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Full text of "Mémoires"

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DÉLÉGATION   EN   PERSE 


MÉMOIRES 

TOME    VII 

RECHERCHES  ARCHÉOLOGIQUES 


DEUMEME    SERIE 


MINISTÈRE    DE    L'INSTRUCTIOiN    PUBLIQUE    ET    DES    BEAUX-ARTS 


Fvônce.      DÉLÉGATION  EN  PERSE 


MÉMOIRES 

PUBLIÉS   SOUS   LA  DIRECTION 
DE    M.    j.    DE    MORGAN,    délégué    général 

TOME   VII 

RECHERCHES  ARCHÉOLOGIQUES 

DEUXIÈME    SÉRIE 


PAR 


J.  DE  MORGAN,  G.  JÉQUIER 
R.   D1-:    .MKCQUENEM.    B.   HAUSSOULLIER,    Professeur  a  l'École    des  Hautes- Études 

D.   L.  GRAADT  VAN  ROGGEN,    Ingénieur 


7^^^^ 


10  -10  ,  3Q  , 


PARIS 
ERNEST    LEROUX,    ÉDITEUR 

28,   rue    BONAPARTE,    28 
1905 


H 


INTRODUCTION 


Le  second  volume  des  Recherches  Archéologiques  serait  depuis  longtemps  livré  au  public, 
si  je  n'avais  dit  accorder  tous  mes  soins  à  la  publication  immédiate  des  documents  épigraphiques 
découverts  à  Suse  dans  ces  dernières  campagnes.  Les  textes  se  trouvaient  être  si  nombreux  que 
j'ai  dû,  bien  des  fois,  renvoyer  à  l'année  saillante  la  mise  sous  presse  des  Mémoires  Archéologiques 
écrits  par  mes  collaborateurs  et  par  moi-même .  On  m'excusera,  je  l'espère,  d'avoir  sacrifié  pour 
un  temps  les  résultats  artistiques  de  nos  recherches,  en  faveur  des  documents  historiques,  juri- 
diques et  religieu.v. 

Avant  les  travaux  du  P.  Scheil  on  connaissait  si  peu  de  chose  de  l'histoire  élamite  que 
l'archéologue  se  trouvait  saiis  cesse  jvrt  embarrassé  quand  il  devait  assigner  une  date  au  moindre 
objet  susien,  il  ne  possédait  aucun  point  de  repère,  aucune  chronologie  sur  laquelle  il  lui  fût 
possible  de  s'appuyer  en  sécurité. 

Aujourd'hui  nous  avons  encore,  il  est  vrai,  beaucoup  à  apprendre  sur  l'histoire  de  la 
Susiane,  mais  du  moins  possédons-nous  les  grandes  lignes  des  modifications  subies  par  ce 
royaume.  Les  textes  nous  ont  révélé  non  seulement  la  liste  presque  coinplète  des  souverains, 
mais  aussi  beaucoup  de  renseignements  sur  les  usages  et  la  vie  du  peuple.  Ainsi  bien  des  faits 
se  trourent  expliqués. 

C'est  au  P.  Scheil  que  nous  devons  ces  grands  progrès,  c'est  lui  qui  nous  a  donné,  avec 
une  sûreté  et  une  rapidité  surprenantes,  les  traductions  de  ces  longs  et  difficiles  documents  pour 
lesquels  des  années  de  travail  eussent  été  nécessaires  à  d'autres  que  lui.  Trois  mois  lui 
ont  suffi  en  iço2  pour  traduire  et  publier  les  fameuses  lois  de  Hanimourabi;  en  moins  de 
deu.v  ans  il  donnait  les  traductions  des  textes  anzanites  qui,  depuis  vingt  ans,  résistaient  au.r 


INTRODUCTION 


efforts  de  tous  les  assyriologues;  je  ne  saurais  trop  lui  exprimer  mon  admiration  pour  d  aussi 
grands  travaux  et  ma  gratitude  pour  les  services  que,  depuis  sept  ans,  il  rend  à  la  Délégation. 

Mais  pendant  que  le  P.  Scheil  menait  à  bien  l'œuvre  considérable  qu'il  avait  entreprise, 
mes  autres  collaborateurs,  membres  ou  non  de  la  Délégation,  étudiaient  les  antiquités  mises  au 
jour  par  nos  fouilles,  et  rédigeaient  les  Mémoires  qu'aujourd'hui  je  livre  au  public.  Ces  travaux 
ontjburni  la  matière  de  deux  forts  volumes. 

Celui  que  je  présente  ici  au  lecteur  comprend,  en  premier  lieu,  une  importante  étude  de 
M.  G.  Jéquier  sur  les  objets  trouvés  isolément  dans  le  tell  depuis  iSgç)  jusqu'en  iço2  et  non 
encore  décrits. 

M.  R.  de  Mecquenem  journit  le  catalogue  raisonné  d'une  trouvaille  de  nombreux  objets 
élamites  l'aile  le  i"  janvier  \fj0.j,  bijoux,  statuettes,  figurines,  etc.,  qui  présentent  le  grand 
intérêt  d'être  les  seuls  documents  de  ce  genre  que  nous  possédions  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Haussoullier,  helléniste  bien  connu,  professeur  à  ï Ecole  des  Hautes-Etudes,  a  bien 
voulu  publier  dans  nos  Mémoires  les  rares  documents  grecs  fournis  par  nos  recherches.  Je 
ne  pouvais  mieux  faire  que  de  lui  en  confier  l'examen. 

M.  Graadt  Van  Roggen,  ingénieur  hollandais  de  grande  expérience,  chargé  par  le  gou- 
vernement persan  d'une  mission  en  Arabistan,  a,  sur  ma  demande,  fait  une  étude  très  approfondie 
des  moyens  employés  par  les  anciens,  et  plus  spécialement  les  Sassanides,  pour  répandre  dans 
les  plaines  de  la  Susiane  les  eaux'  de  ses  trois  grands  fleuves.  Ce  mémoire  présente  un  intérêt 
particulier  par  la  précision  et  la  méthode  avec  lesquelles  il  est  conçu.  M.  G.  ]\vi  Roggen  est, 
d'ailleurs,  un  spécialiste  pour  ces  questions  d'irrigation  si  bien  étudiées  par  le  corps  des  ingé- 
nieurs néerlandais. 

Enfin,  j'ai  moi-même  joint  à  ce  volume  quelques  notices  sur  l'état  actuel  des  travaux  à 
Suse  et  sur  deux  trouvailles  d'objets  anzanites  antérieures  à  la  découverte  des  offrandes  de 
fondation  du  temple  de  Chouchinak. 

Je  ne  ferai  pas  l'éloge  des  Iravau.x  de  mes  collaborateurs,  laissant  au  public  le  soin  de 
juger  la  valeur  de  leurs  mémoires.  La  plupart  sont  déjà  fort  connus  comme  archéologues.  Mais 


INTRODUCTION 


je  leur  exprimerai  ma  gratitude  pour  le  précieux  concours  ^ju'ils  veulent  bien  m  accorder. 
C'est  grâce  à  leur  bonne  volonté  et  à  leur  savoir  qu'il  m'est  possible  de  publier  nos  découvertes 
dans  d'aussi  bonnes  conditions;  j'espère  que  le  monde  savant  leur  en  saura  gré. 

Je  me  fais  un  devoir  de  remercier  ici  tout  spécialement  M.  Bayet,  directeur  de  V Enseigne- 
ment supérieur  au  Ministère  de  l' Instruction  Publique,  du  grand  intérêt  qu'il  porte  à  nos  travaux. 
Depuis  son  arrivée  au  poste  éniinent  qu'il  occupe  dans  notre  Département,  M.  Baxef  n'a 
cessé  de  me  prodiguer  encouragements  et  assistance  dans  l'accomplissement  de  ma  tâche.  La 
Délégation  lui  doit  beaucoup,  ainsi  qu'à  ses  prédécesseurs,  MM.  X.  Charmes  et  P.  Liard. 
Qu'il  me  soit  permis  de  leur  expriiner  toute  ma  reconnaissance. 


].  DE  Morgan. 


ETAT   DES   TRAVAUX   A   SUSE    EN   1904 


Mes  prévisions  au  sujet  de  la  richesse  de  l'Acropole  susien  s'étant  réalisées  au-delà  même 
de  mes  espérances,  dès  la  première  saison  de  fouilles  (1897-98),  c'est  sur  cette  partie  des  ruines 
que  j'ai  concentré  tous  mes  efforts  au  cours  des  sept  campagnes  qui  viennent  de  se  succéder. 

Quelques  travaux  avaient  été  faits  en  1898  dans  la  partie  des  ruines  dites  «  la  Ville  Royale  »; 
une  tranchée  de  200  mètres  de  longueur  sur  5  mètres  de  profondeur,  et  une  autre,  de  30  mètres 
sur  une  profondeur  de  15  mètres,  m'avaient  vite  appris  que  ces  collines  ont  été  fort  habitées  à 
l'époque  des  rois  achéménides,  et  que  les  débris  de  leurs  constructions  occupent  une  épaisseur 
considérable. 

Un  grand  nombre  de  tranchées,  conduites  avec  beaucoup  de  sagacité  par  M.  G.  Jéquier, 
dans  les  ruines  de  l'Apadana,  avait  permis  de  retrouver  le  véritable  plan  de  cet  édifice  considé- 
rable, dont  il  ne  reste  plus  aujourd'hui  que  d'informes  vestiges. 

J'étais,  par  ces  recherches,  pleinement  fixé  sur  l'avenir  que  pourraient  réserver  des  travaux 
entrepris  dans  le  palais  du  Roi  des  rois  et  dans  ses  annexes.  Je  savais  qu'ils  ne  me  fourniraient 
que  des  documents  d'importance  secondaire,  appartenant  à  une  période  déjà  fort  connue,  ou 
qu'ils  me  procureraient  la  médiocre  satisfaction  de  réduire  à  néant  quelques  théories  archéolo- 
giques tombées  d'elles-mêmes.  Je  renonçai  donc  pour  un  temps  à  la  Ville  Royale. 

Dans  notre  première  saison  de  fouilles,  l'autel  de  bronze,  l'obélisque  de  Manichtoii  Sou,  la 
stèle  de  Naram-sin  et  une  foule  de  textes  et  d'objets  de  moins  d'importance  étaient  venus  me 
prouver  que  l'Acropole  est  une  véritable  mine  d'antiquités  appartenant  en  majeure  partie  à  cette 
histoire  encore  inconnue  de  l'Elam,  et  aussi  à  celle  de  la  Chaldée,  dont  nous  ne  possédions  que 
des  fragments  mal  reliés  entre  eux.  C'est  là  que  pouvaient  se  faire  les  découvertes  les  plus  mar- 
quantes; je  n'hésitai  pas  à  commencer,  dès  la  première  campagne,  l'exploitation  méthodique  de 
cette  énorme  masse  de  débris. 

La  surface  supérieure  du  tell  de  l'Acropole  renferme  à  peine  deux  mètres  de  vestiges 
contemporains  des  rois  achéménides  ou  postérieurs  à  ces  princes.  C'est  dans  ces  couches  si  peu 
épaisses  que  se  trouvent  mélangés  les  restes  arabes,  sassanides,  parthes,  séleucides  et  perses,  et 
encore  trouvons-nous  souvent  aussi  des  objets  ou  des  matériaux  élamites  appartenant  à  toutes 
les  époques,  depuis  celle  des  Patésis  jusqu'aux  rois  susiens  contemporains  d'Assourbanipal .  Le 


ÉTAr  DliS  TR.WAUX  A  SUSE  EN  iqm 


mélange  est  complet  dans  les  couches  voisines  de  la  surtace.  C'est  que  les  matériaux  antiques 
ont  été  employés  de  nouveau  à  toutes  les  époques.  N'ai-je  pas  moi-même  tout  dernièrement 
construit  notre  habitation  et  ses  dépendances  avec  les  briques  élamites  et  perses  sortant  de  nos 

tranchées. 

Sur  les  bords  de  la  colline  sont  les  fondations  et,  souvent  aussi,  de  grandes  portions  des 
murailles  qui  firent  de  cette  Acropole  une  citadelle  au  temps  de  Xerxés.  Ce  mur,  d'un  tracé  très 
irrôgulier,  suivait  servilement  les  contours  du  tell.  Quelques  tours  en  défendaient  peut-être  les 
approches,  mais  je  dois  dire  que  jamais  je  n'en  ai  rencontré  la  trace.  La  fortification  n'était 
certes  pas  savante  sous  les  Achéménides,  si  j'en  juge  par  ce  qu'était  la  citadelle  susienne. 

Une  seule  ligne,  sans  tracé  géométrique,  d'épaisses  murailles  en  briques  crues,  point  de 
casemates,  pas  de  chemins  de  remparts,  pas  de  boulevards,  probablement  aussi  fort  peu  de 
tours,  très  irrégulièrement  réparties,  tel  était  l'ensemble  des  retranchements.  Quant  au  sommet 
des  murailles,  auxcrénaux,  on  ne  peut  en  rencontrer  le  moindre  vestige.  Tout  ce  système  de 
défense  devait  être  fort  simple,  car  la  construction  en  briques  crues  ne  permet  ni  encorbellement, 
ni  mâchicoulis,  ni  crénaux  compliqués.  La  forteresse  de  Suse  possédait  une  enceinte,  mais  c'est 
la  hauteur  du  tell  lui-même  et  la  rapidité  de  ses  pentes  qui  en  faisaient  la  principale  force. 

Ces  observations  m'auraient  sulTi  amplement  pour  fixer  mon  opinion  au  sujet  de  l'architec- 
ture militaire  des  Achéménides.  J'ai  cependant  examiné  avec  grand  soin  ce  qui  fut  les  remparts 
de  la  Ville  Royale,  et  mon  sentiment  n'a  pas  été  modifié  par  cette  étude.  Ce  qui  reste  des  fortifi- 
cations achéménides  de  Suse  n'est  pas  suffisant  pour  qu'on  puisse  reconstituer  les  plans  ;  quant 
aux  coupes  et  élévations,  il  serait  puéril  d'y  songer. 

Sur  l'Acropole,  j'ai  consciencieusement  suivi  l'intérieur  des  murailles  achéménides  avant 
que  de  les  démolir  dans  mes  tranchées  régulières;  puis,  négligeant  de  les  conserver,  ce  qui 
d'ailleurs  n'eût  pas  été  possible,  j'ai  donné  tous  mes  soins  aux  restes  élamites. 

A  deux  mètres  environ  de  profondeur  moyenne  commencent  les  couches  dans  lesquelles  les 
vestiges  élamites  ne  sont  plus  mélangés  à  des  restes  postérieurs,  mais  on  rencontre  toujours  des 
objets  très  anciens  à  côté  de  matériaux  plus  récents.  C'est  que  la  ville  de  Suse  était  très  mal 
construite,  que  la  terre  crue  y  jouait  un  rôle  prépondérant  dans  les  édifices,  et  qu'il  suffisait  d'un 
violent  orage  pour  renverser  un  quartier  tout  entier  de  temples  et  de  palais.  L'argile  s'étendait 
sur  le  sol  de  la  ville,  et  jamais  on  ne  l'employait  une  seconde  fois.  Seules  les  briques  cuites  et  les 
pierres  tirées  des  décombres  entraient  dans  les  constructions  nouvelles. 

j'ai  vu  à  Suse  de  ces  orages  dont  les  pluies  détruisent  en  quelques  minutes  les  murs  les 
plus  épais,  ne  laissant  à  la  place  des  constructions,  au  milieu  d'un  amoncellement  de  boue 
liquide,  que  le  peu  de  briques  cuites  employé  à  faire  de  loin  en  loin  des  chaînes. 

Après  l'écroulement  d'un  édifice,  les  ouvriers  se  mettaient  à  l'œuvre,  ramassaient,  pour  les 
utiliser,  les  anciens  matériaux,  négligeaient  les  fondations  et  rebâtissaient  sur  les  décombres, 
sans  les  déblayer. 

il  se  passait  aussi,  dans  les  parties  de  la  ville  qui  n'étaient  pas  ruinées,  ce  qui  se  produit 


ÉTAT  DES  TRAVAUX  A  SUSE  EN  1904 


dans  toutes  les  villes  d'Orient  :  la  pluie  entraîne,  des  terrasses  et  des  murailles  de  pisé,  la  boue 
qu'elle  dépose  dans  les  rues  et  sur  les  places  publiques  ;  peu  à  peu  le  sol  se  relève,  sous  ces 
apports  incessants,  et,  par  l'accumulation  des  issues  ménagères,  les  murs  s'enterrent,  les  portes 
deviennent  trop  basses  et  les  maisons  inhabitables.  On  en  construit  de  nouvelles  sur  les  ruines 
des  anciennes,  mais  au  niveau  des  rues  ainsi  relevé. 

Avec  ces  explications,  il  est  aisé,  je  crois,  de  comprendre  pourquoi  les  buttes  de  Suse  sont 
remplies  de  tronçons  de  murailles,  de  dallages  superposés,  sans  qu'il  existe  de  relation  entre  ces 
divers  morceaux,  pourquoi  le  même  mur  peut  à  la  fois  renfermer  des  briques  d'Idadoii  et  de 
Chilhak,  pourquoi  le  tell  renferme  tant  d'objets  qui  semblent  avoir  été  perdus. 

Au  fur  et  à  mesure  qu'on  descend  dans  le  sol,  les  couches  deviennent  plus  anciennes.  Ce 
n'est  pas  la  nature  d'un  objet  isolé  qui  peut  permettre  de  déterminer  l'âge  d'un  niveau,  mais 
les  documents  les  plus  récents  qu'on  y  rencontre,  et  surtout  l'absence  des  objets  appartenant 
aux  âges  postérieurs. 

Une  trouvaille  ne  peut  être  datée  qu'alors  que,  tous  les  éléments  étant  étudiés  à  part,  on  a 
distingué  les  pièces  les  moins  anciennes.  On  possède  alors  une  limite  d'âge  qui,  sans  être  rigou- 
reuse, est  voisine  de  l'exactitude.  Une  cachette  peut,  en  effet,  ne  renfermer  que  des  objets  déjà 
usagés  depuis  longtemps,  mais  rarement  elle  ne  contient  que  des  documents  antiques,  par 
rapport  à  l'époque  où  elle  a  été  enfouie. 

En  Chaldée,  les  conditions  sont  les  mêmes  qu'en  Èlam,  et  pour  les  mêmes  causes.  Parfois 
on  rencontre  des  monuments  assez  bien  conservés  pour  qu'il  soit  possible  d'en  relever  les  plans 
et  les  dessins.  C'est  ainsi  qu'à  Telloh  iVl.  de  Sarzec  a  découvert  le  palais  d'Our-Nina,  que  la 
mission  américaine  a  trouvé  à  Niffer  les  ruines  d'un  zigourat.  On  construisait  généralement 
plus  dans  ces  pays  qu'à  Suse,  en  briques  cuites,  et  les  murailles  se  sont  par  suite  mieux 
conservées.  Souvent  aussi,  à  Babylone  entre  autres,  le  bitume  tenait  lieu  de  ciment  et  les  masses 
de  maçonnerie,  ainsi  construites,  ne  peuvent  être  aujourd'hui  démolies  qu'à  la  poudre. 

je  ne  parlerai  pas  des  palais  de  K/iorsabad  et  de  Koyoundjik,  œuvres  relativement  mo- 
dernes, dans  lesquelles  la  brique  cuite  et  la  pierre  entraient  dans  de  fortes  proportions. 

A  Suse,  nous  n'avons  jusqu'ici  trouvé  qu'un  seul  édifice  en  briques  cuites  dont  le  plan  fût 
complet,  c'est  le  petit  temple  de  Chouchinak,  construit  en  matériaux  de  grés  émaillé;  partout 
ailleurs  règne  le  plus  grand  désordre. 

Découvrir  un  édifice  en  bon  état  de  conservation  n'implique  pas  qu'on  doive  forcément  y 
faire  de  grandes  trouvailles.  Le  palais  d' Our-Nina  'était  vide,  le  zigourat  de  Niffer  n'a  rien 
donné,  enfin  le  petit  temple  de  Chouchinak,  à  Suse,  n'a  fourni  que  des  briques  de  fondation  et 
une  statuette  de  bien  pauvre  apparence.  Si,  dans  les  palais  de  Ninive,  on  a  rencontré  un  grand 
nombre  de  documents,  c'est  qu'ils  ont  été  pris  et  détruits  au  moment  de  la  plus  grande  splendeur 
de  l'Assyrie.  Les  trésors  en  ont  été  pillés  par  les  Mèdes  et  les  Scythes,  mais  tout  ce  qui  ne  pou- 
vait être  pris  comme  butin  fut  abandonné,  et  la  ville  et  ses  édifices  furent  livrés  aux  flammes. 

Ninive,  sous  les  derniers  rois  assvriens,  était  la  maîtresse  de  l'Asie,  elle  avait  réuni  dans 


ÉTAT  DES   TR.W'AUX  A  SUSE  EN  1904 


SOS  murs  toutes  les  richesses  de  l'Orient  et  des  peuples  réduits  en  esclavage.  Les  rois  disposaient 
de  ressources  immenses  pour  la  construction  de  leurs  palais. 

Suse  n'a  jamais  occupé  une  situation  aussi  prépondérante:  ses  temples,  les  demeures  de 
ses  rois  étaient  modestes  en  comparaison  de  ceux  de  Babylone  et  de  Ninive.  Lorsque  Assour- 
banipal  la  détruisit,  il  ne  resta  de  ses  ruines  qu'un  amas  de  décombres  rapidement  nivelés  par 
les  pluies. 

Tout  ce  qui,  dans  les  trésors  susiens,  pouvait  être  pris  comme  butin,  fut  emporté  au  pays 
d'Assour,  le  reste  renversé,  brisé,  demeura  dans  les  ruines  sur  lesquelles  on  reconstruisit  presque 
de  suite,  sans  jamais  déblayer  le  sol. 

Suse,  au  moment  de  sa  chute,  renfermait  non  seulement  les  objets  d'art  et  les  documents 
historiques  du  pays  d'Elam,  mais  aussi  tout  ce  que  les  rois  susiens  avaient  rapporté  de  leure 
expéditions  en  Chaldée.  Assourbanipal  renvoya  la  déesse  A^aïza  dans  sa  ville  d' Ur.  Il  emporta 
pour  son  triomphe  les  statues  des  rois  d'I'!lam,  m.iis  il  négligea  ces  stèles,  ces  koudourrous.  ces 
statues  chaldéennes  qui  ne  présentaient  pour  lui  aucune  valeur.  Ce  sont  ces  monuments, 
mélangés  à  ceux  de  l'Élam,  que  nous  retrouvons  dans  nos  fouilles.  Le  butin  fait  par  les 
Assvriens  fut  immense,  on  en  chargea  tous  les  animaux  de  l'armée.  L'or,  l'argent  et  toutes  les 
matières  précieuses  prirent  le  chemin  de  Ninive;  mais  les  moyens  de  transport  furent  insuffi- 
sants, et  on  laissa  dans  les  décombres  de  grandes  quantités  de  bronze  qu'on  ne  pouvait  emporter. 

J'évalue  à  5  .000  kilos  environ  la  quantité  de  bronze  trouvée  jusqu'à  ce  jour  dans  le  tell  de 
Suse.  Ce  métal  représente  aujourd'hui  une  \aleur  de  7  à  8.000  Irancs,  il  constituait  alors  un 
véritable  trésor  qui,  malgré  son  grand  prix,  dut  èti"c  abandonné,  et  encore  ne  possédons-nous 
qu'une  très  faible  partie  de  ce  qui  (Lit  laissé  par  les  vainqueurs. 

La  ruine  définiti\e  de  la  Suse  élamile  fut.  nous  le  savons,  l'œuvre  des  Assyriens  :  mais, 
antérieurement  à  cette  catastrophe,  au  temps  des  souverains  indigènes,  des  Patcsis,  de  la 
domination  étrangère,  de  la  suprématie  sémitique,  combien  de  sièges  eut  à  subir  celle  cité, 
combien  de  fois  fut-elle  dévastée  par  les  révoltes,  par  les  incendies  et  les  tremblements  de  terre, 
nous  n'en  avons  pas  la  moindre  idée,  et  les  fouilles  seules  nous  renseignent  quelque  peu  à  cet 
égard.  Ici  est  un  épais  lit  de  cendres,  là  sont  des  murailles  renversées  dont  les  matériaux  gisent 
à  côté  des  fondations  elles-mêmes;  plus  loin,  des  dallages  de  briques  cuites,  des  pierres  de  taille, 
des  dalles  d'albàtrc  révèlent  le  site  où  s'élevait  jadis  un  monument,  que  des  causes  inconnues 
ont  fait  disparaître.  On  rencontre  par  milliers  les  pointes  des  flèches  tirées  lors  des  sièges  ou  des 
émeutes. 

Tous  ces  désastres,  partiels  ou  généraux,  subis  par  la  ville,  ont  causé  l'enfouissement  de 
stèles,  de  statues,  d'objets  de  tout  genre.  Lntre  des  murailles  de  briques  crues,  nous  retrouvons 
parfois  de  véritables  magasins  de  tablettes  inscrites;  ailleurs,  sans  que  rien  ne  vienne  nous  en 
faire  deviner  la  présence,  nous  rencontrons  des  cachettes  faites  dans  les  temps  d'inquiétude 
publique  ou  privée,  nous  découvrons  aussi  des  amoncellements  d'objets,  sans  qu'aucun  indice 
nous  permette  d'expliquer  leur  présence  sur  tel  ou  tel  point. 


ÉTAT  DES  TR.WAUX  A  SUSE  EN  1904 


Ces  faits,  très  précis  aujourd'hui,  je  les  avais  pressentis  des  1891,  lors  de  mon  premier 
voyage  en  Susiane;  ils  devinrent  pour  moi  une  certitude  quand,  en  1897-98,  j'eus  ouvert  ma 
première  tranchée  dans  le  tell  de  l'Acropole. 

Cette  butte,  de  35  mètres  de  hauteur  sur  plusieurs  centaines  de  mètres  de  lonf'-ueur  et  de 
largeur,  ne  pouvait  être  attaquée  de  la  même  manière  qu'un  monument  unique  ou  qu'une 
nécropole.  Je  ne  pouvais  procéder  ni  par  sondages,  comme  je  l'avais  fait  autrefois  en  Egypte,  ni 
par  tranchées  volantes  de  recherches,  suivant  la  méthode  employée  par  Loftus  et  M.  M.  Dieu- 
lafoy.  Le  désordre  dans  lequel  se  trouvent  les  antiquités  m'obligeait  à  une  e.xploitation  métho- 
dique. Il  fallait  examiner  toutes  les  terres  des  ruines  et,  par  suite,  organiser  mes  chantiers 
rationnellement,  afin  d'obtenir  le  meilleur  rendement  possible  de  la  main-d'œuvre  dont  je 
disposais,  rejeter  au  loin  les  déblais,  pour  ne  pas  être  encombré  et  forcé  de  les  remanier  plu- 
sieurs fois. 

J'organisai  sur  place  mes  travaux  pour  l'exploitation  complote  du  tell  de  l'Acropole. 
Je  traçai  un  axe  suivant  la  ligne  de  plus  grande  longueur  du  tell,  ligne  dirigée  sensiblement 
du  Nord  au  Sud,  puis  perpendiculairement  à  cet  axe,  à  droite  et  à  gauche,  je  traçai  dos  li^'nes 
distantes  entre  elles    do   cinq   mètres.    Ces    bandes  figurent   les  tranchées    avani   chacune    leur 
déversoir  de  déblais  sur  le  bord  du  tell,  à  la  distance  minima  do  transports. 

Verticalement,  je  divisai  la  hauteur  de  l'Acropole  en  sept  plans  distants  de  cinq  en  cinq 
mètres.  Chacun   de  ces  plans    me  donne  un  niveau,  que  les  chantiers  ne  dopassent  pas,  sauf' 
dans  des  cas  tout  à  fait  spéciaux. 

Il  ne  m'était  pas  possible  d'entreprendre  une  semblable  exploitation  sans  roula<j-e  des 
déblais  :  cinquante  wagonnets  de  300  litres  l'un,  deux  plate-formes  pour  le  transport  des  pièces 
lourdes,  et  deux  mille  mètres  de  rails  furent  apportés  de  France.  Je  tentai  également  l'usao-e 
des  brouettes,  mais  les  ouvriei'>s  no  s'}^  prêtèrent  pas. 

Les  outils,  pelles  et  pioches  furent  également  achetés  en  Europe. 

L'expérience  m'a  montré  que   les  meilleures  dimensions  pour  une  tranchée,  étant  donnée 

la  mam  d'œuvre  dont  nous  disposons,  est  une  largeur  de  cinq  mètres  et  une  profondeur  égale. 

Mes  tranchées  sont  donc  pour  tous  les  niveaux  (sauf  pour  le  i",  à  cause  de  l'irrégularité  de 

la  surface),  de  25  mètres  carrés  de   section;   leur   longueur  varie   suivant  la  position  qu'elles 

occupent  sur  le  tell . 

La  première  tranchée,  ouverte  en  1898,  et  portant  sur  le  plan  le  n°  35  (ancien  n"  7  du  plan 
de  1900.  Mém.  tome  I.  pi.  II),  était  de  90  mètres  de  longueur,  son  cube  au  déblai  était  donc  de 
2.250  mètres. 

Je  ne  garnis  jamais  une  tranchée  d'hommes  sur  toute  la  longueur,  l'attaque  générale 
exigerait  un  trop  grand  nombre  de  wagonnets  sur  la  même  voie,  et  il  en  résulterait  des  retards 
au  roulage.  J'emploie  50  hommes  environ  pour  chaque  tranchée;  cette  équipe  attaque  un 
tronçon  en  commençant  par  le  bord  du  tell,  le  mène  au  niveau  inférieur,  puis  entreprend  un 
autre  tronçon,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  achèvement  de  toute  la  tranchée. 


ÉTAT  DES  TRAWMJX  A  SUSE  EN  1904 


Pour  ouvrir  une  première  tranchée,  je  fais  disposer  la  voie  sur  le  sol  préparé  à  la  recevoir, 
et  les  ouvriers  creusent  sur  toute  la  longueur  sur  une  largeur  de  quatre  mètres,  et  jusqu'à 
2'"'o  de  profondeur  (demi-niveau).  La  voie  est  alors  placée  dans  le  terrassement,  la  banquette 
enlevée  et  le  niveau  normal  atteint  sur  quatre  mètres  de  largeur  :  reste  une  seconde  banquette 
qui  exige,  pour  disparaître,  une  troisième  pose  de  voie. 

Une  première  tranchée  étant  ouverte,  la  voie  est  disposée  contre  celle  à  ouvrir,  au  pied 
du  prisme  à  enlever  ;  les  ouvriers  n'ont  alors  qu'à  jeter  les  terres  de  haut  en  bas. 

Dans  nos  tranchées,  les  constructions  sont  réservées  avec  soin,  relevées,  portées  au  plan, 
puis  enlevées,  de  telle  sorte  que  nos  chantiers  sont  toujours  parfaitement  nets.  Cette  propreté 
est  indispensable  à  la  bonne  marche  des  travaux. 

Lorsqu'il  se  fait  une  trouvaille  importante,  l'objet  est  enlevé  de  suite;  si  son  poids  l'exige, 
une  plate-forme  le  transporte  au  magasin,  qu'une  voie  ferrée  relie  à  tous  les  chantiers. 

Si  la  découverte  comporte  un  grand  nombre  de  petits  objets,  les  ouvriers  sont  écartés  et 
nous  fouillons  nous-mêmes  soit  au  couteau,  soit  au  pic,  suivant  la  nature  de  la  trouvaille. 
Lorsqu'il  s'agit  de  bijoux,  de  perles,  ou  de  menus  objets,  autres  que  des  tablettes  d'argile,  les 
terres  sont  criblées  dans  l'eau  et  le  résidu  en  est  trié  à  la  presselle. 

Lorsqu'une  fouille  de  ce  genre  ne  peut  être  terminée  dans  une  seule  journée,  je  place,  sur 
le  site,  même  des  soldats  de  notre  petite  garnison  en  faction  jusqu'au  lendemain. 

Les  petits  objets  découverts  isolément  sont  conservés  par  les  chefs  de  chantier  et  remis  au 
moment  de  la  paie  des  ouvriers.  Les  découvertes,  grandes  ou  petites,  sont  toutes  récompensées 
par  un  cadeau  plus  ou  moins  important,  suivant  la  valeur  archéologique  de  la  trouvaille. 
Toutefois,  afin  d'éviter  les  détournements  et  de  laisser  les  ouvriers  dans  l'ignorance  de  ce  qu'ils 
trouvent,  je  ne  donne  jamais  que  des  sommes  minimes  pour  les  petits  objets,  réservant  les 
gratifications  plus  élevées  pour  les  monuments  qui,  par  leur  poids,  sont  garantis  contre  le  vol. 

Une  surveillance  incessante  des  ouvriers  est  exercée  par  les  Européens  et  par  des  indigènes 
depuis  longtemps  à  mon  service.  Aussi  les  détournements  sont-ils  fort  rares  ;  les  ouvriers 
remettent,  à  la  paie,  jusqu'aux  moindres  petits  objets. 

En  dehors  des  équipes  attachées  aux  tranchées  régulières,  j'ai  toujours  à  Suse  une  escouade 
volante  d'un  nombre  d'ouvriers  variant  entre  100  et  150  hommes.  Ces  équipes  travaillent  au 
premier  niveau,  sur  les  bords  du  tell,  dans  les  parties  où  le  transport  des  déblais  à  la  couffe 
(panier)  n'est  pas  trop  éloigné.  Je  trouve  à  ces  escouades  libres  l'avantage  de  mettre  toujours  à  ma 
disposition  bon  nombre  d'ouvriers  pour  remplacer  les  équipes  régulières  qui  feraient  défaut,  et 
aussi  d'abattre  sans  wagons  tout  le  pourtour  du  tell  jusqu'au  premier  niveau  et  d'abréger  ainsi 
les  transports  par  wagonnets. 

Le  travail  à  la  couffe  est  beaucoup  plus  lent  que  celui  des  chantiers  pourvus  de  wagonnets, 
il  exige  un  plus  grand  nombre  de  bras  et,  par  suite,  est  beaucoup  plus  coûteux. 

Les  tranchées  aboutissant  toutes  au  bord  du  tell,  il  serait  nécessaire,  en  ouvrant  un 
niveau  inférieur,  de  repousser  les  déblais  provenant  du  niveau  supérieur;  j'ai  obvié  en  partie  à  cet 


ÉTAT  DES  TR-U'AUX  A  SUSE  EN  1904 


inconvénient  en  laissant,  pour  soutenir  les  déblais,  une  banquette  peu  épaisse  de  terrain  vierge  et 
en  ouvrant  un  certain  nombre  de  portes  par  lesquelles  passent  les  wagonnets  pour  porter  les 
déblais  au  dehors.  Cette  muraille  de  terre  vierge  sera  reprise  à  la  fin  des  travaux,  alors  qu'il  sera 
possible  de  porter  les  déblais  dans  les  tranchées  abandonnées. 

Sans  tenir  compte  des  travaux  faits  dans  la  Ville  Royale  et  sur  le  site  de  l'Apadana,  en  ne  con- 
sidérant que  le  travail  fait  dans  l'Acropole,  les  calculs  me  montrent  que  depuis  le  i"  janvier  1897 
jusqu'au  i"  janvier  1904,  c'est-à-dire  au  cours  de  six  campagnes  de  fouilles,  il  a  été  enlevé 
222.275  mètres  cubes  de  terrain,  ce  qui  nous  donne  pour  chaque  année  une  moyenne  de  35.000 
mètres  cubes  environ. 

On  peut  évaluer  le  cube  de  chacun  des  niveaux  à  210.000  mètres  cubes  en  moyenne. 
Le  volume  total  du  tell  de  l'Acropole  (non  compris  l'espace  occupé  par  le  château)  est  donc  de 
1.500.000  mètres  cubes,  ce  qui  porte  à  quarante  ans  au  moins  la  durée  des  fouilles  de  cette  partie 
des  ruines  avec  les  moyens  dont  nous  disposons  actuellement. 

Je  dois  dire  que  le  cinquième  niveau,  qui  a  été  atteint  dans  une  tranchée  (n°  34),  ne  semble 
pas  devoir  fournir  beaucoup  de  découvertes.  Mais  les  travaux  à  cette  profondeurayimt  été  jusqu'ici 
de  peu  d'importance,  je  ne  saurais  me  prononcer  définitivement.  Il  y  aura  lieu,  auparavant,  de 
descendre  jusqu'au  niveau  n°  7,  qui    sûrement  sera   entièrement    préhistorique,  et  d'y  ouvrir 

plusieurs  tranchées. 

Les  niveaux  les  plus  riches  sont  sans  contredit,  jusqu'ici,  ceux  portant  les  n"M ,  2  et  3  :  c'est 
là  que  nous  avons  rencontré  les  plus  beaux  monuments  de  nos  collections.  Quant  aux  niveaux 
n°'4et5,  ils  n'ont  fourni  que  de  petits  objets   dont   le   grand  intérêt   est    d'être  extrêmement 

anciens. 

Entre  les  niveaux  n"  2  et  n''  3  se  trouvent  les  tablettes  archaïques,  déposées  en  tas  dans  les 
chambres  d'un  édifice  en  briques  simplement  séchées  au  soleil.  Ces  documents,  d'une  antiquité 
très  reculée,  montrent  une  écriture  formant  la  transition  entre  les  hiéroglyphes  et  les  caractères 
cunéiformes.  En  explorant  les  niveaux  inférieurs,  nous  courrons  la  chance  de  rencontrer  des 
textes  hiéroglyphiques  sur  pierre,  et  cette  considération  seule  impose  la  fouille  d'une  partie,  au 
moins,  des  niveaux  inférieurs". 

Dans  les  galeries  de  recherches  exécutées  en  1897-98,  le  niveau  inférieur  a  fourni  une  quan- 
tité de  débris  de  poterie  peinte  et  des  silex  taillés  appartenant  à  la  période  préhistorique  retrouvée 
en  1902-3,  près  de  Tepé  Mouçian,  par  M.  J.  E.  Gautier,  et  ces  vestiges  n'étaient  pas  accompa- 
gnés de  textes.  Il  ya  donc  des  probabilités  pour  que  les  débuts  de  l'écriture  aient  laissé  des  traces 
entre  la  cote  de  1 1""  (exactement  10", 93)  et  celle  de  22™  au  dessus  du  niveau  de  la  plaine,  la  pre- 
mière étant  celle  du  sol  de  ma  galerie  B\  et  la  seconde  celle  à  laquelle  ont  été  rencontrées  les 
tablettes  archaïques. 

1.  Nous  possédons  déjà  un  cylindre  portant  une  inscription  hiéroglyphique. 

2.  Cf.  tome  I,  p.  82. 


ÉTAT  DES   TRANAUX  A  SUSE  EN  1904 


Au  début  des  travaux,  pendant  les  trois  premières  campagnes,  nous  avons  porté  au  «  Livre 
des  fouilles  »  toutes  les  indications  relatives  aux  moindres  des  objets,  notant  non  seulement  la 
profondeur  à  laquelle  chaque  document  avait  été  rencontré,  mais  aussi  les  ordonnées  de  sa 
position  par  rapport  aux  côtés  de  la  tranchée  qui  les  renfermait. 

Bientôt,  ayant  reconnu  le  désordre  qui  règne  dans  les  ruines  de  l'Acropole,  j'ai  renoncé  à  ces 
observations  sans  utilité  et  causant  une  perte  de  temps  considérable,  réservant  ces  renseignements 
pour  les  monuments  importants  seulement.  Quant  à  la  profondeur  à  laquelle  sont  trouvés  les 
objets  elle  est  toujours  soigneusement  notée.  Notre  méthode  de  travail  se  prête,  d'ailleurs,  fort 
bien  à  des  observations  rapides. 

Les  murailles  et  les  dallages  ont  été  relevés  avec  beaucoup  de  soin,  malheureusement  nos 
plans  n'apprennent  encore  rien  sur  l'architecture  élamite.  Les  mêmes  matériaux  ayant  été 
employés  à  plusieurs  reprises,  il  est  impossible  de  dater  les  murs  qu'on  rencontre  eux  aussi  dans 
le  plus  grand  désordre.  L'apparition  d'un  modèle  de  briques  récent  permet  seule  de  distinguer 
les  constructions  de  basse  époque  de  celles  remontant  aux  âges  les  plus  anciens. 

Voici,  à  titre  d'exemple,  la  profondeur  à  laquelle  ont  été  trouvés  quelques  objets  : 

0  à  r"  Restes  arabes. 

i™.|0  Statue  de  bronze  d'Atapaksou. 

2^00  Base  de  colonne  achéménide,  bijoux  bizantins.  •   • 

2"'lo  Obélisque  de  Manichtou-Sou. 

3™oo  Stèle  de  Naram-Sin.  —  Koudourrous.  —  Barillets  des  Patésis. 

3"20  Fragments  destôles. 

y^o  Fragment  de  b^is-relicf. 

4'"j^o  Table  de  bronze. 

4'"50  Koudourrous,  fragments  de  bas-reliefs.  — Cornes  d'albâtre. 

6"'oo  Tablettes  de  terre  crue    (F.p.  des  Sargonides).  —  Sépulture  achéménide.   Vase   de 
bronze. 

y^oo  Bas-relief  de  bronze.   — Stèle. 
io'"oo  Colonne  de  bronze,  cônes  des  Patésis. 
i2'"5o  Tablettes  archaïques,  cachets  archaïques. 
20"'oo  Vases  d'albâtre,  vases  peints. 
25'"oo  Silex  taillés. 


FOUILLES    DE    SUSE 

1899-1900;     1900-1901;     1901-1902 


Description   des   Monuments 

Par   g.    JÉQUIER 


Le  compte  rendu  des  travaux  exécutés  à  Suse  par  la  Délégation  scientifique  française  pen- 
dant les  deux  premières  saisons,  donne  des  détails  circonstanciés  sur  le  terrain  et  la  manière  de 
pratiquer  les  fouilles  dans  le  tell  dit  de  la  Citadelle.  Les  conditions  n'ont  pas  changé  depuis  lors, 
et  si,  dans  les  trois  hivers  suivants,  les  efforts,  concentrés  sur  un  seul  point,  ont  considérable- 
ment étendu,  tant  en  surface  qu'en  profondeur,  le  champ  d'exploration,  le  travail  reste  toujours 
le  même.  Il  serait  donc  inutile  de  donner  ici  une  description  des  tranchées  aux  différents  niveaux 
et  je  me  bornerai  à  décrire  successivement  tous  les  monuments  découverts  de  1900  à  1902,  en  les 
classant  autant  que  possible  par  ordre  chronologique,  et  à  étudier  au  fur  et  à  mesure  les  notions 
nouvelles  qu'ils  peuvent  nous  donner  relativement  à  l'histoire  de  la  capitale  élamite. 

Les  fouilles  ont  été  dirigées,  pendant  la  saison  1899-1900.  par  M31.  Lampre  et  André  ; 
pendant  l'hiver  suivant,  par  MM.  de  Morgan  et  Lampre;  enfin,  de  1901  à  1902,  j'ai  été 
chargé  de  la  surveillance  des  travaux.  Depuis  lors,  deux  ans  se  sont  écoulés  et  ont 
apporté  à  la  science  des  documents  nombreux  et  très  importants  qui  sont  décrits  et  étudiés 
ailleurs  ;  je  ne  m'en  occuperai  donc  point,  mon  but  étant  de  retracer  le  résultat  des  découvertes 
en  mars  1902  ;  je  me  reporterai  seulement  au  dernier  volume  publié  par  le  P.  Scheil',  dont 
l'introduction  contient  la  classification  la  plus  complète  qu'il  soit  possible  de  donner  mainte- 
nant de  l'histoire  de  Suse. 

Ces  données,  sur  lesquelles  je  me  suis  basé  dans  cette  étude,  ont  été  tirées  par  le  P.  Scheil 
de  la  série,  déjà  très  considérable,  d'inscriptions  découvertes  à  Suse.  Ce  n'est  pas  encore  l'histoire 
proprement  dite  de  la  capitale  élamite  et  de  ses  souverains,  mais  de  simples  jalons  représentés 
par  des  séries  de  noms  de  rois  qui  viennent  se  relier  les  uns  aux  autres  et  qui  permettent  d'établir 
les  grandes  lignes  d'une  histoire  excessivement  mouvementée.  Siège  d'une  des  plus  anciennes 
civilisations  du  monde,  cette  ville  a  dû  passer  par  une  série  de  phases  très  diverses  de  puissance 
et  d'abaissement;   sans  cesse  prise   et  reconquise,  vassale  et  suzeraine,  elle  a  su  se  maintenir 

I.   Textes  élcimites  cinzanites,  tome  II. 


FOUILLES  DE  SUSE  (1S99-1902', 


pendant  des  milliers  d'années,  jusqu'à  une  époque  relativement  assez  rapprochée  de  nous.  C'est 
à  cette  longue  survivance  que  nous  devons  les  monuments  si  variés,  livrés  par  les  fouilles,  mais  c'est 
à  cette  même  cause  aussi  qu'il  faut  attribuer  le  fait  que  nous  n'avons  et  que  nous  n'aurons  proba- 
blement jamais  de  documents  architecturaux,  que  temples  et  palais  ont  disparu  sans  doute  pour 
toujours.  En  effet,  dans  une  ville  comme  Ninive,  qui  ne  s'est  jamais  relevée  de  sa  ruine,  on  a  pu 
retrouver  les  édifices  tels  que  les  avait  laissés  le  conquérant,  mais  à  Suse,  après  chaque  dévas- 
tation, —  et  il  semble  y  en  avoir  eu  plusieurs  —  les  survivants  s'empressaient  de  niveler  le  sol, 
puis  de  reconstruire  leur  capitale  en  réemployant  les  matériaux  qui  étaient  encore  utilisables;  aussi 
tous  les  monuments  en  briques  crues  et  cuites  ont— ils  disparu  les  uns  après  les  autres,  et  les 
quelques  vestiges  de  constructions  que  nous  pouvons  relever  au  cours  des  travaux  sont  si  incom- 
plets qu'ils  restent  incompréhensibles. 

Je  ne  pourrai  donc,  au  cours  de  ce  travail,  que  mentionner  les  traces  de  constructions,  dont 
il  est  impossible  de  relever  le  plan  et  la  destination.  Quant  aux  objets  découverts,  ils  peuvent 
aisément  se  classer,  soit  par  les  inscriptions  qu'ils  portent,  soit  par  leur  caractère  artistique,  soit 
encore  par  les  circonstances  de  leur  découverte.  Les  données  chronologiques  que  nous  donne  le 
P.  Scheil  suffisent  parfaitement,  pour  le  moment,  à  un  classement,  malgré  leurs  lacunes  consi- 
dérables ;  c'est  donc  d'après  ces  indications  que  je  diviserai  l'histoire  de  l'Elam,  ou  tout  au  moins 
de  sa  capitale,  en  un  certain  nombre  do  grandes  périodes,  dans  lesquelles  viendront  successive- 
ment se  ranger  tous  les  monuments  découverts. 

1.  Période  historique. 

2.  Période  archaïque  (jusque  vers  4.000  ans  av.  J.-C). 

3.  Suprématie  babylonienne.  Époque  des  Patésis  (de  .|. 000  à  2.300  environ). 

|.  Premier  royaume  susien  :  les  grands  conquérants  cl  les  sukkals  de  Suse  (de  2.300  à 
2.000). 

5.  Deuxième  royaume  susien  :  les  souverains  anzanites  (Oundachgal ,  vers  1800?) 

6.  Troisième  royaume  susien:  Choutrouk-Nakhounte  et  ses  successeurs  ()  .200  à  i.ooo 
environ). 

7.  Les  derniers  rois  d'Klam  et  les  guerres  avec  Ninive. 

8.  Les  rois  achéménides. 

9.  Périodes  grecque,  parthe,  sassanide  et  arabe. 

Telle  quelle,  cette  division  assez  précise,  ne  peut  guère  être  utilisée,  car  plusieurs  des  époques 
sont  loin  d'être  nettement  délimitées,  tout  spécialement  pour  les  monuments  qui  appartiennent  à 
la  période  des  Patésis  et  à  celle  des  grands  conquérants,  et  qui  ne  peuvent  encore  être  classés 
qu'approximativement  ;  de  même  aussi  pour  ceux  qui  remontent  aux  dernières  dynasties  de 
l'Èlam.  Je  .serai  donc  obligé,  de  m'en  tenir  à  une  classification  plus  large  et  surtout  plus  élastique, 
quitte  à  y  revenir  plus  tard,  quand  nous  serons  mieux  documentés. 


Période    préhistorique 


PREMIÈRE    ÉPOQUE 


Les  galeries  souterraines  pratiquées  pendant  la  première  saison  des  fouilles,  dans  les 
couches  inférieures  du  tell  de  la  citadelle,  nous  avaient  déjà  fait  entrevoir  les  restes  d'une 
civilisation  très  ancienne,  bien  nettement  distincte  de  celles  qui  la  suivirent.  La  céramique  si 
caractéristique  de  cette  époque  a  été  étudiée  par  M.  de  Morgan,  dans  le  premier  volume  des 
Mémoires,  d'après  les  quelques  fragments  trouvés  à  ce  moment-là,  mais  ces  morceaux,  dont 
beaucoup  avaient  été  ramassés  dans  les  éboulis,  au  pied  du  tell,  n'étaient  pas  assez  nombreux 
pour  pouvoir  être  classés  d'une  manière  définitive.  C'est  maintenant  seulement  que  nous  avons 
atteint  par  une  grande  tranchée  à  ciel  ouvert  le  niveau  où  l'on  trouve  cette  poterie  en  grande 
quantité,  que  nous  pouvons  en  toute  certitude,  l'attribuer  à  une  période 
antérieure   aux  époques  historiques. 

Le  gisement  des  vases  peints,  en  terre  fine,  commence  à  20  mètres 
environ  au-dessous  du  niveau  primitif  où  furent  tracées  les  premières 
tranchées,  soit  à  1 5  mètres  à  peu  près  au-dessus  de  la  plaine.  C'est 
pour  ainsi  dire  la  seule  chose  que  nous  ayons  rencontrée  à  cette  profon- 
deur-là :  la  céramique  grossière,  si  abondante  au-dessus,  fait  ici  presque 
complètement  défaut,  et  de  même,  les  petits  objets  sont  extrêmement 
rares.  Je  ne  puis  citer,  dans  cette  catégorie,  qu'une  petite  masse  ovoïde 
en  pierre  blanche,  striée  de  traits  irréguliers,  tracés  en  creux,  et  une 
petite  figurine  de  femme,  en  terre,  d'une  facture  extrêmement  grossière, 
qui  contraste  d'une  manière  frappante  avec  les  statuettes  de  Beltis,  si 
nombreuses  aux  étages  supérieurs  (fig.  i).  Il  n'a  été  découvert  à  Suse 
qu'une  seule  statuette  d'un  stvle  analogue;  quoiqu'elle  ait  été  trouvée 
au  premier  niveau,  elle  paraît  bien  appartenir  à  la  même  époque. 

Les  silex  taillés  ne  sont  pas  plus  abondants  dans  cette  zone  qu'aux  niveaux  supérieurs,  et 
je  ne  pourrais  dire  si  les  habitants  de  Suse,  à  cette  époque,  en  étaient  encore  à  !  âge  de  la  pierre. 
Il  n'a  été,  il  est  vrai,  découvert  dans  cette  région  aucun  instrument  en  bronze,  mais  cette  donnée 
purement  négative  est  loin  d'avoir  une  valeur  absolue,  car  nous  n'avons  encore  pu  pénétrer  à 
cette  profondeur  que  par  une  seule  tranchée,  large  de  5  mètres.  L'hypothèse  que  les  vases  peints 
remontent  à  une  époque  antérieure  à  la  découverte  des  métaux  est  cependant  fort  plausible,  car 
dans  les  couches  immédiatement  supérieures,  qui  ont  été  ouvertes  sur  une  surface  bien   plus 


Fig.  I 
(3/s  grandeur  naturelle) 


FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902) 


étendue,  il  n'a  été  trouvé  aucune  trace  ni  de  bronze,  ni  d'autres  métaux,  pas  plus,  du  reste,  que 
de  monuments  portant  des  inscriptions. 

C'est  donc  la  céramique  seule,  en  somme,  qui  caractérise  cette  période;  malheureusement 
ces  vases,  dont  quelques-uns  atteignaient  de  très  grandes  dimensions,  sont  si  délicats,  qu'il  ne 
nous  en  est  guère  parvenu  que  des  fragments.  Ces  morceaux,  trouvés  en  grande  abondance, 
suffisent  néanmoins  pour  nous  donner  une  idée  très  exacte  de  leur  décoration  et  de  leur  forme, 
et  nous  montrent  que  les  potiers  de  cette  époque,  loin  d'en  être  à  leur  coup  d'essai,  avaient  déjà 
acquis  la  plus  grande  habilité  dans  leur  art.  Une  longue  expérience  leur  avait  appris  à  triturer 
l'argile  de  manière  à  obtenir  une  pâte  extrêmement  fine,  dont  le  secret  se  perd  complètement 
plus  tard,  et  à  donnera  leurs  vases  des  formes  d'un  galbe  excessivement  délicat,  qui  dénote  la 
présence,  chez  ces  ouvriers  des  temps  primitifs,  d'un  sentiment  artistique  très  développé.  Il  en 
est  de  même  des  ornemanistes  qui  couvraient  les  vases  de  motifs  de  décoration  jetés  habilement, 
d'un  coup  de  pinceau  très  sur,  et  qui  non  seulement  alternent  les  lignes  et  les  figures  géomé- 
triques avec  un  goût  parfait,  mais  }■  joignent  souvent  des  figures  d'animaux  fort  curieuses. 

Ces  motifs  de  décoration  sont  assez  importants  et  assez  variés  pour  mériter  une  étude 
spéciale  ;  je  ne  m'en  occuperai  donc  pas  ici  et  me  bornerai  à  décrire  en  peu  de  mots  les  types  les 
plus  courants  de  ces  vases,  au  point  de  vue  des  formes,  qui  peuvent  être  aisément  reconstituées 
d'après  les  fragments,  car  ce  n'est  que  pour  les  petits  vases  que  nous  avons  des  exemplaires 
complets.  Autant  qu'on  peut  en  juger,  ces  formes  étaient  excessivement  variées,  et  l'on  ne  trouve 
jamais  deux  vases  exactement  semblables.  Il  y  a  cependant  certain  types  généraux  qui  reviennent 
souvent  et  qu'on  reconnaît  sans  difficulté,  malgré  les  différences  de  détail  '. 

Un  des  modèles  les  plus  employés,  qui  se  faisait  dans  toutes  les  grandeurs,  est  de  forme 
complètement  sphérique,  terminé  à  sa  partie  supérieure  par  un  petit  goulot  très  élégant.  Nous 
avons  encore  une  variante  plus  originale  du  même  type,  un  vase  dont  le  fond  seul  est 
complètement  arrondi  et  qui  se  termine  en  haut  par  une  partie  plate,  au  centre  de  laquelle  se 
détache  le  goulot. 

Ces  ustensiles  n'avaient  par  eux-mêmes  aucune  stabilité  et  devaient  sans  doute  être  placés 
sur  de  petits  supports.  Parfois  aussi  ils  sont  munis  à  leur  partie  supérieure  de  quatre  petits 
renflements  percés  chacun  d'un  trou  qui  devait  servir  à  les  suspendre.  Nous  retrouverons  cette 
disposition  assez  curieuse  dans  les  époques  suivantes. 

D'autres  vases  nous  donnent,  comme  en  réduction,  un  modèle  très  répandu  maintenant 
encore  dans  tout  l'Orient,  celui  des  grandes  jarres  dans  lesquelles  les  femmes  vont  chercher  l'eau  : 
la  forme  générale  représente  une  sorte  de  cône  très  évasé  dans  le  bas  et  se  terminant  par  un  fond 
légèrement  bombé,  tandis  qu'en  h^mt  le  col  est  assez  étroit. 

A  côté  de  cela,  je  citerai  encore  toutes  les  variétés  d'écuelles,  soit  complètement  arrondies, 

I.  A  mon  grand  regret,  je  ne  puis  insérer  ici  les  dessins  de  vases  qui  devaient  accompagner  le  texte  et  qui,  pin- 
suite  de  diverses  circonstances,  n'ont  pu  6tre  exécutés.  Je  suis  donc  obligé  de  me  contenter  d'une  description  sommaire 
de  ces  ustensiles,  sur  lesquels  un  travail  d'ensemble  sera  entrepris  ultérieurement. 


PÉRIODE  PREHISTORIQUE 


soit  à  fond  plat,  avec  une  bordure  plus  ou  moins  évasée,  et  enfin  une  sorte  de  grands  gobelets, 
légèrement  élargis  à  leur  partie  supérieure  ;  les  parois  en  sont  si  fines  que  nous  n'avons  pu 
retrouver  que  des  fragments  de  ce  modèle  très  courant,  qui  est  toujours  décoré  d'une  manière 
des  plus  heureuses  avec  des  chevrons  et  des  lozanges. 

DEUXIÈME   ÉPOQUE 

La  zone  dont  nous  venons  de  nous  occuper  n'a  été  en  somme,  qu'effleurée  par  nos  fouilles. 
Celle,  par  contre,  qui  se  trouve  immédiatement  au-dessus,  a  été  traversée  sur  toute  son  épaisseur, 
soit  quatre  à  cinq  mètres  en  moyenne,  par  trois  grandes  tranchées  (15  mètres  de  large  sur  90 
de  long)  et  nous  a  fourni  des  documents  très  variés,  en  grande  quantité. 

Ici  nous  sommes  en  présence  d'une  civilisation  toute  différente,  qui.  au  point  de  vue  artistique 
du  moins,  paraît  inférieure  à  celle  qui  la  précède  :  c'est  à  la  céramique  que  nous  pouvons  en  juq-er, 
car,  ici  aussi,  c'est  ce  qu'il  v  a  de  plus  abondant.  Au  lieu  de  ces  vases  si  fins  qui  nous  paraissent 
être  des  objets  de  luxe,  nous  n'avons  plus  guère  que  des  ustensiles  très  ordinaires,  d'une  facture 
grossière,  destinés  évidemment  à  satisfaire  les  exigences  journalières  de  la  vie  d'une  population 
encore  peu  développée. 

Le  modèle  le  plus  courant,  dont  les  exemplaires  se  trouvent  par  centaines,  représente  une 
sorte  d'écuelle  ou  de  jatte  à  fond  plat  et  à  bords  très  évasés  ;  la  terre  est  grossière,  rougeâtre,  les 
parois  épaisses.  Ces  ustensiles  très  primitifs  étaient  faits  à  la  main,  sans  l'aide  du  tour  ;  leur  dimen- 
sion moyenne  est  de  i  5  centimètres  de  diamètre  environ". 

Je  ne  sais  trop  quelle  destination  on  peut  attribuer  à  des  écuelles  du  même  genre,  mais  dont 
le  centre  est  occupé  par  une  sorte  de  pommeau,  creux  à  l'intérieur,  fermé  en  haut  et  parfois  aussi 
en  bas,  légèrement  évasé  et  plat  en  dessus,  dépassant  un  peu  les  parois  du  vase,  dans  le  sens  de 
la  hauteur  ;  cet  élément  bizarre  est  soudé  au  fond  de  la  coupe. 

Ce  même  genre  de  travail  rudimentaire  se  présente  aussi  dans  des  vases  extrêmement  épais, 
de  forme  à  peu  près  cylindrique,  munis  parfois  d'un  rebord  saillant.  D'autres  encore,  de  la  même 
facture,  figurent  plus  ou  moins  un  cône  renversé,  et  se  rétrécissent  à  la  partie  supérieure,  au  centre 
de  laquelle  se  trouve  le  col. 

A  côté  de  ces  vases  très  grossiers,  il  s'en  trouve  d'autres  d'une  terre  plus  fine  et  mieux 
travaillée,  qui  ont  certainement  été  faits  au  tour.  Les  plus  fréquents,  et  en  même  temps  les  plus 
caractéristiques  de  cette  catégorie  sont  ovoïdes,  très  étroits  du  fond  et  plus  ou  moins  évasés  au 
col  ;  à  la  partie  supérieure  de  la  panse  se  détache  un  goulot  très  effilé.  La  pâte  est  rouge  ou  jaune, 
suivant  le  degré  de  cuisson  auquel  elle  a  été  soumise.  Les  parois  sont  parfois  ornées  de  lignes 
horizontales  de  peinture  foncée.  Une  variante  de  ce  type  nous  montre  des  vases  plus  arrondis,  qui 
rappellent  un  peu  nos  théières  modernes. 

I.  Cf.  Mémoires,  1,  p.  84  et  189. 


,^  FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902) 


Les  nombreux  vases  de  petites  dimensions,  trouvés  à  ce  niveau,  sont  très  variés,  autant  par 
leurs  formes  que  par  leur  facture  ;  les  uns  sont  grossièrement  façonnés  à  la  main,  les  autres,  en 
pâte  relativement  fine,  soigneusement  tournés.  On  y  retrouve  certains  types  déjà  employés  à 
l'époque  précédente,  cntr'autres  ces  vases  munis  à  leur  partie  supérieure  de  quatre  petits  tenons, 
destinés  à  les  suspendre. 

La  poterie  peinte  de  la  première  période  préhistorique  ne  se  retrouve  plus  guère  à  cet  étage 
qu'à  l'état  de  menus  fragments,  ce  qui  montre  assez  clairement  que  si  l'on  utilisait  encore  des 
vases  anciens,  on  n'en  fabriquait  plus  de  semblables.  Un  nouveau  genre  de  céramique,  dont  les 
morceau.x  se  rencontrent  en  assez  grand  nombre,  semble  cependant  être  une  imitation  de  cet 
art  dont  on  avait  perdu  le  secret.  Les  ressemblances,  il  est  vrai,  ne  sont  guère  qu'apparentes,  et 
un  e.xamen  même  rapide  des  différents  fragments,  montre  bien  vile  l'infériorité  des  nouveaux 
potiers  vis-à-vis  de  leurs  devanciers.  L'argile  est  moins  fine,  moins  bien  malaxée,  plus  poreuse  ; 
les  dimensions  augmentent  sensiblement,  mais  les  parois  sont  plus  épaisses  et  les  formes  moins 
élégantes;  les  couleurs  ne  sont  plus  si  fraîches  et  si  délicates,  et  rentrent  presque  partout  dans  la 
gamme  des  bruns  et  des  rouges  ;  de  même  aussi,  les  motifs  de  décoration  ont  changé. 

Les  vases  de  pierre  sont,  sinon  abondants,  du  moins  assez  répandus  à  cette  époque  ;  ils  se 
présentent  le  plus  souvent  sous  la  forme  de  coupes  à  fond  plat  ou  arrondi  qui  atteignent  parfois 
de  très  grandes  dimensions  :  un  ustensile  de  cette  nature  dont  nous  avons  retrouvé  beaucoup  de 
fragments,  devait  avoir  au  moins  40  centimètres  de  diamètre.  La  matière  dans  laquelle  ils  sont 
tournés  n'est  pas  très  dure  :  c'est  soit  du  grès,  soit  du  calcaire  blanc  ou  rosé  d'un  grain  très  fin. 
L'albâtre,  d'un  usage  si  fréquent  à  l'époque  suivante,  est  rare  dans  cette  zone:  il  n'est  guère 
représenté  que  par  un  seul  objet,  un  vase  d'une  forme  peu  commune,  ma!  évidé  et  taillé  gauche- 
ment, orné  à  sa  partie  inférieure  de  six  facettes. 

Aucun  indice  ne  peut  nous  faire  supposer  si  l'écriture  était  en  usage  dans  ce  temps-là.  Par 
contre,  nous  commençons  à  trouver  des  cachets,  ce  qui  est  toujours  le  signe  d'une  civilisation  déjà 
assez  avancée.  Je  donne  plus  loin,  dans  un  mémoire  spécial,  la  description  de  tous  les  sceaux 
archaïques  trouvés  à  Suse  jusqu'à  présent.  Aussi,  me  bornerai-je  ici  à  un  très  bref  examen  des 
formes  générales. 

Le  type  de  ces  cachets  est  des  plus  simples  ;  ce  n'est  en  général  qu'un  petit  objet,  en  forme  de 
section  de  sphère,  percé  d'un  trou  dans  toute  sa  longueur,  et  portant  à  sa  face  inférieure  des 
représentations  d'animaux  sculptés  grossièrement  en  creux  à  l'aide  de  la  bouterolle  et  de  la  pointe. 
Quelques  modèles,  beaucoup  plus  soignés  comme  exécution,  représentent  un  lion  ou  une  tête  de 
lion,  mais  portent  toujours  sur  la  partie  plane  les  mêmes  représentations  animales.  Ces  cachets 
étaient  peut-être  portés  au  milieu  d'un  de  ces  colliers  de  perles  en  terre  cuite  dont  nous  retrouvons 
çà  et  là  des  éléments  de  formes  très  diverses. 

A  cette  profondeur  du  tell,  on  découvre  de  nombreux  vestiges  de  constructions,  consistant 
en  murs  de  briques  crues  ou  de  terre  piléc,  comme  on  les  a  faits  de  tout  temps  à  Suse  et  dans  les 
pays  environnants.  Malheureusement,  le  poids  des  terres  reposant  sur  les  restes  des  édifices  à 


PÉRIODE  PRÉHISTORIQUE 


demi  détruits  a  fait,  ici  comme  partout  dans  le  tell,  une  masse  compacte  et  homogène  des  murs 
encore  debout  et  des  éboulis  qui  se  trouvent  à  coté.  Il  est  impossible,  au  moment  où  l'on  creuse, 
de  distinguer  les  murailles,  et  à  plus  forte  raison,  de  les  suivre.  Ce  n'est  qu'en  examinant,  une 
fois  les  fouilles  terminées,  les  coupes  que  présentent  les  tranchées,  qu'on  peut,  surtout  après  un 
jour  de  pluie,  reconnaître  la  trace  de  ces  édifices  disparus.  A  de  légères  différences  de  teintes,  on 
peut  alors  distinguer  les  parois  des  murs  et  même  les  joints  des  briques,  et,  à  défaut  de  rensei- 
gnements plus  précis,  tout  ce  que  l'on  peut  dire,  c'est  que  les  briques  de  cette  époque  sont 
semblables,  comme  dimensions,  à  celles  qui  étaient  employées  à  la  bonne  époque  de  l'empire 
élamite,  et  que  le  mode  de  construction  ne  devait  pas  différer  beaucoup  de  celui  des  temps 
postérieurs. 

L'examen  attentif  de  ces  coupes  de  terrain  nous  amène  encore  à  une  autre  considération, 
bien  plus  importante  au  point  de  vue  historique.  Tous  les  murs  dont  je  viens  de  parler  sont 
ruinés  à  un  certain  niveau,  qui  est  partout  le  même,  entre  i6et  17  mètres  au-dessous  du  sommet 
primitif  du  tell,  et  entre  eux  se  trouvent,  dans  les  décombres  des  constructions  de  terre  crue, 
de  grandes  poches  pleines  de  cendres,  de  tessons  de  pots  et  de  détritus  de  toute  sorte.  Au-dessus 
de  cette  zone,  les  monuments  ne  sont  plus  de  la  même  nature  et  mettent  brusquement  sous  nos 
yeux  une  civilisation  toute  différente.  Ces  indices,  qui  ne  sont,  il  est  vrai,  pas  encore  très 
concluants,  mais  qui  se  confirmeront  sans  doute  au  cours  des  prochaines  fouilles,  me  portent  à 
croire  qu'il  y  eut,  à  un  moment  donné,  un  changement  complet  dans  l'existence  de  l'ancienne 
Suse.  Sans  doute,  pendant  une  invasion,  la  ville  fut  prise  et  détruite,  et  les  envahisseurs  s'y 
installèrent,  apportant  avec  eux  une  civilisation  plus  avancée  que  celle  des  vaincus,  et  dès  lors 
cette  dernière,  supplantée,  disparut  sans  laisser  de  traces. 

Il  me  reste  encore  à  mentionner  le  fait  que  les  habitants  de  Suse,  à  cette  époque,  savaient 
déjà  faire  des   briques  cuites  ;  celles  que  nous  avons  retrouvées  formaient  les  éléments   d'une 
petite  construction  circulaire,  d'une  seule  brique  d'épaisseur.  Elles  sont  encore  très  primitives, 
grossièrement  modelées,   d'une   mauvaise    cuisson,   et    très    irrégulières   comme    dimensions. 
Toutes  ont  la  forme  d'un  setîment  d'anneau. 


Période   archaïque 


Immédiatement  au-dessus  de  la  zone  préhistorique  et  de  ses  constructions  ruinées,  se 
trouve  une  C(juche  de  peu  d'épaisseur  (un  ou  deux  mètres  au  plus),  qui  ne  renferme  les  vestiges 
d'aucun  édifice  et  ne  contenait  pour  ainsi  dire  aucun  objet.  Il  semble  qu'on  ait  voulu,  à  un 
moment  donné,  remplacer  les  monuments  qui  venaient  d'être  détruits  et  niveler  les  ruines,  de 
manière  à  obtenir  une  plate-forme  à  peu  près  régulière  sur  le  sommet  du  tell. 

Cette  donnée,  si  elle  est  confirmée  par  les  fouilles  prochaines,  vient  à  l'appui  de  l'hypo- 
thèse que  j'ai  proposée  plus  haut^  à  savoir  que  Suse  aurait  été,  à  une  époque  extrêmement 
ancienne,  prise  et  détruite  de  fond  en  comble,  puis  remplacée  par  une  ville  nouvelle,  construite 
par  les  envahisseurs,  gens  appartenant  à  une  race  plus  civilisée,  et  auxquels  nous  devons  les 
premiers  documents  écrits. 

Les  inscriptions,  qui  sont  sans  contredit  ce  que  cette  époque  nous  a  laissé  de  plus  important, 
se  rencontrent  sur  des  tablettes  dont  la  publication  in  extenso  sera  faite  ailleurs  par  le  P.  Schcil  ; 
je  me  bornerai  donc  ici  à  renvoyer  le  lecteur  à  ses  planches  et  ne  donnerai  que  quelques  détails 
sur  la  découverte  et  sur  le  caractère  paléographique  de  ces  monuments. 

Ces  tablettes  sont  rarement  isolées  :  nous  en  avons  trouvé  plusieurs  gisements,  dont  deux 
assez  considérables.  Elles  paraissent  avoir  été  empilées,  ou  plutôt  jetées  pêle-mêle  dans  les 
angles  de  chambres  dont  les  murs  ont  disparu  ;  elles  étaient  tellement  enchevêtrées  les  unes  dans 
les  autres  qu'il  fallut  les  plus  grandes  précautions  pour  les  dégager,  et  malgré  cela,  les  plus 
petites  seules  sont  sorties  intactes  des  décombres,  et  les  autres,  souvent  très  fragmentées,  ont 
dû  être  reconstituées  après  coup,  une  fois  durcies  par  leur  séjour  à  l'air. 

La  matière  est  une  sorte  d'argile  très  fine  et  très  bien  triturée,  d'un  brun  foncé,  parfois  un 
peu  rougeâtrc,  qui  n'a  subi  aucune  cuisson  ;  très  friable  au  moment  de  la  découverte,  cette  pâte 
se  durcit  peu  à  peu  au  contact  de  l'air.  Elle  a  été  façonnée  en  forme  de  pains  rectangulaires  plus 
ou  moins  allongés,  de  dimensions  très  diverses  :  si  quelques  tablettes  n'ont  guère  que  trois 
centimètres  sur  six,  d'autres  atteignent  jusqu'à  o™  25  sur  o"  20.  La  surface  est  soigneusement 
polie,  et  les  signes  s'y  détachent  encore  le  plus  souvent  avec  une  netteté  parfaite,  mais  il  arrive 
parfois,  surtout  pour  les  plus  grandes  tablettes,  que  cette  sorte  de  couverte,  sans  doute  moins 
soigneusement  travaillée,  soit  complètement  mangée,  ce  qui  rend  les  inscriptions  à  peu  près 
illisibles. 

Les  textes  dont  ces  tablettes  sont  couvertes  nous  montrent  des  signes  très  curieux,  qui  nous 
reportent  à  une  période  tout  à  fait  ignorée  jusqu'ici,  du  développement  de  l'écriture  cunéiforme  : 
ce  ne  sont  plus  les  hiéroglyphes   primitifs,   mais  des  signes  très  différents  de   ceux  des   plus 


PÉRIODE  archaïque  i? 


anciens  monuments  chaldéens,  et,  à  plus  forte  raison,  de  l'écriture  assyrienne  classique;  ils 
semblent  avoir  subi  une  autre  évolution  dont  nous  ne  connaissons  pas  les  dififérentes  étapes. 
Ils  sont  de  grandes  dimensions,  nettement  et  régulièrement  gravés,  souvent  combinés  et  inscrits 
l'un  dans  l'autre  et  forment  des  lignes  d'un  centimètre  de  hauteur  au  moins  ;  les  traits  sont 
d'une  sûreté  de  main  qui  atteste  une  longue  habitude  de  l'écriture,  d'une  écriture  qui  aura  dû 
sans  doute,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  se  développer  dans  un  pays  autre  que  Suse. 

Au  revers,  les  tablettes  portent  le  plus  souvent,  comme  les  contrats  des  époques  postérieures, 
l'empreinte  de  cylindres  ornés  de  représentations  animales.  Je  reviendrai  dans  un  autre  mémoire 
sur  ces  petits  monuments,  qui  sont  de  la  plus  haute  importance  pour  l'histoire  des  origines  de 
l'art  en  Mésopotamie  et  en  Susiane. 

On  trouve  aussi  parmi  les  tablettes,  mais  le  plus  souvent  en  amas  isolés,  des  morceaux 
d'une  terre  analogue,  mais  moins  fine,  grossièrement  pétris  à  la  main  et  qui  n'ont  en  général 
pas  de  forme  déterminée  ;  ils  portent  en  général  des  empreintes  de  cylindres,  semblables  à  celles 
qui  ornent  le  verso  des  tablettes.  Ces  mottes  d'argile  devaient  servir,  soit  à  boucher  des  vases, 
soit  à  sceller  des  envois  de  provisions  ou  de  marchandises. 

Les  cylindres  sont  beaucoup  plus  rares  que  leurs  empreintes,  mais  nous  avons  pu  cependant 
en  recueillir  plusieurs  exemplaires  en  bon  état;  ils  sont  le  plus  souvent  faits  en  une  sorte  de 
pâte  émailléi  verdàtre,  fine  et  très  dure. 

La  céramique  est  très  peu  abondante  dans  cette  couche,  et  les  rares  ustensiles  qu'on  y 
rencontre  sont  peu  caractéristiques  et  ne  se  distinguent  guère  de  ceux  des  autres  époques.  Par 
contre,  la  fabrication  des  vases  d'albâtre  s'est  considérablement  développée,  et  nous  en  avons 
trouvé  ici  beaucoup  plus  que  partout  ailleurs.  Ces  vases  ont  tous  été  découverts  dans  les  mêmes 
conditions  que  les  tablettes  et  exactement  au  même  niveau,  aussi  y  a-t-il  les  plus  grandes 
probabilités  pour  qu'ils  appartiennent  à  la  même  époque. 

Les  formes  de  ces  albâtres  sont  en  général  semblables  à  celles  qui  étaient  déjà  employées 
pour  la  poterie,  à  l'époque  précédente.  Nous  retrouvons  tout  d'abord  ces  vases  en  forme  de 
cône  renversé,  très  étroits,  qui  sont  parfois  munis  d'un  goulot  à  leur  partie  supérieure,  près  du 
col  ;  les  dimensions  en  sont  très  variables.  Un  vase  qui  peut  se  rattacher  au  même  type  est  orné 
de  lignes  verticales  et  horizontales,  tracées  irrégulièrement  à  l'ocre  rouge;  les  autres  ne  portent 
plus  trace  de  peinture. 

Des  modèles  très  répandus  aussi  sont  ceux  de  la  coupe  plate  et  de  la  jatte;  c'est  dans  cette 
dernière  catégorie  qu'il  faut  ranger  deux  grands  et  beaux  vases  d'ordre  plutôt  composite  :  la 
panse  est  constituée  par  une  sorte  de  jatte,  fermée  à  sa  partie  supérieure  par  une  surface  à  peu 
près  plate,  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  un  col  étroit  ;  tout  à  côté  se  dresse  un  petit  goulot,  et, 
sur  le  bord  opposé,  une  anse  finement  décorée  de  lignes  droites  ou  entrecroisées.  En  plus  de 
cela,  sur  le  plat  du  vase,  nous  avons  encofe  ces  quatre  petits  renflements  que  nous  avons  déjà 
vus  dans  la  céramique  la  plus  ancienne. 

Les  formes  sont  beaucoup  plus  variées  encore  dans  la  série  des  tout  petits  vases,  destinés 


i8 


FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902) 


sans  doute  à  renfermer  des  onguents  ou  des  parfums  (fîg.  2-9).  Souvent  ils  sont  agrémentés 
d'une  ornementation  très  simple,  gravée  à  la  pointe.  Je  ne  relèverai  ici  qu'une  sorte  de  godet 
doutle,  étroit  et  très  creux,  avant  d'arriver  aux  formes  les  plus  curieuses  qui  nous  représentent 
soit  des  oiseaux  (canards  ou  aigles?),  soit  des  poissons,  simplifiés  autant  que  possible;  l'orifice 


FiG.  2-9.  —  Vases  oAi.BATRr:  (grandeur  naturelle) 

du  vase  se  trouve  sur  le  dos  de  l'animal  (fig.  10-11),  et  le  creux  est  insignifiant,  pouvant  à  peine 
contenir  quelques  gouttes  de  liquide,  ce  qui  me  ferait  croire  que  ce  sont  plutôt  des  objets  d'un 
caractère  décoratif  ou  même  votif'.  Une  figurine  de  la  même  catégorie  nous  montre  un  animal 


I.  Le  seul  point  où,  à  ma  connaissance,  on  ait  retrouvé  des  vases  semblables,  est  l'Egypte.  Dans  les  fouilles  de 
Kom-el-Ahmar,  on  a  découvert  deux  petits  objets  en  serpentine,  en  forme  d'oiseaux,  qui  ont  avec  les  nôtres  les  plus 


PÉRIODE  archaïque 


accroupi,  ressemblant  à  un  singe,  qui  tient  ses  deux  pattes  de  devant  à  la  hauteur  de  son 
museau  ;  cette  petite  statuette,  très  naturelle  d'allure  et  élégante  de  forme,  n'a  jamais  été  évidée  à 
l'intérieur  et  n'a  pu,  comme  les  autres,  servir  de  récipient. 


10 


13 


^^M^^ 


FiG.   10-14. 


12  r3 

\'ases  d'ai.uatre  f.n  forme  d'animaux  (grandeur  naturelle) 


Presque  tous  ces  objets  d'albâtre  ont  dû  être  calcinés  dans  un  incendie;  sous  l'action  d'un 
feu  violent,  la  matière  s'est  désagrés^ée,  devenant  ainsi  blanche  et  friable,  et  la  surface  de  ces 
vases,  complètement  rongée,  est  actuellement  rugueuse  et  piquée  de  petits  trous. 


grandes  analogies  et  qui  datent  de  lu  première  dynastie  (Quibell,  Hier:icoupolis,  I.  pi.  XX,  n'^^  2  et  4).  Ces  ressemblances 
ne  sont  du  reste  pas  les  seules  qu'il  y  ait  entre  l'époque  dont  nous  nous  occupons  ici  et  le  commencement  de  l'empire 
égyptien  :  j'aurai  l'occasion  d'y  revenir  à  propos  des  cylindres  dont  les  tablettes  nou'^  ont  conservé  l'empreinte. 


Époque   des   Patésis 


Au-dessus  de  la  zone  où  ont  été  trouvés  les  vases  d'albâtre  et  les  tablettes,  le  terrain  devient 
extrêmement  confus,  et  nous  n'en  pouvons  tirer  aucun  renseignement  sur  les  péripéties  de 
l'histoire  de  Suse.  Sans  doute  la  ville  a  souvent  changé  de  maîtres,  m.ais  jusqu'à  l'expédition 
d'Assourbanipal,  elle  n'a  plus  été  détruite  de  fond  en  comble. 

Les  constructions,  qui,  selon  la  coutume  du  pays,  étaient  presque  exclusivement  en  briques 
crues,  ne  pouvaient  durer  bien  longtemps;  quand  elles  menaçaient  ruine,  on  les  rasait  et  on  les 
reconstruisait  sur  le  même  emplacement,  et  ainsi,  au  cours  des  siècles,  le  niveau  du  tell  s'élevait 
peu  à  peu.  Seuls,  les  matériaux  qui  pouvaient  encore  être  utilisés  étaient  soigneusement  mis  de 
côté  et  réemployés  dans  les  nouveaux  édifices,  aussi  nous  retrouvons  les  briques  cuites  réunies 
au  même  étage,  celui  de  la  Suse  détruite  par  les  Assyriens,  et  nous  n'en  voyons  pour  ainsi  dire 
aucune  à  la  place  qu'elle  occupait  primitivement,  dans  les  couches  mférieures. 

