  Manosque  qu'il  se  rend. 
La  ville  de  Manosque,  en  effet,  vient  d'être  choisie  par 
Urbain  V  pour  être  le  siège  de  son  Studium. 

A  l'opération  de  ce  transfert  le  recteur  met  un  entrain, 
une  énergie,  une  accélération  qui  dût  singulièrement 
attrister  nos  anciens  compatriotes  de  Trets. 

Cinq  personnes  demeurent  avec  lui,  à  l'auberge  de 
Jacques  Simon  à  Manosque,  pendant  quinze  jours,  avec 
une  pension  quotidienne  de  18  sous. 

Le  1er  mai  1365,  il  est  procédé  à  la  réception  des  lo- 
caux affectés  aux  étudiants  du  Pape.  Ils  sont  situés  à  côté 
même  de  la  rue  de  Saint-Sauveur  qui  subit  un  nettoyage 
et  un  nivellement  complet.  * 

*  Celte  rue  de  Saint-Sauveur  devait,  probablement,  conduire 
à  Véglise  de  Saint-Sauveur  regardée,  de  tout  temps,  comme  ta 
première  et  la  plus  importante  église  de  Manosque. 


—  139  — 

Le  8  mai,  on  commence  le  déménagement  de  l'Ecole 
de  Trets.  La  lingerie  et  certains  meubles  sont  expédiés 
à  Manosque  sur  dix  bêtes  de  somme,  mais  une  grande 
partie  des  provisions  est  vendue  à  Trets  même. 

Mandé  à  Avignon  l'actif  directeur  y  descend  en  toute 
hâte  le  1 3  du  mois  de  mai.  Il  remonte  quelques  jours 
après  à  Manosque  pour  diriger  les  travaux  de  réparation 
du  Studium,  et  aussi  pour  recevoir  les  déménageurs. 

Un  groupe  de  dix-neuf  écoliers  venus,  le  20  mai, 
d'Avignon,  de  Pont-de-Sorgue,  de  Carpenlras,  de  Mous- 
tiers,  forme  le  noyau  de  l'institution  nouvelle.  Ils  sont  là, 
au  large,  avec  leur  maître,  Pierre,  les  quelques  jeunes 
gens  qui  ont  brigué  les  places  laissées  vides  par  la  mort 
ou  Tentrée  de  leurs  collègues  aux  grandes  Universités 
de  Tépoque;  mais  cette  calme  retraite  sera  de  courte 
durée. 

Correctement  sellé,  un  cheval  attend  avec  impatience 
son  maître  devant  la  porte  de  l'Ecole  papale  de  Ma- 
nosque. Déodat  paraît,  monte,  s'en  va  rapidement  vers 
Mirabeau,  traverse  la  Durance,  dîne  à  Saint-Paul  et  soupe 
le  soir  du  même  jour  à  sa  maison  de  Trets.  C'était  le  27 
mai. 

Le  transfert  définitif  et  total  se  trouve  fixé  au  mardi 
3  juin,  après  les  fêtes  de  Pentecôte. 

Ce  jour-là,  dit  le  texte,  recessit  Studium  domini 
nostri  Pape  de  Tritis  in  quo  Studio  erant  С  et  X 
persone... 

La  chaussée  étroite  de  Trets  à  Rians    fut  donc  rem- 


—  uo  — 


plie  et  parcourue  par  des  piétons,  des  cavaliers  et  treize 
montures  aux  lourdes  charges. 

Tout  ce  monde  de  clercs,  bruyant  et  prinlanier,  salue 
le  claustrum  scolaire  où  on  laissait  quelques  malades,  la 
chapelle  de  la  Trinité  pleine  de  pieux  souvenirs,  puis 
défile  dans  cette  plaine  si. célèbre  par  le  triomphe  de 
Marius  sur  les  Ambro-Teutons. 

Après  l'antique  Pourrières  et  le  sauvage  ravin  qui 
forme  la  base  du  podium,  appelé  vulgairement  Pain  de 
Munition,  au  milieu  de  la  grâce  infinie  de  la  nature  fo- 
restière, on  s'arrête  aux  sources  qui  bordent  le  chemin 
pour  y  prendre  une  première  réfection. 

La  grande  halte,  le  grand  dîner  où  Ton  mange  le  mou- 
ton apporté  de  Trets  a  Heu  au  village  de  Saint-Paul. 

Hélas  !  cette  après-midi-là,  il  est  impossible  de  passer 
la  Durance  sur  le  pont  des  barques,  car  la  rivière  ne  se 
trouve  point  couchée,  paresseuse,  sur  son  large  lit  de 
pierrailles,  mais,  la  turbulente,  s 'étant  grossie,  au  con- 
traire, de  tous  les  torrents  inondés  des  Alpes,  écume  et 
gronde  contre  la  muraille  et  contre  les  obstacles  amon- 
celés par  les  eaux  en  furie.  Durencia  erat  magna  ! 

Le  Studium  en  entier  dut  souper  et  coucher  dans  la 
petite  localité  de  Saint-Paul.  Malgré  toutes  les  recher- 
ches on  ne  trouve  que  quatorze  lits.  Les  élus  s'en  sai- 
sissent avec  joie  tandis  que  la  centaine  de  jeunes  voya- 
geurs restant  se  repose  avec  non  moins  de  gaieté  sur 
le  foin  des  greniers. 

Le  lendemain,  mercredi,  i  juin,  sur  la  rive  droite  de 
la  Durance,  dans  l'allégresse  matineuse  du  jour,  éclatent 


—  ш  — 

les  timbres  d'or  des  écoliers  caquetant  et  babillant  le 
long  des  bataillons  de  pins,  de  bouleaux  et  de  peupliers. 

Halte  à  la  bégude  de  Beauraont  !  (Beguda  bel  limon- 
tis)  Le  brouhaha  exquis  de  l'imprévu,  le  délicieux  entrain 
d'une  partie  en  pleine  campagne,  les  tapageuses  cause- 
ries, tout  cela  vivant,  coloré,  ruisselant,  chantait  et  pétil- 
lait avec  les  copieuses  libations  distribuées  par  l'hôtelier 
et  la  fascination  des  paysages  alpestres  baignés  encore 
des  ondées  de  l'orage.  On  paye  16  sous,  10  deniers,  à 
Beaumont,  in  potu,  et  d'un  trait,  la  plus  grande  partie 
de  la  troupe  atteint  la  ville  de  Manosque. 

Cest  un  doux  repos  que  le  foyer  domestique  après 
une  longue  excursion,  mais  combien  plus,  lorsque  l'in- 
connu ajoute  le  charme  de  ses  surprises. 

Cette  Ecole  de  Manosque,  plus  grande,  peut-être,  et 
sans  doute,  mieux  comprise  sous  le  rapport  de  l'hygiène 
et  du  confortable  que  celle,  là-bas,  du  vieux  Tritis  bien 
affligé;  cette  chapelle,  ces  arceaux  du  réfectoire,  le 
grand  escalier,  les  armoiries  pontificales  d'Urbain  V, 
peintes  à  quatre  endroits  des  bâtiments,  ces  larges  pièces 
fraîchement  aménagées,  tout  cet  ensemble  de  l'art  ou  de 
la  nouveauté  devait  singulièrement  éveiller  les  esprits 
curieux  des  maîtres  et  disciples.  Nous  les  laissons  tous 
h  leur  installation,  à  leurs  recherches  et  a  leurs  études 

* 

dans  cette  demeure  de  la  rue  de  Saint-Sauveur  de  Ma- 
nosque. Qu'ils  y  demeurent  en  paix  ! 


1 


—  142  — 


Ces  notes,  où  nous  avons  essayé  (f  indiquer  le  plan 
et  comme  la  substance  du  ralionaire  de  Déodat,  ad- 
ministrateur du  Studium  de  Trets,  sont  bien   impar- 
faites. 

Le  lecteur  pourra  s'informer  lui-même,  et  les  com- 
pléter par  le  texte  qui  suit  cette  introduction. 

Parmi  tant  de  comptes,  de  chiffres,  d'abréviations, 
cTénumérations  d'objets  divers,  au  milieu  du  labeur 
infini  des  investigations  si  complexes,  des  calculs 
de  cet  état  des  recettes  et  des  dépenses,  il  est  diffi- 
cile quil  ne  manque  point  quelque  chose. 

ce  Rem  esse  arduam,  disait  Pline,  vetustis  novitatem 

dare obscuris  lucem fastiditis  gratiam,   omnibus 

vero  naturam,  et  naturœ  suae  omnia.» 

Mais  servir  la  cause  de  la  vérité  et  de  Fhistoire, 
rendre  hommage  à  un  Pape  français,  incomparable 
protecteur  des  sciences  et  de  la  vertu  ;  faire  connaî- 
tre une  institution  provençale,  très  florissante,  du 
moyen-dge,  nous  a  paru  une  œuvre  utile  autant  que 

Щ 

patriotique. 

Et  le  conseil  (Tamis  éclairés,  la  confiance  surtout 
qu'on  serait  indulgent  pour  nos  fautes  ou  nos  lacunes, 
ont  vaincu  nos  liésitations  et  nous  ont  déterminé  à  pu- 
blier ce  modeste  travail. 

DIEU  daigne  le  bénir  l 


—  из  — 


Fol.  3  Sequitor  anmeros  scolariom  stadentiim  in  studio  de 

Tritis  fro  domiio  nostro  Papa,  necnon  servitomm  einsdem.  * 


Primo  de  diocesi  Aquensi.  ** 
Dominus  Johannes  Florentii,  presbiter  de  Ruppe.  —  Item 
Valentinus  Porte,  filius  Symonis  Porte  de  Aquis.  —  Item 
Laurentius  Durandi  de  Aquis. —  Item  Gauffridus  Gauhoni  de 
Aquis.  —  Item  Petrus  Bedocii  de  Tritis.  —  Item  Anthonius 
Carilocis  de  Aquis.  —  Item  Rairaundus  Maure  de  Cella.  — 
Item  Petrus  Bauerie  de  Aquis. —  Item  Stephanus  Peuthenati, 
Glius  magistri  Pétri  Peuthenati. 

*  Archives  du  Vatican,  n-  253.  Collectoriœ. 

Le  Pape  fondateur  du  Studium  de  Trets  est  Urbain  V  (\  362-1 370). 

**  Gomme  la  dépravation  de  la  langue  de  la  basse  latinité  fut 
extrême,  le  nombre  des  formes  corrompues  des  termes  latins  — 
localités,  personnes,  objets,  etc.  —  devient  infini.  Nous  ne  croyons 
donc  pas  devoir  nous  départir  de  l'orthographe  que  notre  copie  et 
la  collation  nous  ont  gardée. 

La  plupart  des  lieux  cités  sont  faciles  à  identifier.  —  Si  quelques 
rares  noms  embarrassent,  nous  renvoyons  l'érudit,  le  chercheur, 
à  notre  Monographie  de  la  vallée  de  ГАгс  supérieur  et  surtout  aux 
Cartulaires  de  Saint-Victor  de  Marseille.  Dans  la  préface  et  les 
appendices  de  cette  très  savante  publication,  se  trouvent  à  peu 
près  toutes  les  explications  souhaitables. 

Au  surplus,  pour  les  circonscriptions  de  plusieurs  diocèses,  il  y 
aura,  peut-être,  utilité  et  profit— dans  certains  cas —  à  comparer 
les  limites  données  par  ladite  publication  Guérard  et  celles  con- 
tenues dans  le  rationaire  de  Déodat  Jordan. 


—  144  — 

Diocesis  Marssiliensis. 

Guillelmus  Rica  ni.  —  Guillelmus  Dominici  de  supra.  — 
Borgondio  Borgondionis  de  Ruppe varia.  —  Fui  со  Robaudi. 

—  Bertrandus  Gauterii  de  Albanea.  —  Fulco  Bonasse  de 
Masalgis.  —  Petrus  Oliuarii  de  Sezarista. 

Summa  istius  pagine,  XVI  ad  pensionem. 

Fol.  3  V  Diocesis  Tholonensis. 

Guillelmus  Egidi  de  Correriis.  —  Jacobus  Ricani  de  Cor- 
reriis.  —  Bertrandus  Dragoneti.  —  Guillelmus  Bessoni.  — 
Ludovicus  Fresqueti. 

Diocesis  Foroiuliensis. 

Anthonius  Sclaponi. —  Raimundus  Peyroneti.  — Anthonius 
Morreli  de  Villa-Croza.  —  Johannes  de  Hermo  de  ForoiuJio. 

—  Nicholaus  Gilebcrti  de  Bariolis. 

Diocesis  Grassensis. 

Guillelmus  Glarimondi.  —  Albertinus  Aleti.  —  Petrus 
Genesii.  — Johannes  Amalrici. —  Jacobus  Apion. 

Diocesis  Ventiensis. 

Jacobus  Dalmacii.  —  Honoratus  de  Malvarichis. —  Jo- 
hannes de  Ysran.  —  Audembertus  Raps.  —  Bartholomeus 
Graine. 

Summa  istius  pagine  ad  pensionem,  XX.  J 

Foi  4.  Diocesis  Regensis. 

Oliuarius  Durandi  de  Tergantia.  —  Ludovicus  Lompis.  — 
Petrus  Gomberti.  —  Petrus  de  Castro  no  vo.  —  Johannes 
Vincentii. 

Diocesis  Dignensis. 

Johannes  Thausii  de  Sancto  Vincentio. —  Ludovicus  Mar- 
tini de  Tornastio.  —  Hugo  Blaquerie  de  Janea. —  Franciscus 
Citardi  de  Teyns  —  Johannes  Barrii. —  Martinus  Castellani. 


L 


J 


—  145  — 

Diocêsis  Aptensis. 

Hugo  de  Gellone  *.  — Johannes  de  Bernardis.  — Rupertus, 
filius  Sancie  Ruperte  de  Combis.  —  Johannes  Symonis.  — 
Franciscus  Gène.  —  Bertrandus  Raspaudi. 

Summa  istius  pagine  ad  pensionem,  XVII. 

Fol.  4  v*  Diocêsis  Sistantensis. 

Franciscus  Martini.   —  Isnardus  Feraudi.  —  Ludovicus 

Rostagni.  —  Ludovicus  Muti.  — Jacobus  Langerii.  — Gapitolus 

Pontini. 

Diocêsis  Senecensis. 

Alviasius  Gauterii  de  Collemartio.  —  Guillelmus  de  Bono- 
nia.  —  Bertrandus  Genovesii.  —  Jacobus  de  Gastroforti. 

Diocêsis  Carpentoratensis. 

Mannetus  Gostantii.  —  Armandus  Costantii.  —  Suffridus 
Cellerii.  —  Laurentius  Pantaleonis.  —  Hugo  Geraldi.  — 
Anthonius  Basterii. 

Summa  itius  pagine  ad  pensionem,  XVI. 

Fol  5.  Diocêsis  Niciensis. 

Petrus  Isnardi.  —  Raimundus  Maure. 

Diocêsis  Cavallionensis. 

Jacobus  Benayas.  —  Anthonius  Ricani.  —  Guillelmus  de 
Turre.  —  Gerandetus  Guillelmi. 

De  diocesibus  aliis. 

Jacomardus  de  Tromariis.  —  Livinus  Midalli  de  Ponte- 
Sorigie.  —  Bernardus  de  Molendino. 

Diocêsis  Gladatensis. 

Bertrandus  Feria  de  Bal  meta.  —  Anthonius  Correrii.  — 
Isnardus  Sarralleni  —  Guillelmus  Botini. 
Summa  istius  pagine  ad  pensionem,  XIII. 

♦  Voir  fol.  49,  et  conf.  fol.  407  :  Note. 

40 


"1 


—  146  — 

Fol.  5  V  Extra  numerum. 

Hugo  do  Monte  Calmo.  —  Pet  ru  s  Bonihominis  de  Celbono 
fuit  roceptuscum  litera  domini  mei  domini  Thesaurarii.  — 
Thomas  Manentis  de  Cumbris. 

De  civitate  Marssilliensi. 

Johannes  Joli.  —  Audemberlus  Marcelli.  —  Mannetus 
Marcolli.—  P.  Bomfilii.  —  Ponsonus  Geraldi.  —  Hugo  Ruflî. — 
Johannes  («rote.  —  Raimundus  Aymerici  de  Marsillia,  ad 
oxponsas  proprias. 

Avinionensis  diocesis. 

Anthouius  SilvostridePonte-Sorige. — Johannes  Bubuli. — 
Gulllclmus  Bruni.  —  Johannes  Arrioti.  —  Bernardus  de 
Mnlondino. 

Ad  oorum  proprias  expensas  sunt  isti  : 

JarobuH  Com\  filins  domini  Jacobi  Cène,  venit  die  XXVIIIя 
iih4in1h  (Hnhris.  —  Bartholomeus,  filins  magistri  Durandi 
do  Hntnanhnco,  vonit  prodicta  die. 

Hiunitin  Istius  pagine  ad  pensionem,  XV. 

Itom  ad  oxponsas  propiias,  trcs. 
Fol.  в.  AnthoniusBernardiaptensisfuit  receptus  prima  die 
Doccnihris,  ad  oxponsas  domini  mei  domini  Avinionensis.  — 
Bertrandus  Vachos  de  Varra  Clarom.  diocesis,  nepos  ma- 
gislri  Johannisde  Fraxino  qui  débet  rendere  (sic)  [respondere] 
pro  ipso,  ad  oxponsas  proprias.  —  P.  Thome  de  Avinione, 
ad  oxponsas  proprias. 

Recepti  ultra  numerum. 

Primo  Poncetus  Naynie,  monachus.  —  Hugo  Effercioni  de 
Sancto  Paulo.  —  Pontius  Textoris.  —  Anthonius  Rolati.  — 
Johannes  Tayre.  —  Petrus  Gory. 

Hii  qui  secuuntur  sunt  de  Castris  Marssiliensibus  presentati 
per  literam  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Ste- 
phano  : 

Johannes  Lonis  de  Monte.  —  Ludovicus  Ascandi  de  Sex- 


—  147  — 

furnis. — AnthoniusBancardi  Gastri  de  Tadro.  — Johannes 
Barncri  de  Nantis.  —  Johannes  Martini  de  Sezarista. 

Summa  istius  pagine  ad  pensionem,  XTÏ. 

Item  duo  ad  expensas  proprias. 

Fol.  6  V.  Monachi  Marss. 

Dominus  Petrus  Januarii  olim  subprior.  —  Gaucelinus  de 
Oliolis.  —  Bemardus  Pistons.  —  Bresonus  de  Santo  Ger- 
mano.  —  Guillelmus  Ricardi  de  Sancto  Maximo.  —  P.  de 
Mommatono. 

Memoria  clericorum  receptorum  in  studio  de  Tritis  per  do- 
minum  Bernardum  Guidonis  sunt  hii  qui  secuuntur. 

Primo  die  ultima  mensis  Decembris,  de  mandalo  domini 
тех  domini  Thesaurarii,  fuit  receptus  : 

Johannes  Cunelli.  —  Guillelmus  Blanchi  de  Avinione.  — 
Johannes  Thornani  de  Thesato.  —  Petrus  Palpanini  de 
Amayca.  —  Johannes  Pagani  monachus  marss.  —  Johan- 
nes Gauterii  Ruthen.  diocesis.  —  Bertrand  us  RebolH,  alias 
barralli,  Vasionensis  diocesis.  —  Mattheus  de  Valleta, 
Nemurcensis  diocesis,  débet  providere  sicut  unus  monachus 
sancti  Victoris.  —  Geraldus  Guillelmi  de  Arnano,  monachus 
sancti  Eusebii. 

Summa  istius  pagine  VII,  ad  expensas  domini  nostri  sine 
pensione. 

Item,  VIII  ad  expensas  consuetas. 
Fol.  7.    Die  XX1  mensis  Januarii,  de  mandato  domini  nostri 
pape,  fucrunt  reccpti  infrascripti  de  loco  de  Tritis  : 

Primo  Johannes  Capolerii  de  Tritis. —  Pascalus  Pascalis 
de  Tritis.  —  Petrus  Andati  de  Tritis.  —  Jacobus  Grapcrii  de 
Tritis.  —  Bartholomeus  Artiselli  de  Tritis.  — Jacobus  Milonis 
de  Tritis.  —  Mannetus  Gautelini  [Gantelmi  ?]  de  Tritis.  — 
Lompar  (sic)  prima. 

Item  de  Urasalgis.  —  Bernard  us  Lantardi  de  Insula.  —  Bar- 
tholomeus Cal  vario. —  Pontius  Chaudo. —  Johannes  Berini 
de  Sancto  Maximo.  —  Bcrtrandus  Ricordi.  —  Jacobus  Во- 


^ 


—  U8  — 

nerii,  Digaensis  diocesis.  —  Honoratus  de  Gimeria,  Sancti 
Andrée  monachus.  —  Johannes  Barylini,  ad  eius  expensas 
proprias.  —  Bertrandus  de  Sancto  Stephano.  —  Petrus 
Mahoni.  —  Anihonius  Rostagni.  —  Ludovicus  de  Avinione. 
—  Johannes  Isnardi.  —  Guillelmus  Lonthosii. 

Summa  istius  pagine  ad  pensionera,  XXII. 

Item  un  us  ad  expensas  proprias. 
Fol.  7  v*.    Secuuntur  clerici  infrascripti  recepti  per  me  Deo- 
datum  Jordanie  camgrarium  Sancti  Andrée. 

Primo  Johannes  de  Frays  de  Brina  fuit  receptus  die  VII1 
Julii,  ad  expensas  domini  nostri  papecum  litera  domini  mei 
domini  Thesaurarii. 

Item  VIIя  die  Julii,  fuit  receptus  Melhonus,  de  Sparrono, 
monachus  psalmodien,  cum  litera  domini  mei  domini  The- 
saurarii, ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  con- 
sueta. 

Item  fuit  receptus  Petrus  de  Perris  de  Tholon,  die  XII*  , 

Junii,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  litera  domini 
mei  domini  Bernardi  de  Santo  Stephano,  cum  pensione  con- 
sueta,  loco  illius  qui  ivit  Bononiam. 

Item  die  predicta  Junii,  fuit  receptus,  cum  litera  domini 
mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  ad  expensas  do- 
mini nostri  pape,  et  cum  pensione  consueta,  Jacobus  Jordani, 
loco  illius  qui  ivit  Bononiam. 

Summa  istius  pagine,  unus  sine  pensione. 

Item  très  cum  pensione. 
Fol.  8.    Item  die  octava  Julii  fuerunt  recepti    Raimundus 
Durandi.  — Berengarius  Manthea,  clerici  Vabrensis  diocesis, 
cum  litera  domini  mei  domini  Thesaurarii,  ad  expensas  do- 
mini nostri,  cum  introytu  consueto  soluto. 

Item  XI4  die  Julii,  fuit  receptus  Guillelmus  de  Gadafalco  * 

*  Si  ce  Guillaume,  clerc  écoiier,  à  Trets,  ami  et  confident  du 
recteur,  est  originaire  de  Cabassol,  il  n'est  pas  indifférent  de  re- 
lever son  nom  et  celui  de  sa  ferme  de  Cadafalco,  près  Vauvenar- 
gues.  (Cadafalco-Cabassol  ?  près  Vauvenargues,  Bouchesnhi-Rhône, 
dit  le  Cartulaire  de  Saint -Victor.) 


J 


—  U9  — 

cum  1  itéra  doraini  roei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano, 
ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  solita. 

Item  XVIII4  die  Julii  fait  receptus  Mattheus  de  Mazeria, 
ad  expensas  suas  proprias,  cum  litera  domini  mei  domini 
Thesaurarii,  et  magister  Johannes  de  Fraxino  solvet  pro  eo. 

Item  XXV-  die  Julii,  fuit  receptus  Guillelmus  de  Ruppe- 
acuta,  Uticensis  diocesis,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  ad 
relationem  domini  mei  domini  Avinionensis,  cum  litera  do- 
mini mei  domini  Thesaurarii.  * 

Item  XIIII»  die  mensis  Augusti,  fuit  receptus  Raymundus 
Stephani,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione 
consueta,  cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto 
Stephano. 

Summa,  IIII  ad  pensionem. 

Item  unus  ad  expensas  proprias. 

Item  unus  sine  pensione. 
Fol.  8  v9    Item  prima  die  Septembris,  fuit  receptus  Guillel- 
mus  quiquiranni  de  Celone,  per  literam  domini  mei  domini 
Bernardi  de   Sancto  Stephano,  ad  expensas  domini  nostri 
pape,  cum  pensione  consueta. 

Item  XXA  die  Septembris,  fuit  receptus  Guillelmus  Gay  de 
Avinione,  ad  expensas  suas  proprias,  cum  litera  domini  mei 
domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano. 

Item  die  XXVй  Septembris,  fuit  receptus  Johannes  Biesca, 
monachus  Marss,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum 
litera  domini  mei  domini  Thesaurarii,  soluto  introytu  con- 
sueto. 

Itçm  XIIIe  dieOctobris,  fuit  receptus  Johannes  Motoni,  cum 
litera  domini  mei  domini  Thesaurarii,  ad  expensas  doraini 
nostri  pape,  sine  pensione. 

*  Cette  correspondance  entre  Avignon  et  Trets  devient  très  fré- 
quente ;  mais,  malgré  nos  recherches,  nous  n'avons  pu  encore 
mettre  la  main  sur  quelques-unes  des  nombreuses  lettres  échan- 
gées avec  les  divers  administrateurs  de  l'École  papale. 


1 


—  150  — 

Item  die  predicta  Octobris,  fuit  receptus  Petrus  Virgilii  de 
Pratellis,  Avinionensis  diocesis,  cum  litera  doinini  mei  do- 
mini  Thesaurarii,  ad  expensas  doinini  nostri  pape,  cum  pen- 
sioue  consueta. 

Item  die  XV'  Octobris,  fuit  receptus  Girald us  Aymerici,  cle- 
ricus  Vabrensis,  cum  litera  domini  mei  domini  Thesaurarii, 
ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  consueta. 

Summa  istius  pagine,  III  cum  pensione.  —  Item,  II  ad  ex- 
pensas proprias.  —  Item  unus  sine  pensione. 

Fol.  9.  Item  XXя  die  dicti  mensis  Octobris,  fuerunt  re- 
cepti  :  Johannes  et  Giraldus  Radulphi  fratres,  cum  litera 
domini  mei  domini  Thesaurarii,  ad  expensas  eorum  pro- 
prias. Solverunt  :  XVI  florenos  ceue. 

Item  XXVIIIa  die  Octobris,  fuit  receptus  Guillelmus 
Cavrelerii  de  Marssillia,  cum  litera  domini  mei  domini  Ber- 
nardi  de  Sancto  Stephano,  ad  expensas  domini  nostri  pape, 
cum  pensione  consueta. 

Item  Mono  Aymes  deMarssilla  fuit  receptus  cum  litera  do- 
mini mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  loco  Guil- 
lelmi  Cavrelerii  predicti. 

Item  XXIXa  die  Octobris,  fuit  receptus  Anthonius  Lau- 
rentii  deJocis,  cura  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de 
Sancto  Stephano,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pen- 
sione assueta,  loco  Pétri  Jpro  (sic)  clerici. 

(Item  IX1  die  Novembris  fuit  receptus  Reginaldus  Bessini, 
Carnotcnsis  diocesis,  ad  expensas  domini  mei  domini  Thesau- 
rarii et  provideatur  sibi  de  omnibus  necessariis  quia  dictus 
dominus  meus  Thesaurarius  pro  со  integraliter  rendebit.)  * 

Summa  istius  pagine,  duo  ad  expensas  proprias.  Item  unus 
ad  pensionem,  quia  alterest  loco  unius  suprascripti. 

Fol.  9 1>°.    Item  IX1  die  Novembris,  fuit  receptus  Guillelmus 

*  Les  lignes  entre  parenthèses  ont  subi  un  grattage,  parce  que, 
sans  doute,  leurs  indications  ont  été  exactement  reproduites  au 
U.  10,  Г  ligne. 


—  151   — 

Tesserii  clericus,  Mimatensis  diocesis,  ad  expensas  domini 
nostri  pape,  cura  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de 
Sancto  Stephano,  ad  pensionem  consuetam. 

Item  XVIII*  die  Dccembris,  fuit  receptus  Jo haïmes  de  Rivo 
clericus,  Vivariensis  diocesis,  cum  litera  domini  mei  domini 
Bernardi  de  Sancto  Stephano,  ad  expensas  domini  nostri 
pape,  cum  pensione  consueta,  loco  Stephani  Peuthenati  cle- 
rici  deffuncli. 

Item  dicta  die  Decembris  fuit  receptus  dominus  Ludovicus 
Vidi,  ad  expensas  proprias,  cum  litera  domini  mei  domini 
Bernardi. 

Item  II4  die  Januarii,  fuit  receptus  Mattheus  Sugoreti,  mo- 
nachus  Sancli  Victoris  Marss,  loco  domini  Pétri  de  Monte 
Motono,  monachi  dicti  monasterii,  de  mandato  domini  mei 
domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  ad  expensas  domini 
nostri  pape,  et  sine  pensione. 

Item  IX1  die  Januarii,  fuit  receptus  per  me  Deodatum  Jor- 
dani ,  priorem  de  Tritis ,  Guillelmus  Momani ,  clericus 
Neumasensis  diocesis,  ad  expensas  proprias,  cum  litera  do- 
mini mei  domini  Thesaurarii,  et  pro  ipso  débet  rendere  pro 
florenis  auri,  X. 

Summa  istius  pagine,  unus  ad  pensionem.  —  Item  duo  ad 
expensas  proprias,  quia  aliisunt  loco  supranominatorum. 
Fol.  10.  Item  Johannes  Aldini  de  Agento  fuit  receptus  ad 
expensas  domini  nostri  pape,  cum  litera  domini  mei  domini 
Bernardi  de  Sancto  Stephano,  loco  Jacobi  Jordani  clerici  def- 
functi. 

Item  dicta  die  fuit  receptus  Reginaldus  Bessini,  Carnoten- 
sis  diocesis,  ad  expensas  domini  mei  domini  Thesaurarii,  et 
provideatur  sibi  de  omnibus  necessariis,  quia  dominus  meus 
Tbesaurarius  pro  eo  integraliter  respondebit. 

Item  XXI4  dîe  Januarii,  fuit  receptus  Johannes  Valencie  de 
Marssilia,  clericus  ad  expensas  suas  proprias,  cum  litera  do- 
mini mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Slephano. 

Item  XXIX*  die  Januarii,  recepi  dominum   Roslagnum  de 


—  452  — 

Mûris,  cum  lilera  domini  mei  domini  Thesaurarii,  ad  expen- 
sas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  consueia. 

Item  VII1  die  Februarii,  recepi  Gaucelinum  Vesnani,  loco 
Johannis  Mari  de  Sezerista,  expen&is  domini  nostri,  cum 
pensione  et  cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto 
Stephano. 

Item  VIII1  die  Februarii,  recepi  dominum  Johannem  Texto- 
rem  et  Raimundum  de  Non  villa,  loco  Pétri  Genesii,  etdomini 
Johannis  Florentii  clericorum,  ad  expensas  domini  nostri, 
cum  pensione  et  cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de 
Sancto  Stephano. 

Summa  istius  pagine,  unus  sine  pensione.  —  Item  alter  ad 
expensas  proprias  ;  alter  cum  pensione,  quia  alii  sunt  loco, 
nomine  et  vice  suprascriptorum. 

Fol.  10  v*.  Item  XXVIII'  die  Februarii,  fuit  receptus  Jaco- 
bus  Juliani  de  Sancto  Garmato,  loco  Goterii  clerici  deffuncti, 
cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano. 

Item  prima  die  Maii,  recepi  Johannem  Gadema.  —  Johan- 
nem Boquerii  monachus  (sic)  Marssillie,  loco  Bartholomei 
Artiselli  et  Lompers  prime  (sic),  clericorum  predictorum  de 
Tritis,  ad  pensionem  solitam. 

Item  X*  die  mensis  Maii,  fuit  receptus  Raimundus  Ricardi 
de  Bimanto,  loco  Luquinii  Midalli  clerici  deffuncti,  ad  expen- 
sas domini  nostri  pape  cum  pensione  consoeta,  et  cum  litera 
domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano. 

Item  dicta  die  recepi  Raimundum  Dinaudi  ad  expensas 
domini  nostri  pape,  cum  pensione  consueta  cum  litera  do- 
mini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  locoThomatii 
Manenti,  clerici  deffuncti. 

Item  dicta  die  recepi  Petrum  Àudiffredi  de  Miromari,  ad 
expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  consueta,  cum 
litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  loco 
Pétri  Virgilii,  clerici  deffuncti. 

Item  dicta  die  recepi  Blasium  Giraudi  de  Miromari,  ad 
expensas  domini  nostri  pape  cum  pensione  consueta,  cum 


—   153  — 

litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sa  net  о  Stephano,  loco 
Johannis  Grivelli,  clerici  deffuncti. 

Hic  non  ponitur  summa,  quia  supranominati  sunt  nomine 
et  vice  suprascriptorum. 

Fol.  11.  Item  dicta  die  recepi  Gumbertum  Valati  de  Ghaldas 
Aygas,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  tamen 
consueta,  cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto 
Stephano,  loco  Pétri  Bonifilii,  clerici  deffuncti. 

Item  dicta  die  recepi  Bernardum  Verdone  de  Amantio  cle- 
ricum,  ad  expensas  domini  nostri,  cum  pensione  consueta, 
cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano, 
loco  Antonii  Basterii  deffuncti. 

Item  dicta  die,  recepi  Fulconem  Borgondionis  de  Aquis, 
ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  consueta, 
cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano, 
loco  Guandi  de  Insula,  clerici  deffuncti.  * 

Item  XII1  die  Maii,  recepi  dominum  Guillelmum  Garini 
monachum,  loco  Johannis  Batri,  clerici,  ad  expensas  domini 
nostri,  cum  pensione  consueta,  cum  litera  domini  mei  do- 
mini Bernardi  de  Sancto  Stephano. 

Item  dicta  die,  recepi  Petrum  Guilaberti  ?  monachum 
Marssillie,  loco  Audiberti  Régis  clerici,  ad  expensas  domini 
nostri,  cum  pensione  consueta  cum  litera  domini  mei  domini 
Bernardi  de  Sancto  Stephano. 

Hic  non  ponitur  summa  quia  supranominati  sunt  nomine 
et  vice  suprascriptorum. 

Fol  11 V.         *  Anno  secundo. 

Item  die  sabbati,  XXI1  die  Junii,  recepi  dominum  Jaco- 
bum  Helie,  presbiterum,  ad   expensas  domini  nostri  pape, 

*  Tous  ces  clers  défunts  furent  victimes  de  la  terrible  maladie  qui, 
en  mars  et  avril,  fit  un  ravage  si  considérable  à  notre  Studium.  Plus 
loin,  dans  le  cours  de  cette  publication,  se  trouvent  les  détails  com- 
plémentaires de  l'événement. 


—  154  — 

cum  pensione,  tamcn  consueia,  cum  litera  domini  mei  do- 
mini  Bernardi  de  SanctcTStephano. 

Item  die  prediclo  recepi  Antonium  Bastacii  de  Sex-furnis, 
ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  tamen  con- 
sueia, cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto 
Stephano,  et  de  maudato  domini  nostri  pape. 

Item  die  predicto  recepi  Raimundum  Textorem  de  Seza- 
rista,  ad  expensas  domini  nostri  pape,  cum  pensione  tamen 
consueta,  cum  litera  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto 
Stephano,  et  de  mandato  domini  nostri  pape. 

Summa  istius  pagine,  III  cum  pensione.  # 

Summa  scolariumsupradictorum  adpensionem,  VII.  XX. 
XV.  (sic).  —  Item  summa  scolarium  predictorum,  ad  expen- 
sas proprias,  XIV.  —  Item  summa  scolarium  sine  pensione, 
XI.  —  Summa  summarum  omnium  scolarium,  IX.  XX. 

(La  page  1i2  est  en^blanc). 

Fol.  12  v*.  Secuntur  servitores  continui 

scolarium  sludii  dicti  domini  nostri. 

Primo  :  Reclor  Studii. 

Magister  Liuinus,  Clerici  medicus.  Magister  Johannes  de 
Fraxino.  Magister  Petrus  Massabonis.  Magister  Giraudus 
Charrelli.  Dominus  RostagnusGhamboni,  magister.  Dominus 
Durandus  Ribonis,  magister.  Magister  Stephanus.  Dominus 
Petrus  de  Areabaudoza,  buticularius.  Johannes Giraudi,  sub- 
pincerna.  Perrinus  Rebolli,  pistor.  Petrus  Alamauni,  cocus. 
Sulhardus  Coquine,  Glericus  rector.  Duo  servitores  infirmo- 
rum.  Johannes  Blancard,  saumaterius. 

Summa  dictorum  servitorum,  XVII  (sic). 

Les  pages  13-  13  ve  ;  14  -14\e;  15-15  ve;  16-  16  ve; 
17  -  17  v°  sont  en  blanc. 

Fol.  18.  Sequitur  recepta  pecunie  a  Reverendo  in  Christo 
pâtre  et  domino  domino  meo  Thesaurario^  seu  ab  aliis 
infrascriptis,  pro  expensis  faciendis  pro  scolaribus  et  ser- 


-   «55  — 

vitoribus  studii  de  Tritis*  pro  domino  nosti  о  papa,  per  me 
Deodatum  Jordani,  camerarium  Sancti  Andrée  Avinionensis 
diocesis,  rectorem  et  administralorem  dicti  studii,  de  anno 
domini  miilesimo  III c°  LKIIII0  et  finilo  anno  LXV*. 

Primo  die  mercurii,  que  fuit  di es  XXIX8  die  mensis  Maii, 
recepi  a  domino  Guillelrao  Glorie,  centum  florenos  camere. 

Item  die  VIII»  mensis  Junii,  recepi  Aquis,  pro  cambio 
IIII.  XX  florenorum  de  caméra  reductorum  in  florenos  del 
grayle  quia  Trilis  florenum  de  caméra  nolebant  recipere  nisi 
pro  XVI  solidis,  videlicet  IIII  florenos  del  grayle,  VII  sol . ,  IIII 
den. 

Item  Villa  die  Julii,  recepi  a  domino  Jacobo  de  Sala,  col- 
lectore  Aquensis  et  Ebredunensis  provinciarum,  per  manus 
domini  Gaucelini  de  Sala,  eius  fratris,  videlicet  sexcentos 
florenos  au  ri,  signo  del  grayle.  * 

Item  dicta  die  recepi  a  domino  Guillelmo  Glorie,  trecen- 
tos  florenos  auri,  signo  del  grayle. 

Summa  istius  pagine,  mille  IIII"  floren.,  del  grayle,  Vil 
sol.  et  IHPrden. 

Fol.  18  v\     Item  die  XVIII1  Septembris,  recepi  a  domino 
Guillelmo  Glorie,  sexcentos  florenos  auri  de  Santencia  (sic). 
Item  V*  die  Decembris,  recepi  a  dicto  domino  Guillelmo 
Glorie  **  IIHc  XX  flor.  del  grayle. 

*  L'attention  des  numismates,  des  économistes  et  des  adeptes  de 
l'histoire  provençale  se  portera,  sans  doute,  sur  les  documents  qui 
vont  suivre  :  les  uns  et  les  autres  pourront  rapprocher  ces  données 
des  recherches  métroîogiqucs  et  monétaires  de  1  eminent  M.  L. 
Blancard  sur  notre  Provence. 

Nous  souhaitons  que  les  questions  de  mesure,  de  prix,  de  salaire, 
de  pouvoir  de  la  monnaie,  de  sa  valeur  relative  et  comparée,  leur 
procurent  quelque  intérêt. 

*♦  La  note  ou  indication  de  ces  deux  lignes  se  trouve  transcrite 
sur  la  marge  du  feuillet,  avec  un  signe  correspondant  au  mot  Glorie. 
Ces  sortes  d'additions  sont  rares  dans  le  manuscrit.  —  L'écriture, 
bien  soignée,  reste  d'ailleurs  la  même. 


—  456  — 

Item  VIII1  die  Aprilis,  recepi  a  dicto  domino  Guillelmo 
Glorie,  pro  permulacione  studii  de  Tritis  domini  nostri  pape 
Manuasce  facienda,  videlicet  trecentos  flor.  camere,  quos  flo- 
renos  reduxi  Avinione  in  florenos  del  grayle,  quia  florenum 
de  caméra  nolebant  recipere  in  provincia  nisi  pro  XVI  sol. 
et  VIII  den.  et  habui  pro  cambio,  XXI  floren.  cum  dimidio, 
del  grayle. 

Summa  istius  pagine,  M IIIe  XLI  flor.  cum  dimidio,  del 
grayle. 

Summa  universalis  omnium  summarum  receplarum  su- 
pradictarum  pecunie  sive  florenorum  del  grayle  (sic),  II m  IIIe 
XLV  flor.  XV  sol.  II  den. 

Fol.  19.        Sequitur  recepta  pecunia  scolarium 

studii  de  Tritis  pro  domino  nostro  papa  receptorum 
tempore  meo  et  pro  introitu  novo. 

Primo  XII*  die  Junii  recepi  a  Jacobo  Jor- 
danide  Sancto  Anniaco,  clerico IHI  florenos 

Item  XXVI*  die  Junii  recepi  ab  Hugone  de 
Sallon,  clerico IHI  il. 

Hem  XXVIII'  die  dicti  mensis    recepi  a 
Petro  de  Perris,  clerico IHI  fl. 

Item  VII1  die  Julii  recepi  a  Raimundo 
Durandi  et  a  Berengario  Manenpha,  clericis.      VIII  fl. 

Item  X'  die  Julii  recepi  a  Guillelmo  de 
Gadefalco,  clerico IHI  fl. 

Item  XIIII1  die  Augusti  recepi  a  Raimundo 

Stephani,  clerico IHI  fl. 

Summa  istius  pagine,  XXVIII  flor. 

Fol.  19  V. 

Item  XXVIII'  die  Septembris  recepi  a 
Johanne  Bicscha,  monacho IHI  fl. 

Item  XX*  die  Octobris  recepi  a  Giraudo  et 
Johanne  Redulphi,  fratribus,qui  sunt  ad  eo- 
mm  expensas  proprias,  videlicet    ....      XVI  fl. 


J 


—  157  — 

Item  XXVIII •  die  Octobris  recepi  a  Guil- 
lelmo  Cayrelerii  de  Massilia,  clerico     .     .     .         1111  fl. 

Item  eadem  die  recepi  a  Giraudo  Aymerici 
clerico,  Vabrensis  diocesis 1Ш  fl. 

Item  XXIX8  diedicti  mensis  recepi  ab  An- 
thonio  Laurencii,  clerico  .......        ПИ  fl. 

Item  dicta  die  recepi  a  Pelro  Virgilii, 
clerico Ш1  fl. 

Item  ultima  die  dicti  mensis  recepi  a  Mat- 
theo  de  Manseria  qui  est  ad  eius  expensas 
proprias X  fl. 

Item  IXя  die  Januarii  recepi  a  Guillelmo 
Innova rii,  clerico I1II  fl. 

Item  XXI'  die  recepi  a  Johanne  Valencia, 
clerico,  qui  est  ad  eius  expensas  proprias  X  fl. 

Summa  istius  pagine,  LX  fl. 

Fol.  20. 

Item  XXIX*  die  dicti  mensis  Januarii  re- 
cepi a  domino  Rostagno  de  Mûris,  clerico.     .        IIII  fl. 

Item  XXVIII1  die  mensis  Februarii  recepi 
a  Jacobo  Juliani,  clerico IIII  fl. 

Item  I*  die  Marcii  recepi  a  Gathulano  alias 
Johanne  Boquerii  monacho  Massilie,  clerico.        IIII  fl. 

Item  II1  die  dicti  mensis  recepi  a  Johanne 

Dominici  de  Forch,  clerico IIII  fl. 

Summa  istius  pagine,  XVI  fl. 

Fol.  21.       Sequuntur  soluciones  clericorum  dicli 

studii  et  de  secundo  anno 

Primo  recepi  a  Bartholomeo  de  Romanha- 
co,  clerico,  qui  est  ad  ejus  expensas  proprias 
etpro  secunda  annata X  fl. 

Item  a  Jacobo  Cena  recepi  pro  secunda  an- 
nata, qui  est  ad  eius  expensas  proprias  .     .  X  fl. 


л 


—  158  — 

Item  recepi  a  Petro  Thome  pro  secunda 
annata,  qui  est  ad  eiusjexpensas  proprias     .  X  fl. 

Item  recepi  ab  Olivario  Durandi,  clerico, 
pro  1Г  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Boerii,  clerico  pro 
IIa  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Luquino  Metali,  clerico,  pro 
II'  annata II  fl. 

Item  recepi  ab  Anthonio  Silvestri,  clerico, 
pro  H*  annata IIII  fl. 

Item  recepi  ab  Hugone  Ruffî,  clerico,  pro 
П'  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Joli,  clerico,  pro  II1 

annata IIII  fl. 

Summa  istius  pagine,  LU  fl. 

Fol.  21  v\ 

Item  recepi  a  Fulcone  Bonasse,  clerico,  pro 
secunda  annata IIII  fl. 

Item  recepi  ab   Anthonio   Morre,  clerico, 
pro  П"  annata ,     .       II  fl.  deljrayle 

et  duos degrozeta? 

Item  recepi  a  Bertrando  Raspaudi,  clerico, 
pro  II*  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Francisco  Sicardi,  pro  IT 
annata,  videlicct IlIIfl. 

Item  recepi  ab  Anthonio  Coterii,    cleri- 
co, pro  II1  annata     IlIIfl. 

Item  recepi  a  Johanne  Arioti,  clerico,  pro 
1Г  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Francisco  Martini*  clerico, 
pro  II*  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Rutrelli,   clerico, 
pro  II1  annata IlIIfl. 

Item   recepi  a  [Ludovico  Martini,   clerico, 
pro  II'  annata IIII  fl. 


—  159  — 

Item  recepi  ab  Anthonio   Riperti,  pro  IIa 

annala III  fl. 

XII  soJ.  —  débet  IIII  sol. 
Su  m  ma  istius  pagine,  XXXIX  fl.  XII  sol. 

Fol.  22. 

Item  recepi  a  Poncio  Giraudi,  clerico,  pro 
II*  annata.     , IIII  fl. 

Item  recepi  ab  Hugone  de  Monte  Caldo, 
clerico,  pro  II*  annata,  et  per  manus  Boni- 
fan  Us  Judei    .     .     , IIII  fl. 

Item  recepi  a  Jacobo  Matris,  clerico,  pro 
IIя  annata  et  per  manus  dicti  Bonifantis  iudei.        IIII  fl. 

Item  ab  Anthonio  Cariloci,  clerico,  pro  IIa 
annata,  recepi IIII  fl. 

Item  recepi  a  Guillelmo  Dominici,  clerico, 
pro  II*  annala IIII  fl. 

Item  recepi  a  Raimundo  Peyroneti,  cle- 
rico, pro  II*  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  de  Hermo,  cle- 
rico, pro  II1   annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Petro  Bonihominis,  cleri- 
co, pro  II1  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Amalrici,  clerico, 
pro  II*  annata IIII  fl. 

Item  a  Thomacio  Manenti  pro  II*  annata.     I  fl.  quiadicessit 

Item  recepi  a  Siffredo  Gelerii,  clerico,  pro 
Iljmnata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Ludovico  Frasqueti,  clerico, 
pro  II1  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Bernardo  de  Molendino,  cle- 
rico, pro  II*  annata IIII  fl. 

Summo  istius  pagine,  XLIX  fl. 


1 


—  160  — 

Fol  22  V. 

Item  recepi  a  Giraudo,  monacho  clerico,  pro 

IIe  aonata 1III  fl. 

Item  recepi  a  Jacobo  Benaya,  clerico,  pro 
H'annata IIHfl. 

Item  recepi  ab  Hugone  Balquerie,  clerico, 
pro  II*  annata ПИ  fl. 

Item  a  Giraudo  Guillelmi,  clerico,  pro 
II-  annata Ш1  fl. 

Item  recepi  a  Guillelmo  Biomi,  clerico, pro 
II'  annata,  per  manus  Bonifantis  Judei  .     .         IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Bouis,  clerico, 
pro  II*  annata,  et  per  manus  Guillelmi  Ma- 
riai         Hllfl. 

Item  recepi  a  Ludovico  de  Sex-Furnis, 
clerico,  pro  II1  annata,  et  per  manus  Guillel- 
mi Marini 1Ш  fl. 

Item  rocepi  a  Jobanne  Barnerii,  clerico, 
pro  IIe  annata  IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  de  fsia,  clerico,  pro 
H'annata IIHfl. 

Item  recepi  a  Berirando  Rebolli,  clerico, 
pro  II*  annata IIII  fl. 

Item  recepi  ab  Anthonio  Ricani,  clerico, 
proll'  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Bergerii,  clerico, 
pro  II*  annata H  fl. 

Item  recepi  a  Gaufrido  Gauhoni  ?  clerico, 

pro  !!•  annata IIII  fl. 

Summa  istrius  pagine,  L  fl. 
Foi  23. 

Item  recepi  a  Capiti  Ponsili,  clerico,  pro  II* 
annata IIII  fl. 

Item  ab  Auduberto  Marcelli,  clerico,  pro 
H'annata IIII  fl. 


—  1G1  — 

Item  recepi  a  Valentino  Porte,  clerico,  pro 
1Г  annata IIII  florenos 

Item  recepi  ab  Isnardo  Faraudi,  clerico, 
pro  II3  anoata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Symeonis,  clerico, 
pro  II'  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Jacobo  Habelhe,  clerico,  pro 
II*  anoata IIII  fl. 

Item  recepi  ab  Anthonio  Sclaponi,  cle- 
rico, pro  II'  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Laurentio  Duranti,  clerico, 
pro  II1  annata,  IIII  fl.,  et  per  manus  Velegoni, 
sabaterii  de  Tritis. 

Item  recepi  a  Johanne  Thaucii,  clerico, 
pro  II'  annata IIII  fl. 

Item  recepi  ab  Honorato  de  Malvanis,  cle- 
rico, pro  IIя  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  domino  Jacobo  Dalmacii, 
presbitero  et  clerico,  pro  II' annata  ....         IIII  fl. 

Item  recepi  a  Ludovico  Mitri,  pro  H* 
annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Cayre,  clerico,  pro 

II*  annata IIII  fl. 

Sumraa  istius  pagine,  LU  fl. 

Fol.  23  v°. 

Item  recepi  a  Guillelmo  Gabielli,  clerico, 

pro  II'  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Ludovico  de  Avinione,  cle- 
rico, pro  II1  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Johanne  Milonis,  clerico,  pro 
II*  annata •   .    .   .         Ш1  fl. 

Item  recepi  a  Bartholomeo  Galverie,  cle- 
rico, pro  II1  annata Ш1  fl. 

Item  recepi  a  Petro  Ardeniti,  clerico,  pro 
II*  annata Ш1  fl. 

14 


—  162  — 


Item  recepi  a  magistro  Petro  Clarimonti, 

pro  IIя  annata  filii  sui  clerici IIII  fi. 

Item  recepi  a  Nicholao  Guilaberti,  clerico, 

pro  I Г  annata IIII  fl. 

Item  recepi  a  Fulcone  Borgondionis,  cle- 
rico, pro  II1  annata IIII  11. 

Item  recepi  ab  Ànthonio  Bernardi  de  Apta, 

clerico,  pro  II"  annata II  fl. 

Item  recepi  a  Bartholomeo  Gralha  ....  II  fl. 

Item  recepi  a  Rostagno  Avessuti II  fl. 

Item  recepi  a  Moneto  Constancii  ....  IIII  fl. 

Item  recepi  a  Guilelmo  de  Turre  ....  III  fl. 

Item  recepi  ab  Anthonio  Lautardi ....  III  fl. 

Item  recepi  a  Bertrando  Gencsii III  fl. 

Summa  istius  pagine,  LI  flor. 

Fol.  24.  Summa  universalis  omnium  summarum  supradic- 
tarum  pecunie  recepte  clericorum,  IIIe  IIII**  XVII  flor.,  XII 
solidos. 

Summa  omnium  summarum  supradictarum  receptarum 
tam  a  domino  meo  domino  Thesaurario  seu  ab  aliis,  man- 
da to  eius,  quam  a  scolaribus  suprascriptis,  videlicet  in 
summa  :  llm  VIIe  XLIH  florenos,  signo  del  grayle,  XI  soli[dos], 
VI  dena[rios]. 

Item  recepi,  ex  precio,  CXXXIII  milhayrelas,  VIII  scan- 
dalia  et  medii  (?)  vini  per  me  venditi,  de  vino  provisionis  per 
me  empti,  IIII**  milhayrelas,  precio  cuiuslibet  XIIII  solidos, 
videlicet  Hugoni  Regordi,  et  Petro  Negrelli,  LUI  milhayrelas, 
VIII  scandai,  médium,  precio  milhayrel,  XVI  solidos,  IIII** 
XVIII  libras,  XIX  solidos,  IIII  denarios,  que  valent  reducle 
ad  florenos  de  grayleto,  computando  XV  solidos,  octo  dena- 
rios pro  floreno,  GXXVl  flor.  V  sol.  IIII  denar. 

Et  sic  constat  quod  est  totalis  recepta  pecuniarum  unde- 


—  463  — 

cumque  receptarum  et  reductarum  ad  dictos  florenos  de 
grayleto,  ilm  VIIIe  LXX  flor.  I  sol.  II  den.  (*) 

(Le  fol.  24  ve  est  en  blanc). 

Fol.  25 .  Sequuntur  emptores  (?)  provisionum  bladi  f  vint , 
mutonum,  carnium  salsarum,  caseorum,  olei,  salis  et  aliarum 
rerum  per  me  Deodatum  Jordani  faclarum  pro  scolaribus  et 
servitoribus  studii  de  Tritis  pro  domino  nostro  papa,  inceptis 
a  die  1Г  mensis  Junii  in  antea,  anno  domini  M0  IIIG0  LXIHI°  , 
ut  sequitur,  et  finit  de  anno  domini  M0  IIIe0  LXV° ,  die  prima 
Junii  inclusive. 

Primo  recepi  a  domino  Petro  de  Areabaudoza,  baiulo  panis 
et  vini,  XXXIX  sestarias  farine. 

Fol.  25  v°  Emptio  bladi. 

Primo,  die  mercurii,  Va  die  Junii,  emi  a  Dousana  Capolene 
de  Tritis,  XVIII  sesteria  anone,  precio  sest.,  VI  solidos  — 
valent  СУШ  sol. 

Item  die  sabbati,  VIII'  die  Junii,  emi  a  Raimundo  Audrici 
de  Tritis,  IIII**  II  sest.  annone,  precio  sest.  V  sol.  XI  den.  — 
valent  ХХ1Ш  libr.  V  sol.  II  den. 

Item  die  veneris,  Va  Julii,  emi  a  domino  Hugone  Giraudi, 
monacho  Massilie,  IIII**  sest.  annone,  precio  sest.  Vsol. — 
valent  XX  lib. 

Summa  istius  pagine,  IX**  sest.  annone,  valent  XLIX  lib. 
XIII  solid.  II  den. 

Fol.  26.     Item  die  veneris,  XIXâ  die  dicti  mensis  Julii,   emi 

(*)  Ceux  qui  alignent  une  longue  et  minutieuse  comptabilité,  dit 
Ducange,  dans  sa  préface  du  Glossarium,  sont  inévitablement  exposés 
à  tomber  dans  quelque  erreur.  En  présence  de  l'immense  travail 
d'arithmétique  de  notre  rationair^,  c'est  bien  le  cas  et  le  lieu  de 
réclamer,  avec  confiance,  l'indulgence  du  lecteur  pour  les  quelques 
fautes  de  calcul  qui  pourraient  être  portées  dans  le  texte  même 
ou  bien  produites  par  le  fait  des  collationueurs  ou  par  notre  fait 
propre. 


—  164  — 

a  Guillclmo  Marini  et  Raimundo  Audrici  de  Tritis,  IIIc  sest. 
annone,  preeio  cuiuslibet  sest.  V  sol.  IIHden. — Summa, 
1Ш"  libr. 

Item  die  iovis,  XXII1  die  Augusli,  emi  a  domino  Guillelmo 
Maure,  monacho  massiliensi  in  loco  de  Rosseto,  videlicet 
XLVIH  sest.  annone  preeio  cuiuslibet  sest.  Vsol.  IIHden.  — 
Summa,  XII  lib.  XVI  sol. 

Summa  istius  pagine,  IIIe  XLVIH  ses!. annone. 

Valent  IIII™  XII  libr.  XVI  sol. 

Fol.  20  v°.  Item  XXlIIIa  die  Augusti,  emi  a  Raimundo  Mar- 
celli  de  Rosseto,  in  loco  de  Rosseto  (*),XX  sest.  anonc,  preeio 
cuiuslibet  sest.  V  sol.  X  den. —  Summa,  GXVI  sol.  VIH  den. 

Item  XXVI1  die  Augusti,  que  fuit  dies  lune,  emi  a  Guil- 
lelmo Giraudi  de  Podionicr  (sic),  VIII  sest.  anone,  preeio 
cuiuslibet  sest,  VI  sol.  —  Summa,  XLVIH  sol. 

Item  XXVII1  die  dicti  mensis,  emi  a  Johanne  Aurili  de 
Podionerio  (sic),  XXX  sest.  anone,  preeio  cuiuslibet  sest.  VI 
solid.  —  Summa,  IX  lib. 

Item  emi  ab  Hugone  Baudili  de  Podionerio,  XX  sest.  an- 
none, preeio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  Summa,  VI  lib. 

Item  dicta  die,  emi  a  Petro  Manelha  de  Podionerio,  L  sest. 
annone,  preeio  cuiuslibet  sest.  VI  sol.  —  Summa,  XV  lib. 

Summa  istius  pagine,  VI**  VIII  sest.  annone.  Valent 
XXX VIII  lib.  1III  sol.  VIII  den. 

Fol.  27. 

Item  die  mercurii,  XXVIHÛ  Augusti,  emi  a  Berengario  sar- 
toris  de  Porreriis,  XX  sest.  annone,  preeio  cuiuslibet  sest. 
V.  sol.  X  den.  —  Summa,  CXVI  sol.  VIII  den. 

Item  dicta  die,  emi  ab  Anthonio  Àrtiselli  de  Tritis,  X  sest. 
annone,  preeio  cuiuslibet  sest.  VI  sol.  —  Summa,  LX  sol. 

(*)  L'Ordre  de  saint  Benoit  avait  des  prieurés  dans  toutes  les 
paroisses,  dont  les  propriétaires  ci -mention  nés  vendent  à  l'Ecole  de 
Trets  leurs  produits  divers. 


—  165  — 

Hem  die  iovis,  XXIX*  die  Augusti,  emi  a  Jacobo  Myla  de 
Podionerio,  IIII  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol. 
minus  II  den.  — Summa,  XXIII  sol.  IIII  den. 

Hem  dicta  die,  emi  a  Bartholomeo  de  Ortiea  de  Tritis, 
XXI  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  Vsol.  XI  den.  — 
Summa ,  VI  lib.  IIII  soi.  III  den. 

Summa  istius  pagine,  LV  sest.  annone. 

Valent  XVI  lib.  IIII  sol.  III  den. 

Fol.  27  i\ 

Item  dicta  die,  emi  ab  Hugone  Prime,  XII  sest.  annone, 
precio  VI  solid.  cuiuslibet  sestarii. 

Summa,  LXXII  solid. 

Item  emi  ab  Alacta  de  Porreriis,  II  sest.  annone,  precio 
cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  Summa,  XII  solid. 

Item  XXXe  die  dicti  mensis,  que  fuit  dies  veneris,  emi  a 
domino  Hugone Girardi  monacho  Marssilie,  videlicet  VII  sest. 
annone,  precio  cuiuslibet  sest.  Vsol.  X  den.  —  Summa, 
XL  solid.  X  den. 

Item  II»  die  Septembris,  emi  a  Comprato  Judeo,  LUI  sest. 
cum  dimidio  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol.  II  den. 
obol.  —  Summa,  XVI  lib  XII  solid.  III  obol. 

Item  dicta  die,  emi  a  domino  Hugone  Girardi,  monacho 
Marssilie,  XXXIX  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol. 

—  Summa,  XI  lib.  IIII  sol.  VI  den. 

Summa  istius  pagine,  CXIII  sest.  et  médium  de  annona. 
Valent  XXXII1I  lib.  XVII  den.  obol. 

Fol.  28. 

Item  dicta  die,  emi  a  caméra rio  Marssilie  XXX  sest.  annone, 
precio  cuiuslibet  sestar.  VI  sol.  —  Summa,  IX  lib.  —  Solvit 
pro  eo  dominus  Anthonius  de  Podionerio. 

Item  dicta  die,  emi  a  Raimundo  Fabri  de  Podionerio,  vide- 
licet IIII  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol.  in  loco. 

—  Summa,  XXHII  solid. 

Item  dicta  die,  emi  a  domino  Johanne  Bolfenii  habitatorie 


—  466  — 

de  Podionerio,  videlicet  XVIII  sest.  annone,  precio  prediclo 
supra  proximo.  —  Summa,  CVIII  solid. 

Item  die  veneris,  VIe  die  Sep tem bris,  emi  a  Comprato  Gardi 
ludeo,  de  Tritis,  videlicet  LXII  sest.  cura  dimidio  annone, 
precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol. —  Summa,  XVIII  lib.  XV  solid. 

Item  die  sabbali,  septima  die  Septembris,  emi  a  Guillelmo 
Manelha  de  Podionerio,  videlicet  XXI  sest.  annone,  precio 
cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  Summa,  VI  lib.  VI  solid. 

Summa  istius  pagine,  VIх*  XV  sest.  et  médium  annone. 
Valent  XL  lib.  XIII  sol. 

Fol  28  v\ 

Item  dicta  die,  emi  a  Guillelmo  Àmalrici  de  Podioloberio, 
videlicet  VI  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  — 
Summa,  XXXVI  solid. 

Item  die  dominica,  VIIIa  die  Septembris,  emi  a  Bonifacio 
Vesuati  de  Podionerio,  videlicet  XXX  sest.  annone,  mensure 
Tritis,  precio  cuiuslibet  sest.  V  solid.  XI  den. — Summa, 
VIII  lib.  XVII  sol.  VI  den.;  —  dominus  Anthonius  pro  eo. 

Item  die  veneris,  XXVIe  Septembris,  emi  a  Raimundo 
Rebelli,  LXXIX  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  V  solid. 
VIII  den.  —  valent  XXII  lib.  VII  sol.  VIII  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  dicto  Raimundo  Rebelli  de  Tritis, 
centum  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  va- 
lent XXX  lib. 

Summa  istius  pagine,  IIe  XV  sest.  annone. 

Valent  LXIII  lib.  XIIII  den. 

Fol.  29. 

Item  dicta  die,  emi  a  Johannede  Rosseto,  I1II  sest.  annone, 
precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  valent  XXII1I  solid. 

Item  XXVIIIe  die  dicti  mensis,  emi  a  Guillelmo  de  Porreriis, 
VII  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  III  den.  — 
Valent  XLIII  sol.  IX  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  Jacobo  de  Grauseleriis,  IIII  sest.  an- 
none,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol.  —  valent  XX1III  solid. 


—  167  — 

Item  erai  a  dicto  Jacobo,  V  sest.  annone,  precio  cuiuslibet 
sest  V  sol.  IX  den.  —  valent  XXVIII  solid.  IX  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  Petro  Tortati  de  Podionerio,  XVI  sest. 
annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  — valent  IIII  lib. 
XVI  solid. 

Item  dicta  die,  emi  a  canonico  de  Podionerio,  XL  sest. 
annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  valent  XII  lib. 

Item  XXXй  die  Septembris,  emi  a  Rostagno  Amelii  de 
Porreriis,  VII  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI  sol. 
III  den.  —  valent  XLIII  sol.  IX  den. 

Summa  istius  pagine,  IIII**  III  sest.  annone. 

Valent  XXV  lib.  III  den. 

Fol.  29  V. 

Item  die  martis,  prima  die  Octobris,  emi  a  domino  Hugone 
Girardi  monacho  Massilie,  IIe  et  I  sest.  I  quart,  annone, 
precio  cuiuslibet  sest.  VI  solid.  —  valent  LX  lib.  Vil  sol. 
VI  den. 

Item  ab  alia  parte,  LXXII  sest.  annone,  precio  predicto. 
Valent  XXI  lib.  XII  sol. 

Item  de  siligine,  XLIII  sest,  precio  cuiuslibet  sest.  IIII  solid. 
VI  den.  —  valent  IX  lib.  XIII  sol.  Vf  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  dicto  domino  Hugone  Girardi,  de 
consegallo,  LXXVI1I  sest.  1  quatrinum,  precio  cuiuslibet  sest. 
V  solid.  —  valent  XIX  lib.  XI  sol.  III  den. 

Item  die  iovis,  III'  die  Octobris,  emi  a  Rostagno  Berengarii 
de  Podionerio,  IIII  sest.  annone,  precio  cuiuslibet  sest.  VI 
sol.  —  valent  XXI III  solid. 

Summa  istius  pagine,  IIIe  llll**  XVIII  sest.  et  médium. 
Valent  CXII  lib.  VIII  sol.  III  den. 

Fol  30. 

Summa  universalis  annone,  consegallis,  siliginis  emptis 
XXXIX  sest.  farine  traditis  per  dictum  dominum  Pclrum  de 
Areabaudosa,  MVIC  IIII**  XV  sest.  et  médium. 


—  4G8  — 

Valent  in  summa,  exceptis  dictis  XXXIX  sest.  farine,  lillc 
LXXII  lib.  [I  sol.  M  den.  obol.  provincial,   compulando  flo- 
renum  pro  XV  solidis,  VIII  denariis.  Valent  VIe  II   flor. 
X  solid.  X  den.  obolum. 

Fol.  30  v°. 

Recepla  vini  traditi  per  dictum  dominum  Petrum  de  Area- 
baudosa  mihi  camerario  predicto,  scilicet  GXXXVII  raelay- 
rolas  vini,  videlicet  II1  die  Junii. 

Fol.  31.  Emptio  vint. 

Primo  die  veneris,  septima  die  Junii,  emi  a  magistro 
Stephano  Castellani  de  Tritis,  XIII  melayrolas  vini  minus 
uno  scandalo  et  médium  et  uno  denario,  precio  cuiuslibet 
melayrole,  XV  sol.  —  Summa,  X  lib.  VIII  sol.  ob. 

Item  die  sabbati,  VIIIй  die  lunii,  emi  a  magistro  Johanne 
Castellani,  nolario  de  Tritis,  XLlil  melavrolas  cum  dimidia 
et  duas  partes  unius  scandali  vini,  precio  cuiuslibet  melay- 
role, XV  solid.  — Summa,  XXXII  lib.  XIII  sol.  III!  d,în. 

Item  die  iovis,  I1  die  Augusti,  emi  a  Bartholomeo  Fres- 
querii  de  Sancto  Maximo  (sic),  LXXVI  melayrolas  et  quartam 
partem  unius  vini,  precio  cuiuslibet  melayrole,  XVI  sol.  — 
Summa,  LXI  lib. 

Summa  istius  pagine,  VIх*  XII  milayr.  V  scand.  et  unum 
tercium  III  ob.  — que  valent  GII1I  lib.  XVI  den.  ob. 

Fol.  31  v\ 

Item  dicta  die,  emi  a  magistro  Petro  Praerii  de  Sancto 
Maximino,  XX  metretas  vini,  precio  cuiuslibet  metrete,  XVI 
sol.  —  Summa,  XVI  lib. 

Item  XXIII1  die  Septembris,  emi  ab  Hugone  Donzelli  de 
Tritis,  VI  malayrolas  et  mediam  et  IIII  scandais  (sic)  et  duas 
partes  unius  vini,  precio  cuiuslibet  malayrole,  I  fl.  de  cena. 

Valent  GVI1I  sol.  II  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  Raimundo  Rebelli,  LI  melayrolas 
vini,  precio  cuiuslibet  1  flor.  —  valent  XL  lib.  XVI  sol. 


—  169  — 

Item  XXV1  die  Septembris,  que  fuit  dies  mercurii,  emi 
L  melayrolas  vini  ab  Anthonio  Borini  de  Sancto  Maximino, 
in  loco  de  Tritis,  precio  cuiuslibet  melayrole  XVI  sol. — 
Summa,  XL  lib. 

Summa  istius  pagine,  VI*X  VII  melayrolas,  X  scandais  et 
duas  partes  unius. 

Valent  СП  lib.  IIII  sol.  II  den. 

Fol.  32. 

Item  emi  a  Béatrice  Gauceline,  II  melayrolas,  I  scandalium 
cum  dimidio  vini,  precio  milhayrole  XVI  sol.  —  valent 
XXXI1II  sol.  I  den. 

Item  die  martis,  aie  I1  Octobris,  emi  a  Johanne  Bianeti  de 
Sancto  Maximino,  IIIl*x  millayrolas  vini,  precio  cuiuslibet 
millayrole,  XIIII  sol.  —  valent  LVI  lib. 

Item  dicta  die,  emi  a  Bomperio  (sic)  Fresquerie  de  Sancto 
Maximino,  G  melayrolas  vioi,  precio  cuiuslibet,  XIIII  sol.  — 
valent  LXX  lib. 

Summa  istius  pagine,  IXх*  II  melayrolas,  I  scandalium  et 
médium.  Valent  VI"  VII  lib.  XIIII  sol.  I  den. 

Fol.  32  v\ 

Item  dicta  die,  emi  ab  Anthonio  Augerii  de  Sancto  Maximo 
(sic),  XXVII  melayrolas  vini,  precio  cuiuslibet  portate  Tritis, 
XVI  solid.  VIII  den.  —  valent  XXII  lib.  X  solid. 

Item  dicta  die,  emi  a  magistro  Bonefilio  Judeo,  I  melayrolam 
et  médium,  I  scandalium  cum  dimidio  de  acceto,  precio  mi- 
la  vrole  VIII  solid.  —  valent  XIII  sol. 

Item  XXIII'  die  Octobris,  emi  a  priore  de  Oleriis,  XXX 
melayrolas  vini,  precio  cuiuslibet  XIIII  sol.  VIII  den.  —  va- 
lent XXII  lib.  portato  Tritis. 

Summa  istius  pagine,  LVII  milayrolas. 

Valent  XLUII  lib.  X  solid. 

Item  summa  de  aceto,  I  milayrolam,  VII  scand.  et  mé- 
dium. Valent  XIII  sol. 

Summa  universalis  pagine,  XLV  lib.  III  solid. 


—  «70  — 

Fol.  33. 

Item  dicta  die.  emi  a  Jacobo  CasteLIani  de  Sancto  Maxi- 
mino,  X  milayrolas  vini,  preeio  XV  sol.  I  den.  —  valent 
VII  lib.  X  sol.  X  den.  portate  Tritis. 

Item  dicta  die,  emi  ab  Isnardo  Valentie,  XXI ï!  milayrolas 
vini,  preeio  cuiuslibet  XV  solid.  I  den.  portate  Tritis. 
Valent  XVI!  lib.  VI  sol.  XI  den. 

Summa  istius  pagine.  XXXIII  milayrolas. 

Valent  XXI III  lib.  XVII  solid.  IX  den. 

Fol.  33  V 

Item  dicta  die,  emi  a  Petro  Valencie  de  Sancto  Maximino, 
XX  melayrolas,  preeio  cniuslibet  XV  solid.  I  den.  —  valent 
XV  lib.  XX  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  Dalmneg  uxore  Pétri  Спал  s,  III  me- 
layrolas, preeio  cuiuslibet,  XV  solid.  I  den.  —  valent  XL V 
solid  III  den. 

Item  XXV*  die  Octobris,  emi  a  Basterio  de  Sancto  Maximino, 
I  melayrolam  médium,  preeio  melayrole,  XV  solid.  I  den. 
—  valent  XXII  sol.  VII  den.  ob. 

Item  dicta  die,  emi  ab  Anthonio  Borini,  I  millayrolam  eu  m 
dirnidio,  XVII  den.  preeio  millayrole,  XV  solid.  I  den. — 
valent  XXIII  sol.  XI  den.  obol. 

Summa  istius  pagine,  XXVI  melayrolas,  I  scanda  Hum. 

Valent  XIX  lib.  XIII  solid.  VI  den. 

Fol.  34. 

Item  die  iovis,  XXIII'  die  Octobris,  emi  a  Vesiano  Rabie 
de  Sancto  Maximino,  videlicet  L  melayrolas  vini,  preeio 
cuiuslibet  melayrole,  XVI  solid.  portate  Tritis.  Valent 
XL  libras. 

Item  die  veneris,  XXlIIIa  die,  emi  a  magistro  Bonofilio 
Judeo,  I  melayrolam  de  aceto,  preeio  VIII  solid. 

Item  a  dicto  Judeo,  emi  VIII  scandalia  de  aceto,  preeio 
V  sol.  НИ  den. 


—  171   — 

Summa  istius  pagine,  L  melayrolas  vini.  Valent  XL 
libras. 

Item  summa  de  aceto,  I  melayrolam,  VIII  scandais. 
Valent  ХШ  sol.  Ш1  den. 

Fol.  34  V. 

Item  die  lune,  IIIIa  die  Novembris,  emi  a  Guillelmo  Ber- 
trandi  de  Podio-Luperio,  XIIII  mètre  ta  s  vini  portâtes  Tritis, 
precio  cuiuslibet,  XIIII  sol.  II  den.  —  valent  IX  lib.  XVIII 
solid.  III1  den. 

Item  emi  centumxx  millayrolas  vini,  precio  cuiuslibet  XVI 
solid.  —  valent  IIII"  XVI  lib. 

Item  dicta  die,  emi  ab  Alacta  Gapolene,  XIX  mellayrolas, 
I  scandai  vini  et  II  den.  precio  cuiuslibet  melayrole,  XVI  sol. 
—  valent  XV  lib.  V  solid.  VI  den. 

Summa  istius  pagine,  GLIII  melayrolas,  I  scand.  II  den. — 
valent  VI«  I  lib.  III  solid.  X  den. 

[Summa  universalis  vini  empti  et  traditi  per  dictum  do- 
minum  Pelrum,  videlicet  IXe  II  melayrolas  et  VII  scandais 
et  médium. 

Valent  in  summa,  exceptis  CXXXVII  melarolis  traditis 
per  dictum  dominum  Petrura,  videlicet  Ve  LXXXIIII  lib. 
IIIIsol.  VIII  den.  ob. 

Item  summa  de  aceto,  III  melayrolas,  III  scandai,  et  mé- 
dium. Valent  XXVI  sol.  IIII  den.]  (*) 

Summa  universalis  tocius  vini  et  aceti  tam  empti  et 
quam  reperti,  IXe  I  melayrolas,  XI  scandais. 

Summa  universalis  tocius  precii  vini  et  aceti  emptorum, 
V°  LXXXV  lib.  XI  solid.  IIII  den.  —  valent  in  floren.  del 
grayle  VII*  XLVII  flor.  VIII  sol.  VIII  den. 

Recepta  mutonum  per  dominum  Petrum  Areobaudosa  tra- 
ditorum  michi  camerario  predicto,  videlicet  XXII  mutones. 

(*)  Les  trois  articles  de  cette  parenthèse  sont  effacés  dans  le  Codex 
papal,  sans  doute  parce  qu'il  y  a  erreur  de  chiffres. 


—  172  — 

Recepta  carnium  salsarum  tradilarum  per  dictum  dominum 
Petrum  michi  camerario  prediclo,  videlicet  XVI  bacones  et 
médium  ponderantium  XV  quintals. 

Fol.  36.  Emptio  porcorum. 

Primo  XIII*  die  Decembris,  emi,  in  Sanclo  Maximino,  XIJcim 
porcos,  precio  XXII  lib.  XVI  sol.  quos  porcos  feci  salsare, 
pondérantes  XIII  quintales,  II  lib.  et  média  m. 

Summa  istius  pagine,  XIIciin  porcos.  Valent  XXII  lib. 
XVI  solid. 

Summa  universalis  porcorum  salsorum,  XXVIII  baconos 
[et]  médium  pondérantes  XXVIII  quintals,  II  lib.  et  média  m. 

Valent,  exceptis  XVI  baconibus  cl  medio  traditis  per  dic- 
tum dominum  Petrum,  XXII  lib.  XVI  solid.  dicte»  monete. 
/  Valent  in  flor.  de  grayleto  XXIX  flor.  I  sol.  VIII  den. 

Fol.  37.  Receptio  olei  tradili  per  dictum  dominum  Petrum 
de  Areabaudosa  michi  camerario  prediclo  et  viventi  in  dicto 
prioratu,  ridelicel  LX1  lib.  oley. 

Emptio  oley. 

Hem  II  die  Octobris,  emi  XXII1I  libr.  olei,  precio  cuiuslibet 
lib.  XV  den.  —  valent  XXX  solid. 

Item  XIIя  die  Novembris,  emi  a  Guillelmo  Marinide  Tritis, 
Il  mellayrolas  olei  antiqui,  precio  cuiuslibet  XLVIII  sol. 
VI  den.   -  valent  IIII  lib.  XVII  sol. 

Item  lll1  die  Januarii,  emi  ab  Anthonio  Borini  de  Sancto 
Maximino,  III  melayrolas  et  mediam  olei  novi,  precio  me- 
layrole,  XLIIII  sol.  —  valent  VII  lib.  XIIII  sol. 

Summa  universalis  olei  empli  tradili  per  dictum  dominum 
Petrum,  VII  milayrolas,  XIII  lib.  — valent,  exceptis  LXI  lib. 
traditis  per  dictum  dominum  Petrum,  XIIII  lib.  XII  den.  — 
valent  in  flor.  de  grayleto,  XVII  flor.  XIIII  sol.  VIII  den. 
dicte  monete. 


—  173  — 

Fol.  37  v9.  Sequitur  emptio  candelarum 

Primo  die  III*  Junii,  recepi  a  domino  Petro  de  Areabaudosa 
videlicet  unum  quintale,  XX  libr.  candelarum. 

Item  ultima  die  Septembris,  emi  a  Bertrando  Prime  de 
Tritis,  III'  quinlalia  candelarum,  precio  cuiuslibet  quintalis 
IIII  libr.  XIX  sol.  VIII  den.  —  valent  XIIII  libr.  XIX  sol. 

Item  III1  die  Januarii,  emi  a  Cibilia,  uxore  Bertrandi  Prime 
condam,  I  quintale,  LXXXVII  lib.  III  quart,  libre,  precio 
quintalis,  IIII  libr.  XIX  sol.  —valent  IX  libr.  V  sol.  VII 
den.  obol. 

Summa   universalis  omnium   candelarum,  VI  quintalia, 

VII  libr.  III  quart,  libre.  Valent,  exceplis  uno  quintale, 
XX  lib.  tradilis  per  diclum  dominum  Petrum  de  Areabau- 
dosa, videlicet  XMIII  lib.  IIII  sol.  VII  den.  obol. 

Valent  in   flor  de  grayleto  XXX  flor.  XIIII  sol.  VII  den. 
obol.  dicte  monete. 
Le  fol.  38  est  en  blanc. 

Fol.  38  v°.    Sequitur  emptio  provisionis  piscis  salssati. 

Primo  XXVII  die  mensis  Januarii,  emi  ab  AnthonioBorini 
de  Sancto  Maximino,  llm  С  dauratas  salsatas. 

Item  CLIIII   mugilos  saisatos,  precio  XIII  libr.   VI   sol. 

VIII  den. 

Item  dicta  die,  emi  a  dicto  Anthonio,  duas  barrilas  de 
tonina  salsatas,  pro  precio  XLVIU  sol. 

Item  XXXe  die  dicti  mensis  Januarii,  emi  a  dicto  Anthonio, 
VIe  auratas  salsatas,  precio  LXVIII  sol. 

Summa  universalis  istius  pagine,  XIX  libr.  II  sol.  VIII 
denar.  —  \ aient  in  flor.  de  graylelo  XXIII1  flor.  VI  sol.  VIII 
den.  dicte  monde 

Fol.  39.     Sequitur  emptio  provisionis  leguminum. 

Primo  XX*  die  Augusti,  erai  ab  Hugone  Regordi  de  Sancto 
Maximino,  XIIII  sest.  de  fabis,  precio  cuiuslibet  sest.  VIII 
sol.  III  den.  —  valent  CXV  sol.  VI  denar. 


—  474  — 

Item  dicta  die,  cmi  a  dicto  Hugone  Regordi,  H  sest.  de 
lentilhis,  precio  cuiuslibet  sest.  XlIIIsolid.  —  valent  XXVIII 
solid. 

Surama  istius  pagine,  XVI  sest.  leguminum.  Valent  VII 
lib.  III  solid  VI  den. 

Fol.  39  V. 

Item  die  martis,  I'  die  Octobris,  emi  VI  sest.  cum  dimidio 
de  cisseribus  albis,  precio  cuiuslibet  sest.  Х1Ш  sol. — valent 
IIII  lib.  XI  solid. 

Item  dicta  die,  emi  XI  sest.  et  médium  de  lentibus,  precio 
cuiuslibet  sest.  IX  solid.  —  valent  GUI  sol.  VI  den. 

Item  dicta  die,  emi  I  sest.  I  cartieyra  de  fabis,  precio  sest. 
VIII  sold.  —  valent  X  solid. 

Summa  istius  pagine,  XIX  sest.  I  cartieyra  leguminum. 
Valent  X  lib.  IIII  sol.  VI  den. 

(*)  Summa  universalis  leguminum  emptorum,  XXXV sest. 
I  cartieyra.  Valent  XVII  lib.  VIII  solidos. 

Valent  in  flor.  de  grayleto  XXII  Qor.  III  sol.  IIII  den. 

Fol.  40.  Emptio  provisionis  nucwn. 

Primo  XXIIIe  die  Octobris,  emi  ab  Hugone  Laugi  deVruhon 
(sic),  II  sest.  de  nucibus,  precio  cuiuslibet  sest.  III  solid.  — 
valent  VI  solid. 

Item  dicta  die,  emi  a  Bertrando  Bartholomei  dicti  loci, 
V  pannales  de  nucibus,  precio  V  solid. 

(*)  Sur  la  marge  du  manuscrit,  en  face  du  vocable  summa,  se 
trouvent  les  lettres  apro  avec  une  barre  horizontale  les  surmontant. 
C'est  une  main  étrangère  qui  a  écrit,  avec  une  encre  différente,  ce 
mot  à  signe  abréviatif.  D'après  le  jugement  des  deux  distingués 
paléographes  du  Vatican  qui  ont  fait  la  présente  collation,  apro 
voudrait  dire  tout  simplement  approbo,  et  serait,  apparemment,  la 
marque  approbative  du  contrôleur  pontifical  appelé  à  vérifier  les 
comptes  du  rationaire. 

La  même  formule  se  retrouve  fol.  40-40  v;  il  v;  42;  43-43  v;etc. 


—  175  — 

Item  dicta  die,  emi  a  Raimundo  de  Sparrono  de  Podio  — 
Nerio,  VI  sest.  banales  (?),  I  sest.  ras.  et  mediam  panoalem 
de  nucibus,  precio  sest.  III  sol.  IIII  den.  —  valent  XXII  sol, 

IX  den. 

Item  XXV*  die  Octobris,  emi  a  Moneto  Raynaudi  de  Vruhon, 

I  sest.  de  nucibus,  precio  III  sol.  IIII  den.  —  valent  III  sol. 
IIII  den. 

Summa  istius   pagine,  XI  sest.  et  médium   de   nucibus. 
Valent  XXXVII  sol.  I  den. 
Summa  universalis  nucum  emptarum,  XI  sest.  médium. 
Valent  XXXVII  sol.  I  den.  —  valent  in  flor.  de  grayleto, 

II  flor.  V  sol.  IX  den.  dicte  monete. 

Fol.  40  v*.         Emplio  provisionis  caseorum. 

Primo,  XIX*  die  Junii,  emi  a  Petro  Minorum,  III  quintalia 
et  X  lib.  caseorum,  precio  cuiuslibet  quinialis,  XLV  sol.  — 
valent  VI  lib.  XIX  sol.  VII  den. 

Item  X1  die  Sep tem bris,  emi  a  Johanne  Garnerii,  tria 
quintalia  caseorum,  precio  cuiuslibet  quintalis,  L  sol.  — 
valent  VII  lib.  X  sol. 

Item,  XII  die  Decembris,  emi  tria  quintalia  caseorum, 
precio  cuiuslibet  quintalis,  XLIX  sol.  VIII  den.  —  valent 
VII  lib.  IX  sol. 

Summa  istius  pagine,  IX  quintalia,  X  libr.  caseorun. 
Valent  XXI  lib.  XVIII  sol.  VII  den. 

Summa  universalis  caseorum  emptorum,   IX  quintalia y 

X  lib.  —  valent  XXI  lib.  XVIII  sol.  VII  den. 

Valent  in  flor.  de  grayleto,  XXVIII  flor.  dempto  uno  de- 
nario. 

Fol.  41.     Recepta  salis  Iradite  per  diclum  dominum  Petrum 
michi  camerario  predicto,  videlicet  unum  sest.  die  ilh  Junii. 

Sequitur  emplio  provisionis  salis. 
Primo,  X*  die  Junii,  emi  a  Romano  Auduberti  de  Va- 


—  176  — 

lencia  (*),  X  sest.  et  med.  et  III  octavas  salis,  precio  cuius- 
libet  sest.  II  solid.  VI  den.  —  valent  XXVIII  vsolid.  II  den. 
p\  [picte  vel  pecie] 

Item  dicta  die,  a  Bertrando  Carnulidicti  loci,  emi  Vlsesl. 
salis  et  très  octavas,  precio  predicto.  Valent  XVI  sol. 
demptis  III  pe. 

Item  VI '  die  Septembris,  emi  a  Petro  Textore  dicti  loci, 

V  sest.  et  médium  et  I  octavam  salis,  precio  predicto. 
Valent  XIIII  sol.  III  p\ 

Item  XIII*  die  Octobris,  emi  a  Ruffo  de  Gardana,  IIII  sest. 
I  octavam  de  sale,  precio  X  sol.  VIII  den. 

Item  dicta  die  Octobris,  emi  a  Petro  Novelle  de  Gardana, 
tria  sest.  et  III  carterias  salis,  precio  cuiuslibet  sest.  II  sol. 
VI  den.  —  valent  IX  sol.  IIII  den.  obol. 

Summa  istius  pagine,  XXX  sest.  médium,  III  octav.  salis. 

Valent  L4XVII  solid.  II  den.  III  p\ 
Fol.  41  v\ 

Item  die  Xя  Decembris,  emi  a  Petro  Novelle  de  Gardana, 

V  sest.  salis  et  octavam,  precio  cuiuslibet  sest.  II  sol.  VI  den. 
—  valent  XII  sol.  IX  den.  III  pc\ 

Item  Xa  die  Febroarii,  emi  I  sest.  III  carterias  salis,  precio 
sest.  III  sol.  IIII  den. —  valent  V  sol,  X  den. 

Summa  istius  pagine,  XII  sest.  III  carterias  et  I  octava 
salis.  Valent,  exceptis  ultimis  VI  seslar.  XVIII  sol.  VII 
den.  III  p*. 

Summa  universalis  salis  empte  et  tradite  (sic),  XXXVII 
sest.  III  carterias.  Valent,  excepto  uno  sest.  tradito  per 
dictum  dominum  Petrum,IIII  libre,  XV  sol.  X  den.  obol. 

Valent  in  flor.  de  grayleto  VI  flor.  XII,  X  den.  obolum. 

Fol.  42.  Emptio  feni. 

Primo,  X*  die  Junii,  emi  a  Bertrando  Capolcrii,  XL  quin- 

(*)  Le  manuscrit  porte  bien  Valencia. 


—  177  — 

talia  feni,  precio  cuiuslibet  quintalis,  II  sol.  VI  den.  — 
valent  С  sol. 

Item  dicta  die,  erai  XLII  quintalia  feni  a  domino  Hugone 
Girardi,  precio  cuiuslibet  quintalis  cum  portu,  II  sol.  VIII 
dcn.  —  valent  GXII  sol. 

Summa  istius  pagine  feni  empti,  НИ**  Il  quintalia. 
Valent  Xlib.  XII  sol. 

Summa  universalis  feni  empli,  IIII**  II  quintalia.  Valent 

X  libr.  XII  solid. 

Valent  in  flor.  de  grayleto,  XIII  flor.  VIII  sol.  IIII  denar. 

Fol.  42  v9.  Recepta  rivale  invente  in  prioratu  de  Tritis  et 
micki  camerario  tradite  per  dominum  Petrum  de  Area- 
baudosa  videlicety  XXVII  sest.  rivale. 

Sequitur  emptio  provisionis  civate. 

Primo  die  veneris,  VJ  die  Julii,  emi  a  domino  Hugone 
Girardi,  monacho  Massilie ,  XXIIII  sest.  civate,  precio 
cuiuslibet  sest.  V  sol.  —  Summa  VI  libr. 

Item  die  iovis,  XXIIe  die  Auçusti,  emi  a  domino  Guillelmo 
Maure,  monacho  Marsilie,  in  loco  de  Rosseto,  videlicet  XXV 
sest.  et  duas  partes  unius  sest.  civate,  precio  cuiuslibet  sest. 
V  sol.  IIII  den.  —  Summa,  VI  libr.  XVI  sol.  X  den. 

Summa  islius  pagine,  LXXVI  sest.  II  partes  unius  sest.  — 
valent,  exceptis  XXVII  sest.  per  dictum  dominum  Petrum 
traditis,  XII  lib.  XVI  soi.  X  den. 

Fol.  43. 

Item  IIe  die  Septembris,  emi  a  Guillelmo  Payrolerii,  XL 
sest.  civate,  precio  cuiuslibet  sest.  V  sol.  X  den.  —  Summa, 

XI  lib.  XIII  sol.  IIII  den. 

Item  dicta  die,  emi  XII  sest.  et  médium  civate,  precio 
cuiuslibet  sest.  V  sol.  X  den.  —valent  LXXII  sol.  XI  den. 

Item  X"  die  Septembris,  emi  LIX  sest.  et  médium  civate, 

precio  cuiuslibet  sest.   V  sol.   X  den.  —  valent  XVII  lib. 

VII  sol.  I  denar. 

12 


1 


—  178  — 

Summa  istius  pagine,  CX1I  sest.  —  valent  XXXII  libr. 
ХШ  sol.  1111  den. 

Summa  uuiversalis  ci  va  te  empte  et  tradile  per  dictum 
dominum  Pelrum  de  Areabaudosa,  videlicet  IXх*  VIII  sest. 
et  duas  partes  unius  sest.  —  valent  in  summa,  exceptis 
XXVII  traditis  per  dictum  dominum  Petrum,  videlicet  XLV 
libr.  X  sol.  II  den. 

Valent  in  floren.  de  grayleto  LVI1I  flor.  I  sol.  VI  den. 

Fol.  43  V. 

Summa  universalis  omnium  emptarum  provisionum  p re- 
dicta ru  m  in  pecunia,  MIIC  XLVII  lib.  III  sol.  obolum. 

Valent  in  ilor.  de  grayle,  MVC  IIH"  XII  flor.  del  graylibe 
(sic),  XIX  den.  I  obolum,  computato  floreno  pro  XV  sol. 
VIII  den. 

(Les  autres  pages  sont  en  blanc). 

Fol.  52  v*.  Sequuntur  expense  ordinarie  in  studio  de  Tritis 
pro  scolaribus  dicti  loci  pro  domino  uostro  papa  incepte  a  die 
secunda  mensis  Junii  in  antea  per  me  Deodatum  Jordani 
camerarium  Sancti  Andrée,  prope  Avinionem,  anno  domini 
millesimo  CCC*  LXHIP*  et  die  predicta  ordinale  ut  infra 
sequitur  et  de  moneta  provinciali,  et  finiendo  anno  sexagesimo 
quinto,  die  prima  Junii  inclusive. 

In  sequentibus  expensis  continentur  expense  pecunie  ordi- 
narie carnium  rescentium,  salsarum,  bladi,  vini  et  cande- 
larum  de  cevo,  salis,  oley,  casei  et  numerus  comestorum. 

Fol.  53.  Sequuntur  expense  ordinarie. 

lunius. 

Anno  domini  millesimo  CCG°  LXIUP0  et  die  secunda  mensis 
Junii  que  fuit  dies  dominica,  comedimus  unum  mutonem 
de  aueri  studii. 

Item  posui  pro  cepis  in  potagio  XX  den.  —  Item  pro  car- 
nibus,  infirmis,  III  solid. 

Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  —  Item  de  caseo,  rectori 
et  madstris. 


—  179  — 

Item  de  oleo  pro  lampade,  I  libr. 

Coraedimus  panes,  IIIe  XXV  —  valent  III  sest.  et  oblatio- 
nem  ecclesie.  Bibimus  de  vino,  ХХШ  scand. — et  XIIci"  valent 
mellayrol.  —  et  XVIII  scand.  valent  saumata  vini  (*). 

Item  de  candelis,  mediam  lib. 

Fuimus  comestores,  CLXIII. 

Fol.  53  f. 

Junius.  Item  die  lune,  III*  die  Junii,  comedimus  de  car- 
nibus  saisis,  XXX  libr. 

Item  in  potagio  de  herbis  orti  nostri.  Item  pro  carnibus, 
rectori  et  magistris  et  infirmis,  II 1 1  sol. 

Item  de  caseo,  rectori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  X  —  valent  III  sest.  Ht  quart. 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scand.  et  médium 

Item  de  candelis,  mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXIII. 

Fol.  54. 

Junius.  Item  die  martis,  1  llla  die  Junii,  comedimus  unum 
inutonem  aueris  (sic)  studii. 

Item  in  potagio  de  brodio.  Item  de  carnibus  pro  infirmis, 
II  sol.  VI  den.  —  Item  de  carnibus  saisis,  III I  lib. 

Item  do  caseo,  rectori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  XL —  valent  III  sest.  III  quart. 

Item  de  vino,  XXIII  scandai.  —  Item  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuimus  comestores,  CLXIII. 

Foi  54  v\ 

Junius.  Item  die  mercurii,  Va  die,  comedimus  de  carnibus 
saisis,  XXIX  lib.  —  Item  de  carnibus  pro  infirmis,  II  sol. 
VI  den. 

Item  emi  de  ovis,  II  sol. — Item  expen[dimusj  de  oleo, 
mediam  libram, 

(*)  Voir  :  Introduction,  p.  13,  notes  I  et  i. 


1 


—  180  — 

Comedimus  panes,  IIIe  XLVIII — valent  Ш  sest.  Ш  quart. 
— Bibimus  de  vino,  XXUII  scand.  —  Item  de  candelis,  me- 
diam  libram.  Fuimus  comestores,  CLTIII. 

Fol.  55. 

Junius.  Item  die  iovis,  VI*  die  Junii,  comedimus  unum 
mutonem  aueris  studii.  Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  et 
mediam.  Item  in  potagio  de  brodio.  Hem  de  carnibus,  infir- 
mis,  Il  sol.  Vlll  den.  —  Item  de  caseo,  rectori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  V  —  valent  III  sest.  III  quart.  — 
Bibimus  de  vino,  XXIIII  scandai,  et  médium.  Item  de  can- 
delis, mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXIII. 

Fol.  55  v*. 

Junius.  Item  die  veneris,  VIIa  die,  emi  de  piscibus,  VIII 
sol.  —  Item  emi  de  ovis,  III  sol.  IIIl  den.  —  Item  in  potagio 
de  caseo  Hquefacto  cum  aqua  toti  tinello,  cum  speciebus 
quas  habuimus  de  apothecario. 

Item  emi  de  spinargiis  pro  infirmis,  II  den. — Item  expendi 
de  oleo,  H  libras. 

Comedimus  panes,  1111e  —  valent  III  sest.  III  quart.  —  Bi- 
bimus de  vino,  XXIII  scand. — Hem  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuimus  comestores,  CLXHI. 

Fol.  56. 

Junius.  Item  die  sabbati,  VIIIe  die  Junii,  expendi  de  pis- 
cibus die  veneris  preterita  emptis.  Item  de  caseo,  toti  tinello. 
Item  emi  de  ovis,  II  sol.  IIII  denar.  —  Item  emi  de  spi- 
nargiis, infirmis,  IIII  den.  —  Item  expendi  de  oleo,  I  lib. 

Item  in  potagio  de  herbis  orti  nostri. 

Comedimus  panes,  IIIe  XII  —  valent  III  sest.  III  quart.  — 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scandai,  et  médium.  Item  de  can- 
delis, mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXV. 


—  181   — 

Fol.  56  v\ 

Junius.  Item  die  dominica,  IX*  die  Junii,  comedimus  unum 
mutonem  aueris  studii. 

Item  de  carnibus  saisis,  1Ш  lib.  —  Item  ii>  potagio  de 
brodio.  Ilem  pro  pelrocillo,  II  den.  —  Item  emi  de  carnibus, 
infirmis,  II  sol.  VIII  den. — Item  de  caseo,  priori  et  magislris. 
Item  de  oleo  pro  lampade,  I  libram. 

Comedimus  panes,  IIIe  Ш1  —  valent  III  sest.  et  oblacione 
ecclesie.  Bibimus  de  vino,  XXII1I  scandai. — Item  de  candelis, 
mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXVII. 

Foi  57. 

Junius.  Item  die  lune,  Xa  die  Junii,  expendi  de  carnibus 
saisis,  XXVIII  libr.  —  Item  emi  de  carnibus,  rectori  et  ma- 
gistris  et  infirmis,  de  mutone,  НИ  sold.  VI  den.  —  Item  emi 
de  spinargiis,  infirmis,  II  den. 

Item  in  potagio  de  herbis  orli  nostri.  Item  emi  de  о  vis, 
VIII  den.  —  Item  de  caseo,  rectori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  L  —  valent  III  sest.  III  quart.  — 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scand.  —  Item  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuimus  comestores,  CLXVII. 

Fol.  57  v\ 

Junius.  Item  die  martis,  XIa  die  Junii,  comedimus  unum 
mutonem  aueris  nostri.  Item  emi  de  carnibus,  infirmis, 
III  solid.  —  Item  emi  de  spinargiis,  dictis  infirmis,  II  den. — 
Item  de  caseo,  priori  et  magistris. 

Item  de  carnibus  saisis,  III  libras  et  mediam.  Item  in 
potagio  de  brodio. 

Comedimus  panes,  IIIe  XL  —  valent  III  sest.  III  quart.  — 
Bibimus  de  vino,  XXIIII  scandai. — Item  expendi  de  candelis, 
mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXVII. 


1 


—  182  — 

Vol  58. 

Junius.  Item  die  mercurii,  XIIй  die  Junii  ex  pend  i  de  car- 
nibus  saisis,  XXVIII  libr.  —  Item  erai  de  carnibus,  infirmis, 
II  sold.  —  Item  pro  herbis  in  potagio,  XVI  denar.  —  Item 
expendi  de  oleo,  mediam  libram.  Item  emi  VII  polios  pro 
provisione  infirmorum,  VII  sol.  —  Item  pro  piscibus,  priori 
et  magistris,  II  solid. 

Comedimus  panes,  IIIe  XXVIII  —  valent  III  sest.  fil  quart. 

—  Bibimus  de  vino,  XXIII  scandai.  —  Item  de  candelis,  me  - 
diam  libram. 

Fuimas  comestores,  GLXVII. 

Fol.  58  V. 

Junius.  Item  die  iovis,  XIIIe  die  Junii,  comedimus  unum 
mutonem  aueris  nostri.  Item  emi  de  carnibus,  infirmis, 
II  solid.  —  Item  in  potagio  de  brodio.  Item  de  carnibus 
saisis,  1111  libr.  —  Item  pro  petrocillo,  II  den.  —  Item  de 
caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  XLV  —  valent  III  sest.  III  quart. — 
Bibimus  de  vino  ,  XXIIII  scandai,  et  médium.  Item  de 
candelis,  mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXVII. 

Fol.  59. 

Junius.  Item  die  veneris,  X1III*  die  Junii,  emi  de  piscibus, 
VI  sol.  III  den.  —  Item  emi  de  ovis,  infirmis,  Il  sol.  VI  den. 

—  Item  pro  spinargiis,  dictis  infirmis,  IIII  den.  —  Item  ex- 
pendi de  oleo,  II  Hb.  — Item  in  potagio  de  herbis  orti  nostri. 

Comedimus  panes,  IIIe  LV  —  valent  III  sest.  III  quart.  — 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scandai.— Item  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuimus  comestores,  CLXVII. 

Foi  59  V. 

Junius.  Item  die  sabbati,  XVe  die,  emi  de  piscibus,  IIII 
sol.  II  den.  —  Item  emi  de  ovis,  pro  infirmis,  XVI  den.  — 


—  483  — 

Item  in  pot  agi  о  de  avenaco,  infirmis,  habito  de  apolhecario. 

Item  in  potagio,  tinello,  de  herbis  orti  nostri.  Item  ex- 
pendi  de  oleo,  I  librain  et  mediam. 

Comedimus  panes,  IIIe  LXVIII  — valent  III  sest.  III  quart 

—  Bibimus  de  vino,   XXIII  scandai,  et  médium.  Item  de 
candelis,  mediam  libram. 

Fuirnus  comestore9,  CLXV, 

Fol.  СО. 

Junius.  Item  die  dominica,  XV»  die  Junii,  comedimus 
unum  mutonem  aueris  nostri.  Item  in  potagio  de  brodio. 
Item  de  carnibus  saisis,  1III  libr.  —  Item  emi  de  carnibus, 
infirmis,  II  sol.  —  Item  de  caseo,  priori  et  magistris.  Item 
de  oleo  pro  lampade,  I  libram. 

Comedimus  panes  ,  IIIe  LVIII  —  valent  III  sest.  I 
oc[t]benam  (*)  et  oblacionem  ecclesie.  Bibimus  de  vino, 
XX1III  scandai. 

—  Item  de  candelis,  mediam  libram. 
Fuimus  comestores,  С  LXVIII. 

Fol  60  v\ 

Junius.  Item  die  lune,  XVIIe  die  Junii,  expendi  de  car- 
nibus saisis,  XXVII  lib.  —  Item  in  potagio  de  herbis  orli 
nostri.  Item  emi  de  carnibus,  infirmis,  XVIII  den. 

Item  de  caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  XXVII —  valent  111  sest.  I  pal. 
]  ochena.  Bibimus  de  vino,  XXIII  scandai,  et  médium.  Item 
de  candelis,  mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLXV. 
Fol.  61. 

Junius.  Item  die  martis,  XVIII8  die  Junii,  comedimus 
unum  mutonem  aueris  nostri.  Item  in  potagio  de  brodio. 
Item  de  carnibus  saisis,  V  libr.  —  Item  emi  de  carnibus, 
infirmis,  XVI  den.  —  Item  de  caseo,  priori  et  magistris. 

(*)  L'interprétation  proposée  pour  certains  mois  abrégés  de 
notre  texte  s'applique  à  ces  mêmes  mois  chaque  fois  qu'ils  repa- 
raissent dans  la  présente  publication. 


-   484  — 

Comedimus  panes,  IIIe  XXXI  —  valent  III  sest.  I  pal.  — 
Bibimus  devino,  XXII  scandai,  el  médium,  lient  decandelis, 
mediam  librain. 

Fuimus  comeslores,  CLXI11. 

Fol.  61  v°. 

Junius.  Item  die  mercurii,  XIX*  die  Junii,  expendi  de 
carnibus  saisis,  XXVIII  lib.  —  Hem  in  polagio  de  herbia  orli 
nostri.  Item  emi  de  carnibus,  inlirmis,  XX  den.  —  Кеш 
emi  de  piscibus.  Il  solid.  —  item  de  oleo,  mediam  libram. 

Coraedimus  panes,  111e  XX11  —  valent  III  sest.  1  pal.  [pa~ 
nalcm]  [palmam]  î  —  Bibimus  de  vino,  XXIII  scand.  —  Item 
decandelis,  mediam  libram. 

Fuimus  comeslores,  CLXI111. 

Fol.  62. 

Junius.  Ilem  die  iovis,  XX"  die  Junii,  come<limus  uuum 
mutonem  aueris  noslri. 

Ilem  in  potagio  de  brodio.  Item  de  carnibus  saisis,  II 1 1 
lib. —  Item  pro  Laurencio  Panthalconis  scolari,  infirmo, 
mediam  libram  oley  pro  vigilando. 

Item  de  caseo,  priori  et  magistris.  Ilem  emi  de  carnibus, 
inlirmis.  XX  den. 

Cotnedîmus  panes,  111°  XXVII  —  valent  III  sest.  I  pa).  — 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scandai,  et  médium.  Ilem  de  candelis, 
mediam  libram. 

Fuimus  comeslores,  CLXII1. 

62  V. 

inius.  Ucm  die  venons,  XXI»  die  Junii,  comedimus  in 
gio  de  berbis  orli  nostri.  Ilem  de  polagio  de  avenaco 
becarii,  in  fi r mis.  Ilem  emi  de  ovis,  III  solid.  X  den. 
tout  expeudinius  de  caseo  in  lincllo  superius  empto. 
i  de  oleo,  I  libram. 
nnediinus  panes,   111e  XXII1I  —  valent  III  sest.    I  pal. 


—  185  — 

1  ochena.  Bibimus  de  vino,  XXII  scandai,  et  médium.  Item 
de  candelis,  mediam  libram. 
Fuimus  comestores,  GLXV. 

Fol.  63. 

Item  die  sabbati,  XXIIa  die  Junii,  comedimus  in  polagio 
de  herbis  orti  nostri,  et  pro  infirmis,  de  dictis  herbis. 
Item  emi  de  ovis,  III  sold. —  Item  expendi  de  caseo  in  tinello 
su  péri  us  empto.  Item  de  oleo,  I  libram. 

Comedimus  panes,  IIIe  X  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bibi- 
mus de  vino,  XXII  scandai.  —  Item  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuimus  comestores,  CLXIIII. 

Fol  63  V. 

Junius.  Item  die  dominica,  XXIIIa  die  Junii,  comedimus 
unum  mutonem  averis  studii.  Item  emi  de  carnibus  pro 
infirmis,  XVIII  den.  —  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  lib.  — 
Item  pro  lavando  vent  rein  mutonis  predicti,  IIII  den.  — 
Item  pro  IIII01"  rafanis,  II  den.  —  Item  de  caseo,  priori  et 
magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  II  —  valent  III  sest.  I  ochenam  et 
oblacionem  ecclesie. 

Item  de  candelis ,  mediam  libram.  Bibimus  de  vino , 
XXIII  scand. 

Fuimus  comestores,  CLXV. 

Fol  64. 

Junius.  Item  die  lune,  XXIIHa  die  Junii,  que  fuit  nati- 
vitas  beati  Johannis  Baptiste,  comedimus  unum  mutonem 
averis  nostri,  modici  valoris. 

Item  emi  de  carnibus  pro  infirmis,  XVIII  den.  —  Item  de 
carnibus  saisis,  IIII  libr.  —  Item  in  potagio  de  brodio.  Item 
de  caseo,  priori  et  m  a  gis  tris.  Item  pro  petrocillo,  VI  den. 
—  Item  emi  de  carnibus  iu  cero  [sero],  XVI  denar. 

Comedimus  panes,  IIe  LXXX  et  oblationem  ecclesie  —  va- 


—  186  — 

lent  III  scst.  et  médium.   Bibimus  de  vino,  XXII  scandai, 
et  médium.  Item  de  candelis,  mediam  libram. 
Fuimus  comestores,  CLXVIII. 

Fol.  64  v\ 

Jnnius.  Item  die  martis,  XXV*  die  Junii,  comedimus  de 
carnibus  saisis,  XXVIII  lib. — Item  de  carnibus  pro  infirmis, 
XVIII  den.  —  Item  emi  de  herbis  pro  potagio,  VIII  denar. 
— Item  emi  de  carnibus  in  cero,priori  et  magistris,  XVI  den. 
—  Item  de  caseo  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  XX  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bi- 
bimus de  vino,  XXII  scandai,  et  médium.  Item  de  candelis, 
mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CLX. 

Fol.  65. 

Junius.  Item  die  mercurii,  XXVIe  die,  expendi  de  car- 
nibus saisis,  XXVII  lib.— Item  emi  de  carnibus  prd  infirmis, 
XX  den.  —  Item  emi  de  piscibus,  II  sol.  VI  denar.  —  Item  de 
herbis  in  potagio,  VIII  denar. — Item  de  oleo,  mediam  libram. 
Item  de  caseo  superius  empto. 

Comedimus  panes,  IIIe  X — valent  III  sest.  I  pal. — Bibimus 
de  vino,  XXII  scandai,  et  médium.  Item  de  candelis,  me- 
diam lib. 

Fuimus  comestores,  CLXI. 

Fol.  G5  v\ 

Junius.  Item  die  iovis,  XXVIIa  die  Junii,  comedimus 
unum  mutonem  averis  nostri.  Item  de  carnibus  saisis,  III 
libras  et  mediam.  Item  in  potagio  de  brodio.  Item  de  caseo, 
priori  et  magistris.  Item  emi  de  carnibus,  pro  infirmis,  XVIII 
den. —  Item  pro  lavando  ventrem  mutonis  predicti,  IIII  den. 

Comedimus  panes,  IIIe  X — valent  III  sest.  I  pai. — Bibimus 
de  vino,  XXII  scandai  et  médium.  Item  de  candelis,  me- 
diam libram. 

Fuimus  comcslorcs,  CLXI. 


—  487  — 

Fol.  66. 

Junius.  Item  die  veneris,  XXVIII8  die  Junii,  comedimus 
in  potagio  de  herbis  orti  nostri.  Item  emi  de  berbis  pro 
infirmis,  I1II  den.  —  Item  emi  de  о  vis,  IIU  sol.  —  Item 
expendimus  de  caseo  in  linello,  superius  empto.  Item  de 
oleo,  I  libram. 

Comedimus  panes,  IIIe  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bibimus 
de  vino,  XXII  scandai.  —  Item  de  candelis,  mediam  libram. 

Fuimus  cornes  tores,  CLIX. 

Fol.  66  V. 

Junius.  Item  die  sabbati,  XXIXa  die  Junii,  emi  de  pis- 
cibus,  III  sol.  IIII  denar.  —  Item  emi  de  ovis,  III  sol.  VIII 
den.  —  Item  in  potagio  de  brodio  cum  de  caseo  superius 
empto.  Item  emi  de  bletis  pro  infirmis,  IIII  denar. —  Item 
emi  unum  pullum  pro  Moneto  Constancii  scolari,  infirmo, 
X  den.  —  Item  expendimus  de  caseo  pro  companagio,  supe- 
rius empto.  Item  de  oleo,  I  libram  et  mediam. 

Comedimus  panes,  IIIe  XV  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bi- 
bimus de  vino,  XXI  scandai,  et  médium.  Item  de  candelis, 
mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CL VII. 

Fol.  67. 

Junius.  Item  die  dominica,  XXXe  die  Junii,  comedimus 
unum  mutonem  averi  nostri.  Item  de  carnibus,  infirmis, 
XX  den.  —  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  lib.  —  Item  pro 
lavando  л  entrera  mutonis  predicti,  IIII  den.  —  Item  de  caseo 
priori  et  magistris.  Item  in  potagio  de  brodio  in  tinello. 
Item  in  potagio  de  bletis,  pro  infirmis,  II  denar.  —  Item  de 
oleo  pro  lampade,  I  libram. 

Comedimus  panes,  IIe  LX  —  valent  III  sest.  et  oblacionem 
ecclesie.  Bibimus  de  vino,  XXII  scandai.  —  Item  de  can- 
delis, mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CL VII. 


1 


—  188  — 
Fol.  67  v\ 

Summa  summarum  expcnsarum  tocius  raensis  Junii  pre- 
dicli,  a  die  secunda  usque  ad  fitiem  mensis. 

Primo,  de  annona,  Cil  sest.  et  médium.  Item  de  vino,  LV 
melayrolas,  IX  scanda  lia  (*).  Item,  XIII  nmtones.  Item  de 
carnibus,  gallinis,  herbis  infirraorum,  LX  solid.  X  denarios. 
Item  de  о  vis,  XXVI  sol.  VIII  den.  —  Item  de  piscibus  res- 
centibus,  XXVIII  solidos,  III  denarios.  Item  de  potagio,  НИ 
solidos,  IIII  den. — Item  de  oleo,  XVI  libras  et  média  in.  Item 
de  candelis,  XIIII  lib.—  Item  de  carnibus  saisis,  H  quintalia, 
LXXV  iib.  et  med. 

Fuerunt  comestores,  IHIm  VIIe  L. 

Fol.  70  v\  Julius  (••). 

Item  die  iovis,  IIHa  die  Julii,  comedimus  unum  miitonem, 
averis  nostri.  Item  emi  de  carnibus  pro  infirmis,  XX  den.  — 
Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  et  mediam.  Item  de  caseo, 
priori  et  magistris.  Item  in  potagio  tinello  et  infirmis,  de 

(*)  En  additionnant  le  nombre  des  scandalia  de  ce  mois  de  juin, 
et  en  divisant  le  total  par  4  2,  on  trouve  exactement  55  milleroles, 
9  scand.  —  La  preuve  de  l'assertion  ou  attribution  étrange  du  fol. 
53,  ligne  П,  semble  donc  bien  faite.  Voir,  d'ailleurs,  les  autres 
mois  de  Tannée  scolaire  ;  voir  aussi  fol.  31-31  v,  etc.,  etc. 

(**)  Pour  ne  pas  répéter  les  mêmes  menus,  à  peu  près  chaque  jour 
identiques,  et  rédigés  dans  des  termes  presque  similaires,  durant 
une  année  entière  (juin  1364  à  juin  1365),  nous  croyons  devoir 
omettre  ici  une  grande  partie  des  éphémérides  de  la  cuisine. 

Mais  si  nous  voulons  éviter  une  nomenclature  fastidieuse  de 
mets  et  de  repas,  nous  ne  saurions  jamais  consentir  à  priver  le 
savant  de  tout  ce  qui  peut  être  utile  à  l'histoire.  Aussi,  afin  de 
donner  une  idée  complète  de  l'ensemble  de  cette  partie  du  manus- 
crit relative  aux  consommations  journalières,  nous  reproduirons 
le  total  ou  summa  de  chaque  mois,  et  nous  choisirons,  dans  cha- 
cune des  semaines,  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  particulièrement  inté- 
ressant. 


—  189  — 

brodio.  Item  de  oleo  pro  vigillando  infirmis  incensatis,  III 
quart.  —  Item  posui  pro  uno  pullo,  pro  Johanne  de  se  (sic), 
Petro  Bonirilii  et  Moneto  Constancii,  X  den.  —  Item  eadem 
die,  posui  pro  provisione  in  pullis,  pro  infirmis,  X  solid. 

Comedimus  panes,  IIIe  X  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bibi- 
mus  de  vino,  XXIII  scand.  —  Item  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuiraus  comestores,  CLXI. 

Fol.  71. 

Juiius.  Item  die  veneris,  Va  die,  posui  pro  piscibus,  VI  sol. 
—  Item  emi  de  ovis,  II1I  sol.  HII  den.  —  Item  pro  herbis  in 
potagio,  XII  den. — Item  in  potagio,  infirmis,  de  avenacocum 
amiedalis,  de  apothecario.  Item  de  oleo,  II  lib.  —  Item  de 
oleo  pro  vigilando  infirmis  incensatis  (*),  I  quart. 

Comedimus  panes,  IIIe  II  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bibi- 
mus  de  vino,  XXII  scand.  et  médium.  Item  de  candelis,  III 
quart. 

Fuimus  comestores,  CLÎX. 

Fol.  76  v\ 

Juiius.  Item  die  martis,  XVIe  die  Julii,  comedimus  unum 
mutonem,  aueris  nostri.  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  libras. 

(*)  Ce  mot  apparaît  pour  la  première  fois  en  ce>  deux  journées, 
4  et  5  juillet  1361.  II  exprime  une  maladie  curieuse  et  bien 
effrayante,  comme  on  peut  le  voiraux  pages  28i-285  et  surtout 
287  v.  Le 6  juillet,  un  samedi,  arrivent  deSaint-Maximin  les  deux 
médecins  Isnard  Brime  et  Pierre  Gavaudan,  fol.  266  v. 

Mandés  à  Trets  par  maîtie  Jean  de  Fraxine,  en  l'absence  du 
directeur  parti  pour  Avignon,  ils  visitent  les  malades-incensati  — 
et  reçoivent  pour  honoraires  42  sous,  8  deniers. 

Plusieurs  écoliers  sortent  du  Studium  le  lendemain,  7  juillet,  cl 
le  chiffre  des  commensaux  descend  de  151  à  132.  Fol.  72  etc. 

Ce  licenciement  partiel  sauve  momentanément  l'Ecole  de  Trets, 
et  la  brillante  rentrée  d'octobre  est  loin  de  faire  pensera  la  décision 
ultérieure  si  désastreuse  pour  la  prospérité  de  notre  pays. 


1 


—  190  — 

Item  in  potagio  de  brodio.  Item  posui  pro  ficubus,  IIH  de- 
narios. Item  pro  bletis,  infirmis,  H  denarios.  Item  pro 
ovis  uni  infirmo,  II  denarios.  Item  de  oleo  pro  vigilando 
dicto  infirmo,  I  quart.  —  Item  de  caseo,  priori  et  m  agis  tris. 

Gomedimus  panes,  IIIe  II  —  valent  III  sest.  —  Bibimus  de 
vino,  XXI  scandai.  —  Item  de  candelis,  mediam  libram. 

Fuimus  comestores,  CXXXVII. 

Fol.  79  v: 

Julius.  Item  die  lune,  XXII8  die  Julii,  que  fuit  festum 
béate  Marie  Macdalene,  comedimus  unum  mutonem  emptum, 
XV  sol.  —  Item  de  carnibus  saisis ,  IIH  libras.  Item  de 
caseo,  priori  et  magistris.  Item  in  potagio  de  brodio.  Item 
expendi  unum  pullum  pro  Isnardo  Fernandi,  infirmo,  supe- 
rius  emptum. 

Comedimus  panes,  IIe  XXXII  —  valent  III  sest.  — Bibimus 
de  vino,  XXI  scandai.  —  Item  de  candelis,  mediam  libram, 
I  quart. 

Fuimus  comestores,  CXXXV  (*). 

Fol.  80  V. 

Julius.  Item  die  mercurii,  XXIIII8  die  Julii,  que  fuit 
vigilia  (**)  beati  Jacobi,  comedimus  de  caseo  in  tinello  su- 

(*)  Sainte  Madeleine  était,  à  cette  époque,  fôtée  avec  la  plus 
grande  ferveur  dans  notre  Provence.  Les  Bénédictins  de  Trets 
s'unissent  donc  aux  Dominicains  de  la  Sainte-Baume  et  de  Saint- 
Maximin  pour  glorifier  l'illustre  pénitente  de  l'Evangile.  Contre 
l'usage  du  lundi  des  premiers  mois,  on  sert  un  mouton  à  la  table 
des  écoliers  de  la  Trinité. 

Sur  le  culte  rendu  à  sainte  Madeleine,  voir  le  Gallia  ckristiana 
novissima,  par  Albanés.  T.  I,  diocèse  d'Aix,  préface  et  pp.  21 ,  51 ,  etc. 