11  ne  faut  donc,  à  partir  de  ce  moment,  plus  songer  à  trouver  les  objets  en  place,  et  les 
circonstances  de  la  découverte  n'ont  plus  que  très  peu  d'importance  pour  la  classification 
historique.  Je  ne  ferai  donc  plus  guère  que  citer  les  petits  objets  dont  l'époque  exacte  est  pour 
ainsi  dire  impossible  à  déterminer  et  qui  sont,  du  reste,  peu  nombreux  et  peu  importants  ;  je 
décrirai  seulement  les  monuments  qui,  par  leurs  inscriptions  ou  par  leur  caractère  artistique, 
sont  faciles  à  déterminer  et  à  classer. 

Pendant  la  longue  suite  de  siècles  qui  s'étend  du  début  des  temps  historiques  jusque  vers 
2300  av.  J.-C,  Suse  n'était  pas  indépendante.  Nous  la  voyons  tantôt  soumise  directement  aux 
dynasties  qui  régnaient  sur  la  Babylonie.  tantôt  gouvernée  par  des  patésis,  petits  princes  locaux 
dont  le  titre  même  indique   un  état  de  vassalité  et  qui  avaient  sans  doute  les  rois  chaldéens 

pour  suzerains. 

Il  n'est  pas  impossible  que  les  rois  de  Kisch  et  d'Agadé  aient  régné  à  Suse.  mais  nous 
n'en  avons  pas  de  preuve  certaine  :  l'obélisque  de  Manichtousou  parle  d'achats  de  terrains  en 
Babylonie,  et  il  est  probable  que  c'est  de  là  qu'il  a  été  apporté.  Nous  avons  du  même  roi  un 
fra^^mcnt  informe  de  statue  qui,  d'après  une  inscription  postérieure",  faisait  partie  d'un  groupe 
le  représentant  à  coté  de  son  fils,  mais  ce  monument  a  aussi  été  amené  d'ailleurs,  à  l'époque  où 
Choutrouk-Nakhounte  collectionnait  les  souvenirs  des  anciens  rois,  nationaux  ou  étrangers. 

C'est  ce  même  roi  qui  installa  à  Suse  la  stèle  triomphale  de  Naram-Sin;  la  présence  d  un 
fragment  de  vase  d'albâtre  portant  aussi  le  nom  de  Naram-Sin'  ne  prouve  pas  nécessairement 

1.  Scheil,  Textes  èlam.  ain.,  I,  42. 

2.  Scheil,  7e.v/es  alam.  séin.,  II,  1. 


PL  1 


BAS- RELIEFS   ARCHAÏQUES 
trouvés  à  Suse 


HéhoiDujardin 


ÉPOQUE  DES  PATESIS 


qu'il  ait  rég-né  à  Suse,  et  quant  à  la  brique  de  construction  qui  lui  avait  été  attribuée",  elle 
appartient  sans  doute  à  un  autre. 

Nous  avons  par  contre  des  documents  plus  précis  sur  les  rois  de  la  deuxième  dynastie 
d'Our.  Le  fait  qu'on  a  retrouvé  à  Suse  des  briques  portant  les  noms  de  Dounghi  et  de  Ghimil- 
Siii',  prouve  que  ces  souverains  y  ont  non  seulement  régné,  mais  aussi  \'  ont  fait  construire  des 
édifices.  ■   ' 

Il  y  eut  durant  cette  longue  période  —  nous  le  savons  par  les  inscriptions  bab3doniennes  — , 
des  luttes  perpétuelles  entre  la  Chaldée  et  la  Susiane,  luttes  dans  lesquelles,  semble-t-il,  ce  der- 
nier pays  eut  presque  toujours  le  dessous,  sans  toutefois  succomber  complètement.  Il  y  avait  en 
ce  temps-là  à  Suse  des  princes  autochtones,  les  patésis.  qui,  jouissant  sans  doute  d'une  indépen- 
dance relative,  s'occupaient  activement  à  embellir  leur  capitale  en  y  érigeant  des  temples  et 
d'autres  monuments. 

Ces  édifices,  qui  ont  maintenant  tout  à  fait  disparu,  devaient  être  nombreu.K  et  importants, 
à  en  juger  par  la  quantité  de  briques  à  inscriptions  archaïques,  qui  sont  parvenues  jusqu'à  nous, 
disséminées  sur  tous  les  points  du  tell.  Grâce  à  ces  briques,  nous  avons  le  nom  do  plusieurs 
patésis,  mais  nous  en  connaissons  un  plus  grand  nombre  encore  par  les  inscriptions  d  un  roi 
postérieur,  Chilhak-In-Chouchinak  (vers  iioo)  qui  restaura  les  temples  construits  par  ses 
ancêtres^  dont  il  mentionne  respectueusement  les  noms.  La  liste  est  loin  d'être  complète,  il  est 
vrai,  et  l'ordre  de  succession  de  ces  seigneurs  ne  sera  sans  doute  pas  établi  de  longtemps,  mais 
nous  voyons,  par  toutes  ces  données,  que  la  civilisation  et  le  mode  de  gouvernement  étaient  les 
mêmes,  à  cette  époque,  à  Suse  que  dans  les  autres  principautés  de  la  Chaldée. 

Les  textes  lapidaires  des  patésis  sont  rares;  nous  pouvons  cependant  citer  un  beau  fragment 
de  stèle  de  Karibou-Cha-Chouchinak ,  dont  nous  possédions  déjà  une  statuette  d'albâtre  et  des 
cônes  de  fondation.  C'est  un  morceau  de  calcaire  brun,  auquel  il  manque  peu  de  chose  pour  être 
complet;  l'inscription  en  est  très  nette  et  finement  gravée'. 

C'est  èildadou  que  semble  appartenir  une  sorte  de  grande  auge  en  grès  :  la  forme  géné- 
rale est  celle  d'une  dalle  rectangulaire  à  coins  arrondis,  où  aurait  été  creusé  un  bassin  peu  pro- 
fond; elle  mesure  i"'o4de  long,  o"'70  de  large  sur  o'"2i  de  haut.  Le  travail  est  assez  grossier,  et 
l'inscription  qui  fait  le  tour  des  faces  verticales  est  un  peu  fruste  à  l'endroit  même  du  nom. 

En  plus  de  ces  monuments  portant  des  inscriptions,  il  a  été  trouvé  à  Suse  un  certain  nombre 
de  bas-reliefs  que  leur  style,  très  archaïque,  permet  de  ranger  dans  la  même  période,  ou  à  peu 
près.  Je  les  décrirai  donc  ici,  quoiqu'il  soit  très  possible  qu'un  ou  deux  d'entre  eux  ne  remontent 
pas  tout  à  fait  aussi  haut,  et  appartiennent  peut-être  à  l'époque  suivante,  pendant  laquelle 
régnèrent  à  Suse  des  vice-rois  des  grands  conquérants  élamites;  ces  deux  époques  se  touchent  de 

1.  Scheil,  Textes  él.iin.  sent.,  I,  82;  II,  8. 

2.  Scheil,  Textes  et. vn.  sém.,  II,  8. 

3.  Scheil,  Textes  él.im.  sém..  II.  4  (pi.  II)  :  cf.  I,  p.  ^9. 


23  FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902! 


trop  près  pour  que  nous  puissions  actuellement  classer  d'une  manière  précise  les  objets  qui  ne 
portent  pas  d'inscription. 

La  première  de  ces  sculptures,  un  fragment  de  dalle  de  grès  de  0^54  sur  o"-44,  représente  un 
de  ces  o^énies  fantastiques  qui  sont  particuliers  à  la  mythologie  chaldèenne  (v.  pi.  I).  Comme 
facture,  nous  sous  sommes  loin  du  grand  art  de  l'époque  de  Naram-Sin;  par  contre,  ce  monu- 
ment a  la  plus  grande  analogie  avec  les  bas-reliefs  archaïques  de  Tello,  la  même  technique 
rude,  grossière  et  inhabile. 

Le  personnage,  dont  la  partie  supérieure  du  corps  seule  est  celle  d'un  homme,  est  debout, 
tenant  des  deux  mains  les  rameaux  dun  arbre  sacré  dressé  devant  lui,  tel  qu'il  est  représenté  sur 
quelques  cylindres  chaldéens  :  un  fut  vertical  duquel  sortent  de  petits  rejetons  recourbés. 

La  figure  a  un  aspect  bestial  très  particulier:  l'œil,  énorme  et  disproportionné,  est  serti 
d'une  ligne  creuse;  le  nez  est  proéminent  et  busqué,  et  le  bas  du  profil,  iuyant.  La  bouche  est 
surmontée  d'une  mince  moustache  retombante,  et  la  barbe,  formée  à  sa  naissance  de  petites 
boucles  régulières,  est  divisée  en  une  série  de  tresses  droites  qui  s'étalent  en  carré  sur  la  poitrme. 
Un  bandeau  strié,  terminé  par  un  ornement  qui  a  la  forme  d'une  oreille  d'animal,  constitue  la 
coiffure,  d'où  s'échappe  une  lourde  tresse  de  cheveux  enroulée  sur  elle-même  à  la  hauteur  de 
l'épaule.  Le  sommet  de  la  tète  était  surmonté  de  grandes  cornes  recourbées,  qui  venaient 
retomber  jusqu'à  la  hauteur  de  l'œil;  celle  de  devant  seule  est  conservée. 

A  partir  des  reins,  le  corps  se  termine  par  des  pattes  d'animal,  peut-être  des  griffes  d'aigle, 
derrière  lesquelles  se  relève  une  queue  de  lion.  Cette  partie  inférieure  du  bas-relief  a  presque 

complètement  disparu. 

Un  monstre  semblable  à  celui-ci  lui  faisait  probablement  (ace,  si  l'on  en  juge  par  la  dispo- 
sition symétrique  des  rameaux  de  l'arbre  sacré  et  par  les  représentations  analogues  que  nous 
possédons.  La  scène  ne  finissait  du  reste  pas  là  :  on  peut  en  effet  distinguer  derrière  le  génie  une 
sorte  de  tore  moucheté  qui  devait  taire  partie  d'un  autre  personnage  tout  aussi  fantastique. 

Un  second  bas-relief  (o'"44  sur  o"'^j;  cf.  pi.  1)  nous  montre  un  travail  beaucoup  plus 
soigné  et  plus  fini;  la  pierre  même  dans  laquelle  il  est  sculpté,  une  diorite  à  grain  très  fin, 
explique  suffisamment  ce  fait,  car  les  matières  les  plus  dures  devaient  nécessairement  être  tra- 
vaillées par  les  ouvriers  les  plus  habiles. 

Nous  avons  ici  la  représentation  d'un  convoi  de  prisonniers  :  deux  personnages  complète- 
ment nus,  les  mains  attachées  derrière  le  dos,  marchent  vers  la  droite,  poussés  en  avant  par  un 
guerrier,  armé  d'une  hache  étroite  et  longue,  qui  saisit  de  la  main  gauche  le  cou  du  dernier  des 
captifs.  Son  costume  consiste  en  un  pagne  descendant  jusqu'aux  genoux,  un  peu  plus  court 
devant  que  derrière,  attaché  par  une  ceinture  qui  fixe  également  une  pièce  de  vêtement  recou- 
vrant le  torse  et  l'épaule  droite.  La  coiffure  est  représentée  par  un  bourrelet  qui  passe  au-dessus 
de  l'oreille,  laissant  v<jir  les  cheveux,  tandis  que  les  prisonniers  ont  la  tète  complètement  rasée, 
à  part  trois  mèches  ramenées  sur  le  sommet  du  crâne. 


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BASE  D'OBELISQUE 
trruvef  a  Suse 


PL  II 


ÉPOQUE  DES  PATÉSIS  23 


Il  ne  reste  qu'une  très  petite  partie  du  registre  supérieur  où  était  figuré  le  massacre  des 
prisonniers;  on  n'y  distingue  plus  que  deux  personnages  agenouillés,  juste  le  nécessaire  pour 
que  nous  puissions  deviner  cette   scène,   assez    fréquente    sur    les   monuments  de   l'ancienne 

Chaldée. 

L'allure  des  figurants,  dans  les  deux  scènes,  est  naturelle  et  pleine  de  vie;  les  corps  sont 
bien  campés  et  modelés  avec  soin,  les  muscles  indiques  sans  exagération.  Par  contre,  les  bras 
des  captifs  sont  plantés  d'une  façon  assez  malhabile,  ceux  du  vainqueur  sont  trop  courts,  et  les 
tètes,  lourdes  et  sans  expression,  ont  des  yeux  des  plus  primitifs. 

Tous,  vainqueurs  et  vaincus,  appartiennent  à  la  même  race;  ces  formes  trapues,  ces  tètes 
rondes  et  imberbes,  tous  les  traits  sont  encore  ceux  de  la  race  des  Négritos,  dont  on  retrouve  en 
Arabistan  de  nombreux  représentants,  et  qui  furent  avec  les  Sémites,  peut-être  même  avant  eux. 
les  plus  anciens  maîtres  de  la  Suse  historique.  Ce  fragment  appartenait  sans  doute  à  un  monu- 
ment destiné  à  commémorer  une  lutte  entre  deux  tribus  du  pays,  à  une  époque  que  nous  ne 
pouvons  connaître  exactement,  mais  qui  doit  être  très  ancienne. 

Nous  retrouvons  une  scène  absolument  semblable  sur  un  autre  monument,  qui  doit  certai- 
nement aussi  appartenir  à  l'époque  des  palésis.  C'est  la  base  d'une  sorte  d'obélisque  a  section 
carrée,  dont  les  faces  vont  en  se  rétrécissant  régulièrement  à  mesure  qu'elles  s'approchent  du 
sommet  ;  actuellement  toute  la  partie  supérieure  a  disparu,  et  le  bloc  ne  mesure  plus  que  o'"44 
de  haut;  la  largeur  des  faces,  à  la  base,  est  de  0^58  et  de  0^50. 

L'action  se  déroule  au  pied  d'une  forteresse  dont  on  voit  encore  le  pied  des  nombreuses  tours 
se  dressant  au-dessus  d'un  monticule  représenté  par  une  zone  formée  d'imbrications  régulières 
et  arrondies  (v.  pi.  II);  elle  comportait  à  l'origine  quatre  scènes  dont  l'une  a  complètement 
disparu  avec  la  dernière  face.  C  était  là  sans  doute  qu'était  représentée  la  bataille,  tandis  que  sur 
les  autres  côtés  nous  voyons  les  cadavres  dévorés  par  les  oiseaux  de  proie,  puis  un  convoi  de 
prisonniers  et  enfin  le  massacre. 

Les  scènes,  très  simplement  conçues,  ne  représentent  qu'un  nombre  restreint  de  person- 
nages. Ici,  ce  sont  trois  cadavres  étendus  dans  des  poses  invraisemblables,  abandonnés  aux  vau- 
tours; l'un  d'eux  a  déjà  un  bras  détaché  du  corps.  Plus  loin,  un  guerrier,  vêtu  d'un  simple 
pagne  court,  pousse  devant  lui  d'un  geste  impérieux  un  groupe  de  prisonniers,  un  homme  nu, 
une  femme  (?)  habillée  d'un  petit  jupon,  et  un  enfant.  Enfin,  un  autre  guerrier,  vêtu  de  la  même 
manière  que  le  précédent,  assomme  d'un  coup  de  casse-tête  un  captif  agenouillé  devant  lui, 
tandis  qu'un  troisième,  brandissant  un  arc,  amène  sur  le  lieu  du  massacre  un  autre  prisonnier, 
les  mains  liées  derrière  le  dos. 

Les  gestes,  un  peu  naïfs,  sont  expressifs,  mais  l'exécution  est  grossière  et  maladroite.  .Alalgré 
cela,  la  différence  est  très  bien  marquée  dans  les  différentes  figures,  entre  les  vainqueurs,  à  la 
tète  grosse  et  imberbe,  au  cou  énorme,  semblables  à  ceux  dans  lesquels  j'ai  cru  reconnaître  des 
Négritos,  et  les  vaincus,  dont  le  corps  est  plus  grêle,  la  tête,   longue  et  fine,  ornée  d'une  grande 


2^  .  FOUILLES  DE  SUSE  0  899-1902) 


barbe.  Étant  donné  l'état  un  peu  fruste  de  la  sculpture,  où  l'on  ne  distingue  aucun  détail,  je  ne 
saurais  dire  si  nous  avons  affaire  ici  à  des  Sémites  ou  à  des  Anzanites  de  la  même  race  que  les 
soldats  de  Choutrouk-Nakhounta.  sur  le  bas-relief  de  bronze. 

Ce  bas-relief,  de  même  que  le  précédent,  rappelle  à  première  vue,  par  le  sujet  et  par  la  fac- 
ture, la  fameuse  stèle  des  vautours,  et  les  plus  anciens  monuments  du  même  type  trouvés  en 
Basse-Mésopotamie,  aussi  je  ne  crois  pas  qu'il  soit  trop  hasardeux  de  les  faire  remonter  à  la 
même  époque. 

Le  monument  dont  il  me  reste  à  parler  est  peut-être  un  peu  plus  récent,  mais  ne  peut  pas 
davantao'e  être  daté  d'une  manière  absolument  certaine;  les  costumes  des  personnages  repré- 
sentés offrent  des  analogies  frappantes  avec  certains  bas-reliefs  et  cylindres  chaldéens  antérieurs 
à  Hammourabi,  aussi  est-ce  dans  cette  période  que  je  crois  devoir  le  ranger. 

La  stèle  en  question,  haute  et  étroite  (o'"74  sur  o^aS  et  0^15  ;  v.  pi.  III),  est  sculptée  sur 
trois  faces,  tandis  que  la  quatrième  semble  n'avoir  jamais  été  travaillée  et  était  sans  doute 
adossée  à  une  muraille;  peut-être  même,  étant  donné  la  disposition  des  personnages  qui  la 
décorent,  était-ce  le  montant  gauche  de  la  porte  d'un  temple  ou  d'une  chapelle.  A  part  la  partie 
supérieure  qui  est  brisée,  le  monument  est  à  peu  près  complet,  mais  la  face  principale  est  très 
usée  par  le  frottement,  et  comme  le  relief  est  peu  saillant,  on  ne  distingue  plus  guère  que  le 
contour  des  personnages.  Les  deux  petits  côtés  sont  mieux  conservés. 

Les  trois  faces  représentent,  non  plus  des  scènes  de  guerre  ou  de  massacre,  mais  des  sujets 
religieux  et  symboliques.  Chacun  est  divisé  par  des  bandes  horizontales  en  trois  registres  nette- 
ment distincts. 

Le  panneau  principal  porte  deux  figures  debout  en  face  l'une  de  l'autre;  celle  de  gauche, 
absolument  imberbe,  semble  représenter  une  femme  qui  élève  ses  deux  mains  à  la  hauteur  du 
menton,  en  signe  d'adoration;  elle  est  coiffée  d'une  calotte  ronde  terminée  par  une  boule,  et  d'où 
s'échappe  une  grosse  tresse  de  cheveux,  enroulée  en  forme  de  chignon.  Le  costume  consiste  en 
une  lourde  robe  d'une  étoffe  de  laine  à  longs  poils,  simulant  toute  une  superposition  de  volants; 
ce  vêtement  se  termine  à  la  hauteur  des  chevilles,  qui  sont  ornées  de  bracelets.  —  L'autre  per- 
sonnage est  sans  doute  un  dieu  :  il  porte  une  longue  barbe,  coupée  en  carré  sur  la  poitrine,  et 
ses  cheveux  s'enroulent  sur  sa  nuque;  la  tête  est  coiffée  d'une  tiare  à  quatre  rangs  de  cornes, 
surmontée  d'une  boule.  La  main  gauche  est  repliée  sur  la  poitrine,  tandis  que  la  droite  s'élève 
comme  pour  bénir  l'adoratrice.  Toute  cette  figure  est  très  effacée,  et  il  ne  reste  plus  aucun  détail 
de  la  robe,  qui  a  exactement  la  même  forme  que  l'autre  et  laisse  aussi  les  pieds  à  découvert. 

Au-dessus  de  la  scène  se  dresse  un  lion  (?)  marchant  vers  la  droite,  dont  la  tête  a  disparu. 
Dans  le  registre  inférieur,  un  homme  nu,  barbu,  peut-être  un  cadavre,  est  étendu,  les  membres 
écartés,  au-dessous  des  pieds  du  dieu,  à  côté  de  deux  objets  que  je  ne  puis  définir. 

Les  deux  faces  latérales,  beaucoup  plus  étroites  que  la  précédente,  portent  des  représenta- 
tions qui  se  font  pendant.  Sur  les  deux  registres  supérieurs,  à  droite  comme  à  gauche,  se  tient 


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STELE   TROUVEE  A  SUSE 


PL  III 


ÉPOQUE  DES  PATÉSIS  25 


une  divinité  marchant  vers  la  droite.  C'est  d'abord,  d'un  côté,  un  génie  à  corps  humain  et  à 
pattes  de  taureau,  dont  la  tête  a  disparu  et  qui  tient  à  deux  mains  un  sceptre  ;  au-dessous  de  lui 
se  trouve  la  figure  la  mieux  conservée  de  toute  la  stèle,  un  personnage  imberbe  dans  lequel  on 
peut  être  tenté  de  reconnaître  la  déesse  Istar',  qui  appuie  la  jambe  gauche  sur  la  tète  d'un  lion 
étendu  à  ses  pieds  et  tient  d'une  main  un  long  sceptre  terminé  par  une  pomme  qui  se  dresse 
entre  deux  petites  ailes  retombantes.  La  tète  est  coiffée  d'un  bonnet  conique  terminé  en  haut  par 
une  petite  boule,  en  bas  par  un  bourrelet  qui  enserre  le  crâne;  un  collier  pend  sur  la  poitrine; 
un  sorte  de  jupe  ouverte,  en  étoffe  à  longs  poils  et  frangée  dans  le  bas,  recouvre  la  jambe  droite, 
laissant  libre  la  gauche  qui  semble  vêtue  seulement  d'un  court  caleçon  (PI.  II!). 

Des  deux  personnages  qui  correspondent  à  ceux-ci  sur  la  face  droite,  l'un,  celui  du  haut,  a 
presque  tout-à-fait  disparu,  et  il  n'en  reste  que  les  pieds  et  le  bas  de  la  robe.  Au-dessous,  un 
homme  complètement  nu  tient  à  deux  mains  un  sceptre  semblable  à  celui  de  la  figure  qui  lui 
fait  pendant;  une  barbe  ondoyante  lui  couvre  la  poitrine  et  sa  tète  est  recouverte  d'une  sorte  de 
capuchon  terminé  par  des  pointes  qui  retombent  des  deux  côtés  du  cou,  laissant  sortir  par  der- 
rière une  longue  et  mince  tresse  de  cheveux.  Au-dessous  de  lui,  sous  la  bande  qui  sépare  les 
deux  rei^istres.  se  trouve  une  zone  horizontale  ornée  de  petits  cercles  concentriques,  qui  repré- 
sente peut-être  le  ciel  ;  en  dehors  de  cette  particularité,  aucun  signe  distinctif  ne  nous  permet 
d'identifier  cette  divinité. 

Les  deux  registres  inférieurs  sont  occupés,  d'un  côté  par  une  chèvre  sauvage  dressée  sur  ses 
pattes  de  derrière,  la  tête  retournée  en  arrière,  et  de  l'autre  par  deux  de  ces  animaux,  dressés 
aussi,  mais  la  tète  en  avant  et  se  faisant  face;  entre  eux,  un  sceptre  de  la  même  forme  que  les 
autres  est  planté  en  terre. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  ce  sont,  en  première  ligne,  les  costumes  qui  m'engagent  à 
ranger  ce  monument  dans  la  période  où  Suse  était  gouvernée  par  despatésis  ou  dans  celle  qui  la 
suivit  immédiatement.  Les  sculptures  datées  de  cette  époque  sont,  il  est  vrai,  peu  abondantes 
jusqu'ici,  mais  il  suffît  de  jeter  les  veux  sur  les  belles  séries  de  cylindres  qui  remontent  indubi- 
tablement au  y  millénium,  et  tout  particulièrement  sur  ceux  qui  représentent  des  scènes  d'ini- 
tiations, d'adorations  ou  de  sacrifices,  pour  y  retrouver  exactement  les  mêmes  vêtements  qu'ici. 
En  premier  lieu,  nous  y  voyons  la  robe  à  longs  poils,  à  volants  superposés^  qui  parait  n'être  plus 
guère  employée  à  l'époque  assyrienne,  puis  cette  curieuse  forme  de  jupe  ouverte  par  devant,  et 
enfin  le  bonnet  à  bourrelet  et  la  tiare  à  cornes. 

La  facture  même  des  bas-reliefs  vient  encore  nous  confirmer  dans  l'opinion  qu'ils  remontent 
à  une  époque  assez  ancienne  :  cette  sculpture  barbare  et  grossière,  qui  ne  peut  aucunement 

I.  Cf.  les  représentations  de  cette  déesse  sur  certains  cylindres  chaldéens,  où  nous  retrouvons  le  même  costume, 
le  lion  sous  les  pieds  et  même  un  sceptre  analogue  (Menant,  Glyptique  orientale,  I,  p.  i63-i6>).  Il  faut  aussi  rapprocher 
cette  figure  de  celle  de  Ramman  sur  une  tablette  en  terre  cuite  provenant  de  Larsam  et  dont  l'époque  n'a  pu  être 
déterminée  jusqu'ici:  c'est  le  monument  avec  lequel  notre  stèle  a  le  plus  de  rapport  (Loftus.  Tr.ivels  anJ  Resc.irches, 
P-  257)- 

4 


26 


FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902) 


passer  pour  un  chef-d'œuvre,  est  d'un  ouvrier  très  inhabile,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  représenter 
la  figure  humaine  :  les  personnages  sont  raides  et  gauches,  mal  proportionnés,  le  buste  trop 
long,  les  bras  beaucoup  trop  courts  et  mal  plantés.  On  remarque  par  contre  une  grande  dififé- 
rence  dans  la  manière  de  traiter  les  animaux  :  les  chèvres  sauvages,  dans  leur  pose  difficile  à 
rendre,  et  le  petit  lion  couché,  sont  traités  sobrement,  en  peu  de  traits,  avec  une  grande  justesse. 
Cette  habileté  dans  un  genre,  cette  maladresse  dans  un  autre,  semblent  nous  reporter  à  une 
époque  voisine  de  celle  où  les  arts  plastiques  prirent  naissance  à  Suse  et  où  les  premiers  artistes 
sculptaient  sur  les  cylindres  tout  espèce  d'animaux  et  arrivaient  à  les  rendre  avec  une  rare  per- 
fection, sans  jamais  essayer  de  s'attaquer  à  la  figure  humaine.  C'est  à  ce  style  que  nous  rappor- 
terons deux  curieuses  représentations  animales  (fig.  15-16)  gravées  sur  des  plaquettes  d'ivoire. 


FiG.  15 

Plaquette  d'ivoire,  gravée 

(4/5  grand,  nat) 


Les  statues  étaient  nombreuses  autrefois  à  Suse,  et  nous  voyons  Assourbanipal  en  emporter 
à  Ninivc  un  jbon  nombre,  après  la  prise  de  la  ville;  maintenant  il  est  rare  que  nous  en  retrou- 
vions des  morceaux.  Le  seul  qui  mérite  d'être  mentionné  porte 
encore  un  signe  d'une  inscription  archaïque  qui  permet  de  le 
ranger  dans  la  période  dont  nous  nous  occupons  :  c'est  un 
fragment  d'un  torse  grandeur  nature,  où  l'on  distingue  encore 
l'avant-bras,  orné  d'un  bracelet  en  lorme  de  chaîne,  avec  fer- 
moir rond. 

Nous  avons  par  contre  des  statuettes  à  peu  près  complètes 
d'un  grand  intérêt  artistique.  En  première  ligne,  je  citerai  une 
ravissante  figurine  de  femme,  en  ivoire,  haute  de  o"io6,  qui  est  certai- 
nement une  des  plus  jolies  choses  de  l'époque  (PI.  I"V);  il  n'en  manque 
qu'un  fragment  au  bas  du  vêtement,  et  la  tétc,  qui  devait  être  d'une  autre 
matière.  Cette  statuette,  très  plate,  représente  une  femme  debout,  les  mains 
croisées  à  la  chaldéenne,  comme  les  statues  de  Goudéa;  la  poitrine  est 
à  peine  saillante.  Le  costume  est  composé  d'une  longue  robe  toute  unie, 
tombant  jusqu'à  terre,  et  ornée  seulement  d'une  petite  bande  dans  le  bas; 
en  haut,  elle  s'élargit  et  retombe  comme  un  mantelet  sur  les  épaules, 
laissant  nu  tout  l'avant-bras,  qui  est  d'un  modelé  très  poussé  et  très 
délicat;  des  bracelets  ornent  les  poignets,  et  un  collier  ii  plusieurs  rangs 
enserre  le  cou.  Pour  compléter  le  vêtement,  une  écharpe  frangée,  à  petits 
plis,  est  jetée  sur  l'épaule  droite,  se  croise  sur  le  dos  et  sur  la  poitrine  pour 
retomber  de  l'épaule  gauche  jusqu'à  terre.  Un  trou  percée  dans  le  cou  nous  montre  que  la  tête 
devait  être  rapportée;  elle  était  peut-être  en  or,  ainsi  sans  doute  que  la  bordure  du  mantelet,  à 
la  hauteur  du  coude,  qui  est  indiquée  par  une  profonde  rainure,  il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute 
sur  la  date  de  ce  petit  monument,  qui  par  sa  pose  et  son  costume,  est  bien  certainement  antérieur 
au  2'  millénium  av.  j.-C. 


Fig.   16 

Plaquette  d'ivoire   icravée 

(4/5  grand,  nat.) 


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ÉPOQUE  DES  PATÉSIS 


C'est  aussi  à  la  même  époque  que  doit  appartenir  une  statuette  d'albâtre,  haute  de  20  centi- 
mètres, qui  est  d'un  travail  absolument  identique.  La  tète  et  le  bras  droit  sont  cassés,  les  mains 
sont  mutilées.  Le  costume  est  sensiblement  le  nième,  sauf  que  l'écharpe,  beaucoup  plus  large, 
enveloppe  l'épaule  et  le  bras  gauche  complètement  pour  retomber  du  poignet  jusqu'à  terre,  par 
devant.  Un  grand  collier  orne  la  poitrine  (fig.  17). 


FiG.   17 

Statuette  d'albâtre 

(4/5  grand,  nat.) 


Fig.   18 

Statuette  du  patési   karibou-cha-chouchinak 
(4/5  grand,  nat.) 


A  propos  de  statuettes,  je  donne  ici  la  reproduction  de  celle  qui  représente  le  patési  Karibou- 
Cha-Chouchinak,  dont  l'inscription  seule  a  été  publiée;  ce  n'est  qu'un  fragment  où  l'on  ne  dis- 
tingue plus  grand  chose  du  costume  (fig.  18). 


Premier    Royaume    Susien 


Si  nous  en  sonnmes  toujours  réduits  aux  vagues  renseignements  des  annales  babylo- 
niennes et  de  la  Bible  pour  l'histoire  des  grands  conquérants  eux-mêmes,  nous  savons  au  moins 
ce  qui  se  passait  à  Susc  pendant  cette  période  si  glorieuse  pour  l'Élam.  Après  la  conquête  de  la 
Babylonie,  les  rois  s'installèrent  sans  doute  au  centre  de  leurs  nouveaux  États  et  établirent  à.  Suse 
des  lieutenants  ou  sukkals  ;  nous  connaissons  par  les  inscriptions  des  briques  toute  une  série 
de  ces  vice-rois,  dont  la  charge  parait  avoir  été  héréditaire,  cl  un  petit  texte,  récemment 
découvert,  nous  met  ou  courant  de  leurs  relations  de  vassalité  avec  la  famille  de  Kudur- 
Nakhounla'. 

Ces  princes,  dont  beaucoup  de  briques  nous  sont  parvenues,  travaillèrent  avec  activité  à  la 
construction  du  temple,  ou  sans  doute  plutôt  des  temples  de  Suse:  l'un  d'eux  parle,  sur  des 
briques  deux  fois  plus  grandes  que  le  format  ordinaire,  de  la  fondation  d'un  pont,  sans  nous 
dire  exactement  où  il  était  situé.  C'est,  en  somme,  tout  ce  que  nous  savons  sur  eux,  car  il  ne 
nous  est  parvenu  aucun  monument  lapidaire  de  cette  époque,  à  moins  qu'on  ne  puisse  y  ranger 
quelques-uns  de  ceux  que  j'ai  décrits  au  chapitre  précédent. 

C'est  à  la  suite  de  cette  période  que  vient  se  ranger  chronologiquement  le  monument  le 
plus  important  qui  ait  été  découvert  jusqu'ici  à  Suse,  le  Code  de  lois  d'Hammourabi.  Nous  ne 
savons  pas  encore  si  le  chef  puissant  qui  renversa  la  dynastie  élamiic  en  Chaldée  poussa  sa 
conquête  jusqu'à  Suse  ou  s'il  lui  laissa  l'indépendance;  nous  avons,  il  est  vrai,  les  noms  de 
quelques-uns  des  princes  qui  succédèrent  aux  sukkals,  mais  aucun  monument  d'eux  ne  nous 
est  parvenu.  Un  fragment  d'inscription  au  nom  d'Hammourabi,  trouvé  au  début  des  fouilles', 
semblait  indiquer  qu'il  avait  régné  à  Suse,  mais  depuis  lors  nous  avons  trouvé  tant  de  monu- 
ments d'origine  étrangère,  qu'il  est  fort  possible  aussi  que  ce  bloc  ait  été  amené  d'ailleurs. 

Quant  au  grand  code  de  lois,  nous  connaissons  sa  provenance  par  le  texte  même  :  il  était 
érigé  à  Sippara,  dans  le  temple  du  Soleil',  du  dieu  qui  avait  inspiré  sa  rédaction.  C'est  sans 
doute  à  Choutrouk-Nakhounta  qu'il  faut  attribuer  le  fait  d'avoir  transporté  à  Susc  cet 
important  document,  en  même  temps  que  tant  d'autres  souvenirs  de  sa  glorieuse  expédition.  11 
fit  même  effacer  cinq  lignes  du  texte  pour  mettre  à  la  place  une  inscription  commémorative  qui, 
pour  une  raison  ou  une  autre,  n'a  jamais  été  gravée. 

Ce  bloc  de  dioritc  (v.  PI.  V).  haut  de  2'",  25,  a  un  pourtour  de  i™,  90  à  la  base,  de  i'",65  au 

1.  Scheil,  Textes  cl.im.  anz.,  II,  introd.,  p.  xii. 

2.  Scheil,  Textes  él.im.  séin.,  I,  83. 

3.  Scheil,  Textes  élam.  scm.,  II.  131  ;  Winckicr,  Orient.  Litter.ilitrzcitung,  VI,  28. 


PL,  7 


CODE  DE   HAMMOURABI 


PREMIl^R  ROYAUME  SUSIEN 


sommet  ;  il  n'a  pas  été  taillé  régulièrement,  mais  simplement  poli  avec  soin,  de  manière  à 
conserver  sa  forme  première,  qui  est  celle  d'un  gros  galet  ovoïde.  Toute  la  pierre,  du  haut  en 
bas,  est  recouverte  de  ces  petits  rectangles  où  se  pressent,  selon  la  coutume  de  l'époque,  les  siG:nes 
cunéiformes  gravés  avec  une  grande  finesse;  seule,  une  partie  est  réservée,  au  haut  de  la  stèle,  et 
porte  la  représentation  du  dieu  Chamach,  tendant  au  roi  debout  devant  lui  en  adoration,  le  stviet 
pour  écrire  ses  lois'.  Les  deux  personnages  se  détachent  en  haut-relief  sur  un  fond  soigneusement 
aplani  ;  la  facture  est  soignée  et  dénote  un  sculpteur  qui  avait  une  longue  pratique  du  travail 
des  roches  dures.  Le  style  des  figures  est  sobre  et  majestueux,  mais  n'a  plus  rien  de  l'élégance 
des  sculptures  du  temps  deNaram-Sin.  Pour  les  costumes,  il  n'y  a  rien  de  spécial  à  mentionner; 
les  personnages  sont  revêtus  tous  les  deux  de  la  robe  classique  des  Chaldéens,  qui  laisse  libre 
l'épaule  et  le  bras  droit,  et  se  drape  autour  du  gauche;  celle  du  roi  est  plissée  verticalement,  tandis 
que  le  dieu  la  porte  ornée  de  volants  superposés.  Sur  la  tète  de  celui-ci  est  la  tiare  à  quatre 
rangs  de  cornes,  et  Hammourabi  est  coiffé  d'une  simple  calotte  à  large  bourrelet. 

Lorsque  j'eus  la  bonne  fortune,  en  janvier  1902,  de  tomber  sur  cet  important  monument, 
il  gisait,  brisé  en  trois  morceaux,  au  milieu  de  décombres  de  toute  sorte  qui  remplissaient  une 
petite  chambre  à  douze  mètres  environ  du  niveau  primitif  du  tell,  au  dessous  de  la  région  des 
dallages  de  briques  cuites.  C'est  sans  doute  au  moment  de  la  prise  de  Suse  par  Assourbanipal 
qu'il  aura  été  précipité  dans  cette  sorte  de  cave  avec  d'autres  objets  de  rebut,  les  vainqueurs  le 
trouvant  trop  lourd  pour  l'emporter  à  Ninive.  La  brisure  n'est  pas  volontaire,  elle  est  due  sim- 
plement à  une  chute  de  plusieurs  mètres. 

Il  existait  à  Suse  des  duplicatas  de  ce  texte,  si  l'on  en  juge  d'après  un  petit  fragment 
de  la  même  pierre,  d'une  écriture  absolument  identique,  qui  nous  donne  mot  pour  mot  les 
phrases  de  quelques-unes  des  lois  de  notre  code".  En  outre,  nous  avons  une  réplique  du  bas- 
relief,  trouvée  en  plusieurs  fragments  sur  différents  points  des  fouilles.  Ce  morceau  formait  le 
couronnement  d'une  stèle  plate,  arrondie  au  sommet  (v.  pi.  I;  hauteur  o'"6i,  largeur  0^47); 
le  sujet  est  exactement  semblable,  comme  représentation  et  comme  facture  ;  la  seule  différence 
à  noter  est  la  présence,  au  dessus  des  deux  personnages,  du  disque  solaire,  symbole  du  dieu  qui 
dicte  au  roi  ses  lois;  à  part  le  haut  de  la  tète,  cette  dernière  figure  a  disparu.  Ici  l'inscription 
ne  se  prolongeait  pas  derrière  le  bas-relief.  ■' 

1.  \'.  la  reproduction  en  grand  de  ce  bas-relief  à  la  pi.  II  du  deuxième  volume  des  Textes  cLimùes  sémitiques  du 
P.  Scheil. 

2.  Scheil,  Textes  clam,  sém.,  II,  12. 


Deuxième   Royaume    Susien 


Que  Hatnm'ourabi  ait  régné  à  Suse  ou  non,  ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  infligea  aux  Èla- 
mites  une  défaite  très  sérieuse  et  que  ceux-ci  mirent  sans  doute  fort  longtemps  à  s'en  remettre, 
car,  comme  nous  l'avons  vu,  les  ruines  de  leur  capitale  restent  muettes  pour  plusieurs  siècles 
après  cet  événement.  Quelques  noms  de  princes,  c'est  tout  ce  que  nous  savons  pour  cette 
période,  et  ce  n'est  que  plus  lard  que  nous  voyons  Suse  gouvernée  de  nouveau  par  une  famille 
de  rois  puissants  qui  la  couvrent  d'édifices. 

De  cette  dynastie,  dont  nous  ne  pouvons  exactement  évaluer  la  durée,  mais  qu'il  faut, 
semble-t-il,  placer  entre  1900  et  1600  av.  J.-C,  il  ne  nous  reste  guère  que  deux  noms  impor- 
tants, Houmbannoumena  et  Oundach-Gal.  Il  est  possible  qu'ils  soient  des  usurpateurs,  mais  ils 
rattachent  leur  généalogie  à  celle  de  leurs  prédécesseurs";  ces  rois,  qui  personnifient  pour  nous 
l'esprit  de  réaction  contre  la  Chaldée,  n'étaient  très  probablement  pas  originaires  de  Suse  même, 
mais  d'une  pnjvince  de  l'Élam,  VAnzan,  dont  la  position  géographique  n'est  pas  encore  déter- 
minée avec  certitude;  ils  se  donnent  le  titre  de  «  rois  d'Anzan  et  de  Suse  »,  et  c'est  sous  leur 
règne  que  nous  voyons  apparaître  pour  la  première  fois  dans  les  documents  officiels,  la  langue 
nouvelle;  celle  de  leur  pays  natal,  sans  doute,  celle  que  nous  appelons  VAnzanite.  qui  sera  la 
seule  dont  on  se  servira,  ou  à  peu  près,  jusqu'à  la  ruine  de  Suse,  les  idiomes  sémitiques  passant 
dès  lors  à  l'arrière-plan. 

Aucun  document  ne  vient  nous  apprendre  si  ces  rois  furent  des  guerriers,  mais  bien  cer- 
tainement leur  principale  occupation  fut  d'agrandir  leur  capitale  et  d'y  bâtir  des  temples.  Pour 
Houmbannoumena,  ce  sont  ses  successeurs  qui  nous  l'apprennent,  ceux  qui,  quelques  siècles 
plus  tard,  relevèrent  ses  constructions  qui  tombaient  en  ruines.  11  est  probable  quc_,  pressé  par 
le  temps,  il  bâtit  surtout  en  briques  crues,  ce  qui  explique  à  la  fois  le  peu  de  durée  de  ses 
édifices  et  le  fait  que  nous  n'avons  retrouvé  à  Suse  qu'une  seule  brique  cuite  portant  son  nom. 

Son  fils,  Oundach-Gal,  vivant  sans  doute  dans  une  période  plus  calme  et  jouissant  d'un 
pouvoir  solidement  établi,  eut  le  loisir  et  les  ressources  nécessaires  pour  construire  des  édifices 
mieux  conditionnés,  que,  semble-t-il,  ses  successeurs  n'eurent  pas  à  réparer  ;  ses  belles  briques, 
bien  cuites,  très  supérieures  comme  solidité  à  celle  des  patésis  et  des  sukkals,  nous  apprennent 
qu'il  bâtit  à  Suse  plus  de  quinze  temples,  dédiés  à  différents  dieux'. 

Quant  à  la  décoration  intérieure  et  extérieure  de  ces  monuments,  elle  semble  avoir  du  être 

1.  Scheil,  Textes  éliVn.  aiiz.,  II,  introd.,  p.  xvi. 

2.  Scheil,  Textes  élam.  anz,,  1,  1-39. 


DEUXIEME  ROYAUME  SUSIEN 


31 


peu  importante,  car  nous  ne  retrouvons  à  Suse  que  très  rarement  des  bas-reliefs  décoratifs,  et 
les  fragments  qui  portent  le  nom  d'Oundach-Gal  sont  absolument  insignifiants. 

Nous  connaissons  l'emplacement  des  constructions  datant  de  la  dernière  époque  du  royaume 
élamite,  dont  les  murs  et  le  dallage  sont  composés  surtout  de  matériaux  plus  anciens  et  en  parti- 
culier des  briques  d'Oundach-Gal  ;  les  temples  de  nos  deux  rois  avaient  donc  disparu  à  ce  momenl- 


ià,    mais   selon   toute  vraisem- 


FiG.   ig 

PaTKRE  en  ALBATRE 


blance,  ils  devaient  se  trouver 
immédiatement  au-dessous   de 
cette  région,   soit  entre  5  et   10 
mètres  de  profondeur.  A  ce  ni- 
veau,  il  ne  reste  presque  plus 
rien,   et   je   ne  trouve  guère  à 
signaler    qu'un    long    mur   en 
briques  cuites  sans  inscriptions, 
conservé  sur  une  hauteur  de  2 
mètres,  et  divisé  en   parties  al- 
ternativement saillantes  et  rentrantes  par  des  redans  de  20  cen- 
timètres de  profondeur.  Bien  appareillé  sur  sa  face  sud,  ce  mur, 
dégagé  déjà  sur  une  longueur  de  plus  de  20  mètres,  devait  servir 
de  parement  à  une  muraille  de  briques  crues. 

Un  peu  plus  loin  vers  le  Sud,  au  bord  du  tell,  toujours  au 
même  niveau,  se  voyaient  les  traces  du  pavé  d'une  chambre,  en 
terre  battue,  revêtue  d'une  couche  de  plâtre.  Sur  cette  surface 
uniforme,  nous  avons  trouvé  quelques  objets  que  rien  ne  nous 
empêche  de  faire  remonter  à  l'époque  à  laquelle  devait  appar- 
tenir cette  petite  salle,  soit  le  deuxième  empire  susien.  Tout 
d'abord,  c'est  un  petit  vase  en  bronze,  d'une  forme  analogue  à 
celle  que  nous  retrouvons  plus  tard  dans  les  vases  funéraires,  puis  trois  animaux  en  albâtre, 
destinés  à  faire  partie  d'une  décoration.  Ces  sculptures,  très  curieuses,  représentent  un  lion,  un 
taureau  et  un  bélier",  figurés  à  mi-corps,  les  pattes  repliées,  et  se  terminent  par  une  longue 
amorce  simplement  dégrossie,  destinée  à  être  encastrée  dans  une  construction  ;  un  trou  rond, 
percé  au-dessus  de  l'épaule,  devait  servira  fixer  un  anneau  ou  une  barre  transversale.  Le  style 
de  ces  patères,  car  en  somme  ce  ne  peut  guère  être  autre  chose,  est  un  peu  barbare,  mais  ne 
manque  pas  de  caractère;  on  peut  en  juger  d'après  le  lion  et  le  bélier  que  je  reproduis  seuls 
ici,  le  taureau  étant  en  très  mauvais  état. 

Peu  après  Oundach-Gal,  nous  rentrons  dans  une  période  inconnue,  sur  laquelle  les  monu- 

I.  Le  plus  grand  de  ces  objets,  le  lion,  mesure  û"'65  de  long. 


FiG.   20 

PaTÈRE    en    ALBATRE 


3  2  FOUILLES  DE  SUSE  (1899- 1902) 


ments  susiens  restent  muets,  et  nous  ne  pouvons  encore  dire  comment  se  termina  cette  dynastie. 
C'est  à  cette  époque  que  monta  sur  le  trône  de  la  Chaldée  celle  des  rois  cosséens,  et  les  documents 
babyloniens  nous  apprennent  qu'ils  furent  constamment  en  lutte  avec  leurs  voisins  de  l'Elam, 
qu'ils  eurent  à  subir  de  nombreux  revers,  que  plusieurs  de  leurs  villes  furent  pillées  par  leurs 
ennemis,  mais  nous  ne  savons  pas  si^  de  leur  côté,  ils  ne  poussèrent  pas  parfois  leurs  incursions 
jusqu'à  Suse. 

Il  nous  est  parvenu,  surtout  pendant  les  deux  premières  années  de  fouilles,  toute  une  série 
de  koiidourrous,  ou  titres  de  propriété  données  par  les  rois  cosséens  en  Babylonie  ;  quant  à 
ceux  qui  ont  été  trouvés  pendant  les  trois  saisons  dont  j'ai  à  décrire  les  résultats,  ils  sont  très 
fragmentés  et  sans  grande  importance  ;  ils  sont,  du  reste,  décrits  ailleurs  par  M.  de  Morgan,  je 
n'ai  donc  pas  à  m'en  occuper  ici.  Je  dirai  seulement  que,  quoique  aucun  d'eux  ne  porte  une 
inscription  élamite,  il  est  fort  probable  qu'ils  auront  été  amenés  à  Suse  par  un  souverain 
élamitc,  en  guise  de  trophées,  à  la  suite  d'une  campagne  heureuse;  c'est  même  peut-être  la 
seule  manière  d'expliquer  leur  présence  dans  la  capitale  de  l'Élam.  On  pourrait  cependant  faire 
exception  pour  un  de  ces  monuments,  découvert  en  1902,  qui  n  avait  jamais  été  achevé  :  les 
contours  seuls  des  figures  symboliques  sont  évidés  et  l'inscription  n'a  pas  été  gravée  ;  ce  galet, 
à  peine  dégrossi,  ne  peut  guère  être  considéré  comme  un  trophée  de  victoire  ou  comme  le 
souvenir  d'une  conquête,  et  il  semble  plus  probable  qu'il  aura  été  travaillé  dans  le  pays  même, 
soit  par  les  rois  cosséens,  s'ils  y  ont  jamais  régné,  soit  par  leurs  rivaux  élamites  qui  devaient 
avoir,  à  peu  de  chose  près,  la  même  civilisation. 

Un  monument  qui  a  certainement  été  importé  est  la  stèle  du  roi  Melichikhou,  sur  laquelle 
Choutrouk  Nakhounte  grava  une  inscription  en  souvenir  de  sa  victoire  au  pays  de  Qarin.  Elle 
était  originairement  quadrangulaire,  mais  il  n'en  reste  plus  qu'une  partie  de  deux  des  faces  ;  elle 
mesure  encore  o'"50  de  haut  sur  une  base  carrée  de  o'^^S  de  côté.  Ces  bas-reliefs  ont  déjà  été 
publiés  par  le  P.  Scheil  ',  je  ne  ferai  donc  qu'en  donner  la  description  :  le  premier  porte  la  repré- 
sentation d'une  porte  monumentale  cintrée,  couronnée  de  créneaux  et  flanquée  de  deux  tours, 
crénelées  elles  aussi  ;  au-dessus  se  termine  le  texte  original  de  Melichikhou,  contenant  les  for- 
mules d'imprécations  qui  se  retrouvent  sur  tous  les  koudourrous.  Sur  l'autre  face  se  déroule  dans 
le  bas  la  suite  de  la  même  figuration,  une  muraille  crénelée,  coupée  de  tours;  au-dessus,  un 
second  registre,  légèrement  en  retrait,  nous  montre  le  roi,  vêtu  d'une  grande  robe  à  franges  très 
ornée,  et  coiffé  d'une  haute  tiare  cylindrique  ;  il  précède  une  barque  dont  la  proue  est  recourbée 
et  ornée  d'une  tête  d'antilope,  et  qui  porte,  plantées  sur  le  pont,  toute  une  rangée  d'armes,  lances 
et  haches,  qui  sont  peut-être  des  symboles  divins.  On  ne  distingue  plus  grand  chose  des  sculptures 
du  troisième  registre  ;  c'est  dans  cette  partie  de  la  stèle  que  le  conquérant  élamite  avait  fait  graver 
son  inscription  commémoralive. 

Plusieurs  petits  objets  trouvés  à  Suse  peuvent  encore  être  attribués  avec  certitude  aux  rois 

i.   Textes  élam.  sém.,  II,  p.  163-165.  pi.  r6  et  17. 


DEUXIÈME  ROYAUME  SUSIEN 


îî 


cosséens  ;  tous  ont  un  caractère  votif  et  il  est  peu  probable  qu'ils  aient  été  apportés  de  Chaldée, 
car,  de  même  que  le  koudourrou  inachevé,  ils  ont  trop  peu  d'importance  pour  avoir  pu  être  con- 


ÎO 


24 


2$ 


29 


FiG.   21-30.  —  Masses  en  pierre  (3/8  grandeur  naturelle) 

sidérés  comme  des  trophées.  C'est  tout  d'abord  une  petite  hache  en  pierre  blanche,  copiée  sans 
nul  doute  sur  une  des  haches  de  bronze  en  usage  à  cette  époque,  finement  taillée  et  rehaussée 


31 


32 


33 


FiG.   31-33-  —  Pommeaux  en  pierre  (4/5  grandeur  naturelle) 


d'ornements  réguliers  ;  une  inscription  en  caractères  très  fins  couvre  les  deux  côtés  du  tranchant 
et  nous  donne  le  nom  d'un  roi  cosséen.  La  matière  même  dans  laquelle  est  sculpté  cet  objet 

5 


34 


FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902) 


nous  empêche  d'y  voir  autre  chose  qu'un  ex-voto,  car  une  hache  en  pierre  si  tendre  n'aurait 
pu  servir  à  tailler  quoi  que  ce  soit. 

Une  série  assez  nombreuse  d'objets  analogues,  de  même  matière,  a  été  trouvée  au  niveau  des 
dallages  élamites,  au  milieu  d'un  amoncellement  de  briques  cuites  tellement  bouleversées  qu'on 
ne  peut  rien  en  déduire  sur  la  destination  primitive  de  ces  petits  monuments  qui,  à  première  vue, 


m 


t^ 


34  35  36  37 

FiG.  34-37.  —  Plaques  en  grès  (1/5  grandeur  naturelle) 

semblent  avoir  fait  partie  d'un  dépôt  de  fondation.  Dans  cette  trouvaille,  il  faut  mentionner  tout 
d'abord  une  douzaine  de  masses  (fig.  21  à  30),  de  formes  différentes,  parfois  ornées  à  la  base  de 
lignes  circulaires;  l'une  d'elles  est  striée  sur  toute  sa  surface  de  lozanges  en  pointe  de  diamant, 


DEUXIÈME  ROYAUME  SUSIEN  35 


une  autre  se  fait  remarquer  par  sa  grandeur  tout  à  fait  inusitée.  A  côté  de  ces  armes  et  de 
quelques  autres  petits  objets  que  je  ne  puis  définir,  se  trouvait  une  série  de  pommeaux  de  la 
même  matière,  analogues  de  forme  à  ceux  de  Chilhak  qui,  eux,  sont  en  grès  émaillé  :  ceux  dont 
je  veux  parler  ici  sont  beaucoup  plus  petits  et  nous  représentent  une  sorte  de  cylindre,  rétréci 
dans  le  haut  par  un  large  cavet  qui  va  s'unir  par  une  arrête  aiguë  à  la  face  supérieure,  légèrement 
bombée  ;  un  trou  à  section  carrée  ou  ronde  les  traverse  du  haut  en  bas,  mais  cette  indication 
n'est  pas  suffisante  pour  qu'on  puisse  se  rendre  compte  de  leur  emploi  (fig.  31-33).  Sur  la  partie 
supérieure  d'un  de  ces  pommeaux  se  trouvait  inscrit,  en  petits  caractères,  le  nom  du  roi 
Kourrigahou  ;  les  autres  ne  portent  aucune  inscription,  mais  ce  nom  seul  suffit  à  dater  toute  la 
trouvaille. 

C'est  à  la  même  époque  que  nous  pouvons  faire  remonter  plusieurs  objets  trouvés  à  peu  de 
distance  et  qui,  comme  les  précédents,  ne  peuvent  guère  être  autre  chose  que  des  ex-voto.  Ce  sont 
des  sortes  de  barres  en  grès  très  fin,  plates  et  longues,  de  dimensions  et  de  formes  très  diverses. 
Une  inscription,  gravée  sur  un  de  ces  petits  monuments,  nous  montre,  par  le  nom  même  du 
donateur,  Bourra-Shoukamouna',  qu'ilsappartiennent  aussi  à  la  période  cosséenne  (fig.  34  a  37). 

I.   Scheil.  Textes  éLTDi.  scw..  II,  166. 


Troisième    Royaume    Susien 


Après  un  silence  de  plusieurs  siècles,  les  monuments  de  Suse  recommencent  à  nous  donner 
des  renseignements  sur  l'histoire  de  l'Élam,  vers  le  moment  où  expire  en  Chaldée  la  dynastie 
cosséenne^en  i  loo  environ,  et,  cette  fois,  nous  donnent  pour  toute  une  série  de  rois  une  grande 

quantité  de  documents. 

Le  premier  en  date  de  ces  souverains  est  Choutrouk-Nakhounte ,  fils  de  Khalloudouch, 
conquérant  et  grand  constructeur.  Peut-être  est-ce  un  descendant  d'Ountach-Gal,  peut-être 
même  la  série  des  rois  ne  s'est-elle  jamais  interrompue  entre  eux;  en  tous  cas,  il  n'est  pas  le 
premier  de  sa  race,  car,  par  des  textes  trouvés  en  Mésopotamie,  nous  voyons  déjà  ses  prédé- 
cesseurs guerroyer,  le  plus  souvent  avec  succès,  contre  les  rois  cosséens'.  Lui-même  continua 
glorieusement  cette  tradition  et,  s'il  ne  nous  raconte  pas  ses  campagnes,  nous  en  avons  les 
t^rophèes  dans  cette  admirable  collection  de  monuments  historiques  qu'il  emporta  des  villes 
conquises  par  lui,  et  qu'il  consacra  aux  dieux  élamites. 

Non  content  d'étendre  ses  conquêtes  et  pjut-être  aussi  sa  domination,  Choutrouk-Xakhounte 
tint  à  honneur  d'embellir  sa  capitale  et  se  mit  à  restaurer  les  temples  construits  par  ses  prédé- 
cesseurs, qui,  sans  doute,  tombaient  en  ruine.  Aujourd'hui  ces  édifices  sont  détruits,  au  point 
qu'on  ne  peut  même  pas  en  retrouver  le  plan,  mais  les  belles  et  nombreuses  briques  cuites 
portant  le  nom  de  ce  prince  sont  des  monuments  qui  prouvent  suffisamment  son  activité  et  sa 
dévotion  aux  dieux  de  l'Élam,  car  ce  n'est  que  de  temples  qu'il  est  question  dans  ses  inscriptions. 

Ses  deux  fils  et  successeurs,  Koudour-Nakhounte  et  Chilhak-In-Chouchinak,  continuèrent 
son  œuvre  et  déployèrent  une  grande  activité,  le  second  surtout,  qui  régna  sans  doute  assez 
longtemps  ;  sur  ses  nombreuses  briques,  il  cite  respectueusement  les  noms  des  fondateurs  des 
édifices  qu'il  restaure,  et  ses  textes  nous  donnent  de  précieux  renseignements  sur  les  relations  de 

famille  à  cette  époque. 

Des  stèles  en  o-pès  couvertes  d'inscriptions  dédicatoires  en  gros  caractères,  toutes  du  même 
type  et  de  la  même  écriture,  ornaient  ces  temples;  il  nous  en  est  parvenu  de  nombreux  frag- 
ments, mais  une  seule  esta  peu  près  complète,  la  plus  importante  de  toutes\  découverte  en  1902, 
qui  nous  donne  une  liste  de  rois  anciens  et  une  énumération  de  temples  bâtis  par  Chilhak  en 
diverses  villes  de  son  royaume.  L'intérêt  artistique  de  ces  stèles  étant  nul,  je  me  borne  à  les 
mentionner  pour  passer  aux  monuments  les  plus  importants  de  cette  époque,  les  bronzes.  Dans 

I.  M.  Wincklcr  donne  la  liste  de  ces  expéditions,  d'après  les  documents  babyloniens,  dans  Oricntalistische  Litte- 

raturzcitung,  VI,  27. 

'2.  Scheil,  Textes  élam.  .iiiz.,  11,  p.  20-39. 


TROISIÈME  ROYAUME  SUSIEN 


Î7 


cette  catéo-orie.  nous  avons  découvert  en  1901  un  morceau  qui  peut  aller  de  pair  avec  la  table 
d'offrandes  et  le  bas-relief  trouvés  précédemment  :  c'est  un  long  cylindre  terminé  à  chacune  de 
ses  extrémités  par  un  dé  rectangulaire  à  section  carrée,  d'une  longueur  totale  de  4"'34'.  Une 
inscription  court  longitudinalement  sur  toute  la  partie  cylindrique,  lais- 
sant libre  le  milieu  seulement,  où  devait  sans  doute  se  trouver  un 
support,  car  le  monument  n'était  pas  une  colonne,  —  nous  le  voyons 
d'après  la  position  de  l'inscription  — ,  mais  était  placé  horizontalement, 
avec  les  deux  dés  encastrés  de  chaque  coté  dans  la  maçonnerie,  comme 
une  sorte  de  barrière  ou  de  gardefou,  dont 
l'usage  a  pu  être,  par  exemple,  d'empêcher 
le  public  de  s'approcher  trop  près  d'un  autel, 
tout  en  lui  laissant  voir  les  cérémonies  du 
culte. 

Ce  bronze,  dans  lequel  sont  incrustés 
en  deux  endroits  de  petits  clous  d'or,  a  été 
coulé  d'un  seul  jet  ;  il  est  creux,  et  le  cylindre 
est  séparé  seulement  par  des  cloisons  des 
deux  bases,  qui  sont  elles-mêmes  traversées 
par  de  petites  tiges  en  croix.  L'inscription  : 
au  nom  de  Chilhak  In-Chouchinak,  nous 
permet  de  ranger  à  peu  près  à  la  même 
époque  les  deux  autres  grands  bronzes,  avec  assez  de  vraisemblance 

Les  petits  bronzes 
ne  sont  pas  très  abon- 
dants; à  part  quelques 
instruments  (fig.  40), 
nous  n'avons  guère 
trouvé  que  deux  objets 
ayant  un  certain  carac- 
tère artistique  :  une  sta- 
tuette représentant  un 
homme  barbu  (fig.  38) 
et  une  jolie  tète  d'aigle 

(%•  39)- 


39 


38 


Fig.  38  et  39.  —  F'igurines  en  bronze 
(4/5  grandeur  naturelle) 


Fig.  40.    —  Pelle  en  bronze 
(  1/2  grand,  nat.) 


Après  ces  trois  rois,  l'histoire  de  l'Élam  redevient  très  confuse,  ce  n'est  guère  que  par  les 


I.  Longueur  du  fut  y  12:  longueur  des  deux  bases,  o"  62  et  9™  60;  diamètre  o""  18. 


î8 


FOUILLES  DE  SUSE  (1899-1902) 


P'iG.    41. 

Gond  de  porte  en   bronze 
(1/5  grand,  nat.) 


inscriptions  assyriennes  que  nous  sommes  renseignés  eur  la  décadence  et  la  fin  de  ce  royaume, 
où  les  luttes  intestines  et  fratricides  finissent  par  l'emporter  sur  l'esprit  national  qui  lutte  déses- 
pérément contre  sa  puissante  ennemie,  et  amènent  la  chute  défi- 
nitive de  Suse.  On  construisit  peu  dans  la  capitale  pendant  cette 
période,  et  les  briques  portant  des  inscriptions  sont  rares  ;  nous 
avons  bien  quelques  stèles  et  quelques  textes  sur  pierre,  qui  n'ont 
que  peu  d'importance  historique,  mais  aucun  monument  vraiment 
intéressant  ou  artistique;  je  ne  trouve  guère  à  signaler  qu'une 
grande  calotte  en  bronze  qui  devait  avoir  servi  de  gond  de  porte, 
et  sur  laquelle  se  trouve  le  nom  d'un  second  Qhilhak-In-Chou- 
chinak,  qui   régna  sans  doute  vers  900  (fig.  41). 

Ce  que  nous  appelons  le  Tell  de  la  Citadelle  devait  être,  sous 
les  rois  élamites,  l'endroit  réservé  aux  temples,  si  nous  en  jugeons 
d'après  les  inscriptions  des  briques.  Le  seul  qui  nous  soit  conservé 
ne  nous  donne  pas  grand  renseignement  sur  l'architecture  su- 
sienne  :  il  a  été  construit  par  les  fils  de  Chilhak,  dont  nous  avons 
retrouvé  les  briques  de  fondation  sous  les  murs  encore  hauts  de 

près  d'un  mètre,  et  consiste  en  une 
petite  chambre  rectangulaire  bâtie  en 
petites  briques  plates  émaillées  en  vert 
sur  la  tranche;  c'était  une  simple  cha- 
pelle sans  importance. 

Si  les  temples  avaient  été  décorés 
de  grands  bas-reliefs  en  pierre  comme 
à  Ninive,  nous  en  aurions  retrouvé  de 
nombreux  fragments  ;  il  est  probable 
que  les  murs  étaient  en  briques  crues 
avec  revêtement  en   briques  cuites,  et 
çà  et  là,   peut-être   dis- 
posées en  cordon  à  une 
certaine  hauteur,  les  bri- 
ques  à    inscriptions.    Il 
devait  y  avoir  aussi  par 
places  des  bas-reliefs  en 
briques  assemblées,  soit 
émaillées,    soit    simple- 
ment cuites,  dont  nous 
avons  retrouvé  de  rares 


Fig.  42 


1     i';»"'^'^liilli^>^te-'^N%fii^ 

;/ii!irtlL..^.  'W 


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Fig.  42-44.  —  Briques  émaillées 
(1/5  grandeur  naturelle) 


TROISIÈME  ROYAUME  SUSIEN 


39 


FiG.  45.  —  Brique  é.maillée  (1/2  grandeur  naturelle) 


^>/\\\\V///A\\\///. 


frao-ments.  Ce  genre  de  décoration,  qui  prit  un   si  grand  développement  sous  les  rois  aché- 
ménides,  ne  s'employait  pas  seulement  pour  couvrir  de  grandes  surfaces  de  murailles  :  nous 
avons  retrouvé  toute  une  série  de 
fragments  de  briques  de  grès  qui 


devaient  former  une  petite  frise 
très  élégante;  chacune  portail,  en 
émail  jaune  sur  fond  vert,  sans 
aucun  relief,  deux  animaux  se 
faisant  face,  ours,  chevaux,  bêtes 
fantastiques,  séparés  par  un  motif 
décoratif,  peut-être  un  arbre.  Les 
contours  sont  très  flous  et  le  des- 
sin peu  soigné,  mais  l'effet  général  devait  être  charmant,  et  nous  pouvons  en  juger  facilement, 
les  couleurs  étant  relativement  bien  conservées  (fig.  42  à  45), 

Ces  couleurs,  jaune  et  vert  très  doux,  sont  celles 
qui  se  retrouvent  sur  les  monuments  émaillés  datés 
du  règne  de  Choutrouk-Nakhounte,  et  appartiennent 
probablement  à  la  même  époque  ;  ces  derniers  objets, 
pommeaux  et  briques  émaillées,  se  retrouvent  tou- 
jours au  cours  des  fouilles,  sans  que  nous  puissions 
encore  être  fixés  sur  leur  destination;  je  rapprocherai 
de  ces  grandes  plaques  décorées  et  percées  d'un  trou, 
que  j'ai  reproduites  dans  le  compte  rendu  des  pré- 
cédentes fouilles',  un  petit  fragment  d'albâtre  qui 
parait  avoir  appartenu  à  un  objet  de  la  même  na- 
ture, au  milieu  duquel  se  trouvait  un  trou  carré  : 
les  gravures  à  la  pointe  qui  le  recouvrent  sont  des 
plus  grossières  (fig.  46). 

Les  seules  sépultures  élamites  que  nous  con- 
naissions sont  encore  peu  nombreuses  ;  elles  sont 
constituées  par  ces  puits  formés  de  manchons  en  terre 
cuite  qui  aboutissent  sous  les  dallages  de  la  Suse 

ruinée  par  les  Assyriens,  ce  qui  nous  engage  à  les  faire  remonter  à  la  dernière  époque  du 
royaume  susien;  il  n'y  a  rien  à  ajouter,  sur  ce  sujet,  à  ce  que  j'ai  dit  dans  mon  précédent 
mémoire'. 


Fig.  46.  —  Plaque  d'albâtre 
(3/8  grand,  nat.) 


1.  Mémoires,  I,  p.  126. 

2.  Mémoires,  I,  p.  133. 


Périodes  Achéménide,  Parthe,  Sassanide  et  Arabe 


Après  la  domination  assez  courte  des  rois  babyloniens,  dont  nous  trouvons  quelques  traces 
à  Suse",  l'ancienne  capitale,  devenue  une  des  résidences  favorites  des  rois  perses,  reprit  pour 

un  temps  tout  son  éclat. 
Il  n'y  a  pas  grand  chose 
à  dire  sur  cette  période 
bien  connue,  dont  nous 
trouvons  souvent  les 
restes,  en  général    sous 
la   forme   de   fragments 
de  colonnes  et  de  briques 
émaillées.  Les  objets  les 
plus  importants,  la  trou- 
vaille de  bijoux  et  le  lion 
de   bronze,    font    l'objet 
de   mémoires   spéciaux, 
ainsi  que  l'osselet  grec, 
qui  a  sûrement  été  ap- 
porte à  Suse  par  un  des 
rois  achéménides.    Nous  signalerons  une  assez   belle 
coupe  en  bronze  (fig.  54)  appartenant  à  cette  période. 
On   trouve   souvent  aussi  des   vases  d'albâtre  portant 
des   inscriptions    soit    en    cunéiformes,    soit   en    hiéro- 
glyphes,   tels   que  celui   dont  je  donne  ici  le  croquis, 
et  quantité  de  petits  objets  en  calcaire  ou  en  pâte  ana- 
logues à  ceux  que  reproduisent  les  figures  48-53. 

Suse  subit  tour  à  tour,  comme  le  reste  de  la  Perse, 
la  domination  des  rois  séleucides,  puis  des  Arsacides, 
mais  elle  avait  sans  doute  peu  d'impbrtance  depuis 
qu'Alexandre  en  avait  pris  possession  ;  sa  vie  politique 
était  terminée  pour  toujours.  A  part  quelques  mon- 
naies, nous  ne  trouvons  rien   qui  puisse  être  attribué  d'une  manière  certaine  à  ces  époques. 


Fig.  47, 


-  Vase  d'albâtre  au   nom  df,  dauius 
(3/8  grandeur  naturelle) 


Fig.  48-53 

Perles  en  terre  d'époque  indéterminide 

(3/4  grandeur  naturelle) 


I.  Scheil,  Textes  éljiii.  anz.,  II,  introd.,  p.  xxv. 


^^«■gi 


1»**»»>, 


PL,  VI, 


PARURE    BYZANTINE 
(   Grandeur  naturelle  ) 


Héliog.Dujardm. 


PÉRIODES  ACHÉMÉNIDE,  PARTHE,  SASSANIDE  ET  ARABE 


4' 


11  en  est  de  même  pour  la  période  sassanide^  qui  n'est  aussi  représentée  que  par  des 
monnaies  ;  la  trouvaille  la  plus  importante  est  celle  d'un  amas  de  pièces,  toutes  du  même 
souverain,  Chosroès  II  (590-628),  qui,  réunies  sans  doute  primitivement  dans  un  sac  et  bien 
serrées  ensemble,  ne  formaient  plus  qu'un  bloc  de  plus  de  trois  kilos,  comprenant  plus  de 
700  pièces  très  fragiles,  dont  près  de  la  moitié  ont  été  cassées  au  nettoyage.  Les  autres  sont 
déposées  au  Cabinet  des  Médailles. 

Depuis  lors,  Suse  n'est  plus  que  ce  qu'elle  est  encore  maintenant,  un  désert;  nous  ne 
trouvons,   en  fait  de  restes  des  temps   modernes,   que  des  fragments  de  poterie  et  quelques 
très  beaux  plats  en  faïence 
persane.  La  présence  d'une 
parure  byzantine  très  cu- 
rieuse, accompagnée  d'une 
pièce    d'or  de   l'empereur 
Nicéphore  Phocas{P\.  VI) 
s'explique  par  la  fréquence 
des  combats  entre  Arabes 
et  Byzantins  ;  il  faut  y  voir 
un    butin  de  guerre.   Cet 
objet  consiste  en  une  série 
de  pièces  d'or,  serties  d'une 
petite     bordure,     soudées 
deux  par  deux    et  reliées 
par    une  double    chaîne  ; 
un    des  bouts  a   disparu  ; 
quant  à  l'autre,    les    deux 
chaînes  vont  se  joindre  à 
une  pièce  plus  petite,  sur- 
montée d'un  anneau,  qui, 
étant  donné  la  disposition 
des  médailles,  devait  former 
le  haut  de  la  parure,  dont 
je  ne  saurais  déterminer  le 
but;  le  bouton  hémisphé- 
rique,   au-dessous   duquel   s'accrochent  trois  pendeloques  triangulaires,    en  faisait  sans    doute 
aussi  partie.   Il  a    été   trouvé,  en  même  temps,   de  petits  anneaux  d'or  dont   deux,    qui  sont 
ornés  chacun  de   trois   perles,   servaient  sans  doute  de  boucles  d'oreille. 


FiG.  54.  —  Coupe  en  bronze,  époq'  e  aché.ménide  ('r) 


UrHL'm'i-   IrriTi*.   Iiup. 


l'i.    \ii.    -    M,\S(H  !•;    1)  \iuii:\' 

(Ei'oyi  i;     lù.AMi  ri;; 


TROUVAILLE   DU  MASQUE  D'ARGENT 

PAR  j.  DE  MORGAN 


Je  désigne  sous  ce  nom  une  découverte  faite  au  printemps  de  1903  dans  la  partie  centrale 
du  tell  de  l'Acropole,  non  loin  du  bord  oriental,  dins  la  tranchée  portée  sur  nos  plans  sous  le 
n"  87,  à  six  mètres  de  profondeur  au-dessous  de  la  surface  naturelle  des  ruines'. 

Aucun  indice  ne  venait  relever  la  présence  en  ce  point  d'objets  inaccoutumés.  Le  sol  se 
composait,  comme  partout  ailleurs  dans  nos  tranchées,  d'une  terre  jaunâtre  mélangée  de  cendres 
et  de  débris  de  tout  genre.  Quelques  fondations  de  murailles,  en  briques  cuites  d'époque  élamite, 
montraient  qu'en  ce  lieu  s'était  élevé  jadis  quelque  monument  d'importance.  Mais  les  objets 
découverts  ne  semblent  avoir  eu  aucune  relation  avec  cet  édifice.  Ils  ne  proviennent  pas  d'un 
tombeau,  et,  s'ils  appartiennent  au  trésor  d'un  temple,  rien  ne  prouve  que  la  cachette  fût  contem- 
poraine du  monument.  Je  suis  porté  à  croire  qu'ils  ont  été  enfouis  en  temps  de  troubles  ou  de 
siège  et  que,  l'auteur  de  cette  cachette  étant  venu  à  disparaître,  les  objets  sont  restés  oubliés  dans 

le  sol. 

Dans  nos  fouilles  de  Suse,  jusqu'à  ce  jour,  nous  n'avons  que  très  rarement  rencontré  de 
monuments  en  place,  et  d'objets  fournissant  des  renseignements  sur  leur  époque  par  la 
position  qu'ils  occupaient  dans  le  sol.  Les  séries  importantes  sont  précieuses  par  le  nombre  et 
la  nature  des  objets  qu'elles  fournissent,  mais,  jusqu'ici,  il  n'est  possible  que  pour  bien  peu 
d'entre  elles  de  reconnaître  d'une  manière  certaine  la  cause  de  leur  présence  en  tel  ou  tel  point. 
Nous  devons  donc,  dans  le  cas  présent,  nous  borner  à  l'examen  des  objets  eux-mêmes  et  de 
leurs  relations  réciproques. 

Dans  toutes  nos  découvertes  d'objets  remontant  à  l'époque  élamite  nous  rencontrons  des 
pièces  d'âges  différents.  A  côté  de  cylindres  ou  de  bronzes,  appartenant  d'une  manière  indiscu- 
table à  l'époque  des  Choutroukides,  sont  généralement  des  masses  d'armes,  des  cj'lindres  et 
des  sceaux  archaïques  souvent  du  plus  ancien  âge. 

Un  fait  de  ce  genre  isolé  eût  pu  être  pris  pour  un  efifet  du  hasard,  d'autant  que,  comme 
je  l'ai  dit,  rien  ne  vient,  la  plupart  du  temps,  expliquer  la  présence  des  objets;  mais,  comme  ce 
fait  est  général,  je  pense  que  les  Élamites  conservaient  avec  soin  les  objets  provenant  des  temps 
anciens  et  leur  vouaient  une  sorte  de  culte  ou  de  dévotion  fétichiste. 

Quand  on  trouve  dans  le  sol   une  série  d'objets  élamites,  il  faut  donc,  d'abord,  dater   la 

I.  Les  objets  faisant  partie  de  cette  trouvaille  portent  à  l'inventaire  les  n"'  Î334  à  ï?5o. 


TROUVAILLE    DU    .NL\SQUE    D'ARGENT 

44 


trouvaille  au  moyen  du  document  le  plus  récent,  puis  examiner  séparément  chacun  des  objets 
afin  de  les  ranger  chronologiquement,  si  toutefois  une  classification  est  possible. 

La  trouvaille  du  Masque  d'Argent  est  peu  considérable  par  le  nombre  des  objets  qui  la 
composent,  mais  elle  est  importante  par  la  nature  même  de  ces  restes. 

Le  masque  d'argent  (PI.  VU)  faisait  sûrement  autrefois  partie  d'une  statue  de  bois  dont 
les  parties  nues,  la  face  et  les  mains,  étaient  recouvertes  de  métal  travaillé  au  repoussé.  Nous 
trouvons  la  preuve  de  ce  que  j'avance  dans  la  présence  de  nombreux  clous  d'argent  restés  fixés 
aux  poignets  et  destinés  à  fixer  le  métal  au  bois.  Le  bois  s'est  décomposé  et  il  ne  reste  plus 
aujourd'hui  que  le  métal  oxydé. 

La  face  mesure  45  millimétrés,  depuis  l'arcade  sourcilière  jusqu'au  menton.  La  statuette 
était  donc  au  tiers  environ  de  la  grandeur  naturelle. 

Les  yeux  sont  faits  d'ivoire  sculpté;  la  prunelle,  disparue  aujourd'hui,  était  probablement 
figurée  par  une  pierre  noire;  le  menton  est  rond  et  haut,  les  joues  pleines,  la  bouche  petite  et 
souriante,  le  nez  droit,  les  yeux  très  grands. 

.\  première  vue,  on  retrouve  dans  cette  figure,  d'un  art  très  avancé,  les  caractères  qui  nous 
sont  fournis  par  les  sculptures  de  moindre  finesse  rencontrées  jusqu'à  ce  jour  en  Chaldée  et  dans 
l'Élam.  Cette  femme,  qui,  peut-être,  est  la  déesse  Nana,  présente  le  type  sémitique  très  pur,  la  forme 
seule  du  menton  suffirait  à  le  reconnaître  ;  elle  n'offre  aucun  des  caractères  de  la  race  élamite 
proprement  dite,  tant  par  la  forme  du  nez  que  par  celle  de  la  bouche.  Son  front  est  rond,  tandis 
que  chez  les  Négritos  il  est  carré  et  saillant  vers  les  tempes. 

La  forme  du  nez,  son  attache  à  la  naissance  du  front  et  la  forme  ronde  du  menton  empê- 
chent toute  comparaison  avec  l'art  grec  même  le  plus  archaïque.  Au  prem.ier  coup  d'ceil,  il  est 
aisé  dereconnaitre  que  ce  modèle  n'a  rien  de  commun  avec  l'art  aryen. 

Les  deux  mains  étaient  fermées,  le  pouce  en  dessus,  les  doigts  serraient  un  objet  aujour- 
d'hui disparu. 

En  sculptant  les  mains,  comme  en  façonnant  la  figure,  l'artiste  a  fait  preuve  dhabileté;  les 
proportions  sont  heureuses,  le  modelé  est  bien  rendu,  et  si,  dans  le  masque,  nous  remarquons 
quelques  exagérations,  elles  ont  sûrement  été  voulues  par  le  sculpteur  :  la  grande  taille  des  yeux 

entre  autres. 

Notre  masque  d'argent  est  le  seul  objet  de  ce  genre  qui  ait  été  encore  rencontré,  il  est  donc 
impossible  d'entrer  dans  des  comparaisons;  je  dois  dire,  toutefois,  que  ce  type  sémitique  est 
celui  de  la  Chaldée  antique  et  qu'il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  celui  de  l'Assyrie  où  les  formes, 
chez  les  hommes  comme  chez  les  femmes,  deviennent  brutales  et  sensuelles. 

Deux  coilïures  ayant  appartenu  à  des  statues  différentes  ont  été  trouvées  en  même  temps 
que  le  Masque  d'Argent;  toutes  deux  sont  en  grès  émail  lé,  ornées  de  clous  et  de  disques  de 
métal.  L'une  et  l'autre  ne  peuvent  convenir  au  Masque  d'Argent. 

La  plus  petite  (PI.  VIII  et  IX)  présente  la  forme  générale  d'une  perruque  divisée  en  deux 
lobes  :  l'un  couvrant  le  crâne,  l'autre  retombant  sur  les  épaules. 


■^^^^tk-      '^- 


IliMfj-'i'i-  frtTc».  lui]». 


\lll.  —   l'IviriK  COll'l  I   Ri:,  gros  cmaillc,  face. 

El>OQri:     lii.AMITK) 


TROUVAILLE    DU    MASQUE    D'ARGENT 


45 


Un  disque  d'or,  retenu  par  un  clou  de  même  métal,  orne  la  partie  médiane  antérieure; 
trente-cinq  clous  d'or  sont  disposés  vers  l'avant,  tandis  que  l'arrière  et  les  côtés  sont  ornés  de 
clous  d'argent  et  de  bronze. 

La  hauteur  totale  extérieure  de  l'ensemble  est  de  o",  14.  La  largeur  du  lobe  supérieur  de 
o",  10.  Celle  du  lobe  inférieur  de  o",  12.  La  cavité  occupée  jadis  par  la  figure  est  haute  de  o"',  09 
et  large  de  o^.oô. 

A  l'arrière  est  un  trou  par  lequel  passait  la  cheville  destinée  à  maintenir  la  coiffure  sur  la 

tête  de  la  statue. 