(**)  Jeûne  ou  abstinence  en  l'honneur  de  saint  Jacques,  aujour- 
d'hui disparu  de  la  pratique  de  l'Eglise,  comme  d'ailleurs  bien 
d'autres  jours  consignés  dans  ce  manuscrit,  et  dont  l'observateur 
pourra  faire  la  remarque. 


—  191    — 

periusempto.  Item  pro  bletis,  infirinis,  И  den.  —  Item  posui 
pro  ovis,  III  sol.  X  den.— Item  pro  herbis  in  potagio,  X  den. 

—  Item  de  oleo,  média  m  libram. 

Gomedimus  panes,  IIe  XLII  —  valent  III  sest.  —  Bibimus 
de  vino,  XXI  scand.  et  médium.  Item  de  candelis,  mediam 
libram. 

Fuimus  comestores,  CXXXV. 

Fol.  81. 

Julius.  Item  die  iovis,  XXVe  die  Julii,  comedimus  unum 
mutonem  emptum,  XV  sol. —  Item  de  carnibus  saisis,  V  lib. 

—  Item  in   potagio  de  cucurbitis  (*)  orti  nostri.  Item  de 
caseo,  priori  et  ma  gis  tris.  Item  pro  prunis  in  tinello,XHden. 

Comedimus  panes,  IIe  XXXVIII  —  valent  III  sest.  —  Bibi- 
mus de  vino,  XX  scand.  et  X  den.  —  Item  de  candelis,  me- 
diam libram. 

Fuimus  comestores,  CXXXVIII. 

Fol.  85. 

Summa  summarum  expensarum  tocius  mensis  Julii  predicti. 

Primo,  de  annona,  LXXXXV  sest.  III  cart. —  Item  de  vino, 
LU  melhayrolas,  VI  scand.  —  Item  de  carnibus  rescentibus, 
novem  mutones  averis  nostri,  et  quinque  emplos,  quos 
quinque  constateront  LXX1III  sol.  —  Item  de  carnibus  saisis, 
II  quintalia,  LXVIII  lib.  et  med. — Item  de  carnibus,  gallinis, 
pullis,  berbis,  pro  infirmis,  LXXI  sol.  VI  den.  —  Item  de 
ovis,  XLIIII  sol.  1111  den.  —  Item  pro  piscibus,  XXVIII  sol. 
VI  den. —  Item  de  potagio,  Vil  sol.  Ull  den. —  Item  de  oleo, 
XVIll  lib.  —  Item  de  candelis,  de  cevo  [sevo],  XVI  libras  et 
mediam. 

Fuerunt  comestores,  HllmIlIcXLVf. 

(*)  Les  diverses  espèces  de  cucurbitacées  viennent  à  merveille 
dans  la  plaine  de  Trets,  tandis  que  ia  sauvage  vallée  de  Valvènes 
(vallis  venarum)  rapportait  une  copieuse  récolte  de  prunes  ex- 
quises. 


—  192  — 

Fol.  86  v°.  Augustus. 

Augustus.  Item  die  iovis,  prima  die  Augusli,  incepi 
habere  carnes  ab  Andréa  Borgonhoni  ad  libras  (*).  Expendi 
dicta  die,  de  carnibus  mutonis,  XXXVIII  lib.  precio  cuius- 
libet  libre,  III  den.  cum  obolo.  Item  de  carnibus  saisis,  lll[ 
libras.  Item  in  potagio  de  cucurbitis  orli  nostri.  Hem  de 
caseo  priori  et  magistris.  Item  pro  ovis,  pro  vino,  Rostagno 
Avessuti,  Il  11  denarios. 

Comedimus  panes,  IIe  XXIX  —  valent  III  sest.  —  Bibimus 
de  vino,  XIX  scand.  et  médium.  Item  de  candelis,  III 
quart,  libre. 

Fuimus  comestores,  CXX. 

Fal.  93  v\ 

Augustus.  Item  die  mercurii,  XflHa  die  Augusti,  expendi 
quia  fuit  vigilia  Assumplionis  bcale  Marie,  pro  ovis,  X  sol. 
Mil  den.  —  Item  in  potagio  de  ciceribus  superius  emptis. 
Item  de  oleo,  I  libram  cum  dimidia.  Comedimus  panes, 
IIe  V — valent  III  sest. — Item  bibimus  de  vino,  XIX  scandai, 
et  médium.  Item  de  candelis,  média  m  libram. 

Fuimus  comestores,  GXXXllf. 

Fol.  94. 

Augustus.  Item  die  iovis,  XVa  die,  que  fuit  festum 
Assumptionis  bealc  Marie,  expendimus  de  mulone,  XLV 
libras,  cum  augumento  quod  est  Mil  lib.  in  dicta  summa 
inclusive.  Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  —  Item  in  potagio 
de  cucurbitis  orti  nostri.  Item  de  caseo,  priori  et  magistris. 

(*)  Déodat  Jordan  renonce  à  faire  engraisser  des  moutons  dans 
la  bergerie  du  prieuré,  et  commence  à  acheter  de  la  viande  à  la 
boucherie.  Apparemment,  dans  ce  dernier  système,  il  y  avait  avan- 
tage ou  plus  grande  facilité  pour  l'économe,  à  un  moment  où  les 
chaleurs,  les  vacances  et  surtout  la  maladie  ne  permettaient  pas 
de  prévoir  du  soir  au  lendemain  le  nombre  exact  des  hôtes  du 
Sludium.  L'expérience  ayant  réussi,  on  continua  cette  coutume. 


à 


—  493  — 

Comedimus  panes,  IIe  XXV  —  valent  II  sest.  et  médium 
et  ohlacionem  ecclesie.  Bibimus  de  vino,  XIX  scandai,  et 
médium.  Item  de  candelis,  média  m  libram. 

Fuimus  comestores,  СХХХШ. 

Fol.  96. 

Augustus.  Item  die  lune,  XIX'  die  Augusti,  expendi  de 
carnibus  saisis,  XXVII  lib.  —  Item  expendimus  de  mutone, 
quia  fuit  disputatio  (*),  ХШ1  libr.  —  Item  pro  caulibus  in 
potagio,  IIII  den. —  Item  posui  pro  ovis,  XVI  den. —  Item  de 
caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIe  LX  —  valent  III  sest.  —  Bibimus  de 
vino,  XX  scandai.  — Item  de  candelis,  III  quart. 

Fuimus  comestores,  CXXXVII. 

Fol.  102  v\ 

Summa  summaruin  expensarum  tocius  mensis  Augusti 
predicti. 

Primo,  de  annona,  IIII**  XII  sest.  III  carteyr.  —  Item  de 
vino,  LU  melhavrolas,  IX  scandai.  — Item  de  carnibus  res- 
centibus,  VI  quinlalia,  LXV  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis, 
II  quintalia,  XXIX  libras  et  médium.  Item  pro  infirmis,  de 
carnibus,  gallinis,  pullis  et  herbis,  VIII  sol.  V  denarios.  Item 
pro  ovis,  LXXVIII  soiidos,  VII  denarios.  Item  de  piscibus 
rescentibus,  LV  sol.  X  den. — Item  de  potagio,  VII  sol. — Item 
de  oleo,  XXIII  libras,  I  quart.  —  Item  de  candelis  de  cevo, 
XXIII  lib.  I  quart. 

Fuerunt  comestores,  IIIIra  11e  LXXIII. 

Fol.  107.  ш      Septembris  (sic). 

Septembris.  Item  die  veneris,  VIa  die  Septembris,  posui 
pro  piscibus,  XI  sol.  VI  den.  —  Item  pro  herbis,  in  potagio, 
XII  den. — Item  de  oleo,  II  lib. — Item  pro  lampade,  I  libram. 


(*)  Voir  fol.  130  ;  et  Ducange. 

43 


1 


—  194  — 

Item  expendi  in  cero  (*),  de  ovis  superius  emptis.  Item  de 
caseo  superius  empto,  in  tinello. 

Comedimus  panes,  IIe  XLVIII  —  valent  III  sest. —  Bibimus 
de  vino,  XIX  scandai,  et  médium.  Item  de  candelis,  mediam 
libram.  Fuimus  comestores,  CXLII1. 

Fol.  110  V. 

Septembris.  Item  die  veneris,  XIIIe  die  Septembris,  ex- 
pendi in  potagio,  de  cepis  hospicii.  Item  expendi  de  ovis 
superius  emptis.  Item  expendimus  de  caseo  superius  empto, 
in  tinello.  Item  expendimus  de  oleo,  I  libram.  Item  pro  lam- 
pade  ecclesie  (**),  I  libram.  Item  pro  lampade  ccllarii, 
duabus  vicibus,  III  quart.  —  Item  posui  pro  boracgis,  ma- 
gistris  et  infirmis,  НИ  den. 

Comedimus  panes,  IIe  LX  —  valent  III  sest.  I  ochena. 

Bibimus  de  vino,  XX  scandai,  et  médium.  Item  de  candelis, 
III  quart. 

Fuimus  comestores,  CXLV. 

Fol.  112. 

Septembris.  Item  die  lune,  XVla  die  Septembris,  expen- 
dimus de  carnibus  saisis,  XXX  lib.  —  Item  expendimus  de 
mutoue,  X  lib. —  Item  posui  pro  herbis  in  potagio,  XII  den. 
— Item  de  caseo,  magistris.  Item  eadem  die,  emi  de  ovis  pro 
provisione,  III  sol.  V  den. 

Comedimus  panes,  IIe  LXVI  —  valent  III  sest.  I  quart.  — 
Bibimus  de  vino,  XV  scandai.  —  Item  de  vino  mediocri,  VIII 

(*)  Pour  in  sero.  Ce  changement  de  lettre  —  quelquefois  uue 
addition  ou  retranchement  de  mots  —  est  assez  fréquent  dans  le 
texte,  comme  d'ailleurs,  dans  les  actes  latins  de  cette  époque  si 
pervertie  de  goût. 

(**)  Il  s'agit  de  la  lampe  qui  brûlait  devant  le  tabernacle  où  re- 
posait la  Sainte  Eucharistie. 


—  195  — 

scandai.  (*)  quod  vinum   fuit   prioratus  et  nichil  decostitit. 
Item  de  candelis,  I  libram. 
Fuimus  comestores,  CL. 

Fol.  115  V. 

Septembris.  Item  die  lune,  XXIIIa  Septembris  cxpendi  de 
carnibus  saisis,  XXIX  libr.  —  Item  de  mutone  emi,  cum 
macellarius  non  haberet,  II  sold.  VIII  den.  —  Item  in  ccro 
huius  modi  ?  a  macelario  nostro,  de  mutone,  VI  lib.  (**)  — 
Item  expendi  in  polagio  de  herbis  orti  nostri.  Item  de  caseo, 
priori  et  magistris.  Item  de  oleo  pro  lampade,  I  lib. 

Comedimus  panes,  IIe  LXXX  —  valent  III  sest.  I  quart.  — 
Bibimus  de  vino  puro,  XVI  scandai.— Item  de  vino  mediocri, 
VI  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  libram. 

Fuimus  comestores,  CLVII. 

Fol.  116. 

Septembris.  Item  die  martis,  XXlIIIa  die  Septembris,  ex- 
pendi de  mutone,  LVIII  lib.  cum  augmenta  quod  est  III  lib. 
et  duas  partes  libre  in  dicta  summa  inclusive.  Item  de  car- 
nibus saisis,  III  lib. —  Item  in  potagio  de  caulibus  orti  nostri 
cum  de  brodio.  Item  de  caseo,  priori  et  magistris.  Item  de 
oleo  pro  vigillando  in  caméra  magistri  Johannis  medici  (***), 
I  libram. 

Comedimus  panes,  IIIe  LI — valent  III  sest.  I  pal.  I  ochena. 

(*)  Ce  mélange  de  vin  pur  avec  un  petit  vin  piqué  —  vino 
mediocri  —  qui  ne  coûtait  rien  au  procureui  ,  dura  quelques 
semaines.  La  ration  était  alors  un  peu  plus  abondante. 

(**)  Le  boucher  de  la  maison  n'ayant  pas  de  viande  ce  matin 
là,  on  en  chercha  ailleurs  ]юиг  dîner  ;  mais  le  soir  on  retourna 
chez  André  Borgondion  qui  put  \endre  6  livres  de  mouton. 

(***)  On  peut  juger,  par  l'ensemble  du  texte,  de  l'attention,  pleine 
de  sollicitude,  du  médecin  interne  et  de  l'administration  scolaire 
pour  les  pauvres  malades  du  Studium.  V.  fol.  221,  aole.  etc. 


—  196  — 

Bibimus  de  vino  puro,  XVIII  scandai,  et  tertium.  Item  de 
vino  mediocri,  V  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  libram. 
Fuimus  comestores,  CLXVI. 

Fol.  119  v°. 

Summa  summarura  expensarum  tocius  mensis  predicti 
Sep  tera  bris. 

Primo,  de  annona,  НИ**  XVII  sest.  III  ochenas.  Item  de 
vino,  XLV  raelayrolas,  XI  scand.  II  ter.  —  Item  de  carnibus 
rescentîbus,  VII  quintalia,  II  libras  et  mediam.  Item  de  car- 
nibus saisis,  II  quintalia,  LXXIIII  lib.  —  Item  pro  in  fi r mis, 
IIII  sol.  X  den.  —  Item  pro  ovis,  XI  sol.  IX  den.  —  Item  pro 
piscibus,  XXVIII  sol.  IIII  den.  —  Item  de  oleo,  XIIII  lib.  III 
quart,  et  médium.  Item  de  potagio,  VII  sol.  I  den.  —  Item  de 
candelis,  XXVII  lib.  I  quart. 

Fuerunt  comestores,  IIIIm  Ve  XXVII. 

Fol.  129  v\  Octobris  (sic). 

Item  die  veneris,  XVIIIe  die  Octobris,  emi  de  ovis  pro 
provisione  hospicii,  IIII  sol.  VI  den. —  Item  expendi  de  caseo, 
in  tinello,  superius  empto.  Item  in  potagio  de  caulibus  orti 
nostri.  Item  de  oleo,  I  libram.  Item  expendi  de  ovis  superius 
emptis. 

Comedimus  panes,  IIIe  LXII  —  valent  IIII  sest.  III  ochenas. 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scandalia.  Item  de  candelis,  I 
libram,  I  quart. 

Fuimus  comestores,  GLXXVl. 

Fol  130. 

Octobris.  Item  die  sabati,  XIXй  aie  Octobris,  emi  pro 
provisione  hospicii,  de  ovis,  XVI  sol.  II  den. — Item  expendi, 
in,  potagio,  de  herbis  orti  nostri.  Item  expendi  de  ovis, 
superius  emptis,  duas  partes,  quia  fuit  disputacio  (*)  propter 

(*)  Le  49  août  il  y  eut  aussi  disputacio,  mais  l'apparat,  d'après 
le  rationaire,  fut  beaucoup  plus  humble,  et  la  réunion  moins  im- 
portante. 


—  197  — 

principium  sludii  et  fuerunt  mio...?  [minores?]  et  advocati 
de  Aquis  qui  sunt  numéro  X,  cum  eorum  sociis.  Item  expendi 
de  oleo,  Il  lib.  et  mediam.  Item  expendi  de  caseo  superius 
empto,  in  tinello.  Item  pro  caméra  magistri  Johannis,  me- 
diam libram  oley. 

Comedimus  panes,  1111e  —  valent  V  sest.  I  ochena.  Bibi- 
mus  de  vino,  II  miiayroias  et  mediam.  Item  de  candelis, 
I  libram  et  mediam. 

Fuimus  comestores,  IIe  VIII. 

Fol.  130  V. 

Octobris.  Item  die  dominica,  XXa  die  Octobris,  expendi  de 
mutone,  LXUI  lib.  cum  augumento  quod  est  IllI  Hbrarum 
in  dicta  summa  inclusive.  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  libras. 
Item  in  potagio  de  caulibus  orti  nostri.  Item  de  caseo,  priori 
et  magistris. 

Comedimus  panes,  111e  XXXII — valent  IIII  sest.  Ш  ochenas. 
Bibimus  de  vino,  XXIII  ?  scandalia  et  médium.  Item  de 
candelis,  l  libram  et  mediam. 

Fuimus  comestores,  CLXXVII. 

Fol.  131. 

Octobris.  Item  die  lune,  XXla  die  Octobris,  expendi  de 
mutone,  LIX  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  lib.  —  Item 
in  potagio  de  brodio.  Item  de  caseo,  priori  et  magistris. 
Item  solvi  pro  tribus  gallinis  antiquis,  pro  infîrmitate  Gau- 
celini  de  Gluiol  [is  ?]  monachi,  VII  sol.  VI  don. 

Comedimus  panes,  IIIe  LV  —  valent  IIII  sest.  I  pal.  —  Bi- 
bimus de  vino,  XXII1I  scandalia.  Item  de  candelis,  I  libram 
et  mediam. 

Fuimus  comestores,  IX*X  III. 

Fol.  135  v°. 

Octobris.  Item  die  mercurii,  XXXe  die  Octobris,  expendi 
de  carnibus  saisis,  XXIX  lib.  —  Item  in  potagio  de  caulibus, 
orti   nostri.  Item  emi  de  ovis,  Ш  sol.   НИ   den.  —  Item  de 


1 


—   198  — 

diciis  ovis  expendimus.  Item  de  oleo,  unam  libram.  Hem  de 
caseo  superius  empto. 

Comedimus  panes,  IIIe  LXX  —  valent  1III  sesl.  I  pal.  — 
Bibimus  de  vino,  XXHII  scand.  —  Item  de  candelis,  III  lib. 

Fuimus  comestores,  IX**  II. 

Fol.  136  v\ 

Summa  summarum  expensarum  tocius  mensis  Oclobris 
predicti. 

Primo,  de  annona,  GXX.  XI1II  (sic)  sest.  I  eia,  [emina] 
I  ochena.  Hein  de  vino,  LIX  melayrolas,  IX  scand. — Hem  de 
carnibus  rescenlibus,  X  quintalia,  XVIII  lib.  et  mediam. 
Item  de  carnibus  saisis,  I  quintale,  LXXXXVI  libr.  —  Hem 
pro  infirmis,  XXV  sol.  —  Item  de  ovis,  XLVIH  sol.  HII  den. 
—  Hem  pro  piscibus,  XXXVI  sol.  VIII  den.  —  Item  de  oleo, 
XXI  lib.  et  mediam.  Item  de  candelis,  XL VIII  lib.  I  quart. 

Fucrunt  comestores,  V^IIHf  LXVI  (*). 

Fol.  138  v\  Novembris  (sic). 

Novembris.  Item  die  veneris,  prima  die  Novembris,  que 
fuit  festum  omnium  Sanctorum,  expendi  de  piscibus, 
XIX  sol.  —  Item  in  potagio  de  ciceribus  superius  emptis. 
Item  de  oleo,  Il  lib.  —  Item  de  caseo  superius  empto.  Item 
de  oleo  pro  lampade,  I  lib. 

Comedimus  panes,  1111e  II— valent  IUÏ  sest.  I  eia,  I  ochena. 
Bibimus  de  vino,  ХХШ1  scand.  —  Item  de  candelis,  II  lib. 

Fuimus  comestores,  GLXXXV. 

Fol.  130. 

Novembris.  Item  die  sabati,  IIa  die  Novembris,  expendi 
de  piscibus,  XI  sol.  II  den.  —  Item  in  potagio,  de  cepis  hos- 
picii.  Item  de  oleo,  II  lib.  —  Item  de  caseo  superius  empto. 

<*)  Octobre  est,  ce  semble,  le  plus  brillant  mois  du  Studium.  La 
moyenne  des  commensaux  ou  pensionnaires  atteint  180  par  jour. 
Les  courtes  vacances  finissaient  à  saint  Luc  ;  mais  les  fêtes  de  ГЕ- 
glise  assuraient  dans  le  cours  de  Tannée  d'assez  nombreux  loisirs. 


—  199  — 

Item  expendi  de  ovis  superius  emplis,  pro  infirmis.  Ilem  de 
oleo,  pro  caméra  magistri  Johannis,  mediam  libram. 

Comedimus  panes,  XXXIX  —  valent  I  sest.  et  ultra  de 
oblacionibus  (*)  ecclesie.  Bibimus  de  vino,  XX11I  scand. 
—  Item  de  candelis,  Il  lib. 

Fuimus  comestores,  IXXX  Vlll. 

Fol.  139  v\ 

Novembris.  Item  die  dominica,  tertia  die  Novembris, 
expendi  de  mutone,  LX  lib.— Item  de  carnibus  saisis,  III  lib. 
et  mediam.  Item  in  potagio  de  caulibus  orti  nostri.  Item  de 
caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  LXX  et  ultra  de  oblacionibus  panis 
ecclesie  —  valent  dicti  panes  I  sest.  —  Bibimus  de  vino, 
XXIIII  scand.  et  médium.  Item  de  candelis,  I  libram  et 
mediam. 

Fuimus  comestores,  IXх*  X. 

Fol.  153  v\ 

Sumina  summarum  omnium  expensarum  tocius  mensis 
Novembris  predicti. 

Primo,  de  annona,  VIх*  VII  sest.—  Item  de  vino,  LIX  rae- 
layrolas  et  médium  scandai. —  Item  de  carnibus  rescentibus, 
X  quintalia,  III  lib.  et  mediam.  Item  de  carnibus  saisis,  I 
quinlale,  LUI  libras  et  mediam.  Item  pro  infirmis,  V  sol. 
VI  den.— Item  de  ovis,  XLI  sol.  VII  den.—  Item  de  piscibus, 
LI  sol.  I  den.  —  Item  de  oleo,  XXIII  lib.  et  mediam.  Item  de 
candelis,  LVIH  lib.  I  quart. 

Fuerunt  comestores,  Vm  IIIe  I1HXX  XI. 

Fol.  158  v°.  Decembris  (sic). 

Decembris.   Item   die   veneris,  VIa  die   Decembris,  posui 

(*)  Les  offrandes  que  les  laïques  de  Tret  s  présentaient  à  Гаи  tel 
étaient  aussi  considérables  que  régulières.  Certain  dimanche  et 
quelques  jours  de  fêtes,  la  charité  des  fidèles  fournissait  un  et 
même  deux  tiers  du  pain  nécessaire  à  la  communauté. 


—  200  — 
pro  piscibus,  Vil  sol.  —  Hem  expendi  de  herbis  orti  noslri, 
in  polagio.  Item  de  oleo,   Il  lib.  —  Item  expendi  de  ovis 
superius  emplis.  Ilem  proerangîs?,  VI  den.  —  Item  de  caseo 
superius  empto,  in  сего. 

Cumcdimus  panes,  IIIe  LV  —  valent  1111  sest.  I  cart.  —  Bi- 
bimus de  vino,  XXII  scand.  et  médium.  Ilem  de  candelis, 
II  lib. 

(■'minus  (.41  mes  tores,  CLXX1II. 
Fol.  164. 

Dccembris.  Ilem  die  martis,  XVII»  die  Decembris,  expendi 
de  minulis  poreorum  interfectis  lune  preccdenli.  Ilem  in 
potagiode  cepis  hospicii,  cumdebrodiodictoruiu  minulorum 
et  de  speciebus  quas  habuimus  de  apotechario.  Item  de 
caseo,  priori  cl  magistris.  Item  pro  boraegis,  infirmis,  II  den. 

Comedimus  panes,  IIIe  LXXIIII  —  valent  IIII  sest.  I  pal.— 
Bibimus  de  vino,  ХХШ1  scand.  —  Item  de  candelis,  III  lib. 

Fuimus  comestores,  CLXXVI. 

Fal.  167  v. 

Dccembris  ;  vigilia  natalis  Domini.  Item  die  martis  ХХШ'1 

que  fuit  vigilia  natalis  Domini,  expendi  de  piscibus,  XXI  den. 

— Item  emi  de  ovis  pro  provisione,  XXIII  sol. —  Item  emi  de 

spinargiis  pro  infirmis,  IIII  den.  —  Item  iu  polagio  tinello, 

de  fabis  superius  emplis.  Item  de  oleo.  Il  lib. 

Comedimus    panes,   IIe  IIII"  V  —  valent    111  sest.   I   pal. 

I  octena.  Bibimus  de  vino,  XIX  scand.  —  Hem  de  candelis, 

H  lib. 

Fuimus  comestores,  CXLV. 
.  168. 

tac.embris.  Festum  natalis  Domini.  Ilem  die  mercurii, 
V1  die  Decembris,  expendi  de  bove,  С  lib. — Hem  de 
loue,  I,X  lib.  —  Hem  de  carnibus  saisis,  IIII  lib.  —  Item 
lolagîo  de  pipe  rn  ta  tu  ni  speciebus  babilis  ab  apotechario. 
и  expendi  pro  magislro  Johauiic  cl  uno  scolari,  de  ovis 


—  201  — 

superius  emplis.  Item  de  caseo,  priori  et  magistris.  Item  de 
clareya  (sic)  de  apothecario,  V  quart.  —  Item  de  nelis  (sic). 
Item  emi  duos  cuniculos,  V  solidos.  Item  emi  imam  per- 
dicem,  XVIII  den. 

Comedimus  panes,  111°  ХИН—  valent  111  sest.  I  pal. 
I  ochena  et  oblaciones  ecclesie.  Bibimus  de  vino,  XXV 
scand.  —  Item  de  candelis  1Ш  lib. 

Fuimus  comestores,  CXLV  (*). 
Fol.  168  ve. 

Decembris.  Item  die  iovis,  XXVIa  die  Decembris,  expendi 
de  bove,  LXXV  lib.  —  Item  de  mutone,  L  lib.  —  Item  de 
carnibus  saisis,  III  lib. — Item  in  potagio  de  porris  orti 
nostri.  Item  emi  duas  perdices,  III  sol.  —  Item  de  mostaria 
pro  provisione,  XII  den. —  Item  de  clayreya  et  de  nellis  (**) 
de  apothecario.  Hem  de  caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIe  L  —  valent  III  sest.  et  oblacionem 
ecclesie.  Bibimus  de  vino,  XXIIII  scandai.  —  Item  de  can- 
delis, III  libres. 

Fuimus  comestores,  CXLII. 

Fol.  171  v\ 

Summa  summarum  omnium  expensarum  tocius  meusis 
Decembris  predicti. 

Primo,  de  annona,  VI"  V  sest.  III  quart.  —  Item  de  vino, 
LIX  melayrolas,  I  scand.  et  médium.  Item  de  carnibus 
rescentibus,  IX  quintalia,  IIII"  VI  lib.  —  Item  de  carnibus 
saisis,  I  quint.  II  lib.  —  Item  pro  cuniculis  et  perdicibus  et 
pro  sinapi  pro  natale  Domini,  IX  sol.  VIII  den.  —  Item  pro 
infirmis,  III  sol.  V  den.  —  Item  de  ovis,  LU  sol.  IX  den.  — 

(*)  A  noter  qu'une  quarantaine  d  étudiants  sont  en  vacances, 
probablement  ceux  dont  les  familles  demeuraient  le  plus  près  de 
Trets.  Malgré  cela,  une  montagne  de  \ictuailles  et  de  flacons  ou 
pots  divers  s'élève,  en  l'honneur  du  jour  natal  du  Seigneur,  sur 
les  tables  du  réfectoire  pontifical. 

(**)  Ve  de  nellis  est  barré  au-dessus. 


—  202  — 

Item  de  piscibus,  XXXVII  sol.  I  den.  —  Item  de  oleo,  XXIX 
lib.  —  Item  de  candelis,  LXXVII  lib.  I  quart.  —  Item  de 
mostaria,  XVII  den. 

Fuerunt  comestores,  Vm  IIII**  III. 

Fol.  175  v°.  Januarius. 

Januarius  (*).  Item  die  lune,  VIa  die  Januarii  que  fuit  fes- 
tum  Ephiphanic  Domini,  expendimus  de  mutone,  LXX  lib. 
cum  augmente)  quod  est  XXX  Hbrarum  in  dicta  summa  in- 
clusive. Item  de  bove,  X  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis, 
III  lib.  —  Item  in  potagio  de  porris  orti  nostri.  Item  de 
caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  LX  —  valent  III  sest.  I  pal.  I  cart. 

—  Bibimus  de  vino,  XXV  scand.  —  Item  de  candelis,  III  lib. 
Fuimus  comestores,  CL. 

Fol.  185  v\ 

Item  die  dominica,  XXVIя  die  Januarii,  e\pendi  de  mutone, 
LXII  lib.  et  mediam.  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  lib. —  Item 
in  potagio  pro  conventu,  de  porris  orti.  Item  in  potagio  pro 
priore  et  magistris,  de  rapis  superius  emptis.  Item  pro  herbis, 
infirmis,  II  den.  —  Item  de  caseo  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIIe  IIII**  I  —  valent  IIII  sest.  III  cari. 

—  Bibimus  de  vino,  XXI11I.  —  Item  de  candelis,  II  lib.  et 
mediam. 

Fuimus  comestores,  IX"  IX  (**). 

Fol.  188 y. 

Summa  summarum  omnium  expensarum  tocius  mensis 
Januarii  predicti. 

(*)  Le  premier  janvier,  qui  est  un  mercredi,  tout  se  passe 
comme  à  l'ordinaire,  et,  à  la  table  du  réfectoire,  on  ne  sert  qu'un 
peu  de  bacon.  Mais  le  lundi,  С  janvier,  solennité  de  l'Epiphanie,  on 
fait  un  petit  festin. 

(**)  Le  chiffre  des  écoliers  se  retrouve  encore  très  élevé  en  cette 
fin  de  janvier  1365. 


—  203  — 

Primo,  de  annona,  VI"  XIII  sest.  et  médium.  Hem  de 
vino,  LX  melhayrolas,  I  scand.  —  Item  de  carnibus  reseen- 
tibus,  X  quintalia,  LIX  lib.  et  média  m.  Item  de  carnibus 
saisis,  I  quintale,  IIII**  lib.  et  mediam.  Item  pro  infirmis, 
VI  sol.  VI  den.—  Item  de  ovis,  XL  sol.  I  den.— Item  de  pis- 
cibus,  XLII  sol.  IIII  den.  —  Item  de  oleo,  XXXIII  lib.  et 
mediam.  Item  de  candelis,  IIII"  III  lib.  et  mediam  (*).  Item 
de  potagio,  VI  sol.  H  den. 

Fuèrunt  comestores,  Vm  IIIe  LXXl. 

Fol.  190  r°.  Februarius. 

Februarius.  Item  die  dominica,  II*  die  Februarii,  que  fuit 
purificatio  béate  Marie  (**),  expendi  de  mutone,  LXXVI  lib. 
cura  augmente  quod  est  XIII  lib.  in  dicta  summa  inclusive. 

Fol.  199  v\ 

Februarius.  Item  die  iovis,  XXe  die  Februarii,  expendi  de 
mutone,  LXX  lib.  cum  augmente  quod  est  X  lib.  in  dicta 
summa  inclusive.  Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  —  Item  in 
potagio  de  porris  orti  nostri.  Item  pro  infirmis  de  borracgis, 
II  den. —  Item  de  hedulo  pro  infirmis,  II  sol.  VI  den. — Item 
de  caseo  priori  et  magistris.  Item  pro  provisione  infirmorum, 
pro  tribus  gallinis,  VII  sol  (***). 

Coraedimus  panes,  IIIe  LX  —  valent  IIII  sest.  et  médium. 
Bibimus  de  vino,  XXIII  scand.  —  Item  de  candelis,  H  lib. 
et  mediam. 

Fuimus  comestores,  IXх*. 

(*)  En  été,  on  usait  une  demi-livre  de  chandelles,  tandis  qu'en 
plein  hiver,  mention  est  faite  d'environ  trois  livres,  par  jour.  La 
proportion  varie,  évidemment,  avec  les  saisons. 

(**)  La  paroisse  de  Trels  a,  pour  titulaire,  la  Purification  de  la 
Sain  te- Vierge. 

(***)  Ces  derniers  prix  sont  particulièrement  élevés  en  compa- 
raison surtout  des  cotes  du  siècle  précédent. 


—  204  — 

Fol.  20  î. 

Februarius.  Hein  die  dominica,  XXIIIe  die  Februarii,  que 
fuit  carniprivium  (*),  expendi  de  mutone,  IIII**  XIIU  lib. 
cum  augmenta.  Item  de  carnibus  saisis,  IIII  lib.  —  Hem  in 
potagio  de  porris  orti  noslri.  Item  pro  infirmis,  de  caprilo, 
III  sol.  IIII  den.  —  Item  de  caseo,  priori  et  ma  gis  tris. 

Gomedimus  panes,  IIIe  XL  —  valent  IIII  sest.  I  pal. — Bibi- 
mus  de  vino,  XXIIII  scandai.  —  Hem  de  candelis,  III  lib. 

Fuimus  coinestorcs,  IX**. 

Fol.  201  v\ 

Februarii  (sic).  Item  die  lune,  XXHII»  die  Februarii,  prima 
die  quadragesime  (**),  e\pendi  de  auratis  saisis  supra 
emptis.  Item  pro  infirmis,  de  ovis  supra  emptis.  Item  pro 
Bernardo,  Gaucelino,  Medulione,  monachis  infirmis,  pro  una 
gallina,  H  sol.  VIII... 

Hem  in  potagio  de  caulibus  orti  nostri.  Item  in  potagio  de 
spiuargiis  orti  noslri.  Hem  de  oleo,  II  lib. —  Hem  de  ficubus 
stipra  emplis.  Item  de  nucibus  supra  emptis.  Hein  pro  in- 
firmis aliis  scilicet  tribus,  I  gallina  supra  empta. 

Coinedimus  panes,  IIe  LX —  valent  Ш  sest.  —  Bibimus  de 
vino,  XXII  scandai. 

Item  de  candelis,  Il  lib.  et  mediam. 

Fuimus  comestore-î,  VIIIх*  XV. 

(*)  Hanc  dominicain  ante  carnes  tollendas  rocat  Missa  Mosa- 
rabwn.  —  Drc.vNGE. 

Un  menu  trè<  copieux  fut  servi  aux  convives  en  ce  dernier  di- 
manche de  gala,  avant  la  fé4e  de  Pâques. 

(**)  Pendant  ce  carême  de  1365  qu'on  fit,  à  Trets,  durer  48  jours, 
il  y  eut  maigre  complet  pour  les  valides.  Aucun  aliment  gras  ne 
parut  à  leur  table  depuis  le  24  février  jusqu'au  13  avril  exclusive- 
ment. En  faisant  la  lecture  de  toute  celte  première  semaine,  on 
acquiert  la"  connaissance  des  six  autres  qui  la  suivent,  tant  la  res- 
semblance du  service  est  parfaite. 

La  communauté  fut  fort  éprouvée  par  ce  long  jeûne  et  cette  par- 
ticulière abstinence,  et,  clans  l'espace  d'un  mois,  près  de  100  places 
d'écoliers  furent  vacantes  au  réfectoire. 


г 


—  205  — 

Fol.  202. 

Februarii.  Item  die  martis,  XXVe  die  Februarii,  expendi  de 
auratis  saisis  supra  emptis.  Item  pro  Bernardo,  Gaucelino, 
monachis,  pro  una  gallina,  III  sol. — Item  in  potagio  de  rapis 
supra  emptis.  Item  in  potagio  de  spinargiis  orti  nostri.  Item 
de  oleo,  II  lib.  —  Item  de  nucibus  supra  emptis.  Item  pro 
infirmis,  de  cabrito,  III  sol. 

Comedimus  panes,  IIe  L  —  valent  III  sest.  —  Bibimus  de 
vino,  XXII  scandai.  —  Item  de  candelis,  Il  lib.  et  média  ni. 

Fuimus  comestores,  CLXXV. 

Fol.  202  v\ 

Februarii.  Item  die  mercurii,  XXVIя  die  Februarii,  expendi 
de  auratis  supra  emptis.  Item  emi  de  piscibus  rescentibus, 
II  sol.  VIII  den. —  Item  pro  Gaucelino,  Bernardo,  monachis 
infirmis,  pro  una  gallina,  Il  sol.  VIII  den.  —  Item  pro  aliis 
infirmis,  de  caprito,  III  sol.  —  Item  in  potagio  de  cisceribus 
supra  emptis.  Item  de  oleo,  II  lib.  —  Item  in  potagio  de  spi- 
nargiis orti  nostri.  Item  de  nucibus  supra  emptis. 

Comedimus  panes,  CLXXX  —  valent  II  sest.  et  med. —  Bi- 
bimus de  vino,  XXI  scand. — Item  de  candelis,  II  lib.  et  med. 

Fuimus  comestores,  CLXII. 

Fol.  203. 

Februarii.  Item  die  iovis,  XXVIIe  die  Februarii,  expendi 
de  auratis  supra  emptis.  Item  in  potagio  de  rapis  supra 
emptis.  Item  pro  Bernardo  et  Gaucelino  monachis  infirmis, 
pro  una  gallina,  II  sol.  VIII  den. 

Item  de  oleo,  Il  lib.  —  Item  in  potagio,  pro  aliis  infirmisT 
de  spinargiis  (*)  orti  nostri.  Item  de  nucibus  supra  emptis. 

(*)  Les  épinanls  et  les  navels  constituaient  des  plats  ou  des  po- 
tages tres-appréciés.  Ils  étaient  servis  quelquefois  à  toute  la  com- 
munauté, mais  bien  souvent  les  épinards  étaient  réservés  aux 
malades  et  aux  maîtres  qui  en  étaient  très  friands. 

...  Spinargia  pro  yaudio  Reliyiosorum 


1 


—  206  — 

Comedimus  panes,  IIe  L  —  valent  II  sest.  I  pal. —  Bibimus 
de  vino,  XXI  scand.  —  Item  de  candelis,  II  lib.  et  mediam. 
Fuiraus  comestores,  CLXI. 

Fol.  203  V. 

Februarii.  Item  die  veneris,  XXVIIIe  die  Februarii,  expendi 
de  auratis  supra  emptis.  Item  de  piscibus  rescentibus,  IIII  sol. 

—  Itéra  in  potagio  de  fabis  supra  emplis.  Item  pro  Bernardo, 
Gaucelino  monachis  infirmis,  pro  una  gallina,  II  sol.  VI  den. 

—  Item  pro  aliis  infirmis,  de  caprito,  XVI  den.  —  Item  de 
oleo,  II  lib.  et  mediam.  Item  de  spinargiis  orti  nostri,  pro 
potagio.  Item  de  nucibus  supra  emptis. 

Comedimus  panes,  IIe  LX  —  valent  III  sest.  —  Bibimus  de 
vino,  XX  scandai.  —  Item  de  candelis,  H  lib.  et  m  éd. 
Fuimus  comestores,  VIIIх*. 

Fol.  20  i. 

Summa  summarum  expensarum  omnium  tocius  mensis 
Februarii  predicti. 

Primo,  de  annona,  CXVI  sest.  I  quart.  — Item  de  vino, 
LIIII  mejhayrolas,  IIII  scand.  —  Item  de  carnibus,  rescen- 
tibus, IX  quintalia,  XXXI  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis, 
I  quintale,  XIX  lib.  —  Item  pro  infirmis,  LXI1II  sol.  VI  den. 
— Item  de  ovis,  XLIX  sol.  II  den. — Item  de  piscibus,  XV  sol. 
VI  den.  —  Item  de  oleo,  XXXII  lib.  et  med.  —  Item  de  can- 
delis, LXX  lib.  et  med.  —  Item  de  potagio,  II  sol.  X  den. 

Fuimus  comestores,  Vm  LXXI1I. 

Fol.  206.  Marcius. 

Marcius.  Item  die  sabali,  prima  die  Marcii,  expendi  de 
auratis  saisis  superius  emplis.  Item  de  piscibus  rescentibus, 
III  sol.  —  Item  in  potagio  de  rapis  supra  emptis.  Item  in 
potagio  de  leuthis  supra  emptis.  Item  de  oleo,  II  lib.  —  Item 
de  alleis,  II  den. — Item  pro  Bernardo,  Gaucelino,  monachis 
infirmis,  pro  una  gallina,  II  sol.  VIII  den.  —  Item  pro  vigi- 
Jando  infirmis,  de  oleo,  II  lib.  —  Item  de  nucibus  supra 
emplis. 


—  207  - 

Comedimus  panes,  IIe  XV  —  valent  II  sest.  et  med.  —  Bi- 
bimus  de  vino,  XXI  scand.  —  Item  de  candelis,  II  lib.  et 
média  m. 

Fuimus  comestores,  GLX. 

Fol.  206  v\ 

Marcius.  Item  die  dominica,  IIa  die  Marcii,  expendi  de 
auralis  supra  emplis.  Item  de  mugi) lis  saisis  superius  emptis. 
Item  de  piscibus  rescenlibus,  II  sol.  XI  den. —  Item  de  eruga 
pro  provisione,  VIII  den.  —  Item  in  potagio  de  cisceribus 
supra  emptis.  Item  de  oleo,  II  lib.  —  Item  pro  Bernardo, 
Gaucelino  monachis  infirmis,  pro  una  gallina,  III  sol.  — 
Item  pro  infirmis,  de  hedulo,  II  sol. —  Item  de  nucibus  supra 
emptis.  Item  de  ficubus  emptis. 

Comedimus  panes,  IIe  XX  —  valent  II  sest.  et  mediam. 
Bibimus  de  vino,  XXI  scand.  —  Item  de  candelis,  II  lib.  et 
mediam. 

Fuimus  comestores,  CLX. 

Fol.  219. 

Marcius.  Item  die  iovis,  XXVHa  die  Marcii,  expendi  de 
auratis  supra  emptis.  Item  de  mugillis  supra  emptis.  Item  de 
tonina  salsata  supra  empta.  Item  de  pot.igio  de  fabis  supra 
emptis.  Item  in  potagio  de  spinargiis  orti  nostri.  Item  de 
mostaria,  II  den. — Item  de  oleo,  II  lib.  — Item  de  caméra 
magistri  Johannis,  med.  lib.  oley.  Item  pro  Johanne  domini 
Aslorgii  (*),  pro  una  gallina,  III  sol.  —  Item  de  nucibus 
supra  emptis. 

Comedimus  panes,  Vlh*  VIII  —  valent  II  sest.  —  Bibimus 

(*)  Ce  Jean  d'Aslorge,  dont  il  est  déjà  parlé  fol.  216  л°,  appar- 
tenait, peut-être,  à  la  famille  Astorge  de  Cayraco,  ancien  recteur 
du  collège  de  Trots  (fol.  288). 

Гп  Astorge  de  Petra  fut  aussi  Aiguicr  et  seigneur  de  Trets  à  la 
liu  de  ce  XIV    siècle  et  au  siècle  suivant. 


—  208  — 

île  vino.  XII  scand.  el   meilium.  Ilem  de  candelis.  I  lîb.  et 
média  m. 

F  ni  m  us  comestores,  IIII"  XVI. 
Fol.  221. 

Ma  reins.  Item  die  la  ne.  oltîma  die  Marcii.  venît  dominus 
Astorgius  (*)  ad  castrum  de  Tritis.  Ex pend i  de  piscibus  res- 
centibus,  VI  sol.  XI  den. —  Item  expendi  de  auratis  saisis 
supra  emptis.  Item  de  magîllis  supra  emplis.  Item  de  lonina 
supra  empta.  Item  in  potagio  de  Га  bis  supra  emplis.  Item  in 
potagio  de  spinargiis  orti  nostri.  Item  de  oleo.  III  lib. —  Item 
de  nucibus  supra  emplis.  Item  pro  infirmis.  de  hedulo, 
XX  den. 

Comedimus  panes.  IX" —  valent  II  sesl.  —  Hem  de  pane 
albo  ville,  pro  domino  Astorgio.  H  sol.  IX  den. — Bibimus  de 
\ino,  XXI  scand.  —  Hem  de  eandelis,  II  lib. 

Fuirnus  comestores.  С 

(*)  L'état  sa  ni  tain;  devint  de  plus  en  plus  mauvais  à  Trets  : 
la  diminution  tles  élèves  suivant  les  classes  et  mangeant  à  la  table 
commune  s'accentue  tous  les  jours.  Le  mal  étrange  dont  souf- 
fraient écoliers  et  certain  maître  effraie  le  recteur  Deodat  Jordan. 
Une  estafette  part  pour  Avignon.  Aussi  lût  arrive  l'inspecteur 
papal.  A^torge  de  Cayraco  ouvre  une  euquête.  Des  médecins  sont 
appelés  en  consultation  (fol.  28 i).  La  question  du  transfert  du 
Stwlium  e  t  virement  débattue.  On  redouble  d'attention  pour  les 
malades  :  aucun  soin,  aucun  remède  n'est  épargné  pour  leur  sou- 
lagement et  guérison.  En  plein  carême,  même  durant  la  semaine 
sainte,  poulets,  agneaux,  pigeons,  chevreaux,  légumes  recherchés, 
pâtes  fines  d'apothicaires,  mets  succulents,  pain  blanc  de  la  ville, 
fruits  exotiques,  tout  est  prodigué  aux  notes  de  l'infirmerie  du 
Studinm.  Mais  ce  qui  leur  réussit  le  mieux  fut,  lisons-nous  dans 
le  texte,  la  série  des  processions  et  les  riches  offrandes  de  cierges 
en  cire,  en  l'honneur  de  la  Sa  in  te- Vierge. 

Le  médecin  interne  de  la  communauté  déclare  que  les  nombreux 
infirmes  —  incensati  seu  furiosi  —  paraissaient  guéris  miraculeu- 
sement par  la  bienheureuse  Vierge  Marie  :  Maria  miraculose  vide- 
bantur  sanari  (fol.  287  л°). 


—  209  — 

Fol.  221  1Л 

Su  m  ma  summarum  omnium  expensaruin  locius  mensis 
Marcii  predieii. 

Primo  de  annona,  LX1X  scst.  III  quart.  —  Item  de  vino, 
XLÏI  melhayrolas,  XI  scand.  —  Item  de  piscibus  roscenli- 
bus  (*),  CV  sol.  VIII  den.  —  Item  pro  infirmis,  III  lib.  XIX 
sol.  H  den.  —  Item  de  oleo,  IIII**  III  lib.  III  quart.  —  Item  de 
candelis,  LX  lib.  et  média  m.  —  Item  de  potagio,  III I  sol.  X 
den.  —  Computalo  pane  domini  Astorgii  et  erugua. 

Fuerunt  comestores,  IIlmVIIc  XLVI. 
Fol  223.  Aprilis. 

Aprilis.  Item  die  martis,  prima  die  Aprilis,  cxpendi  de 
auratis  supra  emplis.  Item  pro  piscibus  rcsccntibus,  XV  sol. 
Item  de  inugilis  supra  emplis.  Item  de  tonina  salsa  supra 
empta.  Item  in  potagio  de  cisceribus  supra  emplis.  Item  in 
potagio  de  spinargiis  orti  nos  tri.  Item  de  risu,  XX  den.  — 
Item  pro  infirmis,  de  hedulo,  X  den.  —  Hem  de  oleo,  II  lib. 
et  média  m.  Item  de  nucibus  supra  emplis. 

Comedimus  panes,  IIe  III  —  valent  II  sest.  —  Bibimus  de 
vino,  XVIII  scandai.  —  Item  de  pane  albo,  pro  domino 
Astorgio,  II  sol.  IX  den.  —  Item  de  candelis,  III  lib. 

Fuimus  comestores,  С  ;  fuit  dominus  Astorgius. 
Fol.  228. 

Aprilis.  Item  die  veneris,  XIa  die  Aprilis  que  fuit  dies 
veneris  sancta.  Item  de  tonina  salsa  supra  empta.  Item  in 
potagio  de  spinargiis  orti  nostri.  Item  de  oleo.  Item  de  nu- 
cibus supra  emptis  (**). 

(*)  Poissons  frais  et  huile  forment,  durant  ce  mois,  une  somme 
assez  importante. 

(**)  Le  régime  maigre  suivi  à  rétablissement  conventuel  était 
confortable.  Outre  des  légumes  variés  et  abondants  il  y  avait  tous 
les  jours  du  carême  deux  ou  trois  espèces  de  poissons  salés  ou  en 
conserve,  et  presque  tous  les  jours  du  poisson  frais.  Les  ligues  et 
les  noix  y  remplacent  le  fromage.  Quant  aux  œufs  ils  apparaissent 
très-rarement. 

U 


л 


—  210  — 

Comedimus  panes,  IIII**XVUI  —  valent  I  sest.  III  cart.  — 
Bibimus  de  vino.  X  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  llll*x. 
Fol.  229. 

Aprilis.  Item  die  dominica,  XIIIe  die  Aprilis,  que  fuit  dies 
Phaca  (sic)  (*)  expendimus  de  mutone,  XXIX  lib.  —  Item 
emi  unum  bedulum,  VIII  sol.  —  Item  de  carnibus  saisis, 
II  lib.  —  Item  in  potagio  de  hcrbis  orti  nostri. 

Comedimus  panes,  IIII*XXVI11. —  valent  I  sesl.  I  pal.  et 
oblacionem  ecclesie.  Bibimus  de  vino,XHII  scand.  —  Item 
de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  IIII**  VII. 
Fol.  234  v\ 

Aprilis.  Item  die  iovis,  XXIIII*  die  Aprilis,  expendi  de 
mutone,  XXXII  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis,  II  lib.  —  Item 
pro  infirmis,  de  cabrito,  XIIII  den.  —  Item  in  potagio  de 
brodio.  Item  de  caseo,  masistris. 

Comedimus  panes,  IIe  IX  —  valent  II  sest.  III  cart.  —  Bi- 
bimus de  vino,  XIII  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  CXX. 
Fol.  238. 

Summa  summarum  omnium  expensarum  tocius  mensis 
Aprilis  predicti. 

Primo  de  annona,  LXV  sest. —  Item  de  vino,  XXXI1II  me- 
lhayrolas,  I  scandai.  —  Item  de  piscibus  rescentibus,  XL1X 
sol.  VIII  den.  —  Item  pro  uno  hedulo  in  pascha,  VIII  sol.  — 
Item  de  carnibus  rescentibus,  III  quintalia,  LXXXXVII  lib. 
— Item  de  carnibus  saisis,  II1I**  lib.  et  mediam.  Item  pro  in- 
firmis, XVIII  sol.  VIII  den.  —  Item  de  ovis,  X  sol.  II  den.  — 
Item  de  potagio,  II  sol.  IIII  den.  — Item  de  oleo,  XXXIIII  lib. 
et  mediam.  —  Item  de  candelis,  XXXVII  libras. 

Fuerunt  comestores,  IIю  IXe  LVII. 

(*)  On  voit  que  l'agneau  traditionnel  de  Pâques  n'est  pas 
oublié  à  la  table  des  écoliers  de  Trets. 


—  211  — 

Fol.  252.  Mayus  (*). 

Item  die  dominica,  XXV*  die  May,  expendi  de  mutone, 
XLVII  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  —  Item  in  po- 
tagio,  de  caulibus  orti  nostri.  Item  pro  infirmis,  de  hedulo, 
VIII  den.  —  Item  de  caseo  supra  empto,  pro  magistris. 

Comedimus  panes,  IIe  XX  —  valent  III  sest.  I  cart.  —  Bi- 
bimus  de  vino,  XX  scandai,  et  médium.  Item  de  candelis, 
I  lib. 

Fuimus  comestores,  CL. 

Fol.  252  V. 

Mayus.  Ilem  die  lune,  XXVla  die,  expendi  de  mutone,  XL 
lib.  —  Item  de  carnibus  saisis,  Il  lib.  —  Item  pro  infirmis, 
unum  pullum,  X  den.  —  Item  in  potagio  de  brodio.  Item  de 
caseo,  magistris,  supra  empto. 

Comedimus  panes,  IIe  X  —  valent  III  sest.  I  pal.  —  Bibi- 
mus  de  vino,  XIX  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  CXLIX. 

Fol.  253. 

Mayus.  Item  die  martis,  XXVIIe  die  May,  expendi  de  mu- 
tone, XLV  lib. — Item  de  carnibus  saisis,  III  lib. —  Item  pro 
infirmis,  de  caprito,  X  den.  —  Item  in  potagio  de  caulibus 
orti  nostri.  Item  de  caseo,  magistris. 

Comedimus  panes,  IIe  X  —  valent  III  sest.  III  cart.  —  Bi- 
bimus  de  vino,  XX  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  CLII. 
Fol.  253  V. 

Mayus.  Item  die  mercurii,  XXVIIIe  die  Maii,  expendi  de 

(*)  Voici  la  dernière  semaine  que  les  écoliers  du  Studium  d'Ur- 
bain V  passèrent  au  Castrum  de  Trets.  Nous  la  donnons  toute  en- 
tière et,  dorénavant,  jusqu'à  la  fin  du  manuscrit,  le  texte  sera 
imprimé  dans  son  intégralité  absolue. 

Il  importe  de  remarquer  ici,  qu'en  ce  mois  de  mai,  il. n'y  avait 
presque  plus  d'étudiants  malades  à  Trets.  Au  réfectoire,  le  chiffre 
des  commensaux  se  trouvait  monté  à  150  ! 


-  212  — 

c^roûbw*  saisis,  XXII  lib.  —  liera  emi  de  ovis,  IÏ1I  sol.  — 
tUm  in  potagio  de  eau  lib  us  orti  nostri.  Item  in  potagio,  pro 
NM*$i$ftris,  de  lentibus  supra  emptis.  Item  de  oleo,  mediam 
lib.  —  Item  de  allis,  IIII  den.  —  Item  de  caseo  supra  emplo. 

Comedimus  panes,  IIe XLI  —  valent  III  sest.  Il  cart.  — 
Bibimus  de  vino,  XX  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  CL. 

Foi.  254. 

Mayus.  Item  die  iovis,  XXIXe  die  May,  expendi  de  mu- 
tone,  XLV  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis,  III  lib.  —  Item  pro 
infirmis,  de  hedulo,  VIII  den.  —  Item  in  potagio  de  brodio. 
Item  de  caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  IIe  XXVII  —  valent  III  sest.  I  cart.  — 
Bibimus  de  vino,  XX  scandai.  —  Item  de  candelis,  1  lib. 

Fuimus  comestores,  CXLVIU. 

Fol.  254  v\ 

Mayus.  Item  die  veneris,  XXXe  die  May,  expendi  de  pis- 
cibus,  Il  sol.  VIII  den.  —  Item  expendi  de  ovis,  III  sol.  — 
Item  in  potagio  de  herbis  orti  nostri.  Item  de  oleo,  II  lib. 
et  mediam.  Item  de  oleo  pro  Iampade,  med.  lib. 

Comedimus  panes,  IIe  XXAV —  valent  111  sest.  —  Bibimus 
de  vino,  XX  scand.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  CXLVIII. 

Fol.  255. 

Mayus.  Item  die  sabati,  ultima  die  May,  expendi  de  ovis 
pro  tinello,  V  sol.  —  Item  in  potagio  de  fabis,  supra  emptis. 
Item  in  potagio,  pro  magistris,  de  cisceribus  supra  emptis. 
Hem  de  oleo,  II  lib.  et  med. 

Comedimus  panes,  IIe  XL  —  valent  III  sest.  — Bibimus  de 
vino,  XX  scand.  —  Item  de  candelis,  I  lib. 

Fuimus  comestores,  CXL. 

Fol.  255  v\ 
Summa  summarum  omnium  expensarum  tocius  mensis 


—  2*3  — 

« 

May  predicli  et  incl^sa  prima  die  Junii  futuri  mensis  proximi. 

Primo  de  annona,  lll*x  XIX  scst.  MF  quart.  —  hem  de 
vino,  LI  melhayrolas,  III  scandai.  —  Item  de  carnibus  res- 
centibus,  VII  quintalia,  XXII  lib.  —  Item  de  carnibus  saisis, 
I  quintaie,  V  lib.  —  Hem  pro  infirmis,  VII  sol.  Mil  den.  — 
Item  de  ovis,  XXXI  sol.  X  den.  —  Item  de  piscibus  rescen- 
tibus,  XXVI  sol.  —  Item  de  potagio,  Mil  den.  —  Item  de 
oleo,  XXIII  lib. —  Item  de  candelis,  XXXI  lib.  et  mediam. 

Fuerunt  comestores,  ПИ»  VIe  XXVIII  (*). 

Fol.  256. 

Junius.  Item  die  dominica,  prima  die  Junii  que  fuit  dies 
Pentecostes,  expendi  de  mutone,  LX  lib  et  mediam.  Item  de 
carnibus  saisis,  Il  lib.  —  Item  in  potagio  de  brodio.  Item  de 
caseo,  priori  et  magistris. 

Comedimus  panes,  '1e  XXX  —  valent  II  sest.  I  pal.  —  Bi- 
bimus  de  vino,  XI I  scandai.  —  Item  de  candelis,  I  lib.  et 
mediam. 

Fuimus  comestores,  CXL. 

Fol.  257. 

Sequuntur  summe  omnium  expensarumordinariarum  pre- 
dictarum. 

Primo  summa  universalis  annone  supradiclc  ordinarie 
expense  est  videlicet  MIIC  LX  sest.  II  oclavas  annone.  Item 
summa  universalis  vini  expensi  ordinaria  est  videlicet 
Vie  XXVII  milayrol.  VIII  scandai,  vini  et  II  terc. 

Item  pro  degusto  (sic)  Ve  melhayrol.  vini  novi  per  me 
empti,  ut  in  computis  provisionum  supra  lacius  continetur, 
tam  pro  portu  tam  pro  adulhando  quam  pro  semo  (sic)  et 
pro  lia,  et  computato  pro  quolibet  centenario  melhayrole 
videlicet  octo  melhayrole  diminuuntur  de  supra  dicta  emp- 
tione  vini  XL   melhayrole    quibus    additis  et  inclusis  in 

(*)  Se  lit  l'abréviation  apro  à  la    marge  des  folios  238  ;  255  v*  ; 
258-258  v»  ;  259-259  v«,  etc.  —  Cf.  fol.  39  v",  note. 


—  214  — 

Mi  m  ma  supra  expensa  in  ordinarïo  est  çumma  totalis  vioi 
expeosî  et  devastati.  VI  LXVII  melhayrol.  VIII  scandai. 
II  tercia. 

Fol.  25  7  v\ 

Item  summa  га  г  ni  u  m  rescentiuiu  supradictarum  expen- 
«arnm  onl  inaria  ni  m  vide!  i  cet  XXVII  mutoneset  LXXV  quin- 
tal ia.  IIII  lib.  mutonis.  precio  quintal is,  XXX  sol.  IIII  den. 
computando  pro  libra  III  den.  eu  m  obolo.  Item  II  quintalia, 

XVII  lib.  bo\is.  precio  quint.  XXVI  sol.  computando  pro 
libra  III  den.  -  valent  i  и  summa  in  pecunia.  exceptis  XXII 
mutonibus  per  doniinum  Pet  ru  m  de  Areabaudosa  traditis, 
dicte  carnes  mutonis  et  boviset  inclusis  LXX1I1I  sol.  solutis 
pro   precio  qoinque   mutonum  videjicet  CXX  lib.  VI   sol. 

V  den.  —  valent  in  florenis  del  grayle  СЫН   flor.  IX  sol. 

V  den,  со  m  pu  lato  floreno  pro  XV  sol.  V11I  den. 

Item  summa  pro  perdicibus  et  cuniculis  et  uno  hedulo  pro 
festis  natalis  domini  et  pachc,  videlicet  XVII  sol.  VI  den. 

Fol  258. 

Item  summa  carniuin  sa  Isa  ru  m  supradictarum  emptarum 
in  provisione  expensa  ru  m  ordinariarum,  XXX  quintal, 
IIII"  IIII  lib. 

Ktern  summa  ex  pensa  ru  m  predictarum  pro  infirmis.  tam 
pro  gallinis,    puJlis  et  aliis  carnibus  et   berhis,  videlicet 

XVIII  Jib.  XV  sol.  VIII  den.  —  valent  in  florenis  del  graylhe 
ХХ1Ш  flor.  dcrnptis  IIII  den.  —  Itéra  summa  su  rama  ru  m  ex- 
pensarum  de  ovis,  XXI  lib.  XV  sol.  IX  den. — valent  in 
florenis  del  graylhe  XXVII  flor.  XII  sol.  IX  den. 

Item  summa  expensa rum  ordinariarum  piscium  rescen- 
tium  videlicet  XXV  lib.  IIII  sol.  XI  den, —  valent  in  florenis 
del  graylhe  XXXII  flor.  111  sol.  VII  den. 

Fol.  258  v\ 

Item  summa  expensarum  supradictarum  oley  in  provi- 
«ionibus,  Hic  LUI  libr.  III  cartavr.  et  médium  libre.  Videlicet 

m 

VII  melhayrol.  XVIII  lib.  III  quart,  et  médium  libre. 


I 


—  215  — 

Est  auleiH  sciendum  quod  XL  VIII  libre  faciunl  melhayrol. 

olev. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  candelarum 
emptarum  in  provisionibus,  videlicet  У  quintal.  XLVII  lib. 
III  quart. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  in  polagio,  сот- 
ри ta  ta  mostaria,  XLI1I  sol.  VIII  den. — valent  II  flor.  XII  sol. 
IIII  den. 

Item  pisces  salsati  cmpti  in  provisione  sunt  expensi,  ex- 
ceptis  GXX  a  и  rat is  et  média  baril  ha  de  tonina. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  leguminum  emp- 
torum  in  provisione,  XXV  sest.  I  quart,  tam  de  fabis  quam 
cisseribus  et  lentibus. 

Item  summa  expensarum  nue  и  m  emptarum  in  provisione, 
X  sest.  et  médium. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  caseorum  emplo- 
rum  in  provisione,  VIII  quintal.  XXXVII  lib.  et  média. 

Fol.  259. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  salis  empti  in 
provisione,  videlicet  XXXVI  sest.  III  carterias. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  feni  empti  in 
provisione,  IIII"  II  quintal. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  ficuum  emptorum 
scripta  in  computis  apothecarii,  II  quint.  X  libr. 

Item  summa  expensarum  supradictarum  civate  empte  in 
provisione,  videlicet  IXх*  VIII  sest.  et  II  partes  unius  sesterii. 

Item  summa  omnium  coniestoriini  supradietorum  videlicet, 
LV  milia  VPXI. 

Fol.  259  v\ 

Item  summa  universalis  su  mina  ru  m  omnium  supradicta- 
rum provisionum  et  expensarum  ordinariarum  in  pecunia  : 
MIlIIc  XXXVI  lib.  VI  sol.  IX  den.  Videlicet  MVIII^  ХХХШ 
flor.  signo  del  gravie,  IX  sol.  IX  den. 

(Les  autres  pages  sont  en  blanc). 


—  216  — 

Fol.  263  v\ 

Sequunlur  expense  extraordinaire  per  me  Deodatum  Jor- 
dani  camerarium  Sancli  Andrée  fade  pro  scolaribus  et  ser- 
vitoribus  domini  nostri  pape  in  studio  de  Tritis  ;  et  incepfe 
a  die  XXX0  mensis  may  in  antea,  anno  domini  millesimo 
CCC°  IX////10,  et  finiendo  anno  LX  quint  о  л  et  die  prima 
mensis  Junii  inclusive  ;  et  die  predicla  ordinata  ut  infra 
sequitur  de  moneta  provinciali  (*). 

Fol.  264.  Expense  extraordinarie. 

Mayi  (sic).  Primo  die  veneris,  XXXe  die  Mayi,  accessi  apud 
rastrum  de  Tritis  pro  gubernando  studium  de  Tritis,  pro 
domino  Dostro  papa. 

Primo  expeodi  in  itinere,  eundo  Tritis,  ХХНП  sol.  com- 
putando  portum  de  Novis. 

Item  die  sabbati,  VIIIe  die  Junii,  misi  dominum  Hugonem 
Giraudi  pro  cambiando  aliquos  florenos  de  caméra  in  florenis 
de  cena,  Aquis  ;  expendi,  III  sol. 

Iem  die  lune,  Xa  die  Junii,  posui  pro  tribus  aiols  (sic) 
mulo  nigro,  XII  den. 

Item  pro  corda  campa  ne  cum  qua  pulsatur  ad  mensam, 
VI  den. 

Summa  istius  pagine,  XXVIII  sol.  VI  den. 

Fol.  261  v\ 

Junius.  Item  cadein  die  emi  duo  vitra,  IIII  den. 
Item  eadem  die  emi  de  acutis  ad  aptandum  ianuam  stabuli, 
VIII  den. 

(*)  Le  chapitre  des  impenses  extraordinaires  est  plein  de  rensei- 
gnements et  de  profit  :  chaque  page,  presque  chaque  ligne  nous 
révèle  des  faits  curieux.  Complétant  admirablement  ce  qui  a  été 
dit  au  cours  des  titres  antérieurs,  il  achève  de  nous  informer 
d'une  façon  détaillée  et  précise  des  coutumes,  usages,  industries, 
etc.  de  la  vie  du  mo)  en-Age.  On  ne  saurait  donc  trop  arrêter  l'at- 
tention sur  les  matières  décrites  dans  ces  derniers  feuillets. 


—  21?  — 

Item  die  iovis,  XIIIa  die  Junii,  solvi  Alnsaveie  uxori 
Thomacii  que  sletit  duobus  diebus  cum  dimidio  ad  mun- 
dandum  ceutum  ciste ria  bladi,  II  sol.  VIII  den. 

Item  eadem  die  solvi  Johanni  de  Alesto  basterio,  qui  apta- 
vit  baslos  mulorum  et  pro  una  forma  basti  novi,  XIIII  sol. 

Item  die  veneris,  XIIIIa  die  Junii,  emi  duo  cloquearia  de 
cupro  ponderantia  III  lib.  III  quart,  precio  pro  Hbra,  1111 
sol.  —  valent  XV  sol. 

lu» m  eadem  die^  emi  unam  vanoam  ad  inquantum,  XXV 
sol. 

Summa  istius  pagine,  LVII  sol.  VIII  den. 

Fol.  265. 

Junius.  Item  emi  unum  alium  pannum  scacatum, 
XVII  sol. 

Item  emi  unum  chalonum  listatum  et  unum  copertorium 
de  linido,  XX  sol.  VIII  den. 

Item  die  sabbati,  XVa  die  Junii,  emi  a  magistro  Johanne 
Payrolerii  unam  mensuram  de  cupro  pro  mensurando  oleum 
quod  expenditur,  IIII  sol. 

Item  dicta  die  posui  pro  duobus  vrinalibus  (sic),  XVI  den. 

Item  eadem  die  solvi  Alasaycie  uxori  Thomacii  que  stetit 

V  diebus  ad  interfodendum  caules  et  сера  s  et  ad  removendum 
thoras  de  dicto  orto  et  ad  scandandum  lentes,  dando  sibi 
pro  dieta,  XII  don.  —  valent  V  sol. 

Item  die  lune,  XVIIe  Junii,  emi  de  clavis  pro  uno  tabu- 
lario  II  sol.  II  den. 
Summa  istius  pagine,  L  sol.  II  den. 

Fol.  265  V. 

Junius.  Item  eadem  die,  emi  unum  crunellum,  XX  den. — 
Item  die  martis,  XVIIIe  die  Junii,  solvi  pro  duobus  circulis 
in  duobus  broquis,  XVI  den. 

Item  eadem  die  emi  unam  cenglam  mulo  nigro,  II  sol. 

VI  den. 


—  218  — 

Item  die  merrurii,  XIXa  die  Junii,  posui  pro  uno  circulo 
inferrato  orti,  VIII  den. 

Item  die  XXVIIIe  Junii,  accessi  Avinionem  pro  habendo 
pecuniam  et  facicndo  provisioncs,  et  pro  habendo  unum  ma- 
gistrum  qui  erat  studio  neccssarius,  quod  steti  tara  in 
eundo  Sallonem,  Avinionem  et  Auraycam  pro  habendo  dic- 
tum  magistrum,  et  steti  XIII  dicbus  ;  expendi  IX  lib.  III  sol. 
VIII  den.  —  Erant  mecum  dominus  Ludovicus  Veteris,  Per- 
rinus  pistor,  Guillelmus  de  Cadafalco  et  Johannes  de  Bivo 
pro .  sociando,  quia  ferebam  pecuniam  pro  faciendo  pro- 
visiones. 

Sumina  istius  pagine,  IX  lib.  IX  sol.  X  den. 

Fol.  266. 

Junius.  Item  ultima  die  Junii,  que  fuit  dies  domiuica, 
posui  pro  capsanis  et  reguis?  muli  nigri,  VIII  sol. 

Julius.  Item  die  sabati,  VIa  die  Julii,  solvi  uxori  Thomacii 
que  stelit  pcr  X  dies  in  orlo  ad  mundandum  thoras  et  ad 
interfodendum  cepas  et  caules,  dabam  sibi  pro  die  ta,  XII  den. 
—  valent  X  sol. 

Item  eadem  die,  solvi  Bertrando  Prime  qui  stetit  in  dicto 
orto  ad  plantandos  porros  in  dioto  orto,  III  sol. 

Item  eadem  die  emi  unam  amphoram,  VIII  den. 

Item  emi  unam  ollam  terrcam,  VIII  den. 

Item  eadem  die,  feci  ponere  unum  circulum  in  uno  parvo 
broqueto,  solvi  UII  den. 

Summa  istius  pagine,  XXII  sol.  VIII  den. 

Fol.  266  V. 

Item  eadem  die  solvi  magistris  Ysnardo  Bruni  et  Petro 
Gavanda[i?]ni  medicis  de  Sancto  Maximino,  qui  venerunt  ad 
castrum  de  Tritis,  de  mandato  magistri  Johannis  de  Fraxino, 
me  absente  qui  eram  Avinione  pro  negociis  studii  pro  in- 
firmilatc  quam  paciebantur  scolarcs  qui  effîciebantur  in- 
maniaci  sive  inccnsati,  ad   poncndum   remcdium  in  dicta 


—  219  — 

infirmitate.  Diclus  magister  Johannes  dictos  medicos  quesi- 
tum  mandavit.  Solvi  pro  eorum  salariis,  LX1I  sol.  VIII  den. 
Item  solvi  pro  loquerio  duorum  ronsinorum  dictis  medicis, 
pro  duobus  diebus,  XIII  sol. 

Item  pro  expensis  famulorum  et  animalium  solvi  V  sol. 
11  den. 

Item  solvi  Pelro  Aycardi  de  Tritis  pro  tribus  cordis  scu 
tortoreriis  et  una  barderia,  VIII  sol.  III  den. 

Summa  istius  pagine,  III I  lib.  IX  sol.  1  den. 

Fol  267. 

Julius.  Item  die  mercurii,  Xa  die  Julii,  eini  unam  ollam 
terream,  VIII  den. 

Item  eadem  die,  solvi  Alasaycie  uxori  Thomacii  que  stetit 
duobus  diebus  in  orto  pro  plantando  caules  et  porros,  XX 
den. 

Item  eadem  die,  emi  rentiim  crelos  pro  computando  cum 
una  bursa  in  qua  tenebantur,  solvi  VIII  sol.  1III  den. — Item 
emi  unam  lanternam  ferream,  IX  sol.  UII  den. —  Item  solvi 
Johanni  de  Alesto  basterio  qui  repara  vit  unum  bastum  et 
posuit  formam  novam  et  aptavit  unam  cellam  equorum, 
ХИН  sol. 

Item  die  sabbati,  IIIIa  die  Julii,  emi  unam  parvam  ollam 
terream  pro  infîrmis,  IIII  den. 

Summa  istius  pagine,  ХХХШ1  sol.  Mil  den. 

Fol.  267  1Л 

Item  die  mercurii,  XVIIIe  Julii,  posui  pro  duobus  urina- 
libus,  XVI  den. 

Item  pro  uno  cayrello  calibis  pro  securi  saumalerii,  XII 
den. 

Item  eadem  die  solvi  Bertrando  Audiberti  fabro  pro  ferra- 
mentis  animalium  videlieet  a  die  eecunda  mensis  Junii  pre- 
teriti  usque  ad  XXem  diem  mensis  Julii  inclusive  ac  cliam 
pro  una  secure  nova,  XXI  sol. 


—  220  — 

Item  die  lune,  XXIIa  (*)  die  mensis  Julii,  ivi  ad  Sanctum 
Maximinum  pro  emendo  vinum  et  pro  quadara  questionc 
quam  quidam  de  Valensolia  mihi  faciebat  de  mulo  ruffo 
qui  asserebat  esse  suum  ;  expendi,  XIHI  sol. 

Item  die  mercurii,  XXIIIla  die  dicti  mensis,  solvi  pro  portu 
CGC  cister.  annone  que  emeram  a  Guillelmo  Marnii?eta 
Ravmundo  Autriti9,  XVI  sol.  VIII  den. — Item  solvi  diversis 
mulieribus  pro  portu  provisions  palearum,  nam  palec 
nichil  deoost  itérant,  quia  fucrunt  de  prioratu. 

Suinma  istius  pagine,  CV  sol. 

Fol.  268. 

Juliu».  Item  die  martis,  XXXя  Julii,  solvi  domino  caméra rio 
Massilie,  pro  sex  cucullis  monachorum  Massilie,  de  mandato 
domini  Bernardi  de  Sancto  Stepbano,  IIII  lib.  V  sol.  I1II  den. 

Item  dicta  die  emi  sex  duodenas  scutellarum  et  duas 
cissoriorum  do  fusta,  XXIII  sol.  VIII  den. 

Item  pro  clavis  ad  faciendum  рог  ta  m  fontis,  XVI  den. 
Item  pro  una  duodena  vitrorum,  II  sol.  —  Item  dicta  die 
pro  ligaminibus  saccorum,  II  den. 

Item  eadem  die  solvi  tribus  mulieribus  pro  mundando 
bladum  que  steterunt  tribus  diebu.*,  dabam  eis  pro  dieta 
IX  den.  cuilibel  —  valent  VI  sol.  IX  den. 

Item  die  mercurii,  ultima  die  Julii,  posui  pro  tribus  cen- 
glonis  mulorum,  IX  den. 

Item  pro  una  gavedeta,  XX  den. 

Summa  istius  pagine,  VI  lib.  I  sol.  VIII  den. 

Fol.  268  v\ 

m 

Augustus.  Item  die  iovis,  prima  die  Augusti,  locavi  Ala- 
sayciam  uxorem  Thomacii  pro  interfodendo  porros  orti 
studii,  XVI  den.  —  Item  eadem  die  loquavi  unum  lioininem 
pro  fodendo  in  dicto  orlo,  sine  victu,  II  sol. 

(*)  Voir  fol.  79  v. 


—  221   — 

Item  fcci  mu  tare  annouam  de  uno  granerio  in  alium, 
duabus  mulieribus,  dedi  eis  VI  don. 

Item  die  sabbati,  III"  die  Augusti,  emi  scx  cabeliudas  pro 
ollis,  XVI  den. —  Item  eadem  die  emi  duo  repositoria  urina- 
lium,  XX  den. 

Item  locavi  duas  mulieres  tribus  diebus  ad  enreslandum 
cepas  et  ad  extraendum  dictas  cepas,  dabam  cuilibet  XII 
den.  —  valent  VI  sol. 

Item  emi  de  scopis,  duas  lib.  et  III  quart.  XXII  den. 
Item  raisi  pro  solvendo  pecuniam  dominum  Petrum  pro 
vino  empto  in  Sancto  Maximino,  expendit  XX  dcu. 

Summa  istius  pagine,  XVI  sol.  1III  den. 

Fol.  269. 

Augustus.  Item  die  lune,  Ve  die  Augusti,  locavi  Antho- 
nium  Eme  pro  imbugando  vasa  cellarii  in  domo  claustrali 
et  Pétri  Capolerii,  XVI  den. 

Item  unam  lib.  de  scopis  emi  pro  penoro,  VIII  den. 

Item  die  iovis,  VIIIe  die  Augusti,  locavi  Guillelmum 
Guandi  duobus  diebus  in  orto  ad  fodendum  et  ad  plantan- 
dum  caules,  dedi  pro  dieta  XII  den.  —  valent  II  sol. 

Item  eadem  die,  solvi  uni  mu  lie  ri  que  iuvit  dictum  homi- 
nem,  VIII  den. 

Item  eadem  die,  emi  unum  embutum  cupreum  ponderan- 
tem  unam  lib.  unum  quartum  et  médium,  V  sol.  VI  den. 

Item  pro  duobus  picariis  terreis,  XVI  den. 

Item  emi  de  caulibus  pro  plantando  unam  tabulam  orti, 
solvi  III  sol.  II  den. 

Summa  istius  pagine,  XIII1  sol.  VIII  den. 

Fol.  269  v\ 

Augustus.  Item  die  veneris,  IXa  die  Augusti,  locavi 
Garinum  de  Tritis  pro  fodendo  unam  tabulam  orti,  solvi 
XVI  den. 

Item  die  lune,  Xlla  die  Augusti,  solvi  magistris  Jobanni 


—  222  — 

de  Morlacio  et  Guillelmo  de  Bal  ma  fasteriis  de  Auriolo,  et 
raagistro  Johanni  Gin[r?]ardi  fusterio  de  Gardana,  tam  pro 
circul  s  et  amarinis  vasis  necessariis,  tam  pro  aptando  vasa 
cellariorum  in  quibus  vina  studii  fuerunt  reposila  videlicet 
XI  lib.  XII  sol.  VI  den. 

Item  dicta  die  feci  finale  computum  eu  m  Ferando  Garini 
apothecario  de  Tritis,  quod  a  secunda  die  Junii  mensis 
preteriti  usque  ad  XXIX  diem  dicti  mensis  Junii  assendit, 
apothecaria  quam  recepi  pro  scolaribus  domini  nostri  pape, 
quam  sibi  solvi  predicta  die  videlicet  VI  lib  IIII  sol.  IX  den. 

Item  die  sabbati,  XVIIa  die  Augusti,  locavi  duos  homines 
ad  curandum  puteum  orti  quatuor  diebus,  videlicet  Guillel- 
mum  Giraudi  et  eius  sororium,  dando  sibi  pro  dieta,  XVI 
den.  —  valent  X  sol.  VIII  den. 

Summa  istius  pagine,  XVIU  lib.  IX  sol.  III  den. 

Fol.  270. 

Augustus.  llem  dicta  die  Augusti  accessi  apud  Pertusium 
pro  habendo  unum  repetitorem  necessarium  scolaribus  do- 
mini nostri  pape,  et  postea  reveni  Aquis  pro  habendo  unam 
Htteram  a  domino  senescallo  ut  baïuius  de  Sancto  Maximino 
non  se  intromitteret  de  mulo  ruffo  studii,  nec  daret  aliquod 
impedimentum,  cum  quidam  bomo  de  Valansolia  dictum 
mulum  dicebat  esse  suum,  et  tam  eundo  quam  ibidem 
stando  et  redeundo  steti  tribus  diebus,  expendi  XXXV  sol. 

Item  eadem  die,  locavi  duas  mulieres  pro  cerclando  porros 
et  interfodendo  caules,  dabam  eis  pro  dieta,  X  den. —  valent 
XX  den. 

Item  eadem  die,  posui  pro  vitiïs  quia  cyphi  erant  fracti, 
XVI  den. 

Item  emi  V  urinalia  precio  cuiuslibet,  VIII  den. —  valent 
III  sol.  IIII  den. 

Item  solvi  pro  reppo  pro  faciendo  reponitoria  dictorum 
urinalium,  XX  den. 

Summa  istius  pagine,  XLIII  sol.  VI  den. 


—  223  — 

Fol.  270  v\ 

Augustus.  Item  die  martis,  XXa  die  Augusti,  feci  finale 
computum  cum  .Andréa  Pascalis,  semelatore  de  Tritis,  quod 
a  die  secunda  mensis  Maii  usque  ad  présentent  diera  solvi 
pro  sotularibus  dominorum  Pétri  Faunerii?,  Pétri  de  Monte- 
matono,  Bernardi  pistons,  Gaucelini  de  Cluiolis?,Biasoui  de 
Sancto  Germano,  Hugonis  Giraudi,  monachorum  Marcilie, 
magistri  Jobannis  de  Fraxino,  domini  Pétri  de  Aroabaudosn, 
Pétri  Aiamani  coqui,  Johannis  Pascalis  ortolani,  et  Joha^nis 
de  Rivo  clerici,  videlicet  LI  sol.  VI  den. 

Item  die  mercurii,  XXIa  Augusti,  emi  très  ceras,  alias 
sarralhas,  pro  necessitate  studii,  solvi  XI  sol.  VI  den. 

Item  die  iovis,  XXIIe  Augusti,  ivi  apud  castra  de  Podio- 
Leberio  et  de  Rosseto  pro  emendo  bladum,  et  in  loco  de 
Rosseto  rcccpi  bladum  per  me  emptum  ;  expendi  II  sol. 
VI  den. 

Item  die  veneris,  XXIIIe  Augusti,  emi  duas  sarrias,  precio 
IX  sol. 

Summa  istius  pagine,  LXXiHI  sol,  VI  den. 

Fol.  27  î. 

Augustus.  Item  die  sabbati,  XXIIII8  die  Augusti,  emi 
a  Guillelmo  Marino  et  Ravmundo  Audrici  unam  botam, 
unam  capsam,  unam  porta  m,  et  duas  tabulas  pro  necessitate 
studii,  precio  LXUII  sol.  —  Item  emi  de  accutis  pro  ianua 
fontis,  H  sol.  II 1 1  den. 

Item  dicta  die,  solvi  pro  portu  VIHlxxsestaria  (sic)  bladi, 
VI  sol.  VI  den. 

Summa  istius  pagine,  LXXII  sol.  X  den. 

Fol.  171  v\ 

Septembres  (sic).  Item  die  mercurii,  HIIa  die  Septembris, 
feci  aptare  unam  culcitramet  unum  matalacium  uxori  Mosse 
Judea,  solvi  sibi  XVI  den. 

Item  emi  duos  canonos  sive  encas  (sic)  pro  vasis,  V  den. 


—  22i  — 

Item  die  veneris,  sexta  die  Septembris,  solvi  magistro 
Johanni  Manganelle  fusterio  pro  salario  suo,  qui  stetit 
duohus  diebus  eu  m  dîmidio,  pro  studio,  ad  facieodum  ras- 
tellos  ubi  reponatur  panis  et  ad  aptandum  scaona  lioelli 
videlicet  XI  sol. 

Item  pro  portu  VII"  III  mellayrolas,  I  scandai,  vini  de 
Saneto  Maximino,  precio  cuiuslibct  mellayrole  vini,  II  sol. 
X  den.  — solvi  Anthonio  Botini  et  Moneto  Ghabaudi,  XX  lib. 
V  sol.  X  den.  I  ob.  [obolum].  Item  pro  porlu  НИ  sest.  de 
fabis,  II  sest.  lenticularum,  solvi  dicto  Anthonio  Botini,  VI  sol. 

Summa  istius  pagioe,  XXI  lib.  IIII  sol  VII  den.  obol. 

Fol.  272. 

Septembris.  Item  die  sabbati,  VIIe  die  Seplembiïs,  solvi 
Petro  Visquerie  et  Guillelmo  Honda  et  Andrée  Fornerio  qui 
steteruot  per  très  dies  in  orto  ad  fodenduin  et  ronpendum 
quamdam  parte  m  orti,  dabam  euilibet  pro  dieta,  H  sol.  — 
valent  XVIII  sol. 

Item  die  lune,  IXa  die  Septembris,  accessi  Aviuioneni  pro 
babendo  pecuniam  pro  provisiouibus  vini  faciendis;  expeudi 
tam  eundo  quam  Aviuione  morando  et  redeundo  pro  oclo 
diebus,  LXXII  sol. 

Item  emi  Avinione  II  longerias  magnas  et  1111er  manutergia 
necessaria  studio,  solvi  XXXIII  sol. 

Ilem  emi  XIIc,mscutellas,  XIIclm  graletos,  II  platellos,  duas 
pilalphas  magnas,  III  fialas  su  aygaderias  de  stagno  ponde- 
rantia  LVIII  marcos,  VII  uncias,  solvi  pro  quolibet  marco 
XXII  den.  —  valent  V  lib.  VII  sol.  IX  den. 

Summa  istius  pagine,  XI  lib.  X  sol.  IX  den. 

Fol.  272  v°. 

Septembris.  Item  die  martis,  Xa  die  Septembris,  solvi 
Petro  Visquerie  et  Guillelmo  Houde  qui  steterunt  in  orto  pro 
rumpendo  petras,  videlicet  Petrus  Visquerie  per  très  dies  et 
dictus  Guillelmus  per  duos  dies,  dando  sibi  pro  dieta  XX  den . 
—  valent  VIII  sol.  IIII  den. 


—  285  — 

Item  eadem  die,  posui  pro  un  a  ochena  in  grana  spinar- 
giorum  pro  seminando  in  orto,  XII  den. —  Item  pro  grana 
pclrocilli,  II1I  den. 

Item  die  veneris,  XIIIa  die  Septembris,  solvi  Alasaycie  Ce- 
pete  que  mundifîcavit  mapas  hospicii,  XX  den. —  Item  eadem 
die,  solvi  Biatrici  de  Trieuas  et  Cecilie  Boysete  que  steterunt 
per  duos  dies  ad  interfodendum  caules  in  orto  et  porros  ; 
dabam  eis,  pro  dieta,  X  den.  —  valent  III  sol.  IIII  den. 

Item  die  lune,  XVIй  die  Septembris,  locavi  Garinum  Toardi 
pro  imbugando  vasa  et  rasclando  in  cellario  Pétri  Capolerii, 
solvi  sibi  XVI  den. 

Summa  istius  pagine,  XVI  sol. 

Fol.  273. 

Septembris.  Item  die  martis,  XVIIe  die  Septembris,  locavi 
Raymundum  Guis  et  unum  pue  ru  m  pro  lavando  et  vushu- 
lando  vasa  cellarii  Pétri  Capolerii,  quibus  dedi  II  sol.  VIII 
den. 

Item  die  iovis,  XIXe  die  Septembris,  emi  unam  amphoram, 
XX  den. 

Item  pro  vitris,  VIII  den. 

Item  eadem  die,  conveni  cum  Thomacio  Cotheti  apsfhat 
(sic)  pro  removendo  duas  claperias  et  restringendo  alios 
lapides  qui  in  diclo  orto  erant,  pro  quo  solvi  sibi  XVIIIÏ  sol. 
II  den. 

Item  posui  pro  ligaminibus  in  saccis,  IIII  den. 

Item  die  predicta  solvi  Beatrici  de  Trieuas  et  Cecilie 
Boysete  pro  duobus  diebus  que  steterunt  pro  mundando 
bladum,  pro  expensis  hospicii;  dabam  eis,  pro  dietn,  X  den. 
—  valent  III  sol.  IIII  den. 

Summa  istius  pagine,  XXVI  sol.  X  den. 

Fol  273  V. 

Septembris.  Item  die  veneris,  XXa  die  Septembris,  tradidi 
de  mandato  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  pro  ves- 
tiario,  de  anno  domini  millesimo  CCC°  LXIII0  ,  videlicet  do- 


—  226  — 

mino  Petro  S[F?]aunerii,  II  cannasde  panno  alto.  Item  domino 
Petro  de  Monmatono,  H  cannas,  I  pal  mu  m.  Item  Berna  rdo 
pistoris,  XIII  palmos,  precio  cuiuslibet  canne,  XXXII  sol. — 
Item  Gaucelino  de  Cliuolis,  XII  palmos  blanqueti.  Item 
Brasono  de  Sancto  Germano,  XII  palmos.  Item  Guillelmo 
Regordi,  XII  palmos  blanqueti,  monachis  Sancti  Victoris, 
precio  cuiuslibet  canne,  XXVIII  sol.  VI  den. — valent  XV  lib. 
X  sol.  III  den. 

Item  pro  facturis  cotardiarum  dominornm  P.  Saunerii, 
Pétri  de  Monmatono,,  Bernardi  pistoris,  Brasoni,  Guillelmi 
Regordi  et  Gaucelini  monachorum,  solvi  sutori  XX  sol. 

Summa  istius  pagine,  XVI  lib.  X  sol.  III  den. 

Fol.  274. 

Septembris.  Item  die  mcrcurii,  XXVa  die  Septembris,  solvi 
Bertrando  Audubcrti  fabro  pro  ferraturis  animalium,  vide- 
licet  a  die  XXIe  mensis  Julii  usque  ad  XXVIUam  mensis  Sep- 
tembris, XX  sol. 

Item  eadem  die,  solvi  eidem  Bertrando  pro  ferrando  duas 
fenestras  in  tincllo  et  coquina  de  cladato  ferri,  ne  scolares 
per  predictas  fenestras  possent  intrare  nec  exire,  XXII  sol. 

Item  eadem  die,  solvi  eidem  fabro  pro  duobus  anellis  de 
ferro  positis  in  duobus  ushetis,  XVI  den. 

Item  die  iovis  feci  a p tare  saccos  uxori  Thomacii,  solvi  sibi 
pro  filo  et  labore  suo,  XVI  den. 

Summa  istius  pagine,  XLII1I  sol.  VIII  den. 

Fol.  274  v\ 

Septembris.  Item  die  lune,  ultima  die  Septembris,  posui 
pro  una  sengla  minuta  mulo  nigro,  H  sol. — Item  eadem  die 
misi  dominum  Petrum  de  Areabaudosa  in  Sancto  Maximino 
pro  emendo  vinum  pro  provisione,  cum  ronsino,  expendit 
Ш1  sol. 

Item  eadem  die  predicta,  solvi  pro  anno  domini  millesimo 
CCC°  LXIIII0  et  de  solucione  Sancti  Micaëlis  proximi  prête- 


—  227  — 

rili,  pro  vestinrio  dominis  Petro  Saunerii,  Petro  de  Monma- 
tono,  Gaucelino  de  Cliuolis,  Bernardo  pistoris,  Brezono, 
Guillelmo  Regordi,  mouachis  Marcilie,  videlicet  cuilibet, 
VI  fl.  —  valent  XXVJ1I  Hb.  XVI  sol. 

Item  expendi  de  mandata  domini  mei  domini  Bernardi  de 
Sancto  Stephano,  in  repara tionibus  hospiciorum  et  ecclesie 
prioratus  de  Tritis,  quia  dominus  Bernardus  Guidonis,  olim 
rector  studii  de  Tritis  receperat  pro  repara tione  dictorum 
hospiciorum  et  ecclesie,  videlicet  XLV  flor.  a  Bertrando 
Besauduni  (*)  ;  solvi  pro  dictis  reparationibus  factis  Jacobo 
Teulerii,  Guillelmo  Ricordi,  Johanni  Manganelle,  Stephano 
Pilibonis,  Stephano  Castellani,  Raymundo  Bosse,  Giperio  de 
Auriolc,  Guillelmo  Templi,  videlicet  LU  flor.  et  médium  et 
ultra  —  valent  XLll  lib. 

Summa  istius  pagine,  LXXI  lib.  II  sol. 

Fol.  275. 

Octobris  (sic).  Item  die  veneris,  lllla  aie  Octobris,  solvi  di- 
versis  mulieribus  pro  portu  IIe  XXV  sest.  et  médium,  compu- 
tando  pro  quolibet  sestario  I  obolum — valent  X  sol.  III  den. 

Item  dicta  die,  computavi  cum  Andréa  Pascalis  semella- 
tore,  solvi  pro  sotularibus  magistrorum  Johannis  de  Fraximo 
(sic),  Liuini  medici,  Pétri  Massabonis,  VI  monachorum,  Pétri 
Alamanni  coqui,  domini  Pétri  de  Areabaudosa  et  domini 
Ludovici  qui  stetit  in  cellario,  videlicet  XLIIII  sol.  IIII  den. 

Item  die  sabbati,  Va  die  Octobris,  solvi  Raimundo  Guis 
ргц  tribus  diebus  quos  steterat  ad  fodendum  et  ad  aportan- 
dum  unam  botam  vini  de  domo  Rebolli,  et  aliam  de  domo 
Broquerii,  dabam  sibi,  pro  dieta,  XX  den.  —  valent  V  sol. 

(*)  Ce  Bertrand  Besaudun  peut,  vraisemblablement,  être  l'ancien 
chanoine  de  Toulon,  devenu,  sous  le  Pape  français  Clément  VI, 
archevêque  de  Gênes.  Né  dans  une  de  ses  terres  de  Saint-Maximin, 
d'après  VItalia  sacra,  il  avait,  à  Trets,  des  possessions  territoriales. 
Sa  nièce,  Bonifacette  Bcsaudun,  s'était  mariée  à  un  d'Agout  de 
Roquefeuil  —  Trets.  —  Cf.  Les  seigneurs  de  Trets.  p.  152. 


—  228  — 

Кош  die  mercurii,  IX"  die  Octobris,  conclu»  Guillelmum 
Girardi  qui  stclil  duobus  diebus  pro  refodendo  et  semînando 
duns  tabulas  orli  de  spinargiis,  dabam  sibi,  pro  dicta,  XVI 
don,  —  valent  H  sol.  XIII  den. 

Summa  istius  pagine,  LXII  sol.  III  den. 
Fol.  275  V. 

Oclobris.  Item  die  lune,  X1III*  die  Octobris,  erai  unam 
palara  ferream,  V  sol. 

Item  eadein  die,  erai  unum  cabatium,  XX  den. 

Item  eadem  die,  erai  unutn  seponnm  cnm  clavo  in  porta 
coquine. 

Item  die  iovis,  XVI»  Octobris,  conduxi  Guillelmum  Girardi 
pro  inlerfodendo  caules  et  cerclando  et  fodendo  in  orto,  et 
stetit  duobus  diebus  ;  dabam  sibi,  pro  dicta,  X11II  den.  — 
valent  II  sol.  IT 11  den. 

Item  posui  pro  uno  pergameno  ad  facietidum  accidentia 
in  generali,  XVIII  den. 

Item  die  lune,  XXI*  die  Octobris,  emi  unura  morterium  a 
Raimundo  Audrici,  X  sol. 

Item  eadem  die,  solvi  pro  duobus  pergainenis  (*)  ad  seri- 
bendum  accidentia  in  lalîno  et  roraanlio  pro  scolaribus, 
XVIII  den. 

Summa  istius  pagine,  XXII1I  sol. 
■  Fol.  276. 

Octobris.  Item  eadem  die,  solvi  Pelro  С  lia  u  dey  qui  sletit 
in  nemore  pro  sindeudo  ligna  duobus  diebus,  III  sol.  IHIden. 

Item  eadem  die,  solvi  pro  una  olla  lerrea,  II  den. 

Item  pro  llIlorsenglonis  pro  bastis  raulorum,  XII  den. 

Item  eadem  die  posui  pro  una  lampade,  XII  den. 

Item  die  martis,  XXIXe  Octobris,  solvi  Petro  Aycardi  eor- 

rio  pro  duobus  cabeslris  mulorum,  III  sol.  1111  den. 

Item  pro  una  libra  et  média  de  slopis,  XV  den. 

")  Parchemin  et  annales  utiles  autant  que 


—  229  — 

Item  dicla  die  solvi  Hugoni  Cayrane  qui  stetit  in  orto  una 
die  ad  refodendum  caules,  II  sol. 

Item  dicta  die  solvi  Boysiete  masclese  ad  reclaudendum 
caules  et  mundandum  bladum,  II  sol. 

Item  pro  uno  palmo  de  fustan.  pro  domino  Petro  de  Mon- 
matono,  infirmis,  pro  uno  amplastro,  XII  den. 

Item  eadem  die  solvi  Guillelmo  Borgonhoni  pro  se  et 
animali  suo  qui  ivit  quesitum  Marcilie  cucullas  monachorum 
et  cortadias,  VIII  sol. 

Su  m  ma  istius  pagine,  XXIII  sol.  I  den. 

Fol.  276  V. 

Novembris  (sic).  Item  prima  die  Novembris,  que  fuit  dies 
veneris,  collocavi  hospicium  Pétri  Gapolerii  pro  comorandis 
scolaribus  domini  nostri  pape  quia  nimis  morabantur  stricte 
in  aliis  hospiciis,  cum  penore  et  vasis  capasibus  nec  (sic) 
milhayrol.  vini  a  Bertrando  Gapolerii  de  Tritis,  precio  XXII1I 
flor.  ad  unum  annum  continuum  et  completum  —  valent 
XIX  lib.  IIIl  sol. 

Item  die  iovis,  VIe  die  Novembris,  conduxi  duos  homines 
ad  curandum  cellarium,  dedi  eis  II  sol.  VIII  den. 

Item  eadem  die,  emi  VIIlem  banastonos  et  duas  banastas 
magnas  pro  pane  in  tinello  ad  porta ndum,  et  unum  canistrum, 
XIII  sol.  VIII  den. 

Item  emi  unam  palam  de  ferro,  III  sol.  1III  den. 

Item  pro  duobus  squillonis  de  métallo  mulis,  II  sol.  VII 
den. 

Item  pro  uno  cannono  ferri  embuti  penorum,  III  sol.  IIH 
den. 

Item  pro  uno  cabatio  magno,  II  sol. 

Item  eadem  die,  solvi  Thomacio  qui  curavit  cameram 
graneriorum,  XVI  den. 

Surama  istius  pagine,  XX  lib.  XIX  sol. 

Fol.  277. 
Novembris.  Item  die  martis,  XIla  die  Novembris,  posui 


—  230  — 

pro  IIIIorcrucibolis  ad  tenendum  ta  m  in  coquin;»  i|iiain  in 
tinello,  despensa,  pistoria,  coslitcrunt  XVI  sol. 

Item  solvi  Guillelmo  Borgonhoni  pro  portu  unius  saumale 
fubarum  de  Saticlo  Maximirib,  III  sol.  IIII  den. 

Hem  pro  uno  quartayrono  de  pcga,  II  dcn. 

Item  pro  iina  libra  de  stopis,  VIII  dcn. 

Item  conduxi  Alasayciam,  uxorem  Thomaeii  et  uxorem 
coqui  ad  mundandum  btadiim,  dedi  eis  II  sol. 

Item  expendi  pro  faciendo  pnhnipurgium  ta  m  scolarium 
quant  hospicii  a  die  XV*  mensis  Auguslî  usque  ad  diem  XVan> 
tnensis  Novembris  sequenlis,  solvi  Alaele,  Cepete,  Mone, 
XXXI  sol.  VIII  den. 

Siininia  istius  pagine,  XLIII  sol.  X  den. 

Fol.  277  V. 

Item  die  iovis,  XXIe  Novembris,  solvi  Alasaycie  uxori 
Thomaeii  et  Mone  uxori  coqui  pro  duobus  diebus  que  inun- 
daverunt  bladum,  dedi  eis  IIII  sol. 

Item  eadem  die  conduxi  Johannem  Bauasterii  pro  portando 
vmum  emptum  in  villa  de  Tritis  ad  bospicîuni,  dedi  ei  11  sol. 

Item  solvi  Anthonio  Germa  ni  qui  perfora  vit  bospicium 
Pelri  Capolcrii,  XVI  den. 

Ilem  die  lune,  XXVe  Novembris,  solvi  Thoinalio  Cotheli 
qui  portavil  vinum  d.:  domo  ltcbolli  ad  hospicium  de  claus- 
tra, pro  una  die,  II  sol.  VI  den. 

Item  dicta  die  solvi  uxori  Âycardenis  que  nshulavit  unam 
botam,  VI  den. 

Ilem  eadem  die  pusuî  pro  dunbus  ollis  terreîs,  XVI  den. 

Sumnia  islius  pagine,  XI  sol.  VIII  dcn. 

c-'  278. 

3ID  die  inercurii,  XXVII1  Novembris,  accessi  Aviuiouem 
quercudo  pecuniam  cl  pro  scîendo  si  scolarcs  sol  vent 
Qor.  pro  introitu,  quia  volebant  recederc.  Expeudi  pro 
;in   diebus   in  eundo,  slando  Avinionem   et  redeundo 


—  231   — 

Tritis  computando  pro  qualibet  die  XV  sol.  —  valent  VI  lib. 
XVden. 

Item  erai  Avinione  très  sa  r  rai  ha  s  quia  magister  Johannes 
voluit  ut  in  quolibet  hospicio  esset  una  sarratura,  ne  panni 
scolarium  perderentur,  solvi  XX  sol. 

Item  eadem  die  solvi  pro  loquerio  hospicii  Jacobi  de  Gran- 
seleriis  quod  tenent  scolares  domini  nostri  pape,  IX  lib. 
XVIII  sol.  Xden. 

Summa  istius  pagine,  XVII  lib.  I  den. 

Fol.  278  V. 

Decembris  (sic).  Item  die  martis,  Hla  die  Decembris,  con- 
duxi  Alasayciam  uxorem  Thomacii  et  uxorem  coqui  per 
duos  dies  ad  mundandum  bladum,  IIII  sol. 

Item  die  lune,  IXa  die  Decembris,  posui  pro  uno  palmo  de 
tela  pro  uno  scolari  in  fi  rm  о  pro  faciendo  emplastrum,  VI  den. 

Item  dicta  die  solvi  Thomacio  Ghoteti  qui  stetit  per  quin- 
que  dies,  dabam  sibi  pro  dieta  XVI  den.,  ad  curandum  cur- 
tem  et  stabulos,  VI  sol.  VI  den. 

Item  die  veneris,  XIIIe  Decembris,  misi  dominum  Petrum  in 
Sancto  Maximino  pro  emendo  XIIcilD  porcos,  expendit  II  sol. 

Item  dicta  die  emi  IIIÏorXIInae  scutellarum  et  IIIIorcissoria; 
deconstiterunt  (sic)  ХШ  sol.  VI  den. 

Item  die  sabati,  XHIIa  die  Decembris,  emi  unum  sestarium 
de  glandis  porcis,  costitit  II  sol.  —  Item  solvi  pro  ligando 
très  cyphos  VIII  den. 

Summa  istius  pagine,  XXIX  sol.  II  den. 

Foi.  279. 

Decembris.  Item  pro  clavis  serraturis,  XV  den. 

Item  eadem  die  emi  a  Johanne  banasterio  unam  banastam 
et  unum  canistrum  ad  tenendum  scutellas  et  cissoria  in 
coquina,  IIII  sol. 

Item  die  lune,  XVIa  die  Decembris,  conduxi  Anthonium 
Germani  et  Guillelmum  Guis  ad  interficiendum  porcos  et 


—  232  — 

salandum,  tenui  eos  duobus  diebus  ;  dabam  cuilibet  pro 
dieta  II  sol.  —  valent  VIII  sol. 

Item  eadem  die  conduxi  Thomaciura  Cotheti  duobus  diebus 
ad  tritandum  sal  dictorum  porcorum  ;  habuit  II  sol.  VIII  den. 

Item  die  marlis,  XVHa  die  Decembris,  solvi  uxoriGuillelmi 
Guis  et  Mone  uxori  coqui  pro  duobus  diebus  que  steterunt 
ad  lavandum  tripas  et  facieudum  trulos  dictorum  porcorum, 
habuerunt  IIII  sol. 

Item  eadem  die,  computavi  cura  Bertrando  Auduberti 
manescallo  et  facto  finali  computo  de  ferrando  et  referra ndo 
animalia  a  die  XXVIII8  Septembris  usque  ad  ha  ne  diem,  solvi 
dicto  Bertrando  XX1III  sol. 

Summa  islius  pagine,  XLIII  sol.  XI  den. 

Fol.  279  v\ 

Decembris.  Item  die  iovis,  XIXa  Decembris,  conduxi  Guil- 
lelmum  Chaudoyni  et  Thomaciuin  Cotheti  ad  portandum 
viuum  emptum,  XX  metretas  Alasaycie  Gapolerie,  ad  hos- 
picium,  et  ad  girandum  fimum  in  suelha  orti  pro  dicto  orto; 
tenui  eos  duobus  diebus  ;  dabam  eis  pro  dieta  XVI  den.  — 
valent  V  sol.  IIII  den. 

Item  die  sabati,  XXIa  Decembris,  solvi  Anthonio  Germani 
pro  remeirendo  bacon  os,  duobus  vicibus,  II  sol.  VIII  den. 

Item  eadem  die  solvi  Guillelmo  Chaudoyni  pro  sindendo 
ligna,  VI  den. 

Item  dicta  die  solvi  pro  duabus  cellis  ad  radendurascolares, 
XX  den. 

Item  die.  p redicta  solvi  Johanni  de  Alesto  basterio  de  Tritis 
pro  repara tione  unius  basti,  X  sol. 

Summa  istius  pagine,  XXI  sol. 

Fol.  280. 

Januarii  (sic).  Item  die  lune,  VIe  die  Januarii,  emi  unam 
libram  de  stopis  pro  usholando  vasa,  VIII  den. 

Item  eadem  die  conduxi  Guillelmum  Balbi  ad  fodendum 
in  orto,  XVI  den. 


—  233  — 

Item  eadem  die  emi  de  paleis  (*)  ad  poncndum  in  tinello 
et  auditoribus  scolarium,  V  sol. 

Item  eadem  die  emi  très  iauras  ad  tenendum  oleum  pro 
expensis  hospicii,  XXII  sol. 

Item  die  martis,  VII*  die  Januarii,  feci  aptare  bastum  muli 
nigri  et  ponere  unam  formam  novam,  et  duodecim  libras  de 
borra,  solvi  XV  sol.  VI  den. 

Item  die  veneris,  X*  die  Januarii,  solvi  Anthonio  Germani 
pro  remenando  baconos  duobus  vicibus,  II  sol. 

Item  eadem  die  conduxi  Guillielmum  Balbi  ad  fodendum 
unam  tabulam  in  orto  et  ad  aptandum  ianuam  hospicii 
Jacobi  de  Granselleriis  ut  non  intraret  pluvia  in  auditorio, 
XVI  den. 

Summa  istius  pagine,  XLVI1  sol.  X  den. 

Fol.  280  v\ 

Januarius.  Item  eadem  die  computavi  cum  Andréa  Pascalis 
semellatore  a  die  IIIIa  mensis  Octobris  preteriti  usque  ad 
ha  ne  présentera  diem,  facto  finali  coinputo  tum  pro  sotu- 
laribus  magistri  Johannis,  magistri  Liuini,  Pétri  Massabonis, 
Giraudi  Charelli,  domini  Durandi,  domini  Pétri  de  Areabau- 
dosa,  videlicet  pro  decem  paribus  sotularium  predictorum 
solvi  dicto  Andrée  Pascalis,  XXXIII  sol.  II1I  den. 

Item  die  lune,  XIIIe  die  Januari,  emi  de  tela  HI[°rcannas, 
pro  faciendo  saccos,  XVI  sol.  IX  den. 

Item  solvi  uxori  coqui  pro  faciendo  saccos,  II  sol.  I1II  den. 

Item  die  martis,  XIIHa  die  Januarii,  posui  pro  vitris  et 
una  lampade,  XI  sol.  IIII  den. 

(*)  Toutes  les  informations  de  ces  lignes  sentent  et  respirent  la 
froidure.  Au  cœur  de  l'hiver,  en  effet,  les  portes  sont  bien  fermées 
et  un  chaud  tapis  de  paille  est  épandu  au  réfectoire  ainsi  que  dans 
les  salles  et  classes  du  Studium.  De  la  forêt  on  apporte  du  bois  ; 
aux  pieds  des  professeurs  et  des  élèves  apparaissent  des  chaus- 
sures neuves  ;  quant  à  la  cuisine,  une  odeur  de  porc  rôti  l'envi- 
ronne et  l'imprègne.  " 


—  234  — 

Item  pro  una  cella  de  fusta  et  duobas  taulonis,  II  sol. 

Item  die  iovis,  XVIe  die  Januarii,  solvi  Mone  uxori  coqui 
et  Alaete  uxori  Thomacîi  pro  UH01"  iornalibus,  pro  mundando 
bladum,  JIU  sol. 

Item  solvi  dicte  Mone  uxori  coqui  pro  aptando  XXXV 
saccos  et  facieodum  unum  bamtellam.  I1II  sol. 

Summa  istius  pagine,  LXXI1II  sol.  IX  den. 

Fol.  281. 

Januarii  (sic).  Item  die  martis,  XXI*  die  Januarii,  emi  de 
postibas  1111°*"  pro  faciendo  unum  pestrim,  XL  sol. 

Item  pro  clavellis  pro  dicto  pistorio,  II  sol. 

Item  solvi  magistro  Johann i  Manganelle  pro  facturis, 
V1U  sol.  IX  den. 

Item  solvi  pro  uno  quarlayrono  canapis  pro  fiiando  repu  m, 
VIII  den. 

Item  die  rocrcurii,XXIIa  die  Januarii,  posui  pro  duabus  tor- 
toreriis  et  tribus  aiois  (sic),  pro  animalibus,  V  sol.  MI  den. 

Item  die  iovis,  XXIIIe  die  Januarii,  emi  duos  tabula  nos 
pro  mensis  tinelli,  XVI  den. 

Item  emi  septem  tabulas  ubi  reponatur  panis  in  despensa, 
XVII  soi. 

Item  solvi  uni  mulieri  et  uxori  coqui  pro  mundando  bla- 
dum, II  sol. 

Item  solvi  Johanni  de  Alesto  basterio  pro  XIIclm  libris 
borre  et  rebatre  bastum  et  aptando  formam  et  pro  una 
layderia  in  dicto  basto,  VI  sol.  XI  den. 

Summa  istius  pagine,  1III  lib.  IIII  sol.  111  den. 

Fol.  281  V. 

Fcbroarius.  Item  die  martis,  IIIIa  die  Febroarii,  solvi  pro 
duabus  trabis  pro  panateria,  XII  sol. 

Item  pro  clavellis  pro  predicta  panateria,  XVI  sol. 

Item  pro  facturis  dicte  panaterie  magistris  Johanni  et 
Stephano  Tasilli,  Vil  sol. 


—  235  — 

Item  sol  vi  Alaete  Thomasseet  alteri  mu  lie  ri  que  cercla- 
verunt  spinargia,  II  sol. 

Item  solvi  eadem  die  pro  CL  scutellis,  XXXII  sol. 

Item  pro  LXXIIII  cissoriis,  XII  sol. 

Item  solvi  eadem  die  pro  lignis,  II  sol.  —  Item  pro  grana 
porrati,  XVII  den. 

Item  die  iovis,  VIa  die  Febroarii,  expendi  pro*  una  sarra- 
tura  cum  clave  capse  ubi  tenentur  candele,  VII  sol. 

Item  pro  IIIIC  clavellis  pro  nécessita  te  studii,  VI  sol. 
VIII  den. 

Summa  istius  pagine,  II1I  lib.  III  sol.  V  den. 

Fol.  282. 

Item  die  sabbati,  VIIIa  die  Febroarii,  emi  unam  ollam 
terream  pro  infirmis,  VIII  den. 

Item  pro  grana  spinargiorum  ad  seminandum,  II  sol. 

Item  pro  grana  lactucarum,  II  den. 

Item  pro  corda  fontis,  Il  sol. 

Item  pro  grana  cucurbitarum,  VIII  den. 

Item  pro  mundando  bladum  in  Podionerio,  solvi  matri 
domini  Anlhonii  que  dictum  bladum  mundavit,  II  sol.  VI den. 

Item  die  lune,  Xa  die  Febroarii,  emi  XXIII  urinalia,  XV 
sol.  IIII  den. 

Item  eadem  die  solvi  Guillelmo  Blancardi  moynerio,  pro 
multura  bladi,  V  libras,  XII  sol. 

Item  emi  IIIIorollas  terreas  pro  infirmis,  XIIII  den. 

Item  emi  de  pane  albo  pro  Bernardo  et  Gaucelino  mona- 
chis,  II II  den. 

Summa  istius  pagine,  VI  lib.  XVI  sol.  X  den. 

Fol.  282  1Л 

Febroarius.  Item  die  martis,  XIa  die  Febroarii,  posui  pro 
milgranis  IIIIor  infirmis,  VIII  den. 

Item  pro  XIIIclm  broquetis  et  duobus  barra  lis  magnis,  solvi 
magistro  Hugoni  Domicelli,  XXXIX  sol.  IIII  den. 


—  236  - 

Item  tenui  duos  homines  ad  fodendum  ia  orto,  solvi  eis 
VI  sol. 

Item  die  iovis,  XIIIe  die  Febroarii,  solvi  magistro  Johanni 
Payrolerii  pro  uno  scalfatorio  et  aptando  unam  conquam 
coquine,  XXXII  sol. 

Summa  istius  pagine,  LXXVIII  sol. 

Fol.  283. 

Marcius.  Item  die  iovis,  VI1  die  Marcii,  emi  très  cellas 
perfora  tas  pro  infirmis,  III  sol. 

Item  eadem  die  solvi  duobus  hominibus  qui  steterunt  pro 
plantando  eau  les  et  refodendum  dictum  ortum,  IUI  sol. 

Item  pro  II  cloqueariis,  IIII  den. 

Item  pro  una  olla  infirmorum,  X  den. 

Item  die  lune,  Xa  die  Marcii,  misi  Johannem  de  Rivo  Avi- 
nionem  cum  una  lilera,  ad  sciendo  (sic)  cum  domino  raeo 
Thesaurario  et  cum  domino  meo  Bernardo  de  Sancto  Stephano 
si  infirmis  provideretur  ex  integro,  tradidi  ci  pro  salario  et 
expensis  XVI  sol. 

Item  die  sabbati,  XV*  die  Marcii,  solvi  Johanni  Pascalis 
pro  fodendo  ortum,  duobus  diebus,  IIII  sol. 

Item  eadem  die,  emi  de  fimo  pro  ponendo  in  tabula  cepa- 
rum,  in  orto,  IIII  sol. 

Summa  istius  pagine,  XXXII  sol.  Il  den. 

Fol.  283  V. 

Marcius.  Item  die  veneris,  XXIa  Marcii,  conduxi  Johannem 
Pascalis  pro  fodendo  in  orto,  stetit  duobus  diebus,  solvi 
IIII  sol. 

Item  eadem  die  emi  de  cepis  a  Raimundo  Borgondionis 
pro  plantando  in  orto,  VI  sol. 

Item  eadem  die  conduxi  Johannem  Ghaudoyni  pro  fodendo 
ortum,  duobus  diebus,  solvi  IIII  sol. 

Item  die  lune,  XXHIIa  Marcii,  emi  de  limo  pro  caulibus, 
IIII  sol. 


—  237  — 

Item  die  iovis,  XXVIIe  die  Marcii,  conduxi  Johannem 
Pascalis  pro  sindendo  ligna  in  riemore,  stetil  duobus  diebus, 
solvi  IUI  sol. 

Item  eadem  die,  conduxi  1res  mulieres  ad  cerclandum  in 
orto,  solvi  eis  II  sol. 

Summa  istius  pagine,  XXIIII  sol. 

Fol.  284. 

m 

Aprilis.  Item  die  martis,  prima  die  Aprilis,  conduxi  duos 
bomincs  ad  fodendum  ortum,  dedi  eis  IIIT  sol. 

Item  die  sabbati,  IIIIa  die  Aprilis,  conduxi  unum  hominem 
ad  vertendum  fimum  in  suelha,  dedi  ei  XXII  den. 

Item  eadem  die  emi  duas  palas  fusteas,  II  sol.  1III  den. 

Item  eadem  die  emi  de  grana  caulum,  X  den. 

Item  die  mercurii,  VIIIadie  Aprilis,  posui  pro  quinque 
vitris,  X  den. 

Item  die  predicta  Aprilis  emi  octo  aioas  (?)  pro  roulis, 
II  sol.  VIII  den. 

Item  emi  mediam  libram  de  stopis,  HII  den. 

Item  eadem  die,  solvi  magistro  Ysnardo  Bruni  medico  de 
Sancto  Maximino  qui  de  mandato  domini  Astorgii  venit  ad 
castrum  de  Tritis  ut  consultaret  cum  eo  quare  in  fi  rmi  ta  les 
scolarium  processerunt,  solvi,  de  voluntate  domini  Astorgii, 
XVI  sol. 

Summa  istius  pagine,  XXVIII  sol.  X  den. 

Fol.  284  1Л 

Aprilis.  Item  die  mercurii,  IIa  die  Aprilis,  recessi  apud 
Avinionem  cum  domino  Astorgio  de  Cayraco,  de  mandato 
domini  nostri  Thesaurarii,  et  de  eius  mandato  transivimus 
per  Pertusium  et  per  Sanctum  Romigium,  ad  videndura  si 
dicta  loca  erant  ydonea  pro  studio  domini  nostri  pape  quod 
erat  Tritis,  quia  volebat  quod  permuta retur,  et  feci  expensas 
dicto  domino  Astorgio  in  itinere  cum  IIIIor  animalibus  suis, 
qui  dominus  Astorgius  erat  Tritis,  et  pro  me,  pro  duobus- 
animalibus,  ut  infra  sequitur. 


—  238  — 

Primo  expendi  dicto  die  pro  predictis,  Aquis,  in  prandio, 
XXVIII  sol. 

Item  eadem  die,  expendi  in  portu  Pertusii,  VII  sol. 

Item  in  cena  nichil  expendi  in  Pertusio  quia  eramus  in 
hospicio  domini  abbatis  Montis-maioris. 

Item  die  veneris,  IHI*  die  Aprilis,  expendi  in  portu  Cada- 
neti,  VI  sol. 

Item  dicta  die  expendi  in  cena  in  Maft morte,  XX  soi. 
VI  den. 

Item  die  sabati,  Vя  die  Aprilis,  expendi  in  Sancto  Romegio 
in  prandio,  XXX  sol.  monete  provincialis. 

Item  eadem  die,  expendi  in  portu  Castri-Raynaldi,  VI  sol. 

Item  dicta  die  expendi  in  cena,  Avinione,  pro  me  et  duobus 
animalibus,  et  postea  non  feci  expensas  dicto  domino 
Astorgio,  IX  sol.  provincialis  (sic). 

Fol.  285. 

Item  die  dominica,  Vla  die  Aprilis,  et  die  lune  et  die 
martis  sequentibus  steti  Avinione  ;  expendi,  pro  me  et  duobus 
animalibus,  XLV  sol.  monete  provincialis. 

Item  die  mercurii,  IXe  die  Aprilis,  recessi  de  Avinione 
Tritis  ;  expendi  in  itinere,  XXIIII  sol. 

Summa  huius  pagine  et  precedentis,  videlicet  VIII  lib. 
XV  sol.  VI  den. 

Foi  285  V. 

Madius.  Item  die  iovis,  prima  die  Madii,  emi  unam  sen- 
glam  mulo  nigro,  XVI  den . 

Item  pro  aptando  carreriam  fontis,  VIII  den. 

Item  die  predicta  emi  V  vitra,  X  den. 

Item  die  sabbati,  IIIIa  die  Madii,  solvi,  de  mandato  domini 
Thesaurarii  et  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  Petro 
Olivarii  offîciali  Aquensi,  de  tempore  quo  dominus  Berna r- 
dus  Guidonis  rectorstudii  olim  regebat  beneficium  prioratus 
de  Tritis  pro  domino  nostro  papa,  deciraam  impositam 
per  dominum  nostrum  papam  de  anno  domini  millesimo 


—  239  — 

CCG°  LXIH°  ,  qui  dictus  dominus  Bernardus  recepit  fructus 
dicti  prioratus  pro  domino  nostro  papa  :  que  décima  ascendit 

XV  lib. 

Item  expenditlatorpredicte  pecunie,  quando  solvit  dictam 
pecuniam,  II  sol. 

Summa  istius  pagine,  XV  lib.  IHl  sol.  X  den. 

Fol.  286. 

Madius.  Item  die  iovis,  VHIa  die  Madii,  emi  octo  londerias 
et  IIIIor  ligamina  pro  ligando  trocellas  quas  misi  apud  Man- 
noscam,  XV  sol.  VIII  den. 