La  seconde  coiffure  (PI.  X)  est  une  sorte  de  turban  massif  large  de  o'",22,  haut  de  o"",  13, 
et  garni  sur  toute  sa  surface  de  neuf  lignes  de  disques  de  bronze  maintenus  par  des  clous  du 
même  métal  et  disposés  en  quinconce. 

Un  rebord,  haut  de  o",025  et  de  0"",  13  de  diamètre,  posait  directement  sur  la  tête  de  la 
statue.  La  cavité  dans  laquelle  entrait  le  tenon  terminant  la  statue  est  elliptique  et  présente  o",  105 
de  longueur  sur  o",  og  de  largeur. 

La  forme  de  cette  dernière  coiffure  cVait  courante  chez  les  Chaldéens  et  les  Assyriens;  on  la 
rencontre  sur  les  cylindres  et  les  bas-reliefs.  C'est  un  simple  bonnet  analogue  au  turban.  Quant 
à  celle  de  la  première,  elle  semble  réunir  en  un  seul  motif  le  bonnet  et  les  cheveux  longs  qui 
pendaient  autour  de  la  tète,  disposition  également  très  fréquente  en  Mésopotamie  dès  les  temps 
les  plus  anciens. 

A  côté  de  ces  objets  se  trouvaient  :  onze  perles  de  pierre  dure,  agate,  cornaline,  quartz,  etc., 
quelques  coquilles  (cypraea,  conus)  taillées  en  perles,  cinq  cylindres  ne  portant  aucune  gravure, 
et  six  "-raves,  une  longue  perle  en  pâte  émaillée  (fig.  67),  un  vase  d'albâtre  brisé,  une  colombe 


La.aie  de  fer  (frrandeur  naturelle) 


Fig.  56.  —  Fragment  d'armature  en  fer  (grandeur  naturelle) 

en  émail,  une  masse,  un  sceptre,  une  longue  lame  (fig.  55),  un  fragment  d'armature  (fig.  56), 
un  couteau  de  fer  (fig.  57)  et  une  grande  quantité  de  clous  à  grosse  tête  du  mêm.e  métal 
(fig.  58  à  60). 


4^> 


TROU\^\ILLE   DU    MASQUE    DARGEN T 


Ces  derniers  objets  étaient  très  fortement  oxydés. 


60 


5*^  57  59 

Fie.  58  à  60.  —  Lamr  DR  COUTEAU  ET  CLOUS  EN  FER  (1/2  grandeur  naturelle) 


62 


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67 


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F'iG.  61    a   67.  —  Cylindres  en  cornaline,   ai.datre,  calcaire  blanc,  pâte  noire 
ET  grande  perle  cylindrique  en  PATE  ÉiMAiLLÉE  (grandcur  naturelle) 


65 


66 


'^''-- 


Oi-.ici;*;!'   IVêres.    IlU|i. 


PI.   IX.  —   PETITE  COIFFURE,  t^rès  emaillé,  profil. 
(Epoqle  El.\mitej 


TROUVAILLE  DU  MASQUE  D'ARGENT 


47 


Fi  G.  68 

Masse-  de  marbre  noir 

avec  anneau  de  bronze 

(2/3  grand,  nat.) 


FiG.  69 

Colombe  en  pâte  émailiéc 

(2/3  grand,  nat.) 


Les  C3'lindres  appartiennent  à  des  époques  bien  différentes,  cinq  (fig.  61365)  semblent 
archaïques,  tandis  qu'un  sixième  (fig.  66),  d'ailleurs  coupé  et  retaillé  pour  entrer  dans  un  collier, 
appartient  à  l 'époque  kassite. 

La  masse  (fig.  68)  en  calcaire  noir  est 
garnie  d'un  anneau  de  bronze.  L'exiguité 
du  trou  dans  lequel  s'engageait  l'extrémité 
du  manche  permet  d'estimer  que  cette 
masse  était  plutôt  un  attribut  votif  qu'une 
arme  destinée  à  l'usage. 

La  colombe  en  terre  émaillée,  l'oiseau 
d'Istar,  suivant  toute  apparence,  est  d'un 
travail  très  soigné  ;  une  tige  de  bronze  la 
traversant  la  fixait  probablement  à  l'extré- 
mité d'un  sceptre  (fig.  69). 

Le  sceptre  (fig.  70  et  PI.  XVII  fig.  i)  terminé  en  forme  de 
crosse  par  une  tête  de  serpent,  mesurait  i'",44  de  longueur;  la  tète 
du  serpent  est  plaquée  d'argent,  les  yeux  sont  faits  de  petites 
pierres  noires  enchâssées  dans  le  métal. 

Ce  sceptre  se  retrouve  fréquemment  dans  les  représentations 
chaldéennes,  il  est  porté  par  les  divinités. 

Comme  on  le  voit  par  la  description  qui  précède,  tous  ces 
objets  se  rapportent  au  culte  ;  la  cachette  renfermait  trois  statues 
qui,  peut-être,  portaient  les  deux  sceptres  et  la  masse;  les  gemmes 
composant  le  collier  ornaient  peut-être  le  cou  de  l'une  des  divinités. 

On  est  en  droit  de  supposer  que  les  clous  et  l'armature  de 
fer  faisaient  partie  d'une  caisse  dans  laquelle  avaient  été  placées 
les  statuettes. 

Quant  à  l'âge  de  cet  ensemble,  il  ne  peut  être  postérieur  au 
cylindre  le  plus  récent,  c'est-à-dire  au  XI"'=  siècle  environ.  Fig.  70 

Tête  de  sceptre  en  bronze 
(1/2  grand,  nat.) 


.  I  rniiaa*'--^- -"-'*-«■'  •■  "*      — ra-tin.- 


PL.X 


GRANDE    COIFFURE    EN    GRES    EMAILLE 
'  Epcgue  Elamite,  )    2/3  5r.  nat. 


Hého6.  Duîardia 


t 


Trouvaille  de  la  Colonne  de  Briques 


Par  J.  de  MORGAN 


fig.  71.  colonn-e  de  bbiques  du  temple  du  dieu  chouciiinak 

(au  nom  du  roi  choutrouk-nakiiounte) 


50 


TROUX'AILLE    DE    LA    COLONNE    DE    BRIQUES 


Je  dési'^ne  sous  ce  nom  une  série  de  petits  objets  trouvés  ensemble  dans  la  tranchée  n°  25, 
à  4"".  50  de  profondeur  au-dessous  de  la  surface  du  sol,  près  d'une  colonne  de  briques  faisant 
partie  des  ruines  d'un  monument  très  important  élevé  par  les  Susiens  au  dieu  Chouchinak. 

Les  dallages  et  les  restes  de  murailles  étaient  construits  de  matériaux  remaniés  portant 
les  noms   des   rois    Unia^-Gal,    Silhak  in  Susinak,    Sutruk  Nahhunte;  quelques  briques  des 

patésis  Gimil  Sin,  Temti  Halki,  etc avaient  également  été  de  nouveau  employées. 

'  Quant  aux  matériaux  formant  la  colonne,  bien  qu'ils  soient  tous  au  nom  de  SufruJc 
Nahhunte,  nous  savons,  avec  certitude,  que  le  monument  a  été  retouché  depuis  ce  prince,  car 
beaucoup  de  briques  retournées  présentaient  leurs  textes  placés  à  l'envers  dans  la  construction. 

Dans  les  décombres  avoisinants  se  trouvaient  de  nombreux  koudourrous  entiers  ou  frag- 
mentés ;  ils  portent,  dans  ma  seconde  étude  sur  ces  monuments,  les  numéros  XIII,  XIV,  XV, 

XVII  et  XX. 

C'est  sur  le  dallage  de  briques,  dans  un  espace  d'un  mètre  carré  environ,  que  se  trouvaient 
les  objets  que  je  vais  décrire.  Ils  semblent  avoir  été  abandonnés  en  ce  lieu,  sans  que  nous 
puissions  savoir  pour  quelle  cause,  et  n'ont  rien  de  commun,  je  pense,  avec  le  monument  et  la 
colonne  de  briques.  L'importance  de  la  trouvaille  n'a  rien  de  comparable  à  celle  des  fondations 
du  temple  lui-même;  mais  cette  série  est  de  même  nature,  renferme  des  objets  analogues,  aussi 
dois-je  la  citer  en  même  temps  que  le  mémoire  de  M.  R.  de  Mecquenem  sur  les  dépôts  de 
fondation. 

Les  objets  sont  les  suivants  : 


Fiu.  72 
Vase  d'albâtre  (1/2  grand,  nat. 


FiG.  ri 

Poterie  grossière  (1/2  grand,  nat. 


FiG.  74 
Masse  en  calcaire  (grand,  nat.) 


Un  vase  d'albâtre  (fig.  72),  grossier  de  travail  et  de  matière,  de  forme  allongée,  le  col  manque. 

Un  petit  vase  d'argile  grossière  (fig.  73)  ne  fournissant  par  lui-même  aucune  indication  sur 


TROU\'AILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES 


son  ào'e.  Nous  rencontrons  très  fréquemment  et  à  tous  les  niveaux  supérieurs  des  vases  de  même 
forme  et  de  même  terre. 

Une  masse  en  calcaire  blanc  (fig.  74)  fort  bien  conservée. 

Les  bronzes,  bien  que  peu  nombreux,  sont  intéressants  parce  qu'ils  sont  très  caractéristiques 
de  l'époque  élamite.  Je  citerai  en  première  ligne  : 

Deux  pendeloques  en  métal  repoussé,  représentant  l'une  (fig.  75)  l'étoile  à  huit  branches  de 
la  déesse  Islar,  l'autre  (fig.  76)  une  étoile  à  quatre  branches  cantonné  de  quatre  bossettes  semi- 
sphériques. 

Une  feuille  (fig.  77)  munie  d'une  bélière  et  rappelant  par  sa  découpure  les  feuilles,  beaucoup 
plus  grandes  d'ailleurs,  trouvées  dans  les  dépôts  de  fondation. 


.A.J 


78 


^' 


c 


M) 


Fig.  83 

Pointe    de    flèche 

en  bronze 

(grand,    nat.) 


FiG.  75   à  82,  8^  et  89.  —  Objets  de  bronze  (grandeur  naturelle) 

Une  gaine  de  bronze  ornée  de  cotes  (fig.  78). 

Un  clou  du  même  alliage  pris  dans  les  restes  d'un  objet  de  bois  (fig.  79). 

Deux  bossettes  semi-sphériques  (fig.  80)  en  métal  repoussé. 

Une  dizaine  d'anneaux  (fig.  81). 

Deux  pointes  de  flèches,  l'une  brisée  (fig.  82),  l'autre  (fig.  83),  d'un  type 
très  archaïque,  semblables  à  celles  qui  se  rencontrant  dans  les  dolmens  du  nord 
de  la  Perse,  appartiennent  au  premier  âge  du  bronze. 

Un  anneau  muni  d'une  bélière  (fig.  8_i)  attaché  par  un  fil  de  bronze  enroulé. 


TROUVAILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES 


Une  longue  épingle  de  métal  (fig.  85). 
Une  aiguille  (fig.  86). 

Un  large  disque  repoussé  en  bossette  et  plat  sur  les  bords  (fig.  87). 

Quatre  serpents  de  bronze  (fig.  88),  le  serpent  est  généralement  employé  comme  emblème 
du  dieu  Sirii. 


f^S 


Fig.  85  à  88.  —  Disque,  épingles  et  serpent  de  bro.nze  (2/j  grandeur  naturelle) 


Une  pendeloque  (fig.  89)  en  forme  de  poire  ;  l'anneau  est  en  bronze,  le  corps  de  l'ornement 
est  fait  d'argile  revêtue  d'une  feuille  d'argent,  à  l'e.xtrémité  inférieure  est  une  perle  de  pâte 
enchâssée  dans  le  métal. 

Bon  nombre  de  fragments  informes  de  bronze. 

Parmi  ces  objets  métalliques  trois  types  sont  surtout  intéressants  :  ceux  des  pendeloques  et 
celui  des  serpents.  Ces  formes  se  retrouvent  dans  les  sculptures  sur  pierre  et  dans  la  céramique  ; 
l'étoile  (Istar)  est  figurée  non  seulement  sur  les  koudourrous  cosséens,  mais  aussi  sur  les  monu- 
ments très  anciens,  tels  que  la  stèle  triomphale  de  Naram  Sin;  le  serpent  (Sirujïah  partie  des 
symboles  divins  sculptés  sur  tous  les  koudourrous. 

Le  principal  intérêt  de  la  trouvaille  réside  dans  la  petite  série  de  pierres  gravées  qu'elle  a 


TROUVAILLE  DE  LA  COLOxNNE  DE  BRIQUES 


fournies,  cachets  et  cylindres,  tous  fort  anciens,  antérieurs  de  bien  des  siècles  à  l'âg-e  qu'il  est 
permis  d'assigner  à  l'époque  à  laquelle  ces  objets  furent  abandonnés. 

Cachet  de  calcaire  blanc,  représentant  une  tète  de  lion  tournée  à  gauche  (fig.  90).  La  gra- 
vure qu'il  porte,  sur  sa  face  plane,  figure  deux  quadrupèdes  inversés  semblant  se  poursuivre  l'un 
l'autre  dans  un  cercle  ;  deux  groupes  de  trois  et  de  quatre  points  complètent  cette  scène  rudi- 
mentaire  très  fréquente  sur  les  sceaux  les  plus  anciens  de  Suse. 

Cachet  en  albâtre  vert  assez  opaque  (fig.  91)  présentant  la  forme  d'une  calotte  sphérique. 
Gravure  semblable  à  celle  du  précédent  sceau,  moins  les  deux  groupes  de  points. 

Cachet  en  albcàtre  rougeàtre  translucide  (fig.  92),  légèrement  allongé.  Même  représentation 
que  le  précédent. 

Cachet  d'albâtre  vert  translucide  (fig.  93).  Même  figuration. 


Fig.  go  à  99.  —  Cachets  en  albâtre  et  calcaire  (grandeur  naturelle) 

Cachet  d'albâtre  vert  translucide  (fig.  94).  La  gravure  ne  montre  que  des  points  plus  ou 
moins  gros  semblant  être  groupés  au  hasard. 

Il  en  est  de  même  pour  un  autre  sceau  de  calcaire  blanc,  très  dur  (fig.  95);  toutefois,  dans 
ce  dernier  objet,  le  groupement  des  points  montre,  de  la  part  du  graveur,  l'intention  de  figurer 
les  deux  quadrupèdes  traditionnels. 


54  TROUVAILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES 


Cachet  en  albâtre  vert  translucide  (fig.  96)  dont  la  gravure  montre  deux  groupes  de  trois 
points  et  deux  groupes  de  deux. 

Cachet  en  calcaire  blanc  veiné  de  gris  (fig.  97),  montrant  un  singulier  motif  qu'il  semble 
difficile  d'expliquer  en  ce  moment;  de  nouvelles  découvertes  nous  fourniront  peut-être  un  jour  le 
dessin  complet  dont  nous  n'avons  ici  que  les  rudiments. 

Cachet  de  forme  très  irrégulière  en  calcaire  noir  veiné  de  blanc  (fig.  98).  Sa  gravure  montre 
un  semis  de  points  sans  régularité. 

Ces  neufs  sceaux  appartiennent  à  la  même  école,  à  celle  dont  nous  avons  déjà  rencontré  bon 
nombre  de  cachets  et  que  je  considère  comme  la  plus  ancienne  en  Susiane.  Mon  opinion  est  basée 
sur  l'archaïsme  du  travail  et  aussi  sur  ce  que,  dans  nos  fouilles,  j'ai  plusieurs  fois  rencontré  de  ces 
cachets  à  25  mètres  de  profondeur,  parmi  les  fragments  de  vases  peints  et  les  silex  taillés. 
La  gravure  est  obtenue,  non  au  burin  où  même  à  la  meule,  mais  au  moyen  de  l'archet  mettant 
en  mouvement  une  simple  baguette  de  bois  agissant  sur  la  pierre  au  moyen  de  sable  fin  mouillé. 

Ce  procédé  de  perforation  est  le  plus  ancien.  J'en  ai  retrouvé  des  traces  dans  les  tombeaux 
primitifs  de  l'Egypte.  Il  était  usité  pendant  la  période  néolithique,  dans  tous  les  pays,  pour 
perforer  les  haches-marteaux. 

La  fig.  99  montre  la  gravure  d'un  cachet  taillé  dans  une  roche  cristalline  verte,  moyenne- 
ment dure.  Le  procédé  de  travail  est  ici  tout  différent  de  celui  des  cachets  que  je  viens  de  décrire. 
Les  traits  ont  été  obtenus  au  burin  et,  par  suite,  l'objet,  quoique  fort  ancien,  semble  être  posté- 
rieur aux  neuf  cachets  dont  j'ai  parlé  tout  d'abord. 

Le  dessin  du  sceau  est  une  croix  fort  compliquée,  rappelant  les  ornements  du  même  genre 
qu'on  rencontre  sur  les  vases  des  assises  inférieures  du  tell  de  Suse.  Je  ne  saurais  cependant 
l'assigner  d'une  manière  certaine  à  l'époque  de  la  céramique  peinte. 

Les  cylindres  étaient,  dans  cette  trouvaille,  moins  abondants  que  les  cachets  :  nous  n'en 
comptons,  en  effet,  que  six.  Ils  appartiennent  à  des  époques  très  différentes;  je  les  décrirai 
dans  l'ordro  chronologique  que  je  pense  devoir  leur  assigner,  sans  toutefois  me  prononcer  au 
sujet  de  leur  âge  absolu. 

Cylindre  en  calcaire  rouge  (fig.  100),  hauteur  21""",  diamètre  19™".  Le  développement  montre 
quatre  personnages  assis,  tournés  à  gauche;  deux  sont  isolés,  deux  sont  réunis  ;  les  trois  motifs 
sont  séparés  entre  eux  par  cinq  points.  Au-dessus  de  la  tête  de  chaque  personnage  est  un  point. 

Le  procédé  de  gravure  est  très  primitif,  toutefois  l'artiste  a  fait  usage  de  la  meule  ou  du 
burin  pour  graver  le  bras  de  l'une  des  figures. 

Je  crois  devoir  placer,  desuite  après  cette  pierre,  un  cylindre  en  calcaire  noir  (fig.  loi)  simple- 
ment orné  de  lignes  géométriques  tracées  au  burin,  travail  très  grossier  dont  Suse  fournit  un 
grand  nombre  d'exemples. 

Le  cylindre  le  plus  remarquable  de  la  trouvaille  est  sans  contredit  une  pierre  calcaire 
blanche  (fig.  102),  mesurant  28'""  de  hauteur  sur  20"""  de  diamètre;  elle  est  gravée  profondé- 
ment, quoique  d'une  façon  primitive.  Le  sujet  comporte  un  personnage  debout  tenant  par  la 


TROUVAILLE  DE  LA  COLOiNNE  DE  BRIQUES 


gorge  deux  quadrupèdes  cabres  lui  tournant  le  dos,  mais  la  tête  dirigée  de  son  coté;  l'un  de  ces 
animaux  porte  un  bois  de  cerf  garni  de  ses  andouillers  et  une  corne  lisse  incurvée  ;  dans  l'autre 
animal  la  tête  a  été  emportée  par  un  éclat  dans  le  cylindre.  Un  troisième  animal  analogue,  mais 
plus  confus,  se  dresse  dans  la  direction  du  personnage.  Il  est  également  arme  d'un  bois  de  cerf 
et  d'une  corne. 

Deux  cylindres  semblent  appartenir  à  la  même  époque;  l'un  d'eux  (fig.  103),  en  calcaire 
bitumeux  brun  est  fort  usé,  on  n'y  voit  plus  que  de  vagues  indications  des  figures  qu'il  portait 
autrefois;  il  mesure  26^"'  de  hauteur  sur  13"™  de  diamètre.  L'autre  (fig.  104)  est  en  calcaire  noir, 
hauteur  21"'",  5,  diamètre  10""",  5.   Sa  gravure  est  grossière  et  obtenue,  en  majeure  partie,  je 


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Fig.    100  à   105.  —  Cylindres  en  calcaire  (grandeur  naturelle) 

pense,  à  la  meule.  Elle  représente  trois  personnages  :  l'un,  le  genou  gauche  en  terre,  tient  par 
le  cou  un  quadrupède,  renard  ou  chacal;  les  deux  autres  tout  debout,  affrontés;  entre  eux  est 
un  long  sceptre  ou  un  serpent.  L'une  de  ces  figures  porte  une  robe,  les  vêtements  de  l'autre 
sont  plus  courts. 

Enfin,  le  sixième  et  dernier  cylindre  de  la  trouvaille  (fig.  105),  semble  être  postérieur  aux 
cinq  premiers;  il  est  foil  usé,  mais  on  y  distingue  encore  une  femme  assise  et  un  personnage 
debout  devant  elle,  un  bras  levé  en  signe  d'adoration.  Ce  cylindre,  en  calcaire  blanc,  mesure 
22"™  hauteur  sur  13""  de  diamètre. 

Dans  cette  découverte  se  trouvaient  un  assez  grand  nombre  de  coquilles  appartenant  toutes 


56 


TROUVAILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES 


à  des  mollusques  gastéropodes  marins  provenant  du  Golfe  Persique.  J'ai  relevé  les  genres 
Solarium,  Olira,  Ancilla,  Murex,  Neritina,  Cypraea,  Littorina,  Cerithium,  ?\'assa  et  Conus, 
ce  dernier  mollusque  étant  de  beaucoup  le  plus  abondant.  Son  test  était,  en  effet,  d'un  usage 
très  répandu  chez  les  Elamites;  on  en  fabriquait  des  anneaux  que  nous  rencontrons  très  fré- 
quemment dans  nos  fouilles,  mais  dont  l'usage  m'est  inconnu.  J'avais  pensé  que  les  Susiens  les 
portaient  en  bagues,  mais  la  fragilité  de  la  matière  semble  devoir  exclure  cette  hypothèse. 

11  est  aisé  de  suivre  les  diverses  phases  du  travail  auquel  se  livraient  les  artisans  susiens 
pour  transformer  en  anneaux  les  sommets  des  Conus.  La  coquille  était  d'abord  coupée  à  ses 
deux  extrémités  (fig.  io6);  puis,  soit  en  la  sciant,  soit  en  l'usant  à  la  meule,  on  obtenait  un  disque 
assez  mince,  plein  (fig.  107)  ou  percé  d'un  petit  trou  (fig.  108)  et  montrant  encore  les  traces  de  la 
spire.  La  columelle  était  enlevée  d'un  coup  de  ciseau  (fig.  109)  ;  puis  il  restait  le  travail  de  l'usure 


107 


1 12 


113 


114 


I  M 


Fig.   106  à   115.  ^  Coquille  de  cosus  taillée  en  anneaux  et  en  perles  (grandeur  naturelle) 

de  l'intérieur  qui  se  faisait  graduellement  (figs.    1 10-111)  jusqu'à  amener  l'objet  à.  la  forme 

voulue  (fig.  112). 

Les  fra"-ments  de  coquilles  étaient  encore  employés,  comme  d'ailleurs  toute  autre  matière 
minérale,  pour  faire  des  perles  (figs.   1 1 3-1 1 5)  et  des  pendeloques  entrant  comme  éléments  dans 

les  colliers. 

Quelques  objets  plus  ou  moins  ornés  faisaient  partie  de  la  petite  trouvaille;  leur  usage,  pour 

la  plupart,  reste  inconnu.  Ce  sont  : 

Deux  disques,  en  calcaire  bitumeux  noir,  présentant  la  forme  d'une  calotte  sphérique,  percés 

en  leur  milieu  (fig.  1 16). 

Trois  tubes,  en  calcaire  bitumeux,  présentant  une  section  carrée  et  une  ornementation 
géométrique  très  simple  (figs.  117-119). 


TROUVAILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES 


57 


Un  disque  de  calcaire  blanc  (fig.  120),  orné  de  côtes  simulant  les  pétales  d'une  fleur. 
Une  pendeloque  en  pierre  verte  (fig.  121);  deux  pendeloques  en  calcaire  blanc  (fig.   122-123). 
Une  perle  de  calcaire  blanc  (fig.  124),  orné  de  côtes  très  saillantes. 

Une  perle  en  cornaline  rouge  (fig.  125),  très  habilement  taillée.  Elle  se  compose  de  deux 
pyramides  hexagonales  très  régulières  opposées  par  leur  base. 


116 


FiG.    116  à   125. 


119 


120 


125 


Disques,  tubes,  pendeloques  et  perles,  en  calcaire  bitumeux,  calcaire  blanc, 
PIERRE  VERTE  ET  CORNALINE  ROUGE  {3/4  grandcuf  naturelle) 


Les  gemmes  travaillées  en  perles  de  colliers  sont  fort  abondantes  : 

15  perles  d'albâtre  blanc,  rouge  ou  vert  :  l'une  d'elles  mesure  74"™  de  longueur,  52'"'"  de 
largeur  et  29"""  d'épaisseur. 

5  grandes  perles  d'agate,  l'une  en  matière  brune,  veinée  de  rouge,  est  longue  de  89""",  large 
de  56"^™,  épaisse  de  i  r".  Elle  est  percée  dans  sa  longueur.  Ce  travail  de  percement  s'est  fait  par 
les  deux  extrémités  avec  trop  peu  de  précision  pour  que  les  deux  trous  se  rejoignissent  exacte- 
ment au  milieu  de  la  pierre.  Une  autre  longue  de  95"",  large  de  38""",  épaisse  de  10"™  est  en 
une  superbe  matière  laiteuse,  veinée  régulièrement  de  couches  plus  opaques. 

2  perles  de  turquoises  de  mauvaise  qualité,  ou  mieux  de  calcaire  très  dur  imprégné  de  sels 
de  cuivre  (phosphate). 

1  perle  de  calcaire  noir  et  blanc  figurant  un  œil. 

2  perles  de  calcaire  très  dur,  renfermant  un  grand  nombre  de  foraminifères  se  détachant  en 
blanc  sur  le  fond  rouge  de  la  pâte.  Ces  calcaires  existent  en  masses  considérables  dans  les  terrams 
crétacés  supérieurs  du  Louristan. 

I  perle  plate  brisée,  découpée  dans  un  polypier  fossile  qui  se  détache  en  blanc  sur  le  fond 

noir  de  la  pâte. 

I  perle  en  cristal  de  roche. 
10  perles  rondes. 
17  perles  en  forme  d'olive. 
14  perles  en  forme  de  lozange. 
9  perles  cvHndriques,  ou  cylindres  ne  portant  aucune  gravure. 

8 


TROUVAILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES 


20  perles  de  formes  diverses. 

Ces  perles,  dont  la  matière  n'est  pas  spécialement  indiquée,  sont  en  albâtre,  calcaire  de 
couleurs  diverses,  agate,  cornaline,  lapis  lazuli,  etc....  surtout  remarquables  par  le  choix  du 
minéral  qui  les  compose.  Les  Susiens  semblent  avoir  attaché  un  grand  pri.x  aux  substances 
colorées  et  aux  originalités  qu'elles  présentent  parfois  dans  la  nature  :  ils  profitaient  habilement 
des  moindres  défauts,  des  inclusions  diversicolores,  et  employaient  ces  pierres  dans  la  parure  et 
pour  l'incrustation  des  objets  auxquels  ils  attribuaient  une  certaine  valeur. 

Le  reste  de  la  trouvaille  se  compose  de  perles  et  de  menus  objets  de  pâte  émaillée.  Nous 
savons,  par  des  découvertes  déjà  publiées,  que  la  terre  émaillée  jouait  un  rôle  très  important  dans 
les  arts  susiens.  Les  murailles  des  temples  étaient  souvent  faites  de  briques  vernissées;  des  pom- 
meaux et  des  figurines  animales  y  étaient  fixés.  Malgré  cela,  la  céramique  émaillée  n'était  usitée 
que  pour  l'architecture  et  pour  de  menus  objets  d'ornementation.  Nous  ne  connaissons  pas  jus- 
qu'ici un  seul  vase  susien  qui  soit  recouvert  d'émail. 

Les  pâtes  sont  de  trois  natures  et  de  trois  couleurs  différentes.  La  pâte  bleu-clair  dont  sont 
composées  : 

147  perles  sphcriques  d'un  diamètre  variant  depuis  8™'"  jusqu'à  26""" 
54  perles  longues,    diamètre  de  i  2  à  45™™. 

5  perles  en  forme  de  losange. 
20  perles  affectant  diverses  formes. 

I  perle  longue  ornée  de  chevrons. 

I  perle  cylindrique. 

3  perles  ornées  de  côtes. 

I  perle  biconiquc. 

I  perle  formée  de  deux  pâtes  différentes,  l'une  plus  foncée  que  l'autre 

1  coulant  de  collier  à  deux  rangs  de  perles. 

2  pendeloques  ovoïdes. 

Une  pâte  d  un  ton  plus  foncé  donne  : 

13  perles  plates. 

5  perles  biconiques. 

14  perles  cylindriques. 

22  perlettes  de  petites  dimensions. 
I  pendeloque. 
Lnfin,  une  pâle  noire,  donne  : 
30  perles  cylindriques. 
44  perles  rectangulaires 

3  perles  rondes. 
I  disquu. 

6  pendeloques. 


TROUVAILLE  DE  LA  COLONNE  DE  BRIQUES  '         '  59 

Je  dois  ajouter  à  cette  liste  13  perles  de  formes  et  de  colorations  diverses,  également  en  pâte, 
et  un  coulant  dô  collier  en  pâte  blanche. 

Quelques  fragments  d'ivoire  appartenant  à  des  objets  dont  l'usage  reste  inconnu,  stylets  ou 
poinçons  garnis  d'une  tète  ronde. 

Les  objets  composant  cette  petite  trouvaille  ne  peuvent  être  datés  d'une  manière  précise. 
Les  cachets  sont  tous  extrêmement  anciens;  les  cylindres,  bien  que  plus  récents  sont  tous  anté- 
rieurs au  XII°  ou  XIIP  siècle  avant  notre  ère.  Quant  aux  objets  de  bronze  et  de  terre  cuite,  ils 
peuvent  appartenir  à  tous  les  âges,  depuis  le  XX^  siècle  avant  J.-C.  jusqu'à  l'époque  de  la  ruine 
de  Suse  par  le  roi  d'Assyrie.  L'ensemble  est  franchement  susien  et  c'est  à  ce  titre  que  notre 
découverte  est  intéressante.  Isolée,  elle  ne  méritait  pas  un  article  spécial,  mais  les  comparaisons 
qu'on  peut  faire  entre  les  objets  qui  la  composent  et  ceux  renfermés  dans  les  dépôts  de  fon- 
dation lui  donnent  plus  d'importance. 


Offrandes    de   Fondation  du   Temple  de  Chouchînak 

Par  R.  de  MECQUENEM 


Les  objets  que  nous  comprenons  sous  ce  titre  étaient  réunis  dans  un  espace  très  restreint  et 
ont  été  découverts  le  i"  janvier  1904. 

C'étaient  les  étrennes  élamites  de  la  Délégation.  M.  de  Morgan  m'a  fait  l'honneur  de  me 
confier  le  soin  de  les  décrire  ;  nouveau  venu  sur  le  tell  de  Suse,  j'aurais  craint  d'entreprendre 
une  pareille  tâche,  si  je  n'avais  su  pouvoir  compter  sur  sa  direction  attentive,  et  sur  le  concours 
dévoué  de  M.  Lamprc,  le  secrétaire  de  la  Délégation. 

Lorsque  furent  mis  au  jour,  en  ma  présence,  les  premiers  morceaux  de  bronze,  il  était 
déjà  tard  ;  l'heure  de  renvoyer  les  ouvriers  approchait.  Après  avoir  recueilli  les  objets  apparents, 
parmi  lesquels  plusieurs  anneaux  d'or,  je  fis  recouvrir  la  fouille  de  terre,  et  deux  soldats  de  la 
garnison  du  château  furent  désignés  pour  la  garde  de  nuit. 

Le  lendemain  matin,  M.  de  Morgan,  M.  Lampre  et  moi,  nous  commencions  la  fouille  au 
couteau;  il  fallut  toute  la  journée  pour  dégager  les  multiples  objets,  pris  dans  la  terre  compacte. 
Les  deux  contremaîtres  s'employèrent  à  tamiser  les  terres  et  à  les  laver  dans  la  cuve  d'un  wagon 
Decauville.  Nous  quittâmes  le  terrain  avec  une  quinzaine  de  coufTes,  pleines  d'objets  à  trier. 
Il  nous  fallut  plusieurs  jours  de  nettoyage  et  de  classement  pour  pouvoir  nous  rendre  compte  de 
l'importance  de  la  découverte  :  les  terres  qui  encroûtaient  les  pierres  et  les  bronzes  renfermaient 
fréquemment  de  petites  feuilles  d'or  et  des  perles  ;  des  fragments  de  métal,  jugés  sans  importance 
au  premier  abord,  se  trouvèrent,  sous  la  brosse  ou  le  pinceau,  délicatement  ornés  ;  des  débris 
informes  prirent  place  dans  la  restitution  d'un  vase,  d'un  cylindre  ou  d'une  statuette. 

Dès  le  premier  instant  de  la  découverte,  un  champ  d'hypothèses  s'était  ouvert  :  avions-nous 
affaire  au  mobilier  funéraire  d'une  tombe,  à  la  cachette  d'un  bijoutier-fondeyr,  à  un  dépôt 
d'objets  précieux,  au  butin  abandonné  d'un  pillard  ? 

L'examen  du  terrain  et  des  objets  fait  plutôt  supposer  que  nous  avons  rencontré  là  les 
offrandes  faites  au  moment  de  la  fondation  d'un  temple. 

C'est  dans  la  tranchée  n°  23 ,  à  50  mètres  de  l'axe  directeur  des  travaux,  à  o"",  70  du  bord  sud 
de  cette  tranchée,  que  fut  découvert  l'ensemble  décrit. 

Il  occupait  une   épaisseur  de  o'",6o,  à  une  profondeur  de  4  mètres  à  partir  du  sol  naturel. 

Cette  partie  iNord-Ouest  du  tell  de  la  Citadelle  semblait,  d'après  les  travaux  de  la  saison 
précédente,  devoir  donner  de  bons  résultats.  On  y  avait  trouvé  des  koudourrous,  des  briques 
élamites  émaillées,  de  nombreux  restes  de  dallages  et  de  constructions. 


62 


OFP'RAiXDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCIllNAK 


En  se  reportant  au  croquis  du  plan  de  cette  partie  de  la  tranchée  23  (fig.  126),  on  pourra  se 
rendre  compte  des  résultats  obtenus  sur  ce  point  pendant  les  deux  premières  quinzaines  de  la 
saison  1903- 1904. 

Entre  les  briques  d'un  dallage  fréquemment  rencontré,  à  3"", 60  de  la  surface  dans  cette  partie 
du  tell,  on  trouva,  à  gauche  d'une  large  dalle  figurée  sur  le  plan,  une  centaine  de  perles  en  pâte 
émaillée  et,  à  quelque  distance,  une  hache  de  bronze  figurée  dans  le  présent  mémoire. 


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FiG.    126.  —  Pian  dk  i.a  partir  dk  la  TRANCiiiiE  n°  23,  00  furent  trouvés  les  dépôts  de  fondation 

(Echelle  de   i^m  par  mètre) 

Au  même  niveau,  l'on  dégagea  la  dalle  en  calcaire  rectangulaire  (en  plan  1,50  X  1,05), 
et  de  o",  1 5  de  hauteur.  Elle  était  portée  sur  un  dallage  irrégulier  de  briques  cuites. 

Au-dessous  d'un  dallage,  se  raccordant  peut-être  avec  le  précédent,  on  découvrit  la  ca- 
chette, qui  semblait  limitée  en  surface  par  trois  murs  très  irréguliers  et  écroulés,  formant 
trois  côtés  d'un  rectangle  (1,20  x  1,50)  et  de  trois  à  quatre  briques  de  hauteur.  En  profondeur, 
les  objets  reposaient  sur  de  la  terre  pilée. 

A  un  niveau  un  peu  inférieur,  à  droite  des  constructions,  on  trouva  des  dalles  d'albâtre,  les 
unes  dissimulées  dans  la  tranchée,  les  autres  en  place,  engagées  dans  la  terre  de  la  tranchée 
voisine.  Ces  dalles,  en  belle  matière,  ont  les  dimensions  des  briques  élamites. 


PL  XI 


STATUETTES    DE    FONDATION   EN    BRONZE 

au  nom  de  Dun^i 

(  4r  nat.) 


HélioJ.Dujardin 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  63 

Au  fond  provisoire  de  la  tranchée,  à  4'",  60  de  la  surface,  affleurèrent,  au-dessous  d'une 
couche  de  galets,  deux  longues  pierres  allongées  parrallélement.  En  avant  se  montra  la  tête 
d'un  lion  couché. 

Cette  statue  fut  dégagée  par  une  excavation  ;  l'animal  en  marbre  blanc,  éraillé  par  endroits, 
peut-être  par  la  chaleur  d'un  incendie,  présente  i"\05  de  longueur;  il  est  figuré  couché,  mais 
aux  aguets,  les  pattes  de  derrière  prêtes  à  se  détendre.  Le  dos  est  percé  d'un  trou  cylindrique  de 
o"\  1 1  de  diamètre  qui  traverse  entièrement  :  ce  lion  servait  peut-être  de  support  à  une  colonne 
ou  à  une  statue.  Il  reposait  sur  des  briques   cuites,  posées  à  plat,  mais  irrégulièrement. 

Les  objets  trouvés  dans  la  cachette,  gisaient  dans  le  plus  grand  désordre  :  les  feuilles  de 
métal, argent,  bronze  ou  or,  étaient  repliées  plusieurs  fois  sur  elles-mêmes  ;  des  anneaux  d'argent 
étaient  passés  dans  une  tige  de  bronze  ;  les  masses  de  pierre,  les  vases,  les  bagues,  les  statuettes 
étaient  pêle-mêle,  engagés  dans  la  terre  très  riche  en  fragments  d'ivoire,  cvlindres  et  perles. 

Tous  ces  objets  présentent  les  caractères  d'ornements,  de  parures,  d'outils  ou  de  matières 
susceptibles  d'ornementation.  Devant  leur  grande  variété,  on  s'étonne  en  passant  de  l'un  à 
l'autre,  de  leur  différence  de  valeur,  qu'on  la  fasse  dépendre  du  travail,  ou  de  la  matière  em- 
ployée. Il  a  été  enfoui,  non  seulement  des  coquillages,  des  perles  de  pâte,  des  pendeloques  de 
terre,  mais  des  pierres  et  des  morceaux  de  métal  informes.  Rien  de  cela  n'aurait  dû  prendre 
place  dans  un  trésor. 

Les  bagues  en  or,  gravées  ou  filigranées,  les  cvlindres  en  matière  dure,  les  fragments  ins- 
crits, sont  rares  en  comparaison  des  anneaux  unis,  d'or  ou  de  bronze,  des  cylindres  de  pâte; 
une  semblable  proportion  serait  étonnante  dans  un  dépôt  d'objets  précieux;  elle  est  naturelle  dans 
une  réunion  d'offrandes  faites  par  des  adorateurs  de  toutes  classes. 

Elle  est,  d'ailleurs,  également  compréhensible  dans  une  réserve  de  bijoutier  qui  doit  répondre 
à  toutes  les  demandes  ;  cette  hypothèse  d'une  cachette  de  bijoutier-fondeur  permettrait  également 
d'expliquer  la  présence  de  fragments  de  pierres  dures,  de  quartz,  d'hématite,  des  cylindres  non 
gravés,  des  perles  non  percées,  des  morceaux  d'ivoire,  découpés  pour  l'incrustation  ;  il  était 
nécessaire  à  un  artiste  d'avoir  sous  la  main,  tout  prêts,  les  éléments  nécessaires  à  la  préparation 
d'un  objet  commandé. 

De  même,  un  orfèvre  pouvait  gardera  sa  disposition  les  morceaux  de  vases,  ou  de  masses, 
et,  fondeur  en  même  temps  que  ciseleur,  amonceler  les  débris  de  métaux  de  toutes  provenances  ; 
c'étaient  pour  lui  des  matières  ouvrables. 

Cette  supposition  que  nous  avions  faite  dès  le  début  ne  s'est  pas  trouvée  en  rapport  avec  les 
résultats  des  fouilles  suivantes.  Il  fut,  en  effet,  découvert  à  une  quinzaine  de  mètres  plus  à  l'Ouest, 
un  dallage  important  et  des  restes  de  ses  murs,  dans  les  fondations  desquels  on  trouva  deux  sta- 
tuettes de  fondation  en  bronze  (PI.  XI),  accompagnées  chacune  d'une  tablette'  de  pierre  inscrite; 
Statuettes  et  tablettes  portent  un  texte  votif  du  roi  Dungi  (Dounghi)  au  dieu  Chouchinak. 

I.   Scheil,  Textes  clamites  sémitiques.  III,  PI.  6  et  page  21. 


64  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Ces  ruines  furent  ensuite  retrouvées  au  Sud,  par  les  travaux  des  tranchées  n"'  24,  25,  26, 

27  et  28. 

Sans  parler  des  monuments  de  pierre,  fournis  par  ces  fouilles,  citons  seulement  un  lion  de 
pierre,  trouvé  dans  la  tranchée  n°  24,  et  analogue  à  celui  que  j'ai  décrit;  il  fut  recueilli  de  nom- 
breux objets,  soit  isolés,  soit  disséminés  dans  un  espace  limité,  ou  enfin  réunis  par  groupes.  Ces 
trouvailles  ont  toujours  été  faites  à  un  niveau  peu  différent,  au-dessous  du  dallage  dont  j'ai  déjà 
parlé  et  que  je  crois  pouvoir  rapporter  au  temple  et  à  ses  dépendances. 

Dans  la  tranchée  n°  28,  on  découvrit,  dans  un  espace  de  trente  centimètres  carrés  environ, 
une  statuette  de  bronze,  un  fragment  de  feuille  d'argent,  des  pointes  de  flèches,  une  trentaine 
d'anneaux  de  bronze,  et,  dans  les  terres,  deux  petits  fragments  d'or. 

Je  citerai,  comme  faite  dans  des  conditions  analogues,  dans  la  tranchée  n"  27,  la  trouvaille 
de  la  statuette  d'or,  dont  on  pourra  lire  plus  loin  la  description. 

La  tranchée  n"  26  fournit  une  grande  quantité  d'objets,  des  cylindres,  des  perles  de  pierre 
et  de  pâte  émaillée,  des  feuilles  d'or,  dont  quelques-unes  inscrites,  de  nombreux  débris  d'argent, 
de  plomb,  et  surtout  de  bronze  ;  il  faut  particulièrement  remarquer  que  cette  dernière  trouvaille 
était  disséminée  sur  un  espace  relativement  important,  d'environ  10  mètres  de  long  sur  4  mètres 
de  large.  Pas  un  seul  point  de  cette  surface,  que  l'on  put  désigner  comme  le  centre  d'un  dépôt; 
cependant  quelques  places  donnaient  plus  d'or,  quelques  autres  plus  de  bronze. 

D'autres  découvertes  analogues,  moins  importantes,  ont  eu  lieu  dans  ces  tranchées.  Les 
travaux  de  l'année  précédente  avaient  fourni,  dans  les  mêmes  parages,  une  collection  d'objets 
décrite  par  M.  de  Morgan  dans  ce  volume,  et  qui  rentre  peut-être  dans  la  même  catégorie. 

D'après  ces  constatations  de  l'existence  d'un  temple  important,  et  de  la  disposition  des 
objets,  clairsemés  ou  groupés  au-dessous  du  dallage,  il  semble  permis  de  supposer  que  nous 
avons  recueilli  les  offrandes  faites  au  moment  de  la  fondation  de  l'édifice. 

Il  V  a  peut-être  eu,  à  cette  occasion,  une  cérémonie  à  laquelle  prenaient  part  de  nombreux 
assistants.  Chacun  d'eux  apportait  son  offrande  et  la  jetait  dans  la  terre  que  l'on  préparait 
ensuite  pour  établir  le  dallage  du  temple.  On  comprend  alors  le  désordre  des  objets,  leur 
état  de  conservation,  et  leur  différence  de  valeur.  Le  roi,  les  principaux  seigneurs  du  royaume, 
pouvaient  offrir  des  objets  précieux,  comme  ceux  de  la  trouvaille  de  la  statuette  d'or,  et  on  savait 
les  déposer  dans  des  endroits  préparés.  Les  gens  du  commun  jetaient  un  peu  au  hasard  leurs 
modestes  offrandes. 

Une  semblable  hypothèse'  a  été  faite  par  Place  pour  expliquer  la  présence,  dans  les  fond^i- 
tions  des  murs  de  Khorsabad,  d'une  quantité  de  menus  objets  et  de  figurines.  Une  tablette  votive 
du  roi  Sargon,  relative  à  la  construction  de  sa  ville  royale,  contenait,  d'ailleurs,  cette  phrase  : 
«  Le  peuple  jeta  ses  amulettes  ». 

Il  apparaît  donc  comme  vraisemblable  qu'une  cérémonie  analogue  se  soit  passée  à  Suse. 

I.   Cf.   Pcnot  et  Chipiez, //l's^OîVe  i/c /'.Ir/,  tome  II,   pafieîj2. 


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OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  6^ 

Mais,  comme  il  s'agit  ici  d'un  temple,  ce  ne  sont  pas  seulement  des  amulettes  et  des  parures 
qui  ont  été  jetées  dans  les  fondations,  mais  une  quantité  d'offrandes  spécialement  apportées. 
Peut-être,  pour  rendre  leurs  sacrifices  plus  entiers,  les  Élamites  ont-ils  cassé  les  vases,  froissé 
les  bijoux  ;  peut-être  ont-ils  gardé  quelques  fragments  des  objets  enfouis,  pour  conserver  un 
souvenir  de  la  cérémonie.  Cela  nous  expliquerait  pourquoi  nous  n'avons  pu  souvent,  malgré  une 
recherche  minutieuse,  obtenir  des  reconstitutions  complètes. 

La  suite  des  travaux  pourra,  par  des  trouvailles  analogues,  nous  fournir  d'utiles  indications 
sur  des  objets  de  nature  ou  d'emploi  mal  déterminés,  appartenant  à  la  découverte  qui  nous 
occupe  ici.  C'est  cette  indétermination  fréquente  qui  nous  a  fait  adopter,  dans  le  présent  mé- 
moire, la  classification  par  matière  des  objets  à  décrire. 

Je  commencerai  parles  objets  d'or;  c'est,  en  effet,  parmi  les  nombreuses  matières  repré- 
sentées, la  plus  intéressante. 

Ce  métal  est  fréquemment  mentionné  dans  les  textes  chaldéens  et  assyriens.  Depuis  l'ins- 
cription du  constructeur  Goudea  jusqu'aux  stèles  et  bas-reliefs  des  Sargonides,  dénombrant  le 
butin  de  leurs  expéditions  ou  le  tribut  des  peuplades  soumises,  il  est  montré  comme  le  métal 
précieux  par  excellence,  employé  pour  les  bijoux,  les  statues  de  divinités,  la  décoration  par  appli- 
cations de  feuilles  minces.  C'est  en  particulier  le  métal  de  la  royauté  :  les  insignes  de  Marduk- 
baliddina^  roi  de  Chaldée,  vaincu  par  Sargon  en  710,  son  sceptre,  son  trône,  ses  ornements,  son 
palanquin,  étaient  d'or. 

L'or  n'était  pas  moins  employé  à  Suse  qu'à  Babylone  ou  Ninive  ;  quelques  inscriptions 
votives,  fournies  par  les  fouilles  de  la  Délégation,  mentionnent  des  vases  et  des  ornements  d'or; 
c'est,  cependant,  l'cnumération  que  fait  Assourbanipal  des  richesses  qu'il  enleva  dans  l'Élam,  qui 
nous  fait  mieux  juger  du  rôle  qu'y  jouait  ce  métal. 

De  tout  cet  or,  dont  les  textes  parlent  avec  tant  de  complaisance,  les  fouilles  de  Chaldée  et 
d'Assyrie  n'ont  donné  jusqu'à  présent  que  de  très  rares  échantillons  ;  c'est  surtout  par  l'examen 
des  bas-reliefs  et  des  statues  que  l'on  a  commencé  l'étude  de  l'orfèvrerie  ;  la  découverte  actuelle, 
en  donnant  un  ensemble  très  varié  de  travail  et  de  conception,  fournit  donc  un  appoint  sérieux 
de  documents. 

Objets  d'or'.  —  Une  pendeloque  représentant  l'étoile  d'Istar  (PI.  XII,  n"  5);  le  centre  est 
en  bossette,  les  branches  sont  gravées;  entre  les  branches  sont  huit  bossettes  plus  petites,  en- 
tourées de  points.  Sur  le  pourtour  sont  gravés  deux  cercles  concentriques.  Une  bélière  est  formée 
d'une  languette  découpée,  ornée  de  traits  parallèles  gravés,  puis  ployée  et  soudée.  —  Diamètre, 
o™,o45.  —  Poids,  8  gr.  075. 

Une  pendeloque  (PI.  XII,  fig.  6),  représentant  l'étoile  d'Istar,  à  huit  branches  repoussées. 
Au  centre,  une  bossette,  entre  les  branches  huit  bossettes  plus  petites  entourées  de  points;  sur 

I.  Le  poids  total  de  ces  objets,  y  compris  les  montures  et  ornements  d'autres  matières,  quand  on  n'a  pu  les  isoler, 
est  de  325  gr.  environ. 


66  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 

le  pourtour,  de  nombreuses  petites  bossettes  en  deux  cercles  concentriques.  Une  bélière  formée 
d'une  languette  de  métal  de  la  même  feuille,  simplement  roulée  sur  elle-même,  est  ornée  de 
quelques  traits  gravés.  —  Diamètre,  o"^028.  —  Poids  i  gr.075. 

Une  plaquette  circulaire  (PI.  XII,  fig.  7),  ornée  de  huit  rayons  repoussés,  d'une  bossette 
centrale,  et  de  huit  bossettes  entre  les  rayons.  —  Diamètre,  o'",oi3.  —  Poids,  ogr.  375. 

Une  bossette  d'or  (PI.  XIII,  fig.  8),  sans  ornements,  dont  le  centre  est  traversé  par  une  tige 
de  bronze.  —  Diamètre,  o"",025.  —  Poids  total,  3gr.  75. 

Deux  petits  disques  d'oi%  percés,  sans  ornements  (PI.  XII,  figs.  14  et  15).  —  Diamètre, 
o"',oo7.  —  Poids,  ogr.  12. 

Deux  petites  perles  cylindriques  en  or  (PI.  XII,  figs.  9  et  10).  —  Diamètre,  o'",oo4.  — 
Poids,  I  gr.  16. 

Gaine  de  poignard  (?),  ornée  de  dessins  géométriques  gravés  à  la  pointe  (PI.  XIII,  fig.  5). 

—  Longueur,  o'",o35.  —  Diamètre,  o'",o2i.  —  Poids,  3gr.8o. 

Deux  perles,  dont  l'une  munie  d'une  queue  (PI.  XIII,  fig.  2),  sans  ornements.  —  Diamètre, 
o'",oo9.  —  Poids,  igr.825. 

Fragments  d'ornementation,  ornés  au  repoussé  de  côtes  parallèles  (PI.  XII,  figs.  8,  1 1  et  12). 

—  Poids,  ogr. 90. 

Une  feuille,   portant  de   petites  côtes   repoussées  qui  dessinent  trois  côtés  d'un  trapèze. 

—  Longueur^  0^,043.  —  Largeur,  o'",02i.  —  Poids,  igr.6o. 

L'extrémité  supérieure  d'une  gaine  de  poignard  (?)  (PI.  XIII,  fig.  11),  elle  est  ornée  à  la 
base  d'un  bandeau  filigrane,  composé  de  deux  chaînettes  entourant  une  torsade  du  type  élamite. 

—  Longueur,  o'",oi3.  — Largeur,  o"',o2o.  —  Poids,  3gr.63 

Un  fragment  triangulaire  de  feuille  d'or  (PI.  XIII,  fig.  4),  qui  devait  garnir  une  représen- 
tation en  bas-relief;  il  est  orné  au  repoussé  de  petits  cercles,  et  d'une  série  de  traits  sinueux 
parallèles,  sans  doute  figuration  de  frange  dans  une  garniture  de  robe.  —  Longueur,  o™02i. 

—  Largeur,  o'^.oi^.  —  Poids,  ogr. 975. 

Un  fragment  de  feuille  d'or  (PI.  XIII,  fig.  9),  qui  faisait  partie  d'une  application  ;  le  bord 
bilobé  est  ornée  d'une  ligne  de  perlettes  filigranées.  —  Longueur,  o"\o8i.  —  Poids,  2gr.725. 

Une  feuille  d'or  représentant,  au  repoussé,  le  visage  d'une  figurine  humaine  (PI.  XIII,  fig.  3). 

Une  feuille  d'or,  très  mince,  portant  deux  colonnes  très  incomplètes  de  caractères  cunéi- 
formes (PI.  XII.  fig.  24).  —  Longueur,  o'",o4.—  Largeur.  o"\oi!5.  —  Poids,  ogr. 275. 

Cinquante  fragments  de  feuilles  d'or,  sans  ornement.  —  Poids  total,  38  gr. 

Un  petit  lingot  d'or  fondu.  —  Poids,  ogr.  08. 

Deux  rubans  d'or.  —  i"  Longueur,  0^,49  ;  largeur,  o"\oo6.  —  2°  Longueur,  0^,38; 
largeur,  o"',oo8.  —  Poids  total,  1 1  gr. 

Une  perle  de  cornaline  (PI.  XIII,  fig.  14),  percée  de  cinq  trous  circulaires  se  rencontrant 
au  milieu;  une  feuille  d'or  enroulée  en  tube  passe  par  deux  trous  opposés,  est  étalée  sur  l'un 
d'eux  et  taillée  en  disque;  elle  garnissait  le  trou  destiné  au  fil  de  suspension.  Une  turquoise 


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TETE    DE    GRIFFON    ET    ORNEMENTS    EN    OR  .  LION   EN   AGATE 
TÊTE   DE    TAUREAU    EN    LAPIS    ET    PENDELOQUES    EN    CORNALINE     A  RES    D'OR 

PL,  XIll  Dr;pnls   if_  Innrl.itKin  du  tt-mple  de  Chouchinak,  (  c: 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  67 


montée  sur  or  garnit  un  troisième  trou  ;  un  quatrième  ne  montre  qu'un  fragment  de  monture 

en  or. 

Une  calcédoine  blanche  (PI.  XIII,  fig.  6),  taillée  en  disque  arrondi,  est  traversée  par  un 
fil  d'or.  Une  cavité  circulaire,  dont  la  profondeur  est  la  mi-épaisseur  de  la  pierre,  devait  recevoir 

une  incrustation. 

Une  agate  en  forma  de  disque  plat  (Pi.  XIII,  fîg.  7),  le  centre ^brun,  le  pourtour  blanc,  est 
percée  et  traversée  par  un  fil  d'or.  C'est  la  représentation  d'un  œil. 

Corne  et  oreille  d'une  figurine  d'animal  (PI.  XIII,  fig.  10);  elles  sont  en  bronze  revêtu 
d'une  feuille  d'or.  —  Longueur,  0^,027.  —  Poids,  8gr.  7. 

Tète  de  dragon,  de  serpent,  ou  de  grififon,  en  argent  plaqué  d'or  (PI.  XIIl,  fig.  i  a  et  b)  ;  la 
bouche  laro-ement  ouverte,  montre  de  nombreuses  dents  ;  des  écailles  sont  gravées  sur  le  devant 
du  nez  et  à  la  naissance  du  cou.  La  tète  est  creuse  et  porte  un  trou  entouré  d'un  bourrelet  de 
métal  à  la  partie  supérieure;  trou  de  suspension,  ou  ménagé  pour  un  ornement  incrusté.  La 
représentation  de  cet  animal  fantastique  se  retrouve  sur  quelques  fragments  de  stèles  de  Suse. 
—  Longueur,  0^,033.  —  Hauteur,  o'", 03  i. — Épaisseur,  o'",oi2.  —  Poids,  I5gr.6. 

Quatre  petits  clous  de  bronze  dont  la  tète  est  plaquée  d'or  (PI.  XVII,  figs.  4  à  7).  —  Lon- 
gueur, o-^jOiS.  —  Diamètre  de  la  tète,  o™,oo8.  —  Poids  total,  3gr.25. 

Deux  clous  de  bronze  à  tètes  plaquées  d'or  (PI.  XII,  fig.  13).—  1°  Longueur,  0^,028;  diamètre 
de  la  tête,  o",  13.  —  2°  Longueur,  0^,041  ;  diamètre  de  la  tête,  o",oi6.  —  Poids  total,  15  gr. 

Un  fragment  de  bossette.  —  Diamètre,  o™,oo8.  —  Poids,  ogr.0522. 

Soixante-dix-sept  anneaux  d'or  (PI.  XIV,  fig.  5),  lisses,  sans  ornements,  quatorze  d'entre 
eux  sont  soudés.  —  Pois  total,  117  gr. 

Douze  anneaux  formés  d'un  fil  carré  tordu  (PI.  XIV.  fig.  i).—  Poids  total,  6  gr.  525.  Ces 
anneaux  très  légers  servaient  plutôt  de  boucles  d'oreilles. 

Douze  bagues  composées  de  deux  anneaux  accolés  (PI.  XIV,  fig.  11). —  Poids  total,  9gr.30. 

Trois  bagues  plates,  ornées  sur  la  hauteur  de  cinq  à  six  rainures  circulaires  étagées 
(PI.  XIV,  figs.  4,  10  et  12).  —  Poids  total,  4gr.  375. 

Une  bague  plate,  ornée  de  dessins  géométriques  gravés  au  burin  (PI.  XIV,  fig.  2).  —  Poids, 

2  gr.  67. 

Une  bague  plate,  ornée  de  petites  côtes  fines  (PI.  XIV,  fig.  3).  —  Poids,  2  gr.  625. 

Un  anneau  orné  de  points.  —  Poids,  o  gr.  76. 

Deux  bagues  ornées  de  lignes  et  de  petits  triangles,  tracés  en  perles  filigranées  (PI.  XIV, 
figs.  6  et  7).  —  Poids,  4  gr.  40. 

Une  bague  composée  de  deux  tresses  soudées  (PI.  XIV,  fig.  8).  — Poids,  4  gr.  825. 

Une  bague,  ornée  de  quatre  rangées  des  perles  d'or  filigranées  (PI.  XIV,  fig.  13).  —  Poids, 

3gr-05. 

Une  bague,  ornée  de  deux  rangées  de  perles  filigranées  enserrant  la  torsade  du  type 
élamite,  également  filigranée  (PI.  XIV,  fig.  9).  —  Poids,  2  gr.  125. 


68  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Un  anneau  d'or,  en  torsade,  pris  dans  un  paquet  d'anneaux  d'argent  soudés  par  l'oxyde. 
—  Poids,  8gr. 

Deux  anneaux  d'or  en  torsade,  attachés  ensemble  et  à  un  anneau  d'argent,  par  un  fil  d'ar- 
gent. —  Poids  total,  3gr.  25. 

Les  types  les  plus  remarquables  de  ces  bagues  et  anneaux  sont  représentés  à  la  Planche  XIV . 

Nombreux  petits  fragments  de  feuilles  et  de  fils  d'or.  —  Poids,  18  gr.  20. 

Un  anneau  d'or  (PI.  XII,  fig.  i),  couvert  de  nombreuses  croûtes  d'oxyde  d'argent.  — 
Poids,  3  gr.  7. 

Trois  bagues  de  bronze  revêtu  d'or,  dont  deux  sont  ornées  de  perles  en  filigranes  (PI.  XII, 
figs.  2,  3,  4).  —  Poids  total,  9  gr. 

Une  bague  de  bronze  revêtu  d'or. 

Une  bague  de  bronze,  ornée  d'un  fil  d'or  la  cerclant  à  mi-hauteur. 

Deux  fragments.  —  Poids,  2  gr.  5. 

Les  fragments  de  feuilles  d'or  portant  des  signes  cunéiformes  (PI.  XII,  figs.  17  à  30)  ont 
été  examinés  par  le  P.  Scheil.  Les  inscriptions  sont  en  langue  anzanite';  elles  appartiennent, 
certainement,  à  la  bonne  époque,  soit  au  règne  d'Untas  Gai,  soit  à  celui  de  Sutruk  Nakhounte 
ou  de  son  fils  Silhak  in  Susinak.  Cette  constatation  est  importante;  elle  permet  d'assigner  une 
limite  d'âge  aux  divers  objets  dont  se  compose  la  trouvaille. 

Dans  la  même  tranchée  n°  23^  au  niveau  où  l'on  a  trouvé  le  lion  dont  j'ai  parlé  précédem- 
ment, et  à  cinq  mètres  plus  loin  de  l'axe  directeur  des  travaux,  il  fut  trouvé,  entre  des  briques 
de  dallage,  et  très  irrégulièrement  d'un  bout  à  l'autre  du  chantier,  trois  feuilles  d'or  dont  une 
comme  doublée  d'une  feuille  d'argent  d'égales  dimensions.  Deux  autres  feuilles  d'argent  de 
dimensions  égales  furent  trouvées  séparément,  et  très  brisées. 

Les  feuilles  d'or  sont  irrégulièrement  carrées.  Le  métal,  aplati  au  marteau,  a  été  découpé; 
les  bords  trop  minces  ont  été  rabattus  sur  la  face  qui  devait  recevoir  la  feuille  d'argent.  — 
Longueur  et  largeur,  o'",o57.  —  Poids  total,  24  gr.  6. 

J'ai  rattaché  cette  découverte  à  la  précédente,  parce  qu'elles  sont  très  probablement  de  la 
même  époque. 

Cet  or  élamite,  dont  je  viens  de  décrire  rapidement  les  premiers  échantillons,  est  en  réalité 
un  alliage  d'or  et  d'argent,  très  variable  de  composition  et  de  couleur;  c'est  de  l'électrum. 

L'or  natif  pur  est  très  rare,  il  est  le  plus  souvent  mélangé  d'argent.  L'affinage  complet 
exige  des  dissolvants  relativement  modernes. 

La  fusion  des  pépites,  recueillies  dans  le  lit  des  rivières,  des  grains  de  métal  trouvés  dans 
les  filons  ne  fournissait  aux  anciens  qu  un  alliage  assez  impur. 

C'est  en  électrum  qu'étaient  les  premières  monnaies^  celles  de  Lydie  et  d'Égine,  les  bijoux 
de  la  XIL  dynastie  égyptienne  trouvés  à  Dahchour  (17  "/o  Ag.  Analyse  de  M.  Bertholet),  cer- 
taines monnaies  des  rois  du  Bosphore,  et,  en  Amérique  centrale,  les  anciennes  figurines. 

I.  Ces  quelques  signes  font  allusion  au  dieu  Chouchinak  et  à  des  femmes,  reines  ou  prêtresses  (Scheil). 


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OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK^ 


69 


Obiets  d'arsent  -  Une  pendeloque,  dont  le  bord  est  percé  d'un  trou  pour  la  suspendre 
rfi.  ?!'  et  e?t  ornée,  au  repoussé,  d'une  étoile  à  huit  branches,  dune  bossette  centrale 
It'de  SLt  plus  petit;s   entre'  les   branches   de  l'étoile   et  sur   le   pourtour.    -   D.ametrc, 

o'",03i. 


13=; 


139 


FiG.   127  à  142.  —Objets  en  argent  (9/10  grandeur  naturelle) 


Une  pendeloque  avec  une  bélière  (fig.  .38).  Au  centre  est  une  bossette  ropoussée.  d'où 
partent  les  six  branches  gravées  d'une  étoile.  Sur  le  pourtour  sont  gravés  deux  trat.s  concen- 
triques.  —  Diamètre,  o'",024. 


70  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Une  pendeloque,  ornée  d'une  bossette  centrale,  et  d'une  étoile  à  huit  branches  repoussées. 
Sur  le  pourtour,  deux  lignes  concentriques  de  bossettes  plus  petites.  —  Diamètre,  o"",  026. 

Une  pendeloque,  avec  un  trou  de  suspension  (fig.  129);  au  repoussé,  une  étoile  à  six 
branches,  une  bossette  centrale,  et  des  bossettes  entre  les  branches.  —  Diamètre,  0^,035. 

Une  pendeloque  avec  une  bélière  et  deu.x  pendeloques  incomplètes,  en  deux  fragments 
chacune.  Elles  sont  ornées  d'une  bossette  au  centre  d'une  étoile  à  huit  branches,  de  bossettes 
plus  petites  entre  les  branches^  et  de  bossettes  très  petites  en  deux  lignes  circulaires  concentriques 
sur  le  pourtour.  —  Diamètre,  o™,  034. 

Une  pendeloque  incomplète,  ornée  de  la  même  manière  (fig.  130).  —  Diamètre,  o,"o46. 

Une  pendeloque  incomplète  avec  bélière  (fig.  131);  elle  est  ornée  d'une  étoile  à  huit  branches 
gravées,  d'une  bossette  centrale  et  de  petits  cercles  en  relief  entre  les  branches  de  l'étoile.  — 
Diamètre,  0^,035. 

Une 'pendeloque  avec  une  bélière  (fig.  132);  elle  est  ornée  d'une  étoile  à  six  branches 
repoussées,  d'une  bossette  centrale  et  de  bossettes  plus  petites  entre  les  branches  de  l'étoile.  — 
Diamètre,  o"\02  5. 

Une  pendeloque  incomplète  avec  une  bélière.  Elle  est  ornée  d'une  étoile  à  six  branches 
repoussées,  d'une  bossette  centrale,  de  bossettes  égales  entre  les  branches  de  l'étoile,  et  de  trois 
lignes  concentriques  de  bossettes  très  petites  sur  le  pourtour. 

Une  pendeloque  avec  bélière  (fig.  133),  ornée  d'une  étoile  à  huit  branches,  dont  le 
centre  est  en  bossette,  et  de  bossettes  plus  petites  entre  les  branches  de  l'étoile.  —  Dia- 
mètre, o"^035. 

Une  pendeloque  ployée,  mais  bien  conservée  avec  sa  bélière  ;  elle  est  ornée  d'une  étoile  à 
six  branches  avec  une  bossette  centrale,  et  une  ligne  circulaire  de  bossettes  très  petites  sur  le 
pourtour.  —  Diamètre,  o'",023. 

Deux  fragments  d'une  pendeloque,  portant  une  étoile  à  six  branches,  une  bossette  centrale 
et  des  bossettes  plus  petites  entre  les  branches  de  l'étoile.  Sur  le  pourtour,  deux  lignes  concen- 
triques de  bossettes  très  petites. 

Une  pendeloque  incomplète  avec  une  bélière;  elle  porte  au  centre  une  bossette  et  sur  le 
pourtour  une  saillie  circulaire,  puis  un  cordon  en  relief.  —  Diamètre,  o"',023. 

Une  pendeloque  garnie  d'une  bélière  (fig.  134);  au  centre  est  une  bossette  entourée  de 
deux  lignes  concentriques  de  bossettes  plus  petites. 

Une  pendeloque  garnie  d'une  bélière;  au  centre  est  une  bossette.  —  Diamètre,  o"^026. 

Une  pendeloque  garnie  d'une  bélière  ;  elle  porte  une  bossette  centrale  entourée  d'un  double 
trait  gravé.  Sur  le  pourtour,  sont  trois  traits  circulaires  concentriques  gravés  et  un  cordon  en 
saillie.  —  Diamètre,  o"\o23. 

Neuf  fragments  de  pendeloques  analogues. 

Sept  pendeloques  pliécs  plusieurs  fois  sur  elles-mêmes,  et  que  la  fragilité  du  métal  rend 
difficiles  à  étudier. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCIIINAK 


71 


Une  tète  de  clou,  ou  petite  sonnette  (ûg.  135),  à  base  carrée,  percée  au  sommet  d'un  trou 
rectangulaire.  —  Hauteur,  o",oi. 

Une  feuille  de  métal  découpée  en  croissant  (fig.  136)  et  percée  à  la  partie  large;  c'est  peut- 
être  le  symbole  de  Sin  que  l'on  portait  en  amulette.  —  Distance  des  cornes,  o",o5. 

Un  petit  ornement,  en  forme  de  lingot  (fig.  137),  percé  de  deux  trous  transversaux  et  orné 
sur  une  façade  deux  saillies  circulaires.  —  Largeur,  o'",oo6.  —  Longueur,  o'",  15. 

Un  médaillon  (fig.  138),  orné  au  repoussé  d'une  bossette  centrale,  entourée  d'abord  de 
bossettes  plus  petites;  puis  d'un  bourrelet  en  saillie,  d'un  rebord  plat,  et  enfin  d'une  ligne  circu- 
laire de  bossettes  sur  le  pourtour.  On  remarque  au  revers  des  restes  de  matière  bitumineuse  qui 
indiquent  l'application  de  ce  décor  sur  une  matière  solide.  —  Diamètre,  o'",  04. 

Un  clou  à  large  tète  (fig.  139).  —  Diamètre  0"",  03. 

Une  feuille  d'argent  très  rongée  par  l'oxyde  (fig.  140),  portant  un  texte  incomplet'  en  cinq 
colonnes  de  o™oo8  de  largeur  et  une  colonne  de  o™,oi2  de  largeur.  —  Longueur,  o"",  51.  — 
Largeur,  o"",  05. 

Une  feuille  de  métal  très  incomplète  (fig.  141),  ornée  au  repoussé  de  petits  traits  parallèles, 
coupés  transversalement  par  quatre  lignes  en  saillie,  qui  semblent  figurer  un  cordon  tressé.  — 
Longueur,  o",  04.  —  Largeur,  o™,  03. 

Cette  feuille  et  celles  qui  suivent  semblent  avoir  fait  partie  du  placage  d'une  statue  et  repré- 
senter des  ornements  de  robe. 

En  particulier,  celle-ci  rappelle  l'étoffe  si  fréquemment  figurée  sur  les  monuments  chaldéo- 
élamites. 

Une  feuille  mince  de 
métal  (fig.  142  ),  très  in- 
complète, ornée  au  re- 
poussé de  deux  saillies  en 
figurations  de  cordon,  con- 
vergeant l'une  vers  l'autre  ; 
entre  elles  sont  des  traits 
plus  ou    moins  parallèles. 

Une  feuille  de  métal, 
très  incomplète,  ornée  au 
repoussé  de  côtes  rappro- 
chées parallèles.  —  Long., 
0^,03.  —  Larg.,  G™,  02. 


145 


144 


155 


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Objets  d'argent  (2/3  grandeur  naturelle) 


153 
Fig.   143  à   14^. 

Deux  feuilles  très  reployées  et  incomplètes  ornées,  l'une  de  petites  côtes,  l'autre  de  rectangles 
en  saillie  (fig.  143). 

I.  Après  révision  sur  l'original,  ce  texte  était  une  formule  de  dédicace  :  (i) (2)  au  dieu  Susiiiak  (3)  son  roi, 

(4)  Mani  ...  [^)  fils  de  Ta  ...  [b]  ...  [a  voué  ceci]  (Scheil). 


72 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Une  bande  pliée  plusieurs  fois  (fig.  144),  ornée  sur  un  bord  d'une  ligne  de  petites  boules  de 
métal  soudées.  —  Hauteur,  o™,  015. 

Une  o-aîne  aplatie  (fig.   145);  les  deux  bords  longitudinaux  portent  des  trous  destinés  aux 
rivets.  —  Largeur,  o'",029.  —  Hauteur,  0^,085. 

Une  gaine  aplatie  (fig.  146).  —  Longueur,  o™,  049.  —  Largeur,  o"\  03. 

Nombreux  fragments  de  feuilles  d'argent  ployées  sans  ornementations  et  débris  d'anneaux. 
—  Poids  total,  environ  800  grammes. 

Sept  bagues  en  forme  de  trois  anneaux  accolés.  Celui  du  milieu  est  orné  de  côtes. 

Quatre  bagues  en  forme  de  trois  anneaux  accolés  (fig.  147). 

Dix-sept  bagues  en  forme  de  deux  anneaux  unis  (fig.  148). 

Deux  bao-ues  en  forme  de  deux  anneaux  accolés  séparés  par  une  rainure. 

Cinq  bagues  formées  d'un  ruban  plat,  orné  de  sillons  circulaires  parallèles. 

Une  bao-ue  en  forme  de  deux  anneaux  accolés,  liée  par  un  fil  d'argent  à  une  bague  formée 
d'un  fil  carré  tordu. 

Soixante-trois  anneaux  formés  d'un  fil  carré  tordu. 

Un  anneau  portant  un  fragment  de  perle. 

Deux  cent  trente-six  anneaux  simples;  le  nombre  primitif  était  certainement  le  double,  mais 
l'argent  oxydé  est  excessivement  fragile  et  beaucoup  ont  été  brisés. 

Un  anneau  formé  d'un  fil  carré  tordu  pris  dans  un  ruban  étroit,  roulé  sur  lui-même  et  autour 

de  l'anneau. 

Une  tige  de  métal  (fig.  149),  légèrement  courbée  et  de  section  circulaire,  pouvant  avoir  fait 

partie  d'un  bracelet. 

Une  tige  creuse  de  o'",oi3  de  diamètre,  formée  d'une  feuille  de  métal  roulée  (fig.   150). 

i  fragments.  —  Longueur  totale,  o'",o5. 

Une  corne  d'animal  courbée  (fig.  151),  dessinant  presqu'un  cercle  de  0^,03  de  diamètre. 

Trois  têtes  de  clous  (figs.  152-15-1).  dont  les  diamètres  varient  entre  o"\oi  eto"\oi8. 

Cinq  clous  dont  les  hauteurs  varient  entre  0^^,004  et  o",o22. 

Un  clou  (fig.  155)  dont  la  tête  en  argent  est  montée  sur  une  tige  de  bronze. 

Objets  de  plomb.  —  Une  pendeloque,  fondue  avec  le 
bouton  de  suspension  (fig.   156).  —  Diamètre,  o'",026. 

Une  face  est  ornée  de  l'étoile  à  huit  branches,  dont  le 
centre  est  en  bossette,  et  de  bossettes  plus  petites  entre  les 
branches  de  l'étoile;  le  tout  est  entouré  dune  bordure  à 
côtes  rayonnantes  de  o'",oo3  de  largeur.  Sur  l'autre  face, 
deux  personnages  nus,  un  genou  en  terre,  semblent  main- 
tenir vertical,  un  arbre  qui  s'élargit  vers  le  haut,  en  quatre 
deux  à  deux  symétriques.  Il  semble  que  ce  soit  la  figuration  d'un  palmier. 


Fio.   I 

feuilles 


56.  —  Pf.ndf.loque  en  plo.mb 

(grandeur  naturelle) 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


73 


(j^j^^j^j^iji^^^ 


i6o 


Le  terrain  est  figuré  par  des  traits  parallèles,  verticaux.  Les  personnages  sont  vus  le  corps 
de  trois  quarts,  le  visage  de  profil.  Celui  de  gauche  semble  barbu. 

Cette  scène  est  intéressante,    l'arbre  symbolique  revenant  souvent   dans  les  figurations 

anciennes. 

Une  pendeloque  (fig.  157)  complète,  en  trois  fragments,   fondue  avec  un  bouton  de  sus- 
pension ;  elle  est  ornée  d  une  étoile  à  huit  i5, 
branches  dont  le  centre   est  en  bossette 
et    de    bossettes    plus    petites    entre    les 
branches  de  l'étoile.  —  Diamètre,  o",  026. 

Quatre  têtes  et  cous  de  serpents,  en 
arcs  de  cercle  (figs.  158  et  159);  ils  sont 
montés  sur  des  tiges  de  bronze,  formées 
d'une  mince  feuille  de  métal  roulée,  et 
qui  servaient  à  les  fixer  peut-être  sur  le 
corps,  fait  d'autre  matière. 

Une  épingle  (fig.  160).  —  Lon- 
gueur, o"\  012. 

Une  douille  (fig.  161),  ornée  vers 
les  extrémités  de  deux  saillies  circu- 
laires. —  Hauteur,  o"\02  3.  —  Largeur, 

0",026. 

Une  tige  C3'lindrique  ployée  (fig.  1 62). 
—  Longueur,  o™,055.  —  Diamètre, 
0"",  005. 

Un  clou  à  tète  ronde  (fig.   163).   - 

Un  clou  à  section  carrée  sans  tête  (fig.   164). 

Fragments  d'agrafes  (?) 

Feuille  de.  plomb  ployée.   —  Hauteur,  0^,05 5.  —  Largeur,  o'",o9. 

Feuilles  de  plomb,  débris  ayant  servi  à  monter  des  ornementations  (Voir  Lapis-Lazuli). 

Le  poids  total  du  plomb  trouvé  est  de  620  grammes  environ. 


162 


163 


[57  à   164.  —  Objets  de  plomb 
(grandeur  naturelle) 


164 


Hauteur,  o'",oi . 

■  Longueur,  o'",o45. 


Objets  de  bronze.  —  Une  statuette  de  o"\ii  de  hauteur  (PI.  XV,  fig.  i  à  3),  montée  sur 
une  tige  de  section  rectangulaire  et  qui  a  0^,037  de  longueur.  Elle  représente  un  personnage 
debout,  tenant  un  oiseau  par  les  pattes,  dans  la  main  droite,  que  soutient  la  main  gauche.  Il 
est  tête  nue,  vêtu  d'une  robe  longue  qui  laisse  voir  le  bout  des  pieds. 

Cette  robe  est  ornée  de  points  en  creux  qui  ne  paraissent  pas  correspondre  à  la  représen- 
tation d'ornements;  elle  est  ouverte  en  biais  sur  le  devant,  serrée  à  la  ceinture  par  une  étoffe 


10 


^^  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


roulée  qui  fait  plusieurs  tours,  et  elle  semble  passer  sur  l'épaule  droite,   laissant  le  reste  du  buste 

à  découvert. 

La  tète  est  très  forte,  comparée  au  corps:  environ  i/6  de  la  hauteur  totale.  Les  traits  ont 
une  expression  calme  et  souriante.  Le  poignet  droit  est  orné  d'un  bracelet. 

Je  joins  à  cette  trouvaille  une  statuette  (PI.  XV,  fig.  436)  provenant  de  la  tranchée  n°  28 
et  qui  paraît  appartenir  à  la  même  époque. 

Elle  représente  un  personnage  debout,  vêtu  d'une  longue  robe  laissant  voir  le  bout  des 
pieds,  coiffé  d'une  sorte  de  béret  étroit  s'avançant  au-dessus  du  front.  La  main  droite,  levée,  tient 
un  objet  incomplet;  la  main  gauche,  fermée,  est  ramenée  par  devant  sur  la  ceinture.  Le  visage 
imberbe  est  carré  du  bas.  Le  corps  de  la  statue  est  percé  d'un  trou  rectangulaire  de  o™,  027  de 
profondeur.  —  Hauteur,  o"\  125. 

Une  statuette  (PI.  XVI,  figs.  i  et  2),  représentant  un  personnage  debout,  tète  nue,  vêtu 
d'une  robe  laissant  voir  le  bout  des  pieds  et  serrée  à  la  taille.  La  main  droite  est  levée,  la 
main  gauche,  ramenée  à  la  ceinture.  Le  haut  du  crâne  est  très  aplati.  —  Hauteur,  o'",io. 

Une  statuette  dont  le  corps  est  fondu  très  plat  (PI.  XVI,  figs.  3  et  4.  —  Hauteur,  o'",  10. 
Elle  est  prolongée  par  une  tige  plate  longue  de  o'",  01 . 

Elle  représente  un  personnage  debout,  la  main  droite  levée,  la  main  gauche  tenant  un  oiseau 

contre  la  poitrine.   Il  est  coiffé  d'une  sorte  de  turban  plat;  vêtu  d'une  robe  qui  laisse  voir  le 

bout  des  pieds,  et  semble  maintenue  par  des  bretelles.  Les  traits  sont  fortement  indiqués;  les 

pommettes  saillantes,   les  yeux  à  fleur  de  tête,  le  menton  et  le  front  fuyant,   la  forme  du  nez 

donnent  l'impression  d'un  individu  de  race  sémitique. 

Une  statuette  dont  le  corps  est  très  plat.  —  Hauteur,  o"\  087.  —  Prolongée  par  une  tige 

de  o'",  015. 

Elle  représente  un  personnage  debout,  tête  nue,  vêtu  d'une  longue  robe  qui  laisse  voir  le 
bout  des  pieds.  La  main  droite  est  levée,  la  main  gauche  lient  contre  la  poitrine  un  objet 
indistinct.  La  tcle,  trop  grosse  relativement  au  reste  du  corps,  est  assez  bien  proportionnée 
dans  ses  détails.  Le  nez  droit,  un  peu  large  à  la  base,  les  lèvres  épaises,  le  front  saillant, 
indiquent  un  tout  autre  tvpe  que  celui  de  la  précédente  statuette. 

Une  statuette  (PI.    XVll,    fig.   2)  de  o'\  08   de  hauteur,   prolongée  par  une  tige   longue 

de  G'",  015. 

Elle  représente  un  personnage  imberbe,  tête  nue,  vêtu  d'une  robe  longue,  et  figuré  debout. 
Il  tient  dans  la  main  droite  levée  un  petit  objet.  La  main  gauche  est  ramenée  à  la  ceinture.  La 
tête  est  très  grosse  relativement  au  corps,  et  le  haut  du  crâne  est  très  plat. 

Une  statuette  (PI.  XVI,  i]s;.  8)  de  o'",048  de  hauteur,  incomplète,  représente  un  person- 
nage debout,  coiffé  d'un  bonnet  étroit,  couvrant  la  nuque  et  s'avançant  sur  le  front.  11  est 
vêtu  d'une  robe  longue,  serrée  â  la  taille;  il  lève  la  main  droite;  la  main  gauche  est  ramenée 
sur  le  devant  â  la  hauteur  de  la  ceinture.  Les  traits  du  visage  sont  fins  et  réguliers.  Il  manque 
la  partie  inférieure  de  la  robe. 


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OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  75 


Une  statuette  (PI.  XVI,  fig.  10)  de  o™,044  de  hauteur,  également  brisée  à  la  partie 
inférieure  de  la  robe,  représente  un  personnage  tout  à  fait  analogue.  Il  tient  appuyé  contre  lui, 
du  bras  gauche,  un  objet  indistinct. 

Une  statuette  (PI.  XVI,  fig.  7),  de  o'",o5  de  hauteur,  représente  un  homme  nu  et  barbu; 
ses  cheveux  sont  maintenus  par  un  bandeau  ;  il  est  debout,  les  mains  croisées  sur  la  poitrine. 

Les  pieds  manquent. 

Une  statuette  de  o",  09  de  hauteur  (PI.  XVIII,  figs.  i  et  2),  représente  un  personnage 
assis,  le  dos  appuyé  contre  une  tablette  verticale  qui  sert  de  dossier  élevé. 

Il  est  coiffé  dune  sorte  de  turban,  vêtu  d'une  robe  longue  à  étages;  il  avance  la  main 
droite.  Sur  la  face  postérieure  du  dossier  sont  figurés  trois  serpents  dont  les  têtes  dépassent  le 
bord  supérieur.  Une  quatrième  tète  de  serpent  plus  importante  que  les  autres,  s'avance  au- 
dessus  du  bord  gauche  de  la  tablette,  mais  le  corps  n'est  pas  figuré.  Cette  scène  intéressante 
n'est  accompagnée  d'aucun  texte;  je  rappellerai  seulement  que  le  symbole  du  dieu  chaldéen 
Sirou  est  un  serpent. 

Une  statuette  incomplète  (PI.  XVI,  fig.  9)  de  o"\o62  de  hauteur.  Elle  représente  un 
personnage  dont  le  corps  est  fondu  très  plat,  presqu'une  simple  lame  légèrement  courbée. 
La  tète  est  exécutée  avec  assez  de  soin,  elle  est  coiffée  d'une  sorte  de  turban,  dont  les  bouts 
se  croisent  derrière  la  tète.  Le  nez  est  droit,  un  peu  large  à  la  base,  les  yeux  trop  grands,  les 
oreilles  manquent;  la  physionomie  a  une  expression  d'étonnement.  Les  coudes  sont  collés  au 
corps;  les  mains  relevées  pour  toucher  les  joues.  Les  seins  sont  à  peine  indiqués.  Cette  statuette, 
dont  la  partie  inférieure,  manque  devait  faire  partie  d'une  ornementation. 

Une  statuette  brisée  à  hauteur  des  genoux  (PI.  XVI,  fig.  6);  tête  disproportionnée,  crâne 
aplati;  le  bras  gauche  est  replié  sur  le  corps,  la  main  soutenant  un  chevreau  (?);  le  bras  droit 
ployé,  la  main  levée  à  hauteur  de  l'épaule;  vêtement  court,  échancré  sur  la  hanche  gauche  et 
recouvrant  une  robe  longue.  —  Hauteur,  o",  054. 

Une  statuette  très  détériorée  ;  la  tète  est  rongée  par  l'oxydation  ;  môme  attitude  que  la  précé- 
dente ;  vêtue  d'une  robe  longue  qui  laisse  les  orteils  à  découvert  (PI.  XVII,  fig.  3)  ;  prolongée  par 
une  douille  de  o",  025  de  longueur  sur  o",  019  de  largeur  à  l'origine.  —  Hauteur  totale,  o",  105. 

Une  tète  de  statuette  (PI.  XIX,  fig.  2).  —  Hauteur,  o'",04. 

Le  masque  est  très  expressif;  le  nez  est  large,  la  bouche  fine,  les  yeux  qui  portent  des 
traces  d  incrustations,  figuration  de  la  pupille  et  de  la  sclérotique,  sont  très  enfoncés;  le  front 
est  proéminent,  le  crâne  est  en  saillie  sur  le  derrière  de  la  tète.  Il  n'y  a  pas  d'indications  de 
coiffure. 

Une  tète  de  statuette  (PI.  XVI,  fig.  13).  —  Hauteur,  0^^027. 

Elle  est  coiffée  d'une  sorte  de  turban,  élevé  par  devant  ;  le  visage  imberbe  est  finement 
indiqué,  le  nez  est  droit,  les  joues  sont  bien  pleines,  le  menton  est  rond,  les  cheveux  tombent  en 
boucles  sur  le  cou. 

Une  tète  de  statuette  (PI.  XVI,  fig.  12).  —  Hauteur,  o'",03. 


7j6  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Cette  tète  est  coiffée  d'un  bonnet  mis  en  arrière,  et  qui  porte  une  saillie  incomplète  sur  le 
sommet.  Les  yeux  sont  très  grands. 

Une  tète  de  statuette  (PI.  XVI,  fig.  ii).  —  Hauteur,  o™,02i. 

Elle  est  coiffée  d'un  bonnet  étroit  qui  descend  en  arrière  jusqu'à  la  nuque  et  fait  saillie  en 
avant  du  front.  Le  visage  est  très  bien  indiqué,  il  est  carre  du  bas,  la  bouche,  la  base  du  nez 
sont  larges,  les  yeux  sont  grands,  les  oreilles  très  en  arrière. 

Deux  fragments  du  torse  d'une  statuette  :  l'un  partie  postérieure  de  l'épaule  droite,  l'autre, 
montrant  le  côté  gauche  delà  poitrine  et  le  bras  gauche .  Celui-ci  porte  un  chevreau  dont  on  ne 
voit  que  les  pattes  de  derrière. 

Un  fragment  du  bras  droit  d'une  statuette,  montrant  le  poignet  et  la  main  fermée.  Une 
rainure  longitudinale,  partant  du  petit  doigt,  devait  servir  à  ajuster  cette  pièce  fondue  à  part. 

Un  fragment  de  statuette,  coude  et  avant-bras. 

Quelques  fragments  mal  définis  de  statue  fondue  creuse  ;  on  reconnaît  seulement  un 
poignet  orné  de  bracelets. 

Un  fragment  de  statuette  (PI.  XVIII,  fig.  8),  (Hauteur,  o™,045),  montrant  la  plus  grande 
partie  d'une  robe  à  volants  étages  qui  laisse  voir  le  bout  des  pieds,  et  la  tige  qui  servait  à 
l'installation  sur  un  socle.  —  Longueur  de  la  tige,  0^,03  . 

Deux  sceaux,  faits  de  métal  fondu,  puis  travaillé  au  burin,  de  manière  que  les  lignes  du 
dessin  qui  doivent  paraître  en  creux  sur  l'argile  soient  à  arêtes  vives  : 

Le  premier  (PI.  W'III,  fig.  3)  représente  un  homme  qui,  sur  l'empreinte,  est  debout,  de 
profil  à  gauche.  Il  est  barbu,  coiffé  d'un  bonnet,  vêtu  d'une  tunique  qui  lui  vient  aux  genoux, 
laissant  voir  ses  mollets  musclés;  il  avance  le  pied  droit,  les  mains  levées. 

Le  deuxième  sceau  (PI.  XVIII,  fig.  4),  dont  la  poignée  est  conservée  peut-être  entièrement 
(deux  tiges  de  bronze  soudées,  écartées  au  revers  du  cachet  et  se  réunissant  ensuite),  figure  un 
homme  à  genoux  de  profil  à  gauche  ;  il  est  vêtu  d'une  robe,  coiffe  d'un  bonnet;  il  avance  les  deux 
mains  jointes. 

L'extrémité  d'une  patte  de  griffon  (PI.  XVIII,  fig.  9  et  fig.  173),  terminée  par  trois  doigts 
ongles,  réunis  par  une  membrane,  et  posés  à  plat;  en  arrière  est  le  pouce.  Au-dessus  des  doigts, 
un  double  bandeau  circulaire  entoure  la  patte.  La  section  supérieure  porte  un  évidement  rectan- 
gulaire destiné  au  montage.  —  Hauteur,  o'^o^  . 

L'extrémité  d'une  patte  (fig.  175  et  PL  XVIII,  fig.  1 1)  de  griffon  ou  d'oiseau,  terminée  par 
trois  doigts  ongles,  réunis  par  une  membrane  et  le  pouce.  La  section  supérieure  de  la  patte  porte 
un  évidement  circulaire.  — Hauteur^  o"',03. 

L'extrémité  d'une  patte  de  palmipède  (fig.  174  et  PI.  XVIII,  fig.  10);  trois  doigts  écartés 
sont  reliés  par  une  membrane  ;  du  côté  opposé  est  le  pouce. 

La  patte  elle-même,  ornée  d'un  bandeau  au  point  de  jonction  avec  la  partie  plate,  se  ter- 
mine supérieurement  par  une  douille  incomplète  (?).  La  partie  plate  est  en  deux  plaques 
fondues  à  part,   réunies  au  moyen  d'une  feuille  de  plomb  intercalée.  —  Hauteur,  o'",045. 


PL.  XVI 


FIGURINES    ET   TRESSE    EN    BRONZE 

Dépots  de  fondation  du  temple  de  Chouchmak 

(  ^r.  nat.  ) 


Hélio^.Dmardin. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


77. 


Trois  doigts  ongles,  réunis  par  une  membrane,  indiquent  l'extrémité  d'une  patte  de  pal- 
mipède; en  arrière  le  pouce  est  incomplet  ;  un  trou  circulaire  marque  l'emmanchement  de  la 
tige  de  métal  formant  la  patte.  Cette  plaque  est  comme  la  précédente,  en  deux  épaisseurs 
réunies  par  une  feuille  de  plomb  intercalée.  —  Longueur,  o"',o6. 

Quatre  fragments  de  doigts  ongles  d'oiseau  (PI.  XIX,  fig.  9  et  11),  appartenant  peut-être  à 
une  même  figuration .  — Longueurs:  i-"  0^,037;   2^o'",035;3°  0^,032  ;  4''o"',028. 

Deux  extrémités  de  pattes  d'animal  mal  défini.  —  Hauteur^  0^,03  . 

166 

168 


172 


Fig.   165  à  175.  —  Objets  de  bronze  (2/3  grandeur  naturelle) 

Une  figurine  de  quadrupède,  ditficile  à  identifier;  la  gueule  est  entrouverte  (PI.  XVllI, 
fig.  6),  la  queue  dressée;  les  pattes  sont  brisées. 

L'extrémité  d'une  patte  d'animal  ;  le  sabot  est  aplati  (fig.  169  et  PI.  XIX,  fig.  4),  le  paturon 
est  figuré  par  deux  renflements  superposés. 

Une  petite  corne  recourbée. 

Deux  tresses  plates  à  quatre  fils  soudées  l'une  à  l'autre  (fig.  172  et  PI.  XVI,  fig.  14);  un 
anneau   d'attache  est  ménagé  à  l'une  des  extrémités.  —  Longueur,  o'",i7. —  Largeur,  o",oi . 

Une  dizaine  de  douilles  (fig.  165  et  PI.  XIX,  fig.  12),  formées  d'un  ruban  plat  tordu  en 
hélice. 


78 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Une  tige  creuse  (fig.  170),  dont  une  extrémité  est  ornée  de  deux  sillons  parallèles. 

Un  pommeau  de  canne,  dont  la  tige  cylindrique  creuse  est  ornée  de  trois  saillies  circulaires 
et  qui  se  termine  par  une  tête  plus  large,  légèrement  bombée,  et  dont  le  centre  est  garni  d'un 
bouton.  Deux  paires  de  trous  ont  servi  à  fixer  ce  pommeau  sur  une  canne  de  bois;  la  première 
est  percée  suivant  un  diamètre  au  bord  inférieur,  la  seconde  obliquement,  et  plus  haut  ;  de 
sorte  que  l'un  des  trous  est  percé  entre  deux  saillies  consécutives  et  que  l'autre  vient  couper  une 
de  ces  saillies.  — Hauteur,  C",  032.  —  Diamètre,  o'",025. 

Un  pommeau  de  canne  (fig.  171  et  PI.  XIX,  fig.  8),  dont  la  tète  en  saillie  de  peu  d'épaisseur, 
a  la  forme  d'une  feuille.  La  tige  cylindrique  creuse,  est  percée  de  deux  trous  en  diamètre; 
elle  porte  à  l'autre  extrémité  deux  échancrures  en  triangles,  qui  devaient  correspondre  à  des 
saillies  du  bois  de  la  canne.  —  Hauteur,  o'",027. 

Une  garniture  inférieure  de  canne  (?),  douille  conique  qui  était  maintenue  par  un  rivet 
transversal.  —  Hauteur,  o™,o28. 


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177 


176 


Fi(i.    176-177.  —  Feuilles  en  ijkonze  (1/3  grandeur  naturelle) 


Une  garniture  inférieure  de  canne  (PI.  XIX,  fig.  5).  Elle  se  compose  d'une  douille  cylin- 
drique de  o™,o65  de  longueur,  ciselée  à  jour,  présentant  des  trous  en  losange;  elle  se  termine 
par  une  pointe  à  quatre  faces  triangulaires  de  0^,02  de  longueur.  —  Hauteur  totale,  o'",o85. 

Une  bossette  aplatie  (fig.  166  et  PI.  XIX,  fig.  7),  dont  les  bords  sont  reployés  vers  l'inté- 
rieur; peut-être  garniture  du  pommeau  d'une  canne. 


PL.  XVII 


CROSSE  DE    SCEPTRE,  FIGURINES   ET  HACHE  VOTIVE  EN  BRONZE 

CLOUS  DE   BRONZE  A  TÊTE  D'OR 

Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouohmak  (  §r.nat.) 


Hélio4.Dujard!n. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


79 


Un  petit  cône  creux  (PI.  XIX,  fig.  i),  ayant  pu  servir  à  couronner  un  sceptre.  —  Hauteur, 

o",  03. 

Un  ornement  (fig.  167)  composé  de  quatre  petits  fruits  ovoïdes,  associés  à  l'extrémité  d'une 

tige.  —  Hauteur,  o'",028. 

Trois  feuilles  (?)  (fig.  167  et  PI.  XIX,  fig.  9)  montées  sur  une  même  tige,  avec  des  orienta- 
tions différentes.  — Hauteur,  o'",o5. 

Une  feuille  de  plante  aquatique  (?)  (fig.  177)  dont  le  pourtour  est  largement  dentelé;  elle 
présente  sept  dentelures  de  6  à  7  centimètres  de  longueur  :  la  base  de  la  feuille  et  la  tige  man- 
quent. —  Largeur,  o"\  18. 

Une  feuille  analogue  plus  grande,  moins  bien  conservée,  il  y  avait  douze  dentelures.  — 
Longueur,  o",  28.  —  Largeur,  o™,  23. 

Une   feuille  analogue,   à  onze  dentelures  (fig.    176).   Sensiblement   ronde.    —   Diamètre, 

0^,24. 

Une  feuille  analogue,  ployce  en  deux  et  à  laquelle  il  ne  reste  que  deux  dents. 

Une  feuille  sensiblement  ronde  (fig.  178),  à  nervure  centrale  et  trois  nervures  secondaires. 
—  Longueur,  o",  14.  —  Largeur,  o",  125. 

Une  feuille  analogue  moins  complète  et  plusieurs  fragments. 

Quatre  feuilles  de  même  type  (fig.  179).  —  Longueur,  o^  11.—  Largeur,  0^,095. 

Une  feuille  du  même  type, 
pliée  en  deux. 

Un  rameau  (fig.  180),  com- 
posé d'une  tige  plate  sur  la- 
quelle prennent  naissance  cinq 
paires  de  feuilles  opposées,  et 
terminé  dans  le  haut  par  une 
feuille  ;  la  base  de  la  tige  man- 
que.— Longueur  totale,  o'",25. 
— Largeur  maxima,  o"",  14 .  — 
Longueur  d'une  feuille,  o^.oô. 

Un  rameau  analogue 
(fig.  182),  incomplet,  en  deux 
fragments,  montrant  huit 
feuilles  :  la  tige  est  trouée  deux 
fois  vers   le  milieu  de  sa  Ion- 


^  iii^fe.'^ ''v'^i''''! ''•'#■■•  ^^^^ 


mêmm ... 


179 


178 

FiG.   178-179.  —  Feuilles  en  bronze  (1/2  grandeur  naturelle) 


gueur. 


Un  rameau  du  même  type  (fig.  181),  mais  dont  les  feuilles  sont  plutôt  dirigées  vers  le  haut 
et  sont  alternées.  —  Longueur,  0",  20.  —  Largeur,  o",  1 1 . 


Fragments  de  rameaux  analogues. 


80 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Une  vingtaine  d'éléments  de  feuilles  de  roseaux  ou  de  dattiers  (fig  183.),  d'une  longueur 
de  o"",40  à  o",  50,  plus  ou  moins  complets.  La  tige  large  au  plus  de  o'",03  s'affile  en  pointe, 

vers  le  haut,  et  se  termine 
au  bas  par  un  ruban  plat 
percé  de  deux  trous. 

Une  hache  votive  com- 
plète, en  plusieurs  fragments 
(PI.  XVII,  fîg.  8).  Le  tran- 
chement  légèrement  courbe, 
sort  de  la  bouche  ouverte 
d'un  griffon,  dont  le  cou 
creusé  sert  de  douille  à  l'ins- 
trument. 

La  tête  du  griffon,  assez 
analogue  à  celle  que  j'ai  déjà 
décrite  avec  les  objets  d'or,  et 


180 

FiG.    180  à   182.  —  Feuilles  en  bronze  (1/4  grandeur  naturelle) 


Fig.   18}.  —    Feuilles  de  roseaux  ou  de  dattiers  en  bronze 
(1/4  grandeur  naturelle) 


5  - 


PL.  XVIII 


FIGURINES    ET   OBJETS    DE    BRONZE 

Tsévot-s  de  fondation  du  temple  de  Chouchmak 

(  iv.  nat.  ) 


Héhoj.Dvyardm. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


d'un  travail  assez  soigné,  porte  une  corne  sur  le  front,  une  deuxième  saillie  plus  forte  en  arrière, 
et  sur  le  cou  une  ailette  assez  épaisse,  longue  de  o"o4.  Sous  la  gorge  du  griffon  est  une  qua- 
trième saillie.  —  Hauteur,  o",04.  —  Largeur,  0^,09. 

Une  petite  herminette  (PI.  XIX,  fig.  10),  sorte  de  burin  au  tranchant  légèrement  courbé, 
qui  porte  une  douille  perpendiculaire  au  plat  de  la  lame.  Elle  est  en  deux  fragments.  — 
Longueur,  o'",o65.  —  Hauteur,  o'",oi5. 

Une  hache  (fig.  184)  d'un  type  élégant  et  d'un  travail  soigné,  qui  fut  trouvée  à  peu 
de  distance  des  autres  objets.  La  lame  au  tranchant  légèrement  arrondi  de  o",  1 1 5  de  longueur 
environ,  rejoint  la  douille  de  la  monture  par  deux  courbes  ornées  de  nervures  qui  finissent 
normales  à  la  douille,  et  sont  alors  distantes  de  0"",  025. 

Cette  douille  cylindrique  est  bordée  de  nervures  circulaires  à  ses  extrémités;  la  nervure 
supérieure  est  accentuée  en  saillie  du  côté  opposé  au  tranchant.  Une  bosse  pointue,  destinée 
à  contrebalancer  le  poids  de  la  lame,  est  entre  les  nervures  de  ce  même  côté.  Des  traits  circulaires 
en  creux  complètent  l'ornementation  de  la  douille. 

Une   pointe  de   javeline   (fig.    192),   en  forme  de 
triangle  dont  la  base  assez  large  se  raccorde  carrément       ,,.,,..,. 
à  une  courte  soie.  —  Longueur,  o"'',073.  ihijfm 

Une  pointe   de  javeline   (fig.    188)   en   forme  de    ^''j'^iif!"' 
feuille  de  laurier  à  nervure  médiane;   soie  courte  et   te'//'fei 
plate.  —  Longueur,  o™,  105. 


Une  pointe  de  javeline  triangulaire  (fig.  196);  la 
soie  est  longue  et  s'élargit  vers  le  haut,  à  partir  du 
tiers  de  sa  longueur.  —  Longueur^  o",  10. 

Une  garniture  de  flèche  qui  se  termine  en  lame 
coupante.  La  soie  est  plutôt  longue  et  la  lame  porte 
une  nervure  médiane.  —  Longueur,  o'",075. 

Pointe  de  flèche,  carrée  du  bas  (fig.  185)  s'élar- 
gissant  un  peu  avant  la  pointe  :  la  soie  est  courte  et 
prolongée  par  une  saillie  légère  de  la  lame.  —  Lon- 
gueur, G", 08. 

Pointe  de  flèche,  en  forme  de  losange  (fig.  199) 
qui  vers  le  bas  s'élargit  avant  de  se  raccorder  à  la  soie,  plus  large  également  au  bas.  Nervure 
médiane.  —  Longueur,  o'",o8. 

Pointe  de  flèche  en  forme  de  losange  (fig.  193);  soie  plate  et  courte.  —  Longueur, 
o",o8. 

Pointes  de  flèches  en  forme  de  feuilles  de  laurier  (fig.  186,  187,  189  à  191  et  198),  avec 
nervures  médianes,  soies  plates  et  courtes.  —  Longueurs  :  0^,08;  o™,072;  o"',o67;  o'",o67; 
0^,067;  o"\o67;  o",o62;  o"',o62;  0^045. 


Fig.    184.  —   Hache   de   bronze 
(2/3  grandeur  naturelle) 


II 


203  204  ^"> 

FiG.    185  à  205.  —  PoiNiES  DE  JAVF.I  INES,  POINTES  DE  FLÈCHES  ET  HAMEÇON  DE  BRONZE  (grand,   nat.) 


OBJETS   DE    BRONZE 
Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak 


PL. XIX 


(  4r  nat  ) 


Hèho6.Du)aidiri 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  83 

Une  pointe  de  flèche  en  forme  de  feuille  de  laurier,  et  dont  la  soie  manque.  —  Longueur, 
0^,027 . 

Une  pointe  de  flèche  enforme  de  losange  aux  diagonales  égales  (fig.  194);  la  soie  est  plate 
et  de  même  longueur  que  la  lame.  —  Longueur,  o"',03 5 . 

Une  pointe  de  flèche,  carrée  à  la  base,  très  étroite  (fig.  201)  ;  la  soie  courte  se  prolonge  par 
une  saillie  qui  va  jusqu'à  la  pointe.  —  Cette  forme  peu  fréquente  est  comparable  à  celle  d'un 
poignard.  —  Longueur,  o",o6. 

Une  garniture  de  flèche  en  forme  triangulaire  (fîg.  205),  la  base  serait  vers  le  haut,  et 
continuée  par  trois  dents  de  o"\oi  de  longueur. —  Longueur  totale,  0^,055. 

Une  garniture  de  flèche  à  trois  pointes  (fig.  202)  découpée  dans  une  lige  aplatie;  la  soie 
est  ronde  et  pointue.  —  Longueur,  o",o53. 

Une  garniture  de  flèche  à  trois  pointes  (fîg.  204)  découpées  dans  une  tige  aplatie  :  les 
bords  aplatis  sont  rabattus  sur  le  reste  de  la  tige,  de  manière  à  en  faire  une  soie  arrondie  et 
pointue. 

Une  garniture  de  flèche  à  deux  pointes  (fig.  200)  ;  la  soie  plate  s'élargit  à  l'extrémité.  — 
Longueur,  o'",05 . 

Une  garniture  de  flèche  à  deux  pointes  (fîg.  203)  ;  la  forme  générale  ressemble  à  celle  de  la 
tète  d'un  oiseau,  le  bec  ouvert.  La  partie  bombée  semble  d'un  côté  porter  une  figuration  peu 
distincte.  — Longueur,  0^,05. 

Une  pointe  de  flèche  votive  (fig.  197),  ou  poinçon  quadrangulaire,  dont  la  soie  cylindrique 
était  montée  avec  une  feuille  d'argent,  dont  il  reste  un  anneau  presque  complet.  — 
Longueur,  o"",  045. 

Un  hameçon  (fig.  195)  à  tête  légèrement  renflée  ;  la  pointe  en  triangle,  dont  la  base  est  plus 
large  que  le  diamètre  de  la  tige,  forme  saillie  d'arrêt,  à  l'intérieur  de  la  courbure.  C'est  une 
véritable  barbelure.  —  Hauteur,  0^,045.  —  Diamètre,  o"  ,  022. 

Trois  fils  recourbés  en  crochets  ;  ce  sont  peut-être  des  hameçons. 

Deux  fils  dont  une  extrémité  est  tordue  sur  elle-même. 

Une  tige  de  section  rectangulaire,  aplatie  à  ses  deux  extrémités  qui  paraissent  être  des  tail- 
lants d'outils.  —  Longueur,  o™  ,  07 . 

Une  tige  cylindrique  (fig.  212),  de  section  rectangulaire  à  une  extrémité,  se  termine  en 
pointe  à  l'autre.  —  Longueur,  0°,  105. 

Une  garniture  de  taillant  d'une  hache  en  bois  (fig.  209),  formée  de  deux  lames  de  métal 
découpées  en  croissants  et  réunies  aux  cornes  par  des  rivets.  Elle  est  incomplète,  en  deux 
fragments. 

Deux  ciseaux  à  longues  tiges  et  tête  à  six  pans  (fig.  210,  211).  Les  tranchants  ont  o™,  005 
de  largeur.  — Longueur,  o"  ,  1 12. 

Trois  ciseaux  de  section  rectangulaire  (fig.  206  à  208)  ;  deux  d'entre  eux  n'ont  plus  de 
tranchant.  —  Longueurs:    1°  o'^.o^;   2°  o"^o57;   3°  0^,085;  4°  o"',  10. 


84 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Un  ciseau  au  tranchant  droit,  à  la  lame  rectangulaire,  et  dont  le  manche  est  légèrement 
conique  vers  le  haut  (fig.  225).  L'outil  est  oblique  par  rapport  à  ce  manche,  comme  il  convient 
pour  une  sorte  de  grattoir.  —  Longueur  de  la  lame,  o"",  03  ;  du  manche,  o"",  03. 


11 


210 


21 2 


209 


FiG.   206  à  212.  —  Ciseaux,  taillant  de  hache  et  tiges  de  bronze 
(2/3  grandeur  naturelle) 

Trois  petits  ciseaux  à  lames  rectangulaires  et  aux  taillants  droits  (fig.  224,  239,  240), 
pourvus  de  manches  légèrement  coniques  vers  le  haut  et  se  terminant  en  boules.  —  Le 
manche  et  la  lame  sont  de  longueurs  égales.  —  Longueurs  totales:  o",  04;  o'",036;  o"\035; 
o'",o3;  o"\02  5. 

Un  petit  ciseau  analogue  dont  le  manche  légèrement  conique  est  seulement  arrondi  à 
l'extrémité.  —  Longueur  de  la  lame,  o'",o22;  du  manche,  o'",oi6. 

Une  tige  pointue  à  une  extrémité,  aplatie  à  l'autre.  —  Longueur,  o"',  i  5. 

Une  tige  de  section  rectangulaire  dont  une  extrémité  élargie  porte  un  taillant  de  ciseau.  — 
Longueur,  o'",o5.  —  Largeur  du  taillant,  o",oo7. 

Une  tige  ronde,  diminuant  vers  une  extrémité,  aplatie  en  biseaux.  —  Longueur,  o"\o72. 

Une  tige  de  section  carrée^  dont  une  extrémité  est  en  pointe  ;  l'autre  extrémité  est  ornée 
sur  une  hauteur  de  o'^.oiS  de  sillons  circulaires.  —  Longueur  totale,  o"\o55. 

Soixante-cinq  poinçons  à  deux  pointes  (fig.  221,  236  à  238),  formés  d'une  tige  de 
section  carrée,  s'amincissant  graduellement  vers  les  extrémités.  —  Les  longueurs  varient 
de  o"\o(  à  o"',o6. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCMINAK 


8s 


Une  tige  de  section  à  peu  près  carrée  (fig.  226),   dont  une  extrémité  est  pointue,  l'autre 
seulement  diminuée  ;  c'est  probablement  un  outil.  —  Longueur,  o"^  10. 


FiG.  213  a  240.  —  Petits  ciseaux,  poinçons,  outil  et  clous  a  section  carrée,  en  bronze  (2/3  grand,  nat.) 


^i  273 

269  270 

FiG.  241   à  280.  —  Clous  en  bronze  (2/5  grandeur  naturelle) 


86  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Une  tige  droite  amincie  à  une  extrémité,  peut-être  épingle.  —  Longueur,  o",  042 . 
Six  clous  à  têtes  carrées  (fig.   213  à  215,   220,    222,   227),    dont   les    longueurs   varient 
entre  o"",07  et  o™,o5. 

Neuf  clous  (fig.  216,  217,  219,  223,  228,  230,  231  à  233),  analogues,  dont  les  longueurs 

varient  entre,  o'",  05  et  o",  03. 

Cent  vingt-trois  clous  (fig.  218,  229,  2^4,  et  235).  analogues  plus  petits. 

Quinze  clous  à  larges  tètes  arrondies  (fig.  241,  244,  247,  255,  262),   dont  les  longueurs 

varient  entre  o",  10  et  0^,05. 

Trente-six  clous  analogues  (fig.  242,  248,  249,  251,  253,254,  261,  264,  270,  274,  277  à  279), 
dont  les  longueurs  varient  entre  o",  05  à  0,0025. 

Cent  dix-huit  clous  analogues  plus  petits  (fig.  243,  245,  246,  250,  252,  256  à  260,  263,  265 
à  269,  271  à  276,  280). 

Une  tige  de  section  circulaire,  courbée  comme  un  fragment  de  collier,  sans  ornements.  — 

Longueur,  o"",  135. 

Une  tige  de  section  circulaire,  courbée  à  une  extrémité^  l'autre  extrémité  taillée  en  pointe 
aplatie,  est  repliée  complètement  sur  le  corps  de  la  tige;  c'est  probablement  une  aiguille 
déformée.  —  Longueur,  0^,09. 

Un  clou  long  et  mince  (fig.  293),  dont  la  tête  est  une  large  plaque  mince  légèrement 
bombée.  —  Hauteur  du  clou,  «",04.  —  Diamètre  de  la  tête,  o'",o5. 

Un  clou  dont  la  tige  est  longue  et  mince  (fig.  289),  la  tête  est  une  bossette  de  métal  mince. 
—  Hauteur  du  clou,  o'",o2.  —  Diamètre  de  la  tête,  o",  112. 

Une  tête  de  clou,  plaque  mince  et  bombée  dont  le  centre  est  percé  d'un  trou  {i\g.  282  et 
285).  —  Diamètre,  0^,047. 

Une  dizaine  de  têtes  de  clous  analogues  (fig.  296),  plus  ou  moins  bombées  et  une  douzaine 
de  fragments. 

Trois  plaques  minces  de  métal  dont  le  centre  est  bombé  en  hémisphère  (fig.  283);  le  pourtour 
plat  est  percé  de  quatre  trous  opposés  deux  à  deux.  —  Diamètre,  0^,046. 

Une  plaque  analogue,  en  mauvais  état.  —  Diamètre,  0,06.  —  Deux  plaques  du  même 
type  (fig.  284  et  299).  — Diamètres,  o'",025;  o"',o2. 

Trois  hémisphères  (fig.  281),  formés  d'une  feuille  de  métal  mince  et  dont  les  bords  sont 
percés  de  deux  trous  opposés.  —  Diamètres,  o'",026. 

Un  hémisphère  analogue  (fig.  290  et  291),  de  o'",o2  de  diamètre  environ;  deux  des  pomts 
opposés  de  la  bordure  sont  réunis  par  une  tige  plate. 

Cet  objet  et  les  précédents  sont  peut-être  des  ornements  de  coiffures". 

Deux  petits  disques  de  métal,  de  o'",oi  5  de  diamètre. 

m 

1.     De    semblables    parures    ont    éic    trouvées    clans    les    tombeaux    du     l'alyche,    autour    des    crânes,   par 
M.    J.  de  Morgan,    Mission    en    Perse,    tome   1\'. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


^7 


Un  médaillon  (PI.  XVIII,  fig.  7),  circulaire,  de  o"',  07  de  diamètre,  et  de  o™  ,006  d'épaisseur, 
montre  sur  une  face,  le  soleil  élamite,  symbole  de  Samas. 

Une  pendeloque,  formée  d'une  plaque  de  métal  mince,  circulaire,  dont  une  languette  repliée 
constitue  la  bélière.  Elle  est  ornée,  au  repoussé,  d'une  étoile  à  six  branches,  dont  le  centre  est  en 


299 


30Q 


FiG.  281   à  300.  —  Pendeloques  et  ornements  de   bronze  (9/10  grandeur  naturelle) 


bossette  ;  entre  les  branches  de  l'étoile  sont  des  bossettes  plus  petites,  et  deux  lignes  concentriques 
de  bossettes  très  petites,  garnissent  le  pourtour.  —  Diamètre,  o"',03. 

Une  pendeloque  analogue  avec  bélière  (fig.  292),  porte  une  bossette  centrale,  entourée  de 
six  bossettes  plus  petites.  —  Diamètre,  o'°,o26. 

Une  pendeloque  analogue   (fig.  287),   avec   bélière,    ornée   d'une  étoile    à   huit   branches 


88 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


partant  d'une  bossette  centrale,  entourée  de  bossettes  plus  petites.  Sur  le  pourtour  est  une  ligne 
circulaire  de  bossettes  très  petites.  —  Diamètre,  o'",o29. 

Une  pendeloque  avec  bélière;  elle  est  ployée  en  deux;  on  distingue  une  étoile  à  si.x 
branches  partant  d'une  bossette  centrale,  et  sur  le  pourtour  une  ligne  circulaire  de  bossettes. 
—  Diamètre,  o"",  034. 

Une  pendeloque  avec  bélière  (fig.  297),  elle  est  ornée  d'une  bossette  centrale.  — 
Diamètre,  o™,oi6. 


3<4 


FiG.  301   à  316.  —  Ornements  de  bronze  (grandeur  naturelle) 


Une  pendeloque  (?)  analogue  (fig.  300)  au.v  précédentes,  ornée  d'une  étoile  a  six  branches 
partant  d'un  centre  en  bossette,  et  de  bossettes  entre  les  branches  de  l'étoile.  — 
Diamètre,  o"',o3i. 

Deux  pendeloques  (?)  (fig.  291  et  295).  ornées  d'une  bossette  centrale,  entourée  de  six 
bossettes  plus  petites.  —  Diamètres,  o"'.o28;  o"',022. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


89 


Longueur,  o 


Longueur,  o 


321 


Une  moitié  de  pendeloque  (?)  (fig.  298).  ornée  d'une  bossette  centrale  entourée  de  six 
bossettes  plus  petites.  —  Diamètre,  o".  052. 

Une  pendeloque  (fig.  288)  ornée  d'une  bossette  centrale,  d'où  partent  six  branches  d'étoile 
gravées  au  trait  et  entre  lesquelles  sont  des  bossettes;  sur  le  pourtour,  deux  traits  gravés 
concentriques,  dont  l'intervalle  est  orné. 

Une  perle  ovoïde  (fig.  286),  faite  d'un  fil  enroulé  sur  lui-même.  —  Longueur,  o"',  014. 

Une  épingle  incomplète  (PI.  XIX,  fig.  3),  dont  la  tète  est  ornée  d'un  chevreau  debout  sur 
une  petite  baguette  transversale,  les  oreilles  levées,  la  queue  dressée. 

Il  manque  une  partie  de  l'oreille  gauche  et  une  longueur  importante  de  la  tige. 
—  Longueur,  0^,055. 

Une  épingle  (PI.  XVIII,  fig.  5),  dont  la  317 

tête  est  en  forme  de  petit  taureau.  —  Lon- 
gueur, o"',o65. 

Une  épingle  à  tête  conique  (fig.  301), 
dont  la  tige  est  percée  d'un  trou  aux  2/5  de 
la  longueur  totale,  et  ornée,  depuis  le  haut 
jusque  là,  de  traits  circulaires  équidistants.  — 
112. 

Une  épingle  (fig.  317),  dont  la  tête  est 
légèrement  renflée  en  forme  de  massue.  — 
117. 

Trois  épingles  du  même  type  (fig.  302. 
318  et  319).  —  Longueurs,  o'^io;  o",o85; 
o"',o95. 

Deux  épingles  du  même  type,  dont  il  man- 
que les  pointes.  —  Longueurs,  o" , 068  ;  o" ,  047 . 

Une  épingle  légèrement  ployée  (fig.  320). 
dont  la  tête  cylindrique  est  ornée  de  deux 
sillons  parallèles.  —  Longueur,  o"',075. 

Une  épingle  (fig.  321),  à  laquelle  il 
manque  la  pointe,  et  qui  figure  un  serpent, 
dont  le  corps  est  de  plus  en  plus  sinueux  vers 
la  tête.  —  Longueur,  o",  108. 

Une  épingle  (?)  (fig.  322),  à  tige  carrée, 
dont  la  tête  sphérique  est  ornée  de  trois  ran- 
gées circulaires  de  petites  bosses  rondes  ;  la  pointe  manque.  —  Longueur,  o"',o38. 

Une  épingle  (fig.  308),  incomplète  et  courbée,  dont  la  tète  est  formée  par  des  enroulements 
de  l'extrémité  de  la  tige. 


I 


322 

Epingles  de  bronze 


(grand,  nat.) 


12 


90  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Un  fil  (fig.  323  a  et  b),  dont  une  extrémité  se  divise  en  trois  branches;  l'autre  extrémité 
est  pointue;  épingle  ou  aiguille.  —  Longueur.  o'°,055. 

Un  fil  disposé  en  forme  d'agrafe  (fig.  309). 

Une  épingle  (fig.  324)  ou  clou  très  mince.  —  Longueur,  o"'.o3. 

Quatre  anneaux  (fig.  310),  de  o'",o5  de  diamètre. 

Vingt-cinq  bagues  (fig.  307),  ornées  de  sillons  circulaires  parallèles. 

Cinq  bagues  (fig.  304  et  305),  en  forme  de  deux  anneaux  accolés. 

Cinq  bagues  (fig.  312),  formées  d'un  fil  enroulé  deux  fois  sur  lui-même. 

Une  bague  (fig.  306),  formée  d'un  large  ruban  plat. 

Quinze  anneaux  (fig.  313),  formés  d'un  fil  carré  tordu. 

Vingt-cinq  anneaux  formés  d'un  ruban  plat. 

Un  millier  d'anneaux  simples  (fig.  303  et  311),  dont  soixante-dix  formés  d'un  fil  excessi- 
vement fin. 

Un  anneau  orné  d'un  coquillage  (fig.  315). 

Un  anneau  orné  d'une  perle  cylindrique  en  pâte  blanche  (fig.  314), 

Une  corde  de  métal  (fig.  316),  faite  de  fils  soudés  et  terminée  par  deux  boucles.  Elle  est 
pliée  trois  fois  sur  elle-même.  —  Longueur  approximative,  o"",  33. 

Il  faut  ajouter  une  dizaine  de  kilogrammes  de  débris  de  tiges  et  feuilles  et  une  cinquan- 
taine de  kilogrammes  de  débris  informes  et  de  scories  métalliques. 

Objets  de  fer.  —  Onze  anneaux  rongés  par  la  rouille. 

Objets  de  pierre.  —  Cylindres  et  cachets. 

(PI.  XX,  fig.  i). — Cylindre  de  grande  dimension  et  d'un  beau  travail  archaïque.  La 
figuration  peut  se  partager  en  quatre  groupes,  disposés  chacun  avec  beaucoup  de  symétrie. 

Dans  le  premier,  deux  lions  aux  fortes  crinières,  dressés  sur  les  pattes  de  derrière  et  dont  les 
corps  se  croisent,  dévorent,  l'un^  une  gazelle  saisie  au  cou,  l'autre,  une  chèvre  mordue  à 
l'arrière-train  et  dont  la  tête  disparait  dans  un  défaut  du  cylindre. 

Dans  le  deuxième,  un  personnage  au  corps  de  gazelle,  vu  de  profil,  à  droite,  le  visage  vu 
de  face,  passe  devant  un  deuxième  analogue,  vu  de  face.  Tous  deux  sont  barbus,  aux  longues 
moustaches  relevées,  et  sont  coiffés  de  toques  peu  distinctes  dans  le  bord  usé  du  cylindre. 

L'un  d'eux  tient  une  massue;  l'espace  compris  entre  le  bras  et  le  corps  se  garnit  d'une 
petite  étoile. 

Le  troisième  groupe  représente  une  gazelle,  cabrée  pour  fuir  un  griffon  symétriquement 
dressé,  qui  se  retourne  et  la  saisit  au  cou. 

Le  quatrième  groupe  se  partage  en  deux  registres  inégaux  par  deux  traits  parallèles.  Le 
supérieur,  occupant  un  tiers  de  la  hauteur,  porte  des  traits  conventionnels;  le  registre  inférieur 
est  occupé  par  deux  gazelles,  dressées  et  croisées,  qui  retournent  leurs  tètes  l'une  vers  l'autre.  — 
Calcaire  blanc.  —  Haut.  :  o'",049 — Diam.  :  o",o3i. 


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PL.  XX 


CYLINDRES     (   Grandeur  naturelle   ) 
Dépots  de  fondation  du  temple  de  Chouclunak 


Héhoè.Duiariiin 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  91 

(PI.  XXII,  n"  i).  —  Ce  cylindre  peut  être  mis  en  parallèle  avec  les  plus  beaux  connus.  La 
facture  est  soignée,  les  proportions  heureuses,  les  mouvements  bien  indiqués;  les  représentations 
occupent  toute  la  hauteur  du  cylindre  ;  elles  sonttrès  habilement  balancées,  se  partagent  en  deux 
scènes  différentes,  et  se  rapportent  aux  premiers  mythes  chaldéens. 

Le  héros  Gilgames  représenté  de  profil,  coiflfé  d'un  bonnet,  vêtu  d'un  pagne,  est  en  présence 
d'Ea  Bani,  le  taureau  à  tête  d'homme. 

Le  corps  de  l'animal  est  dressé  de  profil,  la  tète  est  de  face  montrant  le  visage  aux  traits 
accentués,  les  cornes  recourbées,  la  longue  barbe  et  les  moustaches  relevées.  La  même  scène  est 
reproduite  une  deuxième  fois,  avec  une  variante,  une  massue  en  bois  recourbé  entre  les  deux 
personnages. 

La  deuxième  scène  montre  un  lion  et  un  taureau  aux  prises.  Les  animaux  sont  cabrés, 
leurs  corps  se  croisent  ;  le  lion  retourne  la  tète  pour  mordre  le  taureau  à  la  gorge.  Un  person- 
nage en  pagne  court,  coiffé  d'un  bonnet,  intervient  dans  la  lutte.  D'une  main  il  tient  une  patte  du 
lion,  de  l'autre  il  le  saisit  à  la  tête. 

Les  deux  scènes  sont  séparées  par  la  masse  d'armes  chaldéenne.  Ce  cylindre  est  en  marbre 
noir.  —  Hauteur,  o™,  044.  —  Diamètre,  o",  024. 

(PI.  XXI,  fig.  i).  —  Cylindre  très  archaïque  et  fruste  d'exécution.  Le  sujet  difficile  à  définir 
peut  être  partagé  en  quatre  groupes,  comprenant  chacun  un  personnage  accroupi  levant  les 
mains  vers  le  ciel.  La  tète  de  ces  personnages  est  figurée  par  un  simple  point  prolongé  par  un 
trait,  peut  être  figuration  de  longue  chevelure. 

L'un  d'eux  est  sur  un  lit  :  au-dessous  de  deux  autres  sont  des  traits  difficiles  à  interpréter  ; 
le  quatrième  figuré  plus  bas  est  surmonté  d'un  ornement  analogue  à  ceux  qui  séparent  les 
groupes,  disposés  par  deux,  l'un  au-dessus  de  l'autre. 

Ces  ornements  se  composent  d'un  point  assez  important,  allongé  vers  le  bas,  surmonté  d'un 
autre  plus  petit  et  garni  vers  la  droite,  ou  vers  la  gauche,  par  un  petit  trait  ;  peut-être  représen 
tations  de  vases.  —  Travail  à  la  bouteroUe.  —  Chlorite.  —  Haut.  :  o'",02  —  Diam.  :  o°',02. 

(PI.  XX,  fig.  2).  —  Cylindre  gravé  au  burin  avec  négligence,  sauf  pour  le  texte  très  fin. 

On  peut  distinguer  3  groupes.  Un  personnage  debout,  de  profil,  à  droite',  coiffé  d'un 
bonnet  à  cornes,  vêtu  d'une  tunique  courte,  dont  il  retient  les  plis  de  la  main  gauche,  fait  face  à 
un  deuxième,  vêtu  d'une  robe  longue,  levant  les  mains  vers  le  ciel. 

Entre  eux,  croissant  lunaire,  et  plus  bas  un  animal  peu  distinct,  peut-être  un  chevreau. 

Le  deuxième  groupe  comprend,  à  la  partie  supérieure  du  cylindre,  un  animal,  peut-être  une 
gazelle,  vu  la  tête  en  bas,  les  pattes  de  derrière  écartées  ;  au-dessous,  un  personnage  nu,  un 
genou  à  terre,  qui  lève  la  main  gauche,  la  main  droite  cachée  derrière  le  corps. 

Pour  le  troisième  groupe,  deux  animaux  dressés  sur  les  pattes  de  derrière  et  difficiles  à 
interpréter. 

1.  Les  indications  de  position  se  rapportent  à  l'empreinte. 


92  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 

Le  texte  en  quatre  colonnes  chevauche  sur  les  figurations  de  ces  deux  derniers  groupes.  — 
Hématite.  —  Haut.  :  o",029  —  Diam.  :  o'",oo7. 

(PI.  XXII,  fig.  2).  —  Scène  d'offrande.  —  Un  premier  personnage,  vu  de  face,  coififé  d'une 
mitre  (?),  vêtu  d'une  longue  robe  à  plis  et  tenant  un  glaive  dans  la  main  droite,  se  tient  debout 
devant  un  deuxième,  coififé  d'une  toque  ronde,  vêtu  d'une  robe  à  bordure  ornée,  qui  lui 
apporte  un  chevreau  (?)  ;  entre  eux,  dans  le  haut  du  cylindre,  un  chevreau(?),  plus  bas  un 
signe  formé  d'une  étoile  surmontant  une  tige  verticale. 

En  arriére,  un  troisième  personnage  vu  de  trois  quarts,  à  droite,  coififé  d'une  toque  ronde, 
vêtu  d'une  longue  robe  ornée  ou  plissée,  les  bras  croisés,  lève  la  main  droite. 

Il  est  séparé  du  groupe  précédent  par  deux  signes  :  le  premier,  indécis,  à  la  partie  supé- 
rieure du  cylindre,  le  second,  à  la  partie  inférieure,  est  un  trait  vertical  à  saillie  centrale,  limité 
aux  extrémités  par  des  traits  obliques  '. 

Le  texte  très  net  occupe  trois  colonnes  :  il  donne  le  nom  de  Inbubu,  fils  de  Nur  ahhiiou, 
serviteur  du  dieu  Lugal  banda.  —  Hématite.  —  Haut.  :  0^,03 1  —  Diam.  :  o"'oi  5  . 

(PI.  XX,  n°  7).  —  Ce  cylindre  est  peut-être  inachevé  ou  seulement  très  fruste  d'exécution. 
Il  donne  une  bonne  indication  des  procédés  de  travail  :  la  meule  et  la  bouterolle. 

L'interprétation  du  sujet  est  incertaine;  il  semble  qu'il  s'agisse  de  personnages  debout  et 
vus  de  face,  séparés  par  des  points  et  des  traits  accessoires.  —  Hématite.  —  Hauteur,  o",  03.  — 
Diamètre,  o'",  009. 

(PI.  XX,  fig.  4).  —  Divinité,  de  profil,  à  gauche,  assise  sur  un  siège  élevé  d'un  degré, 
recouvert  d'une  étoffe  à  franges.  Elle  est  coiffée  d'un  turban(?),  vêtue  d'une  robe  à  bordure;  sa 
main  droite  tend  un  vase  ;  la  main  gauche  est  ramenée  à  la  ceinture.  Une  longue  barbe  descend 
sur  sa  poitrine.  Devant  elle,  se  tient  debout  l'Impétrant,  de  profil  à  droite,  tête  nue,  les  bras  et 
l'épaule  droite  découverts;  vêtu  d'une  robe  plissée  à  bordure;  entre  eux  est  un  croissant, 
symbole  de  Sin,  et  plus  bas,  un  escabeau.  Il  porte  le  vêtement  dans  lequel  M.  Hcuzey  a  reconnu 
l'étofife  du  konakes  des  Grecs. 

Derrière  l'Impétrant,  séparé  de  lui  par  une  petite  figure  indécise,  gravée  au-dessus  d'une 
tête  coiffée  d'homme  barbu,  est  un  personnage  debout,  les  mains  levées  pour  l'adoration;  il  est 
coififé  d'une  toque  à  ornements,  vêtu  d'une  robe  à  franges. 

Derrière  la  Divinité,  se  tient  debout,  sur  un  degré,  un  serviteur  vu  de  profil  ;  il  est  vêtu 
d'un  pagne  court  et  tient  une  lance  ou  un  bâton  levé.  Près  de  lui,  un  deuxième  serviteur,  barbu, 
et  portant  une  coiffure  ronde,  vêtu  d'un  pagne,  joint  les  mains  en  signe  d'adoration.  — 
Hématite.  —  Haut.  :  o"',028 —  Diam.  :  o"\oi7. 

(PI.  XXII,  fig.  8).  —  Deux  personnages  vus  de  face,  les  têtes  de  profil,  coiffés  de  bonnets 
à  cornes,  vêtus  de  robes  à  franges,  se  regardent;  à  droite,  on  peut  désigner  un  sacrificateur,  le 
glaive  dans  la  main  gauche,  et  devant  lui,  le  pontife,  levant  la  main  droite  pour  ordonner. 

I .  Cette  figuration  est  donnée  par  J.  Menant  dans  Coll.  de  Clercq,  comme  le  symbole  de  la  Justice.  (Voir  descrip- 
tion cylindre  89). 


Zb 


^<,. 


Ita. 


6c 


PL.  XXI 


CYLINDRES     ET     CACHETS 

Dépôts   de  fondation  du  temple  de  Chouchmak 

(  àv.  nat.  ) 


Hélioô.Dujardin 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHlNAK  93 


Entre  eux  se  dresse  une  pique. 

Un  texte  en  trois  colonnes  donne  le  nom  de  Nin  Sali  imguranni,  fils  de  Daniki  ili'sou, 
serviteur  du  dieu  Nin  Sah.  —  Hématite.  —  Haut.  :  o",028  —  Diam.  :  o",oi3. 

(PI.  XXII,  fiR-.  6).  —  Un  personnage  barbu,  vu  de  trois  quarts,  à  gauche,  dont  la  coiffure 
est  indistincte  dans  un  défaut  du  cylindre,  avance  les  mains.  Il  est  vêtu  d'une  robe  serrée  à 
la  ceinture,  retombant  avec  des  plis  droits  et  laissant  passer  la  jambe  droite  qui  s'avance  pour 
poser  le  pied  sur  un  escabeau. 

Derrière  lui,  un  personnage,  vêtu  d'un  long  châle  à  franges,  est  vu  de  face;  le  visage,  de 
profil  à  gauche,  est  imberbe.  Il  ramène  les  mains  sur  la  poitrine. 

Entre   eux  le   soleil"  dans   le   croissant  de    la  lune,   plus    bas  une  figuration   grossière  de 

poisson  (?). 

Un  deuxième  groupe  est  séparé  en  deux  registres  égaux  par  un  trait  horizontal.  Chacun 
d'eux  est  occupé  par  deux  petits  personnages  debout,  très  effacés  dans  le  registre  supérieur.  Dans 
le  registre  inférieur  une  femme  nue.  vue  de  face,  la  tète  de  profil  à  droite,  les  mains  jointes,  et 
un  pontife,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'une  tiare,   vêtu  d'une  robe    à  franges,   levant  les  mains 

pour  prier. 

Un  texte  très  net  en  trois  colonnes,  au  nom  de  Pillulu,  fils  de  Nur  Samas,   serviteur  du 

dieu. .  .  —  Hématite.  —  Haut.  :  0^,027  —  Diam.  :  o",oi4. 

(PI.  XX,  fig.  5).  Une  divinité  de  profil  à  gauche,  assise  sur  un  trône  élevé  d'un  degré, 

est  coiffée  du  bonnet  à  cornes,  vêtue  d'une  robe  à  franges,  et  tend  la  main  droite.  La  mam 
gauche  est  ramenée  à  la  ceinture.  Un  peu  en  avant  est  un  croissant. 

Devant  la  divinité,  un  pontife  en  robe  longue,  coiffé  du  bonnet  à  cornes,  la  main  gauche 
levée,  amène  par  la  main  l'Impétrant  qui,  tête  nue,  imberbe,  en  robe  longue,  lève  la  main  droite. 

Texte  en  deux  colonnes,  peu  distinct.  —  Hématite  grossière.  —  Haut.  :  o'",02  3  —  Diam.  : 

o'",oi4. 

(PI.  XXII,  fig.  5).  — Deux  groupes.  Dans  le  premier,  EaBani,  barbu,  aux  longues  mous- 
taches, coiffé  d'un  bonnet,  debout  sur  des  pattes  de  taureau,  lutte  contre  un  lion  dressé.  Entre 
eux  un  animal  peu  distinct,  qui  se  retrouve  entre  les  figures  du  second  groupe.  Celui-ci  con- 
tient la  lutte  de  deux  griffons,  dont  l'un  est  aile.  Entre  ces  deux  groupes,  un  petit  animal  peu 
défini.  —  Hématite.  —  Haut.  :  o",02i  —  Diam.:  o'",oi  i . 

(PI.  XXII,  fig.  3).  —  Une  divinité,  de  profil  à  droite,  coiffée  d'un  bonnet  à  côtes,  vêtue 
d'une  robe  à  franges,  est  assise  sur  un  trône  orné  de  franges,  la  main  droite  en  avant.  Un 
personnage,  de  profil  à  gauche,  s'avance  vers  elle  en  tendant  les  deux  mains.  Il  tient,  de  la  mam 
droite,  un  objet  difficile  à  interpréter.  Il  est  coiffé  d'un  bonnet  à  côtes  et  vêtu  d'une  robe  demi 
lonçrue  ornée  d'une  frano^e  inférieure.  Entre  eux,  dans  le  haut  du  cylindre,  est  le  croissant 
lunaire. 


I.  Le  soleil  est  le  svmbole  du  dieu  Samas. 


94  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU   l'EMPLE  DE  CHOUCHINAK 

Le  texte  bien  gravé  comprend  trois  colonnes,  au  nom  de  5m  Ismani,  fils  de  Sin  hmani  (?) 
serviteur  du  dieu  Sin.  —  Roche  verte.  —  Haut.  :  o'°,025  —  Diam.  :  o"',oi4. 

(PI.  XX,  fig.  8).  —  Deux  personnages  debout,  coiffés  de  bonnets,  vêtus  de  robes,  se  font 
face;  l'un,  de  profil  à  gauche,  barbu,  apporte  un  chevreau  dans  ses  bras;  l'autre  tend  la  main 
gauche  vers  lui. 

Ce  cylindre,  dont  le  travail  est  un  peu  fruste,  porte  un  texte  de  trois  colonnes.  —  Lapis- 
lazuli. —  Haut.  :  o",oi8.  —  Diam.  :  o"',oo7. 

(PI.  XX,  fig.  6).  —  Un  pontife  imberbe,  de  profil  à  gauche,  coiffé  delà  tiare  multicorne, 
vêtu  d'une  robe  à  franges  et  maintenue  par  une  ceinture,  et  d'une  écharpe  plissée  passant  sur 
l'épaule  gauche,  tient  une  tige  verticale,  surmontée  d'une  étoile  à  huit  branches.  Il  la  tend  à  un 
personnage  imberbe,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet  rond,  vêtu  d'une  robe  à  plis  droits  et 
avançant  les  deux  mains. 

Entre  eux  est  la  figuration  grossière  d'un  poisson. 

Un  texte  en  trois  colonnes,  au  nom  de  Hapiipu,  fils  de  Manniim  Saninsu,  serviteur  du  dieu 
Nin-si-anna.  —  Calcédoine  blanche.  —  Haut.  :  o",oi9 —  Diam.  :  g", 09. 

Cylindre:  deux  personnages  imberbes,  vêtus  de  robes,  se  font  face.  L'un,  de  profil  à 
gauche,  portant  une  coiffure  aux  larges  bords,  tient  un  instrument  (?),  tige  verticale  garnie  d'une 
saillie  à  l'une  des  extrémités^  hache  ou  massue,  au-dessus  d'un  chevreau.  L'autre,  de  profil  à 
droite,  avance  les  deux  mains. 

Ce  cylindre  assez  usé  porte  un  texte  en  trois  colonnes.  —  Calcaire  blanc.  —  Haut.  :  o^.oiy 
—  Diam.  :  o'",oo8. 

Cylindre  :  deux  gazelles,  vues  de  profil  à  droite,  aux  longues  cornes  recourbées,  se  suivent. 

Calcaire  blanc.  —  Haut.  :  o"\oi4  —  Diam.:  o'",oo8. 

Long  cylindre   portant  une  inscription  en   caractères   archaïques,   très  finement   gravée. 

Le  texte  est  divisé  en  deux  registres:  le  registre  supérieur  comprend  trois  colonnes;  le 
registre  inférieur  cinq  colonnes  dont  aucune  ne  prolonge  les  précédentes.  Inscription  votive 
de  Doungi,  roi  d'Our,  à  la  déesse  Nin-Gal'.  —  Cornaline.  Haut.  :  o'",o59  —  Diam.  :  o'",oo75. 

(PI.  XX,  fig.  3).  —  Ce  cylindre  est  divisé  en  deux  registres.  Le  registre  inférieur  est  occupé 
par  un  quadrillé  de  traits.  Le  registre  supérieur  comporte  deux  groupes  :  dans  le  premier,  un 
personnage  imberbe,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  béret,  vêtu  d'une  robe  à  plis,  serrée  à  la  cein- 
ture, tient  de  la  main  droite  un  trident  ;  il  est  debout  devant  un  autel  (?)  sur  lequel  est  un  petit 
arbre. 

Le  deuxième  groupe  montre  deux  animaux  fantastiques,  l'un  au-dessus  de  l'autre.  — 
Matière  brune'.  —  Haut.  :  o"',028  — Diam.  :  o"',oi2. 

(PI.  XXI,  fig.  8).  —  Trois  chèvres  de  profil  adroite,  se  suivent  en  retournant  leurs   têtes 

1.  Cf.  Scheil,  Mém.  Je  la  Délcg.  Tome  VT,  p.  22. 

2.  Ce  que  aous  désignons  ainsi  est  une  pâte  bitumineuse,  argilo-calcaire,  naturelle  ou  spécialement  préparée. 


^\^ 


CYLINDRES    (  Grandeur  naturelle  ) 
Dépots  de  fondation  du  temple  de  ChoucKinak 


Hébo&  ,Duj  a.i*din 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  95 


en  arrière.  Leurs  cornes  de  droite  se  prolongent  en  se  recourbant.  Entre  leurs  pattes  des  traits 
en  rameaux,  analogues  à  ceux  qui  figurent  leurs  corps,  représentent  peut-être  des  chèvres  cou- 
chées. Au-dessus  de  Tune  des  chèvres,  un  croissant,  au-dessus  d'une  autre  un  rameau  vertical. 
—  Matière  brune.  —  Haut.  :  G",  02 1  —  Diam.  :  o", CI 2. 

(PI.  XXI,  fig.  2). —  Deux  groupes.  Dans  le  premier,  un  personnage,  de  profil  à  droite,  coiiïé 
d'un  bonnet  strié,  vêtu  d'une  robe  à  plis  droits,  s'avance,  tenant  une  pique  de  la  main  gauche,  le 
bras  droit  se  tend  en  arrière  vers  le  bas. 

Dans  le  second,  un  quadrupède,  bas  sur  pattes,  aux  bois  fourchus,  est  surmonté  de  trois 
figurations  d'animaux  difficiles  à  interpréter  ;  devant  lui,  un  arbre  au-dessus  duquel  est  repré- 
senté un  oiseau.  —  Matière  brune.  —  Haut.  :  o",  028  —  Diam.  :  o'",oi3. 

(PI.  XXII,  fig.  9).  —  Assise  sur  un  trône  au  siège  incliné,  au  bord  décoré,  une  divinité,  de 
profil  à  gauche,  imberbe,  coiffée  d'un  bonnet  strié,  vêtue  d'une  robe,  avance,  de  la  main  droite, 
une  coupe  (?)  ;  la  main  gauche  est  ramenée  à  la  ceinture.  Devant  elle,  un  personnage,  de  profil  à 
droite,  imberbe,  coiffé  d'un  bonnet  strié,  vêtu  d'une  robe  à  plis,  joint  les  mains  en  signe  d'ado- 
ration. 

Entre  eux,  une  amphore  (?),  plus  haut  un  croissant. 

Derrière  la  divinité,  un  édicule  au-dessus  duquel  sont  alignées  trois  amphores.  —  Matière 
brune.  —  Haut.  :  G™,  023  —  Diam.  :  0"", 01 3. 

Cylindre  :  une  divinité,  de  profil  à  gauche,  assise  sur  un  trône  à  franges,  coiffée  d'un  bonnet 
strié,  vêtue  d'une  robe  à  plis  droits,  la  main  gauche  à  la  ceinture,  avance  le  bras  droit,  la  main 

levée. 

Devant  elle  un  personnage,  de  profil  à  droite,  vêtu  d'une  robe,  est  peu  distinct. 

Entre  eux  une  amphore,  au-dessus  un  croissant. 

Texte  peu  distinct  en  deux  colonnes.  —  Matière  brune.  —  Haut.  :  g", 022  —Diam.  ig^.gii. 

Cylindre  :  une  divinité,  de  profil  à  gauche,  coiffée  d'un  béret,  vêtue  d'une  robe  à  franges, 
est  assise  sur  un  trône  orné  de  franges;  la  main  gauche  est  ramenée  à  la  ceinture  ;  le  bras  droit 
en  avant  pour  offrir  une  coupe.  Au-dessus  de  celle-ci  le  croissant  lunaire. 

Devant  elle  un  personnage  debout,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet,  vêtu  d'une  robe  à 
plis  ornée  d'une  bordure,  tient  par  le  haut  une  tige  verticale  avec  saillie  centrale  '. 

Derrière  lui,  un  quadrupède  fantastique,  la  gueule  ouverte,  la  queue  levée,  deux  fois 
recourbée.  —  Matière  brune.  —  Haut.:  0^,025  —  Diam.  :  o",oi4. 

Cylindre  très  usé.  A  la  base  on  distingue  une  torsade  ;  au-dessus  une  divinité  assise  ; 
devant  elle  un  personnage  debout  ;  derrière  elle,  une  figure,  homme  ou  animal  cabré,  avance 
les  extrémités. 

Dans  le  haut  du  cylindre,  petites  figurations  peu  distinctes.  —  Matière  brune.  —  Haut.  : 

o'°,025  —  Diam.  :  o'^.oog. 

I.  Cette  figuration  est  donnée  par  J.  Menant,  comme  le  symbole  de  la  Justice.  Collection  de  Clercq. 


96  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 

(PI.  XXII,  fîg.  4).  —  Ensemble  de  traits  difficiles  à  interpréter,  peut-être  une  ébauche.  — 
Matière  brune.  —  Haut.  :  o"'^023.  —  Diam.  :  o",oi4. 

Cylindre  :  une  divinité,  de  profil,  àgauche,  assise  sur  un  trône  à  franges,  les  pieds  posés  sur  un 
escabeau,  tend  une  ampulla  (?)  de  la  main  droite.  Elle  est  coiffée  d'un  bonnet  strié,  vêtue  d'une 
robe  à  côtes  et  plis.  Devant  elle,  un  personnage  debout,  vêtu  d'une  robe  à  plis  droits,  coiffé  d'un 
bonnet;  il  est  vu  de  face,  tournant  la  tête  à  droite,  les  bras  sont  croisés  sur  la  poitrine. 

Entre  eux,  dans  le  haut  du  cylindre,  le  croissant,  plus  bas  une  petite  figuration  indécise. 

Un  quadrupède,  de  profil  à  droite,  retourne  complètement  la  tête  et  le  cou  vers  la  gauche. 

Matière  brune.  —  Haut.  :  o'",023  —  Diam.  :  o"\oi2. 

Cylindre  :  deux  personnages  sont  figurés,  l'un  dans  le  sens  de  la  hauteur  du  cylindre,  l'autre 
perpendiculairement.  Le  premier,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet  strié,  tient  le  bras  droit 
levé,  le  bras  gauche  abaissé.  Le  deuxième,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet  aux  larges  bords, 
les  épaules  horizontales,  tient  les  avant-bras  vers  le  ciel.  Dans  leur  prolongement,  au-dessous, 
deux  tiges  verticales,  garnies  de  traits  ou  rameaux.  —  Matière  brune.  —  Haut.  :  0^025  — 
Diam.  :  o"',oi  i . 

(PI.  XXII,  fig.  7).  —  Trois  personnages,  de  profil,  à  droite.  Les  deux  premiers,  à  peu 
près  identiques,  coiffés  de  bonnets  striés,  vêtus  de  robes  à  plis  droits,  très  larges  de  corps,  lèvent 
le  bras  gauche  vers  le  ciel. 

Le  troisième,  imberbe,  coiffé  d'un  bonnet  semblable,  joint  les  deux  mains.  —  Matière  brune. 
—  Haut.  :  o™,o2o  —  Diam.  :  o™,oii. 

Cylindre  :  un  personnage,  imberbe,  le  corps  de  face,  le  visage  de  profil  à  droite,  coiflé  d'un 
bonnet  strié,  tient,  dans  chaque  main,  à  bras  tendus,  un  bâton  vertical  orné  de  moulures,  servant 
de  support  à  un  vase  arrondi.  Du  vase  de  droite,  il  semble  sortir  de  la  fumée. 

Un  animal  monstrueux,  se  dresse,  les  pattes  de  devant  dirigées  l'une  vers  le  ciel,  l'autre  vers 
la  terre,  la  gueule  ouverte.  —  Matière  brune.  —  Haut.  :  o'",023  —  Diam.  :  o'",oi  i . 

Cylindre  :  une  divinité^  de  profil  à  gauche,  est  assise  sur  un  trône  orné  ;  coiffée  d'un  bonnet 
strié,  vêtue  d'une  robe,  la  main  gauche  ramenée  à  la  ceinture,  elle  tend  une  coupe  de  la  main 
droite. 

Devant  elle,  un  personnage,  de  profil  à  droite,  barbu,  coiffé  d'un  bonnet,  vêtu  d'une  robe, 
se  tient  debout. 

Entre  eux,  dans  le  haut  du  cylindre,  le  croissant  lunaire,   plus  bas  une  amphore  (?). 

Un  texte  en  deux  colonnes.  —  Matière  brune.  —  Haut.  :  o'",026  —  Diam.  :  o^.oi  3. 

(PI.  XXI,  fig.  7).  —  Une  divinité,  de  profil  à  gauche,  est  assise  sur  un  trône  orné  de 
franges;   coiffée  d'un  bonnet  strié,  vêtue  d'une  robe,  elle  tend  une  coupe. 

Devant  elle  un  personnage  debout,  de  profil  à  droite,  vêtu  d'une  robe,  joint  les  mains  sur 
sa  poitrine. 

Entre  eux,  le  croissant  lunaire  dans  le  haut  du  cylindre,  plus  bas  une  amphore  (?). 

Un  quadrupède,  gazelle  aux  cornes  ramifiées,  les  pattes  de   derrière  en    contre-bas,    est 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCIIINAK  97 


représenté,    de  profil  à  gauche,   retournant  complètement  la  tète  et  le  cou  vers  la  droite.   — 
Matière  brune.  —  Haut.  :  o'",024  —  Diam.  :  o"',oi2. 

Cylindre  :  quatre  personnages,  de  profil  adroite,  se  suivent;  ils  semblent  joindre  les  mains 
sur  leur  poitrine;  les  deux  premiers  sont  coiffés  de  bonnets  striés,  les  autres  de  bonnets  ronds. 

—  Matière  brune.  —  Haut.  :  o'",023  —  Diam.  :  o'",oio5. 

Cylindre  :  une  divinité,  de  profil  à  gauche,  est  assise  sur  un  trône  orné  de  franges; 
coiffée  d'un  bonnet  strié,  vêtue  d'une  robe  à  côtes,  elle  tend  une  coupe  de  la  main  droite. 

Devant  elle,  un  personnage,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet  strié,  vêtu  d'une  robe 
garnie  au  bas  d'une  bordure  et  ornée  de  côtes,  se  tient  debout,  joignant  les  mains. 

Entre  eux,  dans  le  haut  du  cylindre',  le  croissant  lunaire,  plus  bas  une  amphore. 

Texte  en  deux  colonnes.  —  Matière  brune.  —  Haut.  :  o"",  017.  —  Diam.  :  o",  009. 

Cylindre  :  deux  personnages  imberbes,  vêtus  de  robes,  debout  sur  un  degré,  se  font  face. 
L'un  coiffé  du  bonnet  à  cornes,  avance  la  main  droite  au-dessus  d'un  animal  accroupi  peu 
distinct.  L'autre,  coiffé  d'un  bonnet  rond,  lève  les  deux  mains. 

Ce  cylindre  très  fragile  porte  un  texte  en  trois  colonnes.  — Pâte  blanche.  —  Haut.  :  o"',oi5 

—  Diam,  :  o",oo8. 

Cylindre  usé  et  fragile  :  deux  groupes  représentant  tous  deux  une  scène  analogue.  Un 
personnage  debout,  de  profil  à  gauche,  coiffé  du  bonnet  à  cornes,  vêtu  d'une  robe,  tient,  dans 
le  premier  groupe  une  pique,  dans  le  second  un  bâton  surmonté  d'une  étoile.  Devant  chacun 
d'eux,  un  personnage  debout,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet  rond.  —  Pâte   blanche. 

—  Haut.  :  o", 022 —  Diam.:  o^jOii. 

Cylindre  :  un  personnage,  de  profil  à  gauche,  debout,  coiffé  d'une  tiare  (?),  vêtu  d'une 
robe,  tient  de  la  main  droite  un  bâton  recourbé  à  l'extrémité  supérieure.  Devant  lui  un  chevreau, 
de  profil  à  gauche,  et  un  deuxième  personnage,  de  profil  à  droite,  coiffé  d'un  bonnet  rond, 
vêtu  d'une  robe,  avance  les  deux  mains.  —  Pâte  blanche.  —  Haut.  :  o"',023  —  Diam.  :  o'",oi2. 

Cylindre  très  fragile  et  usé  :  un  personnage  de  face,  la  tête  entourée  d'une  bandelette, 
tournée  de  profil. à  gauche,  regarde  un  deuxième  personnage,  la  tête  indistincte,  vu  de  face, 
vêtu  d'une  courte  tunique,  le  bras  gauche  baissé,  la  main  droite  à  la  ceinture. 

Le  premier  semble  montrer  de  la  main  gauche  un  oiseau  (?)  aux  très  longues  pattes,  figuré 
de  profil  à  droite.  —  Pâte  blanche.  — Haut.  :  o'",oi8 — Diam.  :  o",oo7. 

Cylindre  incomplet  et  très  usé  :  un  personnage  debout,  de  profil  à  gauche,  vêtu  d'une 
robe  serrée  à  la  ceinture,  tend  une  pique  verticale  de  la  main  droite.  Devant  lui,  un  deuxième 
personnage,  de  profil  à  droite,  vêtu  d'une  robe,  avance  les  deux  mains. 

Texte  en  4  colonnes,  très  fruste.  —  Pâte  blanche.  —  Haut.  (?)  —  Diam.  :  o",oi3. 

Cylindre  très  usé  et  fragile,  sur  lequel  on  ne  peut   rien  distinguer  dans  son  état  actuel. 

Pâte  blanche.  —  Haut.  :  o'°,026  —  Diam.  :  o'",oii. 

Cylindre  :  réseau  de  traits  quadrillés.  —  Pâte  blanche  portant  des  traces  d'émail  vert.  — 
Haut.  :  o"',oi9  —  Diam.  :  o™,oo8. 

^13 


98  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Fragment  inférieur  de  cylindre  :  on  reconnaît  la  moitié  inférieure  d'un  personnage  vêtu 
d'une  robe,  de  profil  à  droite  :  devant  lui,  la  tête  d'un  petit  animal  (?).  — Quelques  caractères 
en  trois  colonnes.  —  Hématite. 

Fragment  supérieur  d'un  cylindre  :  tête  et  épaules  d'un  personnage,  de  profil  à  gauche, 
coiffé  d'un  bonnet  à  cornes. 

Quelques  caractères  en  deux  colonnes.  —  Hématite. 

Fragment  inférieur  d'un  cylindre  :  jambes  et  pieds  d'un  personnage,  de  profil  à  gauche, 
un  trait  en  zigzag.  —  Matière  brune. 

Fragment  de  cylindre  portant  un  texte  très  finement  gravé  en  deux  colonnes.  —  Cornaline. 

Cylindre  :  deux  yeux  (?)  séparés  par  deux  traits  verticaux,  indiqués  par  une  saillie  allongée 
entourée  de  deux  traits  parallèles,  se  partagent  la  circonférence  du  cylindre.  —  Calcaire  blanc. 
—  Haut.  :  G™, Cl 5  —  Diam.  :  o",oi2. 

Cylindre  :  un  pontife  (?)  coiffé  du  bonnet  à  cornes,  vêtu  d'une  robe,  est  debout,  de  profil  à 
droite,  et  avance  la  main  gauche.  Devant  lui,  un  personnage  coiffé  du  bonnet  à  cornes,  le  bras 
droit  levé  en  arrière,  paraissant  tenir  un  glaive,  s'avance  pour  frapper  un  personnage  vu  de 
face,  et  de  plus  petite  dimension,  qui  parait  nu,  les  mains  jointes.  —  Calcaire  blanc.  —  Haut.  : 
o'",oi6 —  Diam.  :  o'",oo6. 

Cylindre  incomplet  et  en  très  mauvais  état  :  on  distingue  seulement  un  personnage  debout, 
de  profil  à  gauche,  coiffé  de  la  tiare  à  cornes  et  vêtu  d'une  robe  serrée  à  la  ceinture.  —  Calcaire 
blanc  paraissant  avoir  été  brûlé.  —  Haut.  :  o"',025  —  Diam.  :  o",oi2. 

Cylindre  en  très  mauvais  état  :  on  distingue  un  personnage  debout,  de  profil  à  gauche, 
coiffé  du  bonnet  à  cornes,  vêtu  d'une  robe  qui  laisse  passer  la  jambe  droite  qui  se  pose,  en  avant, 
sur  une  figuration  peu  distincte,  peut-être  un  chevreau. 

Ce  cylindre  doit  porter  trois  colonnes  de  texte.  —  Calcaire  blanc.  —  Haut.  :  o",02  — 
Diam.  :  o^.oog. 

Fragment  de  cylindre  en  mauvais  état,  partie  supérieure  :  on  distingue,  devant  un  palmier, 
un  personnage,  de  profil  à  droite,  qui  avance  les  deux  mains.  —  Pâte  émaillée. 

Partie  supérieure  d'un  cylindre  formant  rondelle,  dont  on  comptait  se  servir  comme 
ornementation.  On  distingue  les  têtes  coiffées  de  trois  personnages  et  quelques  signes  sym- 
boliques. —  Hématite.  —  Diam.  :  o"",  012  —  Haut.  :  o^.ooy. 

Perle  percée,  irrégulièrement  cylindrique.  Sur  le  pourtour,  des  traits  gravés,  peut-être 
essais  de  travail  au  burin.  — Jaspe  rouge.  —  Haut.  :  o"',o3  —  Diam.  :  o'",oi2. 

Cylindre  préparé  pour  la  gravure  (?).  — Jaspe  jaune.  —  Haut.  :  o'",02  —  Diam.  :  0™,  01 1  . 

Cylindre  préparé  pour  la  gravure  (?)  montrant  de  nombreuses  traces  de  travail  à  la  pointe 
et  au  burin.  —  Calcaire  gris.  —  Haut.  :  o'",02  —  Diam.  :  o^.ooS. 

Cylindre  préparé  pour  la  gravure?  incomplet. — Mica?  —  Haut.  :  o"", 01 3  —  Diam.  :  o'",oo9. 

Cylindre  portant  à  mi-hauteur  une  petite  figuration  ou  un  essai  de  travail  au  burin.  — 
Calcaire  blanc  compact.  —  Haut.  :  o'.oiô  —  Diam.  :  o^.ooy. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TE.MPLE  DE  CHOUCHINAK  99 


Cylindre  ou  perle  cylindrique (?).  —  Calcaire  blanc.  —  Haut.  :  o™, 013  —  Diam.  :  o",  055. 
Moitié  de  cylindre  préparé  pour  la  gravure,  matière  bitumineuse.  —  Haut.  :  o™,  016. 
Cylindre  préparé  pour  la  gravure,  porte  six  marques  d'outil  sur  une  génératrice.  —  Jaspe 
violet  et  blanc.  —  Haut.  :  o"027  —  Diam.  :  0^015. 

Cachets.  —  Ces  cachets  s'employaient  par  simple  apposition  sur  l'argile  molle  :  on  les 
portait  suspendus  comme  les  cylindres;  ils  sont  tous  percés  dans  leur  épaisseur  d'un  trou  lon- 
gitudinal à  cet  effet.  Les  quatre  premiers  cachets,  spécialement  ceux  en  formes  d'animaux, 
semblent  très  archaïques  par  l'absence  de  textes,  l'ensemble  de  leur  travail  et  enfin  l'empreinte 
unique  qu'ils  donnent,  par  impression,  sur  une  surface  plane  assez  grande. 

(PI.  XXI,  fig.  5  a  et  5  b).  —  Cachet  en  forme  d'hémisphéroïde.  Sur  le  plat,  deux  animaux, 
peut-être  des  chacals,  grossièrement  figurés.  —  Albâtre  vert.  —  Hauteur,  o",  015.  —  Diamètre, 

G",  039. 

(PI.  XXI,  fig.  3  a  et  3  b).  —  Cachet  en  forme  de  taureau  couché.  L'animal  est  de 
profil,  la  tète  de  face,  aux  deux  cornes  recourbées.  Les  yeux  sont  très  en  creux  et  devaient  être 

Incrustés. 

Sur  le  plat,  deux  chacals  opposés  (?);  sur  le  bord  du  cachet,  entre  eux,  un  signe  incertain. 

Albâtre  vert.  —  Longueur,  o",  031.  —  Hauteur,  o™,  025.  —  Épaisseur,  o™,  012. 

(PI.  XXI,  fig.  4  a  et  4  b).  —  Cachet  en  forme  de  deux  sangliers  opposés.  Les  tètes  aux 
yeux  autrefois  incrustés,   les  membres  antérieurs  repliés  le  long  du  plat  du  cachet  sont  seuls 

représentés. 

Sur  le  plat,  une  figuration  incertaine  de  points  suivant  une  ligne  en  zigzag.  —  Calcaire 
blanc.  —  Longueur,  o",  057.  —  Largeur,  o",  021. 

Cachet  en  forme  d'hémiellipsoïde. 

Sur  le  plat,  un  personnage  imberbe,  naïvement  figuré,  tient  un  arc.  Derrière  son  dos  pend 
une  ligne  ondulée  et  hachurée,  représentant  peut-être  une  natte  de  cheveux.  —  Pâte  émaillée.  — 
Hauteur,  o™,oi8.  —  Grand  axe,  o'",023.  —  Petit  axe,  o",020. 

(PI.  XXI,  fig.  6  a,  6  b,  6  c).  —  Perle  plate  portant  sur  chaque  face  quatre  colonnes  de  texte. 

La  finesse  de  la  gravure,  le  grand  nombre  des  caractères  très  réguliers  et  très  nets,  malgré 
la  dureté  de  la  matière,  font  de  cette  perle-cachet  une  des  plus  belles  pièces  de  la  collection.  Le 
texte  est  un  exorcisme  contre  des  moucherons  malfaisants  appelés  zizzili.  L'objet  était  porté  par 
un  sieur  Bur-Upi.  —  Calcédoine  verte.  —  Hauteur,  o™,  015.  —  Longueur,  o",  018.  —  Largeur, 
o",  014. 