Item  eadem  die  solvi  domino  Hugoni  Girardi  quem  misi 
ad   Sanctum  Maximinum   pro   vendendo  vinum,  expeudit 

XVI  den. 

Item  die  sabati,  Xe  die  Madii,  solvi  de  manda to  domini 
mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano,  ut  patet  per  suam 
literam,  magistro  Johanni  Manganelle  apothecario,  videlicet 
de  tempore  quo  dominus  Bernardus  Guidonis  et  Pctrus  de 
Areabaudosa  rexerunt  studium  de  Tritis,  scilicet  tam  pro 
speeiaria  quam  etiam  pro  rébus  medicinalibus  acceptis  tem- 
pore quo  dicti  dominus  Bernardus  Guidonis  et  Petrus  de 
Areabaudosa  dictum  studium  gubernabant,  videlicet  XXIII 
lib.  UII  sol.  VI  den. 

Summa  istius  pagine,  XXIIII  lib.  XVIII  den. 

Fol.  286  v°. 

Madius.  Item  XIa  die  Madii,  que  fuit  dies  dominica,  emi 
IX  vitra,  XVIII  den. 

Item  die  iovis,  XVa  die  Madii,  solvi  Ferando  Garini  apo- 
thecario de  Tritis  pro  in  fi  r  mi  ta  te  Pétri  Audrici  scolaris 
gratie  domini  nostri  pape,  de  rébus  medicinalibus,  IX  sol. 
VI  den. 

Item  die  lune,  XXIXe  mensis  Madii,  conduxi  duos  homines 
pro  mensurando  farinam  que  resta  bat  Tritis,  II  sol.  VIII  den. 

Item  die  sabbati,  ultimo  die  Madii,  solvi  Bertrando  Таг- 


—  240  — 

dini  manescallo  de  Tritis  pro  ferrando  mulos  et  roncinos  (*), 
bic  quod  facto  finali  computo  solvi  a  die  XVIIa  Decembris 
usque  ad  ha  ne  presentem  diem,  videlicet  XXXIII  sol. 

Item  dicta  die,  coraputavi  cum  Andréa  Pascal is  sabaterio 
de  Tritis,  sic  quod  a  die  Xa  mensis  Januarii  preteriti  usque 
ad  diem  presentem,  solvi  pro  sotularibus  magistri  Livini, 
ma  gis  tri  Giraudi,  domini  Durandi  et  Raynaudi  et  Golumboni, 
videlicet  ХХ1Ш  sol. 

Summa  istius  pagine,  LXX  sol.  VIII  den. 

Fol.  287. 

Junius.  Item  die  lune,  lla  die  mensis  Junii,  de  anno  do- 
mini M0  CCC°  LXV°  feci  finale  computum  cum  Guillelmo 
Marini  apothecario  de  Tritis  et  scolarium  domini  nostri 
pape,  sic  quod  apothecaria  et  alie  res  recepte  ab  eodem  a 
die  prima  mensis  Julii  de  anno  domini  M°  CGC0  LXIlIlto 
usque  ad  secundam  diem  futuri  mensis  Junii,  ascendunt 
prout  patet  per  cartularium  scriptum  manu  propria  dicti 
Guillelmi  Marini,  videlicet  СП  Hb.  IX  sol.  I  obolum,  quas 
eidem  Guillelmo  Marini  solvi'. 

Item  expendi  pro  Petro  Gaii  elerico  infirmo  Tritis  post 
recessum  studii,  III  sol.  IIHorden.  pro  IIIIor  pullis. 

Item  pro  mutone  pro  eodem,  XII  den. 

Item  pro  eodem  expendit  dominus  Hugo  Giraudi  Tritis, 
nomine  mei,  pro  suis  necessariis,  Ilil  sol. 

Item  dicta  die  expendit  dominus  Hugo  nomine  mei  pro 
Syffredo  elerico  infirmo  Tritis,  post  die  tu  m  recessum  studii, 
pro  suis  necessariis,  VII  sol.  IIII  den. 

Summa  istius  pagine,  CIII  lib.  IIII  sol.  VIII  den.  obolum. 

Fol.  287  v\ 
Item  dicta  die,  feci  finale  computum  cum  magistro  Johanne 

(*)  Sous  ce  terme,  qui  est  souvent  répété  dans  le  manuscrit, 
on  désignait  les  chevaux  de  deuxième  ordre.  Sans  avoir  la  valeur 
du  palefroi,  cheval  de  bataille  ou  de  parade,  le  roussin  en  avait 
une  notable. 


—  241  — 

de  Fraxino  de  hiis  que  ipse  expendit  in  infirmitatibus  pue*- 
rorum  dum  erant  furiosi  seu  incensati,  me  absente,  de 
mense  Julii  preteriti,  quia  anie  recusabam  solvere  cum 
videretur  michi  excessivum,  sed  dominus  Jacobus  Cena,  de 
mandata  domini  mei  domini  Bernardi  de  Sancto  Stephano, 
literatorie  mihi  mandavit  ut  infra  scripta  solverem  domino 
magistro  Johanni,  videlicet  pro  IIIIor  lib.  candelarum  cum 
dimidia  cere  oblatarum  in  processionibus,  dum  dicti  sco- 
lares  erant  incensati,  precio  cuiuslibet  libre,  III  sol.  VI  den. 
—  valent  XV  sol.  IX  den. 

Item  ad  longitudinem  corde  cum  qua  ligabantur  pueri  in 
infirmitate  fuit  facta  una  candeia  IXem  librarum  cere  oblate 
altari  béate  Marie,  quia  miraculose  videbantur  sanari,  precio 
cuiuslibet  libre,  III  sol. VI  den. —  valent  XXXI  sol. VI  den. — 
que  predicla  solvi  dicto  magistro  Johanni  de  Fraxino,  man- 
date predicto. 

Summa  istius  pagine,  XLVII  sol.  III  den. 

Fol.  288.  Sequuntur  soluciones  mercenariorum  de  tempore 
domini  Astorgii  de  Cayraco  et  domini  Bernardi  Guidonis 
lune  rectoris  .sludii  de  Tritis  pro  domino  nostro  papa,  de 
anno  domini  millesimo  CCC°  LXIIII0 . 

Primo  a  die  prima  mensis  Novembris  usque  ad  diem 
secuhdam  mensis  Junii,  de  anno  domini  M0  GCC°  LXHIH0, 
solvi  magistro  Dyans  Losal  iudeo,  physico  studii,  pro  pen- 
tione,  XII  lib.  II  sol.  VIII  den. 

Restantes  de  summa  quam  ei  debebant  pro  pentione  dicti 
domini  Astorgius  et  Bernardus. 

Item  a  die  dicta  prima  Novembris  usque  ad  secundam 
diem  Junii  anni  predicti,  solvi  magistro. Stephano  Gastellani 
barberio,  pro  pentione  sua,  XXVI  sol.  VIII  den. 

Restantes  ad  solvendum  de  summa  quam  ei  debebant  do- 
mini Astorgius  et  Bernardus  de  tempore  eorum. 

Item  dicta  die  secunda  mensis  Junii,  feci  finale  computum 

46 


—  242  — 

cum  Petro  Verderie  de  Aquis  pistori,  sic  quod  solvi,  de  lem- 
pore  predictorum,prosalario  quod  ei  debebant,  XXXI1II  sol. 
Summa  isiius  pagine,  XV  Hb.  III  sol.  HII  den. 

Fol.  288  V.    Sequuntur  solutiones  rnercenariorum  de  tem- 
pore  met  Deodati  Jordanie 

Primo  a  die  prima  mensis  Julii  proxime  preteriti  usque 
ad  prima  m  diem  futuri  mensis  Julii  anno  révolu  lo,  solvi, 
per  diversas  soluciones,  primo  Rebolli  pistori  studii,  pro 
mercede  sua,  XV  lib.  XV  sol.  IIII  den. 

ftem  prima  die  Augusti,  solvi  Mosse  de  Audtfsia  iudeo, 
sartori ,  qui  suebat  vestes  VI  monacborum  "Massilie ,  pro 
mercede  sua  usque  ad  festum  Sancti  Micaelis  proxime  ven- 
turum,  XVI  sol. 

Item  XVIIIe  die  Augusti,  compuiavi  cum  magistro  Dyans 
Losal  physico  studii,  sic  quod  facto  finali  computo  a  die 
secunda  mensis  Junii  proxime  preteriti  usque  ad  présente  m 
diem,  solvi  dicto  magistro  Dyans  Losal,  pro  pentione  sua, 
IIII  lib.  IX  sol. 

Item  XIXe  die  Augusti,  venit  ma  gis  te  г  Livinus  medicus. 

Item  Xa  die  Septembris,  feci  finale  computum  cum  Petro 
Alamanni,  coquo  studii,  sic  quod  a  die  prima  mensis  Junii 
proxime  preteriti  usque  ad  primam  diem  futuri  mensis  Junii, 
anno  revoluto ,  solvi  dicto  Petro  pro  mercede  Mia  IX  lib. 
XII  sol. 

Item  feci  finale  computum  cum  Jobanne  Girardi  boticulario 
studii,  sic  quod  a  die  uJtima  mensis  Septembris  proxime 
preteriti  usque  ad  diem  seeundam  mensis  Junii  subsequentis, 
solvi  dicto  Jobanni  pro  mercede  sua  VI  lib. 

Item  dicto  die,  tradidi  domino  Rostagno  Camboni  magistro 
scolarium  qui  non  sunt  de  gratia,  IIII011  sest.  annone  pro 
victu. 

.Summa  istius  pagine,  XXXVI  lib.  XII  sol.  IIII  den,  et 
IIHor6est,  annone. 


—  243  — 

Fol.  289. 

Item  feci  finale  computum  cura  Slephano  de  Nivers  de 
Valobriea,  Petro  Glerici  et  Petro  Guillelmi  Agathensis  diocesis 
sulhardis  studii  cum  u[i?]num  habueram  posi  alium  quia 
recedebant,  sic  quod  predictis  solvi  per  diverses  soluciones 
pro  VI  mensibus  in  ter  omnes,  LXIIU  sol. 

Item  ullima  die  Madii,  feci  finale  computum  cum  Anthonio 
Germani  de  Tritis,  bugaderio  sive  lavatorio  pannorum  studii, 
sic  quod  a  XIXe  die  mensis  Novembris  usque  ad  ultimam 
diem  Madii  solvi  domino  Anthonio  pro  mercede  sua,  per 
di versas  soluciones,  videlicet  GXVIIl  sol.  II  den. 

Item  dicta  die,  ullima  mensis  Madii,  feci  finale  computum 
cum  Johanne  Blancardi  mulaterio  studii,  sic  quod  a  die 
IIa  mensis  Junii  proxime  preteriti  usque  ad  diem  secundam 
'  futuri  mensis  Junii,  anno  revoluto,  solvi  dicto  Johanni  pro 
mercede  sua,  per  di  versas  soluciones,  LXIIII  sol.,  pro  veslitu 
et  calciamento,  et  XL  sest.  annone. 

Item  dicta  die  ultima  mensis  Madii,  computavi  cum  Bar- 
tholomeo  de  Ortica  de  Tritis  moleneiïo  sic  quod  solvi  dicto 
Bartholomeo  pro  moltura,  per  diverses  soluciones,  XXXsesl. 
I  pannal.  de  annona. 

Summa  istius  pagine,  XII  lib.  VI  sol.  II  den.  et  LXX  sest. 
et  I  pannal.  annone. 

Fol.  289  V. 

Item  die  ultima  Madii,  feci  finale  computum  cum  magistro 
Stephano  Gastellani,   barberio  studii,   sic  quod  a  die  IIa 
mensis  Junii  proxime  preteriti  usque  ad  secundam  diem 
futuri  mensis  Junii,  anno  revoluto,  solvi    dicto  magistro 
Stephano  pro  mercede  sua,  videlicet  VIII  lib. 

Item  dicta  die  computavi  cum  Johanne  Blancardi  mole- 
nerio,  solvi  pro  moltura  dicto  Johanni,  X  sest.  annone. 

Item  dicta  die  computavi  cum  Johanne  Pascalis  ortolano 
suo,  X  sest.  annone. 

Item  ultima  predicta  Madii,  solvi  magistro  Dians  Losal 
iudeo,  physico,  qui  in  infirmitatibus  scolarium  laboravit 


—  244  — 

diligenter  сищ  medicus  studii  non  pote  rat  servire  toi  infir- 
mis  cumessent  LX  scolares  infirmi,  solvi  pro  labore,XH  lib. 
et  adhuc  non  conlentatur. 

Item  dicta  die,  solvi  Moseneto  Lunelli  iudco  qui  ivit  cum 
dicto  medico  Manuascam,  unam  saumatam  annone. 

Summa  istius  pagine,  XX  lib.  et  ХХ1Ш  sest.  annone. 

Fol.  290.  Sequunlur  expense  facte  in  ilinere  et  in  loco  de 
Manuasca  pro  permutations  studii  de  Tritis  in  dicto  loco 
Manuasce  facienda  (*). 

Primo  die  lune  XIIIl»  die  Aprilis  discessi  de  Tritis  eundo 
apud  Manuascam,  expendi  in  Sancto  Paulo  in  prandio,  com- 
putando  portum  Sancti  Pauli,  XII  sol.  VI  den. 

Item  eadem  die,  in  cena  Manuasce  expendi  cum  duobus 
ronsinis  et  V  personis,  XII  sol.  VIII  den. 

Item  die  marlis,  XVa  die  Aprilis,  expendi  in  os  tel  aria  per 
totam  diem  cum  predictis  personis  et  animalibus  XVIII  sol. 
VI  den. 

Item  die  mercurii,  XVIadie  Aprilis,  usque  ad  diem  ulti- 
mam  dicti  meosis  inclusive  steti  in  ostelaria  Jacobi  Symonis 
cum  non  habebam  aliqua  hospicia  per  me  cum  dictis  V  per- 
sonis et  animalibus  et  pro  XV  diebus  expendi  pro  qualibet 
dieta  XVIII  sol.  —  valent  XIII  lib.  X  sol. 

Item  die  iovis,  prima  die  Madii,  fuerunl  michi  tradita 
hospicia  pro  scolaribus  domini  nostri  pape,  in  quibus  feci 
mansîonem.  Et  a  dicta  die  iovis  usque  ad  XHam  diem  Madii 
que  fuit  dies  lune  inclusive,  expendi  cum  VII  personis  et 
duobus  animalibus,  computando  pro  qualibet  die  XVI  sol. 
VI  den.  —  valent  LX  lib.  XVIII  sol. 

Summa  istius  pagine,  XXV  lib.  XI  sol.  VIII  den. 

(*)  L'abbaye  de  Saint-Victor  de  Marseille  possédait  à  Manosque 
l'église  de  Notre-Dame.—  a  Cette  paroisse  est  placée  au  centre  de  la 
ville,  dit  l'abbé  Féraud,  dans  son  histoire  de  Manosque  ;  elle  a  eu, 
de  tout  temps,  le  second  rang  ;  tandis  que  l'église  de  Saint-Sauveur 
a  toujours  été  la  paroisse  principale»  » 


—  245  — 

Fol.  290  V. 

Item  VIIIe  die  Madii,  solvi  portanerio  Manuasce  pro  portu 
X  animalium  tam  eundo  et  redeundo  exceptis  duobus  que 
non  fuerunt  reversa,  que  portaverunt  lectos  et  pannos  meos 
et  aliquorum  magistrorum  et  unam  saumatam  baconum, 
videlicctXXIIIlsol. 

Item  expendiderunt  dicti  nuocii  (*)  animalium  cum  dictis 
animalibus,  XVI  sol. 

Item  die  martis,  XIII0  die  Madii,  ivi  Avinionem,  de  man- 
data domini  mci  domini  Thesaurarii,  quia  magister  Johanncs 
de  Fraxino  eral  Avinione,  steti  ibidem  tribus  diebus.  Ex- 
pendi  eundo,  stando  et  redeundo  pro  VII  diebus,  computando 
pro  qualibet  die  XVI  sol.  —  valent  CXH  sol.  provincial. 

Item  misi  Bertrandum  Genesii  cum  uno  animali  Tritis, 
pro  portando  raubam,  et  revcnit  cum  aliis  duobus  mulis 
que  portaverunt  raubam  monachorum  Massilie.  Expenderunt 
tam  pro  portu,  eundo  et  redeundo,  et  pro  expensis,  XX  sol. 

Item  dicta  die  martis,  usque  ad  diem  XIXam  mensis  Madii, 
que  fuit  dies  lune  inclusive,  restaverunt  IHIorpersone  Man- 
uasce pro  faciendo  reparare  hospicia,  computando  pro  qua- 
libet die  VI  sol.  —  valent  XLII  sol. 

Summa  istius  pagine,  X  lib.  XIIH  sol. 

Fol.  291. 

Item  die  martis,  XXadie  Madii,  venerunt  Manuascam  de 
Avinione,  de  Ponte-Sorgie,  de  Carpen.,  de  Mosteriis  et  de 
aliis  locis,  XIX  scolares  et  magister  Petrus.  Et  a  dicta  die 
martis  usque  ad  XXVIamdiem  Madii  que  est  dies  lune  inclu- 
sive, expendi  cum  dictis  XIX  scolaribus  et  magistro  Petro 
et  VI  persone  que  erant  anle  mecum  Manuasce,  exceptis 

(*)  Les  nuncii  ou  cursores  étaient  des  gens  de  service  auxquels 
on  faisait  remplir  toutes  sortes  de  fonctions.  Ils  avaient  à  la  fois 
un  salaire  fixe  et  un  casuel.  —  L.  Bla.ncar».  chapitre  XVIII.  — 
Monnaies  de  Provence. 


—  246  — 

animalibus,  computando  pro  quolibet  die  et  pro  qualibe 
persona,  XII  den.  —  valent  pro  dieta  XXVI  sol. 

Summa  VI  dieruni  supradictarum,  VII  lib.  XVI  sol. 

Item  pro  dictis  VI  diebus  an  te  dictis  expendi  pro  duobus 
animalibus,  XXVIII  sol.  VI  den. 

Item  die  veneris,  XXIIIa  die  dicti  inensis,  misi  Petrum 
Berengarii  ad  portus  Manuasce  et  Sancti  Pauli  ad  sciendum 
quis  portus  erat  melior  ut  in  meliori  sco lares  transirent, 
cum  studiuiu  recederet  Manuasce  ;  expendit  pro  dictis  por- 
tu  bus  et  aliis  expensis  IX  sol.  VI  den. 

Item  die  martis,  XXVIIe  die  Madii,  accesi  Tritis  pro  fa- 
ciendo  venirc  studium  de  Tritis  domini  nostri  pape  Manuas- 
cam  ;  expendi  in  Sancto  Paulo  cum  portu,  in  prandio,  IX  sol. 
VIII  den. 

Item  dicta  die  in  cena  fui  Tritis. 

Summa  istius  pagine,  X  lib.  V  sol.  VIII  den. 

Fol.  201  V. 

Item  de  dicta  die  martis  usque  ad  terciam  diem  Jurai 
inclusive  que  fuit  dies  martis,  post  festum  Penthecostis, 
expendi  pro  XXIIIIorpersonis  sive  scolaribus  cum  servilo- 
ribus  Manuasce,  computando  pro  qualibet  persona,  in  die 
qualibet,  XI  den.  — ascendit  qualibet  die  XXII  sol. 

Summa  octo  derum  predictorum,  VIII  lib.  XVI  sol. 

Item  die  martis  tercia  die  Junii,  recessit  studium'  domini 
nostri  pape  de  Tritis  (*),  in'quo  studio  erant  С  et  X  persone, 

{*)  Grégoire  Xï  vient  d'Aviguon  pour  visiter  la  Sainte-Baume. 
Le  Pape  s  arrête  à  Aix,  puis,  le  17  septembre  1376  arrive  à  Trets. 
On  y  fait  commémoration  de  l'École  d'Urbain  V  qu'une  privation 
de  quelques  années  ne  permettait  point  d'oublier  et  on  y  reçoit 
chaleureusement  son  auguste  successeur.  — Voici,  dans  son  lan- 
gage poétique,  Ja  part,  glorieuse  pour  notre  localité,  du  journal  de 
voyage  de  Pierre  Amélius,  ancien  sacriste  d'Urbain  V.  «  In  Trecis 
paratur  meridionolis  nwnsio,  refectioque  grala  ;  qua  fiunt  triplicia 
omnium  banorum  copia,  quia  civitas  amœna.  » 

Itinerarium  Gregorii  pape  Л7,  reproduit  par  Muratori-:  t.  ni, 
page  691. 


—  247  -  . 

que  omnes  persone  fuerunt  pransi  (sic)  et  cenaverunt  et 
iacuerunt  in  Sancto  Paulo  ;  et  expendi  exceptis  pane  et  vino 
et  uno  mutone  portatisde  Tritis  pro  cena,  videlicet  XLH  sol. 
VIden. —  quia  portanerii  nolebant  dicta  die  dictura  studium 
transire  quia  Durencia  erat  magnus  (sic). 

Item  die  mercurii,  IIIlta  die  Junii,  transivit  diclum  studium 
Durcnciam  et  solvi  pro  portu  porta neriis  de  Sancto  Paulo, 
tam  pro  dictis  clericis  quam  pro  XIII  animalibus,  tam  eundo 
quam  redeundo,  et  pro  IX  trossellis  pannorum,  videlicet 
VII  lib.  VI  sol. 

Summa  istius  pagine,  XVIII  lib.  IHI  sol.  VI  den. 

Fol.  292. 

Item  solvi  pro  loquerio  unius  roncini  pro  raagistro  Dians 
Losal  phisico,  qui  ivit  cum  studio  Manuasce,  VII  sol. 

Item  die  mercurii  dicta,  solvi  hoc-pitibus  Sancti  Pauli  pro 
feno  VIII  animalium  pro  una  die  et  pro  XUII  lectis  et  can- 
delis  et  pro  feno  et  stabulo  quem  comederunt  muli  quando 
portabant  trocellas  de  Tritis  ad  Sanctum  Paulum,  videlicet 
X VIII  sol.  VIII  den. 

Item  dicta  die  mercurii,  expendi  in  prandio  in  Sancto 
Paulo,  quia  remansi  cum  XV  scolaribus  in  dicto  loco,  quia 
non  poteramus  transire  Durencia  m,  X  sol. 

Item  dicta  die,  expendi  pro  dictis  scolaribus  in  beguda  (*) 
bel  H  montis  in  potu  qui  ibidem  fecerunt  transitum  dicti 
scolares,  et  biberunt  de  mane  in  dicta  beguda,  videlicet 
XVI  sol.  X  den. 

Summa  istius  pagine,  LVII  sol.  VI  den. 

Fol.  292  v°. 

Item  dicta  die  mercurii,  IIIIa  die  Junii,  solvit  Ludovicus 


(*)  Beguda,  sive  Begudo,  Beguta,  était  un  logis  ou  lieu  de  station 
pour  les  voyageurs.  Sur  toutes  nos  routes  fréquentées  ces  sortes 
d'hôtelleries  se  trouvaient  nombreuses,  et  aujourd'hui  encore,  avec 
le  nom  provençal  de  Bégudo,  restent  les  ruines  de  ces  utiles  éta- 
blissements. 


•  _  248  — 

Bartholoraei  monachus  Massilie,  Domine  mei,  pro  IX  trocellis 
portatis  de  Sancto  Paulo  Manuasce,  excepio  portu  Durcncie, 
videlicet  XLIX  sol. 

Item  pro  expensis  IIHor  animalium  que  porta verunt  pannos 
restantes  Tritis  Manuasce,  expendi  tara  pro  portu,  eundo  et 
redeundo,  et  pro  expensis  tam  pro  animalibus  quam  pro 
nunciis,  videlicet,  XX  sol.  VIII  den. 

Summa  istius  pagine,  LXIX  sol.  VIII  den. 

Fol.  293.  Нес  sunt  expense  f 'acte  pro  reparacionibus  hos- 
pictorum  receplorum  pro  scolaribus  domini  nostri  pape  in 
loco  Manuasce,  et  aliis  expensis  tangentibus  studium  predic- 
tum,  ut  infra  sequitur. 

Primo  IIa  die  Madii  expendi,  pro  uno  ponte  fuste  facto 
inter  hospicium  Raymundi  Juliani  et  hospicium  in  quo  inha- 
bitabat  dominus  Arnulphus  miles,  carreria  média  inter  dicta 
hospicia,  tam  pro  magistris  scilicet  magistro  Ludovico  Ro- 
baudi,  Bertrando  Castoni  fusteriis,  et  pro  fusta  posita  in 
dicto  ponte,  videlicet  IX  lib.  IIII  sol. 

Item  pro  tribus  lecheriis  fuste  et  pro  clavellis  et  pro 
fcislerio  qui  eas  fecit  solvi  XVI  sol. 

Item  III*  die  dicti  mensis,  solvi  pro  faciendo  curari  fimum 
carrerie  Sancti  Salvatoris  et  alia  inmundicia  porta  ta  pro 
XVI  animalibus  et  quinque  hominibus,  videlicet  LUI  sol. 
VI den. —  que  carreria  est  contigua  hospiciis  iuxta  cancellum 
scolarium  domini  nostri  pape  (*). 

(*)  De  pareilles  révélations  dénotent  une  rare  insouciance  de  la 
salubrité  publique  dans  ce  quartier  de  la  ville  de  Manosquc.  Elles 
indiquent  aussi  le  soin  que  l'administration  scolaire  s'appliquait  à 
mettre  dans  la  propreté  et  la  saine  hygiène  —  D.  Arbaud  dans  son 
étude  historique  de  Manosque  cite  une  délibération  de  cette  com- 
mune *  qui  voulait  que  les  fumiers  non  enlevés  dans  le  délai  fixé 
par  la  publication  fussent  donnés  au  premier  occupant,  »  26  avril 
I  i86. 

Le  moyen,  rarement  manquait  son  effet,  ajoute  1  erudit  histo- 
rien, p.  18i. 


—  249  — 

Item  pro  НЦог  ferris  pro  mulis,  I1II  sol.  IIII  den. 

Item  pro  una  caxa  necessaria  studio,  solvi  B.  Gausi, 
XVIII  sol. 

Item  dicta  die  pro  mundando  tinellum  quando  fuit  factus 
arc  h  us  in  dicto  tinello,  solvi  cuidam  homioi  II  sol. 

Summa  istius  pagine,  XIII  lib.  XVII  sol.  X  den. 
Fol.  293  v\ 

Item  VI*  die  Madii,  que  fuit  dies  martis,  solvi  Petro  Bara- 
lerii  pro  gipo  pro  claudendo  portas  aliquarum  camerarum 
et  pro  gradario  facto  noviler  et  III  fenestris  posito,  et  pro 
magistro  qui  eum  posuit  Vil  lib.  XI  sol. 

Item  dicto  die  pro  pingendo  arma  domini  nqstri  pape 
supra  hospicia  iu  IIIIor  loeis,  V  sol.  IIII  den. 

Item  pro  latrina  facta  iuxta  cameram  nieam  tam  pro 
curando  quam  pro  portando  lapides,  terra  m,  et  pro  ina- 
gis tri  s,  LV  sol.  VIII  den. 

Item  dicta  die,  solvi  pro  latrinis  communibus  pro  curandio 
et  pro  murando,  et  lapides  ferendo,  computatis  duobus 
trabis  emptis,  CV  sol.  VIII  den. 

Item  VIII8  die,  emi  quamdam  tabulam  a  domino  Petro 
Vezilha  Manuasce  pro  tinello,  solvi  XII  sol. 

Item  pro  portando  terra  m  pro  arcu  hospicii  Pétri  Hospi- 
tallerii  solvi,  pro  uno  animali,  III  sol. 

Item  dicta  die  solvi  cuidam  homini  qui  cavavit  dictam 
terram,  videlicet  III  sol.  IIII  den. 

Item  pro  portando  duas  tabulas  magnas  quas  a  fratribus 
minoribus  in  comandam  solvi  VIII  den. 

Summa  istius  pagine,  XVI  lib.  XVI  sol.  VIII  den. 
Fol  294. 

Item  VIIIe  die  Madii,  solvi  pro  Hllor  ferratis,  pro  duobus 


—  250  — 

puteis  (*)  studii  tain  pro  ferramentis  et  pro  fusta  et  magistris, 
et  pro  duabus  telhelis  munitis  de  fusta  et  ferramentis  pro 
puteis,  videlicet  LXXVII  sol.  II  den. 

Item  posui  quamdam  campa nam  in  tinello  studii,  solvi 
tam  pro  magistro,  fusta  et  ferramento,  videlicet  IX  sol. 
VIII  den. 

Item  dicta  die  pro  faciendo  X  tabularios,  et  unam  ianuam 
in  gradario,  et  pro  una  ianua  private,  pro  magistro,  solvi 
XXI1II  sol . 

Item  pro  una  cera  in  porta  graderii  et  pro  clavellis, 
XII  sol.  II  den. 

Item  pro  ferrando  duos  pedes  roncini  et  pro  ferrando 
ununi  pedem,  et  pro  una  duelha  ferri  candelabri,  III  sol. 

Item  pro  una  tabula  fuste  in  tinello,  solvi  VII  sol. 

Item  Xa  die  Madii,  emi  XII  candelabra  ferri  pro  tinello, 
XVIII  sol. 

Summa  islius  pagine,  Vil  lib.  XI  sol. 

Fol.  294  v\ 

Item  dicta  die  pro  palmelis  et  pro  gofonis  et  clavellis  et 
una  clave  unius  caxe  solvi  fabro  Manuasce,  XIX  sol. 

Item  pro  XX  cyphis  pro  tinello,  VIII  sol.  IIH  den. 

Item  pro  faciendo  archum  tinelli  solvi  duobus  magistris, 
LXIIII  sol. 

Item  solvi  cuidam  mulieri  que  porta  vit  aquam,  VIII  den. 

Item  dicta  die  emi  VIII  sestar.  calcis  pro  dicto  archu,  solvi 
VII  sol. 

Item  XIIe  die  Madii  solvi  Petro  Bonerii  pro  perforando 
parietes  operatoriorum  que  sunt  subtus  tinellum  ubi  facte 
fuerunt  ianue  nove,  videlicet  X  sol. 

(*)  Jusqu'à  la  fin  du  XVe  siècle,  à  Manosque,  la  population  était 
réduite  à  des  puits  publics  ou  privés.   Des   eaux  suffisantes  au 
besoin   public  ne   furent  amenées  en   ville  que  dans  la  première 
moitié  du  XVI*  siècle.  —  Délibération  du  conseil  municipal  de  Ma 
nosque,  citée  par  Arnaud,  p.  188. 


-  251   — 

hem  dicta  die  suivi  duobus  bominibus  pro  removendo 
maniadoyras  stabuli  Raimundi  Capelli,  et  pro  curando  tor- 
cular,  videlicet  V  sol. 

Item  solvi  pro  papiro,  Xll  den. 

Item  dicta  die  solvi  pro  duobus  cancellis  et  pro  fusta  et 
pro  traversa riis  et  pro  duobus  magistris  qui  dictos  cancellos 
Fecerunt,  XXXII  sol. 

Summa  istius  pagine,  VII  lib.  VII  sol. 

Fol.  295. 

Item  dicta  die,  solvi  cuidam  mulieri  que  portavit  aquam 
pro  muraodo  ianuas  magnas,  VIII  den. 

Item  solvi  pro  duabus  cordis  pro  ferratis  puteorum,  V  sol. 
IIII  den. 

Item  solvi  pro  aptando  duos  bastos  mulorum,  videlicet 
un u m  feci  aptare  in  Castro  de  Relhania,  alterum  in  Manuasca, 
costiterunt  XXVIII  sol.  VIII  den. 

Item  dicta  die,  pro  clavellis  in  porta  meiana  stabuli, 
XII  den. 

Item  pro  faciendo  portare  de  Tritis  Manuasce  XXIIII  sau- 
matas  farine,  solvi  pro  cena  animalium  et  hominum,  vide- 
licet XXXII  sol. 

Item  dicta  die,  solvi  pro  IIIIorgavedas  fuste,  VIII  sol. 
VUIden. 

Item  emi  XLV  lapides  a  Jacobo  Hostalerii  pro  faciendo 
arcum  tinelli,  precio  cuiuslibet  lapidis,  X  den.  —  valent  in 
summa,  XXXVII  sol.  VI  den. 

Item  solvi  pro  uno  homine  qui  mostravit  nemus  Johanni 
Blancardi  mulaterio  studii  qui  etiam  scindit  ligna,  II  sol. 
IIII  den. 
Summa  istius  pagine,  CXV1  sol.  II  den. 

Fol.  295  v\ 

Item  XVa  die  Madii  solvi  pro  una  cera  pro  porta  meiana 
stabuli  cum  clavellis,  videlicet  V  sol. 


-  252  — 
IUmu  dicta  die,  suivi  pro  HHor  Terris  et  referraluris  pro 
.vuciuU,  V  sol.  IIII  den. 

Hum  XVI"  die  dicli  metisis,   condux'i  duo  animalia  que 
-"■*4verunt  lapides  pro  faciendo  roeiaaum  in  audilorio  hos- 

Potri  Hospitalerii,  solvi  VI  sol, 

m  pro  duobus  banastonis,  solvi  XIIII  den. 

m  suivi  cuidam  homini  qui  ivit  Bastidam  pro  habendo 

un  hospicii  Raimundî  Capelli,  VI  den. 

m  WIIII*  die  Madii,  emi  a  Guillelma  Dalmacie  uoam 

.ara  pro  liuello,  XIIII  sol. 

m  solvi  Guillelmo  Croie  pro  curando  tinellum  et  1ms- 

,  II  sol  VIII  den. 

m  XIX»  die  Madii,  solvi  Guillelmo  Bonerii  et  Guillelmo 

sono  peyreriis  qui  fecerunl  unum  parietem  in  audilorio 

.,  XXV  sol.  IIII  den. 

m  pro  aptando   unum  circulum  ferra ti  uovi,  solvi  XII 

m  ma  islius  pagine,  LXI  sol. 
fol.  296  est  en  blanc. 


™  XX"  die  Madii,  solvi  Mieabeli  Hirabclli  qui  fecil 
iadoyras  stabuli  et  unain  ianoam,  videlicet  XVI  sol  (*). 


mnia  universalis  omnium  summarum  expenssaruiu 
lordinariarum   supradietarum  in   pecunia,   videlicet  : 

l-cs  matières  économiques  traitées  dans  un  grand  nombre  de 
.  du  ct'Ce  publication  et  appliquées  aux  êtres  évaluables  de  la 
ère  moitié  du  XIV1"  siècle  pourront  donner  plusieurs  été- 
ч  de  solution  du  problème  de  l'expression  la  plus  vraie  du 
lir  mnnelnliT  ,i  relie  époque,  en  Provence.  En  général,  et 
roiiiiirquc  uiiiis  punill  importante,  les  données  multiples  de 
«y  ntliè.c,  ninqui'ws  à  celles  du  XIU<"  siècle,  nous  ont  fait 


—  253  — 

• 

Vie  XXXVII  ]ib.  VI  sol.  II  den.  —  valent  in  florenis  del 
grayle  :  VIIIe  XIII  fl.  IX  sol.  II  den. 

Item  summa  annone  expendite  extraordinaire  :  IIIIX*XVI1I 
sest.  I  panai,  annone,  quibus  additis  summe  supra  dicte 
bladi  expensi  in  ordinariis  est  totalis  summa  bladi  expensi 
qualitercumque  MIIIC  LVIH  sest.  III  cart. 

Et  sic  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi   :  IIIe 
XXXVI  sest.  III  cart.  bladi. 

Item  summa  tocius  vini  tam  expensi  tam  in  ordinario 
quam  extraordinario  et  venditi  et  devastati  :  VIIIe  I  milhay- 
rolas  1Ш  scandais,  II  tercia  vini.  Et  sic  constat  quod  plus 
recepi  quam  expendi  de  vino  :  G  milhayrol.  VI  scandalia, 
I  tercium. 

Item  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi  de  carnibus 
saisis  :  VIII  quintalia,  XVIII  lib.  et  mediam. 

Item  constat  quod  plus  expendi  quam  recepi  de  oleo  : 
III  libras  et  médium  cartayr.  qui  debentur  michi  pro  plus 
expensis  quam  receptis. 

Item  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi  de  candelis  : 
LX  libras. 

Item  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi  de  deauratis  : 
VI"  aurat.  et  média  barila  de  tonina. 

Item  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi  de  legumi- 

arriver  à  ce  résultat  :  décroissance  très  progressive  et  surprenante 
du  pouvoir  essentiellement  instable  de  la  monnaie. 

Fixer  l'ensemble  des  marchandises  citées,  en  exprimer  le  coût 
total,  réunir  le  plus  grand  nombre  de  prix,  les  mettre  en  regard 
de  leurs  équivalents  des  XIII«»e  et  XIX m«  siècles  ;  déterminer  les 
rapports  existants  entre  les  séries  de  prix  de  divers  salaires,  de 
vente,  d'achat  de  toutes  sortes  d'objets,  de  transport,  de  frais  de 
voyage,  de  nourriture  quotidienne  etc.;  déduire  de  la  somme  de 
ces  rapports  une  évaluation  des  espèces  monétaires  aux  deux  épo- 
ques constitue  une  étude  des  questions  sociales  étendue,  utile  autant 
qu'attachante,  môme  dans  un  simple  essai. 


—  254  — 

nibus  emplis  pro  provisionibus  :  IIII  sest.  fabarum  et  VI  sest. 
de  lentibus. 

Item  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi  de  nucibus 
provisionis  :  I  sest. 

Item  constat  quod  plus  recepi  quam  expendi  de  caseis, 
computatis  pro  expensis  XLIX  libris  et  média  que  furate 
fuerunt  me  absente  et  existente  in  Manuasca  :  XXIII  lib. 

Item  constat  quod  plus  recepi  de  sale  quam  expendi  : 
I  sest. 

Item  fenum  et  avenam  (sic)  supra  emptis  et  receptis  (sic) 
omnia  sunt  expensa,  et  ideo  nichil  restât. 

Fol.  298. 

Item  summa  universalis  omnium  summarum  supradic- 
tarum  emptarum  provisionum  et  expensarum  ordinariarum 
et  extraordinariarum  supradictarum,  facta  reducione  sol.  et 
lib.  et  avaluatan.  ad  florenos  de  grayleto  computando 
XV  sol.  VIII  den.  pro  floreno,  est  :  №  Vie  XLVII  fl.  III  sol. 
III  den.  dicte  monete. 

Fol.  299. 

[Sequuntur  reste  dictarum  provisionum  etpecunie  (*). 
Et  sic  restant  quod  facto  finali  computo  de  receptis  et 
omnibus  provisionibus  supra  emptis  et  expensis  ordinariis 

(*)  Les  ff.  299-299  v°  se  trouvent  raturés  dans  le  texte  du 
Vatican.  La  raison  de  cette  effaçure  est  qu'ils  sont  la  répétition 
partielle  des  ff.  297-297  v°  avec  certaines  petites  variantes  dans  la 
comparaison  des  chiffres  énoncés.  A  noter  que  Yapro  a  été  apposé 
aux  ff.  297-297  v»,  mais  point  aux  deux  autres.  Et  à  ce  sujet  il  est 
bon  de  constater  encore  ceci  :  dans  le  total  des  articles  ou  dans  la 
récapitulation  générale  des  recettes  et  des  dépenses,  s'il  manque 
quelque  chose,  c'est  bien  peu,  et  ce  peu  sera  dû  probablement 
à  quelque  omission,  négligence  ou  distraction.  Aussi  après  examen 
sérieux,  nous  n  osons  proposer  une  rectification,  tant  les  diffé- 
rences sont  légères  et  de  médiocre  importance  pour  la  substance 
même  de  ce  travail  aussi  (lifBcultucux  qu'original. 


-  255  — 

et  extraordinanis  supradictis  oomputatis  et  deductis  que, 
restant  in  prioratu  de  Tritis,  et  in  aliis  locis  prout  sequitur  : 

Primo  restât  de  annona  et  farina  :  IIIe  XXXVII  sest.  VIII 
ochenas. 

Item  restant  de  vino  IIe  XXXVI  milhayrole  VIII  scand.  et 
médium,  de  qua  resta  vini  vendidi  Hugoni  Regordi  de  Sancta 
Maocimino  ////**  milhayroi  vini,  precio  cuiuslibet  milhayroL 
XIIII  sol.  —  valent  LVI  lib. 

Item  de  dicta  resta  vini  vendidi  Petro  Negrelli  de  Tritis 
LUI  milhayroi.  VIII  scand.  et  médium,  precio  cuiuslibet 
milhayroi  XVI  sol  —  valent  XLII  lib.  XIX  sol  HII  den.  — 
valent  dicte  due  summe  ultime  :  CXXVI  fi.  de  grayleto,  V  sol. 
IIII  den. 

Et  sic  restant  finaliter  omnibus  supradictis  computatis  et 
deductis  que  sunt  in  Sancto  Maximino  de  resta  vini  predicti 
CIII  melayrol.  vini. 

Fol.  209  v\ 

* 

Item  restant  de  carnibus  saisis,  VIII  quintalia,  XXI  lib, 
et  mediam. 

Item  restât  de  oleo,  V  libre  I  quart,  que  sunt  devaslate  pro 
crama. 

Item  restant  de  candelis  LXl  lib. 

Item  restant  de  piscibus  salsatis  VIх*  aurai,  salsale  et 
média  barrilha  de  tonina  salsata. 

Item  restant  de  leguminibus  IIII  sest.  fabarum  et  VI  de 
lentibus. 
.  Item  restant  de  nucibus  :  I  sest. 

Item  restant  de  caseis  LXXII  lib.  et  mediam  de  quibus 
dum  ego  eram  Manuasce  pro  permutatione  studii  de  Tritis 
facienda  furate  fuerunt  XLIX  libre  et  média  de  orreis  ubi 
reponebantur  de  quibus  sunt  excommunicati,  et  in  ecclesia 
de  Tritis  plubicati  (sic),  et  sic  finaliter  non  restant  nisi  XXIII 
libre  caseorum.] 


—  256  — 

Fol.  SOI  V. 

Item  finaliter  facto  finali  computo  de  omnibus  singulis 
receptis  et  expenssis  ordinariis  et  extraordinariis  pecunie 
ac  venditis  de  quantitatibus  dictarum  provisionum  supra- 
dictis  computatis  et  deductîs  que  restant  de  summis  pecunie 
sîve  florenorum  superius  receptorum,  videlicet  IIe  XXXII  fl. 
del  grayle,  I  sol.  obolum,  de  quibus  florenis  emi  aliquas 
provisiones  vini  et  carnium  Manuasse  pro  scolaribus  studii 
domini  nostri  pape  dicti  loci,  et  solvi  pro  loqueriis  hospi- 
ciorum  scolarium  et  feci  aliqua  extraordinaria  in  dicto  loco 
Manuasse  que  in  presentibus  computis  supradictis  niebil 
continentur  neque  computanlur. 

Finis. 

Езс  Archivo   Apostolico  Vaticano 
die  17'Augusti  1897    :    Collatio  in  quantum 
fleri    potiait   concordat   cum   Origineili. 

Pktrus  WENZEL,  subarchivista. 


Picot  du  sceau 

de*  archive*  iecrètes 

du  Vatican. 


Dom  Grégorio  Palmièri  unanimement  estimé  par  ses  recherches 
sur  les  archives  vaticanes  s'est  montré  à  notre  égard  d'une  par- 
faite obligeance.  Monsieur  Vîncenzo  Nardoni  et  son  collègue 
Monsieur  Herzen,  très  distingués  paléographes  du  Vatican,  ont 
été  nos  précieux  collaborateurs  dans  l'œuvre  délicate  de  la  colla- 
tion. Nous  sommes  heureux  d'offrir  ici  à  ces  trois  savants  nos 
remercîments  bien  vifs  et  bien  sincères. 

H.    CHAILLAI. 


LES 

EXHALAISONS  VOLCAHIQ0ES 

CONSIDÉRÉES    AU    POINT    DE    VUE 

DE  LA  GENÈSE  DU  GLOBE  TERRESTRE 

Par  ■   le  Vicomte  DE  SELLE. 


Au  nombre  des  phénomènes  qui  s'accomplissent  dans 
les  régions  volcaniques,  pendant  la  période  active  et  alors 
même  qu'elle  a  pris  fin,  il  en  est  un  qui,  après  avoir  passé 
longtemps  inaperçu,  n'a  pas  été  étudié  dans  ses  origines 
par  les  observateurs  qui  en  ont  fait  connaître  la  nature. 

Il  nous  semble  que  bien  interprété,  il  apporte  une  preuve 
nouvelle  en  faveur  de  cet  état  de  fluidité,  que  Ton  considère 
généralement  comme  le  trait  le  plus  caractéristique  de  l'his- 
toire de  notre  globe  à  ses  débuts.  Je  veux  parler  des  exha- 
laisons volcaniques. 

La  lave  d'un  volcan  se  déverse  assez  rarement  par  dessus 
les  bords  du  cratère.  On  a  sans  doute  des  exemples  de  ce 
mode  d'écoulement  ;  mais  ils  sont  peu  nombreux,  et  on 
le  conçoit  aisément.  Le  cratère  est  une  muraille  circulaire 
formée  de  scories,  de  fragments  déchiquetés  de  lave  re- 
froidie, de  cendres  et  même  de  matériaux  solides,  parfois 
très  volumineux,  empruntés  aux  assises  stratifiées,  à  travers 
lesquelles  la  cheminée  a  été  ouverte.  Tous  ces  débris  sont 
rejetés  par  la  bouche  volcanique  et,  après  s'être  élevés  à 

une  grande  hauteur,  retombent  autour  de  son  contour  pour 

M 


-  258  — 

y  former  une  enceinte  à  double  talus,  l'un  inclinant  vers 
Taxe  de  l'orifice,  l'autre  penchant  à  l'opposé.  Ces  matériaux 
de  toute  figure,  de  toute  dimension,  sont  jetés  les  uns  sur 
les  autres  dans  le  plus  grand  désordre,  dans  le  pèle- mêle 
le  plus  complet. 

Imaginez  maintenant  la  lave  sélevant  graduellement  dans 
ce  bassin t  comparable  à  un  véritable  crible  — la  lave  dont 
la  densité  est  trois  fois  supérieure  à  celle  de  l'eau,  ou,  si 
vous  le  voulez,  un  liquide,  dont  le  mètre  cube  pèse  trois 
mille  cinq  cents  kilogrammes.  Vous  estimez  sans  effort  la 
pression  latérale  exercée  sur  la  face  interne  du  récipient. 
Voilà  une  force  énorme  en  lutte  avec  une  paroi  sillonnée 
de  cavités,  branchées  les  unes  sur  les  autres.  Sitôt  qu'en 
vertu  de  l'ascension  du  fluide  pesant,  le  moteur  aura  acquis 
une  certaine  puissance,  il  ne  pourra  manquer  d'avoir  bien 
vite  raison,  sur  un  niveau  déterminé,  du  simulacre  d'obs- 
tacle qui  lui  est  opposé  et,  s'ouvrant  un  passage  à  travers 
le  vase,  la  lave  s'échappera  par  une  région  du  cratère  voisine 
de  sa  base.  Cette  brèche,  à  laquelle  on  donne  le  nom  de 
fente,  sera  sans  cesse  élargie  par  la  poussée  du  liquide. 

Laissons  maintenant  la  coulée  prendre  son  régime  et 
gagner  les  basses  altitudes.  Elle  affecte  la  figure  d'une 
nappe,  dont  la  largeur  va  en  s'amplifiant,  au  fur  et  à  me- 
sure qu'elle  s'éloigne  de  son  origine.  Prés  de  la  fente  elle 
est  franchement  liquide  sur  toute  son  épaisseur  ;  mais  un 
peu  plus  loin  elle  subit  un  refroidissement  superficiel  et 
s'enveloppe  d'un  manteau  solidifié  de  scories.  C'est  à  cette 
circonstance  qu'il  faut  attribuer  la  marche  si  lente  de  la 
coulée  qui,  sur  des  pentes  de  cinq  à  six  degrés,  ne  se  déplace 
que  de  quelques  centimètres  par  seconde.  Il  lui  faut,  en  effet, 


—  259  — 

briser  el  repousser  sa  carapace  terminale,  qoi  est  comme 
une  digue  construite  en  travers  de  son  cours. 

Plaçons- nous  maintenant  aussi  près  que  possible  de  la 
nappe  et  dans  le  voisinage  de  la  fente,  là  où  le  courant  de 
feu  a  conservé  l'élit  fluide.  Nous  voyons  s'en  échapper  des 
vapeurs  qui  flottent  à  sa  surface,  rassemblées  çàet  là,  à 
la  manière  de  véritables  nuages.  La  lave  est  très  riche  en 
vapeur  d'eau,  nous  le  savons.  Elle  est  assimilable  à  une 
éponge  sursaturée  de  vapeur  surchauffée.  C'est  à  la  tension 
de  ce  fluide  aériforme  qu'il  faut  attribuer  ses  déplacements 
dans  la  cheminée  volcanique,  comme  c'est  à  la  tension  du 
gaz  refoulé  dans  les  boissons  mousseuses  qu'il  faut  attribuer 
l'éruption  du  liquide  hors  du  flacon  qui  le  renferme.  Ce 
nuage  est  formé  par  de  la  vapeur  d'eau,  il  n'en  faut  pas 
douter.  Mais  un  observateur  consciencieux  ne  doit  rien 
avancer  sans  contrôler  son  dire. 

Une  cloche  en  verre  où  a  été  fait  le  vide  et  muuie 
d'une  soupape,  sur  laquelle  nous  pouvons  agir  au  moyen 
d'un  cordon,  est  placée  à  l'extrémité  d'une  longue  tige. 
Engageons  la  cloche  dans  le  nuage  et  faisons  jouer  la  sou- 
pape. Le  gaz  ambiant  se  précipite  aussitôt  dans  la  cavité. 
Fermons  alors  la  soupape  et  ramenons  la  cloche  à  nous.  Elle 
est  pleine  de  gaz,  dont  la  teinte  est  le  gris  cendré.  Pour  être 
bien  assurés  que  nous  avons  recueilli  de  la  vapeur  d'eau, 
il  nous  faut  plonger  le  récipient  dans  un  milieu  amené  à 
une  basse  température.  Des  vésicules  de  vapeur  vont  se 
réunir  pour  former  une  buée  épaisse,  puis  il  se  produira 
une  véritable  condensation  et  des  gouttelettes  liquides 
ruisselleront  sur  les  parois  transparentes  du  vase.  Chose 
étrange  !  nous  n'observons  rien  de  semblable.  Il  n'y  a  ni 


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r^î-w,  ■■*  *'V,  **  e*t  **\>  п&л**сл  à  зге  спек  de  scories, 

4t  v>,  v/U  k*  ft  r*m  4e  «cet:*  eù*e-:ççe  qpî  .тоы 

a*it  ptbW\4  tùtiAH.  Лъгла  г  соатем  de  cotre  ic: 

de  pri**  р*лг  îe§  f-aptorer.  d.  après  les  атоет  refroidis, 

tV/fj*  rowiaUron*,  oon  sans  satisfaction,  qee  cette  fois  nos 

\ffhw>ui  ш\\  pleinement  justifiées  et  que  la  ▼  apeer  d'eaa 

tomiiUf,  h  plo»  grande  partie  do  noage.  Mais  celte  eau 

ponrnit  riV;fre  pis  pore.  Si  elle  lient  eo  dissolution  quelques 

cotfm  étrangers,  tasateor  noos  les  fera  peut-être  connaître. 

f,ftt**on*  tomber  sor  notre  langue  one  gootle  do  liqotde 

сыпкие ,  et  nous  sommes  aussitôt  atisés  de  la  présence 

dn  l'ticirio  cMorhjrdriqoe  associé  à  l'acide  salforeox,  celai 

qui  w  <Щщо  d'une  allumette  enflammée,  en  laissant  dé- 


—  264   — 

gager  des  senteurs  exceptionnellement  piquantes.  Ce  nou- 
veau groupe  d'émanations  a  reçu  le  nom  de  Fumerolles 
acides. 

Mais  nous  sommes  engagés  dans  une  voie  qu'il  faut 
suivre  jusqu'au  bout.  Descendons  plus  bas  encore.  Parvenus 
au  niveau  d'une  autre  zone»  nous  ne  saurions  douter  que 
l'aspect  du  nuage  et  sa  nature  n'aient  encore  changé.  Appa- 
raît alors  un  phénomène  dont  nous  n'avons  pas  tout  d'abord 
l'explication.  La  masse  exhalée,  d'une  teinte  sombre,  est 
traversée  par  des  filaments  très  déliés  d'un  blanc  éblouis- 
sant, qui  voltigent  dans  toutes  les  directions.  L'engin  dont 
nous  faisons  usage  en  saisira  certainement  quelques-uns. 
Placé  sous  nos  yeux,  nous  reconnaissons  le  chlochydrale 
d'ammoniaque,  mais  eu  remarquant  qu'il  subit  dans  la 
cloche  une  décomposition  rapide  et  qu'il  y  a  scission  entre 
l'ammoniaque  et  l'acide  saturateur.  L'odeur  suffocante  d'al- 
cali volatil  qui  se  dégage  du  vase  en  est  un  sûr  garant.  En 
poussant  plus  loin  nos  investigations,  nous  constatons  en- 
core la  présence  du  carbonate  d'ammoniaque  et  aussi  celle 
de  l'acide  snlfhydrique,  ce  gaz  dont  la  senteur  est  particu- 
lièrement repoussante.  Mais  la  vapeur  d'eau  est  encore  ici 
l'élément  essentiel.  C'est  la  zone  des  Fumerolles  ammo- 
niacales. 

La  température  des  émanations  s'est  déjà  singulièrement 
abaissée.  Dans  les  fumerolles  sèches  elle  était  de  500  degrés, 
elle  ne  descendait  pas  au-dessous  de  300  degrés  dans  les 
fumerolles  acides.  Elle  est  à  peine  supérieure  à  100  degrés 
dans  ces  dernières. 

Les  fumerolles  froides  succèdent  aux  précédentes  à  une 
moindre  altitude.  La  température  est  de  100  degrés  et 


—  262  — 

môme  plus  basse,  si  le  relief  est  assez  élevé  pour  se  prêter 
à  une  vaporisation  plus  hâtive.  Elles  se  réduisent  à  de  la 
vapeur  d'eau,  à  peu  près  pure,  ou  tout  au  moins  ne  ren- 
fermant qu'un  proportion  minime  (cinq  pour  cent  environ) 
d'acide  carbonique,  accompagné  d'acide  sulfhydrique  qui, 
partiellement  décomposé  par  la  vapeur,  laisse  déposer  sur 
les  parois  de  la  cloche  un  mince  enduit  de  soufre  libre. 

La  série  se  termine  par  des  exhalaisons  d'acide  carbo- 
nique qui  constituent  de  véritables  moffettes  ;  mais  il  im- 
porte de  ne  pas  prendre  l'apparence  pour  la  réalité.  Le  gaz 
dégagé  est  un  carbure  d'hydrogène  qui,  subissant  une  oxy- 
dation provoquée  par  le  contact  de  l'atmosphère,  est  con- 
verti en  acide  carbonique.  Nous  donnons  à  ce  dernier  groupe 
le  nom  de  Fumerolles  carbonées. 

Tel  est  l'exposé  du  phénomène  dans  l'espace.  La  coulée 
est  comparable  à  une  échelle  graduée,  dont  les  divers  degrés 
sont  comme  les  sources  des  exhalaisons  que  nous  avons 
dénommées  :  sèches,  acides,  ammoniacales,  froides  et  car- 
bonées, lesquelles  sont  distribuées  suivant  les  termes  dé* 
croissants  de  la  température. 

Puisqu'il  est  démontré  que  la  nature  des  fumerolles  varie 
avec  la  température,  il  est  à  l'avance  évident  qu'elles  de- 
vront aussi  varier  à  une  même  place  dans  le  temps. 

Quand  la  coulée  a  cessé  et  que  les  liens  qui  la  rattachaient 
à  la  source  interne  du  calorique  ont  été  tranchés,  le  refroi- 
dissement gagne  de  proche  en  proche  les  parties  les  plus 
élevées,  et  il  se  produit  une  rétrogradation  des  zones.  Si 
Ton  considère,  par  exemple,  l'espace  qui  émettait  au  début 
les  fumerolles  sèches,  on  y  voit  successivement  apparaître 


—  263  — 

les  fumerolles  acides,  puis  les  fumerolles  ammoniacales  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  épuisement  de  la  série. 

Il  nous  reste  maintenant  à  interpréter  ces  faits  et  à  en 
démêler,  s'il  est  possible,  l'origine. 

Lorsqu'une  question  de  genèse  se  pose  en  géologie,  on 
en  découvre  le  plus  souvent  la  solution,  en  invoquant  le 
principe  fondamental,  qui  est  comme  le  flambeau  dont  la 
lueur  éclaire  tous  les  faits  révélés  par  l'observation.  Ce 
principe  est  celui  de  la  fluidité  originelle  du  globe.  Nous 
allons,  si  vous  le  voulez  bien,  tenter  ensemble  l'entreprise. 

Il  est  assez  malaisé  de  mettre  la  main  sur  tin  liquide  dont 
on  puisse  élever  la  température  dans  des  limites  très  éten- 
dues. Les  corps  qui  se  montrent  à  nous  à  cet  état,  dans 
les  conditions  de  pression  qui  prévalent  à  la  surface,  sont 
convertis  en  vapeur,  quand  une  quantité  d'ordinaire  assez 
minime  de  chaleur  leur  est  fournie,  et  le  résultat  poursuivi 
est  mis  en  défaut.  Pour  l'obtenir  il  convient  de  s'adresser 
aux  corps  solides  et  d'y  dénouer  les  liens  de  la  cohésion 
par  un  apport  de  calorique.  Certains  métaux  se  prêtent  bien 
à  ce  changement  d'état,  qui  persiste,  sans  modification,  en 
même  temps  que  la  température  s'élève,  aussi  longtemps 
que  sont  maintenues  les  relations  avec  le  foyer  qui  Га  pro- 
voqué. 

Si  Ton  fait  choix  de  l'argent,  on  obtient  un  bain  liquide 
qui,  au  début,  accuse  une  température  de  1000  degrés;  et 
Ton  peut,  sans  craindre  de  voir  se  former,  à  ses  dépens, 
un  fluide  aériforme,  élever  la  température  bien  au-delà  de 
cette  limite.  Or,  ces  milieux  liquides,  capables  de  fixer  ces 
températures  exceptionnelles,  offrent  la  propriété  singulière 
d'absorber  certains  gaz,  certaines  vapeurs  et  parfois  même 


—  264  — 

certaines  substances  amenées  à  l'étal  volatil,  qui  constituent 
leur  atmosphère  ambiante.  Chacun  d'eux  afflue  dans  le 
liquide,  doué  du  pouvoir  attractif,  à  une  température  diffé- 
rente; mais  tous  y  demeurent  emprisonnés  tant  que  la  tem- 
pérature capable  d'amener  la  résolution  du  bain  en  fluide 
élastique  n'a  pas  été  atteinte. 

Ce  résultat  acquis,  éloignons  le  bain  de  la  source  où  il 
a  puisé  son  calorique.  Il  se  refroidit  par  voie  de  rayonne- 
ment. Sitôt  que  l'instrument  de  mesure,  dont  nous  avons 
fait  usage  pour  déterminer  l'état  thermique  du  milieu  absor- 
bant, accuse  de  nouveau  celui  où  l'appel  de  Tune  des  subs- 
tances avait  été  produit,  nous  voyons  cette  substance  s'é- 
chapper brusquement,  violemment,  comme  si  une  force 
lui  était  appliquée  pour  l'expulser.  C'est  le  phénomène  du 
rochage.  Si  donc  plusieurs  gaz  sont  venus  se  loger  dans 
les  intervalles  intermoléculaires  de  la  masse  en  fusion,  nous 
observerons  des  départs  successifs  qui  correspondent  à  des 
températures  successivement  décroissantes. 

Admettons  maintenant  qu'à  l'origine  le  globe  terrestre 
ait  passé  par  une  période  au  cours  de  laquelle  la  somme 
de  calorique  emmagasiné  dans  sa  masse  a  été  assez  élevée 
pour  la  maintenir  à  l'état  de  fusion.  L'écorce  granitoïde 
qui  est  à  la  base  de  toutes  les  assises  sédimentaires  a  dû 
former  une  nappe  liquide  continue  et  accuser  une  tem- 
pérature de  1500  degrés.  Voilà  certainement  un  milieu 
liquide  qui  remplit  toutes  les  conditions  requises  pour 
absorber  les  gaz,  les  vapeurs  et  les  principes  volatils  qui, 
flottant  à  sa  surface,  sont  aptes  à  subir  son  attraction.  Or, 
l'observation  des  fumerolles  nous  a  appris  que  des  subs- 
tances gazeuses  ou  volatiles  :  eau,  chlorures,  alcalis,  acides, 


—  265  — 

etc.,  sont  incorporées  à  la  lave,  c'est-à-dire  à  des  nappes 
profondes.  D* autre  part  on  ne  sanrait  douter  qu'en  raison 
de  leur  légèreté  spécifique  ces  corps  n'aient  fait  partie  de 
l'atmosphère  primitive.  Nous  sommes  dès  lors  autorisés  à 
conclure  de  l'absorption  à  une  température  de  la  masse 
assez  élevée  pour  lui  procurer  à  la  fois  la  fluidité  et  le  pou- 
voir absorbant. 

Que  la  vapeur  d'eau  ait  été  capturée  jusqu'à  saturation 
par  le  sphéroïde  terrestre,  c'est  chose  évidente.  Il  n'est  pas 
une  seule  roche  de  la  série  éruptive,  ou  autrement,  il  n'est 
pas  un  seul  témoin  parvenu  à  la  surface,  après  s'être  élevé 
des  régions  profondes,  dont  la  texture  n'indique  clairement, 
sous  le  microscope,  qu'il  a  été  consolidé  non  pas  seulement 
par  le  fait  de  l'expulsion  du  calorique  natif,  mais  bien 
plutôt  par  le  fait  de  l'expulsion  définitive  de  l'eau  sur- 
chauffée dont  il  était  imbibé.  Il  a  fallu  que  la  sphère  ait 
été  pénétrée  jusqu'à  refus  par  la  vapeur  d'eau,  pour  que 
le  reste  du  fluide  ait  pu  se  condenser,  de  manière  à  former 
les  océans  qui,  sous  une  profondeur  moyenne  de  quatre 
mille  mètres,  s'étendent  sur  les  trois  quarts  de  la  surface 
terrestre. 

Ces  eaux,  évidemment  présentes  dans  l'atmosphère,  nous 
les  retrouvons  dans  les  fumerolles. 

Il  en  est  de  même  des  chlorures  alcalins  et  autres  qui 
donnent  aux  mers  leur  salure. 

Il  faut  ajouter  encore  l'ammoniaque  qui  est  la  source  où 
animaux  et  végétaux  ont  constamment  puisé  l'azote  de  leurs 
tissus;  l'acide  calorique  qui,  dans  tous  le  cours  des  temps 
géologiques  et  de  nos  jours  encore,  fournit  au  calcaire  la 
moitié  ou  à  peu  près  de  sa  charpente. 


—  266  — 

Ne  soyons  pas  étonnés  si  dans  l'atmosphère  de  cette 
époque  nous  ne  rencontrons  pas  la  chaux,  la  silice  et  l'argile 
qui  entrent  pour  une  si  large  part  dans  la  constitution  des 
terrains  sédimentaires.  Nous  savons  en  effet  que  toutes  ces 
substances  existaient  dans  le  globe  sous-jacent  et  que  ce 
sont  les  eaux  météoriques  qui  les  ont  entraînées  par  voie 
de  dissolution  ou  d'ablation  mécanique,  pour  les  charrier 
aux  places  qu'elles  occupent  aujourd'hui. 

L'acide  carbonique  a  droit  à  une  autre  mention.  C'est 
à  lui,  à  lui  seul,  que  tous  les  végétaux  qui  se  sont  succédés 
sur  la  terre  ont  emprunté  le  carbone  qu'ils  ont  fixé  dans 
leurs  fibres  combustibles,  assainissant  sans  trêve  ni  relâche 
une  atmosphère  qui,  tout  d'abord  empoisonnée,  est  aujour- 
d'hui devenue  assez  pure  pour  se  plier  aux  conditions  très 
étroites  de  la  vie  de  l'homme  et  des  animaux  supérieurs. 

Il  nous  resterait  à  vous  donner  la  preuve  que  les  acides 
chlorhydriques,  sulfureux,  sulfhydriques,  qui  eux  aussi  en- 
traient dans  la  composition  de  l'atmosphère  primitive,  ont 
accompli  depuis  ces  temps  reculés  jusqu'à  nos  jours  une 
mission  particulière.  Mais  je  ne  puis  qu'indiquer  le  rôle 
qui  leur  a  été  dévolu.  Ils  ont  été  les  véhicules  qui  ont  en- 
traîné les  métaux  localisés  dès  le  début,  en  vertu  de  leur 
grande  pesanteur,  dans  les  régions  les  plus  profondément 
situées,  pour  les  faire  remonter  jusqu'à  la  surface  dans  ces 
cheminées  aux  contours  réguliers,  ou  ces  enceintes  aux 
profils  capricieux,  que  l'on  désigne  sous  les  noms  de  filons 
et  amas  métallifères. 

Le  phénomène  de  l'exhalaison  volcanique,  compris  de 
cette  manière,  se  résumerait  dans  un  acte  de  restitution  à 


—  267  — 

notre  atmosphère  de  produits,  qui  lui  ont  été  dérobés  dans 
le  passé  par  une  sphère  en  fusion  et  dès  lors  apte  à  acquérir 
le  pouvoir  d'absorber  les  fluides  qui  formaient  son  enve- 
loppe aérienne. 

Il  nous  semble  que  cette  thèse  repose  sur  de  solides  fon- 
dements, et  que  de  la  discussion  des  faits  que  nous  avons 
eu  l'honneur  de  vous  rappeler,  découle,  en  faveur  de  l'hy- 
pothèse de  la  fluidité  originelle  du  globe  terrestre,  un  ar- 
gument que  les  géologues  n'ont  pas  mis  en  lumière  et  qui, 
à  nos  yeux,  n'est  cependant  pas  sans  valeur. 


*jt«:w-:,..n; 


V  •• 


Li  CELEBRATION  BU  MARIAGE 


A.     AIX 


AU    XV-    <\   XVI-   SIÈCLES 

PAR 

L'abbb    MARBOT 


H  y  a  deux  ans,  notre  éminent  confrère,  M.  Ch.  de 
Ribbe,  donnait  sa  large  part  d'intérêt  à  la  séance  publique 
de  Г  Académie,  par  une  communication  sur  les  Fiançailles 
et  les  mariages  en  Provence  à  la  fin  du  mojren-dge. 
Il  a  depuis,  sur  le  même  sujet,  publié  une  brochure  f 
des  mieux  documentées,  avec  de  plus  vastes  horizons  et 
des  développements  amplifiés  ;  le  charme  seul  en  est 
resté  le  même  :  il  ne  pouvait  plus  grandir. 

Or,  tandis  qu'il  nous  dévoilait  ce  point  particulier  de 
ses  éludes  si  complètes  sur  la  famille,  en  parcourant  avec 
nous  ce  champ  qu'il  explore  en  maître  et  où  il  moissonne 
à  pleines  mains,  M.  de  Ribbe  exécutait  lui-même  Tordre 

(I)  Ch.  de  Ribbe.— Les  fiançailles  et  les  mariages  en  Provence  à 
la  fia  du  moyen-âge.  In-8*  de  55  pages.  Montpellier.  Firmin  et 
Montane.  1896. 


—  270  — 

que  Rooz  donnait  à  ses  ouvriers  f  :  il  négligeait  sciem- 
ment quelques  épis,  pour  laisser  au  moins  une  glane  à 
ceux  qui  modestement  marcheraient  sur  ses  traces.  Je 
Геп  remercie  pour  ma  part  ;  et  je  veux  en  tirer  profit, 
bien  que  je  n'aie  rien  qui  ressemble  à  la  moabite,  dont 
Booz  favorisait  l'humble  labeur. 

Je  vous  demande  donc  la  permission  de  vous  dire 
comment  à  Aix,  au  XVe  siècle  et  au  XVIe,  s'administrait 
le  sacrement  de  mariage. 

Un  document  de  grande  valeur  nous  fixe  à  cet  égard  : 
c'est  le  Bréviaire  aixois  de  1499  *,  incunable  dont 
l'exemplaire  sur  velin  est  unique  et  que  notre  confrère 
de  l'Académie,  M.  Mouravit,  juge  sage  et  compétent, 
appelait  si  justement  ce  un  joyau  précieux»  de  la  Mé- 
janes  3. 

A  la  fin  de  ce  volume  se  trouve  le  Rituel.  C'est  là  que 
trèsauthentiquement  s*affirme  le  rit  sacré  auquel  je  désire 
vous  initier. 

Mais  une  sèche  énumération  de  textes  et  de  formules 
vous  fatiguerait  peut-être.  Faisons  mieux  ;  et  mettons  en 
scène  deux  heureux  fiancés.  Les  fiancés  sont...  toujours 
heureux  ! 

Henri  Patrisi  a  rencontré  dans  Aix  Catherine  Platel, 

(1)  Livre  de  Ruth,  11-16. 

(2)  Bréviaire  iTAix. —  impr.  sur  velin  in-42.  333  folios  (calen- 
drier non  compris.)  Lyon.  Michel  Thopie  4499.  —  Bibl.  Méjanes, 
coté  47485. 

(3)  Mouravit.  Rapport  à  l'Académie  d'Aix,  sur  les  incunables  de 
la  Méjanes.  Séance  du  18  mars  4889. 


—  271   — 

que  le  ciel  lui  destine  \  Tous  deux  sont  d'égale  con- 
dition ;  leurs  familles  sont  honnêtes  ;  leur  foi  chrétienne 
et  leurs  sentiments  s^harmonisent  ;  entre  eux  a  passé  im 
courant  plus  que  sympathique.  Quant  à  leur  fortune,  elle 
est  dans  leur  labeur,  soutenu  de  quelque  épargne. 
Henri  est  maître-maçon.  Son  intelligence  et  son  travail 
l'ont  conduit  assez  tôt  à  cette  maîtrise  qui  n'était  pas  alors 
un  simple  titre.  Catherine  n'est  pas  sans  avoir  :  et,  au 
jour  du  contrat,  son  oncle  Raudet  Pidance  ajoutera  à  sa 
dot  cinq  florins,  dont  deux  et  demi  payables  le  jour  des 
épousailles,  in  die  subarrhationis. 

Tous  renseignements  assurés  et  tous  préliminaires 
accomplis,  nous  voici  au  18  janvier  1493.  C'est  le  jour 
des  fiançailles.  Les  deux  familles  sont  réunies  ;  les  actes 
sont  dressés  ;  il  faut  aussi  le  concours  de  la  Religion  dont 
alors  tout  événement  familial  ne  se  dispensait  jamais,  et 
qui  revêtait,  au  seuil  des  nouveaux  foyers,  un  caractère 
plus  particulièrement  ému. 

Le  prêtre  s'est  levé  devant  les  futurs  époux  agenouillés. 

—  Voulez-vous  être  fiancés  l  dit-il  a.  Un  oui  simul- 
tanément et  fort  bien  accentué  répond  à  cette  question. 

(t)  Ch.  de  Ribbe,  loc.  cil.  page  51  note  2. 

(2)  —  Pour  rendre  plus  accessibles  à  la  majorité  de  l'auditoire  les 
textes  de  notre  rituel  nous  en  avons  fait  la  traduction.  Nous  met- 
tons donc  en  notes  les  textes  latins  originaux.  Quant  aux  phrases 
qui  sont  en  français  dans  ie  rituel,  nous  les  produisons  sans  chan- 
gement au  courant  de  cette  étude.  Le  style  et  l'orthographe  les 
distinguent  asseç  clairement  de  nos  traductions,  pour  qu'il  soit 
inutile  de  les  signaler  autrement 

Voici  le  début  de  la  cérémonie  : 

—  Vullis  affidari.—  ял  sic.  —  Quod  est  nomen  tuum.  —  Joha- 
nès.  —  Et  mulier  :  Maria,  —  Par  la  foy.  etc.. 


—  272  — 

—  Comment  vous  appelez-vous  l 

—  Henri  Patrisi  —  Catherine  Platel. 

—  Par  lafoy  de  vostre  corps ,  ajoute  le  prêtre,  avez- 
vous  promesse  ou  aultre  en  cas  de  mariage  t 

—  Non. 

Les  précautions  étant  ainsi  prises,  voici  la  formule 
essentielle  : 

—  Henri  Patrisi)  tu  promets  et  jures  par  tafoy 
que  prendras  à  femme  et  à  espouse  Catherine  Platel 
qui  est  cy -préfente  dedans  quarante  jours,  si  Dieu  et 
notre  Mère  saincte  Eglise  consent  et  accorde  f 

—  Oui9  sire,  répond  loyalement  Henri. 

Et  la  même  question  f  posée  à  Catherine  Platel  obtient 
une  réponse  non  moins  empressée  et  non  moins  loyale. 

C'est  alors  que,  levant  la  main,  d'un  signe  de  croix  le 
prêtre  les  bénit  en  disant  : 

—  Affido  vos  (je  vous  fiance).  In  nomine  Patris  et 
Filii  et  Spiritus  sancti.  Amen. 

M.  de  Ribbe  nous  avait  fait  assister  déjà  à  cette  céré- 
monie. Il  a  pris  soin  de  noter  que  la  caractéristique  de 
ces  fiançailles  était  une  ce  parole  de  futur,  »  sponsalia 
per  verba  de  futuro,  comme  dit  la  langue  juridique.  Cet 
engagement  si  formel  devait,  dans  le  délai  fixé  de  qua- 
rante jours,  se  convertir  en  un  contrat  définitif  par  des 
ce  paroles  du  présent  x>  verba  de  prœsenti,  au  jour  de  la 
célébration  du  mariage  ce  en  face  la  sainte  Eglise.  э> 

Mais,  entre  temps,  se  faisait  la  publication  des  bans, 

(1)  ~  Sic  et  mulier  —  Affido  vos,  elc. 


—  273  — 

durant  trois  jours  de  dimanche  ou  de  fête,  à  la  messe 
solennelle  et  à  vêpres  {tara  intra  missam  solen.  q.  in 
vcspis). 

Aussi  bien,  les  dimanches  qui  suivirent  l'inoubliable 
18  janvier  1493,  les  amis  de  nos  fiancés  et  tous  les 
fidèles  de  Saint-Sauveur  durent-ils  entendre  tomber  de 
la  chaire  cette  proclamation  : 

ce  Henri,  fils  de  [Louis]  Patrisi,  de  cette  paroisse 
et  Catherine,  fille  de  [Jean]  Platel,  demeurant  en 
cette  même  paroisse,  se  veulent  se  prendre  et  assem- 
bler par  loyal  mariage.  S'il  est  nul  ne  nulle  gui 
saiche  entre  eux  lignage,  affinité  ne  empeschement 
p.  quoj  le  mariage  [ne]  se  doive  faire,  si  le  die  sus 
peine  de  excommuniment  avant  que  on  procède  plus 
avant,  с  est  pour  le  premier  ban.  [C"est\pourle  second. 
[(?est]  pour  le  tiers,  w 

Nul  ne  sut  ce  lignage,  affinité  ne  empeschement  x>  entre 
Henri  et  Catherine.  Aussi,  trop  lentement  peut-être  au 
gré  des  fiancés,  les  quarante  jours  étant  écoulés,  le  27 
février,  un  cortège  tout  en  habit  de  fête  s'ébranle  et,  — 
précédé  du  ménestrier,  —  pédestrement  il  se  dirige  vers 
la  métropole.  C'est  le  jour  solennel  ce  de  la  subarrhation  » 
ou  des  épousailles,  le  jour  du  vrai  mariage. 

On  s'arrête  à  la  porte  de  l'église  f.  Le  prêtre  s'y  pré- 
Ci)  —  Dans  quelques  localités,  où  c'est  l'usage  on  entre  de  suite 
à  l'église  et  Ton  va  devant  l'autel.  Cette  disposition  était  excep- 
tionnelle. Nous  croyons  que  l'usage,  alors   général,  était  que  le 
mariage  se  fit  devant  la  porte  de  l'église,   en  laquelle  on  entrait 

ensuite  pour  la  bénédiction  nuptiale. 

48 


—  274  — 

sente,  revêtu  des  ornements  sacrés  ;  et  il  adresse  à  l'assis- 
tance ce  grave  monitoire  ? 

ce  Nous  avons  proclamé  en  Féglise  de  céans  trojs 
bans  solennellement  par  troys  jours  solennels  pour  le 
mariage  que  Henri  fils  de  [Louis]  Patrisi  et  Catherine 
fille  de  \Jeari]  Platel  de  ce  diocèse  et  de  cette  paroisse 
cj-présens  entendent  à  contracter  et  faire  ensemble  à 
Г  honneur  de  Dieu  et  de  la  Vierge  Marie  :  auxlquieulx 
nul  na  contredit.  Derechief  nous  proclamons  le  quart 
ban  (Tabundance  en  faisant  commandement  s'il  y  a 
aucun  qui  sache  nul  empeschement  légitime  par  quoi 
le  présent  mariage  ne  se  puisse  faire,  si  le  die  sur 
peine  de  excommunément  ;  ou  aultrement  nous  dénon- 
cions excommuniés  tous  ceux  qui  malicieusement  nous 
vouldront  bailler  faulx  troublemens  et  empesche- 
mens.  m 

S'ils  avaient  craint  c<  faulx  troublemens,  »  Henri  et 
Catherine  eussent  respiré  à  cette  dernière  phrase,  qui 
mérite  notre  attention.  On  a  toujours,  en  effel,  déploré 
les  intrigues  parfois  nouées  par  la  malice  humaine  pour 
jeter  le  trouble  au  sein  des  familles  et  mettre  obstacle 
aux  plus  légitimes  établissements.  Ici  TEglise  veut  y 
couper  court  par  la  menace  de  rexcommunication.  Et 
telle  est  l'importance  que  notre  Rituel  attache  à  ce  mo- 
nitoire qu'il  en  déclare  la  lecture  nécessaire,  quand  bien 
même  les  parties  auraient  obtenu  dispense  des  autres 
bans.  —  Il  ajoute  dailleurs  que  si  Tun  des  deux  époux 
est  d'un  diocèse  étranger,  le  prêtre  aura  dû   prendre  la 


2  г*  »» 
/о  — 

précaution  de  faire  jurer  à  tous  deux  qu'il  n'y  a  entre  eux 
aucun  empêchement. 

Ce  préambule  achevé,  on  procède  à  la  Datio  corpo- 
rum,  qui  est  le  vrai  contrat  matrimonial,  constituant 
l'essence  même  du  Sacrement  de  mariage. 

Les  deux  époux  se  donnent  la  main  droite.  C'est  Henri 
qui  va  parler  le  premier,  l'homme  étant,  dit  saint  Paul, 
ce  le  chef  de  la  femme,  w  II  dit  : 

—  ce  Je,  Henri  Patrisi,  donne  à  toy  Catherine 
Platel  mon  .corps  en  loyal  mari. 

ce  Et  le  reçoy,  répond  aussitôt  Catherine,  qui  dit  à 
son  tour  : 

—  ce  Je,  Catherine  Platel,  donne  à  toy  Henri  Pa- 
trisi  mon  corps  en  loyale  femme.  x> 

—  ce  Et  le  reçoy,  répond  Henri.  » 

Rien  de  plus  rigoureusement  juste,  on  oserait  presque 
dire  de  plus  technique,  que  cette  forme  sacramentelle  ! 
A  tous  ceux  que  Ton  aime,  mais  avec  des  nuances  diverses, 
à  des  degrés  différents,  on  donne  son  cœur.  Le  serment 
conjugal  enchaîne  la  vie  corporelle.  A  Dieu  seul  on  donne 
son  âme  ! 

A  cette  dation  des  corps  succède  la  subarrhation. 

L'anneau  nuptial  est  présenté  au  prêtre.  On  raccom- 
pagne de  treize  sous  tournois  f  et  d'une  lettre  conçue  en 
ces  termes  : 

(1)  Le  texte  de  la  lettre  dit  decem  solidos  turon.  Et  la  rubrique 
qui  suit  dit  douze  ou  treize  deniers  tournois  ou  une  pièce  de  mon- 
naie, selon  l'usage.  —  Voir  sur  le  treizain  etc.  le  travail  de  M.  de 
Ribbe  (loc.  cii.)  p.  i8  et  suiv. 


—  276  — 

ce  Au  nom  du  Christ,  moi  Henri  Patrisi  prend  pour 
épouse  Catherine  Platel  et  lui  donne  en  présent  de 
noces  treize  sous  tournois.  Philippe  Herbert  étant 
archevêque  iïAix,  Charles  étant  notre  roi  de  France. 

Donné  à  Aix  le  27  février  1493  *.  » 

Le  prêtre  bénit  Panneau,  avec  les  arrhes  et  la  lettre 
qui  les  mentionne  en  disant  9  : 

ce  Bénissez,  Seigneur,  ces  arrhes  que  livre  aujour- 

(1)  Nous  mettons  Charles  VIII  roi,  pour  correspondre  au  ma- 
riage pris  en  exemple  en  4493.  Mais  la  formule  du  Brév.  de  4499 
porte  Ludovico  (Louis  Xïï  régnant  depuis  1498.) 

Texte  :  In  Xpi  nomine,  Ego  Petrus  N.  duco  in  uxorem  Johanam 
N.  cui  coucedo  in  sponsalicio  decem  solidos  turon.  Karolo  d'bor- 
bonio  vel  gaudiosia  Claramonlen  vel  sancti  flori  epo  existente  rege 
nostro  Ludovico  fra[n]corum  regna[n]te.  Datum  etc. 

Il  y  a  dans  la  rédaction  de  cette  formule  un  petit  problème 
bibliographique.  Remarquez  qu'on  y  a  mis  le  vrai  nom  du  roi 
régnant  Louis  XII.  Pourquoi  pas  de  même  pour  l'archevêque  ?  Le 
compositeur  avait  sans  doute  sous  les  yeux  la  morne  formule  rédi- 
gée pour  Clermont  et  Saint-Fiour,  qui  eurent  leur  liturgie  commune 
au  XV*  et  au  XVIe  siècles,  et  dont  les  évêques  étaient,  à  cette 
époque  Charles  II  de  Bourbon  et  Charles  de  Joyeuse.  Mais  nous 
ne  connaissons  pas  de  Bréviaire  de  ces  églises  se  rapportant  à 
cette  date.  Nous  savons  seulement  que  Thopie  imprima  leur  Missel 
en  1492. 

(2)  Texte  :  Adjulorium  nostrum.  —  Dne  exaudi  —  Dns  vob. — 
Oremus.  Benedic  >$<  Dne  has  arras  quas  hodie  tradat  famulus  tuus 
N.  in  manu  ancille  tue  N.  quemadmodum  benedixisti  Abraham 
cum  Sara  Ysaac  cum  Rebecca  Jacob  cum  Rachel  :  Dona  super  eos 
gratiam  salutis  tue  abundantiam  rerum  et  constantiam  operum. 
Florescant  sicut  rose  in  hierico  plan  ta  te  et  Dnum  nostr.  Jesum 
Хощ  timeant  et  adorent.  Qui  tecum  vivit  et  régnât.  Et  benedictio 
Dei  patris  opotontis  et  filii  et  spir.  si  descendat  et  maneat  super 

stas  arras.  Amen. 


—  277  — 
cThui  votre  serviteur  Henri  aux  mains  de  .voire 
servante  Catherine,  ainsi  que  vous  avez  béni  ceux 
(C Abraham  à  Sara,  ceux  iCIsaac  à  Rebecca,  ceux  de 
Jacob  à  Rachel.  Répandez  sur  ces  époux  la  grâce 
i  de  votre  salut.  Donnez-leur  V abondance  des  biens,  la 

}  constance  dans  leurs  œuvres.  Qu  ils  fleurissent  comme 

\  les  rosiers  plantés  en  Jéricho.  Çuils  craignent  et 

■ 

adorent  Jésus-Christ  notre  Seigneur  qui  vit  et  règne 
avec  vous.  Et  que  la  bénédiction  de  Dieu  le  Père  tout- 
puissant  et  du  Fils  et  du  Saint-Esprit  descende  et 
demeure  sur  ces  arrhes.  Ainsi  soit-il.  » 

L'époux  reçoit  aussitôt  du  prêtre  et  la  lettre  pliée  en 
laquelle  on  met  les  arrhes  et  l'anneau  qu'il  va  passer  au 
doigt  de  Tépouse. 

Remarquez  bien  ici  la  solennité  de  ce  dernier  acte. 

De  trois  doigts  de  la  main  droite,  Henri  a  saisi  Panneau. 
De  la  gauche  il  prend  et  soutient  la  main  droite  de  Cathe- 
rine. Il  va  successivement  lui  introduire  l'anneau  à  l'index, 
au  grand  doigt  et  à  l'annulaire  (le  doigt  moyen)  où  il  le 
laissera  ;  mais  à  chacun  de  ces  trois  mouvements  il  tracera 
auparavant  le  signe  de  la  croix  avec  ce  gage  des  plus 
loyaux  serments  ;  et  il  dit  : 

«  Je,  Henri  Patrisi,  épouse  toi  Catherine  Platel, 
ainsi  que  Dieu,  la  loy,  la  saincte  foy  catholique  et  la 
saincte  Eglise  de  Rome  le  commande.  In  nomine 
Patris  »J»  (in  indice)  et  Filii  ^  (in  magno)  et  Spiritus 
sci  »i*  (in  medio  remanet)  Amen  *.  x> 

(I)  «  In  mediOy  écrit-on  pour  désigner  l'annulaire,  sans  doute  à 
cause  de  sa  moyenne  grosseur  entre  le  doigt  du  milieu  et  le  petit 
doigt.  »  (Ch.  de  Ribbe,  loc.  cit.  page  53). 


1 


—  278  — 

Et  le  prêtre  dit  aussitôt  Tordre  divin  :  Quod  Deus 
conjunxit  homo  non  separet.  In  nomine  Patris,  etc. 

Et  il  continue  : 

ce  Que  le  Dieu  (Г  Abraham,  le  Dieu  dlsaac,  le  Dieu 
de  Jacob  vous  unisse  Lui-même,  et  quil  vous  emplisse 
de  sa  bénédiction.  Ainsi  soit-il.  » 

«  Seigneur,  jetez  un  regard  favorable  sur  ce  con- 
trat ;  et  comme  vous  avez  envoyé  Raphaël,  l'ange  de 
la  paix,  à  Tobie  et  à  Sara  la  fille  de  Raguel,  ainsi 
daignez  répandre  votre  bénédiction  sur  votre  serviteur 

et  sur  votre  servante.  Au  nom  du  Père Ainsi 

soit-il  *.  x> 

Les  deux  époux  sont  alors  aspergés  d'eau  bénite. 

Les  voici  maintenant  qui  entrent  à  l'église,  avec  leur 
cortège.  La  foule  les  suit,  car  foule  il  y  a  pour  voir  l'air 
heureux  d'Henri  et  la  bonne  grâce  de  Catherine.  Rien  ne 
nous  indique  l'attitude  de  cette  foule.  Mais  Catherine  a  sur 
sa  robe  rouge  un  manteau  bleu  «  couleur  perse  ;  »  et  son 
voile  blanc  est  surmonté  de  la  couronne  de  perle  !  C'est 
sa  toilette  de  mariée  *.  Or,  la  toilette  d'une  mariée  a 
toujours  eu  le  privilège  d'attirer  les  regards  féminins.  Et 
comment  supposer  qu'en  Provence,  dans  ce  pays  où  l'on 
pense  tout  haut,  il  fut  jamais  possible,  en  pareil  cas,  d'ad- 

(1)  Texte.  Deus  Abraham  :  Deus  Ysaac  :  et  Deus  Jacob  ipse 
vos  conjungat  impleatque  benedictionem  suam  in  vobis.  Amen. 
Respice  Dne  super  hanc  eomentionem  et  sicut  misisti  angelum 
tuum  Raphaelem  pacificum  Thobie  et  Sare  filie  Raguelis  :  ita 
mittere  dignerisDne  tuam  bndictionem  superhune  famulum  tuum 
et  famulam  tuam.  In  nomine  Patris,  etc. 

(2)  Détails  donnés  par  M.  de  Ribbc. 


—  279  — 

mirer  sans  parler  ?  Quoiqu'il  en  soit,  je  n'avancerai  cer- 
tainement rien  de  trop,  ni  ne  calomnierai  mon  temps,  en 
assurant  au  XIXe  siècle  que  dans  les  églises,  à  l'occasion 
d'un  mariage,  au  XVe  siècle  on  ne  parlait  pas  davantage. 

Les  époux  sont  arrivés  au  pied  de  Гаи  tel.  Henri  et 
Catherine  ont  pris  place,  côte  à  côte,  sur  leurs  agenouil- 
loirs,  tout  pénétrés  des  grâces  de  ce  grand  jour  et  prêts  h 
bénéficier,  en  bons  chrétiens  qu'ils  sont,  du  saint  sacrifice 
qui  est  offert  à  leur  intention.  C'est  à  la  messe  d'ailleurs 
qu'ils  vont  recevoir  la  bénédiction  nuptiale. 

La  messe  que  dit  le  prêtre  devant  les  époux  est  celle 
de  la  Sainte-Trinité,  —  car  la  messe  spéciale  pro  sponsis 
n'est  pas  encore  en  usage  *,  mais  aux  oraisons  du  rit  on 
en  ajoute  une  autre  pour  les  époux.  L'Epître  et  l'Evangile 
sont  appropriés  à  la  cérémonie.  De  plus,  à  Yhanc  igitur, 
on  accentue  que  ce  cette  oblation  sainte  est  présentée 
au  Seigneur  pour  Г  épouse   qiïil  a  fait  grandir  et 

(l)  Introit.  Benedicta  sca  Trinitas.  Oraisons.  2,  propres  :  la 
\ ère  de  la  Trinité,  la  2me  pro  sponsis  :  «  Exaudi  nos,  omnip.  et 
«  misericors  Deus,  ut  quod  nostro  ministrante  ofïicio  tua  bndic- 
«  tione  implcatur.  P.  D.  N.  »  —  Toujours  Gloria  et  Credo  — 
Epitre  S.  Paul  :  Nescitis  quia  corpora  nostra  membra  sunt  Christi. 
—  Graduel  Bndictus  es  Dne  qui  intueris  abyssos.  Sans  Alleluja  — 
Evangile.  Noces  de  Cana,  (de  St-Hilaire  à  la  Septuag.).  Régi  qui 
fecit  nuptias  filio  suo  (temps  de  la  sepluag.).  Accesserunt...  si  licet 
dimittere  (les  autres  temps).  —  Offert.  Bndictus  sit  Deus  pater  — 
Secrètes  4  ère  de  la  Trinité.  2me  «  suscipe  quesumus  Dne  pro 
«  sancta  connubii  lege  munus  oblatum  et  cum  largitor  es  о  péri  s 
«  esto  dispositor.  P.  D.  N.  »  —  Préface  de  la  Trinité.  —  Commu- 
nion Bndicimus.—  Post  communion  4e  de  la  Trinité.  2»  «  Quesumus 
«  omnipotens  Deus  institula  providenlie  tue  pio  a  more  со  mi  tare 
«  utqiios  légitima  societate  connectis  longe  va  расе  custodias.  P.D.» 


—  280  — 

qu'il  a  conduite  jusqu'à  ce  jour  de  ses  noces,  afin 
que  Lui-même  soit  le  lien  favorable  Vunissant  à  son 

époux*. 

Après  le  Pater,  le  prêtre  ayant  rompu  la  sainte  hostie 
se  retourne  avant  de  dire  le  Pax.  Les  époux  s'agenouillent 
devant  l'autel.  C'est  le  moment  de  la  bénédiction  nuptiale. 

La  formule  en  est  la  même  qu'aujourd'hui,  avec  cette 
seule  différence  que  la  deuxième  oraison  affecle  la  for- 
me d'une  préface  s.  Mais  la  bénédiction  complémentaire 
Deus  Abraham,  maintenant  en  usage,  est  remplacée  par 
celle-ci  : 

«  Seigneur  saint,  Père  tout-puissant,  Dieu  éternel, 
nous  réitérons  no  sprières  et,  suppliants,  nous  vous 
demandons  <F  être  favorable  à  cette  union  de  vos  ser- 
viteurs. Qu'ils  méritent  de  recevoir  vos  bénédictions  ; 
que  vous  daigniez  confirmer  leur  mariage,  comme 
vous  le  fîtes  pour  le  premier  homme  ;  que  loin  eTeux 
se  détournent  les  embûches  de  V ennemi,  afin  quils 
imitent  dans  leur  vie  conjugale  la  sainteté  des  aïeux, 

(\)  Texte.  Hanc  igitur...  pro  famula  tua  quam  producere  dig- 
natus  es  ad  statu  m  mensure  et  ad  diem  nuptiarum  :  pro  qua 
maieslati  tue  fundimus  supplices  preces  ut  eam  ppcius  cum  viro 
suo  copulare  digneris  :  quesumus  Dne  ut  plaça  tus.  etc. 

(2)  Texte.  Dns  vobisc.  —  Oremus  :  Propi tiare,  etc.  —  Per  omnia 
sec.  sec.  —  Dns  vob.  —  Sursum.  —  Gratias.  —  Vere  digoum  et 
justum  est  equumet  salutare  nos  tibi....eterne  Deus.  qui  potestate 
virtutis.  etc. 


—  281  — 

dont  la  vertu  obtint  de  votre  providence  Vunion  dans 
le  Seigneur 4.  » 

La  messe  est  achevée,  Henri  et  Catherine  se  sont 
levés.  Les  voici  qui  s'approchent  une  fois  encore  du  prêtre. 
Celui-ci  prend  une  hostie,  non  consacrée  mais  bénite  ;  il 
la  partage  par  le  milieu  ;  il  en  donné  à  chacun  une  moitié  : 
précieux  symbole  qu'ils  emporteront  et  garderont,  pour 
se  souvenir  que  désormais,  étant  deux  dans  une  même 
chair,  selon  le  mot  divin,  chacun  ne  doit  plus  être  que 
la  moitié  de  l'autre. 

Une  cérémonie  complémentaire  s'ajoutait  ,  en  ce 
temps-là,  à  la  solennité  nuptiale  dont  nous  venons  dé 
lire  les  détails. 

Dans  le  courant  de  la  journée,  sans  se  mêler  aux  «  es- 
baudissements  »  de  la  noce  ni  les  troubler,  le  prêtre,  s'il 
en  était  requis  *,  se  rendait  à  domicile  pour  bénir  la 
chambre  nuptiale.  — Suivons-le  et  assistons  à  cette  bene- 
dictio  ihalami. 

Elle  commence  par  le  psaume  Nisi  Dns  :  ce  Si  le 
Seigneur  n  édifie  une  maison,  c'est  en  vain  qu'auront 
travaillé  ceux  qui  la  bâtissent.  x>  Et  le  psaume  achevé, 
le  prêtre  dit  :  ce  Bénissez,  Seigneur,  cette  chambre  et 

(\)  Texte.  Dne  saiicte  pater  ops  eterne  Dcus  iteratis  precibus 
supplices  exoramus  ut  conjunctioni  famulorum  favere  digneris  et 
benedictiones  tuas  accipere  mereantur  nuptias  eorum  sicut  primi 
hominis  confirmare  digneris  avertantur  ab  eis  insidie  inimici  :  ut 
saoctificationcm  patrum  iu  ipso  conjugio  iniitentur  :  qui  provi- 
dentia  tua  Dno  conjungi  merueruul.  Per  D.  .  . 

(2)  Si  fucrit  presb.  requisitus. 


—  282  — 

tous  ses  habitants,  afin  que  ceux-ci  y  demeurent  en 
votre  paix,  quHls  soient  fidèles  à  votre  volonté  et  quils 
se  multiplient  en  de  longs  jours  f  P.  N.  S.  J.-C.  » 

Puis,  à  la  suite  de  quelques  versets,  il  reprend  :  ce  De 
votre  ciel  saint,  6  Seigneur,  jetez  un  regard  sur  ce 
mariage  ;  et  de  même  que  vous  avez  envoyé  saint 
Raphaël,  votre  ange,  à  Tobie  et  à  Sara,  la  file  de 
Raguel,  ainsi  fortifiez  et  conservez  ceux-ci,  afin  que 
ils  vivent  en  votre  amour,  qu'ils  y  vieillissent  et  qu'ils 
se  multiplient  en  de  longs  jours.  P.'N.  S *> 

Et,  se  tournant  vers  les  époux,  il  les  bénit  en  disant  : 

♦   ce  Soyez  bénis  du  Père  et  du  Fils  et  du  Saint-Esprit 

qui  est  trine  dans  le  nombre  et  unique  en  la  déitè  ;  et 

qui  vit  et  règne  dans  les  siècles  des  siècles.  Ainsi 

soit- il.  >:> 

Enfin,  s'accomplit  un  rit  final  dont  le  charme  ne  peut 

(1)  Texte.  Ps.  Nisi  Dns...  Gloria.— Dne  exaudi  or.  — Dns  vobisc. 
—  Oremus.  Benedic  Dne  thalamum  istum  et  omnes  habitantes  in 
eo  et  in  tua  расе  consistant  et  in  tua  voluntate  permaneant 
et  raultiplicent  in  longitudinem  dierum.  P.  С  Dn... 

f  Manda  Deus  virtutc  tua  :  confirma  hoc  Dcus  quod  opéra  tus 
es  in  nobis.  —  ty  A  tcmplo  tuo  etc.  —  f  Incrcpa  feras  arundinis 
congregatio  taurorum  in  vaccis  populoruni.  —  Ц  Ut  excludant  eos 
qui  probati  sunt  argento.  —  Gloria  —  Kyrie  —  Pater  N.  —  Dns. 
vob.  —  Oremus.  Respice  Dne  de  celo  sco  tuo  super  conventionem 
istam  et  sicut  misisti  scum  angelum  tuum  Raphaelem  Thobie  et 
Sare  filie  Raguelis  ita  et  hos  confortare  et  conservare  digneris 
ut  in  amore  tuo  vivant  et  senescant  et  multiplicent  in  longitu- 
dinem dierum.  P.  D.  N... 

Alia  bndictio  super  sponsum  et  sponsam  :  Benedicat  >$<  vos 
Pater  et  Filius  et  Spiritus  ses  qui  trinus  est  in  numéro  et  unus  in 
deitate,  qui  vivit  et  régnât  etc. 


—  283  — 

échapper  à  personne.  On  présente  an  prêtre  un  pain  et 
du  vin  : 

—  «  Bénissez,  dit-il.  —  Que  ce  soit  Dieu  qui  bé- 
nisse !  »  répond  l'assistance.  Et  le  prêtre  étend  la  main 
et  prononce  ces  mots  : 

ce  Que  le  généreux  dispensateur  de  tous  biens  bé- 
nisse ce  pain  et  ce  vin.  Au  nom  du  Père,  etc. 4.  Et 
prenant  le  pain  et  le  vin,  il  les  remet  à  l'époux  avec  cette 
suave  injonction  : 

—  ce  Prenez  et  donnez  à  vostre  espouse  en  luy  fai- 
sant aussi  bonne  part  et  loyauté  que  voulés  quelle 
vous  fasse.  » 

Enfin,  les  saluant  tous  deux  pour  se  retirer,  il  conclut  : 
— ce  Demourez  en  paix  :  Dieu  demoure  avec  vous.  » 

Tel  était  dans  tout  son  développement  le  rit  matri- 
monial qui  se  pratiquait  en  l'Eglise  d'Aix  au  XVe  siècle. 

J'ai  cru  assez  longtemps  que,  avec  le  bréviaire  qui  en 
gardait  le  texte,  ce  rit  était  resté  invariable  jusqu'au  Concile 
de  Trente.  J'ai  tout  récemment  reconnu  mon  erreur,  en 
étudiant  un  petit  livre  de  1 577,  rarement  feuilleté,  exem- 
plaire unique  gardé  soigneusement  à  la  Méjanes  et  qui, 
sous  le  titre  de  Liber  ordinarius  a,  n'est  autre  chose 
qu'un  rituel. 

(t)  Texte.  Benedicile  —  /fDeus.  —  Largitor  bonorum   bene- 
tlicat  >$<  istum  panem  et  vinum.  In  nom.  Pair.  etc. 

(2)  Liber  ordinarius  sive  modus  baptizandi  secundum  usum  et 
consuetudinem   sancte  metropolitanse  Aquensis  ecclesie  ordinera, 


—  284  — 

Un  rituel  de  1 577  !  On  s'attendrait  presque  à  le  trouver 
conforme  aux  décrets  du  Concile  de  Trente  *  !  Il  n'en 
est  rien.  L'archevêque  d'Aix,  Antoine  Filholi,  qui  avait  été 
le  seul  évêque  français  présent  à  l'ouverture  de  la  grande 
Assemblée,  et  qui  y  avait  si  bien  marqué  sa  place,  avait 
voulu,  dès  1549,  publier  les  décrets  déjà  portés  par  le 
Concile.  Henri  II  Гу  avait  même  autorisé  le  4  février 
1549*.  Mais  la  maladie  et  sa  mort,  arrivée  Tannée 
suivante,  ne  lui  avaient  point  permis  de  réaliser  son  des- 
sein. Or,  une  fois  le  Concile  achevé,  nul  n'ignore  com- 
ment les  événements  en  retardèrent  la  publication  :  ce 
qui  ne  fut  fait  en  Provence  que  par  le  Concile  d'Aix  de 
1 585.  Le  rituel  romain  du  reste  ne  fut  donné  qu'en  1614 
par  Paul  V. 

Cette  explication  suffit  à  faire  comprendre  comment  le 
Liber  ordinarius  est  un  dernier  écho  des  vieux  usages. 
Mais  il  devient,  précisément  à  ce  titre,  un  témoin  aussi 
curieux  qu'authentique  de  la  transformation  que  la  pre- 
mière moitié  de  ce  XVIe  siècle  si  remuant  avait  fait  subir 
à  nos  coutumes  séculaires. 

Ici,  en  effet,  n'apparaît  plus  la  cérémonie  des  fiançailles. 
Il  est  vrai  que  cela  n'eu  suppose  pas  la  complète  suppres- 

ab  benedicendu[m]  aqua[m]  diebus  dominicis  et  mu  lia  a  lia  conti- 
nens.  {e  et  œ,  sic). 

Impr.  in  18  de  222  pages.  Aquis  Sextiis  apud  Thoman  Maillou 
4577.  —  Bibl.  Mejanes  côté  36023  - 

L'archevêque/! 'Ai  x  siégeant  alors  était  Alexandre  Canigiani,  qui 
devait  en  1585  convoquer  et  présider  le  concile  provincial. 

(1)  15i5fà  4563. 

(2)  Voir  Albanès.  GalUa  christiana  novissima.  1. 


—  285  — 

sion,  car  la  rubrique  énonce  que  les  habitudes  particu- 
lières peuvent  être  retenues. 

La  dation  des  corps  reste  la  même  avec  addition  des 
mots  loyal  époux  et  loyale  épouse  aux  termes  loyal 
mari  et  loyale  femme  existant  déjà. 

La  subarrhation  subit  de  plus  notables  changements. 
Deux  oraisons1  précèdent  le  Benedic  Dne  has  arrhas 
qui  se  dit  encore  ;  et,  chose  digne  de  remarque,  il  y  est 
question  de  plusieurs  anneaux  :  hos  annulos  ut...  qui  eos 
gestaverint.  Le  mari  en  portait  donc  un,  ainsi  qu'on  le 
pratique  quelquefois  de  nos  jours.  Quant  à  la  lettre  qui 
contenait  les  treize  sous  ou  deniers,  on  n'en  parle  plus. 

Mais  la  modification  la  plus  importante  est  dans  la 
forme  de  la  tradition  de  l'anneau. 

Ce  n'est  plus  à  la  main  droite  mais  à  la  main  gauche 
de  Tépouse  qu'est  remis  ce  symbole  de  l'union.  Ce  ne 
sont  plus  l'index,  le  grand  doigt  et*  l'annulaire,  mais 

(I)  Texte,  j^  Ostende  nobis  —  Dne  exaudi  or.  —  Dns  vobisc. 
—  Or,  Creator  et  consecrator  humani  generis,  dator  gratiae  spiri- 
tualis,  largitor  œternae  salutis,  emitte  bencdictionem  tuam  super 
hos  annulos  ut  armati  virtute  celestis  qui  eos  gestaverint  defen- 
sionis  tu»  rouniantur  auxilio.  Per  Chr.  D.  N. 

Dne  Deus  oranipotens  pâte  г  qui  per  siroilitudinem  sancti 
connubii,  Isaac  cum  Rebecca  per  intermissionem  arrarum  Âbrahe 
famuli  tui  copulari  jussisti  :  ut  oblatione  numerum  universitas 
cresceret  filiorum,  qua?sumus  omnipotentiam  tuam,  ut  ad  hanc 
oblationem  arrarum  quam  hic  famulus  tuus  dilecte  sua?  sponsae 
(sic  e  -  œ)  offerre  procurât,  sancti ficator  accédas  eosque  cum  suis 
numeribus  propitius  benedicas  quatenus  tua  benedictione  protecti 
et  invicem  dilectionis  vinculo  innexi  gaudeant  se  féliciter  cum  tuis 
fidelibus  perhenniter  mancipari.  Per  Dom.  N 

Benedic  Dne  arras  istas  etc... 


—  286  — 

le  pouce  ,  l'index  et  l'annulaire  (doigt  moyen)  qui  le 
reçoivent  successivement.  Le  signe  de  croix  *J*  n'est 
plus  marqué  dans  le  texte  :  ce  qui  ne  prouve  pas  qu'on 
l'omit  alors,  l'usage  acquis  pouvant  y  suppléer  et  le  mot 
super  de  la  rubrique  le  supposant  au  contraire. 

Et  voici  quelle  formule  accompagne  cette  cérémonie  : 

ce  Je  N.  vous  espouse  N.  avec  cestujr  anneau  et  les 
arrhes  vous  donne,  en  signe  de  mariage  ensins  comme 
Dieu  et  S.  Peire  et  S.  Paul  et  la  saincte  mère  Eglise 
de  Rome  ha  ordonné  et  commandé.  In  nomine  Patris 
(super  pollicem)  et  Filii  (super  indicem)  et  Spiritus  ScL 
Amen,  (super  médium  et  in  ipso  remanet  in  manu  sinis- 
tra  mulieris). 

La  bénédiction  nuptiale  est  la  même  qu'en  1499, — 
celle  de  notre  Rituel  Romain,  avec  l'adjonction  de  quatre 
versets  au  début  4.  Mais  la  courte  bénédiction  com- 
plémentaire de  la  fin  est  modifiée.  Ce  n'est  plus  celle  de 
14 9 9.  Ce  n'est  pas  encore  celle  du  Rit  actuel,  bien  qu'elle 
s'en  rapproche  par  les  premiers  mots. 

Le  prêtre,  en  effet,  prend  les  mains  des  deux  époux 
et  les  joint  en  disant  : 

«  In  nomine  Patris,  etc.  Deus  Abraham,  Deus  Isaac 
et  Deus  Jacob  ipse  sit  vobiscum  et  ipse  vos  conjungat 
impleatque  benedictionem  suam  in  vobis.  Amen.  э> 

C'est  une  sorte  d'acclamation,  qu'il  répète  trois  fois  ; 

(1  )  Texte,  j^  Salvuro  fac  servum  tuum  et  ancillam  tuam.  — 
Ц  Deus  meus  etc.  —  f  Ostende  nobis.  —  f  Mitte  eis.  —  f  Exurge 
Dne.  —  Due  exaudi  or.  —  Dns  vobisc.  —  Oremus  Propitiare  etc. 


—  287  — 

puis  il  ajoute  :  Et  benedictio  Dei  Patris  et  Filii  et 
Spir.S  .descendat  super  vos  et  marient  semper.  Amen. 

Une  observation  s'impose  à  mon  esprit  en  terminant 
ces  modestes  pages. 

Aix  avait  gardé  dans  sa  liturgie  la  tradition  romaine, 
sauf  de  légers  écarts.  La  variation  que  je  viens  de  signaler 
ne  suffit-elle  pas  cependant  à  démontrer  que  de  tels 
changements,  laissés  à  l'arbitre  des  évêques  et  des  cha- 
pitres, avaient  le  double  inconvénient  de  détruire  des 
usages  locaux  plus  anciens  et  d'exposer  le  Rit  à  de  per- 
pétuelles fluctuations  ?  N'était-ce  pas  assez  pour  justifier 
les  décrets  disciplinaires  de  Trente,  dont  l'archevêque 
d'Aix  fut  l'un  des  meilleurs  champions  et  que  Rome  allait 
bientôt  exécuter  par  la  réforme  successive  des  livres 
liturgiques  et  la  loi  de  leur  usage  exclusif  ? 

Le  Rituel  Romain  a  définitivement  consacré  le  prin- 
cipal détail  que  nous  remarquions  tout  à  l'heure  au  Liber 
or  dinar  ius  d'Aix.  Ce  n'est  pas  à  la  main  droite  comme 
autrefois,  c'est  à  la  main  gauche  que  l'épouse  reçoit 
Panneau  nuptial. 

D  me  plairait  de  répondre  à  la  légitime  curiosité,  qui 

ne  peut  manquer  de  saisir  une  respectable  partie  de  cette 

assemblée  ;  et  je  voudrais  vous  dire,  Mesdames,  pourquoi 

la  main  gauche  l'a  emporté  sur  la  main  droite.  Mais...  je 

l'ignore. 

M.  de  Ribbe  va  venir  à  mon  secours. 

Dans  son  intéressante  étude,  que  je  signalais  en  com- 
mençant, il  rapporte  cette  explication  naïve  du  choix  de 
l'annulaire  :  on  dit,  et  c'est  une  vieille  croyance,  qu'en 


—  288  — 

ce  doigt  est  une  veine  communiquant  plus  directement 
au  cœur.  —  Pourquoi  ne  dirai-je  pas  de  même?...  La 
main  gauche,  c'est  le  côté  du  cœur  !  —  Voilà  mon  der- 
nier mot. 

L'argument,  je  l'avoue,  est  peu  scientifique.  L'Aca- 
démie ne  le  sanctionnera  pas  ;  mais  les  épouses  et  les 
mères  l'accepteront,  car  leur  meilleur  trésor  c'est  leur 
cœur. 


INSCRIPTION 

de  la  tapisserie 
de  l'église  métropolitaine  de  Saint-Sauveur  à  Aix 

(Réduction  tux  6/10™) 


'-■5 


LA  TAPISSERIE 


DE    I/ÉQLISE    MÉTROPOLITAINE    8-8AUYE17K 


Par  I.  A.  DE  FOHTEBT  et  I.  le  Chanoine  J.  MILLE. 


'■I 


Quelle  est  l'origine  de  la  tapisserie  de  Saint-Sauveur  à 
Aix,  quelle  fut  sa  première  destination,  quel  peintre  dessina 
ses  cartons? 

Ces  diverses  questions  ont  fait  l'objet  des  recherches  de 
plusieurs  historiens  et  les  ont  singulièrement  partagés. 

On  admet  généralement  qu'elle  décorait  le  chœur  de  la 
cathédrale  Saint-Paul  de  Londres  jusqu'à  l'époque  où,  par 
suite  de  la  Réforme  Anglicane,  les  tableaux,  les  tapisseries, 
les  statues  et  autres  ornements  religieux  furent  exclus  des 
temples  ;  c'est  à  ce  moment,  seulement,  que  les  Anglais 
brûlèrent  un  grand  nombre  de  ces  objets  d'art  sacrés  et 
cherchèrent  à  vendre  les  plus  précieux  dans  les  pays  étran- 
gers. 

Cette  époque  est  précisée  dans  l'histoire  par  la  mort 
d'Henri  VIII  en  1547.  On  sait  que  ce  prince,  quoique 
auteur  de  la  réforme  dans  son  royaume,  avait  conservé  dans 
l'Anglicanisme  beaucoup  de  pratiques  de  la  religion  catho- 
lique, enlr'aulres  le  culte  des  saints  et  des  images.  Après  sa 

19 


—  292  — 

sont  naturellement  reproduites  les  dernières  scènes  de  la 
vie  de  Marie,  dont  l'enfance,  la  jeunesse  et  la  divine  mater- 
nité ont  servi  de  prologue  à  l'œuvre. 

Ce  sont  :  un  tableau  représentant  la  Sainte-Vierge  debout 
sur  le  seuil  de  sa  demeure  et  tenant  un  livre  à  la  main  ;  elle 
est  entourée  de  cinq  personnages,  l'un  d'eux  au  premier 
plan  est  à  genoux  devant  elle. 

L'attribution  de  ce  tableau,  désigné  comme  représentant 
la  Sainte-Vierge  entourée  de  quelques  apôtres,  est  assez 
difficile  ;  comme  sujet,  ne  serait-ce  pas  les  adieux  de  Jésus 
à  sa  mère  ?  Une  tradition  dont  l'art  au  moyen-âge  et  même 
en  pleine  renaissance  s'est  fréquemment  inspiré,  rapporte 
qu'avant  sa  passion,  le  Sauveur  vint  s'agenouiller  devant 
sa  Mère  comme  pour  lui  demander  de  souffrir  pour  le  genre 
humain. 

Dans  le  tableau,  à  la  droite  de  la  Sainte- Vierge,  est 
Saint-Jean  l'évangéliste,  reconnaissable  à  sa  figure  imberbe 
et  à  la  palme  qu'il  porte,  attribut  qui  le  dislingue  assez  or- 
dinairement. Le  personnage,  agenouillé  devant  Marie,  est 
vêtu  de  la  robe  violette  que  porte  ordinairement  le  Christ, 
et  les  trois  figures  qui  sont  derrière  lui  ressemblent  plutôt 
à  des  pharisiens  qu'à  des  apôtres. 

Nous  signalons  cette  hypothèse  qui  pourrait  amener 
quelque  lumière  sur  une  composition  aussi  mystérieuse. 

Suivent  :  la  mort  de  Marie  —  sa  sépulture  —  son  as- 
somption  glorieuse. 

L'épilogue  final  est  la  scène  qui  représente  le  jugement 
dernier. 

On  pourrait  s'étonner  que  certains  sujets  des  plus  im- 
portants de  l'histoire  évangélique,  de  préférence  même  à 


—  293  — 

quelques-uns  de  ceux  qui  ont  été  représentés,  n'aient  pas 
trouvé  place  dans  cette  admirable  suite  de  tableaux,  tels 
par  exemple  :  l'adoration  des  mages,  la  Cène,  un  épisode 
du  Chemin  de  la  Croix.  Il  y  aurait  peut-être  une  explication 
plausible  à  donner  de  ces  lacimes. 

A  l'égard  de  l'adoration  des  mages  on  peut  répondre, 
d'abord,  que  le  sujet  de  la  composition  étant  à  peu  près 
identique,  quant  au  cadre  de  la  scène  et  à  la  plupart  des 
personnages,  avec  le  tableau  de  la  naissance  de  Jésus  qui 
précède,  il  n'y  avait  pas  à  reproduire,  coup  sur  coup,  un 
événement  à  peu  près  analogue.  D'ailleurs  le  baptême  de 
Jésus  est,  avec  l'adoration  des  mages  et  le  miracle  des  Noces 
de  Cana,  une  des  trois  formes  consacrées  de  l'Epiphanie. 
Ce  mystère  ne  manque  donc  point  à  la  série  des  peintures 
évangéliques  que  présente  notre  tapisserie. 

Pour  la  Cène,  le  motif  de  son  absence  est,  peut-être,  la 
difficulté  matérielle  de  disposer  le  sujet  dans  un  cadre  rela- 
tivement restreint  par  le  nombre  des  personnages  à  y  placer, 
vu  la  taille  que  le  peintre  a  adoptée  pour  toutes  les  figures 
de  la  tapisserie.  En  effet,  si  dans  le  tableau  du  lavement 
des  pieds  où  tous  les  personnages  sont  debout,  il  n'y  a  que 
neuf  apôtres  sur  douze  qui  soient  représentés,  comment  les 
grouper  au  complet  assis  autour  de  la  même  table  ? 

Quant  à  l'épisode  du  Chemin  de  la  Croix,  nous  observons 
que  M.  de  Saint- Vincens,  dans  son  mémoire  sur  la  tapis- 
serie de  Saint-Sauveur,  publié  en  1812,  parle  d'une  com- 
position à  laquelle  il  donne  pour  titre  :  Apparition  de  Jésus 
ressuscité  aux  Saintes- Maries. 

Or,  non-seulement  le  tableau  représentant  ce  sujet,  de 
fait  n'existe  pas,  mais  il  n'y  aurait  pas  même  moyen  de 


—  294  — 

l'intercaler  à  sa  place  unique,  c'est-à-dire  entre  les  deux 
scènes  de  la  résurrection  et  de  l'ascension,  attendu  qu'à  cet 
endroit,  ainsi  que  nous  l'avons  observé  en  parlant  de  la 
représentation  des  mystères  glorieux,  le  tissu  de  la  tapisserie 
est  absolument  continu,  le  panneau  est  d'une  seule  pièce. 

L'auteur  du  mémoire  dans  lequel  on  relève  d'ailleurs 
quelques  erreurs  par  rapport  à  la  disposition  des  compar- 
timents de  la  tapisserie,  n'aurait-il  pas  confondu,  au  point 
de  vue  de  la  désignation  du  sujet  :  Jésus  apparaissant  aux 
trois  Maries  avec  Jésus  consolant  les  filles  de  Jérusalem 
qui  le  suivent  au  Calvaire,  mystère  douloureux  que  repré- 
sente la  huitième  station  du  Via  Crucis  ?  Dans  cette  hypo- 
thèse que  confirme  une  interruption  sensible  de  la  tapisserie 
entre  les  deux  tableaux  du  couronnement  d'épines  et  du 
crucifiement,  la  question  de  l'épisode  relatif  au  Chemin  de 
la  Croix  serait  expliquée. 

A  quel  artiste  peintre,  à  défaut  de  signature,  faut-il  attri- 
buer le  dessin  des  cartons  que  l'ouvrier  tisserand  a  si  riche- 
ment reproduits? 

Une  inscription  en  écriture  gothique  placée  sur  la  bor- 
dure du  haut,  touchant  à  la  lisière  de  suspension  et  assise 
sur  le  chapiteau  de  la  colonnette  qui  sépare  le  tableau  du 
couronnement  d'épines  de  celui  du  crucifiement,  donne  la 
date  de  la  confection  de  la  tapisserie. 

Depuis  très  longtemps  la  partie  supérieure  de  cette  ins- 
cription, détériorée  par  de  fréquents  maniements,  était 
cachée  sous  des  replis  de  la  tenture  et  sur  la  partie  restée 
visible  on  ne  lisait  plus  que  les  mots  : 

Fecit  anno  Domini  millesimo  quingentesimo 

ondecimo  (sic). 


—  295  — 

II  y  avait  tout  lieu  de  supposer  qae  ces  mots  étaient 
précédés  du  nom  de  fauteur  des  cartons  et  peut-être  du 
lien  où  la  tapisserie  avait  été  confectionnée. 