Figurines 

Un  petit  lion  en  calcaire  blanc  (PI.  XXV,  fig.  3).  —  Longueur,  o",  06.  —  Hauteur,  C",  023. 
L'animai  est  représenté  couché  sur  le  ventre  ;  les  pattes  de  devant  et  de  derrière  sont  repliées, 
dessinant  la  base  rectangulaire  que  dépassent  les  griffes  de  devant. 


100 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CIIOUCIIINAK 


La  tête,  tendue  en  avant,  est  menaçante;  les  oreilles  sont  dressées  en  arrière.  La  crinière  est 
figurée  par  un  renflement  du  corps,  les  poils  sont  figurés  par  des  stries. 

Les  yeux  étaient  incrustés  de  lapis-lazuli  dont  il  reste  un  fragment  dans  l'œil  droit.  La  queue 
était  rapportée  et  manque. 

La  base  porte  deux  trous,  logements  de  tiges  qui  maintenaient  l'animal  sur  un  socle. 
Celui-ci  est  constitué  par  une  tablette  en  matière  bitumineuse  rectangulaire  (0^,032  X  o"\  076). 
Cette  tablette  est  percée  dans  son  épaisseur  de  deux  trous  transversaux,  qui  sont  des  logements 
d'essieux  ;  il  n'a  été  conservé  qu'une  seule  roulette  de  ce  petit  char.  Elle  est  également  en  matière 
bitumineuse;  c'est  un  disque  de  o™,  028  de  diamètre,  renforcé  par  une  saillie  de  chaque  côté, 
autour  du  trou  central. 

Un  petit  sanglier  en  calcaire  blanc  (PI.  XXIII,  fig.  8).  —Longueur,  o"\  04.  —  Hauteur, 

0'",028. 

Le  poil  est  figuré  par  un  réseau  de  traits  quadrillés  en  creux:  les  yeux,  les  oreilles  sont 
creusés  pour  des  incrustations;  l'animal  est  monté  sur  une  tablette  rectangulaire  en  matière 
bitumineuse  qui  présente  quatre  cavités  pour  le  logement  des  pattes  ;  elle  présente  encore  deux 
autres  groupes  de  quatre  cavités  plus  rapprochées  et  qui  indiquent  que  le  sanglier  était  suivi  de 
deux  marcassins.  En  avant  de  la  tablette  un  trou  devait  recevoir  un  fil  qui  permettait  de  tirer 
la  tablette  montée  sur  quatre  roulettes;  celles-ci  sont  des  disques  de  matière  bitumineuse  de 
o^.oiô  de  diamètre.  —  Dimensions  de  la  tablette  :  longueur,  o",o68.  —  largeur,  o™,  038. 

Un  oiseau  en  calcaire  blanc  (PI.  XXIII,  fig.  7)  :  les  pattes  manquent.  —  Hauteur,  o",035. 
—  Longueur,  o"",  027. 

Le  corps  et  le  cou  sont  en  deux  fragments;  la  tête  devait  ponter  une  aigrette,  qui  manque, 
de  même  que  les  incrustations  des  yeux. 

Les  ailes,  repliées,  ont  leurs  extrémités  croisées;  la  queue  tombe  en  arrière  par  deux  toufTes. 
Le  corps  est  orné  de  traits  en  creux  dessinant  des  losanges,  et  de  cavités  rondes,  qui  pouvaient 
servir  à  l'incrustation  de  petites  perles. 

Au-dessous  du  corps,  trois  cavités  pour  le  logement  des  pattes;  deux  d'entre  elles  sont  mal 
préparées  et  prouvent  une  maladresse  du  sculpteur. 

Une  tête  de  taureau  en  calcaire  blanc  (PI.  XXIII,  fig.  2).  —  Longueur,  0,04. 

Un  trou  circulaire  la  traverse  depuis  le  derrière  de  la  tête,  où  il  est  entouré  d'une  légère 
saillie  circulaire,  jusqu'à  la  bouche.  L'animal  n'est  donc  qu'une  partie  d'ornementation;  il  reste 
encore  du  bitume  à  la  partie  postérieure.  Les  oreilles  étaient  rapportées  et  manquent.  Les 
cornes  très  courtes,  les  yeux,  le  mufle  sont  bien  indiqués.  Les  naseaux  sont  creusés  de  cavités 
circulaires  qui  ont  pu  servir  à  incruster  des  perles. 

Cou  et  tête  de  bouc  en  calcaire  bitumineux  (fig.  325  et  326).  —  Hauteur,  o^oS. 

La  section  du  cou  porte  un  trou  circulaire  qui  indique  une  partie  d'ornement.  La  tête  est 
légèrement  tournée  vers  la  droite;  les  yeux,  surmontés  de  sourcils  gravés  très  épais,  étaient 
primitivement  incrustés;  les  oreilles  étaient  en  calcaire  blanc,  mais  sont  cassées  au  ras  de  la 


'^F'^J 


TÊTE  DE  MASSE  EN  ALBATRE  _  STATUETTES  EN  PATE  ÉMAILLÉE  _  TÊTE  DE   LION  EN  JASPE  ROUGE 

TÊTE  DE   TAUREAU  ET  FIGURINES   D'ANIMAUX  EN   CALCAIRE  BLANC   OU  NOIR 

PL    XXIII  Dépôts  de  fondation  du  temple  de  ChoucKinak    (  gr  nat  'i  HéliodDujardin 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CMOUCHINAK 


tète;  les  cornes  étaient  également  rapportées;  la  barbe,  dont  la  pointe  manque,  est  figurée  par 
des  traits  gravés.  Autour  du  cou  est  un  collier  gravé  de  traits  quadrillés. 

Deux  pieds  de  taureau  (?)  en  calcaire  noir  bitumineux  (fig.  327  et  328).  —  Hauteur,  o",  032. 

Au-dessus  de  la  fente  du  pied,  et  suivant  la  naissance  du  sabot,  sont  gravés  des  sillons 
parallèles;  une  saillie  en  filet  de  o",ooi  de  largeur  descend  le  long  de  la  patte  sur  le  côté 
droit,  puis  vient  en  avant  et  se  termine  en  as  de  pique  la  pointe  en  bas,  au-dessus  de  la  fente  du 
sabot  (fig.  327).  En  arrière,  il  manque  une  partie  des  saillies  représentant  les  touffes  de  poil. 


Fig.   325   à  328.  — 


325  326  327 

Figurines  en  calcaire  noir  bitumineux  (9/10  grandeur  naturelle) 


Une  tète  de  lion  incomplète,  en  jaspe  rouge  (PI.  XXIII,  fig.  3).  —  Longueur,  o™,023. 

La  mâchoire  inférieure  manque;  la  bouche  était  très  profondément  ouverte;  la  partie 
supérieure  de  la  tète  est  bien  indiquée;  partant  des  oreilles  et  passant  sous  le  cou  est  une  sorte 
de  collier,    saillie  ornée  de  traits  quadrillés. 

Le  cou  est  sillonné  de  quatre  traits  longitudinaux  s'approfondissant  vers  la  section,  qui  se 
trouve  formée  de  quatre  petits  cercles,  tangents  au  logement  d'une  tige  de  bronze  cassée  au  ras 

de  la  pierre. 

Un  petit  quadrupède  en  matière  bitumineuse  (PI.  XXIII,  fig.  9).  —  Longueur,  0^,022.  Il 
est  assez  informe,  les  oreilles  et  la  queue  sont  brisées.  La  partie  antérieure  de  la  tète  devait  être 
tout  entière  rapportée  et  manque.  Le  corps  est  traversé  d'un  petit  trou  vertical. 

Une  tête  d'oiseau,  sans  doute  de  canard,  en  roche  verte  translucide  (fig.  329  et  330).  — 
Longueur,  0-^^03.  La  partie  inférieure  du  bec  manque;  les  yeux  étaient  primitivement  incrustés. 
La  tête  était  montée  sur  une  tige  de  bronze  ornée  de  rondelles  alternativement  en  calcaire  blanc 
et  calcaire  noir  figurant  le  cou. 


OFFR.\NDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHI.XAK 


329 


330 


^akil 


331 


332 


Il  y  en   a   deux   fragments,    l'un   relié  à   la  tête.    —  Longueur,  o",  015.   L'autre  détaché.  — 
Longueur,  o'°,042. 

Un  fragment  de  rondelle  circulaire  en  calcaire  blanc,  dont  le  pourtour  extérieur  est  décoré 
de  dents  en  saillie. 

Une  tige  de  bronze  (fîg.  331  et  332),  sur  laquelle  sont  enfilées  des  rondelles  de  calcaire 
alternativement  noir  et  blanc.  Deux  fragments.  —  Longueur  totale,  o",  090.  —  Diamètre,  o^.oiy. 

Une  tige  de  bronze  sur  la- 
quelle sont  enfilées  des  rondelles 
analosrues.  Le  calcaire  blanc  est 
ici  remplacé  par  de  la  coquille 
nacrée.  —  Longueur^  o",045. 

—  Diamètre^  o"",  008. 
Une  tige   de   bronze  (fig. 

333),  sur  laquelle  sont  enfilés, 
retenus  par  une  saillie  de  l'une 
des  extrémités  du  métal  :  un 
disque  de  calcaire  noir  de  o",02 
de  diamètre,  puis  une  rondelle 
de  calcaire  blanc,  et  deux  petits 
carrés  de  calcaire,  l'un  noir  et 
l'autre  blanc,  de  o",oo9  de  côté. 

—  Longueur  de  la  tige,  o"'o37. 
Un  ornement  analogue  (fig.  334  a  et  b),  composé  de  cylindres  à  cavités  longitudinales  et  de 

rondelles  à  évidements  pour  des  incrustations  en  calcaire  noir,  —  Longueur  totale,  o",  047. 

Un  fragment  de  tige  de  bronze  de  o'",oi  de  longueur,  encore  adhérent  à  deux  rondelles 
circulaires,  l'une  de  calcaire  noir,  l'autre  de  coquillage  nacré. 

Une  dizaine  de  rondelles  isolées  en  talcaire  noir  et  blanc. 

Une  tête  de  serpent  en  calcaire  noir.  Longueur,  o^.oi^.  —  Elle  est  incomplète:  l'extrémité 
des  mâchoires  est  brisée  (fig.  338).  Les  yeux  sont  larges  et  creusés  pour  l'incrustation.  L'une 
d'elles  est  conservée;  petit  cercle  de  calcaire  blanc,  dont  le  centre  est  ôvidé,  peut-être  pour  recevoir 
une  perle  figurative  de  la  pupille. 

Une  tête  de  serpent  (?)  très  incomplète;  la  partie  antérieure  manque  à  partir  des  j-eux.  — 
Longueur,  o'",oi8.  Cette  tète  et  la  précédente  devaient  être  montées  comme  la  tête  d'oiseau 
décrite  plus  haut,  à  l'extrémité  de  tiges  garnies  de  rondelles  de  plusieurs  couleurs. 

Une  tête  de  taureau  en  calcaire  blanc  (fig.  336).  —  Longueur,  o"',o28.  —  Elle  est  en  assez 
mauvais  état  ;  les  cornes  rapportées  sont  en  calcaire  gris,  celle  de  droite  est  cassée  au  ras  de 
la  tête.  Celle-ci  est  traversée,  de  la  bouche  ai  la  naissance  du  cou,  par  un  trou.  Une  tige  de 
bronze,  cassée  au  ras  de  la  pierre,  traverse  la  tête  latéralement  au-dessous  du  niveau  des  cornes. 


333 


334  a  b 

Fig.   329  à  334 

Objets  en  calcaire   bitumineux   noir  et  en  calcaire  blanc 

(grandeur  naturelle) 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CIÎOUCHINAK 


103 


Une  tête  de  taureau  en  calcaire  blanc  (fig.  337).  —  Longueur,  o'",023.  —  Elle  est  tra- 
versée dans  sa  longueur  par  un  trou  cylindrique  de  o^.o^  de  diamètre;  elle  est  mal  indiquée 
et  en  mauvais  état.  Les  3'eux  devaient  être  incrustés  de  perles. 

Un  fragment  de  tète  de  serpent  (?)  en  calcaire  noir  (fig.  339).  —  Longueur,  o",o2.  D'abord 
cylindrique,  il  est  ensuite  aplati  et  échancré  ;  de  chaque  côté,  il  porte  deux  cavités  circulaires 
destinées  à  des  incrustations.  Il  est  percé  d'un  trou  dans  la  longueur. 

339 


355  536  337  3^^ 

Fig.   355   à  339.  —  Objets  en  calcaire  blanc  et  en  calcaire  noir  bitumineuâ  (grand,  nat.) 

Un  objet  analogue,  de  plus  grandes  dimensions,  en  calcaire  blanc;  la  partie  aplatie  se 
prolonge  latéralement  par  deux  sortes  de  cornes,  dont  une  seule  subsiste.  —  Longueur 
totale,  G"",  04. 

Une  tablette  en  calcaire  noir  bitumineux.  —  Épaisseur,  o'",oo5.  —  Largeur  maxima, 
o°,04. —  Hauteur,  o"o2  5.  Elle  est  incomplète,  brisée  aux  bords  inférieur  et  supérieur  (fîg.  335). 
Elle  est  gravée,  sur  une  face,  de  traits  en  creux  figurant  un  vase  au  corps  sphérique,  au 
large  col  à  bords  élargis,  d'où  s'échappe  de  l'eau  qui  retombe  et  rejaillit  en  deux  volutes 
symétriques' . 


Fig.   340  à  343.   —  Tablettes  en  calcaire  noir  bitu.mineux.  — 

(1/2  grandeur  naturelle) 

Trois  tablettes  rectangulaires  en   calcaire  noir  bitumineux.  —  Épaisseur,  o",oi3.  L'une 

I.  Un  petit  fragment  de  bas-relief,  provenant  des  fouilles  de  Telle,  donne  la  même  figuration  ou  à  peu  près,  mais 
complétée  par  deux  poissons.  M.  de  Longpérier  a  cru  retrouver,  dans  cette  représentation,  un  symbole  du  culte  rendu 
aux  deux  grands  tleuves  de  Mésopotamie.  Cf.  Perrot  et  Chipiez,  Histoire  de  iArt^  tome  II. 


104 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CIIOUCHINAK 


(fig.  340),  percée  sur  une  face  et  au  centre  d'un  trou  de  o",  0015  de  diamètre  et  de  0"°,  005  de 
profondeur,  a  o"',o55  de  longueur  et  o",o4  de  largeur;  une  deuxième,  de  mêmes  dimensions 
(fig.  343),  est  percée  sur  une  face  de  trois  trous  alignés  sur  la  plus  grande  médiane  ;  la  troisième 
(fig.  342)  (o",  075 Xo™, 03)  porte  sur  une  face  sept  trous  de  o", 001  de  diamètre  et  0^,004  de  pro- 
fondeur ;  quatre  d'entre  eux  sont  sur  la  plus  grande  médiane,  deux  autres  d'un  côté  de  cette 
ligne  en  regard  de  deux  trous  extrêmes,  un  autre  de  l'autre  côté.  Dans  l'épaisseur,  deux  trous 
sont  percés  transversalement.  Probablement  ces  trois  tablettes  étaient  employées  comme  socles  de 
statuettes,  et  la  dernière,  en  particulier,  était  montée  sur  roulettes.  Il  a  été  retrouvé  quatre  disques 
en  calcaire  noir  bitumineux  qui  semblent  pouvoir  jouer  ce  rôle. 

La  figure  341  représente  la  tablette  en  caractère  bitumineux  qui,  montée  sur  roulettes,  sup- 
portait le  petit  lion  couché  décrit  antérieurement. 

Une  tablette  rectangulaire  en  calcaire  rouge  (fig.  344).  —  Épaisseur,  o^jOoS.  —  Lar- 
geur, o",o2i.  —  Longueur,  o"',o32.  La  face  supérieure  porte  une  cavité  circulaire  de  o"',oo3  de 
diamètre,  profonde  de  0^,004,  à  demi  occupée  par  une  rondelle  de  calcaire  blanc  percée  au 
centre.  L'épaisseur  de  la  tablette  est  percée  de  deux  trous  transversaux  destinés  à  la  monter 
sur  roulettes.  La  face  supérieure  est  percée,  sur  le  bord  de  l'un  des  petits  côtés,  d'un  trou 
qui  ne  traverse  pas,  mais  se  relie  à  un  deuxième,  percé  dans  l'épaisseur,  et  qui  servait  à 
passer  un  crochet  de  métal  pour  tirer  ce  petit  char. 

a  Une  tablette  incomplète  en  calcaire  noir  (fig.  345  a  et  b).  — 

Épaisseur,  o"',oi6.  Elle  est  taillée  à  peu  près  en  demi-cercle  de 
G™, 091  de  diamètre,  se  continuant  par  deux  quarts  de  cercle  à 
courbures  opposées,  et  interrompus  par  la  cassure  oblique. 

Sur  une  des  faces  et  suivant  le  pourtour,  est  une  ligne 
d'incrustations,  formées  de  rondelles  de  calcaire  blanc  et  de  cor- 
naline, percées  au  centre  d'un  trou  cylindrique.  La  profondeur 
de  ces  trous  est  de  o",oii.  Deux  autres  lignes  d'incrustations 
analogues  sont  parallèles  à  l'axe  de  symétrie  de  la  tablette. 

Cinq  petites  cavités  circulaires,  dont  quatre  sont  remplies 
par  des  tiges  de  bronze  cassées  au  ras  de  la  pierre,  se  placent 
devant  les  quatre  trous  incrustés  de  cornaline,  et  devant  l'incrus- 
tation du  sommet  de  la  tablette  qui  est  de  plus  grand  diamètre 
et  garnie  de  calcaire  blanc.   La  cassure  sectionne  deux  autres 


Fig.   345  a  et  b 
Fragment  de  tablette  en  calcaire  noir 
incrusté  de  rondelles  en  calcaire  blanc 
et  en  cornaline. 

(1/2  grandeur  naturelle) 


cavités  analogues . 


Entre  chacune  des  incrustations,  ainsi  spécialement  dési- 
gnées, sont  quatre  incrustations  de  calcaire  blanc.  Les  deux 
lignes  médianes  se  composent  chacune  de  cinq  incrustations  de  petit  diamètre  et  d'une  de  plus 
grand  diamètre,  toutes  de  calcaire  blanc. 

Une  tablette  en  calcaire  gris,  incomplète  (fig.  346  a  et  b).  — Épaisseur,  o'°,o33.  Elle  est  taillée 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


105 


à  peu  près  en  cercle  de  o^.oyy  de  diamètre,  interrompu  par  une 
cassure.  Elle  porte,  sur  une  des  faces  planes,  des  trous  circulaires  et 
des  loo-ements  pour  des  incrustations,  qui  manquent  d'ailleurs  Une 
ligne  de  trous  (o",oi  de  profondeur)  suit  le  pourtour:  de  cinq  en 
cinq,  l'un  d'eux  est  signalé  par  une  augmentation  de  diamètre  ou 
par  une  cavité  pour  incrustation. 

Deux  lignes  parallèles  de  trous  analogues,  et  semblablement 
partagées,  traversent  le  milieu  de  la  tablette. 

Une  tablette  incomplète  en  calcaire  blanc  (fig.  347).  —  Epaisseur, 
o"',oi6.  Elle  est  en  forme  de  demi-cercle,  et  brisée  presque  suivant  un 
diamètre  oblique  par  rapport  aux  lignes  de  trous,  qui  sont  très  ana- 
logues à  celles  des  tablettes  précédentes. 

Ils  sont  en  général  de  o°,ooi  de  diamètre  et  de  o",oo5  de  pro- 
fondeur. Ceux  qui  les  divisent,  placés  de  cinq  en  cinq,  sont  de  o",oo3 
de  diamètre  et  un  peu  moins  profonds  ;  quelques-uns  sont  encore 
garnis  d'une  rondelle  de  calcaire  noir,  percée  au  centre.  L'incrusta- 
tion qui  est  sur  le  pourtour  à  l'extrémité  du  diamètre,  axe  de  symétrie,  est 
une  rondelle  de  calcaire  noir,  de  o'",oo9  de  diamètre  extérieur,  et  de  o"',oo7 
de  hauteur  :  elle  est  collée  au  fond  avec  du  bitume. 

Une  tablette  incomplète  en  calcaire  noir.  —  Epaisseur,  o'",oi.  Elle 
est  presque  carrée  de  o"'io4  de  côté.  L'une  des  faces  (fig.  349)  est  divisée 
en  quinze  cases  rectangulaire  (o", 03X0"", 019)  par  des  rainures.  Deux  de 
ces  cases  ont  leurs  diagonales  tracées,  également  en  creux. 

Sur  l'autre  face  (fig.  348)  est  en  saillie  de  o"',oo4  une  surface  plane, 
limitée  inférieurement  par  une  ligne  parallèle  au  bord  ;  celle-ci  est  inter- 
rompue au  milieu  par  une 
encoche  en  demi-cercle,  pa- 
raissant préparée  pour  placer 
le  pouce  quand  on  tient  la 
tablette  dans  la  main.  Cette 
ligne  se  raccorde  de  chaque 
côté  à  deux  courbes  symé- 
triques qui  sont  interrompues 
par  la  cassure  de  l'objet. 

Ces  courbes  sont  bordées 
de  trous  de  o™, 005  de  pro- 
fondeur, de  o"",  003  de  dia- 
mètre et,  de  cinq  en  cinq,  de 


;-;gf_-*'-tf»|.taji^.f/-j/;myg 


Fig.    346  a  et  b 

Tablette  en  calcaire  gris 

avec 

ogements  pour  incrustations. 

(1/2  grand,  nat.) 


Fig.   347 
Fragment    de   tablette   en 
calcaire   blanc   avec  in- 
crustations   en    calcaire 
noir. 
(1/2  grand,  nat.) 


Fig.  348  et  349. 


349 
Fr.^gment  de  t.\blette  en  calcaire  noir,  face  et  revers 
(1/2  grandeur  naturelle) 


14 


io6 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCIIINAK 


3SO  3SI 

FiG.  350.  —  FVagment  de  tablette  en  calcaire  noir 


plus  grands  diamètres,  et  alors  incrustés  de  calcaire  blanc.  Deux  lignes  de  trous  analogues, 
parallèles  à  l'axe  de  symétrie,  occupent  la  partie  centrale. 

Partie  inférieure  de  tablette  en  calcaire  noir.  —  Épaisseur,  o^.oig.  Elle  est  limitée  par  des 
lignes  courbes.  —  Largeur  de  la  base,  o'°,07.  Deux  logements  d'incrustation  sont  ménagés  sur 
l'épaisseur  du  côté  de  la  base.  Sur  l'une  des  faces  est  une  colonne  de  rectangles  (o'",02  X  o"".  01) 
indiqués  par  des  traits  en  creux  ;  les  diagonales  du  rectangle  inférieur  sont  indiquées  de  la 

même  façon.  De  part  et  d'autre,  sur  le  bord  in- 
férieur est  une  cavité  circulaire,  logement  d'in- 
crustation. 

Sur  l'autre  face,  la  base  est  bordée  de  cinq 
cavités  pour  des  incrustations  (fig,  350);  elles  sont 
circulaires,  de  o°°,oo5  de  diamètre  et  profondes  de 
o",oo3.  Deux  d'entre  elles  sont  garnies  de  perles 
en  pâte  émaillée,  une  autre  d'une  perle  de  cor- 
naline. Cette  ligne  se  continue  sur  les  bords  de 
la  tablette  par  des  incrustations  dont  les  logements 

avec  incrustations  en  perles  de  pâte  émaillée  et  ont  O^^OOÔ  de  diamètre  SUr  o"',003  de  hauteur  et 
cornaline.  -  F.g.  35 ,.- Fragment  de  tablette  en  ,^  ^^^  o"\  O03  de  diamètre  SUr  0"-,004  de  pro- 
albâtre  avec  logements  pour  incrustations.  '^  '       -^  .  .  '  . 

(1/2  grandeur  naturelle)  fondeur.    Deux   de   ces    mcrustations  en   calcaire 

blanc  subsistent. 
Fragment  de  tablette  en  albâtre  (fig.  351).  —  Épaisseur,  o'",02i.  L'une  des  faces  porte  des 
lignes  de  logements   d'incrustations   analogues  à  celles  que  nous  avons  décrites.  Ces  trous  ont 
o'",oi  de  profondeur  ;  de  cinq  en  cinq    l'ouverture    s'élargit  à  o",oo6  de    diamètre  au   lieu    de 

0'",002  5. 

Cette  tablette  présente  deux  cassures  qui  interrompent  deux  des  limites  primitives  dont  les 
directions  sont  rectangulaires  et  qui  se  composent  de  parties  droites  et  courbes.  Sur  le  bord  sont 
des  évidements  en  demi-cylindres  qui  devaient  servir  à  maintenir  cette  tablette 
sur  une  monture  en  bois(?). 

Un  fragment  de  tablette  en  albâtre.  —  Épaisseur,  o",04.  Elle  paraît 
être  taillée  en  cercle,  coupé  par  deux  cassures  se  rejoignant  par  un  trou 
cylindrique  qui  perce  l'épaisseur.  Sur  une  des  faces  de  la  tablette  est  un 
trou  circulaire  qui  rejoint  un  trou  perpendiculaire  percé  dans  l'épaisseur. 
Un  fragment  de  tablette  en  calcaire  bitumineux  noir  (fig.  352),  portant 
sur  une  face  des  lignes  de  cavités  circulaires,  destinées  probablement  à  des 
incrustations.  —  Épaisseur,  o"',oi5.  La  forme  du  fragment  est  grossière- 
cavités  pour  incrus-     rnej^t  yn  triangle   dont   le  plus  grand  côté  a   une  longueur  de  o™,o36. 

Un   fragment  de   tablette   en   calcaire    brun   (fig.    353).   —   Épaisseur, 
o'",oi9.  —  Une  des  faces  porte  des  cavités  circulaires  destinées  à  des  incrus- 


Fiu.  353 

Petit  fragment  de  ta- 
blette en  calcaire  bi- 
tumineux   noir   avec 


tations. 

(1/2  grand,  nat.) 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


107 


FiG.  353 
Fragment  de  tablette  en  cal 
caire  brun  avec  cavités  cir- 
culaires et  en  losanges  pour 
incrustations. 

(2/3  grand,  nat.) 


tations  et  deux  logements  en  losanges  destinés  au  même  but.  Sur  la  seule  face  verticale  conservée 
sur  une  longueur  de  o"',o4,  sont  deux  trous  de  diamètres  inégaux;  l'un  de  o'°.oo2  de  diamètre 
et  o^.oi  de  profondeur,  l'autre  de  o'",o5  de  diamètre  et  de  o^'^oa  de 
profondeur.  Ce  fragment  pouvait  appartenir  à  un  meuble  incrusté. 

Un  fragment  d'albâtre  portant  deux  colonnes  de  texte  de  6  carac- 
tères chacune,  de  part  et  d'autre,  et  des  restes,  peu  nets,  de  deux  colonnes 

de  texte. 

Un  fragment  d'albâtre  montrant  quelques  caractères  peu  nets. 

Un  fragment  d'albâtre  montrant  six  caractères  en  deux  colonnes. 

Un  fragment  d'albâtre  portant  quelques  caractères  en  trois  colonnes. 

Une  masse  en  albâtre  translucide  jaune  (PI.  XXIII,  fig.  i).  Sphé- 
roïde parfaitement  poli,  percé  d'un  trou  cylindrique.  —  Hauteur,  o",  06. 

—  Diamètre,,  o",  07. 

Un  texte  archaïque  en  six  colonnes  donne  le  nom  de  Ur  Sagga, 
chef  des  Guzalal. 

Une  hache-marteau  en  diorite  .,.=.:<:<:^,:^ — .^^ 

(fîg.  3  54  et  355).  Hauteur,  o'",o43. 

—  Longueur,  o'",o85. 

La  forme  en  est  élégante,  le 
travail  parfait;  la  pierre,  très  dure, 
a  été  polie  avec  soin  et  ne  présente 
pas  un  seul  angle  vif;  le  trou  qui 
la  traverse  est  parfaitement  cylin- 
drique; ce  devait  être,  même  pour 
les  Élamites  experts  dans  le  travail 
de  la  pierre,  une  belle  arme  de 
combat. 

Deux  masses  en  calcaire 
blanc  (fig.  356  et  357);  ovoïdes 
percés  de  trous  légèrement  coni- 
ques vers  le  bout  le  plus  gros,  ce 
qui  est  le  plus  général  pour  les 
masses.  —  Dimensions  :  r  Hau- 


354 

P'iG.    3i4  et  355.   HACHE-.^iARTEAU    EN     DIORITE    (giand.   Hat. 


teur,  o™,  08.  —  Diamètre  maximum,  0^,06.  —  2"  Hauteur,  o"\  065.  — Diamètre,  0^,055. 

Une  masse  en  calcaire  blanc,  analogue  aux  précédentes,  mais  en  deux  fragments.  —  Hau- 
teur, o™,  07.  ■ — ^ Diamètre,  o™,  063, 

Une  masse  en  calcaire  blanc,  dont  la  surface  est  altérée,  peut-être  par  l'action  de  la  chaleur. 
—  Ovoïde.  —  Hauteur,  o",  04.  —  Diamètre,  o",  05. 


io8 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Une  masse  en  calcaire  blanc,  en  forme  d'ovoïde  aux  bouts  aplatis.  —  Hauteur,  o™,  04.  — 
Diamètre,  o",  045. 

Une  masse  ovoïde  en  calcaire  blanc  veiné  de  rouge.  —  Hauteur,  0^,037.  —  Diamètre, 

0^055. 

Deux  masses  sphéroïdes  en  calcaire  blanc  veiné  de  rouge.  —  i''  Hauteur,  o'",03.  — Dia- 
mètre, G"",  04.  —  2°  Hauteur, 
o"\  06.  —  Diamètre,  o",  055. 

Deux  masses  sphéroïdes 
en  calcaire  blanc,  complètes, 
lune  en  deux  fragments,  la 
deuxième  en  quatre.  — 
1°  Hauteur,  0^^,04.  —  Dia- 
mètre, o'",o55.  —  2°  Hau- 
teur, o"',o4.  —  Diamètre, 
o",  05. 

Une   masse  en  calcaire 


358 


357 


P'iG.   356  et  357.  —  Masses  ovoïdes,  calcaire  blanc 
358.  —  Masse  sphéroïde,  diorite 
(1/2  grandeur  naturelle) 


blanc  très  bien  poli.  —  Hau- 
teur, o''\o54.  —  Diamètre,  o'",o45. 

Une  masse  en  calcaire  noir,  ayant  la  forme  d'un 
sphéroïde  aplati.  - —  Hauteur,  o~,  035.  —  Diamètre, 
o™,o5. 

Une  masse  en  calcaire  noir  (fig.  359)  portant  huit 
cavités  circulaires  pour  des  incrustations  en  deux  lignes 
circulaires;  une  de  ces  incrustations,  la  seule  dont  il 
subsiste  quelque  chose,  semble  du  calcaire  blanc.  Cette 
masse  est  en  forme  de  sphéroïde  aplati.  —  Hauteur, 
o"",  043.  —  Diamètre,  o",  06. 

Une  masse  en  calcaire  gris,  en  forme  de  sphéroïde 

aplati  ;  le  trou  cylin- 
drique est  de  petit 
diamètre,  o"',oo7.  — 
Hauteur,  o"',  025.  — 
Diamètre,  o"',o35. 

Une  masse  sphé- 
roïde en  brèche  quart - 
zeuse.     —    Hauteur. 

361  360  j62  -^. 

FiG.  360. —  Masse  en  calcaire  gris.  —  361  :  Id.  jaspe  verdàtre.  —  362  :  Id.  hématite.  '  yj^i-  , 

0^,052. 


FiG.   359 

Masse  en  calcaire  noir  avec  cavités 

pour  incrustations  (grand,  nat.) 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  109. 


Une  masse  de  jaspe  verdâtre  (fig.  361),  en  forme  de  sphéroïde  aplati.  —  Hauteur,  o'°,o35. 
—  Diamètre,  0^,04. 

Une  masse  en  calcaire  gris  (fig.  360),  en  forme  de  sphéroïde  très  aplati,  prolongé  vers  le 
bas  par  une  saillie  circulaire  autour  du  trou  central.  —  Hauteur,  o"",  045.  —  Diamètre,  o^.oô. 

Une  masse  en  diorite  (fig.  358),  en  forme  de  sphéroïde  très  aplati.  —  Hauteur,  o™,  03.  — 
Diamètre,  o",  07. 

Treize  masses  en  hématite  : 

Ovoïde  aplati.  —  Hauteur,  o"",  045.  —  Diamètre,  o"^,  056  (fig.  362). 


—  Diamètre,  0°,  050 

—  Diamètre,  o",  050 

—  Diamètre,  o",  045 

—  Diamètre,  0^,046 

—  Diamètre,  o",o36 


—  —  Hauteur.  o"\  040. 

—  —  Hauteur,  o"\o37. 

—  —  Hauteur,  o'",o39. 

—  —  Hauteur,  o",o35. 

—  —  Hauteur,  o"',032. 
Sphéroïde  aplati.  —  Hauteur,  o"\o37.  —  Diamètre,  o",o49. 

—  —  Hauteur,  o",o38.  —  Diamètre,  o'",o45. 

—  —  Hauteur,  o",o35.  —  Diamètre,  0^,047. 

—  —  Hauteur,  o",o35.  —  Diamètre,  o",o43. 
Sphéroïde  très  aplati.  —  Hauteur,  o",o33.  —  Diamètre,  o",o55. 
Presque  cylindrique.  —  Hauteur,  o"',04o.  —  Diamètre,  o"\  040. 

Une  moitié  de  masse  d'hématite,  en  forme  de  sphéroïde.  —  Hauteur,  o'",  032.  —  Diamètre, 
o'",o5o. 

Un  pommeau,  hémisphéroïde  en  calcaire  blanc.  —  Hauteur,  o",  028.  —  Diamètre,  o",  042. 

La  partie  plate  est  percée  d'un  trou  qui  ne  traverse  pas,  et  qui  servait  à  engager  la  canne. 
Celle-ci  était  maintenue  par  une  tige  de  bronze  qui  traversait  la  pierre  et  le  bois. 

Un  pommeau  en  calcaire  blanc,  dont  la  surface  extérieure  a  peut-être  été  émaillée  en  vert. 
—  Hauteur,  o"",  025. — Diamètre,  o",  05. 

Deux  pommeaux  en  calcaire  blanc.  —  1°  Hauteur,  o"',  03.  —  Diamètre,  0",  04.  —  2°  Hau- 
teur, o°',o33.  —  Diamètre,  o",o45. 

Un  pommeau  en  calcaire  blanc;  son  rivet  de  bronze  est  en  place.  —  Hauteur,  0^,027.  — 
Diamètre,  o"',043. 

Un  pommeau  en  calcaire  blanc  compact,  poli  et  travaillé  avec  beaucoup  de  soin.  —  Hau- 
teur, 0^,028.  —  Diamètre,  o"',o44. 

Un  pommeau  en  calcaire  blanc,  très  soigneusement  préparé  extérieurement  et  qui  ne  porte 
pas  de  trou  latéral  pour  le  rivet;  peut-être  la  profondeur  du  trou  central  rendait-elle  cette  pré- 
caution inutile?  —  Hauteur,  o",  047.  —  Diamètre,  o",  05. 

Un  pommeau  en  calcaire  noir,  ayant  la  forme  d'un  sphéroïde  aplati  (fig.  363).  —  Hauteur, 
•^"".03.  —  Diamètre,  o",  043.  La  partie  supérieure  comporte  des  incrustations  en  calcaire  blanc  ; 
elles  sont  formées  de  huit  pétales  entourant  une  bille  qui  porte  des  traces  d'une  coloration  verte. 


[  10 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


FiG.    363 

Pommeau  en  calcaire  noir 

avec  incrustations  en  calcaire  blanc 

(grandeur  naturelle) 


Cette  ornementation  ressemble  beaucoup  à  la  marguerite  si  fréquemment  représentée  dans  les 
décors  assyriens.  Elle  est  entourée  d'un  double  trait  circulaire  en  creux.  Il  manque  quatre  de  ces 

pétales.  Ce  pommeau  est  muni  d'un  trou  pour  la  monture  de  la 
canne,  et  d'un  autre  qui  servait  à  placer  un  rivet  transversal. 

Un   fragment  de  pommeau  en  calcaire  blanc.   —   Hauteur, 
o"",  025.  —  Diamètre,  o",  04. 

Deux  fragments  d'un  pommeau  en  calcaire  blanc. 
Un  fragment  de  pommeau  et  un  fragment  de  masse  en  calcaire 
blanc. 

Une  petite  masse  en  albâtre,  sphéroïde  très  aplati.  —  Hau- 
teur, o"',oi5.   —  Diamètre,  0^,026. 

Un  sphéroïde  en  calcaire  gris.  —  Diamètre,  o",  035. 
Une  fusaïole  (fîg.  364),  en  roche  grise  siliceuse,  est  formée 
d'un  disque  dont  une  face  est  plate.  —  Diamètre,  o'°,072.  L'autre 
face,  d'abord  faiblement  conique,  se  termine  ensuite 
par  un  cône.  —  Hauteur  totale,  0^,043.  —  Le  bord 
de  la  face  supérieure  est  orné  d'une  ligne  circulaire 
de  cercles  gravés  d'un  double  trait,  et  dont  le  centre 
est  indiqué  en  creux. 

Deux  baguettes  de  calcaire  blanc.  —  Longueur, 
o",  05.  —  Largeur,  o",o9. 

Une  des  faces  est  travaillée;  elle  porte  au  milieu 
des  traits  parallèles;  aux  extrémités  une  légère  saillie, 
dans  le  sens  de  la  largeur  ;  puis,  pour  les  terminer, 
une  surface  courbe. 

Un  galet  de  calcaire  gris,  irrégulièrement  cylin- 
drique, percé  dans  sa  longueur. 

Deux  fragments  travaillés  en  diorite. 
Deux  blocs  de  roches  dures  en  forme  de  prismes  rectangulaires  allongés. 
Un  disque  en  calcaire  blanc  irrégulièrement  circulaire  et  percé  au  centre. 
Un  disque  en   calcaire  blanc,  compact,  percé  au  centre.  —  Épaisseur,   o",oi3.   —  Dia- 
mètre, o"',o43. 

Un  parallélipipèdc  rectangle  en  jaspe  jaune.  — Dimensions,  o™, 019X0^,023X0"', 024. 
Une  extrémité  de  pilon  ou  de  polissoir  en  calcaire  noir. 

Un  cylindre  en   calcaire  noir,  percé  suivant  son  axe  d'un  trou  de  o'",oi2  de  diamètre.  — 
Hauteur,  o",  102.  —  Diamètre,  o'",o28. 

Une  rondelle  en  calcaire  noir,  percée  au  centre,  —  Hauteur,  o'",o65,   —  Diamètre  exté- 
rieur, 0"',02J. 


l''lG.     ^64 
FUSAÏOL.K    OKNKF;    RN    ROCIIF.    ORISE     SILICEUSE 

(grandeur  naturelle) 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


1 1  : 


Un  ornement  cylindrique  (fig.  365)  en  calcaire  blanc.  —  Longueur,  0^,04.  —  Une  gorge 
centrale  est  bordée  par  deux  saillies  circulaires;  celles-ci  sont  raccordées  à  d'autres  saillies 
circulaires  aux  extrémités  du  motif. 

Sept  tablettes  en  calcaire  blanc,  taillées  en  forme  de  feuilles  (fig.  366  et  367).  Une  de  leurs 
faces  est  bombée,  l'autre  plate.  Trois  de  ces  ornements  sont  incomplets.  —  Longueur,  o",  07. 

Deux  fragments  d'ornements  analogues. 

366  '  368  367 


36. 

FiG.   365    à   37c 


—  Ornements  en  calcaire  blanc 


369 
(grandeur  naturelle) 


Un  disque  circulaire  en  calcaire  blanc  (fig.  368)  ;  la  circonférence  porte  une  gorge.  Sur 
chaque  face  est  une  légère  saillie  circulaire  centrale.  Au  centre,  un  trou  de  o"',oo7  de  diamètre. 
—  Diamètre  du  disque,  o",o43. 

Une  tige  en  calcaire  blanc  (fig.  369  a  et  b),  ornée  de  quatre  sillons  longitudinaux  qui  lui 
donnent  l'apparence  d'être  formée  par  la  réunfon  de  quatre  petits  cylindres  taillés  en  pointe  à 
l'une  de  leurs  extrémités.  L'autre  extrémité  de  la  tige,  coupée  carrément,  porte  un  trou  central, 
occupé  par  une  tige  de  bronze  cassée  au  ras  de  la  pierre.  —  Longueur,  o"',o62. 

Une  rondelle  en  calcaire  blanc  (fig.  370).  ■ —  Diamètre  supérieur,  o'",03.  —  Epais- 
seur, o"',oi.  Le  diamètre  de  la  face  inférieure  est  plus  petit;  le  raccordement  se  fait  par  une 
ligne  légèrement  conique,  puis  par  un  bandeau  faiblement  en  saillie. 

Deux  rondelles,  et  un  fragment  d'une  autre  semblable,  percées  au  centre  d'un  trou  qui, 
dans  une  des  rondelles  entières,  est  occupé  sur  la  moitié  de  l'épaisseur  totale  par  une  rondelle 
de  cornaline,  percée  en  son  centre.  —  Diamètre  extérieur,  d^ ,02']. 

Perles.  —  Cristal  de  roche.  —  Quatre  perles  sphériques. 

Quatre  pyramides  triangulaires. 

Deux  ornements  en  forme  de  disques  plats,  évidés  circulairement  sur  une  des  faces. 

Deux  perles  en  forme  d'olives,  non  percées:  en  cristal  de  roche  fumé. 


112 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


37' 


Agate.  —  Quinze  perles  circulaires  plates,  dont  la  partie  centrale  est  sur  une  face,  en 
général,  de  couleur  rouge  ou  brune,  le  pourtour  étant  blanc  ;  elles  sont  percées  dans  leur 
épaisseur,  deux  d'entre  elles  portent  encore  la  tige  de  bronze  qui  servait  à  la  monture. 

Soixante-douze  perles  de  formes 
diverses,  sphériques,  ovoïdes  et  cylin- 
driques. 

Quatre  perles  en  forme  d'olives. 

Six  grandes  perles  plates. 

Un  fragment  de  statuette  (fig. 
371)  montrant  le  bras  droit  jusqu'au 
poignet,  plié  pour  relever  la  main. 
—  Longueur,  o'°,o35.  —  Largeur 
moyenne,  o"'o2  5. 

Un  petit  poisson  (fig.  372)  in- 
diqué par  quelques  coups  d'outil 
dans  une  plaquette  ovale. 

Cornaline.  —  Une  bague  (fîg. 
377),   dont   l'épaisseur  s'orne  exté- 


374  375  376 

Fig.  371.  —  Fragment  de  statuette  en  agate  (grand,  nat.) 
Fig.  372.  —  Poisson  en  agate  (2  fois  grand,  nat.) 
Fig.  «373.  —  Singe  en  lapis-lazuli  (grand,  nat.) 
Fig.  374  à  376.  —  Boutons  et  amulette  en  calcaike  noir  et  gris 
(grand,  nat.) 


rieurement  d'une  rainure  circulaire  à  mi-hauteur. 

Neuf  grandes  perles  longues. 

Deux  perles  plates  (fig.   378),  dont  la  percée  est  dans  une  saillie  du  pourtour. 

Une  perle  en  forme  de  tète  de  taureau  (fig.   379). 

Une  perle  sphérique  et  une  autre  dont  la  section  est  en  losange;  des  filets  de  quartz  blancs 
dessinent  des  ornements  réguliers  sur  le  fond  rouj^e. 

Une  perle  à  facettes. 

Deux  cent  seize  perles  sphériques  et  cylindriques. 

Roches  diverses.  —  Onze  perles  de  formes  variées. 

Une  perle  sphérique  en  jaspe  rouge. 

Une  perle  plate  en  jaspe  vert. 

Une  perle  cylindrique  en  roche  chloriteuse. 

Albâtre.  —  Un  anneau.  —  Diamètre  extérieur,  o"\  025. 

Treize  perles  et  fragments  de  perles. 

Deux  perles  sphériques  dont  les  percées  sont  entourées  d'un  cordon  saillant  (fig.  380). 

Deux  grandes  perles  plates. 

Une  perle  en  forme  de  disque  arrondi  et  plat,  percé  dans  l'épaisseur. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  GHOUCHINAK 


113 


378 


379 


Calcaire.  —  Treize  perles  de  calcaire  blanc  veiné  de  gris,  en  forme  de  sphéroïdes,  disques 
plats  et  cylindres. 

Une  perle  de   calcaire  blanc  bien  polie,   parfaitement  sphérique  et  bien  percée.  —  Dia- 
mètre, o™,  03. 

Une  perle  sphérique  en  calcaire  blanc.  —  Diamètre,  o",  02. 

Quatre  perles  cylindriques  en  calcaire.  —  Longueur,  o" ,  06. 

Une  perle  sphérique  en  calcite.  —  Diamètre,  0°',02. 

Quatre  billes  en  calcaire  de  diverses  nuances. 

Quatre-vingt-quatre  perles  allongées  et  percées  transversalement  à  une  extrémité   pour 
servir  de  pendeloque.  —  Calcaire  rose. 

Quatre  pendeloques  analogues  en  calcaire  noir. 

Deux  pendeloques  analogues  en  albâtre  grossier. 

Une  pendeloque  en  calcaire  noir,  rectangulaire  près  du  trou  de  suspension,  puis  de  plus  en 
plus  cylindrique  vers  l'autre  ex- 
trémité, absente  d'ailleurs. 

Vingt  et  un  boutons  ou  dis- 
ques circulaires  dont  les  deux 
faces  sont  bombées  (fig.  374  et 
375).  L'une  d'elles  porte  deux 
fentes  parallèles  qui  recevaient  des 
incrustations  qui  subsistent  seule- 
ment par  exception.  —  Diamètre, 
o"",  017.  —  Calcaire  blanc. 

Un  disque  analogue  en  cal- 
caire rose. 

Sept  disques  analogues  en 
calcaire  noir. 

Un  disque  analogue  inachevé 
en  quartz  blanc. 

Deux  disques  analogues  en  calcaire  blanc,  qui  portent,  sur  l'une  des  faces  bombées,  cinq 
cavités  circulaires  qui  devaient  être  incrustées.  —  Diamètre,  o",oi2. 

Une  petite  pyramide  triangulaire  en  calcaire  noir. 

Cinq  perles  en  calcaire  nummulitique. 

Onze  perles  cylindriques  ou  fuselées  en  calcaire  blanc. 

Un  ovoïde  en  calcaire  blanc,  non  percé. 

Une  perle  sphérique  dont  les  percées  sont  entourées  d'une  saillie.  —  Calcaire  blanc. 

Trois  disques  bien  travaillés  et  polis,  dont  les  laces  circulaires  sont  bombées;  l'une  d'elles 
porte  au  centre  une  cavité  circulaire.  —  Calcaire  blanc. 


380  381  382  383 

Fig.  377  à  379.  —  Bague,  pendeloque  et  tète  de  taureau  en 
CORNALINE.  —  380  :  Perle  d'albatre.  —  38  I  :  Amulette  calcaire 
BLANC.  —  3S2  et  383  :  Grattoir  et  lame  de  silex  (grand,  nat.) 


114 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Neuf  plaquettes  (fig.  381),  dont  quelques-unes  percées,  à  deux  pointes  (fig.  376)  tournées  du 
côté  opposé  au  trou  de  suspension.  —  Calcaire  blanc. 
Onze  pendeloques  analogues  en  calcaire  gris  ou  noir. 

Turquoise  ou  racine  d'émeraude.  —  Treize  perles  sphériques  ou  cylindriques. 

Deux  pendeloques. 

Cinq  fragments. 

Une  pyramide  triangulaire. 

Une  plaquette  découpée  en  triangle  d'incrustation. 

Lapvi-lazuli.  —  Une  tablette  de  o",  005  d'épaisseur  (fig.  384),  de  forme  à  peu  près  rectan- 
gulaire (o"',o33  X  o"o42).  L'une  des  faces  porte  des  saillies  ondulées  et  parallèles,  et  des 
fragments  d'enroulements.  L'eau  des  fleuves  et  la  barbe  des  personnages  sont  représentées  de 
cette  manière  sur  les  bas-reliefs  assyriens.  L'autre  face  est  traversée,  dans  sa  longueur,  par  une 
mortaise  à  section  en  queue  d'aronde,  partiellement  remplie  par  une  tige  de  plomb.  La  tablette 
est  fendue  suivant  cette  mortaise. 

Une  tablette  de  môme  épaisseur  (fig.  385)  et  de  forme  à  peu  près  rectangulaire  (o™,o33. 
X  o™,  022).  L'une  des  faces  est  ornée  de  saillies  courbes  analogues  aux  précédentes.  L'autre  face 


Fig.  385  à  387.  —  Fkagaients  d'ornementations  en  lapis-lazuli  (grandeur  naturelle) 

porte  deux  mortaises  parallèles,  dont  la  section  est  en  queue  d'aronde;  la  base  de  celle-ci  porte 
de  plus  une  saillie  triangulaire.  Ces  deux  mortaises  sont  remplies  par  deux  tiges  de  plomb 
reliées,  par  une  extrémité,  à  une  tige  transversale  en  plomb  qui  porte  une  troisième  tige  analogue 
aux  premières.  Cette  tablette  est  en  deux  fragments,  réunis  précisément  par  la  monture  en  plomb. 

Une  tablette  en  deux  fragments  et  de  forme  à  peu  près  rectangulaire  (fig.  386  et  387) 
(o",o4  X  o'",o2).  L'une  des  faces  porte  des  saillies  ondulées  et  parallèles,  disposées  en  trois 
groupes  de  trois.  L'autre  face  montre  deux  mortaises  analogues  à  celles  des  tablettes  précé- 
dentes et  partiellement  remplies  de  plomb. 

Un  fragment  de  tablette,  dont  l'une  des  faces  porte  en  saillie,  et  de  o"',oo5  de  largeur 
environ,  un  enroulement  qui  peut  représenter  une  boucle  de  cheveux  (?)  et  des  ornements  ana- 
logues interrompus  par  les  cassures.  —  Dimensions  moyennes  du  fragment  (o™,  025  Xo",  01). 

Un  fragment  de  tablette  a  peu  près  rectangulaire  (o",  02  X  o",  019).  L'une  des  faces  est 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


'15 


391 


divisée  en  deux  saillies,  dont  les  bords  sont  arrondis  par  une  rainure  ;  sur  une  de  ces  saillies,  un 
trait  en  creux  et  oblique;  sur  l'autre,  deux  traits  semblables.  Au  revers,  sur  un  bord,  on  recon- 
nait  une  mortaise  dans  le  fond  de  laquelle  s'est  faite  la  rupture. 

Quinze  fragments  et  parties  d'ornements  (fig.  388)  en  forme  de  tablettes  de  o'",oi5  de 
lono-ueur  sur  o",  008  de  largeur  en  moyenne.  L'une  des  faces  est  travaillée  en  forme  de  ruban 
enroulé,  et  peut  être  la  figuration  de  la  barbe  d'un  personnage;  les  bas-reliefs  assyriens  donnent 
des  figurations  analogues.  L'autre  face 
porte  une  mortaise  en  queue  d'aronde 
et  garnie,  au  fond,  d'une  arête  sail- 
lante longitudinale. 

Un  fragment  d'ornement  (fig. 
389),  brisé  en  triangle.  L'une  des  faces 
est  arrondie  et  ornée  de  traits  paral- 
lèles; l'autre  montre  des  traces  d'une 
mortaise  remplie  par  du  plomb.  — 
Largeur  maxima,  o",o2.  —  Lon- 
gueur, o",  043. 

Un  fragment  d'ornement  (fig.  390 
a  et  b)  portant  en  creux,  sur  une  face 
courbe,    trois    longs   traits   parallèles. 
—    Longueur,    o",  03. 
o" ,  0 1  I  . 


396 


Largeur, 


393 


394 


390 


Fig.   38^  à  397. 


Un  fragment  d'ornement  en  forme 


Ornements  et  pekles  en  lapis-lazoli 
(arandeur  naturelle) 


de  demi  cylindre  (fig.  391).  —  Hauteur,  o'°,oi7.  —  Diamètre,  o'",oi2.  La  partie  arrondie  est 
ornée  de  saillies  ondulées  parallèles;  la  partie  plate  porte,  suivant  l'axe  du  cylindre,  une  mor- 
taise à  queue  d'aronde  avec  arête  en  saillie  centrale. 

Une  perle  composée  de  trois  cylindres  accolés  et  percés  (fig.  392J. 

Une  rondelle  irrégulièrement  circulaire  et  percée  au  centre  (fig.  393). 

—  Diamètre,  o"" ,  o  1 5 . 

Une  perle  ovoïde  irrégulièrement  taillée  (fig.  394). —  Hauteur,  o",02. 

—  Diamètre,  0°,  017. 

Une  perle  cylindrique  (fig.  395).  —  Hauteur,  o™,oo8.  —  Diamètre, 
o",oo6. 

Dix-neuf  perles,  ovoïdes,  sphériques  ou  en  fuseaux  (fig.   396  et  397)- 

Deux  perles  dont  la  forme  est  celle  d'une  rondelle  percée  et  pliée 
suivant  un  diamètre. 

Une  pyramide  triangulaire.  —  Arête,  o",  009. 

Deux  plaquettes  en  forme  de  triangles  équilatéraux.  —  Côté,  o"\  009. 


Fig.  398 

Singe    en    lapis-lazuli 

(5  fois  grand,  nat.) 


ii6 


OFFRAiNDES  DE  FONDATIOiN  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Seize  fragments  de  plaquettes  ou  d'ornements,  de  petites  dimensions. 

Un  petit  singe  (fig.  373  et  398)  accroupi,  de  o"^  01  de  hauteur,  percé  pour  être  monté  peut- 
être  en  épingle.  Les  pattes  de  devant  sont  réunies,  les  oreilles  sont  dressées;  le  museau  est 
plutôt  un  peu  allongé  pour  la  figuration  d'un  singe,  mais  la  pose  ne  peut  guère  laisser  de  doute. 

Vases  Je  pierre.  —  Une  jatte  circulaire  en  albâtre  (fig.  399)  ;  elle  a  été  trouvée  par  frag- 
ments qui  la  reconstituent  presque  complètement.  Le  fond  est  légèrement  bombé.  —  Hauteur, 
o"'o4.  —  Diamètre  extérieur,  o"'  1 1 . 

Un  vase  au  corps  ovoïde,  du  genre  des  alabastrons   (fig.  400);    le  col,   qui  interrompt  le 

400 


Fig.  399  a  et  b.  —  Petite  j.\tte  d'albatke  (3/4  grandeur  naturelle) 

Fig.  400  a  et  b.  —  Vase  d'albâtre  (3/4  grandeur  naturelle) 

FiG.  401   a  et  b.  —  Buèchk  jaune  clair  (3/4  grandeur  naturelle) 

Fig.  402.  —  Jaspk  kouge  violacé   (3/4  grandeur  naturelle) 

plus  petit  bout,  est  orné  de  quatre  saillies  sur  la  hauteur.  —  Hauteur,  o"',  14.  —  Diamètre 
ma.ximum,  o"',o9.  —  Diamètre  extérieur  au  col,  o'",o5.  —  Albâtre  rubané.  —  Ce  vase  est 
presque  complet  en  quatorze  fragments. 

Deu.x  fragments  d'un  vase  cylindrique  en  albâtre  translucide  qui  le  reconstituent  à  moitié 
(fig.  403);  le  bord  supérieur  est  en  saillie  légère  sur  le  corps  du  vase.  —  Hauteur,  o™,o66.  — 
Diamètre,  o"",  043. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CIlOUCIilNAK 


117 


Quelques  fragments  de  vases  en  albâtre;  parmi  lesquels  une  anse  en  forme  de  bande  plate 
coudée,  et  un  fragment  d'albâtre  jaune  foncé  traversé  de  trois  traits  parallèles  gravés  en  creux. 

Un  fragment  du  bord  d'un  vase,  en  marbre  blanc  veiné 
de  rouge  violacé  (fig.  401). 

Au  revers  se  trouve  encore  du  bitume  adhérent  ;  la  pierre 
est  traversée  en  deux  endroits  par  des  clous  de  bronze  sans 
têtes  et  plus  ou  moins  tordus.  A  l'extrémité  du  fragment  est 
percé,  dans  l'épaisseur,  un  trou  de  o",  007  de  profondeur;  cela 
semble  indiquer  que  cette  bordure  en  marbre  était  circulaire 
en  plusieurs  parties  et  appliqué  probablement  à  l'ouverture 
d'un  vase  fait  d'autre  matière,  peut-être  de  bronze.  —  Dia- 
mètre extérieur,  o™,  125.  —  Diamètre  intérieur,  o",  066. 

Quatre  fragments  d'un  vase  de  jaspe  rouge  violacé  (fig. 
402).  —  Hauteur  du  vase,  o"\o4. 


Une  dizaine  de  lames  taillées  de  silex 


Fig.  405 

Peth-   vase   cylindrique   en   albâtre 

TRANSLUCIDE  (grand,  nat.) 


Pierres  taillées. 
et  d'obsidienne. 

Deux  grattoirs  de  silex  (fig.  382)  emmanchés  dans  du  bitume. 

Une  extrémité  de  flèche  coupante  en  silex  et  très  soigneusement  taillée  (fig.  383). 

403  bis 


404 


407 


Terres  cuites 


Fig.  403  bis  à  407 
FIGURINES  et  fusaïoi.e  (4/5  grandcur  naturelle) 


ii8 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


De  nombreux  g^alets  usés  ou  percés. 

Des  fragments  d'hématite,   cristal  de  roche,  calcite,  feldspath  et  calcaires  divers,  portant 
quelques  traces  de  travail,  mais  sans  interprétation. 

Objets  en   terre.   — •  Une  statuette  complète  en  deux  fragments  (fig.  403  bis).  —  Hau- 
teur, o"",  10. 

Le  devant  du  corps  est  seul  figuré;  c'est  une  femme  nue  qui  semble  coiffée;  le  nez  est 
abîmé,  le  cou  est  entouré  d'un  collier;  les  mains  sont  jointes  sur  la  poitrine.  —  Terre  jaune. 

Un  fragment  d'une  statuette.  —  Terre  jaune,  reproduisant  la  partie  inférieure  d'une  sta- 
tuette (fig.  404). 

Un  fragment  d'une  statuette  représentant  le  torse  et  le  haut  des  jambes  d'un  musicien' 
(fig.  405). 

Une  partie  postérieure  d'un  animal  grossièrement  figuré;  la  queue  est  ramenée  entre  les 

jambes  (fig.  406).  —  Terre  rose-. 

Une  fusaïole  (fig.  407)  ou  disque  circulaire 
de  o",  095  de  diamètre,  portant  de  part  et  d'autre 
une  saillie  centrale  traversée  par  un  trou.  —  Terre 
jaune. 

Un  fragment  de   bas-relief  en   grès   cérame 
émaillé  en  vert  tendre  (fig.  408)  représentant  la 
partie  inférieure  du  corps  et  les  jambes  d'un  tau- 
reau. —  Longueur,  o"',  045.  —  Largeur,  o",o2  5. 
Une  tête  d'animal  en  grès  cérame  portant  des  traces  d'émail  vert;  elle  est  en  très  mauvais 
état  (fig.  409).  —  Hauteur,  o"",  025.  — Largeur,  o™,  0025. 

Trois  fragments  d'un  vase  en  grès  cérame  émaillé  en  vert;  ils  doivent  en  reconstituer  la 
moitié  environ;  celle-ci  est  extérieurement  en  forme  de  tête  de  lion.  Les  sourcils,  les  yeux,  le  nez 
sont  très  largement  tracés.  L'épaisseur  de  la  pâte  est  très  faible  ;  c'est  de  la  poterie 
fine  travaillée  par  un  artiste.  Elle  est  intéressante  pour  l'étude  de  la  céramique 
antique,  comme  un  des  premiers  modèles  de  vase  en  forme  de  tète  d'animal. 
Vingt-huit  tablettes  rectangulaires  en  grès  cérame,  émaillées  en  vert  pâle 
et  qui  devaient  servir  à  des  incrustations  Elles  sont  généralement  carrées,  de 
o",  01  à  o™,  04  de  côté. 

Un  disque  en  grès  cérame  émaillé  vert,  percé  au  centre  et  décoré  sur  le 
pourtour  de  dents  en  saillie.  —  Diamètre,  o"",  025. 

Cinq  cents  perles  cylindriques,  sphériques  et  de  formes  diverses  en  grès 
cérame,  portant  souvent  des  traces  d'émail  vert. 


Fig.  408-409.  —  Pâte  émail  vert  : 
Frag.me.nts   de   figurations  animales  (grand,   nat, 


Fig.    410 
Terre  bitumineuse: 
Pendeloque  en 
forme  d'olive, 
(grand,    nat.) 


1.  Cf.  Mém.  de  la  Délégation,  |tome  I,  PI.  V'III. 

2.  Ces  représentations  d'animaux  sont  fréquentes  dans  toutes  les  fouilles  de  Perse,  depuis  le  Talyche  jusqu'à  Suse, 
en  passant  par  Mamadan, 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


119 


413 


41: 


FiG.    41 1 
Ivoire   (grand,  nat.] 

414 


Six  cents  pendeloques  en  forme  d'olives  (fig.  410),  percées  transversalement  à  une  extré- 
mité ;  elles  sont  faites  de  terre  bitumineuse  et  assez  fragiles,  de  sorte  que  plusieurs  centaines 
brisées  n'ont  pu  être  conservées. 

Quelques-unes  portent  encore  un  fil  de  bronze  engagé  dans  le  trou  de  suspension. 

De  nombreux  fragments  de  vases  en  grès  cérame  émaillé  de  vert. 

Objets  d'ivoire.  —  Une  tablette  circulaire  (fig.  411).  —  Diamètre,  0-046.  —  Elle  porte, 
sur  une  face,  six  cercles  gravés  à  trois  traits,  reliés  entre  eux  et  entourés  d'un  trait  gravé 
sur  le  pourtour.  C'est  la  torsade  élamite  disposée  suivant  une  ligne  cir- 
culaire. Cette  ornementation,  dont  la  figure  411  m'épargne  une  longue 
description,  peut  se  tracer  exclusivement  au  compas.  Les  centres  de 
tous  les  cercles  sont  d'ailleurs  indiqués  par  des  cavités  qui  font  supposer 
l'emploi  d'un  instrument  analogue. 

Une  main  de  statuette  fermée  (fig.  412),  les  doigts  figurés  per- 
pendiculaires au  poignet;  celui-ci  est  orné  de  cinq  bracelets,  celui  du 
milieu  plus  épais  que  les  autres.  Elle  est  en  assez  mauvais  état.  — 
Longueur,  o",  05. 

Fragment  d'une  main  de  sta- 
tuette très  analogue  (fig.  413).  H  ne 
reste  que  l'extrémité  des  doigts. 

Trois  fragments  en  forme  de 
demi-cônes  très  incomplets  (fig.  428 
et  429),  peut-être  ayant  appartenu  à 
des  poignées  d'armes,  sont  ornés  de 
traits  parallèles  gravés  suivant  la 
courbure.  —  Hauteurs,  o",  03  ; 
0^,04;  o'",o5. 

Un  fragment  couvert  extérieu- 
rement d'une  peinture  grise  (fig. 
417);  il  a  la  forme  d'un  prisme  à 
base  carrée,  et  porte,  sur  une  longue 
face,  trois  évidements  triangulaires, 
dont  l'un  est  occupé  par  une  incrus- 
tation de  calcaire  blanc.  Les  deux 
faces  adjacentes  portent  chacune  une 
rainure  longitudinale.  —  Longueur, 

0'",032. 


416 


415 


Fig.  412  à  416.  —  Objets  en  ivoire  (9/10  grand,  nat.) 

Un  fragment  peint  de  la  même  façon  (fig.  414),  et  qui  peut-être  faisait  partie  de  la  même 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CllOUCIlINAK 


ornementation  que  le  précédent;  il  a  une  forme  analogue,  mais  une  de  ses  extrémités  est  en 
forme  de  bouton  arrondi.  Sur  une  face  est  un  évidement  pour  une  incrustation. 

Une  tablette  (fig.  418),  dont  les  deux  grands  côtés  sont  limités  par  des  arcs  de  cercles 
concentriques,  est  ornée  sur  une  face  de  la  torsade  élamite  à  trois  traits  gravés  à  la  pointe.  — 
Longueur,  o",  033.  —  Largeur,  o"",  01. 


421 


420 


419 


418 


4'7 


422  423  424  42s 

Fiu.  417  à  426.  —    OrtjRTS    EN    IVOIRE  {9/10  grandeur  naturelle) 


426 


Un  fragment  de  tablette  analogue,  ornée  de  la  torsade  élamite  à  deux  traits  (fig.  419)-  — 
Longueur,  o^.oi^.  —  Largeur,  o^.oi. 

Un  fragment  (fig.  427)  orné  de  trois  petits  cercles  gravés  au  compas  (centres  indiqués).  — 
Longueur,  o™,o2i.  —  Largeur,  o",  008. 

Un  fragment  de  plaquette  purtant,  graves  au  trait,  deux  doubles  cercles  qui  doivent  faire 
partie  d'une  figuration  de  la  torsade  élamite.  —  o"',  02  X  0"^.  005. 

(jn  disque  circulaire  (fig.  420  et  421),  dont  l'épaisseur  taillée  côniquement  porte  gravés, 
à  la  pointe  du  compas,  huit  petits  cercles;  la  face,  de  plus  grand  diamètre,  porte  une  cavité 
circulaire  profonde  de  la  demie  épaisseur.  L'autre  face  porte  un  petit  cercle  gravé.  —  Hauteur, 
o^jOO^.  —  Diamètre  maximum,  o"",  022. 

Une  plaquette  circulaire  (fig.  424  et  425)  portant,  gravée  sur  une  de  ses  faces,  une  rosace  à 
quatre  branches,  formée  d'arcs  de  cercle  qui  se  coupent;  elle  est  entourée  de  trois  traits  circu- 
laires concentriques.  ■ —  Diamètre,  o"\o3i. 

Elle  est  presque  complète  en  deux  fragments. 

Quatre  fragments  de  plaquettes  portant  gravée  la  torsade  élamite. 

Une  plaquette  (fig.  432)  qui  semble  porter,  gravé  au  trait  sur  l'une  des  faces,  un  animal 
cabré  sur  les  pattes  de  derrière.  Elle  est  de  forme  à  peu  près  rectangulaire.  —  o"",  03  X  o",  012. 

Cinq  plaquettes  (fig.  422)  et  un  fragment  analogue,  dont  les  bords  sont  formés  de  quatre 
arcs  de  cercles  aux  courbures  opposées.  Elles  portent  un  trou  central. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


121 


428 


429 


Une  plaquette  circulaire  (fig.  426)  incomplète  portant  gravés  huit  traits  rayonnants. 

Diamètre,  o'",oi6. 

Deux  plaquettes  taillées  en  forme  de  feuilles  (fig.  423  et  431).  —  Longueur,  0-03. 

Deux   plaquettes  circulaires. 
—  Diamètres,  o",oi5  ;  o",oi2. 

Un  fragment  de  plaquette 
orné  de  deux  groupes  de  lignes 
parallèles  en  deux  directions  diffé- 
rentes. —  Longueur,  o'",o25. — 
Largeur  maxima,  o"*,  008. 

Un  fragment  (fig.  430)  gros- 
sièrement en  forme  de  prisme  rec- 
tangulaire de  o",  03  2  de  longueur; 
il  porte,  sur  une  face,  des  restes 
d'ornementations,  sur  une  des 
faces  adjacentes,  un  évidement 
demi-cylindrique. 

Une    épingle   incomplète  en 
deux  frasrments  (fig.  41s)-  L'un  „a    ^ot  \ 

'^  \    t)     -I    ^/   _  Pj^    ^27  à  433.  —  Objets  en  ivoire  (9/10  grand,  nat.) 

d'eux  montre  la  tête  arrondie,  et, 

au-dessous,  des  rainures  circulaires    et    obliques.    ^   Longueur,   0^,037.    —    Longueur  du 

deuxième  fragment  faisant  suite  au  précédent,  o",  015. 

Trois  fragments  d'une  sorte  de  couteau  (fig.  416).  —  Longueur,  o"\07.  —  Largeur,  o",o25. 

Une  quarantaine  de  tablettes  rectangulaires  et  fragments  de  tablettes.  La  longueur  des 
côtés  varie  entre  o'",oi5  et  o",o35.  Quelques-unes  portent  des  trous  aux  coins  (fig.  433  et  434). 


451 


432 


433 


436 


434 


435 


i^V 

-irw^'^ 

-■  ^r.  ■- 

i.     ■' 
(•■■■' 

Î--   'J 

"? 

Fig.  433  à  435.  —  Objets  en  ivoire.  —  Fig.  436  et  437.  —  Objets  en  nacre  (9/10  grand,  nat.) 

Une  plaquette  rectangulaire  (fig.  435)  dont  les  diagonales  sont  tracées   par  un  trait  en 
creux.  —  o"",  02  X  o'",o24. 

Nombreux  fragments  d'ivoire  sans  ornementation  ni  formes  prêtant  à  une  interprétation. 

16 


123 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


Objets  en  nacre.  —  Une  moitié  de  plaquette  circulaire,  percée  d'un  trou  central  et  portant, 
gravé  sur  une  face,  le  soleil  élamite  (fig.  436).  —  Diamètre,  o*",  025. 

Trois  plaquettes  (fig.  437)  ornées,  sur  une  face,  de  traits  serrés  en  rameau.  Une  seule  est 
complète.  —  Longueur,  o'",o35.  —  Largeur,  o"",  018.  Les  extrémités  sont  taillées  en  arcs  de 
cercles  de  même  rayon;  on  peut  donc  juxtaposer  autant  de  plaquettes  analogues  que  l'on 
veut,  et  l'on  peut  reconstituer  ainsi  une  figuration  d'ailes  de  génies  ou  d'oiseaux  analogues  à 
celles  des  bas-reliefs  assyriens. 

Une  plaquette  analogue,  à  laquelle  il  manque  le  demi-cercle  qui  doit  terminer  la  partie 
inférieure;  les  traits  sont  ici  plus  rapprochés  et  plus  finement  tracés  que  sur  les  plaquettes  pré- 
cédentes. —  Longueur,  o'", 01 5. —Largeur,  o'",oi5. 

Une  douzaine  d'anneaux  plus  ou  moins  terminés  (fig.  438  à  443)  en  nacre  de  cônes  du 

Golfe  Persique. 

438  439  440  441  442  443 


Fig.  438  à  443.  —  Anneaux  en  nacre  (4/s   grand,  nat.) 

Un  fragment  de  coquille  (fig.  444)  taillé  en  forme  d'écu  bombé,  et  dont  les  angles  supé- 
rieurs sont  percés  ;  ornement  qui  pouvait  se  porter  au  poignet  ou  sur  le  bras. 
Un  fragment  de  coquille  taillée  et  percée  (fig.  445). 
Trois  plaquettes  taillées  en  forme  de  feuilles  ou  de  pétales  de  fleurs  (fig.  446  et  447). 


444 


443 


44: 


Fig.  444  à  447.  —  Objets  en  nacre  (4/î  grand,  nat.) 

Une  dizaine  de  rondelles  nacrées  sur  une  face  et  percées  d'un  trou  central. 

Deux  disques  plats  circulaires  nacrés  sur  une  face.  —  Diamètres,  o"',  015  ;  o™,  006. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  123 


Six  petites  plaquettes  pour  incrustations,  en  forme  de  pétales  de  fleurs,  de  triangle  dentelé, 

de  8  non  percé. 

De  nombreux  fragments  de  la  coquille  d'un  œuf  d'autruche. 

Une  plaquette  en  coquille  d'œuf  d'autruche.  —  Longueur,  o  ,014.  —  Largeur,  o"\oi.  — 
Les  extrémités  sont,  l'une  en  demi-cercle,  l'autre  en  ligne  droite  interrompue  en  son  milieu  par 
une  saillie  triangulaire. 

Une  plaquette  circulaire  de  même  matière.  —  Diamètre,  o",  11.  —  Les  bords  de  la  face 
extérieure,  de  couleur  brune,  ont  été  arrondis  et  forment  une  couronne  circulaire  blanchâtre. 
Peut-être  représentation  d'un  œil. 

Un  oursin  fossile,  du  genre  Holectypus,  percé  d'un  trou  pour  servir  de  masse.  —  Diamètre, 

o'",035.  —  Hauteur,  o",  017. 

Un  oursin  fossile,  du  genre  Cydaris,  percé  et  usé,  pour  servir  de  perle.  —  Diamètre,  o",  023. 

—  Hauteur,  o",  017. 

Une  centaine  de  coquilles,  portant  en  général  des  marques  de  travail,  usées  ou  percées, 

appartenant  aux  genres  suivants  : 

Genres  appartenant  au  Golfe  Persique.  —  Cyprea  —  Ccnus  —  Âncilla  —  Voluta  —  Solen 

—  Murex  —  Cardita  —  Cardium  —  Lucina  —  Ancillaria  —  Mitra  —  Columbella  —  Buccin  — 
Nana  —  Cerithium. 

Genre  lacustre.  —  Melania   Fossile  —  Ostrea  du  crétacé  supérieur  du  Poucht-i-Kouh. 

Il  faut  encore  signaler,  avec  ces  débris  d'êtres  organisés,  quelques  osselets  de  chevreau. 

Ainsi  se  termine  la  longue  énumération  descriptive  des  objets  de  cette  trouvaille.  Certame- 
ment  beaucoup  d'entre  eux  sont  sans  grande  valeur  par  eux-mêmes,  à  cause  de  la  grossièreté  du 
travail  ou  de  la  matière,  ou  encore  de  leur  mauvais  état  de  conservation.  Ils  sont  cependant  in- 
téressants comme  faisant  partie  d'un  ensemble  et  contribuant  à  donner  une  idée  de  l'industrie  et 
des  matières  employées  à  Suse  à  une  époque  qui,  sans  être  précisée,  doit  être  comprise  entre  le 
XIP  et  le  VIII'  siècle  avant  notre  ère. 

Je  n'ai  pas  voulu  allonger  mes  descriptions  par  des  commentaires  sur  les  points  de  détail  et 
les  analogies,  aussi  bien  pour  ne  pas  surcharger  ce  mémoire,  que  pour  réserver  ce  soin  aux 
savants  plus  compétents  et  en  possession  de  tous  les  documents.  Je  laisserai  également  la  question 
des  dates  qui  sera  étudiée  ultérieurement.  Je  terminerai  par  de  brèves  observations  sur  les  con- 
naissances artistiques  et  industrielles  que  supposent  les  objets  recueillis. 

Les  Élamites  se  montrent  experts  dans  l'art  d'employer  et  de  travailler  les  métaux  et  les 
pierres  dures. 

Ils  savaient  fondre  et  souder  l'argent  et  l'or,  mettre  ces  métaux  en  feuilles  minces,  les  dé- 
couper, les  travailler  au  marteau,  ou  les  graver  au  burin,  les  orner  de  filigranes.  Ils  pratiquaient 
le  procédé  du  doublé,  l'application  d'une  feuille  mince  sur  une  âme  de  bronze,  soit  pour  les  bijoux, 
soit  pour  l'ornementation  des  palais  et  des  temples. 

Ils  arrivaient  à  fondre  le  bronze,  à  ciseler  les  objets  fo.ndus  ;  ils  travaillaient  les  plaques  pour 


,24  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


les  enrouler  en  tiges,  en  anneaux  creux,  les  découper  en  imitation  de  feuillages  qui,  montés  sur 
bois  au  moyen  de  rivets,  décoraient  les  murs  et  les  portes.  Le  bronze  fournissait  encore  des  outils 
capables  d'entamer  les  pierres  dures,  et  des  armes  dangereuses. 

Les  Èlamites  connaissaient-ils  peu  l'usage  du  fer,  ou  le  considéraient-ils  comme  une  matière 
précieuse,  dont  on  ne  pouvait  avoir  que  de  rares  anneaux  ?  Les  textes  Assyriens,  pourtant,  men- 
tionnent ce  métal  à  l'époque  de  Tiglatphalazar,  comme  un  butin  ou  un  impôt  bon  à  prélever. 
Les  textes  semblent  tout  à  fait  muets^  quand  il  s'agit  du  plomb  ;  cependant  les  ouvriers  de  Suse 
semblent  parfaitement  connaître  l'emploi  que  l'on  peut  faire  de  ce  métal  fusible  et  malléable,  mais 
de  vilain  aspect. 

Ils  l'employaient  à  raccorder  les  diverses  parties  d'un  bas-relief,  ou  plutôt  pour  maintenir 
sur  une  paroi  des  placages  sculptés  en  pierres  de  couleur.  Deux  pendeloques  seulement  nous 
indiquent  l'usage  possible  du  plomb  comme  métal  à  bijoux. 

Les  ornements  des  pauvres  frappent  par  la  simplicité  de  leur  dessin,  le  plus  souvent  géo- 
métrique, tracé  à  la  règle  et  au  compas.  C'est  précisément  une  des  pendeloques  de  plomb  qui  fait 
une  heureuse  exception  ;  si  l'une  des  faces  est  ornée  comme  celles  de  la  plupart  des  autres,  d'une 
étoile  et  de  bossettes,  l'autre  face  représente  une  scène  symbolique  qui  devait  faire  de  ce  bijou  une 
précieuse  amulette,  malgré  la  fragilité  et  le  peu  d'apparence  de  la  matière. 

Ce  genre  d'ornement  se  portait  au  cou  suspendu  par  un  collier  ;  tel  est  le  médaillon  du  roi 
chaldéen  de  la  très  ancienne  stèle  sculptée  de  Hourin-Cheikh-Khan  àZohab;  une  déesse  repré- 
sentée sur  un  bas-relief  du  palais  d'Assournazirpal,  porte  au  cou,  plusieurs  médaillons  analogues. 

Les  statuettes  de  terre  cuite  de  la  déesse  Nana,  si  communes  dans  nos  fouilles,  portent  pres- 
que toutes  une  de  ces  pendeloques". 

Les  monuments  semblent  négliger  la  représentation  des  bagues  ;  seule  parmi  toutes  les 
autres  statues  peut-être,  celle  de  la  reine  Napir-Asou  trouvée  à  Suse,  fait  exception  et  porte  des 
anneaux  aux  doigts. 

Malgré  cette  absence  presque  générale  de  leur  figuration,  les  bagues  étaient  en  usage  à  Suse 
et  notre  découverte  montre  que,  par  un  travail  simple  mais  judicieux  du  métal,  on  arrivait  à 
produire  en  ce  genre  de  fort  jolis  bijoux. 

Les  bagues  décrites  en  forme  de  deux  anneaux  accolés,  sont,  en  réalité,  faites  d'un  ruban 
étroit  de  métal,  dont  les  bords  sont  rabattus  extérieurement  vers  le  milieu;  la  section  de  la  bague 
est  à  peu  près  un  8. 

On  tirait  bon  parti  de  l'emploi  du  filigrane,  dont  se  sont  également  servis  les  Égyptiens 
et  les  Phéniciens.  Ce  procédé  très  élégant  est  déjà  difficile  à  employer,  que  le  fil  d'or  soit 
fondu  en  petites  perles,  ou  disposé  en  torsades  et  soudé  sur  un  fond. 

Devant  la  grande  quantité  des  anneaux  d'or  découverts,  formés  d'un  simple  fil  rond  enroulé 

I.  Le  sceau  deKourrigalzou.  roi  de  Babylone,  est  une  pendeloque  analogue;  lune  des  faces  porte  le  soleil  chaldéo- 
élamite,  l'autre  des  caractères  cunéiformes  (Cf.  Rawlinson,  Great  Monarchies,  tome  I.) 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


I2S 


et  non  soudé,  il  venait  naturellement  à  l'idée  que  l'or  qui,  d'après  les  textes,  servait  de  valeur 
d'échans^e,  pouvait  être  mis  sous  cette  forme  commode  en  vue  des  transactions  pour  servir  de 
monnaies  ou  d'étalons  de  poids.  Je  les  ai  tous  pesés  avec  précision  sans  pouvoir  des  résultats  tirer 
confirmation  de  l'une  ou  de  l'autre  hypothèse. 

Ces  anneaux  ouverts  doivent  surtout  avoir  été  portés  en  boucles  d'oreilles,  ornements 
fréquemment  figurés. 

Une  tête  de  statue  (fig.  448),  de  grandeur  naturelle,  en  calcaire  jaune,   découverte  dans  une 
de  nos  tranchées,  présente  un  grand  intérêt,  malgré  son 
mauvais  état  de  conservation,    par  suite   de   la  rareté  des 
documents  de  ce  genre. 

Le  travail  en  semble  très  ancien  ;  la  tête  est  coiffée  du 
bonnet  à  cornes  très  endommagé  ;  les  yeux  sont  profondé- 
ment creusés  en  vue  d'incrustations  qui  font  défaut;  le  nez 
est  brisé;  on  voit  nettement  le  lobe  des  oreilles,  percé  de  trous 
qui  servaient  orner  la  tète  d'anneaux  de  métal.  Les  cheveux, 
tressés  avec  soin,  descendent  en  épais  bandeaux  derrière  les 
oreilles. 