Mais  les  plis  ayant  été  soigneusement  déroulés,  nous 
avons  vu  que  de  cet  écrit  brodé  en  laine  noire  dans  les 
méandres  d'une  banderole  blanche,  les  premières  lignes 
étaient  effacées  par  une  longue  usure  ;  sur  le  tissu  effiloché 
n'existent  plus  que  des  traces  illisibles  des  lettres  emportées. 

Pourtant,  sur  la  partie  encore  intacte,  nous  avons  pu 
découvrir,  précédemment  cachés  par  les  replis  de  la  tapis- 
serie, trois  mots  qui  jettent  un  jour  nouveau  sur  l'ins- 
cription et  écartent  toute  idée  qu'elle  pouvait  contenir  le 
nom  du  peintre  ;  ces  trois  mots  sont  :  Celerarius  me  fieri. 

L'inscription  se  termine  donc  ainsi  : 
Celerarius  me  fieri 

fecit  anno  Domini  millésime  quingentesimo 

ondecimo. 

Le  titre  de  cellerier  est  un  nom  d'office  dans  une  com- 
munauté régulière  (chapitre,  abbaye,  monastère).  Les  nom 
et  prénom  de  celui  qui  a  commandé  la  tapisserie  devaient 
précéder  le  mot  Celerarius,  et  probablement  encore  avec 
eux  il  était  fait  mention  du  lieu  où  le  cellerier  était  en  charge 
et  qui  devait  être  orné  de  la  tapisserie.  Il  faut  alors  remar- 
quer que  ces  indications  rempliraient  toute  la  partie  effacée 
des  méandres  de  la  banderole,  et  que  si  le  nom  du  peintre 
avait  dû  figurer  quelque  part  sur  l'inscription,  son  intro- 
duction n'aurait  été  possible  qu'entre  les  mots  :  Celerarius 
me  fieri  fecit  et  la  date.  Or,  à  cet  endroit  il  n'y  a  évidem- 
ment point  de  place  pour  cette  insertion. 

A  défaut  de  toute  indication  d'auteur,  il  a  donc  fallu 


—  296  — 

recourir  à  un  système  d'attribution  qui  eut,  an  moins,  le 
mérite  d'être  plausible.  On  croit  l'avoir  trouvé  par  la  judi- 
cieuse observation  des  tableaux,  par  l'étude  comparée  du 
genre  de  la  composition,  de  la  manière  du  dessin,  du  type 
des  personnages,  de  la  forme  des  costumes,  des  détails 
d'ornementation,  des  effets  de  lumière  et  de  coloris. 

D'après  ces  inductions  très  consciencieuses,  la  tapisserie, 
qui  est  tout  à  fait  du  style  de  Quentin  Metsis,  serait  l'œuvre 
de  ce  célèbre  peintre  flamand,  né  en  1 450  et  mort  en  1 529. 
Ce  nom  restera  donc  celui  du  peintre  de  la  légende,  quelque 
soit,  d'ailleurs,  le  lieu  où  la  tenture  a  été  ouvrée. 

Dans  cette  œuvre  splendide,  si  Ton  considère,  à  part, 
la  composition  artistique  des  scènes  représentées,  le  dessin 
et  l'expression  des  figures,  l'originalité  et  la  richesse  des 
costumes,  l'ampleur  si  bien  accusée  des  draperies  dont  les 
personnages  sont  revêtus,  le  choix  des  accessoires,  les  effets 
du  coloris,  en  un  mol,  l'aspect  pittoresque  des  tableaux, 
il  en  est  parmi  eux  à  remarquer  plus  particulièrement  ; 
nous  citons  entr  autres  :  le  baptême  de  Jésus,  le  sermon 
sur  la  montagne,  l'arrestation  de  Jésus  trahi  par  Judas, 
le  couronnement  d'épines,  le  crucifiement,  la  descente  de 
croix,  pour  les  scènes  relatives  à  la  vie  du  Sauveur  ;  l'an- 
nonciation  et  l'assomption  pour  celles  qui  ont  trait  à  la  vie 
de  sa  Mère. 

Au  devant  du  tableau  le  sermon  sur  la  montagne,  deux 
femmes  sont  assises  ;  celle  de  droite  richement  vêtue  et  dont 
la  tête  est  ornée  d'un  diadème,  représente  Catherine  d'Ara- 
gon, première  femme  d'Henri  VIII.  C'est  elle  encore  qui, 
dans  le  tableau  de  la  descente  de  croix,  parée  du  manteau 
royal,  s'agenouille  devant  le  corps  du  Christ  déposé  au  pied 


—  297  — 

de  la  croix,  la  tête  reposant  sur  les  genonx  de  la  Sainte- 
Vierge. 

La  bordure  de  la  tenture,  enjolivée  par  une  guirlande  de 
feuillage  de  vignes  et  de  rosiers  entremêlé  de  raisins  violets, 
de  roses  rouges  et  de  pensées,  est  aussi  très  intéressante 
par  les  armoiries  qu'elle  porte  dans  le  haut  et  par  les  signes 
héraldiques  disséminés  dans  tout  son  parcours  ;  manifes- 
tation, sans  doute,  de  reconnaissance  envers  les  insignes 
bienfaiteurs  de  l'église  à  laquelle  la  tapisserie  élail  destinée.* 
On  y  voit,  plusieurs  fois  reproduites,  les  armoiries  du  roi 
d'Angleterre,  de  la  famille  d'Octhamplon,  des  archevêques 
de  Cantorbéry  :  Henri  Déné,  cardinal  Morton  et  William 
Warham  *  .  —  Des  écussons  portant  sur  champ  un  daim 
accroupi,  attachée  un  pieu  par  une  corde  et  un  anneau  et 

avant  sur  le  flanc  la  lettre  R.—  La  même  lettre  sans  écussoo 

• 

et  d'autres  lettres  très  ornées  sont  multipliées  au  milieu  du 
feuillage  de  la  bordure. 

Les  tableaux  de  la  tapisserie,  au  nombre  de  vingt-six, 
ont  été  reproduits  par  M.  A.  de  Fonvert  en  autant  de  dessins 
au  trait  ;  nous  publions  les  trois  premiers  de  la  série  dans 
les  planches  qui  suivent  : 


(\)  William  Warham  avait  été  évoque  de  Londres  avant 
de  devenir  archevêque  de  Cantorbéry,  primat  et  chancelier 


d'Angleterre  en  1503. 


TAPISSERIE  DE  Sl~SAUYEUR  A  AIX, 

DESCRIPTION  SOMMAIRE 

DÇS  TROIS  PREMIERS  TABLEAUX  DE  LA  SÉRIE 
Dessinée  par  M.  A.  de  FQNVERT. 


La  nativité  de  U  Sle  ïierge. 

Sle  Anne  est,  dans  son  lit,  entourée  de  six  femmes  qui 
l'assistent,  une  d'elles  lui  présente  une  potion  dans  une  sou- 
coupe à  long  pied. 

Au-devant  du  lit,  une  autre  femme  verse  de  Геаи  dans  un 
bassin  pour  laver  l'enfant,  que  tient  sur  ses  genoux  une 
sixième  femme  assise  et  richement  vêtue. 

La  Présentation  an  Temple. 

La  Vierge,  enfant,  conduite  par  un  ange ,  monte  avec 
assurance  les  degrés  du  Temple  et  sur  le  seuil  de  la  porte 
elle  est  reçue  par  le  grand  prêtre. 

S1  Joachim  et  S1'  Anne  assistent  à  la  Présentation. 

Sur  la  bordure  du  haut  est  un  écusson  parti  ;  au  premier, 
d'azur,  au  pallium  potence  portant  des  petites  croix  de  sable  ; 
il  accompagnait  toujours  les  archevêques  d'Angleterre  et 
d'Irlande.  Au  deuxième  d'argent  à  trois  oiseaux  de  sable,  au 
bec  et  aux  .pieds  de  gueules.  Ce  sont  les  armoiries  de  Henri 
Déné  ou  Dééné  transféré  de  l'évêché  de  Salisbury  à  l'arche- 
vêché de  Canlorbéry  en  1500,  après  la  mort  du  cardinal 
Morton.Déné  mourut  en  1503.  William  Warham  lui  succéda. 


Я>\ 


—  299  - 

L'AiBonciatioB. 

La  SlB  Vierge  couverte  d'un  grand  manteau  est  à  genoux 
devapt  une  table  richement  drapée,  sur  laquelle  est  un 
grand  livre  ouvert.  Elle  se  retourne  vers  l'ange  Gabriel  qui 
apparaît  les  ailes  déployées,  vêtu  d'une  longue  robe  blanche 
et  d'une  chape  en  drap  d'or  doublée  d'écarlate.  De  la  main 
droite  élevée  vers  le  ciel,  il  annonce  à  Marie  la  volonté  du 
Très-Haut  et  de  l'autre  main  il  lui  présente  le  sceptre,  sym- 
bole de  sa  future  grandeur. 

Au-dessus  de  la  tête  de  la  Vierge,  on  voit  le  S1  Esprit  sous 
la  forme  d'une  colombe  blanche  dans  un  cercle  radieux. 


LA    PROVENCE    DES   TEMPS   AUTONOMES 

RAPPORT 

SUR  «  ЬА    SOCIÉTÉ    PROVENÇALE» 

DE   M.    CHARLES  DE   RIBBE 

Présenté  à  l'Académie  d'Aix 
Par    M.    L.   de    Berlue  -  Porussis. 


-*»•««■ 


c<  La  plupart  de  nos  contemporains  semblent  peu 
touchés  par  le  culte  de  l'art  pour  l'art...  Le  vieux  monde, 
condamné  à  se  dissoudre  dans  la  poussière  des  ruines, 
leur  paraît,  en  littérature  comme  ailleurs,  s'effacer  devant 
un  monde  nouveau,  où  l'étude  plus  complète,  une  satis- 
faction plus  large  et  plus  générale  des  besoins  éternels 
de  l'ame  humaine,  retremperont  les  esprits  dans  le  sen- 
timent du  juste  et  du  vrai... 

ce  Les  enseignements  des  révolutions  mettent  à  nu  la 
vanité  des  conceptions  politiques  ou  sociales  qui  ne 
s'inspirent  pas  de  la  loi  morale.  Ils  placent  l'homme  en 
présence  de  lui-même  et  de  l'histoire,  et  la  recherche 
du  passé  devient  le  point  de  départ  de  la  philosophie 
pratique...  C'est  alors  qu'aux  jouissances  purement  litté- 
raires succèdent  le  sens  nouveau  et  les  vives  ardeurs  des 
recherches  historiques.  L'observation  exacte  des  faits, 
de  leurs  développements ,  de  leurs  causes ,  de  leurs 
conséquences,  se  lie  à  tout  un  travail  d'élaboration  et  de 


—  302  — 

rénovation  intellectuelle...  L'étude  du  passé  prend  alors 
la  place  qu'occupaient  d'une  manière  exclusive  de  sédui- 
santes et  aussi,  trop  souvent,  de  décevantes  abstractions. 
Nous  en  sommes  là,  et  c'est  ce  qui  explique  les  succès 
de  l'école  historique... 

ce  II  était  possible  autrefois  aux  Académies  de  se  réfu- 
gier dans  les  hauteurs  d'un  platonisme  où  elles  s'isolaient 
du  mouvement  général.  De  nos  jours,  la  société  boule- 
versée convie  tons  ceux  qui  ont  un  cœur  et  une  plume 
à  relever  dans  son  sein  le  culte  des  bonnes  et  patriotiques 
traditions.  *  » 

C'est  en  ces  termes  éloquents  que  M.  Charles  de 
Ribbe  esquissait,  il  y  a  un  tiers  de  siècle,  le  programme 
de  la  jeune  école  historique,  dont  il  fut  parmi  nous  le 
promoteur.  C'était  l'heure  où  la  Provence,  à  l'appel 
claironné  de  Maillane,  venait  de  s'affirmer  dans  sa  langue, 
emblème  auguste  et  vivant  de  sa  personnalité  ;  l'heure 
/  où  le  Languedoc,  lui  aussi,  se  ressaisissait,  incité  par  un 
groupe  d'initiateurs  zélés,  dont  l'ouvrier  majeur  appar- 
tient à  notre  Académie.  Cette  date  sera  un  repère  pour 
celui  qui  racontera  quelque  jour  l'évolution  de  l'esprit 
provincial. 

Joignant  l'exemple  à  la  formule,  curieux  des  problèmes 
du  passé,  et  soucieux  tout  autant  de  ceux  de  l'avenir, 
M.  de  Ribbe,  tout  le  long  de  son  abondante  carrière 
d'écrivain,  a  sans  cesse  creusé  l'histoire  au  profit  de  la 

*  Séance  de  l'Académie  d'Aix  du  25  avril  4865.  Voir  Revue  de 
Marseille  et  de  Provence.  XI,  351. 


—  303  — 

réforme  sociale.  Il  a  écrit,  sur  la  vieille  Provence,  nombre 
de  belles  études  très  fouillées,  très  siennes.  Avant 
lui,  les  érudits  s'étaient  limités,  pendant  trois  siècles,  à 
raconter  par  le  détail  la  chronologie  de  nos  princes,  les 
guerres  et  les  bouleversements  politiques  qui  travaillèrent 
notre  beau,  mais  infortuné  pays,  objet  perpétuel,  comme 
l'Italie ,  des  convoitises  du  Nord.  Aucun  d'eux  n'avait 
soupçonné,  sous  ces  contingences,  le  fonds  immanent 
d'une  race  résistante  ?  qui ,  grâce  à  la  solidité  de  ses 
traditions,  a  pu  traverser  de  continuelles  crises,  et  passer 
de  mains  en  mains  sans  abdiquer  son  individualité  propre. 
La  Provence,  à  l'abri  de  sa  forte  éducation  successsi- 
vement  romaine  et  chrétienne,  a  pu  finalement  devenir 
une  des  composantes,  et  une  composante  inséparable,  de 
l'aggloméré  français,  tout  en  demeurant,  sous  sa  nationa- 
lité nouvelle,  Timpérissable  Provincia.  Si  indestructible 
a  été  cette  personnalité  du  peuple  provençal,  qu'aujour- 
d'hui, après  cent  ans  de  France  une  et  indivisible,  c'est 
chez  nous  que  se  manifeste  avec  le  plus  d'Intensité  la 
réaction  régionaliste  ;  c'est  de  la  Provence  qu'est  parti 
le  mot  d'ordre  qui,  avant  peu,  contraindra  les  gouver- 
nants à  remplacer  la  bureaucratie  parisienne  par  le  libre 
jeu  des  organismes  locaux.  A  elle  donc  reviendra  l'hon- 
neur d'avoir  réveillé  les  caractères,  d'avoir  donné  au  pa- 
triotisme cette  forme  concrète  qui  seule  peut  lui  assurer 
une  base  solide. 

Des  premiers,  il  y  a  quarante  ans,  M.  Charles  de 
Ribbe,  élève  de  prédilection  de  Rouchon-Guigues  avant 
de  Fêtre  de  Le  Play,  contribua  à  la  résurrection  des 


—  304  — 

trtKÎ.î!.4is  provençales,  en  évoquant  dans  son  Pascalis, 
«чч:е  nJniste  et  admirable  constitution  de  nos  commu- 
nes et  de  nos  Etats,  qui  demeurera  à  jamais  le  modèle 
vies  systèmes  politiques  à  la  fois  libres  et  balancés. 

Vinrent  plus  tard  de  savantes  et  fort  neuves  recher- 
ches sur  l'ancien  barreau  provençal ,  celte  pépinière 
iuvdigue  où  notre  nation  recrutait  ses  administrateurs 
ivttriotes,  tuteurs  indéfectibles  des  franchises  séculaires, 
qui,  pied  à  pied,  et  dans  la  mesure  matériellement  pos- 
мМе,  luttèrent,  de  François  Ier  à  Richelieu,  et  de  Ri- 
chelieu à  l'effondrement  des  provinces,  contre  les  empié- 
tements du  pouvoir  central,  chaque  jour  plus  autoritaire, 
plus  accapareur  des  droits. 

Puis,  entré  plus  intimement  dans  l'exploration  de 
notre  passé,  M.  de  Ribbe  découvrit  cette  mine  inconnue, 
aux  filons  merveilleux,  qui  s'appelle  ce  les  livres  de  raison.» 
Par  douzaines  et  presque  par  centaines,  il  étudia  ces 
vénérables  registres  familiaux,  où  revivent  non  plus  les 
civiques  dévouements  de  nos  pères,  mais  leur  existence 
privée,  leurs  habitudes  sociales.  C'est  aiusi  qu'il  nous 
offrit  tour  à  tour  ces  deux  admirables  volumes  de 
la  Vie  domestique  (dont  le  héros  principal,  Antoine  de 
Courtois,  est  devenu,  grâce  à  celte  publication,  un  per- 
sonnage presque  historique),  bientôt  suivis  de  deux  autres, 
non  moins  importants,  sur  les  Familles  et  la  Société 
avant  la  Révolution.  Autour  de  ces  œuvres  majeures 
se  groupèrent  de  précieuses  monographies  :  Les  fian- 
çailles et  les  mariages  en  Provence ,  les  Guiran 
Labrillanc  (un  nom  aixois),  Une  famille  au  ХУ1т0 


—  305  — 

siècle ,  Une  grande  dame  dans  son  ménage ,  Deux 
chrétiennes  pendant  la  peste  (ici,  c'est  dans  sa  propre 
maison  que  Fauteur  avait  trouvé  d'inimitables  exemples 
de  vertu),  et  d'autres  encore.  Toute  une  galerie  de  por- 
traits défila  ainsi  sous  nos  yeux  émerveillés,  nous  révélant  • 
notre  Provence  des  derniers  siècles,  prise  dans  toutes 
les  classes  de  la  société,  depuis  le  personnage  féodal  ou 
parlementaire  jusqu'à  l'ultime  valet  de  ferme.  Partout, 
du  plus  fier  échelon  au  plus  modeste,  c'est  le  même  type 
de  simplicité  native,  de  probe  labeur,  d'attachement  à  la 
demeure  héréditaire,  la  même  absence  de  toute  ambition, 
sauf  celle  de  garder  et  de  transmettre  intact  l'héritage  des 
traditions  ancestrales.  La  fidélité  à  Dieu,  au  foyer,  à  la 
commune,  telle  est,  au  total,  la  base  de  l'existence  de  ces 
générations.  Et  de  quelle  douloureuse  façon  tout  cela  ne 
contraste-t-il  point  avec  le  scepticisme,  l'individualisme, 
l'envie,  qui,  de  nos  jours,  détruisent  la  joie  de  la  maison 
et  la  paix  de  la  cité  ! 

Un  seul  reproche  pouvait  être  fait  à  l'œuvre  de  M.  de 
Ribbe,  celui  d'être  empruntée  à  des  documents  de  choix, 
émanés  de  familles  exceptionnellement  attachées  aux 
bons  principes.  Et  de  fait,  les  lamentations  mêmes  de 
quelques-uns  des  livres  de  raison  exhumés  par  ses  soins, 
nous  révèlent,  à  côté  d'un  élément  d'élite,  de  tout  autres 
milieux,  où  l'orgueil,  la  soif  de  parvenir,  et  de  moins 
nobles  passions  offrent  im  visible  contraste  avec  les  mo- 
dèles proposés.  Il  va  de  soi,  en  effet,  que  la  francisation 
de  la  Provence,  avait  dû,  par  une  infiltration  lente  mais 
sure,   entamer   l'antique  simplicité   et  les   patriarcales 

20 


—  306  — 

mœurs  de  nos  pères.  Les  exemples  de  corruption  et  de 
luxe  de  la  cour  des  derniers  Valois,  ne  pouvaient  qu'in- 
fluer lamentablement  sur  une  partie  au  moins  de  la 
noblesse  provençale,  et,  de  proche  en  proche,  sur  la 
bourgeoisie  et  le  peuple.  Que  cette  corruption  fut  acquise 
et  nullement  innée,  que  la  Provence  lut,  avant  son  ad- 
jonction à  la  monarchie  de  France,  une  terre  privilégiée 
entre  toutes,  nous  en  avons  désormais  la  preuve  indé- 
niable, par  le  beau  et  profond  livre  que  nous  donne 
aujourd'hui  M.  de  Ribbe. 

L'auteur  de  tant  de  probants  travaux  a  voulu  couronner 
sa  tache  d'érudit  et  de  dévot  provençal,  en  s'enfonçant 
plus  haut  dans  le  passé  indigène,  en  nous  peignant,  cette 
fois,  la  vie  provençale  aux  derniers  temps  de  notre 
autonomie. 

Une  chance  des  plus  heureuses  a  permis  à  M.  de 
Ribbe  de  mettre  la  main,  dans  un  recoin  perdu  du  Var, 
sur  le  doyen  probable  des  livres  de  raison  que  la  Provence 
possède.  C'est  celui  de  Jaume  Deydier,  d'Ollioules,  dont 
les  premières  lignes  datent  de  1 477,  mais  qui  contient 
des  mentions  rétrospectives  remontant  jusqu'à  1250.  A 
l'aide  de  cet  inappréciable  registre,  l'auteur  a  pu  nous 
donner  la  monographie  d'ime  famille  vraiment  biblique, 
durant  de  longues  générations.  Mais  c'est  surtout  la  figure 
de  Jaume  Deydier  qui  se  détache  sur  ce  fond  de  capti- 
vant intérêt.  Son  livre,  régulièrement  et  soigneusement 
tenu,  nous  permet  d'étudier  —  et  d'admirer  —  en  lui 
le  chef  de  maison,  le  propriétaire  rural,  le  citoyen. 

De  là  les  trois  grandes  divisions  de  l'ouvrage  de  M.  de 


—  307  — 

Ribbe  :  la  famille,  la  propriété,  Ta  commune. 

Fidèle  à  l'ingénieuse  méthode  qui  caractérise  ses 
publications  antérieures ,  et  leur  donne  ime  force  si 
concluante,  le  savant  écrivain  ne  s'est  pas  borné  à  suivre 
son  béros  dans  le  cadre,  nécessairement  étroit,  où  il  se 
meut.  De  même  que ,  dans  La  Vie  domestique ,  il 
groupa,  autour  d* Antoine  de  Courtois,  toute  la  Provence 
des  XVIP116  et  XVIHme  siècles ,  de  même,  ici,  de  nom- 
breux personnages  des  deux  siècles  précédents  font  cor- 
tège à  Jaume  Deydier  ;  et  tous  ces  exhumés  lui  ressem- 
blent si  étonnamment,  que  Ton  dirait  un  provençal  unique, 
aux  noms  divers,  aux  situations  variées,  mais  à  l'inchan- 
geante  physionomie  :  tant  la  tradition  médiévale  coulait 
les  âmes  dans  un  même  moule  de  vertu  et  d'honneur. 
Deydier,  comme  Courtois,  n'est,  à  vrai  dire,  qu'un  pré- 
texte, une  ébauche  première,  que  Fauteur  complète  et 
affine  à  l'aide  d'éléments  dispersés ,  et  qui,  sous  son 
experte  main  d'artiste,  devient  un  type  achevé  :  le  Pro- 
vençal d'avant  l'union,  le  Provençal  sans  alliage. 

On  n'attend  pas  de  nous  que  nous  parcourions,  avec 
l'émment  sociologue,  tous  les  développements  de  sa  large 
étude.  Il  nous  suffira  d'indiquer,  d'une  plume  rapide,  les 
principaux  points  de  vue  de  l'horizon  si  complet  qu'il 
déroule  à  nos  yeux  et  qui  contraste  du  tout  au  tout, 
avec  la  noire  image  que  l'on  nous  présentait,  au  collège, 
du  moyen-âge  français  :  image  vraie  en  grande  partie 
pour  les  provinces  coûtumières  du  Nord,  mais  absolu- 
ment mensongère  pour  notre  Midi,  de  droit  écrit  et  de 
libertés  indéracinables. 


—  308  — 

C'est  la  famille ,  avons-nous  dit,  que  l'auteur  décrit 
tout  d'abord.  Ce  cercle,  qui  semble  limité  aux  quatre 
murs  de  la  maison,  embrasse,  en  réalité,  tout  un  monde 
intime..  La  vie  ne  se  dépensait  point  à  cette  époque  de 
reconstitution  sociale,  en  mondanités  et  en  sports.  Elle 
avait  son  assise  au  foyer.  Tour  à  tour  nous  assistons,  sur 
les  раз  de  notre  guide,  aux  solennités  touchantes  du  bap- 
tême, du  contrat  de  mariage  et  du  testament  :  Deydier 
et  ses  contemporains  nous  en  disent  les   rites  et  les 
émotions.  Us  nous   racontent  leurs  fêtes  domestiques, 
leurs  pèlerinages,  les  audiences  de  la  judicature  villa- 
geoise, les  arbitrages  entre  amis,  en  un  mot  les  infinis 
détails  d'une  existence  qui  étonne  et  charme  par  son 
cachet  de  simplicité  et  d'harmonie.  Il  y  a  là  des  tableaux 
d'une  exquise  douceur,  et  dont  la  plume  si  littéraire  de 
M.  de  Ribbe  a  tiré  des  effets  émouvants.  Ce  qui  frappe 
et  domine  dans  l'ensemble,  c'est,  à  tous  les  étages  de 
cette  société,  une  solidarité  surprenante  entre  le  pauvre 
et  le  riche,  si  tant  est  qu'il  y  eût  des  riches  et  des  pauvres 
à  cette  heure  où  le  monde  se  reprenait  à  vivre  après  les 
désastres  du  XTVme  siècle.  Seigneurs,  bourgeois  et  paysans, 
également  ruinés,  se  donnent  la  main  en  frères,  pour 
sortir  ensemble  de  leur  écrasement,  h  l'aide  fies  deux 
leviers  éternels  que  rien  ne  remplacera  jamais  chez  les 
civilisés,  le  travail  loyal  et  l'épargne  courageuse.  Et  si 
entière  est  la  fusion  des  classes,  qu'elles  s'unissent  entre 
elles  par  des  mariages,  par  des  baptêmes,  par  des  arbi- 
trages quotidiens,  où  le  bourgeois  et  le  paysan,  le  gen- 
tilhomme et  le  barbier  contractent  d'égal  à  égal.  Ce  n'est 


—  309  — 

pas  la  Provence  du  XVe  siècle  qui  eût  inventé,  pour  ses 
pèlerinages,  trois  catégories  de  voyageurs  ou,  pour  ses 
représentations  de  Mystères,  des  fauteuils  d'orchestre.  Ils 
étaient  trop  égalitaires  pour  cela.  Si  leur  pyramide  avait 
un  monarque  au  sommet,  elle  avait  la  république  com- 
munale à  sa  robuste  base. 

L'étude  de  la  Propriété  suit  naturellement  celle  de  la 
famille.  Et  ici,  les  découvertes  sont,  s'il  est  possible,  plus 
inattendues  encore.  Le  repeuplement  de  la  Provence, 
après  tant  de  guerres  et  de  pestes,  s'accomplit  grâce  à 
de  nombreux  «  actes  d'habitation  n,  à  d'innombrables 
baux  emphythéotiques,  qui  firent  passer  la  terre  aux 
mains  des  cultivateurs,  indigènes  ou  étrangers,  i  des  con- 
ditions d'incroyable  bon  marché.  Il  nous  faudrait,  par 
malheur,  dix  fois  l'espace  dont  nous  disposons,  pour  suivre 
M.  de  Ribbe  dans  les  curieux  et  précis  détails  qu'il  nous 
donne  sur  la  propriété,  le  colonat  partiaire,  les  afreira- 
men,  le  taux  des  salaires,  et  surtout  sur  le  mouvement 
de  concentration  agricole  qui  amena,  à  la  fin  du  moyen- 
âge,  la  création  des  domaines  ruraux  actuels,  sans  cesse 
morcelés,  depuis  lors,  par  les  partages  de  famille  (car  la 
Provence  ne  connut  jamais  le  droit  d'aînesse,  même  pour 
les  fiefs),  et  sans  cesse  reconstitués  par  l'énergique  et 
indéfectible  labeur  des  pères  de  famille,  qui  accomplis- 
saient des  prodiges  d'économie  pour  doter  leurs  filles 
sans  écorner  leur  capital. 

Viennent  enfin,  pour  couronnement,  de  très  nouveaux 
aperçus  sur  la  Commune  provençale,  qui,  non  moins  que 
la  maison,  non  moins  que  la  ce  bastide  »,  fut,  pour  nos 


—  310  - 

* 

devanciers,  un  centre  de  dévouement  et  d'activité.  L/ori- 
gine  de  nos  mtinicipes  a  été  très  mal  racontée  jusqu'à 
présent*  On  a  cru  longtemps  que  les  institutions  romaines 
avaient  traversé  sans  éclipse  toutes  les  invasions  barbares. 
C'est  là  une  erreur  désormais  insoutenable.  M.  Ch.  de 
Ribbe,  après  Firmin  Guichard  et  d'autres,  nous  montre 
dans  les  «  confréries  du  S'-Esprit  »,  établies  au  XIII"10 
siècle,  le  berceau  de  bien  des  consulats  du  Midi.  Il 
fait  l'histoire  des  transactions  qui,  de  bonne  heure,  ré- 
glèrent les  droits  réciproques  des  possédant-fiefs  et  de 
leurs  tenanciers,  et  devinrent  la  charte  des  franchises 
locales. 

Rien  de  plus  intéressant  que  l'exposé  du  méca- 
nisme communal,  où  les  Cap  etoustau  délibérèrent  en 
assemblée  plénière  sur  toutes  les  questions  majeures,  et 
tranchent  par  un  vrai  référendum  les  difficultés  dont  la 
moderne  bureaucratie  se  réserve  jalousement  la  solution 
autoritaire.  Rien,  d'autre  part,  de  plus  attachant  à  suivre 
que  les  efforts  patients,  et  presque  toujours  couronnés  de 
succès,  des  municipalités  provençales,  pour  racheter  les 
droits  seigneuriaux,  et  assurer  aux  personnes  comme  aux 
biens  cette  pleine  indépendance  que  Richelieu  devait 
malheureusement  confisquer  au  profit  d'une  oligarchie 
administrative,  dont  le  joug  est  autrement  lourd  que  celui 
de  l'aristocratie  terrienne,  M.  de  Ribbe  cite  à  ce  sujet 
d'éloquents  exemples  de  concorde  entre  féodaux  et  vas- 
saux. Ce  sont  là,  dit-il  en  terminant,  ce  les  fruits  naturels 
des  sociétés  chrétiennes.  Dans  l'esprit  chrétien,  dans  l'es- 
prit de  l'Évangile,  était  alors  le  grand  ressort  social,  parce 


—  311  — 

qu'en  lui  était  le  régulateur  des  mœurs.  C'est  lui  qui, 
disposant  les  seigneurs  fonciers  à  ne  pas  se  laisser  entraîner 
par  leurs  passions,  quand  elles  étaient  en  conflit  avec 
celles  des  populations,  les  faisait  se  détacher  d'une  préoc- 
cupation trop  exclusive  de  leurs  intérêts  particuliers  pour 
déférer  à  leurs  vœux,  et  qui,  chez  celles-ci,  exerçaient 
un  semblable  pouvoir  d'apaisement.  »  C'est  ce  frein  qui 
manque  aujourd'hui  aux  gouvernants  comme  aux  gou- 
vernés, et  dont  l'absence  rend  insoluble  la  question 
sociale,  jadis  si  simple  à  solutionner,  à  l'aide  du  Déca- 
logue. 

Telles  sont  les  grandes  lignes  de  ce  livre  magistral, 
livre  à  la  fois  de  vulgarisation  érudite  et  de  haute  portée 
sociale.  M.  Charles  de  Ribbe,  auteur  de  toute  une  biblio- 
thèque d'histoire  et  d'économie,  nous  a  donné  là  une 
synthèse  de  son  œuvre  entière.  Tout  provençal  qui  lira 
ce  volume  connaîtra  l'âme  profonde  de  son  pays,  et 
sentira  croître  en  lui  le  respect  et  le  culte  de  sa  race. 
Ces  pages  révélatrices  affermiront  dans  les  cœurs  pa- 
triotes le  triple  amour  de  la  famille,  du  sol  natal  et  des 
vieilles  libertés  endormies. 


LA  BULLE  DE  SAVON 


GUE1 


Par    M.    AinxiH    DE    FONVERT. 


De  son  souffle  puissant  Dieu  créa  l'univers, 

—  Du  souffle  d'un  bambin  je  naquis  toute  ronde  ; 
Les  soleils  que  Dieu  fit  pour  éclairer  le  monde 
De  leur  masse  brûlante  illuminent  les  airs  ; 

—  Quand,  au  jeu  de  l'enfant,  mon  corps  a  pris  naissance, 
Transparent  et  sans  flamme  il  jette  un  faible  éclat, 

Mais  dans  l'éther  il  prend,  tour  à  tour,  la  nuance 
Du  bleu,  du  vert,  du  jaune  et  du  vif  incarnat. 

—  A  d'immuables  lois  Dieu  soumit  la  nature, 
Les  astres  dans  leur  cours  ne  s'égarent  jamais  ; 

—  Je  vais,  tournant  comme  eux,  mais  j'erre  à  l'aventure, 
Je  monte,  je  descends,  je  brille  et  disparais  ; 

—  Dans  l'empire  des  airs  le  Soleil  et  la  Lune, 
Mars,  Vénus,  Jupiter  et  l'immense  Neptune , 

En  leurs  corps  grands  et  lourds  se  moquent  des  autans. 

—  Bien  petite  et  légère,  au  gré  des  moindres  vents 
Lorsque  je' m'abandonne,  ils  protègent  ma  vie 
Qu'à  terre  un  heurt  fatal  m'aurait  bientôt  ravie  ; 

—  Des  rayons  divergents  du  grand  astre  du  jour, 
Tout  ici-bas  reçoit  la  couleur,  la  lumière. 

—  Je  n'ai  que  des  reflets  décorant  mon  contour 


—  3U  — 

Et  qui,  pâles  ou  beaux,  se  fondent  en  poussière. 
—  De  me  lancer  en  l'air  s'est  amusé  l'enfant, 
Au  bout  du  chalumeau  d'où  son  souffle  me  chasse 
Je  nais  et  m'arrondis,  pour  briller  un  instant, 
Puis  il  rit  de  mon  sort  quand  j'éclate  en  l'espace. 

C'est  là  ce  que  l'on  voit  très  souvent  ici-bas  : 
Aider  dans  le  malheur,  rendre  quelque  service, 

Pousser  le  dévoûment  jusqu'au  jour  du  trépas 

Ne  laisser  qu'un  ingrat,  et  même  l'injustice. 

Avec  les  corps  sortis  des  mains  du  créateur 

Me  comparant,  j'ai  dit  quelle  est  la  différence. 

Il  est  pourtant  un  être,  œuvre  du  même  auteur, 

Qui  conserve  avec  moi  parfaite  ressemblance  : 

Ne  voit-on  pas,  parfois,  un  fat,  un  orgueilleux, 

Comme  moi  goutte  d'eau,  se  croyant  une  sphère, 

Et  d'un  mince  succès  faisant  très  grosse  affaire  ? 

D'esprit  on  Га  cru  plein  quand  en  lui  tout  est  creux, 

De  s'élever  très  haut,  tout  en  rampant,  il  rêve; 

Ballotté  dans  tous  sens,  il  se  soutient  encor  ; 

On  dirait  un  moment,  qu'il  prendra  son  essor, 

Mais...  le  meilleur  lui  manque,  au  premier  choc...  il  crève. 


POÉSIES 


PAR 
M.  le  Baron  DE    MEYRON NET-SAINT-MARC. 

■I—  ■   ■■<■         


I 

JE     VEUX    MUBIR! 

Paraphrase  de  Vorei  Motive 
De  Paolo  T08TI 

ROMANCE 


Je  veux  mourir  au  printemps  de  Tannée 
Quand  l'air  est  tiède  et  que  le  ciel  est  pur, 
Quand  l'hirondelle  à  l'humble  maisonnée 
Suspend  son  nid  protecteur  du  vieux  mur. 

Je  veux  mourir  au  lever  de  l'aurore 
Quand  mille  fleurs  éclosent  sous  mes  pas, 
Quand  dans  les  prés  l'insecte  dort  encore 
Et  qu'au  matin  s'entr'ouvrent  les  lilas. 

Alors,  vers  Dieu,  joyeuse  irait  mon  âme, 
Quittant  la  terre  au  lever  d'un  beau  jour, 
Et  dans  mon  cœur,  brûlerait  cette  flamme 
Que  donne  seul  le  véritable  amour. 

Mais,  quand  les  airs  sont  troublés  par  l'orage, 
Le  temps,  plus  noir  que  l'aile  des  corbeaux, 
Quand  l'ouragan  arrache  le  feuillage 
Et  que  l'hiver  dépouille  les  rameaux , 


—  316  — 

Alors,  j'ai  peur  de  partir,  et  la  terre 
Me  semble  un  lit  trop  dur  pour  y  mourir  ; 
Pour  résister,  je  me  jette  eu  arrière, 
Dusse-  je  vivre  ici-bas  pour  souffrir. 

Je  veux  mourir  au  lever  de  l'aurore 
Quand  mille  fleurs  éclosent  sous  mes  pas. 
Quand  dans  les  prés  l'insecte  dort  encore 
Et  qu'au  matin  s 'en  tr 'ouvrent  les  liias. 


II 


LE     MOIS     DE     MAI 


CHANT    D  AMOUR. 


Pourquoi  le  pinson  sur  la  branche 
Chante-t-il  ses  refrains  joyeux  ? 
Pourquoi,  sous  l'orme  qui  se  penche, 
Dans  l'herbe  un  bruit  mystérieux  ? 
Tout  s'anime  dans  la  nature 
Quand  rayonne  l'astre  du  jour, 
Pourquoi  ?  pourquoi  ?  C'est  le  murmure 
De  la  grande  chanson  d'amour. 


Pourquoi  sortent  de  leurs  cellules 
Tous  les  cri-cris  dans  les  sillons  ? 
Pourquoi  volent  les  libellules 
Et  deux  par  deux  les  papillons  ? 
Les  oiseaux  vont  dans  le  feuillage 
Faire  leurs  nids  tout  alentour, 
Pourquoi  ?  pourquoi  ?  C'est  le  ramage 
De  la  grande  chanson  d'amour. 


Pourquoi  dans  les  forêts  lointaines 
Le  cri  des  grands  fauves  la  nuit  ? 
Pourquoi  par  les  monts,  par  les  plaines, 


—  318  — 

Ces  soupirs,  ces  plaintes,  ce  bruit  ? 
Serait-ce  donc  la  vois  du  monde, 
Du  printemps  fêtant  le  retour  t 
Pourquoi  ¥  pourquoi  t  C'esl  bien  la  ronde, 
La  grande  ronde  de  l'amour. 


BUREAU    DE    L'ACADÉMIE 

(1898) 


Président M.  le  Doyen  Gcibal. 

Vice-Président M.  le  Chanoine  Mille. 

Secrétaire  perpétuel. .  M.  Charles  de  Ribbe. 

Secrétaire M.  le  Baron  Guillibbrt. 

Archiviste M.  de  Berluc-Perussis. 

Bibliothécaire  . .  -. M.  de  Gaxtelmi  d'Ille. 

* 

Trésorier M.  Mouravit. 

Vice-Trésorier M.  J.  de  Magallon. 


!>-■■■<. 


TABLEAU 

des 

MEMBRES  DE   L'ACADÉMIE 


MEMBRES    D'HONNEUR. 


MM. 


Vieille  0.  $$,  ancien  recteur  de  Г  Académie  universitaire 
d'Aix,  1"mars  4869. 

Beaune  %fc  4*i  ancien  procureur  général  à  Aix,  doyen  de  la 
Faculté  libre  de  Droit  à  l'Institut  catholique  de  Lyon,  25 
janvier  1876. 

Clément-Simon  $$>  C.  3fc,  ancien  procureur  général  près  la 
Cour  d'appel  d'Aix,  19  février  1878. 

Gouthe-Soulard  (Sa  Grandeur  M«r)  $fc  Xavier,  archevêque 
d'Aix,  Arles  et  Embrun,  primat,  21  janvier  1890. 

Belin  4$  I.  P.  U,  recteur  de  l'Université,  21  janvier  1890. 

Arbaud  U  Paul,  bibliophile,  30  janvier  1894. 

Gaston  Paris  C.  $fe,  de  l'Académie  Française  et  de  l'Aca- 
démie des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  11  novembre 
1895. 


21 


—  322  — 


MEMBRES   TITULAIRES. 

MM. 

Feraud-Giraud  0.  $$r  il  *i*  Delphin,  président  honoraire  à  la 
Cour  de  Cassation,  doyen  de  l'Académie,  40  février  1857. 

Ribbe  (de)  $  Charles,  40  février  4857. 

Reinaud  de  Fonvert  Alexis,  ancien  membre  de  la  commission 
des  Musées,  46  mars  4858. 

Berluc-Perussis  (de)  îjt  0.  »fi  Léon,  24  janvier  4865. 

Cherrier  (l'abbé)  Auguste,  chanoine,  docteur  en  Théologie, 
45  avril  4872. 

Guillibert  (baron)  s§t  0.  *J«  Hippolyte ,  ancien  bâtonnier  de 
l'ordre  des  avocats  à  la  Cour,  45  janvier  4878. 

Vidal  U  *§*  François,  conservateur  honoraire  de  la  biblio- 
thèque Méjanes,  24  janvier  4879. 

Meyronnet  db  Saint-Marc  (baron  de)  Ф  Philippe,  2  mars  4880. 

Chavernac  Félix,  docteur  en  médecine,  lauréat  de  l'Académie 
de  médecine,  9  mars  4880. 

Mouravit  ^  Gustave,  ancien  président  de  la  Chambre  des 
notaires,  8  février  4884. 

Soubrat  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  pré- 
sident du  Comice  agricole,  45  février  4884. 

Guibal  $fc  ►{«  U  Georges,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des 
Lettres,  45  février  4884. 

Magallon  (de)  Ф  i§t  С  >J«  Jules,  ancien  membre  de  la  Com- 
mission des  Musées,  9  mars  4885. 

Marbot  (l'abbé)  Edmond,  chanoine,  ancien  vicaire  général, 
28  mars  4887. 

Gantelmi  d'Ille  (de)  sgt  *%*  О.  ф  Charles,  47  juin  4890. 


—  323  — 

Lanery  d'Arc  tfp  »J«  С.  $fc  О.  ф  Pierre,  docteur  en  droit,  lau- 
réat de  l'Institut,  8  mars  1892. 

Poktier  I.  P.  W  Henry,  conservateur-directeur  du  Musée,  5 
avril  4892. 

Joret  I.  P.  U  Charles,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres, 
correspondant  de  l'Institut,  46  mai  4893. 

Sbllr  (vicomte  de)  $fe  ЦС.  ф  4*  Albert,  ingénieur,  pro- 
fesseur à  l'Ecole  Centrale  en  retraite,  vice-président  du 
Conseil  général  des  Basses- Alpes,  46  mai  4893. 

Mille  (l'abbé)  Joseph,  chanoine,  curé  de  S'-Jean  du  Fau- 
bourg, 23  mai  4893. 

Sigaud  de  Bresc  (de)  Louis,  ancien  conseiller  général,  23  jan- 
vier 4894. 

Chabrier  Achille,  docteur  en  médecine,  ancien  conseiller  gé- 
néral, vice-président  du  conseil  d'hygiène,  30  janvier 
4894. 

Fassii*  Emile,  I.  P.  У  conseiller  à  la  Cour,  24  avril  4894. 

Bec  (de)  Albert,  4"  mai  4894. 

Moreau  I.  P.  U  Félix,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit,  8  mai 
4894. 

Tourtoulon  (baron  de)  I.  P.  y  G.  О.  ^~С.  ф  Charles,  ancien 
président  de  la  société  des  Langues  Romanes,  correspon- 
dant le  4  juin  4878,  résidant  le  28  mai  4895. 

Saporta  (comte  de)  Antoine,  23  mars  4897. 

Aude  О.^^ф  Philippe,  médecin  en  chef  de  la  marine,  en 
retraite,  6  avril  4897. 


мм. 

Pisok  3£  I.  P.  у  ffi  Alexandre,  doyen  de  la  Faculté  de  droit, 

30  janvier  Ш*. 
Mocgins  de  Roquefort  (de)  !j£  С.  ф  0.  •£  Eugène,  conseiller 

doyen  honoraire  à  la  Cour  d'appel  d'ALx,  4"  mai  189i. 
Cbanikr  $ç  Désiré,  conseiller  doyen   à  la  Cour  d'appel,  29 

mai  1894. 
Boisgelin  (marquis  de)  С  4"  Eugène,  16  juin  1896. 
Dvrahti  ni  la  Cala  de  (de)  Maurice,  ancien  conseiller  à  la  Cour 

d'appel,  16  juin  1896. 


-  325  — 


MEMBRES  RÉGIONAUX. 


MM. 


Mathero*  £$2,  ingénieur,  de  Г  Académie  de  Marseille,  corres- 
pondant de  l'Institut,  21  décembre  4866. 

Reyoil  0.  $J,  ancien  architecte  diocésain,  correspondant  do 
l'Institut,  à  Nîmes,  27  février  1877. 

Marion  $J,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille, 
21  mai  1881. 

Forbin-d'Oppède  (marquis  de),  château  de  Saint-Marcel,  près 
Marsçille,  19  décembre  1882. 

Eysseric  Saint-Marcel,  ancien  magistrat  et  conseiller  général, 
inspecteur  départemental  de  la  Société  d'Archéologie,  à 
Sisteron,  19  décembre  1882. 

Plauchiîd  i}  Eugène,  président  de  Г  Athénée,  à  Força  Iquier, 
pharmacien-chimiste  de  1"  classe,  etc.,  19  décembre  1882. 

Faucher  (de)  Paul,  membre  de  l'Académie  de  Vaucluse,  à 
Bollène  (Vaucluse),  5  janvier  1883. 

Jessé-Charleval  (marquis  de),  ancien  directeur  de  la  Revue 
de  Marseille  et  de  Provence,  5  janvier  1883. 

Jessé-Charleval  (vicomte  de)  Ф  Antoine,'  ancien  maire,  mem- 
bre de  l'Académie  de  Marseille,  5  janvier  1883. 

Rey  (de)  Gonzague,  château  du  Prieuré  d'Ardène,  près  Saint- 
Michel  (Basses-Alpes),  5  janvier  1883. 

Terris  (de)  Ф  Jules,  notaire  à  Avignon,  membre  de  l'Aca- 
démie de  Vaucluse,  5  janvier  1883. 

Chailan  £p  О.  Ф  C.  >J*  Alfred,  président  honoraire  de  l'Ecole* 
félibréenne,  à  Marseille,  5  janvier  1883. 


—  326  — 

Guigou  Just,  docteur  en  droit,  doyen  honoraire  de  la  Faculté 
libre  de  droit,  à  Marseille,  42  janvier  4883. 

Aube  Frédéric,  ancien  notaire  au  Luc,  membre  de  la  Société 
d'Archéologie,  42  janvier  4883. 

Roux  ^  Jules-Charles,  ancien  président  de  la  Société  Artis- 
tique de  Marseille,  ancien  député,  42  janvier  4883. 

Isturd  Ц  I.  P.,  archiviste  des  Basses-Alpes,  secrétaire  de  la 
Société  Académique,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes, 
à  Digne,  42  janvier  4883. 

Ollivieh  3£,  docteur  en  médecine,  ancien  conseiller  général, 
président  honoraire  de  la  Société  scientifique  et  littéraire 
de  Digne,  42  janvier  4883. 

Mireur  £j£,  archiviste  du  département  du  Var,  membre  du 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan,  49  janvier 
4883. 

Bonhomme  (l'abbé),  chanoine  à  Riez  (Basses- Alpes),  9  février 
4883. 

Brun,  architecte,  inspecteur  de  la  Société  Française  d'Ar- 
chéologie, à  Nice,  9  février  4883. 

Bernard  $fc  Charles,  président  à  la  Cour  de  Dijon,  ancien 
avocat  à  la  Cour  d'Aix,  46  février  4883. 

Clappier  $J  Félix,  ancien  procureur  général,  à  Saint-Gabriel, 
près  Tarascon,  46  mars  4883. 

Pellissibr  (l'abbé),  vicaire  général  à  Digne,  6  avril  4883. 

Cortès  Fernand,  à  Saint-Maximin,  25  janvier  4886. 

Mâgallon  (de)  Xavier,  avocat,  conseiller  général  des  Hautes- 
Alpes,  à  Marseille,  46  mars  4889. 

Mougins-Roquefort  (vicomte  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour 
d'Aix,  44  mars  4891. 

Gamber  (l'abbé)  Stanislas,  aumônier  du  Lycée,  à  Marseille, 
7  avril  4891. 


—  327  — 

Pêlissier  y  Léon,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Montpellier,  4  juin  1891. 

Daixe  U  Louis,  ingénieur,  ancien  président  de  la  Société 
Littéraire  de  Digne,  12  janvier  1892. 

Gollot  U  Louis,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijon,  26  janvier  1892. 

Sénequier  Paul,  juge  de  paix  à  Grasse,  30  mai  1893. 

Poncet  *|«  Henri,  maître  de  chapelle  de  la  Basilique  métro- 
politaine d'Aix,  6  juin  1893. 

Collongue  (d'AvoN  baron  de),  tjfê  ^  О.  Ф,  ministre  plénipo- 
tentiaire, au  château  de  Collongue,  par  Gadenet  (Vaucluse), 
6  juin  1893. 

Constantin  (l'abbé),  curé  de  Rognes  (Bouches-du-Rhône)» 
9  janvier  1894. 

Ghaillan  (l'abbé),  curé  de  Beaurecueil  (Bouches-du  Rhône), 
12  janvier  1894. 

Dollieulb  0.  >Js  Frédéric,  ancien  magistrat,  de  Г  Académie 
du  Var,  à  Marseille,  28  mai  1895. 

Bourguet  Alfred,  avocat  à  la  Cour  de  Paris,  10  mars  1896. 

Joubert  (l'abbé)  vicaire  de  la  Madeleine,  à  Aix,  24  mars  1896. 

Borel  3£,  anc.  chef  de  musique  militaire,  à  Aix,  9  mai  1896. 

Fbrrier  Raymond,  amateur  d'art,  à  Aix,  16  juin  1896. 

Tourtoulon  (baron  de),  marquis  de  Barre,  Pierre,  docteur 
en  droit,  à  Aix,  12  janvier  1897. 

Теп,  (baron  du)  »p  Joseph,  à  Paris,  4  mai  1897. 

Maurel  (l'abbé)  Marie-Joseph,  ancien  curé  de  Puymoisson, 
à  Marseille,  18  mai  1897. 

Bonnecorse-Lubières  (comte  Charles  de),  avocat  à  la  Cour 
d'Aix,  28  décembre  1897. 


—  328  — 

Régnier  I.  P.  (Antony),  artiste  peintre,  à  Marseille,  45  février 
4898. 

Autheman,  ancien  maire  aux  Martigues,  45  février  4898. 

Le  Bourgeois  (l'abbé)  hagiographe,  à  Aix,  4"  mars  4898. 

Prou-Gaillard  О  С.  ^  (Auguste),  ancien  directeur  de  Г  Aca- 
démie de  Marseille,  3  mai  4898. 

Hemacle  (comte)  ф  Louis,  ancien  maire  d'Arles,  24  mai  4898. 


—  329  — 


MEMBRES  COBRE8POIIDAIIT8. 

MM. 

Zeller  Jules,  professeur  au  collège  de  France,  à  Paris,  rési- 
dant le  6  février  1855,  correspondant  le  43  avril  4858. 

Ferrand  Joseph,  ancien  préfet,  correspondant  de  l'Institut, 
rue  de  la  République,  44,  à  Amiens  (Somme),  20  janvier 
1864. 

Mistral  Frédéric,  à  Maillane,  2  mars  4863. 

Mouttet  Alexandre,  juge  de  paix  à  Aix,  20  avril  4863. 

Teissier  Octave,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  à  Dragui- 
gnan,  20  avril  4863. 

Lescouvé ,  conseiller  honoraire  à  la  Cour  de  Cassation , 
résidant  le  20  février  4866,  correspondant  le  3  décembre 
4878. 

Desjardins  Arthur,  avocat  général  à  la  Cour  de  Cassation, 
membre  de  l'Institut,  résidant  le  8  avril  4867,  correspon- 
dant le  4"  décembre  4873. 

Blancard  Louis,  correspondant  de  l'Institut,  archiviste  des 
Bouches-du-Rhône,  à  Marseille,  7  décembre  4868. 

Lavollée  Paul-René,  docteur  ès-lettres,  ancien  consul  général, 
à  Paris,  25  avril  4870.   * 

Bonvallot  Edouard,  ancien  conseiller  à  la  Cour  de  Dijon,  à 
Paris,  26  février  4872. 

Millien  Achille,  lauréat  de  l'Académie  Française,  à  Beaumont- 
la-Ferrière  (Nièvre),  46  décembre  4872. 

Faisan  Albert,  à  Lyon,  44*mars  4876. 

Roquc-Fcrricr  Alphonse,  président  du  Félibrige  latin,  à 
Montpellier,  4  juin  4878. 


—  330  — 

Bec  (de)  Léon,  à  Rieux-eu-Minervois  (Aude),  11  juin  4878. 

Laugier,  conservateur  du  Cabinet  des  médailles  de  Marseille, 
3  juin  4879. 

Bellet  (l'abbé),  à  Tain  (Drôme),  12  décembre  1882. 

Dorlhac  de  Borne,  directeur  honoraire  d'Ecole  Normale,  à 
Tarascon,  résidant  6  avril  4883,  correspondant  9  mai  1893. 

Jullien  Ernest,  vice-président  du  Tribunal  civil,  en  retraite, 
à  Reims,  2  mai  1884. 

Boœt  Alfred,  président  de  la  Société  d'émulation  de  Mont- 
béliard,  4  juin  1888. 

Cottin  Paul,  sous-bibliothécaire  à  l'Arsenal,  à  Paris,  11  juin 
1888. 

Bremond  d'Ars-Migré  (marquis  de)  Anatole,  conseiller  géné- 
ral, château  de  la  Porte-Neuve-en-Riec  (Finistère),  27 
janvier  1891. 

Proal  Louis,  président  à  la  Cour  de  Riom,  résidant  le  22  dé- 
cembre 1891,  correspondant  le  15  déembre  1896. 

Son  Excellence  Sawas-Pacha,  à  Menton,  ancien  ministre  des 
affaires  étrangères  de  l'Empire  Ottoman,  26  janvier  1892. 

Gras  Félix,  capoulié  du  Félibrige,  à  Avignon,  11  novembre 
1895. 

Zeiller  Charles-René,  secrétaire  du  Conseil  Général  des 
Mines,  à  Paris,  19  janvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docteur  consultant  à  Royat  et  Paris,  4  mai 
1897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géographie, 
à  Paris,  11  mai  1897. 


—  331    — 


MEMBRES  CORRESPONDANTS  A  L'ÉTRANGER. 


MM. 

Adriani  J.-B.,  membre  du  comité  royal  d'histoire  nationale 
et  de  Г  Académie  des  sciences,  à  Turin,  26  janvier  4858. 

Carnazza-Amari,  ancien  professeur  à  l'Université  de  Catane, 
sénateur  du  royaume  d'Italie,  6  avril  4868. 

Rotrou  (de),  à  Rome,  2  mai  1882. 

Gubernatis  (comte  de)  Angelo  $C.  $  professeur  à  l'Institut 
national,  à  Rome,  3  janvier  4893. 

Typaldo-Bassia  $J ,  juge   suppléant ,  professeur  agrégé  à 
l'Université  d'Athènes,  23  janvier  4894. 

Barr-Ferree,  New- York,  5  juin  4894. 

Portai  (le  chevalier  Emmanuel),  Palerme,  42  février  4895. 

Le  présont  Tableau  a  été  arrêté  le  16  Juin 
1898,  conformément  à  l'article  10  du  Règle- 
ment   intérieur. 

Le  Président  : 

G.  Guibàl.  Le  Secrétaire: 

Baron  Guillibert. 


LISTE 


DES 


ACADÉMIES    ET    SOCIÉTÉS    CORRESPONDANTES. 


»■«< 


Abbeville. 
A  g  en. 

Alais. 
Alençon. 

Alger. 
Amiens. 

Angers. 


Arras. 

Avignon. 

Bar-le-Duc. 

Bayonne. 

Belfort 

Besançon. 

Béziers. 

Bordeaux. 
Boulogne-sur-Mer. 

Bourg. 
Brest. 


Société  d'émulation.  * 
Académie  Jasmin. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 
Société  scientifique  et  littéraire. 
Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne. 
Association  scientifique  algérienne. 
Société  des  antiquaires  de  Picardie. 
Conférence  littéraire  et  scientifique  de  Picardie- 
Société  académique  de  Maine-et-Loire. 
Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Société  industrielle  d'Angers  et  de  Maine-et- 
Loire. 

Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Académie  de  Vaucluse. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 

Société  des  sciences  et  arts. 

Société  Belfortane  d'émulation. 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

Société  de  médecine. 

Société  archéologique,  scientifique  cl  littéraire. 

Société  d'étude  des  sciences  naturelles. 

Académie  des  sciences,  bel  les- lettres  et  arts. 

Société  académique. 

Société  d'agriculture  de  l'arrondissement. 

Société  historique  et  littéraire  de  l'Ain. 

Société  académique. 

Société  d'agriculture  de  l'arrondissement. 


—  333  — 


Cahors. 

Cambrai. 

Cannes. 

Carpentras. 


Caen.  Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres. 

—  Société  française  d'archéologie. 

—  Société  linnéenne  de  Normandie. 

—  Société  des  beaux-arts. 

—  Société  d'agriculture  et  de  commerce. 

Société  des  études  littéraires,  scientifiques  et 
artistiques  du  Lot. 

Société  d'émulation. 

Société  académique. 

Commission  de  la  bibliothèque. 

Châlons-sur-Marne.  Société  d'agriculture,  commerce,  sciences  et 

arts  de  la  Marne. 

Chalon-sur-Saône.  Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

Chambéry.        Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts 

de  Savoie. 

—  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie. 

Comice  agricole. 

Société  nationale  académique. 

Société  archéologique  du  département. 

Société  scientifique,  littéraire  et  artistique  des 
Basses- Alpes. 

Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres. 

Commission  archéologique. 

Société  d'agriculture  et  d'industrie  agricole  du 
département. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Société  d'études  scientifiques  et  archéologiques. 

Société  d'agriculture  et  de  commerce  du  Var. 


Chartres. 

Cherbourg. 

Constantine. 

Digne. 

Dijon. 


Douai. 
Draguignan. 


Dunkerque. 

Forcalquier. 

Gap. 

Grenoble. 


Hippone. 
Le  Havre. 


Lille. 


Société  dunkerquoise  pour  l'encouragement  des 
sciences,  des  lettres  et  des  arts. 

Athénée  littéraire,  scientifique  et  artistique. 

Société  d'études  des  Hautes- Alpes. 

Académie  delphinale. 

Société  de  statistique,  des  sciences  naturelles 
et  des  arts  industriels  de  l'Isère. 

Académie. 

Société  nationale  hâvraise  d'études  diverses. 

Société  des  sciences  et  arts,  agricole  et  hor- 
ticole. 

Société  des  sciences,  de  l'agriculture  et  des  arts. 


—  334  — 


Limoges. 

Lons4e-Saulnier . 
Lyon. 


Le  Mans. 
Marseille. 


Mende. 

Montauban 
Montbéliard. 

Montbrison. 
Montpellier. 


Nancy. 


Nantes. 


Nice. 


Société    archéologique  et  historique  du  Li- 
mousin. 

Société  d'émulation  du  Jura. 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

Société  littéraire,  historique  et  archéologique. 

Société  d'agriculture,  histoire  naturelle  et  arts 
utiles. 

Société  botanique. 

Société  académique  d'architecture. 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la 
Sarthe. 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

Société  de  statistique. 

Société  de  géographie. 

Société  de  médecine. 

Société  départementale  d'agriculture  des  Bou- 
ches-du-Rhône. 

Société  d'horticulture. 

Société  botanique  et  horticole  de  Provence. 

Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et  arts 
de  la  Lozère. 

Société  d'agriculture  du  Tarn-et-Garonne. 

Société  d'émulation. 

La  Diana. 

Académie  des  sciences  et  lettres. 

Société  pour  l'étude  des  langues  romanes. 

Société  archéologique. 

Académie  de  Stanislas. 

Société  centrale  d'agriculture  et  comice  de 
Nancv. 

m 

Société  académique  de  Nantes  et  de  la  Loire- 
Inférieure. 

Société  des  sciences  naturelles  de  l'ouest  de  la 
France. 

Commission  de  la  bibliothèque  de  la  ville. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes- 
Maritimes. 

Société  centrale  d'agriculture,  d'horticulture  et 
d'acclimatation  de  Nice  et  des  Alpes-Mari- 
times. 


—  335  — 


Nimes. 

Niort. 
Paris. 


Pau. 

Perpignan. 

Poitiers. 

Quimper. 

Reims. 

Rennes. 

La  Rochelle. 

Rodez. 
Romans. 

Rouen. 
Saint-Etienne. 


Académie. 

Société  d'étude  des  sciences  naturelles. 

Société  centrale  d'agriculture  des  Deux-Sévres. 

Faculté  des  sciences. 

Association  philotechnique. 

Société  philotechnique. 

Société  nationale  d'encouragement  au  bien. 

Société  française  de  numismatique  et  d'archéo- 
logie. 

Société  philomatique. 

Société  ethnographique. 

Société  de  secours  des  amis  des  sciences. 

Société  de  biologie. 

Société  de  médecine  légale. 

Société  des  antiquaires  de  France. 

Société  des  études  historiques. 

Société  centrale  d'agriculture  de  France. 

Société  zoologique  de  France. 

Société  protectrice  des  animaux. 

Musée  Gui  met. 

Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Société  agricole,  scientifique  et  littéraire. 

Sociélé  académique  d'agriculture,  belles-lettres» 
sciences  et  arts. 

Société  archéologique  du  Finistère. 

Académie  nationale. 

Société  archéologique  d'Ille-et-Vilaine. 

Société  littéraire. 

Société  des  sciences  naturelles. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'Aveyron. 

Comité  de  rédaction  du  Bulletin  d'histoire 
ecclésiastique  des  diocèses  de  Valence,  Gap, 
Grenoble  et  Viviers. 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine- 
Inférieure. 

Société  d'agriculture,  industrie,  sciences,  arts 
et  belles-lettres  de  la  Loire. 


-  336  — 


Saint-Là. 

Saint-Omer. 
Saint-Quentin. 

Saintes. 


Toulon, 
Toulouse. 


Tours. 

Troyes. 

Valence. 

Versailles. 


Société  d'agriculture,  d'archéologie  et  d'histoire 
naturelle  de  la  Manche. 

Société  des  antiquaires  de  la  Morinic. 

Société  académique  des  sciences,  arts,  belles- 
lettres,  agriculture  et  industrie. 

Société  des  archives  historiques  de  la  Saintonge 
et  de  l'Aunis. 


Académie  du  Var. 

Académie  des  jeux  floraux. 

Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belle  - 
lettres. 

Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne. 

Société  hispano-portugaise. 

Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et  belles- 
lettres. 

Société  archéologique  de  Touraine. 

Société  académique  d'agriculture,  des  sciences, 
arts  et  belles-lettres  de  l'Aube. 

Société   départementale    d'archéologie    et    de 
statistique. 

Société  d'agriculture  et  des  arts  de  Seine-et-Oise. 

—  Société  des  sciences  morales,  des  lettres  et  des 

arts  de  Seine-et-Oise. 

Vitry-le-  François.  Société  des  sciences  et  arts. 


—  337  — 


ÉCHANGES  INTERNATIONAUX. 


Anvers. 
Boston. 

Bruxelles. 


Bucarest. 
Buenos- Aires. 

Chicago. 
Christiania. 
Cl  audiopoli. 

Colmar. 
Colombus. 
Florence. 
Genève. 
Metz. 

Mexico. 
Milan. 

Montevideo. 
Moscou. 

Munich. 
Naples. 
Neufchâtel  (Suisse) 
Ottawa. 

Rio  de  Janeiro. 


Rome. 


Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique. 

American  academy  of  arts  and  sciences. 

Society  of  natural  history. 

Comité  du  Bulletin  Rubens. 

Académie  d'archéologie. 

Société  belge  de  géologie  et  de  paléontogie, 

Comité  de  la  revue  de  Belgique. 

Académie  roumaine. 

L'Université. 

Académie  des  sciences. 

Université  royale  frédéricienne  de  Norwège. 

Sociéé  rovale  universitaire  hongro-claudiopo- 
litaine  François-Joseph. 

Société  d'histoire  naturelle. 

Ohio  state  agricultural  society. 

Société  dantesque  italienne. 

Institut  national  genevois. 

Académie  des  lettres,  sciences,  arts  et  agri- 
culture. 

Société  scientifique  Antonio  Alzate. 

Institut  lombard. 

Société  italienne  des  sciences  naturelles. 

Musée  national. 

Société  impériale  des  naturalistes  dp  Moscou. 

Société  impériale  d'agriculture. 

Société  d'histoire  naturelle. 

Institut  royal  d'encouragement. 

Société  neuchàteloise  de  géographie. 

Institut  canadien. 

Société  royale  du  Canada. 

Commission  géologique  des  États-Unis  du  Brésil. 

Musée  national. 

Observatoire  national. 

Bibliothèque  centrale  Victor  Emmanuel. 

L'Orient  (revue). 

22 


1 


Santiago. 

Stockholm. 

Turin. 

Washington, 


Vienne. 


—  338  — 

Société  scientifique  du  Chili. 

Académie  royale  d'histoire  et  d'antiquités. 

Université  royale  des  études. 

Smithsonian  institution. 

United  slates  geological  and  geographical  Sur- 
теу  of  the  ter  ri  tories. 

Académie  américaine. 

Musée  d'histoire  naturelle. 


Envois  du  Ministère  de  l'Instruction  publique 

et  des  Beaux-Arts. 


Bulletin  du  comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques. 

Répertoire  des  travaux  historiques. 

Revue  des  travaux  scientifiques. 

Réunion  des  sociétés  savantes  des  départements,  section  des 
beaux-arts. 

Archives  des  missions  scientifiques. 

Dictionnaire  topographique  de  la  France. 

Répertoire  archéologique  de  France. 

Journal  des  savants. 

Romania. 

Rapports  sur  les  archives  nationales. 


Annales  de  l'Institut  national  agronomique. 

Bulletin  du  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bulletin  consulaire  français. 


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TABLE    DES   MATIERES 


Pages 

Rapport  sur  l'élection  du  Cardinal  Boyer,  par 

M.  Guillibert 5 

Marius  Reinaud,  graveur  provençal,  par  M.  F.  Vidal.         45 
Catalogue  de  l'œuvre  de  Marius  Reinaud,  par  M.  R. 

Le  «  Studium  »  papal  de  Trets  au  XIV  siècle,  par 

M.  l'abbé  Chaillan 413 

Les  exhalaisons  volcaniques  considérées  au  point  de 
vue  de  la  genèse  du  globe  terrestre,  par  M.  le  Vu 

de  Selle '. л 257 

La  célébration  du  mariage  à  Aix  aux  XV*  et  XW 

siècles,  par  M.  l'abbé  Marbot 269 

La  tapisserie  de  l'église  métropolitaine  Saint-Sauveur 
d'Aix,  par  M.  A.  de  Fonvert  et  M.  le  Chanoine 

J.  Mille 289 

La  Provence  des  temps  autonomes  ;  rapport  sur  «  la 
Société  provençale,  »  de  M.  Ch.  de  Ribbe,  par  M.  L. 

de  Berluc-Perussis 30! 

La  bulle  de  savon,  apologue,  par  M.  A.  de  Fonvert . .       343 
Poésies,  par  M.  le  baron  de  Meyronnet-Saint-Marc  ...       315 

Bureau  de  l'Académie 349 

Liste  des  membres 321 

Liste  des  sociétés  correspondantes 332 


TABLE  DES   PLANCHES 


Pages 

Portrait  do  Marius  Reinaud,  par  Lucien  Gautier 46 

La  Vierge  de  la  Miséricorde,  par  Marius  Reinaud  .  « . .  30 

Portrait  de  Granet,  d'après  Ingres,  par  Marius  Reinaud  38 

Le  Colisée  de  Rome,  d'après  Granet,  par  Marius  Reinaud  69 

Jésus  enfant,  par  Marius  Reinaud 78 

Inscription  de  la  tapisserie  de  Saint-Sauveur,  par 

A.  de  Fonvert 289 

4"  tableau  de  la  tapisserie  :  la  Nativité  de  la  Vierge  .  298 

2*         »                        »         :  la  Présentation        »  » 

3e         »                       »         :  l'Annonciation         »  » 


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ACADÉMIE  D'AIX 


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MÉMOIRES 


DE 


L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,   AGRICULTURE,  ARTS 
ET  RELLES-LETTRES 

D'AIX 


TOME    XVIII 


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A.    GABON,   IMPRIMEUR  DE   L' ACADÉMIE 

1900 


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MÉMOIRES 


DE 


L'ACADÉMIE 


DES 


SCIENCES,   AGRICULTURE,  ARTS 
ET  BELLES-LETTRES 


D'AIX 


TOME    XVIII 


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A.   GABON,   nmUHKUl  DE  L' ACADÉMIE 

1900 


LE    CABINET 

DES 

FÂURIS  DE  SAINT-VINCENS 

»a  Aix 

D'APRÈS  DBS  DOCUMENTS  INÉDITS 

PAR 

АЫПШЮШЕ  MOCTTET 


Les  belles  collections  d'antiquités,  d'inscriptions, 
de  médailles,  de  manuscrits  de  MM.  Fauris  de  Saint- 
Vincens,  père  (i)  et  fils  (a),  présidents  à  mortier  au 
Parlement  de  Provence,  ont  eu  leur  célébrité  à  la 
fin  duXVIIIme  et  au  commencement  du  XIX"*  siècle. 
Elles  étaient  propres  à  satisfaire  les  savants  et  elles 
excitaient  la  curiosité  de  nombreux  voyageurs, 

Millin  les  visita,  en  1804,  au  moment  des  jeux 
de  la  Fête-Dieu.  Il  avait  pris  gîte,  sur  le  Cours,  dans 
Thôtellerie  qui  devait  se  trouver,  croyons-nous, 
dans  la  maison  portant  le  n°  17  bis,  entre  la  rue  de 


(4)  Jules-François-Paul  de  Fauris,  seigneur  de  Saint-Vincens  et 
de  Noyers,  né  à  Aix  le  24  juillet  4748,  mort  le  22  octobre  4798. 

(2)  Alexandre-Jules-Antoine,  né  à  Aix,  sur  la  paroisse  Saint-Esprit, 
le  2  septembre  4750,  mort  le  45  novembre  4849. 


—  6  — 

la  Masse  et  l'ancien  hôtel  d'Arbaud-Jouques,  ayant 
en  face  l'hôtel  Saint- Vincens,  n°  14  (i). 

Le  lendemain  de  notre  arrivée,  dit-il  en  son  Voyage  dans  le 
Midi  de  la  France,  nous  commençons  à  voir  la  collection  de 
mon  respectable  ami.  On  éprouve  un  sentiment  de  véné- 
ration en  entrant  dans  la  maison  de  M.  de  Saint-Vincens  ; 
tout  y  respire  le  savoir,  la  bienfaisance  et  la  vertu.  Le  ves- 
tibule, la  cour  et  les  escaliers  sont  remplis  d'inscriptions 


(4  )  Roux-Alphéran  nous  apprend  que  cet  hôtel  a  été  bâti,  vers 
4660,  sur  les  anciens  terrains  de  l'évêché,  par  Honoré  de  Rascas, 
seigneur  du  Canet,  conseiller  au  Parlement.  —  En  4668,  il  le  passa 
à  son  neveu,  sénéchal  de  Draguignan,  qui  le  revendit,  en  4698, 
à  Silvy  de  Raousset,  comte  de  Boulbon,  seigneur  de  Mazaugues, 
etc.,  etc.,  président  à  mortier  au  Parlement. 

Antoine  de  Fauris,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Vincens,  con- 
seiller aux  Comptes,  père  et  grand-père  de  nos  deux  présidents,  fit 
l'acquisition  de  cette  maison,  cour,  écuries,  remise  et  grenier  à  foin, 
sise  dans  l'enclos  de  cette  ville  et  au  grand  cours,  confrontant  au 
levant,  maison  du  marquis  de  Mirabeau,  etc.,  etc.,  au  prix  de 
34,060  livres,  de  Joseph -A  ndré-Silvy  de  Raoulx-Raousset,  comte  de 
Boulbon,  petit-fils  du  président  au  Parlement  (Etude  Bertrand,  dans 
les  minutes  de  Me  Garcin,  l'un  des  prédécesseurs,  à  la  date  du  9 
juin  4739). 

Après  la  mort  du  dernier  président  de  Saint-Vincens,  sa  succes- 
sion, ayant  été  acceptée  sous  bénéfice  d'inventaire,  l'hôtel  fut  judi- 
ciairement vendu  le  4  juin  4822  et  adjugé  à  sa  veuve,  née  Dorothée 
de  Trimond,  au  prix  de  30,550  fr. 

Légué  par  elle  à  M.  Alphonse  d'Esmivy  d'Auribeau,  directeur 
des  contributions  directes  à  Nîmes,  l'hôtel  fut  remis  aux  enchères 
devant  M"  Béraud,  notaire  à  Aix,  et  adjugé,  le  26  mars  4835,  au 
prix  de  38,500  fr.,  à  M.  Benjamin  Crémieux,  qui  l'aliéna,  le  46  juillet 
suivant,  même  notaire,  à  M.  le  conseiller  Auguste  Fabry,  au  prix 
de  40,000  fr.  Il  appartient  aujourd'hui  à  ses  fils,  tous  les  deux  ma- 
gistrats. 


grecques,  romaines  et  du  moyen-âge  ;  les  dessus  des  portes 
sont  ornés  de  fragments  de  mosaïque  ;  son  cabinet  présente 
une  nombreuse  collection  de  livres  imprimés  et  manuscrits, 
de  médailles  et  divers  monuments  d'antiquité  ou  relatifs  à 
l'histoire  de  son  pays  (t.  II,  p.  195)  (\). 

MM.  de  Saint- Vincens  avaient  compromis  leur 
fortune  à  donner  trop  libre  carrière  à  leur  passion 
de  collectionneurs.  Aussi,  après  le  dernier  des  Saint- 
Vincens,  mort  en  1819,  président  de  la  Cour  royale 
d'Aix,  ces  richesses,  si  péniblement  acquises,  furent- 
elles  judiciairement  dispersées  au  feu  des  enchères 
publiques. 

On  a  été  jusqu'ici  inexactement  renseigné  sur 
cette  vente.  La  Statistique  des  Bouches-du-Rhône  (2), 
qui  aurait  pu  nous  dire  la  vérité,  étant  rédigée  dans 
les  bureaux  de  la  préfecture  au  milieu  de  tous  les 
documents  officiels ,  effleure  à  peine  le  sujet ,  au 
Chapitre  des  bibliothèques  publiques,  dans  la  note 
suivante  consacrée  à  la  Méjanes  : 

Cette  bibliothèque,  remarquable  surtout  par  le  choix 

des  éditions  et  la  beauté  des  reliures,  s'est  encore  enrichie 
par  différents  envois  du  gouvernement  et  par  l'achat  d'une 
partie  de  la  bibliothèque  de  M.  Fauris  de  Saint- Vincens,  qui 


(1)  Voyage  dans  les  départements  du  Midi  de  la  France,  par 
Aubin-Louis  Miliin.  Paris,  de  Timp.  nat.  1  807-1 811,  1  vol.  i 0-80 
avec  atlas  in-4°.  —  Voir  Y  addition,  p.  51. 

(2)  Statistique  des  Bouches-du-Rhône,  dédiée  au  roi  par  le  comte 
de  Villeneuve,  préfet  de  Marseille.  A.  Ricard,  i  vol.  in-4°  avec 
atlas  in-folio.  Marseille,  1821-1829. 


—  8  — 

a  été  partagée  entre  les  villes  de  Marseille,  d'Aix  et  d'Arles. 
Par  cet  arrangement,  la  ville  d'Aix  a,  en  outre,  obtenu  les 
objets  d'antiquité  et  une  foule  de  monuments,  sceaux,  mon- 
naies du  moyen-àge,  et  des  manuscrits  précieux,  parmi  les- 
quels une  certaine  quantité  ont  appartenu  au  célèbre  Peiresc 
(tome  III,  p.  582). 

Tout  cela  est  bien  vague  et  bien  confus  et  ne  fait 
qu'obscurcir  l'histoire. 

M.  Rouard,  bibliothécaire  de  la  ville  d'Aix,  qui 
ne  pouvait  pas  ignorer  la  provenance  du  fonds  Saint- 
Vincens,  n'a  été  ni  plus  explicite  ni  plus  exact  que 
la  Statistique  dans  la  Notice  sur  la  Méjanes  (1). 

La  belle  collection,  dit-il,  que  les  présidents  de  Saint- 
Yincens  avaient  formée,  en  livres  et  manuscrits,  en  médailles 
et  autres  antiquités,  fut  acquise  en  4820  (c'est  24  qu'il  faut 
lire)  par  le  département  sous  les  auspices  du  comte  de  Ville- 
neuve, préfet,  à  qui  rien  n'échappait  de  ce  qui  pouvait  être 
utile  aux  sciences  et  aux  lettres,  et  répartie  entre  les  villes 
d'Aix,  d'Arles  et  de  Marseille  ;  cette  dernière  eut  les  mé- 
dailles et  les  livres  qui  s'y  rapportent  ;  Arles'eut  à  peu  près 
tous  les  autres  ;  Aix  les  manuscrits  et  les  antiquités  qui  for- 
ment la  plus  riche  partie  de  son  musée. 

Plus  tard,  Roux-Alphéran  dans  ses  Rues  dCAix, 
arrivé  à  l'hôtel  des  présidents  de  Saint- Vincens, 
devait  naturellement  parler  de  leur  célèbre  cabinet. 
Plein  de  confiance  en  l'érudition  de  son  ami,  qu'il 
avait  tout  lieu  de  croire  au  courant  des  choses  de 


(4  )  Notice  sur  la  bibliothèque  d'Aix  dite  Méjanes,  par  M.  Rouard, 
bibliothécaire.  Aix,  Aubin,  4831,  in-8«f  p.  232. 


—  9  — 

sa  bibliothèque,  Roux-Alphéran  varia  en  ces  termes 
le  passage  que  nous  venons  de  citer  : 

Après  lui  (le  dernier  président  de  Saint- Vincens),  le  beau 
cabinet  que  son  père  avait  passé  sa  vie  à  former  et  que  lui- 
même  avait  augmenté,  fut  acheté  par  le  département  ;  les 
livres  furent  envoyés  à  Arles,  les  médailles  à  Marseille,  les 
antiquités  et  les  manuscrits  demeurèrent  à  Aix,  où  ils  sont 
encore,  les  uns  au  Musée,  les  autres  à  la  bibliothèque  Mé- 
janes  (4). 

Les  erreurs  ont  la  vie  dure  !  Bien  des  années 
après,  en  1894,  un  érudit  parisien,  inspecteur  géné- 
ral des  bibliothèques  et  des  archives,  fut  chargé  de 
rédiger  Y  Introduction  au  catalogue  des  manuscrits  de 
la  bibliothèque  (FÂix,  dressé  par  le  regretté  abbé 
Albanès.  Loin  d'Aix,  étranger  à  la  Provence,  que 
voulez-vous  qu'il  fit  contre  deux  érudits  Aixois, 
ordinairement  mieux  informés,  il  est  vrai  ?  Il  résu- 
ma ainsi  ce  qui  avait  été  fort  légèrement  dit  avant 

lui  : 

Ces  livres  et  antiquités  ont  été  acquis  en  4820  [pardon, 
c'est  en  4824]  par  le  département  et  répartis  entre  les  villes 
d'Aix,  d'Arles  et  de  Marseille. 

Telle  est  la  légende  qui  s'est  faite  autour  de  la 
vente  du  cabinet  Saint- Vincens,  légende  à  laquelle 
l'autorité  de  l'inspecteur  général  venait  donner  plus 


(I)  Les  Rues  d'Àix,  recherches  historiques  sur  V ancienne  capitale 
de  la  Provence,  par  Roux-Alphéran.  Aix,  typ.  Aubin,  Ш6-1818, 
2  vol.  gr.  in-8»,  t.  II,  p.  209. 


—  lO- 
de  crédit  ;  mais  M.  l'inspecteur  n'a  sans  doute  pas 
connu  les  Catalogues  du  Musée  cTAix,  publiés,  en 
1862  et  en  1882  par  M.  Gibert,  son  conservateur. 
Ils  l'auraient  mis  sur  la  voie  des  documents  que 
nous  avons  trouvés,  en  fouillant  les  registres  des 
délibérations  du  conseil  municipal  d'Aix,  et  qui 
nous  ont  appris  que,  si  le  département  a  partagé 
entre  les  villes  d'Aix,  de  Marseille  et  d'Arles,  le  lot 
de  livres  dont  le  préfet  fit  voter  l'acquisition  par  le 
conseil  général,  ces  villes  avaient  acquis,  de  leurs 
deniers  :  Aix ,  les  antiquités  et  les  manuscrits  ; 
Marseille,  les  médailles,  et  Arles,  qui  n'avait  pas 
de  bibliothèque,  le  restant  des  livres. 

C'était  assez  pour  couper  court  à  la  légende  ;  mais 
M.  Gibert  n'est  pas  entré  dans  les  détails,  s'il  a 
toutefois  connu  les  documents  de  la  vente  Saint- 
Vincens,  conservés  aux  archives  municipales  d'Aix 
et  aux  archives  des  Bouches-du-Rhône  à  Marseille. 

Ces  documents,  encore  inédits,  vont  nous  per- 
mettre de  rétablir  les  faits  dans  leur  parfaite  exac- 
titude. Mais  avant  de  poursuivre,  il  nous  paraît 
essentiel  de  dire  sommairement  les  origines  des 
présidents  Fauris,  seigneurs  de  Saint- Vincens  et  de 
Noyers. 

* 

Les  Saint- Vincens,  appartenant  à  une  ancienne  et 
très  distinguée  famille  de  robe,  aujourd'hui  éteinte, 


—  M   — 

étaient  originaires  de  Manosque  (i).  Jules-François- 
Paul  Fauris,  seigneur  de  Saint-  Vincens  et  de  Noyers, 
arrière-petit-neveu  de  Christophe  de  Fauris  de  Saint- 
Vincens,  avocat  général  au  Parlement  en  1 645 ,  était 
fils  de  second  lit  d'Antoine  (2),  conseiller  à  la  Cour 
des  Comptes,  et  de  Anne-Bartholomée  de  Bouchet 
de  Faucon,  dont  le  père  était  conseiller  au  Parle- 
ment ;  il  naquit  à  Aix  le  1 2  juillet  1 7 1 8,  et  fut  baptisé 
le  même  jour  à  la  paroisse  Saint-Esprit  de  cette  ville. 
La  carrière  de  la  magistrature  s'ouvrait  devant 
lui.  Tout  en  étudiant  le  droit,  il  faisait  ses  délices  des 
belles-lettres,  de  l'histoire  et  de  l'antiquité.  Les  mé- 
dailles le  passionnaient.  Le  8  octobre  1737,  il  était 
reçu  conseiller  au  Parlement,  au  siège  de  Jean- 
Baptiste  de  Suffren,  et  le  10  mars  1 746  il  remplaçait 
André-Elzéar  de  Jouques  en  sa  charge  de  Président 
à  mortier.  Il  avait  alors  à  peine  vingt-huit  ans.  Le  3 1 
mai  suivant,  il  épousait  Julie  de  Villeneuve,  native 
d'Aix,  âgée  d'environ  dix-neuf  ans,  fille  du  marquis 


(1  )  Un  des  chefs-lieux  de  canton  les  plus  importants  des  Basses- 
Alpes,  sur  la  rive  droite  de  la  Durance,  non  loin  du  château  de 
Mirabeau.  C'est  dans  cette  charmante  petite  ville  que  le  jeune 
comte  de  Mirabeau  fut  exilé  en  1774,  qu'il  y  fut  interdit  et  qu'il 
découvrit  les  relations  coupables  de  sa  femme  avec  le  mousque- 
taire de  Gassaud,  de  ce  lieu. 

(2)  Antoine  de  Fauris  avait  épousé  en  premières  noces,  le  16 
janvier  1700,  Catherine-Thérèse  d'Arbaud. 


_  12  — 

de  Villeneuve- Vence  et  de  Sophie  de  Simiane,  qui 
avait  pour  bisaïeule  Mme  de  Sévigné  (i). 

De  cette  union,  dont  le  Président  eut  beaucoup 
à  souffrir  (2),  naquirent  deux  enfants  : 

M.  Alexandre- Jules-Antoine  que,  par  la  suite,  on 
désigna  plus  particulièrement  sous  le  nom  de  M.  de 
Noyers  pour  le  distinguer  de  son  père  ;  et  Julie- 


Ci)  Règ.  de  la  paroisse  Saint-Esprit  d'Aix  pendant  Tannée  1746, 
f.  10. 

(2)  Voir  le  retentissant  procès  en  faux  survenu  entre  le  vieux 
maréchal  duc  de  Richelieu  et  la  présidente  de  Saint -Vincens.  La 
haute  noblesse  provençale  intervint  dans  ces  débats.  De  nombreux 
mémoires  furent  publiés  à  l'époque.  La  riche  bibliothèque  de  M. 
Paul  Àrbaud  possède  une  collection  fort  rare  de  ces  factums,  trois 
gros  vol,  in-4' .  Mary-Lafon  en  a  publié  un  résumé  sous  ce  titre  : 
Les  dernières  armes  de  Richelieu  —  Mme  de  Saint- Vincent  (sic)  (lib. 
Didier,  18  ).  Ce  livre  très  partial,  incomplet,  sans  valeur  histo- 
rique, avec  le  nom  des  parties  souvent  estropié,  ne  manque  pas 
cependant  d'intérêt.  Notre  ami,  le  regretté  M.  Lucas  de  Montigny, 
en  a  laissé  une  relation  manuscrite.  Ce  travail,  intitulé  :  Un  procès 
scandaleux  au  XVIIIe  siècle,  composé  tout  entier  à  l'aide  de  lettres 
inédites  de  M.  et  de  Мше  de  Saint- Vincens,  de  l'illustre  Monclar, 
procureur  général  du  Parlement  de  Provence  ;  de  Mme  de  Simiane. 
du  duc  de  la  Vrillière,  du  marquis  de  Castellane,  du  chancelier 
Maupeou,  du  conseiller  Meyronnet-Saint-Marc,  etc.,  etc.,  est  d'autant 
plus  intéressant  qu'il  donne,  pour  la  première  fois,  l'histoire  vraie 
et  le  dénouement  tragique  de  l'existence  de  cette  malheureuse  et 
spirituelle  petite-fille  de  Mme  de  Sévigné  (voir  notre  plaquette  : 

G.  Lucas  de  Montigny  18 14- 1874,  Notes  et  Souvenirs.  Aix,  1895, 
imp.  Remonde t- Aubin. 

Le  manuscrit  autographe  d'Un  procès  scandaleux  au  XVIIIe  siècle , 
prêt  à  être  livré  à  l'impression,  fait  partie  aujourd'hui  de  la  bi- 
bliothèque du  commandant  L.  de  Montigny. 


—  13  — 

Sophie-Rossoline ,  mariée  à  Boniface  de  Perier, 
conseiller  au  Parlement,  d'où  Charles- Jules-Michel 
et  Alexandre-Louis-Gaspard  de  Perier,  qui  héritèrent 
de  leur  oncle  maternel. 

Comme  son  père,  Alexandre  fut  destiné  à  la  ma- 
gistrature ;  comme  lui,  et  sous  sa  direction,  il  cul- 
tiva les  lettres,  l'histoire  et  les  antiquités. 

Né  le  з  septembre  1750  (i),  il  était  en  1775  reçu 
conseiller  au  siège  et  sénéchaussée  d'Aix.  En  1782 
son  père  résignait  en  sa  faveur  sa  charge  de  prési- 
dent à  mortier,  sous  réserve  de  cinq  ans  de  survi- 
vance, avec  rang  et  séance.  La  même  année  il  épou- 
sait Marguerite-Dorothée,  l'une  des  filles  d'Henri- 
Joseph-Gabriel  de  Trimond,  seigneur  de  Puymichel, 
petite-fille  du  conseiller  Louis  de  Thomassin  de 
Mazaugues  et  de  Gabrielle  de  Seguiran,  celle-ci 
petite-nièce  de  Peiresc. 

Les  présidents  de  Saint- Vincens  étaient  deux 
grands  collectionneurs,  comme  le  Procureur  général 
de  la  République  des  lettres,  dont  ils  devinrent  par 
ce  mariage  les  alliés. 

Le  président  Saint- Vincens  père  tenait  en  telle 


(1)  M.  Aude,  conservateur  de  la  Méjanes,  me  communique  les 
placards  illustrés  qu'il  \ient  de  découvrir  des  deux  thèses  de  phi- 
losophie soutenues  par  le  jeune  Fauris  de  Saint-Vincens  :  In  aida 
Academiœ  Regiœ  Juliacensis  sacerdotum  oratorii  domine  Jesu.  Ces 
thèses  sont  du  8  février  et  du  17  août  1768.  Fauris  de  Saint-Vincens 
n'avait  pas  encore  accompli  sa  dix-huitième  année. 


—  44  — 

estime  la  mémoire  de  son  illustre  devancier,  qu'il 
lui  fît  élever,  à  l'église  de  la  Madeleine,  un  petit  mo- 
nument confié  au  ciseau  de  Chastel  (i).Il  mourut  à 
Aix  le  ier brumaire  an  VII  (22  octobre  1798),  dans 
la  quatre-vingt-unième  année  de  son  âge,  laissant 
aux  mains  de  son  fils  les  belles  collections  qu'ils 
avaient  passé  leur  vie  à  former  ensemble. 

Le  premier  soin  de  Saint- Vincens,  après  la  mort 
de  son  père,  fut  de  rendre  un  hommage  public  à  sa 
mémoire  en  faisant  imprimer  une  Notice  sur  sa  vie 
publique  et  privée,  dans  laquelle  il  donnait  une 
analyse  des  travaux  littéraires  qui  l'avaient  occupé 
jusqu'au  dernier  moment  de  sa  vie  (2). 

Après  la  suppression  du  Parlement,  Saint- Vin- 
cens  fils  se  tint  à  l'écart  des  événements.  Il  parta- 
geait son  temps  entre  l'étude  et  les  soins  qu'il  don- 
nait à  son  vieux  père.  11  n'en  fut  pas  moins  quelque 
peu  inquiété  ;  mais  le  calme  étant  revenu,  il  accepta, 
en  1802,  d'être  administrateur  des  hospices  d'Aix. 
En  mai  1807  (3),  il  remplaça  au  conseil  général 
M.  Millard  (4),  démissionnaire.  Il  fut  nommé  maire 

(4)  Autour  de  Peiresc,  par  T.  de  Larroque  et  Mouttct.  Aix,  4898. 

(2)  Magasin  Encyclopédique y  de  Millin,  4798,  et  réimprimé  à  Âix 
par  Henricy,  an  VIII  et  an  IX,  in-i°. 

(3)  Ledép.  des  B.-du-Rh.>  par  S'-Yves  et  Fournier,  4899,  p.  94. 
<i)  Millard  était  alors  commissaire  tle  police  à  Aix. 


—  15  — 

de  cette  ville  par  décret  du  18  mars  1808  et  ins- 
tallé le  13  mai.  L'année  suivante,  le  département 
Tayant  désigné  comme  candidat,  il  fut  appelé  au 
Corps  législatif  par  un  décret,  signé  au  camp  de 
Schoenbrunn  le  13  octobre  1809. 

Le  décret  d'organisation  de  la  Cour  impériale 
d'Aix  (ier  juin  181 1),  créa  son  président,  le  baron 
Baffier,  premier  président,  et  appela  M.  de  Saint- 
Vincens  à  une  présidence  de  chambre. 

Le  président  Alexandre  de  Saint- Vincens  mourut 
à  Aix  le  15  novembre  181 9  (1). 

Ses  deux  neveux,  Charles  et  Gaspard  de  Perier, 
fils  de  sa  sœur  Rossoline,  mariée  à  Boniface  de  Perier, 
conseiller  au  Parlement  de  Provence,  seuls  habiles 
à  se  porter  héritiers  de  leur  oncle  maternel,  firent, 
le  22  du  même  mois  et  jours  suivants,  conserva- 
toirement  procéder  à  l'inventaire  des  facultés  mo- 


(  I  )  Voici  son  acte  de  décès  : 

Etat-civil  d'Aix.  Du  1 6  novembre  1819.  Acte  de  décès  de  M.  Alexan- 
dre-Jules-Antoine de  Fauris  de  Saint-Vinccns,  ancien  président  à 
mortier  au  Parlement  de  Provence,  ancien  maire  d'Aix,  second  pré- 
sident en  la  Cour  royale,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  de  l'institut  de  France,  officier  de  Tordre  royal  de  la 
Légion -d'Honneur,  décédé  hier  à  midi  en  son  hôtel  sur  le  Cours, 
11 46  [il  faut  lire  M]  Agé  de  69  ans,  natif  de  cette  ville,  fils  de  feu 
M.  Jules-François-Paul  de  Fauris  de  Saint-Vinccns,  second  président 
à  mortier  du  Parlement  de  Provence,  et  de  feue  dame  Julie  de 
Villeneuve  de  Veuce,  époux  de  dame  Marguerite-Dorothée  de  Tri- 
mond. 


-  \6  - 

bilières  qui  composaient  sa  succession,  et  ce  par 
Me  Gassier,  notaire  à  Aix  (i),  assisté  de  trois  experts 
désignés  par  eux  :  MM.  Mane,  tapissier  ;  Pontier, 
imprimeur-libraire,  et  Marcelin  Boyer  de  Fonsco- 
lombe,  «  réputé  par  ses  connaissances  en  objets 
d'art.  »  Le  io  janvier  1820,  ils  acceptaient  la  suc- 
cession sous  bénéfice  d'inventaire. 

En  Tétat,  l'affaire  entrait  dans  la  voie  judiciaire, 
et  Ton  pouvait  se  demander  quel  sort  attendait  la 
célèbre  collection  Saint- Vincens  qui  allait  passer 
aux  enchères  publiques. 

Heureusement  le  comte  de  Villeneuve,  préfet  des 
Bouches-du-Rhône,  songea  à  conserver  ces  trésors 
à  son  cher  pays  de  Provence.  A  cet  effet,  il  adressa 
au  ministre  de  l'intérieur,  M.  Decazes,  la  dépêche 
suivante  : 

Marseille,  20  février  1820. 

La  mort  du  respectable  président  Fauris  de  Saint-Vincens 
laisse  ses  héritiers  en  possession  d'un  cabinet  magnifique  en 
antiquités,  en  médailles,  en  monnaies  anciennes  et  modernes, 
en  manuscrits  et  en  livres  précieux  pour  l'histoire  de  Pro- 
vence. Son  père  et  lui  s'en  étaient  occupés  sans  relâche  pen- 
dant leur  longue  carrière,  et,  d'après  l'étude  que  j'ai  faite  par 
moi-môme  de  cette  immense  collection,  je  puis  vous  certifier 
qu'il  n'en  existe  pas  de  plus  intéressante  dans  son  ensemble 
et  dans  ses  rapports  avec  la  localité.  Cependant  elle  va  être 


(1)  Les  minutes  de  ce  notaire  se  trouvent  aujourd'hui  dans 
l'étude  de  M«  Bernard,  successeur  de  M«  Pontier. 


—  17  — 

vendue  et  vraisemblablement  dispersée;  la  position  des  héri- 
tiers, qui  n'ont  accepté  la  succession  que  sous  bénéfice  d'in- 
ventaire, l'exige  impérieusement,  et  ils  font  toutes  les  dispo- 
sitions préalables  à  cette  vente.  Il  paraîtrait  même  qu'ils  ont 
reçu  des  propositions  de  quelques  amateurs  des  arts  et  par- 
ticulièrement de  M.  le  comte  de  Blacas. 

D'un  autre  côté,  tout  ce  qui  en  Provence  cultive  les 
sciences,  les  belles-lettres  et  les  arts,  tout  ce  qui  s'intéresse 
à  la  gloire  de  cette  partie  de  la  France,  déjà  si  remarquable 
par  ses  souvenirs  et  ses  monuments,  gémit  de  voir  s'anéantir 
une  réunion  d'objets  uniques  pour  la  plupart  et  que  les 
étrangers  venaient  visiter  avec  un  empressement  presque 
religieux  ;  c'était,  en  quelque  sorte,  un  abrégé  de  ce  que  la 
Provence  offre  d'intéressant,  et,  de  toutes  parts,  on  me  sup- 
plie d'employer  tous  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  faire 
en  sorte  que  ce  cabinet  devienne  une  propriété  publique. 

Ces  vues  rentrent  trop  dans  les  miennes,  et  comme  admi- 
nistrateur et  comme  homme  de  lettres  et  comme  provençal, 
poilr  que  je  ne  les  adopte  pas  avec  zèle  et  empressement  ; 
d'ailleurs,  ami  et  parent  de  M.  de  Saint-Vincens,  lui  ayant 
entendu  dire  souvent  que  si  Dieu  lui  prétait  vie  et  s'il  pou- 
vait payer  ses  dettes,  son  vœu  était  de  donner  son  cabinet  à 
la  ville  d'Aix  ou  au  département.  Je  regarde  comme  un  de- 
voir sacré  en  concourant  à  l'accomplissement  des  derniers 
vœux  d'un  homme  qui  fait  tant  d'honneur  à  sa  patrie  de 
prendre  l'initiative  pour  lui  élever  ainsi  le  monument  le  plus 
digne  dé  lui  et  de  nous.  Je  suis  convaincu  que  У.  E.  est 
d'avance  disposée  à  me  seconder,  et,  qu'après  lui  avoir  fait 
connaître  me&  vues,  je  vais  lui  indiquer  les  moyens  que  je 
crois  les  plus  propres  à  en  assurer  la  prompte  exécution  (1). 

Les  héritiers  que  j'ai  vus  et  qui  me  paraissent  disposés 


(4)  Minute  autographe  de  la  dépêche  :  Arch.  des  Bouches-du- 
Rhône. 

2 


—  18  — 

à  répondre  à  mes  intentions,  non  moins  qu'au  désir  qu'ils 
entendent  se  manifester  par  tous  leurs  concitoyens,  m'ont 
dit  que  le  cabinet  de  leur  oncle  était  estimé  400,000  fr.;  mais 
que  cette  somme  était  susceptible  de  rabais,  soit  par  suite 
d'une  estimation  contradictoire,  soit  même  par  des  arran- 
gements particuliers.  Ainsi  donc,  pour  partir  d'une  base 
quelconque,  et  sans  rien  préjuger  toutefois,  admettons  que 
le  prix  soit  de  80,000  fr.  Cette  donnée  semblerait  même  assez 
juste,  car  il  est  notoire  qu'en  4842  ou  4813  le  cardinal  Fesch 
en  avait  offert  70,000  fr.,  sans  la  bibliothèque,  dans  laquelle 
il  ne  prenait  qu'un  certain  nombre  d'ouvrages  de  choix. 

Cette  somme  serait  bien  considérable  pour  un  département 
peu  riche  et  pour  les  villes  de  Marseille  et  d'Aix  dont  les 
ressources  financières  sont  absorbées  par  des  charges  énor- 
mes ;  mais  il  ne  me  paraît  pas  impossible  d'y  atteindre  en 
éloignant  les  termes  du  paiement  et  en  multipliant  les  parties 
qui  pourraient  concourir  à  la  dépense. 

Sur  le  premier  point,  les  héritiers  m'ont  dit  qu'ils  étaient 
disposés  à  accorder  cinq  ou  six  ans  et  même  plus  pour  le 
paiement,  pourvu  qu'il  se  fît  en  pactes  égaux  (sic)  et  qu'on 
leur  précomptAt  l'intérêt  légal.  Ce  sont  à  mon  avis  les  prin- 
cipaux obstacles  aplanis. 

Abordons  ensuite  la  question  relative  aux  parties  qui  doi- 
vent acquérir  : 

Le  département  ne  le  pourrait  et  ne  le  voudrait  pas.  Un 
cabinet  de  ce  genre  est  par  sa  nature,  un  établissement  com- 
munal, et  le  Conseil  général  consentirait  tout  au  plus  à 
accorder  un  secours  pour  cet  objet  aux  \illes  qui,  formant 
cette  utile  entreprise,  auraient  besoin  d'être  aidées. 

Marseille  et  Aix  sont  celles  que  la  chose  devrait  naturelle- 
ment regarder  ;  mais,  outre  que  leurs  dépenses  ordinaires 
absorbent  les  recettes  et  que  la  charge  du  cabinet  en  entier 
serait  énorme  pour  chacune  d'elles  en  particulier,  il  faut 


—  19  — 

convenir  qu'il  contient  des  objets  qui,  inappréciables  pour 
Tune  d'elles,  serait  sans  valeur  pour  Faulre. 

Ainsi,  par  exemple,  Marseille  pourrait  se  charger  des  mé- 
dailles, attendu  qu'elle  n'en  a  pas  ou  presque  pas,  et  qu'une 
collection  de  ce  genre  y  est  vivement  désirée  ;  tandis  qu'Aix 
tiendrait  surtout  à  avoir  les  manuscrits,  les  antiquités  et 
plusieurs  objets  qui  consacrent,  en  quelque  sorte,  l'illustra- 
tion de  l'ancienne  capitale  de  la  Provence  et  compléteraient 
la  bibliothèque  qu'elle  possède  déjà. 

Quant  aux  livres,  la  plupart  existent  déjà  à  Aix  ou  à  Mar- 
seille. Ces  deux  villes  pourraient  se  partager  les  ouvrages 
qui  leur  manquent  et  les  doubles  seraient  envoyés  à  Arles 
qui,  s'occupant  à  se  créer  une  bibliothèque,  serait  indubi- 
tablement disposée  à  voter  annuellement  quelques  fonds 
pour  cette  destination. 

Ainsi  donc,  en  résumant  ces  diverses  indications,  on  peut 
croire  que  le  département  consentirait  à  accorder,  à  titre  de 

secours,  une  somme  de Fr.      20,000 

payable  dans  six  ans.  Elle  n'aurait,  assurément, 
rien  de  difficile  à  supporter. 

En  supposant  que  les  villes  de  Marseille  et  d'Aix 
émissent  le  vœu  d'acquérir  par  moitié  ce  cabinet, 
proportion  qu'on  peut  approximativement  déter- 
miner entre  les  médailles  et  les  autres  objets,  sauf 
les  rectifications  entraînées  par  la  reconnaissance 
de  ces  mêmes  objets,  par  leur  estimation  ou  par  ce 
qui  serait  amiablement  déterminé  par  les  deux 
villes,  chacune  d'elles  pourrait  y  appliquer,  pen- 
dant cinq  ans,  une  somme  de  5,000  fr.,  ce  qui,  au 
bout  du  terme,  produirait  un  résultat  de 50,000 

En  admettant  la  quotité  assignée  à  la  ville  d'Arles, 
et  dont  le  montant  lui  serait  imputé  en  livres,  à  la 
somme  de 6,000 

on  aurait  un  total  de Fr.      76,000 


—  20  — 

Somme  qui,  répartie  en  six  paiements,  d'année  en  année, 
ne  saurait  être  onéreuse  et  qui  d'ailleurs  se  rapprocherait 

m 

tellement  de  la  valeur  présumée,  qu'une  augmentation  quel- 
conque influerait  faiblement  sur  les  calculs  ci-dessus,  lorsque 
surtout  les  héritiers  offrent  de  donner  un  plus  grand  nombre 
d'années  pour  effectuer  le  paiement,  si  la  chose  est  jugée 
nécessaire. 

Jusqu'ici  j'ai  raisonné  dans  l'hypothèse  que,  pour  faire 
cette  acquisition,  nous  serions  réduits  à  nos  ressources 
locales  ;  mais  ne  pourrions-nous  pas  nous  flatter  que,  sur 
nos  instances,  le  gouvernement  ne  consentît  à  nous  aider 
sur  des  fonds  généraux  ou  communs  destinés  à  l'encourage- 
ment des  sciences,  des  lettres  et  des  arts,  soit  qu'il  le  fit 
par  pure  bienveillance  envers  une  contrée  intéressante  du 
royaume,  soit  qu'il  voulût  lui-même  acquérir  quelques  objets 
qui  peuvent  manquer  aux  collections  royales,  ce  que  nous 
nous  empresserions  d'offrir. 

En  outre,  la  Caisse  de  commerce  de  Marseille  contenant 
des  sommes  considérables  sans  emploi  pressant,  on  pourrait 
extraire  en  tout  ou  en  partie  le  prix  de  l'acquisition  pour 
être  prêté  au  département  ou  aux  villes  dont  il  s'agit,  de 
manière  à  être  restitué  dans  un  délai  de  dix  ans,  ce  qui  allé- 
gerait d'autant  la  charge  en  principal  et  intérêt  ;  et,  pour 
cela,  il  suffirait  de  donner  un  an  de  plus  à  la  ville  de  Marseille 
qui  rembourse  chaque  année  72,000  fr.  à  celte  caisse  pour  le 
cinquième  de  la  somme  empruntée  en  1813  pour  venir  au 
secours  des  hôpitaux. 

Tels  sont  les  moyens  d'exécution  que  je  vous  soumets, 
Monseigneur,  pour  réaliser  un  projet  auquel  tiennent  singu- 
lièrement tous  les  Provençaux  éclairés.  Rien  ne  me  paraît 
faire  prévoir  des  difficultés  impossibles  à  surmonter,  pour 
peu  que  vous  veuillicz  accéder  à  ces  vues  ;  d'avance,  je  crois 
être  sûr  des  bonnes  dispositions  du  Conseil  général  et  des 
Conseils  municipaux,  et  je  les  en  entretiendrai  officiellement 
dès  que  Votre  Excellence  m'aura  fait  conna  ître  ses  intentions; 


—  21   — 

elles  nous  seront  favorables,  j'en  ai  pour  garant  la  pro- 
tection que  le  Roi  accorde  aux  sciences  et  sa  bienveillance 
pour  cette  province  dont  il  a  porté  le  nom,  non  moins  que 
vos  inclinations  personnelles  qui  se  manifestent  si  bien  dans 
chacun  de  vos  actes.  Je  me  bornerai  donc  à  vous  assurer  que, 
déterminer  cette  acquisition,  sera  faire  une  chose  utile  et 
agréable  à  cette  contrée  et  dont  elle  vous  aura  la  plus  vive 
reconnaissance.  Veuillez  en  conférer  avec  notre  très  honora- 
ble compatriote  Siméon  (4),  qui,  né  à  Aix  et  connaissant  à 
fond  ce  cabinet  et  ses  dignes  possesseurs,  vous  donnera  des 
notions  certaines  sur  le  prix  qu'on  doit  attacher  à  empêcher 
qu'il  ne  se  dissémine.  Il  se  joindra  à  nous,  je  n'en  doute  pas, 
pour  vous  prier  avec  instance  de  protéger  cette  entreprise. 

En  attendant  que  le  catalogue  détaillé  soit  achevé,  je  vous 
envoie  une  notice  qui  en  tiendra  lieu  autant  que  possible.  Sa 
lecture  vous  prouvera  que  tout  ce  que  je  viens  d'avoir 
l'honneur  de  mettre  sous  vos  yeux  n'est  pas  exagéré  et  déter- 
minera, de  votre  part,  une  approbation  sur  laquelle  je  compte 
avec  la  plus  entière  confiance. 

Je  suis  avec  respect,  de  Votre  Excellence,  le  très  humble 
et  très  obéissant  serviteur. 

Comte  de  Villeneuve. 

Voici  la  réponse  du  nouveau  ministre,  M.  Siméon, 
à  la  date  du  13  mars  1820  : 


(4)  M.  le  comte  Siméon,  к  ce  moment  sous- secrétaire  d'Etal  au 
ministère  de  la  justice,  était  nommé  le  lendemain  24  février  mi- 
nistre-secrétaire d'Etat  au  département  de  l'Intérieur,  en  remplace- 
ment de  M.  le  comte  Decazcs,  démissionnaire  pour  cause  de  santé, 
et  que  le  Roi,  par  deux  ordonnances  du  môme  jour  (20  février), 
avait  fait  duc  et  ministre  d'Etat  en  son  conseil  privé.  La  dépêche 
du  préfet  des  Bouches-du -Rhône  arriva  aux  mains  du  nouveau  mi- 
nistre et  la  réponse  était  signée  :  Siméon. 


-  22  — 

Monsieur, 

J'ai  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire 
le  20  du  mois  dernier,  concernant  l'acquisition  du  cabinet 
de  M.  le  président  Fauris  de  Saint- Vincens. 

J'ai  examiné  les  propositions  que  vous  avez  cru  devoir  me 
faire  à  cet  égard  et  je  ne  puis  qu'être  disposé  à  les  approuver 
si,  comme  vous  semblez  l'espérer,  vous  pouvez  les  faire 
adopter  par  le  Conseil  général  du  département  et  les  conseils 
municipaux,  des  villes  intéressées. 

Je  vous  engage  donc  à  procéder  d'abord  à  une  estimation 
contradictoire  de  la  collection  dont  s'agit,  à  convenir  ensuite 
du  prix  définitif  avec  les  héritiers  de  M.  Fauris  Saint- Vincens 
et  à  vous  assurer  par  les  voies  qu'indique  votre  lettre  les 
moyens  de  faire  face  aux  payements. 

Lorsque  ces  formalités  préliminaires  seront  remplies,  vous 
voudrez  bien  me  renvoyer  l'affaire,  afin  qu'il  soit  définiti- 
vement statué  sur  son  objet. 

Vous  avez  proposé  d'emprunter  à  la  caisse  d&  commerce 
de  Marseille  les  fonds  nécessaires  à  cette  acquisition  ;  mais 
si,comme  vous  le  dites,  les  héritiers  sont  disposés  à  accorder 
des  termes  pour  les  payements,  cette  mesure  n'offrirait  qu'une 
complication  qu'il  me  semble  qu'on  peut  éviter. 

Agréez,  etc.  Signé  :  Siméon  (1). 

Conformément  à  ces  instructions,  il  fut  procédé 
contradictoirement  à  une  première  évaluation  du 
cabinet  Saint- Vincens,  par  Sallier  (2)  et  Revoil  (3), 


(1)  Archives  des  Bouches-du-Rhône. 

(2)  François  Sallier,  ancien  maire  d'Aix,  alors  receveur  parti- 
culier des  finances  de  l'arrondissement,  le  célèbre  collectionneur 
provençal,  mort  dans  cette  ville  le  20  février  1831. 

(3)  Pierre  Revoil,  peintre  d'histoire,  ancien  directeur  de  l'école  des 
beaux-arts  à  Lyon  et  président  de  l'Académie  d'Aix,  père  de  l'archi- 
tecte actuel,  qui  lui  succéda  comme  correspondant  de  l'Institut. 


-   23  — 

«  experts  désignés,  »  le  premier  par  le  préfet  et  le 
deuxième  par  les  héritiers. 

Cette  évaluation  portait  le  prix  total  de  la  collec- 
tion à  la  somme  de  60,503  fr.,  savoir  :  22,629  fr. 
pour  les  antiquités  et  manuscrits,  18,723  fr.  pour 
les  médailles  et  19,151  fr-  pour  les  livres. 

Entre  temps  le  préfet  adressa  aux  maires  d'Aix, 
de  Marseille  et  d'Arles  une  lettre-circulaire  tirée  de 
sa  dépêche  au  ministre  et  de  la  réponse  de  S.  E. 
pour  inviter  chacune  de  ces  villes  à  voter  l'acqui- 
sition de  la  partie  du  cabinet  Saint- Vincens  la  con- 
cernant plus  spécialement. 

Nous  allons  nous  occuper  d'Aix,  laissant  Marseille 
et  Arles  agir  de  leur  côté  dans  leurs  intérêts  parti- 
culiers. 

L'affaire  mise  à  l'ordre  du  jour  de  la  séance  ex- 
traordinaire du  conseil  municipal  du  22  avril  1820, 
d'Estienne  Dubourguet,  maire  d'Aix,  dit  : 

Messieurs , 

M.  le  préfet  désirant  conserver  dans  le  département  les 
objets  précieux  qui  composent  le  cabinet  de  feu  M.  le  pré- 
sident Fa u ris  de  Saint- Vincens,  a  pensé  que  le  seul  moyen 
d'y  pourvoir  était  d'en  faire  faire  l'acquisition  par  les  villes 
de  Marseille,  d'Aix  et  d'Arles  ;  il  s'est  empressé,  en  consé- 
quence, de  soumettre  ses  vues  à  S.  E.  le  ministre  de  Tinté- 
rieur  qui  a  daigné  les  approuver,  et  il  me  charge  de  vous  les 
communiquer  par  sa  lettre  duVde  ce  mois  qui  m'a  été 
transmise  par  le  sous-préfet  et  dont  je  vais  vous  donner  lec- 
ture, bien  persuadé  que  vous  seconderez  ses  intentions  pour 


' 


—  24  — 

que  cette  belle  collection  d'antiquités,  de  livres  et  de  ma- 
nuscrits précieux  ne  soit  pas  enlevée  à  la  Provence.  Je  vous 
invite  à  émettre  votre  vœu  sur  cette  proposition. 

Après  cet  exposé  : 

Le  conseil  a  délibéré  à  l'unanimité,  pour  répondre  aux 
vues  de  M.  le  préfet,  de  faire  l'acquisition  des  monuments, 
livres  et  manuscrits  du  cabinet  de  M.  le  président  de  Saint- 
Vincens  qui  intéressent  plus  particulièrement  la  ville  d'Aix  ; 
qu'à  cet  effet  MM.  Pontier  (\)  et  de  Fonscolombe  (2),  mem- 
bres du  conseil,  seront  chargés  de  faire  la  recherche  de  ces 
divers  objets  dans  l'inventaire  général  du  dit  cabinet,  afin 
que,  d'après  leur  rapport,  par  l'estimation  faite  par  les  ex- 
perts commis,  со  ntradic  toi  rement  par  M.  le  préfet  et  les 
héritiers  bénéficiaires  de  M.  de  Saint- Vincens,  il  puisse  voter 
les  fonds  nécessaires  à  cette  acquisition,  suivant  les  condi- 
tions stipulées  pour  les  paiements. 

L'affaire  suivit  le  cours  ordinaire.  A  la  session 
du  Conseil  général  de  1820,  le  préfet  présenta  dans 
la  séance  du  1 4  août  le  rapport  suivant  sur  Vacqui- 
sition  du  cabinet  de  Saint-Vbicens  : 

Cet  honorable  membre  du  Conseil  général,  dont  nous  ne 
saurions  assez  regretter  les  éminentes  vertus,  les  bonnes 
qualités,  la  profonde  érudition  et  surtout  le  dévouement  à 
tout  ce  qui  était  bon  et  utile  à  sou  pays,  a  laissé  en  mourant 
an  cabinet  précieux  ;  comme  collection  de  médailles,  de 
monnaies  des  comtes  de  Provence,  d'antiquités,  d'inscrip- 
tions, de  manuscrits  relatifs  à  l'histoire  de  Provence,  biblio- 
thèque choisie,  etc.;  il  serait  difficile  de  trouver  ailleurs  une 


(1)  Augustin  Pontier,  imprimeur  à  Aix. 

(2)  Hippolyte  Boyer  de  Fonscolombe,  l'aîné  des  trois  frères  qui 
faisaient  tous  partie  de  notre  Académie. 


—  25  — 

réunion  plus  intéressante,  et  la  voir  dispersée  par  une  vente 
publique  ou  particulière  serait  une  perte  irréparable  pour 
tout  ce  qui  prend  quelque  intérêt  au  progrès  des  sciences, 
des  lettres  et  des  arts.  Tous  se  sont  réunis  pour  émettre  le 
vœu  d'en  faire  l'acquisition  pour  un  établissement  public, 
afin  que  ces  objets  pussent  servir  aux  recherches  de  l'homme 
instruit  comme  aux  études  de  la  jeunesse.  Toujours  il  fut 
ouvert  aux  personnes  qui  désiraient  la  vue  ou  la  commu- 
nication des  trésors  qu'il  renferme,  et  ce  fut  là  la  principale 
jouissance  de  MM.  de  Saint-Vincens  père  et  fils,  qui  avaient 
consacré  leur  longue  carrière  à  former  et  à  accroître  cette 
collection.  L'intention  du  dernier  possesseur  (et  il  Га  plus 
d'une  fois  manifestée)  était  d'en  faire  don  au  département 
ou  à  la  ville  d'Aix,  pour  peu  qu'il  lui  fut  possible  de  se 
mettre  au  courant  de  ses  affaires  que  les  circonstances  avaient 
singulièrement  dérangées. 

Le  projet  d'acquisition  paraissait  bien  difficile  au  premier 
moment,  car  la  valeur  présumée  de  ce  cabinet  est  portée 
fort  haut  et  aucune  de  nos  villes  ne  saurait  y  atteindre  avec 
ses  seules  ressources.  Mais  les  difficultés  se  sont  affaiblies 
quand  j'ai  su  que  d'une  part,  les  objets  pouvaient  être  répartis 
d'une  manière  analogue  aux  vœux  et  aux  intérêts  des  villes 
qui  pourraient  y  concourir,  et  que  de  l'autre  les  héritiers 
possesseurs  actuels  étaient  disposés  à  accorder  plusieurs 
années  pour  effectuer  le  paiement,  désirant  eux-mêmes  for- 
tement que  le  fruit  des  longs  travaux  de  deux  oncles  (4)  si 
recommandables  ne  fût  pas  perdu  pour  le  pays  auquel  ils 
ont  consacré  tant  de  veilles  et  de  capitaux. 

Ces  vues  ont  été  soumises  au  Ministre  de  l'intérieur  qui, 
en  sa  qualité  de  Provençal,  les  a  particulièrement  approuvées 


(I)  Inutile  de  relever  ici  la  distraction  du  bon  préfet.  Il  oublie 
que  M.  de  Saint-Vincens  fils,  étant  l'oncle  maternel  des  de  Périer, 
M.  de  Saint-Vincens  père  est  leur  aïeul,  et  non  leur  oncle. 


—  26  - 

et  m'a  chargé  d'en  suivre  l'exécution,  soit  auprès  de  vous, 
soit  auprès  des  conseils  municipaux,  en  ayant  soin  au  préa- 
lable de  faire  procéder  par  des  experts  contradictoiremeot 
nommés  à  l'estimation  de  chacun  des  articles  qui  composent 
ce  cabinet.  Les  héritiers  ont  confié  cette  mission  à  M.  Revoil, 
peintre  de  S.  A.  R.  Madame  la  duchesse  d'Angoulême,  aussi 
recommandable  par  ses  talents  que  par  ses  sentiments  ;  pour 
mon  compte  j'ai  cru  ne  pouvoir  faire  un  meilleur  choix  que 
celui  de  M.  Sailier,  receveur  particulier  de  l'arrondissement, 
qui  possède  lui-même  un  superbe  cabinet  et  réunit  toutes 
les  connaissances  que  ce  goût  entraîne  à  un  dévouement 
sans  borne,  à  la  gloire  de  son  pays  et  à  une  intégrité  géné- 
ralement reconnue. 

Ces  Messieurs  se  sont  acquittés  de  cette  mission  intéres- 
sante avec  le  zèle  qu'on  devait  attendre  de  l'empressement 
mis  à  l'accepter,  et  leur  travail  sera  mis  sous  vos  yeux  s'ils 
ont  le  temps  de  le  mettre  au  net. 

On  avait  cru  d'abord  et  d'après  des  donnéeâ  généralement 
admises  que  ce  cabinet  pouvait  valoir  de  70  à  80,000  francs; 
il  fallait  d'ailleurs  une  base  quelconque  et  dût-elle  être 
exagérée,  il  convenait  de  l'accepter,  sauf  à  la  réduire  d'après 
l'estimation. 

•Cette  opération  terminée  donne  en  résultat  une  somme 
totale  de  60,503  francs,  savoir  : 

Antiquités 22,629  fr. 

Médailles 48,723 

Livres 19,451 

60,503  fr. 

Parmi  tous  les  objets  que  renferme  le  cabinet,  les  seules 
qui  conviennent  à  la  ville  de  Marseille  sont  les  médailles  et 
monnaies  qui  dans  l'estimation  sont  portées  à  la  somme  de 
18,723  francs. 

De  son  côté,  la  ville  d'Aix  tend  uniquement  à  avoir  les 
manuscrits,  les  antiquités  et  quelques  livres  de  la  bibliothè- 


—  27  — 

que  ;  on  peut  les  évaluer  à  22,629  francs,  et  déjà  elle  a  voté 
en  principe  l'acquisition  de  cette  quotité. 

La  ville  d'Arles,  qui  s'occupe  de  former  une  bibliothèque, 
a  voté  l'acquisition  des  livres  dont  Aix  et  Marseille  n'auraient 
pas  besoin,  et  on  peut  calculer  qu'elle  aura  à  s'abonner  à 
une  dépense  de  4,000  francs. 

Mais  le  département  sera  sans  doute  jaloux  de  concourir 
à  une  acquisition  toute  d'utilité  publique  et  de  donner  quel- 
ques facilités  aux  trois  villes  chefs-lieux  d'arrondissement 
qui  ont  voté  cette  acquisition,  soit  en  leur  distribuant  les 
livres  qui,  tombés  dans  son  lot,  sembleraient  utiles  à  l'une 
des  villes,  soit  en  formant  du  surplus  une  bibliothèque  pré- 
fectorale. Connaissant  mieux  que  personne  votre  empresse- 
ment à  seconder  les  efforts  des  amis  des  sciences,  des  lettres 
et  des  arts,  je  n'ai  pu  former  le  moindre  doute  à  cet  égard, 
et  Son  Excellence  le  Ministre  de  l'intérieur  m'a  expressément 
chargé  de  vous  en  entretenir. 

En  supposant  que  vous  assigniez  au  département  un  con- 
tingent égal  à  la  valeur  estimative  des  trois  quarts  des  livres, 
il  s'agirait  d'une  somme  de  : 

45,160 
Marseille  aurait  donc  à  payer    48,723 

Aix 22,620   >     60'503  fr' 

Arles 4,000 

Comme  les  héritiers  ont  offert  de  donner  jusqu'à  dix  ans 
pour  solder  la  somme,  pourvu  qu'on  leur  en  bonifiât  les 
intérêts,  chaque  ville  serait  maîtresse  de  prendre  tels  arran- 
gements qui  pourraient  lui  convenir  et  de  régler  le  partage 
des  objets  acquis  d'après  les  rapports  des  commissaires  res- 
pectivement délégués  et  sous  la  direction  de  l'autorité  supé- 
rieure ;  mais  le  département  ne  voudrait  pas,  sans  doute, 
renvoyer  ce  paiement  à  des  termes  si  reculés,  et  en  prenant 
cinq  ans  il  en  résulterait  seulement  une  dépense  annuelle 
de  3,000  francs.  Le  motif  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous 


—  28  - 

développer  et  la  certitude  d'entrer  dans  vos  vues,  m'ont 
déterminé  à  la  porter  dans  le  budget  de  cette  année  ;  outre 
les  avantages  qui  doivent  résulter  de  cette  acquisition,  vous 
y  trouverez  particulièrement  occasion  de  rendre  un  hommage 
éclatant  à  la  mémoire  d'un  homme  respectable  qui,  membre 
du  Conseil  général  pendant  un  grand  nombre  d'années,  sut 
s'y  montrer  assidu,  zélé,  dévoué  au  bien  public  et  y  captiva 
l'estime  et  l'affection  de  tous  ses  coopérateurs  (1). 

Le  Conseil  adoptant  la  proposition,  décide  de 
participer  à  cette  dépense  jusqu'à  concurrence  de 
1 5,000  fr.,en  achat  de  livres  qui  seraient  également 
distribués  entre  Aix,  Marseille  et  Arles. 

Par  sa  lettre-circulaire  du  21  du  même  mois 
d'août,  le  préfet  fit  part  de  cette  décision  aux  maires 
de  ces  trois  villes,  en  les  engageant  à  mettre  le 
catalogue  sous  les  yeux  du  Conseil  et  à  lui  faire 
voter  la  somme  nécessaire  à  l'acquisition  de  la 
partie  à  leur  convenance  et  à  leur  choix.  Les  déli- 
bérations prises  à  ce  sujet  leur  furent  retournées 
approuvées,  avec  prière  de  les  mettre  à  exécution. 

En  lui  transmettant,  le  21  janvier  1 821,  la  déli- 
bération du  Conseil  municipal  du  22  avril  1820, 
approuvée  le  2  décembre  suivant,  M.  de  Coriolis, 
sous-préfet  d'Aix,  donnait  avis  au  maire  de  cette 
ville  que  Marseille  avait  fait  son  choix  et  il  lui  en- 
voyait, pour  lui  servir  de  modèle,  une  copie  du 


(1)  Archives  des  Bouches-du-Rhône,  série  №  1 ,  registre  8,  p.  105. 


—  29  — 

traité  intervenu  entre  la  ville  et  les  héritiers  béné- 
ficiaires du  défunt  Saint- Vincens  : 

Veuillez  bien,  M.  le  maire,  ajoutait-il,  donner  suite  à  la 
délibération  du  Conseil  le  plus  tôt  possible;  il  est  urgent 
que  le  choix  que  doit  faire  la  ville  ait  lieu  le  plus  tôt  possible 
pour  que  la  ville  d'Arles  et  le  département  puissent  retirer 
de  ce  cabinet  ce  qu'ils  désirent  acquérir.  Rien  ne  peut  arrêter 
vos  opérations.  M.  Je  préfet  vous  a  remis  la  copie  de  l'inven- 
taire estimatif  du  cabinet  de  M.  de  Saint- Vincens,  dressé 
d'après  ses  instructions  ;  cette  pièce  remplit  l'objet  de  la 
délibération  du  Conseil  municipal  qui  a  nommé  deux  mem- 
bres de  ce  Conseil  qui  doivent  faire  les  recherches  des  mo- 
numents, livres  et  manuscrits  dont  il  désire  augmenter  sa 
bibliothèque. 

Je  vous  recommande  de  veiller  à  ce  que  cette  affaire  soit 
terminée  dans  le  plus  bref  délai,  etc.,  etc. 

En  Tétat,  le  Conseil  s'étant  réuni  le  1 4  février 
182 1,  autorisa  le  maire  à  traiter  avec  les  héritiers 
bénéficiaires  au  prix  définitivement  fixé  à  1 7,000  fr. 
pour  les  antiquités  et  les  manuscrits. 

A  la  séance  du  28  avril  suivant,  le  maire  déposa 
sur  le  bureau  le  contrat  provisoire  qu'il  venait  de 
signer  avec  les  héritiers  Saint- Vincens  et  qui  est 
ainsi  libellé  : 

с  Par  la  présente  faite  à  double  original 

Entre  M.  d'Estienne  du  Bourguet,  maire  d'Aix,  chevalier 
de  Tordre  royal  de  la  Légion  d'Honneur,  agissant  au  nom  de 
la  ville  d'Aix,  d'une  part, 

Et  MM.  Charles-Jules-Michel  de  Perier  et  Alexandre-Louis- 
Gaspard  de  Perier,  demeurant  et  domiciliés  à  Aix,  héritiers 
bénéficiaires  de  M.  Jules-François  Fauris  de  Saint- Vincens, 


1 


—  30  — 

président  à  la  Cour  royale  d'Aix,  d'autre  part,  il  a  été  con- 
venu ce  qui  suit  : 

Article  Pr.  —  MM»  de  Perier,  en  leur  qualité,  vendent  à  la 
ville  d'Aix  les  morceaux  d'antiquités  du  moyen-âge,  les 
tableaux,  dessins  et  gravures  faisant  partie  du  cabinet  de 
M.  de  Saint-Vincens,  suivant  l'inventaire  estimatif  qui  en  a 
été  fait  par  MM.  Revoil  et  Sallier  (4). 

Art.  H.  —  La  susdite  vente  est  faite  pour  le  prix  de 
47,000  francs  pour  les  morceaux  d'antiquités,  dessins  et 
gravures  spécifiés  dans  l'inventaire  estimatif. 

Art.  III.  —  Ladite  somme  de  17,000  francs  sera  payable 
dans  le  terme  de  cinq  ans,  comptables  du  4"  janvier  1822 
jusqu'au  31  décembre  1826,  à  raison  d'un  cinquième  ou  de 
3,400  fr.  chaque  année,  avec  intérêts  au  5  pour  100  par  an, 
franc  de  retenue,  et  qui  commenceront  à  courir  du  1"  janvier 
1822,  lesquels  intérêts  décroîtront  au  furet  à  mesure  et  dans 
la  proportion  des  paiements  successifs,  la  ville  se  réservant 


(4)  Notons  en  passant  que  les  Manuscrits  —  chose  essentielle 
—  ne  figurent  pas  dans  Pacte  do  vente  ;  c'est  sans  contredit  une 
simple  omission  du  copiste  ;  les  manuscrits  faisaient  partie  du  lot 
que  la  ville  était  autorisée  à  acquérir  ensuite  de  la  délibération 
sus-visée  du  1i  février  ;  ce  qui  est  confirmé  par  le  catalogue  dressé 
entre  les  parties,  au  bas  duquel  est  l'attestation  suivante  : 

«  Nous arrêtons  le  présent  catalogue  détaillé  des  manuscrits 

dudit  feu  M.  le  président  de  Saint-Vincens,  acquis  par  la  ville  d'Âix. 

«  Fait  double  pour  être  annexé  à  chacun  des  originaux  de  l'acte 
de  vente  sous  seing-privé. 

«  A  Aix,  en  l'hôtel-de-villc,  le  17  mai  1821.  » 

Suivent  les  signatures. 

Mme  Louise  de  Magallon  qui  a  signé  «  la  marquise  de  Périer» 
comme  mandataire  de  son  mari  Charles  de  Périer,  est  la  tante 
paternelle  de  M.  Jules  de  Magallon,  ancien  président  de  l'Académie 
d'Aix. 


—  31   — 

au  surplus  la  faculté  d'anticiper  sur  les  termes  ci-dessus 
convenus  pour  ces  paiements. 

Art.  IV.  —  La  présente  convention  n'aura  d'effet  qu'après 
qu'elle  aura  été  approuvée  par  une  délibération  expresse  du 
Conseil  municipal  de  la  ville  d'Aix,  approuvée  par  M.  le 
préfet  du  département,  et  qu'en  outre  l'acquisition  qui  en 
fait  l'objet  aura  obtenu  l'autorisation  du  gouvernement  pour 
la  ville  et  celle  du  tribunal  de  première  instance  pour  les 
héritiers  bénéficiaires  vendeurs. 

En  conséquence,  les  objets  ci-dessus  mentionnés  vendus 
à  la  ville  ne  seront  mis  en  sa  possession  que  lorsque  lesdites 
approbations  et  autorisations  seront  rapportées. 

Fait  à  Aix,  en  l'hôtel-de-ville,  le  40  mars  1821 . 

Signé  :  D.  Dcbourgubt,  Charles  de  Решен,  Alex,  de  Perier.  » 

Le  Conseil  municipal  a  unanimement  délibéré  d'approuver 
le  traité  dans  tout  son  contenu  et  prie  enfin  le  maire  de  le 
soumettre  à  l'approbation  de  M.  le  préfet. 

Les  héritiers  bénéficiaires  traitèrent  aussi,  dans 
les  mêmes  conditions,  avec  Marseille  pour  la  collec- 
tion des  médailles  et  monnaies  au  prix  de  1 8,ooo  fr.; 
avec  le  département,  pour  les  livres,  jusqu'à  concur- 
rence de  1 5  ,ooo  fr. ,  et  avec  Arles,  pour  le  restant  des 
livres  au  prix  de  4,151  fr. 

Après  quoi,  ils  provoquèrent  la  vente  judiciaire 
des  facultés  mobilières  et  immobilières  de  l'hoirie 
Saint- Vincens  et  demandèrent  spécialement  l'auto- 
risation de  faire  vendre  à  l'encan  les  objets  com- 
posant le  cabinet,  décrits  dans  l'inventaire  du  22 
novembre  181 9,  notaire  Gassier,  pour  être,  la  vente 
du  cabinet,  effectuée  en  trois  lots  ainsi  composés  : 


1 


—  32  — 

Ier  lot,  médailles  et  monnaies  ; 
2me  lot,  antiquités  et  manuscrits  ; 
3me  lot,  la  bibliothèque. 

Par  son  jugement,  en  date  du  12  mai  1821,  le 
tribunal  ordonna,  avant  dire  droit,  que  le  cabinet, 

* 

décrit  et  estimé  dans  l'inventaire  sus- visé,  serait  vu 
et  visité  par  M.  Diouloufet,  sous-bibliothécaire  de 
la  ville,  expert  nommé  d'office,  lequel  déclarera, 
dans  son  rapport,  s'il  est  ou  non  plus  avantageux 
que  les  dits  objets  soient  vendus  en  trois  lots  plutôt 
qu'au  détail. 

Sur  le  rapport  de  l'expert,  le  tribunal  rendit  le 
6  juillet  suivant  un  nouveau  jugement.  Voici  les 
passages  essentiels  : 

Attendu  qu'il  résulte  du  rapport  de  l'expert  Diouloufet 
qu'il  sera  plus  avantageux  de  vendre  en  trois  lols'la  biblio- 
thèque, les  médailles  et  les  morceaux  d'antiquités,  que  de 
les  vendre  par  volume  et  pièce  par  pièce  ; 

Que  néanmoins,  pour  être  assuré  de  parvenir  à  ce  résultat, 
il  convient  d'augmenter  la  mise  à  prix  des  susdits  objets, 
afin  de  prévenir  toutes  les  chances  contraires  au  but  qu'on 
se  propose. 

Le  tribunal  autorise  les  héritiers  bénéficiaires  à  faire 
procéder  à  la  vente  aux  enchères  publiques  par  devant 
M.  Agnelly,  juré-priseur  de  cette  ville  d'Aix,  des  facultés 
mobilières  de  l'hoirie  bénéficiaire  de  feu  Fauris  de  Saint- 
Vincens. 

Et,  quant  au  cabinet  des  médailles,  aux  antiquités  et  à  la 
bibliothèque,  ordonne  la  vente  en  trois  lots,  dont  le  premier 
sera  composé  du  cabinet  des  médailles;  le  deuxième,  des 
morceaux  d'antiquités,  et  le  troisième,  de  la  bibliothèque; 


—  33  — 

Que  le  premier  lot,  composé  du  cabinet  des  médailles  et 
monnaies,  estimé  dans  le  susdit  inventaire  h  la  somme  de 
8,443  fr.  35  c,  sera  exposé  aux  enchères  publiques  sur  la 
mise  à  prix  de 47,900  fr. 

Que  le  deuxième  lot,  composé  des  morceaux 
d'antiquités,  etc.,  estimé  à  la  somme  de  2,429  fr., 
sera  exposé  aux  enchères  publiques  sur  la  mise 
à  prix  de 16,900    » 

Et  que  le  troisième  lot,  composé  de  la  biblio- 
thèque, estimé  10,485  fr.,  sera  exposé  aux  en- 
chères sur  la  mise  à  prix  de  19,000    * 


On  nous  permettra,  à  propos  de  ce  dernier  chiffre, 
d'ouvrir  une  parenthèse,  au  sujet  de  l'estimation 
des  livres  : 

Nos  amis  les  bibliophiles  ne  liront  pas  sans  sur- 
prise ni  curiosité  quelques-unes  de  ces  évaluations. 
Ils  seront  frappés  de  l'écart  énorme  de  ces  prix 
avec  ceux  qu'atteindraient  aujourd'hui  les  mêmes 
ouvrages. 

Ainsi,  d'une  part  : 

Les  Mémoires  de  Г  Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres )  jusqu'en  1818,  50  vol.  in-4e,  avec 
10  vol.  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  Roi, 
sont  cotés  800  fr.; 

Et  Le  Magasin  Encyclopédique  de  M.  Millin,  134 
vol.  1/2  reliure,  400  fr. 

Tandis  que,  d'autre  part,  on  évalue  à  des  chiffres 
vraiment  dérisoires  des  ouvrages  fort  rares  et  re- 
cherchés. 


—  36  - 

J'accompagne  toutes  ces  pièces,  ajoute-t-il  en  finissant, 
d'un  avis  motivé  qui  puisse  servir  de  base  à  l'ordonnance 
royale  que  je  vous  prie  de  solliciter  le  plus  tôt  possible,  afin 
que  les  villes  de  Marseille,  d'Aix  et  d'Arles  soient  bientôt  à 
môme  de  posséder  une  si  précieuse  réunion  d'objets  rares  et 
dignes  de  figurer  dans  les  cabinets  et  bibliothèques  publi- 
ques de  ces  villes. 

C'est  alors  que  fut  rendue  l'ordonnance  royale  à 

la  date  du  31  juillet  1821,  portant  : 

Art.  Pr.  — L'acquisition  du  cabinet  d'antiquités,  médailles, 
manuscrits  et  livres,  formée  par  feu  le  fils  Fauris  de  Saint- 
Vincens,  est  autorisée. 

Art.  II.  —  Les  fonds  de  cetle  acquisition  seront  faits,  savoir  : 

\9  Par  le  département  des  Bouches-du-Rhône,  pour  la 
somme  de  15,000  fr.  ; 

2e  Par  la  ville  de  Marseille,  pour  la  somme  de  18,000  fr.  ; 

3°  Par  la  ville  d'Aix,  pour  la  somme  de  17,000  fr.  ; 

Par  la  ville  d'Arles,  pour  la  somme  de  4,151  fr. 

Entre  temps  le  Tribunal  civil  de  première  ins- 
tance d'Aix  avait  rendu,  à  la  date  du  6  du  même 
mois  de  juillet,  le  jugement  autorisant  la  vente  en 
trois  lots  du  cabinet  dépendant  de  la  succession 
bénéficiaire  de  feu  le  président  de  Saint- Vincens,  et 
commettant  M.  Agnelly,  juré-priseur  de  cette  ville 
d'Aix,  pour  procéder  à  ladite  vente  aux  enchères 
publiques. 

En  exécution  de  ce  jugement  cette  vente  eut  lieu 
au  jour  indiqué,  24  septembre  182 1,  à  neuf  heures 
du  matin,  en  la  maison  qu'habitait,  quand  il  vivait, 
feu  M.  de  Saint- Vincens,  sise  sur  le  Cours,  n°  14, 
en  présence  des  héritiers  bénéficiaires  du  défunt. 


—  37  — 

Il  résulte  du  procès- verbal  de  la  vente,  dressé  à 
la  date  dudit  jour  par  le  juré-priseur,  que  les  adju- 
dications furent  ainsi  rapportées. 

Le  premier  lot,  comprenant  les  livres,  au  prix  de  1  9,1 51  fr., 
savoir  :  15,000  fr.  pour  le  compte  du  département  et  4,151  fr. 
pour  la  ville  d'Arles. 

Le  second  lot,  comprenant  les  médailles  et  monnaies,  au 
prix  de  18,000  fr.  pour  le  compte  de  la  ville  de  Marseille. 

Et  Je  troisième  lot,  comprenant  les  antiquités  [les  manus- 
crits], au  prix  de  17,000  fr.,  par  la  ville  d'Aix  (1). 

Le  catalogue  détaillé  des  manuscrits  compris  dans 
ce  lot  est  joint  à  l'expédition  du  procès-verbal  de 
la  vente  qui  se  trouve  aux  archives  de  la  mairie 
d'Aix.  Signalons,  en  passant,  les  articles  ci-après  : 

1e  Manuscrit  sur  le  Parlement  sur  parchemin  de  1504  à 
1587,  par  le  sieur  Fabry,  aïeul  de  Peiresc,  1  vol.  gr.  in-f*; 

2e  Recueil  du  Parlement,  en  grande  partie  par  Peiresc, 
1  vol.  in-f*; 

3°  Correspondance  littéraire  de  Peiresc  par  ordre  alpha- 
bétique, 13  vol.  in-f%  demi  reliure,  dos  parcheminé. 

4e  Correspondance  de  Peiresc  avec  Jérôme  Aléandre,  en 
italien,  1  vol.  in-f*; 

5°  Traduction  de  ces  mêmes  lettres,  autre  vol. 

6°  Portefeuille  contenant  principalement*  correspondance 
de  Peiresc  ; 

7°  Ancien  catalogue  de  la  bibliothèque  Peiresc; 

8°  Manuscrit  in-f*  de  Mazaugues  intitulé  au  dos  :  Registrum 
Ludovici  III,  comitis  Provinciœ,  en  caractères  gothiques,  1 
vol.  in-P  ; 


(1)  On  remarquera  que  les  lots  n'ont  pas  été  mis  aux  enchères 
clans  Tordre  porté  au  jugement. 


—  38  — 

9*  Délibérations  du  Parlement  par  MM.  de  Mazaugues,  4 
vol.  in-f  ; 

10*  Catalogue  des  livres  de  Thomassin-Mazaugues,  titre 
au  dos  :  Bibliotheca  Thomassina,  in-4°  basane. 

Les  opérations  de  la  vente  achevées,  le  préfet 
prit  l'arrêté  suivant,  relatif  à  la  répartition  du  lot 
des  livres  acquis  au  nom  du  département  au  prix 
de  15,000  francs  : 

Nous,  maftre  des  requêtes,  préfet  des  Bouches-du-Rhône, 
Vu  l'ordonnance  du  Roi  du  34  juillet  1821  qui  autorise 
l'acquisition  du  cabinet  d'antiquités,  médailles,  manuscrits 
et  livres,  formé  à  Aix  par  feu  Fauris  de  Saint-Vincens  et 
détermine  que  les  fonds  de  cette  acquisition  seront  faits, 
savoir  : 

4*  Par  le  département  des  Bouches-du-Rhône,  pour  la 

somme  de Fr,      15,000 

2e  Par  la  ville  de  Marseille 18,000 

3*  Par  la  ville  d'Aix 17,000 

4*  Parla  ville  d'Arles 4,154 

Vu  la  délibération  prise  le  23  août  1821  par  le  Conseil 
général  du  département  à  l'effet  d'approuver  la  convention 
passée  le  26  avril  précédent  entre  le  préfet  et  MM.  de  Perier, 
héritiers  bénéficiaires,  pour  l'acquisition  d'une  partie  de  la 
bibliothèque  de  M.  le  président  de  Saint-Vincens  pour  la 
somme  de  15,000  fr.  payables  en  cinq  annuités;  laquelle 
délibération  porte  en  outre  que  les  livres  payés  des  fonds  du 
département  seront  distribués  en  valeur  égale  entre  les 
bibliothèques  publiques  des  villes  de  Marseille,  Aix  et  Arles, 
d'après  1  état  qu'en  dressera  le  préfet,  et  ce  qui  recevra  de 
suite  son  exécution,  sauf  à  le  présenter  au  Conseil  général 
dans  sa  prochaine  session  ; 

Considérant  que,  par  sa  délibération  du  4  août  1821,  le 
Conseil  municipal  de  la  ville  d'Arles  a  fait  le  choix  des 


—  39  — 

livres  qu'elle  désirerait  acquérir  pour  la  somme  de  4,451  fr., 
à  laquelle  elle  contribue  dans  l'acquisition  de  ladite  biblio- 
thèque de  M.  de  Saint- Vincens,  ainsi  qu'il  résulte  de  l'état 
joint  à  cette  délibération  ; 

Que  la  distribution  des  15,000  fr.  de  livres  payés  des  fonds 
départementaux  a  été  faite  d'après  la  connaissance  des 
besoins  de  chaque  bibliothèque  des  villes  de  Marseille,  Aix 
et  Arles  et  en  donnant  aux  deux  premières  les  livres  qui 
avaient  rapport  aux  médailles  et  aux  objets  d'antiquités 
acquis  par  elles  ; 

Arrêtons  : 

Article  1er.  —  Les  livres  choisis  par  la  ville  d'Arles  sur  la 
bibliothèque  de  feu  M.  de  Saint-Vincens,  suivant  le  cata- 
logue joint  à  la  délibération  du  4  mai  4821,  seront  livrés  à 
M.  le  maire  de  cette  ville  jusqu'à  concurrence  de  4,151  fr. 
Ce  catalogue  restera  annexé  au  présent  arrêté  sous  le  n*  1 . 

Art.  2.  —  La  distribution  des  15,000  fr.  de  livres  acquis 
avec  les  fonds  du  département  aura  lieu  suivant  les  cata- 
logues séparés  annexés  au  présent  arrêté  sous  les  n"  2,  3 
et  4,  entre  les  bibliothèques  de  Marseille,  d'Aix  et  d'Arles. 
MM.  les  maires  de  ces  villes  désigneront  des  mandataires 
pour  la  réception  de  ces  livres,  leur  enlèvement  de  la  maison 
où  ils  sont  déposés  et  leur  transport  au  lieu  de  leur  desti- 
nation. 

Art.  3.  —  En  conséquence,  M.  le  sous-préfet  d'Aix  est 
chargé  de  surveiller  en  notre  nom  cette  distribution  des 
livres  qui  sera  faite  en  comparant  l'inventaire  général  dressé 
le  29  janvier  1820  par  MM.  Sallier  et  Revoil  avec  les  cata- 
logues particuliers  joints  au  présent  arrêté. 

M.  le  sous-préfet  se  concertera  avec  MM.  Revoil  et  Sallier 
pour  que  chaque  ville  reçoive  les  livres  qui  lui  sont  assignés 
et  pour  que,  dans  le  cas  où  il  y  aurait  quelque  erreur  dans 
les  additions  du  catalogue  général  ou  des  catalogues  parti- 
culiers, elle  soit  rectifiée,  de  manière  à  ce  qu'il  revienne 


—  40  — 

pour  5,000  fr.  de  livres  à  chacune  des  bibliothèques  de  Mar- 
seille, Aix.  et  Arles. 

Art.  4.  —  Il  sera  donné  récépissé  des  livres  revenant  à 
chaque  ville,  sur  le  catalogue  particulier  qui  leur  est  destiné. 
Ce  reçu  sera  signé  par  les  délégués  de  MM.  les  maires. 

Fait  à  Marseille,  le  49  février  1822. 

Signé  :  Comte  De  Villeneuve  (1). 

Parmi  les  livres  obtenus  par  la  bibliothèque  Mé- 
janes,  figurent  : 

72  volumes,  journaux  et  gazettes  littéraires  reliés 
en  3  6  liasses  ; 

46  volumes  de  Trévoux  et  des  Nouvelles  de  la 
République  des  lettres  reliés  ; 

28  plans  de  villes,  cartes  géographiques,  chro- 
nologiques, héraldiques  et  albums  de  moyenne  et 
grande  dimension  ; 

28  liasses  de  brochures  de  tous  formats,  sur  di- 
verses matières,  avec  un  catalogue  de  900  pièces 
détaillées,  dans  un  registre-carton,  sur  papier  grand 
raisin  joint  aux  dites  liasses  ; 

147  volumes  manuscrits  et  37  portefeuilles  ou 
cartons  contenant  un  grand  nombre  de  pièces  sur 
les  antiquités  et  autres  matières,  avec  un  catalogue 
des  manuscrits,  estimés  3,500  fr. 

Livre  essentiel  ajouté  : 

«  Catalogue  des  livres  du  cabinet  du  président 


(1  )  Archives  des  Bouches-du-Rhône,  série  К  2,  registre  42,  p.  388. 


—  41   — 

de  Saint  -Vincens,  à  Aix  ;  manuscrit  de  MM.  de 
Saint- Vincens  père  et  fils,  écrit  en  divers  temps  et 
contenant  des  notions  raisonnées.  » 

Les  livres  choisis  par  la  ville  d'Aix  ont  été  remis 
à  la  bibliothèque  Méjanes  le  28  février  1822,  suivant 
reçu  donné  au  bas  du  catalogue  qui  se  trouve  aux 
archives  municipales  d'Aix.  En  voici  le  texte  : 

Je,  soussigné,  bibliothécaire  de  la  ville  d'Aix,  départe- 
ment des  Bouches-du-Rhône,  reconnais  avoir  reçu  de  M.  le 
maire  de  ladite  ville  d'Aix  les  livres  mentionnés  dans  l*in- 
ventaire  d'autre  part. 

A  Aix,  ce  47  mars  1822. 

Signé  :  Gibelin,  D.  M.  bibl. 

La  note  qui  suit  résume  les  opérations  de  cette 
vente  : 

Note  essentielle. 

La  bibliothèque  de  feu  M.  de  Saint- Vincens  était  composée 
d'environ  10,500  volumes,  dont  l'estimation  fut  portée  à 
19,451  fr.  dans  un  inventaire  dressé  par  le  sieur  Pontier, 
imprimeur-libraire  d'Aix.  Il  fut  clos  et  arrêté  le  29  juillet 
1820  et  approuvé  par  MM.  Sa  Hier  et  P.  Revoil,  nommés  par 
M.  le  comte  préfet,  et  les  héritiers  bénéficiaires  pour  procéder 
contradictoirement  à  l'estimation  de  l'ensemble  du  cabinet 
de  feu  M.  de  Saint- Vincens. 

Le  19  février  1822  M.  le  comte  préfet  prit  un  arrêté  pour 
la  répartition,  délivrance  et  transport  des  livres,  conformé- 
ment au  choix  qu'en  avaient  fait  les  trois  villes  d'Aix,  de 
Marseille  et  d'Arles. 

M.  le  comte  préfet  avait  fait  délibérer  en  1820  par  le  con- 
seil du  département  un  don  de  15,000  fr.  pour  l'acquisition 
de  la  bibliothèque,  dont  5,000  fr.  en  faveur  de  chacune  des 


—  44  — 

la  séance  du  Conseil  municipal  du3  décembre  1839, 
M.  Aude,  maire,  expose  l'affaire  en  ces  termes  : 

«  Messieurs, 

«  Le  9  de  ce  mois  de  novembre  M.  le  président  de  l'Aca- 
démie d'Aix  m'a  adressé  une  demande,  au  nom  de  cette  société 
savante,  tendante  à  ce  que  le  Conseil  municipal  voulut  bien 
concéder  gratuitement,  au  nom  de  la  ville,  une  place  au 
cimetière  actuel  pour  y  transférer,  de  l'ancien  cimetière  de 
Saint-Sauveur,  les  restes  de  M.  le  président  Fauris  de  Saint- 
Vincens. 

«  Cet  hommage  public  à  la  mémoire  de  ce  magistrat,  qui  a 
honoré  la  cité,  soit  comme  savant,  soit  comme  administra- 
teur municipal,  me  semble  enfin  devoir  être  accueilli  par 
vous,  qui,  sans  contredit,  auriez  désiré  prendre  l'initiative 
pour  rendre  aux  mânes  d'un  citoyen  si  respectable  les 
honneurs  qu'ils  méritent.  » 

Et  le  Conseil  délibère  d'accorder  gratuitement  une  partie 
de  terrain  dans  le  nouveau  cimetière  pour  y  déposer  les 
restes  de  M.  de  Saint- Vincens. 

Cette  délibération,  fort  honorable  pour  Г  Aca- 
démie et  dont  elle  sentit  vivement  tout  le  prix,  lui 
fut  tardivement  communiquée  à  la  séance  du  6  juin 
1843.  L'Académie  décida  alors  : 

Que  la  commission  nommée  pour  cet  objet  se  concertera 
avec  M.  le  maire  pour  choisir  dans  le  nouveau  cimetière  le 
lieu  le  plus  convenable  pour  recevoir  ce  dépôt,  et  poursuivre 
auprès  des  diverses  autorités  les  démarches  nécessaires  à 
cette  cérémonie. 

Sur  le  rapport  fait  par  M.  Rouard  au  nom  de  la 
commission,  l'Académie  vote  500  francs  pour  sa 


M 


—  45  — 

participation  aux  frais  de  la  translation,  et  le  Conseil 
municipal  vote  de  son  côté  la  somme  de  300  francs 
(Séance  du  18  juin  1843). 

Sur  le  vœu  exprimé  par  l'Académie,  le  Conseil 
municipal  délègue  MM.  Alexis,  de  Fortis  et  Bouteille 
pour  se  joindre  à  la  commission  de  l'Académie  aux 
cérémonies  de  la  translation,  qui  eurent  lieu  le  28 
juin  1843  (0- 

Cette  solennité,  à  laquelle  assistaient  MM.  les 
doyen  et  chanoines  du  vénérable  chapitre  métropo- 
litain d'Aix,  avait  attiré  un  énorme  concours  de 
population. 

C'est  un  devoir  pour  nous  de  transcrire  ici  la 

page  que  le  secrétaire  de  l'Académie,  M.  le  docteur 

Payan,  consacra  à  cette  pieuse  cérémonie,  dans  son 

compte-rendu  des  travaux  de  l'Académie,  lu  à  sa 

séance  publique  annuelle  tenue  le  8  juin  1844  : 

Je  ne  saurais  omettre  ici,  sans  croire  déroger  à  ma  tâche, 
de  vous  rappeler  cette  imposante  cérémonie,  encore  présente 
à  tous  les  esprits,  à  laquelle  prit  part  l'élite  de  notre  cité, 
savoir,  la  translation  des  restes  mortels  du  président  de 
Saint-Vincens  dans  le  nouveau  cimetière.  C'est,  en  effet,  h 
l'Académie,  dont  il  avait  été  un  des  membres  fondateurs, 
que  revient  l'honneur  d'avoir  la  première  exprimé  le  pa- 


(\)  A  cette  commission,  composée  d'abord  de  MM.  Rouard, 
Maurin,  Castellan  et  de  Fonscolombe,  furent  adjoints  M.  Gendarme 
de  Bévotte,  M.  d'Astros  et  en  dernier  lieu  M.  Mouan,  vice-prési- 
dent de  l'Académie. 


—  48  — 


Epitaphe  gravée  sur  le  monument  de  1 8 1 9 

HIC  JACET 

PATRIJE  MELIORIS  SPE  INNIXUS 
NOBILISSIMUS  VIR 

Alx.  Jul.  Ant.  de  Fauris  S.  Vincbns, 

REG.  ORD.  LBG.  BON.  MAJOR, 
ET  EX  ACAD.  REG.  INSCRIPT. 
PRIMUM  IN  8BNATU  AQUENSL. 
PRASUL  INFULATUS, 
DBIN  HUJUSGE  URB.  AQUENS.  PRjEF. 

POST  IN  CURIA  REG.  AQ.  PRISES 
PBR  VARIOS  VIT.fi  ET  RBRUM  С  A  SUS 

SINB  MACULIS  ET  OFFENSA  ; 

APUD  PARENTES  ET  AMICOS  PIETATE 

ВТ  SBRMONIS  AMOENITATB  ; 

APUD  DOCTOS,  ANTIQUITATUM 

ET  REI  NUM ISMATIC£  NOTITIA  ; 

APUD  PAUPERBS  LARGITATE, 

APUD  CIVES  OFFICIIS  SINE  PRETIO  DATIS 

COMMENDANDUS 

DE  PATRIA,  DE  CIVITATB,  DE  OMNIBUS 

BBNE  MBRITUS  EST. 

OBIIT  DIE  XV.  NOV.  MDCCCXIX. 

ANNO  ЖТАТ18  SUiB  LXX. 

POS.  UXOR,  NEPOTES  ET  MOERENTES  AMICI. 


k- 


-  49  - 


Il  nous  a  paru  intéressant  d'accompagner  cette 
étude  des  reproductions  qui  suivent  : 

C'est  d'abord  le  fac-similé  en  couleurs  des  armes 
de  la  maison  de  Fauris  Saint- Vincens  dessinées  et 
peintes  par  le  président  de  Saint- Vincens  père. 
L'original  appartient  à  notre  savant  confrère  M.  J. 
Laugier,  conservateur  du  cabinet  des  médailles  de 
Marseille. 

Puis,  une  lettre  inédite  de  chacun  des  présidents, 
qui  permettra  de  reconnaître  les  manuscrits  de  nos 
deux  érudits.  Ces  autographes  sont  tirés  de  la 
riche  collection  de  M.  P.  Arbaud,  membre  d'hon- 
neur de  la  Compagnie. 

La  première  lettre  de  Saint -Vincens  père  est 
adressée  d'Aix,  le  13  décembre  1782,  à  M.  Mévoil- 
hon  à  Paris.  Tout  nous  porte  à  croire  que  le  desti- 
nataire  de  cette  lettre  est  Jean-Gaspard  Mévolhon, 
fils  aîné  de  Jean-Pierre,  consul  de  Sisteron,  frère  de 
Jean- Antoine-Pierre,  baron  de  l'Empire,  dont  les 
biographies  sont  dans  Y  Histoire  de  Sisteron^  par  de 
Laplane  (t.  2,  p.  435  et  s.).  Les  armes  de  la  famille 
de  Mévolhon,  qui  avait  à  Bevons  des  terres  voi- 
sines de  la  seigneurie  de  Noyers,  des  Saint- 
Vincens,  sont  reproduites  dans  Y  Armoriai  des  Tri- 
bunaux de  Sisteron  récemment  publié  par  M.  Eys- 

4 


—  50  — 

série  Saint-Marcel,  membre  régional  de  l'Académie. 
La  seconde  est  du  fils,  Alexandre-Joies- Antoine. 
Elle  est  écrite  d'Aix  le  2  octobre  181 7.  Son  texte 
et  le  titre  de  cousin  donné  au  destinataire  nous 
autorisent  à  supposer  qu'elle  est  envoyée  au  préfet 
de  Marseille,  le  comte  Christophe  de  Villeneuve, 
auteur  de  la  Statistique  des  Bouches-du-Rh6ne,  ou 
à  son  frère,  le  comte  François  de  Villeneuve,  préfet 
de  la  Meurthe,  qui  a  publié  en  1825  Y  Histoire  de 
René  d* Anjou,  3  vol.  in-8v 

Le  portrait  du  second  président  de  Saint- Vin  cens, 
que  nous  donnons  en  tête  de  cette  notice,  est  inédit. 

Il  provient  du  cabinet  de  Roux-Alphéran,  qui 
l'avait  donné  à  son  cousin  M.  de  Sigaud  de  Bresc, 
père  de  notre  aimable  confrère  M.  L.  de  Bresc,  pos- 
sesseur également  du  superbe  Peiresc,  de  Finsonius. 
On  nous  saura  gré  de  le  publier,  le  médaillon  par 
Olive,  que  nous  avons  mentionné,  n'ayant  pas  été 

* 

gravé,  ni  aucun  de  ses  portraits. 

Quant  au  portrait  de  Saint- Vincens  père,  il  a  été 
dessiné  et  gravé  par  B.  Lantelme  ;  il  se  trouve  dans 
la  plupart  des  cabinets  provençaux,  soit  en  tête  de 
la  notice  publiée  par  son  fils  ,  soit  à  part ,  ce  qui 
nous  dispense  de  le  donner  ici. 


—  51  — 
Addition  à  la  page  7  de  cette  élude. 

Vers  la  même  époque  M.  de  Labédoyère,  comme 
Millin,  visitait  la  Provence.  Il  nous  paraît  intéres- 
sant de  retenir  le  passage  qu'il  a  consacré  dans 
son  journal,  à  Aix  et  au  cabinet  du  président  de 
Fauris  ,  seigneur  de  Saint  -Vincens  et  de  Noyers  , 
qu'il  nomme  le  président  Desnoyers  : 

«  On  trouve  encore  (à  Aix)  chez  quelques  parti- 
culiers de  belles  galeries  de  tableaux  :  Le  cabinet 
de  M.  le  président  Desnoyers  mérite  l'attention  des 
antiquaires.  Le  goût  le  plus  éclairé,  l'érudition  la 
plus  vaste  en  ont  dirigé  la  formation.  Il  est  très 
riche  en  fragments  d'antiquités,  en  inscriptions,  en 
livres,  en  dessins  et  surtout  en  médailles.  M.  Des- 
noyers possède  la  suite  complète  de  celles  du  Bas- 
Empire,  ainsi  que  toutes  les  monnaies  frappées  en 
France  depuis  le  commencement  de  la  monarchie. 
Nous  étions  recommandés  à  ce  respectable  savant, 
qui  consacre  au  soulagement  de  l'humanité  toutes 
les  heures  qu'il  dérobe  à  l'étude  ;  il  nous  accueillit 
avec  une  bonté  pleine  de  grâce  et  se  plut  à  nous 
montrer  dans  un  grand  détail  sa  précieuse  collec- 
tion. » 

Extrait  du  Journal  d'un  voyage  en  Savoie  et  dans  le  midi  de  la 
France,  en  1804  et  1805,  par  H.  de  la  Bédoyère  (Paris,  4849, 
p.  480.  —  С  est  une  deuxième  édition  ;  la  première  est  de  4807  et 
fui  traduite  en  allemand  en  4809. 


L'ABRICOTIER  &  LE  PÊCHER 

Par  I.  Chablbs  JORET 

Professeur  à   la   Faculté   des  Lettres 

Correspondant  de    l'Institut. 


Quoi  qu'on  en  ait  dit,  d'ailleurs  sans  en  donner 
de  preuves,  l'abricotier  et  le  pêcher  ont  fait,  à  une 
époque  relativement  récente,  leur  apparition  dans 
l'horticulture  de  l'Asie  occidentale,  de  l'Afrique  et 
de  l'Europe.  La  Bible  ne  les  connaît  pas,  et  les  ins- 
criptions de  l'Egypte  et  de  l'Assyrie,  pas  plus  que 
celles  des  Achéménides,  n'en  font  mention.  Jusqu'ici 
Pline  a  été  considéré  comme  le  premier  écrivain  de 
l'antiquité  qui  ait  parlé  de  ces  arbres  aux  fruits  déli- 
cieux. 

«  On  donne,  dit-il  dans  un  passage  connu  (i),  le 
nom  de  pomme,  quoique  d'une  espèce  différente,  à 
la  pomme  de  Perse  —  Persica....  Parmi  les  pêches, 
la  palme  est  aux  duracines.  Deux  espèces  sont  dis- 

(I)  Historia  naturalisa  lib.  XV,  cap.  \\. 


—  о*  — 

tinguées  par  des  noms  de  nation  :  la  gauloise  et  l'asia- 
tique ;  elles  mûrissent  après  l'automne.  Les  précoces 
— praecocidj  ce  sont  les  abricots — mûrissent  en  été  ; 
il  n'y  a  que  trente  ans  qu'on  les  a  ;  originairement 
on  les  vendait  un  denier  —  environ  6  fr.  82  c.  — 
la  pièce.  C'est  un  fruit  innocent  qu'aiment  les  ma- 
lades ;  il  y  en  a  eu  de  vendus  jusqu'à  trente  sesterces 
—  6  fr.  30  c;  —  aucun  fruit  n'a  été  payé  davan- 
tage. » 

Ailleurs  (  1  ),  revenant  sur  le  pêcher,  qu'il  ne  paraît 
pas  ici  bien  distinguer  du  perséa,  arbre  égyptien  tout 
différent,  l'écrivain  latin  dit  que  le  premier  n'avait 
été  «  introduit  que  tardivement  et  avec  difficulté  » 
dans  l'Occident. 

D'où  venaient  l'abricotier  et  le  pêcher,  dont  les 
fruits  étaient  encore  si  rares  au  temps  de  Pline  et 
ont  été  si  mal  décrits  par  lui  ?  «  Le  nom  de  pomme 
persique  —  la  pêche,  —  dit-il  (2),  montre  que  ce 
fruit  est  exotique  même  dans  l'Asie  et  la  Grèce  et 
qu'il  vient  de  la  Perse.  »  On  sait  que  les  Romains 
donnaient  aux  abricots  le  nom  de  «  pomme  d'Ar- 
ménie (3);  »  mais  ces  noms  n'ont  aucune  valeur  scien- 
tifique. L'abricotier  ne  vient  pas  d'Arménie,  où  il 
çst  même  à  peine  cultivé  de  nos  jours.  Si  le  pêcher 


(4)  Historia  naturalis,  lib.  XV,  cap.  43. 

(2)  Historia  naturalis,  lib.  XV,  cap.  43. 

(3)  Historia  naturalis,  lib.  XV,  cap.  12. 


—  55  — 

est  cultivé  avec  succès  en  Perse  et  y  donne  d'ex- 
cellents fruits,  il  n'y  est  pas  davantage  indigène. 
D'où  proviennent  donc  ces  arbres  fruitiers  ? 

On  a  rencontré  l'abricotier  à  l'état  spontané  dans 
la  vallée  du  Zérafshan  et  dans  le  Ferghânah,  ainsi 
que  dans  l'Alatau  transilien  et  lé  territoire  de  Wer- 
noje;  il  croît  aussi  dans  laZongarie,  la  Mandchourie 
et  laDaourie.  Przewalski  a  vu  des  bois  entiers  d  abri- 
cotiers sauvages  sur  les  bords  du  Youldous,  dans 
la  première  de  ces  contrées  (i).  C'est  de  là  que  cet 
arbre  a  dû  se  répandre  dans  l'Iran.  S'il  n'y  était  pas 
encore  acclimaté  avant  la  conquête  d'Alexandre, — 
sans  cela  on  ne  s'expliquerait  pas  que  Théophraste 
n'en  eût  pas  parlé — il  y  était  sans  doute  déjà  cultivé 
avant  notre  ère.  De  l'Iran,  l'abricotier  ne  tarda  pas 
à  pénétrer  dans  l'Asie  antérieure  et  bientôt  même 
en  Europe.  Nous  venons  de  voir  qu'à  l'époque  où 
écrivait  Pline,  c'est-à-dire  vers  l'an  60  à  77  de  notre 
ère,  cet  arbre  était  connu  en  Italie  depuis  une  tren- 
taine d'années.  La  précocité  de  ses  fruits  leur  avait 
fait,  ainsi  qu'à  une  espèce  hâtive  de  pêches,  donner 
le  nom  de  praecoqua  ou  praecocia  en  même  temps 
que  celui  de  «  pomme  d'Arménie  (2).  »  D'Italie, 
l'abricotier  s'est  répandu  dans  les  autres  contrées  de 

(4)  A.  Eogler,  ap.  V.  Heho,  Die  Kulturpflanzen .  Berlin,  4894, 
in-8<\  p.  448. 
(2)  Dioscoride,  De  materia  medica,   lib.  4,  cap.   465  :   Ta  & 

utxoÔTSooc  y.uko'j'j.îjû  'âsuzviaxsë.    ûwuaÏTri  âl  ïroai/ô/ля. 


—  56  - 

l'Europe  tempérée  occidentale  avec  le  nom  trans- 
formé qu'il  avait  reçu  des  Romains  :  esp.  albaricoque^ 
port,  albricoque,  it.  albercocco,  fr.  abricot. 

Quant  au  pêcher,  bien  qu'on  l'ait  cru  indigène 
dans  le  Ghilan,  où  il  n'est  que  naturalisé,  sa  patrie 
est  encore  plus  orientale  que  celle  de  l'abricotier. 
On  rencontre  dans  les  montagnes  des  environs  de 
Pékin,  ainsi  que  dans  les  provinces  chinoises  de 
Shensi  et  de  Kansou,  une  espèce  de  prunier — Prunus 
Davidiana  —  voisine  de  notre  pêcher —  le  Prunus 
persica  de  Linné,  —  et  les  diverses  variétés  de  cet 
arbre  aux  fruits  savoureux  sont  cultivées  depuis  un 
temps  immémorial  dans  l'Empire  du  Milieu  (1). 

C'est  de  là  qu'à  la  suite  des  relations  commerciales 
qui  s'établirent  entre  la  Chine  et  la  Bactriane,  depuis 
le  voyage  d'exploration  entrepris  en  139  avant 
notre  ère  par  le  général  Tshang-Kiën  sur  l'ordre  de 
l'empereur  Hsiawouti,  le  pêcher  a  sans  doute  pénétré 
dans  le  Turkestan  actuel  (2).  A  partir  de  1 1 4  et  surtout 
depuis  la  conquête  du  Tawan  —  le  Ferghânah  — 
par  la  Chine,  de  nombreuses  caravanes  furent  en- 
voyées par  les  Fils  du  Ciel  dans  le  pays  des  'Ansi 
— peut-être  le  royaume  des  Parthes — et  y  portèrent 


(1)  A.  de  Candolle,  L'origine  des  plantes  cultivées.  Paris,  1883, 
in-8%  p.  176-480.  —  A.  Engler,  ap.  V,  Hehn,  p.  418. 

(3)  Nicolas  Svertzow,  Etude  de  Géographie  historique  sur  les 
anciens  ittnéraires  à  travers  le  Pamir,  (Bulletin  de  la  Société  de 
Géographie,  vol.  XI  (1890),  p.  596.) 


-  57  — 

de  riches  présents.  Elles  furent  suivies  d'ambassades 
qui  se  rendirent  à  leur  tour  de  la  Bactriane  et  de  la 
Sogdiane  en  Chine.  Ces  échanges  de  relations  con- 
tribuèrent à  faire  connaître  et  à  répandre  dans  l'Oc- 
cident les  produits  agricoles  et  industriels  de  l'Em- 
pire du  Milieu.  Il  n'est  pas  impossible  qu'une  des 
ambassades  dont  je  viens  de  parler  ait  apporté  le 
pêcher  dans  la  région  Caspienne. 

Si  c'est  bien  de  cet  arbre  et  non  du  perséa, 
comme  je  l'ai  supposé  (i),  que  le  syrien  Posidonius 
dit  qu'il  croissait  dans  son  pays,  ainsi  que  le  pista- 
chier (2),  le  pêcher  aurait,  au  premier  siècle  avant 
notre  ère,  été  déjà  connu  dans  la  région  méditerra- 
néenne. Quoi  qu'il  en  soit,  il  a  dû  être  importé  du 
Turkestan  dans  l'Iran  occidental,  sous  la  domination 
des  Parthes,  qui  servirent  pendant  plusieurs  siècles 
d'intermédiaires  entre  le  monde  gréco-romain  et 
l'Extrême-Orient.  De  l'Iran  il  ne  pouvait  tarder  à 
passer  dans  Г  Asie  antérieure  et  de  là  en  Europe.  Il 


(!)  Le  ïtîociwv  de  Posidonius.  (Revue  des  études  grecques , an. 4899, 
pp.  43-47.) 

(2)   1»£0ït    os  v.v.ï  то  TtioTâtov  r,  'Дв'/'îa  xai  r,  luota  xat  то  xa).ov- 

ttivov  B«ffra/iov.  Athénée,  Deipnosophistae,  lib.  XIV, cap.  64  (619  d). 
Le  savant  botaniste  de  Berlin,  M.  G.  Schwcinfurth ,  croit  qu'il 
s'agit  ici  réellement  du  perséa,  et  il  me  fait  remarquer  qu'en 
supprimant  le  */.*>,  qui  suit  SvotV,  on  écarte  toute  difficulté  et 
qu'on  a  un  sens  satisfaisant  :  «  L'Arabie  produit  le  perséa  et  la 
Syrie  le  pistachier  »,  ce  qui  est  conforme  à  la  réalité. 


—  58  - 

était  cultivé  du  temps  de  Pline  en  Italie  et  même  en 
Gaule,  c'est-à-dire  évidemment  en  Provence,  où  il 
avait  même,  nous  apprennent  Pline  (i)  et  Colu- 
melle  (a),  donné  une  variété  nouvelle. 


{1  )  Cognomen  Gallica  habet.  Historia  naturalit,  lib.  XV,  cap.  4  4 . 
(S)  '  Qua;  maxima  Gallia  dooat. 

De  rt  ruslica,  lib.  X,  v.  Ш . 


LES  NOUVELLES  HÉBRIDES 


LEUR  COLONISATION 


Par  M.   le  ВостЕют  AUDE. 


Il  m'a  été  donné,  dans  le  cours  de  ma  carrière 
maritime,  de  visiter  une  partie  des  peuplades  de 
FOcéanie,  et,  à  l'époque  où  la  question  de  coloni- 
sation est  partout  à  Tordre  du  jour,  j'ai  pensé  que 
l'Académie  écouterait  avec  intérêt  la  description  des 
mœurs  et  des  coutumes  des  Néo-Hébridais  qu^  la 
France  est  appelée  à  coloniser  dans  un  avenir  très 
prochain. 

Les  Nouvelles  Hébrides,  appelées  aussi  Mélanésie, 
grandes  Cyclades,  archipel  de  Quiros,  sont  un  ar- 
chipel de  l'Océanie  centrale  situé  dans  le  grand 
Océan  Pacifique,  entre  les  14e  et  20e  degrés  de  lati- 
tude sud  et  les  164e  et  168e  degrés  de  longitude 
est,  au  nord  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  de  l'Aus- 
tralie. 

Découvertes  en  1606  par  Queiros,  il  s'écoula 
plus  d'un  siècle  avant  qu'un  nouvel  explorateur, 
Bougainville,  jetât  Гапсге,  en  1768,  dans  ces  parages 


—  60  — 

que  Cook  visita  six  ans  après.  En  1788,  Lapérouse 
parcourant  les  mêmes  régions,  se  perdit  avec  ses 
deux  navires,  Г  Astrolabe  et  la  Zélée,  sur  les  récifs 
de  l'île  Vanikoro  qui  fait  partie  de  l'archipel  de 
Santa-Cruz,  voisin  de  celui  des  Nouvelles  Hébrides. 

Ce  n'est  que  vers  le  milieu  de  notre  siècle  que 
ces  contrées,  plus  fréquentées  par  les  navires  euro- 
péens, ont  été  évangélisées  par  les  missionnaires  et 
exploitées  par  les  traitants. 

Le  groupe  du  nord,  formé  par  les  îles  Santa-Cruz, 
est  placé  sous  le  protectorat  Anglais  ;  les  Nouvelles 
Hébrides  constituant  le  groupe  sud  de  la  Mélanésie, 
sont  sous  le  protectorat  commun  de  la  France  et 
de  l'Angleterre,  ce  qui  conduira  un  jour  au  partage 
de  ces  îles  entre  ces  deux  puissances. 

Les  Nouvelles  Hébrides  comptent  trente-sept  îles, 
dont  sept  seulement  ont  une  superficie  importante  ; 
ce  sont  :  Espiritu-Santo,  Mallicolo,  Ambrym,  Vaté, 
Erromango,  Tanna  et  Anatom.  Elles  ont  ensemble 
une  superficie  d'environ  11,000  mètres  carrés  et 
53,000  habitants.  Espiritu-Santo  a  20,000  habitants 
et  Tanna  10,000  ;  ce  sont  les  deux  îles  les  plus 
grandes.  Situées  dans  la  zone  de  transition  entre  la 
Malaisie  et  la  Polynésie,  elles  présentent  des  types 
variés  suivant  la  juxtaposition  des  races.  C'est  une 
sous-race  qui  tient  le  milieu  entre  le  Malais  et  le 
Canaque,  qui  peuple  la  Nouvelle-Calédonie. 

Front  bas  et  fuyant,  pommettes  saillantes,  nez 


—  61  - 

aplati,  lèvres  épaisses,  teint  jaunâtre  tournant  sur 
le  noir  clair,  chevelure  et  barbe  laineuses,  taille 
moyenne,  peu  de  corpulence,  tel  est  l'ensemble  des 
caractères  physiques  des  Néo-Hébridais.  Les  mères, 
dit  Roberjot  dans  le  bulletin  de  géographie ,  ont 
l'habitude  de  déformer  le  crâne  de  leurs  enfants  au 
moyen  de   planchettes  qui  allongent  l'encéphale 
d'avant  en   arrière,  le   rétrécissent  et  l'abaissent. 
Aussi  sont-ils  les  plus  dolicocéphales  des  hommes. 
Pourquoi  cette  pratique  ?  Dans  un  but  de  coquetterie 
sans  doute,  aussi  peu  raisonné  et  raisonnable  que 
celle  qui  déforme  les  pieds  des  jeunes  chinoises  et 
la  taille  des  européennes.  Cook  dit  qu'à  son  arrivée 
aux  Nouvelles  Hébrides  il  avait  vu  des  guerriers  se 
serrer  tellement  la  taille  avec   des  cordes,  qu'ils 
ressemblaient  à  de  grosses  fourmis.  Combien  de 
grosses  fourmis  circulent  aussi  dans  nos  rues  !  Du 
reste,  aux  Nouvelles  Hébrides  la  plupart  des  modes 
d'embellissement  usités  en  Europe  sont  aussi  em- 
ployés. Les  oreilles  sont  percées  pour  recevoir  des 
anneaux  ;  la  poitrine  et  la  tête  sont  ornées  de  coquil- 
lages rappelant  les  tortues  vivantes  qui  font  en  ce 
moment  fureur  à  Paris  et  ailleurs  ;  le  visage  est  peint 
au  moyen  d'ocre  rouge,  de  chaux  et  de  pigments 
divers,  et  la  cendre  de  certains  bois  est  usitée  pour 
donner  à  la  chevelure  une  belle  couleur  dorée  ; 
autant  de  recettes  à  retenir  par  nos  élégantes.  A 
Tanna,  le  suprême  du  genre,  dit  Marklam,  consiste 


1 


—  62  — 

à  diviser  la  chevelure  en  une  multitude  de  petites 
touffes  liées  par  des  fibres  végétales  près  de  la  ra- 
cine des  cheveux.  On  appelle  cela  en  France  se 
poser  des  bigoudis. 

Comme  vêtement,  celui  d'Adam  avant  la  faute 
était  d'abord  le  seul  usité ,  puis  sont  venus  les  pa- 
gnes d'écorce  battue,  de  feuilles  ou  de  fibres  de 
cocotier  ;  et,  depuis  le  séjour  des  Européens  dans 
les  îles,  les  naturels  emploient,  pour  se  couvrir,  des 
étoffes  de  différentes  couleurs. 

Les  productions  de  ces  îles  Mélanésiennes  sont 
très  variées.  La  fécondité  des  terres  et  la  richesse 
de  la  végétation  y  sont  très  grandes.  Le  maïs,  le  riz, 
le  coton,  le  tabac,  le  café  s'y  développent  sans  peine, 
grâce  à  une  fumure  constituée  par  des  astérides  re- 
tirées des  çiers  voisines.  La  flore  comprend  un  grand 
nombre  d'espèces  propres  au  pays  ;  les  myrthes  et 
les  cèdres  y  prennent  un  développement  considé- 
rable ;  le  bois  de  sandal  en  est  très  apprécié.  Les 
plantes  nourricières  et  les  arbres  à  fruit  sont  les 
mêmes  que  dans  les  autres  îles  Océaniennes  :  co- 
cotier, sagoutier,  arbre  à  pain,  bananier  ;  les  ignames 
sont  l'aliment  principal  des  habitants,  et  l'époque 
de  leur  récolte  sert  de  base  à  la  supputation  des 
années  :  il  y  a  tant  d'ignames  depuis  tel  événement, 
dit-on  habituellement  aux  Nouvelles  Hébrides.  La 
faune  indigène  est  très  pauvre  :  des  chauves-souris, 
des  rats,  des  chèvres  et  des  porcs,  ces  derniers  sont- 


—  63  - 

ils  encore  d'importation  assez  récente;  aussi,  comme 
nous  le  verrons  bientôt,  le  porc  est  la  monnaie  cou- 
rante, c'est  bien  le  cas  de  le  dire,  et  joue  un  grand 
rôle  dans  les  cérémonies  publiques  et  les  transactions 
commerciales.  La  nourriture  animale  aurait  donc  été 
à  peu  près  inconnue  aux  Néo-Hébridais,  qui  auraient 
été  des  végétariens  obligés,  si  le  cannibalisme  n'était 
venu  à  leur  aide.  Ils  dévoraient  d'abord  les  prison- 
niers de  guerre  et  les  cadavres  des  ennemis  pour  se 
nourrir  de  leur  force  et  de  leur  courage  ;  puis,  le  goût 
de  la  chair  humaine  leur  étant  venu,  ils  mangeaient 
les  morts  de  leur  propre  tribu.  L'anthropophagie  ne 
s'est  du  reste  maintenue  que  dans  quelques  îles  où 
elle  tend  aussi  à  disparaître  à  mesure  que  la  chèvre 
et  le  porc  deviennent  plus  répandus. 

Il  n'y  a,  aux  Nouvelles  Hébrides,  aucune  organi- 
sation sociale  générale  :  les  habitants  d'une  île  sont 
indépendants  de  ceux  des  autres,  et  même  dans  cha- 
cune d'elles  il  existe  encore  des  tribus  absolument 
étrangères  entre  elles.  L'unité  est  la  tribu  dont  tous 
les  membres  sont  solidaires,  ce  qui  transforme  bien 
souvent  un  différend  d'homme  à  homme  en  guerre 
de  tribu  à  tribu.  Chacune  d'elles  a  un  territoire  fort 
restreint,  très  rapproché  par  conséquent  de  celui  des 
tribus  voisines,  et  le  casus  belli  naît  par  suite  avec 
une  grande  facilité.  Qu'un  attentat  soit  commis,  la 
victime  use  immédiatement  de  représailles,  et  si  l'a- 
gresseur ne  s'exécute  pas  aussitôt  qu'il  y  est  invité  en 


—  64  — 

payant  une  indemnité,  qui  est  d'habitude  constituée 
par  un  ou  plusieurs  porcs,  suivant  la  gravité  de 
l'offense,  la  tribu  toute  entière  prend  parti  pour  son 
homme  et  la  guerre  est  déclarée.  Ce  n'est  pas  une 
guerre  ouverte,  en  rase  campagne,  mais  une  série 
d'embuscades,  de  pillages,  d'incendies,  de  dévasta- 
tions, où  la  ruse,  la  trahison,  la  surprise  remplacent 
l'héroïsme,  le  courage  et  l'habileté. 

Jusqu'à  ces  dernières  années  les  armes  des  Néo- 
Hébridais  étaient  celles  qui  ornent  aujourd'hui  bien 
des  panoplies  d'amateur  :  des  sagaies,  des  casse-têtes, 
des  arcs  de  différentes  tailles.  Chacune  des  îles  avait 
sa  spécialité  pour  la  fabrication  de  ces  armes.  Espi- 
ritu-Santo  produisait  les  plus  belles  sagaïes,  Malli- 
colo  les  plus  beaux  arcs  et  les  flèches  empoisonnées 
les  plus  terpbles  ;  Ambrym  et  Pentecôte  livraient  de 
superbes  casse-têtes  ;  mais  si  ces  articles  d'échange 
faisaient  naître  quelques  relations  d'île  à  île,  les 
rapports  ne  devenaient  jamais  amicaux  et  la  moindre 
cause  les  supprimait  brusquement.  Les  Néo-Hébri- 
dais  lancent  les  sagaïes,  sorte  de  javelot,  avec  une 
dextérité  inouïe  ;  ils  se  servent  surtout  du  casse-tête 
par  surprise  et  des  flèches,  empoisonnées  ou  non, 
lorsque  la  distance  est  hors  de  portée  des  sagaïes. 
Ils  empoisonnent  les  flèches  en  les  trempant  dans 
un  cadavre  en  putréfaction  ou  dans  le  suc  d'une 
plante  vénéneuse.  De  nos  jours  ces  peuplades  sont 
presque  toutes  armées  de  fusils  Snider  qui  leur  sont 


—  65  — 

donnés  en  échange  par  les  maisons  de  commerce 
trafiquant  avec  eux. 

Quant  au  climat,  il  diffère  dans  les  différentes 
parties  de  Г  Archipel.  En  moyenne,  l'humidité  est 
très  abondante,  les  pluies  fréquentes,  la  chaleur  très 
élevée  ;  aussi  les  Européens  y  sont-ils  décimés  par  la 
fièvre  et  les  naturels  par  la  phthisie. 

Il  faut  avouer  que  tous  les  explorateurs  sont  una- 
nimes pour  ne  pas  louer  les  qualités  morales  des 
Néo-Hébridais.  L'astuce,  la  jalousie,  la  haine  sont 
les  mobiles  de  la  plupart  de  leurs  actes.  Ils  ne  sont 
soumis  à  aucune  loi  ;  le  droit  coutumier  et  au  besoin 
le  droit  du  plus  fort  règlent  les  contestations. 

Les  chefs  ne  sont  désignés  ni  par  l'hérédité  ni 
par  les  qualités  qui  peuvent  les  distinguer  ;  ils  ne 
doivent  leur  élection  qu'à  leur  fortune  qui  leur  per- 
met de  payer  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de 
porcs  et  de  franchir  ainsi  tous  les  degrés  hiérar- 
chiques pour  arriver  à  la  dignité  suprême. 

Chaque  promotion  donne  lieu  à  une  cérémonie 
assez  piquante.  Tous  les  hommes  de  la  tribu,  armés 
de  pied  en  cap  et  la  figure  peinte,  se  réunissent  sur 
la  plage  du  village,  à  l'endroit  où  sont  les  tambours 
et  où  s'exécutent  les  pilous-pilous.  Là  se  trouve  une 
sorte  de  toiture  en  bambous,  soutenue  par  quelques 
poteaux  et  abritant  de  grandes  figures  grimaçantes 
taillées  dans  des  troncs  de  fougères  et  peintes  des 
couleurs  les  plus  voyantes  et  le  plus  bizarrement 


—  66  — 

disposées.  Derrière  ces  figures  sont  plantés,  très 
denses,  des  bambous  qui  forment  comme  un  clayon- 
nage  serré  et  qui  dépasse  la  toiture  ;  une  échelle 
masquée  donne  accès  sur  la  plate-forme  au-dessus 
des  statues.  Le  chef  qui  concède  le  grade  se  place 
auprès  d'elles,  sous  le  toit  et  le  peuple  reste  en 
dehors,  attendant  le  récipiendaire  qui,  s'il  s'agit  d'un 
grade  inférieur,  se  place  à  côté  du  chef  et  offre  le 
prix  de  sa  dignité  ;  mais  pour  un  grade  supérieur, 
le  récipiendaire  en  armes  et  la  figure  peinte  monte 
par  l'échelle  et  apparaît  soudain  sur  la  plate-forme. 
Il  est  aussitôt  assailli  par  tous  les  projectiles  qui 
tombent  sous  la  main  des  spectateurs  :  bananes, 
mangues,  ignames,  noix  de  coco.  Pour  mettre  un 
terme  à  l'assaut  dont  il  est  l'objet,  il  s'empresse  de 
jeter  à  la  foule,  du  haut  de  l'estrade,  les  porcs  qui 
doivent  servir  au  festin  du  jour  et  qui  mêlent  leurs 
cris  harmonieux  à  ceux  de  la  foule  en  délire  ;  les 
casse-têtes  pleuvent  alors  sur  eux  et  ils  sont  immé- 
diatement livrés  à  la  cuisson. 

Les  grades  ainsi  acquis  sont  surtout  honorifiques  ; 
le  chef  nommé  aura  désormais  sa  case  à  part,  il  ne 
prendra  ses  repas  qu'avec  ses  égaux  ;  après  son 
décès  son  corps  ne  sera  point  enterré,  mais  placé 
sur  une  claie  élevée  dans  sa  case  où  il  se  décom- 
posera à  loisir.  Dans  certaines  îles  les  corps  des 
chefs  sont  conservés  comme  de  véritables  momies 
qui   deviennent  des  fétiches.  Le  privilège  le  plus 


—  67  — 

précieux  du  chef  est  de  prononcer  le  tabou  sur  un 
objet  quelconque  et  de  le  rendre  ainsi  sacré  et  in- 
violable ;  il  apprécie  lui-même  la  violation,  si  elle 
est  commise,  et  elle  doit  être  effacée  par  le  coupable 
qui  doit  payer  au  profit  du  chef  le  nombre  de  porcs 
jugé  nécessaire.  Si  un  chef  cependant  abusait  de 
son  droit  de  tabouer,  il  lui  serait  enlevé  et  sa  dé- 
chéance serait  prononcée  par  la  tribu  entière.  Il 
serait  destitué  pour  abus  de  pouvoir,  dirions-nous 
en  France. 

La  tribu,  ainsi  organisée,  est  formée  d'un  certain 
nombre  de  feux  ou  familles  dont  le  développement 
et  l'existence  nous  offrent  des  particularités  inté- 
ressantes. La  femme  n'est  rien  dans  la  famille  ;  elle 
est  achetée  par  le  mari,  fait  toutes  les  grosses  beso- 
gnes, travaille  la  terre,  prépare  les  aliments  et  ne 
reçoit  que  des  coups  pour  toute  récompense  ;  c'est 
la  bête  de  somme.  Dans  quelques  îles,  notamment 
à  Mallicolo,  on  leur  brise  les  deux  incisives  supé- 
rieures ;  à  Anatom,  elles  doivent  suivre  leur  mari 
dans  la  fosse  et,  le  jour  même  du  mariage,  on  leur 
met  la  corde  au  cou  afin  de  n'avoir  plus  qu'à  la  serrer 
le  jour  des  funérailles.  Ne  serait-ce  pas  de  la  con- 
naissance de  cette  coutume  qu'est  née  chez  nous,  à 
propos  du  mariage,  cette  expression  humoristique  : 
Se  mettre  la  corde  au  cou  ?  Il  faut  avouer  qu'elle 
est  injuste  pour  les  hommes  et  fort  irrévérencieuse 
pour  les  femmes. 


—  68  — 

L'homme  est  seul  propriétaire,  il  vit  dans  l'oisi- 
veté et  ne  porte  que  ses  armes.  Le  père  a  sur 
ses  enfants  un  droit  de  propriété  absolu  qu'il 
conserve  sur  ses  filles  jusqu'à  leur  mariage,  et 
qu'il  perd  sur  ses  fils  quand  ils  sont  susceptibles  de 
se  défendre  eux-mêmes.  Lors  de  la  naissance  d'un 
enfant,  la  famille  s'assemble  et  célèbre  l'arrivée  du 
nouveau-né  par  un  repas  dont  un  porc,  tué  pour  la 
circonstance,  fait  tous  les  frais.  La  circoncision  en 
usage  chez  les  Néo-Hébridais  donne  lieu  à  une  céré- 
monie publique.  Quand  un  certain  nombre  d'enfants 
de  la  tribu  a  atteint  l'âge  de  huit  ans,  les  habitants 
se  réunissent  sur  la  place  publique  autour  d'un  grand 
feu  où  rougissent  des  cailloux  ;  les  enfants  sont 
amenés  devant  le  sorcier  qui,  après  avoir  introduit 
un  morceau  de  bois  entre  le  prépuce  et  le  gland, 
opère  la  circoncision  et  cautérise  la  plaie  avec  un 
caillou  rougi.  Après  la  cérémonie  les  enfants  sont 
reconduits  dans  les  cases  où  ils  restent  enfermés 
pendant  neuf  jours.  Leur  départ  est  le  signal  d'un 
pilou-pilou  effréné  avec  accompagnement  de  tam- 
bours. Un  grand  festin  suit  les  danses  et  la  licence 
la  plus  complète  règne  ensuite  dans  l'assemblée.  Ce 
jour-là  chacun  peut  ravir  la  femme  qui  lui  plaît, 
pourvu  que  le  mari  ne  s'en  aperçoive  pas,  au  moins 
immédiatement  ;  ce  sont  là  de  vraies  saturnales  rap- 
pelant celles  de  l'ancienne  Rome, 

Jusqu'à  l'âge  du  mariage  le  Néo-Hébridais  vit  dans 


—  69  — 

la  famille  du  travail  des  femmes,  et  lorsqu'il  s'est 
procuré  des  armes  il  songe  à  acheter  une  femme. 
L'entente  se  fait  avec  les  parents  de  la  jeune  fille  sur 
le  nombre  de  porcs  à  payer  pour  cet  achat,  et  le 
marché  conclu,  le  mari  amène  sa  compagne.  Mais  il 
semble  que  le  mariage  le  place  dans  un  état  de  su- 
bordination vis-à-vis  de  ses  beaux-parents  ;  il  ne 
peut  ainsi  ni  manger,  ni  s'asseoir,  ni  monter  sur  un 
arbre  devant  eux  et  il  paie  une  amende  s'il  manque 
à  ces  preuves  de  déférence.  Elle  consiste  en  un  objet 
bien  précieux  pour  le  pays,  un  porc  à  dents  recour- 
bées, un  sanglier  sans  doute. 

Le  divorce  est  admis  aux  Nouvelles  Hébrides, 
mais  il  n'est  pas  plus  gratuit  que  le  mariage  et  il 
faut  encore  payer  le  père  pour  qu'il  reprenne  sa  fille. 
La  polygamie  est  aussi  admise  :  il  suffit  d'avoir  de 
la  fortune  pour  acheter  plusieurs  femmes. 

Le  dernier  terme  de  l'existence,  la  mort,  ne  donne 
pas  lieu  à  des  cérémonies  particulières.  Quand  le 
Néo-Hébridais  se  sent  mortellement  atteint,  il  se 
couche  dans  un  coin  de  sa  case  et  y  attend  la  mort 
dans  le  plus  grand  calme.  Les  parents  essaient  bien 
de  le  sauver  par  l'emploi  de  médicaments  que  dis- 
tribue le  sorcier  de  la  tribu,  mais  si  les  ressources 
de  l'art  et  de  la  sorcellerie  sont  impuissantes,  tout 
respect  pour  le  malade  disparaît  aussitôt  qu'il  a  rendu 
le  dernier  soupir  ;  le  cadavre  est  enterré  sans  céré- 
monie, et  quand  le  squelette  est  bien  desséché,  il  est 


—  70  - 

vendu  sans  scrupule  à  l'Européen  en  quête  de  spé-' 
cimens  anthropologiques. 

La  croyance  d'une  vie  future  n'existe  pas  aux 
Nouvelles  Hébrides,  pas  plus  que  l'idée  d'une  puis- 
sance créatrice  ;  aussi  n'y  a-t-il  aucune  religion  et 
n'y  redoute-t-on  que  les  fantômes  malfaisants  qui 
courent  la  nuit  dans  les  bois* 

Cet  esprit  superstitieux  a  donné  naissance  à  la 
légende  du  volcan  d'Ambrym  assez  originale  pour 
mériter  de  vous  être  dite. 

Les  habitants  de  l'île  d'Ambrym,  montés  sur  leurs 
grandes  pirogues,  se  rendaient  dans  l'île  de  Pen- 
tecôte quand  ils  rencontrèrent  des  gens  d'Aoba,  une 
autre  île,  également  en  voyage.  On  fraternisa  et  les 
deux  expéditions  se  joignirent.  Parmi  les  gens 
d'Aoba  se  trouvait  un  jeune  homme  du  nom  de  Таг- 
manou,  auquel  ses  compatriotes  témoignaient  une 
certaine  considération.  Il  plut  au  chef  des  hommes 
d'Ambrym  qui  l'invita  à  venir  chez  lui  en  manifes- 
tant le  désir  de  lui  acheter  son  nom  en  signe  d'amitié. 
Tarmanou  accepta  l'invitation  pour  lui  et  ses  com- 
pagnons et  on  se  sépara  après  mille  protestations. 

Peu  de  temps  après  les  Ambryms  aperçurent  deux 
grandes  pirogues  se  dirigeant  vers  leur  île  :  c'était 
Tarmanou  et  ses  amis  qui  venaient  visiter  Ambrym 
et  qui  apportaient  de  nombreux  porcs  pour  en  ré- 
galer leurs  hôtes.  La  réception  fut  très  cordiale  et 
Tarmanou  vendit,  comme  c'était  convenu,  son  nom 


—  71    — 

au  vieux  chef  d'Ambrym.  La  nuit  approchait,  les 
hommes  des  deux  îles  causaient  joyeusement  quand 
la  bise  de  mer  ayant  un  instant  soulevé  le  pagne  de 
Tarmanou,  le  vieux  chef  s'aperçut  que  son  ami  était 
une  femme.  Il  n'en  dit  rien,  mais  il  lui  offrit  de  par- 
tager sa  case,  ce  que  Tarmanou  accepta  sans  défiance. 
Le  lendemain,  déshonorée,  elle-  s'enfuyait  vers  la 
plage  en  maudissant  le  chef  d'Ambrym.  Les  gens 
d'Aoba,  épouvantés  d'un  tel  forfait,  s'embarquèrent 
à  la  hâte  en  jurant  de  se  venger.  Leur  île  était  pleine 
de  montagnes  qui  vomissaient  du  feu,  tandis  qu'il 
n'y  en  avait  aucune  à  Ambrym.  Ils  déposèrent  une 
nuit  une  de  leurs  montagnes  sur  la  plage  d'Ambrym 
et  s'enfuirent  sans  être  aperçus.  Les  habitants,  irrités 
contre  leur  vieux  chef  qui  leur  avait  valu  ce  funeste 
présent,  le  menacèrent  de  mort  ;  mais  il  leur  promit 
de  les  débarrasser  de  ce  volcan,  et  saisissant  par 
l'oreille  un  superbe  porc,  il  le  montra  au  volcan,  qui, 
entraîné  par  sa  cupidité,  se  mit  en  mouvement  pour 
s'emparer  de  l'animal.  Le  chef  ainsi  suivi  par  la  mon- 
tagne qui  vomissait  du  feu,  marcha  vers  l'intérieur 
de  l'île  ;  mais  partout  où  il  passait  les  habitants  le 
forçaient  à  conduire  ailleurs  son  porc  et  sa  monta- 
gne. Il  trouva  enfin  un  endroit  retiré  et  désert  où 
il  s'arrêta  pour  fixer  le  volcan  en  lui  jetant  en  pâ- 
ture l'objet  de  sa  convoitise. 

La  croyance  dans  cette  légende  indique  un  certain 
degré  de  naïve  simplicité  qui  n'exclut  cependant  pas 


—  72  — 

la  duplicité.  On  a  souvent  parlé  de  la  scélératesse  et 
de  la  férocité  des  Néo-Hébridais  ;  il  est  vrai  qu'ils 
sont  traîtres,  méditant  pendant  des  années,  s'il  le 
faut,  une  vengeance  à  exercer,  empoisonnant  leur 
ennemi  après  l'avoir  comblé  de  protestations  d'a- 
mitié ;  c'est  bien  là  de  la  duplicité,  mais  elle  a  été 
chez  eux  plus  provoquée  que  native,  et  les  durs 
traitements  qu'ils    ont  subis  lors  de  l'occupation 
Anglaise,  qui  fut  la  première,  sans  qu'ils  aient  pu  se* 
défendre  ouvertement  parce  qu'ils  n'étaient  pas  les 
plus  forts,  les  a  conduits  à  user  de  ruse  et  de  tra- 
hison, qui  sont  les  armes  des  faibles.  Dans  les  rela- 
tions entre  les  Mélanésiens  et  les  blancs,  ceux-ci  ont 
été  de  beaucoup  les  plus  faux  et  les  plus  cruels,  dit 
Elisée  Reclus.  Que  de  fois  les  blancs  ont  assailli  les 
villages  pour  en  capturer  les  défenseurs,  les  vendre 
comme  engagés  (euphémisme  qui  veut  dire  esclaves) 
sur  les  plantations  lointaines  !  Que  de  fois  les  blancs 
ont  massacré  de  sang-froid  des  femmes,  des  enfants, 
des  vieillards  et  brûlé  des  récoltes  pour  affamer  ceux 
que  les  balles  n'avaient  pu  atteindre  !  et  alors,  si 
parfois  des  blancs  tombaient  entre  les  mains  des 
Mélanésiens,  quoi  d'étonnant  qu'ils  les  aient  dé- 
vorés !  Lorsque  des  missionnaires  ou  des  commer- 
çants ont  traité  les  indigènes  avec  justice  et  bien- 
veillance, ils  ne  se  sont  jamais  montrés  scélérats 
et  féroces  envers  eux. 


—  73  — 

J'ai  certainement  abusé  de  vos  instants,  Messieurs, 
en  insistant  comme  je  l'ai  fait  sur  les  mœurs,  les 
coutumes  et  le  caractère  d'un  peuple  que  nous 
sommes  appelés  à  coloniser.  Mais  en  présence  du 
système  Anglais,  qui  consiste  à  supprimer  les  au- 
tochtones ,  et  du  nôtre  qui  se  les  assimile ,  nous 
avons  le  droit  de  nous  demander  si  nous  ne  faisons 
pas  fausse  route  à  regard  de  gens  qui  sont  canni- 
bales, féroces,  traîtres  et  scélérats ,  ainsi  qu'on  Га 
dit,  en  cherchant  à  leur  infuser  nos  mœurs,  nos 
coutumes  et  notre  caractère,  ou  s'il  ne  vaudrait  pas 
mieux  les  rayer  à  tout  jamais  du  nombre  des  hu- 
mains. 

Tels  que  nous  les  connaissons,  les  Néo-Hébridais 
sont  la  fidèle  image  de  tous  les  peuples  à  leur  début, 
et  il  ne  faudrait  pas  jurer  que  nous  n'ayions  été  un 
peu  cannibales  dans  nos  premiers  âges.  A  côté  d'ins- 
tincts qui  sont  ceux  de  l'animal  et  qui  se  montrent 
chez  les  enfants  dans  les  nations  les  plus  civilisées, 
on  en  retrouve  d'autres  tels  que  la  vanité,  la  co- 
quetterie, l'amour  dfe  la  parure,  la  cupidité  que  les 
peuples  civilisés  possèdent  encore. 

L'organisation  civile  et  celle  de  la  famille  pro- 
cèdent des  mêmes  idées  et  la  superstition  est  de  tous 
les  pays  et  de  tous  les  temps.  Seules  les  qualités  in- 
tellectuelles diffèrent.  Elles  sont  plus  ou  moins  dé- 
veloppées suivant  les  races,  et  le  degré  de  civili- 
sation  ne  saurait  jamais  modifier  les  aptitudes  in- 


—  74  - 

tellectuelles  que  vaut  à  chaque  homme  comme  à 
chaque  peuple  sa  conformation  cérébrale.  N'espé- 
rons donc  pas  voir  surgir  un  jour  des  hommes 
de  génie  parmi  les  Néo-Hébridais  et  demandons- 
leur  seulement  d'être  d'honnêtes  travailleurs.  Déjà, 
depuis  une  vingtaine  d'années,  les  Nouvelles  Hé- 
brides sont  occupées  commercialement  par  des 
Français  venus  de  la  Nouvelle-Calédonie  qui  ont 
fondé  une  compagnie  pour  l'exploitation  du  coprah, 
du  maïs,  du  café,  du  tabac.  Cette  compagnie  prend 
chaque  jour  une  extension  plus  grande  et  elle  em- 
ploie de  nombreux  indigènes  qui  ne  sont  plus  les 
sauvages  qu'ils  étaient.  Soyons  assurés  qu'instruits 
par  nos  zélés  Missionnaires,  débarrassés  des  craintes 
que  leur  inspiraient  à  si  juste  titre  les  blancs,  ils 
se  façonneront  à  nos  mœurs  et  ils  deviendront  de 
puissants  auxiliaires  de  notre  expansion  coloniale. 
Nous  aurons  ainsi  une  fois  de  plus  l'honneur  de 
prouver  qu'il  est  plus  humain  de  s'assimiler  les  peu- 
ples conquis  que  de  les  détruire. 


THÉORÈMES 


SUR  LA  SÉRIE  DES  NOMBRES  IMPAIRS 

CONSIDÉRÉE  COMME  GÉNÉRATRICE  DES  CARRÉS 

Par  le  Ticomte  DE  SELLE. 


Soient  deux  droites  rectangu- 
laires A  С  et  В  С  se  coupant  en 
С  Soit  une  transversale  A  В 
rencontrant  les  deux  premières 
droites  en  A  et  en  B.  Pour  une 
situation  donnée  de  la  transver- 
sale A  В  les  trois  longueurs  A  B, 
AC,C  В  sont  commensurables. 
Supposons  que  la  situation 
cherchée  de  la  transversale  A  В 
soit  celle  qu'exprime  la  figure 
et  soit  t  l'angle  ABC.  On  peut  toujours  admettre 
qu'entre  les  trois  longueurs  A  В ,  A  С  ,  В  С ,  il  en 
est  deux ,  A  В  et  С  В  par  exemple ,  qui  sont  com- 
mensurables. 

Faisons  A  В  =  p.  С  В  =  q. 

On  aura  A  С  =  J/pi__q  a .  Cos  i  =  fL  : 

c.     .       l/p*--q» 
Sin  t  = 

soit  p  =q  -f-  x.  En  élevant  au  carré  on  obtient  : 

p*  =  qf~t"  2  q  x  +x* 


a 


q*  =  2qx  +  xa=qx  +  qx  +  xs 


-    76  — 

On  reconnaît  la  forme  du  développement  d'un 

carré,  dont  la  racine  a  été  elle-même  ramenée  à  la 

forme  (2  m  +  m). 

(2т  +  т)*  =  4тя+4П1*  +  п1* 

A  cette  expression  il  faut  identifier 

qx  +  qx  +  x* 

On  doit  donc  avoir  à  la  fois  :  x  =  m*et  xf=mJ; 
d'où  il  suit  :  x=  i  et  Ton  obtient  p  —  q-f-  i;  d'au- 
tre part  q  =  4  ;  d'où  p  =  5 ,  et  l'on  a  Cos  f  =  f  ; 

Sin  t  =     -«-— 


s  5 

0    p.  Â  ? 


*'  =  36°,  54 

Telle  est  la  position  assignée  à  la  transversale  AB. 
Supposons  la  longueur  В  С  partagée  en  quatre  par- 
ties égales  et  prenons  LE  pour  unité  :  cette  unité 

sera  contenue  exactement  trois  fois  dans  A  С  et  cinq 
fois  dans  A  B. 


Slni 3RC=r^BC 

C08l  T" 

ВС        ВС         , ВС 


En  effet  A  С  =  В  С  s,ni  =  ±B  C  =  3  L? 

C08l  4  ^      4 


A  В  =    JL B  c s  — 

Cosl  4  ^     4 

"T 

Le  triangle-rectangle  ABC  donne  4  *  +  3  *—  5* 
Mais  si  cette  équation  est  satisfaite,  l'équation 

(4e  +  3  *)  n9  =  5 2  n*  l'est  aussi,  quelque  soit  n.  Or 

cette  dernière  peut  être  écrite  : 

(4п)9+(з  n)'  =  (5n)' 

Considérons  la  progression  arithmétique  dont  le 
premier  terme  est  1  et  la  raison  2.  Cette  série  est 
celle  des  nombres  impairs 

i,  3,  5>  7>  9 (a  n—  1) 

Le  terme  qui  occupe  le  rang  n  a  pour  valeur 
2  n  —  1. 


—    i  /    — 

La  somme  des  n  premiers  termes  est  le  carré  de  n- 

En  effet,  cette  somme  est  :  2  n —  1  4-  1  , 

n  =n  .. 

Si  dans  cette  série  on  demande  quel  est  le  dernier 
terme  de  la  somme  dont  la  valeur  est  n  *,  on  devra 
prendre  la  racine  carrée  de  n  *,  doubler  cette  racine 
et  retrancher  l'unité. 

Si  Ton  demande  quel  est  le  carré  exprimé  par  la 
série  dont  le  dernier  terme  est  2  n  —  1 ,  on  devra 
ajouter  l'unité  à  ce  dernier  terme,  diviser  par  2.  et 
élever  cette  moitié  au  carré. 

Théorème  I. 

Si  Ton  tient  compte  de  ces  observations,  on  peut 
écrire  les  trois  identités  qui  suivent  : 

(5  n)  »=H  +  3  +  5  +  ....  -f  (6  n— t)  +  (6  n  +  \)  +  ..... 
....  +  8  (n— \)  -f  8 (n  +  *)  + +  (10  n— \) 

(in)  «=*  -f  3  +  5  +  ...  +  (6n-  1)  +  (6n+4)+.... 

....  +  (8n— 1) 

(3n)*   =\  +3  +  5+  ....  +  (6d— \) 

Mais  nous  avons  démontré  que  l'équation 

(5n)  *=(4n)  «  — (3  n)  « 
est  toujours  satisfaite  quelque  soit  n. 

On  a  donc  : 

(4  n)  *  =  (5  n)  *  —  (3  n)  *  =  (6  n  +  1)+  (6  n  +  3)  + 

+  (8n  —  1)+(8n  +  4)  + _|_40n  —  \) 

Et  aussi 

(3  n)  *  =  (5  n)  »  —  (4  n)  *  =  (8  n  +  1)  +  8  n  +  3)  + .... 

+  ....+ (40  n—1) 

La  série  (6  n+  i)  +  (6  п  +  з  +  ...  +  (8п  — 1)+.~ 

+(10  n — 1)  comprend  2  n  nombres;  carie 

premier  terme  (6  n  +  1)  est  de  rang  (3  n  +  1)  et  le 
dernier  terme  (ion  —  1)  est  de  rang  5  n. 


1 


-  78  - 

La  série  (8  n-f  i)  +  (8  п  +  з)  +  ....  +(io  n —  i) 
comprend  n  nombres,  car  le  premier  terme  est  de 
rang  (4  n+i)  et  le  dernier  terme  (ion —  i)  est  de 
rang  5  n. 

Il  suit  de  ces  observations  : 

i°  Que  les  carrés  de  tous  les  multiples  de  4;  soient  : 
4  n,  peuvent  être  exprimés  par  des  sommes  de  2  n 
nombres  impairs  consécutifs,  dont  le  premier 
(6  n-f  1)  diffère  de  l'unité. 

20  Que  les  carrés  de  tous  les  multiples  de  3  ;  soient  : 
3  n,  peuvent  être  exprimés  par  des  sommes  de  n 
nombres  impairs  consécutifs,  dont  le  premier 
<8n+i)  diffère  de  l'unité. 

Je  n'ai  pas  trouvé  mention  de  cette  observation 
dans  les  ouvrages  qui  traitent  des  nombres  carrés. 
Il  a  toujours  été  enseigné  que  la  série  naturelle  des 
nombres  impairs  commençant  par  1  donne  par  addi- 
tion successives  tous  les  carrés  ;  mais  je  n'ai  vu  nulle 
part  qu'il  ait  été  remarqué  que  dans  cette  série  on 
rencontre  périodiquement  des  groupes  de  deux, 

trois,  quatre nombres  successifs,  dont  le  premier 

diffère  de  l'unité  et  dont  les  sommes  donnent  néan- 
moins des  carrés.  Ces  zones  numériques  privilégiées 
sont  exclusivement  réservées  à  former  les  carrés 
des  multiples  de  3  et  de  4. 

Exemples  :  i°  Carré  de  4  X  3  : 

Calculer  la  valeur  de  la  somme  des  six  nombres 
impairs  consécutifs  dont  le  premier  est  (6X3  +  1) 

4  9  _|_  29 

J9  +  2J +23  +  25  +  27  +  29=—-^-  X  6  = 

(19  +  29)  X  3  =  48X3  =  144 
(4X3)*  =  12*=144. 

2°  Carré  de  (3  x  4)  '• 

Calculer  la  valeur  de  la  somme  des  quatre  nombres 


—  79  — 
impairs  consécutifs,  dont  le  premier  est  (8  X  4  +  i) 
33+35+374.39=— ti?X4=(33+39)X2=72X«=U4 

Théorème  IL 

Tout  carré  pair  peut  être  exprimé  par  la  somme 
de  deux  nombres  impairs  consécutifs. 

Un  nombre  pair  est  de  la  forme  2  n.  Le  carré  de 
2  n  est  4  n*;  c'est  un  nombre  pair  si  on  divise  par  2, 
la  moitié  :  2  n  *  est  encore  pair.  Or,  dans  la  série  na- 
turelle des  nombres,  tout  nombre  pair  est  précédé 
par  un  nombre  impair  et  suivi  par  un  autre  nombre 
impair.  Le  nombre  impair  qui  précède  2  n  *  est 
(2  n* —  1)  ;  le  nombre  impair  qui  suit  2  n*est 
(2  n*+  1).  La  somme  de  ces  deux  nombres  impairs 
est  4  n*  :  carré  de  2  n. 

Théorème  III. 

Dans  la  série  des  nombres  impairs,  arrêtons-nous 

arbitrairement  au  terme  de  rang  n,  sa  valeur  est 

2  n  —  1 .  Prenons  h  termes  à  sa  suite  :  le  premier 

vaut  (2  n  +  1),  le  second  (2  n  +  3),  le  dernier  est 

de  rang  (n-f-h)  et  vaut  par  conséquent  2  (n-fh)-  1. 

Je  fais  la  somme  de  cette  série,  cette  somme  est 
2n  +  <+*(n  +  h)-<xh=(2n  +  h)hi 

soit  2  n  h  +  h  *•  J'appelle  A  cette  somme  et  je  pose 
A  =  2nh  +  ha.  Revenons  au  terme  (2  n  —  1)  qui 
est  de  rang  n  et  faisons  la  somme  de  (2  n  —  1)  et 
des  (h  —  1  )  impairs  qui  le  précèdent,  de  manière  à 
avoir  de  nouveau  une  somme  de  h  termes.  Ces  ter- 
mes sont  :  le  premier  (2  n —  1),  le  second  (2  n  —  3), 
le  dernier  2  (n  —  h)  +  1 . 


—  80  — 
la  somme  est  donc  :  2  n  +  2  n—  2  h 


Xh;  soit  2  n  h— h* 


я 

et  je  pose  B  =  2  n  h — h* 

A-B  =  2nh4-h»~(2nh-h>)  =  2h«; 
d'où  le  théorème  dont  suit  renoncé. 

Si  dans  la  suite  des  nombres  impairs  on  trace 
arbitrairement  une  barre  divisoire  entre  deux  ter- 
mes consécutifs  et  que  de  part  et  d'autre  de  cette 
barre  divisoire  on  prenne  2  h  termes  :  h  à  droite,  h 
à  gauche,  la  différence  entre  la  somme  des  h  termes 
à  droite  de  la  barre  et  la  somme  des  h  termes  pris  à 
gauche  est  de  2  hV 

Exemple  :135719ц  13I151719I212? 
tirons  le  trait  séparatif  entre  1 3  et  1 5  et  prenons  trois 
termes  à  droite  et  trois  termes  à  gauche,  la  diffé- 
rence entre  les  sommes  doit  être  2  X3a=2  y  9  =  18. 

On  a  effet  :  15+17  +  19  =  51 

9+11+13  =  33 


Différence    18 

Mais  nous  n'avons  fait  aucune  hypothèse  sur  la 
valeur  de  h  qui  peut  varier  de  un  à  l'infini.  Traçons 
donc  arbitrairement  encore  une  barre  divisoire  entre 
deux  termes  quelconques  et  convenons  de  prendre 
à  sa  gauche  tous  les  termes  qui  précèdent  jusqu'à  1 . 
La  somme  de  ces  termes  est  un  carré  n  *.  Partageons 
maintenant  la  série  en  tranches  comprenant  autant 
de  termes  que  la  première.  Il  suit  de  notre  théorème 
que  la  seconde  tranche  vaut  3  n a,  puisqu'elle  excède 
de  2  n  *  la  précédente  qui  vaut  n  f;  la  troisième  tran- 
che vaudra  3  n*+2  n*,  soit  5  ns La  n*  tranche 

vaudra  (2  n —  1)  n*. 

Du  théorème  général  découle  dès  lors  un  corol- 
laire très  remarquable  que  l'on  formule  en  disant 


—  81   — 


que  tous  les  multiples  impairs  d'un  carré  quelconque 
n*,  pair  ou  impair,  sont  exprimables  par  des  sommes 
de  nombres  impairs  consécutifs,  dont  le  premier 
diffère  de  l'unité.  Toutes  ces  sommes  ont  un  nom- 
bre constant  de  termes  :  n. 

Si  l'on  pratique  dans  la  série  des  coupes  de  deux 
en  deux  termes  et  que  Ton  s'arrête  successivement 
au  second  terme  à  droite  de  chaque  tranche,  on 
obtient  tous  les  carrés  pairs. 


*     ,     2 

3 

4 

1,3  Г  5,7 

9,11 

~13~15 

n 


(4n  —  3)  (4n  —  1) 


La  ire  tranche  vaut 
La  2e  » 

La  y  •         » 


4 
3X4 
5X  4 


La  n' 


(an— 1)4 


Tout  carré  pair  a  donc  sa  représentation  dans  le 
schéma  qui  suit  : 

4 carré  de  2 

+ 

4  +  4  +  4 »    de  4 

T+  4  +  4  +  4  +  4 »    de  6 

+ 

4  +  4  +  4  +  4  +  4  +  4  +  4 »    de  8 

Dans  (2П)1  il  entre  (i  +  3+5  +...+  [2  n-i])  fois  4. 
Dans  la  série  des  nombres  impairs  isolons  l'unité 
et  pratiquons  des  coupes  comprenant  deux  termes. 


1 


1 

3,5 

2 
"7,9 

3 

4 

41,13 

15,17 

n 


(4n-1)(4n+1)l 


Appliquons  le  théorème  fondamental.  La  différence 
entre  une  tranche  et  celle  qui  la  précède  immédia- 

6 


—  82  — 

tement  est  2  h  *,  h  étant  le  nombre  de  termes  qui 
entre  dans  chacune  des  tranches.  Donnons  à  chaque 
tranche  le  numéro  d'ordre  qui  lui  appartient.  La 
première  tranche  vaut  8,  la  seconde  8+2X2*=8+8, 
la  troisième  tranche  8  +  8  +  2X2 *=8  +  8  +  8. ...  Si 
on  ajoute  successivement  toutes  ces  sommes  entre 
elles  et  à  l'unité,  on  obtient  la  série  des  carrés  im- 
pairs. Tout  carré  impair  a  donc  sa  représentation 
dans  le  schéma  qui  suit  : 

4 carré  de  4 


t 


»    de  3 

8  +  8 »    de  5 

+ 

8  +  8  +  8 »    de  7 

Dans  le  carré  (2  n  +  1  )  *  il  entre  donc 
(i+2_|_3+....+ri)  fois  8,  soit  (2+4+6+8+.... +2  n)  fois  4 

Théorème  IV. 

Considérons  les  carrés  impairs  qui  suivent  : 

4+3-1-5 carré  de  3 

1+34.5  +  7  +  9 »    de  5 

4  4-3+.5+-7Hh9+-4l  +-43 »    de7 

Il  convient  de  remarquer  que  le  nombre  impair 
qui  occupe  le  milieu  de  chacune  de  ces  sommes  est 
précisément  la  racine  du  carré  exprimé  par  cette 
somme.  On  en  voit  aisément  la  raison.  Dans  toute 
progression  arithmétique,  si  on  prend  un  nombre 
impair  de  termes,  celui  qui  occupe  le  milieu  est  la 
moyenne  de  tous  les  autres.  Or,  dans  notre  pre- 
mière expression  il  y  a  trois  termes  et  3  est  celui 
du  milieu,  la  somme  vaut  donc  3  X  3  =  9-  Dans  la 
seconde  expression  с  est  le  nombre  5  qui  succède 


—  83  — 

immédiatement  à  3  qui  sera  le  terme  médian,  et 
l'expression  ayant  deux  termes  de  plus  que  la  pré- 
cédente, en  aura  5  ;  la  somme  est  donc  5X5  =  25. 
La  règle  est  donc  générale. 

Considérons  les  carrés  pairs  qui  suivent  : 

1  -f-  3 carré  de  2 

4+3  +  5  +  7 »    de  4 

i+3  +  5  +  7  +  9  +  И »    de  6 


On  remarquera  que  dans  chacune  de  ces  sommes 
le  nombre  pair  déficient,  que  Ton  peut  supposer  in- 
tercalé en  son  milieu  est  la  racine  du  carré  exprimé, 
par  la  somme.  On  peut  se  demander  si  la  règle  est 
générale.  Soit  n*  un  carré  pair. 

u*=\  +3+  5  +....+  2(n  —  \) 

Puisque  n  est  pair,  on  peut  poser  n=  2  h.  Si  on 
suppose  la  série  n*  coupée  en  son  milieu  par  une 
barre  divisoire,  le  nombre  impair  le  plus  voisin 
de  la  barre  et  à  sa  gauche  est  de  rang  h  et  vaut 
(2  h — 1).  Le  nombre  pair  déficient  qui  serait  ren- 
contré par  la  barre  divisoire  s'il  était  intercalé  est 
donc  2  h.  Or  2  h=n,  racine  de  n1. 

Théorème  V. 

Considérons  de  nouveau  la  série  des  nombres 
impairs  et  pratiquons  dans  cette  série  des  coupes,  en 
observant  les  règles  suivantes  : 

La  tranche  n°  1  a  un  chiffre  ;  la  tranche  ne  2  a 
deux  chiffres ;  la  tranche  n°  n  à  n  chiffres. 


с 

91 

+ 


00 

+ 

т 

с 


+ 

т 

а 
Kg 


ао 


о» 

О* 

ее 
о* 


О) 

00 


00 

о» 

в* 

а© 

•• 

00 

-h 

—  84  — 

* 

Il  résulte  des  remarques  antérieures  que 
dans  ce  mode  de  partage  de  la  série  des 
nombres  impairs  : 

i°  Le  carré  du  nombre  qui  exprime  le 
numéro  d'ordre  d'une  tranche  est  ou  bien 
le  nombre  impair  qui  occupe  le  milieu  de 
la  tranche,  si  elle  admet  un  nombre  impair 
de  termes,  ou  le  nombre  pair  déficient  que 
Ton  peut  supposer  intercallé  au  milieu  de  la 
tranche,  si  elle  admet  un  nombre  pair  de 
termes,  de  telle  sorte  que  ce  nombre  pair  ou 
impair  est  la  moyenne  des  termes  dont  la 
tranche  est  formée  ; 

2°  Qu'il  y  a  autant  de  termes  dans  la  tran- 
che que  d'unités  dans  le  nombre  qui  exprime 
son  numéro  d'ordre. 

La  \'m  tranche  vaut  donc  ..     <*X*=*=*3 
La  2e       »  •  .  .    2aX2=  8  =  2S 

La  3e       »  »  .  .    3«X3=27  =  3* 

La  n*       »  »  .  .    n*Xn=  n 3 

Ce  qui  revient  à  dire  que  la  valeur  de 
chaque  tranche  est  le  cube  du  nombre  qui 
exprime  son  numéro  d'ordre. 

Théorème  VI. 

Nous  avons  démontré  que  tout  carré  pair 
est  de  la  forme  : 

2*    4*    6*    8«  (2  n)* 

[1+3  +  5  +  7  + +  2  n  —  1]4 

4       4      9      46  n» 


—  85  — 

Que  tout  carré  impair  est  de  la  forme  : 

3»    5»    7»    9*  (2n+<)« 

4+  [2 +  4 +  6  +  8+ +  2  n]  4 

2      6    12    20  n  (n+4) 

Ces  tableaux  montrent  que  tout  carré  pair  est  un 
multiple  de  4,  et  que  tout  carré  impair  diminué  de 
i  est  à  la  fois  un  multiple  de  4  et  de  8. 


DE  Sllïï- 


Pir  M.    A.   db  FOHTEHT 


Prenant  exemple  du  charmant  conteur  d'un 
voyage  autour  de  sa  chambre,  je  voudrais  vous 
intéresser  —  puissé-je  y  réussir  —  en  vous  faisant 
voyager  avec  moi  autour  d'une  localité  voisine  de 
nous  :  le  petit  village  de  Saint-Canadet. 

Ce  lieu  comprenant  une  quarantaine  de  feux, 
section  paroissiale  de  la  commune  du  Puy-Sainte- 
Réparade,  est  situé  au  pied  de  l'un  des  versants  de 
la  Trévaresse,  colline  dont  la  chaîne  s'étend,  du  sud 
au  nord,  depuis  Venelles  jusqu'à  Rognes,  passant 
sur  les  laves  éparses  de  l'ancien  volcan  de  Beaulieu. 

Des  terrasses  de  ce  village,  faisant  face  vers  le 
nord  à  la  ville  de  Pertuis  et  au  long  cours  de  la 
Durance  coulant  de  l'est  à  l'ouest,  on  jouit  d'un  des 
plus  beaux  points  de  vue  de  la  Provence. 


—  88  — 

Parcourir  son  étendue  ne  vous  donnera  aucune 
fatigue,  si  je  sais,  conducteur  de  la  marche,  vous  en 
montrer  les  pittoresques  détails. 

Dans  cette  promenade  on  peut  voir,  avec  la  ville 
de  Pertuis,  plusieurs  villages  dont  quelques-uns, 
par  le  nombre  des  habitations  et  de  la  population, 
par  l'importance  des  marchés  qui  s'y  tiennent,  peu- 
vent, hardiment,  prétendre  au  nom  de  bourg  plutôt 
qu'à  l'appellation  de  village. 

Contempler  le  vaste  horizon  qui  les  renferme  est 
l'attrait  du  voyage  que  je  vais  faire  avec  vous,  si 
vous  voulez  bien  suivre  avec  une  bienveillante  in- 
dulgence votre  nonagénaire  cicérone. Mais  les  limites 
du  temps  qui  nous  est  donné  pour  l'accomplir  nous 
obligeront  à  passer,  sans  nous  y  arrêter,  devant  les 
stations  d'un  intérêt  secondaire  et  à  les  parcourir 
seulement  de  visu  ;  course ,  alors ,  rapide  autant 
qu'en  vélocipède,  mais  moins  fatigante,  je  l'espère. 

Sur  notre  droite  voici,  d'abord,  Meyrargues  dont 
le  château  perché  au  haut  d'un  mamelon  que  les 
maisons  de  la  bourgade  entourent  à  sa  base,  appa- 
raît, de  tous  côtés,  comme  une  sentinelle  placée  à 
la  garde  de  la  grande  plaine  qui  se  développe  à  ses 
pieds. 

Peyrolles  surgissant  au  milieu  des  riantes  prairies 
qu'arrose  la  Durance. 

Passant  sur  le  premier  pont  suspendu  qui  fut 
construit  en  Provence  par  les  frères  Seguin,  nous 


—  89  - 

voici  en  face  de  Pertuis,  ville  florissante,  centre 
d'une  des  plus  belles  exploitations  agricoles. 

Non  loin  de  ses  boulevards  Villelaure,  Cadenet 
et  Lauris  décorant  par  leurs  blanches  constructions 
et  par  leurs  élégantes  villas  les  croupes  ombreuses 
du  Luberon  sur  lesquelles  leur  aspect  se  projette. 

Retournant  de  l'ouest  vers  Test  sur  la  rive  gauche 
de  la  Durance  :  Char  levai  et  la  Roque-d Ant  héron, 
puis  la  célèbre  abbaye  de  Sylvacanne  devenue  châ- 
teau de  plaisance,  conservant  néanmoins  de  beaux 
restes  de  ses  anciennes  décorations  architecturales 
et  son  grand  cachot  souterrain  très  intact,  avec  ses 
poteaux,  ses  gros  anneaux  en  fer  scellés  contre  des 
murs  suintants  et  ses  lourdes  chaînes  ;  sombres  et 
humides  oubliettes  où  croupissaient  les  brigands 
pourchassés  par  la  corporation  militaire  des  Frères 
pontifes. 

A  quelques  kilomètres  plus  loin,  les  ruines  du 
séjour  de  cette  association  qui  transporta  son  quar- 
tier général  sur  les  terrains  de  Bonpart,  à  l'ouest  de 
la  ville  dJAix,  en  un  passage  alors  réputé  très  dan- 
gereux nommé  Malepart,  parce  qu'il  était  souvent 
exploité  par  les  voleurs  et  les  assassins  et  qui  dès 
lors  changea  de  nom  sous  la  protection  de  ces  reli- 
gieux déposant,  à  l'occasion,  le  froc  de  constructeurs 
de  ponts  pour  endosser  la  tunique  du  gendarme. 

Sur  notre  route  nous  rencontrons  la  belle  œuvre 
de  M.  l'ingénieur  Pascalis,  le  grand  bassin  d'épu- 


-  90  — 

ration  des  eaux  du  canal  de  Marseille  à  Saint- Cris- 
tophe,  et  l'élégant  essai,  de  même  nature,  fait  à  Pon- 
cer eau,  aujourd'hui  abandonné  pour  cause  de  capa- 
cité insuffisante. 

Nous  passons  devant  Saint- Eslève-de-Janson  et 
nous  traversons  le  village  du  l'uy -Sainte- Réparade 
bâti  en  plaine  après  la  destruction  de  la  ville  du 
même  nom  qui  couronnait  sur  un  plateau  de  rochers 
le  pic  au  pied  duquel  s'étend  aujourd'hui  la  nou- 
velle localité  ;  c'est  par  antiphrase  que  celle-ci  con- 
serve le  vocable  de  l*uy. 

Reportant  nos  regards  vers  le  levant,  dans  un 
lointain  accidenté  par  des  coteaux  boisés,  nous 
voyons  la  Bastidonne  et  non  loin  d'elle  La  Tour- 
d'Aiguës  remarquable  par  les  grandes  ruines  du 
château  du  duc  de  Lesdiguière. 

Du  milieu  des  restes  de  cette  princière  habitation 
s'élève  une  tour  carrée  de  construction  romaine, 
jadis  incendiée  et  dont,  au  travers  d'une  large  brè- 
che, on  voit  encore  de  très  loin  l'intérieur  avec  ses 
murailles  noircies. 

En  arrière  de  La  Tour-d'Aigues  et  par  une  dé- 
pression de  la  crête  du  Luberon,  apparaissent  le 
clocher  et  les  toitures  de  deux  villages  célèbres  : 
Saint-Martin  et  Cabrières. 

De  ce  côté  nous  voyons,  surpassant  les  derniers 
contreforts  des  Basses- Alpes,  la  longue  échine  du 


—  91   — 

Cheval-Blanc,  montagne  couverte,  une  grande  partie 
de  Tannée,  d'un  grand  linceul  blanc. 

A  l'entrée  de  cette  échappée  de  vue  apparaissent 
les  gigantesques  rochers  du  défilé  de  Mirabeau, 
masquant  pour  nous  le  village  dont  le  nom  rappelle 
le  célèbre  tribun,  le  puissant  orateur. 

Au  pied  de  ces  rochers,  lieu  unique  pour  une 
belle  prise  de  Геаи  de  la  Durance,  nous  voyons  les 
travaux  inachevés  que  le  savant  ingénieur  Floquet 
entreprit,  au  commencement  du  siècle  qui  va  finir, 
pour  la  création  d'un  grand  canal  qui  devait  arroser 
presque  toute  la  Provence,  projet  grandiose  et  na- 
tional dont  l'exécution  s'évanouit  dans  la  tourmente 
révolutionnaire  et  qu'une  œuvre  très  remarquable 
surtout  par  son  caractère  monumental,  mais  d'une 
utilité  absolument  restreinte,  a,  sic  voluere  fa  ta, 
à  jamais  remplacé. 

Faut-il  croire,  au  dire  de  quelques  géologues  : 
que  les  rochers  du  défilé  de  Mirabeau,  au  temps  qui 
ont  précédé  le  déluge  universel,  unis  en  une  seule 
et  même  masse,  opposaient  un  barrage  aux  eaux  de 
la  Durance  ainsi  qu'à  toutes  celles  qui  s'écoulent  en 
amont  des  derniers  contreforts  des  Alpes  et  for- 
maient ainsi  un  grand  lac,  une  mer  dont  le  fond, 
aujourd'hui  mis  à  nu,  présente  un  amas  de  cailloux 
roulés  qui  attestent,  disent-ils,  la  préexistence  de  ce 
grand  lac  ?  Le  vide  que  laissent  entr'elles  les  deux 
grandes  masses  de  rochers  au  passage  de  la  Durance 


—  92  — 

paraît  cependant  suffisant  pour  mettre  en  doute  leur 
ancien  raccordement.  Mais,  si  par  un  effort  d'ima- 
gination, on  rétablit  et  qu'on  contemple  la  cascade 
qui  déverserait  le  trop  plein  du  lac  d'une  hauteur 
de  plus  de  trente  mètres,  on  a  la  sensation  d'un 
phénomène  rivalisant  au  moins  à  celui  des  chûtes 
du  Niagara. 

Traversant  avec  impétuosité  les  assises  resserrées 
de  ces  grandes  et  hautes  murailles  naturelles,  la 
Durance.  reprenant  son  cours  de  traîne  effiloquée 
et  sa  marche  vagabonde  sur  la  plaine  qui  s'étend 
devant  elle,  divise,  féconde  et  dévaste  en  même 
temps  les  terrains  qu'elle  traverse,  donnant  aux  uns 
les  détritus  fertilisants  qu'elle  charrie,  creusant  les 
antres  ou  bien  les  comblant  de  sable,  de  graviers  et 
de  cailloux. 

Cette  grande  étendue  de  pays  a  pour  enceinte,  au 
nord,  la  bleuâtre  chaîne  du  Luberon  ;  à  l'est,  les 
collines  de  Manosque  et  de  Valensole,  dominées  par 
les  cimes  neigeuses  des  montagnes  de  Lure  et  du 
Cheval- Blanc:  puis,  avancé  vers  le  sud,  le  pic  de 
Concors  aux  pieds  duquel  s'étend  le  gros  bourg  de 
Jouques. 

Le  mont  Sainte  Victoire  et  la  Trévaresse  sont, 
au  sud,  les  dernières  bornes  du  vaste  horizon  que 
nous  venons  de  parcourir. 

C'est  sur  le  grand  champ  qu'il  circonscrit  et  qui 
se  prête  si  bien  à  la  stratégie  que  furent  exécutées, 


—  93  - 

en  1876,  les  grandes  manœuvres,  commandées  par 
le  général  Espivent,  repoussant  l'envahissement 
simulé,  peut-être  prévu,  des  troupes  italiennes. 

De  cette  excursion  dans  rétendue  du  panorama 
déroulé  devant  nous,  revenons  auprès  du  hameau 
de  Saint-Canadet. 

Pourquoi  ce  nom  qu'on  cherche  vainement  dans 
le  martyrologe  ? 

Un  groupe  de  maisons  était  anciennement  bâti 
autour  d'une  chapelle  érigée  sous  le  vocable  de 
Saint-Pierre-es-Liens  et  soumise,  ainsi  que  l'église 
du  Puy-Sainte-Réparade,  à  la  juridiction  du  chapitre 
de  Saint-Sauveur. 

.  Vers  le  milieu  du  XVe  siècle  la  chapelle  fut  dé- 
vastée pendant  les  guerres  de  religion. 

Chassés  de  leur  demeure,  les  habitants  de  ce  lieu, 
dépourvu  de  source  d'eau,  se  transportèrent  en  un 
site  plus  favorable  ;  un  nouvel  hameau  fut  construit 
ainsi  qu'une  nouvelle  église,  à  laquelle  on  donna  le 
même  vocable  :  Saint-Pierre-es-Liens  :  Sanctus 
Petrus  ex  catenœ  :  ce  dernier  mot  signifiant  lien, 
chaîne,  en  provençal  Cadeno  on  en  a  fait  Cadanet 
puis  Canadet,  que,  par  euphémie,  on  a  sanctifié. 

Les  diverses  peuplades  qui,  dans  les  temps  an- 
ciens, ont  successivement  foulé  le  soi  de  notre  con- 
trée, ont  laissé,  comme  presque  partout  ailleurs,  de 
nombreuses  traces,  des  témoins,  de  leur  passagère 
existence,  de  leurs  usages  et  de  leurs  agitations. 


—  94  — 

On  a  trouvé  épars  dans  les  terres  cultivées,  mais 
surtout  autour  des  habitations,  des  ossements  hu- 
mains, des  squelettes  entiers  dépourvus  de  cercueils 
et  parmi  eux  plusieurs  sujets  d'une  stature  dépas- 
sant deux  mètres. 

Dans  des  tombeaux  on  a  recueilli  des  armes  de 
guerre,  le  plus  souvent  en  forme  de  poignard  à  large 
lame  avec  la  poignée  croisée  ;  des  boucles  en  fer  et 
en  bronze,  des  éperons,  des  mors  de  cheval,  des 
bracelets  ciselés  dont  quelques-uns  ornés  de  pierres 
de  couleur,  des  fragments  de  boucliers  et  de  nom- 
breuses médailles,  toutes  preuves  des  agitations 
belliqueuses  de  nos  ancêtres  ou  prédécesseurs. 

Parmi  les  objets  intéressants  récoltés  dans  nos 
parages,  il  faut  compter  un  témoignage  topique  re- 
latif aux  coutumes  qui  donnent  tant  d'attrait  à  l'his- 
toire des  variations  de  la  mode  pour  l'habillement 
et  la  parure. 

Dans  un  champ  fraîchement  labouré  un  vieux 
berger  faisant  paître  son  troupeau,  par  un  beau  clair 
de  lune,  ramassa  un  pendant  d'oreilles  en  or,  suivant 
l'expression  populaire  un  rond,  de  forme  semblable 
à  ceux  qui,  peu  nécessaires  à  relever  le  piquant  de 
leurs  attraits,  portent  cependant  nos  belles  artésien- 
nes. Il  était  plus  grand  et  plus  massif  avec  un  chaton 
à  faces  pentagonales,  ciselé,  mais  sans  gemme. 

On  plaisanta  le  vieux  pâtre  sur  sa  trouvaille,  l'en- 
gageant à  en  parer  sa  large  oreille  ;  pas  si  niais  le 


—  95  — 

bonhomme,  mais  émule  malin  du  coq  détournant 
une  perle,  il  porta  le  bijou  à  M.  Sallier,  receveur 
des  finances,  grand  collecteur  d'objets  d'art  et  d'an- 
tiquité. 

Cet  honorable  et  distingué  savant,  sachant  bien 
qu'un  ducaton  ferait  mieux  l'affaire  du  berger,  le 
satisfit  en  l'engageant  à  chercher  et  à  lui  apporter 
le  pendant  du  rond. 

Cinq  années  après,  un  honorable  juge  de  paix, 
propriétaire  à  Saint-Canadet,  par  un  temps  d'orage, 
dans  un  sillon  détrempé  par  la  pluie,  rencontra  le 
pendant  souhaité.  Le  chaton,  cette  fois,  était  garni 
d'une  fort  belle  amétiste.  Le  chercheur  heureux 
combla  gracieusement  la  lacune,  et  l'érudit  collec- 
teur, plus  heureux  encore  et  très  reconnaissant, 
plaça  les  deux  ronds  auprès  du  fameux  papyrus 
égyptien  qu'il  possédait  depuis  quelque  temps  et  que 
peu  de  temps  après  déchiffra  le  savant  orientaliste, 
M.  Champolion,  à  son  passage  à  Aix. 