Le  dessous  de  la  tête  est  percé  d'un  trou  circulaire 
qui  servait  probablement  à  l'ajuster  sur  le  corps,  sculpté 
dans  un  autre  bloc,  peut-être  de  matière  différente. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  tête  de  statue  était  ornée  de 
quatorze  anneaux  d'oreille. 

Notre  trouvaille  n'a  donné  ni  colliers,  ni  bracelets  de 
métal,  encore  que  certains  fragments  puissent  être  attribués 
à  l'une  ou  l'autre  de  ces  catégories.  La  statue  de  Napir- 
Asou  et  les  statuettes  donnent,  cependant,  des  exemples  de  leur  usage. 

Les  statuettes,  que  nous  avons  retrouvées,  paraissent  représenter  plutôt  des  divinités  ou  des 
porteurs  d'offrandes  que  des  reproductions  de  personnages  réels,  en  raison  du  convenu  des 
attitudes  ou  des  objets  portés,  oiseaux,  chevreaux  ou  fruits.  Si  leur  exécution  présente  des 
défauts  de  proportion  ou  de  mise  en  place,  peut-être  voulus  parfois  comme  l'importance 
exagérée  des  têtes  relativement  aux  corps,  on  doit  reconnaître  à  la  variété  des  types  repré- 
sentés, aux  différences  des  costumes  et  des  coiffures,  que  leurs  auteurs  étaient  de  véritables 
artistes. 

Il  semble  intéressant  de  remarquer  combien  peu  des  objets  de  notre  trouvaille,  même  ceux 
qui  appartiennent  à  des  groupes,  comme  les  flèches  et  les  pendeloques,  sont  rarement  absolument 
semblables.  Ce  fait,  quia  contribué  à  allonger  mes  descriptions,  s'explique  avec  notre  hypothèse 
d'offrandes  par  la  variété  probable  des  provenances;  il  se  reproduit,  cependant,  très  généralement 
pour  les  objets  recueillis  dans  les  fouilles.  On  en  imagine  facilement  la  cause  lorsque  la  matière 


Fig.  448.  —  Tête  de  Statue  en 
CALCAIRE  JAUNE  (1/3  grand,  nat.) 


126  ■  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


employée  impose  la  dimension  des  objets  ou  force  l'artisan  à  varier  ses  formes  pour  éviter  un 
défaut  naturel;  de  même,  lorsque  le  travail  est  fait  sans  modèle,  pour  une  ornementation  relati- 
vement simple,  comme  celle  que  l'on  pratiquait  au  repoussé  ou  à  la  gravure  au  trait.  On 
comprend  moins  la  raison  qui  fait  différencier  les  objets  fondus;  faut-il  supposer  que  le  moule 
employé  ne  servant  qu'une  fois,  les  fondeurs,  en  même  temps  artistes  et  praticiens,  préféraient 
ne  pas  se  répéter  ? 

Les  procédés  de  fusion  et  de  moulage  du  bronze  dans  l'antiquité  nous  sont  assez  mal 
connus;  les  observations,  faites  sur  les  menus  objets  de  ce  métal,  compris  dans  notre  trouvaille, 
sont  donc  utiles  à  recueillir. 

L'analyse  fera  connaître  la  composition  et  la  température  de  fusion  du  métal  employé  ; 
mais  la  délicate  question  du  moulage  est  moins  aisée  à  certifier. 

Il  semble  que  les  fondeurs  élamites  cherchaient  à  fondre  les  objets  en  plusieurs  parties  ;  ce 
mode  de  procéder  permet  d'employer  des  creusets  plus  petits,  plus  maniables  et  plus  vite 
chauffés,  et  évite  de  compliquer  les  moules  avec  des  évents  et  des  trous  de  coulée  multiples. 

Cela  ressort  de  l'examen  de  quelques  objets,  en  particulier  d'un  avant-bras  de  statuette, 
portant  sur  le  côté  une  rainure  ou  mortaise;  et  surtout,  car  ce  dernier  fait  pourrait  être  dû  à  un 
essai  de  réparation,  les  deux  extrémités  de  pattes  de  palmipèdes  ont  leurs  parties  plates  com- 
posées de  deux  plaques  fondues  à  part  et  raccordées  au  plomb. 

Pour  l'un  de  ces  objets,  qui  garnissait  peut-être  l'extrémité  d'un  pied  de  vase  ou  de  table 
légère,  la  douille  conservée  est  verticale  et  fait  corps  avec  la  première  épaisseur  de  métal  ;  la 
deuxième,  qui  devait  poser  sur  le  sol,  ferme  l'ouverture  inférieure  de  cette  douille. 

La  deuxième  patte  ne  doit  pas  avoir  été  montée  au  moyen  d'une  douille,  mais  terminait 
peut-être  l'extrémité  d'une  tige,  probablement  de  métal,  à  en  juger  par  les  diamètres  (différents 
dans  les  deux  plaques)  du  trou  qui  lui  était  réservé,  et  qui  semble  exigu  pour  le  logement  d'une 
baguette  de  bois  proportionnée  au  poids  de  la  pièce.  Il  vaut  donc  mieux  admettre  que  la  tige 
de  métal,  placée  verticalement,  traversait  la  première  plaque;  son  diamètre  était  diminué  au- 
dessous  à  coups  de  marteau  qui  rabattaient  l'excès  de  métal  en  rivure  ;  la  deuxième  plaque  était 
alors  ajustée,  raccordée  au  plomb,  et  l'extrémité  de  la  tige  qui  dépassait  pouvait  être  rivée  ou 

limée. 

En  écartant  ce  qui  n'est  qu'hypothèse  dans  ces  dernières  lignes,  nous  constatons  surtout  la 

coulée  en  plusieurs  pièces. 

Les  statuettes  entières  que  nous  possédons  sont  fondues  d'un  seul  jet;  mais  le  souci 
d'épargner  le  métal,  qui  provenait  d'assez  loin,  les  a  souvent  fait  fondre  creuses. 

On  s'en  aperçoit  immédiatement  à  l'examen  d'un  torse  de  statuette  en  deux  fragments,  et 
aussi  d'une  des  statuettes  entières  qui  porte,  sous  la  base,  un  trou  pour  la  tige,  de  section  rectan- 
gulaire, qui  permettait  de  la  fixer  sur  un  socle;  la  dureté  du  métal  empêche  de  penser  qu'un 
travail  d'évidement  aussi  considérable  ait  pu  être  tenté;  il  faut  donc  supposer  que  ces  sta- 
tuettes ont  été  fondues  dans  un  moule  à  noyau. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCIIINAK  127 


Les  moules  employés  pour  couler  le  bronze  sont,  le  plus  souvent^  ensables,  ou  en  argiles 
exemptes  de  calcaire  et  de  fer,  mélangés  avec  du  poussier  de  charbon  ou  de  la  fécule  ou  du 
tannin.  Ils  sont  séchés  à  haute  température,  après  avoir  reçu  la  forme  convenable. 

Le  charbon  ou  les  matières  organiques  incorporées  ont  pour  but  de  créer,  par  leur  com- 
bustion, une  porosité  du  moule  qui  empêche  les  gaz  déplacés  parla  coulée,  ou  dégagés  par  le 
métal  fondu   en  se  solidifiant,  de  s'opposer  au  remplissage  de  tous  les  creux  du  moule. 

En  nettoyant  avec  soin  l'intérieur  de  la  statuette  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  il  a  été  retrouvé 
une  terre  imprégnée  de  bitume.  Je  crois  que  les  Elamites  se  servaient,  pour  leurs  moules, 
d'argiles  convenables,  bien  séchées  et  pétries  avec  du  bitume. 

Il  n'est  même  pas  impossible  que  les  statuettes  aient  été  exécutées  de  manière  analogue  au 
procédé  dit  à  la  cire  perdue  ;  je  veux  dire  que,  sur  un  noyau  en  argile  convenable,  l'artiste  pouvait 
couler  une  couche  de  bitume,  qu'il  sculptait  ensuite  pour  lui  donner  la  forme  extérieure  de  la 
statuette  à  obtenir;  sur  cette  couche  fusible,  il  appliquait  la  terre  de  moulage.  Il  suffisait  ensuite 
de  mettre  le  tout  au  four  pour  que  le  bitume  fonde,  soit  absorbé  par  la  substance  du  moule  ou 
évacué  par  des  canaux  spéciaux,  laissant  la  place  libre  au  métal.  Une  semblable  hypothèse  a 
besoin  d'être  vérifiée  par  des  faits.  Je  tenais  cependant  à  indiquer  le  rôle  possible  du  bitume' 
dans  l'industrie  du  fondeur  élamite. 

La  stèle  de  Koyoundjik,  conservée  au  Musée  Britannique,  nous  montre  des  soldats  d'Assour- 
banipal  emportant  des  statues  après  le  pillage  de  Suse. 

Images  des  rois  et  des  patésis,  elle  tiennent  levé  le  bâton  court  terminé  par  une  boule  de 
pierre,  insigne  du  pouvoir.  Il  n'a  pas  été  retrouvé  dans  nos  fouilles  de  statues  munies  de  cet 
attribut,  mais  la  série  des  masses  et  des  pommeaux,  dont  j'ai  donné  la  liste,  est  bien  complète 
depuis  la  sphère  inscrite  et  incrustée  jusqu'à  l'oursin  percé  et  poli. 

Les  Arabes  actuels  de  la  Chaldée  qui  voyagent  en  portant  le  bâton  au  manche  court,  dont 
l'un  des  bouts  se  garnit  au  moins  d'une  boule  de  bitume  compact,  perpétuent  une  bien  vieille 

tradition. 

Il  est  d'autres  pierres  travaillées,  dont  les  bas-reliefs  et  les  statues  ne  nous  donnent  pas  la 
représentation  ;  je  veux  parler  des  cylindres  et  des  sceaux  qui  se  portaient  suspendus,  proba- 
blement couverts  par  quelque  pli  du  vêtement.  Ils  étaient  très  en  usage  et  nous  en  avons  recueilli 
une  précieuse  collection.  Je  ne  parlerai  pas  des  caractères  spéciaux  de  la  glyptique  susienne,  ni 
des  léo-endes  ou  des  types  représentés.  Un  mémoire  spécial  est  consacré  à  cette  étude;  je  ferai 
remarquer  cependant  les  cachets  en  forme  d'animaux  et  les  timbres  de  bronze  qui  sont  encore,  je 
crois,  particuliers  aux  fouilles  de  Suse. 

I.  Le  bitume  a  de  nombreux  gisements  dans  l'Asie  antérieure;  je  citerai  seulement  ceux  de  Hit,  sur  lEuphrate, 
de  Kélatèh  au  Poucht-é-Kouh,  de  Top-é-Kazab  au  Louristan  ;  la  plupart  des  calcaires  du  crétacé  inférieur  du  Louristan 

sont  bitumineux. 

On  en  comprend  donc  l'emploi  courant  dans  l'Élam  et  en  Chaldée  ;  les  murailles  de  Babylone  sont  toutes  bâties  au 
mortier  de  bitume;  le  même  usage  apparaît,  mais  moins  général,  dans  les  constructions  de  Suse. 


,,8  OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


L'habileté  des  Élamites  à  travailler  la  pierre,  se  remarque  également  dans  les  perles 
obtenues  par  l'usure  et  la  taille  des  galets  de  la  Kerkha  ou  du  Chaour. 

La  dureté  du  jaspe,  de  la  cornaline  ou  du  quartz  n'ont  pas  rebuté  la  patience  de  l'ouvrier, 
qui  a  su  profiter  des  accidents  naturels  des  pierres  pour  combiner  une  ornementation,  donner  à 
une  cornaline  l'apparence  d'une  tète  de  buffle,  à  une  agate  celle  d'un  poisson. 

Ces  pierres  étaient,  sans  doute,  montées  en  collier,  ou  suspendues  comme  amulettes; 
quelques-unes  étaient  destinées  à  des  incrustations. 

Cet  emploi  nous  est  montré  par  cette  série  de  tablettes  de  calcaire  noir,  blanc  ou  d'albâtre, 
qui  sont,  sur  l'une  des  faces,  garnies  d'évidements  pour  recevoir  des  peries.  La  destination  de  ces 
objets  ne  nous  est  pas  connue;  la  régularité  de  leur  ornementation,  la  possibilité  de  faire  entrer 
au  centre  des  rondelles  incrustées,  ou  dans  les  trous  de  la  tablette,  de  petites  fiches  pointues, 
font  songer  à  un  jeu  analogue  au  Solitaire;  il  se  peut  aussi  que  ce  soient  des  appareils  à  compter, 
car  les  trous,  de  cinq  en  cinq,  sont  généralement  signalés  par  quelque  marque  spéciale. 

Malheureusement  ces  tablettes  sont  toutes  incomplètes  et  l'on  ne  peut  songer  à  faire  une 
hypothèse  sérieuse  dans  ces  conditions.  Il  est  seulement  certain  que  ce  ne  sont  pas  de  simples 
objets  d'ornementation. 

D'autres  fragments  de  tablettes  semblent  au  contraire  avoir  fait  partie  de  meubles  incrustés, 
et  la  grande  quantité  de  fragments  d'ivoire  et  de  plaquettes  de  diffé- 
rentes matières,  laisse  à  supposer  que  le  mobilier  des  Élamites  était 
très  analogue  à  celui  des  Assyriens,  que  nous  connaissons,  par  les  bas- 
reliefs,  comme  très  chargés  d'ornements  et  d'incrustations". 

Un  morceau  de  calcaire  bitumineux  (fig.   449),  d'ailleurs   trouvé 
dans  un  endroit  un  peu  différent,  est  figuré  ici  comme  paraissant  tra- 
vaillé en  vue  de  ce  genre  de  décoration. 
^'^-  449  L'ivoire  dont  se  servaient  les  Élamites  leur  venait  probablement  des 

Fragment  de  motif  décoratif  ,  .  i.  .1  ,     i         ,  n  ■  »  "    _4.   _  , 

à  incrustations,  calcaire  bi-     Indcs,  par  le  commerce,  bien  que  1  éléphant  ou  I  hippopotame  aient  pu 

lumineux  noir.  .  /-^r      i j, 

,  Vivre  en  Lhaldee. 

(1/2  grand,  nat.)  ,,    ,     ,.  1      o    i  -i  i. 

L'éléphant  est  figuré  sur  1  obélisque  de  balmanasur;  il  y  est  en 
compagnie  du  singe^  et  celui-ci  était  connu  à  Suse;  j'ai  décrit  un  petit  singe  de  lapis-lazuli, 
d'une  grande  adresse  d'exécution,  qui  devait  être  monté  primitivement  en  tète  d'épingle. 

Ces  animaux,  singe  et  éléphant,  et  ces  deux  matières,  lapis-lazuli'  et  ivoire,  étaient  proba- 
blement importés  en  même  temps,  par  les  mêmes  voies. 

1.  Ce  genre  de  décoration  parait  très  ancien  dans  la  contrée.  M.  Gautier,  dans  ses  fouilles  de  Tepé-Moussian,  a 
trouvé,  avec  des  vases  peints  préhistoriques,  des  ornements  de  bitume  incrusté. 

2.  Cet  animal  est  également  représenté  sur  un  des  bas-reliefs  de  Nimroud,  amené  par  un  tributaire  comme  présent 
à  Assournazirpal.  —  Perrot  et  Chipiez,  Histoire  de  l'Art,  tome  II,  p.  546. 

3.  Le  lapis-lazuli  est  signalé,  par  les  anciennes  traditions,  comme  exploité  au.x  environs  de  Kachan  et  entre  Yezd 
et  Ispahan. 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK  129 


Les  objets  d'ivoire  que  j'ai  décrits  sont  loin  d'être  travaillés  avec  art;  ce  sont  de  simples 
plaquettes,  parfois  décorées  de  traits  ou  de  cercles  gravés  au  compas.  L'usage  de  cet  instrument 
apparaît  comme  nécessaire,  en  particulier  dans  le  tracé  de  cet  ornement  que  j'ai  décrit  sous  le  nom  de 
torsade  élamite.  et,  bien  que  ce  ne  soit  pas  un  motif  exclusivement  susien,  il  revient  assez  souvent 
pouravoir  droitdecité  à  Suse.  Il  figure  sur  des  briques  émaillées,  des  étoffes  et  des  coupes  trouvées 
dans  les  fouilles  de  Ninive,  sur  des  tablettes  d'ivoire  récoltées  en  Syrie  et  sur  des  boucliers  cy- 
priotes. Son  origine  parait  cependant  chaldéenne,  à  cause  de  l'ancienneté  de  certaines  de  ses 
représentations  dans  ce  pays;  l'une  des  plus  intéressantes  doit  être  celle  qui  figure  sur  un 
fragment  de  bas-relief  en  pâte  bitumineuse,  trouvé  à.  Tello  et  reproduit  dans  l'ouvrage  de 
MM.  de  Sarzec  et  Heuzey'. 

L'ivoire  ne  servait  pas  uniquement  à  des  incrustations;  non  seulement  les  fouilles  anté- 
rieures ont  fourni  une  statuette  de  patési  en  ivoire,  mais  cette  trouvaille  nous  montre  une  main 
de  statuette  qui,  peut-être,  appartient  à  une  statue  polychrome. 

L'habitude  d'employer,  pour  une  figurine,  des  matériaux  de  différentes  natures  nous  est 
bien  prouvée  par  le  grand  nombre  de  pièces  incomplètes  fournies  par  cette  collection;  c'est  en 
particulier  le  cas  de  ces  têtes  d'animaux  dont  la  monture  a  disparu,  et  qui  présentent  de  nom- 
breuses traces  d'incrustations.  Leur  destination  nous  échappe.  L'incertitude  plane  également 
sur  l'usage  de  ces  petits  chars  a  roulettes  qui  supportaient,  l'un  un  lion  couché,  l'autre  un 
sanglier;  ces  sculptures  très  fines  sont-elles  des  jouets  d'enfant  ou  des  objets  votifs?  Faut-il  croire 
à  un  goût  prononcé  des  Élamites  pour  le  bibelot? 

Un  petit  oiseau  incomplet  se  rattache  à  la  même  catégorie.  L'aigrette  qu'indique  un  évide- 
ment  au  sommet  de  sa  tète,  fait  supposer  la  représentation  d'un  héron.  Les  oiseaux  représentés 
d'ordinaire  sont  des  oiseaux  de  proie,  aigle  ou  vautour,  la  perdrix,  la  colombe,  que  portent  en 
attribut  quelques-unes  de  nos  statuettes  de  bronze,  et  l'autruche.  Ce  dernier  animal,  aujourd'hui 
disparu  de  l'Arabie,  est  fréquemment  représenté  sur  des  bas-reliefs  ou  des  cylindres;  il  était 
encore  fréquent  au  temps  de  Xénophon  qui  le  signale  dans  l'Anabase. 

Les  Élamites  employaient  au  moins  la  coquille  des  oeufs  d'autruche';  nous  en  avons  recueilli 
de  nombreux  fragments,  dont  l'un  taillé  en  forme  d'écusson.  Ils  gardaient  aussi  des  cailloux  et 
des  coquilles';  ce  furent  là  les  modestes  offrandes  du  commun  du  peuple;  elles  se  mêlèrent 
aux  bijoux  d'or  et  aux  objets  d'art  dans  la  terre  ameublée  d'une  partie  des  fondations  plus 
spécialement  choisie  ;  les  unes  et  les  autres  échappant  aux  soldats  d'Assourbanipal,  comme  à  ceux 
d'Alexandre,  nous  donnent  aujourd'hui  un  important  jalon  de  l'histoire  de  l'art  chaldéen. 

Je  ne  puis  faire  ici  la  description  des  objets  isolés  que  nous  ont  fournis  les  travaux  faits  dans 

1.  Découvertes  en  Chaldée,  PI.  Y  bis. 

2.  Les  œufs  d'autruche  ont  été  décorés  par  les   Phéniciens.  Cf.  Perrot  et  Chipiez,  Histoire   de  l'Art,    tome  IIL 
page  836  et  passim. 

3.  Des  coquilles  ornées  de  dessins  au  trait,  provenant  de  Teilo,  sont  reproduites  dans  l'ouvrage  de  M.M.  de  Sarzec 
et  Heuzey.  [Découvertes  en  Chaldée,  PI.  46.) 

17 


no 


OFFRANDES  DE  FONDATION  DU  TEMPLE  DE  CHOUCHINAK 


les  environs  du  temple;  je  citerai  seulement,  comme  intéressante  au  point  de  vue  archéologique, 
la  découverte  de  nombreux  fragments  de  vases,  perles  et  ornements  en  pâte  de  verre,  très  altérés, 
d'ailleurs,  et  dont  la  facture  est  analogue  à  celle  des  anciens  vases  phéniciens.  Si  Ton  songe  que 
les  Égyptiens  pratiquaient  la  verrerie  aux  temps  de  la  IV^  dynastie',  on  ne  trouvera  pas  étonnant 
que  le  commerce  ait  apporté  des  produits  égyptiens  ou  phéniciens  dans  l'Élam  aux  environs  du 
X'  siècle.  Il  est  également  possible  que  le  verre  ait  été  fait  sur  place,  comme  était  préparé  l'émail. 
L'analyse  vérifiera  peut-être  l'une  de  ces  hypothèses.  En  tous  cas,  ce  verre  est  au  moins  contem- 
porain des  objets  de  la  découverte  précédente  et  de  celle  dont  je  vais  m'occuper  à  présent. 

I.  Représentation  du  tombeau  de  Beni-Hassan. 


Trouvaille   de   la   Statuette   d'or 


Par  R.    de  Mecquenem 


Cette  précieuse  collection  dont  fait  partie  la  statuette  d'or,  fut  trouvée  le  22  février  1904, 
dans  la  tranchée  n°  27,  au-dessous  du  dallage  dont  j'ai  eu  l'occasion  de  parler  au  début  de  ce 
mémoire. 

Relativement  à  la  précédente  trouvaille,  celle  qui  nous  occupe  gisait  à  un  niveau  très  peu 
supérieur  et  plus  rapprochée  d'une  vingtaine  de  mètres  de  l'axe  directeur  des  travaux. 

Les  objets  étaient  enterrés  à  o™,  50  au-dessous  du  sol  du  i"  niveau,  et  au-dessus  d'un 
dallage  formé  de  deux  lignes  de  trois  briques  chacune.  Ces  dalles,  à  peu  près  carrées,  de  o'",  32 
de  côté  et  de  o",05  d'épaisseur,  sont  recouvertes,  sur  la  face  supérieure,  d'un  émail  vert  très 

altéré. 

L'une  d'elles  avait  été  rejetée  au-dessus  des  autres,  et  quelques  objets  étaient  passés  à  sa 
place.  Autour  de  ces  dalles  et  au-dessous,  était  de  la  terre  pilée  ;  les  objets  étaient  réunis  dans  un 
espace  très  restreint  aux  environs  duquel  on  ne 
trouva  que  quelques  os  ayant  pu  appartenir  à 
un  mouton  ou  à  une  chèvre. 

Les  fouilles  du  niveau  supérieur  avaient 
rencontré  de  nombreux  débris  de  constructions  ; 
les  objets  se  trouvaient,  comme  je  l'ai  dit.  placés 
sur  des  dalles  qui  paraissent  avoir  été  disposées 
dans  ce  but,  et  au  niveau  probable  des  fonda- 
tions d'édifices  dont  le  dallage  supérieur  indique 
la  base. 

Les  objets,  dont  quelques-uns  sont  de 
grande  valeur,  sont  peu  nombreux  :  ce  sont  des 
statuettes  dont  les  attitudes  sont  celles  d'adora- 
teurs ou  de  personnages  apportant  des  offrandes, 
une  colombe,  symbole  d'Istar,  une  tète  de  tau- 
reau, symbole  de  Raman  ;  en  mettant  à  part  un  pommeau  de  calcaire  blanc  (fig.  450)  et  un 
collier  de  perles,  il  reste  une  baguette  de  pierre  courte,  légèrement  conique  et  à  la  tête  précieu- 


FiG.  450. 


Pommeau  en  calc.mre  blanc 
(2/3  grand,  nat.) 


,^2  TROUVAILLE  DE  LA  STATUETTE  D'OR 


sèment  ornée.  On  peut  la  comparer  à  ces  clous  si  fréquemment  rencontres  dans  les  substructions 
chaldéennes  et  qui  semblent  déposés  pour  écarter  les  mauvais  esprits. 

Ces  diverses  constatations  engagent  à  considérer  cette  trouvaille  comme  représentant  un 
trésor  de  fondation,  et  il  est  permis  de  supposer  que  les  os,  découverts  aux  environs  de  la  fouille, 
sont  les  restes  d'un  sacrifice  propitiatoire. 

Malgré  la  vraisemblance  de  cette  attribution,  j'ai  préféré,  dans  le  titre  du  catalogue  des 
objets  de  cette  trouvaille,  signaler  le  plus  précieux  et  le  plus  intéressant,  la  statuette  d'or. 

Cette  statuette  a  0^,063  de  hauteur;  elle  se  prolonge  par  une  queue  longue  de  o-\oo5,  et 
qui  sert  à  la  fixer  sur  le  socle  de  bronze,  fondu  sur  plan  carré  de  o'",o33  de  côté,  et  dont  la 
hauteur  est  environ  0", 01  5. 

Elle  est  en  électrum  d'une  belle  couleur  et  parfaitement  conservée,  travaillée  au  burin  et  au 

poinçon  après  la  fonte. 

Elle  représente  un  personnage  à  longue  barbe,  vêtu  d'une  robe  qui  laisse  voir  le  bout  des 
pieds  qui  semblent  chaussés.  Il  est  debout,  la  tète  peut-être  un  peu  baissée,  le  haut  du  corps 
tourné  légèrement  à  gauche,  et  avance  la  main  droite  les  doigts  réunis.  La  main  gauche  applique 
un  chevreau  contre  la  poitrine  (PI.  XXIV,  fig.  i  a.,  h,  c). 

La  tête  a  environ  o'",  01 5  de  hauteur,  soit  le  quart  de  la  hauteur  totale  du  corps.  Ce  manque 
de  proportion  a  permis  d'en  mieux  indiquer  les  détails;  mais,  en  général,  le  ciseleur  semble 
plutôt  avoir  cherché  à  décorer  qu'à  reproduire  un  modèle.  Le  type  de  la  physionomie  est 
pourtant  bien  net;  le  front  est  bombé,  les  sourcils  épais,  indiqués  par  de  petits  traits  qui  se 
rejoignent.  Les  yeux  sont  petits,  la  paupière  supérieure  importante.  Le  nez  est  droit,  saillant  et 
large  à  la  base;  les  pommettes  sont  fortes,  surtout  celle  de  gauche;  une  large  moustache 
dissimule  la  lèvre  supérieure.  La  lèvre  inférieure  est  large  et  épaisse;  une  barbiche  s'en  détache, 
limitée  inférieurement  par  deux  traits  se  coupant  à  angle  droit  sur  la  barbe.  Celle-ci,  figurée  par 
des  traits  ondulés,  descend  sur  la  poitrine;  elle  se  raccorde,  d'autre  part,  à  la  chevelure  par  des 
favoris  indiqués  par  de  petits  traits  courts  et  assez  profonds.  Les  cheveux  sont  figurés  par  des 
traits  dessinant  des  losanges  au-dessus  du  front,  des  carrés  sur  le  haut  de  la  tête  jusqu'à  la 

nuque. 

Un  diadème  strié,  ou  une  bande  d'étoffe  roulée,  sépare  ces  deux  parties  et  va  d'une  oreille 
à  l'autre;  celles-ci  sont  grandes,  très  inclinées  en  arrière,  ce  qui  veut  peut-être  les  représenter 

écartées  de  la  tête. 

Les  épaules  sont  larges;  le  haut  du  corps  semble  nu,  les  pointes  des  seins  sont  indiquées; 
cependant  la  poitrine  est  ornée  de  petites  étoiles  à  huit  branches  gravées  en  creux.  Peut-être 
est-ce  une  indication  de  tatouage. 

Les  bras,  les  mains  et  les  doigts  sont  nettement  indiqués.  Une  ceinture,  formée  d'une  étoffe 
enroulée  autour  de  la  taille,  maintient  une  jupe  décorée  en  creu.x,  sur  toute  son  étendue,  de 
petits  coups  de  poinçon  assez  irrégulièrement  disséminés.  Le  bas  de  la  robe  est  garni  d'une 
frange  soigneusement  exécutée. 


\c 


2ay 


2b 


STATUETTES  D'OR  ET  D'ARGENT.  BATONNET  DE   SCHISTE  A  TETE  DE   LION  EN   OR 

Dépots  de  fondation  du  temple  de  CKouchmak 
PL,  XX[V  (^r.nat.)  Hélio^.Dujardin. 


TROUVAILLE  DE  LA  SIATUETTE  DOR  133 

Le  chevreau  a  les  oreilles  et  les  cornes  importantes;  le  poil  est  figuré  par  de  petits  traits  fins, 
les  sabots  sont  indiqués. 

Le  socle,  très  rongé  d'oxyde,  est  en  fort  mauvais  état;  le  dessous  est  creux  et  l'on  peut 
apercevoir  le  fond  de  la  statuette. 

Bien  que  cette  dernière  ne  soit  pas  d'une  exécution  parfaite,  que  les  symétries  et  les  pro- 
portions ne  soient  pas  judicieusement  observées,  le  type  du  personnage  est  si  nettement  accusé, 
la  méthode  de  travail  si  facile  à  suivre,  qu'elle  semble  un  document  des  plus  précieux.  L'or,  après 
tant  de  siècles^  est  tel  qu'il  était  au  sortir  des  mains  de  l'ouvrier,  avec  les  petits  défauts  et  les 
marques  de  coups  d'outil.  L'inaltérabilité  de  ce  métal,  qui  est  une  des  causes  qui  le  font 
âprement  rechercher,  donne  une  grande  valeur  à  cette  statuette,  un  des  plus  importants  bijoux 
des  temps  antiques.  —  Poids  avec  le  socle,  185  gr. 

Une  statuette  d'argent  est  très  analogue  à  la  précédente;  elle  a  o",o6  de  hauteur  et  se 
prolonge  par  une  queue  longue  de  o"',o88,  qui  la  fixe  sur  un  socle  de  bronze  identique  à  celui 
de  la  précédente  et  en  un  aussi  mauvais  état  de  conservation. 

Elle  représente  un  personnage  debout  dont  le  type,  les  vêtements,  l'attitude  reproduisent 
ceux  de  la  statuette  d'or  avec  les  mêmes  détails  d'exécution  (PI.  XXIV,  fig.  2  a,  b,  c).  Ce- 
pendant, au  lieu  d'une  antilope,  cette  figurine  tient,  soutenu  sur  le  bras  gauche,  un  petit  animal 
couché  difTicile  à  reconnaître  à  cause  de  la  croûte  oxydée,  mais  qui  me  parait  être  un  chevreau. 
—  Poids  avec  le  socle,  118  gr. 

Neuf  statuettes  en  grès  cérame  recouvert  d'un  émail  vert  clair  très  altéré.  Leur  hauteur 
varie  entre  o",  065  et  o"\  085. 

Elles  représentent  toutes  un  personnage  debout  dont  le  corps,  à  partir  de  la  ceinture,  est  un 
cylindre  coupé  carrément  dans  le  bas  (PI.  XXII,  fig.  4,  5  et  6). 

Trois  de  ces  personnages  ont  la  main  gauche  à  plat  sur  la  ceinture,  la  main  droite  à  plat 
sur  la  poitrine;  les  six  autres  tiennent  de  la  main  gauche,  et  sur  la  poitrine,  une  colombe.  Leur 
main  droite  est  ou  tendue  en  avant,  ou  ramenée  près  de  la  main  gauche. 

Le  type  de  ces  personnages  varie  peu.  Le  visage,  ovale,  allongé,  est  imberbe,  les  joues 
sont  pleines,  les  pommettes  saillantes,  les  yeux  grands;  le  nez  est  recourbé  à  l'extrémité; 
la  bouche  est  petite,  la  lèvre  inférieure  épaisse,  le  menton  fort,  mais  sans  indication  de 
fossette.  Les  cheveux  sont  parfois  soigneusement  indiqués  et  paraissent  bouclés  sur  le  front  et 
la  nuque. 

Le  vêtement  se  compose  d'une  robe  serrée  à  la  taille  ;  sur  trois  des  statuettes,  on  distingue 
des  bandes  d'étoffe,  croisées  dans  le  dos,  qui  recouvrent  les  épaules  et  le  haut  des  bras.  Deux  de 
ces  figurines  sont,  à  peu  de  chose  près,  intactes;  les  autres  sont  en  plusieurs  fragments;  deux 
d'entre  elles  restent  incomplètes. 

Une  colombe  en  lapis-lazuli  (PI.  XXV,  fig.  i  et  2)  ;  sa  longueur,  de  la  poitrine  à  la  pointe 
de  l'aile,  est  de  o™,  08. 

Le  bec  et  la  queue  étaient  rapportés  et  montés  au  moyen  de  clous  de  bronze.  Le  bec  manque; 


134  TROUVAILLE  DE  LA  STATUETTE  DOR 


il  était  peut-être  en  lapis-lazuli  ;  il  a  été  retrouvé  deux  petits  fragments  de  cette  matière  qui 
pourraient  y  correspondre. 

La  tête  porte,  sur  la  section  antérieure,  un  évidement  pour  la  tige  de  monture  du  bec;  il  a 
o"",  009  de  profondeur. 

La  queue  est  en  lapis-lazuli  et  complète  en  plusieurs  fragments;  elle  a  o",025  de  longueur; 
ses  deux  faces  sont  travaillées  et  divisées  en  six  plumes  par  des  traits  en  creux.  La  tige  de  bronze, 
qui  la  rattachait  à  l'oiseau,  dépasse  le  corps  de  o",  01 1. 

Les  pattes  de  la  colombe  ne  sont  pas  figurées;  à  l'endroit  où  elles  auraient  dû  s'implanter 
est  incrustée  une  plaque  d'or  circulaire  de  o"",  017  de  diamètre. 

Les  ailes  sont  en  légère  saillie  sur  le  reste  du  corps;  les  plumes,  divisées  en  trois  rangées, 
sont  indiquées  par  des  traits  en  creux  symétriques  de  chaque  côté  d'un  sillon  qui  suit  le  milieu 
du  dos  ;  ils  viennent  s'y  rejoindre  deux  à  deux. 

Une  plaque  d'or  circulaire  de  o^.o^  de  diamètre  est  incrustée  au  premier  point  de  jonction 
avant  la  naissance  du  cou.  Celle-ci  est,  de  plus,  entourée  par  neuf  incrustations  de  clous  d'or, 
dont  la  tète  circulaire  a  0^,004  de  diamètre.  L'un  d'eux  manque,  son  logement  est  profond  de 

o"',oo5. 

Sur  le  haut  de  la  poitrine  sont  encore  deux  lignes  d'incrustations  analogues,  l'une  de  six 
clous  d'or,  l'autre  de  cinq,  dont  les  extrêmes  sont  de  petit  diamètre! 

Les  yeux  sont  garnis  de  clous  d'or  massifs,  de  o",  003  de  hauteur,  de  o",  0045  de  diamètre. 
Ils  pèsent  à  eux  deux  i  gr.  8.  La  prunelle  des  yeux  est  indiquée  par  une  légère  saillie  circulaire 
au  centre  de  leur  tête. 

Une  pendeloque  en  lapis-lazuli  a  la  forme  d'une  tête  de  taureau.  —  Longueur  de  la  tête, 

G", 017. 

L'exécution  de  ce  bijou  est  très  soignée  (PI.  XIII,  fig.  12).  La  bouche,  les  naseaux,  les  yeux 
sont  bien  indiqués.  Les  oreilles,  allongées  en  arrière,  sont  ornées  dé  traits  en  rameaux.  Les 
cornes  étaient  sans  doute  rapportées  et  manquent.  Deux  zigzags,  en  légère  saillie,  descendent  de 
la  naissance  de  l'oreille  au-dessous  de  la  gorge.  Peut-être  faut-il  y  voir  une  représentation 
de  la  foudre,  attribut  de  Raman,  le  dieu  des  orages. 

Cette  pendeloque  se  suspendait  au  moyen  d'une  béliôre,  formée  d'une  bande  d'or  courbée, 
et  dont  les  bouts  sont  repliés  sur  eux-mêmes,  du  côté  extérieur,  de  manière  à  dessiner  deux  cordons 
en  bordures.  Elle  est  soudée  par  son  plat  sur  une  tige  d'or  mince  dont  l'autre  extrémité  est  fendue 
en  deux  fils.  Cette  tige  est  entrée  dans  la  tête,  par  la  section  du  cou,  et  ressort  sous  la  gorge  ;  les 
deux  fils  sont  alors  rabattus  d'un  côté  et  de  l'autre,  et  retiennent  l'anneau. 

Une  tête  de  lion,  en  or  repoussé  et  ciselé,  est  montée  sur  une  baguette  de  calcaire  gris  bitu- 
mineux, polie  avec  soin  et  légèrement  conique. 

Longueur  totale,  o",  155.  —  Longueur  de  l'ornement  d'or,  o'",033.  —  Longueur  de  la  tête 
du  lion,  o"\022. 

Ce  bijou  est  d'une  exécution  très  soignée  (PI.  XXIV,  fig.  a.  b,  c).  Le  dessin  des  yeux,  du 


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,j6  TROUVAILLE  DE  LA  STATUETTE  D'OR 

Le  relief  des  épaules,  les  pattes  et  les  griffes  sont  très  heureusement  rendus. 

Deux  trous  traversent  l'épaisseur  de  la  tablette  aux  deux  extrémités  du  corps  de  l'animal.  — 
Épaisseur,  o'^.ooy  environ. 

La  face  postérieure  et  le  dessous  des  pattes  sont  des  plans  parfaitement  polis.  On  dirait  ce 
travail  fait  à  la  scie,  mais  l'emploi  d'un  tel  instrument  est  peu  probable,  et  c'est  plutôt  avec  des 
poudres  de  roches  dures,  de  cristal  de  roche,  par  exemple,  que  l'ouvrier  élamite  a  patiemment 
travaillé. 

Ce  bas-relief  dénote  une  main  d'artiste,  familière  avec  la  représentation  du  lion  et  les 
procédés  de  l'intaille. 

On  le  voit,  il  s'agit  ici  d'un  réel  trésor  renfermant  des  objets  de  grande  valeur. 

En  suivant  l'hypothèse  faite  au  début  de  cette  description,  on  pourrait  peut-être  recon- 
naître, dans  les  statuettes  de  métal  précieux,  la  représentation,  plus  ou  moins  exacte,  du  roi 
fondateur  du  temple.  Il  serait  figuré  apportant  les  victimes  du  sacrifice  offert  à  la  divinité  que 
l'on  devait,  plus  tard,  honorer  dans  la  future  construction. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  les  prêtres,  avec  leurs  visages  imberbes,  leurs  cheveux  flot- 
tants, leurs  attitudes  d'offrande  ou  de  prière,  pourraient  être  désignés  par  les  figurines  de  grès 

émaillé. 

En  tous  cas,  on  ne  peut  méconnaître  le  caractère  religieux  et  votif  des  différentes  représen- 
tations. La  colombe,  en  particulier,  l'oiseau  de  Vénus,  d'Astarté,  d'Istar,  y  revient  fréquemment 
et  nous  montre  combien  la  grande  déesse,  qui  devait  occuper  une  si  large  place  dans  la  mytho- 
logie gréco-romaine,  était  honorée  à  Suse.  II  est  intéressant  encore  de  noter  que  nous  retrouvons 
les  symboles  des  divinités  chaldéennes,  maintenant  bien  connus  par  les  koudourrous  des  rois 
cosséens,  comme  le  taureau  de  Raman,  le  serpent  de  Sirou,  le  soleil  de  Samas. 

Nous  pouvons,  dès  maintenant,  grâce  à  ces  diverses  trouvailles,  vérifier  les  inscriptions 
votives  des  briques  et  des  stèles,  et  mieux  nous  imaginer  la  décoration  intérieure  des  temples. 
Les  incrustations  précieuses,  les  bijoux  et  les  bibelots,  les  applications  de  feuilles  d'argent  et 
d'or,  couvertes  d'ornements  ou  de  caractères  cunéiformes,  les  bas-reliefs  et  les  statues  poly- 
chromes, devaient  faire  des  sanctuaires  élamites  la  grande  réserve  des  richesses  du  pays. 

Malheureusement  toutes  les  constructions  de  Suse  ont  été  si  profondément  bouleversées 
qu'il  est  encore  téméraire  d'essayer  des  restitutions.  La  position  des  objets  recueillis  dans  le 
cours  ordinaire  des  fouilles  ne  permet  même^  généralement,  aucune  déduction. 

Les  objets,  dont  je  viens  de  parler,  constituent  donc,  semblc-t-il,  une  trouvaille  jusqu'à 
présent  exceptionnelle.  Nous  connaissons  peut-être  la  raison  qui  les  a  fait  enfouir  et  la  date  ap- 
proximative de  ce  dépôt. 

Leurs  contrées  d'origine,  l'histoire  de  leur  fabrication  sont  plus  incertaines.  Sans  entrer  dans 
cette  voie,  qui  s'ouvre  à  bien  des  hypothèses,  je  n'ai  prétendu  qu'à  décrire  les  premiers  bijoux 
élamites. 


KOUDOURROUS 


Par  J.  de  MORGAN 


En  1900,  je  publiais  dans  le  tome  I  (page  165)  des  Mémoires  de  la  Délégation  (Recherches 
archéologiques,  i'^  série),  une  première  étude  sur  les  Koudourrous  récemment  découverts  dans 
le  tell  de  Suse.  Depuis  cette  époque,  nos  fouilles  ont  mis  au  jour  un  certain  nombre  de  docu- 
ments de  même  nature  qu'il  importe  de  faire  connaître.  Cette  notice  n'est  donc  que  la  continuation 
de  mon  premier  article. 

LISTE    DES    KOUDOURROUS    CONNUS    JUSQU'A    CE    JOUR 


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II 
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IX 

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NOMS    DES    ROIS 


Mardouk  nadin  akhè 

Nabouchoumichkoun 

Mardouk-ahê-irba 

Rois  kassites  (autres) 

—  (Pierre   de  Za'aleh) 

Adad  sum  iddin,  etc 

Marduk  apal  iddin 

Sargon  

(  Fragment) 

Nazi-Maraddach  M.  C.) 

Melisikhu(M.  C.) 

(Texte  usé)  (M.  C.) 

(Fragment 

.Fragment) 

(Fragment) 

(Fragment).    

(Fragment) 

(Fragment) 


PROVENANCES    ET    .MUSÉES 


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Chaldée(?)  —  Paris,  Cabinet  des  .Médailles  (dit  ((  Caillou 

Michaux  »). 
Dans  le  commerce  en  1898.  Publ.  par  V.  Scheil. 
Musée  de  Philadelphie. 
N"  105  du  Musée  britannique  (Londres). 
N»  106  —  — 

N" 99  —  — 

N°  100  —  — 

N°  loi  —  — 

N°  102  —  — 

N"  104  —  — 

—     du  Musée  de  Berlin. 


Suse.  —  Musée  du  Louvre. 


18 


.38 


KOUDOURROUS 


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NOMS    DES    ROIS 

DATES 

(Fragmentl 

Tous   les   koudourrous   se 

logent  entre  1300  et  700 
environ. 

XII 
XIII 

Melisikhu  (F'ragment) 

(  Frasrment) 

XIV 

Mardouk-abal-iddin 

XV 

(Fragment) 

XVI 

Mardouk-abal-iddin 

XVII 

XVIII 

Mardouk-abal-iddin 

(Fragment) . .  .  ■ 

XIX 

(Fragment) 

XX 

(Entier  mais  sans  texte) 

1 

PROVENAN'CES    ET    V.LSEES 


Suse.  —  Musée  du  Louvre. 


Les  Koudourrous  découverts  de  1900  à  1904  ont  été  trouvés  épars  dans  les  ruines  de 
Suse.  Je  n'ai  donc  rien  à  dire  sur  la  position  qu'ils  occupaient  dans  les  monuments  susiens.  Ils 
étaient,  toutefois,  en  plus  grand  nombre  au  voisinage  d'une  colonne  de  briques  portant  le  nom 
du  roi  Choutrouk  Nakhounte,  à  l'extrémité  occidentale  de  la  tranchée  désignée  sur  les  plans  sous  le 
n°  25.  Là,  il  se  trouvait  un  amoncellement  de  briques  et  de  pierres,  des  dalles  d'albâtre,  un 
lion  de  marbre  blanc  et  une  foule  d'objets  indiquant  que  ce  site  avait  été  celui  d'un  édifice 
important,  d'un  temple  élevé  à  l'une  des  divinités  susiennes.  Ce  sanctuaire  était  celui  du  grand 
dieu  Susinak. 

Les  objets  et  les  textes  rencontrés  dans  cette  partie  du  tell  appartiennent  à  tous  les  âges, 
depuis  l'époque  des  Patésis  jusqu'à  celle  des  Choutroukides.  De  cet  ensemble,  il  est  permis  de 
conclure  que  les  Susiens  conservaient  dans  leurs  temples  les  vestiges  du  passé,  les  monuments 
pris  dans  leurs  expéditions  militaires,  parmi  lesquels  se  trouvaient  les  Koudourrous,  documents 
étrangers  à  l'Élam,  n'ayant  trait  qu'aux  pays  chaldéens. 

En  rapportant,  des  bords  du  Tigre  et  de  l'Euphrate,  les  pièces  officielles  les  plus  impor- 
tantes, Choutrouk  ISlakhounte  poursuivait  sûrement  un  but  politique.  Après  avoir,  par  les 
armes,  imposé  sa  domination  en  Chaldée,  il  voulait  perpétuer  l'autorité  de  Suse  en  y  réunissant 
tous  les  titres  de  propriété  et  tous  les  documents  juridiques  que  ses  nouveaux  sujets  étalent 
obligés  de  consulter  pour  régler  leurs  propres  affaires.  C'est  ainsi  que  nous  avons  retrouvé 
l'étalon  des  lois  d'Hammourabi,  l'obélisque  de  Manichtousou,  que  nous  rencontrons  un 
grand  nombre  de  Koudourrous.  Assourbanipal  nous  apprend  que  toutes  les  richesses  de  la 
Chaldée  s'étaient  entassées  dans  la  ville  de  Suse.  Il  ne  parle  pas  des  trésors  littéraires,  histo- 
riques et  juridiques  dont  sa  cupidité  ne  lui  permettait  pas  d'apprécier  la  valeur. 

Tous  ces  documents  si  précieux,  il  lésa  fait  briser,  et  en  a  laissé  les  débris  dans  les  ruines 
de  la  cité,  se  contentant  d'emporter  àNinive  l'or,  l'argent  et  tout  ce  qu'il  put  en  matières  pré- 
sentant une  valeur  intrinsèque. 

Il  est  fréquent  de  rencontrer  des  textes  martelés  et  effacés  avec  soin  ;  le  fait  n'est  pas  rare 
dans  les  Koudourrous;  certains  passages  des  \ois  d' Ha?nmourabi  ont  disparu.   Nous  devons,  à 


KOUDOURROUS 


139 


mon  sens,  voir  dans  ce  fait  la  destruction  systématique  de  documents  de  nature  à  gêner  la  poli- 
tique et  les  intérêts  élamites,  à  froisser  leur  amour-propre  ou  ù  rappeler  des  événements  nui- 
sibles au  prestige  des  rois  de  Suse. 

Les  Koudourrous  sont  des  documents  d'importance,  ils  ont  tous  trait  à  de  vastes  domaines. 
Les  temples  et  les  gran- 
des familles  en  étaient 
les  bénéficiaires.  On 
juge  par  là  de  l'intérêt 
qu'avaient  les  rois  d'E- 
lam  à  détenir  les  titres 
de  propriété  et  à  les 
altérer  dans  certains  cas, 
ou  même  à  les  faire  dis- 
paraître. 

Les  textes  des  Kou- 
dourrous nouvellement 
découverts  sont  de  même 
nature  que  ceux  que 
nous  connaissions  déjà. 
Ils  diffèrent  quant  aux 
détails,  mais  appartien- 
nent à  la  même  série  de 
documents  juridiques  et 
ont  été  émis  par  le  gou- 
vernement cosséen.  La 
traduction  en  a  été  don- 
née par  le  P.  V.  Scheil 
(cf.  tome  VI  des  Mé- 
moires, p.  3  I  à  47). 


KOUDOURROU 
N"  XIII 

Cette  charte,  écrite 
sur  un  bloc  de  calcaire 
bitumineux  gris-foncé, 
a  été  brisée  à  la   base; 


FiG.  4ÏI.  —  Figurations  et  e.mblè.«es  du  koudourrou  n"  xiii 


140 


KOUDOURROUS 


son  texte,  gravé  sur  deux  faces^  avait  été  soigneusement  martelé,  de  sorte  que  nous  ne  pouvons 
savoir  sous  quel  roi  elle  avait  été  rédigée.  Les  figurations  divines,  qui  toutes  ont  élé  respectées, 
sont  d'une  exécution  très  grossière.  On  y  voit  :  (fig.451). 
1°  La  lune,  emblème  du  dieu  Siu  ; 
2°  L'étoile  dVàfar; 
3°  Le  soleil  de  Samas  ; 

4°  et  5"  Deux  maisons  surmontées  d'une  coifTure.  Ces  maisons  sont  toujours  couplées  sur 
les  Koudourrous; 

6°  Une  maison  surmontée  d'une  tortue  (?)  ; 

7°  La  déesse  Gula  assise,  les  mains  levées,  et  accompagnée  d'un  chien  (n°  10); 
8"  La  lampe  du  dieu  Nusku  ; 

9°  Le  scorpion  a  été  martelé,  on  n'en  voit  plus  que  la  trace  ; 

1 1°  Un  oiseau  qui  peut-être  repose  sur  une  colonne  (n°  17)  échancrée  à  son  sommet  ; 
12°  LIne  masse  (?)  à  tête  de  lion,  fréquente  sur  les  Koudourrous,  mais  dont  nous  n'avons 
pas  encore  retrouvé  l'attribution  ; 

13°  Une  masse  (?)  à  tète  d'oiseau  de  proie,  emblème  du  dieu  Zamàmà; 
14"  La  foudre  du  dieu  Adad  ou  Rammàn  ; 
15"  Le  serpent  de  Tsiru; 

Et  enfin,  n"  16,  la  tcle  de 
lance  du  dieu  Marduk. 

Sur  les  dix-sept  figures  de  ce 
monument,  nous  pouvons  recon- 
naître sûrement  les  attributions 
de  huit,  deux  ne  sont  peut-être 
que  des  annexes  d'autres  repré- 
sentations (n"'7et  10,  n°'  1 1  et  17). 


KOUDOURROU  N"  XIV 

Nous  ne  possédons  malheu- 
reusement qu'un  fragment  de  cette 
charte  qui  ne  porte  aucune  trace 
de    martelage.    Son    texte    nous 
FiG.  452.  -  Fmgurations  du  KOUDOURROU  N°  XIV  apprend  qu'elle  appartient  au  roi 

Marduk-bal-iddin  {XW  siècle)  elle  était  sculptée  sur  un  bloc  de  calcaire  blanc,  très  dur,  dont 
une  moitié  seule  nous  reste. 

Les  divinités  citées  dans  le  texte  sont  les  suivantes: 


KOUDOURROUS  '4i 


1.  Sam  as. 

2.  Nannarri. 

3.  Asfian. 

4.  Marduk. 

5 .  Gula. 

6.  Nin-è-gal. 

7.  Su-qa-mu-na. 

8.  Su-ma-li-ya. 

Il  est  fort  regrettable  que  cette  pièce  soit  brisée,  car  les  figurations  s'y  trouvaient  accom- 
pagnées du  nom  de  la  divinité  les  concernant  (fig.  452). 

N"  I.    La  déesse  Gw/a  assise,  accompagnée  du  chien  (n'^  2),  en  face  d'elle  se  lit  son  nom  ; 

N°   3 .    Un  oiseau  tourné  à  gauche  ; 

N"  4.   Le  scorpion. 

5°  Un  personnage  vêtu  d'une  longue  robe,  ornée  de  franges,  se  tenant  debout  devant  la 
déesse.  Cette  représentation,  dont  nous  ne  possédons  que  la  moitié,  n'est  peut-être  pas  une 
fio-uration  d'attributs  divins.  Je  pense  que  nous  n'y  devons  voir  qu'une  scène  d'adoration  de  la 
déesse   Giiia. 


KOUDOURROU  N°  XV 

Sculpté  sur  un  bloc  de  calcaire  jaunâtre,  ce  document  est  très  dégradé,    son  texte  a  dis- 
paru, il  n'en  reste  plus  que  des  fins  de  ligne  sans  intérêt.   L'étoile  d'/.s/ar  avait    été  martelée 

(fig-  453)- 

Les  représentations  qui  nous  restent  sont  les  suivantes  : 

N°   I .  Istar,  l'étoile  (martelée)  ; 

N°  2.  Sin,  la  lune  •. 

N°  3.  Samah,  le  soleil  ; 

N""  4  et  5.  Divinité  inconnue,  les  deux  maisons  surmontées  chacune  d'une  coiffure  , 

N°  6.  Ea,  l'antilope  à  corps  de  poisson,  surmonté  d'un  carré  dont  je  ne  puis  expliquer  la 

signification  ; 

IN°  7.   Divinité  inconnue,  une   maison  que  surmonte  un    objet    sphérique  orné   de   deux 

cornes  (?); 

N°  8.  Divinité  inconnue,  animal  fantastique    portant   une  maison  surmontée  elle-même 
d'un  rectangle,  dans  lequel  sont  inscrits  deux  clous  horizontaux  ; 


142 


KOUDOURROUS 


N"  9.  Divinité  inconnue,  animal  fantastique,  peut  être  un  crocodile,  surmonté  d'une  maison 
que  recouvre  un  tronc  de  cône; 


Fiti.  453.  —  Emblèmes  du  koudouukou  n"  xv 

N"  10.     Marduk,  extrémité  de  la  tête  de  lance  de  ce  dieu  ; 

N"   II.    Siru,  le  serpent,  qui  semble  avoir  entouré  l'ensemble  des  figurations. 


KOUDOURROU  N"  XVI 


Ce  Koudourrou  est  un  fort  beau  monument  en  calcaire  noir  (PI,  XXVI);  ses  figurations  et 
son  texte  sont  complets,  il  est  au  nom  du  roi  cosséen  Marduk-apal-iddin.  Son  texte  ne  renferme 
pas  moins  de  quarante-cinq  noms  de  divinités,  ce  sont  : 


KUDURRU  DE   L'EPOQUE  DE  MARDUK  APAL  IDDIN   (Suite) 


PL  XXVI 


Hcihû*  Duiardin 


KOUDOURROUS 

•43 

I . 

Anu-wn. 

i6. 

Nin-ip. 

31- 

Su-bu-la 

2. 

En-lil  (ou  Bel). 

17- 

Nin-kar-ra-ak. 

32. 

Lu  gai  gir-ra. 

3- 

Ea. 

i8. 

Za-mal-mal. 

33- 

Sit-lam-ia-é  (ou  Ud-du-a). 

4- 

Nin-har-sag. 

19. 

Ba-u. 

34- 

Lugal  gis-a-tu  gab  lié. 

S- 

En-zu  (ou  Sin). 

20. 

Da-mu. 

3v 

Ma-me-tum. 

6. 

Nin-Gal. 

21 . 

Geètin-nam. 

36. 

LU. 

7- 

Samaè. 

22. 

lÈtar. 

37- 

Nin-bat. 

8. 

A-a. 

23. 

Na-na-a. 

38. 

Dar. 

9- 

Bu-nè-nè. 

24. 

A-nu-ni-tum. 

39- 

Kadi. 

lO. 

At-gi-mah. 

25- 

Adad. 

40. 

Nusku. 

1 1 . 

In-èù. 

26. 

Sa-la. 

41. 

Sa-dar-nun-na. 

12. 

èa-gi-na. 

27. 

Mi-èar-ru. 

42. 

ip. 

13- 

Sa-si. 

28. 

Ner-uru-gal. 

43- 

Nin-ê-gal. 

M- 

Marduk. 

29. 

La-az. 

44. 

èu-qa-mu-na. 

15- 

Zar-pa-ni-tum. 

30. 

I-sum. 

45- 

Su-ma-li-ya. 

Quant  aux  emblèmes  figurés,  on  n'en  compte  que  dix-huit.  Ce  sont  : 
N°  I.  La  lune,  emblème  de  Sin; 


FiG.  454.  —  Emblèmes  du  koudourrou  n°  xvi 

N°  2.   L'étoile  d75/ar  ; 
N°  3.  Le  soleil  du  dieu  Samaè  ; 

N°'  4  et  5.  Deux  maisons  surmontées  de  coiffures  coniques  (dans  le  Koudourrou  n°  15,  entre 
autres,  les  coiffures  de  cette  figuration  sont  des  troncs  de  cône,  au  lieu  d'être  des  cônes  complets); 


t44 


KOUDOURROUS 


N"  6.  Maison  surmontée  d'une  massue  en  forme  de  tète  de  bélier,  ce  signe  est  joint  au  n'  7 
représentant  un  antilope  à  corps  de  poisson.  L'ensemble  des  n°''  6  et  7  figure  Ea  ; 

N°  8.   Le  scorpion; 

N"  9.  Un  chien  qui,  peut-être,  est  celui  accompagnant  le  plus  souvent  Gula,  peut-être  aussi 
doit  être  pris  pour  l'emblème  de  Mardiik  (fig.  ^  54); 

N°   10.  Massue  à  tète  de  lion; 

N-*  II.  Massue  à  tète  d'oiseau  accollée  à  la  maison  n°  12  à  laquelle  est  joint  un  animal 
fantastique,  figurant  peut-être  un  lézard,  dont  la  tête  est  ornée  de  trois  longs  appendices. 
Les  n°'  II,  12  et  13  semblent  répondre  à  la  même  divinité  représentée  sous  trois  fonctions 
dififérentes  ; 

N°   14.   La  lampe  allumée  du  dieu  A'^zi^rA'u  ; 

N°   15.   Masse  (?)  terminée  par  une  sphère  supportée  par  deux  tètes  de  lions; 

N"   16.   Le  taureau  de  i?ammâ»  surmonté  de  la  foudre  de  ce  dieu; 

N°  17.  La  tète  de  lance  de  Marduk,  qui  peut  être  considérée  aussi  comme  une  massue 
terminée  par  un  cône; 

N°   18.   Oiseau; 

N°   19.  Oiseau  perché  sur  une  colonne  portant  une  échancrure  au  sommet  (fig.  455). 

Le  nombre  des  emblèmes  est  beaucoup  moins  grand  que  celui  des  divinités  dont  le  texte 


Fig.  455.  —  Emblèmes  du  koudourrou  n°  xvi 


nous  fournit  les  noms.   Parmi  ces  dix-huit   figures,   huit  seulement  peuvent  être  aujourd'hui 
identifiées.  Il  en  reste  dix  qu'il  y  aurait  lieu  de  chercher  dans  les  trente-sept  noms  de  la  liste 

du  texte. 

Ce  Koudourrou  est  l'un  des  plus  beaux  connus;  il  présente,  en  plus,  le  grand  intérêt  de  nous 
donner  une  liste  très  importante  des  divinités  chaldéennes  au  temps  des  rois  cosséens. 


KOUDOURROUS 


145 


KOUDOURROU  N»  XVII 

Ce  fragment  de  calcaire  noir  ne  porte  plus  aucun  emblème  figuré.  La  partie  du  texte  qui 
nous  a  été  conservée,  donne  le  nom  du  roi  Marduk-abal-iddin  et  celui  de  quatre  divinités, 
savoir  : 

1.  Nisaba  ou  ASnati. 

2 .  Gula. 

3.  Nin-è-Gal. 
^ .   Is-ha-ra. 

KOUDOURROU  N»  XVIII 


Il  ne  nous  reste  de  cette  charte  qu'un  fragment  ;  l'inscription  très  usée  ne  fournit  pas  le  nom 
du  roi.  On  n'y  trouve  qu'un  seul  nom  divin,  celui  de  Is-ha-ra;  pour  les  autres,  nous  n'avons  que 
des  qualificatifs  ne  pouvant  être  d'aucun  usage  tant  que  les  emblèmes  de  tous  les  dieux  ne  nous 
seront  pas  connus. 

Le  bas-relief,  très  grossier  et  d'ailleurs  mal  conservé,  montre  (fig.  456)  : 

N°  I .   Lion  (?)  couché  ; 

N°  2 .   Massue  à  tète  de  lion  (?)  ; 

N°  3.    Oiseau  ; 

N°  4.  Colonne  qui,  proba- 
blement, supportait  un  oiseau  ; 

N°  5 .  Quadrupède  couché 
supportant  une  masse  circulaire; 

N"  6.  Quadrupède  couché, 
surmonté  d'un  tronc  de  cône  posé 
sur  sa  petite  base  ; 

N°  7.  Quadrupède  (bélier?) 
couché; 

N"  8.   Charrue; 

N°  9.    Forme  indécise  ; 

N°  10.  Maison  surmontée  de 
trois  massues  surmontées  par  des 
boules  ; 

N°  II.   Oiseau  ; 

N°   12.    Scorpion; 

N'^  1 3  .   Serpent  de  Siru  ; 


Emblèmes  du  koudourrou  n"  xviii 


'9 


146 


KOUDOURROUS 


KOUDOURROU  N°  XIX 


Nous. ne  possédons  plus  de  cette  pièce  qu'un  sixième  environ  ;  il  porte  une  partie  du  texte  et 

quelques  emblèmes  sculptés  dans  un  calcaire  noir  très 
dur.  Le  texte  cite  les  dieux  : 

Zamahnal  (ou  Zaïnama). 
Suqamuna. 
-M    I      i  i  "1  -1        1    I  1   M  q .    Sumalia. 


Nin-ê-gal. 


FiG.  457.  —  Emblèmes  du  koudourrou   n" 


Adad  ou  Rammân. 

La  partie  de  l'inscription  qui  renfermait  les  noms 
des  autres  dieux  est  brisée. 

Les  figurations  sont  : 

N°^  I  et  2.  Deux  maisons  qui,  peut-être,  étaient 
surmontées  de  coiffures  ; 

N°  3  .  Animal  indéfinissable,  parce  qu'il  n'est  pas 
complet,  surmonté  d'une  maison  supportant  elle-même 
une  tête  de  lance.  Près  de  ce  groupe  de  figures  est  écrit 
le  nom  de  Marduk. 

^  t:H  y  r  ^!- 

Au  bas  du  fragment,  près  d'une  image  entière- 
ment   brisée,   se   lit  le  nom   d'Adad  ou  Rammân. 


KOUDOURROU  N°  XX 


Ce  monument  (PI.  XXVII  et  XXVIII),  sculpté  dans  un  bloc  de  calcaire  blanc  jaunâtre  très 
fin  et  très  dur,  est  l'un  des  plus  beaux  que  nous  connaissions  de  cette  époque,  car,  sans  aucun 
doute,  il  est  contemporain  de  la  souveraineté  cosséenne.  Son  état  de  conservation  est  parfait  ; 
malheureusement  il  est  resté  inachevé.  Ses  faces,  préparées  pour  recevoir  un  texte,  sontvierges 
de  toute  inscription. 

L'ensemble  figure  un  fort,  ou  une  ville,  qu'entoure  une  muraille  crénelée  flanquée  de  quatre 
tours.  Le  mur  et  les  tours  se  terminent  en  encorbellement;  trois  créneaux  ornent  chacune  des 
tours;  quatre  créneaux  entiers  et  deux  demi  couronnent  les  murs  des  petites  faces,  tandis  que  les 


KOUDOURROU    INACHEVÉ    Ne  XX 
d'époque  Kassile    (Hauteur  o">5'i'  ) 


PL. XXVII 


KOUDOURROUS 


147 


grandes  murailles  en  portent  chacune  six  et  deux  moitiés  accollées  aux  tours.  C'est  dans  les  faces 
réservées  pour  les  murailles  que  devait  se  trouver  le  texte. 

Les  figurations,  nombreuses  et  plus  soignées  que  dans  les  autres  koudourrous,  montrent 
que  cette  pierre  était  destinée  à  recevoir  un  document  sortant  de  l'ordinaire.  Toutefois  la  compo- 
sition et  l'exécution  de  tous  ces  bas-reliefs  sont,  sans  aucun  doute,  dues  à  des  artistes  d'époque 
cosséenne;  on  retrouve  les  mêmes  fautes  de  dessin  que  dans  les  véritables  koudourrous,  la 
même  interprétation  de  la  nature  et  les  emblèmes  divins  auxquels  nous  sommes  accoutumés. 

Les  bas-reliefs  se  divisent  en  trois  parties;  au  sommet  du  monument  sont  les  emblèmes  des 
dieux,  au-dessous  une  procession  de  sacrificateurs,  et  enfin,  à  la  base,  quelques  représentations 
d'attributs  divins. 

Au  sommet  se  trouvait  un  bœuf  couché,   celui   de  Rammân,   qui   malheureusement  est 


>  l-SiultW^ 


FiG.  458.  —  Figurations  emblématiques  du  koudourrou  n"  xx 


aujourd'hui  brisé.  Autour  de  ce  bœuf  s'enroule  le  serpent  de  SiVu  dont  la  tête  pend  (fig.  458, 
n"  5)  au  milieu  du  bas-relief  placé  en  dessous;  puis  on  trouve  : 

N"'  I  et  2.   Deux  maisons  surmontées  chacune  d'une  coiffure; 

N°'  3  et  4.    Fournissent  les  emblèmes  de  Samas,  Sin  et  lèiar; 

N"  6.   Massue  terminée  par  une  tête  de  griffon  ; 


148 


KOUDOURROUS 


N"  7 .   Griffon  ailé  ; 

N"  8.   Massue  terminée  par  une  tête  de  serpent  (?)  ou  de  lézard  (?); 

N"  9.   Oiseau; 

N°   10.   Massue  (?)  terminée  par  une  tète  de  lion  (?)  ; 

N"  1 1 .   Autre  griffon  ailé  ; 

N°   12.    Maison  supportant  une  figure  humaine  drapée  dans  un  large  manteau; 

N°   13.    Animal  fantastique  supportant  une  maison  surmontée  d'un  empilement  de  sept 
objets  rectangulaires  (fig.  458); 

N°   14.   Tête  de  lance  du  dieu  Marduk  posée  sur  une  maison  reposant  elle-même  sur  un 
animal  fantastique; 

N"   I  5 .    Maison  supportant  un  objet  singulier  enroulé  à  ses  deux  extrémités; 

N"  16.  Tête  de  bé- 
lier à'Ea  surmontant 
une  maison  posée  sur 
une  antilope  munie  d'un 
corps   de    poisson    (fig. 

459);^ 

N°  17.  Lampe  allu- 
mée de  ISuzku; 

iV  18.  Scorpion  (?) 

ailé   et    muni    de    deux 

pattes  ;  figure  détériorée. 

N°  19.   Oiseau  (la  forme  générale  est  celle 

d'une  perdrix)  ; 

N"  20.   Tête  d'un  serpent  ornant  le  bas  du 
koudourrou  (fig.  460). 


P'iG.    459.    FkJUKATIONS    EMBLÈ.MATIQl'ES    DU     KOUDOURROU    N"    XX 


Fui.  460 
Figurations  emblématiques  du  koudourrou  n°  xx 


Les  n"'  17  à  20  sont  gravés  au  bas  de  la 
stèle. 

Au-dessous  du  registre  supérieur,  de  celui 
renfermant  la  majeure  partie  des  attributs  di- 
vers, court  une  frise  portant  une  représentation 
complètement  inédite.  C'est  ime  suite  de  mu- 
siciens conduisant  des  animaux  enchaînés. 

En  A  est  un  large  vase  posé  à  terre  et  ren- 
fermant une  triple  fleur. 

En  B  est  une  femme,  marchant  à  droite, 
la  tète  tournée  à  gauche;  elle  porte  une  longue 
jupe,  l'arc  et  le  carquois,  et  joue  du  tambourin. 


KOUDOURROU    INACHEVE    N?XX 
d'époque  KassiLe    (Hauteur  o'y.'i'+  ) 


PL  XXVIII 


Hchoô.  Duiardin 


KOUDOURROUS 


149 


En  D  est  un  personnage  jouant  de  la  mandoline,  portant  l'arc  et  le  carquois,  et  conduisant 
un  lion  enchaîné  (C). 

Le  personnage  F,  semblable  au  précédent,  conduit  une  antilope  (E)  (fig.  461). 

Tous  les  personnages  (H,  J,L,  N,P)  sont  semblables;  ils  portent  l'arc,  le  carquois,  le  couteau 


Fig.  461. 


Frise  du  koudourrou   n"  xx 


de  sacrifice,  et  jouent  de  l'instrument  analogue  à  la  guitare  qu'emploient  encore  aujourd  hui  les 
Persans.  Ils  conduisent  un  bouquetin,  unbœuf(?),  un  lion,  un  léopard  et  une  autruche',  tous 
animaux  communs  dans  le  pays  à  cette  époque  (fig.  462). 


Fig.  462.  —  Frise  du  koudourrou  n°  xx 

Cette  frise  est  fort  curieuse  ;  non  seulement  elle  donne  les  détails  du  costume  des  prêtres, 
mais  fournit  aussi  d'utiles  renseignements  sur  les  rites  religieux  à  l'époque  cosséenne.  Sa  pré- 
sence sur  un  koudourrou  restera  malheureusement  inexpliquée  car,  ne  possédant  pas  le  texte  de 
ce  monument,  nous  ne  pouvons  en  expliquer  les  détails. 

En  terminant  cette  note,  je  donnerai,  comme  je  l'ai  fait  dans  mon  premier  travail  sur  les 
koudourrous,  la  liste  des  noms  divins  cités  dans  les  textes  et  celle  des  attributs  figurés,  en  indiquant 
quels  sont  les  documents  fournis  par  chacun  des  monuments. 

On  remarquera  que  la  liste  des  noms  divins  s'est  accrue  d'une  façon  très  notable,  grâce 
surtout  au  koudourrou  n°  XVI.  Je  pense  que  beaucoup  de  ces  noms  ne  sont  que  des  qualificatifs 

I.  Nous  savons  par  .^mmien  .Marcellin  que  l'autruche  vivait  au  début  de  notre  ère  dans  le  désert  voisin  de 
l'Euphrate. 


KOUDOURROUS 


de  dieux  déjà  connus  et  que  le  jour  viendra  où,  à  la  suite  de  nouvelles  découvertes,  il  sera  possible 
de  former  des  groupes  se  rapportant  chacun  à  une  divinité  spéciale. 

Il  en  sera  certainement  de  môme  pour  les  emblèmes.  Ne  voyons-nous  pas,  dès  maintenant, 
Ea  figuré  par  l'antilope  à  corps  de  poisson  et  par  la  massue  à  tête  de  bélier;  Rammân,  indiqué 
par  le  bœuf  et  par  la  foudre;  Siru,  le  serpent,  n'est  que  l'arme  du  dieu  Kadi,  etc..  ..  Nous 
devons  donc  nous  attendre  à  bien  des  simplifications  et  à  un  classement  que  seule  notre  ignorance 
de  la  mythologie  rend  impossible  aujourd'hui. 

Dans  le  tableau  qui  suit,  je  désigne  par  -f-  les  divinités  citées  dans  les  textes,  par  O  celles 
dont  nous  possédons  seulement  les  emblèmes  figurés  sur  les  monuments,  et  enfin  par  ®  les  dieux 
figurés  et  cités  dans  le  texte  d'un  mcmc  monument. 


DIVINITÉS    REPRÉSENTÉES    OU    NOMMÉES    SUR    LES    KOUDOURROUS 


I 

2 

3 

4 
5 
6 

7 
8 

9 

10 

II 

12 

13 
14 
'5 
i6 

17 
18 

19 
20 
21 
22 

23 
24 

25 
;6 
27 
28 
29 
30 
31 
32 
33 

34 
35 


DIVINITES 


Mardouk. 
Goula  . . . 
Samas. .  . 

Sin 

Istar 

Ea 


Zamânâ 

Souqamouna 

Nûuzkou 

Sirou  (arme  de  KA-Dl).  .  . 

Anou • 

Bel 

Soulpaouddou • .  . . . 

Ichkhara 

Arourou 

Rammân , 

Gibil  (arme  de  Nouzkou). ., 

Choumalia 

LOUGAL-UR-UR 

LOUGAL-UR 

SIT-LAM-TA-UD-DU-A. 
Sala  (Epouse  de  Rammân) 

MAH  iBeltu) 

Mi  -  Sir 

Nin-AT 


REPRESENTATIONS 


Massue  terminée  par  un  cône 

Femme  assise  les  mains  levées 

l.e  soleil 

l,a  lune 

Etoile 

Antilope  à  corps  de  poisson,  maison  et 

massue  à  tête  de  bélier.    

Massue  à  tète  pomtue   


KOUDOURROUS  N"' 


Lampe  allumée. 

Serpent 

Dieu  du  ciel.  . .  . 
Dieu  de  la  terre. 


Ninip 

Bûunênè  (f.  de  Samas  et  Aya) 

Nin  HAR-SAG 

Nabou 


Toud  r 


Scorpion 

Maison  carrée 

Maison  surmontée  d'un  cône 

Massue  à  trois  tètes,   quelquefois  pla- 
cée au-dessus  d'un  sphinx  ailé 

Faucon  (?)  perché 

Massue  à  tète  de  lion 


® 
© 


+ 
+ 
+ 
+ 
+ 

8 

+ 
+ 
+ 

+ 
+ 
+ 
+ 

+ 

+ 
+ 
+ 
O 
O 
O 

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o 
o 
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o 
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> 

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y. 

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X 

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+ 

+ 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

o 


+ 


o 

o 
o 
o 

o 
o 


o 
o 


DIVINITÉS    REPRÉSENTÉES   OU   NOMMÉES    SUR   UÎ^I^UDOURROUS^ 


DIVINITES 


KOUDOURROUS   N 


KEPRÉSENTATIONS 


36 

37 

3« 

39 


40 


41 
42 

43 
44 
45 

46 

47 

48 
49 

50 
51 

52 
53 
54 
55 
56 
57 
58 

59 
60 
61 

62 


63 

64 

65 
66 

67 
68 


Mardouk |  Chien  ou  chacal. 

Lièvre?. . 


Nannar-ri.. 
As-na-an  . . . 
Nin-é-gal.  . . 
Su-ma-li-ya. 


Aa 

At-gi-mah. 

In-sis 

Sa-gi-na. . 
Sa-si 


Personnage  à  tête  de  lionne  tenant  de 
la  main  droite  un  poignard  levé  . . . 

Monstre  à  cornes  droites  surmonté 
d'une  maison  carrée  supportant  un 

clou 

Personnage  marchant  les  mains  levées 
en   avant,    accompagné   d'un   chien 

couché 

iMaison  carrée  surmontée  d'un  clou. . . 
.Maison    carrée    surmontée     d'un    poi- 
gnard (?)  et  d'un  collier  (?) 

Sphinx  ailé  . .  .  ••    • 

Faucon  (?)  à  droite,  la  tête  à  gauche  . . 
Maison  carrée  supportant  un  buste  de 

femme,  chien  couché 

Oiseau  perché  sur  une  charrue |    O 

Maison    carrée    à    deux    portes    sur 
montée  d'une  coquille  (Pecten?).  .  ■ 

Oiseau  marchant  à  droite •  ■ 

Monstre  (crocodile?)   surmonté  d'une 

maison  carrée 

Autel  surmonte  d'un  cône 

Monstre   à   cornes    droites,  surmonté 

d'un  carré  (plan  de  maison?) 

Charrue  (?)  ou  fourche  de  bois 

Monstre  (mal  conservé) 

Siège  surmonté  d'une  fleur 

Siège  surmonte  d'un  collier 

Maison  surmontée  d'une  tortue  (?).  •  ■ 


Maison    surmontée  d'un   objet   sphé 
riquc  orné  de  deux  cornes 

Animal  fantastique,  surmonté  d'une 
maison  supportant  un  carré  orné  de 
deux  clous 

Crocodile  surmonté  d'une  maison  sup 
portant  un  tronc  de  cône 


D1\'INITÉS    REPRÉSENTÉES    OU    NOMMÉES    SUR    LES    KOUDOURROUS 


153 


69 

70 
7' 
72 
73 
74 
75 
76 
77 
78 
79 
80 
81 
82 

83 

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88 
89 
90 

91 
92 

93 
94 
95 
96 

97 


98 


DIVINITES 


Zai"-pa-ni-tum  .  .  .  . 
Adad  (ou  Rammân) 

Nin-kar-ra-ak 

Za-mal-mal 

Ba-u 


REPRÉSENTATIONS 


KOUDOURROUS.  N" 


Da-mu 

Gestin-nam . 
Na-na-a  .... 
Anu-ni-tum  . 
Ner-uru-gal. 

La-az 

I-s 


su  m 


Su-bu-la 

Lu-gal-gir-ra 

Lu-gal-gis-a-tu  gab-lis. 

Mâ-me-tum. 

Lil... 


Nin-bat. 
Dar  . .  .  . 


Kadi 

Sa-dai-nuu-na  , 

Ip 


Massue  à  tète  d'oiseau 

.Massue,  sphère  et  deux  têtes  de  lions. 

Lion  couché 

A\aison  portant  trois  massues 

Massue  à  tète  de  griffon 

Griffon  ailé 

.Maison  supportant  un    buste    humain 

drapé 

Maison  supportant    un   objet    enroulé 

aux   deux  extrémités 


+ 
+ 
+ 
+ 
+ 
+ 
+ 


+ 
+ 
+ 
+ 
+ 
+ 

+ 
+ 
+ 
+ 
+ 

o 
o 


+ 


o 
o 


o 
o 

o 

o 


20 


Offrande  à  Apollon  Dîdyméen 

Par  B.   Haussoullier 


Grande  fut  ma  surprise,  plus  grande  encore  ma  satisfaction,  quand  au  mois  de  janvier  1902, 
je  reçus  de  M.  de  Morgan,  qui  dirigeait  alors  les  fouilles  de  Suse,  une  excellente  copie  d'une 
inscription  grecque  archaïque,  tout  récemment  découverte  dans  la  ville  royale.  J'étais  moi-même 
occupé  à  réunir  les  résultats  des  fouilles  que  j'avais  dirigées  en  Asie  mineure,  sur  l'emplacement 
du  temple  d'Apollon  Didyméen.  et  le  lecteur  apprendra  bientôt  quel  intérêt  particulier  présentait 
pour  l'historien  de  ce  sanctuaire  la  trouvaille  de  Suse.  M.  de  Morgan  ne  s'est  pas  borné  à  me 
communiquer  le  beau  texte  reproduit  à  la  Planche  XXIX.  il  m'a  chargé  de  le  publier  :  qu'il 
reçoive  ici  mes  très  vifs  remerciements. 

L'inscription  est  gravée  sur  un  osselet  en  bronze  massif,  qui  a  été  découvert  en  fé- 
vrier 1901,  dans  une  des  tranchées  de  l'Acropole.  Tout  auprès  fut  trouvé  un  lion  de  bronze, 
reproduit  au  Tome  'VIII.  Planche  IX. 

L'inscription  grecque  gravée  sur  le  plat  de  l'osselet  est  complète  à  quelques  lettres  près. 
Elle  doit  suffire  à  nous  renseigner  sur  la  provenance  grecque  du  monument,  sur  sa  destination 
primitive,  sur  sa  forme,  enfin  sur  sa  date.  Et  quand  nous  saurons  d'où  il  provient,  nous  appren- 
drons du  même  coup  pourquoi  il  a  été  retrouvé  à  Suse,  à  quelle  occasion  et  par  qui  il  y  a  été 
transporté  ' . 


* 


La  Planche  XXIX  est  si  bien  venue,  l'héliogravure  si  nette  que  j'ai  jugé  inutile  de  joindre  à 
cet  article  une  copie  de  l'inscription  en  caractères  épigraphiques.  Or  il  suffit  de  se  reporter  à  la 
planche  pour  reconnaître  aussitôt  une  inscription  de  l'Ionie.  Non  seulement  la  présence  de  lettres 
longues,  de  l'êta  et  surtout  de  l'oméga  largement  ouvert,  mais  encore  la  forme  du  sigma  à 
quatre  branches  et  du  rho,  tout  trahit  à  première  vue  l'origine  ionienne  du  graveur,  autant  dire 
du  monument  lui-même.   La  lecture  du  texte   confirme  et  précise   ces  premières  indications. 

I.    J'ai   présenté   l'osselet   à  l'Acçdémie   des    Inscriptions  et    Belles-Lettres   dans  sa    séance  du   9  mars    1902. 
Voy.  Comptes  renJus.  1902,  p.  97. 


,56  OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN 


La  rédaction  de  la  dédicace  et,  au  commencemeHt  de  la  ligne  4,  le  nom  du  dieu  à  qui  l'offrande 
est  faite  nous  permettent  d'affirmer  que  l'osselet  de  Suse  a  été  dédié  au  grand  dieu  des  Milésiens, 
Apollon  Didyméen  et  —  nous  Talions  voir  —  qu'il  a  été  réellement  déposé  dans  le  Didymeion, 
conformément  aux  pieuses  intentions  des  donateurs.  L'inscription  de  l'osselet  prend  donc  place 
dans  la  série  déjà  nombreuse  des  dédicaces  didyméennes  archaïques^  et  le  rapprochement  s'im- 
pose avec  les  textes  que  nous  citerons  bientôt. 