Aux  découvertes  déjà  mentionnées  il  faut  ajouter 
les  bases  d'un  petit  temple  en  pierres  froides,  de 
forme  quadrangulaire.  Sur  ces  pierres  ornementées 
de  moulures  sont  restées  les  traces  d'une  enceinte 
en  barreaux  de  fer. 

Des  inscriptions  dont  une  en  langue  hébraïque  (  i  ), 


(\  )  L'inscription  en  langue  hébraïque,  mais  dont  les  mots 
sont  très  effacés,  a  été  trouvée  sur  la  façade  d'une  vieille 


—  96  — 

d'autres  en  latin  des  temps  les  plus  reculés,  de  ce 
nombre  une  épitaphe  sur  pierre  tombale  portant  le 
nom  de  V alerta. 

Tout  récemment  un  autel- votif  aux  nymphes  de 
la  localité  et  dont  le  dévot  a  nom  Servacvs  (i). 

Au  sommet  d'un  coteau  existe  une  ancienne  ruine 
qu'on  nomme  le  Castellas  ou  château  de  Féline. 
Quelle  est  l'origine  et  quelle  fut  la  destination  de 
cette  construction  ayant  caractère  de  bâtisse  ro- 
maine? On  l'ignore.  Dans  ce  qui  l'entoure,  des  restes 
de  clôtures,  des  traces  de  jardins,  paraissent  indi- 
quer qu'elle  a  été  habitée.  Ce  qu'il  y  a  de  certain 
c'est  que  pendant  les  guerres  de  religion  elle  servit, 
aux  partisans,  de  refuge  fortifié  et  qu'il  y  eut  échange 
de  bombardement  entre  eux  et  les  troupes  du  duc 
d'Epernon,  occupant  la  ville  du  Puy-Sainte-Répa- 


maison  de  l'ancienne  ville  du  Puy-Sainle-Réparade,  maison 
épargnée  par  les  démolisseurs.  Elle  fut  acquise  par  M.  l'abbé 
Castellan,  chanoine  de  Saint-Sauveur,  professeur  de  lithurgie 
à  l'Université  d'Aix,  membre  de  notre  Académie.  Il  la  plaça 
dans  le  tympan  de  sa  demeure,  cours  Notre-Dame,  où  on  la 
voit  encore. 

(\)  L'inscription  de  l'autel-votif  aux  nymphes  Nymphis 
votum  fvovit  sous  entendu)  libens  merito  servacus  a  récem- 
ment été  publiée  dans  la  revue  épigraphique  dirigée  par 
M.  le  capitaine  Esperandieu,  membre  du  comité  historique 
et  professeur  à  l'école  militaire  de  Saint-Maixent,  grâce  à 
l'obligeance  de  M.  Clerc»  professeur  à  la  Faculté  des  lettres 
d'Aix,  directeur  du  Musée  Borélv  à  Marseille. 


—  97  — 

rade  en  1582  et  1583.  Les  deux  points  culminants 
sont  distants  l'un  de  l'autre,  à  vol  d'oiseau,  d'environ 
trois  kilomètres.  Nous  possédons  des  biscaïens  en 
fer  trouvés  au  milieu  des  amas  de  pierres  écroulées 
du  château  de  Féline. 

Quant  à  l'ancienne  ville  du  Puy-Sainte-Réparade 
qui  s'était  maintenue  en  effervescence  de  liberté, 
elle  fut  détruite  en  1 6 1 2  par  ordonnance  des  Etats 
de  Provence. 

Et  maintenant  la  légende  s'est  emparée  des  ruines 
du  Castellas,  leur  donnant  un  caractère  mystérieux. 
Une  chèvre  d'or  les  habite,  mais  elle  n'apparaît 
qu'une  seule  fois  dans  Tannée,  au  moment  où  le 
premier  rayon  du  soleil  levant  surgit  et  s'élance 
dans  les  airs  du  plus  haut  sommet  du  Luberon. 
L'heureux  mortel  qui,  la  surprenant  à  ce  moment 
précis  s'en  rendra  maître,  possédera  la  source  du 
bonheur.  Personne  encore  n'a  saisi  l'instant  fati- 
dique. 

Une  autre  croyance  s'est  accréditée  :  sous  ces 
antiques  murailles  seraient  rangées  plusieurs  am- 
phores pleines  d'un  vin  célèbre.  Un  sorcier,  il  en 
est  toujours  là  où  se  trouvent  des  simples,  des  su- 
perstitieux, celui-ci  voulant  profiter  d'une  crédulité 
sur  laquelle  il  comptait,  se  faisant  fort  de  la  vertu 
de  sa  baguette  divinatoire,  affirmait  l'existence  du 
précieux  dépôt.  Il  s'offrait,  moyennant  bon  salaire, 

à  faire  les  fouilles.  Soit,  lui  dit-on,  mais  vous  vous 

7 


—  98  — 

paierez  vous-même  sur  la  grosse  moitié  de  la  décou- 
verte. Le  malin,  mais  peu  sorcier  en  ceci,  avait 
compté  sur  un  autre  marché  et  le  précieux  vin  du 
Cécube,  peut-être,  reste  encore  sous  les  décombres 
du  Castellas. 

Arrivés  au  terme  de  notre  voyage,  heureux, 
serais-je,  Mesdames,  Messieurs,  si  dans  mon  rôle  de 
conducteur  je  n'ai  pas  abusé  de  votre  bienveillance 
à  m'écouter. 

Jetons  un  dernier  regard  sur  le  plateau  désolé  de 
l'ancienne  cité.  A  son  extrémité  septentrionale,  sous 
la  voûte  d'une  grotte,  découle  encore  sur  un  sol 
boueux  un  filet  d'eau,  unique  ressource  des  anciens 
habitants  qui  l'appelaient  la  nymphe  Gâcharelle.  A 
l'extrémité  méridionale  une  sorte  de  pyramide  sem- 
blable à  une  quille  dont  elle  porte  le  nom  provençal 
lou  quia  ou,  s'élève  faisant  silhouette  sur  le  firma- 
ment ;  c'est  un  angle  du  château,  croit-on,  peut-être 
de  l'église,  témoin  attristant  des  destructions  faites 
par  la  main  des  hommes.  Les  pierres  qui  la  forment, 
couche  par  couche,  s'écroulent  lentement  ;  le  jour 
viendra  qu'à  son  tour  elle  sera  rasée  par  le  temps. 
Le  touriste,  alors  retour  du  sud  africain,  triste  en- 
core des  actes  accomplis  au  Transvaal,  viendra 
s'asseoir  sur  sa  dernière  dalle  comme  Manlius  sur 
les  ruines  de  Carthage. 


THIERS 


ÉTUDIANT    EN     DROIT 


SES  RAPPORTS  AVEC  L'ACADÉMIE  ÏÏAIX 


Par  I.  le  Docteur  AUDE, 


Mesdames,  Messieurs  , 


Dans  la  séance  publique  de  Гап  dernier  le  Pré- 
sident de  l'Académie,  Monsieur  le  doyen  Guibal,  a 
lu  une  remarquable  esquisse  sur  la  seconde  jeunesse 
de  Thiers,  rappelant  cette  partie  de  la  vie  de  Fhis- 
torien  national  de  la  République,  du  Consulat  et  de 
l'Empire,  comprise  entre  1821  et  1830. 

Je  me  propose  de  placer  aujourd'hui  sous  vos 
yeux  la  première  jeunesse  de  Thiers,  de  181 5, 
date  de  son  arrivée  à  la  Faculté  de  Droit  d'Aix, 
à  1821  ,  l'année  où  il  quitta  notre  barreau,  pour 
commencer  sa  brillante  carrière  à  Paris. 

C'est  à  Aix  qu'elle  s'écoula  et  si  Thiers,  qui  pré- 
sida un  moment  aux  destinées  de  la  France,  appar- 
tient à  l'Histoire ,  la  ville  d'Aix ,  berceau  de  sa 
famille  et  notre  Académie,  première  révélatrice  de 


—  100  — 
son   talent,  ont  le  devoir  de  rappeler  son  séjour 
parmi  nous  et  ses  rapports  avec  nos  devanciers. 

Tbîers  fut  de  cette  pléiade  de  jeunes  hommes  nés 
dans  les  dernières  années  du  ХУт**  siècle  et  les 
premières  du  XIX"*  qui  constituèrent  ce  qu'on  a 
appelé  la  génération  de  1830. 

Les  guerres  de  la  Révolution  et  de  l'Empire 
avaient  épuisé  le  prestige  des  armes  et  arrêté  le 
mouvement  littéraire  du  siècle  de  Louis  XIV.  L'ère 
de  paix  et  de  liberté  qui  s'ouvrait  donnait  un 
nouvel  essor  aux  conceptions  de  l'esprit  tenues  en 
bride  p-ir  le  despotisme  des  sectaires  et  le  césarisrne 
militaire,  et  cette  génération  accomplit  l'oeuvre  de 
rénovation  avec  Lamartine.  Balcac.  Yïctor-H^o . 
Thiers,  Mi^tet.  de  Musset.  Berryer.  pour  ne  citer 
que  les  plus  illustres- 

cuite  de  Prc:t  d  Aix  réunissait  sur 


—  401   — 

Chénier.  C'est  en  souvenir  de  cette  parenté  que 
Thiers  reçut  au  baptême  les  prénoms  de  Marie- Jo- 
seph. Son  grand  père  paternel,  dont  l'histoire  a  été 
écrite  par  le  distingué  bibliophile  M.  Octave Teissier, 
né  à  Aix  en  1714,  avait  été  reçu  avocat  au  Parle- 
ment et  s'établit  plus  tard  à  Marseille  où  il  remplit 
les  fonctions  d'Archivaire  de  la  ville.  Il  était  lui- 
même  le  fils  de  Charles  Thiers ,  bourgeois  de  la 
ville  d'Aix. 

La  famille  de  Thiers  est  donc  originaire  d'Aix, 
puisque  son  bisaïeul  et  son  aïeul  y  étaient  nés  ;  il 
y  a  demeuré  lui-même  de  181 5  à  1821,  aussi  pou- 
vait-il écrire  en  1830  au  docteur  Arnaud  :  «  Si  je 
ne  suis  point  d'Aix  j'y  ai  passé  tout  le  temps  de  ma 
jeunesse,  ma  mère  a  continué  d'y  habiter  elle-même 
et  j'y  ai  conservé  de  nombreux  amis.  » 

Après  avoir  commencé  ses  études  dans  une  pen- 
sion particulière,  Thiers  entra  en  1809  au  lycée  de 
Marseille,  en  qualité  de  boursier,  en  souvenir  des 
services  rendus  à  la  ville  par  son  grand  père.  Il  y 
fut  toujours  au  premier  rang  et  il  en  sortit  en  18 14. 
A  cette  époque  le  baccalauréat  n'existait  pas  ;  il  était 
remplacé  par  des  certificats  des  deux  derniers  pro- 
fesseurs de  l'élève.  La  Faculté  de  Droit  possède 
ceux  de  Thiers  dans  ses  archives.  Le  professeur  de 
rhétorique,  M.  Louis  Brunet,  déclare  que  l'élève 
Adolphe  Thiers  a  suivi  avec  exactitude  son  cours 
de  deux  années  et  qu'il  s'est   distingué  par   son 


—  102  — 

application ,  sa  bonne  conduite  et  les  succès  les 
plus  brillants  (i).  Le  professeur  de  philosophie, 
M.  Arnaud  -  Dennas  ,  certifie  qu'Adolphe  Thiers  , 
élève  du  gouvernement ,  a  suivi  exactement  ses 
cours  et  s'est  rendu  également  recommandable  par 
sa  bonne  conduite,  son  application  et  ses  progrès. 
Le  proviseur  du  lycée ,  M.  Dubreuil ,  atteste  que 
l'élève  Thiers  s'est  constamment  distingué  par  sa 
bonne  conduite,  ses  principes ,  ses  talents  et  ses 
progrès.  Enfin  le  censeur  du  lycée  ,  M.  de  Saint- 
Manac,  déclare  que  Thiers  s'est  comporté  de  ma- 
nière à  mériter  les  éloges  des  chefs  et  que  son  appli- 
cation suivie  pendant  plusieurs  années  et  des  succès 
distingués  l'ont  placé  au  rang  des  élèves  que  l'on 
voit  partir  avec  regret. 

Après  sa  sortie  du  lycée  Thiers  passa  une  année 
à  Marseille  puis  il  vint  à  Aix  pour  suivre  les  cours 
de  la  Faculté  de  Droit.  Il  prit  sa  première  inscrip- 
tion le  8  novembre  1 8 1 5 .  Il  se  logea  au  2me  étage  du 
n°  30  de  la  rue  des  Pénitents  Noirs  (aujourd'hui  rue 


(1)  M.  Bru  net  écrivait  encore  le  7  avril  1814  à  Madame  Thiers 
mère  :  «  M.  Thiers  est  un  excellent  sujet.  Il  a  fait  ses  études  au 
lycée  de  Marseille  avec  la  plus  grande  distinction.  Il  a  remporté 
presque  toutes  les  années  les  premiers  prix.  Il  réunit  aux  plus 
sérieuses  dispositions  pour  les  sciences  et  les  belles-lettres,  l'amour 
de  l'étude  et  le  désir  de  se  distinguer  dans  une  profession  hono- 
rable. Quelle  que  soit  la  carrière  dans  laquelle  il  se  propose  d'en- 
trer, il  ne  peut  manquer  de  la  parcourir  avec  le  plus  brillant 
succès.  »  (Communiqué  par  Mademoiselle  Dosne.J 


—  103  — 

Lieutaud) ,  maison  modeste ,  s'il  en  fût ,  à  porte 
étroite  et  cintrée,  avec  une  seule  fenêtre  de  façade 
et  un  magasin  au  rez-de-chaussée  où  se  trouvait 
rétabli  du  propriétaire ,  un  menuisier  nommé 
Chave.  En  1815  une  chambre  de  la  rue  des  Péni- 
tents Noirs  à  Aix,  devait  être  d'un  prix  bien  mo- 
dique et  convenir  seulement  à  un  étudiant  peu 
fortuné.  Au  mois  de  janvier  suivant  Thiers  alla 
demeurer  rue  Plateforme  (  aujourd'hui  Eméric- 
David)  n°  31,  dans  une  maison  appartenant  à 
M.  Turrel.  En  181 7  il  change  encore  de  logement 
et  s'installe  rue  Adanson  3  (bis)  chez  un  maçon 
nommé  Rey  chargé  de  réveiller  son  locataire  cha- 
que matin  à  la  première  heure,  le  maçon  allant  à 
son  chantier  et  l'étudiant  ouvrant  ses  livres.  En 
18 18,  la  mère  et  la  grand  mère  de  Thiers  viennent 
se  fixer  à  Aix  ;  ils  habitent  en  commun  traverse 
Silvacanne ,  n°  12,  un  immeuble  appartenant  au 
marquis  de  Gueydan.  Plus  tard  Mme  Thiers,  mère, 
acquit  une  maison ,  rue  des  Chartreux  ,  mais  elle 
l'habita  seule,  son  fils  étant  alors  fixé  à  Paris. 

Thiers  prit  ses  douze  inscriptions  du  8  novembre 
181 5  au  3  août  18 18;  il  subit  son  premier  examen 
de  baccalauréat  en  droit  le  20  décembre  1817,1e 
second  le  9  juillet  18 18  ,  ses  deux  examens  de 
licence  et  sa  thèse  en  août  1818.  Dans  chacun  de 
ces  examens  il  eut  constamment  l'unanimité  des 
suffrages  et  il  n'obtint  que  des  boules  blanches.  La 


—  404  — 

thèse  était  une  formalité  sans  valeur  ;  on  peut  en 
juger  par  celle  de  Thiers  qui  n'a  que  trois  pages 
d'impression,  une  pour  le  droit  romain  :  «  de  Inge- 
nuis,»  la  seconde  pour  le  code  civil  :  «  Publication 
des  effets,  »  la  troisième  pour  la  procédure  civile  : 
«  Des  enquêtes.  » 

Les  professeurs  de  la  Faculté  étaient  :  MM.  Balzac, 
doyen,  Bouteille,  Constans,  Bernard,  Mottet  et  De- 
fougères,  et  les  principaux  condisciples  de  Thiers, 
qui  subirent  leurs  examens  avec  lui  :  Mignet,  Mottet, 
Floret,  Aude,  Alphonse  Rabbe,  Euzière,  Revoil, 
Tavernier ,  de  la  Boulie ,  Guillibert,  de  Gabrielli , 
Rouvière,  de  Ribbe,  Goyrand,  Palis,  Peisse.  Nous 
trouvons  là  bien  des  noms  qui  sont  ceux  des  plus 
anciennes  et  des  plus  honorables  familles  de  notre 
ville. 

Parmi  ces  camarades  d'école  certains  devinrent 
les  amis  de  Thiers,  les  compagnons  habituels  de 
ses  études  et  de  ses  plaisirs.  Notre  illustre  compa- 
triote Mignet  et  Thiers  se  lièrent  à  cette  époque 
d'une  amitié  inaltérable  et  indissoluble,  dit  Sainte- 
Beuve,  «  qui  les  honore  tous  deux,  d'une  de  ces 
amitiés  que  si  peu  d'hommes  de  talent  savent  con- 
tinuer inviolable  entre  eux  après  la  jeunesse.  »  Elle 
dura  pendant  soixante  années  et  si  elle  fut  rompue 
par  Thiers  en  1877,  année  de  sa  mort,  elle  se  con- 
tinua dans  le  cœur  de  Mignet  jusqu'en  1884  ,  au 
moment  où  il  nous  quitta  lui-même.  Un  historien 


—  105  — 

de  Thiers,  Alexandre  Laya,  a  dit  en  parlant  de 
Thiers  et  de  Mignet  :  «  Rien  de  plus  touchant,  rien 
de  plus  consolant  et  de  plus  précieux  que  le  spec- 
tacle de  cette  amitié  qui  fut  pour  les  deux  jeunes 
enfants  de  cette  belle  contrée  de  la  Provence  un 
lien  toujours  fort  et  sacré.  Ils  marchaient  ensemble 
du  même  pas ,  se  donnant  la  main  comme  frères, 
se  mêlant  aux  mêmes  luttes,  aux  mêmes  travaux, 
recevant  les  mêmes  impressions,  se  soutenant  enfin 
dans  la  vie  de  cet  appui  si  énergique  dont  l'associa- 
tion fait  la  force  et  l'intimité  le  charme.  L'un 
prompt,  ardent  dans  la  pratique,  écrivain  passionné 
pour  les  faits,  se  servant  de  sa  plume  comme  d'une 
arme,  homme  d'état  toujours  sur  la  brèche,  tou- 
jours actif,  toujours  présent  aux  événements  qui 
demandent  la  parole  et  l'action  ;  l'autre  enfermant 
sa  vie  pure  et  modeste  dans  le  sanctuaire  de  la 
science  et  de  l'art ,  harmonieux  et  beau  dans  son 
style,  plus  philosophe  qu'historien,  ne  se  mêlant 
aux  faits  que  quand  on  lui  demande  l'expression 
d'une  âme  dévouée  et  courageuse,  aimant  la  science 
et  l'étude  comme  Raphaël  aimait  la  Fornarina.  » 

La  ville  d'Aix  a  consacré  par  une  plaque  com- 
mémorative  la  place  où  Thiers  et  Mignet  venaient 
si  souvent  travailler  à  la  bibliothèque  Méjanes  et 
leur  buste  orne  ces  vastes  salles,  témoins  de  leurs 
études. 

Dans  l'intimité  de  Thiers,  à  Aix,  se  trouvaient 


—  106  - 

surtout  Alphonse  Rabbe  ,  journaliste  de  talent , 
Peisse  ,  critique  médical  très  autorisa ,  Rouchon- 
Guigues,  historien  et  magistrat,  Mottet ,  conseiller 
d'État  et  recteur  d'académie,  Aude,  longtemps  maire 
d'Aix,  Floret,  préfet  sous  Louis-Philippe,  Martin, 
président  à  la  Cour  des  comptes,  Giraud,  ministre 
de  l'instruction  publique,  Euzière,  conseiller  à  la 
Cour. 

Tous  ces  jeunes  hommes  épris  de  libéralisme  se 
réunissaient  souvent  et  discutaient  avec  ardeur  les 
questions  de  principes  dont  la  Restauration  per- 
mettait alors  l'accès  à  toutes  les  intelligences. 

Thiers  était  l'âme  de  ces  réunions  ;  il  s'exerçait 
volontiers  à  la  parole  parmi  ses  amis  et  les  charmait 
par  sa  verve  et  son  éloquence  entraînante  et  per- 
suasive. Le  père  de  Mignet  était  un  de  ces  serruriers 
d'art  qui  fabriquaient  à  la  forge  ces  belles  rampes  en 
fer  ornant  encore  plusieurs  de  nos  maisons  d'Aix. 
Il  occupait  un  grand  nombre  d'ouvriers  dans  son 
atelier,  situé  au  numéro  44  de  la  rue  Bellegarde 
(aujourd'hui  rue  Mignet),  là  même  où,  signe  des 
temps,  est  établi  un  débitant  de  vins  et  liqueurs.  Au 
sortir  de  la  Faculté,  Thiers  et  ses  amis  s'arrêtaient 
parfois  chez  Mignet  et  continuaient  leur  conversa- 
tion dans  l'atelier.  Elle  fut  un  jour  si  animée  que 
Thiers  captiva  l'attention  de  tous  les  ouvriers  qui 
suspendirent  leurs  travaux  pour  l'écouter  :  «  les 
marteaux  restèrent  en  l'air  tant  qu'il  parla»,  disait, 


—  107  — 

en  langue  provençale ,  l'un  d'eux  racontant  cette 
scène  longtemps  après. 

A  ces  joutes  oratoires  se  mêlaient  aussi  de  vraies 
espiègleries  bien  dignes  de  jeunes  gens  de  vingt 
ans.  Thiers,  écrivant  à  l'un  de  ses  amis  en  182 1, 
peu  après  son  arrivée  à  Paris,  lui  disait  :  «  Assure 
ta  mère  que  je  n'oublierai  jamais  ses  bontés  et  son 
indulgence  pour  nos  folies.  »  Il  en  est  une  qui  a  été 
attribuée  à  Thiers,  mais  qui  fut  commise  quelques 
mois  avant  son  arrivée  à  la  Faculté,  au  cours  de 
mon  grand  père,  professeur  de  droit  romain.  Le  fait 
est  assez  piquant  pour  vous  être  rapporté.  En  atten- 
dant l'heure  du  cours  plusieurs  étudiants,  se  pro- 
menant sur  la  place  où  est  aujourd'hui  le  buste  de 
Peiresc,  aperçurent  un  âne  qu'un  paysan  venu  au 
marché  avait  attaché  au  barreau  de  fer  d'une  fenêtre 
voisine.  Si  nous  faisions  entrer  cet  âne  dans  la  salle 
du  cours,  dit  l'un  d'eux.  L'inspiration  était  bonne, 
l'âne  fut  conduit  dans  l'amphithéâtre  où  les  étudiants 
se  groupèrent  autour  de  lui.  Le  professeur,  montant 
en  chaire,  aperçoit  les  oreilles  du  baudet  émergeant 
au-dessus  de  celles  de  ses  auditeurs  habituels.  Sans 
se  déconcerter  il  prend  ainsi  la  parole  :  On  ne  pourra 
pas  dire,  comme  dans  l'Evangile  de  Saint- Jean,  in 
propria  venil  el  suinon  receperunt  eum,  mais  bien  : 
Il  vint  parmi  les  siens  et  ils  l'admirent  au  milieu 
d'eux  !  Cette  spirituelle  saillie  fut  couverte  d'ap- 


—  108  — 

plaudissements  et  le  néophyte  fut  reconduit  à  son 
barreau. 

Mais  ce  qui  est  assurément  à  l'actif  de  Thiers  et 
de  ses  amis,  c'est  le  supplice  infligé  à  un  jeune  chat 
domestiqué,  l'idole  d'une  jeune  fille  qui  le  comblait 
de  caresses  et  le  couvrait  de  rubans.  Il  eut  les  pattes 
ejifermées  dans  des  coquilles  de  no;x  scellées  à 
l'aide  d'une  cire  molle  et  il  fut  ensuite  lâché  dans 
la  maison.  Ce  nouveau  chat  botté  faillit  en  mourir 
de  peur  et  sa  maîtresse,  de  chagrin. 

Ces  jeunes  tortionnaires  se  répandaient  aussi 
dans  la  campagne  pour  s'y  livrer,  il  est  vrai,  à  de 
plus  humaines  distractions. 

La  famille  Roux-Martin,  très  hospitalière,  les 
recevait  dans  sa  villa  du  Tholonet  d'où,  après  une 
soirée  consacrée  à  la  musique  et  à  la  danse,  on  se 
rendait  au  quartier  de  Langesse  pour  y  terminer  la 
nuit  à  la  campagne  de  l'un  d'eux.  Comme  la  maison 
n'était  pas  assez  vaste  pour  abriter  cette  exubérante 
jeunesse,  on  s'installait  dans  une  grange  dépendant 
de  la  propriété,  après  avoir  toutefois  subtilisé,  avec 
la  complicité  du  fils  de  la  famille,  quelques  flacons 
de  cet  excellent  vin  cuit  du  quartier,  jadis  si  re- 
nommé. Les  paysans  du  voisinage  appellent  encore 
«  bastidon  de  Thiers  »  cette  grange  aujourd'hui 
couverte  de  lierres  où  le  futur  Président  de  la  Ré- 
publique Française  remplaçait  le  sommeil  par  de 
bruyantes  et  joyeuses  conversations. 


—  409  — 

Je  vous  demande  pardon  de  ces  détails,  peut-être 
puérils  et  assurément  peu  dignes  d'une  réunion 
académique,  et  je  les  aurais  passés  sous  silence  s'il 
n'existait  encore  parmi  vous  des  fils  et  des  petits-fils 
de  leurs  auteurs.  Les  actions  de  nos  pères,  fussent- 
elles  des  folies,  comme  le  disait  Thiers,  nous  inté- 
ressent toujours  et  leur  récit  ne  nous  parait  jamais 
fastidieux. 

'il. 

Le  temps  n'était  cependant  pas  tout  donné  au 
plaisir,  une  large  part  en  était  consacrée  à  l'étude, 
peut-être  moins  à  celle  du  droit  qu'aux  questions 
d'art,  d'histoire,  de  philosophie,  de  politique  et  de 
littérature. 

La  Société  des  amis  des  sciences,  des  lettres,  de 
l'agriculture  et  des  arts,  établie  en  cette  ville  d'Aix 
le  ii  février  1808  et  qui  est  aujourd'hui  notre 
Académie,  donnait  alors  des  prix  d'agriculture  et 
de  littérature  dont  les  sujets  pouvaient  plus  parti- 
culièrement intéresser  les  habitants  de  la  région,  les 
étudiants  des  écoles,  les  jeunes  magistrats.  Elle  pro- 
posa, en  18 13,  pour  prix  de  littérature  à  décerner 
en  1814,  la  question  suivante  :  «  Tracer  rapidement 
l'histoire  de  l'éloquence  judiciaire,  surtout  dans  les 
temps  modernes  et  plus  spécialement  en  France. 

«  Rechercher  les  causes  qui  en  ont  retardé  la  mar- 
che, indiquer  l'influence  que  les  progrès  des  scien- 


—  по  — 

ces,  des  lettres  et  de  la  philosophie  ont  exercé  sur 
ce  genre  d'éloquence  et  en  déterminer  les  princi- 
paux caractères  et  les  principaux  effets. 

«  Distinguer  le  style  propre  au  magistrat  parlant 
au  nom  du  souverain  ou  dans  l'intérêt  de  la  loi,  de 
celui  de  l'avocat,  soit  dans  la  discussion  des  affaires 
civiles,  soit  dans  la  défense  des  accusés. 

«  Apprécier  le  mérite  de  nos  orateurs  en  ce 
genre,  appeler  l'attention  sur  ceux  qui  doivent  servir 
de  modèle  et  examiner  quelle  peut  être  l'influence 
de  la  plaidoirie  publique  sur  la  jurisprudence,  les 
mœurs  et  l'esprit  général  d'une  nation.  » 

Une  note  disait  en  outre  :  «  La  Société,  toujours 
guidée  par  ses  sentiments  patriotiques,  verra  avec 
plaisir  les  concurrents  entrant  dans  quelques  détails 
historiques  et  critiques,  plus  particulièrement  relatifs 
à  l'histoire  de  l'éloquence  judiciaire  dans  les  an- 
ciennes cours  de  magistrature  et  dans  l'ancien  bar- 
reau d'Aix,  mais  en  émettant  ce  vœu  elle  ne  prétend 
point  en  faire  une  condition  de  concours.  » 

C'était  là  un  sujet  bien  attrayant  dans  une  ville 
où  avaient  brillé  les  Monclar,  les  Castillon,  les 
Saurin,  les  Décormis,  les  Pascal,  les  Gensollen  et 
les  Colonia.  Cependant  aucun  mémoire  ne  fut 
adressé  à  la  Société  et  la  question  fut  remise  au  con- 
cours pour  1 8 1 5 .  Les  événements  politiques  de  cette 
année  s'opposèrent  sans  doute  à  la  séance  publique 
annuelle,  et  dans  celle  du  18  mai  1816  la  même 


—  ш  — 

question  de  1 8 1 3  fut  proposée  de  nouveau  pour  la 
troisième  fois.  En  181 7  un  mémoire  parvint  enfin  à 
la  Société.  Elle  y  reconnut  l'empreinte  d'un  vrai 
talent,  mais  elle  y  rencontra  des  défauts  qu'elle 
attribua  à  la  précipitation  d'un  travail  commencé 
trop  tard  et  elle  prorogea  le  terme  du  concours  jus- 
qu'à l'année  suivante. 

En  18 18  deux  mémoires  sur  l'éloquence  judi- 
ciaire furent  déposés  au  secrétariat  de  la  Société. 
Nos  archives  n'ont  pas  conservé  celui  de  18 17  et 
elles  ne  possèdent  des  deux  travaux  de  1 8 1 8  que  le 
mémoire  couronné.  Il  eût  été  intéressant  de  recher- 
cher si  Fauteur  de   181 7  avait  suivi  les  conseils 
donnés,  s'il  avait  remanié  son  œuvre  pour  la  pré- 
senter encore  au  concours  de  1818.  Nous  inclinons 
à  penser  que  le  mémoire  primé  était  le  même,  re- 
touché, mais  nous  ne  pouvons  en  donner  la  preuve. 
Nous  trouvons,  en  effet,  dans  le  remarquable  rap- 
port de  M.  de  Castellet,  chargé  de  rendre  compte 
des  deux  mémoires  déposés,  des  considérations  sur 
les  défauts  et  les  qualités  de  l'ouvrage  identiques  à 
celles  du  rapporteur  précédent,  défauts  et  qualités 
forts  atténués  par  un  auteur  désireux  d'un  meilleur 
résultat. 

Ce  mémoire  portait  le  numéro  1 .  Il  avait  pour 
épigraphe  cette  pensée  des  fragments  politiques  et 
littéraires  ée  Lacretelle  aîné  :  «  Le  digne  emploi  de 
l'éloquence  judiciaire  parmi  nous  n'est  pas,  comme 


—  H2  — 

chez  les  anciens,  de  soulever  les  passions  contre  la 
raison,  d'égarer  ou  de  désarmer  la  justice,  de  bou- 
leverser l'empire  des  lois  ;  elle  s'honore  aujourd'hui 
de  les  servir.  » 

L'ouverture  du  billet  cacheté  annexé  à  ce  mé- 
moire en  fit  connaître  pour  auteur  «  M.  Thiers, 
étudiant  en  droit  en  l'Académie  d'Aix.  »  Son  nom 
fut  proclamé  dans  la  séance  publique  du  2  mai  1 8 1 8, 
présidée  par  M.  le  marquis  de  Foresta,  et  le  prix  de 
la  valeur  de  300  francs  lui  fut  délivré. 

Le  mémoire  de  Thiers  n'est  pas  entièrement  de 
sa  main  ;  un  calligraphe,  que  Thiers  n'a  jamais  eu  la 
prétention  d'égaler,  l'a  copié  ;  l'épigraphe,  les  notes 
et  les  cinq  dernières  feuilles  ont  seules  été  écrites 
par  l'auteur. 

En  lisant  ce  mémoire  de  quatre-vingt-seize  gran- 
des pages  on  est  frappé  de  la  maturité  d'esprit  et  des 
grandes  connaissances  littéraires  dont  fait  preuve 
l'auteur,  un  jeune  homme  de  2 1  ans,  et  on  admire 
les  qualités  qui  le  distinguaient  déjà. 

M.  de  Castellet  a  bien  résumé  dans  son  rapport 
les  observations  les  plus  importantes  que  suggère 
la  lecture  du  mémoire  de  Thiers.  «  L'auteur  paraît, 
dit-il,  avoir  voulu  traiter  son  sujet  en  philosophe 
autant  qu'en  orateur.  Il  cherche,  dès  l'entrée  de  son 
discours,  à  présenter  des  considérations  générales 
sur  l'essence,  la  nature  de  l'éloquence.  Ц  y  établit 
cette  idée  nouvelle,  et  qui  lui  appartient,  que  l'art 


—  m  — 

de  la  discussion,  presque  inconnu  des  anciens,  suc- 
cessivement perfectionné  dans  les  temps  modernes, 
est  devenu  de  nos  jours  le  caractère  distinctif  du 

■ 

barreau,  est  le  plus  puissant,  le  plus  fécond  des 
moyens  qu'il  ait  eus  en  son  pouvoir.  » 

M.  de  Castellet  reproche  ensuite  à  Fauteur  «  son 
défaut  de  méthode  dans  l'ordonnance  générale  de 
l'ouvrage,  dans  la  distribution,  Tordre  et  l'enchaî- 
nement des  idées.  »  Il  aurait  voulu  plus  de  clarté, 
mais  cette  obscurité  provient  surtout,  dit-il,  «  de  la 
précipitation  avec  laquelle  le  mémoire  paraît  avoir 
été  rédigé.  L'auteur  n'a  pas  eu  le  loisir  de  mûrir 
complètement  ses  idées,  de  les  coordonner,  de  les 
éclaircir,  de  les  dégager  enfin  de  toutes  ces  demi- 
conceptions  qui  les  rendent  parfois  vagues  et  con- 
fuses. »  Mais  il  ajoute  :  «  Avouons  qu'au  milieu  de 
cette  métaphysique,  dont  l'auteur  s'enveloppe  quel- 
quefois, on  voit  briller  par  intervalles  des  vérités 
lumineuses,  et,  lorsqu'il  abandonne  cette  nébuleuse 
métaphysique,  soit  pour  développer  les  causes  mo- 
rales qui  ont  influé  sur  l'éloquence  judiciaire,  soit 
pour  en  retracer  les  plus  glorieuses  époques  , 
soit  enfin  pour  en  apprécier  les  chefs-d'œuvre,  sa 
diction  se  colore,  s'anime,  s'élève  avec  sa  pensée. 
Ce  n'est  plus  alors  ce  froid  dissertateur  dont  le  style 
sec,  entortillé,  fatiguait  l'attention  et  mécontentait 
le  goût,  c'est  un  écrivain  éloquent  et  pur,  un  pen- 
seur profond,  quelquefois  même  un  orateur  éloquent; 

8 


—  114  — 

des  vérités  neuves  et  philosophiques,  des  images 
vives  et  nobles,  des  portraits  dessinés  avec  un 
crayon  ferme  et  solide,  des  jugements  pleins  de 
justesse  et  de  goût,  enfin  des  expressions  tour  à  tour 
riches,  brillantes,  énergiques,  telles  sont  les  beautés 
qu'on  observe  dans  cet  ouvrage.  » 

Après  avoir  rendu  compte  du  mémoire  n°  2, 
qui  n'était  pas  sans  mérite,  M.  de  Castellet  termine 
par  ces  lignes  son  rapport  sur  le  concours  de  1 8 1 8  : 
«  On  a  dit  du  Tintoret  qu'il  avait  trois  pinceaux,  un 
d'or,  un  d'argent,  un  de  fer.  Ne  pourrait-on  pas  dire 
que  l'auteur  du  mémoire  n°  1  a  deux  plumes,  une 
de  fer  et  une  d'or,  qu'il  s'est  servi  de  la  première 
dans  toute  la  partie  théorique  et  systématique  de 
son  ouvrage  ;  mais  que  c'est  avec  la  seconde  qu'il  a 
écrit  le  beau  morceau  sur  l'apologétique  de  Tertul- 
lien,  tracé  le  portrait  du  grand  Arnaud  et  caractérisé 
le  genre  d'éloquence  de  son  immortelle  apologie 
des  catholiques  anglais,  que  c'est  enfin  avec  cette 
plume  d'or  qu'il  a  si  dignement  apprécié  la  plupart 
des  chefs-d'œuvre  du  barreau  moderne  ?  Quant  à  la 
plume  d'argent,  il  paraît  lavoir  laissée  à  son  com- 
pétiteur. » 

Je  ne  saurais,  après  M.  de  Castellet,  apprécier  le 
mémoire  de  Thiers,  mais  je  ne  peux  résister  au 
plaisir  de  mettre  sous  vos  yeux  le  rapprochement 
qu'il  établit  entre  César  et  Louis  XIV  ayant  à  se 
prononcer  l'un  sur  Ligarius,  défendu  par  Cicéron, 


—  115  — 

l'autre  sur  Fouquet,  assisté  par  Pélisson.  «  Fouquet 
avait  été  disgracié  ;  la  cour  nombreuse  qui  l'entou- 
rait s'était  dissipée  au  bruit  de  ses  malheurs  ;  un  ami 
lui  restait,  mais  il  avait  partagé  sa  disgrâce  et  il  était 
aux  fers.  Du  sein  de  sa  prison  Pélisson  entreprit  la 
défense  du  surintendant  et,  tandis  que  tout  tremblait, 
que  tout,  suivant  sa  belle  expression,  révérait  la 
colère  du  Souverain,  seul  il  osa  faire  entendre  à 
Louis  une  voix  respectueuse,  mais  énergique.  Il 
écrivit  trois  mémoires  à  Louis  XIV  qui  sont  le  chef- 
d'œuvre  de  l'éloquence  judiciaire  pendant  le  xvne 
siècle.  Voltaire  les  compare  à  ceux  de  Cicéron.  Le 
premier,  le  plus  beau  des  trois,  nous  rappelle  celui 
que  l'orateur  romain  prononça  pour  la  défense  de 
Ligarius.  Les  deux  défenseurs  s'adressent  à  un  maître 
absolu.  César  et  Louis  XIV  étaient  juges  exclusifs 
dans  la  cause  dont  il  s'agissait.  Ils  aimaient  tous 
deux  la  louange,  ils  avaient  tous  deux  une  âme  sen- 
sible, mais  tous  deux  furent  jaloux  de  leur  autorité. 
Il  est  beau  de  voir  les  deux  orateurs  allier  la  force 
à  l'adresse,  flatter  le  maître  en  conservant  leur  di- 
gnité, dicter  les  arrêts  de  la  justice  en  paraissant 
implorer  la  clémence  et  quelquefois  inquiéter  la 
conscience  du  Souverain,  réveiller  en  lui  ce  secret 
pressentiment  de  l'avenir,  en  prononçant,  par  inter- 
valle, ces  mots  de  peuple  et  de  postérité. 

Dans  ces  deux  causes  l'orateur  n'est  plus  protégé 
par  les  Institutions,  il  ne  parle  plus  à  des  juges  au 


—  116  — 

nom  impérieux  de  la  loi  ;  il  est  devant  un  maître 
dont  la  volonté  est  la  loi  souveraine  et  qu'il  doit 
fléchir.  Ce  ne  sont  pas  des  arbitres  impartiaux  qu'il 
doit  instruire,  c'est  un  homme  qui  s'irritera  d'être 
éclairé.  Une  résolution  est  déjà  prise,  il  faut  la  com- 
battre ;  mais  en  attaquant  cette  volonté  fière  et  om- 
brageuse il  faut  la  caresser,  il  faut  la  saluer  comme 
souveraine,  en  l'enchaînant,  lui  laisser  tous  les  hon- 
neurs de  la  victoire,  après  l'avoir  vaincue  !... 

Tubéron  est  l'accusateur  de  Ligarius  et  le  favori 
de  César.  Il  accuse  Ligarius  d'être  ennemi  du  dic- 
tateur et  il  a  été  lui-même  à  Pharsale  !  Qu'on  lise 
Cicéron  dans  ce  magnifique  passage. 

On  accuse  Fouquet  d'avoir  dilapidé  les  finances. 
Mazarin  avait  absorbé  une  partie  des  richesses  dis- 
sipées. Sa  famille  était  enrichie  ;  il  laissait  une  for- 
tune immense.  Mais  sa  mémoire  était  respectée  par 
Louis  XIV.  Ici  la  tâche  de  Pélisson  était  plus  diffi- 
cile, il  la  remplit  avec  un  art  admirable.  Tout  est 
attribué  aux  largesses  du  souverain.  Les  ministres 
ont  voulu  seconder  sa  magnificence.  Il  peint  des 
plus  nobles  traits  cette  libéralité  qui  fut  si  chère  à 
Louis  XIV  et  qu'il  prit  pour  une  vertu. 

Tantôt  il  rappelle  au  roi  les  guerres  nombreuses 
que  la  France  a  eu  à  soutenir  et  tout  à  coup  il  ré- 
veille une  agitation  bouillante  dans  cette  âme  guer- 
rière. C'est  un  tableau  sublime.  Ce  sont  ses  soldats 
au  pied  de  Stenay  ;  la  place  va  céder  sous  leurs 


—  117  — 

efforts,  mais  soudain  les  subsides  manquent,  les  sol- 
dats se  découragent  et  la  victoire  a  fui.  Tel  eût  été, 
s'écrie-t-il,  le  résultat  du  siège  si  Fouquet  eût  suivi 
la  conduite  que  ses  ennemis  lui  commandent  dans 
leurs  accusations. 

On  trouve  dans  Pélisson  une  morale  douce  et 
tendre,  une  douleur  simple  et  touchante,  des  plaintes 
sans  reproche.  Il  se  plaint  de  la  fragilité  des  amitiés 
humaines  et  il  accuse  les  séductions  de  la  gran- 
deur. » 

Ne  sont-ce  pas  là  de  belles  pages  qui  justifient 
le  choix  de  la  Société  Académique  et  prédisent  la 
destinée  de  celui  qui  les  a  écrites  ? 

Thiers,  reçu  avocat  à  la  fin  de  cette  même  année 
1818,  continua  à  demeurer  à  Aix  jusqu'en  1821  et 
il  aborda  la  barre.  Il  plaida  avec  succès  quelques 
causes,  mais ,  bien  que  ses  aptitudes  si  variées  lui 
assurassent  un  des  premiers  rangs  au  barreau  d'Aix, 
c'est  sur  un  théâtre  plus  élevé  qu'il  songeait  à  jouer 
un  rôle.  Il  s'y  prépara  par  un  travail  opiniâtre  et 
saisit  toutes  les  occasions  pour  discuter  les  questions 
d'art,  de  littérature  si  passionnantes  dans  une  ville 
comme  Aix  qui  a  un  nom,  un  passé,  et  dont  l'avenir, 
s'il  n'est  pas  tourné  vers  le  gain  des  affaires  com- 
merciales, demeurera  toujours  digne  de  sa  réputa- 
tion si  noblement  acquise. 

Thiers,  dont  le  talent  était  fort  apprécié,  était 
recherché  et  admis  dans  les  meilleurs  salons  ,  sur- 


—  H8  — 

tout  chez  M.  d'Arlatan-Lauris,  président  à  la  Cour 
royale  ,  qui  goûtait  son  esprit  et  présageait  son 
avenir.  €  Ce  magistrat  de  vieille  roche,  dit  Sainte- 
Beuve,  protégeait  et  encourageait  le  jeune  avocat 
libéral.  >  Et  il  eut  Г  occasion  de  le  prouver. 

Après  le  concours  sur  l'éloquence  judiciaire  la 
Société  Académique  proposa  pour  prix  de  littérature 
à  décerner  en  1820  €  l'Éloge  de  Vauvenargues.  » 
Aucune  des  neuf  pièces  déposées  sur  ce  sujet  ne  lui 
ayant  paru  mériter  son  suffrage,  elle  prorogea  le 
concours  jusqu'en  182 1  et  porta  le  prix  à  la  somme 
de  500  fr.  La  Société  distingua  cependant  trois  de 
ces  éloges,  et  surtout  le  n°  9  qui  portait  pour  épi- 
graphe cette  pensée  de  Marc-Aurèle  :  «  Je  résolus 
d'être  homme,  de  souffrir  et  de  faire  le  bien.  »  Ce 
mémoire,  déposé  par  Thiers,  est  écrit  en  entier  de 
sa  main. 

Il  y  émet  sur  les  grands  penseurs  précurseurs  de 
Vauvenargues  ,  des  opinions  peu  goûtées  à  une 
époque  où  la  littérature  du  XVII""1  siècle  était  en  si 
grand  honneur. 

«  Montaigne,  dit-il,  nous  transmet  ses  impressions 
secrètes,  se  complaît  dans  des  aveux,  les  publie  avec 
orgueil,  fier  de  dire  ce  que  les  autres  s'efforcent  de 
taire.  Larochefoucault,  élevé  dans  les  Cours,  a  sur- 
pris quelques  faiblesses,  quelques  hypocrisies  de 
l'homme,  quelques  déguisements  de  l'intérêt  per- 
sonnel ;   il  en  compose  toute  la  nature  humaine, 


-  119  — 

refuse  d'admettre  le  désintéressement  qu'il  n'a  pas 
rencontré  dans  les  ridicules  dissensions  de  la 
Fronde,  ne  croit  ni  à  la  grandeur  ni  à  la  noblesse 
d'âme,  ni  au  patriotisme,  et  seulement  à  la  vanité , 
parce  qu'elle  excitait  les  factieux  de  son  temps,  et 
décide  enfin  que  les  grands  mobiles  de  l'homme  sont 
vils  de  leur  nature,  parce  qu'il  ne  les  a  vus  qu'avilis. » 

En  1821  eut  lieu  la  i2me  séance  annuelle  de  la 
Société  Académique  dans  la  grande  salle  de  l'Uni- 
versité, celle  même  où  nous  sommes  réunis  aujour- 
d'hui. Le  secrétaire  perpétuel  fit  connaître  que  six 
éloges  de  Vauvenargues  avaient  été  déposés  au  se- 
crétariat, qu'ils  avaient  tous,  à  divers  degrés,  beau- 
coup de  mérite ,  que  les  débats  avaient  duré  long- 
temps et  le  travail  définitif  confié  à  des  commis- 
saires. 

Ces  paroles  du  secrétaire  étaient  l'indice  des  di- 
vergences que  souleva  ce  concours  au  sein  de  la 
Société  Académique  ;  elles  étaient  le  reflet  des  opi- 
nions émises  en  ville.  L'année  précédente  M.  d'Ar- 
latan,  membre  de  la  Société,  avait  défendu  avec 
vivacité  le  discours  anonyme  de  Thiers,  mais  qui 
n'était  pas  un  secret  pour  lui,  dit  Sainte-Beuve  dans 
ses  Portraits  contemporains,  et  les  adversaires  po- 
litiques avaient  deviné  qu'il  s'agissait  de  Thiers  et 
s'étaient  arrangés  pour  faire  remettre  le  prix  à  l'an- 
née suivante,  comme  si  le  morceau  ne  se  trouvait 
digne  en  effet  que  du  second  rang.  » 


—  120  — 

La  Société  Académique  décerna  le  prix  à  l'éloge 
inscrit  sous  le  n°  5  et  portant  pour  devise  ces 
mots  :  «  Doctrina  viri  per  patientiam  noscitur.  » 
L'accessit  fut  donné  à  l'éloge  ne  6  et  l'éloge  n°  3 
avec  cette  devise  :  «  Je  résolus  d'être  homme ,  de 
souffrir  et  de  faire  le  bien  »  fut  seulement  jugé  digne 
d'une  mention  honorable  spéciale.  C'était  le  mé- 
moire de  Thiers  de  l'année  précédente,  avec  la  même 
devise,  écrite  de  la  main  de  l'auteur.  Le  travail  de 
Thiers  fut  donc  encore  écarté  et  rélégué  au  troi- 
sième rang,  malgré  les  retouches  et  les  développe- 
ments  qu'il  avait  subis. 

Thiers,  dont  les  idées  libérales  étaient  connues, 
n'ignorait  pas  qu'on  disait  de  lui  :  Il  écrit  bien  mais 
il  pense  mal.  Il  avait  prévu  le  résultat  du  concours 
que    lui   avait  laissé    pressentir   son   protecteur, 
M.  d'Arlatan,  et  «  aux  approches  du  terme  fixé,  dit 
encore  Sainte-Beuve,  Thiers  fabriqua  en  toute  hâte 
un  nouveau  discours,  le  n°  5 ,  qu'il  fit  cette  fois  arri- 
ver de  Paris,  par  la  poste.  Le  secret  fut  bien  gardé. 
La  cabale  s'empressa,  comme  c'était  immanquable, 
d'admirer  l'éloge  nouveau  venu  et  de  l'opposer  à 
celui  de  Thiers,  si  bien  qu'on  lui  décerna  le  prix  et 
à  l'autre  la  mention  honorable.  Et  lorsque  le  bulletin 
cacheté  qui  accompagnait  le  mémoire  n°  5  fut  ou- 
vert on  y  lut  encore  le  nom  de  Thiers,  avocat  à  la 
cour  d'Aix  ! 

Cette  espièglerie  venant  consacrer  le  vrai  talent 


—  121   — 

eut  achevé  d'établir  à  Aix  la  réputation  du  jeune 
avocat  si  Thiers  n'était  parti  vers  ce  temps-là  pour 
la  capitale.  » 

J'ai  voulu  laisser  à  Sainte-Beuve  le  soin  de  vous 
raconter  cette  anecdote  et  en  vous  donnant  quel- 
ques extraits  de  ce  mémoire  n*  5,  qui  fut  couronné, 
vous  jugerez  que  nos  devanciers,  les  Académiciens 
d'Aix,  ont  réellement  récompensé  le  talent  de  l'au- 
teur, sans  se  laisser  influencer  par  des  considéra- 
tions d'ordre  secondaire. 

On  ne  peut  s'empêcher  de  trouver  un  certain  air 
de  ressemblance,  de  famille,  entre  ce  mémoire  arrivé 
inopinément  de  Paris  et  celui  que  Thiers  avait  pres- 
que ostensiblement  déposé  au  secrétariat  de  l'A- 
cadémie. Malgré  la  souplesse  de  son  talent  Thiers 
n'a  pu  changer  d'opinion  sur  Montaigne  «  qui  cé- 
lèbre le  plaisir,  le  repos,  se  fait  une  voluptueuse 
sagesse  et  se  montre  un  peu  cynique,  »  sur  Laro- 
chefoucault ,  «  entouré  de  femmes  galantes.  »  Il 
complète  son  appréciation  des  moralistes  par  un 
portrait  de  La  Bruyère  plein  de  finesse  pénétrante. 
«  La  Bruyère  avait  un  génie  élevé  et  véhément,  une 
âme  forte  et  profonde.  Logé  à  la  Cour,  sans  y  vivre, 
et  placé  là  comme  en  observation,  on  le  voit  rire 
amèrement  et  quelquefois  s'indigner  d'un  spectacle 
qui  se  passe  sous  ses  yeux.  Il  observe  ceux  qui  se 
succèdent  et  les  dépeint  à  grands  traits  ,  souvent 
les  apostrophe  vivement,  court  à  eux,  les  dépouille 


—  122  — 

de  leurs  déguisements  et  va  droit  à  l'homme  qu'il 
montre  nu,  petit,  hideux  et  dégénéré.  On  voit  dans 
Tacite  la  douleur  de  la  vertu,  dans  La  Bruyère  son 
impatience. 

L'auteur  des  Caractères  n'est  pas  un  indifférent 
comme  Montaigne,  ou  froidement  détracteur  comme 
Larochefoucault ,  c'est  l'homme,  son  frère,  qu'il 
trouve  ainsi  avili  et  de  qui  il  dit  avec  un  regret 
douloureux  :  il  devrait  être  meilleur.  » 

Les  convictions  spiritualistes  de  Thiers  s'étalent 
ouvertement  dans  son  éloge  de  Vauvenargues.  Il 
regrette  que  Vauvenargues  se  soit  montré  fataliste 
lorsqu'il  dit  que  tout  est  nécessaire,  que  notre  vo- 
lonté est  dirigée  au  bien  ou  au  mal  par  un  pouvoir 
surnaturel  et  qu'il  fait  ainsi  de  l'homme  un  esclave 
qui  se  commande  à  lui-même  d'après  un  comman- 
dement supérieur  et  qu'il  ne  serait  pas  plus  coupable 
lorsqu'il  égorge  son  semblable  que  l'arme  dont  il 
fait  usage.  Il  oubliait  ainsi,  dit  Thiers,  nos  dogmes 
sacrés,  nos  doctrines  religieuses  qui  ont  si  bien 
concilié  la  puissance  divine  et  la  liberté  humaine 
et  qui  placent  en  Dieu  la  source  de  tout  bien  et 
laissant  à  l'homme  la  faculté  d'y  puiser,  lui  ont  con- 
servé le  mérite  de  ses  actions.  » 

Voltaire  avait,  on  le  sait,  une  grande  amitié 
pour  Vauvenargues.  «  Beau  génie  ,  lui  écrivait-il , 
j'ai  lu  votre  premier  manuscrit  et  j'y  ai  admiré  cette 
hauteur  d'une  grande  âme  qui  s'élève  au-dessus  des 


—  123  — 

petits  brillans  d'Isocrate.  Si  vous  étiez  né  quelques 
années  plutôt  mes  ouvrages  en  vaudraient  mieux. 
Vous  êtes  la  plus  douce  de  mes  consolations  dans 
les  maux  qui  m'accablent.  » 

Thiers  juge  ainsi  .Voltaire  :  «  Chef  monarque  et 
despote  du  monde  littéraire  qui  ne  cherchait  dans 
les  écrivains  de  son  siècle  que  des  courtisans  et 
les  payait  d'un  mot  et  d'un  regard  des  flatteries 
qu'il  en  recevait.  » 

Voltaire  n'était  pas  en  odeur  de  sainteté,  si  je 
peux  m'exprimer  ainsi,  auprès  des  victimes  d'une 
Révolution  que  ses  écrits  avaient  contribué  à  dé- 
chaîner. Aussi  l'auteur  du  mémoire  n°  5,  affirmant 
des  idées  spiritualistes  et  jugeant  sévèrement  Vol- 
taire, devait,  quel  qu'il  fût,  rallier  bien  des  suffrages 
et  fixer  sur  lui  le  choix  de  la  Société. 

Là  s'arrêtèrent  les  rapports  de  Thiers  avec  la 
Société  Académique  d'Aix.  Le  stagiaire  suivit  sa 
destinée  qui  l'appelait  à  Paris.  Il  partit  avec  Mignet 
au  mois  d'août  1821. 

S'il  n'entre  pas  dans  mon  cadre  de  l'y  suivre,  je 
veux  cependant  mettre  sous  vos  yeux  les  premières 
impressions  de  Thiers  à  son  arrivée  à  Paris  ;  il  les 
a  consignées  dans  une  lettre  inédite,  écrite  à  mon 
père,  à  la  date  du  23  décembre  1821  ; 

«  Tu  connais  Paris,  tu  as  rêvé  à  la  Provence  dans 
ce  vilain  pays  et  tu  as  éprouvé  combien  on  y  perd 
du  temps  en  courses  inutiles,  en  regrets  pénibles,  et 


—  424  - 

combien  surtout  on  devient  paresseux  quand  on  a 
vingt  personnes  à  entretenir,  non  pas  de  ce  qu'on 
fait,  mais  de  ce  qu'on  ne  fait  pas.  Je  n'ai  pas  trop  à 
me  plaindre  de  mon  voyage.  Les  choses  n'ont  point 
été  mal  du  tout.  Cependant  il  ne  faut  point  se  figurer 
que  ce  soit  ici  le  pays  de  Cocagne  ;  on  a  beau  se 
baisser  pour  en  prendre,  on  ne  trouve  que  de  la 
boue  ;  il  faut  courir,  s'agiter,  avoir  beaucoup  d'assu- 
rance et  surtout  faire  espérer  d'être  utile,  car  on  ne 
vous  accueille  qu'à  ce  prix.  Je  n'ai  pas  eu  à  essuyer 
trop  de  refus  et  on  ne  m'a  pas  cassé  le  nez  en  me 
fermant  la  porte.  Cependant  je  désirerais  davantage, 
parce  qu'on  n'est  jamais  satisfait  et  que  je  ne  le  serai 
d'ailleurs  que  lorsque  j'aurai  ramené  près  de  moi 
tout  ce  qui  m'est  cher.   Je  ne  me  figurais  pas  que 
l'absence  fut  aussi  douloureuse,  et  souvent  je  me 
surprends  dans  un  état  de  malaise  et  une  violence  de 
regrets  que  je  ne  conçois  pas  de  mal  plus  cruel.  Je 
comprends  aujourd'hui  ce  qu'ont  dit  tous  les  exilés 
de  la  cruauté  d'une  telle  peine.  Tu  es  plus  heureux 
que  moi  et  je  te  souhaite  bien  sincèrement  le  bonheur 
que  mérite  un  esprit  agréable,  une  intelligence  très 
grande  et  un  des  meilleurs  cœurs  que  je  connaisse. 
Travaille,  ô  mon  ami,  arrive  à  ton  but  et  pose  ta 
tente.  Le  bonheur  est  dans  une  situation  tranquille 
et  réglée  ;  ne  crois  pas  qu'un  peu  plus  d'ardeur  dans 
l'esprit  rende  plus  heureux.  Je  voudrais  que  tu  visses 
de  près  ces  hommes  fameux  dont  nous  ambition^ 


—  485  — 

nons  le  sort  :  haine  de  partis,  jalousies  de  talents, 
calomnies  lancées  et  rendues,  inquiétude  conti- 
nuelle, telle  est  leur  vie.  Les  plus  élevés  souffrent 
davantage,  parce  qu'ils  sont  le  sujet  de  plus  grands 
débats.  Pourtant  il  faut  aller.  Ce  ne  sont  pas  là  des 
sermons  de  Bourdaloue,  c'est  la  triste  et  triviale 
vérité.  Mon  ciel,  ma  famille  et  nos  niaiseries  me 
vaudraient  beaucoup  mieux  que  tout  ça.  Mais  à  quoi 
bon  les  regrets?  j'ai  choisi,  ou,  pour  mieux  dire, 
Dieu  avait  choisi  pour  moi.  Je  n'ai  donc  pas  à  me 
plaindre  ou  du  moins  ce  serait  inutile. 

Assure  ta  mère  que  je  n'oublierai  jamais  ses 
bontés,  son  indulgence  pour  nos  folies  et  que  je  fais 
pour  elle  le  vœu  le  plus  heureux  pour  une  mère,  le 
bonheur  de  son  fils.  Adieu,  mon  ami,  je  ne  t'ou- 
blierai en  aucun  temps  et  en  aucun  lieu.  Je  t'em- 
brasse de  tout  mon  cœur.  » 


Vous  me  pardonnerez  d'avoir  ainsi  abusé  de  vos 
instants,  mais  il  m'a  semblé  que  vous  accueilleriez 
avec  intérêt  et  bienveillance  l'évocation  de  ces  sou- 
venirs faite  par  le  fils  d'un  ancien  camarade  de  Thiers, 
toujours  demeuré  son  ami.  Il  vous  sera  agréable  de 
penser  qu'Aix  et  notre  Académie  ont  signé  les  pre- 
mières  lettres  de  noblesse  de  celui  de  qui  Talleyrand 


—  126  — 

a  dit  :  «  Il  n'est  pas  parvenu,  il  est  arrivé  »  et  que 
la  France,  dans  un  élan  de  reconnaissance,  salua  un 
jour  du  glorieux  titre  de 

LIBÉRATEUR    DU    TERRITOIRE. 


к 


m 


par 
Le  Comte  A.  dé  SAFORTA 


Tout  un  ensemble  de  preuves  irréfutables,  tirées 
des  lois  de  la  mécanique  et  de  l'optique,  milite  au- 
jourd'hui, dans  Tétat  de  nos  connaissances  acquises, 
en  faveur  du  double  mouvement  de  la  Terre  :  sur 
son  axe  pendant  la  période  de  2  4  heures  et  autour 
du  soleil  dans  l'intervalle  d'une  année.  Mais,  au 
milieu  du  XVIIe  siècle,  ces  démonstrations  n'étaient 
pas  connues,  et  partisans  d'Aristote,  d'une  part, 
sectateurs  de  Galilée,  de  l'autre,  avaient  beau  jeu  : 
les  uns  pour  confirmer  leur  adage  :  Terra  autem  in 
œternum  stat  ;  les  autres  pour  étayer  leur  hypothèse 
de  mobilité,  soit  par  des  raisonnements  dans  le  vide, 
soit  par  des  arguments  spécieux  sans  doute,  mais 
enfin  non  absolument  probants  encore. 

Les  auteurs  antérieurs  à  Galilée  et  à  Kepler  ne 
purent  étudier  le  ciel  au  télescope,  et  pour  cause  ; 
leur  incompétence  absolue  les  rend  récusables.  A 
partir  de  la  seconde  moitié  du  règne  de  Louis  XIV, 
après  les  observations  et  les   études  d'Huygens, 


—  128  — 

Newton,  Rœmer,  Richer,  les  coperniciens  eurent 
désormais  vraiment  trop  beau  jeu.  Ayant  publié 
en  165 1  son  Almagestum  novum,  sorte  de  répertoire 
astronomique  plus  complet  que  choisi,  Riccioli  in- 
carne précisément  une  intéressante  époque  de  tran- 
sition. Nous  avons  consacré  quelques  pages  à  cet 
auteur  dans  notre  discours  de  réception,  lu  le  8  juin 
1897  devant  l'Académie  d'Aix,  et  examiné  la  statis- 
tique des  connaissances  alors  acquises  relativement 
aux  astres.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  cette  pre- 
mière esquisse,  bien  qu'à  peine  ébauchée,  mais  nous 
comptons  étudier  dans  le  présent  travail  les  argu- 
ments sur  lesquels  s'appuyaient  les  savants,  soit  de 
l'ancienne,  soit  de  la  nouvelle  école,  pour  défendre 
leurs  théories  opposées.  Nous  sommes  de  ceux  qui 
croient  que  l'étude  des  paralogismes  dont  se  con- 
tentaient nos  devanciers,  présente  un  intérêt  rétros- 
pectif non  médiocre  au  point  de  vue  de  l'évolution 
de  la  pensée  humaine.  Comme  guide,  Riccioli  nous 
suffira  de  reste  à  lui  tout  seul,  et  encore  serons-nous 
forcés  de  couper  et  d'abréger  beaucoup  en  parcou- 
rant ses  dissertations  un  peu  trop  prolixes. 

Le  malentendu  qui  divisait  en  deux  partis  adver- 
ses le  clan  des  gens  instruits,  s'explique  bien  mieux 
si  l'on  réfléchit  que  l'astronomie  était  alors  exclu- 
sivement, ou  presque  exclusivement,  cultivée  par 
des  savants  dont  plusieurs,  comme  Riccioli,  avaient 
professé  la  philosophie  et  dont  les  autres,  sur  les 


—  129  — 

bancs  de  l'école,  avaient  été  saturés  de  son  ensei- 
gnement. Comme  d'ailleurs  l'étude  de  la  philosophie 
scolastique  se  complétait  toujours  de  fortes  notions 
théologiques,  les  cosmographes  adversaires  ou  par- 
tisans du  mouvement  de  la  Terre  se  trouvaient  tout 
naturellement  conduits,  en  développant  leur  plai- 
doyer, à  fortifier  leurs  preuves,  tirées  de  la  science 
elle-même,  par  des  raisonnements  plus  ou  moins 
heureux  que  leur  fournissait  l'arsenal  de  la  logique 
et  de  la  théologie.  A  cet  égard,  certains  coperniciens 
astronomes  ne  le  cédaient  guère  à  leurs  adversaires 
qui,  n'étant  pas  toujours  du  métier,  méprisaient  les 
arguments  tirés  d'une  doctrine  qu'ils  possédaient 
mal.  Le  meilleur  moyen,  à  coup  sûr,  de  terminer 
rapidement  cette  querelle  eût  été,  pour  les  uns,  de 
moins  feuilleter  Aristote  et  de  jeter  par  dessus  bord 
sa  physique  vieillie,  pour  les  autres,  de  se  renfermer 
strictement  dans  le  domaine  de  la  science  pure  et 
expérimentale,  sans  la  mêler  à  tort  et  à  travers  d'une 
théologie  de  fantaisie.  Essayons  du  moins  d'être 
plus  sage  que  ceux  dont  nous  résumons  les  idées  ; 
laissons  a  priori  absolument  de  côté  les  raisonne- 
ments théologiques  du  P.  Riccioli  et  passons  briève- 
ment sur  les  arguments  déduits  de  la  métaphysique 
du  moyen-âge. 

I 
Ayant  prouvé  la  sphéricité  de  la  Terre  par  la  con- 
sidération de  la  forme  de  l'ombre  portée  sur  la  Lune 

9 


—  130  — 

pendant  les  éclipses,  Copernic  dit  que  le  mouvement 
diurne  convient  plutôt  à  la  Terre  sphérique  qu'au 
monde.  Finie  ou  infinie,  la  forme  de  ce  dernier  est 
inconnue.  L'anglais  Gilbert,  auquel  on  doit  les  pre- 
mières expériences  relatives  à  l'électricité  et  la  pre- 
mière observation  du  magnétisme  terrestre,  Kepler 
et  Gassendi  reprennent  cette  idée  qui,  traduite  en 
langage  vulgaire,  peut  assez  bien  s'exprimer  ainsi  : 
«  Si  la  Terre  est  ronde,  c'est  qu'elle  est  destinée  à 
rouler.  //  Ce  raisonnement,  dit  Riccioli,  n'est  pas 
décisif,  étant  donné  qu'on  a  des  preuves  du  repos 
de  la  Terre  ;  d'ailleurs  la  figure  ronde  facilite  le  mou- 
vement de  rotation  sans  lui  être  absolument  néces- 
saire. 

On  pouvait  se  demander  comment  il  se  faisait, 
dans  l'hypothèse  de  Ptolémée,  que  l'ébranlement 
provoqué  par  la  révolution  du  ciel  entier  fût  im- 
puissant à  déplacer  notre  infime  demeure.  C'est  ce 
que  pensèrent  Mœstlin  et,  après  lui,  Kepler.  Galilée 
dans  ses  dialogues  a  développé  la  même  idée.  Il  est 
bien  évident  au  contraire  que  la  Terre,  en  tournant, 
ne  saurait  entraîner  le  ciel.  Riccioli  répond  avec 
assez  de  justesse  en  invoquant  l'absolue  fluidité  du 
ciel.  Il  oublie  d'ajouter,  ce  qui  est  bien  plus  impor- 
tant, que  le  mouvement  constituant  un  phénomène 
tout  à  fait  relatif,  la  Terre  aurait  été  réellement  en 
rotation  si  l'on  avait  supposé  tout  l'univers  visible 
circulant  autour  d'elle,  car  alors  où  prendre  un  re- 


—  131   — 

père  pour  en  constater  la  fixité  ?  Les  physiciens  mo- 
dernes n'ignorent  pas,  depuis  bien  longtemps  déjà, 
que  repos  et  mouvement  absolus  ne  sont  qu'une 
fiction  de  notre  esprit. 

Laissons  de  côté  un  argument  qui  sent  trop  la 
scolastique  et  venons  à  la  proposition  suivante  qui 
dérive  des  observations  astronomiques  anciennes 
et  modernes  et  non  de  la  vieille  physique.  On  fait 
remarquer  aujourd'hui,  au  début  des  cours  de  cos- 
mographie élémentaire,  que  le  mouvement  d'énor- 
mes globes  célestes  s'opérant  avec  une  vitesse  ver- 
tigineuse autour  d'un  grain  de  poussière  comme 
le  globe  est  chose  bien  improbable.  Peut-être,  au 
XVIIe  siècle,  les  astronomes  se  faisaient-ils  illusion 
sur  l'énorme  distance  des  étoiles  qu'ils  rappro- 
chaient beaucoup  trop  de  nous,  mais  plusieurs  d'en- 
tre eux  leur  attribuaient  une  grosseur  démesurée, 
eu  égard  aux  dimensions  supposées  des  planètes  et 
l'objection,  somme  toute,  malgré  ces  erreurs  plus 
que  grossières,  persistait  avec  son  autorité  impla- 
cable. Galilée  n'avait  pas  manqué  dans  ses  Dialogues 
de  faire  toucher  du  doigt  la  difficulté  par  Salviati, 
celui  des  trois  interlocuteurs  qui  représente  la  vraie 
science  et  qui  parle  au  nom  de  l'auteur.  Celui,  dit-il, 
qui  voit  se  refléter  dans  un  miroir  mobile  l'image 
d'un  paysage,  se  persuade-t-il  pour  cela  que  le  pay- 
sage se  déplace  ?  Plus  pratique  encore,  Kepler  com- 
pare  les  incrédules   obstinés  à  un    cuisinier  qui, 


—  132  — 

ayant  à  rôtir  une  pièce  de  viande,  préférerait  faire 
tourner  le  feu  autour  de  la  broche  immobile. 

Nourri  de  classiques,  Riccioli  ne  peut  s  empêcher 
de  trouver  la  comparaison  peu  relevée  :  il  préfère 
le  style  de  Gassendi,  lequel,  n'osant  embrasser  trop 
ouvertement  la  doctrine  copernicienne,  mettait  dans 
la  bouche  d'un  partisan  du  mouvement  de  la  Terre 
d'élégantes  périodes  qui  peuvent  se  résumer  ainsi 
en  style  moins  fleuri  :  <  Nul  ne  dira  qu'un  navire 
est  immobile  et  que  les  rivages  courent  à  sa  ren- 
contre ;  que  les  édifices  se  meuvent  au  gré  d'un 
spectateur  qui,  pour  examiner  les  diverses  parties 
d'une  ville,  se  tourne  au  sommet  d'un  clocher  ;  que 
l'auditoire  se  déplace  devant  un  orateur  dont  les 
regards  se  promènent  sur  la  foule  au  fur  et  à  mesure 
qu'il  parle.  Et  pourtant  un  vaisseau  ou  un  homme 
n'est-il  pas  plus  important,  eu  égard  à  un  port,  à  une 
ville,  à  une  nombreuse  réunion  de  personnes  que 
ne  Test  la  Terre  comparée  au  ciel  entier,  avec  tous 
ses  astres.  » 

Sans  doute,  répond  Riccioli,  notre  globe  remplit 
une  bien  faible  place  dans  l'univers  comme  dimen- 
sions brutes,  mais  n'est-il  pas  peuplé  d'êtres  animés, 
de  créatures  intelligentes  qui  en  relèvent  la  dignité? 
C'est  également  par  des  raisons  philosophiques  et 
théologiques  qu'il  riposte  aux  novateurs,  lorsque 
ceux-ci  lui  disent  :  «  Dieu  et  la  nature  opèrent  tou- 
jours par  les  voies  les  plus  simples  ;  or,  il  est  plus 


—  Ш  — 

facile  de  faire  tourner  en  24  heures  la  Terre  que  le 
ciel.  » 

Laissons  de  côté  l'argument  suivant  comme  trop 
analogue  au  premier  que  nous  avons  résumé  et 
passons-en  deux  autres  émis  par  Copernic  :  le  ciel, 
comme  universel  contenant,  doit  être  immobile  et, 
du  reste,  l'immobilité  plus  noble  que  le  mouvement 
convient  mieux  au  firmament  incorruptible. 

Une  nouvelle  objection  se  présente  alors  sous  le 
patronage  de  deux  anticoperniciens  résolus  :  Lon- 
gomontanus  et  G.  Gilbert.  Nous  avons  déjà  appris 
que  tous  deux,  incrédules  quant  au  mouvement 
annuel,  défendaient  ouvertement  le  mouvement 
diurne.  Les  étoiles,  dit  Longomontanus,  sont  situées 
à  des  distances  de  la  Terre  probablement  très  iné- 
gales ;  elles  flottent  au  sein  de  l'éther  ;  leurs  dis- 
tances respectives,  immuables,  d'après  les  plus  an- 
ciennes observations,  n'ont  jamais  varié.  Dans  de 
semblables  conditions,  comment  songer  à  leur  im- 
primer un  mouvement  de  rotation  en  24  heures, 
parfaitement  simultané  ?  Gilbert  répète  le  même  ar- 
gument en  insistant  surtout  sur  l'immensité  des 
distances  mutuelles  des  fixes  et  il  observe  avec  rai- 
son que  ceux  qui,  avec  Ptolémée,  n'osent  pas  faire 
pivoter  la  Terre  sur  son  axe  de  peur  d'un  boulever- 
sement universel,  n'hésitent  pas  à  supposer  l'exis- 
tence d'un  phénomène  capable  de  provoquer  les 
plus  épouvantables  catastrophes  que  l'imagination 


—  134  — 

puisse  rêver.  Dans  ses  Dialogues,  Galilée  n'a  garde 
d'oublier  une  objection  aussi  pressante,  et  Gassendi 
l'emploie  à  son  tour. 

Riccioli  s'en  tire  d'abord  en  déclarant  le  ciel  des 
fixes  solide  et,  alors,  l'argument  tombe,  selon  lui,  ou 
si  par  extraordinaire  ce  même  ciel  est  fluide,  les  in- 
telligences motrices  entretiennent  l'ordre  universel. 

L'auteur  de  YAlmagestum  novum  semble  dire  que 
la  plus  redoutable  des  objections  coperniciennes 
relatives  au  mouvement  des  étoiles,  est  due  non  à 
Copernic  lui-même,  mais  à  l'allemand  Mœstlin, 
maître  de  Kepler.  Mœstlin,  se  basant  sur  des  calculs 
de  pure  fantaisie  et  fort  inférieurs  à  la  vérité,  trou- 
vait encore  absurde  que  les  étoiles  de  la  zone  équa- 
toriale  fussent  obligées  de  parcourir  dans  l'intervalle 
d'un  seul  battement  de  notre  pouls  l'énorme  espace 
de  760  milles  germaniques  (le  mille  allemand  vaut 
près  de  7  kilomètres  et  demi).  Kepler  répéta  la  même 
remarque  ;  mais  Riccioli  lui  reproche  d'augmenter 
beaucoup  trop,  pour  les  besoins  de  sa  cause,  les  dis- 
tances stellaires,  d'avoir  laissé  échapper,  en  maniant 
ces  énormes  chiffres,  un  lapsus  de  calcul,  bien  par- 
donnable  en  pareil  cas,  et  surtout  de  comparer  entre 
eux,  afin  de  fortifier  son  argument,  les  mouvements 
des  planètes  qui  leur  sont  propres  à  ceux  des  étoiles 
communs  à  tout  l'univers  visible.  De  fait,  Kepler 
et  Galilée  trouvaient  bizarre  qu'après  Saturne,  qui 
met  trente  années  à  tourner  autour  du  Soleil  ou  de 


—  135  — 

la  Terre  et  au-delà  d'un  vide  dont  nul  n'avait  sondé 
la  profondeur,  mais  qu'on  jugeait  considérable,  on 
rencontrât  un  tourbillon  circulant  en  24  heures. 
Tous  deux  avaient  parfaitement  raison  lorsqu'ils 
soutenaient  qu'en  astronomie  le  mouvement  est  plus 
lent  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre,  et  ils  jus- 
tifiaient leur  proposition  par  l'exemple  des  planètes 
et  des  astres  de  Médicis.  Au  contraire,  si  on  écoute 
les  divagations  des  partisans  de  Ptolémée,  non- 
seulement  les  étoiles,  en  dépit  de  leur  immense 
éloignement,  sont  forcées  de  circuler  à  une  allure 
impossible,  mais  encore  celles  qui  sont  le  plus  re- 
culées doivent  accélérer  encore  leur  course  afin  de 
soutenir  leur  distance  !  Le  mouvement  diurne  du 
ciel,  répliquaient  Riccioli  et  consorts,  entraîne  tous 
les  astres,  de  la  Lune  aux  étoiles  ;  il  est  d'un  ordre 
sui  generis  et  n'a  pas  d'analogie  avec  les  déplace- 
ments planétaires.  En  se  plaçant  à  leur  point  de  vue, 
ces  «  réactionnaires  »  raisonnaient  assez  juste. 

Même  réduite  à  sa  partie  essentielle,  l'objection, 
irréfutable  aujourd'hui  qu'on  connaît  les  énormes 
distances  auxquelles  brillent  les  étoiles,  était  alors 
déjà  plus  que  spécieuse,  en  dépit  des  préjugés  du 
temps  relatifs  aux  dimensions  de  l'univers.  On  per- 
sonnifiait ce  raisonnement  en  l'appelant  «  l'Achille 
des  coperniciens,  »  à  cause  de  sa  force.  Riccioli  ne 
craint  pas  d'avancer  que  cet  «  Achille  »  a  des  pieds 
d'argile. 


—  136  — 

Nos  sens,  dit-il,  répugnent  à  la  rotation  du  globe, 
telle  que  la  supposent  les  coperniciens  et  du  reste 
nous  ne  la  sentons  pas.  Au  contraire,  nous  voyons 
tourner  sous  nos  yeux  le  ciel  d'un  mouvement  qui 
peut  être  très  rapide,  mais  qui  nous  paraissant  assez 
lent  ne  choque  pas  nos  organes.  Quant  aux  inéga- 
lités de  vitesse  des  astres,  elles  n'ont  rien  d'absurde 
comme  proportionnelles  aux  distances.  La  même 
harmonie  comparative  règle  le  pas  d'un  géant  et  le 
pas  d'une  fourmi. 

Après  une  autre  remarque  qui  s'écarte  trop  du 
sujet  que  nous  nous  sommes  imposés  pour  que  nous 
la  résumions,  Riccioli  insiste,  comme  parenthèse, 
sur  sa  répugnance  à  accepter  l'immense  intervalle 
vide  et  inutile  que  les  théories  de  Copernic  condui- 
sent à  interposer  entre  Saturne  et  les  fixes. 

Lorsque  Kepler,  Galilée  et  Lansberg  insistent  sur 
l'absurdité  de  ce  mouvement  des  fixes  en  24  heures, 
comparé  à  l'allure  si  lente  du  vieux  Saturne,  incom- 
parablement plus  rapproché  de  nous,  Riccioli  ré- 
plique avec  les  anticoperniciens  que  le  véritable 
mouvement  propre  et  spécial  aux  étoiles  fixes  est 
celui  de  la  précession  des  équinoxes.  Or,  ce  dépla- 
cernent  se  distingue  au  contraire  du  tourbillonne- 
ment diurne  par  son  extrême  lenteur  ;  il  n'atteint 
que  50  secondes  par  an  et  il  faudrait  attendre  pen- 
dant un  laps  de  temps  de  26,000  ans  pour  que  la 
circonférence  de  rotation  fut  parcourue.  Ainsi,  con- 


—  437  — 

clut  Hiccioli,  l'allure  de  tous  les  astres,  depuis  la 
Lune  notre  voisine  jusqu'aux  fixes,  en  passant  par 
le  soleil,  se  ralentit  progressivement  à  mesure  que 
Ton  s'éloigne  de  la  Terre  et  du  centre  du  monde. 

Les  mêmes  auteurs  auxquels  vint  plus  tard  s'ad- 
joindre Gassendi,  se  demandaient  aussi  comment 
il  était  possible  de  concilier  cette  effroyable  impul- 
sion du  «  premier  mobile  »  qui  entraînait  l'univers 
entier  avec  le  déplacement  rétrograde  vers  l'occi- 
dent qu'on  observait  chez  les  planètes  à  certaines 
périodes  de  leur  course.  Voilà  une  difficulté  offrant 
moins  d'importance  que  nos  coperniciens  ne  le  sup- 
posaient, et  nos  contemporains  pourraient  la  résou- 
dre mieux  que  ne  le  faisait  Riccioli.  Journellement 
nous  voyons  des  corps  animés  de  deux  mouvements 
en  sens  inverse  :  la  Lune  nouvelle,  lorsqu'elle  est  en 
conjonction  avec  le  Soleil,  chemine  en  sens  inverse 
de  la  Terre,  qui  l'entraîne  pourtant  avec  elle  ;  nul 
ne  s'étonnera  en  voyant  des  enfants  jouer  à  la  balle 
dans  le  salon  d'un  paquebot  en  marche,  ou  des 
officiers  de  marine  tromper  la  longueur  de  la  tra- 
versée en  s'amusant  à  tirer  au  revolver  contre  une 
cible  disposée  à  l'arrière  du  navire. 

Les  coperniciens  et  semi-coperniciens ,  ajoute 
Riccioli,  vantent  la  simplicité  de  leur  système  ;  un 
seul  mouvement  de  rotation  maintenant  attribué  à 
la  Terre  en  remplace  plusieurs  infligés  aux  corps 
célestes.  Mais,  dit-il,  pourquoi  ne  pas  conserver  ces 


—  138  — 

révolutions  des  astres,  si  complexes  qu'elles  soient, 
plutôt  que  d'admettre  que  des  phénomènes  se  dé- 
roulant dans  notre  demeure,  sous  nos  yeux,  sont 
en  réalité  embrouillés,  au  lieu  de  s'effectuer,  comme 
ils  paraissent  le  faire,  d'après  des  principes  très  sim- 
ples ? 

Les  principes,  par  exemple,  qui  règlent  la  marche 
des  comètes  ne  paraissaient  alors  rien  moins  que 
simples.  Comme,  suivant  le  sentiment  commun,  ces 
astres  chevelus  ou  barbus  flottent  dans  l'espace  bien 
au-dessous  de  la  Lune,  pour  ne  pas  bouleverser  les 
cieux  solides,  auxquels  beaucoup  ajoutent  encore 
foi,  ils  ne  devraient  pas  subir  le  mouvement  du  pre- 
mier mobile,  qui  ne  se  fait  pas  sentir  jusqu'à  la 
Terre.  Mais  alors  leur  marche  devient  incompré- 
hensible. Riccioli  admet  qu'en  effet  leur  trajectoire 
est  très  compliquée,  mais  il  pense,  lui,  qu'elles  su- 
bissent le  mouvement  diurne  et  que  des  intelli- 
gences les  guident. 

Nous  prions  le  lecteur  de  nous  pardonner  l'allure 
un  peu  lourde  et  didactique  de  notre  exposition  ; 
mais,  d'une  part,  la  nécessité  d'être  fidèle  en  suivant 
de  près  notre  guide,  de  l'autre,  la  forme  technique, 
fatigante  à  la  longue,  des  raisonnements  de  Riccioli, 
nous  a  obligés  à  trop  de  méthode.  Aussi  croyons- 
nous  être  en  droit  de  quitter  un  instant  YAlmagestum 
pour  suivre,  dans  l'histoire  de  la  science,  la  question 
du  mouvement  diurne  de  notre  planète. 


—  139  — 

Descartes  avait  expliqué,  le  premier,  la  nature  et 
les  effets  de  la  force  centrifuge.  L'abbé  Picard,  ex- 
cellent astronome  contemporain  de  Louis  XIV  et 
fermement  convaincu  du  mouvement  de  la  Terre, 
soupçonna  que  cette  force  développée  par  la  rotation 
pourrait  bien  combattre  la  pesanteur.  «  Les  poids, 
disait-il,  doivent  descendre  avec  moins  de  force 
sous  Téquateur  que  sous  les  pôles.  »  Comme  la  force 
centrifuge,  nulle  aux  pôles  que  l'homme  n'a  jamais 
foulés  aux  pieds,  s'affaiblit  sous  les  latitudes  tem- 
pérées, et  que  d'ailleurs  en  Europe  par  sa  direction 
elle  ne  contrarie  pas  beaucoup  la  pesanteur,  ses 
effets  se  feront  surtout  sentir  dans  les  régions  tro- 
picales, dans  cette  zone  où  la  rotation  est  rapide  et 
où  les  effets  de  cette  même  rotation  agissent  abso- 
lument en  sens  inverse  de  la  gravitation  universelle. 
Aussi  l'abbé  Picard  échoua-t-il  lorsqu'ayant  opéré 
à  Uraniborg,  l'ancien  observatoire  ruiné  de  Tycho, 
il  voulut  prouver  qu'en  ce  lieu  la  longueur  du  pen- 
dule battant  la  seconde  excédait  un  peu  le  même 
élément  observé  à  Paris. 

Mais,  en  1672,  Cassini,  alors  tout  puissant  à  la 
cour  de  Louis  XIV  (on  sait  que  le  protecteur  de 
Molière  et  Boileau  encouragea  mieux  encore  les 
sciences  que  les  lettres),  voulut  trancher  une  grave 
question  astronomique  dont  nous  parlerons  plus 
loin,  et  pour  mesurer  la  parallaxe  de  Mars  envoya  à 
Cayenne,  comme  observateurs,  Richer  et  son  aide 


—  140  — 

Meurisse.  Meurisse  ne  put  résister  aux  épreuves  de 
ce  triste  climat  et  succomba,  moins  heureux  que 
Richer  dont  la  santé  s'altéra  pourtant  gravement, 
mais  qui  revit  la  France.  Durant  son  séjour,  Richer 
observa  que  son  horloge  astronomique  réglée  à  Paris 
retardait  de  deux  minutes  et  demie  par  jour,  et  pour 
la  mettre  d'accord  avec  le  mouvement  des  étoiles 
ou  le  temps  sidéral,  il  dut  raccourcir  son  pendule. 
Toutefois,  il  ne  put  attribuer  ce  phénomène  ni  à  un 
excès  de  résistance  de  l'air,  sans  quoi  le  poids  mo- 
teur restant  le  même,  l'horloge  se  fût  bientôt  arrêtée 
spontanément  ;  ni,  ce  qui  eût  été  plus  vraisemblable, 
à  la  dilatation  du  métal  par  la  chaleur  des  tropiques. 
De  retour  à  Paris,  Richer  constata  que  l'instrument 
dont  la  marche  était  juste  à  Cayenne,  avançait  de 
deux  minutes  et  demie,  et  il  fallut  pour  rétablir  l'ac- 
cord primitif  revenir  à  l'ancienne  longueur  pendu- 
laire observée  avant  le  voyage. 

La  célèbre  expérience  de  Richer  prouve  que  la 
pesanteur  diminue  de  Paris  à  l'équateur  ;  elle  établit 
qu'à  Paris  la  longueur  du  pendule  à  seconde  est 
supérieure  à  la  même  donnée  pour  Cayenne.  Or, 
l'expérience  de  tous  les  jours,  d'accord  avec  la  mé- 
canique élémentaire ,  prouve  que ,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  les  oscillations  d'un  pendule  sont 
d'autant  plus  précipitées  que  la  force  attirante  est 
plus  puissante  elle-même,  et  qu'à  durée  constante  de 
vibration,  les  longueurs  changent  comme  les  forces 


—   141    — 

motrices.  Or,  tout  le  monde  comprend  qu'un  pen- 
dule qui  retarde,  comme  celui  de  Richer  à  Cayenne, 
bat  trop  doucement,  et  qu'un  pendule  qui  avance 
comme  le  même  instrument  reporté  de  Cayenne  à 
Paris,  oscille  trop  vite. 

On  attribua  d'abord  à  une  erreur  de  Richer  un 
phénomène  aussi  singulier  ;  néanmoins,  peu  d'an- 
nées plus  tard,  le  célèbre  astronome  anglais  Halley 
ayant  observé  à  Sainte-Hélène  la  même  anomalie 
que  Richer  à  Cayenne,  l'Académie  revint  sur  sa 
première  opinion.  Sur  sa  demande  et  par  l'ordre  de 
Louis  XIV,  Varin  et  Deshaies  durent  s'embarquer 
pour  Cayenne  et  répéter  l'expérience.  Ils  consta- 
tèrent en  effet  l'existence  d'une  erreur  commise  par 
Richer,  mais  cette  erreur  une  fois  corrigée,  le  phé- 
nomène, loin  de  s'atténuer,  ressortait  plus  nette- 
ment que  lors  de  la  première  expédition.  Du  reste, 
à  cette  époque  les  voyages  scientifiques  finirent  par 
se  multiplier  tellement  que  les  variations  de  pesan- 
teur furent  signalées  sous  les  longitudes  les  plus 
diverses.  Rappelons  à  ce  propos  que  Cassini  eut  le 
mérite  d'initier  aux  études  astronomiques  bon  nom- 
bre de  missionnaires  que  les  Jésuites  envoyaient 
pour  prêcher  la  foi  dans  toutes  les  parties  du  monde 
et  surtout  en  Asie. 

Mais,  observa  Newton,  si  cette  force  centrifuge 
est  réelle,  elle  a  dû  à  l'époque  de  la  formation  du 
globe,  lorsque  celui-ci  était  fluide  encore,  déter- 


—  U2  — 

miner  un  aplatissement  sensible  aux  pôles  et  pro- 
voquer un  renflement  appréciable  à  l'équateur.  Un 
exemple  indiscutable  s'offrait  pour  rendre  cette 
allégation  très  plausible.  Cassini,  soit  qu'il  disposât 
d'instruments  d'optique  plus  puissants  que  ses  de- 
vanciers, soit  qu'il  fût  meilleur  observateur  qu'eux, 
avait  très  bien  constaté  l'aplatissement  énorme  du 
disque  de  Jupiter,  dont  l'axe  polaire  ne  vaut  que 
les  onze  douzièmes  environ  de  l'axe  équatorial.  Il 
est  singulier,  remarque  Bailly,  que  ce  phénomène 
ait  échappé  à  Galilée,  puisque  nous  le  constatons 
sans  peine  avec  des  lunettes  de  force  égale  à  la 
sienne.  D'autre  part  le  même  Cassini  découvrit  sur 
ce  disque  imparfait  des  taches  permanentes,  et  en 
guettant  leurs  apparitions  et  disparitions  succes- 
sives, il  parvint  à  constater  la  rotation  de  Jupiter 
sur  son  axe  en  9  heures  et  55  ou  56  minutes.  Une 
rotation  aussi  rapide  doit  engendrer  une  force  cen- 
trifuge très  énergique,  propre  à  provoquer  un  affais- 
sement dans  le  sens  de  l'axe  planétaire,  et  au  rebours 
ce  même  affaissement  dénote  a  priori  la  célérité  du 
tourbillonnement  de  Jupiter.  Les  deux  phénomènes 
se  corroborent  mutuellement. 

Fermement  convaincu  de  la  rotation  de  la  Terre 
autour  de  son  axe,  Newton  annonça  que  notre  pla- 
nète, par  le  fait  même  de  cette  rotation,  devait 
accuser  un  léger  renflement  à  l'équateur.  En  France 
où  tout  le  monde  pensait  alors  comme  Copernic, 


—  из  — 

les  opinions  de  Newton,  en  général,  rencontrèrent 
pourtant  plus  d'adversaires  que  de  partisans.  Néan- 
moins, après  la  mort  de  Newton,  ses  idées  reçurent 
une  éclatante  confirmation  à  la  suite  des  mesures 
géodésiques  réalisées  par  des  savants  français  :  Clai- 
rant  et  Maupertuis  d'une  part  ;  Bougner  et  La  Con- 
damine  de l'autre.  L'aplatissement  terrestre  ressortit 
sans  conteste  à  la  suite  de  la  comparaison  des  me- 
sures d'un  degré  terrestre  estimé  en  Laponie,  puis 
au  Pérou.  Sans  insister  sur  une  question  scientifique 
très  intéressante,  mais  qui  s'écarte  de  notre  cadre, 
nous  nous  bornerons  à  conclure  que  la  rotation  dé- 
venait bien  difficile  à  nier  après  une  manifestation 
aussi  claire  des  effets  par  elle  produits. 

Aucun  homme  de  bon  sens  ne  pouvait  dès  lors 
contester  le  phénomène,  mais  un  siècle  environ 
plus  tard,  Léon  Foucault,  le  même  physicien  qui 
perfectionna  le  télescope  réflecteur,  vint  fournir  à 
la  suite  d'expériences  célèbres  la  preuve  physique 
et  palpable  de  la  rotation  de  la  Terre.  L'expérience 
de  Foucault  est  bien  simple  et  n'offre  aucune  diffi- 
culté. La  voici  telle  qu'on  la  réalise  fréquemment 
dans  les  leçons  publiques  des  Facultés.  Au  plafond 
d'un  amphithéâtre  suffisamment  haut  on  accroohe 
un  fil  de  fer  qui  supporte  une  boule  en  cuivre  bien 
centrée  ;  sur  le  prolongement  du  fil  la  boule  est  mu- 
nie d'une  petite  pointe  en  fer  rasant  presque  le  sol, 
lorsque  le  pendule  est  vertical.  On  écarte  la  boule 


—  144  — 

de  sa  position  d'équilibre  en  la  retenant  par  un  fil 
combustible  et  on  entoure  la  suspension  d'un  tas 
de  sable  annulaire,  pareil  à  ceux  qu'amassent  les 

enfants  sur  les  plages  ou  les  promenades.  Les  choses 
étant  ainsi  disposées,  on  brûle  le  fil  ;  le  pendule 
n'étant  plus  soutenu,  retombe,  commence  à  osciller 
et,  à  chaque  vibration,  sa  pointe  creuse,  de  côté  et 
d'autre  dans  le  sable,  deux  légères  rainures  oppo- 
sées. Si  l'appareil  est  bien  calibré  suivant  toutes 
les  directions  rayonnant  autour  de  la  verticale,  si, 
d'autre  part,  son  mode  de  suspension  lui  rend  éga- 
lement facile  le  balancement  suivant  n'importe  quel 
sens,  condition  délicate  à  obtenir,  mais  non  irréali- 
sable, on  constate  au  bout  de  peu  de  minutes  que 
les  rainures  tracées  par  la  pointe  tournent  petit  à 
petit  dans  le  même  sens  que  le  mouvement  apparent 
des  étoiles,  c'est-à-dire  en  sens  inverse  des  aiguilles 
d'une  montre. 

La  mécanique  rationnelle  enseigne  en  effet  que 
le  plan  d'oscillation  doit,  en  réalité,  rester  immobile 
dans  l'espace  ;  le  pendule  ne  suivant  pas  la  Terre 
dans  son  mouvement  de  rotation,  celle-ci  se  déplace 
par  rapport  à  lui  et  le  mouvement  des  rainures  sur 
le  sable  résulte  de  ce  déplacement  angulaire.  Sous 
nos  latitudes,  le  phénomène  saute  aux  yeux,  mais 
son  explication  théorique  est  moins  simple  que  si 
un  explorateur  heureux  venait  à  bout  de  le  réaliser 
au  pôle  même.  Pour  peu  que  les  précautions  néces- 


—  U5  — 

saires  eussent  été  bien  prises  et  que  l'impulsion  pri- 
mitive donnée  au  pendule  persistât  durant  24  heures 
ininterrompues,  on  constaterait  au  bout  d'un  jour 
sidéral  que  le  pendule  a  décrit  un  cercle  parfait, 
égratignant  successivement  le  pourtour  entier  du 
tas  de  sable. 

L'expérience  du  pendule  de  Foucault  n'est  que  la 
généralisation  appliquée  du  principe  suivant  énoncé 
par  le  géomètre  Poisson,  mais  que  jamais  l'on  n'a 
pu  mettre  en  pratique  :  si  un  canon  ou  mortier  lance 
un  projectile,  ce  dernier,  durant  les  quelques  se- 
condes qui  s'écoulent  entre  le  moment  où  il  est 
chassé  par  la  détente  de  la  poudre  et  l'instant  de  sa 
chute,  échappe  provisoirement  à  la  rotation  ter- 
restre, en  sorte  qu'il  est  rejeté  vers  l'occident  d'une 
quantité  inappréciable  aux  mesures  directes,  mais 
que  le  calcul  peut  estimer.  Or,  qu'est-ce  qu'un  pen- 
dule disposé  comme  nous  l'avons  dit  ?  C'est  un 
véritable  projectile  à  mouvement  très  lent  qui  refait 
un  très  grand  nombre  de  fois  le  même  trajet  dans 
un  sens  puis  dans  l'autre  :  à  chaque  voyage  d'aller 
et  retour  les  déviations  s'accumulent  successive- 
ment et  finissent  à  la  longue  par  constituer  un  angle 
mesurable. 

Nous  mentionnerons  plus  loin,  à  la  fin  de  cette 

rapide  étude,  les  noms  ou  les  ouvrages  de  quelques 

originaux  qui,  au  XVIII0  ou  au  XIXe  siècle,  se  sont 

encore  refusés  à  admettre  le  système  de  Copernic, 

10 


—  146  — 

mais  nous  tenons  à  dire  que  nul  d'entre  eux,  sauf 
Mercier,  n'a  songé  à  contester  le  mouvement  diurne 
de  la  Terre  sur  son  axe  en  24  heures  et  que  toutes 
leurs  objections,  fausses  ou  sans  portée  d'ailleurs, 
s'adressaient  au  seul  mouvement  de  translation, 
dont  il  nous  reste  à  parler  maintenant. 


II 


Tout  en  présentant  une  grosseur  apparente  égale 
à  celle  de  l'astre  des  nuits,  le  Soleil,  comme  le  prou- 
vaient déjà  divers  phénomènes  d'ordre  purement 
négatif,  surpassait  de  beaucoup  la  Lune  en  grandeur 
réelle,  et  en  dépit  de  la  grossièreté  des  erreurs  com- 
mises dans  l'évaluation  des  intervalles,  les  astro- 
nomes des  XVIe  et  XVIIe  siècles  en  savaient  bien 
assez  pour  raisonner  ainsi  :  La  Lune,  dont  on  mesure 
la  distance,  se  présente  comme  une  sphère  dont  le 
rayon  vaut,  en  nombres  ronds,  le  tiers  du  rayon 
terrestre  :  *  pour  que  le  Soleil,  qui  est  si  loin,  couvre 
dans  le  ciel  un  espace  égal,  il  faut  qu'il  soit  énorme. 
Conclusions  :  nul  ne  saurait  contester  que  le  Soleil 
ne  surpasse  en  dimensions,  non-seulement  la  Lune, 
mais  encore  la  Terre,  et  de  beaucoup. 

Un  savant  moderne  n'hésiterait  pas  et  ajouterait 

*  Le  nombre  indiqué  par  Riccioli  en  personne  tient  le  milieu 
entre  les  résultats  de  Tycho,  qui  rapprochait  trop  la  Lune  de  la 
Terre,  et  ceux  de  Kircher  qui  la  jugeait  trop  éloignée. 


—  147  — 

que  le  corps  le  plus  gros  des  deux  doit  être  immo- 
bile et  occuper  le  centre  du  système.  Mais  cet  argu- 
ment spécieux  n'ébranlait  pas  beaucoup  d'astro- 
nomes et  n'émeuvait  guère  Riccioli  qui  fait  observer 
que,  dans  ce  bas  monde,  la  grosseur  matérielle  n'est 
pas  tout  et  qu'il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  «  di- 
gnité »  de  notre  séjour  qui  ne  lui  permet  pas  de 
pivoter  autour  du  Soleil.  Malheureusement  pour 
Riccioli,  les  lois  du  monde  moral  n'influent  guère 
sur  les  phénomènes  de  la  mécanique  céleste. 

Depuis  que  coperniciens  et  anticoperniciens 
avaient  vu  de  leurs  propres  yeux,  au  travers  de 
leurs  lunettes,  les  phases  de  Mercure  et  de  Vénus, 
il  semblait  démontré  pour  tout  esprit  impartial  que 
ces  deux  planètes  inférieures  tournaient  autour  du 
Soleil  ;  quant  aux  mouvements  de  Mars,  Jupiter  et 
Saturne,  il  était  bien  plus  simple  de  les  rapporter  au 
Soleil  pris  pour  centre  qu'à  la  Terre.  Copernic 
n'avait  pas  manqué  d'invoquer,  en  ce  qui  concerne 
particulièrement  Vénus  et  Mars,  les  énormes  varia- 
tions d'éclat  de  ces  deux  astres  comme  une  preuve 
évidente  que  leur  éloignement  de  la  Terre  varie 
dans  de  larges  limites  et  que  dès  lors  celle-ci  n'est 
pas,  à  beaucoup  près,  le  centre  de  leur  mouvement. 
Galilée  ainsi  que  tous  ses  contemporains  et  succes- 
seurs constatèrent  aisément  que  ce  fait  était  très  réel 
et  ne  dérivait  nullement  d'une  illusion  d'optique.  Le 
fait  apparaissant  certain  pour  les  planètes  inférieures 


.-.г  vt  vvr.^'vrtiîrait-^l'.e  -зг»  -.ггг.те  ses  х/иптшшея 

^,         y,       s  »*Л  Л'Л  ^  *  »i      1j*  *      ZJ  »  *-~    -     .»~.  «*-»'.>    -    JET    -      JTV— ^n.       '  *  i 

Лт.;.  f':pl..;  *e  R;cc:oI:.  nous  cor.^éicns  volontiers 
'j  ;e  J#  Terre  ne  v>:t  pas  !e  centre  des  mouvements 
de  to  ,t/;s  les  planètes  :  pour  Ver. us  et  Mercrire  sur- 
f/Vit  le  fait  est  hors  de  contestation.  Mais,  d'autre 
part,  le  témoignage  de  nos  yeux  établît  que  la  Lune 
et  l'ensemble  de  la  sphère  étoiiée  tournent  autour 
de  nous,  sans  parler  des  comètes  ni  des  étoiles  nou- 
velles ;  la  Terre  a  donc  plus  de  droit  que  le  Soleil  à 
M re  pla//:e  au  centre  de  l'univers  et  c'est  le  Soleil, 
jouant  comme  la  Lune  l'emploi  de  luminaire,  qui, 
comme  elle,  enserre  dans  ses  orbes  notre  demeure, 
l'astre  radieux  ayant  en  plus  le  privilège  d'entraîner 
avec  lui  Mercure,  Vénus  et  Mars  comme  satellites. 
Kepler  .se  trompait  grossièrement  lorsqu'il  ju- 
geait, миг  la  foi  de  conceptions  plus  que  fantaisistes, 
le  Soleil  le  plus  dense  des  corps  célestes,  au  lieu 
qu'en  réalité  c'est  un  des  plus  légers  ;  il  ne  se  trom- 
pait pas  moins  en  lui  attribuant  une  transparence 
Mirunturellr,  mais  ces  rCvcrics  dérivaient  du  senti- 
ment que  le  Soleil  jouait  un  rôle  prépondérant  dans 
l'univers  conçu  par  Kepler  et,  avant  lui,  par  Co- 
pernic. Л  travers  ces  louanges  hyperboliques  on 
devinait  un  argument  très  juste  et  très  spécieux; 


—  U9  — 

ce  foyer  embrasé  qui  éclaire  et  échauffe  tout  par 
sa  bienfaisante  influence  doit  être  placé  au  milieu 
même  des  planètes  circulant  autour  de  lui  afin  de 
leur  mieux  distribuer  ses  effluves.  «  La  lampe,  avait 
dit  Copernic,  doit  être  disposée  au  milieu  du  temple 
de  l'Univers.  »  Riccioli  nie  un  peu  légèrement  cette 
égalité  présumée  ;  le  Soleil  favorise  plus  ou  moins 
tels  ou  tels  astres.  Il  est  vrai  qu'à  cette  époque  on 
n'avait  pas  encore  découvert  le  phénomène  de  la 
révolution  des  planètes  autour  de  leurs  axes. 

Comme  Fauteur  de  YAlmagestum,  nous  passerons 
bien  légèrement  sur  deux  arguments  assez  puérils  : 
la  Terre,  séjour  de  créatures  intelligentes,  doit  se 
mouvoir  afin  de  leur  permettre,  par  la  variabilité  du 
coup  d'oeil,  de  mieux  admirer  les  splendeurs  du  ciel. 
De  plus,  l'univers  «  macrocosme»  ou  grand  monde 
a  pour  image  notre  corps  (?)  ;  les  Cieux  figurent  la 
tête  et  la  Terre  les  pieds.  Or,  chez  l'homme,  ce  sont 
les  pieds  qui  marchent  et  non  la  tête. 

Copernic  n'avait  eu  garde  d'étayer  son  système 
sur  de  pareilles  pauvretés.  Il  n'a  pas  davantage  in- 
sisté sur  l'argument  suivant  que  Riccioli  emprunte  à 
un  partisan  bien  inconnu  de  la  rotation  de  la  Terre  : 
Nous  savons  qu'on  appelait  le  «  ciel  »  d'un  astre 
mobile  les  parties  de  l'espace  que  l'astre  pouvait 
rencontrer  dans  sa  course.  Avec  l'hypothèse  de  la 
Terre  immobile  on  est  conduit  à  attribuer  un  très 
petit  ciel  «  au  Soleil  dont  la  marche  est  assez  régu- 


—  «50  — 

lîère  et  des  cieux  énormes  aux  planètes  d'allure  ca- 
pricieuse et  vagabonde.  »  Or,  quoi  de  plus  absurde 
que  de  supposer  le  Soleil,  flambeau  de  l'univers,  si 
mal  partagé,  de  le  forcer  à  se  mouvoir  dans  un  es- 
pace bien  plus  restreint  que  le  vaste  domaine  con- 
cédé à  des  corps  infiniment  plus  petits  ?  Il  y  a  quel- 
que chose  de  plus  absurde  encore,  fait  observer 
Riccioli,  c'est  d'obliger  ce  pauvre  Soleil  à  rester 
immobile  en  lui  refusant  même  un  coin  de  l'espace 
pour  se  mouvoir  !  Nous  pouvons  renvoyer  les  ad- 
versaires dos  à  dos.  La  partie  sérieuse  de  l'objection 
vise  au  fond  la  complication  étrange  du  système 
planétaire  de  Ptolémée  dont  partisans  et  adversaires 
étaient  obligés  de  convenir.  Quant  à  la  partie  fan- 
taisiste, elle  touchait  peu  Riccioli  qui  attribuait  au 
Soleil  un  ciel  très  suffisant,  puisqu'il  rattachait  à 
;  du  jour  Mercure,  Vénus  et  Mars, 
tte  dernière  planète,  les  lunettes  l'avaient  déjà 
ré  lors  de  ses  oppositions,  s'approche  de  la 
bien  plus  près  que  ne  le  fait  le  soleil  et  paraît 
ne,  comme  aux  moments  où  nous  écrivons 
?nes.  A  d'autres  époques,  Mars  s'éloigne  bien 
là  du  Soleil  et  se  rapetisse  singulièrement, 
э  et  Riccioli  admettaient  que  Mars  tournait  non 
г  de  la  Terre,  mais  autour  du  Soleil.  Réfutant 
itiment  du  premier   de  ces  auteurs,  Kepler 
в  au  moins  bizarre  que  la  trajectoire  de  Mars 
couper  celle  du  Soleil.  Au  contraire,  dit-il, 


—  151   — 

plaçons  Mars  entre  la  Terre  et  Jupiter  et  chacun  de 
ces  trois  corps  célestes  circulera  paisiblement  dans 
des  portions  de  l'espace  bien  distinctes  et  même 
séparées  par  d'immenses  intervalles.  Ici  nous  pou- 
vons nous  ranger  à  l'avis  de  Riccioli  :  l'argument 
tombe  de  lui-même  pour  ceux  qui  n'admettent  point 
la  solidité  des  cieux  et  les  autres  raisons  que  four- 
nit YAlmagestum  deviennent  superflues.  D'ailleurs 
Mars,  simple  satellite  dû  Soleil  suivant  Riccioli,  doit 
couper  l'orbe  solaire  ;  exactement  comme,  dans  le 
système  de  Copernic,  la  Lune  en  quadrature  peut 
rencontrer  Técliptique  lorsqu'elle  précède  ou  suit  la 
Terre. 

Malgré  son  génie,  Kepler  se  signalait  par  un 
étrange  penchant  à  chercher  partout  des  lois  harmo- 
niques et  mystérieuses.  Aussi  prétendait-il  confirmer 
d'une  manière  éclatante  le  système  de  Copernic  en 
comparant  les  cinq  planètes,  autres  que  la  Terre, 
aux  cinq  polyèdres  réguliers  de  la  géométrie,  et  en 
forçant  les  nombres  tout  relatifs  indiquant  le  rayon 
des  orbites  rapporté  à  celui  de  l'écliptique,  il  obte- 
nait par  hasard  des  rapports  assez  curieux.  Exagé- 
rant l'importance  de  cette  coïncidence  fortuite,  il  en 
tirait  argument  en  faveur  du  système  de  la  mobilité 
de  notre  globe,  car,  disait-il,  sans  cela  ces  sublimes 
relations  disparaissaient.  Mais,  riposte  notre  jésuite 
astronome,  Kepler  prend  ses  rêveries  pour  des  réa- 
lités ;  ses  prétendues  règles  ne  sont  qu'approchées 


—  152  — 

•    >™  -лг.;  se  trouver  en  défaut  à  la  suite  d'obser- 
tarons  N«  exactes.  Il  serait  déraisonnable  d'im- 
-ч  т<л  f.  l  Auteur  de  toutes  choses  un  monde  construit 
4^\>  ~os  idées  géométriques  ou  nos  conceptions 
«%%*:ч*и*$  (car  Kepler  faisait  aussi  intervenir  la  mu- 
44^4"  vlans  ses  étranges  théories).  Telle  est  une  des 
■■vxvns  que  Riccioli  oppose  à  Kepler,  et  on  ne  peut 
\ч  v^4\4her  de  trouver  celui-là  plus  sage,  en  cette 
vsvurrence,  que  celui-ci. 

Si  nous  remontons  à  la  naissance  —  non  pas  du 
monde,  avec  l'Intimé  —  mais  de  la  science  astro- 
nomique, nous  constatons  que  l'aspect  seul  du  ciel 
étoile  tournant  avec  une  régularité  invariable  sous 
les  yeux  des  premiers  observateurs  leur  inspira  tout 
naturellement  l'idée  d'un  mouvement  circulaire  et 
uniforme.  Ce  principe  fut  étendu  ensuite  à  la  course 
apparente  du  Soleil  et  de  la  Lune,  puis,  envisagé 
désormais  en  tant  que  loi  nécessaire,  s'appliqua  aussi 
aux  planètes.  Seulement  pour  rendre  compte  de 
l'allure    capricieuse  de  celles-ci  et  des  inégalités 
spéciales  à  la  progression  de  nos  deux  luminaires, 
on  admit  que  leurs  trajectoires  résultaient  de  plu- 
sieurs mouvements  circulaires  et  uniformes  com- 
binés entre  eux.  Partant  d'un  point  de  départ,  très 
logique,  mais  faux,  la  science  finissait  par  être  obli- 
gée de  compliquer  sans  cesse  les  anciennes  hypo- 
thèses, sans  les  modifier.  Effrayé  de  cet  ensemble 
qui  s'embrouillait  de  plus  en  plus  à  mesure  que  les 


г 


—  153  — 

observations  s'accumulaient,  Copernic  proposa  de 
tout  simplifier  en  disposant  le  Soleil,  à  la  place  de 
la  Terre,  au  centre  de  l'Univers.  La  nature,  disait-il, 
opère  par  les  voies  les  plus  simples.  Son  disciple 
Rheticus  parla  de  même  et  Riccioli  ne  peut  s'em- 
pêcher d'admirer  la  sagacité  du  chanoine  de  Thorn 
qui  explique  si  facilement  par  les  simples  déplace- 
ments respectifs  de  la  Terre  et  des  planètes  ce  que 
Ptolémée  et  consorts  ne  pouvaient  représenter  que 
par  une  infinité  d'orbes  imaginés  à  grand  renfort 
d'hypothèses.  Kepler,  bien  inspiré  cette  fois,  et 
Lansberg  insistèrent  de  toute  leur  force  sur  l'avan- 
tage qu'offrait  l'hypothèse  copernicienne,  au  point 
de  vue  de  l'explication  des  phénomènes. 

Écoutons  maintenant  la  réfutation  de  Riccioli  :  Si 
simple  qu'il  soit,  on  ne  peut  admettre  un  système 
contraire  au  sens  commun  et  aux  apparences.  A  la 
vérité  nos  sens  peuvent  nous  tromper,  mais  alors 
c'est  aussi  par  des  témoignages  du  même  ordre  que 
nous  constatons  l'illusion.  L'entendement  dont  on 
invoque  ici  la  force,  pour  l'opposer  à  l'impression 
de  nos  organes,  l'entendement  erre  dans  maintes 
circonstances.  Quant  à  la  nature  animée  ou  inani- 
mée, elle  n'offre  rien  de  très  simple,  et  un  esprit 
chimérique  pourrait  découvrir  bien  des  superfluités 
parfaitement  inutiles  à  l'homme.  Ce  qui  est  très  per- 
fectionné n'est  pas  simple  :  les  meilleures  horloges 
ont  beaucoup  de  rouages.  Un  concert  excitera-t-il 


—  «54  — 

notre  admiration  par  cela  seul  qu'il  sera  composé 
de  peu  d'instruments  accompagnant  quelques  voix  ? 
Ne  gagne-t-il  pas  au  contraire  à  être  exécuté  par  un 
très  nombreux  personnel  ? 

Le  système  de  Copernic  simplifie-t-il  réellement 
les  choses  ?  Il  oblige  la  Lune  à  obéir  à  un  double 
mouvement  •,  force  les  quatre  éléments  terrestres  à 
se  mouvoir  de  concert,  sans  parler  d'une  nécessité 
corrélative  pour  les  êtres  vivants  ;  il  met  les  astro- 
nomes dans  la  nécessité  absolue  de  compliquer  le 

m 

tout  d'un  mouvement  diurne  en  24  heures...  N'est-il 
pas  bien  préférable  de  supposer  immobile  la  Terre 
et  tout  ce  qu'elle  renferme,  tandis  que  les  planètes, 
guidées  par  des  «  intelligences,  »  décrivent  leurs 
spirales  dans  l'éther  ? 

Parmi  les  bizarreries  les  plus  choquantes  du  mou- 
vement apparent  des  planètes,  il  faut  signaler  d'a- 
bord le  phénomène  de  la  rétrogradation.  Si  la  mar- 
che du  Soleil  paraît  tant  soit  peu  irrégulière,  si  la 
course  de  la  Lune  présente  des  anomalies  beaucoup 
plus  accusées,  du  moins  ces  deux  astres  s'avancent 
toujours  au  milieu  des  constellations  zodiacales  dans 
le  sens  que  les  astronomes  appellent  direct  **  en 

*  Qu'eût  dit  le  bon  Père  si  les  coperniciens  avaient  eu  connais- 
sance du  mouvement  du  Soleil  vers  la  constellation  d'Hercule? 

**  Le  mouvement  direct  a  lieu  d'occident  en  orient.  Pour  un 
observateur  qui,  tournant  le  dos  à  l'étoile  polaire,  regarde  le  Soleil 
ou  la  Lune,  leur  déplacement,  sur  la  sphère  céleste,  s'opère  en  sens 
inverse  des  aiguilles  d'une  montre,  de  la  droite  à  la  gauche,  comme 
l'impulsion  d'une  vis  qu'on  desserre. 


—  155  — 

passant  du  Bélier  au  Taureau,  du  Verseau  aux  Pois- 
sons. Mais  les  cinq  planètes  connues  au  XVIIe  siècle, 
de  même  qu'Uranus,  Neptune  et  les  innombrables 
astéroïdes  aujourd'hui  observés,  cheminent  tantôt 
dans  le  sens  direct,  tantôt  dans  le  sens  rétrograde  *, 
en  remontant  le  zodiaque.  Les  deux  périodes  de 
progression  directe  et  de  marche  rétrograde  sont 
séparées  par  des  stations  ;  l'astre  ralentit  sa  marche  et 
semble  un  instant  s'immobiliser  sur  la  voûte  étoilée. 
Enfin,  il  est  facile  de  constater  sans  télescope  pour 
Jupiter,  Mars  et  Saturne,  que  le  mouvement  de 
recul  acquiert  son  maximum  de  célérité  à  peu  près 
à  l'époque  des  oppositions,  lorsque  la  planète,  pas- 
sant au  méridien  à  minuit,  brille  de  son  plus  vif 
éclat. 

Ce  phénomène,  qui  avait  mis  à  la  torture  l'ima- 
gination des  premiers  astronomes,  s'explique  très 
facilement  dans  les  idées  de  Copernic.  Quand  Mars, 
par  exemple,  est  en  opposition,  il  s'avance  sur  son 
orbite  dans  le  même  sens  que  la  Terre  le  long  du 
sien  ;  mais  comme  sa  marche  est  beaucop  plus  lente, 
l'observateur  qui  rapporte  instinctivement  tout  à  la 
Terre  immobile  croit  voir  reculer  Mars.  Lorsque, 
au  contraire,  Mars  et  la  Terre  sont  séparées  par  le 
Soleil,  la  vitesse  propre  de  la  planète  s'ajoute  à  celle 

*  Le  mouvement  rétrograde  est  l'inverse  du  mouvement  direct. 
Lorsque  les  planètes  sont  rétrogrades,  elles  se  déplacent  au  milieu 
des  étoiles  dans  le  sens  des  aiguilles  d'une  montre  ou  d'une  vis 
qu'on  enfonce. 


—  156  — 

de  la  Terre  pour  déterminer  un  rapprochement  mu- 
tuel, et  Mars  glisse  dans  le  ciel  dans  le  même  sens 
que  le  Soleil,  c'est-à-dire  suivant  un  mouvement 
direct  qui  atteint  son  maximum  de  rapidité.  Entre 
ces  deux  situations  extrêmes,  à  l'époque  des  qua- 
dratures, lorsque  Mars  se  couche  ou  se  lève  vers 
minuit,  il  semble  stationnaire,  parce  qu'alors  son 
déplacement  réel  et  celui  de  la  Terre  sont  combinés 
de  telle  façon  que  la  ligne  de  visée  partant  de  notre 
demeure  et  aboutissant  à  Mars  perce  transitoireinent 
le  même  point  de  la  voûte  céleste  *. 

Kepler,  Galilée  et  Gassendi  triomphaient,  lors- 
qu'ils opposaient  la  complication  des  cercles  de 
Ptolémée,  dont  les  circonférences  servaient  de  cen- 
tres à  d'autres  trajectoires  circulaires,  à  la  clarté  des 
conceptions  de  Copernic.  Quant  à  Riccioli  qui  trans- 
formait Mercure,  Vénus  et  Mars  en  simples  satellites 
du  Soleil,  il  pouvait,  en  ce  qui  concernait  les  astres 
susdits,  offrir  une  explication  à  peu  près  semblable 
à  celle  du  chanoine  de  Thorn.  Mais  il  trouve  aussi 
pour  Jupiter  et  pour  Saturne  que  la  marche  par 
épicycles  est  plus  parfaite,  par  cela  seul  qu'elle  est 
plus  complexe.  Riccioli  ajoute  une  réflexion  qu'il 

*  Nous  ne  rédigeons  pas  ici  un  cours  élémentaire  d'astronomie» 
aussi  ajouterons-nous  sans  explications  que  Mercure  et  Vénus,  pla- 
nètes inférieures,  sont  animées  d'un  mouvement  direct  lorsqu'elles 
sont  pleines  et  éloignées  de  la  Terre,  et  d'un  mouvement  rétrograde 
lorsqu'elles  sont  nouvelles  et  que  leur  diamètre  apparent  se  déve- 
loppe à  un  maximum. 


о/    — 

qualifie  bien  à  tort  de  valde  notabilis.  Puisque,  selon 
Copernic,  la  Terre  s'avance  en  tournant  sur  elle- 
même,  comment  ne  nous  apercevons-nous  pas  des 
inégalités  énormes  de  mouvements  qui  se  produi- 
sent suivant  que  les  deux  impulsions  se  combattent, 
ce  qui  a  lieu  pendant  le  jour,  ou  s'ajoutent,  ce  qui 
se  produit  durant  la  nuit  ?  Comment  aussi  supposer 
que  la  Lune  soit  entraînée  aussi  par  la  Terre  autour 
du  Soleil,  alors  que  sa  trajectoire  propre  la  dirige 
en  sens  contraire  lorsqu'elle  est  nouvelle  ?  N'est-il 
pas  enfin  plus  simple  de  sacrifier  l'hypothèse  de 
Copernic  et  d'admettre,  non  pour  notre  séjour  lui- 
même,  mais  pour  des  planètes  fort  éloignées,  un 
mouvement  conforme  aux  apparences,  rétrograde 
ou  direct,  avec  de  courts  intervalles  de  repos  ? 

Franchement  Riccioli  fut  mieux  inspiré  lorsqu'il 
jeta  hardiment  par  dessus  bord  l'hypothèse  de  Pto- 
lémée  en  ce  qui  concerne  Mercure  et  Vénus.  L'étude 
de  leurs  mouvements  oscillatoires  autour  du  Soleil 
et  surtout  l'existence  de  leurs  phases  visibles  au 
télescope  le  conduisit  à  les  regarder  comme  de  véri- 
tables satellites  du  Soleil. 

Ce  qui  dans  l'hypothèse  de  Ptolémée  contribuait 
à  ajouter  encore  à  la  confusion  de  la  théorie,  c'était 
ce  fait  que  les  planètes  ne  se  meuvent  pas  dans  le 
plan  même  de  l'écliptique  ou  orbite  terrestre.  En 
effet,  si  la  coïncidence  existait,  pour  Vénus  par 
exemple,  les  passages  de  l'Etoile  du  Berger  sur  le 


—  158  — 

disque  du  Soleil  au  lieu  de  ne  se  présenter  que  deux 
fois  par  siècle  *,  se  renouvelleraient  à  chaque  con- 
jonction, pour  la  plus  grande  joie  des  astronomes. 
L'hypothèse  de  Copernic  une  fois  admise  et  l'incli- 
naison des  orbites  étant  reconnue  et  mesurée,  les 
éphémérides  des  planètes  deviennent  relativement 
faciles  à  dresser  ;  les  calculs,  à  la  vérité,  affectent 
moins  de  simplicité  que  si  un  même  plan  contenait 
à  la  fois  toutes  les  ellipses  planétaires.  Mais  si  Ton 
se  cramponne  à  la  vieille  croyance,  au  lieu  d'une 
théorie  simple  traduisant  des  phénomènes  em- 
brouillés, il  faut  user  d'hypothèses  complexes  elles- 
mêmes.  Toutefois  Riccioli  tient  au  mouvement  de 
libration  ou  de  balancement  qu'on  avait  imaginé 
pour  interpréter  les  excursions  des  planètes  en  de- 
hors de  l'écliptique  ;  il  justifie  son  dire  par  des 
raisons  qui  nous  sont  déjà  connues  ;  il  invoque  de 
rechef  le  témoignage  de  nos  sens  et  reprend  son 
apologie  de  la  beauté  des  complications  naturelles. 
Qui  empêche  d'ailleurs  les  «  intelligences  »  de  faire 
décrire  aux  planètes  des  spires  convenables  à  l'in- 
terprétation des  mouvements  **. 

*  On  nomme  «  ligne  des  nœuds  »  la  droite  intersection  des  deux 
plans  orbitaux.  Comme  ceux-ci,  la  ligne  des  nœuds  passe  par  le 
centre  du  Soleil.  On  voit  de  la  Terre  Vénus  traverser  comme  une 
tache  noire  le  disque  solaire  lorsque  les  deux  planètes  sont  Tune  et 
l'autre  à  la  fois  très  voisines  de  la  ligne  des  nœuds,  ce  qui  arrive 
bien  rarement. 

**  Nous  passons  sous  silence  l'objection  suivante  qui,  bien  que 
purement  astronomique,  n'offre  ni  portée,  ni  intérêt. 


—  159  — 

Aujourd'hui  si  le  mouvement  annuel  venait  en- 
core à  être  scientifiquement  contesté,  les  astronomes 
contemporains  pourraient,  nous  le  verrons  bientôt, 
alléguer  maintes  preuves  et  entre  autres  ce  fait  que 
quelques  étoiles,  en  très  petit  nombre,  ont  une  pa- 
rallaxe annuelle  infime,  mais  mesurable.  Autrement 
dit,  suivant  la  position  de  la  Terre  sur  son  orbite, 
certaines  étoiles  se  déplacent  infiniment  peu  sur  la 
voûte  céleste,  abstraction  faite  du  phénomène  de 
l'aberration.  Néanmoins  il  a  fallu  pour  constater  ce 
fait,  employer  des  instruments  très  perfectionnés, 
maniés  par  des  savants  rompus  aux  observations. 
Comment  alors  admettre  que  tel  ou  tel  astronome 
d'il  y  a  trois  cents  ans  ait  réellement  vu  l'aspect  du 
ciel  changer  de  six  en  six  mois  ?  Copernic  lui-même 
se  serait  empressé  de  repousser  une  semblable  allé- 
gation et  Riccioli  a  raison  de  ne  pas  insister. 

Il  remporte  une  victoire  non  moins  facile  sur  les 
maladroits  amis  de  Copernic,  lorsqu'il  étudie  la  dé- 
croissance régulière  de  la  «  Pèlerine.  »  Quelques 
braves  gens,  lorsque  apparut  dans  le  ciel  cette  mer- 
veilleuse étoile,  partirent  du  principe  qu'elle  s'était 
allumée  entre  Saturne  et  les  fixes.  Dès  lors,  disaient- 
ils,  si  Copernic  est  dans  le  vrai,  la  Pèlerine  doit 
subir  des  variations  sensibles  d'éclat  suivant  que  la 
Terre  s'approche  ou  s'éloigne  d'elle.  Hélas  !  en  pré- 
sence d'une  extinction  régulière,  les  novateurs  con- 
fondus expièrent  leur  pétition  de  principe.  De  même, 


—  160  — 

Kepler  invoquait  trop  prématurément  certaines  iné- 
galités des  satellites  de  Jupiter,  lesquelles,  mieux 
approfondies,  ont  permis  à  Rœmer  d'estimer  la 
vitesse  de  la  lumière. 

Dans  le  chapitre  suivant  Riccioli  disserte  longue- 
ment au  sujet  de  la  comparaison  de  certaines  obser- 
vations anciennes  avec  des  observations  plus  nou- 
velles, desquelles  il  semble  résulter  un  déplacement 
de  la  méridienne  et  une  modification  de  la  hauteur 
du  pôle.  Purement  imaginaires,  ces  anomalies  résul- 
taient seulement  de  mesures  mal  faites  qu'on  ne 
voulait  pas  sacrifier. 

L'auteur  s'écarte  ensuite  derechef  de  son  sujet 
pour  aborder  deux  questions  :  celle  des  taches  du 
soleil  et  de  leur  découverte  par  Scheiner  plutôt  que 
par  Galilée  et  celle  des  marées  et  il  s'efforce  d'en 
déduire  des  raisons  en  faveur  de  sa  thèse.  Nous  le 
laisserons  discuter  à  son  aise  la  question  de  priorité, 
et  quant  aux  marées,  nous  n'infligerons  pas  au  lec- 
teur l'énoncé  des  quinze  opinions  que  résume  com- 

« 

plaisamment  Riccioli  au  sujet  de  ce  phénomène. 
Vient  au  seizième  rang  le  sentiment  de  Kepler  qui 
en  attribue  la  cause  à  la  force  magnétique  de  la  Lune 
comme  «  force  magnétique  »  d'après  le  contexte, 
signifie  tout  bonnement  force  attractive,  on  voit, 
sans  analyser  à  fond  la  pensée  de  Kepler,  que  ce 
grand  astronome  n'était  pas  très  éloigné  de  la  vérité. 
Mais  le  phénomène,  assez  simple  dans  sa  cause 


—  161  — 

réelle,  se  manifeste,  nous  ne  l'ignorons  pas,  comme 
très  complexe  dans  ses  effets.  Aussi  Riccioli  trouve- 
t-il  facilement  des  exemples  très  justes  pour  infirmer 
les  idées  de  Kepler.  Il  combat  aussi  la  dix-septième 
opinion,  celle  de  Galilée,  qui  fait  provenir  le  flux 
et  le  reflux  du  double  mouvement  de  la  Terre.  Là 
encore  Riccioli  n'a  pas  tort.  Pour  conclure,  il  émet 
son  propre  avis  qui  est  un  chef-d'œuvre  d'éclec- 
tisme ;  la  Lune  excite  comme  un  bouillonnement  au 
fond  de  la  mer  ;  mais  le  Soleil  jouit  aussi  de  sa  petite 
influence,  ainsi  qu'une  foule  de  circonstances  rela- 
tives à  la  configuration  de  chaque  mer.  Quoique 
l'auteur  de  YAlmagestum  invoque  assez  mal  à  propos 
les  feux  souterrains,  les  gouffres  des  Océans,  quoi- 
qu'il confesse  de  bonne  foi  ne  pas  comprendre  com- 
ment la  force  attirante  de  la  Lune  peut  s'exercer  au- 
delà  du  centre  de  la  Terre  jusqu'au  nadir,  il  conçoit 
assez  bien  les  marées  comme  un  phénomène  gou- 
verné par  une  cause  principale,  mais  que  peuvent 
modifier  diverses  influences  secondaires.  Quant  à  la 
controverse  avec  Galilée,  qui  prétendait  prouver  la 
mobilité  du  globe  au  moyen  de  l'étude  des  marées, 
elle  n'a  aucune  portée  et  nous  ne  perdrons  pas  notre 
temps  à  l'exposer.  * 

*  Non  plus  que  le  paradoxe  de  Baliani,  noble  génois  du  XVII-  siècle 
qui  attribuait  les  alternatives  du  flux  et  du  reflux  à  la  rotation  de 
la  Terre,  non  autour  du  Soleil,  mais  autour  de  la  Lune  !  C'est' 
croyons-nous,  le  seul  auteur  qui  ait  songé  à  renverser  les  rôles  de 
la  Terre  et  de  son  satellite. 

U 


—  162  — 

Ici  se  termine  la  longue  énumération  des  raisons 
justes  ou  fausses,  faibles  ou  puissantes,  que  les  divers 
auteurs  coperniciens  ont  invoquées  à  l'appui  de  leur 
thèse,  souvent  à  la  suite  de  leur  chef  d'école. 

Ne  concluons  pas  encore,  car  nous  exposerons 
dans  une  prochaine  étude  les  répliques  de  leurs 
adversaires  et  enregistrerons  les  découvertes  posté- 
rieures qui  ont  définitivement  donné  gain  de  cause 
aux  sectateurs  du  chanoine  de  Thorn. 


RAPPORT 

Sur  le  cours  de  M.  CLERC \  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres 

RELATIF   A  LA 

CAMPAGNE  DE  MARIUS  EN  PROVENCE 

par 

M.  Maurice  de  DURANT!  la  GALADE 


Il  y  a  un  mois  à  peine  que  M.  Clerc,  professeur 
d'histoire  de  Provence  à  la  Faculté  des  Lettres,  clô- 
turait son  cours  public  de  cette  année  et  terminait 
en  même  temps  l'étude  approfondie  de  la  guerre 
cimbrique  et  de  la  campagne  de  Marius  dans  les 
Gaules,  qui  avaient  fourni  la  matière  de  son  cours 
pendant  trois  hivers  consécutifs. 

A  cette  occasion,  quelques-uns  d'entre  vous  ont 
bien  voulu  manifester  le  désir  que  je  présentasse  à 
l'Académie  un  résumé  succinct  de  ce  cours  dont  le 
sujet  est  si  intéressant  pour  les  habitants  d'Aix.  Ils 
m'ont  demandé  d'indiquer  dans  ce  résumé  comment 
le  savant  professeur  avait  envisagé  les  diverses 
phases  de  ce  fait  d'armes  mémorable  qui  a  eu  pour 
théâtre  les  environs  de  notre  ville,  de  faire  connaître 
le  système  qu'il  a  adopté  sur  ce  thème,  à  propos 
duquel  tant  d'autres,  avant  lui,  ont  émis  des  opinions 


—  lit  — 

A3  T-a*^U»     -  —   •.-    U„.»  л— *_-  -  — CT  ^  ^r   5v5i=: — sïT- 

Ç    »4Ub   eS>2VcT   fcrf    b^.~_ïX2 — с  Ce  w-Л—  .   .  ■  ■  r.  ■  *>     •   •_•. 


ne  тоиъ  étonnerez  pas  s:  je  se  puis  le  ferre 
imparfaitement,  bitu  que  j'aie  suivi  avec  assidurrê  1 
cour*  de  пс/tre  professeur  et  que  j'y  aie  prêté  Г 
tion  la  plus  soutenue.  Il  n'est  pas  aise,  n  ayant 
guide  que  mes  seuls  souvenirs,  de  condenser  en 
quelques  pages  un  enseignement  très  complet,  for- 
tement documenté  et  qui  a  lait  l'objet  de  leçons 
nombreuses  et  bien  remplies. 

M.  Clerc,  en  effet,  a  traité  la  question  de  la  cam- 
pagne de  Mari  us  avec  la  haute  autorité  que  lui  donne 
sa  vaste  érudition.  Il  est  très  versé  dans  la  connais- 
sance de  l'histoire  ancienne  et,  en  particulier,  de 
l'histoire  romaine.  Il  sait  trouver,  dans  les  historiens 
de  l'antiquité  les  moins  connus,  les  textes  isolés  qui 
se  rapportent  à  son  sujet.  Aucun  monument  épigra- 
phique  ne  lui  échappe.  Enfin,  en  ce  qui  concerne  spé- 
cialement la  campagne  de  Marius  dans  les  Gaules, 
il  a  analysé  et  critiqué  avec  une  rare  sagacité  tous 
les  historiens  anciens  et  les  auteurs  modernes  qui 
s'en  sont  occupés.  Il  a  parcouru  toutes  les  localités 
dont  il  avait  à  parler,  les  a  étudiées  de  très  près, 
tant  au  point  de  vue  archéologique  qu'au  point  de 
vue  stratégique,  aidé  des  lumières  d'un  officier  d'état- 
major. 

Après  avoir  exposé,  dans  les  deux  premières  an- 


—  165  — 

nées,  ce  que  j'appellerai  les  préliminaires  de  la  cam- 
pagne, il  a  enfin,  cet  hiver,  développé  ce  qui  est 
relatif  à  la  campagne  proprement  dite,  c'est-à-dire 
à  la  marche  des  armées  belligérantes,  à  l'emplace- 
ment et  aux  détails  des  deux  batailles  qui  ont  eu 
pour  résultat  la  défaite  et  la  destruction  des  Ambro- 
Teutons. 

Comme  j'avais,  moi-même,  en  1892,  publié  quel- 
ques observations  sur  le  même  sujet,  en  réponse  à 
une  conférence  du  capitaine  Dervieu(i),  j'ai  natu- 
rellement redoublé  d'attention  aux  leçons  de  notre 
éminent  professeur,  et  ce  n'est  pas  sans  une  certaine- 
anxiété  que  je  me  demandais  si  le  système  qu'il  allait 
exposer  serait  conforme  aux  idées  que  j'avais  émises. 

Cette  conformité  s'est  produite  quelquefois-  Ce- 
pendant, sur  un  point  très  important  à  mes  yeux, 
les  conclusions  de  M.  Clerc  ont  été  bien  différentes 
de  celles  que  j'avais  proposées. 

Je  m'étais  efforcé,  en  effet,  de  démontrer  que,  sur 
les  deux  combats  livrés  par  Marius,  le  premier  avait 
eu  pour  théâtre  les  bords  de  l'Arc  très  près  de  notre 
ville,  et  le  second  la  plaine  de  Trets  ou  de  Pour- 
rières.  Tandis  que  M.  Clerc  soutient  que  toutes  les 
phases  de  ce  grand  drame  militaire  se  sont  déroulées 

(1)  Observations  d'un  habitant  d'Aix  sur  la  brochure  de 
M.  Claude  Dervieu,  intitulée  :  Campagne  de  Marius  contre  les. 
Teutons.  — Aix,  A.  Makaire,  1892. 


—  166  — 

sur  le  même  champ  de  bataille  et  que  les  deux  com- 
bats ont  eu  lieu  aux  environs  de  Pourrières. 

Sans  doute  notre  professeur  a  appuyé  son  opinion 
sur  de  fort  bonnes  raisons.  Et,  à  cause  de  l'autorité 
qui  s'attache  à  son  nom  et  à  son  talent,  il  est  pro- 
bable que  cette  opinion  prévaudra  à  l'avenir  et  qu'il 
serait  téméraire  de  la  contredire. 

Cependant  je  ne  puis  m'empêcher  de  penser  que 
ce  système  n'est  pas  absolument  indiscutable,  et  je 
voudrais  tenter  de  montrer  ici  les  points  sur  lesquels 
il  peut  donner  lieu  à  quelques  critiques.  Dans  ce  but 
il  me  faudra  d'abord,  sauf  à  revenir  plus  tard  sur  les 
questions  sujettes  à  controverse,  exposer  dans  une 
vue  d'ensemble  et  très  sommairement  la  campagne 
de  Marius  telle  que  M.  Clerc  l'a  comprise. 

Pour  entreprendre  cet  exposé,  j'aurais  voulu 
avoir  sous  les  yeux  un  texte  écrit.  Ce  texte  paraîtra 
probablement  bientôt,  car  M.  Clerc  a  annoncé  la 
publication  prochaine  d'un  ouvrage  sous  ce  titre  : 
Massalia,  histoire  de  Marseille  dans  Г  antiquité  de- 
puis les  temps  les  plus  reculés  jusquà  la  chute  de 
Г  Empire  Romain.  L'histoire  de  la  guerre  des  Teu- 
tons sera  la  matière  du  chapitre  2  du  livre  IVe  de  ce 
grand  ouvrage. 

Malheureusement  je  ne  puis  pas  attendre  d'être 
à  même  de  lire  ce  livre.  A  mon  âge  on  ne  peut 
compter  sur  l'avenir  et  je  vais  être  obligé  de  parler 
de  l'enseignement  de  M.  Clerc  à  l'aide  de  ma  seule 


—  167  — 

mémoire.  Je  serai  certainement  incomplet,  peut-être 
inexact.  J'en  fais  mes  excuses  d'avance  au  professeur 
ainsi  qu'à  ceux  qui  voudront  bien  me  lire. 

D'ailleurs  je  parlerai  uniquement  de  ce  que  j'ai 
appelé  la  campagne  proprement  dite.  Quant  aux 
intéressants  développements  auxquels  M.  Clerc  s'est 
livré  sur  la  composition  des  armées  romaines,  l'or- 
ganisation et  la  disposition  de  leurs  campements, 
l'ordre  de  bataille  des  légions  et  les  modifications 
que  Marius  y  a  apportées  ;  quant  à  la  discussion 
savante  qu'il  a  fournie  en  dernier  lieu  sur  les  ins- 
criptions, les  monuments  triomphaux  ou  tumulaires 
que  Ton  a  cru  relatifs  à  la  guerre  contre  les  Teutons 
et  leur  plus  ou  moins  d'authenticité,  je  n'essayerai 
pas  de  les  résumer.  Mes  souvenirs  seraient  trop  in- 
fidèles, et  c'est  dans  le  livre  annoncé  qu'il  faudra  les 
lire. 

Au  début  des  leçons  de  cette  année,  M.  Clerc  a 
établi  le  principe  suivant  :  en  étudiant  la  campagne 
de  Marius  pour  en  retrouver  les  diverses  circons- 
tances, pour  déterminer  quels  ont  été  les  mouve- 
ments des  belligérants  sur  lesquels  les  historiens  de 
l'antiquité  nous  fournissent  bien  peu  de  renseigne- 
ments, il  ne  faut  pas  prendre  ces  circonstances  en 
détail  et  les  discuter  dans  leur  ordre  chronologique,, 
depuis  le  début  jusqu'au  dénouement.  Il  faut,  au 
contraire,  rechercher  d'abord  le  but  à  atteindre  et, 


—  168  — 

une  fois  qu'on  Га  fixé,  revenir  en  arrière  sur  les 
points  discutables.  Car,  alors,  le  but  éclaire  les 
moyens  à  prendre  pour  l'obtenir  et,  si  Ton  hésite 
entre  plusieurs  combinaisons,  on  a  moins  de  chances 
de  se  tromper  en  choisissant  celle  qui  conduit  le 
mieux  au  résultat  désiré. 

Or,  le  but  que  poursuivait  Marius,  la  mission  qu'il 
avait  reçue  de  Rome,  c'était  d'empêcher  la  horde 
des  Barbares  de  pénétrer  en  Italie.  Il  devait  leur 
barrer  le  chemin  et,  non-seulement  les  vaincre, 
mais  les  anéantir  s'il  le  pouvait. 

Marius  qui  avait  séjourné  trois  ans  dans  la  pro- 
vince romaine,  en  attendant  l'ennemi,  avait  certai- 
nement étudié  à  fond  cette  région.  Il  avait  dû  cher- 
cher un  champ  de  bataille  dans  les  meilleures  con- 
ditions possibles  et  il  avait,  sans  doute,  reconnu  que 
celui  qui  répondait  le  mieux  à  ses  vues  c'était  la 
plaine  de  Trets. 

Cette  plaine,  en  effet,  qui  est  actuellement  com- 
prise entre  les  villages  de  Rousset,  de  Puyloubier, 
de  Pourrières,  de  Pourcieux  et  de  Trets,  était  assez 
vaste  pour  que  les  hordes  barbares  pussent  s'y  éten- 
dre et  s'y  grouper.  En  se  dirigeant  vers  l'Italie  et  en 
venant  conséquemment  du  côté  de  l'ouest,  ils  ne 
pouvaient  y  pénétrer  que  par  le  couloir  étroit  occupé 
par  l'Arc,  entre  les  collines  de  Châteauneuf-le- 
Rouge,  dernier  échelon  de  Sainte-Victoire,  et  les 
hauteurs  voisines  de  F u veau  et  de  Château-l'Arc. 


-   169  — 

Pour  en  sortir  du  côté  du  levant,  il  fallait  s'en- 
gager dans  la  vallée  qui  s'ouvre  entre  Pourrières  et 
Pourcieux,  vallée  qui  forme  un  cul-de-sac  fermé  de 
tous  côtés,  car  c'est  là  que  ГАгс  prend  sa  source. 
Les  hauteurs  qui  la  bornent  à  l'Est  ne  sont  pas,  sans 
doute,  infranchissables.  Elles  ont  cependant  une 
certaine  importance,  et,  après  les  avoir  gravies,  on 
redescend  de  l'autre  côté  vers  Saint-Maximin  et  on 
tombe  dans  le  bassin  de  l'Argens. 

Une  armée  enfermée  dans  la  plaine  qui  vient 
d'être  décrite  et  à  qui  on  barre  le  passage  vers  l'Est, 
ne  peut  s'échapper  ni  au  Nord  ni  au  Midi,  à  cause 
des  montagnes  inaccessibles  de  Sainte- Victoire  et  de 
la  chaîne  des  monts  Auréliens.  Elle  peut  très  diffici- 
lement rebrousser  chemin  vers  la  ville  d'Aix,  car 
son  entassement  dans  le  défilé  près  de  Châteauneuf- 
le-Rouge  amènerait  un  désordre  très  dangereux  en 
cas  de  défaite,  et  d'ailleurs  ce  passage  étroit  peut 
être  aisément  défendu. 

Marius  ne  pouvait  donc  trouver  un  terrain  plus 
avantageux.  La  plaine  de  Trets  était  non-seulement 
un  champ  de  bataille  favorable  pour  lui,  mais  un 
véritable  piège  dont  l'ennemi  ne  pouvait  se  tirer 
après  une  déroute. 

Toutes  les  combinaisons,  tous  les  efforts,  toutes 
les  manœuvres  du  général  romain  ont  eu  certaine- 
ment pour  objet  de  faire  prendre  position  à  son 
armée  au  fond  de  la  haute  vallée  de  l'Arc  et  d'attirer 


—  <70  — 

ou  de  pousser  l'ennemi  dans  le  piège  ainsi  préparé. 

Ceci  posé,  M.  Clerc  a  exposé,  ainsi  que  je  vais 
essayer  de  l'indiquer,  les  mouvements  des  deux  ar- 
mées. 

En  ce  qui  concerne  l'emplacement  du  camp,  où 
Marius  s'était  retranché  pour  attendre  l'arrivée  de 
l'ennemi,  notre  professeur  rejette  d'abord  les  an- 
ciennes hypothèses  insoutenables  qui  l'avaient  placé 
soit  à  Marignane,  soit  à  Fos,  soit  dans  la  Camargue. 
Les  commentateurs  plus  modernes  étaient  à  peu 
près  d'accord  pour  supposer  que  ce  camp  était  sur 
un  point  plus  ou  moins  voisin  de  Saint-Remy  ou 
de  Saint-Gabriel.  M.  Clerc  lui  assigne  une  position 
peu  éloignée  de  la  chaîne  des  Alpines,  sur  la  Mon- 
tagnette,  petit  massif  montagneux  au  Nord-Ouest  de 
cette  chaîne  et  encadré  entre  Tarascon,  Mézoargues, 
Barbentane  et  Graveson. 

C'est  sur  un  plateau  au  sommet  de  ces  hauteurs, 
connu  sous  le  nom  de  plateau  de  Beauregard,  que 
Marius,  d'après  M.  Clerc,  avait  établi  son  camp 
d'attente.  De  là  il  surveillait  le  cours  du  Rhône  et 
celui  de  la  Durance,  très  près  de  leur  confluent.  Il 
pouvait  voir  si  l'ennemi  arrivait  par  l'une  ou  l'autre 
des  rives  du  Rhône  et  s'il  passait  la  Durance.  Dans 
ce  dernier  cas,  il  était  presque  assuré  que  les  Bar- 
bares ne  songeaient  pas  à  remonter  cette  rivière 
pour  entrer  en  Italie  par  le  mont  Genèvre  et  qu'ils 
voulaient  y  arriver  par  le  littoral. 


—  \n  — 

Ce  camp  était  d'ailleurs  approvisionné  par  des 
barques  qui  remontaient  le  Rhône  jusqu'au  pied  de  la 
Montagnette,  après  avoir  suivi  les  fosses  mariennes 
qui,  partant  de  Fos,  faisaient  communiquer  la  mer 
avec  la  branche  orientale  du  fleuve  qui  embrasse  la 
Camargue. 

C'est  dans  cette  forte  position  que  Marius  atten- 
dait les  Ambro-Teutons,  qui  arrivèrent  probable- 
ment par  la  rive  gauche  du  Rhône.  Ils  traversèrent 
la  Durance  et  le  général  romain  ne  chercha  pas  à 
leur  disputer  le  passage,  car  il  ne  demandait  pas 
mieux  que  de  les  voir  s'engager  dans  les  routes  tra- 
versant la  basse  Provence  où  son  plan  était  de  les 
attirer. 

Ils  s'établirent  dans  la  plaine  qui  s'étend  entre  la 
rivière,  la  Montagnette  et  les  Alpines.  Ils  provo- 
quèrent les  Romains  au  combat  ;  Marius  resta  der- 
rière ses  retranchements  en  dédaignant  leur  défi. 
Les  Barbares  essayèrent  alors  de  donner  l'assaut  au 
camp  des  Romains  qui  les  repoussèrent,  et,  après 
cet  échec,  ils  poursuivirent  leur  route  dans  la  direc- 
tion d'Aquae-Sextiae  en  suivant  un  chemin  dont,  si 
j'ai  bien  compris  les  explications  de  M.  Clerc,  le 
tracé  était  à  peu  près  le  même  que  celui  de  la  route 
nationale  actuelle  d'Avignon  à  Aix  et  passait,  par 
conséquent,  par  le  défilé  d'Orgon,  entre  l'extrémité 
des  Alpines  et  la  Durance.  En  défilant  devant  l'ar- 
mée romaine,  ils  la  bravaient  en  disant  aux  soldats 


—  172  — 

qu'ils  allaient  à  Rome  porter  de  leurs  nouvelles  à 
leurs  femmes. 

Marius  décampe  à  son  tour  et  les  suit,  non  pas  en 
queue,  comme  l'ont  dit  certains  historiens  trompés 
par  une  fausse  interprétation  du  texte  de  Plutarque* 
mais  par  une  marche  latérale  et  parallèle.  Il  a  soin 
de  camper  sur  des  lieux  élevés  pour  y  passer  la  nuit 
en  sûreté  et  s'efforce  aussi  de  gagner  l'ennemi  en 
vitesse  et  même  de  le  devancer.  Ц  le  pouvait  sans 
doute,  grâce  à  la  mobilité  de  ses  troupes  exercées 
et  à  la  lenteur  des  Barbares  qui,  embarrassés  de  leurs 
charriots,  de  leurs  femmes,  et  obligés  de  s'éparpiller 
pour  trouver  des  vivres,  ne  pouvaient  avancer  rapi- 
dement. 

Dissimulant  ses  mouvements  derrière  le  rideau 
formé  par  la  chaîne  des  Alpines,  l'armée  romaine 
suit  d'abord  le  versant  méridional  de  cette  chaîne  ; 
puis,  arrivée  à  la  gorge  de  Lamanon,  elle  la  franchit 
en  se  dirigeant  vers  l'emplacement  de  Mallemort. 
J'aurai  à  revenir,  dans  la  discussion,  sur  cette  ma- 
nœuvre, après  laquelle  Marius,  au  lieu  de  se  tenir 
sur  le  flanc  droit  de  l'armée  ennemie,  se  trouve  sur 
son  flanc  gauche. 

De  là,  suivant  les  hauteurs  de  la  chaîne  des  Côtes 
et  de  la  Trévaresse,  dans  la  direction  de  Rognes,  il 
arrive  vers  Venelles  aux  environs  d' Aix.  Continuant 
ensuite  par  Saint-Marc-de-Jaumegarde,  Vauvenar- 
gues,  Claps  et  contournant  la  croupe  de  Sainte- 


—  173  — 

Victoire,  il  arrive  enfin  près  de  Pourrières  dans  la 
haute  vallée  de  Г  Arc. 

Parvenu  ainsi  à  l'extrémité  orientale  du  champ  de 
bataille  qu'il  a  choisi  d'avance,  le  consul  romain 
prend  position  sur  une  éminence  à  une  altitude  de 
314  mètres,  d'après  la  carte  d'état-major,  au  point 
désigné  sur  la  même  carte  par  les  mots  Bastide  blan- 
che. A  ce  moment  les  Ambrons,  qui  marchaient  en 
tête  de  la  horde  barbare,  avaient  déjà  pénétré  dans 
la  plaine  de  Trets  et  avaient  campé  vis-à-vis  les 
Romains,  aux  environs  de  Saint-Andéol  et  de  Sa- 
caron. 

C'est  alors  que  sur  la  plainte  de  ses  soldats  qui 
manquaient  d'eau,  Marius  leur  montra  l'Arc  qui  les 
séparait  des  ennemis.  Les  valets  d'armée  descendent 
vers  la  rivière  pour  remplir  leurs  cruches  et  le  com- 
bat s'engage  dans  les  conditions  que  l'on  sait.  Les 
Ambrons  sont  culbutés  et  la  nuit  empêche  les  Ro- 
mains d'achever  leur  victoire. 

Marius  rentre  dans  son  camp,  dont  les  retranche- 
ments ne  sont  pas  achevés,  et  redoute  une  attaque 
nocturne  qui  ne  se  produit  pas.  Les  Ambrons  battus 
attendent  l'arrivée  des  Teutons  leurs  alliés.  Une 
journée  s'écoule  et  peut-être  deux,  si  on  adoptait  la 
version  de  l'historien  Orose.  Marius  en  profite  pour 
compléter  ses  fortifications,  faire  reposer  ses  troupes 
et  leur  faire  prendre,  à  l'heure  voulue,  le  repas  du 


—  174  — 

soir  (  i  ).  Il  envoie  son  lieutenant  Claudius  Marcellus 
à  la  tête  de  3000  hommes  avec  Tordre  de  se  dissi- 
muler dans  les  ravins  couverts  de  bois  qui  régnent 
le  long  du  bord  méridional  de  la  plaine,  à  la  base 
des  monts  Auréliens,  près  de  Trets  et  de  Peynier, 
afin  de  tourner  l'ennemi  et  de  le  surprendre  par 
derrière,  en  lui  fermant  le  passage  vers  Rousset  et 
Châteauneuf. 

Enfin,  dès  le  matin,  le  général  déploie  sa  cavalerie 
sur  son  aile  droite,  dans  la  plaine  du  côté  de  Puy- 
loubier,  pour  provoquer  ses  adversaires.  Ceux-ci 
s'élancent  à  l'assaut  du  camp  romain.  Marius  recom- 
mande à  ses  légions,  rangées  en  bataille  devant  les 
palissades  de  son  camp,  d'attendre  le  choc  de  pied 
ferme,  sans  descendre  de  la  hauteur  où  ils  sont 
placés.  L'élan  des  Barbares  est  amorti  par  la  montée 
qu'ils  sont  obligés  de  gravir.  Bientôt  la  chaleur  du 
climat  méridional  auquel  ils  ne  sont  pas  habitués 
les  accable.  Les  premiers  rangs  sont  rejetés  sur  ceux 
qui  sont  en  arrière.  Marcellus  enfin  paraît  à  l'extré- 
mité occidentale  de  la  plaine  et  attaque  de  ce  côté. 
L'armée  Ambro-Teutonne ,  se  voyant  cernée  de 
toutes  parts,  est  saisie  d'une  terreur  panique  et 
tombe  dans  une  inexprimable  confusion.  La  fin  de 
la  bataille  dégénère  en  massacre  et  les  Barbares  sont 
exterminés. 

(\)  AeTtcvov, 


—  175  — 

Telle  est,  dans  ses  grandes  lignes,  la  rapide  es- 
quisse de  l'exposé  de  la  campagne  de  Marius  déve- 
loppé par  M.  Clerc  dans  le  courant  de  l'hiver  dernier. 

On  voit  que  son  système  repose  principalement 
sur  des  considérations  stratégiques  et  qu'il  présente 
beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  M.  Dervieu.  Il  en 
diffère  notablement,  toutefois,  en  ce  que  M.  Der- 
vieu, à  la  suite  de  M.  Tiran,  fait  prendre  position  à 
Marius  sur  le  Pain  de  munition ,  ce  qui  est  tout-à-fait 
inadmissible  ;  tandis  que  M.  Clerc  place  son  cam- 
pement au  fond  de  la  vallée  de  l'Arc  dans  des  con- 
ditions beaucoup  plus  conformes  aux  principes  de 
l'art  militaire  et  aux  récits  des  historiens  de  l'anti- 
quité. 

J'ai  maintenant  à  indiquer  les  points  sur  lesquels 
le  système  de  M.  Clerc  me  paraît  prêter  à  quelque 
critique. 

La  première  et  la  principale  objection  qu'on  peut 
faire  au  système  de  M.  Clerc,  c'est  qu'il  n'est  pas 
complètement  en  harmonie  avec  le  récit  de  Plu- 
tarque.  En  se  refusant  à  admettre  que  le  premier 
combat  livré  par  Marius  a  eu  lieu  sur  les  bords  de 
l'Arc,  en  face  de  notre  ville,  le  savant  professeur 
s'écarte,  en  effet,  quelque  peu  du  texte  de  l'historien 
grec,  qu'il  esf  nécessaire  de  rappeler  icr  en  peu  de 
mots. 

Le  biographe  de  Marius  nous  dit  dans  son  XVIIP 


—  176  — 

chapitre  que  les  deux  armées  arrivèrent  au  lieu 
qu'on  appelle  les  Eaux  de  Sextius.  Que  le  consul 
romain  prit  un  poste  avantageux  sur  un  lieu  fort  (  i), 
mais  où  Геаи  n'était  pas  abondante.  Que  ses  soldats 
se  plaignant  de  la  soif,  il  leur  montra  de  la  main  une 
rivière  qui  coulait  près  du  camp  des  Barbares,  en  leur 
disant  :  «  C'est  là  qu'il  faut  aller  acheter  de  l'eau  au 
prix  de  votre  sang.  »  Que  les  valets  d'armée  des- 
cendirent vers  la  rivière  avec  des  cruches  et  des 
armes,  parce  qu'ils  s'attendaient  à  en  avoir  besoin 
pour  combattre  ;  et  il  ajoute  ensuite  textuellement  : 

«  Ils  furent,  en  effet,  attaqués  par  les  Barbares 
«  qui  ne  vinrent  d'abord  qu'en  petit  nombre.  La 
«  plupart  étaient  à  se  baigner  ou  à  prendre  leur 
«  repas  après  le  bain  ;  car,  là  même,  le  terrain  fait 
«  surgir  des  sources  de  fontaines  chaudes  (2),  et  une 
«  partie  des  Barbares,  séduits  par  la  beauté  du  lieu, 
«  ne  pensaient  qu'£  s'amuser  et  à  faire  bonne  chère 
«  quand  ils  furent  surpris  par  les  Romains.  » 

Les  Ambrons  cependant  prirent  les  armes  et  mar- 
chèrent en  bon  ordre  au  combat  en  poussant  leur 
cri  de  guerre. 

«  Mais  la  rivière  rompit  l'ordonnance  des  Bar- 
«  bares,  et  quand  ils  l'eurent  passée  ils  ne  purent 
«  reprendre  leurs  rangs  et  furent  chargés  par  les 

(\)  Toitov  oxupov. 

(2)   P/flviKTi  Y*p  auxôBt  vajjia-iov  Ôepjiuv  тцукс  Ь  /wpo;.  (Vie  de 

Marins,  chap.  XIX). 


-   177  — 

«  Liguriens  qui  couraient  en  descendant  la  colline.» 

Si  Ton  en  croit,  dans  son  intégrité,  le  passage  que 
je  viens  de  transcrire,  remplacement  du  premier 
combat  ne  saurait  être  douteux.  Les  Barbares  se  bai- 
gnaient dans  les  eaux  chaudes  qui  surgissent  à  Aix. 
Ils  étaient  donc  près  de  cette  ville,  sur  la  rive  droite 
de  Г  Arc.  Ils  avaient  à  passer  la  rivière  pour  com- 
battre. Donc  les  Romains  étaient  de  l'autre  côté,  sur 
la  rive  gauche,  établis  sur  un  lieu  élevé  qui  ne  peut 
être  que  le  Montaiguet. 

Cette  conclusion  est  absolument  forcée. 

C'est,  appuyés  sur  ce  raisonnement,  que  nos  an- 
ciens auteurs  aixois,  Pitton,  de  Haitze  et  plus  tard 
M.  Rouchon-Guigues  ont  assigné  aux  armées,  lors 
du  premier  engagement,  les  positions  que  je  viens 
d'indiquer. 

C'est  l'opinion  que  j'avais  soutenue  moi-même 
dans  mes  Observations  sur  la  conférence  de  M.  Der- 
vieu  que  M.  Clerc  a  bien  voulu  mentionner  et  citer 
avec  la  plus  bienveillante  indulgence.  Je  saisis  avec 
empressement  l'occasion  qui  se  présente  de  lui  té- 
moigner à  ce  sujet  ma  profonde  reconnaissance. 

Depuis  lors  un  érudit  d'Aix,  M.  Numa  Coste, 
dans  un  article  publié  dans  le  Sémaphore  du  8  février 
1893,  et  M.  Bérenger-Feraud  dans  son  ouvrage  très 
complet  et  très  développé  sur  la  campagne  de  Ma- 
rius  en  Provence,  ont  émis,  eux  aussi,  l'avis  que  le 

42 


—  178  — 

premier  combat  s'était  déroulé  tout  près  de  la  ville 
d'Aix. 

M.  Clerc  n'a  pas  contesté  la  rigueur  du  raison- 
nement qui  amène  cette  conclusion.  Pour  y  échap- 
per, il  est  obligé  de  s'en  prendre  au  texte  de  Plu- 
tarque,  et  voici  comment  il  essaye  de  l'écarter  : 

Il  s'est  demandé  d'abord  si  la  phrase  incidente, 
dans  laquelle  il  est  question  des  sources  thermales, 
n'avait  pas  été  ajoutée  après  coup  ;  si  ce  n'était  pas 
une  note  insérée  par  un  commentateur  et  qu'un 
copiste  aurait  glissée  dans  le  corps  même  du  texte. 
Il  a  reconnu  pourtant  loyalement  que  rien  n'auto- 
risait cette  supposition,  et  que  la  phrase  gênante  se 
retrouvait  invariablement  dans  toutes  les  éditions 
de  Plutarque. 

Notre  professeur  a  recherché  également  si,  comme 
l'avait  insinué  M.  Tiran,  il  n'existait  pas  des  sources 
thermales  dans  la  haute  vallée  de  l'Arc.  Il  a  con- 
sulté sur  ce  sujet  des  géologues  qui  lui  ont  répondu 
que,  non-seulement  il  n'y  en  avait  point,  mais  qu'il 
ne  pouvait  pas  y  en  avoir. 

Cependant  il  a  pris  des  renseignements  sur  les 
lieux  et  il  a  découvert  qu'aux  environs  de  Pour- 
rières  se  trouvait  un  lavoir  dont  l'eau  ne  descendait 
pas  au-dessous  d'une  température  de  16  degrés. 
D'autre  part  M.  l'abbé  Spariat,  curé  de  Pourcieux, 
lui  a  écrit,  si  mes  souvenirs  sont  exacts,  que,  dans 
cette  commune,  un  certain  terrain  sablonneux,  après 


—  <79  — 

de  grandes  pluies,  laissait  échapper  des  infiltrations 
qui  n'étaient  pas  tout-à-fait  froides  (i). 

En  admettant  l'exactitude  de  ces  faits,  il  est  à 
peine  nécessaire  d'y  répondre  que  ces  filets  d'eau 
plus  ou  moins  tièdes  ne  peuvent  être  confondus  avec 
les  sources  thermales  multiples  dont  parle  le  bio- 
graphe de  Marius  et  n'auraient  pu  être  utilisées  par 
les  Barbares  pour  y  prendre  des  bains. 

Au  reste  M.  Clerc  n'a  pas  paru  insister  sérieuse- 
ment sur  ces  découvertes,  et  il  a  été  enfin  amené  à 
dire  qu'il  ne  fallait  pas  attacher  trop  d'importance 
à  cette  circonstance,  rapportée  par  Plutarque,  que 
les  Ambrons  se  baignaient  dans  l'eau  chaude  ;  que 
dans  l'antiquité  on  n'écrivait  pas  l'histoire,  comme 
on  cherche  à  le  faire  de  nos  jours,  en  compulsant 
soigneusement  les  documents  authentiques  et  offi- 
ciels ;  que  les  historiens  anciens  s'attachaient  plutôt 
à  l'élégance  littéraire  qu'à  une  rigoureuse  exacti- 
tude ;  que  Plutarque,  enfin,  plus  moraliste  qu'histo- 
rien, sachant  qu'il  y  avait  à  Aix  des  sources  ther- 
males, avait  bien  pu  tirer  de  son  imagination  les 
bains  pris  par  les  Barbares  et  introduire  ce  détail 
dans  son  récit  pour  le  colorer,  le  rendre  plus  inté- 
ressant et  donner  à  sa  narration  un  certain  relief 
pittoresque. 

(4)  Il  paraît  que,  sur  ce  point,  je  me  suis  trompé.  Le  lavoir 
de  Pourrières  est  à  la  température  ordinaire  ;  ce  sont  les  in- 
filtrations de  Pourcieux  qui  ne  descendent  pas  au-dessous  de 
46  degrés. 


—  180  — 

Finalement  et  comme  dernier  argument,  le  meil- 
leur peut-être,  il  a  ajouté  que  si  Ton  admet  que  le 
premier  combat  s'est  passé  à  Aix,  il  devient  impos- 
sible d'expliquer  ce  qui  Га  suivi  et  tout  le  reste  de 
la  campagne. 

Que  Plutarque   ait  imaginé  que  les  Ambrons 
s'étaient  baignés  dans  nos  eaux  thermales,  c'est 
assurément  possible.  Mais  alors  comment  pourra-t- 
on discuter  les  circonstances  de  la  campagne  de 
Marius  ?  Si  l'on  révoque  en  doute  l'exactitude  du 
seul  historien  ancien  qui  fournisse  quelques  détails 
de  nature  à  nous  éclairer,  nous  tombons  fatalement 
dans  la  confusion  et  l'arbitraire.  M.  Clerc  ne  veut 
pas  croire  à  ces  bains.  Un  autre  dira  que  la  soif  qui 
dévorait  les  Romains  et  la  descente  des  valets  de 
l'armée  vers  la  rivière  ne  sont  qu'un  tableau  pitto- 
resque inventé  de  toutes  pièces.  Un  troisième  sou- 
tiendra que  la  résistance  opposée  par  les  femmes 
dans  leur  camp  est  une  invention  du  moraliste  pour 
faire  ressortir,  avec  Tacite,  la  chasteté  des  épouses 
de  la  Germanie,  et  ainsi  de  suite. 

Dans  de  pareilles  conditions,  il  faudrait  renoncer 
à  reconstituer  un  fait  historique  remontant  à  l'an- 
tiquité. Lorsqu'on  entreprend  une  reconstitution  de 
ce  genre,  toujours  difficile,  j'estime  qu'il  faut  prin- 
cipalement s'appuyer  sur  les  textes  et  que  les  con- 
sidérations théoriques  de  stratégie  ou  autres  ne 
viennent  qu'au  second  rang. 


-  181   — 

Dans  le  cas  spécial  qui  nous  occupe,  il  s'agit  сГеш- 
placer  un  combat.  Plutarque  énonce  un  fait  précis 
qui  n'a  rien  d'impossible  ni  même  d'improbable.  Ce 
fait  implique  nécessairement  la  détermination  d'un 
lieu.  La  topographie  de  ce  lieu  correspond  d'une 
façon  saisissante  avec  les  circonstances  de  la  bataille 
dont  on  recherche  l'emplacement.  Que  peut-on  dé- 
sirer de  mieux?  On  ne  trouve  pas  toujours,  dans 
les  études  historiques/ des  éléments  de  certitude 
aussi  satisfaisants. 

Aussi,  malgré  l'autorité  bien  méritée  qui  s'attache 
à  l'enseignement  de  M.  Clerc,  je  crois  qu'il  est  per- 
mis, sur  ce  point,  de  ne  pas  partager  son  avis.  Loin 
de  chercher  à  faire  disparaître  du  texte  de  Plutarque 
la  phrase  relative  aux  bains  d'eau  thermale,  j'estime 
qu'il  faut  au  contraire  la  recueillir  précieusement, 
parce  qu'elle  fait  voir  clairement  que  c'est  très  près 
d'Aix  qu'a  eu  lieu  le  premier  engagement  de  l'ar- 
mée de  Marius  avec  les  Barbares. 

La  disposition  topographique  des  environs  de 
notre  ville  concorde  à  merveille  avec  le  récit  de 
l'historien.  On  pourrait  même  ajouter  que  le  cours  . 
de  l'Arc,  le  long  du  Montaiguet,  est  plus  conforme 
aux  détails  du  combat  que  la  vallée  en  amont  de 
Pourrières.  En  effet,  aussi  près  de  sa  source,  cette 
rivière  n'est  encore  qu'un  petit  ruisseau  trop  peu 
considérable  pour  jouer  le  rôle  important  que  Plu- 
tarque lui  assigne  dans  sa  narration. 


—  182  — 

Sous  le  bénéfice  de  ces  diverses  considérations, 
je  me  crois  autorisé  à  persister  dans  l'opinion  que 
j'avais  émise  en  1892,  à  savoir  que  les  deux  victoires 
remportées  par  les  Romains  contre  les  Ambro-Teu- 
tons  n'ont  pas  eu  le  même  théâtre,  et  que  la  pre- 
mière bataille  s'est  déroulée  sur  les  bords  de  l'Arc, 
à  proximité  de  la  ville  de  Sextius. 

J'examinerai  bientôt  la  question  de  savoir  s'il  est 
vrai  qu'en  considérant  ce  point  comme  acquis,  il 
devient  impossible  d'expliquer  le  reste  de  la  cam- 
pagne. Mais,  pour  épuiser  ce  qui  est  relatif  au  pre- 
mier combat,  je  dois  dire  un  mot  du  trajet  que  M. 
Clerc  fait  suivre  aux  Romains  depuis  leur  camp  de 
la  Montagnette  jusqu'au  champ  de  bataille  définitif. 
On  se  rappelle  que.,  'd'après  notre  professeur, 
Marius  longea  d'abord  le  versant  sud  des  Alpines, 
traversa  ensuite  le  col  de  Lamanon  et  arriva  près 
de  Pourrières  en  suivant  la  ligne  jalonnée  par  Ro- 
gnes, Venelles,  Saint-Marc,  Vauvenargues  et  Claps. 
M.  Clerc  admet  qu'il  aurait  pu  prendre  une  autre 
route  et  rester,  comme  dans  la  première  partie  de 
son  trajet,  sur  le  flanc  droit  de  l'ennemi  au  lieu  de 
se  porter  sur  son  flanc  gauche  en  passant  par  la 
gorge  de  Lamanon.  Les  régions  où  se  trouvent  main- 
tenant les  localités  d' Aurons,  du  Vernègues,  de  La 
Barben,  d'Eguilles  ou  de  Ventabren  lui  auraient 
fourni  des  points  élevés  pour  établir  ses  campements 
de  nuit. 


—  183  - 

Cependant  il  a  donné  la  préférence  à  la  ligne  qui 
se  rapproche  de  la  Durance,  et  a  motivé  cette  pré- 
férence sur  plusieurs  raisons  que  je  vais  successi- 
vement indiquer. 

La  première,  c'est  qu'il  trouvait  de  ce  côté  des 
altitudes  plus  considérables. 

Cela  est  vrai,  mais  l'essentiel  pour  le  général  ro- 
main était-il  de  rechercher  les  côtes  les  plus  élevées? 
Ne  suffisait-il  pas  qu'il  choisit  pour  camper  des 
points  dominant  suffisamment  le  terrain  occupé  par 
l'ennemi  ?  Ils  ne  lui  auraient  pas  manqué  dans  les 
régions  qui  viennent  d'être  énumérées. 

D'ailleurs,  sans  avoir  la  prétention  d'être  habile 
dans  l'art  militaire,  il  me  semble  qu'on  peut  soutenir 
que  la  manœuvre  consistant  à  quitter  la  droite  des 
Barbares  pour  passer  à  leur  gauche  par  la  gorge  de 
Lamanon,  en  traversant  la  route  que  devait  suivre 
l'ennemi,  est  sujette  à  la  critique.  Marius  ç'exposait 
ainsi  à  être  attaqué  pendant  une  marche  de  flanc, 
ce  qui  est  toujours  dangereux. 

M.  Clerc  explique,  il  est  vrai,  qu'il  pouvait  de- 
vancer les  Barbares  et  traverser  la  route  avant  eux,, 
ou  bien  attendre  qu'ils  eussent  défilé,  et  passer  sur 
leurs  derrières. 

Les  devancer,  c'était  difficile.  Il  n'y  a  qu'une  di- 
zaine de  kilomètres  d'Orgon  à  Lamanon,  et  les  Ro- 
mains qui  partaient  de  la  Montagnette  ne  pouvaient 
guère  gagner  une  telle  avance* 


—  Ш  - 

Attendre  leur  passage,  c'était  perdre  beaucoup  de 
temps  et  risquer  d'arriver  trop  tard  au  but  qu'on 
voulait  atteindre. 

Seconde  raison  donnée  par  M.  Clerc  :  — Marius 
en  restant  sur  la  droite  de  l'ennemi  avait  à  craindre, 
en  cas  d'échec,  d'être  jeté  à  la  mer. 

Il  semble  qu'entre  la  route  suivie  par  les  Teutons 
et  le  rivage,  il  y  a  assez  d'espace  pour  que  les  Ro- 
mains n'eussent  pas  à  redouter  d'y  être  acculés.  Au 
reste,  une  attaque  était  peu  probable  :  les  Barbares 
marchant  vers  l'Italie  ne  demandaient  qu'à  avancer. 
Ils  dédaignaient  un  ennemi  qui  leur  avait  obstiné- 
ment refusé  le  combat  près  du  Rhône,  et  ne  l'auraient 
attaqué  que  s'ils  y  avaient  été  provoqués. 

Troisième  raison  : — Marius  avait  intérêt  à  se  tenir 
sur  la  gauche  des  Barbares  pour  s'opposer  à  leur 
retour  vers  la  vallée  de  la  Durance  et  les  pousser 
plus  sûrement  dans  la  plaine  de  Pourrières,  où  il 
était  dans  son  plan  de  les  combattre. 

Il  n'était  nullement  présumable  que  les  Teutons, 
après  avoir  passé  la  Durance  et  quitté  ses  bords, 
eussent  l'idée  de  s'en  rapprocher  pour  gagner  l'Italie 
par  le  mont  Genèvre.  Il  semble,  au  contraire,  que 
Marius  pouvait  prévoir  une  autre  éventualité  qui 
devait  le  porter  à  se  tenir  sur  la  droite  de  ses  enne- 
mis plutôt  que  sur  leur  gauche.  C'est  celle  où,  attirés 
par  l'espoir  du  butin  et  du  pillage,  ils  auraient  mar- 
ché sur  Marseille  pour  s'avancer  ensuite  vers  l'Italie 


—  185  — 

en  prenant  les  chemins  qui  devaient  servir  à  relier 
par  voie  de  terre  la  citée  phocéenne  avec  ses  colo- 
nies du  littoral,  Cythariste,  Olbia,  Antipolis  et  Nice. 

D'autre  part,  Plutarque  nous  dit  qu'en  suivant  les 
Barbares  dans  leur  marche,  Marius  se  tenait  toujours 
près  d'eux  (i).  Or,  d'après  le  système  de  M.  Clerc, 
pendant  que  les  Teutons  remontaient  le  cours  de 
ГАгс,  les  Romains  se  dirigeaient  vers  Pourrières 
par  la  vallée  de  Vauvenargues  et  de  Claps.  En  sui- 
vant cette  route  très  accidentée  et  peu  praticable,  en 
longeant  ainsi  le  massif  énorme  et  infranchissable 
de  la  chaîne  de  Sainte- Victoire  qui  le  séparait  de 
l'ennemi,  Marius  s'éloignait  beaucoup  de  ses  adver- 
saires ;  il  les  perdait  complètement  de  vue,  il  retar- 
dait sa  marche  et  s'exposait  à  n'arriver  sur  le  champ 
de  bataille,  choisi  par  lui,  qu'après  le  passage  des 
Ambro-Teutons,  et  à  manquer  ainsi  son  but. 

Telles  sont  les  considérations  que  je  me  permets 
d'opposer  au  trajet  proposé  par  M.  Clerc  pour  la 
marche  de  l'armée  romaine  du  Rhône  à  la  haute 
vallée  de  l'Arc.  Elles  me  font  penser  que,  dans  cette 
marche,  Marius  n'a  pas  cessé  de  se  tenir  à  la  droite 
de  l'ennemi,  en  campant  la  nuit  sur  les  hauteurs 
qu'on  peut  rencontrer  de  ce  côté  comme  de  l'autre. 

Au  reste,  je  ne  cache  pas  que,  si  je  donne  la  pré- 
férence à  ce  dernier  trajet,  c'est  surtout  parce  qu'il 

(\)  Eypc  \à»  ^ei  **l  TC*p*  at'Jroùç  èxsfvo'j;  lÔpD(J[i.evoc.  (Vie  de  Ma- 

rius,  chap.  XVIII). 


—  486  - 

conduit  les  Romains  sur  le  Montaiguet,  tandis  que 
l'autre  les  en  éloigne. 

M.  Clerc  a  eu  raison  de  dire  au  début  de  son  cours 
que  sur  les  questions  douteuses,  au  sujet  desquelles 
nous  manquons  de  renseignements,  il  était  sage  de 
se  laisser  guider  par  le  but  à  atteindre.  J'applique 
ici  le  même  principe,  car  j'estime  qu'on  doit  con- 
sidérer comme  but  à  atteindre,  non-seulement  le 
dénouement  final  de  la  campagne,  mais  aussi  les 
faits  intermédiaires  tels  que  le  premier  combat  em- 
placé  à  Aix,  que  l'on  peut  considérer  comme  suffi- 
samment établi. 

Il  y  a  encore  une  objection  de  M.  Clerc  contre 
l'emplacement  de  ce  premier  combat  que  je  ne  dois 
pas  passer  sous  silence. 

Marius,  nous  dit-il,  voulant  amener  ses  ennemis 
sur  le  champ  de  bataille  de  son  choix,  avait  intérêt 
à  les  laisser  avancer  tranquillement  et  à  ne  pas  les 
inquiéter  en  route.  Il  devait,  tout  en  les  surveillant, 
ne  pas  se  montrer,  dissimuler  autant  que  possible  sa 
marche  et  éviter,  avec  les  Barbares,  tout  contact 
pouvant  amener  un  engagement  prématuré.  C'eût 
été  donc  une  faute  de  la  part  du  général  romain  de 
se  poster  sur  le  Montaiguet  à  proximité  des  Am- 
brons. 

Ce  raisonnement  n'est  pas  sans  valeur,  je  le  re- 
connais volontiers,  à  la  condition,  toutefois,  que  des 
circonstances  que  nous  ignorons  n'aient  pas  obligé 


—  187  — 

Marius  à  se  départir  de  sa  prudente  réserve.  Or,  des 
circonstances  de  ce  genre  ont  pu  certainement  se 
produire. 

Marius  avait-il  laissé  une  garnison  dans  le  Cas- 
tellum  d'Aix  pour  le  défendre  ?  comme  Га  pensé 
M.  Numa  Coste  dans  l'article  déjà  cité,  ou  bien 
Tavait-il  fait  évacuer  et  livré  sans  défense  à  l'ennemi? 
M.  Clerc  ne  s'est  pas  expliqué  sur  ce  point,  ou,  s'il 
l'a  fait,  j'avoue  que  je  n'en  ai  pas  conservé  le  sou- 
venir. 

Dans  le  premier  cas,  c'est-à-dire  si  le  Castellum 
était  gardé,  on  peut  admettre  que  le  général  romain 
ait  cru  nécessaire  de  s'en  rapprocher  pour  savoir  s'il 
était  assiégé  et  le  secourir  en  cas  d'attaque. 

On  pourrait  supposer  encore  que  Marius,  ayant 
des  raisons  de  craindre  que  les  Teutons,  arrivés  à 
Aix,  ne  voulussent  marcher  sur  Marseille,  serait 
venu  se  poster  au  Montaiguet  pour  leur  fermer  la 
route. 

Ce  ne  sont  là  que  des  exemples.  On  pourrait  en 
trouver  d'autres  et  ils  tendent  seulement  à  établir 
que  l'argument  de  M.  Clerc  ne  serait  véritablement 
concluant  que,  si  l'on  connaissait  à  fond,  et  mieux 
qu'il  ne  nous  est  possible  de  le  faire,  tous  les  détails, 
toutes  les  combinaisons  et  tous  les  mouvements  des 
deux  armées  belligérantes. 

En  dernière  analyse,  si  l'on  veut  que  Marius  ait 
commis  une  faute  en  engageant  prématurément  le 


-  188  — 

combat  près  d'Aix,  il  est  certain  qu'elle  lui  a  réussi . 
C'est  ce  que  semble  dire  l'historien  Florus  dans 
cette  phrase  :  «  Il  est  douteux  de  savoir  si  le  général 
«  a  agi  de  dessein  prémédité,  ou  s'il  a  su  tourner 
«  habilement  une  erreur  à  son  avantage  (i).  > 

Il  me  reste  maintenant  à  examiner  si,  en  admet- 
tant que  le  premier  combat  a  eu  lieu  près  d'Aix,  il 
est  impossible  d'expliquer  le  reste  de  la  campagne. 

Je  vais  essayer  de  montrer  que  cela  est  possible. 
Je  reconnais  cependant,  et  j'ai  toujours  reconnu, 
qu'en  l'absence  de  tout  renseignement  fourni  par  les 
auteurs  anciens,  c'est  réellement  difficile.  Tous  ceux 
qui  ont  supposé,  comme  moi,  que  les  deux  batailles 
s'étaient  déroulées  sur  des  terrains  différents,  ont  été 
obligés,  pour  expliquer  le  mouvement  des  armées 
entre  ces  combats,  de  présenter  des  hypothèses  plus 
ou  moins  probables,  mais  aussi  toujours  contestables 
sur  quelque  point.  Je  ne  prétends  pas  échapper  à 
cette  difficulté. 

Dans  mes  Observations  sur  la  conférence  de  M. 
Dervieu,  j'ai  traité  cette  question  de  l'intervalle  entre 
les  deux  batailles. 

Je  ne  veux  pas  répéter  tout  ce  que  j'ai  dit  alors, 
et,  pour  abréger,  je  me  contente  d'y  renvoyer  le  lec- 
teur qui  voudrait  connaître  les  diverses  opinions 

(\)  Consultone  id  cgerit  iraperator,  an  errorem  in  con- 
silium  verterit,  dubium.  (Florus,  abrégé  d'Hist.  Romaine, 
liv.  III,  chap.  3). 


—  189  — 

émises  sur  ce  sujet.  Je  ne  me  mets  aujourd'hui  en 
présence  que  de  celle  de  M.  Clerc.  Mais,  pour  lui 
répondre,  je  crois  nécessaire  de  revenir  sur  une 
question  que  j'avais  examinée  dans  le  temps  ;  car  je 
ne  voudrais  pas  m 'exposer,  après  avoir  défendu  de 
mon  mieux  l'exactitude  du  récit  de  Plutarque,  à  être 
accusé  de  l'attaquer  à  mon  tour. 

Il  est  certain  que,  lorsqu'on  lit  la  biographie  de 
Marius,  on  est  tenté  d'en  conclure  qu'après  le  pre- 
mier combat,  ni  les  Romains,  ni  les  Barbares  n'ont 
changé  de  position  :  en  ce  qui  concerne  les  pre- 
miers, l'historien  dit  qu'après  avoir  passé  la  nuit 
dans  l'anxiété  et  la  crainte  d'une  agression  nocturne, 
ils  ne  furent  pas  attaqués,  et  que  Marius  profita  de 
ce  répit  pour  envoyer  Marcellus  opérer  son  mou- 
vement tournant,  pour  faire  souper  ses  soldats  et 
leur  donner  un  peu  de  repos. 

Quant  aux  barbares,  Plutarque  dit  que,  dans  la 
nuit  qui  suivit  le  combat  et  dans  la  journée  subsé- 
quente, ils  ne  survinrent  pas,  c'est-à-dire  qu'ils  n'atta- 
quèrent pas  et  qu'ils  employèrent  leur  temps  à  s'ar- 
ranger entr'eux  et  à  se  préparer  (i).  Comme  je  l'ai 
dit  ailleurs,  une  armée  peut  s'arranger  pour  une 
marche  aussi  bien  que  pour  une  bataille. 

On  voit  que  ce  texte  ne  dit  pas,  il  est  vrai,  que 
les  armées  ont  changé  de  place,  mais  il  n  affirme  pas 

tfpsvoi  ôistéXojv.  (Vie  de  Marius,  chap.  XX). 


—  1»  — 


lice  ;-_:л  rr  e_ts  r  er  Eirzr  pES  готсг 


£1ПГ-сг   ~*2T"L.  e!Z.  <*Г""""^ 


.g, . ..»    ». 


• 


4< 


Or.  C2  n:  a:x  ^ricr*.  -esrêre.  c^e  nier  1ж  vérité 
<d  -::  fart  précis  arirzié  72т  ^  ristrrie^-  et  combkr 


D'ailleurs  en  ne  peut  s'êtrnner  de  cette  lacune. 
Pluîarque  écrivait  à  Cherc-née.  Comme  les  autres 
historiens  de  l'antiquité,  il  ne  connaissait  pas  la 
localité.  C'est  parce  que  nous  l'avons  sons  les  yeux 
que  nous  arrivons  à  nous  convaincre  qne  la  dispo- 
sition des  lieux  sur  les  rives  de  Г  Arc.  près  d'Aix, 
permet  de  se  rendre  compte  parfaitement  des  péri- 
péties de  la  première  bataille,  et  qu'au  contraire  elle 
ne  se  prête  nullement  aux  conditions  topographï- 
ques  de  la  seconde.  L'historien  grec  a  donc  pu  penser 
que  le  même  champ  de  bataille  avait  servi  aux  deux 
engagements.  Du  point  de  vue  éloigné  où  il  était 
placé,  les  environs  immédiats  d'Aix  et  la  plaine  de 
Trets  se  confondaient  pour  ne  former  qu'un  seul  et 
même  lieu. 

Ceci  dit,  j'aborde  la  continuation  de  la  campagne 
de  Marius  après  le  premier  combat,  que  je  suppose 
livré  aux  bords  de  ГАгс,  au  pied  du  Montaiguet  et 


—  191   — 

près  du  quartier  que  nous  désignons  encore  sous  le 
nom  de  Malouesso. 

J'admets  également  que  les  Romains  n'ont  eu  là 
affaire  qu'aux  Ambrons  qui  marchaient  à  l'avant- 
garde  des  barbares  et  que  les  Teutons  étaient  encore 
en  route,  ou  à  peine  arrivés  dans  les  régions  qui 
s'étendent  au  couchant  de  la  ville  d'Aix. 

Cette  question  de  savoir  si  les  Ambrons  mar- 
chaient à  la  tête  ou  à  la  queue  de  la  horde,  et  sur 
laquelle  les  anciens  historiens  sont  muets,  est  très 
importante,  car  sa  solution  exerce  une  grande  in- 
fluence sur  les  suppositions  que  l'on  peut  concevoir 
au  sujet  des  mouvements  des  belligérants.  Pour  ma 
part,  j'avais  toujours  pensé  que  les  Ambrons  étaient 
en  tête,  mais  les  raisons  que  j'en  donnais  n'étaient 
pas,  je  l'avoue,  très  solides.  J'ai  été  heureux  de 
constater  que,  sur  ce  point,  M.  Clerc  partageait  ma 
manière  de  voir  et  en  fournissait  une  preuve  qui 
me  paraît  très  concluante. 

En  effet,  j'ai  déjà  dit  que,  dans  le  système  de  notre 
professeur,  Marius,  venant  de  son  camp  de  la  Mon- 
tagnette,  avait  marché,  non  par  derrière,  mais  pa- 
rallèlement à  ses  ennemis  en  cherchant  toujours  à 
les  devancer  ou,  tout  au  moins,  à  se  tenir  au  niveau 
de  leur  tête  de  colonne.  Or,  comme,  d'après  l'his- 
toire, ce  sont  les  Ambrons  qu'il  a  rencontrés  au  pre- 
mier contact,  il  est  évident  que  ceux-ci  formaient 
l'avant-garde. 


—  192  — 

Je  reviens  maintenant  à  Marius  campé  sur  le 

Montaiguet. 

Après  sa  victoire  interrompue  par  l'obscurité  du 
soir,  il  regagne  son  camp  qu'il  n'a  pas  eu  le  temps 
de  fortifier.  Il  passe  une  nuit  inquiète,  craignant  une 
attaque  nocturne.  Mais  dès  qu'il  le  peut  il  se  hâte  de 
quitter  une  position  dangereuse  et,  dès  l'aube,  peut- 
être  même  avant  le  jour,  il  décampe  et  poursuit  sa 
marche  en  avant  en  se  dissimulant  derrière  les  hau- 
teurs du  Montaiguet. 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  cette  chaîne,  après  avoir 
régné  de  l'Ouest  à  l'Est  parallèlement  à  l'Arc,  se 
détourne  brusquement  vers  le  Nord-Est  au  lieu 
connu  sous  le  nom  de  Langesso,  et  a  l'air  de  fermer 
complètement  la  vallée,  dans  laquelle  la  rivière  s'in- 
troduit pourtant  en  se  frayant  un  lit  très  étroit  dans 
l'anfractuosité  des  collines.  Ainsi  les  Romains,  tou- 
jours protégés  et  masqués  par  ce  rideau  monta- 
gneux, peuvent  avancer  dans  la  direction  de  Pour- 
rières  jusqu'à  six  ou  sept  kilomètres  à  l'Est  de  la 
ville  d'Aix,  et  descendre  au  niveau  de  la  rivière  sans 
être  aperçus  de  leurs  ennemis. 

Ceux-ci,  pendant  toute  la  nuit,  ont  déploré  leur 
défaite  par  des  lamentations  et  des  hurlements  féro- 
ces. Au  lever  du  soleil  ils  ne  voient  plus  l'armée 
romaine.  Ils  ignorent  la  direction  qu'elle  a  prise.  Us 
hésitent,  attendent  leurs  alliés  les  Teutons  qui,  sans 
doute,  arrivent  successivement  et  par  bandes.  Ils 


—   193  — 

9 

tiennent  conseil  et  se  décident  enfin  à  se  ranger, 
comme  le  dit  Plutarque,  soit  pour  avancer,  soit  pour 
combattre  s'ils  sont  attaqués.  Ils  ont  perdu  ainsi  un 
temps  précieux  dont  Marius  a  pu  profiter  pour  at- 
teindre son  but. 

Lorsque  j'ai  écrit  mes  Observations  je  pensais  que 
le  consul  romain,  arrivé  au-delà  des  gorges  de  Lan- 
gesso,  s'était  dirigé  vers  le  plateau  du  Cengle  pour 
s'y  établir.  J'avais  été  séduit,  je  l'avoue,  par  cette 
position  si  admirablement  fortifiée  par  la  nature. 
M.  Clerc  a  critiqué  cette  idée.  A  ses  yeux,  Marius, 
pour  livrer  la  bataille  décisive,  devait  se  placer  en 
travers  de  la  route  des  Teutons  et  barrer  le  fond  de 
la  haute  vallée  de  l'Arc.  D'ailleurs,  dit-il,  si  les  Ro- 
mains avaient  pris  position  sur  le  Cengle,  ils  pou- 
vaient s'y  trouver  bloqués,  en  cas  de  revers  et  sans 
ligne  de  retraite  possible. 

M.  Clerc  peut  fort  bien  avoir  raison  sui  ce  point, 
et  je  renonce  à  le  discuter,  car  c'est  toujours  avec  le 
plus  grand  regret  que  je  me  vois  réduit  à  le  con- 
tredire. 

Si  donc  Marius  ne  marche  pas  sur  le  Cengle,  une 
fois  qu'il  a  dépassé  la  chaîne  du  Montaiguet,  il  me 
semble  que  rien  ne  l'empêche  de  prendre  le  chemin 
que  ses  ennemis  doivent  suivre  après  lui,  chemin 
qui  plus  tard,  sous  les  Empereurs  romains,  s'appel- 
lera la  Voie  Aurélienne,  et  de  gagner  rapidement  et 

directement  ces  hauteurs  de  la  Bastide-Blanche,  que 

13 


—  194  — 

notre  professeur  lui  assigne  comme  dernier  cam- 
pement. C'est  le  cas,  pour  lui,  de  déployer  cette 
merveilleuse  rapidité  dont  parle  Florus  en  ces  ter- 
mes :  «  Marius  avec  une  admirable  célérité,  ayant 
«  pris  les  chemins  les  plus  courts,  prévint  l'en- 
«  nemi  (i).  »  Je  suis  porté  à  croire  qu'il  pouvait 
faire  cette  manœuvre  sans  danger. 

Du  quartier  de  Malouesso  à  la  Bastide-Blanche  il 
y  a,  à  vol  d'oiseau,  27  kilomètres;  mettons-en  une 
trentaine  à  cause  des  détours  inévitables.  C'est  une 
étape  qu'une  armée  exercée  peut  parcourir  en  sept 
ou  huit  heures.  En  quittant  le  Montaiguet  de  grand 
matin,  les  Romains  pouvaient  être  rendus  au  terme 
de  leur  course  à  une  heure  peu  avancée  de  l'après- 
midi  du  même  jour.  Marius  avait  le  temps  d'établir 
et  de  fortifier  son  camp,  de  faire  souper  ses  soldats 
et  de  leur  laisser  passer  une  nuit  tranquille.  A  plus 
forte  raison  avait-il  le  loisir  nécessaire,  en  acceptant 
le  texte  d'Orose  qui  donne  un  jour  de  plus. 

En  route,  le  général  avait  toute  facilité  pour  dé- 
tacher son  lieutenant  Marcellus  sur  sa  droite  avec 
ses  3,000  hommes,  en  lui  ordonnant  de  se  cacher 
dans  les  ravins  boisés  au-dessous  de  Peynier  et  de 
paraître  en  temps  opportun  sur  les  derrières  de  l'en- 
nemi. 

En  définitive  la  bataille  finale  s'engagera  exacte- 

(1)  Marius,  mira  s  ta  tira  velocitate  occupatis  compendiis, 
pncvenit  hostem.  (Florus,  liv.  III,  chap.  3). 


—  195  — 

ment  dans  les  conditions  proposées  par  M.  Clerc. 
Les  règles  stratégiques  sont  respectées  et  le  texte  de 
Plutarque  reste  intact. 

Ce  que  je  viens  de  dire  je  ne  le  donne,  bien  en- 
tendu,  que  comme  une  hypothèse  plausible.  J'en 
avais  proposé  une  autre  il  y  a  huit  ans.  Aujourd'hui 
je  présente  celle-ci  pour  me  rapprocher  de  l'ensei- 
gnement de  M.  Clerc.  Quelqu'un  autre,  convaincu 
comme  moi  que  les  deux  batailles  ont  eu  lieu  sur 
des  champs  différents  et  connaissant  mieux  la  topo- 
graphie de  la  plaine  de  Trets  et  de  ses  environs,  en 
trouvera  sans  doute  une  meilleure. 

J'ai  voulu  montrer  seulement  qu'en  admettant 
comme  vrai  le  fait  des  bains  pris  par  les  barbares 
dans  nos  eaux  thermales,  il  n'était  pas  impossible  de 
comprendre  les  dernières  phases  de  la  campagne  et 
de  les  expliquer  de  plusieurs  manières. 

Je  ne  me  fais  pas  cependant  illusion  et,  comme 
je  l'ai  dit  en  débutant,  lorsque  notre  éminent  pro- 
fesseur aura  publié  le  livre  qu'il  annonce,  il  est  pro- 
bable que  cet  ouvrage  fera  autorité  et  que  ceux  qui 
alors  étudieront  la  guerre  contre  les  TeutQns  le 
prendront  pour  guide. 

En  tout  cas  j'estime  qu'à  la  suite  des  savantes 
études  de  M.  Clerc,  la  solution  des  questions  qui  se 
rattachent  à  ce  fait  historique  aura  fait  un  grand 
pas.  Il  a  réfuté  victorieusement,  selon  moi,  l'opinion 
des  nombreux  auteurs  qui  prétendaient  que  les  Ro- 


—  496  — 

mains  avaient  constamment  marché  derrière  leurs 
ennemis  jusqu'à  la  fin  de  la  campagne.  Il  a  démontré 
aussi  que  les  Ambrons  marchaient  en  tête  de  l'ar- 
mée barbare.  En  établissant  ce  dernier  {sût*  il  a 
même  facilité,  pour  l'avenir,  la  tâche  de  ceux  qui, 
ne  partageant  pas  son  avis  sur  l'identité  de  champ 
de  bataille  pour  les  deux  engagements,  voudraient 
étudier  encore  le  problème  du  mouvement  des  ar- 
mées entre  ces  batailles  ;  car,  la  position  des  Am- 
brons étant  fixée,  le  champ  des  hypothèses  qu'ils 
auraient  à  imaginer  se  trouve  considérablement  res- 
treint. 

Quant  à  moi,  j'aurai  tout  au  moins  tenté  de  dé- 
fendre une  opinion  qui  me  parait  soutenable,  et,  en 
attendant  que  le  dernier  mot  soit  dit  sur  la  campagne 
de  Marius,  je  demande  la  permission  de  croire  en- 
core que  le  premier  des  deux  combats  livrés  par  ce 
général  s'est  passé  à  nos  portes  et  de  continuer  à 
l'ap*peler  :  la  bataille  <TAix. 

8  lii  ISM. 


LE   ROI   RENÉ 

Seigneur    de    Gardane 

Par  I.  Louis  BLARCARB 
Correspondant  de   l'Institut. 


René  avait  acheté  le  domaine  de  Gardane  quel- 
ques semaines  avant  de  partir  pour  l'Anjou.  Il  se 
hâta  d'en  instituer  la  gérance  par  une  ordonnance 
datée  d'Aix  et  du  8  juillet  1454.  Le  1 4  juillet,  il  était 
en  route  à  l'étape  d'Avignon  ;  le  20  août,  il  arrivait 
à  Angers,  d'où  il  ne  repartit  pour  la  Provence  qu'en 
avril  1457.  Vers  la  fin  de  l'année  il  fit  mettre  le 
château  de  Gardane  en  état  et  y  vint  enfin  pour 
la  première  fois  le  31  décembre  1457. 

«  Lo  redier  jorn  de  desembre  vent  lo  Rey  à  Gar- 
«  dana  pendre  lo  primier  jorn  de  l'an,  au  tôt  son 
«  estât  on  era  Mossen  de  Calabria,  Mossen  de  Va- 
«  démon  ;  que  lo  Rey  mi  comandet  que  dones  feu 
«  à  tost  los  cavals,  ont  hi  avia  CLX  cavals,  hont  si 
«  despendet  gran  fen.  »  (B.  1472,  f°  XXXV,  v°). 

C'est  ainsi  que  Gibertd'Auton,  le  gérant,  men- 
tionne la  première  visite  de  René  à  son  nouveau, 
domaine. 


—  198  — 

Le  Roi  s  с:л:х  ta:î  précéder  de  son  maître  dTlôteL 
Jean  de  î*  Salle,  qui  arriva  le  28  décembre  avec 
quatre  chevaux;  de  Fabrici  et  Pierre,  «  ses  fruictier 
eî  £*rde-ro>»e  ;  >  de  son  pellicier,  de  son  fourrier, 
assises  du  tourner  du  duc  de  Calabre,  de  celui  de 
Forry  eî  de  piusoeui*  autres,  au  nombre  de  douze, 
«  à  c*u$c  de  prradre  e:  adouber  les  logis  к  la  pre- 
тг.?о:*е  ver.ue  du  Roy   >    S.  :r",  f*  35  >- 

Tou;  r.  c:.r.  :  т\я<  r:\Tz  71  ùHur  es  tonte  bâte  mettre 
des  ro:-os  î.  r.u>-c*.rs  cr^irbres  eî  entr'auires  à  celle 
d^  ùoe  or  v^,..>,v .  do<  c.v^r.ulljeres  aux  cheminées, 
dos   ht\^  ^;  ôos  t.  \r.ri^.   iieudre  cà  et  là  des 


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—  199  — 

ai  février,  29  mai  et  29  novembre  1460,  15  mai  et 
9  août  1461  {Le  Roi  René,  t.  II,  p.  459  à  462). 

René  se  mit  en  route  pour  Г  Anjou  dès  la  fin  de 
décembre,  malgré  la  rigueur  de  la  saison,  et  la  Pro- 
vence ne  le  revit  plus  qu'en  novembre  1469. 

Aussitôt  revenu  à  Aix,  il  s'occupa  de  Gardane. 
Pendant  l'absence  du  Roi,  René  de  Castillon  s'y 
était  logé,  il  en  avait  usé  le  linge  et  détérioré  les 
ustensiles  et  les  meubles.  Or,  quoiqu'il  eût  vidé  les 
lieux  depuis  plus  de  quatre  ans,  après  y  avoir  de- 
meuré durant  dix-huit  mois,  les  traces  de  son  séjour 
restaient  encore.  Le  châtelain  commença  à  les  faire 
disparaître  sitôt  que  le  retour  du  Roi  fut  connu. 

Brisés  par  Castillon  et  ses  gens,  quatre  grandes 
symoises,  deux  petites,  vingt-un  plats,  quatre  dou- 
zaines  d'écuelles  en  étain  étaient  dès  le  1  о  novem- 
bre entièrement  refaits  ;  les  broches  de  la  cuisine 
forgées  et  aiguisées  à  nouveau,  les  escabeaux  réta- 
blis sur  leurs  pieds;  les  chandeliers  de  la  chapelle, 
le  lustre  de  la  salle  basse  à  six  doubles  branches 
avaient  été  raccommodés  et  écurés  ;  trois  pièces  de 
toile  de  Mâcon,  cinquante-six  cannes  de  toile  de 
Hainaut  et  de  Constance  récemment  achetées  à 
Avignon  étaient  déjà  transformées  en  quarante 
paires  de  draps  à  joindre  aux  trente  draps  e.n  toile 
de  Bourg  qui  restaient  de  l'ancien  linge  tissé  de  la 
main  même  de  la  châtelaine  ;  un  beau  lit  de  pare- 


—  200  — 

ment  recouvert  d'une  grande  couverture  pleine  de 
duvet  d'oie  avait  été  dressé. 

Me  Gentil,  peintre  de  Marseille,  achevait  de  res- 
taurer les  peintures  jadis  faites  par  Léon  de  Forlî  ; 
bref,  le  zèle  des  serviteurs  s'était  étendu  à  tout  et 
le  Roi  pouvait  venir  :  «  l'hôtel  avait  été  remis  en 
état  d'un  bout  fin  à  l'autre.  » 

Le  Roi  pourtant  différa  sa  visite.  En  décembre 
1 469,  il  y  envoya  d'abord  des  officiers  de  sa  maison, 
puis  le  fils  du  comte  de  Vaudemont,  Monseigneur 
le  Bâtard,  M.  de  Beauvau  et  quelques  autres  gen- 
tilshommes, autorisés  à  chasser.  Il  y  eut  alors  dans 
les  écuries  royales  jusqu'à  vingt-six  chevaux.  Enfin 
vint  le  Roi.  Ce  fut  sans  pompe.  11  demeura  à  Gar- 
dane  quelques  jours,  pendant  lesquels  il  fit  pein- 
dre ses  armes  sur  un  écusson  qu'il  plaça  .dans  la 
cour  de  l'hôtel.  Il  est  probable  que  ce  séjour  se  serait 
prolongé  malgré  la  rigueur  de  la  saison,  si  le  feu 
n'avait  pris  à  la  cuisine  et  de  là  gagné  tout  l'édifice. 
René  retourna  à  Gardane  le  ier  avril  1470.  (Lecoy 
sur  Le  Roi  René,  p.  470).  Sous  ses  yeux,  le  1 2  avril, 
*  il  fit  déblayer,  approprier,  garnir  de  bancs  une  place 
qui  se  trouvait  au  pied  de  Captivel  afin  d'y  prendre 
son  ébat  (f°  557).  En  même  temps  il  lui  «  plus  »  de 
prendre  une  vigne,  laquelle  était  de  dame  Mauvière, 
de  Gardane,  et  la  «  volut  avoir  pour  son  plaisir, 
à  cause  qu'elle  était  près  de  sa  mayson  »  et  la  fit 
'  estimer  et  récompenser   en  un  sien   «  prat,  »  et 


—  201   — 

aussitôt  après  son  départ,  Ton  en  «  déraba  »  les 
souches,  on  aplanit  le  sol  en  forme  de  «prateau,» 
Ton  y  planta  des  cerisiers,  des  pêchers  et  d'autres 
arbres  à  fruit. 

Au  commencement  de  juillet  1 4  70,  en  revenant  de 
Saint-Maximin  à  Aix,  le  Roi  passa  par  Gardane  et 
y  donna  Tordre  de  paver  la  salle  basse  du  château, 
d'y  creuser  un  puits  et  au-devant  de  cette  salle,  «  là 
où  il  y  a  un  trilhat  regardant  sur  le  vallat,  »  de  faire 
«  ung  pradeau  avec  des  sièges  tout  en  tour.  » 

Ces  travaux  étaient  terminés  quand  le  Roi  se  re- 
trouva à  Gardane  le  28  du  même  mois  ;  il  s'y  reposa 
durant  une  semaine  et  peu  après  reprit  le  chemin 
d'Angers.  Le  séjour  qu'il  y  fit  et  qui  dura  environ 
un  an  fut  le  dernier. 

C'est  à  Angers  qu'il  apprit  la  mort  quasi  soudaine 
de  son  fils  et  qu'il  vit  du  coup  s'évanouir  ses  plus 
chères  espérances.  Il  n'avait  sans  doute  pas  le  projet 
de  s'attarder  en  Anjou.  Les  circonstances  hâtèrent 
son  départ,  et  dès  le  mois  de  novembre  de  1471  il 
avait  regagné  la  Provence.  Il  y  avait  laissé  bien  des 
affections,  il  les  retrouva  avec  bonheur,  ainsi  que 
ce  bon  soleil  qu'il  avait  toujours  aimé  et  dont  il 
commençait  à  avoir  besoin.  Gardane  lui  avait  aussi 
manqué  ;  il  se  proposa  de  le  visiter  sans  retard  et 
ordonna  qu'en  attendant  sa  visite  on  y  apportât 
quelques  embellissements.  On  était  à  la  saison  où 
l'arbre  et  la  vigne  achèvent  de  perdre  leurs  feuilles, 


-  202  — 

où  la  terre  de  labour  est  dépouillée  ;  les  prairies  et 
les  bois  gardaient  seuls  leur  verdure.  René  qui  re- 
posait volontiers  son  regard  sur  les  prés,  tint  à  les 
agrandir  et  «  pour  son  plaisir,  »  et  par  son  ordre  on 
en  construisit  un  nouveau  ;  la  vue  des  bois  le  char- 
mait également,  surtout  quand  la  chasse  les  animait. 
Aussi,  en  même  temps  qu'on  étendait  le  tapis  vert 
de  ses  prairies,  on  mettait  la  main  à  «  ungts  escalliers 
de  pierre  et  de  terre,  afin  que  le  Roi  put  aller  sur  la 
montagne  de  Captivel,  à  cause  de  veser  la  chasse 
et  pour  prendre  sop  déport.  » 

Ce  n'est  pas  la  seule  amélioration  que  le  Roi  fit 
apporter  durant  l'hiver  de  1471-72  au  domaine  de 
Gardane.  Il  fit  construire  deux  galeries  couvertes 
qui,  appuyées  et  en  saillie  sur  les  façades  de  l'hôtel, 
formèrent  un  promenoir  agréable  et  de  pittoresque 
aspect. 

René  demeura  à  Gardane  du  mercredi  1 5  jan- 
vier 1472  au  dimanche  suivant.  Il  se  plaisait  dans 
ce  domaine.  A  quelques  centaines  de  mètres  au  sud 
du  château  était  l'étang,  le  grand  pesquier,  dont  il 
avait  relevé  les  bords  et  facilité  l'accès,  peuplé  les 
eaux  avec  les  brochets  de  l'étang  des  Baux  et  les 
carpes  des  fossés  d'Aix.  Sur  ce  vaste  bassin  le  Roi 
aimait  à  se  promener  en  barque  ;  la  barque  ayant 
coulé,  ce  fut  une  distraction  pour  lui  de  l'en  faire 
sortir.  L'opération  eut  lieu  le  samedi  18  janvier  : 


—  203  — 

huit  hommes  appelés  de  Marseille  y  travaillèrent 
avec  succès. 

Le  Roi  quitta  Gardane  le  lendemain  pour  y 
rentrer  le  27  janvier,  attiré  par  le  spectacle  de  la 
chasse,  à  laquelle  se  livrait  à  ce  moment,  par  son 
ordre,  son  braconnier  le  Picart,  avec  une  meute  de 
vingt-quatre  chiens. 

Le  Picart  et  sa  meute  chassaient  depuis  le  19.  Ils 
continuèrent  jusqu'au  6  de  février,  et  du  haut  de 
Captivel  le  Roi  put  durant  deux  jours  les  suivre 
dans  leurs  évolutions  et  leurs  courses.  Le  6  février 
1472,  le  Picart  qui  chassait  aux  perdrix,  aux  lièvres, 
aux  lapins  et  même  aux  renards  et  aux  loups,  partit 
et  fut  remplacé  par  Jean-le-Page,  valet  de  chambre 
de  René,  Yvonnet,  valet  de  la  garde-robe,  et  six 
autres  attachés  à  la  maison  du  Roi  qui  vinrent  par 
son  ordre  dresser  l'iraigne. 

L'iraigne,  en  fil  de  chanvre  ou  en  soie,  n'était 
autre  que  le  filet  actuel  ;  elle  tirait  son  nom  de 
l'araignée  dont  la  toile  est  un  inimitable  filet.  Le 
filet  ne  servait  qu'à  prendre  la  gent  volatile  et  elle 
y  donnait  abondamment.  On  se  servait  de  pièges 
comme  aujourd'hui  pour  prendre  les  lièvres  et  les 
lapins  et  surtout  les  renards  et  les  loups  :  en  une 
semaine,  au  commencement  de  janvier  1474,  deux 
louvetiers,  Et.  Bonnet  de  Sujens  et  Jean  Maurel,  du 
Puy-Saint-Martin,  appelés  par  le  Roi  et  les  éleveurs 
de  la  région,  prirent  au  piège  vingt-deux  renards  sur 


—  204  — 

le  territoire  de  Gardane.  Les  loups  étaient  égale- 
ment nombreux  et  s'attaquaient  non-seulement  aux 
moutons,  mais  aux  porcs,  aux  bœufs  et  même  aux: 
chevaux.  La  chasse  au  filet  et  au  piège  avait  m  oins 
d'attrait  que  la  chasse  à  courre.  Les  gentilshommes 
ne  se  livraient  qu'à  celle-ci. 

C'est  ainsi  que  chassèrent  pendant  douze  jours, 
en  décembre  1469,  deux  écuy ers  et  l'arbalétrier  du 
Roi,  suivis  de  leurs  valets  montés  ;  après  eux,  le  a  8 
décembre,  MF  de  Vaudemont,  M**  le  Bâtard,  M.  de 
Beauvau,  M*'  de  Nogent  et  plusieurs  seigneurs  de 
leur  rang.  Chaque  hiver  depuis  lors  jusqu'à  la  mort 
de  René,  les  gentilshommes  de  son  entourage  vin- 
rent chasser  à  Gardane  ;  mais  cette  chasse,  géné- 
ralement destinée  à  alimenter  la  table  royale  aux 
jours  de  réception,  fut  surtout  pratiquée  par  des 
officiers  royaux  :  c'était  tantôt  le  fou  du  Roi  qui 
avec  furets  et  chiens  avait  ordre  de  pourvoir  de 
lapins  un  banquet  donné  par  son  maître  (11  nov. 
1479,  B-  1666,  f*  81);  tantôt  les  valets  de  la  cham- 
bre ou  l'oiseleur  du  Roi  qui,  dans  le  même  but,  ten- 
daient leurs  filets  de  novembre  en  avril,  chassant 
aux  cailles  à  cette  époque-ci  (B.  1665,  P  236;  B. 
1666,  f°  81);  tantôt  son  arbalétrier  qui  pareillement 
en  avril  chassait  à  courre  (B.  1665,  f*  236).  Parfois 
nul  des  gens  du  Roi  ne  venait,  et  les  maîtres  d'hôtel 
se  bornaient  à  écrire  au  châtelain  qu'il  eût  à  envoyer 
à  la  chasse  le  jour  même,  c'est-à-dire  le  samedi,  ceux 


—  205  — 

de  la  ville  qui  ont  «  accoustumé  »  de  chasser  «  pour 
ce  que  le  dit  Seigneur  avait  délibéré  de  tenir  son 
estât  dymenche  qu'estait  la  Pentecouste,  »  et  quatre 
hommes  s'employaient  alors  durant  la  journée  eux 
et  leurs  chiens  à  fournir  de  gibier  la  royale  récep- 
tion. 

Le  Roi  trouvait  à  Gardane  un  autre  spectacle 
aussi  attrayant  que  la  chasse,  c'était  celui  du  trou- 
peau. Pons  de  Rousset,  l'un  des  prédécesseurs  du 
Roi  dans  la  possession  du  domaine  de  Gardane, 
élevait  la  vache  et  la  jument,  lorsque  pour  crime  de 
félonie  son  bien  lui  fut  confisqué.  La  donation  de 
ce  bien,  faite  par  Louis  III  le  ier  octobre  1429  à  sa 
mère  Yolande,  mentionne  en  effet  dans  l'avoir  du 
domaine  ce  double  élevage  :  ce  Nec  non  armentis 
sive  rasciis  vaccarum  et  jumentorum.  "  (B.  1 1 ,  f°  13). 
Mais  ce  n'était  pas  là  ce  qui  constituait  le  troupeau. 
Le  troupeau  proprement  dit  n'existait  pas  sous  Pons 
de  Rousset  ni  même  sous  Guillaume,  son  neveu  ; 
on  n'en  trouve  aucune  mention  dans  la  vente  que 
celui-ci  fit  à  René.  Ce  fut  René  lui-même  qui  le  créa. 
Dans  l'année  de  sa  rentrée  en  Provence,  le  Roi 
constitua  sa  vacherie  et  sa  porcherie,  puis  le  5  avril 
1458  il  acquit  1300  brebis.  Ainsi  fut  créé  son  trou- 
peau. L'accroissement  en  eut  tout  naturellement  lieu 
et  fut  sensible  ;  René  s'y  intéressa.  Il  fit  parfois  venir 
le  troupeau  à  Aix  au  moment  de  la  tonte  afin  d'y 
assister  ;  il  se  complaisait  aussi  à  en  voir  défiler  les 


—  20G  — 

trenteniers  nombreux  lorsqu'ils  rentraient  de  l'es- 
tivage et  il  en  égayait  la  marche  monotone  en  la 
faisant  accompagner  par  des  musiciens  de  circons- 
tance, par  exemple  par  des  «  coinpaignons  corne- 
musaires  lougas  pour  cause  que  le  Roy  voulait  veser 
son  aver  passer  par  devers  son  jardin  joyeusement 
et  en  bonne  chière  faisent,  et  tenus  ung  jour  entier 
pour  jouer  des  cornemuses.  »  (13  octobre  1472», 
B.  1662,  f»  82). 

Dans  son  instinctive  bonté,  il  ne  dédaignait  pas 
de  présider  lui-même  aux  soins  à  donner  aux  brebis 
prêtes  à  mettre  bas,  et  il  prenait  plaisir  à  leur  faciliter 
la  délivrance  en  faisant  curer  tous  les  jasses  à  cause 
«  des  fedes  qui  sont  venues  à  court  et  à  jasses  pour 
ygneler.  »  (Ibid.  f°  82  v°). 

La  bonté  de  René  que  ses  sujets  ont  louée,  que 
ses  historiens  ont  admise,  s'était  vers  la  fin  de  ses 
jours  alliée  d'une  brusquerie  dont  les  textes  gardent 
le  témoignage. 

Avant  de  quitter  la  Provence,  en  août  1 470,  René 
avait  ordonné  la  construction  de  galeries  qu'on  se 
hâta  de  terminer  à  sa  rentrée,  en  novembre  1471, 
pour  «  que  le  Roy  ne  se  courcest,  »  et  de  même 
s'empressa-t-on  de  réparer  la  toiture  de  l'hôtel  «  à 
celle  fin  que  le  Roy  n'eust  cause  pour  quoy  de  ce 
courrocier.  »  (B.  1 66 1 ,  f°  1 50  et  151).  Il  est  vrai  que 
l'affaire  en  valait  la  peine,  puisque  le  Roi  n'aurait 
pu  venir  à  Gardane  si  son  hôtel  n'avait  été  en  état 


—  207  — 

de  le  recevoir  ;  mais  on  a  la  preuve  qu'il  se  laissait 
aller  à  cette  époque  à  des  accès  de  mauvaise  humeur 
à  propos  des  moindres  ennuis,  par  exemple  au  sujet 
d'une  corde  cassée,  «  pour  une  corde  joncquière 
comprat  pour  le  poux  à  cause  que  Taustre  était  rom- 
pue, et  que  le  Roy  ne  s'en  courçast,  ou  parce  que, 
n'ayant  pas  sous  la  main  ses  jeux  de  «  tables,  »  le 
Roy  se  corrossait  quand  il  les  demandait.  »  (B.  1662, 
f°8  156  et  157). 

Le  séjour  de  Gardane  était  cependant  pour  lui 
un  délassement,  il  y  oubliait  ses  chagrins  et  ses 
regrets  ;  il  tenait  à  y  être  simplement  reçu  quand  il 
venait  seul  ;  le  châtelain  prévenu  la  veille  louait 
un  ou  deux  journaliers  qui  nettoyaient  la  place  des 
Ormes,  la  cour  de  l'hôtel,  mettaient  de  la  paille  dans 
les  écuries.  Ainsi  fit-on  quand  on  le  reçut  les  1 1 
avril,  24  juillet,  21  septembre,  6  et  15  octobre,  20 
décembre  1472;  9  mars,  7  avril,  21  mai,  12  juin, 
1473;  les  26  janvier  et  5  novembre  1474  et  le  16 
mars  1478. 

Une  réception  aussi  sommaire  ne  pouvait  être 
décemment  faite  à  la  reine.  Aussi  lorsque  le  Ier  juin 
1472  Jeanne  de  Laval  arriva  à  Gardane,  escortée, 
il  est  vrai,  «  d'auculnes  demoyselles  qui  jamés  n'a- 
voient  esté  en  Provence,  il  y  eut  provision  de  rames 
de  greos  ou  joux  en  my  la  place  garnie  d'aurenges.» 
(B.  1661,  f°  156),  et  lorsqu'elle  revint,  le  6  juillet 
1474,  en  compagnie  du  duc  de  Calabre  (depuis 


—  208  — 

Charles  III),  elle  trouva  l'hôtel  garni  de  verdure 
et  embaumé  «  de  bonnes  herbes  de  senteur.  »  (B. 

1663,  f°  194). 

Le  Roi  se  passa  une  seule  fois,  pour  lui  seul,  cette 

fantaisie,  peu  coûteuse  du  reste,  d'une  «  grant  quan- 
tité de  may  et  plusieurs  bonnes  herbes  pour  mettre 
àl'ostal,  »  ce  fut  le  21  mai  1473,  en  allant  à  Saint- 
Maximin.  (B.  1662,  f*  159). 

Toutefois,  s'il  se  contentait  d'être  simplement 
reçu  dans  un  hôtel  propre  et  durant  l'hiver  bien 
chauffé,  il  ne  s'accommodait  ni  pour  son  logement 
ni  pour  la  table,  des  ressources  que  lui  offrait  son 
personnel  de  Gardane. 

Etait-il  nécessaire  de  procéder  à  quelque  nouvelle 
installation  intérieure  parce  que  le  Roi  par  exemple, 
afin  de  logier  plusieurs  seigneurs  et  dames  venus 
veser  jouer  la  Passion,  avait  fait  porter  tout  le  mé- 
nage de  Gardane  en  son  jardin  d'Aix,  «  c'était  à 
des  valets  de  la  garde-robe  du  Roy  ou  de  la  Royne, 
en  compagnie  de  Juifs,  qu'en  estoit  confiée  la  beso- 
gne. »  (B.  1662,  f°  160). 

Le  Roi  se  proposait-il  de  séjourner  à  Gardane, 
ne  fut-ce  que  pendant  quelques  jours,  il  s'y  faisait 
apporter  des  provisions  de  bouche  et  chargeait  ses 
propres  cuisiniers  du  soin  de  les  accommoder,  et 
eux  s'y  employaient  si  bien  que  tantôt  le  «  fou- 
gueron  de  l'une  des  cheminées  de  la  cuysine  estoit 
tout  fondut  par  la  grande  force  du  feu  qu'ils  fay- 


—  209  — 

soient  (В.  i662,  f°  150)  et  tantôt  le  feu  se  mestoit 
à  Tostal  par  le  tuau  de  la  cheminée  de  la  cuisine.  » 
(B.  1660,  f°  556). 

Le  bon  René  aurait  pu,  sans  inconvénient,  laisser 
à  son  palais  d'Aix  des  serviteurs  si  zélés,  et  s'en 
tenir  au  service  du  châtelain  de  Gardane.  On  con- 
fiait à  celui-ci  le  blanchissage  du  linge  royal  ;  c'était 
quelque  chose,  car  il  fallait  une  forte  «  buguade  » 
pour  laver  le  linge  du  Roy  «  qu'estoit  parfois  tout 
salle;  »  une  lessiveuse  n'y  suffisait  ordinairement 
pas,  même  quand  le  Roi  ne  passait  à  Gardane  que 
deux  jours,  comme  dans  le  cas  auquel  s'applique  le 
texte  que  je  viens  de  citer  (B.  1665,  ^  222).  On 
aurait  même  pu  laisser  au  châtelain  la  direction  des 
fourneaux  de  l'hôtel.  Du  reste,  quand  il  ne  s'agissait 
pas  du  Roi  ou  de  quelqu'un  de  sa  famille,  il  l'avait 
toujours,  et  la  plupart  des  registres  de  comptes  se 
terminent  par  des  articles  à  taxer  pour  frais  de 
«  chières  et  receuillements  faits  par  les  survenans 
à  la  mayson  de  Gardane  et  les  passans  pour  la 
veser,  tant  gens  de  la  mayson  du  Roy,  que  aultres  » 
comme  sont  Mer  de  Nogent,  Mgr  d'Epernay,  Mgr  le 
contrôleur,  Mgrs  d'Entrevennes  et  le  Brau,  Mme  de 
Beauchastel  et  Mgr  de  Charlus,  gouverneur  de  Lan- 
guedoc, avecques  toutes  leurs  familles  «  et  aultres 
que  sont  venus  et  sans  nombre  visiter  la  dicte  mai- 
son (B.  1662,  f°  163)  sans  en  avoir  rien  heu,  sinon 

de  grans  mercis.  »  (B.  1665,  f°  237). 

U 


1 


—  210  — 

Les  gens  du  Roi  remerciaient  sans  doute,  mais 
moins  que  d'autres  se  faisaient  scrupule  de  s'attarder 
à  Gardane  aux  frais  du  châtelain,  comme  le  fit 
«  Michau,  »  l'oyseleur  du  Roy,  qui,  venu  chasser 
aux  cailles  pour  le  plaisir  dudit  seigneur,  se  sentit 
malade  en  estant  à  la  chasse  et  fut  tellement  malade 
que  devint  tout  despouderat,  en  telle  manière  qu'il 
ne  se  povait  aider  des  mains  ni  des  piez,  fors  de 
la  langue  seulement,  et  incontinent  qu'il  se  sentit 
malade  manda  quérir  par  son  valet  une  sienne  com- 
mère qu'il  avait  à  Aix  où  il  logeoit,  qui  se  nommait 
done  Anthoinecte  la  lanternière,  pour  le  penser  et 
gouverner,  etc.;  lequel  a  été  tenu  aux  dépens  du 
châtelain  ambe  la  femme  et  son  varlet,  troys  semai- 
nes justement  à  pain,  à  vin  et  à  companaige,  etc. 
(B.  1665,^236). 

Le  séjour  de  Michau  eut  pour  cause  sa  maladie. 
D'autres  étaient  traités  par  ordre  royal,  et  lorsque 
René  tenait  à  être  aussi  gracieux  que  possible,  par 
exemple  quand  son  invitation  s'adressait  à  des 
femmes,  le  châtelain  se  surpassait  en  prévenances. 

Voici  en  quels  termes,  dans  une  circonstance  de 
ce  genre,  il  se  rend  témoignage  qu'il  s'est  conformé 
aux  instructions  du  Roi  : 

«  Le  samedi  après  diner,  premier  jour  de  décem- 
bre (1472),  les  Bouquines  de  Marseille  sont  venues 
souper  et  couchier  à  Gardane  en  compaignie  de 
cinquante  ou  soixante  chevalx,  tant  de  leur  part  que 


—  211  — 

de  la  bande  de  Tespousat,  et  l'endemain  après  disner 
s'en  sont  tous  allés  à-s-Aix  ;  dont  nostre  sire  le  Roy 
m'avait  commandé  par  deux  foys  que,  comment  que 
fust,  que  je  tinse  ayse  ladite  compaignie  et  que  fussent 
bien  couchiés,  traités  et  bien  pancés  et  que  tout  leur 
fust  abandonné  et  que  les  meilleurs  vins  fussent 
percés  et  que  Ton  leur  fist  grant  chière  et  que  fussent 
grandement  reculhis,  dont  ay  despendut  deux  som- 
.  mades  et  demye  de  sivade,  et  plus  que  moins,  et  de 
foing  à  foyson  et  à  leur  abandon,  et  si  ay  fait  faire 
grant  feu  par  toutes  les  chambres  ainsi  que  se  le  Roy 
y  deust  venir,  car  ainsi  le  m'avait-il  commandé,  et 
que  fussent  bien  festiés,  et  si  ont  beu  des  vins  blancs 
et  rouges  leurs  plaines  testes  et  si  ont  estes  couchés 
blanc  et  mol,  et  l'ostal  estoit  bel  net  et  paré,  ainsi 
que  se  le  Roy  y  deust  arriver,  etc.  Et  ledit  seigneur 
a  fait  porter  la  provision  du  companaige  comme 
poysson  et  cher  et  tout  le  surplus  ay  proveu  à  mes 
despens,  dont  iou  susdit  met  pour  la  despense,  tant 
pour  le  souper  que  landemain  disner,  XV  florins, 
et  s'y  ay  despendut  plus  que  moins.  »  (B.  1662, 
f°  ancien  153). 

Une  question  se  pose  tout  naturellement  à  la 
lecture  de  cet  article  de  dépenses  :  Quelles  étaient 
ces  femmes  que  le  comptable  désignait  simplement 
par  leur  nom,  sans  adjonction  de  titre,  tandis  que 
le  Roi  les  comblait  de  ses  amabilités  ?  Pour  tirer 
quelque  induction  de  ce  double  fait,  il  ne  suffit  pas 


^ 


—  212  — 

de  savoir  que  depuis  près  de  un  tiers  de  siècle  René 
traitait  le  chef  de  la  famille  Bernard  Bouquin  avec 
bienveillance,  qu'il  avait  préféré  lui  céder  plutôt 
qu'à  la  ville  de  Marseille  (5  décembre  1442,  B.  13, 
f  14)  la  place  au  Change  que  cette  ville  voulait 
acheter,  et  que  trente  ans  après  (le  24  avril  1472)  il 
l'avait  anobli  (1),  manifestant  par  cette  faveur  nou- 
velle la  persistance  de  sa  bonté  pour  son  féal  mar- 
seillais. (B.  112,  f°  58). 

Tout  cela  est  intéressant  à  connaître,  mais  n'ex- 
plique pas  le  contraste  existant  entre  la  galanterie 
de  René  pour  les  «  Bouquines  »  et  le  sans-façon 
avec  lequel  le  châtelain  désignait  les  invitées  de  son 
maître. 

Une  des  filles  de  Bernard  Bouquin,  Honorade, 
épousa  Jacques  de  Néry.  Celui  que  l'article  du  châ- 
telain nomme  «l'espousat»  était-il  ce  gentilhomme? 
Honorade,  veuve  en  1478,  remplissait  en  cette 
année-là  et  probablement  depuis  quelque  temps  de 
très  délicates  fonctions  :  elle  était  la  nourrice  de 
deux  enfants  naturels  de  René,  que  les  comptes  de 
•  -  ï8  appellent  «  le  petit  seigneur  et  la  petite  dame,  » 
ouchait  en  cette  qualité  300  florins  de  gages  an- 


Antoine  Je  Marpalet  fit  enregistrer  ces  leltres  de  noblesse  le 
nvjer  Ш8  ;  il  avait  épousé  Isa  beau  de  Tlioron,  fille  d'Antoine 
югоп,  dont  h  mère  fui  Isa  beau  de  Bouquin,  fille  d'Antoine  de 


—  213  — 

nuels  (В.  2484,  f°  19).  Mais  elle  n'était  pas  encore 
leur  nourrice  en  1472,  et  qu'était-elle  alors,  si  elle 
faisait  partie  du  groupe  des  «  Bouquines  »  que  le 
châtelain  accueillit  sur  Tordre  du  Roi  si  poliment, 
et  mentionna  dans  ses  comptes  si  cavalièrement  ? 
Pendant  qu'Honorade  nourrissait  à  Avignon,  lieu 
de  sa  résidence,  deux  enfants  naturels  de  René,  pro- 
bablement les  derniers  qu'il  ait  eus,  Mme  de  Beauvau, 
la  plus  connue  des  filles  naturelles  de  ce  prince, 
accouchait  d'une  fille  à  Tarascon  (i)(B.  2484,  ier 
janvier  1479), e*  Ie  marquis  grandissait  sous  la  direc- 
tion du  célèbre  Matheron  son  gouverneur  et  s'ins- 
truisait aux  leçons  d'un  «  magister  »  du  nom  de 
Michelet  (B.  2484,  f#s  14  et  1 5).-Le  marquis,  que  les 
comptes  de  Gardanne  dénomment  crûment  le  «  Bas- 
tard  du  Roy,  »  était  encore  entre  les  mains  de  sa 
gouvernante  en  1472.  Au  mois  de  juin  1472,  une 
mortalité  exceptionnelle  sévissait  sur  la  ville  d'Aix. 
René  jugea  prudent  de  mettre  son  jeune  «  bastard  » 
à  l'abri  et  il  l'envoya  à  Gardane,  sous  la  conduite 
de  Nodum  son  valet  de  chambre  et  de  Vincent  son 


(I)  La  date  de  la  mort  de  cette  princesse  doit  donc  être  rectifiée  : 
Me«  do  Beauvau  avait,  je  crois,  en  Mme  de  la  Jaille  une  sœur  na- 
turelle et  royale  :  ceci  est  une  supposition  fondée  sur  ce  fait,  que 
René  ne  se  séparait  pas  plus  de  M,0«  de  la  Jaille  que  de  M*«  do 
Beauvau. 


^ 


—  214  — 

charretier  qui,  avec  laide  de  deux  valets,  menait  le 
cbarriot  royal  attelé  de  cinq  chevaux. 

с  Ledit  Monseigneur  le  Bastard  du  Roy    avoit 
pour  son  estât,  à  Gardane,  cinq  personnes  pour  le 
servir  et  un  cheval,  et  sont  si  déclérés  :  et  primo 
M"*  de  Pugniers  pour  le  régir  et  le  gouverner   et 
René  son  fils,   ung  serviteur  nommé  Léo  pour 
cuysiner,  un  paige  nommé  Ricart  pour  le  servir,  et 
une  servente  nommée  Margarite  pour  adober   sa 
chambre  ;  lequel  seigneur  avecques  son  estât  a  dé- 
mo uré  audit  lieu  l'espace  d'ung  moys,  jusques  à 
samedi  i  о  de  juillet  que  s'en  ala  à  la  bastide  du  Roy 
près  de  Marseille,  à  cause  de  la  pestillence  que  com- 
menssoit  estre  audit  lieu,  ou  estoit  mort  une  jeune 
fille  de  XV  à  XVIII  ans,  et  après  la  visite  de  maistre 
Jehan  Acanart,   médecin  de  la  Royne,  qui  vint  à 
cause  que  ja  se  murmurait  audit  lieu  qu'estoit  inficit 
de  pestillence.  »  (B.  1662,  f>  321). 

Le  Roi  vint  fréquemment  à  Gardane  en  1472 
et  1473  et  y  séjourna  longuement.  En  1474  il  n'y 
vingt  que  deux  fois,  une  seule  en  1478  ;  il  s'abstint 
d'y  paraître  en  1479.  Le  domaine  fut  donc  peu  à 
peu  délaissé  par  René,  malgré  les  améliorations  con- 
sidérables qu'il  y  avait  apportées  en  1458,  malgré 
les  embellissements  qu'il  y  fit  en  1472. 

L'animation,  la  vie  que  les  visites  et  les  chasses 
royales  avaient  amenées  à  Gardane,  s'éteignirent  en 
môme  temps  que  René,  et,  lui  disparu,  le  château 


—  215  — 

rentra  dans  le   cercle  des  demeures  seigneuriales 
qui  n'ont  point  d'histoire. 


SONNETS 


L 


Par    le    Baron    DE    MEYRON NET-SAINT- M  ARC. 


LA  RECHERCHE  DU  BONHEUR 


L'homme  s'empresse  en  ce  bas  monde, 
Les  yeux  fixés  sur  l'avenir, 
Et,  guidé  par  Fardent  désir, 
Poursuit  sa  course  vagabonde. 

Courtisant  la  brune  et  la  blonde 
A  la  recherche  du  plaisir, 
Ou  de  la  science  martyr 
Bravant  les  tempêtes  de  Tonde , 

Partout,  il  va  d'un  pas  pressé, 
Triste  ou  joyeux,  mais  harassé 
Dans  sa  recherche  infatigable, 

Puis  il  meurt,  tout  est  consommé 
Près  du  seul  bonheur  véritable 
Qu'il  ignore  :  aimer,  être  aimé  ! 


*f-  -^jfc*  "Ж 


—  218  — 


DE  LA   SOLITUDE 


J'ai  Thoireur  de  la  solitude  ; 
Elle  est  faite  pour  le  chagrin 
Ou  pour  le  vieux  Bénédictin 
Que  son  goût  plonge  dans  l'étude. 

Malgré  sa  noire  ingratitude, 
Je  préfère  encor  mon  prochain, 
Dussé-je  du  soir  au  matin , 
En  éprouver  la  lassitude, 

Que  de  rester  seul  avec  moi. 
Si  vous  me  demandez  pourquoi, 
Je  ne  saurais  trop  que  vous  dire. 

Mais,  à  mon  sens,  on  n'est  heureux, 
—  Ne  croyez  pas  que  je  veux  rire,— 
Que  dans  la  solitude  à  deux. 


—  219  — 


LE   VERGISSMEINICHT 


Chacun  a  de  la  préférence 
Pour  une  fleur,  dans  son  jardin. 
Ce  qu'on  aime  dans  le  jasmin 
C'est  un  symbole  d'espérance. 

» 

Le  muguet  convient  à  l'enfance 
Et  la  tulipe  à  l'homme  vain, 
Quant  au  lys,  attribut  divin, 
De  la  Vierge  il  peint  l'innocence. 

Pour  moi,  simple  dans  sa  pâleur , 
Le  "  vergîssmeinicht  "  est  ma  fleur 
Et  c'est  pour  elle  que  je  chante. 

Désirex-vous  savoir  pourquoi  ? 
En  Français  cette  fleur  charmante 
S'écrit  :  Souvenez-vous  de  moi. 


POÉSIES 


Par    le    Baron    OUILLIBBRT 


A  LA 


Tel  un  preux  de  l'antiquité, 
Si  devant  le  nombre  il  succombe, 
Les  armes  h  la  main  il  tombe 
Pour  le  Droit  et  la  Liberté. 

Pour  venger  sa  propre  Patrie 
Chez  les  Boers  il  combat  l'Anglais  ; 
II  nous  montre  en  donnant  sa  vie 
Comment  sait  mourir  un  Français. 


—  222  — 
Dieu  nous  rendra  sa  mort  féconde  : 
Pleurons,  mais  gardons  nos  cœurs  hauts  ; 
Déjà  la  grande  voix  du  monde 
Mêle  les  espoirs  aux  sanglots. 


18  avril  1900. 


AU  PRESIDENT  KRUGER 


Omnage  Trloixleti 


Au  capoulié  Kriiger-lou-Grand 
Salut,  respèt,  oumage  e  glèri  ; 
Nosti  cor  van  en  Famiran 
Au  capoulié  Kriïger-lou-Grand. 
E  sèmpre  li  pople  diran, 
Dins  lis  annalo  de  Piston  : 
Au  capoulié  Kriiger-lou-Grand 
Salut,  respèt,  ôumage  e  glori. 


—  224  — 


П 


De  sa  fièro  e  libro  nacioun 
Manten  H  dre  'me  sa  valènsi  ; 
Es  Гато  di  resoulucioun 
De  sa  fièro  e  libro  nacioun  : 
La  lucho  sènso  remessioun, 
Mouri  pèr  soun  independènci. 
De  sa  fièro  e  libro  nacioun 
Manten  li  dre  Vné  sa  valènsi. 

III 

E  que  vèu  pèr  si  bravi  Bourgh  ? 
La  liberta  de  la  Patrio  ; 
Dins  lou  fougau  lou  sant  amour, 
Es  ço  que  vôu  i  bravi  Bourgh. 
Dieu  benesira  sis  ardour; 
Un  soulèu  d'espèr  escandiho, 
Amor  que  vôu  i  bravi  Bourgh 
La  liberta  de  la  Patrio. 


-  225  — 


MANDA  DIS 


au  Président  Kruger  à  soun  desbarca  de  Lorenço-Marquez 

à  Marsiho. 


Tre  qu'au  marage  de  la  Franco 
Desbarques,  Eros  segne-grand, 
Li  Prouvencau  € oufron  subran 
Sa  fe  vivo  en  tis  esperanço. 


A  is-de-Prouvènço 

lou  22  de  nouvembre  1900. 


45 


A  SON  EXCELLENCE  LE  PRESIDENT 


POUR  LE  75me   ANNIVERSAIRE   DE  SA  NAISSANCE 


Ton  nom  au  jour  de  ta  naissance 
Par  tous  les  cœurs  Boers  est  fêté  ; 
Il  symbolise  résistance, 
Espoir  en  Dieu,  foi,  volonté. 


En  vain,  Albion  les  opprime 
Et  contr'eux  accroît  les  horreurs  ; 
Le  Droit  est  le  vengeur  qui  prime 
La  Force  et  dompte  ses  fureurs. 


1 


—  227  — 

Il  n'est  rien  contre  la  Patrie, 
L'amour  du  sol  et  du  foyer  ; 
Comme  toi,  ta  race  est  pétrie 
D'un  fer  qui  ne  saurait  ployer. 


Kervallat  par  Ais-en-Provence 
11  octobre  1901. 


i 
i 


■Ч"   I 


1 


FONDATION  IRMA  MOREAU 


I. 


Mademoiselle  Irma  Moreau,  décédée  à  Aix-en- 
Provence  le  19  janvier  1899,  a,  suivant  testament 
authentique  reçu  le  7  du  même  mois  par  Me  Mou- 
ravit,  notaire,  disposé  de  sa  fortune  en  ces  termes  : 


«  Je  recommande  mon  âme  à  Dieu. 

J'institue  pour  ma  légataire  universelle  l'Acadé- 
mie des  sciences,  agriculture,  arts  et  belles-lettres 
d'Aix,  établie  à  Aix-en-Provence,  voulant  qu'elle 
recueille,  dès  le  jour  de  mon  décès,  tous  les  biens 
qui  composeront  alors  ma  succession,  sans  excep- 
tion ni  réserve,  mais  à  charge  des  legs  et  aux  con- 
ditions ci-après  : 

Ces  prélèvements  opérés  et  dès  que  tous  les 
biens  de  ma  succession  étant  réalisés,  on  aura  fait 
face  aux  legs  particuliers  ci-dessus,  la  somme  restée 
libre  sera  de  suite  et  entièrement  employée  à  l'achat 
d'un  titre  de  rente  sur  l'Etat  Français  au  nom  de 
l'Académie  des  sciences,  agriculture,  arts  et  belles- 


—  230  — 

lettres  d'Aix  et  les  arrérages  ou  intérêts  de  ce  titre 
de  rente  seront  exclusivement  appliqués  à  la  fon- 
dation  de  prix  destinés  à  offrir  une  récompense  et 
procurer  un  secours  à  des  personnes  qui  seront  par- 
ticulièrement recommandées  par  leur  honnêteté  et 
leur  vertu  notoires  et  qui  se  trouveront  les  plus 
dignes  de  ces  prix. 