Mais  la  trouvaille  de  Suse  n'enrichit  pas  seulement  une  série  épigraphique  :  elle  présente 
en  elle-même  un  véritable  intérêt  historique,  en  confirmant  un  précieux  témoignage  d'Hérodote 
que  tous  les  savants  et  particulièrement  tous  les  historiens  de  l'art  grec  n'avaient  pas  accepté 
tout  entier. 

On  sait  quelle  place  tient  dans  le  récit  d'Hérodote  la  révolte  de  l'Ionie".  La  défaite  des 
Ioniens  et  surtout  la  chute  de  Milet  avaient  eu  dans  tout  le  monde  grec  un  retentissement  consi- 
dérable :  l'écho  en  durait  encore  et,  à  Milet  de  même  qu'à  Didymes,  les  traces  du  châtiment 
subsistaient  quand  l'historien  des  guerres  médiques  parvint  à  l'âge  d'homme.  Il  y  a  donc  lieu  de 
croire  qu'il  s'était  renseigné  à  de  bonnes  sources.  Or,  entraîné  par  l'explication  d'un  oracle  de 
Delphes  qui  prédisait  le  pillage  de  Milet,  l'asservissement  des  Milésiennes  et  la  perte  du  temple 
de  Didymes  %  Hérodote  a  soin  de  rappeler  qu'après  la  prise  de  la  ville  par  Darius,  c'est-à-dire 
en  494,  tous  ces  malheurs  s'abattirent  sur  les  Milésiens.  «  Pour  le  sanctuaire  de  Didymes,  dit-il, 
temple  et  oracle  furent  incendiés  après  avoir  été  pillés  »,  et  il  ajoute  :  «  Ceux  des  Milésiens  qui 
furent  pris  vivants  furent  emmenés  à  Suse'.  » 

Les  captifs  firent  route  avec  le  butin  du  temple.  Hérodote  nous  fournirait  en  un  autre  livre 
la  liste  des  offrandes  les  plus  précieuses  :  celles  qui  avaient  été  faites  par  Crésus^  Bornons-nous 
à  citer  deux  bronzes  d'inégale  importance  qui  prirent  certainement  le  chemin  de  Suse  :  l'osselet, 
aujourd'hui  retrouvé,  et  une  statue  célèbre,  aujourd'hui  perdue,  mais  dont  nous  savons  l'histoire, 
l'Apollon  de  Kanachos.  Le  dieu  resta  deux  siècles  en  captivité  et  vers  294  Séleucus  I"  le  rendit 
aux  Milésiens  qui  le  replacèrent  dans  le  nouveau  Didymeion'. 

Le  témoignage  d'Hérodote  est  donc  confirmé  par  la  trouvaille  de  Suse  :  c'est  Darius  qui  a 
pillé  le  temple  de  Didymes  et  l'a  incendié,  c'est  à  Suse  que  captifs  et  offrandes  ont  été  transportés. 
Il  faut,  sans  hésiter,  rejeter  l'assertion  contraire  de  Pausanias  qui  attribue  à  Xerxès  l'incendie  du 

I-  V,  35-55  ;  97  suiv.;  VI,  1-32. 

2.  VI,  19- 

3.  Ibid.   'Ipôv   81  -ô  sv  AioVo'-s'.,  ô  -'r^k  ~t  y.7.\  'J>  yprjircYÎpiov,  ffuXirieévxa  èveTrt|jnrpaTO 'EvxeùBev  o\  Çto^pTlflâvcEç  xtbv  MdT)ï(tov 

■{JYOVTO  Es  lojT-/. 

Hérodote  n  emploie  deux  mots  pour  désigner  le  sanctuaire  de  Didymes  (vr,ô;  et  xpinx/iptov)  que  parce  qu'il  tient  à 
rappeler  le  terme  même  de  l'oracle  :  vt,oO  5'  -i.iit-.ipou  AioVotî.  • .  Il  ajoute  /^pT,jx-/,piov,  sachant  bien  que  ce  temple  était  un 
temple-oracle,  \iix-n/,\o'i .  C'est  de  ce  dernier  mot  seul  qu'il  s'est  servi  plus  haut,  I,  157. 

4.  Il  dit  lui-même,  VI,  19  :  t^v  0"  èv  aw  '.pC>  xojtijj  yptiiiaxtov  -r.olliy.:^  ['■•'ii^'',-/  ÉTépwO'.  xoô  Xo-f^'-"  èTToiT,(jinT,v.  Cf.  I,  92  ;  50-51. 

5.  Voy.  Pausanias,  VIII,  46,  3  ;  I,  16,  )  et  Strabon,  XIV,  634;  XVII,  814.  Cf.  B.  Haussoullier,  Études  sur  l'histoire 
de  Milet  et  du  Didymeion,  p.  43- 


PL  XXIX 


OFFRANDE   A  APOL:  '^YMEEN 

découverte  à  Suse    Hauteur.  o?23- ..-:.l]'.'-u!-    o'P37- Laryci 


■-■iioS.Dujardin. 


OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN  '>? 


Didymeion  et  l'envoi  à  Ecbatane  de  la  statue  de  Kanachos'.  1!  faut  surtout  se  garder  de  vouloir, 
comme  on  l'a  fait,  concilier  ces  deux  textes  en  admettant  deux  incendies  et  deux  pillages^  : 
Darius,  à  Didymes,  avait  tout  pillé,  tout  détruit'. 


Voici  comment  il  faut  lire  et,  à  notre  avis,  restituer  l'inscription  de  l'osselet  : 

TâÔE  TàyàXixaTa 

[à]Tzq  Xeio  'Ap tcjxcJX ox[o? 

[xal]   Opâacov  à^Btaoïv  T[â)- 

irôXXcovc  â£xàr/]v   £)(à[XK£ue 

8'  aÛTà  Tuiylfi^  à  KuSt[xàvô[po. 

Avant  de  revenir,  ligne  par  ligne,  sur  ces  lectures  et  restitutions,  il  importe  de  dire  quelques 

mots  de  la  gravure  même. 

L'inscription  a  été  gravée  au  marteau  avec  un  ciseau.  La  gravure  des  lettres  rondes  (thêta, 
omicron,  rho,  oméga)  présentait  seule  quelque  difficulté.  Pour  toutes  les  autres,  qui  se  composent 
d'une  ou  de  plusieurs  barres  que  le  graveur  pouvait  faire  d'un  seul  coup  de  ciseau,  la  tâche  était 
plus  aisée.  Défait,  ces  dernières  lettres  sont  très  nettement  incisées,  avec  beaucoup  de  sûreté  ; 
s'il  arrive  parfois,  notamment  dans  l'epsilon,  dans  le  pi  (ligne  4),  que  le  ciseau  ne  porte  pas  e.xac- 
tement  à  l'endroit  voulu  et  que  certains  traits  dépassent,  —  sien  deux  endroits  au  moins  (ligne  2 
premier  lambda;  ligne  5  entre  l'alpha  final  d'aùxi  et  le  tau  de  Toivlr^ç)  il  y  a  des  faux  traits,  ce  sont 
là  des  taches  inévitables  dans  une  page  d'écriture  aussi  laborieuse  que  celle-ci.  Les  lettres  rondes 
exigeaient  un  plus  grand  effort,  une  plus  longue  patience  et  si  j'insiste  sur  ce  point,  c'est  que  la 
seute  difficulté  de  lecture  est  due  à  une  lettre  où  je  crois  reconnaître  un  omicron.  Le  graveur  pro- 
cédait à  petit  coups  frappés  sur  l'angle  du  ciseau.  Il  a  tracé  ainsi  les  thêta  et  les  omicron  des 
lignes  4  et  5^  Nous  laissons  de  côté  les  rho  et  les  oméga,  qui  ne  sont  qu'à  moitié  des  lettres 
rondes  :  le  rho  comprend  en  effet  une  ligne  droite  qui  est  la  corde  de  l'arc  et  l'oméga  est  si 
largement  ouvert  qu'il  repose  presque  sur  deux  traits  verticaux.  Les  omicron  de  la  ligne  2,  les 
premiers  qu'ait  rencontrés  le  graveur,  sont  d'un  dessin  particulièrement  remarquable.   Dans  le 

1.  Voy.  les  textes  de  Pausanias  cités  plus  haut. 

2.  O.  MuELLER,  Kunstblatt,  1821,  n°  i6,  p.  6i  suiv.  ;  Kleine  Schriften,  II,  p.  357  suiv.  ;  Kunstarchœologische  Werke, 

L  p.  36  suiv.  " 

3    Tel  est  l'avis  de  Soldan,   Zeitschrift  fur  Altertumswissenschaft,    1841,  n' 69,  p.  569  suiv.  ;  de  M.  Collignon, 

Histoire  de  h  sculpture  grecque,  I,  p.  3  u  ;  de  R.  Kekule  von  Stradon.tz,  Sitzungsberichte  derAkademie  der  Wissenschaften 

zu  Berlin,  1904,  p.  788;  de  U.  von  Wilamowitz-Moellendorff,  Sitzungsberichte. . .  Berlin,  1904,  p.  638, 

4.  Cf.  les  omicron  et  le  phi  de  l'inscription  n"   1342   d'Épidaure,   également  gravée   sur   bronze   [Inscriptiones 

graecae,  W). 


1^8  OFFRANDE  ATAPOLLON  DIDYMÉEN 

mot  Xeto  et  surtout  dans  le  nom  propre  qui  suit  :  'Aptato...  l'omicron  se  décompose  en  quelque 
sorte  en  deux  moitiés  :  la  moitié  supérieure,  formée  de  deux  traits  obliques  se  rencontrant  comme 
à  la  partie  supérieure  d'un  alpha  ;  la  moitié  inférieure  arrondie  et  gravée  à  petits  coups.  Pour  la 
moitié  supérieure,  le  graveur  a  économisé  sa  peine  et  gagné  du  temps  en  réduisant  le  nombre 
des  coups  à  donner,  si  bien  que  son  omicron  est  comme  coiffé  d'un  chapeau  pointu.  Bien  mieux, 
dans  l'omicron  d''\pia-zo...,  il  a  cherché  à  corriger  cette  forme  insolite  et  n'a  réussi  qu'à  la  com- 
pliquer, en  ajoutant  un  trait  qui  réunit  les  deux  barres  obliques  de  la  partie  supérieure,  si  bien 
que  la  moitié  supérieure  donne  l'illusion  d'un  alpha  :  la  lettre  est  sûrement  un  omicron.  Il  nous 
fallait  insister  sur  ces  détails  pour  justifier  la  restitution  du  commencement  de  la  ligne  2. 

La  lecture  de  la  ligne  i  ne  présente  aucune  difficulté.  Les  deux  dernières  lettres  d'àyâXfjLaTa 
ne  se  distinguent  pas  sur  la  planche;  elles  sont  effacées,  mais  visibles  sur  le  bronze. 

Ligne  2.  De  l'alpha  qui  précède  le  pi,  il  ne  reste  qu'un  fragment  de  jambage.  La  lettre  qui 
suit  le  pi,  est  la  seule  embarrassante  de  l'inscription  tout  entière.  Le  bronze  est  usé  en  cet 
endroit  et  les  faux  traits  n'y  sont  pas  rares.  Au  premier  aspect  on  croit  distinguer  un  epsilon 
dont  deux  des  barres  parallèles  semblent  facilement  reconnaissables,  mais  un  examen  plus 
attentif  condamne  ces  apparences.  Il  n'y  a  pas  moins  de  six  epsilon  dans  le  reste  de  l'inscrip- 
tion :  tous  sont  aussi  nets  que  celui-là  le  serait  peu;  non  seulement  la  partie  inférieure  est 
arrondie,  mais  encore  les  traits  parallèles  sont  sensiblement  plus  longs  que  les  autres.  Faisant 
la  part  des  faux  traits  et  tenant  surtout  compte  de  l'arrondissement  de  la  partie  inférieure,  je 
reconnais  dans  cette  lettre  un  omicron  et  je  lis  :  àr.o  Xzio,   non  :   ôlt:'  èXeîo  (ou  à-ru"  'EXeéo)  '. 

Du  chi  d'  'AptcjTcjXo/joç]  il  ne  reste  que  la  partie  supérieure.  Peut-être  la  ligne  2  doit-elle 
être  prolongée  jusqu'au  commencement  de  la  ligne  i.  Je  distingue  en  effet  avant  le  mot  xâSe 
des  traits  qui  peuvent  être  des  restes  de  lettres,  mais  cela  est  peu  probable.  Si  le  nom  d'un 
des  donateurs,  Aristolochos,  était  suivi  du  nom  de  son  père  (ô  ©piacovo;,  par  exemple)  ou  de 
son  ethnique,  on  comprendrait  difficilement  qu'il  n'en  allât  pas  de  môme  pour  le  nom  du 
second,  Thrason.  Il  vaut  donc  mieux  s'en  tenir  à  la  restitution  proposée  :  'ApiatoXoyJo^  |  xai] 
Bpâacov. 

Lignes  3-4.  J'ai  restitué  T[cô!-n:ôXXcovL.  Il  y  aurait  également  place  pour  T^wi  |  'AIttôXXcovc. 
L'un  et  l'autre  se  rencontrent  dans  les  inscriptions  archaïques  de  Didymes'.  J'ai  simplement 
choisi  la  forme  la  plus  brève,  en  admettant  une  crase  dont  la  ligne  i  nous  fournit  un  autre 
exemple  :  -:âYâX(j.aTa,  et  qui  est  conforme  à  l'usage  ionien. 

L.  (.  De  l'alpha  que  j'ai  restitué  après  le  chi,  il  ne  reste  que  la  partie  supérieure  qui 
semblerait,  au  premier  aspect,  convenir  également  à  un  nu.  mais  il  n'y  a  pas  d'autre  rëstitiition 
possible  qu'un  verbe  formé  avec  le  radical  yakx.  S'il  fallait  construire  èEnivqv  iy_  v....  non  seulement 

1.  J'indique  àît'  'El-J.o  en  ayant  à  l'esprit  Thucydide,  \'I1I,  26,  1,  où  tous  les  manuscrits  à  l'exception  de  B  donnent 
KXsov . 

2.  On  les  trouvera  réunies  dans  Roeiil,  Ittscriptiones  graecae  antiquissimae ,  n°'  48^-490,  et  dans  Robert»,  Inlioduc- 
lion  to  grcek  Epigraphy.  p.  161-164. 


OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN  ng 


on  ne  comprendrait  pas  l'emploi  de  la  forme  aspirée  £•/  qui  est  contraire  à  l'usage  ionien,  mais 
encore  il  resterait  difficilement  de  la  place  pour  le  verbe  éuoki.  Mieux  vaut  terminer  la  {Dremière 
phrase  à  ôsxâTrjv  et  commencer  la  seconde,  c'est-à-dire  la  signature  du  fondeur,  à  éxà[l'/.eva. 

L.  5.  Peut-être  faut-il  admettre  une  faute  du  graveur,  la  première  et  la  seule,  dans  la 
signature.  Après  aù-zà  et  très  près  de  l'alpha,  on  distingue  une  barre  verticale  très  nette  :  peut-être 
le  graveur  voulait-il  en  faire  la  haste  du  tau  suivant  :  la  barre  droite  qui  suit  celle-ci  eût  été 
destinée  à  un  iota  et  nous  obtiendrions  ainsi  :  aùxà  (T)(i)fftKX-7îç.  Mais  la  première  barre  a  été 
inutilisée  et  nous  devons  lire  :  Toixlriç. 

Le  point  que  l'on  distingue  au  milieu  de  l'omicron  dans  l'article  ô  n'est  certainement  pas 
dû  au  graveur:  tous  les  autres  omicron  sont  sans  point. 

On  ne  distingue  plus  que  la  partie  supérieure  de  l'alpha,  du  nu  et  du  delta  de  Kuôi[xàvô[po. 


*  * 


L'explication  et  la  traduction  de  l'inscription  ne  présentent  qu'une  difficulté.  Dans  la  traduc- 
tion qui  suit,  nous  réservons  un  mot  d'interprétation  douteuse  : 

«Les  offrandes,  [produit  de  lai  dime  prélevée  sur.  .  .,  ont  été  consacrées  à  Apollon  par 
Aristolochos  et  Thrason.  Elles  ont  été  fondues  par  Tsikiès,  fils  de  Kydimandros.  » 

Les  deux  donateurs  sont,  à  n'en  pas  douter,  desMilésiens,  puisqu'aucun  ethnique  n'est  joint 
à  leur  nom.  Il  est  aussi  vraisemblable  qu'un  lien  de  parenté  les  unissait  l'un  à  l'autre  :  ou  le  père 
et  le  fils,  ou  deux  frères  s'étaient  associés  pour  faire  l'offrande  en  commun.  Leurs  noms  nous  sont 
inconnus  d'ailleurs  ;  notons  seulement  que  le  nom  de  Thrason  s'est  déjà  rencontre  dans  une 
inscription  milésienne  dont  la  rédaction  primitive  remonte  certainement  au  VL  siècle  avant  notre 
ère  :  Thrason,  fils  d'Antiléon,  de  la  tribu  des  Boréens'. 

A  quelle  occasion  l'offrande  a-t-elle  été  consacrée?  Deux  réponses  peuvent  être  faites  à  cette 
question  selon  le  sens  attribué  aumotXeîo  (=X£iou).  La  dîme  a  été  prélevée  soit  sur  la  moisson, 
soit  sur  le  butin. 

Le  mot  Xeïov  ne  nous  est  connu  que  par  les  lexicographes.  Hésychius  le  traduit  par  àl-zoç 
(blé)  et  Photius,  qui  n'en  cite  que  le  pluriel,  par  àpoûpat(champs)\  La  forme  Xrjïov,  qui  convien- 
drait mieux  à  une  inscription  ionienne,  est  au  contraire  bien  connue  par  les  auteurs  :  on  la 
retrouve  dans  Homère,  Hésiode,  Hérodote'. 

Les  mots  grecs  qui  désignent  le  butin  sont  Xsia,  dont  la  forme  ionienne  est  X-/]t7),    et  Xrjïa 

1.  Sitztingsberickte.  ..  Berlin,  igo4,  p.  -i,  ligne  ■). 

2.  Hésychius  :  Aetov  6  sTtOs  ']  ôjjiaXov.  —  Photius  :  Aeia-  T)  h  tioXéuio  lotsiÀE'.cc  xa;  XeTa-  àooùpai. 

3.  Bornons-nous  à  citer  le  chapitre  d'Hérodote  (i,  19   où  le  mot  l'/.o-/  est  employé  deux  fois,  à  propos  de  l'incendie 
des  moissons  de  Milet  par  les  Lydiens. 

Le  mot  s'est  également  rencontré  dans  des  inscriptions  attiques  du  V"  siècle  :  Inscnptiones  gr.iec.-.c,  I,  i66,-l.  10; 
170.  1.  10  :  Xi;ou  Tzeo'-j^o-jno'/  (=  Âv.ou  7:Ep!^_p'JT(jv ) . 


,6o  OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN 


(=  Xïja)'.  Est-il  téméraire  d'admettre  une  forme  Àeïov,  qui  serait  justifiée  par  la  glose  de  Suidas: 
AzuoGOiç»  8iay.6-yxz,  c'est-à-dire  ayant  ravagé,  pillé? 

Dans  le  premier  cas,  Aristolochoset  Thrason  auraient  simplement  offert  au  dieu  de  Didymes 
la  dîme  de  leurs  moissons  ;  dans  le  second,  à  la  suite  de  quelque  course  heureuse,  comme  il  s'en 
faisait  souvent  sur  les  côtes  ou  les  lies  voisines,  ils  auraient  prélevé  sur  le  butin  la  part  d'Apollon. 

Entre  ces  deux  hypothèses  nous  choisissons  la  plus  paisible,  la  première;  c'est  aussi  la  plus 
sage,  puisque  le  mot  Xsïov  ne  s'est  pas  encore  rencontré  avec  le  sens  de  butin.  Nos  deux  Milésiens, 
heureux  d'une  récolte  extraordinaire,  ont  témoigné  leur  reconnaissance  au  dieu  de  Didymes. 
Rappelons  qu'à  une  époque  inconnue,  mais  sans  doute  très  ancienne,  les  gens  de  Myrina  et 
d'Apollonia  sur  la  côte  éolienne  de  l'Asie  Mineure  avaient  consacré  des  gerbes  d'or  à  l'Apollon 
de  Delphes'.  Ainsi  avait  fait  Métaponte,  à  l'autre  extrémité  du  monde  grec',  et  le  trésor  d'Athéna 
Parthônos  sur  l'Acropole  d'Athènes  renfermait  au  V'' siècle  gerbes  et  épis  dorés^  L'off'rande 
d'Aristolochos  et  de  Thrason  fut  plus  modeste  et  moins  banale. 


* 
*  * 


L'off'rande  d'Aristolochos  et  de  Thrason  est  un  osselet  en  bronze  plein,  qui  mesure  :  haut, 
max.  :  o'",  23  ;  larg.  max.  :  o",  31  et  qui  pèse  93  k"' 70  gr.  Il  est  muni  de  deux  anses,  l'une  verti- 
cale, à  la  partie  supérieure,   l'autre  horizontale,  à  la  face  antérieure. 

L'anse  supérieure  servait  à  soulever  et  porter  l'osselet  :  c'est  une  poignée.  L'anse  latérale, 
moins  forte  et  plus  étroite,  servait  uniquement  à  passer  le  lien  —  très  probablement  la  chaîne  de 
bronze  —  qui  rattachait  cet  osselet  à  un  autre.  La  dédicace  mentionne  en  effet  plusieurs  offrandes  : 
Tâôe  TàyàXfxaTa  «  les  offrandes  que  voici».  La  seconde  était  vraisemblablement  de  même  forme  que 
celle  qui  porte  l'inscription,  et  comme  la  dédicace  n'était  gravée  que  sur  l'une  des  deux,  Aristo- 
lochoset Thrason  avaient  jugé  bon  de  les  réunir  solidement  l'une  à  l'autre,  pour  ne  pas  laisser 
perdre  le  second  témoignage  de  leur  pieuse  générosité.  Placé  en  avant  de  l'osselet  qui  porte  l'in- 
scription, l'osselet  anépigraphe  cachait  l'anse  latérale,  qui  dépare  aujourd'hui  —  si  l'on  peut  dire 
—  l'aspect  de  ce  petit  monument  massif. 

On  nous  accordera  volontiers  qu'il  ne  faut  pas  chercher  à  établir  un  rapport  entre  l'occasion 
et  la  forme  de  l'off'rande.  Même  si  nous  avions  adopté  l'hypothèse  d'une  dîme  prélevée  sur  le 
produit  du  butin,  nous  aurions  peine  à  comprendre  la  provenance  d'une  pareille  masse  de  bronze  : 

1.  Inscriptionts  gr.tccae,  II,  ii  (Attica),  678,  1.  15  :  'AÔr.vii  .N!]xt,i  (jxéipavoc  àirô  Xr.ttov. 

2.  PlutarQUE,  De  Pytkiae  oraculis,  16  (401  F)  :  'Efùi  Se  xat  Mupivafouc  ÈTcaivû  xa!  "AiîoXXcovtTcaî  Bépï)  ^pu»"  Ssùpo  Ttéfiil-ivxaî. 
Cf.  W.  H.  D.  RousE,  Greek  votive  Offerings,  1902,  p.  58. 

3.  Strabon,  VI,  264  :   l\\>\'.wi  3î  Xé^'""'  iMExaTrôvrtov)  y.i'.<s\i.i  tÔ)-/  l\  'iX'Ci'j  rXeusivTOJv  (letà  NÉirtopoî,  ou;  ojTto  à-ô  yEiopYi»; 
eÙTjyT,3a(  'iaj'.v  ('.lire  Oipo;  ypuioOv  âv  AeXwoTc  àvaGE'vai.  Cf.  RouSE,  Ouvr.  cité,  p.  66. 

4.  Inscriptiones  graecae,  I,  166,  1.  10;  170,  1.  10  (Xr;ïo|jn:Ep!)^p'j3ov  rcâyjjs;  Al).  Cf.  II.  11,  731  B,  I.  20  suiv.  {rziyjj[Ei  h 
it]upYtox(oi  yjikY.ôii  èi:f[^puT]ot  Ail),  Cf.  RoLSE.  ou\  r.  cité,  p.  66. 


OFFRAiNDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN  i6i 


il  eût  fallu  fondre  bien  des  armes,  bien  des  vases  et  autres  ustensiles  pour  en  tirer  deux  osselets 
de  poids  aussi  considérable.  Si  vaillants  que  fussent  les  Milésiens  en  ces  temps  reculés',  Aristo- 
lochoset  Thrason  n'eussent  pu  ni  défaire  toute  une  troupe,  ni  piller  toute  une  ville  !  Mais  nous 
avons  écarté  cette  hypothèse  pour  ne  voir  en  nos  deux  Milésiens  que  deux  moissonneurs  heureux, 
deux  cultivateurs  satisfaits. 

Je  crois,  puisqu'il  faut  en  venir  à  une  hypothèse,  que  si  nos  deux  donateurs  se  sont  adressés 
à  un  fondeur  pour  lui  commander  leur  offrande,  c'est  qu'ils  ont  été  attirés  par  sa  réputation. 
De  fait,  celui-ci  n'a  pas  hésité  à  signer  une  œuvre  qui  ne  pouvait  avoir  la  prétention  d'être  une 
œuvre  d'art'.  Tsikiôs  ou  Tisiklès  fils  de  Kydimandros  était  un  Milésien,  autant  qu'on  en  peut 
juger  par  l'absence  d'un  ethnique  et  surtout  par  le  nom  de  son  père,  dont  l'un  des  éléments  se 
retrouve  très  fréquemment  en  lonie  et  en  Carie'.  Je  crois  encore  que  le  métier  de  fondeur  pré- 
sentait, en  son  temps,  de  grandes  difficultés  et  qu'il  pouvait  se  vanter  d'en  avoir  triomphé.  Les 
deux  photographies  réunies  sur  la  Planche  XXIX  ne  montrent  que  deux  des  côtés  de  l'osselet  :  la 
face  postérieure  est  très  profondément  creusée  et  ce  creux,  de  même  que  les  deux  anses  qui  font 
corps  avec  l'osselet,  ajoutait  aux  difficultés  de  la  fonte  en  plein. 

Laformede  l'osselet  (àaTpàyaXoç)  deviendra  banale  dans  la  suite,  notamment  pour  les  poids 
en  bronze^  Elle  ne  l'était  sans  doute  pas  au  temps  de  Tsiklès  et  peut-être  a-t-il  contribué  à  la 
mettre  en  faveur.  En  tout  cas  l'osselet  de  Didymes  n'est  pas  un  poids  et  la  métrologie  milésienne 
nous  est  trop  peu  connue  pour  que  nous  puissions  déterminer  le  rapport  existant  entre  les  unités 
de  poids  milésiennes  et  le  poids  réel  de  l'osselet.  Il  se  peut  que  l'osselet  corresponde  assez  exacte- 
ment à  200  mmes  deMilet'. 

1.  Oa  connaît  le  proverbe  :  rii/.a;  ttot"  J^m'i  'i'Ky.:\xr,:  M'.Xvjio'..  Il  a  été  récemment  étudié  par  .\L  A.  Hauvette  dans  le 
Recueil  de  Mémoires  publiés  par  les  membres  de  la  Société  nationale  des  antiquaires  à  l'occasion  du  centenaire,  1904, 
p.  171-179.  L'étude  est  fort  intéressante,  mais,  à  notre  avis,  M.  Hauvette  a  tort  de  mettre  en  doute  l'origine  historique 
du  proverbe.  S'il  est  devenu  fameux,  ce  n'est  pas  qu'  «  il  appartienne  au  fonds  des  dictons  populaires  de  la  Grèce  n 
(p,  177).  c'est  parce  qu'il  évoque  le  souvenir  d'une  ruine  d'autant  plus  retentissante  que  les  Milésiens  étaient  célèbres. 
Il  est  bien  probable  que  c'est  la  chute  de  Milet  en  494  qui  lui  a  donné  naissance,  et  nous  nous  rangeons  ainsi  à  l'avis 
de  M.  VON  WiLAMOwiTz-MoELLENDORFF  [Dic  Textgescliichte  der  griechischen  Lyriker.  p.  32,  note  r,  dans  les  Sitzimgsbe- 
richte  ...  Berlin.,  1903)- 

2.  On  connaît  au  moins  une  autre  signature  de  fondeur,  découverte  à.Rhodes  et  publiée  par  M.  P.  Foucart,  dans 
le  Bulletin  de  correspondance  hellénique,  IX  (1885),  p.  299  :  Boip-jc;  Ae^zoivoî  £/a)aojpYT|!Tc. 

3.  '0  KuSiiJlivSpo'j.  Cf.  F.  Bechtel  et  A.  Fick,  Die  griechischen  Personcnn.-imen,  1894,  p.  194-19S.  Le  nom  de 
Ku8î[jiiv8poc  n'était  pas  encore  connu;  on  connaissait  KXc'fiavopoî,  KXeojjiavopoi;.  Pour  les  noms  formés  avec  Kooi  (ICuo),  voy. 
p.  180;  ils  ne  sont  pas  rares  dans  l'île  ionienne  de  Kéos. 

Sur  les  composés  de  Mavopo,  voy.  une  note  de  Raoul  Rochette  dans  \e  Journal  des  Sav.mts,  1845,  p.  582,  note  i. 

4.  Voy.  E.  Pernice,  Griechische  Geivichle,  1894,  p.  7  et  p.  193,  n°  772.  Cf.  p.  83-85.  Cf.  Rheinisches  Muséum,  1891, 
p.  631. 

5.  Un  poids,  publié  par  Pernice,  ouvr.  cité,  p.  175,  n°  6,9,  et  attribué  par  lui  à  Milet  (p.  71),  pèse  1 12  gr.  49,  soit 
un  quart  de  mine.  La  mine  pèserait  donc  450  gr.  environ.  Deux  cents  mines  pèseraient  90  kilos.  Or  l'osselet  pèse  un 
peu  plus  de  93  kilos.  Il  va  de  soi  que  tous  ces  calculs  ne  reposent  pas  sur  une  base  solide. 

21 


,62  OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN 


Une  dernière  difficulté  touche  peut-être  de  près  à  ces  embarrassantes  questions  de  métro- 
logie. Au-dessous  d'une  des  premières  lettres  de  la  dédicace,  ou  distingue  nettement  un  signe 
formé  d'une  croix  et  d'un  coin,  Il  a  été  gravé  postérieurement  à  la  dédicace,  semble-t-il,  et  d'un 
ciseau  plus  fin.  Il  est  aisé  de  voir  en  effet  que  la  première  ligne  de  la  dédicace  suit  régulièrement 
le  rebord  saillant  de  l'osselet,  sans  être  interrompue  par  ce  signe.  S'il  avait  été  gravé  en  même 
temps  que  la  dédicace,  on  l'eût  vraisemblablement  placé  ailleurs. 

Quelle  peut  en  être  la  signification  ?  Est-ce  un  caractère  d'écriture  ou  bien  un  symbole?  Si 
c'est  un  caractère,  comme  il  n'appartient  certainement  pas  à  l'alphabet  grec,  ce  ne  peut  être 
qu'un  signe  cunéiforme,  une  marque  qui  aurait  été  gravée  à  Suse,  à  l'entrée  de  l'osselet  dans 
le  trésor  du  grand  roi.  Est-il  possible,  comme  le  propose  avec  hésitation  mon  collègue  et  ami  le 
P.  Scheil,  de  lire  :  <  +,  soit  lo  1/2  ?  Le  graveur  persan  n'aurait  pas  tenu  compte  de  la  direction 
de  l'inscription  grecque,  et  d'un  ciseau  discret  il  eût  dissimulé  ces  chiffres  à  l'ombre  des  lettres 
grecques.  Ces  chiffres  marqueraient  le  poids  de  l'osselet  ou  des  deux  osselets,  s'ils  ont  été  trans- 
portés tous  les  deux  à  Suse. 

Faut-il,  au  contraire,  voir  dans  ce  signe  un  symbole,  une  ancre?  On  sait  que  l'ancre  est  le 
symbole  des  Séleucides'  ;  elle  eût  été  gravée  au  IV'  siècle  quand  Séleucus  I"  fut  devenu  maitre 
des  trésors  du  grand  roi. 


Il  me  reste  à  déterminer  approximativement  l'époque  à  laquelle  a  été  gravée  la  dédicace  de 
l'osselet.  La  nouvelle  inscription  prend  place  dans  une  série  assez  nombreuse  pour  qu'il  ait  été 
possible  d'y  reconnaître  différents  groupes  :  dans  lequel  faut-il  la  ranger?  Je  rappellerai  d'abord 
ces  différentes  divisions  en  commençant  par  les  textes  les  plus  récents  et  j'en  profiterai  pour 
publier  deux  inscriptions  inédites. 

Dernières  années  du  V?  siècle,  avant  ^g^.  —  Inédit.  Base  de  marbre  blanc  découverte  en 
1895  à  Didymes,  en  avant  du  long  côté  N.  du  temple.  Haut.  :  0^,486.  Larg.  :  o",  59. 
Épaiss.  :  o'",34.  Les  lettres,  disposées  axoixrjôôv  et  gravées  avec  grand  soin,  sont  hautes  de 
o'",oi7  à  o"\oi9.  Copie  et  estampage. 


KAEOf/ATPp^- 
TH^Z^/JAfOPE-n. 

KXeoTràTp-/]; 
t1]z  Aiayôpsco. 

C'est  la  seule  inscription  de  la  série  qui   ne  soit  pas  gravée  [iouaTpo'frjôôv.  Les  lettres  sont 
1.  Voy.  E.  Babelon,  Catalogue  des  monnaies  grecques  de  la  Bibliothèque  Nationale,  I  (Les  rois  de  Syrie. . .  ),  p.  vii- 

VIII.  Cf.  p.  V. 


OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN 


163 


droites  et  pourtant  deux  d'entre  elles,  le  pi  et  l'iota,  sont  légèrement  inclinées,  comme  si  la  main 
qui  les  a  tracées  avait  dû  se  plier  à  une  direction,  à  une  mode  nouvelles'.  Ni  Kléopatré  ni  son 
père  Diagorès  ne  nous  sont  connus. 

Dernier  tiers  du  VP  siècle.   —  Dédicace  d'Histiacos  (Rœhl,  Inscr.   gr.  antiquiss.,  490. 
RoBERTS,  Introduction,  I.  n°  140,  p.    164).  Bouc7Tpo'pTr]5ôv  et  peut-être  cttol/'^Sôv,  si  l'on  restitue  : 

"IaTta[toç  jjL' 
àv£G]'/]xe  Tcô- 

Second  tiers  du  VI'  siècle.  —  Inscription  de  Lord  Aberdeen  (Rœhl,  487.  Roberts,  n°  137, 
p.  163).  L'inscription,  aujourd'hui  perdue,  ne  nous  est  connue  que  par  une  copie  fautive  et 
incomplète.  On  sait  qu'elle  était  gravée  sur  la  jambe  d'une  statue  découverte  sur  la  Voie  sacrée, 
non  loin  de  Didymes.  Or,  en  1895,  j'ai  retrouvé  à  Didymes,  dans  le  mur  d'une  maison,  deux 
fragments  d'une  statue  de  marbre,  dont  l'un  portait  une  inscription  gravée  sur  la  cuisse  gauche. 
Je  les  ai  publiés  tous  les  deux"',  me  réservant  de  revenir  sur  l'inscription  et  de  la  rapprocher  du 
te.xte  de  Lord  Aberdeen  :  je  le  fais  aujourd'hui.  Les  deux  dessins  ci-joints  reproduisent  :  le  plus 
grand,  la  copie  de  Lord  Aberdeen,  le  plus  petit,  la  mienne. 


N  AH  ANâ20T3:30 
T  M  i  O  !A  N        ^A 
^N  ri3  HAA2AI  AtA 
3  \. 


XOT 


Les  deux  traits  qui  encadrent  la  copie  de  Lord  Aberdeen  représentent  sommairement  la 
jambe.  Ils  donneraient  à  penser  que  l'inscription  commençait  à  la  partie  inférieure.  C'est  une 
première  erreur.  Il  est,  en  effet,  bien  peu  vraisemblable  que  l'inscription  commence  à  la  partie 
étroite,  au  lieu  de  la  partie  large,  c'est-à-dire  de  la  cuisse  :  c'est  à  la  cuisse  qu'elle  commence 
dans  le  fragment  retrouvé  en  1895. 

1.  Pour  la  forme  des  lettres,  cf.  deux  inscriptions  archaïques  milé.siennes,  découvertes  l'une  à  Naucratis,  l'autre  à 
Samos  (Bull,  de  corr.  hcllén..  XX  (1896),  p.  249  et  VII  (1883),  p.  80). 

2.  Cr  la  dédicace  d'Hermésianax  citée  plus  loin  :  'EpjjtTjjîiva;  -fiti;!,-  k-Mr^Avi .  .  .   et  la  dédicace  de  Charès  :  Xip-rî 

3.  Didymes.  Fouilles  de  i8g^  et  i8g6,  par  E.  Pontre.moli  et  B.  Haussoullier,  p.  203. 


i64  OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN 

La  restitution  très  libre,  proposée  par  Rœhl,  corrige  un  certain  nombre  d'erreurs  évidentes  : 

.  .  .  TÔr  àv[Ô]piâvT[aç 
[Aâ]-r(Jiiot  àv[e6e](7a[v  viaç  Tpeïç 
[K£p]a|jLiaç  Aco[pi]éùJv  afuXé- 

Si,  comme  je  le  pense,  le  fragment  découvert  en  1895  n'est  autre  que  le  début  de  l'inscrip- 
tion de  Lord  Aberdeen,  je  proposerais  de  restituer  plus  simplement  et  plus  prudemment  : 

Tô(j|_i5]£  loq  àvôptâvT[aç 
[Aâ]T[xtot?  àv[£9e](;av, 
■ira[Xa]tàç  AcopiÉcov  a  .  .  . 
...   tç'. 

Les  deux  dernières  lignes  font  sans  doute  allusion  à  une  vengeance  tirée  des  Doriens,  et  ce 
fait  seul  suffit  à  justifier  le  classement  chronologique  de  l'inscription. 

Premier  tiers  du  VI'  siècle.  —  Oracle  d'Apollon?  (Rœhl,  489.  Roberts,  n°  139,  p.  164^). 
—  Dédicace  de  Charès  (Rœhi.,  488.  Roberts,  n°  138,  p.  163.  Dittenberger^  Sylloge,  749. 
SoLMSEN,  Inscr.  gr.  ad  inlusirandas  dialecios  seledae,  p.  90,  43). 

Fin  du  Vil"  ou  commencement  du  VP.  —  Dédicace  des  fils  d'Anaximandros  (Rœhl,  484. 
Roberts,  n°  134,  p.  162).  —  Signature  d'Eudémos  (Rœhl,  485.  Roberts,  n"  135,  p.  162. 
SoLMSEN,  p.  90,  43).  —  Dédicace  des  fils  de  Python  (Rœhl,  483.  Roberts,  n°  133,  p.  161. 
SoLMSEN,  p.  90,  43).  —  Dédicace  d'Hermésianax  (Rœhl,  485.  Roberts,  n"  136,  p.  162). 

L'inscription  de  l'osselet  tient  à  la  fois  de  ces  deux  derniers  groupes.  Quoique  la  forme  du 
thêta,  de  l'upsilon,  du  rho  et  de  l'alpha  la  rapproche  des  plus  anciens  textes  didyméens,  il  faut 
pourtant  l'exclure  du  premier  groupe  et  la  classer  de  préférence  dans  le  second,  en  raison  de  la 
forme  de  l'êta  qui  n'est  pas  fermé.  Nous  la  placerons  donc  à  côté  de  l'inscription  de  Charès, 
mais  avant  cette  dernière  dont  le  rho  et  l'alpha  ont  déjà  la  forme  classique.  I^'inscription  de 
l'osselet  peut  être  attribuée  aux  premières  années  du  VI'  siècle. 

Notons,  en  terminant,  un  mot  que  nous  retrouvons  dans  trois  de  ces  inscriptions  : 

Ta  àyàXfjLaTa  tâôs  (sur  l'un  des  lions  offerts  par  les  fils  de  Python), 
i       '  TàÔ£  TàyàXpLaTa  (sur  l'un  des  osselets  offerts  par  Aristolochos  et  Thrason), 

iyoLh\ia.  To  'AttôXXcovo;  (sur  la  statue  de  Charès). 

La  signification  est  la  même  dans  les  trois  textes.  Par  âyaXfjia  il  faut  entendre  une  offrande'. 

1.  Je  laisse  le  champ  libre  aux  conjectures  :  o[J/,a;,  5[-:y,/,a;,  etc. 

2.  J'ai  retrouvé  cette  inscription  dans  les  fouilles  de  1895  et  l'ai  estampée. 

3.  Dans  son  commentaire  de  la  dédicace  de  Charès  {Sylloçe  inscriptiomim  gr.iec.irum.  2'  édit.,  n"  749).  W.  Ditten- 
BERGER  a  raison  de  renvoyer  le  lecteur  à  l'excellente  note  de  Bceckh  sur  le  mot  ïy^^'H*  (Corpus  inscriptionum  graeca- 
rum.  p.  7). 


OFFRANDE  A  APOLLON  DIDYMÉEN  165 


On  traduira  donc  :  <.'  Je  suis  Charès,  fils  de  Kleisis,  chef  de  Teichiousa;  offrande  appartenant  à 
Apollon.  ))  Charès  plaçait  ainsi  son  image  sous  la  protection  du  dieu.  Une  inscription  récemment 
découverte  à  Milet  mentionne  le  groupe  des  statues  élevées  par  Charès.  Elles  y  sont  appelées 
Xapéco  àvôpcàvTEç'.  L'endroit  où  elles  se  dressaient  portait  lui-même  le  nom  de  Kepaur/jç.  C'était 
un  lieu  consacré  à  Apollon,  et  lors  de  la  procession  solennelle  que  les  MoXiroi  conduisaient  à 
Didymes,  on  y  faisait  halte  pour  chanter  un  péan  :  xaTà  KspaitTvjv  uapà  Xapéco  àvôpiâatv'.  On 
comprend  mieux  aujourd'hui  comment  Charès  avait  eu  l'idée  de  placer  sa  statue,  image  et 
offrande,  sous  la  protection  d'Apollon. 

1.  Cf.  l'inscription  de  Lord  Aberdeen  :  tojto-  toôi;  àvop'.ivTct;. 

2.  U.  VON  WiLAMOwiTz-MoELLENDORFF,    Satzungeii  ciiicr  iiiilcstschen  Sœngcroildc,   dans  les  Silzuugshciickli:  ... 
Berlin,  1904,  p.  628,  1.  30. 


10  20  30  VOKil. 


FiG.   463 


Notice  sur  les  anciens  travaux  hydrauliques 

EN  SUS! ANE' 

Par  D.  L.  Graadt  van  Roggen,  ingénieur 


La  plaine  de  laSusiane.  — La  plaine  de  la  Susiane  s'étend  du  pied  des  montagnes  du 
Poucht-è-Kouh,  du  Louristan  et  du  pays  des  Bakhtyaris,  jusqu'à  la  côte  du  Golfe  Persique  qui, 
au  IV'  siècle  avant  J.-C.  bordait,  entre  autres  localités,  les  sites  où  se  trouvent  à  présent  les  vil- 
lao-es  d'Ameïra  sur  le  Karoun,  et  A^c7/zr  Hachim,  au  bord  du  marais  de  Djamous  (voir  la  carte, 

fig.  463). 

Cette  plaine  est  traversée  par  les  fleuves  Karoun,  Ab-é-Diz  et  Kerklia  dont  les  divers  cours 
enserrent  d'immenses  terrains  coupés  par  quelques  petites  rivières,  et  par  un  grand  nombre  de 

canaux. 

C'est  surtout  entre  VAb-é-Diz  et  la  Kerkha  qu'on  trouve  encore  de  nombreuses  traces 
d'anciens  canaux,  dont  quelques-uns  datent  d'époques  très  reculées. 

Si  nous  considérons  les  travaux  hydrauliques  de  la  Susiane  au  point  de  vue  historique, 
nous  pouvons  faire  remonter  l'époque  de  la  construction  de  plusieurs  de  ces  travaux  aux 
dynasties  des  rois  d'Élam. 

Travaux  Élamites.  —  Des  inscriptions  découvertes  à  Suse  montrent  que  des  ponts  et 
canaux  furent  construits  par  plusieurs  de  ces  princes  comme  l'indiquent  entre  autres  les  ins- 
criptions de  la  stèle  de  Karibou-cha  Chouchinak  et  le  texte  d'une  brique  de  Atta  paksou. 

11  n'est  pas  probable  qu'on  ait  construit  un  pont  sur  la  Kerkha,  et,  en  eflfet,  des  ins- 
criptions trouvées  indiquent  que  cette  rivière  était  passée  à  gué. 

Nous  n'avons  pas  non  plus  relevé  trace  de  travaux  élamites  pouvant  faciliter  le  passage  du 
Karoun,  qui  se  pratiquait,  sans  doute,  au  moyen  de  radeaux. 

L' Ab-é-Diz  offrant  un  grand  nombre  de  gués,  il  n'est  pas  probable  non  plus  qu'on  y  ait 
construit  un  pont. 

I,  Œuvres  consultées  :  Mémoires  de  la  Délégation  scientifique  en  Perse;  G.  Rawlinson,  The  five  gre.it  monarchies 
of  the  old  world;  W.  K.  Loftus,  Travels  and  researchcs  in  Ch.ildea  and  Susiana  ;  Curzon,  Periïa  ,■  Dieulafoy,  L'Art 
antique  en  Perse;  Ihn  Sérapion;  Dictionnaire  géographique,  historique  et  littéraire,  par  C.  Barbier  de  Meynard. 


i68  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 

Des  considérations  précédentes  je  conclus,  à  la  probabilité  que,  pendant  le  régne  des  rois 
d'Èlam,  aucune  des  trois  grandes  rivières  ne  fut  traversée  par  un  pont,  et  que  les  ponts  ou  les 
ruines  qui  subsistent  actuellement  ne  datent  pas  de  l'époque  élamite. 

Conditions  sous  les  rois  Sassanides.  —  Sous  le  règne  des  Sassanides,  dont  l'un  des  sièges 
gouvernementaux  se  trouva  sur  le  plateau  persan,  les  conditions  étaient  toutes  différentes. 

La  grande  route  qui  mettait  en  relation  les  deux  centres  principaux  de  l'Empire  Perse, 
Passargade  et  Ktesiphon  traversait  la  région  orientale  des  Bakhtyaris  pour  aboutir  dans  la 
plaine  susienne  à  Ram-Honnuz,  puis  partait  par  Chouster.  Dizjoul  et  Pa-ï-poul,  traversait  Kouh- 
Hamrin  non  loin  de  Beyat  et  se  dirigeait  en  ligne  droite  sur  le  Tigre. 

Ponts  sur  les  rivières  de  la  Siisiane.  —  Il  est  donc  évident  qu'il  fut  de  la  plus  grande 
importance  d'établir  des  communications  entre  les  rives  des  trois  fleuves  qui  coupaient  cette 
grande  route. 

C'est  à  Sapor  I  que  revient  le  mérite  d'avoir  pris  l'initiative  de  faire  construire  les  ponts  sur 
les  trois  grands  cours  d'eau,  le  Karoun,  près  Chouster,  YAb-é-Diz  près  Dizfoul,  et  \a  Kerkha 
près  Pa-ï-poul. 

Ces  ponts  avaient  le  double  but  de  permettre  aux  armées  de  se  rendre  facilement  de  l'une 
des  capitales  à  l'autre,  et  d'enrichir  la  Susiane,  en  l'arrosant  pendant  la  sécheresse  au  moyen 
des  eaux  exhaussées  par  les  barrages  qui  servaient  de  fondations. 

II  est  probable  que  la  construction  de  ces  ponts  était  la  réalisation  d'une  idée  longtemps 
nourrie  par  le  roi  Sapor  I,   mais  qui  ne  pouvait  être  exécutée  faute  de  main-d'œuvre. 

Main-d'œuvre.  —  Le  sort  lui  fut  favorable  lorsque,  après  la  bataille  d'Edupa,  en  l'an  260 
de  notre  ère,  l'armée  romaine  vaincue  fut  mise  à  sa  disposition. 

Ces  troupes  furent  internées  dans  les  villes  du  Nord  de  la  Susiane  et  dans  le  Louristan, 
où  l'on  trouve  encore  un  endroit  du  nom  de  Roumichkan,  probablement  nommé  ainsi  d'après 
l'internement  de  prisonniers  romains. 

On  sait  que  les  armées  romaines,  allant  en  expédition,  avaient  leur  corps  du  génie  et  il 
n'est  que  naturel  que  Sapor  I  ait  fait  usage  de  la  connaissance  et  de  la  pratique  des  officiers  de 
ces  troupes  pour  projeter  et  exécuter  les  ponts  sur  les  trois  fleuves  principaux  de  la  Susiane. 

On  ne  saurait  établir  au  juste  la  date  de  ces  travaux  qui,  sans  doute,  ont  exigé  plusieurs 
années,  mais  il  est  certain  que  les  ouvrages  qu'on  trouve  près  des  endroits  susmentionnés  sont 
de  construction  romaine.  Ils  ont  été  exécutés  probablement  sur  les  ordres  de  Sapor  I,  un  des  rois 
que  l'histoire  célèbre  pour  l'intérêt  qu'il  porta  au  bien  public. 

Il  est  vrai  qu'un  autre  souverain  sassanidc,  fort  riche  et  très  puissant,  Chosroes  II  (590- 
628),  laissa  également  de  grandes  constructions,  comme  les  palais  de  Kasr-Chirin,  de  Haouch- 
Kouri,  de  Tagh-i-Boslan,  etc.  Mais  la  technique  de  ses  constructions  indique  une  décadence 
dans  l'architecture,  et  il  n'est  pas  probable  que  ses  architectes  aient  été  capables  d'effectuer  les 
grands  travaux  du  Sud. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


169 


Caractères  des  travaux  hydrauliques  dans  la  Susiane.  —  Les  constructions  que  l'on  observe 
en  Susiane  sont  des  ponts,  des  aqueducs,  des  barrages,  des  canaux  avec  leurs  maçonneries,  des 
prises  d'eau,  et  des  kanates. 

Construction  des  ponts  sassanidcs.  —  La  construction  des  ponts  de  l'époque  sassanide 
offre  la  particularité  que  les  piles  reposent  sur  un  mur  de  fondation  qui  traverse  la  rivière  dans 
toute  sa  largeur  et  qui  forme  en  même  temps  un  barrage  (fig.  464).  Ce  système  qui  ne  pourrait 
guère  être  appliqué  de  nos  jours,  où  la  navigation  fluviale  joue  un  si  grand  rôle,  n'offrait  pas 
d'inconvénient  dans  les  fleuves  de  la  Susiane,  qui  ne  furent  presque  pas  employés  comme  moyens 
de  communication,  tous  les  transports  étant  faits  par  voie  de  terre. 


'J\■Jflnf^^.^\^';/^*fm'W'^^J/!^'*^■"^Ji'i^^ 


L  égende 
JHaçonnerie   en-  brigues 
ReoèéemeTil  en  grès 


W0M 

IffS-^^  Bélon. 


':\.'!.V .:.'-''.    Rocher 

-— '  Niveau  de  Veau-. 


GE 


F'iG.  464.  —  Détail  de  construction   d'un   pont  sassanide  édifié  sur  un  barra 

En  outre,  les  autocrates  de  cette  époque  se  souciaient  bien  peu  des  conséquences  que 
pouvaient  entraîner  leurs  grands  travaux  pour  la  navigation  des  rivières. 

Le  barrage  d'Ahwaz  en  est  un  exemple  :  toute  la  rivière  Karoun,  depuis  cet  endroit  jusqu'à 
l'embouchure,  fut  sacrifiée  pour  d'autres  buts. 

But  des  barrages.  —  Ces  barrages  qui,  en  premier  lieu,  étaient  destinés  à  unir  et  consolider 
les  piles,  et  qui,  par  conséquent,  contribuaient  en  grande  partie  à  la  stabilité  des  ponts,  avaient 
comme  deuxième  but  de  rehausser  les  eaux  en  amont  et  de  les  faire  entrer  dans  des  canaux 
creusés  dans  les  deux  rives. 

De  cette  façon  l'eau  était  conduite  à  de  très  grandes  distances  dans  l'intérieur  du  pays  pour 
l'arrosage  des  cultures. 

Ce   dispositif  sassanide  se    retrouve   dans  les  trois  ponts  que   nous  étudions.  En  outre,  il 


170 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


existe  encore  quelques  ponts  de  dimensions  inférieures,  restés  en  bon  état,  comme  le  pont  de 
Chouster  à  Bend-é-Kir,  qui  montrent  le  même  système. 

Description  générale  des  ponts  sur  les  trois  rivières.  —  Les  ponts  de  Chouster  et  de  Dizfoul 
sont  construits  en  maçonnerie  et  consistent  en  un  grand  nombre  d'arches  soutenues  par  des 
piles  massives  qui  reposent  sur  un  barrage. 

Une  partie  du  pont  de  Chouster,  d'une  longueur  de  5  arches,  avec  la  partie  correspon- 
dante du  barrage  a  disparu,  tandis  qu'à  Dizfoul  quelques  piles  sont  tombées  et  ont  été  rem- 
placées, d'une  façon  plus  ou  moins  etricace,  par  des  constructions  modernes.  De  ce  pont  il  ne 
reste  que  quelques  parties  du  barrage  dans  l'état  original. 

A  Pa-ï-poul  les  portions  du  pont  et  du  barrage  dans  le  lit  de  la  rivière  ont  complètement  dis- 
paru ;  il  ne  reste  plus  que  quelques  ruines  d'un  certain  nombre  de  piles  dans  la  partie  construite 
sur  les  rives. 


^ }.:yy 


Gv.R 


Coupe  horizoTrtale  par  A,B.  CJ). 


Echelle 


JUaçonneries  engrèi. 


Remilais  d£.  terre 
Tnnin  Paoe 


0  5  lOMètx.. 

FiG.  465.  —  Piles  et  arches  du  pont  sassanide  de  chouster 


La  superstructure  dos  ponts  de  Chouster  et  Dizfoul  est  tellement  réparée  et  modifiée  qu'on 
y  reconnaît  à  peine  le  travail  primitif. 

Par  contre  les  piles  et  les  barrages  montrent  le  système  de  la  construction  sans  l'interven- 
tion d'aucun  changement. 

A  Chouster  le  barrage  et  les  piles  sont  formés  d'une  maçonnerie  en  blocs  de  grès  taillé  : 
la  superstructure  est  composée  de  deux  murs  latéraux  (i  mètre  d'épaisseur)  avec  des  voûtes 
également  en  maçonnerie  de  grés  taillé  (fig.  465). 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


A  Dizfoul  la  maçonnerie  du  barrage  et  des  piles  est  formée  de  deux  murs  extérieurs  en 
blocs  de  grès  taillé,  liés  ensembles  par  des  brides  métalliques,  l'espace  entre  ces  murs  étant 
rempli  par  du  béton.  C'est  la  même  construction  qu'on  retrouve  aux  ruines  de  Pa-ï-poul.  La 
figure  466,  relevée  par  moi,  donne  la  vue  extérieure  d'une  des  piles  sur  la  rive  gauche.  On 
y  voit  les  cavités  qui  contenaient  autrefois  les  brides  métalliques,  et  qui  se  sont  démesurément 
élargies  sous  l'action  des  eaux  de  pluie. 


58o 


5A-0 


Gv.R. 


^Grès       ^^^Bèloii         a.3.,a.CaviJt\'!  pour  tenons  en  métal 

FiG.  466.  —  Système  de   maçonnerie  des  barrages  et  des  piles  de  dizfoul  et  de  pa-ï-poul 

Une  construction  semblable,  avec  les  mêmes  cavités  déformées,  fut  trouvée  par  moi  sur  la 
rive  droite  du  Karoun,  en  face  de  la  ville  de  Chouster. 

En  aucun  autre  endroit  de  la  Susiane,  excepté  à  Ahwaz,  on  ne  trouve  de  pareilles  construc- 
tions, celle  de  la  localité  susnommée  ayant  beaucoup  de  ressemblance  avec  la  construction  du 
pont  de  Chouster. 

A  Dizfoul  et  Pa-i-poul  j'ai  trouvé  des  maçonneries  qui  n'avaient  pas  été  exposées  à  l'action 
des  eaux  du  fleuve  :   elles  sont  représentées  à  la  figure  467. 

Ici  le  noyau  en  béton  est  recouvert  d'une  couche  formée  alternativement  par  un  lit 
horizontal   en  moellons  m,  reposant  sur  trois  couches  en  briques  h,  et  ainsi  de  suite. 

Cette  construction,  qui  est  d'une  certaine  élégance  par  sa  simplicité  et  sa  régularité,  a  été 
très  souvent  imitée,  même  de  nos  jours,  par  les  Persans,  mais  de  façon  si  grossière  qu'on 
ne  se  trompe  pas  entre  le  travail  classique  et  l'imitation  moderne,  de  qualité  très  inférieure. 

Le  ciment  qu'on  employait  pour  le  béton  romain  est  de  très  bonne  qualité. 

Les  barrages  des  ponts  ont  une  largeur  qui  dépasse  la  longueur  des  piles  de  plusieurs 
mètres,  variant  de  8  à  12  mètres  pour  les  différents  ponts  étudiés. 

Sous-sol.  —  A  Chouster  le  terrain  sur  lequel  le  pont  est  bâti,  est  formé  de  couches  de  grès, 
tandis  qu'à  Dizfoul  et  Pa-ï-poul  on  ne  trouve  que  des  conglomérats. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


Ces  derniers  se  décomposent  assez  facilement  sous  l'influence  de  l'atmosphère,  mais 
restent  en  bonne  condition  tant  qu'ils  demeurent  sous  l'eau. 

Ce  fait  est  dû  à  ce  que  les  conglomérats  immergés  restent  à  une  température  presque 
constante,  tandis  que  ceux  exposés  à  l'air  sont  soumis  à  une  température  variant  de  4  environ 
en  hiver,  à  70  ou  80^  au  soleil,  en  été. 

Coupe  verticale  Élèvalion 


o  ■  <        ,      '/  '   ■  K— — }  I -        :   -  ^ ,  > .  „  1  _ 


'  '>^/  .'  ,- 1-*     c;;"i  ci.:""  *  "  ~    ," !".'*,.'T. "'  '^  '      ',--& 

Gv.R. 
ESSS3  Briiju&s  cultes     ^Moellons  en  caLcairc      ^^^  Béton, 

FiG.  467.  --   Détail  des  maçonneries  a  dizfoul  et  a  pa-ï-poul 

Il  en  résulte  une  modification  moléculaire  considérable,  et,  les  éléments  de  la  roche  étant 
divers,  il  se  produit  des  ruptures  et  un  effritement  dans  le  ciment  calcaire  du  conglomérat. 

Ce  fait  constitue  un  grand  danger  pour  le  pont  de  Dizfoul,  dont  le  barrage 
couvrait  les  conglomérats  et  les  protégeait  contre  les  influences  susindiquées.  tandis  qu'à  présent, 
après  la  disparition  de  cette  couche  protectrice,  les  conglomérats  sont  décomposés  par  l'atmos- 
phère et  emportés  par  le  courant.  Aussi  voit-on  nettement  l'efïet  de  ce  travail  destructeur 
dans  plusieurs  piles  du  pont  qui  ne  reposent  qu'à  moitié  sur  la  fondation,  l'autre  partie  étant 
disparue  en  laissant  une  caverne  de  dimensions  considérables. 

Rupture  des  barrages.  —  La  rupture  des  barrages  des  trois  ponts  doit  être  attribuée  au 
manque  de  prévoyance  et  à  l'insouciance  des  Arabes,  lorsqu'ils  devinrent  les  maîtres  de  la 
Perse.  Ensuite  elle  est  due  au  manque  des  connaissances  techniques  de  l'art  hydraulique,  et 
aussi  aux  considérations  d'intérêt  personnel  des  propriétaires  de  moulins  à  eau.  Ces  moulins 
ont  été  bâtis  dans  le  lit  des  rivières,  sans  s'occuper  des  conséquences  nuisibles  qui  en  résul- 
teraient pour  les  ponts. 

Il  est  possible  que,  par  un  sentiment  de  découragement  lorsque  les  canaux  qui  prenaient 
l'eau  du  bassin  formé  en  amont  des  barrages,  furent  ensablés,  on  ait  laissé  ceux-ci  tomber  en 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


175 


ruines,,  puisqu'ils  ne  servaient  plus  au  but  de  l'arrosage.    On  a  ainsi  perdu  de  vue  la   solidité 

du  pont. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  qu'on  n'a  pris  aucune  précaution  pour  l'entretien  de  ces  beaux 
travaux,  et  qu'on  a  préféré  le  travail  relativement  facile  de  destruction  des  barrages,  en  abandon- 
nant complètement  les  canaux, 
au  travail  de  réfection  des  bar- 
rages et  des  canaux,  en  appro- 
fondissant le  lit  de  ces  derniers. 


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Zargevr  du  pont 


',  Béton. 


Echelle 


6  Mètres 


FiG.  468.  —  Section'  d'une  pile  de  pont  sassanide 


Piles..  —  Les  piles  ont 
toutes  une  section  rectangulaire 
(fig.  468)  avec  un  avant-bec  du 
côté  amont.  Les  dimensions 
semblent,  à  première  vue,  très 
exagérées,  mais  on  se  rend 
compte  de  l'efïort  auquel  elles 
doivent  résister,  quand  on  a  vu 
une  forte  crue  d'une  de  ces  ri- 
vières. 

Le  lit  de  ces  fleuves  ayant 
parfois  une  pente  de  i/ioo,  l'eau 
atteint  une  vitesse  considérable 
qui,  pendant  les  crues,  où  le 
niveau  monte  en  quelques  heures  de  4  mètres  et  plus,  n'est  pas  de  beaucoup  inférieure  à  10  mètres 

par  seconde. 

L'épaisseur  des  piles  dans  le  sens  de  l'axe  du  pont,  varie  de  5  à  6"\40  aux  différents  ponts 
examinés,  tandis  que  la  longueur  est  proportionnelle  à  la  largeur  de  la  chaussée  qui  passe  en 

dessus. 

Chaque  pile  normale  renferme  une  petite  arche  (fig.  469)  dont  le  seuil  est  de  niveau  avec  le 
sommet  de  l'avant-bec,  la  largeur  étant  à  peu  près  égale  à  la  hauteur,  ou  un  peu  moindre. 

Le  but  de  ces  petites  arches  est  évidemment  d'augmenter  le  profil  d'écoulement,  quand  l'eau 
atteindra  ce  niveau,  en  diminuant  la  pression  exercée  sur  la  pile. 

Arches.  —  La  distance  de  centre  à  centre  des  arches  varie  entre  13314  mètres,  l'ouverture 
des  arches  étant  un  peu  supérieure  à  l'épaisseur  de  la  pile. 

La  construction  d'arches  en  maçonnerie  limite  l'espace  entre  les  piles,  et  par  conséquent 
le  profil  d'écoulement,  qui,  en  chiflfres  ronds,  est  réduit  à  la  moitié  du  profil  original  à  l'axe  du  pont. 
Ce  rétrécissement  du  profil  cause  une  augmentation  de  vitesse  de  l'eau,  ce  qui  se  traduit  par  une 
augmentation  de  l'efïort  de  l'eau  sur  les  piles. 


'74 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


Grâce  aux  dimensions  robustes  et  à  la  qualité  des  matériaux  de  construction,  ces  maçon- 
neries ont  tenu  bon  pendant  plus  de  i6  siècles. 


Coiipe 


Vue 


fr.:.„ 


Coupe  par  AB 


maçonnerie  eji  brUptes 
I  I  '  ,  I .  Revèlement  en  gréa 

Béton. 
•mifll]  Rocher 


% 


-r,'"^_'>'f 


Gv.R. 


-^Hlffîpr-"n^ 


JÉchella 


2oMètres 


FiG.  469.   —  Petites  arches  ménagées  dans  les  piles  de  pont  sassanides 


Dans  les  pages  qui  suivent,   j'étudierai  de  façon  plus  détaillée  les  ponts  des  trois  rivières 
et  les  travaux  d'irrigation  qui  furent  exécutés  en  combinaison  avec  ces  ponts. 


CHOUSTER 


Pont  de  Choiister.  —  Le  caractère  le  plus  remarquable  du  pont  de  cette  ville  (fîg.  470)  est 
bien  la  projection  horizontale  qui  montre  un  alignement  très  irrégulier  et  incurvé,  qu'on  ne 
saurait  attribuer  à  aucun  motif  raisonnable,  considérant  que  les  ponts  de  Dizjoul  et  Pa-ï-Poul 
sont  bâtis  à  peu  près  en  ligne  droite. 

Comme  je  l'ai  déjà  remarqué,  la  formation  du  sous-sol,  àChouster,  où  l'on  trouve  les  couches 
de  grès"  se  prolongeant  dans  le  lit  de  la  rivière,  est  différente  de  celle  des  deux  autres  localités,  où 
les  conglomérats  descendent  beaucoup  plus  bas,  et  où  le  grès  n'affleure  pas. 

I.  Ces  grès  appartiennent  au  terrain  tertiaire  moyen,  et  sont  supérieurs  aux  gypses.  Leur  inclinaison  est  vers  le 
Sud-Ouest.  Ils  affleurent  parallèlement  à  la  direction  générale  des  montagnes  Bakhtyaris,  c'est-à-dire,  grosso  modo,  du 
N.-E.  au  S.-E. 


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,76  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRA\^\UX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 

AlvJnement.  —  Il  est  possible  que  l'architecte  du  pont  de  Chouster  ait  cherché  les  endroits 
où  les  couches  des  grès  se  rapprochaient  le  plus  de  la  surface  et  qu'il  ait  adopté  la  ligne  passant 
par  ces  points  comme  axe  du  pont.  En  tout  cas,  sans  autre  raison  plus  plausible,  il  convient 
d'adopter  celle-ci,  proposée  par  plusieurs  voyageurs  compétents  qui  ont  visité  Chouster  avant 
moi. 

Je  reviendrai  plus  tard  sur  ce  sujet. 

Aspect  général.  —  Le  pont  de  Chouster  compte  actuellement  28  arches  du  côté  Sud  de  la 
rivière  et  7  arches  du  côté  Nord  ;  la  portion  disparue  dans  le  lit  du  fleuve  correspond  à  5  arches. 
\in  tout,  le  pont  doit  avoir  eu  au  moins  40  arches,  et  probablement  plus. 

Il  existe,  en  effet,  une  construction  massive  entre  la  dernière  arche  du  côté  Nord  et  l'espace 
vide;  elle  est  percée  de  quelques  tunnels  et  d'une  arche  en  partie  fermée  par  de  la  maçonnerie. 
Ces  passages  traversent  la  construction  pour  donner  issue  à  l'eau  de  plusieurs  moulins  dont  on 
voit  les  restes  en  aval  du  pont. 

Probablement  cette  construction  a  remplacé  un  certain  nombre  d'arches,  et  je  base  cette 
supposition  sur  le  fait  que  cette  maçonnerie  est  en  briques,  tandis  que  la  construction  origi- 
nelle était  en  blocs  de  grés,  comme  nous  l'avons  vu. 

Cela  prouve  encore  que  le  pont  a  été  complètement  modifié  en  cet  endroit  pour  le  service  des 
moulins.  Le  but  du  barrage  a  été  sacrifié  et  le  pont  mis  en  danger  par  suite  de  l'augmentation 
de  la  surface  opposée  à  l'effort  des  eaux  pendant  les  crues. 

Il  y  a,  en  outre,  sur   la  rive  gauche,  quelques  endroits  où  l'on  a  rempli   l'espace  entre  deux 
arches  du  côté  amont  par  des  maçonneries  d'une  épaisseur  considérable. 

L'aspect  général  doit  avoir  été  beaucoup  changé  par  les  constructions  d'époque  moderne, 
qui  ont  été  faites  sans  se  rendre  compte  des  dangers  auxquels  on  exposait  le  pont,  soit  par 
l'affaiblissement  de  la  fondation,  soit  par  l'augmentation  de  la  surface  pleine  offerte  aux 
eaux. 

Diljérences  de  construction  avec  le  pont  de  Dizfoul.  —  On  reconnaît  facilement  que  le  pont 
de  Chouster  a  été  conçu  par  un  autre  architecte  que  celui  de  Dizfoul,  le  dernier  étant  construit 
d'une  façon  beaucoup  plus  robuste,  et  avec  d'autres  matériaux. 

Le  pont  de  Chouster,  a  eu,  à  l'état  neuf,  un  aspect  beaucoup  plus  élégant  et  léger  que 
celui  des  ponts  de  Dizfoul  (ju  de  Pa-ï-poul,  mais  les  faits  ont  suffisamment  démontré  que  sa 
solidité  était  inférieure. 

Carrières  de  grès.  —  Les  grès  qu'on  a  employés  pour  la  construction  étaient  extraits  de 
la  falaise  sur  le  côté  Nord,  où  l'on  voit  encore,  sous  les  couches  de  conglomérats,  de  grandes 
cavernes  qui  ne  sont  autre  chose  que  les  anciennes  carrières. 

En  effet,  on  reconnaît  encore  très  nettement  au  fond  des  cavernes  les  gisements  de  grès 
avec  les  traces  des  coups  de  pic  donnés  pendant  l'extraction. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  177 


Tunnels  sous  la  citadelle.   —    A  environ  300  mètres  en  amont  du  pont,  on  trouve  deux 
tunnels  perçant  la  roche  sur  laquelle  est  bâtie  la  citadelle  de  Chouster. 

Ce  chàteaufort  existait  certainement  avant  l'époque  sassanide.  Nous  en  voyons,  dans  Yakout, 
le  récit  de  la  prise  par  les  troupes  arabes  sur  la  garnison  persane  de  Yezdegerd  III. 

Ces  canaux  se  réunissent  à  une  centaine  de  mètres  au  delà  du  mur  d'enceinte  de  cette 
forteresse  (fig.  471)  pour  former  un  seul  canal,  que  nous  étudierons  plus  tard. 

Ces  tunnels  ont  de  3  à  4™,  50  de  largeur  sur  environ  100  mètre  de  longueur;  ils  étaient 
munis,  d'un  côté,  d'une  voie  de  passage  qui  est  en  partie  éboulée. 

Le  seuil  de  ces  canaux  souterrains  est  à  fleur  d'eau  au  niveau  des  basses  eaux,  l'entrée 
étant  protégée  par  une  construction  en  maçonnerie,  que  je  considère  comme  datant  d'un  âge 
postérieur  aux  canaux  eux-mêmes.  On  y  voit  le  même  système  de  protection  de  la  prise  d'eau 
que  j'ai  trouvé  aux  restes  d'un  ancien  canal  au  Nord  de  la  ville  de  Chouster,  à  Dizfoul  et  à 
Pa-ï-poul,  comme  il  sera  expliqué  plus  tard,  et  je  suis  d'avis  que  c'était  là  encore  une  particula- 
rité de  l'architecture  hydraulique  sassanide,  peut-être  importée  par  les  architectes  romains 
prisonniers. 

Canal  d'irrigation.  —  Le  canal  formé  par  les  deux  tunnels  s'étend  vers  l'intérieur  de  l'île 
comprise  entre  le  Choteit  et  l Ab-é-Girgir\  et  se  bifurque  au  premier  des  trois  barrages  qui  y 
furent  construits. 

Le  premier  embranchement  prend  une  direction  Sud  et  se  jette,  après  avoir  passé  le 
deuxième  barrage  (sous  le  pont  de  Laschkar),  dans  un  petit  torrent  qui  lui-même  passe  sous  le 
pont  de  Shah- Ali. 

Ce  sont  ces  deux  ponts  qui,  d'après  leurs  constructions,  datent  aussi  de  l'époque  sassanide^ 
et  que  j'ai  mentionnés  plus  haut. 

Le  torrent  passe  par  le  troisième  barrage,  actuellement  en  ruines,  et  se  jette  dans  le 
Girgir. 

Ces  barrages  étaient  nécessaires  pour  empêcher  l'eau  du  canal  de  descendre  trop  vite  les 
15  mètres  de  différence  de  niveau  entre  le  Karoun  et  le  lit  du  Girgir  en  bas  des  chutes,  et  dont 
je  parlerai  plus  loin. 

Ce  canal  servait  à  l'irrigation  des  champs  et  jardins  dans  les  environs  de  la  ville. 

Grand  canal  d'irrigation  de  l'île  de  Chouster.  —  Le  deuxième  embranchement,  qui  a  le 
même  niveau  à  peu  près  que  les  tunnels  sous  la  citadelle,  prend  une  direction  Sud-Ouest  et  se 
prolonge  sur  une  distance  de  33  kilomètres  dans  l'intérieur  de   l'île  de  Chouster.   J'ai  trouvé  les 

I.  Le  Karoun  se  bifurque  en  amont  de  la  ville  de  Chouster  en  deux  branches,  dont  l'une,  qui  passe  au  Nord  de  la 
ville  et  qui  contient  la  plus  grande  partie  du  volume  total,  est  nommé  Ab-é-Choteit .  L'autre,  passant  à  l'Est  de  la 
ville,  est  nomrilé  Ab-é-Girgir.  Ces  deux  branches  se  réunissent  à  environ  60  kilomètres  en  ligne  droite  au  Sud  de 
Chouster,  près  du  village  de  Bend-c-Kir,  prennent  l'eau  de  l'Ab-é-Diz,  et  forment  une  rivière  combinée  qui  est 
nommée  Karoun.  Elle  se  jette  dans  le  Shat-el-.\rab,  près  de  Mohammerah. 


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NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  179 


restes  de  l'embouchures  de  ce  canal,  près  du  village  d'Arab!  Hayau,  sur   la  rive  gauche   du 
Choteit,  à  la  distance  précitée. 

Le  canal  est  connu  sous  le  nom  de  Minau-ab,  mais  on  le  trouve  aussi  mentionné  sous  le 
nom  de  «  Dariam  »,  la  tradition  l'attribuant  à  Darius,  alors  qu'il  peut  aussi  bien  être  antérieur 
à  ce  roi. 

Barrage  dans  le  Choteit,  antérieur  au  barrage  de  Sapor.  —  Quoi  qu'il  en  soit,  il  semble 
certain  que  ce  canal  existait  avant  le  règne  de  Sapor  I,  et  cette  circonstance,  jointe  à  la  dispo- 
sition du  plafond  du  canal  en  relation  aux  basses  eaux,  me  fait  croire  qu'il  a  dû  exister  un 
barrage,  qui  rehaussait  les  eaux  de  telle  façon  qu'elles  entraient,  même  à  la  saison  de  la  séche- 
resse, dans  le  canal,  et  qui  était  bien  antérieur  au  barrage  du  grand  pont  de  Sapor  I. 

Il  en  résulterait  que  ce  roi  n'a  fait  que  réparer  l'ancien  barrage,  ou  bien  l'a  fait  remplacer 
par  l'actuel. 

Description  détaillée  du  canal  Minau-ab .  —  Le  canal  de  Minau-ab  ou  le  Dariam  se  dirige 
pendant  les  premiers  508  mètres  parallèlement  au  lit  du  Choteit,  dont  il  est  séparé  par  un  mur 
de  maçonnerie,  très  probablement  de  construction  contemporaine  du  pont. 

Évidemment  le  constructeur  a  prévu  le  danger  que  courrait  le  Minau-ab  d'être  rempli  par 
les  galets  emportés  par  le  courant  dans  la  direction  de  la  brèche  actuelle  du  mur  (fig.  471):  c  est 
pourquoi  il  a  fait  construire  un  mur  de  déflexion,  dont  on  retrouve  encore  quelques  fragments 
robustes. 

Actuellement,  ce  mur  étant  éboulé,  le  lit  du  Minau-ab  est,  en  efifet,  rempli  de  galets  qui 
rendent  le  canal  inutilisable. 

Peu  à  peu  la  direction  du  canal  s'éloigne  de  celle  du  Choteit.  A  environ  1,500  mètres  de  la 
ville,  on  trouve  les  restes  d'un  ancien  barrage,  remplacé  par  un  nouveau  connu  sous  le  nom  de 
Beîidé-Gak. 

Par  ce  barrage,  la  plus  grande  partie  de  l'eau  est  conduite  dans  le  canal  qui  va  en  direction 
Sud-Ouest,  tandis  que  le  trop-plein  se  décharge  dans  la  deuxième  section  du  canal. 

A  une  centaine  de  mètres  au  delà  du  premier  se  trouvent  le  pont  et  le  barrage  de  Laschkar, 
mentionnés  plus  haut. 

Ravin  du  Girgir.  —  Nous  avons  vu  comment  l'eau  du  trop-plein  servait  à  remplir  les 
diflférentes  sections  du  premier  embranchement,  pour  se  jeter  ensuite  dans  le  lit  du  Girgir.  Il 
s'ensuit  donc  qu  avant  le  creusement  du  lit  artificiel  de  ladite  rivière  à  travers  les  rochers  à 
l'Est  de  la  ville,  il  a  dû  exister  un  ravin,  où  coule  le  Girgir  à  présent,  et  qui  conduisit  les  eaux 
de  trop-plein  du  canal  Minau-ab. 

Le  canal  principal,  qui  prend  la  direction  S.-O.  depuis  le  Bendé  Gak,  conduisait  l'eau  sur 
une  distance  de  33  milles  dans  l'intérieur  de  l'île  de  Chouster,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus 
haut. 

La  formation  du  terrain  permettait  de  suivre  la  crête  d'une  colline  pour  y  creuser  ce  canal, 


i8o 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


d'où  sortaient  des  embranchements  à  droite  et  à  gauche  pour  arroser  les  terrains  qui  descen- 
daient en  pente  vers  les  rivières  Choteit  et  Girgir. 

Installations  d'arrosage.  —  Là  où  les  terrains  environnants  étaient  plus  élevés  que  le  niveau 
d'eau  dans  le  canal,  on  a  dû  remonter  l'eau  d'arrosage  des  champs  au  moyen  d'installations 
spéciales. 

Les  installations  qu'on  emploie  de  nos  jours  sont  tellement  primitives,  et  pourtant  si  bien 
imaginées,  que  je  suis  tenté  de  croire  qu'on  les  a  employées  aussi  aux  époques  éloignées,  de 
même  qu'on  fait  maintenant  encore  usage  des  chadoufs  et  noriahs  de  l'ancienne  Egypte. 

Ces  installations  nommées  actuellement  chah-ab  sont  fréquemment  usitées  dans  l'Ara- 
bistan,  et  sont  trop  intéressantes  pour  que  je  n'en  donne  pas  une  description  sommaire  (voir 
fig.  472). 

Une  construction   en    maçonnerie   M,    bâtie  au  bord   de  l'eau,  sert  de   point  d'appui  à 


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1^     Gv.R. 


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Echelle 


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10  Mètres 


Fig.  472.  —  Système  d'arrosage  dit  (  uxh-ab 


deux  rouleaux  R  et  r  sur  lesquels  glissent  deux  cordes  C  et  c,  dont  une  des  extrémités  est  tirée 
par  un  bœuf. 

A  l'autre  bout  de  la  corde  C  est  suspendue  un  sac  en  cuir  S,  tandis  que  l'autre  corde 
supporte  l'embouchure  d'un  tuyau  en  cuir  /  qui  termine  le  sac. 

Quand  le  bœuf  descend,  en  partant  du  point  plus  élevé  de  la  pente,  près  de  l'égout  c\  il  tire 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRA\'AUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  i8i 


sur  les  deux  cordes  dans  le  sens  de  la  flèche,  et  fait  remonter  le  sac  rempli  d'eau.  Le  tuyau 
remonte  en  même  temps  et  l'embouchure  en  reste  plus  élevée  que  la  partie  supérieure  du  sac, 
ce  qui  empêche  l'écoulement  du  contenu  du  sac. 

Quand  ce  tuyau  est  arrivé  à  la  hauteur  du  rouleau  r,  le  sac  se  trouve  encore  en  dessous  de 
ce  rouleau,  et  tandis  que  celui-ci  monte  jusqu'au  rouleau  R,  le  tuyau  est  tiré  dans  l'égout  e. 

L'eau  s'écoule  dans  cet  égout  qui  la  conduit  dans  les  champs  à  arroser,  et,  en  quelques 
secondes,  l'appareil  est  prêt  à  redescendre. 

A  la  figure  472    sont  données  deux  positions  différentes  de  l'appareil. 

Après  la  vidange  du  sac,  le  bœuf  remonte  la  pente,  ce  qui  fait  descendre  le  sac  jusqu'au 
niveau  de  l'eau,  où  il  se  rempli  de  nouveau,  et  le  même  jeu  se  répète. 

Avec  ces  appareils  on  peut  remonter  de  18.000  à  20.000  litres  d'eau  par  heure  et  par  bœuf. 

On  trouve  des  chah-ab  doubles,  triples  et  quadruples,  selon  qu'on  fait  usage  de  deux,  trois 
ou  quatre  bœufs. 