Ces  personnes  seront  choisies  dans  les  deux 
catégories  suivantes  : 

i°  Pères  de  famille  veufs  ou  non  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  gens  malheureux  et 
nécessiteux,  exempts  d'ivtognerie  ou  autres  vices 
et  ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

a0  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie,  ou 
d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans  l'im- 
possibilité de  suffire  à  leurs  besoins. 

Ma  légataire  universelle  appliquera  l'émolument 
entier  des  intérêts  produits  par  la  rente  sur  l'Etat 
précitée  à  des  pensions  annuelles  qui  seront  attri- 
buées, à  raison  de  deux  cents  francs  par  an,  à  cha- 
que lauréat. 

Les  deux  cents  francs  de  rente  alloués  aux  lau- 
réats leur  seront  servis  semestriellement,  termes 
échus,  les  dix  juillet  et  dix  janvier  de  chaque  année, 
le  premier  terme  devant  écheoir  le  dix  juillet  qui 
suivra  la  proclamation  du  prix  sera  acquis  en  entier 
au  lauréat,  quelle  que  soit  la  date  de  cette  procla- 
mation, et  ladite  pension  sera  ainsi  servie,  savoir  : 


—  231   — 

ie  Aux  ouvrières  pauvres,  leur  vie  durant,  à 
moins  qu'il  ne  survienne  au  cours  de  leur  existence 
un  changement  dans  leur  situation,  comme  guérison 
ou  héritage,  supprimant  la  nécessité  de  leur  rente  ; 

2°  Aux  pères  et  mères  de  famille  malheureux, 
tant  qu'ils  resteront  dans  l'infortune  et  qu'ils  con- 
serveront au  moins  deux  enfants,  et  jusqu'à  ce  que 
le  plus  jeune  de  leurs  enfants  ait  atteint  dix-huit  ans 
révolus. 

En  outre,  ma  légataire  universelle  restera  toujours 
libre  de  faire  cesser  la  rente,  pour  les  uns  ou  les 
autres  des  bénéficiaires,  lorsque  sur  le  rapport  de 
trois  de  ses  membres  et  après  une  délibération  prise 
en  présence  de  douze  de  ses  membres  au  moins, 
elle  aura  décidé  cette  suppression. 

Aux  cas  prévus  par  les  trois  paragraphes  qui  pré- 
cèdent, la  suppression  des  rentes  ne  pourra  être  pro- 
noncée que  par  une  délibération  de  l'Académie,  à 
laquelle  son  bureau  prendra  part  tout  entier,  sauf 
empêchement  légitime  pour  l'un  ou  l'autre  des  di- 
gnitaires ;  la  cessation  de  la  rente  aura  lieu  dès  la 
date  de  la  délibération. 

Il  devra  être  pourvu  au  remplacement  des  ren- 
tiers lauréats  au  fur  et  à  mesure  des  extinctions  ou 
des  suppressions  ;  la  proclamation  de  tous  lauréats 
se  fera  dans  chacune  des  séances  publiques  annuelles 
de  l'Académie. 

Enfin  voulant  mettre  à  jour  le  mobile  impulsif  et 


—  232  — 

déterminant  de  mes  présentes  dispositions  et  bien 
définir  leur  caractère,  en  ce  qui  concerne  les  fon- 
dations des  prix  annuels  en  rentes  viagères  que  je 
viens  de  faire,  je  tiens  à  ajouter  que  ces  fondations 
ont,  dans  ma  pensée  comme  dans  mon  but,  une 
complète  analogie  avec  les  prix  déjà  fondés  à  Aix 
par  M.  Rambot  et  par  M.  Reynier  ;  ainsi  l'Académie 
sera  juge  souveraine  des  mérites  respectifs  des  can- 
didats ;  elle  demeurera  chargée  de  tous  les  détails 
qui  assureront  le  service  exact  de  leurs  rentes,  et 
sauf  ce  point  qu'il  suffira  aux  candidats  d'être  Fran- 
çais, elle  appliquera  aux  présentes  fondations  les 
règles  qu'elle  a  adoptées  pour  les  deux  premières 
que  je  viens  de  rappeler.  C'est  ainsi,  notamment, 
que  les  prix  devront  être  décernés  et  proclamés  en 
séance  publique  et  que  toute  décision  pour  le  choix 
des  candidats  sera  prise  à  la  suite  de  rapport  et  de 
pièces  officielles,  au  moyen  de  la  délibération  d'au 
moins  douze  membres  de  l'Académie  présents. 
Telles  sont  mes  intentions.  » 


IL 


Dans  sa  79e  séance  publique  du  16  juin  1899 
l'Académie  a  fait  connaître  la  libéralité  dont  elle 
était  l'objet. 

M.  le  doyen  Guibal  qui  présidait  s'est  ainsi  ex- 
primé : 


—  233  - 

«  L'Académie  a,  par  l'organe  de  son  président, 
un  pieux  devoir  de  reconnaissance  à  remplir  envers 
la  mémoire  de  M,le  Irma  Moreau. 

Obéissant  à  une  pensée  de  charité  et  de  philan- 
thropie, depuis  longtemps  arrêtée  dans  son  esprit 
net  et  ferme,  M,Ie  Moreau  a,  par  son  testament  du 
7  janvier  1899,  institué  notre  Compagnie  sa  léga- 
taire universelle. 

La  somme  que  les  legs  particuliers  une  fois  ac- 
quittés et  les  droits  d'enregistrement  et  de  mutation 
payés  laisseront  libre,  sera  employée  à  Tachât  d'un 
titre  de  rente  sur  l'Etat  français,  au  nom  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  agriculture,  arts  et  belles-lettres 
d'Aix.  L'Académie  appliquera  l'émolument  entier 
des  intérêts  et  arrérages  de  cette  somme  à  des  prix 
sous  la  forme  de  pensions  annuelles  de  200  francs 
chacune. 

Ces  prix  ou  pensions  seront  attribués  à  des  per- 
sonnes particulièrement  recommandées  par  leur 
honnêteté  et  leur  vertu  notoires  et  choisies  dans  les 
seules  catégories  suivantes  : 

i°  Pères  de  famille  veufs  ou  non  et  mères  de 
famille  connus  comme  gens  malheureux  et  néces- 
siteux, exempts  d'ivrognerie  et  autres  vices  et  ayant 
au  moins  deux  enfants  ; 

20  Ouvrières  pauvres,  atteintes  de  maladie,  d'in- 
firmité ou  de  vieillesse,  qui  les  mettrait  dans  l'im- 
possibilité de  suffire  à  leurs  besoins. 


—  234  — 

Ces  dispositions  témoignent  d'une  sollicitude 
éclairée  pour  le  travail  et  la  vertu  qui  seront  ré- 
compensés et  assistés  à  domicile,  avec  un  profond 
respect  pour  la  vie  de  famille  et  pour  la  sainteté  des 
plus  humbles  foyers. 

L'Académie  que  M,,e  Moreau  a  choisie,  après  une 
longue  enquête,  pour  exécuter  ses  dernières  volontés 
et  gérer  sa  fortune,  est  d'autant  plus  touchée  de  cette 
marque  de  confiance  qu'elle  ne  s'enrichit  que  de 
nouveaux  devoirs  à  remplir. 

Elle  n'avait  pas  le  droit  de  les  décliner  ;  elle 
attend  avec  une  patiente  tranquillité  le  moment  de 
s'en  acquitter. 

Ils  ne  la  surprendront  pas.  Il  existe  dans  le  sein 
de  notre  Compagnie  une  tradition  de  justice  élevée 
et  sereine,  à  laquelle,  après  MM.  Rambot  etReynier, 
Ml,e  Moreau  a  rendu  un  public  hommage. 

Cette  tradition  ne  peut  que  puiser  une  force  nou- 
velle dans  nos  réunions  solennelles  qui  entourent 
d'un  culte  esthétique  et  moral  les  choses  les  meil- 
leures et  les  plus  hautes  du  monde  de  l'art,  de  la 
pensée  et  de  la  conscience  :  j'ai  nommé  le  talent  ou 
le  génie,  la  charité,  la  vertu.  » 


III. 


L'Académie  a  été  autorisée  à  accepter  la  fondation 
Irma  Moreau  par  décret  du  18  janvier  1901,  rendu 


—  235  — 

par  M.  le  Président  de  la  République  française,  le 
Conseil  d'Etat  entendu. 

L'ampliation  de  cette  décision  reçue,  la  Compa- 
gnie a,  par  délibérations  des  26  février  et  2  avril 
1901,  décidé  de  faire  célébrer  un  service  solennel 
pour  le  repos  de  l'âme  de  M,,e  Irma  Moreau  et  de 
transporter  sa  dépouille  mortelle  dans  la  concession 
lui  appartenant,  en  modifiant  le  monument  pour 
que  son  médaillon  figure  à  côté  de  ceux  du  prési- 
dent de  Fauris  Saint- Vincens  et  des  fondateurs  de 
prix  Rambot  et  Reynier. 


IV. 


Cet  hommage  funèbre  à  Ml,e  Irma  Moreau  a  été 
fidèlement  exécuté. 

Voici  le  compte-rendu  qui  en  a  été  publié  : 

Les  restes  mortels  de  M,,e  Irma  Moreau,  décédée 
à  Aix  le  19  janvier  1899,  ont  été  transférés,  le 
mardi  2 1  mai  1 90 1 ,  dans  le  tombeau  de  l'Académie 
où  reposaient  ceux  du  président  de  Fauris  Saint- 
Vincens.  La  cérémonie,  d'un  caractère  intime  et 
pieux,  a  réuni  autour  de  M.  le  curé  et  du  clergé  de 
Saint- Jean-Baptiste  (paroisse  de  la  défunte)  MM.  les 
vice-président,  secrétaire-perpétuel  et  de  nombreux 
membres  de  la  Compagnie,  parmi  lesquels  M.  de 
Magallon,  représentant  la  famille  de  Saint- Vincens. 


1 


—  236  — 

Les  formalités  administratives  étaient  remplies  par 
M.  le  commissaire  ceçtral. 

Les  prières  liturgiques  récitées,  et  avant  le  scelle- 
ment de  la  pierre  tombale,  M.  le  baron  Guillibert, 
secrétaire-perpétuel  de  TAcadémie,  a  prononcé  cette 
allocution  : 

«  Messieurs  et  Chers  Confrères, 

Au  moment  où  nous  déposons  dans  le  caveau, 
spécialement  construit  à  cet  effet,  les  restes  mortels 
de  Ml,e  Irma  Moreau,  et  en  attendant  l'achèvement 
des  superstructures  d'art  de  ce  monument  funèbre, 
il  est  de  notre  devoir  d'exprimer  publiquement 
comment  nous  avons  pensé  rendre  un  hommage 
de  reconnaissance  à  la  mémoire  de  notre  généreuse 
fondatrice  de  pensions,  en  la  faisant  reposer  dans 
le  tombeau  de  l'Académie,  à  côté  du  président  de 
Fauris  Saint- Vincens. 

La  Compagnie  n'a  cessé,  depuis  sa  fondation  plus 
que  séculaire,  de  concourir  au  bien-être  général  de 
la  Provence  et  particulièrement  de  son  antique  ca- 
pitale, en  s'appliquant  à  améliorer  les  ressources  de 
notre  région  agricole,  à  développer  les  études  litté- 
raires et  scientifiques,  à  provoquer  les  recherches 
d'histoire  et  d'archéologie  et  à  faire  fleurir  le  goût 
des  arts. 

Le  souvenir  de  notre  glorieux  passé,  le  maintien 
de  nos  traditions  de  «  ville  studieuse  et  policée  en- 


—  237  — 

tre  toutes  »  sont  l'âme  de  nos  travaux.  De  vénérés 
donateurs  ont  élargi  notre  domaine  en  instituant 
des  prix  de  vertu  pour  récompenser  les  actes  les 
plus  méritoires  qui  nous  seraient  signalés. 

Nos  efforts  ne  se  sont  pas  ralentis  un  instant  dans 
la  meilleure  réalisation  de  cette  mission  dont  nous 
sommes  fiers  ;  rigoureux  et  fidèles  observateurs  de 
la  volonté  de  nos  testateurs,  nous  avons  exécuté 
avec  une  scrupuleuse  exactitude  les  mandats  dont 
ils  nous  ont  chargés  ;  aussi  avons-nous  continué 
leur  mémoire,  en  perpétuant  le  souvenir  de  leur 
générosité  et  de  leur  dévouement  à  la  ville  d'Aix. 

Parmi  les  membres  de  l'Académie,  il  en  est  un 
dont  le  nom  méritait  d'être  conservé  avec  un  soin 
jaloux  :  celui  de  l'un  de  nos  fondateurs,  le  président 
A. -J. -Antoine  de  Fauris  Saint- Vincens,  né  à  Aix 
en  1750,  y  décédé  le  15  novembre  18 19,  «dont  les 
vertus  et  la  science  héréditaires  honorèrent  et  ser- 
virent le  pays.  » 

Sur  la  proposition  de  notre  Compagnie,  le  Con- 
seil municipal,  présidé  par  un  de  nos  membres 
d'honneur  (1),  qui  revit  si  bien  par  son  fils  et  son 
petit-fils  au  milieu  de  nous,  accorda  à  l'Académie, 
le  3  décembre  1839,  une  concession  gratuite  dans 
le  nouveau  cimetière  Saint-Pierre  pour  y  transférer 


(1)  M.  Aude,  maire  d'Aix. 


—  238  — 

les  restes  de  M.  de  Saint- Vincens,  reposant  depuis 
1819  dans  les  sépultures  de  Saint-Laurent.  La  so- 
lennité d'inauguration  du  monument  eut  lieu  le  25 
juin  1843. 

Le  19  janvier  1899,  M,,e  Irma  Moreau  rendait  son 
âme  à  Dieu,  à  l'âge  de  66  ans.  Elle  laissait  la  ma- 
jeure partie  de  sa  fortune  à  l'Académie,  en  vue  de 
distribuer  comme  prix  de  vertu  des  pensions  de 
200  francs  à  des  pères  et  mères  de  famille  et  ou- 
vrières nécessiteux  et  d'une  parfaite  conduite. 

Les  volontés  de  la  testatrice  sont  ainsi  exprimées 
(suit  le  texte  du  testament). 

L'autorisation  d'accepter  ce  legs  universel  a  été 
accordée  à  la  Compagnie  par  décret  présidentiel 
rendu  en  Conseil  d'Etat  le  18  janvier  1901. 

L'Académie  a  délibéré  que  son  premier  hommage 
public  à  M,,e  Irma  Moreau  devait  être  de  faire  célé- 
brer un  service  solennel  pour  le  repos  de  son  âme 
et  d'inhumer  sa  dépouille  mortelle  dans  le  tombeau 
qui  lui  a  été  concédé  en  1839. 

La  cérémonie  religieuse  a  eu  lieu,  le  12  mars  der- 
nier, dans  l'église  Saint- Jean-Baptiste,  paroisse  de 
la  défunte. 

Un  arrêté  de  M.  le  Maire,  du  22  avril  suivant,  a 
donné  les  autorisations  nécessaires  pour  la  cons- 
truction d'un  caveau,  les  exhumations  et  transferts 
et  la  reconstruction  du  monument. 

Vous  savez,  Messieurs,  que  nous  avons  confié  à 


—  239  — 

l'habile  ciseau  de  notre  confrère  M.  Pontier,  un 
maître  de  la  sculpture,  conservateur  du  Musée,  de 
reproduire  en  médaillons,  du  genre  de  celui  de 
Saint- Vincens,  la  douce  et  intelligente  figure  de  M11' 
Moreau,  ainsi  que  celles  de  MM.  Rambot  et  Rey- 
nier. 

Une  cérémonie  officielle  marquera  l'achèvement 
de  la  construction  du  monument.  Notre  réunion 
intime  de  ce  jour  a  pour  but  de  constater  les  trans- 
ferts des  cercueils  de  M,,e  Irma  Moreau  et  de  M.  de 
Saint- Vincens  dans  leur  définitive  demeure. 

Si  de  savants  travaux  et  un  dévouement  héré- 
ditaire à  la  Cité  ont  valu  au  président  de  Saint- 
Vincens  des  honneurs  funèbres  exceptionnels,  M,,e 
Irma  Moreau  a  bien  mérité  de  l'Académie  et  des 
familles  ouvrières  pour  en  obtenir  de  semblables. 
Ses  dispositions  testamentaires  ne  sont  pas  seule- 
ment inspirées  par  son  cœur  généreux,  elles  sont 
aussi  le  fruit  d'observations  sages  et  méditées  des 
faits  économiques  contemporains  :  cette  institution 
de  pensions  ouvrières  à  des  candidats  exempts  (Pivro- 
gnerie  n'entre-t-elle  pas  en  effet  dans  la  solution 
pratique  des  problèmes  sociaux  du  moment  ? 

En  tous  cas,  nous  avons  là  une  preuve  de  l'esprit 
éclairé  et  des  vues  élevées  de  M,le  Moreau. 

Et  lorsque,  venant  prier  sur  ce  tombeau,  nos  suc- 
cesseurs et  les  visiteurs  verront  l'image  d'Irma  Mo- 
reau à  côté  de  celles  de  Saint- Vincens,  Rambot  et 


—  240  — 

Reynier,  ils  pourront  dire  que  l'Académie  fait  œuvre 
de  bien  social  en  réalisant  ainsi,  sous  l'égide  de  la 
vertu  et  de  l'étude,  l'alliance  des  classes  laborieuses 
et  du  monde  savant.  » 

V. 

Les  travaux  du  monument  ont  été  terminés  au 
mois  de  décembre  1901. 

L'Académie  a  fixé  le  jour  de  l'inauguration  à  l'an- 
niversaire de  la  mort  de  M,,e  Moreau. 

Sa  lettre  d'invitation  était  ainsi  conçue  ; 

Aix,  le  14  janvier  1902. 
Monsieur, 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  prier  de  vouloir  bien  assister 
à  l'inauguration  du  monument  funèbre,  consacré  par  l'Aca- 
démie à  la  mémoire  de  Mlu  Irma  Moreau,  fondatrice  des  pen- 
sions ouvrières,  et  de  MM.  Rambot  et  Reynier,  qui  ont  ins- 
titué nos  prix  de  vertu. 

Celte  cérémonie  aura  lieu  lundi  20  janvier,  à  onze  heures 
du  matin,  au  cimetière  d'Aix. 

Nous  avons  l'honneur  d'être  vos  très  humbles  et  très 
obéissants  serviteurs. 

Docteur  Aude,  président  de  l'Académie  ;  baron  de  Tourtou- 
lon,  vice-président;  baron  Guillibert,  secrétaire-perpétuel. 

Ordre  de  la  cérémonie  : 

4e  Bénédiction  du  monument.  Allocution  de  M.  le  chanoine 
Cherrier,  membre  de  l'Académie  ; 
2e  Discours  de  M.  le  docteur  Aude,  président  ; 
3e  Discours  de  M.  le  docteur  Bertrand,  maire  d'Aix  ; 
4e  Stances  en  l'honneur  d'Irma  Moreau. 


—  241   — 


VI. 


Une  foule  sympathique  où  se  trouvait  représentée 
la  population  tout  entière  a  répondu  à  cette  invi- 
tation. 

Mgr  l'Archevêque  absent,  MM.  le  premier  pré- 
sident, le  sous-préfet,  le  colonel  commandant  d'ar- 
mes, empêchés,  s'étaient  excusés. 

Des  fonctionnaires  et  représentants  de  tous  ordres 
civil  et  militaire,  des  membres  du  clergé,  de  la  ma- 
gistrature et  de  l'Université,  des  délégués  des  so- 
ciétés, cercles  et  groupes  sociaux  de  la  ville,  un 
grand  nombre  de  personnes  de  toutes  conditions  et 
de  dames  formaient  une  assistance  importante  au- 
tour de  M.  le  Maire  et  MM.  les  conseillers  muni- 
cipaux. 

M.  le  docteur  Aude,  président,  ayant  à  ses  côtés 
M.  Guibal,  ancien  président,  doyen  honoraire  de 
la  Faculté  des  Lettres,  et  M.  Pison,  membre  hono- 
raire, doyen  de  la  Faculté  de  Droit,  étaient,  ainsi 
que  Messieurs  de  l'Académie,  à  côté  du  monument. 

M.  le  chanoine  Cherrier,  l'un  des  anciens  de  la 
Compagnie,  a  le  premier  pris  la  parole  avant  de 
bénir  le  monument,  et  ensuite  elle  a  été  donnée 
à  M.  le  président,  à  M.  le  Maire  d'Aix  et  à  M.  le 
secrétaire-perpétuel. 


46 


lllocttloi  de  I.  le  ChMoiie  CIEIBIEB. 

Messieurs , 

Le  monument  que  nous  allons  bénir  et  inaugurer 
est  une  œuvre  d'art  délicat,  de  pieux  souvenir  et  de 
grave  enseignement. 

L'art  est  l'expression  du  vrai,  dans  une  harmo- 
nieuse proportion,  par  la  pureté  des  lignes  et  la 
suavité  des  contours. 

Tels  les  médaillons  incrustés  aux  pierres  de  ce 
tombeau.  Fauris  de  Saint-Vincens,  Rambot,  Rey- 
nier,  Irma  Moreau  avec  leurs  têtes  fines,  leur  visage 
ouvert  et  leur  air  de  bonté  nous  y  apparaissent  dans 
la  fidélité  résistante  qui  les  suivra  jusqu'à  l'immor- 
talité. 

Immortalité  convenue,  dans  le  marbre,  dans  le 
bronze,  dans  nos  archives  d'Académie,  dans  le 
cœur  de  ceux  dont  les  blessures  ont  été  guéries  et 
les  dévouements  récompensés. 

Immortalité  vraie,  dans  la  vie  qui  s'élance  des 
cimetières.  «  Mourir,  dit  S.  Paul,  c'est  commencer 
à  vivre.  »  (i) 

Au  moment  du  départ,  en  rencontrant,  aux  со 
fins  des  deux  mondes,  Dieu  qui  est  son  éléme 
sympathique,  comme  le  feu  est  l'élément  symp 

(1)  Rom.  XI,  15. 


—  243  — 

thique  de  la  poudre,  l'âme  qui  s'en 'va  portant  de 
belles  actions  sur  ses  ailes,  s'irradie  et  se  dilate  dans 
une  félicité  sans  limite.  Plus  tard,  au  premier  coup 
de  clairon  de  la  Résurrection,  la  poussière  qui  fut 
riche  palais  ou  hutte  à  charpente  disloquée  par  les 
ans,  sera  spiritualisée.  «  La  substance  qui  a  animé 
le  premier  germe  de  la  vie,  dit  S.  Thomas  (i),  sera 
retrouvée.  Avec  elle,  Dieu  nous  refera  un  corps 
glorieux,  reconnaissable  dans  ses  traits  principaux, 
correct  dans  son  modelé,  d'un  âge  qui  sera  le  même 
pour  tous,  conforme  à  la  beauté  du  Christ  notre 
éclaireur  et  notre  frère  aîné  dans  la  région  des 
morts  (2).  » 

Ce  sera  le  triomphe  final  de  l'art  dans  la  rutilante 
fixité  de  l'idéal  dont  la  palette  et  le  ciseau  ne  peuvent 
nous  donner  qu'un  pâle  et  fugitif  reflet.  L'espoir  qui 
jaillit  d'une  si  consolante  doctrine  suffit  pour  nous 
réjouir  vivants  et  nous  embaumer  au  tombeau. 


Cette  vérité  qui  émerge  de  toutes  les  croyances 
et  de  tous  les  caveaux  a  fait  éclore  notre  «  pieux 
souvenir,  »  indiqué  par  ce  mot  bien  doux  :  Recon- 
naissance. 


(\)  Тот.  XII,  p.  700. 
(2)  Cor.  XV,  20. 


H 


—  544 


-*r .г^г-_-*  e*c  j^5C2=2eEt  appelée  la  mé- 


■nîzr-e  çzr  21  besoin  de  rien 

ркг  le  pain  qn'il 


le  csri. -i.  ^  Я -^r^i  -    rrsne^r  de  l'Acadé 


■^  ^ 


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^  rr  .  ~z  5  ^c .^c  ~ы*?яяш*$*ясе. 


crzs  notre  est. 


c^i   ne»   ont 
en  eiiblissant 


et  d 


:cc=rplie 


—  245  — 

avec  amour,  non  pour  un  jour,  mais  avec  la  sédui- 
sante magie  de  la  perpétuité. 

Il  est  juste,  d'ailleurs,  que  ce  qui  jaillit  du  cœur 
retourne  au  cœur  en  pluie  délicieuse.  Nous  y  avons 
pensé. 

«  Rien  de  plus  pur  et  de  plus  frais,  pour  les  dé- 
funts, que  la  prière  intime  ou  collective,  (i)  >  — 
«  Les  solennités  funèbres,  expiatoires  pour  les 
morts,  dit  S.  Thomas,  sont  utiles  aux  vivants,  parce 
qu'elles  affirment  la  vie  personnelle  et  distincte, 
dans  les  responsabilités  d'outre-tombe.  (2)  » 

Quoi  de  plus  émouvant  que  nos  grandes  réunions 
académiques  !  Chaque  année,  sous  l'œil  ravi  d'une 
assemblée  sympathique,  nos  lauréats,  leur  diplôme 
à  la  main,  rendent  hommage  aux  testateurs  dont  le 
nom  a,  pour  eux,  un  prestige  qui  tient  du  ciel  et 
de  la  terre.  «  Merci,  M.  le  président  1  Merci,  Mes- 
sieurs !  »  Cette  gratitude  cordiale  dite  sans  discours, 
et  non  sans  larmes,  nous  la  renvoyons  à  ceux  dont 
nous  sommes  les  représentants  et  ils  l'acceptent 
avec  une  joie  qui  augmente  leur  bonheur.  «  Par  les 
anges,  par  d'autres  âmes  venues  du  pays,  par  une 
révélation  spéciale,  les  âmes  séparées  savent  ce  qui 
les  intéresse  parmi  les  survivants.  (3)  » 


(1)  Machale,  XII,  46. 

(2)  Тот.  XV,  p.  556. 

(3)  S.  Th.,  lom.  Ш,  p.  429. 


—  247  — 

pour  le  bien,  qui  en  savent  le  prix  et  donnent  à 
leurs  paroles  la  sanction  de  l'exemple. 

Le  songe  caressa  par  les  esprits  élevés,  ridée  qui 
remue  l'opinion,  qui  inspire  tant  de  belles  pages, 
Tidée  de  la  fraternité  a  ici  une  application  chaude 
et  féconde.  Le  pauvre  qui  ne  comprend  pas  l'état 
du  riche  aimant  mieux  enfouir  que  donner,  le  dé- 
voué qui  voit  tant  d'âpres  appétits  à  la  curée  de  ce 
monde,  diront  en  lisant  ces  épitaphes  :  Pourtant, 
sur  cette  terre  qui  paraît  le  patrimoine  privilégié  des 
plus  habiles  et  des  plus  forts,  il  y  a  toujours  Гех- 
ception  de  ceux  qui  partagent  avec  nous  la  peine 
des  travaux  et  la  joie  des  biens. 

Quand  le  peuple  voit  qu'on  l'aime,  que  l'on  com- 
prend ses  efforts  et  ses  besoins,  ses  yeux  s'ouvrent; 
dans  sa  pensée  simple  et  pratique,  la  fraternité  naît 
d'elle-même,  comme  l'olive  naît  de  son  arbre  et 
tombe  de  soi  quand  elle  est  mûre. 

En  répondant  avec  tant  de  bon  vouloir  aux  in- 
tentions de  ses  donateurs,  Messieurs,  l'Académie 
peut  goûter  le  doux  pressentiment  qu'elle  n'est  pas 
inutile  à  la  cause  de  la  Religion  de  la  morale  et  de 
l'humanité. 


—  248  — 


et  Ш.  к  ВМмг  ИВЕ  у  ГПлаШ  et  ГДсШше- 

Messieurs , 

Si  un  sentiment  d'intime  tristesse  nous  étreïnt 
en  franchissant  le  seuil  de  cet  asile,  où  dorment  les 
nôtres,  où  nous  reposerons  demain  peut-être,  la 
pensée  du  pieux  devoir  qui  nous  réunit  l'adoucit 
aujourd'hui. 

Nous  venons  saluer  avec  gratitude  et  respect 
l'image  et  la  mémoire  des  bienfaiteurs  du  pauvre. 

L'Académie  d'Aix,  dépositaire  de  leurs  volontés, 
veut  aussi  être  la  gardienne  de  leurs  cendres  et  unir, 
après  la  mort,  ceux  dont  la  vie  modeste  s?est  ache- 
vée dans  une  même  pensée  généreuse.  —  Parents 
par  l'élévation  du  cœur,  ils  forment  une  famille 
toujours  ouverte,  que  l'Académie,  son  héritière, 
abrite  sous  la  pierre  du  plus  éminent  de  ses  fon- 
dateurs. 

Le  1 5  novembre  181 9  s'éteignait  à  Aix  le  dernier 
descendant  de  l'illustre  maison  des  Fauris,  seigneurs 
de  Saint- Vincens  et  de  Noyers,  qui,  pendant  près 
de  deux  siècles,  avait  donné  aux  Comptes  et  au 
Parlement  une  longue  série  de  conseillers  et  de 
présidents. 

Comme  son  père,  Alexandre-Jules-Antoine  eut 
la  passion  de  l'antiquité.  Il  avait  réuni  dans  son 
hôtel  du  cours  Mirabeau  de  merveilleuses  collec- 
tions d'inscriptions,  de  médailles,  de  manuscrits,  de 


—  249  — 

livres  et  consacré,  sans  compter,  son  temps  et  sa 
fortune  à  la  recherche  et  à  l'acquisition  de  tout  ce 
qui  pouvait  dérober  à  l'oubli  les  anciens  souvenirs 
de  la  ville  d'Aix  et  des  familles  qui  l'ont  le  plus 
honoré.  —  Le  président  Fauris  de  Saint- Vincens 
avait  pour  trisaïeule  Mmc  de  Sévigné  ;  il  était  l'arrière- 
petit-neveu  de  Peiresc.  —  Cet  atavisme  le  voua  aux 
belles-lettres  et  aux  études  archéologiques.  Aussi, 
lorsqu'au  commencement  du  siècle  passé,  notre 
Académie  se  forma,  le  président  Fauris  de  Saint- 
Vincens  en  fût-il  le  plus  zélé  promoteur  et  jusqu'à 
sa  mort  le  membre  le  plus  actif. 

En  1839,  le  terrain  où  nous  sommes  devint 
Tunique  champ  de  repos  de  la  ville  d'Aix.  —  L'Aca- 
démie sollicita  la  concession  d'un  emplacement 
pour  transférer  du  cimetière  Saint-Laurent  la  dé- 
pouille mortelle  du  président  Fauris  de  Saint- Vin- 
cens  et  lui  élever  un  monument  commémoratif. — 
Le  maire,  membre  d'honneur  de  l'Académie,  et 
dont  la  mémoire  vénérée  me  sera  toujours  si  chère, 
assura  l'exécution  de  ce  pieux  hommage  et,  en 
1843,  notre  nécropole  vit  s'élever  ce  tombeau,  de- 
venu dès  lors  la  propriété  de  l'Académie.  —  La 
courtoisie  envers  notre  Compagnie  est  demeurée 
de  tradition  à  l'Hôtel-de-Ville.  Cette  année  encore, 
au  moment  où  il  a  fallu  rajeunir  l'œuvre  d'il  y  a 
soixante  ans,  la  municipalité  et  son  chef  si  digne 
de  la  représenter  dans  les  intérêts  qui  de  près  ou 


—  250  — 

de  loin  mettent  en  lumière  notre  héritaj 
ou  scientifique,  le  conservant  ou  l'accroi 
ont  donné  le  plus  bienveillant  concours 
çoivent  ici  le  témoignage  public  de  ne 
naissance. 

Dans  ces  derniers  temps  de  génère 
thropes  ont  agrandi  le  cercle  d'action  de 
en  l'instituant  l'exécutrice  testam  entai: 
libéralités.  —  C'est  là  une  noble  tâch 
acceptée  et,  chaque  année,  l'Académie 
depuis  1858,  le  prix  Rambot,  depuis  iS 
Reynier;  cette  année  les  pensions  ouvri 
Moreau  recevront  leur  destination. —  De 
la  mandataire  des  donateurs,  l'Académi 
pirée  du  sentiment  de  gratitude  des  obi 
a  décidé  de  consacrer  ce  monument  à  1 
des  fondateurs  passés  et  à  venir  de  pri 
de  pensions  ouvrières  ou  de  tout  leg 
qu'elle  aurait  la  mission  de  délivrer.  V' 
aujourd'hui  à  l'exécution  de  cette  pensé 
demie. 

Des  tombeaux  de  famille  ont  reçu  les 
mortelles  de  Rambot  et  de  Reynier;  ce 
Moreau  reposent  en  paix  sous  ce  mausc 
cédée  à  Aix  le  19  janvier  1899,  la  tra 
ses  cendres  a  eu  lieu  le  2 1  mai  dernier  * 
du  clergé  de  sa  paroisse,  de  notre  bi 
nombreux  membres  de  l'Académie.  — 


—  251   — 

prières  liturgiques,  notre  distingué  et  si  dévoué 
secrétaire  perpétuel,  le  baron  Guillibert,  a  rappelé 
l'origine  de  ce  monument,  son  affectation  actuelle. 
Au  médaillon  reproduisant  les  traits  du  président 
Fauris  de  Saint- Vincens  ont  été  joints  le  médaillon 
géminé  de  Rambot  et  de  Reynier  et  celui  d'Irma 
Moreau.  —  C'est  au  délicat  et  fin  ciseau  de  notre 
confrère  de  l'Académie,  M.  Pontier,  que  sont  dues 
ces  sculptures  où  la  douce  image  de  nos  bienfaiteurs 
est  si  fidèlement  reproduite. 

L'hommage  public  que  la  ville  entière  rend  au- 
jourd'hui à  leur  mémoire  ne  saurait  être  complet  si 
je  ne  vous  rappelais  les  fondations  qu'ils  ont  faites  : 

Rambot  établit  un  prix  destiné  à  rémunérer,  à 
honorer  les  belles  actions  et  les  bonnes,  fussent-elles 
les  plus  modestes  et  les  plus  obscures.  —  Il  veut 
récompenser,  mettre  en  évidence,  proposer  en 
exemple  les  actes  de  dévouement,  de  courage,  de 
désintéressement,  les  soins  donnés  à  la  vieillesse,  à 
l'enfance  pauvre  et  abandonnée. 

Reynier  fonde  plusieurs  prix  à  distribuer  aux 
personnes  qui  s'en  seront  le  plus  rendu  dignes  par 
des  actes  de  dévouement,  de  fidélité,  de  secours  au 
malheur,  par  les  soins  durables  donnés  aux  infirmes, 
aux  vieillards,  ainsi  qu  a  l'enfance  délaissée  et  pau- 
vre. —  Une  partie  des  prix  sera  réservée  pour  les 
parents  qui  élèvent  le  mieux  leurs  enfants,  c'est-à- 


—  252  — 

dire  d'une  manière  chrétienne,  honnêt 
rieuse. 

Irma  Moreau  consacre  toute  sa  fortune 
sèment  de  pensions  ouvrières  qui  seront 
à  des  pères,  des  mères  de  famille  conm 
gens  malheureux,  nécessiteux,  ayant  au  ir 
enfants  ;  à  des  ouvrières  pauvres  atteîn 
maladie  ou  d'infirmité  ou  de  vieillesse,  li 
dans  l'impossibilité  de  suffire  à  leurs  bes 

N'y  a-t-il  pas  là,  Messieurs,  tout  le  prog 
la  charité  la  plus  pure,  la  plus  élevée,  et 
foi  chrétienne  sait  si  bien  inspirer  à  ne 
Cette  bienfaisance  posthume  n'est-elle  ps 
neuse  trace  de  l'âme  libérée  des  misères 
et  prenant  sa  suprême  envolée  ? 

Il  semble  exister  une  sorte  de  loi  qui 
ces  généreux  testateurs  des  Sociétés  litt 
scientifiques.  —  C'est  presque  toujours  ai 
mies  qu'est  confiée  la  haute  mission  de 
les  largesses  humanitaires  faites  aux  pai 
vieillards,  aux  infirmes  épuisés  par  le  mal 
travail,  celles  qui  récompensent  les  belle 

Ce  rôle  paraîtrait  de  prime  abord  devoir 
aux  bureaux  de  bienfaisance.  H  lui  revien 
conteste  s'il  n'existait  une  profonde  difféi 
la  mission  dévolue  à  chacune  de  ces  insti 
Le  bureau  de  bienfaisance  distribue  de; 
l'Académie  décerne  des  récompenses.  A 


-  253  — 

qui  désire  assurer  la  stricte  exécution  de  ses  volontés 
cherche  autour  de  lui  une  Société  qui,  par  sa  com- 
position, son  but  et  son  caractère,  sa  constitution 
éternelle,  autant  que  peuvent  l'être  les  choses  de  ce 
monde,  son  éloignement  des  agitations  qui  pas- 
sionnent et  faussent  l'impartialité,  lui  présente  une 
sécurité  et  une  garantie  de  tout  repos. 

Ces  justes  considérations  ont  conduit  M.  de  Mon- 
thyon  et  ses  imitateurs  à  désigner  l'Académie  Fran- 
çaise, cette  élite  intellectuelle  de  la  France,  comme 
l'exécutrice  de  leurs  volontés,  et  si  les  Académies 
de  province  ne  prétendent  pas  au  même  lustre,  elles 
ont  du  moins  la  même  auréole  de  probité  qui  attire 
vers  elle  la  confiance  des  donateurs. 

L'Académie  d'Aix,  déjà  dotée  de  prix  de  vertu 
par  Rambot  et  Reynier,  est,  je  crois,  la  seule  Aca- 
démie de  France  qui  soit  aussi  appelée  à  distribuer 
des  pensions  ouvrières.  —  Elle  a  reçu  le  premier 
souffle  de  ce  vent  généreux  qui  pousse  à  l'institution 
de  pensions  de  retraite  pour  les  laborieux  hors 
d'état  désormais  de  travailler.  Puisse  la  généreuse 
pensée  d'Irma  Moreau  être  fécondée,  puissions-nous 
un  jour  la  voir  s'étendre,  par  de  justes  et  saines 
applications,  à  tous  les  ouvriers  seuls  dignes  de  ce 
beau  nom.  —  Alors,  ce  que  l'initiative  individuelle 
a  commencé,  la  collectivité  l'achèvera,  et  lorsque, 
plus  tard,  on  écrira  l'histoire  des  pensions  ouvrières, 


—  254  — 

on  dira  qu'Irma  Moreau  fut  la  première  à  les  établir 
par  une  fondation  faite  à  l'Académie  d'Aix. 

Notre  Compagnie  ne  faillira  jamais  à  la  délicate 
mission  dont  elle  est  investie.  Elle  aura  toujours 
dans  ses  décisions  le  seul  souci  d'obéir  à  la  pensée 
des  testateurs,  de  n'écouter  aucune  de  ces  préfé- 
rences basées  sur  les  recommandations  ou  les  sym- 
pathies locales  et  personnelles,  d'attribuer  aux  plus 
dignes  les  prix  de  vertu  et  les  pensions  viagères. — 
Une  seule  considération  l'influencera  parfois,  celle 
de  l'âge.  Les  vieillards  peuvent  moins  attendre.  En 
cela  nous  obéirons  encore  aux  vœux  des  donateurs 
qui,  tous,  ont  plus  particulièrement  signalé  la  vieil- 
lesse à  notre  attention. 

Sous  de  captieuses  interprétations  nous  ne  chan- 
gerons pas  la  destination  de  ces  héritages.  Nous 
attirerons  ainsi  à  nous,  au  lieu  de  les  éloigner,  les 
testateurs  de  l'avenir,  séduits  par  les  beaux  exemples 
de  Rambot,  de  Reynier,  d'Irma  Moreau. 

L'Académie  d'Aix  considérera  toujours  comme 
la  plus  haute  de  ses  attributions  le  devoir  de  remplir 
fidèlement  les  intentions  généreuses  dictées  par  le 
sentiment  le  plus  élevé  qui  puisse  germer  dans  le 
cœur  de  l'homme,  l'amour  du  prochain. 


-    255  — 

Discours  de  M.  le  Docteur  BERTRAND,  Haire  d'Aix. 

Vous  venez  d'entendre,  Messieurs,  des  voix  plus 
autorisées  que  la  mienne,  vous  exposer  le  motif  de 
cette  cérémonie  ;  vous  venez  d'écouter  le  discours 
du  si  sympathique  et  si  savant  président  de  l'Aca- 
démie d'Aix,  et  c'est  à  peine  si  j'ose  après  lui  pren- 
dre la  parole  et  vous  adresser  quelques  mots  : 

Je  le  dois  cependant,  car  je  tiens  à  affirmer  ici  les 
liens  d'affectueuse  sympathie  qui,  depuis  sa  fonda- 
tion, n'ont  jamais  cessé  d'unir  les  membres  de 
l'Académie  et  les  représentants  de  la  population  de 
notre  cher  pays. 

Votre  président  n'a  pas  voulu  vous  dire  les  ser- 
vices rendus  par  l'Académie  des  sciences,  agricul- 
ture, arts  et  belles-lettres. 

Il  n'a  pas  voulu  vous  exposer  le  rôle  de  cette 
éminente  Compagnie  dont  il  est  aujourd'hui  l'écho 
si  justement  apprécié. 

N'ayant  quant  à  moi  aucun  des  motifs  qui  ont  pu 
lier  sa  modestie,  j'ai  le  droit  et  le  devoir  de  dire 
combien  est  aimée  et  respectée  l'Académie  dans 
notre  chère  ville  d'Aix,  et  je  ne  veux  pour  preuve 
de  la  confiance  qu'elle  inspire  à  tous,  que  le  but 
même  de  la  cérémonie  touchante  d'aujourd'hui. 

Oui,  Messieurs,  si  jadis  on  ne  connaissait,  au 
point  de  vue  des  misères  humaines,  que  le  bureau 
de  bienfaisance  ou  les  hospices,  institutions  chari- 


—  256 

tables  qui  gardent  pieuseme 
guignon-FabregouIes,  d'Au 
van,  de  Gros,  de  Bausset,  d 
dan,  d'Arnaud,  de  Marie  С 
Chambarel,  de  Zallony,  e 
années  de  généreux  philan 
rôle  bienfaisant  que  peut  jo 
gnée  des  troubles  et  des  qui 
par  son  recrutement  particu 
que  rester  elle-même  en  m 
de  savoir,  de  sagesse,  je  po 
La  ville  d'Aix  est  fière  de 
est  fière  et  nous  pouvons  affi 
été,  parce  que  sa  compositii 
fait,  depuis  sa  fondation,  u 
groupement  de  savants,  d'à 
de  premier  ordre,  et  je  répJ 
d'un  des  magistrats  municip; 
les  plus  estimés  de  notre  vi 
sympathique  président  qui 
ration  des  statues  de  Simé 
deux  éminents  compatriote: 
ne  produit  pas  seulement  i 
historiens,  des  littérateurs,  t 
aussi  le  jour  aux  artistes  qui 
des  célébrités  qu'elle  enfant» 
Et  c'est  précisément,  Mess 
met  de  contempler  encore  le 


—  257  — 

pathiques  et  si  populaires  de  Reynier  et  de  Rambot 
et  les  traits  si  doux,  si  intelligents  d'Irma  Moreau, 
la  bienfaitrice  de  l'ouvrier,  qui  revit  aujourd'hui  par 
son  image,  grâce  au  ciseau  si  plein  d'habileté  de 
notre  compatriote  et  ami,  l'éniinent  sculpteur  Henri 
Pontier. 

L'ancienne  capitale  de  la  Provence,  Messieurs, 
n'est  pas  déchue,  elle  ne  le  sera  jamais  et  nous  tenons 
à  l'affirmer  chaque  fois  que  l'occasion  se  présente.  . 
Elle  peut  avoir  perdu  de  son  importance  au  point 
de  vue  administratif  ou  commercial,  mais  elle  est 
toujours  restée,  n'en  déplaise  à  quelques-uns,  la  ville 
studieuse  et  policée  entre  toutes,  la  vieille  capitale 
de  la  politesse,  du  bon  ton,  de  l'intelligence  et  du 
savoir. 

Elle  restera  toujours  l'Athènes  du  Midi,  parce 
qu'il  y  a  chez  nous  un  génie  propre  à  la  terre  natale 
que  nul  ne  saurait  transférer  parce  qu'il  s'évanouirait 
en  fumée  en  franchissant  le  seuil  de  nos  vieilles 
murailles. 

On  pouvait  croire,  Messieurs,  avec  quelque  sem- 
blant de  raison,  que  nos  richesses  littéraires  et 
artistiques  ne  devaient  plus  s'accroître,  tant  elles 
étaient  abondantes  et  inappréciables,  et  cependant, 
grâce  à  vous,  je  suis  bien  obligé  de  le  dire,  elles 
s'accroissent  tous  les  jours,  et  je  n'en  veux  pour 
preuve  que  les  études  si  pleines  de  finesse  et  de 
vérité  du  regretté  M.  de  Ribbe,  que  les  découvertes 

47 


et  les  со 
compati 
ces  deu: 
nent  à  i 

L'hér 
moins  i 
mains,  < 
jeté  au  1 
ne  cesse 
recueilli 
modesti 
futures. 

Il  ma 
sciences 
Rambot 
comme 
destiné  ; 
nés,  fus 
obscure; 
Rambot. 

Et  toi 
bonne,  i 
ception  • 
ouvrière 
malheuri 
d'ivrogn 
tes  de  m 


—  259  — 

meilleur  moyen  d'utiliser  après  elle  la  fortune  qu'elle 
pouvait  laisser. 

Elle  a  choisi  pour  distribuer  ses  pensions,  pour 
être  l'interprète  de  ses  pensées,  l'Académie  d'Aix, 
parce  qu'elle  savait  que  cette  Compagnie  rigoureuse 
et  fidèle  observatrice  de  la  volonté  des  testateurs, 
remplirait  scrupuleusement,  religieusement  ses  in- 
tentions et  que,  confiées  à  des  mains  telles  que  les 
vôtres,  ses  générosités  iraient  directement  à  leurs 
destinations,  sans  qu'un  soupçon  puisse  jamais 
effleurer  ses  exécuteurs  testamentaires. 

Et,  Messieurs,  puisque  j'ai  la  parole,  et  puisque 
vous  daignez  m'écouter  quelques  instants,  permettez- 
moi  d'affirmer  les  sentiments  de  gratitude,  de  re- 
connaissance et  d'admiration  de  notre  population 
pour  votre  Académie,  se  souvenant  de  votre  origine 
et  de  la  part  prise  dans  vos  travaux  par  quelques- 
uns  des  hommes  éminents  qui  se  sont  succédés,  à 
l'Hôtel-de-Ville,  dans  le  siècle  qui  vient  à  peine  de 
finir,  la  municipalité  d'Aix  est  heureuse  et  fière 
d'être  invitée  à  vos  réunions  :  elle  vous  en  remercie. 

Elle  vous  remercie  du  dévouement  dont  vous 
faites  preuve  dans  toutes  les  circonstances  et,  vou- 
lant s'associer  à  votre  œuvre,  elle  me  charge  de 
vous  dire,  au  nom  du  Conseil  municipal  tout  entier, 
qu'elle  donne  le  nom  d'Irma  Moreau  à  la  rue  de  la 
ville  que  cette  si  charitable  bienfaitrice  habitait. 

Et  c'est  encore  au  nom  de  notre  bonne  ville  d'Aix, 


ams 

rem 

ces  ; 

le  vi 

qu'il 

fait 

maii 


—  261  — 

STANCES    A  IRMA   MOREAU 

Par  M.  le  Baron  GUILLIBERT. 


Quand  la  foule,  ivre,  se  remue 
A  la  poursuite  du  plaisir, 
Ton  âme,  au  sort  du  peuple  émue, 
Rêve  et  s'emplit  d'un  seul  désir. 

Rechercher  la  sombre  misère, 
Aider  l'honnête  travailleur 
Et  secourir  l'humble  ouvrière 
A  qui  devient  lourd  son  labeur. 

Tu  veux  qu'au  foyer  de  famille 
Nombreux  grandissent  les  enfants  ; 
Tu  songes  à  la  pauvre  fille 
Malade,  infirme  en  ses  vieux  ans. 

Et  tu  prescris  que  la  plus  sage 
De  leurs  vertus  à  louanger 
Sera  qu'ils  n'aient  point  fait  usage 
De  boissons,  ferments  de  danger. 

Dans  la  vision  des  problèmes 
De  nos  régimes  sociaux 
Tu  mets,  fuyant  de  vains  systèmes, 
Le  remède  à  côté  des  maux. 

Puis,  cherchant  une  sûre  amie 
Qui  respectât  tes  volontés, 
Tu  lègues  à  l'Académie 
Tes  biens,  tes  libéralités. 

Le  cœur  d'une  modeste  femme 
A  lui  seul  est  un  vrai  trésor  ; 
Au  contact  d'une  sainte  flamme 
Il  s'épure  et  grandit  encor. 


—  262  — 

El  culte  Нашит  en  toi  rayonne, 
Intelligence  et  charité  : 
C'est  ta  belle  âme  qui  se  donne 
El  conquiert  l'immortalité. 


Au-dessous  du  médaillon  d'Irma  3 
gravée  sur  marbre  cette  inscription,  с 
M.  l'académicien  Mouravit  : 

A   LA   MÉMOIRE 

SB  Jeanke-Ibma  Mobeac, 
néi  a  Mazambt  (Tarn)  le  9  septkmbi. 
Pleine  пи  войт*  , 
mettant  eh  pratique  la  grande  i 
d'un  hodebne  philanthrope, 
elle  forma  le  dessein  d'encourager  et  I 
les  ouvrieres  et  ouvriers  resogn) 
en  leur  procurant  une  assistas! 
aussi  pebs1stante  que  leurs  nficess 
Dans  ce  rut  elle  a  lègue 
la  totalite  de  sa  fortune 
a  l'Académie  des  sciences,  agriculttr 

ET   REL  LE  S  -LETTRES   D'Ail, 

chargee  d'eiêcuter  ses  volonté 

sous  forme  de  prix  annuels  et  via 

Elle  voulut  donner  ce  bel  bxem: 

autant  pol'r  obéir  л  une  pensée  sfo 

qu'en  mémoire 

de  sa  mère  et  de  son  unique  et  très  ai 

le  capitaine  Victor-Mari  lis  Mon* 

mort  pour  la  Patrie  en  1870. 

Elle  est  dëcédëe  a  Aix,  le  19  janvie 


—  263  — 

Les  pensions  ouvrières  fondées  par  M11*  Irma 
Moreau  commenceront  à  être  attribuées  dès  Tannée 
1902.  Ces  prix  consistent  en  pensions  viagères  de 
200  francs,  au  profit  des  personnes  particulièrement 
recommandables  par  leur  honnêteté  et  leur  vertu 
notoires  et  choisies  dans  les  deux  catégories  sui- 
vantes : 

i°  Pères  de  famille,  veufs  ou  non,  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  gens  malheureux  et 
nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  ou  autres  vices 
et  ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

20  Ouvrières  pauvres,  atteintes  ou  de  maladies, 
ou  d'infirmités,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans 
l'impossibilité  de  suffire  à  leurs  besoins. 

Les  formalités  à  remplir  pour  l'obtention  de  ces 
pensions  viagères  sont  les  mêmes  que  celles  en 
vigueur  pour  les  prix  de  vertu  Rambot  et  Reynier, 
annuellement  décernés  par  l'Académie. 

Un  mémoire  établissant  en  détail  la  situation  des 
candidats  au  regard  des  intentions  de  M,le  Moreau 
et  revêtu  des  apostilles  et  signatures  de  personnes 
notables,  doit  être  produit  à  l'Académie  et  déposé 
au  secrétariat  avant  le  31  décembre  de  chaque 
année;  il  est  accompagné  de  pièces  justificatives,  le 
tout  sur  papier  libre.  Les  signatures  sont  soumises 
à  la  légalisation  en  mairie. 


LISTE   ALPHABETIQUE 

DBS 

Membres    cle   l'Académie   d'Aix 

depuis  sa  fondation  en  1765 

Jusqu'au  15  Juin  1902. 


*»•«*. 


Les  noms  des  membres  titulaires  sont  suivis  d'un T 

Ceux  des  membres  d"bonneur  ou  honoraires  d'un H 

»  associés  régionaux  d'un R 

»  correspondants  d4m С 


Date  ■ 

de 
réception 

4809.  AGHARD  Jean -Joseph-André,  à  Marseille С 

1867.  ACHINTRE  Joseph T 

4808.  d'ADAOUST  Pierre-Augustin T 

4838.  ADRIANI  Jean-Baptiste,  à  Turin С 

48i4.  AGARD  Félicien T 

4883.  AGARD  Michel,  à  Marseille R 

4808.  AGUILLON,  juge  à  la  Cour  d'appel T 

4808.  AILHAUD,  juge  à  la  Cour  d'appel T 

4808.  d'ALBERT-S'-HIPPOLYTE,  ancien  président  à  mortier 

au  Parlement T 

4883.  ALECSANDRI  Vasile,  à  Bucarest С 

4808.  ALEXIS,  adjoint  au  Maire  d' Ai x T 

4784.  ALPHERAN  Francois-Nicolas-Boniface T 

4812.  AMATON   C.  N.,  à  Dijon С 

4868.  AMARI  (CARNAZÀ),  à  Catane С 

4808.  AMÉ T 

4830.  AMPÈRE  André-Marie,  de  l'Institut С 


1 


-  266  — 

4850.  AMPHOUX  de  BELLE  VAL,  à  Miramas С 

4863.  ANDRÉ  Ferdinand,  à  Mende С 

4901.  AN1NARD  Casimir T 

4883.  ARBAUD  Paul H 

4808.  d'ARBAUD-JOUQUES  (comte)  Bâche T 

4808.  d'ARBAUD-JOUQUES  (marquis)  Charles T 

4828.  d'ARBAUD-JOUQUES  Philippe,  à  Marseille С 

4887.  d'ARC  (LANÉRY)  Pierre T 

4  808.  d'ARLATAN-LAURIS  (marquis)  Boni  face-Marie-Joseph- 
Alexandre T 

4842.  ARNAUD,  procureur  général T 

4884.  ARNAUD  Emile T 

4808.  ARNAUD  Jean-Honoré-André T 

4789.  ARNULPHY,  consul  d'Aix T 

4846.  ARTAUD,  à  Lyon С 

4847.  d'ASTROS  Joseph-Jacques-Léou T 

4830.  d'ASTROS  Paul -Thérèse-David,  cardinal H 

4883.  AUBANEL  Théodore,  à  Avignon R 

4883.  AUBE  Frédéric,  au  Luc R 

4808.  AUDE  Antoine-Laurent-Michel T 

4837.  AUDE  Antoine-François,  maire H 

4900.  AUDE  Edouard R 

4897.  AUDE  Philippe T 

4902.  AUDE  Sextius,  à  Paris H 

4848.  AUD1FFRET  Louis-Dominique,  à  Draguignan .   ...    С 

4826.  d'AUDIFFRET  Charles-Hippolyte ,  à  Paris С 

4835.  AUDOIN  Victor,  à  Paris С 

4812.  AUGIER,  à  Allein С 

4898.  AUTHEMAN,  aux  Martigues R 

4808.  d'AUTHEMAN T 

4785.  d'AUTRIC  (marquis),  premier  consul  d'Aix T 

1808.  AUVET  Antoine T 

4858.  AYMA  Louis T 

4877.  AZAIS  Gabriel,  à  Béziers С 

4808.  BAFF1ER  (baron),  premier  président T 

4784.  de  BALLON -la-PENNE,  consul  d'Aix T 

4808.  BALZAC  Jean-Antoine  . T 

1813.  BANON,  à  Toulon С 


—  2G7  — 

1826.  ВАШ)  Joseph,  à  Thorey С 

4882.  BARTHÉLÉMY,  à  Marseille R 

4808.  BOUDIER  An  toi  ne- Augustin T 

4808.  BAUDIER,  sous-préfet  à  Barcelonnette T 

4808.  BAUMIER  Jean-Baptiste T 

4808.  de  BEAULIEU  (de  ROBINEAU)  Armand-Benoit.  .   .   .  T 

4874.  BEAUMARCHEY  Louis T 

4876.  BEAUNE  Henri,  procureur  général.  .    .   .  " H 

4883.  deBEAUREGARD  (REVEILLÉ)  .   .   .    . R 

4778.  de  BEAUVAL  (CYMON)  Louis-Théodore-Xavier  .   .   .  T 

4779.  de  BEAUVAL  (CYMON),  consul  d'Aix T 

4894.  de  BEC  Albert T 

4808.  de  BEC  Fortuné T 

4878.  de  BEC  Léon,  à  la  Montauronne С 

4844.  de  BEC  Polydore,  à  la  Montauronne С 

4808  BEISSON  Etienne T 

4890.  BELIN  Ferdinand,  recteur H 

4882.  BELLET,  l'abbé,  à  Tain С 

4886.  BELUZE  Eugène R 

4873.  BENOIST  Eugène T 

4783.  BENOIT  fils,  consul  d'Aix. T 

4865.  de  BERLUC-PERUSSIS  Léon T 

4808.  BERNARD T 

4808.  BERNARD  Aimé,  président  du  Tribunal T 

4808.  BERNARD  le  Jeune T 

4808.  BERNARD,  notaire T 

4778.  BERNARD  fils,  à  Trans T 

4883.  BERNARD  Charles,  à  Dijon R 

4808.  BERNARD  Jean -Baptiste-Antoine-Tranquille  .   .   .   .  T 

1904.  BERNARD  d'ATTANOUX  (comte)  Henry R 

1883.  BERNARD-BLACAS  Albin R 

4812.  de  BERNARDI,  à  Monteux С 

4836.  BERNET  Jacques,  cardinal H 

4778.  BERTRAND,  membre  de  la  Société  d'agriculture.   .   .  T 

4808.  BERTRAND  de  FONSCUBERTE T 

4876.  BESSON,  évèque  de  Nîmes С 

4808.  BEYLOT,  chanoine T 

4864.  BILLOT  Frédéric,  à  Arles С 


—  2C9  — 

1841.  BRESSON С 

4882.  BRISSE  Alexandre,  à  Rome С 

4883.  BRUN  à  Nice R 

4878  de  BRUNY  de  la  TOUR-d 'AIGUËS  (baron)  Jean- 
Baptiste-Jérôme  T 

4858.  CABANTOUS T 

4  834 .  CABASSE  Prospcr,  à  la  Guadeloupe С 

4896.  de  la  GALADE  (de  DURANTI)  Maurice H 

4808.  CAMOIN,  professeur T 

4808.  CAPPEAU  Louis-Jean-Joseph-Pierre T 

4882.  de  CARNÉ  (vicomte)  Olivier R 

4867.  CARRO  A.,  à  Meaux С 

4808.  CARSI T 

4808.  CASSÀGNE,  docteur T 

4843.  CASTAGNE  Jean-Louis-Martin T 

4808.  de  CASTELET  (de  COYE)  Antoine-Joseph-Lazare- 

Uippolyte T 

4808.  CASTELLAN,  à  Rians T 

4808.  CASTELLAN  Jean-Probace,  chanoine T 

4833.  CASTELLAN,  président  de  chambre  à  la  Cour.  .   .   .  T 

4784.  de  CASTELLANE-MAZAUGUES  (marquis) T 

4864.  CASTILLON,  à  Berre С 

4866.  de  CAUMONT,  directeur  de  l'Institut  des  provinces  .  С 

4830.  CAVALIER  Jules,  à  Draguignan С 

4869.  CAZALIS  Frédéric,  à  Montpellier С 

4894.  CHABRIER  Achille T 

4883.  CHAILAN  Alfred R 

1894.  CHAILLAN  (l'abbé),  à  Beaurecueil R 

4857.  CHALANDON  Georges-Claude-Louis-Pie,  archevêque.  H 

1808.  CHAMBAUD  Joseph-François-Florentin T 

4844.  CHAMPOLLION-FIGEAC,  à  Paris С 

1830.  CHAMPOLLION-le-jeunc,  en  Egypte С 

1808.  CHANSSAUD,  avocat T 

1851.  CHAUDRUC  de  CRAZANNES,  à  Auch С 

4808.  CHAUSSE  (l'abbé) T 

4880.  CHAVERNAC,  docteur T 

4856.  CHERBONNEAU,  à  Constantine С 

1808.  CHRISTINE  Antoine-Etienne T 


—  270  — 

1819.    de  CICK  (CHAMPION)  Jéromc-SIarie,  archevêq 

1872.     GUERRIER,  chanoine 

(882.    de  CLAPIERS  (marquis) 

(883.    CLAPPIER  Félix 

(878.    CLEMENT-SIMON  Gustave 

(808.    CLÉRIAN  Louis-Maiburin 

(81».    de  COBTLOGON 

(8tl.    COLLIZI  Vinrent,  à  Rome 

(893.    de  COLLONGUE  (dAVON,  baron) 

(898.    COLLOT  Louis 

(812.    COLOMB,  avocat  général 

t808.    CONSTAXS  Casimir 

(823.    CONSTANT  Jacques 

(808.    CONSTANTIN  Jean-Antoine 

(891.    CONSTANTIN,  chanoine 

(839.    COQCAND,  géologue 

(814.    COQCAND  (abbé) 

(829.    de  CORIOLIS  Léon 

1886.    CORTÊS  Fcrnand,  â  Saint  Masimin 

1828.     COTTARD  Louis-Ma gloire 

(888.    COTTIN  Paul,  i  Paris 

(808.    COURCIÊRES,  professeur 

(86*.    de  COURTOIS,  a  Paris 

(809.    COUTURE  {abbé),  aux  Martigues 

(898.    CROUSILLAT  Antoine 

(890.    da  CUNHA  Xavier,  à  Lisbonne 

1892.     DAIME  Louis,  à  Digne 

(808.     DALGA  (abbé) 

(778.     DARLUC,  directeur  du  Jardin  des  Plantes  .    . 

(826.    DAUDIN,  colonel,  à  Angers 

1838.     DAUVERGNE,  docteur,  à  Manosque 

1778.     DAVID,  membre  de  la  Société  d'agriculture.    . 

1866.    DAVID  (baron) 

(808.    DAVIN  (abbé)  Henri 

(828.     DEFOUGÈRES  de  VILLANDRY  Paul,  recteur. 

(822.    DELEMER  Cli.,  Ad.,  à  Bruxelles 

(846.    DELEUIL,  à  la  Montauronue 

(879.    DELIONS  Albert 


—  271   — 

4787.    de  DEMANDOLS-la-PALU  (marquis) T 

4879.    DEMONTZEY  Prosper-Gabriel-Louis H 

4861.    DESCLOZEAUX  Ernest,  recteur H 

4867.    DESJARDINS  Arthur T 

4833.  DESMICHELS,  premier  membre  élu  de  Г  Académie.   .  T 

4843.  DIEUDÉ  (eu  ré),  à  Entre  vaux С 

4808.     DIOULOUFET  Jean- Joseph-Mari  us T 

4895.    DOLLIBULE  Frédéric,  à  Marseille R 

4883.    DORLHAC  de  BORNE  Alphonse T 

4844.  DOUNANT,  assesseur  à  la  Cour  pré vôtale T 

4778.  DUBREUIL  aîné,  membre  de  la  Société  d'agriculture.  T 

4785.    DUBREUIL  cadet  Joseph,  assesseur  d'Aix T 

4850.    DUFAUR  de  MONFORT,  à  Vagney С 

4828.  DUPIN  (baron)  Charles,  à  Paris С 

4835.  DUPONCHBL,  à  Paris С 

4789.    de  DURANTI-COLLONGUE,  consul  d'Aix T 

4866.    EGGER,  de  l'Institut,  à  Paris С 

4808.    ÉMÉRIC-DÀVID  Toussaint-Bernard T 

4808.    ESPARIAT  (chevalier) T 

4858.    ESPIEUX,  chanoine T 

4819.    d'ESTIENNE  du  BOURGUET,  maire  d'Aix T 

4836.  ESTRANGIN,  à  Arles С 

4785.    de  l'EVESQUE,  consul  d'Aix T 

4808.    d'EYGLUMEN  Jacques T 

4808.    d'EYMAR  And  ré- Alexandre T 

4808.    EYMIEU,  curé  de  Saint-Sauveur T 

4882.  EYSSÉRIC-SAINT-MARCEL,  à  Sisteron R 

4813.    FABRE  Jean-Antoine,  à  Brignoles С 

4829.  FABRE  Augustin-Jules-Esprit,  à  Marseille С 

4808.    FABRY  Pierre-Denis-Prosper T 

4808.  FABRY-CHEYLAN ,  précepteur  des  enfants  du  duc 

d'Otrante T 

4838.     FALLÛT  de  BROIGNIART,  à  Marseille С 

4876.     FALSAN  Albert,  à  Lyon С 

4789.  de  la  FARE  (RUFFO,  marquis),  premier  consul  d'Aix  T 

4894.     FASSIN  Emile T 

4883.  de  FAUCHER  Paul,  à  Bollène R 

4808.     FAUCON,  juge  à  la  Cour  criminelle T 


—  273  — 

4822.  GARCIN  de  TASSY  Joscph-Héliodorc,  à  Paris    ...  С 

4836.  de  GARIDEL  Augustin-Joachim-Léon T 

4824.  GARNIER,  a  Toulon С 

4837.  GATTA,  docteur,  à  Turin С 

4867.  de  GAUCOURT,  à  Saint-Saëns С 

4808.  GAUFRIDY  de  SAINT-ESTÈVE T 

4863.  GAUT  Marius-Jean-Baptiste T 

4846.  GAUTHIER  Auguste,  à  Lyon G 

4808.  GAUTIER  du  РОЕТ,  ancien  conseiller  au  Parlement.  T 

4888.  de  GAVOTY  Laurent,  à  Marseille R 

1 840.  GENDARME  de  BÉVOTTE,  insp.  des  i>onts-et-chaussées  T 

4787.  GÉRARD,  consul  d'Aix T 

4901.  de  GÊRIN-RICARD  (comte) R 

4  808.  GIBELIN  aîné,  Esprit- Antoine,  corresp»  de  l'Institut.  T 

4808.  GIBELIN  Jacques,  conservateur  de  la  Méjanes    .   .   .  T 

4808.  GIBELIN,  juge  de  paix  à  Gardanne  .   . T 

4852.  GIBERT  Joseph -Marc T 

4860.  GILBERT,  à  Paris С 

4883.  GIMON,  à  Salon R 

4870.  GIRAUD,  à  Paris С 

4  825.  GIRAUD  Charles,  ministre T 

4851.  GIRAUD  Magloire,  à  Saint-Cyr С 

4860.  GISTEL  Jean,  à  Ratisbonne С 

4783.  de  GLANDE VÈS  (baron),  premier  consul  d'Aix  .    .   .  T 

4816.  GOUFFÉ  de  LACOUR  (chevalier)  Roch -Bernard-Marie, 

à  Marseille С 

4890.  GOUTHE-SOULARD  Xavier,  archevêque  d'Aix  ...  H 

4  810.  GRANET  François-Marius,  à  Paris С 

4822.  GRANGE  Jean -Baptiste-Henri -Amédée,  à  Marseille  .  С 

4894.  GRANIER  Désiré,  doyen  de  la  Cour Il 

4895.  GRAS  Félix,  à  Avignon.   .    .   .   .' С 

4811.  de  GRAS,  maire  d'Aix T 

4859.  GRAS  du  BOURGUET С 

4893.  de  GUBERNATIS  (comte)  Angelo G 

4808.  GUÉRIN  Charles- Antoine T 

4860.  GUÉRIN  Joseph,  à  Grasse С 

1884  GUIBAL  Georges,  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  ...  T 

1855.  GUIET  (abbé) T 

18 


4883. 

GUIGOU  Jucl 

1883. 

GUILLAUME 

1878. 

GUILLIBBRT 

1839. 

d'HAUTHUILJ 

1808. 

HENRICY  An 

1814. 

HERNANDEZ 

1821. 

dHOMBRËS-1 

4811. 

HONNORAT  i 

1809. 

d'HORRBIENl 

4821. 

ПИЛИТ  à  Pii- 

1897. 

lll?  LOT  (baro 

1826. 

ECARD  Ambr 

1883. 

d'ÏLLE  (de  С 

(marquis). 

4883. 

1SNARD  à  Di 

1808. 

ISNARDON,  . 

4830. 

dTSOARD  Jo. 

1808. 

d'ISOARD  Jos 

183G. 

dTSOARD-Vji 
auditeur  d> 

1871. 

JANNET  Clai 

1808. 

JANSSAUD,  i 

1808. 

JAUBERT,  d. 

1823. 

JAUBERT  (cl 
à  Paris.   . 

18H. 

JAUFFRET  G 

nommé  d'. 

4819. 

JAUFFRET  I 

4821. 

JAUFFRET  t 

1810. 

JAY  François 

1883. 

de  JESSÉ-Cf! 

1883. 

do  JESSÉ-CH 

488t. 

de  JOANNIS 

4783. 

de  JOANNIS- 

1808. 

JOLY,  doctci 

1860. 

JOLY  Aristid 

4893. 

JORET  Charl 

4896. 

JOUBERT  AI 

488Î. 

JOURDAN  A 

1901. 

JOURDANNE 

—  275  — 

1863.  JULIEN  Félix,  à  Toulon С 

4827.  JULLIEN  A.,  à  Paris С 

4881.  JULLIEN  Ernest,  à  Reims С 

1808.  JURAMY,  sculpteur T 

Ш8.  de  LA  BOULIE-la-DURANE  Esprit-Joseph-Balthazar.  T 

4853.  de  LA  BOULIE  Camille,  à  Marseille С 

4900.  LACOSTE  Ernest,  à  Toulon R 

4829.  de  LADOUCETTE  (baron) С 

4849.  LAFAYE T 

4808.  de  LAGOY  (do  MEYRAN,  marquis)  Jean-Baptiste.   .  H 

4835.  LAIR  Pierre-Aimé,  à  Caen С 

4858.  LALLEMANT  Louis,  à  Nancy С 

4808.  LAPIERRE,  musicien T 

4866.  de  LARCY  (baron) С 

4879.  LAUGIER  Joseph-François,  à  Marseille С 

4818.  LAURE  Henri-Alexandre,  à  Toulon С 

4809.  LAURENT,  à  Marseille С 

4872.  LAURIN  Auguste T 

4870.  LAVOLLÉE  Paul-René,  à  Paris С 

4898.  LE  BOURGEOIS  Ludovic R 

4869.  LEGUAY  Louis,  à  Paris С 

4809.  LEJEY  François,  à  Milan С 

4867.  LE  MAISTRE  (chevalier),  à  Tonnerre С 

4808.  LE  PAIGE,  général T 

4859.  LEROY,  à  Marseille С 

4866.  LESCOUVÉ,  président T 

4866.  de  LESSEPS  (comte)  Ferdinand С 

4808.  de  LESTANG-PARADE  Alexandre T 

4808.  LEYDET,  architecte  de  la  ville T 

4784.  LIEUTAUD  consul  d'Aix T 

4900.  LIEUTAUD  Victor,  &  Volone R 

4840.  LION,  à  Marseille С 

4823.  LIOTARD  Charles-Laurent-Joseph T 

4844.  LOQUEZ,  à  Nice С 

4860.  LORTET,  docteur  à  Lyon С 

4823.  LUDICKE  (comte  de  HORTENSTEIN) С 

4787.  LYON  de  SAINT-FERRÉOL,  consul  d'Aix T 

4885.  de  MAGALLON  Jules. T 


1 


—  276  — 

1880.  de  MÀGALLON  Xavier,  à  Marseille R 

1808.  MAGNAN  (marquis  de  la  ROQUETTE) T 

1828.  MAILLARD  de  CHAMBURE,  à  Dijon С 

48И.  MAILLET  Alphonse,  à  la  Tour-d'Aigues С 

4870.  MALINOWSKI,  à  Alais С 

4898.  de  MANTEYER  (PINET)  Marie-Barthélemy-Gcorgcs  .     R 

1808.  MANUEL  Jacques-Antoine,  députe T 

4887.  MARBOT  chanoine T 

4881.  MARION  Antoine-Fortune R 

4838.  MARLOY С 

4838.  MARTIN  F С 

4821.  MARTIN-GUILLAUME С 

4806.  MATHERON  Philippe,  à  Marseille R 

1897.  MAUREL  J.-M.,  à  Puyraoisson R 

4841.  MAURIN  Elysée-François T 

4882.  MAZEL,  à  Marseille R 

4808.    de  MAZENOD  Eugène-Charles-Joseph,  évoque  de 

Marseille T 

4808.    ME YFRED  (chevalier),  juge  à  la  Cour  d'appel.    .    .    .     T 

4778.    de  MÉJANES  (marquis  de  PIQUET)  Jean-Baptiste,  pre- 
mier consul  d'Aix T 

4852.  MÉRY  Louis T 

1861.  du  MESNIL-MARIGNY С 

1813.  de  MEVOLHON  (baron),  à  Sisteron С 

4838.  MICHAUD,  à  Paris С 

4808.  MICHEL,  graveur !..  T 

4778.  MICHEL,  membre  de  la  Société  d  agriculture  .    .    .   .  T 

4809.  MICHEL  Etienne,  à  Paris С 

4902.  MICHEL*  Evariste,  à  Paris H 

4838.  MICHEL  de  LOQUI  Etienne T 

4882.  MIGNET  François,  à  Paris H 

4808.  MILLE T 

4893.  MILLE  Joseph,  chanoine-curé T 

4872.  MILLIEN  Achille,  à  Beaumont-la-Ferrière С 

4813.    de  MIOLLIS  (comte)  Sextius-Alexandrc-François,     • 

général H 

1883.     MIREUR  F.,  à  Draguignan R 

1863.     MISTRAL  Frédéric,  à  Mai  lia  ne H 

1818.     de  MONLÊOX,  à  Paris С 


—  2/  /   — 

4785.  MOLLET  de  BARBEBELLE  fils,  consul  d'Aix  .    .    .    .  T 

4809.  MOLLET  Joseph,  à  Lyon С 

4902.  de  MONCLAR  (marquis  de  RIPERT)  François    .    .    .  R 

4820.     MONNIER,  à  Avignon С 

4810.  MONNIER  du  JURA,  à  Toulouse С 

4808.  de  MONTMEVAN  (d'BYMAR)  Joseph-François-Pascal .  T 

4812.    de  MONTMEYAN  (d'EYMAR)  Isidore T 

4808.  de  MONTVALON  (de  BARRIGUES,  comte)  Casimir  .  T 

4891.    MOREAU  Félix T 

4901.    MORIS  Henri,  à  Nice С 

4867.    MORISOT  Jean-Baptiste T 

4809.  MORLAND,  docteur  à  Dijon С 

4899.  MORROZO  deila  ROCCA  (comte)  Emmanuel,  général 

à  Turin С 

4866.     MORTREUIL,  de  l'Institut,  à  Marseille С 

4808.     MOTTET,  professeur  de  droit T 

4833.     MOU  AN  Jean-Louis-Gabriel-Napoléon T 

4894.  de  MOUGINS-ROQUEFORT  Eugène H 

4890.  de  MOUGINS-ROQUEFORT  (vicomte)  Charles.  .    .    .  R 

4884.    MOURAVIT  Gustave T 

4863.    MOUTTET  Alexandre,  à  Toulon С 

4904.     MULSANT  Sébastien,  à  Saint-Etienne R 

4846.    MUS,  à  Bordeaux С 

4904.    MUTERSE  Maurice,  à  Antibes R 

4808.     NATOIRE,  peintre T 

4824.    NICOT,  recteur,  à  Montpellier С 

4808.    d'OLIVARY  Gaston-Mari  us-Ovide T 

4778.    OLIVIER,  consul  d'Aix T 

4842.     d'OLIVIER-VITALIS  H С 

4844.    d'OLJVÏERA-BARBORA,  à  Ri o-de- Janeiro С 

4883.     OLLIVIER,  docteur  à  Digne R 

4808.    OUVIÈRES,  docteur T 

4860.    OUVRÉ  Henri T 

4883.     PANESCORSE  Ferdinand,  à  Draguignan R 

4895.  PARIS  Gaston,  de  l'Académie  Française H 

1808.     PARMENTIER,  de  l'Institut,  à  Paris H 

1864.     PAR ROCEL  Etienne,  à  Marseille С 

1773.  PASCALIS  Jean-Joseph-Pierre,  assesseur  d'Aix  .   .   .  T 


—  278  — 

482t.  PASCALIS  An  loi  ne-André,  généi 

1839.  PATAILLE  Alcsandre-Siméon,  p 

I8H.  PAYAN  Pierrc-ScipioD,  docteur 

(863.  de  PAYAN-DUMOUHN,  conseiil 

1808.  de  PAZÉRY-THORAME  Francpi: 

1821.  PÉCLET  Eugène,  à  Paris.    .    . 

1901.  PÉCOUL  A.,  àDraveil  .... 

4808.  PEI5SE  (chevalier),  procureur  t 

1808.  PEISSE  Hippolyte 

1891  PELISS1ER  E.,  à  Montpellier. 

18(1.  PELLICOT  André,  à  Toulon.  . 

1808  PELLICOT  de  SEILLANS  .   .   . 

1883.  PELLISSIER,  gra nd- vicaire  à  Dt 

1813.  du  PELOUX  Alexandre,  sous-p 

1808.  de  PÉRIER  (marquis)  Charles. 

4808.  de  PÉRIER,  chanoine,  prévôt  d 

1863.  PÉR1GOT,  à  Paris 

1808.  PERR1N 

1897.  PETIT,  docleur,  a  Royal  .    .    . 

1810.  PEYRON  Jean-François-Pierre,  i 

4836.  PIERQUIN,  docteur,  à  Grenoble 

1808.  PIN  Jacques,  chanoine.    .    .   . 

1891.  PI50N,  doyen  de  la  Faculté  de 

4872.  PLAISANT  Thomas 

4867.  PLAUCHON  Emile,  à  Montpellu 

1882.  PLAUCHUD  Eugène,  à  Forcalqu 
4778.  de  POCHET,  assesseur  d'Ail  . 

1808.  P01LROCX,  docteur 

4809.  POILBOUX  Jacques,  docleur  à 

1809.  POITEVIN-PEITAVI,  à  Toulous 

1893.  PONCET  Henri 

4869.  PONCY  Charles,  A  Toulon  .   . 

1819.  PONS,  doyen  de  la  Faculté  des 

48i3.  PONS  Emile,  docteur 

1883.  PONS  Lucien,  à  Grenoble.   .    , 
4825.  PONS  Zenon,  A  Toulon.    .    .   . 

1808.  PONTIER  Augustin 

1808.  PONTIER  Henri,  inspecteur  des 


—  279  — 

4892.  PONTIER  Henri,  conservateur  du  musée T 

4778.  PONTIER  Pierre,  médecin T 

4895.  PORTAL  Emmanuel,  commandeur,  à  Palerme    ...  G 

4779.  PORTAL1S  (comte)  Jean-Etienne-Marie,  ministre  .   .  T 

4809.  PORTALIS  (comte)  Joseph-Marie,  ministre H 

4809.  de  PORTALY-MARTIALIS  Philippe T 

4824.  PORTE  Jean-Baptiste-Françpis T 

4824.  de  POSADA-RUBIN  de  CELIS  Antoine,  évéque  de 

Carthagène .  H 

4811.  POUILLARD  Jacques-Gabriel,  à  Paris С 

4838.  POUJOULAT  J.-J .-François,  à  Paris С 

4845.  POULLE-EMMANUEL,  premier  président H 

4891.  PROAL  Louis T 

4898.  PROU-GAILLARD,  à  Marseille R 

4844.  PRUDHOMME,  docteur  en  médecine  à  New-Yorck  .   .  С 

4841.  QUENIN,  docteur  à  Châteaurenard С 

4778.  du  QUEYLAR,  conseiller  au  Parlement T 

4808.  du  QUEYLAR  Paulin- Hugues- Jean-François T 

4902.  de  QUINTANA-Y-COMBIS  don  Albert,  à  Barcelone  .  С 

4808.  RABBE  Alphonse T 

4829.  RAFrç  Charles -Chrétien,  à  Copenhague С 

4833.  RAILLON  Jacques,  archevêque  d'Aix H 

4848.  RAMBOT  Bruno-Gustave T 

4  839.  RAMUS  Joseph-Marius,  à  Paris С 

4850.  RAYBAUD T 

4882.  REYNAUD  Félix,  à  Marseille R 

4819.  RAYNOUARD  François-Just-Marie,  à  Paris С 

4844.  REBOUL  Jean,  poète.   . С 

4767.  REBOUL  B.-L.,  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture.  T 

4778.  REDORTIER,  chanoine T 

4779.  REDORTIER,  consul  d'Aix T 

4778.  de  REGINA,  de  la  Société  d'agriculture T 

4898.  REGNIER  Antony,  à  Marseille R 

4877.  RÉGUIS  Marius,  à  Meyrargues С 

4825.  REINAUD  Joseph-Toussaint,  à  Paris С 

4847.  REMACLE,  député  à  Arles С 

4898.  REMACLE  (comte)  Louis,  à  Arles R 

4879.  RENOUX,  chanoine T 


—  280  — 

4901.     REQUIS,  à  Avignon 

1862.  de  REVEL  du  PERRON  (comte),  i 
(871.  RÉVOIL  Henri,  correspondant  de  1 
4816.     RÊVOIL  Pierre,  correspondant  de 

1808.  REY  Claude,  éviique  de  Dijon .   . 

1858.  REY,  à  Monlauban 

4883.  de  REY  Gonzague,  a  Marseille  . 

1870.  REYNALD  Hermite 

4808.  REYN'AUD,  docteur,  inspecteur  des 

4809.  REYNAOD,  à  Toulon 

4816.     REYNAUD  à  Marseille 

4857.  de  RIBBE  Charles 

4816.  RICARD  Adolphe,  à  Montpellier. 

48*3.  de  RICARD  Joscph-César-Paul,  à  \ 

4830.  de  RICHERY  Charles-Alexandre,  a 

1811.  R1EDEL,  à  Rio-dc-Janeiro  ... 

4830.  R1FAUD 

4859.  RIGAUD  Emile,  premier  président 

4827.  de  RIVIÈRE  {baron),  a  Sainl-Gille 

4812.  ROBERT  Louis-Joseph -Ma  rie,  i  Ma 

1816.  ROBERT  neveu,  docteur  i  Marseil 

1808.  de  ROBINEAU  de  BEAULIEU,  dov 

4808.  ROCCAS  père,  docteur 

4808.  ROCCAS  Jean-Bnptiste-Antoine  .    . 

1900.  de  ROCHAS  d'AIGLUN  Albert,  à  ï 

1900.  ROLLAND  Henri,  chanoine.    .    .    . 

1819.  ROMAN,  clianoine 

1789.  ROMAN  de  TRIBL'TIIS,  assesseur 

1878.  ROOUE-FERRIER  Alphonse,  à  Moi 

1863.  ROQUES  (abbé),  à  Albi 

481t.  ROSTAN  Casimir,  ù  Paris.    .   .    . 

1853.  ROSTAN  Louis,  h  Sain t-Maxi min 

1853.  ROTHE  Auguste,  à  Suroe,  Dancma 

1882.  de  ROTROU,  i  Rome 

1828.  ROUARD  Eticune-Antoine-Benoit 

1825.  ROUCHON-GUIGUES  Elicnne-Chai 

1868.  ROUMANILLE  Joseph,  à  Avignon 

1808.  ROURE,  ilocteur 


—  281   — 

4815.  ROUSTAN  recteur T 

4808.    ROUTIER,  architecte  de  la  ville T 

4808.     ROUX,  jurisconsulte T 

4849.    ROUX,  secrétaire  de  l'Académie,  à  Lyon С 

4883.    ROUX  Jules-Charles,  député  à  Marseille R 

4866.    ROUX  Pascal,  maire  d'Aix H 

4838.     ROUX  Pierre-Martin,  à  Marseille С 

4808.    ROUX-ALPHERAN  François -Ambroise -Thomas.   .   .  T 

4808.     ROUX-MARTIN  Antoine T 

4830.    RUFFIN,  à  Bastia С 

4825.    SABATERY,  à  Grenoble С 

4808.    de  SAINT-MARC  (de  MEYRONNET  baron)  Philippe.  T 

4880.     de  SAINT-MARC  (de  BOYER  de  FONSCOLOMBE  de 

MEYRONNET  baron)  Philippe T 

4821.    de  SAINT-MAURICE  Charles,  à  Paris С 

4808.    de  SAINT-VINCENS  (de  FAURIS,  chevalier)  Alexan- 
dre-Jules-Antoine    T 

4808.    de  SAIZIEU  (BARTHÉLÉMY)  père T 

4808.     de  SAIZIEU  (BARTHÉLÉMY,  baron)  fils T 

4816.  de  la  SALLE  (BOISSON)  Joseph -Amédée-Xavier.  .   .  T 
4814.    de  SALLES  Eusèbe,  à  Marseille С 

4808.  SALLIER  François,  ancien  maire T 

4880.     de  SALVE- VILLEDIEU  Isnard-Louis -Ernest   .   .   .   .  T 

4833.     de  SAPORTA  (marquis)  Adolphe T 

4866.    de  SAPORTA  (marquis)  Louis  Charles-Joseph-Gaston  T 

1892.  de  SAPORTA  (comte)  Antoine T 

4883.    SARDOU,  de  Nice R 

1883.    SARRAZIN  Jules R 

4809.  SARRAZIN  de  MONTFERRIER С 

1809.     Mademoiselle  SARRAZIN  de  MONTFERRIER  Victoire  С 

4861.     SAUDBREUIL,  procureur  général T 

4892.  SAW AS-PACHA,  ancien  ministre  ottoman С 

4879.    SCHIMPER,  à  Strasbourg С 

4866.     SEGOND-CRESP  Paul-Jean-Baptiste-Théodore  .  ...  С 

4893.  de  SELLE  (vicomte)  Albert T 

1893.  SÉNEQUIER,à  Grasse R 

4808.    de  SÉRAN  Jules T 

1858.    de  SÉRANON  (de  SAUTERON)  Jules T 

18  bis. 


—  282  — 

4778.  SERRÉ,  trésorier  général  .de  France T 

482i.  de  SÈZE  Casimir,  premier  président  de  la  Cour  ...  Il 

4838.  SÏBOUR  Léon,  évéque  de  Tripoli T 

4808.  SICARD,  de  l'Académie  des  Inscriptions T 

4860.  SIGAUDY  Jcan-Louis-Honoré H 

4868.  SILBERT,  docteur T 

4783.  SIMÉON  (comte)  Joseph -Jérôme,  assesseur  d'Aix.  .  .  T 

4813.  SIMÉON  (vicomte)  Joseph-Bail  bazar,  pair  de  France.  H 

4809.  de  SINÉTY,  a  Mar- cille С 

488i.  SOUBRAT  Charles,  conseiller T 

4810.  de  STASSART  (baron),  préfet С 

4808.  SUCIIET,  président  du  Tribunal  de  commerce  .  .  .  .  T 

4814.  de  SUFFREN,  à  Salon С 

4779.  de  SUFFREN  de  SAINT-TROPEZ  (marquis)  Pierre- 

Marie,  premier  consul  d'Aix T 

4809.  de  SYLVESTRE  (baron)  Auguste-François,  à  Paris  .  С 

4863.  TAILLARD,  président  à  la  Cour  de  Douai С 

4  880.  TAMIZEY  de  LARROQUE  Philippe,  à  Gontaud.  ...  С 

4808.  TASSY,  juge  au  Tribunal T 

4808.  TASSY  Anloine-Blaise-Laurent T 

48U.  TAUNNAY,  consul  de  France  à  Rio-Janeiro С 

4810.  TAVERNIER  Adolphe-Alexandre T 

4879.  TAVERNIER  Eugène,  conseiller T 

4  810.  TAXIL,  docteur,  à  Toulon С 

4  897.  du  TEIL  (baron)  Joseph,  à  Paris R 

4863.  TEISSÏER  Octave,  à  Toulon С 

4808.  TEISSÏER  Pierre,  curé  de  Saint-Jean T 

4883.  de  TERRIS-SAINT-JAUME  Jules,  à  Avignon    .  .  .  .  R 

48ii.  TEISSÏER,  professeur  de  botanique С 

4803.  THIBAUDEAU,  préfet H 

4861.  TII1ERS  Adolphe H 

4820.  THOMAS С 

4778.  de  THOMASSIN  SAINT-PAUL,  consul  d'Aix T 

1809.  de  THOZET  (COTTIOX),  à  Versailles С 

4889.  THUMIN  Auguste R 

1861.  TISSERAND  (abbé),  à  Nice С 

1817.  TOP1N  Hippolyte,  à  Marseille С 

1808.  TOPIN  Joseph,  chanoine T 


л 


Л 


—  283  — 

«870.     TOPIN  Marius,  à  Paris С 

4852.     de  TOURNÀDRE  Théophile T 

1878.  de  TOURTOULON  (baron)  Charles     T 

1896.  de  TOURTOULON  (marquis  de  BARRE)  Pierre.  .  .  .  R 

4812.    de  la  TREILLE  Pierre-André,  à  Paris С 

181  i.    TRÉLÏS  Jean-Julien,  à  Niraes С 

4891.    TYPALDO-BASSIA  à  Athènes С 

4810.     VALENTIN,  docteur  à  Marseille С 

4867.     VALÈRE-MARTIN,  à  Cavaillon С 

48И.    de  VALERNES  (BERNARDY,  vicomte) С 

4877.     VALLET  Pierre,  conseiller T 

4867.     VALLIER  Gustave,  à  Grenoble С 

4808.    de  VALORY  aîné T 

4810.    de  VALORY  Henry С 

4808.    VxlSSAL,  magistrat T 

48H.  VASSE  de  SAINT-OUEN,  inspecteur  d'Académie   .  .  T 

4883.    de  VAUZELLES  Ludovic,  à  Hyères ,  .  П 

1778.  de  VENTO  (marquis  des  PENNES),  1er  consul  d'Aix.  T 

4808.    VI AL,  receveur  de  la  ville ,  .  .  T 

1879.  VIDAI,  François,  conservateur  de  la  Méjanes T 

1869.    VIEILLE,  recteur  de  l'Académie  d'Aix H 

1812.     VIENNET,  à  Paris С 

4817.  de  VILLENEUVE-BARGEMONT  (comte)  Christophe, 

préfet H 

4901.  de  VILLENEUVE-FLAYOSC  (marquis  de  TRANS) 

Léonce R 

4818.  VINCENT-SAINT-LAURENT,  à  Nîmes С 

4812.    de  VOGHT  (baron),  à  Copenhague С 

1865.    de  VOULX  Albert,  à  Alger С 

4815.     WILLIAMS  J С 

1876.  WYSE  (BONAPARTE)  sir  WILLIAM  Charles,  à 

Waterford С 

1809.    de  ZACH  (baron),  à  Marseille С 

1897.  ZE1LLER  Charles-René,  à  Nancv С 

1855.     ZELLER T 

1877.  ZÉVOHT,  recteur  de  l'Académie  d'Aix H 

1901.     ZUCCARO  Luigi,  à  Aquila Ç 

(  670    Membres.  ) 


—  284  — 


Tous  les  renseignements  biographiques  ou  biblio- 
graphiques  concernant  les  personnes  qui  figurent 
sur  cette  liste  seront  recueillis  avec  reconnaissance 
par  l'Académie  cTAix,  en  vue  de  la  prochaine  pu- 
blication d'une  histoire  de  la  Compagnie,  qui  con- 
tiendra une  notice  aussi  complète  que  possible  sur 
chacun  de  ses  anciens  membres.  Nos  correspon- 
dants sont  priés  de  les  adresser  à  M.  dlLLE,  archi- 
viste-bibliothécaire  de  l'Académie,  à  Aix-en-Pro- 
vence. 


TABLEAU 


des 


MEMBRES  DE   L'ACADEMIE 


MEMBRES    D'HONNEUR. 


MM. 


Beaune .^  *J«,  Henri,  ancien  procureur  général  à  Aix,  doyen 
de  la  Faculté  libre  de  Droit  à  l'Institut  catholique  de  Lyon. 
Élu  le  25  janvier  1876. 

Clément-Simon  *Jfc  С.  Ф,  Gustave,  ancien  Procureur  général 
près  la  Cour  d'appel  d'Aix,  au  château  de  Bach,  près  Tulle. 
49  février  1878. 

Belin  0.  $fc  I.  P.  y,  recteur  de  l'Université  d'Aix.  21  janvier 

4890. 

Arbaud  U  Paul,  bibliophile  à  Aix.  Associé  régional  le  5  jan- 
vier 4883,  membre  d'honneur  le  30  janvier  4894. 

Gaston  Paris  C.  ^,  de  l'Académie  Française  et  de  l'Aca- 
démie des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  44  novembre 
4895. 

Mistral  О.  ^  С.  ф  *J*  Frédéric ,  à  Maillane.  Correspondant 
le  2  mars  4863,  membre  d'honneur  le  6  juin  4899. 


■ЕИВНЕВ    TITULAI 

ММ. 

Feradd-Giraud  О.  $  «J-  I.  P.  ii  Dolpb 

raire  à  la  Cour  de  Cassation,  doyen  i 

10  février  Ш7.  Rue  Etnéric- David, 
Reinaud  de  Fouvert  Alexis,  ancien  merr 

des  Musées.  46  mars  1858.  Rue  Lacép 
Berluc-Perlssis  (de)  ^  0.  »î«  Léon.  ! 

Cardinale,  35. 
CnEHRiEK  (l'abbé)  Auguste,  chanoine  titi 

docteur  en  Théologie,   45  avril  18' 

Louis,  15. 
Guillibert  (baron)  sîp  0.  •%>  Hippolyte 

l'ordre  des    avocats   à   la  Cour.    1 

Mazarîne,  10. 
Vidai  О  *?p  François,  conservateur  h 

thèque  Méjanes.  21  janvier  1879.  Au 
Meyrohnet  de  Saint-Marc  (baron  de)  ф 

Cours  Mirabeau,  18. 
Ciiaverxac  Félix,  docteur  en  médecine, 

de  médecine.  9  mars  4880.  Rue  Mail 
Mol'ratit  ■}•  Gustave,  ancien  présider 

notaires.  8  février  1884.   Place  de  la 
Sol'drat  Charles,  ancien  conseiller  à 

Comice  agricole.  45  février  1884.  Йь 
Glibal  $;  >J«  I.  P.  i>  Georges,  doyen  h 

des  Lettres.  15  février  1884.  Rue  Ro< 


—  287  — 

Magallon  (do)  ф  t^t  C.  *Ji  Jules,  ancien  membre  de  la  Com- 
mission des  Musées.  9  mars  1885.  Place  des  Prêcheurs,  10. 

Marbot  (l'abbé)  Edmond,  chanoine,  ancien  vicaire  général. 
28  mars  1887.  Rue  Villeverte,  21. 

Gantelmi  d'Ille  (marquis  de)  sgt  >J«  О.  Ф  Charles.  Associé 
régional  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire  le  17  juin 
4890.  Cours  Mirabeau,  6. 

Lanêry  d'Arc  sgt  »j«  С.  $£  О.  Ф  Pierre,  docteur  en  droit,  lau- 
réat de  l'Institut.  Associé  régional  le  12  décembre  1887, 
membre  titulaire  le  8  mars  4892.  Rue  des  4-Dauphins,  23. 

Pontier  I.  P.  y  Henry,  conservateur-directeur  du  Musée.  5 
avril  1892.  Rue  Cardinale,  13. 

Selle  (vicomte  de)  $£  С.  Ф  *J«  U  Albert,  ingénieur,  pro- 
fesseur honoraire  à  l'Ecole  Centrale.  46  mai  1893.  Cours 
Mirabeau,  46. 

Sigaud  de  Bresc  (de)  Louis,  ancien  conseiller  général.  Associé 
régional  le  12  janvier  1885,  membre  titulaire  le  23 
janvier  1894.  Rue  Sallier,  5. 

Fassin  Emile,  I.  P.  Ц,  conseiller  à  la  Cour.  24  avril  1894. 
Boulevard  du  Roi-René,  46. 

Bec  (de)  Albert.  1"  mai  1894.  Rue  Eméric-David,  31. 

Moreau  I.  P.  £2  Félix,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit.  8  mai 
1894.  Cours  Mirabeau,  10. 

Todrtoulon  (baron  de)  I.  P.  y  G.  O.  *p  C.  j&  Charles,  ancien 
président  de  la  société  des  Langues  Romanes.  Correspon- 
dant le  4  juin  1878,  membre  titulaire  le  28  mai  1895. 
Rue  Roux-Alphéran,  13. 

Saporta  (comte  de)  Antoine.  Associé  régional  le  2  février 
1892,  membre  titulaire  le  23  mars  1897.  Rue  Cardinale,  26. 

Aude  0.  $?*§*  Ф  Philippe,  médecin  en  chef  de  la  marine,  en 
retraite.  6  avril  1897.  Rue  du  Lycée,  1. 


—  288   — 

Bonmcobse  Li  bières  (comte  de)  Charles,    л vocal   a  la  ' 

Associé  régional  lo  27  décembre  1897,  membre  tTlal 

30  mai  1899.  Rue  de  l'Opéra,  24. 
Boïïafous  I.  P.  y   Raymond,  professeur    à    la    Facuf 

Lettres.  30  janvier  (900.  Rue  du  Bras-d'Or,  2. 
Rolland  I.  P.  U  Henri,  chanoine  titulaire  de  la    métr 

aumônier  du  Lycée  Mignet.   18  décembre    1900.  J 

Louvre.  20. 
BoumiUET  Alfred,  avocat  à  la  Cour.   Associé    régional 

mars  1896,  membre  titulaire  le  29  juin  1901.  Cou. 

rabeau,  3. 
AsiNAHn  •£«  Casimir,  ancien  bâtonnier  de  l'ordre  des  av 

S  février  1901.  Rue  du  4-Septembre,  5. 
N....  (Fauteuil  de  M.  le  chanoine  Mille.) 


Л-  —  289  — 


MEMBRES    HONORAIRES. 


MM. 


Pison  ^  I.  P.  U  ^  Alexandre,  doyen  honoraire  de  la  Fa- 
culté de  droit.  30  janvier  4894.  Rue  d'Italie,  14. 

Mougins  de  Roquefort  (de)  $}  G.  >gc  О.  ^  Eugène,  conseiller 
doyen  honoraire  à  la  Cour.  4,r  mai  4894.  Rue  Mazarine,  8. 

Grànier  *j£  Désiré,  conseiller  doyen  honoraire  à  la  Cour.  29 
mai  4894.  Cours  Mirabeau,  17. 

Boisgelin  (marquis  de)  С.  ^  Eugène.  46  juin  4896.  Rue  des 
Quatre-Dauphins,  11. 

Michel  $  Evariste,  docteur  en  médecine.  24  février  4902* 
Villa  Mignet,  à  Aix. 

Aude  Sextius,  ancien  trésorier  payeur  général,  25  février 
4902.  Rue  Saint-Georges,  37,  à  Paris. 

Borel  &  Gilles-Jacques,  officier  en  retraite,  compositeur  de 
musique.  Associé  régional  le  42  mai  4896,  membre  hono- 
raire le  40  juin  4902.  Rue  Lice  des  Cordeliers,  15. 


49 


—  290  — 


ASSOCIÉS  RÉGIONAUX. 


MM. 


Eysseric  Saint-Marcel,  ancien  magistrat  et  conseiller  général 
inspecteur  départemental  do  la  Société  d'Archéologie,  à 
Sisleron.  19  décembre  1882. 

Plauchud  I.  P.  (jt  Eugène,  président  de  l'Athénée,  à  Força I- 
quier.  1  9  décembre  1882. 

Faucher  (de)  Paul,  membre  de  l'Académie  de  Vaucluse,  à 
Bollène  (Vaucluse).  5  janvier  1883. 

Rey  (de)  Gonzague,  château  du  Prieuré  d'Ardène,  près  Saint- 
Michel  (Basses- Alpes).  5  janvier  1883. 

Terris  (de)  G.  0.  >Ji  ф  Jules,  membre  de  l'Académie  de  Vau- 
cluse, à  Avignon.  5  janvier  1883. 

Guigou  Just,  docteur  en  droit,  doyen  honoraire  de  la  Faculté 
libre  de  droit,  à  Marseille.  12  janvier  1883. 

Aube  Frédéric,  ancien  notaire  au  Luc,  membre  de  la  Société 
Française  d'Archéologie.  12  janvier  1883. 

Roux  ^  Jules-Charles,  ancien  président  de  la  Société  Artis- 
tique de  Marseille,  ancien  député.  12  janvier  1883. 

Isnard  y  I.  P.,  archiviste  des  Basses- Alpes,  secrétaire  de  la 
Société  Académique,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes, 
à  Digne.  12  janvier  1883. 

Oluvier  *$,  docteur  en  médecine,  ancien  conseiller  général, 
président  honoraire  de  la  Société  scientifique  et  littéraire 
de  Digne.  12  janvier  1883. 

Mireur  •$*,  archiviste  du  département  du  Var,  membre  du 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan.  19  janvier 
1883. 


—  291  — 

Вокпомме  (l'abbé),  chanoine  à  Riez  (Basses-Alpes).  9  février 
4883. 

Bernard  %j$  Charles,  président  à  la  Cour  de  Dijon,  ancien 
avocat  à  la  Cour  d'Aix.  46  février  4883. 

Clappier  î$£  Félix,  ancien  procureur  général,  conseiller  géné- 
ral des  Basses- Alpes,  à  Moustiers.  46  mars  4883. 

Pellissier  (l'abbé),  vicaire  général  à  Digne.  6  avril  4883. 

Magallon  (de)  Xavier,  avocat,  ancien  conseiller  général  des 
Hautes-Alpes,  à  Marseille.  46  mars  4889. 

Mougins-Roquefort  (vicomte  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour 
d'Aix.  4  4  mars  4894. 

Gamber  (ГаЬЬе)  Stanislas,  aumônier  du  Lycée,  à  Marseille. 
7  avril  4  894. 

Pélissier  tf  Léon-G.,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  do 
Montpellier.  4  juin  4894. 

Daimb  Louis  U»  ingénieur,  à  Marseille.  49  janvier  4892. 

Collot  У  Louis,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijon.  26  janvier  4892. 

Mille  (Fabbé)  Joseph,  chanoine,  doyen  de  Saint-Remy.  Titu- 
laire le  23  mai  4893,  associé  régional  le*4  décembre  4900. 

Sénequier  Paul,  juge  de  paix  à  Grasse.  30  mai  4893. 

Collongue  (d'AvoN  baron  de),  Çjfe  *i*  О.  ф,  ministre  plénipo- 
tentiaire, au  château  de  Collongue,  par  Cadenet  (Vaucluse). 
6  juin  4893. 

Constantin  (l'abbé),  curé  doyen  à  Château-Renard  (Bouches- 
du-Rhône).  9  janvier  4894. 

Chaillan  (l'abbé),  lauréat  de  l'Institut,  curé  de  Beaurecueil 
(Bouches-du  Rhône).  42  janvier  4894. 

Fbrrier  Raymond,  amateur  d'art,  à  Aix.  46  juin  4896. 

Tourtoulon  (baron  de)  marquis  de  Barre,  Picfre,  docteur  en 
droit,  à  Aix.  42  janvier  4897. 


—  29 
Teil  (baron  du)  ■{•  Joseph,  à  P< 
Macekl  (l'abbé)  Marie-Joseph, 

(Basses-Alpes).  18  mai  1897. 
RiGRin  Antony,    artiste   pein 

février  1888. 
Аотнежак,  ancien  maire  de  Ha: 
Lb  Bourgeois  (l'abbé),  à  Aix.  1 
Pbou-Gaillakd,  ancien  directeu 

3  mai  1898. 
Pihbt  de  Manteyeb  Georges,  vil 

13  décembre  1898. 
Lacoste  Ernest,  ingénieur  à  T 
Acde  Edouard ,  conservateur 

30  mars  1900. 
Lieutaud  Ф  Victor,  ancien  bibl 

seille,  notaire  à  Volone  (Bas: 
Voxereute-Tbahs  (marquis  de) 

Syndicats  agricoles  des   Al 

S  février  1901, 
Mulsant  de  Roquefort  *}*  Seba 

19  mare  1901. 
Mutkese  Maurice,  ancien  offici 

préfet,  à  Antibes.  7  .mai  190 
Bernard  d'Attakoux  (comte)  В 

à  Nice.  14  mai  1901. 
Requin  (l'abbé), archiviste  dudi 
Gftuif-RiCAiD  (comte  de),  secret 

de  statistique  de  Marseille.  4 
Ripkbt  de  Monclah  (marquis  > 

plénipotentiaire,  au  chàteai 

mars  1902. 


—  293  — 


ASSOCIÉS  CORRESPONDANTS. 


MM. 

Ferrand  Joseph,  ancien  préfet,  correspondant  de  l'Institut, 
à  Amiens  (Somme).  20  janvier  4861. 

Teissier  Octave,  conservateur  de  la  Bibliothèque,  à  Dragui- 
gnan.  20  avril  4863. 

Lescouvé ,  conseiller  honoraire  à  la  Cour  de  Cassation. 
Titulaire  le  20  février  4866,  correspondant  le  3  décembre 
4878. 

Blancard  Louis,  correspondant  de  l'Institut,  archiviste  hono- 
raire des  Bouches-du-Rhône,  à  Marseille.  7  décembre 
4868. 

Lavollée  Paul-René,  docteur  es-lettres,  ancien  consul  général, 
à  Paris.  25  avril  4870. 

Bonvallot  Edouard,  ancien  conseiller  à  la  Cour  de  Dijon,  à 
Paris.  26  février  4872. 

Millien  Achille,  lauréat  de  l'Académie  Française,  à  Beaumont- 
la-Ferrière  (Nièvre).  46  décembre  4872. 

Faisan  Albert,  à  Lyon.  44  mars  4876. 

Roque-Ferrier  Alphonse,  président  du  Félibrige  latin,  à 
Montpellier.  4  juin  4878. 

Bec  (de)  Léon,  à  Rieux-en-Minervois  (Aude).  41  juin  4878. 

Bellet  (l'abbé),  à  Tain  (Drôme).  42  décembre  4882. 

Dorlhac  de  Borne,  directeur  honoraire  d'Ecole  Normale,  à 
Tarascon. Titulaire  6  avril  1883,  correspondant  9  mai  1893. 

Jullien  Ernest ,  président  honoraire  du  Tribunal  civil  , 
à  Reims.  2  mai  4884. 


I 


ii 


—  295  — 


ASSOCIÉS  CORRESPONDANTS    A  L'ÉTRANGER. 

MM. 

Adriani  J.-B.,  membre  du  comité  royal  d'histoire  nationale 

et  de  l'Académie  des  sciences,  à  Turin.  26  janvier  4858. 
Carnazza-Amari,  ancien  professeur  à  l'Université  de  Catanc, 

sénateur  du  royaume  d'Italie.  6  avril  4868. 
Rotrou  (de),  à  Rome.  2  mai  1882. 
Son  Excellence  Sawas-Pacha,  à  Menton,  ancien  ministre  des 

affaires  étrangères  de  l'Empire  Ottoman,  26  janvier  1892. 
Gubernatis  (comte  de)  Angelo,  professeur  à  l'Université,   à 

Rome.  3  janvier  1893. 
Typaldo-Bassia ,   député,  professeur  agrégé  à  l'Université 

d'Athènes.  23  janvier  1894. 
Barr-Ferree,  à  New- York.  5  juin  1894, 
Portai   (le  commandeur  Emmanuel),  à  Palerme.  12  février 

1895. 
Morozzo  délia  Rocca  (comte  de)  Emmanuel,  général,  à  Turin. 

21  mars  1899. 
Da  Gunha  Xavier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  royale  à 

Lisbonne.  11  décembre  1900. 
Zuccaro  Louis,  professeur  à  l'Institut  royal  technique  d'A- 
lexandrie (Italie).  2  avril  1901 . 
Son  Excellence  don  Alberto  de  Quintana  y  Combis,  Trave- 

sia  Portalnou,  à  Gerona  (Espagne).  22  avril  1902. 

Le  présent  Ta.blea.xa  a,  été  arrêté  le  14  Juin 
1902 ,  conformément  a,  l'article  10  du  Règle- 
ment   intérieur. 

Le  Président  :  Le  Secrétaire  Perpétuel: 

Le  Docteur   Aude.  Baron  Guillibert. 


LISTE 


ACADÉMIES    ET    SOCIÉTÉS    COKHEfi 


Âbbeville. 

Alençan, 
Alger. 

Amiens. 


Avignon. 

Bar-le-Duc. 

Bayonne. 

Belfort 

Besançon. 


Brzie 


Bordeaux. 
Boulogne-sur-Mer. 


Société  d'émulation. 
Académie  Jasmin. 
Société  d'agriculture,  scienc 
Société  scientifique  et  littéri 
Société  historique  et  archâ 
Association  scientifique  algê 
Société  des  antiquaires  de  P 
Conférence  littéraire  et  scier 
Société  académique  de  Main 
Société  d'agriculture,  scienc 
Société  industrielle  d'Anger 

Loire. 
Académie  des  sciences,  lettr 
Académie  de  Vaucluse. 
Société  des  lettres,  sciences 
Société  des  sciences  et  arts. 
Société  Bel  for  ta  ne  d'ému  latic 
Académie  des  sciences,  bell< 
Société  de  médecine. 
Société  archéologique,  scien 
Société  d'étude  des  sciences 
Académie  des  sciences,  bell 
Société  académique. 
Société  d'agriculture  de  Гаг 
Société  historique  et  littérai 


Brest. 


Cahors. 


Cambrât. 

Cannes. 

Carpentras. 

Chdlons-sur-Marne. 

Chalon-sur-Saône. 
Chambiry. 


—  297  — 

Société  académique. 

Société  d'agriculture  Je  l'arrondi ssemer 

Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lett; 

Société  française  d'archéologie. 

Société  linneenne  de  Normandie. 

Société  des  beaux-arts. 

Société  d'agriculture  et  de  commerce. 

Société  des  études  littéraires,  scientifique 

artistiques  du  Lot. 
Société  d'émulation. 
Société  académique. 
Commission  de  la  bibliothèque. 


Chartres. 
Chtrboitrg. 

Constantine. 


Draguignan. 


Société  d'histoire  et  d'archéologie. 
Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  ■ 

de  Savoie. 
Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéc 
Comice  agricole. 
Société  nationale  académique. 
Société  archéologique  du  département. 
Société  scientifique,  littéraire  et  artistique 

Académie  des  sciences,  arts  et  betlcs-letti 

Commission  archéologique. 

Société  d'agriculturo  cl  d'industrie  agrico 

département. 
Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 
Société  d'études  scientifiques  et  archéologie 
Société  d'agriculture  et  de  с 


Gap. 

Grenoble. 


Athénée  littéraire,  scientifique  et  artisliq 
Société  d'études  des  Hautes- Alpes. 
Académie  delphinale. 
Société  de  statistique,  des  sciences  na(ur< 

et  des  arts  industriels  de  l'Isère. 
Académie. 


lieole- 

tau. 

Société  des  sciences,  de  Гал 

ЦшфЯ. 

Société    arebrokeique   et 

LcMsJe-SaminUr 

Société  <f  «natation  do  Jars 

Lrm. 

Académie  des  sciences,  bell 

— 

Société  littéraire,  historiqm 

- 

Société  d'agriculture,  histoi 
ailles. 

— 

Société  botanique. 

— 

Société  académique  d'arcfai 

U  Паям. 

Société  d'agriculture,    scie 

Sarlhe. 

Mantille. 

Académie  des  scieoces,  bell 

Société  de  statistique. 
Société  de  géographie. 
Société  de  médecine. 


Montauban 
MontbiUard. 
Mon&riion. 
Montjtellier. 


Nuntts. 


Société  d'horticulture. 
Société  botanique  et  hortict 
Société  d'agriculture,  indus 

de  la  Lozère. 
Société  d'agriculture  du  Ta 
Société  d'émulation. 
La  Diana. 

Académie  des  sciences  cl  к 
Société  pour  l'étude  des  lai 
Société  archéologique. 
Académie  de  Stanislas. 
Société    centrale    d'à  g  rien  11 

Nancy. 
Société  académique  de  Na 

Inférieure. 
Société  des  sciences  naturel 

France. 


299  — 


Vice. 


Nimes. 

Niort. 
Paris. 


Pau. 

Perpignan. 

Poitiers. 

Quimper. 

Reims. 

Rennes. 

La  Rochelle. 

Rodez. 
Romans. 


Commission  de  la  bibliothèque  de  la  ville. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes- 
Maritimes. 

Société  centrale  d'agriculture,  d'horticulture  et 
d'acclimatation  de  Nice  et  des  Alpes-Mari- 
times. 

Académie. 

Société  d'étude  des  sciences  naturelles. 

Société  centrale  d'agriculture  des  Deux-Sèvres. 

Faculté  des  sciences. 

Association  philotechnique. 

Société  philotechnique. 

Société  nationale  d'encouragement  au  bien. 

Société  française  de  numismatique  et  d'archéo- 
logie. 

Société  philoma tique. 

Société  ethnographique. 

Société  de  secours  des  amis  des  sciences. 

Société  de  biologie. 

Société  de  médecine  légale. 

Société  des  antiquaires  de  France. 

Société  des  études  historiques. 

Société  centrale  d'agriculture  de  France. 

Société  zoologique  de  France. 

Société  protectrice  des  animaux. 

Musée  Guimet. 

Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Société  agricole,  scientifique  et  littéraire. 

Société  académique  d'agriculture,  belles-lettres* 
sciences  et  arts. 

Société  archéologique  du  Finistère. 

Académie  nationale. 

Société  archéologique  d'Ille-et-Vilaine. 

Société  littéraire. 

Société  des  sciences  naturelles. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'Aveyron. 

Comité  de  rédaction  du  Bulletin  d'histoire 
ecclésiastique  des  diocèses  de  Valeiice,  Gapt 
Grenoble  et  Viviers. 


Saint- Etienne 

Saint-Lô. 

Saint-Omer. 
Saint-Quentin. 


Toulon. 
Toulouse. 


Tours. 

Troyes. 
Valence. 
Versailles. 


Académie  des  scion 
Société   centrale    с 

Inférieure. 
Société  d'aericultui 

et  belles-lettres  il 


Société  des  antiqua: 
Société  académique 

lettres,  agricultui 
Société  des  archives 

et  de  l'Aunis. 
Académie  du  Var. 
Académie  des  jeun 
Académie  des  scien 

lettres. 
Société  d'agricullun 
Société  hispano-porl 


Société  archéologiqi 
Société  académique 

arts  et  belles-lett 
Société    dé  par  terne  г 

statistique. 
Société  d'agricullun 
Société  des  sciences 

arts  de  Seine-ct-0 
s.  Société  des  sciences 


ÉCHANGES   INTERNATIONAUX. 


Anvers. 
Boston. 


Bucarest. 
Buenos- Aires. 

Chicago. 
Christiania. 

Claudiopoli. 

Colmar. 

Colombus. 

Florence. 

Genève. 

Metz. 

Mexico. 
Milan. 

Montevideo. 
Moscou. 

Munich. 
Naples. 
Neufchâtel  (Suis* 
Ottawa. 

Rio  de  Janeiro. 


in  toi  о  { 


Académie  royale  d'archéologie  de  Belgiqu 

American  acaderay  of  arts  and  s 

Society  of  natural  history. 

Comité  du  Bulletin  Rubens. 

Académie  d'archéologie. 

Société  belge  de  géologie  et  de  pnléo 

Comité  de  la  revue  de  Belgique. 

Académie  roumaine. 

L'Université. 

Académie  des  sciences. 

Université  royale  frédéricienne  deNorwè 

Sociéé  rovale  universitaire  hongro-claudi 

li  laine  François-Joseph. 
Société  d'histoire  naturelle. 
Ohm  state  agricultural  society. 
Société  dantesque  italienne. 
Institut  national  genevois. 
Académie  des  lettres,  sciences,  arts  el  ; 

culture. 
Société  scientifique  Antonio  Alzate. 
Institut  lombard. 

Société  italienne  des  sciences  naturelles. 
Musée  national. 

Société  impériale  des  naturalistes  de  Мое 
Société  impériale  d'agriculture. 
Société  d'histoire  naturelle. 
Institut  royal  d'encouragement. 
^.Société  ncuchaleloise  de  géographie. 
Institut  canadien, 
Sociélé  royale  du  Canada. 
Commission  géologique  des  États-Unis  du  Br 
Musée  national. 
Observatoire  national. 
Bibliothèque  centrale  Viclor  Emmanuel. 
L'Orient  (revue). 


TABLE  DES  MATIERES 


Le  caî  iurt  Ses  Fauis  de  S*ii.*-Vî»n№>  à  Aàu  i\*rcv«s 

de»  darsse&ts  ii**iiîs*  par  Ж.  AjCLaair*  И.хттгг .  S 

L~A&«itc«âer  e*  je  КсЪя*.  par  X.  Ckanes  Jv>*rr.  ie 

IT«i:=i. *3 

Les  N:**vel>s  Вг1оЗй5ч  jecr  с  .«.»- îs*;j;e,  jvàr  M.  ïe 

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«c=*  jKwr**rire  des  оггйч  jvar  M.  le  V* 

de  Soi* 75 

АшЮаг  de  Sait.i-Oab*5eL  wr  M.  Alexis  de  Fovuat.  .         $7 
Tkîers.  étudiât  ea  drviu  ses  rapports  a\ec  Г  Aca- 
démie d'AÎL  par  Я.  le  J:«rt^^r  Ai  mu ЗД 

CopenûrîeQS  et  Ar.îiroj%ersi;îe^>.  par  M.  1*  <vr^*e 

Antôiae  de  Safû№ 1 27 

La  Campasse  de  Marias  ea  Рготеос*,  far  M.  Maark* 

de  Dcmixn  la  Cutwf Ifc* 

Le  Roi  Жеоеч  selgaear  de  ОагсЬэе,  par  M.  Lmiîs 

Bla3blabb.  come>p:oiin;  3e  l'Institut 1^7 

Sonnets,  par  M.  le  haros  de  Мггаозеят-влРТ-МАтс. ,       il 7 

Poésie*,  par  M.  1?  h*r:n  Kpp.  Gltlubekt --I 

Fondation  Iroa  M oujx -S$ 

Lisle  alphabet:  ;p?  des  п.е:г1  re>  de  TAc^itCiie  d'Ait. 

depuis  sa  f::>ià;2:n 2t>S 

Liste  des  meci  res *s5 

Lisle  des  S-tîett-s  c-rre^yoei  *aîes 


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