La  figure  472  représente  un  chah-ab  double. 

Autres  barrages.  —  A  l'Est  de  la  ville  de  Chouster  se  trouvent  encore  deux  barrages  dont 
nous  allons  nous  occuper  à  présent  (fig.  473). 

Barrage  dit  Bendé-Mizan.  —  Le  premier  de  ces  barrages,  nommé  Bendé-Mizan  (c),  est 
situé  au  point  de  bifurcation  du  Karoun,  où  les  deux  branches  Y Ab-é-Choteii  et  \'Ab-é-Girgir 
se  séparent.  Ce  barrage,  de  construction  solide,  est  également  attribué  par  quelques  auteurs  à 
l'époque  de  SaporL';  d'autres  veulent  qu'il  ait  été  construit  pour  empêcher  l'écoulement  trop 
grand  des  eaux  du  Karoun  par  le  canal  du  Girgir.  et  qu'il  date  d'une  époque  postérieure  au  pont 

de  Sapor. 

L'objection  qui  se  présente  à  la  dernière  supposition,  c'est  la  construction,  sous  l'eau,  des 
fondations  du  barrage  sans  les  moyens  modernes  (coffre  de  pilotis  ou  fondation  pneumatique). 

C'est  pourquoi  je  suis  tenté  de  croire  que  ce  barrage  est  contemporain  du  pont  de  Sapor, 
comme  je  l'expliquerai  plus  tard. 

Ce  barrage  contient  neuf  coupures  qui  servent  au  passage  des  eaux  qui  forment  VAb-é- 
Girgir,  et  dont  le  seuil  se  trouve  un  peu  plus  bas  que  le  niveau  de  sécheresse  dans  le  Karoun . 

A  l'extrémité  orientale  de  ce  barrage  se  trouve  un  tunnel /à  un  niveau  beaucoup  inférieur 
à  celui  des  basses  eaux  :  nous  verrons  plus  loin  le  but  probable  de  ce  tunnel. 

Barrage  dit  Bendé-Girgir.  —  A  peu  près  à  500  mètres  en  aval  de  ce  barrage  s'en  trouve  un 
autre  (a),  qui  est  de  construction  moderne.  Il  est  situé  tout  près  et  en  avant  de  l'emplacement 
d'un  pont  en  briques  à  une  seule  arche,  qui  réunissait  la  ville  de  Chouster  au  faubourg  de 
Boléiti  et  aux  routes  des  Bakhtyaris  et  d'Ahwaz. 

On  voit  encore  les  restes  des  culées  sur  les  deux  rives.  Ce  pont  subsistait  encore  en  1836 
et  constituait,  alors,  le  seul  moyen  de  communication  entre  la  ville  et  le  dit  faubourg;  il  paraît 


l82 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


qu'il  n'existait  pas  de  barrage  en  maçonnerie  à  cette  époque.  Il  est  possible  qu'un  barrage  en 
argile  (marqué  b  fig.  473)  ait  fermé  le  lit  de  la  rivière. 

Je  suis  d'avis  que,  pendant  les  crues  du  Karoun,  l'eau  descendant  le  Girgir  et  tombant  en 


VILLE   DE   CHOESTER 


Coupe  parf  e/  élévaiion  d'une 
partie  fiu  barrage  (y 


FauboTirg  de 
Boléiti 


Ab-i- Girgir  |/ 


KAsatm 


Légende 

(l    Bende.  Girgir  1  1  Ma/;onneri& 

b     Barrage,  en  argila     ^^^^^.^^^^^  f^^j^ 
C    Bende  Mixan.  ■:.-,.-^^k-i^ 

d/   Moulins  à-  eazv  ^  "^'^ 

€     TufiTvels  n       Cascade. 

f    Tunnel  dans  le 
Barrage  C 


Les  barrages  à  l'Est  delà -ville  de  Chouster 

Fig.  473 

cascade -sur  le  plateau^en  aval  du^barrage  a,  où  se  trouvent 'un  grand  nombre  de  moulins  de 
construction  arabe,  les  mettaient  en  grand  danger  d'être'détruits. 

Tunnels  et  barrage  en  argile.  —  En  conséquence,  on  s'est  efforcé  de  réduire  cette  quantité 
en  offrant  un  passage^  limité  à  l'eau  par  trois  tunnels  e  creusés  dans  les  grès  qui  bordent  la 
rivière  à  ce' point,  et  en  fermant  le  lit  de  celle-ci  par  un  barrage  en  argile  /. 

D'après  les  informations  qu'on  m'a  données  à  Chouster,  il  parait  que  ce  dernier  barrage  a 
été  l'objet  de  fréquentes  inquiétudes  en  raison  de  nombreuses  "ruptures,  de  sorte  qu'on  l'a 
remplacé  par  le  barrage  actuel  a  en  maçonnerie,  qui  sert  en  même  temps  de  trait  d'union  entre 
les  deux  bords  de  la  rivière. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  183 


Le  pont  a  disparu  dans  la  période  intermédiaire  entre  1836  et  1842,  où  deux  voyageurs 
renommés  ont  constaté  respectivement  la  présence  et  la  disparition  du  dit  pont. 

Age  du  Bendé-Girgir.  —  Il  en  résulte  que  le  barrage  actuel  du  Girgir  peut  dater  de 
68  ans  tout  au  plus  et  n'est  certainement  pas  de  l'époque  sassanide. 

Le  barrage  provisoire  en  argile  existe  encore,  et  se  trouve  presque  appuyé  contre  \e  Bendé- 
Girgir. 

L'origine  des  trois  tunnels  est  antérieure  au  dernier  barrage,  et  doit  remonter  au  temps  où 
le  barrage  en  argile  fut  jeté  à  tr^lve^s  le  lit  de  la  rivière. 

Canal  du  Girgir.  —  On  prétend  que  le  lit  du  Girgir  a  été  creusé  sur  les  premiers  1 500  mètres 
pour  former  une  communication  entre  le  Karoun  et  le  ravin  qui  existait  un  peu  plus  en  aval  de 
la  ville,  comme  nous  l'avons  vu. 

On  se  proposait  de  former  une  dérivation  du  Karoun,  pendant  la  construction  du  grand 
barrage  et  du  pont  vers  la  route  de  Dizfoul. 

Dallase  dans  le  lit  du  Choteit.  —  Plusieurs  écrivains  mentionnent  le  fait  que  le  lit  du 
Karoun  (ou  plutôt  du  Choteit),  en  face  de  la  citadelle,  est  pavé  de  grosses  dalles,  liées  entre  elles 
par  des  tenons  en  métal  —  mode  de  construction  qu'on  attribue  aux  Romains, 

J'ai  essayé  de  voir,  ne  fût-ce  qu'une  partie  de  ce  pavage,  mais  quoique  l'examen  des  bords 
de   la    rivière  fût  facilité  par  les  basses  eaux,  je  n'ai  pu  réussir  à  en  retrouver  les  traces. 

Ce  pavage  était  nécessaire,  dit-on,  pour  mettre  des  bornes  au  creusement  par  suite  de  l'érosion 
du  fleuve,  creusement  qui  devenait  dangereux  pour  les  roches  sur  lesquelles  est  bâtie  la  citadelle. 

Je  mentionne  ce  détail  en  relation  avec  le  problème  de  la  construction  des  différents  travaux 
de  Chouster,  dont  la  solution,  donnée  par  plusieurs  écrivains,  n'a  pu  me  satisfaire  jusqu'à  présent. 

Travaux  de  Sapor.  —  Le  programme  des  travaux  que  Sapor  I"  se  proposait  d'exécuter  a 
dû  être  à  peu  près  le  suivant  : 

l"  Il  s'agissait  de  remplacer  l'ancien  barrage  qui  desservait  le  Dariam  (et  qui,  je  suppose,  était 
tombé  en  partie  en  ruines)  par  un  nouveau  barrage,  sur  lequel,  d'après  le  plan  du  système 
sassanide,  serait  construit  un  pont  qui  établirait  la  communication  entre  les  deux  rives  du 
Choteit. 

2°  Si  nous  admettons  la  légende  du  dallage  du  lit  dans  le  Choteit,  en  face  de  la  citadelle, 
ce  travail  a  dû  exécuté  en  même  temps. 

Je  présume  que  ce  programme  a  pu  être  rempli  de  la  façon  suivante. 

Mode  de  travail.  —  D'abord  je  ferai  remarquer  qu'au  temps  de  Sapor  I"  on  ne  connaissait 
pas  les  moyens  de  déplacer  l'eau  en  masse  (pompes  ou  autres)  et  qu'on  doit  supposer  que,  pour 
être  à  même  de  travailler  dans  le  lit  d'une  rivière,  on  a  dû  la  dessécher  complètement. 

En  considérant  ce  détail,  on  a  dû  mettre  à  sec  d'abord  la  partie  a-b  devant  la  citadelle 


i84 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


(fig.  474)  pour  poser  le  dallage,  et  construire  le  barrage  c  dans  le  but  que  j'expliquerai  plus  tard; 
ensuite  répéter  la  même  opération  pour  la  partie  en  aval  de  h,  afin  de  pouvoir  bâtir  la  fondation 
du  barrage  et  du  pont  (fig.  475). 

Travail  du  dallage.  —  On  aura  donc  commencé  les  travaux  par  le  dallage  de  la  rivière  et,  à 

cet  effet,  il  est  probable  qu'on  a  creusé  un  canal,  for- 
mant un  nouveau  lit  de  la  rivière,  sur  la  rive  droite 
du  Karoun,  dont  on  voit  encore  les  digues  d  et  d' 
(fig.  474)  qui  ne  sont  que  les  déblais  de  l'excavation 
du  canal  pour  le  passage  provisoire  du  fleuve. 

Ensuite  on  aura  jeté  à  travers  la  rivière  une 
digue  provisoire  a,  en  argile,  galets  et  sable,  pour 
faire  entrer  le  courant  dans  le  nouveau  canal. 

L'ancien  barrage  b  près  de  la  citadelle,  bien  que 
nous  le  supposions  tombé  partiellement  en  ruines, 
a  bien  pu  avoir  servi  pour  empêcher  les  eaux  d'entrer 
dans  la  section  a-b,  car  il  s'agissait  de  faire  le  vide  du 
côte  de  cette  section.  Dans  ce  but,  et  aussi  en  tenant 
compte  de  la  nécessité  qui  se  présenterait  plus  tard 
de  détourner  les  eaux  du  Choteit  pour  mettre  à  sec  le 
lit  de  cette  rivière  en  aval  du  point  b  pour  la  construction  du  nouveau  barrage,  on  a  dû  creuser 
le  canal  qui  réunirait  plus  tard  le  Karoun  au  ravin  du  futur  Girgir,  à  l'Est  de  la  ville. 

En  prévoyant  la  nécessité  de  régler  la  quantité 
d'eau  qui  s'écoulerait  plus  tard  dans  le  Girgir,  on 
aura  bâti  le  barrage  c,  connu  actuellement  sous  le 
nom  de  Bendé-Mizan,  avec  les  coupures  qui  devaient 
assurer  le  passage  de  l'eau  nécessaire,  même  pendant 
la  sécheresse. 


Fig.  474. 
Premier  travail  d'assèchement  du  karoun 


Tunnel  dans  le  Bendé-Mizan.  —  On  se  rappel- 
lera que,  dans  ce  mur,  on  avait  ménagé  un  tunnel 
(fig.  473-f  )  dont  le  seuil  se  trouvait  près  du  fond  de 
la  rivière. 

Ce  tunnel  existe  et  fonctionne  encore,  comme  j'ai 
eu  l'occasion  de  l'observer. 

C'est  par  ce  tunnel  qu'on  aura  vidé  la  section  a-b 
de   la  rivière  où   l'on   pouvait  travailler  désormais, 

pour  y  mettre  les  dallages. 

■-^r»  Il  est  possible  que  toute  l'eau  d'infiltration  qui  passait  par  des  fuites  dans  les  digues  ait  été 


Chousteç  ^^ 

Fig.   475 
Deuxième    travail  d'assèchement  du  karoun 


NOl'lCE  SUR  LES  ANCIENS    TK.W'AUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  185 


conduite  par  de  petits  égouts  vers  le  tunnel/,  d'où  elle  quittait  les  chantiers  pour  se  jeter  dans 
le  ravin  du  Girgir. 

Maçonnerie  de  la  prise  d'eau  des  tunnels  du  canal  Minau-ab.  —  En  même  temps  que  le 
dallage  on  aura  construit  les  maçonneries  protectrices  des  entrées  des  deux  tunnels  sous  la  cita- 
delle, qui,  en  se  réunissant,  forment  plus  tard  le  canal  Minau-ab. 

Au  cours  de  ces  travaux,  en  face  de  la  citadelle,  ce  canal  était  desséché  :  c'était  un  incon- 
vénient, il  est  vrai,  mais  qui  n'aura  duré  que  le  temps  nécessaire  pour  exécuter  les  dits  travaux. 

A  la  fin  de  ces  travaux  une  partie  du  programme  était  remplie,  et  il  s'agissait  maintenant 
de  prendre  les  mesures  préparatoires  pour  la  construction  du  pont. 

Travaux  du  grand  pont.  —  A  cet  effet  (fig.  475)  on  aura  enlevé  la  digue  a  indiquée  au 
plan  474,  tandis  qu'une  nouvelle  digue  e  était  jetée  à  travers  le  canal  provisoire,  le  barrage  b  ou 
ce  qu'il  en  restait,  demeurant  intact. 

Les  eaux  du  Karoun  se  jetaient,  par  conséquent  à  travers  des  coupures  du  nouveau 
barrage  c  dans  le  lit  du  canal  de  ÏAb-é-Girgir,  et,  en  partie  aussi,  par  les  tunnels  sous  la  citadelle 
dans  le  canal  Minau-ab. 

L'enlèvement  de  la  digue  a  a  eu  lieu  probablement  à  la  main,  autant  que  possible,  le  reste 
de  cette  digue  étant  sans  doute  balayé  pal"  le  courant,  ce  que  le  caractère  provisoire  de  cette  digue 
rendait  possible. 

La  rivière  du  Choteit  étant  mise  à  sec  par  le  détournement  de  ses  eaux,  on  a  pu  procéder  à 
l'examen  du  futur  emplacement  du  grand  pont  vers  la  route  de  Dizfoul,  et  c'est  alors  qu'on  aura 
recherché  les  meilleurs  emplacements  sur  les  couches  de  grès  pour  y  poser  le  barrage.  C'est 
ainsi  qu'il  est  possible  qu'on  ait  déterminé  l'alignement  courbé  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

Un  examen  du  lit  du  Girgir  actuel  semble  indiquer  qu'en  effet  il  a  dû  y  passer  un  volume 
d'eau  beaucoup  plus  considérable  que  celui  de  la  rivière  actuelle.  En  plusieurs  endroits  les  hautes 
rives  sont  situées  à  de  très  grandes  distances  de  la  rivière.  Près  du  village  de  Chéléli  la  distance 
des  hauts  bords  est  environ  de  1500  à  2000  m.  tandis  que  le  Girgir  n'y  mesure  qu'une  largeur 
de  30  à  40  m. 

Après  l'achèvement  des  travaux  du  pont,  on  aura  enlevé  le  vieux  barrage  b,  et  les  conditions 
auront  été  celles  que  nous  retrouvons  actuellement. 

11  est  évident  que  ces  travaux  n'ont  pas  été  terminés  en  un  été,  et  qu'ils  ont  dû  être  inter- 
rompus à  plusieurs  reprises  par  suite  des  crues  occasionnant  des  inondations  des  chantiers  de 
travail;  mais  il  paraît  certain  que  ces  maçonneries,  même  inachevées,  résistaient  au  courant  pen- 
dant un  temps  limité,  et,  qu'après  la  baisse  des  eaux,  on  pouvait  reprendre  les  travaux. 

Par  l'exposé  qui  précède  j'ai  essayé,  avec  les  données  que  j'ai  relevées  en  différents  endroits, 
de  trouver  une  solution  du  problème  intéressant  de  la  construction  de  ces  travaux  en  tenant 
compte  des  moyens  disponibles  à  l'époque.  — ■  Ces  constructions  qui,  de  nos  jours,  auraient  coûté 
des  sommes  considérables,  n'étaient  évidemment  pas  possibles  sans  un  grand  nombre  d'ouvriers 

24 


i86 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


connaissant  bien  leur  métier  et  travaillant  en  corvée,  et  c'est  là  encore  une  indication  que  ces 
travaux  ont  été  faits  par  les  prisonniers  romains. 

Ancien  kanate.  —  En  amont  de  la  ville  de  Chouster  se  trouvent  encore  des  ruines  d'une 
prise  d'eau  d'un  canal  consistant  en  deux  arches  en  maçonnerie. 

Ce  canal  (fîg.,176)  taillé  dans  les  grès  se  prolonge  en  un  kanate  ou  tunnel,  muni  de  cheminées, 
pour  extraire  les  déblais  des  excavations,  et  servant  de  prise  d'air  pour  les  ouvriers  qui  travaillent 


Type  général  diin   Khanat 


Prise  d'eau 

du  aznal  cons- 
■truU  en  maçojv 
■rie .  en  deux 
arches. 


Canal 


C,C  -    cheminées 

FiG.  476 


c 


, , . '=  Canal  et 
//i    Khanat  OÙ 


cheminée  i'  ^ 


'■ê' 


Nord  delà, 
ville  de 
Chouster 


cheminée  i''^''.<^ 


dans  le  tunnel.  On  peut  poursuivre  le  kanate,  qui  passe  à  côté  de  l'Imam-zadèh  se  trouvant  sur 
la  rive  droite  du  Choteit,  en  face  de  la  ville  de  Chouster,  (voir  le  plan  fig.  171)  et  se  perd  dans 
la  plaine  vers  l'Ouest. 

Il  y  a  un  endroit  où  le  canal  s'est  éboulé,  mais  où  l'on  a  évidemment  nettoyé  les  déblais  ; 
cet  emplacement  donne  une  idée  exacte  de  ce  tunnel  :  il  est  indiqué  au  plan.  Des  kanates  sem- 
blables se  rencontrent  encore  partout  en  Perse,  mais  celui-ci  est  remarquable  à  cause  de  la  con- 
struction en  maçonnerie  à  la  prise  d'eau,  et  d'un  mur  qui  paraît  avoir  été  établi  pour  y  construire 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  187 


une  sortie  de  l'eau  dans  une  coupure  qu'on  voit  encore  très  nettement  près  de  l'Imam-zadèh,  une 
deuxième  coupure  ayant  été  faite  évidemment  dans  le  même  but  à  environ  200  mètres  plus  à 

l'Ouest. 

Ces  constructions  étant  sassanides  (le  mur  est  identique  à  la  maçonnerie  des  piles  de  Pa-ï- 
poulet  Dizfoul),  elles  fixent  l'époque  du  kanate  auxquels  elles  appartiennent  et  dont  elles  forment 

partie  intégrante. 

C'est  à  ce  point  de  vue  que  ce  kanate  est  remarquable  ;  sous  tous  les  rapports  il  ressemble, 

d'ailleurs,  aux  autres  kanates  de  Perse. 


Dizfoul 

Pont.  —  Le  pont  sur  VAb-é-Diz.  qui  unit  la  ville  de  Dizfoul  à  la  Susiane  au  Sud  (route 
d'AmaraetHawizch),etaux  montagnes  du  Nord  (routedeKhorremabadet  Hamadan),  se  trouve, 
il  est  vrai,  dans  une  condition  précaire,  mais  répond  encore  aux  besoins  du  trafic. 

Aspect  général.  —  L'aspect  général  du  pont  de  Dizfoul  est  beaucoup  plus  robuste  que  celui 
de  Chouster,  et,  comme  je  l'ai  remarqué  plus  haut,  on  voit  très  facilement,  du  premier  coup  d'œil, 
que  ces  ponts  ont  été  conçus  par  des  architectes  différents. 

Il  est  possible  que  les  ponts  de  ces  deux  localités  aient  été  construits  en  même  temps  sous 
les  ordres  de  divers  officiers  du  génie  romain. 

Il  est  à  noter  que  les  restes  du  pont  de  Pa-ï-poul  offrent  beaucoup  de  ressemblance  avec 
celui  de  Dizfoul.  La  distance  entre  les  deux  sites  n'étant  que  de  25  milles,  la  surveillance  de  ces 
travaux  par  un  ingénieur  en  chef  était  fort  possible.  La  distance  de  Chouster  à  Dizfoul,  qui  est 
de  75  milles,  aurait  exigé  deux  personnes  différentes  pour  la  surveillance  de  la  construction. 

Le  pont  de  Dizfoul  est  formé  de  22  arches  en  maçonnerie,  dont  les  piles  ont  des  dimensions 
puissantes  et  bien  calculées  pour  résister  à  l'effort  des  eaux  pendant  les  crues. 

Il  y  a  quelques  piles  qui  sont  de  construction  moderne,  tandis  qu'une  est  disparue  et  rem- 
placée par  une  construction  en  maçonnerie  de  dimensions  et  matériaux  fort  médiocres. 

La  dernière  rupture  du  pont  de  Dizfoul  date  du  mois  de  février  1903.  La  crue  fut  alors  si 
forte,  qu'au  dire  des  habitants,  l'eau  monta  jusqu'à  un  mètre  environ  des  clés  de  voûte.  Une 
pile  fut  emportée,  et  par  suite  deux  arches  s'écroulèrent. 

Alignement.  —  L'alignement  du  pont  est  droit,  exception  faite  d'une  légère  déviation  dans 
la  construction  au  bout  opposé  à  la  ville,  qui  date  d'une  réparation  récente. 

Superstructure.  —  La  superstructure  du  pont  a  été  réparée  et  modifiée  en  plusieurs 
endroits,  mais  on  reconnaît,  en  d'autres,  le  travail  originel  grâce  à  la  puissance  des  constructions 
et  à  la  forme  des  arches. 


i88  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TR.W  AUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


Piles.  —  Le  système  de  construction  des  piles  romaines  est  clairement  visible  en  plusieurs 
d'entre  elles. 

Barrage.  —  Il  ne  reste  que  quelques  parties  du  barrage  qui  soient  intactes  ou  presque 
intactes  entre  les  piles;  la  plus  grande  portion  a  disparu,  laissant  à  découvert  les  conglomérats 
qui  se^décomposent  de  plus  en  plus. 

Fondations.  —  Un  examen  très  sommaire  des  piles,  sur  les  points  où  le  barrage  a  été 
enlevé,  ferait  penser  que  ces  piles  ont  été  établies  sur  des  fondations  pyramidales;  mais  une 
comparaison'Javec  les  autres  piles  et  fondations  prouve  que  cette  forme  pyramidale  n'est  qu'un 
effet  accidentel  dû  à  l'érosion  du  massif  construit. 

Une  [des  admirables  vues  de  M.  Dieulafoy,  dans  son  œuvre  L'Art  antique  de  la  Perse 
(tome  I\',  PI.  X),  prouve  le  manque  absolu  de  place  pour  des  socles  pvramidaux  servant  de 
fondation  aux  piles. 

Tunnel  et  canal  sur  la  rive  gauche.  —  La  hauteur  du  barrage  est  d'environ  3  mètres  au- 
dessus  des  basses  eaux.  Cette  hauteur  suffisait  pour  conduire  l'eau  dans  un  canal  b  (voir  fig.  477), 
qui  était  creusé  en  tunnel  sur  la  rive  gauche  (côté  de  la  ville)  dans  les  conglomérats  longeant  la 
falaise,  pour  aboutir  à  100  mètres  en  aval  du  pont  dans  un  canal  ouvert  (c),  qui  suit  une  direc- 
tion S.-E. 

Un  canal  ouvert  d  court  parallèlement  au  premier  :  le  plafond  en  est  beaucoup  plus  élevé, 
mais  je  n'en  ai  pu  trouver  la  prise  d'eau. 

Probablement  ce  dernier  canal  fut  une  dérivation  du  premier,  lorsque  celui-ci  devint  hors 
d'usage. 

Le  tunnel  ^  avait  sa  prise  d'eau  à  environ  300  mètres  en  amont  du  pont;  c'était  une  con- 
struction en  maçonnerie  tombée  complètement  en  ruines,  dont  les  fragments  constituent  de  beaux 
spécimens  de  maçonnerie  romaine  (voir  la  figure  467). 

J'ai  trouvé,  près  de  la  prise  d'eau  du  canal,  l'embouchure  d'un  tunnel  A  de  2™,  50  de  hauteur 
au  milieu,  sur  o",  50  de  largeur,  percé  perpendiculairement  à  la  falaise  et  se  perdant  sous  les 
maisons,  tandis  qu'un  autre  tunnel,  de  mêmes  dimensions  (i),  s'ouvre  à  quelque  distance  de  là, 
mais  à  un  niveau  inférieur. 

Je  crois  y  voir  des  cloaques  qui  furent  construits  en  même  temps  que  les  autres  travaux 
romains. 

Ces  restes  et  d'autres  vestiges  que  l'on  peut  attribuer  à  un  mur  d'enceinte  le  long  de  la 
rivière,  semblent  indiquer  qu'on  a  profité  des  connaissances  du  génie  militaire  de  l'armée 
romaine  prisonnière  pour  efl'ectucr  de  grands  travaux  de  paix  et  de  guerre  dans  la  ville  de 
Dizfoul. 

Vallée  en  amont  de  la  ville.  —  En  amont  et  à  quelques  kilomètres  de  la  ville,  débouche 
une  grande  vallée  qui  la  contourne  à  l'Est  et  se  dirige  au  S.-O.  On  y  trouve  les  restes  de  canaux 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


i8g 


qui  ont  servi  évidemment  à  l'irrigation  des  cultures  pratiquées  au-delà  des  collines.  On  passe 
ces  canaux  en  venant  du  côté  du  village  de  Ab-bid,  sur  un  pont  en  ruines,  qui  n'est  pas  de 
l'époque  sassanide,  mais  bien  de  construction  moderne. 


i'S^^S: 


^\V 


Gv.R. 


Travaux  de  Saporl  à  Dizfoiù 

a     -  Bar'ragr  et  pont 

b Turutcl  siw  la  rino  gau^ha 

C Canal   dccouocrt  sur  la.  rivegcuLche 

d/. —  Canal  parallèle   -   ,, ,-  „  — 

e Canal/  sur  la/ rizie  droil& 

p. — Dérivation  du-  canal  C 

q Prise  d'eau,  du,  canal'  b 

h',i    Cloacjucs 

k' Prises  d'eaii  du  cjn/ial  C 

l Moulins  à  etuv 


FiG.  477 


Un  grand  nombre  de  kanates,  creusés  dans  les  conglomérats,  se  trouvent  plus  à  l'Est 
du  dit  canal,  tous  allant  dans  la  direction  du  Sud.  Doit-on  voir  dans  cette  vallée  le  lit  provisoire 
de  la  rivière,  qui  a  servi  comme  déviation  des  eaux,  pendant  les  constructions  du  pont  ?  Cela  me 
paraîtrait  très  probable  et  rentrerait  bien  dans  le  cadre  du  système  de  travail  de  ces  époques. 

Canal  sur  la  rive  droite.  —  Sur  la  rive  droite  de  la  rivière,  un  autre  canal  e  prenant  nais- 


igo  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


sance  à  400  mètres  environ  du  pont  (/.-),  longe  le  pied  des  collines  et  les  traverse,  un  peu  en  aval 
du  pont,  par  le  moyen  de  plusieurs  petits  tunnels  percés  dans  les  cong-lomérats. 

Ce  canal  prend  enfin  une  direction  S.-S.-O.  et  se  perd  dans  la  plaine. 

C'était  sans  doute  un  des  canaux  principaux  qui  arrosaient  la  Susiane,  et  dont  on  retrouve 
les  embouchures  dans  l'Ab-é-Diz  à  plusieurs  kilomètres  plus  au  Sud,  sur  la  route  de  Suse. 

Bifiuxation.  —  FJans  la  partie  où  le  canal  traverse  les  collines  il  y  a  un  endroit  marqué  / 
(fil,;;.  477)  où  le  canal  se  bifurque.  L'embranchement  passe  par  deux  courts  tunnels,  et  s'incurve 
ensuite  à  angle  droit  pour  rejoindre,  à  une  centaine  de  mètres,  le  canal  principal. 

Celte  bifurcation  a  été  faite  sans  doute  pour  détourner  un  obstacle  dans  le  canal  principal, 
entre  p  et  ^7,  produit  soit  par  un  éboulement,  soit  par  l'ensablement,  qu'on  ne  savait  déblayer 
faute  de  moyens  pour  draguer  sous  l'eau.  —  En  Perse  on  observe  encore  à  présent  le  môme  fait  : 
(in  préfère  détourner  un  canal  ou  un  kanate,  plutôt  que  de  réparer  l'endroit  endommagé. 

État  actuel  des  canaux.  —  Actuellement  plusieurs  de  ces  tunnels  sont  effondrés  et  les 
canaux  tellement   remplis  que  les  plafonds  se  trouvent  à  plus  de  10  mètres  au-dessus  du  niveau 

originel. 

Les  canaux  ont  au  plafond  une  largeur  d'au  moins  15  mètres,  tandis  que  les  tunnels  sont 
très  étroits  (environ  3  mètres;  en  tenant  compte  de  l'érosion  par  l'eau  et  des  éboulements  qui  se 
sont  produits  au  cours  des  siècles,  la  largeur  a  dû  être  moindre).  Il  s'ensuit  que  la  vitesse  de 
l'eau, en  débouchant  dans  les  canaux,  était  considérablement  ralentie,  ce  qui  a  provoqué  en  grande 
partie  l'ensablement  des  canaux. 

Les  berges  de  ceux-ci  étant  très  escarpées,  des  éboulements  se  sont  produits  sans  doute 
assez  fréquemment,  de  sorte  que  les  causes  précitées  ont  contribué  à  la  perte  des  canaux. 


■A-l 


POUL 


Ruines  de  Pa-ï-poul.  —  k  l'endroit  situé  le  plus  au  Nord-Ouest  de  la  Susiane,  où  le  fleuve 
de  la  Kcrhlia  quitte  les  montagnes  du  Pouchl-é-kouh  et  vient  se  jeter  dans  la  plaine,  on  ne 
retrouve  plus  que  les  débris  d'un  ancien  pont  sassanide  et  d'une  construction  en  maçonnerie  qui 
a  servi  comme  prise  d'eau  d'un  canal  {{]<j;.  478). 

Pont.  —  Dupont,  il  ne  reste  plus  que  les  ruines  de  seize  piles  sur  la  rive  gauche,  dont 
quatre  ayant  une  hauteur  d'environ  3  mètres  au-dessus  du  barrage,  et  les  autres  de  o",  80  au- 
dessus  du  terrain  environnant. 

Sur  la  rive  droite  on  voit  les  restes  de  deux  piles  qui  se  dressent  jusqu'à  la  hauteur  de  la 
naissance  des  arches. 

Le  barrage,    qui  a  dû  avoir  4   mètres  de  hauteur  au-dessus  du  niveau  des  basses  eaux,  a 


NOTICE  SUR  I.KS  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  191 


disparu  presque  complètement  entre  les  piles,   mais  se  trouve  encore  en  assez  bon  état  entre  la 
culée  et  la  première  pile  de  la  rive  gauche. 

La  largeur  du  fleuve  aux  basses  eaux  à  ce  point  est  évaluée  à  60  mètres. 

Canal  sur  la  rive  droite.  —  Sur  la  rive  droite  on  voit  dans  la  falaise,  en  aval  du  pont, 
l'entrée  d'un  tunnel  formant  la  prise  d'eau  d'un  canal  qui  longe  la  Kerkha  et  va  dans  la  direction 
de  l'ancienne  ville  sassanide  d'.Aïvan-i-Kherkha. 

Canal  sur  la  rive  gauche  et  coupure.  —  Sur  la  rive  gauche,  à  environ  300  mètres  au  nord 
du  pont,  se  trouve  une  coupure  dans  le  conglomérat,  qui  formait  l'entrée  d'un  canal  A  B  C  D  E, 
dont  les  bords  étaient  verticaux  pendant  les  premiers  70  mètres. 

L'entrée  de  ce  canal  est  taillée  dans  les  conglomérats  avec  une  direction  S.-S.-E.  et  une 
inflexion  à  200  mètres  de  l'embouchure.  A  400  mètres,  ce  canal  entre  dans  la  plaine,  mais  il  est 
coupé  par  un  autre  canal  plus  profond,  et  séparé  du  premier  par  les  digues  B  et  C  (fig.  478). 
Nous  verrons  bientôt  quel  était  l'objet  de  ces  digues  et  du  canal. 

Au  sud  de  la  digue  C  on  suit  le  vieux  canal  à  perte  de  vue  dans  la  plaine,  tandis  que 
d'autres  canaux  le  recoupent  en  biais. 

Le  plafond  du  canal  se  trouve  à  environ  12  mètres  au-dessus  du  niveau  des  basses  eaux, 
tandis  que  celui  du  canal  transversal  est  à  8  mètres  à  l'embouchure,  et  à  7  mètres  plus  à  l'intérieur. 

Deuxième  canal  sur  la  rive  gauche.  —  Ce  dernier  canal  (a-b-c-d)  prend  naissance  dans  la 
construction  en  maçonnerie  déjà  mentionnée  plus  haut,  située  à  70  mètres  environ  en  aval  delà 
coupure  dans  les  conglomérats. 

Prise  d'eau  du  deuxième  canal.  —  Cette  construction  (fîg.  479),  formée  de  deux  murs  à 
angle  droit,  a  été  comblée  par  le  sable.  Je  suppose  qu'il  existait  six  arches  dans  le  mur  a,  dont 
trois  étaient  visibles,  donnant  passage  aux  eaux.  Ce  mur  repose  à  l'une  des  extrémités  sur  les 
conglomérats  de  la  rive,  et  à  l'autre,  sur  le  mur  b  qui  se  prolonge  en  un  mur  de  soutènement  en 
béton  c,  muni  de  contreforts  d  de  mêmes  matériaux. 

Les  arches  ont  2'",8o  de  largeur  sur  3'",  20  de  hauteur  à  la  clé,  et  sont  formées  par  des  voûtes 
rondes,  ce  qui  indiquerait  qu'elles  sont  de  construction  romaine. 

Aussi  suis-je  d'opinion  que  nous  devons  voir  dans  cette  construction  un  travail  contemporain 
du  pont  et  attribuable  à  Sapor  I". 

Le  seuil  de  ces  arches  est  à  i  mètre  au  dessus  des  basses  eaux,  tandis  qu'à  3"',90  au  dessus 
de  ce  niveau  on  remarque  les  traces  du  passage  des  eaux  rehaussées  par  le  barrage  du  pont. 

La  section  nette  du  profil  d'écoulement  est  de  7'"%3o  ce  qui  donne  pour  les  arches  une  section 
totale  de  ^j'™%So.  Plus  tard  je  ferai  une  comparaison  entre  cette  section  totale  et  le  profil  pro- 
bable du  canal  correspondant. 

Le  murs  de  la  prise  d'eau  sont  construits  de  la  même  façon  que  les  piles  du  pont,  c'est-à-dire 
formés  d'un   noyau   en   béton,    recouvert  d'une  couche  protectrice,  qui   parait   avoir   été  rem- 


-J'risedeaji'de'          A 
h- Coupure  /     #      .'%. 


|1  Congloméi'ats   %  ^    W^-, 

lA   m  ^# 


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Plaine 


;«;;»,'.;;::;.',■,','„;,','-' 

iulrmc "■!  1 

Canaux  de  Pa-i-poîi^ 


Canaux  de  Sapor  I. 
Anciens  canaux. 

.  Direction  pToiatle 
de  canaux. 


Eaux  rehaussées  parla 
barrage  deSaoor. 


s     icv  ta         3oMiï."ss 


l'"lG.    478 


, 6,60 i( 2780.... 

Section  de  B arches  i-3fS 
FiG.  4-9.  —  Pont  et  barrage  sassamdes  de  pa-ï-poul 


Kerizha  à 
7'J^SO..^     basses-eau^ 


'9A 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRA\AUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


placée  en  divers  endroits,  probablement  au  cours  d'une  réparation,  par  des  briques  de 
31  X  31  X  65  centimètres. 

La  partie  des  murs  au-dessus  du  niveau  de  l'eau  est  de  construction  identique  comme  l'in- 
dique la  figure  467. 

Le  mur  de  soutènement  ne  montre  aucune  trace  de  couche  protectrice. 

Le  canal  dont  la  dite  construction  formait  la  prise  d'eau,  et  que  je  nommerai  désormais, 
pour  le  distinguer  du  premier  canal  passant  par  les  conglomérats,  le  canal  de  Sapor,  court 
parallèlement  à  l'ancien  canal,  aune  distance  de  centre  à  centre  d'environ  40  mètres. 

Profil  des  deux  canaux.  —  La  figure  480  montre  une  section  transversale  des  deux  canaux 
à  l'endroit  où  ils  courent  parallèlement,  d'où  Ion  voit  la  différence  de  niveau  des  plafonds  actuels 
et  originels,  en  admettant  que  celui  de  l'ancien  canal  fut  à  i  mètre  au-dessus  du  niveau  des 
basses  eaux  de  la  Kerkha. 


Profil  de  lanjcien  canal 


■*J2'. 


Plafbna  '    ensablé 


^Section 


VA 


du  profil  ^^ 


0        12       3 

FiG.   480.  —  Profil  des  deux  grands  canaux  de  pa-ï-poul 


L'étude  des  vestiges  de  ces  canaux  m'a  convaincu  que  l'ancien  canal,  dont  la  prise  d  eau  a 
été  ouverte  dans  les  conglomérats,  recevait  ses  eaux  du  lit  de  la  Kerkha,  sans  qu'il  existât  de 
barrage  dans  cette  rivière. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TR.WAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  195 

La  supposition  que  le  plafond  de  cet  ancien  canal  était  à  i  mètre  au-dessous  du  niveau  des 
basses  eaux  est  fondée  sur  les  considération  suivantes. 

En  premier  lieu  le  creusement  du  canal  étant  fait  à  la  main,  on  s'est  évidemment  efforcé  de 
ne  pas  faire  l'excavation  plus  profonde  qu'il  n'était  strictement  nécessaire. 

Il  s'ensuit  qu'on  se  sera  contenté  de  creuser  un  canal  de  profondeur  telle  que,  même  aux 
basses  eaux,  il  pût  contenir  une  petite  quantité  d'eau,  et  il  me  semble  que  le  minimum  est  bien 
d'un  mètre.  Pendant  les  crues  le  volume  d'eau  passant  par  le  canal  a  dû  être  tel  que  le  peu 
de  profondeur  aux  basses  eaux  n'eût  guère  d'importance. 

Construction  du  canal  de  Sapor.  — Ces  conditions  étaient  peu  satisfaisantes,  et  c'est  proba- 
blement la  raison  pour  laquelle  l'ingénieur  chargé  par  Sapor  de  projeter  un  nouveau  canal 
d'irrigation,  lorsque  l'ancien  canal  fut  ensablé,  a  adopté  un  autre  système,  et  fait  usage  d'un  bar- 
rage pour  rehausser  le  niveau.  Il  obtenait,  par  ce  procédé,  le  double  avantage  que  l'excavation 
était  réduite,  et  que  le  niveau,  à  la  prise  d'eau,  était  constant  pendant  l'hiveraussi  bien  que  durant 
la  sécheresse  et  beaucoup  plus  élevé  que  le  niveau  naturel  de  la  rivière. 

Ces  niveaux  du  canal  de  Sapor  sont  donnés  par  la  hauteur  du  seuil  et  celle  des  marques 
laissées  par  l'eau  sur  les  parois  des  arches  :  il  n'existe  donc  aucun  doute  sous  ce  rapport. 

En  comparant  les  niveaux  et  les  profils  des  deux  canaux,  on  voit  que  le  niveau  du  canal  de 
Sapor  était  de  3'", 90  au-dessus  de  celui  de  l'ancien  canal  et  le  plafond  à  2  mètres  au-dessus  de 
l'autre. 

Le  profil  du  canal  de  Sapor  a  environ  trois  fois  la  capacité  de  l'ancien  canal  aux  basses  eaux 
et  le  rayon  de  l'effet  obtenu  pour  l'irrigation  était  augmenté  en  proportion  de  la  différence  du 
niveau  des  deux  canaux. 

Hauteur  actuelle  des  plafonds.  —  Aux  temps  présents,  la  hauteur  considérable  des  plafonds 
de  ces  canaux  au-dessus  du  niveau  de  la  Kerkha,  même  rehaussée  par  le  barrage,  semble  à 
première  vue  invraisemblable,  mais  n'a  rien  d'étonnant  quand  on  considère  le  laps  de  temps 
écoulé  depuis  la  construction  de  ces  canaux. 

Age  des  deux  canaux.  —  Si,  en  eiïet,  nous  partons  de  l'hypothèse  que  le  canal  de  Sapor 
remonte  à  1600  ans  en  chiffres  ronds,  l'ensablement  depuis  le  niveau  du  seuil  des  arches  (c'est- 
à-dire  de  la  côte  +  1  mètre  jusqu'cà  la  côte  +  7  mètres,  soit  6  mètres)  a  eu  lieu  dans  cet  espace 
de  temps,  correspondant  à  un  ensablement  théorique  de  6/1600  =  o'",oo38  par  an,  en  chiffres 
ronds,  ce  qui  n'est  pas  exagéré. 

Si  l'ancien  canal  s'est  rempli  selon  la  même  loi  (et  il  n'existe  aucune  raison  pour  qu'il  n'en 
soit  pas  ainsi)  on  en  peut  facilement  déduire  l'âge,  en  tenant  compte  de  ce  que  le  niveau  du 
plafond  s'est  élevé  de  la  côte  —  i  mètre  jusqu'à  la  côte  +  12  mètres  (soit  13  mètres)  et  on 
trouvera  l'âge  probable  du  canal  en  divisant  cette  hauteur  par  l'ensablement  annuel,  soit 
13/0'",  0038  =  3400  ans. 


,0  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


11  résulte  de  ce  calcul  que  l'ensablement  de  ce  canal  a  commencé  en  l'an  3400  —  1900  = 
j yoo  ans  av.  J.-C. 

Nous  pouvons  donc  considérer  ce  canal  comme  étant  effectivement  de  construction  élamiie. 

Projet  cfirrigalion  de  la  Susiane  par  Sapor.  —  Il  est  probable  que  le  roi  Sapor.  en 
ordonnant  de  construire  les  canaux  de  Pa-ï-poul  et  de  Dizfoul,  mettait  à  exécution  un  grand 
projet  d'irrigation  de  la  plaine  de  Suse. 

Si  ce  monarque  choisit  pour  son  canal  venant  de  Pa-'i-Poul  une  autre  direction  que  celle  de 
l'ancien  canal,  déjà  ensablé  de  son  temps,  ce  fut  sans  doute  pour  arroser  d'autres  parties  plus 
éloignées  de  la  Kerkha.  On  peut  ainsi  expliquer  le  fait  que  le  canal  de  Sapor  a-b-c-d  traverse 
l'ancien  canal  à  l'endroit  B-C. 

Ce  canal  de  Sapor  passe  ensuite  non  loin  de  Tépé  Sindjar,  monticule  recouvrant  les  ruines 
d'une  ancienne  ville,  peut-être  la  ville  élamite  de  Haliemas,  détruite  au  VII' siècle  avant  J.-C. 
par  le  roi  assyrien  Assourbanipal,  lors  de  sa  campagne  contre  le  royaume  d'Elam,  au  cours  de 
laquelle  fut  aussi  détruite  la  ville  de  Suse. 

Époque  de  r ensablement  du  canal  de  Sapor.  —  On  peut  se  former  une  idée  approximative 
de  l'époque  à  laquelle  le  canal  de  Sapor  est  devenu  hors  d'usage,  en  calculant  le  temps  néces- 
saire pour  rehausser  le  plafond  de  la  côte  +  i  mètre  au  niveau  de  l'eau  du  bassin  formé  par  le 
barrage  c-a-d,  à  la  cote  -f  3'", 90,  soit  2^^9o.  Cette  hauteur  correspond  à  2"",  90/0",  0038  = 
760  ans  en  chiff'res  ronds,  ce  qui  revient  à  dire  que  760  ans  après  l'achèvement  du  canal,  ou 
approximativement  en  l'an  1060  de  notre  ère,  le  canal  était  comblé  jusqu'au  niveau  des  eaux 
rehaussées  et  ne  contenait  plus  d'eau  d'irrigation. 

But  des  canau.v.  —  L'étude  surplace  des  diff'érents  canaux  qui  s'entrecoupent  m'a  amené 
à  la  théorie  suivante. 

Après  un  certain  laps  de  temps,  l'ancien  canal  A  B  C  D  E  aélé  obstrué  dans  la  partie  A-C 
par  des  éboulcmcnts  ;  il  est  possible  que  ce  soit  la  prise  d'eau,  aux  bords  taillés  à  pic  dans  le 
conglomérat,  qui  ait  été  comblée  par  les  roches  effondrées. 

On  aura  creusé  alors  un  autre  canal  L  E  G  II,  pour  amener  l'eau  dans  le  canal  principal 
au  point  //. 

Ce  canal  doit  également  avoir  été  ruiné  par  une  cause  quelconque  (peut-être  l'ensablement 
de  la  prise  d'eau),  et  on  aura  changé  l'endroit  de  la  prise  d'eau,  qui  fut  fixée  au  point,/.  Le  troi- 
sième canal  aura  eu  alors  la  direction  I J  D,  et  on  l'aura  prolongé  du  côté  K  pour  arroser 
d'autres  portions  du  sol.  —  La  digue  D  dans  le  canal  primitif  semble  confirmer  cette  hypothèse. 

Enfin  le  nouveau  canal  et  l'ancien  {IJ DE)  se  sont  ensablés,  et  on  les  aura  abandonnés 
complètement. 

La  partie  I J  a  disparu,  probablement  emportée  par  le  courant  durant  les  crues,  et  enlevée 
par  les  travaux  des  canaux  de  Sapor  qui  lra\  crsent  les  anciens  canaux. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


'97 


Du  canal  L  F,  il  reste  encore  une  partie  visible  entre  l'ancien  canal  et  celui  de  Sapor,  où 
ils  prennent  une  direction  parallèle. 

On  voit  par  le  plan  (fig.  478)  la  direction  du  canal  de  Sapor  et  de  ses  bifurcations. 

]"v  ai  indiqué  les  endroits  où  furent  relevés  les  sections  tranversales  représentées  ailleurs. 

Restitution  des  profils.  —  En  prenant  pour  bases  les  données  de  mes  études  sur  place,  j'ai 
essayé  de  reconstituer  les  profils  que  les  canaux  de  Pa-ï-poul  ont  pu  avoir  originellement,  et  j'ai 
résumé  les  résultats  de  ces  recherches  à  la  figure  481  (voir  aussi  le  plan,  fîg.  478). 

Le  profil  I  est  une  coupe  par  le  canal  primitif  de  Sapor,  c'est-à-dire  le  canal  qui  conduisit 
l'eau  de  la  Kerkha  vers  l'intérieur  de  la  plaine. 


Echelle  des  hauUurp 

0       l       ï       i       »        b      «Mètres 

Echelle  des  largeurs 


Le  trtzU  fort  indique  les  profils  ac'izels 
les  JuuLteiirs  sont  approjcimatioes 
—r-rz  Terrain  enlevé  par  la  plui& 


lerja 


Fig.  481.  —  Restitution  des  profils  des  canaux  de  pa-ï-poul 


Le  profil  II  est  une  coupe  du  même  canal,  à  une  distance  plus  éloignée  de  la  prise  d'eau,  où 
il  traverse  le  pied  des  conglomérats. 

Le  profil  III  représente  une  section  d'un  canal  secondaire,  c'est-à-dire  qui  prend  naissance 
sur  le  canal  primaire. 

Je  me  suis  efforcé  de  trouver  les   profils  des  berges  de  façon  qu'ils  fussent  égaux  aux 


igS  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TR.WAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 

profils  cxcavés,  en  tenant  compte  du  tassement.  Les  surfaces  désignées  par  la  môme  teinte  sont 
les  parties  du  profil  d'excavation  et  de  déblai  correspondantes,  et  le  trait  fort  indique  le  profil 
actuel.  —  La  cote  du  terrain  environnant  doit  avoir  été  plus  élevée  que  l'actuelle,  le  terrain  étant 
abaissé  par  suite  de  l'érosion  des  eaux  de  pluie  pendant  les  siècles  écoulés. 

On  voit  par  ces  reconstitutions  que  la  largeur  des  plafonds  des  canaux  principaux  a  pu  être 
de  I  5  mètres,  et  des  canaux  secondaires  de  lo  mètres. 

La  section  d'écoulement  du  profil  I  et  III  est  de  45'"' 70,  ce  qui  correspond  assez  bien  à  la 
section  des  six  arches  de  la  prise  d'eau  (13" '80,  voir  page  191). 

Mais,  comme  les  embranchements  des  canaux  augmentent  la  section  totale  d'écoulement,  il 
en  résulte  que  la  vitesse  de  l'eau — la  chasse  —  diminue,  ce  qui  produit  un  ralentissement  du 
courant,  et,  par  conséquent,  amène  une  précipitation  des  matières  suspendues  dans  l'eau. 

Berges.  —  Il  résulte  évidemment  de  la  reconstitution  des  profils  que  la  pente  des  berges 
des  canaux  était  beaucoup  trop  raidc  (3,  i  à  1),  ce  qui  a  provoqué  des  éboulements. 

Actuellement  on  observe  encore  très  souvent  le  même  défaut  dans  les  canaux  qui  conduisent 
l'eau  sur  les  terrains  à  arroser,  défaut  qui  produit  les  mêmes  effets  signalés  plus  haut  (voir  les 
photographies  1  et  2  du  Nahr  Cheick,  PI.  XXX). 

Aux  temps  anciens,  les  moyens  mécaniques  de  transport  des  déblais  manquaient  absolu- 
ment, ces  travaux  étant  exécutés  à  la  main  ;  les  déblais  étaient  donc  déposés  au  plus  près  possible, 
sans  s'inquiéter  des  conséquences,  et  c'est  ainsi  que  j'explique  le  vice  principal  dans  la  construc- 
tion des  canaux. 

J'ai  remarqué  dans  la  plaine,  entre  \'Ab-é-Di:.  et  le  Chanur,  près  des  ruines  de  Suse,  des 
bifurcations  de  quatre  et  même  de  six  canaux,  qui  avaient  tous  à  peu  près  les  mômes  profils  que 
le  canal  principal  (fig.  482). 

Ces  conditions,  comme  je  l'ai  remarqué  plus  haut,  ont,  en  premier  lieu,  contribué  à  la  ruine 
de  ces  canaux. 


Tracé  de  Suse  a  Aiiwaz 

Cjujuv.  —  J'ai  eu  l'occasion  de  visiter,  en  partie,  les  terrains  situés  entre  la  Kerkha  et  le 
Chaour,  et  entre  la  Kerkha  et  le  Karoun,  depuis  Suse  jusqu'à  Ahwaz,  et  j'y  ai  trouvé  des  traces 
d'un  très  grand  nombre  d'anciens  canaux,  dont  l'âge  ne  peut  être  établi,  vu  le  manque  de  points 
de  comparaison,  les  constructions  en  maçonnerie  faisant  défaut. 

Néanmoins  une  légende  persiste  parmi  les  habitants  du  district  nommé  Kheîrabad,  d'où  il 
résulterait  qu'une  des  deux  coupures,  qui  existent  dans  la  colline  séparant  la  vallée  du  Chaour 
de  la  Kerkha  (photographie  n"  3,  PI,  XXX),  doit  être  attribuée  à  Sapor,  mais  il  n'y  a  aucune 
preuve  en  faveur  de  la  véracité  de  cette  légende. 


R 


I.     Nahr-Chcikh 


2.      Rivicrc  .Kerkhn 


Nahr-Clicikh 


'(■*♦■■ 


4.      Rapiilcs  d'Aliwaz 
(basses  eaux) 


os^^y.. 

sâ^'iSi 

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T||b*"jl,   i>  , 

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K 

lf^^>^V*^BMKa 

ri! 

g 

1 

^^^^^^s^^ 

^^^^^^^^^^^» 

5.     Coupuix-s  des  Moulins 
(Aluva/) 


0.      Lii„;,v;-,  ...pides 
(Aluvaz) 


7.     Coupure  du  Chaour 


8.  Coupure  du  (^liaour 


9.  Coupure  du  Chaour 


FI.  XXX 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TR.UAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


199 


Première  coupure.  —  Cette  coupure  se  prolonge  en  direction  sud  par  un  canal  qui  va  à  la 
Kerkha  (voir  photographie  n"  4,  PI.  XXX). 

La  profondeur  de  la  coupure  est  d'environ  25  mètres  au  sommet  de  la  colline. 


Eifurcation    en    quatre 


Bifiir  cation    en   six 


FlG.   4S2 


On  peut  très  nettement  suivre  le  cours  de  ce  canal,  dont  l'entrée,  au  bord  du  Chaour,  con- 
tient encore  un  peu  d'eau  (photographie  n°  5,  PI.  XXX). 

Le  plafond  de  ce  canal  est  complètement  rempli  de  terre  provenant  en  grande  partie  des 
éboulements  des  berges.  Le  profil  du  canal  ensablé  a  une  largeur  de  plafond  tellement  grande 
(40  mètres  dans  la  coupure  et  50  mètres  près  de  l'embouchure  dans  la  Kerkha),  qu'il  aurait 
fallu  une  rivière  beaucoup  plus  considérable  que  le  Chaour  actuel  pour  fournir  l'eau  nécessaire. 

Cette  raison,  et  d'autres  que  je  citerai  plus  tard,  me  font  supposer  qu'à  une  certaine  époque 
le  volume  d'eau  passant  par  le  Chaour  a  été  beaucoup  plus  grand  qu'à  présent,  ce  qui  explique- 
rait le  système  d'irrigation  dont  on  retrouve  les  restes  dans  ces  parages.  —  système  qui  est  basé 
sur  la  prise  d'eau  du  Chaour. 

Deuxième  coupure.  —  La  deuxième  coupure  dans  la  colline,    à  quelques  kilomètres  de 


200 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


distance  et  parallèle  à  la  première,  a  évidemment  servi  comme  déviation  du  Chaour.  du  côté 
Est  au  côté  Ouest  des  collines,  afin  de  s'en  servir  pour  l'irrigation. 

Le  Chaour  y  passe  encore,  mais  on  voit  que  le  volume  actuel  ne  correspond  plus  aux 
dimensions  de  la  coupure. 

Il  faudrait  une  étude  spéciale,  qui  prendrait  beaucoup  de  temps,  pour  se  rendre  un  compte 
e.xact  des  canaux  qui  vont,  pour  la  plupart,  dans  la  direction  sud  et  sud-ouest  du  Chaour  à  la 
Kerkha,  et  qui  traversent  le  terrain  entre  Kheirabad  et  le  coude  de  la /ver/c/za  près /ifanï^a. — 
(Voir  carte  fig.  463  et  photographie  n"  6,  PI.  XXX.) 

Système  d'irrigation.  —  Cette  direction  serait  une  indication  que  le  Chaour  fournissait  toute 

l'eau  pour  l'irrigation  et  qu'il  contenait, 
par  conséquent,  auparavant  beaucoup 
plus  d'eau  qu'à  présent.  On  serait 
tenté  de  voir  une  justification  de  cette 
hypothèse  dans  la  largeur  énorme  de 
la  coupure  à  travers  les  collines  par  où 
passe  le  Chaour.  un  peu  plus  au  nord 
que  la  prise  d'eau  du  Nahr  Cheick 
(fig.  483). 

Le  Chaour  doit  avoir  reçu  l'eau  de 
la  Kerkha  :  probablement  le  Chaour 
a  été  un  canal  par  où  l'on  a  fait  entrer 
l'eau  au  moyen  d'un  barrage  dans  la 
Kerkha,  dans  le  but  de  conduire  cette 
eau  sur  l'arête  des  collines  qui  par- 
tagent les  terrains  entre  la  Kerkha  et 
l'Ab-é-Diz.  —  Il  est  possible,  et  très 
probable  même,  que  le  barrage  ait 
disparu  et  que  les  eaux  de  la  Kerkha 
aient  quitté  le  lit  du  Chaour  pour 
suivre  le  lit  de  la  rivière  qui  forme  la 
conduite    naturelle    des    eaux    de    la 

plaine  aux  marais  Djamous. 

Actuellement  le  Chaour  a  une  largeur  qui  ne   dépasse  pas  25  mètres  sur  une  distance    de 

40  kilomètres  depuis  sa  source. 

De  tous  ces  canaux  il  n'y  en  a  qu'un  qui  se  prolonge  dans   la  plaine  d'Ahwaz.   C'est,   en 

effet,  l'ancien  lit  de  ce  canal  que  l'on  suit  jusqu'à  une  distance  de  25  milles  du  bord  du  Karoun, 

quand  on  se  rend  a  .\h\vaz.  Là,  le  canal  prend  une  direction  à  peu  prèsN.-E.,  et  se  rend  probable- 


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Imo.  48J 

SySTÈ.ME    Ij"iKUIGATIONS    .\NTIOli;S    l):\NS     LA     RÉGION     DK     KliEIKAHAI) 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


20  [ 


ment  au  confluent  des  trois  rivières  Choteit,  Girgir  et  Diz,  où  j'ai  trouvé  deux  canaux  à  hauts 
bords,  dont  un  montrait  les  restes  d'un  barrage  (fig.  484  et  485.) 

On  en  conclut  que  le  niveau  d'eau  dans  le  canal  était  beaucoup  supérieur  au  niveau  des  trois 
rivières  (environ  10  mètres)  et  que  le  barrage  aura  servi  à  empêcher  l'écoulement  des  eaux  du 
canal  dans  le  lit  des  trois  rivières,  qui  était  situé  beaucoup  plus  bas  que  le  canal. 


Berges 
Jit    de  J 'ancien    Canaia 


Jîestes  du 
barrage 


Serges 


:) 


lit  de  J 'ancien  Canal    a 


S 


Restes  di 
barrage 


Berges 


FiG.  484.  —  Canal  antique  se  prolongeant  dans  la  plaine  d'ahwaz  pour  aboutir  au  confluent 

DES    TROIS    RIVIÈRES    CHOTEIT.    GIRGIR    ET    DIZ 


C'est  pourquoi  je  suis  d'avis  que  ce  canal  prenait  naissance  en  un  point  considérablement 
supérieur  au  niveau  des  rivières,  etc'est  le  Chaour  qui,  suivant  cette  hypothèse,  correspondrait  très 
bien  comme  prise  d'eau  du  canal. 

Ce  canal  est  marqué  c  sur  la  carte  fig.  463. 

26 


202 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


# 


Anciens 

canaux 


FiG.  485.  —  Anciens  canaux  aboutissant 

AU  CONFLUENT  DES  TROIS  RIVIÈRES 


On  peut,  de  loin,  suivre  depuis  le  coude  de  la  Kerkha  près  Kariba  (photographie  n°  6, 
PI.  XXX),  les  berges  de  deux  autres  canaux,  qui  vont  en  direction  parallèle  à  la  Kerkha,  se 
perdant  vers  Nahr  Hachim;  mais,  comme  la  sécurité  de  ces  parages  était  très  précaire,  et  faute  du 

temps  nécessaire,  je  n'ai  pu  me  détourner  vers  les  marais  de 
Djamous,  pour  explorer  le  cours  des  dits  canaux. 


Ahwaz 


Rapides.  —  Le  petit  village  d 'Ahwaz  (fig.  486  et  pho- 
tographie n°  6  a,  PI.  XXX),  possède  une  certaine  notoriété 
qu'il  doit  au  voisinage  des  rapides  formés  dans  le  Karoun, 
en  face  de  cet  endroit,  parla  nature  même  du  terrain. 

C'est  là  que  se  montrent  les  premières  couches  de  grès, 
que  l'on  retrouve  dans  le  massif  des  montagnes  des  Bakh- 
tyaris,  à  plusieurs  kilomètres  de  distance. 

Ces  couches  traversent  le  lit  du  Karoun  suivant  une 
direction  E.  10°  S.,  et,  se  redressant  à  une  hauteur  d'en- 
viron 60  mètres,  au-dessus  de  la  plaine  (photographie  n"  7,  PI.  XXX),  forment  une  ligne  de 
collines  qui  se  prolonge  à  l'Est  sur  un  tracé  de  plus  de  quarante  kilomètres. 

Au  sud  de  ces  collines,  on  reconnaît  sur  une  largeur  de  3  kilomètres  les  affleurements 
des  grès,  parallèles  aux  collines,  qui  rendent  stérile  cette  zone  de  terrain. 

Ces  affleurements  du  grès  dans  le  lit  de  la  rivière  sont  discontinus,  laissant  des  passages 
navigables  pour  les  barques  indigènes  et  par  où  des  vapeurs  même  peuvent  passer  pendant  les 
hautes  eaux  ordinaires,  du  coté  aval  au  côté  amont  des  rapides. 

Le  principal  affleurement  se  trouve  à  environ  300  mètres  au  sud  du  village  (photographie 
n°8,  PI.  XXX)  et  montre,  aux  basses  eaux,  une  couche  de  grès  d'une  largeur  variant  de  15  à 
20  mètres. 

Barrage.  — C'est  sur  cette  couche  que  le  barrage  d'Ahwaz  fut  construit. 

Il  était  en  maçonnerie  de  blocs  de  grès,  ayant  une  longueur  de  900  mètres,  en  chiffres  ronds, 
et  servant  à  rehausser  les  eaux,  en  amont,  de  3  mètres  au-dessus  du  niveau  des  basses  eaux.  Un 
bassin  fut  formé  de  cette  façon  d'où  prenaient  naissance  deux  canaux  d'irrigation,  un  sur  chaque 
rive  du  Karoun  (fig.  486). 

Canaux.  —  Celui  de  la  rive  droite  se  prolongeait  du  côté  de  la  plaine,  entre  Hawizeh  et 
Mohammerah  :  on  en  voit  très  peu  de  traces  dans  la  plaine,  mais  la  prise  d'eau  au  bord  de  la 
rivière  donne  une  idée  des  dimensions  imposantes  que  ce  canal  a  dû  avoir. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


203 


L'autre  canal,  celui  de  la  rive  gauche,  prend  naissance  juste  au  nord  du  village  d'Ahwaz  ; 
il  est  encore  reconnaissableà  une  assez  grande  distance  de  ce  village  vers  la  direction  de  Fellahieh. 


Plaine 


M 


dl41iwaz 


FiG.   486 


Ce  canal  a  un  plafond  de  70  mètres  environ  à  la  prise  d'eau,  qui  se  trouve  actuellement  à 
5  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  rivière  (fig.   487). 

Ancienne  ville.  —  Le  canal  passait  autrefois  entre  des  berges,  formées  par  les  déblais  de 
l'excavation  et  surmontées  de  maisons  dont  on  trouve  d'abondants  vestiges  sur  le  sol. 

Détail  curieux  :  à  en- juger  par  le  grand  nombre  de  tronçons  de  colonnes  en  grès  que  les 
habitants  déterrent  tous  les  jours,  ces  maisons  ont  dû  avoir  des  colonnades  qui,  sans  doute,  ont 
donné  un  aspect  d'importance  et  de  bien-être  à  cette  ville,  dont  on  ne  trouve  à  présent  que  des 
ruines  sur  une  grande  étendue  au  pied  des  collines,  au  côté  nord. 

Un  autre  détail  qui  ne  manque  pas  d'intérêt  s'observe  dans  le  site  de  la  ville  qui  a  été  bâtie 


204 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


à  côté  des  collines,  sur  le  trajet  que  suivent  les  vents  frais  des  montagnes,  tandis  que  ces  mêmes 
collines  l'abritaient  contre  les  vents  brûlants  du  Sud-Ouest,  qui  régnent  pendant  l'été. 

Pont.  —  Le  canal  passait  sous  un  pont  en  maçonnerie  qui  faisait  communiquer  la  ville  avec 
la  rive  du  Karoun. 

Ce  pont  avait  deux  ouvertures  de  12"",  50  et  1 1'",20  au  centre  de  la  pile.  Le  canal   avait  une 

largeur  de  70  mètres  en  amont  et  en  aval  du  pont. 
Plan  desprisesdearu     et  se  réduisait  à  40  mètres  environ  à  l'endroit  où 

il  coupait  les  derniers  affleurements  des  grès,  pour 
enfin  prendre  une  largeur  qu'on  peut  évaluer  entre 
120  et  150  mètres. 

Comment  est-il  possible  que  ce  canal,  ainsi 
que  l'autre  sur  la  rive  droite,  et  les  canaux  laté- 
raux, dont  on  voit  les  berges  parallèles  aux  col- 
lines, aient  été  suffisamment  remplis  d'eau  sans 
affecter  le  niveau  du  Karoun  en  aval  du  barrage? 


des  anciens  canaux, 
d'inigaticni. 


Fi  G.  .487 


Dérivation  de  la  rivière.  —  Aussi  suis-je 
d'opinion  que  ces  canaux  ont  formé  une  vraie  déri- 
vation de  la  rivière.  A  présent  on  parle  encore  du 
manque  absolu  d'eau  dans  le  bas  Karoun,  du 
temps  que  le  barrage  fonctionnait,  et  on  suppose 
que  c'est  au  XIIP  siècle  que  le  barrage  fut  détruit, 
soit  par  l'effort  de  l'eau^  soit  intentionnellement. 
De  nos  jours  encore,  on  voit  le  même  effet, 
résultant  de  causes  analogues,  dans  diverses  localités  de  la  Perse.  Ainsi  le  Sefid  Rond  dans  le 
Ghilan,  et  le  Zeyendéh  Roud  près  iXIspahan,  perdent  tant  d'eau  par  l'irrigation  des  champs 
de  culture  qu'ils  n'en  contiennent  presque  plus  dans  la  partie  basse  pendant  l'été. 

Construction  du  barrage.  —  La  date  approximative  de  la  construction  du  barrage  est  assez 
difficile  à  établir. 

Le  système  de  construction  de  la  maçonnerie  en  blocs  de  grès  montre  une  régularité  et  une 
solidité  qui  prouvent  que  le  travail  fut  exécuté  dans  une  période  où  l'architecture  hvdraulique 
avait  atteint  un  degré  très  élevé  de  savoir  faire.. 

Le  fait  qu'on  retrouve  les  mêmes  maçonneries  en  grès  dans  des  œuvres  romaines  à 
Chouster,  me  porteraient  à  supposer  que  le  barrage  d'Ahwaz  fut  construit  d'après  la  méthode 
des  travaux  de  cette  ville  ;  il  daterait  donc  de  l'époque  sassanide. 

Il  ne  subsiste  du  barrage  que  quatre  tronçons  dans  le  lit  de  la  rivière,  et  les  ruines  des  deux 
culées.  Le  deuxième  tronçon,  à  compter  de  l'extrémité  occidentale,  est  le  plus  remarquable. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


20ï 


Tronçon  principal  du  barrage.  —  La  figure  488  montre  que  ce  tronçon  se  compose  de 
trois  parties. 

La  première  (occidentale)  marquée  A,  indique  la  construction  du  mur  d'une  façon  nette  et 
précise,  et  va  jusqu'aux  restes  de  ce  qui  paraît  avoir  été  une  arche  de  pont.  Mais  le  fait  que,  nulle 
part  dans  le  barrage,  on  ne  retrouve  des  restes  d'une  arche  analogue,  m'a  fait  rejeter  la  supposition 
que  le  barrage  ait  été  surmonté  d'un  pont  sur  toute  sa  longueur. 


FiG.  488.  —  Barrage  d'ahwaz 


Le  but  de  cette  arche  doit  avoir  été  très  secondaire  :  peut-être  a-t-elle  servi  pour  y  bâtir  un 
pavillon  d'où  l'on  avait  un  beau  coup  d'oeil  sur  la  nappe  d'eau  du  bassin  qui  tombait  par 
dessus  le  couronnement  du  barrage  en  une  cataracte  plus  ou  moins  imposante. 

La  différence  des  maçonneries  du  mur  et  de  l'arche  prouve  que  ces  constructions  ne  sont 
pas  de  la  même  époque.  Peut-être  doit-on  voir  dans  cette  dernière  une  manifestation  de  cette 
recherche  de  luxe  et  de  bien-être  qui  est  particulière  aux  Arabes  à  l'époque  glorieuse  des  khalifes 
de  Bagdad  ? 

La  deuxième  partie,  construite  en  forme  de  demi-cercle,  parait  être  l'œuvre  de  réparation 
d'une  brèche. 

Elle  est  indiquée  par  la  lettre  B. 

La  troisième  partie  C  n'oflfre  aucun  détail  qu'on  ne  retrouve  dans  la  première,  sauf  que  les 
blocs  en  grès  ont  des  dimensions  beaucoup  plus  grandes. 


206  NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE 


On  voit  que  l'architecte  du  barrage  a  suivi  la  ligne  la  plus  haute  de  l'affleurement  du  rocher, 
pour  y  bâtir  le  mur,  ce  qui  a  causé  l'inflexion  indiquée  dans  la  figure. 

La  base  avait  une  largeur  de  7^,40,  mais  il  n'existe  aucune  partie  du  barrage  où  le  cou- 
ronnement soit  intact. 

Il  est  évident  que  le  barrage  a  été  construit  sur  le  grès  sans  i'encoff'rer  dans  la  roche,  comme 
c'est  la  pratique  moderne,  le  contact  étant  fait  par  l'adhérence  du  ciment  sur  la  roche,  en  profi- 
tant de  l'inclinaison  de  la  couche. 

Là  où  l'adhérence  s'est  maintenue,  le  mur  est  resté  en  place  :  c'est  à  l'endroit  des  quatre 
tronçons  existants  ;  mais,  sur  cinq  autres  longueurs,  le  ciment  a  lâché  prise  et  le  mur  a  disparu 
complètement.  La  couche  des  grès  est  restée  intacte  aux  endroits  où  le  courant  ne  passe  pas,  tandis 
qu'en  deux  endroits  l'érosion  des  rapides  a  considérablement  abaissé  la  hauteur  de  la  couche. 

Culées  et  autres  constructions.  —  Les  deux  culées  ont  été  déformées  par  des  coupures 
pour  le  passage  de  l'eau  destinée  à  des  moulins. 

Dans  les  roches  qui  s'élèvent  sur  la  rive  gauche,  en  aval  de  la  culée  du  barrage,  on  distingue 
plusieurs  coupures  qui  ont  servi  de  passage  pour  l'eau,  probablement  encore  afin  d'actionner 
des  moulins,  qui  du  reste  ont  disparu,  les  coupures  étant  complètement  ensablées  (fig.  488 
et  photographie  n"  9,  PI.  XXX). 

Nivellements.  —  Avant  de  terminer  cette  étude,  il  me  reste  à  prendre  en  considération  le 
système  qu'on  employait  pour  le  nivellement  des  terrains. 

Il  est  presque  certain  qu'on  ne  possédait  pas  d'instruments  de  nivellement  à  l'époque 
sassanide,  aucun  auteur  n'en  faisant  mention. 

Il  est  probable  que,  pour  établir  les  cotes  sur  les  berges  d'un  terrain  élevé,  on  profitait 
du  niveau  de  l'eau,  qu'on  fixait  à  divers  endroits  simultanément,  au  moyen  de  marques,  et 
que,  surtout,  on  attendait  les  crues  pour  en  déduire  les  points  de  départ  du  creusement  des 
canaux. 

En  ce  qui  concerne  les  plaines,  il  est  probable  qu'on  a  suivi  le  cours  de  l'eau  pendant  une 
grande  crue,  ou  bien  le  cours  des  eaux  de  pluie,  afin  d'adopter  cette  ligne  comme  direction  du 
canal.  C'est  ce  qui  expliquerait  les  nombreuses  courbes  observées  dans  les  anciens  canaux. 

Quant  aux  kanates,  je  suppose  qu'ils  furent  creusés  autrefois  de  même  façon  que  de  nos 
jours,  un  peu  au  hasard,  avec  le  flair  que  les  ouvriers  avaient  obtenu  par  la  pratique  dans 
d'autres  cas  précédents  qui  avaient  eu  un  bon  résultat. 

C'est  donc,  à  mon  avis,  la  méthode  empirique  qu'on  a  probablement  suivie  pendant 
les  études  préliminaires  des  canaux,  méthode  lente,  incertaine,  dépendante  de  circonstances 
au-dessus  du  pouvoir  humain  et  qui  ne  répond  plus  aux  exigeances  modernes  de  l'art  hydrau- 
lique. 

Toutefois  cette  méthode  a  donné  dans  ces  époques  éloignées  des  résultats  tellement  sur- 
prenants, qu'on  en  reste  étonné. 


NOTICE  SUR  LES  ANCIENS  TRAVAUX  HYDRAULIQUES  EN  SUSIANE  207 

L'art  hydraulique  actuel,  dans  cette  partie  de  la  Perse,  comme  dans  les  autres  provinces  per- 
sanes^ s'est  réduit  aux  plus  primitifs  éléments  ;  il  est  tellement  en  décadence  que  les  habitants 
préfèrent  abandonner  de  riches  terrains  de  culture,  plutôt  que  de  se  livrer  au  travail,  assez 
difficile  il  est  vrai,  de  la  construction  de  nouveaux  canaux.  Du  reste,  ils  ne  sauraient  plus 
comment  s'y  prendre,  la  pratique  leur  manquant  absolument. 

La  signification  même  de  plusieurs  des  monumentshydrauliques,  laissés  par  leurs  ancêtres, 
leur  est  inconnue. 


ERRATA 


Page     I.   Après  État  des  Travaux  à  Suse  en  1904.  ajouter  par  J.  de  Morgax. 

Pag-e    6.    ligne  18.   Au  lieu  de  :  je  place  sur  le  site,  même  des  soldats.  .  .,  lire  :  je  place  sur 

le  site  même,  des  soldats.  .  . 
Page    8,    ligne  15.   Au  lieu  de  :   statue   de    bronze   d'Atapaksou.   lire  :   statue  de    bronze  de 

Napir-Asou. 
Page  10.    ligne  20.   Au  lieu  de  :  période  historique,  lire  :  période  préhistorique. 
Page  19.    ligne  i  de  la  note.   Au  lieu  de  :  Héracoupolis.  lire  :  Héraconpolis. 
Page  2y   ligne  ,|  de  la  note.   Au  lieu  de  :  Travels  and  Rescarches.  lire  :  Travels  and  Researches. 
Page  63.   ligne  2.   Au  lieu  de  :  parrallélement.  lire  :  parallèlement. 
Page  179.  ligne  i.   Au  lieu  de  :  Arabi  Hayau.  lire  :  Arabi  Hassan. 


TABLE   DES  PLANCHES   HORS  TEXTE 


Pages 

I.  Bas-reliefs  archaïques  trouvés  à  Suse 21 

II.  Base  d'obélisque  trouvée  à  Suse -i 

III.  Stèle  trouvée  à   Suse 25 

IV.  Statuette  d'ivoire,  grandeur  naturelle 26 

\^               Code  de  Hammourabi jç 

VI.              Parure  byzantine,  grandeur  naturelle 4^ 

\'ll.             .Masque  d'argent.  (Epoque  élamite) 4? 

\lli.            Petite  coiffure,  grès  émaillé,  face.  (Époque  élamite) 45 

IX.              Petite  coiffure,  grès  émaillè.  profil.  (Époque  élamite) 46 

.X.               Grande  coiffure,  grès  émaillé.  (Kpoque  élamite) 48 

XI.  Statuettes  de  fondation  en  bronze,  au  nom  de  Dungi,  grandeur  naturelle 63 

XII.  Objets  d'or.  (Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak) 65 

Xill.  Tète   de   griffon   et   ornements   en   or.     Lion    en    agate.    Tète    de    taureau    en    lapis    et 

pendeloques    en   cornaline   à    montures  d'or.    (Dépôts    de    londation   du   temple   de 

Chouchinak) 67 

Xl\'.           Bagues  en  or.  Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak.  (Échelle  double)  ...  68 

XV.  Statuettes  de  bronze.  Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak  (grand,  nat.'l.      .      .  7^ 

XVI.  Figurines  et  tresse  en  bronze.  Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak   gr.  nat.)     .  76 

XVII.  Crosse  de   sceptre,  figurines  et   hache  votive  en  bronze.   Clous  de   bronze  à  tête  d'or. 

(Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak) 78 

XV\U.        Figurines  et  objets  de  bronze.  Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak  igr.  nat.)    .  8n 

XIX.  Objets  de  bronze.  (Dépôts  de  fondation  du  Temple  de  Chouchinak) 83 

XX.  Cylindres,  grandeur  naturelle.  (Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak)  ...  90 

XXI.  Cylindres  et  cachets,  grandeur  naturelle.  (Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak).  92 

XXII.  Cylindres,  grandeur  naturelle.  (Dépôts  de  fondation  du  temple  de  Chouchinak)  ...  95 

XXIII.  Tête  de  masse  en  albâtre.  Statuettes  en  pâte  émaillée.  Tète  de  lion  en  jaspe  rouge.  Tète 

de  taureau  et  figurines  d'animaux  en  calcaire  blanc  ou  noir.  (Dépôts  de  londation  du 
temple  de  Chouchinak)  .      .      .      ' 


100 


'lABLE  DES  PLANCHES  HORS  TEXTE 


l'i^CS 


XXIV.        Statuettes  d'or  et  d'argent.  Bâtonnet  de  schiste  à  tête  de  lion  en  or.  (Dépôts  de  fondation 

du  temple  de  Chouchinaki 152 

.\.\\.         (lolomhe  en   lapis-lazuli  avec  semis  de  clous  d'or.    Lion  en  calcaiie  blanc.     Dépôts   de 

fondation  du  temple  de  Chouchinak) 15^ 

\\\  I.        Koudourou  n"  X\'I  de  .Marduk-apal-iddin i^^ 

\\\  II.       Koudourou  inachevé  n'  XX  d'époque  kassite 1  17 

X.WIIi.      Koudourou  inachevé  n"  .XX  d'époque  kassite i.|9 

XXI.X.        (  )rirande  à  .VpoUon  Didyméen,  découverte  à  Suse 157 

XXX.         .Xahr-Cheikh.  Rivière  Kerkha.    Rapides  d'.Vhwaz.    Coupures  des  moulins.   Coupure  du 

(ihaour 199 


TABLE   DES   MATIERES 


Pages 

Introduction,  par  J.  de  Morgan I    a  III 

État  des  Travaux  à  Suse  en   1904,  par  J.  de  Mok'.vn     ....             i"o 

Fouilles  de  Suse  de    1899  à   1902,   par  (i.  Jéqiier ')- )0 

Description    des   .Monuments 9 

Période  préhistorique '  ' 

Période  archaïque 

Époque  des  Patésis -^^ 

Premier  rovaume  Susien - 

Deuxième  royaume  Susien ^*-* 

'l'roisième  royaume  Susien > 

Périodes  achéménide.  parthe.  sassanide  et  arabe -^0 

Trouvaille  du  Masque  d'Argent,  par  J.   de.MoRcw A^~A^ 

Trouvaille  de  la  Colonne  de  briques,   par  J.  de  .Morcan ^Q-59 

Offrandes  de  fondation  du  Temple  de  Chouchinak.    par   R.   de  Mecqlevew -      •  61-130 

Objets  d  or ^5 

Objets  d'argent ^9 

Objets  de  plomb 7~ 

Objets  de  bron/c 73 

Objets  de  fer •      ■  9° 

Objets  de  pierre  —  Cylindres  et  cachets 9° 

,)                      Figurines 99 

,)                     Tablettes • '«3 

))                      Masses        ...             ■      .      .      .  107 

»                      Ornements ^  ^  ' 

»                      Vases '•'^ 

Objets  en  terre   .      .      ' ■.■•••  "^ 

Objets  d  ivoire "9 

Objets  de  nacre '" 


2  14  TABLE  DES  MATIERES 

1- 


Trouvaille  de  la  statuette  d'or,  par  R.  de  Mecquenem         i^i-ij6 

Koudourrous,  par  J.  de  -\1or<;an .  1^7-15^ 

1  ,i^lc  des  Koiidûun DUS  connus  jusqu  à  ce  jour i  j7 

Koudouiiou  n"  XIII 139 

Koudounou    n'    \l\ 14" 

Koudounou  n'  W 141 

Koudounou  n'    W  I 142 

Koudounou  n'  .W  1! 145 

Koudourrou   n'    W  III 145 

Koudounou  n"  XIX 146 

Koudounou  n°  XX ,  •       ■  146 

Di\inités  représentées  ou  nommées  sur  les  Koudourrous 151 

Offrande  à  Apollon  Didyméen.   par  13.    H.\ussoul.i.ier i>î-i6s 

Notice  sur  les  anciens  travaux  hydrauliques  en  Susiane.   pari».  !..  f  "mv.vDr  van  Rogge.\,  Ingénieur.  166-207 

Choustcr 174 

Dizfoul 187 

Pa-Ï-Pûui 190 

Tracé  de  Susc  à   .\h\v;iz 19° 

Ahwax:    .       .       .  .  • -'02 


CHALON-SUR-SAONE,     I.MP.     KKANÇAISF    F.1     ORIENTALE    E.     BEKTRANn 


r 


DS 
261 
F8 
t. 7 


France,     Mission  archéolo- 
gique en  Iran 
Mémoires 


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